Skip to main content

Full text of "Revue de Saintonge & d'Aunis. Bulletin de la Société des archives historique .."

See other formats


This  is  a  digital  copy  of  a  book  that  was  preserved  for  générations  on  library  shelves  before  it  was  carefully  scanned  by  Google  as  part  of  a  project 
to  make  the  world's  books  discoverable  online. 

It  bas  survived  long  enough  for  the  copyright  to  expire  and  the  book  to  enter  the  public  domain.  A  public  domain  book  is  one  that  was  never  subject 
to  copyright  or  whose  légal  copyright  term  has  expired.  Whether  a  book  is  in  the  public  domain  may  vary  country  to  country.  Public  domain  books 
are  our  gateways  to  the  past,  representing  a  wealth  of  history,  culture  and  knowledge  that 's  often  difficult  to  discover. 

Marks,  notations  and  other  marginalia  présent  in  the  original  volume  will  appear  in  this  file  -  a  reminder  of  this  book' s  long  journey  from  the 
publisher  to  a  library  and  finally  to  y  ou. 

Usage  guidelines 

Google  is  proud  to  partner  with  libraries  to  digitize  public  domain  materials  and  make  them  widely  accessible.  Public  domain  books  belong  to  the 
public  and  we  are  merely  their  custodians.  Nevertheless,  this  work  is  expensive,  so  in  order  to  keep  providing  this  resource,  we  hâve  taken  steps  to 
prevent  abuse  by  commercial  parties,  including  placing  technical  restrictions  on  automated  querying. 

We  also  ask  that  y  ou: 

+  Make  non-commercial  use  of  the  files  We  designed  Google  Book  Search  for  use  by  individuals,  and  we  request  that  you  use  thèse  files  for 
Personal,  non-commercial  purposes. 

+  Refrain  from  automated  querying  Do  not  send  automated  queries  of  any  sort  to  Google's  System:  If  you  are  conducting  research  on  machine 
translation,  optical  character  récognition  or  other  areas  where  access  to  a  large  amount  of  text  is  helpful,  please  contact  us.  We  encourage  the 
use  of  public  domain  materials  for  thèse  purposes  and  may  be  able  to  help. 

+  Maintain  attribution  The  Google  "watermark"  you  see  on  each  file  is  essential  for  informing  people  about  this  project  and  helping  them  find 
additional  materials  through  Google  Book  Search.  Please  do  not  remove  it. 

+  Keep  it  légal  Whatever  your  use,  remember  that  you  are  responsible  for  ensuring  that  what  you  are  doing  is  légal.  Do  not  assume  that  just 
because  we  believe  a  book  is  in  the  public  domain  for  users  in  the  United  States,  that  the  work  is  also  in  the  public  domain  for  users  in  other 
countries.  Whether  a  book  is  still  in  copyright  varies  from  country  to  country,  and  we  can't  offer  guidance  on  whether  any  spécifie  use  of 
any  spécifie  book  is  allowed.  Please  do  not  assume  that  a  book's  appearance  in  Google  Book  Search  means  it  can  be  used  in  any  manner 
any  where  in  the  world.  Copyright  infringement  liability  can  be  quite  severe. 

About  Google  Book  Search 

Google's  mission  is  to  organize  the  world's  information  and  to  make  it  universally  accessible  and  useful.  Google  Book  Search  helps  readers 
discover  the  world's  books  while  helping  authors  and  publishers  reach  new  audiences.  You  can  search  through  the  full  text  of  this  book  on  the  web 

at  http  :  //books  .  google  .  com/| 


.'-I 


..1 


^rf' 


Revue  de  Saintonge  &  d'Aunis 


--•S* 


F«w„ 


Jf 


tivnAî 


•(a  Sa>vù< 


'■^uJjOKy^ 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


ADMINISTRATION  DE  LA  SOCIÉTÉ 

1904 


BUREAU 


Président  :   Le  baron  Amédée  Oudet,  rue  des  Ballets,  27,  à  Saintes. 

Vice-présidents  :  Le  comte  Pierre  de  Croze-Lemercier,  au  château 
du  Ramet,  par  Saintes. 

Ch.  Dangtbeaud,  14,  rue  .des  Ballets,  Saintes. 

Secrétaire  :  Maurice  Bures,  docteur  en  droit,  avocat  à  Saintes,  rue 
Guvillier. 

Trésorier:  Auguste  Derublle,  #,  chef  d'escadrons  en  retraite,  rue 
Saint-Macoux,  33,  à  Saintes. 

COMITÉ  DE  PUBLICATION 

Gabriel  Auoiat,  professeur  à  Paris,  rue  Ernest  Renan,  21. 

Le  baron  Eugène  Eschasseriauz,  O.  ^,  ancien  député. 

Le  baron  Léon  de  La  Morinbrie,  ^,  à  Aunay,  par  Châtenay  (Seine), 
et  à  Paris,  rue  des  Beuux-Arts,  9. 

Georges  Musset,  I.  0,  archiviste-paléographe,  avocat,  bibliothécaire 
de  la  ville,  rue  GargouUeau,  32,  à  La  Rochelle.  n 

Jules  Pellisson,  A.  0,  juge  au  tribunal  civil,  rue  Victor  Hugo,  76,  à 
Périgueux. 

CONSEIL  D'ADMINISTRATION 

Auguste  Biteau,  ^,  A.  O,  maître  principal  de  {'•  classe  des  construc- 
tions navales  en  retraite,  conseiller  municipal,  rue  du  Perat,  50,  à 
Saintes. 

Ferdinand  Babinot,  premier  adjoint  au  maire,  avocat,  suppléant  du 
juge  de  paix,  place  des  Cordeliers,  7,  à  Saintes. 

Edmond  Boilevin,  négociant,  grande  rue,  23,  à  Saintes. 

Jules  Guillet,  négociant,  conseiller  général,  rue  de  La  Roche,  12^  à 
Saintes . 

Abel  Mestreau,  négociant,  rue  du  port  des  Frères,  24,  è  Saintes. 


Le  siège  de  la  société  des  A?thives  est  à  Saintes,  cours  National,  99. 

La  société  publie  tous  les  deux  mois  un  Bulletin ^  Bévue  de  Saintonge 
et  d^AuniSy  qui  forme  au  bout  d'un  an  un  volume  d'environ  800  pages. 

Le  prix  de  Tabonnement  annuel  à  la  Bevue-Bulletin  est  de  10  francs; 
Il  fr.  50  pour  l'étranger;  un  numéro,  2  fr.  50.  Elle  est  adressée  gratuite- 
ment aux  membres  de  la  société  qui  paient  par  an  une  cotisation  de 
13  francs. 


RÈGLEMENT.  —  Article  II.  La  société  se  compose  :  1°  de  membres 
fondateurs  qui  versent,  une  fois  pour  toutes,  une  somme  de  500  francs... 
2^  de  membres  qui  paient  une  cotisation  annuelle  de  13  francs  ;  3®  de 
membres  perpétuels  qui  rachètent  leur  cotisation  moyennant  une  somme 
de  150  francs... 


Digitized  by 


Google 


BULLETIN 


DE  LA  SOCIETE 


ARCHIVES  HISTORIQUES] 


REVUE 

DE  LA  SAINTONGE  ET  DE  L'AUNIS 


XXIV 


SAINTES 

I.  I  HK  A  I  l;  XV.     1   KAli.N  A  II) 

RUE    ALSACE-LOBRAINE,  42 
1904 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


REVUE 

DE  SALNTONGE  &  D'AUNIS 

BULLETIN  DE  LA  SOCIÉTÉ  DES  ARCHIVES 


SOMMAIRE  DU  1*^  JANVIER  1904 

Admission  de  nouveaux  membres. 

AviA  BT  NouvBLLBs  .*  Dîslributioii  du  volume  ;  Distinctions  honorifiques  ;  Res- 
tauration de  monuments  ;  Statistique  ;  Monument  funéraire-  de  Mgpr  Thomas  ; 
Musées  ;  Léonce  Depont  ;  Georges  Gourdon  ;  Théâtre  en  plein  air  ;  Confé- 
rences. 

NoTBS  d'âtat  civil.  —  Décès  :  G.  Denis,  de  Cbasseloup-Laubat,  de  Saint-Légier, 
P.-E.  Laurent,  G.  Renault,  M»»  de  Salasc,  J.-A.  Firieau,  M«*  des  Mél<yizês, 
Mue  Dutouquet,  M»«  de  Rambaud  de  Larocc^ue,  M™"  GofHaières  de  Nordeck, 
M»«  Brunaud,  M»»  d'Orbigny. 

Mariages  :  Ravail  et  Favereau  ;  de  Richemond  et  de  Védrines  ;  Moreau  et 
Geoflfré  de  Longfief  ;  de  Flcurian  et  Le  Gendre  ;  de  Villiers  et  Texier  ;  Strauss 
et  La  Morinerie. 

VARiBTés  :  I.  Découverte  de  sépultures  médiévales  à  Sainte  Jean  d'Angély 
(crosse)  ;  —  II.  Pourquoi  le  comte  d'Artois  n'a  pas  rejoint  Charette  ;  — 
III.  Saintes  anciennCf  les  rues. 

Questions  bt  rkponsbs  :  «  A  châ  petit  »  ;  le  Chevalier  de  Jonzac;  Adminis- 
tration du  district  de  Saintes  ;  Mgr  Saint-Médard  ;  Landreau  du  Maine  au  Picq. 

Revues  bt  mvrbs. 


Admissions  de  nouveaux  membres 

Les  Archives  départementales  de  là  Charente-Inférieure. 
Archiviste  :  M.  Meschinet  de  Richemont. 

M.  Paul  Fleury,  à  Marans,  présenté  par  MM.  Musset  et  de 
Richemont. 

A  partir  du  présent  numéro,  la  bibliographie,  c'est-à-dire 
l'annonce  des  livres,  ne  paraîtra  plus  que  tous  les  six  mois, 
dans  le  numéro  de  mai  et  celui  de  novembre. 

Les  tables  du  dernier  tome  de  la  Revue  seront  distribuées 
avec  le  numéro  de  mars  prochain. 

Rtrua.  Tom«  XXIY,  l***  Urrtlaon.  —  JaoTÎcr  1904.  1 


Digitized  by 


Google 


—  2  — 

Le  tome  XXXIII  des  Archives^  (orme  par  le  second  tome  du 
cartulaire  de  Saint-Jean  d'Angély  et  les  tables  des  deux  tomes, 
sera  mis  en  distribution  à  partir  du  15  février,  chez  nos  cor- 
respondants habituels. 

Les  Tablettes  des  Deux  Charentes^  du  5  novembre,  signalent 
dans  le  numéro  de  novembre  «  un  curieux  et  suggestif  article  » 
de  M.  le  chanoine  Lemonnier,  et  la  discussion  sur  la  Mosaïque 
de  Lescar, 

Le  Courrier  de  La  Rochelle  —  même  date  —  insère  le  som- 
maire du  numéro  de  novembre. 

Le  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  de  Rochefort  de 
juillet-septembre  1903,  apprécie  avec  éloges  le  mémoire  de 
M.  le  chanoine  Lemonnier,  relatif  à  V Enseignement  primaire 
à  Rochefort,  paru  dans  le  numéro  de  juillet  de  la  Revue. 

Le  Journal  des  Savants,  d'octobre  1903,  publie  sous  la  signa- 
ture de  M.  A.  Luchaire,  une  courte  appréciation  de  Renaud  VI, 
tf  monographie  utile,  puisqu'elle  met  en  lumière  la  vie  d'un  de 
ces  seigneurs  de  la  France  de  l'Ouest,  qui,  après  avoir  pris  fait 
et  cause  pour  l'anglais,  pendant  le  guerre  de  Cent  ans,  se  ral- 
lièrent définitivement  à  Charles  V  et  à  Charles  VI...  Cet  ouvrage 
repose  sur  une  solide  documentation.  » 

LesNotesd'artêtd'archéologiey  d'octobre  1903,  rendentcompte 
sommairement  du  numéro  de  septembre  de  la  Revue  ;  elles  si- 
gnalent la  belle  étude  sur  la  Bataille  de  Jamac  et  les  Quel- 
ques mots  depatois  saintongeais. 

Notre  confrère,  M.  Pierre  Ardouin,  a  obtenu  une  médaille 
d'argent  de  l'Académie  nationale  des  Sciences,  Belles-Lettres 
et  Arts  de  Bordeaux,  pour  son  livre  de  vers  Reflets  et  Mur^ 
mures. 

Notre  confrère,  M.  l'abbé  du  Vauroux,  chanoine  titulaire  à  La 
Rochelle,  prend  la  direction  du  Bulletin  religieux. 

Parmi  les  œuvres  de  M.  Hérisson,  peintre,  dont  le  décès  a 
été  annoncé  dans  le  dernier  numéro,  on  a  oublié  de  rappeler 
qu*il  est  un  des  auteurs  de  la  décoration  de  la  chapelle  du  col- 
lège de  Saintes. 


Digitized  by 


Google 


—  3  — 

La  commission  départementale  du  Gonseil  général  a  alloué 
(novembre  1903), 380  fr.  pour  réparation  à  TéglisedePont-Labbé  ; 
500  fr.  pour  la  restauration  à  Téglise  et  au  presbytère  de 
Champdolent. 

EUe  a  émis  un  avis  favorable  à  l'allocation  par  TEtat  de 
1.000  fr.  pour  la  restauration  de  Téglise  de  Pont-Labbé  ;  1000  fr. 
pour  menus  travaux  àTéglise  de  Champdolent. 

La  chapelle  Saint-Gilles,  à  Pons,  va  être  restaurée. 

Le  conseil  municipal  de  La  Rochelle,  dans  sa  séance  du  12 
décembre,  a  voté  une  somme  de  600  francs  en  faveur  de  Tédi- 
tion  de  la  Cosmographie  d'Alfonse  de  Saintonge  que  notre 
confrère,  M.  Musset,  a  mise  sous  presse. 

Le  cardinal  Thomas,  archevêque  de  Rouen,  auparavant  évè- 
que  de  La  Rochelle,  aurabientôt  son  monument  dans  une  cha- 
pelle de  la  cathédrale  de  Rouen. 

Le  tombeau  mesurera  quatre  mètres  de  hauteur.  Il  a  été 
confié  à  un  artiste  rouennais,  M.  Barrias,  c  qui  a  très  bien  re- 
produit la  physionomie  du  prélat.  » 

Le  nouveau  Carmel  de  Saintes,  adjugé  à  MM.  Naud,  architecte, 
L.  Perrineau,  entrepreneur.  Martinet,  tapissier  et  Bellot,  pro- 
priétaire, au  prix  de  38.350  fr.  aété  remis  en  vente  le  13  novem- 
bre, avec  une  surenchère  du  sixième  et  adjugé  définitivement 
aux  mêmes  personnes  pour  48.000  francs. 

Les  bâtiments  partagés  entre  les  copropriétaires  seront  pro- 
bablement transformés  en  logements,  sauf  la  chapelle  qui,  fer- 
mée, attendra  Theure  de  sa  réouverture. 

La  Charente-Inférieure  a  donné,  en  1903,  344  naissances  de 
plus  qu'en  1901  ;  toutefois  ce  chiffre  ne  provient  pas  d'une  aug- 
mentation de  natalité,  mais  d'une  diminution  de  mortalité  des 
enfants. 

Le  musée  de  Rochefort  a  reçu  un  tableau  représentant  un 
Coucher  de  soleil  à  Fouras,  de  M.  Simonnet. 


Digitized  by 


Google 


_  4  — 

Le  conseil  municipal  de  Saintes,  dans  sa  séance  du  29  octo- 
bre, a  refusé  le  legs  de  tableaux  que  M.  Mignien,  de  Niort,  lui 
avait  fait  (Voir  Revue,  XXIII,  p.  293). 

La  Mériné  à  Nastasie  a  trouvé  un  imitateur.  Le  Perin  d'au 
drôley  ine  coumédie  bien  sunusainte  et  bien  nature,  jouée  par 
tout  in  tas  de  francs  pésans  des  environs  de  Cougnac,  fait  son 
tour  desGharentes. 

Le  jeudi  26  novembre,  M.  François  Coppée  a  lu  le  poème  sur 
Victor  Hugo,  de  M.  Léonce  Depont,qui  a  obtenu  cette  année  le 
grand  prix  de  poésie. 

La  librairie  Oôte,  de  Surgères,  met  en  vente  une  plaquette  de 
quinze  pages  contenant  le  poème  complet. 

La  Liberté,  du  26  novembre,  publie  une  interview  sur  M. 
Léonce  Depont,  à  propos  de  la  séance  de  l'Institut  du  26  novem- 
bre. 

Voici  le  portrait  que  le  journaliste  trace  du  poète,  avec  des- 
sin. «  Assez  grand,  d'apparence  chétive  encore  que  de  solide 
constitution,  le  poète  parait  beaucoup  plus  âgé  qu'il  n'est  en 
réalité.  Les  plis  des  joues,  les  rides  du  front  haut  et  légèrement 
dégarni  sur  les  tempes,  les  ailes  du  nez  dénotent  une  énergie 
peu  commune,  tandis  que  ses  yeux  de  rêveur donli'éclat  semble 
tenir  aux  verres  du  lorgnon,  donnent  à  la  figure  une  expression 
très  douce.  » 

La  Revue  des  Charcutes,  d'octobre  1903,  contient  une  biogra- 
phie de  M.  Georges  Gourdon,  le  poète  des  Chansons  de  geste, 
par  M.  Georges  Retailde  RocUefort-sur-Mer.  M.  G.  G.  naquit  le 
22  avril  1852  à  Vandré,  près  .^ingères.  «  C'est  dans  le  château 
où  son  grand-père  était  fermier  que  notre  poète,  frêle  existence 
trois  fois  échappée  à  la  mort,  vécut  la  plus  grande  partie  de  sa 
vie  à  laquelle  il  manqua  ce  rayon  de  joie  :  le  sourire  d'une 
mère.  »  A  douze  ans,  on  le  mit  au  collège  de  Pons.  Sorti  en  1872 
de  ce  collège,  où  il  avait  fait  d'excellentes  études,  il  comïnença 
le  journalisme  en  1878  au  Paris-Journaf.  C'est  là  que  M.  Charles 
Tlîèze  vint  lui  demander  sa  collaboration  aux  Tablettes  des 
Deux^Charentes,  organe  autorisé  de  la  marine,  dont  il  est  le 
rédacteur  en  chef  depuis  1889. 


Digitized  by 


Google 


—  5  — 

La  Gazette  anecdotique,  de  septembre-octobre  (parue  en 
novembre)  contient  un  article  de  M.  Ph.  de  Seignac,  relatif  à  la 
représentation  de  Madeleine  sur  le  théâtre  en  plein  air  de 
La  Mothe*- Saint- Héray  ,  et  la  cavalcade  qui  l'a  précédée. 
«  Tigellius  (M.  Louis  Giraudias],  avait  composé  une  partition 
musicale  remarquable,  surtout  le  laniento  de  la  mort  de  Lazare. 
Il  y  a  longtemps  que  nous  avons  insisté  sur  les  étonnants  dons 
d'harmoniste  qui  caractérisent  la  fucturo  de  toutes  ses  œuvres 
déjîi  nombreuses.  Et  sous  la  pluie  (jui  versait,  Lydie  (M"*  Macler) 
confiait  son  amour  trompé  par  Murcellus  ;  sa  nourrice  Ariane 
(M"*  Louis  Giraudias),  la  consolait  maternellement;  les  juifs, 
les  juives,  romains,  romaines,  etc.,  évoluaient  dans  le  charmant 
décor  exécuté  par  M.  André  Giraudias...  » 

Voir  un  compte  rendu  illustré  dans  la  Revue  universelle, 
!•'  décembre  1903. 

Dimanche,  15  novembre,  M.  le  baron  Oudet  a  fait  à  Royan 
une  conférence,  très  applaudie,  sur  le  Kôle  de  la  femme  chré- 
tienne à  notre  époque  de  désorganisation  sociale. 


NOTES  D'ETAT  CIVIL 


L  —  Dkcés 

M.  Gabriel  Denis,  membre  de  la  Société  des  archives,  négo- 
ciant à  Cognac,  propriétaire  de  la  Chauvillière,  commune  de 
Nancras,  maire  de  Sablonceaux,  conseiller  général  du  canton 
de  Saujon,  député  de  la  2*  circonscription  de  Saintes,  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur,  est  décédé  subitement  le  30  octobre  à 
la  Chauvillière,  frappé  d'une  congestion  déterminée  par  une 
maladie  de  foie  dont  il  soudrait  do])uis  longtemps.  M.  Denis  est 
né  à  Cognac  le  22  novembre  185J.  Elu  pour  la  première  fois  aux 
élections  législatives  du  H  mai  189S,  après  une  rude  campagne, 
par  7.384  voix  contre  6.294  données  à  M.  Gabriel  Dufaure,  il  fut 
réélu,  le  27  avril  1902,  par  6.729  contre  6.602  à  M.  G.  Dufaure. 

Le  16  janvier  1881 ,  il  avait  été  nommé  conseiller  municipal  de 
Cognac,  sur  la  liste  conservatrice.  Lors  du  renvoi  des  sœurs  de 
l'asile  de  la  rue  Saint-Martin  et  leur  remplacement  par  des  laï- 
ques, il  avait  protesté,  mais  sa  motion  fut  repoussée  par  13  voix 


Digitized  by 


Google 


-  6- 

oontre  7  sur  20  votants.  A  la  suite  du  vote,  M.  Elie  Pinet  donna 
sa  démission.  Une  élection  partielle  eût  lieu,  les  sept  conseil- 
lers conservateurs  patronèrent  la  candidature  de  M.  Denis  Fort 
contre  celle  de  M.  Jules  Brisson.  Leur  candidat  ayant  été  battu, 
M.  Denis  et  ses  six  collègues  donnèrent  leur  démission. 

Lundi,  9  novembre,  ses  obsèques  ont  eu  lieu  à  Sablonceaux 
en  présence  d'une  très  grande  foule  estimée  à  trois  mille  per- 
sonnes. Sur  la  tombe  des  discours  ont  été  prononcés  par  M.  le 
Préfet;  MM.  Lauralne,  député  ;  Garnier,  sénateur  ;  Bron,  con- 
seiller général  ;  Faneuil,  maire  de  Saujon;  D'  Papillaud,  Ver- 
neuil,  Nicolle,  conseiller  général  ;  Edgar  Combes,  secrétaire 
général  du  ministère  de  Tlntérieur,  conseiller  d'Etat. 


Le  19  novembre  est  décédé  au  Ganet,  près  Cannes,  le  comte 
de  Ghasseloup-Laubat,  membre  de  la  Société  des  archives,  né  à 
Paris  le  7  juin  1866,  fils  de  l'ancien  ministre  de  la  marine  sous 
Tempire,  et  de  la  marquise  de  Chasseloup-Laubat,  née  Pillé  ;  il 
était  frère  du  marquis  de  Chaçseloup-Laubat,  marié  avec  M"* 
Stem.  Le  comte  de  Chasseloup  prit  une  part  active  aux  manifes- 
tations de  Tautomobilisme  :  il  était  l'un  des  fondateurs  de  l'Auto- 
mobile-Club  de  France  et  membre  du  Jockey-Club  et  de  l'Union 
artistique.  Ingénieur  civil,  il  entreprend  de  1888  à  1892  un  long 
voyage  d'études,  avec  son  frère,  le  marquis  de  Chasseloup- 
Laubat  ;  visite  l'Asie  Mineure,  les  Indes,  le  Japon,  l'Asie  cen- 
trale, la  Perse,  l'Afrique  septentrionale,  les  États-Unis  ;  orga- 
nisateur des  premières  épreuves  automobiles,  invente  et  met  le 
premier  en  pratique  les  formes  coupantes  qui  ont  été  univer- 
sellement adoptées  depuis. 

LAuto  des  21  et  22  novembre  consacre  au  défunt  un  article  où 
nous  lisons  :  c  Les  hommes  sont  rares  par  les  temps  qui  courent 
d'une  aussi  entière  probité  qui  savent  ne  mêler  dans  les  affaires 
dont  ils  sont  les  arbitres,  ni  leur  intérêt  personnel,  ni  leur 
amour-propre,  ni  leurs  rancunes,  qui  peuvent  s'effacer,  se  sa- 
crifier en  vue  du  bien  général....  Il  est  un  de  ceux  qu'il  nous 
faudra  toujours  pleurer.  »  Le  journal  a  ouvert  une  souscription 
dans  le  but  d'élever  un  monument  à  la  mémoire  de  M.  de  Chas- 
seloup. 

Le  Jourruil  de  M&rennes  du  29  novembre  reproduit  l'article 
du  Vélo,  t  0*est  un  parfait  gentilhomme  —  gentilhomme  de 
race  et  gentilhomme  d'esprit  —  qui  disparaît.  Mince»  élancé. 


Digitized  by 


Google 


—  7  — 

d'une  sveltesse  aristocratique,  d'une  urbanité,  d'un  naturel  ex- 
quis, énergique  et  doux  à  la  fois,  le  comte  de  Ohasseloup-Lau- 
bat  avait  reçu  de  la  nature  ce  don  précieux  dont  il  fit  un  si 
précieux  usage  :  Tintelligence....  » 


Le  26  mai  1903,  est  décédé  au  château  deRichemond  en  Péri- 
gord,  le  comte  Adhémar  de  Saint-Légier  né,  le  14  juin  1835, 
au  château  de  La  Chapelle  Faucher,  fils  d'Antoine-Eugène  de 
Saint-Légier  et  de  Marie  Françoise  Gabrielle  de  Ghabans.  Lire 
un  article  nécrologique  dans  Bulletin  de  {a  Société  historique 
et  archéologique  du  Périgord,  t.  XXX,  octobre  1903. 


M.  Paul  Emile  Laurent,  ancien  négociant,  officier  d'académie, 
né  à  Archiac,  de  Pierre  et  d'Elisabeth  Emeriaud,  est  décédé  à 
Saint-Jean  d'Angély  le  7  octobre  dernier,  âgé  de  71  ans. 

Membre  de  la  commission  municipale  en  1870,  puis  succes- 
sivement adjoint  au  maire,  membre  de  la  délégation  scolaire, 
président  du  tribunal  de  commerce,  vice-président  de  la  cham- 
bre de  commerce  de  Rochefort,  M.  Laurent  par  sa  haute  com- 
pétence et  sa  grande  affabilité  dans  l'accomplissement  de  ces 
diverses  fonctions,  s'est  acquis  l'estime  et  la  considération  de 
ses  concitoyens.  Des  discours  ont  été  prononcés  sur  sa  tombe 
par  le  maire  et  le  président  du  tribunal  de  Saint-Jean  d'Angély 
ainsi  que  par  le  vice-président  de  la  chambre  de  commerce  de 
Rochefort. 

M.  Laurent  avait  épousé  M*"«  Noëmie  Geay,  fille  de  notre  dé- 
funt et  très  regretté  collègue  Geay-Besse,  longtemps  président 
du  tribunal  de  Saintes  et  poète  patoisant  bien  connu.  De  ce  ma- 
riage sont  issus  M.  Jean  Laurent,  conseiller  municipal  de  Saint- 
Jean  d'Angély  et  M.  Maurice  Laurent,  qui  continuent  l'œuvre 
commerciale  que  leur  a  léguée  leur  père. 

Le  16  octobre  1903,  est  décédé  à  Tonnay-Oharente,  M.  Ga- 
briel Renault.  Né  le  16  mai  1857  à  Tonnay-Charente  où  une 
branche  de  la  famille  Renault,  originaire  de  Saint-Domingue, 
est  fixée  depuis  bientôt  un  siècle,  M.  Gabriel  Renault  n'avait 
jamais  abandonné  son  pays  natal.  Chrétien  convaincu  et  ar- 
dent défenseur  de  la  liberté  d'enseignement,  il  avait  lutté  avec 
énergie  pour  le   maintien   d'une   école  congréganiste  que  sa 


Digitized  by 


Google 


—  8  — 

grand*mère,  Mme  Renault,  avait  fondée  il  y  a  quarante  ans,  à 
Lussànt.  En  1902,  lor»  de  la  mise  des  scellés  sur  la  maison  qui 
lui  appartenait  et  où  des  sœurs  de  TEnfant-Jésus  du  Puy  diri* 
geaient  une  école  libre,  il  avait  hautement  protesté  contre  cette 
mesure.  Il  fît  valoir  ses  droits  devant  la  justice,  obtint  gain  de 
cause  et  put  ainsi  recouvrer  la  jouissance  de  son  immeuble  où 
une  école  libre  continue  à  exister. 

Les  obsèques  de  M.  Gabriel  Renault  ont  eu  lieu  à  l'église  de 
Tonnay-Charente,  le  18  octobre,  au  milieu  d'une  assistance  nom- 
breuse et  recueillie. Avant  l'absoute,  M.  le  doyen  de  la  paroisse 
s'est  fait  l'interprète  des  regrets  unanimes  que  cause  une  mort 
pi  prématurée  et,  en  termes  émus,  a  rappelé  «  la  droiture  d'es- 
prit de  cet  homme  de  bien,  son-  amour  de  la  justice  et  de  la  vé- 
rité, sa  charité  aussi  généreuse  que  discrète,  l'ardeur  et  le  dé- 
vouement qu'il  mettait  au  service  des  nobles  causes,  sa  foi  iné- 
branlable dans  laquelle  il  puisait  la  force  nécessaire  à  l'accom- 
plissement de  ses  devoirs  de  chef  de  famille,  d'état  et  de  reli- 
gion. » 

Marié  le  25  juin  1885,  à  Mlle  Marguerite  Castillon  du  Perron, 
M.  Gabriel  Renault  laisse  un  fils  et  trois  filles.  Il  était  frère  :  1*» 
de  Maurice  Renault,  décédé  ;  2*  de  Marguerite  Renault,  épouse 
de  M.  E.  Gastaigne,  décédée  ;  3^  de  M.  Georges  Renault,  mari 
de  Mlle  Flouch,  de  Bordeaux,  dont  trois  enfants  ;  4°  de  Mme 
Sophie  Renault,  épouse  de  M.  le  comte  Henri  de  Montalembert, 
maire  d'Bchillais,  dont  six  enfants  ;  5°  de  Mme  Elisabeth  Re- 
nault, épouse  de  M.Williamson. 


Le  24  octobre,  s'est  éteinte  à  Saintes,  rue  Ilôtel-de-Ville,  Mme 
Joséphine  de  Salasc,  née  Laugaudin. 

Issue  de  Bretagne,  la  famille  Laugaudin,  n'était  plus  repré- 
sentée, au  moment  de  la  Révolution,  que  par  lo  colonel  Laugau- 
din, chevalier  de  Saint-Louis.  Marié  en  Bourgogne,  il  eut  neuf 
enfants.  L'un  d'eux,  sorti  de  l'Ecole  Polytechnique,  devint  colo- 
nel d'artillerie,  chevalier  de  Saint-Louis,  commandant  en  se- 
cond de  l'Ecole  de  Metz  ;  il  épousa  Mlle  de  Chévigné. 

Un  autre,  commissaire  de  la  marine  à  Rochefort,  y  épousa 
Mlle  Duplais  des  Touches,  fille  elle-même  de  Mlle  de  la  Ferlan- 
derie  et  mère  du  marquis  de  Saint-Cyrgue,  .deux  familles  de 
Saintonge. 

Un  autre,  pareillement  commissaire  de  la  marine,  épousa  à 


Digitized  by 


Google 


-  9  — 

Lorient,  Mlle  Anger  de  Kérudo  et  en  eût  deux  filles,  d4)nt  Tune 
épousa  en  1842,  à  Toulon,  M.  Jean  de  Salasc. 

La  famille  Laugaudin  est  alliée  auxCartaud  de  la  Verrière,  de 
Goy  et  de  Bussy. 

La  famille  de  Salasc  est  originaire  de  Clermont-UHérault, 
près  Lodève.  —  Soigneurs  de  Salasc,  Octon,  Ariège  et  autres 
lieux,  ils  comptent  dans  leurs  alliances  une  grande  partie  de  la 
noblesse  de  l'Hérault,  entre  autres  les  de  Bellissen,  de  Fayet, 
de  Bernard,  Martin  de  Lauzac.  Honyssin  d'Ancely. —  Une  bran- 
che des  Salasc  prend,  en  1778,1e  titre  de  marquis  de  Lauzières  ; 
elle  s'allie  aux  de  Margon,  Donyssin  d'Ancely,  deMeaux,  etc.. 

La  famille  de  Salasc  émigré  en  Italie  au  moment  de  la  Révo- 
lution. Une  branche  s'y  (ï\e  et  y  est  actuellement  connue  sous 
le  nom  de  Salasco.  L'autre  branche  rentre  en  France.  Elle 
n'était  plus  représentée  que  par  Jean  de  Salasc,  mort  en  1889, 
Mme  de  Salasc,  morte  en  1903  et  Mlle  M.  de  Salasc,  mariée  à 
son  cousin  M.  Edme  Laugaudin.  capitaine  au  6*  régiment  d'in- 
fanterie, dont  un  fils. 

La  famille  de  Salasc  porte  ;  Ecartelé,  l  et  ^i,  d'argent  au  chien 
braque  passant  de  sable^  2  et  3  d'or  à  deux  fasces  de  gueules. 


Est  décédé,  en  octobre,  à  Cette,  où  il  s'était  retiré  depuis  cinq 
ans,  Jacques- Auguste  Filleau,  commissaire  général  de  la  ma- 
rine, commandeur  de  la  Légion  d'honneur,  né  à  Montendre,  le 
l'2  mai  1821,  entré  le  21  mai  1838  dans  le  commissariat  de  la 
marine.  D'une  haute  intelligence  et  doué  d'une  grande  puissance 
de  travail,  il  gravit  rapidement  tous  les  degrés  de  la  hiérarchie. 
Il  siégea  au  Conseil  d'Etat  et  au  conseil  de  l'amirauté.  Il  publia 
plusieurs  mémoires  dans  la  Eevue  coloniale,  sur  les  primes  à 
accorder  pour  favoriser  la  pêche  à  lamorue  et  sur  Saint-Pierre 
et  Miquelon.  Mais  son  œuvre  maîtresse  est  le  Traité  de  Venga^ 
genient  des  équipages  des  bâtiments  de  commerce  paru  en  1857, 
((ui  fait  encore  aujourd'hui  autorité.  «  Comme  légiste  et  comme 
écrivain,  il  s'était  fait  une  situation  qui  le  place  à  côté  des  com- 
mentateurs Valin  et  Beaussant  ». 

Voir  Les  Tablettes,  du  27  octobre. 


Le  mardi,  4  novembre,  à  Versailles,  ont  eut  lieu  les  obsèques 
de  Madame  Clémence  Poupillier,  vicomtesse  des  Méloizes-Fres- 


Digitized  by 


Google 


-  10- 

noy.  Le  deuil  était  conduit  par  le  comte  de  Montbron,  le  vicomte 
de  Montbron,  lieutenant  au  14*  dragons,  le  vicomte  René  de 
Montbron,  le  vicomte  Jean  de  Montbron,  le  comte  de  Moras,  le 
vicomte  de  Saint  Marsault  de  Ghatellaillon,  le  marquis  des 
Méloizes,  M.  Gaumont,  le  comte  Septëme  de  Ohampfleur,  ses 
gendre,  petits-Gls,  petits  gendres  et  neveux. 

Par  sa  mère  la  défunte  appartenait  à  la  famille  de  Saint  Félix, 
des  petits  chevau  de  Lorraine.  Elle  épousa  le  vicomte  des  Mé- 
loizes-Fresnoy,  d'une  ancienne  famille  des  environs  d'Autun, 
qui,  émigrée  vers  1690  au  Canada,  où  elle  est  restée  jusqu'au 
moment  delà  cession  de  cette  colonie  à  l'Angleterre,  se  fixa,  à 
■on  retour  en  France,  en  Blaisois,  par  suite  du  mariage  de  son 
chef  avec  M"*de  Oheverny,  petite  fille  del'auteur  des  mémoires. 

Madame  des  Méloizes  accompagna  son  mari  à  Weymar  et  à 
Munich  où  il  fut  nommé  ministre  plénipotentaire,  puis  à  La 
Rochelle  (1867),  trésorier  général,  et  à  Oaen  (1875),  en  la  môme 
qualité. 

M.  et  M"*  des  Méloizes  ont  laissé  deux  filles,  la  comtesse  de 
Montbron  qui  habite  le  château  de  Buzay,  près  La  Rochelle, 
avec  son  mari,  maire  de  La  Jarne,  et  la  comtesse  Renée  des  Mé- 
loizes, chanoinesse  de  sainte  Anne  de  Bavière. 


Le  11  novembre  1903,estinhuméo  à  Rochefort  M^^Dutouquet, 
née  Drouineau,  décédée  à  l'âge  de  86  ans,  à  La  Garde,  près  Tou- 
lon. Originaire  de  La  Rochelle,  veuve  du  docteur  Dutouquet, 
qui  tint  une  place  importante  dans  le  parti  républicain  et  dans 
le  monde  des  arts  et  des  lettres,  elle  était  mère  de  M.  le  contrô- 
leur général  de  la  marine  Dutouquet,  et  grand'mcre  de  M.  le 
capitaine  de  frégate  Sagot  du  Vauroux. 

Le  23  novembre,  est  décédée  à  Bassac  (Charente)  Jeanne- 
Françoise-Clémence  d'Asnières,  veuve,  depuis  le  9  mars  1900, 
de  Pierre-Louis-i4 ugusfe  Rambaud  de  Larocque,  président  du 
conseil  général  de  la  Charente,  officier  de  la  légion  d'honneur. 
Les  obsèques  ont  été  célébrées,  le  26,  en  présence  d'une  assis- 
tance aussi  nombreuse  que  recueillie,  témoignage  des  sincères 
regrets  qu'a  emportés  avec  elle  la  défunte,  dont  les  vertus 
chrétiennes,  la  grande  bonté  de  cœur  et  l'inépuisable  charité 
étaient  connues  de  tous. 

Née  le  29  mars  1825,  de  Eugène-Henri-Robert-Bernard,  mar- 


Digitized  by 


Google 


- 11  - 

quis  d'Asnières,  issu  de  la  branche  aînée  de  la  maison  d'As- 
nières,  et  de  Jeanne-Françoise  Bédoire,  elle  était  dans  sa  79* 
année,  et  laisse  après  elle  deux  enfants:  l*Pierre-Henri-Afar- 
cel  (1849),  avocat  au  conseil  d'Etat  et  à  la  Cour  de  cassation, 
conseiller  général  de  la  Charente,  veuf,  (1885)  de  Julie-Marie 
Groualle,  qui  lui  a  donné  une  fille,  Marie-Louise  (1882)  ;  2*  Marie- 
MsLrguerite  (1852)  mariée  (1876)  avec  Maurice  Hériard  dont  : 
Marie-Marguerite-Monique  (1877),  et  Pierre-Louis-Paut  (1881), 
élève  de  l'école  polytechnique. 

Pour  les  Rambaud  de  Larocque,  voir  Revue^  tome  XX, 
p.  171. 

Le  29  novembre  1903,  est  décédée,  à  Saintes,  cours  National, 
Madame  Marie-Louise  Sarrau,  née  à  Gigean  (Hérault),  le 
23  septembre  1812,  mariée  à  Grégoire-Gaspard-Félix  CofH- 
nières  de  Nordeck,  capitaine  du  génie,  devenu  général  de  divi- 
sion, décédé  à  Paris,  le  27  janvier  1187,  dont  quatre  enfants  : 
Léon-Gabriel,  capitaine  d'artillerie,  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur,  blessé  aux  Ormes,  près  Orléans,  le  11  octobre  1870, 
mort  à  Paris,  le  6  mars  1898;  André-François-Joseph,  capi- 
taine de  vaisseau,  officier  de  la  Légion  d'honneur  ;  Frédéric- 
Jun-Guilhaume,  chef  d'escadrons  de  dragons,  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur,  et  Jeanne-Marie-Adélaîde,  mariée  à  Ana- 
tole de  Bonsonge,  capitaine  de  frégate,  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur,  mort  à  Saint-Louis  du  Sénégal,  le  7  septembre  1881, 
sans  enfants. 

Le  8  décembre  1903,  est  décédée,  à  Saintes,  M""*  Elisabeth- 
Malvina  Josse,  veuve  de  M.  Adolphe-Joseph  Brunaud,  avoué, 
âgée  de  79  ans.  Elle  était  mère  de  M.  Gaston  Brunaud,  prési- 
dent de  la  Cour  d'appel  de  l'Afrique  occidentale,  et  belle-mère 
de  M.  Paul  Brunaud>  avoué,  et  de  M"**  Baillard. 


En  décembre  1903,  M"**  d'Orbigny,  veuve  du  célèbre  natura- 
liste Alcide  d'Orbigny,  est  décédée  à  Paris. 
Elle,  était  tante  du  maire  de  La  Rochelle. 


Digitized  by 


Google 


10   

II.  —  Mariages 

Le  22  septembre  1903,  a  été  célébré  à  Agen,  en  l'église  Notre- 
Dame  des  Jacobins,  le  mariage  de  mademoiselle  Je/ianne-Ma- 
rie  Louise  Favcreau,  fille  de  M,  Jacques-Clodomir  Favereau, 
décédé,  avoué  à  la  cour,  avec  M.  Pierre-Julien-FernandRavail, 
docteur  en  droit,  docteur  ès-sciences  politiques  et  économiques, 
avocat  au  tribunal  civil  de  La  Rochelle,  fils  de  M.  Pierre  Ra- 
vail,  notaire  à  Sainte-Marie  de  Ré. 

La  bénédiction  nuptiale  a  été  donnée  par  Monsieur  1  abbé 
Abel-Pierre  Favereau,  curé  de  Monbran  en  Agenais,  oncle  de 
la  mariée,  qui  a  prononcé  Tallocution  d'usage. 

Les  témoins  étaient  :  pour  la  mariée  :  Messieurs  Lucien  Rer- 
nard,  avoué  à  la  cour  d'appel  d'Agen  et  Théophile  Charles, 
avoue  au  tribunal  civil  de  Nérac  ;  pour  le  marié  :  Messieurs 
Louis  Hernette,  docteur  en  médecine  à  Saint-Martin  de  Ré  et 
Albert  Brouillac,  avocat  à  la  cour  d'appel  de  Poitiers,  docteur 
en  droit. 

Monsieur  Fernand  Ravail  est  fils  adoptif  de  madame  Pierre 
Ravail  née  Emma  de  Chantreau.  Madame  Pierre  Ravail  ap- 
partient à  la  très  ancienne  famille  vendéenne  de  Chantreau, 
maintenue  dans  sa  noblesse  par  arrêt  de  la  Ooar  des  aides,  des 
22  juin  1637  et  15  avril  1664  et  par  décision  des  commissaires 
généraux  à  la  revision  des  titres  nobiliaires  du  1*' avril  1671. 
Les  de  Chantreau  portent  :  de  gueules  à  trois  merlettes  d'ar- 
gent,  2,  i,  au-  chef  eousud'azur  à  trois  étoiles  aussi  d'argent, 
(Dictionnaire  généalogique  de  G.  Beauchet-Pilleau,  f  Chan- 
treau). 

Le  24  septembre  1903,  a  été  célébré  à  la  mairie  de  Lasserre, 
et  béni  dans  le  temple  de  TEglise  réformée  de  Nérac,  par  le 
pasteur  Adolphe  Meschinet  de  Richemond,  le  mariage  de  son 
frère.  Monsieur  Rodolphe-Elie-^lndre  Meschinet  de  Richemond, 
fils  de  M.  Louis-Marie  Meschinet  de  Richemond,  archiviste  dé- 
partemental, officier  de  l'Instruction  pul)li({ue  et  chevalier 
de  Tordre  du  Sauveur,  et  de  Madame  Charlotte-Lucie  Guenon 
des  Mesnard,  avec  Madame  Marie-Louisc-Hélène  de  Védrines, 
fille  de  M.  Jean-Antoine-Etienne  de  Védrines,  ancien  officier 
de  cavalerie  et  de  Madame  Marie-Jeanne  de  Malèprade,  demeu- 
rant à  Lanagrand,  commune  de  Lasserre  (Lot-et-Garonne).  M. 
André  de  Richemond  est  pasteur  de  l'Eglise  réformée  d'Aulnay. 


Digitized  by 


Google 


—  13  — 

Armoiries  de  la  famille  Meschinet  :  d'or  Siupinde  sinople 
terrsLSsé  de  même,  adextré  d'un  lion  grimpant  de  gxieules  et 
sénestré  de  trois  étoiles  d'a,zur  posées  i  et2. 

Armoiries  de  la  famille  de  Védrines  :  de  sinople  au  dextro- 
chère  habillé  dor,  tenant  une  épée  dargent  en  pal,  accompa- 
gnée en  chef,  à  dextre  d'un  croisssintct  k  sénestré  dune  étoile 
SLUssi  d  argent. 

Le  6  octobre,  à  Maillezais,  a  été  célébré  le  mariage  de  M.  Adol- 
pfae-Oaôtan  Moreau,  pharmacien,  demeurant  à  Saint^ean- 
d'Angéiy,  fils  de  notre  confrère  M.  Adolphe-Anselme  Moreau, 
médecin  vétérinaire,  conseiller  municipal,  chevalier  du  Mérite 
agricole  et  de  Mme  Marie-Oatherine  GeoiTré  de  Longfief. 

La  famille  GeofTré  de  Longfief  a  donné  un  maire  à  Saint-Jean- 
d'Angély,  en  1731  et  plusieurs  de  ses  membres  ont  occupé  des 
fonctions  judiciaires  dans  la  même  ville.  Elle  est  alliée  aux  Levai- 
lois,  Paulian,  Allenet,  Chotard,  Goret  de  Lépinay ,  de  Beins  Loir, 
Prégent,  Normand  Dufié  et  Regnau4  de  Saint-Jean  d'Angély. 

Le  29  septembre  1903,  à  Bordeaux,  M.  Marie-Ode-Henri  de 
Pleurian,  docteur-médecin  à  Plessé  (Loire-Inférieure),  a  épousé 
Mlle  Pauline  Le  Gendre. 

La  famille  de  Pleurian,  ancienne  famille  noble,  originaire  de 
Samalan  (Gersi,  anciennement  principauté  de  Gomminges, 
possède  des  parchemins  dont  l'un  remonte  à  1417j;  plusiears  de 
ses  membres  remplirent  la  charge  de  bailli.  Les  de  Pleurian 
possédaient  avant  la  Révolution  les  seigneuries  et  châteaux  de 
La  Liguée,  de  Lahas  et  des  Vives,  dont  ils  furent  dépouillés  en 
1793.  On  les  trouve  à  Marennes  dès  1716. 

Le  chevalier  de  Pleurian  de  La  Liguée,  Jacques-Ëloi,  grand- 
père  des  de  Pleurian  actuels,  était  capitaine  au  régiment  de 
La  Sarre,  en  1756;  il  vint  avec  son  régiment  à  La  Rochelle  où  il 
épousa  madame  de  Ghambon,  ce  qui  le  iixa  dans  le  pays.  Il  prit 
sa  retraite  en  1779,  et  mourut  en  1786.  De  ce  mariage  naquirent 
deux  enfants  morts  en  bas  âge  ;  et  il  perdit  sa  femme  un  peu 
avant  la  Révolution. 

Kmigré  en  Espagne  pendant  la  Terreur,  Jacques-Eloi  de 
Pleurian  revint  en  Saintongc  avec  son  frère  Jean  Séverin,  qui 
possédait  le  domaine  des  Pibles,  près  Marennes,  et  avec  son 
oncle,  le  baron  de  Pradel  qui  se  fixaà  Saintes,  faubourg  Saint- 
Vivien. 


Digitized  by 


Google 


-  14  - 

Il  alla  habiter  Saint-Juit,  où  il  acquit  les  terres  de  Redou  et 
des  Sablières,  et  se  maria  en  secondes  noces  avec  Elisabeth 
Baron,  de  Marennes,  dont  le  père  était  greffier  du  tribunal. 

De  ce  mariage  naquit  Jacques  Louis  de  Fleurian,  qui  épousa 
Elisabeth  Dufaure,  fîlle  de  Charles  Dufaure,  de  Sainte-Oemme, 
et  de  dame  Renaudin,  fille  de  l'amiral  Renaudin,  commandant 
du  vaisseau  Le  Vengeur.  Charles  Dufaure  était  Toncle  de  Sta- 
nislas Dufaurede  Vizelle.  Deux  enfants  sont  nés  de  ce  mariage, 
Marie-Antoinette  deFleurian,  décédée,  et  Marie-Jacques-Louis- 
Oustave  de  Fleurian,  capitaine  d'infanterie,  et  chef  de  bataillon 
de  réserve  en  retraite,  à  Saintes;  ce  dernier  épousa  en  1875, 
Laure  Giraudias,  fille  de  Louis  Oiraudias,  avocat  à  Saintes,  et 
de  cette  union  est  né  Marie-Ode-Henri  de  Fleurian,  docteur- 
médecin. 

La  famille  Le  Gendre  est  originaire  de  la  Côte-d'Or.  M.  Le 
Gendre,  père  de  la  mariée,  agrégé  de  Tuni versi té,  ofTicier  d'aca- 
démie, d'abord  professeur  au  collège  de  Clamecy,  passa  ensuite 
en  la  même  qualité  aux  lycées  d'Agen  et  de  Bordeaux. 

Lorsque  la  guerre  de  1870  éclata,  M.  Le  Gendre,  alors  profes- 
seur à  Clamecy,  s'engagea  volontairement  et  fut  blessé  griève- 
ment au  combat  de  Loigny,  et  amputé  d'une  jambe.  Décoré  de 
la  médaille  militaire,  il  fut  plus  tard,  étant  professeur  au  lycée 
de  Bordeaux,  proposé  pour  la  légion  d'honneur,  mais  mourut 
prématurément  en  1891  des  suites  de  ses  blessures. 

M.  Le  Gendre  avait  épousé  la  fille  d'un  professeur  de  Cla- 
mecy, d'une  très  honorable  famille,  M"*  Chrétien,  dont  est  née 
Pauline  Le  Gendre,  qui  a  épousé  Henri  de  Fleurian. 

Le  10  novembre,  à  Saintes,  a  été  béni  le  mariage  de  M"^ 
Marie  Texier,  fille  de  M.  Texier,  receveur  particulier  des  finan- 
ces, et  de  feue  Pellissier  Marie-Julie  Gabrielle,  décédée  à  Saint- 
Rémy,  le  10  janvier  1887,  avec  le  vicomte  Raoul  de  Guérin  de 
Villiers,  attaché  à  l'inspection  des  Chemins  de  fer  du  P.  L.  M. 
à  Paris. 

Les  détails  généalogiques  qui  suivent  devaient  accompagner 
la  note  sur  le  mariage  Strauss- La  Morinerie  (XXIII,  p.  367). 
Parvenus  trop  tard  pour  être  insérés  dans  le  numéro  de  novem- 
bre, force  nous  a  été  faite  de  les  ajourner  au  présent  numéro. 

La  famille  Strauss,  originaire  de  Leuzbofurg,  canton  d*Argo- 
vie  (Suisse),  s'est  fixée  en  France  au  cours  des  années  1803 


Digitized  by 


Google 


—  15  — 

1804,  à  la  suite  de  circonstances  qui  méritent  d*ôtre  rappelées* 
A  cette  époque  (1803),  la  République  Helvétique  envoya  à  Paris 
cinquante  six  députés,  représentant  les  deux  opinions  monar- 
chique et  démocratique  qui  divisaient  alors  la  Suisse,  avec 
mission  de  s'entendre  avec  Bonaparte,  chargé,  en  sa  qualité  de 
médiateur,  de  trancher  les  difficultés  auxquelles  avait  donné 
lieu  la  constitution  fédérale  de  1708.  M.  Théophile  Strauss,  en 
qualité  de  conuncrçant  des  plus  notables  du  canton  d*Argovie, 
lit  partie  de  cette  députation.  En  raison  de  leur  très  grand  nom- 
bre, le  Premier  Consul  ne  pouvant  aisément  conférer  avec  ces  dé~ 
pûtes,  désigna  dix  d'entre  eux  —  cinq  de  chaque  opinion  poli- 
tique —  pour  travailler  en  commun.  Trouvant  ce  nombre  en- 
core trop  considérable,  et  en  vue  d'accélérer  les  travaux,  il  fit 
choix  de  M.  Strauss,  qu'il  avait  particulièrement  remarqué,  pour 
rédiger  avec  lui  la  nouvelle  constitution,  laissant  à  celui-ci  le 
soin  de  s'entendre  avec  ses  collègues  sur  les  questions  en  délibé- 
ration. Il  résulte  de  ce  choix  honorable  que  M.  T.  Strauss  eut, 
comme  député,  la  part  la  plus  importante  à  l'élaboration  du 
traité  fédéral  du  19  février  1803  (1). 

Ces  événements  déterminèrent  M.  T.  Strauss  à  se  fixer  à  Paris 
(1804). 

Son  fils,  Rodolphe  (né  le  3  août  1793)  alla  habiter  La  Rochelle 
où  l'appelaient  ses  intérêts  commerciaux,  puis  à  Tonnay-Cha- 
rente  où  il  devint,  en  1818,  associé  de  la  maison  V.  Renault  et 
C*',  situation  qu'il  occupa  jusqu'à  son  décès.  En  1834,  M.  Rodol- 
phe Strauss  a\  ail  épousé  M"'  Thierry  d'Argenlieu,  fille  du  direc- 
teur des  douanes  de  la  Charente-Inférieure.  De  ce  mariage  sont 
issus  trois  enfants  :  1°  Ludovic  Strauss,  marié  avec  dame  Jeanne 
Castillon  du  Perron  ;  2**  Valentine,  épouse  de  feu  M.  Guépratte, 
receveur  des  finances  ;  3"*  Isabelle,  épouse  de  M.  Racine. 

M.  Ludovic  Strauss  a  cinq  enfants  :  P  Gabriel,  lequel  a  épousé 
le  6  octobre  1903,  demoiselle  Alice  de  La  Morinerie  ;  2®  Fernande 
qui  après  avoir  fait  ses  études  théologiques  à  Saint-Louis  des 
Français  à  Rome,  est  aujourd'hui  attaché  au  clergé  de  la  Cha- 
rente-Inférieure, comme  vicaire  de  Notre-Dame  de  Royan  ; 
8*  Madeleine,  épouse  de  M.  Joseph  Drilhon,  directeur  de  l'a- 
gence de  la  Société  Générale  à  Chambéry  ;  4"  Suzanne  ;  5®  Pier- 
re,  enseigne  de  vaisseau. 


(1)  C'est  4  la  suite  de  ce  traité  que  le  Premier  Consul  prit  dans  les  actes  pu- 
bUcs  le  titre  de  médiateur  de  la  Confédération  Helvétique. 


Digitized  by 


Google 


^  16  - 
VARIÉTÉS 


I 

Dj&goutbrtb  db  sépultures  médiévales  a  Saint-Jban  d'Anoély 

Le  numéro  de  novembre  de  la  JReuue  a  annoncé  la  découverte 
d'une  crosse  dans  un  tombeau,  à  Saint-Jean  d'Angély,  sans  plus 
de  détails,  parce  que  la  trouvaille  fut  faite  au  moment  du  ti- 
rage. Depuis,  le  D'  Guillauet  moi  avons  eu  le  loisir  d'examiner 
le  champ  de  fouilles  et  d'étudier  sur  place  le  principal  objet 
dont  ci-contre  un  dessin  exact. 

Voici  quelles  circojistances  ont  amené  la  mise  au  jour  de 
cette  crosse. 

La  fabrique  de  l'église  de  Saint-Jean,  qui  a  déjà  tant  fait 
pour  la  restauration  de  l'église  paroissiale,  s'est  proposé  de 
dégager  définitivement  les  abords  du  monument.  Il  existait 
contre  l'abside  et  le  mur  latéral  sud  un  terrain  planté  d'arbres 
en  contre  haut,  entouré  de  murs.  Elle  résolut  d'aplanir  cet 
enclos  et  d'établir  une  place  ;  après  entente  avec  la  ville,  qui 
ne  voulut  accepter  que  la  place  terminée,  elle  chargea  un 
entrepreneur  de  l'enlèvement  des  terres  et  des  matériaux  pro- 
venant de  la  démolition. 

D^ns  ces  terres,  on  trouva  des  tombeaux,  auges  en  pierre 
grossièrement  taillées,  ayant  à  la  tête  un  encastrement  rond  et 
au  pied  un  autre  carré.  Le  couvercle  plat  ou  à  deux  pentes 
ne  porte  aucune  inscription  ni  dessin.  Quelques-uns  de  ces 
tombeaux  étaient  formés  de  morceaux  de  pierre  placés  les  uns 
à  coté  des  autres  et  maçonnés.  Il  y  a  trente  ans,  on  en  a  déjà 
découvert  de  semblables  (1).  Toutes  ces  tombes  étaient  orien- 


(1)  Briilouin  a  décrit;  dans  le  Balletin  de$  travaux  de  la  Société  kisloriqae 
et  scientifique  de  Saint- Jean  d*  An  g  él  y  de  1865,  p.  49,  un  certain  nombre  de 
tombeaux  trouvés  sur  la  place  de  Thùtcl  de  ville.  «  Quelques-uns  de  ces  cer- 
cueils, enfouis  sous  terre,  étaient  formés  de  plusieurs  morceaux  de  pierres 
plates  juxtaposées  et  cimentées,  ce  que  nous  avons  observé  encore  sur  rem- 
placement de  l'ancien  cimetière  de  féglise  abbatiale,  lorsqu'on  a  nivelé  la  rue 
d'A^uesseau,  et  sur  celui  de  Téglise  Saint-Hévérend,  lorsqu'on  a  fouillé  sur  la 

place  du  Minage Aux  autres  tombeaux,  on  remarquait  A   l'intérieur  un 

espace  circulaire  ordinairement,  et  quelquefois  carré  pour  recevoir  la  tête,  et 
un  autre  oblongpour  les  pieds,  ce  qui  a  été  rencontré  sur  la  place  du  Minage, 


Digitized  by 


Google 


—  17  — 


Cbossb  trouvés  a  Saint-Jean  d'Angély  en  1903. 

1. 


Digitized  by 


Google 


-  18  — 

tées  sud-nord  ;  un  très  faible  espace  de  terre  les  séparait  les 
unes  des  autres  et  une  couche  très  mince  les  recouvrait  ;  tous 
les  couvercles  furent  brisés  par  la  chute  des  pierres  de  l'église 
abbatiale  pendant  la  grande  démolition  en  1568  par  les  protes- 
tants ;  ces  sépultures,  sauf  une,  ne  contenaient  point  d'objets 
intéressants  ayant  appartenu  aux  personnes  ensovelits.  L'en- 
trepreneur, le  très  obligeant  M.  Brunet,  nous  a  cependant  af- 
firmé qu'il  avait  reconnu  dans  une  auge  des  restes  d'éperons, 
et  dans  une  autre  une  plaque  de  ceinturon  en  fer.  Le  seul  objet 
de  valeur  recueilli  (1)  est  une  crosse,  mesurant  (),3G  de  hau- 
teur et  0,105  de  largeur.  Elle  se  compose  d'une  tige  en  cuivre 
doré,  allant  en  diminuant  de  diamètre,  enroulée  deux  fois,  ter- 
minée par  une  tête  cornue  de  serpent  aux  yeux  formés  d'une 
goutte  d'émail  bleu  foncé  ;  le  nœud  (diam.  :  0.06)  arrondi  en 
boule  unie  se  rattache  à  la  volute  par  une  bague  en  couronne 
simplement  ornée  d'un  triple  trait,  celui  du  milieu  étant  on- 
dulé. Il  manque  naturellement  la  hampe  qui  devait  être  en 
bois,  et  la  pointe  que  l'on  n'a  pas  retrouvée. 

Elle  est  très  simple,  comme  on  le  voit,  elle  a  le  grand  mérite 
d'être  complète,  mais  elle  n'est  pas  inédite.  J'y  reviendrai  tout 
à  l'heure,  je  la  laisse  un  moment,  désirant  en  terminer  avec 
l'endroit  d'où  elle  vient. 

La  tombe  en  pierre  qui  la  contenait,  pareille  aux  précédentes, 
parfaitement  orientée  est-ouest,  élait  placée  à  huit  mètres  cin- 
quante centimètres  du  mur  do  l'église,  et  un  peu  moins  enfouie 
que  les  autres  tombeaux  qui  l'avoisinaient.  Le  sarcophage  aux 
éperons  était  tout  proche,  ainsi  ([u'un  autre  dont  je  vais  parler 
et  qui  a  été  ouvert  devant  nous.  C'est  celui  d'une  femme  âgée, 
degrandetaille,un  mètre  soixante-dix  environ  (longueur  du  fé- 
mur 0.47,  du  tibia  0.375.)  Elle  nous  est  apparue  les  mains  croisées 
sur  la  poitrine,  comme  ayanu  le  enveioppéedans  un  linceul  de 
grosse  toile,  dont  quelques  fragments  subsistaient,  chaussée  et 
ayant  sur  les  jambes  et  le  bas  ventre  des  morceaux  de  cuir  et 
une  matière  analogue  à  de  l'amadou  ou  étoupe  décomposée. 
M' Saudau  a  vu  «  une  tête  de  bouton  ou  d'épingle  en  forme  de  tête 


lorsque  MM.  Brillouin  et  Lemoine  ont  fait  creuser   les    fondements  de  leurs 

maisons Les  dalles  qui  couvraient    ces  cercueils   étaient,   soit  d'un    seul 

morceau,  soit  de  trois.  >  Il   parle  de  lettres  c  ruriques   et  tudesques  »   sur 
des  fragments  de  tombeaux  employés  dans  la  maçonnerie  de  la  Halle 
(1)  M.  Brunet  a  aussi  mis  de  côt^  un  crâne  trépané  ;  le  trou  est  ovale. 


Digitized  by 


Google 


—  19  — 

de  clou  à  quatre  pans  »  probablement  en  pâte  de  verre,  très  fri- 
able. Ce  cuir  et  cette  matière  méconnaissable  nous  ont  intri- 
gués. Je  crois  que  ce  sont  les  restes  d'une  robe  fourrée,  ou 
garnie  de  fourrures. 

La  présence  d'un  tombeau  d'ecclésiastique  ayant  droit  de  crosse 
au  milieu  de  ces  laïques,  hommes  et  femmes,  en  dehors  de  l'é- 
glise, est  singulière,  d'autant  plus  bizarre  que  par  dessus  ces 
tombeaux  s'étendait  un  pavage  formé  de  carreaux  vernissés  brun 
ou  jaune  unis  ou  à  dessin  incrusté  en  jaune,  tous  brisés  (1),  mais 
en  place.  Comment  se  fait-il  que  cet  abbé  (i2),  si  le  défunt  est 
abbé,  et  abbé  de  Saint-Jean,  n'ait  pas  été  enterré  dans  l'in- 
térieur de  l'église  conformément  à  l'usage?  Si  le  défunt  est  un 
évoque,  comment  se  trouve-t-il  là?  On  assure  qu'il  existait  en 
cet  endroit  une  chapelle  Saint-Oeorges  et  un  cimetière  Saint- 
Georges.  Viendrait-on  d'en  détruire  les  derniers  vestiges? 
Observons  de  suite  que  chapelle  et  cimetière  ne  datent  pas  du 
moyen  âge.  Il  n'a  pas  été  possible  de  reconnaître  la  largeur 
du  passage  pavé  et  si  des  gros  murs  l'entouraient  de  tous  côtés. 
Le  plus  gros  mur  qui  ait  été  reconnu  était  circulaire,  mais  il 
paraissait  de  date  récente,  et  il  passait  par  dessus  le  tombeau 
en  question,  laissant  les  autres  en  dehors.  La  solution  séduisante 
consisterait  à  dire  que  ces  dilTérents  cercueils  appartenaient  à 
une  même  famille  enterrée  dans  une  chapelle  dépendant  de 
l'abbatiale  après  obtention  d'un  droit  de  sépulture  dans  l'église. 
Le  plan  de  1733,  il  est  vrai,  ne  confirme  pascette  conjecture.  La 
date  explique  pourquoi,  ainsi  que  nos  doutes  à  l'égard  de  la 
lidélité  des  renseignements  qu'il  peut  nous  fournir  en  l'espèce. 

Faut  il  donc  admettre  une  chapelle  isolée  ?  Non.  C'est  invrai- 
semblable. Mieux  vaut  croire  à  une  partie  de  l'église  primitive, 
que  la  construction  du  XIII-XIV  siècle  a  respectée.  L'orienta- 
tion anormale  des  tombes  laï(iucs  rend  recevable  l'hypothèse 
d'une  chapelle  dépendant  de  l'église  elle-même. 

La  crosse,  à  défaut  d'autre  document,  nous  aidera-t-elle  à 
résoudre  le  problème?  Quelle  date  indique-t-elle? 

La  simplicité  de  cet  objet  n'est  pas  faite  pour  nous  venir  en 
grande  aide.  Quand  on  a  affaire  à  un  objet  travaillé,  émaillé  et 

(1)  U  parait  que  depuis  notre  visite  on  a  pu  trouver  quelques  carreaux  in- 
tacls.  D'après  Guillonnet-Merville  Téglise  abbatiale  aurait  été  pavée  de  car- 
reaux vernissés  et  de  marbre. 

(2)  Personne  n'a  constaté  si  le  squelette  était  celui  d'un  homme  ou  d'une 
femme. 


Digitized  by 


Google 


—  20  — 

ciselé,  on  peut  tirer  parti  des  ornements  et  lui  attribuer  une 
date  relativement  exacte,  à  vingt  ou  vingt-cinq  années  près.  Ici 
rien  ne  facilite  nos  recherches.  11  ne  me  parait  guère  présu- 
mable  que  notre  crosse  angérienne  dépasse  le  milieu  du  XIII* 
siècle  ;  j'incline  à  penser  qu'elle  est  plutôt  du  commencement. 
Nous  pouvons,  en  effet,  la  comparer  avec  une  crosse  poitevine 
de  même  modèle  mais  incomplète^  décrite  et  figurée  dans  les 
Bulletins  de  la  Société  des  antiquaires  de  VOuest,  1883,  p.  33  et 
suivantes.  Elle  appartenait  alors  à  M.  Gaillard  de  La  Dionnerie 

et  provenait  d*Airvault  —  du 
moins  on  Ta  trouvée  dans  un 
grenier  à  Airvault.  Elle  me- 
sure treize  centimètres  de 
hauteur,  et  huit  et  demi  de 
largeur.  Elle  se  compose 
d'une  tige  en  cuivre  rouge, 
unie,  massive,  allant  toujours 
en  diminuant,  enroulée  deux 
fois  et  terminée  par  une  tête 
de  serpent,ou  de  dragon  (voir 
ci -contre),  les  oreilles  ou  les 
cornes  dressées  ,  la  gueule 
ouverte  et  les  yeux  brillants 
formés  de  deux  petits  cabo- 
chons de  verre  verdâtre.  Le 
nœud  manque,  mais  à  la  base  de  la  tige  (au-dessus  du  nœud  s'il 
était  conservé)  existe  une  petite  bande  de  douze  millimètres,ornée 
de  trois  rangs  de  feuilles  gravées  au  trait  au  milieu  de  losanges 
déterminés  par  des  lignes  se  coupant.  Le  propriétaire  datait  sa 
crosse  du  dernier  quart  du  XIIP  siècle,  et  Mgr  Barbier  de 
Montault  du  premier  quart  (page  49). 

Je  suis,  personnellement,  très  disposé  à  admettre  cette  der- 
nière date,  malgré  l'opinion  de  Demay  (1),  qui  retarde  jusqu'en 
1282  les  volutes  finissant  en  têtes  de  serpent.  Cet  auteur  fonde 
son  jugement  sur  les  sceaux  qu'il  étudie,  mais  il  me  sem- 
ble qu'en  l'espèce,  les  sceaux  ecclésiastiques  fournissent  une 
base  d'appréciation  bien  faible,  parce  que  le  graveur  sigillaire, 
ne  disposant  que  d'une  surface  extrêmement  exiguë,  ne  pou- 
vant dessiner  exactement  le  détail  de  tous  les  accessoires,  s'est 

(1)  Le  costame  &n  moyen  âge  d* après  les  sceaux. 


Digitized  by 


Google 


-  21  — 

forcément  contenté  de  Tensemble.  Enfin  le  dernier  tiers  du  XIII* 
siècle  est  une  époque  de  grand  style,  de  travail  très  soigné, 
très  cherché,  de  luxe  en  un  mot,  à  laquelle  nos  deux  crosses, 
très  modestes,  ne  conviennent  guère.  D'autre  part  la  grossièreté 
des  tombeaux  et  leur  forme  indiquent  le  début  du  siècle. 

On  peut  supposer,  il  est  vrai,  que  les  crosses  n*ont  jamais  été 
fabriquées  en  vue  d'être  portées  dans  les  cérémonies  religieuses. 
On  en  connaît  quelques-unes  qui  ont  remplacé,  dans  les  tom- 
beaux d'évèques  ou  d'abbés,  les  crosses  de  plus  grande  valeur 
dont  les  défunts  se  servaient  journellement  de  leur  vivant.  Mais 
rhypothèse,  soutenable  certainement,  ne  nous  tire  pas  d'embar- 
ras ;  elle  l'augmente  plutôt  puisqu'elle  tend  à  dater  nos  crosses 
aussi  bien  du  commencement,  du  milieu,  que  de  la  fin  du  XIII* 
siècle. 

Une  hypothèse  meilleure  est  peut-être  celle  qui  attribuerait 
la  simplicité  de  nos  crosses  poitevine  et  angérienne  à  l'austé- 
rité de  la  règle  des  abbayes  d'Airvault  et  de  Saint- Jean,  au 
moins  pendant  la  première  moitié  du  XIII*  siècle. 

En  réalité,  plusieurs  éléments  de  discussion  nous  manquent. 
En  quelle  année  l'église  abbatiale  a  t-elle  été  commencée  ?  en 
quelle  année  l'église  abbatiale  a-t-elle  été  consacrée  ?  a-t-elle 
été  construite  à  côté  de  l'ancienne  ou  Ta-t-elle  englobée  ?  Pen- 
dant les  travaux,  dans  quelle  église  les  moines  de  l'abbaye  fai- 
saient-ils leurs  offices?  où  enterraient-ils  leurs  supérieurs? 

La  confusion  des  laïques  et  d'un  ecclésiastique  titré  semble- 
rait indiquer  une  période  intermédiaire,  si,  comme  je  le  crois, 
l'ecclésiastique  enterré,  appartenant  à  une  famille  ayant  une 
sépulture  dans  une  chapelle  de  l'église,  n^a  pas  demandé  à  repo- 
ser parmi  les  siens.  Cet  ecclésiastique  est-il  abbé  de  Saint- 
Jean?  Ne  vient-il  pas  plutôt  d'une  abbaye  voisine  dépendant  de 
Saint-Jean  ?  C'est  une  question  que  je  laisse  à  un  de  mes  con- 
frères le  soin  de  résoudre. 

—  Oh.  Danoibbaud. 

II  • 

Pourquoi  le  comte  d'Artois  n'a.  pas  rejoint  Oharbttb 

A  la  fin  de  septembre  1795,  malgré  le  désastre  de  Quiberon 
arrivé  deux  mois  auparavant,  les  circonstances  se  montraient 
favorables  à  une  restauration  monarchique.  La  France,  troublée 
dans  ses  habitudes  religieuses, ruinée  dans  ses  finances, dégoûtée 


Digitized  by 


Google 


—  22  — 

de  la  guillotine,  menacée  à  ses  frontières,  regrettait  la  royauté. 
Partout  des  associations  se  formaient  qui  avaient  pour  but  appa- 
rent la  cessation  du  gouvernement  révolutionnaire,  mais  qui  en 
réalilé  tendaient  au  rélablissement  de  la  monarchie.  Les  excès 
commis  dans  les  provinces  de  TOuest  par  les  soldats  de  la  répu- 
blique, avaient  surexcité  les  paysans.  La  chouannerie  se  for- 
mait en  Normandie,  en  Bretngne  et  en  Vendée.  L'Angleterre 
fournissait  les  armes  et  les  munitions,  armait  une  flotte  sous  les 
ordres  de  l'amiral  Warron,  et,  répondant  au  vœu  souvent  expri- 
mé des  chefs  et  des  soldats  roy.-ilisles,  elle  amenait  sur  les  côtes 
de  Vendée,  un  prince  de  la  maison  de  Bourbon,  le  comte  d'Ar- 
tois. 

L'armée  de  l'Ouest  n'avait  })1ub  l'enthousiasme  r('pul)licain  ; 
les  incorporations  d«'S  réquisitionnaires  de  179o  aviuent  rempli 
les  régiments  déjeunes  Bretons  qui  s'em[)ressaient  de  déserter. 
L'armée  des  Pyrénées,  coniluit(i  })ar  le  général  Willot,  qui 
comptait  10.955  hommes  avait  clé  réihiite  par  la  désertion  à 
4.000  (1)  !  «  En  passant  par  leur  pays  d'origine,  dit  le  général 
Dessein  de  la  Ixoclielle,  les  hommes  désertent.  j> 

Des  ofïîciers  d'îS  armées  de  terre  et  d(;  mer  pacti^. tient  avec 
l'expédition  royaliste.  Le  général  WiHot  avait  prémédité  de 
réunir  ses  troupes  à  celles  du  comte  d'Artois.  Willct  lui-môme 
dans  une  hîttre  à  Louis  XVHI  en  date  du  19  octobre  1815,  rap- 
pelle ce  projet  (2).  «  Envoyé  à  la  Vendée;  avec  2i).000  hommes 
que  j'avais  choisis,  j'y  ai  arrêté  les  crimes  et  la  dévastation. 
De  concert  avec  les  chefs  de  l'armée  du  Centre,  j'ai  fait  oiïrir 
mes  services  à  ^L  le  comte  d'Artois,  alors  à  l'ile  d'Yen.  » 

Hoche  avait  projeté  un  coup  de  main  sur  lile  d'Yeu,  Cré- 
tineau-JoIy  {',]]  et  L'abbé  Deniau  {\)  airirment  que  l'amiral  Vil- 
laret-.Ioyeuse,  l)loqué  à  Port-Liberté,  envoya  à  l'île  d'Yeu  un 
de  ses  oilîciers,  le  capitaine  Jacob,  avertir  le  Prince. 

M.  de  laFéronnière  s'était  rendu,  vers  la  fin  de  fructidor  (sep- 
tembre 1795),  auprès  de  Charette  pour  concerter  avec  lui,  au 
nom  du  prince  de  Condé,  un  plan  de  en  mpa gne  et  combiner  les 
iT^uvement  des  armées  étrangor(;s  avec  ceux  des  insurgés. 

A  Paris,  le  soulèvement  des  sections  contre  la  Convention, 


(1)  Archives  hisioriqucs  de  la  (jucrrc,  armée  de  rOuest. 

(2)  Archives  historiques  de  la  guerre,  dosssier  du  erénéral  Willot. 

(3)  Cretineau-Joly,  Lu  Vendée  milii,ure,  t.  II,  p.  412,  -417. 

(4)  Denien,  Histoire  de  la  Vendée,  t.  V,  p.  5S8. 


Digitized  by 


Google 


—  23  - 

au  mois  de  vendémiaire  an  IV,  devait  coïncider  îivec  le  débar- 
quement du  comte  d'Artois.  îl  n^'lait  question  dans  tous  les  cen- 
tres royalistes  que  a  du  grand  niouvcinont  »  qui  devait  s'opérer 
et  «  de  la  descente  des  princes.  » 

Tout  était  prêt.  Le  comte  d'Artois,  embarqué  le  25  août  à 
Portsmouth  sur  la  frégate  le  Ja^'on,  se  présentait  le  28  sep- 
tembre devant  Noirmoutier,  et  descendait  à  terre  (1).  Le  30 
septembre  l'escadre  anglaise  s'emparait  de  l'île  dTeu  ;  le  2 
octobre,  le  prince  s'établissait  au  Port-Breton.  Le  5  octobre, 
il  écrivait  à  Charette  (2)  :  «  Nous  sommes  à  l'ile  d'Yeu  depuis 
trois  jours,  Monsieur,  et  nous  n'avons  aucune  nouvelle  de  vous. 
M.  de  Rivière  a  été  misa  terre  le  30  septembre....  depuis  aucune 
communication La  saison  avance,  la  mer  peut  et  doit  deve- 
nir impraticable  d'ici  à  quel((ues  jours....  il  est  donc  de  toute 

importance  de  profiter  du  temps  qui  nous  reste dans  le  cas 

où  ce  projet  de  débarquement  (des  troupes)  ne  réussirait  pas, 
je.  vous  demande,  je  vous  or<lonne  même  de  me  désigner  un 
point  quelconque  sur  la  côte,  d^-puis  Bourgneuf  jusqu'à  l'Aiguil- 
lon, où  vous  pourriez  porter,  au  jour  nommé,  un  corps  de  quel- 
ques centaines  de  phevaux.  ,1e  m'y  trouverai  sans  faute  avec 
un  pc^tit  nombre  de  personnes,  je  m'y  réunirai  avec  votre  intré- 
pide armée.  » 

Cette  lettre  fut  portée  par  un  émissaire  chargé  d'instructions 
verbales  la  complétant,  ('liarette  y  répondit  (:>)  :  «  Je  vais  faire 
mon  possible  pour  assurer  votre  débarquement,  qui  sera  très 
aisé  si  je  ne  m'y  porte  pas,  et  impossible  si  je  m'y  porte,  vu  que 
tous  les  réi)ublicains,  ([ui  sont  en  Vendée,  ont  les  yeux  sur  moi.  » 

Cinq  jours  plus  tard,  le  lOoctol^re,  Charetle  s'ap])rocha  de  La 
Tranche,  non  loin  du  Pertuis-Breton,  il  n'y  rencontra  le  12  que 
le  comtes  (i(*  (irignon,  aide  de  camp  du  prince,  qui  lui  annonça 
que  le  débarquemeiit  était  ajourné.  Lebouvier  Desmortiers  a 
traduit  le  mot  un  |mîu  rude,  que  la  colère  arracha  au  chef  ven- 
déen, par  cette  }»hrase  adressée  à  Louis  W'iïf.  «  8ire,  la  lâcheté 
de  votre  frère  a  tout  perdu,  il  ne  me  reste  plus  qu  a  me  faire 
tuer  inutilement.  »  Cette  phrase  n'a  jamais  été  dite,  mais  comme 
la  plupart  des  mots  historiques,  elle  résume  un  état  d'âme. 
Dès  le  lendemain,  les  Vendéens  se  dispersaient.  A  Paris  les  sec- 

'1^  Pict,  Recherches  sur  Noirmoutier. 

(2^  Archiva  historiques  de  la.  guerre,  armée  de»  côtes  de  l'Océan. 

(3)  Savary,  t.  VI,  p.  8,  0. 


Digitized  by 


Google 


-  24  - 

tions  étaient  écrasées  par  l'artillerie  de  Bonaparte.  La  flotte  an- 
glaise restait  cependant  a  Tîle  dTeu  jusqu'au  16  décembre. 

Les  historiens  ont  recherché  quels  motifs  empêchèrent  le 
prince  de  rejoindre  Gharette,  car  pendant  plus  de  six  semaines 
les  allées  et  venues  des  émigrés  de  Tile  d'Yeu  et  des  délégués 
des  royalistes  du  continent  prouvèrent  que  la  terre  de  France 
était  accessible.  Napoléon  a  dit  dans  ses  commentaires  (1)  : 
«  La  république  était  perdue,  si  j'avais  été  à  la  place  du 
prince,  j'aurais  traversé  la  mer  sur  une  coquille  de  noix  !  » 

Le  généralJomini,dans  son  Histoire  critique  et  militsdre  des 
guerres  de  la  Révolution  dit  (2)  :  «  La  cause  de  ce  fatal  délai 
n'est  pas  moins  mystérieuse  que  toutes  les  combinaisons  de 
cette  expédition.  »  M.  de  Contade  accuse  la  passion  du  comte 
d'Artois  pour  M"*  de  Polaslron,  sa  compagne  à  l'île  d'Yeu: 
«  Quel  est,  dit-il  (3),  le  héros  qui  sait  résister  aux  larmes  de  la 
beauté.  » 

Le  plus  grand  nombre  des  historiens  royalistes,  afin  de  sau- 
ver l'honneur  de  celui  qui  fut  Charles  X,  ont  développé  la  thèse 
que  ce  fut  la  perfide  Albion  qui  empocha  le  comte  d'Artois 
d'aborder  en  Vendée. 

«  Le  génie  du  général  Hoche,  la  bravoure  des  soldats  répu- 
blicains,la  crainte  d'une  attaque  sur  rîle  d'Yeu  »,  telles  furent  les 
causes  qui  déterminèrent  la  fuite  du  prince  selon  M.  Ghas- 
sin  (4). 

Toutes  ces  raisons,  données  successivement,  prouvent  qu'au- 
cun auteur  n'a  trouvé  concluantes  celles  apportées  par  ses  pré- 
décesseurs. 

Viaud  et  Pleury,  dans  leur  Histoire  de  Rochefort^  racontent 
l'épisode  suivant  (5)  :  «  La  frégate  la  TartUy  commandée  par 
M.  Montson  ou  Moultson,  capitaine  de  vaisseau,  croisait  depuis 
le  mois  de  juillet  devant  l'île  d'Yeu,  quand,  en  vendémiaire  an 
IV  (octobre  1795),  au  moment  où  elle  prenait  sa  bordée  du  large, 
la  vigie  signala  un  navire  se  dirigeant  vent  arrière  vers  la 
terre  ;  elle  mit  le  cap  dessus,  et,  comme  elle  avait  une  marche 


(1)  CommenUire  de  Napoléon  /•^  édition  impériale,  t.  IV,  p.  97. 
(3)  Jomini,  Histoire  critique  et  miliUire  des  guerres  de  la  Révolution,  t. VII. 
p.  537. 

(3)  Souvenirs  de  Coblentz  et  Quiberon,  p.  23,  34,  25,  37. 

(4)  Chassin,  Les  pacifications  de  VOuesl,  t.  II,  p.  206. 
(b)  Viaud  et  Fleury,  Histoire  de  RocheforU  t.  II,  p.  397. 


Digitized  by 


Google 


-  25  - 

supérieure,  elle  Teût  bientôt  atteint  et  s'en  empara  sans  résis- 
tance. 

Le  navire  amariné,  nommé  le  Swan,étaitun  des  bâtiments  em- 
ployés au  transport  des  armes  que  les  arsenaux  de  TÂngleterre 
fournissaient  aux  hommes  qui  cherchaient  à  ranimer  l'insur- 
rection dans  la  Vendée.  Il  en  contenait  plusieurs  caisses,  qui 
furent  transbordées  sur  la  Tarlu. 

Le  Swan  portait  aussi  quelques  passagers,  dont  le  maintien, 
la  circonspection,  le  mutisme,  accusèrent  à  Tétat-major  de  la 
frégate  républicaine,  des  émigrés  de  distinction. Parmi  ces  pas- 
sagers, on  remarquait  un  personnage,  qui  paraissait  avoir  sur 
les  autres  une  certaine  influence  et  pour  lequel  tous  témoi- 
gnaient la  plus  complète  déférence,  le  plus  grand  respect. 

La  capture  sembla  dès  lors  assez  importante  pour  que  la 
Tartu  ne  tînt  pas  la  mer  plus  longtemps.  La  frégate  vint  donc 
mouiller  en  rade  de  Tile  d'Âix,  et  le  lendemain  elle  remonta  la 
Charente.  Les  armes  furent  déposées  dans  les  magasins  du 
port  et  les  prisonniers  entrèrent  à  Saint-Maurice  (1). 

Conformément  à  la  loi  du  25  brumaire  an  III  qui  porte 
que  :  «  Les  émigrés,  faisant  partie  d'un  rassemblement  armé 
ou  non  armé,  seront  jugés  dans  les  vingt-quatre  heures,  par 
une  commission  militaire  composée  de  cinq  personnes  nom- 
mées par  Tétat-major  de  la  division  de  Tarmée  dans  l'éten- 
due de  laquelle  ils  auront  été  arrêtés  »,  Tétat-major  du  port 
institua  une  commission  et  lui  déféra  les  passagers  du  Swan. 

Mais  alors,  malgré  la  défaite  des  insurgés  à  Quiberon,  beau- 
coup de  Français  avaient  confîance  dans  le  succès  d'une  nou- 
velle tentative  annoncée  ;  beaucoup  le  désiraient  sans  doute, 
et  la  commission,  retenue  peut-être  par  la  pensée  d'une  réac- 
tion prochaine,  voulut  s'abstenir  de  prononcer  sur  le  sort  des 
accusés,  elle  se  déclara  incompétente,  sous  le  vain  prétexte 
qu'elle  ne  faisait  pas  partie  de  la  division  dans  le  ressort  de 
laquelle  la  Tartu  avait  fait  la  prise. 

Le  ministre  de  la  marine  ne  se  méprit  pas  sur  l'opinion 
des  membres  de  la  commission,  et  il  en  référa  à  son  col- 
lègue de  la  justice.  Celui-ci  répondit  que  le  tribunal,  com- 
posé par  les  autorités  maritimes  du  port,  était  légalement 
constitué  ;  sur  son  avis,  la  commission  militaire  fut  confirmée 
et  réunie  de  nouveau. 

(1)  Priton  d«  Rochefort. 


Digitized  by 


Google 


~  26  - 

Mais  comme  les  membres  qui  en  faisaient  partie  étaient  bien 
déterminés  à  ne  pas  prononcer  dariOt  dans  cette  affaire,  ilç 
déclarèrent  que  l'identité  des  prcvonus  n'était  pas  suffisamment 
justifiée,  et  qu'il  fallait,  aux  termes  mêmes  de  la  loi,  que  les 
détenus  fussent  conduits  devant  le  tribunal  criminel  de  Ver- 
sailles, lieu  de  leur  domicile  habituel. 

Pendant  tous  ces  débats,  un  des  prisonniers,  celui  qui  parais- 
sait avoir  autorité  sur  ses  compagnons,  disparut  de  la  prison, 
où  tous  étaient  cependant  gardés  à  vue. 

Cet  événement  étonna  dautant  plus  que  Ton  apprit  ensuite, 
que  le  second  de  la  Tiirtn  avait  reçu  en  confidence  de  ce  per- 
sonnage mystérieux,  qu'avant  peu  les  portes  de  la  prison  se 
refermeraient  derrière  lui.  Certaines  personnes  de  l'état-major 
lui-même  crurent  dès  lors  que  c'était  le  comte  d'Artois,  qui,  à 
prix  d'or,  avait  acheté  sa  liberté»  ;  on  savait  pourtant  que  le 
prince  avait  fui  devant  Qiiiberon,  abandonnant  une  partie  de 
ceux  qui  le  suivaient  ou  étaient  aceourus  à  sa  voix,  les  vouant 
ainsi  sans  défense  au  glaive  de  la  Convention.  On  apprit  bien- 
tôt que  ces  émigrés  étaient  tous  des  gens  attachés  à  la  personne 
du  comte  d'Ariois.  » 

Tel  est  le  récit  de  l'hi^torion  rochefortais  ;  ;l  est  évident  qu'il 
ne  s'est  longuement  arrêté»  sur  cet  incident  d'histoire  locale,  que 
parce  qu'il  y  avait  un  dou'e  motivé  dans  son  (*sprit. 

La  raison,  ])our  la(iu(dle  le  comte  d'Artois  n'a  point  débar- 
qué sur  la  côte  de  Vendée,  serait-elle  donc  qu'il  eut  été  fait 
prisonnier  dans  la  piemière  (juinz.iine  d'octobre,  et  conduit  à 
Rochefort,  où  on  aurait  Favorisé  son  évasion  ?  Serait-ce  dans  cet 
événement  demeuré  secret  fju'il  l'ar.vlr.iit  chercher  l'explication 
de  tout  ce  qu'il  y  a  de  mystéri^Mix  (selon  le  mot  du  général  Jo- 
mini)  dans  les  combinaisons  de  cell  ^  expédition  ? 

Une  tradition  locale,   le   j)assaL:"e  de   1  rJstorien  rochefortais 
cité  plus  haut,  nous  ont  porté  à  fouiller  h^s  archives  du  tribunal  ' 
maritime  et  du  port  de  Uorhefort.  Voici  le  résultat  de  nosrecher- 
ches  ;  le  lecteur  appréciera. 

Le  comte  d'Artois  écrit  à  Charetle,  le  5  octobre,  qu'il  est 
prêt  à  se  réunir  à  l'armée  vendéeinie  ;  le  12  octobre,  le  comte 
de  Grignon  rejoint  le  chef  royaliste,  et  lui  annonce  que  le 
débarquement  du  prince  est  ajourné. 

CJue  s'<  sl-il  passé  entre  ces  deux  dates  ? 

L'escadre  française,  qui  croisait  en  face  de  l'ile  d'Yeu,  s'est 
emparée  d'un  cutter  anglais,  le  Su'.ui,  portant  à  son  bord  les 


Digitized  by 


Google 


—  27  — 

serviteurs  du  comte  d'Artois  et  un  personnage  mystérieux.  La 
flotte  ennemie  est  intervenue  dispersant  l'escadre  française,  et 
donnant  aux  frégates  la  Tartu  et  la  Néréide  une  telle  chasse 
c[ue  ce  dernier  navire  fut  oblige,  pour  échapper  à  l'anglais,  de 
jeter  à  la  mer  ses  ancres,  ses  canots,  ses  chaloupes  et  de  scier 
son  plat  ])ord.  Viaud  et  Fleury  ont  ignoré  ces  détails  que  nous 
avons  trouvés  aux  archives. 

\jii  poursuite  a  été  inutile  ;  le  16  octobre,  le  général  anglais 
tonte  un  échange  de  prisonniers  ;  à  quatre  heures  du  soir, 
messieurs  Valentin,  enseigne  de  vaisseau,  Lamare,  chirurgien, 
ein])arqués  sur  le  yacht  de  la  Républi(iue  VEiifant^  tombé  au 
pouvoir  de  l'ennemi,  à  la  prise  de  Tile  d'Yeu,  se  présentent  au 
bureau  des  classes  de  la  marine  des  Sables-d'Olonne,  et  mon- 
trent, par  leurs  papiers,  qu'ils  ont  obtenu  du  commandant 
anglais  de  l'île  d'Yeu  la  permission  de  se  rendre  aux  Sables, 
sur  leur  parole  d'honneur  de  ne  pas  porter  les  armes  jusqu'à 
ce  quiis  aient  été  échangés. 

Le  17  octobre  1795,  la  Tartu  arrivait  en  rade  de  l'île  d'Aix  ; 
le  18  octobre, l'agent  Bellefontaine  écrivait  au  ministère  la  lettre 
suivante  (1)  :  «  Nous  expédions  un  courrier  extraordinaire  pour 
vous  informer  que  le  capitaine  de  vaisseau  Moultson  mouilla 
hier  soir  à  l'île  d'Aix  avec  les  frégates  la  Tarta  et  la  Néréide. 
11  croit  que  la  frégate  la  Forle,  laviso  ÏKceilléy  qui  faisaient 
partie  de  sa  division,  et  le  cutter  anglais  le  Singe  (sic),  dont  il 
s"est  emparé  près  de  l'ile  d'Yeu,  sont  entrés  à  Lorient.  » 

Sur  le  cutter  le  Singe,  étaii'nt  cinq  français,  mis  à  bord  de 
la  TnrtUj  qui  nous  ont  dit  être  tous  de  la  maison  du  ci-devant 
comt(î  d'Artois.  Nous  avons  trouvé  dans  un  de  leurs  porte- 
manteaux un  paquet  cacheté  de  noir  et  treize  lettres  parlicu- 
lières  qu'ils  portaient  à  Londres.  Le  capitaine  Moultson  nous  en 
remet  cinquante  huit  autres,  ce  qui  fait  soixante  douze  lettres 
et  j)aquets  que  nous  vous  envoyons. 

Ils  disent  avoir  laissé  leur  maître  à  l'île  d'Yeu,  que  le  nombre 
des  troupes  débarquées  est  de  trois  à  quatre  mille  hommes, 
qu'il  y  a  division  entre  les  anglais  et  les  émigrés,  et  que  leurs 
camps  dans  cette  île  sont  br[)an's. 

On  nous  rapportait,  'iepuis  quel(|ues  jours,  que  les  derniers 
coups  de  vent  avaient  Jeté  à  la  côte  plusieurs  bâtiments  anglais 


(1)  Archives  du  port  de  Rochefort, 


Digitized  by 


Google 


—  28  — 

et  que  Ton  y  trouvait  beaucoup  de  cadavres  d'hommes  et  de 
chevaux  ;  sur  la  question  que  nous  leur  en  avons  faite,  ils  ont 
répondu  n  en  avoir  aucune  connaissance. 

Les  cinq  hommes  sont  détenus  à  la  maison  d'arrêt,  et , d'après 
notre  invitation  à  la  municipalité,  le  juge  de  paix  les  interroge 
en  ce  moment  sur  la  série  de  questions  que  nous  lui  avons 
remise.  Si  le  procès-verbal  de  cet  interrogatoire  est  clos  aujour- 
d'hui,nous  vous  en  adresserons  une  expédition  au  plus  tard  par 
le  premier  courrier. 

Oi-jointe  la  liste  de  ces  Français,  faite  par  l'état-major  de  la 
Tarfu,  emmargée  de  leurs  déclarations  que  chacun  d'eux  a 
signées.  Nous  vous  adressons  aussi  l'état  des  sommes  ennumé- 
raire  et  assignats  qu'ils  avaient,  et  qu'on  leur  a  laissés,  ainsi 
qu'une  montre  d'or  ;  le  plat  d'argent,  la  boîte,  une  grande 
cuillère  à  soupe  et  deux  paires  de  boucles  de  souliers  du  même 
métal  leur  ont  été  retirés,  et  vont  être  déposés  au  trésor  de  la 
marine. 

Le  capitaine  Moultson  croit  que  Lord  Olives  était  à  bord  du 
cutter  anglais,  d'où  il  a  dû  passer  sur  la  frégate  la  Forte, 

Cet  ofïïcier  nous  rend  un  compte  particulier  de  sa  mission  : 
des  prises  qu'il  a  faites  au  nombre  de  dix-huit,  dont  deux  ont 
été  coulées,  deux  sont  entrées  à  la  Rochelle,  une  a  échoué  à 
l'île  de  Ré,  où  nous  lui  avons  envoyé  des  secours,  deux  ont 
mouillé  ici,  nous  en  connaissons  une  autre  à  Rayonne,  et  le 
Capitaine  Moultson  est  persuadé  que  le  reste  de  ses  prises  est 
rendu  à  Nantes,  àRordeaux  et  en  Espagne.  Il  estime  le  nombre 
des  prisonniers  à  plus  de  deux  cent  cinquante,  et  la  valeur  des 
prises  à  deux  cents  millions  au  moins.  Il  nous  est  dit  que  les 
frégates  la  Tartu  et  la  Néréide  ont  besoin  de  réparations,  sur- 
tout la  dernière  qui,  pour  échapper  au  vaisseau  ennemi  qui  la 
poursuivait  vivement,  a  été  forcée  de  jeter  à  la  mer  ancres,  cha- 
loupes et  canots  et  de  scier  son  plat  bord.  On  pourra  faire  les 
réparations  au  bas  de  la  rivière  »  (1). 

Etat  (2)  des  matières  en  or  et  en  argent,  monnayées  ou  non 
monnayées,  et  sommes  et  assignats  trouvés  sur  les  cinq  fran- 
çais provenant  du  cutter  anglais  le  Singe. 


(1)  Ces  réparations  furent  faites  à  Rochefort  avant  le  départ  de  ces  vais- 
seaux pour  Saint-Domingue. 
(3)  Archive*  du  port  de  Rochefort. 


Digitized  by 


Google 


—  29  — 

156  fr.  12  en  or  et  en  argent  de  France, 
39  guinées  1/2  en  or  d'Angleterre,  . 

TT«Ti^.,Ki^  v^AAA^ir*  *.«  rv^  I  Cette  somme  etla 

Un  double  Freaenc  en  or,  f     ^^^^.^^  i^,,^  ^„i. 

^^  ,  .  >    montre  leur  ont 

90  livres  en  assignats,  (    été  laissées. 
Une  montre  en  or  faite  par  Orange  à  Ver- 
sailles. 

Un  plat  à  barbe  en  argent,  \  Oesobjets  leuront 

Une  boîte  à  éponge  en  argent,  (    ^^^  '^*!^^«  ,P^^^ 

_  _        ,  /    être   cieposes  au 

Une  grande  cuillère  a  soupe  en  argent,     l    trésor  de  la  ma- 

2  paires  de  boucles  à  souliers  en  argent,  j    rine. 

Dans  le  procès-verbal  de  l'interrogatoire  fait  1«  18  octobre 
par  Jean-Baptiste  Letourneur,  assesseur,  faisant  les  fonctions 
déjuge  de  paix,  les  prévenus  sont  ainsi  qualifiés  (1)  : 

1*  Pierre  Valentin  Faisseau,  dit  Blachère  ;  âgé  de  57  ans, 
valet  de  chambre,  barbier  du  ci-devant  comte  d'Artois,  natif 
d'Aubeuas  en  Vivarais. 

2**  Antoine  Pellerin,  âgé  de  54  ans,  natif  de  Saint-Maurice,  où 
Riche-homme  près  Sens,  ci-devant  Bourgues,  ex-contrôleur  de 
la  bouche  de  la  comtesse  d'Artois. 

3*  Jacques  Augustin  Le  Roux,  âgé  de  33  ans,  premier  valet  de 
chambre  du  ci-devant  comte  d'Artois,  en  survivance  de  son 
père,  natif  de  Versailles. 

4<*  Marie  Pierre  Placide  Jolivet,  âgé  de  30  ans,  garçon  de 
garde-robe,  ou*  simple  valet  de  chambre  delà  maison  du  ci- 
devant  comte  d'Artois,  natif  de  Versailles. 

5^  Jacques  Giraud  Roux,  âgé  de  32  ans,  domestique  de  M. 
Augustin  Le  Roux,  natif  de  Villette  en  Savoie. 

La  correspondance  avec  le  ministre  de  la  marine  continue  ainsi  : 
o  19  octobre  1795,  27  vendémiaire  an  IV.  Le  commandant  des 
armes  et  moi  venons  de  vous  expédier  un  courrier  extraordinaire, 
chargé  de  paquets  pris  sur  un  cutter  anglais  dont  le  capitaine 
Moultson  s'est  emparé  près  de  l'île  d'Yeu.  Ces  paquets  pouvant 
être  d'une  très  grande  importance,  je  vous  en  écris  de  nouveau, 
par  le  courrier  ordinaire,  afînque,  dans  le  cas  d'accident  ou  de 
retardforcé,vouspui88iez  donner  des  ordres  aux  postes  de  Paris 
à  Rochefort.  » 

Autant  dans  les  lettres  ci-dessus  les  déclarations  du  capitaine 
Moultson  nous  paraissent  indécises,  autant  les  déclarations  de 
quatre  des  prisonniers  nous  paraissent  vraies. 

(1)  Archivtê  du  tribunal  maritime. 


Digitized  by 


Google 


—  30  -- 

L'identité  de  Valentin  Faîsscau  dit  Blachère,  le  compagnon 
fidèle  du  comte  d'Artois,  depuis  le  départ  pour  l'émigration  (17 
juillet  1789),  sera  reconnue  plus  tard  à  Versailles,  il  est  mort  à 
l'hôpital  de  la  marine  le  18  octobre  I71)G. 

Augustin  Le  Roux  est  également  mort  à  l'hôpital  le  19  avril 
1796. 

Les  déclarations  d'Antoine  Pellerin  et  de  Joli\  et  pouvaient 
être  promptement  contrôlées,  les  rapports  entre  Versailles  et 
Rochefort  étaient  à  peu  près  quotidiens.  Il  n'en  est  pas  de 
même  de  la  déposition  de  Jacques  Giraud  Roux.  Cette  profes- 
sion de  domestique  d'un  autre  domestique  accompagnant  son 
maître  dans  une  expédition  aussi  aventureuse  que  celle  d*un 
débarquement  en  Vendre,  nous  paraît  suspecte. 

Dans  son  ouvrage  La  Vendée  militaire^  Orétineau-Joly 
raconte  que,  pendant  son  séjour  à  l'île  d'Yeu,  le  comte  d'Ar- 
tois donna  l'ordre  de  créer  un  corps  noble,  sous  le  nom  de 
Chevaliers  catholiques  destinés  à  servir  de  gardes  au  prince. 

La  procédure  employée  à  l'égard  des  prévenus  nous  mon- 
trera qu'on  ne  voulut  jamais  leur  appliquer  la  loi  du  25  bru- 
maire contre  les  émigrés  pris  les  armes  à  la  main,  ou  faisant 
partie  d'un  rassemblement  armé.  Nous  l'avons  dit  plus  haut  ; 
il  y  avait  alors  dans  la  marine  et  dans  l'armée  de  nombreux 
mécontents,  surtout  parmi  les  marins  et  les  soldats  apparte- 
nant aux  pays  de  l'insurrection.  A  Rochefort,  la  tyrannie  des 
conventionnels  Lequinio  et  Laignelot  avait  détaché  beaucoup 
d'hommes  du  parti  républicain. 

Le  premier  interrogatoire  des  prisonniers  eut  lieu  le  18 
octobre.  Le  27  du  même  mois  le  ministre  de  la  marine  ordon- 
nait à  l'état-major  de  la  place  de  nommer  une  commission 
militaire.   L'état-major  était  ainsi   composé  : 

Lelargc,  contre-amiral  et  commandant  des  armes, 

Bellefontaine,  agent  maritime, 

L'Echelle,  capitaine  de  vaisseau  et  major  général, 

Paunier-Beauchamp,  lieutenant  de  vaisseau  aide-major, 

Robin  fils,  enseigne  de  vaisseau,  sous  aide-major. 
Les  membres  de  la  commission  furent  : 

Paul  Chevillard,  Jacques  Monnier,  Joseph  Almin,  capitaines 
de  vaisseau. 

Charles  L'Evèque,  Joseph  Aucam,  lieutenants  de  vaisseau. 

Pierre  Thomas  Ouien,  faisant  les  fonctions  de  rapporteur. 

François  Belenfant,  greffier. 


Digitized  by 


Google 


—  31  — 

Le  16  novembre  1795,  la  commission  décida  à  Tunani- 
mité(l)  :  «  que  ne  faisant  pas  partie  de  la  division  par  laquelle 
les  prévenus  ont  été  pris,  elle  se  déclare  incompétente  dans 
cette  affaire,  laquelle  elle  renvoie  pour  être  statué  ce  qu'il 
appartiendra.  »  La  population  de  Hochefort  était  alors  préoc- 
cupée de  l'évasion  d'un  personnai^e  mystérieux.  Tous  les  pri- 
sonniers faits  par  le  capitaine  Moultson  n'avaient  pas  été  enfer- 
més à  la  prison  de  Saint-Maurice.  Un  d'entre  eux,  se  disant 
officier  anglais  avait  d'abord  été  interné  en  ville  dans  une 
maison  particulière,  ensuite  arrêté  et  conduit  à  Saint-Maurice, 
d'où  il  s'était  échappé,  le  5  novembre  à  8  heures  du  soir. 
Voici  la  lettre  qui  rend  compte  au  ministre  de  cette  évasion,  à 
laquelle  MM.  Viaud  et  Fleury  font  allusion  dans  leur  récit. 

15  brumaire  an  IV  ^6  novembre  1795)  (2\ 

«  Nous  vous  informons  que  hier,  à  huit  heures  du  soir, 
s'échappa  de  la  prison  de  Saint-Maurice,  Ferninand  Christin, 
dont  linterrogatoire  vous  a  été  adressé  le....  (pas  de  date  ou 
date  elïacéoi  de  ce  mois.  Nous  n'enfumes  instruits  qu'une  heure 
après,  et,  aussitôt  les  recherches  furent  ordonnées  tant  par 
nous  que  par  les  autorités  constituées.  Jusqu'à  ce  moment,  elles 
ont  été  inutiles.  Le  signalement  de  cet  olficier  a  été  envoyé,  et 
les  bâtiments  étrangers  en  rivière  et  on  rade  seront  visités.  Nous 
désirons  beaucoup  qu'il  soit  ramené. 

»  Ci-jointes  les  cinq  lettres  qui  viennent  de  nous  être  remises 
et  qu'il  a  écrites  au  moment  d'exécuter  son  projet  dont  le  succès 
ne  lui  parait  pas  douteux.  Lui  a-t-il  été  inspiré  par  l'amour 
seul  ?  Nous  le  voudrions,  car  tel  qu'il  nous  a  paru,  cet  oflicier, 
réuni  à  nos  ennemis,  peut  être  fort  dangereux, 

»  Laurent  maritime  nous  demande  à  l'autoriser  à  renvoyer  le 
concierge,  qui  fut  nommé  à  ce  poste  par  une  autorité  étrangère 
à  la  marine,  dans  le  temps  de  la  confusion  et  du  désordre.  Der- 
nièrement encore  il  a  laissé  échapper  un  portier  de  Tarsenal, 
convaincu  de  vol  et  prêt  à  être  jugé.  Il  avoue  avoir  permis  que 
Christin  ait  eu  plusieurs  entretiens  avec  des  américains  la  veille 
et  le  jour  de  son  évasion,  et  que  le  matin  il  lui  fut  apporté,  de 
la  maison  où  nous  l'avions  fait  arrêter,  les  habillements  sous 
Ies'[iiels  il  s'est  sauvé.  Ce  n'est  point  la  marine  qui  paie  le  con- 
cierge, et  l'on  se  plaint  beaucoup  de  ses  exactions.  » 


(1)  Archives  da  triban^l  maritime  de  Roehefort, 

(2)  Archives  du  port  de  Boche  fort. 


Digitized  by 


Google 


—  32  — 

12  brumaire  aa  IV  (8  novembre  1795)  (1). 

«  Je  ne  me  suis  aperçu  qu'après  le  départ  du  courrier  qu'on 
avait  oublié  de  joindre,  à  notre  dépèclie  commune  du  15  de  ce 
mois,  les  lettres  dont  elle  fait  mention,  je  m'empresse  de  réparer 
cette  omission,  en  les  joignant  ici,  et  je  profite  de  cette  circons« 
tance,  pour  vous  rendre  compte  que  les  perquisitions  ordon- 
nées, relativement  à  Tévasion  de  Ferdinand  Ghristin,  ont  été 
jusqu'ici  sans  succès.  » 

Les  noms  de  Ferdinand  Ghristin  ne  sont  pas  anglais,  les 
fonctionnaires  qui  traduisaient  le  nom  du  cutter  anglais  Swan 
par  le  mot  singe  ont  dû  déformer  les  noms  anglais. 

Tout  témoigne  qu'on  a  voulu  donner  au  prisonnier  le  temps 
et  les  moyens  de  s'évader.  A  qui  étaient  adressées  ces  lettres 
d'amour  ?  Etait-ce  à  M"**  de  Polastron  pour  lui  annoncer  le 
retour  ?  Que  sont-elles  devenues  ?  Tous  ces  papiers  envoyés  à 
Paris  sont  sans  doute  oubliés  dans  quelque  bibliothèque. 

Ces  événements  se  passaient  entre  les  dates  du  26  vendé- 
miaire an  IV  (18  octobre  1795),  et  le  17  brumaire  an  IV  (8  no- 
vembre 1795),  c'est-à-dire  dans  l'espace  de  vingt  jours. 

  cette  dernière  date  le  comte  d'Artois  aurait  été  sur  le  point 
de  quitter  l'île  d'Yeu  ;  le  12  novembre,  le  comte  de  Vauban  lui 
remit  les  dépèches  de  Puysaye,  la  veille  de  sa  fuite,  le  prince, 
dit  Ghassin,  tint  un  conseil  auquel  étaient  présents  le  comte  de 
Vauban,  les  chevaliers  d'Antichamp  et  de  la  Bérauvière,  il 
leur  remit  des  messages  pour  StofHet  et  Gharette.  Ges  affirma- 
tions sont  tirées  des  mémoires  du  comte  de  Vauban  qui  ont  été 
publiés  malgré  leur  auteur,  pendant  sa  captivité  au  Temple  en 
1806,  par  la  police  impériale.  Le  prisonnier  évadé  de  Rochefort, 
le  5  novembre  à  huit  heures  et  demie  du  soir,  pouvait  être  faci- 
lement de  retour  à  l'île  d'Yeu  sept  jours  après. 

Dans  une  lettre,  datée  du  17  novembre,  adressée  à  Gharette, 
le  comte  d'Artois,  se  déclare  (2)  «  incapable  d'exprimer  tout  ce 
qu'il  a  souffert  depuis  qu'il  est  à  l'île  d'Yeu,  il  s'inquiète  de  ce 
qu'ont  pu  devenir  le  marquis  de  Rivière,  débarqué  le  30  sep- 
tembre avec  la  mission  de  solliciter  Stofflet  à  reprendre  les  ar- 
mes, et  deux  autres  gentilshommes  :  Orignon  et  Ghasteignier 
envoyés  depuis  à  son  cher  général.  » 

Gommentant  cette  lettre,  saisie  dans  les  papiers  de  Gharette, 

(1)  Archives  du  port  de  Rochefort 

(3)  Ghassin  :  Les  pacifieaiiont  de  Vouesl^  t.  II.  p.  204. 


Digitized  by 


Google 


—  33  — 

et,  transmise  au  Directoire,  le  22  février  1796,  Hoche  écrivait  : 
«  Il  est  évident  que,  du  5  octobre  au  17  novembre,  les  ennemis 
n'ont  point  communiqué  entre  eux.  » 

Cet  intervalle  de  quelques  semaines,  qui  attirait  l'attention 
de  Hoche,  est  la  période  même  pendant  laquelle  se  sont  produits 
les  événements,  qui  ont  donné  lieu  aux  documents,  que  nous 
avons  trouvés  dans  les  Archives  de  Rochefort. 

Un  arrêté  du  conseil  général  de  Tile,  daté  du  17  décembre 
1795,  déclare  que  la  flotte  anglaise  mit  à  la  voile  le  17  décembre 
et  que  le  comte  d'Artois  avait  disparu  si  inopinément  et  si 
secrètement,  le  18  novembre,  que  Tocçupation  anglaise  conti- 
nuant encore  tout  un  mois,  l'armée  républicaine,  qui  gardait  les 
postes  maritimes  de  Noirmoutier,  de  Saint-Oilles  et  des  Sables, 
ignorait  son  absence.  Il  en  était  de  même  de  l'armée  royaliste 
de  Bretagne. 

Il  y  eut  donc,  d*aprës  le  témoignage  officiel  du  conseil  géné- 
ral de  Tile  d'Yeu,  une  disparition  du  prince  pendant  au  moins 
un  mois.  N'y  eut-il  que  cette  seule  absence  7 

A  Rochefort,  on  discutait  toujours  le  sort  des  prisonniers. 

Le  ministre  de  la  marine  Truguet  (il  fut  nommé  pair  de 
France  en  1819),  averti  par  une  lettre  de  l'état-major,  datée  du 
19  novembre  1795,  de  la  décision  de  la  commission  militaire, 
communiquait  cette  lettre  au  ministre  de  la  justice  Merlin. 
Oelui-ci  répondait  (1)  :  «  La  commission  militaire  formée  pour 
juger  ces  cinq  individus  ne  se  serait  pas  déclarée  incompétente, 
si  elle  eut  considéré  qu'aucune  division  de  l'armée  ne  s'étend 
sur  la  mer,  et  que  le  vœu  de  la  loi  n'a  pu  se  remplir  qu'au 
moment  où  les  prévenus  sont  entrés  dans  le  port  de  Rochefort. 

L'état-major,  créateur  de  la  commission  doit  la  faire  agir,  et 
conséquemment  prononcer  sur  les  obstacles  qu'on  peut  opposer 
à  son  action.  Rien  n'empêcherait  au  surplus  que  la  commission 
rétracta  elle-même  sa  déclaration  d'incompétence.  Enfin  dans 
cette  matière,  il  ne  peut  y  avoir  de  fin  de  non-recevoir. 

Vous  me  demandez  si  la  vérification  d'identité  doit  se  faire  à 
Paris  ou  à  Versailles  parce  que  ces  cinq  individus  ne  sont 
connus  que  dans  ces  communes,  et  s'ils  peuvent  être  jugés  à 
Rochefort  (le  ministre  cite  quelques  textes  de  loi),  et  il  ajoute  : 
Il  suit  de  ces  dispositions  que  si  la  conviction  de  l'émigration 
des  prévenus  est  acquise  à  Rochefort,  ils  doivent  y  être  jugés.  » 

(1)  Archives  du  iribniml  mëriUrM  de  Rœhêfori, 


Digitized  by 


Google 


—  34  — 

Des  certificats  de  médecins,  signés  Régnault,  Tardy,  nous 
apprennent  que  les  prévenus  malades  avaient  été  conduits  à 
Thôpital  de  la  marine.  Le  25  décembre  1795,  sur  Tordre  du 
ministre,  la  commission  se  réunit  de  nouveau.  Quatre  des 
prisonniers  :  Faisseau,  Pellerin,  Jolivet,  Giraud,  Roux,  compa- 
raissent devant  le  tribunal;  le  cinquième,  Augustin  Le  Roux, 
est  gravement  malade. 

Ici  se  place  un  incident,  qui  vient  encore  obscurcir  cette 
aiTaire.  Le  capitaine  de  vaisseau  Ghevillard,  président  de  la 
commission,  demande  qu'on  lui  fasse  passer  le  procès-verbal, 
qui  constatait  la  prise  du  bâtiment  anglais  le  Swan  par  la  fré- 
gate la  Tartu,  sur  laquelle  se  trouvaient  les  cinq  prisonniers. 

La  réponse  de  l'ordonnateur  de  la  marine  est  celle-ci  (1)  : 
a  Contre  toutes  les  règles,  le  bureau  des  classes  n'a  reçu  aucun 
papier  de  cette  affaire.  » 

De  son  côté,  le  bureau  des  armements  déclare  (2)  :  «  qu'il  n'a 
eu  aucune  connaissance  de  cette  pièce  ni  de  déclaration  faite  à 
ce  sujet  par  le  commandant  de  la  Tar^u.  » 

Un  autre  document  signé  Redon  ajoute  (3)  :  «  La  prise  ayant 
été  conduite  à  Lorient,  il  n'a  été  déposé  aucun  procès-verbal 
concernant  ce  bâtiment,  et  le  juge  de  paix  m'assure  n'avoir 
aucun  papier  relatif  à  la  dite  prise  ;  il  s'est  borné,  sur  l'in- 
vitation de  l'agent  maritime,  à  prendre  l'interrogatoire  des 
cinq  prévenus.  » 

Ainsi,  prise  d'un  navire  ennemi,  captures  d'armes  et  de 
prisonniers,  lutte  avec  la  flotte  ennemie,  dispersion  de  Tes- 
cadre  française,  rentrée  de  la  Ta,rtu  à  Rochefort,  fin  d'une 
croisière  ayant  pour  but  d'empêcher  un  prince  de  la  famille 
royale  de  débarquer  en  Vendée,  et  de  rejoindre  Gharette 
campé  à  quelques  lieues  de  la  côte,  sur  tous  ces  événements, 
de  Taveu  des  autorités  maritimes,  il  n'y  a  ni  procès-verbal, 
ni  rapport,  ni  trace  !  alors  que  nous- même  nous  avons  trouvé 
les  pièces  ci-dessus. 

Devant  cette  absence  de  témoignages,  la  commission  s'ex- 
prime ainsi  (25  décembre  1795)  (4)  :  «  Considérant  que  les 
nommés  Faisseau,  Pellerin,  Oiraud,  Roux  (5)  ont  été  arrêtés 

(1)  ATchivti  du  iribunul  màrilime  de  Rochefort. 

(2)  Ibidem. 

(5)  Ibidem. 
(4)  Ibidem. 

(6)  Au^stin  Le  Roux  est  i  l*h6pital. 


Digitized  by 


Google 


—  35  — 

sans  être  saisis  de  congés  ou  passeports,  délivrés  par  les 
chefs  français  émigrés,  ou  par  les  commandants  militaires 
des  armées  ennemies  ;  considérant  que  nul  indice  ne  donne 
à  présumer  que  les  accusés  sont  véritablement  ce  qu'ils 
déclarent  être  ;  que  leurs  déclarations  peuvent  être  fausses, 
et  (pie  quelques  motifs  particuliers  ont  pu  les  porter  à  se 
comporter  ainsi  ;  considérant  que,  d'après  la  loi  sur  les  émi- 
grés, s'il  est  nécessaire  de  constater  leur  identité,  ou  s'ils  ont 
des  déclarations  à  faire  valoir,  ils  seront  conduits,  sous  une 
sûre  escorte,  dans  la  maison  de  justice  du  département  de  leur 
dernier  domicile,  et  que,  dans  l'hypothèse  présente,  pour  cons- 
tater l'identité  des  accusés,  il  est  indispensable  de  les  faire 
reconnaître,  et  que  ce  ne  peut  être  que  par  des  personnes 
habituées  à  vivre  avec  '  eux  et  demeurant  dans  les  mêmes 
lieux,  la  commission  ordonne  qu'ils  seront  conduits,  sous 
une  sûre  escorte,  dans  la  maison  de  justice  de  leur  dernier 
domicile,  à  Versailles.  » 

Les  juges  pouvaient-ils  mieux  exprimer  leurs  doutes  sur,  au 
moins,  un  des  prévenus  :  Jacques  Giraud  Roux,  âgé  de  32  ans 
qui  se  disait  domestique  d'Augustin  Le  Roux  âgé  de  33  ans, 
premier  valet  de  chambre  du  comte  d'Artois. 

Toutes  les  autorités  de  Rochefort  avaient  hâte  de  se  débar- 
rasser des  prévenus  ;  le  jour  même  du  jugement,  4  nivôse  an 
IV  (25  décembre  1795),  ils  dirigeaient  les  condamnés  sur  Ver- 
sailles (1). 

<  Nous  vous  adressons,  écrit  l'agent  maritime  au  ministre  de 
la  marine,  le  4  nivôse  an  IV,  une  expédition  du  jugement  qui 
vient  d'être  rendu,  par  la  commission  militaire  assemblée  en  ce 
port  pour  l'affaire  des  cinq  français,  pris  en  mer  sur  le  bâti- 
ment anglais  le  Swan,  et  prévenus  d'émigration  ;  vous  y  verrez 
que  quatre  de  ces  hommes  doivent,  en  vertu  de  ce  jugement, 
être  conduits  à  leur  domicile  ;  le  cinquième,  étant  très  malade, 
n'a  pu  comparaître. 

Sur  le  champ,  nous  avons  requis  le  conseil  municipal  de  don- 
ner des  ordres  pour  que  les  quatre  prévenus  fussent  conduits, 
sous  bonne  escorte,  à  Versailles,  qu'ils  ont  déclaré  être  leur 
domicile  jusqu'au  moment  de  leur  sortie  de  France. 

Vous  trouverez  également  ci-joint  :  !•  L'arrêté  du  comité  de 
sûreté  générale  du  12  brumaire,  qui  concerne  ces  individus  ; 

(1)  Archives  du  port  de  Rochefort, 


Digitized  by 


Google 


-  36  - 

2^  Texpédition  de  Tinterrogatoire  qu'ils  ont  subi  ici  devant  le 
juge  de  paix,  le  jour  de  leur  débarquement  ;  3®  la  réponse  du 
ministère  de  la  justice  qui  accompagne  votre  lettre  du  26  fri- 
maire. > 

L'affaire  paraissait  terminée,  les  prévenus  s'éloignaient  de 
Rochefort,  quand,  sur  la  route,  le  convoi  fut  attaqué,  et  le6  pri- 
sonniers enlevés  des  mains  de  la  gendarmerie. 

Dans  le  jugement  prononcé  neuf  mois  plus  tard, le  25  septem- 
bre 1796  contre  Valentin  Faisseau,  ramené  de  Versailles  à  Ro- 
chefort, le  commisaire  rapporteur  dit  textuellement  (1)  :  «  Va- 
lentin Faisseau  est  le  seul  qui  se  soit  rendu  à  Versailles,les  autres 
ayant  été  enlevés  des  mains  de  la  gendarmerie  par  la  force 
armée.  » 

C'était  le  plus  âgé  des  prisonniers  (57  ans),  les  certificats  des 
médecins,  que  nous  avons  cités  plus  haut,  nous  apprennent  que 
la  maladie  l'avait  retenu  plusieurs  semaines  à  l'hôpital  ;  les 
forces  lui  auront  probablement  manqué  pour  répondre  aux 
efforts  de  ses  libérateurs  et  fuir  avec  ses  compagnons. 

Où  ?  quand  ?  et  comment  eut  lieu  cet  enlèvement  ?  rien  ne 
nous  l'indique. 

Comment  croire  que  tous  ces  événements  se  sont  succédé 
pour  délivrer  quelques  valets  de  chambre  du  comte  d'Artois, 
quand,  six  mois  auparavant,  les  plus  nobles  gentilshommes 
étaient  abandonnés  aux  exécutions  de  Quiberon  et  d'Auray  ? 

Cette  période  de  l'histoire  de  France  est  restée  très  obscure. 
Le  comte  d'Artois  a*t-il  été  fait  prisonnier  et  conduit  à  Roche- 
fort  en  vendémiaire  an  IV  ?  A-t-il  pu  avec  certaines  complicités 
se  faire  passer  pour  un  officier  anglais  et  préparer  sa  fuite  ? 
Tous  les  documents  que  nous  venons  de  citer  nous  porteraient  à 
le  croire. 

Quel  était  encore  ce  personnage  qui  fut  emprisonné  avec  les 
quatre  serviteurs  du  prince,  et  qui,  après  bien  des  péripéties, 
fut  délivré  dans  le  parcours  de  Rochefort  à  Versailles  ? 

Il  nous  est  impossible  de  conclure  avec  certitude,  mais  nous 
croyons  avoir  posé  sérieusement  la  question  : 

Pourquoi  le  comte  d'Artois  n'a-t-il  pas  débarqué  sur  la  côte 
de  Vendée  ? 

P.  Lemonnier. 


(1)  Archives  du  tribunal  maritime  àe  Rochefort. 


Digitized  by 


Google 


-  37  — 

lïl 

Saintes  ancienne 
Les  Rues. 

On  a  souvent  regretté  de  n*avoîr  point  un  guide  à  consulter, 
même  incomplet,  sur  nos  rues  de  Saintes,  les  transformations 
de  la  topographie  de  la  ville,  les  variations  de  sa  toponomas- 
tique.  La  tâche,  il  faut  bien  le  dire,  offre  de  très  réelles  difli- 
cultes  puisque  la  principale  source  d*information  a  disparu. 
Les  archives  municipales  se  sont  envolées  en  fumée,  et  les  bri- 
bes qui  ont  échappé  aux  sinistres  nous  apprennent  peu  de  chose 
dans  Tordre  d*idée  où  nous  nous  plaçons. 

La  maladresse  de  rhomme,son  incurie  et  Tœuvre  du  temps 
nous  privent  aujourd'hui  de  nos  vieilles  annales  ou  leur  enlè- 
vent presque  toute  utilité.  Mais  là  ne  se  borne  pas  le  mal.  Faute 
de  la  collection- complète  des  délibérations  du  corps  de  ville  et 
autres  actes  officiels,  nous  devrions,  en  effet,  trouver  ailleurs, 
chez  les  notaires,  les  éléments  d'une  reconstitution  de  la  nomen- 
clature des  rues  à  diverses  époques.  Rédigées  avec  soin,  les 
minutes  devraient  suppléer  les  registres  de  Téchevinage, 
donner  d'abondants  renseignements  sur  les  immeubles,  leurs 
situations.  Il  n'en  est  rien  :  la  rédaction  est  telle  qu'on  ne  voit 
que  confusion  ou  néant  en  matière  de  confrontations  et  de  déno- 
mination de  la  voierie.  Un  exemple  donnera  idée  de  la  négli- 
gence des  notaires  à  cet  égard.  Je  le  prends  à  une  époque  où 
Ton  a  le  droit  de  s'attendre  à  une  exactitude  parfaite.  Il  est 
typique.  Un  notaire  de  1749  —  c'est  à  dire  lorsque  nos  rues, 
(sinon  toutes,  la  majorité  du  moins)  portent  des  noms  —  place 
encore  une  maison  «  sur  la  rue  par  laquelle  on  va  de  cette  ville 
passant  par  la  Porte  Eguière  à  Saint-Porchaire.  »  Autant  vau- 
drait désigner  aujourd'hui  notre  cours  neuf  «  la  rue  qui  passant 
par  le  pont,  conduit  de  Saintes  à  Cognac  ou  à  Saint-Jean  d'An- 
gély.  »  Quantité  de  confrontations  sont  dans  le  goût  de  celle-ci. 
On  comprend  qu'elles  nous  offrent  une  faible  ressource.  Les 
contemporains  du  document  pouvaient  se  contenter  d'une  for- 
mule aussi  vague,  ils  s'y  reconnaissaient  sans  doute,  mais  les 
générations  suivantes  cherchent  vainement  à  s'orienter.  La 
majeure  partie  de  nos  minutes  ne  sont  guère  plus  explicites 
ni  beaucoup  plus  riches  en  souvenirs  d'onomastique  topogra- 


Digitized  by 


Google 


—  38  - 

phique,  surtout  pour  le  XVIP  siècle  et  les  siècles  précédents 
Au  XVIIP  siècle,  nous  serons  un  peu  mieux  éclairés  ;  d'assez 
longs  extraits  copiés  dans  les  actes  mettront  sous  les  yeux  des 
chercheurs  une  série  de  documents  aussi  complète  que  la 
rédaction  des  notaires  le  permet.  On  jugera  sans  doute,  avec 
raison,  que  la  série  n'est  pas  copieuse,  étant  donnée  la  masse 
de  minutes. 

Cette  rareté  aurait-elle  une  cause  ?  Tiendrait  elle  à  ce  que  nos 
rues  étaient  anépigraphes  ?  Aucune  bonne  raison  ne  permet  de 
le  croire.  Les  tabellions  du  XVIII*  siècle,  héritiers  de  ceux  du 
XVI*  ou  XVII*  obéissaient  à  une  routine,  au  fameux  a  j'avons 
coutume»,  qui  sert  encore  aujourd'hui,  à  la  campagne,  à  excu- 
ser toute  continuation  de  vieux  événements,  même  mauvais.  Les 
a  anciens  »  faisaient  ainsi,  pourquoi  changerions-nous  ?  Les 
intéressés  ne  récriminaient  pas  !  C'est  l'essentiel  !  Pourquoi  les 
notaires  auraient-ils  modifié  leur  rédaction  ? 

Saintes,  comme  les  villes  voisines,  avait  à,  n'en  pas  douter, 
des  noms  de  rues.  Il  serait  étrange  qu'il  en  fût  autrement!  Sans 
citer  La  Rochelle  et  Niort,  Pons,  Taillebourg,  Saint-Jean  d'An- 
gély,  Varaize(2),  une  simple  bourgade , donnent  des  noms  à  leurs 
rues.  Saintes  n'a  certainemcmentpas  fait  exception,  il  ne  faut  pas 
conclure  de  la  rareté  des  vieux  noms  à  une  absence  générale.  On 
a  négligé  maladroitement  de  nous  les  conserver  dans  les  actes. 
Quelques-uns  nous  sont  parvenus  néanmoins,  nous  les  retrou- 
verons au  fur  et  à  mesure  que  nous  passerons  par  les  rues.  Les 
plus  anciens  proviennent  d'un  fonds  bien  ignoré,  assez  maigre, 
que  j'ai  connu  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Paul  Drilhon  :  je  veux 
parler  des  liasses  de  chartes  et  titres  ayant  appartenu  au  bas 
chœur  de  Saint-Pierre.  Ce  sont  elles  que  j'intitule  Archives  de 
Saint-Pierre,  actuellement  en  ma  possession. 

Je  livre  donc  à  la  curiosité  des  lecteurs  de  la  Revue  une  col- 
lection de  notes  patiemment  recueillies  surtout  dans  les  actes 
inédits,  un  peu  dans  les  actes  imprimés,  quand  c'est  indispensa- 
ble. Mon  petit  corpus^  assurément  susceptible  d'augmentations, 
répondra,  j'en  ai  l'espoir,  aux  souhaits  de  plusieurs  d'entre  mes 


(1)  Jourdan,  Là  Rochelle  hisi.  et  mon. 

(2)  Varaize:  rue  Clémence  Pinard  (XV«  siècle)  ;  Taillebourg:  rue  Saulnicze, 
Saulnèze,  aliiis  Sauneresse  (1332)  ou  de  Bcrbuya;  à  Saint-Jean,  rue  Alaric,  rue 
de  rÉvôque  (1050)  {Archioes,  XXIV,  p.  5H,  XXIX,  p.  41  et  s.,  XXX.  p.  266). 
Pour  Pons,  cf.  Archives ^  t.  IX  el  XXI. 


Digitized  by 


Google 


-  39  — 

confrères,  et  à  quelques-unes  des  questions  posées  dans  ce 
Bulletin^Revue. 

Mais  n'existe-t-il  pas  une  troisième  source  de  renseignements 
de  premier  ordre,  abondants,  plus  sûrs  que  ceux  des  archives  ? 
Les  plans  de  la  ville  ne  donnent-ils  rien  ?Là  devrait  se  trouver, 
en  effet,  une  nomenclature  toute  faite. 

Malheureusement  les  anciens  topographes  ne  suivaient  pas 
la  méthode  habituelle  aux  nôtres.  Ils  ne  nous  apportent  qu'un 
très  faible  secours  ;  ils  donnent  des  lignes,  souvent  incorrec- 
tes, mais  point  de  noçis. 

Le  premier  de  tous  est  celui  de  Braunius  daté  de  1560,  les 
pians  et  profils  de  Tassin  viennent  en  second,  puis  ceux  de 
Masse,  et  enfin,  plus  près  de  nous,  celui  de  Lacurie  (vers  1835),  le 
seul  du  XIX*  siècle  que  nous  consulterons,  parce  qu'il  présente 
quelques  détails  utiles  et  que  celui  de  Lacroix  (1858)  diffère  peu 
des  plans  actuels  (Boutinet,  édité  en  1898  et  Maguna  (1882)  iné- 
dit). Plusieurs  plans  partiels  manuscrits  du  siècle  dernier  appar- 
tenant à  la  mairie  ne  valent  rien  :  pas  de  légendes,  peu  de  dates. 

Le  plan  de  1560,troi8  ou  quatre  fois  réédité, ne  contient  aucune 
mention  toponymique  profitable  ;  il  se  borne  à  consigner,  dans 
son  cartouche, les  noms  des  églises,  monastères  et  édifices  civils 
dont  remplacement  subsiste  ou  nous  est  désigné  par  d'autres 
documents.  Au  point  de  vue  topographique,  il  est  d'une  incorrec- 
tion notoire,  depuis  longtemps  proclamée. 

Certains  quartiers,  La  Bertonnière,  par  exemple,  la  porte 
Aiguière,sont  absolument  faux.L' auteur  peut  avoir  visité  la  ville 
ou  s'être  fait  envoyé  un  dessin  de  Saintes.  Des  détails,  tels  que 
l'emplacement  des  couvents  autour  de  la  ville,  l'arche  de  l'arc 
votif  laissée  en  dehors  du  pont,  ne  peuvent  avoir  été  connus  que 
d'une  personne  venue  à  Saintes.  Maïs  de  gros  défauts,  des  omis- 
sions telles  que  l'absence  de  Saint-Aignan,  du  faubourg  de  la 
Bertonnière,  de  toute  la  partie  du  château,  des  arènes,  prouvent 
que  ce  visiteur  a  mal  vu  ou  n'a  pas  conservé  un  souvenir  fidèle. 
Quant  aux  rues,  elles  sont  en  quelque  sorte  réduites  au  strict 
nécessaire  à  la  constitution  d'une  ville.  «  O'estune  fiction  topo- 
graphique, dit  La  Sauvagère  (1),  assortie  à  quelque  partie  que 
l'on  reconnaît.  »  Fiction  n'est  pas  le  mot  juste,  composition 
maladroite  conviendrait  mieux. 

Nous  n'avons  donc  qu*un  très  mince  profit  à  retirer  de  ce 

(1)  Recueil  é'anUqniiéê,  p.  30. 


Digitized  by 


Google 


—  40  — 

document.  Il  est  excessif  d'en  faire  complètement  fi,  mais  il 
faut  contrôler  avec  la  plus  sévère  critique  les  indications  qu'on 
est  tenté  de  lui  emprunter. 

Rien  à  dire,  rien  à  tirer  des  plans  de  Tassin  (1638)  et  de 
Mérian.  Ici  le  mot  fiction  est  à  sa  place,  nous  n'y  recourerons 
jamais. 

Claude  Masse  a  laissé  un  travail  (1)  d'une  valeur  bien  plus 
considérable,  d'une  exactitude  à  peu  près  parfaite.  Le  seul 
défaut  de  cet  habile  et  fécond  dessinateur,  c'est  de  n'avoir  pas 
compris  la  nécessité  de  joindre  à  un  relevé  du  terrain  sérieux, 
une  sérieuse^et  complète  nomenclature,  avec  lettres  ou  chiffres 
de  renvoi,  des  édifices  et  des  rues.  Il  ne  se  désintéresse  pas, 
certes,  de  cette  partie  si  importante  d'un  plan,  il  consigne  cer- 
tains noms  soit  en  marge  soit  dans  ses  Mémoires,  il  fait  parfois 
des  réflexions  dignes  d'attention,  mais  il  ne  prend  pas  un  seul 
nom  de  rues.  Il  ne  nous  renseignerait  donc  pas  mieux  que  ses 
devanciers  s'il  n'avait  l'incontestable  mérite  de  nous  donner 
un  document  topographique  exécuté  avec  le  plus  grand  soin. 
Masse  devient,  en  effet,  un  auxiliaire  indispensable  lorsqu'on 
veut  étudier  les  modifications  survenues  dans  la  configuration 
des  voies  urbaines,  depuis  deux  cents  ans.  Nous  le  consulterons 
chaque  fois  que  nous  désireroas  un  renseignement  positif, 
quand  nous  voudrons  localiser  un  texte.  Le  réseau  de  nos  rues 
n'a  pas  varié  considérablement.  Tel  il  était  au  XV*  siècle,  tel 
on  le  retrouve  au  XVII*,  et  tel  il  devait  être  au  XIII*.  Les  ali- 
gnements ont  pu  changer,  les  façades  se  sont  conformées  au 
goût  de  chaque  siècle,  les  vieilles  ont  fait  place  à  des  nouvelles 
moins  intéressantes^  des  passages,  des  venelles  n'existent  plus, 
mais  l'ensemble  a  subi  fort  peu  d'altération. Quel  bouleversement 
constatons-nous  à  Saintes  depuis  cinquante  ans  à  l'intérieur  de 
la  ville  ?  D'infimes  élargissements  de  rues  par  suite  d'aligne- 
ments nouveaux,  et  c'est  tout. Les  faubourgs  au  contraire,  se  sont 
modifiés  par  suite  de  créations  neuves.  Il  est  réservé  aux  grands 
centres  de  rajeunir  certains  quartiers,de  supprimer  des  rues. Les 
petits  restent  longtemps  dans  leur  vieille  coque  sans  éprouver 
ces  besoins  «  d'embellissement  o,  les  générations  se  succèdent 
volontiers  dans  les  mêmes  locaux  àpeine  entretenus, sans  aspirer 
vers  un  mieux  éphémère.  Les  incendies,  les  etTondrements 
amènent  seuls  des  améliorations  notables.  C'est  même  la  crainte 

(1)  Proust  et  Ch.  Dani^beaud,  Sàinles  k  U  fin  da  XIX*  êiècU,  t.  I. 


Digitized  by 


Google 


—  41  - 

d*une  catastrophe  par  le  feu  qui,  au  XVIII*  siècle,  à  Saintes, 
détermina  beaucoup  de  propriétaires  à  bâtir  ou  rebâtir  leurs 
maisons  en  pierres  et  à  détruire  le  plus  possible  les  construc- 
tions en  bois. 

Masse  sera  donc  notre  guide  toutes  les  fois  que  nous  vou- 
drons interroger  un  plan  et  parvenir  à  Tintelligence  d'un  texte. 

D'ailleurs,  nous  n'avons  pas  le  choix,  jusqu'en  1830  ou  1835, 
aucun  autre  géomètre,  ou  topographe  si  on  préfère,  ne  nous  a 
laissé  un  relevé  de  nos  rues.  Il  faut  arriver  au  plan  de  Lacurie, 
édité  à  La  Rochelle.  Celui-là  donne  des  noms,  mais  comme  ces 
noms  sont  à  peu  de  chose  près  les  noms  actuels,  il  ne  nous  sera 
que  d'un  faible  secours. 

Nous  aurions  besoin  de  trouver  un  plan  de  Tépoque  révolu- 
tionnaire ou  tout  au  moins  une  nomenclature  des  rues.  Rien  de 
plus  difficile,  de  plus  incertain,  de  plus  obscur  que  Tidentifi- 
cation  des  noms  de  cette  période  avec  les  anciens  ou  les  nôtres. 

J'aurais  peut-être  dû  placer  en  tête  de  tous  les  plans  de 
Saintes  celui  de  Mediolanum,  tracé  par  La  Sauvagère  et  les 
dissertations  des  savants  sur  remplacement  de  Saintes.  Si  cette 
carte  et  les  discussions  présentaient  apparence  de  vérité,  je 
n'aurais  eu  garde  d'y  manquer. 

En  réalité,  on  ignore  absolument  si  l'oppidum  gaulois,  Medio- 
lanum,  plaine  du  milieu  (1),  servant  de  capitale  ou  de  marché 
aux  Santons,  était  ici  ou  ailleurs.  César  n'en  dit  mot.  On  n'a 
découvert  nulle  part  autour  de  nous  trace  de  construction  ni  de 
cimetière  antérieur  à  l'occupation  romaine.  N'espérons  donc 
pas  savoir  jamais  si  la  première  Saintes  s'étendait  au  sud  ou  au 
nord  de  la  Saintes  actuelle,  si  la  ville  romaine  l'a  recouverte  ou 
s'est  installée  à  côté.  Il  faut  noter  cependant  que  les  monnaies 
gauloises  de  CONTOVTOS  ne  sont  pas  rares  dans  le  voisinage 
—  plus  particulièrement  à  l'ouest —  du  cimetière  Saint- Vivien. 

Des  notions  moins  rares,  trop  peu  abondantes  cependant, 
permettent  de  retrouver  partie  de  la  ville  romaine.  Il  est  très 
probable  que,  dès  les  premières  années  delà  conquête,  Medio- 
lanum  Santonum  prit  une  extension  considérable,  en  rapport 


(1)  Revue  celtique ,  t.  VIII,  p.  374,  Strabon  place  Mediolanum  près  de  la 
mer  et  assure  que  le  sol  qui  Tentoure  est  peu  fertile.  C'est  peut-être  afin  de 
tenir  compte  de  son  texte  et  de  celui  de  Marcien  que,  sur  la  carte  des  voies 
romaines,  Lacurie  a  fait  avancer  la  mer  jusqu'à  la  Clisse.  Cf.  Notice  f  or  le 
pMys  de»  Sàntonês,  p.  13. 


Digitized  by 


Google 


-  42  - 

avec  le  rôle  que  la  nouvelle  administration  lui  destinait.  L'adhé- 
sion de  la  noblesse  gauloise  au  nouvel  état,  son  dévouement 
à  la  famille  Julia,  la  concession  de  ville  libre  accordée  aux 
Santons  assurèrent  à  la  ville  une  rapide  prospérité.  M.  Jullian 
écrit  dans  sa  Gâllta  (p.  213)  :  a  II  semble  évident  que  les  prin- 
ces de  cette  famille  ont  voulu  faire  de  Saintes  le  centre  de 
l'Aquitaine,  et  comme  le  Lyon  de  la  Gaule  occidentale,  un  foyer 
de  rayonnement  des  idées  romaines.  »  L'arc  dédié  à  Tibère,  à 
Drusus  et  à  Germanicus,  l'amphithéâtre  montrent  bien,  en 
effet,  une  ville  déjà  importante  au  premier  siècle.  Des  pier- 
res du  musée  appartenant  à  des  monuments  énormes  et  nom- 
breux confirment  cette  opinion.  Malheureusement  nous  sommes 
condamnés  à  ignorer  la  véritable  étendue  et  l'exact  périmètre 
de  la  cité,  aussi  bien  que  l'emplacement  des  principaux  édifi- 
ces de  Mediolanum,  forum,  basilique,  etc.  Le  plan  imaginaire 
de  la  Sauvagère  (1)  est  plutôt  fait  pour  induire  eix  erreur.  Qu'en 
savait-il?  Rien.  Qu'en  savons-nous  davantage?  Peu  de  chose. 
Moreau  a  tracé  pareillement  un  périmètre  purement  idéal  de 
Mediolanum  (2).  Ledain  croit  à  l'existence  d'une  enceinte  (3) 
autour  de  Mediolanum,  sans  nous  dire  sur  quelles  présomp- 
tions il  s'appuie.  Il  la  fait  passer  de  manière  à  laisser  les  grands 
Thermes  en  dehors.  Bourignon  reconnaît  une  ville  gauloise  et 
une  ville  romaine  ;  il  distingue  l'une  de  l'autre  en  donnant  les 
délimitations  de  chacune.  C'est  une  opinion  purement  fantai- 
siste. Ainsi,  il  étend  la  ville  gauloise  depuis  l'amphithéâtre  jus- 
qu'à l'extrémité  du  faubourg  Saint-Vivien,  sur  le  terrain  où 
nous  plaçons  la  cité  gallo-romaine.  «  Les  puits  qu'on  y  dé- 
couvre tous  les  jours,  dit-il,  et  les  fondements  des  anciennes 
maisons,  ne  laissent  aucun  doute  à  ce  sujet  (4).  »  Tout  le  monde 
partagera  cet  avis,  avec  cette  restriction  que  puits  et  subs- 
tructions  révèlent  un  habitat  romain.  La  ville  romaine  se 
serait  élevée  au  pied  du  rocher  de  l'hôpital  (le  pseudoCapitole), 
et  aurait  été  entourée  des  murailles  auxquelles  nous  donnons  le 
nom  de  gallo-romaines.  C'est  la  ville  moyen  âge,  et  le  vénéra- 
ble antiquaire  continue  à  se  tromper  de  plusieurs  siècles,  con- 
fondant le  moyen  âge  avec  le  romain. 


(1)  Recueil,  pi.  II. 

(3)  Congrès,  1844,  p.  84. 

(3)  Congrès,  1894,  p.  195. 

(4)  Rtcherehes,  p.  35. 


Digitized  by 


Google 


—  43  - 

La  ville  gauloise,  toujours  suivant  le  même  auteur,  après 
avoir  été  plusieurs  fois  détruite  par  les  Ooths,  aurait  été  aban- 
donnée ;  les  habitants  se  seraient  réfugiés  dans  la  cité  romaine, 
«  vraisemblablement  bâtie  dès  le  temps  de  la  conquête  des 
Romains  et  agrandie  dans  la  suite  vers  le  III*  ou  IV*  siècle.  La 
partie  des  fortifications  qui  s'étend  du  côté  de  la  rivière,  der- 
rière la  rue  des  Chanoines,  paraît  être  de  Tan  400  de  Tère  chré- 
tienne, o  Voilà  comment  Bourignon  arrange  les  choses.  Quant 
aux  preuves,  il  ne  se  donne  pas  la  peine  d'en  montrer  une  seule. 

Il  faut  le  croire  ou mieux  ne  pas  le  croire  sans  discussion. 

J'ai  marqué  sur  le  plan  de  Masse  par  une  ligne  de  points  la  si- 
tuation des  substructions  observées  et  les  murs  de  Thôpital. 

Les  grands  thermes  publics  de  Saint-Saloine,  les  petits  bains 
dits  de  Ganif,situéssur  le  bord  de  la  Charente, des  constructions 
très  mal  définies  au-dessus  de  la  Société  vinicole  (magasins 
Martineauj,  les  arènes,  la  découverte  d'une  sorte  de  cellier  (1) 
sur  la  place  des  Petits  Champs,  (place  Brunaud)  marquent,  en 
long  et  en  large,  les  extrémités  de  la  ville  romaine.  Les  mai- 
sons couvraient  le  quartier  des  rues  de  la  Boule,  Adolphe  Bru- 
naud, Notre-Dame,  Saint-Saloine,  Saint-Vivien,  de  La  Roche  (2), 
le  voisinage  du  champ  de  foire,  du  château  d'eau  et  la  pointe 
entre  le  bureau  d'octroi,  la  route  de  Rochefort,  la  route  de 
Saint-Georges.  Une  voie  passait  depuis  le  côté  est  du  cime- 
tière Saint- Vivien,  à  travers  le  jardin  de  l'asile  des  vieillards, 
se  dirigeant  vers  le  château  d'eau,  coupée  à  angle  droit,  près 
de  cet  établissement,  par  une  voie  de  sept  mètres  de  largeur, 
presque  parallèle  à  la  route  de  Rochefort.  Une  troisième  via, 
bordée  de  tombeaux  reconnus  par  Chaudruc  de  Crazannes, 
menait  du  quartier  de  la  Boule  au  ppnt,  en  passant  à  la  Porte- 
Aiguière.  Un  édifice  à  colonnes,  temple,  curie  ou  basilique  s'é- 
levait sur  notre  place  des  Cordeliers,  un  autre  sur  ou  proche 
remplacement  de  l'Hôtel  de  France.  Nul  doute  que  Tesplanade 
dite  du  Capitole  ne  fut  couverte  de  monuments,  mais  c'est  une 
simple  conjecture.  Là  se  bornent  nos  réelles  connaissances  de 


(i)  BulUtin,  t.  XI,  p.  19. 

(3)  Du  bas  de  cette  rue,  des  terrains  occupés  jadis  par  des  jardins,  aujour- 
d'hui par  des  chais  et  les  maisons  Guillet  et  autres,  proviennent  des  statues 
de  déesses  mères  et  un  autel  décoré  de  divinités  sur  les  quatre  faces,  long- 
temps déposé  dans  le  jardin  de  M.  Bourgeois,  (d'abord  rue  de  La  Roche,  en- 
suite place  du  Synode),  aigourd'hui  à  La  Rochelle  chez  M.  Leridon. 


Digitized  by 


Google 


—  44  — 

la  cité  romaine,  en  ajoutant  toutefois  un  suburbium  sur  la 
rive  droite  (faubourg  Saint-Pallais).  Notre  paroisse  Saint-Pierre 
devait  être  en  partie  habitée,  au  moins  par  les  mariniers  et  les 
pécheurs.  Une  rue  se  dirigeait  très  probablement  de  notre 
Porte  Aiguière  vers  les  arènes,  et  recevait  une  rue  venant  du 
pont.  On  a  signalé  l'emplacement  de  deux  cimetières  gallo- 
romains,  à  Saintes,  Tun  au  couchant,  Tautre  à  Test  ;  le  premier 
plus  sûrement  que  le  second,  car  Ghaudruc  de  Grazannes  n'a 
pas  donné  tous  les  éclaircissements  désirables  sur  la  situation 
de  ce  dernier.  A  Touest  se  trouvait  un  cimetière  à  incinération, 
proche  les  arènes  au  lieu  dit  Le  Glousi,  dans  lequel  on  a  re- 
cueilli différents  objets  (en  petite  quantité),  des  vases  communs 
remplis  d'ossements  ;  non  loin  de  cette  nécropole  fut  découvert 
le  fameux  tombeau  d'une  dame  romaine, contenant  le  riche  mobi- 
lier de  toilette  aujourd'hui  exposé  au  musée  de  Saint-Germain. 

A  l'est,  près  la  Porte  Aiguière,  une  sorte  de  voie  sacrée 
aurait  été  bordée  de  tombeaux  (1).  Ghaudruc  Taflirme,  Nous 
aurions  ainsi  deux  limites  extrêmes  de  la  largeur  de  la  ville. 
G'est,  en  effet,  la  règle  d'établir  les  cimetières  romains  en 
dehors  des  murailles.  In  urbe  ne  sepelito^  dit  la  loi  des  XII 
Tables,  mais  il  ne  faut  pas  trop  s'y  fier.  L'abondance  des  textes 
relatifs  aux  sépultures  signifierait  au  contraire  que  les  pres- 
criptions à  cet  égard  étaient  souvent  enfreintes.  Les  munici- 
palités, d'ailleurs,  ayant  le  droit  d'apporter  à  la  loi  certains  tem- 
péraments, il  est  permis  de  croire  que  les  autorisations  de  ce 
genre  s'obtenaient  facilement.  Le  christianisme  abrogea  toute 
prohibition  et  laissa  toute  liberté  d'enterrer  les  morts  à  l'inté- 
rieur des  cités  :  «  Ut  cuique,  t&m  intrsL  civitàtes  quam  extra^ 
mortuos  sepelire  liceàt  »  (Novelle  53  de  Léon). 

En  prenant  ces  points  extrêmes  comme  base  d'appréciation 
de  la  partie  habitée  à  Mediolanum,  on  estimera  à  1200  mètres 
environ  la  plus  grande  longueur  (des  arènes,  non  comprises, 
à  la  Société  vinicole),et  à  800  mètres  la  plus  grande  largeur  (des 
bains  de  Ganif  à  la  place  des  Petits-Ghampsj.  La  forme  parait 
être  celle  d'un  trapèze  à  côtés  irréguliers. 

Gette  ville  romaine  disparut  à  la  suite  d'événements  que  j'es- 
saierai de  déterminer  dans  un  instant.  Elle  a  disparu  complè- 
tement, sans  que  nous  puissions  reconnaître  l'emplacement 
des  édiOces   essentiels  d  une   cité   de  cette  époque.  Les   pre- 


(1)  Cf.  Congréê  de  1844,  p.  83,  et  plus  loin  rue  de  La  Cordelière. 


Digitized  by 


Google 


—  45  — 

miers  chrétiens  s'emparèrent  des  ruines  subsistantes,  les  con- 
vertirent en  églises  ou  bâtirent  de  nouveaux  sanctuaires  là  où 
s'élevait  la  ville  païenne,  mais  n'y  créèrent  aucune  aggloméra- 
tion de-  quelque  importance.  La  véritable  ville  était  située  sur 
la  rive  gauche  de  la  Charente. 

Gontrairement  à  la  généralité  des  habitants  des  cités  de 
Gaule  comtemporaineSj  mises  dans  la  même  nécessité  de  chan- 
ger de  place,  les  survivants  de  Mediolanum,  au  lieu  de  se  con- 
tenter d'un  quartier  de  leur  ville,  de  s'y  retrancher,  de  se  tra- 
cer une  ville  nouvelle  au  milieu  de  Tancienne  —  comme  à  Bor- 
deaux —  abandonnèrent  les  hauteurs  de  Saint-Macoult  et  de 
Saint-Saloine  et  se  réfugièrent  dans  la  partie  de  notre  ville  cor- 
respondant à  la  paroisse  Saint-Pierre,  derrière  des  défenses  na- 
turelles ou  artificielles  :  murs  au  nord,  rivière  à  l'est,  rochers  à 
l'ouest.  Ils  ne  conservèrent  qu'une  minime  partie  de  leur  ville  ; 
le  plateau  de  l'hôpital,  qu'il  aurait  été  trop  imprudent  et  dange- 
reux d'abandonner.  Oe  plateau  fortifié  devient,  au  contraire, 
un  castrum,  dominant  la  ville  et  surveillant  les  environs,  véri- 
table camp  retranché,  dans  lequel  on  pouvait  trouver  un  point 
de  suprême  résistance,  en  cas  de  prise  de  la  ville  basse.  Le  plan 
de  la  nouvelle  ville  est,  selon  une  habitude  à  peu  près  générale, 
un  rectangle.  L'intention  formelle  d'opposer  à  une  force  armée 
un  solide  rempart  se  manifeste  très  clairement  sur  deux  côtés. 
La  muraille  descend  du  nord,  pendant  cinq  cents  mètres  envi- 
ron, vers  la  rivière, et  s'étend  au  couchant,  sur  une  longueur  de 
trois  cents  mètres.  Mais  à  l'est  et  au  sud,  c'est-à-dire  le  long  de 
la  Charente  entre  le  pont  et  La  Bertonnière,  nous  manquons 
d'indications  permettant  de  reconstituer  les  moyens  de  clôture 
et  de  résistance  de  ces  côtés-là.  Je  ne  sache  pas  que  l'on  ait 
jamais  découvert  dans  ces  parages  trace  de  mur  romain.  La 
rivière  offrait-elle  un  obstacle  jugé  infranchissable  ?  L'état  du 
terrain  présentait- il  à  lui  seul  une  protection  suffisante  ? 
Aurait-on  creusé  un  large  fossé  allant  de  la  rivière  au  rocher? 
On  est  réduit  aux  suppositions.  Il  n'est  guère  admissible  que  la 
ville  neuve  comprit  la  seule  esplanade  de  l'hôpital  et  que  Ton 
ait  prolongé  cette  longue  muraille  au  nord,  dans  le  but  unique 
de  protéger  un  chemin  se  dirigeant  vers  le  pont.  La  population 
aurait  été  bien  entassée  en  ce  petit  rectangle,  ou  bien  minime. 
Or,  quand  on  considère  la  longueur  du  rempart  connu  —  huit 
cents  mètres  environ  —  on  repousse  bien  loin  l'hypothèse  d'une 
ville  très  peu  peuplée,  car  il  est  manifeste  qu'il  fallait  beaucoup 


Digitized  by 


Google 


—  46  — 

d'hommes  pour  occuper  et  défendre  ces  vastes  courtines.  La 
garnison,  si  forte  qu'on  la  suppose,  aurait  été  impuissante  sans 
Taide  des  habitants.  L'existence  d'un  nombre  d'individus  assez 
élevé  s'impose  donc  et  en  même  temps  celle  d'une  ville  basse... 
mais  s'impose  aussi  la  nécessité  de  trouver  un  système  de  pro- 
tection à  l'est  et  au  sud.  A  l'est,  le  pont  barre  la  rivière,  mais 
rien,  en  apparence,  ne  s'oppose  à  un  envahissement  du  côté  de 
la  rive,  et  Bourignon  est  seul  à  attribuer  au  V  siècle  les  murailles 
longeant  la  Charente,  derrière  Saint-Pierre.  J'aimerais  que  son 
témoignage  fut  corroboré  par  quelque  découverte  ou  quelque 
autre  archéologue  moins  sujet  à  caution.  Ainsi  se  manifeste 
une  grande  obscurité  au  sujet  de  l'enceinte  gallo-romaine. 

La  chronique  appelle  marais  ou  lac  l'emplacement  sur  lequel 
s'élève  aujourd'hui  la  cathédrale.  Certains  de  nos  devanciers, 
amoureux  du  plus  court  chemin  d'un  point  à  un  autre  et  des 
conjectures  scabreuses  n'ont  pas  craint  de  soutenir  que  la  rivière, 
à  partir  de  la  place  Blair,  suivait  une  direction  rectiligne.  Je  ne 
crois  ni  au  lac,  ni  au  marais;  je  ne  crois  pas  davantage  que  la 
Seugne  ou  la  Charente  ait  jamais  traversé  Saintes.  Avant  la 
création  de  la  place  Blair  et  des  quais,  la  rivière,  plus  large, 
baignait  les  remparts,  mais  je  tiens  pour  une  pure  extravagance 
le  tracé  du  lit  de  la  Charente  le  long  du  rocher  de  l'hôpital.  A 
toute  époque  historique  cette  partie  basse  a  dû  être  habitée... 
au  moins,  au  temps  des  Romains,  par  quelques  bateliers  ou 
des  pécheurs  (1). 

Le  transfert  de  la  ville  sur  la  rive  du  fleuve  étant  devenu  une 
nécessité  qu'on  ne  pouvait  éluder,  il  était  tout  indiqué  que  les  habi- 
tants de  Mediolanum  cherchassent  un  gîte  au-dessous  du  rocher. 
Ils  y  transportèrent  certainement  les  différents  services  adminis- 
tratifs sans  lesquels  ils  ne  comprenaient  pas  plus  la  vie  normale 
que  nous-mêmes  nous  ne  concevrions  une  nouvelle  installation 
sans  mairie,  sans  une  place  quelconque  servant  de  marché.  Il 
est  vraisemblable  que  le  forum,  notamment,  se  trouvait  sur  notre 
place  de  la  Fontaine,  là  où  le  moyen  âge  bâtit  la  halle. 

Le  périmètre  de  la  ville  neuve  mesurait  environ  1.600  mètres-, 
500  mètres  sur  le  côté  du  cours,  et  300  mètres  sur  le  côté  du 
champ  de  foire.  Quelques  chiffres  permettront  de   se  rendre 


(1)  Sous  la  salle  dite  du  chapitre  de  SaintpPierre ,  une  aire  romaine  et 
un  bassin  rempli  d*huitres  dans  les  jardins  bas  du  Bois  d'amour,  sont  des 
indices. 


Digitized  by 


Google 


-  47  - 

compte  de  Timportance  de  la  nouvelle  Saintes,  par  comparaison 
avec  ses  voisines  :  Bordeaux  avait  2.350  mètres  de  tour, 
Poitiers,  2.600,  Périgueux,  975. 

Vers  quelles  années  se  produisit  ce  grand  bouleversement  ?  A 
la  suite  de  quelle  catastrophe  ? 

Beaucoup  de  personnes  admettent  aujourd'hui,  presque 
comme  un  dogme,  qu'à  la  fin  du  III*  siècle,  la  plupart  des  gran- 
des villes  de  Gaule,  forcées  de  se  ramasser  sur  elles-mêmes, 
tracèrent  au  milieu  de  l'ancienne  une  aire  nouvelle,  complète- 
ment entourée  de  murailles  et  s'y  établirent  définitivement. 
De  là  l'origine  de  quantité  de  villes  modernes.  Les  savants  les 
plus  distingués  (tj  en  archéologie  tiennent  cette  opinion  pour 
très  proche  de  la  vérité  et  s'harmonisant  avec  les  faits  connus 
ou  qu'ils  considèrent  comme  indéniables.  Il  faut  dire  toutefois 
que  la  doctrine  sur  ce  point  a  beaucoup  varié.  Longtemps  on  a 
professé  que  ce  grand  déménagement  s'était  opéré  au  V*  siècle, 
mais  on  reconnut  bientôt  que  c'était  trop  tard  pour  laisser  les 
villes,  averties  cependant  des  dangers  qu'elles  couraient,  ouver- 
tes sans  défense  aux  invasions  qui  désolaient  le  pays.  Onabaissa 
la  date  au  IV*  siècle,  nous  voici  maintenant  au  IIP. 

La  théorie  pose  en  principe  qu'en  277  les  Barbares  ravagè- 
rent la  Oaule  dans  toute  son  étendue,  s'emparèrent  d'une  soixan- 
taine de  villes  —  autant  dire  de  tout  le  territoire  —  et  ne  les 


(1)  La  bibliographie  des  mémoires  traitant  cette  question  est  considérable. 
Il  sufBt  d'en  citer  les  principaux  : 

Celui  de  Schuermans  dans  le  Balleiin  de»  eommistion»  royàUt  (Vàrt  et  d* Ar- 
chéologie, 1877.  —  Extrait  dans  Bulletin  monamenUl,  1878,  p.  217  ;  celui  du 
président  Tailliard,  dans  Sociéii  d'àgriculiare  Se,  et  ArU  de  Donat,  t.  XI  ; 
dans  le  Bullet,  Monumental^  1873,  leé  volumes  des  Congrès  archéologique»;  la 
Revue  Archéo.,  t.  XIII;  le  Bull,  du  Comiié,  1883-1897  ;  Là  Stàtietique  Mon  du 
Cher;  Mémoire»  de  U  Société  hietorique  du  Cher,  1889,  où  ma  proposition  de 
dater  les  murailles  du  XI«  siècle  est  sévèrement  qualifiée  de  fantaisie  inspirée 
par  l'esprit  de  système,  mais  où  je  gagne  une  particule  I  M.  Boyer  date  les 
murailles  de  Bourges  du  V«  siècle.cequi  aux  yeux  de  certains  passera  pour  une 
autre  fantaisie  :  Bull,  de  U  Société  de  Bordst,  t.  IV,  Mémoire»  de  U  Société 
àrchéo,  de  Tour  Aine,  t.  XI  ;  Revue  des  Société»  Sevànte»,  1882  ;  Mém,  de  U 
Société  de»  Antiq.  de  VOueei,  t.  XXXV,  p.  218  ;  Revue  hi»torique  du  Maine, 
1881.  JuUian,  Inscription»  de  Bordeaux  ;  Ledain,  dans  Mém,  Soc.  de»  Antiq.  de 
VOueel,  résumé  dans  Bull.  Monum.,  1873,  et  sa  réponse  à  M.  Buhot  de  Ker- 
ser,  ibidem,  t.  XL,  p.  83,  et  en  dernier  lieu  VEneeinte  romaine  de  Sainte»,  dans 
Congre»  strchéolog.,  1804,  p.  103  ;  L.  Audiat,  Bulletin  de»  Archive»^  t.  IX,  p.  If  ; 
t.  Xlll,  p.  237  ;  Blanchet,  Tré»or»  de  monnaie»  romaine».  G.  JuUian,  Revue  de» 
Etude»  ancienne»,  1902|  et  Revue  de  VhUioire  de  Pari», 


Digitized  by 


Google 


-  48- 

abandonnèrent  devant  les  armes  de  Probus  que  sous  un  mon- 
ceau de  ruines  et  de  cendres.  Aussitôt  leurdépart  éclata  un  nou- 
veau fléau,  non  moins  terrible,  Tinsurrection  des  Bagaudes, 
laquelle  mit  la  Oauleà  feu  et  à  sang  jusqu'en  287. 

Pendant  douze  années,  Germains  et  paysans  demeurèrent 
donc  maîtres  du  pays,  commettant  les  pires  excès.  La  répres- 
sion aidant  et  les  dégâts  qu'elle  ne  ménage  guère  ajoutés  aux 
précédents,  les  villes  gallo-romaines  avaient  pour  ainsi  dire  dis- 
paru. Les  empereurs  Maximien,  jusqu'en  292,  et  Constance 
Chlore  (1)  Jusqu'en  306, consacrèrent  leur  sollicitude  à  restaurer 
les  malheureuses  cités,  à  leur  donner  de  solides  murailles  en 
utilisant,  dans  ce  gigantesque  travail,  de  première  urgence  en 
effet,  les  monuments,  certains  monuments  du  moins,  détruits  et 
désormais  inutiles. 

Cette  théorie  très  séduisante,  surtout  lorsqu'on  en  suit  le  dé- 
veloppement dans  le  chapitre  du  tome  II  des  Inscriptions  de 
Bordeaux,  intitulé  «  Comment  les  inscriptions  ont  été  conser' 
vées  »,et  celuides  origines  de  la  ville,  poche,  à  mon  avis, par  la 
base. 

Elle  en  manque  absolument,  faute  de  texte  positif,  de  dé- 
couvertes concluantes.  Les  partisans  du  IIP  siècle  le  reconnais- 
sent. Des  panégyriques  trop  intéressés,  des  lettres  à  tendance 
trop  visible,  des  histoires  sans  valeur  sérieuse,  sont  des  sources 
d'informations  inspirant  peu  de  confiance.  C'est  précisément 
l'absence  de  preuve  directe  qui  explique  les  fluctuations  de  l'opi- 
nion à  l'égard  de  la  date  des  constructions  des  villes  gallo-ro- 
maines où  l'on  retrouve  les  débris  des  monuments  dans  leurs 
enceintes,  la  quantité  d'hypothèses  au  milieu  desquelles  on 
cherche  la  solution  du  problème,  l'incertitude  où  l'on  reste. 
L'argumentation  favorite  est  si  peu  décisive  que  le  rédacteur 
du  chapitre  IV  du  livre  II  de  l'Histoire  de  France,  de  Lavisse, 
tome  III,  écrit  à  la  page  202,  qu'au  début  de  la  période  méro- 
vingienne, «  la  ville  ne  présente  plus  l'aspect  qu'elle  avait  du 
temps  de  l'empire.  Les  anciens  édifices,  arcs  de  triomphe,  tem- 
ples, basiliques,  thermes  ont  été  pour  la  plupart  détruits 
pendant  les  invasions  ou  les  guerres  civiles,  et  leurs  débris 
gisent  sur  le  sol.  Les  amphithéâtres  servent  de  forteresses...» 
Je  ne  suppose  pas  que  début  de  la  période  mérovingienne  si- 
Ci)  Pour  Bordeaux,  M.  JuUtan  attribue  Tinitiative  à  Aurélien  et  rezéculian  à 
Constance  Chlore. 


Digitized  by 


Google 


—  49  — 

gnifie  fin  du  III*  aiëcle.  Il  ne  s'agit  pas  davantage  des  effets  de 
l'invasion  de  405  puisque,  d'-après  le  système  du  IIP  siècle, 
tous  ces  monuments  auraient  été  enfouis  dans  les  remparta 
avant  Tan  300. 

Par  un  hasard  au  moins  singulier,  aucun  texte  de  lois  con- 
nues édictant  la  restauration  ou  la  construction  de  murailles  à 
Taide  de  pierres  d'édifices  condamnés  à  disparaître,  ne  s'appli- 
que à  la  Gaule  ;  pas  une  phrase  d'historien  n'y  fait  allusion.  11 
en  va  différemment  pour  les  régions  orientales  de  Tempire. 
Des  textes  assez  nombreux  se  réfèrent  surtout  au  IV*  siècle.  La 
di8Cussion,ainsi  privée  de  documents  précis,  tire  ses  arguments 
de  faits  vagues,  grossis  quelquefois  démesurément,  toujours 
peu  concluants. 

Les  invasions  servent  à  tout  expliquer  ;  c*est  l'argument  pré* 
féré,  on  les  charge  volontiers  de  malheurs  venus  en  partie 
d'autres  causes.  Notre  imagination  brode  un  peu  sur  ce  thème 
facile  :  elle  les  voit  à  travers  la  réputation  trop  noircie  des 
Barbares,  l'horreur  que  le  mot  invasion  inspire,  le  témoi- 
gnage d'écrivains  à  tendance  trop  visiblement  partiale  —  telle, 
par  exemple,  la  fameuse  lettre  de  saint  Jérôme.  On  exagère 
la  force  et  l'étendue  de  chacune  des  invasions.  Les  Barbares, 
poussés  par  d'autres  Barbares,  ou  chassés  de  chez  eux  par 
la  misère,  revenaient  souvent  en  Gaule,  mais  la  fréquence 
de  ces  retours  n'indique-t-elle  pas  déjà  que  chaque  passage 
ne  ruinait  point  le  pays  à  fond?  Les  larges  réquisitions,  les. 
meurtres  inséparables  de  la  situation,  n'empêchaient  pas  un 
prompt -relèvement  de  la  fortune  publique,  un  rapide  comble- 
ment des  brèches  faites  dans  les  trésors  particuliers.  Beaucoup 
de  ces  envahisseurs  s'établissaient  en  Gaule,  obtenaient  des 
concessions  de  terrains.  Le  gouvernement  même  prêtait  les 
mains  à  l'établissement  de  ces  colonies,  préparant  ainsi  l'invar 
sion.  Il  poussait  même  l'imprévoyance  jusqu'à  incorporer  dans 
l'armée  des  milliers  de  Barbares.  Il  germanisait  le  pays  et  les 
légions.  D'autre  part,  la  population  gallo-romaine  les  accueil- 
lait avec  sympathie,  et  leur  accordait  son  admiration  (Ij. 
On  affirme  que  les  chrétiens  se  montraient  particulièrement 
favorables  à  leur  égard,  qu'ils  les  appelaient  en  libérateurs  et 


(1)  On  disait:  les  Barbares  travaiUent  pour  nous.  Voyez  dans  Eumène  le  dis- 
cours ou  il  s'écrit  :  «  G  est  donc  pour  moi  que  labourent  maintenant  le  Gha- 
mare  et  le  Frison...  etc.  PhnégyriquB  de  ComUnce,  chap.  IX. 


Digitized  by 


Google 


—  50  — 

qu'ils  ne  furent  pas  étrangers  à  la  grande  insurrection  des  Ba- 
gaudes.  Un  jour  viendra  où  le  clergé  représentera  le  fléau  comme 
une  punition  du  ciel. 

En  notre  cas  particulier,  je  n'aperçois  nulle  part  —  et  per- 
sonne n'a  de  meilleurs  yeux  —  trace  profonde  des  Bagaudes 
chez  les  Santons  et  les  Bituriges  Vivisci.  Ces  brigands,  ramas- 
sis de  toutes  sortes  de  gens  sans  aveu,  de  paysans  révoltés  con- 
tre les  rigueurs  du  fisc,  ayant  à  leur  tète  des  soldats  déserteurs, 
ont  surtout  exercé  leurs  ravages  dans  les  provinces  de  l'Est  ;  on 
ne  les  voit,  du  moins,  aux  prises  avec  l'armée  régulière  |que 
dims  l'Est.  Les  paysans  de  nos  parages,  mieux  traités  ou  mieux 
contenus  restèrent-ils  tranquilles  ?  Aucune  bande  ne  s'est-elle 
avancée  jusqu'à  Mediolanum  ?  Je  ne  le  prétends  pas.  Je  dis  que 
si  nous  n'avons  pas  le  droit  de  nier  absolument  leur  passage, 
nous  n'en  avons  guère  davantage  à  leur  attribuer  la  destruction 
de  nos  villes  de  l'Ouest.  Sur  quelles  preuves  tablerions-nous?.. 
Nous  sommes  même  autorisés  à  demander  quel  grand  mal  ils 
ont  bien  pu  faire,  puisque,  deux  années  auparavant,  les  bandes 
Germaines  auraient  parcouru  la  Oaule,  la  torche  et  l'épée  à  la 
main,  pillant  et  exterminant  la  population  des  villes.  Cette 
assertion  prise  à  la  lettre,  les  Bagaudes  n'ont  pu  trouver  devant 
eux  que  vastes  solitudes  désolées,  pays  ruiné  de  fond  en  com- 
ble. Où  est  alors  l'intérêt  du  mouvement  séditieux  ?I1  y  a  cer- 
tainement exagération  d'un  côté  ou  de  l'autre,  peut-être  des 
deux  côtés.  Voilà  pourquoi  le  tableau  de  ces  temps,  assurément 
trèstroublés,  tels  qu'on  nous  le  trace,  me  semble  beaucoup 
trop  poussé  au  noir.  Vopiscus,  l'historien  des  événements  de 
cette  époque,  sur  lequel  ou  s  appuie  volontiers,  m'inspire  une 
très  faible  confiance.  Il  écrit  d'après  des  souvenirs  recueillis 
auprès  de  son  père.  C'est  un  hâbleur  —  il  est  Sicilien  —  ou  un 
gobeur,  afïligé  d'une  dose  de  crédulité  peu  commune.  Quand  il 
affîrme  que  Probus  a  tué  400.000  hommes  dans  une  seule  cam- 
pagne en  Oaule,  il  se  trompe  vraisemblablement  au  moins  d'un 
zéro,  fort  appréciable  en  pareil  cas,  et  quand  il  raconte  que  ce 
même  Probus  envoya  dans  une  seule  villa  2.000  vaches,  2000 
juments,  10.000  moutons  et  15.000  chèvres  prises  sur  l'ennemi, 
je  me  pose  la  question  de  savoir  s'il  est  plus  véridique  que  pour 
le  massacre  des  Barbares,  de  telle  sorte  que  son  témoignage, 
quand,  il  fait  parcourir  «  toute  la  Gaule  »  aux  Germains,  me 
devient  tout  à  fait  suspect. 

M.  C.  Juliian,  le  maître  si  autorisé  que  j'aime  le  mieux  à  con- 


Digitized  by 


Google 


-  51  - 

sulter  sur  les  choses  de  notre  histoire  romaine  régionale, 
compte  Bordeaux,  «  sans  contredit,  au  nombre  des  villes  pillées 
par  les  Germains,  et  il  place  de  préférence  à  cette  date  de  276 
sa  destruction  totale,,.  »  C'est  ce  qu'il  appelle  volontiers  «  les 
années  de  la  grande  invasion  »  (1).  J'incline  fortement  à  penser 
qu'il  se  trompe.  Bordeaux  ne  me  paraît  pas  avoir  beaucoup 
souffert,  pas  autant  que  Saintes  et  d'autres  villes,  car  cette  cité 
a  pu  rester  sur  place,  autour  de  son  port  ;  elle  n'a  pas  été  obli- 
gée, comme  Mediolanum,  de  se  déplacer,  parce  que  les  ruines 
étaient  très  habitales,  après  le  passage  du  sinistre.  La  population 
cosmopolite  de  la  ville  a  bien  pu  ménager  quelque  adoucisse- 
ment aux  rigueurs  des  Barbares.  Je  suis  frappé,  en  outre,  d'une 
coïncidence  bizarre.  A  Poitiers  et  à  Bordeaux  on  aurait  élevé, 
en  même  temps,  un  monument  commémoratif  d'une  victoire  : 
à  Poitiers  un  arc,  à  Bordeaux  un  autel.  Ledain  et  M.  Jullian 
parlent  Tun  et  l'autre  d'un  fragment  qu'ils  datent  de  295  à  305. 
Ledain  (2)  l'a  rencontré  dans  le  rempart  ;  M.  Jullian,  plus  avisé 
ou  plus  circonspect  ne  connaît  pas  la  provenance  certaine  de  la 
dédicace  à  la  victoire.  Fragment  et  autel  démontrent  néanmoins 
qu'à  la  fin  du  III^  siècle,  ces  deux  villes  n'étaient  pas  tellement 
ruinées  qu'elles  ne  pussent  pourvoir  aux  dépenses  superflues 
et  ériger  des  monuments  de  pure  flagornerie  à  l'égard  de  l'em- 
pereur. En  tout  cas,  le  fait  de  trouver  dans  une  muraille,  ré- 
putée du  III'  siècle,  un  débris  d'édifice  de  la  fin  de  ce  siècle,  est 
un  argument  sans  réplique  contre  la  construction  à  cette  même 
date.  Nous  trouverons  dans  nos  remparts  un  fait  présentant 
avec  celui-ci  une  certaine  analogie.  Si  Saintes  a  montré  au- 
tant de  zèle  et  de  reconnaissance,  nous  l'ignorons.  Aucune 
pierre,  jusqu'ici,  ne  paraît  se  rapporter  à  la  célébration  d'une 
victoire  impériale  à  la  fin  du  III*  siècle.  Nous  savons  seulement 
que  la  grave  catastrophe  à  la  suite  de  laquelle  les  Santons  ont 
été  obligés  de  descendre  sur  les  bords  de  la  Charente  n'est  pas 
survenue  avant  284,  ou,  pour  parler  avec  plus  d'exactitude, 
qu'en  284,  Mediolanum  n'était  pas  complètement  abandonné.  Un 
vase  de  terre  recueilli  dans  un  monceau  de  cendres,  rue  Albin 
de  Laage,  à  Saint-Vivien,  contenait  entre  autres  monnaies  un 
Numcrianus  (284).  La  petite  tire-lire  est  au  musée. 

(1)  Inscriptions j  II,  p.  296. 

(2)  Ledain,  lococitàto,  Bull,  mon.,  tome  XXIX,  p.  440.  Jullian,  Inscriptions^ 
I,  p.  80,  n,  p.  208, 


Digitized  by 


Google 


—  52  — 

Une  main  barbare  ou  un  accident  a-t-il  allumé  le  feu  qui  a 
consumé  la  maison  où  demeurait  le  propriétaire  de  ce  petit  tré- 
sor ?  Il  est  impossible  de  le  deviner  ;  acceptons  la  présomption 
de  Tacte  incendiaire.  Nous  sommes  assurés  qu'en  284  la  vie 
n*avait  pas  entièrement  quitté  ce  haut  plateau.  Gomme  on  ]ne 
saurait  admettre  a  priori  Tisolement  de  la  maison,  il  faut  croire 
à  l'existence  —  plus  ou  moins  précaire  mais  à  Texistence  —  de 
Mediolanum.  Je  suis  intimement  convaincu  que  notre  vieille 
cité  a  subi  une  série  d^assauts  répétés  qui  Tout  peu  à  peu  ren- 
due déserte.  Il  faut  tenir  compte  encore  de  la  destruction  de 
Taqueduc  qui  a  dû  lui  porter  le  coup  fatal. 

Cette  succession  d'assauts  n'est  pas  venue  uniquement  de 
terre.  La  Charente  a  probablement  apporté  les  plus  terribles 
pillards. 

J'accuse  les  Saxons  de  beaucoup  de  méfaits.  La  position  de 
nombreux  trésors,  la  fortification  du  bord  de  la  Gironde,  et  la 
créationtardivedes miti(esgaronnense5  (1),  milice  spécialement 
chargée  de  fermer  la  Gironde  aux  incursions  des  pirates,  donne 
quelque  poids  à  cette  conjecture.  Si,  en  effet,  on  relève  sur  la 
carte  des  côtes  de  France,  les  localités  de  TOuest  dans  lesquel- 
les on  a  trouvé  des  dépôts  de  monnaies  (2j,  on  verra  qu'ils  se 
répartissent  surtout  près  des  rives  des  fleuves  et  sur  une  zone 
peu  éloignée  des  côtes.  Le  seul  trésor  important  de  la  Cha- 
rente-Inférieure est  celui  de  La  Rouillasse  (3)  près  Soubise,près 
la  Charente,  par  conséquent.  Les  pièces  les  plus  récentes  datent 
de  Postume.  En  Vendée,  les  monuments  du  même  empereur 
abondent  dans  l'arrondissement  des  Sables.  Dans  la  Gironde, 
les  rives  de  la  Gironde,  de  la  Garonpe  et  de  laDordogne  fournis- 
sent une  certaine  quantité  de  bronzes  de  Postume,  Tetricus,  Au- 
rélien.  Si  on  veut  remonter  plus  près  des  ports  d'attache  des 
pirates,  dans  le  nord,  on  fera  les  mêmes  observations.  Ces  har- 
dis voleurs  étaient  devenus  si  dangereux  et  si  nombreux  qu'il 
fallut  créer  un  corps  spécial  de  police,  ce  sont  les  milites  Ga- 
ronnenses  qui  tenaient  garnison  à  Blaye.  M.  Jullian  place  cette 
institution  à  la  fin  du  III«  siècle  (4).  C'est  possible  :  de  tous 


(1)  Cf.  JuUian, /nier ipd'oiu,  IL 

(2)  Cr.  Blanche t,  L<«  Trésors.  Malheureusement  cette  liste  est  très  incom- 
plète. Bien  des  petites  trouvailles  n'y  fièrent  pas. 

(3)  Cf.  Recueil  de  U  Commission^  t.  XV,  p.  196. 

(4)  Inscriptions f  t.  II,  p.  207  «  vers  Tan  300  »  ou  sans  constatation,  p.  39S, 


Digitized  by 


Google 


—  53  — 

temps  les  gendarmes  arrivent  trop  tard,  je  veux  dire  que  les 
organisations  contre  les  grands  maux  publics  ne  sont  jamais 
décidées  qu^après  les  malheurs  arrivés.  Nous  avons  un  point  de 
repère  cependant,  un  indice:  le  gouvernement  n*a  pas  at- 
tendu l'extrême  fin  du  IIP  siècle.  Ces  audacieux  barbares  in- 
quiétèrent Dioclétien  (284-302)  et  Maximien  Hercule  (286-305). 
Maximien  réunit  une  flotte  à  Boulogne  sous  le  commandement 
de  Garausius,  ancien  rameur  dans  la  chiourme  des  galères 
impériales,  rusé  parvenu  qui  trouva  bon  de  laisser  passer 
tous  les  bateaux  saxons,  de  ne  les  arrêter  qu'à  leur  retour, 
chargés  de  butin  et  de  partager  avec  eux.  Oe  procédé  franche- 
ment canaille  lui  valut  du  reste  les  poursuites  de  l'empereur, 
mais  le  moyen  de  prendre  la  pourpre  (286-293^.  Trésors,  milice, 
flotte,  me  semblentdes  signes  certains  de  Timportance  de  l'inva- 
sion saxonne,  et,  par  conséquent,  des  maux  qu'elle  répandait 
partout  où  elle  s'arrêtait. Les  voies  fluviales  lui  étaient  ouvertes, 
elle  pouvait  s'y  engager  presque  sans  risques.  Rapprochons 
ces  trois  faits  de  284,  date  d'un  incendie  à  Saintes,  et  la  pré- 
somption naîtra  dans  notre  esprit  que  l'élément  pirates  doit  être 
compté  au  nombre  des  facteurs  de  la  destruction  de  Mediola- 
num. 

Un  point  délicat  à  élucider,  c'est  le  moment  de  la  construction 
des  murailles.  Nous  venons  de  déterminer  approximativement 
l'heure  sinistre  de  la  débâcle,  il  reste  à  trouver  l'heure  du 
transfert  de  la  ville.  M.  JuUian  (1)  et  autres  savants  n'hésitent 
pas  à  placer  ce  gros  événement  aux  approches  de  l'an  300,  sans 
franchir  cette  limite,  «  à  la  veille  de  Tan  300  »  dit-il. 

On  accorde,  il  me  semble,  à  la  population  gallo-romaine, 
après  une  commotion  aussi  violente,  un  ressort  dont  elle  ne 
paraît  guère  capable.  C'est  la  croire  prête  à  sortir  tout  d'un  coup 
de  sa  torpeur,  à  recouvrer  une  énergie,  une  vigueur  d'âme  et  de 
corps  à  laquelle  elle  n'était  plus  habituée  depuis  bien  des  an- 
nées. Là  encore  on  méconnaît  les  difficultés  de  la  position,  et 
on  va  un  peu  vite. 

Avant  de  penser  à  abandonner  leur  cité,  avant  de  sacrifier  leurs 
maisons,  leurs  temples  et  leurs  édifices,  les  magistrats  ont  cer- 
tainement examiné  la  question  de  savoir  si  une  réparation  était 
impossible.  L'idée  d'une  restauration  a  dû  germer  dans  leur 
esprit.  C'est  l'idée  naturelle,  le  parti  adopté  à  l'égard  des  villas, 

(1)  Inscriptions,  II  p.  294  et  589. 


Digitized  by 


Google 


-  54  - 

le  plus  prompt,  le  plus  économique.  Les  gallo-romains  les  re- 
construisirent presque  toutes  en  les  fortifiant. 

La  résolution  d'abandonner  complètement  Mediolanum  a 
donc  du  être  prise  in  extremis,  après  tentative  et  même  plu- 
sieurs tentatives  de  restauration.  Le  contraire  parait  une 
anomalie.  Je  me  figure  que  les  Santons  ne  pouvaient  guè- 
re s'arrêter  à  une  décision  différente,  faute  de  ressources 
en  hommes  et  en  argent.  Plus  tard,  quand  les  années  de  paix 
auront  rétabli  l'ordre  dans  les  finances  privées  et  publiques, 
repeuplé  les  cités,  quand  les  idées  se  seront  modifiées  en  ce  qui 
touche  la  religion,  il  sera  permis  d'entreprendre  ce  gigantesque 
travail  de  clôture,  de  démolir  les  monuments,  d'en  apporter  les 
pierres  autour  d'une  nouvelle  enceinte.  Auparavant  on  les 
restaurera  le  mieux  possible. 

Qu'on  ne  m'accuse  pas  de  faire  du  sentiment,  de  prendre  de 
parti  pris  le  contre-pied  de  l'opinion  aujourd'hui  adoptée  pres- 
que partout  ou  de  laisser  la  bride  sur  le  cou  à  mon  imagination. 
Nous  avons  un  exemple  qui  établit  la  «  mentalité  >  de  l'époque. 
Augustodunum  (Autun)  a  subi  deux  sièges  (lj,run  vers  270, 
l'autre  vers  285,  à  l'époque  même  où  nous  constatons  un  incen- 
die à  Saintes  (2j.  Nous  connaissons  parfaitement  en  gros  les 
suites  de  ce  (ait  de  guerre  ;  les  discours  d'un  éduen,  le  rhéteur 
Eumène,nous  renseignent  sur  les  efïetsde  la  catastrophe  et  les 
moyens  employés  pour  y  remédier.  Le  désastre  est  complet: 
les  temples,  les  édifices  sont  renversés,  les  survivants  rares. 
Que  décident-ils?  quelles  mesures  l'empereur  édicte-il?  Est-ce 
la  création  d'une  ville  nouvelle?  Va-t-on  créer  la  petite  ville 
connue,  close  d'un  côté  avec  un  mur  en  matériaux  de  démoli- 
tions et  sur  deux  par  les  m.urs  déjà  existants?  Pas  le  moins  du 
monde.  On  attend  des  jours  meilleurs  et  surtout  du  secours. 
Les  ruines  restent  là,  les  malheureux  échappés  au  désastre 
campent  où  ils  peuvent,  condamnés  aux  regrets  et  à  Tinaclion. 

Leurs  forces,  trop  faibles,  les  obligent  à  ne  rien  entreprendre. 
Constance  Chlore  part  (296)  pour  la  Grande-Bretagne  et  il  en 
ramène  les  ouvriers  qui  répareront  les  temples,  les  maisons, 
les  édifices.  Les  légions  participent  aux  travaux  :  elles  rétablis- 


(1)  Cf.  H.  de  Fontenay  et  de  Charmasse,  Aulun  et  ses  monuments. 

(2)  Une  autre  ville,  Evreux,  a  subi  un  désastre  en  282,  daté  par  le  fameux 
trésor  de  112.000  pièces,  dans  lequel  se  trouvaient  4.400  monnaies  de  Probus. 


Digitized  by 


Google 


-  55  - 

sent  les  égouts  et  construisélit  de  nouveaux  aqueducs  (1).  Il 
n'est  parlé  ni  de  restauration  des  anciennes  murailles  ni  d'en 
bâtir  de  neuves.  Eumëne  aurait-il  oublié  ce  détail?  personne 
ne  le  croira.  Aurait-il  négligé  de  faire  allusion  i  un  déplace- 
ment? C'est  encore  moins  présumable.  Ainsi,  les  ruines  gisent 
sur  place,  abandonnées  pendant  dix  ans  et  plus.  Cet  exemple 
me  paraît  significatif  :  il  caractérise  Tétat  des  esprits,  il  précise 
Tangle  exact  sous  lequel  on  envisage  la  situation.  La  population 
gallo-romaine  ruinée,  réduite,  est  impuissante  à  rien  faire  par 
elle-mèmt  ;  il  lui  faut  un  secours  —  un  secours  que  Ton  est 
obligé  de  requérir  très  loin.  —  Le  renfort  arrivé,  on  ne  songe 
pas  encore  à  quitter  le  pauvre  foyer  si  dévasté,  on  le  met  en 
état.  Certes,  les  réparations  dissimulent  mal  les  dégâts,  Taspect 
de  la  ville  reste  lamentable,  Constantin  ne  pourra  retenir  ses 
larmes  lorsquMl  visitera  Augustodunum  en  311;  ce  n'est  plus 
la  belle  ville  dont  nous  pouvons  aujourd'hui  soupçonner  la 
splendeur  ;  ce  n'est  plus  la  ville  de  deux  cents  hectares,  mais 
ce  n*egt  pas  encore  celle  de  dix  ;  elle  compte  vingt-cinq  mille 
habitants  (2)  qui  auraient  difficilement  trouvé  le  gîte  dans  le 
coin  étroit  où  se  forma  la  ville  neuve  ou  castrum.  Il  n'est  pas 
admissible,  d'un  autre  côté,qu'Eumène  eût  tant  pressé  Constan- 
tin de  venir  à  Autun,  si  la  cité  avait  été  réduite  à  un  simple 
camp  retranché  défendu  par  un  mur  composé  des  débris  des 
antiques  monuments  d'Augustodunum.  Enfin,  tous  les  temples 
n'avaient  pas  été  abattus,  puisque  l'orateur  éduen, inébranlable 
dans  sa  foi  païenne,  sollicite  Tempereur  de  sacrifîer  à  Apollon. 

Quelles  raisons  auraient  poussé  les  autres  villes  de  Gaule  a 
agir  différemment?  Un  état  stationnaire,  d'attente,  de  réflexion, 
et  de  désarroi,  a  dû  succéder  aux  agitations  de  la  période  que 
j'appellerai  révolutionnaire.  Les  embarras  qui  paralysaient  les 
Autunois  se  répétaient  sans  doute  ailleurs.  Voilà  mon  sentiment  ; 
il  s'éloigne  beaucoup  de  celui  des  savants  les  plus  autorisés,  je 
l'avoue.         • 

Sous  l'influence  d'un  souvenir  grec  (3),  bien  inutile,  on  a 


(1)  H. de  Fontenay  et  A.  de  Charmasse,  Auluriy  p.  67  ;  Tillemont,  Les  empe- 
reurs^ t.  IV,  p.  28. 

(2)  H.  de  Fontenay,  opns  cit. y  p.  74. 

(3)  Moi-même  je  l'ai  dit  jadis  !  Mea  culpa  !  Pourquoi  évoquer  l'invasion  des 
Perses,  ressemblant  si  peu  à  celle  des  Barbares,  et  remonter  si  haut  quand 
on  sait  qu'à  Rome,  à  la  suite  d'incendies  et  autres  causes  de  démolition,  on 


Digitized  by 


Google 


-  56  — 

admis  et  répété,  sans  discussion,  Tidée  de  gens  affolés,  éperdus 
de  frayeur,  entassant  en  grande  hâte,  indistinctement  les  pierres 
les  unes  sur  les  autres.  Les  ouvriers,  au  contraire,  maîtres  de 
leur  temps,  dans  des  chantiers  très  étendus  (1),  faisaient  leur 
besogne  avec  ordre  et  réflexion  (2),  prenant  la  peine  de  tailleries 
reliefs  trop  proéminents,  d'aligner  chaque  pierre,  de  caler  soi- 
gneusement (à  Saintes,  avec  des  fragments  de  bronze),  d'éviter 
les  vides  le  plus  possible,  d'assurer  une  stabilité  et  une  soli- 
dité à  toute  épreuve.  On  a  même  prétendu  observer  que  les 
entablements  étaient  aux  assises  inférieures  et  les  bases  de 
colonnes  aux  assises  supérieures  (3).  Je  ne  sais  si  cette  obser- 
vation s'est  vérifiée  partout^  Elle  prouverait  que  les  monuments 
n'étaient  pas  détruits  au  moment  des  travaux.  Les  vues  prises 
en  1887  par  Mgr  Laferrière  (4),  à  Saintes,  démontrent  un  pêle- 
mêle  plus  apparent  que  réel  ;  chaque  pierre  occupe  une  place 
choisie,  lui  convenant  à  merveille.  J'ai  vu  à  Périgueux  le  même 
soin.  La  solidité  des  murs  est  telle  qu'on  a  pu  enlever  le  noyau 
du  massif  sans  faire  écrouler  les  bords.  A  Poitiers,  Ledain  a 
constaté  une  galerie  identique,  construite  en  plein  mur  romain, 
la  première  assise  du  blocage  supérieur  formant  plafond  (5). 
Sansas,  à  Bordeaux,  parle  d'une  cohésion  semblable,  d'escaliers 
creusés  comme  dans  la  roche  naturelle  (6).  La  vérité  est  que 
l'emploi  de  ces  gros  blocs  répond  à  une  double  nécessité  d'art 
militaire  et  d'économie.  On  les  a  jetés  dans  les  fondations,  sur 
lesquelles  le  mur  au  petit  appareil  viendra  se  poser,  au  lieu  de 
laisser  des  ruines,  à  côté  des  murailles,  gênantes  pour  la  défense, 


reconstruisait  en  utilisant  les  vieux  matériaux  sculptés  et  g^ravés.  En  Algérie, 
de  nos  jours,  on  a  bâti  des  murailles  avec  les  édifices  romains. 

(1)  La  preuve  en  est  dans  la  dispersion  des  blocs.  Des  morceaux  se  complé- 
tant se  retrouvent  à  plusieurs  mètres  des  uns  des  autres,  ce  qui  suppose  plu- 
sieurs équipes  transportant  au  même  moment  les  pierres  d'un  même  monu- 
ment en  différents  endroits. 

(3)  Cf.  T>f  Galy,  Vésone  et  ses  monuments^  dans  Congrès  archéologique^ 
XX«  session  ;  —  de  M.  de  Fayolle  une  observation  dans  le  Bulletin  de  U  so- 
eiéii  des  anliq.,  de  France ^  1898,  p.  146,  et  Bulletin  de  U  société  hist.  du  Pé- 
rigord,  t.  XXVI,  p.  35. 

(3)  Bulletin  de  U  société  hist.  du  Périgord,  1889,  p.  56. 

(4)  Voir  Vhrt  en  Sàintonge. 

(5)  Mémoires  de  U  société  des  Antiq.  de  l'ouest.  Bull,  mon.y  t.  XXXIX. 
p.  223. 

(6)  La  Gironde,  12  juin  1865:  Soc.  Archéol.,  de  Bordeaux,  t.  IV,  p.  177.  Jul- 
lian,  Inscriptions,  II,  p.  286. 


Digitized  by 


Google 


—  57  - 

favorables  à  Tattaque.  Là  où  on  n'avait  pas  de  ces  vieux  maté- 
riaux tout  prêts,  on  a  apporté  des  pierres  neuves  de  grandes 
dimensions  (1).  Cette  base,  ce  socle,  ont  besoin  d'être  épais, 
très  résistants,   inébranlables,  les  ingénieurs  veulent  en  un 


^JUf 


Saintes.  —  Thbiuibs  db  Sa»t  Saloinb  (deux  époques). 

mot,  empêcher  TefTet  du  choc  des  machines  de  guerre  et  de  feu. 
On  a  soutenu  que  le  manque  de  fondations  était  un  indice  de 
hâte.  C'est  une  erreur.  L'absence  de  fondations  résulte  d'un  sys- 


(1)  A  Angers.  Cf.  Congrès  arehéoLj  XXIX,  p.  40.  A  Sens,  le  mur  se  com- 
pose d'un  blocage  très  dur,  parementé  avec  les  pierres  en  grand  appareil. 
(Cf.  BttlUtin  archéoL,  i»03). 


Digitized  by 


Google 


—  58  — 

tème  :  elles  étaient  inutiles  avec  des  matériaux  aussi  lourds, une 
épaisseur  de  murs  aussi  forte,  quatre  ou  cinq  mètres.  Il  est  bon 
de  rappeler  que  tout  ce  travail  demanda  beaucoup  de  temps  et 
d*application,  une  main-d'œuvre  énorme.  Le  maniement  de  ces 
gros  blocs,  qui,  suivant  une  heureuse  remarque  a  éveillent 
chacun  Tidée  d'une  difficulté  vaincue  »,  exigeait  une  somme 
d'efforts  constants,  une  force  de  bras  et  de  machines  consi- 
dérable qui  excluent  toute  précipitation.  Et  ce  n'est  pas  tout  !  Par 
dessus  cette  large  base,  il  a  fallu  monter  une  muraille  et  des 
tours,  en  briques  et  petit  appareil,  hautes  de  huit  mètres,  sur 
une  longueur  de  huit  cents  mètres  et  peut-être  le  double  à 
Saintes.  Oe  long  et  coûteux  travail  n'a  évidemment  pu  être 
entrepris  et  terminé  que  pendant  une  période  de  paix.  La  pre- 
mière moitié  du  IV'  siècle  (1),  la  Gaule  jouit  d'un  calme  relatif. 
Les  gallo-romains  ont  alors  tout  le  loisir  de  consacrer  à  la 
défense  de  nouvelles  cités  contre  l'ennemi  héréditaire  des 
monuments,  des  temples  dont  les  dieux  sont  délaissés  définiti- 
vement. La  richesse  est  revenue,  au  point  que  je  ne  sais  quel 
auteur  affirme  que,  de  son  temps,  il  n'y  avait  pas  un  seul  men- 
diant. 

Au  surplus,  il  est  évident  que  le  travail  gigantesque  de  for- 
tification des  villes  de  Gaule  ne  s'est  point  accompli  simulta- 
nément partout,  la  même  année.  Les  finances  publiques  n'y 
auraient  pas  suffi.  On  a  dû  en  répartir  les  frais  sur  une  période 
assez  longue.  Il  est  fort  possible  que  l'idée, ayant  germé  à  la  fin 
du  IIP  siècle,  sous  Dioclétien  par  exemple,  n'ait  été  mise  en 
œuvre, d^une  façon  générale,  qu'au  IV*.  Les  villes  principales, 
surtout  les  villes  frontières,ont  probablement  reçu  les  premières 
transformations. 

Contre  cette  théorie, les  objections  ne  manquent  pas  :  absence 
d'inscriptions  postérieures  à  258  ;  monnaies  des  trésors  ne  dépas- 
sant pas  le  dernier  quart  du  III*  siècle  ;  Dijon  fortifiée  par  Aurc- 
lien  (or  les  murs  de  Dijon  contiennent  des  débris  de  monuments); 
siège  de  Langres  par  Chrocus  ;  Constance  Chlore  obligé  de  se 
faire  hisser  par  dessus  les  murs  de  cette  ville  en  297  ou  301  (2); 


(1)  C'est  Topinion  de  Quicherat.  Cf.  Revue  des  toc.  sAVunleSy  1883,  VI,  p. 
61.  Schuermans  (opuê  cit.)  a  cité  une  pkrase  de  Télradius,  contemporain 
d'Ausone  et  de  Sidoine  ApoUinaire,  tendant  à  prouver  Tezistence  à  Saintes 
de  murs  au  IV*  ou  au  V«  siècle ,  ce  que  personne  ne  met  en  doute. 

(3)  Lenain  àf  Tillemont,  Hisi.  des  empereurs^  t.  IV,  p.  18. 


Digitized  by 


Google 


-  59  - 

fiens  résistant  aux  Barbares  en  356  (les  murs  de  Sens  (1)  conte- 
naient une  grande  quantité  de  matériaux  provenant  d'édifices 
romains)  ;  enfin  les  fameux  vers  d'Ausone  si  souvent  cités  : 

Quadrua  murorum  species  sic  turribus  allis 
Ardua  ut  aerias  intrent  fastigia  nubes, 

paraissent  fournir  la  preuve  indiscutable  de  la  construction  à  la 
fin  du  IIP  siècle. 

Ce  faisceau  de  raisons,  en  apparence  très  solides,  ne  par- 
viennent pas  à  ébranler  mes  hésitations. 

La  légende  de  Constance  Chlore  monté  en  mannequin  le  long 
des  murailles  de  Langres  et  celle  de  saint  Didier  concernant  le 
siège  de  cette  ville  par  Chrocus  émanent  du  domaine  de  la 
légende.  Le  martyr  de  Didier  doit  être  reporté  au  V*  siècle 
d'après  les  récents  historiens  et  Chrocus  serait  une  simple  per- 
sonnification des  dévastateurs  (2).  L'ascension  de  Chlore  fournit 
un  sujet  de  tableau  pittoresque  mais  non  pas  un  argument  en 
faveur  des  murailles  du  IIP  siècle.  Langres  comme  Autun,  pou« 
vait  être  fortifiée  antérieurement. 

Les  archéologues  dijonnais  sont  divisés  sur  la  question  de 
savoir  si  les  murs  où  Ton  retrouve  des  débris  romains  sont  bien 
ceux  d'Aurélien,  dont  parle  Grégoire  de  Tours,  ou  si,  au  con- 
traire, Grégoire  ne  parle  pas  de  murs  reconstruits  plus  tard  (3). 
L'absence  d'inscriptions  postérieures  au  deuxième  tiers  du  III* 
siècle  créerait  une  présomption  plus  solide,  si  nous  n'avions  par 


(1)  Cf.  Bulletin  Arehéol.,  1903.  Le  Rapport  de  l'abbé  Ghartraire  sur  les  der- 
nières fouilles  pratiquées  dans  les  remparts  de  Sens. 

(2)  Cf.  A.  de  Barthélémy,  Campagne  d'AttiU. 

(3)  Noël  Gamier,  Dijon-Beunney  p.  4  et  6.  A  Besançon,  on  admet  la  con- 
struction des  murailles  par  les  Burgondes  (BalUtin  arehéol.,  du  Comité^  1897, 
p.  139.  A  Arles,  on  attribue  à  une  époque  plus  récente,  au  VIII*  siècle,  les 
murs  dans  lesquels  on  a  découvert  en  1903  de  très  beaux  débris  d*édifices 
romains.  (Chronique  'des  Arts,  7  mars  1903}.  Dans  le  roman  de  Tersin,  il  est 
précisément  dit  que  les  Sarrasins  fortifièrent  Arles.  Romania,  1872,  p.  66. 
M  Véran  {Bulletin  archéologique,  1903,  2*  liv.,  p.  217}  avance  beaucoup  plus 
près  de  nous,  la  construction  de  ces  murs,  puisqu'il  reconnaît  dans  certains 
fragments  des  pierres  ayant  appartenu  à  l'Arc  Admirable,  lequel  n'aurait  été 
détruit  qu'en  1263.  On  sait  d  autre  part  que  M.  Véran  a  daté  de  Constantin 
une  partie  des  remparts  d'Arles  et  que  Théodore  III  les  répara. 

11  est  bon  d'ajouter  que  M.  l'abbé  Thédenat  {ibid,,  p.  64}  dans  son  rapport 
sur  le  mémoire  de  M.  Véran  ajoute  «  théorie  ingénieuse  qui  est  encore 
sujette  à  discussion.  » 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  60  — 

ailleurs  le  moyen  de  suppléer  à  ce  défaut  d'information. On  con- 
sidère Tinscription  de  258  de  Bordeaux  comme  la  plus  récente. 
En  Angleterre,  on  possède  une  inscription  a  qui  ne  descend  pas 
plus  bas  que  Tannée  275  environ  (1).  A  Saintes,  la  tire-lire  dont 
j'ai  déjà  parlé  donne  une  monnaie  de  284.  Enfin,  si  vraiment 
la  dédicace  de  la  victoire,  à  Bordeaux,  et  le  fragment  d'arc  de 
Poitiers,  provenant  des  remparts,  sont  bien  datés  de  295-305, 
nous  voilà  avertis  que  Tépigraphie  n'a  pas  dit  son  dernier  mot. 

Et,  en  effet,  de  notoriété  publique,  les  démolitions  des  murailles 
ont  été  faites  jusqu'à  nos  jours  au  mépris  complet  de  toute  pré- 
occupation archéologique  ;  les  entrepreneurs  et  les  industriels  (2) 
ont  mis  en  moellons  ou  bien  ont  conduit  au  four  à  chaux  de  beaux 
et  bons  morceaux  de  sculpture.  L'intendant  de  Reverseaux  fai- 
sait creuser  des  lavoirs  dans  les  plus  gros  chapiteaux,  au  grand 
scandale  de  Bourignon;  la  Révolution  a  transformé  en  colonne 
commémorative  des  fûts  de  colonnes  romaines,  arrachés  des 
murailles.  Si  le  marteau  du  maçon  n'épargne  pas  nos  meilleurs 
pierres,  comment  une  modeste  inscription,  mutilée  et  brisée  la 
plupart  du  temps,  aurait-elle  trouvé  grâce  devant  l'indifférence 
générale  ?  Une  révélation  est  encore  possible.  Saintes  et  Péri- 
gueux  —  Périgueux  surtout  —  possèdent  des  centaines  de 
mètres  cubes  de  murailles  inexplorées,  du  sein  desquelles  il 
n'est  pas  téméraire  d'espérer  de  voir  syrgir  un  document  pos- 
térieur à  258. 

Quant  aux  vers  d'Ausone  célébrant  les  hautes  tours  des 
murailles  de  Bordeaux,  et  son  plan  rectangulaire,  ils  pourraient 
avoir  le  sens  qu'on  leur  attribue,  c'est-à-dire  se  référer  à  une  ville 
bâtie  à  la  fin  du  IIP  siècle,  s'ils  avaient  été  écrits  au   commen- 


(1)  Ledain,  Contre»  archéol.<,  1894,  Veneeinle  romaine  de  Saintes^  p.  203. 

(3)  Sur  l'exploitation  des  mura  romain8,yoyez  XVI*  Congrès  arehéol.,\A*  ses- 
sion, p.  51  ;  Revue  archéoL,  1882,  p.  264  ;  Chaudruc  de  Grazannes,  Antiquités, 
p.  19  ;  Lallier,  Reeherehea  sur  les  murailles  ffallo-romainês  de  Sens, 

Au  Mans,  on  démolit  deux  toura  romaines,  au  commencement  du  XIX*  siè- 
cle, on  ne  pense  ni  4  déchiffrer  ni  4  conserver  les  inscriptions.  Renouard, 
Maisons  hist 

Il  est  4  noter  qu'4  Saintes  on  démolit  nos  mura  depuis  trois  siècles.  Malgré 
la  surveillance  de  Veyrel,  combien  de  pierres  n'ont  pas  disparu  dans  les  tra- 
vaux de  de  Pemes  !  SousjLouis  XIV,  Masse  a  vu  détruire  c  mal  à  propos  nom- 
bre de  pans  de  mura...  »  Peraonne  ne  s'intéressait  alora  aux  inscriptions.  Au 
XIX*  siècle  on  a  cherché  plutôt  les  beaux  morceaux  que  les  utiles  indications. 
Cette  fâcheuse  incurie  n'est  pas  spéciale  à|Saintes. 


Digitized  by 


Google 


-161- 

cernent  du  IV*  siècle,  alors  qu'Âusone  avaitvingt-cinq  ou  trente 
ans.  Mais  ils  ont  été  écrits  beaucoup  plus  tard,  en  379  ou  après 
379,  puisque  le  poète  se  qualifie  de  consul.  Par  conséquent,  ils 
ont  juste  la  valeur  descriptive  etélogieuse  du  reste  du  morceau. 
En  tout  cas,  on  ne  s'explique  pas  pourquoi  le  poète  n*a  jamais 
fait  allusion  à  un  Bordeaux  plus  grand.  Ëumène,  très  voisin  de 
la  catastrophe  qui  emporta  Âutun  n'y  manque  pas  (1). 


"T^— -^^1^- 


Saiiitbs.  —  Tbbrkbs  db  Saint  Salocib  (troiiième  époque). 

La  muse  du  poète  aurait-elle  volontairement  chassé  le  sou* 
venir  attristant  (2)  de  «  Tannée  terrible»  ?  En  fait,  elle  a  horreur 
de  la  mélancolie  ;  elle  est  d'humeur  joyeuse. 


(1)  Et  G.  JuUian.  ii  atone  et  Bordeaux. 

(2j  D'après  M.  Jullian  {In$eription»f  II,  p.  393),  Auione  ne  rappelle  pas  cet 
temps  de  g^randeur  déchue  parce  qu'ils  étaient  trop  éloignés  de  lui.  Il  n'a  pM 
connu  d'autre  Bordeaux  que  le  castra  m  enfermé  de  tous  côtés  par  de  solides  mu- 
railles. Ausone  n'a  pu  ignorer,cepeadant,la  ruine  de  sa  viUe  natale.  Il  était  trop 
instruit  pour  ne  Tavoir  pas  appris,  ne  serait-ce  que  par  les  piliers  de  TuteUe 
restés  debout,  sous  ses  yeux. 


Digitized  by 


Google 


—  62  ^ 

Un  dernier  mot  liie  reste  à  dire  sur  ce  sujet  déjà  longuement 
développé.  J'ai  souvent  entendu  tirer  argument  du  chaînage  de 
briques  établi  dans  le  mur  en  petit  appareil  qui  s'élevait  au-des- 
sus de  la  base  en  gros  blocs.  On  veut  le  produire  comme  argu- 
ment décisif.  Il  n'est  pas  plus  convaincant  que  les  précédents, 
par  la  raison  que  l'emploi  de  la  brique  a  duré  plusieurs  siècles 
après  le  IIP.  A  Saintes  mème,nou8  ca  avons  la  preuve.  On  a  res- 
tauré plusieurs  fois  les  thermes  et  chaque  fois  on  a  placé  des 
rangs  de  briques  entre  les  moellons. 

Mgr  Laferrière  a  fait  des  observations  très  précieuses.  Il 
a  vu  dans  l'intérieur  de  la  muraille,  entre  deux  parements 
de  gros  blocs,  un  mur  d'un  mètre  vingt  d'épaisseur  en  petit 
appareil,  calciné  sur  plusieurs  points^  «  refait  en  parti  après 
l'incendie  avec  des  moellons  plus  grossiers  et  des  rangs  de 
briques  intercallés  »  (1).  C'est  exactement  l'appareil  d*un  pan 
de  mur  à  la  Porte  Aiguière,  et  la  restauration  d'une  portion  des 
thermes  de  Saint-Saloine.  La  conclusion  à  tirer  de  ce  fait  indé- 
niable c'est  que  le  mur  à  débris  est  postérieur  au  III*  siècle.  Si 
une  autre  observation  plus  singulière  encore  se  vérifie,  si  vrai- 
ment ce  mur  contenait  et  contient  des  blocs  provenant  des 
arènes  (2),  nous  voilà  repoussés  à  une  époque  invraisemblable, 
parce  qu'il  est  établi  que  partout  les  mérovingiens  ont  donné 
des  fêtes  dans  les  amphithéâtres  réparés  (3j.  Ainsi  pourrait  se 
justiGer  l'afTirmation  bien  déconcertante  de  Masse  qui  a  remar- 
qué des  c  pierres  gothiques  »  dans  les  murs  (4).  En  somme, 
Masse  peut  dire  vrai  sans  que,  cependant,  nous  déduisions  de 
sa  parole  un  argument  en  faveur  d'une  construction  au  VII*  ou 
VIII*  siècle  et  notre  esprit,  habitué  à  raisonner  autour  de  trois 
et  quatre  se  révolte,  avec  raison,  contre  une  pareille  attribution. 


(1)  Congrès  arcAéoI.,  1884,  p.  189. 

(3)  Ibidem,  p.  190.  M.  Laferrière  n'en  a  pas  mis  de  côté. 

(3)  BAtissier,  Histoire  de  Vart  monamenUl  dans  l'antiquité,  dom  Bouquet, 
t.  II,  p.  243.  Grégoire  de  Tours,  Histoire,  tit.  V,  ch.  XVIII,  Lavisse,  Hist.,de 
France,  t.  II,  p.  303. 

(4)  Dangibeaud  et  Proust,  Saintes  à  U  fin  du  XIX^  siècle,  i.  I,  p.  34  :  c  Mais 
tous  ces  débris  n  ont  pas  été  tirés  du  même  édiûce,  comme  on  le  juge  par  la 
différence  des  ordres,  car  il  y  a  quelques  morceaux  qui  sont  d'architecture 
gothique,  provenus  des  démolitions  de  temples  chrétiens  et  ils  ne  sont  em- 
ployés et  remis  en  œuvre  que  sur  ceux  des  temples  et  bâtiments  despayens  ». 
Je  ne  sache  pas  que  l'on  ait  trouvé  de  pierres  mérovingiennes  dans  nos  rem 
parts. 


Digitized  by 


Google 


—  63  — 

Nos  murs  ont  été,  en  effet,  remaniés,  au  moye|i  âge,  au  moins  en 
quelques  endroits  (1).  La  bulle  de  plomb,laplaque  de  même  métal 
ayant  servi  à  essayer  un  coin  de  monnaie  médiévale  rindiquent{2) . 
Les  pierres  de  Tamphithéâtre  ont  bien  pu  y  être  introduites  à 
cette  même  époque,  ainsi  que  des  pierres  de  monuments  méro- 
vingiens, en  supposant  que  Masse  ne  se  soit  pas  trompé.  Je  ne 
suis  pas  éloigné  de  croire  qu'en  effet  aux  VII*  ou  VIII'  siècles, 
de  grands  travaux  ont  été  effectués  à  Saintes,  terrassements  de 
8aint-Saloine,  comblement  des  puits,  appropriation  de  ruines 
romaines  au  culte  chrétien.  Je  suis  encore  plus  près  de  croire 
cependant  que  ces  pierres  d'amphithéâtre  ne  sortent  pas  de 
«  nos  arènes.  »  Est-il  possible  d'admettre  que  Mediolanum 
n'ait  pas  eu  de  théâtre  ?  Où  était-il  ?  Personne  n'en  a  jamais 
vu  la  trace.  N'aurait-il  pas  été  démoli  lorsque  l'on  a  bâti  les 
murailles? 

En  résumé,  la  grande  controverse  sur  les  remparts  gallo-ro- 
mains formés  avec  des  débris  d'édifices,  loin  d'être  close  après 
cinquante  ou  soixante  ans  de  discussion,  reste  obscure  en  dépit 
des  beaux  travaux  fournis  par  les  savants  les  plus  distingués. 
La  lumière  n'est  pas  faite.  La  un  du  III*  siècle  parait  trop 
éloignée,  le  V*  siècle  trop  près,  il  faut  donc  adopter  le  IV*. 
Pour  beaucoup  de  villes  là  doit  être  la  vérilé.  En  tout  cas,  tout 
le  monde  tombe  d'accord  pour  dire  que  vers  356  «  l'œuvre  était 
achevée  »,  la  Gaule  était  «  hérissée  »  de  places  fortes  et  de  châ- 
teaux forts. 

Vains  efforts!  Calculs  déçus!  Les  énormes  remparts  n'arrê- 
teront pas  une  minute  les  envahisseurs  de  405  qui,  dans  une 
suprême  poussée,  jetteront  bas  les  derniers  vestiges  de  l'empire 
romain. 

(A  suivre).  Ch.  Dangibeaud. 


(1)  Les  grosses  réparations  dans  des  murs  si  énormes  s'expliquent  par  des 
affaissemenls  partiels  qui  pouvaient  se  produire  à  cause.de  Tabsence  de  sa 
fondation. 

(3)  L*une  et  l'autre  sont  an  musée.  Nous  ne  savons  malheureusement  pas  4 
quelle  profondeur  elles  ont  été  ramassées.  Ce  sont  ces  trouvailles  d*objets 
modernes,  un  texte  du  bréviaire  de  Saintes,  qui  me  donnèrent  jadis  Tidée  de 
chercher  une  date,  de  construction  au  moyen  Afe.  (BullêUn^  VII). 


Digitized  by 


Google 


—  64  — 
QUESTIONS  ET  RÉPONSES 

I.  —  Questions. 

^o  777  —  Quelle  est  Tétymologie  de  l'expression  «  à  chft  pe- 
tit »,  synonyme  de  <x  peu  à  peu  ». 

X.     • 

N^  778.  —  Le  Gaulois,  du  7  novembre  1903,  rappelle  l'amusante 
anecdote  suivante  du  marquis  de  Belloy,  relative  au  Club  des 
Ganaches  (ancien  café  de  Valois  sous  Louis-Philippe).  «  Un  peu 
moins  ruiné  que  Lautrec,  son  ami,  le  chevalier  de  Jonzac,  tout 
grisé  de  raffinements  à  l'anglaise,  renonce  chaque  jour,  à  trois 
heures,  à  sa  vie  mesquine,  pour  goûter  d'une  biscote  de  Londres 
trempée  dans  une  crôme  à  la  noisette.  Les  amandes  sont  pilées 
invariablement  à  son  intention  et  sur  son  ordre,  dans  un  mortier 
d'agate,  à  l'aide  d'un  pilon  de  bois  de  santal  qu'il  a  fourni.  Et 
c'est  là  son  luxe  unique.  x> 

On  désire  savoir  quel  est  ce  chevalier  de  Jonzac  sous  Loui^- 
Philippe  ?  V.  P. 

N*  779.  —  Le  procès-verbal  de  l'élection  des  douze  membres 
de  Fadministration  du  district  de  Saintes  et  du  procureur  syn- 
dic, qui  a  eu  lieu  à  la  fin  du  printemps  de  1790  à  Saintes,  n'exis- 
te ni  dans  les  archives  de  la  sous-préfecture  de  Saintes,  ni  dans 
celles  du  département  à  La  Rochelle. 

Peut-être  ce  procès-verbal  se  trouve-t-il  à  l'état  manuscrit 
chez  le  secrétaire  die  l'assemblée  électorale  du  district  ou  chez 
les  descendants  des  membres  qui  composaient  alors  le  conseil 
d'administration  du  district. 

Ces  membres  étaient  d'après  l'ordre  des  signatures  de  leur 
première  séance  : 

MM.  Guillau  de  Sersé,  Mareschal,  Repéré,  Roullet,  Ardouin, 
Dubois,  Moreau,  Eschassériaux,  Godet,  Lévéquot,  Dugué,  Gorry. 

Le  Procureur  syndic,  élu  en  même  temps  qu'eux,  était  Tapon 
du  Pinier. 

Ce  document  serait  nécessaire  poUir  une  publication  en  pré* 
paration,  relative  à  l'époque  de  la  Révolution. 

E. 


Digitized  by 


Google 


—  65  — 

II.  —  Réponses 

N'»  770  ;  t.  XXIII,  p.  218.  —  Dans  le  numéro  du  l**  mai  der- 
nier, j*ai  posé  une  question  sur  Monseigneur  Saint-Médard, 
saintongeais,  évoque  de  Tournai  en  1813.  J'ai  eu  depuis  sur  lui 
quelques  renseignements,  qui  me  font  douter  s'il  a  été  sacré.  Je 
viens  donc  insister  là-dessus,  et  demander  aux  lecteurs  de  la 
Bevue^  de  vouloir  bien  me  renseigner  sur  ce  sacre  éventuel  et 
sur  ses  armoiries. 

C'est  en  avril  1813  que  Samuel  de  Saint-Médard,  âgé  de  72 
ans,  ancien  curé  de  l'île  d'Oléron  et  vicaire  général  de  La  Ro- 
chelle, fut  nommé  à  l'évêché  de  Tournai.  Il  remplaçait  Monsei- 
gneur Hirn,  interné  à  Gien  depuis  1811,  à  qui  Napoléon  arracha 
à  ce  moment  une  déclaration  confirmant  sa  démission  déjà  don- 
née. 

L'abbé  de  Saint-Médard  se  fit-il  sacrer  ?  Je  ne  sais.  Ce  qui  est 
certain  c'est  que,  malgré  les  instances  d'un  député  du  chapitre 
de  Tournai  venu  vers  lui,  il  se  rendit  dans  cette  ville,  et  se  logea 
à  l'évêché.  La  plupart  des  ecclésiastiques  du  diocèse  refusèrent 
de  communiquer  avec  lui.  Il  résida  sept  mois,  et  se  retira  à  Lille, 
en  février  1814,  en  apprenant  les  défaites  de  Napoléon  et  la  mar- 
che des  alliés.  Il  se  serait  approprié,  en  partant,  la  crosse  et 
la  chapelle  de  Monseigneur  Hirn. 

Saint-Saud. 

N*  377  :  t.  VII,  p.  292  ;  t.  XX,  p.  432.  —  Répondant  à  une  ques- 
tion posée  dans  le  Bulletin^  en  1887,  sur  «  Landreau  du  Maine  au 
Picq,  avocat  et  assesseur  en  la  maréchaussée  de  Saintes,  auteur 
d'un  Traité  de  législation  philosophique,  politique  et  morale, 
publié  à  Genève  et  à  Paris,  en  1787  »,  M.  Callandreau,  dans  le 
Bulletin  suivant,  p.  411,  a  fourni  d'intéressantes  indications  sur 
ce  personnage,  «  qu'il  croit  originaire  des  environs  de  Jonzac  ». 

Joseph-Gaston  Landreau  appartenait,  en  effet,  à  une  vieille 
famille  de  la  judicature  de  ce  pays,  dont  les  alliances  rappel- 
lent certains  dee  noms  justement  estimés  de  la  contrée  ;  aussi 
avons-nous  pensé  que  l'exposé  généalogique  qui  suit,  compléte- 
rait, autant  qu'il  a  été  possible  de  le  faire,  si  tardivement  que  ce 
soit,  la  réponse  de  notre  érudit  et  obligeant  confrère.  Mieux  vaut 
tard  que  jamais;  du  reste,  cette  étude  vise  aussi  une  seconde 
question,  jusqu'ici  sans  réponse,  du  Bulletin,  livraison  de  no- 


Digitized  by 


Google 


—  66  - 

vembre  1900,  où  elle  Ggure  sous  le  n""  716,  laquelle  concerne  un 
autre  membre  de  la  meuve  famille,  Pierre  Landreau  de  La  Gran- 
ge, qui  fut  lieutenant-colonel  au  service  de  TEspagne. 

La  filiation  dies  Landreau  dont  il  s'agit  a  pu  être  reconstituée 
jusqu'aux  premières  années  du  XVII*  siècle,  dans  la  personne 
d'Alexandre- Ferri  Landreau,  décédé  à  Léo  ville,  le  vingl-huil 
décembre  1G95,  de  son  vivant  juge  de  Marennes.  Son  Ois,  Ferri 
Landreau,  procureur  fiscal  de  La  Barde  Fagneusc,  gentilhom- 
mière de  Léoville,  épousa  Jeanne  Lailiteau,  décédée  en  mai  1729, 
et  mourut  dix  ans  avant  elle,  à  Tâge  de  quatre-vingts  ans,  le  pre- 
mier juin  1719.  Ils  laissaient  neuf  enfants,  qui  se  partagèrent  leur 
succession,  suivant  acte  de  M*  Pelluchon,  notaire  royal  à  Vi- 
brac,  en  date  du  cinq  mai  1730  : 

P  Pierre,  baptisé  à  Saint-Simon  de  Bordes,  le  dix-sept  juil- 
let 1665  ; 

2^  Jean,  tenu  sur  les  mêmes  fonts  baptismaux,  le  neuf  décem- 
bre 1606,  par  Jean  Laffiteau,  son  aïeul  maternel,  et  Elisabeth 
Musseau.  11  entra  dans  les  ordres  et  était  prieur-curé  de  Villexa- 
vier,  en  1704-1718,  avec  le  grade  de  docteur  en  théologie.  Nommé 
à  Vouzac,  en  1721,  il  y  mourut  en  août  1746,  et  fut  inhumé,  le 
vingt-cinq  dudit  mois,  dans  le  sanctuaire  de  son  église  par  mes- 
sire  Lavcrny,  curé  de  Saint-Germain  de  Vibrac,  archiprfttre  de 
Barbczieux  ; 

3*  Marie,  qui  épousa  Jean  Terrien,  avocat  en  la  Cour  de  Bor- 
deaux, juge  sénéchal  de  Saint-Germain  de  Vibrac,  en  1698,  et 
du  duché  de  Montauzier,  en  1706,  dont  pro|géniture  ; 

4**  Catherine,  appelée  Landreau  de  Chauveau,  qui  décéda  en 
1732,  sans  s'être  mariée  ; 

5*  François,  qui  suit  ; 

&*  Jeanne,  mariée  par  contrat  du  trente  mars  1726,  passé  par 
devant  M*  Pelligneau,  notaire  royal  à  Jonzac,  avec  Simon  de 
Mersac,  originaire  de  Léoville.  Elle  mourut  sans  postérité  en 
1744  ; 

7**  Joscph-Ferri  dit  Landreau  de  Boisclair,  avocat  en  parlement, 
sénéchal  de  Plassac,  marié  en  1708,  à  Marie-Anne  Boybelleau, 
dont  on  connaît  quatre  enfants  :  a.  Joseph-Gaston,  qui  suit  ; 
b.  Perrette-Henrielte,  née  le  vingt-neuf  décembre  1711,  et  pré 
sentée  au  baptême  dans  l'église  de  Saint-Laurent  de  Plassac,  le 
deux  février  suivant,  par  messire  Jean-Marie  Débordes,  seigneur 
de  Coupête  et  de  PruUon,  et  haute  et  puissante  dame  Paule  de 
Bigot  de  Saint-Quentin,  comtesse  de  Plassac  ;  c.  Une  fille,  née  en 


Digitized  by 


Google 


-  67  - 

1717  et  inhumée,  le  dix-sept  octobre  1718,  dans  la  nef  de  Téglise 
de  Plassac  ;  d.  Marie,  née  le  quatre  mai  1718. 

Joseph-Gaston,  qualifié  du  Maine  au  Picq,  du  nom  d'une  terre 
lui  venant  de  sa  mère,  épousa,,  le  vingt-six  mai  1732,  à  Saintr 
Genis,  Marie  Marchais,  «  qui,  la  veille,  avait  fait  une  solennelle 
profession  de  foi  catholique,  apotstolique  et  romaine  entre  les 
mains  du  curé  de  Jonzac  ».  Ils  eurent  cinq  enfants  :  a.  Joseph- 
Gaston,  qui  suit  ;  b.  Marianne,  inhumée  dans  Téglise  de  Jonzac 
à  Tâge  de  trois  ans  et  six  mois,  le  vingt  et  un  mai  1742  ;  c.  Mag- 
delaine,  du  trente  octobre  1740  ;  d.  Jeanne,  du  seize  octobre 
1741  et  inhumée  près  de  sa  sœur  Marianne,  le  vingt-six  septem- 
bre 1743  ;  e.  Autre  Jeanne,  du  vingt-huit  novembre  1743. 

Joseph-Gaston  du  Maine  au  Picq  reçut,  le  onze  février  1736, 
le  baplême,  comme  ses  sœurs,  sur  les  fonts  de  Jonzac  et  cul, 
pour  parrain  et  marraine,  son  aïeul,  Joseph-Ferri  Landreau  et 
Marie  Golard.  Avocat  en  parlement  de  Bordeaux,  il  devint  con- 
seiller du  roi,  assesseur  en  la  n^réchaussée  générale  d'Aunis 
et  de  Saintonge  au  département  de  Saintes,  et  juge  sénéchal  ci- 
vil et  criminel  de  la  châtellenie  des  Gonds.  Jurisconsulte 
distingué,  il  a  laissé  des  ouvrages  qui  témoignent  de  sa  science 
approfondie  du  droit,  de  môme  que  l'épigraphe  qu'ils  portent  : 
«  Veritas  una^  humanilas  carissima,  religio  sacra  »,  indique 
à  n'en  pas  douter,  les  sentiments  personnels  de  l'auteur,  cette 
sentence  étant  de  lui-même  «  ex  me  ».  Dans  sa  Législation  philo- 
sophique, politique  et  morale,  imprimée  en  1787,  à  Genève,  en 
deux  tomes  que  nous  possédons,  et  suivie  d'un  troisième  vdtlume 
intitulé  :  Digression  sur  le  célibat  des  prêtres  et  des  militaires, 
il  fait  connaître  que,  pour  ses  humanités,  il  suivit  les  cours  du 
collège  de  Guyenne  à  Bordeaux,  et  qu'il  étudia  le  droit  romain  à 
celui  des  «  Loix  ». 

«  En  1770,  j'eus  l'honneur,  écrit-il  encore  dans  une  note  de  sa 
préface,  d'être  député  de  la  part  de  la  majeure  partie  des  offi- 
ciers de  robe  de  la  maréchaussée  du  royaume,  s'il  s'agissoit  de 

faire  des  observations  concernant  leurs  intérêts ».  Enfin,  au 

chapitre  XXXI  du  tome  II  de  sa  Législation  philosophique,  il  dit 
à  l'endroit  du  célibat  des  prêtres  :  «  Il  me  semble  depuis  long- 
temps que  quelques  écrivains  ont  fait  entrer  dans  la  cause  de  la 
dépravation  des  mœurs  le  célibat  des  prêtres  et  celui  de  la  ma- 
jeure partie  des  militaires  ;  j'avods  envie  de  traiter  la  question 
du  célibat  des  prêtres  dans  l'intérêt  de  la  politique,  des  mœurs 
et  de  la  religion  ;    cette  fameuse  question  fut  agitée  au  concile 


Digitized  by 


Google 


-  68  - 

de  Trente,  mais  elle  n*y  fut  point  décidée  :  je  laisse  aux  savants 
de  la  classe  du  père  Thomassin  et  du  célèbre  abbé  Duguet  à  trai- 
ter cette  matière  très  importante  dans  les  mœurs  actuelles. 

»  Je  crois  que  l'on  doit  trouver  que  le  mariage  des  prêtres  peut 
être  permis  comme  autrefois  dans  les  premiers  temps  de  l'é- 
glise, ce  qui  s'est  même  continué  jusqu'au  huitième  siècle  ». 

Le  sieur  de  Maine  au  Picq  est  revenu  sur  sa  décision  de  ne  pas 
aborder  ce  scabreux  sujet,  et  nous  regrettons  d'ignorer  les  rai- 
sous  qu'il  a  fait  valoir  à  l'appui  de  sa  thèse. 

En  1709,  le  vingtrhuil  août,  il  fit  un  riche  mariage,  en  épousant 
à  Cognac  Anne  Sureau,  fille  de  Théodore,  négociant  de  cette 
ville,  et  de  Marguerite  Dexmier  de  La  Groix,  et  veuve  promp- 
tcment  consolée  de  Guillaume  Esrable,  écuyer,  seigneur  de  Saint- 
llémy,  conseiller  secrétaire  du  roi,  maison  et  couronne  de  France 
au  parlement  de  Bordeaux,  décédé  à  Cognac,  en  1768.  Cette 
union,  qui  ne  paraît  pas  avoir  donné  d'enfants,  provoqua  de 
longs  procès  entre  Anne  Sureau  et  l'un  des  frères  de  son  premier 
mari,  Jean  Esrable  des  Barrières,  seigneur  d'Huffaut,  conseiller 
du  roi,  lieutenant  général  civil  et  criminel  en  l'élection  et  siège 
royal  de  Cognac. 

Où  et  à  quelle  époque  mourut  Joseph-Gaston  Landreau  du 
Maine  au  Picq  î  Nous  ne  saurions  le  dire.  Les  seules  autres  tra- 
ces retrouvées  de  son  nom  indiquent  qu'il  avait  été  nommé,  le 
vingt-trois  août  1767,  administrateur  de  l'hôpital  Saint-Louis  de 
Saintes  à  la  place  du  sieur  Viaud  et  qu'à  la  séance  du  quinze  juin 
1769,  il  donna  sa  démission  et  fut  remplacé  par  Chesnier-Du- 
chesne. 

8**  Alexandre-Emmanuel,  le  huitième  enfant  de  Ferri  Lan- 
dreau et  de  Jeanne  Laffiteau,  était  avocat  en  parlement  de  Guyen- 
ne. De  sa  femme,  Marie-Cosme  Béchet,  est  né  Alexandre-Emma- 
nuel, avocat  en  parlen>cnt  de  Guyemie,  comme  son  père,  et  au 
siège  présidial  de  Saintes,  qui  épousa  Marie  JuUineau,  dont 
tro'is  enfants  :  a.  Marie-Cosme,  dont  le  mariage  avec  Jérôme- 
René  Chevalier-Dufois,  garde  général  des  vivres  de  la  marine 
â  Rochefort,  fut  célébré  le  trente  janvier  1743,  en  l'église  de 
Sainte-Colombe  de  Saintes  ;  b.  Marie- Anne-Catherine,  décédée 
à  l'âge  de  seize  ans,  le  quatre  avril  1744  ;  c.  Cosme-Alexandre- 
Emmanuel,  avocat,  lui  aussi,  en  la  cour  et  parlement  de  Guyenne 
et  au  siège  présidial  de  Saintes,  qui  vit  sans  doute  le  jour  en  cette 
ville,  ainsi  que  ses  sœurs,  mourut,  &gé  de  quarante-cinq  ans,  ie 
vingt-huit  octobre  1767,  et  fut  inhumé  dans  l'église  de  Saint-Ger- 


Digitized  by 


Google 


main  de  Vibrac,  où  il  était  venu  se  fixer  par  suite  de  son  maria- 
ge (contrat  du  vingt  octobre  1742,  de  M®  Mosnereau,  notaire 
royal  à  Réaux),  avec  sa  cousine,  Mario-Catherine  Terrien,  fille 
de  Jean-Michel,  notaire  royal  à  Saiut-Maigrin,  et  de  Marie-Ca- 
therine Terrien,  celle  dernière  née  à  Saint-Germain  de  Vibrac, 
le  quinze  mai  1706,  de  Marie  Landreau  et  de  Jean  Terrien,  avo- 
cat et  sénéchal,  déjà  cités.  De  cette  union,  sont  issus  cinq  en- 
fants :  a,  Jérôme-René  Landreau,  conseiller  du  roi,  magistrat 
en  la  sénéchaussée  et  siège  présidial  de  Saintes,  marié,  le  vingt- 
deux  avril  1782,  en  l'église  de  Sainte-Colombe,  avec  sa  cousine 
germaine,  Marie-Catherine  Chevalier-Dufois  ;  elle  donna  le  jour, 
le  dix-sept  avril  1786,  à  Marie-Côme-Catherine,  qui  épousa,  le 
3  février  1808,  à  Saintes,  Jérôme  de  Laage,  plus  tard  lieutenant- 
colonel  du  génie,  sous-directeur  au  Château  d'Oleron,  député 
sous  la  Restauration  porur  la  Charente-Inférieure  et  membre  du 
conseil  d'arrondissement  de  Marennes.  Ses  services  lui  valurent 
la  croix  die  chevalier  de  Saint  Louis,  et  celle  d'officier  de  la  lé- 
gion d'honneur.  Deux  enfants  sont  nés  de  ce  mariage  :  Jérôme- 
Eugène,  du  vingt-six  novembre  1808,  décédé  enfant  et  Jérôme- 
Hippolyte,  qui  fut  conseiller  général  de  la  Charente-Inférieure. 
De  l'union  de  ce  dernier  avec  Thérèse  Charlet  sont  issus  :  Jé- 
rôme-Albert, officier  des  haras,  décédé  célibataire,  et  Jean- 
Auguste-Georges,  marié  en  premières  noces  à  N.  Goût-Desmar- 
tres  et  remarié  à  N.  de  La  Seiglière. 

b.  Alexandre-Emmanuel,  second  enfant  de  Cosme-Alexandre- 
Emmanuel  Landreau  et  de  Marie-Catherine  Terrien,  né  le  vingt- 
huit  février  1745  ;  c.  Marie,  baptisée  le  seize  janvier  1747,  et  ma- 
riée, le  vingt-neuf  o»ctobre  1767,  à  Saint-Germain  de  Vibrac  avec 
Jean-François  Bardon,  seigneur  de  La  Boulidière,  né  à  Meux  de 
Ililaire  et  de  Marguerite  Rulié,  et  frère  de  Marie  Bardon  de  La 
Boulidière,  qui  avait  épousé,  le  trente  avril  précédent,  à  Meux, 
Paul  de  Russi,  et  mourut  le  onze  juin  suivant.  Marie  Landreau 
donna  le  jour  à  dix-sept  enfants,  dont  René-Jérôme,  du  dix-huit 
décembre  1770,  marié  à  Saintes,  en  1808,  avec  Antoinette  Ron- 
deau, qui  lui  donna  cinq  enfants  :  Angélique  et  Clémence  mor- 
tes en  bas  âge  ;  Caroline,  religieuse  des  dames  de  la  Providence 
à  Saintes  ;  Eugénie,  qui  a  épousé  son  cousin  Ferdinand  Ron- 
deau, officier  de  marine,  et  Marc- Jérôme-Ferdinand,  curé-archi- 
prétre  de  Saint-Jean  d'Angély. 

c.  Catherine-Marie  Landreau,  baptisée  le  trois  décembre  1752, 
et  mariée,  le  vingt  et  un  juin  1782,  à  Jacques  Bonneau,  de  Brie 
sous-Archiac  ;  e.  Jérôme-Alexandre  Landreau,  qualifié  des  Mo- 


Digitized  by 


Google 


—  70  — 

thés,  qui  vit  le  jour  le  vingt-deux  septembre  1755,  et  s'unit  (con- 
trat du  quatorze  mai  1782  de  M*  Moreau,  notaire  royal  à  Mes- 
chers)  à  Rose-Eustelle  Littay,  fille  de  feu  Pierre,  notaire  royal, 
et  de  feue  Bénigne  Moreau,  et  domiciliée  à  La  Croix,  dans  la  pa- 
roisse d'Arces.  Morts  sans  enfants,  ils  laissèrent  leur  avoir  à 
leur  petite  nièce,  Clémence  Dernier,  qu'ils  avaient  adioptée. 

9®  Pierre,  dernier  enfant  de  Ferri  Landreau  et  de  Jeanne  Lafli- 
teau,  vit  lo  jour  on  1687,  d'après  son  acte  de  décès  à  Jonzac,  ain- 
si libellé  :  «  En  1768,  le  treize  novembre,  décès  de  dom  Pedro  Lan- 
dreau de  La  Grange,  ancien  lieutenantrcolonel  au  service  de 
S.  M.  Roi  d'Espagne,  âgé  de  quatre-vingt  et  un  ans.  Son  corps 
sera  inhumé  dans  l'église  des  R.  P.  Carmes  de  cette  ville,  le  qua- 
torze du  dit  mois.  En  foi  de  quoi,  j'ai  signé  :  Lasalle,  prieur  de 
Jonzac  ». 

Les  documents  puisés  aux  «  Archives  générales  de  Siman- 
cas,  secrétariat  de  la  guerre  »,  établissent  que  Pierre  Landreau, 
aprte  avoir  servi  la  France  pendant  six  ans,  fut  incorporé  dans 
l'armée  espagnole  comme  volontaire,  le  quinze  novembre  1712  ; 
nommé  capitaine,  le  dix-huit  septembre  1718,  il  était  en  1749, 
capitaine  de  grenadiers  au  régiment  de  Brabant,  après  être  passé 
par  ceux  de  Luxembourg  et  de  Namur. 

Les  opérations  de  guerre  auxquelles  il  prit  part  sont  ainsi  dé- 
taillées :  «  En  Catalogne,  la  rencontre  de  Arburias,  où  il  perdit 
tcut  son  équipage,  étant  alors  sous  les  ordres  du  brigadier  de 
Franlieux.  Il  fit  ensuite  partie  de  l'armée  du  marquis  de  Tuy, 
jusqu'à  la  reddition  de  Barcelone,  en  1714.  Campagne  de  Na- 
varre, en  1719.  Siège  de  Urgel,  en  1720.  Expédition  de  Ceuta, 
ccWc  même  année,  sous  les  ordres  du  colonel  don  Carlos  de  Cé- 
sar. Campagne  de  1745,  en  Piémont  et  Montferrat.  Affaire  de 
Millesimo.  Attaques  du  fort  de  Scorriera  de  Marie-Alto.  Blessé 
d'une  balle  de  fusil  à  l'assaut  de  Sena  et  Monlesemo,  sous  les 
ordres  du  lieutenant-colonel  don  Nicolas  de  Saint-Martin.  On  le 
retrouve  à  Asti,  Anou,  Alexandrie,  Valence  de  Pô  ;  finalement, 
il  fut  bloqué  trois  mois  et  neuf  jours  dans  la  place  de  Tortona, 
en  1746  ». 

Ce  relevé,  que  nous  avons  eu  quelque  peine  à  nous  procurer 
et  qui  prend  fin  au  trente  et  un  juillet  1749,  se  termine  ainsi  :  «  Cet 
officier,  qui  est  âgé  do  soixante-deux  ans  et  onze  mois,  mérite 
d'être  prdmu  lieutenant-colonel  pour  sa  bravoure  et  ses  ser- 
vices, qui  seront  ainsi  justement  récompensés  ».  Cette  proposi- 
tion n'avait  pas  reçu  son  effet  en  1751,  époque  à  laquelle  nous 
retrouverons  Pierre  Landreau  encore  capitaine  au  régiment  de 


Digitized  by 


Google 


—  71  — 

Brabant,  indication  qui  est  la  dernière  recueillie  sur  son  compte. 

Après  cette  présentation  des  enfants  et  partie  de  leur  descen- 
dance de  Ferri  Landreau  et  de  Jeanne  Laffiteau,  revenons  à  ce- 
lui  qui  continua  la  descendance  du  nom,  François  Landreau  de 
La  Gorce,  seigneur  de  La  Cherainardrie,  et  succéda  à  son  aïeul 
dans  sa  magistrature  de  sénéchal  du  bailliage  de  Marennes,  dont 
il  était  pourvu  en  1700-1706  et  qu'il  quitta  pour  celle  de  Jonzac, 
où  on  le  retrouve  en  1725.  Il  fut  aussi  sénéchal  de  la  baronnie 
de  Nieul-le-Viroul.  Le  six  février  1700,  à  Saint-Germain  de  Vi- 
brac,  il  épousa  Anne  de  Marchesalier  de  Bellevue,  fille  de  Ga- 
briel, ministre  protestant  de  Aïeux,  et  de  Suzanne  Maignac.  La 
bénédiction  nuptiale  fut  donnée  par  Jean  Landreau,  frère  du  ma- 
rié, en  présence  de  Jean  Terrien,  son  beau-frère,  Jean  de  Cor- 
nillol,  seigneur  de  Roumaneau,  curateur  de  la  mariée,  Jean  de 
La  Fenêtre  et  de  messire  Arnault,  curé  de  Saint-Germain.  Anne 
de  Marchoî^alier  avait  été  mise  par  ordre  du  roi,  le  neuf  février 
1687,  au  couvent- des  Dames  de  la  Foi,  fondé  à  Pons  par  Marie 
d'Albret,  comtesse  de  Marsan  «  pour  y  être  instruite  à  la  foi  ». 
Elle  fit  abjuration,  le  cinq  août  suivant.  François  Landreau  de 
La  Gorce  mourut  le  vingt-quatre  avril  1745,  laissant  trois  en- 
fants : 

V  Jean-François  de  La  Cheminardrie,  qui  remplaça  son  père 
à  ISTieul-le-Viroul  et  h  Jonzac,  et  fut  lieutenant  de  cette  ville.  Le 
vingt-cinq  juin  1725,  son  oncle,  Jean  Landreau,  alors  curé  de 
Lotnzac,  bénit  à  Clion  son  mariage  avec  Marianne  Collet,  fille  de 
Jacques,  avocat  en  la  cour  et  parlement  de  Bordeaux,  et  de  feue 
Marie  Perraud,  originaire  de  Marennes.  De  cette  union  naqui- 
rent six  enfants  :  a,  Marguerite,  du  premier  septembre  1727,  ma- 
riée, lo  vingt-deux  novembre  1751,  à  Jonzac,  avec  François  An- 
dré de  Codère  de  Thury,  chevalier  d'Antignac,  veuf  de  Renée 
de  Magnac,  de  Coiisac,  en  présence  de  ses  frères  et  sœurs  et  de 
Pierre  Landreau  de  La  Grange,  capitaine  de  grenadiers  au  ré- 
giment de  Brabant,  son  oncle.  Elle  en  eut  Marie-Marguerite,  qui 
s'unit,  le  trente  et  un  mai  1774,  à  Guy  de  Beaupoil  de  Saint-Au- 
laire,  écuyer,  fils  de  feu  Antoine,  écuyer,  seigneur  de  Brie  et  de 
Saint-Ciors-Champagnc,  et  de  Bénigne-Honorine-Félicilé  Mo- 
rineau  de  Saint-Révérend. 

h.  Marie-Anne,  née  en  1727,  décédéc  le  deux  juillet  1787. 
Do  son  mari,  François  Flornoy,  procureur  fiscal  du  comté  de 
Jonzac,  elle  eut  neuf  enfants  ; 

r.  Marie-Elisabeth,  baptisée  h  Jonzac,  le  vingt-sept  juillet  1733. 
Le  onze  février  1765,  fut  bénie  son  union  avec  Jean-Baptiste  de 


Digitized  by 


Google 


—  72  — 

Rippes,  chevalier,  (ils  de  Jean-Charles-AIexandre,  chevalier,  sei- 
gneur de  Beaulieu,  et  de  feue  Clémence  Horric,  demeurant  au 
logis  de  La  Laigne  en  Sainte-Lheurine.  Ils  eurent  quatre  en- 
fants; 

d.  Louis-Félicité,  baptisé  le  sept  février  1734,  ayant  pour  par- 
rain messire  Louis-Pierre-Joseph  Bouchard  d'Esparbès  de  Lus- 
san  d'Aubeterre,  comte  de  Jonzac,  lieutenant  général  des  pro- 
vinces de  Saintonge  et  d'Angoumois,  capitaine  des  gendarmes 
de  Monseigneur  le  Dauphin  ;  pour  marraine,  dame  Anne-Louise 
de  La  Rochefoucauld  de  Surgères,  épouse  de  Jean-Baptiste  Pon- 
te, chevalier,  marquis  de  Nieul  ; 

c.  Pierre-Louis-Joseph,  avocat  en  la  cour.  Le  seize  juillet 
1761,  fut  célébré  dans  l'église  de  Saint-Martial  die  Vitaterne,  son 
mariage  avec  sa  cousine,  Mafie-Amic  Laurenceau.  Il  mourut  en 
1785; 

/.  Louis-Françdis,  du  sept  septembre  1738,  et  décédé  enfant  ; 

2*  Pierre-François  Landreau  de  Sainl-Paul,  avocat  en  parle- 
ment de  Bordeaux,  qui  épousa  à  Clion  Elisabeth  Collet,  sœur 
de  la  femme  de  son  frère,  et  le  môme  jour  que  lui.  La  moirt  de 
vait  rompre  cette  union  au  bout  de  seize  années  ;  Elisabeth  mou- 
rut, en  effet,  en  août  1741,  et  fut  inhumée,  le  seize  du  dit  mois, 
en  Téglise  de  Clion  n  en  présence  d'un  grand  concours  de  mon- 
de ».  Née  le  deux  septembre  1706,  elle  n'était  que  dans  sa  trente- 
cinquième  année,  et  avait  donné  le  jour  à  neuf  enfants  :  a.  Fran- 
çois, du  dix  novembre  1726,  qui  fut  vicaire  de  Dompierre-sur- 
Charente,  de  1752  à  1760,  puis  curé  de  Lousignac,  qu'il  quitta 
en  1766,  pour  revenir  à  Dompiorrc,  où  il  mourut  en  1780. 

/>.  Elisabeth,  qui  épousa  son  cousin  Jacques  Monsnereau,  no- 
taire royal  et  procureur  d'office  de  la  châlellenie  de  Réaux,  puis 
juge  assesseur  de  Jonzac,  fils  de  feu  François,  notaire  royal  et 
procureur  fiscal  de  Réaux,  et  de  Catherine  Terrien.  Ils  eurent 
cinq  enfants  ; 

c.  Marie-Françoise,  du  quinze  octobre  1729,  et  mariée,  le  vingt- 
quatre  septembre  1754,  avec  Jean  Habrard,  sieur  de  L'Etage, 
avocat  en  parlement.  Deux  enfants  naquirent  de  cette  union  : 
Emery-Jean,  avocat  en  parlement,  époux  de  Marie-Félicité  Mons- 
nereau ;  Marie- Anne,  qui  s'unit  à  Léon  de  Jarnac  de  Gardépéc  : 

d.  François-Louis-Pierre,  du  neuf  septembre  1731,  qui  enlra 
dans  l'administration  de  la  marine  comme  commis  aux  écritures 
dans  le  port  de  Rochefort.  Promu  écrivain  ordinaire  sur  place, 
en  1758,  il  fut,  en  1762,  envoyé  à  La  Martinique  avec  le  grade  de 


Digitized  by 


Google 


—  73  - 

sous-coimnissaire.  Rentré  dans  ses  foyers,  en  1772,  avec  une  pen- 
sion de  six  cents  livres,  il  épousa  Anne  L'Evesque  ; 

e.  Jean- Jacques,  qui  suit  ; 

/.  Jean-Gaston,  du  quatorze  novembre  1734.  A  l'exemple  de 
90]n  atné,  il  embrassa  Tétat  ecclésiastique,  et  desservait,  en  1763, 
la  paroisse  de  Sainl-Martial  de  Mirambeau.  La  tourmente  révo- 
lutionnaire l'obligea  à  émigrer  en  Espagne  où  il  mourut  ; 

g.  Félicité-Louis,  du  deux  avril  1736,  décédé  en  bas  âge  ; 

h.  Marie-Anne,  du  onze  septembre  1739,  décédée  célibataire  ; 

L  Louis-Xavier,  du  dix  septembre  1740,  qui,  lui  aussi,  entra 
dans  les  ordres  et  était,  en  1767,  chanoine  régulier  de  la  congré- 
gation de  Chancelade  à  l'abbaye  de  Sablonceaux.  Il  mourut  ftgé 
de  moins  de  trente-cinq  ans. 

Jean-Jacques  Landreau  de  Saint-Paul  et  du  Vigneau,  baptisé 
le  dix  avril  1733,  acquit  l'office  de  notaire  royal  de  Clion,  en  1772, 
et  le  conserva  jusqu'à  son  décès.  Il  exerça  en  même  temps  diver- 
ses magistratures  à  Plassac,  La  Pommerade,  Favières,  Lussac. 
Clion  et  Clam.  Suivant  contrat  du  vingt-six  janvier  1768,  éta- 
bli par  son  beau-frère,  M"  Monsnereau,  il  épousa  Marguerite 
Geneviève  Pelletreau,  de  Jazennes,  fille  de  François-Alexandre 
et  de  Catherine  de  Laborderie  de  Souhan,  mariée  à  Confolens, 
en  1730. 

Je^n-Jacques  mourut  le  vingt  août  1790.  Sa  veuve  mérite  une 
mention  spéciale  pour  l'énergie,  que  l'on  peut  taxer  de  virile, 
bien  qu'il  s'agisse  d'une  femme,  dont  eUe  fit  preuve  en  1793,  lors 
do  rcnvahissement  par  les  apaches  de  l'époque  de  l'église  de 
Clion,  qu'ils  étaient  en  train  de  dévaster  et  menaçaient  de  dé 
truire.  Très  infirme,  bien  que  seulement  âgée  de  soixante  et  un 
ans,  Marguerite-Geneviève  se  fit  transporter  dans  son  fauteuil 
au  milieu  des  profanateurs  et  protesta  contre  leurs  actes  avec 
tant  de  violonco  cl  de  courage  qu'ils  abandonnèrent  le  lieu  saint 
et  ne  donnèrent  pas  d'autres  suites  à  leurs  criminels  projets. 

Elle  mit  au  monde  deux  enfants  :  Jean-François,  qui  décéda 
en  bas  âge  et  Marie-Elisabeth-Geneviève,  baptisée  à  Clioti,  le 
vingt-six  décembre  1768.  Le  sept  février,  fut  célébré  dans  l'é- 
glise de  Clion,  le  mariapre  de  cette  dernière  avec  Louis-François 
Laverny,  avocat  on  la  cour  ot  parlement  de  Bordeaux,  fils  de 
Jean-Gaspard,  seigneur  de  Crut,  conseiller  du  roi,  élu  en  l'élec- 
tion on  chef  do  Saintes,  ot  de  Joanne-Marie-Euphrosine  Keefe. 

Marie-Elisabeth-Geneviève  Landreau  de  Saint  Paul  fut  la  der- 
nière descendante  des  Landreau  que  concerne  ce  travail. 

Anat.  Laverny. 


Digitized  by 


Google 


-n- 

LIVRES  ET  REVUES 


Sous  la  signature  Léonce  Oelier  les  Analecta  BollandiansL 
(tome  XXII,  fasc.  IV)  publient  un  article  sur  saint  Léonce 
honoré  en  Périgord.  Parmi  les  manuscrits  interpolés  du  mar- 
tyrologe dIJsuard  dont  le  P.  du  Sollier  a  donné  les  additions 
en  publiant  cet  ouvrage,  dans  le  tome  VI  de  juin  des  Acta  Sanc- 
torum,  il  en  est  un  que  l'éditeur  désigne  sous  le  nom  d'Altemp- 
sianus.  Ce  manuscrit  a  beaucoup  d'intérêt  pour  préciser  le  culte 
de  plusieurs  saints  obscurs  et  notamment,  au  19  novembre,  de 
saint  Léonce,  évèque  et  confesseur.  Quel  est  ce  saint  ?  Les  lieux 
où  son  culte  est  signalé  et  la  date  de  sa  fête  suggèrent  un  rap- 
prochement. Il  y  a  eu  en  Aquitaine  un  saint  Léonce  assez  célè- 
bre, c'est  Léonce  le  jeune,  évèque  de  Bordeaux  au  Vï*  siècle, 
et  ami  dePortunat.  Le  Ga{(fa, Adrien  Baillet,et  d'autres  auteurs, 
placent  la  fête  de  ce  saint  au  1 5  novembre.  Aucun  texte  ancien  ne 
justifie  ce  choix  :  ce  qui  paraît  Tavoir  fait  adopter,  c'est  que  le  15 
on  fête  saint  Malo,  dont  les  rapports  avec  saint  Léonce,  évèque 
en  Aquitaine  sontconnus.Mais  il  faut  observer  que  le  saint  Léonce 
des  vies  de  saint  Malo  n'est  pas  celui  de  Bordeaux, mais  un  évèque 
de  Saintes  du  Vil*  siècle.  On  les  a  confondus.  Baronius  notam- 
ment indique  les  actes  de  saint  Malo  comme  source  de  la  vie 
de  saint  Léonce  de  Bordeaux.  Comprenant  peut-être  mal  ce 
passage,  du  Saussay  a  mis  saint  Léonce  au  15  novembre. 
«  Mais  si  la  date  du  15  a  été  prise  ainsi  par  erreur,  faut-il  croire 
qu'elle  soit  entièrement  dépourvue  de  fondement  ?  On  peut  sup- 
poser que  le  15  a  été  substitué  au  19,  chiffre  voisin,  sous  l'in- 
fluence de  l'idée  fausse  que  nous  venons  de  rappeler,  ou  de  la 
confusion  commise  par  du  Saussay,  mais  que  le  mois  de  novem- 
bre était  bien  fourni  par  les  anciennes  liturgies.  En  admettant 
cette  hypothèse,  saint  Léonce,  honoré  en  Périgord,  serait  le 
même  que  saint  Léonce  II  de  Bordeaux.  »  Les  historiens  locaux 
ont  adopté  sur  la  même  question  des  solutions  plus  compliquées. 
Tous  appellent  le  saint  indifféremment  Léon  ou  Léonce,  peut- 
être  en  souvenir  de  la  forme  populaire  Léons.  Ces  divers  écri- 
vains ont  tous  subi  l'influence  de  récits  légendaires. 

La  légende  de  saint  Léonce  est  représentée  par  les  bréviaires 
du  diocèse.  Le  plus  ancien,  celui  de  1781,  raconte  que  l'on 
trouva  à  Périgueux,  dans  le  sol  de  l'antique  Saint- Pierre-aux 


Digitized  by 


Google 


—  75  — 

liens,  qui  datait  du  VI*  siècle,  plusieurs  corps  de  saints.  L'un 
d'eux,  revêtu  d'ornements  pontificaux,  portait  un  anneau  sur  le 
quel,  ad  instar  sigilli,  se  lisait  l'inscription  LEO  PAPA.  Oe  corps 
fut  transporté  dans  la  cathédrale  Saint-Etienne.  En  1577,  les 
huguenots  dispersèrent  les  reliques.  Les  écrivains  du  XVIP  siècle 
identifièrent  le  saint, dont  on  croyait  avoir  eu  les  reliques,d'abord 
avec  saint  Léon  pape,  conjecture  qui  fut  vite  abandonnée,  puis 
avec  saint  Léonce.  Cette  dernière  hypothèse  ne  vaut  rien.  On 
ne  peut  admettre  que  Léonce  de  Bordeaux  ait  eu  son  tombeau 
à  Périgueux,  depuis  une  époque  reculée  du  moyen  âge  jusqu'au 
XVP  siècle,  puisqu'une  légende,  insérée  dans  les  bréviaires 
manuscrits  du  diocèse  de  Saintes  au  XV*  siècle,  nous  révèle 
qu'au  temps  où  elle  a  été  écrite,  le  corps  de  saint  Léonce  repo- 
sait encore  dans  sa  ville  épiscopale.  Cette  légende  est  mise  au 
19 mars,jour  où  fut  fôté  plus  tard  saint  Léonce, évéque  de  Saintes. 
Nous  avons  vu  qu'on  le  confondait  avec  celui  de  Bordeaux,  la 
fête  ne  peut  donc  pad  être  attribuée  avec  certitude  à  ce  dernier, 
mais  la  légende  s'y  rapporte  évidemment.  Léo  Papa  n'est  pas 
le  même  que  saint  Léonce  de  Bordeaux,  et  il  y  a  des  chances 
pour  qu'il  ne  soit  pas  non  plus  le  même  que  saint  Léonce  du  19 
novembre.  Il  est  vraisemblable  que  c'est  une  invention  des 
clercs  de  l'église  de  Périgueux  au  XVP  siècle. 

Conclusion  :  un  saint  Léonce  a  été  certainement  honoré  en 
Périgord  au  moyen  âge  le  19  novembre,  et  ce  saint  Léonce  est 
peut-être  saint  Léonce  le  jeune,  évêque  de  Bordeaux. 


UAunis,  —  M.  Camena  d'Almeida,  professeur  à  la  Faculté 
des  lettres  de  rUnivcrsité  de  Bordeaux,  a  publié  dans  le  Bulletin 
de  Géographie  historique  et  descriptive  (1903,  n®  2)  une  courte 
note  intitulée  :  VAunis,  essai  de  géographie  historique  et  régio- 
nale, dans  laquelle  il  montre  que  peu  de  régions  de  la  France 
sont  mieux  individualisées  que  l'Aunis,  par  ses  caractères  pro- 
pres et  ses  limites  naturelles  ;  l'auteur  dégage  avec  beaucoup  de 
netteté  les  principaux  éléments  de  la  physionomie  de  ce  petit  pays 
qui,  d'une  superficie  de  1.400  kilomètres  carrés  environ,  fut  ja- 
dis le  plus  petit  des  gouvernements  de  l'ancienne  France  et  qui, 
rattaché  à  la  Saintongc,  ou  séparé  d'elle,  garda  son  individua- 
lité, son  nom  et,  jusqu'à  un  certain  point,  sa  vie  particulière. 

G.  R. 


Digitized  by 


Google 


-  76  — 

Bulletin  et  Mémoires  de  la  Société  archéologique  d*Ille-ei- 
Vilaine,  tome  XXXII.  François  de  Villemontée,  évêque  de  Saint- 
Malo,  sa  (emme  et  ses  en{ants,  d'après  des  documents  inédits 
avec  deux  portraits.  Mémoire  par  M.  F.  Saulnier. 

Villemontée  a  été  intendant  de  la  justice,  police,  marine  et 
finances  des  provinces  de  Poitou,  Saintonge,  Aunis,  et  Angou- 
mois  pendant  douze  ans  (1631-1643). 

Le  Recueil  de  la  Commission  des  arts  et  Monuments  histo- 
riques de  la  Charente-Inférieure ^  octobre  1903,  contient  une  note 
de  M.  Lasne  sur  la  mosaïque  romaine  découverte  à  Paterre,  avec 
un  dessin  reconstituant  cette  mosaïque.  La  devise  de  Galiot 
de  Genouillac  l  AIME  FORTVNE  par  M.  Ch.  Dangibeaud. 

Une  note  sur  L'ancien  château  féodal  de  Thérac,  par  M.  L.  Goy. 
Un  rapport  de  M.  Tabbé  Tcnaud  sur  ses  dernières  découvertes 
dans  l'église  de  Landes  :  Les  peintures  murales  de  F  église  de 
Landes.  Le  monument  de  Fromentin  (articles  de  journaux).  An- 
dré Lemoyne  (d'après  la  Petite  Gironde  du  17  juillet  1903). 

Revue  des  études  anciennes,  octobre-décembre  1903.  M.  Dan- 
gibeaud décrit  trois  marques  et  deux  moitiés  de  masques  de 
Dieux  gaulois  ou  gallo-romains,  appartenant  au  musée,  de 
Saihtes. 

La  Revue  scienli{ique,  du  31  octobre  1903,  analyse  un  mémoire 
de  M.  W.-F.  Ganong,  paru  dans  la  Botanical  Gazette  du  15  sep- 
tembre, sur  les  marais  de  la  baie  de  Fundy,  dans  les  provinces 
du  Nouveau-Brunswick  et  de  la  «  Nouvelle-Ecosse,  au  Canada. 
Il  y  est  dit  que  l'œuvre  de  «  fabrication  »  d'un  sol  fertile  a  eu, 
dans  ce  pays,  pour  initiateurs  des  français  acadiens,  des  sainton- 
geais,  qui  ont,  les  premiers,  su  utiliser  la  mer  pour  la  confection 
et  la  réfection  du  sol  arable,  en  1670. 

M.  Marcel  Baudouin  explique,  au  sujet  du  mémoire  die  M.  Ga- 
nong, dans  la  Revue  scientifique,  du  14  no^vembre  1903,  que, 
dans  la  Vendée  maritime,  les  marais  se  sont  formés  exacte- 
ment do  la  même  façon  que  ceux  du  Nouveau-Hrunswick  et  de  la 
Nouvelle-Ecosse.  Il  rappelle  les  mémoires  qu'il  a  publiés  sur 
la  question  des  marais  vendéens. 

G.  R. 


Digitized  by 


Google 


-77- 

Unb  famillb  de  la  Ohalosse  (1723-1852) 
par  M.  André  de  Laborder-Lassale. 


Voici  un  ouvrage  dont  le  titre  n*a  rien  de  saintongeais  et  qui 
n'est  destiné  qu'à  un  cercle  restreint  de  parents  et  d'amis  ;  nous 
en  rendons  compte  ici  cependant,  parce  que  plusieurs  Laborde 
Lassale,  ont  habité  la  Saintonge.  La  filiation  suivie  de  la  fa- 
mille remonte  bien  au  delà  de  1723,  mais  l'auteur  n'a  voulu  com- 
mencer sa  monographie  qu'au  moment  où. les  documents  de 
toute  sorte,  les  lettres  intimes  surtout,  abondent  dans  ses  ar- 
chives et  permettent,  comme  il  le  dit  «  de  pénétrer  le  mystère  du 
caractère,  de  la  tournure  d'esprit,  de  l'intelligence,  de  la  vo- 
lonté, en  un  mot  des  qualités  qui  constituent  la  personnalité  hu- 
maine ».  Ecrit  avec  une  grande  élévation  de  sentiments,  une  élé- 
gante simplicité  de  style,  laissant  surtout  la  parole  aux  person- 
nages, qui  se  peignent  eux-mêmes  dans  l'intimité  de  leurs  lettres, 
cet  ouvrage  de  quatre  cents  pages  n'a  pas  de  longueurs,  et  tout  y 
est  intéressant,  mémo  pour  les  parents  les  plus  éloignés. 

Le  premier  de  la  famille  qui  ait  habité  dans  notre  région,  est 
Joseph  de  Laborde  Lassale,  lieutenant  des  vaisseaux  du  roi, 
arrière-grand-père  de  l'auteur.  Né  en  1727,  il  fait  de  nombreu- 
ses campagnes  sur  mer  et  épouse,  en  1769,  Rose-Hippolite  d'A- 
badie  de  Saint-Germain,  a  Après  son  mariage,  le  lieutenant  de 
Laborde-Lassale  resta  huit  ans  au  service  et  fut  attaché  au 
port  de  Rochefort.  Sa  jeune  femme  ne  fit  pas  dans  cette  ville 
une  installation  permanente,  peut-être  môme  y  vint-elle  assez 
rarement.  Chaque  année,  son  mari  venait  la  retrouver  à  Saint- 
Sever,  dans  la  maison  de  famille  où  son  père  jouissait  d'une 
verte  vieillesse.  Ces  voyages  en  Gascogne  n'étaient  pas  impro- 
ductifs, les  naissances  presque  annuelles  qui  en  résultaient,  le 
prouvent.  En  outre,  un  oncle  du  jeune  ménage,  M.  de  L&rri- 
vaux,  frère  de  M*"*  de  Saint-Germain,  favorisait  les  rapproche- 
ments de  son  neveu  et  de  sa  nièce  en  leur  donnant,  chez  lui,  une 
hospitalité  pnJongée. 

»  M.  de  Larrivaux  possédait  en  Médoc  une  terre  dont  il  portait 
le  nom,  mais  il  passait  la  plus  grande  partie  de  Tannée  en  Sain- 
tonge, dans  son  château  de  Bellemont,  agréablement  situé  près  de 
Royan,  non  loin  de  la  mer.  Madame  de  Larrivaux  était  une 
aimable  femme,  ayant  à  un  haut  degré  l'esprit  de  famille  ;  l'un 


Digitized  by 


Google 


-  78  - 

et  Tautre,  très  attachés  à  leur  nièce,  étaient  heureux  de  contribuer 
à  son  bonheur  en  la  rapprochant  de  son  mari. 

Cœur  d'or,  parfait  gentilhomme,  d'un  caractère  remuant, 
en  butte  à  des  procès  qui  empoisonnèrent  sa  vie  et  à  des  affaires 
dont  il  dénoua  difficilement  l'écheveau  embrouillé,  tel  nous  ap- 
paraît M.  de  Larrivaux  dans  les  lettres  qui  associent  son  souvenir 
aux  débuts  de  l'existence  conjugale  de  nos  arrière-grands-pa- 
rents. » 

L'auteur  rappelle  ensuite  que  M"*  de  Larrivaux,  née  Marie- 
Victoire  Guiton  de  Maulevrier,  d'une  ancienne  famille  de  Sain- 
longc,  fut  convoquée  aux  Etats  généraux  de  1789,  comme  veuve 
de  M.  Jacques  de  Labarre  de  Vaissière  (c'était  le  nom  de  M. 
de  Larrivaux),  pour  son  fief  de  Bellemont,  et  fut  représentée  par 
M.  de  Bouet  du  Portai.  Il  ajoute,  «  du  mariage  de  M.  et  M™  de 
Larrivaux,  vint  Marie-Rosalie-Victoire  de  Vaissière,  dame  de  Bel- 
lemont, née  en  1707,  qui  épousa  en  1788,  M.  Le  Gentil,  baron 
de  Paroy,vicc-amiral,  décédé  à  Saintes  en  1833.  M"*  de  Paroy, 
issue  de  cette  union,  épousa  le  baron  de  Magne  et  mourut  le  21 
septembre  1852,  à  Saintes,  dans  sa  maison  de  la  rue  des  Bal- 
lets (1)  »,  après  avoir  marié  sa  fille  Lydie  au  comte  de  Hamel,  fils 
d'un  ancien  maire  de  Bordeaux  sous  la  Restauration. 

«  M.  de  Larrivaux  avait  une  sœur  mariée  au  marquis  de  Cu- 
mont,  seigneur  de  Salles,  en  la  châtellenie  de  Saint-Fort-sur- 
Gironde.  De  leur  mariage  naquit  Marie^Suzanne-Hippolite  de 
Cumont,  mariée  en  1780  à  Jean-Savinien  Marie  de  la  Garrigue, 
de  la  ïoumerie  et  de  Savigny,  officier  de  marine  tué  à  Quibe- 
ron.  Leur  fille,  Marie-Antoinette,  épousa  le  12  août  1816,  Edouard 
Loquet  de  Blossac,  sous-préfet  de  Saintes,  secrétaire  général  de 
la  préfecture  de  police  sous  la  Restauration.  M.  de  Blossac  aima 
la  littérature,  taquina  la  muse  et  publia  deux  volumes  de  fables 
et  de  poésies. 

»  Madame  de  Blossac,  femme  d'une  grande  distinction  d'esprit 
et  de  manières,  mourut  à  Saintes  en  1871.  Son  mari  lui  a  sur- 
vécu jusqu'en  1877,  après  avoir  atteint  sans  l'ombre  d'une  in- 
firmité et  dans  la  plénitude  de  sa  belle  intelligence,  l'âge  de 
quatre-vingt  sept  ans.  Ferme  dans  ses  opinions,  comme  l'étaient 
lesi  gentilshommes  d'autrtefois,  royaliste  intransigeant,  épris 
du  drapeau  blanc,  M.  de  Blossac  prêta  un  seul  serment  ;  il  le 
tint  jusqu'à   la  mort.  Son  écriture  illisible   faisait  le  désespoir 

(1)  G*eit  le  n«  27  habité  aigourd'hui  par  notre  président,  M.  le  baron  Oudet. 


Digitized  by 


Google 


-  79  - 

de  ceux  qui  recevaient  de  ses  lettres,  —  et  ma  famille  était  du 
nombre  —  souvent  les  hiéroglyphes  griffonnés  de  sa  main  res- 
taient indéchiffrés.  Original,  homme  du  monde  et  homme  d'es- 
prit, incapable  de  dissimuler  sa  pensée,  il  disait  de  bonnes  vé- 
rités avec  le  ton  bourru  d'Alceste,  mais  d'un  Alceste  qui  faisait 
aimer  ses  boutades.  Quand  il  flétrissait  les  palinodies  des  seô 
contemporains  —  et  il  avait  souvent  l'occasion  de  le  faire  —  ses 
interlocuteurs  comprenaient  qu'il  était  bien  de  la  race  irritable 
des  poètes,  genus  irr Habile  vatum,  » 

Quarante  ans  plus  lard,  nous  retrouvons  en  Saintonge,  un 
autre  Lraborde-Lassale.  C'est  un  fils  du  précédent.  Officier  de 
marine,  comme  son  père,  le  chevalier  Victor  de  Laborde-Las- 
sale  était  lieutenant  de  vaisseau,  lorsqu'il  arriva  au  port  de  Roche- 
fort,  en  1818. 

«  Ce  port,  dit  l'auteur,  lui  rappelait  ses  débuts  dans  la  carrière. 
Malgré  ce  souvenir,  ce  fossé  de  la  Charente,  où  les  flottes,  au 
lieu  de  se  déployer  en  largeur,  s'alignent  comme  en  pro- 
cession, ne  lui  faisaient  oublier  ni  le  magnifique  port  de  Toulon, 
ni  les  flots  de  la  Méditerranée,  sur  lesquels  il  avait  eu  l'hon- 
neur d'échanger  des  boulets  avec  les  Anglais  aux  jours  histo- 
riques de  l'Empire.  Le  chevalier  ne  se  plut  guère  dans  sa  nou- 
velle résidence...  Cependant,  d'agréables  relations  de  famille  ne 
tardèrent  pas  à  l'acclimater  dans  la  Charente-Inférieure.  En 
1819,  en  effet,  son  cousin,  le  marquis  de  Dam,pierre,  s'installait 
au  château  de  Plassac,  mon  oncle  devint  dès  lors  un  des  hôtes 
des  plus  habituels  de  cette  belle  demeure. 

»  A  Bellemont,  dont  le  toit,  du  temps  de  M.  de  Larrivaux,  qua- 
rante ans  auparavant,  fut  si  hospitalier  à  son  père,  il  goûta 
chez  l'amiral  de  Paroy,  le  charme  d'un  intérieur  distingué  et  ai- 
mable. Son  séjour  à  Rochefort,  en  outre,  pravoqua  une  de  ces 
rencontres  fortuites  qui  décident  des  événements  de  la  vie. 

C'est  à  Saintes,  en  effet,  qu'il  fit  la  rencontre,  en  1821,  de  ma- 
demoiselle Angélique  Muller,  fille  de  Jacques  Léonard,  baron 
Muller,  lieutenant-général  des  armées  du  roi,  inspecteur  général 
d'infanterie  en  retraite  (1),  chevalier  de  Saint-Louis,  cammiandeur 
de  la  légion  d'honneur,  et  de  Marie-Anne  Bemardeau  de  La 
Briandière.  Le  général  Muller,  d'origine  suisse,  possédait  à 
Saintes,  rue  des  Notre-Dame,  une  des  plus  belles  maisons  de  la 


(1)  Cf.  sur  le  général  MuUer,  Rwne,  t.  XIX,  p.  161,  on  le  fait  naître  à 
ThionTiUe,  et  t.  XX,  p.  226. 


Digitized  by 


Google 


-  80  — 

ville,  qu'il  habitait  avec  ses  deux  filles,  l'une  madame  de  Sainte- 
Gemme,  mariée  à  un  ancien  auditeur  au  conseil  d'Etat,  sous-pré- 
fet de  Jonzac  sous  le  premier  empire,  et  l'autre  destinée  par  le 
sort  à  mon  oncle  ». 

M.  et  M™  de  Laborde-Lassale  eurent  deux  enfants  :  Hippolyte, 
mort  jeune  en  1838,  et  Eugène,  qui  a  habité  Saintes,  «  royaliste 
convaincu  et  catholique  fervent  ;  il  confondait  dans  un  môme  culte 
le  chef  de  la  race  de  saint  Louis  et  le  successeur  de  saint  Pierre... 
Il  avait  épousé  en  1853,  M"*  Henriette  de  Boscal  de  Réals  de 
Momac,  fille  du  comte  de  Momac,  député  légitimiste  de  la  Ven- 
dée, sous  le  gouvernement  de  Juillet.  Cette  excellente  femme 
avait  le  besoin  de  se  dévouer.  Elle  est  morte  en  1899,  dans  sa 
maison  de  Saintes  qu'elle  a  léguée  à  son  frère,  le  général  vicomte 
de  Momac  >>. 
.  Terminons  par  deux  dernières  citations  : 
«  En  1846,  ce  vieux  toit  fut  témoin  d'un  événement  banal  en  lui- 
même,  mais  auquel,  il  m'est  permis  d'attribuer  une  certaine  im- 
portance à  un  point  de  vue  personnel.  Dans  la  nuit  du  21  no- 
vembre, je  vins  au  monde,  ma  naissance  fut  agréable  à  mes  pa- 
rents. Un  garçon  après  trois  filles  I  quel  heureux  changement  I 
TeUe  fut,  du  moins  la  pensée  de  ceux  qui  me  déposèrent  dans 
mon  berceau  avec  toute  les  illusions  de  leur  tendresse  ».  L'au- 
teur arrête  ses  souvenirs  à  l'année  1852,  daie  de  la  mort  de  son 
père.  «  Volontiers,  ditril,  je  les  aurais  menés  plus  loin,  afin  de 
rendre  un  filial  hommage  à  la  mémoire  d'ime  mère,  dont  nous  « 

ne  saurions  trop  louer  les  hautes  vertus,  la  ferme  piété,  la  sol-  U 

licilude  éclairée,  mais  je  n'aurais  dû  dire  ce  que  fut  cette  vie  si  h 

pteine  d'œuvres  et  si  pure  sans  y  mêler  la  mienne  ».  S'il  avait  ^ 

poussé  plus  loin,  il  nous  aurait  dit  que  le  mariage  de  sa  sœur  ^ 

M^**  Elisabeth  de  Laborde-Lassale  avec  le  vicomte  Guillaume  de  -g 

Saint-Légier  de  la  Sauzaye,  capitaine  de  cavalerie,  a  rapproché  J 

une  fois  de  plus,  sa  famille  de  la  Saintonge  ;  il  nous  aurait  dit 
aussi  qu'il  a  administré  lui-même    une  partie  du  département  ^ 

de  la  Charente-Inférieure,  puisqu'il  fut  sous-préfet  à  Jonzac 
sous  le  gouvernement  du  maréchal  de  Mac-Mahon. 

J.  d'OLCE. 


a> 


Digitized  by 


Google 


REVUE 

DE  SAINTONGE  &  D'AUNIS 

BULLETIN  DE  LA  SOaÉTÉ  DES  ARCHIVES 


SOMMAIRE  DU  !•'  MARS  1904 

Avis  BT  NomrBLLBs  :  Convocation  ;  Admissions  ;  Distinctions  honorifiques  ; 
Comptes  rendus  des  journaux  ;  Inaufuration  ;  Dons  au  musée  de  Saintes  ; 
Centenaire  du  lycée  Gondorcet  ;  Trouvailles  ;  Congrès  d'Arras,  d'Athènes  ; 
Concours  dramatique  ;  Sceaux. 

AcTBs  D*éTAT  CIVIL.  —  I.  Décés  :  Mo>«  V.  Biilaud  ;  A.  de  Laàge  de  Meuz  ; 
Dr  C.  Baril  ;  G.  de  Jarnac;  Lauze  ;  F.  Bayle;  abbé  Barbotin  ;  Delany  ;  Thi- 
bandeau  ;  Berthus  de  Langlade. 

II.  MàrUgts  :  Qouzot-Régnier  ;  Oudet-Richalley. 

VARiBTés  :  Difficulté  entre  la  Garde  nationale  de  Saint-Jean  d'Ang^éljr, 
sous  la  Révolution,  et  les  Amis  de  la  Constitution;  Papiers  de  la  famille 
Baudouin  de  Laudeberderie  ;  Saintes  ancienne,  les  rues. 

QuBSTiON  :  Tier  de  Bart  Brusley. 

LivRss  BT  Rbvubs  :  Procès  après  décès  ;  Abbés  de  Tile  de  Ré  ;  Le  serpent 
Rô;  Faïencerie  de  Samadet;  Anciennes  maisons  des  environs  de  Cognac. 


Le  Bureau  prie  INSTAMMENT  les  membres  de  la  Société, 
d'assister  à  l'Assemblée  générale  qui  se  tiendra  le  dimanche 
6  mars,  à  une  henre  de  l'aprés-midi,  dans  la  salle  des  séances, 
Cours  National,  99,  au  second. 


Admission  de  nouveaux  membres 

M.  Bernard,  pharmacien  à  Saintes,  présenté  par  M.  le  Docteur 
Guillaud. 

M.  Cartier  fils,  étudiant,  à  Saint-Jean  d'Angély,  présenté  par 
M.  Saudau. 

M.  Chailloleau,  conseiller  municipal  à  Saintes,  présenté  par 
M.  le  D' Guillaud. 

M.  Naud,  architecte,  à  Saintes,  présenté  par  M.  Dangibeaud. 

lUni«.  ToMi  XZnr.  >•  Umltoa.  -  Mars  1904.  • 


Digitized  by 


Google  I 


—  82  — 

La  Revue  historique  de  janvier  1904  analyse  sommairement 
les  numéros  de  la  Revue  de  juillet  à  novembre  1903,  en  signalant 
Y  Enseignement  primaire  à  Roche(ort,  YInscripiion  de  Toulon^ 
la  Bataille  de  Jarnac^  les  Cahiers  des  doléances,  la  Mosaïque  de 
Lescar  et  le  Serment  (édératil. 

Les  Tablettes  des  deux  Charentes,  du  12  janvier  1903,  signalent 
dans  le  numéro  de  janvier  «  le  curieux  article  sur  ce  point  d'his- 
toire :  Pourquoi  le  comte  d'Artois  n*a  pas  rejoint  Charette  », 
après  Quiberon. 

Dans  les  Notes  d'art  et  d'archéologie,  de  décembre  1903,  M.  A. 
Girodie  analyse  le  numéro  de  novembre  de  la  Revue  «  cette  tou- 
jours excellente  publication  )>. 

Bulletin  religieux,  du  15  janvier,  signale  Saintes  ancienne,  les 
Sépultures  médiévales  et  l'article  sur  le  comte  d'Artois. 

VEspérance  du  Peuple,  de  Nantes,  n**  du  28  janvier,  contient 
un  long  article  de  M.  S.  Senot  de  La  Londe  sur  la  question  de 
savoir  pourquoi  le  comte  d'Arto|is  n'a  pas  abordé  à  l'île  d'Yeu, 
et  quels  puissants  motifs  l'ont  empêché  de  rejoindjre  Charette. 
L'article  de  notre  confrère,  M.  le  chanoine  Lemonnier,  y  est  ana- 
lysé en  entier. 

Le  XXXIII*  volume  des  Archives,  contenant  le  second  tome 
du  cartulaire  est  en  distribution. 

La  Tradition  de  janvier  et  février  1904  rend  compte,  avec 
éloges,  des  inventaires  des  Archives  départementales,  rédigées 
par  M.  de  Richemond. 

Nos  confrères,  M.  Ch.  d'Olce,  capitaine  au  6*  de  ligne,  est 
nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  ; 

M.  de  Cugnac  est  nommé  chef  de  bataillon  au  113*  de  ligne  à 
Blois  ; 

M.  Edouard  Audiat,  médecin  de  la  marine,  est  nommé  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur. 

Notre  confrère,  M.  Meschinet  de  Richement,  archiviste  dépar- 
temental à  La  Rochelle,  est  nommé  chevalier  du  Mérite  agri- 
cole :  membre  depuis  1858  du  bureau  de  la  Société  des  sciences 
naturelles  de  la  Charente-Inférieure  ;  nombreuses  récompenses  ; 
41  ans  de  services. 

M.  Jules  Pandin  die  Lussaudière  a  soutenu,  avec  succès,  sa 
thèse  d'archiviste  paléographe* 


Digitized  by 


Google 


—  83  — 

M.  Geay-Besse  est  nommé  bibliothécaire  de  la  bibliothèque  de 
la  ville  de  Saintes,  en  remplacement  de  M.  L.  Audiat,  décédé. 

M.  Vaiin,  attaché  au  cabinet  du  préfet  de  la  Cliarcnte-Infé- 
rieure,  est  nommé  archiviste-adjoint  du  môme  département,  en 
remplacement  de  M.  Thibaudeau,  décédé. 

Un  comité  s*est  formé  à  Bordeaux  pour  ériger  un  monument 
au  peintre  Âuguin, 

La  ville  de  Saint-Jean  d'Angély  a  inauguré,  le  27  décembre 
1903,  une  salle  de  spectacle  installée  dans  Tancienne  halle  aux 
draps,  sur  la  place  de  rHôlel-de-ville.  Les  journaux  locaux  ont 
rendu  compte  de  cette  fête. 

Le  0  janvier  1904,  pendant  la  seconde  journée,  M*"'  Renée  Ray- 
mond, des  Variétés,  et  M.  Clavaret,  de  la  Porte  Saint-Martin, 
ont  lu,  aux  applaudissements  du  public,  un  poème  de  circons- 
tance, qui  a  pour  auteur  notre  confrère,  M.  Amédée  Mesnard^ 
avoué  à  Saint-Jean  d'Angély  et  adjoint  au  maire. 

Le  thème  de  la  pièce  est  le  suivant  : 

Un  spectateur  en  voyant  la  transformation  subie  par  l'ancienne 
halle,  se  demande  s'il  ne  rêve  pas.  Une  voix  le  rassure  et  lui 
dit  que  ce  qu'il  voit  et  entend  est  bien  la  réalité.  Intervention  de 
la  Muse  planant  sur  les  sommets  du  Parnasse  et  qui  indique 
comment  elle  a  appris  qu'on  venait  de  lui  construire  un  temple 
à  Angéri,  à  quels  signes  elle  a  reconnu  la  vieille  cité  Angérienne, 
La  Poésie  constate  qu'elle  n'a  point  été  trompée  :  un  Barde  re- 
mercie alors  la  ville  de  son  œuvre  et  fait  appel  à  l'union  et  h 
la  concorde  de  tous  sur  le  terrain  des  lettres  et  djes  arts. 

Quand  vous  verrez  deux  tours  à  tos  yeux  apparaître 
—  Deux  tours  ayant  bon  air  et  montant  gravement 
Dans  le  ciel  azuré  —  superbe  monument 
Dont  la  cime  aliière  à  travers  le  feuillage 


(1)  Par  un  arrêté  de  Bonaparte,  l*''  Consul,  agissant  au  nom  du  Gouverne- 
ment de  la  République  sur  le  rapport  du  ministre  des  finances,  le  10  ther- 
midor an  XI,  le  Préfet  de  la  Charente-Inférieure  fut  autorisé  à  abandonner  à 
la  commune  de  Saint-Jean  d*Ang<^Iy,  les  matériaux  provenant  de  la  démoli- 
tion des  murs,  à  hauteur  d*appui,  de  l'ancien  cloître  des  Bénédictins  :  c'est 
en  considération  de  cet  abandon  «pie  la  commune  avait  construit  la  halle  ainsi 
transformée. 


Digitized  by 


Google 


-•84- 

Se  dessine,  à  ravir,  quand  Tenant  de  voyage 
On  passe  tout  là  bas,  dans  le  train  qui  s'en  va  ! 
Quand  vous  verrez  encor,  semblable  à  la  Neva, 
Par  ses  flots  transparents  comme  elle,  la  Boutonne 
Aux  bords  si  séduisants  et  dont  le  lit  étonne 
Le  pêcheur  dont  le  fil  taquine  le  poisson  ; 
Ou  bien,  un  peu  plus  loin,  la  Fontaine  Gazon, 
Chère  à  nos  amoureux  qui  s'en  vont  le  dimanche, 
Une  main  dans  la  main  tous  deux  cherchant  la  branche 
En  même  temps  qu*un  fruit  leur  offrant  un  abri  ; 
Quand,  devant  vous,  de  plus,  Télégant  Pilori, 
Enfant  de  Brizambourg  au  remarquable  style, 
Se  dressera  tout  près  d'un  bel  hôtel  de  ville 

Muse,  alors  descendez  de  la  sphère  céleste, 
C'est  le  terme  6zé  !  Par  Apollon,  j'atteste 
Que  c'est  bien  ANGERI  !  n'allez  pas  au  delà  I 
Son  peuple  vous  attend  pour  vous  fêter  1  c'est  là  I 


Tandis  que  les  agriculteurs  et  les  gens  qui  aiment  à  flâner  à 
pied  sec  maudissent  «  Tabominable  temps  »,  les  pluies  conti- 
nuelles que  l'hiver  nous  apporte  depuis  trois  mois,  les  archéolo- 
gues déclarent  qu'à  quelque  chose  malheur  est  bon.  Les  pluies 
ont  jeté  par  terre  plusieurs  pans  de  murs...,  ils  proclament  que 
c'est  parfait,  puisque  ces  petits  désastres  leur  permettent  cle 
faire  des  découvertes. 

Le  mur  de  soutènement  du  jardin  de  la  caserne  de  Bremond 
d'Ars,  rue  du  Séminaire,  s'est  effondré  sur  une  longueur  de  dix 
mètres.  On  a  ramassé  parmi  les  pierres,  trois  chapiteaux  diu  XIII* 
siècle  qui  proviennent  probablement  de  l'ancien  Saint-Vi- 
vien, et  on  a  reconnu  un  mur  romain.  Dans  un  jardin,  voisin 
du  château  d'eau,  un  éboulenient  de  muraille  a  permis  de  voir 
que  le  mur  de  clôture  a  été  entièrement  construit  avec  des  pierres 
tombales  du  XVII*  siècle,  des  coloimes,  des  sculptures  romanes 
qui  ont  appartenu  sans  doute  à  l'église  Saint-Macou. 

M.  Lavoiix,  professeur  au  collège,  a  donné  au  musée  le  chapi- 
loau  présumé  provenir  de  Saint-Macou. 


M.  le  D' Gargam  a  donné  au  musée  la  fenêtre  du  XV*  siècle  qui 
se  trouvait  dans  la  façade  d'tme  maison,  rue  de  rEvéché, 


Digitized  by 


Google 


Un  paysan,  près  de  Loulay,  a  trouvé  un  ducat  d*or  au  nom  de 
Pierre  Lando,  doge  de  Venise  (1539). 

Un  cultivateur  tic  Saint-Grégoire  d'Ardernc  a  trouvé  une  lame, 
longue  de  0  m  40,  damasquinée,  dessins  bien  conservés,  repré- 
sentant une  tête  couronnée,  un  cavalier  cuirassé,  deux  autres 
têtes,  Tune  sur  l'autre,  et  portant,  sur  un  côté,  l'inscription  FAVT 

QVE,  et  sur  l'autre  JE  PORTE  VN La  poignée  n'existe  plus  : 

elle  a  été  remplacée  par...  un  manche  d'outil. 

En  même  temps  que  celte  lame,  le  même  cultivateur  a  recueilli 
diverses  monnaies  de  la  fin  dm  XVIIP  siècle. 


L'église  d'Ars  en  Ré  vient  d'être  classée  comme  monument 
historique,  par  décision  du  19  décembre  1903. 

La  Bibliothèque  nationale  a  acquis  une  série  de  treize  volumes 
originaux  et  en  partie  autographes  des  œuvres  de  Brantôme. 
Ces  manuscrits  n'ont  encore  été  utilisés  par  aucun  des  éditeurs 
du  célèbre  écrivain. 

Le  centenaire  du  lycée  Condorcet  a  provoqué  le  réveil  de  bien 
des  souvenirs.  En  voici  un  qui  ne  manque  pas  d'intérêt  à  notre 
point  de  vue  local,  donné  dans  le  Gauhis  du  22  janvier  1901. 

«  C'est  un  simple  bout  de  carton  jauni  dont  une  reproduction 
en  photogravure  doit  être  insérée  dans  le  livre  (for  ». 

NO  eo.  —  LYCEE  BONAPARTE 

Elève  externe 

Du  1^  Pluviôse  au  V^  Germinal 

Classe  de  MM.  Daguerle  et  Dumonchal 

M.  Joly  d'Aussi/,  élève 

Second  trimestre  de  l'an  13 

Binei  Targe  Lakanal 

Proviseur      Censeur        Procureur 

L'élève  Joly  d'Aussy  est  Hyppolyte  Joly  d'Aussy^  né  à  Pe- 
louaille,  près  Saint- Jean  d'Angély,  le  6  janvier  1790,  auditeur 
au  conseil  d'Etat  et  sous-préfet  de  La  Rochelle  sous  Napoléon  T"', 
père  de  notre  regretté  confrère  Denys  d'Aussy. 

Cf.  Revue,  tome  XV,  p.  241. 


Digitized  by 


Google 


-«6  — 

L'académie  des  lettres,  sciences  et  arts  d*Arras  a  résolu  de  pro- 
voquer la  réunion  d*un  congrès  des  Sociétés  savantes  du  Nord 
de  la  France  et  de  la  Belgique,  pendant  rexposition  régionale 
qui  doit  avoir  lieu  dans  celte  ville  en  1904.  Ce  congrès  se  tiendra 
du  jeudi  7  au  dimanche  10  juillet. 

Il  sera  perçu  une  cotisation  do  cinq  francs  qui  donnera  droit 
à  un  exemplaire  du  compte  rendu.  On  est  prié  d'adresser  les 
adhésions,  les  demandes  de  renseignements,  à  M.  Villary,  chan- 
celier de  l'académie,  rue  des  Capucins,  9,  à  Arras. 

Le  Gaulois  du  dimanche  2-)  janvier  1904.  L(^  numéro  est  en- 
tièrement consacré  au  Pays  de  Cognac,  illuslrc  de  nombreuses 
épreuves  photographiques  de  la  région  viticole. 

M.  le  commandant  Pelletier,  à  Saint-Jean  d'Angély,  signale 
trois  matrices  de  sceaux  appartenant  l\  M™*  Lafago. 

1°  Sceau  en  forme  d'écu,  chargé  d'un  érn  p^rondi  en  bas  à 
quatre  cotices  ou  bandes  componéos,  entouré  de  la  légende  : 
GENTILIS  DE  PODIO.  (E  onciale),  XIIP  siècle? 

2^  Petit  sceau  rond,  un  écu  pointu  et  la  légende  4-  S'EMERI 
DE  COPIAC.  Sur  l'écu,  une  croix  ancrée  et  une  cotice  en  bande 
brochant  sur  le  tout. 

3"  Sceau  rond  (0.  03  cent)  :  au  milieu  un  écu  pointu  parti  à 

gauche  de à  3  bandes  de  sable,  à  diroite  de deux  lézards, 

et  un  lambel  en  chef  :  légende  en  deux  lignes  +  S'  DE  LA  MA- 
RESCHAVCHE  D  FRANCI  CLERMO  DE  DEN. 

Un  congrès  international  archéologique,  sous  le  patronage 
du  gouvernement  hellénique,  so  réunira  à  Athènes  en  1905.  Le 
comité  organisateur  diMimnde  la  participation  des  Sociétés  Sa- 
vantes françaises. 

Pour  tous  renseignements,  s'adresser  à  Athènes,  20,  rue  de 
l'Université. 


Théâtre  populaire  poitevin  de  La  Motue-Saint-IIéray  (Deux- 
Sèvres).  — '  Concours  dramatique. 

1.  Un  concours  d'oeuvres  dramatiques  est  ouvert  par  le  comité 
du  ThéAtre  populaire  poitevin. 

2.  Ce  concours  ayant  surtout  pour  but  d'offrir  aux  jeunes  au- 


Digitized  by 


Google 


—  87  — 

leurs  un  moyen  de  se  faire  connaître  du  public,  n'y  pourront 
prendre  part  que  des  écrivains  français  n'ayant  jamais  eu  de 
pièces  jouées  sur  un  théâtre  régulier. 

3.  Les  pièces  présentées  devront  avoir  un  caractère  absolu- 
ment moral  dans  leur  forme  et  dans  leurs  tendances. 

4.  Elles  pourront  être  en  prose  ou  en  vers  ;  elles  pourront  com- 
porter un  ou  plusieurs  actes,  à  la  condition,  toutefois,  que  la 
durée  totale  de  la  représentation  ne  dépasse  pas  une  heure 
environ. 

5.  Elles  devront  comprendre,  au  maximum,  dix  personnages, 
sans  compter  la  figuration. 

6.  Elles  pourront  être,  au  gré  des  auteurs,  accompagnées 
d'une  partition  musicale. 

Mais  la  musique  qui  les  accompagnera  devra  être  exclusive- 
ment vocale,  d'une  exécution  facile,  et,  si  la  partition  renferme 
des  chœurs,  ceux-ci  devront  être  écrits  à  quatre  parties  au  maxi- 
mum. 

L'auteur  du  livret  devra  s'entendre  lui-même  avec  un  musicien 
et  la  pièce  devra  être  présentée  au  concours  accompagnée  de  sa 
partition. 

7.  Les  sujets  devront  être  choisis  de  telle  sorte  que  l'action  se 
passe  en  plein  air. 

On  devra  se  conformer,  pour  la  mise  en  scène,  aux  nécessités 
de  la  scène  du  Parc,  qui  ne  comporte  ni  rideau,  ni  changement 
de  décors.  —  Au  surplus,  et  pour  faciliter  la  tâche  des  auteurs, 
un  plan  de  la  scène  leur  sera  envoyé,  et  le  directeur,  M.  le  Doc- 
teur Corneille,  fournira  à  ce  sujet  toutes  les  indio«ttions  utiles  à 
ceux  qui  lui  en  feront  la  demande. 

8.  Aucun  manuscrit  ne  sera  rendu. 

9.  Le  jury  sera  désigné  ultérieurement.  En  tout  cas,  il  sera 
composé  de  façon  à  donner  aux  concurrents  toute  sécurité,  au 
point  de  vue  de  la  compétence  et  de  l'indépendance,  et  le  comité 
s'engage  à  s'en  remettre  entièrement  à  sa  décision. 

10.  La  pièce  primée  sera  jouée  au  moins  une  fois  sur  la  scène 
du  Parc,  à  La  Mothc-Saint-Héray,  dans  le  cours  du  mois  de 
septembre  1904,  à  la  date  habituelle  des  représentations  annuelles 
du  Théâtre  populaire  poitevin. 

11.  L'auteur  pourra  diriger  lui-même  les  répétitions  de  sa 
pièce,  sans  toutefois  pouvoir  exiger  d'autres  interprètes  que 
ceux  mis  par  le  comité  à  sa  disposition. 

Il  ne  pourra  non  plus  réclamer  du  comité  aucune  rémunéra- 


Digitized  by  VjOOQIC 

\ 


lîon  en  dehors  des  droits  d'auteur  prévus  par  la  Société  des 
auteurs  et  compositeurs  dramatiquo.s  et  fixr?  par  celle-ci. 

12.  Les  manuscrits  devront  être  l'avoyrs  sous  pli  recommandé, 
avant  le  l*'  njai  1904,  à  M.CHARTiEn,  socnMain)  du  Théâtre  popu- 
laire poitevin,  à  La  Mothe-Saint-Héray  (IVux-Sèvres).  —  Il  en 
sera  accusé  réception. 

13.  Les  manuscrits  ne  seront  pas  signés. 

Chaque  manuscrit  sera  porteur  (l'une  devise  et  accompagné 
d'une  enveloppe  fermée  portant  en  suscription  la  devise  du  ma- 
nuscrit et  renfermant  le  nom  et  l'adresse  de  l'auteur. 

M.  Marlineau,  président  du  tribunal  civil  de  La  Rochelle,  a 
fait,  le  29  décembre  1903,  à  La  Rochelle,  une  conférence  sur 
La  Cité  antique  et  VEiat  moderne.  Voir  le  compte  rendu  dans 
La  Charente-Inlérieure  du  30  décembre. 

M.  Beaufils  a  parlé,  à  Marennes,  le  12  décembre  1903,  sur 
YEducation  à  travers  les  siècles. 

Le  10  février.  M.  de  Richemond  a  fait  une  conférence  sur  les 
Marins  Rochelais  que  l'Association  Philomatique  lui  a  deman- 
dée (Voir  La  Charente-Inlérieure  du  13  février). 

Erratum.  —  Page  80  de  notre  dernier  numéro,  ù  la  fin  de 
l'article  consacré  à  la  monographie  :  Une  (amille  de  la  Cha- 
losse^  au  lieu  de  «  le  vicomte  de  Saint-Légier  de  la  Sauzaye  », 
il  faut  lire  «  le  comte  de  Saint- Légier  de  la  Sauzaye.  » 


NOTES  D'ETAT  CIVÎL 


I.  —  Décès 

Est  décédée,  à  Royan,  le  8  décembre  1903,  M»«  Victor  Billaud, 
née  Noémi  Lemarié,  âgée  de  47  ans. 

Le  23  décembre  1903,  est  décédé,  à  Libourne,  M.  Alexis  de 
Laage  de  Méux,  né  à  Mongaugé,  commune  de  Chérac,  le  28 
décembre  1843,  fils  de  M.  Albin-Francois-de-Sales  do  Laage  et 
de  M"*  Alix  Despretz  de  Montpezat,  époux  en  premières  noces 
(1869)  de  M"«  Marie  Paulme  de  Saluées,  dont  un  fils,  M.  Louis 


Digitized  by 


Google 


de  Laage,  notre  confrère,  et  en  secondies  noces  (1892),  de  M"* 
Adèle  de  Larminat,  diont  une  fille,  Marie-Madeleine  de  Laage. 

M.  Alexis  de  Laage,  à  la  tête  d'une  importante  maison  de 
commerce   usa  sa  santé  dans  de    longs  et  fréquents    voyages. 

Homme  du  devoir,  d'une  parfaite  distinction,  et  d'un  esprit 
très  cultivé,  il  savait  allier  une  grande  piété  à  une  grande  ama- 
bilité et  une  gaîté  toujours  égale. 


Le  2  janvier  1904,  est  décédé  subitement,  à  Rochefort,  le  doc- 
teur Clément  Baril,  médecin  principal  de  la  marine  en  retraite, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

Né  le  23  juin  1851,  à  Tonnay-Boutonne,  fils  de  Pierre 
Baril  et  de  Désirée  Mammés-Rataud,  il  fait  ses  premières 
études  médicales  à  l'Ecole  de  Rochefort  ;  nommé  aide-médecin 
en  novembre  1874,  il  embarque,  en  cette  qualité,  sur  V Alexandre^ 
l'école  de  canonnage,  à  Toulon.  Promu  médecin  de  2*  classe  au 
concours,  il  va  servir  au  Sénégal,  où  il  se  dislingue  pendant  la 
terrible  épidémie  de  fièvre  jaune  qui  ravagea  notre  colonie,  en 
1878,  et  fit  de  si  nombreuses  victimes  parmi  les  officiers  du  corps 
de  santé,  et  prend  part  au  sanglant  combat  de  Sahouciré.  A  son 
retour  en  France,  il  passe  rapidement  ses  examens  de  doctorat, 
qu'il  fallait  alors  préparer  —  les  nouvelles  générations  de  méde- 
cins de  la  marine  ignorent  avec  quelles  difficultés  —  soit  à  bord 
du  bâtiment,  soit  dans  le  poste  colonial,  qui  vous  étaient  échus 
par  le  sort,  et  se  hâter  de  subir  pendant  le  court  séjour  qu'on 
faisait  à  terre  entre  deux  campagnes  ;  puis,  muni  die  ce  titre,  si 
pénible  à  acquérir,  il  est  nommé,  après  concours,  médecin  de 
!*•  classe  et  envoyé  en  service  à  la  Martinique.  Appelé  à  nouveau 
à  partir,  il  est  désigné,  en  1886,  pour  la  Cochînchine,  où  la 
croix  de  la  Légion  d'honneur  vint  récompenser  ses  brillants 
services.  En  1897,  fatigué  par  ses  longs  séjours  dans  les  pays 
chaud,  et  médecin  principal  depuis  quelque  temps,  il  se  décide 
à  abandonner  une  carrière  encore  pleine  d'avenir  et  prend  sa 
retraite,,  mais  ce  n'est  point  pour  se  reposer,  et  il  organise  un 
cabinet  d'éleclrothérapie,  dont  la  réputation  ne  tarde  pas  à  se 
faire  dans  toute  la  région,  et  dont  le  fonctionnement  lui  laisse 
peu  de  loisirs. 

C'est  au  milieu  de  ses  occupations  professionnelles  qu'il  a  été 
enlevé  subitement,  en  pleine  maturité,  à  52  ans,  alors  qu'il 
paraissait,  depuis  quelques  années,   à  peu  près  complètement 


Digitized  by 


Google 


—  90  — 

remis  des  maladies  contractées  aux  colonies,  et  que  la  vie  sem- 
blait  ne  plus  lui  réserver  que  des  satisfactions  de  tout  ordre. 

Excellent  camarade,  ami  sûr  et  dévoué,  praticien  éclairé»  il 
avait,  partout  et  toujours,  su  s'attirer  Testime,  Tamitié  et  la  recon- 
naissance de  tous  ceux  qui  l'avaient  co^nnu,  chefs,  collègues, 
subordonnés  ou  malades  ;  aussi,  sa  mémoire  rcstera-t-elle  celle 
d'un  homme  de  bien. 

Il  avait  épousé  M"'  Cerclé,  d'une  famille  rochefortaise,  et 
sœur  d'un  médecin  de  la  marine,  mort  prématurément,  et  belle- 
sœur  aussi  d'un  médecin  de  la  marine.  Des  trois  enfants  issus 
de  ce  mariage,  l'aîné,  continuant  les  traditions  familiales  et 
digne  imitateur  des  vertus  laborieuses  du  père,  vient  d'entrer 
dans  un  rang  brillant  à  l'Ecole  du  service  de  santé  de  la  marine 
de  Bordeaux. 

A. 

Le  7  janvier  1904,  est  décédé  à  Cognac,  M.  Guy  de  Jarnac  de 
Gardépée,  âgé  de  24  ans,  fils  de  M.  Maurice  de  Jarnac  de  Gardé- 
pée  et  de  Madame,  née  Antoinette  Huvel. 


Le  8  janvier  1904,  est  mort  subitement  M.  Lauze,  professeur 
au  collège  de  Saintes,  conseiller  municipal,  âiié  de  56  ans. 

Le  11  janvier  1904,  est  décédé,  à  Rochcfort,  Frédéric  Bayle, 
peintre  paysagiste,  âgé  de  42  ans. 

Le  17  janvier  1904,  est  décédé,  à  La  Tromblade,  M.  l'abbé 
Louis-Augustin  Barbotin,  chanoine  honoraire,  ancien  curé- 
doyen  de  La  Tremblade,  âgé  de  83  ans. 

Nommé,  en  1867,  à  La  Tromblade,  il  resta  trente-sept  ans  en 
cette  même  cure,  et,  pendant  vingt-cinq  ans,  au  milieu  d'une 
population  demi-catholique,  demi-protestanîe,  il  travailla  à 
doter  ce  chef-lieu  de  canton  d'une  belle  église,  qui  a  été  terminée 
en  1893. 

Il  a  été,  en  signe  de  reconnaissance,  l'objet,  de  son  vivant, 
d'un  rare  honneur.  Le  conseil  municipal,  dans  sa  séance  du 
24  novembre  1894,  vota,  à  l'unanimité,  que  la  place  située 
(Imant  Téghsc  s'appellerait  :  [)lace  Abbé-Barbolin. 

Une  souscription  est  ouverte  pour  l'érection,  sur  cette  place, 


Digitized  by 


Google 


—  91  — 

du  buste  de  cet  homme  de  bien  universellement  aimé  et  regretté 
dans  sa  paroisse. 

Le  19  janvier  1904,  M.  Pierre-Frédéric  Delany  est  mort  à 
Rousselet,  commune  de  Nieul.  Il  était  né  le  5  avril  1831,  de  Pierre 
Delany  et  de  Marguerite  Delany.  Avec  lui  s'éteint  la  famille. 

Pierre  Delany,  né  à  Nieul  le  27  messidor  an  II,  décédé  à  Rous- 
selet le  22  septembre  1870,  a\ait  pour  père  Gabriel  Delany,  et 
pour  mère  Marguerite  Bertaud  ;  il  épousa  sa  cousine,  Margue- 
rite Delany,  née  Tan  IV  de  la  République,  décédée  le  22  octobre 
1871,  fille  de  Pierre  Delany,  de  La  Gaillarde,  et  de  Jeanne  Bo- 
din.  Ils  eurent  trois  fils  :  P  Gabriel-Edmondi,  décédé  le  25  jan- 
vier 1897,  âgé  de  66  ans  ;  2°  Pierre-Frédéric  ;  3**  Jacques-Adol- 
phe, né  en  1833,  noyé  accidentellement  dans  la  Charente,  à 
Saintes,  le  3  juin  1847. 

Gabriel  et  Pierre  Delany  de  La  Gaillarde  étaient  fils  de  Pierre 
Delany,  (  fils  de  Jean  Pierre  et  de  Anne  Bodin)  et  de  Marguerite 
Langlais  du  Puits-Neuf,  mariés  en  janvier  1766,  dont  quatre  en- 
fants. Pierre  Delany,  leur  fils,  demeurant  à  Gatérat,  épousa 
Jeanne  Bodin,  fille  de  Jacques  et  die  Jeanne  Georget,  de  chez 
Mégros,  en  Corme-Royal,  le  7  frimaire  an  6  (27  novembre  1797). 

Jean-Pierre  et  Anne,  alias  Marianne  Bodin  eurent  trois  fils  et 
ane  fille  :  V  Jean-Pierre  ;  2^  Pierre  ;  3**  Jean,  demeurant  au 
Puits-Neuf  ;  4**  Euslelle,  femme  de  Jean  Râteau. 

D'après  une  note  manuscrite  un  peu  confuse  du  XVIIP  siècle, 
la  famille  Delany  serait  originaire  du  Périgord.  Elle  serait  venue 
en  Aunis  en  la  personne  de  David,  sieur  de  La  Grave,  capitaine 
dans  un  régiment  de  cavalerie,  mari  de  Olympe  Abati,  fils 
de  Jacques,  sieur  du  Plaud,  et  de  Marie  de  Rosignac. 
Il  eut  pour  fils  Jacques  Delany,  né  à  La  Rochelle,  le  22  septem- 
bre 1728,  marié  à  Louise  Dechambre.  Il  est  possible  que  Jacques 
Delany  soit  le  même  que  Jacques,  écuyer,  sieur  de  Thions,  avo- 
cat au  présidial  de  La  Rochelle,  marié  à  Marguerite  Nollet, 
dont  une  fille,  Marie,  baptisée  le  14  mars  1656. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Jean  Delany,  né  à  Saintes,  le  29  juillet 
1682,  fils  de  Jacques  et  de  Louise  Dechambre,  habite  Saintes, 
rue  Saint-Michel,  au  milieu  du  XVIIP  siècle.  Il  est  probablement 
îa  souche  des  Delany  de  Gaterat. 

On  trouve  encore  Joseph  Delany,  receveur  des  aides  à  Ton- 
nay-Charente,  en  1755,  décédé  le  25  août  1771,  âgé  de  68  ans, 
sans  postérité,  laissant  pour  héritiers,  Jean  Pierre  Delany,  Ur~ 


Digitized  by 


Google 


-92- 

baÎR  et  Eustelle  Delany,  femme  die  Gory  de  Chaux,  trésorier,  et 
Jeanne  Eustelle  de  Lantage,  ses  neveux  et  nièces. 

Un  autre  Joseph  Delany,  marié  à  Marie  Labbé,  eut  un  fils, 
Pierre,  baptisé  à  Saint-Eutrope,  le  12  juillet  1780. 

Cf.  Documents  et  extraits  relatifs  à  ta  ville  de  Saintes,  p.  123, 
pour  d'autres  Delany. 

Le  6  février  1904,  est  décédé  dans  sa  soixante-huitième  année, 
M.  Pierre  Thibaudeau,  époux  de  N.  Verteuil,  lieutenant  des  Doua- 
nes en  retraite,  archiviste-adjoint  du  département  de  la  Charente- 
Inférieure. 

Le  ministère  de  la  marine  lui  avait  adressé  une  lettre  de  fé- 
licitations pour  un  fait  de  sauvetage,  et  il  était  fort  apprécié, 
tant  à  l'administration  des  Douanes  qu'à  la  Préfecture. 

Il  faisait  partie  du  Cercle  militaire  et  de  l'association  des  an- 
ciens officiers  des  armées  de  terre  et  de  mer,  présidée  par  le  gé- 
néral Moreau,  qui  après  le  service  religieux  du  pasteur,  a  re- 
tracé la  carrière  si  bien  remplie  de  M.  Thibaudeau. 

Les  obsèques  d'un  des  premiers  souscripteui  s  et  fondateuî^s  de 
notre  Société,  M.  Eugène  Berthus  de  Langlade,  Agé  de  65  ans, 
ont  eu  lieu,  le  11  février,  à  Muron.  Dernier  représentant  d'une 
vieille  famille  saintongeaise,  dont  on  suit  les  traces  jusqu'au 
XVP  siècle,  il  était  maire  de  sa  commune  et  conseiller  d'arron- 
dissement du  canton  de  Tonnay-Charente.  «  Les  éleveurs  de  l'ar- 
rondissement, disent  les  Tablettes  du  11  février,  perdent  en  lui 
un  conseiller  et  un  ami  dévoué,  et  la  commune  de  Muron,  un 
sage  administrateur  ». 

Le  Bulletin,  tome  XVII,  p.  57,  a  donné  une  généalogie  de  la 
famille.  Voir  pour  les  obsèques.  Tablettes  du  13  février. 


II.  —  Mariages. 

Le  27  janvier  1904,  a  été  célébré  à  Paris,  en  l'église  Saint-Fran- 
çois Xavier,  le  mariage  de  M.  Charles -Maurico-EffVn/îe  Clouzot, 
archiviste-paléographe,  attaché  à  la  Bibliothèque  historique  de 
la  ville  de  Paris,  fils  de  M.  Louis  Joseph-Lf^on  Clouzot,  libraire- 
éditeur  à  Niort,  et  do  Madame  Stéphanie  Geffré,  avec  M*"*  Jane 
Joseph-Marie-Nathalie  Régnier,  fille  de  M.  Pau /-Joseph-Marie 


Digitized  by 


Google 


—  83  — 
Régpûer,  colonel  dVtiUerie,  décédé,  et  de  M"^  Mélaaie  LùuUe 


La  bénédiction  nv^ptiale  a  été  donnée  par  M.  Tabbé  Paul  Ré~ 
gnier,  cousin  de  la  mariée,  qui  a  prononcé  Tallocution  d*usage. 

Les  témoins  étaient  :  pour  la  mariée,  MM.  Paul  Henry,  colo- 
nel d'artillerie,  et  Maurice  Duval,  son  cousin  ;  pour  le  marié, 
MM.  Henri  Clouzot,  homme  de  lettres,  son  frère,  et  Pierre  Pois- 
son, sculpteur,  son  cousin. 

Le  10  février,  a  été  béni,  en  Téglise  Saint-Eu^rope,  le  mariage 
de  M.  Joseph  Oudet,  inspecteur  aux  chemins  de  fer  de  TEst,  fils 
de  M.  le  baron  Oudet,  et  de  Madame  née  Lambert,  avec  M*'^ 
Jeanne  Richalley,  fille  de  feu  M.  Louis  Charles  Richalley,  lieu- 
tenant-colonel au  136*  de  ligne,  ancien  commandant  au  ô*  de  li- 
gne, et  de  Madame,  née  de  MondoUot.  Cf.  Bulletin,  XII,  p.  70. 

La  messe  a  été  dite  par  M.  Tabbé  Chaumet,  vicaire  général 
d'Angoulâme. 

Les  témoins  étaient  du  côté  du  marié  :  MM.  Denys  d'Aussy, 
avocat  à  Saint-Jean  d*Angély,  et  Georges  Régnault,  capitaine 
de  vaisseau  en  retraite,  officier  de  la  Légion  d'honneur,  ses 
cousins  :  et  du  côté  de  la  mariée,  MM.  Travail,  commandant  au 
6*  de  ligne,  et  Le  Masne  de  Broons,  son  cousin. 


VARIETES 


I 

Saint-Jean  d'Angély  sous  la  Révolution. 

Difficulté  entre  la  Garde  nalionMle  et  les  AmU  de  U  Con$iiiution, 

Dans  le  Bulletin  de  ta  Société  des  Archives  (tome  XVII,  p.  11), 
augmenté  alors  de  notes  fort  intéressantes  par  M.  Louis  Au- 
diat,  son  regretté  président,  nous  avons  parlé  de  la  protestation 
du  12  octobre  1790,  faite  par  le  marquis  de  Beauchamps,  député 
de  la  noblesse  de  la  sénéchaussée  de  Saint-Jean  d*Angély  à  l'As- 
semblée Nationale  contre  le  diécret  qui  supprimait  la  noblesse 
héréditaire  en  France,  et  défendait  de  prendre  les  titres  attachés, 
depuis  le  commencement  de  la  monarchie,  aux  propriétés  et  aux 
personnes. 

Nous  disions  en  quels  termes  vigoureux  le  major  de  la  garde 


Digitized  by 


Google 


—  94  — 

nationale,  M.  Gruel-Villeneuve,  avait  lui-même  protesté  contre 
cette  protestation  qu*il  avait  qualifiée  de  production  infernale, 
demandant  qu'on  dénonçât  tant  à  l'assemblée  nationale  qu'au 
Cercle  patriotique  des  jacobins  de  Paris,  la  Société  des 
amis  de  la  Constitution  de  Saint-Jean  d*Angély  qui  n'avait 
pas  expulsé  de  son  sein  des  individus  qui,  depuis  deux  mois, 
s'insurgeaient  contre  le  décret  de  l'assemblée  nationale  ;  il  con- 
cluait en  refusant  aux  membres  de  celle  société  le  droit  de  faire 
partie  de  la  garde  nationale  jusqu'à  ce  que,  regrettant  leur  er- 
reur, ils  eussent  prôté  le  serment  civique. 

Un  arrêté  lut  pris  dans  ce  sens. 

Des  recherches  postérieures  dans  les  archives  municipales, 
nous  permettent  aujourd'hui  d'ajouter  quelques  renseignements 
complémentaires  à  ce  sujet. 

Le  comité  de  correspondance  répotidit  le  26  décembre  1790  à 
l'arrêté  du  ô  du  même  mois. 

Cette  réponse  commençait  par  ces  mots  :  <(  Vivre  libres  ou 
»  mourir.  Messieurs,  nous  vous  remercions  de  votre  zèle  à  sur- 
»  veiller  les  ennemis  de  la  Révolution  :  nous  allons  communiquer 
»  au  comité  des  recherches  la  protestation  de  la  cy-devant  no- 
»  blesse  de  votre  vilk  et  votre  arrêté,  et  nous  userons  de  tous  les 
»  moyens  possibles  pour  que  l'assemblée  prenne  les  mesures 
»  pour  le  mamtien  de  ses  décrets.  Nous  écrivons  immédiatement 
»  à  la  Société  des  amis  de  la  Constitution  pour  exclure  de 
»  son  sein  les  protestants  contre  les  décrets  de  l'assemblée... 

»  Recevez...  »  Parmi  les  signatures,  nous  relevons  les  noms  de 
Barnave,  Villars,  président  ;  G.  Bonnecarre... 

La  garde  nationale  accusa  réception  de  celle  lettre  ajoutant  : 
«  qu'il  n'était  pas  de  contrée  où  les  ennemis  de  la  Révolution  se 
multipliaient  comme  dans  leur  petite  ville  (Saint-Jean  dfAngé- 
ly),  «  peuplée,  disaient-ils,  d'un  grand  nombre  de  cy-devant  no- 
»  blés  et  de  robins  dont  une  partie  s*était,  dès  le  principe,  coali- 
»  sée  avec  les  amis  de  la  Constitution,» 

Les  fondateurs  de  cette  société  étaient,  en  outre,  accusés  d'être 
les  auteurs  de  tous  les  maux  et  de  tdus  les  troubles. 

Des  députés  extraordinaires  furent  envoyés  à  Paris  pour  faire 
comprendre  à  l'Assemblée  Nationale  ce  qui  précède  :  une  au- 
dience favorable  était  sollicitée  pour  eux,  de  façon  à  ce  qu'ils 
puissent  «  démasquer  l'auteur  de  toutes  les  divisions  intestines 
»  qui  agitaient  alors  Saint-Jean  d'Angély,  auteur  qui,  disait-on, 
})  n'était  autre  qu'un  propre  député  à  l'assemblée  nationale  »• 


Digitized  by 


Google 


—  95  — 

Parmi  les  noms  des  signataires  au  registre  de  la  garde  na- 
tionale, n*  3,  nous  relevons  au  hasard  ceux  qui  suivent  :  Gruel- 
Villeneuve  ;  —  Moreau  ;  —  Laffond  ;  —  Demauge  ;  —  Debre- 
mônddars  (sic)  ;  —  Baudry  ;  —  Hiriard  ;  —  Couteau  ;  —  Des- 
rogis  ;  —  Mallard  ;  —  Esmein  ;  —  Gaborit  ;  —  Rullaud  ;  —  etc. 

Le  30  janvier  1791,  une  commission  fut  nommée  pour  répondre 
aux  accusations  portées  contre  la  gardie  nationale  et  les  faire  va- 
loir à  Paris  près  de  l'assemblée  nationale  ou  d)u  club  des  jaco- 
bins. 

Saint-Jean  d'Angély,  le  1"  décembre  1903. 

Amédée  Mesnard. 

III 

Papiers  de  la  famille  Baudouin  de  Laudkberderie 
(Suite  et  fin). 

Erràlnm  :  Notre  confrère,  M.  Prieur,  fait  remarquer  que  Denis  Prieur,  de 
Granville,  épousa  Marguerite  Besnard  et  non  Bernard. 

Le  4  décembre  1760,  P.  P.  Raboteau  écrit  de  La  Rochelle  : 
«  Depuis  la  semaine  dernière,  il  est  arrivé  plusieurs  paquebots 
chargés  des  troupes  qui  étoient  en  Canada  et  il  en  arrive  tous 
les  jours.  Les  vaisseaux  anglais  qui  étoient  dans  nos  rades  en 
ont  enfin  pris  congé,  ce  qui  donnera  un  libre  cours  à  la  naviga- 
tion  de  votre  rivière.  Dieu  veuille  que  ce  soit  pour  longtemps, 
et  que  le  grand  armement  qui  ce  fait  en  Angleterre  ne  soit  pas 
pour  nos  costes  :  suivant  les  dernières  gazettes,  cette  puissante 
flotte  devoit  mettre  en  mer,  vers  la  fin  du  mois  dernier  ;  si  cella 
est,  nous  ne  tarderons  pas  à  scavoir  de  quel  costé  ce  portera 
Torage,  la  saison  nous  devroit  bien  faire  espérer  que  ce  n'est 
pas  à  nous  à  qui  les  Anglais  en  veulent,  mais  on  doit  tout  crain- 
dre d*un  cnnemy  entreprenant.  On  se  met  aussy  icy  sur  la  dé- 
fensive, et  nos  officiers  généraux  sont  venus  reprendre  leurs 
postes...  Nous  avons  actuellement  une  assés  mauvais  spectacle 
qui  est  pourtant  assés  suivi  par  nécessité  où  se  trouve  bien  des 
gens  de  remplir  le  vuide  de  la  soirée  ;  il  a  esté  entièrement  aban- 
donné pendant  quelques  jours  par  tous  les  bourgeois,  sur  quel- 
que ordre  un  peu  trop  rigide  que  le  militaire  avoit  donné  pour 
que  le  parterre  gardât  un  proffond  silence,  mais  les  choses  se 
sont  raccommodées  et  deux  grenadiers  font  actuellement  toute 
la  garde  du  parterre.  » 


Digitized  by 


Google 


—  96  — 

Prix  de  denrées  en  1766.  —  Sel  nouveau  à  St-Martin  de  Ré, 
pris  sur  la  bosse,  500  livres  le  cent.  —  12  octobre,  3  barriques 
de  vin  112  livres  10  sols  ;  sept  cents  et  demie  de  fagots,  75  livres. 

—  7  août  1767,  eau-de-vie  à  La  Rochelle  150  livres  les  27  vel- 
tes. 

Samuel  Charrier  époux,  suivant  le  livre  généalogique  d'Anne 
Baudouin  (qui  en  1766  signe  Marie,  je  ne  sais  pour  quelle  raison) 
écrit  de  Londres  où  ils  s'étaient  réfugiés,  à  son  beau-frère  Pierre 
Baudouin,  le  9  octobre  1764  :  «  M.  Masson,  frère  de  ma  tante, 
est  ici  le  secrétaire  et  bibliothécaire  de  son  altesse  royale  le  duc 
de  Oumberland,. oncle  du  roy  régnant...  je  commence  à  ensei- 
gner le  français  ici  en  attendant  mieux...  il  me  sera  d'un  grand 
secours...  sa  tante  Mlle  France  nous  fait  beaucoup  de  politesses.» 

—  Le  22  février  1765  :  «  M.  Luther  est  mort  (à  l'île  de  Ré  ?)  les 
deux  aînés  et  le  père  morts,  miss  Sophia  et  Thomas  Luther  res- 
tent seuls.  »  —  Le  23  décembre  1766,  Marie  (Anne  ?)  Baudouin, 
sa  femme,  écrit  de  Londres  qu'ils  sont  brouillés  avec  leur  cou- 
sine Chevalier  «  sans  luy  avoir  donné  d'autre  sujet  que  de  ne 
vouloir  pas  joué  au  carte  et  d'alé  à  des  église  qui  le  défande 
expressément  ainsi  que  tout  autre  plaisir  mondins  comme  bal, 
comédie,  opéra...  les  églises  fransezes  qui  sont  icy  sont  tombées 
dans  un  relâchement  inexplicable...  plusieurs  personnes  se  sont 
retirées  de  ses  églises  à  cose  de  leur  tiédeur...  nos  Fransés 
sans  donne,  je  crois  si  quelqu'un  de  leurs  ensaîtres  pouvés  re- 
venir 11  ne  voudroit  pas  les  reconnaître  ;  ne  portent  plus  la  mar- 
que de  véritable  protestant  pour  laquelle  il  ce  sont  réfugié...  » 
Le  10  Avril  1767,  Samuel  Charrier  revient  sur  le  même  sujet 
de  brouille  avec  sa  cousine  pour  avoir  refusé  déjouer  aux  car- 
tes c  ce  qui  fait  horreur  même  les  semaines  de  préparation  à 
la  sainte  cène  du  Seigneur  ainsi  qu'un  jour  de  jeune  que  les  ré- 
fugiés observent  tous  les  ans  le  22*  octobre  à  l'occasion  de  la 
cassation  ou  révocation  de  l'édit  de  Nantes...  ce  qui  est  ui\e  mo- 
querie à  la  face  de  Dieu  et  un  scandale  aux  yeux  des  Anglais... 
il  n'y  a  que  des  irrégénérez  et  des  Lucifers  en  forme  d'hommes 
et  de  femmes  qui  puissent  agir  ainsi.  »  Le  29  septembre  il  annonce 
le  décès  de  sa  femme  survenu  le  17  ;  sa  dernière  lettre  est  du  10 
août  1786. 

26  février  1766.  —  Jouneau,  neveu  de  Dohet  de  St-Georges 
mort  depuis  quelques  années  doyen  des  conseillers  de  Saintes, 
demande  si  sa  tante  bretonne,  dame  Baudouin,  morte  supé- 
rieure de  l'hôpital  de  Saintes,  est  parente  de  Pierre  Baudouin. 


Digitized  by 


Google 


—  97  — 

4  Janvier  1766.  —  Lefebre,  de  Rochefort,  écrit  a  M.  Voille 
est  averti  que  le  vicaire  du  Douhet  chassait  avec  vous  ;  ce  n'est 
pas  Tintention  des  fondateurs  »  (des  parties  de  chasse]  ? 

12  février  1767.  —  Vallade-Lagord  demande  qu'on  lui  envoie 
à  Saintes,  douze  dames-jeannes  par  Maquignon  «  maître  du 
bateau  de  poste.  » 

28  janvier  1767.  —  De  Karrer,  l'aîné,  écrit  de  La  Rochelle 
qu'il  regrette  d'avoir  manqué  la  visite  de  M.  de  Villette  à  Véné- 
rand  ;  15  février,  il  écrit  de  Saint-Denis  qu'il  vendra  peut-être 
Le  Douhet;  Beaudouin  répond  que  «la  vente  de  Vénérand  pour- 
rait suivre,  et  les  Baudouin  qui  ont  l'honneur  d'être  ses 
tenanciers  seraient  privés  du  plaisir  de  voir  un  seigneur  que  je 
respecte  et  qui  me  permet  de  l'aimer  »  ;  12  mars,  de  Karrer 
écrit  de  Gourbevoie,  très  occupé  à  l'approche  de  la  revue  du 
roi  ;  le  6  mai  il  est  à  Marly  pour  quelques  jours.  Baudouin  ré- 
pond que  le  bruit  court  que  leurs  terres  sont  vendues  ou  qu'ils 
vont  les  vendre.  En  1768,  de  Karrer  lui  écrit  que  la  Seine  a  été 
gelée  et  a  brisé  des  ponts. 

En  1767,  Jambu  écrit  (de  Rochefort  ou  de  La  Rochelle)  qu'il  a 
appris  «  que  des  loups  enragés  faisaient  des  incursions  dans  nos 
contrées  et  avaient  blessé  plusieurs  personnes...  ici  un  seul 
loup,  il  y  a  40  jours,  a  blessé  22  personnes  ;  un  homme,  qu'on 
trouva  mort  sur  le  chemin,  tout  déchiré  par  l'animal,  et  21  hom- 
mes, femmes  et  enfants  furent  conduits  ici  à  l'hôpital  pour  y 
être  traités  et  gardés  à  vue...  12  ont  tombé  dans  l'hydrophobie 
et  sont  morts  enragés...  9  autres  sont  soignés  par  un  chirurgien 
d'Angoulême  qui  prétend  avoir  des  spécifiques.  »  Jambu  con- 
seille de  ne  pas  cicatriser  la  plaie  avant  40  jours,  de  frotter  la 
blessure  avec  un  sachet  de  sel  mouillé  et  d'y  mettre  un  cata- 
plasme d'ail,  sauge,  romarin,  rue,  sel  ;  avaler  un  verre  de  vin 
blanc  avec  moitié  vinaigre  et  une  pincée  de  sel. 

Le  21  octobre  1781,  une  dame  Daquin,  écrit  de  Saint-Martin 
de-Ré  :  «  On  parle  beaucoup  de  guerre  et  Ton  prépare  l'île  à  la 
défensive.  Ton  monte  les  canons  partout,  la  vie  est  chère  on  ne 
trouve  pas  de  défaite  du  sel.  » 

Un  brevet  en  blanc  et  sans  date  «  Attache  à  la  commission 
qui  donne  rang  de  capitaine  dans  les  troupes  suisses  et  gri- 
sonnes au  sieur...  »  est  délivré  par  le  duc  de  Ghoiseul,  colonel- 
général  de  Suisses  et  Grisons,  etc. 

5  mai  1789.  —  La  dame  Oaillard,  religieuse  de  Tabbaye  de 


Digitized  by 


Google 


Saintes,  remercie  du  prêt  de  6  louis  fait  pour  avoir  un  forte- 
piano  pour  sa  nièce.  (Le  clavecin  va  disparaître  !) 

7  avril  1793,  an  II.  —  Jamain  écrit  de  Saint-Martin  de  Ré  au 
citoyen  Baudouin,  l'aîné,  négociant  à  Taillebourg  :  «  Voussavés 
sans  doute  la  victoire  que  les  Rhétois,  au  nombre  de  550,  qui  se 
sont  porté  aux  Sables  dès  le  16  mars  ont  remportée,  le  ven- 
dredi saint  dernier,  sur  les  rebelles  réunis  au  nombre  de  6800  qui 
assiégeoient  les  Sables  et  tiroient  à  boulets  rouges  sur  la  ville. 
Nous  leur  avons  tués  4 à 500  hommes,  pris  2  pièces  de  18,  quatre 
de  4,  plusieurs  pierriers,  enfin  toutte  leur  artillerie  ;  ils  ont  été 
mis  totalement  en  déroute.  Nous  devons  cet  avantage  au  citoyen 
Foucault  aîné,  chef  de  légion  de  notre  île,  qui  commande  toutes 
les  troupes  réunies  aux  Sables,  où  nous  avons  fait  rendre  5  piè- 
ces de  quatre  qui  ont  été  d'un  grand  secours.  Les  troupes  qui 
arrivent  journellement  dans  ce  pays  là,  parviendront  mainte- 
nant à  y  rétablir  la  tranquilité  !  Salut,  fraternité,  Jamain.  » 

24  pluviôse,  an  X.  —  Le  sieur  La  Montagne  (probablement 
employé  au  commissariat  de  la  marine)  écrit  de  Rochefort  : 
«  Le  ministre  tourmente  notre  administration,  et  encore  ne 
nous  paie-t'on  pas.  » 

Sans  date.  —  Note  sans  signature  indiquant  que  Targenterie, 
cuivre,  matelas,  linge,  livres,  papiers  non  vendus  de  l'émigré 
de  Laage  situés  au  ci-devant  château  du  Douhet,  ont  été  trans- 
férés au  district  de  Xantes,  le  bois,  foin,  paille,  etc.,  ayant  été 
réquisitionnés  pour  la  nation. 

X. 


Addition  aux  papiers  de  la  famille  Baudouin  de  Laudeberderie 
(Archives  de   la  Charenteirln(érieure,  minutes   Mongrand). 

Sachent  tous  présans  et  advenir  que  on  trailté  et  prolocution 
de  mariage  parlé  à  faire  et  qui  au  plaisir  de  Dieu  s'accomplira 
de  Estienne  Meschinet,  sieur  des  Séguineries,  advocat  en  la 
Cour,  fils  naturel  et  légitime  de  maître  Michel  Meschinet,  sieur 
du  Bouquet,  procureur  fiscal  du  comté  de  Taillebourg,  et  de 
demcMselle  Marguerite  Rocquemadour,  d'une  pari,  avec  demoi- 
selle Jeanne  Baudouin,  fille  naturelle  et  légitime  de  Pierre  Bau- 
douin, sieur  de  La  Convbe  et  de  Dion,  et  de  demoiselle  Jeanne 
Longespée,  d'autre  part,  demeurant  tous  au  présent  lieu  de  Tail- 
lebourg, lesquels  préparlés  à  marier  de  leurs  bons  grés  et  vol- 


Digitized  by 


Google 


iDigitized  by  VjOOQIC 


•  -^  -.-.  mmmm 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


no 


Digitized  by 


Google 


—  99  — 

lontés  et  par  l'advis,  authorité,  conseil  et  consentement,  sçavoir 
les  dits  préparlés  desdits  sieur  Meschinet  et  demoiselle  Rocque- 
madour,  ses  père  et  mère,  nobles  hommes,  Jacques  Meschinet, 
sieur  de  Bel  Air,  greffier  en  chef  du  siège  royal  de  Saint-Jean 
d'Angély,  son  frère,  Estienne  Meschinet,  sieur  de  Perchaud  ?  son 
oncle  paternel,  Jacques  Rocquemadiour,  sieur  de  Chasteau  Gail- 
lard ;  son  oncle  maternel,  Jacob  Meschinet,  sieur  du  Breuil  ;  Aron 
Boursiquot,  sieur  de  Charmeleil,  Jean  Tessereau^  sieur  de  Beau- 
regard,  Michel  Tessereau,  sieur  de  Boismatté,  et  Daniel  Babil- 
lard, sieur  de  la  Bertramière,  ses  cousins. 

Et  ladite  préparlée  dudit  sieur  Baudouin,  son  père  ;  nobles 
hommes  René  Baudouin,  sieur  du  Fief,  Jean  Baudouin,  sieur  de 
Laudjeberderie,  ses  frères  ;  Paul  Baudouin,  sieur  de  Boisron,  advo- 
cat  en  la  Cour,  Jacques  Baudouin,  sieur  de  La  Barrière,  Charles 
Baudouin,  sieur  du  Fief  Rigaud,  ses  cousins  germains  ;  Bau- 
douin, sieur  de  la  Pommeraye,  advocaten  la  Cour,  Jean  Richard, 
aussi  ses  cousins. 

Se  sont  promis  Tun  et  l'autre  prendre  à  mari  et  femme  espoux, 
toutes  et  quantes  fois  qu'ils  s'en  requerront  ou  feront  requérir, 
les  solennités  de  la  Religion  de  laquelle  les  parties  font  profes- 
sion, préalablement   gardées   et  observées 

,     ,     .  ♦ . 

Fait  et  passé  audit  Taillebourg,  sur  le  port,  en  la  maison 
dudit  sieur  Baudouin,  le  vingt- troisième  jour  du  mois  de  juillet, 
à  huit  heures  du  matin,  l'an  1656,  en  présence  de  Samuel  Ber- 
thelemy,  avocat  en  la  Cour,  et  Charles  Coûtant,  chirurgien,  audit 
Taillebourg. 

Signé  :  Meschinet,  Jeanne  Baudouin,  Baudouin,  Meschinet, 
Baudouin,  Marguerite  Rocquemadooir,  Rocquemadour,  Meschi- 
net, Meschinet,  Boursiquot,  Coûtant,  Bauldiouyn,  Baudouin, 
Berthelemy,  Meschinet,  Babillard,  Richard,  Tessereau,  Tesse- 
reau, Baudouin,  Baudouin,  Jacques  Bauldouin,  Marie  Ozeau, 
Suzanne  Allenet,  Marguerite  Baudouin,  Mongrand,  notaire  à 
Taillebourg. 

Articles 

Entre  Estienne  Meschinet,  sieur  des  Séguineries,  fils 
de  maître  Michel  Meschinet,  sieur  du  Bouquet,  procureur  fiscal 
du  comté  de  Taillebourg,  et  demoiselle  Marguerite  de  Rocque- 
madour, d'une  part,  et  demoiselle  Jeanne  Baudouin,  fille  de 
Pierre  Baudouin,  sieur  de  La  Combe,  et  de  demoiselle  Jeanne 
Longuespée,  tous  demeurant  en  la  ville  et  port  de  Taillebourg. 


Digitized  by 


Google 


—  100  — 

Monsieur  et  Madame  Meschinet  donneront,  en  faveur  du  ma* 
riage  de  leur  dit  fils,  la  somme  de  six  mille  livres,  en  attendant 
leur  future  succession,  payable  ladite  somme  dans  le  jour  de  la 
bénédiction  nuptialle,  en  fondz,  deniers  et  obligations  bonnes  et 
valables,  de  laquelle  somme  en  demeura  censé  de  nature  de 
meubles  la  somme  de  mille  livres  et  le  par  sus  de  nature  matri- 
monialle  à  luy  et  aux  siens  de  son  estocq,  ligne  et  branchage, 
tant  en  fait  de  succession  que  disposition  des  quelles  choses,  il 
baillera  quittance  à  ses  pères  et  mères,  et  les  rapportera  ou  pré- 
comptera, leur  deceds  advenu,  venant  à  partage  avec  son  frère. 

Monsieur  de  La  C(tmbe  constituera  en  dot  à  ladite  Baudouin, 
sa  fille  aînée,  tant  de  son  chef  que  de  la  succession  à  elle  escheue 

par  le  deceds  de  ses  père  et  mère  et  par  advancement  d'hoirie 

dix  aires  de  marais  sallans  situez neuf  livres  et  demie  sur  la 

rivière  de  Seudre,  en  la  prize  de  Guégouille,  sur  le  chenal  de 

et  les  autres  sur  le  hAvre  de  Brouage,  en  la  baronnye  de  Sou- 

bize,  en  la  prize  de et  les  quatre  autres  livres  en  la  prize  de 

Burie,  en  la  paroisse  de  Saint-Martin,  baronnie  de  Soubize, 
avecq  leurs  appartenances  et  dépendances  de  gaz,  couches, 
douhes,  bosses,  bossies,  sartières  et  claires  et  tout  ainsy  qu'en  a 
jouy  jusqu'à  présent  le  sieur  Baudouin  ensemble  a  délaissé  pour 
mesme  constitution  de  dot  à  ladite  Baudouin,  sa  fille,  tous  les 
dhomaynes  qu'il  a  dans  la  mestayrie  du  Pigné,  paroisse  de  Saint- 
Eutrope  lès  Xaintes,  et  ceux  qu'il  peut  avoir  au  lieu  de  la  Pillar- 
dière,  paroisse  de  Plassac,  le  tout  avecq  leurs  apartenances  et 
dépendances  et  autres  générallement  quelconques,  et  outre  de 
la  somme  de  cinq  cents  livres  de  meubles,  ustanciles,  desquelles 
choses  sus  données,  ladite  Baudouin  jouyra  dès  le  jour  de  la 
bénédiction  nuptialle  et  luy  en  sera  censé  de  nature  de  meubles, 
la  somme  de  cinq  cents  livres,  pour  avecq  ladite  somme  de  cinq' 
cents  livres  sera  donnée  faisant  en  tout  la  somone  de  mille  livres 
estre  de  nature  de  meubles  pour  entrer  en  la  communauté  de  la 
préparlée  et  le  parsus  sera  censé  de  nature  patrimonialle  à  elle 
et  aux  siens  de  son  estocq,  lignée  et  branchage,  ce  que  néan- 
moins elle  pourra  rapporter  ou  précompter  venant  à  partage 
avec  ses  frères  et  sœurs  après  le  deceds  de  sondit  père,  des- 
quelles choses  ledit  préparlé  baillera  bonne  et  valable  quittance 
lors  de  la  réception  et  le  tout  assignera  par  le  contrat  sur  tous 
et  chacuns  ses  biens  présentz  et  advenir,  ensemble  tout  ce  qu'il 
recevra  de  ladite  préparlée,  soit  par  succession  directe,  collaté- 
ralle  ou  aultrement. 


Digitized  by 


Google 


—  101  — 

Et  d'autant  que  Jeanne  Vitet,  aïeule  maternelle  de  ladite  Bau- 
douin, luy  a  ci-devant  fait  certaine  donation  et  accordé  que  les 
quatre  livres  de  marais  situez  en  la  prise  de  Burie,  paroisse  de 
Saint-Martin,  baronnye  de  Soubyze,  demeurent  à  icelle  Bau- 
douin, dont  elle  se  contente  pour  tout  l'effet,  d'icelle  donation 
el  au  cas  qu'elle  ne  s'y  vouleust  tenir,  ledit  Baudouin,  dès  à  pré- 
sent comme  dès  lors,  et  dès  lors  comme  dès  à  présent,  fait  don 
et  donation  à  ses  autres  enfants  en  chacun  d'eux  de  la  même 
valeur  que  celle  faite  par  ladite  Vitet  à  ladite  Baudouin. 

S'associeront  lesdits  Meschinet  et  Baudouin  préparlée,  moitié 
par  moitié  en  tous  les  meubles  qu'ils  ont  deprésent  et  aux  meu- 
bles, acquez  qu'ils  feront  et  acquéront  pendant  leur  codemeu- 
rance  ensemble.  Se  feront  donation  pour  gain  de  nopces  et  au 
survivant  d'eux  la  somme  de  six  cents  livres  et  en  cas  de  disso- 
lution de  leur  mariage  pourra  la  préparlée  renoncer  à  la  société 
et  communauté  trois  mois  après,  nonobstant  la  coutume  de 
SaintrJean  d'Angély,  à  laquelle,  pour  ce  regard  seulement,  sera 
dérogé  par  exprès  et  emportera,  franc  et  quitte  de  toutes  debtes, 
nonobstant  qu'elle  y  fusl  obligée,  tout  ce  qu'elle  montrera  avoir 
porté  et  conféré  audit  préparlé,  avecq  ses  bagues,  joyaux,  ves- 
temans  et  autres  choses  de  son  usage,  ensemble  ledit  gain  de 
noces  et  jusques  à  l'entier  remboursement  et  payement  du  tout, 
jouir  des  biens  dudit  préparlé  et  en  faire  les  fruits  siens,  sans  que 
ladite  jouissance  luy  puisse  estre  imputée  sur  le  principal,  en 
nourrissant  et  entretenant  les  enfans  dudit  mariage,  si  aucuns  se 
trouvent. 

Tous  les  articles  transcrits  ci-dessus  ont  esté  accordés  par 
devant  nous,  notaires  soussignés,  et  en  présence  de  leurs  parents 
et  amis,  ce  mai  1656,  et  en  présence  de  Jean  Babin,  serviteur 
domestique  dudit  sieur  de  La  Combe,  et  Estienne  Babin,  servi- 
teur domestique  dudit  sieur  Meschinet,  greffier  en  chef  du  siège 
de  Saint-Jean,  y  demeurant,  lesdits  Babin,  témoins,  ont  déclaré 
ne  savoir  signer. 

Baudouin,  Meschinet,  Jeanne  Baudouin,  Meschinet, 
Marguerite  Rocquemadour,  Meschinet,  Meschinet, 
J.  Baudouin,  R.  Baudouin,  F.  Baudouin,  Bauldouyn, 
Jacques  Bauldouyn,  Boursiquot,  Rocquemadour, 
J.  Charrier,  Rabillard,  Tessereau,  Tessereau, 
Baudouin,  Mongrand,  notaire  à  Taillebourg. 
(Archives  de  la.  Charente-Inférieure.  —  Minutes  de  Mongrand). 


Digitized  by 


Google 


—  102  — 

A  Son  Excellance  Monsieur  le  govcrneur  en  chef  de  la 
nouvelle  Englelerre. 

Supplie  humblement  Pierre  Baudouin,  disanl  que  les  rigeurs 
qui  se  exercère  en  France  contre  les  protestans,  Tauroyent  obligé 
d'en  sortir  avecq  sa  famille  et  ce  seroyent  réfugiés  en  le  royaume 
d'Irlande,  en  la  ville  de  Dublin,  auquel  lieu  il  auroit  pieu  à  mes- 
sieurs les  receveurs  des  droits  de  Sa  Majesté  d'admettre  le  sup- 
pliant à  un  employ  de  garde  des  bureau,  mais  comme  du  despuis 
il  y  a  heu  changement  d'officiers,  il  seroit  demeuré  sans  employ, 
ce  qui  auroit  esté  cause  que  le  suppliant  et  sa  familles,  quy  sont 
au  nombre  de  six  personnel,  se  sont  retirez  dans  ces  territoire, 
dans  la  ville  de  Casco,  en  la  comté  de  Mayne,  et  d"'aultant  qu'il 
y  a  plusieurs  terres  quy  n'i  sont  point  occupée  et  principallemcnt 
celles  quy  sont  située  à  la  pointe  du  sus  de  Barbary  Crike.  Ce 
considéré.  Monsieur,  il  plaize  à  Votre  Flxcellance  ordonner  qu'il 
en  soit  déluiré  au  suppliant  jusque  au  norhbre  de  cent  acre,  aux 
fins  que  ce  luy  soit  un  moyen  d'entretenir  sa  famille  et  il  conti- 
nuera à  prier  Dieu  pour  la  santé  et  prospérité  de  Votre  Excel- 
lance. 

Pierre  Baudouin. 
Enregistré  2  d'aoust  1687. 

L'original  de  cette  lettre  est  en  possession  de  l'hon.  Robert 
C.  Winthrop  (Boston).  Un  fac-similé  se  trouve  dans  un  volume 
de  discours  de  M.  Winthrop,  intitulé  :  Washington,  Bowdoin 
and  Franklin, 

Cette  demande  fut  accueillie,  mais  la  concession  de  terrains 
lui  fut  frauduleusement  enlevée  par  l'arpenteur,  et.  dans  l'au- 
tomne suivant  1688,  il  fut  obligé  de  demander  réparation. 

Sa  lettre  au  gouverneur  est  conservée  aux  archives  du  Massa- 
chusetts, et,  comme  les  autres  écrits  de  réfu<iiés  qui  nous  ont  été 
conservés,  elle  dénote  un  homme  intelligent  et  cultivé. 

James  Baudouin,  fils  de  Pierre,  s'éleva  au  premier  rang  parmi 
les  négociants  de  Boston.  Pendant  plusieurs  années,  il  fut  mem- 
bre du  conseil  de  la  colonie,  et  laissa  la  plus  grande  fortune 
qu'on  eût  jamais  connue  dans  la  province.  Son  fils,  James 
devint  président  de  l'assemblée  constituante  des  Etats-Unis,  en 
1779,  et  à  la  fin  de  la  guerre  de  l'indépendance,  lieutenant-gou- 
verneur, puis  gouverneur  du  Massachusetts,  il  mérita  une  statue, 
à  sa  mort,  à  l'ûge  do  64  ans,  le  6  novembre  1790.  «  Bowdoin 
Collège  »,  dans  le  Maine,  qui  faisait  alors  partie  du  Massachu- 
setts, reçut  ce  nom  en  l'honneur  du  gouverneur  James  Bowdoin. 


Digitized  by 


Google 


—  103  — 

Son  fils  unique,  James,  devint,  en  1805,  ministre  plénipoten- 
tiaire des  Etals-Unis  auprès  de  la  cour  de  Madrid,  et  mourut 
sans  postérité  après  avoir  répandu  ses  libéralités  sur  le  collège 
qui  perpétuait  le  nom  de  sa  fauiiile  (The  li{e  and  services  o{ 
James  Bowdoin..,,  hy  Robert  C.  Winthrop,  p.  82,  5  septembre 
1849). 

DE  RiCHEMOND. 


III 

SAINTES    ANCIENNE 
Les    rues 

(Soife). 

Quels  ravages  exercèrent  sur  Saintes  les  hordes  wisigothes  ? 
La  ville,  à  peine  centenaire,  a-t-ellc  de  nouveau  disparu  ? 

On  n*cst  pas  plus  d'accord  sur  le  caractère  de  cette  invasion 
que  sur  les  précédentes.  Les  uns  soutiennent  que  les  gallo-ro- 
mains n'opposèrent  aucune  résistance,  «  qu'il  n'y  avait  ni  inva- 
sion ni  conquête,  mais  un  mal  qui  ressemblait  à  celui  que  l'in- 
vasion et  la  conquête  produisent  ordinairement».  Les  autres, 
s'appuyant  sur  le  témoignage  de  contemporains,  croient,  au  con- 
traire, que,  suivant  une  énergique  expression  d'Orientius,  évoque 
d'Auch,  vivant  en  430  et  440,  «  toute  la  Gaule  a  brûlé  sur  un  même 
bûcher  ».  L'auteur  du  poème  sur  la  Providence  de  Dieu  écrit 
que  depuis  dix  ans  la  Gaule  est  «  sous  le  glaive  vandalique  et 
gothique  ».  Il  y  a  peut-être  beaucoup  de  rhétorique  et  d'exagé- 
ration dans  ces  cris  de  terreur. 

M.  Jullian  (1)  dislingue  pour  Bordeaux  deux  phases  :  la  pre- 
mière comprend  un  premier  passage  dies  Wisigoths  en  407,  leur 
impuissance  à  s'emparer  de  la  ville  protégée  par  ses  remparts  ; 
la  seconde,  l'entrée  des  Barbares,  reçus  en  amis,  dans  Bordeaux 
en  414,  et  leurs  excès.  C'est  à  cette  période  qu'il  rapporte  par 
conséquent  le  texte  de  Paulin  de  Pella,  un  bordelais,  petit^fils 
d'Ausone,  témoin  et  victime  des  soldats  dfAtaulf  :  «  Ils  nous  trai- 
tèrent selon  les  lois  de  la  guerre,  dit-il,  en  peuple  conquis,  et, 
après  avoir  cruellement  désolé  la  ville,  ils  la  brûlèrent...»  Mal- 
gré la  sincérité  dont  Paulin  semble  faire  preuve,  il  n'est  pas  ab- 

(1)  ln$eripiion$j  t.  II,  p.  (14. 


Digitized  by 


Google 


—  104  — 

solument  certain  que  le  mal  ait  eu  autant  d'ampleur  qu'on  pour- 
rait l'imaginer,  puisque  quelques  années  plus  tard,  vers  le  milieu 
du  V*  siècle,  Bordeaux  possède  des  écoles  fréquentées  ;  à  la 
campagne,  les  villas  sont  occupées  et  paraissent  somptueuses  (1). 

Est-il  téméraire  de  penser  que  les  événements  à  Saintes  ont 
dû  ressembler  à  ceux  de  Bordeaux  ?  Si  vraiment  nos  remparts 
ont  empêché  les  nouveaux  envahisseurs  de  s'emparer  de  la  ville, 
à  une  première  invasion,  il  n'est  pas  permis  d)e  croire  qu'une  dou- 
zaine d'années  plus  tard,  les  portes  ne  se  soient  ouvertes  devant 
eux...,  peut-être  sans  tristesse  de  la  part  de  la  population  qui 
ne  leur  était  pas  foncièrement  hostile,  malgré  la  différence  de 
religion.  En  effet,  Honorjus  accorde  par  traité  à  Théodoric,  en 
419,  la  seconde  Aquitaine,  depuis  Toulouse  jusqu'à  l'Océan.  An- 
gouTême,  Saintes,  Poitiers  font  partie  de  la  concession. 

Dès  lors,  commence  pour  notre  pays  une  nouvelle  vie. 

Le  nom  de  MediolAnum  disparaît,  s'il  n'a  déjà  disparu, 
comme  si  on  eût  voulu  effacer  le  souvenir  romain  (2),  la  cité 
s'appellera  désormais  SsLfitonis  (3),  puis  Santena^,  Sanctenas... 
etc.,  et  un  court  moment  au  XIII*  siècle,  du  mot  plutôt  littéraire, 
singulier  à  coup  sûr,  énigmatique  d'ailleurs,  (ï Elleposelle  (4), 
enfin  Xaintes,  Xantes. 

On  ne  possède  aucune  notion  sur  le  séjour  des  Wisigoths  en 
Saintonge,  ni  aucun  élément  d'appréciation  sur  la  question  de 
savoir  dans  quelle  mesure  ils  se  sont  mêlés  à  la  population  an* 
térieure.  Les  Francs,  venus  un  siècle  plus  tard  (507),  ont  laissé 
des  traces  plus  apparentes  :  leurs  cimetières  d'Herpes,de  Biron, 


(1)  JuUian,  ibid.,  p.  617. 

(2)  Le  nom  est  gaulois  cependant.  Les  colonies  seules  conservent  leurs 
noms.  Cf.  sur  ce  sujet  abbé  Belley,  De  V  ordre  politique  des  Gaules  quia,  occa- 
sionné le  changement  de  nom  de  plusieurs  villes.  (Mémoires  de  Vacad.  des  1. 
et  B.  /.,  t.  XIX,  p.  495.  —  Aet^ae  arehéo.,  XXXVI,  p.  944.  De  Vassociation  sur 
un  sou  mérovingien  du  nom  Gallo  romain  et  du  nom  plus  récent 

(1)  Tacite  emploie  ce  mot  et  non  pas  Mediolanum.  Légendes  mérovin- 
giennes :  SANTONIS,  SANCTONAS,  SANCTONIS. 

Il  est  assez  curieux  que  le  nom  de  Mediolanum  n'est  pas  oublié  complète- 
ment au  VIII«ou  IX*  siècle.  L'auteur  de  la  Cosmxigraphie  Ravennate  le  con- 
naît. 

Sur  les  différentes  formes  du  nom  dans  les  itinéraires  SANCORUM,  SANG- 
TORUM,  Cf.  Desjardins,  Géographie  hist.,  de  la  Gaule. 

(4)  Pseudo-Turpin^  édit.  Th.  Auracher,  p.  19,— Tote  histoire  de  France,  édit. 
F.  W.  Bourdillon,  p.  22,  23. 


Digitized  by 


Google 


—  105  — 

de  Cognac,  de  Neuvic  (1)  sont  des  témoins  d'une  agglomération 
populeuse  assez  considérable  et  prolongée  ;  *—  encore  ces  nécro- 
poles ne  datent-elles  que  du  VU*  ou  de  la  fin  du  VI*  siècle. 
Quelques  tombes  éparses,  àChadenac,  Chérac,  Ebéon,  Ouimps, 
Glion,  indiquent  d'autres  points  de  séjour.  A  Saintes,  le  docu- 
ment le  plus  ancien  de  cette  période,  c'est  la^^tombe  d'Oronce 
provenant  du  cimetière  de  Saint-Saloine  (2). 

Tl  n'est  pas  douteux  qu'à  partir  du  Y*  siècle,  à  Saintes 
comme  ailleurs,  les  évèques  ne  deviennent  les  véritables  maîtres 
de  la  ville  épiscopale  et  y  exercent  un  rôle  prépondérant  au 
milieu  du  désarroi  général.  La  popnlation  se  groupe  autour 
d'eux.  Ils  héritent  du  titre  de  protecteur  ;  la  légende  raconte  que 
Saintes  fut  sauvée  d'une  incursion  des  Saxons  «  venus  sur  de 
nombreux  navires  »  par  les  prières  de  saint  Vivien  et  une  vision 
qui  effraya  les  Barbares.  Le  pouvoir  de  l'église  régit  le  spirituel 
et  le  temporel  tout  à  la  fois.  «  L'évèquene  restait  étranger  à  au- 
cun des  intérêts  matériels  de  la  cité.  Avec  les  revenus  de  l'Eglise 
il  fait  exécuter  les  travaux  publics,  réparant  les  murailles,  édi- 
fiant et  restaurant  les  édifices...  »  (3)  Lui  seul  jouit,  en  ce  temps 
troublé,  de  l'autorité  nécessaire,^  tenant  en  échec  celles  des 
comtes.  Il  est  bien  le  maître  souverain,  respecté  et  écouté. 
Cette  toute  puissance  se  manifeste  tout  d'abord  par  des  con- 
structions d'églises.  Les  évèques,  conformément  à  une  habitude 
contractée  dès  le  siècle  précédent,s'emparent  d'édifices  romains 
ruinés  et  les  transforment  en],lieux  de  prières*  Saint-Saloine 
serait  une  de  celle-ci  que  je  n'en  serais  nullement  surpris  ;  on 
le  croyait  autrefois  (4).  Bientôt  ils  ne  se  contentent  plus  d'un 
simple  aménagement,  ils  bâtissent.  L.  Audiat  est  tombé  dans 
une  grave  erreur  en  avançant  qu'au  III*  siècle  une  église  sous 
le  vocable  de  Saint-Pierre  devait  avoir  été  érigée  sur  l'emplace- 
ment de  la  cathédrale  actuelle   (5).  Le  premier  Saint-Pierre 


(1)  Cf.  Reeutil  de  U  Commiêsion  des  Arts  et  mon,  de  U  Ch.  lnf„  l,  p.  4S6, 
484.  —  L.  Audiat,  Epigrephie.  —  Barrièi^-Flavy,  Les  arts  industriels  despeu' 
pies  barbares.  —  Delamain,  Le  cimetière  d'Herpès. 

(3)  Reeneil,  V,  p.  165.  -^Bnileiin,  II,  p.  185.  ^  Bull,  mon.,  1881,  p.  287.  — 
Répertoire  des  travaax  hist,  1889,  p.  903. 

(3)  Prou,  Là  Gaule  mérovingienne,  p.  120  ;  La  visse.  Histoire  de  France, 
t.  II,  I,  p.  Î21. 

(4}  Lacurie,  Monographie,  p.  130  et  154. 

(5)  Congrès  des  Sociétés  savantes,  1891.  —  Bull,  archéo.  du  Comité,  1891, 
p.  XXII.  ~  Bulletin,  XI,  p.  230. 


Digitized  by 


Google 


—  106  — 

dont  il  soit  fait  mention  avec  quelque  apparence  de  certitude  est 
celui  de  Saint- Vivien  au  V*  siècle  (1).  Mais  je  ne  pense  pas  qu'il 
ait  été  bâti  au  faubourg  Saint- Vivien  comme  on  Ta  supposé.  Si 
Tévèque  a  voulu  en  faire  sa  cathédrale  il  Ta  certainement  con- 
struit au  milieu  de  la  ville,  suivant  Tusage  constant  de  l'époque. 
Le  premier  titre  de  cette  église  est  Saint-Pierre  le  Puellier. 
J'attache  une  certaine  importance  à  cette  observation  parce 
qu'à  Tours  et  à  Orléans  deux  sanctuaires  fondés  au  IV*  et  au 
VI*  siècle  ont  précisément  reçu  le  même  vocable  (2).  Arles,  en 
519,  a  son  Saint-Pierre  ;  Vienne,  une  abbaye  de  Saint-Pierre 
comptant  six  cents  religieux  (3j  au  VI*  siècle,  ce  qui  n'em- 
pêche Charlemagne  de  passer  pour  son  fondateur,  comme  a 
Saintes. 

Grégoire  de  Tours  parle  d'une  basilique  dédiée  à  Saint-Mar- 
tin (4),  au  sujet  de  laquelle  Saint-Pallais  lui  écrit.  On  ne  sait 
dans  quel  quartier  la  placer  (5).  Elle  ne  parait  pas  être  un 
mythe,  car  l'auteur  de  ToteVhistoirelsi  cite,  ou  du  moins  cite  un 
Saint-Martin  dau  Brac  (6),  entre  Saint-Vivien  et  Saint-Agnan 
parmi  les  églises  de  Saintes,  dont  les  trésors  et  reliques  échap- 
pèrent aux  Normands.  On  sait  que  cette  chronique  dite  Sainton- 
gealse  date  du  XIII*  siècle.  Un  document  de  même  époque  et  de 
même  genre  énumère  d'autres  églises  qui  n'ont  pas  laissé  de 
souvenirs  ailleurs.  Je  n'en  parle  que  par  acquit  de  conscience. 
Ainsi  nous  aurions  un  Saint- Sixte  près  de  Saint-Eutrope  (7j, 

(1)  Pour  la  discussion  sur  Les  églises  antérieures  à  l'an  milles  voyez  sous  ce 
titre,  un  article  de  M.  Musset  dans  Afem.  de  la  Société  des  aniiq,  de  l'Ouest, 
1884f  p.  168.  —  Louis  Audiat,  Sainl-Pierre.  —  Grasilier,  Recueil^  I  et  II. — 
Briand,  Histoire  de  Véglise  Santone^  I.  —  Massiou,  Histoire,  I,  p.  326  et  s. 

(2)  Mém.  de  la  Soc.  archéo.  de  V Orléanais ,  p.  20. 

(3)  Bulletin  archéo.,  1893,  p.  11. 

(4)  Livre  des  Miracles^  IV,  ch.  VIII.  Il  parle  aussi  d'un  oratoire  (liv.  111, 
ch.  LI),  consacré  par  des  reliques  du  même  saint,  bâti  par  la  mère  de  Carde- 
gésile,  surnommé  Gyson,  citoyen  de  Saintes. 

(5)  Peut-être  à  Saint-Pallais,  et  dans  ce  sens,  Laferriére,  Art  en  Saintonge, 
Musset,  loco  citatOj  p.  177. 

(6)  J'adopte  pleinement  Topinion  de  M.  Bourdillon,  éditeur  de  Tote  Vhis- 
toire,  p.  39.  Il  s'agit  bien  d'une  église  de  Saintes  et  non  pas  de  Médoc.  Il  est 
possible  que  dau  Brac  soit  une  erreur  de  copiste,  mais  la  place  où  se  trouve 
cette  église  ne  laisse  aucun  doute  sur  sa  qualité  de  Saintaise.  On  pourrait  la 
chercher  sur  la  hauteur  du  château,  puisque  Saint-Agnan  est  â  la  Porte  Évé- 
que  et  qu'elle  se  trouve  entre  cette  église  et  Saint- Vivien  :  Saint-Froult  ou 
Notre-Dame  ? 

(7)  Pseudo-Turpinj  édit.  Auracher,  p.  27. 


Digitized  by 


Google 


—  107  — 

servant  de  tombeau  à  Aurélien  de  Rome,  une  abbaye  de  Saint- 
Uduaoire  de  vingt  chanoines  (Ij,  absolument  impossible  à  iden- 
tifîer,  un  Saint-Léofaire,  un  Saint-Trojan  où  se  produisirent 
plusieurs  miracles  «  quant  H  reis  de  Tolose  (2)  tenait  la  cité  de 
Xainctes.  »  L'église  Saint-Etienne,  entreprise  par  saint  Pallais 
et  saint  Léonce,  se  serait  élevée  à  Saint-Eutrope,  et  reçut  le 
nom  de  Tapôtre  des  Santones.  Le  poète  Fortunaten  a  chanté  la 
splendeur  :  elle  devait  ôtre  un  type  remarquable  de  Tarchi- 
tecture  mérovingienne,  toute  lambrissée,  ornée  de  marqueterie 
et  de  peintures  à  personnages. 

«  Léonce  de  Bordeaux  terminait,  vers  le  même  temps,  l'é- 
glise de  Saint-Vivien  commencée  par  Eusébius,  continuée  par 
Emerius,  et  où  se  dressait  la  tombe  de  Saint-Vivien,  couverte 
d'or  et  d'argent  (3).  »  Quant  à  Notre-Dame-la-Rotonde  on  verra 
ce  que  j'en  dis  au  mot  Abbaye.  Notre-Dame-du-Chàteau  me  pa- 
rait être  une  dépendance  du  château  et  remonter  au  moyen 
âge.  Saint-Frion,  Saint-Froult,  est  une  petite  église  fort  an- 
cienne, mais  à  laquelle  il  est  impossible  d'assigner  une  date 
approximative  (4). 

Nous  ne  savons  rien  naturellement  des  Saintais  à  cette  épo- 
que reculée.  La  ville  subit  des  fortunes  diverses,  les  consé- 
quences des  fluctuations  politiques,  des  différents  événements 
militaires  qui  se  déroulaient  en  Saintonge,  c*est  incontestable, 
mais,  au  point  de  vue  topographique,  nous  ignorons  absolument 
les  modifications  que  les  comtes  mérovingiens,  les  ducs  d'Aqui- 
taine, les  comtes  de  Poitou  ont  pu  apporter. 

Au  surplus,  le  grand  maître  de  la  ville,  le  principal  proprié- 
taire, pourrai-je  dire,  n'était  ni  le  comte  ni  le  roi.  L'évoque  dé- 
tient la  seigneurie  des  trois  quarts  de  la  cité,  sort  du  périmètre 
des  murailles,  partage  avec  Tabbesse,  avec  le  prieur  de  Saint- 
Vivien,  étend  son  domaine  tout  autour  de  la  cité,  en  un  mot.  A 
l'intérieur  de  l'enceinte,  on  reconnaît  les  limites  de  sa  direc- 


(1)  PseudO'Tarpin^  p.  26.  Il  est  dit  que  Tempereur  commanda  de  faire  une 
abbaye  en  Thonneur  de  Saint-Udusoire. 

(3)  Ibidem,  p.  22.  Je  ne  tiens  pas  compte  d'un  Saint-Sauveur  (p.  24),  parce 
que  cette  chapelle,  bâtie  par  SainUEatrope  et  recevant  son  corps  après  son 
martyre»  appartient  à  la  lé^^ende  racontée  dans  cette  même  page. 

(3)  Musset,  loco  citato,  p.  172. 

(i)  D'après  Tote  l'histoire,  p.  82,  écho  probable  d'une  vieille  tradition,  les 
Normands  ne  firent  aucun  mal  aux  églises  de  Saintes.  Ils  n'entrèrent  même 
pas  à  Saint-Pierre.  Us  détruisirent  au  contraire  Saint-Jean  d'Angéiy,  p.  88. 


Digitized  by 


Google 


—  108  — 

tité  au  devoir  payé  par  chaque  imineuble(l)«Toute  maison  grevée 
d^une  quantité  quelconque  de  «  fourche  en  pré  »  relève  de  Té- 
vèché,  tandis  que  tout  héritage  chargé  d'un  droit  d'anguillage 
tient  du  roi  (2).  Le  droit  de  c  fourche  en  pré  b  se  paie  même  au 
dehors.  Un  acte  de  1693,  trop  long  pour  être  transcrit  en  entier 
à  cette  place,  après  avoir  énuméré  les  réserves  qui  dépen- 
dent encore  du  domaine  royal,  se  termine  par  cette  phrase  : 
c  Le  restant  de  ce  qui  est  enclos  entre  les  murs  de  ladite  ville  et 
qui  en  compose  la  plus  grande  partie,  est  de  notoriété  dépen- 
dant du  fief  et  jurisdiction  dudit  seigneur  évesque,  duquel  relè- 
vent de  plus  les  arrière-fiefs  de  THomme,  de  Brassaud  et  autres 
dont  on  lui  fait  Thommage  et  redevance  »  (3).  Il  a  droit  de 
haute,  moyenne  et  basse  justice. 

La  commune  ne  possédera  rien  pendant  très  longtemps,  si  ce 
n'est  de  lourdes  charges,  notamment  celle  de  Tentretien  des 
remparts  ;  la  maison  commune  relève  du  roi  (4)  ;  elle  percevra 
de  maigres  revenus  provenant  de  la  prairie  de  la  Pallud,  d*un 
droit  sur  le  vin  que  François  I*'  lui  allouera,  puis  de  location 
de  tours  des  remparts, de  quelques  droits  d'octroi  temporaire  (5) 
jusqu'au  jour  où  une  taxe  perpétuelle  sera  établie  sur  certains 
objets  de  consommation,  enfin  de  l'arrentement  de  terrains  au* 
tour  de  la  Porte  Saint-Louis. 

Il  nous  suffira  donc  d'énumérer  les  droits  du  roi  pour  être 
renseignés  sur  ceux  de  l'évéque,  négligeant  la  très  minime  sei- 
gneurie du  chapitre,  du  bas  chœur  et  d'autres  plus  minimes 
encore  qui  seront  énumérées  en  temps  et  lieu. 

(1)  Voici  à  titre  d'indication,  d'après  un  arrêt  du  Conseil  d*Etat  de  1745 
(archive»  nat.  E  3337),  la  répartition  des  maisons  de  la  ville  et  des  faubourgs 
entre  les  diflérentes  seicpaeuries. 

Sur  les  901  maisons  composant  la  ville  et  les  faubourgs,  le  roi  en  a  104  ; 
révéque,  3t3;  le  chapitre,  28;  le  doyen,  8;  le  prieur  de  Saint- Vivien,  143;  le 
prieur  de  Saini-Macou,  54  ;  le  prieur  de  Saint- Ëuirope,  197  ;  le  prieur  des 
Arènes,  4  ;  Tabbaye,  80. 

(2)  Voir  rue  de  V Anguille, 

(3)  Voir  FUfê. 

(4)  Doeumentê,  p.  193. 

(5)  Louis  XI  accorde  en  1476,  pendant  dix  ans,  la  faculté  de  prendre,  lever 
et  percevoir  sur  toutes  denrées  et  marchandises  qui  entreront  et  passeront 
par  la  ville,  sous  les  ponts  et  par  la  rivière,  à  une  lieue  autour,  tant  par  eau 
que  par  terre.  Massiou,  Hiêtoire,  III,  p.  263. 

Une  délibération  du  10  avril  1575  (DoeumenU,  p.  266)  laisse  entendre  qu'aux 
différentes  portes  on  percevait  un  droit.  Les  gagiers  en  reçoivent  le  profit  à 
condition  de  les  ouvrir  et  fermer. 


Digitized  by 


Google 


—  109  — 

Quant  à  Tabbaye,  elle  possède  une  portion  seulement  du  fau- 
bourg Saint-Pallais,  TEvèque  en  a  plus  qu'elle.  Encore  se  dë- 
charge-t-elle  de  sa  haute  justice  en  1745  pour  s'exonérer  de 
certaines  obligations.  Les  prieurs  de  Saint-Macou,  8aint-Eu« 
trope,  Saint-Vivien  sont  à  peu  près  seuls  maîtres  autour  d'eux. 

Le  domaine  royal,  fort  réduit  en  dernier  lieu  par  suite  d'alié- 
nations, de  dons  et  d'inféodation,  était  à  Torigine  fort  étendu. 
Ainsi  les  moulins  de  Lucérat  appartenaient  au  roi  au  milieu  du 
XII*  siècle.  En  1143,  ils  furent  donnés  au  prieur  de  Saint-Eu- 
trope(l). 

M.  Marchegay  a  publié  un  mémoire  de  Pierre  de  Tarzac  (2)  (fin 
du  XIII*  siècle)  qui  donne  une  statistique  complète  des  droits 
royaux.  Je  les  résume  ici  : 

Le  château  est  au  roi  sans  parsonnier. 

Le  roi  a  droit  de  mesurage,  et  les  mesures  de  blé  sont  mar- 
quées de  la  marque  du  roi. 

«  La  coiie  et  les  aies  de  Saynètes  où  l'on  vent  des  dras  et  la 
char  et  le  payn  sont  du  domayne  le  roy.  » 

Les  autres  articles  ont  rapport  au  ressort  de  justice  et  aux 
droits  des  o£Bcier8  royaux  (3). 

Un  titre  de  1455  publié  dans  nos  Archives  (4)  énumère  d'autres 
redevances  telles  que  ; 

La  prévoté  affermée  150  livres. 

Le  bailliage  du  pont  9  livres. 

Le  fuernage  du  pont  8  livres,  10  sous. 

La  coutume  et  péage  de  l'eau  de  dessous  ledit  pont  70 
sous. 

Le  minage  de  Saintes  22  livres. 

Le  poids  du  roi  50  sous. 

Le  scel  de  la  sénéchaussée  de  Saintonge  au  siège  de  Saintes, 
51  livres. 

L'écriture  de  la  sénéchaussée  30  livres. 

L'écriture  de  la  prévosté  (5)  70  livres. 


(1)  Archives,  II,  p.  360. 

(3)  Revuê  du  SoeiéUt  noaii<e«,  (lt67),  p.  406. 

(3)  En  Toici  un  :  les  g«n»  du  roy  chacent  «t  prtnent  dei  conils  quand  ils 
Teuleni  en  la  guarena  (de  La  Gorz). 

(4)  ArcJUvêê,  t.  VIII,  p.  410. 

(6)  Voir  dans  Boutaric,  S%ini  Louis,  p.  35S,  un  bail  de   la    préTÔié   en 
1345. 


Digitized  by 


Google 


—  110  — 

L'écriture  du  bailliage  5  sols. 

D'après  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  La  Rochelle 
(670)  le  roi  perçoit  le  cens  sur  150  maisons,  le  droit  sur  la  pois, 
sonnerie,  la  geôle,  lods  et  ventes,  coutumes  du  pont,  la  pê- 
che, etc. 

Ces  trois  documents  ne  citent  pas  le  droit  d'anguillagedûpar 
certaines  maisons.  Nous  en  parlerons  longuement  à  propos  de 
la  rue  de  TAnguille. 

Sur  le  pont  il  possédait  des  moulins,  un  treuil  au  bout  du 
pont. 

Les  murailles,  la  citadelle,  dépendaient  naturellement  du 
domaine  royal. L'éYèquecependantpossédaituneporte  —  unedes 
importantes  —  et  une  portion  du  rempart  (voir  Porte^Evêque). 
C'est  à  mon  avis,  l'attestation  de  la  très  haute  antiquité  du  do- 
maine épiscopal.  Ce  coin  de  fortifications  entre  les  mains  des 
évêques  doit  remonter  aux  premiers  siècles  de  leur  puissance  à 
Saintes. 

Je  ne  prolongerai  pas  davantage  cette  longue  mais  néces- 
saire préface  à  l'étude  de  nos  rues.  Après  avoir  jeté  un  coup 
d'œil  d'ensemble  sur  les  obscures  origines  de  notre  ville,  il  est 
temps  de  passer  au  détail  et  de  parcourir  ses  rues  en  feuille- 
tant les  notes  que  j'ai  pu  recueillir.  Je  répète  ici  ce  que  j'ai  déjà 
dit  :  je  me  défends  d'avoir  essayé  de  donner  une  monographie 
complète  de  chacune  de  nos  voies.  Je  me  suis  plutôt  proposé 
de  grouper  des  documents  encore  inédits,  des  notes  à  consul- 
ter, surtout  à  compléter,  tout  en  utilisant  certains  renseigne- 
ments imprimés  dans  notre  Bulletin-Revue ^  le  Recueil  de  la. 
Commission  et  ailleurs  où  il  sera  facile  de  les  prendre. 

Qu'il  me  soit  permis  d'exprimer  ma  reconnaissance  aux  per- 
sonnes bienveillantes,  notamment  à  MM.  Drillon  et  Ëschassé- 
riaux,  qui  ont  bien  voulu  me  permettre  de  profiter  de  leur  ex- 
cellente mémoire  des  choses  contemporaines.  Si  quelques  traits 
curieux, quelques  anecdotes  viennent  rompre  de  temps  en  temps 
l'aridité  des  descriptions  topographiques,  c'est  à  eux  que  nous 
le  devrons.  Je  n'ai  été  que  le  sténographe. 


Abattoir.  —  Il  occupe  les  bâtiments  de  l'ancienne  faïencerie 
de  Crojuzat. 

Abbaye.  —  Cf.  Aveu  de  Jeanne  de  Villars  dans  Recueil^  tome 
III,  et  Archives,  tome  IV,  p.  476.  Grazilier,  Cariulaires. 


Digitized  by 


Google 


— 111  — 

Hôpital  des  pèlerins,  «  lequel  a  esté  brusié  lors  de  Tincendie 
généralle  du  dit  faubourg  causée  par  la  mallice  des  ennemis  de 
sa  majesté...  ».  27  septembre  1655,  (Minutes  de  Cassoulet),  Sur 
cet  incendie.  Cf.  A.  Briand,  Histoire^  II,  p.  382.  L'abbaye  donna 
asile  à  beaucoup  de  sinistrés.  Les  minutes  de  Cassoulet  conGr- 
ment  ce  fait. 

Justices.  Cf.  Recueil,  tome  III,  aveu.  Archives,  loco  ciiato. 


ikM^aSi 


UmI/oAïÉ 


L 


Plan  db  l*Abbatb  bn  1695,  d'après  Massb. 

Une  partie  de  Tabbaye  sert  de  prison  pendant  les  premières 
années  de  la  Révolution.  Dans  le  pensionnat  neuf,  on  logea  une 
cinquantaine  de  prôtres  déportés,  en  attendant  le  bateau  qui  de- 
vait les  emmener  à  Rochefotrl  (Procès-verbal  des  séances  du 
conseil  général,  an  II,  p.  81). 

En  1837  (Cf.  Résumé  des  délibérations  du  conseil  général, 
p.  60),  on  demande  la  construction  d'une  caserne  de  cavalerie 
«  comme  condition  principale  et  le  prix  unique  de  la  cession  des 
vastes  bâtiments  de  Tabbaye,  faite  à  l'administration  de  la  guerre 


Digitized  by 


Google 


—  112  — 

par  la  ville  cbe  Saintes  ».  Le  5  avril,  le  ministre  de  la  guerre  écrit 
qu'il  enverra  un  bataillon  d'infanterie  de  Rochefort  pendant  la 
canicule. 

Notre-Dame   de  la  Rotonde.  ^ 

Dom  Estienndt  en  park  comme  Tayant  vue  vers  1675,  entre 
Sainl-Pallais  et  l'église  die  l'abbaye,  «  quam  primam  Partheno- 
nis  ecclcsiam  esse  tradunt  »  (1).  Cependianl  I  —  indice  grave  I  — 
Masse  ne  marque  rien  d'approchant  d'une  rotonde  sur  son  plan 
de  1695. 

II  existe  en  France  un  certain  nombre  d'églises  rondes  (2),  ou 
plutôt  octogonales  que  Ton  appelle  rotondes,  à  Simiane  (Basses- 
Alpes),  Montroorillon  (Vienne),  Sarlat  (Dordogne),  Riez.  Plus 
près  de  nous,  SainUMichel  près  Angoulême.  La  rotonde  de  Ra- 
venne  (tombeau  de  Théodoric),  Notre-Dame  die  la  Rotonde  à  Ro- 
me (Panthéon),  sont  célèbres.  Saintes  a-t-il  eu  sa  rotonde,  tom- 
beau, chapelle  funéraire  ou  baptistère  ?  M.  Musset  (3)  ne  repousse 
pas  l'idée  d'un  sacellum^  construit  par  Léonce.  Je  n'en  crois  rien. 
Jusqu'au  XVIP  siècle,  on  ne  voit  pas  la  moindre  trace  de  cha- 
pelle, puis,  tout  à  coup,  apparaît  une  Notre-Dame  de  la  Rotonde 
à  l'abbaye.  Que  dom  Estiennot  ait  vu  une  construction,  c'est  pos- 
sible, eUe  devait  être  récente.  En  tout  cas,  elle  me  paraît  placée 
sous  le  vocable  de  Notre-Dame  de  la  Rotonde  de  Rome.  On  en 
trouve  jusqu'en  la  modeste  église  de  Saint-Symphorien.  En  1613, 
le  20  décembre,  Jacques  Mauchen,  clerc  tonsuré,  donne  procu- 
ration  de  prendre  possession  dte  la  chapelle  de  Notre-Dame  La 
Rotonde  en  F  église  SainUSymphorien  de  Broue  (Minutes  de 
Beriauld). 

Il  a  existé  à  Dijon  une  église  appelée  la  Rotonde,  à  côté  de 
Saint-Benigne,  dont  l'ouvrage  de  dom  Planchet  peut  donner  une 
idée  approximative.  Elle  aurait  été  fondée  au  VP  siècle.  Mais 
les  chapiteaux  existant  dans  une  salle  voûtée  indiquent  une  épo- 
que beaucoup  plus  rapprochée,  le  XP  et  même  le  XIP  siècle. 

Cf.  Congrès  drchéologique,  XIX,  sess.,  p.  30,  44. 

A  Evreux,  dans  un  faubourg,  une  Notre-Dame  die  La  Ronde 


(1)  Cf.  Laferrière,  Artên  SMinionge,  Bull,  de  U  iociété  du  archivée,  XI, 
p.  393. 

(2)  Cf.  Annuaire  de  V archéologue  françAiiy  par  A.  Saint-Paal,  1878.  A.   de 
Dion,  Les  EglUee  rondes.  Enlart,  Mennel  d'archéologie, 

(3)  Mémoires  de  la  société  des  aniiqnairu  de  V ouest,  1884,  p.  176. 


Digitized  by 


Google 


—  113  — 

ou  La  Ronde,  détruite  après  la  Révolution,  aurait  succédé  à  un 
temple  de  Diane.  Toutefois,  on  ne  sait  pas  où  était  situé  ce  temple, 
encore  moins  si  la  Notre-Dame  que  mentionnent  les  actes  de 
saint  Taurin  est  la  même  que  Notre-Dame  La  Ronde. 
Il  n'est  guère  probable  qu'à  Saintes  un  édifice  de  ce  genre  ait 


L*Abbatb  ht  la  Prison  d'aprAs  un  plan  db  1825,  appartbnant 

A  LA  MAraiB  DB  SAOfTBS. 

existé,  sans  laisser  un  souvenir  au  moins  dans  le  Cartulaire  ou 
les  minutes. 

Abreuvoir  (rue  de  Y).  —  Le  plan  de  Lacurie  indique  un  quai 
de  Vabreuvoir,  mais  non  la  rue  :  du  reste,  cette  voie  qui  fait  com- 
muniquer le  quai  de  la  République  avec  la  rue  aux  Halles  n'a 
pas  de  nom. 


Digitized  by 


Google 


—  114.  — 

Adieu  (rue  de  T).  —  Un  acte  de  1649  la  mentionne. 

1687,  3  juin.  —  Marie  Roy,  veuve  de  Josué  Raboteau, 
vend  à  Toussaint  Brung,  maître  tisseran,  une  maison  si- 
tuée au  faubourg  Saint-Palais,  ruette  de  TAdieu,  tenue 
à  rente  de  la  seigneurie  de  Beaupuy. 
Comme  on  trouve  aussi  la  rue  de  l'Adieu  dans  la  seigneurie 
de  Tabbaye,  il  est  probable  qu'elle  était  moitié  dans  Tune,  moitié 
dans  l'autre. 

André  Chassériaud  (rue),  ouverte  en  1893  ;  prolonge  l'Avenue 
des  Tilleuls  ou  Avenue  de  la  gare. 

Aiguière  (rue  Porte).  —  Voir  Porte  Aiguière. 
Aire  Saint-Vivien  (Rue  de  1').  —  Rue  des  Aires  ou  carrefour 
Saint-Vivien  (1852). 

Aires  (Rue  des),  à  Sainl-Eutrope.  —  D'après  le  plan  de  Lacu- 
rie,  elle  commence  à  la  petite  place  (aire)  et  rejoint  la  route  de 
Marennes.  Les  minutes  lui  donnent  une  autre  direction. 

Sur  l'aire  se  trouvaient  les  fours  banaux  de  Saint-Eutrope, 
«  la  gran  rue  entre  deux,  et  y  tenant  d'ung  bout  par  le  de- 
vant, d'autre  par  derrière  aux  mothes  de  Balthazar  Xandre, 
d'ung  cojsté  aux  masuraux  et  jardrin  de  la  maison  du  Porc  Epie 
(1598,  9  décembre)  (Archives,  II,  p.  339). 

1667, 20  mars. —  Claude  Latache,  pair,  échevin,  affer- 
me à  Jean  Boucher,  gabarrier,  une  maison  située  aux  Ai- 
res du  faubourg  Sainl-Eutrope  (Minutes  de  Gillel). 

1700,  9  mai.  —  François  Pacaud,  charron  aux  Roches, 
afferme  à  Jean  Rocheteau,  jardinier,  une  maison  au  lieu 
appelé  Les  Aires,  proche  l'église  Saint-Eutrope,  confron- 
tant dfun  bout  «  à  la  rue  des  Ayres  qui  dessent  de  l'église 
à  la  grand'font  »  (Minutes  de  Prouteau). 
Allard  (Canton  d').  —  Du  canton  d'AUard  on  descend  aux 
Monards  (1644)  (Archives,  t.  II,  p.  359). 

a  Grand  ruhe  qui  dessend  du  canton  d'AUard  aux  Mou- 
nard  »  (1643,  10  février,  Archives  de  Saint-Pierre,  cote  T). 
Anguille  (Rue  de  1').  —  La  nomenclature  des  noms  sur  le 
plan  de  Lacurie  ne  porte  pas  celui-ci,  qui  était  usité  certainement 
à  l'époque  où  ce  plan  fut  dressé,  puisqu'il  est  gravé  dans  une 
pierre,  au  coin  de  la  rue  de  l'Abreuvoir.  Or,  cette  gravure  est 
de  même  époque  que  d'autres,  c'est-à-dire  du  XIX'  siècle. 

D'où  vient  ce  nom  î  Cf.,  une  réponse  de  M.  de  La  Morinerie 
dans  Bulletin,  VIII,  p.  285,  de  M.  d'Aussy,  ibidem,  p.  380. 
D'une  corruption  du  mot  anguillage,  je  crois.  La  rue  Anguil- 


Digitized  by 


Google 


—  115  — 

lèrCy  rue  de  Vanguillage  exilait  ;  on  n'en  connaît  pas  au  juste 
la  place,  mais,  étant  donné  qu'elle  était  dans  le  fonds  du  roi,  on 
peut  presque  afOriner  que  la  rue  de  l'anguillage  ne  fait  qu'un  avec 
la  rue  de  l'anguille  (1). 

Le  droit  d'anguillage  était  payé  par  toutes  les  maisons  bâties 
à  côté  des  remparts,  formant  un  fief,  le  fief  de  l'anguillage,  limi- 
trophe de  la  Charente.  11  est  spécial  au  fonds  du  roi,  mais  il  s'ap- 
plique ailleurs  qu'aux  maisons  voisines  de  la  rivière. 

L'origine  du  mot  est  dans  le  droiit  de  la  pêche  de  l'anguille. 
Je  cite  plus  bas,  un  passage  de  minutes,  où  cette  étymologie  est 
expressément  indiquée.  La  corporation  des  pêcheurs  comptait 
environ  vingt  membres  au  XYIII"  siècle,  tant  de  Saintes  que  du 
Port  d'Envau  et  du  Port  Berteau  (2). 

Maison  de  M.  de  La  Lande-Michel,  située  en  la  paroisse  Saint- 
Maur,  proche  la  porte  SaintrLouis,  allant  de  cette  porte  sur  l'é- 
peron des  fortifications  à  gauche  joignant  d'un  côté  la  maisojfi 
cio  M.  Bibard  de  La  Touche,  et  de  l'autre  celle  de  M.  de  Saint- 
Bris. 

Le  derrière  de  la  dite  maison  était  chargé  d'une  rente  seconde 
envers  l'Hôtel  de  Ville  cl  l'était,  en  outre,  d'une  redevance  de  4 
deniers  par  an  pour  cnguillagc  (sic).  Ces  renies  avaient  été  con- 
cédées par  les  rois  de  France  à  l'Hôtel  do  Ville  sur  les  maisons 
et  autres  domaines  proches  la  porte  Saint-Louis  jusqu'à  la  rue 
Saint-Maur.  Les  droits  honorifiques  appartenaient  à  l'évoque, 
suivant  transaction  de  l'année  1640. 

Celte  maison,  dont  note  est  ci-dessus  (documents  de  1673  et 
années  suivantes),  appartenait  auparavant  aux  Roy-Raboleau. 
(Noie  communiquée  par  M,  le  baron  de  La  Morinerie  en  partie 
dians  Bullelin  VHI,  p.  286). 

Dans  une  minute  de  Maréchal,  datée  du  20  septembre  1603, 
on  fit  : 

«  Partie  die  la  ville  vulgairement  appelle  UAnguil- 

lade,  confrontant  despuis  le  coy  contigu  à  l'église  des  Ré- 
collets jusques  à  la  maison  à  présent  tenue  par  les  héri- 
tiers [  ]  Gillet,  sergent  ro(yal,  qui  fait  le  coin  de  la 
rue  et  [        ],  despuis  la  dite  maison  ensuivant  la  dite  rue 


(1)  D'après  une  minute  de  1749  :  me  qui  descend  de  celle  des  Récollets  au 
port  AnfuiUé. 

(2)  Bibliothèque  de  La  Rochelle,  mss.  670. 


Digitized  by 


Google 


—  116  — 

jusques  à  la  [  ]  porte  du  pont  de  la  dite  ville,  laissant 
ledit  fief  de  sa  majesté  sur  main  dextre  jusques  aux  mu- 
railles de  la  dite  ville,  et  celuy  du  seigneur  evesque  à  main 
gauche,  et  tournant  ensuite  de  la  dite  porte  du  pont  du 
costé  de  la  grandi  rue  va  jusques  à  la  maison  des  hoirs  de 
M*  André  Moyne,  vivant  conseiller  en  Teslection  du  dit 
Saintes,  laissant  à  la  mesme  main  dextre  le  fief  de  sa  ma- 
jesté jusques  aux  murailles  de  ladite  ville,  et  à  m^in 
gauche  celuy  du  dit  seigneur  evesque  (l'étendue  duquel 
fief  de  Languilladie  comprise  en  sus  dites  confrontations 
estoit  autrefois  tenue  par  des  pescheurs,  lesquels  faisoient 
une  redevance  à  sa  majesté  pdur  avoir  permission  de 

pescher  (1)  à  la  rivière  de  Charente ) 

1754,  25  février.  —  Jean  Delataste,  avocat,  achète  une 
maison,  rue  de  TAnguillage,  dans  le  fonds  du  roi,  pa- 
roisse Saint-Michel    (Minutes  de  Senne). 
Anguiller  (port).  —  Masse  n'indique  pas  ce  port,  mais  on 

trouve  souvent  son  nom  dans  les  actes  ;  c'est  le  même  que  le 

Petit  port.  Même  origine  que  rue  de  l'Anguille. 

1413,  30  septembre.  —  Universis Guillelmus  Petit, 

presbiter,  custos  sigilli  regii  supra  pontem  Xanclonensem 
pro...rege  Francie...  noveritis  quod...  ipse  prœpositus 
(Guillaume  Milher,  prévôt  du  bas-chœur  de  Saint-Pierre) 
fecerat  ddci  et  proclamari,  par  très  dies  dominicos  conti- 
nuos  et  sequentes  in  ecclesia  beati  Michaelis  Xanctonensis, 
dum  populus  ibidem  conveniat  ad  divina  audienda,  ut  mo- 
ris  est,  ut  si  qui  essent  qui  dicerent,  affererent  aut  propo- 
nerent  se  habere  aliquod  jus,  actiones,  obligaliones,  nomi- 
ne  vel  titulo  quolicumque  in  quadam  domo  cum  quodani 
appendicio,  seu  platea  appendicii  deserli  et  uno  viridario 
sito  rétro  dictam  domum  sitam  in  villa  Xanctonis,  tenen- 


(1)  Le  pont  était  encombré  de  moulins  et  de  pêcheries. (Cf.  ma  monographie, 
du  Vieux  pont  dans  le  Recueil,  t.  XV). 

Le  duc  Othon  de  Brunswick,  duc  d'Aquitaine,  confirme  en  1189  à' l'abbaye 
de  Sablonceau....  annuam  levatam  anguillarum  in  fluvio  Garantone  a  civitate 
Xanctonica  ad  castrum  Merpins,  sicutburgenses  Xanctonenses,  de  consuetu- 
dine,  ibantabsubmonitionem  comitiscum  navibus  suis  ad  levatam  ipsus  faci- 
endam,  similiter  faciant  ad  submonitionem  fratrum  de  Sabloncellis. 

GaUià,  t.  II,  p.  477.  Massiou,  Histoire,  H,  p.llO.  Cf.  dans  ArehiveM,  t.  XXII, 
p.  299,  un  petit  anguiliage  et  pêcherie  des  anguilles  du  prieur  de  Saint-Georges 
d'Oléron  en  1483. 


Digitized  by 


Google 


—  117  — 

tem  ex  uno  latere  domui  quam  tenei  de  presenti  Helias  Moy- 
ne  et  ex  alio  latere  cuidam  parve  platée  que  dicitur  dictis 
clericis  chori  pertinere,  quam  accepit  de  novo  a  dictis  cle- 
ricis  Guillelmus  Bernardi,  et  a  parte  posteriori  a  mûris  dic- 
te ville  Xanctonis  et  a  parte  anteriori  rue  publice  par  quam 
itur  de  domo  dicti  Guillelmi  Bernardi  versus  portum  An- 
guillerii  ville  Xanctonis,  vel  qui  vellent  dare  aut  promit- 

tere  dicto  preposilo pretium  viginti  solides  rcndiales... 

Ferme  accordée  à  Jean  Amyol,  clore,  en  présence  de  frère 
Arnaud  Kousselle,  prêtre  de  Tordre  des  Frères  mineurs 
(Archives  de  Saint-Pierre,  cote  EE). 

1426,  27  avril.  —  Arnaud  Moux,  garde  du  scel  pour  le 
roi  de  France.  Arrenlement  par  Pierre  Burea  (dans  le 
même  acte  Burel,  Bureau),  prêtre,  procureur  des  clercs 
du  chœur  de  Saint-Pierre,  à  Jean  Boiteau,  sergent  du  roi, 
de  deux  maisons,  situées  à  Saintes  :  «  Tune  en  laquelle 
demeure  à  présent  Guillaume  Colet,  avec  une  petite  alée 
par  darrière,  tenant  aux  murs  de  la  ville  de  Xaintes,  la- 
quelle maison  tient  par  davant  à  la  ruhe  publique  qui  vient 
du  port  Anguilcr  à  la  maison  de  Norete  de  Lisleau, 
d*un  des  coustés  à  la  maison  de  ladite  Norete,  une  petite 
vanole  entre  deux,  et  de  Taustre  cousté  à  la  maison  en  quoy 
soloit  demeurer  Guilhemin  Bernard,  un  coix  de  la  ville 

entre  deux ;  et  l'autre  maison  et  un  four  par  dedans  à 

cuire  pain  en  laquelle  demeure  à  présent  Colas  Grossin, 
assise  en  la  paroisse  de  Saint-Pierre,  en  la  rue  par  laquelle 
Ton  destend  de  la  maison  de  Regnaud  de  Losme  à  la 
maison  desdict  clercs  en  laquelle  soloit  demeurer  ledit 

Guilhemin  Bernard et  du  bout  davant  à  la  maison  de 

Penin  Régnant,  le  bouchier,  ruhe  publique  entre  deux  et 
âa  bout  ^arrière  à  un  moulin  à  taner  bois,  et  d*un  cousté 
à  la  maison  que  fut  de  messire  Guillaume  Charbonnel...  » 
Jean  Gailhon,  prêtre,  notaire  {Archives  de  Saint-Pierre , 
cote  GG). 

1427  ou  1432,  21  février.  —  Pierre  Gailhon,  garde  du 
scel  roial,  establi  aux  contraiz  sur  le  pont  de  Xainctes, 
pour  le  roy  de  France...  pardevant  Jehafî  Milhier,  prestre, 

notaire  et  juré  de  la  court  dudict  scel a  esté  présent 

et  personnellement  establie  Aynor  de  Lislea,  alias  la 
Limouzine,  demeurant  à  Xainctes,  laquelle  de  son  bon 
gré....  à  cogneu  et  confessé  et  par  ces  présentes  cognoist 


Digitized  by 


Google 


—  118  — 

et  confesse  devoir  bien  léalment  à  messire  Jehan  Gail- 
hon,  prestre,  en  non  et  comme  procureur  de  l'université 
des  clers  du  cuer  de  Téglise  cathédrale  de  Saint-Pierre 
de  Xainctes,  et  ou  non  desdicz  clers,  la  somme  de  lxviii 
sous,  monnoie  courante,  pour  cause  et  raison  de  certains 
arrérages  de  rente  par  elle  dehus  audiz  clers  de  six  années 
derrière  passées  finies  et  complies  en  la  prochaine  fesle 
Saint  Jehan-Baptiste  prochainement  venant.  C'est  assavoir 
à  messire  Robert  Breuil,  prestre,  de  un  an,  à  messire  Me- 
rigon  Moyne,  de  deux  ans,  à  messire  Helies  Faure,  pres- 
tre, à  présent  presvost  diesdiz  clers,  de  trois  ans,  c'est  assa- 
voir à  cause  de  une  roche  assise  en  la  ville  de  Xaintes, 
soubz  les  roches  de  Saint-Frion,  tenant  d'un  cousté  à  la 
maison  et  roche  que  lient  à  présent  Nolet  Coteaux  (1),  d'au- 
tre cousté  à  la  maison  que  tient  à  présent  Jehan  Cailhier, 
et  du  bout  d'avant  à  la  rhue  qui  vient  de  La  Porte  à  l'éves- 
que  et  vait  vers  les  Jacopins,  diz  sols  de  rente,  chascun 
an,  et  à  cause  de  deux  appentiz  assis  au  puis  des  Limou- 
sins et  un  petit  vcrgier  par  darrière  que  soloit  tenir  Maron 
de  Brives,  assiz  aussi  en  ladite  paroisse,  tenant  d'un 
cousté  et  d'un  bout  à  la  ruhc  par  laquelle  Ton  vait  de  la 
place  de  Saint-Pierre  au  puis  dcsdiz  Limousins  et  de  qui 
au  port  Anguilhier  et  d'autre  bout  et  cousté  es  port  au 
maisons  et  vergiers    que  tient  à  présent  ladite  Aynor  de 

Lislea,  à  m  sols  de  rente  chascun  an Présens  messire 

Dominique  (?)  Dalbaye  et  Raymond  Ardhilon,  prestros, 
chanoines  de  Xainctes,  le  xxi*  jour  du  mois  de  février 
l'an  iiiic,  XXVII  ou  xxxii.  Jehan  Milher. 

(Archives  de  Saint-Pierre,  cote  AA). 

1553,  2  août.  —  Déclaration  au  maire  d'une  rente  éta- 
blie sur  une  maison  «  tenant  d'ung  bout  à  la  ruhe  par 
laquelle  l'on  va  de  la  ruhe  Anguillière  à  l'église  Sainct- 
Pierre,  d'autre  bout  aux  murailles  de  la  ville,  du  coslé  de 
la  rivière,  d'ung  cousté  (sic)  à  la  maison  de  Ollivier  Fou- 
gerou,  et  d'autre  à  la  maison  de  Jchanne  Hermand. 
(Archives  de  Saint-Pierre,  cote  E). 

Arche  Gaillard  (me  de  V).  —  Son  nom  lui  vient  de  l'arcade 
bâtie  sur  la  rue  par  un  membre  de  la  famille  Gaillard. 

Arcs  (ruelle  des),  des  Ars.  —  Petite  rue  qui  se  faufile  entre  les 

(1)  Peut-être  Gotureaux  à  cause^d'une  abréviation  sur  t 


Digitized  by 


Google 


—  119  — 

maisons  et  les  jardins  ;  prend  à  la  rue  de  la  Bertonnière,  est 
arrêtée  par  le  remblai  du  cours  Reverseaux,  puis  continue  de 
Tautre  côté. 

Arènes  (rue  des).  —  Le  mot  est  impropre,  mais  consacré  par 
l'usage.  Il  faut  dire  amphithéâtre. 

Elle  descend  de  l'église  Saint-Eutrope  vers  la  maison  dite  du 
Coteau  (voir  ce  mol).  C'est  le  nom  actuel  ;  j'ignore  si,  autrefois, 
ce  chemin  reçut  une  dénomination.  Il  y  a  apparence  que  non,  la 
voie  donnant  accès  aux  arènes,  la  plus  fréquentée,  partait  de  la 
Bertonnière,  du  canton  de  la  Croix-Blanche  (1553,  Archives, 
t.  II,  p.  325),  et  s'appelait  la  rue  des  Arcs.  Malgré  son  exiguité, 
on  peut  admettre  que  c'est  un  reste  de  chemin  romain  venant  du 
pont.  Il  n'est  pas  admissible  que  les  Santons  du  suburbium  et 
de  la  campagne  aient  été  obligés  de  remonter  en  ville  pour  venir 
assister  aux  fêtes  de  l'amphithéâtre.  Ils  devai^it,  au  moins, 
prendre  une  voie  qui,  probablement,  suivait  la  Grand- Rue,  la  rue 
Alsace-Lorraine,  la  rue  Saint-Maur  et  la  Bertonnière. 

Jusqu'au  XVIIP  siècle,  l'amphithéâtre  n'est  jamais  dénommé 
autrement  que  les  arcs,  et  même  au  XVP  siècle,  le  Palais  de 
Gallian, 

Ce  dernier  nom  noérite  d'être  expliqué. 

Notre  amphithéâtre,  vulgo  les  arènes,  partage  avec  Bordeaux 
et  Poitiers,  le  nom  de  Palais  Gallien.  A  Poitiers,  on  disait  tantôt 
Chàleau  Sarrazin,  tantôt  Palais  Gallien, 

Au  Mas  d'Agenais,  existe  la  Porte  Galliane  et  une  fontaine  de 
même  nom  (1).  Sur  la  rive  gauche  de  la  Garonne,  lou  Camin  (2) 
Gallian. 

Il  n'est  pas  facile  de  remonter  jusqu'à  Torigine  et  la  raison 
de  cette  désignation,  retrouvée  en  Espagne,  qui,  prise  à  la 
lettre,  tendrait  à  attribuer  la  construction  de  ces  ouvrages  à 
l'empereur  Gallien.  En  réalité,  cet  empereur  n'y  est  pour  rien  (3). 
Il  y  a,  au  contraire,  apparence  que  la  littérature  du  XIP  siècle  a 
seule  fourni  la  dénomination.  Le  peuple,  voire  la  société  lettrée 
médiévale,  a  transporté  du  domaine  de  la  légende  racontée  par 
la  troupe  errante  des  jongleurs,  dans  le  domaine  du  réel  un 
nom  d'héroïne.  Les  pèlerins  de  Saint-Jacques  de  Compostelle 
ont  peut-être  bien  contribué  à  répandre  cette  fausse  attribution, 

(1)  Bull,  archéo.  dn  Comité,  1897,  p.  84. 
(3)  Léo  Drouyn,  Guyenne  miliUire. 

(3)  A  Bourges,  la  porte  Gordoine  ou  Gourdaine  n'a  aucun  rapport  avec 
l'empereur  Gordien. 


Digitized  by 


Google 


—  120  — 

de  môme  qualité  que  celle  des  chemins  à  Brunehaut,  dans  l'Est, 
à  Mélusine,  en  Poitou,  à  la  reine  Berthe,  à  la  duchesse  Anne  en 
Bretagne,  à  la  reine  Blanche,  dans  le  Nord,  à  la  comtesse 
Mahaut,  dans  l'Yonne,  et  à  d'autres  femmes  célèbres. 

Gallien  est  le  nom  d'un  roi  dans  Floovani  ;  Galliene  est  lé  nom 
de  la  fille  du  roi  sarrazin  Galafre,  dans  Mainet,  mariée  à  Char- 
lemagne.  Partout  cet  empereur  est  réputé  être  l'auteur  d'un 
ouvrage  religieux  ou  laïque.  Rien  de  surprenant  à  ce  que  l'impé- 
ratrice ait  été  associée  à  ces  fabuleuses  fondations. 

Au  X*  siècle,  dit  Quicherat,  la  mémoire  de  l'antiquité  se  perdit 
si  complètement  qu'on  avait  oublié  même  l'existence  des  Ro- 
mains (1).  La  notion  de  la  destination  première  d-es  monuments 
avait  disparu.  C'est  alors  qu'apparaissaient  des  noms  nouveaux  ; 
les  transformations  suivent  les  exigences  du  moment.  L'oblité- 
ration du  souvenir  de  l'époque  romaine  est  générale,  mais  peut- 
être  de  plus  en  plus  intense,  au  fur  et  à  mesure  que  l'on  s'éloigne 
des  régions  méridionales,  où  des  traditions  romaines,  au  moins 
de  langage,  subsistèrent  longtemps  et  subsistent  encore.  Le 
Palais  du  Miroir,  à  Vienne,  semble  bien  venir  du  miroir  mer- 
veilleux bâti  par  Virgile,  où  se  voyaient  les  ennemis  de  Rome, 
de  même  que  le  château  Croissant  de  l'épopée  française  a  pour 
origine  «  le  célèbre  Crescentius,  qui  fut  maître  du  môle  d'Hadrien 
et  exerça  de  là  sa  domination  sur  la  ville  de  Rome  »  (2).  Le  nom 
de  Miroir  est  même  passé  à  une  abbaye  (3). 

Quant  au  mot  Palais^  il  n'est  pas  facile  de  trouver  son  sens 
véritable.  Il  a  été  appliqué  à  toutes  les  ruines  romaines,  dans 
toutes  les  régions,  et  cela  dès  le  VIP  siècle,  si  on  en  croit  le 
chroniqueur  Jonas  (4)  ;  Palais  d'Albâtre,  à  Soissons  ;  Palais  du 
Miroir,  à  Vienne  ;  Palais  de  Valentinien  (5),  à  Tours  ;  Palais  de 
Longeas  (6)  à  Chassenon;  le  Palais  (ruines  sur  d'anciens  thermes), 


(1)  Revue  SoeiéUs  iavantes,  1880,  III.  p.  91. 

(3)  Voir  sur  la  question  du  Palais  du  Miroir  et  le  Château  Croissant,  Roma- 
nûi,IX.  p.  45;  XXX,  p.  169,  173  ;  Leblanc,  Ponl  da  RhAnê  entre  Vienne  et 
Saint^Colombe  ;  Bazin,  Plan  de  Vienne  et  Lyon  gallo-romain,  Bull.  archéoLj 
Comité,  1891,  p.  336. 

(3)  Polybiblion  XXXIV,  p.  288. 

(4)  A  Besançon.  Cf.  Congrèi  archéologique  de  France,  LVlll^yStMionj  p. \Z2. 

(5)  Cf.  de  Caumont,  Abécédaire.—  Bull,  mon.,  XXXVIII,  p.  443—  Fleury, 
Antiquités  de  l'Aisne. 

(6)  On  dit  aussi  les  caves  de  Longea.  Cf.  Congrès  archéol.  XIV*  session,  p. 
310;  BoU.  arc/iëol.,  1898,  p.  XXV  ;  BulL  société  du  amia  des  sciences  de  Ro- 
chechouart,  t.  X,  p.  91. 


Digitized  by 


Google 


—  121  — 

à  Moingt,  près  Montbrison  ;  le  Palais  de  Duratius,  en  Limousin. 
II  paraît  être  une  «  extension  de  sens  qui  a  fait  passer  à  toutes 
les  résidences  princières  le  nom  de  la  demeure  des  César  ou  le 
Palatin  Palaiium  (1)  ;  sa  signiiScation  semble  bien  être  celle  de 
domaine  royal  ;  on  a,  dans  ce  même  ordre  d'idées,  Monela 
palatiiy  monnaie  royale  ou  trésor  royal.  De  plus,  il  y  a  toute  vrai- 
semblance que,  dans  la  langue  courante,  le  mot  de  château  tra- 
duit palatium  ou  devient  son  synonyme,  il  s'applique  pareille- 
ment à  des  constructions  romaines. 

A  Angers,  l'amphithéâtre  est  appelé,  au  XV*  siècle,  châtel  de 
Gourham  ou  Grohan,  le  théâtre  d'Aubigné,  château  de  Gane  ou 
Gannelon  (2)  ;  à  Orange,  l'arc  de  triomphe  portait  le  nom  de 
Château  de  l'Arc. 

L'habitation  dans  les  arènes,  dans  d'anciens  thermes,  des 
théâtres,  est  certaine.  Notre  amphithéâtre  a  servi  de  logement, 
de  même  que  ceux  d'Arles,  de  Nîmes,  de  Bordieaux.  On  voit 
encore  les  trous  des  chevrons  de  toiture  dans  les  murs.  A  Metz, 
saint  Clément  choisit  l'amphithéâtre  cûmnïe  résidence.  Qui  pour- 
rail  affirmer  qu'à  Saintes,  les  premiers  évoques  n'y  ont  pas 
demeuré  ? 

On  vient  de  trouver,  à  un  mètre  cinquante  de  profondeur,  les 
débris  d'une  boîte  contenant  un  rouleau  de  monnaies  aux  noms 
de  CARLVS  et  de  METVLLVM  ou  METVLLO  (IX»  ou  X*  siècle). 

1429,  23  novembre.  —  A  tous  ceulx...  Helies  Guibourg, 
garde  du  scel  roial  establi  aus  contraiz  sur  le  pont  de 
Xaintes...,  par  devant  messire  Johan  Gailhon,  prestre, 

notaire  et  juré  de  la  court  du  dit  scel,  furent  présens 

vénérable  personne  messire  Guillaume  Poitevin,  prestre, 
chanoine  de  Xaintes,  d'une  part,  et  messire  Pierre  Burel, 
prestre,  procureur  de  l'université  des  clercs  du  cueur  de 
Saint-Pierre  de  Xaintes,  d'autre  part,  lequel  messire  Guil- 
laume Poitevin...  voulant  et  désirant  de  tout  son  cueur 
pdùrvoir  au  salut  de  son  âme,  attendant  et  regardant  et 
considérant  les  grans  bons  notables  et  honnourables  anni- 
versaires et  services  qui  se  font  chascun  an,  de  jour  en 
jour,  continuellement,  sans  cesser,  par  les  dits  clers  du 
cueur  de  Saint-Pierre  en  la  dille  église,  afin  qu'il  fust 


(1)  Congrèêàrchéo.,  XXV*  sesiion,  p.  671, 
(3)  Bull  mon,,  XL*  toI.,  p.  13. 


Digitized  by 


Google 


—  122  — 

participant  dores  en  avant  es  messes,  prières,  oreisons, 
anniversaires  et  services  qui  se  feront  en  la  diiie  église 

par  les  diz  clers,  a  dlonné,  livré,  cédé au  dit  messire 

Pierre  Burel  comme  procureur  des  diz  clers ,  c'est 

assavoir  ses  vignes  contenant  un  quartier  de  vigne  et  plus, 
avecques  toutes  leurs  appartenances,  assises  et  assituées 
en  la  seigno|urie  de  monsieur  le  prieur  de  Saint-Eutrope, 
hors  les  murs  de  Xaintes,  tenant  les  dites  vignes,  d*un 
cousté  aux  motes  et  diésers  que  soloit  tenir  deffunt  Ar> 
naud  Savari,  d'autre  costé  aux  motes  et  désers  que  so- 
loit tenir  Pierre  Guibourg,  taneur,  d'un  chief  au  chemin 
public  par  lequel  Ton  va  de  Saint  Macou  vers  les  Combes, 
et  d'autre  cousté  aux  Arcs  die  Saint-Eutrope,  appelez  le 

Palais  Galliane ,  à  la  charge  de  six  anniversaires,  avec 

oraisons  et  vigile  des  morts  et  la  messe  suivant  la  coutume, 
avec  le    libéra  me  sur  la  sépulture  aux  mois  de  janvier, 

mars,  mai,  juillet,  septembre,  novembre en  présence  de 

Jean  Guillois,  preslre,  chanoine,  Jean  Garnier,  Albert  Le 
Court,  GuiLHOU  (Archives  de  Saini-Pierre  Cote  V*). 

1691,  14  octobre.  —  Hélie  Mallet,  échevin,  afferme  à 
Thomas  Salemon,  maître  jardinier,  une  maison  et  jardin  y 
jd|ignant  sis  et  situé  en  la  paroisse  Saint  Eutrope  proche 
des  Artz,  avec  un  beffin  de  vigne  (Minutes  de  Feuilleteau), 
1767,  4  août.  —  Maison  vis-à-vis    Saint-Eulrope  avec 
jardin  et  motte  à  chanvre,  confrontant  par  devant  à  la 
rue  publique,  par  derrière  à  un  sentier  qui  conduit  du 
faubourg  de  la  Bertonnière  au  lieu  appelé  les  arennes 
(alias  à  la  fond  Sainte-Eustelle)  (Minutes  de  Maillet). 
Millin,  au  commencement  du  XIX*  siècle,  lors  de  son  passage  à 
Saintes,  a  vu  les  arènes  cultivées  (Voyage,  t.  IV,  2*  partie).  Les 
documents  précédents  les  montrent  déjà  en  culture.  Elles  Té- 
taient encore  en  1860,  lorsque  la  ville  entama  les  négociations 
pour  l'achat  du  terrain,  sur  les  instances  de  M.  Eschassériaux 
(Cf.  Recueil,  t.  I,  p.  354,  490). 
Armes  (Place  d').  —  Place  des  Cordeliers. 
AuMONERiE  DE  Saint-Pallais.  —  Il  ne  faut  pas  la  confondre 
avec  l'hôpital  (voir  ce  mot).  Elle  est  mentionnée  dans  un  testa- 
ment de  mai  1484,  ainsi  que  les  aumôneries  de  Saint-Eutrope, 
SaintnVivien,  Saint-Pierre.  Elle  remonte  certainement  beaucoup 
plus  haut. 


Digitized  by 


Google 


—  123  — 

1716,  27  avril.  —  Jean  Chasseriau  le  jeune,  marchand 
bonnelier,  afferme  à  Jean  Veillopi,  marchand  chapelier, 
et  à  Antoine  Gautier,  voiturier,   S66  beaux-frères,  une 
maison  lui  appartenant,  vis-à-vis  le  cimetière  de  Saint  Pa- 
lais, confrontant  au  levant  à  Taumônerie  de  Saint-Pallais, 
d'un  bout  à  la  cure  (Minutes  de  Marsay). 
AuBARÉE  (Rue  de  V),  —  Existe  avec  cette  orthographe  sur  le 
plan  de  Lacurie  (Voir  renseigne  la  sirène)  (1),  par  conséquent 
avant  que  L.  Audiat  réclamât  la  restitution  de  cette  orthographe 
(Cf.  B.  Palissy,  1864). 

(A  suivre). 


QUESTIONS  ET  REPONSES 

Question. 

iV780.  —  Le  Gaulois  du  25  décembre  11K)3  annonce  la  célébra- 
lion,  à  Monlguyon,  du  mariage  de  M'"*  Tier  de  Barl  Brusley,  avec 
le  marquis  de  La  Plagerolle  :  —  bénédiction  donnée  par  l'évoque 
de  La  Rochelle,  bénédiction  envoyée  par  le  pape,  lunch  au  châ- 
teau du  Taillan  —  et  cette  mention  :  «  Les  Brusley,  d'origine 
écossaise,  sont  fixés  en  Saintonge  depuis  le  commencement  du 
XVII*  siècle  ».  Ceci  nous  ramène  au  temps  de  Louis  XIII.  Ni  à 
cette  époque,  ni  ultérieurement,  en  Saintonge,  je  n'ai  rencontré 
cette  famille  Tier.  Désireux  de  me  renseigner,  je  prie  quelque 
bienveillant  et  érudit  confrère  de  satisfaire  ma  curiosité. 

La  m. 


LIVRES  ET  REVUES 

Le  Bulletin  de  la  Société  de  Vhistoire  du  protestantisme  fran- 
çais, de  seplembre-octobre  1903,  contient  un  relevé  analytique 
et  alphabétique  de  tous  les  procès,  actuellement  connus,  inten- 
tés aux  mourants  et  aux  cadavres  protestants  sous  Louis  XIV 
et  sous  Louis  XV.  Pour  le  département  :  Bonami  Elisabeth,  ser- 
vante, décédée  en  1089;  Chollet,  gentilhomme  de  La  Rochelle, 
décédé  en  1686  :  Joufflier  Pierre,  de  Momac,  décédé  en  1686  ; 
Isaac  de  La   Fon,  marchand   à  Jonzac  ;   la  femme   de  Vigou- 

(1)  Reentil,  t.  XIV,  p.  368. 


Digitized  by 


Google 


—  124  — 

reux,  apothicaire  à  Marans.  M.  Henri  Gelin  conclut  ain- 
si... <c  que  le  plus  éclatant  hommage  que  des  êtres  intelligents 
soient  capables  die  rendre  à  cette  vérité  si  difficile  à  atteindre, 
c'est  d'admettre,  c'est  de  proclamer,  c'est  de  défendre  le  droit 
sacré  de  toute  conviction,  de  tokite  conscience,  à  la  liberté  9. 
C'est  très  bien  dit,  et  la  réflexion  est  toute  d'actualité. 

M.  de  Richemond  raconte  un  drame  au  Château-Gaillard  en 
1670^  d'après  la  procédure  qu'il  a  retrouvée  dans  les  archives  du 
présidial  de  Saintes.  La  scène  se  passe  sur  la  commune  de  Juicq. 
Il  s'agit  d'un  assassinat  dont  Abraham  Rocquemadour  aurait  été 
victime.  L'accusé  se  nomme  Denis  Prieur,  assisté  de  son  frère 
Christophe,  fils  du  vice-sénéchal  en  la  maréchaussée  de  Sain- 
tonge.  L'affaire  se  termine  par  des  lettres  de  grâces  et  miUe  li- 
vres de  dommages  intérêts,  dénouement  que  M.  de  R.  attribue  à 
l'influence  de  la  religion  catholique  à  laquelle  appartenait  Prieur. 


Le  numéro  de  juillet-septembre  1903  du  Bulletin  de  la  Société  de 
Géographie  de  Rochefort,  achève  la  publication  d'une  légende 
des  côtes  de  Saintonge  et  d'Aunis,  Cette  troisième  partie  qui  con- 
tient trois  pages  sur  la  Minerve  de  Poitiers,  (quel  rapport  avec 
Ro  ??)  ne  le  cède  en  rien  aux  deux  précédentes  en  logogriphes  de 
la  plus  intense  obscurité.  «  Du  Plomb  du  Cantal,  s'élancent  les 
eaux  de  la  Cère  qui  vont  rejoindre  les  eaux  die  la  Dordogne.  Près 
du  confluent  de  ces  deux  rivières,  Durandal,  l'épée  merveilleuse 
du  roi  Dis,  de  Radamanthe,  d'Amantorix,  d'Amatorix,  du  roi 
d'Hutal,  d'Antillé,  d'Hutelli,  repose  à  tout  jamais  sous  la  garde 
du  saint  Michel  des  Chrétiens.  C'est  le  point  de  départ  des  eaux 
d'Antal,  d'Andal,  qui  forment  l'épée  merveilleuse  confiée  par 
Pluton-Hadès  au  cavalier  Perseus  pour  couper  la  tête  de  la  Gor- 
gone Medousa.  Cette  épée  retrouvée  à  l'époque  carolingienne 
fut  placée  entre  les  mains  du  paladin  Rô  l'Ant  pour  couper 
montagnes  et  falaises  et  s'exercer  sous  le  nom  de  Serpent  Ro, 
spécialement  contre  les  falaises  santoniques.  Devant  celles-ci, 
Durandal  reprenait  la  forme  des  gros  serpents  qui,  depuis  des 
siècles  infinis,  peuplaient  toute  cette  région  maritime  et  tempé- 
tueuse... !!!!!  »  Combien  on  dioit  s'estimer  heureux  de  savoir  et 
surtout  de  comprendre  de  si  belles  choses  I... 

Et  plus  loin  :  «  Sur  les  côtes  saintongeaises,  les  Gorgones  furent 
des  divinités  mauvaises  et  formidables.  La  première  peut  se  re- 
trouver dans  ce  gouffre  de  Maumusson,  la  seconde  dans  le  dan- 


Digitized  by 


Google 


—  125  — 

ger  de  Rochebonne,  et  la  troisième  dans  le  gouffre  de  Cherava- 
che...  I  » 

«  Vers  le  XV*  siècle  avant  notre  ère,  la  grande  tle,  s*étendant 
de  Soulac  à  Chassiron,  portait  le  nom  Andromeda.  Cette  lie,  dès 
les  premiers  temps  de  la  période  géologique??  actuelle  fut 
en  proie  aux  destructions  marines.  Les  anciens  en  conçurent  l'i- 
dée dTun  monstre  marin  voulant  dévorer  Andromeda  composée 
de  rHe  d'Antros  et  de  la  terre  de  Médousa.  Lorsque  Tlle  d'An- 
tros  fut  séparée  de  la  terre  de  Médousa  (Meda,  Media)  par  l'ac- 
tion combinée  des  eaux  de  la  Garonne  et  de  l'océan,  l'événe- 
ment donna  naissance  au  mythe  d'Andromède.  Cette  belle  jeune 
fille,  m  région,  attachée  à  son  rocher,  menacée  d'être  dévorée  par 
un  monstre  marin,  fut  délivrée,  suivant  les  anciens,  par  Perseus, 
au  moyen  de  l'épée  d'Antal,  qui  déjà  était  dite  avoir  séparé  la 
tête  de  la  Gorgone  de  la  terre  de  Médousa  !1!!!  » 

«  Le  monstre  marin  qui  menaçait  Andromeda  a  donné  nais- 
sance à  la  légende  de  Gargantua !!i  » 

«  Ro  est  encore  dans  ses  demeures  et  la  preuve  en  est  fa- 
cile ?7?  à  faire.  Lorsque  la  tempête  souffle  du  sud,  Rô  hurle  dans 
le  gouffre  de  M&umusson  (avec  les  Gorgones  7)  ;  lorsque  la  tem- 
pête souffle  du  nord,  c'est  le  gouffre  de  Cheravache  qui  soulève 
ses  vagues  profondes...  I  »  Pas  aussi  profondes  que  cet  amas 
d'idées  fantasmagoriques. 

M.  C.  S.  parle  beaucoup  de  Dispater.  Il  aurait  fait  une  décou- 
verte des  plus  remarquables,  qui  nous  dédcMnmagerait  des  autres, 
s'il  prouvait  l'existence  du  culte  de  cette  divinité  dans  la  région 
de  l'Ouest.  Malheureusement,  il  ne  dit  pas  sur  quel  texte  ni  sur 
quel  monument  il  s'appuie.  Toujours  des  affirmations.  Hélas  i 

BuUetins  et  Mémoires  de  la  Société  d'Emulation  des  Côtes-du- 
A^ord,  tome  XL,  1902,  p.  89.  M.  de  Calan  traite  dans  un  long  mé- 
moire du  Rôle  historique  des  provinces  de  France.  Il  a  groupé, 
d'après  leur  pays  d'origine,  dies  notabilités  de  différents  genres, 
hommes  de  guerre,  honunes  politiques,  savants,  artistes  et  littéra- 
teurs, établissant  ainsi  dans  queUe  mesure  chaque  province,  cha- 
que région  a  collaboré,  suivant  les  époques,  à  la  grandeur  de  la 
patrie  française.  Il  a  voulu  établir  une  relation  entre  le  sol  et  les 
hommes,  l'influence  que  ceux-ci  peuvent  avoir  tiré  de  la  nature 
des  milieux  dans  lesquels  ils  sont  nés.  Certains  passages  (voir 
p.  211  le  portrait  du  Bordelais),  sont  très  vifs,  certains  autres 
très  pftles  comme  celui  relatif  à  la  Saintonge  (p.  222). 


Digitized  by 


Google 


—  126  — 

Le  Bulletin  trimestriel  de  ta  Société  de  Borda,  3*  trimestre 
1903,  termine  la  monographie  de  M.  Louis  Sentex  sur  La  (aien- 
cerie  de  Samadet,  avec  cinq  planches  tirées  malheureusement 
en  noir  et  trop  pleines,  par  la  raison  que  les  spécimens  trop  ré- 
duits ne  peuvent  plus  être  examinés  qu'à  la  loupe.  Le  texte  inté- 
ressant et  diocumenté  sera  d*un  grand  secours  pour  les  collec- 
tionneurs, et  les  aidera  dans  leurs  recherches.  Il  fera  surtout 
mieux  apprécier  une  fabrique  assurément  peu  connue. 

Comptes  rendus  et  mémoires  du  Comité  archéologique  de  Sen- 
lisy  1902.  Dans  les  nouvelles  recherches  sur  les  origines  des  gran- 
des baillies  royales,  un  paragraphe  est  consacré  à  Philippe  de 
Beaumanoir,  bailli  de  ^enlis,  parvenu  à  la  haute  administration 
en  1286  au  plus  tard,  sénéchal  de  Saintonge  en  1288. 

VEre  nouvelle  poursuit  l'étude  des  Anciennes  maisons  des  en- 
virons de  Cognac, 

Du  8  octobre  1903. —  Le  fief  du  Bocage  est  situé  au-dessus  du 
faubourg  Saint-Jacques ,  à  gauche  de  la  route  qui  va  de  Cognac  à 
Saint-Jean  d'Angély.  Sous  le  règne  d'Henri  IV,  il  appartenait 
à  la  famile  Brunet,  famille  protestante  (suivent  des  détails  gé- 
néalogiques), à  laquelle  appartient  Jacques  Brunet,  né  le  30 
avril  1663,  assesseur  de  la  maison  de  ville.  Sa  fille,  Françoise, 
âgée  de  16  ans,  épousa  en  l'église  Saint-Léger,  le  12  novembre 
1714,  Louis  Desprès,  écuyer,  sieur  de  Bussy,  de  Tonnay-Cha- 
rente.  Le  père  signe  Brunet  du  Bocage.  En  1787,  le  Bocage  passa 
aux  Lacour,  par  suite  du  mariage  de  Joseph-Jean-Philippe  La- 
cour,  entrepreneur  des  ponts  et  chaussées,  de  la  paroisse  d'Aul- 
nay  avec  Marie  Françoise  Brunet.  Le  3  février  1788  naquit  Jean- 
Baptiste-Michel-Joseph  Lacour,  devenu  agent  voyer  de  Tarron 
dissement,  décédé  vers  1860,  dont  un  fils,  avocat,  et  un  petit-fils 
juge  au  tribunal  civil  de  Saintes. 

Du  11  octobre  1903.  —  La  terre  die  Saint-Trojan  était  unie  à  celle 
de  Saint-Brice.  Jean  Poussard,  seigneur  de  Fors  en  Poitou,  pane- 
tier  de  Louis  XII,  épousa,  vers  1515,  Catherine  Gasteuil,  dame 
de  Saint-Trojan,  fille  de  François  et  de  Jeanne  de  Livenne  ;  l'aî- 
né des  enfants,  Charles,  succéda  à  son  père,  réunit  Saint-Brice 
à  Saint-Trorjan.  De  son  union  avec  Marguerite  de  Bazoges  naquit 
Suzanne  qui  épousa,  le  5  mai  1582,  Louis  d'Ocoy,  chevalier,  sei 
gneur  de  Couvrelles,  chambellan  du  prince  de  Condé.  Louis 
d'Ocoy  mourut  en  1635.  Les  Poussard  et  les  d'Ocoy  étaient  pro- 


Digitized  by 


Google 


-  127  — 

testants.  Jean  Casimir  d*Ocoy  fit  élever  un  temple  à  Textrémiié 
de  son  jardin,  et  dans  ce  temple,  un  caveau  destiné  à  la  sépulture 
des  membres  de  la  famille.  Ce  caveau  existe  encore. 

Après  les  d'Ocoy  vinrent  les  Guiton  de  Maulevrier  qui  restèrent 
seigneurs  de  Saint-Trojan  jusqu'à  la  Révolution. 

Tout  en  haut  du  bourg  de  Saint-Trojan  est  le  domaine  de  Lé- 
cart.  Jacques  Robicquet,  marchand  à  Cognac  le  tient  en  1632, 
puis  Michel  Robicquet  en  1664.  Il  vendit  cette  terre  à  la  famille 
Manguy.  Jean  Manguy,  écuyer,  sieur  de  Lécart,  existe  en  1680. 
Après  les  Manguy,  Lécart  paraît  appartenir  à  Jean  François 
Penaud.  Au  XIX*  siècle,  il  est  entre  les  mains  de  M.  Léon  Dupuy, 
négociant  à  Cognac,  qui  le  laisse  à  sa  fille,  M"*  la  comtesse  des 
Montiers  de  Mérin ville  qui  le  vendit  à  M.  Bernard. 

Du  15  octobre  1903.  —  Le  fief  de  La  Foy,  en  Saint-Laurent,  ap- 
partient à  la  fin  du  XVI*  siècle  à  Jacques  Delymur,  procureur 
au  siège  royal,  époux  de  Françoid  Brung.  Ses  sœurs  épousè- 
rent :  Jacquette  Pierre  de  La  Courbe,  lieutenant  général  au  mê- 
me siège  ;  GuiUemette,  Gabriel  de  Salcède,  écuyer  lieutenant 
colonel  du  régiment  de  Picardie  ;  Françoise,  François  RufiSer, 
écuyer,  sieur  des  Grimardières.  Jean  Delymur,  fils  de  Jacques, 
vendit  La  Foy  à  Pierre  de  Rignol,  lieutenant  criminel  au  dit 
siège,  mari  de  Marie  de  La  Courbe.  Le  11  février  1628,  P.  de 
Rignol  prend  la  qualité  de  sieur  de  La  Foy.  Jean,  son  fils,  lui 
succéda.  La  Foy  passa  à  Jacques  Perrin,  maire  de  Cognac, 
époux  de  Marie  Dussault,  d*Archiac,  décédée  le  12  septembre 
1733  :  son  mari  meurt  le  20  mars  1743. 

Du  18  octobre  1003.  —  Le  premier  propriétaire  connu  du  Bou- 
quet en  Javrezac  est  la  famille  Broussard,  protestante,  qui,  vrai- 
semblablement, grava,  sur  la  maison,  l'inscription  encore  exis- 
tante DIEV  A  BATI  MA  MAISON.  Ils  venaient  de  la  Vendée,  où 
ils  possédaient  un  fief  appelé  Fontmarais.  Deux  mariages  avec 
des  demoiselles  Bertrand,  protestantes,  les  fixèrent  à  Cognac 
(Longs  détails  généalogiques).  Ils  étaient  alliés  à  Laurent  Dre- 
lincourt,  pasteur  d'Alençon  en  1663.  Bertrand  Broussard  abjura 
le  calvinisme  ,  et  se  fit  inscrire  à  TArmorial  de  1696,  sous  le  nom 
de  «  Bertrand  Broussard,  écuyer,  sieur  de  Fontmarais,  gentil- 
homme de  la  grande  vénerie  du  roi,  porte  :  d'azur,  à  un  aigle 
£argeni  et  une  coiice  de  gueules,  brochant  sur  le  tout  ».  Il  est 
remarquable  qu'ils  se  qualifient  rarement  sieurs  du  Bouquet, 
et  qu'ils  gardèrent  au  contraire  le  titre  de  sieurs  de  Fontmai- 
rais.  Une  autre  branche  s'intitule  Broussard  de  Montifaut  (pa- 


Digitized  by 


Google 


—  128  — 

roisse  de  Salles).  Henri  Gaspard  de  la  Porte  aux  Loups,  fils  de 
Marie-Elisabeth  Broussard  de  Fontmarais,  et  de  Jacques,  fut 
cadet  au  régiment  de  Guienne,  en  1776,  sous-lieutenant  en  1778, 
émigra,  servit  dans  Tarmée  de  Condé.  Il  avait  épousé,  le  12  juin 
1782,  Anne-Félicité  de  Livenne,  décédiée  le  29  septembre  1791.  Le 
Bouquet,  confisqué,  fut  vendu  comme  1>ièn  national,  et  acquis  par 
Sophie  Martell,  femme  Roubaud,  laquelle  le  vendit  à  la  famille 
Albert.  Il  fut  partagé  entre  P.  Etienne  Albert,  père  de  Tavocat, 
et  la  sœur  de  celui-ci,  mariée  avec  M.  Dulignon.  Les  Albert  et  les 
Lecoq  de  Boisbaubran  le  vendirent  à  MM.Potut  et  Mimaud. 
M.  Szemovien  a  aujourd'hui  réuni  les  deux  parties. 

Du  22  octobre  1903.  —  Il  y  a  dans  la  commune  de  Xherves  deux 
noms  du  Coudret,  le  Grand  Coudret  qui  est  un  village,  et  le  Petit 
Coudret  qui  est  un  domaine.  A  la  fin  du  XVI*  siècle,  ce  dernier 
appartient  à  une  famille  Gordon.  François  Gordon  était  con- 
trôleur des  eaux  et  forôts  d'Angoumois.  Son  fils,  Etienne,  lui 
succède,  se  qualifie  d*écuyer  et  de  sieur  du  Coudret,  vice-séné- 
chal de  Saintonge  ;  il  était  marié  avec  Marguerite  Méme- 
teau.  Jean  Cordon,  leur  fils,  épousa  Françoise  Payan,  fille  d'An- 
dré, sieur  de  Gombaud.  Leurs  héritiers  vendirent  Le  Coudret 
vers  1667  à  François  du  Boulet,  qui  s'-en  défit  presque  aussitôt  en 
faveur  de  Daniel  Coma,  juge  d'Echillais  en  Saintonge.  Il  mofurut 
au  Coudret  le  27  septembre  1691.  Zacharie  Coma  épousa,  le  5 
mai  1695,  Catherine  Prévost.  Il  se  qualifie  en  outre  de  sieur  de 
Monteurs  en  Nercillac.  Catherine-Thérèse  Coma  se  maria  avec 
Jean-René  Pépin,  sieur  de  La  Tour,  avocat,  neveu  par  alliance 
de  Pierre  Gay  de  La  Chartrie.  Le  Coudret  fut  acquis,  vers 
1730,  par  Léon-Alexis  de  Bremond,  dit  le  vicomte  d'Ars, 
lieutenant  de  vaisseau,  marié  avec  Louise  Faure  de  La 
FayoUe,  laquelle  mourut  au  Coudret  le  6  décend)re  1769. 
Sa  fiUe,  Marie  Judith,  veuve  de  Charles-Jacob  de  Bremond, 
se  retira  à  Paris,  où  elle  mourut  en  1782.  Le  Coudret  passa  alors 
à  la  famille  Brunet  qui  le  garda  pendant  quatre  vingts  ans  ; 
il  appartient  aujourd'hui  à  M.  Baron. 

Du  25  octobre  1903.  —  Le  logis  de  Fontaulière  en  Cherves,  ap- 
partenait, à  la  fin  du  XVP  siècle,  à  Jean  Maignan,  homme  d'armes 
du  duc  d'Epernon.  Son  fils,  Bernard,  épousa  en  1634,  Marie 
Maignan,  sa  cousine,  mourut  vers  1638,  peut-être  à  La  Touche. 
Louis  de  Pocquaire,  écuyer,  mari  de  Marie  de  La  Cassaigne,  pos- 
sédait Le  Cormier,  en  Cherves.  Charles  de  Pocquaire,  son  fils, 
épousa,  vers  1633,  Elisabeth  d'Arnaud,  ûûe  de  Jean,  seigneur 


Digitized  by 


Google 


—  129  — 

de  Boisroche  en  Saint-André,  maître  d*hôtel  du  duc  d'Epernon^ 
et  de  Marguerite  de  Bourg.  Elisabeth  mourut  au  Cormier  le  11 
janvier  1642,  laissant  trois  enfants  ;  son  mari  lui  survécut  jus- 
qu'au 14  mars  1680.  Il  est  probable  que  c'est  lui  qui  acheta  des 
héritiers  Maignan  le  domaine  de  Fontaulière,  vers  1660.  Henri 
de  Pocquaire,  fils  aîné,  époux  de  Madeleine  Méhée,  mourut  à 
Fontaulière,  le  22  décembre  1694  :  sa  veuve  se  remaria  avec  Jac- 
ques de  Curzay,  le  24  janvier  1606,  et  mourut  le  17  novembre 
1701  (notes  sur  les  Pocquaire).  Henri  de  Pocquaire,  époux  de 
Françoise  Chevreuil  de  Romefort  décéda,  à  Fontaulière,  le  5  dé- 
cembre 1767,  à  peine  âgé  de  38  ans,  sans  enfants.  Les  Saulnier 
de  Montlambert,  ses  cousins,  se  fixèrent  à  Fontaulière. 

Alexis  Saulnier,  le  dernier  propriétaire  de  ce  nom,  marié  en 
premières  noces  à  Marie  Normand  de  La  Garenne,  puis  en  se- 
condes noces  à  Catherine  Chevreau,  mourut  le  27  septembre 
1810,  âgé  de  58  ans.  Fontaulière  passa  alors  à  M.  Drouineau 
qui  le  laissa  à  son  gendre.  M.  Daniaud,  dont  la  fille  se  maria 
avec  M.  Benon,  père  de  M.  Benon,  avocat  à  Cognac. 

Du  29  octobre  1903.  —  Le  Breuil,  près  Cognac,  appartenait  à  la 
fin  du  XV*  siècle  à  Jean  La  Madeleine,  et  au  XVII*  à  Louis  Civa- 
dier,  avocat  et  échevin  de  Cognac,  déjà  possesseur  du  fief  de  Ga- 
lienne,  commune  de  Javrezac,  mari  de  Elisabeth  Phelippier.  Il 
était  fils  d'Etienne,  verdier  des  eaux  et  forêts,  puis  avocat,  et  d'E- 
lisabeth Foucques.  Il  dévint  maire  de  Cognac,  et  mourut  en  jan- 
vier 1671,  laissant  de  son  mariage  avec  Jeanne  Monginot,  un 
fils  Louis. 

En  1706,  Le  Breuil  a  dû  être  acheté  par  Pierre  Lebouché,  con- 
seiller du  roi,  assesseur  au  siège  royal  de  Cognac,  époux  de  Ca- 
therine Pépin, 

Le  10  janvier  1725,  leur  fille  Catherine  époKisa  Joseph  René 
Clabat,  chevalier,  seigneur  du  Chillou,  de  la  paroisse  de  Saint- 
Hilaire  de  Poitiers.  Ils  demeurèrent  au  Breuil  (notes  généalogi- 
ques sur  les  Clabat). 

Jacques-Etienne  Clabat,  mort  célibataire,  laissa  ses  biens  à 
M.  de  Liniers  de  Poitiers.  Celui-ci,  à  son  tour,  le  donna  à  une 
de  ses  nièces  qui,  en  1846,  vendit  Le  Breuil  par  parcelles.  La 
maison  fut  acquise  par  M.  Blanchard,  négociant,  qui  la  revendit 
à  M.  Georges  Fort. 

Du  1*'  novembre  1903.  —  Fontenille,  village  de  la  commune  de 
Cherves;  dans  ce  village,  une  grande  maison  appartenait  au 
seigneur  du  fief.  Au  XV*  siècle,  ce  seigneur  se  nomme  Jean 


Digitized  by 


Google 


Berlrai^d,  chambellan  du  roi.  Jaoquetle  Bertrand,  sa  fille  imquet 
épodjusa  en  1499,  Jea^  de  RA^ain/i,  aeigneu^  d'Usson,,  pui^  ei^  ^- 
condcs  o/9ces,  vers  15^/ Çolln,  Cor^ol  (jsuivent  quelques  no- 
tes généalogiques  sur  le^  Rabfjn^), 

Pierre  de.  Montalembert,  sieMi:  d^  Mongaugé,  en  Chérac, 
époux  de  Marie  de  Gaillard,  go  fi^xa  à  Fonlenille  et  y  m^o^rut^e 
ô  novenQj[)re  1682,  Agé  die  55  ans.  Adam-Charles  et  Charries,  S9S 
fils,  habitèrent  quelque  temps  ce  dojoçiaine. 

Le  frère  de  Marie  de  Gaillard  habitait  La  Courbe  en  Chéraç. 

Le  Grand  Parc  de  Cognac  d'vn^  coMtenaiftce  de  600  hectajres 
fut  aliéné  en  1832,  en  vertu  d'vme  loi.  M*  Clémeijvt,  ancien'  no- 
taire à  Paris,  s'en  étant  rendu  acquérei^r,  coinmeiK^c^  1^  défri- 
chement de  la  forêt.  M.  Clément  f^t  exproprié  ;  M.  AUard,  ad- 
ministrateur des  biens  de  la  liste  civ^e  flu  roi  Louis-Philippe  le 
revendit  à  plusieurs  prqpriétaires. 

Du  8  novembre  1903.  —  Jean  Vitet,  échevin  de  Cognac  en  1601, 
maire  en  1602-1603,  mari  de  Jeanne  Huon,  possédait  TEchassier. 
A  la  fin  du  XVIP  siècle,  on  trouve  Gabriel  Vilel,  sieur  de  FE- 
chassier,  fils  de  Jean,  sieur  de  Bel  Air,  échevin,  et  d'Anne  Mes- 
tayer,  mariés  le  18  avril  1684.  Gabriel  Vilel  épousa,  en  1722, 
Marie  Bourguignon,  née  en  1690,  fille  de  François,  i^ieur  de 
Chevre-Nègre  en'Javrez^c  et  de  Marie  Zi^ck  (descendance).  Il 
mourut  âgé  de  58  ans,  le  28  avril  1743.  Le  2  mai  1747,  sa  fille, 
Marie-Anne,  épousa  Jean  Defieux,  écuyer,  sieur  de  Marcillac 
Laborie  en  Périgord  (descendance).  Le  19  juin  1787,  à  TEchas- 
sier,  eut  lieu  le  mariage  de  Jeanne-Marie  Defieux  de  Marcillac 
(sa  mère  décédée  en  Périgord)  avec  Bernard  Desmier  d'Olbreu- 
se,  lieutenant  de  marine  au  service  die  TEspagne.  Jean  Defieux 
se  remaria  avec  une  demoiselle  de  Bonnegens.  Jean  Defieux  de 
Marcillac,  l'aîné,  était  lieutenant  au  régiment  de  Beajijolais  en 
1781.  Il  épousa,  à  Toulouse,  Claire  Félicité  de  Lacoste,  nièce 
de  Dominique  Périgon,  devenu  maréchal  de  France  en  1804. 
Honoré  de  Marcillac,  frère  du  précédent  p^ssa  à  Saint-Domin- 
gue. 

Jean  Defieux  de  Marcillac,  capitaine  en  1785,  fut  emprisonné  à 
Cognac  sous  la  Terreur,  et  mourut  à  TEchassier,  le  22  février 
1818,  maire  de  Saint-Martin.  Il  eut  un  fils  tué  à  la  bataille  de  la 
Moscowa. 

'  LaRei>ue  du  Ba^4^€Mou,  3*  livraison  de  lOOSyccmlieiit,  4u  D' 
Atgier  la  suite  de  ses  notes  sur  F  Abbaye  de  Ré,  commencées  en 
1902.  Le  chapitre  VIII  donne  la  liste  des  abbés  de  1178  à  1803). 


Digitized  by 


Google 


—  lai  — 

fievue  du  Bas-PoUpu,  1903,  .4*.livrjaison..  Lef  hypogés  chrétiens 
et  lç9  cryp,ie$  du  Poitou  antérieurs  à  Van  mille  par  li^.  I|<éon 
I^^aitre.  Le  cœur  vendéen^  le  bijou  populaire  bien  connu,  par.  M. 
le  D''  Baudouin  et  M.  Georges  Lacoulomère. 

^fivij^e  des  Çharentes,  du  30  novembre  1903.  M.-H.  Patry.'(de 
La  Rioohelle}  reprend  Tarticle  ;qu*il  a  donné  en  }uiUet<  1903,  dans 
la  Revue  des  Annales  du  Midi  sur  la  défense  de  Saint-Jean  d'An- 
géjy  par  le  capitaine  Antoine  du  Plessis  de  Richelieu  (9-14. cet. 
K>62).  M.  H.  Patry  croit  que,  contrairement,  à  Toprinion  de  M. 
Uanotaux  (Histoire  du  cardinai  Richelieu),  c'est  Antoine  de  Ri- 
chelieu 4it  le  moine  et  non  son  frère  aîné  François,  <iit  P'ûon^ 
maître' de  camp,  qui  défendit  Saint-Jean  d'Angély.  La  confu- 
sion résulte  4e>  ce  que  les  deux  frères  sont  appelés  indifférem- 
i)aent  le  capitaine. 

>  De-  décembre  1903.  — '  Le  paysagiste.  Auguin.  Biographie  par 
•H.  René  Hérisson,  pleine  de  justes  appréciations,  dé  traits  et 
d'anecdotes  qui  «  campent  »  bien  sous  son  véritable  jour  l'excel- 
lent artiste  et  fait  connaître  les  faces  multiples  de  son  tempéra- 
ment. —  Suite  et  fin  de  la  défense  de  Saint-Jean  d'Angély  par 
le  capitaine  Antoine  du  Plessis  de  Richelieu, 

Le  numéro  de  janvier  1904,  contient  un  charmant  article  de 
M.  E.  Moreaud,  sur  Tauteur  de  La  Mérine  à  Nastasie,  le  D'  Jean. 
Les  bibliophiles:  feront  bien  de-  le  détacher  et  de  le  coller  en  tête 
deieur  exemplaire-  de  La'Mérine,  en  guise  de  préface.  C'est' la 
préface  née,  celle  qui  convient  à  ce  volume  ;  on  n'y  apprend 
peui-êtrerien  de  neuf,  mais  on  y  trouve  condensée  la  genèse  de 
lai  pièce.  On  y  trouve  cependant  une  petite  révélation  inattendue. 
M.  Jean,  qui' a  été  médecin  de  la  marine,  a  fafit  à  la-  Guyane  du 
prosélytisme  charcutais.  Il  a  appris  à  trois  nègres  un  "vieil  air 
saintongeais.  Pendant  quinze  jours,  il  Ta  chanté  avec  eux.  Le 
chantent-ils  encore?  C'est  possible.  Or,  étant  donné  les  habitudes 
des  gens -simples,  il  est  probable  qu'ils'  le  chanteront  longtemps, 
et  que  leurs  enfants  le  répéteront  plus  ou*  moins  déformé.  'De 
-sorte  que  si,<  un  jour,  un  Saintongeais  ignorant  ce  détail,'  passe 
par  là,  entende  et  reconnaisse  le  refrain  de  son  pays,'  il  se  dé- 
mandera, étonné,  où,  quand,  comment  ces  sauvages  ont  pu  le 
recueillir.  Il  y  aura  là  un  petit  problème  de  folklore  dont  La  so- 
lution lui  donnera  un  peu  de  souci,  mais  qu'il  résoudra  s'il  pense 
à  consulter  la  Revue  des  Charentes.  Le  hic  sera  d'y  penser. 


Digitized  by 


Google 


—  182  — 

L'Ordre  des  Trinitaires  pour^  le  rachai  des  captifs,  par  Paul 
Deslandres,  archiviste-paléographe,  attaché  à  la  bibliothèque  de 
l'Arsenal,  2  vol.  in  8**.  L'auteur  de  ce  travail  de  bénédictin,  tra- 
vail enrichi  de  curieuses  reproductions,  de  miniatures,  tableaux, 
sceaux,  cite  au  tome  I,  page  573,  les  Archives  historiques  de 
Saintonge  et  d*Aunis,  à  propos  dtu  prieuré  de  Saint-James,  près 
TaiUebourg,  et  au  tome  II,  page  175,  reproduit  comme  déjà  pu- 
blié par  la  Revue  de  Saintonge^  à  laquelle  il  avait  bien  voulu 
le  communiquer,  le  procès-verbal  de  la  visite  du  25  juillet  1531 
(Revue  de  septembre  1901).  Les  Trinilaires  paraissent  avoir  eu 
peu  de  soins  de  leurs  archives.  «  L'histoire  des  couvents  trini- 
taires  est  surtout  celle  de  leur  ruine  graduelle  »,  et  Thistoire  de 
l'Ordre,  celle  des  conflits  des  Trinitaires  entre  eux  et  avec  les 
Pères  de  la  Merci.  Là  troisième  partie  du  tome  I  contient  de 
très  intéressants  détails  sur  le  rachat  des  captifs  :  c'est  là  l'âme 
du  sujet  traité  et  le  côté  noble  de  l'institut.  Le  tome  II  est  con- 
sacré aux  pièces  justificatives  ;  à  la  page  225,  notons,  dans  un 
obituaire  de  Châteaubriant  de  1606  :  a  Le  unziesme  jour  de  mars 
1569,  fut  tué  le  prince  de  Condié  en  une  rencontre;  duquel  a  esté 
faict  le  quartrain  : 

L'an  mil  cinq  cens  soixante  neuf. 
Entre  Jarnac  et  Chasteauncuf, 
Fut  porté  mort  sur  une  âncsse. 

Le  grand  ennemy  de  la  messe. 

a. 
m 

...  Le  vingt  septiesme  jour  de  may,  mourut  à  Xainctes,  le  5 

sieur  de  Dandelot,  d'une  fiebvre  pestilentieuse,  au  grand  regret  ^ 

des  protestants,  au  grand  bien  de  la  France...  | 

Page  342.  1692,  14  mai,  fixation,  à  Thospice  de  Saint-Eutrope  ^ 

de  Marseille,  de  la  fête  patronale,  au  27  mai,  «  de  saint  Eutrope,  -g 

évoque  et  confesseur  »,  au  lieu  du  30  avril,  «  de  saint  Eutrope,  J 

martir  ».  ^ 

Page  345.  1692,  histoire  du  couvent  de  Toulouse.  «  Laquelle  ^ 

église qui  s'apeloit  de  Saint-Victor,  fut  consacrée  le  27  avril 

1511,  par  Monseigneur  Eustache,  evesque  de  Xainctes,  à  l'hon- 
neur de  la  Sainte  Trinité  ». 

Il  y  à  là  un  mot  écorché,  car  l'évêque  de  Saintes  en  1511  se 
nomme  François  Soderini. 

X. 


Digitized  by 


Google 


REVUE 

DE  SAINTONGE  &  D'AUNIS 

BULLETIN  DE  LÀ  SOCIÉTÉ  DES  ARCHIVES 


SOMMAIRE  DU  !•'  MAI  1904 

Avis  bt  ivouvbllbs  :  Assemblée  du  6  mars  ;  Situation  financière  ;  Admissions  ; 
ExcursioQS;  Compte  rendu  des  journaux  ;  Fichier  ;  Vente  de  pierres;  Waldeck- 
Rousseau  à  Jonzac  ;  Cendres  de  Coudreau. 

NoTBS  d'état  civil.  —  1.  Décès:  de  La  Laurencie;  Arnauld;  du  Dresnay  ; 
Bertrand  ;  Béai  ;  de  Lignières;  M»«  Thoyon  ;  Mousnier  ;  Badenhuver. 

II.  Mariaaes:  de  Puységur-Caminade  de  Chatenet;  Laferrière-Polfer  ;  Alies- 
Chatonet;  Amouz-Lian. 

Ehrata. 

VABiér^s  :  Maintenue  de  noblesse  ;  Centenaires  ;  Abbaye  de  Saintes  ;  Feu 
de  joie;  L'inondation  de  1904;  Notre-Dame  La  Rotonde;  Une  invitation  à 
dîner  chez  le  premier  consul  ;  Une  fête  scolaire  à  Cognac  en  1784;  Saintes 
ancienne,  les  rues. 

QuBSTiOHS  BT  RÂP0NBB8  :  Etymologie  de  de  Cage;  Simer;  Boisredon  ;  A  chA 
ptiiU 

LivKBS  BT  RBvuBS  :  Au  pays  de  Jésus  ;  Patois  saintonseais  en  Lorraine  ;  Les 
anciennes  maisons  des  environs  de  Cognac  ;  Manuel  d*archéologie  de  M.  Enlart; 
Liber  censuum. 

BiBuooHAPHiB  semestrielle. 


ASSEMBLÉE  GÉNÉRALE  DU  6  MARS  1904. 


Présidence  de  M.  le  baron  Oudet. 

L'assemblée  entend  la  lecture,  par  le  trésorier,  du  compU 
rendu  de  la  situation  budgétaire.  Elle  approuve  les  comptes. 

M.  Dangibeaud  communique  un  projet  de  traité  à  passer 
entre  la  Société  et  l'imprimeur.  Après  lecture  des  articles,  M. 
Coutanseaux  demande  que  le  bureau  prenne  des  renseigne- 
ments auprès  d'autres  imprimeurs,  sur  les  prix  d'impression  et 
de  correction,  certains  prix  proposés  lui  paraissant  trop  élevés. 

L'assemblée  examine  plusieurs  projets  d'excursion.  M.  Bures 
propose  de  rendre  ces  petits  voyages  instructifs,  par  une  courte 
conférence  qui  serait  faite  en  présence  du  monument,  but  prin- 
cipal de  l'excursion. 

R«Tue,  Tome  XXIV,  !•  Urralaon.  »  Mai  1M4.  10 


Digitized  by 


Google 


—  134  — 

Situation  financière  au  1"  janvier  1004 

Recettes. 

En  caisse  au  P'  janvier  1003 8651  80 

Cotisations  1902    ...     ; 65  40 

—  1903 1320  35 

—  1904 56  65 

Vente  de  volumes  et  bulletins 190  66 

Escompte  sur  les   factures 68  37 

Intérêts  des  sommes   placées 556  75 

Remboursement  d'avances  à  Timprimeur 1500  00 

Monument  L.  Audiat  (en  dépôt),  souscriptions  person.  305  00 

Total 12714  97 

Dépenses  1903. 

Avances  à  l'imprimeur  (1903) 1500  00 

Impression  de  deux  volumes  d'Archives  (1902).     .     .  4409  70 

—  de  la   Revue   (1903) 2124  10 

Frais  d'expédition  des   volumes 112  90 

—                des   bulletins 109  08 

Appointements  de  l'employé  aux  écritures  ....  224  11 

—            de  la   concierge 50  00 

Frais  de  correspondance  de  l'ancien  président.     .     .  99  10 

Loyer 316  OO 

Dépenses  d'installation .     .     .     ^ 100  00 

—  d'entretien 36  15 

—  de  correspondance  (timbres,  colis  postaux, 

etc.) 100  00 

Photogravure   .     ^ ^^  "^^ 

Enveloppes  timbrées   pour  roc*  des   quittances.     .     .  34  50 

Factures    diverses 110  00 

Frais    accessoires ^^ 72  70 

Impôts 12  85 

Total 9634  94 

En  caisse  à  la  Caisse  d'épargne.     .     .     .    1.500  30    1 

—  au  Crédit  Lyonnais  ....     1.250  00    |  3080  03 

—  en  numéraire 329  73    ) 

Total 12714  97 


Digitized  by 


Google 


-  135  - 

Admission  de  nouveaux  membres. 

M.  Brault  de  Bournonville,  maire  de  Montguyon,  présenté 
par  M.  le  docteur  Vigen. 

M.  le  baron  Chaudruc  de  Crazannes,  à  Bordeaux,  présenté  par 
M.  le  baron  Oudet. 

Le  XXXIIP  volume  contenant  le  tome  II  du  cartulaire  de 
Saint-Jean  d'Angély,  avec  une  importante  notice  sur  Tabbaye, 
est  en  distribution. 

Les  sociétaires  qui  n*ont  pas  encore  retiré  leurs  volumes  de 
chez  nos  correspondants,  sont  priés  de  le  faire  sans  retard. 

L'EXCURSION  annuelle  aura  lieu,  comme  Tan  passé,  avec 
la  Société  d'archéologie,  le  jeudi  26  mai.  Le  rendez-vous  sera 
à  Pons.  De  là,  on  partira  en  voiture,  et  on  visitera  Bougneau 
et  Pérignac  le  matin,  puis  Ars  dans  l'après-midi.  Les  personnes 
qui  voudront  revenir  à  Pons  continueront  en  voiture  ;  les  autres 
pourront  prendre  le  train  au  Pérat,  et  rentrer  en  gare  de  Saintes 
à  6  heures  et  quart. 

L'église  de  Pérignac  est  à  peu  près  inconnue  de  la  plupart 
des  Saintongeais  :  elle  vaut  la  peine  de  s'y  rendre.  C'est  une 
des  plus  riches  façades  du  département. 

Prière  de  se  {aire  inscrire  de^  suite,  en  s'adressant  soit  au 
trésorier  de  la  Société,  soit  à  M.  Poirault,  trésorier  de  la  Com- 
mission des  arts  et  monuments  de  la  Charente-Inférieure. 

La  plupart  des  journaux  du  département  ont  reproduit  le 
programme  du  numéro  de  mars  de  la  Revue. 

Plusieurs  d'entre  eux  se  sont  emparé  de  la  nouvelle  relative 
aux  éboulements  de  murs,  rue  du  Séminaire  et  à  Saint-Macoull, 
insérée  dans  le  dernier  numéro ,  sans  dire  à  qui  ils  l'em- 
pruntaient, Dieu  merci  !  car  ils  l'ont  agrémentée  de  coquilles 
de  grande  taille.  Ainsi,  on  lit  chez  l'un  d'eux  «  que  des  sculp- 
tures romaines  ont  appartenu  à  l'église  Saint-Macoull...  »  — 
Passons  celle-là  sur  le  dos  du  typographe.  Un  autre  —  non 
des  moindres  —  a  corrigé  pluies  abondantes  en  inondations,  de 
telle  sorte  qu'il  raconte,  sans  sourciller,  que  les  inondations 
ont  démoli  le  mur  de  soutènement*  du  jardin  de  la  caserne  de 
Bremond  d'Ars  —  ce  qui  est  déjà  coquet  I  —  et  un  mur,  tout 


Digitized  by 


Google 


—  136  — 

là  haut,  en  face  du  château  d'eau,  ce  qui  est  à  faire  frémir  I  Ju- 
gez-en !  le  château  d'eau  se  trouve  à  36  mètres  au-dessus  de 
la  Charente  !!  Vous  voyez  d'ici  en  quel  état  serait  la  pauvre 
ville  de  Saintes,  à  l'heure  présente,  si  pendant  huit  jours  elle 
était  restée  ensevelie  sous  36  mètres  d'eau  ! 

Pour  une  coquille,  c'en  est  une  colossale.  Elle  doit  dater  du 
déluge. 

La  Revue  de  Béarn  et  du  Pays  basque,  de  février  1904,  signale 
et  apprécie  l'article  sur  la  Mosaïque  de  Lescar,  qu'il  serait  plus 
correct  d'appeler  d'un  titre  moins  «  ambigu  »  :  La  Mosaïque 
de  la  cathédrale  de  Lescar  est-elle  romaine  ? 

La  Revue  archéologique,  janvier-février  1904,  p.  185,  rend 
compte,  sous  la  signature  J.  D.  (J.  Déchelelte),  de  l'article  sur  la 
Mosaïque  de  Lescar.  «  M.  Dangibeaud  tente  d'expliquer  l'énigme. 
Il  ne  me  semble  pas  qu'il  y  soit  entièrement  parvenu,  en  s'appuyant 
sur  certaines  légendes  superstitieuses.  Mais  il  a  eu  le  mérite  de 
signaler  trois  fois  le  même  homm*e  à  jambe  de  bois  sur  les  façades 
et  les  chapiteaux  des  églises  de  la  Charente  ( —  lisez  Charente- 
Inférieure,  dont  on  ignore  généralement  l'existence  à  Paris  — ). 

«  Ces  rapprochements  sont  fort  curieux.  Je  ne  puis  admettre 
avec  l'auteur  que  cette  figuration  soit  retrouvée  sur  des  monu- 
ments antiques  de  la  Gaule  romaine.  Le  fragment  de  poterie 
sigillée  qu'il  a  reproduit*n'a  rien  de  commun  avec  l'invalide  cha- 
rcutais. D'aiUeurs,  il  ne  faut  jamais  chercher  sur  les  vases  rouges 
de  la  Gaule  des  représentations  de  légendes  indigènes.  On  ne 
trouve  pas  le  moindre  élément  gaulois  dans  cet  art  d'importa- 
tion. » 

M.  André  Girodie,  dans  Notes  d'art,  de  février  1904,  indique 
avec  éloges  l'article  sur  la  crosse  de  Saint-Jean  d'Angély,  et  la 
monographie  de  Saintes  ancienne. 

Le  Bulletin  de  la  Société  de  géographie  de  Roche{ort,  1903, 
n®  4,  recommande  à  ses  lecteurs  la  très  intéressante  contribu- 
tion à  l'histoire  locale,  les  Cahiers  des  doléances  des  corpora- 
tions, transcrits  par  M.  l'abbé  Lemonnier,  dans  le  n**  de  novem- 
bre de  la  Revue. 

Notre  confrère,  M.  Léon  Bouyer,  vient  de  faire  paraître  chez 
Lemerre  un  nouveau  volume  de  sonnets.  La  Revue  en  reparlera. 

Le  conseil  municipal  de  La  Rochelle  a  voté,  le  30  mars,  la 
moitié  de  la  somme  de  6.911  francs,  montant  du  devis  des  répa- 


Digitized  by 


Google 


—  137  — 

rations  à  exéculcr  au  crénelage  et  aux  façades  intérieures  de 
THôtel  de  Ville,  l'autre  moitié  restant  à  la  charge  de  Tadminis- 
traiian  des  monuments  historiques. 

M.  F.  Chapsal,  directeur  du  cabinet  du  ministre  du  commerce, 
est  nommé  commissaire  général  du  gouvernement  français  en 
Belgique,  à  l'exposition  de  Liège. 

Dans  son  rapport  sur  le  budget  des  Beaux-Arts  de  1904,  M. 
Massé,  député,  émit  l'avis  qu'il  serait  indispensable  de  dresser 
un  «  fichier  des  musées  des  départements  »,  permettant  de 
retrouver  instantanémjent  où  se  trouve  n'importe  quel  ouvrage 
d'un  artiste.  I/administration  des  B<sTux-Arls  prend  des  informa- 
tions en  vue  de  son  établissement.  D'après  M.  Massé,  ce  fichier 
serait  constitué  au  moyen  d'un  jeu  de  fiches,  établi  en  double 
exemplaire  par  les  conservateurs  de  chaque  musée.  Ces  jeux  de 
fiches  seraient  déposés  à  la  direction  dos  Beaux-Arts,  et  classés 
suivant  Tordre  alphabétique,  l'un  au  dossier  de  chaque  musée, 
l'autre  au  nom  de  chaque  artiste. 

Très  bien  !  Mais  il  y  a  gros  à  parier  que  ce  travail  de  longue 
haleine  ne  sera  jamais  complet,  et  que  surtout  —  si  par  miracle 
il  s'achève  —  il  ne  servira  jamais  à  rien.  La  raison  en  est  simple  : 
les  neuf  dixièmes  des  tableaux  anciens  des  musées  provinciaux 
sont  des  copies  (souvent  de  mauvaises  copies),  ou  faussement 
affublés  du  nom  d'un  maître,  de  telle  sorte  que  ce  volumineux 
fichier  fourmillera  d'erreurs  et  de  non  valeurs. 

Le  catalogue  de  M.  Massé  deviendrait  utile  si,  avant  qu'on 
l'entreprît,  des  critiques  compétents  visitaient  tous  nos  musées 
de  province,  examinaient  avec  soin  chaque  tableau  et  chaque 
dessin,  éliminaient  l'ivraie  du  bon  grain,  attribuaient  à  chacun 
le  nom  qui  lui  convient. 

Il  passera  de  l'eau  —  et  beaucoup  d'eau  !  —  sotis  le  pont, 
avant  la  réalisation  de  cette  énorme  revision,  cependant  néces- 
saire, si  on  a  la  ferme  volonté  de  faire  œuvre  sérieuse. 

D'autre  part,  il  y  a  double  emploi  avec  VInveniaire  des  Ri- 
chesses de  France,  Mieux  vaudrait  activer  cette  vaste  publica- 
tion et  laisser  le  fichier...  dormir. 

On  annonce  la  vente  à  Saint-Just,  près  Marennes,  du  petit 
oratoire  dessiné  dans  la  Revue,  tome  XI,  p.  41,  et  de  la  fenêtre 
qui  se  trouve  dans  la  façade  de  la  maison  vis-à-vis  de  l'église. 


Digitized  by 


Google 


—  1S8  — 

Après  le  mobilier  des  vieilles  maisons,  sur  lequel  tant  d'ar- 
gent a  été  dépensé  depuis  cinquante  ans,  voici  les  vieilles 
pierres  des  maisons  elles-mêmes  qui  s'en  vont.  On  en  vend 
partout.  Sans  rappeler  le  célèbre  château  de  Montai,  il  y  a  à 
Paris  des  marchands  de  vieilles  pierres.  Un  collectionneur  de 
Saintes,  non  des  moins  éclairés,  vient  d'acheter  un  jubé,  en  Au- 
vergne, qu'il  va  transporter  aux  environs  de  Saintes.  Il  a  déjà 
transplanté  à  Saintes  une  porte  de  chapelle  de  Sainl-Maixenl,  et 
construit,  à  la  campagne,  une  habitation  entière  avec  de  vieux 
matériaux,  de  vieilles  fenêtres  sculptées  ou  à  meneaux.  Il  s'ap- 
prête à  y  ajouter  l'oratoire  en  question. 

Quand  les  maisons  auront  été  complètement  dépouillées  de 
leurs  meneaux,  lucarnes  et  portes,  arrivera  probablement  le 
tour  des  églises. 

Le  25  mars,  on  a  entendu,  à  la  matinée  musicale,  donnée  par 
M.  et  M"'  Vercheval  et  leurs  élèves,  La  légende  du  laCy  poème 
et  musique  de  deux  de  nos  confrères,  M.  Léon  Bouyer,  avocat, 
M.  Canton,  directeur  du  bureau  de  la  Société  générale. 

Une  Société  lyrique  s'est  formée  à  Cognac  «  pour  secourir, 
dans  la  mesure  de  ses  moyens,  les  pauvres  de  la  ville,  tout  en 
procurant  des  distractions  au  public  ». 

Décentralisation  !  C'est  le  mot  d'ordre  de  plus  en  plus  à  la 
mode. 

Les  Noies  d'art  et  d'archéologie,  de  mars  1904,  contiennent  un 
résumé  des  principaux  événements  archéologiques  arrivés  depuis 
un  an  en  Aunis  et  Saintonge,  par  M.  le  chanoine  du  Vauroux. 

René  Waldeck-Rousseau,  père  du  ministre,  habita  longtemps 
Jonzac.  Né  en  1809,  il  était  fils  «  d'un  ancien  officier  de  la 
"grande  armée,  qui,  après  avoir  vaillamment  guerroyé,  devint 
receveur  particulier  des  finances  à  Jonzac  »  (Voir  dans  la  Revue 
politique  et  parlementaire^  du  10  mars  1904,  l'article  de  M. 
Gaston  Deschamp). 

Notre  compatriote  et  confrère,  M.  Paul  Pelet,  professeur  à 
l'Ecole  des  sciences  politiques,  auteur  de  Y  Atlas  des  Colonies 
françaises,  ouvrage  que  nous  avons  récemment  signalé  ici  (1*' 


Digitized  by 


Google 


—  139  — 

novembre  1903,  p.  367),  vient  d'obtenir  deux  hautes  récom- 
penses pour  celle  remarquable  publication  :  à  la  Société  de 
géographie,  le  prix  Pierre-Félix  Fournier;  à  la  Société  de 
géograpliie  commerciale,  la  médnille  Meurand. 

L'Académie  des  sciences  morales  et  politiques,  récompen- 
sant pour  la  première  fois  un  atlas,  avait  précédemment  décerné 
à  M.  Pelcl,  pour  cette  même  œuvre,  le  prix  Audiffred. 

A  la  séance  du  5  avril  de  la  réunion  des  délégués  des  sociétés 
des  Beaux-Arts,  à  Paris,  M.  Biais  a  lu  un  rapide  exposé  des 
phases  du  théâtre  à  Angoulême  du  XV'  siècle  à  1904. 

M.  Jouin,  dans  son  rapport  général,  a  consacré  un  paragraphe 
à  notre  regretté  président  Louis  Audiat,  qui  «  a  été  le  promoteur 
actif  d^éludcs  de  toute  nature  dans  la  région.  )) 

Madame  veuve  Caudreau,  née  0.  Renard,  a  fait  transférer  en 
France  le  corps  de  son  mari,  Henri  A.  Ooudreau,  explorateur, 
né  à  Soiinac  (Cliarente-Inféricure),  le  6  mai  1859,  mort  au  Rio 
Trombctas,  Etat  du  Para  (Brésil),  le  10  novembre  1899.  Le 
cercueil,  arrivé  à  Sainl-Nazaire,  le  13  mars  1904,  a  été  trans- 
porté dans  le  caveau  de  la  famille,  au  cimetière  de  Bardines,  à 
Angoulême. 

Avec  une  énergie  rare,  M"*  Coudreau  avait  voulu,  après  la 
mort  do  son  mari,  continuer  l'œuvre  difficile  d'exploration  qu'il 
avait  entreprise.  A  travers  des  dangers  de  toutes  sortes,  elle  a 
poursuivi  l'étude  des  affluents  de  gauche  du  fleuve  Amazone. 
Elle  a  publié  récemment  trois  volumes  contenant  la  relation  de 
ses  explorations  :  Voyages  an  Rio  Curua,  à  la  Mapuera,  au 
Maycurn.  M'^  Coudreau  vient  d'obtenir  de  la  Société  de 
Géographie  conun^rciale  de  Paris,  une  haute  récompense  :  la 
médaille  Crevaux. 

Nous  rappelons  que  notre  collègue,  M.  G.  Regelsperger,  a 
publié,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  de  Roche- 
fort  (1900,  p.  64-72),  une  assez  longue  notice  sur  les  explora- 
tions et  les  travaux  d'Henri  Coudreau,  dont  il  a  d'ailleurs  été 
question  aussi,  à  diverses  reprises,  dans  la  Revue  de  Saintonge. 

Le  Ventre  rouge  disparaît  :  il  a  fusionné  avec  le  Subiet  depuis 
le  6  mars  1904. 


Digitized  by 


Google 


—  140  — 

Une  nouvelle  revue  mensuelle,  dont  le  premier  numéro  a 
paru  en  mars  1904,  vient  d'être  créée  à  Niort,  soois  le  titre  de 
Le  Décentralisateur  littéraire  et  théâtral,  André  Chiron  fils, 
directeur. 

«  Le  programme  du  Décentralisateur  est  très  simple  ;  il  a 
pour  but  de  grouper  les  écrivains  —  surtout  ceux  de  la  pro- 
vince —  et  de  leur  permettre  de  faire  connaître  leurs  inspira- 
tions et  leurs  œuvres » 

Avril  1904,  UEtoile,  journal  socialiste  des  Charentes,  parait  à 
Rochefort. 

M.  G.  E.  Papillaud  commence,  dans  Y  Echo  charentais  du  6 
mars  1904,  une  histoire  des  foires  de  l'arrondissement  de  Bar- 
bezieux. 

L* Illustration^  du  19  mars,  contient  l'arrivée  de  M.  Pelletan 
à  Rochefort,  et  l'expérience  du  bateau  Henry. 

M.  Victor  Billaud  a  publié,  sous  le  titre  de  Scènes  villa- 
geoises, une  nouvelle  série  de  doUie  cartes  postales. 

L'inondation  de  Saintes  a  fourni  l'occasion  d'imprimer  plu- 
sieurs séries  de  cartes  postales,  éditées  chez  M.  Prévost,  libraire, 
M.  Chassériaux,  imiprimeur  (clichés  Baldassini),  M,  Lehmann,  di- 
recteur de  la  Maison  universelle, 

MM.  Croizard,  Lutaud  et  Bidoit  font  éditer  un  plan  de  Cognac. 
Prix,  10  francs. 


NOTES  D'ETAT  CIVIL 


L  —  DÉCÈS 

Le  2  janvier  1904,  est  décédé  au  château  de  Fleurac,  com- 
mune de  Nersac  (Charente),  à  l'âge  de  75  ans,  Jean-Baptiste-i/en- 
ry,  comte  de  La  Laurencie.  Né  le  7  mars  1829,  au  château  du 
Petit-Chône,  commune  de  Mazières  (Deux-Sèvres),  de  Victor- 


Digitized  by 


Google 


—  141  — 

Prosper  et  de  Marie-Frédérique-Julienne  Viault  de  Breuillac,  il 
était  entré  dans  la  marine,  qu'il  avait  quittée  avec  le  grade  d'en- 
seigne, au  moment  de  son  mariage,  en  1856,  avec  Laure-Eula- 
lie-Marguerite  de  La  Boissière,  fille  de  Jean-Frédéric  Garnier, 
comte  de  La  Boissière,  et  de  Marie-Anne-Octavie  Blanchon. 

Devenu  veuf  sans  enfants,  en  1897,  et  ayant  à  coeur  (je  con- 
server, après  sa  mort,  intacts  dans  la  famille,  le  château  et  la 
terre  de  Fleurac,  qu'il  avait  acquis  quelques  années  après  son 
mariage,  le  comte  de  La  Laurencie  avait  appelé  près  de  lui  un 
de  ses  neveux,  qu'il  a  fait  son  légataire  universel,  Frédéric- 
Marie-C^arZes,  baron  de  La  Laurencie,  enseigne  de  vaisseau 
démissionnaire,  fils  de  Mdirie-Sianislas  et  de  Camille-Marie-Ju- 
lie  Rousselot  de  Saint^Céran,  et  marié  à  Nantes,  le  5  janvier 
1898,  avec  Luzéide-Marie-Denise-C/iar/offe  Pellu  du  Champ-Re- 
nou,  fille  de  Ernesl-Marie-c/u/es  et  de  Marie-Louise  Juchault  des 
Jamonières.  De  cette  union,  sont  issus  deux  enfants  :  Pierre- 
Marie-i4Iam,  du  29  mai  1899,  et  Henry-Marie-Af aaricc,  du  11 
novembre  1900. 

Les  obsèques  diu  comte  de  La  Laurencie  ont  été  célébrées  à 
Nersac,  le  5  janvier,  devant  une  nombreuse  assistance  compre- 
nant les  notabilités  du  pays,  et  l'inhumation  a  eu  lieu,  le  len- 
demain, à  Chirac,  près  Chabanais,  dans  la  sépulture  des  La 
Boissière,  le  défunt  ayant  manifesté  le  désir  de  reposer  près  des 
restes  de  sa  femme. 

A.L. 

Le  1"  mars  1904,  est  décédé  notre  confrère,  M.  l'abbé  Edmond- 
Henri-Emmanuel  Arnauld,  curé  de  Meux,  âgé  de  34  ans,  fils  de 
M.  Henri  Arnauld,  capitaine  de  frégate  en  retraite,  chevalier 
de  la  légion  d'honneur,  et  de  Madame,  née  Geoffroy. 

Le  9  février  1904,  est  décédé  au  chftteau  du  Dréneuc  (Saint- 
Nicolas  de  Redon,  Loire-Inférieure),  M.  le  marquis  Jean-Am- 
broise-Marie-Renaud  du  Dresnay,  ancien  officier  de  cavalerie, 
maire  de  Fegréac,  âgé  de  74  ans,  époux  de  feue  M*°*  du  Fay,  et 
en  secondes  noces  de  MP*  Bérengère  de  Baderon  de  Maussac 
de  Thezan  de  Saint-Geniez.  (Cf.  Revue,  tomie  XVI,  p.  122). 

Est  décédé  subitement,  à  Alençon,  le  15  février  1904,  M. 
Charles  Bertrand,  chef  de  bataillon  d'infanterie,  chevalier  de  la 


Digitized  by 


Google 


—  142  — 

légion  d'honneur,  âgé  de  45  ans,  époux  de  N.  Versiraete.  M. 
I^ertrand  a  été  lieutenant  au  6*  de  ligne. 

Les  amateurs  d'iconographie  saintofigeaisc  trouveront  son 
nom  au  bas  de  quelques-uns  de  ces  programmes  de  fêtes  de 
charité,  que  les  organisateurs  demandent  aux  personnes  de 
bonne  volonté,  capables  par  leur  talent  d'attirer  dans  la  bourse 
des  pauvres  un  peu  plus  d'argent.  M.  Bertrand  était  toujours 
prêt  à  donner  son  entier  concours. 

Il  est  aussi  l'auteur  de  deux  valses  éditées  à  Saintes. 


Le  29  février,  est  décédé,  à  Saintes,  M.  Jean-Pierre  Béai, 
prôlre,  âgé  de  76  ans,  doyen  des  chanoines  honoraires  du 
diocèse,  ancien  aumônier  du  Carmel.  Il  avait  cinquante  ans  de 
prêtrise.  Né  à  Pont-L'Abbé,  en  1828,  il  fit  ses  études  classiques 
au  collège  de  Pons,  et  ses  études  théologiques  au  séminaire 
de  La  Rochelle.  Ordonné  prêtre  en  1854,  il  professa  à  Pons, 
fut  nommé  aumônier  du  lycée  de  La  Rochelle,  où  il  resta  pen- 
dant dix  ans  (1861-1871)  ;  devint  momentanément  supérieur  de 
l'Institution  Saint-Pierre  de  Saintes,  enfin  aumônier  du  Carmel 
en  1873,  jusqu'au  moment  où  cette  congrégation  quitta  la  ville 
et  occupa  son  nouvel  établissement  hors  ville.  Il  éprouva  un 
réel  chagrin  d'être  obligé  de  résigner  ses  fonctions.  C'était  un 
digne  prêtre,  très  éclairé  et  très  aimé  (Voir  Moniteur  de  la  Sain- 
tonge^  3  mars  1904,  Bulletin  religieux  du  9  avril  1904). 

Le  10  mars  1904,  obsèques  civiles,  à  Angoulins,  de  M.  Alban 
Fradin  de  Lignières,  issu  d'une  ancienne  famille  des  Charentes, 
ancien  inspecteur  des  chemins  de  fer  espagnols,  chevalier  de 
l'ordre  d'Isabelle  II. 

Est  décédée,  à  Rochefort,  le  15  mars  1904,  Dumontet  Marie- 
Alix,  veuve  Thoyon,  née  â  Saintes,  le  3  août  1822,  de  Dumontet 
Jean-Baptiste-Louis-Félix,  banquier,  et  Lacoste-Dulac  Marie- 
Adélaïde;  elle  avait  épousé,  à  Saintes,  le  22  mai  1849,  Thoyon 
Alfred- Jean-Pascal,  alors  lieutenant  de  vaisseau,  décédé  à  Ro- 
chefort, capitaine  de  vaisseau,  commandeur  de  la  légion  d'hon- 
neur. De  cette  union  sont  issus  :  1®  Robert,  notaire  à  Roche- 
fort,  marié  à  Gruel-Villeneuve  Adrienne,  dont  :  Alfred,  Louis, 
Marie,  Madeleine  ;  2®  Elise,  mariée  à  Besson  Auguste,  vice- 
amiral,  officier  de  la  légion  d'honneur,  lesquels  ont  eu  : 


Digitized  by 


Google 


~  143  — 

A.  Elise,  qui  a  épousé  Moullé  Frédéric,  heutenanl  de  vais- 
seau, chevalier  de  la  légion  d'honneur,  d'où  quatre  enfants, 
Pierre,  Germaine,  Suzanne,  Madeleine  ;  B.  Pierre,  commis  des 
affaires  indigènes  au  Tonkin  ;  C,  Louis,  enseigne  de  vaisseau,  à 
bord  du  SuHren  ;  D,  Marie-Louise  ;  £.  Jean  ;  F.  Georges  ;  G. 
Yvonne  ;  H.  Robert  ;  et  une  fille  décédée  en  bas  âge  :  Alix. 

Thoyon  Alfred-Jean-Pascal,  susnommé,  né  à  Rochefort,  le  24 
février  1811,  était  fils  de  Thoyon  Jean-Pascal,  décédé  à  Rochefort 
le  8  mars  1827,  et  de  Druineau  Marie-Catherine-Betzi,  décédée 
à  Rochefort,  le  6  octobre  1817. 

Du  mariage,  célébré  à  Arces,  le  31  octobre  1813,  de  Dumon- 
let  Jean-Baptiste-Louis-Fèlix,  banquier,  décédé  à  Saintes,  le  4 
juin  1859,  et  Lacoste-Dulac  Marie- Adélaïde,  née  à  Paris,  le  31 
octobre  1793,  décédée  à  Saintes,  le  24  mars  1831,  sont  issus  : 

1**  Pierre-Paul,  receveur  d'enregistrement,  puis  chef  de  bu- 
reau à  la  préfecture  de  police,  né  le  31  janvier  1819,  décédé  à 
Paris  1802  (?),  marié  à  Chenu-Lafitte  Louise,  décé- 

dée à  Paris  en  novembre  1893,  d'où  :  A,  Jean,  décédé  en  1888  ; 
B.  Gabrielle,  sculpteur,  officier  de  l'instruction  publique,  mariée 
à  Nino  Laval,  homme  de  lettres  ; 

2"  Marie- Alix  (de  cuius)  ; 

3**  Marie-Lydie,  mariée  à  Viaud  Eliacin  (en  môme  temps  que 
sa  sœur  Marie-Alix),  née  le  8  avril  1825,  décédée  sans  postérité, 
le  14  avril  1853  ; 

4*  Pierre-Camille,  né  le  10  février  1828,  décédé  capitaine  d'in- 
fanterie, en  garnison  à  Riom,  sans  postérité,  en  1871  (?). 

5°  Raimond-Pierre-Georges,  avoué  à  Saintes,  né  le  19  juillet 
1829,  marié  à  Julie  Glorine  Morin,  d'où  :  A.  Albert,  avocat;  B. 
Anne,  mariée  à  Louis  Duplais,  avoué,  à  Rochefort,  d'où  :  Lucie, 
Cécile,  Henry  ; 

6"*  Joseph-Jules,  né  le  17  août  1830,  décédé  à  Paris,  dont 
deux  fils  :  A.  Léon,  népfociant  à  Paris;  B.  Georiros,  capitaine 
d'artillerie,  breveté  à  l'état-major  du  15*  corps  d'armée,  à  Mar- 
seille, marié  à  Troussaint  Marie-Thérèze,  d'où  :  Juliette. 

Dumontet  Jean-Baptiste-Louis-Félix,  né  le  9  juillet  1738,  à 
Saint-Romain,  commune  de  Lavalette  (Charente),  décédé  à 
Saintes,  le  4  juin  1859,  était  fils  de  Raymond  Dumontet,  juge 
sénéchal,  et  de  Maric-Henriette-Adélaïde  Vieuille. 

Marie-Adélaïde  Lacoste-Dulac,  née  le  31  octobre  1793,  à  Pa- 
ris, section  de  Bonconseil,  décédée  à  Saintes,  le  24  mars  1831, 


Digitized  by 


Google 


—  i44  — 

était  fille  de  Louis  Lacoste-Dulac,  et  de  Marie-Madeleine-Adélaîde 
Hillairet. 

M.  Louis-Eugène  Mousnier,  ancien  maire  de  Saujon  (4  mars 
1878),  ancien  conseiller  général  (l*'  août  1886  et  6  février  1887), 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  est  mort  le  21  mars  1904, 
âgé  de  91  ans,  né  à  Saint-Jean  d'Angély,  le  25  janvier  1813.  Il 
se  fixa  à  Saujon,  comme  pharmacien,  en  1837. 

Décédé  à  Cosne,  le  6  avril  1904,  à  Tâge  de  52  ans,  M.  Charles- 
Benjamin-Marcel-Jean-Baptiste  Badenhuyer,  chevalier  de  la  lé- 
gion d'honneur,  capitaine  de  recrutement.  Il  appartenait  à  une 
famille  de  Saint-Jean  d'Angély  et  il  était  frère  de  M°*  Clotilde 
Badenhuyer,  fille  de  Charité,  supérieure  de  l'orphelinat  Saint- 
Joseph  à  Constantinople  :  de  M.  Armand  Badenhuyer  :  de  M. 
Octave  Badenhuyer,  lieutenant-colonel  du  6*  régiment  d'infante- 
rie, à  Saintes. 


II.  —  Mariages. 

Le  22  mars  1904,  à  Cognac,  dans  l'église  Saint-Légier,  a  eu 
lieu  le  mariage  du  comte  Hélie  de  Chaslenet  de  Puységur,  lieu- 
tenant au  7*  hussards,  avec  M**"*  Henriette  de  Caminade  de 
Chatenet. 

Le  14  mars  a  été  célébré  à  Paris,  le  mariage  de  M.  Georges 
Julien  Laferrière,  médecin-major  de  1"  classe,  fils  de  feu  M. 
Alexis-Julien  Laferrière,  notaire,  avec  M"*  Suzanne  Polfer. 

Le  7  avril  1904,  le  mariage  de  M.  Maurice-Jean-Jacques  Aliez, 
sous-préfet  de  Mortagne,  avec  M"*  Hariet-i4Iîcc  Chatonet,  a  été 
célébré  dans  le  temple  protestant  de  La  Rochelle. 

Le  23  avril  1904,  a  été  célébré,  à  la  mairie  de  Rochefort-sur- 
Mer,  et,  le  24,  en  l'église  Saint-Louis,  le  mariage  de  M.  Henri 
Arnoux,  enseigne  de  vaisseau,  né  à  Rochefort,  le  19  juin  1876,  et 
de  M"*  Louise-Françoise-Nelly  Lian,  née  à  Paris,  le  28  février 
1884. 

Les  témoins  du  marié  étaient  :  P  M.  Georges  Regnault,  capi- 
taine de  vaisseau  en  retraite,  0.  *  ,  son  oncle  ;  2*  M.  Paul  La- 
beille,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  son  cousin.  Les  témoins 


Digitized  by 


Google 


— |145  — 

de  la  mariée  étaient  :  1"*  M.  le  vice-amiral  Auguste  Besson,  O.  ^  ; 
2®  M.  Louis-Noôl  Kerzerho,  lieutenant-colonel  au  66*  régiment 
d'infanterie,  *  ,  Tun  et  l'autre  amis  de  sa  famille. 

M.  Henri  Arnoux  appartient  à  une  famille  de  marins.  Il  est  fils 
de  Lucien  Amoux,  capitaine  de  frégate  en  retraite,  0.  *  ,  et  de 
Louisc-Marie-Laure  Maisonneuve.  Son  grand-père  paternel,  Eu- 
gène Arnoux,  né  le  17  février  1803,  mort  à  Rochefort,  le  12  juin 
1878,  était  capitaine  de  frégate,  0.  *  ;  sa  grand'mère  paternelle, 
yos^p/iine-Louise-Clotilde  Savary  (1817-1892),  était  fille  d'Augus- 
tin Savary,  qui  fut  président  du  tribunal  civil  de  Saintes,  et  tante 
de  M"*  Lambert,  petite-fille  d'Augustin  Savary,  mariée  à  M.  le 
baron  Amédée  Oudet.  Son  grand-père  maternel,  François- 
Augusle-Em«7c  Maisonneuve  (1814-1895),  auquel  nous  avons  pré- 
cédemment consacré  une  notice  (Revue^  t.  XV,  1895,  p.  416),  était 
capitaine  de  vaisseau,  0.  ^. 

M^  Louise  Lian  est  d'une  famille  dont  beaucoup  de  membres 
ont  appartenu  à  l'armée.  Elle  est  fiUe  de  Pierre-Hippolyte-Robert- 
Ulric  Lian,  chef  de  bataillon  d'infanterie  de  ligne,  HK  ,  officier 
d'ordonnance  du  grand  chancelier  de  la  Légion  d'honneur,  le 
général  Février,  puis  le  général  Davout,  mort  le  14  septembre 
1900,  et  de  Marie-Aniomcfic-Napoléone  Roux.  Son  grand-père 
paternel,  général  de  division,  G.  0.  *,  mort  en  octobre  1894, 
était  fils  d'un  lieutenant-colonel  du  premier  Empire,  0.  *,  qui, 
lui-même,  était  fils  d'un  lieutenant  au  régiment  de  Champagne. 
Son  grand-père  maternel,  Jérôme-Napoléon  Roux,  fut  aide  de 
camp  du  roi  Jérôme  Bonaparte,  et,  pendant  la  guerre  de  Crimée, 
du  prince  Napoléon,  puis  lieutenant-colonel  des  zouaves  de  la 
Garde,  et  mourut  à  Metz,  pendant  le  siège,  étant  alors  colonel  du 
9*  régiment  d'infanterie,  C  *. 

G.  R. 


ERRATA 


Revue,  tome  XXIV,  page  7,  ligne  25,  président  du  tribunal 
de  commerce  de  Saintes,  et  non  tribunal  de  Saintes. 

Page  11,  13*  ligne,  lire  :  Sarran  au  lieu  de  Sarrau. 

Page  65,  23*  ligne  et  autres  :  Landreau  de  Maine  au  Picq  et 
non  du  Maine  au  Picq. 

Page  66,  20*  ligne  :  Vanzac  au  lieu  de  Vouzac  ; 

Page  67,  33*  ligne  :  il  s'agissoit  et  non  s'il  s'agissoit  ; 

Page  69, 2*  ligne  :  Monsnereau  au  lieu  de  Mosnereau  ; 


Digitized  by 


Google 


—  146  — 

Page  69, 40*  ligne  :  d  au  lieu  de  c  ; 

Page,  71,  5*  ligne  et  autres  :  La  Chemincidrie  et  non  La  Che- 
minardrie  ; 

Page  71,  25*  ligne  :  Vanzac  au  lieu  de  Lonzac  ; 

Page  71,  27*  ligne  :  originaires  ci  non  originaire  ; 

Page  72,  14*  ligne  :  au  lieu  de  sa  cousine,  Marie- Anne  Lauren- 

ceau ,  lire  :  sa  cousine,  Meivie-Mar guérite  Collet^  fille  de  Jean 

et  de  Marie-Anne  Laurenceau,  de  Jonzac.  Il  mourut  en  1771, 

Page  72,  17*  ligne  :  Des  trois  enfants  de  François  Landreau  de 
La  Gorce,  seigneur  de  La  Cheminadrie,  et  de  Anne  de  Marche- 
salier,  le  troisième,  Jean-Louis,  a  été  omis.  Le  texte  doit  donc 
être  établi  ainsi  : 

2®  Pierre-François,  qui  suit  ; 

3**  Jean-Louis,  qui  naquit,  le  trois  septembre  1707,  à  La  Che- 
minadrie, et  mourut  jeune. 

Pierre-François  Landreau  de  Saint-Paul,  avocat  au  parlement 
de  Bordeaux,  épousa  à  Clion,  Elisabeth  Collet 

Page  73,  15*  ligne  :  1762  au  lieu  de  1772. 


VARIETES 


Maintenue  de  Noblesse 

en  faveur  de  Jean  et  Dominique  Guichon,  éeuyerSj 

avocats,  du  4  septembre  1668, 

Les  Maintenues  de  noblesse,  rendues  par  les  Commissaires 
généraux,  chargés  de  la  vérification,  lors  de  la  première  recher- 
che, ordonnée  en  1660  par  Louis  XIV,  sont  assez  rares  dans 
nos  contrées.  Le  Fonds  Saint-Esprit,  où  elles  étaient  consignées, 
fut  brûlé  à  la  Révolution.  Aussi  doit-on  recueillir  avec  soin  ces 
documents.  J'ai  cru  intéressant  de  publier  le  suivant,  qui  vient 
de  me  passer  sous  les  yeux.  Quoique  rendu  à  Bordeaux,  il 
concerne  une  famille  saintongeaise. 

S*-Saud. 

«  Antoine  Denort,  conseiller  du  Roy  et  son  advocat  général, 
en  la  généralité  des  finances  de  Guyenne,  subdélégué  pour  le 
faict  de  la  recherche  des  usurpateurs   du   tiltre  de   noblesse, 


Digitized  by 


Google 


—  147  — 

de  messire  Claude  de  Pellot,  conseiller  du  roy  en  ses  conseils, 
maisLre  de  requestes  ordinaires  de  son  hostel,  intendant  de 
justice,  pohce  et  finances,  en  la  généralité  de  Guienne. 

Vu  rinstance  pendente  devant  nous  entre  m^  Nicolas  Catel, 
commis  à  la  recherche  des  usurpateurs  du  tiltre  de  noblesse, 
demandeur  d'une  part  ;  et  Jean  et  Dominique  de  Guilhon,  advo- 
cats  au  parlement  de  Bordeaux,  y  habitans,  parroisse  de  S^- 
Eulalie,  oncle  et  nepveù,  deffendeurs  d'autre  ;  les  arrests  du 
Conseil  des  vingt  cinquiesme  febvrier  et  vingt  deuxiesme  mars 
mil  six  cents  soisante  six,  exploits  d'assignations  donnés  audits 
deffendeurs,  à  la  requeste  dudit  Catel  ;  contrat  de  mariage  dudit 
Jean  de  Guilhon  avec  Léonarde  de  Guérin,  par  lequel  il  se 
dit  (ûls)  d'autre  Jean,  et  prend  la  qualité  d'escuier,  du  troysiesme 
avril  mil  six  cents  vingt  cinq,  reçu  par  Chaussé,  notaire  royal  ; 
autre  contrat  de  mariage  de  Thibaut  de  Guilhon,  père  dudit 
Dominique,  dans  lequel  il  est  qualiflé  escuier  ;  et  le  fils  dudit 
Jean,  du  troysiesme  juin  mil  six  cents  trente  cinq,  signé  Ricau- 
dou,  notaire  royal  ;  testament  dudit  Thibaut,  par  lequel  il  insti- 
tue ledit  Dominique  de  Guilhon,  son  fils,  héritier,  du  tresiesme 
febvrier  mil  six  cents  cinquante  cinq,  signé  Deshellies,  notaire 
royal;  conlract  de  mariage  dudit  Jean  de  Guilhon,  conseiller 
réfrandaire  en  la  chancelerie,  par  lequel  il  se  dit  fils  d'autre 
Jean,  vivant  conseiller  et  garde  des  sceaux,  au  siège  présidial 
de  Xaintes,  du  tresiesme  juin  mil  cinq  cents  nouante  un,  signé 
Lespinasse,  notaire  royal;  contract  d'achapt  de  quelques  ma- 
rais, en  faveur  dudit  Jean  de  Guilhon,  où  il  est  qualiffié  escuier 
et  advocat,  du  troysiesme  octobre  miil  cinq  cents  diseneuf  (sic)j 
reçu  par  Dougel,  notaire  royal  à  Thonné-Charante  ;  contract 
de  partage,  faict  entre  ledit  Jean  Guilhon  et  Anne  de  Guilhon, 
sa  sœur,  dans  lequel  il  est  qualiffié  escuier  et  advocat  et  con- 
seiller réfrandaire  en  la  chancelerie  d'îcelljp,  jdii  quins'iesme 
febvrier  mil  cinq  cents  nonante  sept  ;  contract  de  baillette,  en 
faveur  du  mcsme  Jean  de  Guilhon,  escuier  et  advocat,  du  tre- 
siesme novembre  mil  cinq  cents  nonante  sept,  reçu  pas  Bernage, 
notaire  royal  ;  contract  de  mariage  de  honorable  homme  Jean 
de  Guilhon,  conseiller  et  garde  des  sceaux  du  siège  de  Xaintes, 
fils  de  Louis  de  Guilhon,  juge  et  chatellain  de  Tonné-Charente, 
du  vingt  huictiesme  juillet  mil  cinq  cents  cinquante  huict,  signé 
Bertet,  notaire  royal  ;  lettres  de  provision  dudit  office  de  juge 
de  Rochefort,  et  chatellain  dudit  lieu,  en  faveur  de  Louis  de 
Guilhon,  du  sixiesme  janvier  mil  cinq  cents  quarante  sept,  si- 


Digitized  by 


Google 


—  148  — 

gnées  de  la  Chesné  ;  lettres  patentes  de  réabilitation,  accordées 
par  le  Roy  Charles  neuf,  en  faveur  dudit  Jean  de  Guilhon,  con- 
seiller et  garde  des  sceaux  au  présidial  de  Xaintes,  avec  un  cer- 
tiffîcat  de  la  perte  des  anciens  registres  de  Teslection  de  Xaintes, 
des  vingt  quatriesme  septembre  mil  cinq  cents  septante  un,  et 
vingt  huictiesme  aoust  mil  six  cents  soÀsante  six,  lesdittes  lettres 
scellées  du  grand  seau,  signées  par  le  Roy  en  son  conseil,  Coi- 
gnet  ;  contredits  dudict  Catel  ;  réponds  à  y  ceux  avec  l'inven- 
taire de  production  desdits  de  Guilhon,  et  leur  arbre  généalo- 
gique. En  Tabsence  de  mon  dit  sieur,  Tintendent  estant  à  Paris, 
Nous,  Commissaire  susdit,  avons  donné  acte  ausdits  Guilhon, 
de  la  représentation  de  leurs  tiltres,  et  ordonné  qu'ils  seront 
inscrits  au  catalogue  des  nobles,  ordonné  par  Tarrest  du  Con- 
seil«  du  vingt  deuxiesme  mars  mil  six  cents  soixante  six,  s'il  y 
a  lieu.  Faict  à  Bordeaux,  le  quatriesme  septembre  mil  six  cents 
soisante  huict. 

Ainsi  signé  :  Denort,  commissaire  ;  et  plus  bas,  par  mon  dit 
sieur,  Delpy,  coUationné  par  moi,  conseiller  du  Roy,  Maison 
et  Couronne  de  France,  et  de  ses  Finances. 

(Signé  en  original)  :  Chanevas  ». 

II 

Centenaires.  —  L'Abbaye  de  Saintes 

Extraits  du  «  Journal  historique  et  politique  des  principaux 
événements  des  diflérentes  cours  d'Europe,  à  Genève,  1774  ». 

N**  du  20  juillet,  p.  119.  «  Centenaires.  Les  nommés  Domi- 
nique Drouillard,  vigneron  de  la  paroisse  de  S^-Sauvant,  à  deux 
lieues  de  Saintes,  et  Pierre  Fauchereaux,  de  la  paroisse  de 
Pizany,  sont  morts  l'un  âgé  de  111  ans,  sans  avoir  jamais  été 
malade,  et  l'autre,  au  village  de  Croix-Blanche,  dans  le  mar- 
quisat de  Pizany,  à  l'âge  de  103  ans.  Ce  dernier  a  conservé  le 
jugement  et  la  mémoire  jusqu'au  dernier  moment  de  sa  vie.  » 

N**  du  30  juillet,  p.  171.  «  La  dame  de  Parabère,abbesse  de  l'ab- 
baye royale  de  Notre-Dame  les  Saintes,  après  avoir  donné  des 
preuves  de  son  attachement  pour  la  maison  royale,  durant  la 
maladie  du  feu  roi  et  des  trois  princesses,  ses  augustes  filles,  fit 
vœu,  lorsqu'elle  fut  instruite  de  l'inoculation  de  sa  majesté,  de 
recevoir  gratis,  dès  que  le  roi  serait  rétabli,  deux  demoiselles 
de  condition  et  d'en  élever  deux  autres,  et  d'entretenir  deux 
pauvres  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  appris  un  métier.  » 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


lil.o(|gle 


Digitized  by 


Google 


-^  149  — 

N^  du  20  août,  p.  291.  «  Les  prieure  et  religieuses  de  Tabbaye 
voulant  donner  les  mêmes  preuves  d'attachemient  pour  la  famille 
royale  que  leur  abbesse,  ont  résolu  de  loger,  nourrir,  entrete- 
nir et  faire  donner,  à  leurs  dépens,  une  éducation  cléricale  aux 
nommés  Bréon,  Dusse  et  Michot,  qui  paroissent  avoir  d'heu- 
reuses dispositions  pour  Tétat  ecclésiastique.  » 

III 
Feu  de  joie 

Il  est  ordonné  au  syndic  des  bouUanger  de  faire  porter  par 
chaque  boulanger  de  la  ville  quatre  fagots  de  fourrage  (1),  de- 
main à  sept  heures  du  matin.  Enjoin  ausdits  boulanger  d'exécu- 
ter ledit  ordre,  à  peine  de  contrainte,  sauf  à  eux  à  se  pourvoir 
pour  le  payement  desdits  fagots  ainsy  qu'ils  aviseront,  attendu 
qu'ils  doivent  servir  au  feu  de  joye  de  la  prise  de  Barcelonne. 

A  Saint-Jean  d'Angély,  le  3  novembre  1714. 

Bénézet. 

(Communiqué  par  M.  le  coinmandant  Pelletier,  de  Saint-Jean 
d'Angély). 

IV 

L'Inondation  de  1904 

L'hiver  1903-1904  restera  fameux  dans  nos  annales  sainton- 
geaises  ;  il  faut  le  marquer  d'une  double  croix  noire  qu'il  mérite 
à  plus  d'un  litre.  Il  nous  a  donné,  entre  autres  calamités,  une 
crue  extraordinaire  de  la  Charente,  survenue  à  la  suite  d'une 
semaine  d'orages,  de  tempêtes,  coïncidant  avec  la  grande  marée 
de  février,  de  pluies  diluviennes  (2),  qui  transformèrent  en  tor- 
rents les  modestes  ruisseaux,  les  vallées  en  lacs,  les  chemins  en 
canaux.  Elle  atteignit  un  niveau  —  heureusement  rare  —  supé- 
rieur à  celui  de  1842,  demeuré  gravé  dans  le  souvenir  des  hommes 


(1)  Il  n'Mt  pas  inutile  d'expliquer  au  lecteur  étranger  à  la  Saintonge  que 
fourrage  ne  signifie  pas  foin,  mais  ajoncs,  brandes,  bruyères,  avec  lesquels 
on  chauffe  les  fours. 

(2)  Personne,  à  Saintes,  ne  fait  d'observations  pluviométriques,  mais  il  est 
vraisemblable  que  celles  concernant  une  ville  voisine  sont  sensiblement  les 
mêmes  que  l'on  noterait.  A  Cognac,  il  est  tombé,  en  décembre  1903,  112»n8 
en  16  jours  de  pluie;  en  janvier  1904.  62,  1  en  19  jours  ;  en  février,  175»»5  en 
16  jours  (du  1«'  au  16,  91  du  12  au  16).  Cf.  RevuB  des  Cfurentes^  n*  du  31  mars, 
p.  418. 

11 


Digitized  by 


Google 


—  150  — 


de  soixante-dix  ans  sonnés,  comme  un  phénomène  prodigieux, 
dont  le  retour  ne  paraissait  guère  probable. 

Nous  reproduisons,  d'après  l'original  mis  très  obligeamment 
à  noire  disposition  par  M.  Robin,  sous-ingénieur  des  ponts  et 
chaussées  à  Saintes,  un  graphique  et  un  tableau  résumant  les 
plus  fortes  crues  (1)  de  la  Charente  depuis  soixante  ans.  Mais 
on  remarquera  que  le  niveau  de  1842  ne  provient  pas  d'obser- 
vations du  service,  installé  en  1875  seulement.  Aucune  bonne 
raison  cependant  ne  fait  suspecter  son  exactitude.  Il  faut,  en 
outre,  se  souvenir  que  la  crue  de  1842  a  dû  être  un  peu  augmen- 
tée par  le  vieux  pont,  encore  debout,  très  bas,  les  arches  offrant 
peu  de  débit.  Si  celte  même  inondation  s'était  produite  après 
1845,  elle  serait  restée  très  probablement  bien  au-dessous  du 
chiffre  indiqué.  On  peut  donc  soutenir  que  notre  inondation  de 
1904  laisse  loin  derrière  elle  celle  de  1842,  et  qu'elle  est  tout  à 
fait  exceptionnelle.  Elle  a  dépassé  aussi  une  inondation  de  1779, 
regardée,  à  l'époque,  comme  rare,  puisqu'un  habitant  du  fau- 
bourg Saint-Pallais  en  a  tracé  le  niveau  sur  le  mur  de  sa  mai- 
son. 

Autre  observation  :  la  cote  amont  notée  par  le  service  de  la 
navigation  est  un  peu  trop  forte,  parce  que  le  courant  venant 
buter  sur  l'angle  du  pont  et  du  quai,  donne  un  niveau  plus 
élevé  qu'il  ne  l'est  en  réalité.  Il  existe  une  différence  très  sensible 
entre  l'éliage  amont  et  l'étiage  aval. 


DÉSIGNATION 


DBS  GRUB8 


Crue  de    1842 
id.        1859 


id. 
id. 
id. 
id. 
id. 
id. 
id. 


1872 
4875 
1876 
4879 
1882 
1897 
1904 


NIVEAU  ATTEINT 

A    8AINTB8 

par  les  différentes 

crues  connues 

(Cote  amont  du  pont 

de  Saintes.) 


7»18 
6.80 
6.35 
5.25 
5.90 
6.20 
6.83 
5.89 
7.25 


OBSERVATIONS 


D'après  un  graphique 

dressé 

par  M.  Capuron. 

I  D'après  les  obseryations 
relevées  par  le  service 
de  la  navigation  de  la 
Charente. 


(1)  La  différence  de  niveau  sur  la  seconde  ligne  verticale  indique  le  pont 
de  Saintes,  Tamont et  lavai. 


Digitized  by 


Google 


-  151  - 

II  résulte  de  la  comparaison  de  ces  chiffres,  qu'une  certaine 
périodicité  semblerait  exister.  Tous  les  vingt  ans  environ,  1842, 
1859,  1882,  1904,  on  peut  altendre  une  forte  inondation  ou  sou- 
berne,  suivant  l'expression  saintaise.  Celle  de  1904  surpasse  les 
deux  plus  grosses  précédentes,  de  sept  et  quarante-deux  centi- 
mètres. 

A  la  réflexion,  on  est  épouvanté,  quand  on  pense  aux  effets  dé- 
sastreux que  de  semblables  montées  d'eau  devaient  amener  il  y 
a  cent,  deux  cents,  trois  ou  quatre  cents  ans,  alors  que  le  pont  de 
Saintes  barrait  la  rivière  comme  une  digue,  arrêtant  le  courant, 
et  fatalement  le  faisait  dévier  vers  la  ville,  et  surtout  dans  le  fau- 
bourg. 

Néanmoins,  nos  annales  ne  font  jamais  allusion  à  un  sinistre 
du  genre  que  nous  redoutons.  On  est  même  amené  à  se  deman- 
der si,  autrefois,  les  crues  atteignaient  un  niveau  aussi  élevé 
que  de  nos  jours.  Il  est  incontestable  que  Tare  romain  a  été 
peu  à  peu  isolé  de  la  terre  ferme  par  la  corrosion  des  eaux, 
mais  de  très  fortes  inondations  ne  sont  pas  nécessaires 
pour  la  déterminer.  A  L'Hopiteau,  au  contraire,  entre  Le 
Mung  et  Bords,  une  chapelle  romane,  franchement  du  XIP 
siècle,  à  cent  mètres  de  la  rivière,  porte  à  croire  qu'au  temps 
où  elle  fut  construite  on  redoutait  peu  l'envahissement  des 
eaux.  Nous  n'apercevons  pas  la  nécessité  impérieuse,  inéluc- 
table, qui  a  forcé  le  constructeur  à  la  bâtir  là  où  nous  la  voyons, 
si  près  de  la  Charente,  exposée  aux  moindres  crues,  et  non 
pas  plus  loin,  au-dessus  du  niveau  des  plus  hautes  eaux.  Au- 
jourd'hui, toutes  les  inondations  y  pénètrent.  Saint-Pierre  de 
Saintes  est  dans  le  même  cas  ;  si  le  pavé  n'avait  pas  été  exhaussé 
plusieurs  fois,  nous  aurions  vu  le  bateau  dont  parle  le  chanoine 
Tabourin  (1560),  naviguer  à  l'intérieur.  Je  sais  bien  que  se 
tromper  dans  les  calculs,  même  en  mettant  les  choses  au  pis, 
arrive  journellement  ;  la  réalité  confond  souvent  les  plus  sages 
prévoyances.  C'est  ainsi  qu'à  Saintes,  une  belle  maison  neuve, 
à  l'entrée  du  nouveau  boulevard  Guillet-Maillet,  placée  dix  cen- 
timètres plus  haut  que  le  niveau  où  la  crue  de  1882  était  par- 
venue, en  prévision  de  l'inondation,  avec  l'espérance  —  presque 
la  certitude  —  que  jamais  l'eau  ne  monterait  à  cette  hauteur, 
a  eu  ses  appartements  du  rez-de-chaussée  couverts  d*eau,  cette 
année-ci.  Il  est  incontestable  que  personne  n'admettait  la  possi- 
bilité d'une  interruption  de  la  circulation  normale  sur  notre 
cours    neuf    (cours    Gambella),    qu'il    serait    submergé,    bien 


Digitized  by 


Google 


—  152  — 

plus,  que  les  trottoirs  deviendraient  impraticables  aux  piétons. 
Nous  avons  cependant  assisté  au  spectacle  nouveau  et  étonnant 
du  tramway  roulant  au  milieu  d*une  nappe  d'eau,  de  passerelles 
établies  le  long  des  immeubles,  à  droite  et  à  gauche,  à  l'entrée 
du  cours  et  devant  la  prison. 

Par  sa  situation,  le  faubourg  Saint-Pallais  est,  en  effet,  le 
plus  exposé  et  le  premier  à  souffrir  des  crues.  Il  en  fut  ainsi 
de  tout  temjps.  Au  XVIIP  siècle,  les  habitants  s'en  plaignaient 
fort,  et  leurs  doléances  ont  pesé  d'un  grand  poids  dans  le  projet 
d'établissement  d'un  nouveau  pont,  p'fest  toujours  par  cette 
partie  de  la  ville  que  commence  l'envahissement,  et  c'est  la 
dernière  à  être  délivrée.  Malgré  cela,  il  faut  reconnaître  que 
le  mal  est  relativement  bénin.  L'eau  ne  monte  jamais  brusque- 
ment. La  Charente  est  le  «  modèle  »  des  rivières  en  rupture  de 
rives.  Naturellement  lente,  coulant  sans  bruit  au  milieu  d'une 
large  vallée  de  prairies,  elle  sort  de  son  lit  comme  à  regret, 
doucement,  sans  colère,  sans  soubresauts,  prête  à  réintégrer 
le  plus  vite  possible  le  «  fossé  »  habituel,  et  à  y  reprendre 
ses  habitudes  de  mollesse.  Elle  ne  charrie  jamais,  au  plus  fort 
de  sa  grossesse,  ni  bestiaux,  ni  arbres,  ni  toiture,  ni  mobilier  ; 
elle  disperse  bien  par-ci  par-là,  sans  les  emporter  très  loin, 
les  barches  de  foin,  les  piles  de  planches  de  peupliers  sciés, 
elle  ravine  les  quais,  les  routes  établies  le  long  des  berges, 
m^is  elle  obéit  à  la  force  aveugle  des  choses,  contre  laqueUe 
nulle  résistance  n'est  possible.  Les  propriétaires,  coupables  de 
négligence  ou  d'imprévoyance,  n'ont  rien  à  lui  reprocher.  Il 
faut  que  l'eau,  tombée  du  ciel,  trouve  sa  place  ici  ou  là.  Seuls, 
les  champs  ensemencés,  les  jardins,  ont  éprouvé  de  réels  préju- 
dices. 

Et  la  preuve  que  les  crues  de  la  Charente  sont,  en  somme, 
assez  inoffensives,  c'est  le  calme  avec  lequel  la  population  mena- 
cée les  voit  arriver  ;  elle  n'éprouve  jamais  la  terreur  qu'inspirent 
d'autres  fleuves  plus  fougueux  ;  elle  accepte  assez  gaiement  —  au 
moins  au  début  —  le  fléau  :  les  bateaux  circulant  au  milieu  des 
rues,  le  déménagement  obligatoire,  les  échelles  posées  aux 
fenêtres  du  premier  étage,  le  va  et  vient  par  ces  escaliers  im- 
provisés, les  incidents  des  premiers  jours  l'amusent,  plus  qu'ils 
ne  l'attristent,  car  elle  sait  —  elle  croit  du  moins  —  que  son 
ennui  sera  de  courte  durée,  et  que  les  dégâts  matériels  se  borne- 
ront à  des  planchers  salis,  des  murs  mlouiilés,  si  les  précautions 


Digitized  by 


Google 


-  153  — 

ont  été  prises  dès  la  première  heure.  Incrédule  aux  conseils  des 
autorités,  elle  refuse  parfois  de  quitter  les  maisons. 

Le  propriétaire  qui  oublie  sa  pendule  sur  la  cheminée 
de  sa  salle  à  manger,  et  la  \uit  submergée  le  lendemain 
malin,  Tépicière  qui  se  contente  d'empiler  sur  un  escabeau  trois 
pains  de  sucre,  et  assiste  stupéfaite  ol  navrée  à  leur  fusion,  l'ou- 
vrière qui  ne  monte  pas  sa  machine  h  coudre  au  premier  étage, 
sous  prétexte  que  Teau  n'arrivera  })as  chez  elle,  la  vieille  entêtée 
qui  refuse  de  quitter  sa  maison  de  peur  que  les  voleurs  ne  s'y 
introduisent,  prêtent  plus  à  rire  qu'à  lamentations.  Le  piano 
inondé  est  classique  !  A  qui  la  faute  ?  Ni  à  l'eau,  ni  au  proprié- 
taire. —  Au  piano  !  trop  lourd  pour  être  emporté  !!!  (historique). 
En  réalité,  l'inquiétude  n'a  commencé  à  gagner  la  population 
qu'à  partir  du  jour  où  elle  vit  le  niveau  dépasser  les  limites 
ordinaires,  et  lorsqu'elle  prêta  l'oreille  aux  bruits  sinistres  de 
passerelle  enlevée  par  le  courant,  venant  buter  contre  le  pont, 
obstruant  les  arches  et  s'opposanl  ainsi  à  l'écoulement  du  flot, 
lequel  aurait  alors  cherché  un  passage  à  travers  les  rues  du 
faubourg  !!!  La  passerelle  ne  fut  jamais  en  danger  sérieux  que 
dans  l'imagination  de  personnes  affolées,  et,  le  20  février,  au 
soir,  l'on  constata  une  baisse.  L'étiage  accusait  depuis  vingt- 
quatre  heures  un  état  slalionnaire. 

A  ce  moment,  les  bateaux  circulaient  toute  la  journée  dans 
los  rues  du  Pérat,  de  l'Ormeau,  Saint-Maur,  du  Collège,  de  la 
Bertonnière  ;  une  femme  lavait  son  linge  sur  le  quai,  au  coin 
de  la  maison  de  M"®  Bouyer  mère,  les  poteaux  indicateurs  de 
la  navigation  dans  la  prairie,  en  face  la  ville,  disparaissaient 
sous  l'eau,  les  jardins  des  maisons  de  la  rue  des  Chanoines 
(rue  Cuvillier),  et  la  rue  des  Chanoines  elle-même  étaient 
couverts  d'une  couche  d'eau.  L'eau,  haute  de  soixante  centimè- 
tres dans  la  rue  du  Collège,  venait  jusqu'à  l'entrée  de  la 
première  cour  de  cet  établissement  ;  dans  la  chapelle,  elle  bai- 
gnait la  première  marche  de  l'autel,  et  affleurait  la  marche  du 
consistoire  dans  le  temple  protestant.  Le  carrefour  du  collège 
était  si  bien  inondé,  qu'une  passerelle  avait  dû  y  être  établie. 
Les  hommes  de  soixante-dix  ans  racontent  qu'en  1842,  ils 
venaient  en  classe  en  bateau,  souvenir  d'enfant  peut-être  inexact, 
car,  si  la  grande  porte  était  obstruée,  celle  sur  la  rue  de  l'Evêché 
restait  libre. 

Dans  la  rue  Saint-Maur,  l'eau  s'est  avancée  jusqu'après  la 
maison  de  l'ancienne  juridiction  consulaire.  Dans  la  rue  Hôtel- 


Digitized  by 


Google 


—  154  — 

de-Ville,  la  porte  du  musée  lapidaire  était  complètement  bai- 
gnée. La  place  de  la  Grand-Font  disparaissait  sous  cinquante 
centimètres  d'eau.  L'arc  de  triomphe  éprouvait  les  sensations 
d'antan,  le  kiosque  de  la  musique,  sur  la  place  Bassompierrc, 
était  transformé  on  îlot;  Palissy.  do  plus  en  plus  songeur,  avîiil 
Tair  d'être  travaillé  par  la  crainte  de  se  rompre  la  colonne  verté- 
brale, s'il  tombait  de  son  piédestal,  menacé  de  perdre  tout  à  fait 
son  aplomb  (déjà  compromis),  sous  un  sol  détrempé. 

La  première  conséquence  du  débordement  de  la  Charente 
a  été  la  cessation  de  la  distribution  de  gaz,  et  la  réduction,  puis 
la  privation  d'eau  potable  ;  la  source,  les  machines  étaient 
noyées.  Pendant  les  trois  i)remiers  jours,  deux  heures  par 
jour,  on  permettait  aux  habitanis  de  s'approvisionner,  le 
quatrième,  les  bassins  étant  vidés,  chacun  dut  se  procurer, 
comme  il  l'entendait,  l'eau  nécessaire  au  ménage  ot  à  la  table. 
Les  caves  devinrent  dos  puils  toul  in(li(|ués,  les  bouilloires 
fonctionneront  en  permanence,  ot  les  personnes  qui  dédai- 
gnaient l'eau  bouillie,  firent  irruption  chez  les  pharmaciens 
et  leur  enlevèrent,  en  un  clin  d'coil,  les  caisses  d'eaux  miné- 
rales disponibles.  Les  bénéfices  léalisés,  de  ce  clief,  par 
les  vendeurs  de  Saint-Galmier,  Vittel,  Evian,  et  autres  sources, 
n'ont  eu  d'égaux  que  ceux  réalisés  par  les  marchands  de 
j)laques  photographiques  !  Les  18  et  19  février,  une  véritable 
nuée  de  photographes  s'abattit  sur  les  quais,  le  pont,  le  cours... 
On  trouvait  des  appareils,  grands,  moyens  ou  petits,  à  tous  les 
coins  de  rue. 

La  cessation  de  la  fourniture  du  gaz  était  moins  facile  à  pal- 
lier. Pendant  une  semaine,  à  partir  de  six  heures  du  soir,  la 
ville  fut  plongée  dans  une  complète  obscurité,  qu'aucun  rayon 
de  lune  ne  venait  atténuer.  La  municipalité  édicta  bien  la  résur- 
rection du  fanal  au-dessus  des  portes,  mais  combien  peu  d'ha- 
bitants se  conformeront  à  sos  ordres  !  Aussi,  les  rares  lanternes, 
attachées  aux  fenêtres  ou  aux  balcons,  avaient-elles  plutôt  l'air 
des  lampions  prescrits  par  les  rèulements  de  police  aux  chantiers 
de  maçons,  que  de  suppléants  —  pAles  suppléants  —  de  réver- 
bères naturellement  pAles  —  exception  faite  pour  une  remar- 
quable lanterne  de  jardin,  dont  l'éclat  ne  faisait  guère  regretter 
le  gaz.  On  ressentait  une  impiossion  vraiment  lugubre  :  on  avait 
beau  faire  de  la  philos()j)lii(\  iMJsonnor,  se  dire  qu'en  définitivo, 
on  se  trouvait  dans  la  même  silualion  (\uh  minuit,  après  Textinc- 
tion  des  becs  de  gaz,  ou  bien  lorsque  la  lune,  cachée  sous  un 


Digitized  by 


Google 


-  155  ^ 

épais  rideau  de  nuages  ou  de  brouillard,  néglige  ses  devoirs  de 
remplacer  Téclairage  municipal,  ou  secouait  difficilement  le 
malaise  sortant  de  celte  ombre  humide  et  noire.  On  est  si  peu 
habitué  à  manquer  de  lumière  à  s-pt  heures  du  soir  !  Saintes 
ressemblait  alors  à  un  grand  village,  dont  les  boutiques  sont 
éclairées  avec  une  simple  lampe,  —  cette  lampe,  coiffée  de  son 
grand  abat-jour  jaune  ou  rouge  à  la  mode,  aurait-elle  été  em- 
pruntée au  salon  ?  Le  passant  se  sentait  rejeté  à  quatre-vingts 
ans  en  arrière.  L'illusion  devenait  complète,  lorsqu'il  voyait  se 
balancer  au-dessus  de  sa  tête  un  vieux  falot,  pendu  à  une  corde 
au  travers  de  la  rue.  Mais  cette  compensation  archéologique  lui 
paraissait  médiocre,  et  les  grandes  lanternes  de  locomotives, 
prêtées  par  le  chemin  de  fer  à  la  municipalité,  fixées  aux  arbres 
du  cours,  points  lumineux  jalonnant  la  direction,  accentuaient 
plus  qu'elles  n'atténuaient  sa  tristesse,  émanant  de  partout,  des 
magasins  formés  ou  presque  noirs,  des  rues  adjacentes  plongées 
dans  l'obscurité  complète,  de  l'air,  du  silence,  de  l'absence  de 
promeneurs... 

Le  24,  la  ville  sembla  renaître  ;  le  gaz  et  Teau  nous  furent 
rendus.  .  Ch.  D. 

Mbmbnto.  —  La  crue  commence  à  Saintes  le  15  février  ;  le  16,  les  quais 
sont  couverts  ;  17,  tempête,  la  cote  marque  6™7f  (moyenne  d*amont  et  d'aval)  ; 
le  18, 7"'05,  Tavenue  Gambetta  est  envahie,  le  conseil  municipal  vote  3.000  fr. 
de  secours  et  une  quête  A  domicile,  le  19,  l'inondation  marque  le  maximum. 
Le  colonel  du  6«  de  ligne  met  à  la  disposition  de  la  ville  la  manutention  mi- 
litaire pour  la  fabrication  du  pain,  plusieurs  fours  de  boulangers  étant  en- 
vahis ;  la  troupe  place  et  surveille  les  ponts  dans  les  rues  ;  les  conseillers 
municipaux  et  le  pasteur  protestant  font  la  quête,  deux  conseillers  tombent 
À  Teau  dans  la  rue  du  Collège.  Le  chemin  de  fer  met  80  lampes  A  disque  A  la 
disposition  de  la  municipalité  ;  le  30,  la  crue  décroit. 


V 
Notre-Dame  de  la  Rotonde 

Niort,  le  11  mars  1904. 

«  Je  viens  de  lire  le  Bulletin,  paru  le  1*'  mars.  Notre-Dame  de  la 
Rotonde  m'arrête  (page  112).  Aurais-je  trouvé  la  solution  de 
Ténigme  ?  Je  l'ignore,  mais  je  vais  vous  en  faire  part  quand 
même. 

Examinez  bien  le  chevet  lourd  et  massif  de  l'église  de  l'abbaye  ; 
voyez  si  cette  sorte  d'abside  ronde,  autour  de  laquelle  sont  des 


Digitized  by 


Google 


-  156  — 

cloîtres  qui  l'enveloppent  à  la  base,  voyez,  dis-je,  si  cette  abside 
n'a  pas  pu  justifier  le  nom  de  Notre-Dame  de  la  Rotonde.  Parmi 
les  églises  rondes  qu'il  a  citées,  l'auteur  de  l'article  n'a  pas 
donné  celle,  pourtant  très  curieuse,  de  Saint-Léonard,  celle  de 
Neuvy  Saint-Sépulcre 

«  Voici  ce  que  je  dis  de  la  rotonde  de  Saint-Léonard  (Magasin 
pittoresque  du  10  octobre  1903),  vulgairement  appelée  Sainte- 
Luce,  qui,  depuis  sa  restauration  et  celle  de  l'église  collégiale, 
toutes  récentes,  sert  de  baptistère  à  cette  dernière. 

«  Entre  le  clocher  et  le  transept  nord s'élève  un  très  cu- 
rieux édicule,  de  forme  ronde,  reproduisant,  assure-t-on,  l'image 
du  Saint-Sépulcre.  Il  est  sans  aucune  communication  avec  la 
collégiale,  les  murs  sont  distincts,  sa  voûte  en  hémisphère  est 
portée  par  huit  colonnes,  l'entrée  actuelle  a  lieu  par  la  porte 
du  clocher.  Baptistère,  disent  certains  archéologues,  il  est  rede- 
venu le  baptistère  de  la  paroisse.  Pour  d'autres,  et  pour  l'auteur 
de  cette  notice,  cette  chapelle  était  un  souvenir  de  croisade,  le 
résultat  du  vœu  d'un  croisé  ;  les  restes  d'une  litre  funéraire, 
très  visible  avant  la  réparation,  quoique  indéchiffrable,  sem- 
blaient en  témoigner  ».• 

«  J'en  reviens  à  Notre-Dame  de  la  Rotonde.  Il  faut  quelquefois 
peu  de  chose  pour  caractériser  un  monument.  Exemple  :  à 
Sens,  une  des  paroisses  de  la  ville  porte  le  vocable  de  Saint- 
Pierre.  Or,  pour  distinguer  son  église  d'autres  églises  Saint- 
Pierre,  aujourd'hui  disparues  —  Saint-Pierre  le  vif,  Saint- 
Pierre  le  donjon  —  on  l'appelait  Saint-Pierre  le  rond.  Un  des 
historiens  de  Sens,  le  chanoine  Memain,  dit  que  la  forme  du 
clocher  était  cause  du  surnom.  Or,  le  clocher  est  nettement 
carré,  construit  en  pierres,  sans  ornements  ni  sculptures  ;  il 
se  termine  par  un  couronnement  en  bois  et  ardoises,  de  forme 
plutôt  ronde,  en  effet. 

«  La  forme  de  l'abside  de  l'église  abbatiale  de  Notre-Dame 
de  Saintes,  n'a-t-elle  pas  pu,  de  môme,  lui  faire  attribuer  le 
complément  de  nom  :  la  Rotonde,  du  reste  peu  répandu  et  peu 

«o"°" »  E.  DU  Bastie. 

Dom  Estiennot  est  formel  cependant  ;  Notre-Dame  de  la  Ro- 
tonde était  isolée  entre  les  deux  églises  de  l'abbaye  et  Saint- 
Pallais, 

Ch.  D. 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


-  157  - 

VI 
Une  invitation  a  dîner  chez  le  premier  consul. 

Je  dois  à  Tobligeance  d'un  collectionneur  parisien,  M.  Gaston 
Dubel,  la  communication  de  cette  pièce,  qui  mérite  de  prendre 
place  à  côlé  de  la  carte  d'élève  du  lycée  Bonaparte,,  publiée 
en  mars  dernier,  dans  la  Revue,  page  85. 

«  Le  premier  Consul  vous  prie,  citoyen,  de  venir  dîner  chez  lui, 
le  neul  vendémiaire,  à  cinq  heures. 

Paris,  le  8  vendéminaire  an  9. 

Au  citoyen  Joly  d'Aiissy,  envoyé  du  département  de  la  Cha- 
rente-Inférieure  ». 

Les  mots  en  italique  sont  irfanuscrils.  Le  papier  est  plié,  et 
forme  enveloppe,  suivant  la  mode  du  temps.  Voici  l'adresse  : 

Au  Citoyen 
Joly  d'Aussi,  rue  Saint-Florentin,  n**  670. 

A  Paris 

Au  bas,  ces  mots  imprimés  en  légende  transversale  :  Secré- 
tarial  du  gouvernement. 

Cette  lettre  d'invitation  a  23  centimètres  de  largeur  sur  18 
de  hauteur. 

Il  sera  facile  à  la  famille  d'Aussy  de  nous  dire  si  l'invité  du 
premier  consul  était  le  père  de  l'élève  du  lycée  Bonaparte,  et 
de  nous  renseigner  sur  la  mission  qu'il  remplissait  alors  à  Pa- 
ris (1). 

Jules  Pellisson. 

VII 
Une  fête  scolaire  a  Cognac  en  1784. 

Un  de  mes  vieux  amis  de  Cognac,  M.  Louis  Philippe  Couraud, 
grand  collectionneur  de  documents  saintongeais,  m'a  communi- 
qué le  placard  in-folio  sur  trois  colonnes  dont  j'offre  une  réim- 
pression à  la  Revue,  Jean-Louis  Filhol,  directeur  du  pensionnat 
qui  fut  le  théâtre  de  la  fête  du  28  août  1784,  n'est  pas  pour  ndus 
un  inconnu.  Dans  sa  savante  étude  sur    l'instruction  primaire 

(1)  Il  est  probable  que  c^est  Gésar^ean  Joly  d'Aussy*  conseiller  général 
sous  Teropire,  président  du  coIlè|^  électoral  de  rarrondissement  de  Saint- 
Jean  d'Angély,  décédé  en  1835.  Cf.  BnlUtin,  tome  XV,  p.  )40. 


Digitized  by 


Google 


—  158  - 

gratuite  et  obligatoire  avant  1789,  Louis  Audiat  nous  donne 
(Archives,  tome  XXV,  page  222)  un  extrait  de  son  prospectus 
où  il  était  qualifié  «  maître  ès-arts  de  l'université  de  Toulouse  », 
et  dans  mon  article  sur  les  boutons  scolaires  en  Saintonge  (Re- 
vue, tome  XIX,  page  232),  j'ai  emprunté  à  ce  prospectus  la  des- 
cription de  Tuniforme. 

D'autre  part,  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Paul  de  Lacroix, 
bibliothécaire  de  la  ville  de  Cognac,  des  notes  tirées  des  registres 
paroissiaux  de  Saint-Léger  et  de  la  collection  Albert  qui  achè- 
veront de  nous  renseigner  sur  les  différentes  phases  de  la  car- 
rière d)e  Filhol. 

Il  eut  de  son  mariage  avec  Marie-Marguerite  Grosseval  :  1**  Ma- 
rie-Claire-Justine, née  le  14  mars  1785  ;  il  est  alors  qualifié  rece- 
veur des  postes  ;  2**  Lo'uis-Marie-Camille,  baptisé  le  10  juillet 
1786  ;  3*»  Marie-Thérèse-Justine,  baptisée  le  16  juin  1787,  morte 
à  14  mois  ;  4**  François-Jacques-Edouard,  baptisé  le  15  mai  1789  ; 
5**  Jeanne-Marie-Marguerite,  baptisée  le  26  juin  1791  ;  son 
père  est  alors  major  de  la  place  ;  6®  Marie-Louise-Adèle-Séra- 
phine-Egalité,  née  le  8  août  1793  ;  il  est  âgé  de  37  ans  et  admi- 
nistrateur du  district  de  Cognac  ;  7**  Marguerite-Adélaïde,  née 
le  6  ventôse  an  IV,  son  père  étant  commissaire  du  directoire 
exécutif  près  l'administration  municipale  du  canton  die  Salles  (1). 


(1)  Le  nom  de  Pilhol  est  mentionné  dans  une  pièce  qu'on  ne  lira  pas  sans 
intérêt  ;  elle  fait  partie  de  ma  collection  d'autographes  : 

<  Aujourd'hui  premier  mars  mil  sept  cent  quatre  rinfçt  neuf,  a  quatre 
heures  après  midj,  en  conformité  des  ordres  de  messieurs  les  officiers  muni- 
cipaux de  la  ville  de  Cognnac  a  nous  communiqués  le  vingt  sept  février  dernier 
par  Jacques-Etienne  Deschannod,  doyen  des  maitres  d'école  de  la  dite  ville, 
nous  nous  sommes  assemblés  chez  ce  dernier,  pour  nommer  a  la  pluralité  des 
voyes  un  député  de  notre  corps  pour  le  représenter  a  l'Assemblée  générale 
du  tiers  état  qui  aura  lieu  le  trois  du  dit  mois,  a  la  salle  de  l'hautel  de  la  ditte 
ville. 

Apres  avoir  attendu  depuis  la  ditte  heure  de  quatre  après  midy  jusqu'à 
celle  de  huit,  sans  que  Us  sieurs  Danyaut  et  Filhol  enseignant  la  langue  latine, 
et  parconcequant  faisant  partie  de  notre  corps,  n'ayent  comparus,  quoiqu'ils 
ayent  été  avertis  de  se  rendre  a  la  ditte  heure  ;  nous  avons  procédé  aux 
demandes  suivantes  : 

Que  de  l'agrément  du  Roy,  la  ville  de  Cognac  et  son  territoire,  faisant  partie 
du  Bas  Angoumois,  soit  en  pays  d'état  incorporée  dans  la  Saintonge  et  par- 
concequant en  faire  partie  ;  renonçant  pour  cet  effet  A  toute  incorporation 
avec  les  autres  provinces  voisines  avec  les  quelles  elle  peut  être  liée  ; 

Que  notre  abonnement  soit  conservé  ; 


Digitized  by 


Google 


—  159  — 

Les  exercices  littéraires  soutenus  en  public  dans  les  établisse- 
mvnls  scolaires  étaient  très  à  la  mode  autrefois  (1)  ;  à  Cognac,  ce 
n'est  pas  seulement  au  pensionnat  Filhol  qu'ils  furent  en  usage. 
(.)n  verra  (BullcUn,  tome  V,  page  402),  dans  la  notice  que  j'ai 
consacrée  à  l'ancien  jésuite  Louis-Alexis  Maillard,  devenu  ins- 
tituteur à  Cognac,  que  les  28,  29  et  30  fructidor  an  IV,  ses  élèves 
continuèrent  sur  ce  point  la  tradition  de  1784. 

Bien  plus,  les  moindres  bourgades,  et  même  les  communes 
rurales,  furent  témoins  de  ces  joutes  scalaires.  J'ai  tout  lieu  de 
croire  que  ce  fut  ce  môme  Filhol  qui  s'établit  à  Juillac-le-Coq, 
et  que  c'est  de  lui  qu'il  est  question  dans  les  très  intéressantes 
pièces  dont  je  dois  la  connaissance  h  M.  de  Lacroix  et  que  l'on 
trouvera  à  la  bibliothèque  de  Cognac,  recueil  d'imprimés  Emile 
Albert,  tome  VI,  paL(os  23-32.  Ce  sont  : 

P  Exercice  liltéraue,  sons  la  direclion  du  sieur  Filhol,  à  Juil- 
lac-le-Coq, près  Cognac,  pour  Van  1810,  Angoulême,  chez  Tré- 
meau,  imprimeur  de  la  préfecture,  petite  place  Saint-Cybard, 
n®  7  ;  in-4,  8  pages.  Cet  exercice  devait  avoir  lieu  dans  l'église 
de  Juillac-le-Coq,  le  3  septembre  1810,  et  comprenait  la  géogra- 

Que  le  tiers  état  ait  un  nombre  de  représentants  égal  a  celui  des  deux  pre- 
miers ordres  réunis  ; 

De  voter  par  individu  et  non  par  ordre  ; 

Que  le  controUe  soit  étably  pour  conserver  Tautenticité  des  actes  sans  que 
les  différentes  clauses  que  Ton  y  incere  soient  susceptibles  d'aucuns  droits 
que  le  seul  qui  sera  perçu  par  chaque  acte  différent  et  par  gradation  suivant 
les  sommes  qui  y  seront  portées. 

En  consequance  nous  avons  nommé  pour  notre  député  et  représenter  notre 
corps  le  sieur  Jean-Baptiste  Nouguès,  le  quel  se  présentera  à  la  salle  deThôte 
de  ville  pour  nommer  les  députés  nécessaires  au  tiers-état, 

A  Cognac,  le  premier  mars  1789. 

MoNifBT,  NouGU&s,  députés.  » 

Ainsi  il  y  avait  à  Cognac  en  1789  cinq  instituteurs,  dont  deux  enseignant 
le  latin.  Monnet  devint  mettre  d'écriture  chez  Maillard  dont  il  va  être  parlé. 
La  tradition  Cognaçaise  rapporte  une  anecdote  que  je  cite  sous  toutes  réser- 
ves, parce  qu'elle  pourrait  bien  avoir  été  inspirée  par  un  passage  très  connu 
d'une  comédie  de  Regnard.  Tout  en  taillant  ses  plumes  Monnet  prêtait  Toreille 
à  ce  qui  se  disait  autour  de  lui.  Un  jour,  il  dit  à  Maillard  :  f  Enfin  dites-moi 
donc  ce  que  c'était  que  ce  M.  Cicéron  dont  on  parle  tant  ;  Était-il  de  Paris  ? 
—  Ehl  non,  M.  Monnet,  il  était  de  Rome.  » 

(1)  On  sait  qu'il  en  fut  de  même  des  représentations  théâtrales;  les  16,17,  et 
19  juinl766,les  étudiants  de  seconde  du  collège  dePérigueux  jouèrent  dans  leur 
salle  de  spectacle  les  Incommodités  de  la  6 rangea r, comédie  héroïque.  La  lettre 
d'invitation  a  été  réimprimée  par  M.  Dujarric-Descombes  dans  le  Bulletin  de 
U  société  historique  et  archéologique  du  Périgord ,  tome  XXIX,  page  573. 


Digitized  by 


Google 


—  160  — 

phie,  Texplicalion  de  César,  Ovide,  Virgile,  quatre  fables  de 
Boinvilliers,  la  langue  française,  la  récitation  de  poésies,  de 
fables,  etc. 

Il  y  avait  deux  séances,  la  première  à  8  heures  du  matin,  la 
seconde  à  3  heures  du  soir. 

2**  Même  litre  et  même  imprimeur,  4  pages  in-4.  Exercice 
pour  1811.  Il  comprenait  les  éléments  de  latinité  et  de  grammaire, 
la  récitation  de  fables  latines  et  de  fables  de  La  Fontaine,  l'arith- 
métique, le  De  viris  illustribus,  Phèdre,  etc..  Il  y  eut  deux  séan- 
ces, le  3  septembre,  dans  Téglise  de  Juillac-le-Coq,  aux  mêmes 
heures  que  Tannée  précédente  (1). 

César,  Ovide,  Virgile,  Phèdre,  expliqués  en  public  sous  le 
premier  Empire  dans  une  église,  sous  la  direction  d*un  chef  d*ins- 
lilution  laïque,  qui  s'en  douterait  aujourd'hui  ?  Travaillons  tou- 
jours, il  nous  reste  encore  beaucoup  à  apprendre. 

Revenons  au  pensionnat  de  Cognac.  Voici  le  texte  du  placard 
de  la  collection  Couraud. 

Que  devinrent  les  potaches  qui  firent  leurs  preuves  devant  le 
tout-Cognac  de  ce  tenips-là  ?  Je  serais  bien  en  peine  de  le  dire. 
Je  mentionne  toutefois,  sans  préciser  davantage,  et  en  deman- 
dant des  éclaircissements  sur  ce  point,  qu'il  y  eut  dans  la  r^ion 
de  Barbezieux  un  notaire  du  nom  de  Gallenon,  et  je  voudrais 
bien  que  quelqu'un  pût  me  dire  si  Lhomandie  n'est  pas  le  même 
que  celui  qui  fit  imprimer  sous  les  initiales  P.-F.-M.  L.,  en  1821, 
à  Angoulême,  chez  Broquisse,  la  Xiphonomie  ou  Vari  de  Ves- 
crime f* poème  didactique  en  quatre  chants,  in~8,  100  pages.  Le 
fort  en  thème  de  la  pension  Filhol  habitait  Verrières,  canton  de 
Ségonzac  ;  y  était-il  né  ?  Il  n'est  fait  aucune  mention  de  l'auteur 
de  la  Xiphonomie  dans  l'opuscule  d'Eusebe  Castaigne  :  Lyre 
d'Amour,  suivie  d'une  biographie  des  poètes  nés  dans  le  dépar- 
tement de  la  Charente  ;  Angoulême,  Laroche,  1829,  in-8  (2). 

Jules  Pellisson. 


(1)  Cette  pièce  porte  le  permis  d'imprimer  de  de  Sèze,  recteur  de  T  Académie 
de  Bordeaux. 

(3)  Le  nom  de  Lhomandie  est  en  toutes  lettres  dans  une  autre  édition  de  la 
Xiphonomie,  imprimée  À  Angoulême,  ches  Lefraise  et  G*«,  1840,  in-8«.  Il  s'inti- 
tule :  «  Ajnateur,élève  de  feu  M.Tessier  de  Laboëssière  père,  professeur  émérite 
de  belles- lettres  et  d'histoire  au  ci-devant  collège  royal  de  la  marine,  et  pré- 
cédemment professeur  d'humanités  dans  les  lycées  impériaux  et  collèges 
royaux  «. 


Digitized  by 


Google 


-  161  - 


VIII 


SAINTES    ANCIENNE 
Les    rues 

{SaiU). 

Baculles,  voir  Pilier.  Porte  Evêquej  1660,  et  Porte  Saint- 
Louis,  1669. 

Bains  Tarroquet,  sur  le  quai  Palissy.  —  De  1835  à  1842,  à  la 
place  de  la  machinerie  du  château  d*eau,  existait  un  bassin  de 
natation,  bâli  en  pierre  de  taille,  d'une  longueur  d'une  quaran- 
taine de  mètres,  avec  fond  à  des  profondeurs  diverses  ;  il  servait 
d'école  de  natation  aux  élèves  des  pensions  et  du  collège.  L'eau 
en  était  renouvelée,  soit  par  le  ruisseau  de  la  Grand-Font,  soit 
par  la  Charente. 

Plus  tard,  le  vieux  Gaudet  (ne  pas  lire  Godet^  son  ombre  entre- 
rait en  (ureur),  (type  de  bachelier  ès-lettres  et  ès-sciences  n'ayant 
réussi  à  rien  :  pendant  la  baignade  des  collégiens,  il  récitait  des 
vers  d'auteurs  latins),  créa  les  bains  flottants  en  pleine  Charente, 
amarrés  sur  le  bord  du  quai  Reverseaux,  à  peu  de  distance  du 
marché  couvert  actuel.  Ces  bains  sont  devenus  le  lavoir  de  Pio- 
chaud. 

Balances  (passage  des).  » 

1807,  13  avril.  —  Vente  de  biens  nationaux,  par  Vassal, 
directeur  de    l'enregistrement  du  domaine   national.  Un 
jardin  situé  au  faubourg  des  Dames,  appelé  le  jardin  du 
noviciat  de  la  ci-devant  abbaye  des  Dames,  exploité  par 
le  sieur  Marquizeau,  fermier,  de  la  contenance  d'environ 
seize  ares,  renfermé  de  murs  communs  de  tous  les  côtés, 
avec  puisage  au  puits  qui  se  trouve  devant  la  porte  à 
deux  pans,  qui  ouvre  sur  le  passage  appelé  des  Balances, 
^        confrontant  ledit  jardin,  du  nord  à  la  grande'  rue  du  fau- 
bourg, du  midi  aux  grands  greniers  de  l'abbaye,  du  le- 
vant au  sieur  Joby,  marchand,  et  du  couchant  aux  servi- 
tudes nommées  les  Balances,  dans   lequel  jardin  est  un 
petit  logement  pour  l'exploitation. 
Procès-verbal  d*adîudicaiion  entre  mes  mains. 
Ballets  (rue  des),  1553.  (Archives,  X),  rue  des  Ballais.  Rue 
de  Varenne  (Bulletin^  I,  p.  391). 


Digitized  by 


Google 


—  162  — 

On  admet  généralement  que  le  mol  ballets  rappelle  les  auvents 
établis  devant  les  maisons.  En  langage  du  pays,  un  ballet  c'est 
[)roprenient  un  hangar  ;  il  y  avait  précisément  un  certain  nombre 
de  ballets  appuyés  au  rocher  de  Thôpital,  qui  ont  duré  jusque 
vers  le  milieu  du  XVIII*  siècle. 

Une  ])ortion  de  la  rue  était  dans  la  paroisse  Saint-Maur. 

M.  Marchegay  a  publié,  dans  la  Revue  des  Sociétés  Savantes, 
de  1807  (IV*  série,  tome  V,  p.  490),  un  mémoire  de  la  fin  du  XllP 
siècle,  énuméranl  les  droits  du  roi  de  France  à  Saintes. 

L'article  10  mentionne  les  auvents  sur  la  voie  publique. 

«  Les  gens  le  roy  balhent,  et  ses  avantiers  seigneurs  de 
Saynètes  ont  balhé,  sans  parçoner,  les  perrons  et  sulbrons  et 
auvans  à  ceaux  qui  volent  édiffîer  fors  die  leurs  murs  au  chemin 
le  roy,  en  la  cité  et  aus  lors  de  Saynètes  ;  et  par  reson  du  balh 
ont  et  ont  heu  redevence  sans  nul  parçoner  de  ceaus  qui  font  les- 
dits  perrons  sulbrons  e  auvans.  » 

Plusieurs  notaires  prolongent  la  «  rue  des  Balais  »,  bien  plus 
loin  que  les  limites  ordinairement  connues.  Ainsi,  David  (28 
nov.  1725)  dit  :  «  Estant  en  la  prizon  royalle  du  siège  présidialle 
de  la  ville  de  Saintes,  size  rue  des  Ballais,  a  comparu 

1613,  10  avril.  —  Jean  Ravard,  sergent  royal,  afferme 
à  Jean  Bichon,  maître-imprimeur,  une  des  boutiques  du 
logis  lui  appartenant,  rue  djes  Ballais,  du  côté  du  logis 
de  M.  Luc  Roy,  procureur,  pour  un  an,  11  livres  (Minutes 
de  Sanson). 

1623,  18  mars.  —  Jean  Nau,  marchand,  demeurant  à 
Saint-André  des  Combes,  en  Angoumois,  vend  à  Etienne 
Goy,  marchand,  la  part  d'une  maison,  sise  rue  des  Bal- 
lais, confrontant  d'un  côté  à  la  maison  de  feu  Foures- 
tier,  notaire  royal,  qu'habite  Jean  Bichon,  libraire  et  im- 
primeur, gendre  dudit  Fourestier,  d'autre  côté  à  la  mai- 
son de  la  veuve  de  Jean  Grégoire,  tailleur  d'habits,  par 
derrière,  à  la  maison  appartenant  aux  héritiers  de  Domi- 
nique Dubourg,  docteur  en  médecine,  et  par  devant,  à  la 
rue  par  laquelle  on  va  de  l'église  des  Jacobins  à  Téglise 
des  pères  Jésuites.  (Minutes  de  Sanson,) 

1630,  10  janvier.  —  Jean  Sabatery,  prêtre,  l'un  des 
douze  vicaires  de  Saint-Pierre,  loue  à  Jacques  Fouyne, 
sieur  du  Châlenet,  une  maison  dépendant  de  la  vicairerie 
fondée  par  feu  M.  Richellot,  avec  son  jardin,  comme  ledit 


Digitized  by 


Google 


—  163  — 

Fouyne  en  a  joui  du  vivant  de  Bertrand  Lestellier,  Tun 
des  douze  vicaires,  dernier  possesseur,  rue  des  Ballais, 
confrontant  par  devant  à  la  grand  rue  qui  va  de  la  Porte 
Evoque  à  Téglise  des  Jacobins,  y  ayant  un  puits  qui  joint 
ladite  maison  et  rue  publique,  par  derrière,  à  la  mette 
qui  sépare  le  jardin  de  la  dite  maison  et  le  jeu  de  paume, 
d*un  côté  à  la  m^aison  et  jardin  appartenant  aux  héritiers 
de  feu  Geoffroy,  marchand,  et,  d'autre  côté,  à  la  maison 
et  jardin  des  héritiers  de  Jacquet,  armurier.  (Minutes  de 
Limouzin), 

1638,  25  avril.  —  Augier  de  Colonque  (signe  Colon- 
ques),  syndic  du  clergé  de  Saintonge,  demeurant  à  Tabbaye 
de  Saintes,  procureur  de  Mathieu  Despruet,  chanoine, 
loue  à  Mathieu  Mauchen,  conseiller  au  présidial,  la  mai- 
son canoniale  appartenant  audit  Despruet,  située  près  la 
rue  des  Ballais. 

Il  a  été  dressé  un  procès-verbal  de  visite  où  on  lit  : 

«  La  fenestre  qui  regarde  de  ladite  cuizine  en  la  ruette, 
devers  M.  de  Montaigne...  » 

Plus  loin  : 

«  Ce  faict,  sommes  entrés  dans  la  grand  chambre,  avons 

treuvé  les  fenestres  bien  garnies  de  vitre ,  les  armoiries 

de  M.  Urvoy  sont  rompues  qui  sont  dans  le  hault  desdites 
vitres...  » 

«  Dans  ladite  chambre  y  a  une  esguière  du  cabinet  qui 
sert  de  descharge...  » 

«  Le  grand  grenier  ferme  à  clef  du  costé  de  la  ruette  qui 
regarde  chez  le  sieur  de  Montaigne  (1).  (Minutes  de  Li- 
mouzin). 

1645,  27  avril.  —  Prise  de  possession  par  Jean  de  Su- 
berville,  clerc  tonsuré  du  diocèse  de  Saintes,  chapelain 
de  la  chapellenie  fondée  par  Mathurin  de  Podio,  de  la 
maison  en  dépendant,  sise  rue  des  Ballais,  confrontant 
d'un  côté,  à  la  maison  et  jardin  de  Abel  Guillon,  docteur 
en  médecine,  d'autre  côté,  à  la  maison  et  jardin  de  noble 
Jean  Philipier,  sieur  de  Fléac-sur-Charente,  conseiller  du 
roi,    assesseur   civil   et  criminel,  lieutenant   particulier, 


(1)  Raimond  de  Montaigne  probablement,  ancien  président  du  présidial, 
évèque  de  Bayonne.  (Voir  rue  du  Pàlàiê). 


Digitized  by 


Google 


--  164  — 

premier  conseiller,  en  la  sénéchaussée  et  présidial  de 
Saintes,  lieutenant-général  aux  eaux  et  forêts  de  Sain- 
tonge,  Aunis  et  ,  d*un  bout  et  par  derrière,  au 

jardin  du  sieur  de  Saint-Roc,  et  par  devant,  à  la  rue  des 
Ballais,  qui  va  de  la  porte  Evêque  au  canton  des  Pères 
Jésuites.  {Minutes  de  Maréchal,) 

1648,  13  août.  —  Jean  Limouzin,  étudiant  en  philoso- 
phie, chapelain  de  Tune  des  six  chapellenies  fondées  par 
feu  Etienne  Guillebaud,  desservies  à  Saint-Pierre,  loue  à 
Ivon  Piquery,  maître  arquebusier,  la  maison  dépendant 
de  la  chapellenie,  située  rue  des  Ballais,  confrontant  par 
devant  à  la  grandVue  qui  va  de  la  porte  de  Téglise  des 
Jésuites  à  la  mette  qui  monte  de  la  dite  grand*rue  au  châ- 
teau et  citadelle  dudit  Saintes,  sur  main  droite,  d'un  côté 
à  la  maison  de  Nicolas  Leclerc,  maître  serrurier,  d'autre 
côté  au  bout  à  une  venelle  commune  qui  sépare  ladite 
chapellenie  de  la  maison  de  Jérôme  Pradelle,  et  par  der- 
rière à  la  basse-cour  de  la  chapellenie  fondée  par  le  dit 
Guillebaud,  et  possédée  par  Jean  Martin.  (Minutes  de 
Limouzin.) 

1687,  23  novembre.  —  Jacques  de  Léglise,  curé  de 
Saint-Pierre,  au  nom  de  son  neveu,  Jacques  de  Léglise, 
prêtre,  bachelier  en  Sorbonne,  curé  de  Saint-Crépin  et 
chapelain  d'une  des  chapellenies  d'Ythier  Guillebaud,  af- 
ferme à  Françoise  Marion,  veuve  de  Jean  Robert,  archi- 
tecte, et  Germain  Robert,  son  fils,  une  maison  dépendant 
de  la  chapellenie,  rue  des  Ballais,  confrontant  d'un  côté  à 
Pierre  Gaultreau,  notaire  royal,  par  derrière  au  rocher 
SaintrFrion.  {Minutes  d'Arnaud), 

1772.  —  Vente  d'une  maison,  rue  des  Ballais,  censive  de 
l'évôché,  ayant  sortie  dans  la  Barrière,  confrontant  par 
devant  à  la  rue,  par  derrière  audit  lieu  de  la  Barrière,  du 
midi  à  la  chapellenie  de  Mathurin,  du  nord  aux  héritiers 
NicoUe.  {Minutes  de  Maillet.) 
Habitants  :  Gilles  Philippier,  conseiller  au  présidial  (1622)  ; 
Nicolas  Gombaud,  chanoine  (1630)  ;  Meneau,  avocat  (1691);  Geof- 
froy du  Coudret  (1691)  ;  François  Chevalier  des  Landes,  conseil- 
ler (1764)  ;  Adélaïde  Daloue,  veuve  de  Paul  Gourdeau  (1775)  ; 
Etienne  Garât  (1775);  Maume,  imprimeur,  n**  74  (L.  Audiat, 
Essai  sur  V imprimerie). 


Digitized  by 


Google 


^-y^tpyiA^/ 


é 

\- 

s 
1- 
•s 
e 
e 
li 


i- 
e 
)- 

e 

i- 
e 
a 
\ 

8 
1B 


e 

n 


Digitized  by 


Google 


l 

Nie 
fro 
1er 
Eti 
Esi 


Digitized  by  VjOOQIC 


—  165  — 

La  maison  occupée  aujourd'hui  par  M.  le  baron  Oudel  a  été 
très  vraisemblablement  construite,  après  1779,  par  Jacques- 
Alexandre  Perreau,  à  qui  les  initiales  J.  A.  P.,  sculptées  dans 
un  cartouche,  au-dessus  de  la  porte  d'entrée,  semblent  convenir 
en  tous  points.  Cette  maison  fut  vendue  le  13  avril  1790,  par  les 
héritiers  de  Perreau,  Marie  Perreau,  épouse  de  Lataste,  Victoire 
Perreau,  épouse  Huteau,  et  Félicité  Perreau,  à  Marie-Catherine 
Victoire  Vignier,  épouse  de  Claude  Morisseau.  Par  bail  du  3  mai 
1787,  elle  est  désignée  sous  le  nom  mérité  d'hôtel,  et  loué  à  M. 
de  La  Rochecourbon,  comte  de  Blénac. 

La  fille  des  époux  Morisseau  est  devenue  M"**  de  Sainte-Au- 
laire,  et  ses  héritiers  vendirent  l'immeuble,  en  1826,  à  M.  Le 
Gentil,  baron  de  Paroi,  contre-amiral  en  retraite  (Renseigne- 
ments communiqués  par  M.  le  baron  Oudet). 

La  maison  qu'occupe  et  possède  M.  Ch.  Dangibeaud,  14,  rue 
des  Ballets,  a  été  bâtie  par  Etienne  Compagnon  de  Thézac,  capi- 
taine de  dragons  de  Damas,  en  1769-1770.  Il  est  plus  exact  de  dire 
qu'elle  a  été  reconstruite  et  qu'elle  a  englobé  deux  maisons.  La 
famille  de  Thézac  habitait  déjà  la  rue  des  Ballets  :  en  1769, 
Etienne  de  Thézac  voulut  refaire  la  façade  de  sa  maison  ;  des 
difficultés  avec  le  voisin  le  contraignirent  à  acquérir,  à  côté  de 
la  sienne,  une  maison  tombant  en  ruine,  dépendant  de  la  chapel- 
lenie  Guy  Charron.  Celte  dernière  maison  est  ainsi  confrontée  : 
«  du  levant  et  midi  aux  écuries  et  autres  parties  de  maison  dudit 
sieur  de  Thézac,  du  nord  à  celle  du  sieur  Garnier,  avocat,  cette 
maison  dont  les  trésoriers  de  France  ont  ordonné  la  démolition 
de  la  façade  construite  en  bois  et  en  plâtre...  » 

Elle  passa,  en  l'an  XII,  des  mains  de  Charles-Frédéric  de  Thé- 
zac entre  celles  de  son  frère  aîné,  Jacques-Etienne,  puis,  en  1839, 
à  Hélène  Broussard  ;  revint  dans  la  famille  de  Thézac,  et  fut  ache- 
tée, le  20  décembre  1893,  par  M.  Ch.  Dangibeaud. 

Cette  maison,  dans  l'ancien  numérotage,  portait  le  numéro  105. 

Maison  rue  des  Ballets,  n**  9.  —  Maison  avec  jardin  par  der- 
rière, montant  du  côté  du  rocher  ;  elle  appartenait,  en  1804- 
1820,  à  M.  ue  La  Morinerie,  grand-père  de  M.  de  La  Morinerie, 
notre  confrère.  Plus  tard,  elle  passa  à  sa  fille,  M"**  de  La  Tran- 
chade  ;  elle  fut  occupée  par  la  pension  Amouroux,  ensuite  par . 
les  Frères  de  la  doctrine  chrétienne,  en  1851-1858.  C'est  aujour- 
d'hui l'orphelinat  des  jeunes  aveugles  qui  s'est  adjoint  la  maison 
de  M"*  E.  de  Saint-Légier  (Communication  de  M.  de  La  M.). 

En  1815,  la  rue  compte  quarante-sept  numéros,  d'après  une 

12 


Digitized  by 


Google 


liste  appartenant  à  la  fabrique  de  Saint-Pierre  :  Trouvé,  luthier, 
de  Paroi,  Dangibeaud-Padiance,  de  ïhézac,  Martin,  maître  de 
danse,  de  Turpin,  Beaiipoil  de  Saint-Aulaire,  Debain,  juge,  etc. 

Les  carrières  exploitées  sous  le  rocher  de  l'hôpital,  auraient, 
dit-on,  fourni  la  plus  grande  quanlité  des  pierres  des  monuments 
gallo-romains.  Des  carrières  de  la  place  des  Cordeliers,  on  ex- 
trayait la  pierre  dite  des  Douves.  (Cf.  Congrès  archéologique  de 
1844,  p.  114). 

Voir  La  Barrière,  116. 

Ballets  de  Saint-Pierre  (rue  des).  —  En  1572,  le  marché  qui 
se  tenait  depuis  à  la  porte  du  Pont,  au  canton  des  Vieilles-Bou- 
cheries, est  transféré  près  le  cimetière  Saint-Pierre,  sur  une 
«  place  grande  et  spacieuse  entourée  de  plusieurs  porches 
et  ballets  pour  retirer  le  peuple  pour  Tinjure  de  la  pluie.  » 

(Documents,  p.  192). 

J'ai  trouvé  dans  des  papiers  de  famille  un  croquis,  sans  prer- 
portions,  curieux  à  cause  des  ballets  qu'il  représente.  Il  n'est  pas 
daté.  Il  désigne  nettement  notre  rue  Saint-Pierre. 

1668,  17  octobre.  Jean  Huon,  docteur  en  médecine,  mari 
de  Marthe  Huon,  déclare  tenir  du  roi  «  savoir  est  un  bal- 
let et  porche  scitué  dans  la  ville  de  Xaintes,  parroisse 
Saint-Pierre,  faisant  couin  sur  la  rue  publique  qui  va  de 
la  grande  porte  de  l'église  calhédralle  de  Saint-Pierre  au 
canton  des  Forges,  sur  lequel  il  y  a  deux  chambres  l'une 
sur  l'autre,  avecq  un  grenier  par  dessus,  confrontant  sur 
le  devant,  vers  le  midi,  à  la  rue  publique  qui  va  dudit 
couin  et  canton  au  simetière  et  place  de  Saint-Pierre, 
d'autre  bout,  sur  le  derrière,  vers  le  nort,  à  la  maison  du- 
dit sieur  Huon,  d'un  cotlé,  vers  le  levant,  à  l'espace  qui  est 
entre  ledit  ballet  et  celui  de  maislre  Biaise  Tarrade,  huis- 
sier, et  de  l'autre  à  ladiclc  grande  rue  publique  qui  va  de 
ladicte  grande  porte  de  Saint-Pierre  au  quanton  des 
Forges. 

1697,  28  mars.  —  Marie  Rutin  vend  à  René-Louis  Guil- 
lotin,  échevin,  procureur  au  présidial,  une  maison,  sise 
au  devant  les  ballets  de  Saint-Pierre,  occupée  par  M.  de 
Beaune,  conseiller,  procureur  du  roi  au  présidial,  con- 
frontant de  deux  côtés  aux  maisons  voisines,  par  devant 
à  la  rue  qui  conduit  desdits  ballets  à  la  place  Saint-Pierre, 


Digitized  by 


Google 


-  167  - 

d'autre  côté  aux  cimetières  de  Saint-Pierre,  une  mette 
commune  entre  deux  (Minutes  de  Prouteau.) 

1701,  8  février.  —  Jean-Louis  Guesmand,  praticien,  de- 
meurant à  Saint-Martial  de  Cocullet,  afferme  à  Jean 
Bouyer,  marchand,  une  maison,  sise  vis-à-vis  les  ballais 
de  Saint-Pierre. 

1701,  21  mai.  —  Jean  Bonnaud,  marchand,  sarger,  vend 
à  Jacques  Dugué,  huissier  aux  eaux  et  forêts,  une  maison, 
paroisse  Saint-Pierre  et  seigneurie  du  doyenné,  joignant 
d*un  côté  la  maison  de  Bonnaud,  d'un  côté  à  celle  de 
Dugué,  par  devant  «  faisant  une  allée  ou  courroir  à  la  rue 
publique  apellée  les  Balle tz  de  Saint-Pierre  ».  {Minutes 
de  Feuilleteau.) 

1715,  5  mai.  —  Marianne  Piguerit,  veuve  de  Pierre  Guil- 
baud,  huissier,  afferme  à  Jean  Audouin,  serrurier,  une 
maison  sous  les  ballets  de  Saint-Pierre.  {Minutes  de 
Senne,) 

Bancs  (les  petits). 

1412,  9  février.  —  Arrentement  d'une  «  maison  et  ver- 
gier  assis  en  la  ville  de  Xaintes,  en  la  parroisse  Saint- 
Michiel,  on  fié  du  roi,  appelle  le  fief  non  Denis,  tenant 
d'un  chief  à  une  vanelle  par  laquelle  on  vait  des  petits 
bancs  aus  murs  de  ladite  ville  et  d'un  costé  à  une  vanelle 
par  laquelle  on  vait  de  ladite  maison  au  port  Mosclier.  » 
{Archives  de  Saint-Pierre,  cote  J.). 

Barrière  (rue  de  la)  (plan  Lacurie).  —  Portion  de  la  rue 
Saint-Pierre,  longeant  notre  marché  couvert. 

Barrière  (La),  voir  Marché,  et  plus  haut,  page  164.  C'est  évi- 
demment l'impasse  du  Collège. 

1723,  9  mai.  —  Jacques  Bordageau,  conseiller  général 
des  saisies  réelles  au  comte  de  Taillebourg,  et  Madeleine 
de  Saint-Mars,  sa  femme,  afferment  à  Pierre  Fernande, 
maître  es  arts,  une  maison  rue  des  Ballais,  paroisse  Saint- 
Maur,  avec  une  écurie  par  derrière,  qui  a  sa  sortie  et  ser- 
vitude par  le  lieu  appelé  La  Barrière,  joignant  le  Jeu  de 
Paume,  dans  la  rue  Neuve,  confrontant  au  midi  à  Emery, 
huissier,  au  nord  à  la  maison  d'une  chapellenie  possédée 
par  Brillouet,  prêtre,  vicaire  à  Saint-Pierre,  au  couchant 


Digitized  by 


Google 


-  168  — 

à  la  rue  des  Ballais,  par  derrier  au  Jeu  de  Paume  ;  plus 
une  cave  sous  le  rocher  de  la  citadelle,  au  devant  la  mai- 
son, avec  droit  de  passage  par  le  couloir  et  allée  commune 
avec  la  maison  des  Bons  Enfants,  appartenant  à  Cou- 
dreau,  ancien  conseiller  au  présidial.  {Minutes  de  Mar- 
say.) 

1748,  18  juin.  —  Martin  Binet,  chanoine  semi-prébendé, 
chapelain  de  la  chapellenie  fondée  par  Jean  Richelot,  af- 
ferme à  Samuel- Alexandre  Brejon  de  La  Martini  ère,  avo- 
cat, une  maison,  rue  des  Ballets,  confrontant  par  devant 
à  la  rue,  par  derrière  à  la  barrière  de  la  Paume,  sur 
laquelle  il  y  a  une  sortie,  d'un  côté  à  Brizeux,  instructeur 
de  la  jeunesse (Minutes  de  Senne.) 

1750.  —  Isaac  Michel,  seigneur  de  La  Morinerie, 
écuyer,  demeurant  à  Diconche,  loue  une  maison  apparte- 
nant à  Jean  Aniaudry,  marchand,  ayant  jardin  et  droit  de 
passage  à  la  barrière  du  Jeu  de  Paume.  (Minutes  de  Gou- 
gnon.) 

Basse  (rue).  —  Habitée,  en  1815,  par  des  cabarets  surtout. 
(Voyez  rue  de  La  Brèche). 

En  1902,  le  bout  de  cette  rue  arrivant  sur  le  cours  a  subi  une 
grosse  transformation.  Les  masures  et  maisons  qui  bordaient  le 
côté  gauche,  en  descendant,  jusqu'à  une  venelle  donnant  passage 
de  la  rue  Basse  au  quai,  ainsi  que  le  pâté  de  maisons  compre- 
nant divers  immeubles  (entre  autres  Tancien  bureau  des  diligen- 
ces Bonnin),  limités  par  cette  môme  venelle, ont  été  achetées  et  dé- 
molies par  M.  Lehmann,  qui  a  élevé  sur  ce  vaste  emplacement 
une  grande  construction  destinée  à  un  bazar  (Maison  universelle). 
La  rue  se  trouve  élargie,  éclairée.  La  venelle  est  devenue  une 
rue  de  trois  mètres  de  large. 

D'après  un  acte  du  23  octobre  1768,  reçu  Maillet,  il  y  aurait  eu 
une  rue  Basse  à  Saint-Eutrope. 

Julien-François  Destain,  marchand  libraire,  mari  de  Marie- 
Anne  Vieuille,  demeurant  à  Sâint-Jean  d'Angély,  afferme  à  Jean 
Fraigncau,  une  maison  lui  appartenant,  faubourg  Saint-Eutrope, 
confrontant  du  midi  à  la  rue  Basse. 

Mais  les  notaires  ont  fait  preuve  de  distractions  telles,  qu'il  ne 
serait  pas  impossible  que  cette  rue  Basse  à  Saint-Eutrope  fût  un 
lapsus. 


Digitized  by 


Google 


—  169  — 

Bassompierre  (rue).  —  D'après  le  plan  de  Lacurie,  elle  com- 
mençait au  bout  de  la  rue  de  l'Arc  de  Triomphe,  tournait  à  gauche, 
prenait  la  moitié  de  la  rue  de  Lormeau.  Aujourd'hui,  elle  est  pa- 
rallèle à  l'avenue  Gambetla. 

Je  crois  que  la  nôtre  est  l'ancienne  rue  de  La  Doue  (voir  ce 
mot).  Lacurie  intervertit  le  quai  et  la  rue.  Il  place  le  quai  à  gau- 
che et  la  rue  à  droite. 

Place  Bassompierre.  Place  de  la  Liberté  (1850).  —  Le  plan 
de  Lacurie  ne  la  marque  pas,  ce  qui  est  tout  naturel.  Il  donne 
seulement  un  quai  Bassompierre ,  qui  serait  aujourd'hui  la  rue 
longeant  la  place  Bassompierre,  laquelle  a  été  faite  avec  les  maté< 
riaux  provenant  des  démolitions  du  pont,  en  comblant  un  bas- 
fond.  Le  nom  de  quai  Bassompierre  existe  encore  dans  une 
pierre,  au  coin  faisant  vis-à-vis  à  l'abattoir  (commencement  du 
XIX*  siècle). 

Le  nom  de  Bassompierre  vient  de  celui  de  l'évêque  qui  avait 
reconstruit  une  portion  de  l'ancien  pont. 

Bastion  (rue  Neuve  du)  (1850). 

Bateai'x  (rue  des).  Petite  rue  des  Bateaux, ^Buc  du  Port  des 
Bateaux,  d'après  le  plan  de  Lacurie,  qui  fait  plonger  le  pied 
des  maisons  dans  la  rivière,  par  derrière. 

Les  anciennes  vues  du  pont  montrent,  en  effet,  des  maisons  à 
l'entrée  même  du  pont  (côté  Saint-Pallais)  (voir  Saintes  à  la  (in 
du  XIX"  siècle,  l.  I). 

Bernard  (allées).  —  Elles  longeaient  le  mur  ouest  de  la  Pro- 
vidence. 

Bernard,  nom  du  trop  célèbre  conventionnel.  (Cf.  Eschassé- 
riaux.  Assemblées  nationales,  p.  287.) 

Bertonnière  (rue  de  la). —  Berthonnière  avec  un  /i,  dont  la  né- 
cessité serait  difficile  à  justifier. 

Il  y  a  des  Brelonières,  Berlonnières,  La  Bretonnerie,  presque 
partout,  dans  beaucoup  de  villes  ;  des  villages,  des  fermes,  por- 
tent ce  nom.  Nous  en  avons  plusieurs  dans  notre  déparle- 
ment (1).  Toutes  les  localités,  en  Saintonge,  comme  ailleurs, 


(1)  Les  Bretons,  près  Cozes,  La  Bretonnière,  Les  Bretons,  près  Saint^SaTÎ- 
nien,  Bretagne,  commune  de  Juicq,  les  moulins  de  La  Bretonnière  entre  Lo- 
rignac  et  Saini-Dizant  du  Gua,  La  Bretonnière,  près  Mirambeau.  Une  charte 
de  1343,  oommuniquée  par  M.  Musset  à  une  séance  de  la  Commiêêion  des 


Digitized  by 


Google 


—  170  — 

tous  ces  quartiers  dérivent  probablement  d'une  double  origine. 
Aussi,  faut-il  distinguer.  Il  est  possible  que  quelques-unes  tirent 
leur  nom  d'une  famille  Horion,  Rroton,  auquel  on  a  ajouté  la 
terminaison  ière,  indicative  de  propriété.  Dans  ce  cas,  La  Berton- 
nière  serait  de  môme  formation  que  La  Rigaudière,  La  Thibau- 
dière,  et  s'applique  probablement  aux  maisons  isolées.  Mais  il 
n'en  est  pas  de  même  des  Bertonnières,  voisines  des  villes  ou 
bourgs,  dont  elles  constituent  un  faubourg. 

On  s'est  déjà  posé  la  question  de  savoir  d'où  cette  dénomina- 
tion peut  sortir.  Les  recherches  ont  abouti  à  des  conclusions 
peu  satisfaisantes.  Je  vais  donncM*  le  résultat  dos  miennes. 

La  solution  la  plus  séduisante  serait  de  rattacher  ce  nom  à 
Bcriainère  (1),  fondrière,  endroit  bourhoux  par  conséquent,  s'il 
était  prouvé  que  toutes  les  Bertonnières  sont  situées  dans  les 
bas-fonds  humides.  Il  y  en  a  un  certain  nombre. 

A  Boaune,  il  a  existé  une  Porte  Brétonnôre  (2),  au  bout  d'une 
rue  Berlonnière  {voir  plus  loin),  dans  l'endroit  presque  le  plus 
bas  de  la  ville,  près  de  la  rivière.  A  Saintes,  La  Bertonnière  est 
bien  dans  la  partie  la  plus  basse  de  la  ville.  A  Pons,  il  en 
était  de  même.  Je  pourrais  en  citer  d'autres  à  proximité  de 
ruisseaux,  mais  d'autres  aussi,  éloignées  d'un  cours  d'eau  (3) 
qui  contrarient  l'explication  qu'on  serait  vivement  tenté 
de  faire  du  mot  médiéval  Bcriainère.  D'ailleurs,  cette  éty- 
mologie  admise,  pour  les  Brotonnières,  dans  les  endroits  boueux, 
il  y  aurait  encore  lieu  de  poser  la  question  de  savoir  ^i 
le  terme  lui-même  n'a  pas  comme  racine  le  mot  breton,  et  si  Ber- 
tonnière (4)  ne  signifie  pas  plutôt  lieu  habité  par  des  bretons, 


Arti  et  mon.  de  U  Charente -Inférieure,  contient  une  vigne   Bretoneà,  près 
Saint- Jean  d'Angély. 

On  a  encore  La.  Bretagne,  près  Guimps,  Le  maine  aax  Bretons,  près  Saint- 
Preuil,  canton  de  Segonzac  (Charente). 

(1)  Godefpoy,  Dictionnaire  de  Vancienne  langue  française. 

(2)  Société  d'hist.,  et  d*archéol.,  de  Beaune,  1895,  p.  169,  178.  Bretenai,  dans 
le  patois  du  Cha tenais  (Belfort)  signifie  bretonner  ou  parler  d'une  manière 
peu  compréhensible*  parler  breton  C(.  BaU.  soc,  Belforlaine,  1896,  Brete- 
fiai,  nom  de  lieu  dans  la  Haute-Marne. 

(3)  Par  exemple,  Les  Bretons  de  Cozes,  La  Bretonniére  de  Saint-Savinien. 

(4)  Cf.  Houzë,  Etude  sur  la  signification  des  noms  de  lieux^  1864.  Le  suf- 
fixe aria  servirait  à  former  des  substantifs  indiquant  le  lieu  dans  lequel  on 
fait  ou  dans  lequel  sont  réunies  des  choses  représentées  par  le  radical. 

Il  faut  ajouter  :  dans  lequel  le  nom  du  radical  indique  un  nom  d'homme. 
Nous  avons  beaucoup  de  localités  en  ière  qui  désignent  certainement  la  pro- 


Digitized  by 


Google 


—  171  — 

bertoned  en  langue  bretonne  du  dialecte  de  Vannes  (1),  ce  qui 
n'exclut  pas  l'idée  de  lieu  malpropre. 

Personne  ne  contredit  ce  premier  point.  On  s'accorde  à  tirer 
l'étymologie  de  Bertonnière  de  breU>n^  mais  la  confusion  des  opi- 
nions commence  dès  qu'on  aborde  la  détermination  de  l'époque 
où  le  mot  s'est  formé.  Là  est  le  no?ud  du  problème. 

Remarquons  de  suite  que  les  Bretonnières  sont,  la  plupart, 
installées  en  dehors  des  centres,  à  proximité  d'une  ville  (2),  et 
constituent  un  faubourg  quand  elles  en  sont  assez  rapprochées. 

Aucun  document  connu  jusqu'ici  ne  permet  de  faire  remonter 
ce  nom,  en  Saintonge,  au-delà  du  XIIP  siècle.  En  Bourgogne, 
on  en  a,  paraît-il,  du  XI*.  On  peut  dire,  néanmoins,  d'une  ma- 
nière générale,  qu'il  se  répandit  surtout  vers  la  fin  du  XP  siècle 
et  au  XII®.  Il  est  inconnu  ou  très  rare  dans  les  régions  de  l'Est  el 
du  Midi  de  la  France,  tandis  qu'il  est  très  commun  dans  la  région 
normande,  sous  la  forme  de  Briloneria,  La  Bretonnière,  ou  Brei- 
tcville  (voir  plus  loin,  page  175). 

On  peut  le  considérer  commle  ancien  nom  chez  nous.  A 
Pons,  au  XlIP  siècle  (3),  existait  une  rue  Bretonieyra,  Bretona- 
ria,  Brilonaria.  La  nôtre  ne  lui  cède  certainement  pas  en  anti- 
quité :  toutes  deux  doivent  leur  origine  à  la  môme  cause. 

Je  n'insiste  pas  sur  la  différence  entre  Bre  et  Ber,  transposi- 
tion fréquente  dans  les  vieux  parlers  et  dans  le  langage  sainton- 
geais  en  particulier. 

Il  n'est  pas  douteux  que  la  racine  du  mot  ne  soit  BriiOy 
Brilto  (4).  Que  signifie-t-il  ?    F.  Godefroy  lui  trouve  plusieurs 

priété  d'un  tel  :  La  Thihàudière^  La,  Baudonnière,  La  Grimaudiére,  La  Loa- 
batière^  La  Moinardière...,  etc.  Bretonnière,  c  est  donc  la  maison  de  Breton 
ou  des  bretons.  Comme  dans  l'espèce,  il  ne  peut  s'agir  partout  d'an  nom 
propre  —  (il  serait  singulier  de  trouver  des  individus  de  même  nom  établis 
dans  plusieurs  villes,  toujours  dans  un  faubourg),  —  il  faut  nécessairement 
que  nous  nous  trouvions  en  présence  d'une  double  origine  :  Breton  ici,  des 
bretons  ailleurs. 

(1)  a  Breixad  est  le  nom  régulier  des  Bretons  ;  Breton,  Bretoned^  au  plu- 
riel, sont  des  formes  vannetaises  empruntées  au  français,  mais  que  Ton  trouve 
dans  les  mystères  bretons  les  plus  anciens  (XV*-XVI«  siècle)  »  Note  com- 
muniquée par  M.  le  D^  de  Closmadeuc. 

(2)  La  Bretagne  (1230)  faubourg  de  Péronne  {Mém.  des  antiquaires  de  Pi- 
cardie, 1867,  p.  168).  La  Breionnière,  faubourg  de  Beaune  ;  même  chose  A 
Saintes.  Les  Bretons  ou  Bretonniëre,  A  proximité  de  Saint-Savinien,  Gozes, 
Mirambeau. 

(3)  Archives  de  la  Saintonge,  IX,  p.  190  et  s. 

(4)  Par  analogie  on  peut  citer  la  forêt  de  Broionne,  dans  la  commune  de  Vai- 


Digitized  by 


Google 


—  172  — 

acceptions  :  P  espèce  de  faucon  ;  2**  monnaie  ;  3**  maître  d'es- 
crime, joueur  de  bâton  émérite  ne  redoutant  pas  plusieurs  adver- 
saires armés  de  sabres  et  d'épées  ;  4**  une  explosion  de  gaz  natu- 
rel...; 5**  qualificatif  de  large  ;  6**  longue  épée  (1). 

On  pourrait  déjà  supposer  une  famille  ou  plusieurs  ateliers  de 
fabricants  d'épées  (2)  et  de  boucliers,  installés  hors  de  la  ville. 
On  peut  aussi  supposer  un  marché  aux  chevaux.  Les  Bretons 
sont  réputés  comme  marchands  de  chevaux.  Un  proverbe  assure 
que  Normands  et  Bretons  à  vendre  des  chevaux  attraperaient 
le  diable.  Mais  on  connaît  d'autres  spécialités  (3)  ;  tissage  de  la 
toile,  fonderie  de  plaques  de  cheminées.  Le  mot  breionnier, 
relevé  dans  un  compte  de  L325  (4),  semble  désigner  un  artisan, 
sans  qu'on  puisse  deviner  à  quel  genre  de  métier  il  s'applique. 

Une  autre  industrie  a  bien  pu  contribuer  à  la  formation  du  mot. 
Je  veux  parler  des  tanneries.  Elles  paraissent  extrêmement  an- 
ciennes et  prospères  sur  les  bords  de  la  Charente  et  de  la  Seugne; 
elles  ont  toujours  occupé  le  même  quartier.  A  Tours,  la  Porle 
du  Port-Bretagne  avait  comme  synonyme  des  Tanneurs  (5).  Il 
est  encore  possible  que  les  Bretons  aient  eu  la  spécialité  du  com- 
merce du  tan  et  celui  du  charbon  de  bois,  aujourd'hui  réservé  aux 
Auvergnats  (6).  A  Orléans,  on  rattache  l'origine  de  La  Breton- 
nière  à  des  bals.  Gautier,  dans  ses  épopées,  cite  un  Garin  le 
Breton,  joueur  ou  ménétrier  de  nacaire  (7).  La  littérature  du 
moyen  âge  est  remplie  de  légendes  bretonnes  ou  de  héros  bre- 
tons. 

Ces  diverses  significations  ne  s'excluant  pas  l'une  l'autre, 
prouvent  une  chose  :  la  variété  des  occupations  auxquelles  les 
Bretons  se  livraient  pour  vivre  loin  de  chez  eux.  Dès  lors,  il  est 


• 


teviUe-La-Rue  (Seine-Inférieure);  eUe  changea  son  nom  d'Arelaune  pour 
celui  de  Brotonne,  en  souvenir,  on  dit,  à  la  suite  du  séjour  du  breton  Saint- 
Condë  qui  aurait  reçu  de  Thierry  III,  en  670  ou  675,  une  partie  de  la  forêt. 
SylvA  Brittonis,  d'où  au  moyen  Age  Sylva  Brotonniae  (abbé  Cochet,  Répertoire 
àrchéoL,  p.  508). 

(1)  DiciionnAire  de  Vaneienne  Ungne  française. 

(2)  Cf.  Littrë,  Dictionnaire  v  Breton. 

(3)  BalUHn,  I,  p.  45. 

(4)  Romania,  t.  XXXI,  p.  365.  Mots  obscurs  et  rares, 

(5)  BalUtin  mon,,  1875,  p.  108. 

(6)  Le  mot  Bretagne  parait  lié,  en  quelques  endroits,  à  celui  de  forêt.  Les 
Bretons  auraient-ils  eu  la  spécialité  de  l'exploitation  des  bois? 

(7)  Les  jongleurs  bretons  ont,  en  effet,  joui  d'une  grande  rogue  au  XII»  siè- 
cle, comme  chanteurs  s'accompagnant  de  la  harpe  ou  de  la  rote. 


Digitized  by 


Google 


—  173  — 

naturel  de  comprendre  que  des  familles,  des  hommes,  originaires 
d'un  même  pays,  différents  très  sensiblement  des  populations 
au  milieu  desquelles  ils  arrivaient,  par  le  costume,  le  langage, 
les  mœurs,  se  soient  groupés  et  soient  parvenus  à  former  une 
agglomération  à  laquelle  les  gens  du  pays  donnèrent  un  nom 
spécial.  Les  Juifs  ont  déterminé  les  rues  de  la  Juiverie,  les  Li- 
mousins ont  peut-être,  à  Saintes,  laissé  trace  de  leur  séjour,  les 
Bretons  ont  bien  pu  fonder  les  Brelonnières  ou  Bretonneries,  La 
Bretagne,  Britiania,  nom  de  localité  existant  pareillement  an 
XII*  siècle. 

Lô  prétendu  patois  satntofngeais  appelle  breton  l'éclat  en- 
flammé qui  se  détache  d'un  morceau  de  bois  (1). 

Le  vieux  mot  français  brette,  aujourd'hui  complètement  aban- 
donné (2),  mais  encore  en  usai^e  du  temps  de  M"*  de  Sévigné, 
s'emploie  encore  à  la  camjpagne  :  une  vache  brette  est  une 
vache  (3)  brelannc  (blanche  et  noire). 

Les  Saintongeais  et  les  Bretons  ont  eu  des  rapports  très  fré- 
quents, c'est  indéniable.  Les  chartes  nous  montrent  des  Bretons 
installés  chez  nous  (4).  Enfin,  Froissart  raconte  le  sac  de  Saha- 
gun  par  les  Bretons  et  les  Saintongeais  (5).  Je  rappelle  simple- 


(1)  Je  crois  que  c'est  par  antiphrase  ;  lè  véritable  breton  n'est  probable- 
ment pas  la  parcelle  de  bois  enflammé,  mais  la  détonation  qui  accompa^e 
la  projection. 

La  Revae  da  Bas-Poitou^  1903,  p.  412,  résume,  d'après  Vlntêrméditiire  nan- 
taiSj  du  12  novembre  1903,  une  étymolog^e  du  mot  breton.  «  Le  mot  breton, 
—  est-il  dit  —  employé  dans  le  sud  de  la  Vendée  maritime  pour  désigner 
les  étincelles  qui  jaillissent  d'une  bdlche  placée  dans  le  foyer  est  connu  dans 
le  Bocage  ».  Favre  fait  venir  breton  de  bretieler,  briUer,  étinceler.  M.  Pres- 
sée, dans  le  Glossaire  poitevin  annexé  au  volume  de  Poésies  patoises  de 
l'abbé  Gusteau,  écrit  que  ce  mot  parait  être  le  même  que  bretan  qui  avait, 
en  français,  le  sens  du  latin  eructatio  t.  En  Saintonge,  tout  au  moins,  le 
breton  n'est  pas  l'étincelle,  mais  une  flammèche.  Je  soupçonne  qu'il  en  est 
de  même  en  Vendée,  et  le  mot  latin  correspondant  cherché  par  M.  Pressac 
est  plutôt  erepitus. 

(2)  Louis  Xll  appelait  Anne  de  Bretagne  sa  a  brette  moalt  adorée  •. 

(3)  Bulletin,  t.  XII,  p.  143. 

Cf.  Bulletin  et  mémoires  de  la  société  archéologique  de  la  Charente^  1902- 
1903  ;  p.  102,  un  passage  du  Papier  de  raison,  de  Pierre  Bourrut,  daté  du  14 
mai  1709. 

(4)  1335,  J.  de  Ponteroiz,  breton  (Archives,  XXIV,  p.  106).  Guyon  le  bre- 
ton, portefaix  (Ibidem,  107),  Guillaume  de  Redon,  maçon,  en  1373  (76.,  p.  168). 
Deux  brettes  servent  dans  une  taverne  (/!>.,  p.  107). 

(5)  Chroniques,  t.  XI,  p.  122. 


Digitized  by 


Google 


-  174  ~ 

ment  le  passage  de  Duguesclin,  et  le  brittanicum  {retum,  Pertuis 
breton,  entre  Tîle  de  Ré  et  la  côte  d'Aunis. 

Nos  relations  avec  la  Bretagne  se  perdraient,  suivant  une  ex- 
pression un  peu  vieillie,  mais  juste  en  la  circonstance,  dans  la 
nuit  des  temps. 

Les  carrières  de  la  Saintonge  auraient  fourni  les  pierres  de 
plusieurs  monuments  de  Bretagne,  gallo-romains  et  mérovin- 
giens. M.  Maître  a  reconnu  la  «  pierre  des  Charenles  »  dans  les 
fragments  d'une  statuette  de  femme  recueillis  à  Mauves  (Loire- 
Inférieure)  (1).  Mémo  conslalation  pour  des  tombeaux  mérovin- 
giens (2).  Il  en  a  trouvé,  une  autre  fois,  dans  le  revêlement  d'une 
grande  salle  de  bains,  sous  Téglise  Sainl-Barlhélemy  en  Saint- 
JuUien  de  Concelles,  revêtement  «  qui  remplaçait  souvent  l'en- 
duit dans  la  pièce  nommée  sudatorium  (3).  » 

Il  faut  ajouter  encore  que  l'exportation  des  vins  de  Saintonge 
en  Bretagne  est  fort  ancienne. 

Ces  différents  faits,  rapprochés  les  uns  des  autres,  m'ont  porté 
à  supposer  que  le  mot  Brelonnière  ou  Bertonnière  dérive  d'un 
établissement  de  bretons  dans  un  faubourg  de  Saintes.  Je  n'irai 
pas,  toutefois,  jusqu'à  le  faire  remonter  au  V*  siècle. 

Tel  n'est  pas  l'avis  de  M.  le  D'  Meynier.  Il  explique,  dans  ses 
nom}<  de  lieux  romans  (4),  le  nom  de  Bretagne,  Bretonnière, 
Bretenière,  par  des  émigrations  particulières  de  Bretons,  Britti^ 
Brittones,  à  une  époque  très  reculée,  celle  de  l'invasion  anglo- 
saxonne,  au  milieu  du  V*  siècle,  mais  il  n'appuie  son  hypothèse 
d'aucune  observation  qui  lui  donne  un  semblant  de  probabilité. 

M.  Ch.  Aubertin  va  plus  loin  encore,  dans  les  Mémoires  de  la 
Société  d^histoire  de  Beaune  (1896),  p.  319  et  s.,  à  propos  de  ses 
recherches  sur  l'étymologie  du  faubourg  de  La  Bertonnière,  à 
Beaune.  Il  cite  d'abord  des  Breteneria,  Bretoniera,  Bretteneria, 
en  Côte  d'Or,  aux  XP,  Xïl"  et  XIIP  siècles. 

M.  l'abbé  Bourlier,  auteur  du  Glossaire  étymologique  des  noms 
de  lieux  en  Côte  d'Or^  dans  Bulletin  d'histoire  et  d'archéologie 
religieuses  du  diocèse  de  Dilon,  1895,  avait  fait  dériver  Bretta- 
niaria^  qui  serait  un  fundus,  d'un  gentîlice  en  ius,  Brettanius^  à 
l'aide  du  suffixe  adjectif  aria,  sous  entendu  villa.  M.  Aubertin  a 


fl)  Comptes  rendus  de  U  LUI*  session  du  Congrès  archéologique,  p.  430. 

(2)  Bulletin  archéologique,  1900.  Recueil,  XV,  p.  533. 

(3)  Bulletin  erchiologigue  du  Comité,  1893,  p.  38. 

(4)  Mémoires  de  U  société  d'imuL  du  Doubs,  1898,  p.  68. 


Digitized  by 


Google 


—  175  — 

voulu  vérifier  par  Tarchéologie  cette  explication,  en  fouillant  le 
terrain.  Il  a  trouvé  dee  monnaies  du  bas  Empire,  des  tuiles,  des 
cendres,  des  instruments  aratoires,  non  pas  dans  les  terres  du 
faubourg  môme,  mais  sous  un  village  voisin,  les  Tuvilains.  Il 
en  tire  la  confirmation  de  la  thèse  de  Tabbé  Bourlier.  La  dis- 
tance entre  le  faubourg  et  le  village  n'est  pas,  à  ses  yeux,  un 
obstacle  à  l'adoption  de  la  théorie,  parce  que,  dit-il,  «  la  villa 
Brcticmiaria,  la  propriété  de  Brctianius,  qui  n'est  pas  un  nom  Je 
fantaisie  (1),  a  existé  aux  Tuvilains  plutôt  qu'ailleurs  ». 

Je  vois  à  cette  explication  deux  impossibilités,  La  première 
c'est  la  quantité  de  Brittanius  ou  Breltanius  qu'elle  suppose  en 
Gaule,  tous  ayant  précisément  installé  leur  villa  ou  {undus  à  la 
sortie  des  villes  ou  près  des  villes.  La  seconde  c'est  que  le  nom 
n'est  pas  Breionlère  tout  court,  mais  La  Bretonnièrc,  et  que,  si 
La  Bretonnière  vient  de  Brittani  aria  =  villa  Briiiani^  nous 
possédons  une  suite  interminable  d'autres  {undi  gallo-romains, 
car  le  nombre  des  localités  en  ière  précédées  de  l'article  fémi- 
nin, est  immense  :  La  Frégonière,  La  Blanchardière ,  La  Renan- 
dière,  La  Béraudière,  La  Renaiidière,  La  Bardonière.,.,  etc.,  etc. 
La  citation  pourrait  durer  une  heure.  Qui  soutiendra  que  Blan- 
chard, Renaud,  Béraud,  sont  des  noms  romains  ? 

A  défaut  de  son  explication,  M.  Aubertin  ne  verrait  d'autre 
alternative  que  de  trouver  le  sens  cherché  dans  le  terme  «  bre- 
ton »,  avec  la  signification  de  brigand,  voleur.  Une  bande  de  ces 
bretons,  gens  pillards,  aurait  fait  halte  sous  les  murs  de  Beaune, 
et  leur  nom  serait  resté  attaché  à  leur  camp.  Il  est  vrai  que  jadis, 
«  breton  ou  larron  »  était  un  dicton  passé  à  l'état  de  proverbe  (2). 
Du  Cange  cite  le  passage  d'une  charte  de  1395  :  «  britones  pro 
grassatoribus  et  pra^donibus  sumuntur.  » 

M.  Aubertin  n'est  cependarrt  pas  partisan  de  cette  explication 
—  et  moi  pas  davantage  —  il  préfère  la  précédente,  parce  qu'on 
«  n'aurait  pas  manqué,  comme  pour  le  quartier  des  Cotereaux, 
de  dire  le  quartier  des  Bretons  ».  La  raison  n'est  pas  péremp- 

(1)  Il  a  été  recueiUi  par  M.  d'Arbois  de  Jubainville  et  indiqué  dans  les 
Etadeg  sur  la  langue  celtique.  Les  nombreux  Bretteville,  de  Normandie, 
viendraient  du  mot  latin  Brilo.  Cf.  comte  de  Broussillon,  CariuUire  de  Sainl- 
Aubin.  A  Angoulême,  on  considère  les  villages  de  Villeraalet,  Villebreton, 
comme  d'origine  romaine.  Cf.  Bulletin  soc,  arehéo.,  de  la  Charente^  1901-  . 
1902,  p.  LXXIV. 

(2)  Lacurne  de  Saint-Pallaye,  DieiionnAire  historique  de  Vaneien  Ungage 
français^  p.  318. 


Digitized  by 


Google 


—  176  — 

toirc.  Loin  de  là  !  Je  ne  cite,  du  reste,  ce  dernier  sens  donné  à 
Berlonnière,  que  pour  épuiser,  si  possible,  la  série  des  hypo- 
thèses. 

Revenons  à  Saintes. 

Notre  faubourg  de  La  Bertonnière  appartenait  à  deux  pa- 
roisses, Saint-Vivien  et  Saint-Eutrope.  La  ligne  séparative  sui- 
vait La  Cabaudière  et  partie  de  la  rue  de  La  Bertonnière,  en  des- 
cendant vers  la  place  Blair  jusqu'à  la  porte  Evêque.  La  paroisse 
Saint-Vivien  possédait  la  portion  à  gauche  de  cette  ligne,  autre- 
ment dit  les  mïiisons  adossées  au  rocher. 

1609,  27  février.  —  Jean  Goullu,  syndic  des  clercs  et 
choristes,  donne  quittance  à  Guy  Marays,  joueur  d'ins- 
truments, demeurant  à  Saintes,  de  soixante-quinze  sols  de 
rente  annuelle  et  perpétuelle,  «  à  cause  d'une  maison 
consistant  en  deux  corps  de  logis  situés  au  faubourg  de 
La  Berthonnière,  parroisse  Saint-Eutrope,  où  cy  devant 
pandoyt  par  enseigne  Saint  Jehan,  qui  souUoit  appartenir 
à  feu  NicoUas  Bricot,  confrontant  lesdits  corps  de  logis, 
d'un  costé  à  la  maison  et  jardin  de  Nicolas  Gaultier,  mais- 
tre  savetier,  et  d'aultre  costé  à  la  maison  de  Thomas 
Girauldet,  taneur,  et  une  petite  venelle  qui  est  par  derrière 
de  la  maison  dudit  Girauldet.  {Minutes  de  Mareschal.) 

1669,  2  mai.  —  Déclaration  au  juge  du  prieuré  de  Saint- 
Vivien,  par  Jean  Robert,  marchand,  à  La  Bertonnière, 
pour  ce  qu'il  possède  en  cette  seigneurie,  comme  mari  de 
Jeanne  Charrier  :  une  maison,  sise  audit  faubourg,  con- 
frontant du  couchant  à  la  maison  des  héritiers  Méry,  bour- 
geois, du  levant  aux  héritiers  de  Ravaud,  du  midi  à  la 
grand'rue  qui  conduit  de  la  porte  Saint-Louis  à  Saint- 
Eutrope,  du  nord  aux  doues  de  la  ville.  {Minutes  de  Mar- 
couiller.) 

1669,  8  mai.  —  Déclaration  au  juge  de  Saint-Vivien,  par 
Louis  You,  sieur  de  La  Tessonnière,  veuf  de  Jeanne  Fro- 
my,  d'une  muison  sise  à  La  Bertonnière,  tenant  du  levant 
aux  hoirs  Duval,  Jacques  Guillebaud  et  autres,  au  jardin 
de  Jean  Guerry,  au  couchant  au  jardin  de  Marguerite 
Dugua,  veuve  de  Jacques  Fromy,  du  midi  à  la  rue  qui  va 
de  Saint-Macoul  à  la  porte  Saint-Louis,  du  nord  aux  deux 
caves  sous  le  rocher  Saint-Agnan.  {Minutes  de  Marcouil- 
Ur.) 


Digitized  by 


Google 


^  177  — 

1669, 15  mai. —  Déclaration  au  juge  du  prieuré  de  Saint- 
Vivien,  par  Marc  Moreau,  archer,  mari  de  Catherine  Ma- 
réchal, d*une  maison  avec  cave  sous  le  rocher  Sainl- 
Agnant,  confrontant  du  couchant  à  Duval,  du  levant  au 
jardin  et  cave  de  la  veuve  Fromy,  au  midi  à  la  rue  qui  va 
de  Saint-Macoul  à  la  porte  Saint-Louis,  du  nord  au 
rocher.  (Ibidem.) 

1681,  24  mai.  —  François  Tourneur,  échevin,  et  Louis 
You,  sieur  des  Barrières,  vendent  une  maison  à  Michel 
Rouillon,  marchand,  à  La  Berlonnière,  paroisse  Saint- 
Vivien,  confrontant,  au  nord  au  rocher  Saint-Aignan,  au 
midi  à  la  rue  qui  va  de  la  porte  Saint-Louis  au  faubourg 
Saintr-Macoul.  (Minutes  de  GilleL) 

Conformément  aux  ordres  du  roi,  une  maison  sise  rue  de  L§ 
Bertonnière  servait  de  refuge  aux  mendiants  et  aux  vagabonds. 
(Minutes  d'Huvet,  25  janvier  1775.) 

En  1616,  habitait  rue  de  La  Bertonnière,  un  boucher  du  nom 
de  Pelloquin,  qui  pourrait  bien  être  le  grand-père  de  la  suivante 
de  Madame  de  Montausier,  dont  parle  Tallemant,  dans  l'anec- 
dote sur  M"**  de  Montausier. 

Voyez  canton  de  la  Croix-Blanche. 

Billes  (jeu  de).  —  Un  jeu  de  billes  était  installé  tout  près  de  la 
porte  Evêque,  avant  1577  (1).  «  L'avenue  du  jeu  de  billes  qui  est 
à  la  porte  Evêque  sera  fermée.  »  Il  fut  transporté  ailleurs,  dans 
la  rue  qui  monte  du  carrefour  des  Jésuites  ou  Collège,  à  la  cita- 
delle. Nous  n'en  connaissons  pas  d'autre,  si  ce  n'est  les  deux  que 
Pierre  Sanglard  organisa  dans  son  jeu  de  paume,  à  Saint-Eu- 
trope,  ainsi  qu'un  jeu  de  courte  boule.  Le  jeu  de  billes  ou  billard, 
existe  à  Saint-Jean  d'Angély  vers  1380,  dit  Siméon  Luce,  dans 
la  France  pendant  la  guerres  de  cent  ans  (p.  110),  sous  le  nom  de 
rule  ou  boule.  Je  crois  que  c'est  une  erreur. 

1674,  29  octobre.  —  Marché  entre  Jacques  de  Léglise, 
curé  de  Saint-Pierre,  et  Françoise  Boursiquot,  veuve  de 
Claude  Rouillon,  procureur  au  présidial,  propriétaires 
d'une  maison  sise  dans  la  mette  qui  va  de  l'église  des 
RR.  PP.  Jésuites  à  la  citadelle,  à  main  droite,  l'un  pour 
deux  tiers,  l'autre  pour  un  tiers,  avec  Jean  Gilbert,  maître 
charpentier  au  village  des  Beguaux,  paroisse  de  Chaniers, 

(1)  Documents^  p.  380. 


Digitized  by 


Google 


—  178  — 

pour  «  mettre  entièrement  carré  la  charpente  et  couver- 
ture du  jeu  de  billes  qui  est  au  haut  de  ladite  maison,  du 

costé  du  jardin,  fournira refera  la  muraille  qui  est  du 

costé  du  jardin haulsera  les  piliers  qui  sont  du  costé 

du  jardin  de  M.  Lebreton,  afin  que  ledit  jeu  de  billes  et 

Tappant  qu'il  porte  aye  plus  de  jour 

Signé  :  F.  Bourciquot,  Léglize,  Dubreuilh, 
Lestellier,  Gillet,  not. 

Blair  (place),  jadis  Bel  Air,  de  BlcUr,  Place  de  la  Liberté 
{Bulletin,  I,  p.  391  ;  II,  p.  78). 

1762.  Place  Blair  (voir  rue  Saint-Maur.) 

Avant  de  recevoir,  en  1810  (Rainguet,  Biographie,  v**  Rêver- 
seaux),  le  nom  de  l'intendant  Louis-Guillaume  de  Blair  de  Boise- 
mout,  qui  l'aurait  fait  aplanir  et  planter  d'arbres  (Rainguet, 
ibidem),  celte  place  portait  celui  de  grand  jardin,  qui,  lui- 
môme,  succéda  au  mot  plus  significatif  de  ïéperon  de  la  porte 
Evêque,  aliàs  Saint-Louis.  Cet  éperon,  construit  au  commence- 
ment du  XVII*  siècle,  lors  de  la  grande  réfection  des  fortifica- 
tions de  la  ville,  n'était  que  l'agrandissement  d'un  éperon  déjà 
ancien,  servant  de  jardin  au  gouverneur  du  Masses  (1),  mort  en 
1606.  La  destination  de  ce  bastion  se  perpétua  et  aussi  le  nom 
sous  lequel  il  était  connu,  avec  un  qualificatif  en  plus.  Le  grand 
jardin  est  parfaitement  délimité  dans  l'acte  du  23  mars  1715,  que 
voici  : 

1715,  23  mars.  —  Jean-Pierre  Labbé,  prêtre,  curé  de  la 
paroisse  de  Saint-Maurice  de  Tavernole,  vend  à  Auguste 
Poussard,  chevalier,  seigneur  comte  du  Vigeant,  marquis 
d'Anguitard,  baron  de  Moins,  Sainte-Lheurine,  Allas- 
Champaigne,  Courpignac,  Lamirac,  Saint-Simon,  a  l'em- 
placement qui  appartient  audit  Labbé, au  lieu  le  Grand  Jar- 
din, autrement  l'Eperon,  situé  le  long  des  miurs  de  cette 
ville,  paroisse  Saint-Maur,  contenant  deux  articles,  l'un 
de  29  carreaux,  et  l'autre  de  15  carreaux,  se  tenant,  l'un 
l'autre,  tenu  à  rente  de  l'hôtel  de  ville  de  Xaintes  à  6 
deniers  par  carreau,  confrontant  de  l'oriant  à  la  muraille 
qui  revestit  ledit  éperon,  le  long  de  la  rivière  de  Charante 

(1)  Mss.  à  la  bibliothèque  de  la  ville.  Actes  des  13  avril  1639,  où  il  est  dit  : 
c  le  bastion,  nouvellement  fait,  appelé  l'éperon,  bâti  depuis  30  à  40  ans  »  ;  et  30 
octobre  1666,  où  on  lit  :  «  ...  ancien  éperon  qui  servait  autrefois  de  jardin  au 
sieur  du  Massay,  lieutenant  du  roy  ».  Voir  Porte-Evéque. 


Digitized  by 


Google 


—  179  — 

en  espace  de  12  pieds,  dépendant  de  la  ville,  du  midi  à  la 
muraille  qui  fait  le  coin  dudit  éperon,  pareille  espace  de 
terre  entre  deux  appartenant  à  la  ville,  d'un  bout  à  l'écu- 
rie de  M.  de  La  Touche,  président  en  l'eslection,  et  retour- 
nant par  un  autre  bout  à  la  muraille  qui  touche  au  fossé 
de  la  fontaine  des  cornes,  et  du  nord  au  chemin  ou  rue 
qui  conduit  de  la  Porte  Evêque  à  la  petite  mette  par  la- 
quelle on  descend  à  la  rue  Saint-Maur.  {Minutes  (PAr- 
naud.)  (1) 

Joseph  Lafaye,  maître  chamoiseur,  demeurant  à  la  Ber- 
tonnière,  vend  à  Jacques  Compagnon,  seigneur  Feusse, 
avocat  du  roi,  un  petit  terrain  tenu  à  rente  de  l'hôtel  de 
ville,  paroisse  Saint-Vivien,  joignant  l'éperon,  vulgo  le 
grand  jardin,  contenant  18  carreaux,  confrontant  au 
levant  au  bastion,  au  midi  à  divers  particuliers,  fossé  en- 
tre deux,  au  couchant  à  la  doubrie  dudit  Lafaye,  du  nord 
au  mur  de  la  ville.  (Minutes  de  Retil,  20  mars  1750.) 

Mathurin  Auger,  sarger,  afferme  une  maison,  sise  près  de  la 
porte  Saint-Louis,  confrontant  par  derrière  à  la  place  Belair 
(1775,  8  août,  Maillet.) 

L'acteur  Lekain  visitant  Saintes,  vers  1774,  note  la  plantation. 
«  d'un  jardin  public  dont  le  seul  mérite  est  de  procurer  la  vue 
sur  une  très  belle  campagne.  »  (Revue  de  Saintonge  et  d*Aunis, 
tome  XX,  p.  280). 

Bois  d'amour.  —  C'était  jadis  tout  un  quartier  désert,  compris 
entre  la  rivière  et  les  murs  de  l'hôpital  de  la  marine  (casernes). 
Aux  quatre  coins  de  la  France,  les  municipalités  se  sont  plu  à 
conserver  ce  vieux  mot  auquel  il  n'est  que  trop  facile  d'assigner 
une  ôtymologie  :  à  Marseille,  les  Pavés  d'amour  ;  à  Boulogne,  rue 
du  Puits  d'amour  ;  à  Châleaudun,  Chamfp  d'amour  ;  à  Louvier, 
Chemin  des  amoureux. 

L'hôpital  des  pestiférés  y  avait  été  établi.  (Voir  ce  mot). 


(1)  Il  existe  dans  les  mêmes  minutes,  sous  la  date  du  28  mai  1715.  un  acte 
aux  termes  duquel  le  maire  de  Saintes  donne  à  rente  à  Auguste  Poussard, 
un  emplacement  au  lieu  appelé  le  grand  jardin,  près  des  remparts.  Labbé 
ayait  acquis  du  roi  ce  grand  jardin  à  Texception  de  16  carreaux  sur  le  bord 
et  autour  du  rempart  réservés  pour  les  rondes  et  la  garde.  Ce  terrain  ne  ser- 
vant que  de  lieu  de  dépôt  d'immondices,  le  rempart  était  détruit  ras  terre,  le 
maire  le  loue. 


Digitized  by 


Google 


—  180  — 

1787,  30  avril.  —  François  Métayer,  apoticaire,  achète 
deux  chenevières  au  Bois  d'amour.  {Minutes  de  Chély). 

Blanloeuil  (rue),  Blanc-de^VœU,  dans  lordonnance  royale  du 
16  août  1841,  et  le  plan  Lacurie. 
Blanleuil  est  le  nom  d'une  famille. 
Cette  rue  sépare  les  paroisses  Saint-Eutrope  et  Saint-Vivien. 

1669, 15  mai.  —  Déclaration  au  juge  de  Saint-Vivien,  par 
Catherine  El...,  veuve  de  Jean  Ravaud,  marchand,  demeu- 
rant à  la  Bertonnière,  au  lieu  de  Pierre  Ravaud,  d'une 
maison,  sise  à  la  Bertonnière,  confrontant  d'un  côté  à  Elie 
Tabois,  d'autre  à  Marie  Blanleuil,  du  nord  à  la  grand'rue 
de  la  porte  Saint-Louis  à  Saint-Eulrope,  par  derrière  à  la 
mette  qui  fait  séparation  de  la  seigneurie  de  Saint-Vivien 
et  dudit  Saint-Eutrope.  (Minutes  de  Matcouilter). 
{A  suivre).  Ch.  Dangibeaud. 


QUESTIONS  ET  REPONSES 


Questions. 

N°  781.  —  En  étudiant  la  carte  de  la  Charente,  j'ai  constaté 
que  ce  département  renferme,  à  lui  seul,  plus  de  la  moitié  des 
localités  portant  le  nom  de  l'Age  ou  Les  Ages  ;  j'en  ai  compté 
quinze  ou  seize  —  mais  il  y  en  a  certainement  davantage  — 
puis  quelques-unes  dans  la  Dordogne,  dans  la  Haute-Vienne  et 
la  Creuse.  Il  n'y  en  a  pas  un  seul  dans  tout  le  reste  de  la 
France. 

Quel  peut  être  le  sens  d'âge,  et  pourquoi  quatre  départements 
de  rOuest  renferment-ils  autant  de  localités  de  ce  nom  ? 

H.  Delaage,  architecte. 

N**  782.  —  On  demande  l'étymologie  du  verbe  patois  simer, 
cimer  ou  scimer,  qui  signifle  suinter.  Une  barrique  sime,  un 
puits  sime.  Il  paraît  plus  particulièrement  usité  autour  de  Mont- 
lieu.  On  demande,  en  outre,  s'il  est  connu  ailleurs,  dans  les 
autres  parties  de  la  Charente-Inférieure.  Les  hydrogéologues 
Richard  et  Caudéran  l'employaient  souvent  et  écrivaient  simis. 

C.V. 


Digitized  by 


Google 


-  181  - 

N®  783.  —  A  quel  titre  la  paroisse  de  Boisredon  se  trouvait- 
elle,  avant  la  Révolution,  comprise  dans  Téleclion  de  Cognac, 
dont  elle  était  pourtant  bien  éloignée  et  séparée  par  les  élections 
de  Saintes  et  de  Barbezieux  ? 

C.V. 

Réponses. 

N°  777  ;  t.  XXIV,  p.  64.  —  La  locution  adverbiale  â  châ  petit 
est  un  santonisme,  c'est-à-dire  une  tournure  propre  au  patois 
saintongeais,  et  vient  ainsi  à  l'appui  de  notre  assertion,  que  le 
dialecte  saintongeais  tient  profondément  au  sol  même  de  notre 
province,  où  il  vit  de  sa  vie  propre,  et  où  il  s'est  développé  par 
lui-même,  parallèlement  aux  autres  dialectes  d'oil,  qui  ont  gra- 
vité autour  de  celui  de  l'Ile  de  France,  revêtu  par  son  voisinage 
de  la  cour  des  faveurs  officielles,  et  devenu,  par  la  protection 
du  pouvoir,  la  langue  des  écrivains  et  des  diplomates.  A  châ 
petit  est  formé  de  la  préposition  à  à,  de  l'adjectif  indéfini  chà, 
chaque,  et  du  substantif  petit,  employé  pour  peu,  comme  dans 
cette  autre  locution  saintongeaise  m  petit,  un  peu.  On  pourrait 
soutenir  que  chaque  langue,  soit  ancienne,  soit  moderne,  possède 
un  idiotisme  équivalent  à  l'expression  que  nous  venons  d'ana- 
lyser,  et  il  semblerait  que  cette  locution  si  simple  constituât 
une   caractéristique  des  différents   langages  ayant  une   forme 
et  une  grammaire  autonomes.  Il  nous  paraît,  à  ce  titre,  curieux 
et  intéressant  d'en  citer  plusieurs  exemples  :  en  grec   xaT  (iXi^ov, 
(Atxp($v,  6pax^,  littéralement   :    selon    peu  ;    en    latin,    paulatim, 
litt.    par    peu  ;    en   allemand,    nach   und   nach,  liit.   après    et 
après,  allmâhlig  (tout)  insensiblement  ;  en  suédois,  efter  hand, 
litt.  suivant  la  main  ;  en  danois,  lidt  efter  lidt,  litt.  peu  après  peu  ; 
en  anglais,  little  and  little,  litt.  petit  à  petit,  by  degrees,  litt.  par 
degrés.  La  locution  française  peu  à  peu  n'est  pas  sans  dureté, 
et  lorsque  nos  paysans  veulent  {rançoiser,  ils  l'adoucissent,  et  en 
suppriment  l'hiatus,  en  disant  peu-z-à-peu,  ou  bien  en  employant 
cette  forme  :  peu  par  peu.  La  locution  saintongeaise  à  ckà  petit 
a   aussi  sur  son  équivalente  française  l'avantage  de  posséder 
une  sorte  de  superlatif  :  tout  à  chà  petit,  tout  châ  petit.  Nous 
ne   connaîtrions    guère  que  l'une  des    deux  expressions    alle- 
mandes citées  plus  haut,  all'Tnaehlig,  tout  insensiblement,  qui 
ait  avec  elle,  sous  ce  rapport,  une  certaine  analogie.  Enfin,  cette 
expression  du  patois  saintongeais  se  rattache  à  toute  une  famille 


Digitized  by 


Google 


—  182  — 

de  locutions  analogues  :  à  châ-z-in,  un  à  un  ;  à  châ  deû,  deux 
à  deux  ;  à  chà  goutte,  goutte  à  goutte  ;  à  châ  livre,  livre  à  livre, 
etc.;  c'est  comme  si  Ton  disait  chaque  unité,  chaque  couple, 
chaque  goutte,  chaque  livre  prise  séparément,  mais  le  sainton- 
geais  est  plus  concis.  L'adjectif  indéfini  latin  singuli,  au  plu- 
riel, accompagné  d'un  substantif,  correspond  assez  exacte- 
ment, quant  au  sens,  à  ces  diverses  locutions  saintongeaises. 
Cicéron  emploie  in  singulos  annos  pour  dire  chaque  année,  et 
l'on  trouve  dans  Horace  singula  quœque  (1),  chaque  chose,  qui 
est  presque  identique,  môme  dans  la  forme,  à  l'expression  sain- 
tongeaise  à  châ-z-in.  C'est  malheureusement  là  le  seul  exemple 
d'analogie  complète  que  paraisse  nous  fournir  la  langue  latine. 

PlARE  MaRCUT. 


LIVRES  ET  REVUES 

Au  pays  de  Jésus.  —  L'illustre  écrivain  d'Italie,  Matilde 
Sérao,  vient  de  publier  ses  souvenirs  d'un  voyage  en  Palestine, 
en  1903,  sous  ce  titre  :  Au  pays  de  Jésus.  Elle  y  peint  le  por- 
trait d'un  de  nos  compatriotes,  le  P.  Marcel,  franciscain,  gar- 
dien du  couvent  de  Nazareth,  dans  le  monde,  autrefois,  l'abbé 
Pérroneau  de  Neuillac,  près  Jonzac.  Elle  l'appelle  le  «  P.  Mar- 
cel de  Noilhac  »  (au  lieu  de  Neuillac),  le  dit  «  venu  des  envi- 
rons de  Cognac  »,  et  même,  un  peu  plus  loin  «  fils  d'un  distilla- 
teur de  Cognac  ». 

Bien  que  l'auteur  n'aime  pas  les  Français,  et  le  montre 
souvent,  son  exquisse  du  P.  Marcel  mérite  d'être  citée. 

Le  Père  Marcel  de  Noilhac  était  un  singulier  type  de  reli- 
gieux :  décharné,  le  visage  un  peu  fatigué,  avec  une  barbe  châ- 
taine peu  fournie,  il  portait  le  grand  chapeau  de  paille  recou- 
vert d'un  mouchoir  de  soie,  comme  en  portent  tous  les  moines 
de  Terre-Sainte.  Taciturne,  les  yeux  mélancoliques,  et  pleins 
d'une  flamme  mystique,  il  était  français,  et  ne  connaissait  pas 
un  mot  d'italien.  Les  joues  un  peu  rouges  trahissaient  bien  un 
commencement  de  phtisie,  ce  mal  secret,  pour  lequel  beaucoup 
de  franciscains  viennent  en  Palestine,  afin  d'y  trouver  la  guéri- 
son,  ou  de  mourir  en  paix,  près  du  Saint-Sépulcre.  Dans  la  voix 


(1)  SinguU  quaque  locum  iene^nt  sortit^  decenter.  Horace,  De  àrte  poeticÂ^ 
Ub.,  I,  V.  92. 


Digitized  by 


Google 


—  183  — 

aussi,  une  trace  un  peu  plus  nette  de  fatigue  ;  mais  c'était 
tout 

Le  P.  Marcel  disait  son  chapelet,  et  lisait  son  bréviaire  avec 
une  modestie  féminine,  avec  une  paix  sereine,  et  notre  voiturier 
de  Caïfl'a  le  regardait  affectueusement... 

Enfin,  le  Cison  apparut...  Le  Père  souriait  doucement.  De- 
puis huit  ans,  il  habitait  ce  pays,  et  avait  fait  maintes  fois  ce 
trajet  en  voiture,  à  cheval,  ou  même  à  pied. 

—  A  pied,  mon  Père  ? 

—  Pourquoi  non,  madame  ?  J'ai  été  un  peu  mialade  après, 
mais  très  peu... 

Le  P.  Marcel  fixe  les  yeux  à  Thorizon,  et  au  fond  de  son 
cœur,  il  y  a  un  grand  désir  de  revenir  à  Nazareth...  Si  Dieu  le 
veut,  il  y  passera  toute  sa  vie,  et  il  y  mourra,  le  jour  désigné. 
Nazareth  I  II  en  rêvait,  quand  il  était  enfant,  au  milieu  des 
tonneaux  d'alcool  de  son  père,  qui  était  distillateur  de  Cognac  : 
tout  petit,  il  croyait  à  la  poésie  de  ce  nom. 

—  Alors,  votre  rêve  s'est  réalisé,  mon  Père  ? 

—  Ah  !  oui,  madame...  Il  ne  valait  pas  la  réalité,  s'écria-t-il, 
l'air  pleinement  heureux. 

Voilà  donc  un  homme  qui  n'a  jamais  eu  de  désillusion  I  II 
déclare  ardemment  que  la  réalité  valait  plus  que  son  rêve,  ici, 
près  des  collines  nazaréennes,  dans  ce  pays  qui  écouta  la  divine 
parole 

—  Voilà  Nazareth,  dit  le  moine. 

La  ville  blanche  et  rouge,  monte  sur  la  colline...  Les  yeux 
du  P.  Marcel  sont  voilés  de  larmes.  En  vérité,  nul  cœur  de 
chrétien  ne  peut  voir  Nazareth,  sans  être  ému. 

La  décentralisation  littéraire  et  théâtrale,  avril  1904  :  article  de 
M.  Rodanet,  qui  signale  certaines  ressemblances  entre  le  patois 
saintongeais  et  celui  de  Meurthe-et-Moselle.  «  J'eus  la  preuve 
irréfutable  que  ces  deux  patois  ne  se  différenciaient  que  relative- 
ment peu  en  lisant  quelques  pages  d'/n  Iharbot  de  bouquet  sain- 
tonîhéy  par  Piâre  Marcut,  que  mes  auditeurs  traduisirent  presque 
au  fur  et  à  mesure  que  je  lisai.  » 

Ere  nouvelle,  —  Les  anciennes  maisons  des  environs  de 
Cognac. 

12  novembre  1903.  —  Le  Portail.  Les  documents  remontent 
au  XVIP  siècle.  Au  commencement  du  siècle,  on  y  voit  Jacques 


Digitized  by 


Google 


-  184  — 

Audouin,  bourgeois  de  Cognac,  prévôt  de  Saintonge,  mari  de 
Guyonne  Bouchoneau.  Il  avait  pour  frère  Jean  Audouin,  sieur 
de  La  Vie  en  Merpins,  vice-sénéchal  de  Saintonge,  mari  de 
Anne  Jameu,  et  Jean  Audouin,  abbé  de  l'abbaye  de  Fontdouce. 
Il  fut  maire  de  Cognac  en  1628-1630  (Quelques  détails  sur  les 
Audouin).  Le  dernier  acte  qui  mentionne  un  Audouin  à  Cognac 
est  daté  de  1642  :  il  y  est  dit  que  le  Portail  apparlieni  à  M.  de 
Fontdouce.  Apparaissent  alors  les  Marot  du  Portail,  famille  pro- 
testante de  Cognac,  qui  a  donné  des  procureurs,  des  médecins. 
Samuel  Marot  du  Portail  eut  de  sa  seconde  femme,  Marguerite 
Penot,  un  fils,  Pierre,  qui  eut  Pailleron  en  Richemont,  et 
épousa,  en  1682,  Elisabeth  Renaud.  Le  17  juin  1684,  Samuel 
Marot,  «  flls  du  sieur  du  Portail  »,  épousa  Elisabeth  Eschassé- 
riaux.  Le  10  septembre  1685,  les  Marot  abjurèrent  (Détails 
généalogiques).  En  1750,  Louis  Larocque,  mari  de  Suzanne 
Pelletan,  acheta  Le  Portail  (nombreux  enfants). 

Après  1792,  Samuel  Turner,  mari  de  Marie-Judith  Guédon, 
acheta  le  Portail  à  Michel-Louis  Larocque.  Le  4  février  1824, 
Anne  Nancy  Turner  épousa  Elie-Adrien  Bertrand,  lequel  vendit 
le  Portail,  vers  1846,  à  M.  Jean  Brisson,  négociant.  Cette  pro- 
priété appartient  maintenant  à  M"*  Bouyer,  née  Brisson,  et  à 
M.  Brisson,  sénateur. 

Du  15  novembre.  —  Gademoulins.  Ce  fief  appartient,  en 
1390,  aux  Portier.  Le  12  janvier  1394,  maître  Pierre  Portier,  de 
Pons,  rend  hommage  au  duc  d'Orléans,  comte  d'Angoulême, 
pour  le  fief  de  Nonnac,  en  Genté,  qu'il  détient  comme  enga- 
giste.  Aux  Archives  nationales,  on  trouve  (pas  d'indications) 
une  série  d'actes  et  d'aveux  et  dénombrements,  pour  les  terres 
que  les  membres  de  la  famille  Portier  tiennent  au  XV*  siècle. 
Noianunent,  le  25  juin  1472,  Jean  Portier  le  jeune,  seigneur  de 
Gademoulins,  engagiste  de  droits  sur  le  Port  Saunier  de  Co- 
gnac, transige  au  sujet  de  ces  droits. 

1496,  14  décembre,  aveu  pour  Marguerite  Portier,  dame  de 
Gademoulins  et  Villars.  Elle  avait  épousé,  vers  1490,  Charles- 
André  de  Xandrieux,  écuyer,  maire  de  Cognac  en  1491.  Elle 
lui  porta  en  dot  Gademoulins  et  Villars,  près  Burie.  David  de 
Xandrieux,  sieur  de  Gademoulins,  épousa,  en  septembre  1522, 
Anne  du  Tillct  la  jeune,  fille  de  Elie,  contrôleur  général  des 
finances  de  Charles  d'Orléans.  François  de  Xandrieux  épousa, 
vers  1560,  Marguerite  de  Lestang,  qui  se  remaria  avec  Jacques 
de  Blois,  du  Fresne.  Charlotte  Xandrieux,  leur  fille.  Le  28  août 


Digitized  by 


Google 


-^  185  — 

1604,  Marguerite  Flamant  de  Lugeat,  femme  de  François  de 
Xandrieux,  écuyer,  sieur  de  Gademoulins,  transige  avec  Jean 
Flamant,  écuyer,  sieur  de  Maillou  et  de  Lugeat,  sur  la  succes- 
sion de  Jeanne  de  Lahaye,  leur  taule.  Gademoulins  passe,  vers 
la  même  année,  aux  de  Saint-Marsault,  seigneurs  de  Nieul,  Peu- 
dry  et  Mazottes.  En  1630,  il  est  acheté  par  Charles  Green  de 
Saint-Marsault,  sieur  de  La  Cour  et  La  Foucaudière,  mari  de 
Marie  du  Breuil,  veuve  de  François  de  Puyguyon.  Charles-Louis 
lui  succéda  ;  il  épousa  Gabrielle  Geoffroi,  dont  Charles-Joseph 
qui  épousa,  vers  1691,  Marie-Claire  d*Aubusson,  fille  de  Jac- 
ques, sieur  de  Savigi]ac,  capitaine  d'infanterie.  Le  père  et  le 
fils  moururent,  l'un  en  1700,  Taulre  en  1711.  La  veuve  entra 
en  religion,  et  donna  Gademoulins  au  séminaire  de  Saintes. 
Après  la  Révolution,  ce  domaine  fut  acquis  par  Françoise  Noél, 
née  Perrin  de  Beaugaillard,  femme  de  Jean  Noël,  avoué.  Les 
héritiers  de  cette  dame  en  vendirent  une  partie  à  M.  de  Jamac, 
ancien  notaire  à  Cognac,  .et  l'autre  partie,  à  Le  Poitevin  de 
Fontguyon,  des  mains  duquel  elle  passa  à  M.  Edmond  Jaulin, 
négociant. 

Du  19  novembre.  —  Léclopart  en  Gensac,  était,  comme  Gen- 
sac,  Marville  et  Lorimont,  une  dépendance  de  la  chalellenie  de 
Roissac. 

Le  24  juillet  1537,  François  de  Mortemer,  seigneur  de  Roissac, 
Salles  et  Genlé,  arrente  sa  métairie  de  Léclopart  à  Henri  Ber- 
nard, marchand,  demeurant  à  Cognac.  Nicolas  Prévostière, 
sieur  de  Marville,  acheta,  des  héritiers  Bernard,  ce  domiaine, 
vers  1622.  Pendant  la  Fronde,  le  duc  de  La  Rochefoucauld,  en- 
voyé par  le  prince  de  Condé,  pour  mettre  le  siège  devant 
Cognac,  coucha  à  Léclopart  le  5  novembre  1651.  On  trouve 
encore  comme  propriétaire,  Pierre  Prévostière  et  Marie  Prévos- 
tière. Celle-ci  étant  décédée  le  15  août  1696,  Philippe  Guilleme- 
teau,  comme  tuteur  de  ses  enfants,  rendit  hommage  de  Léclo- 
part, au  comte  de  Roquefort,  veuf  de  Lydie  de  La  Rochefoucauld. 
La  famille  Guillemeteau  a  habité,  pendant  cent  quatre  vingts 
ans  le  logis  de  Léclopart,  bâti,  probablement,  par  Nicolas  Pré- 
vostière. Pierre-Daniel  Guillemeteau  est  mort  sans  postérité,  en 
1855.  Sa  veuve  a  vendu  la  propriété  on  1860.  M.  Michel,  négo- 
ciant, la  possède  aujourd'hui. 

Du  22  novembre.  —  Angeac-Champagne  est  placé  sur  une 
éminence.  Le  logis  du  possesseur  du  fief  attendit  à  l'église.  Les 
comtes  d'Angoulôme,  comme  seigneurs  de  Bouteville,  donnèrent 


Digitized  by 


Google 


—  186  -^ 

Angeac  aux  Templiers.  Lors  de  la  suppression  de  cet  ordre, 
Aymar  d'Archiac,  III*  du  nom,  se  fit  donner  celte  terre  et  celle 
de  Lachaise.  Après  la  mort  de  son  père,  Marquise  d*Archiac, 
veuve  en  premières  noces  d'IIélie  de  Gourville,  et  remariée  avec 
Jean  de  Jagonnas,  eut  la  moitié  d'Ana^eac,  l'autre  moitié  étant 
restée  à  Aymar  IV.  Au  décès  de  celui-ci,  Agnès  Jourdain,  fille 
d'une  Jacquette  Jagonnas,  et  de  Pierre  Jourdain,  eut  la  totalité 
de  la  terre  d'Angeac,  avec  le  fief  dé  La  Prévoté  en  Verrières. 
Elle  avait  épousé  Jacques  de  Pressac,  seigneur  de  Lachaise. 
Un  de  leurs  fils  épousa  Perrelte  de  Nossay,  qui  eut,  entre  autres 
enfants,  Gabrielle  de  Pressac,  mariée  d'abord  avec  Pierre  de 
Fourcade,  et  ensuite  avec  Daniel  de  Campan.  Elle  hérita  An- 
geac. Gabrielle  de  Pressac  fait  aveu,  le  2  juillet  1613,  à  Fran- 
çois do  Jussac,  baron  d'Amblcvillc,  gouverneur  de  Cognac.  La 
terre  contenant  deux  cent  dix  journaux,  et  les  tenanciers  huit 
cents,  Gabrielle  de  Pressac  mo-urul  entre  1616  et  1618  sans  en- 
fants ;  ses  héritiers  vendirent  la  terre,  vers  1628,  à  César  Boscal 
de  Real,  seigneur  de  Mornac  on  Saintoniro,  qui  avait  épousé,  en 
secondes  noces,  Louise  Baudouin  de  Fleurac.  César  de  Real 
mourut  avant  1631,  laissant  un  fils,  Léon,  né  vers  1616,  marié 
le  18  avril  1641,  à  Marguerite  de  Courbon-Blénac,  dont  deux 
fils  et  une  fille.  A  la  fin  de  Tannée  1657,  il  vendit  ses  deux  mai- 
sons de  Cognac,  la  terre  d'Angoac,  et  se  retira  au  château  de 
Mornac.  Le  nouveau  propriét«aire,  René  de  La  Tour,  baron  de 
Saint-Fort,  et  Marie  Vinsonneau,  sa  femme,  habitaient  tantôt 
Cognac,  tantôt  Solençon.  Léon  de  La  Tour,  l'un  de  leurs  cinq 
enfants,  étant  mort  à  l'armée,  en  1658,  son  père,  bientôt  après, 
Marie  Vinsonneau,  resta  avec  sa  plus  jeune  fille,  Marie,  qui 
épousa  le  20  février  1662,  Jacques  de  Bremond,  marquis  d'Ars, 
qui,  ayant  perdu  ses  deux  frères  aînés  à  la  guerre,  sortit  de  reli- 
gion, pour  se  mettre  c^  la  tête  de  sa  maison.  Il  mourut  vers 
1672  ;  Marie  de  La  Tour  administra  ses.  biens  pendant  la  mino- 
rité de  ses  enfants.  Après  son  décès,  arrivé  en  1691,  Jean-Louis 
de  Bremond  eut  Ars,  Gimeux,  Solençon,  Angeac  et  La  Garde 
Merpins.  Il  épousa,  le  5  février  1602,  Judith  de  Sainte-Maure, 
fille  d'Alexis,  gouverneur  de  Cognac,  mourut  à  Solençon  le  22 
mai  1742,  et  fut  inhumé  i^  Ars.  Le  partage  qui  eut  lieu  en  1739, 
après  le  décès  de  J.  de  Sainto-Maure,  An^oac  échut  h  Léon- 
Alexis,  vicomte  d'Ars,  né  le  17  janvier  1697,  lieutenant  de  vais- 
seaux du  roi,  marié,  à  la  Martinique,  avec  Louise  Faure  de 
Fayolle,  dont  il  n'eut  qu'une  fille,  qui  épousa  son  cousin,  Jacob 


Digitized  by 


Google 


—  187  — 

de  Bremond.  Leurs  héritiers  vendirent  la  terre  d'Angeac  à  Jean 
Ruy,  lieutenant-général  en  l'élection  de  Cognac,  déjà  possesseur 
des  fiefs  des  Courades  en  Segonzac.  Louis-François  Roy,  son 
fils,  lui  succéda.  Le  domaine  dWii-eac  fut  vendu,  en  1837,  par 
riiéritière  des  Roy,  et  i\L  de  Ferrère,  son  mari,  à  divers  pro- 
priétaires du  pays. 

Du  26  novembre.  —  iMarville  est  situé  en  Genté,  dont  le  terri- 
toire est  limité  par  le  chemin  boisné.  Hdépendait  d'abord  de  Rois- 
sac,  qui  passa,  par  mariage,  à  Geoffroy  de  La  Rochefoucauld. 
Jean  de  La  Rochefoucauld  signa,  comme  seigneur  de  Roissac  et 
Marville,  en  1471,  un  accord  avec  Arnaud  Barbottin.  Margue- 
rite de  La  Rochefoucauld  épousa,  en  secondes  noces,  Hardouin 
de  Maillé,  sénéchal  de  Sainlonge.  Les  deux  époux  transigèrent 
avec  Charles  d'Orléans  au  sujet  de  rentes  sur  les  terres  de  Rois- 
sac,  Gensac  et  Marville  (1476).  Philippe  de  La  Rochefoucauld, 
femme  de  Jean  de  Mortemer,  seigneur  de  Couhé,  Salles  et  Genté, 
eut  par  attribution  Roissac  avec  Gensac  et  Marville.  Guy,  leur 
fils,  recueillit  Salles,  Genté,  Roissac,  Marville,  Gensac  et  Ville- 
man  ;  il  épousa,  vers  1485,  François  Bouchard  d'Aubeterre,  qui 
lui  apporta  en  dot  la  seigneurie  d'Ozillac  (Détails  sur  François 
de  Mortemer).  Jacquette  de  Mortemer,  fille  unique  de  Fran- 
çois, épousa  (1534),  Louis  de  La  Rochefoucauld-Mon tendre,  qui 
eut  pour  descendants  Louis,  Isaac,  et  Léonor  de  La  Rochefou- 
cauld. Une  fille  de  ce  dernier,  Lydie,  épousa  Pons  de  Pons, 
comte  de  Roquefort,  et  lui  apporta  Roissac,  Gensac  et  Marville. 
Isaac  de  La  Rochefoucauld  vendit  Marville  à  Nicolas  Prévos- 
tière,  vers  1610.  Nicolas  Prévostière  fils  vendit  Marville  à  Ar- 
naud Phelippon,  greffier  du  siège  royal  de  Cognac,  époux  de 
Marguerite  Barraud,  et  frère  de  Adam  Phelippon,  avocat. 
Adam  Phelippon  vendit  à  Nicolas  Maillart,  sieur  de  Lessert, 
avocat  à  Cognac,  son  neveu  (Détails  généalogiques).  En  1713, 
on  voit  Joseph  Maillart,  sieur  de  Marville,  qui  vendit  le  domaine, 
vers  1736,  à  Jean  Prévostière,  notaire  royal  à  Genté,  lequel 
donna  à  sa  fille  atnée,  mariée  à  Jean-Isaac  Fillon,  de  la  pa- 
roisse de  Touzac.  Jean  Fillon  fils  épousa  Jeanne  Roy,  et  résida 
à  Marville  ;  leur  fille  aînée,  Suzanne,  femme  de  J.-B.  Turcal, 
mnrchand  d'Angoulêmo,  et  Thérèse,  femme  de  Joseph  Duclu- 
zeau,  procureur  au  présidial  d'Angoulôme,  vendirent  Marville 
à  Jean  Boulineau,  vers  1789,  dont  la  famille  le  possède  encore. 

Du  29  novembre.  —  Les  premiers  seigneurs  de  Nercillac- 
Narcillac,  connus,  sont  les  de  Chièvres,  famille  protestante.  En 


Digitized  by 


Google 


—  188  — 

1640,  Pierre  de  Chièvres,  époux  de  Jeanne  Ranson  (de  Cognac), 
est  sieur  de  Nercillac,  Curton  (Détais  généalogiques  sur  les 
de  Chièvres).  Vers  1691,  Nercillac  passa  à  la  famille  de  Saint- 
Marsault  (Détails  généalogiques).  Gaspard  Pandin,  chevalier, 
seigneur  de  Romefo»rt  et  du  Treuil,  marié  le  14  avril  1738,  à 
Elisabeth-Henriette  Green  de  Saint-Marsault  de  Nercillac,  eut 
cette  terre  par  sa  femme  (Détails  généalogiques).  Son  petit-fils, 
Charles-Pharanïond,  baptisé  le  13  mars  1768,  à  Saint-Germain 
du  Seudre,  sous-lieutenant  au  régiment  d'Agenais,  en  1785,  et 
capitaine  au  régiment  du  Roi,  cavalerie,  en  1788,  émigré  en 
1701,  revint  à  Paris  en  1797,  où  il  épousa  Antoinette-Mélanie  de 
La  Briffe.  Il  est  mort  à  Pau,  en  1828,  laissant  un  fils,  capitaine 
de  hussards  de  la  garde  royale,  en  1825,  créé  comte  de  Nercillac, 
le  A  avril  1830.  Trois  enfants  sont  nés  de  son  mariage  :  Ernest, 
comte  de  Nercillac,  sous-préfet  de  Cognac,  de  1862  à  1867  ; 
Charles,  vicomte  de  Nercillac,  capitaine  au  8*  régiment  de  lan- 
ciers ;  et  Agathe,  mariée  en  1848  au  marquis  de  La  Briffe. 

Enlart.  Manuel  (ï archéologie  {rançaise,  depuis  les  temps 
mérovingiens  jusqu'à  la  Renaissance  ;  deux  volumes  :  I**  archi- 
leclure  religieuse  ;  IP  oj'chitecture  civile  el  mililaire. 

Ces  deux  volumes  ont  reçu  dans  le  monde  savant  un  accueil 
très  favorable.  On  en  a  fait  beaucoup  d'éloges.  Ils  représentent, 
en  effet,  une  somme  de  travail  énorme,  et  offrent  d'autant  plus 
d'apparence  d'exactitude,  que  l'auteur  annonce  qu'il  «  a  tenu  à 
n'affirmer  que  ce  dont  la  preuve  lui  paraissait  tangible  »,  et 
qu'il  «  a  visité  lui-même  toutes  les  contrées,  et  la  plupart  des 
édifices  dont  il  est  question  dans  ce  livre...  ».  De  plus,  il  s'est 
entouré  d'une  quantité  de  livres  et  monographies  spéciales  aux 
monuments  qu'il  devait  passer  en  revue.  Il  semble  qu'après  une 
enquête  aussi  scrupuleuse,  une  patience  et  une  prudence  aussi 
dignes  d'admiration, après  les  appréciations  flatteuses  de  critiques 
compétents,  le  public,  le  vulgum  pecus,  doive  accepter,  les  yeux 
fermés,  le  Manuel,  comiwe  un  guide  des  plus  sûrs,  lui  accorder 
une  aveugle  confiance,  et  n'en  parler  qu'avec  respect. 

Tout  en  reconnaissant  que  M.  Enlarl  rend  un  véritable  service 
•  aux  archéologues,  en  leur  mettant  dans  la  main,  sous  une 
forme  pratique  et  réduite,  un  vaste  répertoire  de  notions  géné- 
rales sur  l'ensemble  et  toutes  les  parties  des  monuments  civils 
et  religieux  de  France,  un  manuel  d'une  utilité  incontestable, 
il  me  sera  permis  de  regretter  que  le  savant  auteur  n'ait  pas  pris 


Digitized  by 


Google 


—  189  — 

soin  de  le  garantir  d'une  quantité  d'erreurs  graves,  d'omissions 
inexplicables,  d'inadvertances  qui  déparent  son  œuvre,  et  lui 
enlèvent  un  peu  d'autorité.  Je  parle  au  point  de  vue  sainton- 
geais,  bien  entendu  ;  mais  il  serait  très  étonnant  que  les  autres 
provinces  de  France  fussent  mieux  traitées  (1). 

En  parcourant  le  chapitre  consacré  aux  églises  romanes,  j'ai 
remarqué  des  fautes,  des  lacunes  qui  tiennent  sans  doute  à  une 
rédaction  et  une  impression  trop  hâtives.  Il  suffira  d'en  signaler 
quelques-unes,  en  souhaitant  une  revision  minutieuse  du  texte, 
pour  une  seconde  édition  qui  s'impose  à  bref  délai.  La  perfec- 
tion n'est  pas  de  ce  monde  !  C'est  incontestable  !  Toutefois,  on 
était  en  droit  d'attendre  mieux  d'un  professeur  de  l'art.  Peut- 
être  a-t-il  mal  embrassé  parce  qu'il  a  trop  étreint  ;  si  les  sociétés 
savantes  de  province  veulent  bien  lui  rendre  le  service  de  passer 
au  crible  ses  exposés,  ses  listes,  et  surtout  ses  répertoires,  nous 
bénéficierons  d'une  critique  qui,  en  somme,  ne  cherche  que 
l'amélioration  d'un  ouvrage  déjà  précieux  à  certains  points  de 
vue. 

Tours  aurait  eu  une  basilique  mérovingienne,  dédiée  à  saint 
Eutrope  (I,  p.  129).  C'est  un  lapsus.  Tours  a  honoré  saint  Eu- 
trope  ;  à  Saint-Gatien,  une  chapelle  lui  était  consacrée,  mais 
on  n'a  jamais  connu,  dans  cette  ville,  d'église  sous  le  vocable  de 
notre  premier  évêque.  Du  reste  la  phrase  indique  qu'il  s'agit  de 
saint  Martin. 

A  Pont-Labbé,  M.  Enlart  a  découvert  «  le  remploi  d'anciens 
morceaux  carolingiens  »  (I,  p.  162).  Il  ne  dit  pas  en  quel  endroit. 
C'est  la  première  fois  qu'on  en  entend  parler.  Il  dote  Fenioux 
d'une  coupole  (p.  282)    sur  pendentifs,  qui  n'a  jamais  existé. 

Il  a  vu  à  Pérignac  un    portail malheureusement    disparu 

depuis  des  siècles.  Mais  sur  ce  point,  peut-être,  y  a-t-il  simple- 
ment confusion.  L'auteur  parle  bien  (ibidem,  p.  315)  de  por- 
tails «  accostés  d'arcatures  ».  Le  mot  accosté  signifie  exacte- 


(1)  Pendant  IMmpression  de  cet  aKicle,  la  RevaB  du  Béarn  m'envoie  ion 
numéro  de  février.  Je  lis,  à  la  pafçe  89,  une  note  conçue  précisément  dans  le 
même  esprit  que  la  mienne  et  reprochant  à  M.  Enlart  les  mêmes  entorses  à 
la  géof^aphie  et  â  Texactitude.  a  Notre  infortuné  département  (des  Basses- 
Pyrénées)  se  trouve  être,  dans  ce  magistral  ouvrage,  le  théAire  d*un  vrai 
massacre  de  noms  de  lieux...  il  place  hardiment  Lourdes  dans  les  Basses- 
Pyrénées  (p.  716)  avec  un  donjon  du  XV*  ;  et  nous  ne  nous  en  plaindrions 
pas  certainement  si,  à  la  page  suivante  (p.  717),  Lourdes  n'était  mis  dans  les 
Hautes-Pyrénéas,  cette  fois  avec  un  donjon  du  XIV*  siècle...  i. 


Digitized  by 


Google 


—  190  — 

ment  de  chaque  côté  ;  il  a  voulu  dire,  sans  doute,  surmonté,  ce 
qui  rentrerait  dans  la  vérité.  Quant  aux  chapiteaux  persans 
(p.  382)  de  la  Sainlonge,  ils  sont  sûrement  plus  rares  qu'il  ne  le 
croit,  à  moins  de  comprendre  dans  cette  série  tous  les  orne- 
ments à  oiseaux,  enlacés  de  feuillages  —  prétention  excessive 
à  coup  sûr  f 

II  cite  Chadenac  parmi  les  églises  (I,  p.  366)  qui  ont  un  ou  deux 
cavaliers  sur  leurs  façades.  Le  cavalier  est  sur  un  chapiteau. 
A  ce  compte,  on  en  pourrait  mentionner  d'autres. 

Dans  le  second  volume,  je  relève  des  erreurs  plus  fâcheuses. 
Ainsi,  il  donne  (p.  643)  à  Nieul-les-Saintes  un  cloître  que  per- 
sonne ne  connaît,  et  qui,  même  existant,  n'appartiendrait  pas 
ù  Tarchiteclure  monastique,  par  la  raison  que  dans  cette  paroisse 
il  n'y  eut  jamais  d'établissement  religieux.  Grezac  et  La  Jard 
éj)rouveront  une  surprise  analogue.  Il  ne  parle  pas  de  Sainte- 
(înmme,  de  Saint-Pierre  do  Saintes,  où  Ton  voit  des  bâtiments 
closlraux  et  cloîtres,  attenant  à  l'église.  A  Saintes,  il  cite  un 
hôtel  de  ville  Renaissance,  que  nous  voudrions  hélas  !  bien 
avoir,  mais  qui  est  une  pure  illusion  !  Il  cite  encore  l'évôché  de 
Saintes  (II,  p.  335)  du  XVP,  avec  boutique  au  rez-de-chaussée  !!! 
Où  a-t-il  vu  ça  ?  Qui  a  pu  lui  donner  ce  renseignement  ?  En  re- 
vanche, Usson  manque  aux  châteaux,  il  ne  cite  en  note  (II,  p.  203) 
que  le  colombier  et  (idem,  p.  115)  la  galerie. 

Tous  les  répertoires  (I,  p.  420  et  650,  II,  p.  643  et  644)  sont 
presque  en  entier  faux  ou  incomplets.  Ainsi,  Matha,  Varaize, 
Pérignac,  SaintrFort,  Saint*e-Gemme,  etc.,  ne  figurent  pas 
parmi  les  églises  romanes  ;  le  chœur  et  la  nef  de  Saint-Pierre 
de  Saintes  sont  datés  do  1450  à  1503,  alors  qu'il  ne  subsiste  que 
les  chapelles  du  XV'  et  du  XVP  siècle,  le  chœur  est  du  XVIP  ; 
Esnandes,  Ecoycux,  et  bien  d'autres  ne  sont  pas  signalées  comme 
églises  fortifiées  ;  Beaulon  est  absent  de  l'article  consacré  à  l'ar- 
chitecture privée,  Nieul-les-Saintes  est  oublié  dans  l'archi- 
tecture militaire,  alors  que  Thors,  démoli  depuis  longtemps, 
et  des  ruines  sans  caractère,  sont  citées  :  Berneuil,  Beurlay, 
Rioux,  Balanzac,  Saint-Seurin  d'Uzet...,  etc. 

Ce  n'est  pas  tout.  Il  faudrait  encore  éplucher  avec  soin  la  par- 
tie géographique.  Il  y  a  de  la  besogne.  M.  Enlart  s'obstine  à  ap- 
peler Bougneau  Bougueneau  ;  il  l'écrit  quatre  ou  cinq  fois.  Il 
place  Aulnay  tantôt  dans  les  Deux-Sèvres  (I,  p.  384),  tantôt  dans 
la  Charente-Inférieure  ;  Chastres,  Echillais  (I,  p.  315,  316),  et 
Gensac,  tantôt  dans  la  Charente  (I,  p.  286),  tantôt  dans  la  Cha- 


Digitized  by 


Google 


-^  191  — 

rente-Inférieure  (I,  p.  239)  ;  Champdeniers  (I,  p.  330),  qui  appar- 
tient aux  Deux-Sèvres,  Fléac  et  Le  Peyrat  (I,  p.  286),  Cellefroin, 
Losterps  (1,  p.  268),  qui  sont  clans  la  Charente,  passent  dans  la 
Charente-Inférieure  ;  mais  Talmont-sur-Gironde  est  transporté 
ilans  la  Charente  (I,  p.  420).  Je  recannais  qu'on  a  le  choix,  car 
il  fi^^ure  aussi  dans  la  Charente-Inférieure,  sur  la  même  page. 
El  Saint-Symphorien  des  Bois  !  qui  devient  saintongeais  (II, 
p.  653,  644),  quand  il  est  franchement  bourguignon  !  Il  s'agit 
de  Saint-Symphorien,  près  Marennes. 

Si  je  voulais  enquêter  sur  les  départements,  je  ferais  des  dé- 
couvertes tout  aussi  bizarres.  Avis  aux  Auvergnats. 

Allons  !  il  n'y  a  pas  que  les  petits  ruraux,  aliàs  provinciaux, 
coupables  de  légèreté. 

Revue  des  questions  ïiisloriques,  janvier  1904.  M.  C.  Daux  com- 
plète l'élude  sur  le  Liber  censuum,  qu'il  avait  commencée  en  juil- 
let 1902,  sous  le  litre  de  la  Praleclion  apostolique  au  moyen  âge. 
Celle  fois  il  s'agit  du  cens  pontifical  dans  VEglise  de  France, 
d'après  le  troisième  fascicule  du  Liber,  L'auteur  fait  le  dépouil- 
lement des  censiers  et  «  aux  légendes  ou  cotes,  consignées  par 
les  canjériers  pontificaux,  il  joint  soit  l'idoptification  des  noms 
de  lieux  et  de  personnes,  soit  des  détails  sur  les  familles  et 
communautés  ». 

P.  25.  Il  commet  une  erreur,  en  donnant  à  Saint-Jean  d'An- 
liély  un  monastère  qui  n'a  jamais  existé  :  Monasterium  Sancte 
Columbe  I  marabutimim.  A  ce  monastère  (sans  doute  à  Saint- 
Jean  d'Angély),  fut  assurée  la  tutelle  pontificale,  par  bulle 
d'Innocent  III  (1143).  On  ne  sait  ce  qui  a  pu  porter  M.  D... 
à  identifier  le  monastère  de  Sainte-Colombe  à  Sens  avec  Saint- 
Jean  d'Angély.  Il  ne  le  dit  pas.  Est-ce  dans  le  texte  ?  Il  y  a  des 
fautes  dans  le  texte.  Ainsi  (p.  51),  au  supplément,  Saint-Jean 
d*An<^^ély  est  inscrit  comme  dépendant  du  diocèse  de  Poitiers. 
Huit  communautés  saintongeaises  doivent  le  cens  :  V  L'abbaye 
de  Saintes,  qui  est  portée  pour  «  V.  Solidos  ad  indicium  liber" 
(alis  ;  2**  la  collégiale  d'Archiac  payait  trois  sous  de  monnaie, 
pure  de  tout  alliage,  Ecclesia  sancti  Pétri  de  Archiaco  III  soli- 
dos en[orzatorum  illius  terre  ;  3**  Domus  helemosinaria  de  Ro- 
cella  I  malachinum,  hôpital  Aufredy  ;  4**  L'hôpital  de  Pons,  Do- 
mus elemosinaria  de  Ponte  I  bisantium.  (M.  D...  ne  connaît, 
pour  toutes  ces  maisons  religieuses,  que  Massiou,  imprimé 
Massion,  la  Gallia,  les  Cartulaires  de  Tabbé  Grasilier,  la  Mono- 


Digitized  by 


Google 


—  M2  — 

graphie  de  L.  Delmas  ;  il  ignore  les  publications  des  Archives, 
et  notamment  le  censif  de  Pons)  ;  5**  Domus  elemosinaria  sancii 
Jacobi  de  Olerun  I  bisuntium  ;  6*  MoncLsierium  sancii  Stephani 
de  Bazac  I  bizuntium  ;  7**  Hospitale  de  Talleburgo  I  bisantium  ; 
8^  Domus  helemosinaria  de  Mastax:io  I  marabotinum. 


BIBLIOGRAPHIE 


A((aire  Laporte,  exposé  sommaire,  opinions  de  magistrats 
ot  fonctionnaires  espagnols  et  français.  Paris,  A.  Pedone,  édi- 
teur. La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-4°, 
12  pages. 

Almanach  du  cuUi valeur,.,  de  Vile  de  Ré,  pour  1904.  La 
Rochelle,  Imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-18,  62 
pages. 

Almanach  rural  de  la  Charenie-Inlérieure,  pour  1904.  La  Ro- 
chelle, imprimerie  Rochelaisc,  grand  in-8**,  68  pages. 

Annales  municipales  de  la  ville  de  Saintes,  année  1902.  Sain- 
tes, imprimerie  IL  Chassériaud,  1903,   in-16. 

Annuaire  général  de  la  Charente-Inférieure,  pour  1904.  La 
Rochelle,  imprimerie  du  Palais  A.  Foucher,  in-8'*,  317  pages, 
2  francs. 

Annuaire  de  la  magistrature,  France,  Algérie  et  colonies, 
publié  par  Aug.  Pedone,  13*  édition.  1904.  La  Rochelle,  impri- 
merie Nouvelle  Noël  Texier,  1903,  in-8'*,  224  pages. 

Archives  historiques  de  la  Saintonge  et  de  l'Aunis.  Le  Car- 
iulaire  de  Saint-Jean  d'Angély,  tome  IL  La  Rochelle,  impri- 
merie Nouvelle  Noël  Texier,  1903,  in-8*»,  463  pages. 

Association  amicale  des  anciens  élèves  du  collège  de  Saintes. 
Statuts  et  liste  des  membres.  T  année,  1903.  Compte  rendu  des 
assemblées  du  2  juin  1901  et  du  27  juillet  1902.  Saintes,  impri- 
merie A.  Gay,  in-16,  20  pages. 


Digitized  by 


Google 


—  193  — 

Bateau  Henry  inchavirable  et  insubmersible  (Sauvetage  et 
plaisance),  notice.  Rochefort,  imprimerie  Thèze,  1904,  2Ô  pages, 
plans. 

Baudoin  (H.),  docteur  en  droit.  La  Banque  de  Vlndo-Chine. 
La  Rochelle,  imprimerie  Noël  Texier,  1903,  in-8*,  237  pages. 

Bayard  (E.).  La  Pudeur  dans  Vart  et  la  vie,  orné  de  trente- 
deux  études  académiques,  d'après  les  clichés  de  la  maison  Eug. 
Piron.  Préface  de  M.  William  Bouguereau,  de  l'Institut.  Paris, 
imprimerie  Mouillot,  in-18  jésus,  316  pages. 

Bellanger,  inspecteur  d'académie  honoraire,  président  de 
l'association  philotechnique  de  La  Rochelle,  Esquisse  d'une  mé- 
thode à  suivre  dans  les  cours  de  morale  populaire  pratique.  La 
Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1903,  in-18  jésus, 
23  pages. 

Brard  (D'  Ernest).  Eugène  Fromentin,  avec  une  vue  de  sa 
maison  natale.  La  Rochelle,  imprimerie  Masson  et  C*,  in-lô, 
27  pages.  1903. 

Bouge  (abbé).  Panégyrique  de  saint  Eutrope,  premier  évêque 
de  Saintes,  prononcé  le  14  octobre  1903,  à  l'occasion  de  la  fête 
de  la  translation  de  ses  reliques.  La  Rochelle,  imprimerie  Roche- 
laise,  1903,  in-8%  16  pages. 

Catéchisme  de  La  Rochelle,  imprimé  par  ordre  de  Monsei- 
gneur V évêque  de  La  Rochelle  et  Saintes,  pour  être  seul  enseigné 
dans  le  diocèse.  Tours,  imprimerie  Mame  ;  librairie  Mame  et 
fils,  in-18,  191  pages,  avec  gravures.  0  fr.  60  cent. 

Bouyer  (Léon).  —  Les  Cyclades,  sonnets.  Paris,  Alphonse  Le- 
merre,  éditeur,  1904,  in-12  carré,  36  pages. 

Camena  d'Almeida  (E.).  VAunis.  Essai  de  géographie  histo- 
rique et  régionale.  Paris,  Imprimerie  Nationale,  1903,  iurS^,  7  p. 
Extrait  du  Bulletin  de  géographie  historique  et  descriptive. 

Camiade  (L.-J.  l'abbé).  Affaire  non  fugée  en  Cour  de  Rome. 


Digitized  by 


Google 


-  194  ^ 

La    Rochelle,    imprimerie   E.   Martin,    1903,  in-8°,  63    pages. 
Réponse  à  Araire  iugée,  par  Monseigneur  Le  Camus. 

Capitant  (Henri),  professeur  de  droit  civil  à  la  faculté  de 
droit  de  TUniversilé  de  Grenoble.  Iniroduciion  à  Vélude  du 
droit  civil;  2*  édit.  Paris,  A.  Pedone,  éditeur.  La  Rochelle, 
imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-8**,  397  pages. 

Ci.ouzoT  (Il.)«  ^'i  curieux  de  province.  Coup  dœil  sur  les 
collections  de  L.  T.  Couraud.  Niort,  imprimerie  et  librairie 
Clouzot,  1904,  in-8°,  56  pages,  avec  grav.  en  noir  dans  le  texte, 
et  en  couleurs  hors  texte. 

Combes  (Emile).  Une  campagne  laïque  (1902-1903)  ;  préface 
de  Anatole  France.  Paris,  Simonis  Empis,  éditeur,  1904,  in-S"*. 

Courcelle-Seneuil.  Avant-proiet  du  port  en  eau  profonde  de 
La  Rochelle-Enet  (aboutissement  du  grand  central  européen). 
Rochefort,  imprimerie  Thèse,  1904.  Tirage  à  part  du  mémoire 
paru  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  géographie. 

Cours  supérieur  d'instruction  religieuse.  Annuaire  1902-1903, 
La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noél  Texier,  1903,  in-8**  écu, 
91  pages. 

Dangibeaud  (Ch.).  La  Mosaïque  de  Lescar  est-elle  Fomaine  î 
La  Rochelle,  Noël  Texier,  1903,  in-8°  (Extrait  de  la  Revue  de 
Scdntonge  et  d'Aunis), 

DiSLE.  Sur  le  radeau  de  la  Méduse,  Scène  tragico-comique. 
Musique  de  L.  Halet.  Paris,  imprimerie  Médoire,  librairie  Che- 
vat  et  Girier,  in-8'*,  2  pages. 

Dyonet  (Léon).  Le  Portrait  de  Zerbine^  comédie  en  un  acte, 
en  vers.  Rochefort,  imprimerie  Thèze,  1904,  in-16,  16  pages. 

Echo  paroissial  de  Saint-Léger  de  Cognac,  mensuel.  N^  1, 
décembre  1903,  in-8^  à  2  col.,  16  pages,  avec  gravures  et  couver- 
ture. Saint-Maixent  (Deux-Sèvres),  imprimerie  et  librairie  Payet. 

Favereau  (abbé  A.  P.),  curé  de  Monbran  en  Agenais.  Allocu- 
tion pour  le  mariage  de  ma  plus  jeune  nièce,  M^  Marie-Louise- 


Digitized  by 


Google 


—  195  — 

Jehanne  Favereau  avec  M.  Pierre-Julien-Fernand  Ravail,  avo- 
cat. La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-16, 
20  pages. 

Favratid  (A.).  Statues  gallo-romaines  découvertes  à  Slreuil 
(Charente).  Paris,  Leroux,  in-S**,  4  pages,  avec  fig. 

FoNTENEAu  (Jean),  dit  Alfonse  de  Sainlonge,  capitaine  pilote 
de  François  P',  La  Cosmographie  avec  Vespère  et  régime  du 
soleil  et  du  nord,  publiée  par  M.  Georges  Musset,  archiviste- 
paléographe,  correspondant  du  ministère  de  l'Instruction  pu- 
blique. Paris,  F.  Leroux,  éditeur,  1904.  Imprimé  chez  Noél 
Texier,  à  La  Rochelle  ;  grand  in-8®,  599  pages,  gravures. 

Gaucher  (P.).  Réglementation  du  droit  de  chassej  et  spécia- 
lement du  permis  de  chasse  (thèse),  par  Paul  Gaucher,  docteur 
en  droit,  juge  (d'instruction  à  Marennes).  Laval,  imprimerie 
Barnéoud  et  C**.  Paris,  librairie  Larose,  1903,  in-8®,  303  pages. 

Grand  Almanach  de  Saintes^  pour  1904.  Imprimerie  Hus,  in- 
16,  146  pages. 

Granges  de  Surgères  (M**.).  Répertoire  historique  et  biogra- 
phique de  la  Gazette  de  France  (1631-1790),  tom|e  II.  Paris,  Le- 
clerc,  1903,  in-4'*,  739  pages,  25  francs. 

GuERTN  (Edmond).  La  Midinette,  chansonnette,  paroles  de 
Edmond  Guérin,  musique  de  Raoul  Drossony.  Imprimerie  Ro- 
soor-Delallre,  à  Tourcoing,  2  pages  avec  couverture  illustrée, 
signée  G.  Duboys,  1904.  M.  Guérin  est  juge  de  paix  à  Saintes. 
M.  Drossony  habite  Angoulême. 

—  Renouveau,  mélodie,  paroles  d'Edmond  Joanès,  musique 
de  Raoul  Drossony.  Même  imprimerie. 

Joanès  est  le  pseudonyme  de  M.  E.  Guérin. 

Hanschmann  (A.-B.).  Bernard  Palissy  and  Francis  Bacon. 
Leipzig.  Dieterich'sche  Verlags  buchandlung,  1903,  in-8**,  VIII, 
232  pages  et  un  portrait.  L'auteur  étudie  surtout  le  fondateur 
de  la  méthode  inductive,  attribuée  à  Bacon.  Celui-ci,  d'après 
lui,  aurait  été,  durant  son  séjour  à  Paris,  en  1577-1579,  l'un 


Digitized  by 


Google 


—  196  — 

des  auditeurs  des  leçons  de  Palissy,  et  il  aurait  résumé,  puis 
transformé  les  théories  du  célèbre  potier. 

Jacquet  d'Nieul.  Ine  chasse  au  ghiet,  histouère  per  déghoisé, 
en  patois  saintongeais.  Saintes,  irafprimerie  Hus,  1903,  in-16, 
8  pages,  0  fr.  30  cent. 

—  Ine  lesson  (TVrse.  Idem. 

—  Jh'pkddrons,  monologue.  Idem. 

—  JKseux  déghourdii  !  Idem. 

—  Le  Deurseur  de  Pouline.  Idem. 

—  Pus  d'soulail  !  Idem. 

Knell  (abbé).  La  Jeune  fille  dans  le  monde.  Tours,  Alf .  Cattier, 
éditeur,  1904,  1  vol.  in-12,  de  288  pages. 

Laborde-Lassale  (André  de).  Une  famille  de  la  Chalosse, 
1723-1852.  Saint-Sever  sur  TAdour,  imprimerie  Séverin-Serres, 
place  Léon  Dufour,  1902,  in-8®,  416  pages. 

Onze  portraits,  savoir  :  1.  Madame  de  Laborde-Lassale,  née  Rose-Hippolite 
d'Abadie  de  Saint-Germain,  1748-1820  ;  3.  Joseph  de  Laborde-Lassale,  lieute- 
nant des  vaisseaux  du  roi,  chevalier  de  Saint-Louis,  1737-1796  : 3.  Le  chevalier 
Joseph  de  Laborde-Noguez,  chef  d*escadre,  chevalier  de  Saint- Louis,  1771- 
1785  ;  4.  Jean-Benjamin  de  Laborde,  premier  valet  de  chambre  du  roi  et  gou- 
verneur du  Louvre,  né  le  5  septembre  1734  ;  5.  Le  chevalier  Victor  de  La- 
borde-Lassale, capitaine  de  frégate,  chevalier  de  Saint-Louis  et  de  la  Légion 
d'honneur,  1783-1853.  L'auteur  rappelle  qu'un  portrait  du  même  personnage, 
mais  différent  de  celui  qu*il  donne,  se  trouve  auchAteau  de  Plassac  ;  ?.  Joseph 
Verdier,  baron  de  Laas,  maire  de  Bayonne,  d'après  le  portrait  d'Isabey  au 
musée  de  Bayonne  ;  7.  Madame  Verdier,  baronne  de  Laas,  née  Rosa  Drouillet  ; 
8.  Le  chevalier  François  de  Cès-Caupenne,  mousquetaire,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  1780-1833  ;  9.  Madame  de  Cès-Caupenne,  née  Agathe  Verdier  (enfant), 
1776-1862;  10.  Jean -Gra tien-Théodore  de  Laborde-Lassale,  1812-1853;  11. 
Madame  de  Laborde-Lassale,  née  Marie-Josephe- Alice  de  Cès-Caupenne, 
1118-1885.  

Lacroix  (P.  de).  Les  anciennes  Faïenceries  de  Cognac,  Châ- 
teauneuf  et  Gardépée.  Sans  titre.  Cognac,  imprimerie  Bérauld, 
1904,  in-8'*,  24  pages.  Tirage  à  part  des  articles  parus  dans 
YEre  nouvelle.  0  fr.  70. 

Lacoulomère  (G.),  inspecteur-adjoint  aux  Beaux-Arts,  et 
D'  M.  Baudouin.  Les  Mégalithes  de  Breiignolles.  Dolmen  de 
la  Pierre-Levée  de  Soubise.  Le  Faux-Menhir  de  la  Pierre- 
Rouge.  La  Pierre  de  la  Bouchetière.  Paris,  Schleicher  frères, 
in-S"",  Ô8  pages,  avec  19  figures  et  4  planches. 


Digitized  by 


Google 


—  197  — 

Le  Bolrdelès  (Raymond).  Léonard  de  Vind,  Manzoni,  Le 
Trissin^  Camoëns.  Paris,  A.  Pedone  et  A.  Fontemoing,  édi* 
leurs.  La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-18, 
172  pages,  gravure. 

Lemaitre  (A.).  Briouze  à  travers  les  âges.  Paris,  A.  Pedone, 
éditeur.  La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1903, 
in-8**,  428  pages,  gravures. 

Lemonnier  (abbé).  Pourquoi  le  comte  d* Artois  n*a  pas  reioint 
Charelte  ?  La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  in-8* 
(Extrait  de  la  Revue  de  Saintonge  et  d*Aunis). 

Maclère  (C).  Les  chemins  de  {er  de  VEtat  Irançais  ;  leurs 
résultats  financiers.  Auxerre,  imlprimerie  Lanier,  Paris,  26,  rue 
Racine,  1903,  in-8'*,  11  pages    (Extrait  de  la  Nouvelle  Revue). 

Meller  (Pierre).  Etat  des  Gentilshommes  et  des  possesseurs 
de  {iels  noble  s ,  dans  les  juridictions  dépendant  des  sénéchaus- 
sées de  Guienne  et  de  Libourne  (Extrait  des  Archives  histo^ 
riques  de  la  Gironde).  Bordeaux,  1903,  imprimerie  G.  Gou- 
nouilhou,  in-4**,  43  pages.  On  y  trouve  plusieurs  noms  de  Mon- 
guyon  et  Clésac.  Notes  de  notre  confrère,  M.  le  D'  Vigen. 

Meschinet  de  Richemont.  Inventaire  sommaire  des  archives 
départementales^  antérieures  à  1790,  série  B.  La  Rochelle,  im- 
primerie E.  Martin,  in-4%  416  p.  à  2  col. 

Mgr  Le  Camus  et  les  études  ecclésiastiques  au  Séminaire  de 
La  Rochelle,  par  deux  prêtres  du  clergé.  Paris,  Savaète,  1903, 
in-8^  107  p.  Prix  :  1  fr.  75. 

Musset.  Le  Cartulaire  de  Saint-Jean  d*Angély,  tome  IL  La 
Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1903,  in-8®,  403 
pacfo?. 

Tirage  à  part  du  tome  XXXIII  des  Archives  historiques  de  la 
Saintonge  et  de  VAunis. 

—  Les  ports  francs,  étude  historique.  La  Rochelle,  imprimerie 
Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-8%  121  pages  (Extrait  du  Recueil 
de  la  Commisaion  des  arts  et  monuments  de  la  Charente-Inlé- 
rieure), 

14 


Digitized  by 


Google 


—  198  — 

Notice  sur  les  élablissemenis  Decoul-Lacour,  La  Rochelle, 
imprimerie  Nouvelle  Noôl  Texier,  in-S**,  64  pages,  gravures. 

Œuvre  des  cafés-restaurants  de  tempérance,  statuts.  La  Ro- 
chelle, imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1903,  8  pages. 

Ollivïer  (A.).  Eugène  Fromentin,  peintre  et  écrivain  (1820- 
1876).  La  Rochelle,  imprimerie  Rochelaise,  in-4**,  27  pages  et 
portrait. 

Ordo  divini  o(ficii  recitandi ,  pour  1904.  La  Rochelle,  impri- 
merie Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-16,  95  et  72  pages. 

Ordonneau  (C).  Dosage  de  Vacide  tartrique  total  dans  les 
tartres  et  spécialement  dans  le  tartre  de  chaux.  Cognac,  impri- 
merie Béraud,  1903,  in-8«,  15  p.,  1  fr.  25. 

—  Le  bouquet  des  vins  et  Vessence  de  moisissure.  Imprimerie 
Béraud,  1903,  in-8%  18  p. 

Ordonneau,  Grenet  Dancoi^rt  et  Keroul.^Lc  voyage  des  Ber- 
lusson,  vaudeville  en  quatre  actes.  Paris,  Stock,  1903,in-18,179  p. 

Padel  (W.),  drogman  de  l'ambassade  d'Allemagne  à  Constan- 
tinople,  et  L.  Steeg,  consul  de  France  à  Salonique.  De  la  légis- 
lation foncière  ottomane.  Paris,  A.  Pedone,  éditeur.  Imprimerie 
Nouvelle  Noél  Texier,  à  La  Rochelle,  1904,  in-8«,  350  pages. 

Pawlowski  (A.).  Les  transformaiions  du  littoral  français.  Les 
villes  disparues  et  la  côte  du  pays  de  Médoc,  d'après  la  géologie, 
la  cartographie  et  Vhistoire,  Paris,  Imprimerie  Nationale,  1903, 
in-8**,  49  p.  (Extrait  du  Bulletin  de  géographie  historique  et  des- 
criptive), 

—  Les  pays  d'Arvert  et  de  Vaux,  d'après  la  géologie,  la  carto- 
graphie  et  Vhistoire,  Paris,  Imprimerie  Nationale,  1903  (Extrait 
du  Bulletin  de  géographie  historique  et  descriptive,  n**  3,  1902). 

Perrault  (A.).  Etude  sur  le  régime  financier  des  colonies  an- 
glaises, thèse  pour  le  doctorat.  Paris,  A.  Pedone,  éditeur.  La  Ro- 
chelle, imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-8*»,  280  pages. 


Digitized  by 


Google 


—  199  — 

Petit,  lieutenant  au  6*  d'infanterie.  Le  c/ie/  de  section  conduc 
leur  du  (eu  cl  conducteur  de  sa  troupe  sous  le  (eu.  Saintes,  impri- 
merie Gay,  1903. 

PiÉRi  (P.-J.-B.),  docteur  ès-scienccs,  professeur  au  lycée  de 
Uochefort.  Recherches  physiologiques  sur  Tapes  decussata  et 
quelques  lapidées.  Rochefort,  imprimerie  Thèze,  1904,  13  pages. 

PoussoN  (D'  \.), Précis  des  maladies  des  voies  urinaires,  2*  édi- 
tion. Evreux,  imprimerie  Hérissey.  Paris,  librairie  Doin,  1904, 
in-18  Jésus,  VI-991  p.,  avec  253  fig.,  dont  25  en  couleurs,  9  fr. 

PoTTiER  (H.).  Guide-indicaleur  de  la  ville  de  Saintes  et  ses  en- 
virons. Saintes,  J.  Prévost,  éditeur,  1903,  in-12,  112  pages. 

Rapports  des  ingénieurs  des  mines  aux  conseils  généraux  sur 
la  situation  des  mines  et  usines  en  1902  dans  les  départements... 
Charente-Inférieure.  Bar-le-Duc,  imprimerie  Conlant-Laguerre. 
Paris,  55,  rue  de  Châteaudun,  1903,  in-4®,  320  pages. 

Comité  central  des  houillières  de  France. 

Récital  du  lundi  21  mars  1904,  traduction  des  morceaux  chantés 
dans  le  texte  original  par  M.  Louis  Frôlich.  La  Rochelle,  impri- 
merie Nouvelle  Noél  Texier,  1904,  in-16,  16  pages.  Portrait  de  L. 
Frôlich. 

Regamey  (F.).  Horace  Lecoq  de  Boisbaudran  et  ses  élèves. 
Notes  et  souvenirs.  Paris,  Champion,  in-8*,  24  p.  et  portrait. 

Renard  (Georges).  Le  droit  privé  romain.  La  Rochelle,  impri- 
merie Nouvelle  Noël  Texier,  1903,  in-8*,  18  pages. 

SiLVESTRE  (J.).  professeur  à  Técole  libre  des  sciences  poli- 
tiques. De  Waterloo  à  Sainte-Hélène.  La  Malmaison.  Rochefort. 
Sainte-Hélène.  In-16  XI-309  pages.  Paris,  Félix  Alcan,  éditeur, 
1904,  imprimerie  Arrault  et  C**,  à  Tours. 

Société  du  commerce  et  de  l'industrie  de  l'arrondissement 
DE  La  Rochelle.  Statuts.  La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noél 
Texier,  1903,  in-8*»  écu,  10  pages. 


Digitized  by 


Google 


—  200  — 

Société  de  secours  mutuels  La  Retraite  Mutuelle...  Compte 
rendu  de  VassembUe  générale  du  26  avril  1903,  tenue  au  grand 
amphithéâtre  de  la  Sorbonne.  La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle 
Noël  Texier,  1903,  in-8*,  15  pages. 
—  Statuts.  Idem,  1903,  in-8*,  20  pages.  ] 

î 

« 

Staiuts  de  la  caisse  de  secours  de  Vimprimei^ie  Noël  Texier,,  ■ 

fondée  le  !•'  février  1891.    La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  » 

Noël  Texier,  1904,  in-12,  8  pages.  ^ 

~  1 

Syndicat  des  banlieues  de  La  Rochelle,  sous-comité  de  La-  *: 

LEu.  Statuts.  La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  • 

1903,  4  pages.  - 

Syndicat  des  importateurs  de  bois  du  Nord  en  France,  par 
ports  français.  Séance  du  29  novembre  1903,  au  grand  hôtel,  à 
Paris.  La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1904, 
in-4**,  20  pages. 

Syndicat  de  la  propriété  artistique.  Annuaire  1903,  La  Ro- 
chelle, imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1903,  in-8^,  107  pages. 


Thibierge  (Louis),  rédacteur  au  cabinet  du  préfet  de  la  Cha- 
rente-Inférieure. Agenda  des  mairies  du  département  de  la  Cha-  J 
rente-lnlérieure.                                                                                            ^ 


o 


a 
Viennot.  Notice  sur  le  port  de  La  Pallice,  mise  à  jour  par  M.  2 

Eugène  Meyer,  ingénieur  des  ponts-et-chaussées.  Paris,  impri-  o 

merie  Nationale,  in-8^,  111  pages,  avec  figures.  ^ 

Yan  de  Saint-Acère  {alias  le  Pézant  de  Rouffiac,  alias  D' 
Jean).  La  Merine  à  Nasta^ie.  Bordeaux,  imprimerie  Gounouil- 
hou.  Saintes,  librairie  Prévost,  1903,  in-8^,  186  pages,  avec 
gravures  et  musique. 

Cette  nouvelle  édition  ne  diffère  de  la  première  que  par  le 
lieu  d'impression. 


Digitized  by 


Google 


REVUE 

DE  SAINTONGE  &  D^AUNIS 

BULLETIN  DE  LA  SOCIÉTÉ  iDES  ARCfflVES 


SOMMAIRE  DU  1«'  JUILLET  19M 

Avis  bt  kouybllbs  :  Admissions  ;  Avis  ;  Session  des  sociétés  des  Beaux-Arts 
â  Paris  en  1905  ;  Représentation  aux  arènes  de  Saintes  ;  Tremblement  de  terre  ; 
Les  vieux  ponts  ;  N«uvicq  ;  Les  thermes  de  Saint-Saloine  ;  L'ouverture  des 
vacances.  • 

NoTBs  D*éTAT  CIVIL.—  L  Décé$  :  Chaudruc  de  Grazannes  ;  Foucaud  ;  de  Saint- 
Lé^er  ;  Héraud  ;  Cor  ;  Huet-Labrousse. 

IL  MarUges  :  Giraudias-Gorron  ;  Armand-Oousset  ;  Besson-Le  Bourgeois  ; 
Lafforgue-Crépei  ;  Beauvais-Gilbert  ;  Fougerat-Pinasseau. 

Eruata. 

VABiér^  :  L'excursion  de  Pons  au  cbAteau  d^Ars  ;  Deux  épisodes  de  la 
fuite  en  Espagne  de  Mgr  de  Coucy  ;  Biuda  bibliugi  aphiquo  sm  Blie  Vinet^ 
Le  général  Th.-Ch.  de  Bremond  d'Ars. 

QuBSTioifs  BT  rAponsbs  :  L*tle  Sainte-Maure  ;  Etymologie  de  de  l'Age, 

LiVHBs  BT  RBVUBS  .*  RecueU  de  là  commission  des  artt  et  monumerUê  ;  L'his- 
toire des  comtes  de  Poitou.  ^ 


AVIS  ET  NOUVELLES 


Admission  de  nouveaux  membres 

M.  Fouché,  Marcel,  propriétaire  à  Préroux,  commune  de  Pé- 
rignac,  présenté  par  M.  Guélin. 

La  liste  des  membres  de  la  Société  sera  imprimée  cette  année 
en  lôte  du  volume.  Nos  confrères  sont  priés  de  vouloir  bien  signa- 
ler les  rectifications  et  changements  qu'il  convient  d'apporter  à 
leurs  noms,  profession,  distinctions,  domicile. 

M.  Marchât,  avoué  à  Saint-Jean  d'Angély,  notre  confrère,  a 
pris  riniliative  d'une  souscription  dont  le  produit  viendra  s'ajou- 

R«y««,  Ton*  XXIY»  4«  IlrralM».  —  JaiU«t  1M4.  15 


Digitized  by 


Google 


—  2U2  — 

1er  à  la  somme  votée  par  la  Société  et  à  celles  déjà  recueillies  en 
vue  d'un  monument  funéraire  à  éle\er  sur  la  tombe  de  Louis 
Audiat.  l  ne  circulaire  a  été  lancée  ;  plusieurs  journaux  Font 
reproduite  en  totalité  ou  en  extrait.  Elle  sollicite  le  concours 
des  anciens  élèves  de  notre  ancien  président,  de  ses  amis,  des 
sociétés  savantes  et  particulièrement  de  «  tous  les  Charentais  ». 

La  Revue  historique,  tome  85,  p.  205,  contient  une  note  de  M. 
de  R.  sur  le  Cartulaire  de  Sainl-Jean  (TAngély. 

Le  n'*  du  15  mai  du  Moniteur  de  la  Saintonge  a  inséré,  sous  la 
signature  P.  N.,  un  article  sur  la  Berlonnière,  inspiré  du  numéro 
de  mai  de  la  Revue,  L'auteur  rappelle  qu'à  Saintes,  il  y  a  vingt- 
cinq  ou  trente  ans,  ( —  et  plus  ?  — )  une  colonie  auvergnate  exces- 
sivement prospère,  scieurs  de  bois,  ramoneurs,  savetiers,  éta- 
meurs,  s'était  groupée  dans  les  rues  avoisinant  l'hôtel  des  Messa- 
geries, autour  du  doyen,  le  père  Monestier,  plus  connu  sous  le 
nom  du  père  Sigougnat. 

L'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  a  partagé  le  prix 
Loubat;  de'îa  valeur  dé  3.000  fr.,  entre  M.  Marc  de  Villers  du 
Terrye,  pour  son  ouvrage  :  Les  dernières  années  de  La  Loui- 
siane, et  notre  confrère  M.  Georges  Musset,  pour  sa  publication 
d'Alphonse  de  Saintonge, 

Le  ministre  de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts  a  fixé  au 

14  juin  1905  l'ouverture  de  la  29*  session  des  sociétés  des  beaux- 
arts  du  département,  à  l'Ecole  des  Beaux-Arts,  rue  Bonaparte, 
à  Paris, 

Les  mémoires  préparés  en  vue  de  celte  session  devront  être 
adressés  à  la  direction  des  Beaux-Arts,  rue  de  Valois,  avant  le 

15  mars  1905. 

Le  24  juillet  prochain,  aura  lieu,  aux  arènes  de  Saintes,  la  pre- 
mière grande  fête  musicale  que  l'on  aura  eu  l'idée  d'organiser, 
en  ce  temps  de  théâtre  en  plein  air.  L'initiative  en  est  due  à  M. 
Laurant,  directeur  du  dépôt  d'étalons  de  Saintes,  qui  a  déjà 
montré  son  grand  talent  de  metteur  en  scène  dans  la  belle  fête 
hippique  qui  fut  donnée  au  Ramet  en  1901. 

M.  Laurant  monte  un  drame  lyrique  ;  il  en  a  demandé  le  li- 


Digitized  by 


Google 


^  2Ô3  - 

bretto  à  M.  Tabbé  Guillaud,  professeur  au  collège  Saint-Grégoire 
de  Tours,  el  la  partition  à  un  tout  jeune  homme,  de  grand  avenir, 
dit-on,  M.  S.  Déré,  de  Niort. 

Le  17  mai  dernier,  M.  le  baron  Esohasseriaux,  ancien  député, 
réélu  à  Thenac  au  dernier  renouvellement  des  conseils  munici- 
paux el  municipalités,  a  donné  sa  démission.  Il  était  maire  de 
sa  commune  depuis  le  22  septembre  1850,  sauf  six  mois,  du  16 
octobre  1870  au  30  avril  1871. 

Nos  confrères,  MM.  le  docteur  Guillaud,  Musset,  docteur 
Vigen,  de  Richemond,  iMesnard  et  Saudau,  sont  nommés  mem- 
bres du  comité  départemental  d'études  chargé  des  recherches 
el  publications  de  documents  économiques  de  la  Révolution 
française. 

M.  le  docteur  Guillaud,  notre  confrère,  a  fait  une  conférence, 
le  19  juin,  à  Saint-Jean  d*Angély,  sur  Jean  Macé. 

Noire  confrère,  M.  Balley,  vient  d'être  classé  parmi  les  lau- 
réats du  concours  ouvert  par  la  ville  de  Langres  pour  la  cons- 
truction d'un  hôtel  de  caisse  d'épargne. 

Lundi  23  mai,  à  Saintes,  aux  environs  de  la  ville,  dans  l'arron- 
dissement, à  Saint-Jean  d'Angély,  et  à  Cognac,  on  a  ressenti,  à 
dix  heures  du  soir,  une  forte  secousse  de  tremblement  de  lerre, 
d'une  durée  de  plusieurs  secondes,  accompagnée  d'une  détona- 
tion comparable  à  une  explosion  de  poudrière.  C'est  l'impression 
qu'ont  eue,  au  premier  moment,  la  plupart  des  personnes  qui  se 
sont  aperçues  du  phénomène.  Il  est,  en  effet,  assez  curieux  que 
les  personnes  marchant  dans  les  rues  ne  se  soient  douté  de  rien. 

Un  mauvais  génie  semble  poursuivre  avec  acharnement  la 
destruction  des  vieux  ponts,  déjà  si  décimés  en  France.  Voilà  que 
le  pont  Saint-Etienne,  si  pittoresque,  de  Limoges,  est  condamné 
sérieusement  à  disparaître.  Il  est  pourtant  solide  et  ne  réclame 
qu'un  peu  de  ciment  dans  les  joints,  pour  «  durer  encore  de  lon- 
gues années,  à  la  condition  qu'on  le  laisserait  dans  son  état  actuel 
de  confonmation  ».  On  avait  pensé,  en  effet,  à  le  surélever  !  La 


Digitized  by  Vj^OQIC 


—  204  — 

ville  a  voté  une  somme  de  200.000  fr.  dans  ce  but.  Il  faut  convenir 
que  les  conseils  municipaux  ont  parfois  de  singulières  concep- 
tions. La  Société  d'archéologie  du  Limousin  a  protesté.  Le  sau- 
vera-l-elle  ?  Souhailons-le. 

Le  pont  de  Terrasson,  en  Périgord,  est  à  son  tour  convoité 
par  les  ingénieurs,  qui  voudraient  le  jeter  bas  et  lui  substituer  un 
pont  tout  neuf  qui  ne  vaudra  pas  Tancien.  Qui  donc  leur  inspi- 
rera un  peu  le  respect  des  vieilles  choses...  plus  solides  souvent 
que  leurs  travaux  neufs  7 

On  signale  la  découverte,  près  Jonzac,  dans  un  mur,  d'un 
sac  de  monnaies  d'or  et  d'argent  de  la  fin  du  XVP  et  du  commen- 
cement du  XVII*  siècle. 

Le  château  de  Neuvicq  (Charente),  a  été  vendu  par  M.  Clais, 
notaire  à  Saint-Jean  d'Angély,  à  M.  Alphonse  Porchaire,  doc- 
teur-médecin à  Neuvicq,  agissant  en  qualité  de  maire  de  la  com- 
mune. 

Il  a  appartenu  successivement  à  M"*  Marie  Calluaud,  décédée, 
veuve  de  M.  Samuel-Augustin  Martineau,  à  Neuvicq  ;  à  Michel 
Calluaud  ;  à  Gabriel-Frédéric-Charles  Martell,  propriétaire  à 
Cognac  ;  à  François  de  La  Laurencie  de  Charras,  maître  de 
camp  de  cavalerie,  demeurant  à  Paris. 

Par  décret  du  27  mai,  le  ministre  des  beaux-arts  a  classé 
comme  monument  historique  les  thermes  dits  de  Saint-Saloine, 
naguère  achetés  par  notre  confrère  M.  J.  Guillet.  Les  objets  qui 
pourront  être  recueillis  dans  les  fouilles  seront  remis  à  la  ville 
de  Saintes  et  exposés  dans. une  des  salles  du  musée. 

On  sait  que  la  ville  a  déjà  acheté  une  collection  d'objets  prove- 
nant de  ce  même  terrain. 

On  a  le  souvenir  encore  très  frais  du  grand  référendum  que  le 
ministre  de  Tinslruction  publique  a  organisé,  cette  année,  sur  la 
question  de  la  fixation  de  la  date  des  vacances  dans  les  lycées  et 
collèges.  On  sait  qu'une  grosse  majorité  s'est  déclarée  en  faveur 
de  l'ouverture  des  vacances  au  15  juillet,  que  la  minorité  a  eu 
gain  de  cause  et  obtenu  le  maintien  du  slalu  quo. 

A  litre  de  comparaison,  on  peut  lire  le  passage  de  la  lettre  de 
Pierre  de  Bremond,  publiée  dans  le  tome  XXI  de  la  Revue,  page 
125,  et  voir  combien  les  idées  diffèrent  sur  ce  point  avec  le  temps. 


Digitized  by 


Google 


—  205  — 

En  1823,  les    distributions  de  prix    au  couvent  de  Chavagnes 
avaient  lieu  en  septembre. 

M.  Boissonnade  prépare  un  travail  sur  l'administration  royale 
et  les  soulèvements  populaires  en  Angoumois,  en  Sainlonge  et  en 
Poitou  pendant  le  ministère  de  Richelieu. 

Il  a  donné  comme  le  programme  de  cette  élude  à  la  Société  des 
Antiquaires  de  l'Ouest  (tirage  à  part.  Poitiers,  1903). 

IJEcho  Rochelais  du  28  mai  contient  un  article  sur  Thôtel  des 
postes  de  La  Rochelle,  inauguré  le  29  mai.  Des  pourparlers  eu- 
rent lieu  entre  la  Ville  et  Tadrainislration  en  vue  de  la  construc- 
tion de  rhôtel,  et  on  choisit  le  terrain  occupé,  en  bordure 
de  la  place  de  la  Mairie  et  de  la  petite  rue  du  Temple,  par  la 
manutention,  les  bureaux  du  recrutement  et  la  sous-inlendancc 
Les  bdliments  utilisés  par  ces  services  appartenaient  pour  la  nue 
propriété  à  la  ville,  et  pour  l'usufruit  à  l'Etat.  Le  ministère  de  la 
guerre  consentit,  en  1899,  à  l'abandon  de  son  droit  d'usufruit 
moyennant  le  versement  par  la  ville  d'une  indemnité  de  68.600  fr. 
Le  conseil  municipal  céda  le  terrain  à  l'administration  des  postes 
moyennant  30.000  fr.,  et,  le  15  mars  1900,  il  prit  l'engagement  de 
construire,  sur  ce  terrain,  pour  le  compte  de  l'Etat,  un  hôtel  des- 
tiné à  l'installation  des  services  de  la  poste,  du  télégraphe  et  du 
téléphone.  Cette  construction  a  été  faite  sur  les  plans  de  notre 
confrère  M.  Corbineau,  architecte  à  La  Rochelle.  Les  dépenses 
se  sont  élevées  à  la  somme  de  240.000  fr.,  entièrement  à  la  charge 
de  l'Etat. 


NOTES  D'ETAT  CIVIL 


I.  —  DÉCÈS 

Le  21  avril  1904,  est  décédé,  à  Paris,  à  l'âge  de  71  ans,  M. 
Henry-Paul-Eugène  Chaudruc  de  Crazannes. 

Bien  que  M.  de  Crazannes  soit  demeuré  toute  sa  vie  étranger 
à  nos  régions,  il  était  cependant  un  peu  saintongeais  par  son 
origine  ;  il  était,  en  effet,  fils  du  baron  Chaudruc  de  Crazannes, 
bien  connu  des  archéologues  et  numismates  de  son  époque,  dont 
les  travaux  sur  les  antiquités  de  Saintes  ne  sont  pas  encore  tout 
à  fait  oubliés,  et  de  M"*  de  Crazannes,  née  de  Loupiac,  d'une  des 
plus  vieilles  familles  d'Auvergne, 


Digitized  by 


Google 


—  206  — 

M.  de  Crazannos  était  né  à  Figeac,  en  1833.  Sorti  de  l'Ecole  de 
Saint-Cyr  dans  Tarme  de  l'infanterie,  il  prit  part  à  diverses  cam- 
pagnes en  Algérie,  à  la  campagne  d'Italie  et  à  la  campagne  de 
France.  Fait  prisonnier  et  envoyé  en  captivité  à  Dusseldorf,  il 
s'évada  pour  revenir  prendre  rang  à  l'armée  de  la  Loire.  Il  a 
terminé  sa  carrière  comme  intendant  militaire,  directeur  des  ser- 
vices administratifs  au  ministère  dç  la  guerre. 

Il  était  commandeur  de  la  légion  d'honneur,  oificier  de  l'ins- 
truction publique,  grand  officier  du  Nicham,  etc.,  etc. 

M.  de  Crazannes  avait  hérité  de  son  père,  quoique  à  un  moin- 
dre degré,  l'amour  de  l'archéologie  et  de  la  numismatique,  il 
était  membre  de  la  Société  archéologique  du  Midi  de  la  France 
(Toulouse). 

Il  avait  épousé  à  Toulouse,  M"*  Elisabeth  de  Malafosse,  dont 
il  a  ou  un  fils,  René,  capitaine  au  .V  cuirassiers,  et  marié  à  M"* 
d'Hennezel,  et  deux  filles  non  mariées.  Il  était  l'oncle  de  notre 
confrère  le  baron  Roger  Chaudruc  de  Crazannes,  que  l'achat  du 
château  de  Crazannes  a  ramené  récemment  au  berceau  de  la  fa- 
mille. 

Le  26  avril  est  décédé,  à  Rochefort,  rue  Audeberl,  à  l'âge  de 
57  ans,  M.  Julien  Foucaud,  jardinier-botaniste  de  la  marine,  vice- 
président  de  la  Société  des  sciences  de  la  Charente-Inférieure. 

Ses  obsèques  ont  eu  lieu  le  28,  à  Nieul-sur-Mer,  dans  la  sépul- 
ture de  famille. 

M.  Bernard,  président  de  la  Société  des  sciences  naturelles  de 
La  Rochelle,  a  prononcé  une  allocution  reproduite  dans  le  Cour- 
rier de  la  CharenlC'lnlérieure  du  1*'  mai.  Simple  instituteur,  sans 
ressources  scientifiques  à  sa  disposition,  isolé  au  fond  d'un  hum- 
ble village,  il  sut,  grâce  à  son  extraordinaire  énergie  et  son 
amour  obstiné  du  travail,  s'assimiler  une  science  qui  lui  tenait  au 
cœur  avec  passion.  Il  a  fait  de  nombreuses  additions  à  la  Flore 
de  rOuesl  ;  il  a  écrit  de  nombreuses  notes  parues  dans  les  annales 
de  la  Société.  Il  a  apporté  une  précieuse  collaboration  aux  trois  ' 
premiers  volumes  de  la  Flore  de  France,  actuellement  en  cours 
de  publication  et  qui  a  conservé  le  titre  de  Flore  de  France^  par 
MM.  Rouy  et  Foucaud. 

Est  décédée  le  13  mai  1904,  à  Cognac,  M"*  la  marquise  de 
Saint-Légier  de  la  Sausayc,  née  Planai  de  La  Faye,  âgée  de 
68  ans. 


Digitized  by 


Google 


—  207  — 

Le  26  mai  1904,  est  décédé,  à  Saintes,  François-Xavier  Héraud, 
Agé  de  75  ans,  né  à  Saintes,  sous-ingénieur  des  ponts  et  chaus- 
sées en  retraite,  chevalier  de  la  légion  d*honneur  {1888),  ancien 
conseiller  municipal  de  Saintes  (1ô74-1884).  Il  sortit  dans  un  bon 
rang  de  Técolc  d'Angers,  servit  deux  ans  dans  le  génie,  puis  entra 
dans  l'administration  des  ponls  et  chaussées.  Il  débuta  à  La  Ro- 
chelle, et  fut  nonmié,  en  1870,  conducteur  principal  à  Saintes, 
qu'il  ne  devait  plus  quitter. 

M.  Héraud  laisse  une  fille  mariée  à  M.  Jeanne,  capitaine 
au  6*  de  ligne. 

Voir  le  discours  de  M.  Babinot,  dans  le  Moniteur  de  la  Sain- 
tonge  du  31  mai. 

Le  9  mai  1904,  est  décédé,  à  Cognac,  M.  Louis-Gabriel  Cor, 
Agé  de  85  ans,  veuf  de  Suzanne-Laure-Lina  Maurain,  pendant  de 
longues  années  comptable,  puis  caissier  dans  la  maison  J.  Hcn- 
nessy. 

Il  a  fait  don  au  musée  de  la  ville  de  sa  collection  d'objets  an- 
ciens, comprenant  notamment  une  ample  série  d'objets  préhisto- 
riques où  se  trouvent  des  exemplaires  douteux  et  même  faux  si 
la  collection  n'a  pas  été  expurgée. 

M.  Cor  était  vice-président  d'honneur  de  La  Palette  de  Cognac 
et  a  généreusement  contribué  à  son  installation. 

Le  25  mai  1904,  est  décédée,  à  Rochefort-sur-Mer,  M"**  Julie- 
Clémence-/.aure  Huet-Labrousse,  veuve  du  capitaine  de  vaisseau 
Emile  Maisonneuve.  C'était  une  femme  de  cœur,  affectueuse  et 
bonne,  toujours  prêle  à  faire  le  bien  autour  d'elle. 

Née  à  Surgères,  le  20  mars  1823,  elle  était  fille  de  Auguste 
Huet-Labrousse  (né  en  1798,  mort  à  Saint-Germain  de  Maran- 
cennes,  le  29  septembre  1831),  et  de  Louise-Thérèse-Céleste- 
Clémence  Pasquier  (née  en  1802,  morte  à  La  Rochelle,  le  25  juin 
1823).  Le  père  do  celte  dernière  était  chirurgien  de  la  marine  et 
avait  une  sœur,  Marie-Geneviève  Pasquier  (1768-1860),  qui  avait 
épousé  Jean-Jacques  Ayraud,  notaire  (1763-1831),  souche  d'une 
nombreuse  famille. 

Laure  Huet-Labrousse  avait  épousé,  le  27  août  1844  (1),  Fran- 


(1)  Le  mariage  avait  été  célébré  par  René-Primevère  Lesson,  maire  par  in- 
térim. 


Digitized  by 


Google 


—  208  — 

çois-Auguste-£mi7e    Maisonneuve,    alors  enseigne  de  vaisseau 
(notice  dans  la  Revue  de  Sainionge,  t.  XV,  1895,  p.  416). 
De  ce  mariage  étaient  nés  deux  enfants  : 
1*»  Camille-Auguste-//enrî  (1845-1873)  (Revue,  ibid.). 
2*  Louise-Marie-Laure,  mariée    en   1875  à    Lucien  Arnoux 
{Revue,  ibid.),  dont  :  1*  Henri,  marié  à  Louise  Lian  (Revue, 
t.  XXIV,  1904,  p.  144);  2?  Lucie,  mariée  à  Gabriel  Rousseau 
(Revue,  t.  XXII,  p.  226),  une  fille  ;  3^  Marguerite. 

II.  —  Mariages. 

Le  16  avril  1904,  M.  Emile  Giraudias  a  épousé,  à  La  Rochelle, 
M"*  Iseult  Gorron. 

Les  témoins  étaient,  du  côté  du  marié  :  M"*'  Giraudias,  sa  belle- 
scrur,  et  M.  Barthélémy,  professeur  de  mathématiques  à  Niort  ; 
du  côté  de  la  mariée  :  le  vice-amiral  Prouhet,  commandeur  de  la 
légion  d'honneur,  et  M.  de  Flcurian,  chef  de  bataillon,  chevalier 
de  la  légion  d'honneur. 

Le  4  mai  1904,  M.  le  docteur  Maurice  Armand,  médecin  à 
Saintes,  a  épousé,  à  Ghervcs  de  Cognac,  M'^  Louise  Dousset. 

Le  10  mai  1904,  a  été  célébré,  à  Toulon,  le  mariage  de  M.  Louis 
Bcsson,  enseigne  de  vaisseau,  fils  du  vice-amiral  Bcsson,  avec 
M"*  Marguerite  Le  Bourgeois,  fille  de  feu  le  contre-amiral  Le 
Bourgeois. 

Le  17  mai  1904,  a  été  béni,  à  Nancras,  le  mariage  de  M.  Félix 
Lafforgue,  médecin-major  au  18*  escadron  du  train  des  équi- 
pages, chevalier  de  la  légion  d'honneur,  avec  M"*  Marguerite 
Crépel,  fille  de  M.  Crépel,  ancien  receveur  des  postes  à  Saintes, 
et  de  M°*  Crépel,  née  Ri  vaille. 

Le  30  mai,  a  été  célébré  le  mariage  de  M"*  Marthe  Gilbert,  fille 
de  M.  Gilbert,  agent  d'assurance  du  Nord,  à  Saintes,  et  de 
M™  Gilbert,  née  Quantin,  Marie- Lucile,  avec  M.  Edouard  Beau- 
vais. 

M"'  Gilbert,  élève  de  M.  Furcy  de  Lavault,  est  connue  dans 
toute  notre  région  comme  peintre  de  fleurs. 


Digitized  by 


Google 


—  209  — 

Le  30  mai,  à  Chevanceau,  a  été  béni  le  mariage  de  M"*  Marthe 
Pinasseau,  fille  de  notre  confrère,  M.  F.  Pinasseau,  ancien  no- 
taire à  Saintes,  avec  M.  René  Fougerat,  fils  de  M.  Fougerat,  an- 
cien notaire  à  La  Rochefoucauld. 


ERRATUM 

N'  de  mai,  p.  146,  lire  Guilhon  au  lieu  de  Guichon  ;  p.  156,  lire 
du  Basty  et  non  du  Bastie. 

Note  au  sujet  d'un  sceau  décrit  dans  le  numéro  de  mars  de  la 
Hùvue  de  Saintongc  et  d'Aunis. 

La  légende  du  sceau  de  la  «  maroscliaucie  de  France  »  doit 
être  ainsi  complétée  :  CLERMU  DE  NE...,  car  on  trouve  dans  le 
dictionnaire  de  numismatique  et  de  sigillographie  de  Tabbé  Migne 
(1852),  col.  369,  §  303  :  «  Simon  de  Clermont  II*  du  nom,  seigneur 
»  de  Nesle  et  d'Ailly.  1270.  Armes  :  de  gueules,  semé  de  trèfles 
»  d*or  à  deux  bars  adossés  du  même,  au  lambel  de  trois  pendants 
»  d'azur.  » 

Et  plus  loin,  col.  382  : 

«  *  1191.  Clermont  (Raoul  I*'  comte  de)  en  Beauvoisis,  connéta- 
»  ble  de  France. 

»  *  1270.  Clermont  (Simon  II  de),  seigneur  de  Neelle  et  d'Ailly 
»  en  Picardie.  » 

L'astérisque  indique  que  la  famille  est  éteinte. 

Les  armes  des  Clermont-Nesle  sont  indiquées  de  même,  à  l'ex- 
ception cependant  du  lambel,  à  la  page  158  de  la  Nouvelle  mé- 
thode du  blason,  du  père  Menestrier,  augmentée  de  toutes  les 
connaissances  relatives  à  celte  science  par  M.  L***,  à  Lyon,  1780. 

Au  1  de  Técu  on  voit  des  bandes  qui  paraissent  être  de  sable,  à 
cette  différence  près  que  les  hachures  sont  faites  de  traits  obli- 
ques au  lieu  de  traits  verticaux  et  horizontaux.  Serait-ce  Técu  de 
Bourgogne  ancien  :  bandé  d^or  et  d'azur  de  six  pièces  à  la  bor- 
dure  de  gueules  ?. 

On  lit,  page  243  du  tome  III  de  la  Société  de  sphragistique  de 
Paris,  que,  «  avant  le  XVII*  siècle,  où  Ton  commença  seulement 
»  à  représenter  par  des  signes  de  convention  les  émaux  des  ar- 
»  moiries,  les  hachures  étaient  gravées  seulement  pour  Torne- 
»  ment  du  sceau  et  non  pour  en  désigner  les  émaux.  » 

On  trouve,  en  effet,  dans  le  même  ouvrage  le  dessin  d*un  sceau 


Digitized  by 


Google 


—  210  — 

de  la  Province  de  Bourgogne  sur  lequel  des  bandes  sont  alterna- 
tivement couvertes  de  hachures  faites  de  traits  obliques  ;  toute- 
fois, sur  le  sceau  qui  nous  occupe,  on  ne  constate  pas  la  présence 
de  la  bordure. 

H.  P. 


VARIÉTÉS 


I 

L'Excursion  de  Pons  au  château  d*Ars. 
[26  mai  1904). 

C'est  à  Pons,  cette  année-ci,  que  la  Société  des  Archives 
Historiques  et  la  Commission  des  Arts  et  Monuments  de  la  Cha- 
rente-Inférieure se  sont  donné  rendez-vous  comme  point  de  dé- 
part de  leur  excursion  annuelle. 

Réunis  comme  en  1903,  dans  un  esprit  de  bonne  confraternité 
qu'on  ne  saurait  trop  louer,  les  membres  et  les  amis  de  ces  deux 
sociétés  ont  tenu  à  montrer  une  fois  de  plus  que  l'Archéologie 
compte  toujours  dans  le  département  de  fervents  et  courageux 
adeptes. 

La  plupart  des  excursionnistes  des  années  passées  sont  tout 
heureux  de  se  retrouver  à  la  gare  de  Saintes.  Ce  sont  MM. 
Georges  Musset,  Charles  Dangibeaud,  Théodore  Poirault,  Fer- 
dinand Babinot,  Justin  Coutanseaux,  Edmond  Duret  et  Jean 
Musset.  Le  docteur  Guillaud  vient,  à  la  descente  du  train,  com- 
pléter le  rassemblement,  et  le  signal  du  départ  est  donné  un  peu 
avant  huit  heures  du  matin. 

Tous  aussitôt,  sans  distinction  cTAge,  fiers  de  retrouver  leurs 
jambes  de  vingt  ans,  de  s'élancer  à  l'assaut  d'une  antique  pa- 
tache,  dont  les  chevaux  semblent  aussi  vermoulus  que  les  sièges, 
— mais  qu'importe  !  le  vieux  n'est-il  pas  l'ami  de  l'archéologue  ? 
— et  le  véhicule  s'ébranle  au  milieu  des  rires  et  de  la  plus  franche 
gaîté. 

Bougneau,  Pérignac,  le  château  d'Ars,  telles  sont  les  mer- 
veilles qui  sont  promises  à  notre  admiration.  Jamais  programme 
d'excursion  ne  fut  élaboré  avec  plus  de  sens  pratique  et  d'in- 
telligence artistique.  Les  organisateurs  avaient  admirablement 
mis  à  profit  les  expériences  des  années  passées.  Finies  ces  excur- 
sions de  longue  haleine,  qui  semblaient  plutôt  instituées  pour 


Digitized  by 


Google 


—  211  - 

battre  un  record  de  vitesse  que  dans  un  but  réel  d*érudition. 
Cette  fois,  les  étapes  doivent  être  courtes,  peu  nombreux  les 
monuments  à  visiter,  mais  personne  ne  songe  à  s'en  plaindre  ; 
la  confiance  d'un  chacun  est  assez  grande,  et  suffisante  son  éru- 
dition, pour  être  certain  d'avance  que  l'excursion  comptera 
parmi  les  meilleures  et  les  plus  profitables.  La  qualité  au  détri- 
ment de  la  quantité,  moins  de  fatigue  et  plus  de  science,  tel 
doit  être  en  un  mot  le  bilan  de  cette  heureuse  journée. 

Malheureusement,  depuis  l'aurore,  de  gros  nuages  noirs, 
immobiles  et  très  bas,  suspendaient  au-dessus  des  champs  en 
fleurs  de  menaçantes  promesses  d'orage.  On  eût  dit  que  le  soleil 
s'attardait,  paresseux  et  douillet,  dans  la  fraîcheur  embaumée 
de  cette  heure  matinale.  Trop  matinale  peut-être,  pour  vous, 
Mesdames,  et  trop  triste  le  ciel  aussi  sans  doute  :  pour  la  pre- 
mière fois,  depuis  bien  longtemps,  vous  n'avez  pas  daigné 
apporter  à  l'excursion  le  tribut  de  vos  grâces  ;  la  note  joyeuse 
de  vos  rires,  la  gaîté  de  vos  propos  eût  pourtant  dissipé  cette 
ombre  légère  de  tristesse  qui  ne  laisse  jamais  de  nous  envahir 
(|uand  nous  contemplons  les  monuments  d'un  autre  âge,  ou 
remuons  les  cendres  du  passé.  Comme  elle,  n'en  doutez  pas,  si 
vous  étiez  venues,  les  nuées  se  seraient  enfuies  et  lé  soleil,  pour 
vous  plaire,  aurait  revêtu  sa  plus  précieuse  parure  de  printemps. 
Pour  nous,  l'excursion  eût  été  plus  belle,  et  nous  aurions  pu, 
grâce  à  vous,  sans  restriction  et  sans  regret,  marquer,  comme 
les  Grecs,  cette  journée  d'un  caillou  blanc. 

SUR  LA  ROUTE.  —  Cependant  que  notre  attelage  nous  en- 
traîne cahin-caha  sur  la  route  de  Cognac,  derrière  nous  la  ville 
de  Pons  disparaît  peu  à  peu  dans  la  brume  légère  du  matin.  Fiè- 
rement campé  sur  le  bord  de  l'abîme,  glorieux  survivant  du 
moyen  âge  et  de  la  puissance  d'une  race  éteinte,  le  donjon  dresse 
bientôt  seul  au-dessus  de  l'horizon  la  noire  silhouette  de  sa 
masse.  —  Nous  fuyons 

Au  loin,  bien  loin  devant  nous,  une  ligne  sombre  de  collines 
se  découpe  trop  nette  sur  la  grisaille  du  ciel.  De  chaque  côté  du 
chemin,  les  hautes  herbes  des  prairies,  dans  les  champs  les 
jeunes  blés,  verts  témoins  de  la  fertilité  de  ce  coin  de  Saintonge, 
drus  sous  la  poussée  vigoureuse  du  printemps,  étendent  à  perte 
de  vue  l'émeraude  de  leur  tapis.  Pas  un  frisson  n'en  vient  rider 
la  mobile  uniformité  ;  l'air  est  calme,  on  est  heureux  de  vivre. 
Le  charme  de  la  nature  nous  pénètre  peu  à  peu  et,  profondément 


Digitized  by 


Google 


—  212  — 

remués  par  les  beautés  de  la  campagne,  nous  nous  taisons  bien- 
tôt  

Tout  à  coup,  un  cri  de  terreur  nous  arrache  à  notre  rêverie. 
Là,  barrant  la  route,  une  branche  trop  basse  menace  de  décapiter 
les  plus  intrépides  qui  sont  montés  trop  haut.  Entraînés  dans  la 
descente,  les  chevaux  ne  peuvent  arrêter  à  temps  leur  course 
désordonnée.  Nous  nous  baissons,  pas  assez  toutefois  pour  éviter 
la  caresse  un  peu  rude  des  feuilles  sur  le  visage.  La  peur  heu- 
reusement est  plus  grande  que  le  mal  et,  le  danger  passé,  nous 
rions  gatment  de  notre  mésaventure. 

Plus  loin,  nouvel  incident.  —  Au  milieu  du  chemin,  les  jarrets 
tendus  et  le  col  en  avant,  une  maigre  brebis  refuse  obstinément 
de  nous  livrer  passage  et  courageusement  nous  offre  la  bataille. 
L'attelage  est  lancé  et  nous  passons  quand  même,  tandis  que, 
derrière  nous,  la  pauvre  bêle  se  relève  meurtrie  et  nous  regarde 
fuir,  navrée  de  son  impuissance  et  maudissant  tout  bas  les  ar- 
chéologues. 

BOUGNEAU,  —  Bientôt  voici  Bougneau.  Nous  mettons  pied 
à  terre  auprès  du  cimetière.  La  calme  solitude  de  la  nécropole 
est  troublée  par  le  vol  bourdonnant  des  abeilles.  La  vie  semble 
vouloir  y  prendre  sa  revanche  sur  la  mort.  Partout  les  tombes 
disparaissent  sous  les  roses  et  les  bouquets  touffus  d'oeillets 
blancs.  Des  clématites  en  fleurs  s'élancent  à  l'assaut  des  épaisses 
murailles  bardées  de  trapus  contreforts  et  creusées  de  baies 
étroites  et  rares,  pareilles  à  des  meurtrières.  On  dirait  d'un 
château-fort  bien  plus  que  d'une  église. 

Le  clocher  lui-même,  massif  et  carré,  puissamment  assis  sur 
le  chœur  et  percé  de  fenêtres  romanes  évidées,  semble  moins 
destiné  à  jeter,  aux  quatre  coins  de  l'horizon,  le  son  joyeux  des 
cloches  que  des  menaces  de  combats.  Tout  est  clos,  connue  à 
l'approche  de  l'envahisseur,  mais  personne  ne  vient,  comme  au 
temps  des  preux,  nous  offrir  sur  un  coussin  brodé  d'or  les  clefs 
de  la  place  assiégée. 

Aux  efforts  désespérés  que  nous  tentons  pour  pénétrer  dans 
la  nef,  la  grande  porte  oppose  la  résistance  de  ses  puissantes 
pentures.  Bientôt  las  de  nos  tentatives  infructueuses,  nous  pre- 
nons le  sage  parti  d'attendre  et  de  calmer  notre  impatience  par 
l'étude  extérieure  de  ce  curieux  édifice. 

Un  vaste  portail  du  XIII*  siècle  encadre  de  ses  voussures  en 
volutes  la  porte  récalcitrante.  De  chaque  côté,  des  colonnettes, 


Digitized  by 


Google 


—  213  — 

élégantes  et  fluettes,  semblent  recevoir  sans  effort  la  lourde  re- 
tombée de  ses  arcs  en  tiers-point.  Au-dessus,  à  droite  et  à  gau- 
che, trois  niches  aux  cintres  dentelés,  aux  pinacles  ornés  de 
fleurons  et  de  crochets,  veuves  de  leurs  statues,  indiquent  nette- 
ment que  le  XIV*  siècle  a  voulu  lui  aussi  laisser  sur  cette  façade 
l'empreinte  de  son  architecture.  —  Par  ici,  par  là,  les  murs  sont 
creusés  de  marques  de  tâcherons  en  forme  de  coquilles,  d'ini- 
tiales fleurdelisées  qui  excitent  au  plus  haut  point  notre  curio- 
sité. 

Une  agréable  surprise  attend  au  chevet  de  l'église  ceux  d'entre 
nous  qui  ne  l'ont  jamais  visitée.  Au  sommet  d'un  pilastre  à  la 
corniche  finement  ciselée,  une  petite  fenêtre  dessine  curieuse- 
ment sur  le  nu  de  la  muraille  la  saillie  de  ses  jambages  mono- 
lithes et  de  son  arcature  ronde  en  petit  appareil.  Exemple  unique 
peut-être,  qui  a  du  moins  pour  nous  tout  le  charme  de  la  nou- 
veauté. Au-dessus,  des  corbeaux  trop  espacés  opposent  la  fai- 
blesse de  leurs  sculptures  au  poids  d'un  entablement  trop  lourd. 
Entre  eux,  de  délicats  entrelacs,  au-dessous,  une  mince  guir- 
lande de  feuillage  les  relient  les  uns  aux  autres,  et  le  tout  forme 
un  ensemble  du  plus  heureux  effet. 

Sur  ces  entrefaites,  Monsieur  le  maire  de  Bougneau  et  le  véné- 
rable curé  de  la  paroisse  surviennent  à  propos  pour  nous  faire 
les  honneurs  de  leur  église  ;  ce  dont  ils  s'acquittent  d'ailleurs 
avec  une  parfaite  obligeance,  empreinte  d'une  bonhomie  toute 
saintongeoise.  Nous  entrons  enfin  ! 

On  reconnaît  au  premier  coup  d'œil  combien  l'édifice  a  subi 
des  transformations  profondes.  De  la  croix  latine  primitive,  il 
ne  reste  guère  plus  que  le  sanctuaire  et  une  partie  de  la  nef 
principale,  auxquels  il  serait  bien  difiîcile  d'assigner  une  date 
quelque  peu  précise. 

L'architecte,  s'il  n'a  point  fait  école,  a  du  moins  eu  le  rare 
mérite  de  nous  laisser  une  œuvre  originale.  On  oublie  facilement 
en  la  voyant  les  défauts  de  la  construction,  pour  admirer  avec 
quelle  fécondité  d'imagination  l'idée  en  a  été  conçue. 

L'abside  en  fer  à  cheval  est,  si  j'ose  m'exprimer  ainsi,  taillée 
à  l'emporle-pièce  dans  le  plan  rectangulaire  du  chevet.  Tout  au- 
tour, huit  grosses  colonnes  monolithes,  aux  chapiteaux  trapus 
et  décorés  de  feuillage,  reçoivent  tout  l'effort  d'arcades  semi- 
circulaires,  et  l'ensemble  sert  de  soubassement  à  six  colonnes 
plus  minces  aux  bases  annelées.  —  Il  n'est  pas  étonnant,  d'après 
cela,  que  l'architecte  n'ait  pu  faire  concorder  la  division  de  ses 


Digitized  by 


Google 


—  214  — 

travées,  et  soit  arrivé  ainsi  à  créer  le  plus  dangereux  porte-à- 
faux.  —  Les  colonnettes  du  premier  étage  encadrent,  deux  à 
deux,  les  curieuses  fenêtres  que  nous  admirions  tout  à  l'heure, 
et  dont  deux  seulement  subsistent  encore  aujourd'hui.  Au-dessus 
des  baies  du  sanctuaire,  les  arcs  sont  plein-cintre,  tandis  que 
les  deux  autres  entrecolonnements  sont  limités  par  des  amor- 
tissements triangulaires  du  plus  bizarre  effet.  Enfin,  couvrant  le 
tout,  une  voûte  en  cul-dc-four  se  raccorde  avec  une  partie  de 
voûte  en  berceau  surbaissé. 

Vivement  intéressés  par  ce  que  nous  venons  de  voir,  nous 
jetons  en  passant  un  coup  d'iril  un  peu  distrait  sur  les  chapi- 
teaux à  têtes  et  à  feuillages  du  carré  du  transept  (XII*  siècle),  et 
sur  l'ogive  de  la  voûte  gothique  prismatique  de  la  sacristie. 

Mais  l'heure  s'avance  ;  nous  sommes  obligés  de  prendre  congé 
de  nos  obligeants  cicérone.  Et  bientôt,  nous  quittons  Bougneau, 
emportant  de  son  église  l'impression  d'un  mélange  harmonieux, 
mais  bizarre,  et  disant  avec  le  poète  : 

Souvent  un  beau  désordre  esl  un  efTet  de  l*art. 

VERS  PERIGNAC,  —  Laissant  pour  un  moment  la  route  de 
Cognac,  nous  disparaissons  bientôt  sous  le  couvert  d'un  chemin 
creux.  Un  regain  de  saveur  pour  l'école  buissonnière  nous  en- 
traîne vers  Montignac.  Que  M.  Poirault  nous  pardonne  cet  accroc 
à  son  programme,  en  songeant  avec  quelle  insistance  le  vénérable 
curé  nous  a  recommandé  la  visite  de  sa  seconde  église  ! 

Comme  à  Bougneau,  le  cimetière  nous  reçoit  encore,  tout 
aussi  gai,_tout  aussi  fleuri.  Sous  les  hautes  herbes,  on  devine  les 
tombes  plutôt  qu'on  ne  les  voit.  Au-dessus  de  la  verdure,  un 
sarcophage  émerge  et  montre  dans  ses  flancs  la  couche  éternelle 
et  froide  du  dernier  sommeil.  L'image  de  la  mort  s'évoque  devant 
nous,  un  frisson  nous  saisit.  Nous  nous  empressons  de  détour- 
ner les  yeux  et  de  chercher  sur  les  murs  de  la  chapelle  quelque 
dérivatif  à  cette  sombre  vision 

Hélas,  tout  est  nu,  tout  est  blanc  !  Très  propre,  en  effet,  votre 
église,  Monsieur  le  curé,  mais  nous  eussions  cent  fois  préféré, 
à  cette  propreté,  un  peu  plus  de  poussière  archéologique  sur  de 
moins  rares  vestiges  du  passé.  Rien  à  glaner,  ou  presque  rien. 
Seul  un  chapiteau,  vierge  de  brisures,  semble  avoir  soustrait, 
par  quelque  sortilège,  ses  têtes  bizarrement  tordues  par  les 
grimaces  à  l'impitoyable  usure  du  temps.  La  voûte  elle-même  a 
disparu,  laissant  à  découvert  une  pauvre  charpente  qui  n'a  pas 
môme  à  nos  yeux  le  mérite  de  la  vieillesse  I 


Digitized  by 


Google 


—  215  — 

Vainement  nous  cherchons  sur  la  façade  une  compensation  à 
notre  curiosité  déçue  ;  nous  sommes  obligés  de  repartir  Toreille 
basse,  tels  des  disciples  de  Nemrod  revenant  «  bredouille  »  d'un 
rendez- vous  de  chasse/  N'oublions  pas,  cependant,  les  innom- 
brables marques  de  tâcherons  répandues  sur  le  mur  du  pignon 
sud. 

Bientôt  nous  nous  engageons  dans  la  longue  et  étroite  rue  qui, 
d'un  bout  à  Tautre,  traverse  Pérignac. 

PERIGNAC.  —  Sur  la  place,  où  nous  descendons,  notre  pré- 
sence insolite  éveille  la  curiosité  des  pacifiques  naturels  de  l'en- 
droit. Vite,  un  rassemblement  se  forme  et  chacun  se  presse  afin 
de  nous  mieux  voir.  Un  vif  désappointement  se  lit  sur  quelques 
visages.  «  C'est  donc  comme  cela,  des  archéologues  ?  »  Eh  oui. 
Messieurs  de  Pérignac,  des  hommes  tout  comme  les  autres. 
Comptiez-vous  donc  nous  voir  avec  de  longues  robes  de  magi- 
ciens ou  d'opulentes  perruques  mérovingiennes  ?  En  ce  cas,  votre 
espérance  s'est  trouvée  déçue,  et  nous  vous  prions  humblement 
d'agréer  nos  bien  sincères  excuses. 

Tandis  que  nous  servons  de  pâture  à  la  curiosité  générale, 
M.  Bergeron,  maire  de  Pérignac,  M.  le  curé  de  la  paroisse,  M. 
Laurent  et  M.  Thibeaudeau  viennent  compléter  notre  groupe. 
Présentations,  échange  de  compliments  et  de  saluts,  les  paroles 
de  bienvenue  se  croisent  ;  cependant,  M.  Dangibeaud  paraît  in- 
quiet, il  lève  les  yeux  au  ciel  avec  une  fixité  qui  ne  laisse  pas  de 
nous  intriguer.  C'est  qu'il  aperçoit,  filtrant  à  travers  les 
nuages,  un  timide  rayon  de  soleil,  et  qu'il  veut  en  profiter  pour 
photographier,  du  haut  de  l'impériale  de  l'omnibus,  la  merveil- 
leuse façade  qui  s'impose  à  notre  admiration.  Braqiier  son  appa- 
reil et  faire  jouer  1«  déclic  de  son  objectif,  tout  cela  n'est  qu'un 
jeu  pour  lui  ;  tandis  qu'au  pied  de  cet  observatoire  improvisé, 
M.  Musset,  notre  autre  président,  nous  fait  en  quelques  mots 
nets  et  précis  l'histoire  de  PérignacL  la  description  de  son  église, 
et  livre  à  notre  érudition  quelqSçs  particularités  dont  l'expli- 
cation est  encore  à  trouver. 

Con{érence  de  M.  Georges  Musset,  —  «  Pérignac  est  une  loca- 
lité intéressante  qui  mériterait  d'être  étudiée  avec  soin.  Elle  a 
certainement  conservé  des  traces  des  premières  civilisations  que 
l'on  retrouverait  aux  lieux  dits  Le  Chai,  La  Motte  Noire.  A 
l'époque  romaine,  un  centre  d'exploration  y  fut  établi  probable- 
ment. Son  nom  primitif  était  Petriniacus  ou  Petriniacum,  et  la 


Digitized  by 


Google 


-216  — 

terminologie  acus  ou  acum  indique  Tappropriation  du  nom  de 
lieu  au  nom  de  l'homme  Petrinius  ou  Patrinius  qui  Tavait  cultivé 
ou  habité. 

»  Le  territoire  de  Pérignac  n'était  pas  éloigné  d'une  voie  ro- 
maine qui,  venant  de  Saintes,  passait  non  loin  de  Salignac  pour 
se  rendre  au  port  de  Jappes  sur  la  Charente.  Celte  voie  a  con- 
servé encore  de  nos  jours  les  noms  de  Chemin  des  Romains,  Che- 
min Chaussée  ou  Chaussât  el  de  Chemin  Boîné.  Cette  expression 
de  Chemin  Botné  rappellerait  peut-être  les  bornes  militaires  dont 
le  souvenir  existe  encore  chez  les  habitants  de  la  contrée.  Au 
moyen  âge  le  terme  bonna  avait  le  sens  de  borne,  terminus^  limen. 
Peut-être  aussi  ce  nom  de  botné  rappellerait-il  que  celte  voie 
était  un  des  rares  chemins  carrossables  où  circulaient  les  bennse, 
sortes  de  véhicules  en  usage  en  Gaule. 

»  A  Tépoque  gallo-romaine  faut-il  aussi  rattacher  un  cimetière 
antique  qui  porte  le  nom  de  Alartourct,  un  lieu  dit  La  Folie,  où 
s'élevait  vraisemblablement  un  édifice  religieux,  un  autre  lieu 
dit  La  Thonnelle  ?  Des  recherches  et  des  fouilles  pourraient 
seules  le  dire. 

»  Jusqu'à  la  fin  du  X*  siècle,  on  ne  trouve  aucun  souvenir  de 
Pérignac  dans  les  documents.  En  989,  nous  voyons  apparaftre 
une  donation  faite  par  le  comte  de  Poitou,  Guillaume  Fier-à-Braa, 
de  son  domaine  et  de  sa  chapelle  de  Pérignac  à  l'église  de  Saint- 
Jean  d'Angély.  Le  domaine  était  une  curiay  c'est-à-dire  un  centre 
agricole  avec  toutes  ses  dépendances,  même  des  ménils.  Au 
centre  se  trouvait  une  modeste  chapelle,  peut-être  construite  en 
bois,  et  dont  il  ne  reste  aucune  trace. 

»  Puis  un  nouveau  silence  se  produit  jusqu'à  la  fin  du  XI*  siècle. 
Pérignac  n'est  plus  qualifié  curia  mais  villa  ;  sa  chapelle  devient 
une  église,  sous  le  vocable  de  saint  Pierre,  ce  qui  indiquerait 
peut-être  une  origine  très  ancienne,  les  églises  consacrées  au 
chef  des  apôtres  ayant  en  général  une  antique  origine  —  à  moins 
que  le  fondateur  de  l'église  n'ait  été  simplement  inspiré,  en  choi- 
sissant le  patron  par  le  nom  ifl^me  de  la  localité. 

»  L'église  de  Pérignac  était  lÔ  propriété  d'une  famille  nombreuse 
que  l'on  retrouve  à  Brives  et  dans  beaucoup  de  localités  voisines. 
iJo  1001  à  1098,  tous  les  membres  de  cette  famille  font  abandon 
à  l'abbaye  de  Saint-Jean  d'Angély  de  cette  église  et  de  tous  les 
droits  qui  y  étaient  attachés,  dîmes,  offrandes,  droits  de  cime- 
tière, de  sépultures  (lumborum).  L'inspiratrice  de  ces  donations 
paraît  être  une  personne  de  haut  rang,  car  sa  donation  person- 


Digitized  by 


Google 


< 
z. 

o 

û. 
a 

s  ^  *- 

2   P   « 

ce     ro    -» 

y  2  *^ 

»<     ■<    fc. 
<    ^ 

U 
H 

< 

Ci. 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


—  217  — 

nelle  est  faite  devant  de  grands  personnages,  notamment  le  duc 
d'Aquitaine.  Ce  devait  être  une  femme  de  grande  beauté,  elle 
porte  en  effet  le  surnom  de  Veneriaj  dont  le  sens  devait  être  jadis 
prêtresse  de  Vénus,  et  elle  fait  des  dons  pour  le  salut  de  son  âme 
en  se  qualifiant  de  peccalrix  (œmina  et  en  demandant  la  sépul- 
ture dans  Téglise. 

»  Possesseurs  à  la  fois  de  la  terre  de  Pérignac,  de  son  église  et 
des  droits  qui  y  étaient  attachés,  les  religieux  de  Saint-Jean  firent 
de  ce  lieu  un  centre  d'administration  monastique,  une  obédience. 
Les  revenus  devaient  en  être  considérables,  puisque  au  XVII* 
siècle,  après  toutes  les  pertes  survenues  aux  églises,  Pérignac 
rapportait  encore  2.500  livres,  ce  qui  représenterait  environ 
10.000  livres  de  rente.  Les  religieux  profitèrent  donc  de  ces  res- 
sources pour  reconstruire,  à  la  fin  du  XII*  siècle,  l'église  actuelle 
à  la  place  de  la  précédente   dont  il  ne  reste  aucune  trace. 

»  La  reconstruction  de  cette  église  appartient  à  la  fin  du  roman, 
et  Ton  y  retrouve  à  la  fois  l'application  des  traditions  et  des  habi- 
tudes de  l'école  romane,  mais  aussi  l'emprunt  des  décorations  et 
des  innovations  de  l'architecture  gothique.  L'école  naturaliste  a 
été  l'inspiratrice  des  charmantes  décorations  de  feuillages  et 
d'animaux  qui  se  trouvent  sur  la  façade  et  dans  l'intérieur  de 
l'église. 

»  Un  point  à  remarquer  tout  d'abord  est  la  disposition  de  la  fa- 
çade, qui  rentre  dans  la  catégorie  tout  à  fait  spéciale  de  l'archi- 
tecture saintongeaise.  Habituellement  les  façades  se  composent, 
dans  la  Saintonge,  ou  d'un  seul  portail  avec  une  fenêtre  dans  le 
pignon  qui  le  surmonte,  ou  de  la  même  disposition  avec  trois 
portails  en  plein  cintre,  ou  de  deux  portails  en  plein  cintre  ac- 
compagnés de  deux  portails  brisés. 

»  Ici  on  a  adopté  un  tout  autre  système  :  une  façade  en  arc  de 
triomphe,  ayant  eu  originairement  un  portail  roman  remplacé 
au  XV*  siècle  par  un  portail  gothique  prismatique,  surmonté  de 
rangées  d'arcades  contenant  des  statues  ;  puis  encore,  au-dessus, 
une  partie  horizontale  dans  laquelle  se  trouve  une  assomption 
dans  une  vesica  piscis. 

»  Les  façades  en  arc  de  triomphe  se  retrouvent  dans  la  Sain- 
tonge, à  notre  connaissance  à  Matha,  à  Echillais  et  à  Médis.  Elles 
constituent  donc  une  exception. 

»  L'église  de  Pérignac  offre  à  l'archéologue  l'occasion  d'étudier 
quelques  autres  points  intéressants  et  aussi  quelques  problèmes 
à  résoudre.  Les  voûtes  de  l'intérieur  de  l'église  sont  en  ogive,  ce 

46 


Digitized  by 


Google 


—  218  — 

qui  prouve  bien  que  Ton  esl  là  à  une  époque  de  transition.  De 
même  l'abside  liabituelle  a  élé  remplacée  par  un  chevet  droit, 
particularité  dont  on  retrouve  cependant  quelques  exemples,  no- 
tamment dans  les  églises  romanes  de  Biron  et  de  Machennes.  Les 
contreforts  sont  un  peu  plus  puissants  que  dans  les  églises  de  la 
môme  époque  et  ont  été  ainsi  faits  pour  soutenir  les  voûtes  en 
ogive.  Ils  ont  ceci  de  particulier  que  leurs  côtés  sont  profilés  en 
ligne  courbe.  L'église  a  d'ailleurs  été  restaurée  dans  certaines 
parties  à  une  époque  récente.  Au  XIX*  siècle,  on  a,  en  effet,  re- 
construit les  voûtes  du  chœur  et  du  transept. 

»  Un  dernier  point  à  signaler,  c'est  l'existence,  dans  les  murs  de 
la  nef,  de  deux  ouvertures  en  forme  de  croissant  renversé,  cons- 
tituant ou  apparence  la  partie  haute  de  deux  grandes  fenêtres. 
Mais  si  l'une  de  ces  deux  fenêtres  paraît  avoir  existé,  à  une  épo- 
que et  dans  un  but  qui  n'apparaissent  pas,  il  n'en  est  pas  de 
môme  de  l'autre,  dont  les  traces  n'existent  pas  dans  la  construc- 
tion. Il  y  a  là  un  problème  curieux  à  résoudre.  Ces  faits  seraient 
d'autant  plus  intéressants  à  éclaircir,  que  les  traces  de  fenêtres 
qui  existent  dans  lo  mur  du  sud,  du  côté  de  Tépître,  correspon- 
daient à  l'existence  de  grandes  constructions  appartenant  à  des 
religieuses  bénédictines,  alors  que  les  religieux  bénédictins  occu- 
paient la  partie  du  nord,  du  côté  de  TEvangile.  Ces  ouvertures 
avaient-elles  pour  but  de  permettre  aux  religieux  et  aux  reli- 
gieuses d'assister  aux  offices  sans  sortir  de  leurs  cloîtres  ?  Un 
examen  très  détaillé  et  très  attentif  des  traces  de  ces  constructions 
permettra  peut-être  de  résoudre  un  jour  ce  problème.  » 

Au  contraire  de  Monlignac,  ici  tout  est  beau,  tout  est  curieux. 
Pas  une  pierre  qui  ne  soit  matière  à  de  délicates  observations, 
pas  un  coin  qui  ne  fournisse  une  ample  moisson  de  documents 
intéressants.  On  voudrait  tout  voir,  et  l'on  ne  sait  vraiment  pas 
par  où  commencer  ;  il  y  a  trop  de  jolies  choses 

Pour  te  visiter,  église  de  Pérignac,  avec  toute  l'attention  que  tu 
mérites,  on  devrait  te  consacrer  des  jours  et  des  jours  ;  pour  dé- 
crire en  détail  toutes  les  beautés  que  tu  renfermes  dans  tes  flancs, 
il  faudrait  une  plume  aussi  féconde  et  colorée  que  celle  de  l'au- 
teur de  Notre-Dame  de  Paris.  Ilélas  î  pour  te  connaître,  je  n'ai 
trouvé  qu'une  heure  ;  maintenant  qu'il  me  faudrait  te  décrire,  j'ai 
conscience  de  mon  impuissance  !  La  lâche  est  au-dessus  de  mes 
forces  et  je  préfère  y  renoncer. 

Cliacun  se  laissant  porter  au  gré  de  sa  fantaisie,  notre  groupe 
se  disperse.  Les  uns  s'en  vont  admirer  les  fines  colonnades  de  la 


Digitized  by 


Google 


-  219  - 

façade  et  maudissent  les  vandales  qui  ont  privé  de  leurs  têtes  les 
belles  statues  d'apôtres  et  de  saints  qui  s'abritent  sous  leurs  arca- 
tures.  Trois  d'entre  elles  ont  même  disparu  complètement,  sans 
doute  abattues  par  la  tempête,  et  des  blocs  de  pierre  aux  assises 
géantes  les  ont  remplacées,  attendant  encore,  mais  en  vain,  le 
ciseau  du  sculpteur.  Les  regards  de  ceux-là  se  posent  de  préfé- 
rence sur  les  têtes  de  chevaux  à  la  gueule  entr'ouverte  qui  ornent 
la  première  voussure  de  la  fenêtre  centrale  ;  ou  bien  sur  les  en- 
corbellements aux  têtes  grimaçantes,  aux  sujets  licencieux,  de  la 
première  assise. 

D'aucuns  passionnés  pour  l'épigraphie,  s'efforcent  de  déchif- 
frer une  longue  inscription  récemment  mise  à  jour,  sur  le  mur 
sud  de  l'édifice.  Ils  n'y  peuvent  réussir  et  vif  est  leur  désappoin- 
tement. Les  lettres  qui  manquent  sont  aussi  nombreuses  que  le 
temps  dont  ils  disposent  est  court.  La  promesse  que  leur  fait 
M.  Thibaudeau  d'en  relever  l'empreinte  les  rassénère  un  peu,  et 
ils  s'en  vont  plus  loin  en  quête  d'une  proie  nouvelle  à  leur  pas- 
sion favorite. 

D'autres  enfin  jettent  sur  l'édifice  un  coup  d'oeil  d'ensemble. 
Les  pignons  aigus  et  dissymétriques,  les  petites  baies  rondes  aux 
multiples  ceintures  de  la  façade  postérieure  ;  les  Iribules  des 
archivoltes,  les  feuilles  et  les  guillochures  des  chapiteaux,  les 
entrelacs  des  frises  où  fourmillent  de  petits  animaux  sculptés 
avec  infiniment  d'art,  de  la  façade  principale,  du  chœur  et  de  la 
nef  ;  les  fines  moulures  qui  courent  à  mi-hauteur  tout  autour  de 
l'église,  à  l'intérieur  comme  à  l'extérieur,  pour  rebondir  avec  sou- 
plesse par-dessus  les  fenêtres  ;  —  que  sais-je  encore  ?  tout  enfin 
montre  à  nos  yeux  éblouis  quelle  précise  sûreté  de  goût  et  quelle 
surprenante  puissance  de  conception  il  fallait  aux  architectes  du 
moyen  ûge  pour  produire  de  pareils  chefs-d'œuvre  ! 

Dans  l'extase  où  nous  plonge  la  vue  de  ces  merveilles,  nous 
finissons  par  oublier  que  l'horloge  a  depuis  longtemps  lancé  les 
douze  coups  de  midi.  Nos  estomacs  crient  famine,  nous  refusons 
obstinément  de  les  écouter.  Il  nous  faut  cependant  revenir  à  la 
réalité  présente  ;  et  pleins  de  regrets  de  n'avoir  pu  tout  voir,  nous 
nous  acheminons  vers  l'hôtel  du  Cheval  blanc,  où  nous  attend  un 
excellent  déjeuner. 

Bien  vite  la  nature  reprend  ses  droits.  A  la  vue  de  la  nappe 
bien  blanche  et  lourdement  servie,  nos  appétits  s'aiguisent  davan- 
tage, s'il  est  possible  ;  et  chacun  de  nous  se  restaure  avec  une 
satisfaction  visible,  en  véritable  archéologue  qui  depuis  le  matin 


Digitized  by 


Google 


—  220  — 

he  s'est  mis  que  de  la  poussière  sous  la  dent  !  L'hôtesse  a  prévu 
noire  faim  «  canine  »,  car  elle  a  aligné  sur  une  table  deux  dou- 
zaines de  pains  de  trois  livres  !  et  nous  sommes  douze  à  table  ! 
Voyez  quelle  idée  elle  se  fait  d'un  appétit  d'archéologue  ! 

De  la  vieille  cau-de-vie,  au  milieu  du  repas,  remplace  le  Cham- 
pagne. M.  lo  Maire,  en  notre  honneur,  l'a  sortie  de  derrière  ses 
fagots  les  plus  secs.  Aussi  profitons-nous  de  la  circonstance  pour 
lever  nos  verres  à  sa  santé.  Chacun  le  remercie  de  son  aimable 
accueil,  et  cédant  de  bonne  grâce  aux  pressantes  sollicitations 
dont  il  nous  accable,  nous  consentons  de  grand  cœur,  le  déjeuner 
fini,  à  visiter  les  curieuses  boiseries  de  son  domaine  de  Chante- 
Loup 

Encore  un  accroc  au  programme  de  la  journée.  Consolez-vous, 
M.  Poirault  :  celui-là  ne  sera  pas  bien  long,  et  cette  fois  du  moins 
nous  ne  reviendrons  pas  «  bredouille  ». 

De  larges  gouttes  d'orage  nous  obligent  à  nous  couvrir  le  chef 
de  nos  parapluies.  Nos  chevaux,  regaillardis  eux  aussi  par  un 
plantureux  repas,  semblent  dévorer  l'espace  et  nous  déposent  en 
quelques  instants  dans  la  cour  du  logis. 

Sur  le  seuil  d'une  porte  aux  panneaux  épais,  aux  moulures 
saillantes,  les  maîtresses  de  céans  saluent  notre  arrivée  de  leur 
plus  aimable  sourire.  Nous  entrons.  Dans  une  haute  salle  à  man- 
gerr  Louis  XIII,  force  nous  est  encore  de  faire  une  large  blessure 
aux  bouteilles  de  M.  le  Maire.  —  Comment  pourrions-nous  re- 
fuser ?  L'offre  en  est  si  galamment  faite  !  —  De  fort  beaux  pan- 
neaux habillent  entièrement  la  nudité  des  murs  et  la  vaste  saillie 
d'une  immense  cheminée.  Des  poutres  apparentes  largement 
sculptées  semblent  suspendues  au-dessus  de  nos  têtes. 

Dans  une  pièce  voisine,  «  la  Cheminée  du  Diable  »,  affirme  la 
tradition,  reçoit  de  temps  en  temps  la  visite  dé  Lucifer.  Aussitôt 
notre  imagination  vagabonde  de  s'envoler  vers  les  lointaines  ré- 
gions du  rêve,  et  de  longues  processions  de  gnomes  et  de  farfa- 
dets s'évoquent  à  nos  yeux 

Ce  n'est  pas  sans  regrets  que  nous  nous  arrachons  à  ce  cordial 
accueil.  —  Un  habitant  de  Pérignac,  affreux  modèle  d'égolsme, 
avait,  nous  a-t-on  dit,  fait  graver  sur  sa  maison,  autour  d'un  ca- 
dran solaire  aujourd'hui  disparu,  cette  courte  inscription  dont 
nous  avons  vainement  recherché  les  vestiges  : 
SOLME  — UMBRAVOS. 

Alexandre  Dumas,  Monsieur  le  Maire,  eût  peut-être,  sans  plus 
d'information,  jugé,  d'après  cette  boutade,  du  caractère  de  vos 


Digitized  by 


Google 


—  221  — 

administrés.  Nous,  nous  préférons  les  juger  d*après  vous,  et  dire 
en  vous  quittant  qu'à  Pérignac,  mieux  que  partout  ailleurs,  on 
sait  élever  à  la  hauteur  d'une  institution  les  lois  de  l'hospitalité. 
Heureux  pays,  heureuses  gens  ! 

VERS  ARS.  —  De  Pérignac  à  la  Charente,  la  route  mainte- 
nant se  déroule  devant  nous  désolante  de  blancheur  et  d'unifor- 
mité. Rien  ne  vient  en  rompre  la  désespérante  monotonie,  et  les 
kilomètres  succèdent  aux  kilomètres  sans  apporter  plus  de  va- 
riété à  ce  triste  parcours.  Pas  un  être  vivant.  Les  paysans  sem- 
blent avoir  fui,  entraînant  leurs  bestiaux,  comme  sous  la  menace 
d'un  fléau.  Le  ciel  est  devenu  terriblement  noir,  et,  seule  sur  le 
bord  du  chemin,  une  petite  maison,  vide  de  ses  habitants  et  qui 
menace  ruine,  vient  jeter  dans  ce  lugubre  tableau  la  note  sinistre 
de  son  abandon.  De  temps  en  temps  de  puissantes  rafales  obligent 
les  arbres  de  la  route  à  nous  saluer  très  bas 

Ars  est  à  notre  gauche  et  dans  les  hautes  futaies  qui  bornent 
l'horizon  du  côté  du  levant,  on  devine  aisément  la  place  du  châ- 
teau. Si  près  qu'il  nous  paraisse,  l'avant-dernière  étape  est  loin 
de  toucher  à  sa  fin.  Nous  quittons  la  grand'route. 

Un  labyrinthe  de  minuscules  ruisseaux  ravine  désormais  la 
campagne,  profondément  encaissés  dans  de  riants  vallons.  Epou- 
sant étroitement  les  courbes  harmonieuses  de  leurs  capricieuses 
sinuosités,  un  dédale  de  petits  chemins  nous  enlace  dans  son 
inextricable  fouillis.  Que  de  fois  nous  nous  y  serions  égarés  sans 
les  sages  avis  de  M.  Thibeaudeau  !  Le  pays  heureusement  n'a 
plus  de  secrets  pour  lui  ;  depuis  longtemps  déjà  il  en  a  parcouru 
les  plus  petits  replis.  Aussi,  tel  un  pilote  expérimenté,  il  guide 
notre  marche  et  nous  mène  à  bon  port. 

ARS.  L'EGLISE  ET  LE  CHATEAU,  —  Le  vénérable  curé 
d'Ars,  les  cheveux  blanchis  par  soixante  années  d'exercice  de 
son  ministère,  nous  attend  devant  le  portail  légèrement  ogive  de 
sa  petite  église.  Il  tient,  malgré  son  grand  âge,  à  nous  en  mon- 
trer lui-môme  les  richesses,  et  nous  en  fait  admirer  les  beautés 
avec  une  émotion  bien  facile  à  comprendre  :  Ars  fut  sa  première 
paroisse,  ce  sera  sa  dernière  ;  jamais  il  ne  l'a  quittée  !... 

Tout  au  fond  de  la  nef,  un  beau  rétable  en  bois,  aux  colonnes 
torses  surmontées  de  chapiteaux  corinthiens,  domine  le  maître- 
autel  dont  la  nappe  pendante  recouvre  partiellement  un  superbe 
bas-relief  en  vieux  cuir  de  Cordoue  repoussé  du  plus  exquis  trs^- 
vail  du  XVIP  ou  XVIIP  siècle, 


Digitized  by 


Google 


—  2-22  — 

A  gauche,  dans  une  chapelle  latérale,  un  autre  retable,  du  plus 
boau  style  de  la  Renaissance,  surmonte  un  autel  auprès  duquel 
les  amateurs  di'épigraphic  découvrent  encore  une  inscription. 
M.  Thibeaudeau,  toujours  obligeant,  se  met  à  leur  disposition 
pour  leur  en  procurer  Tempreinte, 

Enfin,  dans  un  coin,  près  de  la  porte,  derrière  une  balustrade, 
une  cuve  baptismale  du  XIII'  siècle,  une  perle  d'archéologie, 
nous  fait  pousser  de  hauts  cris  d'admiration  en  dépit  de  la  sain- 
teté du  lieu. 

«  Cette  cuve,  dit  Michon  (1),  est  sculptée  sur  les  quatre  faces 
dont  les  angles  sont  ornés  de  quatre  statues. 

»  Le  bas-relief  de  la  première  présente  un  énorme  lion  ayant  à 
coté  do  lui  un  petit  lionceau.  Le  lion  lient  une  tête  d<^s  griffes  de 
sa  patte  gauche  de  devant,  et  des  griffes  de  la  patte  droite  de  der- 
rière une  aulre  tête. 

»  Vn  homme  nu  dont  les  cuisses  el  les  reins  sont  entrelacés  d'un 
serpent  est  saisi  au  bras  par  les  .griffes  de  l'autre  patte  de  der- 
rière, et  aux  pieds  par  l'autre  patte  de  devant.  Derrière  le  lion, 
est  un  aigle  à  deux  tètes  tenant  sous  ses  serres  un  serpent. 

»  Le  bas-relief  de  la  deuxième  face,  encadré  coimne  le  précé- 
dent dans  le  haut  par  une  corniche  romane  de  feuillages  enlacés 
el  sur  les  côtés  par  les  statues  (h\s  saintes,  se  partage  en  deux 
sujets.  Le  premier  présente  au  centre  un  hibou  (l'esprit  des  ténè- 
bres) ;  il  est  entouré  de  deux  aigles  qui  le  regardent  (l'esprit  de 
lumière).  A  côté  de  chaque  aigle  est  un  lourd  animal  qui  a  beau- 
coup de  ressemblance  avec  l'ours. 

»  Dans  le  second  sujet  on  voit  un  homme  qu'un  dragon  ailé,  dont 
la  queue  est  hérissée  d'écaillés,  a  saisi  de  ses  deux  pattes  et  qu'il 
dévore.  Cet  homme,  d'un  autre  côté,  fait  des  efforts  pour  se  dé- 
barrasser d'un  serpent  qui  veut  l'enlacer  à  son  cou.  Derrière  le 
dragon  sont  deux  monstres  ailés. 

»  Le  troisième  bas-relief  représente  un  aigle  aux  ailes  déployées 
soutenu  par  deux  hommes  à  genoux.  Ce  bas-relief  est  évidem- 
ment héraldique, 

»  La  quatrième  face  a  été  mutilée.  Celle-ci  laisse  apercevoir  un 
saint  dans  un  médaillon  tenu  par  deux  anges. 

»  La  cuve  baptisrtiale  d' Ars,  ajoute  Michon,  est  un  des  morceaux 
les  plus  curieux  de  la  sculpture  du  moyen  âge.  Elle  serait  remar- 
quée si  elle  était  transportée  au  musée  de  Cluny.  Elle  a  subi 

(1)  SiàiUiiqne  monumentale  de  U  Ctuirente,  p.  313  et  313. 


Digitized  by 


Google 


—  223  — 

quelques  mulilalions.  Outre  celles  du  quatrième  côté,  les  têtes 
des  saints  ont  été  brisées.  » 

Après  ce  qu'on  vient  de  lire,  tout  commentaire  serait  superflu  ; 
je  me  bornerai  donc  à  dire  que  depuis  quelques  années  ce  su- 
perbe baptistère  a  eu  Thonneur  d'être  classé  comme  monument 
historique. 

Une  faible  dislance  nous  sépare  du  château,  et  quelques  mi- 
nutes à  peine  suffisent  à  la  franchir.  Au  fur  et  à  mesure  que  nous 
approchons,  sa  large  façade  à  forme  d'équerre  et  flanquée  d*é- 
chauguetlcs  se  dessine  plus  nette  sur  un  rideau  profond  d'arbres 
plusieurs  fois  séculaires. 

Partout  où  le  regard  se  pose,  il  ne  rencontre,  hélas  !  que  des 
traces  de  ruine  et  de  désolation  que  M.  Castaigne,  le  propriétaire 
actuel,  s'est  efforcé,  cependant,  d'atténuer  dans  la  mesure  du 
possible. 

La  Belle  au  bois  dormant...  Vous  souvient-il  encore,  cher  lec- 
teur, de  ce  conte  charmant  dont  on  a  dû  bercer  votre  petite  en- 
fance ?  Le  pittoresque  décor  qui  devait  abriter  le  sommeil  de  la 
belle  endormie  est  là  devant  nos  yeux. 

Les  douves  féodales  qui  ceignent  le  château  disparaissent, 
de-ci  de-là,  sous  des  buissons  fleuris  d'églantiers.  Les  chaînes 
d'un  pont-levis  s'enguirlandent  de  chèvrefeuilles  qui  répandent 
alentour  leurs  fines  et  pénétrantes  senteurs.  Les  marches  des  per- 
rons se  cachent  sous  un  moelleux  tapis  de  mousses  aux  multiples 
couleurs,  et  les  murs,  honteux  de  leur  décrépitude,  essaient  de 
dissimuler  sous  un  voile  épais  de  plantes  grimpantes  les  rides 
profondes  de  leurs  crevasses. 

Seuls,  le  rez-de-chaussée  et  les  étages  supérieurs  ont  pu  jus- 
qu'à ce  jour  se  soustraire  à  cet  envahissement  menaçant  de  la  vé- 
gétation. Les  façades  de  la  cour  d'honneur  qui  de  deux  côtés  sur- 
plombe les  fossés  ont  été  remaniées  à  des  époques  différentes. 
Celle  du  nord,  de  construction  plus  moderne  que  le  reste  (de  la 
fin  du  XVII*  siècle  ou  du  commencement  du  XVIII*),  menace 
ruine  malgré  sa  jeunesse  relative.  De  ses  balcons,  jadis  probable- 
ment ornés  de  jolis  garde-corps  en  fer  forgé,  il  ne  reste  plus  que 
les  encorbellements.  Celle  du  levant,  au  contraire,  bien  que  sen- 
siblement antérieure  à  sa  voisine,  a  beaucoup  mieux  résisté,  du 
moins  à  la  surface,  à  l'action  rongeuse  des  ans.  Cette  façade  à 
la  fois  simple  et  gracieuse  appartient  à  la  dernière  époque  de  la 
Renaissance.  Elle  est  d'un  très  bel  effet.  Les  frontons  coupés  des 
fenêtres  et  de  la  porte  d'entrée  se  tordent  en  volutes  très  souples 


Digitized  by 


Google 


♦•"*    •    J.-* 


•l         •■..1 


:<r — r-**:'- — :.  *   v:      .     •      ■.'-."• —  -  '*  ^i  ^*  t  -rA'.rir 

C'  €.  r  •*  :  '  '  -:  ►*■:  *i  -,  -  : —  ^.  -  —  £^  i»  .iJin^Sr*  y*  Br\fr- 
r."  'j- ^  :  .t."  •:»:  *ïl  --î  v—  :•.-        i.--*  -  -:    -s  'ni_-i:"*?  >fOc-:i- 

<'.'*r  >*^  r "-^  **•:»*':»*■.'.  —  •  »•  :•'••-•*  t •-*:*-  "iL-rf  cii*- 
'j.  >:*  ^«-.^  -'  :.î —  -  -i—  -•.-  ,  T  -L  :.'  î*i  .  ■_•  -*  r*'-açe, 
f  r  :  : *-  i  *  •  r  •ti  'T  '.  .  ;  >  •  _  :.?  •  --  -^  f ■  **»  •  x *•  *  *-'—-»  époque, 
<  ;.-.  ^  -  .*  i:  :i"  *  —  -  *  -  i*-  -*i  "i  ^-t  >  :  •^.  E***  anî- 
i:^i  -\  ^'-  — -  --^.  "•_•  •  *t  _  --_••'»*.  1-  ^-T.-  >^T  !•:.''- "î  d«  leurs 
*r.' r.*^  *'"»Z'-*^  .f*>  i**!.»  -  •*  :-  ^  -1..  .._•*  1-  r'^'^^ci» :•?•?.  A  droite 
^  a  z-ï-::.^  --îf  :»-.->--.:  :  i-'-r  :  -i—.y-  r^^-t  •>*>  4-\  :_-*cle*  $ail- 
:^;/*  ^  -  ~J'  7*  ^•"^•^  *>-•"  :--:■  i-^  >*  -'^  -'  B-rvi-iha  ou 
de  W'-Ui'  -  i-r^  „•'**-?  *  -■  -••-_:•*:.-*  .'--,  c-  ^z..*^\  encore 

de  c<-^  .:..''..r-  T-.-i^i*      -i  --/'  i.s  ;    -5  rfOT-*-?^  lieiifKiit  de 

mr\:'^  a  ;:-^.  K-iii-  c*  -«r  -.  a-*.  .*  .  •_•-  i^-  ^:-^-?s  ^.-u  des  dé- 
in«  ri>  arhe'.r:.  .  r^r  .-  -^  :•  •^'^^  >  ^»  -  "^  ril*-?*  -K  coatoumées, 
de  d  »r^.-rr  «  r-^r-^n.  .-:  -i-  <>  :-^  -"-i  r.»  .  i  •«-•?  .isvression  saî- 
sissar/.e  a'or:^.:-il-:e- 

Daris  les  a-'j-  -s  a:  i^r-  :_--_■>  -^  cr  *  u  . .:  r^.  U5  cous  m  égail- 
lons »,  des  r-e>:e^  le  1^:  .  r.f-  z*^-  •.'.-'  >  1:^^  •ir->  murs,  lameola- 
blement. 

Toul  d  cour»  un  '^"-ô.  -^r  «»'  :  r  r»:"  :e  rrv-^r.îe  deranl  nous  là 
noire  ouverture  de  >â  ^^  ".!-:  r-r-ii  :e.  N  ?•_:<  1 '*<<reRdon<,  pour  tom- 
l»»*r  liileral-^i.-*?  î  d-'^^  i-^  s- ■  i-^-r-'-'s  du  c\.-".-»j»"i.  Les  caves  suc- 
cèdi*nt  aux  ca\es.  r».«r^  >-.r  •.  : -^r-r.'.e  co::irIe:-*  nous  cherchons 
à  tâtons  noîrv  ch-:rr.::..  l  ..*  s,-l>  *.  "V'e  '"..^*î<  reç«^it  bientôt,  vaste 
cui^iîie  aux  petites  îerè^r^-s  j-'j:ss?Tri!rieit  défendues  par  d'énor- 
mes barres  t\e  fer  iouî  l.rr  -^-e-s  de  r-  :  !  s.  l'ne  lumière  diffuse 
IVcIaire  faiM'^nv^r.î  c:.  -:l:s>.i:.t.  f::r.i\e.  à  tra\ers  les  ronces 
des  fossés.  L»es  cu\es  a"\  de-*:\r'',»rs  inconnues,  les  monte- 
chnrtjes  aux  rap^d'.-s  g"ai  is.  l-^s  c!.»M.:îî;t';s  aux  manteaux  large- 
ment évasés,  l«»ul  a  co:.>^f\e  s-rn  ^mr-îiose  caractère  féodal.  Là 
nous  sommes  en  f>rèse!.ce  d»*  la  partie  la  jdus  ancienne  du  châ- 
teau et  c'est  en  même  temps  la  mieux  conservée. 


Digitized  by 


Google 


KXCUHSION  DE   190* 

UN   GROUPE   D'EXCURSIONNISTES 

Devant  la  porte  du  château  d'Ars 

(Charente) 


Digitized  by 


Google 


—  224  — 

qui  sertissent  dans  leurs  anneaux  des  rosaces  d'une  remarquable 
finesse  ;  et  Ton  ne  peut  s'empêcher  d'admirer  avec  quelle  habileté 
consommée  le  sculpteur  a  fouillé  de  son  ciseau  les  jolis  masca- 
rons  qui  ornent  la  clef  de  chacune  des  baies. 

A  l'intérieur,  l'état  de  consenation  parfaite  d'une  immense 
salle  à  manger  paraît  un  contre-sens  au  milieu  des  ruines  des 
autres  parties  du  château,  mais  indique  que  les  propriétaires 
passés  et  présents,  en  ont  toujours  pris  soin.  Cette  salle  à  manger 
devait  être  primitivement  la  salle  des  gardes  de  la  famille  de  Bré- 
mond.  Le  plafond  en  est  très  bas  et  des  solives  saillantes  décou- 
pent sa  longueur  en  étroits  compartiments  où  l'on  retrouve  en- 
core des  restes  de  peintures.  Tout  au  fond  de  la  pièce,  une  che- 
minée large  et  basse,  écrasée  sous  le  peu  de  hauteur  de  l'étage, 
frappe  au  premier  coup  d'œil  par  son  étrangeté.  A  quelle  époque, 
à  quel  style  appartient-elle  ?  On  ne  saurait  trop  le  dire.  Des  ani- 
maux grotesques,  moitié  lions,  moitié  chiens,  supportent  de  leurs 
échines  trapues  les  armoiries  de  la  famille  de  Brémond.  A  droite 
et  à  gauche  des  personnages  hideux,  cariatides  aux  muscles  sail- 
lants et  disproportionnés,  semblent  des  statues  de  Bouddha  ou 
de  Vichnou  arrachées  à  leurs  temples  hindous,  ou  mieux  encore 
de  ces  divinités  mexicaines  que  des  fouilles  récentes  viennent  de 
mettre  à  jour.  Enfin,  couronnant  le  tout,  des  auges  ou  des  dé- 
mons achèvent,  par  leurs  poses  à  la  fois  naïves  et  contournées, 
de  donner  à  l'ensemble  de  ce  curieux  motif  une  impression  sai- 
sissante d'originalité. 

Dans  les  autres  appartements  du  château  où  nous  nous  «  égail- 
lons »,  des  restes  de  lambris  pendent  le  long  des  murs,  lamenta- 
blement. 

Tout  à  coup  un  escalier  en  tour  ronde  présente  devant  nous  la 
noire  ouverture  de  sa  gueule  béante.  Nous  descendons,  pour  tom- 
ber littéralement  dans  les  sous-sols  du  château.  Les  caves  suc- 
cèdent aux  caves.  Dans  leur  obscurité  complète  nous  cherchons 
à  tâtons  notre  chemin.  Une  salle  voûtée  nous  reçoit  bientôt,  vaste 
cuisine  aux  petites  fenêtres  puissamment  défendues  par  d'énor- 
mes barres  de  fer  tout  hérissées  de  pointes.  Une  lumière  diffuse 
l'éclairé  faiblement  en  glissant,  furtive,  à  travers  les  ronces 
des  fossés.  Des  cuves  aux  destinations  inconnues,  les  monte- 
cliarges  aux  rapides  glacis,  les  cheminées  aux  manteaux  large- 
ment évasés,  tout  a  consefvé  son  grandiose  caractère  féodal.  Là 
nous  sommes  en  présence  de  la  partie  la  plus  ancienne  du  châ- 
teau et  c'est  en  même  temps  la  mieux  conservée. 


Digitized  by 


Google 


EXCUHSIUN  DE   190* 

UN   GROUPE   D'EXCURSIONNISTES 

Devant  la  porte  du  château  d'Ars 

(Charente) 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


—  225  — 

L'heure  du  départ  a  sonné  ;  mais  avant  de  nous  séparer,  M.  Dan- 
gibeaud  tient  à  graver  sur  ses  plaques  le  souvenir  de  notre  visite 
à  Ars.  Son  appareil  saisit  notre  groupe  devant  la  belle  façade 
Renaissance  de  la  cour  d'honneur.  Et  grimpés  de  nouveau  sur 
notre  haut  véhicule,  nous  nous  acheminons  vers  la  gare  du  Péral. 

Il  est  temps  d'arriver.  Le  ciel,  fatigué  de  retenir  depuis  l'au- 
rore les  nuages  suspendus  au-dessus  de  nos  têtes,  les  laisse 
s'écrouler  avec  un  fracas  d'avalanche.  Dans  la  salle  d'attente  où 
nous  nous  réfugions,  nous  échangeons  rapidement,  heureux 
d'être  à  l'abri,  nos  impressions  de  la  journée.  Et  tandis  que  de- 
hors la  pluie  fait  rage  sur  les  vitres  des  compartiments,  le  train 
nous  emporte  bientôt  vers  nos  lointaines  demeures. 

Dulce  mari  magno 

Jean  Musset, 

architecte. 


II 

Deux  épisodes  de  la  fuite  en  Espagne  de  Mgr  de  Coucy 

Sa  rencontre  avec  Vévêque  constitutionnel  Robinet  ; 
Une  aventure  de  son  vicaire  général. 

Sous  ce  titre,  nous  publions  deux  passages  d'un  Journal  de 
voyage  rédigé  par  l'abbé  Gaultier,  grand  chantre  de  la  cathédrale 
de  La  Rochelle,  en  1789,  et  retrouvé  par  M.  l'abbé  Uzureau,  qui 
veut  bien  nous  les  communiquer,  en  attendant  que  la  Société  pu- 
blie le  manuscrit  complet.  On  jugera  par  ces  deux  extraits  du 
ton  du  journal  et  de  l'esprit  du  rédacteur,  mais  on  ne  saura  pas 
encore  apprécier  tout  le  mérite  de  l'un  et  de  l'autre.  L'abbé  Gaul- 
tier devait  être  un  prêtre  enjoué  et  philosophe,  en  ce  sens  qu'il 
pr^nd  ses  malheurs  par  le  bon  côté  ;  il  ne  gémit  guère  ;  il  ob- 
serve tout  ce  qui  passe  sous  ses  yeux,  il  le  note  ;  aussi  nous  en- 
tretient-il des  pays  traversés,  des  détails  de  mœurs,  des  inci- 
dents quotidiens.  Il  conte  toutes  ses  impressions  dans  un  style 
facile,  sans  prétention,  avec  une  bonhomie  charmante,  une  fran- 
chise quelquefois  un  peu  naïve.  Près  de  Rayonne,  il  est  arrêté 
sur  la  route  en  attendant  sa  voiture  ;  des  jeunes  filles  jouent  aux 
quilles,  et,  sans  qu'elles  l'aient  invité,  il  se  met  en  tête  de  se  mêler 
à  leur  jeu.  «  J'ai  pris  une  boule,  dit-il,  que  j'ai  lancée  dans  les 
quilles  ;  elles  m'ont  laissé  faire,  sans  paraître  en  être  fâchées  ni 
bien  aises.  Un  peu  piqué  de  cette  indifférence,  j'ai  abandonné  la 


Digitized  by 


Google 


—  226  — 

partie,  qu'elles  ont  continuée  entre  elles  sans  paraître  beaucoup 
s'occuper  de  moi.  » 

Nous  le  croyons  sans  peine. 

Qui  est  donc  cet  abbé  Gaultier  ?  M.  Uzureau  va  nous  le  dire. 

Ch,  D. 

Pierre-René-André  Gaultier  naquit  à  Longue  (Maine-et-Loire), 
le  29  avril  1750.  Sa  famille  qui  était  dans  l'aisance,  lui  fit  faire  ses 
études  au  collège  de  Beaupréau.  Il  entra  ensuite  au  grand  sémi- 
naire d'Angers  et  fut  reçu  docteur  en  théologie  à  TUniXersité  de 
cette  ville.  Peu  de  temps  après  son  ordination  sacerdotale,  qui 
eut  lieu  en  1775,  Tabbé  Gaultier  devint  chanoine  de  La  Rochelle, 
où  un  membre  de  sa  famille  lui  résigna  sa  prébende.  Il  était  grand 
chantre  quand  éclata  la  Révolution.  Comme  son  évêque,  Mgr  de 
Coucy,  il  refusa  le  serment,  et  partit  de  La  Rochelle  avec  lui  pour 
l'exil  à  la  date  du  6  juin  1791,  en  compagnie  de  M.  de  La  Richar- 
dièro,  vicaire  général  et  chanoine  de  La  Rochelle,  de  M.  d'Ay- 
rollos,  vicaire  général  et  chanoine  de  La  Rochelle  pareillement, 
du  domestique  de  Mgr  de  Coucy  et  de  M.  Raymard,  secrétaire 
de  l'évêque.  Après  avoir  séjourné  quelques  années  en  Espagne, 
Gaultier  parcourut  l'Italie  et  l'Autriche,  où  il  passa  le  reste  de 
son  exil.  Il  arriva  à  Longue  le  6  mai  1801,  où  l'attendait  sa  mère. 
Aussitôt  son  arrivée,  M.  Meilloc,  administrateur  du  diocèse  d'An- 
gers, lui  donf!a  des  pouvoirs,  et  il  exerça  le  saint  ministère  à 
Longue  et  aux  environs,  tout  en  restant  prêtre  habitué.  C'est  là 
qu'une  lettre  de  son  ancien  évêque,  Mgr  de  Coucy,  devenu  arche- 
vêque de  Reims,  vint  l'avertir  (vers  1817),  que  Louis  XVIII  son- 
geait à  lui  pour  l'épîscopat,  à  cause  de  ses  talents  et  de  l'exil  qu'il 
avait  enduré  pour  la  foi.  Gaultier  répondit  au  prélat  qu'il  préfé- 
rait désormais  la  vie  tranquille  à  un  évêché  (1).  Il  mourut  l'année 
suivante  à  Longue,  le  13  juillet  1818,  et  fut  inhumé  dans  le  cime- 
tière auprès  de  son  père  et  de  sa  mère. 

Son  frère  cadet,  René-Eugène  Gaultier,  né  à  Longue,  le  22 
août  1757,  chanoine  de  La  Rochelle  également,  partagea  l'exil 
de  l'aîné,  et  mourut  prêtre  habitué  à  Longue,  le  27  septembre 
1811. 

Gaultier  aîné  a  laissé  sur  son  exil,  depuis  le  6  juin  1791  jus- 
qu'au 6  mai  1801,  un  journal  extrêmement  détaillé  et  fort  inté- 
ressant de  ses  voyages  à  travers  la  France,  l'Espagne,  l'Italie  et 


(t)  Il  voyait  beaucoup  les  familles  nobles  de  Longue  et  des  environs. 


Digitized  by 


Google 


—  227  — 

r Autriche.  Le  manuscrit  appartient  à  Fun  de  ses  neveux,  M.  Ga- 
briel Rogeron,  d'Angers,  qui  a  bien  voulu  nous  le  communiquer. 

F.    UZUREAU, 

Directeur  de  VAnîou  historique. 

Lundi  6  juin  1791. 

«  Nous  sommes  partis  de  La  Rochelle  à  trois  heures  du  matin, 
dans  deux  voitures  attelées  de  chevaux  particuliers  et  menés  par 
gens  de  connaissance.  Arrivés  au  Rocher,  nous  y  avons  pris  la 
poste  et  sonmies  repartis  tout  de  suite.  En  passant  à  Rocheforl, 
nous  avons  changé  de  chevaux  sans  descendre  die  voilure.  En 
passant  à  Saint-Porchaire,  nous  y  avons  aperçu  par  les  portières 
M.  Tabbé  Chasseriau,  qui  nous  a  reconnus,  à  ce  qu'il  m*a  semblé. 
Nous  sommes  passés  à  Saintes  par  les  derrières  sans  nous  y 
arrêter,  et  à  Pons  où  nous  avons  vu  un  instant  M.  l'abbé  de  Saint- 
Pierre,  homme  respectable,  que  je  ne  connaissais  pas  aupara- 
vant. La  ville  de  Pons  est  fort  longue  et  mal  pavée  ;  il  paraît 
(ju'cUe  est  habitée  par  un  certain  nombre  de  gens  comme  il  faut  ; 
sa  situation  est  dans  un  territoire  fertile.  Pou  après  la  ville  on 
trouve  le  château  de  Plassac,  qui  est  considérable  et  bien  bâti, 
à  environ  trois  ou  quatre  portées  de  fusil  de  la  grande  route  à 
gauche  ;  il  nous  a  semblé  que  les  dehors  en  sont  très  beaux  et 
bien  soignés  ;  il  y  a  de  superbes  bosquets  au  bout  desquels  se 
trouve  un  grand  bois-futaie,  qui  est  sans  doute  percé  agréable- 
ment ;  ce  château  appartient  à  M.  de  Montazet. 

De  Pons  à  Mirambeau,  petite  ville  de  Saintonge,  le  pays  est 
charmant  ;  on  trouve  surtout  des  vallons  ornés  de  petites  prai- 
ries coupées  par  des  ruisseaux  qui  varient  la  scène  à  chaque  ins- 
tant et  plaisent  infiniment  aux  voyageurs.  Mirambeau  a  des  envi- 
rons agréables,  et  on  m'a  assuré  que  c'était  la  partie  la  plus  fer- 
tile de  la  Saintonge  ;  mais  la  ville  est  petite,  mal  pavée  et  assez 
laide.  Ce  fut  à  environ  une  lieue  par  delà  que  nous  rencontrâmes 
trois  voitures  dans  chacune  desquelles  étaient  deux  ecclésias- 
tiques, avec  une  escorte  de  vingt  à  vingt-quatre  gardes  nationaux 
montés  à  cheval,  ayant  l'épée  nue  à  la  main.  C'étaient  les  sieurs 
Robinet  et  Métadier,  évoques  intrus  de  Saintes  et  de  Saint-Mai- 
xent,  avec  leur  clergé  schismatique.  Ces  messieurs,  dont  les  che- 
vaux étaient  fatigués,  s'arrêtèrent  à  notre  rencontre,  et  décidèrent 
d'un  ton  fort  impérieux  l'échange  de  leurs  chevaux  avec  les  nô- 
tres, qui  étaient  frais,  ce  à  quoi  nous  nous  gardâmes  d'opposer 
la  moindre  contradiction.  On  ne  tarda  pas  effectivement  à  dételer 


Digitized  by 


Google 


—  228  — 

les  chevaux,  ce  qui  entratna  une  opération  de  plus  d'une  derai- 
lieure.  Le  temps  nous  dura  beaucoup,  tant  nous  avions  peur 
d'être  reconnus  pour  qui  nous  étions,  car  chacun  de  nous  était 
déguisé  en  laïc  à  sa  manière.  Pendant  ce  temps,  nous  étions  dans 
nos  voitures  et  voyions  les  gardes  nationaux  et  autres  rôder  au- 
tour de  nous  et  lancer  des  regards  de  curiosité.  Pour  empêcher 
et  éloigner  tout  soupçon,  je  pris  le  parti  de  descendre  de  voiture 
et  d'aller  causer  avec  l'intrus  de  Saint-Maixent  et  un  ecclésias- 
tique qui  me  parut  être  un  de  ses  grands  vicaires  ;  ils  venaient 
aussi  dre  mettre  pied  à  terre.  Nous  nous  entretînmes  de  choses  as- 
sez vagues,  au  milieu  desquelles  je  leur  laissai  entrevoir  que  nous 
nous  portions  avec  plaisir  à  les  obliger  en  changeant  nos  che- 
vaux pour  les  leurs.  Sur  ces  entrefaites,  l'intrus  de  Saint-Maixent 
parlant  aux  gardes  nationaux  des  assemblées  primaires  qui  al- 
laient avoir  lieu,  sous  peu  de  jours,  pour  choisir  dans  le  dépar- 
tement les  députés  à  la  seconde  législature,  leur  adressa  les  pa- 
roles suivantes  prononcées  avec  feu  et  frénésie  :  «  Surtout,  mes- 
sieurs, que  les  députés  à  la  nouvelle  législation  soient  de  votre 
faciende,  remuez  ciel  et  terre,  et  faites  l'impossible  pour  réussir 
à  cause  des  mécontents.  »  Ces  expressions  allaient  fort  bien  avec 
son  air  hagard  et  de  mauvais  sujet  ;  il  venait  d'être  sacré  la  veille 
à  Bordeaux  et  regardait  continuellement  sa  croix  pectorale  qu'il 
caressait  avec  sa  main,  et  il  n'était  pas  difficile  de  reconnaître 
qu'il  n'était  pas  fait  pour  porter  cette  décoration.  Quant  à  Robi- 
net, intrus  de  Saintes,  il  resta  dans  sa  voiture,  où  il  avait  l'air 
d'un  gros  cochon  gras.  Ces  messieurs  dirent  que  leur  projet  était 
de  se  rendre  à  Saintes  sans  s'arrêter  (il  était  dans  ce  moment  sept 
heures  et  demie  du  soir).  Les  chevaux  échangés,  nous  nous  sa- 
luâmes réciproquement,  et  nous  les  quittâmes  sans  regret  et  très 
contents  d'échapper  à  leurs  griffes.  Pendant  toute  cette  scène, 
Mjyr  l'évêque  de  La  Rochelle  était  à  demi  mort  de  peur,  ce  que  je 
reconnus  à  sa  voix  entrecoupée,  lorsqu'il  voulut  articuler  deux 
ou  trois  paroles » 

Mardi  U  iuin  1791  (En  Espagne), 
<(  M.  TEvêque,  M.  de  La  Richardière  et  le  domestique  de  M. 
TEvêque  couchèrent  dans  la  même  chambre.  Quant  à  M.  d'Ay- 
roles  et  moi,  on  nous  mit  dans  un  appartement  voisin  séparé  seu- 
lement de  l'autre  par  une  cloison  de  bois.  Ce  fut  là  que  la  fortune 
me  fournit  abondante  matière  à  rire.  Lorsque  nous  nous  reti- 
râmes pour  nous  coucher,  nous  trouvâmes  deux  filles  de  maison, 
qui,    dans    leur    langage  inconnu,  nous  adressèrent  plusieurs 


Digitized  by 


Google 


—  229  — 

phrases  d'un  ton  fort  gai,  accompagnées  de  gestes  et  de  signes 
de  belle  humeur,  et  autant  que  nous  pûmes  le  comprendre,  ces 
demoiselles  avaient  Tair  de  ne  vouloir  nous  quitter  que  le  lende- 
main matin.  J'examinai  la  chose  de  plus  près  pour  voir  si  je  ne 
me  trompais  point,  et  le  résultat  de  mes  observations  fut  de  rester 
convaincu  que  ma  première  idée  était  fondée.  11  me  vint  alors  à 
la  pensée  de  m'amuser  aux  dépens  de  mon  compagnon,  et  pour 
mettre  tous  les  frais  de  la  scène  sur  son  compte  et  voir  surtout 
comment  il  allait  s'en  tirer,  je  recueillis  tout  l'air  sérieux  dont  je 
pouvais  être  susceptible  dans  un  moment  aussi  comique,  et  me 
jetai  tout  habillé  sur  mon  grabat  où  je  fis  semblant  de  m'endor- 
mir,  mais  dans  une  situation  telle  que  j'étais  à  portée  de  voir 
tout  ce  qui  allait  se  passer.  Voilà  donc  que  les  deux  donzelles  me 
laissèrent  là  avec  ma  mine  renfrognée  et  reportèrent  toutes  leurs 
politesses  à  mon  compagnon,  qui  ne  savait  trop  que  dire  et  que 
faire.  Moi  d'étouffer,  tant  je  m'efforçais  de  retenir  des  éclats  de 
voix  qui  n'auraient  pas  manqué  de  ramener  vers  moi  une  partie 
des  attentions  de  ces  demoiselles.  Bref,  le  cher  abbé  fut  engagé, 
pressé  et  presque  tiraillé  de  toutes  les  manières,  et  resta  insen- 
sible ou  parut  l'être  jusqu'au  bout  aux  charmes  séduisants  de  ce 
beau  couple  !  Mais  ce  n'était  pas  tout  ;  il  fallait  que  ces  demoi- 
selles sortissent  de  l'appartement,  et  ce  ne  fut  pas  l'instant  le 
moins  plaisant  :  l'abbé  ne  pouvant  se  faire  comprendre  par  ses 
paroles  prit  le  parti  d'employer  un  moyen  qui  ne  me  parut  pas 
galant.  Il  s'arma  de  chaque  main  d'un  mouchoir  et  d'une  ser- 
viette, et  fît  le  geste  de  leur  en  donner  par  la  figure  à  tour  de  bras 
et  les  conduisit  ainsi  jusqu'à  la  porte  vers  laquelle  elles  tendaient 
à  reculons.  Cet  expédient  lui  réussit  fort  bien,  et  après  les  plus 
belles  manoeuvres  de  sa  part  et  les  preuves  d'un  grand  tacti- 
cien, elles  se  décidèrent  à  abandonner  un  ingrat  qui,  pendant 
près  d'un  quart  d'heure  venait  d'opposer  constamment  de  la 
cruauté  à  la  sensibilité  la  plus  marquée  !  Il  était  temps  que  cela 
finit,  sans  cela  je  serais  immanquablement  étouffé,  tant  mon  état 
fut  celui  de  la  contrainte.  Je  ne  manquai  pas  la  minute  d'après 
de  complimenter  mon  héros,  qui  m'avait  cm  dormant,  et  de  le 
féliciter  sur  l'incomparable  victoire  qu'il  venait  de  remporter,  et 
dans  le  vrai  je  trouvai  qu'il  sortit  avec  tous  les  honneurs  de  la 
guerre  de  ce  pas  difficile  et  important  ;  il  ne  lui  manqua  réelle- 
ment que  d'avoir  crié  !  Les  choses  ne  se  passèrent  pourtant  point 
tellement  en  chut-chut  que  M.  l'Evêque  n'entendtt  je  ne  sais 
quel  bruit.  Il  nous  fit  des  questions  le  lendemain  matin,  et  moi 


Digitized  by 


Google 


—  230  — 

qui  grillais  de  tout  dire,  je  ne  me  fis  pas  prier  pour  l'édifier  par 
une  narration  exacte  de  la  vertu  à  toute  épreuve  d'un  ecclésias- 
tique qui  lui  esl  cher  !  A  notre  lever  le  lendemain,  nous  trou- 
vâmes qu'il  avait  tombé  do  la  neige  pendant  la  nuit.  » 


III 

Le  général  Théophile-Charles  de  Bremond  d'Ars 

(1787-1875) 

D'après  ses  Souvenirt  militaires,  publiés  et  annotés  par  son  fils,  le  comte 
Anatole  de  Bremond  d'Ars  (Paris,  librairie  Champion,  in-8*  de  CCGXIV- 
350  pages). 

La  bousculade  de  la  vie  est  aujourd'hui  si  violente  que  beaucoup 
de  nos  compatriotes,  je  le  crains,  ont  déjà  oublié  ou  se  laissent 
ignorer  l'homme  de  valeur  et  dje  vertu,  dont  un  décret  tout  récent 
vient  de  donner  le  nom  glorieux  à  notre  caserne  d'infanterie  de 
marine.  Il  y  a  moins  de  trente  années  cependant  qu'il  est  mort  en 
cet  hôtel  de  la  rue  de  la  Vieille-Prison,  où  il  était  né  ;  et  plus 
d'un,  qui  l'a  connu  jeune  encore  de  cœur  et  toujours  agissant 
malgré  son  grand  âge,  aurait  pu,  mieux  que  moi,  évoquer  cette 
noble  figure  de  gentilhomme  et  de  soldat,  par  quehiues-uns  de 
ces  traits  naïfs  et  qui  peignent,  la  faire  passer  vivante  sous  les 
yeux  des  générations  nouvelles. 

C'est  à  travers  les  feuillets  d'un  livre  que  je  cherche,  moi,  son 
image  et  quelque  idée  de  sa  vie,  pour  les  hommes  de  mon  Age 
déjà  lointaine,  déjà  entrée  dans  l'histoire.  Songez  qu'elle  nous 
reporte  par  ses  débuts  à  Louis  XVI,  à  la  Révolution,  aux  cachols 
de  la  Terreur,  qu'elle  fleurit  au  soleil  d'Auslerlilz,  qu'elle  a  connu 
les  grands  frissons  de  1815,  de  1830  et  de  1848  ! 

Il  est  vrai  que  ce  livre  est  écrit  un  peu  par  lui-môme,  beaucoup 
par  son  fiLs.  Et  ce  fils  est  un  vieillard  aussi,  mais  d'une  fraîcheur 
de  mémoire  et  de  tendresse  toute  juvénile,  qui,  à  l'heure  où 
l'homme  se  recueille  et  sent  mieux  le  prix  des  chers  souvenirs 
qu'il  porte  en  lui,  a  voulu  consigner  pour  ses  petits-enfants  quel- 
que chose  du  passé  des  siens.  Il  a  donc  écrit  cette  biographie  en 
trois  cents  pages  avec  le  laisser-aller  charmant  d'une  causerie  à 
la  Joinville,  puisant  dans  le  trésor  de  ses  archives  maintes  lettres 
exquises  de  son  aïeul,  de  son  père,  de  sa  grand-mère,  de  ses 
tantes  et  dans  les  plis  mêmes  de  son  esprit  et  de  son  cœur 
maintes  traditions  orales  pieusement  gardées...  Il  ne  me  convient 


Digitized  by 


Google 


-  231  — 

pas  de  faire  ici  de -lui  d'autre  éloge.  Je  dirai  seulement  que  si  Ton 
comprend  le  sentiment  de  délicatesse  qui  Ta  fait  s'eftacer  au 
second  plan  et  ne  donner  ses  propres  souvenirs  que  comme  une 
introduction  à  YHisiorique  du  21*  régiment  de  chasseurs  écrit 
par  son  père,  ils  sont  pour  nous  d'une  autre  valeur  littéraire, 
morale,  historique  même,  que  les  brèves  et  un  peu  sèches  notes 
militaires  du  général.  J'ajoute  un  mot  dans  lequel  il  sera  presque 
aussi  juste  de  voir  un  regret  flatteur  qu'une  critique  :  c'est  que 
la  correspondance  de  sa  famille  est  si  pleine  de  traits  d'une  inti- 
mité délicieuse  de  braves  gens  d'autrefois  et  de  témoignages 
utiles  à  recevoir  sur  les  événements,  locaux  ou  nationaux  du 
siècle,  que  je  ne  sais  si  je  n'aurais  pas  mieux  aimé  —  pourvu 
que  le  commentaire  personnel  y  fût  toujours  —  une  publication 
méthodique  et  presque  complète  de  celte  correspondance.  Mais 
tout  vient  à  point,  sans  doute,  pour  qui  sait  attendre. 

Pour  aujourd'hui,  M.  Anatole  de  Bremond  d'Ars  a  cueilli  scu 
lement  et  égrené  les  lettres  qui  se  rapportaient  à  son  père.  A  mon 
tour,  je  voudrais  y  prendre  de  quoi  donner  un  aperçu  de  cette 
fière  et  droite  existence. 

Théophile-Charles  de  Bremond  d'Ars  naît  à  Saintes,  le  24  no- 
vembre 1787.  Rien  que  d'heureux  présages  autour  de  son  ber- 
ceau. Sa  famille  vient  de  se  réconcilier  avec  un  oncle,  célibataire 
et  à  héritage,  Jean-Louis  de  Bremond  d'Ars,  chevalier  du  Fouil- 
loux,  autrefois  de  Dompierre  ;  l'enfant,  en  gage  d'affection,  est 
nommé  le  chevalier  de  Dompierre  ;  et,  en  souvenir  d'un  parent 
qui  porta  ce  nom,  servit  dans  la  marine  du  roi,  fut  blessé  à 
Malaga,  en  1704,  et  mourut  à  Rocheforl,  âgé  de  26  ans,  on  le 
destine  à  Malte,  «  l'école  par  excellence  alors  pour  former  des 
marins  ». 

Sa  mère  est  Elisabeth  de  La  Taste,  d'une  vieille  famille  de  ma- 
gistrature établie  en  Saintonge  depuis  le  XVI*  siècle.  Son  père 
«•st  Pierre  de  Bremond  d'Ars,  qui  jouit  de  par  l'illustration  de  son 
nom  et  ses  talents  personnels  d'une  considération  telle  que  l'as- 
semblée de  la  noblesse  de  la  Saintonge  va  le  députer  deux  ans 
après  pour  la  représenter  aux  Etats  Généraux  de  1789.  A  cette 
date  une  fièvre  généreuse  l'anime  comme  tant  d'autres. 

«  Te  dirai-je,  écrivait-il  un  jour  à  son  fils,  toutes  les  illusions 
qu'enfanta  mon  ardente  imagination  au  temps  où  la  France  s'ap- 
prêtait à  marcher  dans  une  carrière  nouvelle  ?...  Pendant  plus 
de  dix  ans  je  ne  rêvai  qu'au  bonheur  de  la  patrie:  cette  idée  pou- 


Digitized  by 


Google 


—  232  -" 

vail  n'être  pas  chimérique.  Un  moment,  je  la  crus  réalisée,  lors- 
que le  vertueux  Louis  XVI  appela,  pour  travailler  à  la  restau- 
ration de  la  cliose  publique,  le  peuple  qu'on  égarait  depuis  six 
mois.  Uien  ne  saurait  rendre  le  délire  où  me  jeta  la  pensée  que 
les  Etats  Généraux,  éclairés  par  la  philosophie  et  Texpérience 
des  siècles  passés,  allaient  ramener  Tâge  d'or  en  France.  Ne 
jugeant  des  hommes  que  par  moi,  supposant  à  tous  plus  de  pen- 
chant au  bien  qu'au  mal,  je  m'effrayais  peu  de  la  corruption 
générale  ;  j'espérais  qu'elle  se  viendrait  briser  contre  les  bar- 
rières de  la  religion  et  de  la  morale,  raffermies  par  la  nation  et 
appuyées  ù  l'édifice  du  bonheur  public.  »  —  On  voit  déjà  par  ce 
simple  extrait,  soit  dit  en  passant,  que  la  plume  de  Pierre  de  Bre- 
mond  d'Ars  a  de  l'allure. 

Hélas,  tout  cela  n'était  bien  qu'illusions  !  «  En  récompense  de 
ma  fidélité  à  mes  devoirs  et  à  mes  principes,  mon  siècle  ne  me 
donna  que  la  proscription,  la  spoliation,  l'indifférence  et  l'ou- 
bli. » 

En  effet,  la  tourmente  a  vite  fait  d'écraser  tout  le  bonheur  nais- 
sant de  la  jeune  couvée.  Le  père  est  contraint  à  l'exil.  La  mère, 
restée  à  Saintes,  est  enfermée,  en  mars  1793,  avec  d'autres  per- 
sonnes suspectes,  dans  l'ancien  couvent  de  Notre-Dame  ;  par 
faveur  on  lui  laisse  son  fils  Jules,  âgé  de  trois  ans,  et  son  dernier 
né  qu'elle  allaite,  et  qui  va  mourir  en  prison.  En  prison  les 
tantes,  les  oncles  —  ainsi  l'a  voulu  le  citoyen  Bernard  —  tous 
les  parents  des  émigrés  au-dessus  de  quatorze  ans  !  Une  sœur 
aînée  die  M™*  de  Bremond.  M"*  Gillis,  qui  a  une  maison  à  Ma- 
renues,  échappe  pourtant  à  l'incarcération  ;  c'est  elle  qui  enunène 
deux  de  ses  neveux,  Josias  et  Théophile,  et  va  suppléer  leur 
mère  pendant  sa  captivité.  Inoubliables  en  l'âme  des  petits,  ces 
impressions  d'angoisse  et  de  larmes  :  la  douleur  et  l'effroi  de 
la  famille  en  apprenant  la  mort  du  Roi,  la  maison  fermée  par 
crainte  de  la  foule  qui  court  les  rues  en  chantant  la  Marseillaise 
et  hurlant  la  mort  sous  les  fenêtres  des  ci-devant  ;  l'arrivée  des 
commissaires  s'emparanl  de  la  maison,  dressant  l'inventaire  du 
mobilier,  arrêtant  les  pauvres  femmes  en  pleurs...  Puis  ce  furent 
les  récits  des  soirs  de  terreur,  les  nouvelles  de  tous  côtés  sinis- 
tres, les  biens  confisqués,  tous  les  honnêtes  gens  en  prison,  un 
Rremond  massacré,  malgré  ses  70  ans,  par  la  populace  de 
Saumur... 

Lorsque,  à  la  mort  de  Robespierre,  les  prisons  commencèrent 


Digitized  by 


Google 


-  233  — 

à  se  rouvrir,  et  qu'après  vingt-deux  mois,  en  janvier  1795,  M"^  de 
Bremond,  sa  sceur  M"^  de  Maurville,  et  sa  belle-sœur  la  chanoi- 
nesse  Sophie,  eurent  liberté  de  rentrer  dans  leur  maison,  que  de 
ruines  sur  leur  horizon  I  Vendu  Dompierre,  vendu  le  Fouilloux, 
vendues  les  terres,  les  marais  salants  ;  enlevés  de  Thôtel  tous  les 
meubles  de  quelque  valeur,  enlevés  les  livres  de  la  bibliothèque, 
et  jusqu'aux  cadres  des  vieux  portraits  que  Ion  a  dédaigné  d'em- 
porter î  II  ne  reste  pour  vivre  et  élever  trois  enfants  que  le  petit 
domaine  de  Montplaisir...  Et  le  chef  de  la  famille  est  au  loin, 
errant  à  travers  des  péripéties  qui  méritent  de  nous  être  contées, 
de  Maêstricht  et  de  Liège  à  Nimègue  et  Rotterdam,  puis  à  Ham- 
bourg, où  il  se  fait  professeur  de  latin  et  de  mathématiques,  où, 
grâce  à  un  petit  commerce  qu'il  a  monté  avec  quelques  amis,  il 
vient  en  aide  à  des  émigrés  plus  pauvres  encore  que  lui-même, 
les  aide  à  faire  argent  des  derniers  bijoux  et  dentelles  qui  leur 
restent.  Sa  fenmie,  en  1797,  voudrait  le  rejoindre,  et  de  Ham- 
bourg aller  avec  lui  s'établir  en  Amérique  ;  mais  on  espère  tou- 
jours en  des  temps  meilleurs  ;  lui-môme  veut  qu'on  patiente.  En 
attendant,  il  faut  encore  que  cinq  années  durant,  la  pauvre  mère 
vive  dans  la  solitude,  la  gêne  et  l'angoisse,  ne  pouvant  corres- 
pondre avec  son  mari  qu'au  moyen  de  mille  tours  et  subterfuges 
et  en  variant  sans  cesse  les  pseudonymes  de  convention,  cachant 
aux  trois  enfants  qui  la  pressent  de  questions  pourquoi  leur  père 
tarde  tant  à  revenir  de  Paris  et  de  l'Assemblée  nationale,  portant 
à  elle  seule  la  charge  de  diriger  leur  éducation  qui  est  maintenant 
sa  principale  raison  de  vivre. 

Elle  a  heureusement  l'aide  et  le  dévouement  d'un  précepteur, 
l'abbé  Montillet,  mort  curé  de  Courcoury,  en  1812  ;  elle  leur 
a  en  outre  «  procuré  tous  les  maîtres  de  la  ville,  maîtres  de 
mathématiques,  de  musique,  de  dessin.  Les  jours  s'écoulent  en 
un  ordre  de  leçons,  de  lectures,  de  récréations  naïves  dans  la 
grande  cour  aux  oiseaux  et  aux  pigeons  dont  une  de  ses  lettres 
nous  donne  l'esquisse.  Et  le  petit  Théophile,  au  milieu  de  ces 
travaux  et  de  ces  jeux,  révèle  déjà,  avec  son  peu  d'entrain  pour 
la  vie  sédentaire  et  les  études  abstraites,  l'humeur  vive,  presque 
brusque,  et  la  bonté  de  cœur  foncière  qui  devaient  être  les  domi- 
nantes de  cette  physionomie  de  soldat. 

«  Théophile,  écrit  sa  tante,  en  1797,  est  un  gros  brun,  un  peu 
brusque  et  boudeur,  mais  il  rachète  ce  défaut  par  un  excellent 
cœur  et  beaucoup  plus  d'application  que  son  aîné  ;  il  aura,  je 
crois,  un  caractère  très  décidé  et  il  a  des  idées  très  justes.  Il  pos- 

17 


Digitized  by 


Google 


—  234  — 

sède  la  plus  jolie  voix  qu'un  enfant  puisse  avoir  à  son  âae  :  et  il 
sait  déjà  plus  de  musique  que  je  n'en  ai  jamais  su  ». 

Enfin,  en  1800,  après  maintes  démarches  pour  obtenir  sa  ra- 
diation de  la  liste  des  émigrés  et  la  levée  du  séquestre  qui  frappe 
encore  les  débris  de  sa  fortune,  le  comte  Pierre  de  Bremond  a  pu 
rciilrer  en  France,  et,  dans  le  l*aris  du  Consulat  tout  enfiévré  de 
plaisir  et  de  fêtes,  étreindre  sa  femme  et  son  aîné  Josias,  accou- 
rus au-devant  de  lui.  Pour  beaucoup,  pour  la  nation,  l'aube  se 
lève  de  jours  plus  heureux.  Mais  lui  a  senti  brisée  sa  vie  publi- 
que :  il  n'essaie  pas  de  la  refaire  ;  il  rentre  dans  l'intimité  de  son 
foyer,  il  se  fait  le  professeur  de  ses  fils...  Et  voici  comme  un 
geste  prophétique  du  destin.  En  1802,  il  dédie  en  latin  à  Théo- 
phile, tenaci  l'iliOy  un  livre  de  sa  bibliothèque  qu'il  a  choisi  sans 
doute  conforme  aux  goûts  de  l'adolescent  :  La  vie  de  Bayard,  le 
chevalier  sans  peur  et  sans  reproche. 

De  fait,  il  y  a  dans  le  passé  de  celle  antique  maison  trop  die 
souvenirs  militaires  brillant-s,  pour  que  le  bruit  des  tambours  de 
Napoléon  ne  les  réveille  ;  trop  de  troupes  aussi  qui  passent,  d'of- 
ficiers qui  logent  dans  la  chambre  du  troisième,  précisément  la 
salle  d'études,  trop  de  bulletins  de  vicloires,  qui  font  tressaillir 
la  ville,  pour  que  de  jeunes  têles  de  gentilshommes  ne  rêvent 
d'aller  par  le  vasle  monde  cueillir  leur  part  de  lauriers.  Il  appa- 
raît que  le  jeune  Théophile,  ienax  (ilius,  manifeste  une  volonté 
si  arrêtée  d'être  soldat  que  les  parents  cédèrent  :  après  tout,  et 
quoique  au  jour  de  l'exécution  du  duc  d'Enghien,  les  soldats 
aient  semblé  «  érigés  en  bourreaux  »,  porter  les  armes  est  en- 
core à  cette  date  la  plus  digne  manière  pour  un  Bremond  de  ser- 
vir son  pays.  Il  fallait  donc  s'engager  ;  après  trois  mois,  un 
jeune  homme,  «  bien  né  et  qui  avait  du  goût  pour  le  service  », 
parvenait  à  être  maréchal  des  logis  ;  dès  lors  il  était  dispensé  de 
coucher  avec  un  camarade  et  de  panser  son  cheval,  11  pouvait 
avoir  un  habit  propre  et  la  permission  do  gnrder  ses  chemises  : 
«  voilà  de  grandes  faveurs  ».  Mais  pour  se  les  assurer  plus  vite, 
il  était  important  de  choisir  un  régiment  bien  tenu,  qu'un  volon- 
taire de  seize  ans  trouvât  de  bons  camarades,  un  colonel  et  des 
officiers  bienveillants.  On  s'occupa  de  les  chercher  ;  et  comme, 
après  maintes  démarches  auprès  des  amis  de  Paris,  on  pensait 
les  avoir  trouvés,  et  que  le  jeune  homme,  muni  de  toutes  sortes 
de  lettres  de  recommandations,  allait,  sous  les  auspices  du  fils  de 
La  Fayette,  être  incorporé  dans  un  régiment  de  cuirassiers  en 
garnison  à  Saint-Germain-en-Laye,  voici  que  de  toutes  parts  lui 


Digitized  by 


Google 


—  235  — 

vint  le  conseil  d'entrer  plutôt  à  l'Ecole  de  Fontainebleau,  que  ve- 
nait de  fonder,  en  1802,  Bonaparte  :  c'était  le  moyen  de  devenir 
militaire  sans  abandonner  ses  éludes,  et  en  en  faisant  au  con- 
traire de  spéciales  ;  on  sortait  avec  l'épaulettc,  et  par  là  bien  des 
choses  pénibles  et  bien  des  dangers  étaient  épargnés  à  la  jeu- 
nesse. 

Mais  il  fallait  un  examen  ;  mais  il  y  avait  des  frais  de  trous- 
seau et  une  pension  de  1.200  francs  à  payer  ;  enfin,  quelle  chance 
avait  un  gentilhomme  d'ancien  régime,  fils  d*émigré,  d'être  admis 
dans  une  école  où  Ton  voyait  surtout  entrer  des  fils  de  généraux, 
de  fonctionnaires  ou  —  de  ralliés  ? 

Le  bon  abbé  de  Luchet,  l'ancien  grand  vicaire  de  Saintes, 
chez  qui  le  cuirassier  futur  fit  escale  à  Orléans,  emporta  les 
dernières  résistances.  Précisément  son  voisin,  M.  de  Bizemont, 
so  félicitait  beaucoup  d'avoir  fait  passer  par  Fontainebleau  son 
fils  ;  il  y  avait  dans  la  ville  même  une  excellente  école  prépara- 
toire :  le  jeune  homme  y  entra  comme  pensionnaire,  travailla 
h  force  l'algèbre  et  la  géométrie  —  sans  négliger  son  violon  — 
pendant  qu'à  travers  celle  société  bigarrée  de  l'Empire  on  trou- 
vait, avec  un  peu  de  tact,  toute  une  chaîne  d'amitiés  et  de  rela- 
tions qui  pouvaient  de  royalistes  et  d'anciens  proscrits  arriver 
jusqu'au  comle  de  Ségur,  grand-maîlrq  de  cérémonies,  alors  en 
grande  faveur  à  la  cour  impériale,  et  jusqu'aux  bureaux  de  la 
liuerre...  Si  bien  que  le  10  pluviôse  an  XIII  (1805),  une  lettre 
officielle  signée  du  maréchal  Bcrlhier,  ministre  de  la  guerre, 
informait  le  jeune  homme  (jue,  sauf  à  subir  l'examen  d'entrée, 
il  était  admis  par  décision  de  l'Empereur  «  à  l'Ecole  Spéciale 
Impériale  militaire  de  Fontainebleau,  en  qualité  d'Elève  pen- 
sionnaire ». 

Voilà  donc  que,  sous  la  conduite  du  vénéré  ami  de  Luchet, 
le  jeune  soldat  avance  jusqu'à  Paris,  où  on  le  promène,  où  on 
lui  fait  fête...  «  Je  n'ai  jamais  vu  plus  agréable  écolier  que 
monsieur  voire  fils,  écrit  à  son  père  l'aimable  comtesse  de 
Tessé  ;  ses  yeux  brillent  du  plus  beau  feu  de  la  jeimesse  et  de  la 
plus  aimable  gaîté  :  son  sourire  est  celui  de  la  bonté  et  du 
bonheur,  son  ensemble  est  charmant.  Il  m'a  promis  de  dîner 
chez  moi  en  débarquant  de  l'Ecole  militaire  ;  je  jouis  d'avance 
de  ses  récits  sur  la  vie  des  trappistes  de  Fontainebleau  ». 

Pour  aborder  cette  vie,  et  celle  plus  virile  et  plus  libre  encore 
qui  la  suivrait,  Théophile  de  Bremond  avait  été  muni,  au  départ 


Digitized  by 


Google 


—  236  — 

(le  Saintes,  d^un  viatique  singulièrement  fort,  qui  se  trouve  être 
un  document  moral  de  premier  ordre  sur  Tespril,  les  vertus,  les 
tendresses  de  ces  vieilles  familles  de  province,  qui  furent  long- 
temps rhonneur  et  la  force  de  la  France.  C'est  un  écrit  de  cinq 
à  six  cents  lignes,  où,  suivant  l'exemple  que  lui  avait  donné  son 
propre  père,  Pierre  die  Brémond,  à  la  veille  de  se  séparer  de 
son  fils,  lui  avait,  sous  forme  de  conseils  pénétrés  d'émotion  et 
de  larmes,  tracé  comme  un  bréviaire  admirable  de  tous  ses  de- 
voirs futurs,  en  le  priant  de  le  relire  «  au  moins  deux  fois 
chaque  année,  à  Noél  et  le  24  juin  ».  El  le  fils  garda  pieuse- 
ment cet  écrit  sur  lui  toute  sa  vie  :  quand  il  mourut,  vieillard 
chargé  d'ans,  et  qui  depuis  longtemps  n'en  avait  plus  besoin, 
on  n'eut  qu'à  ouvrir  le  portefeuille  placé  sur  son  cœur  :  le  mé- 
morandum rédigé  72  ans  avant  était  toujours  là,  testament  sacré 
d'un  père,  plus  que  cela,  testament,  à  durer  des  siècles,  d'une 
race  saine,  forte,  généreuse... 

Il  faudrait  reproduire  tout  au  long  ces  belles  pages  ;  on  a 
pudeur  de  les  résumer.  Je  me  contenterai  de  dire  que  ce  qui 
m'enclianle,  c'est  l'équilibre  heureux  d'un  sens  pratique,  hum- 
blement appliqué  aux  petites  choses,  et  d'un  fier  idéalisme,  qui 
remet  entre  les  mains  de  Dieu  tout  l'avenir  ;  le  mélange  harmo- 
nieux d'une  austérité  qui  avertit  l'adolescent  de  ses  défauts,  lui 
rappelle  ses  fautes,  et  d'iine  douceur  qui  réchauffe  et  caresse. 

Mens  sana  in  corpore  sano.  Chaque  famille  a  son  tempéra- 
ment, ses  délicatesses,  ses  maladies.  Les  Brémond  jouissent  en 
général  d'une  bonne  constitution,  «  et  il  est  commun  dans  notre 
famille  de  porter  la  vie  très  loin  ».  Mais  on  y  craint  le  froid  : 
que  le  petit  soldat  porte  donc  gilet  de  laine,  bas  de  laine,  et  qu'il 
ait  toujours  les  pieds  chauds.  Leur  estomac  répugne  aux  acides  : 
qu'il  se  garde  donc  des  épiccs,  des  mets  salés,  des  liqueurs  : 
«  L'eau-de-vie  est  un  poison  qui  tue  plus  d'hommes  que  l'épée...  » 
Qu'il  ménage  aussi  son  sommeil  :  «  Il  nous  faut  à  tous  sept 
heures  de  lit  au  moins.  Quoique  grand  matinier,  j'y  reste 
ce  temps-là  ».  D'une  façon  générale,  le  grand  remède,  c'est  la 
sobriété,  la  tempérance  :  «  Moderate  sumplo  ». 

Qu'il  soit  économe  et  rangé,  écrivant  chaque  soir  sa  dépense, 
s»*  rappelant  que  «  l'argent  ne  s'acquiert  qu'à  force  de  soins, 
de  travail  et  de  sueur,  et  qu'il  n'est  point  d'ami  qu'on  doive 
choyer  comme  sa  bourse,  parce  que  dans  la  nécessité  où  l'on 
peut  se  trouver,  il  n'en  est  point  de  plus  secourable  et  de  plus 
utile  ».  D'ailleurs,  il  est  pauvre,  il  sait  bien  que  ses  parents  ont 


Digitized  by 


Google 


—  237  — 

peine  à  vivre,  et  que  sans  l'aide  de  la  tante  Gillis,  ils  ne  pou- 
raient  pas  tenir  leurs  engagements.  «  Si  vous  aggraviez  nos 
privations,  vous  seriez  un  ingrat,  et  cette  idée  me  tuerait  de 
douleur  ».  Qu'il  tienne  donc  ferme  contre  ceux  qui  s'étonneront 
de  sa  vie  modeste  et  frugale,  piqueront  sa  vanité,  et  voudront 
l'entraîner.  «  Témoignez-leur  votre  regret  de  ne  pouvoir  faire 
comme  eux  ;  dites-leur  en  l'honorable  raison,  et  ils  en  conce- 
vront plus  d'estime  pour  vous,  sans  vous  presser  plus  long- 
temps :  n'oubliez  pas  enfin  que,  durant  mon  long  exil,  j'ai  mangé 
bien  souvent  avec  des  ouvriers,  des  gens  du  peuple,  dans  les 
lieux  les  plus  dégoûtants,  à  six  sous  par  repas,  pour  n'être  à 
charge  à  personne  et  soulager  les  facultés  de  votre  bonne 
mère  ». 

Qu'il  n'hésite  pas  cependant  à  rendre  service  à  l'indigent  : 
«  N'épargnez  rien  pour  tirer  de  la  peine,  à  prix  d'argent,  l'homme 
malheureux  pour  être  embarrassé  dans  une  affaire  où  ne  l'aura 
pas  jeté  son  dérangement  ». 

Complets  et  parfaits,  les  conseils  sur  les  obligations  d'égard  et 
de  gratitude  pour  les  proches,  l'oncle,  les  tantes,  sur  le  travail, 
les  études,  —  «  Vous  savez  que,  malgré  la  perte  de  notre  fortune, 
aucun  maître  de  sciences  agréables  ou  utiles  ne  vous  a  man- 
qué »,  —  sur  les  lectures  à  faire,  l'histoire,  la  musique,  et  sur 
les  devoirs  spéciaux  de  son  nouvel  état. 

Qu'il  surveille  et  combatte  «  son  humeur  brusque,  son  pen- 
chant à  blâmer,  la  sécheresse  de  son  ton  »  qui,  de  ses  cama- 
rades, ne  lui  attireraient  que  haine,  affaires  fâcheuses  pour  son 
repos  et  pour  sa  vie,  peut-être.  «  Votre  caractère  violent,  et  qui 
supporte  difficilement  la  plus  légère  plaisanterie,  vous  doit  ser- 
vir de  leçon  pratique  pour  vous  faire  une  loi  de  ne  jamais  plai- 
santer personne  ». 

Il  insite  sur  les  amitiés  à  rechercher  ou  à  fuir  :  en  général, 
c'est  la  bonne  compagnie  qu'il  faut  surtout  fréquenter.  Non  que 
c(  les  plus  polis  soient  les  plus  gens  de  bien  »,  —  écoutez  ce 
moraliste  sans  morgue,  qui  a  pris  quelque  chose  de  leur  finesse 
à    La  Rochefoucauld    et  à    Montaigne    —    «  mais   enfin  leur 

extérieur  est  au  moins  un  hommage  qu'ils  rendent  à  la  vertu 

La  naissance,  trop  souvent,  ne  fait  rien  aux  sentiments,  mais 
l'amour-propre  oblige  les  personnes  bien  nées  à  ne  pas  paraître 
indignes  des  principes  qu'elles  ont  reçus,  et  la  vanité  les  force 
à  déguiser  leurs  vices Autrement,  un  homme  obscur,  mais 


Digitized  by 


Google 


—  238  — 

bien  élevé,  et  digne  d'estime,  est  mille  fois  au-dessus  du  noble 
grossier,  ignorant  et  vicieux  ». 

La  vertu  la  plus  précieuse  du  jeune  homme,  et  la  plus  mcna< 
cée  dians  le  monde,  surtout  dans  le  monde  libertin  où  le  futur 
olTicier  est  appelé  à  vivre,  c'est  la  chasteté.  Quels  sophismes  et 
quels  artifices  ne  mettra-t-on  pas  en  j«'u  pour  IVnlraîner  ?  Le 
père,  prudemment  avertit,  ci  avec  toute  son  autorité  su|)plie. 
Discrètemenl,  il  parle  d'un  ])rojet  mystérieux,  qui  l'occupe  sans 
cesse  ainsi  que  la  mère,  «  el  .qui  cesserait  d'être  exécutable,  si 
l'on  pouvait  soupçonner  que  votre  santé  et  vos  muurs  auraient 
souffert  quelque  atteinte Je  ne  puis  m'expliquer  plus  ouver- 
tement, mais  confiez-vous  du  soin  de  votre  bonheur  à  notre  iné- 
puisable tendresse  pour  \ous,  et  soyez  ehnsle,  mon  fils,  pour 
cire  agréable  à  Dieu,  et  digne  de  perpétuer  un  jour  la  race  des 
gens  de  bien  dont  vous  avez  reçu  la  vie  ». 

Sans  la  dévotion  étroite  —  le  père  ne  demande  pas  plus  que 
l'Eglise  :  la  prière  malin  et  soir,  la  messe  le  dimanche,  et  la 
communion  le  jour  de  PAques  —  le  nom  de  Dieu  plane  sur  toutes 
ces  recommandations.  Pour  ce  .chrétien  de  vieille  el  pure  roche, 
I)ieu  est  le  maître  juste  et  bon  à  (jui  il  faut  en  toute  circons- 
tance, en  toute  entreprise,  en  tout  malheur,  se  soumettre  avec 
confiance.  «  Ce  n'est  pas  la  longueur  d<es  prières  qui  lui  plaît  », 
mais  l'hommage  d'un  cœur  qui  cherche  toujours  a  connaître 
sa  volonté,  el  puis  joyeusement  s'y  abandonne. 

Ainsi  se  déroulent  ces  exhortations,  faites  pour  prendre  l'a- 
dolescent par  toutes  ses  puissances  de  raison  et  de  sensibilité 
à  la  fois,  au  nom  de  la  loi  divine,  du  devoir,  de  la  conscience, 
avec  un  rappel  du  nom  sans  tache,  des  exemples  de  la  famille,  et 
une  adjuration  partie  du  cœur  :  «  Depuis  votre  naissance,  mon 
cher  Fils,  ma  tendresse  ne  vous  a  perdu  de  vue  un  seul  instant  : 
présent,   absent,  j'étais  à  vos  côtés  ;  dans  vos  jeux,  dans  vos 

peines,  votre  père  était  de  moitié Ce  cœur  dont  vous  n'avez 

peut-être  pas  toujours  connu  la  tendresse  et  le  prix,  veille  sur 
vous  quoique  absent,  et  veut  votre  bonheur  aux  dépens  du  sien 
propre...  »  Ah  1  les  braves  gens  ! 

Des  conseils,  donnés  à  la  fois  de  si  haut  el  de  si  près,  furent 
scrupuleusement  suivis  par  Théophile  de  Brèmond,  qui  se  plia 
avec  zèle  au  régime  assez  dur  de  l'Ecole,  et  régulièrement  tous 
les  huit  jours  écrivit  aux  siens  pour  raconter  sa  vie,  les  marches 
forcées  à  travers  la  forêt  de  Fontainebleau,  les  revues  passées 


Digitized  by 


Google 


—  239  — 

par  Louis  Bonaparte,  le  futur  roi  de  Hollande,  alors  gouverneur 
de  l'Ecole,  les  visites  de  l'Empereur,  les  manœuvres  exécutées 
sous  ses  yeux,  les  galons  de  caporal  conquis  après  treize  mois, 
et  après  dix-huit,  l'allégresse  de  la  promotion  au  grade  de  sous- 
lioulenant,  et  le  départ  pour  la  Grande  Armée  (octobre  1806)  ! 
A  Saintes,  on  se  saigna  encore  un  peu  plus  pour  fournir  au  nou- 
vel oiïîcier  du  21*  chasseurs  à  cheval,  qui  n'avait  que  107  francs 
de  traitement  par  mois,  l'argent  nécessaire  à  son  équipement. 
Un  manteau  lui  coûta  cent  écus,  un  cheval  vingt-trois  louis  ; 
encore  trouva-t-il  moyen  pendant  le  court  stage  qu'il  fît  à  Colmar 
de  prendre  un  maître  de  musique,  un  professeur  d'allemand,  et 
d'aller  dans  la  société,  en  attendant  de  rejoindre  ses  camarades 
et  son  colonel,  le  colonel  Berruycr,  au  delà  de  Varsovie. 

Il  ne  tarda  guère.  Le  21*  chasseurs,  qui  était  un  des  corps 
d'avant-garde  de  la  Grande-Armée  venait  de  prendre  une  pari 
brillante  aux  campagnes  de  Prusse  et  de  Pologne  ;  il  avait  con- 
couru à  la  victoire  d'Iéna  et  à  l'occupation  de  Berlin,  au  combat 
de  Praga  et  à  la  prise  de  Varsovie.  Dès  le  commencement  de 
1807,  le  jeune  sous-lieutenant  venait  prendre  sa  place  au  feu,  en 
amenant  de  Colmar  un  détachement  de  cinquante  recrues  pié- 
montaises. 

Dès  lors,  et  pendant  sept  ans,  sa  vie  se  mêle  avec  celle  de  son 
régiment,  s'y  môle,  ou  plutôt  s'y  efface  et  s'y  perd. 

Lorsque,  en  effet,  ce  régiment  dont  il  avait  partagé  la  fortune 
sur  tant  de  champs  de  bataille  de  Pologne,  d'Espagne,  de  Por- 
tugal et  de  France,  eût  disparu,  fusionné  en  1814  avec  les  5* 
et  6*  die  la  même  arme,  dénommés  chasseurs  du  duc  de  Berry 
et  duc  d'Angoulôme,  Théophile  de  Bremond  d'Ars,  aux  jours 
où  il  fut  de  loisir,  résolut  d'en  conserver  le  souvenir  et  d'écrire 
l'histoire.  Il  eut  pour  confident  et  un  peu  pour  collaborateur, 
pour  copiste  au  moins,  son  fils  Anatole,  alors  étudiant  à  Poi- 
tiers, à  qui  il  remit  le  manuscrit  quelques  jours  avant  sa  mort, 
en  le  chargeant  de  le  faire  imprimer.  C'est  donc  lui-même  qui, 
pour  ces  années  guerrières  de  1807  à  1814,  tient  la  plume,  et 
je  l'ai  dit,  il  la  tient  moins  bien. 

Il  a  suivi  pourtant  les  prescriptions  que,  tout  de  suite  après 
son  entrée  en  campagne  lui  adressait  son  père,  d'écrire  chaque 
soir  pour  les  siens  «  un  petit  journal,  par  quoi  se  trouverait 
faite  un  jour  sans  peine  une  petite  histoire  de  sa  vie  d'un  grand 
charme  pour  lui-même,  d'un  grand  intérêt  pour  ses  descen- 
dants. »  Mais,  l'heure  venue  d'écrire  le  livre,  il  ne  s'est  pas  servi 


Digitized  by 


Google 


—  240  — 

de  ces  notes  si  précieuses,  et  dans  YHistoire  du  2V  chasseurs^  telle 
qu'il  Ta  rédigée  d'après  les  documents  officiels,  ce  qu'on  voit  le 
moins,  c'est  lui-même  :  et  je  m'en  plains,  puisque  c'est  lui  surtout 
qui  m'intéresse.  Par  quelle  discrétion  excessive  a-t-il,  en  écrivant, 
chassé  tous  ses  souvenirs,  ses  impressions  personnelles,  et  pris 
le  parti  de  ne  dire  jamais  «  J'étais  là,  telle  chose  m'advint  »,  à 
ce  point  que  nous  ignorerions  sans  son  commentateur  ses  propres 
gestes  et  jusqu'à  ses  blessures  ?  Où  est  la  verve  pittoresque  et 
l'abondance  de  cœur  de  Marbot  ?  D'ailleurs  ces  marches  et  con- 
tremarches d'un  régiment,  même  les  batailles  et  les  victoires 
auxquelles  il  participe,  paraissent  monotones,  contées  avec  une 
brièveté  aussi  militaire  ;  et  puis  enfin,  il  faut  dire  ici  que  cela 
n'a  rien  de  saintongeais. 

L'éditeur,  heureusement,  a  senti  que  ce  laconisme  était  un 
péché  contre  nous,  et  il  a  festonné  chaque  chapitre  d'extraits  de 
la  correspondance  qui  s'échangeait  entre  le  21*  chasseurs  et 
Saintes.  Correspondance  qu'on  devine  d'un  côté  rapide,  pleine 
d'entrain,  d'espérance,  de  rêves  de  gloire  ;  de  l'autre,  du  côté  du 
père,  cle  la  mère,  de  l'oncle  et  des  tantes,  toute  palpitante  d'an- 
goisses, toute  pressante  de  tendres  conseils,  sans  jamais  rien  de 
déprimant  ni  qui  puisse  faire  faiblir  le  courage  de  l'enfant. 

Par  là,  nous  savons  la  chevauchée  du  jeune  sous-lieutenant 
avec  ses  Piémontais  à  travers  l'Allemagne,  la  visite  du  champ 
de  bataille  de  Pultusk,  encore  rempli  de  cadavres  et  de  chevaux 
morts,  le  campement  dans  un  pays  misérable,  à  trois  quarts  de 
lieue  de  l'ennemi,  et,  très  vite,  le  baptême  du  feu  au  combat  de 
Broki.  «  L'artillerie  russe,  écrit-il  le  soir  même  de  la  journée, 
a  tiré  sur  nous  depuis  dix  heures  du  matin  jusqu'à  trois  heures 
du  soir,  un  boulet  a  passé  entre  les  jambes  de  mon  cheval  qui 
en  a  été  quitte  pour  la  peur  et  s'est  abattu  ;  un  autre  a  passé  à  un 
diemi-pied  de  moi.  »  Avant  le  traité  de  Tilsitt,  qui  fut  signé  dix 
jours  après,  l'intrépide  officier  de  vingt  ans  avait  eu  le  temps 
de  se  signaler  encore  dans  une  affaire  d'avant-garde  contre  les 
Cosaques,  et  de  recevoir  au  côté  droit  un  coup  de  lance,  dont  il 
omit  naturellement  d'envoyer  la  nouvelle  en  Saintonge.  Elle  y 
parvint  quand  môme  par  une  lettre  du  général  Delaage  à  un  de 
ses  parents  qui  habitait  Saintes  :  «  Il  fait,  lui  écrivait  son  frère 
Jules,  les  plus  grands  éloges  de  la  manière  dont  tu  te  com- 
portes, et  il  te  prédit  le  plus  bel  avenir,  se  faisant  un  honneur  — 
déclare-t-il  —  d'être  ton  patron  aux  débuts  de  ta  carrière  si  bien 
commencée.  Ton  exemple  électrise  tous  tes  amis  :  Casimir  de 


Digitized  by 


Google 


-  241  — 

Monlalembert,  Amable  d'Abzac,  Louis  de  Lagarde,  etc.,  se  pré- 
parent pour  Técolc  de  Fontainebleau  ;...  et  moi,  en  attendant 
mon  tour,  je  vis  à  l'ombre  de  vos  lauriers  ». 

Treize  mois  de  paix  :  des  allées  et  venues  continuelles,  des 
séjours  à  Berlin,  à  Breslau,  à  Ratibor,  à  Kochern,  dans  le  châ- 
teau d'une  fort  honnête  famille  où  l'on  parle  parfaitement  fran- 
çais, où  les  dames,  excellentes  musiciennes,  accompagnent  de 
leur  piano  le  violon  du  sous-lieutenant  ;  —  «  Tu  vois  maintenant, 
écrit  la  maman,  que  j'avais  raison  de  te  conseiller  les  arts  d'a- 
grément. Il  y  a  mille  occasions  dans  la  vie  où  ils  sont  fort  utiles. 
Ton  papa  dit  en  riant  qu'il  te  faut,  patf*  ta  bonne  conduite  et  les 
sons  mélodieux  de  vos  concerts,  charmer  quelque  riche  et  jolie 
Silésienne  !  »  —  Visite  de  Dresde,  de  Leipsick,  où  il  entend 
un  excellent  concert,  de  Hesse-Cassel,  où  il  va  voir  jouer  en 
français  la  Folle  épreuve,  de  Francfort  et  de  Mayence,  presque 
partout  l'accueil  le  plus  cordial,  «  souper  excellent,  vins  du 
Rhin,  bon  lit  »,  et  parfois,  le  fils  remettant  ses  pas  dans  les  pas 
de  l'ancien  émigré,  le  souvenir  de  son  père  retrouvé  dans  la 
mémoire  S3nfnpathique  de  quelques  gens  de  cœur  ! 

Mais  déjà  le  bruit  court  que  la  guerre  d'Espagne  tourne  mal, 
que  Dupont  a  été  forcé  de  capituler  à  Baylen,  et  que  l'Empe- 
reur, pour  arrêter  les  progrès  de  l'ennemi  qui  a  forcé  le  roi 
Joseph  à  rebrousser  chemin  jusqu'à  la  frontière,  va  faire  avan- 
cer dans  cette  fournaise  dévorante  une  partie  des  troupes  d'Alle- 
magne et  de  celles  d'Italie,  a  Que  nous  plaignons  donc,  écrit 
M"**  de  Bremond,  ceux  dont  les  enfants  sont  chez  ces  malheureux 
Espagnols  exaspérés  par  l'invasion  !  On  les  dit  impitoyables 
dans  leurs  vengeances.  Dieu  veuille  nous  épargner  le  chagrin 
de  te  voir  un  jour  au  milieu  de  cette  atroce  mêlée  !  » 

Onze  jours  après  que  ces  lignes  étaient  écrites,  le  21*  chas- 
seurs se  mettait  en  marche  vers  l'Espagne.  On  eut  l'amère  conso- 
lation d'embrasser  le  cher  enfant,  car  il  prit  ses  mesures  pour 
dpevancer  son  régiment,  il  passa  à  Limoges,  où  le  chevalier  de 
Bremond,  son  oncle,  toujours  avide  d'entendre  louer  par  tous 
ses  frères  d'armes  son  activité,  son  zèle,  sa  bravoure,  fut  ravi  de 
le  trouver  tel  qu'on  le  lui  avait  dépeint,  en  une  sécurité  parfaite 
devant  le  péril,  et  modeste  et  affectueux  de  surcroît;  puis  à 
Saintes  il  donna  six  jours  à  la  tendresse  des  siens  et  recueillit  k 
nouveau  des  lettres  de  recommandation  pour  plusieurs  familles 
d'Espagne  :  car  l'émigration,  sans  le  savoir,  avait  ménagé  aux 


Digitized  by 


Google 


—  242  - 

fils  de  proscrits  devenus  conquérants  des  relais  d'hospitalité 
dans  presque  tous  les  pays  d'Europe  ! 

De  ces  lettres  il  n*eut  guère  Toccasion  di'user  ;  il  eut  plus  sou- 
MMit  celle  de  se  montrer  chevaleresque,  courtois,  humain,  comme 
ne  cessait  de  le  lui  prescrire  son  père,  d'adoucir  autant  qu'il  le 
pouvait  les  rigueurs  de  la  guerre,  de  défendre  courageusement 
contre  la  brutalité  des  soldats  l'inviolabilité  des  couvents,  d'épar- 
gner mainte  famille  espagnole^  qui  l'en  paya  d'amitié  les  mi- 
sères et  les  injustices  de  l'occupation  étrangère.  Par  là,  par  ses 
qualités  brillantes,  ses  manières  affables,  son  talent  de  musicien, 
il  connut  encore,  de  loin  en  loin,  la  douceur  d'un  accueil  aima- 
ble, l'éclaircie  de  quelques  soirées  charmantes  à  Aracena,  à 
Mérida,  h  Séville...  Mais  combien  lui  furent  rares  ces  sourires 
de  la  vie  en  ces  cinq  années  de  campagne  !  Hivers  très  durs,  étés 
lorrides,  guerre  de  partisans  acharnée  et  meurtrière,  les  hor- 
reurs de  Saragosse,  de  Constantina  et  de  Badajoz,  la  mort  de 
son  intime  ami  le  sous-lieutenant  de  Beaulon,  foudroyé  d'une 
balles  à  ses  côtés,  à  la  sanglante  bataille  d'Albuera,  son  ordon- 
nance tué  par  un  boulet  de  canon,  lui-même  blessé  au  bras  gau- 
che, immobilisé  à  Séville  pendant  six  semaines,  puis  au  combat 
(l'Xracena  (février  1812),  au  milieu  d'un  engagement  terrible 
avec  des  cavaliers  anglais  et  espagnols  sous  un  orage  torrentiel, 
une  chute  de  cheval  qui  lui  brise  la  cuisse,  et  le  renvoie  conva- 
lescent à  Saintes  pour  six  mois,  et  la  solde  qui  est  en  retard  par- 
fois d'une  année,  par-dessus  tout  l'amertume  du  recul,  de  la 
partie  qu'on  voit  perdue,  finalement  de  la  défaite  :  oh  !  certes, 
pour  s'être  appliquée  à  bien  d'autres  de  son  âge  de  ce  temps-là, 
elle  n'en  est  pas  moins  tragiquement  instructive  l'histoire  de  cette 
héroïque  jeunesse  ! 

Que  si,  au  lieu  de  suivre  sur  tous  ces  champs  de  bataille  l'in- 
trépide officier,  promu  lieutenant  en  1812,  et  capitaine  en  février 
1814,  on  prêle  l'oreille  aux  nouvelles  qui  lui  viennent  de  Sain- 
tonge,  ce  serait  un  autre  sujet  singulièrement  captivant  que  de 
saisir  —  entre  les  lignes  et  sous  le  voile  de  phrases  prudemment 
obscures  —  l'état  d'âme,  encore  si  peu  connu,  de  la  France  pro- 
vinciale, la  vraie  France  !  pendant  que  montait,  montait,  dans  le 
rayonnement  de  la  joie  et  des  apothéoses  officielles,  l'astre  im- 
périal... 

De  cela,  nous  dirons  un  mot  en  résumant  la  seconde  partie  de 
h  vie  de  Théophile  de  Bremond  d'Are  dans  un  prochain  article. 
(A  suivre),  Gabriel  Audiat. 


Digitized  by 


Google 


--  243  - 

QUESTIONS  ET  REPONSES 

Questions. 

X**  784.  —  Un  de  nos  confrères  géographes  pourraiUil  m'indi- 
(juer  Torigine  du  nom  de  Sainte-Maure  souvent  attribué  à  TiTc 
Leucado.  Je  suis  fort  intrigué  de  trouver  un  nom  saintongeais 
parmi  les  îles  Ioniennes.  Sainte-Maure  est  en  réalité  un  simple 
îlot  portant  chapelle  et  forteresse  ;  c'était  le  seul  endroit  de  la 
Grèce  occidentale  où  se  IrouvAt  un  bosquet  de  dattiers.  Un  aque- 
duc de  260  arches  servant  de  chaussée  réunissait  la  forteresse  à 
la  ville  d'Amaxihi,  principal  port  et  cajutale  de  Lcucadc.  Mais 
tout  cela  ne  me  dit  pas  pourcjuoi  Sainte-Maure,  nom  de  famille 
i\u  canton  de  Joiizac,  a  été  donné  à  une  forteresse  de  la  mer 
Ionienne  ?  [^    q^ 

Réponses. 

\°  781.  —  EUjtnologie  de  de  VAgc.  —  Uc  mol  Age  est  syno- 
nyme de  haie,  clôture.  Il  a  la  même  origine  que  La  Palisse,  les 
CkMurcs,  1/ Etang,  Ua  Forêt.  Il  suffit  de  consulter  le  Dictionnaire 
de  kl  langue  [rançriisr  de  Godefroy  au  mot  Agie,  Ducange  au 
mot  Haga,  pour  se  renseigner  sur  l'époque  où  il  était  employé 
couramment  comme  désignation  de  champs.  Disparu  du  langage 
rural,  il  est  resté  comme  nom  de  lieu  s<^ul  ou  associé  à  un  lutre 
nom.  C'est  ainsi  qu'on  trouve  L'Age-Bouillerand,  l'Age  de 
Maillasson,  etc.,  en  Limousin.  Il  s'est  fixé  davantage  dans  cer- 
tains départements.  En  Dordogne,  une  quarantaine  de  localités 
s'appellent  TAge  tout  court  ou  allongé  d'un  mot,  dans  la  Vienne 
autant  (voir  le  Dictionnaire  topographique).  Dans  les  Deux- 
Sèvres,  au  contraire,  il  ne  figure  qu'une  fois.  Il  est  tout  aussi 
rare  ailleurs,  ou  inconnu  aux  autres  départements.  Je  ne  sais  si, 
dans  la  Charente-Inférieure,  on  en  trouverait  une  demi-douzaine. 

Ch.  D. 


LIVRES  ET  REVUES 


Le  numéro  de  janvier-avril  1904  du  Recueil  de  la  Commission 
des  arts  et  monuments  de  la  Charente-Inférieure  contient  un 
fragment  de  la  vie  de  saint  Eutrope  d'après  un  débris  de  manus- 


Digitized  by 


Google 


-  244  — 

cril  du  XIII*  siècle  (reproduit  en  photogravure),  rappelant  avec 
quelques  variantes  la  vie  du  saint,  telle  qu'un  manuscrit  de  la 
Bibliothèque  Nationale  de  même  époque  Ta  déjà  transmise. 
Sépultures  mérovingiennes  de  Loire  avec  trois  dessins  très 
exacts.  La  coutume  de  Royan  au  moyen  âge  par  M.  Musset,  d'a- 
près des  documents  appartenant  au  duc  de  La  Trémoille.  Le  tu- 
mulus  et  le  cimetière  mérovingien  de  Clermont^  commune  de 
Clion,  par  M.  Chainel.  Une  note  sur  Vaqueduc  romain  de  Saintes 
par  M.  Tablé  Gaurier.  C'est  le  rapport  des  recherches  de  l'auteur 
entre  le  Vallon  des  Arcs  et  le  Chaillot.  La  monographie  die  notre 
aqueduc  n'existe  dans  aucune  publication  :  le  travail  a  cependant 
été  fait,  et  pour  on  sait  quelles  raisons  sérieuses,  il  est  resté  inédit 
dans  les  cartons  de  la  société.  Ce  mémoire,  rédigé  par  S.  Jac- 
quin,  professeur  d'histoire  à  Saintes  en  l'an  VIII,  a  servi  à  l'abbé 
Lacurie  pour  la  rédaction  de  son  chapitre  sur  l'aqueduc.  C'est 
peut-être  le  motif  de  son  long  séjour  dans  le  boisseau  jusqu'à 
présent.  Il  est  à  désirer  que  la  Commission  l'exhume  et  le  pro- 
duise enfin  au  plein  jour.  On  le  dit  d'une  «  rigoureuse  exactitude 
et  plein  d'abondantes  remarques  ».  L'observation  est  de  M.  l'abbé 
Gaurier,  et  le  soin  minutieux  avec  lequel  celui-ci  a  conduit  ses 
propres  recherches  lui  sert  de  contrôle  et  confirme  au  manuscrit, 
plus  que  centenaire,  sa  véritable  valeur.  Le  rapport  que  le 
Recueil  insère  est  accompagné  de  plans  et  de  coupes  bien  dessi- 
nés. 

Une  des  planches  appellera  particulièrement  notre  attention. 
M.  l'abbé  Gaurier  a  trouvé,  encastrée  dans  la  maçonnerie  d'une 
des  arches  encore  debout  de  l'aqueduc,  «  une  pierre  carrée,  de 
0,27  de  côté,  portant  en  lettres  d'un  décimètre  cette  inscription  : 
AN®  III.  Immédiatement  au-dessus,  le  monument  présente  une 
alvéole  destinée  sûrement  à  recevoir  une  plaque  d'assez  grande 
dimension.  Un  débris  de  cette  plaque  gisait  à  terre.  L'autre  mor- 
ceau a  été  retrouvé  dans  un  buisson.  »  Elle  porte  une  inscription 
en  grec  et  en  latin  <(  aussi  vojgue  et  aussi  éndgmatique  que  Fan 
trois  de  la  pierre  inférieure,  »  L'auteur  laisse  à  de  plus  érudits  le 
soin  de  deviner  ces  mots  illisibles  et  d'éliminer  les  nomina  stul- 
torum.  Il  s'est  contenté  de  mettre  la  pierre,  importante  ou  non,  à 

l'abri  des  dégradations.  «  Elle  repose  chez  un  fermier  voisin 

en  attendant  le  jugement  »  (dernier,  sans  doute). 

J'ai  souligné  intentionnellement  plusieurs  des  passages  ci-des- 
sus afin  de  montrer  avec  quelle  prudence  notre  jeune  archéo- 
logue parle  de  sa  trouvaille.  II  faut  l'en  louer  très  fort  :  il  montre 


Digitized  by 


Google 


-  245  - 

un  seos  archéologique  toujours  nécessaire  (en  la  circonstance 
plus  qu'ailleurs),  mais  aussi  trop  rare  chez  les  débutants.  M. 
Gaurier  ne  propose  aucune  lecture.  Il  reproduit  le  monument, 
comme  c'était  son  droit,  ne  hasarde  aucune  lecture,  aucune  attri- 
bution de  date,  laissant  à  chacun  la  responsabilité  d'une  interpré- 
tation. 

Et  sagement  il  fait  !  Pouvait-il  soupçonner  la  vérité  ?  Evidem- 
ment non  ;  plusieurs  de  ses  aînés  en  archéologie  l'ignoraient. 

Voici  le  texte  : 

6»ou  Ao^a 
P.  G. 

Sant,  praeses  et  ac^ 
FAR  Regnault 

I  F  P    EMACI 

ROM    MONVMENTUM 

Y[stuavit  L 

Débarrassée  des  sigles  parasites  P.  G.,  FA.R,  IFP,  EMACI, 
qui  n'ont  eu  de  signification  que  pour  ceux  qui  les  ont  tracés, 
l'inscription  devient  intelligible  : 

6«ou  holoL 

Santanensîs  prœses  et  agncoZa 
Regnault 
romanum    monumentum 
fiestauravit. 
A  la  gloire  de  Dieu,  Regnault,  président  de  Saintes  et  proprié- 
taire rural,  a  restauré  ce  monument  romain, 

AN^  III  ne  présente  aucun  sens. 

En  effet,  M.  Regnault,  vice-président  du  tribunal  civil  de 
Saintes,  d'avril  1862  à  janvier  1879,  propriétaire  en  Fontcouverte, 
eut  l'idée,  à  une  époque  que  je  ne  puis  préciser,  voisine  cepen- 
dant de  1870-1875,  de  faire  mettre  un  peu  de  mortier  dans  les 
joints  d'une  pile  de  l'ancien  aqueduc.  Désireux  de  transmettre  à 
la  postérité  le  souvenir  de  son  acte  généreux  et  de  respect  pour 
les  «  antiquités  »,  il  crut  bon  d'insérer  dans  la  maçonnerie  la 
pierre  en  question,  sur  laquelle  il  grava  ou  fit  graver,  sans  art, 
l'inscription  qui  nous  occupe  aujourd'hui.  Or,  voici  que  trente 
ans  après  ce  bel  exemple  de  sollicitude  privée  à  l'égard  des  mo- 
numents   antiques    la  pierre  chargée  de    la  perpétuer  n'existe 


Digitized  by 


Google 


—  246  — 

plus...  —  ô  vanité  des  vanités  !...  —  qu'en  débris...  gisant  dans 
un  buisson  où  sa  découverte  intrigue  les  archéologues  de  I90i, 
qui  n'y  comprennent  rien  à  proniièrc  vue  ! 

Si  le  reslaurateur  avait  l'ait  sa  réparation  avec  un  peu  moins 
d'économie,  s'il  avait  pris  soin  do  sceller  solidement  une  pierre 
d'excellente  qualité  et  de  tracer  une  belle  et  correcte  inscription, 
son  vœu  aurait  été  exaucé...  Mais  le  président  Regnaull  chercha- 
l-il  jamais  la  réputation  d*un  prodigue  ?...  En  somme,  il  a  eu  rai- 
son !  il  a  la  dK)ublc  veine  do  garder  son  argent  et  d'atteindre  son 
but.  Si  le  temps  a  rapidement  détruit  son  œuvre,  notre  curiosité 
répare  l'œuvre  du  temps,  à...  moins  que,  prenant  sa  revanche, 
celui-ci  ne  mette  en  poussière  tous  les  exemplaires  de  la  Revue 
et  du  Recueil  ! 

Richard  (Alfred).  Histoire  des  comtes  de  Poilou,  778-1204. 
Kn  lisant  à  petites  journées  et  en  savourant  à  mon  aise  les  deux 
gros  volumes  intitulés  :  Histoire  des  comtes  de  Poitou,  778-1204, 
parus  depuis  un  an  à  Poitiers,  sans  que  le  public  môme  instruit  y 
ait  apporté  la  moindre  attention,  une  anecdote  me  revenait  à 
l'esprit.  —  C'était  en  1830,  au  pfus  lort  de  la  Révolution  de 
Juillet.  Le  vieux  poète  Gœthe,  se  promenant  un  jour  dans 
les  rues  de  Weimar,  aborda  un  de  ses  amis  :  J'ai  des  nouvelles 
de  Paris,  lui  dit-il,  le  volcan  a  fait  éruption  et  la  lutte  est 
engagée.  Oui,  dit  l'autre,  Charles  X  est  détrôné,  et  les  révo- 
lutionnaires triomphants  parlent  de  proclamer  la  République. 
Il  s'agit  bien  de  trône,  répliqua  Gœthe,  je  veux  parler  de  la 
discussion  engagée  à  l'Académie  des  Sciences  entre  Geoffroy 
Saint-Hilaire  et  Cuvier,  au  sujet  de  l'unité  de  composition 
organique  des  diverses  espèces  d'animaux.  Et  il  continua 
sa  promenade,  laissant  son  ami  un  peu  stupéfait.  —  J'eus 
l'idée  de  rééditer  pour  mon  compte  celte  historiette.  Vous  con- 
naissez les  nouvelles  de  Poitiers  ?  dis-je,  un  jour,  à  un  homme 
éclairé  qui  lisait  ses  journaux.  Oui,  me  répondit-il,  la  lutte  élec- 
h)rnle  est  chaude,  et  je  ne  crois  pas  que  le  conseil  municipal  sor- 
tant soit  réélu.  Il  ne  s'agit  pas  d'élections,  ropris-je,  mais  de  l'ou- 
vrage si  important  pour  l'histoire  du  Poilou  et  de  toute  la  région 
que  vient  de  faire  paraître  M.  Alfred  Richard,  archiviste  de  la 
Vienne.  —  Mon  interlocuteur  n'en  avait  pas  entendu  parler,  tant 
il  est  vrai,  aujourd'hui  comme  autrefois,  que  le  public  est  indif- 
férent aux  événements  scientifiques  et  que  le  fracas  de  la  vie 
courante  frappe  surtout  son  esprit. 


Digitized  by 


Google 


—  247  — 

Et  cependant,  Touvrage  de  M .  Richard  a  toute  Timporlance  d'un 
événement  historique.  Il  fera  époque  dans  la  région,  au  même  litre 
que  Vllialoire  des  coniles  de  Poitou  el  ducs  de  Guyenne,  de  Jean 
Besly,  publiée  en  1047  ;  au  môme  litre  que  ÏHistoire  de  VAijui' 
taine,  du  inroine  bénédicliti  dam  Fontencau,  au  XVIIP  siècle, 
œuvre  laissée  inachevée  et  manuscrite.  Il  laissera  loin  derrière  lui 
les  livres  similaires  publiés  depuis  1789,  sans  en  excepter  17/i.$- 
loire  des  rois  et  des  ducs  d' Aquitaine  et  des  comtes  de  Poitou,  de 
La  Fontenelle  de  Vaudoré,  parue  en  1842,  quelles  qu'aient  été  les 
bonnes  intentions  de  cet  érudit  conseiller  à  la  Cour  d'appel  de 
Poitiers. 

Jean  Besly  est  sans  conteste  le  plus  grand  historien  régional.  Il 
sut  mettre  à  profit  avec  une  patience  et  une  science  hors  de  pair 
la  plupart  des  documents  enfouis  jusqu'à  lui  dans  les  chartriers 
ecclésiastiques  et  seigneuriaux.  Quant  à  dom  Fonteneau,  il  ras- 
sembla en  de  précieuses  collections  les  copies  fidèles  de  tous  les 
documents  importants  qui  vinrent  à  sa  connaissance  el  les  ac- 
compagna de  notes  précieuses  sur  l'histoire  des  provinces  com- 
prises entre  la  Loire  et  la  Garonne,  en  attendant  d'en  faire  une 
rédaction  plus  complète.  L'ouvrage  d-e  M.  Richard  représente, 
comme  ceux  de  ses  deux  devanciers,  toute  une  vie  de  labeurs 
assidus  el  d'érudition  éclairée  ;  et  si,  pas  plus  qu'eux,  il  n*a  la 
satisfaction  de  voir  le  grand  public  de  son  époque  s'intéresser  à 
son  œuvre,  il  a,  du  moins,  le  précieux  avantage  de  la  publier  lui- 
même.  Ce  que  n'eût  pas  Besly,  dont  le  fils  édita  l'ouvrage  sans 
même  en  corriger  les  épreuves  ;  ce  qu'eût  encore  moins  dom  Fon- 
teneau, qui  laissa  s<îs  manuscrits  à  son  monastère,  d'où  ils' sor- 
tent en  1789  pour  aller  reposer  en  paix  à  la  Bibliothèque  muni- 
cipale de  Poitiers. 

On  conçoit  qu'il  ne  nous  soit  pas  possible  de  donner  une  analyse, 
môme  succincte,  d'un  pareil  ouvrage  qui  embrasse  toute  l'histoire 
du  Poitou  et  du  duché  d'Aquitaine,  depuis  Charkmagne  jusqu'à 
Eléonore,  du  milieu  du  VIII®  à  la  fin  du  XIII*  siècle,  soit  pendant 
une  période  de  quatre  cent  cinquante  ans.  Du  reste,  les  lecteurs 
de  la  Revue  s'intéresseront  surtout  à  ce  qui  a  trait  à  leur  pays,  et 
c'est  uniquement  au  point  de  vue  saintongeais  que  nous  allons 
nous  en  occuper  ici  à  leur  intention,  en  leur  signalant,  avec  quel- 
ques remarques  critiques  au  besoin,  les  faits  qui  se  rapportent  à 
notre  histoire  locale,  c'est-à-dire  à  la  Saintonge  el  à  l'Aunis. 


Digitized  by 


Google 


248  — 


I 


Dès  le  chapitre  premier,  relatif  au  plus  ancien  comte  de  Poi- 
tou, Abbon,  qui  a  gouverné  sous  Charlemagne,  M.  Richard  parle 
de  notre  région.  II  place  formoHemcnt  en  Aunis,  (peut-être  à 
Saint-Denis-du-Pin,  près  Saint-Jean  d'Angély,  ajoute-t-il  à  la 
table  des  noms),  Talleu  du  Pin,  qui  fit  l'objet  d'un  acte  de  procé- 
dure par  devant  les  envoyés  du  roi  Louis  d'Aquitaine,  siégeant  A 
Poitiers,  dans  l'église  de  Saint-Hilaire,  le  28  avril  791  :  alode  suo 
in  pojgo  Adeasnise  in  villa  que  dicitur  Pino  (1),  ou  bien  :  alode 
suo  in  pago  Adrasinse  in  villa  qui  dicitur  Pino  (2). 

Or,  il  s'agit  là  d'une  notice  informe  et  mutilée  en  divers  en- 
droits, que  dom  Estiennot  a  insérée  dans  ses  Antiquités  bénédic- 
tines, et  qu'il  a  tirée  d'un  autographe  de  l'abbaye  de  Noaillé, 
notice  que  dom  Fonteneau  n'a  retrouvée  ni  dans  les  archives 
de  l'abbé,  ni  dans  celles  des  religieux  de  cette  abbaye.  Dom 
Estiennot  note  qu'il  s'agit  du  lieu  où  fut  établie  plus  tard  l'abbaye 
du  Pin,  sur  la  Boivre,  non  loin  de  Poitiers,  localité  qui  fut  autre- 
fois une  dépendance  des  monastères  de  Saint-Hilaire  et  de 
Noaillé.  Quant  à  dom  Fonteneau,  il  se  contente  de  dire  qu'il  ne 
connaît  pas  le  pays  désigné  par  le  mot  Adeasnise,  «  à  moins  que 
ce  ne  soit  le  pays  d' Aunis  »,  a  ajouté  quelqu'un  au  premier  texte 
de  l'annotation  du  savant  bénédictin.  M.  Richard,  lui,  n'hésite  pas, 
et  transforme  en  affirmation  la  note  dubitative  de  son  devancier, 
bien  que  nulle  part,  ni  dans  les  titres  de  Saint-Hilaire,  ni  dans 
ceux  de  Noaillé,  on  ne  retrouve  la  trace  d'une  pareille  possession 
située  en  Aunis.  D'un  côté,  il  n'est  pas  probable  qu'à  une  épo- 
que où  les  envoyés  du  roi  parcouraient  le  pays  pour  rendre  la 
justice,  des  plaideurs  de  Saintonge  ou  d'Aunis,  se  soient  rendus 
à  Poitiers  au  lieu  de  les  attendre  plus  près  de  chez  eux.  De  l'autre, 
l'expression  de  pagus  Adeasnise  ou  Adrasinse  fait  naturellement 
penser  à  la  vicaria  Edrinsis  ou  Edrarinsis,  indiquée  justement 
par  le  Cartulaire  de  Noaillé,  en  927  et  943  (3),  et  qui  comprenait  la 
région  d'Adriers,  au  sud  du  Poitou,  entre  la  Vienne  et  la  Gar- 
tempe  ;  ou  bien,  à  la  vicaria  Adecia,  aujourd'hui  Esse  ou  Iliesse, 
localités  situées  toutes  les  deux  près  de  Confolens  (Charente)  (4). 

(1)  Abbaye  de  NoaHU,  dans  dom  Fonteneau,  t.  XXI,  p.  41. 
(3)  Mabille,  Le  royaume  d'Aquitaine,  p.  39,  tiré  de  dom  Estiennot,  ms.  latin 
12757,  fol.  255. 

(3)  Recueil  de  dom  Fonteneau,  t.  XVI,  p.  339  et  365. 

(4)  CartaUirt  d'Uxerehê  p»r  Champev*l,  ch.  375,  p.  238,  de  mars  1003. 


Digitized  by 


Google 


—  249  — 

Ces  deux  vigueries  étaient  en  Poitou,  et  on  peut  légitimement 
conjecturer  que  les  conlestalions  de  ces  contrées  étaient  portées 
aux  audiences  de  Poitiers,  tandis  que  les  contestations  des  pays 
d'Aunis  et  d&  Saintonge  devaient  plutôt  aller  aux  audiences 
tenues  à  Saintes. 

Au  chapitre  VI  bis,  concernant  le  comte  Eble  Manzer  ou  le 
Bâtard,  M.  Richard  dit  (1)  qu'à  la  reprise  de  son  gouvernement, 
peu  après  902,  il  créa  deux  nouveaux  vicomtes  :  Tun,  Maingaud, 
qui  fut  placé  à  Aulnay  ;  l'autre,  Alton,  qui  le  fut  à  Melle.  Le  pre- 
mier fut  chargé  de  surveiller  la  grande  voie  de  Poitiers  à  Saintes, 
qui  passait  par  Aunay,  et  par  suite  la  Saintonge  tout  entière  ; 
le  second,  de  protéger  le  principal  atelier  monétaire  du  Poitou. 

Si  Atton  a  été  indubitablement  vicomte  de  Melle,  rien  ne  prou- 
ve, par  contre,  que  Maingaud  ait  été  vicomte  d'Aunay.  Le  pre- 
mier vicomte  authentique  d'Aunay  qui  se  rencontre  est  Cadelon, 
mari  de  Sénégonde,  mort  entre  mai  964  et  966  (2).  Il  est  bien  pré- 
cédé d'un  autre  vicomte  Cadelon,  mari  de  Geila,  que  l'on  peut 
regarder  comme  son  père,  en  raison  de  la  persistance  du  môme 
nom  chez  les  aînés  de  famille,  qui  est  la  règle  au  X*  et  au  XP  siè- 
cle. Néanmoins,  ce  Cadelon,  mari  de  Geila,  est  indiqué  pour  la 
première  fois  en  928  (3),  peu  après  la  disparition  d'Atton,  et  se 
trouve  surtout  possessionné  à  Melle  et  dans  la  vicomte  de  Melle. 
Il  a  fort  bien  pu  êlre  le  successeur  de  ce  dernier,  sans  en  être  le 
fils  aîné,  d'autant  plus  que  le  nom  de  Cadelon  peut  être  rattaché 
à  notre  mot  cadet  ou  cadichon,  par  une  femme  cadilon.  D'autre 
part,  la  vigucrie  d'Aunay  ne  commence  à  être  mentionnée  que 
vers  950,  les  localités  de  sa  dépendance  étant  indiquées  jusque-là 
comme  faisant  partie  de  la  vigucrie  de  Brioux  (4)^  On  peut  donc 
admettre  que  la  vigucrie  et  la  châlellenie  d'Aunay  ont  été  établies, 
comme  bien  d'autres  dans  notre  région,  vers  le  milieu  du  X*  siè- 
cle, par  un  démembrement  d'une  vicomte  primitive  de  Melle,  sans 
doute  identique  à  la  viguerie  de  Brioux,  telle  qu'elle  a  existé 
jusque  vers  950  ;  et  que  Cadelon,  mari  de  Sénégonde,  fils  de 


(1)  Pages  54  et  55. 

(2)  CarL  de  Saint-M&ixenty  par  A.  Richard,  I,  p.  44  et  45,  et  Cart.  dé  Saint- 
Cyprierij  par  Rëdet,  ch.  464,  p.  286,  pour  les  dates  ;  Cari,  de  Noaillé^  dans 
dom  Fonteneau,  t.  21,  p.  313.  pour  la  qualification. 

(3)  Cari,  de  Saint- Maixeni,  par  A.  Richard,  I,  p.  25. 

(4)  Notes  sur  Vhistoire  de  ifeUe,par  Beauchet-Filleau,  p.  28-31  ;  voir  ses  ré- 
férences: Cart.  de  Saint-Cyprien,.,  et  Cart.  de  Saint- Je^n  d*Angély. 

18 


Digitized  by 


Google 


—  250    - 

Cadelon,  vicomte  de  Melle,  el  de  Geila,  a  élé  le  premier  vicomte 
particulier  d'Aunay. 

Quant  au  vicomte  Maingaud,  il  apparaît  surtout  dans  des  titres 
relatifs  à  la  région  immédiate  de  Poitiers.  C'est  pourquoi  il  y  a 
lieu  de  penser  que  les  deux  vicomtes  créés  par  Ebles,  s'il  ne  les 
a  pas  trouvés  déjà  installés  par  le  roi  Eudes,  après  la  prise  de 
Poitiers,  en  892,  ou  par  son  prédécesseur,  le  comte  Aymar,  ont 
élé  un  vicomte  pour  le  pays  de  Brioux,  résidant  à  Melle,  c'est-à- 
dire  Atton  ;  et  un  vicomte  pour  le  pays  de  Poitiers,  résidant  à 
Angles  (1),  à  Châtellerault  ou  à  Poitiers  même,  c'est-à-dire  Main- 
gaud. La  troisième  grande  division  territoriale  et  ecclésiastique 
du  Poitou,  le  pays  de  Thouars,  avait  déjà  depuis  longtemps  son 
vicomte  particulier.  Il  est  à  présumer  qu'à  la  fin  du  IX"  siècle,  ou 
au  commencement  du  X',  il  en  aura  élé  fait  autant  pour  les  deux 
autres,  les  pays  ou  archidiaconés  de  Brioux  et  de  Poitiers. 

Dans  son  chapitre  IX,  qui  concerne  Guillaume  Fier-à-Bras, 
M.  Richard  (2)  cite  une  charte  de  Bourgueil  qu'il  date  de  juin 
971  ou  975,  et  à  la(iuelle  il  donne  comme  souscripteurs,  entre 
autres  porsonnagos,  Isembort  de  Châtelaillon,  son  fils  du  môme 
nom,  et  Manassé,  son  frère.  Personne,  sauf  Arcère  (3),  n'a  fait 
remonter  au  X*  siècle  des  seigneurs  aulhcnliqucs  de  Châtelail- 
lon, surtout  des  seigneurs  du  nom  d'Isembert.  Le  plus  ancien 
que  l'on  puisse  citer  est  Ebalo  Aloiensis,  proche  parent  de  la 
comtesse  Emma,  morte  vers  1004,  laquelle  par  testament  lui 
laissa  le  tiers  de  la  terre  de  Frouzille  (i).  Besly,  qui  a  publié  la 
charte  die  Bourgueil  (5),  ne  donne  pas  ces  noms,  tout  en  ajoutant 
un  etc.  à  la  suite  de  son  énuméralion.  La  copie  du  Cartulaire  de 
Bourgueil  en  possession  de  M.  Goupil  de  Bouille  (6),  ne  les 
donné  pas  non  plus  el  emploie  l'expression  de  plura  alla  signa^ 
après  la  mention  de  l'archidiacre  Boson,  qui  termine  aussi  la 
liste  qui  est  dans  Besly.  A  moins  que  M.  Richard,  à  l'aide  d'une 
copie  plus  complète  ou  de  l'original  lui-même,  n'ait  percé  le  mys- 
tère de  cet  etc.,  ce  qu'il  oublie  de  nous  dire,  l'histoire  locale  de 
notre  région  ne  pourra  pas  faire  état  de  la  nouvelle  indication 

(1)  Où  résida  plus  tard  le  vicomte  Manassës,  sous  Guillaume  le  Grand. 

(2)  Premier  volume,  p.  108. 

(3)  Histoire  de  La  Rochelle  et  du  pays  d'Aanis,  I,  note  VIT,  p    578-580. 

(4)  Cari,  de  Saint-Nicolas  de  Poitiers  in  Arch,  hist.  de  Poitou,  I,  p.  30. 

(5)  Besly,  Histoire  des  comtes  de  Poitou,  Preuves,  p.  290. 
6)  Page  42, 


Digitized  by 


Google 


-  251  - 

qu'il  donne  sur  les  seigneurs  de  Châtelaillon,  malgré  toute  sa 
grande  autorité  et  son  immense  érudition. 

Dans  ce  môme  chapitre  (1),  M.  Richard  fait  donner  aux  moines 
de  Saint-Cyprien  (2),  l'alleu  de  Nachamps,  commune  du  canton 
de  Tonnay-Boutonne,  arrondissement  de  Saint-Jean  d'Angély. 
Il  suit  en  cela  Hédet,  l'auteur  du  Carlulairc  de  celte  abbaye,  qui 
identifie,  en  effet,  Rabseniius  ou  Rapseniius  villa  avec  Nachamps. 
Mais  ce  n'est  pas  exact.  Nachamps  est  toujours  porté  dans  le  do- 
maine de  l'abbaye  de  Saint-Jean  d'Angély  et  n'a  jamais  appar- 
tenu à  celle  de  Saint-Cyprien.  Il  s'agit  très  sûrement  de  Rançon, 
qui  s'écrivait  jadis  Rampçon,  Ransan,  autrefois  paroisse,  aujour- 
d'hui quartier  de  la  commune  de  Dey-Rançon,  près  de  Mauzé. 
Celte  localité  relevait  justement  du  prieuré  de  Dœuil,  qui  appar- 
tenait à  Saint-Cyprien. 

Puisque  nous  en  sommes  à  discuter  des  déterminations  de 
lieux,  remarquons  encore  que  M.  Richard  s'est  trompé  en  faisant 
donner  l'église  de  Croix-Comlesse,  canton  de  Loulay  (Charente- 
Inférieure),  dédiée  à  Saint  Révérend,  à  l'abbaye  de  Saint-Jean 
d'Angély  par  Foucaud  de  Valans  (3).  Il  est  vrai  que  dans  ses 
Additions  et  Corrections  (4),  il  dit  qu'il  y  a  lieu  tte  remplacer 
cette  donnée  par  cette  autre  :  «  Foucaud  de  Ballans  lui  abandonna 
l'église  de  ce  lieu  »,  préférant  s'en  rapporter  sur  ce  point  à  M. 
Musset,  «  plus  familier  que  lui  avec  les  possessions  de  Saint- 
Jean  d'Angély  ».  Mais*" il  se  trompe  une  fois  de  plus,  à  la  suite  de 
M.  Musset.  Car  Ballans,  du  canlon  de  Malha,  et  son  église,  n'ont 
jamais  appartenu  à  l'abbaye  de  Saint-Jean  d'Angély,  et  sont  tou- 
jours restés  à  l'évêché  de  Saintes,  tandis  que  Vallans,  canton  de 
Fronlenay  (Deux-Sèvres),  a  été,  au  contraire,  une  possession  an- 
cienne et  permanente  de  cette  abbaye.  La  raison  que  donne  M. 
Musset  (5),  à  savoir  que  cette  ciiarte  de  Foucaud  (6)  se  trouve 
parmi  les  chartes  qui  ont  rapport  au  pays  ou  à  l'obédience  de 
Malha,  n'est  pas  valable.  En  effet,  la  charte  n®  338  qui  précède  (7) 
et  qui  est  supposée  commencer  la  série  des  chartes  de  l'obédience 


(1)  Premier  Tolume,  p.  130. 

(3)  Càrt.  de  Saint-Cypriériy  par  Rëdet,  p.  310  et  311. 

(3)  Premier  volume,  chap.  XI,  p.  232,  note  4. 

(4)  Deuxième  volume,  p.  395. 

(5)  Archives  de  U  SAintonge,  t.  XXXIII,   CartnUire  de  Saint-Jean  d'An- 
gily^  par  Musset,  p.  XXXI.  note  1. 

(6)ii>id.,  t   II,  p.  1,  ch.  n«339. 

{!)  Archives  de  laSainionge,  t.  XXX,  p.  400. 


Digitized  by 


Google 


—  252  — 

(io  iVIalha,  ne  se  rapporte  point  à  Marestay,  comme  il  le  pense, 
mais  à  un  lieu  dit  Maresiagium,  c'est-à-dire  Le  Marais,  appli- 
cable à  de  nombreuses  localités.  Quant  à  la  charte  n®  340,  qui 
suit  (1),  il  ne  peut  y  avoir  le  moindre  doute,  et  il  s'agit  bien  de 
l'alleu  de  Vallans,  canton  de  Frontenay,  donné  vers  1093,  par  un 
autre  Foucaud,  sans  doute  descendant  du  premier,  puisque  celui- 
ci  est  qualiOé  de  Foucaud  de  la  Touche  d'Allery,  localité  encore 
existante  dans  la  commune  de  Vallans.  La  série  des  chartes  de 
Matha  ne  commence  véritablement  qu'au  numéro  suivant  (2),  qui 
concerne  l'investiture  de  l'église  de  Saint-Pierre  de  Marestay, 
donnée  à  l'abbaye  de  Saint-Jean  d'Angély  par  Amat,  archevêque 
de  Bordeaux,  en  1098,  ratifiant  lui-même  le  don  fait  par  les  pos- 
sesseurs de  l'église  (3).  Par  conséquent,  il  s'agit  bien  dans  la 
charte  n®  339  (4),  du  dpn  de  l'église  de  Vallans,  canton  de  Fron- 
tenay (Deux-Sèvres),  et  on  ne  voit  pas  pourquoi  M.  Richard  et 
M.  Musset  sont  allés  chercher  si  loin  ce  qu'ils  avaient  pour  ainsi 
dire  sous  la  main. 

Au  chapitre  relatif  à  Guillaume  le  Grand,  M.  Richard,  après 
avoir  dit  dans  le  texte  (5)  que  ce  duc  d'Aquitaine  donna  succes- 
sivement au  comte  d'Angoulême  les  vicomtes  de  Melle,  d'Aunay 
et  de  Rochechouarl,  ainsi  que  d'autres  châtcUcnîes  et  domaines, 
notamment  en  Aunis,  fait  remarquer  dans  une  note  (6)  qu'Adé- 
mar  de  Chabannes,  bien  que  chroniqueur  contemporain  et  com- 
patriote, a  bien  pu  exagérer  dans  les  faits'qu'il  rapporte  ;  que  la 
vicomte  d'Aunay,  par  exemple,  n'entra  jamais  dans  le  domaine 
particulier  du  comte  d'Angoulême,  et  qu'on  peut  admettre  que 
Guillaume  le  Grand  détacha  seulement  /\unay  de  sa  mouvance 
directe  pour  le  placer  sous  la  suzeraineté  du  comte  d'Angou- 
lême, ce  qui  aurait  aussi  pu  se  produire  pour  certains  autres 
grands  fiefs  énumérés  par  Adémar.  II  en  veut  pour  preuve,  en  ce 
qui  concerne  Aunay,  qu'un  vicomte  Chalon  y  succéda  à  son  père 
de  même  nom  vers  l'an  1000,  et  qu'il  était  encore  en  possession 
de  la  vicomte  en  1030,  sans  que  dans  ce  long  intervalle  de  temps 
Guillaume  Taillefer  d'Angoulême  y  eût  tenu  quelque  place. 

Il  est  fort  possible  que  Guillaume  le  Grand  n'ait  dépouillé  per- 

(1)  Archives  de  U  Suintonge,  t.  XXXIII,  p.  4. 
(3)  /d.,  p.  4,  ch.  n*  341. 

(3)  Iderrif  charte  343,  p.  8. 

(4)  Idem,  p.  1. 

(5)  Volume  I,  chap.  10.  p.  150  et  151. 
(8)  Idem,  note  I,  p.  151. 


Digitized  by 


Google 


—  253  — 

sonne  pour  avantager  son  intime  ami,  le  comte  d'Angoulême,  et 
qu'il  n'ait  fait  que  passer  sur  sa  tête  les  hommages  et  les  profits 
qu'il  percevait  lui-môme  sur  les  vicomtes  et  châtellenies  en  ques- 
tion. Mais  en  ce  qui  concerne  la  nature  et  les  effets  réels  des  dons 
relatés  par  le  chroniqueur  augoumoisin,  ils  sont  prouvés,  du 
moins  en  ce  qui  concerne  les  vicomtéç;  de  Melle  et  d'Aulnay  et  en 
ce  qui  concerne  l'Aunis,  par  diverses  chartes  du  Cartulaire  de 
Saint-Jean  d'Angély.  Nous  citerons  d'abord  le  don  fait  par  Bele- 
trudis  à  cette  abbaye  d'un  alleu  situé  à  Blanzay,  dans  la  viguerie 
de  Melle  en  Poitou,  et  de  terres,  prés  et  vignes  en  d'autres  lieux 
de  la  même  viguerie.  Il  s'agit  ici  de  Blanzay,  village  de  la  com- 
mune de  Prahecq,  et  d'autres  localités  des  environs  de  Niort, 
et  non,  comme  l'indique  M.  Musset,  de  Blanzay-sur-Boutonno, 
près  d'Aulnay.  La  charte  est  datée  du  jour  de  la  Pentecôte, 
trente-troisième  année  du  règne  du  roi  Robert  (1),  ce  qui  nous 
reporte  au  21  mai  1020,  et  non  1021,  comme  le  calcule  M.  Musset. 
Elle  est  signée  de  la  donatrice  et  contresignée  par  Guillaume 
d'Angoulôme  vicomte,  et  par  Alduin,  son  fils.  Comme  l'acte  ne 
porte  pas  d'autres  signatures  de  seigneurs  dominant  ou  quelcon- 
ques, le  doute  n'est  pas  possible  :  la  vicomte  de  Melle  était,  en 
1020,  dans  la  possession  directe  et  aux  mains  du  comte  d'Angou- 
lôme et  de  son  fils  aîné  ;  et  cette  vicomte  s'étendait  jusqu'aux  por- 
tes de  Niort.  —  D'autre  part,  la  notice  des  démêlés  entre  le  duc 
Guillaume  et  Hugues  de  Lusignan,  prouve  qu'à  la  môme  époque, 
entre  1010  et  1025,  le  comte  Guillaume  d'Angoulôme  exerçait 
son  autorité  à  Melle  et  dans  la  région  qui  en  relevait.  Hugues  de 
Lusignan  ayant  demandé  le  château  de  Melle  ou  celui  de 
Chizé,  le  duc  lui  refusa  l'un  et  l'autre  ;  puis  lui  fit  ordonner  par 
le  comte  Guillaume  d'Angoulôme  de  s'en  remettre  à  sa  merci  (2). 
Une  autre  charte  du  môme  cartulaire  souvent  citée  est  le  don 
de  la  terre  de  Cherbonnières  à  l'abbé  Alduin,  vers  1012  (3).  Elle 
porte  la  signature  de  la  donatrice,  Gélie,  du  comte  Guillaume  de 
Poitiers,  de  Chôlon  vicomte  d'Aulnay  et  de  sa  femme  Amélie,  de 
l'abbé  Alduin,  et  de  diverses  personnes  notables  ou  intéressées, 
au  milieu  desquelles  s'intercale  celle  d'un  Guillaume  vicomte.  Il 
ne  peut  s'agir  ici,  pensons-nous  du  moins,  du  fils  du  vicomte 
d'Aulnay,  qui  s'appelait  aussi  Guillaume,  car  sa  signature  aurait 

(1)  Archivés  de  U  Sàiniongéj  t.  XXX,  p.  360. 

(ï)  Besly,  Histoire  des  comtes  de  Poitou,  Preuves,  p.  388-S94,  Reeueil  des 
Hiêt.  de  France^  t.  XI,  p.  534  et  suiv. 
(3)  Archive»  de  la  SMintonge,  t.  XXX,  p.  163. 


Digitized  by 


Google 


—  254  — 

alors  suivi  celles  de  ses  père  et  mère,  mais  bien  de  Guillaume 
d'Angoulêmc,  vicomte  dominant,  lequel  n'était  pas  présent  à  la 
rédaction  de  l'acte,  pas  plus  que  ceux  dont  les  noms  entourent  le 
sien,  et  qui  aura  souscrit  plus  tard.  C'est  la  meilleure  expli- 
cation à  donner  de  cette  singularité,  facilement  passée  inaperçue. 
En  ce  qui  concerne  l'Aunis,  si  nous  n'y  constatons  pas  l'inter- 
vention du  comte  Guillaume  Taillefcr  d'Angoulême  lui-même, 
nous  constatons  au  moins  celle  de  ses  (ils  et  héritiers.  Une  charte 
de  Guillaume,  duc  d'Aquitaine,  de  1028  environ,  donnant  à  l'ab- 
baye de  Saint-Jean  d'Angély  la  petite  île  3e  Marencennes,  près 
Surgères,  ost  contresignée  par  le  comte  Alduin  d'Angoulême, 
c|ui  venait  de  succéder  à  son  père  (1).  Une  autre  charte,  du  mois 
de  juin  1031,  par  laquelle  le  chevalier  Rainaud  donne  des  biens 
sis  à  Muron  en  Aunis  (2),  est  signée  de  Guillaume  le  (iros,  duc 
d'Aijuitaine,  de  son  frère  Kudes,  de  plusieurs  évoques  et  du  comte 
Geoffroy,  qui  ne  peut  êlre  que  le  comte  Geoffroy  d'Angoulême, 
frère  du  comte  Alduin  et  son  successeur,  puisque  le  seul  autre 
auquel  on  pourrait  penser,  le  comte  d'Anjou,  Geoffroy  Martel, 
élait  dès  lors  en  lutte  avec  le  duc  d'Aquitaine.  Une  autre  charte 
encore  (3),  ou  un  état  des  salines  de  l'abbaye  die  Saint-Jean  d'An- 
gély, relate  un  don  de  cent  aires  de  marais  salants  situés  à  Yves, 
en  Aunis,  et  porte  la  signature  du  duc  Guillaume  le  Gros,  de  son 
frère  Eudes,  du  comte  Geoffroy,  d'Ebles  de  Châtelaillon  et  de  son 
frère  Isembert.  Elle  n'est  pas  datée,  mais  elle  doit  être  du  même 
jour  que  la  précédente,  à  moins  qu'on  ne  préfère  la  reporter  au 
mois  de  mars  1037,  lors  du  grand  plaid  de  Poitiers,  qui  suivit 
la  sortie  de  prison  du  duc,  auquel  assista  ce  même  comte,  et  où 
plusieurs  autres  dons  furent  faits  à  l'abbaye  de  Saint-Jean  d'An- 
gély (4). 

Qu'on  n'objecte  pas  que  ce  sont  là  des  souscriptions  de  hasard 
et  de  notoriété,  sans  portée  i>récise.  M.  Richard  tout  le  premier 
sait  bien  que  dans  les  chartes  portant  donations  les  signataires 
sont  toujours  des  intéressés,  des  personnes  dont  on  éteint  ainsi 
les  réclamations  possibles,  et  il  tire  lui-môme  bon  parti,  à  di- 
verses reprises,  de  données  de  cet  ordre.  Du  reste,  d'autres  actes 
de  donations,  dressées  dans  les  mêmes  réunions  que  ceux  que 


(1)  Archives  de  U  Saintonffe,  t.  XXX,  p.  39  et  30. 
(3)  Idem,  p.  337  et  338. 

(3)  Archives  de  U  Saintonge,  t.  XXXIII.  p.  1». 

(4)  Idem,  t.  XXX,  p.  66  et  315  ;  t.  XXXIII,  p.  1. 


Digitized  by 


Google 


—  255  — 

nous  venons  de  citer,  sont  contresignées  par  d'autres  assistants, 
ce  qui  est  un  fait  bien  significatif. 

Tout  cela  prouve  surabondamment  que  les  dons  de  Guillaume 
le  Grand  au  comte  d'AngouIême  furent  des  bénéfices  effectifs  et 
réalisés,  des  précaires  réversibles  sur  ses  successeurs  immédiats. 
Ce  serait  donc  un  tort,  tout  au  moins  pour  notre  région,  c'est-à- 
dire  pour  Melle,  Aunay  et  TAunis,  de  ne  pas  accorder  aux  dires 
d'Adémar  de  Chabannes  toute  leur  valeur  historique. 

M.  Uicliard  relate  à  son  tour  (1),  après  tant  d'autres,  le  récit 
d'Adémar  de  Chabannes,  au  sujet  d'Herbert  Eveille-Chien, 
comte  du  Maine,  traîtreusement  emprisonné  au  capitole  de 
Saintes  par  Foulques  Nerra,  comte  d'Anjou.  Le  voici  mot  à  mot, 
tiré  du  plus  ancien  texte  du  chroniqueur  angoumoisin  :  «  Alors, 
le  comte  Foulques  susdit  attira  par  fourberie  et  amena  à  Saintes 
Arbert,  le  1res  noble  comte  du  Mans.  Et,  un  premier  dimanche  de 
Carême,  après  dîner,  par  une  nuit  sombre,  le  saisit  par  traîtrise, 
le  retint  enchaîné,  et  le  garda  deux  an?  en  prison,  d'où  Dieu  dai- 
gna l'arracher  (2).  »  D'autres  textes  complètent  le  récit,  en  disant 
que  si  le  comte  d'Anjou  agit  ainsi,  «  c'est  qu'il  voyait  ne  pas  pou- 
voir triompher  d'Arbert  »  ;  qu'il  l'attira  à  Saintes  «  sous  prétexte 
de  lui  concéder  la  ville  en  bénéfice  »  ;  qu'Arbert  y  vint  «  sans 
précaution  et  sans  aucun  soupçon  de  mal  »  ;  que  la  surprise  eut 
lieu  «  le  second  jour  de  la  première  semaine  de  Carême  »,  au 
lieu  du  premier  dimanche.  Ils  ajoutent,  en  outre,  «  que  le  même 
jour  la  femme  de  Foulques  essaya  d«  s'emparer  par  ruse  de  la 
femme  d'Arbert,  avant  que  celle-ci  n'eût  appris  la  capture  de  son 
mari,  mais  que  quelqu'un  la  mil  sur  ses  gardes.  C'est  pourquoi 
Foulques,  redoutant  la  femme  d'Arbert  et  les  princes,  n'osa  pas 
le  mettre  à  mort  ;  il  se  contenta  de  le  tenir  étroitement  incar- 
céré pendant  deux  ans,  jusqu'à  ce  que  Dieu  lui  eût  arraché 
l'innocent  des  mains  (3).  » 

Enfin,  le  premier  manuscrit  fait  suivre  son  récit  de  l'em- 
prisonnement d'Arbert  de  cet  autre  :  «  L'année  suivante,  à 
cause  de  ce  forfait,  la  ville  de  Saintes  fut  brûlée  avec  son 
évêché,    et   la  cathédrale  resta    longtemps    abandonnée  (4).  » 


(1)  Chapitre  X,  Guillaume  le  Grand,  p.  187. 

(3)  Chronique  d'Adémàr^  édition  Lair,  p.  2S1,  manuacrit  H. 

(3)  Id,,  p.  333,  manuacrita  A  et  G. 

(4)  ld„  p.  333,  337  et  338,  manuacrit  H. 


Digitized  by 


Google 


-  256  - 

«  La  ville  de  Saintes  avec  la  basilique  de  Saint-Pierre  fut  brûlée 
par  des  chrétiens  impies  cette  même  année  »,  dit  un  autre  manus- 
crit, après  avoir  parlé  du  retour  triomphal  du  comte  d'Angou- 
lême,  Guillaume  II,  qui  revint  de  Terre-Sainte  «  dans  la  troi- 
sième semaine  du  mois  de  juin  »  qui  précéda  sa  mort.  «  La  cathé- 
drale déserte  resta  dès  lors  sans  culte  divin,  et  c'est  en  voulant 
venger  cette  injure  à  Dieu  que  le  susdit  comte  sentit  peu  à  peu 
ses  forces  l'abandonner  ».  Il  fut  malade  tout  l'hiver  et  mourut  au 
printemps  suivant,  Tavant-veille  du  dimanche  des  Rameaux,  le 
6  avril  de  l'an  de  l'Incarnation  1028  (1).  Tels  sont  les  faits  eux- 
mêmes  et  les  circonstances  qui  les  ont  accompagnés  et  suivis. 

Cette  histoire  est  invraisomblabie,  non  en  elle-même,  mais  en 
lant  qu'arrivée  à  Herbert,  comte  du  Maine.  Celui-ci  avait  tou- 
jours été  jusque-là  l'ami,  l'allié  et  le  fidèle  de  Foulques  Nerra 
dans  SCS  luttes  continuelles  contre  Kudcs  de  ('hampagne,  comte 
de  Chartres,  de  Blois  et  de  Tours.  Il  lui  avait  assuré  la  victoire  à 
la  bataille  de  Pontlevoy,  <^n  1016,  et  il  paraît  avoir  contribué  avec 
ses  manceaux  à  la  prise  de  Saumur,  en  1025.  Il  lui  était  aussi 
dévoué  qu'un  simple  baron  d'Anjou,  et  Foulques  n'avait  aucun 
intérêt  à  se  débarrasser  d'un  vaillant  compagnon  d'armes.  Her- 
bert, de  son  côté,  ne  cherchait  point  querelle  à  ses  voisins,  et 
n'était  en  lutte  ouverte  qu'avec  Avesgaud,  évêque  du  Mans,  à  qui 
il  disputait  la  possession  de  quelques  châteaux.  Il  n'avait  non 
plus  aucun  intérêt  à  la  jouissance  de  la  ville  de  Saintes,  placée 
hors  de  son  comté,  du  moins  on  ne  le  voit  pas.  Et  puis,  ces  deux 
comtes,  venus  ensemble  de  si  loin  à  Saintes  —  avec  leurs  femmes 
—  pour  dîner  en  bons  amis  et  traiter  sur  place  d'une  affaire 
d'aussi  minime  importance  pour  chacun  d'eux,  ne  sont  vraiment 
pas  de  leur  temps,  d'un  temps  où  les  chevauchées  joyeuses  à  tra- 
vers pays  étaient  toujours  dangereuses.  Il  y  a  encore  d'autres  im- 
possibilités morales,  si  je  puis  ainsi  dire.  Un  personnage  du  rang 
et  de  l'importance  du  vaillant  comte  du  Maine  n'aurait  pu  rester 
deux  ans  dans  les  fers,  sans  que  les  chroniques  contemporaines 
de  l'Anjou,  du  Maine  et  d'ailleurs  eussent  noté  le  fait,  et  eussent 
laissé  à  un  chroniqueur  d'Angoulême,  occupé  surtout  des  choses 
de  sa  région,  le  soin  de  l'indiquer.  Cet  événement  aurait  trop 
bien  fait  notamment  l'affaire  d'Avesgaud,  son  adversaire,  pour 
que  les  narrateurs  contemporains  ne  l'eussent  pas  relevé  à  pro- 
pos de  cet  évèque. 

—  ' 

(1)  /d.,  p.  S37,  338,  341  et  334,  manuscrit  A  ;  et  343,  noU  i, 


Digitized  by 


Google 


—  257  — 

Je  sais  bien  qu'on  a  voulu  voir  la  confirmation  du  récit  d'Adé- 
mar  :  1®  Dans  une  notation  de  la  Chronique  de  Vendôme,  ainsi 
conçue  :  «  Cette  môme  année  (1027),le  breton  Alain,  faisant 
le  siège  du  Lude,  extorqua  à  Foulques  tous  les  otages  que 
lui  avait  donnés  Herbert  «  (1)  ;  2**  dans  un  passage  de 
Guillaume  de  Poitiers,  chapelain  cl  historien  de  Guillaume  le 
Bastard  (2),  et  dans  un  autre  de  Guillaume  de  Malmesbury  (3).  — 
En  ce  qui  concerne  la  Chronique  de  Vendôme^  elle  n'est  rien 
moins  qu'explicite  au  sujet  du  fait  qui  nous  occupe.  Il  peut 
s'agir  d'un  autre  Herbert  que  le  comte  doi  Maine,  et,  en  tout 
cas,  d'otages  donnés  en  toute  autre  occasion.  Elle  peut  même 
servir  de  preuve  contraire,  car  c'était  une  occasion  pour  elle 
de  parler  de  ce  rapt  audacieux  dont  elle  ne  souffle  pas  mot.  Du 
reste,  ce  siège  de  Lude,  qui  eût  lieu  en  1027,  est  bien  antérieur  à 
la  délivrance  du  prisonnier  Arbert.  —  En  ce  qui  concerne  Guil- 
laume de  Poitiers,  bien  qu'il  cherche  visiblement  à  noircir  la 
famille  dies  comtes  d'Anjou,  pour  justifier  les  agressions  de  son 
héros  contre  le  Maine,  il  ne  rapporte  la  capture  d'Herbert  que 
comme  un  fait  qu'on  venait  tout  récemment  de  lui  raconter  au  mo- 
ment où  il  écrivait,  c'est-à-dire  vers  1080,  plus  de  cinquante 
ans  après  les  événements.  Quant  à  Guillaume  de  Malmesbury,  qui 
écrivait  cinquante  ans  plus  tard  encore,  il  copie  visiblement 
Guillaume  de  Poitiers  et  presque  mot  à  mot.  Lui  aussi  l'a  entendu 
dire. 

Je  ne  songe  point  à  reprocher  à  M.  Richard  de  faire  état  d'un 
fait  reproduit  et  tenu  pour  vrai  par  tous  les»  historiens  de  l'Anjou, 
du  Maine  et  de  la  Saintonge.  Tout  au  plus  puis-je  lui  reprocher 
de  corser  à  sa  manière  et  d'agrémenter  encore  le  récit,  en  un  mot 
d'y  ajouter  deg  choses  de  son  cru.  —  Il  suppose  gratuitement  que 
les  difficultés  qui  poussèrent  Foulques  Nerra  à  s'assurer  de  la 
personne  d'Arbert  provenaient  de  ses  projets  contre  le  Maine,  tan- 
dis qu'il  est  beaucoup  plus  naturel  d'admettre  qu'elles  résultaient 
de  sa  jouissance  de  Saintes,  sans  doute  contestée  et  mal  assurée. 
—  Il  dit  notamment  que  Foulques  «  profita  de  la  simplicité  du 
comte  Herbert  ».  Or,  tous  les  historiens  s'accordent  à  représenter 
Herbert  sous  un  tout  autre  aspect.  «  A  Hugues  II,  comte  du  Mans, 
succéda   dans  son    gouvernement  Heribert,  dit   Eveille-Chien, 


(1)  Cfcronigotf  deséglUeê  ^ Anjou,  par  Machegay  et  MabiUe,  p.  166. 

(2)  fix  getiis  GuiUeliDi  ducis  Norem,  in  HUtorienê  de  France,  t.  XI,  p.  86. 

(3)  Historia  regun  anglonim,  in  Hùiorienê  de  France,  t.  XI,  p.  180. 


Digitized  by 


Google 


—  258  — 

homme  ardent,  qui  eût  bientôt  des  dissensions  très  vives  avec 
Tévêque  Avesgaud  »  (1).  «  Il  avait  hérité  de  ses  ancêtres  — 
placés  dans  le  Maine  pour  repousser  les  invasions  normandes 
—  de  leur  noble  valeur  et  leur  science  militaire  »  (2).  Son  sur- 
nom seul  d*Eveille-Chien  indique  qu'il  était  loin  d'avoir  froid 
aux  yeux,  et  qu'il  ne  devait  pas  manquer  de  vigilance  ni  de 
perspicacité.  —  La  femme  de  Foulques,  Hermengarde,  est 
donnée  comme  «  sa  digne  compagne  de  guet-apens,  qui, 
dans  la  circonstance,  justifiait  sa  réputation  de  peu  aimable, 
maie  blanda.  »  Les  historiens  sont  unanimes  également  à  repré- 
senter Hermengarde  comme  une  pieuse  et  digne  fenune,  tout  oc- 
cupée à  modérer  la  violence  de  son  mari.  Quant  à  l'épithèle  de 
maie  blanda,  clic  lui  est  donnée  une  seule  fois  par  des  moines  ran- 
cuniers (3).  —  La  comtesse  et  les  grands  seigneurs  manceaux,  mis 
sur  leur  garde,  résistèrent  à  toutes  les  attaques  de  Foulques  qui, 
craignant  de  terribles  représailles,  n'osa  mettre  son  prisonnier 
à  mort.  »  Rien  n'indique  qu'il  s'agisse  des  princes  du  Maine.  Les 
princes  que  craignait  Foulques  devaient  être  plutôt  les  princes 
ou  seigneurs  châtelains  de  Saintonge,  bien  disposés  en  faveur  du 
prisomiier  et  qui,  à  l'instigation  de  sa  femme,  s'agitaient  en  sa  fa- 
veur. —  «  Il  le  garda  deux  ans  et  ne  le  relâcha  que  sous  de  bonnes 
cautions  ».  Or,  il  n'est  pas  question  de  cautions  données  pour  la 
délivrance  d'Arberl.  Les  textes  d'Adémar  disent  simplement 
que  Dieu  lui  arracha  l'innocent  des  mains,  et  celte  phrase  fait 
évidemment  allusion  aux  décrets  des  Conciles  de  l'époque  en 
faveur  de  la  paix  de  Dieu.  C'est  le  meilleur  et  le  seul  sens,  je  crois, 
qu'on  puisse  donner  à  cette  expression. 

En  effet,  l'incendie  qui  dévora  la  ville  de  Saintes  et  sa  cathé- 
drale eût  lieu  après  le  retour  à  Angoulôme  du  comte  Guillaume, 
c'est-à-dire  après  la  troisième  semaine  de  juin  1027,  et  au  début 
de  la  longue  maladie  qui  l'emporta  le  6  avril  1028,  par  consé- 
quent, de  juillet  à  novembre  1027.  Il  fût  allumé  par  un  peuple 
mécontent  et  par  vengeance  du  guet-apens  dont  Arbert  venait 
d'être  la  victime,  sous  le  coup,  semble-t-il,  d'une  émotion  assez 
récente.  Il  est  donc  naturel  d'admettre  que  la  scène  tragique  du 
capitule  avait  eu  lieu  au  commencement  du  Carême  précédent, 
à  savoir  à  la  fin  de  février  1027,  et  non  pas,  conmie  le  suppose  M. 


(1)  GaUî*^  église  du  Mans,  art.  Avesgaud. Tome  XIV,  col.  367. 
(2;  Chroniques  des  comtes  d* Anjou,  par  Marchegay  et  Salmon,  p.  161. 
(3)  CàriuUire  de  Saint-Aubin  d'Angers,  par  Bertrand  de   Broussillon,  I. 
p.  338. 


Digitized  by 


Google 


—  259  — 

Richard,  le  7  mars  1025,  pendant  que  Tévèque  de  Saintes  assis- 
tait à  la  grande  assemblée  qui  se  tenait  alors  à  Poitiers.  Foulques 
ne  rcLlcha  son  prisonnier  que  deux  ans  après,  c'est-à-dire  dans 
lo  courant  de  1029.  Ce  fut  justement  un  peu  avant  ce  momonl-là 
ijue  le  duc  Guillaume  d'Aquitaine  réunit  à  Charroux  un  concile 
où  assistèrent  tous  les  princes  de  l'Aquitaine,  cl  où  il  leur  fit 
prescrire  par  les  é\  ôques  et  les  abbés,  de  garder  la  paix  de  Dieu 
et  de  vénérer  TEglise  catholique  (1).  In  autre  concile  eut  lieu  à 
Limoges  au  milieu  de  l'année  1028(2),  où  la  paix  de  Dieu  fut  aussi 
solennellement  proclamée.  On  peut  assez  légitimement  admettre 
que  ce  fut  à  la  suite  de  ces  conciles  auxquels  dut  peut-être  assister 
Foulques,  qu'il  élargit  son  prisonnier,  puisque  Dieu  lui-même, 
par  la  voix  de  ses  représentants  sur  la  terre,  le  lui  ordonnait. 

Si  ce  n'est  pas  le  comte  Herbert  du  Maine  qui  fut  la  victime  de  la 
fourberie  de  Fouhjues,  qui  est-ce  donc  ?  Il  existe  dans  le  Cartu- 
laire  de  Motre-Dame  de  Saintes  une  curieuse  charte-notice  (3),  res- 
tée inaperçue,  et  qui  n'est  pas  sans  rapport  avec  cette  hislofre.  Il 
s'agit  d'une  pêcherie,  située  sous  le  pont  de  Saintes,  que  le  comte 
Geoffroy  Martel,  successeur  et  héritier  de  Foulques  Nerra,  donna 
à  cette  abbaye,  le  jour  de  la  dédicace  de  son  église,  le  2  novem- 
bre 1047.  La  voici  mot  à  mot,  dans  sa  première  partie  :  «  Une 
grande  dame,  nommée  Hildegarde,  fut  mère  du  commarque  de 
Saintes,  très  noble  personnage.  Elle  fit  établir  de  son  vivant  une 
pêcherie  dans  la  Charente,  sous  le  pont  de  la  ville  ;  la  mère  et  le 
fils  en  jouirent  jusqu'à  la  captivité  du  commarque,  c'est-à-dire 
quand  Francon  s'empara  de  sa  personne  et  le  retint  prisonnier 
au  capitole.  C'est  alors  que  le  commarque  lui  remit  la  pêcherie 
et  beaucoup  d'autres  choses,  craignant  tout  pour  lui  dans  la  cap- 
tivité où  il  était.  Cependant,  ses  amis  avisèrent  le  comte  Foulques 
de  ce  qui  se  passait,  le  suppliant  de  le  faire  élargir  et  d'accepter 
pour  lui  la  pêcherie,  ainsi  que  tout  ce  que  Francon  avait  injus- 
tement enlevé  au  commarque.  Ils  lui  promirent  même  une  grosse 
somme  pour  obtenir  sa  délivrance.  A  ces  nouvelles.  Foulques  se 
rendit  à  Saintes  et  fil  libérer  le  commarque,  selon  le  jugement  des 
seigneurs  ou  sénateurs  (seniores)  du  lieu.  Puis,  il  réclama  ce  qui 
avait  été  convenu,  à  savoir  ce  que  les  amis  du  commarque  lui 
avaient  promis.  Et  c'est  ainsi  qu'il  reçut,  eut  et  jouit  de  la  pêche- 


Ci)  Adenukri  Chronieon,  lib.  III,  chap.  69,  édition  Ghayanon,  p.  11^4. 
(3)  Gh.  de  LaBteyrie,  L'abbttye  de  SainUMAriial  de  Limogée,  p.  70. 
(3)  CatU  de  N.'D.  de  Saintes,  par  Tabbé  GrasiUer,  ch.  79,  p.  71. 


Digitized  by 


Google 


—  ?60  — 

rie  et  d]i  reste  sans  conteste  jusqu'^à  la  fin  de  sa  vie.  Etc.  ».  — 
L*abbé  Th.  Grasilier,  qui  a  publié  le  Cartulaire  de  Notre-Dame  de 
Saintes,  date  cette  charte-notice  :  après  1119  ;  mais  il  se  trompe,  et 
elle  a  été  rédigée  entre  1063  et  1067,  d*après  ce  que  Ton  peut 
conclure  de  la  fin  du  texte,  avant  ou  peu  après  la  mort  de  la  com- 
tesse Agnès,  à  l'occasion  de  contestations  élevées  sans  doute  par 
Francon,  c'est-à-dire  moins  de  quarante  ans  après  l'événement 
arrivé,  au  commarque,  et  sur  les  lieux  mêmes. 

Ces  deux  faits  qui  ont  eu  le  capitole  ou  château  de  Saintes  pour 
théâtre,  celui  raconté  par  Adémar  de  Chabannes,  comme  se  rap- 
portant à  Herbert  comte  du  Maine,  et  celui  raconté  par  le  Cartu- 
laire de  Saintes,  se  rapportant  au  commarque  de  Saintes,  ne  sont- 
ils  pas  connexes  et  n'ont-ils  pas  trait  à  la  même  personne  ?  Il  peut 
y  avoir  eu  ici,  le  fait  se  retrouve  souvent  ailleurs,  une  interpola- 
lion  au  texte  primitif  d'Adhémar,  ou  plutôt  une  mauvaise  lecture 
du  membre  de  phrase  :  Cenomannis  comiiem  ou  comitem  Ceno- 
mannls,  écrit  naturellement  en  abréviation  suivant  l'habitude  de 
l'époque.  Celui-ci  pouvait  être  précédé  de  la  préposition  e,  ex  ou 
de,  ou  être  simplement  mis  au  génitif,  signifiant  de  la  famille 
des  comtes  du  Mans.  C'est  une  siniple  supposition  que  je 
fais,  en  admettant  que  la  lecture  Cenomannis  soit  exacte  et 
sans  le  moindre  doute  ;  mais  supposition  que  d'autres  ont  faite 
avant  moi,  puisque  Decamps  (I),  parlant  de  ce  même  fait,  au- 
rait déjà  dit  :  «  Herbertus  hic  de  sanguine  comitum  Cenomanen- 
sium,  captus  apud  Sanctonas  a  Fulcone  Nerra.  »  Celui  qu'on 
appelait  alors  le  commarque  de  Saintes,  personnage  sur  lequel 
nous  sommes  peu  renseignés,  qui  avait  pour  mère  Hildegarde, 
pouvait  fort  bien  s'appeler  Arbert  et  appartenir  à  la  famille  des 
comtes  du  Maine,  sans  être  l'ami  de  Foulques  Nerra,  le  comte 
Herbert  Eveille-Chien  lui-même,  lequel  succéda  à  son  père  Hugues 
en  1015  et  qui  mourut  en  1036.  D'autant  plus  qu'un  oncle  ou  un 
grand-oncle  d'Herbert  Eveille-Chien,  nommé  Foulques,  joua 
un  certain  rôle  dans  les  affaires  du  Poitou  (2),  sous  le  comte  Guil- 
laume Fier-à-Bras,  entre  975  et  990,  époque  où  il  disparaît  en 
laissant  sans  doute  des  fils  dans  la  région. 

fA  suivre),  Jean  le  Saintongeais. 


(1)  Voir  CArlaUirt  de  U  TriiUti  de  Vendôme,  par  Tabbë  Métais,  I,  p.  2M 
note  1. 
(3)  Voir  TouTrage  de  M.  Richard  lui-même,  I,  p.  114. 


Digitized  by 


Google 


—  261  — 

Ere  nouvelle.  Les  anciennes  maisons  des  environs  de  Co- 
gnac (Suite).  Du  3  décembre  1903.  —  Javrezac  (note  sur  Téglise, 
inscription  de  sa  cloche  (1841)  deux  notaires),  appartint  aux  La 
Madeleine,  à  François  de  Bremond,  aux  de  Ceris  vers  1622. 
Après  la  mort  de  Jean  de  Ceris,  ses  deux  enfants  se  partagèrent 
les  biens  de  la  succession  de  leur  père  :  Alexandre,  l'aîné,  eut 
Chateaucouvert  et  Abraham  Javrezac  (10  juin  1628).  Ce  dernier 
attribua  cette  terre  à  François  Marie  de  Ceris,  son  second  fils, 
suivant  partage  du  19  juin  1687. 

La  métairie  appartint  à  la  famille  Bernard  qui  s'est  distin- 
guée sous  le  nom  de  Javerzac,  pendant  les  règnes  de  Henri  IV, 
Louis  XIII  et  Louis  XIV.  Pierre  Bernard  de  Javrezac  est  con- 
cessionnaire du  droit  de  coutume  sur  le  minage  en  1571.  Attaché 
à  la  maison  de  Navarre,  Pierre  Bernard,  protestant,  fut  pourvu, 
en  1588,  de  Tofiice  de  secrétaire  de  la  maison  et  couronne  de 
Navarre.  Il  épousa  Jeanne  Roux,  dont  trois  enfants  :  1^  Gédéon, 
écuyer,  secrétaire  du  roi  ;  2®  Marie,  femme  de  Isaac  de  Pont- 
levain  ;  3®  Bertrand,  né  à  Cognac  en  1603,  avocat  et  poète,  mari 
de  Julienne  Penot.  La  famille  Bernard  quitta  Cognac  vers  1670, 
et  se  fixa  à  Saint-Seurin  d'Uzet. 

Les  Angeliers  appartenaient,  au  commencement  du  XVIP 
siècle,  à  la  famille  de  La  Gourgue.  Pons  de  La  Gourgue,  marié 
avec  Marie  Le  Roux,  eut  trois  enfants,  dont  une  fille,  Jacquette, 
mariée  avec  François  Galiot  de  Bremond,  qui  eut,  à  cause  de 
sa  femme,  les  Angeliers.  Leurs  enfants  s'étaient  fixés  en  Poi- 
tou vers  1660  ;  les  Angeliers  furent  acquis  par  Jean-Louis  de 
Bremond,  capitaine  de  vaisseau.  Suzanne,  leur  ûlle  unique, 
épousa,  le  23  février  1726,  Charles  de  Brémont,  et  lui  apporta 
en  dot  le  domaine  des  Angeliers.  Le  domaine  fut  acheté,  aiprès 
1767,  des  héritiers  de  Bremond  d'Ars  par  Richard  Hennessy, 
négociant,  époux  de  Hélène  Barret.  La  Billarderie  fut  achetée 
par  le  même,  peu  après,  comme  continuation  des  Angeliers. 

La  Billarderie  avait  appartenu,  vers  le  milieu  du  XVIP  siècle, 
à  la  famille  Roux,  protestante  (Notes  généalogiques).  Elle 
passa,  vers  1730,  aux  Delaville-Michel  Delaville,  procureur.  Ni- 
colas, son  fils,  capitaine  des  troupes  de  la  marine  à  SaintrDo- 
mingue,  habitait  la  Billarderie  en  1778.  M.  James  Hennessy 
possède  actuellement  cette  propriété. 

Du  6  décembre.  —  Monchamp,  Boussac  et  Chanteloup.  Mon- 
champ  appartint  à  une  famille  Normand  de  Cognac,  qui  a  oc- 
cupé des  charges  de  greffiers  et  de  procureurs.  Pierre  Normand, 


Digitized  by 


Google 


—  262  — 

procureur  en  1609,  avait  épousé  Marquise  Martineau,  dont  qua- 
tre enfants.  Jean  Normand,  né  le  2  août  1683,  sieur  de  Mon- 
champ,  fils  de  Jean,  greffier,  épousa,  le  30  mai  1713,  Marie- 
Anne  Perrin,  fille  de  Jean  et  de  Marie  Normand,  sœur  de  Jacques 
Perrin  de  Boussac  (Notes  génf^alogiqucs).  11  décéda  après  sa 
femme,  morte  le  14  septembre  1768.  Le  25  novembre  1777,  eut 
lieu,  à  Cognac,  le  mariage  de  Jacques  Normand  de  Monchamp, 
fils  des  précédents,  avec  Marie-Anne  Le  François  de  La  Châtai- 
gneraie, fille  de  Pierre,  écuyer,  officier  dans  la  maison  du  roi, 
et  de  Marthe-Thérèse  Pépin.  Il  mourut  le  12  avril  1792,  sans  pos- 
lérilé.  Monchamp  passa  alors  dans  la  famille  de  La  Châtaigne- 
raie, qui  le  vendit  à  M.  Maurice  Hennessy,  qui  Ta  joint  à  La 
Billarderie. 

Boussac  appartint  à  Benjamin  de  Leslang,  puis  à  Jacques 
Pelluchon,  à  Bernard  Duvignaud,  enfin  à  la  famille  Perrin,  fa- 
mille déjà  inscrite  sur  les  registres  de  Saint-Léger,  à  partir  de 
1599.  Pierre  Perrin,  le  jeune,  échevin  en  1677,  époux  d'Isabelle 
Guérin,  sœur  de  Nicolas  (lieutenant  particulier  au  siège  royal 
de  Cognac),  devint  maire  de  cette  ville,  en  1685  et  1694  (Détails 
généalogiques  sur  les  Perrin  de  Boussac).  En  1786,  Jacques- 
Tiiéodore  Perrin  de  Boussac  demanda  Tautorisalion  de  fonder 
une  papeterie  à  Boussac.  Il  l'obtint  sous  certaines  conditions. 
La  fabrique  fut  construite  en  1788,  et  elle  fonctionna  jusqu'aux 
environs  de  1827.  Plusieurs  ouvrages  ont  été  imprimés  sur  du 
papier  provenant  de  celte  usine,  notamment  les  Recherches  de 
Bourignon.  Les  descendants  de  Philippe  Perrin  vendirent  Bous- 
sac au  sieur  Gelreau,  lequel  le  vendit  à  M.  Ed.  Marlell,  qui  l'a 
réuni  à  Chanleloup. 

Chanteloup  a  appartenu  aux  Richard,  famille  protestante  de 
Cognac,  puis  aux  Gautier  et  à  Gabriel  Thomas,  leur  allié,  dont 
les  héritiers  vendirent,  en  1830,  Chanteloup  à  Th.  Martell,  négo- 
ciant. 

Du  13  décembre.  —  Tillou,  commune  de  Bourg-Charente, 
appartenait  à  Jean  Vinsonneau,  écuyer,  sieur  de  La  Péruse, 
époux  de  Jeanne  Geoffrion,  dont  deux  filles,  Jacquelle  et  Marie. 
La  première  fut  mariée  à  Charles  de  Crugy  de  Marcillac  (12  dé- 
cembre 1616),  capitaine  dans  le  régiment  de  Balagny,  puis  dans 
le  régiment  de  Rambure.  Marie  épousa,  en  1721,  René  de  La 
Tour,  baron  de  Saint-Fort-sur-le-Né.  Charles  de  Crugy  mourut 
au  siège  de  Privas,  en  1631.  Sa  veuve  épousa,  en  1634,  Adam  de 
Châteauneuf  de  Randon,  sieur  de  Sainte-Hélène  et  de  Tignoux. 


Digitized  by 


Google 


—  263  — 

Le  15  février  1647,  dans  le  partage  qui  eut  lieu  entre  les  en- 
fants de  Marcillac,  la  terre  de  Tillou  fut  attribuée  à  Jean-Louis 
et  à  Jacquelte,  sa  sœur.  Jean-Louis  de  Marcillac,  capitaine  au 
régiment  de  Normandie,  épousa  Marie  de  Puyguybn  ilieuleiianl- 
colonel  en  1673,  il  mourut  à  Fouquemont. 

ïillou  resta  dans  la  famille  Crugy  de  Marcillac  jusqu'après 
la  moitié  du  XVIII*  siècle.  En  1774,  le  domaine  est  administré 
par  Daniel  Texier,  notaire  royal. 

Du  20  décembre  1903.  —  Solençon,  commune  de  Routiers, 
fut  vendu  vers  1487,  par  Pierre  de  Rohan,  maréchal  de  Gié,  à 
Charles  d'Orléans.  Il  fut  engagé  à  la  famille  Geoffrion,  dont  un 
descendant,  appelé  Henri,  y  résidait  en  1604.  Jeanne  Geoffrion, 
sœur  ou  fille  d'Henri,  épousa  Jean  Vinsonneau,  sieur  de  La 
Péruse.  Leur  fille  Jeanne,  mariée  avec  René  de  La  Tour,  écuyer, 
sieur  de  La  Perrière  et  Saint-Forl-sur-le-Né,  en  hérita.  Le  24 
août  1048,  Marie  de  La  Tour,  l'aînée  de  la  famille,  épousa  Jean- 
Louis  de  Verdelin,  et  Marie,  la  cadette,  Jacques  de  Rrcmond, 
marquis  d'Ars,  lequel  sortit  du  prieuré  de  Dorion  pour  devenir 
le  chef  de  la  famille. 

Jacques  de  Bremond  eut  quatre  enfants:  Jean-Louis  recueillit 
dans  la  succession  paternelle  les  terres  d'Ars,  de  La  Gorge  de 
Merpins,  du  Solençon,  etc.  Il  mourut  à  Solençon,  le  2  mai  1742, 
à  l'âge  de  73  ans.  Cette  terre  échut  à  Marie-Madeleine  de  Bre- 
mond, épouse  du  marquis  de  Verdelin  ;  elle  la  vendit,  en  1756, 
à  N.  Delaville. 

Du  24  décembre.  —  Le  duc  de  La  Vauguyon  acheta,  le  14  fé- 
vrier 1773,  la  seigneurie  de  Solençon,  lequel  la  revendit,  le  31 
juillet  1775,  au  comte  d'Artois,  apanagiste  du  duché  d'Angou- 
lême.  —  Projet  d'installation  d'une  raffinerie  de  sucre.  —  En 
1  r.)3,  le  Solençon  fut  administré  par  les  préposés  de  la  régie 
nationale.  Le  6  nivôse  an  II  (1794),  l'Etat  vendit  ce  domaine 
moyennant  104.000  livres,  à  Laborde,  notaire,  François  Gay  et 
Philippe  de  Bonnegens,  de  Sigogne. 

Aujourd'hui  il  appartient  à  un  grand  nombre  de  proprié- 
taires. 

Des  27  et  31  décembre  1903.  —  Gardépée.  Celte  terre  faisait 
partie  de  la  seigneurie  de  Bourg  (qui  eut  comme  possesseurs 
Bertrand  (1190),  Ollivier  (1264),  Jean  de  Bourg  dit  Bragier,  en 
1415,  Pierre  Bragier,  son  fils,  en  1445.  Jean  d'Orléans  acheta  la 
seigneurie  de  Bourg.  François  P'  la  donna  à  Artus  Gouffier.  Le 
7  janvier  1553,  Claude  Gouffier  concéda  à  Jacques  Ancelin, 


Digitized  by 


Google 


-  264  — 

marchand,  demeurant  à  Beauvais-sous-Matha,  le  fief  de  Gar- 
dépée.  L'acte  fut  passé  à  Oiron.  «  Le  logis  et  hostel  noble  »  de 
Gardépée  fut  achevé  de  construire  en  1562.  Au-dessus  de  la  porte 
d'entrée  se  trouvaient  les  armes  des  Ancelin  et  l'inscription  : 
«  Dieu  soicl  la  garde  de  l'entrée  el  de  la  sortie.  »  Les  armes  exis- 
tent encore  sur  la  porte  de  la  fuie,  et  au-dessus  de  la  porte  inté- 
rieure du  logis  on  lit  :  «  La  prospérité  est  suiette  à  Venvye  et 
r adversité  au  mépris  ;  la  médiocrité  est  trop  commune ^  ainsy 
rien  icy  bas  ne  nous  peut  satislaire.  »  A  Jacques  Ancelin  suc- 
céda Louis  Ancelin,  époux  de  Marie  de  La  Brugière,  dont  Jean 
Ancelin,  baptisé  le  27  août  1600,  marié  vers  1630,  avec  Fran- 
çoise de  La  Charlonye  (Détails  généalogiques).  En  décembre 
1649,  Jean  Ancelin,  lîls  de  Jean,  épousa  (contrat  du  20  novem- 
bre), Sylvestre  {sic)  de  Chûteauneuf  de  Randon,  lîUe  d'Adam  et 
de  Jacquette  Vinsonneau.  En  juin  1657,  Jean  Ancelin,  et  son  fils 
François,  sieur  de  Chadurie,  vendit  Gardépée  à  Pierre  Offre, 
marchand  à  Cognac.  Les  Ancelin  s'installèrent  à  Bernissac,  pa- 
roisse de  Gémozac  (Détails  généalogiques  sur  les  Offre,  protes- 
tants). Les  Offre  conservèrent  Gardépée  jusqu'aux  premières 
années  du  XVIII*  siècle.  Ils  le  vendirent  à  Pierre  de  Jarnac, 
dont  la  famîllc  lo  possède  depuis  cette  époque. 

Sous  le  premier   empire,  Léon  de  Jarnac  fonda  une  faïen- 
cerie  dans  l'église   de  Chatiers,  dont  il  confia  la   direction  à  g 
Garive.  Cette  fabrique  de  courte  durée  est  connue  sous  le  nom  S 
de  faïenc^ê  de  Gardépée.                                                                           ^ 

Du  7  janvier  1904.  —  Le  logis  de  Boisroche  appartient  à  la  o 

commune  de  Cherves,  du  côté  de  Saint- André.  Au  commence- 
ment du*d(VII*  siècle,  il  est  entre  les  mains  de  Jehan  d'Arnault,  g 
écuyer,  sieur  de  Boisroche  et  maître  d'hôtel  du  duc  d'Epernon  ;            g 
il  avait  épousé  Marguerite  de  Boure  et  paraît  avoir  eu  Gabrielle,             a> 
mariée  en  1629  à  Charles  de  Poquaire,  et  Isabelle.  Après  1631,            ^ 
on  trouve  Isaac  de  Pontlevain,  sieur  de  Boisroche,  mari  de  Marie 
Bernard  de  Javrezac  (familles  protestantes)  (Détails  généalogi- 
ques).   François    de   Ponlevain   de    Boisroche    et   Saint-André 
épousa,  en  mai  1683,  Anne  du  Souchet.  Il  n'a  laissé  que  des  filles, 
dont  Marie,  femme  de  Jacques  de  Curzay,  sieur  de  Villiers,  qui 
signe,  en  1684,  sur  les  registres  de  Cherves  et  se  qualifie  sieur 
de  Boisroche,  Jean  de  Curzay,  lieutenant  de  cavalerie  au  régi- 
ment de  Roussillon,  eut  de  sa  femme,  Jeanne  Delvoche,  Etienne, 
marié  à  Marie  Berault  du  Péron. 


Digitized  by 


Google 


REVUE 

DE  SAINTONGE  &  D'AUNIS 

BULLETIN  DE  LÀ  SOCIÉTÉ  DES  ARCHIVES 


SOMMAIRE  DU  No  DU  !«'  SEPTEMBRE  1004. 

Ayib  bt  noutbllbb  :  Omission  ;  Don  A  la  Société  ;  Restaurations  A  Poni-L^abbé 
et  A  Pons;  Découvertes  A  Saintes  ;  M.  Barrère  A  Saintes;  Rectification  de  nom; 
Cartes  postales;  Lt  Salon. 

NoTBS  d'Atat  giyil  :  —  I.  Déeèê  :  A.  de  Barthélémy  ;  M»*  Badenhuyer  ;  De  Sali- 
^ac;  A.  Leps;  Général  Philebert;  L.  Ménard;  M^^*  de  Lafutsun  de  Lacarre. 

II.  MàrUgtM:  Thirion-Poirier. 

Errata. 

VARiérAs:  I.  Au  seuil  des  Arènes  par  M.  M.  B;  II.  Étude  biblio^aphique  sur 
les  éditions  de  VAniiquité  de  Sêintêê  et  de  BerbeMiens  d'Élie  Vinet,  par  M. 
Labadie;  III.  Le  général  de  Bremond  d'Ars  (fin),  par  M.  G.  Audiat;  IV.  Le 
général  Muller,  par  M.  d*01ce. 

QvBBTioiTS  BT  RipoNSBS:  Fontsine  Sainte-Eustelle.  Usages  et  superstitions. 

LiVRBS  BT  rbwbb:  L'inscription  de  J.  yesrons;la  Coemogritphie  de  J.  Fon- 
teneau;  Lhiêioire  de$  Comteê  de  Poitou  (suite). 


AVIS  ET  NOUVELLES 

Exceptionnellement,  ce  numéro  contient  cinq  feuilles  trois 
quarts. 

Nous  rappelons  à  nos  confrères  qu'il  est  utile  de  nous  signaler 
les  changements  d'adresse,  les  rectifications  de  profession,  dis- 
tinctions qui  les  intéressent. 

Notre  confrère  M.  Girard  a  donné  sa  démission  de  consul  de 
Grèce.  Le  consulat  est  supprimé. 

Le  congrès  des  Sociétés  savantes,  en  1905,  se  tiendra  à  Alger. 

Knum.  Tmm  XXIV,  ft*  Umitoa.  —  8Sf  t«sbN  1M4.  It 


Digitized  by 


Google  ^ 


—  266  — 

Une  omission  involontaire  nous  a  fait  oublier  le  nom  de  noire 
confrère  M.  Bruhat,  docleur  ès-leltres,  professeur  au  lycée  de 
La  Rochelle,  parmi  les  membres  au  comité  départemental  de 
recherches  de  documents  économiques  de  la  l\évolulion. 

Cette  commission  a  mis  à  sa  tête  notre  confrère  M.  le  lY  Guil- 
laud. 

M"*  de  Thézac  a  fait  don  à  la  Société  d'un  jeton  en  argent  du 
collège  de  Saintes.  Un  jeton  semblable  a  été  publié  dans  le  tome 
VI,  p.  147. 

La  politique  est  interdite  aux  sociétés  d'archéologie,  mais  il 
n'est  pas  défendu  aux  politiques  de  faire  servir  l'arcliéologie  à 
leurs  intérêts.  Nous  lisons  dans  une  profession  de  foi  d'un  gros 
candidat  :  «  X...,  Y...,  Z...   peuvent  se  rappeler  les  heureux  effets 

de  mon  intervention  en  faveur  de  leurs  églises »  Deux  de  ces 

églises  ont,  en  effet,  été  classées  tout  dernièrement,  et  on  annonce 
que  des  travaux  de  restauration  vont  y  être  ordonnés. 


Les  travaux  de  restauration  de  l'église  de  Pont-l'Abbé,  en 
cours  d'exécution,  comprenaient,  entre  autres,  la  couverture  d'une 
partie  placée  à  gauche  du  clocher.  A  cet  endroit,  avant  l'établis- 
sement du  devis,  il  y  avait  un  tas  de  terre  et  de  débris  énormes, 
depuis  longtemps  commencé.  Un  déblaiement  s'imposait,  et 
après  la  mise  au  net  du  parvis  on  découvrit  un  cheneau  et  une 
gargouille.  Poussant  plus  loin  les  recherches,  on  trouva  dans  les 
débris  plusieurs  vieilles  pierres  taillées  en  évas  se  rapportant 
exactement  avec  un  témoin,  encore  debout,  d'une  archière.  Celle- 
ci,  placée  dans  un  retour  d'angle,  ce  cheneau,  faisant  suite  à  une 
partie  dallée,  indiquaient  suffîsanmient  un  chemin  de  ronde, 
ayant  beaucoup  d'analogie  avec  celui  d'Esnandes.  Il  devenait 
certain  que  l'église  de  Pont-l'Abbé  avait  été  fortifiée  au  moins 
sur  la  partie  antérieure,  au  XIV*  siècle  vraisemblablement,  puis- 
que le  clocher  est  du  XV'.  C'était  un  complément  de  la  porte  de 
ville  fortifiée. 

A  l'heure  qu'il  est,  on  a  rétabli  le  chemin  de  ronde,  les  ar- 
chières  à  leur  place,  et  on  a  couronné  l'ensemble  d'un  chaperon 
trouvé  aussi,  en  partie,  dans  les  matériaux  amoncelés  dans  un 
coin. 


Digitized  by 


Google 


—  267  — 

Les  travaux  de  la  chapelle  Sainl-Gilles,  à  Pons,  sont  achevés. 
On  a  dépensé  environ  25.000  fr.  On  a  repris  la  voûte  en  maté- 
riaux vieux  et  neufs,  remis  les  fenêtres  en  état,  ouvert  un  oculus 
dans  le  pignon  au-dessus  de  la  porte  d'entrée,  rétabli  le  contre- 
fort,  fait  une  charpente  apparente  neuve  dans  le  style  du  XI*  siè- 
cle, établi  un  parquet  en  chêne  au  premier  élage  et  un  dallage 
au  rez-de-chaussée. 

Le  musée  y  sera  bientôt  installé. 

A  Saintes,  la  réfection  du  mur  de  soutènement  des  terres  du 
jardin  de  l'hôpital  de  la  marine  a  déterminé  la  découverte  de  tom- 
beaux à  évidement  pour  la  tôle,  encore  occupés  par  les  sque- 
lettes, à  un  mètre  environ  du  niveau  de  la  rue.  Un  de  ces  tom- 
beaux était  à  moitié  sur  un  mur  gallo-romain  de  basse  époque 
se  dirigeant  en  biais  par  rapport  à  la  rue.  Le  mur  et  le  rocher 
avaient  été  taillés  pour  recevoir  soit  la  tête  du  cadavre,  soit 
l'auge.  Deux  très  gros  couvercles,  sarifi  cercueils,  sont  placés  un 
peu  plus  haut  ;  ils  sont  taillés  en  dos  d'àne  à  arête  vive  ou  forte- 
ment abattue,  comme  le  montrent  les  figures  ci-dessous. 


/ 
/ 


La  cuve  baptismale  en  pierre  que,  lors  de  la  dernière  excur- 
sion, nos  confrères  ont  tant  admirée  à  Ars,  pendant  les  courts 
instants  qu'ils  ont  passés  dans  cette  éiçlise,  a  été  classée  comme 
monument  historique  (arrêté  du  29  fé\*rier  1904). 

La  ville  d'Annapolis*  chef-lieu  du  comté  canadien  de  la  Nou- 
velle-Ecosse, s'apprête  à  élever  un  monument  à  la  mémoire  d'un 
Saintongeais,  Pierre  du  Gua,  compagnon  de  Champlain. 

Le  musée  de  La  Rochelle  a  reçu  un  tableau  de  M.  E.  Chevalier: 
Mer  bleue  à  Noirmoutiers,  et  une  enseigne  de  maréchal-ferrant, 
en  pierre,  du  XV*  siècle,  très  bien  conservée,  représentant,  à  la 
porte  d'une  forge,  un  cheval  à  l'attache  dont  un  aide-maréchal 
tient  le  pied. 


Digitized  by 


Google 


—  268  — 

A  propos  de  Télévation  à  la  dignité  de  grand-croix  de  la  légion 
d'honneur  de  M.  Barrère,  Tainbassadeur  de  France  auprès  du 
gouvernemeul  italien,  rappelons  qu'il  a  passé  quelques  mois  de 
Tannée  1868  ou  1869  à  Saintes,  à  la  pension  Amouroux.  Il  venait 
alors  d'Angleterre. 

Un  jugement  du  tribunal  de  La  Rochelle,  en  date  du  20  juillet 
1904,  autorise  la  famille  Brumauld-Deshoulières  à  écrire  désoi^ 
mais  son  nom,  comme  anciennement,  Bnimauld  des  Houlières. 

Une  note  plus  détaillée  paraîtra  dans  le  prochain  numéro  de 
la  Revue. 

Nouveautés  des  cartes  postales  saintaises  et  saintongeaises  : 
une  carie  postale  avec  le  portrait  de  M.  Combes,  assis  à  une  table 
de  travail  et  lisant.  Notice  biographique  à  côté.  P.  Fouque,  édi- 
teur, à  Paris. 

Une  série  de  cartes  représentant  la  fête  des  écoles  laïques  aux 
arènes  (19  juin  1904)  (éditions  Prévost,  Rolland,  Baldassini).  Le 
groupe  des  ballerines  a  donné  quatre  cartes  (clichés  Rolland).  La 
fête  du  24  juillet  sera  reproduite. 

M.  l'abbé  Métais  annonce  la  mise  en  vente  du  dernier  (cin- 
quième) volume  du  Cartulaire  de  la  Trinité  de  Vendôme,  conte- 
nant une  préface,  tables  et  additions. 


SALONS  1904 


Salon  de  la  Société  des  Artistes  Français 
Peinture. 
AuBAiN,  Gustave-Henry,  né  à  La  Rochelle.  Portrait  de  Af"  Gus- 
tave Fort  (reproduction  dans  le  Catalogue  illustré,  p.  134).  — 
AuGUiN  (feu),  Louis-Augustin,  né  à  Rochefort.  La  plage  du  Ver- 
don,  soirée  d'octobre  ;  Courant  de  Soustons  (Landes). —  Bougue- 
REAU,  William-Adolphe,  membre  de  Tlnstitut,  né  à  La  Rochelle, 
Une  dryade  (reproduction  dans  le  Catalogue  illustré,  p.  155).  — 
Chrétien,  Joseph,  né  à.Graçay  (Cher),  demeurant  à  Ciré  d'Aunis. 
Une  vieille  église  en  Charente,  —  Duval  (J.-M.).  Portrait  de  M. 
le  colonel  comte  de  Bremond  d^Ars.  —  M"*  Fanty-Lescure,  Emma, 
née  à  La  Rochelle.  Chrysanthèmes.  —  Geoffroy,  Jean-Jules- 


Digitized  by 


Google 


i 


.âAfl 


c... 


c 


Digitized  by 


Google 


4-  I, 


t-      ^ot 


'^• 


X 


Digitized  by  ^OOQlC 


—  269  — 

Henry,  né  à  Marennes.  Les  convalescentes  dans  «  la  grancTcham- 
bre  des  pôvres  »,  hospice  de  Beaune  ;  Le  vélo  à  la  {êle  de  Belle- 
ville.  —  Lucas,  Hippolyte-Marie-Félix,  né  à  Rocheforl.  Jeu- 
nesse  ;  Portrait  de  M.  0.  Roiy,  membre  de  V Institut.  —  de  Jon- 
ciÈREs,  Léonce,  né  à  Dompierrc.  La  sortie  du  lavoir  à  Vitré  ;  La 
rue  d*En'Bas  à  Vitré.  —  Lenoir,  Charles-Amable,  né  à  Châte- 
laillon.  La  chanson  des  bois  (reproduit  dans  le  Catalogue  illus- 
tréy  p.  117);  Jeune  Vénitienne.  —  Roullet,  Gaston,  né  à  Ars 
(lie  de  Ré).  La  Lysistrala  ;  Port  de  Venise  ;  lUo  délia  Grazia, 
derrière  San  Giorgio  Maggiore,  Venise. 

Dessins,  Cartons,  etc. 
M"*  Grignon,  Louise,  née  à  Saintes.  Miniature.  —  Lessieux, 
Louis-Ernest,  né  à  Rochefort.  Près  du  [ardin  public  à  Venise 
(aquarelle). 

Sculpture. 

AuBAiN,  Emmanuel,  né  à  Saintes.  Madeleine  (médaillon  mar- 
bre). 

Gravure. 

AuBAiN,  Gustave-Henry,  né  à  La  Rochelle.  Portrait  de  M.  E. 
Combes,  président  du  Conseil,  ministre  de  Vintérieur  et  des 
cultes  (lithographie).  —  Barbotin,  William,  né  à  Ars  en  Ré. 
Portrait  de  Af .  Chaumié,  ministre  de  Vinstruction  publique  et  des 
beaux-arts  (gravure  au  burin).  —  M"*  Bonneau,  Henriette,  de  La 
Rochelle.  Portrait  de  A/™*  S.  (gravure  au  burin).  —  Jouvenot, 
Stanislas-Charles,  né  à  Saint-iMartin  de  Ré.  Les  disciples  d'Em- 
maù8  (gravure  eau  forte,  originale). 

Arts  décoratils. 
IMP^  Fanty-Lescure,  Emma,  née  à  La  Rochelle.  Les  pavots 
(paravent  cuir  ciselé  et  peint).  —  M***  Lamgelier,  Juliette,  née  à 
Aigrefeuille.  Un  cadre  contenant  cinq  mouchoirs  (dentelle  à  la 
main). 

Les  journaux  signalent  encore  quelques  artistes  qui  —  sans 
être  nés  dans  le  département  —  sont  devenus  nos  compatriotes 
par  leur  famille  ou  qui  ont  été  et  sont  encore  pensionnaires  de  la 
ville  de  La  Rochelle  à  TEcole  des  Beaux-Arts  : 

DéziRÉ,  Henry,  né  à  Libourne.  Portraits  des  ein{ants  de  M.  et 
Af~  Babut  ;  Post  {ata  venit  gloria. —  Laurent,  Pierre,  né  à  Mont- 
luçon  (Allier).  Buste  plAtre  :  Héro  et  Léandre,  groupe'  marbre, 
dont  la  réplique  est  destinée  au  jardin  des  plantes  de  La  Rochelle 


Digitized  by 


Google 


—  270  — 

(reproduit  dans  le  Catalogue  illustré,  p.  207).  —  Prudhomme 
(G.-H.),  né  à  Cap-Breton.  Cadre  contenant  neuf  Médailles. 

11  faut  encore  ajouter  : 

FoiÇLERAY  (Ch.).  Le  soir  de  Negapatnam  (reproduit  dans  le 
Catalogue  illustré,  p.  143),  et  lue  aube  à  La  Rochelle,  le  port 
d'échouage  et  Saint-Sauveur.  —  BicTTAXinn,  Albert.  Portrait  de 
M.  Beau,  gouverneur  général  de  llndo-Chine  (vitrail).  —  Caris- 
svN  (M"»  Alice),  née  à  Saint-\azairc  (Loire-Inférieure),  demeu- 
rant à  Saint-Jean  d'Angéh .  Cartel  (cuir  et  cuivre  d'art). 

Salon  de  la  Société  Nationale 
Peinture. 
Caillaud  (A).  Elude  d'oignons.  —  Chevalier  (E.-J.).  La  [a- 
laise  du  vieux  Châtelaillon  ;  Jour  d'automne  (marine  à  La  Ro 
chelle)  ;  Un  coin  du  Pont-Neul  (reproduit  dans  le  Catalogue  illus- 
tré, p.  60);  Uavant'port  (marine  à  La  Rochelle);  Retour  des 
Boucholeurs  (Esnandes),  acquis  par  TElat  ;  Au  bas  de  la  (alaise 
(Esnandes).  —  Daras  (IL).  Portrait  de  Mgr  Ricard,  archevêque 
d'Angouléme.  —  Lépine,  né  à  Rochefort.  Intérieur.  —  Henry- 
Laurent.  Soleil  matinal  (la  Charente). 

Dessins. 

Chevalier  (E.-J.).  Crépuscule  (pastel);  La  route  (pastel)  ;  Mer 
basse  à  Angoulins  (pastel). 

Lire  dans  le  Mémorial  de  Saintes  (mai),  ainsi  que  dans  le 
Décentralisateur  littéraire,  description  et  critique  des  œuvres  de 
nos  artistes. 


NOTES  D'ETAT  CIVIL 


I.  -A-  Décès 

Notre  éminent  confrère,  M.  A.  de  Barthélémy,  membre  de 
rinstitut,  est  décédé,  le  27  juin  1904,  à  Ville-d'Avray.  Il  appar- 
tenait à  notre  compagnie  depuis  sa  fondation. 

Né  à  Reims,  le  !•'  juillet  1821,  élève  de  TEcole  des  chartes 
(1843),  il  entra  dans  Tadministration  et  fut,  sous  l'Empire,  se- 
crétaire général  des  Côles-du-Nord,  sous-préfel  de  Belfort, 
puis  de  Neufchûtel.  Il  s'occupa  surtout  de  numismatique.  Son 
premier  article  date  de  1838  et  traitait  de  Valtribution  de  mé- 


Digitized  by 


Google 


—  271  — 

dailles  gauloises  aux  Santons.  Plus  tard,  en  1874,  il  donna  une 
Etude  sur  des  monnaies  gauloises  trouvées  en  Poitou  et  en  Sain- 
longe.  En  1851,  il  publia  dans  la  coUcclion  des  manuels  Rorel 
un  Manuel  complet  de  numismatique  ancienne  qui  conserve  en- 
core sa  valeur  en  lanl  que  colleclion  de  textes  numismatiques  ; 
il  le  refondit  en  1890,  et  M.  Ad.  Blanchet  reprit  et  développa  toute 
la  partie  moderne.  Au  surplus,  la  liste  de  ses  publications  sur  la 
numismatique  est  très  considérable.  11  fut  un  des  fondateurs  de 
la  Revue  numismatique,  mais  il  ne  se  spécialisa  pas  exclusive- 
ment dans  cette  branche  de  la  science.  11  collabora  à  la  Revue 
archéologique,  au  Cabinet  historique,  à  la  Revue  historique  nobi- 
liaire, à  la  Revue  des  questions  historiques,  etc. 

En  1887,  il  sollicita  et  obtint  sans  beaucoup  de  peine  l'honneur 
d'être  élu  membre  de  l'Académie  des  inscriptions. 

D'une  grande  bienveillance,  il  ^fait  toujours  prêt  à  faire  pro- 
fiter ses  confrères  de  province  de  ses  conseils  et  de  sa  grande 
érudition. 


Est  décédée  à  Saint-Jean  d'Angély,  le  5  mai  1904,  M»*  Agalhe- 
Athénaîs  Rolland,  veuve  Badenhuyer,  née  à  Saint-Jean  d'Angély, 
le  7  mai  1818,  de  Jean-Haptiste  Rolland  et  de  Agathe  Meneau. 

Elle  avait  épousé,  à  Saint-Jean  d'Angély,  le  7  décembre  1842, 
Charles-Louis  Badenhuyer,  alors  lieutenant  au  6*  régiment  de 
dragons,  chevalier  de  la  légion  d'honneur,  décédé  le  23  avril 
1804,  à  Provins,  étant  lieutenant-colonel  du  8*  régiment  de  chas- 
seurs à  cheval,  officier  de  la  légion  d'honneur,  décoré  de  la 
médaille  de  la  valeur  militaire  de  Sardaigne  et  de  la  médaille 
commémorative  de  la  guerre  de  Crimée. 

De  celte  union  sont  issus  : 

1"  Albert,  tué  le  8  mars  1881,  à  l'âge  de  37  ans,  en  chargeant  à 
la  tête  de  son  escadron,  au  combat  de  N'Dir  Boyan  (Sénégal), 
étant  alors  capitaine  commandant  de  l'escadron  de  spahis  séné- 
galais, chevalier  de  la  légion  d'honneur,  titulaire  de  la  médaille 
commétnoralivc  de  la  campagne  du  Mexique. 

2^  Clotilde,  fille  de  la  Charité  de  Saint-Vincent  de  Paul,  supé' 
rieure  de  l'orphelinat  Saint-Joseph,  à  Constantinople  (Turquie). 

3**  .4rmand,  receveur  des  postes  et  des  télégraphes,  marié  le 
26  octobre  1878,  à  M"*  Marie  Berger. 

4**  Octave,  lieutenant-colonel  du  6*  régiment  d'infanterie,  che- 
valier de  la  légion  d'honneur,  marié  le  19  juillet  1881,  à  M"*  Léo- 
nie  Brillouin,  dont  trois  garçons. 


Digitized  by 


Google 


—  272  — 

5®  Charles,  décédé  le  6  avril  1904,  étant  capitaine  d*infanterie, 
chevalier  de  la  légion  d'honneur,  marié  le  16  octobre  1894,  à 
M"*  Emestine  Ga. 

G"  Léonce,  décédé  le  7  avril  1859. 


Le  21  mai  dernier  est  décédé,  à  Londres,  âgé  de  82  ans, 
M.  Jean-Louis  de  Salignac,  né  à  Cognac,  le  3  mars  1822. 

M.  de  Salignac  descendait  d'une  très  ancienne  et  noble  famille 
fixée  depuis  fort  longtemps  en  Angoumois,  et  se  rattachant  à  la 
maison  de  Salignac  de  La  Mothe-Fénelon  en  Périgord,  laquelle 
donna  à  là  France  Tillustre  archevêque  de  Cambrai.  Une  branche 
de  la  famille  a,  du  reste,  relevé  le  nom  de  Fénélon,  et  était,  vers 
la  fin  du  siècle  dernier,  brillamment  représentée  dans  Tarmée  et 
la  diplomatie. 

La  famille  de  Salignac  vint  s'établir  à  Cognac  en  1786,  époque 
du  mariage  d'Antoine  de  Salignac,  chevalier,  seigneur  de  Bois- 
belet,  en  la  paroisse  de  Mouthiers,  fils  de  Jean  de  Salignac,  che- 
valier, et  de  demoiselle  Marguerite  de  Juglart,  avec  demoiselle 
Marguerite  Guillet  des  Fontenelles,  fille  de  Louis  Guillet,  écuyer, 
seigneur  des  Fontenelles,  et  de  Marie-Marthe  Fé  de  Ségeville. 

De  ce  mariage  vint  Pierre-Antoine  de  Salignac,  chevalier,  né 
à  Boisbelet,  en  1788,  et  marié  en  1817,  à  demoiselle  Justine  Du- 
puy  de  Lépine,  père  et  mère  du  défunt. 

Pierre-Antoine  de  Salignac,  homme  de  grande  intelligence,  fit 
le  commerce  des  eaux-de-vie  et  fonda,  en  1838,  la  Société  des 
propriétaires  vinlcoles  de  Cognac,  société  en  commandite  par 
actions  qui  contribua  grandement  au  développement  des  affaires 
de  la  région.  Il  en  fut  le  gérant  jusqu'à  sa  mort,  survenue  en 
1845.  Après  lui,  ses  deux  fils,  Georges  de  Salignac  et  Louis  de 
Salignac,  la  dirigèrent  successivement,  et  la  société  connut  sous 
leur  administration  les  années  les  plus  prospères  I 

M.  Louis  de  Salignac  avait  épousé  à  Londres,  en  1858,  demoi- 
selle Marie-Ibill  Godsell,  il  ne  laisse  pas  d*enfants  ;  son  nom 
n'est  plus  représenté  aujourd'hui  que  par  sa  sœur.  M"**  Sarah  de 
Salignac,  veuve  de  L3on  de  Jarnac  de  Gardépée. 


Le  12  juin  1904,  est  décédé,  à  Rochefort-sur-Mer,  M.  Paul- 
André'Edmond  Leps,  âgé  de  71  ans,  négociant  en  bois,  époux  de 
M"^  Brigitte  Quesnel. 


Digitized  by 


Google 


—  273  — 

Le  général  Philebert  est  mort  à  Paris,  le  24  juillet  1004.  Né  à 
Angouléme,  en  1828,  il  entra  à  Saint-Cyr,  chef  de  bataillon  en 
1870,  il  se  distingua  à  Rezonville,  à  Saint-Privat.  Il  reçut  les 
galone  de  lieutenant-colonel  sur  le  champ  de  bataille,  à  Ladon- 
champ.  Il  commanda  le  6*  de  ligne,  à  Saintes,  de  1873  à  1880. 
n  termina  sa  carrière  à  Bordeaux,  où  il  commandait  la  35*  divi- 
sion d'infanterie.  Il  était  grand-officier  de  la  légion  d*honneur. 

Le  général  Philebert  s'eet  acquis  la  réputation  justifiée  d'un 
écrivain  militaire  très  distingué.  Il  consacra  ses  loisirs  de  retraité 
à  des  œuvres  philanihropiques  :  il  fonda  notamment  Y  Union  cen' 
traie  des  o{{icier8. 

Il  laisse  une  fille  unique,  M"^  Arbanère. 

M.  Louis  Ménard,  âgé  de  77  ans,  ancien  banquier  à  Saintes, 
ancien  juge  au  tribunal  de  commerce,  est  décédé  au  Vésinet 
(Seine-et-Oise),  en  juin  1904. 

Le  jeudi  11  août,  ont  eu  lieu,  au  Châtes^u  d'OIéron,  les  obsè- 
ques de  NP*  Louise-Marie-Caroline  de  Lafutsun  de  Lacarre,  dé- 
cédée à  l'âge  de  83  ans.  Elle  était  sœur  du  colonel  baron  Marie- 
Louis-Charles  de  Lafutsun  de~ Lacarre,  commandant  le  3*  cuiras- 
siers, qui,  à  Frœschwiller,  le  6  août  1870,  la  tête  enlevée  par  un 
obus,  resta  en  selle  sur  son  cheval  emporté.  Son  autre  frère, 
Henri  de  Lafutsun  de  Lacarre,  capitaine  en  retraite,  décéda  au 
Château,  le  14  avril  1809.  Le  baron  Henrique  de  Lafutsun,  fils 
du  colonel,  consul  de  France  à  Florence,  est  décédé  le  15  avril 
dernier. 


II.  —  Mariages 

Le  mercredi  29  juillet,  a  été  célébré,  à  Préguillac,  le  mariage 
de  M.  Joseph  Thirion,  avocat  à  la  cour  d'appel  de  Paris,  prési- 
dent du  comité  royaliste  du  quartier  du  Mail,  avec  M"*  Anne- 
Marie  Poirier,  fille  de  M.  E.  Poirier,  notaire,  et  de  M"^,  née 
AUotte  de  La  Fuye. 

M"^  Thirion  est  sœur  de  M.  l'abbé  Louis  Poirier,  vicaire  de  la 
paroisse  SaintrLouis  de  Rochefort,  et  de  MM.  Georges  et  Paul 
Poirier. 


Digitized  by 


Google 


—  274  — 
ERRATA 


Revue,  précédent  numéro  : 

P.  204,  Neuvicq  est  dans  la  Charcnte'ln{érieure  cl  non  dans  la. 
Charente. 

P.  249,  ligne  25,  lire  {orme  cadilon  au  lieu  de  femme  cadilou. 

P.  255,  ligne  15,  lire  Maine  au  lieu  de  Mans. 

P.' 256,  ligne  34,  lire  elles  n'eussent  pas  laissé  à  un  chroni- 
queur au  lieu  de  elles  eussent  laissé. 

P.  257,  lire  Guillaume  le  Poitevin  au  lieu  de  Guillaume  de  Poi- 
tiers. 


VARIETES 

I 

Au  SEUIL  DES  Arènes 

Dimanche  soir,  24  juillet,  les  arènes  romaines  de  Saintes  étaient 
en  fête.  11  est  probable  que  depuis  bien  des  siècles,  depuis  peut- 
être  l'époque  de  leur  lointaine  splendeur,  elles  n'avaient  vu  tant 
de  monde,  se  presser  à  la  fois,  dans  leur  enceinte,  pour  assister 
à  des  jeux  ;  mais  elles  avaient  repris  un  aspect  d'autrefois  lors- 
qu'une longue  théorie  religieuse  s'était  développée  à  travers  ses 
sentiers,  à  l'occasion  d'une  cérémonie  à  saint  Eutrope,  en  l'hon- 
neur de  sainte  Eustelle,  en  1876,  présidée  par  le  cardinal  Donnet. 
Une  foule  assez  compacte,  2  à  3.000  personnes,  avait  déjà  rendu 
un  peu  de  vie  à  ce  vaste  amphithéâtre,  lors  de  la  fêle  des  écoles 
laïques  du  19  juin  dernier.  Cette  fois,  plus  de  5.000  personnes 
répondirent  à  l'invitation  du  comité  des  arène»,  montrant  par 
leur  empressement  que  la  remarquable  initiative  de  M.  Laurand, 
directeur  du  dépôt  d'étalons  de  Saintes,  avait  été  comprise  et  sui- 
vie d'un  éclatant  succès. 

La  représentation  d'une  pièce  due  à  la  collaboration  de  M.  Guil- 
laud,  professeur  au  collège  Saint-Grégoire  de  Tours,  pour  les 
paroles,  sur  un  scénario  qui  lui  fut  fourni,  et  de  M.  Déré,  un  tout 
jeune  Niortais,  pour  la  musique,  était  le  prétexte  de  la  fête. 

Au  seuil  des  Arènes  !  tel  était  le  titre  de  cette  pièce,  tel  est  aussi 
celui  de  ce  compte  rendu,  où  nous  avons  l'intention  d'insister 


Digitized-by 


Google 


-  275  - 

beaucoup  plus  sur  les  à-côté  de  la  représentation  et  les  consé- 
quences qu'il  convient  d'en  lirer,  que  sur  la  pièce  elle-même. 

Au  seuil  des  Arènes  rappelle  à  la  fois  Polyeucle  cl  Quo  Vadis. 
L'idée  n'est  donc  point  neuve,  ni  la  forme  non  plus,  du  reste.  Au 
demeurant,  ni  meilleure  ni  pire  que  Thabiluel  libretto.  La  scène 
se  passe  à  Rome,  à  la  fin  du  règne  de  Néron  ;  un  redoublement 
de  persécution  contre  les  chrétiens  est  imminent.  Un  jeune  ro- 
main, Marcellus,  après  un  long  séjour  en  Gaule,  est  frappé  dès 
son  retour  à  Rome  de  la  corruption  impériale.  Il  s'en  ouvre  à 
son  ami  Scaurus,  qui  le  reconnaît,  mais  liii  annonce  en  môme 
temps  tout  son  espoir  :  une  secte,  celle  des  chrétiens,  à  laquelle 
il  est  fier  d'appartenir,  va  rénover  le  vieux  monde.  Il  le  presse 
d'imiter  son  exemple,  et  l'entraîne  aux  catacombes,  assister  aux 
cérémonies  chrétiennes. 

Cependant,  et  voilà  le  2*  acte,  la  fête  bat  son  plein,  dans  la  mai- 
son de  Sylvia,  riche  romaine,  fiancée  de  Marcellus.  Des  choeurs 
chantent  en  sourdine  la  joie  de  vivre.  Seule,  Sylvia  est  triste. 
Son  amant  semble  la  fuir.  Ne  l'aimerait-il  plus  ?  —  Oui,  lui  répond 
sa  suivante  Galla,  Marcellus  vous  aime  encore.  Madame,  mais 

il  songe  à  se  faire  chrétien —  «  Chrétien,  mais  c'est  la  mort  », 

s'écrie  Sylvia.  —  Ilélas  !  ses  pressentiments  ne  l'ont  point  trom- 
pée, et  le  fidèle  Scaurus  vient  annoncer  que  dans  un  festin,  devant 
Néron,  Marcellus,  avec  toute  l'ardeur  d'un  néophyte,  a  fait  pro- 
fession de  foi  chrétienne,  et  que,  sur  l'ordre  du  tyran,  il  est  en- 
fermé dans  la  prison  Mamertine. 

Le  3*  acte  se  passe  à  la  prison.  Sylvia  a  réussi  à  corrompre  les 
gardiens.  Elle  supplie  son  amant  d'abjurer  la  foi  chrétienne,  è 
ce  prix  seul  Néron  promet  de  pardonner.  C'est  alors  la  lutte  clas- 
sique entre  les  deux  amants.  Sylvia,  devant  les  refus  de  Marcel- 
lus, essaie  de  se  tuer.  Mais  le  fidèle  Scaurus  apparaît  encore, 
porteur  cette  fois  de  la  bonne  nouvelle  :  le  tyran  vient  de  se  don- 
ner la  mort.  Sylvia  voit  dans  cet  événement  heureux  une  inter- 
vention du  ciel,  son  âme  s'ouvre,  à  son  tour,  à  la  grâce  divine, 
rien  ne  s'oppose  plus  au  bonheur  des  deux  amants. 

M.  Déré,  un  tout  jeune  homme,  puisqu'il  compte  à  peine  dix- 
neuf  ans,  ancien  élève  du  Conservatoire  de  Paris,  a  écrit  sur  ce 
libretto  une  jolie  musique  qui  a  été  fort  applaudie.  Elle  fait  des 
mieux  présager  de  l'avenir  du  jeune  auteur.  On  a  surtout  remar- 
qué le  2^  acte,  des  plus  vivants,  et  la  fin  du  3*  acte.  Si  les  critiques 
des  musiciens  n'ont  pas  manqué  à  l'œuvre  du  jeune  Niortais, 
nous  devons  constater,  nous...  documentateur,  et  non  critique 


Digitized  by 


Google 


—  Î76  — 

musicalj  que  les  louanges  remportaient  de  beaucoup  sur  les 
reproches,  et  qu'un  très  vif  succès  a  accueilli  la  pièce.  Elle  était 
du  reste  très  suffisamment  interprétée  par  des  artistes  de  Bor- 
deaux, MM""  Touzelly,  dans  le  rôle  de  Sylvia  ;  Lacoste,  dans 
celui  de  Galla  ;  MM.  Henriel  et  Laborde,  dans  ceux  de  Marcellus 
et  de  Scaurus  ;  Sylvain,  professeur  au  Conservatoire  de  Bor- 
deaux, r^isseur. 

La  pièce  a  donc  fort  bien  réussi,  et  les  spectateurs  se  sont 
retirés  enchantés.  Cependant,  l'entreprise  était  hardie,  peut-être 
môme  pourrait-on  dire  téméraire.  Aussi,  l'initiative  de  M.  Lau- 
rand  lui  fait-elle  le  plus  grand  honneur,  à  lui  qui  a  lancé  non  seu- 
lement l'idée  de  la  représentation,  mais  l'a  menée  vers  la  réussite 
à  ses  risques  et  périls.  Les  Mécène  ont  toujours  été  rares,  il  ne 
faut  pas  leur  ménager  les  remerciements  quand  on  en  rencootre. 
Grâce  à  lui,  les  Saintais  savent  aujourd'hui  de  façon  certaine 
plusieurs  choses  que  l'on  soupçonnait  bien,  mais  qu'il  était  né- 
cessaire que  l'expérience,  notre  grande  maîtresse  à  tous,  vint 
confirmer. 

Personne  ne  doutera  plus  maintenant  que  Saintes  n*ait  une 
admirable  scène  de  spectacle  en  plein  air,  dont  l'acoustique  ne 
laisse  rien  à  désirer.  Ce  ne  fut  ni  une  des  moindres  surprises,  ni 
un  des  moindres  agréments  de  cette  soirée,  que  la  possibilité 
d'entendre  la  pièce  si  distinctement,  et  de  toutes  les  places, 
avec  la  même  netteté  ;  dans  l'air  libre,  et  dans  ce  calme  du  soir, 
les  voix  avaient  même  une  pureté  qu'elles  ne  sauraient  atteindre 
dans  les  salles  de  spectacle  ordinaires.  Quant  au  cadre  naturel 
que  l'on  connaît,  ou  plutôt  que  l'on  croyait  connaître  (car  il  s'est 
révélé  tout  nouveau  sous  l'éclairage  à  l'alcool  si  brillant  et  si 
doux),  il  a  étonné,  émerveillé  tout  le  monde. 

Dans  le  fond,  près  de  ce  trou  —  (résultat  de  fouilles  anté- 
rieures), —  familier  aux  habitués  des  arènes;  et  qui  permet  de 
voir  la  quantité...  énorme  de  terre  qui  reste  encore  à  ôter,  s'éle- 
vait la  scène.  Elle  était  toute  simple,  mais  elle  avait  comme  dé- 
cors de  fond,  au  1^  acte,  la  ligne  imposante  des  grandes  arcades 
laissées  volontairement  un  peu  dans  la  pénombre,  distinctes  ce- 
pendant, et  qu'au  moment  de  l'apothéose,  des  feux  de  bengale 
roses,  vinrent  illuminer  de  la  plus  heureuse  façon  (1).  Devant, 

(1)  Les  dicors  du  second  et  du  troisième  actes,  une  terrasse  sur  les  bords 
du  Tibre  et  la  prison  Mamertime  ont  été  peints  aVeo  beaucoup  de  goût  et 
de  science  par  deux  amateurs,  M.  Tabbé.  Gaurier  et  M.  Joufseï,  sout-direo* 
leur  du  haras. 


Digitized  by 


Google 


< 

Q 

z 

< 

o 

es 

< 


eu  s 

<  3 

î  = 

<  t. 

=  I 

Z  °- 

Cl  CB 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


—  277  — 

dissimulé,  Torchestre,  trop  dissimulé  môme,  eu  égard  au  petit 
nombre  des  musiciens,  peut-être  ne  Tentendait-on  pas  tout  à  fait 
suffisamment  ;  à  côté,  les  chœurs,  que  Ton  entendait  en  revanche 
peut-être  un  peu  trop,  étant  donné  qu'ils  devaient  être  dans  la 
coulisse.  Un  plancher  en  rampe  douce  partait  des  chœurs.  Les 
chaises  de  secondes,  formant  comme  le  parterre  dans  nos 
théâtres,  étaient  massées  derrière  l'orchestre,  et  les  chaises  de 
premières  s'étageaient  sur  une  estrade  en  planches  construite  en 
gradins  dans  le  sens  du  grand  axe.  On  avait  réuni  3.000  chaises. 
Dans  tout  le  pourtour,  des  bancs  formaient  les  places  à  un  franc. 
Quelques  loggia  aviaient  été  aménagées,  notamment  dans  le  jar- 
din du  gardien  des  arènes.  Mais  ce  qu'il  n'est  pas  possible  de 
décrire,  c'est  l'effet  de  cet  éclairage  dont  nous  parlions  tout  à 
l'heure,  tombant  sur  des  milliers  de  spectateurs  ;  c'est  l'impres- 
sion donnée  par  l'immense  enceinte  d'ordinaire  vide,  que  l'on 
était  tout  surpris  de  voir,  de  sentir  plutôt,  bondée  de  specta- 
teurs... sous  un  ciel  de  gros  nuages  noirs  frangés  de  himière  par 
la  pleine  lune,  chargés  d'électricité  prête  à  éclater. 

Nous  pensons  qu'il  est  difficile,  à  ce  point  de  vue,  de  faire 
mieux,  de  tirer  un  parti  plus  avantageux  ou  plus  pittoresque 
de  l'espace  libre.  Peut-être,  l'an  prochain,  pourrait-on  reculer 
un  peu  la  scène  vers  le  fond  des  arènes  et  gagner  ainsi  quelques 
places.  Et  nous  exprimons  le  désir  que,  dans  les  travaux  que  la 
ville  de  Saintes,  consciente  enfin  de  la  beauté  artistique  de  ce 
monument,  ne  pourra  se  dispenser  d'entreprendre  prochaine- 
ment, d'accord  avec  l'Etat,  qui  avait  envoyé  à  la  représentation 
M.  Ballu,  architecte,  inspecteur  des  monuments  historiques,  on- 
ménage  sur  le  terrain  une  pente  naturelle,  que  M.  Balley,  le  dis- 
tingué architecte  de  la  ville,  n'avait  obtenu  qu'à  grands  renforts 
d'échafaudages.  Quelle  économie  pour  les  représentations  fu- 
tures I  Car  on  fera  des  travaux  dans  les  arènes,  et  on  y  représen- 
tera d'autres  pièces,  nous  en.  sommes  persuadés.  Un  mouvement 
d'opinion  dans  ce  sens  se  dessine  trop  vif,  pour  qu'il  ne  soit  pas 
irrésistible.  «  Comment  I  votre  municipalité  ne  veut  rien  faire 
pour  ses  arènes  ?  »  nous  diisait  avec  étonnement  un  des  repré- 
sentants de  notre  chef-lieu,  et  non  des  moindres.  Il  faut  que  ces 
étonnements,  humiliants  presque  pour  les  Saintais,  cessent.  La 
pièce  de  M.  Laurand  n'aurait-elle  que  ce  résultat,  qu'elle  méri- 
terait les  plus  chaleureux  remerciements  de  la  Société  des  Ar- 
chives, dont  les  membres  luttent  depuis  de  si  longues  années  pour 


Digitized  by 


Google 


—  278  — 

la  restauration  de  ces  arènes,  qu'ils  ont  le  droit  de  considérer  un 
peu  comme  leurs. 

On  a  pu  aussi  s'assurer,  d'une  façon  précise,  des  ressources 
musicales  qu'offre  la  ville.  Nous  voulons  parler  à  la  fois  de  ces 
excellents  musiciens  professionnels  et  amateurs,  dont  le  zèle  a 
été  si  remarqué,  et  aussi  de  la  masse  anonyme  des  choristes  qui, 
bien  qu'appartenant  aux  milieux  les  plus  différents,  se  sont  mêlés 
avec  un  accord  parfait,  et  ont  fort  bien  tenu  le  rôle  important  qui 
leur  était  réservé  dans  la  pièce.  Il  y  a  là  un  élément  précieux  pour 
les  représentations  futures. 

Enfin,  on  a  vu  combien  la  nature  du  terrain  se  prêtait  facile- 
ment à  un  sérieux  service  d'ordre,  tant  pour  faciliter  l'accès  des 
arènes  aux  spectateurs,  que  pour  l'interdire  aux  intrus.  C'est  un 
avantage  que  beaucoup  de  nos  hippodromes  paieraient  cher. 

Le  seul  point  noir  a  été,  et  sera,  la  pluie.  Elle  a  failli,  diman- 
che dernier,  faire  échouer  la  représentation.  C'était  la  revanche 
de  la  nature  contre  nos  si  habiles  organisateurs.  Point  de  remède, 
sinon  bien  consulter  son  baromètre  et  les  prédictions...  de  nos 
éminents  météorologues.  Au  demeurant,  le  ciel  se  montra  relati- 
vement clément.  Après  la  bonne  ondée  du  début,  pendant  le 
chœur  qui  précédait  le  premier  acte,  la  pluie  fit  trêve  et  permit  la 
représentation  complète.  Certaines  personnes,  aux  yeux  exercés 
aux  étoiles,  prétendirent  môme  en  voir  briller  quelques-unes, 
pendant  que  l'orage,  comme  pour  se  faire  pardonner  sa  mau- 
vaise plaisanterie  du  début,  jouant  le  rôle  du  plus  habile  machi- 
niste, illuminait  le  fond  des  arènes  de  ses  éclairs  les  plus  impré- 
vus. Mais  l'alarme  avait  été  grande.  La  représentation  s'en  est 
ressentie  un  peu  ;  on  voyait  que  nos  acteurs,  jouant  en  plein  air, 
aspiraient  au  moment  où  ils  dépouilleraient  leurs  vêtements  ro- 
mains pour  d'autres  moins  élégants  peut-être,  mais  plus  confor- 
tables. Us  avaient  raison,  du  reste,  car  à  peine  le  dernier  spec- 
tateur avait-il  quitté  le  seuil  des  arènes,  que  l'orage  éclatait  de 
nouveau,  et  avec  quelle  force  I 

Quelques  chiffres  maintenant.  Ils  ont  leur  importance.  De 
docum-ents  authentiques  présentés  par  M.  Laurand,  il  résulte  que 
les  dépenses  s'élèvent  à  6.5G7  fr.,  et  les  recettes  à  5.207  fr.,  y 
compris  800  fr.  à  peu  près  pour  les  artistes,  laissant  par  consé- 
quent un  déficit  de  1.360  fr.,  qui  incombe  entièrement  au  pro- 
moteur de  l'œuvre. 

Il  eût  été  plus  considérable,  s'il  avait  fallu  porter  en  compte  le 
personnel,  les  chevaux,  le  matériel  fourni  directement  par  M. 


Digitized  by 


Google 


-  279  — 

Laurand,  et  aussi  par  M.  Guillet.  Il  eût  été  plus  considérable 
encore  si  les  directeurs  d«  journaux  de  Saintes  n'avaient  gra- 
cieusement ouvert  leurs  feuilles  à  Tenlreprise  et  n'y  avaient  colla- 
boré av«c  une  entente  et  un  entrain  que  nous  avons  beaucoup 
admirés...  Puissent  ces  quelques  chiffres  tranquilliser  cet  hono- 
rable conseiller  municipal  qui  demandait  anxieusement  à  ses  col- 
lègues si  cette  représentation  ne  cachait  pas  quelque  «  spécula- 
tion ».  Le  mot  a  été  dit.  Peut-être  faut-il  voir  dans  cette  crainte, 
partagée  probablement  par  d'autres  collègues,  Tabstention  si  re- 
marquée de  la  municipalité  à  coopérer  à  cette  fêle,  qui  était  après 
tout  plus  encore  la  fête  de  Saintes  que  celle  de  M.  Laurand.  Nous 
ne  connaissons  pas  la  profession  de  Thonorable  conseiller  muni- 
cipal en  question,  mais  nous  ne  lui  souhaiton-s  pas  de  faire  beau- 
coup de  «  spéculations  »  dans  le  genre  de  celle-ci.  Il  est  probable 
que  si  jamais  M.  Laurand  veut  spéculer,  ce  ne  sera  pas  dans 
r  «  entreprise  des  spectacles  ». 

Et  pour  terminer,  un  vœu,  celui  que  dimanche  dernier  nous 
trouvions  sur  toutes  l'es  bouche^  :  que  Ton  recommence.  Que  M. 
Laurand  continue  donc  son  œuvre  si  bien  entreprise  et  arrive  à 
doter  Saintes  de  ces  représentations  annuelles  qui  font  la  gloire 
de  certaines  villes.  Autant  que  pas  une,  Saintes  possède,  nous  l'a- 
vons montré,  tous  les  éléments  de  succès.  Bonne  chance  donc  aux 
représentations  futures  ;  nous  sommes  persuadés  que,  soit  avec 
des  œuvres  connues,  soit  avec  des  artistes  célèbres,  les  futurs 
organisateurs  couvriront  amplement  leurs  débours.  Il  ne  faut  pas 
oublier  que  les  arènes  de  Bézrers,  dont  les  représentations  don- 
nent un  excédent  de  recettes  considérable,  ont  débuté  par  un 
déficit  de  plus  de  100.000  fr.  Nîmes  et  y\rles  tirent  des  revenus 
de  leurs  arènes.  Alors  sera  réalisé  le  vœu,  formulé  îl  y  a  quel- 
ques années  déjà  par  un  de  nos  plus  distingués  confrères  de  la 
Société  des  Archives,  qui  écrivait  au  ministère  «  de  hâter  les 
fouilles  des  arènes  de  Saintes,  afin  de  doter  la  ville  d'une  salle 
de  spectacle  en  plein  air...  » 

M.  B. 

P.  S.  —  La  presse  régionale  tout  entière  a  loué,  sans  réserve, 
cette  belle  fête,  l'œuvre  du  librettiste,  la  partition  du  composi- 
teur, l'installation,  l'initiative  de  M.  Laurand.  Elle  a  répandu 
force  fleurs  sur  les  pleurs  qu'un  incident  a  provoqués  au  cours 
des  répétitions.  Elle  n'a  rien  oublié.  UAgence  Havas  a  même 
inséré  deux  notes  très  flatteuses.  Nous  savons,  du  reste,  qu'au 
loin,  certaines  personnes  passionnées  pour  le  théâtre  en  plein 


Digitized  by 


Google 


—  280  — 

air,  oui  suivi  les  phases  de  la  mise  au  poiot  de  Au  seuil  dee 
Arènes.  Un  habitant  de  Cette  a  demandé  à  un  de  nos  confrères 
de  lui  envoyer  un  compte  rendu. 

Parmi  les  articles  de  nos  journaux  départementaux,  il  convient 
de  signaler  celui  des  Tableiieis  du  26  juillet,  de  beaucoup  le  meil- 
leur, reproduit  dans  le  Progrès  du  27,  vu  son  incompétence  en 
musique,  dit-il.  Le  Courrier  de  La  Rochelle  a  envoyé  un  rédac- 
teur à  Saintes,  ce  qui  est  tout  à  fait  à  sa  louange,  mais  son  article 
contient  deux  lapsus  qu'il  convient  d'arracher  immédiatement, 
de  peur  qu'ils  ne  s'enracinent.  M.  Guillaud  n'est  pas  Saintaia. 
L'auteur,  à  la  suite  dcpersonnee  étrangères,  paraît  avoir  com- 
mis une  amusante  confusion  entre  deux  homonymes,  parfaite- 
ment étrangiers  l'un  à  l'autre,  diamétralement  opposés  de  croyan- 
ces *et  d'idées...  surtout  religieuses.  Le  second  lapsus  consiste  à 
attribuer  à  M.  Déré  un  prix  de  Rome.  A  quel  Age  auraitril  com*> 
mencé  à  apprendre  l'harmonie  ?  en  tétant  ?  A  quel  Age  aurait-il 
concouru  ?  Grand  Dieu  I  il  a  dix-huit  ans  t  A  quel  Age  aurait-il 
obtenu  son  prix  et  à  quel  Age  serait-il  revenu  de  Rome  ?  Il  n'est 
pas  prix  de  Rome,  mais  il  aurait  pu  le  devenir,  dans  quelques 
années,  s'il  avait  poursuivi  ses  études. 

La  représentation  de  Au  seuil  des  Arènes  a  été  annoncée  par 
une  affiche  illustrée  tirée  en  couleurs,  signée  G.  OUivier  (artiste 
peintre  à  Saintes),  représentant  l'amphithéAtre  avec  un  décor 
de  scène,  imprimé  en  bleu  sur  fond  jaune,  rehaussé  de  quelques 
touches  de  rouge. 

Le;  Monde  illustré  du  7  août  contient  un  compte  rendu  avec  pho- 
tographies et  portraitA. 

II 
Etude  BmLioGRAPHiQUB 

sur  les  éditions  de  Y  Antiquité  de  Saintes  et  de  Barhezieus^ 
d'Eue  Vinet. 

Elie  Vinet,  ce  grand  érudit  du  XVI*  siècle,  originaire  de  la 
Saintonge,  et  bordelais  d'adoption,  attend  encore  son  biogra- 
phe (1).  On  a  bien  publié  plusieurs  notices  sur  le  savant,  mais  ce 

(1)  Elie  Vinet  naquit  en  1509  au  tlUAge  des  Planches,  appelé  depuia  lea 
Vineta,  prèa  de  Barbeaeoz.  Après  aToir  fait  ses  premières  études  dans  son 
pays  natal,  il  alla  les  compléter  au  collège  des  Jésuites  de  Poitiers  et  j  reçut 
le  grade  de  maitre-ès-arts.  Cest  alors,  en  15S9,  qu'il  Tint  à  Bordeaux  comme 
professeur  de  beUes-lettres  et  de  mathématiques  au  collège  de  Gujenne,  di- 
rigé par  André  de  Goutoo  qu*»  suiTit  on  iM7  on  Portugal,  an  coUègo  do 


Digitized  by 


Google 


—  281  — 

ne  sont  que  des  éloges  académiques,  des  préfaces  d*édilions  mo- 
dernes de  ses  ouvrages  ou  des  articles  de  biographies  générales, 
et  toutes  ces  études,  très  estimables  en  leur  genre,  sont  insuffi- 
santes pour  faire  connaître  Tauteur  de  tant  de  travaux  de  la  plus 
haute  érudition  (1).  Car,  malgré  les  lourdes  occupations  que  lui 
imposaient  ses  fonctions  dans  renseignement  —  il  a  été  pendant 
plus  de  trente  ans  Principal  du  collège  de  Guyenne,  à  Bordeaux 
—  il  trouva  le  temps  de  produire  des  travaux  d'érudition  sur  les 
sujets  les  plus  divers  :  histoire,  archéologie,  philologie,  mathé- 
matiques, économie  rurale,  livres  de  classe,  etc.;  il  a  touché  à 
presque  toutes  les  branches  des  connaissances  humaines,  et  c'est 
par  l'oeuvre  considérable  qu'il  nous  a  laissée  qu'Elie  Vinet  offre 
un  sujet  d'étude  bio-bibliographique  du  plus  haut  intérêt  pour 
l'histoire  proprement  dite,  pour  l'archéologie  et  pour  l'histoire 
littéraire  du  Bordelais  et  de  la  Saintonge. 

Pour  bien  faire  comprendre  quel  service  rendrait  une  étude 
complète  de  biographie  et  de  bibliographie  critique  sur  l'écri- 
vain saintongeois,  il  nous  suffira  de  citer  d'une  manière  som- 
maire les  principaux  ouvrages  qu'il  a  publiés. 

Il  a  donné  des  éditions  corrigées,  avec  des  notes  et  des  com- 
mentaires, la  plupart  à  l'usage  des  classes,  de  Sidoine  Apolli- 
naire, Lyon,  1562  ;  d'Eutrope,  Poitiers,  1554,  Bàle,  1559,  et  Bor- 
deaux, 1580  ;  du  Polyhistor  de  Solin,  Poitiers,  1553  ;  du  Traité 
«  de  illustribus  grammaticis  et  rhetoribus  »  de  Suétone,  Poitiers, 
1556  ;  de  la  Sphère  de  Sacrobosco,  Paris,  1566,  et  Lyon,  1578  ; 
de  Perse,  Poitiers,  1560,  et  Paris,  1601  ;  de  Florus,  Poitiers, 
1563,  et  autres  éditions,  de  Pomponius  Mêla,  Paris,  1572,   et 

CoTmbre  où  il  professa  jusqu^en  1549.  Revenu  à  Berdeaux  au  collège  de 
Guyenne,  il  en  derint  le  Principal  en  1556,  fonction  qu'il  conserva  jusqu^à  sa 
mort  survenue  le  14  mai  1586.  Il  avait  77  ans.  Il  fut  inhumé  en  grande  pompe 
en  réglise  Saint- Éloi. 

(1)  On  peut  consulter  sur  Elie  Vinet,  outre  les  biographies  générales  : 
Amêonii  operà...  commenteras  illattràtà  per  ElUm  Vinetnm...  Burdigalae, 
1590.  in-4*  ;  on  trouve  dans  cette  seconde  édition  d*Ausone,  commentée  par 
Vinet  —  la  première  est  de  Bordeaux,  1575-1580  ^-  une  courte  notice  biographi- 
que attribuée  A  l'imprimeur  Millanges  et  plusieurs  pièces  de  poésies  grecques, 
latines  et  françaises  composées  par  des  bordelais  en  Thonneur  de  Vinet.  — 
Bloge  d'Elu  Vinet,  par  F.  Jouannet,  Périgueux,  1816.  —  La  préface  de  l'édi- 
tion de  V Antiquité  de  Bordeaux  de  Vinet,  par  H.  Ribadieu«  Bordeeux,  1869, 
in-4«.  ^  I>e  U  renài$ê&nee  deê  letires  à  Bordeaux  an  X  VI*  siècle,  par  R.  De- 
zeimeris,  1864,  pMsim,  —  La  préface  de  Berbezieux,  son  histoire  et  ses  sei- 
gneurs par  L.  Cavroix,  Barbezieux^  1870.  —  Histoire  du  collège  de  Guyenne^ 
par  E.  QauUieur,  1874,  pMSsim. 

80 


Digitized  by 


Google 


—  282  — 

Bordeaux,  1582  et  1007  ;  Ausonii  opéra,  Bordeaux,  1575-1580, 
etc..  11  a  traduit  en  latin  les  Sciilencos  de  Théognis,  Paris  ou 
Bùlc,  liVio,  l'I  lA'Jpsick,  1571)  ;  la  Sphère  de  IVocle,  Poitiers, 
154i,  Bordeaux,  1553,  et  Paris,  1557  et  1573;  un  Abrégé  de  Mi- 
chel Psellus  sur  la  musique  et  la  géométrie,  avec  la  Sphère  de 
Proclo,  Borde(iu.i\  1553,  Par/s-,  15;)7,  et  Taurs,  1592;  deux  li- 
vres des  Eléments  d'Euclide,  Bordeaux,  1575  ;  el  en  français  la 
Vie  de  (liarleniayne,  crKiçinhard.  Eiilin,  nous  lui  devons  encore 
La  Manière  de  [aire  les  Solaires  ou  Cadrans,  l^oiliers,  150^'i,  cl 
Bordeaux,  1583  ;  L'Antiquité  dlingoulesme,  Poitiers,  1507,  el 
Angoulôme,  1877  ;  Saintes  et  Barbezieus,  Bordeaux,  1508,  1571 
et  1584,  et  Barbezicux,  1870  ;  Narbonensium  volum  et  arœ  dedi- 
catio.,.,  Bordeaux,  1572  ;  De  loyisticâ  libri  1res,  Bordeaux,  1573  ; 
LArpenteric,  livre  de  géométrie,  Bordeaux,  1577  el  1583  ;  La 
Maison  champêtre ,  s.  d.  (1007),  etc. 

Toutes  ces  publications,  dont  plusieurs,  comme  on  vient  de 
le  voir,  eurent  deux  et  trois  éditions  —  et  notre  liste  est  loin  d'être 
complète  —  prouvent  suffisamment  en  quelle  estime  les  travaux 
de  ce  savant  étaient  tenus  par  ses  contemporains.  Aussi  espé- 
rons-nous qu'un  d(;  ses  compatriotes  se  décidera  à  entreprendre 
la  monographie  que  nous  venons  d'indicpier,  et  qu'un  jour  nous 
verrons  paraître  dans  ce  même  Bulletin,  qui  nous  donne  aujour- 
d'hui une  si  gracieuse  hos[)ilalilé  —  car  c'est  là  sa  véritable 
place  —  une  étude  intitulée  :  Elie  Vinel,  sa  rie  et  son  œuvre. 

En  attendant,  nous  venons  apporter  noire  contingent,  bien  fai- 
ble, il  est  vrai,  à  sa  biblioiiraphie.  Nous  allons  faire  connaîlre 
aussi  exactement  que  possible  les  éditions  de  celui  de  ses  ou- 
vrages qui  intéresse  le  plus  la  Saintonge  :  nous  voulons  parler 
de  YAntiquilé  de  Saintes  et  de  Barbezieux,  dont  les  différentes 
éditions  ont  toujours  élé  décrites  d  une  manière  incomplète  et 
erronée.  La  première,  nolammr^nt,  est  i)res(juc  absolument  igno- 
rée, aussi  est-ce  sur  elle  que  nous  aurons  le  plus  à  nous  étendre. 

SAINTES  II  et  II  BARBEZIEVS.  Il  (Fleuron  :Ecu  de  France 
couronné.)  Il  A  Bovrdeavs.  Il  Chez  la  vefue  de  Morpain. 
S.  d.  (is68). 

Pet.  in-4'»,  26  feuillets  non  chiffpiia,  signatures  A  à  F  par  4,  et  G  par  1, 
2«  lignes  à  la  page.  Impression  en  caractères  romains,  sans  divisions  ni  alinéas. 

Un  feuillet  titre,  verso  blanc;  trois  pages  imprimées  en  petites  iUliques 
pour  TAvant-Propos,  avec  le  titre  de  départ  suivant  :  •  Recherche  de  la  plus 
antien-  ||  ne  mémoire  de  la  viUc  de  Saintes,  et  pais  de  Saintonge,  commancée 
par  Elie  Vinet.  •  Le  texte  de  V Antiquité  de  SainUs  commence  A  la  quatrième 


Digitized  by 


Google 


SAINTES 


et 


BARBEZIEVS. 


A  BOVRDEAVS. 

(hezjA  njefuc  deMorfam. 


Titre  de  Stiintet  et  Barbeneui,  1568. 
Fac-flimile  d'après  Tezemplaire  de  la  bibliothèque  Mazarine. 


Digitized  by 


Google 


—  284  — 

page,  sans  titre  de  départ,  et  se  termine  à  la  moitié  du  verso  du  feuillet  F.-l. 
A  la  suite,  an  recto  du  feuillet  F-S,  vient  V Antiquité  de  Bàrbezieus,  avec  le 
titre  de  départ  :  c  De  TAntiqvité  de  H  Barbeiieus.  »  finissant  au  verso  du 
dernier  feuillet,  en  pointe  :  c  poinc  7  Mais  c'est  assés.  y  A  Dieu,  Ami  y 
Lecteur  (Voir  le  fac-similé  du  titre  p.  283.) 

Telle  est  la  désignation  bibliographique  exacte  de  la  première 
édition  de  Saintes  et  Barbezieus  d*Elie  Vinet..  C'est  la  véritable 
première  édition  de  ce  livre  qui  a  été  ignorée  pendant  longtemps 
et  qui  est  ignorée  encore  de  bien  des  érudits  s'occupant  de  l'his- 
toire de  la  Saintonge. 

Le  seul  exemplaire  de  ce  rarissime  ouvrage  est  conservé  à  la 
bibliothèque  Mazarine  de  Paris,  sous  le  n""  17706.  C'est  sur  lui 
que  nous  avons  pris  la  présente  dési^ation.  Il  a  une  simple  cou- 
verture en  papier,  mais  il  est  en  bon  état  et  grand  de  marges 
(138x107  millimètres). 

M.  0.  Nauzais  a  donné,  en  1873,  une  édition  de  YAnliquUé  de 
Barbezieus,  d'après  celle  de  1568,  édition  dont  nous  aurons  à 
nous  occuper  tout  à  l'heure,  et,  dans  sa  préface,  voici  ce  qu'il  dit 
au  sujet  de  l'impression  bordelaise  de  la  veuve  Morpain  : 

«  Les  deux  éditions  de  1571  et  de  1584  sont  connues  quoique 
un  peu  rares,  surtout  celle  de  1571  —  (ça  c'est  une  erreur,  parce 
que  l'édition  de  1584  est  beaucoup  plus  rare  que  celle  de  1571, 
comme  nous  aurons  à  le  répéter  dans  un  instant).  —  Mais  celle 
de  1568,  dont  je  publie  un  extrait,  continue  M.  Nauzais,  est  plus 
que  rare  ;  elle  est  niée  par  la  plupart  des  savants  ;  elle  est  consi- 
dérée comme  n'ayant  jamais  paru,  n'ayant  jamais  existé.  Cette 
édition  est  très  importante,  car  Vinet  nous  y  donne  des  rensei- 
gnements autobiographiques  que  l'on  n'avait  pas  encore  pu  véri- 
fier. Dans  les  éditions  de  1571  et  de  1584,  Vinet  supprima  tout 

ce  qui  se  rattachait  à  lui  et  à  sa  famille Puissé-je  faire  plaisir 

aux  amis  des  lettres  et  aux  habitants  du  pays  où  naquirent  pres- 
que à  la  même  époque  Elie  Vinet,  le  savant  saintongeois,  le  pro- 
pagateur de  l'instruction,  et  François  I*',  surnommé  le  Père  des 
lettres  I  —  Septembre  1873.  » 

Tout  cela  est  parfaitement  vrai  et  très  bien  dit,  seulement  M. 
Nauzais  a  oublié  de  nous  faire  savoir  où  se  trouve  l'exemplaire 
de  l'édition  de  1568  sur  lequel  il  a  fait  sa  transcription.  Cette 
omission  est-elle  bien  involontaire  7  Nous  savons  que  plus  tard 
il  entra  en  correspondance  avec  M.  Chadelle,  bibliophile  distin- 
gué, membre  de  la  Société  des  bibliophiles  de  Guyenne,  et  à  cette 
époque  percepteur  des  finances  à  Lestiac  en  Gironde,  au  sujet 


Digitized  by 


Google 


—  285  — 

d'un  projet  d'édition  de  Saintes  et  Barbezieus,  reproduisant  le 
texte  intégral  de  1568  et  d'après  l'exemplaire  unique  que  lui  seul 
connaissait.  Ce  projet  n'a  jamais  été  exécuté.  Nous  croyons  sa- 
voir que  ce  fut  la  question  financière  qui  fut  difficile  à  résoudre, 
d'autant  qu'on  avait  l'intention  de  reproduire  avec  le  texte  d'Elie 
Vinel  le  grand  plan  de  la  ville  de  Saintes,  qui  se  trouve  dans 
quelques  rares  exemplaires,  et  dont  nous  aurons  à  parler  plus 
loin  dans  cette  notice.  M.  Nauzais  tenait,  dans  ce  but  évidem- 
ment, à  garder  son  secret,  et  il  l'a  gardé  jusqu'à  la  fin,  puisque 
personne  ne  sait  encore  où  se  cache  ce  mystérieux  exemplaire 
unique  de  l'édition  de  1568.  La  moindre  indication  à  ce  sujet 
nous  eût  évité  bien  des  recherches,  et  à  d'autres  bien  des  erreurs. 

Nous  nous  occupons  depuis  longtemps  d'établir  la  liste  de? 
impressions  typographiques  bordelaises,  et  dès  que  nous  eûmes 
connaissance,  par  la  réimpression  de  M.  Nauzais,  de  cette  im- 
pression de  la  veuve  Morpain,  nous  nous  mîmes  de  suite  à  sa 
recherche  dans  toutes  les  bibliothèques  publiques,  et  notamment 
dans  celles  de  Paris,  qui  renferment  tant  de  raretés.  Nous  ne  la 
trouvâmes  qu'à  la  bibliothèque  Mazarinc,  et  c'est  bien  là  cer- 
tainement que  M.  Nauzais  avait  découvert  cette  édition  incon- 
nue de  tous,  mais  c'est  là  aussi  qu'il  avait  eu  soin  de  la  laisser 
sous  le  boisseau.  Maintenant  que  nous  avons  fait  sortir  de  sa 
cachette  cet  exemplaire  peut-être  unique,  tout  le  monde  peut 
aller  le  demander  et  s'en  servir,  si  besoin  est. 

Par  une  heureuse  coïncidence,  celte  même  bibliothèque  Maza- 
rine  possède  également  les  deux  autres  éditions  de  1571  et 
de  1584  de  cet  ouvrage,  très  rares  elles  aussi,  de  sorte  que  l'éru- 
dit  qui  voudra  comparer  les  trois  éditions  bordelaises  du  livre 
d'Elie  Vinet,  pourra  se  livrer  à  ce  travail  de  la  manière  la  plus 
commode. 

Nous  venons  de  dire  que  l'ignorance  où  l'on  était  de  cet  exem- 
plaire de  l'édition  de  1568  avait  fait  commettre  des  erreurs  biblio- 
graphiques. Non  seulement  Nicéron,  Brunet,  L.  Cavrois,  auteur 
d'une  histoire  de  Barbezieux  publiée  en  1870,  et  d'autres  au- 
teurs n'ont  pas  connu  cette  édition,  mais  voici  ce  qu'on  lit  dans 
les  Origines  et  les  débuts  de  F  Imprimerie  à  Bordeaux,  de  M.  A. 
Claudin  (1),  pour  lequel  cependant  les  rayons  les  plus  obscurs 
des  bibliothèques  publiques  n'ont  pas  de  secret  : 


(i)  Lêê  originêê  et  lêê  débuU  dé  Vlmprimmrie  à  BordMox,  par  A.  Qaudin, 
Rwne  Oitholiqne  de  IkirdMiix,  |S9f ,  et  Ura^e  A  part,  librairie  A.  Qaudin, 


Digitized  by 


Google 


--  286  — 

«  La  veuve  Morpain  est  remplacée  Tannée  suivante  (1571)  par 
Pierre  de  Ladime.  Ce  dernier  avait  acquis  un  certain  nombre 
d'exemplaires  de  YAntiquiié  de  Saintes  d*Elie  Vinet,  in-4^  im- 
primés à  Poitiers  par  Enguilbert  de  Marnef,  en  1567.  11  en  chan- 
gea les  titres  qu'il  imprima  lui-môme  en  omettant  les  noms  de 
Tauteur.  Ces  exemplaires  portent  pour  suscription  :  A  Bour- 
deaus,  Pierre  de  Ladimé,  1571.  » 

Nous  professons  la  plus  grande  estime  pour  les  travaux  de 
bibliographie  de  Taulcur  de  YHistoire  de  Vlmprimerie  en  France 
au  XV^  et  au  XVI*  siècle  (1),  aussi  regrettons-nous  d'êlre  obligé 
de  dire  qu'il  y  a  là  presque  autant  d'erreurs  que  de  lignes.  D'a- 
bord cette  première  édition  est  de  1568  et  non  de  1567,  puis  elle 
n'est  pas  de  Poitiers,  puisqu'il  est  certain  maintenant  qu'elle  a 
été  imprimée  à  Bordeaux.  Il  n'y  a  eu  aucune  édition  sortie  des 
presses  poitevines  ;  on  peut  s'en  convaincre  en  consultant  l'ou- 
vrage très  complet  de  M.  A.  de  la  Bouralièro,  Vlmprimerie  et  la 
Librairie  à  Poitiers  pendant  le  XVP  siècle  (2).  Quant  à  l'édition 
de  Bordeaux,  1571,  ce  n'est  pas,  ainsi  que  nous  allons  le  voir, 
une  nouvelle  émishion  avec  un  simple  changement  de  titre,  mais 
c'est  bel  et  bien  une  autre  impression  et  même  une  autre  édition 
augmentée  par  l'auteur.  Enfin,  Pierre  de  Ladime  n'a  nullement 
omis  le  nom  de  l'auteur  sur  le  litre:  comme  à  la  [première  édition, 
le  nom  de  Vinet  ne  se  trouve  (fu'au  titre  de  départ.  C'était  assez 
l'usage  à  cette  époque,  les  écrivains  de  ce  temps-là,  même  les 
plus  savants  et  les  plus  célèbres,  étaient  plus  modestes  que  ceux 
de  nos  jours  qui  ne  manquent  jamais  de  placer  leur  nom  sur  le 
titre  et  la  couverture  de  leurs  publications,  bien  en  évidence, 
avec  plusieurs  lignes  de  tilres  plus  ou  moins  honorifiques. 

M.  Claudin,  si  bien  documenté  d'habitude,  s'est  contenté  en 
cette  circonstance  de  consulter  le  Manuel  du  Libraire  de  Brunel, 
qui  dit  en  effet  :  V Antiquité  de  Saintes  (et  de  Barbezieus),  Bour- 
deaus,  P.  de  Ladime,  1571,  in-4®,  de  66  ff  (sic),  non  chiffrés 

ParÎB.  1897,  in-8»,  117  p.  —  On  peut  consulter  encore  sur  Thistoire  de  la  ty- 
pographie bordelaise  :  Origines  de  Vimprimerie  en  Guifenne,  par  Jules  Del- 
flls,  Bordeaux,  1869,  et  Notices  biographiques  sur  les  Imprimeurs  et  Libraires 
bordelais  des  XV!;  XVII^  et  XVUh  siècles,  par  Ernest  Labadic,  Bordeaux, 
1900,  in-80. 

(1)  VHistoire  de  Vlmprimerie  en  France  ao  XV»  et  au  XVI*  siècles,  de 
M.  Claudin,  publiée  par  Tlmprimerie  Nationale  est  en  cours  de  publication  : 
les  deux  premiers  volumes  seulement  comprenant  Paris,  ont  paru,  1900  et  suiv. 

(2)  L'Imprimerie  et  la  Librairie  à  Poitiers  pendant  le  X  V/«  siècle.  Paris  et 
Poitiers,  1900,  in-8o. 


Digitized  by 


Google 


—  287  — 

(colle  édilion  a  30  ff.  cl  non  60),  12  à  15  francs  (hélas  !  quantum 
niulalus...!).  »  Kt  lîrunet  ajoulo  plus  bas  :  «  Klie  Vinel,  Anti- 
quiloz  de  Bordeaux,  de  Bourtr,  Saintes,  BarlxvJeux  et  Angou- 
lesiue.  BounU'uuis,  Aiiliani^^es,  ioTi  e!  locSi  ;  Poieliers,  1507  ». 
D'après  celle  dcsitrnalion  ass(*z  éni^anatiijuc  on  pourrait  croire 
qu'un  seul  livre  porlanl  ce  lilre  général  a  eu  ilcux  éditions  à  Bor- 
deaux et  une  à  Poitiers,  alors  que  ce  sonl  trois  ouvrages  parus  à 
part  :  UAnliquilé  de  Bourdeaus  cl  de  Bourg,  Poitiers,  15G5,  cl 
Bourdeaux,  1574  ;  Engoulcsme,  Poiliers,  1507  ;  Saintes  el  Bar- 
bezieus,  Bourdeaus,  S.  d.  (1508),  1571  el  158'i.  On  voil  que  cette 
indication,  Poitiers,  1507,  s'api)lique  à  Engoulcsmc,  livre  de  la 
plus  grande  rarelé  (1),  et  non  à  Saintes  et  Barbezieus,  et  c'est  ce 
qui  a  induit  M.  Claudin  en  erreur  au  sujet  du  millésime  et  du 
lieu^  d'impression  de  ce  dernier  ouvrage. 

Ces  erreurs,  capitales  cependant,  dans  un  livre  aussi  réi)ulé 
et  aussi  consulté  (|ue  le  Manuel  n'ont  rien  qui  doive  nous  étonner. 
Brunel  n'a  jamais  attaché  une  bien  grande  importance  à  la  biblio- 
graphie histori(|ue  des  provinces  de.  France  ;  les  livres  rares  et 
curieux  rcchcrcliés  dos  amateurs  de  son  temps  ont  été  surtout 
l'objet  de  sa  sollicitude,  cl  la  valeur  vénale  d'actualité  des  livres 
de  bibliophile  ont  été  presque  sa  seule  préoccupation.  L'auteur 
du  célèbre  manuel  était  fils  de  libraire  et  on  se  ressent  toujours 
de  son  origine. 

Aussi  et  malgré  les  nombreuses  bibliographies  spéciales  qui 
ont  paru  depuis  trente  ans,  mais  qui  sonl  presque  toutes  des  ma- 
nuels, la  bibliographie  générale  de  la  France  est  à  faire  el  elle 
ne  se  fera  que  par  départements  ou  par  provinces.  Dans  notre 
région  dm  Sud-Ouest,  l'Agenais  a  donné  l'exemple  (2),  le  Péri- 
gord  a  suivi  (3).  A  (juand  les  bibliographies  de  la  Sainlonge,  du 
(Juerci,  du  Bordelais,  de  la  GascoL^ne,  du  Béarn,  etc.?  Les  auto- 
rités compétentes  qui  subventionnent  nos  académies  et  nos  socié- 
tés savantes  départementales  devraient  leur  imposer,  ainsi  qu'aux 
bibliothécaires  qui  ont  pre»(|ue  tous  les  éléments  sous  la  main, 
ce  travail  d'une  utilité  de  premier  ordre. 


(1)  Un  exemplaire  de  V  Kng  ou  le  sme  de  Vinet  a  passi^,  dernièrement  en  vente 
publique  à  Bordeaux.  Il  a  ct<^  pour  ainsi  dire  retiré  par  les  vendeurs  et  il 
nous  a  été  proposé  deux  fois  tout  récemment. 

(2)  Bihlioqraphie  générule  de  VAgenais^  par  Jules  Andrieux.  Agen,  18X6- 
1891,  3  vol.  in-80. 

(3)  Bibliographie  générale  du  Pèrigord,  par  MM.  A.  de  Roumejoux,  Ph. 
de  Bosredon  et  Fcrd.  Villepelet.  Périgueux,  1897-1903,  5  vol.  in-8-.  ' 


Digitized  by 


Google 


--  288  ~ 

Seulement,  nous  nous  permeltrons  de  recommander  aux  au- 
teurs de  ces  futures  bibliographies  locales  d'avoir  bien  soin, 
pour  ne  pas  commettre  les  mômes  erreurs  que  celles  que  nous 
venons  de  signaler,  de  voir  eux-mêmes,  autant  qu'il  leur  sera 
possible,  les  livres  anciens,  de  bien  les  examiner  et  de  bien  les 
décrire,  \ousne  pouvons  mieux  faire  cjue  de  transcrire  à  ce  sujet 
les  principes  que  Vinet  lui-même  a  émis  dans  Tavant-propos  de 
son  Antiquilê  de  Saintes  cl  Barbezieus,  pour  la  description  ar- 
chéologique des  vieux  monuments,  et  qui  peuvent  très  bien  s'ap- 
pliquer à  la  description  des  livres  : 

«  Quant  à  moi,  j'ai  toujours  pensé,  que  celui,  qui  veult  re- 
chercher l'antiquité  de  quelque  lieu,  s'en  doit  aller  voir,  et  bien 
visiter,  les  vieilles  murailhes,  regarder  par  tout,  s'il  n'i  a  point 
quelque  pierre  qui  parle,  feuilleter  tous  les  plus  viens  aucteurs, 
qui  en  peuvent  avoir  faict  mention,  et  si  par  tel  moien  il  ne  peut 
rien  apprendre  ;  s'adroisser  aus  moins  vieus  escriptz  ;  et  mesme 
fouilher  les  vieilles  librairies,  et  les  thesors,  s'il  i  peut  entrer, 
des  maisons  communes,  des  éu^liscs,  des  cliasteaux  des  princes,  et 
autres  seigneurs,  et  gentilhômes,  retirer  de  la  tout  le  plus  vieil 
temps,  qu'il  i  trouvera  ;  et  se  contenter  de  cela.  Tel  est  mon 
advis  :  et  ainsi  ai  fait  en  la  recherche  de  l'antiquité  de  Bourdeaus, 
Saintes,  Poitiers,  Engolesme,  et  ({uelques  autres  villes  de  nostre 
Guiene,  comme  l'on  a  déjà  peu  voir,  et  qu'on  verra  cncores 
mieus,  si  dieu  me  donne  vie,  et  loisir....  » 

On  a  pu  croire  avec  quelque  raison  que  la  première  édition  de 
Saintes  et  Barbezieus  était  sortie  des  presses  poitevines,  parce 
que  presque  tous  les  ouvrages  que  son  auteur  avait  publiés 
avaient  été  imprimés  dans  la  capitale  du  Poitou.  Vinet,  qui  avait 
résidé  assez  longtemps  à  Poitiers,  avait  été  à  même  d'apprécier 
l'habileté  des  typographes  de  cette  ville  ;  les  ateliers  des  Bouchet 
et  des  Marnef  pouvaient  lutter  avec  ceux  de  Paris  et  de  Lyon. 

Quand  il  arriva  à  Bordeaux,  en  1539,  il  n'y  avait  dans  cette 
ville  qu'une  seule  imprimerie,  celle  de  Jehan  Guyart,  qui  avait 
succédé,  en  1520,  à  Gaspard  Philippe,  l'introducteur  de  la  typo- 
graphie dans  cette  ville,  en  1516-1517,  date  que  nous  ne  connais- 
sons que  depuis  très  peu  de  temps  (1).  Jehan  Guyart  avait  produit 
pendant  ses  vingt  ans  d'exercice  des  travaux  estimables,  mais  il 

(!)  Le  premier  livre  imprimé  à  Bordeaux,  connu  jusqu'à  présent,  porte  la 
date  de  1519  ;  nous  en  avons  acquis  tout  récemment  un  autre  sorti  de  Tate- 
lier  de  Gaspard  Philippe,  avec  le  millésime  de  1517.  Cette  découverte  fait 
avancer  d&  deux  ans  Tintroduction  de  la  typographie  en  Guyenne. 


Digitized  by 


Google 


—  289  — 

faut  bien  dire  que  son  élablissemeni  ne  pouvait  être  comparé  à 
ceux  de  Poitiers,  de  Lyon  ou  de  Toulouse.  Il  mourut  vers  1540. 
juste  au  moment  où  Vinet  venait  professer  au  collège  de 
Guyenne.  Ce  décès  dut  arrêter  l'activité  des  presses  de  la  rue 
Sainte-Colombe,  et  le  nouveau  professeur  ne  crut  pas  prudent 
de  leur  confier  un  labeur  quelconque  :  il  continua  de  s'adresser 
aux  presses  poitevines  ou  parisiennes.  Cependant,  en  1554,  il 
voulut  essayer  sans  doute  Tatelier  bordelais,  et  il  chargea  Fran- 
çois Morpain,  le  successeur  de  Guyart,  d'imprimer  des  traduc- 
tions de  Psellus  et  de  Proclus  (1).  Mais  il  est  probable  qu'il  ne 
fut  pas  très  satisfait  de  cet  essai,  car  nous  voyons  après  cette 
date  de  1554  d'autres  publications  de  notre  auteur  portant  les 
noms  de  Poitiers  et  de  Paris  comme  lieux  d'impression,  notam- 
ment la  première  édition  de  YAniiquilé  de  Bourdeaus,  Poitiers, 
1565,  et  celle  de  ÏAntiquilé  d'Engoulesme,  Poitiers,  1567.  En 
1568,  il  revint  à  la  charge,  ainsi  qu'en  1571,  dates  des  deux  pre- 
mières éditions  de  Sainies  el  Barbezieus,  sorties  des  presses 
bordelaises  de  la  veuve  Morpain  et  de  Pierre  de  Ladime. 

Elie  Vinet  avait  eu  pour  l'impression  des  nombreux  ouvrages 
qu'il  avait  déjà  publiés,  de  fréquentes  relations  avec  les  typo- 
graphes de  différentes  villes  ;  il  s'était  bien  vite  aperçu  qu'à  Bor- 
deaux cette  industrie  était  dans  un  état  d'infériorité  regrettable 
et  il  avait  dû  songer  bien  des  fois  à  régénérer  dans  la  capitale 
de  la  Guyenne  l'art  de  Gutenberg,  afin  que  les  nombreux  érudils 
que  comptait  à  cette  époque  la  région  bordelaise  et  lui-môme 
n'eussent  pas  besoin  d'avoir  recours  aux  presses  de  Poitiers,  de 
Limoges,  de  Lyon  ou  de  Toulouse.  L'occasion  se  présenta  bien- 
tôt et  il  ne  la  laissa  pas  échapper. 

Il  y  avait  au  collège  de  Guyenne,  dont  il  était  le  Principal,  au 
moment  où  il  faisait  imprimer  la  seconde  édition  de  Sainies  et 
Barbezieus,  chez  Pierre  de  Ladime,  en  1571,  un  jeune  profes- 
seur qui  lui  fournit  cette  occasion.  Ce  jeune  régent,  élevé  dans  ce 
collège,  s'appelait  Simon  Millanges,  et  c'est  lui  qui  va  fonder 
cette  imprimerie  tant  désirée,  une  des  plus  belles  que  Bordeaux 
ait  jamais  possédées. 

Millanges    avait    des  antécédents    typographiques,  nous  en 


(i)  Sx  nuihémàiieo  P$êlU  brêvUrio  àriihmelieM,  muêicM,  géométrie*  : 
SphérM  V€r6  esFroeli  grasco,  ElU  Vineto  Sanione  interprète.  BurdigaUe,  apud 
Fraaciscum  Morpanium,  prope  Carmelitas,  s.  à,  (l»»4),pet,  in-4%  76  pa|^. 


Digitized  by 


Google 


—  290  — 

sommes  certain.  Il  était  originaire  du  Limousin  (1).  Son  père 
avait  été  el  était  poul-tMro  encore  compagnon  imprimeur  à  Li- 
moges, et  le  lilri  avait  dû  y  être  apprenti  dans  son  enfance,  avant 
de  venir  faire  ses  humanités  au  eolléi^^e  d(^  Guyenne  ù  liordeaux, 
où  un  de  st»s  oncles  était  procureur  au  Parlement.  Devenu  pro- 
fesseur el  entendant  Vinet  se  plaindre  du  mauvais  étal  de  Tim- 
primerie  dans  cette  ville  où  ils  habitaient,  il  dut  se  rappeler  les 
ateliers  de  Limoi,^es,  en  causer  avec  son  ancien  maître  et  lui  pro- 
poser d'étahlir  aux  portes  <le  huir  collège  un  nouvel  établisse- 
ment typoi(raphi(pu%  di^iie  de  la  çrrande  cité  où  ils  enseignaient. 

Il  nous  est  difficile  de  savoir  au  juste  ce  qui  se  passa  alors, 
mais  ce  qu'il  y  a  de  sûr  c'est  que  nous  voyons  Simon  Millanges 
passer,  au  mois  de  juin  1572,  un  traité  a\ec  Pierre  Haultin,  im- 
■primeur  et  fondeur  de  caractères,  i\  La  Rochelle,  pour  Tachât  et 
la  livraison  à  Bordeaux  de  deux  presses  avec  leur  matériel  (2). 
Haultin  vint  lui-même  à  Bordeaux  inslaller  ces  presses,  qui  fonc- 
lioimèi'enl  dès  le  mois  d'août  suivant.  De  ce  jour,  la  capitale  du 
Sud  Ouest  eût  un  atelier  qui  ])Ut  soulenir  la  concurrence  avec 
ceux  des  autres  villes  de  la  réî?ion.  L'imprimerie  des  Millanges 
a  produit  pendant  près  d'un  siècle  et  demi  de  nombreux  el  très 
beaux  livres.  Elle  a  subsisié  de  père  en  fils  jusqu'à  la  fin  extrême 
du  XVIP  siècle.     • 

Le  premier  livre  sorti  des  presses  inslallées  h  Bordeaux,  en 
1572,  est  un  ouvrage  d'Elie  Vinet.  C'est  une  dissertation  archéo- 
logique sur  un  autel  romain  découvert  récemment  à  Narbonne  (3). 
En  lête  de  l'ouvrage,  rimprimeur  annonce  au  lecteur  qu'il  vient 


(1)  Simon  MiUan^^cs  était  nà  en  15i3  au  viUaf^c  de  MillemiUan^eSf  paroisse 
de  Saint- Goussaud  dans  le  Limousin  et  aujourd'hui  dans  le  département  de  la 
Creuse,  arrondissement  de  Boureraneuf.  U  fonda  à  Bordeaux  une  imprimerie, 
qui  à  sa  mort  en  1623,  sera  continuée  par  ses  fils  Jacques  et  Guillaume  Millan- 
ges, et  ensuite  par  le  neveu  de  ces  derniers,  Jacques  Mongiron-Millanges, 
jusqu'à  la  fin  du  XVII"  siècle. 

(2)  Contrat  de  vente  d'un  matériel  d'imprimerie  par  Pierre  Ilanitin  à  Simon 
Millanges  (15  juin  1572).  Pièce  originale  aux  archives  de  la  Gironde,  série  E 
(notaires),  Thcmcr,  notaire  à  Bordeaux,  publiée  dans  le  t.  XXV  (1887)  de  U 
Société  de*  Archives  historiques  de  la  Gironde. 

(3)  «  Narbonensium  votum  et  arae  dedicatio,  insignia  antiquitatis  monu- 
menta,  Narbone  reperla...  Bardigalœ  »pud  Simonem  MUlangiunit  1573  t 
pet.  in-S",  24  (T.  non  chif  Ce  petit  livre  est  excessivement  rare  el  nous  n'en 
connaissions  que  deux  exemplaires  conservés  dans  des  bibliothèques  publi- 
ques, lorsque  le  lendemain  du  jour  où  nous  écrivions  ces  lignes,  un  troisième 
exemplaire  nous  fut  adressé  de  Bruxelles  :  habent  «iia  fata  libelli  ! 


Digitized  by 


Google 


—  291  — 

d'ouvrir    une  imprimerie    et  lui  expose  son  programme.  C'est 
donc  bien  le  premier  produit  du  nouvel  atelier. 

Après  ce  premier  ouvrage,  Vinct  va  en  livrer  immédiatement 
d'autres  à  sou  ami  Millanges,  et  nous  voyons  paraître  succes- 
sivement De  loyislicâ  libri  irany  1573,  livre  de  classe  ;  DelHioncs 
Elenienti  Euclidis,  1575,  autre  livre  de  classe  ;  Ausonii  opéra 
coninicnlarUs  illuslraia  per  Eliam  Vinelum  Sanlonem,  1575- 
1580,  travail  de  haute  érudition  philologique,  très  estimé  encore 
d^o  nos  jours,  et  une  des  plus  belles  et  des  plus  importantes  im- 
pressions de  Millanges  ;  IJArpenlerie,  1577,  etc.. 

On  peut  donc  dire  que  si  Simon  Millanges  a  été  le  créateur  de 
la  grande  imprimerie  de  la  rue  Saint-James,  Vinel  en  a  été  peut- 
être  le  promoteur  et,  dans  tous  les  cas,  le  plus  puissant  protec- 
teur. 

Mais  revenons  à  notre  édition  de  Saintes  et  Barbezieus  de 
15(38.  Nous  n'avons  pas  à  faire  ici  l'analyse  de  l'ouvrage  de  Vinet 
dans  une  notice  de  bibliographie  pure  et  qui  ne  comporte  pas  de 
critique.  Mais  nous  pouvons  dire  que  c'est  un  travail  très  remar- 
quable pour  l'époque,  et  que  la  partie  archéologique  surtout  est 
encore  très  estimée,  plusieurs  des  monuments  décrits  ayant  dis- 
paru. 

M.  Nauzais  a  fait  ressortir  que  ce  qui  rendait  cette  première 
édition  très  intéressante,  c'est  (ju'elle  renfermait  une  autobiogra- 
phie et  des  détails  sur  la  famille  de  l'auteur  supprimés  dans  les 
éditions  suivantes.  Il  y  a  là  beaucoup  d'exagération.  Ce  n'est  pas 
une  autobiographie,  mais  quelques  renseignements  sur  ses  pa- 
rents, que  nous  donne  Vinct  au  commencement  de  V Antiquité  de 
Barbezieus,  et  qu'il  n'a  pas  cru  devoir  reproduire  plus  tard  pour 
des  raisons  que  nous  croyons  connaître.  Ces  détails  n*ont  pas 
une  bien  grande  importance,  mais  comme  ils  sont  assez  piquants, 
nous  allons  les  transcrire  ici,  ils  nous  serviront  pour  ainsi  dire 
de  mot  de  la  fin. 

Après  nous  avoir  appris  au  début  de  son  histoire  de  Barbe- 
zieux  qu'il  est  né  au  village  des  Planches,  Vinet  ajoute  : 

«  Le<|uel  devant  que  mes  ancêtres  i  vinsenl,  s'appeloit  le  vil- 
lage des  Planches,  et  maintenant  porle  le  nom  des  Vinets  ;  pour 
cause  que,  comme  il  en  a  prins  à  ceste  tant  renommée  Home,  la- 
quelle de  son  commencement  n'estant  plus  grande,  que  mon  dit 
village,  changea  à  la  parGn  son  premier  nom  en  pour  celui  de  son 
seigneur  Romule,  mon  aïeul,  nommé  François,  et  surnommé 
Vinet,  qu'on  dit  Binet  en  Gascougne,  et  en  quelques  autres  lieus. 


Digitized  by 


Google 


—  292  — 

père  de  Pierre  et  de  Jehan,  se  faschant  en  son  pals  près  de  Mon- 
tagu  en  le  Poitou,  qui  marchise  à  la  Bretaigne  Nantoise,  et  pen- 
sant trouver  quelque  meilleur  aer  en  la  Saintonge,  ou  Gascougne 
nouvellement  pacifiées,  païs  Ihors  le  plus  grand  part  en  friche, 
à  cause  des  longues  et  continuelles  guerres  de  la  France  et  An- 
gleterre, se  mit,  lui,  sa  femme,  ses  enfants,  et  tout  son  autre 
meuble  en  une  charette  :  que  quatre  bœufs  traisnoient  aisecment  : 
et  tant  piqua  en  cet  arroi  (telle  fut  jadis  le  coche  des  rois  des 
François  devant  le  règne  de  Pipin,  Maire  du  Palais  de  France, 
comme  tesmoigne  Eginart),  qui  arriva  la,  en  Tan  mil  quatre  cens 
septante  :  et  8*i  arresta,  au  moien  du  bon  recueil  et  hesberge- 
ment,  que  lui  fit  le  seigneur  du  lieu...  » 

C*esl  ce  passage  qui  a  été  supprimé  dans  les  éditions  de  1571 
et  1584.  Il  est  évident  que  Vinet  a  bien  senti  qu'il  était  par  trop 
prétentieux,  aussi  savant  qu'il  fût,  de  comparer  son  aïeul,  qui 
n'était  qu'un  simple  paysan,  à  Romulus,  le  petit  village  où  il  est 
né,  à  la  ville  qui  fut  la  capitale  de  l'ancien  monde,  la  charrette  à 
bœufs  de  ses  braves  ancêtres  au  char  des  rois  mérovingiens,  et 
enfin  ces  mêmes  parents  aux  rois  de  France  eux-mêmes.  Mais  il 
n'est  pas  rare  de  voir  les  meilleurs  philosophes  tomber  dans  ce 
travers,  leurs  réminiscences  classiques  les  rendent  victimes  d'une 
sorte  de  mirage.  Un  des  plus  illustres  élèves  d'Elie  Vinet  au  col- 
lège de  Guyenne,  devenu  plus  tard  lui  aussi  un  grand  philoso- 
phe, Michel  Montaigne,  n'a  pas  su  éviter  ce  défaut,  et  on  n'a  qu'à 
lire  quelques  pages  des  Essais  pour  se  convaincre  que  la  modes- 
tie des  moralistes  n'est,  la  plupart  du  temps,  qu'une  fausse  mo- 
destie. 

Vinet  a  encore  supprimé  un  autre  alinéa.  C'est  celui  où  il  est 
question  de  sa  mère  : 

«  Ma  mère  Colette  Chat,  du  bourg  de  Saint  Cibart  soubs  En- 
goulesme,  l'avoit  veu  faire.  Et  me  cuide  souvenir,  qu'elle  comp- 
toit  (mon  père  me  mourust  plus  tost,  que  peusse  rien  apprendre 
de  lui)..*  » 

Nous  ne  pouvons  pas  nous  expliquer  la  suppression  de  ce 
second  passage. 

Nous  en  avons  fini  avec  cette  première  édition,  dont  nos  lec- 
teurs ont  sans  doute  trouvé  la  désignation  un  peu  longue.  Nous 
allons  passer  maintenant  aux  autres  éditions,  pour  lesquelles 
nous  serons  beaucoup  plus  bref. 


Digitized  by 


Google 


LANTIQjriTEDE 

SAINTES. 


A    BOVRDEAVi 

far  Pierre  deLâdime* 
I  5  1  I. 


Titre  de  VAntiqniti  de  Sêiniêi,  1571. 
Pao-flimîle  d*aprèf  l'exemplaire  de  la  bibliothèque  de  Tauteur. 


Digitized  by 


Google 


—  294  — 

L'AKTiaviTÈ  DE  II  SAINTES.  Il  (Fleuron  :  Écu  de  France 
couronné).  Il    A  Bovrdeavs,  Il  Par  Pierre  de  Ladime.  Il   1571. 

Pet.  iii-4*,  36  feuillets  non  chifTrés;  signatures  A  à  I  par  4,  26  lignes  à  la 
page.  Tout  le  texte  est  composé,  sauf  la  table,  en  romain,  avec  certains 
noms  de  lieu  ou  de  personne,  en  grandes  capitales.  Il  est  divisé  en  alinéas 
numérotés  en  marge  de  1  à  72. 

Un  feuillet  titre,  verso  blanc;  VAniiquiU  de  Saintes  commence  au  recto  du 
deuxième  feuillet  avec  le  titre  de  départ  suivant  :  «  Recherche  de  la  plus 
antien- 1|  ne  mémoire  de  la  ville  de  Saintes,  et  païs  de  Saintonge,  commancée  || 
par  Elie  Vinet.  H  V Antiquité  de  Barbesieus  vient  à  la  suite,  sans  division  et 
sans  titre  de  départ,  au  feuillet  G-4,  alinéa  61  et  finit  à  mi-page  du  verso  du 
feuillet  1-2.  Les  feuillets  I>3  et  4  contisnnent  une  table  des  noms  imprimés  en 
caractères  italiques.  (Voir  le  fac-similé  du  titre  p.  293. J 

Celle  seconde  édilion  esl  une  véritable  réimpression  de  celle 
de  la  veuve  Morpain,  de  1568,  et  non  une  nouvelle  émission  du 
môme  tcxle  avec  un  simple  changement  de  lilre.  Quand  aux  aug- 
menlalions  qu'Elic  Vinet  a  pu  y  apporler,  nous  n'avons  pu  com- 
parer les  textes  dos  deux  éditions  pour  VAnliqaiié  de  Saintes, 
mais  nous  l'avons  fait  pour  Y  Antiquité  de  Barbeziens,  grâce  à  la 
réimpression  de  M.  Nauzais  de  1873,  et  nous  n'avons  relevé  au- 
cune adjonction.  Il  y  a  eu,  au  contraire,  les  deux  suppressions 
que  nous  avons  signalées  et  reproduites  concernant  la  famille  de 
Tauteur.  Nous  croyons  donc  qu'il  en  esl  de  même  pour  VAnii- 
quité  de  Saintes,  que  Vinet  n'y  a  apporté  que  quelques  correc- 
tions et  quelques  changements,  mais  qu'il  ne  l'a  pas  augmentée. 
Cette  édilion  de  1571  n'est  donc  qu'une  reproduction  de  celle  de 
1568,  et  si  la  première  a  36  feuillets  au  lieu  de  26,  c'est  qu'elle 
est  imprimée  en  plus  gros  caractères  et  plus  interlignée. 

Cette  édition  de  1571  est  la  moins  rare  des  trois  parues  au  XVI* 
siècle.  La  première,  celle  de  1568,  esl  à  l'étal  d'unique  exem- 
plaire ;  nous  ne  connaissons  de  la  troisième,  datée  de  1584,  que 
trois  exemplaires,  que  nous  indiquerons  dans  l'article  suivant 
qui  la  concerne  ;  mais  quant  à  celle  de  1571,  que  nous  décrivons 
ici,  nous  pourrions  en  citer  plusieurs  exemplaires  dans  les  bi- 
bliothèques de  Paris  et  de  Bordeaux  et  chez  plusieurs  amateurs; 
Notre  exemplaire  à  toutes  marges  mesure  140  x  193  millimètres. 

Maintenant  nous  avons  à  parler  d'un  plan  de  la  ville  de  Saintes 
que  l'on  rencontre  dans  quelques  rares  exemplaires  des  éditions 
de  Saintes  et  Barbezieus  de  1571  et  de  1584.  Nous  connaissons 


(1)  M.  Henri  Bordes  a  bien  voulu   nous  confier  pendant  quelques  jours  et 
avec  cette  obligeance  que  l'on  ne  rencontre  que  ches  les  vrais  bibliophiles, 


Digitized  by 


Google 


—  295  — 

dans  ces  conditions  un  exemplaire  de  l'édition  de  1571  avec  le 
plan  en  noir,  chez  M.  H.  Bordes,  le  grand  bibliophile  bordelais 
bien  connu,  et  deux  exemplaires  de  Tédition  de  1584  conservés, 
Tun  à  la  Bibliothèque  nationale,  Lk  7-9131,  avec  le  plan  en  cou- 
leur, l'autre  à  la  Bibliothèque  Mazarine,  n^  17705,  avec  le  plan 
en  noir. 

Ce  beau  plan  gravé  sur  cuivre,  non  signé,  mesure  dans  son 
cadre  0.35  x  0.45,  et  est  d'un  très  grand  intérêt  pour  l'archéolo- 
gie de  la  ville  de  Saintes.  D'une  très  grande  netteté,  il  nous  mon- 
tre la  ville  à  vol  d'oiseau  avec  son  pont  fortifié,  le  fleuve  la  Cha- 
rente, son  enceinte  entièrement  circulaire  et  ses  nombreuses 
portes  et  tours,  et  enfin  ses  faubourgs  très  détaillés  ;  dans  le  ciel, 
les  armoiries  de  la  ville  avec  le  mot  Saintes.  Au  bas,  dans  un 
élégant  cartouche,  la  légende  suivante  : 

«  En  ce  pourtrait  de  la  Vile  et  cité  de  Saintes,  Chef  de  la 
Comté  de  Sainlonge  en  Guienne,  A,  est  la  porte  Evesque.  B,  le 
lieu  du  Chasteau  et  maison  du  seigneur  Comte  jadis.  C,  port 
Eguierre.  D,  port  des  frères  Cordeliers.  E,  port  Mouclier.  F,  la 
porte  des  Pons.  G,  petit  port.  H,  port  du  chapitre.  I,  S.  Pierre 
église  Calliédrale.  K,  les  Jacobins.  L,  les  Haies.  M,  Sainte  Co- 
lombe. N,  S.  Michel.  0,  S.  Maure.  P,  le  moustier  de  Saint-Eu- 
Irope.  P,  A,  le  Faubourg  Saint  Eutrope.  Q,  les  Ilarenncs  c» 
Arcs  restes  d'un  ancien  Amphiléatrc.  R,  S.  Macou.  S,  S.  Mau- 
rice. T,  les  Cordeliers.  V,  S.  Vivien.  X,  S.  Saloine  où  se  recon- 
gnoissenl  aucunes  antiquités.  P.  Y.  Z.  E,  Les  Pons  sur  la  rivière 
de  Charente.  0,  Les  prisons  de  la  Vile.  Z,  Les  Moulins,  1,  Portai 
antique,  où  il  y  a  plusieurs  inscriptions  Romaines.  2,  3,  Fau- 
bourg des  Dames.  4,  S.  Palais.  5,  l'Abbaie  des  Dames.  Anno 
1560.  » 

L'ÀNTiaviTÈ  II  de  II  SAINTES  II  et  II  Barbezievs  II  (Fleu- 
ron). Il  A  BouRDEAUS,  Il  par  S.  Millanges,  Imprimeur  ordi- 
naire Il  du  Roi.  Il  —  Il  M.D.LXXXIin(is84). 

In-4*,  22  feuillets  non  chiffrés  dont  un  feuillet  blanc  à   la  fin.  Signatures  A 
à  D  par  4  et  E  par  6.  Impression  en  caractères  romains  moyens. 

Un  feuillet  titre,  verso  blanc,  deux   feuillets  Avant-Propos,  seize  feuillets 


le  superbe  exemplaire  qu'il  possède  de  Saintes  et  Barbexieus,  avec  le  plan,  et 
nous  tenons  à  lui  renouveler  ici  nos  remerciements.  C*est  grâce  à  cette  aima- 
ble communication  que  nous  pouvons  faire  connaître  ce  plan  qui  est  de  la 
plus  grande  rareté  et  qui  manque  à  la  plupart  des  exemplaires  connus. 


Digitized  by 


Google 


L*ANTIQJI-TE 

SAINTES 

E  T 

BARBEZIEVS 


A  Bourdeaus, 

Par  S.Millanges>Imprimeur  ordinaire 
du  Roi. 


M.  p.  L  XXXII  IL 

Titre  de  VAntiqniié  de  Sëiniêi  el  B^rbêMiêUê,  15S4. 
Fao-eiiiiile  d'après  Tezemplaire  de  la  Bibliothèque  Bfaiarine. 


Digitized  by 


Google 


-  297  - 

AMiquiii  de  SmiMm  et  de  Bérbeûens  avec  le  titre  de  dépÉrt  suiTant  :  «  Re- 
cherche de  la  plus  antienne  mémoire  de  Saintes,  et  pais  de  Saintonge,  com- 
mancëe  par  Elie  Vinci  »,  divisé  en  ^2  alinéas,  deux  feuillets  table  et  dn 
feuillet  blanc  (Voir  le  fac-similé  des  titres,  page  206). 

Celle  troisième  édition  reproduit  la  précédente,  celle  de  1571. 
Commç  nous  venons  de  le  dire,  elle  est  beaucoup  plus  rare  et 
nous  n'en  pouvons  citer  que  trois  exemplaires  :  un  à  la  Bibliothè- 
que Nationale,  Lk  7-9131,  avec  le  plan  non  colorié,  un  second  à 
la  Bibliothèque  Sainte-Geneviève,  n*  4700,  et  le  troisième  à  la 
Bibliothèque  Mazarine,  n*  17705,  avec  le  plan  en  noir. 

Vinet,  pour  celle  troisième  et  dernière  édition  publiée  de  son 
vivant  (il  mourut  en  1586)  de  son  Antiquité  de  Saintes  et  Barbe- 
zieus,  s*était  adressé  à  l'imprimerie  à  laquelle  il  avait  confié 
presque  toutes  ses  publications  depuis  sa  fondation  sous  ses  aus- 
pices, en  1572,  à  celle  de  Simon  Millanges.  Outre  les  impressions 
que  nous  avons  déjà  citées  nous  pouvons  encore  en  indiquer 
d'autres  dont  Vinet  est  l'auteur,  et  qui  portent  le  nom  de  Millan- 
ges :  Somnium  Scipionis  ex  libro  de  Republica  Ciceronis,  E. 
Vineto  interprète,  1579  ;  Eutropii  breviarium  historix  roma- 
nx...  emendavit  Elias  Vinetus,  1580  ;  Pomponii  Melse  de  situ 
orbis  Ubri  très,.,  emendati per  Eliam  Vinetum,  1581;  Schola  aqui- 
tanica,  1582,  règlement  du  Collège  de  Guienne  et  programme 
des  classes  ;  VArpanterie  d'Elie  Vinet  et  la  manière  de  1ère  les 
Polaires,  1583,  livre  dont  la  seconde  partie  avait  paru  à  Poitiers, 
en  1564,  etc..  On  comprend  qu'à  un  client  comme  le  Principal 
du  collège  de  Guyenne,  qui  lui  faisait  imprimer  presque  chaque 
année  un  ou  deux  ouvrages  pour  le  compte  de  l'établissement 
d'enseignement  qu'il  dirigeait  —  car  toutes  les  impressions  que 
nous  venons  de  citer  sont  des  classiques  à  l'usage  de  ce  collège 
—  Millanges  n'avait  rien  à  refuser.  Aussi  s'empressa-l-il  de  met- 
tre ses  presses  à  sa  disposition  pour  la  troisième  édition  de  l'his- 
toire de  sa  chère  Saintonge,  son  pays  natal. 

Malgré  le  soi-disant  progrès  à  la  vapeur  et  à  l'électricité,  cer- 
taines choses  ne  changent  guère,  et  nous  pourrions  citer  maintes 
imprimeries  modernes,  qui,  comme  celle  de  Millanges  au  XVP 
siècle,  sont  obligées  de  subir  et  d'imprimer  à  leurs  frais  les  ou- 
vrages de  quelque  membre  influent  de  l'Université.  Nous  ne 
savons  si  ces  gros  volumes  deviendront  plus  tard  aussi  rares  que 
les  modestes  petits  in-quarto  de  Vinet,  mais  s'il  en  advient  ainsi 
c'est  que  ces  gros  tirages  auront  passé  des  greniers  de  l'imprime- 
rie  dans  les  magasins  du  marchand  de  vieux  papiers. 


Digitized  by 


Google 


—  298  — 

On  ne  s'explique  guère,  en  effet,  la  rareté  des  livres  de  Vinet 
sur  riiistoire  et  larchéologie.  On  comprend  très  bien  que  les 
classiques  édités  par  lui  aient  disparu  en  passant  par  les  mains 
peu  respectueuses  d'habitude  des  élèves  et  des  professeurs  ; 
mais  ses  ouvrages  historiques  sont  devenus  sans  doute  très  rares 
parce  que  s'adressant  à  un  nombre  très  restreint  de  lecteurs,  ils 
étaient  tirés  à  un  très  petit  nombre  d'exemplaires. 

Simon  Millanges  réimprimera  souvent  encore  les  livres  clas- 
siques dus  î\  l'érudition  du  Principal  du  collège  de  Guyenne. 
Mais  après  la  mort  du  maître,  il  voudra  lui  rendre  un  dernier  et 
suprême  hommage,  et,  en  1590,  il  publie  une  nouvelle  édition  de 
celui  de  ses  ouvrages  qui,  à  une  époque  où  la  philologie  latine 
primait  toutes  les  autres  sciences,  était  considéré  conmic  son 
oeuvre  capitale  :  ce  sont  ses  commentaires  sur  le  poète  bordelais 
Ausone,  qui  avaient  déjà  vu  le  jour  dans  la  même  imprimerie, 
en  1575-1580.  Cette  seconde  ôciition  dos  Ausonii  Burdigalenûs 
opéra,., f  commenlariis  auclioribus  illuslrala  per  Eliam  Vine- 
tum,.,  n'est  pas  aussi  belle  que  la  première  au  point  de  vue 
typographique,  mais  elle  est  peut-être  plus  intéressante  par  ce 
fait  que  le  commentaire  est  intercalé  dans  le  texte  et  qu'on  trouve 
à  la  suite,  les  commentaires  de  Joseph  Scaliger  et  la  seconde  édi- 
tion de  la  Chronique  Bordelaise  de  de  Lurbe. 

Al)rès  celle  troisième  édition  de  Saintes  cl  Darbczieus,  il  se 
passera  trois  siècles  avant  qu'on  songe  à  réimprimer  le  texte  de 
cette  dissertation  sur  les  antiquités  de  la  Saintonge.  C'est  en  1870 
qu'il  faut  arriver  pour  rencontrer  la  quatrième  édition  que  nous 
allons  décrire  dans  l'article  suivant. 

Barbezieux,  son  histoire  et  ses  seigneurs,  par  Louis  Givroîx, 
auditeur  au  Conseil  d'Etat,  Docteur  en  Droit,  Membre  de 
plusieurs  Sociétés  savantes.  Avec  la  réimpression  de  Y  Antiquité 
de  Saintes  et  de  Barbe^ieus  écrite  en  1568,  par  Elle  Vinet.  (Armoi- 
ries de  la  ville  de  Barbezieus).  Armes  :  d'or,  à  un  écusson 
d'azur  en  abîme.  Pans^  Librairie  Bachelin-Déflorenne...,  Barbe-- 
T^ieux,  librairie  Anastase  Barrière..,,  (Imprimerie  P.-J.  Blaix,  Bar- 
be^ieux,)  1870. 

In-R%  VIII-212  pages  et  1  feuillet  non  chif.  table,  plus  un  frontispice 
Château  de  Barbezieux,  dessiné  par  Badolreau  (?},  gravé  sur  bois  et  imprimé 
à  Arras,  typ.  V«  Rousseau-Leroy. 

La  préface  (pages  v-vi)  est  signée  L.  Cavrois,  membre  de  la 


Digitized  by 


Google 


—  299  — 

Société  archéologique  de  la  Charente,  et  datée  d'Arras,  le  11 
juillet  1869. 

L'auteur  de  cette  histoire  de  Barbezieux  a  donné  dans  le  cha- 
pitre VII  une  réimpression  de  V Antiquité  de  Saintes  et  de  Barbe- 
zieus,  par  Elie  Vinet,  pages  53  à  102. 

Nous  ne  pouvons  mieux  faire  pour  décrire  cet  ouvrage  que  de 
donner  les  titres  des  chapitres  : 

Chapitre  I,  Situation  géographique;  chap.  II,  Orographie; 
chap.  III,  Hydrographie;  chap.  IV,  Viabilité,  Télégraphie; 
chap.  V,  Mœurs  et  Cultes  ;  chap.  VI,  Hommes  célèbres  ;  chap. 
VII,  Etude  historique  (contenant  la  réimpression  de  VAntiquité 
de  Saintes  et  Barbezieus,  par  Elie  Vinet)  ;  deuxième  partie, 
chap.  I,  La  ville  de  Barbezieux,  Histoire  de  la  ville,  Description 
de  la  ville  ;  chap.  II,  Arrondissement  de  Barbezieux,  Cantons  de 
Barbezieux,  d'Aubeterre,  de  Baignes,  de  Brossac,  de  Chalais,  de 
Montmoreau. 

Nous  arrivons  maintenant  à  la  dernière  édition  du  livre  de 
Vinet,  mais  qui  ne  contient  que  VAntiquité  de  Barbezieus, 

L'Antiquité  de  Barbezieux,  d'après  VAntiquité  de  Saintes  et 
Barbes;ieus,  par  Elie  Vinet.  Réimpression  de  l'édition  première 
et  originale  de  1568.  Barbei^ux,  Imprimerie  et  lithographie  de 
P.'J.  Blaix,  Grand*rue.  1873. 

In-8*,  16  pa^es. 

La  préface  (pages  3  à  6)  est  signée  Nauzais  et  datée  de  septembre  1873. 

C'est  dans  la  préface  de  cette  réimpression  de  VAntiquité  de 
Barbezieus  que  M.  Nauzais  a  fait  connaître  pour  la  première  fois 
Tédition  originale  de  Saintes  et  Barbezieus,  de  Bourdeaus,  chez 
la  ve[ue  de  Morpain,  S.  d.  (1568),  mais  il  a  oublié,  ainsi  que  nous 
l'avons  expliqué,  d'indiquer  l'exemplaire  d'après  lequel  il  a  fait 
sa  transcription,  exemplaire  qui  est  peut-être  unique  et  qui  est 
dans  tous  les  cas  resté  inconnu  de  tous  jusqu'à  présent.  Cette 
réimpression  nous  donne  le  texte  primitif  de  l'édition  de  1568, 
qui  n'avait  jamais  été  rééditée  et  qui  était  à  peine  connue,  vu  son 
extrême  rareté.  A  ce  titre,  cette  réimpression  est  fort  intéres- 
sante. 

Ici  se  termine  notre  étude  bibliographique  sur  les  différentes 
éditions  de  VAntiquité  de  Saintes  et  Barbezieus  d'Elie  Vinet. 
Nous  croyons  qu'avec  les  commentaires  qui  l'accompagnent,  elle 
ne  peut  manquer  d'intéresser  les  nombreux  érudits  saintongeois 


Digitized  by 


Google 


—  300  — 

qui  s'QfiCttpem  de  rkisloire  de  l«ur  pays  et  d'arohéologie  locale. 
Peut-être  môme  que  cette  notice  donnera  À  quelque  bibliophile 
au  à  quelque  société  savante  de  la  Saintonge  l'idée  de  publier 
une  édition  définitive  de  ÏAntiquité  de  Saintes  et  de  Barbezieus 
d'après  les  textes  du  XVI'  siècle  que  nous  venons  de  faire  con- 
naître, et,  dans  ce  cas,  notre  travail  n'aura  pas  été  absolument 
inutile.  Un  pareil  résultat  nous  encouragerait  à  donner  une  autre 
étude  de  bibliographie  sur  les  éditions  de  YAntiqmté  de  Bor- 
deaxàXy  du  môme  auteur,  ouvrage  qui  a  toujours  été  mal  désigné 
lui  aussi. 

Nous  avons  déjà  tous  les  éléments  de  ce  travail  et  nous  le 
publierons  peut-être  un  jour  si,  comme  s'exprime  Vinet  dans  son 
viaux  langage,  «  Dieu  nous  donne  vie  et  loisir.  » 

Ernest  Labadie. 
Bibliophile  bordelais. 

III 

Le  général  Théophile-Charles  de  Bremond  d'Ars 
1787-1875 

{Suite  et  fin). 

Or,  dès  1808,  en  pleine  splendeur  de  gloire  olficielle,  c'est  un 
soupir,  une  plainte  qui  commence  à  monter  du  fond  de  nos  pro- 
vinces malheureuses.  On  attend  à  Saintes  l'empereur,  qui  se 
rend  à  Kochefort  en  revenant  de  Bordeaux.  Du  «  paisible  ermi- 
tage D  de  Montplaisir,  où  il  demeure  la  plus  grande  partie  de 
l'année,  Pierre  de  Bremond  écrit  qu'on  forme  pour  le  recevoir 
une  garde  d'honneur  à  pied  et  à  cheval  pour  laquelle  on  a  dési- 
gné son  fils. 

«  L'équipement  de  la  première  arme  s'élèvera,  dit-on,  à  300 
livres,  mais  il  en  coûtera  2.000  pour  la  seconde,  où  ton  frère 
Josias  se  trouve  inscrit.  Cette  dépense  nouvelle  contrarie  vive- 
ment les  familles  épuisées  par  la  Révolution.  Les  fonctionnaires 
publics,  qui  reçoivent  de  gros  appointements,  peuvent  parer  à 
cette  mise  dehors.  La  gêne  des  propriétaires  est  partout  au  com- 
ble ;  le  vin,  l'eau-de-vie  sont  à  vil  prix  ;  en  revanche,  tout  ce  qui 
n'est  pas  blé  ou  vin  coûte  un  prix  fou  et  les  impôts  sont  ruineux. 
Le  sucre,  par  exemple,  coûte  aujourd'hui  huit  francs  la  livre,  le 
café  sept,  et  le  poivre  douze. 
Pour  moi,  je  veille  au  maintien  de  l'ordre  public  sur  ma 


Digitized  by 


Google 


—  301  — 

eommune  de  La  Chapelle-des-Pots,  et  je  n'aurai  pas  l'honneur 
de  recevoir  l'empereur  ;  il  faudrait  un  grand  événement,  je  pense, 
pour  que  je  dus^e  le  haranguer  à  la  tête  de  mes  plais  et  de  mes 

cruches Occupé  d'améliorer  notre  domaine,  je  trouve  ici  à 

satisfaire  mon  penchant  pour  les  travaux  agricoles.  J'écarte 
ainsi  mes  tristes  réflexions,  en  consacrant  mes  journées  à  des 
soins  qui  peuvent  vous  ôtre  utiles.  Ils  me  distraient  du  spectacle 

des  méchants  heureux  et  de  la  probité  souffrante » 

Cependant,  on  fait  de  grands  apprêts,  arcs  de  triomphe  à  la 
porte  Aiguière,  illumination  des  clochers,  foule  immense  accou- 
rue des  campagnes  et  qui,  l'empereur  étant  en  retard  de  plu- 
sieurs jours,  couche  dans  les  rues  ;  «  car  personne  ne  veut  perdre 
l'occasion  de  le  voir.  »  Madame  de  Bremond  est  forcée  de  rentrer 
à  Saintes  pour  loger  le  préfet  du  palais  ;  c'est  elle  qui  rapportera 
les  détails  du  passage,  l'arrivée  à  8  heures  du  matin,  les  récep- 
tions à  la  préfecture,  les  toilettes,  les  diamants,  la  tabatière  d'or 
donnée  au  maire  Poittevin-Moléon  pour  son  compliment,  et  le 
départ  après  quelques  heures  pour  Rochefort.  Son  mari  n'a  rien 
vu  ;  «  l'enthousiasme,  écrit-il,  ne  m'avait  pas  fait  sortir  de  la 
campagne.  » 

Bientôt,  malgré  la  prudence  des  lettres,  très  souvent  intercep- 
tées, on  devine  la  souffrance  plus  aiguë  :  «  Il  passe  sans  cesse 
des  troupes  à  Saintes  :  cela  devient  très  onéreux.  »  Les  nouvelles 
d'Espagne  sont  mauvaises,  et  la  gloire  s'est  envolée  qui  voilait 
un  peu  la  férocité  de  la  guerre.  Partout  des  mères  pleurent  Té- 
loignemenl  —  ou  la  mort  —  de  leurs  enfants.  Et  c'est  toujours 
touchant  de  voir  comme  ces  aristocrates,  que  la  légende  a  fait 
croire  durs  au  peuple,  sont  au  contraire  tout  près  des  humbles 
par  le  cœur;  à  l'officier  lointain  on  dit  les  deuils  des  pauvres 
gens  du  pays,  on  lui  recommande  aussi  tous  les  soldats  qui  par- 
tent et  vont  de  son  côté  ;  on  lui  demande  des  nouvelles,  on  le  prie 
d'avancer  de  l'argent.  C'est  par  la  correspondance  d'un  Bremond 
d'Ars  que  bien  des  Tabourin  et  des  Corbinaud  passeront  à  la 
postérité  —  sans  que  leurs  descendants  s'en  inquiètent 

Puis  c'est  le  désastre,  tout  proche,  de  l'île  d'Aix  :  les  Anglais, 
le  12  avril  1809,  y  détruisent,  dans  la  rade,  le  reste  de  notre 
marine. 

«  J'étais,  ce  jour-là,  à  La  Chapelle,  d'où  l'on  entendait  le  bruit 
de  l'artillerie  comme  s'il  n'y  eut  eu  que  trois  lieues.  A  sept  heures 
et  demie  du  soir,  l'explosion  d'un  des  vaisseaux  qui  sauta  fit 
ouvrir  subitement  nos  portes  et  nos  croisées,  et  la  flamme  im- 


Digitized  by 


Google 


—  302  — 

mense  qui  s'éleva  à  rinetant  môme  au-dessus  de  Thorizon  fut  si 
haute  que  nous  crûmes  que  le  feu  était  aux  Ouillères,  dans  les 
chais  des  eaux-de-vie.  » 

La  gène  devient  de  la  détresse.  Car,  «  de  mémoire  d'homme  », 
on  n'avait  jamais  fait  d'aussi  mauvaises  vendanges  que  cette 
année-là.  «  Pour  surcroît  de  maux,  la  guerre  empêche  le  com- 
merce, et  les  récoltes  ne  se  vendant  pas,  nous  mourons  de  faim 
avec  nos  denrées  sans  valeur;  tandis  que  le  fisc  épuise  notre 
dernier  écu  par  les  impôts  tyranniques  du  gouvernement.  Notre 
misère  est  inexprimable  :  j'ai  vendu  pour  cent  louis  de  bois,  mais 
l'acheteur  ne  peut  me  payer.  Si  Dieu  ne  vient  à  notre  secours, 
on  sera  bientôt  sans  pain.  » 

Le  pays  écrasé  soupire  après  la  paix,  et  la  guerre  se  fait  géné- 
rale. Il  faut  recevoir  des  blessés,  800  d'un  coup  en  avril  1813, 
«  pour  lesquels  on  nous  demande  lits,  chemises  el  draps  ;  on 
crie,  on  gémit,  on  donne  :  le  gouvernement  a  ce  qu'il  veut  et  la 
machine  marche  cahin-caha.  »  Et  Ton  enrôle  des  recrues  nou- 
velles parmi  la  garde  nationale  :  <(  il  faut  s'équiper,  s'habiller, 
s'exercer  ;  tout  cela  est  fort  coûteux  et  oppressif.  »  Le  premier 
bataillon  est  parti  pour  le  camp  établi  près  de  Meaux,  et  les 
1.500  autres  gardes  nationaux  sont  allés  à  Rochefort  pour  le  ser- 
vice des  côtes...  «  Vingt-quatre  conscrits  de  la  commune  de  La 
Chapelle  sont  partis  hier  pour  les  camps  de  Paris...  »  (Lettre  de 
février  1813). 

Les  percepteurs,  de  leur  côté,  font  rage. 

«  Nous  sommes  tristes,  écrit  la  mère,  à  la  même  date,  comme 
les  bois  dépouillés  qui  nous  entourent  :  plus  de  bras  pour  culti- 
ver nos  champs  et  nos  vigncjs  :  les  denrées  sont  tombées  au  plus 
vil  prix  :  personne  n'en  veut  et  nous  ne  touchons  plus  un  sou. 
Nous  sommes  sans  cesse  dans  la  crainte  de  nous  voir  exécutés 
par  les  percepteurs,  étant  dans  l'impossibilité  d'acquitter  nos 

énormes  contributions Nous  leur  avons  cependant  livré  nos 

vins  pour  les  payer De  plus,  chaque  jour,  ce  sont  de  nou- 
velles banqueroutes  que  font  naître  les  circonstances  actuelles 
et  aussi  la  mauvaise  foi » 

En  janvier  1814,  dans  une  lettre  du  père,  je  relève  encore  ce 
gémissement  instructif  :  «  Nous  voici  au  troisième  paiement  des 
impositions  de  1813,  c'est-à-dire  que  nous  les  avons  payées  trois 
fois  dans  un  an.  »  Aussi  demeure- t-on  à  la  campagne  en  plein 
hiver.  «  Car  la  ville  est  abîmée  de  tristesse,  et  nous  aimons 


Digitized  by 


Google 


-  303  — 

mieux  pleurer  ici  qu'à  Saintes,  el  seuls,  qu*avec  des  gens  aussi 
malheureux  que  nous.  » 

Ah  !  combien  sombre  est  le  re\  «^rs  de  la  page  de  pourpre,  et 
comme  il  est  vrai  qu'elle  reste  à  écrire  entièrement,  Thistoire  in- 
time de  la  France  pendant  ce  qu'on  nomme  poétiquement  Tépo- 
pée  napoléonienne  !  Car  tout  ce  qui  est  ofiiciel  se  découvre  men- 
teur peu  à  peu,  et  la  police  du  Maître  a  si  bien  traqué  partout  la 
vérité  qu'aucune  époque  n'ei?l  plus  pauvre  en  documents  sin- 
cères. Dos  lettres  d'un  père  et  d'une  mère  à  son  fils,  voici  qu'il 
faut  même  se  défier  et  savoir  d'avance  l'ironie  des  propos  de 
gloire  par  lesquels  on  feint  de  se  consoler  de  tant  Se  souffrances, 
et  que  les  éloges  au  génie  et  à  la  sagesse  de  Napoléon  sont  le 
passe-port  obligé  des  plaintes  que  nous  venons  de  lire. 

«  Nos  veillées  se  passent  à  lire  les  gazettes,  où  nous  voyons  les 
soins  paternels  de  l'empereur  pour  préserver  la  France  de  la 
guerre  intérieure  et  à  suivre  la  marche  des  ennemis  si  imprudem- 
ment entrés  à  Genève,  dans  la  Champagne  et  la  Franche- 
Comté...  » 

«  Peut-on  se  plaindre,  quand  le  grand  Bonaparte  va  se  venger 
do  ses  ennemis  et  nous  donner  une  paix  glorieuse  et  durable  ? 
Cessons  donc  de  pleurer  et  de  gémir  sous  le  poids  des  maux  qui 
nous  accablent,  en  attendant  les  bienfaits  promis  par  le  héros 
d'Auslerlitz  et  de  Wagram.  » 

Quand  on  a  le  secret  de  l'accent  avec  lequel  ces  choses-là  sont 
dites,  on  ne  s'étonne  pas  de  voir  l'élan  de  joie  qui  alla  au-devant 
des  Bourbons.  En  se  redonnant  à  eux,  cette  noblesse  avait  le  sen- 
timent de  rentrer  dans  l'ordre  et  la  claire  vérité,  de  sortir  du  cau- 
chemar de  ces  temps  troublés  où  il  avait  été  parfois  si  difficile 
de  démêler  dans  quel  chemin  le  destin  de  la  France  et  le  devoir 
patriotique  commandaient  de  marcher  ! 

Il  est  vrai  que,  pour  une  cause  trop  facile  à  deviner,  le  comte 
Pierre' de  Bremond  d'Ars  déclina  la  mission  que  lui  confiait  M. 
le  duc  d'Angoulême  de  former  et  commander  une  compagnie  de 
volontaires  royaux  de  Sainlonge  et  d'Angoumois.  Mais  ses  deux 
fils,  Jules  et  Josias,  tout  de  suite  entrèrent  dans  celle  du  marquis 
de  La  Rochejacquelein,  leur  parent. 

Et  Théophile,  le  jeune  et  brillant  capitaine  de  l'armée  d'Es- 
pagne, qui,  attaché  un  moment  à  Tétat-major  du  maréchal  Soult, 
venait  de  prendre  part  aux  batailles  d'Orlhez  et  de  Toulouse, 
certainement,  lorsque  l'armée  «  donna  son  adhésion  à  la  dé- 
chéance de  Bonaparte  »,  dut  sans  regret  remplacer  par  la  co- 


Digitized  by 


Google 


—  804  — 

carde  blanche  la  cocarde  tricolore.  Car  c'était  pour  la  France 
toujours  qu'il  avait  servi  sous  Napoléon  avec  le  même  large  idéa- 
lisme qui,  en  1789,  animait  son  père  ;  pour  la  France  qu'au  com- 
bat d'Orlhez,  surpris  avec  son  escadron  dans  un  ravin  par  l'ar- 
mée anglaise,  il  avait  soutenu  une  lutte  désespérément  inégale, 
dont  lui  seul,  avec  huit  chasseurs,  étaient  revenus. 

«  Venez  donc  nous  voir  dès  que  vous  le  pourrez,  cher  cousin, 
lui  écrivait,  le  4  mai,  de  Toulouse,  M"*  du  Faget,  nous  avons  bien 
des  choses  à  dire,  et  surtout  nous  voulons  crier  ensemble  :  Vive 
le  Roi  !  )> 

Ici  finissait  bien  cependant  pour  lui  la  partie  de  sa  vie,  vers 
laquelle  dans  la  suite  devait  complaisamment  se  reporter  son 
souvenir,  puisqu'elle  en  fut  la  partie  aventureuse,  héroïque, 
jeune.  Son  cher  21*  chasseurs  lui-môme  allait  disparaître,  fu- 
sionné, dès  le  mois  d'août  1814,  avec  le  5*  et  le  6*  de  la  môme 
arme,  les  chasseurs  du  duc  d'Angoulême  et  du  duc  de  Berry.  A 
celte  formation  de  nouveaux  régiments  il  prit  une  grande  part, 
reçut  en  récompense  la  décoration  nouvelle  de  la  croix  du  lys  ; 
mais  comme  «n  ne  conservait  pas  tous  les  ofGciers,  et  qu'on  pre- 
nait suivant  l'ancienneté,  comme  sa  famille  depuis  longtemps 
insistait  pour  qu'il  se  reposât  et  achevât  la  guérison  de  ses  bles- 
sures, il  obtint  la  permission  de  se  retirer,  en  demi-solde,  dans 
ses  foyers  ;  et  il  revint  à  Saintes,  où  il  demeura  jusqu'aux  Cent 
Jours,  se  donnant,  ainsi  que  j'ai  dit,  le  noble  passe-temps  d'é- 
crire, pendant  ce  congé,  l'histoire  de  son  régiment  et  de  ses  cam- 
pagnes, créant  dans  sa  lignée  de  gentilshommes  soldats  et  la- 
boureurs —  ense  et  aralro  —  une  hérédité  nouvelle  :  celle  de  la 
plume. 


Il  ne  resta  pas  longtemps  penché  sur  l'écriloire.  A  l'annonce 
du  retour  de  l'île  d'Elbe,  il  tressaille,  il  est  debout.  La  duchesse 
d'Angoulême  est  venue  à  Bordeaux  faire  appel  aux  défenseurs 
de  la  royauté.  Avec  ses  frères,  il  accompagnera  pour  aller  le 
rejoindre  le  marquis  de  Montmorency,  à  travers  un  pays  occupé 
par  les  bataillons  étrangers  et  fédérés  ;  et  passera  la  Gironde,  de 
nuit,  dans  une  barque  de  pêcheur,  sous  les  boulets  des  Anglais 
embusqués  au  bord  du  fleuve. 

Puis  les  royalistes  de  Saintes  et  de  Cognac  ayant  organisé  un 
corps  de  volontaires  royaux,  le  mettent  à  leur  tête. 

Cela  lui  vaut,  au  3  juillet,  une  chaude  journée.  Car  au  matin, 


Digitized  by 


Google 


—  305  — 

sur  ks  onze  heures,  arrivent  à  Saintes,  Montholon  et  Las  Cases, 
qui  sont  partis  de  la  Malmaison  pour  Rochefort  en  môme  temps 
que  Bonaparte,  mais  qui  ont  fait  route  différente  par  Limoges, 
La  Rochefoucauld  et  Jarnac.  Une  foule  hostile  les  arrête,  crie 
que  ce  sont  des  scélérats  qui  emportent  le  trésor  de  TEtat.  La 
garde  nationale  heureusement,  commandée  par  le  chevalier  de 
Guitard,  celui-là  même  qui  allait  devenir  le  beau-père  de  Théo- 
phile de  Bremond,  les  protège  -et  les  mène  dans  une  auberge, 
d'où  on  les  laisse  partir  vers  le  soir...  Mais  un  peu  après  eux, 
les  volontaires  royaux,  qui  surveillaient  les  arrivées  suspectes, 
avaient  vu  venir  et  reconnu  Joseph  Bonaparte,  dit  Pépé,  Tancien 
roi  d'Espagne,  qui  se  rendait  aussi  à  Rochefort.  L'un  d'eux, 
Léon  de  Sartre,  de  Vénérand,  qui,  pris  dans  une  levée  en  masse, 
avait  été  prisonnier  de  guerre  en  Russie  et  avait  eu  les  pieds 
gielés,  se  jeta  à  la  tête  des  chevaux  de  poste...  On  força  le  prince 
à  mettre  pied  à  terre  et  on  le  remit  aux  mains  de  la  garde  natio- 
nale, qui,  maintenant  l'ordre  et  empêchant  les  violences,  le  fit 
entrer  à  l'hôtel  de  France,  sur  la  place  des  Cordeliers...  «  Prince, 
lui  dit  M.  de  Guitard,  le  malheur  est  sacré  pour  nous  ;  soyez  sans 
crainte  tant  que  vous  serez  sous  notre  garde.  » 

Or,  sans  attendre  les  ordres  du  roi,  le  conseil  municipal  décidait 
de  laisser  le  frère  de  Napoléon  continuer  son  voyage,  et  l'escor- 
tait même  à  son  départ  de  la  ville.  Au  risque  de  se  voir  reprocher 
d'avoir  favorisé  cette  «  évasion  »,  le  jeune  commandant  de  vingt- 
sept  ans  s'inclina,  donnant  l'exemple  du  respect  de  l'autorité  et 
de  la  modération,  assez  ferme,  assez  respecté  lui-même  pour 
maintenir  sa  petite  troupe  dans  la  discipline... 

Et  ce  furent  les  deux  derniers  épisodes  romanesques  de  sa  car- 
rière de  soldat. 

La  vie  militaire  pendant  la  paix,  c'est  la  vie  de  garnison  :  la 
grandeur,  comme  dit  Vigny,  n'y  est  plus  que  dans  la  servitude 
généreusement  consentie  et  portée. 

Rmnis  en  activité  et  réintégré  au  5"  chasseurs,  Théophile  de 
Bremond  servit,  comme  aide-de-camp,  avec  un  entrain  affec- 
tueux, le  maréchal  de  Montmorency,  qui,  dans  ses  lettres  les 
plus  amicales  au  comte  de  Bremond,  ne  trouvait  jamais  louer 
assez  «  son  zèle,  son  intelligence,  sa  discrétion  et  la  facilité  de 
son  caractère  »  ;  puis,  av.ec  correction  et  loyauté,  le  général 
Donnadieu,  qui  lui  confia  plusieurs  missions  plus  politiques  en- 
core que  militaires,  mais  le  rebuta  par  son  caractère  exalté, 
fantasque,  «oupçonneux  et  violent.  Aussi,  k  peine  était^il  promu 


Digitized  by 


Google 


—  306  — 

chef  d'escadron,  en  1817,  qu'il  demandait  un  congé  et  rentrait  à 
Saintes.  Il  s  y  attarda  trois  ans  et  demi,  s'étant  marié  dans  Tin- 
tervalle,  en  1821,  avec  M"*  de  Guiiard  ;  —  et  de  ce  roman-là,  si 
fécond  en  joies  et  en  vertus,  rien  ne  nous  est  conté,  et  je  le  re- 
grette. Ce  n'est  pas  parce  que  dans  d'autres  livres  l'amour  est 
tous  les  jours  profané,  sali,  contrefait,  qu'il  faut  s'interdire  de  le 
peindre  au  vrai,  tel  qu'il  opère  dans  les  grandes  âmes,  élargis- 
sant l'horizon  de  noire  esprit,  décuplant  pour  l'œuvre  de  vie  les 
forces  de  notre  cœur,  tout  en  attendrissant  ses  fibres  intimes.  M. 
René  Bazin,  dans  une  charmante  conférence,  racontait  ces  jours 
derniers,  avec  sa  fine  mélancolie  coutumière,  qu'il  avait  cherché 
pour  le  lire  le  vieux  livre  de  Guizot,  VAnumr  dans  le  mariage, 
«  Les  libraires,  disait-il,  m'ont  répondu  que  l'édition  était  épui- 
sée... »  En  quel  désordre  des  idées  et  des  mœurs  sommes-nous 
tombés,  que  les  confessions  éhontées  de  la  passion  mauvaise 
mettent  maintenant  le  sceau  de  la  pudeur  sur  les  lèvres  des  fils 
et  les  obligent  à  jeter  au  feu  les  lettres  délicieuses  où  s'épancha  la 
vigoureuse  et  chaste  tendresse  de  leurs  auteurs  ? 

Moi-même,  depuis  que  je  lui  sais  un  jardin  secret  de  vie  fami- 
liale, où  il  serait  si  intéressant  et  si  bon  d'entrer,  je  ne  me  sens 
plus  un  goût  pareil  à  suivre  Théophile  de  Bremond  d'Ars  dans 
les  étapes  de  sa  vie  publique,  d'ailleurs  tout  unie  maintenant, 
toute  droite  comme  son  épée  et  comme  sa  volonté. 

Il  put  mettre  dans  la  corbeille  de  noces  de  sa  fiancée  la  croix 
de  la  légion  d'honneur,  vainement  demandée  pour  lui  après  cha- 
cune de  ses  prouesses  de  la  guerre  d'Espagne  :  c'est  un  détail 
aimable.  Mais  quand,  nommé  major  des  hussards  du  Nord,  il  va 
tenir  garnison  à  Laon,  en  1823,  j'imagine  que  son  cœur  reste  là- 
bas,  à  Saintes,  auprès  du  berceau  où  un  jour  du  mois  d'août 
vient,  le  plus  heureusement  du  monde  se  poser  pour  lui,  un  fils. 

A  Vendôme,  il  semble,  à  regarder  seulement  ses  états  de  ser- 
vice, qu'il  n'a  connu  que  des  jours  heureux  :  che\'alier  de  Saint- 
Louis,  le  20  octobre  1824,  quoique  n'ayant  que  seize  années  de 
service  au  lieu  de  vingt,  il  fait  partie  des  promotions  du  sacre  de 
Charles  X  et  CvSt  nommé  lieutenant-colonel  des  hussards  du  Haut- 
Rhin,  le  8  juin  1825.  Hélas  !  replacez  entre  ces  deux  dates  celle 
du  30  mai,  où  meurt  dans  ses  bras,  à  Vendôme,  sa  première-née, 
l'enfant  charmante  de  trois  ans  dont  il  n'a  pas  voulu  se  séparer, 
et  pensez  de  combien  d'amertumes  ses  joies  furent  entremêlées... 

Après  Valenciennes  et  Saint-Omer,  il  se  félicite  d'avoir,  à  la 
fin  de  1828,  pour  résidence  Dijon,  où  les  d'Archiac-Saint-Simon, 


Digitized  by 


Google 


—  307  — 

ses  parents,  sont  alliés  avec  toute  la  noblesse  de  la  province. 
Mais  aussitôt,  le  voici  appelé  à  Saintes  auprès  de  sa  mère  mou- 
rante (janvier  1829). 

Le  maréchal  Soult,  en  1831,  le  fait  officier  de  la  légion  d*hon- 
neur  et  colonel  du  3*  régimient  de  dragons  (1).  Voici  encore  pour 
lui  un  deuil  cruel  :  la  bonne,  la  sainte,  la  maternelle  tante  Sophie, 
qui,  de  sa  délicate  tendresse  adoucissait  la  solitude  de  son  père, 
s*en  va  à  son  tour  de  ce  monde,  mains  jointes,  et,  selon  sa 
volonté,  vêtue  comme  les  pauvres. 

En  décembre  1841,  après  une  vie  errante  de  dix  ans  qui  Ta  pro- 
mené, à  la  tête  de  son  3*  dragons,  à  Provins,  Péronne,  Amiens, 
Lunéville,  Pont-à-Mousson,  Huningue,  Bclfort,  Vesoul,  Nancy, 
Nevers  et  Moulins,  toujours  loin  du  pays  natal  et  du  foyer  tant 
aimé,  il  est  nommé  maréchal  de  camp,  il  vient  passer  quinze 
jours  à  Paris,  revoit  tous  ses  amis,  reçoit  les  compliments  du 
vieux  marquis  de  la  Tour  Maubourg,  gouverneur  des  Inva- 
lides, du  maréchal  Soull,  et,  le  jour  de  Fan,  à  la  réception  des 
Tuileries,  les  politesses  les  plus  gracieuses  du  roi  ei  de  la  famille 
royale.  Il  dîne  au  Palais,  il  a  les  entretiens  les  plus  cordiaux  avec 
le  duc  d^Orléans  et  le  duc  de  Nemours.  On  le  croit,  il  se  croit  peut- 
être  heureux.  Il  va  porter  sa  joie  à  Saintes  à  son  père  qui 
rayonne  de  fierté...  Mais  le  vieillard,  quelques  jours  après,  en 
revenant  de  la  messe,  où  il  va  tous  les  matins  malgré  le  froid 
glacial,  et  où,  sans  doute,  il  récite  le  A^unc  dimiltis  servum 
luunu..,  s  alite,  et  il  meurt  dans  les  bras  de  son  fils  :  douloureux 
envers  d'un  moment  d'allégresse  et  de  gloire  ! 

Ah  !  comme  à  côté  de  ces  épreuves  qui  tremï>ent  l'homme  d'a- 
bord et  puis  amollissent  l'argile  dont  il  est  pétri,  paraissent 
minces  les  incidents  de  la  carrière,  même  quand  ces  incidents 
sont  des  sourires  :  et  Dieu  sait  combien  ceux-ci  à  Théophile  de 
Bremond  furent  rares  ? 

Lui,  l'ancien  soldat  d'Espagne,  il  aurait  aimé  à  faire,  en  1822, 
campagne  avec  le  duc  d'AngouIème  ;  on  l'envoyait  au  dépôt,  à 
Laon. 

Il  avait  longtemps  voulu  entrer  dans  la  garde  royale  ;  mais 


(1)  C'est  là  qu'il  eut  sous  ses  ordres  le  futur  général  Ambert  qui  écrivait 
de  lui  en  1876  :  «  Son  souvenir  est  aussi  vif  qu'il  y  a  trente  ans.  Le  général 
Bremond  fut  pour  moi  le  plus  bienveillant  des  chefs  et  me  traitait  comme 
son  fils.  Je  n'oublierai  jamais  les  bontés  de  son  cœur,  les  traits  brillants  de 
son  esprit  et  le  charme  inépuisable  de  sa  conrersaiion  ». 


Digitized  by 


Google 


—  308  — 

M,  le  duc  d'Angouléme  donnait  la  préférence  aux  officiers  qu'il 
avait  connus  en  Espagne. 

D'ailleurs,  quand  il  allait  à  Paris,  vers  1825,  il  voyait  à  la  cour 
et  dans  les  salons  une  aristocratie  insouciante  et  joueuse.  Il  en- 
tendait parler  de  la  création  de  nouveaux  pairs,  à  prendre  parmi 
la  noblesse  des  provinces.  Mais  le  tour  ne  venait  jamais  des  dé- 
sintéressés, de  ceux  qui  s'étaient  ruinés  sur  les  chemins  de  l'émi- 
gration :  «  On  ne  choisira  que  les  plus  riches  familles,  écrivait-il 
à  son  père  ;  ainsi,  c'est  toujours  malheur  aux  vaincus  !  On  ne 
rencontre  d'ailleurs  que  des  intrigants,  des  égoïstes  et  des  gens 
uniquement  occupés  de  leurs  plaisirs,  se  riant  de  la  misère  des 
provinces  et  comptant  pour  rien  ceux  qui  ont  la  bonhomie  de 
croire  encore  à  des  principes  de  justice  et  d'honneur.  Où  tout 
cela  nous  mènera-t-il  ?  » 

Quand  éclata  la  Révolution  de  Juillet,  il  tenait  garnison 
à  Dijon  et  commandait  le  6*  hussards  en  l'absence  du  colonel. 
La  duchesse  d'Angouléme  s'y  trouvait  de  passage,  revenant  de 
Vichy,  et  assistait  à  un  spectacle  donné  en  son  honneur.  Un  cour- 
rier arrive  qui  annonce  qu'on  se  bat  dans  Paris  et  que  l'émeute 
est  victorieuse.  Alors,  au  milieu  des  cris,  des  injures,  et  sous  une 
grêle  de  pierres  que  lance  sur  ses  hussards  la  populace,  le  lieu- 
tenant-colonel en  personne  fait  escorte  à  la  princesse,  qui,  tout 
de  suite,  a  voulu  rejoindre  le  roi,  et  ne  la  quitte  à  une  certaine 
distance  de  la  ville  que  lorsqu'elle  lui  enjoint  l'ordre  de  retourner 
à  son  poste  pour  maintenir  l'ordre  dans  la  ville.  Geste  tout  natu- 
rel à  un  soldat,  à  un  gentilhomme  comme  lui,  pareil  à  celui  dont 
il  a  protégé  le  prince  Jérôme,  en  1815,  mais  qui  lui  vaut  quelque 
suspicion  du  nouveau  régime,  et  par  deux  fois,  sur  des  dénon- 
ciations vite  reconnues  fausses,  sa  mise  en  congé  ei  en  retrait 
d'emploi. 

Le  gouvernement  de  1830  lui  a  enfin  rendu  justice  ;  les  princes 
d'Orléans  le  caressent  ;  son  3*  dragons  est  cité  comme  un  régi- 
ment modèle  ;  c'est  lui  qui  accompagne,  en  1832,  à  Compiègnc, 
le  roi  Léopold,  venu  pour  épouser  la  fille  de  Louis-Philippe,  et 
«  tout  en  faisant  la  part  de  la  politesse  naturelle  aux  princes  », 
s'avoue  à  lui-même  que  ses  dragons  ont  à  la  revue  été  «  super- 
bes )).  On  l'a  fait  général,  et  puis  commandeur  de  la  légion  d'hon- 
neur ;  il  a  pendant  six  ans  commandé  le  département  des  Deux- 
Sèvres  ;  on  le  nomme  inspecteur  général  de  cavalerie  en  1848, 
il  est  en  passe  de  devenir  lieutenant  général Mais  une  révo- 
lution nouvelle  brouille  encore  C6  jeu  de  la  vie  modérai,  où  06 


Digitized  by 


Google 


--  800  - 

aont  presque  toujours  les  moins  scrupuleux  qui  gagnent.  Au 
mois  de  novembre  1849,  il  est  définitivement  mis  à  la  retraite 

Et  c*est  son  tour  de  rentrer  au  gîte,  d'occuper  la  place  vide  au 
coin  de  la  cheminée  du  vieil  hôtel  patrimonial  ;  son  tour  de  suivre 
de  loin  avec  orgueil,  sur  les  chemins  de  la  vie,  la  marche  bienfai- 
sante des  vertus  qui  sont  sorties  de  lui,  et  sur  des  champs  de 
bataille  encore,  les  traces  de  son  sang.  C'est  son  tour  de  faire 
tenir  vingt-cinq  années  de  vieillesse,  vingt-cinq  années  d'action 
modestement  rétrécie  à  la  m.esure  du  pas  et  de  charité  toujours 
plus  large,  entre  Thôtel  restauré  de  la  rue  Vieille-Prison,  l'église 
Saint-Pierre,  le  conseil  municipal  de  Saintes,  et  l'antique  et  cher 
logis  du  Cormier...  Ce  fut  son  tour,  en  mars  1875,  après  avoir 
enseveli,  quinze  jours  avant,  la  douce  compagne  de  sa  vie,  de 
croiser  pieusement  les  mains  sur  son  cœur  éteint  de  gentil- 
homme sans  peur  et  de  chrétien  sans  reproche,  et  de  s'en  aller 
paisiblement,  comme  était  parti  son  père,  v.er8  le  Dieu  promis  à 
ceux  qui  croient  en  Lui. 

On  se  familiarise  avec  toute  grandeur.  C'est  pour  avoir  long- 
temps duré  que  cette  vie  exemplaire  a  paru  aux  générations  nou- 
velles qui  en  virent  le  déclin  comme  elle  paraissait  au  vieillard 
lui-même  :  toute  naturelle.  Et  il  semble  que  cette  longue  et  cabne 
vieillesse  a  fait  tomber,  tomber  du  silence  et  de  l'oubli  sur  l'hé- 
roïque jeunesse  du  soldat  d'Albuera,  d'Aracena  et  d'Orthez.  S'il 
était  mort  dans  une  de  ces  batailles,  le  nom  de  Théophile  de  Bre- 
mond  d'Ars,  gravé  ou  non  au  bas  d'un  médaillon,  voltigerait  glo- 
rieux sur  les  lèvres  de  ses  compatriotes  et  serait  populaire  parmi 
nos  adolescents.  Mais  parce  qu'aux  prouesses  de  ses  vingt  ans 
s'ajouta  plus  d'un  demi-siècle  de  dévouement  moins  éclatant  — 
peut-être  plus  beau  —  c'est  déjà  presque  un  inconnu  dans  sa  pro- 
pre ville.  Et  le  seul  hommage  qui  me  restait  pour  l'honorer,  ces 
pauvres  phrases  qui,  devant  quatre-vingts  ans  de  labeur  et  de 
vertu,  paraissent  toujours  insuffisantes,  usées,  banales,  qui  sait 
si  les  rares  étrangers  qui  me  liront  ne  les  préjugeront  pas  exces- 
sives ? 

Gabriel  Audiat. 

IV 
Le  général  Muller 

Suisse  d'origine,  le  général  Muller  appartient  cependant  à  Ift 
Saintonge;  il  s'y  est  marié,  il  a  passé  à  Saintes  les  vingt  der- 


Digitized  by 


Google 


—  310  — 

nières  années  de  sa  vie,  et  son  corps  repose  au  cimetière  Saint- 
Vivien  ;  sa  maison  d-e  la  rue  des  Notre-Dame  est  devenue  par  héri- 
tage la  propriété  de  M.  le  général  de  division  vicomte  de  Momac, 
qui  a  bien  voulu  me  communiquer  un  volumineux  dossier  où  j'ai 
puisé  les  éléments  de  la  présente  bibliographie. 

La  vie  militaire  du  général  Muller  est  résumée  par  lui-même 
dans  un  état  de  services,  écrit  de  sa  main,  signé  et  certifié  par 
lui  en  1814. 

Voici  cette  pièce  : 

Services  successils  du  lieulenaïU-général  baron  Muller,  ins- 
pecteur général  (Tinfanterie,  né  à  Thionville,  département  de  la 
Moselle,  le  II  décembre  1749,  domicilié  à  Saintes,  département 
de  la  Cftarente-Inférieure.  Cadet  au  régiment  de  Courten,  1"  mai 
1765  ;  sous-lieutenant  quartier-maître,  23  octobre  lT71  ;  lieute- 
nant, 1779  ;  chevalier  de  Saint-Louis,  10  avril  1701  ;  capitaine, 
4  décembre  1791  (tous  ces  grades  en  qualité  de  quartier-maître 
au  régiment  de  Courten)  ;  lieutenant-colonel  au  1*'  bataillon 
franc,  21  octobre  1792  ;  colonel  du  77*  régiment,  14  janvier  1793  ; 
général  de  brigade,  5  mars  1793  ;  général  de  division  et  comman- 
dant en  chef  de  l'armée  des  Pyrénées  occidentales,  du  2  octobre 
1793  à  novembre  1794  ;  général  de  division  à  Tarmée  des  Alpes 
jusqu'au  23  mars  1795  ;  cominïandiant  de  la  12*  division  jusqu'au 
16  mars  1799  ;  inspecteur  général  de  l'intérieur  jusqu'au  10  juil- 
let 1799  ;  général  en  chef  de  l'armée  du  Rhin  du  10  juillet  au  22 
octobre  1799  ;  commandant  des  12*,  15*  et  23*  divisions  jusqu'au 
21  juin  1802  ;  inspecteur  général  d'infanterie,  21  juin  1802  ;  com- 
mandant de  la  légion  d'honneur  depuis  sa  formation,  14  juin 
1804  ;  fait  baron  avec  dotation. 

En  regard  de  certaines  dates,  le  général  a  écrit  les  observa- 
tions suivantes  : 

1779.  Sa  conduite  dans  une  émeute,  à  Dijon,  lui  valut  une  let- 
tre de  satisfaction  de  M.  le  colonel  général  des  Suisses,  lui  an- 
nonçant que  le  roi  en  était  informé  et  qu'une  gratification  de  300 
livres  lui  était  donnée  pour  récompense. 

1792.  Il  commandait  un  bataillon  composé  d'hommes  sortis 
de  quatre  régiments  suisses.  Sa  conduite  à  la  bataille  de  Jem- 
mapes  a  été  connue  de  l'armée;  fut  adjoint  au  ministre  de  la 
guerre,  3*  division  (l'artillerie  et  le  génie). 

1793.  Chef  d'état-major  de  l'armée  des  Pyrénées  occidentales, 
il  a  achevé  son  organisation. 

Le  2  octobre  1793,  il  fut  fait  général  en  chef  de  l'armée,  quoi- 


Digitized  by 


Google 


-311  - 

qu'il  y  existât  six  généraux  de  division.  Le  gouvernement  ne  le 
confirma  que  le  14  avril  suivant.  L'histoire  a  déjà  transmis  les 
opérations  qu'il  fit  et  dont  les  résultats  sont  les  redditions  de 
Fonlarabie  et  Saint-Sébastien,  l'occupation  de  la  Navarre 
et  du  Guipuscoa.  Il  'quitta  cette  armée  pour  cause  de  maladie,  et 
fut,  sur  sa  demande,  envoyé  à  l'armée  des  Alpes,  d'où,  forcé  par 
une  longue  convalescense,  il  se  relira  avec  le  traitement  de  ré- 
forme. 

1799.  Employé  près  du  Directoire,  avec  le  duc  de  Valmy  et  les 
lieutenants  généraux  d'Arçon  et  Canclaux. 

En  regard  de  son  commandement  de  l'armée  du  Rhin  il  écrit  : 
Diversion  sur  le  Rhin^  qui  eut  le  succès  attendu. 

1799  à  1802.  A  contribué  à  la  pacification  des  trois  divisions, 
notamment  celle  des  12*  et  23',  et  a  momentanément  été  détaché 
il  l'armée  d'observation  d'Italie  qu'il  devait  commander  par  inté- 
rim ;  après  1802,  employé  en  Hollande,  en  Italie  et  sur  les  côtes, 
et  plus  particulièrement  dans  la  V^  division,  a  été  chargé  de  plu- 
sieurs missions  délicates  concernant  les  troupes  et  leurs  com- 
mandants. 

A  la  fin  de  l'état,  le  général  a  mis  celte  mention  :  Certifié  par 
nous,  lieutenant  général,  à  Paris,  le  12  novembre  1814. 

Le  baron  MuUer. 

Jacques-Léonard  Muller  naquit,  en  effet,  à  Thionville,  le  11  dé- 
cembre 1749,  de  Jacquesr-François  Muller,  chirurgien  au  régiment 
suisse  de  Diesback,  compagnie  de  Kabolzar,  et  de  Marie-Fran- 
çoise-lsabelle  Banneux,  son  épouse  ;  il  fut  baptisé  le  lendemain 
et  eut  pour  parrain  Léonard  Janzer  de  la  Bar,  aussi  chirurgien  au 
même  régiment,  compagnie  de  Salis  de  Sencader,  et  pour  mar- 
raine Anne-Marie  Huguenin,  femme  de  Philippe  Kaiser,  grand 
prévôt  au  même  régiment  (1). 

Le  père  du  général  était  né  au  village  de  Schmereken,  évéché 
de  Constance,  juridiction  d'Ulsnachl  ;  nous  l'apprenons  par  l'acte 
de  baptême  d'un  autre  de  ses  fils,  qui  naquit  aussi  à  Thionville, 
en  1752  (2). 

Fils  d'un  chirurgien  militaire,  Muller  servira  jusqu'à  la  Révo- 
lution comme  quartier-maître  trésorier,  c'est-à-dire  officier  comp- 
table au  régiment  de  Courlen  ;  c'était  une  position  très  honorable 


(1)    Expédition    de   Tacte  de  baptême  du  ^néral  datée  de  Diedenhefen 
(Thionville),  le  10  mai  1904. 
(S)  Expédition  en  latin  datée  du  28  septembre  1753. 


Digitized  by 


Google 


—  312  ~ 

sans  doute,  mais  la  moins  brillante  du  corps  ;  à  41  ans,  il  était 
encore  lieutenant;  sans  la  Révolution,  le  grade  de  capitaine  et 
la  croix  de  Saint-Louis  auraient  couronné  sa  carrière. 

L'émeute  de  Dijon,  où  sa  conduite  lui  valut  une  récompense, 
est  le  seul  événement  militaire  de  celte  longue  période  de  sa  vie. 
C'est  aussi  pendant  cette  période  que  le  hasard  des  garnisons 
conduisit  à  Saintes  le  régiment  de  Courten  et  amena  le  mariage 
du  lieutenant  Muller. 

Il  épousa,  en  1789,  Anne-Marie  Bernardeau  de  la  Briandière, 
une  des  correspondantes  du  chevalier  de  Piis  (1),  née  le  21  mai 
1759,  de  Philippe-Louis  Bernardeau  die  la  Briandière,  et  de  sa 
cousine  germaine  Suzanne-Charlotte  du  Bullion  de  Montlouet  (2). 
M.  de  la  Briandière  était  seigneur  de  Lauron,  commune  de 
Montpellier,  et  du  Chantreau,  commune  de  Pessines. 

La  famille  de  la  Briandière  était  originaire  du  Poitou  ;  une  re- 
connaissance du  9  brumaire  an  III  nous  apprend  que  la  citoyenne 
Mullef  a  obtenu  la  levée  du  séquestre  de  la  terre  de  la  Brian- 


(1)  Voir  les  vers  qui  lui  sont  dédiés  daos  BulleUn,  t.  IV.,  p.  81. 

(2)  La  Moriaerie,  Nobleue  de  Sttinionffeyoir  aussi  pour  les  Bernardeau  de 
La  Briandière,  Bulletin,  t.  IV,  p.  82. 

Le  9  novembre  mil  sept  cent  quatre-vingt-neuf,  après  les  fiançaiUes  et  la 
publication  d'un  ban,  sans  opposition  tant  en  cette  paroisse  qu'en  celles  de 
Saint-Vivien-les-Saintes  et  Saint- Vivien  de  Pons,  vu  les  certificats  des  sieurs 
Camaud,  curé  de  Saint-Vivien-Ies-Saintes  et  Barreau,  prieur  curé  de  Saint- 
Vivien  de  Pons,  en  date  du  trois  de  ce  mois,  vu  aussi  la  dispense  de  deux 
bans,  accordée  par  Monseigneur  TEvéqne  de  Saintes,  datée  du  cinq  de  ce 
mois  signée  de  Laage,  doyen  vicaire  général  et  RoU  et  secrétaire,  je^  curé  sous- 
signé ai  donné  la  bénédiction  nuptiale  à  sieur  Jacques-Léonard  Muller,  lieu- 
tenant au  régiment  de  Courten-Suisse,  fUs  majeur  et  légitime  et  procédant  du 
consentement  du  sieur  Jacques-François  Muller,  bourgeois  de  Schmerlin  au 
canton  de  Glaris  et  de  feue  Madame  Marie- Françoise-Isabelle  Baarleni,  de- 
meorani  à  Saintes,  paroisse  de  Saint-Vivien,  d'nne  part;  et  à  demoiselle 
Marie-Anne  Bernardeau  de  la  Briandière,  fiUe  majeure  de  messire  Louis- 
Philippe  Bemadeau,  chevalier,  seigneur  de  la  Briandière,  de  Chantreau  et 
Loron  et  de  feue  Madame  Charlotte-Suzanne  de  Buillion,  demeurant  ci-devant 
dans  sa  paroisse  de  Saint- Vivien  de  Pons  et  actuellement  dans  celle-ci,  d'autre 
part,  en  firésence  de  maitre  Félix-Thomas  Hillairet,  notaire  royal,  de  raessire 
Pierre-Mt>deste  Démo  thés  pour  Tépoux;  de  messire  Louis- Philippe  Bemardeam 
de  la  Briandière,  père  de  réponse,  de  Pierre  ParioUeau  et  de  plusieurs  autres 
soussignés  et  qui  nous  ont  attesté  la  demeure  des  parties  et  leur  liberté  pour 
ledit  mariage.  Signé:  Jacques-Léonard  Muller,  de  la  Briandière  Mmller, 
Bernardeau  de  la  Briandière,  Demothes,  de  la  Briandière,  ParioUeau,  Angélique 
Bernardeau  de  la  Briandière,  et  Baron  Duclos,  curé.  Extrait  du  registre  de  la 
paroisse  de  MontpslUer  de  Medilian,  arrondissement  de  Saintes. 


Digitized  by 


Google 


—  313  — 

dière,  située  districts  de  Fontenay-le-Peuple  (le  Comte)  et  de  la 
Châtaigneraie. 

La  Révolution  fit  marcher  Muller  à  pas  de  géant.  Lieutenant 
en  1791,  il  est  général  en  chef  en  1793.  Sur  cette  période  de  deux 
années  nous  ne  savons  que  ce  que  nous  ont  appris  ses  états  de 
service.  Mais,  à  partir  de  1793,  nous  avons  des  documents  nom- 
breux : 

Deux  cahiers  intitulés  Journal  général  du  commandant  en  chel 
de  Varmée  de»  Pyrénées  occidentales  ;  ces  cahiers  sont  numé- 
rotés 2*  et  3*  ;  le  2*  commence  le  17  nivôse  an  II  (janvier  1794). 
Le  cahier  n^  1  manque. 

Ln^re  dlordres  donnés  par  le  général  Huiler^  commandant  la 
12*  division  militaire,  conunencé  le  30  floréal  an  VI. 

Correspondance  avec  le  ministre,  un  registre  commencé  le  1* 
floréal  an  VI  ;  Correspondance  militaire,  un  registre  commencé 
le  13  floréal  an  VI.  Un  registre  de  correspondance  du  comman- 
dant en  chef  de  l'armée  du  Rhin,  commencé  le  22  messidor  an 
VII  ;  divers  autres  registres  et  des  lettres  adressées  au  général. 

Au  moment  où  le  général  Muller  était  nommé  par  les  représen- 
ta-nts  du  peuple,  Monestier  et  Pinet,  au  commandement  de  l'armée 
des  Pyrénées  occidentales,  celle  armée  était  forte  de  six  divi- 
sions ;  elle  se  tenait  sur  la  défensive  ;  son  quartier  général  était 
à  Rayonne. 

Le  17  pluviôse  an  II,  notre  droite  repoussait  victorieusement 
une  attaque  à  Saint-Jean  de  Luz,  alors  décoré  du  nom  de  Chau- 
vin-Dragon ;  elle  avait  combattu,  disent  les  rapports,  cinq  mille 
contre  quinze  mille.  En  prairial,  le  centre  de  Tarmée  passait  la 
frontière  et  occupait  le  col  de  Maya  ;  le  représentant  du  peuple 
Cavaignac  s*y  transportait  «  pour  donner  Tœil  aux  opérations  ». 

Le  7  thermidor,  deux  jours  avant  la  chute  de  Robespierre,  la 
droite  de  l'armée  commençait  son  mouvement  en  avant;  après 
avoir  enlevé  les  redoutes  de  la  Rhune,  nous  nous  emparions 
d'Irun,  du  camp  retranché  de  Saint-Martial  et  de  Fontarabie  ; 
enfin,  le  18,  Passage  et  Saint-Sébastien  tombaient  au  pouvoir 
de  la  République.  Le  24  messidor,  la  Convention  décrétait  que 
l'armée  des  Pyrénées  occidentales  avait  bien  mérité  de  la  patrie. 

Le  général  ne  négligeait  pas  les  moyens  de  faire  valoir  ses  vic- 
toires. Après  l'affaire  du  5  messidor,  il  écrivait  au  club  des  Jaco- 
bins de  Rayonne  :  «  La  bayonnette  a  de  nouveau  terrorisé  les 
satellites  du  tyran  espagnol  ».  Il  n'oubliait  pas  d'annoncer  se4 
succès  à  la  Société  populaire  de  Saintes.  Plus  tard,  quand  ses 


Digitized  by 


Google 


—  314  - 

anciens  officiers  lui  écrivent,  nous  les  voyons  célébrer  ses  suc- 
cès, el  les  noms  de  la  redoute  de  ( -ommissary  et  de  la  montagne 
de  Haya,  dite  la  Couronnée,  enlevées  par  ses  troupes,  reviennent 
souvent  sous  leur  plume. 

11  faut  avouer  cependant  que  Thistoire  a  un  peu  oublié  tous  ces 
hauts  faits  ;  la  République  avait  alors  quatorze  armées,  celle-ci 
était  une  des  moins  importantes.  Thiers  consacre  tout  juste  qua- 
tre lignes  aux  opérations  de  cette  campagne,  et  ne  nomme  même 
pas  le  général  en  chef.  Bien  plus,  lorsque  peu  après,  le  ministère 
de  la  guerre  fit  dresser  le  tableau  des  campagnes  des  armées  de 
la  République,  le  nom  du  général  Muller  fut  omis  dans  cet  ou- 
vrage spécial.  Il  s'en  plaint  dans  une  lettre  au  ministre  datée  de 
1798  :  «  Les  généraux  qui,  dans  ces  circonstances,  m'ont  si  puis- 
samment secondé,  dit-il,  sont  portés  sur  ce  tableau  et  méritent 
bien  de  Tétre,  j'avais  l'honneur  de  les  commander  en  chef  et  je 
n'y  suis  pas  nommé.  » 

Si,  dans  l'histoire,  cette  campagne  passe  inaperçue,  la  Conven- 
tion, occupée  de  la  grande  guerre  qui  se  faisait  ailleurs,  pensait 
aussi  fort  peu  au  général  Muller  et  ù  son  armée,  ou  plutôt  elle 
ïiy  pensait  (jue  pour  lui  dire  de  marcher  en  avant.  Le  représentant 
du  peuple  Cavaignac  lui  écrivait  d'Elisondo,  le  7  fructidor  :  «  Je 
t'ai  souvent  dit  et  ne  cesserai  jamais  de  te  répéter,  que  le  comité 
de  salut  public  veut  que  nous  allions  toujours  en  avant.  »  Quant 
aux  moyens  de  marcher,  on  ne  s'en  préoccupait  point  à  Paris  ;  si 
les  soldats  des  grandes  armées  n'avaient  pas  toujours  de  sou- 
liers, l'état  des  petites  était  pire  encore.  Un  chef  de  bataillon 
écrit  au  général  que  la  moitié  de  ses  hommes  n'ont  pas  de  fusils  ; 
avec  cela  la  discii)line  n'est  pas  toujours  parfaite.  «  On  se  plaint 
que  le  bataillon  des  chasseurs  jacobins  ne  vit  pas  militairement.  » 
En  somme,  il  faut  vivre  sur  le  pays,  les  troupes  sont  surtout 
composées  des  volontaires  nationaux  du  Sud-Ouest,  un  très 
grand  nombre  d'officiers  portent  des  noms  gascons  ou  basques. 

Parmi  eux,  on  remarque  le  futur  maréchal  Harispe,  et  le  futur 
général  Lamarque,  qui  devint  alors  l'ami  du  général  Muller. 

Parmi  les  subordonnés  du  général,  il  y  en  eut  un  qui  n'arriva 
pas  à  la  gloire  par  le  moyen  de  l'avancement.  Au  mois  de  plu- 
viôse an  II,  Muller  adresse  une  lettre  de  félicitations  au  citoyen 
La  Tour  d'Auvergne.  «  Il  lui  exprime  le  plaisir  que  lui  a  fait  la 
conduite  de  ce  magnanime  officier,  aussi  ennemi  de  la  flatterie 
et  de  la  fausse  gloire,  que  savant  dans  le  métier  de  le  guerre  ». 

Le  26  fructidor  an  II,  une  lettre  du  comité  de  salut  public 


Digitized  by 


Google 


—  315  — 

vint  mettre  fin  au  commandement  du  général.  Elle  est  ainsi  li- 
bellée :  «  Le  comité  de  salut  public  l'invite,  citoyen,  à  te  rendre 
près  de  lui  pour  lui  donner  des  renseignements.  »  Elle  est  signée 
Delmas,  Eschasseriau,  Merlin,  Carnol,  Treilhard,  Fourcroy.  S'il 
avait  reçu  ce  bref  message  deux  mois  plus  tôt,  le  général  eût 
pu  craindre  pour  sa  tête  ;  d'autres  généraux,  même  victorieux, 
avaient  gravi  les  marches  de  Téchafaud  ;  mais  alors  Robespierre 
était  mort,  la  guillotine  ne  fonctionnait  plus. 

Appelé  au  commandement  d'une  division  de  l'armée  des  Alpes, 
le  général  MuUer  n'y  passa  que  quelques  mois.  Le  général  en 
chef  Moulin  lui  écrivait,  le  12  nivôse  an  III  :  «  Tu  voudras  bien, 
mon  camarade,  prendre  le  commandement  de  la  division  de  l'ar- 
mée qui  occupe  la  Tarentaise  et  le  Mont  Bernard.  »  C'est  là  tout 
ce  que  nous  trouvons  dans  ses  papiers  sur  cette  période. 

Retiré  chez  lui,  à  Saintes  ou  au  Lauron,  commune  de  Mont- 
pellier, le  général  dut  mener  la  vie  d'un  propriétaire  sainton- 
geais.  Nous  voyons  par  ses  lettres  qu'il  fait  des  démarches  en 
faveur  de  ses  compatriotes  et  de  ses  anciens  subordonnés.  En 
frimaire  an  VI,  il  écrit  au  directeur  Merlin  :  «  Ma  santé  s'est 
assez  rétablie  et  je  vis  dans  l'inaction,  à  l'âge  de  48  ans  ;  c'est  là 
le  reproche  que  je  me  fais  soir  et  malin,  surtout  quand  je  consi- 
dère le  bonheur  que  j'ai  eu  de  servir  utilement  ma  patrie.  Vous 
m'avez  protégé  dès  le  commencement  de  la  Révolution,  étant 
adjoint  au  ministre  comme  à  la  lête  d'une  armée,  poste  que 
j'avoue  être  au-dessus  de  mes  forces,  mais  que  j'ai  exercé  à  la 
gloire  de  mes  subordonnés  et  à  la  satisfaction  du  gouvernement, 
qui  m'en  a  récompensé  par  des  preuves  écrites  et  une  pension 
de  5.000  francs.  Néanmoins,  je  vous  supplie,  citoyen  directeur, 
de  m'occuper  dans  quelque  emploi  à  peu  près  sédentaire,  soit  en 
administration  ou  au  militaire,  métier  dont  j'ai  professé  les  dé- 
tails toute  ma  vie.  Je  parle  allemand.  » 

Nommé  en  mai  1798  au  commandement  de  la  12*  division,  le 
général  en  fait  transférer  le  quartier  général  de  Nantes  à  La 
Rochelle.  L'importance  des  îles  de  Ré,  d'Oléron  et  du  port  de 
Rochefort  dans  la  guerre  contre  les  Anglais,  sont  les  raisons 
qu'il  fait  valoir  auprès  du  ministre  pour  obtenir  ce  transfert. 
N'est-il  pas  permis  de  penser  que  le  désir  de  ne  pas  s'éloigner 
de  Saintes,  où  étaient  ses  intérêts,  devait  être  pour  quelque  chose 
dans  sa  demande  ? 

C'est  pendant  cette  période,  comme  nous  le  voyons  par  une 
lettre  au   ministre,  qu'il    commença  à  signer  Léonard  Muller^ 


Digitized  by 


Google 


—  316  — 

parce  que,  disait-il,  son  nom  s'écrit  de  la  même  manière  que  ce- 
lui de  ses  camarades  du  même  grade  employés  dans  les  divisions 
territoriales  (I).  Il  prit  à  cette  époque  pour  aide-de-camp  le  ci- 
toyen Louis-Hené  Pommeroye,  ci-devant  capitaine  d'infanterie, 
chevalier  de  Saint-Louis  et  de  la  légion  d'honneur,  né  à  Belle- 
vue,  le  18  juillet  1707,  marié  à  Marie- Agathe- Bénigne  de  Beau- 
corps  (2). 

La  défense  des  côtes  contre  les  Anglais,  dont  les  croisières 
menaçaient  surtout  les  îles,  et  la  pacification  de  la  Vendée  et  des 
départements  voisins  occupèrent  le  général  pendant  son  com- 
mandement ;  il  eut  aussi  à  coopérer  aux  préparatifs  de  l'expédi- 
tion d'Irlande,  qui  prit  la  mer  à  La  Rochelle,  sous  les  ordres  du 
général  Humbert. 

C'est  à  cette  époque  que  le  Directoire  exécutif  de  la  Républi- 
que helvétique  proposa  au  général  MuUer  les  fonctions  de  mi- 
nistre de  la  guerre.  Il  prit  à  ce  sujet  les  ordres  du  gouvernement 
en  déclarant  qu'il  ne  voulait  en  aucun  cas  renoncer,  ni  à  sa  qua- 
lité de  citoyen  français,  ni  à  son  grade,  ni  à  sa  pension  de  5.000 
francs.  Le  9  vendémiaire,  il  adressa  au  Directoire  helvétique  la 
lettre  suivante  :  «  Jaloux  d'appartenir  à  une  nation  fameuse  par 
son  courage  et  par  ses  mœurs,  j'eusse  sans  balancer  accepté  le 
poste  éminent  de  ministre  de  la  guerre  dont  vous  avez  eu  l'indul- 
gence de  me  favoriser.  Quand  il  faut  choisir  entre  deux  nations 
amies  qui  n'ont  d'autre  rivalité  que  celle  de  la  gloire  et  de  l'amour 
de  la  liberté,  celle  où  l'on  a  pris  naissance,  celle  où  l'on  a  com- 
battu, celle  où  l'on  a  sa  famille  doit  l'emporter.  Celte  considéra- 
tion si  puissante  sur  vos  cœurs,  citoyens  directeurs,  justifiera 
mon  désistement  de  l'honneur  que  vous  avez  daigné  me  faire,  et 
vous  fera  accueillir  avec  boulé  des  regrets  aussi  sincères  que  l'est 
l'hommage  de  ma  respectueuse  reconnaissance.  » 

Nommé,  en  juillet  1799,  commandant  en  chef  d'une  armée  en 
formation  sur  le  Rhin,  le  général  Mullor  est  à  Mayence  le  30  mes- 
sidor an  VIL  Celle  nouvelle  armée  du  Rhin  est  constituée  par  la 
gauche  de  l'armée  do  Masséna,  qui  opère  en  Suisse,  son  front 
s'étend  de  Bûle  à  Dusseldorf,  elle  est  forte  d'environ  quarante 
mille  hommes.  En  ce  moment  nous  combattons  contre  les  Impé- 


(1)  Notamment  un  g^énéral  MuUer  qui  commande  une  division  en  1793  et 
prend  part  A  la  bataiUe  du  Mans,  A  laqueUe  assistait  le  régiment  d'Aunis.  Cf. 
Revoe  hUi.  et  àrehio.  du  âfaine,  1903,  W  semestre,  p.  179. 

(3)  La  Morinerie,  Aoi»ta#fe  de  Saiaionge,  p.  117. 


Digitized  by 


Google 


—  317  — 

riaux  et  sommes  en  paix  avec  la  Prusse.  Le  rôle  de  Tarméc  devra 
être  de  faire  une  diversion  qui  attire  sur  elle  une  partie  des 
troupes  opposées  à  Masséna. 

Le  général,  qui  avait  toujours  auprès  de  lui  M.  de  Pommcroye, 
demanda  alors  au  ministre  de  confirmer  le  choix  qu'il  avait  fait 
pour  deuxième  aidc-de-camp  d'un  autre  saintongeais,  le  citoyen 
Villedon,  lieutenant  réformé  de  gendarmerie.  Nous  voyons  par 
une  note  du  général  que  c'est  «  Gabriel,  comte  de  Villedon,  lieu- 
tenant au  régiment  de  Provence,  mort  en  1830.  Il  avait  épousé 
Marie-Annc-Margueritc-Françoise  Guinot  de  Soulignac  »  (1).  Je 
ne  sais  si  M.  de  Villedon  rejoignit  le  général,  dont  la  campagne 
fut  courte. 

Il  lui  écrivait  de  Saintes,  le  27  thermidor  an  VII,  lui  deman- 
dant un  sursis  de  départ,  et  terminait  ainsi  sa  lettre  :  «  Votre 
épouse,  vos  sœurs  et  la  charmante  Zélie  (fille  cadette  du  géné- 
ral), jouissent  de  la  meilleure  santé.  » 

Par  sœurs,  il  faut  entendre  sans  doute  les  belles-sœurs  du 
général  :  M™  de  Nantillé  et  une  autre  demoiselle  de  la  Brian- 
dièrc,  non  mariée.  Le  général  de  la  Uépublique  eut  donc,  par 
suite  de  ses  relations  de  famille,  àeux  gentilshommes  authen- 
tiques pour  aides-de-camp. 

Cependant,  le  général  MuUer  ne  se  sentait  pas  fait  pour  un 
grand  commandement  ;  il  écrivait  au  ministre,  le  27  messidor  an 
Vlï  :  «  Vous  me  fîtes  partir  précipitamment  de  Paris,  citoyen 
ministre,  pour  organiser  et  commander  provisoirement  l'armée 
du  Rhin,  vos  instructions  étaient  pour  la-  défensive,  j'acceptai 
parce  que  je  ne  sais  pas  éluder  le  devoir  possible.  Mais  dès  que 
l'armée  agit  sur  l'offensive  absolue,  celte  charge  devient  trop 
lourde  pour  moi...  Il  faut  une  épée  de  commandement,  et  mal- 
heureusement je  ne  puis  la  porter.  Vous  savez,  citoyen  ministre, 
que  je  fus  obligé  de  quitter  l'armée  des  Pyrénées  occidentales  et 
de  rester  trente  mois  chez  moi  ;  le  moment  où  mes  infirmités  re- 
commenceraient (ce  qui  arrive  très  fréquemment)  me  ferait 
retomber  dans  le  même  état  et  causerait  un  mal  réel.  En  partant 
de  Paris,  vous  me  donnâtes  j)ar  écrit  que  le  mauvais  état  de 
santé  du  général  choisi  par  le  Directoire  était  la  seule  cause  de 
mon  déplacement.  Ne  pourrait-il  pas  maintenant  venir  se  mettre 
à  la  tête  de  cette  petite  et  vigoureuse  armée.  Je  ne  puis  la  com- 
mander, c'est  un  fait,  je  n'ambitionne  que  mon  inspection  et  n'ac- 

(1)  La  Morinerie,  NobUne  de  SMinionge. 


Digitized  by 


Google 


—  318  — 

cepterai  pas  d'autre  poste  parce  que  je  ne  suis  propre  qu'à  celui- 
là,  ou  au  commandement  d'une  division  dans  Tinlérieur.  Je  vous 
en  donne  ma  parole  de  républicain,  tenez-moi  celle  que  vous 
m'avez  donnée.  » 

Le  général  garda  néanmoins  son  commandement  quelque 
temps  encore.  Le  7  fructidor,  il  signait  au  quartier  général,  à 
Manheim,  une  proclamation  à  l'armée  ;  le  9,  il  passait  le  Rhin, 
occupait  Bruschsale,  pendant  qu'une  division  marchait  sur 
Francfort  et  obtenait  de  cette  ville  libre,  alors  neutre,  mais  soup- 
çonnée de  sympathie  pour  les  Impériaux,  un  prêt  de  500.000  fr. 
En  annonçant  cette  bonne  nouvelle,  le  général  ajoute  :  «  Nous 
recevrons  enfin- une  partie  de  nos  appointements  »,  et  il  répète 
cette  phrase  avec  satisfaction  dans  plusieurs  autres  lettres.  Il 
fallait  bien  vivre  sur  le  pays  en  attendant  les  appointements  qui 
ne  venaient  pas  ;  on  usait  et  on  abusait  du  droit  de  la  guerre, 
aussi  voyons-nous  le  général  sévir  contre  des  officiers  qui,  non 
contents  de  réquisitionner  pour  leur  propre  compte,  avaient  tout 
simplement  mis  dans  leurs  poches  l'argent  des  caisses  munici- 
pales. 

La  place  de  Philisbourg  a^ant  été  investie  et  les  dispositions 
étant  prises  pour  la  bombarder,  le  général  adressa  à  son  com- 
mandant la  sommation  suivante  :  «  Monsieur  le  commandant,  la 
place  que  vous  commandez  est  investie  de  toutes  parts  ;  une  puis- 
sante armée  en  couvre  et  défend  le  blocus,  tout  est  prêt  pour 
vous  écraser  sous  ses  ruines  avec  la  troupe  de  la  garnison.  Au 
nom  de  l'humanité,  je  vous  somme  de  prévenir  l'effusion  du 
sang  et  votre  inévitable  destruction,  en  remettant  aux  troupes 
françaises  la  place  de  Philisbourg.  Je  vous  donne  deux  heures 
pour  délibérer  ;  ce  terme  écoulé,  la  force  sera  mon  seul  guide  et 
ma  seule  loi.  »  Signé,  Léonard  M  aller. 

Le  commandant  répondit  :  «  Monsieur  le  général,  je  ne  saurais 
répondre  à  la  sommation  qui  vient  de  m'être  remise  de  votre 
part,  que  ce  qui  convient  à  un  hoimne  d'honneur  et  ancien  mili- 
taire, c'est-à-dire  que  je  ferai  mon  devoir  et  que  je  me  servirai 
de  tous  les  moyens  qui  sont  entre  mes  mains  pour  repousser 
l'attaque  que  vous  m'annoncez.  J'ai  l'honneur  de  vous  assurer. 
Monsieur  le  général,  de  ma  parfaite  considération.  A  Pliilis- 
bourg,  le  6  septembre  1799.  »  Signé,  Rheingrave  comte  de 
Salm,  lieutenant  général. 

Le  20  fructidor,  le  général  écrivait  au  ministre  :  «  A  dix  heures 


Digitized  by 


Google 


—  319  — 

moins  vingt,  les  batteries  ont  joué,  et  à  dix  heures,  la  place  de 
Philisbourg  ne  paraissait  plus  qu'une  flamme.  » 

Cependant,  Tarmée  était  menacée  à  droite  par  les  Impériaux 
qui  arrivaient  de  Suisse,  à  gauche  par  les  Anglais  descendus  en 
Hollande.  11  écrivait  au  ministre  le  jour  même  du  commencement 
du  bombardement  de  Philisbourg  :  «  La  diversion  est  opérée, 
l'ennemi  marche  en  force  contre  nous,  en  conséquence  l'armée 
va  repasser  le  Rhin  à  commencer  de  demain  matin.  »  Nous  ne 
gardions  sur  le  Rhin  que  Mayence  et  Manheim. 

Le  général  demandait  toujours  avec  insistance  sou  rappel. 
25  fructidor  :  «  Le  général  Moreau  n'arrive  pas,  faites-moi  don- 
ner un  successeur,  ainsi  que  vous  me  l'avez  promis.  »  26  fructi- 
dor :  «  La  composition  de  ma  faible  machine  n'est  pas  d'accord 
avec  ma  bonne  volonté.  » 

L'ennemi  marchait  en  force  sur  nous,  le  siège  de  Philisbourg 
était  levé.  Nous  lisons,  à  la  date  du  deuxième  jour  complémen- 
taire de  Tan  VII,  dans  le  registre  du  commandant  en  chef  de  l'ar- 
mée du  Rhin  :  Transmission  télégraphique  :  «  Je  vous  annonce 
avec  peine  que  l'ennemi  a  emporté  de  vive  force  le  poste  de  Ne- 
kerau  et  la  place  de  Manheim,  nos  troupes  se  sont  défendues  en 
républicains.  Le  prince  Charles  attaquait  en  personne.  Après 
deux  heures  de  combat,  nous  avons  eu  environ  douze  cents  tués, 
blessés  et  prisonniers  ;  le  général  Ney  a  deux  fortes  contusions  ; 
le  prince  Charles  avait  quarante  mille  hommes  sans  compter  les 
paysans.  » 

Rappelé  enfin,  le  général  Muller  remettait,  le  3  vendémiaire 
an  VIII,  le  commandement  au  général  Ney.  A  ce  moment  même, 
Masséna  gagnait  en  Suisse  la  bataille  de  Zurich. 

Thiers  consacre  plusieurs  pages  au  récit  de  cette  journée  et 
termine  en  disant  :  «  C'est  le  plus  beau  fleuron  de  la  couronne  de 
Masséna,  et  il  n'en  existe  pas  de  plus  beau  dans  aucune  couronne 
militaire.  » 

Au  général  Muller  et  à  son  armée,  il  ne  consacre  pas  une  ligne  ; 
et  cependant,  si  leur  rôle  fut  modeste,  il  fut  efficace,  puisqu'il 
força  l'ennemi  à  diminuer  beaucoup  l'effectif  des  troupes  qui 
combattirent  à  Zurich. 

Arrivé  à  Paris,  le  général  Muller  demande  l'autorisation  «  de 
passer  chez  lui,  dans  le  département  de  la  Charente-Inférieure, 
mie  permission  de  quatre  décades  »  ;  il  ajoute  :  «  Je  désirerais 
que  cette  permission  fut  une  espèce  d'ordre,  pour  pouvoir  exer- 


Digitized  by 


Google 


—  320  — 

cer,  si  le  cas  l'exige,  dans  ces  contrées,  une  fonction  d'inspec- 
teur ».  ^ 

Le  général  ne  tarda  pas  à  reprendre  son  ancien  commande- 
ment de  la  12*  division,  qui  devint  3*  de  Tarmée  de  l'Ouest  ;  son 
quartier  général  n'était  plus  à  La  Rochelle,  il  était  revenu  à 
Nantes.  La  défense  des  côtes  contre  les  Anglais  et  le  désarme- 
ment des  Chouans  occupèrent  cette  période  de  commandement. 
Le  caractère  conciliant  du  général  convenait  à  merveille  à  une 
mission  pacificatrice  ;  aussi,  quand  il  fut  envoyé  à  Rouen,  quel- 
ques mois  plus  tard,  M.  de  Suzannet  lui  écrivait-il  :  «  J'apprends 
avec  un  véritable  regret  que  vous  quittez  la  12*  division.  » 

Après  avoir  commandé  quelques  mois  la  15*  division,  à  Rouen, 
le  général  fut  mis  à  la  tête  de  la  23"  division,  dont  l'île  de  Corse 
formait  le  territoire,  il  y  resta  jusqu'en  juin  1802.  Si  l'île  ne  fut 
pas  attaquée  sérieusement,  elle  était  toujours  menacée  par  les 
Anglais,  a  Les  corsaires  couvrent  la  mer,  écrit-il,  presque  tout 
ce  qui  sort  est  pris.  »  Nous  voyons  aussi  par  ses  lettres  qu'il  s'ef- 
force avec  une  bonne  volonté  presque  naïve  de  faire  disparaître 
de  Corse  les  haines  et  les  vendettes. 

Rentré  en  France  en  1802,  MuUer  fut  inspecteur  des  12*,  21*  et 
22*  divisions,  situées  dans  l'Ouest  ;  en  août  1805,  il  inspecte  des 
troupes  à  Alexandrie  ;  il  fut  aussi  chargé  de  la  réorganisation 
des  nouveaux  régiments  suisses.  La  dernière  lettre  relative  au 
service  que  je  trouve  dans  ses  papiers  est  de  juin  1806. 

Il  vécut  depuis  à  Saintes,  faisant  faire  et  défaire  les  aménage- 
ments de  sa  maison.  Il  fut  nommé  membre  du  conseil  municipal 
en  1804  et  en  1816,  et  siégeait  encore  dans  cette  assemblée  au 
moment  de  sa  mort  (1).  L'Annuaire  de  la  Charenle-Inlérieure, 
établi  pendant  la  période  des  Cent  Jours,  le  compte  parmi  les 
membres  du  collège  électoral  du  département  ;  son  nom  figure 
sur  un  registre  de  chevaliers  de  Saint-Louis  et  du  mérite  mili- 
taire, qui  formèrent  une  association  à  Saintes  pendant  la  Res- 
tauration. Louis  XVIII  signa,  le  21  mars  1817,  le  brevet  de  com- 
mandeur de  la  légion  d'honneur  du  baron  Muller,  lieutenant 
général  de  ses  armées  en  retraite,  pour  prendre  rang  du  14  juin 
1804.  Ce  n'était  là  qu'une  confirmation,  le  titre  de  commandeur 
remplaçait  celui  de  commandant,  comme  l'effigie  de  Henri  IV 
avait  remplacé  celle  de  Napoléon. 


(1)  Etuééê  éi  doeomenU  rêlàUfM  à  U  vUle  de  Saînles,  publiés  par  le  btron 
Bschasteriaux,  p.  94,  103, 104. 


Digitized  by 


Google 


—  321  — 

Le  général  Muller  mourut  à  Saintes,  le  1"  octobre  1824.  Quel- 
ques jours  après,  le  28  octobre,  le  général  Lamarque,  son  ami 
et  ancien  compagnon  d'armes,  écrivait  à  son  gendre,  M.  de  La- 
borde-Lassale  :  «  La  nouvelle  de  la  mort  du  brave  et  digne  géné- 
ral Muller  m*a  profondément  affligé.  C'est  une  perte  immense 
pour  sa  famille,  et  une  grande  perte  aussi  pour  TEtat.  Dans  les 
débuts  de  sa  carrière  il  a  rendu  de  grands  services,  et  nos  fron- 
tières devraient  une  statue  à  celui  qui  les  a  sauvées  des  ravages 
des  Espagnols.  Je  me  complaisais  à  retracer  sa  belle  campagne 
quand  j*ai  appris  qu'il  ne  pourrait  plus  me  lire  ;  cette  idée  m'ôte 
le  courage  de  continuer  mon  travail.  » 

Si  le  général  Muller  ne  s'est  pas  placé  au  rang  des  grands  capi- 
taines, il  a  exercé  cependant  avec  distinction  des  commande- 
ments importants,  il  fut  surtout  bon  administrateur.  On  voit  par 
ses  papiers  qu'il  devait  être  d'un  caractère  modéré,  bienveillant, 
ami  de  la  conciliation  ;  il  ne  devait  pas  être  opposé  aux  idées  nou- 
velles en  médecine,  puisque  pendant  qu'il  commandait  en  Corse, 
sa  fille,  âgée  de  cinq  ans,  fut  au  nombre  des  vingt-six  premières 
personnes  vaccinées  à  Saintes  (1).  II  fallait  alors  un  certain  cou- 
rage pour  braver  les  répugnances  qu'inspirait  la  petite  opération. 

La  veuve  du  général  Muller  est  morte  à  Saintes,  en  1840. 

Do  leur  mariage  naquirent  deux  filles  :  l'aînée,  Louise^Ga- 
briellc,  épousa  Marie-Côme-Ferdinand  Carré  de  Sainte-Gemme, 
qui  fut  sous-préfet  de  Loudun,  La  Rochelle,  Niort  et  Jonzac  (2). 
La  seconde,  Angélique,  épousa,  en  1821,  Victor  de  Laborde-Las- 
salle,  officier  de  marine,  qui  quitta  le  service  en  1830,  étant  capi- 
taine de  frégate  et  commandant  du  port  de  Bordeaux.  De  ce  ma- 
riage naquit  M.  Eugène  de  Laborde-Lassalle,  qui  épousa  M^** 
Henriette  de  Boscal  de  Réals  de  Mornac.  M.  et  M™  Eugène  de 
Labord^Lassalle  ont  habité  Saintes,  dans  la  maison  de  la  rue  des 
Notre-Dame,  qui  leur  venait  du  général.  Ils  y  sont  morts  tous 
deux  sans  laisser  de  postérité. 

Le  général  baron  Muller  portait  :  d'azur  à  la  croix  d'argent^ 
entourée  de  quatre  étoiles  d'or;  au  franc  quartier  des  bcirons 
tirés  de  Varmée,  brochant  au  neuvième  de  Fécu  (3). 

J.  d'Olce. 


(1)  Voir  Bulletin  de  janvier  1888,  p.  61. 

(2)  La  Morinerie,  NoblêSBe  dt  SMÎnionge. 

(3)  Stades  et  documents  reUiifs  à  U    ville  de  Saintes,  publiés  par  le  baron 
Etehasteriaux,  p.  95. 


Digitized  by 


Google 


—  322  — 
QUESTIONS  ET  REPONSES 

Questions 

N*  785.  —  Un  folk-loristc  a  trouvé  dans  Camille  Honnard 
(Monuments  religieux,  militaires  el  civils  du  Poitou,  Vienne  et 
Charente-Inlérieure.  IVioii,  184i,  in-i^  p.  48),  Ténumération  sui- 
vante des  vertus  merveilleuses  attribuées  à  Teau  de  la  fontaine 
Sainle-Eusfcelle. 

P  Vertu  divinatoire  et  matrimoniale  (épreuve  par  les  épingles 
en  croix), 

2""  Vertu  prolifique  (usage  de  Teau  en  boisson,  neuf  matins  de 
suite). 

3°  Vertu...  contraire.  Bonnard  affirme  que  certaines  femmos  de 
la  campagne  croient  pouvoir,  grâce  à  Teau  de  Sainte-Eustelle, 
péch'er  sans  risques. 

On  demande  si  ces  deux  préjugés  ont  réellement  un  cours. 
Dans  raffirmativc,  cxistont-«ils  encore  ?  Prière  de  donner  quel- 
ques détails  ot  références,  surtout  en  ce  qui  concerne  le  troi- 
sième, qui  constituerait  un  cas  presque  unique  en  France. 

A. 


Réponses 

N**  329  :  tome  XXIII,  p.  420.  Usages  el  superstitions  en  Sain- 
longe,  —  Nous  empruntons  à  V Intermédiaire  du  30  juin  1904, 
col.  990,  la  réponse  suivante  signée  du  pseudonyme  d'un  de  nos 
confrères,  qui  répond  à  une  des  questions  posées  dans  la  Revue 
depuis  longtemps. 

En  Sainlonge,  ou  tout  au  moins  en  certaines  parties  de  cette 
province,  la  croyance  aux  sévices  exercés  par  les  saints  sur  les 
enfants  à  la  mamelle  est  encore  enracinée.  Chaque  fois  qu'un 
nourrisson  dépérit  et  souffre,  c*est  qu'il  est  «  battu  des  saints  ». 
Il  y  a  dans  les  environs  de  Pons  une  vieille  femme  dont  je  pour- 
rais, s'il  nre  plaît,  avoir  l'adresse,  et  qui  a  la  spécialité  de  réduire 
à  néant  la  malice  des  bienheureux.  Peut-être  en  est-il  d'autres. 
En  tout  cas,  celle-ci,  au  dire  des  témoins  oculaires,  opère  de  la 
façon  suivante  :  elle  pose  à  terre  une  écuellc  pleine  d'eau  jus- 
qu'au bord,  remet  au  consultant  un  disque  de  métal  de  la  dimen- 
sion d'une  pièce  de  cinquante  centimes,  mais  aminci  el  usé  au 


Digitized  by 


Google 


—  323  — 

point  d*êlre  à  pein-e  plus  épais  qu'une  feuille  de  papier.  Puis  elle 
se  munit  elle-même  d'un  calendrier.  Alors,  après  un«  invocation 
mystérieuse,  elle  appelle  l'un  après  Tautre  chaque  saint,  depuis 
saint  Circoncis  (m'a-t-on  dit),  jusqu'à  saint  Sylvestre.  Chaque 
fois  que  le  nom  d'un  saint  tombe  des  lèvres  de  la  commère,  le 
consultant  laisse,  de  sa  hauteur,  tomber  le  disque  de  métal  dans 
Técuelle,  Si  la  pièce  tombe  au  fond,  l'innocence  du  saint  éclate. 
Mais  si,  en  raison  de  sa  légèreté  môme,  elle  fouette  l'eau  et  va 
en  ricochant  rouler  sur  le  plancher,  on  se  trouve  en  présence 
d'un  des  mystérieux  persécuteurs  du  poupon.  On  prend  son  nom 
en  note  et  on  continue.  A  la  fin,  on  a  obtenu  une  liste  de  bour- 
reaux. Il  s'agit  de  les  fléchir,  et  la  sorcière  en  indique  le  moyen. 
II  paraît  qu'elle  reçoit  un  nombre  incroyable  de  visites.  Mais, 
bien  que  j'aie  connu  et  (interrogé  deux  paysans  de  mon  voisinage 
qui  avaient  été  ses  clients,  je  n'ai  rien  pu  savoir  au  sujet  des 
moyens  employés  pour  fléchir  la  colère  de  ses  persécuteurs 

CnAMrVOLANT. 


LIVRES  ET  REVUES 


Bulletin  et  mémoires  de  la  Société  d'Emulation  des  Côtes-du- 
Nord,  tome  XLI  (1903),  p.  44.  Archives  du  château  de  Lesquii- 
iioUy  dans  lesquelles  se  trouve  le  mandement  suivant  :  Nous, 
Jacques  de  Montmor,  chevalier,  sire  de  Briz,  chambellan  du 
roy,  notre  sire,  et  commis  de  .par  icelluy  seigneur  en  ceste  par- 
tie  ,  pour  recevoir  les  monstres  de  plusieurs  genz  d'armes  et 

arballetriers,  on  païs  de  Bretaigne  et  ailleurs,  soubz  le  gouver- 
nement de  Mons.  le  Connétable  de  France A  Jehan  le  Fla- 

ment,  trésorier  des  guerres  du  roy,  notre  sire,  ou  à  son  lieute- 
nant, salut.  Nous  vous  envoions  enclos  soubz  notre  scel  la  mons- 
tre de  Guide  d«  Pinsé,  cappitaine  arballeti*ier  de  pied,  quatre 
escuiers,  de  deux  connestables  et  de  soixante-six  autres  arbal- 
letriers de  pied  de  sa  compaignie  receue  à  La  Rochelle  le 
XX**  jour  de  juing,  l'an  mil  IIIc  IIIIxx  et  sept,  pour  servir  aux 
gaiges  du  roy,  notre  sire,  en  ses  présentes  guerres  on  dit  païs  de 
Bretaigne,  montez  et  abillés  suffisamment. 

Bulletin  et  mémoires  de  la  Société  archéologique  de  la  Cha- 
rente (1902-1903).  M.  l'abbé  Nanglard  signale  deux  pouillés  iné- 


Digitized  by 


Google 


—  324  — 

dits,  Tun  pour  le  diocèse  d'Angouléme,  l'autre  pour  celui  de 
Saintes.  Ce  dernier  prend  le  diocèse  de  1786  avec  ses  vingt- 
quatre  archiprêtrés,  et  donne  l'état  de  tous  les  bénéfices  avec 
leurs  vocables  et  le  chiffre  de  leurs  revenus.  Il  a  été  écrit  par 
Jean  Durand,  né  à  Vouzan,  le  15  février  1735,  fait  prêtre  à  Sain- 
tes, le  5  juin  1762,  installé  curé  de  Gressac,  le  7  septembre,  de 
Sigogne,  le  15  novembre  1784,  aumônier  des  prisons  d'Angou- 
léme  en  mars  1803,  mort  à  Charras,  à  88  ans,  le  20  septembre 
1822. 

La  Grande  peur  au  Grand-Bourg  de  Salagnac^  en  1789,  d'a- 
près un  extrait  des  mémoires  du  chevalier  de  Bremond  ;  Re- 
cherches sur  la  {abricalion  deiS  caries  h  iouer  à  Angoulême,  par 
M.  P.  Mourier,  avec  sept  planches  de  cartes. 

La  baronnie  de  Manleresse  par  M.  D.  Touzaud  ;  elle  appar- 
tenait aux  Montbron,  seigneurs  de  Matha,  vicomtes  d'Aunay. 

Bulletin  historique  et  philologique,  1903.  M.  Roger  Drouault 
reprend  une  thèse  connue  sur  l'origine  loudunaise  des  d'Aubi- 
gné'Maintenon, 

Bulletin  de  la  Société  de  géographie  de  Rochelort,  octobre- 
décembre  1903.  Avanl-proiet  de  port  en  eau  profonde  de  La  Ro- 
chetUyEnet,  aboutissement  du  grand  central  européen,  par  M. 
Courcclle-Scneuil  ;  A  propos  du  iardin  botanique  de  la  Marine 
à  Rochefort  ;  Note  sur  le  dolmen  de  Saint-Fori-sur-le-Né.  Il  a 
la  forme  d'un  fer  de  lance  et  présente  les  dimensions  ci-après  : 
longueur  maxima,  7  m.  30  ;  largeur  maxima,  4  m.  50  ;  épais- 
seur moyenne,  0  m.  90  ;  les  trois  piliers  qui  le  supportent  ont 
une  hauteur  de  2  m.  30  au-dessus  du  sol,  cl  le  poids  dic  la  table 
peut  être  évalué  approximativement  à  39.900  kilogrammes. 

Bulletin  du  protestantisme  {rançaiSy  mars-avril  1904  :  Notes 
et  documents  sur  la  ré[ornie  aux  îles  de  Saintonge,  avec  une 
carte  du  pays  de  Marennes  et  Oléron,  levée  «  par  les  frères  (?) 
Masse  à  la  fin  du  XVII'  siècle,  1696  à  1721.  » 

Arrêt  du  Parlement  de  Bordeaux  en  date  du  21  janvier  1546 
(n.  st.),  qui  condamne  à  l'amende  honorable  puis  au  bannisse- 
ment Philippe  Barat,  de  Saint-Just,  «  pour  avoir  excédé  et  dé- 
linqué  en  preschant  certaines  propositions  hérétiques  ».  La  même 
cour  condamne  Hubert  Robin^  dominicain,  à  voir  exécuter  la 


Digitized  by 


Google 


—  325  — 

sentence  de  rofflcialité  diocésaine  qui  l'avait  condamné  à  être 
dégradé  et  à  ôtre  «  vestu  d'accoutrements  verds  à  fin  qu«  le  peu- 
ple Testimast  fol  et  insensé  ». 

Sonnet  chrétien  sur  la  désolation  des  temples  en.  1751. 

La  pièce  la  plus  curieuse  est  une  inscription  huguenote  relevée 
sur  une  pierre  placée  au-desdus  de  la  porte  du  vieux  moulin  des 
Vesrons,  tout  près  du  Château  d'Oléron.  D*abord  offerte  à  notre 
revue,  qui  aurait  pu  la  publier  en  janvier  dernier  si  nous  n'avions 
pas  attendu  des  documents  promis  sur  la  famille  Vesron  ou 
Verron,  elle  a  passé  dans  le  Bulletin  par  suite  d'une  affinité 
toute  corifessionnelle.  Ce  n'est  pas  une  nouveauté,  à  proprement 
parler,  car  M.  Luguet  l'a  copiée  al  y  a  bien  longtemps,  mais 
l'avait  laissée  inédite. 

La  pierre  mesure  (y°93  de  longueur  sur  O"  43  de  hauteur.  Elle 
reproduit  les  premières  strophes  du  psaume  m  d'après  la  version 
de  Clément  Maroi  : 

O  Seigneur  que  de  gens 

A  NVIRE  DILIGENS 

QUI  ME  TROUBLE(Nt)  ET  GRÈVE(nt) 

Mon  Dieu  que  d'ennemi 
qui  aux  champs  sb  sont  mis 

ET   CONTRE   MOY   s'eSLÈVENT. 

etc. 

La  seule  difficulté  à  résoudre  dans  cette  inscription  est  de  dé- 
terminer sa  date.  M.  Patry  n'hésite  pas  à  lui  assigner  celle  de 
1506.  La  reproduction  qu'il  en  donne,  d'après  une  photographie, 
est  formelle.  Malheureusement,  le  cliché,  ou  plutôt  l'épreuve 
d'après  laquelle  on  a  exécuté  le  cliché,  a  été  retouchée.  Cette 
correction  sur  l'épreuve  agrandie  se  manifeste  en  plusieurs  en- 
droits. Ainsi,  tandis  que  la  transcription  exacte  de  M.  P.  porte 
à  la  sixième  avant-dernière  ligne  TOY  à  bref  parler,  l'y  de  toy 
est  devenu  un  F,  et  à  la  ligne  suivante  on  lit  QVIENS  au  lieu  de 
QVI  FAIS. 

Quant  à  la  dernière  ligne,  JEANNE  VESRON  1566,  elle  est 
refaite  en  entier  ;  sur  l'original-pierre  toutes  les  kttres  sont  plus 
ou  moins  martelées,  et  le  second  chiffre  du  millésime  n'existe 
pas. 

Le  plus  fin  lecteur,  le  plus  sagace  épigraphiste  ne  trouvera 
jamais  un  5  ou  un  6  après  1. 

M.  P.  ne  s'est  pas  assez  méfié  de  la  photographie  originale 
défectueuse  :  il  a  oublié  que  le  jeu  des  ombres  induât  souvent  en 


Digitized  by 


Google 


—  326  — 

erreur,  et  qu'il  faut  plusieurs  épreuves  prises  à  des  moments  dif- 
férents pour  bien  lire,  sur  photographie,  un  texte  qui  n'est  pas 
net. 

Je  suis  convaincu  qu'il  devait  y  avoir  un  6,  c'est-à-dire  1665, 
pour  des  raisons  d'ordre  orthograpliique  se  référant  à  l'ensemble. 
Il  serait  un  peu  trop  long  de  les  énumérer,  vu  le  petit  intérêt  de 
l'inscription  —  voyez  ces  mots  et  cherchez  dans  les  dictionnaires 
(kl  XV 11°  siècle,  seure,  monlagne,  Jeanne  qui  se  serait  écrit 
au  XVI*  siècle  Jehanne.  —  Du  reste,  la  physionomie  du  monu- 
ment donne  l'impression  d'une  écriture  du  XVII*  siècle.  Le  mou- 
lin lui-même  ne  diffère  ^i  rien  dans  sa  construction  (notamment 
là  forme  des  portes  et  des  fenêtres),  de  ses  voisins  qui,  de  l'aveu 
de  tous,  datent  à  peine  de  deux  cents  ans.  Enfin,  une  Jeanne  Ves- 
ron  vivait  vers  1665  ;  elle  comparaît  dans  un  acte  du  7  juin  1671. 
On  sait  encore  qu'une  Marie  Vesron,  en  1695,  fait  faire  des  répa- 
rations au  moulin,  soit  trente  ans  seulement  après  la  date  préci- 
tée, peut-être  sa  construction,  ce  qui  n'a  rien  d'inadmissible  (Cf. 
même  Bulletin,  mai-juin,  p.  229).  La  pierre  a-t-olle  été  transpor- 
tée d'ailleurs  î  L'état  actuel  de  la  maçonnerie  n'autorise  pas  à  le 
croire. 

Notre  confrère.  M,  le  barpn  de  La  Morinerie,  nous  communi- 
que la  note  suivante  :  «  Mes  documents  sur  les  Vesron  de  l'île 
d'Oléron  ne  commencent  qu'à  partir  des  premières  années  du 
XVII*  siècle.  Jacques  Vesron,  marié  à  Jeanne  Perrault,  dont  un 
fils,  Jean,  né  ou  baptisé  le  15  avril  1630.  Voici  les  alliances  que 
j'ai  notées  dans  le  cours  de  mes  recherches.  De  1630  à  1640  : 
Perrault,  Bertaut,  Regnaud,  Montel,  Ossant  ;  de  1640  à  1650  : 
Raoulx,  Moyne,  Abrard,  Trochon,  Pinasseau,  Dubois  ;  de  1650 
à  1660  :  Blanchet,  Chaumeau,  Moyzant,  Compagnon,  Lapier- 
rière,  Meschin  ;  de  1660  à  1670  :  Allard,  Fresneau,  Seguin  ;  de 
1670  à  la  Révocation  :  Ramé,  Degeac,  Chevallier,  Prioleau.  » 

La  Cosmographie  avec  V espère  et  régime  du  soleil  et  du  fioni, 
par  Jean  Fonleneau,  dit  Alfonse  de  Saintonge,  capitaine-pilote 
de  François  I",  publiée  et  annotée  par  Georges  Musset. 

Alfonse  de  Saintonge  semble  être,  de  nos  jours,  un  peu  trop 
oublié  et  c'est  à  peine  si,  en  dehors  des  travaux  spéciaux,  on 
trouve  son  nom  mentionné  dans  des  ouvrages  même  importants. 
Il  faut  savoir  gré  à  M.  Musset  d'avoir  publié  son  œuvre  maîtresse 
et  d'avoir  ainsi  redonné  quelque  lustre  au  nom  d'un  personnage 
qui  honore  sa  province  d'origine.  La  Cosmographie  du  naviga- 


Digitized  by 


Google 


—  327 

leur  saintongeais  a  pris  place,  grâce  à  lui,  dans  un  important 
recueil  de  documents  pour  l'histoire  de  la  géographie,  très  sa- 
vamment et  très  soigneusement  édité,  où  Ton  trouve  déjà  les 
récits  de  voyages  et  les  œuvres  de  voyageurs  comme  les  Cabot, 
les  Corte-Real,  les  Parmentier,  Christophe-Colomb,  Léon  TAfri- 
cain,  Toscaiielli,  etc.  Notre  compatriote  est  en  bonne  compagnie. 

Né  près  de  Cognac,  à  la  fin  du  XV'  siècle,  Jean  Fonleneau,  que 
Fon  a  surnommé  Alfonse  de  Sainionge,  a  navigué  sur  presque 
toutes  les  mers.  Durant  sa  vie,  il  avait  déjà  inspiré  et  éclairé  ses 
contemporains  qui  utilisaient  ses  voyages  et  ses  tfsavaux.  Après 
sa  mort,  il  n'y  a  pas  un  voyageur  ou  un  cosmographe  qui  ne  se 
soit  aidé  de  ses  observations  et  de  ses  oeuvres,  et  qui  n'ait  rap- 
pelé son  nom  et  ses  courses.  André  Thévet,  Hakluyt,  Champlain, 
l'ont  cité  ;  il  n'est  pas  jusqu'à  Rabelais  qui  n'ait,  si  nous  en 
croyons  Margry,  emprunté  aux  œuvres  d'Alfonse  un  certain 
nombre  de  données  géographiques  et  de  légendes. 

Jean  Fonteneau  ou  Alfonse  de  Saintonge  n'avait  pas  publié 
que  la  Cosmographie,  d'où  l'on  aurait  tiré,  après  sa  mort,  comme 
les  historiens  sont  généralement  disposés  à  le  croire,  les  Voyages 
aventureux,  et  peut-être  d'autres  routiers  et  divers  récits  de 
voyages.  M.  Musset  établit  dans  son  introduction  que  les  Voyages 
aventureux,  dont  il  passe  en  revue  les  différentes  éditions,  sont 
distincts  de  la  Cosmographie,  et  antérieurs  à  celle-ci. 

La  Cosmographie  aurait  été  composée  «  pour  faire  service  au 
Roy  »  François  I".  L'auteur  avait  fait,  avant  tout,  œuvre  de 
science,  mais  ayant  le  titre  de  pilote  du  roi,  c'est  aussi  pour  faire 
honneur  à  celui-ci  qu'il  enlumina  son  manuscrit  de  brillantes 
couleurs  et  de  figures  originales. 

D'après  les  indications  qui  terminent  l'ouvrage,  le  litre  man- 
quant, la  Cosmographie  serait  due  à  la  collaboration  d'Alfonse 
et  d'un  capitaine-pilote  de  Honfleur,  nommé,  par  tous  les  au- 
teurs, Paulin  Sécalart,  et  qui  demeurait,  conmie  Alfonse,  en  la 
rue  Saint-Jean,  non  des  Prêtres,  mais  du  Pérot,  près  de  l'église 
Saint- Jean  du  Pérot,  à  La  Rochelle. 

M.  Georges  Musset  établit,  comme  il  l'avait  d'ailleurs  démon- 
tré précédemment  dans  le  Bulletin  de  géographie  historique  et 
descriptive  (1895),  que  Jean  Alfonse  a  été  le  seul  et  Tunique  au- 
teur de  sa  Cosmographie,  qu'il  avait  achevée  en  1544  ;  et,  qu'a- 
près sa  mort,  arrivée  sans  doute  le  24  novembre  1545,  Raulin 
(et  non  Paulin)  Sécalart,  devenu  possesseur  du  manuscrit,  y 
ajouta  son  nom  à  côté  de  celui  d'Alfonse  et  altéra  quelques  pas- 


Digitized  by 


Google 


—  328  — 

sages  de  Touvrage,  pour  faire  croire  à  sa  collaboration.  La 
Cosmographie  appartient  donc  tout  entière  à  notre  Saintongeais. 

Ce  n'est  pas  la  première  fois  qu'il  est  question  dans  cette  revue 
d*Alfonse  de  Saintonge.  Notre  collègue,  M.  Louis  Delavaud, 
répondant  à  une  question  alors  posée,  avait  donné  dans  le  nu- 
méro d'octobre  1882  du  Bulletin  (p.  428),  une  courte  note  sur  le 
marin  Jean  Alfonse.  Il  avait  également  extrait  des  Voyages  aven- 
tureux 1^  description  des  côtes  de  France,  qu'il  avait  publiée 
dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  géographie  de  Diion  (1882). 
Déjà  aussi,  Léon  Guérin  avait,  avant  lui,  donné,  dans  Les  navi- 
gateurs {rançais  (Paris,  1846),  une  courte  notice  sur  le  capitaine- 
pilote  de  François  P',  et  tiré  de  ses  ouvrages  une  description  du 
littoral  de  la  France. 

Nous  rappelons  encore  que  Pierre  Margry  avait  publié  quel- 
ques passages  des  Voyages  aventureux  dans  Les  navigations 
françaises  et  la  Révolution  maritime  au  XVI*  siècle  (1867),  et 
que  M.  Gaffarel,  dans  son  Histoire  du  Brésil  français  (1878), 
avait  repris  les  passages  intéressant  ce  pays. 

Ces  quelques  reproductions  de  fragments  d'ouvrages  d' Alfonse 
avaient  suffi  à  montrer  de  quel  intérêt  serait  pour  l'histoire  de  la 
géographie  et  des  voyages,  la  reproduction  intégrale  du  volu- 
mineux manuscrit  du  môme  navigateur,  conservé  à  la  Biblio- 
thèque nationale  sous  le  titre  de  la  Cosmographie.  Si  cette  œuvre 
renferme  quelques  légendes  fabuleuses,  on  y  trouve  les  détails 
les  plus  précieux  sur  les  terres  nouvellement  découvertes  de 
l'Asie,  de  l'Afrique,  de  l'Amérique  du  Nord.  C'est  une  mine  très 
riche  de  documents  sur  la  géographie  physique  d'un  grand  nom- 
bre de  régions,  et,  pour  les  pays  qu'il  a  visités  lui-môme,  Jean 
Alfonse  est,  comme  le  fait  observer  M.  Gaffarel,  d'une  minutieuse 
exactitude. 

Il  importait  donc  de  publier  dans  sa  totalité  un  ouvrage  auesi 
considérable,  et  notre  savant  collègue,  M.  Musset,  a  apporté 
dans  ce  travail  toute  sa  conscience  d'historien  et  toute  son  érudi- 
tion. Sa  connaissance  approfondie  de  l'histoire  de  la  géographie 
lui  a  permis  d'éclairer  le  texte  par  des  notes  savantes  qui  servent 
à  l'interpréter  et  à  l'expliquer.  Très  curieuses  sont  les  reproduc- 
tions de  cartes  et  d'illustrations  tirées  du  manuscrit.  Une  table 
des  noms  propres  complète  très  utilement  cette  importante  publi- 
cation. 

Gustave  Regelsperger. 


Digitized  by 


Google 


—  329  — 

La  Revue  des  Charenies,  février  1904.  Le  bourg  de  Baigne  au 
moyen  âge  (suite)  ;  La  Revue  des  Charenies,  son  programme  et 
son  devoir,  par  M.  Gabriel  Audiat. 

«  Plus  tard,  quelque  réserve  me  fut  encore  imposée  par 

la  crainte  que  le  public,  toujours  prompt  aux  erreurs  malveil- 
lantes, ne  comprit  pas  ce  que  vous  faisiez  et  ce  que  j'allais  faire 
avec  vous.  La  Revue  de  Saintonge  et  d'Aunis  était  là,  que  le 
labeur  de  son  fondateur  avait  portée  à  un  degré  de  prospérité 
tel  qu'aucune  revue  savante  de  province,  je  crois  bien,  ne  peut 
se  vanter  d'un  pareil.  El  pour  être  née  Bulletin  de  la  Société 
des  Archives^  elle  ne  s'en  était  pas  moins  entr'ouverte  peu  à 
peu  à  toutes  les  manifestations  importantes  de  la  vie  contempo- 
raine en  nos  provinces.  Même  il  la  rêvait,  après  son  départ, 
transformée  de  jeunesse  et  élargie,  mettant  à  profit  et  les  res- 
sourcfes  qu'il  lui  avait  accumulées  pour  faire  place  plus  grande  à 
la  littérature,  à  l'art,  à  la  science,  au  mouvement  social,  à  ce 
qu'on  nomme  l'actualité,  et  l'autorité  que  lui  donnait  son  passé 
pour  devenir  un  organe  incomparable  d'activité  intellectuelle 
dans  notre  pays. 

Ses  continuateurs,  dont  je  ne  me  sépare  point  —  et  il  fallait 
avant  toute  chose  que  cela  fut  clairement  vu  de  tous  —  ont  estimé 
plus  sage  de  suivre  la  tradition  par  lui  créée,  de  la  maintenir 
esentiellemcnl  revue  d'histoire  et  d'archéologie  :  c'est  bien.  Et 
s'il  la  maintiennent  au  niveau  d'érudition  où  il  l'avait  portée,  ce 
sera  très  bien.  Aidons-les  de  tout  notre  pouvoir  ;  c'est  pour  tous 
une  obligation  die  curiosité  pieuse,  pour  moi-môme  un  devoir 
double  et  sacré.  » 

—  N°  de  mars.  —  M.  G.  Audiat  termine  sa  lettre  sur  le  pro- 
gramme et  le  devoir  de  la  Revue  des  Charentes.  Ses  conseils 
peuvent  se  résumer  en  quelques  mots  :  peu  de  poésie,  mais  des 
bonnes,  peu  ou  point  d'études  d'érudition,  parce  que  la  Revue 
de  Saintonge  et  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  la 
Charente  sont  là  pour  les  accueillir.  Il  réclame  des  «  loubines  ». 
«  Les  «  loubines  »  c'est  l'économie  régionale,  c'est  la  vie  indus- 
trielle, conunerciale,  agricole,  maritime  —  et  mondaine  du 
pays.  »  Il  veut,  en  résumé,  que  cette  Revue  soit  surtout  vivante 
et  actuelle.  La  poésie,  môme  signée  Depont,  n'est  qu'un  dessert. 

La  Revue  de  Béarn  et  du  pays  basque,  n^  de  février  1904,  con- 
tient le  commencement  d'une  étude  sur  Marguerite  de  Navarre, 
par  M.  Paul  Courleault. 


Digitized  by 


Google 


—  330  — 

Mémoires  de  la  Soeiété  d'agriculture,  sciences  et  arts  d'An- 
gers, lome  VI,  1903.  —  Sous  le  liliv  :  Le  dernier  Phiuhigeuel 
comte  dWniou,  Jean  Sans-Terre,  M.  Ch.  Marchand  analyse  le 
livre  de  miss  Kate  Norgalo  (Londres,  11K):J),  sur  John  Lackland. 
AI.  Joseph  Jouberl  retrace  Thisloire  des  tombeaux  des  Plantage- 
net  à  Fonle\raull,  sous  le  litre  de  :  Le  dernier  lieu  de  /r/>os  des 
rois  angevins,  dont  il  emprunte  un  dvà  élémenls  c^  un  article  de 
la  Mneteenlh  Century  dii  M.  (-eeil  Hallell. 

Richard  (Alfred).  Histoire  des  comtes  de  Poitou,  778-1204 
(suite.  Voir  aux  errata). 

II 

Nous  avons  réservé  pour  un  chapitre  spécial  ce  que  M.  Richard 
dit  çà  el  là  dans  son  premier  volume  de  la  Saintonge  en  général, 
qu*il  semble  moins  bien  connaître,  cela  se  conn)rend,  que  le 
Poitou. 

«  (Juand  Elile  mourut  [il  s'agit  du  comte  Eble  le  Bâtard],  dans 
le  courant  de  y.T),  à  Tàge  d'environ  soixante-cin<i  ans,  son  pou- 
voir était  bien  quelcjne  peu  amoindri  ;  néanmoins,  il  était  encore 
un  des  plus  puissants  seigneurs  (U)  France.  11  possédait  le  Poitou 
et,  sans  doute,  le  pays  d'Aunis,  à  titre  héréditaire,  le  Limouzin 
par  conquête,  et  élevait  des  prétentions  sur  la  Saintonge  propre- 
ment dite,  (pie  se  disputaient  les  comtes  d\Angouléme,  de  Péri- 
gueux  el  de  Bordeaux,  et  où  les  évéfjues  de  Saintes,  à  l'exemple 
de  nombreux  prélals  de  celte  éj)oque,  cherchaient  à  se  constituer 
un  grand  donmine  (t'odal  ;  enfin,  il  laissait  à  ses  héritiers  des 
droits  A  faire  valoir  sur  le  comté  dWuvergne  et  le  duché  d\\(iui- 
taine,  dont  il  avait  joui  pendant  (juehph's  années  cl  qui  faisaient 
véritablement  parlie  de  son  héritage  (1).  » 

Il  ajoute  en  note  :  «  ï.a  sn})rémalie  du  Poitou  sur  la  Saintonge 
s'était  établie  dans  le  co\irs  du  IX*  sic>cle,  après  la  mort  du  comte 
Landri.  Mais  tandis  que  la  région  située  au  sud  de  la  Charente 
était  devenue  un  champ  df*  compétition  entre  les  cainles  voisins 
de  Bordeaux,  de  Périgueux  et  dWngouléme,  des  liens  très  étroits 
avaient  directement  rattaché  VAunis  au  Poitou,  et  l'autorité 
d'Eble  dans  ce  pays  est  incontestée  ;  elle  est  en  particulier  cons- 

(1)  Volume  I,  chap.  VI  bis,  p.  72  et  73.  —  Nous  avons  nous-mème  souli- 
fcnë  les  passages  8ur  lesquels  nous  voulons  appeler  l'attention  des  lecteurs 
de  la  Revue. 


Digitized  by 


Google 


—  331  — 

tatée  par  la  concession  qu'il  fit,  en  janvier  934,  aux  moines  de 
SaintrCyprien,  à  la  demande  de  son  vassal  Roger,  de  portion  du 
bénéfice  que  celui-ci  possédait  en  Aunis  pour  y  établir  des  sa- 
lines. »  (CarluL  de  Sainl-Cyprien,  pp.  318  et  319). 

Parlant  plus  loin  des  nombreuses  concessions  de  terrains  faites 
sur  les  côtes  de  TAunis  aux  abbayes  de  Noaillé,  de  Saint-Cyprien 
et  de  Saint-Maixont,  afin  d*y  établir  des  salines  [il  aurait  pu 
ajouter  à  Tabbaye  de  Saint-Jean  d'Angély  et  autres],  il  dit  en- 
core :  «  Ces  chartes,  outre  l'intérêt  qu'offre  leur  objet  spécial, 
permettent  encore  d'affirmer  que  V Aunis  était  dans  la  possession 
directe  des  comtes  de  Poitou,  possession  déjà  établie,  comme 
nous  l'avons  vu,  au  temps  du  comte  Eble  (1).  » 

Ces  quelques  citations  relatives  à  la  situation  politique  et  ad- 
ministrative de  notre  pays  pendant  le  X^  siècle  étaient  néces- 
saires pour  bien  montrer  la  manière  de  voir  de  M.  Richard,  en 
ce  qui  le  concerne.  Elles  se  rapportent  à  deux  questions  princi- 
pales :  P  situation  de  l'Aunis  ;  2*  situation  de  la  Saintonge  pro- 
prement dite. 

1"  Situation  de  V Aunis.  —  Dans  le  haut  moyen  âge,  on  enten- 
dait par  Aunis,  non  seulement  comme  aujourd'hui  les  environs 
de  La  Rochelle  et  de  Surgères,  mais  encore  tout  le  nord  du  dé- 
partement de  la  Charente-Inférieure  compris  entre  la  Sèvre,  la 
Charente  et  la  Boulonne,  avec  la  portion  limitrophe  du  départe- 
ment des    Deux-Sèvres  située   entre  cette   môme    Sèvres  et  un 
viioux  chemin  à  travers  bois,  qui  allait  do  Villeneuve-la-Comtesse 
(canton  de  Loulay)  à  Niort  ;  les  îles  d'Aix  et  de  Ré  en  plus. 
C'était,  dans  son  entier,  l'ancien  archidiaconé  d'Aunis  du  diocèse 
de  Saintes,  pays  tout  à  fait  distinct,  dont  l'origine  remonte  cer- 
tainement à  la  période  gauloise.  Dès  le  X*  siècle,  les  comtes  de 
Poitou  sont  incontestablement,  comme  le  dit  M.  Richard,  les 
maîtres  directs  de  cette  région.  Ils  en  jouissent  et  en  disposent 
comme  d'un  domaine  propre  ou  d'un  bien  du  comté.  En  janvier 
942,  c'est  à  la  demande  ^'Eble,  frère  du  comte  de  Poitou,  que 
Louis  d'Outremer  réforme  le  monastère  de  Saint-Jean  d'Angély 
et  met  à  sa  tôte  l'abbé  Martin  (2).  Cette  abbaye  fut  reconstruite 
et  richement  dotée,  à  diverses  reprises,  de  biens  situés  en  Aunis 
par  le  comte  Guillaume  Fier-à-Bras  :  vers  988,  après  sa  réconci- 
liation momentanée  avec  sa  femme,  il  donne  la  terre  de  Muron  à 


(1)  Volume  I,  chap.  VIII,  p.  97,  note  3. 

(2)  Cart,  de  Sàint-Jeàn  d'Angély ,  par  Musset,  I,  charte  1,  p.  11. 


Digitized  by 


Google 


—  332  - 

ce  monastère,  qui  est  parmi  ceux  que,  Dieu  aidant,  il  a  cons- 
truits (1);  en  janvier  991,  il  donne  le  bois  d'Essouvert  au  cou- 
vent du  saint  précurseur  du  Chrisl,  Jean- Baptiste,  qu'il  a  lui- 
même  édifié  (2)  ;  vers  la  même  époque,  il  lui  donne  encore  les 
églises  de  Henon,  divers  biens  aux  alentours,  et  des  pêcheries  à 
Esnandes  (3).  —  Ce  même  comte  donne,  en  janvier  988,  à  Fab- 
baye  de  Noaillé  Timmense  domaine,  sis  sur  les  bords  de  la  ri- 
vière Le  Curé  {Lignriacum)y  qui  devint  plus  lard  le  riclie  prieuré 
de  Saint-Sauveur  de  Nuaillé  (4)  ;  et  vers  la  môme  époque,  à  l'ab- 
baye de  Saint-llilaire  de  Poitiers,  la  vaste  presqu'île  de  Rex,  à 
la  jonction  du  Mignon  et  de  la  Sèvre,  terre  de  son  domaine  si- 
tuée en  Aunis,  avec  ses  paroisses  et  tout  ce  qui  en  dépend  (5)  ;  il 
donne  aussi  à  l'abbaye  de  Saint-Martial  de  Limoges  la  paroisse 
d'Anais  (canton  de  La  Jarrie),  donation  renouvelée  et  confirmée 
par  son  fils  vers  l'an  KKK)  (6)  ;  il  homologue  enfin  le  don  de  l'aleu 
de  Rançon,  près  Mauzé,  fait  à  l'abbaye  de  Saint-Cyprien  par  une 
dame  Arscnde,  vers  986-993  (7).  —  Lorsqu'on  1003,  Guillaume 
le  Grand,  son  fils,  dote  l'abbaye  de  Maillezais,  fondée  par  ses 
père  et  mère,  il  donne  en  Aunis  l'île  et  la  paroisse  de  Taugon 
(canton  de  Courçon),  i)lus  la  moitié  des  droits  de  péage  perçus 
au  pas  de  Mauzé,  l'autre  moitié  appartenant  au  comté  (8)  ;  et 
pour  récompensor  l'abbaye  de  Saint-Cyprien  de  lui  avoir  ainsi 
enlevé  l'abbaye  de  Maillezais,  rendue  indépendante,  il  lui  donne 
en  même  temps  tout  le  bois  de  Dœuil  (canton  de  Loulay),  et 
toute  la  terre  de  Rançon  ci-dessus  indiquée  (9). 

Ce  même  Guillaume  le  Grand,  vers  l'an  1000,  donna  à  l'abbaye 
de  Saint-Jean  d'Angély  la  partie  de  la  forêt  d'Argençon  com- 
prise entre  les  trois  églises  de  Diruil,  de  Saint-Félix  et  de  Saint- 
Christophe  (localité  disparue,  près  de  Vcrgné),  dans  le  canton  de 
Loulay  (10),  Rappelons  enfin,  qu'il  gratifia,  comme  nous  l'avons 
vu,  de  divers  châteaux  en  Aunis  le  comte  d'Angoulême,  et  que 


(1)  CarinUire  de  SAini-Jeàn  d'Angély,  par  Musset,  I,charle  192,  p.  331  et  23S. 

(2)  Idem,  I,  charte  7,  p.  37  et  28. 

(3)  Idem,  I,  charte  6,  p.  26. 

(4)  ChAries  de  NoàilU,  dans  Dom  Fonteneau^  tome  XXI,  p.  305. 

(5)  Documente  pour  Sûint-HiUire,  par  Rëdet,  I,  p.  57. 

(6)  Chronicon  B.  Iterii,  dans  Chroniques  de  SAinUMértUl,  par  Duplès-A^er. 
p.  45. 

(7)  Chriul.  de  Sninl-Cyprien,  par  Rédet,  charte  514,  p.  SU. 

(8)  Hiêioire  de  La.  Rochelle,  par  Arcère,  t.  II,  p.  6«3. 

(9)  C&rt.  de  Saint-Cyprien,  charte  513,  p.  310. 

(10)  Càrtul.  de  Seint-Jean  d*Angély,  par  Musset,  I,  charte  8,  p.  38  et  29. 


Digitized  by 


Google 


-  333  — 

ces  châteaux    paraissent  avoir  été  ceux  de  Surgères,  de  Chà- 
lelaillon,  voire  de  Frontenay. 

Voilà  certes  des  preuves  de  possession  directe  autrement  signi- 
ficatives que  les  abandons  de  quelques  lais  de  mer  pour  être 
transformés  en  salines,  ce  que  M.  Richard  a  cependant  bien  fait 
de  souligner,  puisque  cela  corrobore  les  faits  principaux.  Il  ne 
les  néglige  pas,  du  reste,  puisqu'il  les  relal'e  pour  la  plupart, 
mais  sans  en  tirer  ces  mêmes  conséquences,  dans  son  chapitre 
IX,  relatif  au  comte  Guillaume  Ficr-à-Bras. 

Il  est,  bien  regrettable,  surtout  pour  nous  autres,  qu'à  propos 
de  TAunis  et  du  régime  auquel  était  soumise  cette  partie  de  notre 
région,  M.  Richard  n'ait  pas  cru  devoir  s'occuper  de  son  exten- 
sion au  nord  de  la  Sèvre  et  aux  alentours  de  Niort,  ques- 
tion posée  par  Rédet,  son  savant  prédécesseur  aux  archives  de 
la  Vienne  (1).  D'autant  plus  que  cela  expliquerait  peut-être  pour- 
quoi les  comtes  de  Poitou  possédaient  YAunis  saintongeais,  si 
l'on  peut  s'exprimer  ainsi,  et  que  c'est  dans  ses  propres  travaux 
qu'on  trouve  les  meilleurs  renseignements  pour  résoudre  ce  pro- 
blème historique  (2). 

Au  nord  de  la  Sèvre,  entr<î  son  embouchure  ei  Niort,  l'évêché 
de  Saintes,  l'archidiaconé  d'Aunis,  et  l'Aunis  lui-même  par  con- 
séquent, ont  toujours  compris  deux  localités  importantes  :  l'Ile 
d'EUe,  près  de  Marans,  et  Coulon,  près  de  Niort  ;  tandis  que 
l'évêché  de  Poitiers  ou  le  Poitou  n'a  jamais,  par  contre,  franchi 
ce  fleuve  vers  le  sud.  Si  l'adjonction  de  Tlle  d'EUe  et  de  son  terri- 
toire à  l'Aunis  peut  être  expliquée  à  la  rigueur  par  un  change- 
ment de  cours  de  la  Sèvre,  dont  le  confluent  primitif  avec  la 
Vendée  aurait  été  jadis  plus  au  nord,  près  du  Gué  de  Velluire, 
laissant  l'Ile  d'Elle  sur  sa  rive  gauche,  il  n'en  est  pas  de  même 
de  Coulon  et  de  son  vaste  territoire  de  près  de  3.000  hectares. 
Celui-ci  était  tout  entier  sur  la  rive  droite  de  la  Sèvre,  dans  la 
plaine  calcaire  dite  de  Niort,  et  s'étendait  jusqu'au  graiHl  che- 
min de  Niort  à  Fontenay  et  jusqu'aux  portes  mêmes  de  Benêt. 
Or,  la  paroisse  de  Coulon  était  incontestablement  située  en  Au- 
nis.  En  869,  le  concile  de  Verberio  confirme  à  l'abbaye  de  Char- 
roux  la  donation  de  :  Colonum,  in  pago  Alniense  (3).  Coulon  a 


(1)  Càrtnl.  de  Saini-Cyprien,  notes  gëoffrapbiques,  p.  436  et  437. 

(2)  CaHnl.  de  Sàint'Màixent,  par  Alfred  Richard,  in  Areh.  hitL  da  Poiton, 
t.  XVI. 

(3)  Besly,  MUt  des  eomiee  de  Poitoa,  Preuves,  p.  192. 


Digitized  by 


Google 


—  334  — 

toujours  été  porté,  du  reste,  dans  Tévêché  de  Saintes,  malgré  les 
transformations  diocésaines  subies  par  la  région  de  la  Sèvre. 

Mais  il  y  a  plus  :  d'autres  localités  situées  au  nord  de  la  Sèvre 
et  appartenant  à  Tévêché  de  Poitiers,  sont  aussi  indiquées  comme 
se  trouvant  en  Aunis.  Entre  932  et  930,  sous  le  règne  du  roi 
Raoul,  le  comte  Guillaume  Tête  d'Etoupe,  qui  venait  de  succé- 
der à  son  père  Eble  le  Bâtard,  concède  aux  moines  de  Saint- 
Cyprien,  à  la  prière  du  vicomte  Savari  de  Thouars,  une  écluse 
à  poissons  dont  jouissait  celui-ci,  au  village  de  Reth  (Traiecto), 
sur  la  Sèvre,  dans  la  contrée  de  Célette  (condila  Celiacinse),  au 
pays  d'Aunis  {in  pago  Alieninse)  (1).  C'était,  il  est  vrai,  non  loin 
de  Coulon  {in  rem  Sancli  Salvatoris)  ;  néanmoins,  il  s*agit  du 
territoire  actuel  des  communes  de  Damvix,  de  Sainte-Christine 
et  de  Saint-Sigismond  (canton  de  Maillezais),  dans  l'angle  formé 
par  le  confluent  de  l'Autize  et  de  la  Sèvre. 

Une  charte-notice,  dressée  plus  tard,  vers  1045,  mais  qui  ne 
peut  qu'exprimer  des  idées  reçues  et  d'ancienne  date,  rapporte 
qu'Archambaud,  archevêque  de  Bordeaux,  resté  abbé  de  Saint- 
Maixent,  fit  lever  par  Guillaume  Aigret,  duc  d'Aquitaine,  tous 
les  droits  injustes  que  les  seigneurs  de  Vouvanl  avaient  récem- 
ment établis  sur  toutes  les  terres  de  Saint-Maixent  situées  dans 
la  plaine  d'Aunis  {in  plano^  Alnisio),  et  même  le  droit  que  ce 
comte  et  sa  femme  Ermenscnde  prélevaient,  comme  leurs  prédé- 
cesseurs, à  Artiz  (commune  et  canton  de  Saint-Hilaire  des  Loges), 
à  Ouïmes,  (même  canton),  et  à  Vouillé-les-Marais  (canton  de 
Chaillé).  Ils  firent  remise  perpétuelle  à  Saint-Maixent  de  tout 
droit  perçu  par  eux  dans  la  plaine  d'Aunis  {in  piano  Alnisio, 
répété  une  seconde  fois),  sur  la  terre  de  Saint-Maixent  et  sur 
celle  de  Marsais-Sainte-Radégonde  (canton  de  L'Hermenault, 
Vendée)  (2).  Ce  texte,  édité  par  M.  Richard  lui-même,  est  très 
clair  :  c'est  à  la  plaine  de  Fontenay-le-Comte  et  aux  îles  du  ma- 
rais de  Luçon  que  s'applique  l'expression  de  plaine  (TAunis. 

Auprès  de  Niort,  les  indications  sont  tout  aussi  probantes,  et 
Coulon  n'était  point  la  seule  localité  de  la  rive  droite  de  la  Sèvre 
située  en  Aunis.  Le  chef-lieu  de  la  vicaria  BassiacensiSj  si  sou- 
vent citée  dans  les  carlulaires  des  abbayes,  au  X*  siècle,  était,  à 
n'en  pas  douter  aujourd'hui,  le  faubourg  actuel  de  Bessac  à 
Niort,  dans  la  boucle  de  la  Sèvre  et  sur  sa  rive  droite.  Il  est  cons- 


(i)  CàHul,  de  SainUCyprien,  par  Rédet,  charte  545,  p.  333  et  824. 

(3)  Cârinl.  de  SAini-Màixentf  par  A.  Richard,  I,  charte  108,  p.  134  et  135. 


Digitized  by 


Google 


—  335  — 

laminent  donné  comme  situé  en  pays  dWunis,  et  cela  est  d'autant 
plus  significatif  qu'il  est  resserré  entre  deux  vigueries  poitevines 
très  rapprochées  :  la  viguerie  de  Thauray  {viccnla  Calriaccnsis) 
au  nord,  et  la  vigueric  dWiffres  ou  de  Marligny  (vicaria  A[ria- 
ccnsis  ou  vlcarid  Mavnlacensis)  au  sud,  deux  communes  ac- 
tuelles du  premier  canton  de  Niort.  La  vi^uerie  de  Bessac  s'éten- 
dait dans  Tévôché  de  Saintes  et  sur  la  rive  gauche  de  la  Sèvre, 
jusques  aux  abords  de  la  vallée  du  Mignon.  Elle  renfermait,  à 
n'en  pas  douter,  Saint-Florent,  la  ville  et  la  commune  actuelle 
de  Niort,  jusqu'au  territoire  de  la  commune  de  Souche  cl  jus- 
qu'au cours  inférieur  du  Lambon,  y  compris  la  belle  fontaine  du 
Vivier,  Le  Fornax  calidus,  ou  Fornix  calida,  in  vicaria  Bachia- 
cinse,  ou  fjrope  Niorliim,  souvent  cité  dans  le  Carlulaire  de  Sainl- 
Cypricn  (1),  est  le  quartier  ou  rue  du  Vieux-Founieau,  à  Niort 
môme,  sur  la  hauteur  qui  domine  la  ville,  et  l'église  la  plus  pro- 
che, Saint- André,  est  sans  doute  Vccclesia  de  F  omis ,  située  dans 
l'évêclié  de  Saintes  et  donnée  à  l'abbaye  de  Charroux  par  Char- 
lemagne,  en  môme  temps  que  l'église  de  Saint-Florent  et  les 
terres  adjacentes  (à  savoir  le  château  de  Niort,  sa  viguerie,  ses 
églises  et  ses  cimetières),  la  cour  de  Jarnac-Cliampagne  et  la 
cour  de  Cressé  (2).  Cet  acte  ou  testament  est,  il  est  vrai,  une 
compilation  fabriquée  vers  la  fin  du  XI®  siècle,  mais  à  l'aide 
d'actes  authentiques  (3).  —  La  viguc^rie  de  Bessac,  c'est-à-dire 
l'Aunis,  s'élendail  aussi  à  des  localités  situées  dans  la  plaine  de 
Niort  jusqu'à  l'Autize,  nolammenl  à  Sciecc|  (deuxième  canton 
de  Niort),  rive  droite  de  la  Sèvre,  et  à  Ouïmes  (canton  de  Sainl- 
llilaire  des  Loges),  déjà  cité.  La  charte  du  Cartulaire  de  Sainl- 
Cijpricn  portant  donation  par  Sénégonde  de  nombreux  biens,  en 
936  ou  937,  énumère  ceux-ci  par  pays  et  par  vigueries,  et  place 
dans  le  pays  d'Aunis  et  dans  la  viguierie  de  Bessac  la  villa  Ulmus, 
qui  ne  peut  être  qu'Ouïmes,  et  la  villa  Iziaciis,  que  nous  pensons 
être  Sciecq  (4).  Vers  l'an  1000.  l'église  de  Sainl-Maxire,  sur  la 
Sèvre,  est  dite  dans  le  pays  et  la  viguerie  de  Niort,  substituée  vers 
celte  époque  à  celle  de  Bessac  (5). 


(1)  CariaZ.  de  SunUCyprien,  par  Rëdct,  p.  313,  314,  322,  325,  326. 

(2)  MabiUon,  Ann.  Bened.,  t.  Il,  p.  711. 

(3)  Elade  sar  les  comtes  et  vicomtes  de  Limoges,  par  Hobert  de  Lasleyrie, 
Pièces  justificatives  y  n»  1,  p.  94. 

(4)  Cartnl.  de  Saint-Cyprierif  par  Rédet,  charte  549,  p.  325,  et  charte  567, 
p.  332. 

(5)  Idem,  charte  562,  p.  329  et  330. 


Digitized  by 


Google 


—  336  — 

Tout  cela  démontre  surabondamment  que  FAunis  primitif  s'é- 
tendait sur  les  deux  rives  de  la  Sèvre,  depuis  la  mer  jusqu'à 
Niort,  cette  ville  comprise,  englobant  toute  la  plaine  de  Fontenay 
et  son  marais,  depuis  le  Lay  (c'est-à-dire  une  région  qui  apparte- 
nait au  diocèse  de  Poitiers  cl  formait  la  partie  ouest  de  Farchidia- 
coné  de  Brioux),  tout  aussi  bien  que  Tarchidiaconé  d'Aunis  du 
diocèse  de  Saintes,  qui  seul  en  a  gardé  le  nom.  Nous  pouvons 
même  nous  demander,  à  notre  tour,  si  cette  région  basse  et  plate 
ne  répond  pas  au  petit  peuple  gaulois  des  Anagnutes  que  Pline  a 
placé  au  sud  de  la  Loire  avec  les  Ambilatri,  à  côté  des  Pictons  et 
des  Santons  (1).  Le  nom  lui-même  se  prête  à  celle  interprétation, 
car  les  plus  anciennes  formes  latines  sont,  aux  IX*  et  X*  siècles, 
pagus  Alienensis  ou  Alianermis,  et  ce  n'est  que  dans  le  cours  du 
XP  siècle  que  l'usage  du  mot  Alnisius  paraît  s'être  introduit, 
comme  le  fait  observer  M.  Richard  lui-même  dans  un  autre  ou- 
vrage (2).  Anagnules  et  Alagnices  sont  bien  voisins.  Bien  voisin 
aussi  le  dérivé  Alienensis.  Enfin,  s'il  fallait  proposer  une  élymo- 
logie  du  nom,  nous  le  rattacherions  volontiers  aux  mots  latins 
planus  pour  palanus,  planities  pour  palanitieSj  grec  pclagos, 
avec  chute  du  p  initial,  fait  qui  se  produit  souvent  dans  nos  lan- 
gues. En  ce  cas,  notre  nom  moderne  de  pays  de  Plaine  ne  ferait 
que  répéter  l'ancien,  nom  gaulois  de  la  région,  et  les  Anagnutes 
ou  Aunisiens  d'autrefois  ne  seraient  autres  que  les  Plaineaux  de 
nos  jours. 

L'Aunis  ainsi  compris,  ayant  formé  un  pays  distinct,  comme 
le  pays  d'Herbauge  (pagus  Herbadillicas),  qui  le  bordait  au  nord, 
a  bien  pu  avoir,  sous  les  Mérovingiens,  ses  comtes  particuliers, 
bien  que  les  documents  historiques  n'en  fassent  pas  mention. 
Plus  lard,  soit  lors  des  guerres  d'Aquitaine,  soit  lors  des  pre- 
mières invasions  normandes,  ce  comté  sera  tombé  tout  entier 
aux  mains  des  comtes  de  Poitou,  qui  l'ont  toujours  gardé,  comme 
ils  ont  gardé  l'ancien  pays  ou  comté  d'Herbauge.  Telle  serait,  à 
litre  d'hypothèse,  l'origine  de  leurs  droits  et  de  leur  domination 
en  Aunis.  Plus  difficile  à  expliquer  serait  le  partage  de  cet  Aunis 
primitif  entre  les  deux  évêchés  voisins  de  Poitiers  et  de  Saintes, 
avec  le  cours  de  la  Sèvre  comme  limite.  Il  y  a  là  un  point 
historique  à  résoudre  que  l'absence  de  documents  né  peut  faire 
qu'ajourner. 


(1)  Pline,  HUt.  nai.,  livre  IV,  chap.  XXXIII. 

(2)  Cariât,  de  SûnUMàixeni,  l,  charte  V,  p.  9,  note  i. 


Digitized  by 


Google 


—  337  — 

2®  Situation  de  la  Saintonge.  —  En  ce  qui  concerne  la  situation 
(le  la  Saintonge  proprement  dite,  non  seulement  M.  Richard,  si 
bien  documenté  pour  le  Poitou,  ne  nous  renseigne  pas  mieux 
que  ses  prédécesseurs,  mais  il  nous  déroute  même  par  quelques 
données  toutes  personnelles,  qu'il  lance  un  peu  au  hasard,  sans 
même  un  commencement  de  preuves  à  Tappui. 

Le  dernier  comte  particulier  que  nous  trouvons  en  Saintonge 
sous  les  Carlovingiens  est  Landri,  qui  s'était  emiparé  par  sur- 
prise du  château  de  Bouteville,  précédemment  occupé  par  Tur- 
pion,  comte  d'Angoulême,  et  que  lui  disputait,  les  armes  à  la 
main,  Emmenon,  frère  et  successeur  de  Turpion.  Landri  fut  tué 
dans  le  combat,  et  Emmenon  fut  ramené  blessé  au  château  de  la 
Roche  (La  Roche-Andri,  pensons-nous),  où  il  mourut  lui-même 
huit  jours  après,  au  mois  de  juin  866.  Deux  ans  auparavant,  le 
4  octobre  863,  le  comte  Turpion  avait  aussi  péri  de  mort  violente 
dans  un  combat  contre  les  Normands,  livré  au  deAà  de  Saintes 
par  rapport  à  Angoulème,  c'est-à-dire  entre  Saintes  él  la  mer. 
C'est  Charles  le  Chauve  qui  avait  nommé  Turpion  d'abord,  puis 
Emmenon,  comtes  d'Angoulême,  en  môme  temps  qu'il  fît  Ram- 
nulfe  comte  de  Poitiers  ;  car  en  abandonnant  l'Aquitaine  à  son 
neveu  Pépin  II,  il  avait  retenu  pour  lui  le  Poitou,  la  Saintonge 
et  l'Angoumois.  Il  n'est  pas  dit  qu'il  mit  en  même  temps  un 
comte  en  Saintonge,  d'où  l'on  peut  admettre  que  Landri  avait  été 
déjà  placé  à  la  tête  de  son  comté  par  un  de  ses  prédécesseurs  au 
royaume  d'Aquitaine.  Quoi  qu'il  en  soit,  en  apprenant  la  mort 
des  comtes  Emmenon  et  Landri,  Charles  le  Chauve  envoya  de 
suite  en  Aquitaine  un  sien  parent,  Wulgrin,  frère  d'Alduin,  abbé 
de  Saint-Denis,  qu'il  fit  comte  d'Angoulême  et  de  Périgord  (I). 
Quant  à  Landri,  il  n'est  question  nulle  part  de  son  successeur, 
et  il  est  fort  probable  qu'il  ne  fut  pas  remplacé.  Ce  pays  de  Sain- 
tonge, soumis  aux  continuelles  attaques  des  Normands,  ne  comp- 
tait presque  plus  au  point  de  vue  administratif,  de  même  que  le 
pays  d'Herbauge,  sur  les  côtes  du  Poitou,  et  que  le  Bordelais, 
exposés  aux  mêmes  déprédations  et  dont  les  comtes  particuliers 
disparaissent  aussi  de  l'histoire  précisément  à  cette  même 
époque. 

Il  n'est  dit  nulle  part  que  Wulgrin,  comte  d'Angoulême,  ait 
eu  aussi  la  Saintonge  ;  mais  nous  savons  qu'il  étendit  sa  domi- 

(1)  Voir  pour  tous  ces  faits:  !•  Chron.  d'Adémar,  III,  chap.  XVI  et  XIX, 
édition  Ghavanon,  p.  132  et  136  ;  2*  Hiêioire  des  pontifes  et  des  comtes  d^ An- 
goulème, chap.  X  et  XI,  édition  CasMûffiie,  p.  18  et  19. 


Digitized  by 


Google 


—  338  - 

nation  sur  certaines  parties  de  ce  pays,  pendant  le  cours  de  son 
gouvernement,  qui  dura  vingt  ans,  de  866  à  886.  Il  construisit 
notamment,  dès  son  arrivée,  le  château  de  Matha,  dont  il  voulait 
faire  un  rempart  contre  les  Normands,  et,  après  lui,  cette  vaste 
chûlellenie,  située  tout  entière  en  Saintonge,  resta  pendant  plus 
de  trois  siècles  dans  la  possession  directe  des  comtes  d'Angou- 
lôme,  ses  successeurs,  qui  la  donnaient  en  apanage  aux  cadets 
de  .la  famille.  Comme  Wulgrin  fut  en  lutte  continuelle  avec  les 
Normands,  et  que  la  Saintonge,  par  sa  position  géographique, 
devînt  pour  lui  un  véritable  champ  de  bataille,  il  est  difficile 
d'admettre  que  selon  les  nécessités  de  la  guerre,  il  nV  commanda 
pas  souverainement.  Il  dut  garder  tout  au  moins  sous  sa  main 
In  chruellenie  de  Bouteville,  déjà  tenue  par  son  prédécesseur 
Turpion.  Nous  voyons,  en  effet,  son  petit-fils,  Guillaume  Taille- 
fer,  qui  fut  comte  de  916  à  962,  donner  à  l'abbaye  de  Saint-Cy- 
bard  (1)  et  à  la  cathédrale  d'Angoulême  (2)  de  grands  biens  -sis 
en  Saintonge,  tan»l  dans  la  chàtellenie  de  Bouteville  que  dans 
celle  d'Archiac,  ce  qui  suppose  de  sa  part  une  autorité  directe 
dans  ces  régions  de  la  Grande  et  de  la  Petite  Champagne  ;  et  on 
comprend  dès  lors  que  le  chroniqueur  Adémar  de  Chabannes 
ait  pu  dire  plus  tard  que  les  chAtellenies  de  Bouteville  et  d'Ar- 
chiac étaient  des  dépendances  inaliénables  du  comté  d'Angou- 
l(^mc  (3).  Cela  doit  s'entendre  évidemment  d'un  état  de  subordi- 
nation fort  ancien,  datant  de  la  constitution  même  du  comté  d'An- 
goulême ou  de  sa  dynastie  régnante,  c'est-à-dire  du  temps  de 
Wulgrin. 

Matha  et  Archiac  étaient-ils  en  Saintonge  des  sortes  d'avancées, 
des  possessions  isolées  de  TAngoumois  ?  Loin  de  là.  Entre  les 
chAtellenies  de  Matha  et  d'Archiac,  s'étendi,  sur  les  deux  rives 
de  la  Charente,  la  chAtellenie  de  Cognac,  qui  dépassait  dans  la  di- 
rection de  Saintes  le  confluent  du  Né.  En  1003,  c'est  devant  le 
comte  d'Angoulême,  Guillaume  II,  assisté  de  Grimoard,  son 
évêque,  qu'est  porté  un  différend  relatif  au  domaine  de  Cou- 
longe  (commune  de  Saint-Sulpice  de  Cognac),  situé  alors  dans 
la  viguerie  de  Mignon,  et  qui  dépendait  alors,  comme  depuis,  de 


•    (1)  Chronique  d' Adémar,  livre  III,  chap.  XIV,  édition  Ghavanon,  p.  145  et 
146. 

(2)  Cartal.  de  Véglise  d*Angoaléme,  par  labbé  Nanglard,  charte  III,  p.  28. 

(3)  Loc.  cit.,  III,  chap.  LXVII. 


Digitized  by 


Google 


—  339  ^ 

la  chAtellenie  de  Cognac  (1).  Dès  cette  époque,  et  probablement 
auparavant,  Cognac  relevait  donc  d*Angoulêrae,  comme  il  en 
relevait  vingt-cinq  ans  plus  tard,  lorsque  Geoffroy,  fils  du  comte 
Guillaume  II,  était  seigneur  dominant  à  Merpins  (2).  En  amont 
de  Cognac,  et  à  cheval  aussi  sur  la  Charente,  était  la  chàtellenie 
de  Jarnac.  A  la  fin  du  X*  siècle,  nous  trouvons  celle-ci  aux  mains 
d'une  puissaMe  famille  de  seigneurs,  dits  complores,  qui  relè- 
vent des  comtes  d'Angoulême  et  dont  un  membre,  Hugues,  fut 
évêque  d'Angoulôme  de  975  à  990. 

Au  sud-ouest  et  en  voisinage  d*Archiac,  on  trouve,  dès  les  IX* 
et  X*  siècles,  le  grand  territoire  de  Jonzac,  importante  viguerie 
d'abord,  puissante  chàtellenie  ensuite,  dont  1  histoire  csit  fort 
curieuse.  Selon  une  tradition,  Charlemagne  aurait  donné  Jonzac 
et  ses  dépendances  à  Tabbaye  de  Saint-Germain  des  Prés,  du 
temps  de  Tabbé  Irminon,  mort  vers  817.  Par  la  suite,  un  succes- 
seur de  cet  abbé  dont  on  ignore  le  nom  en  aurait  disposé  en  fa- 
veur d'un  de  ses  neveux,  moyennant  une  redevance  annuelle  de 
pure  forme,  treize  couteaux  de  table  et  une  peau  de  cerf,  plus 
rhommage  féodal  (3).  Toujours  est-il  que  les  seigneurs  de  Jon- 
zac, dès  le  XII*  siècle,  ont  fait  honunage  de  leur  chàtellenie  à 
celte  abbaye  (4),  et  qu'on  retrouve  les  traces  indéniables  de  celle- 
ci  dans  de  nombreuses  paroisses  environnantes.  L'église  de 
Saint-Germain  de  Luzignan,  la  principale  paroisse  de  la  région, 
dont  Saint-Martin  de  Clara  a  été  un  démembrement,  aurait  été 
construite  par  un  abbé  de  Saint-Germain  et  est  dédiée  au  saint 
patron  de  l'abbaye.  L'église  de  Saint-Georges  de  Cubillac  est 
dédiée  au  martyr  de  Cordoue,  dont  les  reliques  furent  apportées 
en  France,  vers  858,  par  deux  moines  de  l'abbaye  de  Saint-Ger- 
main. L'église  de  Saint-Germain  de  Vibrac,  et  l'ancienne  abbaye 
de  Saint-Ource,  située  dans  cette  commune,  rappellent  aussi 
Saint-Germain  d'Auxerre  et  saint  Ursus,  évêque  avant  lui.  Quant 
à  l'église  même  de  Jonzac,  dédiée  à  saint  Gervais,  rappelons 
que  c'était  un  des  saints  dont  l'abbaye  de  Saint-Germain  possé- 
dait les  reliques. 

Le  fait  d'un  don  de  Jonzac  à  Saint-Germain  des  Prés  peut  donc 


(1)  Cartul.  de  Moist&e,  in  collection  Doat,  de  la  bibliothèque   nationale, 
vol.  128,  fol.  31. 

(2)  CaHuI.  de  SAvigny^  charte  635. 

(3)  Histoire  de  Vabbaye  de  SàinUGermAin-deê-Pris^  par  dom  Bouillart,  Ht. 
II,  p.  23. 

(4)  ArcKhiit,,  de  U  Saintonge  et  de  V Annie,  i.  XX,  pièce  III,  p.  174,  n«  1. 


Digitized  by 


Google 


—  340  — 

être  tenu  pour  exact.  Remonle-l-il  à  Charlemagne  ?  C'est  dou- 
teux. D'abord  le  Polyptique  dlrminon,  qui  énumère  avec  tant 
de  détails  les  biens  de  Tabbaye  de  Sainl-Gormain  vers  cette  épo- 
que, ne  parle  pas  de  Jonzac  (1).  Ensuite,  on  a  mis  au  compte  de 
Charlemagne  bien  des  actes  de  ses  successeurs,  comme  en  té- 
moigne la  fameuse  charte  de  Saint-Cybard  d'Angoulême  (2). 
Mais  ce  don  peut  bien  remonter  à  Charles  le  Chauve.  Quel  est, 
dans  la  région,  le  personnage,  neveu  d'un  abbé  de  Saint-Germain, 
qui  aurait  reçu  Jonzac  ?  Peut-être  un  des  fils  ou  un  des  gendres 
de  Wulgrin,  comte  d'Angoulême,  dont  le  frère  Alduin,  abbé  de 
Saint-Denis,  fut  aussi  abbé  de  Saint-Germain  ;  puisque  nous 
voyons  Guillaume  Taillefer  disposer»,  en  940,  du  village  de  Tu- 
géras  ou  Tauriac  (Talaurica  villa),  vi guérie  de  Jonzac,  en  faveur 
de  l'église  d'Angoulême  (3)  ;  puisque  nous  voyons  également 
Hildei^aire,  vicomte  de  Limoges,  et  sa  femme  Tetberge  donner 
vers  la  même  époque  l'église  de  Saint-Pierre  de  Neuillac  à  l'ab- 
baye de  Saint-Cybard  d'Angoulême  (4).  Des  seigneurs  du  nom 
de  Foucher,  d' Alduin,  d'Eble  et  d'Emma,  noms  habituels  dans 
la  famille  des  vicomtes  de  Limoges,  sont  encore  en  possession  de 
cette  chûtelleni«  vers  1075.  A  cette  époque  leur  succèdent,  sans 
doute  par  alliance,  des  Guillaume  de  La  Roche  ou  La  Rochandri, 
qui  la  gardent  pendant  deux  siècles  (5).  Conclusion  :  Jonzac  et 
ses  dépendances  gravitaient  aussi,  avant  l'an  1000,  dans  l'ortitc 
des  comtes  d'Angoulême  ou  de  leurs  alliés. 

Au  midi  d'Archiac  et  de  Jonzac,  la  Saintonge  s'étendait  fort 
loin,  jusqu'aux  rivières-  de  la  Tude  et  de  la  Dronne,  qui  formaient 
ses  limites  avec  le  Périgord  ;  jusqu'aux  landes  de  Bussac,  qui 
la  séparaient  du  Blayais,  possession  conquise  ou  reconquise 
vers  l'an  1000  par  Guillaume  II,  comte  d'Angoulême,  avec  l'aide 
du  duc  Guillaume  d'Aquitaine,  qui  lui  en  confirma  la  jouis- 
sance (6)  ;  et  jusqu'à  la  Gironde,  qui  lui  formait  une  limite  natu- 
relle. Là,  nous  trouvons  diverses  châtellenies,  Barbezieux,  Coi- 
ron,  Chalais,  Montausier,  Montlieu,  Montguyon,  Montendre  et 


(1)  Polyptique  de  Vabbé  Irminon,  par  Guérard,  Paris,  1844. 

(2)  Cariai,  de  Véglise  d'Angoulême^  parTabbé  Nanglard,  charte  1S6,  p.  152. 

(3)  idem,  charte  3,  p.  38. 

(4)  Notice  êur  les  niànuicritê  d'Adénutr,  par  L.  Delisle,   in   Manuscrits  de 
la  bibliothèque  nationale,  t.  XXXV,  1896,  p.  316. 

(5)  CartuL  de  Suint -Jëàn  d'Angély,  par  Musset,  et   CarfoUire  de  Baigne, 
par  Tabbé  ChoUet. 

(6)  Chroniqua  d'Adtfmar,  Ub.  UI,  chapitre  XXXXI. 


Digitized  by 


Google 


—  341  — 

Mirambeau,  qui  paraissent  n*avoir  été  établies  que  fort  tard, 
après  Tan  1000  et  dans  la  seconde  moitié  du  XI*  siècle.  En  effet, 
ces  noms  n'apparaissent  pas  dans  Thistoire  avant  cette  époque. 
Ils  sont  eux-mêmes  pour  la  plupart  de  formation  moderne,  car 
le  radical  mons  qui  entre  dans  leur  composition  indique  plutôt 
une  motte  féodale  ou  fortifiée  qu'une  véritable  hauteur  ou  mon- 
ticule. Ces  localités  ont  été  toutes  édifiées  après  l'établissement 
des  paroisses  dans  lesquelles  elles  se  trouvent,  dont  le  chef-lieu 
est  resté  un  village  voisin,  quand  on  n'en  a  pas  distrait  une  faible 
partie  de  territoire  pour  leur  constituer  une  paroisse  distincte  : 
Coiron  est  de  la  paroisse  de  Bardenac,  Montausier  de  celle  de 
Sainte-Radégonde,  Montlieu  de  celle  de  Saint-Laurent  du  Roc, 
Montguyon  de  celle  de  Vassiac,  Montendre  de  celle  de  Char- 
des  (1),  Mirambeau  de  celle  de  Niort.  Chalais  a  été  sûrement  une 
dépendance  de  la  paroisse  de  Sainte-Marie  de  Déou,  dont  il  for- 
mait l'angle  méridional,  au  confluent  de  la  Tude  et  de  la  Vive- 
ronne.  Quant  à  Barbezieux,  il  paraît  avoir  dépendu  d'abord  de 
Saint-Séverin,  hameau  actuel  de  la  commune,  primitivement  pa- 
roisse. Ce  sont  d'abord  de  purs  châteaux  défensifs,  de  véritables 
postes  militaires,  autour  desquels  persistent  jusque  vers  la  fin  du 
XI*  siècle  les  anciennes  vigueries  administratives,  établies  dans 
des  localités  différentes,  plus  anciennes,  et  dont  la  circonscrip- 
tion est  beaucoup  plus  étendue.  Ces  vigueries  sont  :  la  viccuna 
Pedriacensis  ou  Pelracensis,  comprise  entre  le  Né,  le  Trèfle  et 
la  rivière  de  Lamérac,  et  «'avançant  jusqu'auprès  de  Barbezieux  ; 
le  chef-lieu,  difficile  à  fixer,  parait  avoir  été  Pérignac  (canton  de 
Pons)  ;  la  vicaria  Condeacensis  (2),  chef-lieu  Condéon,  compre- 
nant, semble-t-il,  la  plus  grande  partie  des  châtellenies  de  Bar- 
bezieux et  de  Coiron  ;  la  vicaria  Rocimacensis  (3),  chef-lieu  (?) 
Rioux-Martin,  correspondant  à  peu  près  à  l'ancienne  châtellenie 
de  Chalais  ;  la  vicaria  Calhmeriensis  (4),  sans  doute  nom  de  ré- 
gion, peut-être  du  pays  de  Chaux,  correspondant  aux  châtellenies 
de  Montauzier,  de  Montlieu,  de  Montguyon  et  à  la  plus  grande 
partie  de  celle  de  Montendre  ;  enfin,  la  vicaria  Casnacensis  ou  de 
Conac,  correspondant  aux  châtellenies  de  Conac  et  de  Miram- 


(1)  Voir  Raînguet,  Études  sar  VArrondUêemeni  de  JonMàe, 

(2)  C&rtttUire  de  Baigne,  par  Tabbé  ChoUet,  charte  459,  p.  187. 

(3)  Idem,  charte  384«  p.  161,  et  L.  DeUsle,  loc,  cit.,  p.  317. 

(4)  CûrtttUire  de  Baigne,  pattîm. 


Digitized  by 


Google 


—  342  — 

beau,  qui  s*éteudait  jusqu'au  village  do  Jean-Véral  (Genuerac), 
commune  de  Coux,  sous  le  château  de  xMonlendre  (1). 

Nous  pensons  être  dans  le  vrai,  en  disant  que  tous  ces  châ- 
teaux-forts ont  été  édifiés  ou  autorisés  par  les  comtes  d'Angou- 
lême,  qui  les  ont  confiés  du  reste,  dès  le  début,  à  des  membres 
de  leur  famille  ou  à  des  chevaliers  dévoués  à  leur  cause.  Le  pre- 
mier ou  le  second  seigneur  do  Barbozioux  est  Akiuin,  fils  d'autre 
Alduin,  marié  à  Gerberge,  fille  de  Geoffroy,  comte  d'Angoulême, 
et  c'est  ainsi  que  son  fils  Itier,  qui  lui  succède,  se  trouve  indiqué 
comme  le  propre  neveu  du  comte  Foulques  dans  une  charte  de 
1075  (2).  Le  premier  seigneur  de  Montauzier  est  Arnaud,  fils  de 
ce  même  comte  Geoffroy,  et  frère  de  ce  même  comte  Foulques  ; 
il  a  pour  successeur  un  neveu  ou  arrière-neveu.  Foulques  (3). 
Est  aussi  leur  frère,  Guillaume  Rudel,  seigneur  de  Blaye,  qui 
recueillit  cette  châtellenie  dans  le  partage  de  famille.  Les  pre- 
miers seigneurs  de  Chalàis  sont  des  Hélies,  apparentés  soit  aux 
seigneurs  de  Jarnac,  soit  à  ceux  de  Villebois.  Les  premiers  sei- 
gneurs de  Montendre  et  de  Montlieu  sont,  vers  1060,  des  Guil- 
laume de  la  même  famille,  qui  semblent  provenir  des  Guillaume 
de  Blaye  (4).  Les  premiers  seigneurs  connus  de  Mirambeau,  qui 
le  sont  aussi  de  Conac,  sont,  vers  le  milieu  du  XI*  siècle,  des 
Josbert,  des  Artaud,  ou  des  Arnaud,  alliés,  semble-l-il,  aux  sei- 
gneurs d'Archiac  et  de  Cognac  (5). 

Ajoutons  que  l'abbaye  de  Baignes,  réorganisée  sinon  fondée 
vers  1035,  dans  un  recoin  détaché  d'une  paroisse  voisine,  peut- 
être  celle  de  Mathelon  aujourd'hui  disparue,  est  sous  la  dépen- 
dance du  comte  Geoffroy  d'Angoulême,  qui  confirme  la  nomina- 
tion de  son  premier  abbé  connu,  Itier  de  Barret,  frère  d'un  che- 
valier de  sa  cour  (6). 

Donc,  avant  et  autour  de  l'an  1000,  tout  Test  et  tout  le  sud  de 
la  Saintonge,  entre  la  Charente,  la  Dronne  et  la  Gironde,  relève 
directement  ou  indirectement  des  comtes  d'Angoulême,  héritiers 
de  Wulgrin,  de  môme  que  l'Aunis  relève  du  Poitou.  En  veut-on 
d'autres  preuves  d'ordre  général  ?  Lorsque  l'évêché  de  Saintes 
est  de  nouveau  pourvu  d'un  titulaire,  vers  l'an  1000,  qui  choisil- 

(I)  Carlnl.  de  Baigne,  charte  143,  p.  71. 
(3)  /dem,  pajttm. 
(3)  Idem, 
(A)  Idem. 

(5)  Cartnl,  de  Savigny^  passim, 

(6)  Cartulaire  de  Baigne,  charte  120,  p.  <tô. 


Digitized  by 


Google 


—  343  — 

on  pour  ce  poste  ?  Un  seigneur  périgourdin  de  l'entourage  des 
comtes  d'Angoulôme,  Islon,  frère  cadet  de  Grimoard  de  Muci- 
dan,  déjà  lui-même  évoque  d'Angoulôme  et  abbé  de  Saint-Cibard. 
Lorsqu'un  peu[)le  en  courroux  brûle  la  cathédrale  et  une  partie 
de  la  ville  de  Saintes,  à  la  fin  de  Tété  de  1U27,  qui  songe  à  punir 
les  coupables  de  ce  sacrilège  ?  Guillaume  II,  comte  d'Angou- 
lème,  qui,  tout  édifié  par  son  récent  pèlerinage  à  Jérusalem,  se 
prépare  à  venger  celle  injure  à  Dieu  (1).  La  cliarle  de  fondation 
de  Notre-Dame  de  Saintes,  en  1047,  est  signée  par  une  foule  de 
seigneurs,  rangés  par  catégories,  les  angevins  d'un  côté,  les  poi- 
tevins d'un  autre,  et  les  saintongeais  en  doux  ou  trois  séries. 
Dans  celle  qui  comprend  le  comte  d'Angoulôme  et  ses  fils  se 
trouvent,  en  outre,  Hélie  de  Chalais,  lïélie  de  Jarnac  et  Foucaud 
de  la  Roche  (2).  Aucune  trace  d'autres  seigneurs  du  sud  de  la 
Sainlonge  au  bas  de  cet  acte  solennel. 

Il  est  d'autres  chûtellenies  sainlongeaises  plus  éloignées  de 
l'Angoumois  dont  nous  ne  connaissons  pas  l'état  antérieur  à  l'an 
1000.  Ce  sont,  le  long  de  la  Gironde,  avec  Conac,  les  chûtellenies 
de  Morlagne,  de  Didonne  et  de  Mornac  (3),  cjui  occupent  le  pays 
jusqu'à  la  Seudre  et  môme  au  delà  ;  puis,  au  nord  de  Saintes, 
les  châtellenics  de  Taillcbourg,  de  Tonnay-Charente  et  de  Sou- 
bise,  dans  la  région  comprise  entre  Houlonne  et  Charente,  jus- 
qu'à la  limite  de  l'Aunis  et  des  territoires  d'Aunay,  de  Matha  et 
de  Cognac  ;  dans  la  vallée  môme  de  la  Charente,  en  aval  de 
Saintes  ;  et  dans  le  grand  angle  formé  entre  la  Charente  et  la  côte, 
jusqu'au  chenal  de  Brouage  et  au  trajet  actuel  du  canal  de 
môme  nom.  Mais  dès  le  premier  tiers  du  XI*  siècle,  ces  châtel- 
lenics ont  de  puissants  seigneurs  particuliers,  les  princes  (prin- 
cipes) du  pays,  comme  on  les  appelle  dans  les  chartes  de  l'épo- 
que, ce  qui  suppose  l'établissement  déjà  ancien  et  de  ces  châtel- 
lenics et  des  familles  qui  les  détiennent.  Exception  seulement 
peut  être  faite  pour  la  châtellenie  de  Soubise,  que  nous  trouvons 
pour  la  première  fois  un  peu  après  1100  seulement,  entre  les 
mains  d'un  vicomte  de  Thouars. 

Que  reste-t-il  après  cela  de  la  Saintonge  proprement  dite  qui 
n'ait  pas  de  maîtres  directs,  à  la  fin  du  X*  siècle,  au  moment  où 


(1)  Chronique  <rAdémar,  liv.  III,  chap.  LXVI. 

(2)  Dom  Fonieneàu,  t.  XXV,  p.  335. 

(3)  Ces  quatre  sei^eura  fonneni  une  série  distincte  dans  la  charte  de  fon- 
dation de  Notre-Dame  de  Saintes. 


Digitized  by 


Google 


—  344  — 

Guillaume  le  Grand  devint  comte  de  Poitiers  et  duc  d'Aquitaine  î 
Il  reste  Saintes  et  sa  banlieue,  qui  paraît  assez  étendue  vers 
Touest  et  le  nord-ouest,  Pons,  Broue  et  la  presqu'île  de  Ma- 
rennes,  plus  l'île  d'Oléron.  C'est  cela  seul,  à  n'en  pas  douter,  qui 
fut  donné,  pour  le  tout  ou  partie,  en  jouissance  viagère  ou  ré- 
versible, à  Foulques  Nerra  ;  car  c'est  là  seulement  que  nou^ 
voyons  plus  tard  son  successeur,  Geoffroy  Martel,  faire  des 
générosités  aux  abbayes  de  la  Trinité  de  Vendôme  et  de  Notre- 
Dame  de  Saintes. 

Il  est  donc  difficile  d'après  l'examen  détaillé  que  nous  venons 
de  faire,  de  trouver,  dans  tout  le  cours  du  X*  siècle,  de  quoi  jus- 
tifier que  «  la  région  située  au  sud  de  la  Charente  était  devenue 
un  champ  de  compétition  entre  les  comtes  voisins  de  Bordeaux, 
de  Périgueux  et  d'Angoulême  »,  et  que  «  les  évoques  de  Saintes, 
à  l'exemple  de  nombreux  prélats  de  cette  époque  cherchaient  à 
se  constituer  un  grand  domaine  féodal.  »  Cela  ne  se  voit  nulle 
pari,  et  il  y  a  même  de  réelles  im|)ossibilités  à  ce  que  cela  soit. 
D'abord,  il  faut  mettre  hors  de  cause  les  évoques  de  Saintes,  pour 
cette  bonne  raison  qu'il  n'y  en  avait  pas.  Les  invasions  nor- 
mandes, parmi  leurs  plus  tristes  conséquences,  eurent  celle  de 
laisser  le  siège  épiscopal  de  Saintes  vacant  pendant  près  d'un 
siècle  et  demi.  Le  dernier  évêque  de  Saintes  connu  au  IX*  siècle 
est  Fricou  ou  Froult  {Freculphus),  qui  assista  au  concile  de  Sois- 
sons,  en  802,  et  au  concile  de  Piste,  en  86''j.  On  ne  lui  trouve  en- 
suite comme  successeur  qu'Abbon,  qui  assiste,  en  989,  au  concile 
de  Charroux  et,  en  990,  au  sacre  d'Alduin,  évêque  de  Limoges. 
Pendant  ce  long  intervalle  de  temps,  on  ne  voit  aucune  trace 
d'évêques  de  Saintes,  bien  que  les  chroniqueurs  régionaux  aient 
noté  avec  soin  la  succession  des  évêques  de  Poitiers,  d'Angou- 
lême et  de  Périgueux.  Le  même  fait  s'est  produit  à  Bordeaux,  ce 
qui  est  encore  plus  significatif  en  raison  du  siège  métropolitain  ; 
car,  nous  savons  que  Frotier,  son  titulaire,  abandonna  son  siège, 
vers  875,  par  suite  dïC  la  désolation  du  pays,  pour  aller  prendre 
d'abord  Tévêché  de  Poitiers,  puis  l'archevêché  de  Bourges,  et 
qu'il  n'eût,  lui  aussi,  de  successeur  certain  qu'à  la  fin  du  X*  siè- 
cle, en  la  personne  de  Gombaud.  Il  faut  en  conclure  que  ces 
sièges  ont  vaqué  aussi  bien  l'un  que  l'autre.  Par  conséquent,  ce 
ne  sont  point  les  évêques  qui  ont  cherché  à  accaparer  l'adminis- 
tration civile  de  la  Saintonge. 

Il  faut  également  mettre  hors  de  cause,  et  pour  la  même  rai- 
son, les  comtes  de  Bordeaux.  Après  Seguin,  cotnte  de  Bordeaux 


Digitized  by 


Google 


—  345  — 

et  de  Saintes,  pris  et  tué  par  les  Normands  en  845  (1),  les  comtes 
de  Bordeaux  disparaissent  comme  les  archevêques  et  avant  eux. 
En  904,  on  ne  trouve  plus  qu'un  duc  de  Gascogne,  Sanche-Gar- 
cie,  dont  le  pouvoir  s'étend  jusqu'à  la  mer,  par  suite  jusqu'à 
Bordeaux  (2),  et  ce  n'est  que  vers  980  qu'un  comte  authentique 
de  Boirdeaux,  Bernard-Guillaume,  apparaît  de  nouveau,  en  même 
temps  que  l'archevêque  Gombaud,  qui  aurait  été  son  frère.  En- 
core tout  cela  repose-t-il  sur  des  chartes  discutées,  auxquelles  on 
ne  peut  se  fier  qu'à  demi.  Pendant  tout  le  X'  siècle,  et  avant  l'an 
1000,  les  comtes  de  Bordeaux  ne  font  figure  nulle  part,  en  Sain- 
tonge  moins  que  partout  ailleurs,  et  leur  existence  même  reste 
problématique.  En  tout  cas,  le  Blayais,  passé  de  bonne  heure 
aux  mains  des  comtes  d'Angoulême,  leur  aurait  fermé  l'accès  de 
la  Saintonge,  si  c'eût  été  nécessaire. 

En  ce  qui  concerne  les  comtes  de  Périgord,  ils  sont  les  mêmes 
que  les  comtes  d'Angoulême,  depuis  Wulgrin  jusqu'à  la  fin  du 
X*  siècle.  Nous  avons  déjà  noté,  en  effet,  que  Charles  le  Chauve 
avait  donné  à  Wulgrin  à  la  fois  les  comtés  d'Angoulême  et  de 
Périgueux,  auxquels  celui-ci  joignit  mênie  le  comté  d'Agen,  dont 
il  avait  hérité  par  sa  femme,  fille  de  Bernard,  comte  de  Tou- 
louse. Ses  deux  fils  furent  bien,  l'un  Alduin,  comte  d'Angou- 
lême, et  l'autre,  Guillaume,  comte  de  Périgord  et  d'Agen  ;  mais 
ses  petits-fils,  Guillaume  Taillefer,  fils  d'Alduin,  et  Bernard,  fils 
de  Guillaume,  administraient  en  commun  les  deux  comtés  d'An- 
goulême et  de  Périgueux  (3),  à  tel  point  qu'à  la  mort  de  Guil- 
laume Taillefer,  en  962,  lequel  ne  laissa  que  des  bâtards,  ce  fut 
Bernard  lui-même,  puis  Arnaud  Bouration,  fils  de  Bernard,  et 
leurs  descendants,  qui,  pendant  trente  ans,  jusque  vers  992  ou 
995,  possédèrent  les  comtés  d'Angoulême  et  de  Périgueux  (4). 
A  leur  mort  seulement,  Arnaud  Manzer  ou  Avuflron,  bâtard  de 
Guillaume  Taillefer,  reprit,  malgré  son  âge  avancé,  le  comté 
d'Angoulême,  qu'il  laissa  peu  après  (vers  1001  ou  1002)  à  son 
fils,  le  comte  Guillaume  II  ;  et  Aldebert  de  la  Marche,  fils  de 
Boson  le  Vieux,  puis  ses  frères,  issus  d'une  sœur  de  Bernard, 
recueillirent  avec  l'aide  du  duc  d'Aquitaine  le  comté  de  Périgord^ 
notanmient  Boson  le  Jeune,  mort  empoisonné  par  sa  femme,  en 

(1)  Chroniqae  d'AdémAr,  chap.  XVII.  édition  Lair,  p.  113. 

(2)  GhIUa  ChrUtuLnin,  I,  Ins.  eccl.  Au^ciensis,  col.  170-171. 

(3)  Chronique  dTAdémAr,  liv.  III,  chap.  XXIII. 

(4)  Hiêtoire  des  pontife»  et  de$  comtes  d'Angoulémey  édition  Caslaigne, 
chap.  XVIV,  p.  23. 

14 


Digitized  by 


Google 


—  346  — 

1006.  Si  donc  des  comtes  périgourdins  sont  intervenus  en  Sain- 
tonge,  ce  île  peuvent  être  que  les  comtes  périgourdins  d'Angoti- 
lôme,  Bernard  et  ses  descendant»  directs,  mais  à  titre  de  posses- 
seurs de  TAngoumois,  auquel  est  intimement  liée  la  Saintonge 
méridionale  dès  le  début  du  X*  siècle.  Ajoutons  que  le  monnayage 
de  Saintes  est  à  cette  époque  au  type  angoumoisin. 

Conclusion  :  à  l'époque  dont  parle  M.  Richard  et  dont  il  écrit 
l'histoire,  une  seule  influence  directe  ou  indirecte  se  faisait  sentir 
dans  la  plus  grande  partie  de  la  Saintonge  proprement  dite,  cell« 
des  comtes  d'Angoulôme.  Ils  étaient  pour  le  sud  de  l'évôché  ou 
comté  de  Saintes  ce  que  les  comtes  de  Poitou  étaient  pour  le 
nord,  c'est-à-dire  TAunis,  des  mattres  de  fait  et  indiscutés. 

III 

* 

Il  est  pour  notre  pays  une  troisième  question  d'ordre  général 
que  M.  Richard  a  traitée  aussi  à  bâtons  rompus  :  c'est  celle  des 
possessions  ou  de  la  domination  des  comtes  d'Anjou  en  Sain- 
tonge. Voici  d'abord  ce  qu'il  en  dit  : 

n  Du  reste,  Guillaume  [le  Grand]  ne  négligea  rien  pour  attirer 
à  lui  son  redoutable  voisin  [Foulques  Nerra].  Il  lui  confirma  la 
possession  de  Loudun  et  de  Mirebeau,  que  Fier-à-Bras  avait  pré- 
cédemment donnés  en  bénéfice  à  Geoffroy  Grisegonelle  et  où  le 
comte  d'Anjou  fit  élever  d'importantes  forteresses,  puis  plus  tard 
il  lui  abandonna  au  môme  titre  Saintes  et  plusieurs  châteaux  en 
Saintonge  (1).  »  M.  Richard  ajoute  en  note  :  «  Chron.  (ÏAdémary 
p.  164.  Le  texte  du  chroniqueur  est  formel  et  s'accorde  avec  les 
renseignements  fournis  par  les  chartes.  Foulques,  pas  plus  que 
ses  héritiers,  ne  fut  pourvu  du  comté  de  Saintonge  ;  la  ville  de 
Saintes  et  quelques  places  fortes,  Sanlonas  cum  quibusdam  coj- 
teltis^  lui  furent  concédées  par  Guillaume  le  Grand,  ainsi  que  Ta 
très  bien  reconnu  M.  Faye,  dans  son  étude  intitulée  :  De  la  domi- 
nation  des  comtes  d^An^ou  sur  la  Saintonge,  où  il  fait  justice  des 
erreurs  accumulées  par  les  anciens  historiens  de  l'Anjou  pour 
rehausser  l'importance  de  leurs  comtes.  Aux  témoignages  que 
cet  écrivain  a  fournis  nous  en  ajouterons  un  nouveau  qu'il  n'a 
pas  connu  et  qui  apporte  la  preuve  que  les  comtes  de  Poitou 
avaient  non  seulement  conservé  leurs  droits  de  suzeraineté  sur 
la  Saintonge,  mais  aussi  des  domaines  considérables  dans  ce 
pays  :  c'est  la  concession  faite,  en  1040,  à  la  Trinité  de  Vendôme 

(1)  Volume  I,  chap.  X,  p.  149. 


Digitized  by 


Google 


—  347  — 

par  le  comte  Guillaume  le  Gros  [pour  Aigrel],  dont  il  sera  parlé 
en  son  lieu  (1).  » 

—  «  Enfin,  après  trois  années  de  captivité,  le  jour  de  la  déli- 
vrance arriva  ;  à  la  fin  de  Tannée  1036,  Guillaume  le  Gros, 
moyennant  une  rançon  énorme,  peut-être  bien  d'un  million,  fut 
mis  en  liberté  sans  avoir  eu  toutefois  à  faire  à  son  geôlier  aucune 
cession  de  territoire  (2).  »  Et  en  note  :  «  Nous  nous  trouvons  sur 
ce  point  en  désaccord  avec  les  vieux  historiens  angevins,  qui 
prétendent  que,  ])our  obtenir  sa  liberté,  Guillaume  dut  céder  la 
Saintonge  à  son  heureux  rival.  Ils  avancent  même  que  le  motif 
de  la  guerre  déclarée  par  Geoffroy  au  comte  de  Poitou  fut  la 
revendication  de  ce  même  pays  de  Saintonge,  qui  avait  appar- 
tenu dans  le  passé  à  un  ancêtre  des  comtes  d'Anjou.  Tout  ce 
qu'ils  disent  n'est  que  fables,  et  particulièrement  leur  création 
d'un  Aimeri,  comte  de  Saintes,  qui  n'a  jamais  existé,  et  dont  ils 
font  l'aïeul  de  Geoffroy  Martel.  Ce  dernier  n'avait  à  adresser  au 
comte  de  Poitou  aucune  réclamation  sur  Saintes,  que  possédait 
son  père.  Foulques  Nerra,  en  vertu  de  la  concession  bénéficiaire 
qui  lui  en  avait  été  faite  par  Guillaume  le  Grand,  et  dont  il  avait 
toute  chance  d'hériter  à  la  mort  de  celui-ci.  M.  Faye  a  fait  justice 
de  ces  imaginations  dans  son  intéressante  étude  intitulée  :  De  la 
domination  des  comtes  d*Aniou  sur  la  Saintonge,  sur  laquelle 
nous  aurons  à  revenir  par  la  suite  (3).  » 

—  «  Du  reste,  peu  après  la  délivrance  de  ces  actes  [constitu- 
tion de  la  dotation  primitive  de  la  Trinité  de  Vendôme,  le  31  mai 
1040],  Agnès  fit  de  nouvelles  démarches  auprès  de  son  fils  pour 
obtenir  de  lui  qu'il  confirmât  l'ensemble  de  la  donation  des  biens 
sur  lesquels  il  avait  droit  de  suzeraineté.  Ils  consistaient  dans 
l'église  de  Saint-Georges  d'Oléron,  les  bois  de  Saint-Aignan  et 
de  Colomibiers,  la  moitié  des  terrains  mis  en  culture  dans  la  forêt 
de  Marennes  et  les  églises  construites  dans  cette  forêt,  la  moitié 
des  cens  de  sèches  en  Saintonge,  et  l'église  de  Puyravault  avec 
ses  dépendances,  tous  domaines  compris  dans  l'acte  primitif. 
Guillaume  y  ajouta  l'église  de  Noire-Dame  de  Surgères  et  le  bois 
de  Fié  [pour  Flay].  Tous  ces  biens  étaient  situés  en  Sain- 
tonge (4).  » 

—  «  C'est  peu  après  [après  1047],  que  le  comte  d'Anjou  fit  don 


(1)  /dem,  noie  3. 

(3)  Volume  I,  chap.  X,  p.  3S1  et  333. 

(3)  Idem,  note  3. 

(4)  Volume  I,  chap.  XIII,  p.  344. 


M* 


Digitized  by 


Google 


—  348  — 

à  Tabbaye  de  Notre-Dame,  qu'il  fondait  d'RCCoed  avec  sa  femme 
Agnès,  de  la  monnaie,  du  monnayage  et  du  change  de  tout  Tévè- 
cbé  de  Saintes  (1).  »  Et  en  note  :  «  L'expression  «  episcopatus 
Xanionensis  )»  employée  par  Geoffroy  Martel  {Cart.  de  Notre- 
Dame  de  SainleSy  pp.  3  et  70),  ne  saurait  s  appliquer  à  Saint-Jean 
d'Ângély,  dont  la  monnaie  appartenait  à  Cluny  depuis  dix  ans 
au  moins  et  qui  ne  cessa  d'être  la  propriété  de  ce  monastère.  Le 
sens  du  mot  «  episcopatus  »  doit  être  restreint  aux  possessions 
du  comte  d'Anjou  dans  l'évêchô  de  Saintes  (2).  » 

—  «  Lorsqu'il  reprit,  en  1062,  possession  du  domaine  comtal 
que  son  pèr€  avait  jadis  aliéné  en  faveur  de  Foulques  Nerra, 
Guy-Geo£froy  ne  ratifia  certainement  pas  toutes  les  aliénations 
que  les  comtes  d'Anjou  avaient  pu  faire  depuis  un  demi-siècle 

environ  ; et,  en  particulier,  l'abbaye  de  Notre-Dame 

de  Saintes  dut  renoncer  à  ce  privilège  exclusif  d'émettre  des 
monnaies  en  Saintonge,  qui  faisait  partie  de  la  magnifique  dota- 
tion qui  lui  avait  été  constituée  par  Agnès  et  Geoffroy  Martel  en 
1047  (3).  »  Et  en  note  :  «  Désormais,  on  voit  en  effet  Guy-Geof- 
froy disposer  de  domaines  eu  Saintonge  et  en  gratifier  ses  6r 
dèles  ;  ainsi,  il  donna  en  fief,  «.  liscaliier  »,  à  Pierre  de  Bridier, 
son  sénéchal,  des  métayers  dans  l'île  d'Oléron,  dont  celui-ci  se 
dépouilla  plus  tard  en  faveur  du  monastère  de  Saint-Nicolas  de 
Poitiers  {Arch,  hist.  du  Poitou,  I,  p.  43,  Cari,  de  Saint-Nicolas). 

Ainsi,  c'est  seulement  sous  Guillaume  le  Grand  que  les  comtes 
d'Anjou  prennent  pied  en  Saintonge,  comme  cela  a  été  nettement 
établi  par  M.  Faye  et  comme  le  rappelle  avec  juste  raison  M.  Ri- 
chard. Est-il  possible  de  fixer  la  date  approximative  des  conces- 
sions qui  leur  furent  faites  ?  Personne  ne  l'a  tenté.  Pour  le  Poi- 
tou, il  est  probable  qu'il  n'y  eut  pas  d'interruption  et  que  Foul- 
ques fut  simplement  confirmé  dans  les  possessions  de  son  père. 
En  ce  qui  concerne  la  Saintonge,  comme  il  ne  paraft  pas  que 
Geoffroy  Grisegonelle  y  ait  eu  la  moindre  possession  ou  jouis- 
saj^e,  il  s'agit,  aemble-t-il,  de  dons  personnels  faits  pour  la  pre- 
mière fois  à  Foulques.  Cette  donation  dut  avoir  lieu  assez  tard, 
car  pendant  longtemps  on  ne  constate  l'intervention,  ni  directe 
ni  indirecte,  de  Foulques  Nerra  dans  aucun  acte  relatif  à  la 
Saintonge.  U  se  trouve  bien  à  Poitiers,  au  mois  de  juillet  1003, 


(1)  Volume  I,  chap.  XIV,  p.  287. 

(2)  Idem,  note  3. 

(3)  Volume  I,  chap.  XIV,  p.  586. 


Digitized  by 


Google 


—  349  ^ 

et  y  contresigne  la  charte  de  dotation  de  l'abbaye  de  Maille- 
zais  (1),  mais  son  nom  ne  figure  pas  au  bas  de  la  dotation 
de  Dœuil  (canton  de  Loulay,  Charente-Inférieure),  à  Tabbaye  de 
Saint-Cyprien,  dressée  en  même  temps  et  à  titre  de  conpensa- 
tion  (2),  Maillczais  ayant  été,  peu  après  sa  fondation  et  pour  un 
temps,  subordonné  à  Saint-Cyprien.  Il  n*est  pas  cité  non  plus 
parmi  les  grands  seigneurs  qui  affluèrent  à  Saint-Jean  d'Angély 
en  1014,  lors  de  la  trouvaille  de  la  tète  de  saint  Jean^Baptiste  (3). 
Mais,  quelques  années  plus  tard,  lorsqu'une  sanglante  que- 
relle s'éleva  dans  le  bourg  de  Saint-Jean  d'Angély  entre  les 
moines  et  les  gens  du  duc,  il  se  trouvait  en  service  de  cour  à  Poi- 
tiers, à  l'époque  du  carême,  et  il  conseilla  au  duc  de  se  montrer 
rigoureux,  de  chasser  les  moines  et  d'y  mettre  à  la  place  d^ 
chanoines  (4).  C'est  la  seule  fois  que  nous  le  voyons  intervenir 
dans  les  affaires  de  la  Saintonge,  avant  et  en  dehors  de  son  con- 
flit avec  Arbert,  au  capitole  de  Saintes,  en  1027.  Ce  qui  permet 
de  supposer  que  son  action  en  Saintonge  ne  fut  pas  bien  pro- 
fonde, et  limitée  sans  doute  à  quelques  profits  matériels.  Il  n'en 
garda  pas  moins  ses  possessions  saintongeaises  jusqu'à  une  épo- 
que voisine  de  sa  mort,  arrivée  en  juin  1040  ;  et  ce  n'est  qu'à 
cette  date  que  son  fils  Geoffroy  Martel  les  recueillit  dans  sa  suc- 
cession. La  transmission  se  fît  d'elle-même,  semble-t-il,  et  sans 
nouvelle  investiture. 

Ces  possessions,  nous  l'avons  établi  plus  haut,  se  réduisaient 
à  Saintes  et  à  quelques  châteaux  environnants.  Elles  n'allaient 
pas,  du  reste,  sans  contestations  ni  conflits,  car  il  est  plus  que 
probable  que  l'incarcération  d'Arbert  et  que  l'hostilité  sourde 
des  princes  dont  il  est  question  provenaient  de  démêlés  locaux. 
Aussi,  Foulques  Nerra  n'éleva-t-il  jamais  de  prétention  au  gou* 
vemement  de  la  Saintonge,  ni  à  la  possession  du  comté  tout  en- 
tier ;  et,  en  ce  qui  le  concerne,  H.  Richard  a  raison  à  la  suite  de 
M.  Paye  de  considérer  que  l'établissement  des  Angevins,  en  Sain- 
tonge, fut  d'abord  tout  à  fait  précaire  et  limité,  sans  autre  base 
sérieuse  que  la  générosité  de  Guillaume  le  Grand. 

Mais  il  en  fut  tout  autrement  avec  Geofl'roy  Martel,  son  fils, 
Celui-ci,  en  raison  de  circonstances  extraordinairement  favora- 


(1)  BUiùire  de  La  IhehelU,  par  Aroère,  t.  II,  p.  #63. 

(3)  Cartalàire  de  Smint-Cyprién,  ptr  Rédet,  cbMie  MS,  p.  Sl«. 

(3)  Chronique  d'Adémar,  lib.  111,  chap.  LVI. 

(A)  Mim,  même  diapitre. 


Digitized  by 


Google 


—  350  — 

blés  pour  lui,  telles  que  son  mariage  avec  Agnès,  veuve  de  Guil- 
laume le  Grand,  le  1"  janvier  1032  —  que  sa  victoire  sur  le  duc 
Guillaume' le  Gros,  au  Mont-Coucr,  le  20  septembre  1033,  suivie 
de  la  capture  et  de  l'emprisonnement  de  celui-ci  pendant  trois  ans 
—  que  Tavènement  de  Taîné  des  fils  d'Agnès,  Guillaume  Aigret, 
dont  il  était  le  parâtre  et  le  tuteur,  celui-ci,  dis-je,  songea  réelle- 
ment à  étendrie  son  pouvoir  et  sa  domination  sur  la  Saintonge.  Il 
y  réussit  en  fait,  essaya  de  transmettre  le  pays  à  ses  héritiers  et 
n'échoua  dans  son  projet  que  par  la  défaite  à  main  armée  des 
siens.  Gela  résulte  de  toute  une  série  de  faits  connus. 

Dans  le  préambule  de  la  charte  de  privilège  ou  de  donation  de 
l'abbaye  de  Vendôme,  le  31  mai  1040  (1),  et  dans  celui  de  la 
charte  de  fondation  du  monastère  de  l'Evière,  à  Angers  (2),  qui 
suivit  de  quelques  mois  (Foulques  Nerra  étant  mort  dans  l'inter- 
valle), Geoffroy  Martel  et  Agnès,  en  parlant  des  biens  dont  ils 
disposent,  disent  qu'ils  leur  appartiennent,  soit  par  droit  d'héri- 
tage, soit  par  acquêts  légitimes.  Or,  les  acquêts  sont  soigneuse- 
ment notés  ;  par  conséquent,  le  reste,  c'est-à-dire  la  très  grande 
part  des  biens  donnés  en  Saintonge,  à  Saint-Agnant,  à  Colom- 
biers, à  Marennes  et  dans  l'île  d'Oléron,  ont  été  recueillis  dans 
l^éritage  de  Foulques  Nerra.  Les  jeunes  comtes  de  Poitou,  fils 
d'Agnès,  assistent  comme  témoins  à  ces  donations,  mais  n'inter- 
viennent nullement  alors  comme  co-donateurs  ou  comme  confir- 
mateurs  ;  et  s'il  existe,  comme  le  souligne  spécialement  M.  Ri- 
chard, une  charte  de  Guillaume  Aigret  dressée  à  tilre  d'approba- 
tion, tout  indique  que  celle-ci,  si  elle  n'a  pas  été  fabriquée  plus 
tard,  a  été  donnée  quand  la  brouille  intervint  entre  les  époux,  et 
entre  Geoffroy  Martel  et  son  beau-fils  ;  car  il  n'est  plus  question 
de  lui.  C'est,  du  reste,  à  titre  de  daic  d'Aquitaine,  c'est-à-dire  de 
pur  suzerain,  que  Guillaume  Aigret  agit,  ce  qui  n'est  point  con- 
tradictoire avec  les  prétentions  du  comte  d'Anjou  (3). 

En  outre,  dans  cette  même  charte  de  fondation  de  Vendôme, 
Geoffroy  Martel  et  Agnès  donnent  aussi  la  moitié  de  leur  part 
des  cens  d^oignons  (4)  prélevés  dans  tout  le  pays  de  Saintonge 


(1)  CRrtnlàire  de  Vendôme,  parTabbé  Métais,  I,  charte  35.  p.  55. 
(3)  Idem,  charte  38,  p.  78. 

(3)  Cariol.  s&intongeAÎâ  de  U  Trinité  de  Vendôme^  par  Tabbë  Métais, 
charte  16,  p.  44.  —  Nos  doutes  proviennent  de  la  mention  de  Téglise  de  Sur- 
g^res  dans  cette  charte,  tandis  que  les  privilèges  des  papes  de  1061  et  de  1063 
n'en  parlent  pas. 

(4)  Nous  traduisons  tepûi,  sepit^  tepiaram,  par    oignons,  plutôt  que  par 


Digitized  by 


Google 


—  351  ~ 

(per  universum  pagum  Sanctonicum),  et  sans  doute  à  la  môme 
époque  la  dîme  des  peaux  de  cerfs  chassés  à  courre  non  seule- 
ment dans  nie  d'Oléron,  mais  aussi  dans  tout  le  pays  de  Sain- 
tonge,  l'Anjou  et  le  Vendômois  (1). 

Venu  à  Saintes  vers  1044,  Geoffroy  Martel  trouve  le  mon- 
nayage du  pays  en  souffrance.  Depuis  dix  ans,  c'est-à-dire  de- 
puis le  trouble  apporté  dans  les  affaires  du  Poitou  par  la  défaite 
et  la  captivité  de  Guillaume  le  Gros,  en  1033,  on  n*avait  pas 
frappé  monnaie  à  Saintes.  Geoffroy  iMartel  donna  un  délai  de 
trois  ans  pour  s'exéculer  aux  détenteurs  de  la  frappe,  Francon, 
châtelain  du  capitole,  et  Mascelin,  châtelain  de  Tonnay-Cha- 
rente,  faute  de  quoi  il  reprendrait  la  monnaie  à  son  compte.  Ce 
qu'il  fil,  du  reste,  en  faisant  venir  des  monnayeurs  d'Angou- 
lômc  (2)  ;  mais,  pour  ne  pas  troubler  les  habitudes  commerciales 
acquises,  la  nouvelle  monnaie  fut  frappée,  comme  auparavant, 
au  type  d'Angoulême  et  de  Poitiers.  Ce  sont  là,  on  en  conviendra, 
des  actes  de  souverain  d'un  pays,  s'il  en  fût. 

Arrive  la  fondation  de  l'abbaye  de  Notre-Dame  de  Saintes  et 
la  dédicace  de  son  église,  le  2  novembre  1047.  Geoffroy  Martel 
et  Agnès  la  dotent  très  richement  de  biens  situés  à  peu  près 
dans  les  mômes  lieux  que  ceux  qu'ils  ont  donnés  à  l'abbaye 
de  Vendôme,  et  au  même  litre,  c'est-à-dire  en  possesseurs  héré- 
ditaires ou  en  acquéreurs.  Ils  y  ajoutent  la  monnaie,  le  mon- 
nayage et  le  change  dans  tout  l'évêché  de  Saintes  (locius  episco- 
patus  Xanctonensià),  après  avoir  désintéressé  Mascelin,  l'un  des 
précédents  détenteurs  ;  et  cela  doit  s'entendre  dans  le  sens  le 
plus  étendu,  quoi  qu'en  dise  M.  Richard,  car  le  mot  tocius  ne 
s'expliquerait  pas  autrement  (3). 

sèches,  dont  la  pèche  n'a  jamais  constitaé  un  article  important,  tandis  que  la 
culture  de  Toignon  se  fait  encore  en  grand  sur  nos  côtes.  Les  sepia,  étaient 
considérés  comme  un  régal,  d'après  ce  que  Ton  peut  conclure  d'un  passage  du 
Nécrologe  de  l'abbaye  de  Saint-Jean  d'Angély,  où  il  est  dit  que  l'abbé  Henri, 
mort  en  1131,  légua  :  sepluaffinta  sepia  ad  refectionem  fratrum  de  convenin, 
pour  le  jour  de  son  anniversaire  (GaUia,  II,  col.  1101). 

D'autre  part,  Hugues  de  Surgères  donne  sur  le  Aef  de  Marans  c.  sepUi, 
liyrables  au  commencement  du  Carême,  aux  moines  de  Vendôme  qui  occu> 
pent  l'église  de  Sainte-Marie  de  Surgères,  entre  1063  et  1097.  (Cari,  saint,  de 
la  Trinité  de  Vendôme^  charte  41,  p.  75). 

La  soupe  à  l'oignon  nous  paraît  plus  conforme  aux  goûts  des  moines  que 
la  friture  indigeste  de  sèches. 

(1)  /dem,  charte  19,  p.  48  et  49. 

(2)  Cartulaire  de  Noire-Dame  de  Saintes^  par  l'abbé  Grasilier,  charte  77,  p.  70. 

(3)  Idem  y  charte  1,  p.  1. 


Digitized  by 


Google 


—  352  — 

Enfin,  ce  qu'il  y  a  de  plus  significatif,  c'est  la  présence  à  celte 
solennité  de  tous  les  princes  châtelains  de  Sainlonge  et  d'Aunis 
sans  exception,  constituant  la  plus  brillante  cour  qui  soit  men- 
tionnée en  Aquitaine,  au  XP  siècle.  Là  se  trouvent  Hélie  de  Cha- 
lais  comme  Eble  de  Chôtelaillon,  Guillaume  de  Matha  comme 
Gombaud  de  Mornac,  sans  compter  le  comte  Geoffroy  d'Angou- 
lôme  et  quatre  de  ses  fils,  en  tout  trente  à  trente-cinq  seigneurs 
de  la  plus  haute  marque.  Ce  fut  le  triomphe  de  Geoffroy  Mar- 
tel et  la  reconnaissance  de  la  mainmise  par  lui  sur  toute  la  Sain- 
tongc.  Je  veux  bien  que  sa  qualité  de  mari  d'Agnès,  duchesse 
douairière  d'Aquitaine,  et  de  protecteur  des  jeunes  ducs,  soit 
pour  quelque  chose  dans  l'affluence  qui  se  pressa  autour  de  lui. 
Néanmoins,  en  fondant  ce  monastère,  il  agit  en  souverain,  ainsi 
que  sa  femme.  Il  se  passe  de  la  confirmation  du  duc  d'Aquitaine, 
bien  qu'il  fût  présent,  et  le  premier  pape,  Léon  IX,  qui,  en  1049, 
approuve  la  fondation,  ne  connaît  et  ne  vise  que  le  comte  et  la 
comtesse  d'Anjou  (1). 

Nous  savons,  en  outre,  qu'il  avait  institué  en  Saintonge  une 
cour  de  justice  (curia  comitis  Gosfridi),  composée  de  quatre 
juges,  Francon  du  Capitole,  Angibaud  de  Broue,  Jean  Rousseau 
et  Benoît  de  Pons,  où  l'on  jugeait  en  son  nom  (qui  tune  temporis 
in  Sancionico  /assu  Go{lridi  judicabanl)  ;  que  ce  tribunal,  à  l'ins- 
tar des  envoyés  des  temps  carlovingiens,  se  transportait  sur 
place,  et  qu'il  rendit  à  Saint-Agnanl  un  jugement  en  faveur  de 
l'abbaye  de  Vendôme  au  sujet  des  moulins  de  Riollet  ou  VioUel 
(?  Roillatu),  sis  dans  l'alleu  du  monastère  (2)  ;  qu'il  avait  un  pro- 
cureur, Geoffroy  de  Pons,  pour  administrer  ses  possessions  de 
Saintonge  (3)  ;  qu'il  détenait  et  jouissait  de  la  châtellenie  de 
Pons  (nec  eiiam  cum  Gaufridus  Martellus,  Andegavorum  cornes, 
predictum  tenuissei  casiellum)  (4)  ;  qu'il  a  dominé,  enfin,  tout 
le  pays  de  Saintonge  (tempore  quo  cornes  Gaufrcdus  Sanionicx 
patrise  prœsidebat)  (5).  Cela  es(  dit,  on  le  voit,  en  termes  formels, 
et  approuvé  par  les  témoignages  les  plus  autorisés,  ceux  des 
abbés  de  Saint-Jean  d'Angély,  de  SaintrMaixent,  de  Saint-Flo^ 
rent  de  Saumur  et  du  duc  Gui-Geoffroy  lui-même  (6).  Nous  avons 


(1)  Idenit  charte,  p.  8. 

(3)  CàrM,  MinîonffBms  de  Vendôme,  par  Tabbé  Métaia,  dutrie  35,  p.  êA. 
(3)  Cariai,  de  Notre-Dame  de  Saintes,  charte  lOf ,  p.  M  et  91. 
(A)  Chartes  êaintongeaUes  de  Sàini'Florenî  de  Sannuir,  par  tiarehegay,  in 
Areh.  hisi.,  Saint,  et  Annie,  t.  TV.  chaHe  7,  p.  St. 
(S)  Garfol.  de  Saint-Jean  d^An^ély,  par  Mufaet,  l,  clMrt«  IM,  p.  »f|. 
(«)  Loe.  eit. 


Digitized  by 


Google 


-  353  - 

en€ore  un  autre  témoignage  écrit  de  la  domination  complète  de 
Geoffroy  Martel  en  Sainlonge  :  c'est  le  récit  fait  à  la  fin  du  XI* 
siècle,  par  un  moine  de  Tabbaye  de  Sainl-Cybard  d*Angouléme, 
de  la  translation  des  reliques  de  saint  Eutrope  dans  la  nouvelle 
crypte  bâtie  par  les  moines  de  Cluny,  vers  1096.  Il  dit  textuelle- 
ment :  «  Tempore  qiio  urbs  et  provLntcia  Xantonensis  principi- 
bus  Andegavensium  subiecta  erat,  comitem  ipsorum  Gau[ridum 
scilicety  etc.  »  (1). 

La  dernière  année  de  sa  vie,  en  1060,  Geoffroy  Martell  se  sen- 
tant malade  et  incapable  de  tenir  campagne,  eut  recours  à  l'un 
de  ses  neveux,  fils  de  sa  sœur  Ermengarde  et  de  Geoffroy  de 
Châteaulandon,  Foulques  le  Réchin.  Le  jour  de  la  Pentecôte,  à 
Angers,  il  le  fit  chevalier,  à  Tâge  de  17  ans,  et  lui  donna  à  garder 
la  Saintonge  et  la  ville  de  Saintes  {Santonicum  pagum  cum  ipsa 
civiiaie)^  où  il  était  en  guerre  ouverte  avec  Pierre  de  Didonne  (2). 
Le  tout  jeune  chevalier  partit  immédiatement  pour  la  Saintonge, 
et  sa  présence  à  Saintes  est  constatée  par  une  charte  de  Tabbaye  de 
Notre-Dame,  où  on  le  voit  présider  un  conseil  des  grands  du  pays 
et  de  la  viUe,  composé  de  Francon  du  Gapitole  et  de  son  frère 
Maqueau  ;  de  Jean,  frère  d'Ostent  de  Taillebourg,  et  d'autres 
fidèles  du  diocèse  (3).  Entre  temps,  Geoffroy  Martel  mourut,  le 
14  novembre,  au  monastère  de  Saint-Nicolas  d'Angers,  où  la 
veille  il  avait  pris  l'habit  de  moine.  Ses  états  furent  partagea 
entre  ses  deux  neveux.  Foulques  le  Réchin  et  Geoffroy  le  Barbu. 
La  Saintonge  fut  déûnitivement  attribuée  au  premier  avec  l'An- 
jou, tandis  que  la  Touraine  et  la  Gastine  revinrent  au  second  (4). 
Ce  partage  est  la  preuve  évidente  que  la  Saintonge  était  dès  lors 
considérée  comme  un  domaine  propre  et  héréditaire  dans  la  fa- 
mille des  comtes  d'Anjou. 

A  ce  moment-là,  le  duc  d'Aquitaine,  Guy-Geoffroy,  se  trouvait 
dans  le  Midi,  où  il  guerroyait  contre  le  comte  de  Toulouse.  Il  en 
revint  au  commencement  de  l'année  suivante,  et  essaya  en  pas- 
sant de  s'emparer  de  Saintes  par  un  coup  de  main  ;  mais  il 
échoua  (5).  Il  fut  ensuite  vaincu  en  bataille  rangée,  le  21  mars 
1061,  à  Chef-Boutonne,  ce  qui  fit  que  les  Angevins  restèrent  mat- 


(1)  Notice  sur  U  prieuré  de  Sàini-Euirope,  par  dom  Estiennot,  in  Biblioih. 
nai.,  mM.  n^  13.754.  Preuves, 

(2)  Marchegay  et  Salmon,  Chroniques  des  comtes  d'Anjou,  p.  379. 

(3)  Carlul,  de  Noire-Dsme  de  Saintes,  par  l'abbé  Graailier,  charte  20,  p.  27. 

(4)  Marchegay  et  SaAmon,  Chroniques  des  comtes  d'Anjou,  p.  333. 

(5)  Histoire  des  comtes  de  Poitou,  par  Achard,  I,  p.  283. 


Digitized  by 


Google 


—  354  — 

1res  et  possesseurs  de  la  ville  de  Saintes  et  de  la  Saintonge.  La 
discorde  ayant  éclaté  entre  Foulques  le  Réchin  et  Geoffroy  le 
Barbu,  Gui-Geoffroy  revint  à  la  charge  en  1062,  assiégea  mélho- 
diquenicnt  cette  fois  la  ville  de  Saintes  et  l'enleva  d'assaut  après 
la  plus  vive  résistance.  C'est  que  la  population  s'en  était  elle- 
même  mêlée  et  qu'elle  tenait  au  fond  pour  les  comtes  d'Anjou, 
qui  avaient  fini  par  identifier  ses  intérôlfi  aux  leurs,  en  faisant 
revivre  l'indépendance  du  pays  vis-à-vis  du  Poitou  et  en  consti- 
tuant en  quelque  sorte  à  la  Saintonge  une  individualité  sinon  une 
nationalité  depuis  longtemps  disparue. 

La  prise  de  Saintes,  dans  le  courant  de  l'année  1062,  fut  la  fin 
de  la  domination  des  comtes  d'Anjou,  et  la  Saintonge  propre- 
ment dite,  reconquise  par  les  armes,  rentra  désormais  dans  le 
gouvernement  direct  des  comtes  de  Poitou,  sauf,  cependant,  la 
Saintonge  du  sud,  qui  resta,  comme  auparavant  et  pendant  fort 
longtemps,  sous  la  main  des  comt(^  d'Angoulômo.  En  effet,  les 
Poitevins  ayant  envahi,  entre  1070  et  1075,  le  territoire  du  comte 
Foulques,  celui-ci  les  pourchassa  avec  vigueur  et  les  refoula  jus- 
qu'à Cognac,  en  leur  faisant  de  nombreux  prisonniers.  De  plus, 
le  duc  d'Aquitaine  ayant  mis  le  siège  devant  Mortagne,  au  pays 
de  Saintonge,  et  étant  sur  le  point  d'enlever  le  château.  Foulques 
accourut  et  l'obligea  à  se  retirer  (1).  Ce  que  Guy-Geoffroy  reprit 
aux  Angevins,  en  somme,  ce  furent,  à  proprement  parler,  les 
possessions  limitées  que  Guillaume  le  Grand  avait  aliénées  au- 
trefois en  faveur  de  Foulques  Nerra,  c'est-à-dire  Saintes  et  sa 
banlieue,  Pons,  Marennes  et  l'île  d'Oléron.  Pas  plus  dans  le 
cours  du  XP  siècle  qu'antérieurement,  on  ne  voit  le  comte  de 
Poitou  intervenir  sur  d'autres  points  de  la  Saintonge  proprement 
dite.  Ce  qu'il  supprima  définitivement  ce  furent  aussi  les  préten- 
tions diverses  de  reconstituer  à  son  détriment  un  comté  de  Sain- 
tonge indépendant,  ce  que  Geoffroy  Martel  avait  réussi  à  réaliser 
pour  quelque  temps. 

En  résumé,  la  question  des  possessions  et  de  la  domination 
des  comtes  d'Anjou  en  Saintonge  ne  se  réduit  pas  à  une  simple 
discussion  sur  l'origine  et  la  légitimité  de  leurs  droits,  comme 
seraient  tentés  de  l'admettre  les  lecteurs  de  M.  Richard,  lequel 
s'en  réfère  surtout  à  l'intéressant  mémoire  de  M.  Faye.  Elle  a 
plus  d'ampleur  que  cela,  et  M.  Faye  lui-même  avait  bien  pris 


(1)  HUtorià  poniificam  et  comitam  Engolism,^   édition   Castcigne,  chap. 
XXXI,  p.  36. 


Digitized  by 


Google 


—  355  — 

soin  de  dire  qu'il  se  bornait  à  examiner  l'origine  et  la  nature  de 
ces  droits  (1).  De  simples  bénéficiaires  de  Saintes  et  de  quelques 
chAteaux  voisins  qu'ils  étaient  d'abord,  vers  l'an  1020,  avec  Foul- 
ques Nerra  (l'Aufais  et  les  trois  quarts,  on  peut  dire,  de  la  Sain- 
tonge  proprement  dite  échappant  totalement  à  leur  influence), 
les  comtes  d'Anjou  arrivent,  vers  1040,  avec  Geoffroy  Martel,  à 
étendre  leur  pouvoir  et  leur  administration  à  tout  l'évêché  de 
Saintes,  Aunis  compris.  Ils  y  fondent  en  toute  souveraineté  une 
puissante  abbaye,  au  vu'  et  au  su  de  tous  les  grands  seigneurs 
du  pays  et  en  présence  des  comtes  voisins  les  plus  intéressés. 
Personne  n'élève  la  moindre  objection,  ne  réclame  la  moindre 
suzeraineté.  Les  papes  eux-mêmes  en  donnant  leur  approbation, 
ne  reconnaissent  comme  fondateurs  que  le  comte  et  la  comtesse 
d'Anjou.  Finalement,  en  1060,  ils  disposent  du  pays  de  Sain- 
tonge  comme  d'un* héritage  légitime.  La  victoire  de  Chef-Bou* 
tonne,  en  1061,  consacre  d'abord  au  profit  des  comtes  angevins 
le  testament  de  leur  oncle  ;  et  la  conquête  seule  de  Saintes,  en 
1062,  leur  arrache  cette  Saintonge,  vers  laquelle  ils  avaient  les^ 
yeux  tournés  depuis  quarante  ans. 

Cette  question,  on  le  voit,  méritait  d'être  traitée  autrement 
que  par  quelques  aperçus  ou  notes  dispersées  au  bas  des  pages. 
Nous  renvoyer  pour  plus  ample  informé  au  mémoire  tout  spé- 
cial et  si  limité  de  M.  Faye  n'est  pas  très  flatteur  ;  et,  pour  dire 
toute  notre  pensée,  nous  attendions  mieux  de  M.  Richard  sur  ce 
point  important  de  notre  histoire  locale. 

(A  suivre).  jg^^  le  Saintongeais. 

L*Ere  nouvelle  du  15  mai,  à  la  suite  d'un  compte  rendu  sur 
Un  curieux  de  province,  met  en  lumière  quelques  détails  généa- 
logiques. 

Parmi  les  ancêtres  dont  M.  Clouzot  s'est  plu  à  retracer  la  vie, 
figure  le  capitaine  Broutet,  grand  amateur  de  géologie  et  de 
conchyologie,  qui,  de  ce  fait,  reçut  de  ses  contemporains,  plus 
portés  à  se  moquer  de  choses  auxquelles  ils  ne  comprenaient 
rien,  qu'à  les  admirer,  les  surnoms  de  M.  de  Saint-Silex,  et  sur^ 
tout  de  Broutet-Cailloux.  La  Revue  l'a  déjà  signalé. 

Le  mariage  du  trisaïeul  de  L.-P.  Couraud,  Simon  Renaudet, 
maître  chirurgien  à  Meschers,  fut  célébré  par  son  cousin  ger- 

(1)  De  U  domination  dei  eomiet  d'Anjou  $nr  là  Saintonge^  par  Léon  Faye, 
in  Revuê  de  l'Anjou,  1898,  et  tirage  à  part,  p.  1 . 


Digitized  by 


Google 


—  356  - 

main  Jean  Marcus,  prêtre,  docteur  en  théologie,  vicaire  de  Saint- 
Léger  de  Cognac.  Celui-ci  avait  été  nommé,  en  1748,  curé  d'An- 
geac-Champagne  ;  il  s'exila  à  la  Révolution,  et  mourut  à  Bilbao, 
en  1796,  âgé  de  82  ans. 

Une  sœur  de  J.  Marcus  avait  épousé  Jacques  Saulnier,  maître 
apothicaire  de  Cognac. 

Mémoires  de  la  Société  Eduenne,  tome  XXXP,  p.  426,  note  sur 
le  baron  Charles  de  Crozc,  que  l'auteur  fait,  à  tort,  membre  de 
notre  Société  des  Archives. 

Revue  du  Bas-Poilou,  1"  livraison  de  190i,  L'abbaye  de  Ré 
(suite),  par  le  D'  Atgier,  biographie  de  Jacques  de  Billy. 

Revue  africaine,  4*  trimestre  1903,  article  de  M.  Waille  sur  le 
Monument  de  Fromentin,  C'est  une  étude  rapide  sur  les  œuvres 
de  Fromentin. 

La  Revue  universelle  du  1"  juin  1904  contient  un  article  d« 
M.  L.  Tidier-Toutant  sur  la  Chaussée  de  Saint-James  près  Tail- 
lebourg,  reproduisant  l'inscription  que  la  Société  des  Archives 

y  a  fait  placer.  La  reproduction  d'une  partie  de  la  chaussée,  • 

d'après  un  cliché  de  M.  Proust,  accompagne  l'article.  3 

—  Le  numéro  du  1"  août  contient  Les  monuments  de  Saintes^  ^ 

par  MM.  Georges  Musset  et  Louis  Audiat,  avec  photographies  à 

de  MM.  Robert  et  Neurdein  ;  plus  huit  comptes  rendus  de  M.  z» 

Regelsperger  sur  plusieurs  ouvrages,  notamment  UAunis  et  ki  -g 

Saintonge  maritimes,  par  M.  B.  Girard  ;  Les  successions  dans  S 

Vusance  de  Saintes  et  la  coutume  de  Saintonge,  par  M.  Maurice  O 

Bures  ;  La  Merine  à  Nastasie,  par  Yan  Saint-Acère,  avec  portrait  j 
de  la  Mérine  ;  UAunis,  par  M.  P.  Camena  d'Almeida. 

La  Revue  hebdomadaire  du  28  mai  1904  contient  un  article  sur 
Bernard  Palissy  géologue,  presque  entièrement  composé  de  pas- 
sages des  œuvres  de  Palissy  sur  les  fossiles,  le  sel,  la  marne,  etc. 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  de  VOrléa- 
nais,  tome  XIII,  p.  335,  Catalogue  des  estampilles  de  potiers 
gallo-romains  du  musée  historique  d* Orléans,  par  M.  Dumuys. 
Beaucoup  de  noms  pareils  à  ceux  déjà  rencontrés  en  Saintonge. 


Digitized  by 


Google 


REVUE 

DE  SAINTONGE  &  D'AUNIS 

BULLETIN  DE  LA  SOCIÉTÉ  DES  ARCHIVES 


SOMMAIRE  DU  N-  DU   !•'  NOVEMBRE  1904. 

ÂVI8  BT  nouvelles:  Distribulion  du  volume;  Recouvrement  des  cotisations 
de  1905;;  Statistique  des  ëcoles;  Le^a;  Héro  et  Lifanc/re;Théfttre  en  plein  air. 

Notes  d'Atat  civil  :  —  I.  Décès:  E.  de  Gourville;  Roy  de  Lisle;  M"*  de 
Thézac  ;  M»«  de  Saint-Geniès. 

II.  Mariages:  Gallut-Renaudot ;  Nassans-Sayous ;  de  Laver^ne-Pailiier. 

III.  Rectification  de  nom. 

Varibtbs:  Saintes  anciennCy  les  rues,  par  Ch.  Dan^ibeaud;  Lu  clerg;é  de  la 
Charente-Inférieure  pendant  la  Révolution,  par  P.  Lemonnier. 

Livnis  BT  iiBvuBs  :  V histoire  des  Comtes  de  Poitou  (Un)  ;  Etudes  des  Pères 
Jésuites;  Les  Contemporains  (Baudin);  Pouillé  d'Angouléme;  Les  tlots  de  It 
Charente  ;  Mémoires  des  Antiquaires  de  l'Ouest. 

BiBLiooRAPHiB  Semestrielle. 


AVIS  ET  NOUVELLES 


Le  torae  XXXIV  des  Archives  sera  mis  en  distribution  en 
novembre.  Prière  à  nos  confrères  de  vouloir  bien  retirer  de  chez 
nos  correspondants  habituels  le  volume  auquel  ils  ont  droit. 

Nous  rappelons,  à  cette»  occasion,  qu'un  certain  nombre  de  nos 
confrères  négligent  trop  souvent  de  prendre  ce  volume.  Il  en 
résulte  un  encombrement  désagréable  pour  les  personnes  qui  ont 
l'amabilité  de  servir  d'intermédiaire  graluitemeni  entre  le  siège 
de  la  Société  et  les  membres  de  notre  compagnie. 

Un  peu  d'empressement  à  les  débarrasser  serait  une  bonne 
manière  de  reconnaître  leur  complaisance. 

IUt««,  Tome  XXIV,  f«  UrniMO.  —  Oetobrt  1904.  tl 


Digitized  by 


Google 


-  358  — 

Messieurs,  les  sociétaires  et  abonnés  sont  prévenus  que,  comme 
les  années  précédentes,  le  recouvroment  des  cotisations  se  fera 
par  rintermédiaire  de  la  i)oste,  le  15  décembre  prochain.  Nous 
les  prions  de  vouloir  bien  prendre  note  de  cette  date  pour  éviter 
les  frais  de  renvoi,  ainsi  que  les  nombreuses  écritures  du  tré- 
sorier. 

Pendant  Tannée  1902-1903,  il  y  a  eu,  dans  la  Charente-Infé- 
rieure, 1.065  écoles  publiques  ou  privées,  soit:  2  écoles  primaires 
supérieures,  1.018  écoles  élémentaires  et  45  écoles  maternelles. 
Les  1.018  écoles  élémentaires  comprennent:  853  écoles  publi- 
ques et  165  écoles  privées.  Les  élèves  reçus  dans  les  écoles  pu- 
bliques sont  au  nombre  de  47.845,  et  dans  les  écoles  privées 
de  8.628. 

Le  personnel  chargé  de  donner  l'enseignement  dans  les  écoles 
publiques  se  compose  de  1.231  instituteurs  ou  institutrices,  et 
celui  des  écoles  privées  de  423  membres. 

Les  45  écoles  maternelles  sont  ainsi  réparties  :  21  écoles  publi- 
ques, 24  écoles  privées.  Les  premières  ont  reçu  3.930  élèves,  les 
autres  1.628. 

Comme  les  années  précéd'entes,  le  nombre  des  élèves  sortis  de 
l'école  normale  d'instituteurs  a  été  notablement  inférieur  aux 
besoins  du  recrutement. 

Le  préfet,  dans  son  rapport,  constate  que  plusieurs  des  élèves 
institutrices  s'accommodent  mal,  chaque  année,  du  régime  de 
l'école.  Les  promotions  ne  dépassent  pas  treize  à  quatorze.  Ce 
chiffre  est  insuffisant,  puisque  de  vingt-cinq  à  trente  vacances 
d'emploi  se  produisent  chaque  année  dans  le  personnel  des  ins- 
titutrices. Il  faudrait  des  promotions  de  vingt  élèves. 

M.  Chapsal  est  nommé  directeur  du  commerce  au  ministère 
du  commerce. 

M.  Léon  Gazeau  est  nommé  archiviste-adjoint  du  département, 
en  remplacement  de  M.  Valin. 

Le  Théâtre  populaire  de  La  Mothe-Saint-Héray  a  donné,  pour 
la  neuvième  fois,  les  11  et  12  septembre  courant,  ses  représenta- 
tions coulumières. 

Les  fêtes  ont  eu,  cette  année,  un   éclat  tout   particulier,  et 


Digitized  by 


Google 


-  359  — 

M.  Paul  Mariélon,  chancelier  du  Félibrige,  a  bien  voulu  accep- 
ter de  les  présider. 

La  pièce  montée  cette  annéi^  a  pour  titre:  .4  chacun  sa  destinée. 
Elle  fut  jouée  par  la  troupe  habituelle  du  théâtre,  avec  le  con- 
cours de  M.  Léon  Second  et  de  M"**  Claude  Ritter  et  B.  Macler. 

C'est  une  comédie  moderne  en  cinq  actes,  en  prose,  de  M. 
Pierre  Corneille,  avec  chants  de  M.  Louis  Giraudias. 

Elle  se  passe  dans  un  décor  amusant,  brossé  par  Nf.  André 
Giraudias,- représentant  une  ferme  poitevine. 

M"*  de  Thézac  a  légué  à  la  ville  de  Saintes  une  somme  de 
10.000  francs,  dont  les  revenus,  partagés  en  deux  portions,  ser- 
viront pour  dtnix  tiers  à  secourir  une  veuve  mère  de  deux  en- 
fants, habitant  Saintes,  le  troisième  tiers  restera  à  la  disposition 
du  maire  de  la  ville. 

Un  legs  analogue  a  été  fait  à  la  ville  de  Pons. 

Le  groupe  en  marbre  blanc  de  M.  Laurent,  Héro  et  Léandre, 
a  été  placé  dans  le  Jardin  des  plantes  de  La  Rochelle,  en  sep- 
tembre dernier,  au  centre  de  la  pelouse. 

Le  jury  chargé  de  juger  les  projets  présentés  pour  la  construc- 
tion d'une  église  à  Coulommiers,  a  retenu  celui  de  notre  confrère 
M.  Balley  panni  les  six  admis  à  prendre  part  au  second  degré 
du  concours. 

M"*  veuve  Charles  Painparé,  née  Marie-Angèle  Penard,  mar- 
chande à  Saint-Jean  d*Angély,  morte  le  25  février  1904,  a  légué 
par  testament  olographe,  à  la  ville  de  Saintr-Jean  d*Angély,  la 
nue  propriété  de  sa  fortune,  pour  contribuer  à  rétablissement  de 
l'asile  des  vieillards,  fondé  par  Achille  Camuzet,  et  l'usufruit  à 
M"*  Louise  Christophe,  son  ancienne  demoiselle  de  magasin,  de- 
venue son  amie. 

M""  Painparé  était  nièce  du  célèbre  Broussais,  médecin  en  chef 
de  l'hôpital  militaire  du  Val-de-Grâce,  à  Paris,  et,  parmi  les 
papiers  de  la  succession,  M.  Saudau,  archiviste,  a  trouvé  les 
nombreux  diplômes  scientifiques  et  honorifiques  de  ce  savant, 
ainsi  que  plusieurs  cahiers  de  notes,  observations  et  extraits 
paraissant  écrits  de  sa  main. 

L.  C. 


Digitized  by 


Google 


—  360  — 

M.  E.  Gaubert,  dans  le  Magasin  pittoresque  du  1"  septembre 
1904,  rend  compte  des  représentations  en  plein  air  de  Nîmes  et 
Orange. 

«  Chaque  été,  le  chiffre  des  spectacles  de  plein  air  s'accroît  ; 
de  nouveaux  centres  dramatiques  se  créent.  Nous  a\  ions  d'abord 
Orange,  Béziers,  Bussang,  La  Mothe-Saint-Héray  ;  maintenant, 
à  ces  noms,  il  faut  ajouter  Nîmes,  Cautcrets,  Rayonne,  Saintes. 
Tous  ces  spectacles  n*ont  pas  la  môme  importance,  pas  plus  au 
point  de  vue  littéraire  qu'au  point  de  vue  du  succès.  Nîmes  et 
Béziers  attirent  une  plus  grande  affluence  de  spectateurs  ; 
Orange,  le  premier  en  date  des  théâtres  en  plein  air,  devant  un 
public  moindre,  donne  un  nombre  plus  grand  de  représentations. 
Pour  une  représentation  unique  de  Sémiramis  (de  Peladan),  à 
Nîmes,  il  y  a  eu  environ  quinze  mille  entrées  ;  pour  les  trois 
jours  de  Cynthia,  Hyppolyte  couronné^  DionysoSy  à  Orange,  la 
moyenne  des  assistants  n'a  pas  dépassé  quinze  cents. 

A  Orange  et  Nîmes,  les  spectacles  commencent  à  neuf  heures 
du  soir  ;  à  Béziers,  au  contraire,  à  trois  heures.  Le  silence  noc- 
turne, la  voûte  d'un  ciel  pur  et  transparent,  troué  d'étoiles,  don- 
nent à  la  voix  des  acteurs,  à  leurs  gestes,  grandis  devant  la 
rampe  d'acétylène,  un   charme   incomparable.  Dans  l'ombre,  à 

demi  répandue  sur  le  public,  l'émotion  se  propage  mieux » 

Les  paysans  des  terres  latines,  comme  ceux  que  M.  Pottecher, 
à  Bussang,  et  M.  Corneille,  à  La  Molhe-Saint-Héray,  ont  réussi 
à  attirer,  ne  se  désintéressent  point  de  problèmes  plus  élevés  que 
les  habituelles  «  machines  »  qui  font  recette  sur  les  meilleures 
scènes  parisiennes.  De  plus  en  plus,  les  œuvres  tirées  de  l'his- 
toire locale  ou  nationale,  ou  qui  intéressent  nos  atavismes,  sont 
goûtées  par  le  public  de  plein  air. 

Il  y  a  là  un  encouragement  et  un  avertissement  qui  pourraient 
bien  marquer  le  début  d'une  ère  nouvelle.  » 

On  craignait  beaucoup  pour  le  succès  de  Sémiramis^  aux  arènes 
de  Nîmes  (24  juillet).  En  effet,  la  beauté  sévère  de  l'œuvre,  qui 
ne  fait  aucune  concession  aux  goûts  do  la  foule,  semblait  devoir 
déplaire  aux  habitués  des  courses  die  taureaux.  Il  n'en  a  rien  été, 
grâce  à  une  interprétation  absolument  supérieure,  grâce  à  l'in- 
telligence du  public,  M.  Peladan  trionupha  complètement.  Il  avait 
comme  principaux  interprèles.  M"*  Segond-Weber  et  M.  Albert 
Lambert,  une  richesse  de  décors  et  de  costumes  digne  de  l'Opéra. 
On  sait  qu'à  Béziers  {Armide,  de  Gluck,  cette  amiée),  rien  n'est 
négligé  comme  mise  en  scène,  orchestre,  chant  et  danse.  Le  suc- 


Digitized  by 


Google 


-861  - 

ces  est  toujours  considérable  (1).  A  Orange,  on  s'est  contenté 
d'acteurs  moins  en  renom.  Il  est  évident  qu'il  faut  compter  (ac- 
tuellement) avec  la  curiosité  du  public:  il  accourrera  toujours  nom- 
breux vers  les  acteurs  dont  il  a  entendu  vanter  le  talent,  même 
s'il  sait  à  l'avance  que  l'œuvre  qu'ils  présenteront  est  faible. 
Sémiramis  doit,  en  grande  partie,  son  succès  à  l'origine  nimoise 
de  l'auteur,  déjà  très  connu,  voire  célèbre,  et  à  la  présence  de 
deux  acteurs  dont  la  réputation  a  pénétré  partout. 


NOTES  D'ETAT  CIVIL 


I.  —  DÉCÈS 

Mardi  2  août,  est  décédé  subitement,  dans  la  gare  de  La 
Rochelle,  M.  Enunanuel  de  Gourville. 

M.  Paul-Olivier  Roy  de  l'Isle,  propriétaire  à  Orioux,  com- 
mune de  Courcelles,  près  de  Saint-Jean  d'Angély,  y  est  décédé, 
le  3  septembre  1904.  Il  avait  épousé  M"*  Marie  Gillot-Saint-Evre, 
fille  du  savant  professeur  de  la  faculté  de  Poitiers,  et  de  Madame, 
née  Beaussant. 

M.  Roy  de  l'Isle  a  été  maire  de  la  commune  de  Courcelles  de 
1887  à  1892,  et  conseiller  municipal  depuis  1881. 

Il  avait  contribué  à  la  fondatioai,  en  1877,  do  la  Société  des 
courses  et  en  était  le  président  à  son  décès.  Le  charmant  hippo- 
drome d'Orioux,  avec  sa  ceinture  de  verdure,  lui  appartenait. 

Adonné  à  l'élevage  du  cheval  d'armes,  son  exemple  et  ses  suc- 
cès ont  contribué  à  donner  une  certaine  impulsion  à  cette  branche 
de  l'industrie  agricole,  négligée  autrefois  dans  l'arrondissement 
de  Saint-Jean  d'Angély. 

La  famille  Roy  de  l'Isle  est  alliée  à  celles  des  Grimprel,  de 
Paris  ;  Hériart,  de  Matha  ;  et  Audouin-Dubreuil,  de  Saint-Jean 
d'Angély, 

Le  15  septembre  lOOi  est  décédéc  à  Saintes,  rue  Saint-Maur, 

(1)  Le  d^cor  unique  comprenant  5.000  mètres  carrés  de  toile,  a  été  peint 
par  Jambon.  M™«  Litvinne  tenait  le  r6Ie  d*Armide.  Les  recettes  habituelles 
des  spectacles  de  Béziers  varient  de  110  à  170.000  francs.  La  générosité  de 
M.  Castelbon  de  Beauxhostet  permet  de  risquer  de  gros  finis. 


Digitized  by 


Google 


-  362- 

M"'  Charlotle-Thérèze-Marie  dite  Méry  Compagnon  de  Thézac, 
fille  die  Jacques  et  de  Broussard  Françuisc-Elconore,  Agée  de 
89  ans. 

Le  19  septembre,  est  décédée,  au  château  du  Cormier,  dans  sa 
78'  année,  Marie-Renée  de  Rremond  d'Ars,  baronne  de  Maussac, 
marquise  do  Thézan  Sainl-(ioniès.  Elle  était  née  à  Saintes,  le 
6  février  1827,  de  «  Théophile-Charles,  vicomte  de  Bremond 
d'Ars,  lieutenant-colonel  au  G"  hussards,  chevalier  des  ordres 
royaux  de  Saint-Louis  et  de  la  légion  d'honneur  »,  et  décédé,  le 
12  mars  1875,  général  de  brigade,  inspecteur  général' de  cava- 
lerie, conunandeur  de  la  légion  d'honneur,  cl  de  Marie-Anne- 
Claire  de  Guitard  de  La  Borie,  morte  cette  même  année,  le  26 
février,  et  avait  épousé,  le  24  mai  1848,  Marie-Stanislas^Graticn 
de  Baderon  de  Thézan,  baron  de  Maussac,  marquis  de  Saint- 
Geniès.  (Contrat  signé  par  le  comte  et  la  comtesse  de  Chambord, 
ainsi  que  par  la  duchesse  d'Angoulême).  (1). 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  21,  dans  Téglisc  baint-Pallais.  Aux 
côtés  du  char  funèbre,  orné  de  superbes  couronnes  et  de  gerbes 
de  fleurs,  se  tenaient  les  enfants  de  l'école  libre  de  la  paroisse, 
dont  la  défunte  présidait  le  comité  d'administration.  Le  deuil 
était  conduit  par  le  marquis  de  Thézan  Saint-Gcniès,  son  fils, 
capitaine  d'artillerie  démissionnaire,  accompagné  du  comte 
Joseph  de  Bremond  d'Ars,  représentant  son  père,  le  comte  Ana- 
tole de  Bremond  d'Ars,  marquis  de  Migré,  frère  de  la  marquise 
de  Saint-Geniès,  et  de  ses  neveux,  le  comte  Pierre  de  Bremond 
d'Ars  et  ses  deux  fils,  Eutrope  et  Jean,  le  comte  Héhon  de  Rou- 
mefort,  loi  baron  Jacques  Dosazars  de  Montgailhard,  lieutenant 
au  7*  hussards,  le  marquis  de  Goulardi  d'Arsay  et  M.  Marcel 
de  Fonrémis.  * 

Le  service  funèbre  a  été  célébré  au  milieu  d'une  assistance 
aussi  nombreuse  que  recueillie,  double  témoignage  des  sincères 
regrets  qu'emportait  avec  elle  la  vénérée  marquise.  Ces  senti- 
ments ont  eu  leur  éloquent  interprète  dans  M.  l'abbé  Billard,  curé 
de  la  paroisse,  qui,  après  avoir  dit  la  messe  de  Requiem,  a  su, 
dans  une  allocution  empreinte  des  pensées  les  plus  élevées  en 
même  temps  que  les  plus  consolantes,  émouvoir  profondément 
son  auditoire.  La  tâche  lui  était,  du  reste,  facile,  vu  son  talent 
de  parole,  largement  secondé  par  la  générosité  de  son  coeur  et. 
le  sujet  qu'il  avait  à  traiter. 

(1)  Pour  les  Thézan  Saint-Geniès,  voir  Aevoe,  XVIII,  29. 


Digitized  by 


Google 


-  363  - 

La  marquise  de  Saint-Geniès,  en  effet,  aussi  bien  douée  sous  le 
rapport  du  cœur  que  de  rintelligence,  était  la  grande  dame  des- 
cendant de  son  illustre  lignée,  et  ses  vertus  de  fervente  chrétienne 
et  de  tendre  mère,  de  même  que  son  inépuisable  charité,  en  fai- 
saient, sous  tous  rapports,  une  femme  accomplie.  Ses  amis  ne 
pourront  de  longtemps  oublier  la  noblesse  de  son  caractère,  la 
délicatesse  extrême  de  ses  sentiments,  la  distinction  de  ses  ma- 
nières, Taffabilité  de  son  accueil,  son  esprit,  dont  la  gaieté  et  la 
culture  rendaient  trop  courts  les  moments  passés  près  d'elle. 
Aussi,  en  la  quittant,  était-on  heureux  de  lui  laisser  la  promesse, 
si  affectueusement  demandée,  d'un  prompt  retour. 

L'ensemble  de  ces  qualités  lui  valaient  d'être  la  femme  la  plus 
aimable  de  même  que  la  plus  aimée  de  ceux  qui  l'entouraient, 
parents  et  serviteurs,  ou  qui  étaient  charmés  d'entretenir  avec 
elle  de  fréquentes  relations.  Elle  était  ainsi  la  preuve  vivante  du 
précepte  d'Ovide  : 


ut  ameris,  amabilis  esto. 


Après  les  décès  aussi  douloureux  que  rapprochés  de  son  père 
cl  de  sa  mère,  décès  suivis  de  si  près  par  la  perte  cruelle  d'une 
(ille  chérie,  Maric-Clairc-Isaboau,  décédée  à  l'âge  de  18  ans,  le 
23  décembre  1875,  celle  non  moins  poignante  de  son  mari,  le  23 
octobre  1897,  et  enfin  le  deuil  causé  récemment  par  la  mort  de 
son  gendre,  le  marquis  du  Dresnay,  la  marquise  de  Saint-Geniès 
pouvait  encore  vivre  des  jours  relativement  heureux,  entourée 
de  la  grande  affection  de  sa  fille,  revenue  à  ses  côtés  depuis  son 
malheur,  ainsi  que  de  son  fils  et  de  sa  belle-fille,  trop  heureux  de 
se  retrouver  de  temps  à  autre  près  de  leur  mère.  Mais  la  mort, 
toujours  insatiable,  avait  décidé  de  frapper  à  nouveau  ceux 
qu'elle  avait  déjà  si  impitoyablement  éprouvés,  et  l'exécution  de 
ses  implacables  décrets  ne  se  fil  malheureusement  pas  attendre. 
.\j)i(\^  un  mois  à  jXMiie  d'un  mol  (jue  rien  ne  pouvait  faire  redou- 
ter, la  marquise  de  Saint-Geniès  était  ravie  à  ses  enfants  et  à  ses 
iunis,  (|ui,  jusqu'aux  derniers  jours,  s'étaient  bercés  de  l'espoir 
d'un  retour  à  la  santé. 

Toutes  ces  choses,  et  bien  d'autres,  ont  été  excellemment  dites 
par  M.  le  curé  de  Sainl-Pallais  ;  aussi,  ne  saurions-nous  mieux 
faire  que  de  signaler  à  ceux  qui  ne  l'auraient  pas  lu,  le  compte 
rendu  des  obsèques,  fait  par  le  Monileur  de  la  Sainionge,  dans 
le  numéro  du  22  septembre,  et  qui  reproduit  la  touchante  allo- 
cution de  M.  l'abbé  Billard, 


Digitized  by 


Google 


-  364- 

Après  l'absoute,  donnée  par  le  vénérable  archiprétre  M.  Car- 
laud,  curé  de  Sainl-Pierre,  et  pour  lequel  la  pieuse  marquise 
avait  une  haute  estime,  le  cortège,  toujours  aussi  respectueuse- 
ment recueilli,  attitude  d'ordinaire  moins  bien  observée,  a  accom- 
pagné le  corps  à  la  gare  de  TEtal,  d'où  il  a  été  dirigé,  dans  l'après- 
midi,  sur  la  petite  ville  die  Saint-Gcniès  en  Languedoc,  pour  y 
être  inhumé,  le  lendemain,  dans  la  sépulture  des  Thézan  Saint- 
Geniès,  établie  dans  la  toute  voisine  chapelle  de  Saint- Fulcrand, 
lieu  de  pèlerinage  cher  aux  habitants  du  pays. 

Pour  cette  dernière  partie  des  obsèques,  s'étaient  joints  au 
marquis  de  Saint-Geniès  :  le  colonel  marquis  de  Bremond  d'Ars, 
commandant  le  9*  hussards,  le  duc  de  Lévis-Mircpoix  et  le  baron 
d'Arellano,  neveux  de  la  regrettée  marquise.  VEclair  de  Mont- 
pellier, sous  la  date  du  22  septembre,  a  rendu  compte  de  la  céré- 
monie dans  un  article  dont  nous  extrayons  le  passage  suivant, 
qui  dépeint  les  sentiments  de  respectueuse  affection  que  lui  gar- 
daient ceux  au  milieu  desquels  elle  avait  passé  «  ses  années  de 
joies  et  de  bonheur  ». 

«  Cette  grande  chrétienne,  dans  toute  l'acception  du  mot, 

a  voulu  reposer  au  milieu  des  siens,  et  prouver,  une  dernière 
fois,  à  notre  population,  combien  vivement  elle  lui  était  attachée. 
Aussi  ses  funérailles  ont-elles  eu  l'aspect  d'un  deuil  profond  et 
d'un  éclatant  triomphe.  Toutes  les  classes  de  la  société  y  étaient, 
en  effet,  représentées.  Hommes,  femmes,  enfants,  riches  et  pau- 
vres, tous  avaient  tenu  à  honneur  de  faire  partie  de  cet  imposant 
cortège.  De  leur  côté,  toutes  les  confréries  paroissiales  étaient 
présentes,  rangées  sous  leurs  bannières,  accompagnées  de  nom- 
breux draps  d'honneur.  De  magnifiques  couronnes,  offertes  par 
le  conseil  de  fabrique,  par  des  amis  fidèles  et  des  serviteurs  dé- 
voués, disaient  combien  la  noble  défunte  était  regrettée » 

M.  l'abbé  Sigau,  curé  de  Saint-Goniès,  a  célébré,  à  son  tour, 
les  vertus  et  les  mérites  de  «  cetlc  chrétienne  admirable  ».  Puis, 
l'inhumation  dans  la  sépulture  familiale  a  marqué  la  fin  du  pas- 
sage ici-bas  de  la  marquise  de  Saint-Goniès  ;  mais,  contra iremient 
aux  assurances  dégradantes  de  certains  esprits  forts  plus  ou 
moins  convaincus,  tout  n'est  pas  pour  cela  fini  d'elle.  Comme  l'a 
dit,  avec  son  cœur,  M.  le  curé  de  Saint-Pallais,  pour  tous  ceux 
qui  l'ont  connue,  pour  tous  ceux  qu'elle  a  si  affectueusement 
aimés  et  qui  ne  l'aimaient  pas  moins,  survit,  avec  «  le  souvenir  » 
de  tout  le  bien  qu'elle  a  fait,  «  l'espérance  »  de  la  retrouver  un 
jour.  A.  L. 


Digitized  by 


Google 


—  865  — 

Le  10  octobre  est  décédée  à  Mortagne-sur-Gironde,  M"*  Anne 
Caroline  Jouan,  née  Berleau,  épouse  de  notre  confrère  M.  E. 
Jouan.  Elle  laisse  deux  fils  :  M.  TaLhé  Paul  Jouan  et  M.  Elie 
Jouan. 


II.  —  Mariages 

A  Paris,  le  7  juillet  1904,  a  eu  lieu  le  mariage  de  M.  Emmanuel 
Gallut,  inspecteur  des  finances,  maître  de  conférences  à  TEcole 
des  sciences  politiques,  fils  de  M.  Gallut,  ancien  juge  de  paix  à 
Saintes,  avec  M^**  Marguerite  Renaudot,  fille  de  M.  Gustave 
Renaudot,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées  en  retraite, 
ingénieur  en  chef  de  la  construction  à  la  Compagnie  Paris-Lyon- 
Méditerranée,  chevalier  de  la  légion  d'honneur. 

Le  mardi  4  septembre,  a  été  célébré,  à  Rochefort,  le  mariage 
de  M"®  Jeanne  Sayous,  fille  du  commandant  Sayous,  qui  a  appar- 
tenu au  6*  de  ligne,  avec  M.  Nassans,  lieutenant  au  57*  d'infan- 
terie. 

Le  mercredi  5  septembre,  a  été  béni,  à  Notre-Dame  de  Roche- 
fort,  le  mariage  de  M""  Louise  Paillior,  fille  du  président  du  tri- 
bunal civil,  avec  M.  le  D'  Maxime  de  Vozeaux  de  Lavergne,  mé- 
decin à  Pesche-le-Châtel  (Doubs). 


Rectification  de  nom.  —  Nous  avons  annoncé  le  jugement  du 
tribunal  civil  de  La  Rochelle,  qui  ordonne  la  rectification  du  nom 
de  la  famille  Brumauld  des  Houlières.  Nous  reproduisons  le  con^ 
tenu  de  ce  jugement. 

Dans  une  requête  présentée  à  Monsieur  le  Président  du  tribu- 
nal civil  de  première  instance  de  La  Rochelle,  M.  Eugène  Bru- 
mauld des  Houlières  établissait  que,  depuis  le  commencement 
du  XVIIP  siècle,  ses  ascendants  avaient  été  en  possession  publi- 
que et  non  contestée  du  nom  patronymique  de  Brumauld  et  du 
surnom  «  dos  Houlières  ».  Ce  nom  provenait  du  lieu  «  Les  Hou- 
lières »,  torre  située  dans  la  commune  de  Courcôme  (Charente), 
possédée  par  une  branche  de  la  famille  Brumauld,  alors  que  les 
autres  branches  ajoutaient  à  leur  nom  patronymique  ceux  de 
Villeneuve,  de  Monlgazon,  dics  Allées,  etc. 

Ces  faits  ressortent  indubitablement  : 

P  D'un  testament  en  date  du  9  juillet  1734,  dans  lequel  Charles 


Digitized  by 


Google 


-366- 

Brumauld  se  qualifie  sieur  des  Houllières,  et  institue  son  léga- 
taire David  Bruniauld,  sieur  de  Villoneufve,  son  fils  aîné  (acte  dio 
Jean  Demondron,  notaire  royal  à  La  Tachonnerie,  paroisse  de 
La  Faye  (Charente)  ; 

2**  D'un  contrat  de  mariage  reçu  le  11  février  1771,  par  Mes- 
luras  et  Binel,  notaires  royaux  en  Angoumois,  de  M.  Jacques- 
Charles  Hrumauci,  licencie  es  loix,  fils  îuir'.fMir  légitime  de  M. 
Charles  Brumaud  des  Iloulières,  seigneur  de  La  Touche,  avocat 
au  Parlement,  sénôclial  de  la  baronnie  de  Villefagnan,  et  subdé- 
légué de  rinlondnnce  de  Limogos,  et  de  feue  dame  Magdelaine- 
Cybille  de  Val,  avec  demoiselle  Rose-Angélique  Bouïn  de  Beau- 
pré, fille  majeure  de  mcssire  Pierre  Bouïn  de  Beaupré,  écuyer, 
ancien  capitaine  de  milice,  habitant  de  la  ville  du  Port-Royal,  et 
y  demeurant,  paroisse  Saint-Louis,  en  l'île  Martinique,  et  de 
feue  dame  Angélique  Clément  Laroclie,  ledit  messire  Pierre 
Bouïn  représenté  par  François  Tartas,  sieur  des  Forges,  maître 
chirurgien  juré  ; 

3**  D'un  acte  de  Tétat-civil  de  la  commune  de  Villefagnan,  du 
12  février  1771,  enregistrant  le  mariage  de  Jacques-Charles  Bru- 
mauld,  licencié  es  loix,  fils  mineur  légitime  du  sieur  Charles 
Brumauld  des  Ilouillières,  soigneur  do  La  louche,  avocat  en 
Parlement,  juge  de  la  baronnie  de  Villefagnan,  et  subdélégué  de 
l'intendant  de  Limoges,  avec  demoiselle  Rose-Angélique  Bouïn 
de  Beaupré  ; 

4°  Des  lettres  de  Charles  de  Broglie,  comte  de  Broglie,  marquis 
de  Ruffec,  baron  dos  baronnies  d'Aizie,  Martreuil  et  Ampuré, 
seigneur  de  Cauchy,  des  fiefs  des  Aires,  (harmé,  Nanteuil,  Mes- 
seux,  Moulardon,  Pouigné,  Salles,  Lonne  et  Ambourie  et  autres 
lieux,  chevalier  des  ordres  du  roy,  lieutenant  général  de  ses 
armées,  et  ci-devant  son  ambassadeur  extraordinaire  près  le  roi 
et  la  république  de  Pologne,  gouverneur  des  villes  et  château  de 
Saumur  et  pays  Saumurois,  et  lieutenant  général  pour  le  roi  dans 
la  ]>rovince  du  Haut-Anjou,  —  octroyant  à  W  Charles  Brumauld 
des  Houlières,  avocat  an  conseil  su])ériour  <lo  Poitiers,  sur  le 
rapport  qui  lui  a  été  fait  «  de  ses  sons,  suffisances,  capacité  et 
«  expérience  au  fait  de  la  judicature,  de  ses  bonne  vie  et  mœurs, 
«  religion  catholique,  apostolique  et  romaine,  et.de  son  exacte 
«  probité  »,  l'état  et  office  de  son  juge  lieutenant  assesseur  en 
son  siège  dudit  Ruiïec,  en  survi\ance  de  l'assesseur  actuel  (27 
janvier  1772)  ; 


Digitized  by 


Google 


—  367  — 

5**  D'un  procès-verbal  de  la  sénéchaussée  et  siège  présidial 
d'Angoumois,  du  31  mars  1773,  constatant  la  réception  dans 
l'état  et  office  de  juge  assesseur  de  la  ville  de  Ruffec,  de  M" 
Charles  Brumcau  des  Houlières,  avocat  au  conseil  supérieur  de 
Poitiers  ; 

6®  D'un  acte  de  l'état  civil  de  la  commune  de  Villefagnan,  du 
17  novembre  1781,  enregistrant  le  décès  de  M*  Charles  Brumauld, 
sieur  des  llouillièrcs,  avocat  au  Parlomont,  juge  de  Villefagnan 
et  subdélégué  de  l'intendant,  veuf  de  Madeleine-Sybille  de  Val; 
T  D'un  acte  de  l'état  civil  de  la  commune  de  Villefagnan,  du 
15  novembre  1783,  enregistrant  la  naissance  de  Marie-Frédéric, 
fille  de  M*  Jacques-Charles  Rrumaud,  sieur  des  Houillières, 
avocat  au  parlement,  juge  de  Villefagnan,  et  de  dame  Rosalie- 
Angélique  Houïn  de  Beaupré  de  La  Chéverie  ;  ^ 

8*"  D'un  acte  de  l'état-civil  de  la  commune  de  Ruffec,  en  date  du 
1(3  mai  1804  (27  floréal  an  XH),  enre.ujistrant  la  naissance  de 
Honoré-Tancrède  Brumauld  des  Houlières,  fils  de  Pierre,  garde- 
forestier,  et  de  Henriette  Denelle  ; 

9**  D'un  contrat  de  mariage,  reçu  le  18  mai  1829,  par  Gras  et 
son  collègue,  notaires  h  Poitiers,  entre  François-Athanals  Bru- 
mauld dos  Houlières,  fils  de  Pierre-Charles  Brumauldi  des  Hou- 
lières et  de  dame  Louise-Henriolle-Félicilé  de  Nelle,  avec  Marie- 
Isahelle-Goorgetle  Richard  d'Abnour. 

Vu  celte  requôte,  le  tribunal  considérant  comme  «  justifié  que 
«  les  ancêtres  du  demandeur  avaient  tiré  le  nom  des  Houlières 
«  d'une  lerre  siluée  dans  la  paroisse  de  Courcôme  (Charente), 
«  que  c'est  donc  bien  là  un  nom  de  lieu  qu'une  branche  de  la 
«  famille  Brumauld  avait  été  autorisée  à  ajouter  à  son  nom  palro- 
«  nymique  lorsqu'elle  avait  été  anoblie  »...  etc., 

«  Ordonne  que  les  actes  de  l'état-civil,  savoir  :  1°  l'acte  de  ma- 
«  riouo  des  (^loux  Bnunauld  Deshoulièros-Lhomandie  (27  avril 
«  1835)  ;  —  2°  l'acte  de  naissance  de  Louis-Tancrède  Brumauld 
«  Deshouliôres,  en  date  du  15  mai  1836  ;  —  3°  l'acte  de  mariage 
«  des  époux  Brumauld  Deslioulières-Forqueray,  en  date  du  14 
«  mai  1850  ;  —  4®  l'acte  de  naissance  de  Louis-Eugène  Brumauld 
«  Deshoulières,  du  10  juillet  1850;  —  5°  l'acte  de  mariage  de 
«  Louis-EuLrène  Brumauld  Deshoulières  (avec  demoiselle  Mar- 
«  guérite  Dumorisson),  du  3  mars  18S6  ;  —  0**  l'acte  de  naissance 
«  de  Louise-Marguerite-Marie  Brumauld  Deshoulières,  du  18 
«  décembre  1886  ;  —  7®  l'acte  de  naissance  de  Jean-Tancrède- 
«  Louis    Brumauld  Deshoulières,    du    16    novembre    1887  ;  — 


Digitized  by 


Google 


-  368  - 

«  8«  Tacte  de  naissance  de  Magdeleine-Jeanne-Marie-Joseph 
«  Hrumauld  Deshoulières,  du  10  décembre  1890  ;  —  9*»  Tacle  de 
«  naissance  de  Henri-Théophile-Eugène  Brumauld  Deshoulières, 
«  du  27  novembre  1892  »,  seront  rectifiés  en  ce  sens  que  le  nom 
«  de  Brumauld  Deshoulières,  écrit  en  un  seul  mot,  devra  être, 
«  à  l'avenir,  orthographié  Brumauld  des  Houlières...,  etc.  » 

Ainsi  jugé  et  prononcé  par  le  tribunal  civil  de  première  ins- 
tance de  La  Rochelle,  à  Taudience  du  20  juillet  1904. 

VARIÉTÉS 


I 
SAINTES    ANCIENNE 

(SuUe). 

Bon  Pasteur  (ruelle  du).  —  Longe  te  bas-côté  nord  de  Saint- 
Pierre. 

Cette  ruelle,  déjà  connue  sous  ce  nom  au  siècle  dernier,  n'exis- 
tait certainement  pas  au  XVP  siècle.  Les  traces  de  balles  sur 
toute  la  façade  nord  de  l'église  le  prouvent.  Elle  a  été  formée  par 
la  construction  des  maisons  bûlics  sur  des  terrains  vendus  pro- 
bablement par  le  chapitre  à  la  fin  du  XVI*  siècle  ou  au  commen- 
cement du  XVIP.  Une  maison  paraît  appartenir  aux  premières 
années  du  XVII"  siècle. 

Bouchers  (port  des).  —  En  1576,  d-oux  bouchers  tuaient  leurs 
bœufs  dans  une  «  tuerie  »  qu'ils  avaient  fait  construire  en  face 
de  la  maison  du  curé  de  Sainl-Michcl.  On  leur  enjoint  de  tuer 
aux  «  tueries  accoustumées  »  qui  sont  vers  le  port  des  Bouchers. 
(Documents,  p.  274.) 

Masse  indique  la  boucherie  tout  à  côté  de  la  poissonnerie.  Par 
conséquent,  le  port  des  Bouchers  de\ait  se  trouver  entre  le  pont 
et  le  petit  Port,  et  cependant  on  ne  \oiil  aucune  issue  dans  le  mur. 

Boucherie  (canton  de  la  Vieille).  —  1572  (l)ocumenls,  p.  206). 
Voir  Triperie.  Petits  bancs. 

Le  jeu  de  paulme  de  Fongiron  devint,  en  1580,  la  boucherie  de 
la  ville.  (Documents,  p.  192,  274,  283-307,  a32). 

Le  marché  se  tenait  précédemment  sur  notre  canton  aux 
Herbes,  «  depuis  la  porte  du  pont  jusqu'au  canton  qu'on  souloyt 
tenir  la  boucherie  ».  (Documents,  p.  192). 

XVP  siècle  (peut  être  1553).  —  Jacquette  Bonnouvrier, 
veuve    de   Christophe    Coudrcau,    déclare    devant  Jean 


Digitized  by 


Google 


—  369  — 

Debar,  maire  de  Saintes,  «  tenir  une  maison  en  ladite 
ville,  confrontant  d'ung  costé  à  la  grandVuhe  par  laquelle 
on  va  de  Téglize  Saint-Pierre  à  la  grand'boucherye,  d'au- 
tre bout  à  la  maison  de  honorable  homme  et  sage  monsieur 
maistre  Geoffroy  Dangliers,  chantre  de  Xaintcs,  d'ung 
cousté,  à  la  maison  de  maistre  Jehan  Ogier,  naguères  pro- 
cureur au  siège  présidial,  et  d'autre  costé  à  une  petite 
maison  appartenant  à  sire  Rolland  ».  (Archives  de  Saint- 
Pierre,  cote  ZZ). 
Boucherie  (rue  de  la  Grande).  (1788).  Paroisse  Sainte- 
Colombe. 

La  boucherie  était  située  en  face  du  palais  royal  (1)  :  elle 
occupait  une  partie  de  la  place  de  La  Fontaine.  Elle  s'écroula 
en  1806. 

Il  existe  à  la  mairie  un  plan  daté  du  27  février  1807,  signé  du 
préfet  Richard. 

1612.  19  mars.  —  Pierre  Garinel,  maître  boucher,  dé- 
clare une  place  qu'il  lient  en  la  boucherie  de  Saintes,  con- 
tenant 8  pieds  1/2,  tenant  d'un  bout  au  banc  de  Raimond 
Roy,  d'autre  bout  à  la  muraille  de  la  boucherie,  du  côté 
des  frères  prêcheurs,  d'un  côté  à  la  maison  de  la  prévolé 
de  Saintes,  d'autre  côté  à  Talléc,  pour  laquelle  il  paye, 
au  mardi-gras,  20  sols  de  rente.  (Miniiie^s  de  Sanson), 

1757,  3  mai. —  Raymond  Paradol,  prêtre,  religieux  jaco- 
bin et  procureur  sindic  de  la  communauté  des  frères  prê- 
cheurs, à  Saintes,  afferme  à  François  Marchand,  procu- 
reur au  présidial,  la  maison  appartenant  aux  frères  prê- 
cheurs, dans  l'enclos  de  leur  couvent,  faisant  face  à  la 
grande  boucherie  (très  petite),  l'usage  du  puits  qui  est 
devant  la  cave  desdits  frères  prêcheurs,  pour  0  ans,  150 
livres  par  an. 

1772,  29  janvier.  —  Arrantement  par  les  jacobins  d'une 
maison  leur  appartenant,  joignant  leur  couvent,  faisant 
face  à  la  grande  Boucherie,  la  rue  seulement  entre  deux, 
confrontant  par  devant,  au  levant,  à  ladite  rue  et  vis-à-vis 
la  grande  boucherie,  par  derrière  au  couchant  à  une 
grande  salle  et  à  un  «  collidor  »  régnant  tout  le  long  du 
jardin  bas  dudit  couvent,  au  midi  au  portail  d'entrée  du 
même  couvent  et  à  la  maison  de  la  veuve  Mollet,  au  nord 

(1)  Voir  U  pUn  de  Matie. 


Digitized  by 


Google 


—  370  — 

à  un  autre  portail  d'iMitréc  et  cour  «  élongée  »  dudit  cou- 
vent, lui  servant  au    transport  des  danrées.    (Minutes  de 
Senne), 
LUNULE  (rue  de  La).  —  Le  jeu  de  boules  est  contemporain  du 
jeu  (1^  paulme  ;  on  le  trouve  mentionné  dans  Lordonnance  de 
Cliarles  V.  Je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  eu,  à  Saintes,  plusieurs 
jeux  de  boules,  en  tant  que  lieux  désignés  comme  tels. 

Celui  qui  existait  au  XVI*  siècle  me  semble  situé  à  rinlersec- 
lion  (ou  aux  alentours)  de  la  rue  des  Notre-Dame  et  la  rue  de  la 
Boule. 

Siméon  Luce,  dans  La  France  pendant  la  guerre  de  cent  ans, 
p.  110,  assimile  au  jeu  de  billard  le  jeu  de  «  boule  ou  rulle  », 
qu'il  trouve  établi  à  Saint-Jean  d'Angély  vers  1380. 

1553,  août.  —  Déclaration  de  rentes  dues  par  Jacques 
Buier,  marchand  à  Saintes,  pour  le  jardin  et  maison  de 
La  Magdellaine,  à  M.  de  Sninct-Sulpice,  prieur  de  Sainct- 
Macoul,  droit  de  rante  foncyèrc,  payable  à  deulx  termes, 
deux  sols,  tenant  d'ung  coslé  au  jardin  dudict  prieur, 
d'autre  costé  aux  mollies  des  Savarictz,  d'ung  bout  sur  le 
grand  chemin  i)ar  le(juel  on  va  et  vient  du  jeu  de  la  bouUe 
*^  Sainct-Eutroppe,  d'autre  bout  au  jardin  de  Guillaume 
Gabauld.  (Archives  de  Sainl-Pierre,  cote  D). 

1615,  27  janvier.  —  Thomas  Dreux,  sieur  de  La  Pom- 
meraye,  conseiller,  secrétaire  du  roi,  maison  et  couronne 
de  France,  demeurant  à  Saincles,  afferme  à  Foul(|ues 
Babin,  maître  tailleur  d'habits,  demeurant  au  faubourg 
Saint-Vivien,  une  maison  tubline  avec  une  petite  place 
derrière,  sise  au  faubourg  Saint-Vivien,  au  lieu  appelle 
le  jeu  de  la  Boule,  lenu  à  ranle  de  l'évêque  au  devoir  de 
deux  sols  de  rente  animelle  et  perpétuelle,  confrontant, 
par  devant,  à  la  rue  publique  par  laquelle  on  va  du  quan- 
ton  du  jeu  de  la  bouUe  à  la  porte  Esguière,  d'autre  bout 
au  jardin  de  Louis  Durand,  marchand,  d'un  côté  au  jar- 
din de  Jean  Verger,  d'autre  côté  au  jardin  de  Marie  Ver- 
ger ;  plus,  un  jardin  en  ladicte  paroisse,  tenu  à  rente  des 
héritiers  de  feu  Guillaume  Grand,  au  devoir  de  20  sols  de 
,  rente  annuelle,  confrontant,  d'un  côté,  au  jardin  de  feu 

M*  François  Ricard,  sergent  royal,  d'un  bout  au  jardin  de 
Gilles  Guyet,  d'autre  côté  au  jardin  dudict  Jean  Verger, 
d'autre  bout  à  la  rue  qui  va  dudict  jeu  de  Boule  à  la  porte 
Eguière  ;  laquelle  maison  et  le  jardin  le  sieur  Dreux  a 
acquis  de  Loys  Guyet,  par  contrat  du  9  mars  1500,  reçeu 


Digitized  by 


Google 


—  371  — 

par  Foureslier,  notaire  royal  ;  plus  deux  pièces  de  terres 
ou  moites,  situées  en  la  paroisse  de  Saint- xMacou,  et  tenues 
à  rente  du  prieur  de  Saint-Macou,  au  devoir,  Tune  de  trois 
sols,  et  l'autre  de  sept  sols,  confrontant:  la  première,  d'un 
côté  au  jardin  de  Jean  Grégoireau,  procureur  au  prési- 
dial,  d'un  bout  au  jardin  de  Laurent  Symon,  marchand, 
et  d*aulre  côté  au  terrain  et  jardin  de  Jean  .\melin,  et 
d'autre  bout  au  chemin  qui  va  du  jeu  de  boule  audit  Saint- 
Macou  ;  la  seconde  se  confronte,  d'un  côté  à  la  vigno  et 
terre  labourable  de  Jean  Uataud,  tailleur  d'habits,  d'un 
bout  aux  terres  de  Jérémie  Huon,  avocat,  d'autre  côté  au 
jardin  de  Jeanne  Chabiraud,  et  d'autre  bout  audit  chemin. 
(Minutes  de  Beriauld), 

1617,  8  juillet.  —  Simon  Mirambeau,  charretier,  loue 
à  Pierre  Martin,  laboureur  à  bras,  demeurant  à  Saint- 
Macoul,  une  maison  et  jardin,  situés  au  bourg  de  Saint- 
Macoul,  devant  le  jeu  de  boule.  (Minutes  de  Maréchal), 

1692,  30  septembre.  —  Maison  confrontant  par  devant 
à  la  rue  appelée  du  Jeu  de  Boule,  d'autre  côté,  par  der- 
rière au  renclos  des  religieux  de  Notre-Dame  (Minutes  de 
Feuilleteau). 

1710,  6  janvier.  —  Nicolas  Forcet,  gabarrier,  et  Fran- 
çoise Fraimon,  veuve  de  Pierre  Forcet,  vendent  à  Mathieu 
Mouchard,  marchand  sarger,  «  une  maison,  au  lieu  appelé 
le  jeu  de  Boulle,  paroisse  Saint-Vivien,  tenue  directe  et 

foncière  de  Monseigneur  l'évêque qui  confronte  par 

devant  à  la  rue  publique  par  laquelle  on  va  et  vient  dw 
canton  du  jeu  de  la  boulle  à  la  porte  Eguière,  sur  main 
gauche  »  ;  plus  neuf  carreaux  de  jardin,  situés  au  même 
lieu,  qui  «  se  confrontent  d'un  côté  au  jardin  des  filles 
Notrej-Dame  ».  (Minutes  de  Prouteau), 

1726.  —  Un  petit  jardin  renfermé  de  murailles,  avec  une 

petite  maison,  au  lieu  du  jeu  de    boule,  seigneurie   de 

Sainl-Crépin,  confrontant  d'un  côté  aux  murs  du  jardin 

des  religieuses  de  Notre-Dame.  (/d.). 

Bourreau  (tour  du).  —  L.  Dangibeaud,  Saintes  au  XVI^  siè- 

cle^  p.  62  ;  Documents,  p.  232. 

Brèche  (rue  de  la).  Rue  sur  les  murailles  (voir  rue  du  Rem- 

part  (1037),  rue  du  Puits-Péron,  rue  du  Puits  de  la  Brèche,  rue 

Basse  (1755). 
Elle  reçut  son  nom  d'une  brèche  faite  dans  les  murs  de  la  ville 

par  le  canon,  pendant  les  troubles  de  1570. 


Digitized  by 


Google 


—  372  — 

1612,  11  mars.  —  Jean  ïercinier,  le  jeune,  marchand, 
déclare  tenir  une  maison  tubline,  et  un  jardin  derrière, 
paroisse  Saint-Michel,  au  lieu  appelé  La  Brèche,  confron- 
tant d'un  côté  à  la  maison  de  Jean  Moyne,  «  juge  pré- 
vost  »,  et  jardins  des  héritiers  de  A',  llegnard,  d'autre 
côté  à  celui  die  Guy  Guenon  et  Jean  Peanne  (?)  Talné,  et 
au  mur  du  jardin  de  ce  dernier,  d'un  bout  par  devant  à  la 
rue  par  laquelle  on  va  et  vicnl  du  puits  appelé  le  puits 
Pérou  à  la  porte  des  ponts,  et  d'autre  bout  aux  murailles 
de  la  ville,  devant  quatre  deniers  de  droit  d'anguillage,  et 
vingt  sols  à  Henri  Moyne,  sieur  de  TËpineuil.  (Minutes 
de  Sanson), 

1612,  10  mai.  —  Déclaration  faite  par  devant  Georges 
Lemusnier,  conseiller  du  roi,  trésorier  général  des  fi- 
nances en  Poitou,  et  Raimond  de  Montaigne,  écuyer, 
sieur  de  Saint-Geitais,  conseiller,  lieutenant-général,  com 
missaires  pour  recevoir  les  déclarations  de  ceux  qui 
«  tiennent  au  fonds  et  domaine  de  Sa  Majesté  »  par  Rai- 
mond Duval  et  Delaunay. 

Delaunay  déclare  tenir  une  maison  située  paroisse 
Saint-Michel,  confrontant  d'un  côté  i\  la  maison  et  four  de 
Nicolas  Réveillaud,  d'autre  côté  à  celle  de  René  Guiton, 
d'un  bout  à  l'écurie  appartenant  aux  héritiers  de  Debec, 
appellée  l'Aigle  d'or,  et  d'autre  bout  à  la  rue  qui  va  au 
puits  Pérou,  autrement  appelé  La  Brèche,  chargée  de 
quatre  deniers  de  cens  au  droit  d'anguillage.  Duval  et  De- 
launay déclarent  en  outre,  deux  maisons  se  joignant,  pa- 
roisse Saint-Michel,  près  les  portes,  confrontant,  toutes 
deux,  d'un  côté  à  la  rue  par  laquelle  on  va  au  port  Mou- 
clier,  d'un  bout  à  la  rue  qui  va  des  ponts  au  canton  des 
Forges,  et  d'autre  bout  à  la  mette  qui  va  audit  port  Mou 
clier,  devant  quatre  deniers  chacune,  et  treize  sols  neuf 
deniers  aux  pauvres  de  l'hôpilal.  (Minules  de  Sanson). 

1637,  31  mars.  —  Jacques  Coulin,  tailleur  d'habits,  de- 
meurant au  lieu  de  Puygaudin,  près  l'église  Saint-Vivien, 
Aigron,  maître  tailleur  d'habits,  size  en  la  présente  ville 
de  Xaintes,  en  la  ruette  appellée  sur  les  murailles,  appel- 
lées  la  brèche, 

1671,  8  mai.  —  Daniel  Deschamps,  marchand,  demeu- 
rant à  Xainctes,  vend  à  Pierre  Paillot,  conseiller  du  roi  et 
élu  en  l'élection  de  Xainctes,  la  moitié  d'une  écurie  avec 


Digitized  by 


Google 


—,  373  — 

moitié  d'un  petit  jardin,  domaine  du  roi,  chargé  de  4 
deniers  de  droit  d'aiiguillage,  confrontant  le  tout  d'un 
côté  à  la  maison  des  Filles  religieuses  de  Notre-Dame, 
d  autre  côté  à  la  maison  du  sieur  de  Riollet  (1),  médecin, 
d'un  bout  par  devant  à  la  rue  publique  qui  descend  des 
murs  en  la  grande  rue,  d'autre  bout  par  derrière  à  une 
venelle  qui  est  entre  les  murs  de  la  ville  et  ladite  écurie. 
(Minutes  de  Cassoulet). 

1674,  1*'  août.  —  Antoine  Mestreau,  soldat  au  régiment 
de  Longue,  en  la  compagnie  de  M.  de  Lisle,  de  présant 
en  l'île  de  Ré,  vend  à  Jean  Chesnier,  marchand,  une  mai- 
son confrontant  à  la  rue  du  Puy  de  La  Brèche,  aux  pons 
de  la  ville,  du  midi  ;  d'autre  côté,  par  derrière,  à  la  mai- 
son de  Michel  Matassier,  du  levant  ;  d'autre  bout  à  Ma- 
thieu Merlat,  docteur  en  médecine  ;  d'autre  côté  à  la  rue 
qui  va  sur  les  remparts,  au  levant. 

Plus  un  emplacement  confrontant  à  la  rue  par  laquelle 
on  va  de  la  grand'rue  au  Port  Mouclé.  (Minutes  de  Cas- 
soulet). 

1685,  2  décembre.  —  Mathurin  Gilbert,  avocat,  mari  de 
Uenée  Roy,  afferme  à  Jean  Loyer,  marchand,  hôte  du 
logis  du  Gros  Raisin,  en  la  Grande  Rue,  un  emplacement 
sur  les  murs,  paroisse  Saint-Michel,  confrontant  du  levant 
à  l'écurie  de  Chastellier,  maistre  boulanger,  du  couchant 
à  un  emplacement  qui  fut  à  Villan,  maistre  chirurgien, 
du  midi  à  la  rue  par  laquelle  on  va  et  vient  du  puits  de  La 
Brèche  aux  maisons  qui  furent  au  couvent  des  religieuses 
de  Notre-Dame  de  Saintes,  du  nord  aux  murs,  tenu  à 
rente  au  roi  quatre  deniers  d'anguillage.  (Minutes  de  Mon- 
tillon). 

1694,  9  juillet.  —  M"  Barthélémy  Soulard,  procureur 
en  l'élection,  agissant  au  nom  de  Louis  Mossu,  marchand 
à  Paris,  afferme  à  Joseph  Foucaud,  boulanger,  une  mai- 
son sise  rue  de  La  Brèche,  autrement  Puy-Péron.  (Minutes 
de  Feuilleteau), 

1701,  6  juin.  —  Louis  de  Raymond,  seigneur  des  Ri- 
vières et  de  Grandpré,  mari  de  Marguerite-Louise  Ame- 
lotte,  demeurant  à  La  Vallée,  paroisse  de  Saint-Georges 


(1)  Uaac  Thomas,  de  Riollet,  mari  de  Marie  Dussoul,  auteur  des  Remarques 
enrieuêês  nar  la  Thériaque.  Cf.  DoeumenU,  p.  43,  jRecnetl,  t.  XV,  p.  540. 
Daugibeaud,  Un  orviétan  à  Saintes. 

S6 


Digitized  by 


Google 


—  374  -, 

des  Coteaux,  icelle  donataire  de  Joseph  Amelotte,  prêtre, 
docteur  en  théologie,  son  frère,  vend  à  François  Tercinier, 
échevin,  une  maison  ou  écurie  dont  jouit  Loyer,  hôte  du 
Gros  Raisin,  située  sur  les  rein[)arls  do  la  ville,  [)aroisse 
Saint-Michel,  proche  les  murs,  dans  le  fonds  du  roy,  con- 
frontant par  devant  aux  filles  de  Notre-Dame,  rue  entre 
deux,  par  derrière  à  M.  Couch'cau,  conseiller  du  roi  au 
présidial,  d'un  côté  à  la  maison  de  Fourestier,  médecin, 
d'autre  côté  aux  remparts  de  la  ville,  rue  entre  deux  pour 
aller  sur  la  Brèche.  (Minutes  de  Feuilleteau). 

1703,  24  décembre.  —  Françoise  Bisset,  veuve  de  Jean 
Bicheur,  prend  à  rente  de  Daniel  Ardouin,  procureur  au 
présidial  et  élection  de  Saintes,  une  écurie  située  paroisse 
Saint-Michel,  au  lieu  dit  de  La  Brèche,  proche  le  Port 
Mouclé,  dépendant  du  domaine  du  roi.  (Minutes  de  Feuil- 
leteau). 

1704,  16  avril.  —  Anne  Chabiran,  veuve  de  Jean  More, 
bourgeois  et  marchand,  demeurant  à  Beauregard,  pa- 
roisse du  Douhet,  vend  à  Jean  Marchcsseau,  marchand 
sargcr,  et  Marie  Savignan,  sa  femme,  une  maison,  rue  de 
La  Brèche,  confrontant  d'un  côté  à  autre  maison  de  ladite 
Chabiran,  d'un  côté  à  l'écurie  et  jardin  du  sieur  Arnaud, 
par  derrière  aux  murs  de  la  ville,  du  côté  de  la  rivière, 
par  le  devant  à  la  rue  qui  conduit  du  port  Mouclet  au  puy 
de  La  Brèche.  Le  tout  à  rente  au  droit  d'anguillage  du 
roi.  (Minutes  de  Maréchal), 

1718,  7  avril.  —  René  Brehon,  procureur  du  roi  en  la 
maréchaussée  de  Saintonge,  vend  à  Pierre  Blanc,  bour- 
geois marchand,  une  écurie  avec  grenier  et  un  petit  jar- 
din, paroisse  Sainte-Colombe,  confrontant  au  levant  à 
l'écurie  de  M.  de  Gasc,  président,  d'autre  côté  à  celle  de 
M.  Guenon  de  Beaubuisson,  du  midi  à  la  rue  qui  va  de  la 
grandVue  à  la  rue  de  la  Brèche,  du  nord  aux  remparts. 
(Minutes  de  Senne), 

1723.  —  François  Payant,  maître  cordonnier,  vend  aux 
pauvres  honteux  de  la  ville  une  petite  maison,  sise  sur  les 
remparts,  tenue  à  rente  du  roi  au  devoir  de  quatre  deniers 
d'anguillage,  confrontant  au  midi  à  la  rue  qui  va  de  la 
rue  de  la  Brèche  à  l'église  Sainte-Colombe,  au  nord  à  la 
doue  ou  fossé  de  la  ville,  dans  lequel  il  y  a  un  jardin,  non 
compris  dans  la  vente.  (Minutes  de  Marsay). 

1754,  4  septembre.—  Jean-Claude  Dangibeaud,  conseil- 


Digitized  by 


Google 


—  375  — 

1er  au  présidial,  maire  de  la  ville,  demeurant  paroisse 
Saint-Michel,  achète  à  Jean  Savari,  marchand,  dix  pieds 
de  large  dans  toute  la  largeur  d'un  terrain  servant  à  met- 
Ire  les  fumiers,  situé  proche  l'endroit  appelé  La  Brèche, 
paroisse  Saint-Michel,  domaine  du  roi,  tenu  à  rente  du 
(h'oil  d'anguillagc,  confrontant  au  nord  au  mur  du  rem- 
part, d'autre  hout,  du  midi,  à  la  rue  par  laquelle  on  des- 
cend du  rempart  venant  par  la  porte  Eguière  audit  lieu 
de  La  Brèche.  (Minules  de  Senne), 
Cabal'dière  (rue  de  la).  Montée  Sainl-Macoul  (1553).  Arch.  X. 
—  Faisait  partie  diu  fief  des  Rabainièrcs. 

L'al)bé  Briand  prétend  que  la  Cabaudière  se  nomma  d'abord 
rue  Sainl-Agnan  ;  mais,  connue  il  n'appuie  cette  affirmation  sur 
aucun  titre,  nous  l'accueillerons  avec  réserve.  {Hisloire  de 
VEglise  santonCy  I,  p.  227). 

Elle  prit  le  nom  d'une  maison  (16G6)  (voir  les  enseignes).  Cf. 
nccuell,  Vil,  p.  124  ;  XIV,  p.  248  ;  Bulletin,  IV,  p.  307. 

Nicolas  Moreau,  bibliothécaire,  habitait  la  rue  Cabaudière 
(1869). 

Ca-Gout  (rue),  Cagoui  (1793),  rue  de  la  Poste.  —  C'est  le  bout 

do  la  rue  du  Uemparl,  qui  commence  à  la  rue  Alsace-Lorraine. 

L'inscription  existe  sur  l'angle  de  la  maison  à  gauche.  Son 

nom  lui  vient  de  C[laude]  A[nloine]  Goût,  marchand  et  maire  de 

Saintes,  mort  en  1792. 

Les  Documents  (p.  85)  transforment  la  rue  dw  Ha  en  rue  Goul. 
C'est  à  tort,  je  crois. 

Ça  Ira  (rue).  Période  révolutionnaire  (Documents,  p.  85). 
('iia\tf:lotîbe  (rue  de).  —  Le  péré  de  Chanteloube  est  sur  le 
chf^min  de  Saintes  à  Saint-Jean  d'Angély. 

(Aveu  de  Jeanne  de  Villars,  1472.  Recueil,  III,  p.  58). 
Les  noms  de  Chanteloube,  Chantemerle,   sont  très  fréquents 
sur  le  bord  des  cours  d'eau. 

1733,  30  juin.  —  Jean  Resnier,  marchand,  demeurant  à 
Sninl-Pallais,  afferme  à  Jean  Siraud,  l'aîné,  maçon,  une 
l>elitc  maison,/  sise  au  Pérat,  rue  de  Chanteloube,  avec 
un  jardin,  confrontant  au  levant  et  au  nord  aux  bâtiments 
de  Louis  Gauguin,  au  couchant  à  la  maison  de  Madeleine 
Mode,  du  midi  à  la  rue  de  Chanteloube.  (Minutes  de  Mar- 
sai/). 
CAPiTorK  (place  du).  (Voir  le  château).  —  MM.  Musset  et  L. 
Audial  ont  péremptoirement    démontré  qu'aucun  document  ne 


Digitized  by 


Google 


—  376  — 

permet  de  croire  à  l'existence  d'un  capitole  romain  {Bulletin^  III, 
p.  59  ;  Recueil,  VI,  p.  75). 

A  cette  place  se  rattache  le  souvenir  du  Calvaire,  dont  il  ne 
reste  plus  qu'un  plan  et  un  dessin  en  tapisserie  appartenant  à 
M"*  Frau,  reproduit  dans  Sainles  à  la  lin  du  XIX*  siècle.  Il  en  a 
été  déjà  parlé  dans  le  Recueil  (XV,  p.  450). 

J'ajouterai  quelques  détails  recueillis  récemment  sur  la  croix 
de  mission,  aujourd'hui  à  Saint-Pierre.  Cette  croix,  très  lourde, 
très  longue,  qui  avait  été  construite  dans  le  prieuré  de  Saint 
Eutrope,  fut  transportée  à  dos  d'hommes  sous  le  toit  de  la  Halle, 
située  sur  l'emplacement  de  la  chapelle  de  la  Providence.  Pen- 
dant trois  jours,  les  ouvriers  qui  devaient  la  mener  au  calvaire 
s'exerçaient  à  la  «  porter  dignement  et  «en  cadence  ».  M.  Niox 
les  commandait  militairement.  Ces  hommes  avaient  attaché  sur 
leur  poitrine  un  petit  crucifix  pendu  à  un  ruban  rouge. 

La  mission  die  1817,  après  laquelle  cette  croix  avait  été  érigée, 
fil  beaucoup  de  bien,  au  dire  de  vieilles  personnes  :  entre  autres 
résolutions  qu'elle  inspira,  il  faut  remarquer  celle-ci:  les  dames 
de  la  ville  décidèrent  de  n'employer  que  trois  aunes  d'étoffe  dans 
leurs  robes  !!! 

On  ne  dira  plus  que  les  missions  ne  servent  à  rien  1  Mais  l'his- 
toire ne  rapporte  pas  si  nos  aïeules  avaient  fixé  la  largeur  et  le 
prix  de  ïétoffe.  Ce  point  eût  été  au  moins  intéressant  :  il  y  a 
étofTe  et  étoffe,...  de  trente  sous  à  trente  francs  1  On  ne  dit  pas 
davantage  par  quel  prodige  les  cent  kilos  parvenaient  à  résou- 
dre le  problème  de  s'habiller  avec  trois  mètres  soixante  centi- 
m'ètres  d'étoffe,  à  moins  qu'ils  ne  prissent  une  étoffe  de  trois 
mètres  de  large,  ou  en  caoutchouc. 

Du  reste,  —  est-il  besoin  de  le  dire,  —  cette  très  louable  inten- 
tion eut  le  sort  de  tous  les  édits  somptuaires  :  elle  resta  bonne 
intention.  Une  femme  a  beau  être  dévote,  voire  bigotte,  elle  n'en 
est  pas  moins  femme,  c'est-à-dire  toujours  un  peu  coquette. 

La  rue  du  Capitole,  en  1815,  compte  neuf  numéros  :  Mollet, 
juge,  Dieres,  de  Charente,  l'hospice,  Mouchet,  notaire,  Bour- 
gouin,  officier  de  vaisseau,  etc. 

Carrières  de  la  Croix  (chemin  des).  Part  du  château  di'eau 
et  descend  aux  Arènes.  C'est  la  rue  Bourignon, 

Cerises  (rue  des).  Du  marché  aux  cerises.  (Voir  rue  aux 
Herbes). 

Habitants  :  (1752).  Louis  Gougnon,  notaire. 

Change  (maisons  de  change).  (Voir  le  Cariulaire  de  Tabboi/e, 
notamment  page  52). 


Digitized  by 


Google 


--3T7  — 

Chanoine^  (rue  des).  Rue  de  la  Poste  (plan  Lacurie.  Rue  Cuvil- 
liers  actuellement).  —  Passe  derrière  Saint-Pierre,  commence  au 
marché  couvert  et  finit  à  la  rue  Réverseaux. 

Sur  le  plan  Lacurie,  elle  porte  le  nom  de  rue  de  la  Poste  aisx 
lettres  et  se  prolonge  jusqu'à  la  rue  de  THôtel-de- Ville. 

Elle  était  devant  et  derrière  Saint-Pierre  autrefois. 

«...  plus  une  écurie,  rue  des  Chanoines,  vis-à-vis  l'évê- 
ché,  confrontant  par  devant  à  ladite  rue,  au  levant  aux 
héritiers  de  Huon,  avocat,  au  couchant  à  la  maison  cano- 
niale de  Latache,  chanoine  ».  (1762,  25  août). 

Le  23  décembre  1700,  le  roi  d'Espagne  passe  à  Saintes  (1). 
Les  princes  logent  dans  la  rue  appelée  des  Chanoines,  vis-à-vis 
la  porte  cochère  du  palais  épiscopal,  et  habitée  par  M.  de  La 
Touche... 

Voir,  à  rue  du  Palais,  sous  la  date  du  28  septembre  1768,  une 
confrontation  sur  la  rue  des  Chanoines  difficile  à  concilier  avec 
les  précédentes. 

Le  plan  de  Masse  ne  donne  pas  à  notre  rue  des  Chanoines 
d'issue  sur  la  rue  Réverseaux,  et  par  conséquent  la  rue  de 
l'Hôtel-de^Ville. 

Habitants  :  Louis  Dexmier  d'Archiac  de  Saint-Simon,  maré- 
chal de  camp  (1772). 

La  maison  qui  est  connue  depuis  cinquante  ans  sous  le  nom  de 
n>aison  Proutière  fut  achetée  par  Joseph  et  René  Eschassériaux, 
lorsque  l'atné  était  administrateur  du  département,  et  le  cadet 
administrateur  du  district.  Elle  possédait  deux  jardins,  encore 
existants,  dont  l'un,  le  jardin  haut,  était  une  partie  du  cimetière 
Saint-Maur.  Elle  devint  la  propriété  de  René  Eschassériaux, 
puis,  vers  1831,  de  son  gendre,  Camille  Eschassériaux.  Elle  fut 
vendue  vers  1852  à  M.  Proutière,  qui  fut  un  amateur  fleuriste 
très  réputé.  {Note  fournie  par  M.  le  baron  Eschassériaux). 

Elle  forme  actuellement  deux  maisons  :  l'une  appartenant  à 
M.  J.  Laurent;  l'autre  à  M.  J.  Gay  de  La  Chartrie,  succédant 
à  M.  Niox.  Cette  seconde  portion  a  subi  une  transformation  en 
1904,  première  tentative  d'  «  art  nouveau  »  à  Saintes. 

La  maison  contiguë,  au  nord,  appartenait  à  la  famille  de  Ker- 
ven-Vallein  et  devait  venir  de  l'ingénieur  Guérinot,  dont  M.  de 
Kerven  était  le  gendre. 

M.  Vallein,  rédacteur    de   V Indépendant,  y  habita,  puis  M. 

(1)  L.  Audiat,  Entréêê  royales. 


Digitized  by 


Google 


—  378  — 

Louis    Tercinier,    négociant,  président    du    tribunal    de    com 
merce. 

1713.  —  Jean  de  Nozcrines,  prêtre,  docteur  en  théolo- 
gie, chanoine  à  Saint-Pierre  et  théologal,  aiterme  à  Pierre 
de  Lajaunie,  chanoin-e,  la  grande  maison  lui  appartenant, 
derrière  Saint-Pierre,  occupée  par  M.  de  Théon. 

1733,  30  octobre.  —  André  Uenaudet,  chanoine,  alïermc 
à  Antoine  Chàteauneuf,  chanoine,  la  maison  et  jardin, 
appartenant  à  son  canonicat,  paroisse  Saint-Pierre,  con- 
frontant du  midi  à  la  maison  et  jardin  de  Monsieur  Tabbé 
Mossion,  d'autre  côté  à  M.  l'abbé  Damas,  aussi  chanoines, 
du  couchant  à  la  rue  des  Chanoines,  du  levant  aux  rem- 
parts de  la  ville.  (Minutes  de  Mai^say), 

1745,  11  août.  —  Nicolas  Guillotin,  prêtre,  docteur  en 
théologie,  curé  de  Saint-Maur,  afferme  à  Charles-Marc- 
Antoine  d'Aiguière,  chanoine  à   Saint-Pierre,   la  grande 
maison  du  presbytère,  confrontant  d'un  côté  à  la  maison 
canoniale  de  l'abbé  Berthus,  d'autre  à  celle  de  l'abbé  Pon- 
thon.  (Minutes  de  Marsay). 
Cn.WTERiE  (La),  maison  de  la  Psalette,  de  «  M.  le  chantre  de 
Saint-Pierre  »,  se  trouvait  derrière  Saint-Pierre  et  occupait  l'es- 
pace aujourd'hui  couvert  par  le  marché  et  le  gynmase  Palissy, 
qui,  lui-même,  succède  au  salon  ou  cercle,  transformé  par  M. 
Marc  Arnauld  en  chais. 

1728,  19  juin.  —  Angélique  Martin,  fenwne  de  Pierre- 
Nicolas  de  Lambalerie,  ancien  capitaine  de  cavalerie  au 
régiment  de  Lainbes,  chevalier  de  Saint-Louis,  demeu- 
rant à  La  Grange,  paroisse»  de  Sainte-Marie,  afferme  à 
Pi(Mre  Sarry,  seigneur  de  La  Chaume,  conseiller,  lieu- 
tenant particulier  au  présidial,  une  maison,  place  Saint- 
Pierre,  confrontant  au  midi  à  la  place  Saint-Pierre,  au 
nord  à  la  maison  du  sieur  Vincent,  dfun  bout  à  la  rue 
Saint^Michel  de  l'occident,  à  Torient  à  la  maison  de  la 
Chantcrie,  avec  une  écurie,  rue  des  Récollets,  confron- 
tant au  levant  aux  RécoUels,  rue  entre  deux,  au  cou- 
chant à  la  cour  de  la  maison  de  Dumanche,  ainsi  que 
du  nord  au  midi  à  la  maison  de...  (sie),  (Minutes  de 
Senne). 

1752.  —  La  Chanlerie,  vis-à-vis  la  place. 

1753.  —  La  Psalette,  située  rue  des  Chanoines,  et  oc- 
cupée par  le  maître  de  musi(|ue  de  la  ci-devant  cathédrale, 
avait  jardin  sur  le  quai. 


Digitized  by 


Google 


—  370  — 

Cmaiuïé  (La).  \'oir  Ilôpilal. 

CnAMTRt:  (poii).  —  Au  bout  de  autre  rue  Saiiil-Pierre.  11  doit 
èlre  aussi  \icux  (|ue  le  chapitre  lui-niôiue. 

11  y  eu  avait  deux,  un  sur  chacui;c  des  rives.  D'après  un  acte 
tlu  0  août  lOOi.  des  trabarres  déchargent  des  pierres  sur  le  port 
(lia[)ilre,  «  de  l'un  et  l'autre  côté  do  la  rivière  de  Charente  ». 
{Minutes  de  (^assoulet). 

Le  10  s(^|>tembre  1(382  nous  lisons  dans  un  bail  qu'une  maison 
louée  confronte  «  du  couchant  à  une  petite  ruelte  qui  va  de  la 
^rand'rue  au  pré  le  roi,  du  midi  au  chemin  qui  va  du  port  Cha- 
pitre à  Chaniers.  (Minulcs  d'Arnaud). 

Les  chanoines  de  Saint-Pierre  ne  veulent  réparer  la  porte  du 
chapitre,  ipioiqu'ils  y  aient  intérêt,  «  à  cause  que  les  fruits  de 
leur  terre  abordent  à  ladicte  porte.  » 

1617,  19  mai.  —  Pierre  de  Lignières,  écuyer,  sieur  de 
Penhac,  tant  en  son  nom  que  comme  mari  de  Rachel  Ga- 
bard,  demeurant  en  la  paroisse  de  Cous,  châtellenie  de 
Montandre,  donne  en  échanue  contre  des  terres  situées 
en  la  [>aroisse  de  Coust,  à  Elie  Piaud,  marchand,  demeu- 
rant il  Saintes,  la  quatrième  ]>artie  d'une  maison  tubline, 
située  près  le  port  Chapitre,  et  confrontant  d'un  bout  à 
la  rue  (jui  \a  de  la  place  de  Saint-Pierre  audit  port,  d'un 
côté  n  une  autre  rue  par  la(|uelle  on  va  et  vient  de  ladite 
rue  au  puits  appelé  La  Limousine,  et  vis-à-vis  les  écuries 
et  maison  de  la  Chanterie,  et  d'autre  bout  à  la  maison  de 
l'ranr.ois  Couldreau,  et  d'autre  côté  à  la  basse-cour  de  la 
maison  des  héritiers  de  Nicolas  Allain,  qui  sert  actuelle- 
ment de  conciergerie  et  prisons  «  de  cette  ville  ».  Maison 
iiulivise  entre  Pierre  Bertrand,  notaire,  possesseur  d'une 
moitié,  et  Isaac  de  Lignières,  écuyer,  sieur  de  Penhac, 
frère  de  Pierre,  possesseur  pour  l'autre  quart.  {Minutes 
de  Sanson). 
CiïATKAU  (Le).  —  Si  on  écrivait  l'histoire  de  celte  vaste  plate 
forme  on  montrerait  qu'elle  est  intimement  liée  à  l'histoire  de  la 
ville.  Tous  les  conquérants,  venus  à  Saintes,  depuis  l'origine  de 
la  cité,  ont  occupé  ce  point  culminant  et  ont  attaché  une  grande 
im[)ortance  à  s'en  rendre  maîtres  :  Gaulois,  Romains,  Barbares, 
Visigoths,  Normands,  princes  du  moyen  âge,  rois  de  France, 
rois  anglais,  en  ont  tour  à  tour  pris  possession. 

Le  seul  fait  qui  nous  importe,  c'est  de  savoir  qu'une  construc- 
tion militaire  y  fut  établie.  Nous  n'en  connaissons  naturellement 
aucune  description,  les  textes  anciens  parlent  souvent  du  châ- 


Digitized  by 


Google 


—  380  — 

loau  ou  du  (JK)njori,  mais  aucun  lïe  donne  le  moindre  renseigne- 
ment sur  SCS  dispositions,  voire  sur  l'époque  de  sa  fondation. 
Peut-être  utilisa-t-on  primitivement,  sinon  un  bâtiment  romain, 
du  moins  ses  ruines. 

Le  plan  de  1560  en  donne  un  croquis  auquel  je  n'ose  accorder 
grande  confiance.  La  fantaisie,  je  le  crains,  a  guidé  la  main  d« 
dessinateur.  On  peut  admettre,  cependant,  que  les  bâtiments  du 
château  féodal,  le  donjon,  occupaient  la  place  du  couvent  de  la 
Providence,  le  terrain  sur  lequel  est  bâti  Thôpital  restant  vague. 
Il  est  encore  fort  possible  qu'il  ait  servi  die  demetire  aux  comtes 
de  Saintonge  et  aux  représentants  du  roi  ;  mais  il  reçut,  en  cer- 
taines parties,  dos  destinations  diverses  :  logement  de  prison- 
niers, grenier  à  sel,  salle  die  grandes  assises.  D'après  un  texte 
dos  Acla  publica,  rapporté  par  Massiou  (1),  ces  réunions  solen- 
nelles de  la  justice  attiraient  â  Saintes  une  grande  affluence  ; 
elles  passaient  pour  les  plus  belles  de  tout  le  diocèse,  et  les 
avocats  les  plus  célèbres  de  la  région  s\  rendaient.  Nous  savons 
toutefois  que  ces  assises  se  tinrent  en  dehors  du  château  (2). 

Quatre-vingts  hommes  y  furent  mis  en  garnison  en  1588  (3). 

Il  ne  subsiste  actuellement  aucun  vestige  visible  de  cet  antique 
château,  mais  P.  Vieuille  connut  de  vieilles  murailles,  percées 
d<  fenêtres,  encore  apparentes  en  1739  (4).  Tous  ces  murs  ont 
disparu  dans  les  aménagements  successifs  de  la  fonderie  de 
canons,  du  couvent  des  Carmélites,  en  dernier  lieu  de  la  Provi- 
dence. 

Deux  petites  églises  ont  trouvé  leur  place  à  Tinlérieur  de  l'en- 
ceinte du  château  :  Notre-Dame  et  Saint-Froult  ou  Saint-Frion. 
I/uîvn  et  l'autre,  existantes  au  XII*  siècle  (5),  ont  disparu  au 
XVI*  siècle.  Tabourin  en  parle  comme  de  ruines  ;  il  les  vit  de- 
bout. Les  Récollets,  avant  de  se  fixer  sur  le  bord  de  la  Charente, 
habitèrent  ces  masures  de  Saint-Frion.  Le  procès-verbal  rédigé 
par  H.  de  Montaigne,  en  1615  (6),  fait  un  triste  tableau  de  cette 
installation  provisoire. 


(1)  Histoire,  IH,  p.  32. 

(2)  Pro  domo  ezlra  caslrum  Xanctonis  ad  lemndas  SLSsiiiss XXXVIl  lib. 

Comptes  d'Alphonse  de  Poitiers,  13i4,  Archives  historiques d a  Poitou^  t.  IV, 
p.  181.  Voir  SsLint-MtLCOU, 

(3)  Archives  du  Poitou,  XXVII,  p.  351. 

(4)  Nouveau  Irrité  des  élections,  p.  157. 

(5)  CàrtuUire  de  Vabbaye, 

(6)  D'après  Briand,  Histoire  de  Véglise  SA^ionf ,  II,  p.  473. 


Digitized  by 


Google 


—  381  ~ 

La  chapelle  de  Notre-Dame  du  château  subsistait  en  1682.  Le 
budget  du  domaine  royal  était  encore,  à  cette  époque,  chargé  de 
payer  «  au  chapellain  de  la  chapelle  Nostre-Dame  en  chasteau 
de  Xaintes,  XX  livres  pour  les  messes  et  prières  ordinaires  qu'il 
doit  faire  en  ladite  chapelle,  et  IIII  livres  pour  le  luminaire  de 
ladite  chapelle  »  (1). 

Le  plan  de  1560  place  une  église  à  gauche  des  murs  du  châ- 
teau, tout  en  haut  d'un  escalier  ;  c*esl  probablement  Notre-Dame. 

Celle  chapelle,  ainsi  que  Saint-Frion,  dépendait  du  chapitre 
à  je  ne  sais  quel  titre.  Le  19  août  1631,  Charles  de  Cerizay,  archi- 
diacre, chanoine  syndic  du  chapitre,  averti  que  Louis  de  Pernes 
a  obtenu  du  roi,  par  arrêt  du  27  janvier  1631,  des  maisons  et 
emplacements  des  démolitions  de  la  citadelle,  et  que  rempla- 
cement de  Téglise  Notre-Dame  du  château  n*est  pas  réservé, 
s'oppose  à  la  vérification  et  à  Tenregistremenl.  (Minutes  de  Ver- 

Je  n'indique  que  pour  mémoire  les  grands  ouvrages,  fort  coû- 
teux, que  de  Pernes  fit  exécuter  autour  de  la  citadelle,  au  com- 
mencement du  XVIIP  siècle.  Masse  les  a  dessinés  avec  soin,  ses 
plans  en  feront  voir  les  contours. 

Louis  XIII,  après  la  chute  de  La  Rochelle,  ordonna  le  déman- 
tellement.  Il  resle  encore  l'éperon  dit  de  la  rivière.  C'est  le  bas- 
lion. 

Le  18  août  1629,  les  Carmélites,  alors  logées  dans  le  bas  de  la 
ville,  à  l'angle  de  la  rue  diu  Pontceau  (aujourd'hui  Port-Sô),  et 
la  rue  de  l'Hôtel-de-Ville,  prennent  possession  de  terrains  que  le 
roi  leur  a  donnés  à  la  citadelle.  Elles  s'installent,  dans  une  partie 
de  l'ancienne  fonderie,  et  y  restèrent  jusqu'à  la  Révolution. 

Un  fait  que  nous  devons  retenir,  c'est  la  cession  à  la  ville,  par 
les  religieuses,  d'un  terrain  nécessaire  à  l'ouverture  d'une  rue 
«  entre  les  murailles  du  jardin  du  roi  (jardin  de  l'hôpital),  et 
l'enclos  diesdiltes  religieuses,  au  bout  d'icelle  on  fera  une  porte 
de  ville  dont  le  public  recevra  grand  avantage.  »  (Briand,  His- 
toire, II,  p.  320). 

Cette  rue  a  été  élargie  à  dix  mètres  en  1860  (Bulletin  Archives, 
VIII,  p.  414). 

Un  décret  connu  à  Saintes  le  12  juillet  1904  ferme  les  couvents 
de  la  Providence  et  de  Chavagnes. 

Foulques  de  Matha  (à  la  fin  du  XIII*  siècle,  après  1271)  (voir 
rue  Juive),  dit  que  «  corne  il  eut  une  place  soue  propre  davant 

(1)  Archivi,  II,  p.  410. 


Digitized  by 


Google 


—  382  — 

le  châlel  de  Xancles,  que  monsor  Arnaut  de  Guavaston  (preist  à) 
fère  emparement  audit  chaslel  que,  par  Dieu,  si  la  place  a  mes- 
tier  à  nostre  seigneur  le  roy  ne  au  chaslel  que  Tom  li  en  face 
(eschange)  raisonable  ailiers,  o  se  non  que  la  place  li  soyt  ren- 
due. »  Le  procureur  nie  que  cette  place  soit  à  Foulques,  et 
«  furent  mis  jadis  en  celé  place  les  juys  qui  furent  mort  on  châ- 
tel  de  Xanctes  et  autres  esploiz...  »  (Bulletin  du  Comité,  1883, 
p.  35). 

1437,  mars  ou  mai.  —  Arrentement  consenti  par  Pierre 
Burel,  prévôt  de  l'université  des  clercs,  en  faveur  de 
Nicole  Courtaud,  masson,  «  d'ung  masuraux,  coux,  ver- 
gier  ou  mote,  assiz  hors  les  murs  de  la  ville  de  Xainctes, 
en  la  paroisse  Saint-Vivien  et  en  la  seigneurie  de  Rév. 
Père  en  Dieu  Msg  de  Xainles,  tenant  d'un  cousté  à  la 
mole  de  Jehan  de  Vaux  et  de  Morin  (ou  Motin)  de  Lost, 
et  d'autre  au  chemin  qui  vient  devers  la  grant  tour  du 
chaslel  et  va  vers  Saint^Vivien,  et  du  bout  diarrière  à  la 
mole  qui  fut  de  Penot  Berlhommé,  que  tient  à  présent 
Guillaume  Berlhommé,  son  fils,  el  à  la  vigne  de  fanic 
Lole,  et  davant  au  vieil  chemin  qui  vient  de  l'église  des 
frères  mineurs  et  vait  à  la  maison  de  Chabirant....  »  (Ar- 
chives de  Saint-Pierre,  parchemin,  cote  0  et  cote  JJ  (29 
décembre  r447). 

1544,  12  janvier.  —  Vente  par  Léonard  Mnsson,  maître 
brodeur,  demeurant  h  Saintes,  à  Jean  Mègc,  chanoine, 
d'un  jardin  situé  «  au  lieu  appelle  le  Chasteau,  près  de 
(ou  paroisse  de)  Sainct-Frvon,  confrontan  d'ung  couslé 
au  jardin  de  M*  Jehan  Roy,  di'autre  au  jardin  de  Pierre 
Drouhet,  d'ung  bout  au  chemin  par  lequel  l'on  va  et  vient 
des  Jacobins  de  cesle  ditle  ville  à  l'église  Sainct-Fryon, 

et  d'autre  bout  h  la    ruhe  des »,   moyennant  douze 

livres   et  ung  boisseau    de  froment,  mesure   de  Saintes. 
(Minutes  de  Perrault). 

1630,  24  décembre. —  Louis  de  Pernes  vend  à  Denis 
Tourneur,  notaire,  l'emplacem^^nt  du  bastion  qui  est  hors 
de  la  citadelle  et  proche  de  la  Porte  Aiguière,  appelé  le 
Bastion  die  la  Rivière.  (Recueil,  IX,  p.  160). 

1644,  23  acfOt.  Daniel  Deschnmps,  marchand,  afferme 
de  Jean  Piaut,  «  gagier  du  maire  »,  une  jM^tite  pièce  do 
ferre  labourable  renfermée  de  murailles,  proche  les  mur*s 
de  la  citadelle,  apellée  le  Bastion  de  la  Rivière.  (Minutes 
de  Dexmier). 


Digitized  by 


Google 


—  383  — 

1648,  23  juin.  —  Extrait  de  la  mezurc  et  herpanlemcn 
faict  ce  jourdhuy,  datte  de  ses  [)résentes,  par  nous  no- 
taires royaux,  herpanteurs  jurés  à  Xaintes  soubsignés, 
prins  d'office  par  Monseigneur  de  Lozon,  intendant  de  la 
justice  au  préson  peys  et  autres  lieux  et  par  son  comman- 
dement, icelluy  présent,  du  mas  de  terre  ci-devant  ap- 
pelle le  daujon  entien  de  la  sitadelle  de  Xaintes,  duquel 
les  R.  0.  religieuses  carmélites  ont  heu  le  don  du  roy,  en 
le(juel  est  basly  et  édiffié  leur  monastère  : 

Et  premièrement  ont  mezuré  ung  emplassement  qui  est 
entre  les  meurs  dudit  monastère  et  icelluy  qui  renferme 
le  jardrain  du  roi,  audit  lieu  de  la  sitadelle,  icelluy  dit 
emplassement  serven  à  chemin  et  contenan  20  carreaux 
et  demy,  savoir,  le  pan  de  la  muraille  du  couchant  52 
toises  2  pieds,  qui  disent  17  chosnes  8  pieds,  celluy  du 
nort  58  toises  4  pieds,  qui  dizent  19  chesnes  10  pieds, 
celuy  du  levan  51  toizes  2  pieds,  qui  disent  17  chesnes 
2  pieds  ; 

Item,  le  renclos  dudit  monastère,  ainsy  qu'il  est  ren- 
fermé de  murailles,  avons  trouvé  contenir  3  journaux  26 
carreaux  et  demy  ; 

Item,  herpanté  une  pointe  qui  est  hors  les  meurs  dudit 
monastère,  de  la  part  du  levant,  prenan  du  coing  du  mur 
dudit  monastère,  du  nort  au  levant  à  icelluy  de  la  petite 
maisonnette  où  demeure  à  présent  ledit  Bachellot,  retour- 
nan  tout  en  pointe  au  coing  de  la  muraille  dudit  jardrain 
du  roy,  ladite  maisonnette  comprinse  et  trouvé  contenir 
47  carreaux 

Revenant  au  total  au  nomibre  de  3  journeaux  74  car- 
reaux. 

Faict  le  23  juing  1648. 

Hervé,  herpanteur.  Tamizier,  notaire  royal  et 
herpanteur. 

1868,  10  janvier.  —  Délibération  du  bureau  d'adminis- 
tration de  l'hospice,  à  propos  des  terres  formant  un  tertre 
de  1.400  mètres  cubes,  appelé  le  Cavalier,  enlevées  par 
l'atelier  de  charité,  moyennant  500  fr.  (Bulletin  des  Ar- 
chives, VIII,  p.  414). 
F.e  plan  de  IJacurie  marque  un  cimetière  devarrt  les  bâtiments 
de  l'hôpital,  le  long  du  mur  qui  domine  la  rue  des  Ballets. 
Voir  rue  des  Cordiers. 


Digitized  by 


Google 


—  384  — 

Château-Gaillard  (voir  les  enseignes  (1),  et  Porte  Evêque, 
cf.  Documents,  p.  391). 

C'est  un  nom  très  répandu. 

A  Taillebourg,  en  1406,  il  y  a  «  une  rue  qui  va  du  carrefour 
des  Barres  appelle  Château-Gaillart...  »  (2). 

1409.  —  «  Une  petite  place  appellée  Thôlel  Gaillarl  »  (3).  A 
La  Rochelle  il  y  a  une  rue  du  Châleau-Gaillard. 

Je  note  pour  mémoire  que  dans  certaines  villes,  à  Bordeaux, 
par  exemple,  Château-Gaillart  indique  une  maison  publique. 

Le  Chenil  du  Roi.  (V.  Grande  Rue), 

1462.  —  Jacques  de  Lousme,  seigneur  des  Fontaines, 
est  tenu  de  bailler  une  dos  maisons  qu'il  tient  du  roi,  à 
Saintes,  «  au  chenier  de  mondit  seigneur,  pour  mectre  les 
chiens  »  le  roi  devra  les  frais  de  nettoyage.  (Bulletin  Ar- 
chives, VI,  p.  67). 

Dans  quantité  de  villes  on  retrouve  cette  servitude. 

Cheval  blanc  (canton  du).  —  On  va  de  là  aux  Monards  (1642). 

Cimetières.  —  Je  réunis  ici  mes  notes  sur  les  différents  cime- 
tières de  la  ville.  A  noter  que  dans  le  langage  courant  des  Sain- 
tongeais,  cimetière  est  toujours  au  pluriel. 

Chaudruc  de  Crazannes  a  reconnu  une  nécropole  gallo- 
romaine  proche  la  place  des  Cordeliers  (Voyez  ce  moi).  Une 
autre  se  trouvait  au  lieu  dit  le  Clousi,  entre  la  route  de  Marennes 
et  le  chemin  ferré  (4).  On  y  a  découvert,  en  1889  et  années  pré- 
cédentes, beaucoup  d'indices  d'inhumation  par  incinération.  J'ai 
recueilli  un  vase  en  terre  rempli  d'ossements  et  une  petite  clé  de 
coffret  en  bronze.  C'est  tout  près  du  Clousi,  qu'en  1871,  fut  dé 
convertie  fameux  tombeau  rempli  de  poteries,  verreries  et  objets 
de  toilette,  dont  la  majeure  partie  fut  achetée  par  le  musée  de 
Saint-Germain. 

Le  cimetière  Saint-Maurice  était  proche  de  la  Porte  Aiguière, 
ce  qui  laisse  supposer  que  l'église  (l^oîr  Saint-Maurice),  suivant 
l'usage,  se  trouvait  au  milieu  du  cimetière,  et  non  au  milieu  de 
la  rue  d«s  Notre-Dame. 

Chaque  paroisse   avait  son  cimetière   attenant  à  l'église  (5). 


(1)  Reeneil,  t.  XIV.  p.  368. 

(3)  Archivêi  de  SMintongê,  XXIX,  p«  79. 

(3)  Ibidem,  p.  96. 

(4)  Cf.  BulUtin,  I,  p.  339  ;  Recnêil,  t.  X,  p.  311. 

(5)  Masse  a  généralement  omis  de  les  noter.  1408,  3  avril.  —  Hélie  Geof- 
froy, prêtre,  prévôt  du  bas-chœur,  afferme  au  nom  des  clercs,  à  GuUlaume 
Péré,  charpentier,  et  A  Angèle,  sa  femme,  une  maison,  sise  à  Saintes,  dans  le 


Digitized  by 


Google 


—  385  — 

Nous  n'avons  donc  pas  à  nous  occuper  de  ceux-là.  Plus  tard, 
à  une  époque  que,  toutefois,  je  ne  puis  préciser,  la  ville  eut  un  ci- 
metière pour  tes  paroisses  SainUPierre  et  Saint-Eutrope,  près  de 
la  route  de  Uochefort.  Il  fut  vendu  en  1852,  mais  on  y  laissa  le 
cimetière  protestant.  Vers  1835,  la  municipalité  avait  acheté,  au 
nord  de  la  ville,  un  grand  terrain  qui  est  notre  cimetière  actuel, 
dit  de  Saint-Vivien. 
Le  cimetière  Saint-Pallais  fut  créé  en  1881. 

1679,  15  mars.  —  Maison  qui  «  joint  d'un  côté  au  portai 
des  cimetières  de  Saint-Michel,  d'autre  côté  à  la  rue  de 
la  Poissonnerie.  (Minutes  de  Montillon). 

1774,  3  janvier.  —  Pierre  Dangibeaud,  prêtre,  ancien 
curé    de  Sainte-Colombe   (démission  14  décembre  1772), 
prend  possession  de  la  cure  die  Saint-Michel,  sur  démis- 
sion de  Claude  Dangibeaud,  en  date  du  30  décembre  1773. 
Il  se  rend  au  cimetière  «  qui  est  renfermé  par  les  murs 
de  la  ville  et  les  maisons  de  la  Poissonnerie.  » 
Cimetière  de  la  charité.  —  Bourignon  (Recherches,  p.  34), 
parle  de  débris  d'une  inscription  près  la  porte  du  cimetière  de  la 
Charité.  Il  veut  très    vraisemblablement   dire  cimetière  Saint- 
Maurice,  car   il  dit  que  ces  quelques   lettres  se  trouvaient  sur 
Vangle  du  bastion.  Je  ne  connais  qu'une  charité  à  l'angle  de  la 
rue  die  l'Hôtel-de-Ville  et  de  la  rue  du  Collège  ;  son  cimetière 
n'était  certainement  pas  proche  du  bastion.  On  voit,  en  effet,  un 
débris  de  tombe  portant  une  inscription  mutilée  dans  le  mur 
d'angle  du  bastion,  mais  il  est  moderne,  et  je  ne  puis  croire  que 
Bourignon  s'y  intéresse. 

Cimetières  protestants.  —  En  1640,  les  protestants  ont  un 
cimetière  tout  près  de  la  Porle-Evôque  (1),  et  un  autre  à  Saint- 
Vivien  (2),  où  était  situé  leur  temple.  En  1685,  ils  s'en  étaient 
créé  un  près  de  l'hôpital  (3).  C'est  ce  qui  explique  pourquoi  dans 
les  actes  on  trouve  tantôt  «  le  cimetière  de  ceux  de  la  religion 
prétendue  réformée  »  à  Saint-Vivien,  tantôt  à  la  Bertonnière. 
En  1689,  l'un  et  l'autre  furent  vendus  :  celui  de  Saint- Vivien  fut 
adjugé,  après  enchères,  à  Nicolas  Reau,  chirurgien,  moyennant 

domaine  de  Tévèque  «  in  feodo  vocato  de  Bello  Pedio,  continua  ex  uno  latere 
et  capite  rue  publiée  per  quam  itur  de  ulmo  cimeterii  Xanctonensis  versus 
putheum  a  la  Lemosine  et  ex  alio  latere  cuidam  viridario  quod  tenet  Guiilel- 
mus  Futoti,  clericus  ».  (Archives  de  Saint-Pierre,  cote  FF). 

(1)  Archives  de  SMintonge,  XI,  p.  331,  XXIII,  p.  55. 

(3)  Ibidem,  XXIII.  p.  55. 

(3)  ibidem,  loco  ciiàto. 


Digitized  by 


Google 


21  livres  de  rente  ;  celui  de  la  Berlonnière,  une  somme  un  peu 
inférieure,  ù  Jean  Baccot.  Les  confronlalions  de  ce  dernier  sont 
intéressantes  à  lire. 

Les  proleslants  essayèrent  d*en  établir  un  à  Saint-Paliais  (1). 
En  réalité  rien  n'a  été  moins  stable  que  leur  cimetière.  En 
exécution  de  ledit  de  1577,  ils  eurent  un  cinjetière  à  Magezy, 
puis,  en  vertu  de  Tédit  de  Nantes,  ils  en  eurent  deux  :  un  à  Tin- 
térieur  de  la  ville,  un  dans  le  faubourg  Saint-Eutrope  ;  ils  au- 
raient disposé  encore  d'un  cimetière  à  Saint-Pallais,  mais  je 
doute  qu'ils  l'aient  eu.  Les  travaux  de  fortifications  entrepris 
par  de  Pemes  leur  enlevèrent  la  moitié  du  cimetière  inlra  muros. 
Comme  de  juste,  ils  réclamèrent,  et  c'est  alors  qu'ils  deman- 
dèrent que  pour  l'exercice  de  leur  religion,  on  leur  abandonnât 
lo  faubourg  Saint-Pallais.  Ils  interprétaient  dans  un  sens  trop 
large  un  article  des  deux  édits  précités.  On  leur  objecta  qu'ils 
so  trompaient.  Bref,  le  31  août  1600,  les  commissaires  de  Cau- 
nionl  et  du  Refuge  rendirent  une  ordomiance  dont  une  copie 
vidinié  existe  à  la  bibliothèque  de  Saintes.  En  voici  le  principal 
passage  : 

«  Ordonnons  que  pour  premier  lieu  de  bailliage  accordé 
pour  l'exercice  dic  la  R.  P.  R.,  il  sera  i>ennis  à  ceux  de 
ladite  religion  de  faire  bastir  en  un  journal  de  terre  qu'ils 
choisiront  près  le  lieu  des  Quatre-Porles  par  de\A  le  che- 
min qui  monte  dudict  lieu  des  Quatre-Portes  vers  la  Mal- 
ladrie  en  payant  par  eux  la  juste  estimation  au  dire  des 

gens  à  ce  cognoissans et  cependant  leur  avons  permis 

de  faire  l'exercice  die  leur  dite  religion  en  ladite  maison 

des  Quatre-Portcs....  ou  autre en  payant  le  louage. 

Et  pour  le  regard  des  cimetières  par  eux  demandés,  nous 
avons  ordonné  que  pour  cet  effect  leur  sera  baillé  gratui- 
tement par  le  maire  et  les  eschevins  de  ladicte  ville  une 
place  dans  l'enclos  d'iccUe  quy  est  h  la  rue  neufve,  tenant 
du  costé  du  nort  à  ladicte  rue  et  du  costé  du  midy  à  la 
maison  de  la  Sorcelière  (1),  confrontant  du  levant  au  jeu 
de  paulme  et  du  costé  du  couchant  h  la  maison  et  jardiin 
de  Pierre  Pailhou,  sergent  royal,  contenant  en  tout  soi- 


(1)  L* Inventaire  des  arréU  du  Conseil  d'État  (règne  de  Henri  IV)  signale 
sous  le  n*  7490  un  arrêt  ordonnant  aux  protestants  de  Saintes  de  restituer  à 
dame    Française    de  La   Rochefoucauld  le   cimetière  des    pauvres    de   son 

abbaye. 

(2)  J*ignore  absolument  ce  qu'est  cette  maison  de  la  Sorcellerie.  C'est  la 
première  fois  que  je  l'ai  rencontrée. 


Digitized  by 


Google 


• 


—  387  — 

xanle  pieds  de  large  et  cinquante-quatre  de  large,  et  ce 
au  lieu  du  cimetière  quy  leur  a  esté  occupé  par  les  for- 
liffications  de  la  citadelle  de  ladicte  ville,  duquel  le  reste, 
néanlmoins,  leur  demeurera  pour  servir  à  mesme  eilecl.  » 
(o  cimetière  protestant,  rue  Neuve,  ou  rue  du  Collège,  paraît 
n'avoir  jamais  été  exécuté,  car  on  n'en  trouve  trace  nulle  part. 

1079,  17  décembre.  —  Etienne  Soulard,  receveur  des 
consignations  au  présidial  de  Saintes,  d^emeurant  au  port 
des  Frères,  à  Saintes,  ayant  charge  de  uiessieurs  de  la 
religion  réformée  de  la  ville  et  faubourg,  cède  à  Jean 
Ravaud  et  Mathieu  Méthé,  marchand,  un  emplacement 
qui  est  au  bout  du  cimetière  de  ceux  de  la  religion,  fau- 
bourg de  la  Bertonnière.  (Minutes  de  Gillet). 

1689,  23  juillet.  —  François  Baudouin,  avocat,  et  Jean 
Lestellier,  procureur  en  l'élection,  directeurs  de  l'hôpital 
général  (1),    afferment,  moyennant  20  livres   de  rente,  à 
Jean  Baccot,  avocat  au  présidial,  une  pièce  die  terre  «  qui 
a  ci-devant  servy  de  cim<>tières  à  ceux  qui  professoient  la 
religion  prétendue  réformée,  sittuée  dans  le  faubourg  de 
la  Berlhonnière  de  la  présente  ville,  paroisse  et  seigneu- 
rie de  Saint-Eutrope,  confrontant  du  costé  du  levant  aux 
jardin  cl  coulombier  du  sieur  Gourdin,  du  costé  du  cou- 
chant à  la  maison  et  chay  du  sieur  Méthé,  du  costé  du 
midy  à  la  mette  qui  djessend  de  la  fontaine  de  la  cloche 
au  fleuve  Charante,  du  costé  du  nort  à  la  mette  qui  va 
dudit  fleuve  à  la  grandVue  de  la  Berthonnière  »,  laquelle 
terre  a  été  adjugée  par  Sa  Majesté  audit  hôpital.  (Minutes 
d'Arnaud). 
A   Saint-Pallais,  nous  notons  plusieurs  cimetières  :  un  pour 
les  étrangers,  un  pour  les  pauvres,  un  pour  Tabbaye  évidem- 
ment, et  peut-être    un  quatrième  si    la  désignation  «  pour  les 
pauvres  »  exclut  l'entrée  des  riches.  Cependant,  comme  Masse 
n'indique  qu'un  seul  cimetière  (Voir  le  plan  de  Vabbaye),  devant 
l'église  de  Saint-Pallais.  Il  faut  peut-être  admettre  que  ce  cime- 
tière est  celui  qui  fut  établi  sur  le  terrain  de  La  Madeleine  dont 
il  est  question  dans  l'acte  suivant,  à  la  place  du  cimetière  des 
pauvres  situé  loin  de  là. 

1663,  18   avril.  —   Echange  du  cimetière  des  pauvres 
contre  un  lieu  appelé  La  Madeleine. 

(1)  Une  déclaration  royale  du  20  août  1684   donne  aux  hôpitaux  les  biens 
des  consistoires  supprimés. 


Digitized  by 


Google 


Comme  ainsy  soit  que  très  illustre,  haulte  et  puissante 
dame  Madame  Françoise  de  Foix,  abbesse  de  Tabbaye 
Notre-Dame,  hors  les  murs  de  la  ville  de  Xaintes,  aye  con- 
sidéré que,  pour  la  commodité  des  religieuses  de  son  ab- 
baye, et  particulièrement  de  celles  die  son  noviciat  en 
ladicte  abbaye,  il  aeroil  nécessaire  de  grandir  le  jardin  et 
renclos  de  sa  dicte  abbaye,  ce  qu'elle  ne  peult  facilement 
faire  sans  avoir  un  amplassement  qui  est  proche  et  joi- 
gnant le  renclos  de  sadicte  abbaye,  appellée  le  cimetière 
des  pauvres,  joignant  aussy  un  jardin  et  bastimen  appar- 
lenans  à  ladicte  dame,  et  du  costé  du  nort  à  la  rue  publi- 
que du  fauxbourg  Sainct-Pallais,  qui  va  dudit  Xaintes  à 
La  Chapelle,  appelle  le  Bourgneuf,  ce  qui  auroit  obligé 
ladicte  révérendie  dame  abbesse  d*appeller  messieurs  les 
curés  dudict  Sainct-Pallais,  les  fabriqueurs  et  une  grande 
partie  des  principaux  habitans  dudit  fauxbourg,  auxquels 
elle  auroit  représenté  la  nécessité  qu'elle  a  d'avoir  ledit 
amplassement  appelle  le  cimetière  des  pauvres  pour 
agrandir  comme  dit  esl  son  renclos,  offrant  de  donner  un 
autre  amplassement  (1)  pour  servir  de  cimetière  des  pau- 
vres, plus  commode  que  le  susdit,  estant  proche  et  joi- 
gnant ladicte  église  de  Sainct-Pallais  et  le  cimetière  d'ice- 
luy,  au  lieu  que  l'autre  en  est  beaucoup  esloigné.  Ce  qui 
ayant  esté  considéré  par  lesdicts  sieurs  curés,  fabriqueurs 
et  habitans,  et  inclinant  au  dessin  de  ladicte  révérende 
dame  et  soubz  le  bon  plaisir  de  Monseigneur  l'illustris- 
sime et  révérendissime  évesque  dudit  Xaintes,  ont  con- 
senty  l'eschangc  desdicts  deux  amplassements,  à  la  charge 
toutefois  que  ladicte  révérende  dame  fera  osier  les  osse- 
mens  qui  se  trouveront  audit  cimetière  des  pauvres  et  les 
faire  porter  en  l'autre  amplassement,  avant  que  de  le  pou- 
voir renfermer  en  son  renclos,  et  par  ce  que  ledit  cime- 
tière des  pauvres  est  de  plus  grand  estandue  que  l'autre 
amplassement,  ladicte  révérende  dame  donnera  quelque 
récompanse  à  la  fabrique  dudit  Saint-Pallais,  ce  que 
ayant  esté  offert  par  ladicte  dame  et  sur  ce  a  esté  passé 
et  accordé  ce  qui  s'ensuit  :  pour  ce  est-il  que  aujourd'huy. 


(1)  Cet  emplacement  se  nommait  La  Madeleine.  Bien  quMl  ne  loit  pai 
nommé  dans  le  corps  du  contrat,  c'est  certain,  parce  qu'en  tète  ce  notaire  a 
écrit  la  mention  suivante  :  «  Contrat  d^eschanpe  du  cimetière  des  pauvres  avec 
le  lieu  appelé  la  Magdelaine.  » 


Digitized  by 


Google 


—  389  — 

datte  des  présentes,  par  devant  le  notaire  royal  en  Xain- 
longe  soubsigné,  et  présen  les  tesmoins  cy  bas  nommez, 
ont  esté  en  droit  présen  et  personnellement  establis  ladicte 
U.  dame  Françoise  de  Foix,  abbesse  de  Tabbaye  Nostre- 
Uame  —  hors  les  murs  de  la  ville  de  Xaincles,  d'ime  part  ; 
Messieurs  M*    Arnaud  de    Campgrand,    Dominique  de 
Morlé,  Jean  Boulin  et  Pierre  Dufau,  prêtres,  docteurs  en 
tiiéologie,  chanoiiK's   curés  de  Téglise    de  Saint-Pallais, 
Pierre  Braud,  fabriqucur,  M.  Jean  Dandonneau,  huissier, 
Arnaud  Mollis,  Pierre  Prieur,  Jean  Petit,  Louis  Auger, 
Jean  Garsonnet,    M*  François    Richardi,    Julien  Camus, 
François   Quineau,    Ollivier    Cheneveau,  Pierre  Berray, 
Jean  Devaudiel,  Crespin  Nimis,  Jean  Denis,  Mathieu  Gibet 
lin,  Jean    Boureau,    François  Guyonnet,    Damien  Chas- 
teau,  tous  habitans   et  demcuran  ex\  ladicte  paroisse  de 
Sainct-Pallais,  d'autre  part  ;   laquelle  révérende  dame  a 
délaissé  en  cschange  par  ces  présentes   ausdicts  sieurs 
curés,  fabriqueurs  <et  habitans  dudit  Saint-Pallais,  sçavoir 
est  :  Tamplassement  à  elle  appartenan  situé  et  joignant 
l'église  et  cimetière    dudit  Sainct-Pallais,  d'un  costé,  et 
d'un  bout  d'autre  costé  aux  murailles  du  noviciat  de  la- 
dicte abbaye,  di'autne  bout  à  la  rue  publique  dudict  Sainct- 
Pallais  et  à  la  maison  et  appartenances  de  Jullien  Camus 
et  encores  à  un  masuraud  appartenan  aux  héritiers  de 
ieu  Nival,  à  la  réserve  toutesfois  de  quatre  piedte  de  largeur 
le  long  de   la  muraille  dudit  noviciat  pour  pouvoir  les 
i^riffonnor  et  faire  les  réparations  nécessaires,  pour  ledit 
amplassoment  servir  à  perpétuité  de  cimetière  des  pau- 
vres ;    et  pour  retour    et    contreschange,   lesdicts  sieurs 
curés,  fabriqucrs  et  habitans  ont  délaissé  et  eschangé  à 
ladicte  dam<î  abbesse  et  à  jamais  ledit  amplassement  ap- 
pelle le  cimetière  des  pauvres,  situé  au  Bourgneuf,  qui 
joinct  d'un  costé  à  la  rue  d'iceluy  et  d'autre  costé  et  dos 
doux  bouts  au  renclos  de  ladicte  abbaye  et  à  un  jardin  et 
maison  appartenan  à  ladicte  dame  abbesse,  qui  sont  hors 
dudit  renclos,  quelle  poura  faire  renfermer  dans  sondit 
renclos,  à  la  charge  toutesfois  ladicte  damje  abbesse  fera 
oster,  comme  elle  a  promis,  les  ossemens  qui  sont  en  ledit 
cimetière  des  pauvres  et  les  faire  porter  en  l'amplasse- 
mont  par   elle  cy-dessus   délaissé  auxdicts   sieurs  curés, 
fabriqueurs  et  habilans,  au  paravan  lé  pouvoir  renfer- 
mer, et  pour  la  récompance  demandée  par  lesdicts  sieurs 

«7 


Digitized  by 


Google 


—  390  — 

curés,  fabriqueurs  et  habitans,  à  cause  de  la  plus  grande 
estandue  dudit  cimetière  des  pauvres  à  celle  cy-dessus 
délaissé  par  ledit  eschange,  ladicte  révérendie  dame  ab- 
besse  a  promis  et  sera  tenue  de  faire  faire  deux  murailles 
ù  ses  despans,  depuis  la  rue  dudit  Sainct-Pallais  jusques 
aux  deux  costés  du  port  et  entrée  de  sa  dicte  abbaye,  qui 
renfermeront  le  passage  qui  va  dudict  fauxbourg  en  la- 
dicte abbaye,  de  la  haulteur,  profondeur  et  fasson  que 
sont  les  murailles  qui  sont  à  l'entour  du  cimetière  diudit 
Sainct-Pallais,  lesquelles  elle  fera  faire  dans  un  mois  pro- 
chain    Fait  et   passé  en  ladicte   abbaye,  au  parlouer 

d'ioelle,  le  18*  apvril  1663,  en  présence  de  Luc  de  Lafar- 
guc,  prêtre,  docteur  en  théologie,  intendan  des  affaires 
de  ladicte  abbaye  ;  M*  Barthélémy  GroUade,  instructeur 
de  la  jeunesse,  demeurant  à  Xainles,  tesmoins  à  ce 
requis. 

F*  DE  Foix,  abbesse  de  Xaintes.    Lafargue,   prêtre. 

A.  DE  Campgrand.  a.  Mollis.  P.  Braud.  0.  Chene- 
DEAU.    J.    Garsonnet.    Devaudel.   Crespin  Nimis. 

B.  Grollade.    p.  Prieur.    Julien   Camus.    Louis 
Oger.  Quinaud. 

Cassoulet,  notaire  royal. 

Suit  l'homologation  dudit  contrat  par  Louis  de  Bassompierre, 
évêque  de  Saintes. 

1764,  9  juin.  —  Jean-Etienne  Bellou,  notaire  à  Saintes, 
faubourg  Saint-Pallais,  afferme  à  Pierre  Corbineau,  bou- 
langer, une  maison  sise  audit  bourg,  confrontant  par  de- 
vant à  la  rue,  par  derrière  à  un  cimetière  servant  aux 
étrangers,  au  levant  à  l'ancien  noviciat  de  Tabbaye,  au 
couchant  à  une  autre  maison  appartenant  à  Bellou. 
(Minutes  de  Senne). 

1675,  29  août.  —  Vente  d'un  emplacement  devant  le 
cimetière  des  pauvres,  à  Saint-Pallais,  confrontant  par 
devant  à  la  rue,  d'autre  bout  au  jardin  de  feu  Jean  Forcet, 
le  chemin  potier  entre  deux.  (Minutes  de  Cassoulet). 

Ch.  Dangiqeaud. 


Digitized  by 


Google 


—  391  — 


II 


LE  CLERGE  DE  LA  CHARENTE-INPERIEUUE 

FENDANT  LA  RÉVOLUTION 

EN  1789 

I.  —  La  Rochelle. 

Le  territoire  du  déparlement  de  la  Charente-Inférieure,  formé, 
en  1790  (1),  de  la  province  d'Aunis  el  de  la  plus  grande  partie  de 
la  province  de  Saintonge,  contenait  les  évêchés  de  La  Rochelle 
cl  de  Saintes. 

Lorsque,  le  2  mars  1648,  Innocent  X  transféra  à  La  Rochelle 
Tévêché  de  Maillezais,  on  détacha  de  celui  de  Saintes,  l'île  de  Ré 
(M.  le  pays  d'Aunis,  pour  être  incorporés  au  nouveau  diocèse,  qui 
se  composa  de  331  paroisses  divisées  en  44  conférences,  dont 
onze  pour  TAunis  et  trente-trois  pour  le  Poitou. 

Vodci    commuent   étaient   composées    les  onze  premières  (2)  : 

P  Conférence  de  Dompierre,  à  laquelle  assistaient  MM.  les 
curés  de  Dompierre,  Laleu,  Saint-Maurice,  Lagord,  L'Houmeau, 
Nieul,  Saint-Xandre,  Marsilly,  Esnandies  ; 

2?  Conférence  de  La  Jarrie  avec  Aytré,  Salles,  Angoulins, 
Saint-Rogatien,  Clavette,  La  Jarrie,  Périgny,  Croix-Chapeau  ; 

3°  Conférence  de  Vérines  avec  Angliers,  Sainte-SouUe,  Bourg- 
neuf,  Sainl-Médard,  Montroy,  Longèves,  Nuaillé,  Saint-Ouen  ; 

4®  Conférence  de  Rochefort,  Fouras,  Le  Breuil-Magné,  Loire, 
Yves,  Saint-Laurent  de  la  Prée,  Le  Vergeroux,  l'île  d'Aix  ; 

.V  Conférence  dei  Thairé  avec  Ciré,  Saint-Vivien,  Ardillières, 
Voutron,  Ballon,  Châtelaillon  ; 

0**  Conférence  de  Mauzé  avec  Saint-Saturnin-du-Bois,  Mar- 
say,  Lalaigno,  Cram,  Courdault,  Amilly,  Priaire  ; 

7°  Conférence  de  Surgères  avec  Saint-Pierre  de  Surgères, 
Saint-Georges-du-Rois,  Saint-Germain  de  Marencennes,  Saint- 
Mard,  Charenlenay,  Landrais,  Le  Breuil-la-Réorte,  Saint^Jean- 
du-Breuil  ; 

8®  Conférence  d'Aigrefeuille,  avec  Saint-Christophe,  Puyra- 
veau.  Forges,  Bouhel,  Virson,  Vouhé,  Le  Thou,  Le  Cher  et 
Anaix  ; 


(1)  M  décembra  1789  ai  15  janvier  1790. 
(9)  Arcère,  Histoire  de  La.  RoehêiU. 


Digitized  by 


Google 


-  392  — 

9"  Conférence  de  Saint-Jean  de  Liversay  avec  Ferrières,  Saint- 
Sauveur  de  Nuaillé,  Sainl-Cyr  du  Doret,  Courçon,  Taugon  et  La 
Ronde,  Le  Gué  d'AUeret,  Saint-Martin  de  Villeneuve,  Benon  ; 

10"*  Conférence  de  Marans  avec  Andilly,  Charron,  Tlle  d'Elle, 
Villedoux  ; 

11"  Conférence  de  Tîle  de  Ré  avec  les  paroisses  de  Saint-Mar- 
tin, Ars,  La  Flotte,  Loix,  Les  Portes,  Sainte-Marie,  Le  Bois  et 
La  Couarde,  annexes  de  Saint-Martin  (1). 

L'évêché  de  La  Rochelle  avait,  d'après  la  déclaration  (2)  faite 
en  1790,  par  M*  Charles  Louis  Gabet,  avocat  au  siège  présidlal 
de  la  dite  ville,  comme  fondé  de  pouvoirs  de  Monseigneur  l'E- 
voque Jean-Charles  de  Coucy  absent,  un  revenu  de  104.015  li- 
vres, sur  lequel  il  y  avait  à  d*éduire  des  chargeas  annuelles  s'éle- 
vant  à  51.693  livres. 

Le  chapitre  de  La  Rochelle  était  composé  de  vingt-neuf  mem* 
bres  ;  1"  le  doyen  à  la  nomination  de  ses  confrères  ;  2"  l'abbé  du 
chapitre  à  la  noofnination  du  roi  ;  3"  les  autres  offices  étaient  à  la 
collation  de  l'évoque,  ainsi  que  les  vingt  premiers  canonicats,  le 
vingt  et  unième  était  à  l'abbé  de  L'Abzie. 

D'après  les  déclarations  des  revenus  faites  en  1790,  et  les  re- 
gistres des  ventes  des  biens  ecclésiastiques  (3),  on  peut  admettre 
que  les  ^revenus  des  chanoines  de  La  Rochelle  égalaient  ceux  des 
chanoines  de  Saintes.  Gantier  Pierre,  chantre  du  chapitre  recon- 
naît un  revenu  de  4.755  livres.  MM.  Grenier,  Joanne  de  Saint- 
Martin,  Gastumeau,  Gonzargues,  chanoines,  avaient  un  revenu 
de  3.000  livres^  «  comme  les  autres  chanoines,  ajoutaient-ils  », 
mais  tous  étaient  grevés  de  pensions. 

Par  déclaration  (4)  du  18  février  1791,  il  est  dit  :  «  Le  séminaire 
est  sans  revenus  fixes,  il  est  totalement  à  la  charge  du  clergé  du 
diocèse,  qui  paie  les  penvsions  de  MM.  les  directeurs  et  fournit 
tous  les  meubles  et  effets  nécessaires,  répare  et  entretient  les 
bâtiments.  »  Il  pouvait  contenir  quarante-cinq  séminaristes. 

Le  nombre  des  bénéfices  :  abbayes,  cures,  chapelles,  était  en 
Aunis  seulement  de  159,  parmi  lesquels  on  comptait  les  abbayes 
de  Charron,  de  Saint-Léonard,  de  La  Grâce-Dieu. 


(1)  Par  un  décret  du  38  janvier  1790,  il  fût  décidé  que  lea  paroisses  de 
Mauzé  et  de  Priais  appartiendraient  au  département  des  Deux-Sèvres.  La 
paroisse  de  Tlle  d*EUe  revenait  à  la  Vendée. 

(^  Arohives  départementales  de  la  Charente-Inférieure. 

(3)  Archives  départementales  de  la  Gharente»Inférieure. 

(4)  Archives  départementales  de  la  Charente-Inférieure. 


Digitized  by 


Google 


—  393  — 

D'après  le  Poiiillé  du  diocèso  de  La  Rochelle  (1),  fait  en  1729, 
on  comptait  trente-six  prieurés  dont  l-e  revenu  variait  de  60  livres 
à  1.800  livres  ;  quarante-huit  cures  de  300  livres  à  1.200  livres  de 
revenu  ;  cinquante  et  une  chapellerii  «s  de  16  livres  à  850  livres  de 
revenu.  Ces  chiffres  sont  inférieurs  à  la  réalité. 

Les  principaux  collaleurs  étaient  :  Tévêque  qui  nommait  à 
58  bénéfices,  les  PP.  de  l'Oratoire  à  12,  l'abbé  de  Saint-Jean 
d'Angély  h  8,  le  roi  à  8  ;  les  autres  étaient  h  la  collation  d'évôques, 
d'abbés,  de  princes,  coimne  les  abbés  de  Montierneuf,  de  la  Cou- 
ronne, de  Fonteombeau,  de  la  Chastre,  les  princes  de  Condé, 
etc.,  etc. 

Les  ordres  suivants  avaient  des  maisons  en  Aunis.  A  La  Ro- 
chelle on  trouvait  :  les  Augustins,  les  Capucins,  les  Carmes,  les 
Cordeliers,  les  Jacobins,  les  Lazaristes,  les  PP.  de  la  Charité,  les 
PP.  de  l'Oratoire,  les  Minimes,  les  Récollets,  les  religieuses 
Ursulin«s,  les  Dames  blanches,  les  Dames  de  la  Providence,  de 
la  Sagesse,  de  Saint-Vincent,  de  Notre-Dame  de  la  Charité,  des 
Saintes-Claires.  Les  Capucins  avaient  une  maison  à  Marans,  à 
Saint-Martin  de  Ré  et  à  Rochefort  ;  les  PP.  de  la  Charité  étaient 
à  Saint-Martin  ;  les  Minimes  à  Surgères.  Les  religieux  étaient 
peu  nombreux.  En  1789,  l'abbaye  de  Charron  n'avait  qu'un  seul 
religieux  :  le  prieur  Louis-Joseph  Desprez  ;  l'abbaye  de  Saint- 
Léonard  de  la  Chaume  :  un  seul  religieux,  le  prieur  Charles  Mo- 
reau  ;  le  couvent  des  Minimes  de  La  Rochelle  :  un  seul  religieux, 
le  supérieur  Théodore  Valadon. 

Les  biens  (2)  des  réirulrers  étaient  los  plus  importants  et  les 
plus  agglomérés,  particulièremient  dans  les  cantons  de  Co«rçon 
et  de  Marans,  ceux  des  séculiers  étaient  disséminés  en  un  très 
grand  nombre  de  petites  parcelles,  plusieurs  cures  ne  possé- 
daient aucune  terre.  Les  communautés  de  La  Rochelle  étaient 
surtout  propriétaires  d'immeubles  dans  cette  ville.  Les  conmian- 
deries  diu  Temple  (ordre  de  Malte),  de  Saint-Jean  du  Pérot,  le 
collège  Mazarin  de  Paris,  les  Feuillants  de  Poitiers  étaient  pro- 
priétaires en  Aunis. 

IL  —  Saintes. 

Le  diocèse  de  Saintes  s'étendait  sur  une  partie  du  bas-angou- 
mois.  Par  un  décret  du  4  mars  1790,  les  territoires  de  Blaye  et  de 

(1)  Manuscrit  de  la|bibHolhèque  de  La  Rochelle. 

(2)  D'après  les  registres  desf  ventes  des  biens  ecclésiastiques  (Archives  dé- 
partementales de  la  Charente-Inférieure). 


Digitized  by 


Google 


—  394  — 

Barbezieux  furent  détachés  de  la  Saintonge  et  incorporés,  le 
premier  au  département  de  la  Gironde,  le  second  à  celui  de  la 
Charente.  Il  complaît  en  vingt-quatre  archiprôlrés  291  cures,  en 
tout  565  églises,  cures  ou  succursales. 

Les  archiprêtrés  étaient  :  Archiac,  Arvert,  Barbezieux,  Beau- 
vais-sur-Matha,  Bouleville,  Burie,  Chalais,  Cosnac,  Corme- 
Royal,  Frontenay,  Jarnac,  Marenues,  Matha,  Monlendre,  Mont- 
guyon,  Mortagne,  Pérignac,  Pons,  Pont-l'Abbé,  Saint-Jean  d'An- 
gély,  Soubise,  Taillebourg,  île  d'Oléron. 

Le  chapitre  de  la  cathédrale,  composé  de  vingt-quatre  cha- 
noines et  de  sept  vicaires  capilulaires,  pourvoyait  seul  aux  caao- 
nicats,  prébendes  et  vicariats. 

Monseigneur  de  La  Rochefoucauld  avait  neuf  vicaires  géné- 
raux. 

Le  diocèse  comptait  trois  chapitres  collégiaux  :  1"  Saint- 
Georges  de  Rex,  dont  les  quatre  canonicats  étaient  à  la  collation 
de  l'évoque  de  Saintes  ;  2**  Taillebourg,  dont  les  quatre  canoni- 
cats étaient  à  la  présentation  de  la  famille  de  la  Trémouille  ;  3** 
Sainte-Catherine  de  Magnac,  dont  les  six  chanoines  et  dieux  se- 
mi-prébeDdés  étaient  à  la  présentation  du  seigneur  de  Magnac. 

Les  grandes  abbayes  du  diocèse  étaient  : 

L'abbaye  des  Alleux,  sur  le  territoire  du  diocèse  de  La  Ro- 
chelte. 

L'abbaye  de  Bassac  (Bèhédictins  de  la  congrégation  de  Saint- 
Maur),  près  Jarnac,  dont  le  titulaire  était  Green  de  Saint-Mar- 
sault  du  Verdier  Joseph,  prêtre  du  diocèse  de  Limoges,  vicaire 
général  de  Melda,  aumônier  de  Madame  Adélaïde  de  France, 
abbé  conmianda taire  avec  3.000  livres  de  reveim  (1). 

L'abbaye  de  Notre-Dame  de  la  Chastro,  près  Cosnac,  revenu 
2.400  livres. 

L'abbaye  dos  Chateliers,  unie  à  la  mense  épiscopalc  de  La  Ro- 
chelle. 

L'abbaye  de  Saint-Léonard  de  la  Chaulme. 

L'abbaye  de  Saint-Léger. 

L'abbaye  de  Saint-Liguairo,  près  Niort,  dont  le  titulaire  était 
le  doyen  de  la  cathéclrale  de  Poitiei-s  avec  9.000  livres  de  revenu. 


(l)  Nous  empruntons  ce  chiffre  et  les  suivants  au  PouUIé  de  M.  l'abbé 
Bonnerot,  vicaire  général  de  La  Rochelle  et  Saintes.  Manuscrit  de  la  biblio- 
thèque de  La  Rochelle. 


Digitized  by 


Google 


—  395  — 

L'abbaye  de  Saintes,  titulaire  Madame  de  Baudean  de  Para 
bère  avec  140.000  livres  de  revenu. 

L*abbaye  de  Tonnay-Charenle,  titulaire  Etienne-Antoine  de 
Boulogne,  prédicateur  de  la  cour  sous  Louis  XVI  (1).  (La  con- 
ventualité  avait  cessé  depuis  longtemps). 

L*abbaye  de  la  Frenade  en  Merpin«  (cisterciens),  titulaire  Zé- 
phyrin  Maury  (2),  2.000  livres  de  revenu. 

L'abbaye  de  Saint-Jean  d'Angély  (Bénédictins),  titulaire  Du- 
plessis  d'Argenlré,  évêque  de  Limoges,  40.000  livres  de  revenu. 

L'abbaye  de  Notre-Dame  de  Masdion,  titulaire  d'Hérisson, 
chanoine  de  Saintes,  2.000  livres  de  revenu. 

L'abbaye  de  Sablonceau  (chanoines  réguliers  de  Chancelade), 
titulaire  de  Bourgogne,  conseiller  au  parlement  de  Paris,  12.142 
livres,  6  sols,  8  deniers  de  revenu  (3). 

L'abbaye  de  Saint-Etienne  de  Vaux,  titulaire  Castin  de  Gué- 
rin  de  la  Magdeleine,  chanoine  de  Saintes,  revenu  5.400  livres. 

L'abbaye  de  Saint-Etienne  de  Baignes,  titulaire  L'Huilier  de 
Houvenac,  revenu  6.000  livres  ;  la  mense  et  les  offices  avaient  été 
réunis  en  1787  à  la  fabrique  du  chapitre  de  Saintes  et  à  l'évoque 
de  Bordeaux. 

L'abbaye  de  Fontdouce,  titulaire  Alphonse  de  Sinety,  aumô- 
nier  de  la  chapelle  de  la  comtesse  d'Artois,  prieur  de  Bouteville. 
La  prébende  monacale  avait  été  unie  à  la  mense  abbatiale,  le 
reste  au  séminaire  de  Saintes. 

Les  registres  des  ventes  des  bicris  ecclésiastiques  portent  en- 
core les  abbayes  d'Asnière,  de  Cormeil  à  l'abbaye  de  Fontevault, 
de  Nuaillé,  de  Saint-Séverin,  des  Touches,  de  Trizay  ou  la  con- 
ventualité  avait  cessé  depuis  longtemps. 

Le  corps  monastique  était,  aux  abords  de  la  Révolution,  très 
diminué  et  très  ébranlé  ;  en  vingt  ans  (1770  à  1790)  il  avait  perdu 
plus  de  10.000  membres  (en  1770,  26.674  religieux  ;  en  1790, 
16.235).  (4)  Cet  appauvrissement  dans  le  personnel  avait  trois 
causes,  toutes  trois  étrangères  aux  religieux.  La  plus  ancienne 


(1)  Grand  eumônier  de  Napoléon  I*',  il  fut  évéque  de  Troyes  et  pair  de 
France  sous  la  Restauration. 

(1)  Grand  orateur  de  l'Assemblée  nationale,  devint  cardinal  et  archevêque 
de  Paris  en  1810. 

(3)  D'après  Tétat  des  pensions  ecclésiastiques.  Archives  départementales 
de  la  Charente-Inférieure. 

(4)  Voir  Ut  commiêêion  des  réguliers,  par  Ch.  Guérin,  conseiller  &  la  cour 
dePtrif. 


Digitized  by 


Google 


—  396  — 

était  la  commande,  qui  livrait  à  un  étranger  les  plus  clairs  reve- 
nus d^es  monastères,  en  laissant  aux  religieux  des  charges  aux- 
quelles ils  ne  pouvaient  suffire.  L'édit  du  25  mars  1768,  qui  in- 
terdisait de  recevoir  les  vœux  avant  21  ans,  était  la  deuxième 
cause,  a  Depuis  la  fixation  des  vœux  à  21  ans,  nous  sommes  frap- 
pés de  stérilité,  disaient  les  supérieurs  !  »  Quant  à  la  troisième 
cause,  la  plus  récente,  elle  était  dans  les  opérations  de  la  commis- 
sion dite  des  réguliers,  composée  de  cinq  archevêques  et  de  cinq 
parlementaires  ;  cette  commission  s'était  arrogée  le  droit  de  véri- 
fier les  constitutions  des  ordres  religieux,  de  les  reviser,  d'en 
fixer  de  nouvelles,  de  déterminer  arbitrairement  le  nombre  des 
religieux  que  devait  renfermer  chaque  couvent,  supprimant  d'of- 
fice la  maison  qui  ne  renfermait  pas  quinze  religieux,  ou  qui,  par 
suite  do  décès,  de  départs  ou  de  transférements,  avait  cessé  d'at- 
teindre ce  nombre. 

D'après  cette  législation,  aucun  monastère  d'Aunis  et  de  Sain- 
tonge  ne  pouvait  subsister. 

«  Tout,  dit  Taillet  (1),  annonçait  en  Saintonge  l'extinction  iné- 
vitable et  prochaine  des  ordres  mendiants.  Il  y  avait  un  certain 
nombre  de  maisons,  mais  peu  ou  point  du  tout  de  sujets.  Les 
récollets  avaient  dix  maisons  et  n'avaient  pas  lircnle  religieux, 
il  y  avait  une  douzaine  de  cordoliers  répandus  dans  cinq  maisons. 
Huit  ou  dix  jacobins  dans  (rois  maisons,  trois  capucins,  deux 
augustins,  deux  carmes  ;  encore  si  ce  petit  nombre  eût  été  bon.  » 

Les  Lazaristes,  au  nombre  de  sept,  dirigeaient  le  séminaire  de 
Saintes. 

Le  clergé  séculier  était  nombreux  ;  nous  avons  recueilli  les 
noms  de  près  de  900  ecclésiastiques  ;  nous  donnerons  sur  le  plus 
^rand  nombre  quelques  notes  biographiques. 

Les  communautés  de  femmes  étaient  peu  nombreuses.  Les 
Bénédictines,  les  Saintes-Claires,  les  Hospitalières  étaient  à 
Saintes.  Les  sœurs  de  la  Charité  avaient  des  maisons  à  Saujon, 
à  Tesson,  à  la  Tremblade,  à  Marennes  et  à  Soubise.  Les  soeurs 
de  la  Sagesse  dirigeaient  les  deux  hôpitaux  de  Saintes,  Cognac 
et  Saint-Jean  d'Angély,  avaient  un  couvent  de  Bénédictines. 

Le  clergé  tant  séculier  que  régulier  était  propriétaire  ;  cha- 
pitres, prieurés,  cures  (2),  chapelles  étaient  pourvus  de  biens- 

(1)  Mémoire  sur  le  clergé  de  Suintonge  pendant  U  Bévolationy  par  Taillet, 
vicaire  général  de  Saintes. 

(1)  Le  prieuré  et  la  cure  pouvaient  appartenir  è  deux  titulaires  bien  dis- 
tincts ;  les  revenus  étaient  ordinairement  très  différents.  Le  prieuré  de  Stlnt- 


Digitized  by 


Google 


—  397  — 

fonds.  D'après  Bonxierol,  le  total  des  revenus  des  cures  était  de 
838.700  livres,  soit  une  moyenne  de  1.500  livres;  beaucoup  de 
curés  dépassaient  ce  chiffre  ;  il  n'y  avait  que  80  congruistes  à 
700  livres,  cinq  seulement  à  600  livres.  Les  prieurés,  au  nombre 
de  cent  soixante,  donnaient  238.740  livres,  sans  y  comprendre 
ceux  dont  la  valeur  n*est  point  donnée  par  Bonnerot.  Rien  n'in- 
dique les  revenus  des  fondations  ou  chapelles,  au  nombre  de 
deux  cent  neuf,  ils  pouvaient  varier  depuis  25  livres  jusqu'à  900 
livres.  Le  cumul  des  bénéfices  augmentait  encore  les  ressources 
d'un  archevêque,  d'un  curé,  ou  d'un  simple  congruisle.  Augier, 
secrétaire  de  Tévêque  de  Saintes,  curé  de  Vanzac,  au  revenu  de 
L800  livres,  était  titulaire  de  onze  chapellenies,  dont  l'une,  celle 
de  Notre-Dame  de  la  Visitation  à  la  petite  Flandre,  près  Roche- 
fort,  valait  900  livres.  On  pouvait  être  titulaire  de  plusieurs  béné- 
fices situés  dans  divers  diocèses.  Lecouflel,  prêtre  du  diocèse  de 
Paris,  était  prieur  de  Saint-Georges  de  Didonne,  de  Saint-Ger- 
main du  Teil  et  de  Magny.  Reverdy,  ex-cluniste,  vicaire  à  por- 
tion congrue,  était  prieur  d'Arban  et  de  Saint-Thomas.  Nous 
pourrions  multiplier  les  exemples. 

Le  clergé  de  Saintonge  était  riche,  son  genre  de  vie  ressem- 
blait à  celui  d'un  bon  propriétaire  rural. 

Parmi  les  nombreux  documents  prouvant  notre  assertion,  nous 
citerons  les  deux  suivants  :  le  premier  émane  d'un  curé  qui  re- 
fusa le  serment  à  la  constitution  civile  ;  le  second  provient  d'un 
prêtre  jureur. 

Jean-Pierre  Laneau  (1),  curé  de  la  paroisse  de  Sainl-Pallais- 
de-Villars,  adresse  au  district  un  mémoire  détaillé  des  récoltes 
qu'il  a  faites  dans  son  bénéfice-cure,  depuis  l'année  1779  jusqu'à 
Tannée  1789  : 

«  27  1.  la  quart.,    froment,  176  boisseaux  1184     » 

18  »  méture,  dans  la  composition  de 

laquelle  sont  compris  et  réunis 
la  baillarge  et  les  agrains  de 


Georges  d*OIéron  ralail  30.000  livres,  la  cure  de  Saint-Georges  d'Olëron  ya- 
lait  1.500. 

Le  prieurë-cure  désignait  les  endroits  où  les  deux  bénéfices  étaient  réunis 
BUT  une  nkème  tète. 

G^  qui  distinguait  une  paroisse,  c*était  principalement  les  fonts  baptis- 
maux, la  sacristie,  un  cimetière. 

Les  prieurés  et  les  chapelles  n'avaient  point  ces  signes  extérieurs. 

(1)  Archives  départementales  de  la  Charente-Inférieure. 


Digitized  by 


Google 


—  398  — 

froment,  208  boisseaux  936    » 

6  »                     avoine,                    63  boisseaux  1/2  94  10 

18  »                     pnkt,  vaiM  «t  ^iiMi,          5  boisseaux  22  10 

12  »                     blé  d'Espagne,  157  boisseaux  271     » 

18  »                     paille,  230  quintaux    1/2  207    9 

28  »  labarriq.,  vin  blanc,                18  barriques  360    » 

50  »                     vin  rouge,                  1  barrique  50     » 

10  »                     chMTniiiHiies^,  80  livres  40     • 

15  »  le  picot.,  grains  de  chanv.     16  picotins  12    > 

Les  agneaux            12  livres  12     » 

3389    9 

Dépenses. 

J'ai  donné  aux  métiviers,vin 18  • 

Pour  leur  soupe  et  la  nourriture  des  gens  du  treuil  et 

frais  de  comptant 13  » 

Pour  les  frais  de  logement  du  vin ! 14  » 

Pour  mes  décimes 141  » 

Pour  la  rente  de  la  maison  et  du  pré 27  » 

213    » 
Reste  net 3176    » 

Observations.  —  La  maison  curiale  de  Villars  est  chargée  de 
25  livres  de  rento,  constituées  au  profil  du  seigneur  du  fief  de 
Saint-Mathieu  dans  cette  paroisse.  Les  seigneurs  s'étant  empa- 
rés pendant  les  guerres  de  religion  des  différents  domaines  de 
la  cure,  ainsi  que  de  la  maison  dont  à  celle  épocjuc  ils  chassèrent 
le  titulaire,  les  curés  ont  été  obligés  pendant  plus  de  cent  ans, 
de  louer  une  maison.  En  raimée  1678,  M.  de  Floris,  curé  de  Vil- 
lars, acheta  par  acte  que  j'ai,  la  mau^on  du  seigneur  du  susdit 
fief  pour  lui  et  les  curés  ses  successeurs,  il  en  paya  de  ses  deniers 
500  livres,  formant  le  capital  de  la  susdite  rente  de  25  livres.  Les 
curés  n'ont  jamais  rien  demandé  à  la  paroisse  en  vue  de  cet  objet 
que  j'ai  continué  à  payer,  ainsi  que  40  sols  de  rente  noble  établie 
sur  18  carreaux  de  pré,  qui  sont  devant  la  porte  du  presbytère.  » 

Ce  rapport  est  approuvé  par  la  municipalité  le  6  juin  1791. 

Dans  une  lettre  dat^c  du  23  avril  1791,  M.  Laneau  disait  :  je 
n'ai  aucune  espèce  de  revenu  attaché  h  la  fabrique,  pas  même 
une  quél^  dans  l'église,  j'ai  toujours  fait  à  mes  dépens  les  frais 
du  culte  en  entier.  J'ai  bâti  la  maison  presbytérale  et  toutes  les 


Digitized  by 


Google 


—  399  — 

servitudes,  j'ai  rétabli  en  entier  le  sanctuaire  de  mon  église  et 
j'ai  aussi  bâti  la  sacristie,  le  tout  à  mes  dépens. 

François-Louis  Hospilel  de  L'Homandie,  curé  de  Saint-Mar- 
tin de  Chatenac,  fournit  Tétat  estimatif  de  tous  les  revenus  de 
sa  cure  depuis  le  10  février  1779,  époque  de  son  entrée  dans  le 
dit  bénéfice.  Nous  citerons  les  revenus  de  Tannée  1789,  qui  fut 
dit-il,  une  mauvaise  année.  Il  avait  eu,  en  1786,  5.482  livres  de 
revenu. 


«  25  1.  h 

i  quart., 

froment, 

81  q. 

2  b. 

1957 

10 

22  . 

agrains. 

6  q.  1/2 

143 

20  » 

■Ain,  kiillai|i  tl  |tàllNS, 

12  q. 

Ib. 

245 

22  » 

seigle, 

10  b. 

Ip. 

57 

15 

20  » 

fèves. 

13  q. 

260 

16  » 

gisses. 

2q. 

32 

7  » 

avoine. 

10  q.  1/2 

73 

12  » 

ampentes, 

8q. 

96 

12  > 

blé  d'Espagne, 

20  q. 

360 

10  » 

graine  de  chanvre 

2q. 

20 

12  » 

tkam  m  am  pMil 

200  q. 

120 

20  >le 

quintal, 

paille. 

271  q. 

271 

20  »la 

barriq., 

vin  blanc, 

32  b. 

640 

30  »la 

barriq.. 

vin  rouge. 

2  b. 

60 

6  5 

froment. 

1  b.  d'agrières 

6 

5 

Une  paire  de  chapons,  une  moitié  de 

géline  et  12  sols 

6  deniers  en  argent. 

•• 

3 

10 

4345    > 

Observations.  —  P  On  abandonne  au  métivicr  la  cinquième 
partie  des  fruits  pour  frais  de  régie,  je  n'ai  donc  pas  porté  au 
présent  élat  que  les  quatre  cinquièmes,  qui  reviennent  au  déci- 
mateur  ;  2**  je  n'ai  point  porté  en  compte  les  frais  de  charroie  de 
vendange,  je  n'ai  point  non  plus  porté  les  pailles  d'avoine  et 
d'ampenlc,  parce  que  ces  pailles  sont  données  aux  bouviers  pour 
prix  de  feurs  charroies  ;  3**  les  balles,  les  râpes,  les  courtes  pail- 
les, les  gros  agrains  et  la  boisson  paient  ce  qu'il  en  coûte  pour 
le  raccommodage  de  la  futaille,  ainsi  compensant  l'un  par  l'autre, 
je  n'en  parle  point  dans  l'état  ci-dessus  ;  4**  les  charges  du  béné- 
fice consistent  en  huit  messes  pour  une  fondation  faite  par  M.  de 
Sainl-Hilaire,  qui  donna  à  la  cure  de  Chadenac  une  grange  avec 
les  quéreux  qui  l'entourent,  laquelle  grange  et  quéreux  forment 
dix-huit  carreaux,  arpents  de  Pons.  » 


Digitized  by 


Google 


—  400  — 

En  1783,  M.  de  L^Homandiic  avait  entrepris  de  faire  bâtir  à  ses 
frais  la  maison  presbytérale  cL  toutes  les  servitudes  qui  mena^ 
çaient  mines. 

A  rencontre  de  M.  Laneau,  qui  était  un  prêtre  pieux,  Ilospitel 
de  L'Homandia  était  d'après  Honnerot  :  Sine  (ide  et  sine  mori- 
bus. 

Outre  l'administration  de  ces  biens,  le  curé  avait  la  surveil- 
lance de  rinstruction  et  de  l'assistance  publiques,  il  tenait  les 
registres  de  l'étal  civil,  il  était  l-e  conseiller  et  l'arbitre  de  ses 
paiToissiens.  Comptez  tous  les  emplois  qui  ont  été  créés  dans  les 
bureaux  de  nos  mairies,  et,  vous  comprendrez  que  l'existence 
d'un  curé  au  XVIII*  siècle  était  bien  différente  dn  celle  du  fonc- 
tionnaire isolé  et  inoccupé,  que  nous  connaissons  aujourd'hui, 
dans  un  presbytère,  pour  lequel  un  conseil  municipal  refuse  sou- 
\  ont  les  réparations  les  plus  urgentes. 

Voici  comment  se  transmettait  la  jouissance  de  ces  nombreux 
bénéfices  ou  revenus  joints  à  un  office  ecclésiastique  (1).  Les 
dispensateurs  de  ces  biens  étaient  :  P  Le  roi.  Il  était  conseillé 
dans  ses  choix  et  ses  faveurs  par  le  ministre  de  la  feuille  des  bé- 
néfices. Que  d'intrigues  !  Séculiers,  réguliers  et  laïques  se  dis- 
putaient les  gros  revenus.  Les  manœuvres  qui  se  font  aujour- 
d'hui autour  de  la  direction  des  cultes,  où  siège  le  seul  dispensa- 
teur des  évôchés,  ne  peuvent  nous  donner  une  idée  de  ce  qu'était 
l'agitation,  au  moment  die  l'apparition  de  la  fameuse  feuille  des 
bénéfices. 

Certaines  pérogativcs  augmientaient  encore  le  pouvoir  coUa- 
teur  du  roi  de  France  ;  par  la  régale,  il  percevait  les  revenus  des 
évôchés  vacants,  et  en  conférait  tous  les  bénéfices  non  à  charge 
d'âmes.  Le  prélat  nouvellement  nommé  était  obligé  de  donner  la 
première  prébende  libre  de  son  église  cathédirale  au  sujet  dési- 
gné par  le  brevet  du  monarque,  et  qu'on  appelait  brévetaire  du 
serment  de  fidélité  ;  par  le  droit  de  joyeux  avènement,  le  nou- 
veau souverain  désignait  aux  évêques  et  aux  chapitres,  un  can- 
didat pour  le  premier  canonicat  vacant,  dans  toutes  les  églises 
cathédrales  et  collégiales  du  royaume  ;  évêques  et  chapitres 
étaient  tenus  d'agréer  Tèlu  du  roi  ;  par  le  droit  de  joyeuse  en- 
trée, le  roi,  en  entrant  dans  une  cathédrale,  désignait  un  sujet 
pour  le  premier  canonicat  vacant. 

2*  Le  pape  par  les  mandats,  expectatives  ou  réserves  revendi- 

(1)  Abbé  Sicard. 


Digitized  by 


Google 


—  401  — 

quait  un  bénéfice  soit  vacant,  soit  encore  occupé  par  le  titulaire. 
Le  concordat  de  Léon  X  et  de  François  !•'  amena  en  France  la 
suppression  des  mandais  et  réserves,  mais  les  papes  gardèrent 
le  droit  de  prévention.  La  prévention,  comme  son  nom  l'indique, 
consistait  à  prévenir  le  coUateur  ordinaire,  en  s'adressant  à  la 
cour  de  Romie,  par  un  banquier  ««péditiomiaire,  et,  à  obtenir  la 
collation  du  bénéfice  à  une  date  antérieure  à  celle  de  la  collation 
faite  par  le  patron  ordinaire  ;  de  là  les  ruses  les  plus  étranges  et 
des  procès  nombreux. 

3^  Les  chapitres,  les  aibbés,  les  abbesses  des  grands  monas- 
tères, les  seigneurs  qui  par  l'achat  d'une  terre,  pouvaient  être 
juifs  ou  protestants,  ou  par  le  don  du  roi  pouvait  être  la  favorite 
du  jour.  Les  grands  colla teurs  du  diocèse  étaient,  outre  le  cha- 
pitre qui  prétendait  à  une  juridiction  épiscopale  sur  26  cures, 
l'abbé  de  Saint-Jean  d'Angély  qui  nommait  à  36  cures  et  14  prieu- 
rés, l'abbé  de  Baignes  à  28  cures  et  16  prieurés,  l'abbesse  de 
Saintes  à  19  cures,  M.  Cosson,  lazariste,  curé  de  Saint-Louis  de 
Uochefort  au  diocèse  de  La  Rochelle,  nommait,  comme  prieur  de 
Saint-Vivien  de  Saintes,  à  onze  cures  de  ce  diocèse.  Le  nombre 
des  collateurs  de  tous  genres  pouir  les  cures  et  prieurés  était  de 
cent  environ  ;  pour  les  chapelles  et  fondations,  les  collateurs 
étaient  :  le  fondateur  ou  ses  héritiers,  les  famill-es  nobles,  les 
fabriques,  etc. 

4**  Les  gradaiés  des  uniwrsilés  ;  tous  les  bénéfices,  dépendant 
dies  collateurs  ou  patrons  ecclésiastiques,  venant  à  manquer  dans 
les  mois  de  janvier,  avril,  juillet,  octobre,  devaient  être  affectés 
aux  ecclésiastiques  ayant  leurs  grades.  Pendant  toute  l'année, 
les  bénéfices  les  plus  importants,  évéchés,  collégiales,  prében- 
des, cures  des  villes,  leur  étaient  réservés. 

«  On  se  fait  difficilement  une  idée,  dit  Audiat,  du  nombre  de 
clercs  qui  chaque  année,  à  Saintes  notamment,  notifiaient  pen- 
dant le  carême,  époque  fixée,  leurs  noms  et  prénoms  aux  diffé- 
rents collateurs  avec  diplômes  à  l'appui.  11  arrivait  de  là,  que  de 
fort  petites  paroisses  comtptant  à  peine  quatre  cents  commu- 
niants, comme  on  dûsait  alors,  avaient  pour  pasteur  un  docteur 
en  théologie.  »  C'est  ainsi  que  Notre-Dame  de  Rochefort  eut  pour 
curés  des  docteurs  en  Sorbonne. 

5*  Les  titulaires  des  bénéfices  pouvaient  encore  choisir  leur 
successeur  par  la  résignation  en  fa\xîur  ou  la  permutation.  Par 
la  première,  le  bénéficier  déposait  sa  démission  entre  les  mains 
du  pape,  à  condition  que  le  souverain  pontile  lui  donnerait  pour 


Dfgitized  by 


Google 


—  402  — 

successeur  celui  qu'il  désignerait,  ainsi  l'oncle  avantageait  sou- 
vent son  neveu. 

On  appelait  permutation  l'échange  que  deux  personnes  fai- 
saient entre  elles  de  leur  bénéflces  entre  les  mains  des  collateurs 
qui  étaient  forcés  de  les  conférer  aux  permutants.  De  là  des  con- 
trats comme  les  suivants  :  Ayraud  (1)  Pierre,  trésorier  du  cha- 
pitre de  La  Rochelle,  résigne  sa  charge  en  faveur  de  Bineau 
Pierre-Charles- Henri,  moyennant  une  pension  de  1.500  livres. 
Monnier  (1)  Pierre,  ancien  curé  de  Montroy,  déclare,  le  24  avril 
1790,  qu'il  lui  est  dû,  pour  cause  de  résignation,  sous  forme  de 
permutation,  par  le  curé  actuel,  200  livres  sur  le  revenu  annuel, 
à  cause  de  l'inégalité  des  bénéfices  oo-permutés.  Ces  permuta- 
tions ne  s'opéraient  pas  toujours  sans  difficultés. 

En  1790,  la  paroisse  Saint-Vivien  de  Saintes  fut  troublée  par 
une  émeute,  causée  par  la  nomination  du  curé  Doussin,  désigné 
par  M.  Cosson,  curé  die  Saint-Louis  de  Rochefort,  en  tant  que 
prieur  de  Saint-Vivien.  Les  habitants  voulaient  pour  curé  leur 
ancien  vicaire,  Pierre  de  Foix,  nommé  curé  de  Monac  par  Mon- 
seigneur de  La  Rochefoucauld.  Le  comité  ecclésiastique  de  l'as- 
semblée nationale  répondit  que  le  différend  ne  pouvait  être  tran- 
ché que  par  la  permutation  librement  consentie  des  deux  candi- 
dats. 

L'administration  de  ces  biens,  la  perception  des  dîmes  et  autres 
revenus,  donnaient  lieu  à  de  nombreux  conlrats.  Pierre-Fran- 
çois Ayraudj  (2),  prêtre  licencié  en  théologie  de  la  Faculté  de  Pa- 
ris, prieur  de  Saint-Laurent  du  Bouhel,  afferme  en  mars  1783, 
les  revenus  de  son  prieuré  pour  la  somme  de  3.000  livres,  à  char- 
ge de  payer  les  dîmes,  la  portion  congrue  do  cinquante  livres  au 
sieur  curé  pour  desservir  le  dit  prieuré,  plus  une  rente  de  290 
livres  à  l'abbaye  de  Montierneuf  de  Poitiers. 

Les  bénéficee  se  transmettaient  à  peu  près  comme  des  proprié- 
tés, exactement  comn^  nos  charges  d'avoué  et  de  notaire.  L'é- 
vêque  n'avait  guère  qu'une  autorité  nominale  sur  un  grand  nom- 
bre d'ecclésiastiques. 

Si  l'autorité  administrative  die  l'évêque  était  ainsi  diminuée, 
discutée  et  partagée,  sa  puissance  de  juridiction  l'était  également. 
Le  chapitre  de  Saintes  s'arrogeait,  sur  33  paroisses,  un  pouvoir 
absolu,  donnant  des  dispenses  de  parenté,  connaissant  des  cau- 

(1)  Archives  départementales  de  la  Gharente-Infërieure. 

(2)  Archives  départementales  de  la  Charente-Inférieure. 

(3)  Archives  départementales  de  la  Charente-Inférieure. 


Digitized  by 


Google 


—  403  — 

ses  relatives  au  mariage,  fulminant  des  rescrits  en  cour  de  Rome, 
accordant  des  visa  de  démissoires,  des  pouvoirs  de  prêcher  et  de 
confesser,  malgré  Texclusion  par  Tévêque,  et  d'absoudre  tous 
les  cas  qui  ne  sont  pas  expressénuent  réservés  au  pape  ;  il  con- 
sacrait les  calices,  bénissait  les  vases  destinés  au  culte  et  les  or- 
nements sacerdotaux,  érigeait  des  églises,  chapelles,  autels,  etc. 
Il  avait  fallu  une  décision  de  l'assemblée  du  clergé  de  France 
pour  mettre  (in  à  tous  ces  abus. 

Le  parlemient  de  Bordeaux  voulait  égaleraient  faire  acte  de  ju- 
ridiction. Un  curé  de  Saint-Bonnet,  Jean-Baptiste  David,  avait 
été  suspendu  par  l'officialité,  cet  ecclésiastique  en  appela  au  par- 
lement de  Bordeaux  qui  leva  la  suspense.  L'ofûcialité  de  Saintes 
le  revendiqua  comme  prêtre  et  le  suspendit  do  ses  fonctions.  Il 
faUut,  dit  Audiat,  trois  ans  de  débats,  un  parlemient,  k  conseil  du 
roi,  rassemblée  du  clergé  pour  arriver  à  ceci  :  que  dans  Tordre 
spirituel  un  tribunal  laïque  ne  peut  pas  ôter,  donner  ou  rendre  à 
un  prêtre  le  pouvoir  d'officiier  ou  d'absoudre. 

Les  bourgeois  ou  seigneurs  en  prenaient  à  leur  aise.  Un  bour- 
geois de  la  paroisse  di'Asnières,  Hardy,  avait  autorisé  un  prêtre 
interdit  à  dire  la  messe  dans  sa  chapellie,  le  3  décembre  1785  ; 
Monseigneur  de  La  Rochefoucauld  fut  obligé  de  faire  un  règle- 
ment à  ce  sujet 

Ne  peut-on  pas  trouver  dans  ces  abus  la  préparation  à  ces 
nombreuses  prestations  de  serment  à  la  constitution  civile  du 
clergé,  qui  eurent  lieu  dans  le  département  de  la  Charente-Infé- 
rieure. 

Le  clergé,  premier  ordre  de  l'Etat,  pourvu  de  grandes  riches- 
ses, attirait  vers  lui  les  fils  de  la  noblesse  et  de  la  bourgeoisie. 
Combien  entraient  dans  les  ordres  comme  dans  une  carrière  quel- 
conque. 11  n'y  avait  point  encore  de  petits  séminaires.  Malgré 
l'incrédulité  du  XVIIP  siècle,  la  famille  et  la  société  gardaient 
assez  d'habitudes  chrétiennes  pour  que  le  jeune  clerc  ne  fut  pas 
élevé  complètement  à  l'écart.  Le  règlement  des  collèges  dirigés 
par  les  prêtres  n'était  pas  différent  de  nos  petits  séminaires,  Ten- 
xMgnement  classique  était  le  même  pour  tous,  beaucoup  plus  lit- 
téraire que  scientifique,  il  gardait  le  programme  dressé  par  les 
jésuites  au  XVIP  siècle.  C'était  la  culture  latine  et  catholique  de 
i'ftme  française. 

Monseigneur  de  La  Rochefoucauld,  dans  les  ordonnances  syno- 
dales du  diocèse  de  Saintes,  avait  décidé  que  les  enfants  ne  se- 
raient pas  tonsurés  avant  douze  ans.  Ils  devaient  être  instruits 


Digitized  by 


Google 


—  404  — 

des  principaux  mystères  de  la  foi,  commencer  à  entendre  un  peu 
de  latin,  porter  la  soutane  le  dimanche  «et  la  soutanelle  sur  se- 
maine. Les  études  des  aspirants  au  sacerdoce,  ou  grands  sémi- 
naristes, devaient  avoir  lieu  au  séminaire  et  non  ailleurs  sans 
permission,  pendant  quinze  mois  pour  ceux  qui  avaient  déjà 
deux  ans  de  théologie  dans  une  université  ou  dans  un  collège,  et 
pendant  un  temps  plus  long,  proportionné  à  leur  savoir,  pour 
ceux  qui  y  entraient  après  leur  philosophie. 

Pour  être  reçu  sous-diacre,  il  fallait  avoir  un  revenu  de  cent 
livres  bien  franches,  qu*on  ne  pouvait  aliéner  sans  autorisation 
et  faire  preuve  qu'il  était  sans  litige. 

Les  archives  municipales  de  Rochefort  conservent  les  pièces 
ecclésiastiques  de  Pierre  Castagnary,  dont  la  mère  Suzanne 
Gaudin  se  présente,  le  3  février  1884,  devant  Pasquier,  notaire 
royal  apostolique  de  Sainles,  et  déclare  que  :  «  Voulant  seconder 
autant  qu'il  est  en  elle  la  bonne  intention  et  honorable  désir  que 
Pierre  Castagnary,  son  fils,  clerc  tonsuré,  a  de  parvenir  aux  or- 
dres sacrés,  et  lui  donner  moyen  de  vivre  honnêtement  en  Tétat 
ecclésiastique,  elle  lui  constitue  cent  livres  de  rente  et  pension 
viagère  annuelle  à  conunencer  la  première  fois,  le  jour  qu'il  sera 
promu  aux  ordres  sacrés  de  prêtrise  et  aussi  de  continuer,  d'an- 
née en  année,  le  paiement  de  ladite  somme  jusqu'au  jour,  où  le 
dit  sieur  Castagnary,  son  fils,  sera  pourvu  d'une  cure. 

Nous  l'avons  dit  plus  haut,  les  grades  en  théologie,  qui  étaient 
la  condition  nécessaire  pour  obtenir  les  bénéfices,  étaient  fort 
recherchés.  Le  clergé  était  lo  corps  le  plus  instruit  de  l'Etat.  Pen- 
dant tout  le  XVIIP  siècle,  nous  voyons  des  ecclésiastiques  dans 
toutes  les  académies  de  province.  Beaucoup  d'entre  eux  ont  lais- 
sé l^ur  nom  parmi  les  promoteurs  du  mouvement  scientifique 
qui  à  illustré  le  XIX*  siècle.  Cependant  à  la  fin  du  XVIIP  siècle, 
le  niveau  des  études  avait  baissé,  trop  souvent  on  se  contentait 
pour  recevoir  un  clerc  au  sacerdoce  de  deux  années  de  latin  et 
de  deux  années  de  théologie.  En  Aunis  et  Saintonge,  lee  prêtres 
instruits,  pourvus  de  leurs  grades  refusèrent  le  serment  à  la  cons- 
titution civile. 

Telle  était  l'organisation  du  clergé  à  la  veille  de  la  Révolution; 
trois  ans  plus  tard,  tout  avait  disparu  au  milieu  des  cris  de  joie 
des  uns  et  de  l'indifférence  des  autres.  C'est  qu'une  organisation 
ecclésiastique,  si  puissante  qu'elle  soit,  ne  peut  se  soutenir  que 
par  la  foi  et  la  confiance  des  fidèles. 

{A  suivre).  P.  Lemonnier. 


Digitized  by 


Google 


—  405  — 
LIVRES  ET  REVUES 


UiCHARD  (Alfred).  Histoire  des  eomtes  de  Poitou,  778-1204 
(Suite  et  fin). 

IV 

Le  second  volume  de  M.  Richard  se  rapporte  aux  trois  der- 
niers quarts  du  XII*  siècle  et  est  entièrement  consacré  à  Aliénor 
d'Aquitaine  ;  à  son  père  Guillaume  VIII,  dit  le  Toulousain  ;  à  &es 
deux  maris,  Louis  le  Jeune,  roi  de  France,  et  Henri  Plantagenet, 
roi  d'Angleterre  ;  enfin,  à  ses  enfants,  Richard  Cœu«r  de  Lion  et 
Jean  Sans-Terre.  C'est  la  partie  la  moins  originale  d-e  l'histoire 
du  Poitou  et  de  l'Aquitaine,  désormais  confondue  avec  l'histoire 
générale  de  la  Fran<:*e.  La  captivante  personnalité  d'Aliéner 
occupe  encore  la  scène  du  monde  occidental,  mais  en  second 
rôle.  Elle  passe  d'une  cour  à  l'autre,  de  Paris  à  Londres,  avec 
de  fugitifs  séjours  à  Poitiers.  Son  pays  d'origine  s'efface  peu  à 
peu  pour  elle  et  les  autres,  et  le  tiiéâlre  des  événements  domi- 
nants est  ailleurs.  Le  Poitou  et  l'Aquitaine  sont  tombés  en  que- 
nouille. C'est  pour  toujours  la  fin  de  Tindépendance  matérielle 
et  morale.  Si  Aliénor  eût  été  changée  en  garçon  à  sa  naissance 
par  quelque  Mélusine  patriote  et  prévoyante,  qui  sait  ce  qui  serait 
arrivé,  dans  sa  longue  existence  dei  soixante-quatre  ans  de 
souveraineté  I 

Pour  ne  pas  dépasser  la  mesure  qui  convient  à  cet  examen  des 
faits  relatifs  à  la  Saintonge,  qui  se  rencontrent  maintenant  pres- 
que à  chaque  page,  nous  n'en  retiendrons  plus  que  deux,  qui  se 
rapportent,  l'un  aux  de  Rançon,  seigneurs  de  Taillebourg,  et 
l'autre  k  l'abbaye  de  Saint-Jean  d'Angély  ;  ils  sont  traités,  le  pre- 
mier au  début  et  le  second  à  la  fin  du  volume,  en  additions. 

Un  personnage  très  remuant  et  très  répandu  dans  les  cours 
d'Anjou,  de  Normandie  et  de  Poitou,  dans  la  seconde  moitié  du 
XP  siècle  (1040-1100),  fut  Robert  de  Nevers  ou  de  Sablé,  qua- 
trième fils  de  Renaud,  oomte  de  Nevers,  et  d'Adèle  de  France, 
plus  connu  sous  le  nom  de  Robert  le  Bourguignon.  Petit  neveu 
d'Agnès  de  Bourgogne,  il  fut,  selon  Ménage,  élevé  auprès  d'elle, 
à  la  cour  de  Poitiers  et  à  celle  d'Angers  (1).  Après  avoir  circulé 

(1)  Loe.  cit.,  chap.  X,  p.  70. 


Digitized  by 


Google 


—  406  — 

en  tous  lieux,  il  alla  mourir  en  Terre-Sainle,  vers  1098,  avec  la 
première  croisade,  laissant  entre  autres  doscondanls  :  un  fils, 
Renaud  de  Craon,  dit  parfois  le  Bourguignon  ;  un  autre  fils 
cadet,  Robert  de  Sablé,  appelé  Vestrol,  et  parfois  aussi  le  Bour- 
guignon ;  plus  un  petit-fils,  fils  cadet  de  Renaud,  appelé  lui, 
d'une  façon  constante,  Robert  le  Boui^uignon,  comme  son 
grand-père  (1).  C'est  ce  dernier,  dont  tout  le  monde  a  fait  jus- 
qu'ici un  girand  maître  des  Templiers,  qui  nous  intéresse,  parce 
qu'avant  son  départ  pour  l'Orient,  il  aurait  joué  un  rôle  actif  en 
Aquitaine,  comme  compagnon  d'armes  et  fidèle  de  Wulgrin  II, 
comte  d'Angoulême. 

«  Wulgrin  et  son  aam  Robert  le  Bourguignon,  continuant  à 
agir  ensemble,  reprirent  à  Guillaume  [VIII,  duc  d'Aquitanie], 
les  chftteaux  de  Chabannais  et  de  Confolens,  dont  son  père,  Guil- 
laume VII,  s'était  précédemment  emparé  sur  Jourdain  Eschivat. 
On  se  rappelle  (2)  que  Robert  le  Bourguignon  devait  épouser  la 
fille  de  Jourdain,  mais,  on  ne  sait  pour  quel  motif,  il  renonça  à 
celte  uniom  et  partit  pour  la  Terre-Sainte,  où  il  devint,  en  1035, 
grand  maître  des  Templiers.  Sur  le  conseil  de  Wulgrin,  il  aban- 
donna sa  future  femme  et  la  terre  de  celle-ci  à  Guillaume  de 
Matha,  frère  de  Robert,  seigneur  de  Montbron,  ce  que  voyant, 
le  comte  de  Poitou  pensa  récupérer  les  dieux  châteaux  »  (3).  Ceci 
se  passait  après  1126,  puisque  celte  année-là,  Wulgrin  Taillefer, 
comte  d'Angoulême,  et  Robert  le  Bourguignon  se  trouvaient  à 
Poitiers,  aux  côtés  du  duc,  lorsqu'il  prit  possession  de  son  gou- 
vernement (4). 

Pour  ce  qui  est  de  l'oricrine  de  ce  Robert-là,  dit  le  Bourgui- 
gnon, M.  Richard  le  fait,  lui  aussi,  fils  d<e  Renaud  de  Craon  (5). 
Mais  pour  les  autres  qu'il  cite,  il  estime  que  ce  n'est  pas  le  pre- 
mier de  tous,  Robert  le  Bourguignon  le  fils  du  comte  de  Nevers 
marié  avec  Avoise  de  Sablé,  qui  joua  un  rôle  à  la  cour  de  Poi- 
tiers et  figura  dans  les  plaids  de  justice  du  duc  Guy-Geoffroy  ; 
mais  son  troisièm,e  fils,  Rober  (0),  dit  parfois  le  Bourguignon 
et  plus  souvent  Vestrol,  sobriquet  qui  lui  est  particulier.  Il  est 

(1)  HUioirê  de  Sablé,  par  Ménage,  Paris,  1683,  passim.  —   La  maison  de 
Crâon,  par  B.  de  BroussiUon,  Paris,  1893,  passim. 
[i)  Volume  I,  chap.  XV,  GnilUume  le  Jtané,  p.  492. 

(3)  Volume  II,  chap.  XVI,  GuilUuvM  U  Toalouêàin,  p.  7. 

(4)  Idem,  p.  2. 

(5)  Volume  II,  Table  i^éoérale  des  noms  de  persouies  et  de  lieux,  p.  580. 

(6)  Volume  I,  p.  379. 


Digitized  by 


Google 


—  407  — 

vrai  qu'à  la  Ixible  des  noms  il  ne  fait  pas  celte  distinction,  et 
rapporte  tous  les  Robert  le  Bourguignon  qui  comparaissent  en 
Poitou,  de  1080  à  1092,  au  fils  de  Renaud  de  Xevors.  Sa  première 
opinion  ne  paraît  pas  l'ondée,  car  Robert  Veslrol,  qui  jouâ  un 
rôle  secondaire  et  effacé  en  Anjou,  n*esl  jamais  indiqué  avec  son 
véritable  sobriquet  dans  les  litres  relatifs  au  Poitou  ;  et  C3  qu*ont 
dit  de  lui.  Ménage  d'abord  et  M.  de  Broussillon  ensuite  (1),  ne 
le  confirme  point,  au  contraire;  tandis  que  son  père,  élevé  avec 
son  cousin  Guy-licoflroy  avait  toutes  raisons  de  revenir  auprès 
de  lui. 

Cependant,  ce  Robert  le  Bourguignon-là  n'est  pas  celui  qu'on 
pense,  c'est-à-dire  un  angevin  transplanté  en  Aquitaine.  C'est  le 
frère  le  i)lus  jeune  dWimeri  et  de  Geoffroy  de  Rançon,  fils  comme 
eux  d'autre  Aimeri  de  Rançon  et  de  Bourguignonne,  dont  il  avait 
reçu  son  surnom.  Robert  de  Rançon  comparait  avec  ses  frères  et 
sa  mère  dans  touto  une  série  de  titres  de  l'époque,  tantôt  sous  le 
n(nn  de  Robert  tout  court  (2),  tantôt  sous  celui  de  l\obert  le  Bour- 
miignon  (.S).  Parfois  aussi,  il  prend  le  nom  d'o  Robert  de  Rançon, 
comme  dans  le  litre  de  l'église  de  Saint-Vivien  de  Saintes,  rap- 
porté par  Besly  (i)  et  cité  par  M.  Richard  lui-même  (5),  sans 
soupçonner  qu'il  avait  affaire  au  même  personnage. 

Ainsi  s'éclaire  le  passage  un  peu  confus  et  s'expliquent  quel- 
ques mots  altérés  de  l'Histoire  des  pontifes  et  comtes  d''Angou- 
lùinc,  restés  jusqu'ici  incompréhensibles  :  Robertn  Burgundio,.., 
cl  Rancone  (0).  La  partie  pointillée  et  corrompue  du  membre  de 
phrase  était  lue  avec  doute  Amuria  ou  Anuria  par  les  divers  édi- 
teurs (7),  ce  qui  n'avait  aucun  sens.  Nous  remplaçons  cette  an- 
cienne lecture  par  la  suivante  :  Roberlo,  Burgundio  [A  MATRE], 


(1)  Loc.  cit. 

(2)  CartuL  de  Saint-Cyprien,  par  Rédet,  charte  355,  p.  219.  —  Monàêt  de 
MonUzai,  dans  dom  Fonteneau,  t.  XVHI,  p.  271,  et  Mém  Soc  Anliq.  Ouest, 
t.  XX,  1853.  —  Abbaye  de  La  Grenelière.  Bulle  du  pape  Luce  II  en  faveur 
de  Tabbaye  de  Fontdouce.  dans  dom  Fonteneau,  t.  IX,  p.  93.  —  CartuL  de 
Saini-Amand  de  Boixe^  in  Arch.  Charente. 

(3)  Premier  carinl.  de  VAbsie,  in  Arch.  hist ,  Poi(oa,  t.  XXV,  p.  43.  —  Car^ 
tul  de  Saint-Cybard,  aux  Archives  départ.,  de  la  Charente,  AAA,  f^"  430  v* 
et  431  vo.  Communication  de  M.  de  La  MarUnière. 

(4)  Histoire  des  comtes  de  Poitou.  Preuves,  p.  468. 
(6)  Volume  II,  p.  6. 

(6)  Hist.  pontif.  et  comitnm  engolism.,  édition  Castaigne,  p.  46. 

(7)  Labbé,  ^ova  bibliolheca,  t.  II,  p.  360.  —  Hist.  de  France,  t.  XII,  p. 
305.  En  note  :  Locus  hic  valde  comiptus,  quem  sanare  aliunde  non  licat. 


Digitized  by 


Google 


—  408  — 

el  Rancone^  qui  comprend  dans  sa  partie  restituée  le  même 
nombre  de  lettres,  qui  conserve  les  deux  premières,  plus  la  qua- 
trième, qui  rend  sa  raison  d'être  au  mot  et  (aussi)  et  à  l'ablatif 
Rancone,  et  qui  donne  un  sens  naturel  qui  lui  manquait  au  pas- 
sage tout  entier.  M.  Castaigne  avait  supposé  qu'il  pouvait  s'agir 
d'Aimeri  de  Rançon  (1).  Et  M.  Richard  d'y  voir  sans  hésitation 
un  second  personnage  de  ce  nom,  inscrit  après  Robert  le  Bour- 
guignon (2).  C'est  par  de  pareils  procédés,  un  auteur  renchéris- 
sant sur  l'autre,  que  s'accréditent  les  légendes  et  les  erreurs  his- 
toriques. 

Ainsi  s'évanouit  également  l'idée  d'identifier  ce  Robert  le 
Bourguignon  avec  le  fils  de  Renaud  de  Craon,  puisque  parmi  les 
fidèles  mêmes  du  comté  de  Wulgrin  et  d:ans  la  maison  de  Ran- 
çon, en  possession  depuis  un  siècle  de  l'important  château  de 
Marcillac,  se  trouve  un  autre  Robert  le  Bourguignon,  tout  aussi 
authentique.  Pas  besoin  d'en  faire  venir  un  autre  de  si  loin.  Ce 
serait  désormais  contraire  à  un  texte  rectifié  et  remis  en  concor- 
dance avec  ce  que  nous  savons  de  par  ailleurs. 

Pourquoi  Robert  de  Rançon  portait-il  le  surnom  de  Bourgui- 
gnon, si  particulier  aux  seigneurs  de  Craon  et  de  Sablé,  et  dont 
il  sednblait  être  l'apanage  exclusif  ?  Tout  simplement  parce  que 
Bourguignonne,  sa  mère,  femme  d'Aimeri  de  Rançon,  était 
fille  du  premier  Robert  le  Bourguignon  et  sœur  de  Renaud  de 
Craon,  et  parce  qu'il  avait  pris  comme  son  cousin-germain  le 
nom  de  leur  grand-père  commun.  Aucun  texte,  il  est  vrai, 
n'établit  cette  parenté.  Mais  elle  se  déduit  suffisamment  de  cer- 
taines circonstances  significatives. 

D'abord,  si  le  fils  aîné  d'Aimeri  et  de  Bourguignonne  s'appelle 
Aimeri,  comme  c'était  de  règle  à  cette  époque,  le  second  s'ap- 
pelle Geoffroy,  prénom  qui  apparaît  pour  la  première  fois  dans 
la  maison  de  Rançon,  où  un  cadet  recevait  depuis  un  siècle  le 
nom  d'Ostent.  Ce  nom  de  Geoffroy  provient  évidemment  die  la 
famille  de  la  mère  et  du  principal  prénom  de  cette  famille, 
comme  il  était  alors  de  règle  également.  Or,  c'est  justement  le 
prénom  porté  par  le  chef  de  la  maison  dans  laquelle  Robert  de 
Ncvers,  surnommé  le  Bourguignon  en  raison  de  sa  provenance, 
était  entré  par  son  mariage  avec  Avoise  de  Sablé  (3).  Avant 
Renaud,  son  successeur  à  Craon,  et  Robert,  son  successeur  à 


(1)  For««?i  Aimerico  de  Rancone,  dit-il,  loe*  eit 

(2)  Volume  I,  p.  499. 

(3)  Ménage,  loe.  eU.,  chap.  X,  7#. 


Digitized  by 


Google 


-  409  - 

Sablé,  Robert  le  Bourguignon  lui-même  avait  eu  un  autre  fils, 
nommé  Geoffroy  (1),  qui  no  lui  succéda  pas.  Le  troisième  fils 
d'Aimeri  et  de  Bourguignonne  reçut  le  nom  de  Robert,  inconnu 
aussi  jusque-là  chez  les  de  Rançon  et  assez  rare  alors  dans  les 
familles  princières  d'Aquitaine.  C'était  sans  doute  à  cause  de 
la  notoriété  de  son  grand-père  matemed,  ainsi  que  nous  l'admet- 
tons. Et  pour  mieux  accentuer  encore  cet  acte  de  déférence  et 
d'intérêt,  on  y  joignit  aussi  plus  tard  le  surnom  que  la  mère 
elle-même  portait. 

Il  serait  bien  extraordinaire  que  le  hasard  pur  ait  fait  que  1«3 
deux  fils  cadets  d'Aimeri  de  Rançon,  au  détriment  de  prénoms 
héréditaires  du  côté  paternel,  aient  reçu  tous  les  deux  à  la  fois 
les  prénoms  propres  et  surtout  le  surnom  si  spécial  d'une 
maison  angevine.  Le  fait,  au  contraire,  devient  tout  naturel, 
s'il  est  la  conséquence  d'un  brillant  mariage.  A  qui  Aimeri 
de  Rançon  pouvait-il  s'allier  dans  une  condition  supérieure 
à  la  sienne,  sinon  à  la  fille  d'une  première  notabilité  du  moment, 
comme  l'était  Robert  de  Nevcrs,  dit  le  Bourguignon,  parent  du 
roi  de  France? 

D'autre  part,  nous  savons  qu'en  1086,  Robert  le  Bourguignon, 
qui  fréquentait  alors  en  fidèle  la  cour  de  Guy-Geoffroy,  duc 
d'Aquitaine,  posséd'ait  la  huitième  partie  d'une  écluse  à  poissons, 
située  sur  la  Sèvrc,  entre  Damvix  (villa  Celesium)  et  le  port  de 
Maillé  (2).  En  1108,  cette  même  huitième  part  est  aux  mains  diu 
seign-coir  de  Benêt  (dominus  Bennaciacî)  (3).  Or,  à  cette  môme 
époque,  vers  1120,  les  seigneurs  de  Benêt  sont  Aimeri  et  Geoffroy 
de  Rançon,  les  fils  de  Bourguignonne  (4).  Il  est  plus  que  probable 
qu'il  s'agit  là  d'un  héritage  de  famille,  et  que  Robert  le  Boui^ui- 
gnon  avait  laissé  le  château  de  Benêt  à  sa  fille  et  à  son  gendre, 
Aimori  de  Rançon,  et  que  c'est  ainsi  qu'il  échut  à  leurs  enfants. 

Quoi  qu'il  en  soit,  maintenant  que  nous  connaissons  certaine- 
ment deux  Robert,  portant  le  surnom  de  Bourguignon  et  vivant 
en  môme  temps,  l'un  angevin  et  l'autre  saintongeais  ou  angou- 
moisin,  quel  est  celui  qui  devint  grand  matlre  des  Templiers  7 
Ménage,  qui  n'en  connaissait  qu'un,  le  fils  de  Renaud  de  Craon, 


(1)  Maison  de  Craon^  par  Bertrand  de  Broussillon,  I,  p.  49  et  50  ;  II,  p.  303. 

(2)  Cariai,  de  Saint- htaixent,  par  A.  Richard,  charte  159,  I,  p.  192. 

(3)  Idem,  charte  225, 1,  p.  252. 

(4)  Cartnl.  de  Montiernenf,  dans  dom  FonUneau,  t.  XIX,  p.  161.  »  Cariai, 
de  VAbsie,  in  Arch.  hiat.  de  Poitou,  t.  XXV,  p.  35  et  30. 


Digitized  by 


Google 


-.  410  - 

avait  conclu  naturellement  en  sa  faveur  (1),  et  il  a  été  suivi  avec 
un  ensemble  complet.  Bien  plus,  ce  qu'il  avait  énoncé  avec  ré- 
serve, à  la  suite  de  Du  Chcsiie,  c'csl-à-dire  le  rôle  préalable  joué 
en  Aquitaine  auprès  du  comte  d'AngouIême  par  son  jeune 
héros,  était  devenu,  depuis,  une  donnée  positive.  Néanmoins,  il 
planait  une  ombre  sur  ccïtte  origine.  Robert  le  Bourguignon,  le 
second  grand  maître  du  Temple,  était  dit  aquitain  {nobilis  carne 
et  moribus,  dominas  Roberius,  cofjnomine  Burgundio,  nalione 
AquUanicus)  (2),  ce  qui  convenait  à  peine  au  fils  de  Renaud  de 
Craon,  né  au  duché  de  France  ou  de  Gaule,  comme  on  disait 
alors  (3). 

Pour  nous,  le  grand  maître  du  Temple  connu  sous  le  nom  de 
Robert  le  Bourguignon  était  de  préférence  Robei  t  de  Rançon,  dit 
le  Bourguignon,  Tami  du  comte  Wulgrin  et  le  mari  manqué  de 
l'héritière  de  Chabanais  et  de  Confolens.  Cela  résulte  d'abord  de 
.  sa  qualité  incontestable  de  noble  aquitain  ;  puis  de  sa  disparition 
du  pays,  vers  1136,  quand  Raymond,  frère  du  comte  de  Poitiers, 
partit  pour  Antioche  av-ec  de  nombreux  che\alioi6  aquitains  (4)  ; 
enfin  de  l'accueil  que  Louis  VII  et  Geoffroy  de  Rançon,  son  frère, 
reçurent  de  lui  en  Orient,  lors  de  la  seconde  croisade,  en  1148. 
Ce  dernier  fut  même  chargé  par  le  roi  de  lui  payer  une  somme 
de  trois  mille  sous  en  monnaie  poitevine  (5).  En  sa  situation  de 
dernier  cadet  de  famille,  il  aura  préféré  les  aventures  plus  pi- 
quantes d'une  carrière  mouvementée  dans  le  Levant  aux  luttes 
plus  banales  d'un  simple  châtelain  d'Aquitaine,  celui-ci  dût-il 
être  prince  de  Chabanais  et  marcher  de  pair  avec  ses  aînés.  Il 
mourut  le  jour  des  ides,  13  janvier  11^9  (6),  après  avoir  assisté, 
en  mai  1148,  à  l'assemblée  générale  des  princes  croisés  et  s'être 
joint  à  l'armée  de  Louis  VII  (7). 

Nous  ne  laisserons  pas  ces  de  Rançon,  princes  de  Taillebourg 
en  Saintonge  et  de  Marcillac  en  Angoumois,  sans  faire  remar- 
quer combien  M.  Richard  en  prend  à  son  aise  avec  eux.  La  pre- 
mière fois  qu'un  Geoffroy  de  Rançon  se  présente  sous  sa  plume, 

(1)  Histoire  de  Sablé,  liv.  III,  chap.  XIII.  p.  79. 

(2)  GuiUaume  de  Tyr,  liv.  XV,  chap.  VI. 

(3)  Étude  Mur  le  règne  de  Robert  le  Pieux^  par  Pflster,  p.  131  et  132. 

(4)  A.  Richard,  vol.  II,  p.  46. 

(6)  Guillaume  de  Tyr,  liv.  XV,  chap.  VI  et  liv.  XVH,  chap.  I.  —  Lettrei  de 
So^er,  in  Hist.  de  France,  t.  XV,  p.  409  à  502. 

(6)  MiUngei  historiques.  Choix  de  documents,  publiés  par  le  Ministère  de 
rinatruciion  publique,  t.  IV.  Paris,  1892. 

(7)  GuiUaume  de  Tyr,  loe,  cit. 


Digitized  by 


Google 


—  411  - 

c'est  en  1122,  à  propos  die  Tasile  donné  par  lui  à  Vouvant  au  ^ei^ 
gneur  de  Parthenay  et  à  sa  mère,  pourchassés  par  le  duc  d'Aqui- 
taine (1).  Il  le  suit  à  la  croisade,  en  1147,  et  admet  qu'il  s'agit  en- 
core du  môme  en  1173,  lors  du  soulèvement  de  la  Saintonge  en 
faveur  d'Aliénor  contre  Henri,  roi  d'Angleterre,  son  mari  (2),  et 
en  1178,  lors  du  siège  et  du  sac  de  Taillebourg  par  son  fils  Ri- 
chard (3).  Il  dit  même  à  ce  propos  que  «  l'ancien  confident  d'Alié- 
nor, grâce  à  sa  haute  faveur,  avait  considérablement  accru  ses 
richesses,  [et]  avait  pris  une  part  active  au  soulèvement  de  1173  ». 
Enfin,  il  ne  le  fait  mourir  qu'en  1194,  au  moment  où  Richard 
allait  à  nouveau  s'emparer  de  ses  forteresses,  Taillebourg  et  Mar^ 
cillac  (4).  Tout  cela  le  rendrait  fort  vieux  et  lui  donnerait  plus 
de  70  ans  de  vie  active  et  batailleuse,  ce  qui  dépasse  du  double 
la  moyenne  des  barons  de  l'époque. 

M.  Sénemaud,  dans  sa  notice  sur  la  principauté  de  Marcillac, 
avait  dit,  au  contraire,  que  Geoffroy  de  Rançon,  qui  commandait 
les  croisés  poitevins,  en  1147,  était  mort  après  son  retour  en 
France,  en  laissant  un  successeur,  nommé  aussi  Geoffroy,  qui  fut 
loule  sa  vie  l'ennemi  des  Anglais  (5).  C'est  ce  dernier  qui  paraît 
avoir  raison,  et  si  un  Geoffroy  de  Rançon  mourut  en  1194,  ce  ne 
;»eut  être  que  le  fils,  l'ennemi  des  Anglais,  bien  payé  pour  l'être. 
Néanmoins,  aucun  documont  jusqu'ici  ne  peut  nous  fixer  sur 
l'époque  de  la  mort  du  premier  Geoffroy  de  Rançon,  lequel 
dut  s'éteindre  entre  1150  et  1155. 


Quand  eut  lieu,  au  juste,  la  découverte  du  chef  de  saint  Jean- 
Baptiste  à  Saint-Jean  d'Angély  î  C'est  un  point  d'histoire  resté 
jusqu'ici  indécis,  car  la  Chronique  d'Adémar  de  Chabannes,  qui 
relate  le  plus  au  long  les  circonstances  (Je  cette  invention,  em- 
ploie dans  ses  diverses  rédactions  une  expression  vague  pour 
en  désigner  l'époque.  En  ce  temps-là  (temporibus  ipsis,  per  hos 
dies),  dit-elle,  Dieu  daigna  illustrer  le  règne  (lempora)  du  duc 


(1)  Volume  I,  p.  490. 
(3)  Volume  II,  p.  17S. 

(3)  Idem,  p.  197. 

(4)  Idem,  p.  393. 

(5)  Notice  hi»i,  «or  U  principanié  de  MàreilUcy  par  Ed.  Sénemaud,  1863, 
p.  38. 


Digitized  by 


Google 


-  412  — 

Guillaume  (1).  Les  autres  chroniqueurs  qui  en  ont  parlé  en  pas- 
sant ne  précisent  pas  davantage  :  ces  jours-là  (illis  diebus),  dit 
Pierre  de  Maillezais  (2)  ;  à  une  certaine  époque,  du  vivant  du  duc 
d'Aquitaine  Guillaume  le  Grand  (quodum  lempore,  vivenie  Ma- 
gno  Gnillelmo  Duce  Aquitaniœ),  dit  l'auleur  anonyme  de  la  Vie 
de  saint  Léonard  (3).  Seule,  une  vieille  chronique  manuscrite  et 
anonyme,  citée  par  Besly,  est  plus  explicite  :  en  Tan  du  Seigneur 
1010,  du  temps  du  duc  Guillaume  d'Aquitaine,  la  tête  de  saint 
Jean-Baptiste  fut  trouvée  dans  la  basilique  d'Angéry  par  l'abbé 
Audouin,  au  mois  d'octobre  (4). 

Aussi,  les  plus  récents  éditeurs  de  la  Chronique  d'Adémar  onW 
ils  émis  des  doutes.  Waitz  avait  dit  en  note  :  l'an  1010,  que  l'on 
admet  généralement,  me  paraît  fausse  (5).  M.  Chavanon  repro- 
duit la  date  de  1010  sans  discussion  (6).  Quant  à  M.  Lair,  il  se 
contente  de  rappeler  l'opinion  de  ses  devanciers  et  d'ajouter  que 
ce  fut  certainement  avant  1020,  date  de  la  mort  de  l'évêque  Gui- 
raud  [pour  Géraudf]  de  Limoges,  qui  assista  aux  fêles  données  à 
cette  occasion  (7)  ;  ce  qui  n'est  pas  valable,  puisque  cet  évêque 
mourut  quelques  années  plus  tard  (8). 

M.  Richard,  de  son  côté,  ne  pouvant  vérifier  la  chronique 
innommée  publiée  par  Besly,  dont  le  texte  n'a  pas  été  retrouvé, 
et  mis  en  méfiance  par  l'indication  du  mois  d'octobre,  tandis  qu'il 
est  avéré  que  celte  découverte  eut  lieu  pendant  le  séjour  du  duc 
Guillaume  à  Rome,  en  temps  de  carême,  s'est  demandé  s'il  n'était 
pas  possible  de  fixer  une  date  plus  convenable.  Après  avoir  lon- 
guement cherché  à  quelle  année  pouvaient  s'appliquer  les  indi- 
cations fournies  par  les  textes  que  l'on  possède,  il  s'est  arrêté  à 
l'année  1014.  Voici  ses  motifs  : 

L'évêque  de  Limo£«es,  Géraud,  et  beaucoup  de  Limousins  vin- 
rent à  Saint-Jean  d'Angély  avec  les  reliques  de  saint  Martial.  Ce 
voyage  s'effectua  pendant  le  temps  que  le  chef  fut  exposé  sur 
Tordre  du  duc  Guillaume  à  l'adoration  des  fidèles,  c'est-à-dire 
peu  de  temps,  semble-t-il,  après  sa  découverte.  Or,  l'évêque  Au- 

(J)  ChroiUque  d'Adémar  de  Ghabannes,  liv.  HI,  chap.  LVI;  édition  Lair,  p. 
211-316. 
(3)  Liv.  II,  chap.  IV,  in  Besly,  HûL  des  comtes  de  Poitou.  Preuves,  p.  333. 

(3)  Besly,  ûfem,  p.  335. 

(4)  Besly,  idem,  p.  335. 

(5)  PcrU,  Seriptores,  t.  IV,  p.  147. 

(9)  Chronique  d'Adémar,  édil.,  Chavanon,  p.  179. 

(7)  Loc.  eii„  p.  311,  note  3. 

(8)  Voii»  ci-après. 


Digitized  by 


Google 


-418  - 

douîn,  prédécesseur  de  Géraud,  n'est  mort  que  le  23  juin  1014, 
et  Géraud  lui-même  ne  fut  élu  et  installé  qu'au  mois  de  novembre 
suivant,  le  iour  de  la  fête  de  saint  Théodore,  c'estrà-dire  le  9  no- 
vembre. Par  conséquent,  ce  n'est  qu'en  octobre  1015,  au  plus 
tôt,  qu'il  put  venir  comme  évêque  au  pèlerinage  de  Saint-Jean 
d'Angély.  Cela  résulte  pour  M.  Richard  de  divers  textes  combi- 
nés: charte  de  Noaillé  du  30  septembre  1028  (1),  inscription  tumu- 
laire  de  Géraud  (2),  chroniques  d*Adémar  de  Ghabannes  (3),  de 
Bernard  Hier  (4),  et  de  Maleu  (5).  D'autre  part,  Adémar  de  Gha- 
bannes rapporte  qu'au  retour  de  sa  visite  à  Saint-Jean  d'Angé- 
ly, le  roi  Robert  rentra  à  Orléans  après  avoir  été  magnifiquement 
reçu  par  le  comte  de  Poitou  (6).  Or,  il  est  établi,  dit-il,  que  Robert 
fit  un  long  séjour  à  Orléans  dans  le  courant  de  novembre 
1014  (7).  —  Conclusion  naturelle:  il  est  donc  fort  probable  que  le 
roi  de  France  vint  à  Saint-Jean  d'Angély  au  mois  d'octobre  1014, 
un  an  avant  l'évoque  de  Limoges.  La  découverte  du  chef  die  saint 
Jean-Baptiste  ayant  été  faite  pendant  le  carême,  M.  Richard  es- 
time, quelque  hypothétiques  que  ces  calculs  semblent  être,  dit-il, 
que  ce  fut  au  carême  de  1014,  l'année  même  de  la  venue  du  roi 
Robert,  [c'est-à-dire  autour  du  1*'  avril,  puisque  cette  année-là, 
Pâquips  tomba  le  25  de  ce  mois]  (8).  —  M.  Faye  était,  du  reste, 
déjà  arrivé  à  un  résultat  analogue,  en  s'appuyant  sur  les  mêmes 
documents,  dès  1850.  Mais  avee  Besly  et  Maichin,  il  préférait  la 
date  de  1018  (9). 

Les  deux  éléments  principaux  sur  lesquels  M.  Richard  base 
son  opinion  sont,  l'un  inexact,  et  l'autre  à  peu  près  illusoire. 

En  effet,  Géraud,  évêque  de  Limoges,  n'est  pas  mort,  comme 
il  le  prétend  (10),  le  11  novembre  1022,  mais  bien  le  11  novembre 
1023,  puisqu'il  se  trouvait,  ou  tout  au  moins  vivait  encore,  le 
6  aotit  précédent,  lors  de  l'entrevue  qui  eut  lieu  cette  année-là 
entre  le  roi  Robert  et  l'empereur  Henri,  à  Mouzon,  sur  les  bords 
de  la  Meuse,  et  où  fut  donnée  une  charte  relative  à  l'église  de 


(1)  Archive»  de  la  Vienne,  original  Noaillé,  n»  86. 

(2)  Bail.  soc.  antiq.  Ouest,  !'•  série,  t.  VI,  p.  109. 

(3)  Liv.  III,  chap.  XXXXIV,  édition  Chavanon,  p.  172. 

(4)  Chroniques  de  SaM- Martini,  par  Duplès-Agier,  p.  46. 

(5)  Chronique  de  Maleu,  par  Tabbé  Arbellot,  p.  31. 

(6)  Loc.  ci(.,  édition  Lair,  p.  213  et  214. 

(7)  Etudes  sur  le  régne  de  Robert  le  Pieux,  par  Pfister,  p.  74. 

(8)  Gàlliû,  I,  A  la  suite  du  Glossaire. 

(9)  Bull.  Soe.  Antiq.  Ouest,  loc.  cit.,  p.  117. 

(10)  Volume  I,  p.  179. 


Digitized  by 


Google 


-  414  - 

Limoges  (1).  C'est,  du  reste,  la  date  de  1023,  que  donnent  pour  la 
mort  de  cet  évoque  la  Chronique  de  B.  Hier  (2),  et  les  Annale» 
de  Limoges  (3).  Isolée  ainsi,  la  Chronique  de  Maleu,  qui  donne 
1022  (4),  ne  peut  prévaloir  contre  un  document  formel  de  Tépo- 
que.  Or,  comme  la  Chronique  dWdéniar  (5)  et  Tépitaphe  de  son 
tombeau,  trouvé  «i  Cliarroux  (0),  s'accordonl  à  dire  qu'il  siégea 
huit  ans,  ce  n'est  qu'au  mois  de  novembre  1015,  le  mardi  9,  jour 
de  la  Saiiit-Théodort;  (7),  qu'il  devint  évoque,  ci  qu'au  mois  d'oc- 
tobre 1016,  au  plus  tôl,  qu'il  put  venir  en  pèlerinage  à  Saint-Jean 
d'Angély  avec  les  limousins.  Voilà  qui  recule  d'un  an  le  dé- 
compte de  M.  Richard,  à  son  sujet. 

Que  le  prédécesseur  de  Géraud  soit  mort  on  1014,  comme  l'in- 
dique la  Chronique  de  Maleu  (8),  et  aussi  la  Chronique  de  B. 
Itier  (9),  cela  n'infirme  en  rien  la  date  de  son  élection,  ni  surtout 
la  date  de  sa  mort  après  huit  ans  d'épiscopat,  car  avant  lui,  le 
siège  de  Limoges  a  bien  pu  rester  plus  d'un  an  vacant.  Cette 
longue  vacance  est  d'autant  plus  probable,  qu'il  y  avait  des  dif- 
ficultés sérieuses  à  la  nomination  de  Géraud.  D'abord  lui-mêmfi 
était  un  grand  seigneur  laïque,  et,  malgré  l'intervention  directe 
du  duc  Guillaume,  les  évêques  hésitèrent  beaucoup  à  lui  conférer 
les  grades  ecclésiastiques  (10).  Puis,  Tarchevôque  de  Bourg-es, 
Gauzlin,  métropolitain  de  Limoges,  n'était  pas  en  mesure  de  le 
consacrer,  parce  qu'il  n'avait  pas  encore  réussi  à  prendre  pos- 
session de  son  archevêché,  bien  que  nommé  depuis  l'an  1013  ;  ce 
qui  obligea  finalement  le  duc  Guillaume  à  faire  intervenir  Seguin, 
archevêque  de  Bordeaux.  Pour  sauver  les  apparences,  le  sacre 
eut  lieu  à  Poitiers  (11).  Comme  nous  n'avons  pas  la  preuve  que 
Géraud  succéda  aussitôt  à  son  oncle  Audouin,  comme  le  dit  M. 
Richard  (12),  il  est  infiniment  préférable  d'admettre  une  vacance, 


(I)  Pflstep,  loc.  cit.  Diplômes  inédits  de  Robert,  n»  8,  p.  54. 
(a)  Loe.  cit. 

(3)  Pertz,  Monamentu  Gsrm%nise  Scriptores,  H,  p.  351  et  252. 

(4)  Loc.  cit. 

(5)  Liv.  111,  chap.  L,  édition  Ghavanon,  p.  174. 

(6)  Loc.  cit. 

(7)  Voir  M.  Richard  lui-même,  I,  p.  179,  note  3. 

(8)  Loc.  cit. 

(9)  Loc.  cit. 

(10)  Chron.  d'Adémar,  liv.  III,  chap.  XXXXIV,  édition  Ghavanon,  p.  173. 

(II)  Idem,  p.  173. 
(12)  Volume  I,  p.  178. 


Digitized  by 


Google 


—  415  — 

en  elle*m6me  toute  naturelle  et  qui  met  tous  les  textes  d'accord, 
sauf  un. 

Que  vaut,  en  second  lieu,  la  donnée  toute  personnelle  à  M.  Ri- 
chard, que  le  roi  Robert  fit  en  nov-embre  1014  un  long  séiour  à 
Orléans  ?  C'est  un  fait  qu'il  déduit  de  la  liste  des  séjours  du  roi, 
dressée  par  M.  Pfister  d'après  le  catalogue  des  diplômes  royaux 
conférés.  Or,  dans  ladite  liste,  à  la  page  notée  (1),  on  ne  trouve, 
sous  les  n**  47  et  48,  que  deux  'diplômes  donnés  en  1014,  à 
Orléans.  Le  premier  porte  la  date  du  11  novembre  de  la  dix-neu- 
vième année  du  règne  de  Robert,  et  M.  Pfister  dit  qu'il  faut  cer- 
tainement compter  ici  les  années  depuis  996,  car  Renaud,  qui 
dans  ce  diplôme  intervient  comme  comte  de  Melun,  ne  le  devint 
qu'en  1007,  à  la  mort  de  son  père  Bouchard  ;  ce  qui  n'est  point 
péremploire,  les  fils  de  comte  prenant  presque  toujours,  au  XI* 
siècle,  du  vivant  de  leur  père,  le  litre  de  comte  dans  les  actes 
publics  et  solennels.  Quant  au  second,  il  n'est  pas  daté,  et  ce  n'est 
que  par  sa  grande  ressemblance  avec  le  premier  que  M.  Pfister 
le  rapporte  à  l'année  1014.  Quoi  qu'il  en  soit,  un  ou  deux  di- 
plômes donnés  en  même  temps  à  Orléans,  en  novembre  1014,  ne 
sont  pas  suffisants  pour  constituer  la  preuve  d'un  long  séjour. 
On  sait,  du  reste,  que  Robert  affectionnait  tout  particulièrement 
la  résidence  d'Orléans  et  qu'il  y  était  souvent.  Par  conséquent,  le 
fait  qu'il  y  est  revenu  à  son  retour  de  Saint-Jean  d'Angély  n'est 
pas  plus  en  rapport  avec  un  séjour  court  ou  long  en  1014, 
qu'avec  ses  autres  séjours  presque  annuels  ;  et  il  n'y  a  aucune 
conséquence  sérieuse  à  tirer  de  cette  circonstance,  en  faveur  de 
la  date  du  pèlerinage  royal  auprès  du  chef  de  saint  Jean-Baptiste. 

Si  la  tentative  de  M.  Richard,  renouvelée  de  celle  de  M.  Faye, 
après  un  demi-siècle  de  réflexions  et  de  recherches,  n'a  pas 
abouti  à  un  résultat  plus  satisfaisant,  elle  a  du  moins  le  mérite 
d'établir  une  seconde  fois,  qu'en  octobre  1015,  selon  lui,  ou  qu'en 
octobre  1016  au  plus  tôt,  selon  nous,  la  relique  était  exposée  à 
la  dévotion  du  public.  Mais  cette  visite  de  Géraud  a  pu  avoir  lieu 
plus  tard,  puisqu'il  siégea  huit  ans.  Point  n'est  besoin,  cepen- 
dant, de  remonter  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1023,  pour  fixer 
l'époque  extrême  du  pèlerinage  limousin.  Il  était,  en  effet,  ac- 
compagné de  Geoffroy  II,  abbé  de  SaintrMartial  (2),  lequel  mou- 


Ci)  Pftuter,  loc,  cit.    r 

(3)  C/iron.  cf'Adëmar,  Xoc.  cit 


Digitized  by 


Google 


-  416  - 

rttt  le  jour  des  nones  de  décemJbre  (5  décembre)  1019,  date  trop 

bien  indiquée  pour  être  discutable  (1). 

Voilà  donc  qui  est  nellement  établi.  Ce  pèlerinage  eut  lieu  cer- 
tainement de  septembre  1016  à  novembre  1019,  au  mois  d'octo- 
bre de  Tune  de  ces  quatre  années,  suivant  de  pltis  ou  moins  près 
ou  de  plus  ou  moins  loin  Tépoque  de  la  découverte.  C'est  tout  ce 
qu'on  est  en  droit  de  tirer  des  documents  précités.  Le  reste  est 
affaire  de  sentiment  et  de  supposition. 

Tout  est-il  dit  sur  la  question,  et  n'est-il  pas  possible  de  mieux 
préciser  ? 

II  est  une  source  toute  naturelle  de  documents  que  M.  Richard 
a  négligée,  je  ne  sais  pourquoi,  et  qui,  dans  la  circonstance,  était 
cependant  tout  indiquée.  C'est  le  Cartulaire  de  Vabbaye  de  Sainl- 
Jean  d*Angély^  récemment  publié  par  nos  Archives  historiques 
de  Sainlongse  et  d'Aunis  (2),  et  dont  une  copie  manuscrite  se 
trouve  depuis  longtemps  à  la  Bibliotlièque  nationale,  à  la  disposi- 
tion de  tous  (3).  Ce  sont  les  doiuiécs  de  ce  cartulaire  qu'il  est 
préférable  de  combiner  avec  les  faits  rapportés  par  les  chro- 
niques. 

Pendant  que  se  déroulaient  à  Saint-Jean  d'Angély  tous  ces 
importants  événements,  trois  abbés  successifs  furent  à  la  tête  du 
monastère  :  Audouin,  Rainaud  et  Aimeri,  dont  M.  Chavanon 
d'abord,  et  M.  Lair  ensuite,  ont  noté  la  date  incertaine  (4).  C'est 
cette  incertitude,  assurément,  qui  a  amené  toute  la  confusion  ou 
qui  l'a  sensiblement  aggravée.  Essayons,  sinon  de  la  faire  dispa- 
raître, tout  au  moins  de  l'amoindrir. 

Audouin  est  devenu  abbé  de  Saint-Jean  d'Angély,  non  pas  dès 
989,  sous  Hugues  Capet,  comme  tendrait  à  le  faire  admettre  un 
diplôme  de  ce  roi  (5),  argué  de  faux,  dfalïord  par  Dom  Fonte- 
neau  (0),  puis  par  M.  Richard  lui-même  (7)  ;  mais  bien  après  le 
31  janvier  1003,  date  de  la  mort  de  l'abbé  Aimeri  I*',  son  prédé- 
cesseur inunédial.  Une  inscription  tumulaire,  conservée  au 
musée  d'Angoulême,  ne  laisse  aucun  doute  à  cet  égard  et  apporte 
un  argument  péremiptoire  en   faveur  de  Tinauthenticité  du  di- 

(1)  A  niutlet  de  Limogée,  dans  Fertz,  loe,  eit,  —  Chron,  de  B.  Hier,  loe.  eii, 
—  Vabbaye  de  SainUMariUl  de  Limoges,  par  Ch.  de  Lasteyrie,  p.  71. 
(5)  Vol.  XXX,  en  1901,  et  XXXIII,  en  1903. 

(3)  Ponds  laUn,  n*  5451. 

(4)  Chron.  d'Adimar,  édition  Chavanon,  p.  461,  et  édition  Lair,  p.  316. 

(5)  Càrtal.  de  Seint-Jean  d'Ang.,  par  Musset,  I,  charte  V,  p.  22. 

(6)  Dom  Fonienean,  t.  XIII,  p.  95  et  111. 

(7)  Volume  I,  p.  132,  note  2. 


Digitized  by 


Google 


-417  - 

plôme,  ou  tout  au  moins  de  son  attribution  à  Hugues  Capet  (1). 
Voici  cette  inscription  :  «  f  l'an  de  l'incarnation  du  Seigneur 
mil  II,  la  veille  des  kalendes  de  février,  est  mort  Dom  Aimeri, 
chanoine  devenu  moine  et  vénérable  abbé  des  couvents  de  Nan- 
leuil,  d'Angéry  et  de  Quinçay.  Amen  ».  L'année  commençant  en 
Poitou  et  Aquitaine  le  25  mars,  c'est  à  la  veille  du  premier 
février,  soit  au  31  janvier  1003  que  se  rapporte  la  date  de  cette 
inscription. 

Aucune  des  chartes,  soit  de  l'abbaye  de  Saint-Jean  d'Angély, 
soit  des  autres  abbayes,  où  comparaît  l'abbé  Audouin  n'étant 
datée,  nous  ne  pouvons  le  suivre  à  la  trace  dans  le  cours  de  son 
abbatiat,  et  nous  ne  le  rattrapons  qu'à  sa  mort. 

La  Chronique  d'Adémar  établit  que,  s'il  fut  l'inventeur  du  chef 
de  saint  Jean-Baptiste,  à  un  moment  où  le  duc  Guillaume  était 
allé  à  Rome  faire  ses  Pâques,  l'abbé  Audfouin  mourut  au  cours 
de  l'affaire,  pendant  qu'on  l'instruisait,  avant  que  sa  découverte 
eût  été  confirmée  de  façon  miraculeuse  et  que  le  duc  eût 
décidé,  pour  la  plus  grande  gloire  de  Dieu,  d'introduire  la  ré- 
forme de  Cluny  dans  son  monastère  ;  car  sa  mort  seule  pouvait 
permettre  à  Odilon  d'opérer  cette  réforme  et  d'y  placer  un  abbé 
de  son  choix.  C'est  ce  que  le  texte  dit,  du  reste,  en  propres  termes: 
«  où  Odilon  mit  un  abbé  nommé  Rainaud,  Audouin  étant  mort 
tout  récemment  (ubi  Odilo  abbalem  Rflinaldum  disposuit.  de- 
(uncto  nuper  Alduino  abbaie)  (2).  11  trépassa  donc  après  un  prin- 
temps, celui  de  la  découverte,  et  avant  un  automne,  celui  de  la 
démonstration. 

L'abbé  Rainaud,  qui  succéda  à  Audouin,  paraît  pour  la  pre- 
mière fois  dans  une  charte  du  mois  de  mars  1017,  portant  don  de 
salines,  situées  en  Aunis,  à  l'église  de  Saint-Jean-Baptiste  d'An- 
géry,  où  Rainaud  est  présentement  abbé  (data  mense  martis  anno 
trigesmo  régnante  Roberto  rege)  (3).  Le  Cartulaire  de  Saintr 
Jean  d'Angély  ayant  pour  habitude  absolue  de  décompter  les 
années  de  Robert  à  partir  de  son  couronnement,  le  25  décembre 
987,  cette  date  de  mars  1017  doit  être  tenue  po>ur  certaine. 

D'autre  part,  un  Obituaire  de  Saint-Martial  de  Limoges  (4), 
publié  par  MM.  A.  Leroux,  E.  Molinier  et  A.  Thomas,  porte  au 


(1)  Catalogue  da  muêée  archéologique  d'Angouléme,  1885,  série  I,  n*  1,  p.  41 . 

(3)  Chronique  d'Adémar,  liv.  III,  chap.  LVl  ;  édition  Lair,  p.  21(. 
(S)  CartuL  de  SàintrJean  d'Ang.,  par  Musset,  II,  charte  372,  p.  38. 

(4)  Addiiioni  à  VObituaire  de  SAiniMartiMl,  in  Bull.  êoe.  arek.  ai  kiêt  eu 
Limouêin,  t.  XXX,  1883,  p.  183  et  suiv. 


Digitized  by 


Google 


—  418  — 

XII  des  calendes  de  septembre  (21  août)»  rinhumation  {déposition 
d'un  abbé  Audouin  (Hilduini  abbaiis),  qui  ne  peut  guère  être  un 
autre  que  cet  abbé  de  Saint-Jean  d'Angély  ;  car  les  abbés  de  ce 
nom  sont  fort  rares,  tout  au  moins  dans  les  abbayes  en  rapport 
d'offices  mortuaires  avec  Saint-Martial,  et  c'est  le  seul  nom  simi- 
laire que  cet  Obituaire  renferme.  Il  [)araîl,  du  reste,  particulier 
aux  abbayes  de  la  dépendance  de  Cluny,  et  contient  notamment 
les  dates  exactes  du  décès  de  trois  abbés  de  Saint-Jean  d'Angély 
de  la  même  période,  dont  on  a  retrouvé  par  ailleurs,  soit  les  épi- 
taphes,  soit  la  mention  directe  :  Aimeri  I*',  mort  le  31  janvier 
lOai  (1)  ;  Kludcs,  mort  le  22  août  1091  (2)  ;  cl  Henri,  mort  le  VP 
des  ides  ou  le  8  janvier  113Î3  (3).  Il  convient  d'en  ajouter  un 
quatrième,  du  même  siècle,  l'abbé  Ansculfe,  dont  le  nom  si  spé- 
cial n'a  pas  d'homonyme,  et  qui  est  porté  audit  Obituaire  comme 
décédé  un  30  août  [en  1102  ou  1103]. 

Nous  concluerons  donc  de  ces  trois  données  diverses,  aussi 
certaines  que  possible,  que  l'abbé  Audouin  est  mort  en  été,  un 
19  ou  20  août,  avant  mars  1017,  et  au  plus  lard  le  20  août  1016,  au 
cours  de  l'affaire  qu'il  avait  soulevée  et  qui  faisait  tant  de  bruit 
dans  le  monde. 

Des  successeurs  clunisiens  de  l'abbé  Audouin,  le  premier,  Rai- 
naud,  ne  fit  que  passer,  semble-t-il.  Au  bout  de  quelques  années 
{posl  aliquot  annos),  il  rendit  son  âme  à  Dieu  (4).  Cela  doit  s'en- 
tendre d'un  abbatiat  assez  court,  de  deux  à  trois  ans,  au  sens  le 
plus  ordinaire.  Il  fut  envoyé  par  Od^lon,  à  qui  le  duc  Guillaume 
confia  le  monastère,  peu  de  temps  après  la  mort  d'Audouin 
(de(unclo  nuper  Alduino  ahbale)  (5),  avec  la  mission  d'y  introduire 
la  réforme  de  Cluny.  Comme  il  était  sûrement  en  fonctions  au 
mois  de  mars  1017,  et  qu' Audouin  avait  été  mis  au  tombeau  un 
21  août,  son  installation  dut  avoir  lieu  au  plus  tard  dans  les  der- 
niers mois  de  1016. 

Rainaud  occupait  déjà  son  poste  lors  de  la  venue  à  Saint-Jean 
d'Angély  de  Landolphe,  évoque  de  Turin.  Ce  prélat  se  débattait 
au  milieu  de  difficultés  créées  à  son  église,  dédiée  à  Saint-Jean. 
Ayant  appris  qu'on  venait  de  découvrir,  au  château  d'Angéry, 
le'chef  du  saint  précurseur,  il  pensa  que  le  meilleur  moyen  pour 


(1)  Musée  d*Angoutémet  loc.  eit 
(i)  AnnàUê  BênedicL,  V,  p.  28S. 
(9)  Gàllia  chrUtUnA,  II,  col.  1101. 

(4)  Chron.  d'Adémêr,  édition  Lair,  p.  915. 

(5)  Idem. 


Digitized  by 


Google 


—  419  — 

lui  de  se  tirer  d'embarras,  était  de  se  recaimnander  aux  miracles 
de  son  saint  patron.  Sur  les  conseils  de  ses  propres  fidèles,  il 
partit  pour  Saint-Jean  d'Angély,  el,  arrivé  là,  invoqua  longue- 
ment le  saint  en  faveur  de  son  diocèse,  tout  en  pleurant  à  chaudes 
larmes.  Enfin,  il  demanda  au  comte  Guillaume,  à  Tévêque  Islon 
et  à  Tabbé  Rainaud,  qui  présidaient  alors  audit  lieu,  une  portion 
de  la  tête  de  saint  Jean,  ce  qu*on  lui  accorda  facilement,  et  ce 
qu'il  récompensa  par  le  don  de  l'église  de  Saint-Secondin,  de 
Turin.  L'acte  fut  dressé  par  le  notaire  Adam  (1).  Il  est  dommage 
qu'il  ne  soit  pas  daté,  car  il  nous  eût  fixé  tout  de  suite.  Néan*- 
moins,  il  nous  fait  connaître  que  l'abbé  Rainaud  avait  déjà  rem- 
placé l'abbé  Audouin,  pendant  la  période  même  des  visites  qui 
eurent  lieu  ;  et  comme,  d'autre  part,  la  Chronique  d'Adémar  nous 
dit  qu'on  accourut  de  j)artout  à  Saint-Jean  d'Angély,  notamment 
de  Lombardie  ou  d'Italie  (2),  il  nous  est  impossible  de  ne  pas  voir 
là  une  allusion  à  la  venue  de  l'évoque  de  Turin,  de  môme  que  la 
mention  de  la  Gaule  fait  allusion  à  la  présence  du  roi  Robert,  du 
comte  Eudes  de  Champagne  et  de  leur  suite,  et  celle  de  l'Espagne 
à  celle  de  Sanche,  roi  de  Navarre. 

Ducange  a  prétendu  que  ce  fut  la  mâchoire  de  saint  Jean  qui 
fut  donnée  à  l'évêque  de  Turin.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  don  se  place 
bien  au  moment  où  la  nouvelle  de  la  découverte  se  répandit  dans 
le  monde  et  où  les  miracles  la  confirmèrent  dans  l'opinion  publi- 
que ( capui  Joannis  prœcursoris  Domini  repertum  audiens, 

dignum  esse  pensavit,  si quœrerelur  miracula,  cuius  nominis 

honnore  sancla  vigei  ecclesia  [sua]  (3)  ;  el  non  plus  tard,  en 
1025,  à  l'occasion  des  pourparlers  qui  s'engagèrent  au  sujet  de 
la  couronne  d'Italie,  entre  le  duc  Guillaume  et  les  évoques  d'ou- 
tre-monls  (4). 

L'Obituaire  de  Saint-Martial  précité  ne  peut  nous  être  d'un 
même  secours,  au  sujet  des  jour  et  mois  de  la  mort  de  l'abbé  Rai- 
naud, à  cause  de  la  présence  de  trois  abbés  de  ce  nom  sur  «es 
rôles,  et  en  admettant,  ce  qui  est  infiniment  probable,  qu'il  y 
figure  comme  ses  prédécesseurs  et  ses  successeurs.  Néanmoins, 
comme  ces  trois  abbés  Rainaud  sont  morts,  l'un  le  V  des  ides  ou 
le  9  d'avril,  et  les  deux  autres  le  VII  et  le  II  des  calendes  de  juillet 
(le  25  et  le  30  juin),  c'est  entre  ces  dates  extrêmes,  9  avril  et  30 


(1)  CëriaL  de  Saint-Jean  d^Ang.,  par  Musset,  II,  charte  479,  p.  Ii4, 

(S)  Loc.  eiU 

(8)  Loc.  cit. 

(A)  Richard,  volume  I,  p.  182. 


Digitized  by 


Google 


—  420  — 

juin,  qu'il  dût  mourir,  vers  Tannée  1018,  comme  il  sera  établi  ci 
après. 

En  ce  qui  concerne  Tabbé  Aimeri,  le  deuxième  abbé  clunisien 
préposé  par  Odilon,  on  ne  le  trouve  pour  la  première  fois  à  date 
certaine  qu  au  mois  d'août  1027  (1).  Mais,  outre  qu'il  fut  le  suc- 
cesseur immédiat  de  Kainaud,  nous  savons  encore  qu'il  était  déjà 
à  la  tête  de  l'abbaye  lorsque  se  produisit,  au  bourg  d'Angéry  (in 
Angeriaco  vico),  quelque  temps  après  les  fêtes  prestigieuses  de 
la  conmiéraoration  de  saint  Jean-Baptiste  (quodam  vero  tempore, 
posiguam  hœc  acta  sunl),  une  sédition  sanglante  entre  les  moines 
et  les  gens  de  la  maison  du  duc.  Plusieurs  de  ces  derniers,  et 
notamment  son  prévôt,  furent  blessés  à  mort  et  à  main  armée  ; 
sa  propre  cour,  qui  était  contiguë  au  couvent,  fut  presque  com- 
plètement démolie.  Ceci  se  passait  pendant  une  absence  de  l'abbé 
Aimeri  (absente  abbate  reverenlissimo  Aimerico),  peu  avant  ou 
au  début  d'un  carême  pendant  lequel  le  comte  Foulques  \erra 
se  trouvait  à  Poitiers,  pour  prendre  part  à  un  grand  plaid  qui  y 
avait  lieu  (eomes  Fulco,  qui  tune  in  ,servHio  ducis  Pictavis  erai, 
tempore  Quadragesimx)  (2).  Il  était  assez  rare  qu'un  personnage 
comme  le  comte  d'Anjou  se  ixmkIîI  à  la  cour  de  Poitiers  ;  ce 
n'était  ni  de  son  rang,  ni  de  ses  loisirs.  Il  était  assez  rare  égale- 
ment que  le  duc  passât  son  carême  chez  lui.  Chaque  annexe  pres- 
que, il  se  rendait  à  ce  moment-là  à  Rome  (3).  Ce  plaidi,  en  temps 
de  carême  et  avec  Foulques  Nerra,  est  donc  doublement  excep- 
tionnel (4).  Or,  il  se  trouve  justement  qu'une  charte  de  Cluny 
constate  la  présence  à  Poitiers  du  comte  Foulques  Nerra,  avec 
les  autres  grands  du  duc,  au  mois  de  mars  de  l'an  de  l'Incarna- 
tion du  Seigneur  1018,  oe  qui  correspond,  d'après  M.  Bruel,  à 
mars  1019  (n.  s.)  (5).  —  Il  faut  en  conclure  qu'Aimeri  avait  rem- 
placé Uainaud  défunt,  dès  le  mois  de  février  1019,  Pûques  étant 
tombé  celte  annfe-là  le  29  mars,  et  le  Carême  ayant  commencé  le 
11  ou  le  12  février.  Comme,  dfautre  part,  Uainaud,  selon  les 
probabilités  ci-dessus  établies,  mourut  entre  un  30  avril  et  9 
juin,  c'est  en  juillet  1018  environ  que  remonterait  sa  nomination 
par  Odilon  à  l'abbaye  de  Saint-Jean  d'Angély. 

(1)  Carioi.  de  Saint-Jenn  d'Ang.,  par  Musset,  I,  charte  253,  p.  307. 

(2)  Chron.  d^Adémsr,  loc.  cit. 

(3)  Chron,  d'Adémar,  liv.  III,  chap.  XXXXI,  édit.  Chavanon,  p.  163. 

(4)  Il  doit  correspondre  A  Tépoque  du  mariage  du  duc  Guillauma  avec 
Agnès  de  Bourgogne. 

(5)  CariuL  dé  Cluny,  par  Bruel,  t.  III,  charte  9719,  p.  739. 


Digitized  by 


Google 


—  421  — 

Sa  dernière  désignation,  de  date  certaine  également,  est  du 
!•'  mai  1032,  ou  plutôt  1033  (1).  A  la  rigueur,  on  pourrait  attri- 
buer à  cet  abbé  la  mention  :  S.  abbatis  Aimerici,  qui  se  trouve 
dans  le  Cartulaire  de  Sainl-Maixent,  au  bas  d'une  charte  dressée 
pendant  la  captivité  du  duc  Guillaume  le  Gros,  entre  le  20  sep- 
tembre 1033  et  la  fin  de  1036,  approximativement  vers  1035,  si 
Ton  considère  que  cet  abbé  de  Saint-Jean  d'Angély  fut  un  des 
plus  fidèles  soutiens  de  la  cause  du  prisonnier.  Mais  M.  Richard 
est  d*avis  qu'il  y  a  eu  là  une  faute  de  copiste,  qu'il  devait  y  avoir 
primitivement  :  S.  abbaiis  A.,  traduit  par  S.  abbatis  Aimericij 
au  lieu  de  S.  abbaiis  Amblardi^  Amblard  étant  abbé  de  Saint- 
Maixent  à  cette  époque  (2).  —  Eu  tous  cas,  la  première  inter- 
vention connue  du  successeur  d'Aimeri,  l'abbé  Arnaud,  est  du 
6  mars  1037,  à  l'occasion  d'une  générosité  de  ce  môme  duc, 
Guillaume  le  Gros,  envers  l'abbaye  de  Saint-Jean  d'Angély,  au 
moment  où  il  venait  depuis  peu  de  sortir  die  prison,  et  sans 
doute  eu  récompense  des  services  rendus  (3). 

L'Obituaire  de  Saint-Martial  déjà  cité  contient  la  mention  de 
deux  abbés  du  nom  d'Aimeri  :  l'un,  dont  l'anniversaire  est  indi- 
qué au  II  des  calendes  de  février  (31  janvier),  est  sûrement  l'aJbbé 
Aimeri  I"  de  SaintrJean  d'Angély,  décédé  justement  ce  jour-là, 
d'après  son  épithaphe  ;  l'autre,  dont  l'anniversaire  est  porté  au 
jour  des  ides  (le  13)  de  septembre,  a  toutes  chances  d'être  notre 
abbé  Aimeri  II,  d'après  les  raisons  que  nous  avons  fait  valoir 
plus  haut.  Les  deux  seuls  abbés  de  Saint-Martial  qui  ont  porté 
le  même  nom,  l'un,  Aimeri  I"',  n'est  indiqué  dans  aucun  obituaire 
à  cause  de  sa  vie  séculière  (4),  et  l'autre,  Aimeri  II,  l'est  au  13 
janvier  (5). 

Aimeri  mourut  donc  entre  le  12  septembre  1033  et  le  14  sep- 
tembre 1036,  vers  1034  ou  1035,  à  un  ou  deux  ans  près. 

En  résumé,  les  dates  de  ces  trois  abbés  de  Saint-Jean  d'Angély 
peuvent  donc  être  établies  ainsi  qu'il  suit  : 

Aimeri  I: f  31  janv.  1003  : 

Audouin  :  fév.  1003,  à  .  .  .    f  (20  août  1016,  au  plus  tard  ; 

(1)  Cariai,  dé  Sùni-JeMn  d'Ang.,  par  Musset,  I,  charte  1),  p.  93.  Privilège 
du  pape  Jean  XIX. 
(S)  Cariât,  de  Sàint-MMixent^  par  A.  Richard,  chartes  92  et  93, 1,p.  IIS  et  413. 

(3)  Cariât,  de  Sûint-Jean  d'Ang.y  par  Musset,  I,  charte  181,  p.  215. 

(4)  Vàbhàye  deSàini-MàrtUl  de  Limoges^  par  Ch.  de  Lasteyrie,  p.  64. 

(5)  Vàbbàye  dé  SàinUMàHiël  de  Limoge$,  par  Ch.  de  Lasteyrie.  Appendice, 
p.  410. 


Digitized  by 


Google 


—  452  - 

Rainaud  II  :  nov.  1016,  à   .    f  (9  av.  au  30  juin  1018  : 

Aimeri  n  :  j' 1018,  à  .  .  .  .    f  (12  sept.  1033  au  14  sept.  1036). 

Arnaud  :  au  plus  tardif  à  fév.  1037. 

Voilà  tout  ce  qu'on  peut  trouver  et  dire  d'authentique,  en  atten- 
dant mieux. 

Quelque  imparfaite  qu'elle  soit,  cette  chronologie  des  abbés  de 
Tépoque,  rapprochée  des  données  fournies  par  les  chroniques, 
nous  permettra  néanmoins  de  fixer  d'une  façon  certaine  les 
poinli  principaux  de  notre  problème  historique.  En  effet,  si 
celles-ci  diffèrent  quant  aux  détails,  suivant  l'objet  principal 
qu'elles  poursuivent,  elles  s'accordent  toutes  sur  un  fait  qui  pa- 
raît avoir  vivement  frappé  l'esprit  des  contemporains,  et  qui 
resta  longtemps  dans  tous  les  souvenirs  :  ce  furent  les  fêtes 
solennelles  qui  eurent  lieu  à  cette  occasion  et  à  un  moment  donné 
à  Saint-Jean  d'Angély. 

«  A  cette  époque.  Dieu  daigna  glorifier  le  règne  du  duc  Guil- 
laume le  Grand.  De  son  temps,  en  effet,  fut  inventée,  à  la  basi- 
lique d'Angéry,  dans  une  boîte  de  pierre  taillée  en  forme  de  pyra- 
mide, par  le  clarissime  abbé  Audouin,  une  tête  de  saint  Jean, 

qu'on  disait  être  le  propre  chef  de  saint  Jean-Baptiste Sur 

ces  entrefaites,  le  duc  Guillaume  revint  de  Rome  après  les  fêtes 
de  Pâques.  Cette  nouvelle  le  remplit  de  joie,  et  il  décida  l'osten- 
sion  au  public  du  chef  sacré. 

«  Lors  donc  de  cette  ostensioti,  on  y  accourut  à  l'envi  de  par- 
tout, non  seulement  de  toute  l'Aquitaine,  mais  encore  du  reste  de 
la  Gaule,  d'Italie,  d'Espagne  et  de  divers  autres  pays.  La  foule 
s'y  déversait  en  flots  humains.  On  y  vit  le  roi  Robert  lui-même, 
la  reine,  le  roi  de  Naivarre,  le  duc  Sanche  de  Gascogne,  Eudes 
de  Champagne,  avec  toutes  leurs  suites  ;  des  comtes  et  des  princes, 

des  évoques  et   des  abbés,  des   dignitaires  de  toutes  sortes 

Félicité  et  gloire  suprême,  on  vit  là  toutes  les  congrégations  et 
tous  les  serviteurs  de  Dieu  de  l'Aquitaine,  des  théories  de  cha- 
noines et  de  moines,  empressés  d'apporter  en  grande  pompe 
cl  aux  chants  des  hymnes  sacrées,  pour  rendre  hommage  au  saint 
précurseur,  les  corps  et  les  reliques  des  saints.  On  distinguait 
parmi  le  corps  du  plus  grand  prince  et  du  père  de  l'Aquitaine, 
le  premier  semeur  de  la  Parole  en  Gaules,  à  savoir  l'apôtre  saint 
Martial,  apporté  avec  les  reliques  de  saint  Etienne  de  Limoges 
par  tout  un  cortège  de  Limousins  composé  de  moines,  de  clercs 
et  de  notables,  l'évêque  Géraud  et  l'abbé  Geoffroy  en  tête.  Le 
corps  de  saint  Martial  ne  fut  pas  plus  tôt  sorti  de  sa  basilique, 


Digitized  by 


Google 


-  423  - 

porté  sur  un  chariot  garni  d*or  et  de  pierreries,  que  dans  toute 
la  région,  accablée  de  pluies  continuelles  et  d'inondations,  le 
temps  se  remit  au  beau.  On  prit  droit  par  Charroux  pour  se  ren- 
dre à  la  fête  commémorative  de  «aint  Jean-Baptiste 

A  l'arrivée,  l'évêque  (ieoffroy  célébra  dans  la  basilique  la  messe 
de  la  Nativité  de  saint  Jean-Baptiste,  bien  qu'on  fût  au  mois 
d'octobre  ;  et,  la  messe  dite,  le  pontife  bénit  les  assistants  avec  le 
chef  die  saint  Jean.  Puis,  enchantés  de  leur  voyage  et  des  miracles 
que  saint  Martial  fit  éclater  en  route,  les  Limousins  rentrèrent  à 
Limoges,  en  dansant  de  joie,  le  cinquième  jour  avant  la  Tous- 
saint (27  octobre). 

«  Dans  celte  même  circonstance,  saint  Léonard,  confesseur  en 
Limousin,  et  saint  Anlonin  martyr  du  Quercy,  engendrèrent  eux 
aussi  de  brillants  miracles  ;  et  les  populations  d'y  accourir  de 
tous  côtés.  Au^si,  le  glorieux  duc  Guillaume,  tout  à  la  pensée 
d'en  glorifier  Dieu,  fit-il  venir  Odilon,  le  saint  abbé  de  Cluny, 
pour  établir  sa  réforme  et  sa  règle  dans  le  monastère  de  Sainl- 
Joaii,  l'abbé  Audiouin  étant  mort  tout  récemment.  Odilon  y  plaça 
un  abbé  nommé  Rainaud  ;  puis,  celui-ci  ayant  rendu  son  âme  à 
Dieu  au  bout  de  quelques  années,  il  y  préposa  un  père  nommé 
Aimeri. 

«  Ajoutons  que,  lorsque  les  reliques  de  saint  Cybard  se  rendi- 
rent, elles  aussi,  auprès  du  saint  Précurseur,  on  emporta  en 
même  temps  le  bâton  du  confesseur.  C'était  un  bâton  pastoral 
recourbé  en  haut.  Pendant  le  voyage, une  verge  de  feu  [ou  comète], 
pareillement  courbée  en  crosse  à  son  sommet,  resplendit  la  nuit 
au  firmament,  au-dessus  des  reliques  du  saint,  et  les  accompagna 
jusqu'à  leur  arrivée  auprès  du  chef  de  saint  Jean.  Saint  Cybard 
y  opéra  des  miracles  en  guérissant  des  infirmes,  et  le  retour  fut 
plein  d'allégresse.  Les  chanoines  de  Saint-Pierre  d'Angoulême, 
revêtus  de  leurs  habits  sacrés,  accompagnaient  les  reliques  et 
suivaient  les  conducteurs.  En  traversant  une  rivière  gonflée,  ils 
ne  sentirent  point  l'eau  et  passèrent  à  sec,  sans  qu'une  goutte 
d'eau  mouillât,  ni  leurs  vêtements,  ni  leurs  chaussures. 

n  Entre  temps,  le  chef  de  saint  Jean,  après  être  resté  suffisam- 
ment exposé  en  public,  fut  retiré,  sur  l'ordre  du  duc  Guillaume, 
et  remis  dans  sa  pyramide  première,  renfermé  dans  une  cassette 
d'argent  et  attaché  par  des  chaînettes  de  même  métal.  »  —  Ainsi 
parlent  les  textes  de  la  Chronique  du  moine  Adémar  de  Cha- 
bannes  (1). 


(1)  Loc,  eiL 


Digitized  by 


Google 


—  424  - 

«  Il  est  de  fait  qu'à  une  certaine  époque,  du  vivant  de  Guil- 
laume le  Grand,  duc  d'Aquitaine,  conrune  la  plupart  se  deman- 
daient avec  doute  quelle  tête  de  saint  Jean  se  trouvait  à  Angély 
{tiiruin   sancti  Joannis   caput  haberetur   apud  Angeliacum)^  ce 
môme  prince  ordonna  un  grand  synode,  où  furent  convoqués 
tous  les  évoques  comprovinciaux,  même  des  étrangers,  afin  que, 
(raccord  avec  eux,  on  s'enquit  d'un  trésor  aussi  précieux  que 
pouvait  être  le  digne  chef  de  saint  Jean-Baptiste,  et  que,  de  leurs 
mains  consacrées,  les  saints  évêques  le  montrassent  eux-mêmes 
au  public  en  doute.  C'est  ce  qui  eut  lieu.  L'invention  fut,  en  effet, 
mise  à  l'épreuve,  placée  sur  les  saints  autels  et  offerte  à  l'ado- 
ration du  public  universel,  selon  les  dispositions  prises.  Dans  ce 
but,  on  transporta  et  on  mit  en  présence  du  vénérable  et  mysté- 
rieux chef  les  reliques  de  beaucoup  de  saints.  Il  en  résulta  véri- 
tablement, sur  place  même,  chez  les  débiles  de  corps  et  les  in- 
firmes, de  non^reux  miracles,  dus  à  leurs  intercessions  méri- 
toires.   Parmi  eux,  saint   Léonard,  toujours   bon  médecin   des 
infirmités,  n'y  fut  pas  peu  resplendissant  de  vertus.  Il  guérit  no- 
tamment un  aveugle,  un  possédé  de  sept  méchants  démons,  et  un 
écloppé.  »  —  Ainsi  parle  l'auteur  anonyme  de  la  Vie  de  8€Unf 
Léonard,  citée  dans  Resly,  lequel  paraît  avoir  été  un  contempo- 
rain, [)uisqu'il  a  recueilli,  entre  beaucoup  d'autres,  ces  trois  gué- 
I  isons  du  témoignage  de  la  foule  (1).  Une  autre  narration  contient 
en  plus  ce  détail,  au  sujet  de  l'aveugle  :  «  Sa  mère,  après  avoir, 
en  pure  perte,  intercédé  auprès  des  autres  saints  déjà  arrivés  à 
Saint-Jean  d'Angély,  s'en  retournait  navrée,  lorsqu'elle  rencon- 
tra en  roule  les  reliques  de  saint  Léonard)  qui  arrivaient  à  leur 
tour.  Elle  invoque  le  saint  au  passage,  et  son  fils  recouvre  aussi- 
tôt la  vue  »  (2). 

«  Lorsque  l'abbé  d'Angéry  décida  de  lever  la  tête  du  saint  Pré- 
curseur de  Dieu,  qu'on  racontait  avoir  été  jadis  cachée  dans  son 
église,  et  de  l'exposer  aux  yeux  du  public,  afin  qu'elle  fit  elle- 
même  foi  qu'elle  était  bien  le  véritable  chef  de  saint  Jean,  il  vou- 
lut inviter  à  cette  grande  cérémonie  (ad  iale  spectaculum),  entre 
autres  l'abbé  Théodelin  [de  Maillezais].  Au  jour  dit  et  indiqué, 
un  peuple  innombrable  afflua  à  Angéry,  ainsi  que  des  troupes 
incalculables  de  prêtres  et  de  moines.  Quant  on  en  vint  à  l'objet 
de  la  réunion,  et  qu'on  cherchait  panni  les  principaux  person- 
nages présents  le  plus  apte  à  remplir  la  mission  de  confiance  de 

(1)  Loc.  ciL 

(3)  Vite  Saneiorum,  par  Surius,  6  noT.,  p.  168. 


Digitized  by 


Google 


présenter  un  si  précieux  trésor,  Théodelin  se  leva  au  milieu 
d'eux  :  «  Si  vous  le  voulez,  dit-il,  ô  nnes  Pères,  je  me  charge  avec 
joie  de  vous  présenter  le  bieii-aimé  du  Seigneur  et  de  l'offrir  à 
votre  vue  et  à  votre  admiration  aussi  longtemps  qu'il  conviendra 
À  sa  magnificence  et  à  votre  vénération.  »  Tous  approuvèrent. 
Alors  s'approchanl  à  genoux,  après  une  solennelle  prière,  du 
trésor  sacré,  il  le  découvrit  et  pendant  près  de  deux  heures  le 
tint  exposé  à  la  vue  de  toute  la  multitude.  Cela  fait,  quand  d'un 
consontoment  unanime  le  chef  fut  recouvert,  Théodelin  simula 
une  lonii^ue  prière  et  cacha  dans  sa  bouche  une  des  dents  du 
sainl.  -Mnis  il  en  fut  immédiatement  et  justement  puni,  car  il 
perdit  subitement  la  vue.  Il  avoua  sans  détour  à  ceux  qui  l'entou- 
raient ce  qu'il  venait  de  faire.  Puis,  après  cette  sincère  confes- 
sion, il  recouvra  la  santé  si  nvalheureusement  perdue.  »  —  Ainsi 
parle,  à  son  tour,  le  moine  Pierix»  de  Maillezais  (1). 

Il  ressort  bien  de  tous  ces  textes  qu'il  s'est  agi  de  grandes  fêtes 
spéciales,  fixées  d'avance  à  une  époque  déterminée  par  le  duc 
Guillaume  et  l'abbé  de  Saint-Jean  d'Angély,  dans  le  but  d'éprou- 
ver l'invention  et  de  dissiper  tous  les  doutes  élevés  à  son  sujet, 
en  faisant  comparaître  auprès  d'elle  tout  ce  que  l'Aquitaine  ren- 
fermait en  fait  de  reliques  notoires.  Les  nombreux  miracles  dont 
ce  vaste  pèlerinage  fut  l'occasion  (surtout  ceux  qu'opérèrent  sur 
place,  à  Saint-Jean  d'Angély  môme,  saint  Léonard  et  saint  Anto- 
nin),  entraînèrent  la  conviction  de  tous,  comme  l'espéraient  ses 
promoteurs.  Du  reste,  admettre  des  pèlerinages  successifs  et  à 
jets  continus  pendant  de  longs  mois  ou  des  années,  serait  con- 
traire à  l'intérêt  en  cause  et  aux  habitudes  séculaires  de  l'église, 
ainsi  qu'aux  narrations  qui  nous  en  sont  restées.  Il  n'est  donc 
pas  douteux  que  ces  fêles  coïncidèrent  avec  la  venue  des  reliques 
qui  primaient  toutes  les  autres,  le  corps  de  saint  Martial,  déjà 
regardé  comme  l'apôtre  du  pays.  Or,  nous  savons  que  le  péle- 
rinîiLio  limousin  eut  lieu  dans  le  courant  d'octobre,  après  des 
pluies  diluviennes  et  prolongées  qui  avaient  désolé  l'Ouest  de  la 
France  et  au  cours  d'une  sorte  d'été  de  la  Toussaint,  et  que  le 
27  du  mois  il  rentra  à  Limoges.  Nous  savons,  en  outre,  que  l'évo- 
que Géraud,  qui  le  conduisait,  ne  pût  le  faire  qu'en  1016  au  plus 
t(M  et  (Ml  1019  au  plus  tard.  Nous  savons,  d'autre  part,  que  l'abbé 
Audouin,  qui  fît  la  découverte  du  chef,  mourut  au  plus  tard  le 
'JO  août  1016,  et  que  l'abbé  Hainaud,  qui  lui  succéda  presque  aus 
sitôt,  était  sûremtMil  en  fonctions  en  mars  1017,  après  avoir  pré- 

(1)  Loc.  cit. 


Digitized  by 


Google 


-  426  — 

sidé  à  la  réception  des  visileurs,  tout  au  moins  de  Tévôque  Lan- 
dolphe  de  Turin.  Tout  concourt  donc  à  placer  la  grande  affluence 
et  les  solennités  officielles  au  mois  d'octobre  1016. 

On  ne  peut  les  avancer,  à  cause  de  la  participation  de  Tévôque 
Géraud  ;  on  ne  peut  les  reculer  non  plus  sans  s*éloigner  dte  la  fin 
de  Tabbatiat  d'Audouin  et  du  début  de  celui  de  Rainaud,  qui  par- 
ticipèrent l'un  et  Tautre  à  celte  grande  affaire,  sans  rompre  son 
unité,  ni  sans  contredire  le  texte  dWdémar,  qui  rapporte  que  le 
duc  Guillaume,  convaincu  par  les  manifestations  divines  et  les 
miracles  opérés,  confia,  à  la  suite  de  la  mort  récente  d'Audouin, 
le  monastère  à  Odîilon,  pour  glorifier  le  Seigneur  ;  on  ne  le  peut 
smlout  à  cause  de  l'abbé  Rainaud,  nommé  par  Odilon  pour 
riiilroduclion  de  la  réfornu*  et  après  U's  fêtos  probatoires,  à  la  fin 
(!•»  1016,  et  qui  était  sûronirnt  en  fonctions  en  mars  1017.  On  ne 
saurait,  on  tout  cas,  dépasser  lo  mois  d'octobre  1010,  à  cause  de 
la  fjrésonce  de  Tabbé  Gootïroy,  ni  même,  si  nos  déductions  sont 
justes,  le  mois  d'octobre  1017,  à  cause  de  l'abbé  Aimeri,  nommé 
dès  juillet  1018  à  la  place  de  Rainaud.  La  date  d'octobre  1016 
vsi  donc  la  soûle  admissible.  —  Comme  d'un  autre  côté,  le  cbef 
fut  (rouvé  pondant  que  lo  duc  Guillaume  était  à  Rome  à  faire  ses 
Prujucs,  selon  son  habitude,  il  est  loi^iquo  d'admetire  que  ce  fut 
l>on(liant  le  carême  do  1010,  qui  commença  le  l'i  ou  le  15  février, 
Pm(|uos  tombant  cette  année-là  le  1*'  avril. 

Dans  son  ensemble,  l'affaire  du  chef  de  saint  Jean-Baptiste,  à 
partir  de  sa  découverte  jusqu'à  sa  remiso  dians  sa  boîte  de  pierre, 
paraît  avoir  duré  près  d'un  an.  Ce  n'osl  ni  trop  ni  trop  î)eu,  si  l'on 
songe  aux  discussions  soulevées  au  sujet  de  son  authenticité  et 
au  LTonro  d'épreuvos  aux(|uellos  on  eût  recours  ;  ol  si  l'on  se  re- 
porte à  une  épo(|uo  où  les  rolicfues  sorlaient  de  terre  comme  par 
onchanloment,  au  dire  môme  du  moine  Raoul  (îlaber,  qui  fut  un 
contemporain  (1),  et  alors  (juo  lo  pauvre  monde  n'avait  que  l'em- 
l)arras  du  choix  pour  réclamer  contre  ses  misères. 

Reste  la  vieille  chronique  manuscrite  rapportée  par  Besly.  Elle 
n'a  pas  été  nolt-omonl  indiquée,  ce  (|ui  n'a  pas  permis  de  la  re- 
chercher ni  de  la  retrouver.  Mais,  à  son  allure  et  à  la  forme  de 
sa  rédaction,  on  ne  peut  douter  qu'elle  ne  provienne  d'une  chro- 
nique d'abbaye  ou  d'église  épiscopale  d'Aquitaine.  Elle  est  fort 
précise  et  nous  la  rappelons  :  «  En  Tan  du  Soigneur  1010,  sous  le 
règne  du  duc  Guillaume  d'Aquitaine,  le  chef  de  saint  Jean-Bap- 
tiste fut  retrouvé  dans  la  basilique  d'Angéry  par  l'abbé  Audouin, 

(1)  Chroniqaé  de  RmouI  GUber^  liv.  III,  chap.  VI. 


Digitized  by 


Google 


-  427  - 

au  mois  d'octobre.  »  —  Néanmoins,  il  se  peut  qu'il  y  ail  eu  con- 
tusion de  deux  faits  :  Tinvention  faite  par  l'abbé  Audouin,  et  les 
fêles  probatoires  qui  suivirent,  solonnisées  en  octobre.  Quant  à 
la  date  de  1010,  elle  résulte  peut-être  d'une  mauvaise  lecture  du 
l  .»xle  de  Pierre  de  Maillezais  précité.  Celui-ci  ayant  à  parler  de 
l'abbé  Théodelin,  débute,  en  effet,  de  la  manière  suivante  : 
«  Xous  arrivons  à  Tan  mille  dix  de  l'Incarnalion  du  Sauveur, 
(iislebcrt  gérait  l'évêché  da  Poitiers,  Robert  gouvernait  la 
Frauc'\  et  Théodelin  s'évertuait  avec  le  plus  grand  succès  à 
s'enrichir.  Toutes  sortes  de  biens  affluaient  en  abondance  à  Mail- 
lezais, mais  il  lui  manquait  des  reliques  pour  son  honneur  et  sa 

protection.  Ce  qu'il  lui  fut  donné  d'avoir Avant  de  raconter 

comment,  que  le  lecteur  apprenne  un  trait  de  lui  à  ce  sujet.  De 
son  temps  (illis  diebus)^  l'abbé  d'Aiigéry,  etc.  »  (1).  On  pourrait 
croire,  à  la  vérité,  que  l'incident  de  Théodelin,  relatif  à  la  dent 
s(»ustraite,  se  rapporte  h  l'an  1010,  tandis  qu'il  ne  s'agit  en  réalité 
que  d'une  date  de  son  abbatial,  le  début  sans  doutei,  indiquée 
comme  entrée  en  matière,  le  reste  se  rapportant  au  temps  de  sa 
gestion. 

Ces  dates,  de  février-mars  1016  pour  la  découverte  elle-même 
du  chef  de  saint  Jean-Baptiste,  et  d'octo-bre  suivant  pour  son 
oslension  solennelle,  conviennent,  du  reste,  à  la  vie  connue  par 
ailleurs  des  principaux  personnages  qui  intervinrent.. 

Le  roi  Robert  acheva,  en  1015,  la  conquête  de  la  Bourgogne. 
Au  printemps,  il  s'empara  de  Sens,  et  à  l'automne  il  fît  le  siège 
de  Dijon.  Il  se  retira  skns  prendre  la  place,  avant  l'hiver.  Mais 
Brunon,  évêque  et  comte  de  Langres,  dont  Dijon  dépendait,  étant 
venu  à  mourir  en  janvier  1016,  Robert  fît  élire  à  sa  place  l'évo- 
que Lambert,  lequel  s'empressa  de  céder  au  roi  la  ville  et  le  ter- 
ritoire de  Dijon.  A  Pâques  1016,  Robert  se  rendit  à  Rome,  et 
c'est  probablement  à  sa  prière  que  le  pape  Benoît  VIII  fulmina 
alors  Tanathème  contre  les  déprédateurs  des  biens  de  Cluny,  ce 
qui  suppose  aussi  la  présence  d'Odilon.  Il  s'y  rencontra  avec  le 
duc  Guillaume  d'Aquitaine.  Le  reste  de  Tannée  1016,  il  vécut  en 
paix,  à  ce  qu'il  semble.  Le  3  novembre  de  cette  année-là  eut  lieu 
l'inauguration  solennelle  de  l'église  de  Dijon,  où  il  n'assista  pas. 
En  1017,  il  fit  associer  son  fils  aîné  Hugues  à  la  couronne  ;  le 
sacre  eut  lieu  à  Oompiègne,  le  jour  de  la  Pentecôte,  7  juin,  en 
présence  de  tous  les  grands  du  royaume,  notamment  du  duc  Guil- 

(1)  Lœ.  eit. 


Digitized  by 


Google 


—  428  - 

laume  d'Aquitaine  (1).  Si  Hugues,  fils  de  Robert,  eût  été  déjà  roi 
quand  se  produisirent  les  fêtes  de  Saint-Jean  d'Angély,  il  est  plus 
que  probable  que  son  nom  aurait  figuré,  à  côté  de  ceux  de  son 
père  et  de  sa  mère,  dans  la  liste  des  grands  personnages  pré- 
sents. 

Eudes  de  Champagne  était  le  cousin-germain  et  Tami  du  duc 
Guillaume.  Au  commencement  de  1015,  il  entra  en  guerre  avec 
le  roi  Robert,  lors  de  la  conquête  de  Sens.  Mais  la  paix  avec 
airangement  fut  conclue  entre  eux  dans  le  courant  de  rainiée. 
Libre  de  ce  côté,  Eudes  se  tourna,  Tannée  suivante,  contre  Foul- 
ques Nerra,  comte  d*Anjou,  son  ennemi  héréditaire.  Le  6  juillet 
1016  eut  lieu  la  terrible  bataille  de  Pontlevoy,  près  d'Amboise. 
ou  il  l'ut  vaincu.  Il  se  tint  dès  lors  tranquille  pendant  quelques 
années. 

Les  premières  relations  documentaires  entre  Odilon  et  le  duc 
d'Aquitaine  correspondent  justement  à  une  époque  voisine  des 
fêtes  de  Saint-Jean  d'Angély.  Le  2  mai  1017,  à  Pavie,  au  moment 
où  il  revenait  de  Rome  avec  ses  deux  fils  —  Pâques  étant  tombé 
coltc  année-là  le  21  avril  —  le  duc  Guillaume  donna  au  monas- 
tère de  Cluny  la  moitié  du  cens  de  poissons  que  lui  rendaient  les 
pêcheries  de  l'île  die  Ré  et  de  la  mer  dos  alentours  (2).  —  Ce 
don,  le  premier  en  date,  fut  suivi  un  ou  doux  ans  après  d'un 
autre.  Le  monastère  de  Cluny  reçut  la  cour  et  l'église  de  Sainl- 
!\iul,  dans  la  viguerie  de  Morvont  (Vendée),  au  mois  de  mars 
1019  (3).  Plus  lard,  vers  1023,  Cluny  recul  encore  l'éirliso  de  Mou- 
^^on  (près  Niort)  et  ses  dé[)endances  (4),  ot  à  une  date  indétonni- 
néo,  mais  qui  gravite  autour  de  1020,  la  moiuiaio  die  Niort  (5). 

A  quel  moment  vinrent  à  Saint^Jean  d'Angély  le  roi  Robert,  la 
reine  Conslanco  ot  toute  la  cour  de  Franco,  ainsi  que  les  autres 
grands  personnages  notés  par  la  Chronique  d*Adémar  ?  Après 
!••  mois  d'octobre  et  los  fêtes  rligieusos,  semblert-il  ;  et  lorsque 
les  miracles  opérés  eurent  levé  tous  les  doutes  au  sujet  de  l'au- 
thenticité du  chef,  c'est-à-dire  en  novembre,  le  mois  qui  suivit. 
C'est  aussi  sur  la  foi  des  miracles,  par  conséquent  en  novembre, 
que  Landolphe,  évêque  de  Turin,  se  mit  en  route. 


(1)  Etndti  9UT  le  régne  du  roi  Robert,  par  Pfister,  p.  71. 

(2)  Cariai,  de  Cluny,  par  Bruel,  t.  III,  charte  2709,  p.  732. 

(3)  Voir  ci- dessus. 

(4)  Richard,  I,  p.  t1«. 

(5)  Idem. 


Digitized  by 


Google 


-429  — 

En  terminant  ces  notes  critiques  sur  le  grand  et  remarquable 
ouvrage  de  M.  A.  Richard,  nous  rendons  à  nouveau  hommage  à 
sa  profonde  érudition  et  à  sa  parfaite  connaissance,  jusque  dans 
les  moindres  détails,  des  affaires  du  Poitou.  Il  ne  faudrait  pas  que 
les  lecteurs  de  la  Revue  gardient  de  l'opposition  de  quelques-unes 
de  nos  données  avec  les  siennes  une  impression  moins  favorable 
pour  rciisemble  de  son  œuvre.  S'il  n'y  a  pas  fait  à  la  Saintongo, 
comme  nous  l'avons  remarqué,  une  part  égale  à  celle  du  Poitou, 
pas  plus  qu'aux  autres  pays  d'Aquitaine  du  reste,  c'est  que  ses 
comtes  étaient  avant  tout  des  comtes  locaux,  et  accessoirement, 
ad  gloriam  et  honorein,  des  ducs  et  des  suzerains  pour  les  autres 
régions  ;  c'est  que  la  forme  donnée  à  sa  rédaction,  qui  consiste 
surtout  à  indiquer  et  à  analyser  sommairement  les  documents, 
ne  lui  a  pas  permis,  sauf  pour  Guillaume  le  Grand,  de  brosser 
en  grand,  à  la  manière  de  Besly,  et  en  renvoyant  ses  preuves  à  la 
fin,  des  tableaux  un  peu  plus  vivants,  ni  de  nous  gratifier  d'un 
plus  grand  nombre  d'appendices  bien  enlevés,  comme  les  trois 
qui  sont  relatifs  à  la  comtesse  Adèle,  à  la  comtesse  Andéarde,  et 
au  testament  de  Guillaume  VIII  ;  c'est  que,  en  lui  reprochant 
quelques  imperfections,  nous  avons  l'avantage  de  choisir  les 
l)oints  d'histoire  que  nous  connaissons  le  mieux,  sans  être  tenu 
comme  lui  d'être  aussi  complet  que  possible. 

M.  Richard  vient  de  fixer  pour  longtemps  l'histoire  générale 
des  comtes  de  Poitou  et  ducs  d'Aquitaine.  Dans  un  siècle  ou  deux, 
quand  on  aura  dépouillé  tous  nos  dépôts  d'archives  et  surtout 
celui  de  la  Tour  de  Londres,  où  dorment  tant  de  documents  ou 
leurs  copies  relatifs  à  l'Aquitaine,  derniers  vestiges  de  l'héritage 
d'Aliénor,  on  y  reviendra  sans  doute  et  on  perfectionnera  encore 
l'cruvre  accomplie,  comme  vient  de  le  faire  M.  Richard  ;  mais 
on  uYmi  changera  ni  le  plan  primitif  dans  ses  grandes  lignes,  ni 
les  fondements  tracés  et  jetés  par  Besly,  redressés  et  consolidés 
par  Dom  Fonteneau,  ornés  et  scupltés  par  M.  Richard.  Ces  trois 
grands  architectes  ont  travaillé  à  des  siècles  de  distance  au  même 
édifice,  conune  cela  arrivait  au  moyen  fige  pour  nos  belles  cathé- 
drales, au  même  palais,  si  l'on  veut.  C'est  sur  la  dernière  res- 
tauration qu'un  curieux  de  la  Société  des  Archives  historiques 
de  la  Saintonge  et  de  l'Aunis  a  jeté  un  coup  d'oeil  en  passant,  et 
engage  les  amateurs  comme  lui  à  en  faire  autant. 

Jean  le  Saintongeais. 


Digitized  by 


Google 


Etudes  de  la  Compagnie  cle  Jésus,  août-septembre  1904.  Prieur 
de  la  Marne  et  V  anéantisse  ment  de  la  grande  armeé  vendéenne, 
d*après  des  documents  officiels  et  inédits  tirés  des  archives  na- 
tionales. A  noter  cette  phrase  d'une  lettre  de  Barère,  Lindet,  Bil- 
laud-Varenne  et  autres,  datée  du  25  brumaire  an  II  (15  nov.  1793)  : 
«  ...  Nous  nous  plaignons  de  ce  que  Pochoble  et  Letourneur,  Le 
Carpentier  et  Garnier  de  Saintes  —  en  mission  dans  la  Manche 
—  ne  montrent  pas  assez  d'énergie,  qu'ils  sont  toujours  trem- 
blants sur  les  mesures,  douteurs  (sic)  sur  les  succès,  disséminés 
dans  leurs  forces  et  ne  harcelant  pas  assez  fort  les  officiers  et  les 
chefs  militaires...  » 

Au  combat  de  Dol,  le  curé  de  Sainte-Marie  de  Ré,  «  portant  à 
la  main  son  grand  crucifix,  t^i  connu  des  paysans  »,  arrête  les 
fuyards,  les  rallie  et  les  lance  à  la  charge  des  troupes  républi- 
caines. 

Le  rôle  de  Garnier,  dans  toute  cette  terrible  bataille  du  Mans, 
où  les  Vendéens  perdirent  18.000  hommes  et  virent  leur  armée 
disloquée,  passe  nécessairement  au  second  plan  puisqu'il  s'agit 
surtout,  pour  l'auteur,  d'établir  la  conduite  de  Prieur.  Maiîr  il 
est  certain  que  Garniier  a  organisé  la  défense  du  Mans.  Les  frag- 
ments de  lettres  citées  au  cours  de  l'article  le  prouve.  Ces  lettres 
sont  extraites  des  Archiv.es  nationales  (AF  II  ,138,  1080,  29,  268) 
du  ministère  de  la  guerre. 

«  Les  régiments  d'Aunis  et  d'Armagnac  se  montrèrent  pleins 
de  respect  et  die  déférence  envers  les  malheureuses  (femmes 
vendéennes)  tombées  en  leur  pouvoir.  » 

Les  Contemporains  du  14  août  1904.  Bnudin,  Thomas-McoJas 
(1754-1803),  par  J.  de  Coussanges.  Tous  les  biographes  de  l'ex- 
plorateur des  côtes  de  l'Australie,  même  Rainguet,  s'étaient  con- 
tentés d'écrire  :  «  Baudin,  né  dans  l'île  de  Ré,  ou  à  Saint-Martin 
de  Ré  »,  sans  se  donner  la  peine  de  rechercher  la  date  de  sa  nais- 
sance. M.  de  Coussanges  a  comblé  celle  lacune,  grâce  aux  indi- 
cations de  MM.  Phelippot  et  Moreau.  Baudin  est  né  à  Saint-Mar- 
tin, le  19  février  1754  :  fils  de  François  et  de  Suzanne  Guillobé. 
«  Il  avait  un  caractère  obstiné  et  entier,  mais  une  remarquable 
fermeté  unie  à  cette  hardiesse  indispensable  à  de  telles  entre- 
prises. »  Peut-être  ne  faul-il  pas  chercher  ailleurs  la  cause  des 
graves  accusations  de  mauvaise  direction  et  d'avarice  portées 
par  SCS  compagnons  de  voyage  contre  lui,  et  qu'il  n'eut  pas  le 
temps  de  discuter. 


Digitized  by 


Google 


—  431  — 

Mémoires  de  la  Société  des  Antiquaires  de  VOaest^  tome 
XXVII,  contient  la  remarquable  thèse  de  M.  El.  Clouzot  sur  les 
Marais  de  la  Sèvre  Niortaise  et  du  Lay  du  X*  à  la  fin  du  XVI* 
siècle.  Après  un  exposé  sommaire  du  golfe  de  Poitou  pendant  le 
haut  moyen  âge,  M.  C.  raconte  les  grands  dessèchements  entre- 
pris au  XIIP  siècle  par  les  trente  abbayes  possessionnécs  dans 
les  marais,  la  ruine  des  travaux  pendant  la  guerre  de  cent  ans 
cl  enfin  les  vaincs  tcnlatives  faites  pour  leur  restauration.  Deux 
chapitros  comprenant  les  procédés  du  dessèchement  et  les  pro- 
duclions  du  marais.  Parmi  ces  dernières,  il  faut  ranger  les  sei- 
ches et  M.  C.  paraît  un  peu  embarrassé  quant  à  l'usage  auquel 
ce  poisson  indigeste  pouvait  être  réservé.  Il  avance  l'hypothèse 
de  la  fabrication  de  l'encre  et  subsidiairement  l'alimentation.  Il 
rappelle  une  bien  curieuse  coutume  qui  consistait  à  porter  au 
seigneur  d-e  Saint-Benoît,  sur  une  jument  blanche,  la  première 
seiche  pêchée  de  l'année  dans  l'achenal  de  Saint-Benoît.  La  céré- 
monie avait  lieu  au  cri  de  «  nouveauté  pour  le  seigneur  de  Saint- 
Benoît  ».  Il  est  certain  que  la  redevance  de  100  seiches  ne  devait 
pas  être  entièrement  consommée  en  nature  :  elle  suppose  que 
Ton  tirait  parti  autrement  qu'à  la  cuisine  de  ce  maigre  ani- 
mal. Notre  confrère  Jean  le  Sainlongeais  a  traduit  scpia  par 
oignon.  (Voir  plus  haut,  p.  350.) 

Il  peut  avoir  raison,  en  beaucoup  de  cas  ;  son  interprétation 
paraît  satisfaisante.  Il  est  incontestable  que  le  mot  scpia  suivant 
(ju'il  est  écrit  par  un  s  ou  un  c  signifie  une  chose  différente,  sei- 
che ou  oignon.  Reste  à  savoir  si  le  scribe  en  transcrivant  les 
chartes  a  toujours  bi*e.n  respecté  l'orthographe  véritable  et  n'a 
pas  commis  de  regrettables  confusions.  Ainsi  le  don  d'Hugues 
de  Surgères  cité  par  M.  C.  et  Jean  le  Saintongeais  se  comprend 
beaucoup  moins  d'un  cent  de  s-eiches  que  d'un  cent  d'oignons  à 
l'entrée  du  carême. 

Le  sujet  mériterait,  quoiqute  mince,  d'être  traité  un  peu  plus 
à  loisir.  Je  m'y  suis  arrêté  parce  qu'il  a  déjà  été  effleuré  daiis 
cette  Revue  et  qu'il  présente  un  petit  problèmie  à  résoudre.  Le 
mémoire  de  M.  C,  d'une  lecture  facile  et  attrayante  se  reco«m- 
mande  à  l'attention  des  amateurs  de  bonne  érudition  par  une 
explication  d'as  termes  spéciaux  employés  dans  les  travaux  du 
marais,  les  redevances,  les  produits,  une  habile  mise  en  œuvre 
d('  nombreux  documents.  Je  me  permets  toutefois  d'exprimer  un 
regret,  c'est  que  M.  C.  n'ait  pas  consacré  un  chapitre  à  Tono- 


Digitized  by 


Google 


—  432  — 

mastique  des  différentes  prises  de  marais.  Ce  ifaurait  pas  été  le 
moins  curieux,  le  moins  instructif,  mais  aussi  le  plus  facile. 

Le  volume  contient  encore  les  Cens  et  rentes  dûs  au  comte  de 
Poitiers  à  Niort  au  XIII*  siècle^  publiées  par  notre  confrère  M. 
Henri  Clouzot,  très  intéressant. 


Pouillé  historique  du  diocèse  d'Anyouléme,  par  M.  Tabbé  Nan- 
glard».  C'est  le  quatrième  volume  de  cet  ample  et  toujours  si  utile 
document.  M.  N.  nous  donne  la  troisième  c!  dernière  partie  con- 
cernant le  diocèse  actuel,  depuis  la  fin  du  XVIII"  siècle,  précédée 
d'une  excellente  introduction.  Chaque  paroisse  est  annotée  d'a- 
près les  rensieignements  puisés  dans  les  archixes  diocésaines  et 
municipales.  Les  not^s  indiquent  le  patron.  Si  la  coutume  a  été 
supprimée  ou  maintenue  en  1803,  les  transformations  survenues 
dans  Téglise,  les  embellissemenls  qu'on  lui  a  dionnés,  le  nom  des 
curés.  Il  est  fort  à  désirer  que  ce  plan  soit  imité.  Personne  ne 
doutera  qu'il  y  a  là,  amassés  pour  les  érudits  futurs,  une  col- 
lection de  documents  qu'ils  seront  i^econnaissants  à  M.  N.  d'a- 
voir réunis.  Je  ne  lui  adresserai  qu'un  tout  petit  reproche  : 
Pourquoi  s'est-il  borné  à  dire  :  Eglise,  ancienne  ?  Il  semble 
qu'il  aurait  dû  spécifier  un  peu  mieux  l'âge  du  monument.  Le 
mot  ancienne,  est  un  ternie  beaucoup  trop  vague  qui  s'appli- 
que aussi  bien  au  XIP  qu'au  XV*.  La  mention  plus  précise  d'une 
date  aurait  remplacé  avanlageuscment  la  mention  de  superficie 
de  la  commune  qui  est  un  renseignement  de  slalistique  étranger 
à  un  pouillé. 


La  Province,  n^  de  juin  à  septembre  1903.  M.  G.  Mauberger 
a  donné  à  cette  revue  quatre  articles  sur  les  Ilots  de  la  Charente, 
Knct,  Aix,  Boyardi  et  Madame.  Rien  de  géographique.  C'est  le 
récit  vif,  alerte,  amusant  et  intéressant  d'une  cjxcursion  par  un 
touriste  renseigné  qui  se  comptait  à  faire  re\  ivre  les  rares  con- 
naissances historiques  sur  ces  minuscules  «  ilett^s  ».  C'est  le 
résumé  rapide,  mais  complet,  de  l'histoire  de  ces  lambeaux  de 
terre  qui  en  ont  si  peu.  M.  M.  accomplit  le  miracle  d'écrire  une 
quarantaine  de  pages  sur  un  sujet  absolument  vide,  à  première 
vue,  et  en  somme,  susceptible  de  certains  développements,  si- 
non inédits,  du  moins  oubliés  ou  ignorés  d'un  bon  nombre  de 
Saintongeais.  (M.  M.  dit  Saintongeois,  pourquoi?  Ne  serait-il 
pas  de  cru  ?).  Il  a  môme  découvert  un  peu  d'inédit.  Il  a  feuilleté 


Digitized  by 


Google 


—  433  — 

ralbum  des  touristes  de  Tîle  d'Aix.  Peut-être  aurait-il  été  bien 
inspiré  d'insister  davantage  sur  ce  qu'il  appelle,  après  Coppée, 
«  ce  monument  de  la  bôtise  humaine  ».  Ni  supérieur,  ni  inférieur 
à  ses  semblables.  Dites-moi  quel  est  l'album...  môme  l'élégant 
album  de  pensées  déposé  sur  certaines  tables  de  salon  qui  ne 
soit  pas  prétentieux  et  bote. 


BIBLIOGRAPHIE 


Annuaire  du  cours  supérieur  dCinstruction  religieuse,  1903' 
1904.  La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-8" 
écu,  110  pages. 

AuDiAT  (Gabriel).  Le  général  Charles-Théophile  de  Bremond 
d*Ars,  d'après  ses  souvenirs  militaires.  La  Rochelle,  imprimerie 
Nouvelle  Noël  Texier  et  fils,  1904,  in-8**,  27  pages.  (Tirage  à  part 
extrait  de  la  Revue  de  Sainlonge  et  (PAunis), 

Ardouin  (PieiTe).  A  la  pêche  des  maules,  saynète  en  un  acte, 
en  vers.  Marennes  et  Royan,  imprimerie  Florentin-Blanchard, 
1904,  in-8^  41  pages. 

M.  Ardouin  a  sans  doute  pris  grand  plaisir  à  mettre  en  vers 
celte  douce  et  simplette  pastorale,  un  peu  quintessenciée,  nous 
avons  pris  plaisir  à  la  lire.  L'action  se  passe  en  1830,  avec 
plus  de  sentimentalité  qu'il  ne  convient,  si  on  cherche  la  cou- 
leur locale.  Tout  est  coquet,  très  coquet. 

Petite  querelle  de  critique  archéologique  pointilleuse  :  pour- 
quoi M.  Ardouin  habille-t-il  sa  Lucelle  en  «  petite  coiffe  blanche, 
jupon  court,  bas  noirs  et  sabots  ?  » 

Depuis  1830,  le  costume  des  pêcheuses  de  Marennes  a-tril  donc 
tant  changé  ?  De  nos  jours,  elles  vont  à  la  mer  en  culotte  et  en 
kisnolte.  Il  paraît  que  cette  saynète  sera  mise  au  théâtre  cet 
hiver.  M.  A.  fera  bien  do  recommander  à  sa  Lucette  ce  petit 
costume  qui  n'a  pas  d'agréments. 

Bordas  (Albert).  Des  iugements  susceptibles  d'appel.  La  Ro- 
chelle, imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  pour  A.  Pedone,  édi- 
teur, à  Paris,  in-8°,  222  pages. 


Digitized  by 


Google 


—  434  - 
Belli\rd  (abbé).  Monographie  de  Nieul-le-Virouilh, 

BouRASsiN  (R.).  /-a  question  du  Maroc,  thèse  pour  le  docloral, 
soutenue  le  22  juin  1904.  La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noél 
Texier,  pour  A.  Pedone,  éditeur,  à  Paris,  in-8®,  180  pages. 

BossuET  (Jacques).  Ports  (rancs  et  zones  {ranches,  La  Rochelle, 
imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  pour  A.  Pedone,  éditeur,  à 
Paris,  mai  1904,  in-8%  250  pages. 

Bremond  d'Ars  (Anatole  de).  Souvenirs  militaires  du  général 
comte  Théophile-Charles  de  Bremond  d*Ars,  publiés  et  annotés 
par  son  fils.  Paris,  librairie  Champion,  in-8**  de  CCC-XIX-350 
pages. 

Chasseloup-Laudat  (de).  Les  marines  de  guerre  modernes. 
Paris,  Veuva  Ch.  Dunop,  éditeur,  1903,  in-4«. 


CuRET  (Albin),  docteur  en  droit,  président  du  tribunal  civil  de 
Marseille.  Liquidation  en  justice  des  biens  des  congrégations 
dissoutes,  La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  pour 
A.  Pedone,  éditeur,  à  Paris,  1904,  in-8*,  208  pages. 


DiLLON  (comte).  Essai  sur  les  inlluences  étrangères  dans  la 
langue  et  la  littérature  îaponaise,  La  Rochelle,  imprimerie  Nou- 
velle Noël  Texier,  pour  A.  Pedone,  éditeur,  à  Paris,  1904,  in-8**, 
45  pages. 

ForcnÉ  (abbé).  Saint-Julien-de-rEscap.  Pourçay-Garnaud, 
Saint-Joan  d'Angély,  Ch.  Renoux,  1904. 

Glaize  (Georges).  Etude  sur  les  caisses  de  réserve  des  colonies, 
thèse  pour  le  doctorat,  soutenue  le  31  mai  1904.  La  Rochelle, 
imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  pour  A.  Pedone,  éditeur,  à 
Paris,  in-8*,  247  pages. 


Digitized  by 


Google 


-435  — 

Labadie  (Ernest).  Etude  bibliographique  sur  les  éditions  de 
Saintes  et  Barbezieus,  d'Elie  Vinet,  saintongeois.  La  Rochelle, 
imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-8*»,  25  pages,  3  fac- 
similé.  (Tirage  à  part  à  50  exemplaires,  sur  papier  vergé,  de 
l'article  paru  dans  la  Revue  de  Saintonge  et  d^Aunis). 

— ■  Nouveau  supplément  à  la  bibliographie  des  Mazarinadcs. 
Paris,  librairie  Henri  Leclerc,  1904,  in-S"*,  59  pages. 

Plusieurs  se  rapportent  à  Saintes  et  à  la  Saintonge. 

Mgr  Le  Camus,  évoque  de  La  Rochelle.  Fausse  exégèse,  mau- 
vaise théologie.  Paris,  H.  Oudin,  1904,  in-8*,  prix  2  francs. 
Réfutation  d* Autour  d*un  petit  livre,  de  Tabbé  Loisy. 


Loti  (Pierre).  Vers  Ispahan.    Paris,    Calmann-Lévy,    1904, 
in-18. 
Ce  roman  a  paru  d'abord  dans  la  Revue  des  Deux-Mondes. 

Mesnard  (Amédée).  Le  théâtre  à  Saint-Jean  d'Angély  sous  la 
Révolution  et  depuis  à  nos  jours  (1789-1904).  Matha,  imprimerie 
Moderne,  0.  Daviaud,  1904,  in-16,  24  pages,  couverture  en  cou- 
leurs. 

Vers  l'an  V  de  la  République,  il  se  créa  à  SaintrJean  d'Angély 
une  troupe  théâtrale  qui  prit  le  nom  de  Société  dramatiquej  sous 
la  direction  de  Gerdolle.  M.  Mesnard  ne  dit  rien,  probablement 
parce  qu'il  n'a  rien  trouvé  à  ce  sujet,  de  son  fonctionnement,  de 
sa  durée,  de  son  répertoire.  En  fait  de  salle  de  théâtre,  on  ne  se 
souvient  que  de  la  salle  Ardusser,  dans  la  rue  des  Religieuses. 
C'est  cet  immeuble  que  l'on  proposait,  en  1806,  d'aménager  en 
«  local  spacieux  et  richement  orné  »,  et  de  l'installer  en  théâtre. 
Cette  question  de  création  d'un  véritable  théâtre  à  Saint-Jean 
d'Angély  a  été  l'ordre  du  jour  des  municipalités  angériennes  pen- 
dant quarante  ans.  On  a  fini  par  transformer  une  ancienne  halle 
à  draps,  «  lieu  sombre,  plein  de  tristesse  et  de  solitude,  envahi 
naguère  par  les  vagabonds  qui  s'y  réfugiaient  avec  leurs  rou- 
lottes ».  M.  Ménard  décrit  la  nouvelle  salle  et  raconte  l'inaugu- 
ration des  27  décembre  1903,  6  et  10  janvier  1904. 

Pellisson  (Jules).  Une  {été  scolaire  à  Cognac  en  1784.  La  Ro- 
chelle, imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-8*,  i  p.,  un 


Digitized  by 


Google 


^  436  — 

fac-similé.   (Tirage  à   pari  extrait  de  la  Revue  de  Saintonge  et 
d*AunU). 

Retz  de  Servies  (André  de),  avocat,  docteur  en  droit.  De  Vim- 
pôi  progressil  dans  V histoire  en  France  de  1789  à  1870.  La  Ro- 
chelle, imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  pour  A.  Pedone,  édi- 
teur, à  Paris,  1904,  in-8*»,  143  pages. 

Société  de  construction  et  d'exploitation  de  l'appontement 
DE  Sadlanceaux  (statuts).  La  Rochelle,  imprimerie  Nouvelle  Noël 
Texier,  1904,  in-8^ 

Syndicat  de  la  Propriété  artistique.  Annuaire  pour  1904. 
La  Rochelle,  Imprinuetrie  Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-8®,  95 
pages. 

r.MON  coopérative  viticole  DE  Sainte-Marie  de  Ré.  Statuts, 
La  Rochelle,  Imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-8*,  15 
pages. 


Texier  (Noël).  Une  mise  à  Vindex.  La  Rochelle,  imprimerie  g 

H 


Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-8*,  15  pages. 


Vatin  (Fernand).  Le  Figuier  de  la  Vengeance.  La  Rochelle, 
imprimerie  Nouvelle  Noël  Texier,  1904,  in-**. 

Cette  plaquette,  tirage  à  part  de  l'article  paru  dans  le  Mémo- 
rial  de  Saintes,  en  1903,  est  illustrée  de  gravures  par  M.  Girau- 
deau. 


Veillon  (E.).  Les  désastres  de  la  viticulture  et  de  Pagriculture. 
Saintes,  imprimerie  Maxime  Ouvrard,  1904,  in-32. 


o 


Trigand   de   Latour   (Maxime).    Manuel   du   chercheur,    du 
curieux  et  de  Vamateur.    Chez  l'auteur,  à  Cercoux   (Charente-  S 

Inférieure),  1903,  in-lô,  XVIII-208  pages.  •  S 


Digitized  by 


Google 


TABLE   DES  MATIÈRES 


Par  M.  Cb.  Oanoibbaud. 


Actes  concbrnant  la  Société  :  Ad- 
missions, 1,  81,  135,  201  ;  — 
séance,  133  ;  —  budget,  134. 

Archives  départemenitales,  83, 
35a 

Assassinats,  124. 

Aunis,   75. 

Bibliographie,  192,  433. 
Biographie,  4. 
Cartes  i>ostales,  140,  268. 
Centenaires,  148. 
Cognac,  plan,  140. 
Comte  d  Artois,  21. 
Conférences,  5,  88»  203. 
Crosse,  16. 

Décès  5  à  11.  88-92,  140-144,  205- 

208,  270-273,  361. 
Décorations  murales,  collège  de 

Saintes,  2. 
Découvertes  à  Saintes,  84,  267. 
Distinctions  honorifiques,  82. 
Distribution  de  prix,  205. 

Errato,  88,  145,  209. 

Etude    bibliographique    sur    E. 

Vinet,  280. 
Etymologie,  64,  180,  243. 
Excursion,  210. 

F6te  scolaire,  157. 
Feux  de  joie,  149. 

Invitation  à  diner,  157. 

Jeton  du  collège,  266. 

Journaux,  139,  140. 

Lame  damasquinée,  85. 
La    Rochelle,    Hdtel  des  Postes, 
205. 

RtTiM.  Toou  XXIV. 


Livres  et  périodiques.  —  I.  Li- 
vres : 

Au  Pays  de  Jésus^  182. 

Cosmographie  d'Alphonse  de 
Sainionge^  326. 

Famille  de  la  Chalosse^  77. 

Histoire  des  comtes  de  Poitou, 
246.  330,  405. 

Vorare  des  trinitaires  pour  le 
rachat  des  captifs^  132. 

Manuel  d'archéologie,  188. 

Pouillé  historique  du  diocèse 
d'AngoulëmCy  432. 

II.  Périodiques  : 

Analecta  bollandiana,  74. 

Bulletin  historique,  324. 

Bulletin  de  ta  société  archéoto- 
gique  d'Ile-et-Vilaine,  76. 

Bulletin  de  la  Société  archéolo- 
gique de  VOrléanaiSj  356. 

Bulletin  de  la  Société  archéolo- 
gique de  la  Charente,  323. 

Bulletin  de  la  Société  de  Borda, 
126. 

Bulletin  de  la  Société  d^émuta- 
tion  des  Côtes-du-Nord,  125, 
323. 

Bulletin  de  géographie  histori- 
que^ 75. 

Bulletin  de  Vhistoire  du  protes- 
tantisme, 123,  324. 

Bulletin  de  la  Société  de  géogra- 
phie de  Rocheforl,  124. 

Comptes-rendus  du  Comité  ar- 
chéologique de  Sentis,  126. 

Etudes,  430. 

Ere  nouvelle,  126,  183,  261,   355. 

La  décentralisation  littéraire,  183. 

Les  Contemporains,  430. 

La  Province,  432. 

Mémoires  de   ta  Société  d'agri- 


Digitized  by 


Google 


—  438  — 


culture  d'Angers,  330. 

Mémoires  de  la  Société  des  An- 
tiquaires de  tOuesl,  431. 

Mémoires  de  la  Société  Eduen- 
ne,  356. 

Recueil  de  la  Commission  des 
Arts  de  la  Charente-Inférieure, 
76,  243. 

Revue  africaine,  3b^. 

Revue  du  Bas-Poitou,  130,  356. 

Revue  de  Béarn,  329. 

Revue  des  Charentes,  131,  329. 

Revue  des  Etudes  anciennes,  76. 

Revue  hebdomadaire,  356. 

Revue  des  questions  historiques, 
191. 

Revue  scientifiaue,  76. 

Revue  universelle,  356. 

Mariages,  12-15,  92,  144,  208,  273, 
365. 

Monument  Audiat,  202. 

Monuments  classés,  85. 

Monument  commémoratif,  267. 

Monuments  funéraires,  3    83. 

Monuments  (vente  de),  13v. 

Monuments  (restauration),  3,  36, 
266,  267. 

Musée  de  La  Rochelle,  267. 

Musées,  fiches,  137.  —  Musée  de 
Rochefort,  3.  —  Musée  de  Sain- 
tes, 4.  Dons,  84. 

Noblesse  (maintenue  de),  146. 
Numismatique,  85,  204. 

Papiers  de  famille,  95. 
Poème  mis  en  musique,  138. 
Procès  après  décès,  123. 

Questions,  64,  123,  180,  243,  322. 

Récompenses  honorifiques,  2,  4, 

139,  002. 
Rectification  de  nom,  365. 
Réponses,  65,   181,  243,  322. 
Révolution,  93. 
Rues  (Voir  Saintes). 

Saintes,  bibliothèque,  83  ;  —  cha- 
pelle du  collège,  2  ;  —  Carmel, 
3  ;  Colonie  auvergnate,  202  ;  — 


District,  64  ;  —  Inondation, 
149  ;  —  Notre-Dame  de  la  Ro- 
tonde, 149  ;  —  Rues,  37,  103, 
161,  368  ;  —  Thermes  de  Saint- 
Saloine,  204. 

Salle  de  spectacle  à  Saint-Jean 
d'Angélv,  83. 

Salon,  268. 

Sépultures  médiévales,  16. 

Sigillographie,  86,  209. 

Société  lyrique,  138. 

Statistique,  3,  358. 

Statue  (jfroupe),  359. 

Subventions,  3. 

Théâtres  en  plein  aîr,  360. 
Théâtre    poitevin,    5,    358.   Con- 
cours, 86. 
Théâtre  saintongeais,  4,  274. 
Tremblements  de  terre,  203. 

Variétés  :  Au  seuil  des  Arènes, 
274. 

Deux  épisodes  de  la  fuite  en  Es- 
pagne de  Mgr  de  Coucg,  225. 

Centenaires,  148. 

Clergé  de  la  Charente-Inférieure 
pendant  la  Révolution,  391. 

DMcultés  entre  la  garde  de  St- 
Jean  dAngélg  et  les  Amis  de 
la  Constitution,  93. 

Excursion,  210. 

Fête  scolaire  à  Cognac  en  1784, 
157. 

Peux  de  ioie,  149. 

Général  Muller,  309. 

Général  de  Bremond  d'Ars,  230, 
300. 

Inondation  en  1904,   149. 

Une  invitation  à  diner  chez  le  pre- 
mier Consul,  157. 

Maintenue  de  noblesse,  146. 

Notre-Dame  de  la  Rotonde,  155. 

Papiers  de  la  famille  Baudouin 
ae  Laudeberderie,  95. 

Pourquoi  le  comte  d*  Art  ois  n'a 
pas  rejoint  Charette,  21. 

Saintes  ancienne,  Zl,  103,  161, 
368. 

Sépultures  médiévales  à  Saint- 
Jean  dAngélg,  16. 


Digitized  by 


Google 


TABLE   ONOMASTIQUE 


Par  M.  HeNRi  Joybr. 


Abadie  de  Saint-Germain  (Rose- 

H.  d'),  77,  196. 
Abati  (Olympe),  91. 
Abbon,  comte  de  Poitou,  248  ;  — 

évêque  de  Saintes,  344. 
Abrard,  326. 
Abzac  (Amable  d*),  241. 
Adélaïde  de  France  (Madame),394. 
Adèle  de  France,  405. 
Agnès  de  Bourgogne,  405. 
Affnès,  duchesse  a*Aquitaine,348, 

AfflreSf  cant  de  Prahec,  arr.  de 
Niort,  196. 

Aigrefeuille,  chef-lieu  de  cant., 
arr.  de  Rochefort-sur-Mer,  269, 
391. 

Aigret  (Guillaume),  duc  d'Aqui- 
taine), 334.  347,  350. 

Aigron,  tailleur  d'habits,  372. 

Aiguière  (C.-M.-A.  d'),  chanoine, 

Aillu,  fief  des  <I1ermont  (Picar- 
die), 209. 

Aimeri,  comte  de  Saintes,  347  ; 
—  abbé  de  Saint-Jean  d*Angély, 
416,  418,  420-423,  425 

AirvauU,  chef-lieu  de  cant,  arr. 
de  Parthenay,  20,  21. 

A(x,  (île),com.  du  cant.  de  Roche- 
fort,  27,  301,  331,  391.  432,  433. 

Aizie,  fief  des  Broglie,  366. 

Alain,  breton,  257. 

Albert  ;  —  (Etienne),  128  ;  —  (Ma- 
rie d'),  71. 

Aldebert  de  La  Marche,  comte  de 
Périgord,  345. 

Alduin,  abbé  de  Saint-Denis,  337, 
340. 


Alduin,  seigneur  de  Barbezieux, 
342  ;  —  évêgue  de  Limoges,  344; 

—  comte  d'Angouléme,  254,  345. 
Alienor  d'Aquitaine,  405,  411. 
Aliez,  sous-préfet   de    Mortagne, 

144. 
Allain  (Nicolas),  379. 
Allard,  326  ;— administrateur,  130. 
Allas  'Champagne^     cant.     d'Ar- 

chiac,  arr.  de  Jonzac,  178. 
Allenet,  13  ;  —  (Suzanne),  99. 
Almin  (Joseph),  capitaine  de  vais- 
seau, 30. 
Amat,  archevêque    de  Bordeaux, 

252. 
Amaudry  ^Jean),  marchand,  168. 
Ambert,  général,  307.     ' 
Amhourie,  fief  des  Broglie,  366. 
Amelin  (Jean),  371. 
Amelotte     (J.),    prêtre,     374  ;   — 

(Marguerite),  373. 
Amouroux,  maître  de  pension,  165, 

26a 
Amyot  (Jean),  clerc,  117. 
Amillu,  com.  de  Saint-Pierre  d'A- 

milfy,    cant.  de   Surgères,  arr. 

de  Rochefort,  391. 
Anais,  cant  de  La  Jarrie,  arr.  de 

La  Rochelle,  332,  391. 
Ancelin  (J.),  marchand,  263,  264  ; 

—  (François),  sieur  de  Chadu- 
rie  ;  —  (Jean)  ;  —  (Louis),  264. 

Andillu,  cant  de  Marans,  arr.  de 

La  Rochelle,  392. 
Andrieux  (Jules),  287. 
Angeac-ChampagnCy  cant  de  Se- 

gonzac,  arr.  de  Cognac,  185,186. 
Angéru,  jpour  Saint-Jean  d'Ange' 

A /ig[cr«' (Maine-et-Loire),  57,  121. 
Angibaud  de  Broue,  352. 


Digitized  by 


Google 


—  440  — 


A/ig/icrs,  cant.  de  Coupçon,  arr. 
de  La  Rochelle,  391. 

Angoulême  (duc  d')  ;  —  (duches- 
se d'),  308. 

Angoulême    (Charente),    104,  287. 

Angoulins,  com.  du  cant.  de  La 
Rochelle,  142,  391. 

Anguilard,  fief  des  Poussard,178. 

Anlichamp  (chevalier  d'),  32. 

Anlignac,  cant  de  Saint-Genis, 
arr.  de  Jonzac,  71. 

Antonin  (Saint),  423,  425. 

Arbariy  prieuré,  397. 

Arbanère  (M°^«),  273. 

Arbert,  349  ;  —  comte  du  Maine, 
260. 

Arbois  de  Jubainviile  (d'),  175. 

Arces,  cant.  de  Cozes,  arr.  de 
Saintes,  70,  143. 

Archambeaud,  archevêque  de 
Bordeaux,  334. 

Archiac  (Avraar  d')  ;  —  (Marqui- 
se d'),  186  ;  —  Archiac-Saint- 
Simon  (d'),  306. 

Archiac,  chef-lieu  de  cant.,  arr. 
de  Jonzac,  127,  191,  328-340, 
342,  394. 

Arçon    (d*),    lieutenant    général, 

3n. 

Ardillon  (Raymond),  prêtre,   118. 

Ardouin,  64  ;  —  procureur  au 
présidial,  374  ;^(Pierre),  2,  433. 

Arellano  (baron  d'),  364. 

Argençoriy  forêt  près  de.  Benon, 
332. 

Ariège,  fief  des  Salasc,  9. 

Arles  (Bouches-du-Rhône),  59, 
106,   121,  279. 

Armand,  docteur-médecin,  208. 

Arnaud,  374  ;  —  notaire,  164,  179. 

Arnaud,  abbé  de  Saint-Jean  d'An- 
ffély,  421,  422  :  —  seigneur  de 
Montlieu,  342  ;  —  seigneur  de 
Monlausier,  342. 

Arnaud  (Elisabeth  d'),  ;  —  (Jean 
d'),  seigneur  de  Boisroche,  128. 

Arnaud  Bouration,  comte  d'An- 
Çoulême,  345  ;  —  Manzer  ou 
Avultron,  comte  d'Angoulême, 
345. 

Arnaûld  (Marc),  banquier,  378. 

Arnault  (Henri),  capitaine  de  fré- 
gate ;  —  curé  de  Meux,  141  ;  — 
curé  de  Saint-Germain  de  Vi- 
brac.  71. 

Arnault  (Gabrielle  d')  ;  -—  (Jehan 
d),  264. 


Amoux  (EiMrène),  145;  —  (Henri), 
enseigne  de  vaisseau,  144,  208  ; 

—  (Lucie),  208  ;  —  (Lucien), 
capitaine  de  frégate,  145,  208  ; 

—  (Marguerite),  208. 

Ars,    com.  du    cant  de  Cognac, 

128,  135,   186,  210,  221-225,  263, 

267. 
Ars  en   Ri,    chef-lieu    de   cant, 

arr.  de  La  Rochelle,  85,  269,342. 
Arsende,  332. 
Artaud,    seigneur   de     Montlieu, 

342. 
Artiz,  com.  de  Saint-Hilaire  des 

Loges,  334. 
Artois  (comte  d').  21-36,  82,  263  ; 

—  (comtesse  d  ),  29. 

Arverl,  caat  de  La  Tremblade, 
arr.  de  Marennes,  394. 

Asnière,  abbaye,  canton  et  arr. 
de.  Saint-Jean  d'Angély,  395. 

Asnières  (Clémence  a)  ;  —  (Eu- 
gène-H.-B.-R.,  marquis  dj),  10- 

Asnières,  com.  du  cant  de  Saint- 
Jean  d'Angély,  403. 

Atgier,  docteur-médecin,  130. 

Atton  (vicomte),  247,  24a 

Aubain,  artiste  peintre  ;  —  sculp- 
teur, 268,  269. 

Aubenas,  chef-lieu  de  cant,  arr. 
de  Privas,  29. 

Aubertin  (Ch),  174,  175. 

Aubeierre,  chef-lieu  de  caût,  arr. 
de  Barbezieux,  299. 

Aubusson  (Jacques  d*),  ;  —  (Ma- 
rie-Claire d'),  185. 

Aucam  (Joseph),  lieutenant  de 
vaisseau,  30. 

Audiat  (E.),  médecin  de  marine, 
22  ;  —  (Gabriel),  professeur, 
242,  309,  329,  433  ;  —  (Louis), 
47,  83,  93,  105,  106,  123,  134, 
139.  158,  164,  202,  356,  375,  377, 
401,  403. 

Audouin  (J.).  serrurier,  167  ;  — 
(Jacques),  bourgeois,  184. 

Audouin,  abbé  de  Fondouce,  184; 

—  abbé  de  SaintrJean  d*Angé- 
ly,  412,  416-418,  421-423,  425- 
4*27  ;  —  évêque  de  Limoges, 
412-414,  416. 

Audouin  (Jean),  sieur  de  La  Vie, 

184. 
Audouin-Dubreuil,  361. 
Auger  (Louis),  389,  390  ;  --  (M.), 

sarger,  179. 
Auger  de  Kerudo,  9. 
Augier,  curé  de  Vanzac,  397. 
Augier  de  Colonque,  syndic,  163. 


Digitized  by 


Google 


—  441  — 


Auguin,  artiste  peintre,   83,  268. 

Aunau,  chef-lieu  de  cant,  arr. 
de  SaiDt-Jean  d'Angély,  12,  126, 
190,  247,  250,  252-254,  324,  343. 

Aurai/y  chef-lieu  de  cant,  arr.  de 
Lorient,  36. 

Aurélien,  empereur  romain,  48, 
52,  58. 

Ausone,  poète,  60,  61,  103. 

Aulun  (Saône-et-Loire),  54,  55,  59, 
61. 

Avesgaud,  évêque  du  Mans,  256, 
258. 

Aymar  (comte),  248. 

Ayraud,  prieur  de  Saint-Lau- 
rent du  Bouhet,  402  ;  —  tréso- 
rier du  chapitre  de  La  Ro- 
chelle, 402  ;  —  (J.-J.),  notaire, 
207. 

Ayrolles  (d'),  vicaire  général  de 
La  Rochelle.  226,  228. 

Autre,  com.  du  cant  de  La  Ro- 
chelle, 391. 


B 


Rabin,  maître  tailleur  d'habits, 
370  ;  —  (Jean),  domestique  ;  — 
(Estienne),  domestiaue,  lOl. 

Babinot,  avocat,  207,  210. 

Baccot  (Jean),  avocat,  386,  387. 

Bachellot,  383. 

Badenhuyer  ;  —  (Albert)  ;  —  (Ar- 
mand) ;  —  (Charles)  ;  —  (Clo- 
tilde)  ;  —  (Léonce)  ;  —  Octave, 
144   271   272. 

Baderôn  de  Thézan  (M.-S.-G.  de), 
362  ;  —  de  Maussac  de  Thézan 
de  Saint-Geniès  (Bérengère), 
141. 

Badolreau  (?),  298. 

Baigne,  chef-lieu  de  cant,  arr. 
de  Barbezieux,  329,  342,395,401. 

Baillard,  11. 

Baillet  (Adrien),  74. 

Bàtaniac,  cant  de  Saujon,  arr. 
de  Saintes,  190. 

Baldassini,  photographe,   140. 

Ballans  (Foucaud  de),  251. 

BallanSy  cant  de  Matha,  arr.  de 
Saint-Jean  d'Angély,  251. 

Balley,  architecte,    2Ô3,  277,  359. 

Ballon,  cant.  d'Aigrefeuille.  arr. 
de  Rochefort-sur-Mer,  391. 

Banneux  ou  Bauneux  (Marie-F.- 
I.),  311,  312. 

Barat  (Philippe),  324. 


Barbezieux    (Charente),    280-300, 

340   341    394. 
Barbier  de  Monlault  (X.),  20. 
ÎJarbotin,  curé  de  La  Tremblade, 
90  ;  —  (Arnaud),  187  ;  —  (W.), 
graveur,  269. 
Bardenac,  cant  de  Chalais,  arr. 

de  Barbezieux,  341. 
Bar di nés,  cimetière  à  Angoulôme, 

139. 
Bardon  (Angélique)  ;  —  (Clémen- 
ce) ;  —    (Caroline)  ;  —    (Eugé- 
nie) ;    —    (Jérôme-Ferdinand)  ; 
—    (René-Jérôme)  ;    —    (J.-F.), 
seigneur  de  La  Boulidière  ;  — 
(Hilaire),  69. 
Barère,  conventionnel,  430. 
Baril,  médecin    principal  de    la 

marine  ;  —  (Pierre),  89. 
Barnave,  94. 

Baron,  128  ;  —  greffier  ;  —  (Eli- 
sabeth, 14. 
Barraud  (Marguerite),  187. 
Barreau,    prieur-curé    de    Saint- 
Vivien  de  Pons,  312. 
Barrère,  ambassadeur,  268. 
Barret  (Hélène),  261. 
Barret  (Itier  de),  abbé  de  Baigne, 

342. 
Barrias,  sculpteur,  3. 
Barthélemv  (S.),    avocat,  99  ;   — 

professeur,  20i8. 
Barthélémy   (A.   de),  membre  de 

llnstitut,    870. 
BassaCy  cant  de  Jamac,  arr.  de 

Cognac,  10,  394. 
Bassompierre,     évêque   de  Sain- 
tes, ito. 
Bâtissier,  62. 
Baudéan  de  Parabèrc,  abbesse, 

de  Saintes,  395. 
Baudin     (Thomas  -  Nicolas)  ;     — 

(François),  430. 
Baudouin,    docteur-médecin,   76, 
131,  196  ;  ~  (Fr.),  avocat,  387  ; 
—    (H.),    193;    —    de   Fleurac 
(Louise),  186  ;  —  de  Laudeber- 
derie  (Famille),  96-103. 
Baudry,  95. 
Bayard  (E.),  193. 

Baijonne    (Basses-Pvrénées),  360. 
Bazac.  cant   de  Chalais,  arr.  de 

Barbezieux,  192. 
Bazin,  120  ;  —  (René),  306. 
Bazoges  (Marguerite  de),  126. 
Béai  (Jean-Pierre),  prêtre,    142. 
Beaucorps  (Marie-A.-B.  de),  316. 
Beaufils,  8a 


Digitized  by 


Google* 


—  442  — 


Beaulieu^  fief  des  Rippes,  72. 
Beaulon  (de),  sous-lieutenant,242. 
Beauloriy  com.  de  Sainl-Dizant  du 

Gua,  canL  de  Saint-GeDÎs,  arr. 

de  Jonzac,  190. 
Beaumanoir  (Ph.    de),    bailli  de 

Senlis,  126. 
Beaune  (de),procureur  du  roi,166. 
Beaune  (Côte-d'Or),  170,  171,  174, 

175. 
Beaupoil    de    Saint-Aulaire,  166  ; 

—  (Guy  de)  ;  —  (Antoine   de), 

71. 
Beaupuy,  com.  de  Saintes,  114. 
Beauregard,    com.    du     Douhet, 

374. 
Beauregard,  fief   des    Tessereau, 

99. 
Beaussant,  361. 
Beauvais  (Edouard),  208. 
BeauuaiS'Sur-Malha,  cant.  de  Ma- 

tha,  arr.  de  Saint-Jean  d'Ajiffé- 

ly,  264,  394. 
Béchet  (Marie-Cosrae),  68. 
Bédoire  (Jeanne-Françoise),    11. 
Beins  Loir  (de),  13. 
Bel-Air,    fief  des  Meschinet,  99  ; 

■—  fief  des  Vitet,  130. 
Belenfant  (F.J,  greffier,  30. 
Beletrudi,  253. 

Bellanger,     inspecteur     d'Acadé- 
mie, 193. 
Bellefontaine,     agent    maritime, 

30. 
Bellemont,  près  Royan,  77,  78,  79. 
Belle  vue,  316. 
Belliard,  prêtre,  434. 
Bellissen  (de),  9. 
Bellot,  oropriétaire,  3. 
Belloy  (Marquis  de),  64. 
Benêt,  fief  des  Rançon,  409. 
Benel,  cant  de    Maillezais,    arr. 

de  Fonlenay-le-Comte,  333. 
Bénézet,  149. 
Benoit  de  Pons,  352. 
Benon,  avocat,  129. 
Benoriy  cant.  de  Courçon,  arr.  de 

La  Rochelle,  332,  392. 
Bérault  du  Pérou  (Marie),  264. 
Berger  (Marie),  271. 
Bergeron,maire  de  Pérignac,215. 
Bernage,  notaire,  147. 
Bernard,   127  ;  —  conventionnel, 

169,    232  ;    —    (Guillaume)  ;  — 

(Guilhemin),  117  ;  —  (H.),  mar- 

chand,  185  ;  —  (Lucien),  avoué, 

12  ;  —  pharmacien,  81. 


Bernard  (de),  9. 

Bernard,  comte  de  Périgord,  346; 

—  comte  de  Toulouse,  345  ;  — 
Guillaume,  comte  de  Bordeaux, 
345. 

Bernard   de  Javrezac    (Gédéon)  ; 

—  (Bertrand)  ;  —  (Pierre),  261  ; 

—  (Marie),  261,  264. 
Bernardeau    de    La    Briandière 

(Angélique)  ;  —  (Anne-Marie)  ; 

—  (Phihppe-Louis),  312;  —  (Ma- 
rie-Anne), 79. 

Berneuil,  cant.  de  Gemozac,  arr. 

de  Saintes,  190. 
Bernier  (Clémence),  70. 
Bernissac,  com.  de  Gémozac,  264. 
Berray  (Pierre),  389. 
Berruyer,  colonel,  239. 
Bertaut,    Berteau,    326,    365  ;  — 

—  (Marguerite),  91. 
Bertet,  notaire,  147. 

Berthier,  maréchal  de  France,235. 
Berthommé  (Penot)  ;  —  (Guillau- 
me), 382. 
Berthus,  prêtre,  378. 
Berthus  ae    Langlade    (Eugène), 

Bertrand,  263:  --  (Ch.),  chef  de 
bataillon,   141  ;  —  (Elie),  184  ; 

—  (J.),  chambellan,  130  ;  ~ 
(P.),  notaire,  379. 

Besançon  (Doubs),  59,  120. 
Besnard   (Marguerite).  95. 
Bessac,    cant    de     Montmoreau, 

arr.  de  Barbezieux,  334,  335. 
Besson     (Auguste),     vice-amiral, 

142,  143,  145,  208  ;  —  (famille), 

142,  143. 
Bettanier  (A.),  artiste  peintre,270. 
Beurlag,  com.   de  Saint-Porchai- 

re,  arr.  de  Saintes,  190. 
Béziers  (Hérault),  279,  360. 
Biais  (E.),  139. 
Bibard  de  La  Touche,  115. 
Bicheur  (Jeai\),  374. 
Bichon  (J.), maître  imprimeur,162 
Bidoit,  140. 

Bigot  de  Saint-Quentin  (Paule),66. 
Billard,  curé  de  Saint-Pallais  de 

Saintes,  362,  363. 
Billaud  (Victor),  88,  140. 
Billaud-Varenne,     conventionnel, 

430. 
Bineau  (Pierre),  402. 
Binet,  proviseur  du    lycée    Con- 

dorcet,  85  ;  —  notaire,  366  ;  — 

prêtre,  168. 


Digitized  by 


Google 


—  443 


Binet  pour  Vinet 

Biron,    cant    de   Pons,    arr.    de 

Saintes,  104,  218. 
Bisset  (Françoise),  374. 
Bizemont  (de),  235. 
Blair    de    Boisemont    (L..-G.  de), 

intendant,  178. 
Blaix  (P.  J.),  imprimeur,  298, 299. 
Blanc,  bourgeois  marchand,  374. 
Blanchard,  négociant,  129. 
Blanchet,  47,  271,  326. 
Blanchon  (Marie-Anne),  141. 
Blanleuil  ;  —  (Marie),  180. 
Blanzay,  com.  de  Prahecq,  253. 
Blanzay  -  sur  -  Boutonne,    canton 

d'Aunay,    arr.    de    Saint-Jean 

d'Angély,  253. 
Blénac,  com.    de    Saint-Sympho- 

rien,  cant  de  Saint-Aignan,  arr. 

de  Marennes,  165. 
Blois  (Jacques  de),  184. 
Bodin   (Anne)  ;  —  (Jacques)  ;  — 

(Jeanne)  ;  —  (Marianne),  9. 
Boisbeletf  paroisse  de  Mouthiers, 

272. 
Boisclair,  fîef  des  Landreau,  66. 
Boismalle^  fief  des  Tessereau,  99. 
Boisredon,   cant.  de  Mirambeau, 

arr.  de  Jonzac,  181. 
Boisroche,  com.  de  Cherves,  cant 

de  Cognac,  264. 
BoUrocne,  com.  de  Saint-André, 

cant  de  Cognac,  129. 
Boispon,    com.     de    Saint-Ciers- 

Champagne,    can^.    d'Archiac, 

arr.  de  Jonzac,  99. 
Boissonnade,  205. 
Boiteau  (Jean),  sergent  royal,  117. 
Bonami  (Elisabeth),  123. 
Bonaparte  (Joseph),  305. 
Bonnard  (Camille),  322. 
Bonnaud    (J.),  marchand-sarger, 

167. 
Bonneau  (Jacques),  69  ;  ■—  (Hen- 
riette), graveur,  269. 
Bonnecarre  (G.),  94. 
Bonnegens  (de),  130  ;  —  (Philip- 
pe de),  263. 
Bonnerot,  vicaire  général  de  La 

Rochelle,  394,  397. 
Bonnin,  voiturier,  168. 
Bonnouvrier  (Jacauette),  368. 
Bonnyssin  d'Ancely,  9. 
Bonsonge  (A.   de),    capitaine   de 

frégate,  11. 
Bordageau  (Jacques),  167. 
Bordas  (Albert),  433. 


Bordeaux  (Gironde),    45,   48,  51, 

56,  60,  61,  104,  119,  121. 
Bordes  (Henri),  bibliophile,  294, 

295. 
Bords,   cant    de    Saint-Savinien, 

arr.    de    Saint-Jean    d'Angély, 

151. 
Boscal   de    Real    (César  de)  ;  — 

(Léon  de),  186  ;  —   de  Mornac 

(Henriette  de),  80,  321. 
Boson,    archidiacre,  250  ;    —   le 

Jeune,  comte  de  Périgord,  345; 

—  le  Vieux,  345. 
Bosredon  (Ph.  de),  287. 
Bouchard     d*Aubeterre     (Fran- 
çois), 187  ;    —    d'Esparbès    de 

Lussan  d*Aubelerre  (Louis-P.- 

J.),  72. 
Boucher  (J.),  gabarier,  114. 
Bouchet,  imprimeur,  288. 
Bouet  du  Portai  (de),  78. 
Bouge,  prêtre,  193. 
BougneaUf  cant  de  Pons,  arr.  de 

Saintes,  135,   190,  210,  212-214. 
Bouguereau  (W.),  artiste  peintre, 

193,  26a 
Bouhet,  cant  d'AigrefeuilIe,  arr. 

de  Rochefort-sur-Mer,  391. 
Bouin  de  Beaupré  (Pierre)  ;  — 

(Rose),  366  ;  —  de  la  Chéverie 

(Rosalie-Angélique),  367. 
Boulin  (Jean),  prêtre,  389. 
Boulineau  (Jean),  187. 
Boulogne  (E.-A.)    prieur  de  Ton- 

nay-Charente,  395. 
Bouquet  (Dom),  62. 
Bourassin  (R.),  434. 
Boure  (Marguerite  de)  :  —    (Isa- 
belle de),  m 
Boureau  (Jean),  389. 
Bourg  (Marguerite  de),  129. 
Bourg  (Jean  de),  dit  Bragier,  263. 
Bourg-Charente,  cant  de  Segon- 

zac,  arr.  de  Cognac,    262,  263, 

287. 
Bourges  (Cher),  47. 
Bourgneuf,    cant  de    La  Jarrie, 

arr.  de  La  Rochelle,  391. 
BourgneuL    chef-lieu    de    cant, 

arr.  de  Paimbœuf,  23. 
Bourgogne    (de),     conseiller    au 

parlement,  395. 
Bourgouin,  officier  de  vaisseau, 

376. 
Bourgueit,  com.  de  Bonnes,  cant 

do    Saint-Julien-Lars,    arr.    de 

Poitiers,  250. 


Digitized  by 


Google 


—  444  — 


Bourfuignon    (Jean),    sieur    de 
Chèvre-Nègre  ;  —  (Marie),  130. 
Bourguignonne,  407-409. 
BouHffnon,  archéologue,  43,  46, 

Bouriier,  prêtre,  174. 

Boursiquot,  101  ;  —  (Françoise), 
177,  178. 

Bourrut  (Pierre),  173. 

BouBsac,  com.  de  Richemont, 
261,  262. 

BouteoiUe,  canL  de  ChAteauneuf, 
arr.  de  Cognac,  185,  337,  338, 
394,  395. 

Bouiurs,  com.  du  cant  de  Co- 
gnac, 263. 

BouUnet,  topographe,  39. 

Bouyer,  153  ;  —  née  Brisson,  184; 

—  (Léon),  poète,  136,  193  ;  — 
marchand,  167. 

Boybelleau  (Marie-Anne),  66. 

Boyardt  fort,  com.  de  St-Geor- 
ges  d*01eron.  canL  de  Saint- 
Pierre,  arr.  ae  Marennes,  432. 

Boyer,  47,  156. 

Bragier  (Pierre),  263.  Voir  Boury. 

Brard  (D'  Ernest),  193. 

Brassaud,  fief,  com.  de  Saintes, 
108. 

Braud  (Pierre),  fabriqueur,  389, 
390. 

Brault  de  Bournonville,  maire 
de  Montguyon,  135. 

Braunius,  topographe,  39. 

Brehon,  procureur  du  roi,  374. 

Brdon  de  La  Martinière,  avocat, 

Bremond  (de),  224,  324  ;  —  colo- 
nel, 364  ;  —  (Charles  de),  261  ; 

—  (Charles-Jacob  de),  128  ;  — 
(François  de),  261  ;  —  (Jacob 
de),  187  ;  —  (Jacques  de),  186, 
263  ;  —  (Jean-Louis  de),  186, 
261,  263  ;  —  (Léon-Alexis  de), 
128  ;  —  (Marie-Judith  de).  128  ; 

—  (Suzanne).  261  ;  —  (Marie- 
Madeleine  de),  263. 

Bremond  d*Ars,  95  f~  —  (comte 
Anatole  de),  230,  231,  239,  362, 
434  ;  —  (Charies-Théophile  de), 
général,  230-248,  300-309,  362, 
433  •  —  (Eutrope  de)  ;  —  (Jean 
de),362  ;  —  (Jean-Louis  de),23I, 
241  ;  —  (Josias  de).  232,  234, 
300,  303  ;  —  (Joseph  de),  362  ; 

—  (Jules  de),  232,  240,  303  ;  — 
(Marie-Renée  de),  868  ;--  (com- 


te Pierre  de),  204.  231,  232,  234, 

236,  300,  303,  362  ;  —  (Sophie 

de),  307. 
Bréon,  149. 

Bretagne,  com.  de  Juicq,  169. 
Brelonea,  vigne  près  Saint-Jean 

d'Angély,  170. 
Bretonne,  com.  de  Vatteville-la- 

Rue,  17L 
Breuil  (Robert),  prêtre,  118. 
Briand,  prêtre,  historien,lll,  375. 
Bricot  (Nicolas),  176. 
Bridier  (Pierre  de),  sénéchal,348. 
Brie-80U8-Archiac,     cant      d'Ar- 

chiac,  arr.  de  Jonzac,  69. 
Brie-sous-Moriagne,  cant  de  Co- 

zes,  arr.  de  Saintes,  71. 
Brillouet,  prêtre,  167. 
Brillouin,  18  ;  —  (Léonie),  271. 
BriouXy  chef-lieu  de  cant.  arr.  de 

Melle,  247,  336. 
Brisson,     sénateur,    6,    184;  — 

(Adrien),  184. 
Brives  (Maron  de),  118. 
Brioes,    cant.  de    Pons,    arr.  de 

Saintes,  216. 
BriZy  fief  de  Montmor,  323. 
Brizeux,  instructeur    de   la  jeu- 
nesse, 168. 
Broglie  (Charies  de),  366. 
Broglie,  chef-lieu  de   cant,  arr. 

de  Bernay,  366. 
Bron,  conseiller  général,  6. 
Broquisse,  imprimeur,  160. 
Brosêac,  chef-lieu  de  cant,  arr. 

de  Barbezieux,  299. 
Brouage,  com.   d'Hiers-Brouage, 

cant  de  Marennes,  100,  343. 
Broue,     com.    de    Saint-Sornin, 

cant  de  Marennes>  344. 
Brouillac  (A.),  avocat,  12. 
Broussais,  médecin,  359. 
Broussard    (Et),    165  ;   —   (Ber- 
trand) ;  —  de  Fontmarais  ;  — 

de  Montfont,  127,  128. 
Broussillon  (comte  de),  175. 
Broutet,  capitaine,   dit    Broutet- 

Cailloux  ou  Saint-Silex,  355. 
Bruhat,  professeur,  266. 
Brumauld    des   Houlières    (Les), 

866-368  ;  —  de  Villeneuve  ;  — 

de  Montgazon  :  —  des  Allées, 

365. 
Brunaud    (Adolphe),    avoué  ;    — 

(Gaston),  magistrat  ;  —  (Paul), 

avoué,  11. 
Brunet,  16,  128,  285-287  ;  —  (Jac- 


Digitized  by 


Google 


—  445  — 


ques)  ;  —  (Françoise)  ;  —  (Ma- 
pie-rrançoise)  ;  —  du  Bocage, 
126. 

Brung  (Françoise],  127;  —  (Tous- 
saint), tisserand,  114. 

Brunon,  évégue  et  comte  de 
Lcuigres,  427. 

Buhot  de  Kerser,  47. 

Buier  (J.J.  marchand,  370. 

Burea,  Burel,  Bureau  (Pierre), 
prêtre,   117,  121,  122. 

Burel,  prévôt  de  l'Université  des 
clercs,  382. 

Bures  (Maurice),  avocat,  133,  356. 

Burèe,  chef-lieu  de  cant,  arr.  de 
Saintes,  156,  394. 

Burie,  prise,  paroisse  de  Saint- 
Martin,  100,  101. 

Bassac,  cant.  de  Montlieu,  arr. 
de  Jonzac,  340. 

Bassang  (Vosges),  cant.  du  Thil- 
lot,   arr.  de  Remiremont,  360. 

Bassy,  fîef  des  Després,  126. 

Buzag,  près  La  Rochelle,  10. 


Cabot,  327. 

Cadelon,  vicomte  d'Aunay  et  de 

Melle,  247,  248. 
Cailhier  (Jehan),  11& 
Caillaud  (A.),  artiste  peintre,  270. 
Calan  (de),  125. 

Calluaud  (Marie)  ;— (Michel),  204. 
Camena    d'Almeida,     professeur, 

75,  193,  356. 
Camiade  (L.-J.),  prêtre,  193. 
Campan  (Daniel  de),  186. 
Cammade  de  ChAtenet  (Henriette 

de),  144. 
Campgrand  (Arnaud  de],  389,  390. 
Camus  (Julien),  389,  390. 
Camuzet  (Achille),  359. 
Canclaux,  lieutenant  général,  311. 
Canton,  138. 

Cap-Breton,    cant.    de  Saint-Vin- 
cent de  Tyrosse,  arr.  de  Dax, 

270. 
Capitant  (H.),  professeur  de  droit, 

194. 
jCapuron,  150. 
Cardegésile  dit  Gyson,  106. 
Carissan  (Alice),  270. 
Carnaud,    curé    de    Saint-Vivien 

de  Saintes,'  312. 
Carré  de  Sainte-Gemme    (Marie- 

Côme-Ferdinand),  321. 


Cartaud,  curé  de  Saint-Pierre  de 
Saintes,  364. 

Cartaud  de  La  Verrière  ;  —  de 
Goy  et  de  Bussy,'  9. 

Cartier,  étudiant,  81. 

Cassoulet,  notaire,  111. 

Castagnary  (Pierre),  clerc  tonsu- 
ré   404. 

Castaigne,  8,  223,  337. 

Castillon  du  Perron  (Jeanne),  15  ; 
—  (Marguerite),  8. 

Castin  de  Guérin  de  La  Madelei- 
ne, chanoine,  395. 

Catel  (Nicolas),  147,  14a 

Cauchy,  fief  des  Broglie,  366. 

Caudéran,  hydroeéologue,  180. 

Caumont  (de),  120,  386. 

Cauterets,  com.  du  cant.  d*Arge- 
lès,  360. 

Cavaignac,  représentant  du  peu- 
ple, 313,  31^ 

Cavroix  (Louis),  281,  285,  29a 

Céletle,  334. 

Celier  (Léonce),  74. 

Cellefroin,  cant  de  Mansle,  arr. 
de  Ru£FeCy  191. 

Cerclé,  90. 

Cens  (Abraham  de)  ;  —  (Alexan- 
dre de)  :  —  (Françoise-Marie 
de)  ;  —  (Jean  de),  261. 

Cerisay  (C.  de),  chanoine,  381. 

Cès-Caupenne  (François  de)  ;  — 
(Marie  de),  196. 

Cette,  chef-lieu  de  cant,  arr.  de 
Montpellier,  280. 

Chabannais,  chef-lieu  de  cant, 
arr.  de  Confolens,  141,  406,  410. 

Chabans  (Marie-F.-G.  de),  7. 

Chabiran  (Anne),  374. 

Chabirant,  382. 

Chabiraud  (Jeanne),  371. 

Chadelle,  bibliophile.  284. 

Chadenac,  cant  de  Pons,  arr.  de 
Saintes,  105,  190. 

Chadurie,  cant  de  Blanzac,  arr. 
d'Angouléme,  264. 

Chaillé'leS'Marais.  chef-lieu  de 
cant,  arr.  de  Fontenay-le- 
Comte,  334. 

Chailloleau,  conseiller  municipal, 
81. 

Chainet,  244. 

Chalais,  chef-lieu  de  cant,  arr. 
de  Barbezieux,  299,  340,341,394. 

Chftlon,  vicomte  d'Aunay,252,253. 

Chambon  (M"«  de),  13. 

Chambord  (comte  de),  362. 


Digitized  by 


Google 


-  446  - 


ChampéenierSy  cheMieu  de  cant, 
arr.  de  Niort,  191. 

Champdoleni,  cant  de  Saint-Sa« 
vinien.  arr.  de  Saint-Jean  d'An- 
gély,  3. 

Champfleur  (comte  Septime  de), 
10. 

Champlain  (Samuel),  explora- 
teur, 267,  327. 

Champvolant,  323. 

Chanevas,  148. 

Chaniers,  com.  du  cant.  de  Sain- 
tes, 177,  379. 

Chanteloup,  cant.  de  Cognac. 
220,  261,  262. 

Chantreau  (Emma  de),  12. 

Chapsal  (F.),  directeur  du  cabi- 
net du  ministre  du  commerce, 
137,  358. 

Charbonnel  (Guillaume),  117. 

Chardesy  cant  de  Montendre, 
arr.  de  Jonzac,  341. 

Charente,  pour  Tonnay-Charen- 
te. 

Charenlenau,  com.  de  St-Marc, 
cant  de  Surgères,  arr.  de  Ro- 
chefort-sur-Mer,  391. 

Charette,  chef  vendéen,  21-24,  32. 

Charlemagne.  120. 

Charles  (Théophile),  avoué,   12. 

Charles  d^Orléans,  187,  263. 

Charlet  (Thérèse),  69. 

Charmé f  fief  des  Broglie,  canton 
d'Aigre  (Charente),  366. 

Charmeleil,  fief  des  Boursiquot, 
99. 

Charras,  cant  de  Montbron,  arr. 
d'Angoulème,  324. 

Charrier  (J.),  101  ;  —  (Jeanne), 
176  ;  —  (Samuel),  %. 

Charron  (Guy),  165. 

Charron,  cant  de  Marans,  arr. 
de  La  Rochelle,  392,  393. 

CharrouXf  chef-lieu  de  cant,  arr. 
de  Civray,  259,  333,  335,  344, 
414,  423. 

Chartier,  88. 

Chartraire,  prêtre,  59. 

Chasseloup-Laubat  (de),  6,  434. 

Chassenon.  cant  de  Chabanais, 
arr.  de  Confolens,  120. 

Chasseriau,  Chasseriaux,  impri- 
meur, 140  ;  —  marchand,  123  ; 
—  prêtre,  227. 

Chassin,  24. 

Chassiron,  com.  de  Saint-Denis, 
cant  de  Saint-Pierre  d'Oleron, 
arr.  de  Marennes,  125. 


Chasteau  (Damien),  389. 

Chasteignier  (de),  32. 

Chastellier,  mettre  boulanger, 
373. 

Chastenet  de  Puységur  (Hélie 
de),  144 

Chasires,  com.  de  Saint-Brice, 
cant  de  Cognac,  190. 

Chat  (Colette),  292. 

Chdteaucouveri    (Charente),    261. 

Château-Gaillard,  fief  des  Roc- 
quemadour,  commu  de  Juicq, 
cant.  de  Saint-Hilaire  de  Ville- 
franche,  arr.  de  Saint-Jean 
d'Angély,  99. 

Châteauneuf,  chef-lieu  de  cant, 
arr.  de  Cognac,  132. 

Chftteauneuf  (A.),  chanoine,  378. 

Chftteauneuf  de  Randon  (Adam 
de),  262,  264  ;  —  (Sylvestre  de), 

Chfttelaillon  (Isembert  de)  ;  — 
(Manassé  de),  250. 

Chdtelaillon,  com.  du  cant  de  La 
Rochelle,  250,  251,  269.  333,  391. 

Chatenac  ou  mieux  Ùhadenac, 
cant  de  Pons,  arr.  de  Saintes, 
399. 

Chaliers,  com.  de  Saint-Brice, 
264. 

Chatônet  (Alice),  144. 

Chaudruc  de  Crazannes  (Henri- 
Paul-Eugène)  806  ;  —  fbaron), 
archéologue,  43,  44,  60,  135, 
384  ;  —  (René),  capitaine  ;  — 
(Roger),  206. 

Chaumeau,  326. 

Chaumet,  vicaire  général  d'An- 
gouléme,  93. 

Chauray,  com.  du  cant  de  Niort, 
335. 

Chaussé,  notaire,  147. 

Chauveau,  fief  de  Catherine  Lan- 
dreau,  66. 

Chaux,  com.  de  Chevanceaux, 
cant  de  Montlieu,  arr.  de  Jon- 
zac, 341. 

Chavanon,  337. 

Chaverny  (de),  10. 

Chef^Boulonney  chef-lieu  de  can- 
ton, arr.  de  Melle,  353,  355. 

Cheneveau  (Ollivier),  ou  Chene- 
deau,  389,  390. 

Chenu-Laffîtte  (Louise),  143. 

Chirac,  cant  de  Burie,  arr.  de 
Saintes,  88,  105,  130. 

Cheravache,  gouffre  entre  l'île 
d'Oleron  et  la  cdte,  125. 


Digitized  by 


Google 


—  447  — 


CherbonnièreSy    cant.     d*Aunav, 
arr.de  Saint-Jean  d'Angély,253. 
Chervea^  com.  du  canton  de  Co- 
gnac, 128,  208. 
Chesmès,  marchand,  373. 
Chesnier-Duchesne,  68. 
Chéty,  notaire,  180. 
Chevalier,  96,  326  ;  —  (E.),  267  ; 

—  (E.-J.),  artiste  peintre,  270. 

Chevalier  des  Landes  (Fr.),  164. 

Chevalier-Dufois,    garde    général 

des  vivres  de  la  marine,  68  ;  — 

(Marie-C),  69. 

ChevanceauXy  cani  de  Montlieu, 

arr.  de  Jonzac,  209. 
Chevigné  (de),  9. 
Cheviflard    (Paul),    capitaine    de 

vaisseau,  30,  34. 
Chevreau  (Catherine),  129. 
Chèvre-Nègrey  com.  de  Javrezac, 

cant.  de  Cognac,  130. 
Chevreuil  de  Romefort  (Françoi- 
se), 129. 
CheZ'MégroSj    com.    de    Corme- 
Royal,  91. 
Chièvres  (de),  187  ;  —  (Pierre  de), 

188. 
Chirac f  cant  de  Chabanais,  arr. 

de  Confolens,  141. 
Chiron  (André),  140. 
Chizé,  cant.  de   Brioux,   arr.  de 

Melle,  253. 
Choiseul  (duc  de),  97. 
Cholet,  prêtre,  341. 
Chollet,  gentilhomme,  123. 
Chotard,  13. 
Chrétien,     141  ;    —    (J.),    artiste 

peintre,  268. 
Christin  (Ferdinand),  31,  32. 
Christophe  (Louise),  359. 
Ciré,  cant  d*Aigrereuille,  arr.  de 

Rochefort-sur-Mer,  391. 
Civadiér    (Etienne)  ;    —    (Louis), 

avocat,  129. 
Clabat  (Jacgues-Etienne)  ;  —  (Jo- 
seph-René), 129. 
Clais,  notaire,  204. 
Clam    cant  de  Saint-Genis,  arr. 

de  Jonzac,  73,  339. 
Claudin  (A.),  285-287. 
Clavaret,  artiste,  83. 
Clavette,  cant  de  La  Jarrie,  arr. 

de  La  Rochelle,  391. 
Clément,  notaire,  130. 
Clermont  (Simon  de)  ;  —  (Raoul, 

comte  de),  209. 
Clermont,  com.  de  Clion,  244. 


Clermont-VHéraulty  chef-lieu  de 
cant,  arr.  de  Lodève,  9. 

ClioTiy  cant  de  Saint-Genis,  arr. 
de  Jonzac,  71-73,  105,  244. 

Clives  (lord),  2a 

Closmadeuc  (de),  docteur-méde- 
cin, 171. 

Clouzot  (E.),  archiviste-paléogra- 
phe, 92,  355,  431  ;  —  (H.),  hom- 
me de  lettres,  93,  432  ;  —  (Léon), 
libraire-éditeur,  92. 

Clunuy  chef-lieu  de  cant,  arr.  de 
Mâcon,  348,  353,  418,  423,  427, 
428. 

Codère  de  Thury  (F. -A.  de)  ;  — 
(Marie-Marguerite  de),  71. 

Coffinières  de  Nordeck,  général 
de  division  ;  —  capitaine  d*ar- 
tillerie  ;  —  capitaine  de  vais- 
seau ;  —  chef  d*escadron  de 
dragons,  11  ;  —  (Jeanne), 

Cognac  (Charente),  105,  149,  157- 
160,  203,  338,  339,  342,  343,  396. 

Coignet,  148. 

Coiron  com.  de  Bardenac,  cant 
de  Chalais,  arr.  de  Barbezieux, 
340   341. 

Colet'  (Guillaume),  117. 

Collet  (Elisabeth),  72,  146;  — 
(Jacaues),  avocat,  71;  —  (Jean); 

—  (Marguerite),    72,    146  ;    — 
(Marianne),  71. 

Colombiers^  com.  du  canton   de 

Saintes,  347,  350. 
Coma    (Daniel)  ;    —    (Zacharie), 

sieur  de  Montour  en  Nercillac  ; 

—  (Catherine),  128. 

Combes,  président  du  conseil, 
194,  268  ;  —  (Edgar),  conseiller 
d'Etat,  6. 

Compagnon,  326. 

Compagnon  (J.),  seigneur  de 
Feusse,  179. 

Compagnon  de  Thézac  (E.),  ca- 
pitaine de  dragons,  165. 

Condé  (prince  de),  132,  393. 

Condéon,  cant  de  Baigne,  arr.  de 
Barbezieux.  341. 

Confolens  (Charente),  406,  410. 

Consac,  cant  de  Mirambeau,  arr. 
de  Jonzac,  71. 

Constance  Chlore,  empereur  ro- 
main, 48,  54,  58,  59. 

Constantin,  empereur  romain,  55, 

,  Contade  (de).  24. 

Contoutos,  chef  gaulois,  41. 
;  Copiac  (Emeri  d^,  86. 


Digitized  by 


Google 


—  448  — 


Coppée  (F.),  poète,  i.  433. 
Cor  (Louis-Gabriel),  207. 
Corbinaud,  301. 
Corbineau,  architecte,  205. 
Cordon  ;  —  (François)  ;  —  (Etien- 
ne), sieur  du  Coudret;  —  (Jean), 

Corgnol  (Colin),  130. 

Cormeil,  com.  de  Saint-Germain 

du  Seudre,  cant  de  Saint-Ge- 

nis,  an*,  de  Jonzac,  95. 
Corme-RouaL    canL    de    Saujon, 

arr.  de  Saintes,  91,  394. 
Corneille,    docteur-médecin,    87, 

359   360^ 
Comillot  (Jean  de),  71. 
CosnaCf  cornu    de    Saint-Thomas 

de  Cosnac,  cant  de  Mirambeau, 

arr.  de  Jonzac,  341-343,  394. 
Gosson,  curé  de    Saint-Louis  de 

Rochefort,  401,  402. 
Cotard  (Marie),  67. 
Coteaux    (Nolet),     (Coutureaux), 

lia 

Coucy  (J.-Ch.  de),  évéque  de  La 
Rochelle,  225,  226,  392. 

Coudreau,  conseiller  au  prési- 
dial,  168,  374  ;  —  (Christophe), 
368,  374. 

Coudreau    (H.-A.),    explorateur  ; 

—  (veuve),  139. 

Couhi,  chef-lieu  de  cant,  arr.  de 

Civray,  187. 
Couldreau  (François),  379. 
Coulommitrs     (Seine-et-Marne), 

359. 
Coulon,  près  Niort,  333,  334. 
Coulonge,     com.     de    Saint-Sul- 

pice  et  Cognac,  338. 
Coupêie,  fief  des  Débordes,  66. 
Couradei,  com.  de  Segonzac,  arr. 

de  Cognac,  187. 
Couraud  (L.-Ph.),  collectionneur; 

—  (L.-T.),  157,  194,  355. 
Courbeooie,    chef-lieu    de   cant, 

arr.  de  Saint-Denis,  97. 
Courbon-Blénac  (Marguerite  de), 

186. 
Courcelleê,    com.    du    cant    de 

SaintrJean  d*AngéIy,  361. 
Courcelle-Seneuil,     capitaine    de 

frégate,  125,  194,  324. 
Courcôme,  cant  de  Villefagnan, 

arr.  de  Ruffec,  365,  367. 
Courçon,  chef-lieu  de  cant,  arr. 

de  La  Rochelle,  332,  392,  393. 
Coarcoury,    com.    du    cant    de 

Saintes,  233. 


Courdattlt,  com.   de  SaintrPierre 

d*Amilly,    cant    de    Surgères, 

arr.  de  Rochefort,  391. 
Courpignac,    fief   des   Poussard, 

com.  du  cant  de  Mirambeau, 

17a 
Courtaud  (N.),  maçon,  382. 
Courteault  (Paul),  329. 
CouBsanges  (J.  de),  430. 
Coutanseaux  (Justin),  133,  210. 
Coûtant  (C),  chirurgien,  99. 
Couteau,  95. 

Coutin,  tailleur  d*habits,  372. 
Coutureaux.  Voir  Coteaux,  lia 
Couv relies,  cant  de  Braisne,  arr. 

de  Soissons,  126. 
CouXf  cant  de  Montandre,  arr. 

de  Jonzac,  342   379. 
Cozesy  chef -lieu  de  cant,  arr.  de 

Saintes,  169-171. 
Cram,  cant  de  Courçon,  arr.  de 

La  Rochelle,  391. 
Craon,  chef-lieu  de  cant,  arr.  de 

Chftteau-Gontier,  408. 
Craxannes  (M**  de),  née  de  Lou- 

piac,  205. 
Crépel,   receveur  des  postes  ;  — 

(Marguerite),  208. 
Cresaé,  cant   de  Matha,  arr.  de 

Saint-Jean  d'Angély,  335. 
Croix-Chapeau,  cant  de  La  Jar- 

rie,  arr.  de  La  Rochelle,  391. 
Croix-Comiessey  cant  de  Loulay, 

arr.     de    Saint-Jean  d'Angély^ 

251. 
Croizard,  140. 
Crouzat,  110. 

Croze  (baron  Charles  de),  356. 
Crugy  de  Marcillac  (Charles  de), 

262  ;    —    (Jacquette    de)  ;    — 

(Jean-Louis  de),  263. 
Crut  y  fief  des  Laverny,  73. 
Curton,  188. 
Ciurnac  (de),    chef  de  bataillon, 

Cumberland  (duc  de),  96. 
Cumont  (marquis  de)  ;  —  (Marie- 

S..H.  de),  78. 
Curet  (Albin),  maffisirat,  434. 
Curton,  com.  de  Cnallignac,  cant 

de  Barbezieux,  188. 
Curzay    (Etienne    de),    264  ;    — 

(Jean  de),  264  ;  --  (Jacques  de), 

129,  264. 
Cybard  (Saint),  423. 


Digitized  by 


Google 


—  4«  — 


D 

Daraerie,  professeur,  85. 

Datbaye  (Dominique),  prêtre,  118. 

Daloue  (Adélaïde),  164. 

Damas,  prêtre,  378. 

Dampierre  (marquis  de),  79. 

Damoix,  cant.  de  Maillezais,  arr. 
de  Fontenay-le-Comte,  334,  409. 

Dandelot  (de)    132. 

Dandonneau  (J.),  huissier,  389. 

Dangibeaud  (Charles),  21,  40,  62, 
63,  76,  133,  155,  156,  165,  18D, 
194,  210,  215,  225  ;  —  (LA  371  ; 
—  (Claude),  prêtre,  3®  :  — 
(Jean-Claude),  maire  de  Sain- 
tes, 374  ;  —  (Pierre),  prêtre, 
385. 

Dangibeaud-Padiance,  166. 

Dangliers  (G.),  chantre,  369. 

Daniaud,  129. 

Danyaud,   professeur,  158. 

Daquin,  97. 

Daras  (H.),  artiste  peintre,  270. 

Daux  (G.),  191. 

David  (J.-B.),  curé  de  Saint-Bon- 
net, 403  :  —  notaire,  162. 

Davout,  ^néral.  145. 

Debain,  juge,  166. 

Debar  (Jean),  maire  de  Saintes, 
369. 

Debec,  372. 

Débordes  (J.-M.),  seigneur  de 
Coupête,  66. 

Dechambre  (Louise),  91. 

Déchelette  (J.),  136. 

Defieux  de  Marcillac  (Jean)  *  — 
(Jeanne-Marie)  ;  —  ÇJean).  sieur 
de  Marcillac-Laborie,  130. 

Degeac,  326. 

Detaage  (H.),  architecte,  180  ;  — 
général.  240. 

Delany  (Pierre-Frédéric)  ;  —  (fa- 
mille), 91. 

Delataste  (Jean),  avocat,  116. 

Delaunay,  372. 

Delaville  (N.J,  263. 

Delaville  (Michel),  261  ;  —  (Nico- 
las), 261. 

Delille  (L.),  340,  341. 

Delmas,  192,  315. 

Delpy,  14a 

Delvoche  (Jeanne),  264. 

Delymur  (Jacqueite)  ;  —  (Guille- 
mette)  ;  —  (Françoise)  ;  — 
(Jean)  ;  ■—  (Jacques),  127. 

Demauge,  95. 

Demondron,  notaire,  366. 


Demothe  (Pierre-Modeste),  312. 

Denelle  (Henriette),  367.  Voir 
Nelle. 

Deniau,  prêtre,  22. 

Denis  (Gabriel),  député.  S;  ^ 
(Jean)    389. 

Denort  (Antoine),  avocat  général, 
146,  148. 

Denys  d'Aussy,  85,  93. 

Depont  (Léonce),  poète,  4. 

Déré  (S.),  compositeur,  203,  274, 
275,  280. 

Desazars  de  Montffaillard  (baron 
J.),  lieutenant,  3952. 

Desbrunais,  156. 

Deschamps  (D.),  marchand,  372, 
382  ;  —  (Gaston),  13a 

Deschannod,  mattre  d*école,  15a 

Deshellies,  notaire,  147. 

Deslandes,  archiviste-paléogra- 
phe, 132.  " 

Des  Méloizes  (marquis)  ;  —  (Re- 
née des),  chanoinesse,  10. 

Desmier  d'Olbreuse  (Bernard), 
130. 

Des  Moutiers  de  Mérinville  (com- 
tesse), 127. 

Després  (Louis),  sieur  de  Bussy, 

Despretz  de  Montpezat  (Alix),  8a 

Desprez{L.-J.),  prieur  de  Char- 
ron, 393. . 

Despruet  <M.),  prêtre,  163. 

Desrogis^  95. 

Desseix,  général,  22. 

Destain,  libraire,  16a 

Devaudel  (Jean),  389,  390. 

Demier  d'Archiac  de  Saint- 
Simon,  mai^hal  de  camp,  377. 

Dexmier  de  La  Groix  (Marmie- 
rite),  6a  ^ 

Dezeimeris  (R.),  281. 

Déziré  (H.),  arUste  peintre,  369. 

Diconche,  com.   de  Saintes,  16a 

Didonne  (Pierre  de^  353. 

Bidonne,  com.  de  Saint-Georges 
de  Didonne,  cant.  de  Saujon, 
arr.  de  Saintes,  343. 

Dières,  376. 

DUon  (Côte-dOr),  58,  112. 

Dillon  (comte),  m. 

Dioclétien,  53,  5a 

Dion,  com.  de  Chérac,  cant.  de 
Burie,  arr.  de  Saintes,  98. 

Disle,  194. 

Dœil,  cant  de  Loulay,  332,  349. 

Dohet  de  Saint-Georges,  96. 


Digitized  by 


Google 


—  450- 


DompierrCf  fief  des  Bremond, 
canton  de  Burie,  231,  233. 

Dompierre-sur^harenle,  canton 
de  Burie,  arp.  de  Saintes,  72. 

Dompierre-sur-Mery  com.  du  can- 
ton de  La  Rochelle,  269,  391. 

Dorion,  prieuré,  263. 

Dougé,  notaire,  147. 

Dousset  (Louise),  208. 

Doussin,  curé  de  Saint-Vivien  de 
Saintes,  402. 

Drelincourt  (Laurent),  pasteur, 
127. 

Dréneau.  Voir  Saint-Nicolas  du 
Redon,  141. 

Dreux  (Th.),  sieur  de  La  Pomme- 
rave,  370. 

Drilhon  (Paul),  notaire,  38  ;  — 
(Joseph),  15. 

Drillon,  110. 

Droseonv  (Raoul),  195. 

Drouault  (Roger),  324. 

Drouhet  (Pierre),  382. 

Drouillard  (D.).  vigneron,  148. 

Drouillet  (Rosa),  196. 

Druineau,  10,  129  ;  —  (Marie-C.- 
B.),  143. 

Drusus,  42. 

Du  Bastv,  156,  209. 

Dubet  ((iaston),  157. 

Dubois,  Duboys,  64,  326  ;  -—  (G.), 
195. 

Du  Boulet  (François),  12a 

Dubourg  (U.),  docteur  en  méde- 
cine, 162. 

Du  Breuil  (Marie),  185. 

Dubreuilh,  17a 

Du  Bullion  de  Montlouet  (Suzan- 
ne), 312. 

Duclos  (baron),  curé  de  Montpel- 
lier de  Médillan,  312. 

Du  Coudret  (Geoffroy),  164. 

Ducluzeau  (J.),  procureur,  187. 

Du  Dresnay  (Jean),  141  ;  —  (mar- 
quis), 363. 

Du  Faget  (W^),  304. 

Dufau  (Pierre),  prêtre,  389. 

Dufaure  (Gabriel),5  ;  —-(Charles  ; 
—  (Elisabeth  ;  —  de  Vizelle 
(Stanislas),  14. 

Du  Fay,  141. 

Dùgua  (Marguerite),  176. 

Du  Gua  (Pierre),  267. 

Du^é,  64  ;  —  (Jacques),  huis- 
sier, 167. 

Duguet,  prêtre,  68. 

Du^uesclin,  174. 

Dujarric-Descombes,  159. 


DulignoQ,  12a 

Dumanche,  37a 

Du  Massay,  lieutenant  du  roi, 
17a 

Dumonchal,  professeur,  85. 

Dumontet  (Marie-Alix)  ;  —  (fa- 
mille), 142,  143. 

Dumonsson  (Marguerite),  367. 

Dumuys,  356. 

Duplais  (Louis),  avoué  ;  —  (Cé- 
cile) ;  —  (Henry)  ;  —  (Lucie), 
143. 

Duplais  des  Touches,  a 

Duplessis  d*Argentré,  évêque  de 
Lunoges.  395. 

Dupuy  (Léon),  négociant,  127. 

Dupuy  de  Lépine  (Justine),  272. 

Durand  (Jean),  324  ;  —  (L.),  mar- 
chand, 370. 

Du  Refuge,  386. 

Duret  (Edmond),  210. 

Du  Saussay,  74. 

Du  Sollier  (Le  P.),  74. 

Du  Souchet  (Anne),  264. 

Dussault  (Marie),  127. 

Dusse,  149. 

Dussoul  (MarieV  373. 

Du  Tillet  (Anne)  ;  —  (Elie),  184. 

Dutouquet  ;  —  docteur-médecin; 

—  contrôleur    général    de    la 
marine,  10. 

Duval,  176;  —  (J-M.),  artiste 
peintre,  268  ;  —  (Maurice),  93  ; 

—  (Raimond),  372. 

Du  Vauroux,  chanoine,  2,  13a 
Duvignaud  (Bernard),  262. 
Dyonet  (Léon),  194. 


E 


Ebéon,  cant  de  Saint-Hilaire  de 

Villefranche,  arr.  de  SaintnJean 

d'Angély,  105. 
Eble,  340  ;  de   Chfttelaillon,  254, 

352  ;  ~  le  Bfttard  (comte),  330, 

331    334. 
Echillais,  cant  de  Saint-Aignan, 

arr.  de  Marennes,  8,  128,  190, 

217. 
Ec  oyeux,  cant  de  Burie,  arr.  de 

Saintes,  190. 
Emeriaud  (Elisabeth),  7. 
Emerius.  107. 
Emery,  huissier,  167. 
Emma,  340. 
Emmenon,    comte   d'Angouléme, 

337. 


Digitized  by 


Google 


—  451  — 


Emparée,  fief  des  Broglie,  3ê6. 

Enei,  fort,  com.  de  Fouras,  cant 
de  Rocheforl-sur-Mer,  432. 

Enffhien  (duc  d*),  234. 

Eniart,  archéologue,  188. 

Epemon  (duc  à%  264. 

Ermengarde,  353. 

Ermensende,  334. 

Eschasseriaux,  député  à  la  Con- 
vention, 64,  315  ;  —  (baron 
René),  110,  122,  184,  203,  320, 
321,  377  :  —  (Camille),  377  ;  — 
(Elisabeth),  184;  —  (Joseph), 
«S7/« 

Eschivat  (Jourdain),  406. 

Esmein,  95. 

Esnandes,  com.  du  cant  de  La 
Roch^le,  190,  266,  270,  334, 
391. 

Esrable  (G.),  seigneur  de  Saint- 
Remy,  68. 

Esrable  des  Barrières  (Jean),  68. 

Esse  ou  Hiesscy  com.  du  cant  de 
Confolens,  24a 

Essouverlf  an*,  de  Saint-Jean 
d^Angély,  332. 

Estiennot  (Dom),  112. 

Eudes  de  Champagne,  256,  422, 
429. 

Eumène,  55,  61. 

Eusebius,  107. 

Eustelle  (Sainte),  274. 

Eutrope  (Saint),  évéque  de  Sain- 
tes, 132,  189,  274. 

Evreux  (Eure),  54,  112. 


Faiaseau    (P.-V.),    dit   Blachère, 

valet  de  chambre,  29,  30,  34,  36. 
Faneuil,  maire  de  Saujon,  6. 
Fantv-Lescure     (Emma),    artiste 

peintre,  268,  269. 
Fauchereau  (Pierre),  148. 
Faure  (Hélie),  prêtre,  118. 
Faure   de   La   Fayolle    (Louise), 

128,  186. 
Faverau    (Jacques),    avoué  :    — 

(Jheanne).  12  ;  —  curé  de  Mon- 

bran  en  Âgenais,  12,  194. 
Favier,  156. 
PavièreSf  com.  de  Mosnac.  cant 

de  Saint-Genis,  arr.  de  Jcmzac, 

73. 
Favreau  (A.),  195. 
Faye,  346,  W,  349,  354,  355. 


Fayet  (de),  9. 

Fé  de  Ségeville    (Marie-Marthe), 

272. 
Fegréac^  cant  de  Saint-Nicolas, 

arr.  de  Savenay,  141. 
Fenioux,  cant  de  Saint-Savinien, 

arr.    de    SaintrJean    d'Angély, 

189. 
Fernande  (P.),maftre  ès-arts,167. 
Ferrère  (de),  187. 
PerrièreSy  cant  de  Courçon,  arr. 

de  La  Rochelle,  392. 
Feuilleteau,  notaire,  167. 
Peusse,  com.  de  Thézac,  cant  de 

Saujon,  arr.  de  Saintes,  179. 
Février,  général,  145. 
Filhol,  mattreès-arto,  156-1 68;  — 

(famille),  158. 
Filleau   (J.-A.),    commissaire  gé- 
néral de  la  marine,  9. 
Fillon  (Jean-Isaac);  —  (Suzanne); 

—  (Thérèse),  187. 

Flamant  (Jean),  sieur  de  Lugeat  ; 

—  (Marguerite),  185. 

Play,  com.  de   Ciré,    cant  d*Ai- 
grefeuille,    arr.  de   Rochefort, 

Pléac,   cant   de  Pons,    arr.    de 

Saintes^  191. 
PléaC'Sur^harenie  (fief),  163. 
PleuraCf  com.  de  Nersac,  140. 141. 
Fleurian  (de),  chef  de  bataillon, 

208;  —  (famille  de),  18,  14. 
Fleury  (Paul),  1. 
Floris  (de),  curé  de  Villars,  39a 
Flornoy  (F.),  procureur  fiscal,  71. 
Flouch  (Mn^ 
Foix  (Françoise  de),  abbesse  de 

Notre-Dame    de   Saintes,   388- 

390. 
Foix  (Pierre  de),  curé  de  Monac, 

402. 
Fonrémis  (Marcel  de),  362. 
Pôniaulière,    com.    de    Cherves, 

cant  de  Cognac,  128,  129. 
Pontcouverie,  com.  du  cant  de 

Saintes,  245. 
Ponidoucey  com.   de    Saint-Bris, 

cant  de  Burie,  arr.  de  Saintes, 

184,  395,  407. 
Fonteneau  (Dom),  247. 
Fonteneau  (Jean),  dit  Alfonse  de 

Saintonge,  195,  326-328. 
Pontenille,     com.     de     Cherves, 

cant  de  Cognac,  129,  130. 
Fontevrault  (abbaye  de),  330,  395. 
Fouçerou  (OUivier),  lia 
Foulques  (comte),  342. 


Digitized  by 


Google 


-452 


Foulques,    seigneur   de  MonUu- 

sier,  342. 
•Foulques  le  Réchin,  353,  354. 
Foulques-Nerra,  comte  d*Anjou, 

255-^,    344-350,  354,  355,  420, 

42a 
Fouqueray  (Gh.),  artiste  peintre, 

270. 
Pouras,  Gom.  du  cant  de  Roche- 

fort^sur-Mer,  391. 
Fourcade  (Pierre  de),  186. 
Foucaud  de  La  Roche,  343. 
Foucaud  de  La  Touche  d'Allery, 

252. 
Foucaud  de  Valans,  251,  252. 
Foucault,  chef  de  lAgion,  98. 
Fouché,  prêtre,  434  ;  —  proprié- 
taire, 201. 
Foucher,  340. 
Foucques  (Elisabeth),  129. 
Fougerat,  ancien  notaire  ;  —  (Re- 
né), 209. 
Pontçombeau,  cant.  de  Tournon- 

Saint-Martin,    arr.    du    Blanc, 

393. 
Pontmaraiif  fief  des  Broussard, 

en  Vendée,  127,  12a 
Forcet  (N.),  gabarier,  371. 
Porgeg,  cant  d'Aigrefeuille.  arr. 

de  Rochefort-sur-Mer,  391. 
Pars  en  Poitou,  cant  de  Prahec, 

arr.  de  Niort,  126. 
Fort  (Denis),  6:  —  (Georges),  129. 
Foucaud,    jardinier-botaniste  de 

la  marine,  806  ;  —  boulanger, 

373. 
Fourcroy,  315. 
Fourestier,  notaire,  162,  371  ;  — 

médecin.  374. 
Foumier  (Pierre-Félix),  139. 
Fouyne  (Jacques),  sieur  du  ChA- 

tenet,  162.  163. 
Fradin  de  Lignières  (Alban),  14S. 
Fraigneau  (Jean),  16a 
Fraimon  (Françoise),  371. 
Francon,  259.  260  ;  —   du  Capi^ 

tôle,  351-353. 
Franheux  (de),  brigadier,  70. 
Frau  (M"»),  375. 
Fresneau,  326. 
Fricou    ou    Froult,    évèque    de 

Saintes,  344. 
Frôlich  (Louis),  199. 
Fromentin    (Eugène),    peintre  et 

écrivain,  76,  356. 
Fromy  (Jacques)  ;    —    (Jeanne), 

176. 
Prontenag,   cheMîeu    de    cant, 


arr.  de  Niort,  251,  252,  333,  394. 

Frotier,  évoque  de  Bordeaux,344. 

Prouzille,  com.  de  Saint-Georges 
lès  Baillaizeaux,  arr.  de  Poi- 
tiers, 250. 

Futoti  (G.),  clerc,  385. 


Ga  (Eraestine),  272. 

Gabard  (Rachel),  379. 

Gabauld  (Guillaume),  370. 

Gabet  (L.-C.),  avocat,  392. 

Gaborit,  95. 

GademottUn$f  près  Cognac,  184, 

Gaffarel,  32a 

Gailhon  (Jehan),  prêtre,  118,  121  ; 

—  (P.),  garde  du  scel,  117. 

Gaillard,  118  ;  —  bénédictin,  97. 

Gaillard  (Marie  de),  130. 

Gaillard  de  La  Dionnerie,  20. 

Galafre,  roi  sarrasin,  120. 

Galienne^  com.  de  Javrezac,  129. 

Gallenon  ou  Galnon,  160  ;  —  no- 
taire, 156,  160. 

Gallien,  empereur  romain,   119. 
Gallut,  inspecteur  des  finances  ; 

—  juge  de  paix,  365. 
Ganong  (W.-F.),  76. 
Garât  (Etienne),  164. 
Gardépée.   com.  de    Saint-Brice, 

263,264. 

Gargfam,  docteur-médecin,  84. 

Gann  le  Breton,  ménétrier.  172. 

Garinet,  maître  boucher,  3d9. 

Garive,  264. 

Garnier,  avocat,  165  ;  —  repré- 
sentant du  peuple,  430  ;  —  sé- 
nateur, 6  ;  —  (Jean),  122  ;  — 
(Noôl),  59. 

Garnier  (Jean-Frédéric),  comte 
de  La  Boissière  ;  —  (Laure), 
14L 

Garsonnet  (Jean),  389,  390. 

Gasc  (de),  président,  374. 

Gasteuil  (Cfatherine)  ;  —  (Fran- 
çois), 126. 

Gastumeau,  chanoine,  392. 

Gâterai,  com.  de  Saintes,  91. 

Gaubert  (E.),  360. 

Gaucher  (P.),  juge  d'instruction, 
195. 

Gaudet,  161. 

Gandin  (Suzanne),  404. 

Gauguin  (Louis),  375. 

Gaullieur  (E.),  281. 


^igitized  by 


Google 


—  453  — 


Gaumont,  10. 

Gaurier,  prêtre.  244,  245,  276. 

Gautier,  Gaultier,  262  ;  —  prê- 
tre, 225,  226  ;  —  (A-),  voiturier, 
123  ;  —  (N.),  savetier,  176  ;  — 
(Pierre),  chantre,  392. 

Gaultreau  (P.),  notaire,  164. 

Gauzlin,  archevêque  de  Bourges, 
414. 

Gay  (François),  263. 

Gay  de  La  Chartrie  (J.),  377  ;  -- 
(Pierre),  128. 

Gazeau  (L.),  archiviste,  358. 

Geay-Besse,  magistrat  ;  —  (Noé-% 
mie),  7  ;  —  bibliothécaire,  83. 

Geflré  (Stéphanie),  92. 

Geila,  247. 

Gélie,  253. 

Gelin  (Henri),  124. 

GemozaCy  cheMieu  de  cant,  arr. 
de  Saintes,  264. 

Gensac,  cant  de  Segonzac,  arr. 
de  Cognac,  185,  187,  190. 

Genté,  cant  de  Segonzac,  arr. 
de  Cognac,  184,  l£.  187. 

Gentil  du  Puy,  86. 

Geoffrey  de  Longfief  (Marie),  13. 

Geoffrion  ;  —  (Henri),  263  ;  — 
(Jeanne),  262,  m 

Geoffroy,  141  ;  —  (Gabrielle),  185; 
—  (Hélie),  prêtre,  325  ;  —  (J.- 
J.-H.),  artiste  peintre,  268  ;  — 
marchand,  163. 

Geoffroy,  évêque,  abbé  de  Saint- 
Martial,  415.  422. 

Geoffroy  de  Châieaulandon.  353. 

Geoffroy  ^e  Pons,  352. 

Geoffroy  le  Barbu,   353,  354. 

Geoffroy,  Geoffroy-Martel,  comte 
d'Angoulême,  254,  259,  339, 
342,  344,  347-355. 

Georget  (Jeanne),  91. 

Géraud,  abbé  de  Saint-Jean  d'An- 
gély,  425  ;  —  évêque,  425,  426. 

Gerberge,  342. 

Germânicus,  général  romain,  42. 

Getreau,  262. 

Gibellin  (Mathieu),  389. 

Giéf  cant  de  Mussy-sur-Seine, 
arr.  de  Bar-sur-Seine,   263. 

Gigeariy  cant.  de  Mèze,  arr.  de 
Sfontpellier,  11. 

Gilbert,  agent  d'asurance  ;  — 
(Marthe),  208;  —  (J.),  maître 
charpentier,  177  ;  —  (M.),  avo- 
cat, 372. 

Gillet,  notaire,  114,  178  ;  —  ser- 
gent royal,  115. 

KêTfam.  Toim  XXIV. 


Gillot  Saint-Evre,  professeur  ; 
—  (Marie),  361. 

Gimeux,  com.  du  cant  de  Co- 
gnac, 186. 

Girard,    commissaire  de   la  ma- 
rine en  retraite,  265,  356. 

Giraudias  (André),  5,  369  ;  — 
(Emile),  208  ;  —  (Laure),  14  ; 
(Louis),  5,  14,  359. 

Girauldet  (T.),  tanneur,   176. 

Girodie  (André),  82,  136. 

Glaber  (Raoul),  moine,  426. 

Glaize  (Georges),  434. 

Godefroy  (F.),  171. 

Godet,  64. 

Godsell  (Marie-lbill),  272. 

Gombaud  (Nicolas),    prêtre,   164. 

Gombaud,  archevêque  de  Bor- 
deaux, 344,  345. 

Gombaud  de  Momac,  352. 

Gombaudf  Gef  des  Payan,  128. 

Gonzargues,  chanoine,  392. 

Goret  de  Lépinay,  13. 

Gorron  (Iseult),  20a 

Gorry,  64. 

Gory  de  Chaux,  trésorier,  92. 

Gouffier  (Artus)  ;  r-  (Claude), 
263. 

Gougnon,  notaire,  168,  376. 

Goulard  d*Araay  (marquis  de), 
362. 

Goullu,  S3mdic  des  clercs,  176. 

Goupil  de  Bouille,  250. 

Gourdeau  (Paul),  164. 

Gourdin,  387. 

Gourdon  (Georges)^  poète,  4. 

Gourville  (Emmanuel  de),  861  ; 
--  (Hélie  de),  186. 

Goût  (Cl.),  maire  de  Saintes,  375. 

GoûtrDesmartres  (N.),  69. 

Goy  (Et),  marchand,  162  ;  — 
(L.),  76. 

Graçau  chef-lieu  de  cant,  arr. 
de  Bourges,  268. 

Grand  (Guillaume),  370. 

Grand  pré,  fief  des  Raymond, 
373. 

Granges  de  Surgères  (marquis), 
195. 

Gras,  notaire,  367. 

Grasilier  (Th.),  prêtre,  191,  260, 
35L 

Green  de  Saint-Marsault  (Char- 
les) ;  —  (Charles-Joseph)  ;  — 
(Charles-Louis),  185  ;  —  (Elisa- 
beth-Henriette), 188  ;  —  du 
Verdier  (J.),  prêtre,  394. 

Grégoire,  tailleur  d*habits,  162. 

ti 


Digitized  by 


Google 


—  454  — 


Grégoireau  (Jean),  procureur, 
370. 

Grenier,  chanoine,  392. 

Gressac  pour  Grézac^  cant.  de 
Cozes,  arr.  de  Saintes,  190,  324. 

(irignon  (Louise),  miniaturiste, 
269. 

Grignon  (comte  de),  23,  26,  32. 

Grimoard  de  Mucidan,  évêque 
d'Angoulême,  338,  343. 

Grimpel,  361. 

Grisegonnelle  (Geoffroy),  346, 
348. 

Grollade,  instructeur  de  la  jeu- 
nesse, 390. 

Grosscval  (Marie  -  Marguerite), 
158. 

Grossin  (Colas),  117. 

Groualle  (Marie),   11. 

Gruel  -  Villeneuve  (Adrienne), 
142  ;  —  major  de  la  garde  na- 
tionale, 94,  95. 

Guavaston  (Arnaud  de),  382. 

Guédon  (Marie-Judith),  184. 

GuéyouiUe,  prise,  100. 

Guenon  (Guy),  372. 

Guenon  de  Beaubuisson,  374. 

Guenon  des  Mesnards  (Charlotte- 
Lucie),  12. 

Guépratte,  receveur  des  finan- 
ces, 15. 

Guérin  (E.),  juge  de  paix,    195  ; 

—  (Isabelle)  ;  —  (Nicolas),  262  ; 
—(Léon),  328. 

Guérin  (Léonarde  de),  147. 

Guérin  de  Villiers  (Raoul),  14. 

Guérinot,  ingénieur,  377. 

Guerry  (Jean),  176. 

Guesmand,   praticien,  167. 

Guibourg  (P.),  tanneur,  122. 

Guibourg  (Helie),  garde  du  scel, 
121. 

Guide  de  Pinsé,  capitaine  arba- 
létrier, 323. 

Guien  (P.-T.),  rapporteur,  30. 

Guilbaud  (P.),  huissier,   167. 

Guilhon,  122  ;  —  (Anne  de),  147  ; 

—  (Dominique  de),  écuyer,  avo- 
cat ;  —  (Jean  de),  écuyer,  avo- 
cat, 147-149  ;  —  (Louis  de)  ;  ~ 
(Thibaut  de),  147. 

Guillaud,  docteur-médecin,  16, 
203,  210,  266,  274,  280. 

Guillau  de  Sersé,  64. 

Guillaume,  comte  d'Angoulème, 
253,  254,  256,  338,  340,  343,  345. 

Guillaume  VIII,  dit  le  Toulou- 
sain, 405  ;  —  seigneur  de  Mont- 


lieu,  342  ;  —  comte  du  Péri- 
gord,  345  ;  —  de  Matha,  352, 
406  ;  —  de  Poitiers,  253,  257  ; 

—  Fier-à-Bras  (comte),  216. 
250,  260,  331,  333,  346;  —  le 
Bâtard,  256  ;  —  duc  d'Aquitai- 
ne, 254,  259,  340,  406,  416,  419  ; 

—  le  Grand,  duc  d'Aquitaine, 
252,  255,  344,  346,  347,  348-350, 
354,  412,  422,  424-429  ;  —  le 
Gros,  duc  d'Aquitaine,  254, 
347,  350,  351,  421. 

Guillaume  le  Poitevin,  274  ;  — 
Taillefer,  comte  d'Angoulême, 
252,  254,  338,  340,  345  ;  —  Tète 
d'Etoupe  (comte),  334. 

Guillaume  de  Redon,  maçon,  173. 

Guillebaud  (Etienne)  ;  —  (Hier), 
164  ;  —  (Jacques),  176. 

Guillemeteau  (Philippe)  ;  —  (Pier- 
re-Daniel), 185. 

Guillet,   négociant,   43,  204. 

Guillet   des   Fontenelles  (Louis)  ; 

—  (Marguerite),  272, 

Guillobé  (Suzanne),  430. 

Guillois  (Jean),  prêtre,  122. 

Guillon  (A.),  docteur  en  méde- 
cine, 163. 

Guillotin    (René-Louis),    échevin, 

166  ;  —  prêtre,  378. 
GuimpSf  com.  du  cant.  de  Barbe- 

zieux,  105,  170. 
Guinot  de  Soulignac  (Marie),  317. 
Guiraud,    pour   Géraud,    évêque 

de  Limoges,  412,  413,  414. 
Guitard  de  La  Borie  (Marie-Anne 

de),  362. 
Guiton  (René)    372. 
Gui  ton    de    Maulevrier,    127  ;  — 

(Marie-Victoire),  78. 
Guittard  (chevalier  de),  305. 
Guyart    (Jehan),  imprimeur,  288. 
Guyet  (Gilles)  ;  —  (LoTs),  370. 
Guy-Geoffroy,     duc  d'Aquitaine, 

352-354,  406,  407,  409. 
Guyon  le  Breton,  portefaix,   173. 
Guyonnet  (François),  389. 

H 

Habrard  (Jean),  sieur  de  L'Etage  ; 

—  (Emery-Jean)  ;  —  (Marie- 
Anne),  72. 

Hakluyt,  327. 
Hallett  (Cecil),  330. 
Hamel  (comte  de),  78. 


Digitized  by 


Google 


—  455  — 


Hanschmann  (A.-B.),   195. 

Hardy,  bourgeois,  403. 

Harispe,  maréchal  de  France, 
314. 

Haultin  (Pierre),  imprimeur,  290. 

Hélie  de  Jarnac,  343. 

Hélie  de  Chalais,  342,  343,  352. 

Hennessy  (Maurice),  262  ;  —  (Ri- 
chard), 261. 

Hennezel  (D'),  206. 

Henri,  abbé  de  Saint-Jean  d'An- 
gély,  351. 

Hennel,  artiste,  276. 

Henri  Plantagenet,  roi  d'Angle- 
terre, 405,  411. 

Henry  (Paul),  colonel  d'artillerie, 
93. 

Héraud,      sous  -  ingénieur     des 

•  ponts-et-chaussées,   207. 

Herbauge  (Vendée),  336,  337. 

Herbert  Eveille-Chien,  comte  du 
Maine,  255,  256,  257,  260. 

Hériard,  95,  361  ;  —  (Marie)  ;  — 
(Maurice)  ;  —  (Paul),  IL 

Hérisson,  artiste  peintre,  2  ;  — 
René,  131. 

Hérisson  (D'),  chanoine,  395. 

Hermand  (Jehanne),   118. 

Hermengarde,  258. 

Remette,  docteur-médecin,  12. 

Herpès,  com.  de  Courbillac,  cant. 
de  Rouillac,  arr.  d'Angouléme, 
104. 

Hervé,   arpenteur,   383. 

Hildegaire,  vicomte  de  Limoges, 

Hildegarde,  259,  260. 

Hillairet    (Marie-M.-A.),    144;   — 

notaire,  312. 
Hirn,  évêque  de  Tournai,  65. 
Hoche,  général,  22,  24,  33. 
Honorius,  104. 
Horric  (Clémence),  72. 
Hospitel  de  L'Homandie,  curé  de 

Saint-Martin  de  Chatenac,  399, 

400. 
Huet-Labrousse     (Auguste)  :     — 

(Uure),   207. 
Huffaul,  fief  des  Esrable,  68 
Huguenin   (Anne-Marie),    311. 
Hugues,     évêque     d'Angouléme, 

339  ;  -—  comte  du   Maine,  257  ; 

—   de  Lusignan,  253  ;  —     de 

Surgères,  35L 
Humbert,  général,  316. 
Huon,  docteur-médecin  ;  —  (Mar- 
the), 166  ;  —  (Jeanne),  130  ;  — 

avocat,  371,  377. 


Huteau,   165. 

Huvet  (Antoinette),  90  ;  —  notai- 
re, 177. 


I 


Innocent  X,  pape,  391. 
Irminon,  abbé  de  Saint-Germain 

des  Prés,  339. 
Isembert,  254. 
Islon,  évêque,  343,  419. 
Itier,    seigneur    de    Barbezieux, 

342. 


Jacob,  capitaine,  22. 

Jacquet,  armurier,  163. 

Jacquet  d'Nieul,  196. 

Jacquin  (S.),  professeur,  244. 

Jaçonnas  (Jacquette  de);  ~  (Jean 
de),    186. 

Jamain,  98. 

Jambon,  décorateur,  361. 

Jambu,  97. 

Jameu  (Anne),  184. 

Janzer  de  La  Bar  (Léonard),  311. 

Jarnac,  chef-lieu  de  cant,  arr. 
de  Coffnac,  132,  305,  342,  394. 

JarnaC'Champagnef  cant  d'Ar- 
chiac,  arr.  de  Jonzac,  335. 

Jarnac  de  Gardépée  (Guy  de)  ; 
—  (Maurice  de),  90  ;  ~  (Léon 
de),  72,  272  ;  —  ancien  notaire, 
185  ;  —  (Léon  de)  ;  --  (Pierre 
de),  264.  -"V 

Jaulm  (Edmond),  négociant,  185. 

JavrezaCf  com.  du  cant  de  Co- 
gnac, 127,  129,  261. 

Jazennes,  com.  de  Gémozac,  arr. 
de  Saintes,  73. 

Jean,  docteur-médecin,  131. 

Jean-Baptiste    (Saint),    411,   422- 

Jean  d'Orléans,  263. 

Jeanne,  capitaine  de  la  ligne,  207. 

Jean  Sans-Terre,  405. 

Jean-Vérat,  com.  de  Coux,  342. 

Joanès  (Edmond),  (Edmond  Gué- 
rin),  195. 

Joby,  marchand,  161. 

Jolivet  (M.-P.-P.),  valet  de  cham- 
bre, 29,  30,  34. 

Jojy  d'Aussy,  conseiller  général, 
157  ;  -  (Hippolyte),  85.*^  ' 


Digitized  by 


Google 


-  456  - 


Jomini,  général,  24,  26. 
Joncières     (do),    artiste    peintre, 
•    269. 
Jonzac      (  Charente  -  Inférieure  ), 

204,  339. 
Josse  (Elisabeth).  11. 
Josbert,    seigneur    de    Montlieu, 

342. 
Jouan  (Anne-Caroline)  ;  —   (E.)  ; 

(Elie)  ;  —  (Paul),  prêtre,     365. 
Jouannet  (F.),  281. 
Joubert  (Joseph),  330. 
Joufflier  (Pierre),  123. 
Jouin,  139. 
Jouneau,  96. 
Jourdain    (Agnès)  ;    ~    (Pierre), 

186. 
Jousset,  sous-directeur  du  haras 

de  Saintes,  276. 
Jouvenot,  graveur,  269. 
Juchault  des  Jamonières  (Louise), 

141. 
Juçlart   (Marguerite  de),  272. 
Juicq,  corn,  de  Saint-Hilaire,  arr. 

de  St-Jean  d'Angély,   124,   169. 
JuUlaC'le-Coq,CQjii.  de   Segonzac, 

arr.  de  Cognac,  159. 
Julien-La fernère    (A.),     notaire  ; 

—  (G.),  médecin-major,  144. 
Jullian  (C.),    professeur,    42,  48, 

50-53,  61,  103,  104. 
Jullineau  (Marie),  68. 

K 

Kaiser  (Pilippe),   grand   prévôt, 

311. 
Karrer  (de),  97. 
Keefe  (Jeanne-M.-E.),  73. 
Kerven  (de),  377. 
Kerven-Vallein  (de),  377. 
Kerzerho,  lieutenant-colonel,  145. 
Knell,   curé    de    Saint-Vivien  de 

Saintes,  196. 


Laage  (de),  98  ;  —  vicaire  géné- 
ral de  Saintes,  312  ;  ~  (Louise 
de)  ;  —  fMarie-Madeleine  de), 
89  ;  —  (Jérôme  de),  lieutenant- 
colonel  ;  —  (Jérôme-Eugène)  ; 
—  (Jérôme-Hippolyte)  ;  —  (Jé- 
rôme-Albert) ;  —  (Jean-Augus- 
te), 69. 

Laage  de  Meux  (Alexis  de)  ;  — 
(Albin  de),  88. 


Laa»,  cant.  de  Sauveterre,  arr. 
dOrthez,    196. 

Labadie  (Ernest),  bibliophile,300, 
435. 

La  Barde-Fagneuse^  com.  de 
Léoville,  66. 

Labarre  de  Vaissière  (Jacques 
de),  78. 

La  Barrièrty  com.  d'Ozillac,  cant. 
de  Jonzac,  99. 

Labbé  (J.-R),  curé  de  Saint-Mau- 
rice de  Tavernole  ;  —  (Marie), 
98,  178,  179. 

Labeille  (Paul),    ingénieur,    144. 

La  Bérauvière  (chevalier  de),  32. 

La  bUlarderiey  com.  de  Riche- 
ment, cant.  de  Cognac,  261,262. 

La  Boissiére,  fief  des  Garnier, 
141. 

La  Boissière.   Voir  Garnier. 

Laborde,  notaire,  263. 

Laborde-Lassall©  (Elisabeth),    80; 

—  (Eugène  de),  80,  321  ;  — 
(Hippolyte  de),  80  ;  —  (Joseph 
de),  77  ;  —  (Victor  de),  79,  321  ; 

—  (famille  de),  196. 
Laborderie  de  Souhan  (Catherine 

deX  73. 

La  Boulidiére,  fief  des  Bardon, 
69. 

La  Bouralière  (A.  de),  286. 

La  Bretagne,  com.  de  Guimps, 
170. 

La  Bertramière,  fief  des  Babil- 
lard, 99. 

La  Bretonnière,  entre  Lorignac 
et    Saint-Dizant  du  Gua,  169  ; 

—  près  Mirambeau,  169  ;  — 
com.  de  Saint-Savinien,  169, 
170. 

La  Briandière^  district  de  Fon- 
tenay-le-Comte,  312. 

La  Briffe  (Antoinette-M.  de)  ;  — 
(marquis  de),   188. 

La  Brugière  (Marie  de),  264. 

VAhsie,  cant.  de  Moncoutant, 
arr.  de  Parthenay,  392. 

La  Cassaigne  (Marie  de),  128. 

Lachaize,  fief  des  Pressac,  186. 
La  Chalosse  (dél  77. 

La  Chapelle  des  Pois,  com.  du 
cant.  de  Saintes,  301,  302. 

La  Chapelle  -  Faucher,  château, 
cant.  de  Champagnac  de  Bel- 
Air,  arr.  de  Nontron,  7. 

La  Charlonye  (Françoise  de),264. 

La  Chasire  (Cher),  393,  394. 


Digitized  by 


Google 


—  457  — 


La  Châtaigneraie  y    arr.  de    Fon- 

tenay-le-Comte    (Vendée),   313. 
La  Châtaigneraie  (de),  262. 
La  Chaume  y  fief  des  Sarry,  378. 
La  Chauvillière,   com.    de     Nan- 

cras,  5. 
La  Cheminadrity  com.   de  Saint- 
Martial  de  Vitaterne,  71. 
La  Chesné  (de),  148. 
La  Combe,  fiel  des  Baudouin,  98- 

100. 
Lacoste,  artiste,  276. 
Lacoste  (Claire)  ;  —  (Félicité  de), 

130. 
Lacoste-Dulac     (Marie-Adélaïde), 

142,  143  ;  —  (Louis),  144. 
La  Couarde,  cant.  d'Ars  en  Ré, 

arr.  de  La  Rochelle,  392. 
Lacoulomère      (G.),     inspecteur- 
adjoint    aux    Beaux-Arts,    131, 

196. 
La  Cour^  fief  des  Green  de  Saint- 

Marsault,  185. 
Lacour  ;    —    (Joseoh-J.-Ph.)  ;  — 

(Jean-Baptiste),  126. 
La  Courbe,  com.  de  Chérac.  130. 
La  Courbe  (Marie  de)  ;  —  (Pierre 

de),  127. 
La  Couronne,  com.  du  cant  d'An- 

goulême,  393. 
La  Croix^  com.  d*Arces,  70. 
Lacroix,  topographe,  39;  —  (Paul 

de),  bibliothécaire,  158,  159,196. 
Lacurie,  prêtre,  archéologue,  39, 

41,   113,   114,  123,  167,  169,  244, 

377,   383. 
Ladime  (Pierre   de),   imprimeur, 

286,  289,  293,  294. 
Ladonchamp,  com.    de  Wojppy, 

cant.  de  Metz,  273. 
Lafage  (M»»),  86. 
Laf argue  (Luc  de),  390. 
La    faue,    cant.    de  Villefagnan, 

arr.  de  Ruffec,  366. 
Lafayo,  maître  chamoiseur,  179. 
La  Fenêtre  (Jean  de),  71. 
La  Ferlanderie  (de),  8. 
La  Féronnière  (de).  22. 
Laferrière,  évêque  de  Constanti- 

ne,  56,  62. 
La  Perrière,    fief  des    La    Tour, 

263. 
Laffiteau  (Jean)  ;  —  (Jeanne),  66, 

68,  70,  71. 
LafTond,  95. 

LafTrogue,  médecin-major,  208. 
La  Flolie,  cant  de  Saint-Martin 

de  Ré,  arr.  de  La  Rochelle,  392. 


La  Folie,  com.  de  Pérignac,  216. 
La  Fon  (Isaac  de),  marchand,  123. 
La  Foucaudière,    fief  des   Green 

de  Saint-Marsault,  185. 
La  Foij  com.   de    Saint-Laurent, 

cant  de  Cognac,  127, 
La  Frénade,    com.   de    Merpins, 

cant.  de  Cognac,  395. 
Lafutzun  de  Lacarre   (Louise)  ;— 

(baron   Charles  de),  colonel  ;— 

(Henri  de),  capitaine  ;  —  (Hen- 

rique  de),  consul,  273. 
La  Gaillarde,  com.de  Saintes,91. 
Lagarde  (Louis  de),  241; 
La  Garde,  près  Toulon  (Var),  10. 
La  Garde-Mer pinsi,   com.   de  Sa- 

lignac  de  Pons,  186. 
La  Garrigue,  de  La  Tournerie  et 

de  Savigny  (Jean-S.-M.   de);  — 

(Marie-Antoinette  de),  78. 
L'Age  Bouillerand,  243. 
L'Age  de  Maillasson,  243. 
Lagord^  com.  du  cant.  de  La  Ro- 
chelle, 391. 
La  Gorge     de    Merpins,  fief  des 

Bremond,  com.  de  Merpins  263. 
La  Gorz,  garenne,  109. 
La  Gourgue  (de)  ;  —  (Pons  de)  ; 

—  (Jacquettc  de),  261. 
La  Grâce-Dieu,  com.   de  Benon, 

cant    de  Courçon,  arr.   de  La 

Rochelle,  392. 
La  Grange,    fief    des    Landreau, 

66,  70,  71. 
La   Grange,  com.   de  Sainte-Ma- 
rie,  cant    de    Saint-Martin   de 

Ré,  arr.  de  La  Rochelle,  378. 
La  Grave,  fief  des  Delany,  en  Pé- 

rigord,   91. 
Lahas,  cant.  de  Samatan,  arr.  de 

Lombez,  13. 
Lahaye  (Jeanne  de),  185. 
Laiçnelot,    conventionnel,    30. 
L  Aiguillon,  cant  de  Luçon,  arr. 

de  Fontenay-le-Comte,  23. 
Lajaunie  (P.   de),  chanoine,  378. 
La  Jarne,  cant  de  La  Jarrie,  arr. 

de  La  Rochelle,  10. 
La  Jarrie,  chef-lieu  de  cant,  arr. 

de  La  Rochelle,  332,  391. 
Lakanal,     procureur     au     lycée 

Condorcet,  85. 
La   Laigne    en     Sainte-Lheurine, 

72. 
Lalaigne,  cant  de  Courçon,  arr. 

de  La  Rochelle,  391. 
La  Lande-Michel  (de),  115. 


Digitized  by 


Google 


—  458  — 


La  Laurencie  (Alain  de)  ;  — 
(Charles,  baron  de)  ;  —  (Henry 
de)  ;  —  (Maurice  de)  ;  —  (Sta- 
nislas de)  ;  —  (Victor-Prosper 
de),  141. 

La  Laurencie  de  Charras  (Fr.), 
maître  de  camp,  204. 

Laleuy  com.  du  cant.  de  La  Ro- 
chelle, 200,  39L 

La  Lignée^  fief  des  Fleurian,  13. 

Laîlier,  60. 

La  Madeleine.  261  ;  —  (Jean),  129. 

La  Malmaison,  com.  de  Rueil 
(Seine-et-Oise),  305, 

Lamare,   chirurgien,   27. 

Lamarquc,  généra),  314,  321. 

Lambalerie  (P.-N.  de),  capitaine 
de  cavalerie,  378. 

Lambert,  93,145  ;  —  (Albert),360. 

LamiraCy  fief  des  Poussard,  178. 

La  Montagne,  98. 

La  Morinerie  (Alice  de),  15  ;  — 
(baron  de),  14,  114.  115,  165, 
316,  317,  321. 

La  Morinerie,  fief  des  Michel, 
com.  d'Ecurat,  arr.  de  Saintes, 
168. 

La  Moihe-Sainî'Héray,  chef-lieu 
de  cant.,  arr.  de  Melle,  5,  86- 
88,  358,  360. 

La  Molte-Noire,  com.  de  Péri- 
gnac,  215. 

Lanagrandy  com.  de  Lasserre,  12. 

Landes,  com.  du  cant.  de  Saint- 
Jean  d'Angély,    76. 

Lando  (Pierre),  doge  de  Venise, 
85. 

Landolphe,  évéque  de  Turin, 
426,  428. 

Landraisi,  cant   d'Aigrefeuille. 
arr.  de  Rochefort-sur-Mer,  391. 

Landreau    (famille),  65- 73,   146. 

Landri  (comte),  330,  337. 

Laneau  (J.-F.),  curé  de  Saint-Pa- 
lais de  Villars,  397,  398,  400. 

Langelier  (Juliette),  artiste  pein- 
tre, 269. 

Langlais  du  Puits-Neuf  (Margue- 
rite), 91. 

Lan  grès  (Haute-Marne),   58. 

Lantage  (Eusteîle  de),  92. 

La  Péruse,  cant.  de  Chabanais, 
arr.  de  Confolens,  262,  263. 

La  Peliie  Flandre,  près  Roche- 
fort,  397. 

Lapierrière,  326. 

La  Pillardière,  paroisse  de  Plas- 


sac,  com.  de  Saint-Genis,  arr. 
de  Jonzac,  100. 

La  Plagerolle  (marquis  de),  123. 

La  Pommerade,  73. 

La  Pommeraye,  fief  des  Bau- 
douin. 99. 

La  Pommeraye,  fief  des  Dreux, 
com.  du  Port-d'Envaux,  cant. 
de  Saint-Porchaire,  arr.  de 
Saintes,  370. 

La  Porte  aux  Loups  (Gaspard 
de)  ;  —  (Jacques  oe),   128. 

La  Prévoie  en  Verrières,  186. 

La  Richardière  (de),  vicaire  gé- 
néral de  La  Rochelle,  226,  228. 

Larminat  (Adèle  de),  89. 

Laroche  (Angélique  -  Clément), 
366. 

La  Roche  ou  La  Roche-Andri 
(Guillaume  de),  340. 

La  Roche-Andri,  com.  de  Mou- 
thiers-s/Boôme,  cant.  de  Blan- 
zac,  arr.  d'Angoulérae,  337. 

La  Rochccourbon  (de),  165. 

La  Rochefoucauld  (duc  de).  185  ; 
—  (Françoise  de),  386  ;  — 
(Geoffroy  de),  187;  —  (Jean  de), 
187  ;  —  (Lydie  de),  185  ;  — 
(Marguerite  de)  ;  —  (Philippe 
de),  187  ;  —  (Pierre-Louis  de), 
évêque  de  Saintes,  394,  402, 
403. 

La  Rochefoucauld  -  Montandre 
(Louis  de)  ;  —  (Isaac  de)  ;  — 
(Léonor  de)  ;  —  (Lydie  de),  187. 

La  Rochefoucauld  de  Surgères 
(Anne-Louise  de),  72. 

La  Rochefoucauld,  chef-lieu  de 
cant,,  arr.  d'Angoulême,  209, 
305. 

La  Rochejacquelein  (marquis  de), 
303. 

La  Rochelle  (Charente-Inférieu- 
re), 38,  43,  88,  96,  191,  205,  267, 
391-393. 

Larocque   (Louis),  184. 

La  Ronde,  cant.  de  Courçon,  arr. 
de  La  Rochelle,  392, 

La  Rouillasse,   près  Soubise,  52. 

Larrivaux  (de),  77,  78,  79. 

Lasalle,  prieur  de  Jonzac,  70. 

Las  Cases,  305. 

La   Seiglière  (N.   do),  69. 

Lasne,  76, 

Lasserre,  cant  de  Francescas, 
arr.  de  Nérac,  12, 

Lasteyrie  (Robert  de),  335. 


Digitized  by 


Google 


-459- 


Latache  (Claude),   échevin,   114  ; 

—  chanoine,  377. 

La    TachonneriCy    com,     de    La 

Paye,  366. 
Latasle  (de),   165. 
U  Taste  (Elisabeth  de),  231. 
La   Tessonnière,    fief    des    You, 

176. 
La  Tkonnelley  com,  de  Pérignac, 

216. 
La  Touche  (de),  179,  377. 
La  Touche,  128. 
La  Touche^  fief   des    Brumauld, 

366 
La  Tour  (René  de),  186,  262,  263  ; 

—  (Marie  de),  186,  263. 

La  Tour,  fief  des  Pépin,  128. 

La  Tour  Maubourg  (marquis  de), 
307. 

La  Tranchade  (de),  165. 

La  TranchCy  cant.  de  Moutiers- 
les-Maufaits,  arr.  des  Sables- 
d'Olonne,  23. 

La  Tremblade,  chef-lieu  de  cant, 
arr.  de  Marennes,  90,  396. 

La  Trémoille  (de),  244,  394. 

Laudeberderie,  fief  des  Baudouin. 
95-103. 

Laugaudin  ;  —  colonel  ;  —  com- 
missaire de  la  marine,  8  ;  — 
(Edme),  capitaine,  9. 

Lauraine,  député,  6. 

Laurand,  directeur  du  haras  de 
Saintes,  274,  276-279. 

Laurenceau  (Marie-Anne),  72. 

Laurent,  215  ;  —  ancien  négo- 
ciant ;  —  (Pierre)  ;  —  (Jean)  ; 

—  (Maurice),  7  ;  -—  (H.),  ar- 
tiste peintre,  270  ;  —  sculpteur, 
269,  359. 

Lauroriy  com.  de  Montpellier, 
cant.  de  Gemozac,  arr.  de 
Saintes,  312,  315. 

Lauirec,  chevalier  de  Jonzac,  64. 

Lauze.  professeur,   90. 

Lauzières,  com.  d'Octon,  cant. 
de  Limas,  arr.  de  Lodève,  9. 

Laval  (Nino),  homme  de  lettres, 
143. 

Lavaîeite  (Charente),  143. 

La  ValléCy  com.  de  Saint-Georges 
des  Coteaux,  373. 

La  Vauguyon  (duc  de),  263. 

Lavault  (Furcy  de),  artiste  pein- 
tre, 208. 

Lavernv  (Anatole),    propriétaire  ; 

—  (Louis-François),  proprié- 
taire ;  —    (Jean-Gaspard),    sei- 


gneur de  Crut,  73  ;  — -  curé  de 
Saint-Germain  de  Vibrac,  66. 
La  Vie,  com.  de  Merpins,  184. 
Lavoux,  professeur,  84. 
Leblanc,  120. 

Le  Bocage,  com.  de  Cognac,  126. 

Le  Bois,    cant.    de    Saint-Martin 

de  Ré,  arr.  de  La  Rochelle,  392. 

Lebouché  (Catherine);  —  (Pierre), 

129. 
Le  Bouquel  en  Javrezac,  127, 128. 
Le  Bouquel,  fief  des  Meschinet, 

98,  99. 
Le   Bourdelès  (Raymond),  197. 
Le  Bourgeois,   contre-amiral  ;  — 

(Marguerite),  208. 
Lebouvier-DesmorUers,  23. 
Lebreton,  178. 

Le  Breuii,  fief  des  Meschinet,  99. 
Le  Breuil,  près  Cognac,  129. 
Le   BreuU'Magné,  com.  du  cant. 

de  Rochefort-sur-Mer,  391. 
Le  BreuU'la-Réorle,  cant.  de  Sur- 
gères, arr.    de    Rochefort-sur- 
Mer,  391. 
Le    Camus,    évêque    de    La   Ro- 
chelle, 194,  197,  435. 
Le  Canet,  près  Cannes,  6. 
Le  Carpentier,  430. 
Lécart,    com.    de    Saint-Trojan, 

arr.  de  Cognac,  127. 
Le  Chailloi,  près  Saintes,  244. 
Le  Chai,  com.  de  Pérignac,  215. 
Le  Chanlreau,  com.  de  Pessines, 

312. 
Le  Château  d'Oleron,  chef-lieu  de 
cant.,    arr.    de    Marennes,  69, 
325. 
Le  Châtenet,  fief  des  Fouyne,  162. 
LEchassier,  com.   de  Saint-Mar- 
tin Château-Bernard,    cant   de 
Cognac,  130. 
L*Echelle,  capitaine  de  vaisseau. 

30. 
Le  Cher,  com.  de  Chambon,  cant 
d'Aigrefeuille,  arr.  de    Roche- 
fort-sur-Mer, 391. 
Le  Chillou,  fief  des  Clabat,   129. 
Leclerc  (N,),  serrurier,  164. 
Léclopart,  com.  de   Gensac,  185. 
Le  Clousi,  com.  de  Saintes,  384. 
Lecoq  de  Bois-Baudran,  128. 
Le  Cormier  y     com.   de     Cherves, 

cant.  de  Cognac,  128,  129. 
Le  Cormier,  com.  de  Saintes,  362. 
Lerouflet,'  prêtre,  397. 
Le  Court  (Albert),  122. 
Le  Curé,  332. 


Digitized  by 


Google 


—  460  — 


Ledain,  47,  51,  60. 

Le  Douhet,  com.  du  cant  de 
Saintes,  97,  98,  374. 

Lefebvre,  97. 

Le  Fief,  fief  des  Baudouin,  99. 

Le  Fief-Rigaud,  fief  des  Bau- 
douin, 99. 

Le  FouUloux,  fief  des  Bremond, 
com.  d'Arvert,  cant  de  La 
Tremblade,  arr.  de  Marennes, 
231,  233. 

Lefraise,  imprimeur,  160. 

Le  François  de  La  Châtaigneraie 
(Marie-Anne)  ;  —  (Pierre),  262. 

Le  Freine,  184. 

Le  Gendre  (Pauline)  ;  —  profes- 
seur, 13,  14. 

Le  Gentil,  baron  de  Paroi,  con- 
tre-amiral, 78,  79,  165,  166. 

Léglise  (Jacques  de),  curé  de  St- 
Pierre  de  Saintes,  164,  177,  178; 
—  curé  de  Saint-Crépin,  164. 

Le  Grand  Coudret,  com.  de  Cher- 
ves,  cant  de  Cognac,  128. 

Le  Grand  Parc,  com.  de  CoRnac, 
130. 

Le  Gué  d' Aller é^  cant  de  Cour- 
çon,  arr.  de  La  Rochelle,  392. 

Le  Gué  de  Velluire,  cant  de 
Courçon,  arr.  de  La  Rochelle, 
333. 

Lehmann,  commerçant,   168. 

Lekain,  acteur,  179. 

Lelarffe,  contre-amiral,  30. 

Le  Maine  aux  Bretons,  près  St- 
Breuil,  170. 

Le  Maine  au  Picq^  com.  d'Ozil- 
lac,  cant.  de  Jonzac,  65,  67,  68. 

Lemaftre  (A.),  197. 

Le  Mans  (Sarthe),  60. 

Le  Masne  de  Broons,  93. 

Lemoine,  16. 

Lemonnier,  prêtre,  2,  36,  82,  136, 
137.  »    ,      ,      ,       , 

Le  Mont-Couer,  350. 

Lemoyne  (André),  poète,  76. 

Lemusnier,  trésorier  général  des 
finances,   372. 

Lenoir  (C.-A.),  artiste  peintre, 
269. 

Léonard  (Saint),  423-425. 

Léonce  (Saint),  74,  75. 

Léonce  de  Bordeaux,  107. 

Léon  TAfricain,  327. 

Léoville,  com.  du  cant.  de  Jon- 
zac, 66. 

Le  Pérai  (Charente),  135. 


Le  PerluiS'Breton  (Charente-In- 
férieure). 174. 

Le  Pelii-Ckéne,  com.  de  Maziè- 
res,  140. 

Le  Pelii-Coudrei,  com.  de  Cher- 
ves,  cant  de  Cognac,  128. 

Le  Peyral,  191. 

Le  Pinier,  com.  de  Saintes,   100. 

Lépine,  artiste  peintre,  270. 

VËpineuil,  com.  de  Saintes,  372. 

Le  Plaud,  com.  de  Chermignac, 
cant  de  Saintes,  91. 

Le  PorlaiL  près  Cognac,  183,  184. 

Le  Porl'Berieau,  com.  de  Bus- 
sac,  cant  de  Saintes,  115. 

Le  Porl'd'Envaux,  cant  de  Saint- 
Porchaire,  arr.  de  Saintes,  115. 

Leps  (André)   272. 

Le  Poitevin  de  Fontguyon,  185. 

Le  Puits  Neuf,  com.  de  Saintes, 
91. 

Lequinio,  conventionnel,  30. 

Léndon,  43. 

Le  Roux  (J.-A.),  valet  de  cham- 
bre, 29,  30,  34,  35  ;  —  (Marie), 
261. 

Les  Aires,  fief  des  Broglie,  366. 

Les  Alleux,  abbaye,  arr.  de  Melle, 
394. 

Les  Angeliers,  com.  de  Javrezac, 
261. 

Les  Barrières,  fief  des  You,  177. 

Les  Beguaux,  com.  de  Chaniers, 
177. 

Les  Bretons,  com.  de  Cozes,  169, 
170. 

Les  Bretons,  com.  de  Saint-Savi- 
nien.  169. 

Les  Cnalelliers,  abbaye  en  Poi- 
tou, 394, 

Les  Fontaines,  fief  des  Lousmes, 
384. 

Les  Fontenelles,  fief  des  Guillet 
272. 

Les  Forges,  fief  des  Tartas,  366. 

Les  Gonds,  com.  du  cant  de 
Saintes,  67. 

Les  Grimardières,  fief  des  Raffin, 
127. 

Les  Houlières,  com.  de  Courcô- 
me,  365-368. 

Les  Méloizes-Fresnoy^  10. 

Les  Mothes,  fief  des  Landreau, 
69,  70. 

Les  Ouillères,  com.  de  La  Cha- 
pelle des  Pots,  arr.  de  Saintes, 

Lespinasse,  notaire,  147. 


Digitized  by 


Google 


—  461  - 


Les  Planches.  Voir  les  Vinets. 
Les    Portes^    cant.  d'Ars  en  Ré, 

arr.  de  La  Rochelle,  392. 
Les  RabannièreSy  com.    de  Sain- 
tes, 375. 
Les  Rivières,  fief  des  Raymond, 

373. 
Les  SableS'<rOlonne  (Vendée),  27, 

33,  52,  98. 
Les    Sablières,    com.     de    Saint- 

Just,  14. 
Les  Séguineries,  fief  des  Meschi- 

net,  98,  99. 
Lessert,  fief  des  Maillart,  187. 
Lessieux  (L.),    aquarelliste,  269. 
Leslang    (Benjamin  de),  262  ;  — 

(Marguerite  de),  184. 
LesteUier,    178  ;    —    (Bertrand), 

163  ;  —  (J.),  procureur,  387. 
LesterpSf  com.  du  cant.  de  Con- 

folens,  191. 
Lesliac,    cant.    de    Cadillac,  arr. 

de  Bordeaux,  284. 
Les  Touches,  395. 
Les  Vesrons,  près    du    ChAteau- 

d'Oleron,  325. 
Les  Vinels  ou  Les  Planches,  près 

Barbezieux,  280,  291. 
Les  Vives,  fief  des  Fleuriau,  13. 
VEîage,  fief  des  Habrard,  72. 
Le  Taillan,  chftteau,  123. 
Le    Thou,    cant.    d*Aigrefeuille, 

arr.  de  Rochefort-sur-Mer,  391. 
Létoumeau  (J.-B.),  assesseur,  29. 
Le  Treuil,  fief  des  Pandin,  188. 
Leucades,  tles  Ioniennes,  243. 
Levallois,  13. 
Le  Vallon  des  Arcs,  près  Saintes, 

244, 
L'Evêque  (Charles),  lieutenant  de 

vaisseau,  30. 
Lévéquot,  64. 
Le  Vergeroux,  com.  du  cant  de 

Rochefort-sur-Mer,  391. 
Le  Vésinel  (Seine-et-Oise),  273. 
L'Evesque  (Anne),  73. 
UEvière,  monastère    à    Angers, 

350. 
Le  Vigeanl,  fief    des    Poussard, 

178. 
Le  Vigneau,  fief  des    Landreau. 

73. 
Lévis-Mirepoix  (duc  de),  364. 
Le  Vivier,  fontaine,  35. 
VHermenaull,  chef-lieu  de  cant, 

arr.  de  Fontenay-le-Comte,  334. 
L'Homandie,  156,  160. 


L'Homme,  fief,  com.  de  Saintes, 

108. 
LHopiteau,  com.  de  Bords,  cant 

de  Saint-Savinien,  151. 
UHoumeau,  com.  du  cant  de  La 

Rochelle,  391. 
L*Huillier    de    Rouvenac,   prieur 

de    Saint-Etienne   de   baignes, 

395. 
Lian  (Louise),    144,   145,  208  ;  — 

(Ulnc),  chef  de  bataillon,  145. 
Lignières  (Isaac  de)  ;  —  (Pierre 

de),  379. 
Vile  d'Elle,  cant.   de  Chaillé-les- 

Marais,    arr.    de    Fontenay-le- 
Comte,  333,  392. 
Limoges  (Haute-Vienne),  203. 
Limouzin,  notaire,  163  ;  —  (Jean), 

chapelain,  164. 
Lindet,  430. 
Liniers  (de),  129. 
Lisle  (de),  373. 
Lislea,  Lisleau,  (Aynor  de),   117, 

118;  —  (Norète  de),  U7. 
Littay   (P.),    notaire  ;    —    (Rose- 

Eqstelle),  70. 
Livenne  (Anne-Félicité  de),    128  ; 

—  (Jeanne),  126. 
Loire,  com.   du  cant  de   Roche- 
fort-sur-Mer, 391. 
Loix,  cant  d*Ars  en  Ré,  arr.  de 

La  Rochelle,  392. 
Longespée,  Longuespée  (Jeanne), 

98. 
Longèves,  cant  de  Marans,  arr. 

de  La  Rochelle,  391. 
Longue,  chef-lieu  de  cant,  arr. 

de  Baugé,  226. 
Lonne,  ûeî  des  Broglie,  366. 
Lonzac,  pour  Vanzac^  cant  d'Ar- 

chiac,  arr.  de  Jonzac.  71. 
Loquet    de    Blossac    (Edouard), 

sous-préfet  de  Saintes,  78. 
Lorignac,  cant    de    Saint-Genis, 

arr.  de  Jonzac,  169. 
Lorimonl,  185. 
Losme  (Regnaud  de),  117. 
Lost  (Morin  ou  Motin  de),  382. 
Lote,  382. 

Loti  (Pierre),  (Julien  Viaud),  aca- 
démicien, 43t5. 
Loudun  (Vienne),  346. 
Loulau,   chef-lieu    de    cant,  arr. 

de  Saint-Jean  d*Angély,  85,  251, 

331,  349. 
Loupiac  (de).  Voir  Crazannes. 
Lourdes,  chef-lieu  de  cant,  arr. 

d'Argelès,  189. 


Digitized  by 


Google 


—  462  — 


Lousignac,  cant.  de  Matha,  air. 

de  Saint-Jean  d'Angélv,  72. 
Lousmes  (Jacques  de),  584. 
Loyer  (J.),  marchand,  373,  374. 
Lozon  (de),  intendant  de  la  jus- 
tice, 383. 
Lucas  (H. -M. -F.),  artiste  peintre, 

269. 
Luce  (Siméon),  370. 
Lucéral,  com.  de  Saintes,  109. 
Luchairc  (A.),  2. 
Luchet  (de),  prêtre,  235. 
Luçon,  chef-lieu  de  cant.,  arr.  de 

Fontenay-le-Comte,  334, 
Luaealy    com.  de    Fléac,  canton 

(f  Angoulême,  185. 
Luguet,  professeur,  325. 
Lurbe  (de),  298. 
Lussac,  com.  du  cant.  de  Jonzac, 

73. 
Lussanl,    cant.     de  Tonnay-Cha- 

rente,     arr.    de  Rochefort-sur- 

mer,  8. 
Lutaud,  140. 
Luther    (Sophia)  ;    —    (Thomas), 

96. 

M 

Macé  (Jean),  203. 

M achennesj  com.   de  Mazerolles, 
cant  de  Pons,  arr.  de  Saintes, 

2ia 

Macler  (M™),  5  ;  --  (B.),  359. 
Madame,  île,  com.   de  Sainl-Na- 

zaire,    cant   de    Saint-Aignan, 

arr.  de  Marennes,  432. 
Magezy,  com.  de  Saintes,  386. 
Magnac,  Maiprnac  (Suzanne  de)  ; 

—  (Renée  de),  71. 
Magnac,  394. 

Magne  (baron  de)  ;  —  (Lydie  de), 

^ogny^  prieuré,  397. 

Maf^una,  39. 

Maigneau    (Bernard)  ;  —  (Jean)  ; 

—  (Mario),  128. 

Maillard  (L.-A.),  institutrice,  159. 
Maillart  (Joseph),   sieur  de  Mor- 

ville  ;    —    (Nicolas),    sieur    de 

Lessert,  187. 
Maillé,   cant   de  Maillezais,   arr. 

de  Fontenav-le-Corate,  409. 
Maillé  (Hardouin  de),  187. 
Maillot,  notaire,  164,  168,   179. 
Maillezais  (Pierre  de],  412. 
Maillezais,  chef-lieu  de  cant,  arr. 


de  Fontenay-le-Comte,  13,  352, 
334,  349,  391,  424,  425,  427. 

Maillou,  com.  de  Saint-Saturnin, 
cant  de  Hiersac,  arr.  d*Angou- 
lême,  185. 

Maingaud  (vicomte),  249,  250. 

Maisonneuve  (E.),  capitaine  de 
vaisseau,  145,  207,  208  ;  — 
(Louise),  145,  208  ;  —  (Henri), 
208. 

Maître,  173,  174  ;  —  (Léon),  13L 

Malafosse  (Elisabeth  de).  206. 

Maliean  (Louise),  93. 

Mallard,  95. 

Mallesburg   (Guillaume  de),   257. 

Mallet  (Hélie),  échevin,  122. 

Malo  (Saint),  74. 

Malprade  (Marie-Jeanne  de),    12. 

Mammès-Rataud  (Désirée),   89. 

Manguy  ;  — -  (Jean),  sieur  de  Lé- 
cart,  127. 

Manzer  (comte  Eble),  ou  le  Bâ- 
tard, 247,  248. 

Maquoau,  353. 

Maquignon,  maître  de  bateau  de 
poste,  97. 

MaranSy  chef-lieu  de  cant,  arr. 
de  La  Rochelle,  1,  124,  333,  351. 
392,  393. 

Marays  (Guy),  joueur  d'instru- 
ments, 176. 

Marcel  (Le  P.),  franciscain.  Voir 
Perronneau. 

Marchais  (Marie),  67. 

Marchand  (Ch.l.  330;  —  (Fr.), 
procureur,  369. 

Marchât,  avoué,  201. 

Marchegay,  109,  162. 

Marchcsafier  de  Bellevue  (Anne 
de)  ;  —  (Gabriel),    pasteur,  71. 

Marchesseau,  marchand  sarger, 
374. 

Marcillac  en  Angoumois,  410,  411. 

Marcillac  (Honoré  de),  130. 

MarcillaC'Laborie  en  Périgord, 
130. 

Marcouillct,   notaire,  176,  180. 

Marcus  (Jean),  prêtre,  356. 

Marcut  (PiâreJ,  (Marcel  Pellis- 
son),  182,  183. 

Maréchal,  64  ;    —    notaire,    115, 

164  ;  —  (Catherine),  115,  177. 
Marencennes,  com.  de  Saint-Ger- 
main de  Marencennes,  254. 

Marennes    (Charente-Inférieure), 

88,  344,  347,  350,  394,  3%. 
Marestay,    com.    de  Matha,  arr. 
de  Saint-Jean  d*Angély,  252. 


Digitized  by 


Google 


-  463  — 


Margon  (de),  9. 
Margry  (Pierre),  328. 
Manéton  (Paul),  359. 
Marnef    (Enguilbert    de),    impri- 
meur, 286,  288. 
Marot  du  Portail  ;  —  (Samuel)  ; 

—  (Pierre),  184. 
Marquizeau,  fermier,  161. 
MarsaiS'Sainîe-Iiadégonde,    cant. 

de  l'Hermenault,  334. 
Marsan,  fief  de    Marie    d'Albret, 

71. 
Marsay,  notaire,  123. 
Marsajj,  cant.   de   Surgères,  arr. 

de  Kochefort-sur-mer,  391. 
Marsillyy  com.   du    cant.   de    La 

Rochelle,  391. 
Martell   (Ed.),  262  ;  —  (Gabriel), 

204  ;  —  (Sophie),  128  ;  —  (Th.), 

262. 
Martial  (Saint),  422,  423,  425. 
Marligny,  335. 
Martin  (Angélique),  378;  —  (Jean), 

164  ;  —  maître  de  danse,   165  ; 

—  (P.),  laboureur,  371  ;  — 
(Saint),  189  ;  —  abbé  de  Saint- 
Jean  d^Angély,  331. 

Martin  de  Lauzac,  9. 
Martineau,  magistrat,  43  ;  —  né- 
gociant, 88  ;  —  (marquise),  262; 

—  (Samuel),  204. 
Martinet,  tapissier,  3. 
Marlourel,    com.     de    Pérignac, 

216. 
Marlreuil,  com.  de  La  Trémouil- 

le,  arr.  de  Montmorillon,  366. 
MarvUle  en  Genté,  cant  de   Se- 

f'onzac,  arr.  de  Cognac,  185, 
87. 

Mascelin,  châtelain  de  Tonnay- 
Charente,  351. 

Masdion,  com.  de  Virollet,  cant. 
de  Gémozac,  arr.  de  Saintes, 
395. 

Masse,  topographe,  39,  40,  41,  43, 
44,  60,  62,  324. 

Massé,  député,  137. 

Masséna,  àl9. 

Massiou,  historien,  116,  191,  380. 

Masson,  %  ;  —  (L.),  mattre  bro- 
deur, 382. 

Matassier  (Michel),  373. 

Matha  (Foulques  de),  381,  382. 

Mat  ha,  chef-lieu  de  cant.,  arr.  de 
Saint-Jean  d'Angélv,  190,  192, 
217,  251,  252,  324,  338,  343,  361, 
394. 

Mathelon  (Charente),  342. 


Mathurin,  164. 

MauLerger  (G.),  432. 

Mauchen  (M.),  conseiller  au  pré- 
sidial  de  Saintes,  163. 

Maume,  imprimeur,  164. 

Maumussorij   124. 

Maurain  (Suzanne),  207. 

Maurville  (M»«  de),  233. 

Maury,  archevêque  de  Paris,  395^ 

Maussac,  fief  des  Bremond,  362. 

Mauves,  cant.  de  Carquefou,  arr. 
de  Nantes,   174. 

Mauzé,  chef-lieu  de  cant,  arr.  de 
Niort,  332,  391,  392. 

Mazières,  chef-lieu  de  cant,  arr. 
de  Parthenay,  140. 

Mazotles,  com.  de  Segonzac,  arr. 
de  Cognac,  185. 

Meaux  (de),  9. 

Médis,  cant  de  Saujon,  arr.  de 
Saintes,  217. 

Mèpfc  (Jean),  chanoine,  382. 

Méhée  (Madeleine),  129. 

Meillac,  administrateur  du  dio- 
cèse d'Angers,  226. 

Melle  (Deux-Sèvres),  247.  251-253. 

Meller  (Pierre).  197. 

Mémeteau  (Marguerite),    128. 

Ménard  (Louis),  banquier,   273. 

Meneau,  avocat,  164;  —  (Agathe), 
271. 

Mérian,  40. 

Meirlat,  docteur  en  médecine,  373. 

Merlin,  315  ;  —  ministre  de  la 
justice,  33. 

Merpins,  com,  du  cant  de  Co- 
gnac, 116,  184,  339,  395. 

Mersac  (Simon  de),  66. 

Merveni,  cant  de  Saint-Hilaire 
des  Loges,  arr.  de  Fontenay-le- 
Comte,  428. 

Méry,   bourgeois,  176. 

Meschers,  cant  de  Cozes,  arr.  de 
Saintes,  70,  355. 

Meschin,  326. 

Meschinet  (Michel),  99-101  ;  — 
(Michel),  sieur  du  Bouauet,  98  ; 
—  (Estienne),  sieur  ae  Per- 
chaud,  99,  101  ;  —  (Jacob),  sieur 
du  Breuil.  99  ;  —  (Jacques), 
sieur  de  Bel-Air,  99  ;  —  (Es- 
tienne), sieur  des  Séguineries, 
98:  —  de  Richemond  (Adolphe), 

f)asteur  ;    —    (André),     12  ;  — 
Louis),  archiviste,  12,  197. 
Mesnard  (Amédée),  avoué,  83,  95, 
435. 


Digitized  by 


Google 


—  «4  — 


Mtsseux,  com.  du  Câilt  de  Ruf- 
fec,  366. 

Mestreau  (A.),  soldat,  373. 

Mesturas,  notaire,  366. 

Métadier,  évêque  constitutionnel, 
227. 

Métais,  prêtre,  écrivain,  268,  350. 

Métayer  (Anne),  130  ;  —  (F.),  apo- 
thicaire, 180. 

Méthé  (M.),  marchand,  387. 

Melz  (Moselle),  121. 

Meurand,  139. 

Meuz,  com.  du  cant.  de  Jonzac, 
69,  71,  141. 

Moyer  (E.),  ingénieur,  200. 

Meynier,   docteur-médecin,    174. 

Michaud,  149. 

Michel,  négociant,  185;  —  (Isaac), 
seigneur  de  La  Morinene,  168. 

Mignien,  de  Niort,  4. 

Migréy  cant.  de  Loulay,  arr.  de 
Saint-Jean   d'Angély,  362. 

MigroTiy  cant.  de  Burie,  arr.  de 
Saintes   338. 

Milher,  Milhier  (Guillaume),  pré- 
vôt, 116  ;  —  (Jehan),  prêtre, 
117,  lia 

Millange  (Guillaume)  ;  — -  (Jac- 
ques), 290  ;  —  (Simon),  impri- 
meurs, 281,  287,  289,  290,  &1, 
295,  29a 

MillemillangeSf  com.  de  Saint- 
Goussaud  (Creuse),  290. 

Millin,  122. 

Mimaud,  128. 

Mirambeau,  charretier,  371. 

MirambeaUf  chef-lieu  de  cant, 
arr.  de  Jonzac,  73,  169,  171, 227, 
340,  342. 

Mirebeau,  chef-lieu  de  cant,  arr. 
de  Poitiers,  346. 

Mode  (Madeleine),  375. 

MoingSf  com.  du  cant  de  Jonzac, 
17a 

Moingl,  com.  du  cant  de  Mont- 
brison,  121. 

Mollet,  juge,  376  ;  —  (veuve),  369. 

Mollis  (Arnaud),  389,  390. 

Monacy  402. 

Monbrariy  com.  de  Foulayronne, 
cant  d'Agen,  12,  194. 

Monchamp,  près  Cognac,  261, 
262. 

Mondollot  (de),  293. 

Monestier,  représentant  du  peu- 
ple, 313  ;  -—  dit  le  père  Siirou- 
gnat,  202. 


Monaaugé,  com.   de  Chérac,  88, 

Monginot  (Jeanne),  129. 

Mongiron-Millanges  (J.),  impri- 
meur, 290. 

Mongrand,  notaire,  99,  101. 

Monnet,  mattre  d'écritures,  159. 

Monnier  (Jacques),  capitaine  de 
vaisseau,  30 1  —  (Pierre),  ex- 
curé de  Montroy,  402. 

Monsnereau,    notaire,   69,  72-73  ; 

—  (Marie-Félicité),  72. 
Montaigne  (Raymond  de),  évêque 

de  Rayonne,    163,  372,  380  :  — 
(Michel),  292. 
Montalembert  (Adam-Charles)  ;— 
(Charles)  ;  —  (Pierre  de),  130  ; 

—  (Casimir  de),  241  ;  —  (Henri 
de),  a 

Montandre,  chef-lieu  de  cant, 
arr.  de  Jonzac,  340-342,  379,  394. 

Montausier  (M»«  de),  177. 

Moniausiery  com.  de  Baigne-Ste- 
Radégonde,  66,  340-342. 

Montazet  (de),  227. 

Montbron  (de),  324  ;  —  (comte 
de)  ;  —  (vicomte  de),  lieutenant 
de  dragons  ;  —  (vicomte  René 
de)  ;  —  (vicomte  Jean  de),  10. 

Montbron,  chef-lieu  de  cant, 
arr.  d*AngouIême,  406. 

Montel,  326. 

Montholon,  305. 

Moniguuon,  chef-lieu  de  cant, 
arr.  de  Jonzac,  123,  135,  340, 
341,  394. 

MortHerneuf,  com.  de  Saint-Ai- 
gnan,    arr.  de    Marennes,  393, 

Monlijauiy  paroisse  de  Salles,  127. 
Monlignac,    com.   de    Bougneau, 

cant  de  Pons,  214,  2ia 
Montillet,    curé    de     Courcoury, 

Monllieu,  chef-lieu  de  canC,  arr. 

de  Jonzac,  180,  340-342. 
Montmor  (Jacques  de),  323. 
MontmoreaUy  chef-lieu  de  cant, 

arr.  de  Rarbezieux,  299. 
Montmorency  (de),    maréchal  de 

France  ;  —  (marquis  de),  304, 

305. 
Moniours,     com.     de    Nercillac, 

cant  de   Jarnac,   arr.  de    Co- 
gnac, 128. 
Montpellier    de    Médillan,    cant 

de  Gémozac,    arr.  de   Saintes 

315. 


Digitized  by 


Google 


—  465  — 


Monfplaisir,   domaine    des    Bre- 

mond,  com.  de  la  Chapelle  des 

Pots,  233,  300. 
Montrog,  cant.  de  La  Jarrie,  arr. 

de  La  Rochelle,  391,  402. 
Montson,  ou  Moulston   capitaine 

de  vaisseau,  24,  28,  29,  3L 
M  aras  (comte  de),  10. 
More,    bourgeois    et    marchand, 

374. 
Moreau,  95,  430  ;  —  (Bénigne),  70; 

—  administrateur,  64  ;  —    ar- 
cher, 177  ;  —  général,  92,  319  ; 

—  médecin  -  vétérinaire  ;     — 
pharmacien,  13  ;  —  notaire,  70  ; 

—  prieur  de  Saint-Léonard,  393. 
Moreaud  (E.),  131. 

Morin  (Julie-Clorine),   143. 
Morineau  de  Saint-Révérend  (Bé- 
nigne), 71. 
Monsseau  (Claude),  165. 
Morlé  (Dominique  de),  389. 
Mornac  (comte  de),  député.   80  ; 

—  (vicomte    de),     général,  80, 
310. 

Mornac,  cant.  de  Royan,  arr.  de 

Marennes,  123,  186,  343. 
Morpain  (veuve),  imprimeur,  282- 

286,  289,    294;    —    (François), 

imprimeur,  289. 
Morlagne-sur-Gironde,    cant.    de 

Cozes,  arr.  de  Saintes,  343,  354, 

365,  394. 
Mortemer  (François  de),  185,  187; 

—  (Guy  de)  ;  —  (Jacquette  de); 

—  (Jean  de),  187. 
Mossion,  prêtre,  378. 

Mossu  (Louis),  marchand,  373. 
Mouchard,  marchand  sarger,  371. 
Mouchet,  notaire,  376. 
Mougon.  cant  de  Celles,  arr.  de 

Melle,  428. 
Moullé  (Frédéric),  lieutenant  de 

vaisseau  ;  —  (famille),  143. 
Moulin,  général,  315. 
Mourier  (P.),  324. 
Mousnier    (L-E.),     pharmacien, 

144. 
Moutardon,  com.  du  cant  de  Ruf- 

fec,  366. 
Moulkiers,  cant  de  Blanzac,  arr. 

d'Angoulème,  272. 
Moux  (Ajmaud),   garde    du  scel, 

117. 
Mouzon,  chef-lieu  de  cant,  arr. 

de  Sedan,  413. 
Moyne,  326  ;  — -  (André),  conseil- 
ler,   116  ;  —    (Hélie),    117  ;  — 


(MériMon),  118  ;  —  juge  iMré- 
vôt,  372  ;  —  (Henri),  sieur  de 
L'Epineuil,  372. 

Moysant,  326. 

Muller  (baron),  général,  79,  80, 
309-321  ;  —  (Angélique),  321  ; 
—  (Jacques),  311,  312  ;  —  (Loui- 
se), 321. 

Mung  (Le),  com.  de  Saint-Por- 
chaire,  arr.  de  Santés,  151. 

Muron,  cant.  de  Tonnay-Charen- 
te,  arr.  de  Rochefort,  92,  254, 
331. 

Musseau  (Elisabeth),  66. 

Musset  (Georges),  archiviste-pa- 
léographe, 3,  106,  169,  195,  197, 
202,  203,  210,  215,  244,  251-253, 
326-328,  332,  340,  356,  375  ;  - 
(Jean),  architecte,  210,  225. 

N 

t 

Nachamp,  cant  de  Tonnay-Bou- 

tonne,  arr.  de  Saint-Jean  d'An- 

gély,  251. 
Nancras,  cant  de  Saujon,  arr.  de 

Saintes,  5. 
Nanglard,    prêtre    écrivain,  323, 

340,  432. 
Nanleuil,  abbaye,  cant  de  Ruf- 

fec  (Charente),  417. 
Nanleuil,  fief  des  Broglie,  366. 
Nantillé  (M»*  de),  317. 
Narbonne  (Aude),  290. 
Nassans,  lieutenant  d^infanterie, 

365. 
Nau  (Jean),  marchand,  162. 
Naud,  architecte,  3,  81. 
Nauzais,  284,  285,  291,  294,  299. 
Nelle      (Louise-Henriette-Félicité 

de),  367. 
Nemours  (duc  de),  307. 
Nercilla    ou    Nercillac-Narcillac, 

cant.  de  Jarnac,  arr.  de  Coffnac. 

128,  187,  188.  * 

Nerra  (Foulques).  Voir  Foulques. 
Nersac,  com.  du  cant   d'Angou- 

lême,  140,  141. 
Neshj  fief  des  Clermont,  209. 
NeuviCf   canton    de    Montguyon, 

arr.  de  Jonzac,  105. 
Neuvicq,  cant  de  Matha,  arr.  de 

Saint-Jean   d^Angély,    204,  274. 
Neuillac,  cant  d'Archiac,  arr.  de 

Jonzac,  182,  340. 
Nevers  (Renaud,  comte  de),  405. 
Nicéron,  285. 


Digitized  by 


Google 


—  466  — 


Nicole,  164  ;  —  conseiller  géné- 
ral, 6. 

Nieul,  fief  des  Saint-Marsault, 
185. 

Nieul,  fief  des  Poute,  72. 

Nieul-lêS'Saintea,  com.  du  cant. 
de  Saintes,  91,  190. 

Nieul-le-Virouilhy  cant.  de  Mi- 
rambc'au,  arr.  de  Jonzac.  71. 

Nieul'Sur-Merf  com.  du  cant  de 
La  Rochelle,  206,  391. 

Nlmeê  (Gard),  121,  279,  360. 

Nimis  (Crespin),  389,  390. 

Niox,  376,  3t7. 

Nival,  389. 

Nivet,  156. 

Noël  (Françoise)  ;  —  (Jean), 
avoué,  185. 

Noirmoulier,  île,  arr.  des  Sables 
d'Olonne,  23,  33. 

Nollet  (Marguerite),  91. 

Nonnac,  en  Genté,  184. 

Nordein,  photographe,  356. 

Norgate  (Kte),  330. 

Normand  (Marie),  262  ;  —  (Pier- 
re), 261  ;  —  (Jean),  sieur  de 
Monchamp  ;  —  (Jacques),  262. 

Normand  de  La  Garenne  (Marie), 
129. 

Normand-Dufié,  13. 

Nossay  (Perrette  de),  186. 

Nouguès  (Jean-Baptiste),  député, 
159. 

Nozerines  (Jean  de),  prêtre,  378. 

Nuaillé^  Noailléy  cant.  de  Cour- 
con,  arr.  de  La  Rochelle,  331- 
332,  391,  395. 


0 

Ocoy  (Jean-Casimir  d'),    127  ;  — 

(Louis   d'),    seigneur    de    Cou- 

trelles,  126. 
Oclon,   cant.  de    Lunas,   arr.  de 

Lodève,  9. 
Odilon,  abbé  de  Cluny,  418,  420, 

423,  427,  428. 
Oflfré  (P.),  marchand,  264. 
Ogier  (J.),  procureur,  369. 
Oirorif  cant.  de  Thouars,  arr.  de 

Bressuire,  264. 
Olce    (Ch.   d'),  capitaine,  82  ;   — 

(J.  d),  321. 
Oleron,  île,  arr.  de  Marennes,  65, 

192,  315,  324,  344,  348,  350,  351, 

354,  394 


Ollivier,  263  ;  ^  (A.),  198  ;  —  (G.), 
artiste  peintre,  280. 

Orange  (Vaucluse),  121,  360. 

Orbigny  (d)  ;  —  (Alcide),  natu- 
raliste,   11. 

Ordonneau  (G.),  198. 

Ordontius,  évêque  d'Auch,  103. 

Oi'ance,   105. 

Orioux,  com.   de   Courcelle,  361. 

Orléans  (duc  d'),  307. 

Orléans  (Loiret),  106. 

Ossant,  326. 

Ostent  de  Taillebourg,  353. 

Othon  de  Brunswick,  duc  d'Aqui- 
taine, 116. 

Oudet  (baron  A.),  5,  78,  93,  133, 
165;  —  (Joseph),  inspecteur  des 
chemins  de  fer,  165. 

Ouïmes,  cant.  de  Saint-Hilaire 
des  Loges,  334,  335. 

Ozeau  (Marie),  99. 

Ozillac,  com.  du  cant.  de  Jon- 
zac, 187. 


Paccaud  (Fr.),  charron,  114. 

Padel  (C.y,  drogman,  19a 

Pailhou  (Pierre),  386. 

Pailler  on,  com.  de  Richemont, 
184. 

Paillier,  magistrat  ;  —  (Louise), 
365. 

Paillot,  conseiller  du  roi,  372. 

Painparé  (Charles),  359. 

Palais,  120. 

Palissy  (Bernard),  356. 

Pandin  (Agathe)  ;  —  (Charles- 
Ph.)  ;  —  (Charles),  vicomte  de 
Nercillac  •  —  (Ernest),  comte 
de  Nercillac  ;  —  (Gaspard), 
seigneur    de    Roumefort,  188  ; 

—  de  Lussaudière,  82. 
Papillaud,    docteur-médecin,    6  ; 

—  (G.-E.),  140. 

Paradol  (R.),  prêtre,  369. 

Parabère  (de),  abbesse  de  Sain- 
tes,  148. 

Pariolleau  (Pierre),  312. 
Parou,  fief  des  Le  Gentil,  78,  165. 
Parlhenay  (Deux-Sèvres),    411. 
Pasquier  (Louise-Thérèse),  207  ; 

—  notaire,  404. 
Patry  (H.),  131,  325. 
Paulian,  13. 

Paulme  de  Saluces  (Marie),  88. 


Digitized  by 


Google 


—  467  — 


Pawloski  (A.),  198. 

Payan  (André),  sieur  de  Gom- 
baud  ;  —  (Françoise),    128. 

Payant,   mattre  cordonnier,   374. 

Peanne  (Jean),  372. 

Peaunier-Beauchamp,  lieutenant 
de  vaisseau,  30. 

Peladan,  360. 

Pelet  (Paul),  professeur,  138. 

Pella  (Paulin  de),  103. 

Pellerin  (Antoine),  29,  30,  34. 

Pelletan,  ministre  de  la  marine, 
140  ;  --  (Suzanne),  184. 

Pelletier,  capitaine  de  frégate, 
86,  149. 

Pelletreau  (François)  ;  —  (Mar- 
guerite), 7à. 

Pelligneau,  notaire,  66. 

Pellissier  (Marie-Julie),  14. 

Pellisson  (Jules),  juge,  157,  160, 
435. 

Pelloquin,  boucher,  177. 

Pellot  (Claude),  intendant  de  jus- 
Uce,  147. 

Pelluchon  (Jacques),  262  ;  —  no- 
taire, 66. 

Pellu  du  Champ-Renou  (Char- 
lotte) ;  —  (Jules),  141. 

Pelouaille,  près  Saint-Jean  d'An- 

^gély,  85. 

Penard  (M.-A.),  marchande,  359. 

Penaud  (Jean-François),  127. 

PenhaCy    fief  des  LiRuières,  379. 

Penot  (Julienne),  261  ;  —  (Mar- 
guerite), 184. 

Pépin,  maire  du  Palais,  156,292  ; 

—  (Catherine),  129  ;  —  (Marthe- 
Thérèse),  262  ;  —  (J.-R.),  sieur 
de  La  Tour,  128. 

Perchaudy  fief  des  Meschinet,  99. 
Péré  (G.),  charpentier,  385. 
Périgon  (D.),  maréchal  de  Fran- 
ce, 130. 
Pérignac,  cant  de  Pons,  arr.  de 

Saintes,  135,  189,  201,  210,  214- 

221,  341,  394. 
Périgny,    com.  du  cant  de    La 

Rochelle,  391. 
Périgueux  (Dordogne),  56,  60,  74, 

75. 
Pernes  (Louis  de),  60,  381,  382, 

386 
Péronne  (Nord),  171. 
Perraud  (Marie),  71. 
Perrault   (A.),    198;  —  (Jeanne), 

326. 
Perreau  (Jacques-A.);  —  (Louise); 

—  (Victoire)  ;  —  (Félicité),  165. 


Perrin  (Jacques),  maire  de  Co- 
gnac, 127. 

Perrin  ;  —  (Jean)  ;  —  (Marie- 
Anne)  ;  —  (Philippe)  ;  —  (Pier- 
re), échevin  ;  —  de  Boussac 
(Jacques)  ;  —  (Jacques-Théo- 
dore), 262. 

Perrin  de  Beaugaillard,  185. 

Perrineau,   entrepreneur,    3. 

Perron neau  ou  Le  P.  Marcel, 
franciscain,  182,  183. 

Pesche-le-Chàlel  (Doubs),  365. 

Pessines,  com.  du  cant.  de  Sain- 
tes, 312. 

Petit  (Guillaume),  prêtre,  116  ; 
—  (Jean),  389  ;  —  lieutenant 
dinfanterie,  199. 

Peudru,  com.  de  Saint-Martial 
de  Montmoreau,  cant.  de  Mont- 
moreau,  arr.de  Barbezieux,185. 

Phelippier  (Elisabeth),   129. 

Phelippon  (Adam),  avocat  ;  — 
(Armand),  greffier,  187. 

Phelippot,  426D. 

Philebert,  général  de  division, 
273. 

Philippe  (Gaspard),  imprimeur, 
288. 

Philippier  (J.),  adeur  de  Fléac- 
sur-Charente,  163  ;  —  (Gilles), 
conseiller  au  présidial,  164. 

Piaud  (Elie),  marchand,  379. 

Piaut  (Jean),  382. 

Piéri,  professeur,  199. 

Pierre  de  Maillezais,  moine,  425, 
427. 

Pipuerit  (Marianne),  167. 

Pus  (chevalier  de),  312. 

Pilié,  6. 

Pinasseau,  326  ;  —  ancien  notai- 
re ;  —  (Marthe),  208. 

Pinet,  représentant  du  peuple, 
313  ;  -  (Elie),  6. 

Piochaud,  160. 

Piquery  (Ivon),  arquebusier,  164. 

Piron  (Eug.),  193. 

Pisany,  cant.  de  Saujon,  arr.  de 
Saintes,  148. 

Planât  de  La  Faye,  206. 

Planchet  (Dom),  112. 

Plassac,  cant  de  Saint-Genis, 
arr.  de  Jonzac,  66,  73,  79,  100, 
196,  227. 

Poquaire  (Charles  de),  128,  264  ; 
—  (Henri  de),  129;  —  (Louis 
de),  128. 

Podio  (Mathurin  de),    (du   Puy), 


Digitized  by 


Google 


-  468  — 


Poirault  (Théodore),  phannacien, 

135,  210,  214,  220. 
Poirier  (Anne)  ;  —  (E.),  notaire  ; 

—  (Louis),  prêtre  ;  —  (Georges); 

—  (Paul),  273. 

Poisson  (Pierre),  sculpteur,  93. 

Poitevin  (G.),  prêtre,  121. 

Poitiers  (vienne),  51,  56,  60,  104, 
129. 

Poittevin-Moléon,  maire  de  Sain- 
tes 301. 

Polastron  (M»*  de),  24,  32. 

Polfer  (Suzanne),  144. 

Pommeroye  (L.-R.  de),  capi- 
taine, 316,  317. 

Pons  (Pons  de),  187. 

Pons,  cheMieu  de  cant.,  arr.  de 
Saintes,  3,  38,  71,  135,  142,  170, 
171,  191,  192,  210,  211,  227,  267, 
312,  322,  341,  344,  352,  354,  359, 
394   399. 

Pontêroix  (J.  de),  173. 

Ponthon,  prêtre,  378. 

Ponl-Labbé^  cant  de  Saînt-Por- 
chaire,  arr.  de  Saintes,  3,  142, 
189,  266,  394. 

PonUevain  (François  de),  264  :  — 
(Isaac  de),  261,  264  ;  —  (Marie 
de).  264. 

Pontleooyt  cant  de  Montrichard, 
arr.  de  Blois,  256,  428. 

Porchaire,  docteur-médecin,  204. 

Porl'Brelon,  com.  de  Tlle  d*Yeu, 
23. 

Portier  ;  —  (Pierre}  ;  —  (Jean), 
seigneur  de  Gademoulin  ;  — 
(Marguerite),  184. 

Pottecher,  36Ô. 

Pottier  (H.),  199. 

Potut,  128. 

Pouigné,  fief  des  Broglie,  366. 

Poupillier  (  Clémence  ),  vicom- 
tesse des  Méloizes-Fresnoy,  9. 

Poussard  (Auguste),  comte  du 
Vij^eant;  —  ^Charles);  —(Jean), 
seigneur  de  Fors;  —  (Suzanne), 
126. 

Pousson  (A.),  docteur-médecin, 
199. 

Poule  (Jean-Baptiste),  seigneur 
de  Nieul,  72. 

Pradelle  (Jérôme),  164. 

Prahecq,  chef-lieu  de  cant,  arr. 
de  Niort,  253. 

Prégent,  13. 

PréguillaCy  com.  du  cant.  de 
Saintes,  273. 

Prérouxy  com.  de  Pérignac,  201. 


Presaac  (Gabrielle  de)  ;  —  (Jac- 
ques de),  186. 

Prévost  (Catherine),  128;  —  li- 
braire, 140. 

Prévostière  (Jean),  notaire  ;  — 
(Nicolas),  187  :  —  (Marie)  ;  — 
(Pierre)  ;  —  (N.),  sieur  de  Mar- 
ville,  185. 

Priaire,  cant  de  Mauzé,  arr.  de 
Niort,  391. 

Prieur,  95,  430  ;  —  (Christophe), 
124;  —  (Denis),  95,  124;  — 
(Pierre),  389,  390. 

Prioleau.  326. 

Prochoble,  430. 

Prouhel,  vice-amiral,  208L 

Proust  (Emile),  40,  62,  356. 

Prouteau,  notaire,  114,  167. 

Proutière,  377. 

Prud'homme  (G. -H.),  270. 

Prullon,  fief  des  Débordes   66. 

Puyguyon  (François  de),  185  ;  — 
(Mane  de),  263. 

Puyravault,  cant  de  Surgères, 
arr.  de  Rochefort-sur-Mer,  347, 
391. 

Puysaie,  92. 


Quantin  (Marie-Lucile),  208. 
Quesnel  (Brigitte),  272. 
Quiberon.  chef-lieu  de  cant,  arr. 

de  Lorient,  21,  23,  25,  26,  36, 

78,  82. 
Quineau  (François),  389,  390. 


Rabaine  (Jean  de),  130. 
Rabillard  (D.),  sieur  de  La  Ber^ 

tramière,  99,  101. 
Raboteau,   115  ;  H  Josué),   114  ; 

—  (P.-P.),  95. 
Racine,  15. 

Rainguet  (l'abbé),  historien,  430. 
Rainaud  (chevalier),  254. 
Rainaud,  abbé  de  St-Jean  d'An- 
gély,  416-420,  422,  423,  425,  426. 
Rambaud  de  Larocque  (Aucruste); 

—  (Marcel,    avocat  ;    —    (Mar- 
guerite) ;  —  (Louise),   10. 

Ramé.  326. 

Ramnulfe,  comte  de  Poitiers.  837. 

Rançon  (de),  seigneur  de  Taille- 
bourg,  405  ;  —  (Aymeri  de), 
407-409  ;  —  (Geoffroy  de),  407, 


Digitized  by 


Google 


—  469  - 


409-411  ;  —  (Robert  de),  407, 
408,  410. 

Rançon^  près  Mauzé  (Deux-Sè- 
vres), 251,  332. 

Ranson  (Jeanne),  188. 

Raoulx,  326. 

Rataud  (J.),  tailleur  d'habits,  371. 

Râteau  (Jean),  91. 

Ravail  (Fernand),  avocat  ;  — 
(Pierre),  notaire,  12. 

Ravard  (J.),  sergent  royal,  162. 

Ravaud,  176  ;  —  (Jean),  387  ;  — 
(Jean),  marchand,  180;  —  (Pier- 
re), 180. 

Raymard,  secrétaire,  226. 

Raymond  (Renée),  artiste,  83. 

Raymond  (Louis  de),  373. 

Ré,  île,  arr  .de  La  Rochelle,  28, 
96,  174,  315,  321,  373,  391,  392, 
428. 

Reau  (N.),  chirurgien,  385. 

Réaux,  com.  du  can(.  de  Jonzac, 
69,  72. 

Rédet,  332-334. 

Redon,  34. 

Redon,  com.  de  Saint-Just,  14. 

Regamey  (F.),  199. 

Regelsperger  (Gustave),  139,  328, 

Regnard  (N.),  372. 

Reraaud  de  Saint- Jean  d*Angély, 

Regnault  (G.),  capitaine  de  vais- 
seau, 93,  144  ;  —  magistrat, 
245  ;  —  médecin,  34. 

Regnaut,  326  ;  —  (Penin),  bou- 
cner,  117. 

Régnier  (Jane)  ;  —  (Paul),  colonel 
(Tartillerie  ;  —  (Paul),  prêtre, 
92,  93. 

Renard  (Georges),  199. 

Renaud  (Elisabeth),  184. 

Renaud  de  Craon,  406,  408-410. 

Renaud  de  Nevers,  407. 

Renaudet  (A.),  chanoine,  378;—- 
(S.),  chirurgien,  355. 

Renaudin  ;  —  amiral,  14. 

Renaudot,  ingénieur  ;  —  (Mar- 
guerite). 365. 

Renault,  15  ;  —  (Gabriel),  7 
(Elisabeth)  ;  — -  (Georges) 
(Marguerite)  ;  —  (Maurice) 
(Sophie),  8. 

Repéré,  64. 

Resnier  (J.^    marchand,  375. 

Retail  (Georges),  4. 

Relh,  village  sur  la  Sèvre,  334. 

R«T««.  TOBM  XXIV. 


Retz  de  Servies  (A.  de),  avocat, 
436. 

Réveillaud  (Nicolas),  372. 

Reverdy,  prieur  d*Arban,  397. 

Rex  (Deux-Sèvres),  332. 

Rezon ville,  cant  de  Gorze,  arr. 
de  MeU,  273. 

Reverseaux  (de)  intendant  de  La 
Rochelle,  60. 

Ricard  (Fr.),  sergent  royal,  370. 

Ricaudou,  notaire,  147. 

Richalley,  lieutenant-colonel  ;  — 
(Jeanne),  93. 

Richard,  262  ;  ■—  (Alfred),  archi- 
viste, 246-260,  332-355,  405-429  ; 
— -  (François),  389  ;  —  (Jean), 
99  ;  —  hydrogéologue,  180  ;  — 
préfet,  369. 

Richard  Cœur  de  Lion,  405. 

Richard  d*Alenour   (Marie),  367. 

Richelieu  (Antoine  de)  ;  —  (Fran- 
çois de),  131. 

Richellot,  162  ;  —  (Jean),  168. 

Richemond  (de),  archiviste,  82, 
88,  103,  124,  203.  Voir  Meschi- 
net. 

Richemond,  com.  de  Saint-Cré- 
pin  de  Mareuil,  cant  de  Ma- 
reuil,  arr.  de  Nontron,  7. 

Richemont,  com.  du  cant  de  Co- 
gnac, 184. 

Rignol  (Pierre  de)  ;  —  (Jean  de), 
127. 

Riollet  (de),  médecin,  373.  Voir 
Thomas. 

Riollet,  moulin,  352. 

Rioux,  cant  de  Gémozac,  arr.  de 
Saintes,  190. 

RiouX'Marlin,  cant  de  Chalais, 
arr.  de  Barbezieux,  341. 

Rippes  (Jean-Baptiste  de)  ;  — 
(Jean-Ch.-A.  de),  72. 

Ritter  (Claude),  359. 

Rivaille,  20a 

Rivière  (de),  23  ;  —  (marquis  de), 
32. 

Robert  (Jean),  architecte  ;  — 
(Marion)  ;    —    (Germain),   164  ; 

—  (Jean),   maiTchand,   176  ;  — 
photographe,  356. 

Robert  de  Nevers  ou  de  Sablé, 
405,  406,  408  ;  —  le  Bourgui- 
gnon, 405-410. 

Robespierre,  232,  313. 

Robicquet  (Jacques),  marchand  ; 

—  (Michel),  127. 

Robin  (H.),  dominicain,  324  ;  — 


Digitized  by 


Google 


—  470  — 


enseigne  de  vaisseau,  30  ;  — 
sous-ingénieur,  150. 

Robinet,  évoque  constitutionnel, 
227,  228. 

Rochechouari  (Haute  -  Vienne), 
252. 

Hocheforl'Sur-Mer  (Charente-In- 
férieure), 391,  393. 

Rocheteau  (J.),  jardinier,  114. 

Rocquemadour    (Abraham),    124. 

Rocquemadour  (Jacques  de),  99, 
101  ;  —  (Marguerite  de),  98,  99, 
101. 

Rodanet,  écrivain,  183. 

Roger,  331. 

Rogeron   (Gabriel),  227. 

Rohan  (Pierre  de),  maréchal  de 
Gié,  263. 

Roissac,  com.  de  Gensac,  185,187. 

Rolland,  369  ;  —  (Agathe-Athé- 
nals)  ;  —   (Jean-Baptiste),  îi7l. 

RomancaUf  com.  de  Saint-Dizant 
du  Gua,  cant.  de  Saint-Genis, 
arr.  de  Jonzac,  71. 

Romejorl,  fief  des  Pandin,  188. 

Rondeau  (Antoinette)  ;  —  Ferdi- 
nand), 69. 

Roquefort  (comte  de),  185. 

Roquefort,  fief  des  Pons,  187. 

Rosif^nac  (Marie  de),  91. 

Roubaud,   128. 

Rouillon  (Claude),  procureur  ;  — 
(M.),  marchand,  177. 

Roullet  (G.),  artiste  peintre,  61, 
269. 

Roumefort  (comte  Hélion  de), 
362. 

Roumejoux  (A.  de),  287. 

Rousseau  (Gabriel),  208;  —  (Jean), 
352. 

Rousseau-Leroy,  imprimeur.,  298. 

Rousaelet,  com.  de  Nieul,'  cant. 
de  Saintes,  91. 

Rousselle    (Arnaud),  prêtre,   117. 

Rousselot  de  Saint-Ceran  (Julie), 
141. 

Roux,  261  ;  —  (Antoinette)  ;  — 
(Jérôme)  ;  —  colonel,  145  ;  — 
(Jeanne),  261  ;  —  (J.-G.),  do- 
mestique, 29,  30,  34,  35. 

Roy,  IIÈ  ;  —  (Jean),  lieutenant 
général;  —  (Jeanne);  —  (Louis), 
187  ;  —  (Jehan),  382  ;  —  (Luc), 
procureur,  162  ;  —  (Marie),  114; 
—  (Raimond),  369  ;  —  (Renée), 
373. 

Royan,  chef-lieu  de  cant..  arr. 
de  Marennes,  5,  15,  77,  88. 


Rov  de  risle  (P.),    propriétaire, 

361. 
Rudel    (Guillaume),    seigneur  de 

Blaye,  342. 
Ru  f fier  (Fr.),  sieur  des   Grimar- 

dières,  127. 
Rulié  (Marguerite),  69. 
Rullaud,  95. 
Russi  (Paul  de),  69. 
Rutin  (Marie),  166. 


Sabatery  (J.),  prêtre,  162. 
Sablé  (Avoise  de),  406,  40a 
Sablé,  chef-lieu  de  cant,  arr.  de 

La  Flèche,  408. 
SablonceauXf    cant    de    Saujon, 

arr.   de  Saintes,  5,  6,  73,  116, 

395,  436. 
Sagot  du  Vauroux,   capitaine  de 

frégate,  10. 
Saini-Aignan,  chef-lieu  de  cant, 

arr.  de  Marennes,  347,  350. 
Saint-André,    com.   du    cant   de 

Cognac,  129,  162,  264. 
Saint-Aulaire  (de),   165. 
Sainl-Benoii,  431. 
Sainl-Bonnel,     cant.   de    Miram- 

beau,  arr.  de  Jonzac,  403. 
Saint'Brice,     com.    du    cant    de 

Cognac,  126. 
Saint-Bris  (de),  115. 
SainUChrUlophe,     cant     de    La 

Jarrie,  arr.  de  La  Rochelle,  391. 
Saini'Chrislophe^    près  de  Vear- 

gné,  332. 
Sainl-Ciers-Champagney      canton 

d'Archiac,  arr.   de  Jonzac,  71. 
Saint-Condé,  172. 
Sainl-Crépin,    cant    de  Tonnay- 

Charente,    arr.    de     Rochefort, 

164. 
Sainl'Cubard ,     com.     d'Angouîê- 

me,  293,  338,  343,  353. 
Sainl'Cgprien,  abbaye,    331,  332, 

334,  349. 
Sainl'Cyr    du    Dorel,  canton  de 

Courçon,   arr.  de  La  Rochelle, 

392. 
Saint-Cyrgues  (marquis  de),  8. 
Saint-Denis,  97. 
Saint-Denis  du  Pin,  com.  du  cant. 

de  Saint-Jean  d'Angély,  248. 
Saint-Dizant  du  Gua,  canton  de 

Saint-Genis,    arr.     de    Jonzac, 

169. 


Digitized  by 


Google 


—  471  — 


Sainfe^Chriêtine^  cani  de  Maille- 
zais,  334. 

Sainle-Eustelle,  fontaine,  corn, 
de  Saintes»  322. 

Sainte-Gemme,  canton  de  Saint- 
Porchaire,  arr.  de  Saintes,  14, 
190. 

Sainte-Gemme  (de),  80. 

Sainte-Hélène,  fief  des  ChÂteau- 
neuf  de  Randon,  262. 

Sainte-Lheurine,  cant.  d'Archiac, 
arr.  de  Jonzac,  72,  178. 

Sainte-Marie  de  Déou,  341. 

Sainte-Marie  de  Ré,  canton  de 
SaintrMartin  de  Hé,  arr.  de  La 
Rochelle,  378,  392,  430,  436. 

Sainte-Maure  (de),  243  ;  —  (Judith 
de)  ;  —  (AJexis  de)  ;  —  (Léon- 
AJexis  de),  186. 

Sainte-Maure,  îlot  (lies  Ionien- 
nes), 243. 

Sainte-Radégonde,  com.  de  Bai- 
gne, arr.  de  Barbezieux,  341. 

Saintes  (Charente-Inférieure),  37- 
64,  84,  103-123,  135,  148-156,  160- 
180,  190,  191,  2Q2-205.  255,  267, 
274-300,  359,  360,  368-390,  393- 
404. 

Sainte-Soulle,  cant  de  La  Jarrie, 
arr.  de  La  Rochelle,  391. 

Saint-Félix,  cant  de  Loulay,  arr. 
de  Saint-Jean  d^Angély,  232. 

Saint-Félix  (de),  10. 

Saint-Florent  de  Saumur  (Maine- 
et  Loire),  335,  352. 

Saint-Fort  sur  le  Né,  cant  de  Se- 
ffonzac,  arr.  de  Cognac,  186, 
263,324. 

Saint-Fort-6ur4jironde,  cant  de 
Saint-Genis,  arr.  de  Jonzac,  78, 
190. 

Sainl-Fulcrand,  chapelle,  en  Lan- 
guedoc, 364. 

Saint-Gatten,  189. 

Saint4jenais,  fief  des  Montaigne, 
372. 

SaintrGeniès.  Voir  Baderan. 

Saint4jeniès,  en  Languedoc,  can- 
ton de  Castries,  arr.  de  Mont- 
I>ellier,  362,  364. 

Saint-Genis,  chef -lieu  de  canton, 
arr.  de  Jonzac,  67. 

Saint4jeorges  de  Cubillac,  cant 
de  Saint-Genis,  arr.  de  Jonzac, 
339. 

Saint-Georges  de  Bidonne,  cant 
de  Saujon,  arr.  de  Saintes,  397. 


Saint-Georges  de  Rex,  cant  de 
Mauzé,  arr.  de  Niort,  394. 

Saint-Georges  des  Coteaux,  com. 
du  cant  de  Saintes,  43,  373. 

Saint-Georges  d'Oleron,  cant  de 
Saint-Pierre  d'Oleron  arr.  de 
Marennes,  116,  347,  395,  396. 

Saint-Georges  du  Bois,  cant  de 
Surgères,  arr.  de  Rochefort, 
39L 

Saint-Germain  en  Loge,  chef-lieu 
de  cant,  arr.  de  Versailles,  234. 

Saint-Germain  de  Lusianan,  com. 
du  cant  de  Jonzac,  339. 

Saint-Germain  de  Marencennes, 
cant  de  Surgères,  arr.  de  Ro- 
chefortrsur-mer,  207,  391. 

Saint-Germain  de  Vibrac,  cant 
d'Archiac,  arr.  de  Jonzac,  66, 
68,  69,  71,  339. 

Saint-Germain  du  Seudre,  cant 
de  Saint-Genis,  arr.  de  Jonzac, 
18a 

Saint-Germain  du  Teil,  chef-lieu 
de  cant,  arr.  de  Marvejols, 
397. 

Saint-Gilles,  chef-lieu  de  cant, 
arr.  des  Sables  d'OIonne,  33. 

Saint-Goussaud,  cant  de  Béné- 
vent,  arr.  de  Bourganeuf,  290. 

Saint-Grégoire  d'Ardenne,  cant 
de  Saint-Genis,  arr.  de  Jonzac, 
85. 

SaintrHilaire  (de),  399. 

Saint-Hilaire  des  Loges,  chef- 
lieu  de  cant,  arr.  de  Fontenay- 
le-Comte,  334,  335. 

Saint-James,  com.  du  Port-d'En- 
vaux,  cant  de  Saint-Porchaire, 
arr.  de  Saintes,  132,  356. 

Saint-Jean  d'Angélg  (Charente- 
Inférieure),  16-21,  38,  83,  93-95, 
149,  191,  203,  331,  349,  394-3%, 
401,  405,  411,  413,  416,  417,  420, 
429. 

Saint-Jean  de  Lioersay,  cant  de 
Courçon,  arr.  de  La  Rochelle, 
392. 

Saint-Jean  de  Luz,  chef-lieu  de 
cant,  arr.  de  Bayonne,  313. 

Saint-Jean  du  Breuil^  com.  de 
Landrais,  cant.  d'Aigrefeuille, 
arr.  de  Rochefort,  391. 

Saint-Jullien  de  Concelles,  cant 
du  Loroux,  arr.  de  Nantes,  174. 

Saint-Just,  com.  du  cant  de  Ma- 
rennes, 14,  137,  324. 


Digitized  by 


Google 


—  472  — 


Saint'Laurenl,  com.  du  cant.  de 

Cognac,  127. 
Saint-Laurent  de  la  Prie,    com. 

du  cant.  de  Rocheforl.  391. 
Saint-Laurent  du   Bouhet,    cant. 

de    Saint-Macaire,    arr.   de  La 

Réole,  402. 
Saint-Laurent  du  Hoc,  341. 
Saint-Léger,  abbaye,  394. 
Saint-Légier  (comte  Adhémar  de); 

—  (Antoine-Eugène  de),   7;   — 

(E.  de),  165  ;  —  de  La  Sauzaye 

(comte  de)    80,  88  ;  —  (G.  de), 

capitaine  de    cavalerie,  80  ;  — 

(marquise  de),  206. 
Saint-Léonard    de    La   Chaume, 

com.     de     Dompierre-sur-mer, 

cant.  de  La  Rochelle,  392-394. 
Saint-Liguaire,  com.  du  cant  de 

Niort.  394. 
Saint-Maigrin,     cant.    d'Archiac, 

arr.  de  Jonzac,  69. 
Saint-Maixent,  chef-lieu  de  cant, 

arr.  de  Niort,  138,  227,  228,  331, 

334,  352,  421. 
Saint-Mard,    cant   de    Surgères, 

arr.  de  Rochefort,  391. 
Saint-Mars  (Madeleine  de),  167. 
Saint-Marsault  (de),   185  ;  —    de 

Chôtelaillon  (vicomte  de),    10. 
Saint-Martial  de  Coculet,  canton 

d'Archiac,  arr.  de  Jonzac,  167. 
Saini-Martial    de  Limoges^   414, 

417. 
Saint-Martial   de  Vilaterne,  com. 

du  cant  de  Jonzac,  72. 
Saint-Martin,  com.  du  Gua,  cant 

de  Marennes,  100,  101. 
Saint-Martin,    com.   du  cant   de 

Cognac,  130. 
Saint-Martin    (Don    Nicolas  de), 

70. 
Saint-Martin,  (Jean  de),  chanoine, 

392. 
Saint-Martin  de  Ri,  chef-lieu  de 

cant,  arr.  de  La  Rochelle,  12, 

96-98,  269,  392,  393,  430. 
Saint-Martin  de  Villeneuve,  cant, 

de    Courçon,    arr.  de    La   Ro- 
chelle, 392. 
Saint-Mathieu,    com.    de  Villars, 

398. 
Saint-Maurice,  29. 
Saint-Maurice,    com.    de  La  Ro- 
chelle, 391. 
Saint-Maurice     de     Tavernolles, 

com.  du  cant  de  Jonzac,  178. 


Saint-Maxire^  com.  du  cant    de 

Niort,  335. 
Saint-Médard,  cant  de  La  Jarrie, 

arr.  de  La  Rochelle,  391. 
Saint-Médard    (de),    évoque     de 

Tournoi,  63. 
Saint-Nicolas    du     Redon,    chef- 
lieu  de  cant,  arr.  de  Savenay, 

14L 
Sainl-Ouen,  cant  de  Marans,  arr. 

de  La  Rochelle,  391. 
Saint-Paul,  com.  de  Clion,  72,  73. 
Saint-P  or  chaire,  chef-lieu  de  can- 
ton, arr.  de   Saintes,  37,  227. 
Saint-Preuil,  cant  de  Segonzac, 

170. 
Saint-Rémy,  14. 

Saint-Rémy,  fief  des  Esrable,  68. 
Saint-Roc  (de),  164. 
Saint-Rogatien,  cant   de  La  Jar- 
rie, arr.  de  La  Rochelle,  391. 
Saint-Romain,  com.  de  Lavalette, 

143. 
Saint-Saturnin  du  Bois,  cant  de 

Surgères,    arr.    de    Rochefort, 

391. 
Saint-Saud  (comte  de),  65,  146. 
Saint-Sauvan,     cant    de     Burie, 

arr.  de  Saintes,  148. 
Saint-Sauveur  de  Nuaillé,   cant 

de    Courçon,    arr.  de    La    Ro- 
chelle, 392. 
Saint-Savinien,  chef-lieu  de  cant, 

arr.    de    Saint-Jean    d'Angély, 

169-171. 
Saint-Seurin  d'Uzet,  com.  de  Co- 

zes,  arr.  de  Saintes,  190,  261. 
Saint-Sever  (Landes),  77. 
Saint-Séverin^    cant    de    Barbe- 

zieux,  341. 
Saint-Séverin,    abbaye,   com.   de 

Dompierre-sur-Boutonne,     395. 
Saint-Sigismond,    cant  de  Mail- 

lezais,  334. 
Saint-Simon,   fief  des  Poussard, 

178. 
Saint-Simon  de  Bordes,  com.  du 

cant  de  Jonzac,  66. 
Saint-Sulpice     (de)      prieur     de 

Saint-Macoult,  370. 
Saint-Sulpice    de    Cognac,    com. 

du  cant  de  Cognac,  338. 
Saint-Symphorien,  cant  de  Saint- 

Aignan,  arr.  de  Marennes,  191. 
Saint-Symphorien  des  Bois,  cant 

de    La  Clayette,    arr.  de  Cha- 

rolles,  191. 
Saint-Thomas,  prieuré,  397. 


Digitized  by 


Google 


—  473  — 


Saint'Trojany  com.  de  Boutiers- 
Saiat-Trojan,  cant  de  Cognac, 
126,  127. 

Saint-Udusoire,  106. 
Saint-Vivien,  cant  de  La  Jarrie, 
arr.  de  La  Rochelle,  391. 

Saint-Xandre,  com.  du  cant.  de 
La  Rochelle,  391. 

Salasc,  cant  de  Clermont,  arr. 
de  Lodève,  9. 

Salasc  (de),  ou  Salasco,  9  ;  — 
(Jean  de),  9  ;  —  (Joséphine  de), 
née  Laugaudin,    8. 

Salcède   (Gabriel  de),   127. 

Salemon  (Thomas),  jardinier, 
122. 

Salignac  (Jean-Louis  de)  ;  —  (An- 
toine de)  ;  —  (Jean  de)  ;  — 
(Pierre-Antoine  de)  ;  —  (Geor- 
ges de)  ;  —  (Louis  de)  :  -- (Sa- 
rah  de)  ;  —  de  la  Mothe-Féne- 
lon,  272. 

Salignac,  com.  de  Pérignac,  216. 

Salles,  com.  de  Saint-Fort-sur- 
Gironde,  78. 

Salles,  cant  de  Segonzac,  arr. 
de  Cognac,  128. 

Salles  (Charente),  com.  du  cant. 
de  Barbezieux,  158,  185,  187. 

Salles,  cant  de  La  Jarrie,  arr.  de 
La  Rochelle,  391. 

Salles,  fief  des  Broglie,  366. 

Sanche  de  Gascogne  (le  duc), 
422. 

Sanche-Garcie,  duc  de  Bourgo- 
gne, 345. 

Sanglard  (Pierre),  177. 

San  sas,  56. 

Sanson,  notaire,  162. 

Sarrau  (Marie-Louise),  11. 

Sarry  (P.J,  seigneur  de  La  Chau- 
me, 378. 

Sartre  (Léon  de),  305. 

Saudau,  archiviste,   16,  203,  359. 

Saujon,  chef-lieu  de  cant,  arr. 
de  Saintes,  5,  6,  144,  396. 

Saulnier  (P.),  76  ;  —  (J.),  maître 
apothicaire,  356. 

Saulnier  de  Montlambert  (Alexis), 
129. 

Savari  (Arnaud),  122. 

Savari  de  Thouars  (comte).  334  ; 
—  (Jean),  marchand,  375  ;  — 
magistrat  ;  —  (Joséphine),  145. 

Savignac,  fief  des  Aubusson,  185. 

Savignan  (Marie),  374. 

Sayous,  commandant  ;  —  (Jean- 
ne), 365. 


Scaliger  (Joseph),  298. 
Schuermann,  47. 

Sécalart     (Paulin),     capitaine-pi- 
lote, 327. 
Séchebec,  com.    de  Saint-Martin 

de  Cognac,  156. 
Second  (Léon),  359. 
Segond-Lambert  (M™«),  360. 
Segonzac,  chef-lieu  de  cant,  arr. 

de  Cognac,  160,  170,  187. 
Seguin,   326  ;  —    archevêque  de 

Bordeaux,  414  ;    —    comte  de 

Bordeaux  et  de  Saintes,  344. 
Ségur  (comte  de),  235. 
Seignac  (Ph.  de),  5. 
Sénégonde,  247,  335. 
Senne,  notaire,  116,  167,  168. 
Senot  de  La  Londe  (S.),  82. 
Sens  (Yonne),  57,  59. 
Sentex  (Louis),  126. 
Serao  (Mathilde),  écrivain   dlta- 

lie,  182. 
Sèze  (de),  recteur  de  l'Académie 

de  Bordeaux,  160. 
Siecq,    com.    du  cant.   de  Niort, 

335. 
Sigau,  curé  de  Saint-Geniès,  364. 
Sigogne,  cant  de  Jarnac,  arr.  de 

Cognac,  263. 
Silvestre  (J.),   professeur,   199. 
Simonnet,  3. 

Sinety  (A.  de),  prieur  de  Boute- 
ville,  395. 
Siraud  (J.),  maçon,  375. 
Soderini    (François),     évoque  de 

Saintes,   132. 
Soissons  (Aisne),  120. 
Solençon,  com.  de  Boutiens,  cant 

de  Cognac,  186,  263. 
Sonnac,  cant  de  Matha,  arr.  de 

Saint-Jean  d'Angély,   139. 
Soubise,    cant   de  Saint-Aignan, 

arr.  de  Marennes,  52,  100,  101, 

343,  394,  396. 
Souche,  com.  du  cant  de  Niort, 

335. 
Soulac,     cant    de    Saint-Vivien, 

arr.  de  Lesparre,  125. 
Soulard  (B.),  procureur,  373  ;  — 

receveur     des      consignations, 

387. 
Soult,  maréchal  de  France,  303, 

307. 
Steeg  (L.),   consul,  198. 
Slern  {M.M,  6. 

Stofflet,  général  vendéen,  32. 
Strauss  (lamiRe),  14, 16. 


Digitized  by 


Google 


—  474  — 


Suberviile  (J.  de),  clerc  tonsuré, 
163. 

Sureau,  négociant;  —  (Anne),  68. 

Surgères  (Hugues  de),  431. 

Surgères,  chei-lieu  de  cant,  arr. 
de  Rochefort,  4,  207,  254,  333, 
347,  350,  351,  391,  393. 

Suzannet  (de),  320. 

Sylvain,  professeur  au  Conser- 
vatoire de  Bordeaux,  276. 

.Symon  (L.),  marchand,  371. 

Szernovien,  128. 


Tabois  (Elie),  180. 

Tabourin,  prêtre,  151,  301,  380. 

Taillebourg,  cant.  de  Saint-Savi- 
nien,  arr.  de  Saint-Jean  d'An- 
gély,  38,  98,  99,  101,  132,  167, 
192,  303,  384,  394,  405,  410,  411. 

Taillel,  vicaire  générai  de  Sain- 
tes, 395. 

Tailliard,  47. 

Talmont-sur-Girondey  cant  de 
Cozes,  arr.  de  Saintes,  191. 

Tamizier,  notaire,  383. 

Tapon  du  Pinier,  64. 

Tardy,  médecin,  34. 

Targe,  censeur  du  lycée  Condor- 
cet,  85. 

Tarrade,  huissier,   166. 

Tartas  (Pierre),  sieur  des  Forges, 
366. 

Tassin,  topographe,  39,  40. 

Taugon,  cant  de  Courçon,  arr. 
de  La  Rochelle,  332,  392. 

Taurin  (Saint),  113. 

Tenaud,  prêtre,  76. 

Tercinier  (François),  échevin, 
374  ;  —  (J.),  marchand,  372  ;  — 
(L.),  négociant,  378. 

Terrasson,  chef-lieu  de  cant.,  arr. 
de  Sarlat,  204. 

Terrien  (Catherine),  72  ;  —  (Jean), 
avocat,  66,^  69,  71  ;  —  (Marie- 
Catherine)  ;  —  notaire,  69. 

Tessé  (comtesse  de),  235. 

Tessereau  (J.),  sieur  de  Beaure- 

Sard  ;    —     (Michel),    sieur   de 
oismatté,  99.   101. 
Tessier    de   Laboessière,  profes- 
seur, 160. 
Tesson,  cant  de  Gémozac,  arr.  de 

Saintes,  396. 
Tetberge,   femme  de  Hildegaire, 
340. 


Tezier  (D.),  notaire,  263;  — 
(Noël),  imprimeur,  436  ;  -—  re- 
ceveur des  finances  ;  —  (Marie), 
14. 

Thairé,   cant  d'Aigrefeuille,  arr. 

de  Rochefort,  391. 

Thédenat,   prêtre,  59. 

Themer,  notaire,  290  . 

ThénaCy  com.  du  cant  de  Sain- 
tes, 203. 

Théodelin,  abbé  de  Maiilezais, 
424,  425,  427. 

Théon  (De),  378. 

Thérac,  76. 

Thévet  (André),  327. 

Thézac  (MM*  de),  266,  359  ;  - 
(Charles-Frédéric  de)  ;  —  (Jac- 
ques-Etienne de),  165. 

Thézan  Saint-Geniès  (De)  ;  — 
(Mari€hC.-I.  de),  362,  363. 

Thèze  (Charles),  4. 

Thibeaudeau,  215,  221,  222  ;  — 
(Pierre),    archiviste,  83,  V8. 

Thibiergp  (Louis),  200. 

Thierry  d'Argenlieu,  receveur  des 
douanes,  15. 

Thions,  fief  des  Deiany,  91. 

Thirion  (Joseph),  avocat,  273. 

Thomas  (Gabriel),  262  ;  —  (car- 
dinal), archevêque  de  Rouen, 
3  ;  —  (Isaac),  de  Riollet,  méde- 
cin, 373. 

Thomassin,  religieux,  68. 

Thors,  cant  de  Matha  arr.  de 
Saint-Jean  d*AngéIy,  190. 

Thouars    (Deux-Sèvres),  343. 

Thoyon  (Alfred),  capitaine  de 
vaisseau  ;  —  (famille),  142,  143. 

Tidier-Toutant  (L.),  356. 

Tier  de  Bart-Brusley,  123. 

Tignoux,  com.  de  Nercillac,  cant 
de  Jarnac,  arr.  de  Cognac,  262. 

Tillou,  com.  de  Bourg-Charente, 
262,  263. 

Tonnag-Boulonne^  chef-lieu  de 
cant,  arr.  de  Saint-Jean  d*An- 
gély,  89,  251. 

Tonnay-Charenle^  chef-lieu  de 
cant,  arr.  de  Rochefort-sur- 
mer,  7,  15,  ffl,  92,  126,  147,  343, 
351,  376,  395. 

Toscanelli,  327. 

Toulouse  (Haute-Garonne),   104. 

Tourneur  (D.),  notaire,  382  ;  — 
(F.),  échevin,  177. 

Tours  (Indre-et-Loire),  106,  120, 
189. 


Digitized  by 


Google 


—  475  — 


Touzac,  cant  de  ChÂleauneuf, 
arr.  de  Coffiiac,  187. 

Touzaud  (D.),  324. 

Tourelli  (M~),  artiste,  276. 

Travail,  chef  de  bataillon,  93. 

Treilhard,  315. 

Trémeau,  imprimeur,  159. 

Trigand  de  Latour  (Maxime),  436. 

Trochon,  326. 

Troussaint    (Marie-Thérèse),  143. 

Trouvé,  luthier,  166. 

Truguet,  ministre  de  la  marine, 
33. 

Tuqèras  ou  Tauriac,  cant.  de 
Montandre,  arr.  de  Jonzac,  340. 

Turcat  (J.-B.),  marchand,  187. 

Tumer  (Samuel)  ;  —  (Anne-Nan- 
cy), 184. 

Turpin  (De),  166. 

Turpion,  comte  d'Angoulême, 
337,  33a 

Tuy  (Marquis  de),  70. 

u 

Urvoy,  163. 

Ussorij   com.  d'Echebrune,  cant. 

de  Pons,  arr.  de  Saintes,  130, 

190. 
Uzureau,  prêtre,  225-227. 


Val    (Madeleine-Sybille    de),  366, 

367. 
Valadon  (Th.),  supérieur  du  cou- 
vent des  Minimes,  393. 
Valans  (Foucaud),  251. 
Valons,  cant.  de  Frontenay,  251, 

252. 
Valentin,    enseigne  de  vaisseau, 

27. 
Vallade-Lagord,  97. 
Vallein,   publiciate,  377  . 
Vandré,  cant.   de  Surgères,  arr. 

de  Rochefort-sur-mer,  4. 
Vanzac,  cant.  de  Montandre,  arr. 

de  Jonzac,  66,  71,  397. 
Varaize,  com.  du  cant  de  Saintr 

Jean  d*Angély,  38,  190. 
Vassal,    directeur    de    Tenregis- 

trement,  161. 
Vaêsiac,    icant    de    Montguyon, 

arr.  de  Jonzac,  341. 
Vaissière  (Marie-Rosalie-Victoîre 

de),  78. 
VaUn,  archiviste,  83,  358,  436. 


VatieuiUe-la'Rtte,  cant  de  Cau- 
debec,  arr.  d'Yvetot,   172. 

Vaux  (Jehan  de),  382. 

Vaux,  cant  de  Royan,  arr.  de 
Marennes,  395. 

Vèdrines  (Jean  de),  ancien  offi- 
cier de  cavalerie  ;  —  (Marie- 
Louise  de),  12. 

Veillon  (E.),  436  ;  —  (J.),  chape- 
lier, 123. 

Vénérand,  com.  du  cant.  de  Sain- 
tes, 97,  305. 

Vercheval,  138. 

Verdelin  (Jean-Louis  de),  263« 

Verdier  (Joseph),  baron  de  Laas  ; 
—  (Agathe).  196. 

Verger  (Jean)  ;  —  (Marie),  370 

Ver  g  né,  cant  de  Loulay,  arr.  de 
SaintrJean  d*Anffély,  332. 

Vérines,  cant  de  La  Jarriç,  arr. 
de  La  Rochelle,  391. 

Verneuil,  6. 

Véron,  59. 

Verrières,  cant  de  Segonzac,  156, 
160,   186. 

Verstraete  (N.),  142. 

Verteuil  (N.),  92. 

Vesron  ou  Verrou  ;  —  (Jeanne), 
325,  326  ;  —  (Marie)  ;  —  (Jac- 
ques) ;  —  (Jean),  32o. 
Veyrol,  60. 

Vezeaux  de  Lavergne  (De),  doc- 
teur-miédecin,  36S. 

Viaud,  administrateur,  68  ;  — 
(Eliacin),   143. 

Viault  de  Breuillac  (Frédérique), 
141. 

V\Hbrac,  com.  du  cant  de  Jon- 
zac, 66. 

Vichy,  chef-lieu  de  cant,  arr.  de 
La  Palisse,  30a 

Vienne  asère),  106,  120. 

Viennot,  200. 

Vieuille  (Marie-Anne),  168  ;  — 
(Marie^H.-A.),  143  ;  —  (P.),  380. 

Vigen,    docteur-médecin,  203. 

Vignier  (Marie^.-V.),  165. 

Vigoureux,  apothicaire^  123,  124. 

Villan,  mattre  chirurgien,  373. 

Villaret-Joyeuso,  amiral,  22. 

Villars,  94. 

Villars  (Jeanne  de),  110,  375. 

Villars,  397,  39a 

Villars,  cant  de  Burie,  arr.  de 
Saintes,  184. 

Villary,  86. 

Villebois,  chef-lieu  de  cant,  arr. 
I      d^Angoulème,  342. 


Digitized  by 


Google 


—  476  — 


Villebrcion  (Charente),   175. 

Ville-d'Avragy  cant  de  Sèvres, 
arr.  de  Versailles,  270. 

Villedon  (Gabriel,  comte  de),  lieu- 
tenant de  gendarmerie,  àl7. 

Villedoux,  cant  de  Marans,  arr. 
de  La  Rochelle,  3d2. 

Villefagnan,  chef-lieu  de  cant, 
arr.  de  Ruftec,  366,  367. 

Villemaleit  com.  de  La  Rochette, 
cant  de  La  Rochefoucauld, 
arr.  d'Angoulême,  175. 

Villeman,  187. 

Villemontée,  intendant  de  la  jus- 
tice, 76. 

Villeneuve,  fief  des  Brumauld, 
365,  366. 

Villeneuve-la-^omtesse,  cant  de 
Loulay,  arr.  de  Saint-Jean  d'An- 


ffély,  531. 
ViTleper      " 


llepelet  (Ferd.),  287. 

Villers  du  Terrye  (Marc  de),  écri- 
vain, 202. 

Villette  (De),  97. 

Villetlef  en  Savoie,  29. 

Villexavier,  com.  du  cant  de 
Jonzac,  66. 

Villiers,  fief  des  Curzay,  264. 

Vincent,  378. 

Vinet  (raiie),  professeur,  280- 
300  ;  —  (François),  291  ;  — 
(Jean)  ;  —  (Pierre),  292. 

Vinsonneau  (J.),  sieur  de  La  Pé- 
ruse,  262,  263  :  --  (Jacquette), 
262,  264  ;  —  (Jeanne),  263  ;  — 
(Marie),  186,  262. 

Virson,  cant  d*Aigrefeuille,  arr. 
de  Rochefort,  391. 

Vitet  (Jeanne),  101  ;  —  (Gabriel), 
sieur  de  L'Echassier  ;  —  (Jean), 
sieur  de  Bel-Air  ;  —  (Marie- 
Anne),  130. 

Voille,  97. 


Voahé,  cant   de    Surgères,  arr. 

de  Rochefort,  391. 
Vouillé-leS'Marais,  cant  de  Chail- 

lé-I es-Marais,  arr.  de  Fontenay- 

le-Comte),  334. 
Voulroriy  com.  d'Yves,  391. 
Vouvant,  cant  de  La  Chfttaiffne- 

raie,  arr.  de  Fontenay-lQ-Com- 

te,  334,  411. 
Vouzac  pour  Vanzac,  66. 
\  ouzan,  cant  de  La  Valette,  arr. 

d'AngouIème,  324. 
Vulgrin,  voir  Wulgrin. 

w 

Waille,  356. 

Waldeck-Rousseau,  ministre  ;  — 

(René),  138. 
Warren,  amiral  anglais,  22. 
Williamson,  8. 
Williot,   général,  22. 
Wintrop  (Robert-C.j.   102,  103. 
Wulgrini,    comjte    d  Angoulême, 

337,  338,  340,  342,  345,  406,  410. 

X  Y  Z; 

Xandre  (Balthazar),  114. 
Xandrieux    (Charles- And  ré    de)  ; 

—  (Charlotte  de)  ;  —  (David  de), 

184  ;  —  (François  de),  184,  185. 
Yan  Saint-Acère,  200,  356. 
Y  eu,   île,  chef-lieu  de  cant,  arr. 

des  Sables  d'Olonne,  22-27,  30, 

32,  33,  82. 
You  (Louis),  sieur  de  La  Tesson- 

nière    et    des    Barrières,    176, 

177. 
Yves,    com.   du  cant  de  Roche- 

forUsur-mer,  254,  391. 
Zinck  (Marie),  130. 


Digitized  by 


Google 


TABLE  DES  GRAVURES 


Crasse  de  Salnt-JeaD  d'Angély 17 

Fête  du  24  Juillet 276 

Fragment  de  la  crosse  d*AirvauU 20 

Façade  de  Téglise  de  Pérignac 216 

Graf>hiques  des  crues 148 

Pancarte  d'exercice  littéraire 156 

Plan  de  l'abbaye  en  1695 \ 111 

Plan  de  Tabbaye  en  1825 113 

Plan  de  la  rue  SaintrPierre  de  Saintes 164 

Porte  du  château  d'Ars 224 

Thermes  de  Saint-Saloine 57,  61 


Digitized  by 


Google 


Là  ROGHBLLB,  iMPBniBBIB  NOUTKLLB  N«ftL  TbZIBB 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google 


Digitized  by 


Google