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Revue de Saintonge & d'Aunis
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ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ
1904
BUREAU
Président : Le baron Amédée Oudet, rue des Ballets, 27, à Saintes.
Vice-présidents : Le comte Pierre de Croze-Lemercier, au château
du Ramet, par Saintes.
Ch. Dangtbeaud, 14, rue .des Ballets, Saintes.
Secrétaire : Maurice Bures, docteur en droit, avocat à Saintes, rue
Guvillier.
Trésorier: Auguste Derublle, #, chef d'escadrons en retraite, rue
Saint-Macoux, 33, à Saintes.
COMITÉ DE PUBLICATION
Gabriel Auoiat, professeur à Paris, rue Ernest Renan, 21.
Le baron Eugène Eschasseriauz, O. ^, ancien député.
Le baron Léon de La Morinbrie, ^, à Aunay, par Châtenay (Seine),
et à Paris, rue des Beuux-Arts, 9.
Georges Musset, I. 0, archiviste-paléographe, avocat, bibliothécaire
de la ville, rue GargouUeau, 32, à La Rochelle. n
Jules Pellisson, A. 0, juge au tribunal civil, rue Victor Hugo, 76, à
Périgueux.
CONSEIL D'ADMINISTRATION
Auguste Biteau, ^, A. O, maître principal de {'• classe des construc-
tions navales en retraite, conseiller municipal, rue du Perat, 50, à
Saintes.
Ferdinand Babinot, premier adjoint au maire, avocat, suppléant du
juge de paix, place des Cordeliers, 7, à Saintes.
Edmond Boilevin, négociant, grande rue, 23, à Saintes.
Jules Guillet, négociant, conseiller général, rue de La Roche, 12^ à
Saintes .
Abel Mestreau, négociant, rue du port des Frères, 24, è Saintes.
Le siège de la société des A?thives est à Saintes, cours National, 99.
La société publie tous les deux mois un Bulletin ^ Bévue de Saintonge
et d^AuniSy qui forme au bout d'un an un volume d'environ 800 pages.
Le prix de Tabonnement annuel à la Bevue-Bulletin est de 10 francs;
Il fr. 50 pour l'étranger; un numéro, 2 fr. 50. Elle est adressée gratuite-
ment aux membres de la société qui paient par an une cotisation de
13 francs.
RÈGLEMENT. — Article II. La société se compose : 1° de membres
fondateurs qui versent, une fois pour toutes, une somme de 500 francs...
2^ de membres qui paient une cotisation annuelle de 13 francs ; 3® de
membres perpétuels qui rachètent leur cotisation moyennant une somme
de 150 francs...
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BULLETIN
DE LA SOCIETE
ARCHIVES HISTORIQUES]
REVUE
DE LA SAINTONGE ET DE L'AUNIS
XXIV
SAINTES
I. I HK A I l; XV. 1 KAli.N A II)
RUE ALSACE-LOBRAINE, 42
1904
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REVUE
DE SALNTONGE & D'AUNIS
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES ARCHIVES
SOMMAIRE DU 1*^ JANVIER 1904
Admission de nouveaux membres.
AviA BT NouvBLLBs .* Dîslributioii du volume ; Distinctions honorifiques ; Res-
tauration de monuments ; Statistique ; Monument funéraire- de Mgpr Thomas ;
Musées ; Léonce Depont ; Georges Gourdon ; Théâtre en plein air ; Confé-
rences.
NoTBS d'âtat civil. — Décès : G. Denis, de Cbasseloup-Laubat, de Saint-Légier,
P.-E. Laurent, G. Renault, M»» de Salasc, J.-A. Firieau, M«* des Mél<yizês,
Mue Dutouquet, M»« de Rambaud de Larocc^ue, M™" GofHaières de Nordeck,
M»« Brunaud, M»» d'Orbigny.
Mariages : Ravail et Favereau ; de Richemond et de Védrines ; Moreau et
Geoflfré de Longfief ; de Flcurian et Le Gendre ; de Villiers et Texier ; Strauss
et La Morinerie.
VARiBTés : I. Découverte de sépultures médiévales à Sainte Jean d'Angély
(crosse) ; — II. Pourquoi le comte d'Artois n'a pas rejoint Charette ; —
III. Saintes anciennCf les rues.
Questions bt rkponsbs : « A châ petit » ; le Chevalier de Jonzac; Adminis-
tration du district de Saintes ; Mgr Saint-Médard ; Landreau du Maine au Picq.
Revues bt mvrbs.
Admissions de nouveaux membres
Les Archives départementales de là Charente-Inférieure.
Archiviste : M. Meschinet de Richemont.
M. Paul Fleury, à Marans, présenté par MM. Musset et de
Richemont.
A partir du présent numéro, la bibliographie, c'est-à-dire
l'annonce des livres, ne paraîtra plus que tous les six mois,
dans le numéro de mai et celui de novembre.
Les tables du dernier tome de la Revue seront distribuées
avec le numéro de mars prochain.
Rtrua. Tom« XXIY, l*** Urrtlaon. — JaoTÎcr 1904. 1
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— 2 —
Le tome XXXIII des Archives^ (orme par le second tome du
cartulaire de Saint-Jean d'Angély et les tables des deux tomes,
sera mis en distribution à partir du 15 février, chez nos cor-
respondants habituels.
Les Tablettes des Deux Charentes^ du 5 novembre, signalent
dans le numéro de novembre « un curieux et suggestif article »
de M. le chanoine Lemonnier, et la discussion sur la Mosaïque
de Lescar,
Le Courrier de La Rochelle — même date — insère le som-
maire du numéro de novembre.
Le Bulletin de la Société de Géographie de Rochefort de
juillet-septembre 1903, apprécie avec éloges le mémoire de
M. le chanoine Lemonnier, relatif à V Enseignement primaire
à Rochefort, paru dans le numéro de juillet de la Revue.
Le Journal des Savants, d'octobre 1903, publie sous la signa-
ture de M. A. Luchaire, une courte appréciation de Renaud VI,
tf monographie utile, puisqu'elle met en lumière la vie d'un de
ces seigneurs de la France de l'Ouest, qui, après avoir pris fait
et cause pour l'anglais, pendant le guerre de Cent ans, se ral-
lièrent définitivement à Charles V et à Charles VI... Cet ouvrage
repose sur une solide documentation. »
LesNotesd'artêtd'archéologiey d'octobre 1903, rendentcompte
sommairement du numéro de septembre de la Revue ; elles si-
gnalent la belle étude sur la Bataille de Jamac et les Quel-
ques mots depatois saintongeais.
Notre confrère, M. Pierre Ardouin, a obtenu une médaille
d'argent de l'Académie nationale des Sciences, Belles-Lettres
et Arts de Bordeaux, pour son livre de vers Reflets et Mur^
mures.
Notre confrère, M. l'abbé du Vauroux, chanoine titulaire à La
Rochelle, prend la direction du Bulletin religieux.
Parmi les œuvres de M. Hérisson, peintre, dont le décès a
été annoncé dans le dernier numéro, on a oublié de rappeler
qu*il est un des auteurs de la décoration de la chapelle du col-
lège de Saintes.
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— 3 —
La commission départementale du Gonseil général a alloué
(novembre 1903), 380 fr. pour réparation à TéglisedePont-Labbé ;
500 fr. pour la restauration à Téglise et au presbytère de
Champdolent.
EUe a émis un avis favorable à l'allocation par TEtat de
1.000 fr. pour la restauration de Téglise de Pont-Labbé ; 1000 fr.
pour menus travaux àTéglise de Champdolent.
La chapelle Saint-Gilles, à Pons, va être restaurée.
Le conseil municipal de La Rochelle, dans sa séance du 12
décembre, a voté une somme de 600 francs en faveur de Tédi-
tion de la Cosmographie d'Alfonse de Saintonge que notre
confrère, M. Musset, a mise sous presse.
Le cardinal Thomas, archevêque de Rouen, auparavant évè-
que de La Rochelle, aurabientôt son monument dans une cha-
pelle de la cathédrale de Rouen.
Le tombeau mesurera quatre mètres de hauteur. Il a été
confié à un artiste rouennais, M. Barrias, c qui a très bien re-
produit la physionomie du prélat. »
Le nouveau Carmel de Saintes, adjugé à MM. Naud, architecte,
L. Perrineau, entrepreneur. Martinet, tapissier et Bellot, pro-
priétaire, au prix de 38.350 fr. aété remis en vente le 13 novem-
bre, avec une surenchère du sixième et adjugé définitivement
aux mêmes personnes pour 48.000 francs.
Les bâtiments partagés entre les copropriétaires seront pro-
bablement transformés en logements, sauf la chapelle qui, fer-
mée, attendra Theure de sa réouverture.
La Charente-Inférieure a donné, en 1903, 344 naissances de
plus qu'en 1901 ; toutefois ce chiffre ne provient pas d'une aug-
mentation de natalité, mais d'une diminution de mortalité des
enfants.
Le musée de Rochefort a reçu un tableau représentant un
Coucher de soleil à Fouras, de M. Simonnet.
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_ 4 —
Le conseil municipal de Saintes, dans sa séance du 29 octo-
bre, a refusé le legs de tableaux que M. Mignien, de Niort, lui
avait fait (Voir Revue, XXIII, p. 293).
La Mériné à Nastasie a trouvé un imitateur. Le Perin d'au
drôley ine coumédie bien sunusainte et bien nature, jouée par
tout in tas de francs pésans des environs de Cougnac, fait son
tour desGharentes.
Le jeudi 26 novembre, M. François Coppée a lu le poème sur
Victor Hugo, de M. Léonce Depont,qui a obtenu cette année le
grand prix de poésie.
La librairie Oôte, de Surgères, met en vente une plaquette de
quinze pages contenant le poème complet.
La Liberté, du 26 novembre, publie une interview sur M.
Léonce Depont, à propos de la séance de l'Institut du 26 novem-
bre.
Voici le portrait que le journaliste trace du poète, avec des-
sin. « Assez grand, d'apparence chétive encore que de solide
constitution, le poète parait beaucoup plus âgé qu'il n'est en
réalité. Les plis des joues, les rides du front haut et légèrement
dégarni sur les tempes, les ailes du nez dénotent une énergie
peu commune, tandis que ses yeux de rêveur donli'éclat semble
tenir aux verres du lorgnon, donnent à la figure une expression
très douce. »
La Revue des Charcutes, d'octobre 1903, contient une biogra-
phie de M. Georges Gourdon, le poète des Chansons de geste,
par M. Georges Retailde RocUefort-sur-Mer. M. G. G. naquit le
22 avril 1852 à Vandré, près .^ingères. « C'est dans le château
où son grand-père était fermier que notre poète, frêle existence
trois fois échappée à la mort, vécut la plus grande partie de sa
vie à laquelle il manqua ce rayon de joie : le sourire d'une
mère. » A douze ans, on le mit au collège de Pons. Sorti en 1872
de ce collège, où il avait fait d'excellentes études, il comïnença
le journalisme en 1878 au Paris-Journaf. C'est là que M. Charles
Tlîèze vint lui demander sa collaboration aux Tablettes des
Deux^Charentes, organe autorisé de la marine, dont il est le
rédacteur en chef depuis 1889.
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— 5 —
La Gazette anecdotique, de septembre-octobre (parue en
novembre) contient un article de M. Ph. de Seignac, relatif à la
représentation de Madeleine sur le théâtre en plein air de
La Mothe*- Saint- Héray , et la cavalcade qui l'a précédée.
« Tigellius (M. Louis Giraudias], avait composé une partition
musicale remarquable, surtout le laniento de la mort de Lazare.
Il y a longtemps que nous avons insisté sur les étonnants dons
d'harmoniste qui caractérisent la fucturo de toutes ses œuvres
déjîi nombreuses. Et sous la pluie (jui versait, Lydie (M"* Macler)
confiait son amour trompé par Murcellus ; sa nourrice Ariane
(M"* Louis Giraudias), la consolait maternellement; les juifs,
les juives, romains, romaines, etc., évoluaient dans le charmant
décor exécuté par M. André Giraudias... »
Voir un compte rendu illustré dans la Revue universelle,
!•' décembre 1903.
Dimanche, 15 novembre, M. le baron Oudet a fait à Royan
une conférence, très applaudie, sur le Kôle de la femme chré-
tienne à notre époque de désorganisation sociale.
NOTES D'ETAT CIVIL
L — Dkcés
M. Gabriel Denis, membre de la Société des archives, négo-
ciant à Cognac, propriétaire de la Chauvillière, commune de
Nancras, maire de Sablonceaux, conseiller général du canton
de Saujon, député de la 2* circonscription de Saintes, chevalier
de la Légion d'honneur, est décédé subitement le 30 octobre à
la Chauvillière, frappé d'une congestion déterminée par une
maladie de foie dont il soudrait do])uis longtemps. M. Denis est
né à Cognac le 22 novembre 185J. Elu pour la première fois aux
élections législatives du H mai 189S, après une rude campagne,
par 7.384 voix contre 6.294 données à M. Gabriel Dufaure, il fut
réélu, le 27 avril 1902, par 6.729 contre 6.602 à M. G. Dufaure.
Le 16 janvier 1881 , il avait été nommé conseiller municipal de
Cognac, sur la liste conservatrice. Lors du renvoi des sœurs de
l'asile de la rue Saint-Martin et leur remplacement par des laï-
ques, il avait protesté, mais sa motion fut repoussée par 13 voix
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- 6-
oontre 7 sur 20 votants. A la suite du vote, M. Elie Pinet donna
sa démission. Une élection partielle eût lieu, les sept conseil-
lers conservateurs patronèrent la candidature de M. Denis Fort
contre celle de M. Jules Brisson. Leur candidat ayant été battu,
M. Denis et ses six collègues donnèrent leur démission.
Lundi, 9 novembre, ses obsèques ont eu lieu à Sablonceaux
en présence d'une très grande foule estimée à trois mille per-
sonnes. Sur la tombe des discours ont été prononcés par M. le
Préfet; MM. Lauralne, député ; Garnier, sénateur ; Bron, con-
seiller général ; Faneuil, maire de Saujon; D' Papillaud, Ver-
neuil, Nicolle, conseiller général ; Edgar Combes, secrétaire
général du ministère de Tlntérieur, conseiller d'Etat.
Le 19 novembre est décédé au Ganet, près Cannes, le comte
de Ghasseloup-Laubat, membre de la Société des archives, né à
Paris le 7 juin 1866, fils de l'ancien ministre de la marine sous
Tempire, et de la marquise de Chasseloup-Laubat, née Pillé ; il
était frère du marquis de Chaçseloup-Laubat, marié avec M"*
Stem. Le comte de Chasseloup prit une part active aux manifes-
tations de Tautomobilisme : il était l'un des fondateurs de l'Auto-
mobile-Club de France et membre du Jockey-Club et de l'Union
artistique. Ingénieur civil, il entreprend de 1888 à 1892 un long
voyage d'études, avec son frère, le marquis de Chasseloup-
Laubat ; visite l'Asie Mineure, les Indes, le Japon, l'Asie cen-
trale, la Perse, l'Afrique septentrionale, les États-Unis ; orga-
nisateur des premières épreuves automobiles, invente et met le
premier en pratique les formes coupantes qui ont été univer-
sellement adoptées depuis.
LAuto des 21 et 22 novembre consacre au défunt un article où
nous lisons : c Les hommes sont rares par les temps qui courent
d'une aussi entière probité qui savent ne mêler dans les affaires
dont ils sont les arbitres, ni leur intérêt personnel, ni leur
amour-propre, ni leurs rancunes, qui peuvent s'effacer, se sa-
crifier en vue du bien général.... Il est un de ceux qu'il nous
faudra toujours pleurer. » Le journal a ouvert une souscription
dans le but d'élever un monument à la mémoire de M. de Chas-
seloup.
Le Jourruil de M&rennes du 29 novembre reproduit l'article
du Vélo, t 0*est un parfait gentilhomme — gentilhomme de
race et gentilhomme d'esprit — qui disparaît. Mince» élancé.
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d'une sveltesse aristocratique, d'une urbanité, d'un naturel ex-
quis, énergique et doux à la fois, le comte de Ohasseloup-Lau-
bat avait reçu de la nature ce don précieux dont il fit un si
précieux usage : Tintelligence.... »
Le 26 mai 1903, est décédé au château deRichemond en Péri-
gord, le comte Adhémar de Saint-Légier né, le 14 juin 1835,
au château de La Chapelle Faucher, fils d'Antoine-Eugène de
Saint-Légier et de Marie Françoise Gabrielle de Ghabans. Lire
un article nécrologique dans Bulletin de {a Société historique
et archéologique du Périgord, t. XXX, octobre 1903.
M. Paul Emile Laurent, ancien négociant, officier d'académie,
né à Archiac, de Pierre et d'Elisabeth Emeriaud, est décédé à
Saint-Jean d'Angély le 7 octobre dernier, âgé de 71 ans.
Membre de la commission municipale en 1870, puis succes-
sivement adjoint au maire, membre de la délégation scolaire,
président du tribunal de commerce, vice-président de la cham-
bre de commerce de Rochefort, M. Laurent par sa haute com-
pétence et sa grande affabilité dans l'accomplissement de ces
diverses fonctions, s'est acquis l'estime et la considération de
ses concitoyens. Des discours ont été prononcés sur sa tombe
par le maire et le président du tribunal de Saint-Jean d'Angély
ainsi que par le vice-président de la chambre de commerce de
Rochefort.
M. Laurent avait épousé M*"« Noëmie Geay, fille de notre dé-
funt et très regretté collègue Geay-Besse, longtemps président
du tribunal de Saintes et poète patoisant bien connu. De ce ma-
riage sont issus M. Jean Laurent, conseiller municipal de Saint-
Jean d'Angély et M. Maurice Laurent, qui continuent l'œuvre
commerciale que leur a léguée leur père.
Le 16 octobre 1903, est décédé à Tonnay-Oharente, M. Ga-
briel Renault. Né le 16 mai 1857 à Tonnay-Charente où une
branche de la famille Renault, originaire de Saint-Domingue,
est fixée depuis bientôt un siècle, M. Gabriel Renault n'avait
jamais abandonné son pays natal. Chrétien convaincu et ar-
dent défenseur de la liberté d'enseignement, il avait lutté avec
énergie pour le maintien d'une école congréganiste que sa
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grand*mère, Mme Renault, avait fondée il y a quarante ans, à
Lussànt. En 1902, lor» de la mise des scellés sur la maison qui
lui appartenait et où des sœurs de TEnfant-Jésus du Puy diri*
geaient une école libre, il avait hautement protesté contre cette
mesure. Il fît valoir ses droits devant la justice, obtint gain de
cause et put ainsi recouvrer la jouissance de son immeuble où
une école libre continue à exister.
Les obsèques de M. Gabriel Renault ont eu lieu à l'église de
Tonnay-Charente, le 18 octobre, au milieu d'une assistance nom-
breuse et recueillie. Avant l'absoute, M. le doyen de la paroisse
s'est fait l'interprète des regrets unanimes que cause une mort
pi prématurée et, en termes émus, a rappelé « la droiture d'es-
prit de cet homme de bien, son- amour de la justice et de la vé-
rité, sa charité aussi généreuse que discrète, l'ardeur et le dé-
vouement qu'il mettait au service des nobles causes, sa foi iné-
branlable dans laquelle il puisait la force nécessaire à l'accom-
plissement de ses devoirs de chef de famille, d'état et de reli-
gion. »
Marié le 25 juin 1885, à Mlle Marguerite Castillon du Perron,
M. Gabriel Renault laisse un fils et trois filles. Il était frère : 1*»
de Maurice Renault, décédé ; 2* de Marguerite Renault, épouse
de M. E. Gastaigne, décédée ; 3^ de M. Georges Renault, mari
de Mlle Flouch, de Bordeaux, dont trois enfants ; 4° de Mme
Sophie Renault, épouse de M. le comte Henri de Montalembert,
maire d'Bchillais, dont six enfants ; 5° de Mme Elisabeth Re-
nault, épouse de M.Williamson.
Le 24 octobre, s'est éteinte à Saintes, rue Ilôtel-de-Ville, Mme
Joséphine de Salasc, née Laugaudin.
Issue de Bretagne, la famille Laugaudin, n'était plus repré-
sentée, au moment de la Révolution, que par lo colonel Laugau-
din, chevalier de Saint-Louis. Marié en Bourgogne, il eut neuf
enfants. L'un d'eux, sorti de l'Ecole Polytechnique, devint colo-
nel d'artillerie, chevalier de Saint-Louis, commandant en se-
cond de l'Ecole de Metz ; il épousa Mlle de Chévigné.
Un autre, commissaire de la marine à Rochefort, y épousa
Mlle Duplais des Touches, fille elle-même de Mlle de la Ferlan-
derie et mère du marquis de Saint-Cyrgue, .deux familles de
Saintonge.
Un autre, pareillement commissaire de la marine, épousa à
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Lorient, Mlle Anger de Kérudo et en eût deux filles, d4)nt Tune
épousa en 1842, à Toulon, M. Jean de Salasc.
La famille Laugaudin est alliée auxCartaud de la Verrière, de
Goy et de Bussy.
La famille de Salasc est originaire de Clermont-UHérault,
près Lodève. — Soigneurs de Salasc, Octon, Ariège et autres
lieux, ils comptent dans leurs alliances une grande partie de la
noblesse de l'Hérault, entre autres les de Bellissen, de Fayet,
de Bernard, Martin de Lauzac. Honyssin d'Ancely. — Une bran-
che des Salasc prend, en 1778,1e titre de marquis de Lauzières ;
elle s'allie aux de Margon, Donyssin d'Ancely, deMeaux, etc..
La famille de Salasc émigré en Italie au moment de la Révo-
lution. Une branche s'y (ï\e et y est actuellement connue sous
le nom de Salasco. L'autre branche rentre en France. Elle
n'était plus représentée que par Jean de Salasc, mort en 1889,
Mme de Salasc, morte en 1903 et Mlle M. de Salasc, mariée à
son cousin M. Edme Laugaudin. capitaine au 6* régiment d'in-
fanterie, dont un fils.
La famille de Salasc porte ; Ecartelé, l et ^i, d'argent au chien
braque passant de sable^ 2 et 3 d'or à deux fasces de gueules.
Est décédé, en octobre, à Cette, où il s'était retiré depuis cinq
ans, Jacques- Auguste Filleau, commissaire général de la ma-
rine, commandeur de la Légion d'honneur, né à Montendre, le
l'2 mai 1821, entré le 21 mai 1838 dans le commissariat de la
marine. D'une haute intelligence et doué d'une grande puissance
de travail, il gravit rapidement tous les degrés de la hiérarchie.
Il siégea au Conseil d'Etat et au conseil de l'amirauté. Il publia
plusieurs mémoires dans la Eevue coloniale, sur les primes à
accorder pour favoriser la pêche à lamorue et sur Saint-Pierre
et Miquelon. Mais son œuvre maîtresse est le Traité de Venga^
genient des équipages des bâtiments de commerce paru en 1857,
((ui fait encore aujourd'hui autorité. « Comme légiste et comme
écrivain, il s'était fait une situation qui le place à côté des com-
mentateurs Valin et Beaussant ».
Voir Les Tablettes, du 27 octobre.
Le mardi, 4 novembre, à Versailles, ont eut lieu les obsèques
de Madame Clémence Poupillier, vicomtesse des Méloizes-Fres-
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noy. Le deuil était conduit par le comte de Montbron, le vicomte
de Montbron, lieutenant au 14* dragons, le vicomte René de
Montbron, le vicomte Jean de Montbron, le comte de Moras, le
vicomte de Saint Marsault de Ghatellaillon, le marquis des
Méloizes, M. Gaumont, le comte Septëme de Ohampfleur, ses
gendre, petits-Gls, petits gendres et neveux.
Par sa mère la défunte appartenait à la famille de Saint Félix,
des petits chevau de Lorraine. Elle épousa le vicomte des Mé-
loizes-Fresnoy, d'une ancienne famille des environs d'Autun,
qui, émigrée vers 1690 au Canada, où elle est restée jusqu'au
moment delà cession de cette colonie à l'Angleterre, se fixa, à
■on retour en France, en Blaisois, par suite du mariage de son
chef avec M"*de Oheverny, petite fille del'auteur des mémoires.
Madame des Méloizes accompagna son mari à Weymar et à
Munich où il fut nommé ministre plénipotentaire, puis à La
Rochelle (1867), trésorier général, et à Oaen (1875), en la môme
qualité.
M. et M"* des Méloizes ont laissé deux filles, la comtesse de
Montbron qui habite le château de Buzay, près La Rochelle,
avec son mari, maire de La Jarne, et la comtesse Renée des Mé-
loizes, chanoinesse de sainte Anne de Bavière.
Le 11 novembre 1903,estinhuméo à Rochefort M^^Dutouquet,
née Drouineau, décédée à l'âge de 86 ans, à La Garde, près Tou-
lon. Originaire de La Rochelle, veuve du docteur Dutouquet,
qui tint une place importante dans le parti républicain et dans
le monde des arts et des lettres, elle était mère de M. le contrô-
leur général de la marine Dutouquet, et grand'mcre de M. le
capitaine de frégate Sagot du Vauroux.
Le 23 novembre, est décédée à Bassac (Charente) Jeanne-
Françoise-Clémence d'Asnières, veuve, depuis le 9 mars 1900,
de Pierre-Louis-i4 ugusfe Rambaud de Larocque, président du
conseil général de la Charente, officier de la légion d'honneur.
Les obsèques ont été célébrées, le 26, en présence d'une assis-
tance aussi nombreuse que recueillie, témoignage des sincères
regrets qu'a emportés avec elle la défunte, dont les vertus
chrétiennes, la grande bonté de cœur et l'inépuisable charité
étaient connues de tous.
Née le 29 mars 1825, de Eugène-Henri-Robert-Bernard, mar-
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- 11 -
quis d'Asnières, issu de la branche aînée de la maison d'As-
nières, et de Jeanne-Françoise Bédoire, elle était dans sa 79*
année, et laisse après elle deux enfants: l*Pierre-Henri-Afar-
cel (1849), avocat au conseil d'Etat et à la Cour de cassation,
conseiller général de la Charente, veuf, (1885) de Julie-Marie
Groualle, qui lui a donné une fille, Marie-Louise (1882) ; 2* Marie-
MsLrguerite (1852) mariée (1876) avec Maurice Hériard dont :
Marie-Marguerite-Monique (1877), et Pierre-Louis-Paut (1881),
élève de l'école polytechnique.
Pour les Rambaud de Larocque, voir Revue^ tome XX,
p. 171.
Le 29 novembre 1903, est décédée, à Saintes, cours National,
Madame Marie-Louise Sarrau, née à Gigean (Hérault), le
23 septembre 1812, mariée à Grégoire-Gaspard-Félix CofH-
nières de Nordeck, capitaine du génie, devenu général de divi-
sion, décédé à Paris, le 27 janvier 1187, dont quatre enfants :
Léon-Gabriel, capitaine d'artillerie, chevalier de la Légion
d'honneur, blessé aux Ormes, près Orléans, le 11 octobre 1870,
mort à Paris, le 6 mars 1898; André-François-Joseph, capi-
taine de vaisseau, officier de la Légion d'honneur ; Frédéric-
Jun-Guilhaume, chef d'escadrons de dragons, chevalier de la
Légion d'honneur, et Jeanne-Marie-Adélaîde, mariée à Ana-
tole de Bonsonge, capitaine de frégate, chevalier de la Légion
d'honneur, mort à Saint-Louis du Sénégal, le 7 septembre 1881,
sans enfants.
Le 8 décembre 1903, est décédée, à Saintes, M""* Elisabeth-
Malvina Josse, veuve de M. Adolphe-Joseph Brunaud, avoué,
âgée de 79 ans. Elle était mère de M. Gaston Brunaud, prési-
dent de la Cour d'appel de l'Afrique occidentale, et belle-mère
de M. Paul Brunaud> avoué, et de M"** Baillard.
En décembre 1903, M"** d'Orbigny, veuve du célèbre natura-
liste Alcide d'Orbigny, est décédée à Paris.
Elle, était tante du maire de La Rochelle.
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10
II. — Mariages
Le 22 septembre 1903, a été célébré à Agen, en l'église Notre-
Dame des Jacobins, le mariage de mademoiselle Je/ianne-Ma-
rie Louise Favcreau, fille de M, Jacques-Clodomir Favereau,
décédé, avoué à la cour, avec M. Pierre-Julien-FernandRavail,
docteur en droit, docteur ès-sciences politiques et économiques,
avocat au tribunal civil de La Rochelle, fils de M. Pierre Ra-
vail, notaire à Sainte-Marie de Ré.
La bénédiction nuptiale a été donnée par Monsieur 1 abbé
Abel-Pierre Favereau, curé de Monbran en Agenais, oncle de
la mariée, qui a prononcé Tallocution d'usage.
Les témoins étaient : pour la mariée : Messieurs Lucien Rer-
nard, avoué à la cour d'appel d'Agen et Théophile Charles,
avoue au tribunal civil de Nérac ; pour le marié : Messieurs
Louis Hernette, docteur en médecine à Saint-Martin de Ré et
Albert Brouillac, avocat à la cour d'appel de Poitiers, docteur
en droit.
Monsieur Fernand Ravail est fils adoptif de madame Pierre
Ravail née Emma de Chantreau. Madame Pierre Ravail ap-
partient à la très ancienne famille vendéenne de Chantreau,
maintenue dans sa noblesse par arrêt de la Ooar des aides, des
22 juin 1637 et 15 avril 1664 et par décision des commissaires
généraux à la revision des titres nobiliaires du 1*' avril 1671.
Les de Chantreau portent : de gueules à trois merlettes d'ar-
gent, 2, i, au- chef eousud'azur à trois étoiles aussi d'argent,
(Dictionnaire généalogique de G. Beauchet-Pilleau, f Chan-
treau).
Le 24 septembre 1903, a été célébré à la mairie de Lasserre,
et béni dans le temple de TEglise réformée de Nérac, par le
pasteur Adolphe Meschinet de Richemond, le mariage de son
frère. Monsieur Rodolphe-Elie-^lndre Meschinet de Richemond,
fils de M. Louis-Marie Meschinet de Richemond, archiviste dé-
partemental, officier de l'Instruction pul)li({ue et chevalier
de Tordre du Sauveur, et de Madame Charlotte-Lucie Guenon
des Mesnard, avec Madame Marie-Louisc-Hélène de Védrines,
fille de M. Jean-Antoine-Etienne de Védrines, ancien officier
de cavalerie et de Madame Marie-Jeanne de Malèprade, demeu-
rant à Lanagrand, commune de Lasserre (Lot-et-Garonne). M.
André de Richemond est pasteur de l'Eglise réformée d'Aulnay.
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— 13 —
Armoiries de la famille Meschinet : d'or Siupinde sinople
terrsLSsé de même, adextré d'un lion grimpant de gxieules et
sénestré de trois étoiles d'a,zur posées i et2.
Armoiries de la famille de Védrines : de sinople au dextro-
chère habillé dor, tenant une épée dargent en pal, accompa-
gnée en chef, à dextre d'un croisssintct k sénestré dune étoile
SLUssi d argent.
Le 6 octobre, à Maillezais, a été célébré le mariage de M. Adol-
pfae-Oaôtan Moreau, pharmacien, demeurant à Saint^ean-
d'Angéiy, fils de notre confrère M. Adolphe-Anselme Moreau,
médecin vétérinaire, conseiller municipal, chevalier du Mérite
agricole et de Mme Marie-Oatherine GeoiTré de Longfief.
La famille GeofTré de Longfief a donné un maire à Saint-Jean-
d'Angély, en 1731 et plusieurs de ses membres ont occupé des
fonctions judiciaires dans la même ville. Elle est alliée aux Levai-
lois, Paulian, Allenet, Chotard, Goret de Lépinay , de Beins Loir,
Prégent, Normand Dufié et Regnau4 de Saint-Jean d'Angély.
Le 29 septembre 1903, à Bordeaux, M. Marie-Ode-Henri de
Pleurian, docteur-médecin à Plessé (Loire-Inférieure), a épousé
Mlle Pauline Le Gendre.
La famille de Pleurian, ancienne famille noble, originaire de
Samalan (Gersi, anciennement principauté de Gomminges,
possède des parchemins dont l'un remonte à 1417j; plusiears de
ses membres remplirent la charge de bailli. Les de Pleurian
possédaient avant la Révolution les seigneuries et châteaux de
La Liguée, de Lahas et des Vives, dont ils furent dépouillés en
1793. On les trouve à Marennes dès 1716.
Le chevalier de Pleurian de La Liguée, Jacques-Ëloi, grand-
père des de Pleurian actuels, était capitaine au régiment de
La Sarre, en 1756; il vint avec son régiment à La Rochelle où il
épousa madame de Ghambon, ce qui le iixa dans le pays. Il prit
sa retraite en 1779, et mourut en 1786. De ce mariage naquirent
deux enfants morts en bas âge ; et il perdit sa femme un peu
avant la Révolution.
Kmigré en Espagne pendant la Terreur, Jacques-Eloi de
Pleurian revint en Saintongc avec son frère Jean Séverin, qui
possédait le domaine des Pibles, près Marennes, et avec son
oncle, le baron de Pradel qui se fixaà Saintes, faubourg Saint-
Vivien.
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- 14 -
Il alla habiter Saint-Juit, où il acquit les terres de Redou et
des Sablières, et se maria en secondes noces avec Elisabeth
Baron, de Marennes, dont le père était greffier du tribunal.
De ce mariage naquit Jacques Louis de Fleurian, qui épousa
Elisabeth Dufaure, fîlle de Charles Dufaure, de Sainte-Oemme,
et de dame Renaudin, fille de l'amiral Renaudin, commandant
du vaisseau Le Vengeur. Charles Dufaure était Toncle de Sta-
nislas Dufaurede Vizelle. Deux enfants sont nés de ce mariage,
Marie-Antoinette deFleurian, décédée, et Marie-Jacques-Louis-
Oustave de Fleurian, capitaine d'infanterie, et chef de bataillon
de réserve en retraite, à Saintes; ce dernier épousa en 1875,
Laure Giraudias, fille de Louis Oiraudias, avocat à Saintes, et
de cette union est né Marie-Ode-Henri de Fleurian, docteur-
médecin.
La famille Le Gendre est originaire de la Côte-d'Or. M. Le
Gendre, père de la mariée, agrégé de Tuni versi té, ofTicier d'aca-
démie, d'abord professeur au collège de Clamecy, passa ensuite
en la même qualité aux lycées d'Agen et de Bordeaux.
Lorsque la guerre de 1870 éclata, M. Le Gendre, alors profes-
seur à Clamecy, s'engagea volontairement et fut blessé griève-
ment au combat de Loigny, et amputé d'une jambe. Décoré de
la médaille militaire, il fut plus tard, étant professeur au lycée
de Bordeaux, proposé pour la légion d'honneur, mais mourut
prématurément en 1891 des suites de ses blessures.
M. Le Gendre avait épousé la fille d'un professeur de Cla-
mecy, d'une très honorable famille, M"* Chrétien, dont est née
Pauline Le Gendre, qui a épousé Henri de Fleurian.
Le 10 novembre, à Saintes, a été béni le mariage de M"^
Marie Texier, fille de M. Texier, receveur particulier des finan-
ces, et de feue Pellissier Marie-Julie Gabrielle, décédée à Saint-
Rémy, le 10 janvier 1887, avec le vicomte Raoul de Guérin de
Villiers, attaché à l'inspection des Chemins de fer du P. L. M.
à Paris.
Les détails généalogiques qui suivent devaient accompagner
la note sur le mariage Strauss- La Morinerie (XXIII, p. 367).
Parvenus trop tard pour être insérés dans le numéro de novem-
bre, force nous a été faite de les ajourner au présent numéro.
La famille Strauss, originaire de Leuzbofurg, canton d*Argo-
vie (Suisse), s'est fixée en France au cours des années 1803
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— 15 —
1804, à la suite de circonstances qui méritent d*ôtre rappelées*
A cette époque (1803), la République Helvétique envoya à Paris
cinquante six députés, représentant les deux opinions monar-
chique et démocratique qui divisaient alors la Suisse, avec
mission de s'entendre avec Bonaparte, chargé, en sa qualité de
médiateur, de trancher les difficultés auxquelles avait donné
lieu la constitution fédérale de 1708. M. Théophile Strauss, en
qualité de conuncrçant des plus notables du canton d*Argovie,
lit partie de cette députation. En raison de leur très grand nom-
bre, le Premier Consul ne pouvant aisément conférer avec ces dé~
pûtes, désigna dix d'entre eux — cinq de chaque opinion poli-
tique — pour travailler en commun. Trouvant ce nombre en-
core trop considérable, et en vue d'accélérer les travaux, il fit
choix de M. Strauss, qu'il avait particulièrement remarqué, pour
rédiger avec lui la nouvelle constitution, laissant à celui-ci le
soin de s'entendre avec ses collègues sur les questions en délibé-
ration. Il résulte de ce choix honorable que M. T. Strauss eut,
comme député, la part la plus importante à l'élaboration du
traité fédéral du 19 février 1803 (1).
Ces événements déterminèrent M. T. Strauss à se fixer à Paris
(1804).
Son fils, Rodolphe (né le 3 août 1793) alla habiter La Rochelle
où l'appelaient ses intérêts commerciaux, puis à Tonnay-Cha-
rente où il devint, en 1818, associé de la maison V. Renault et
C*', situation qu'il occupa jusqu'à son décès. En 1834, M. Rodol-
phe Strauss a\ ail épousé M"' Thierry d'Argenlieu, fille du direc-
teur des douanes de la Charente-Inférieure. De ce mariage sont
issus trois enfants : 1° Ludovic Strauss, marié avec dame Jeanne
Castillon du Perron ; 2** Valentine, épouse de feu M. Guépratte,
receveur des finances ; 3"* Isabelle, épouse de M. Racine.
M. Ludovic Strauss a cinq enfants : P Gabriel, lequel a épousé
le 6 octobre 1903, demoiselle Alice de La Morinerie ; 2® Fernande
qui après avoir fait ses études théologiques à Saint-Louis des
Français à Rome, est aujourd'hui attaché au clergé de la Cha-
rente-Inférieure, comme vicaire de Notre-Dame de Royan ;
8* Madeleine, épouse de M. Joseph Drilhon, directeur de l'a-
gence de la Société Générale à Chambéry ; 4" Suzanne ; 5® Pier-
re, enseigne de vaisseau.
(1) C'est 4 la suite de ce traité que le Premier Consul prit dans les actes pu-
bUcs le titre de médiateur de la Confédération Helvétique.
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^ 16 -
VARIÉTÉS
I
Dj&goutbrtb db sépultures médiévales a Saint-Jban d'Anoély
Le numéro de novembre de la JReuue a annoncé la découverte
d'une crosse dans un tombeau, à Saint-Jean d'Angély, sans plus
de détails, parce que la trouvaille fut faite au moment du ti-
rage. Depuis, le D' Guillauet moi avons eu le loisir d'examiner
le champ de fouilles et d'étudier sur place le principal objet
dont ci-contre un dessin exact.
Voici quelles circojistances ont amené la mise au jour de
cette crosse.
La fabrique de l'église de Saint-Jean, qui a déjà tant fait
pour la restauration de l'église paroissiale, s'est proposé de
dégager définitivement les abords du monument. Il existait
contre l'abside et le mur latéral sud un terrain planté d'arbres
en contre haut, entouré de murs. Elle résolut d'aplanir cet
enclos et d'établir une place ; après entente avec la ville, qui
ne voulut accepter que la place terminée, elle chargea un
entrepreneur de l'enlèvement des terres et des matériaux pro-
venant de la démolition.
D^ns ces terres, on trouva des tombeaux, auges en pierre
grossièrement taillées, ayant à la tête un encastrement rond et
au pied un autre carré. Le couvercle plat ou à deux pentes
ne porte aucune inscription ni dessin. Quelques-uns de ces
tombeaux étaient formés de morceaux de pierre placés les uns
à coté des autres et maçonnés. Il y a trente ans, on en a déjà
découvert de semblables (1). Toutes ces tombes étaient orien-
(1) Briilouin a décrit; dans le Balletin de$ travaux de la Société kisloriqae
et scientifique de Saint- Jean d* An g él y de 1865, p. 49, un certain nombre de
tombeaux trouvés sur la place de Thùtcl de ville. « Quelques-uns de ces cer-
cueils, enfouis sous terre, étaient formés de plusieurs morceaux de pierres
plates juxtaposées et cimentées, ce que nous avons observé encore sur rem-
placement de l'ancien cimetière de féglise abbatiale, lorsqu'on a nivelé la rue
d'A^uesseau, et sur celui de Téglise Saint-Hévérend, lorsqu'on a fouillé sur la
place du Minage Aux autres tombeaux, on remarquait A l'intérieur un
espace circulaire ordinairement, et quelquefois carré pour recevoir la tête, et
un autre oblongpour les pieds, ce qui a été rencontré sur la place du Minage,
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— 17 —
Cbossb trouvés a Saint-Jean d'Angély en 1903.
1.
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- 18 —
tées sud-nord ; un très faible espace de terre les séparait les
unes des autres et une couche très mince les recouvrait ; tous
les couvercles furent brisés par la chute des pierres de l'église
abbatiale pendant la grande démolition en 1568 par les protes-
tants ; ces sépultures, sauf une, ne contenaient point d'objets
intéressants ayant appartenu aux personnes ensovelits. L'en-
trepreneur, le très obligeant M. Brunet, nous a cependant af-
firmé qu'il avait reconnu dans une auge des restes d'éperons,
et dans une autre une plaque de ceinturon en fer. Le seul objet
de valeur recueilli (1) est une crosse, mesurant (),3G de hau-
teur et 0,105 de largeur. Elle se compose d'une tige en cuivre
doré, allant en diminuant de diamètre, enroulée deux fois, ter-
minée par une tête cornue de serpent aux yeux formés d'une
goutte d'émail bleu foncé ; le nœud (diam. : 0.06) arrondi en
boule unie se rattache à la volute par une bague en couronne
simplement ornée d'un triple trait, celui du milieu étant on-
dulé. Il manque naturellement la hampe qui devait être en
bois, et la pointe que l'on n'a pas retrouvée.
Elle est très simple, comme on le voit, elle a le grand mérite
d'être complète, mais elle n'est pas inédite. J'y reviendrai tout
à l'heure, je la laisse un moment, désirant en terminer avec
l'endroit d'où elle vient.
La tombe en pierre qui la contenait, pareille aux précédentes,
parfaitement orientée est-ouest, élait placée à huit mètres cin-
quante centimètres du mur do l'église, et un peu moins enfouie
que les autres tombeaux qui l'avoisinaient. Le sarcophage aux
éperons était tout proche, ainsi ([u'un autre dont je vais parler
et qui a été ouvert devant nous. C'est celui d'une femme âgée,
degrandetaille,un mètre soixante-dix environ (longueur du fé-
mur 0.47, du tibia 0.375.) Elle nous est apparue les mains croisées
sur la poitrine, comme ayanu le enveioppéedans un linceul de
grosse toile, dont quelques fragments subsistaient, chaussée et
ayant sur les jambes et le bas ventre des morceaux de cuir et
une matière analogue à de l'amadou ou étoupe décomposée.
M' Saudau a vu « une tête de bouton ou d'épingle en forme de tête
lorsque MM. Brillouin et Lemoine ont fait creuser les fondements de leurs
maisons Les dalles qui couvraient ces cercueils étaient, soit d'un seul
morceau, soit de trois. > Il parle de lettres c ruriques et tudesques » sur
des fragments de tombeaux employés dans la maçonnerie de la Halle
(1) M. Brunet a aussi mis de côt^ un crâne trépané ; le trou est ovale.
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— 19 —
de clou à quatre pans » probablement en pâte de verre, très fri-
able. Ce cuir et cette matière méconnaissable nous ont intri-
gués. Je crois que ce sont les restes d'une robe fourrée, ou
garnie de fourrures.
La présence d'un tombeau d'ecclésiastique ayant droit de crosse
au milieu de ces laïques, hommes et femmes, en dehors de l'é-
glise, est singulière, d'autant plus bizarre que par dessus ces
tombeaux s'étendait un pavage formé de carreaux vernissés brun
ou jaune unis ou à dessin incrusté en jaune, tous brisés (1), mais
en place. Comment se fait-il que cet abbé (i2), si le défunt est
abbé, et abbé de Saint-Jean, n'ait pas été enterré dans l'in-
térieur de l'église conformément à l'usage? Si le défunt est un
évoque, comment se trouve-t-il là? On assure qu'il existait en
cet endroit une chapelle Saint-Oeorges et un cimetière Saint-
Georges. Viendrait-on d'en détruire les derniers vestiges?
Observons de suite que chapelle et cimetière ne datent pas du
moyen âge. Il n'a pas été possible de reconnaître la largeur
du passage pavé et si des gros murs l'entouraient de tous côtés.
Le plus gros mur qui ait été reconnu était circulaire, mais il
paraissait de date récente, et il passait par dessus le tombeau
en question, laissant les autres en dehors. La solution séduisante
consisterait à dire que ces dilTérents cercueils appartenaient à
une même famille enterrée dans une chapelle dépendant de
l'abbatiale après obtention d'un droit de sépulture dans l'église.
Le plan de 1733, il est vrai, ne confirme pascette conjecture. La
date explique pourquoi, ainsi que nos doutes à l'égard de la
lidélité des renseignements qu'il peut nous fournir en l'espèce.
Faut il donc admettre une chapelle isolée ? Non. C'est invrai-
semblable. Mieux vaut croire à une partie de l'église primitive,
que la construction du XIII-XIV siècle a respectée. L'orienta-
tion anormale des tombes laï(iucs rend recevable l'hypothèse
d'une chapelle dépendant de l'église elle-même.
La crosse, à défaut d'autre document, nous aidera-t-elle à
résoudre le problème? Quelle date indique-t-elle?
La simplicité de cet objet n'est pas faite pour nous venir en
grande aide. Quand on a affaire à un objet travaillé, émaillé et
(1) U parait que depuis notre visite on a pu trouver quelques carreaux in-
tacls. D'après Guillonnet-Merville Téglise abbatiale aurait été pavée de car-
reaux vernissés et de marbre.
(2) Personne n'a constaté si le squelette était celui d'un homme ou d'une
femme.
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— 20 —
ciselé, on peut tirer parti des ornements et lui attribuer une
date relativement exacte, à vingt ou vingt-cinq années près. Ici
rien ne facilite nos recherches. 11 ne me parait guère présu-
mable que notre crosse angérienne dépasse le milieu du XIII*
siècle ; j'incline à penser qu'elle est plutôt du commencement.
Nous pouvons, en effet, la comparer avec une crosse poitevine
de même modèle mais incomplète^ décrite et figurée dans les
Bulletins de la Société des antiquaires de VOuest, 1883, p. 33 et
suivantes. Elle appartenait alors à M. Gaillard de La Dionnerie
et provenait d*Airvault — du
moins on Ta trouvée dans un
grenier à Airvault. Elle me-
sure treize centimètres de
hauteur, et huit et demi de
largeur. Elle se compose
d'une tige en cuivre rouge,
unie, massive, allant toujours
en diminuant, enroulée deux
fois et terminée par une tête
de serpent,ou de dragon (voir
ci -contre), les oreilles ou les
cornes dressées , la gueule
ouverte et les yeux brillants
formés de deux petits cabo-
chons de verre verdâtre. Le
nœud manque, mais à la base de la tige (au-dessus du nœud s'il
était conservé) existe une petite bande de douze millimètres,ornée
de trois rangs de feuilles gravées au trait au milieu de losanges
déterminés par des lignes se coupant. Le propriétaire datait sa
crosse du dernier quart du XIIP siècle, et Mgr Barbier de
Montault du premier quart (page 49).
Je suis, personnellement, très disposé à admettre cette der-
nière date, malgré l'opinion de Demay (1), qui retarde jusqu'en
1282 les volutes finissant en têtes de serpent. Cet auteur fonde
son jugement sur les sceaux qu'il étudie, mais il me sem-
ble qu'en l'espèce, les sceaux ecclésiastiques fournissent une
base d'appréciation bien faible, parce que le graveur sigillaire,
ne disposant que d'une surface extrêmement exiguë, ne pou-
vant dessiner exactement le détail de tous les accessoires, s'est
(1) Le costame &n moyen âge d* après les sceaux.
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- 21 —
forcément contenté de Tensemble. Enfin le dernier tiers du XIII*
siècle est une époque de grand style, de travail très soigné,
très cherché, de luxe en un mot, à laquelle nos deux crosses,
très modestes, ne conviennent guère. D'autre part la grossièreté
des tombeaux et leur forme indiquent le début du siècle.
On peut supposer, il est vrai, que les crosses n*ont jamais été
fabriquées en vue d'être portées dans les cérémonies religieuses.
On en connaît quelques-unes qui ont remplacé, dans les tom-
beaux d'évèques ou d'abbés, les crosses de plus grande valeur
dont les défunts se servaient journellement de leur vivant. Mais
rhypothèse, soutenable certainement, ne nous tire pas d'embar-
ras ; elle l'augmente plutôt puisqu'elle tend à dater nos crosses
aussi bien du commencement, du milieu, que de la fin du XIII*
siècle.
Une hypothèse meilleure est peut-être celle qui attribuerait
la simplicité de nos crosses poitevine et angérienne à l'austé-
rité de la règle des abbayes d'Airvault et de Saint- Jean, au
moins pendant la première moitié du XIII* siècle.
En réalité, plusieurs éléments de discussion nous manquent.
En quelle année l'église abbatiale a t-elle été commencée ? en
quelle année l'église abbatiale a-t-elle été consacrée ? a-t-elle
été construite à côté de l'ancienne ou Ta-t-elle englobée ? Pen-
dant les travaux, dans quelle église les moines de l'abbaye fai-
saient-ils leurs offices? où enterraient-ils leurs supérieurs?
La confusion des laïques et d'un ecclésiastique titré semble-
rait indiquer une période intermédiaire, si, comme je le crois,
l'ecclésiastique enterré, appartenant à une famille ayant une
sépulture dans une chapelle de l'église, n^a pas demandé à repo-
ser parmi les siens. Cet ecclésiastique est-il abbé de Saint-
Jean? Ne vient-il pas plutôt d'une abbaye voisine dépendant de
Saint-Jean ? C'est une question que je laisse à un de mes con-
frères le soin de résoudre.
— Oh. Danoibbaud.
II •
Pourquoi le comte d'Artois n'a. pas rejoint Oharbttb
A la fin de septembre 1795, malgré le désastre de Quiberon
arrivé deux mois auparavant, les circonstances se montraient
favorables à une restauration monarchique. La France, troublée
dans ses habitudes religieuses, ruinée dans ses finances, dégoûtée
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— 22 —
de la guillotine, menacée à ses frontières, regrettait la royauté.
Partout des associations se formaient qui avaient pour but appa-
rent la cessation du gouvernement révolutionnaire, mais qui en
réalilé tendaient au rélablissement de la monarchie. Les excès
commis dans les provinces de TOuest par les soldats de la répu-
blique, avaient surexcité les paysans. La chouannerie se for-
mait en Normandie, en Bretngne et en Vendée. L'Angleterre
fournissait les armes et les munitions, armait une flotte sous les
ordres de l'amiral Warron, et, répondant au vœu souvent expri-
mé des chefs et des soldats roy.-ilisles, elle amenait sur les côtes
de Vendée, un prince de la maison de Bourbon, le comte d'Ar-
tois.
L'armée de l'Ouest n'avait })1ub l'enthousiasme r('pul)licain ;
les incorporations d«'S réquisitionnaires de 179o aviuent rempli
les régiments déjeunes Bretons qui s'em[)ressaient de déserter.
L'armée des Pyrénées, coniluit(i })ar le général Willot, qui
comptait 10.955 hommes avait clé réihiite par la désertion à
4.000 (1) ! « En passant par leur pays d'origine, dit le général
Dessein de la Ixoclielle, les hommes désertent. j>
Des ofïîciers d'îS armées de terre et d(; mer pacti^. tient avec
l'expédition royaliste. Le général WiHot avait prémédité de
réunir ses troupes à celles du comte d'Artois. Willct lui-môme
dans une hîttre à Louis XVHI en date du 19 octobre 1815, rap-
pelle ce projet (2). « Envoyé à la Vendée; avec 2i).000 hommes
que j'avais choisis, j'y ai arrêté les crimes et la dévastation.
De concert avec les chefs de l'armée du Centre, j'ai fait oiïrir
mes services à ^L le comte d'Artois, alors à l'ile d'Yen. »
Hoche avait projeté un coup de main sur lile d'Yeu, Cré-
tineau-JoIy {',]] et L'abbé Deniau {\) airirment que l'amiral Vil-
laret-.Ioyeuse, l)loqué à Port-Liberté, envoya à l'île d'Yeu un
de ses oilîciers, le capitaine Jacob, avertir le Prince.
M. de laFéronnière s'était rendu, vers la fin de fructidor (sep-
tembre 1795), auprès de Charette pour concerter avec lui, au
nom du prince de Condé, un plan de en mpa gne et combiner les
iT^uvement des armées étrangor(;s avec ceux des insurgés.
A Paris, le soulèvement des sections contre la Convention,
(1) Archives hisioriqucs de la (jucrrc, armée de rOuest.
(2) Archives historiques de la guerre, dosssier du erénéral Willot.
(3) Cretineau-Joly, Lu Vendée milii,ure, t. II, p. 412, -417.
(4) Denien, Histoire de la Vendée, t. V, p. 5S8.
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— 23 -
au mois de vendémiaire an IV, devait coïncider îivec le débar-
quement du comte d'Artois. îl n^'lait question dans tous les cen-
tres royalistes que a du grand niouvcinont » qui devait s'opérer
et « de la descente des princes. »
Tout était prêt. Le comte d'Artois, embarqué le 25 août à
Portsmouth sur la frégate le Ja^'on, se présentait le 28 sep-
tembre devant Noirmoutier, et descendait à terre (1). Le 30
septembre l'escadre anglaise s'emparait de l'île dTeu ; le 2
octobre, le prince s'établissait au Port-Breton. Le 5 octobre,
il écrivait à Charette (2) : « Nous sommes à l'ile d'Yeu depuis
trois jours, Monsieur, et nous n'avons aucune nouvelle de vous.
M. de Rivière a été misa terre le 30 septembre.... depuis aucune
communication La saison avance, la mer peut et doit deve-
nir impraticable d'ici à quel((ues jours.... il est donc de toute
importance de profiter du temps qui nous reste dans le cas
où ce projet de débarquement (des troupes) ne réussirait pas,
je. vous demande, je vous or<lonne même de me désigner un
point quelconque sur la côte, d^-puis Bourgneuf jusqu'à l'Aiguil-
lon, où vous pourriez porter, au jour nommé, un corps de quel-
ques centaines de phevaux. ,1e m'y trouverai sans faute avec
un pc^tit nombre de personnes, je m'y réunirai avec votre intré-
pide armée. »
Cette lettre fut portée par un émissaire chargé d'instructions
verbales la complétant, ('liarette y répondit (:>) : « Je vais faire
mon possible pour assurer votre débarquement, qui sera très
aisé si je ne m'y porte pas, et impossible si je m'y porte, vu que
tous les réi)ublicains, ([ui sont en Vendée, ont les yeux sur moi. »
Cinq jours plus tard, le lOoctol^re, Charetle s'ap])rocha de La
Tranche, non loin du Pertuis-Breton, il n'y rencontra le 12 que
le comtes (i(* (irignon, aide de camp du prince, qui lui annonça
que le débarquemeiit était ajourné. Lebouvier Desmortiers a
traduit le mot un |mîu rude, que la colère arracha au chef ven-
déen, par cette }»hrase adressée à Louis W'iïf. « 8ire, la lâcheté
de votre frère a tout perdu, il ne me reste plus qu a me faire
tuer inutilement. » Cette phrase n'a jamais été dite, mais comme
la plupart des mots historiques, elle résume un état d'âme.
Dès le lendemain, les Vendéens se dispersaient. A Paris les sec-
'1^ Pict, Recherches sur Noirmoutier.
(2^ Archiva historiques de la. guerre, armée de» côtes de l'Océan.
(3) Savary, t. VI, p. 8, 0.
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- 24 -
tions étaient écrasées par l'artillerie de Bonaparte. La flotte an-
glaise restait cependant a Tîle dTeu jusqu'au 16 décembre.
Les historiens ont recherché quels motifs empêchèrent le
prince de rejoindre Gharette, car pendant plus de six semaines
les allées et venues des émigrés de Tile d'Yeu et des délégués
des royalistes du continent prouvèrent que la terre de France
était accessible. Napoléon a dit dans ses commentaires (1) :
« La république était perdue, si j'avais été à la place du
prince, j'aurais traversé la mer sur une coquille de noix ! »
Le généralJomini,dans son Histoire critique et militsdre des
guerres de la Révolution dit (2) : « La cause de ce fatal délai
n'est pas moins mystérieuse que toutes les combinaisons de
cette expédition. » M. de Contade accuse la passion du comte
d'Artois pour M"* de Polaslron, sa compagne à l'île d'Yeu:
« Quel est, dit-il (3), le héros qui sait résister aux larmes de la
beauté. »
Le plus grand nombre des historiens royalistes, afin de sau-
ver l'honneur de celui qui fut Charles X, ont développé la thèse
que ce fut la perfide Albion qui empocha le comte d'Artois
d'aborder en Vendée.
« Le génie du général Hoche, la bravoure des soldats répu-
blicains,la crainte d'une attaque sur rîle d'Yeu », telles furent les
causes qui déterminèrent la fuite du prince selon M. Ghas-
sin (4).
Toutes ces raisons, données successivement, prouvent qu'au-
cun auteur n'a trouvé concluantes celles apportées par ses pré-
décesseurs.
Viaud et Pleury, dans leur Histoire de Rochefort^ racontent
l'épisode suivant (5) : « La frégate la TartUy commandée par
M. Montson ou Moultson, capitaine de vaisseau, croisait depuis
le mois de juillet devant l'île d'Yeu, quand, en vendémiaire an
IV (octobre 1795), au moment où elle prenait sa bordée du large,
la vigie signala un navire se dirigeant vent arrière vers la
terre ; elle mit le cap dessus, et, comme elle avait une marche
(1) CommenUire de Napoléon /•^ édition impériale, t. IV, p. 97.
(3) Jomini, Histoire critique et miliUire des guerres de la Révolution, t. VII.
p. 537.
(3) Souvenirs de Coblentz et Quiberon, p. 23, 34, 25, 37.
(4) Chassin, Les pacifications de VOuesl, t. II, p. 206.
(b) Viaud et Fleury, Histoire de RocheforU t. II, p. 397.
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- 25 -
supérieure, elle Teût bientôt atteint et s'en empara sans résis-
tance.
Le navire amariné, nommé le Swan,étaitun des bâtiments em-
ployés au transport des armes que les arsenaux de TÂngleterre
fournissaient aux hommes qui cherchaient à ranimer l'insur-
rection dans la Vendée. Il en contenait plusieurs caisses, qui
furent transbordées sur la Tarlu.
Le Swan portait aussi quelques passagers, dont le maintien,
la circonspection, le mutisme, accusèrent à Tétat-major de la
frégate républicaine, des émigrés de distinction. Parmi ces pas-
sagers, on remarquait un personnage, qui paraissait avoir sur
les autres une certaine influence et pour lequel tous témoi-
gnaient la plus complète déférence, le plus grand respect.
La capture sembla dès lors assez importante pour que la
Tartu ne tînt pas la mer plus longtemps. La frégate vint donc
mouiller en rade de Tile d'Âix, et le lendemain elle remonta la
Charente. Les armes furent déposées dans les magasins du
port et les prisonniers entrèrent à Saint-Maurice (1).
Conformément à la loi du 25 brumaire an III qui porte
que : « Les émigrés, faisant partie d'un rassemblement armé
ou non armé, seront jugés dans les vingt-quatre heures, par
une commission militaire composée de cinq personnes nom-
mées par Tétat-major de la division de Tarmée dans l'éten-
due de laquelle ils auront été arrêtés », Tétat-major du port
institua une commission et lui déféra les passagers du Swan.
Mais alors, malgré la défaite des insurgés à Quiberon, beau-
coup de Français avaient confîance dans le succès d'une nou-
velle tentative annoncée ; beaucoup le désiraient sans doute,
et la commission, retenue peut-être par la pensée d'une réac-
tion prochaine, voulut s'abstenir de prononcer sur le sort des
accusés, elle se déclara incompétente, sous le vain prétexte
qu'elle ne faisait pas partie de la division dans le ressort de
laquelle la Tartu avait fait la prise.
Le ministre de la marine ne se méprit pas sur l'opinion
des membres de la commission, et il en référa à son col-
lègue de la justice. Celui-ci répondit que le tribunal, com-
posé par les autorités maritimes du port, était légalement
constitué ; sur son avis, la commission militaire fut confirmée
et réunie de nouveau.
(1) Priton d« Rochefort.
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~ 26 -
Mais comme les membres qui en faisaient partie étaient bien
déterminés à ne pas prononcer dariOt dans cette affaire, ilç
déclarèrent que l'identité des prcvonus n'était pas suffisamment
justifiée, et qu'il fallait, aux termes mêmes de la loi, que les
détenus fussent conduits devant le tribunal criminel de Ver-
sailles, lieu de leur domicile habituel.
Pendant tous ces débats, un des prisonniers, celui qui parais-
sait avoir autorité sur ses compagnons, disparut de la prison,
où tous étaient cependant gardés à vue.
Cet événement étonna dautant plus que Ton apprit ensuite,
que le second de la Tiirtn avait reçu en confidence de ce per-
sonnage mystérieux, qu'avant peu les portes de la prison se
refermeraient derrière lui. Certaines personnes de l'état-major
lui-même crurent dès lors que c'était le comte d'Artois, qui, à
prix d'or, avait acheté sa liberté» ; on savait pourtant que le
prince avait fui devant Qiiiberon, abandonnant une partie de
ceux qui le suivaient ou étaient aceourus à sa voix, les vouant
ainsi sans défense au glaive de la Convention. On apprit bien-
tôt que ces émigrés étaient tous des gens attachés à la personne
du comte d'Ariois. »
Tel est le récit de l'hi^torion rochefortais ; ;l est évident qu'il
ne s'est longuement arrêté» sur cet incident d'histoire locale, que
parce qu'il y avait un dou'e motivé dans son (*sprit.
La raison, ])our la(iu(dle le comte d'Artois n'a point débar-
qué sur la côte de Vendée, serait-elle donc qu'il eut été fait
prisonnier dans la piemière (juinz.iine d'octobre, et conduit à
Rochefort, où on aurait Favorisé son évasion ? Serait-ce dans cet
événement demeuré secret fju'il l'ar.vlr.iit chercher l'explication
de tout ce qu'il y a de mystéri^Mix (selon le mot du général Jo-
mini) dans les combinaisons de cell ^ expédition ?
Une tradition locale, le j)assaL:"e de 1 rJstorien rochefortais
cité plus haut, nous ont porté à fouiller h^s archives du tribunal '
maritime et du port de Uorhefort. Voici le résultat de nosrecher-
ches ; le lecteur appréciera.
Le comte d'Artois écrit à Charetle, le 5 octobre, qu'il est
prêt à se réunir à l'armée vendéeinie ; le 12 octobre, le comte
de Grignon rejoint le chef royaliste, et lui annonce que le
débarquement du prince est ajourné.
CJue s'< sl-il passé entre ces deux dates ?
L'escadre française, qui croisait en face de l'ile d'Yeu, s'est
emparée d'un cutter anglais, le Su'.ui, portant à son bord les
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— 27 —
serviteurs du comte d'Artois et un personnage mystérieux. La
flotte ennemie est intervenue dispersant l'escadre française, et
donnant aux frégates la Tartu et la Néréide une telle chasse
c[ue ce dernier navire fut oblige, pour échapper à l'anglais, de
jeter à la mer ses ancres, ses canots, ses chaloupes et de scier
son plat ])ord. Viaud et Fleury ont ignoré ces détails que nous
avons trouvés aux archives.
\jii poursuite a été inutile ; le 16 octobre, le général anglais
tonte un échange de prisonniers ; à quatre heures du soir,
messieurs Valentin, enseigne de vaisseau, Lamare, chirurgien,
ein])arqués sur le yacht de la Républi(iue VEiifant^ tombé au
pouvoir de l'ennemi, à la prise de Tile d'Yeu, se présentent au
bureau des classes de la marine des Sables-d'Olonne, et mon-
trent, par leurs papiers, qu'ils ont obtenu du commandant
anglais de l'île d'Yeu la permission de se rendre aux Sables,
sur leur parole d'honneur de ne pas porter les armes jusqu'à
ce quiis aient été échangés.
Le 17 octobre 1795, la Tartu arrivait en rade de l'île d'Aix ;
le 18 octobre, l'agent Bellefontaine écrivait au ministère la lettre
suivante (1) : « Nous expédions un courrier extraordinaire pour
vous informer que le capitaine de vaisseau Moultson mouilla
hier soir à l'île d'Aix avec les frégates la Tarta et la Néréide.
11 croit que la frégate la Forle, laviso ÏKceilléy qui faisaient
partie de sa division, et le cutter anglais le Singe (sic), dont il
s"est emparé près de l'ile d'Yeu, sont entrés à Lorient. »
Sur le cutter le Singe, étaii'nt cinq français, mis à bord de
la TnrtUj qui nous ont dit être tous de la maison du ci-devant
comt(î d'Artois. Nous avons trouvé dans un de leurs porte-
manteaux un paquet cacheté de noir et treize lettres parlicu-
lières qu'ils portaient à Londres. Le capitaine Moultson nous en
remet cinquante huit autres, ce qui fait soixante douze lettres
et j)aquets que nous vous envoyons.
Ils disent avoir laissé leur maître à l'île d'Yeu, que le nombre
des troupes débarquées est de trois à quatre mille hommes,
qu'il y a division entre les anglais et les émigrés, et que leurs
camps dans cette île sont br[)an's.
On nous rapportait, 'iepuis quel(|ues jours, que les derniers
coups de vent avaient Jeté à la côte plusieurs bâtiments anglais
(1) Archives du port de Rochefort,
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— 28 —
et que Ton y trouvait beaucoup de cadavres d'hommes et de
chevaux ; sur la question que nous leur en avons faite, ils ont
répondu n en avoir aucune connaissance.
Les cinq hommes sont détenus à la maison d'arrêt, et , d'après
notre invitation à la municipalité, le juge de paix les interroge
en ce moment sur la série de questions que nous lui avons
remise. Si le procès-verbal de cet interrogatoire est clos aujour-
d'hui,nous vous en adresserons une expédition au plus tard par
le premier courrier.
Oi-jointe la liste de ces Français, faite par l'état-major de la
Tarfu, emmargée de leurs déclarations que chacun d'eux a
signées. Nous vous adressons aussi l'état des sommes ennumé-
raire et assignats qu'ils avaient, et qu'on leur a laissés, ainsi
qu'une montre d'or ; le plat d'argent, la boîte, une grande
cuillère à soupe et deux paires de boucles de souliers du même
métal leur ont été retirés, et vont être déposés au trésor de la
marine.
Le capitaine Moultson croit que Lord Olives était à bord du
cutter anglais, d'où il a dû passer sur la frégate la Forte,
Cet ofïïcier nous rend un compte particulier de sa mission :
des prises qu'il a faites au nombre de dix-huit, dont deux ont
été coulées, deux sont entrées à la Rochelle, une a échoué à
l'île de Ré, où nous lui avons envoyé des secours, deux ont
mouillé ici, nous en connaissons une autre à Rayonne, et le
Capitaine Moultson est persuadé que le reste de ses prises est
rendu à Nantes, àRordeaux et en Espagne. Il estime le nombre
des prisonniers à plus de deux cent cinquante, et la valeur des
prises à deux cents millions au moins. Il nous est dit que les
frégates la Tartu et la Néréide ont besoin de réparations, sur-
tout la dernière qui, pour échapper au vaisseau ennemi qui la
poursuivait vivement, a été forcée de jeter à la mer ancres, cha-
loupes et canots et de scier son plat bord. On pourra faire les
réparations au bas de la rivière » (1).
Etat (2) des matières en or et en argent, monnayées ou non
monnayées, et sommes et assignats trouvés sur les cinq fran-
çais provenant du cutter anglais le Singe.
(1) Ces réparations furent faites à Rochefort avant le départ de ces vais-
seaux pour Saint-Domingue.
(3) Archive* du port de Rochefort.
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— 29 —
156 fr. 12 en or et en argent de France,
39 guinées 1/2 en or d'Angleterre, .
TT«Ti^.,Ki^ v^AAA^ir* *.« rv^ I Cette somme etla
Un double Freaenc en or, f ^^^^.^^ i^,,^ ^„i.
^^ , . > montre leur ont
90 livres en assignats, ( été laissées.
Une montre en or faite par Orange à Ver-
sailles.
Un plat à barbe en argent, \ Oesobjets leuront
Une boîte à éponge en argent, ( ^^^ '^*!^^« ,P^^^
_ _ , / être cieposes au
Une grande cuillère a soupe en argent, l trésor de la ma-
2 paires de boucles à souliers en argent, j rine.
Dans le procès-verbal de l'interrogatoire fait 1« 18 octobre
par Jean-Baptiste Letourneur, assesseur, faisant les fonctions
déjuge de paix, les prévenus sont ainsi qualifiés (1) :
1* Pierre Valentin Faisseau, dit Blachère ; âgé de 57 ans,
valet de chambre, barbier du ci-devant comte d'Artois, natif
d'Aubeuas en Vivarais.
2** Antoine Pellerin, âgé de 54 ans, natif de Saint-Maurice, où
Riche-homme près Sens, ci-devant Bourgues, ex-contrôleur de
la bouche de la comtesse d'Artois.
3* Jacques Augustin Le Roux, âgé de 33 ans, premier valet de
chambre du ci-devant comte d'Artois, en survivance de son
père, natif de Versailles.
4<* Marie Pierre Placide Jolivet, âgé de 30 ans, garçon de
garde-robe, ou* simple valet de chambre delà maison du ci-
devant comte d'Artois, natif de Versailles.
5^ Jacques Giraud Roux, âgé de 32 ans, domestique de M.
Augustin Le Roux, natif de Villette en Savoie.
La correspondance avec le ministre de la marine continue ainsi :
o 19 octobre 1795, 27 vendémiaire an IV. Le commandant des
armes et moi venons de vous expédier un courrier extraordinaire,
chargé de paquets pris sur un cutter anglais dont le capitaine
Moultson s'est emparé près de l'île d'Yeu. Ces paquets pouvant
être d'une très grande importance, je vous en écris de nouveau,
par le courrier ordinaire, afînque, dans le cas d'accident ou de
retardforcé,vouspui88iez donner des ordres aux postes de Paris
à Rochefort. »
Autant dans les lettres ci-dessus les déclarations du capitaine
Moultson nous paraissent indécises, autant les déclarations de
quatre des prisonniers nous paraissent vraies.
(1) Archivtê du tribunal maritime.
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— 30 --
L'identité de Valentin Faîsscau dit Blachère, le compagnon
fidèle du comte d'Artois, depuis le départ pour l'émigration (17
juillet 1789), sera reconnue plus tard à Versailles, il est mort à
l'hôpital de la marine le 18 octobre I71)G.
Augustin Le Roux est également mort à l'hôpital le 19 avril
1796.
Les déclarations d'Antoine Pellerin et de Joli\ et pouvaient
être promptement contrôlées, les rapports entre Versailles et
Rochefort étaient à peu près quotidiens. Il n'en est pas de
même de la déposition de Jacques Giraud Roux. Cette profes-
sion de domestique d'un autre domestique accompagnant son
maître dans une expédition aussi aventureuse que celle d*un
débarquement en Vendre, nous paraît suspecte.
Dans son ouvrage La Vendée militaire^ Orétineau-Joly
raconte que, pendant son séjour à l'île d'Yeu, le comte d'Ar-
tois donna l'ordre de créer un corps noble, sous le nom de
Chevaliers catholiques destinés à servir de gardes au prince.
La procédure employée à l'égard des prévenus nous mon-
trera qu'on ne voulut jamais leur appliquer la loi du 25 bru-
maire contre les émigrés pris les armes à la main, ou faisant
partie d'un rassemblement armé. Nous l'avons dit plus haut ;
il y avait alors dans la marine et dans l'armée de nombreux
mécontents, surtout parmi les marins et les soldats apparte-
nant aux pays de l'insurrection. A Rochefort, la tyrannie des
conventionnels Lequinio et Laignelot avait détaché beaucoup
d'hommes du parti républicain.
Le premier interrogatoire des prisonniers eut lieu le 18
octobre. Le 27 du même mois le ministre de la marine ordon-
nait à l'état-major de la place de nommer une commission
militaire. L'état-major était ainsi composé :
Lelargc, contre-amiral et commandant des armes,
Bellefontaine, agent maritime,
L'Echelle, capitaine de vaisseau et major général,
Paunier-Beauchamp, lieutenant de vaisseau aide-major,
Robin fils, enseigne de vaisseau, sous aide-major.
Les membres de la commission furent :
Paul Chevillard, Jacques Monnier, Joseph Almin, capitaines
de vaisseau.
Charles L'Evèque, Joseph Aucam, lieutenants de vaisseau.
Pierre Thomas Ouien, faisant les fonctions de rapporteur.
François Belenfant, greffier.
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— 31 —
Le 16 novembre 1795, la commission décida à Tunani-
mité(l) : « que ne faisant pas partie de la division par laquelle
les prévenus ont été pris, elle se déclare incompétente dans
cette affaire, laquelle elle renvoie pour être statué ce qu'il
appartiendra. » La population de Hochefort était alors préoc-
cupée de l'évasion d'un personnai^e mystérieux. Tous les pri-
sonniers faits par le capitaine Moultson n'avaient pas été enfer-
més à la prison de Saint-Maurice. Un d'entre eux, se disant
officier anglais avait d'abord été interné en ville dans une
maison particulière, ensuite arrêté et conduit à Saint-Maurice,
d'où il s'était échappé, le 5 novembre à 8 heures du soir.
Voici la lettre qui rend compte au ministre de cette évasion, à
laquelle MM. Viaud et Fleury font allusion dans leur récit.
15 brumaire an IV ^6 novembre 1795) (2\
« Nous vous informons que hier, à huit heures du soir,
s'échappa de la prison de Saint-Maurice, Ferninand Christin,
dont linterrogatoire vous a été adressé le.... (pas de date ou
date elïacéoi de ce mois. Nous n'enfumes instruits qu'une heure
après, et, aussitôt les recherches furent ordonnées tant par
nous que par les autorités constituées. Jusqu'à ce moment, elles
ont été inutiles. Le signalement de cet olficier a été envoyé, et
les bâtiments étrangers en rivière et on rade seront visités. Nous
désirons beaucoup qu'il soit ramené.
» Ci-jointes les cinq lettres qui viennent de nous être remises
et qu'il a écrites au moment d'exécuter son projet dont le succès
ne lui parait pas douteux. Lui a-t-il été inspiré par l'amour
seul ? Nous le voudrions, car tel qu'il nous a paru, cet oflicier,
réuni à nos ennemis, peut être fort dangereux,
» Laurent maritime nous demande à l'autoriser à renvoyer le
concierge, qui fut nommé à ce poste par une autorité étrangère
à la marine, dans le temps de la confusion et du désordre. Der-
nièrement encore il a laissé échapper un portier de Tarsenal,
convaincu de vol et prêt à être jugé. Il avoue avoir permis que
Christin ait eu plusieurs entretiens avec des américains la veille
et le jour de son évasion, et que le matin il lui fut apporté, de
la maison où nous l'avions fait arrêter, les habillements sous
Ies'[iiels il s'est sauvé. Ce n'est point la marine qui paie le con-
cierge, et l'on se plaint beaucoup de ses exactions. »
(1) Archives da triban^l maritime de Roehefort,
(2) Archives du port de Boche fort.
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— 32 —
12 brumaire aa IV (8 novembre 1795) (1).
« Je ne me suis aperçu qu'après le départ du courrier qu'on
avait oublié de joindre, à notre dépèclie commune du 15 de ce
mois, les lettres dont elle fait mention, je m'empresse de réparer
cette omission, en les joignant ici, et je profite de cette circons«
tance, pour vous rendre compte que les perquisitions ordon-
nées, relativement à Tévasion de Ferdinand Ghristin, ont été
jusqu'ici sans succès. »
Les noms de Ferdinand Ghristin ne sont pas anglais, les
fonctionnaires qui traduisaient le nom du cutter anglais Swan
par le mot singe ont dû déformer les noms anglais.
Tout témoigne qu'on a voulu donner au prisonnier le temps
et les moyens de s'évader. A qui étaient adressées ces lettres
d'amour ? Etait-ce à M"** de Polastron pour lui annoncer le
retour ? Que sont-elles devenues ? Tous ces papiers envoyés à
Paris sont sans doute oubliés dans quelque bibliothèque.
Ces événements se passaient entre les dates du 26 vendé-
miaire an IV (18 octobre 1795), et le 17 brumaire an IV (8 no-
vembre 1795), c'est-à-dire dans l'espace de vingt jours.
 cette dernière date le comte d'Artois aurait été sur le point
de quitter l'île d'Yeu ; le 12 novembre, le comte de Vauban lui
remit les dépèches de Puysaye, la veille de sa fuite, le prince,
dit Ghassin, tint un conseil auquel étaient présents le comte de
Vauban, les chevaliers d'Antichamp et de la Bérauvière, il
leur remit des messages pour StofHet et Gharette. Ges affirma-
tions sont tirées des mémoires du comte de Vauban qui ont été
publiés malgré leur auteur, pendant sa captivité au Temple en
1806, par la police impériale. Le prisonnier évadé de Rochefort,
le 5 novembre à huit heures et demie du soir, pouvait être faci-
lement de retour à l'île d'Yeu sept jours après.
Dans une lettre, datée du 17 novembre, adressée à Gharette,
le comte d'Artois, se déclare (2) « incapable d'exprimer tout ce
qu'il a souffert depuis qu'il est à l'île d'Yeu, il s'inquiète de ce
qu'ont pu devenir le marquis de Rivière, débarqué le 30 sep-
tembre avec la mission de solliciter Stofflet à reprendre les ar-
mes, et deux autres gentilshommes : Orignon et Ghasteignier
envoyés depuis à son cher général. »
Gommentant cette lettre, saisie dans les papiers de Gharette,
(1) Archives du port de Rochefort
(3) Ghassin : Les pacifieaiiont de Vouesl^ t. II. p. 204.
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— 33 —
et, transmise au Directoire, le 22 février 1796, Hoche écrivait :
« Il est évident que, du 5 octobre au 17 novembre, les ennemis
n'ont point communiqué entre eux. »
Cet intervalle de quelques semaines, qui attirait l'attention
de Hoche, est la période même pendant laquelle se sont produits
les événements, qui ont donné lieu aux documents, que nous
avons trouvés dans les Archives de Rochefort.
Un arrêté du conseil général de Tile, daté du 17 décembre
1795, déclare que la flotte anglaise mit à la voile le 17 décembre
et que le comte d'Artois avait disparu si inopinément et si
secrètement, le 18 novembre, que Tocçupation anglaise conti-
nuant encore tout un mois, l'armée républicaine, qui gardait les
postes maritimes de Noirmoutier, de Saint-Oilles et des Sables,
ignorait son absence. Il en était de même de l'armée royaliste
de Bretagne.
Il y eut donc, d*aprës le témoignage officiel du conseil géné-
ral de Tile d'Yeu, une disparition du prince pendant au moins
un mois. N'y eut-il que cette seule absence 7
A Rochefort, on discutait toujours le sort des prisonniers.
Le ministre de la marine Truguet (il fut nommé pair de
France en 1819), averti par une lettre de l'état-major, datée du
19 novembre 1795, de la décision de la commission militaire,
communiquait cette lettre au ministre de la justice Merlin.
Oelui-ci répondait (1) : « La commission militaire formée pour
juger ces cinq individus ne se serait pas déclarée incompétente,
si elle eut considéré qu'aucune division de l'armée ne s'étend
sur la mer, et que le vœu de la loi n'a pu se remplir qu'au
moment où les prévenus sont entrés dans le port de Rochefort.
L'état-major, créateur de la commission doit la faire agir, et
conséquemment prononcer sur les obstacles qu'on peut opposer
à son action. Rien n'empêcherait au surplus que la commission
rétracta elle-même sa déclaration d'incompétence. Enfin dans
cette matière, il ne peut y avoir de fin de non-recevoir.
Vous me demandez si la vérification d'identité doit se faire à
Paris ou à Versailles parce que ces cinq individus ne sont
connus que dans ces communes, et s'ils peuvent être jugés à
Rochefort (le ministre cite quelques textes de loi), et il ajoute :
Il suit de ces dispositions que si la conviction de l'émigration
des prévenus est acquise à Rochefort, ils doivent y être jugés. »
(1) Archives du iribniml mëriUrM de Rœhêfori,
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— 34 —
Des certificats de médecins, signés Régnault, Tardy, nous
apprennent que les prévenus malades avaient été conduits à
Thôpital de la marine. Le 25 décembre 1795, sur Tordre du
ministre, la commission se réunit de nouveau. Quatre des
prisonniers : Faisseau, Pellerin, Jolivet, Giraud, Roux, compa-
raissent devant le tribunal; le cinquième, Augustin Le Roux,
est gravement malade.
Ici se place un incident, qui vient encore obscurcir cette
aiTaire. Le capitaine de vaisseau Ghevillard, président de la
commission, demande qu'on lui fasse passer le procès-verbal,
qui constatait la prise du bâtiment anglais le Swan par la fré-
gate la Tartu, sur laquelle se trouvaient les cinq prisonniers.
La réponse de l'ordonnateur de la marine est celle-ci (1) :
a Contre toutes les règles, le bureau des classes n'a reçu aucun
papier de cette affaire. »
De son côté, le bureau des armements déclare (2) : « qu'il n'a
eu aucune connaissance de cette pièce ni de déclaration faite à
ce sujet par le commandant de la Tar^u. »
Un autre document signé Redon ajoute (3) : « La prise ayant
été conduite à Lorient, il n'a été déposé aucun procès-verbal
concernant ce bâtiment, et le juge de paix m'assure n'avoir
aucun papier relatif à la dite prise ; il s'est borné, sur l'in-
vitation de l'agent maritime, à prendre l'interrogatoire des
cinq prévenus. »
Ainsi, prise d'un navire ennemi, captures d'armes et de
prisonniers, lutte avec la flotte ennemie, dispersion de Tes-
cadre française, rentrée de la Ta,rtu à Rochefort, fin d'une
croisière ayant pour but d'empêcher un prince de la famille
royale de débarquer en Vendée, et de rejoindre Gharette
campé à quelques lieues de la côte, sur tous ces événements,
de Taveu des autorités maritimes, il n'y a ni procès-verbal,
ni rapport, ni trace ! alors que nous- même nous avons trouvé
les pièces ci-dessus.
Devant cette absence de témoignages, la commission s'ex-
prime ainsi (25 décembre 1795) (4) : « Considérant que les
nommés Faisseau, Pellerin, Oiraud, Roux (5) ont été arrêtés
(1) ATchivti du iribunul màrilime de Rochefort.
(2) Ibidem.
(5) Ibidem.
(4) Ibidem.
(6) Au^stin Le Roux est i l*h6pital.
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— 35 —
sans être saisis de congés ou passeports, délivrés par les
chefs français émigrés, ou par les commandants militaires
des armées ennemies ; considérant que nul indice ne donne
à présumer que les accusés sont véritablement ce qu'ils
déclarent être ; que leurs déclarations peuvent être fausses,
et (pie quelques motifs particuliers ont pu les porter à se
comporter ainsi ; considérant que, d'après la loi sur les émi-
grés, s'il est nécessaire de constater leur identité, ou s'ils ont
des déclarations à faire valoir, ils seront conduits, sous une
sûre escorte, dans la maison de justice du département de leur
dernier domicile, et que, dans l'hypothèse présente, pour cons-
tater l'identité des accusés, il est indispensable de les faire
reconnaître, et que ce ne peut être que par des personnes
habituées à vivre avec ' eux et demeurant dans les mêmes
lieux, la commission ordonne qu'ils seront conduits, sous
une sûre escorte, dans la maison de justice de leur dernier
domicile, à Versailles. »
Les juges pouvaient-ils mieux exprimer leurs doutes sur, au
moins, un des prévenus : Jacques Giraud Roux, âgé de 32 ans
qui se disait domestique d'Augustin Le Roux âgé de 33 ans,
premier valet de chambre du comte d'Artois.
Toutes les autorités de Rochefort avaient hâte de se débar-
rasser des prévenus ; le jour même du jugement, 4 nivôse an
IV (25 décembre 1795), ils dirigeaient les condamnés sur Ver-
sailles (1).
< Nous vous adressons, écrit l'agent maritime au ministre de
la marine, le 4 nivôse an IV, une expédition du jugement qui
vient d'être rendu, par la commission militaire assemblée en ce
port pour l'affaire des cinq français, pris en mer sur le bâti-
ment anglais le Swan, et prévenus d'émigration ; vous y verrez
que quatre de ces hommes doivent, en vertu de ce jugement,
être conduits à leur domicile ; le cinquième, étant très malade,
n'a pu comparaître.
Sur le champ, nous avons requis le conseil municipal de don-
ner des ordres pour que les quatre prévenus fussent conduits,
sous bonne escorte, à Versailles, qu'ils ont déclaré être leur
domicile jusqu'au moment de leur sortie de France.
Vous trouverez également ci-joint : !• L'arrêté du comité de
sûreté générale du 12 brumaire, qui concerne ces individus ;
(1) Archives du port de Rochefort,
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- 36 -
2^ Texpédition de Tinterrogatoire qu'ils ont subi ici devant le
juge de paix, le jour de leur débarquement ; 3® la réponse du
ministère de la justice qui accompagne votre lettre du 26 fri-
maire. >
L'affaire paraissait terminée, les prévenus s'éloignaient de
Rochefort, quand, sur la route, le convoi fut attaqué, et le6 pri-
sonniers enlevés des mains de la gendarmerie.
Dans le jugement prononcé neuf mois plus tard, le 25 septem-
bre 1796 contre Valentin Faisseau, ramené de Versailles à Ro-
chefort, le commisaire rapporteur dit textuellement (1) : « Va-
lentin Faisseau est le seul qui se soit rendu à Versailles,les autres
ayant été enlevés des mains de la gendarmerie par la force
armée. »
C'était le plus âgé des prisonniers (57 ans), les certificats des
médecins, que nous avons cités plus haut, nous apprennent que
la maladie l'avait retenu plusieurs semaines à l'hôpital ; les
forces lui auront probablement manqué pour répondre aux
efforts de ses libérateurs et fuir avec ses compagnons.
Où ? quand ? et comment eut lieu cet enlèvement ? rien ne
nous l'indique.
Comment croire que tous ces événements se sont succédé
pour délivrer quelques valets de chambre du comte d'Artois,
quand, six mois auparavant, les plus nobles gentilshommes
étaient abandonnés aux exécutions de Quiberon et d'Auray ?
Cette période de l'histoire de France est restée très obscure.
Le comte d'Artois a*t-il été fait prisonnier et conduit à Roche-
fort en vendémiaire an IV ? A-t-il pu avec certaines complicités
se faire passer pour un officier anglais et préparer sa fuite ?
Tous les documents que nous venons de citer nous porteraient à
le croire.
Quel était encore ce personnage qui fut emprisonné avec les
quatre serviteurs du prince, et qui, après bien des péripéties,
fut délivré dans le parcours de Rochefort à Versailles ?
Il nous est impossible de conclure avec certitude, mais nous
croyons avoir posé sérieusement la question :
Pourquoi le comte d'Artois n'a-t-il pas débarqué sur la côte
de Vendée ?
P. Lemonnier.
(1) Archives du tribunal maritime àe Rochefort.
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- 37 —
lïl
Saintes ancienne
Les Rues.
On a souvent regretté de n*avoîr point un guide à consulter,
même incomplet, sur nos rues de Saintes, les transformations
de la topographie de la ville, les variations de sa toponomas-
tique. La tâche, il faut bien le dire, offre de très réelles difli-
cultes puisque la principale source d*information a disparu.
Les archives municipales se sont envolées en fumée, et les bri-
bes qui ont échappé aux sinistres nous apprennent peu de chose
dans Tordre d*idée où nous nous plaçons.
La maladresse de rhomme,son incurie et Tœuvre du temps
nous privent aujourd'hui de nos vieilles annales ou leur enlè-
vent presque toute utilité. Mais là ne se borne pas le mal. Faute
de la collection- complète des délibérations du corps de ville et
autres actes officiels, nous devrions, en effet, trouver ailleurs,
chez les notaires, les éléments d'une reconstitution de la nomen-
clature des rues à diverses époques. Rédigées avec soin, les
minutes devraient suppléer les registres de Téchevinage,
donner d'abondants renseignements sur les immeubles, leurs
situations. Il n'en est rien : la rédaction est telle qu'on ne voit
que confusion ou néant en matière de confrontations et de déno-
mination de la voierie. Un exemple donnera idée de la négli-
gence des notaires à cet égard. Je le prends à une époque où
Ton a le droit de s'attendre à une exactitude parfaite. Il est
typique. Un notaire de 1749 — c'est à dire lorsque nos rues,
(sinon toutes, la majorité du moins) portent des noms — place
encore une maison « sur la rue par laquelle on va de cette ville
passant par la Porte Eguière à Saint-Porchaire. » Autant vau-
drait désigner aujourd'hui notre cours neuf « la rue qui passant
par le pont, conduit de Saintes à Cognac ou à Saint-Jean d'An-
gély. » Quantité de confrontations sont dans le goût de celle-ci.
On comprend qu'elles nous offrent une faible ressource. Les
contemporains du document pouvaient se contenter d'une for-
mule aussi vague, ils s'y reconnaissaient sans doute, mais les
générations suivantes cherchent vainement à s'orienter. La
majeure partie de nos minutes ne sont guère plus explicites
ni beaucoup plus riches en souvenirs d'onomastique topogra-
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— 38 -
phique, surtout pour le XVIP siècle et les siècles précédents
Au XVIIP siècle, nous serons un peu mieux éclairés ; d'assez
longs extraits copiés dans les actes mettront sous les yeux des
chercheurs une série de documents aussi complète que la
rédaction des notaires le permet. On jugera sans doute, avec
raison, que la série n'est pas copieuse, étant donnée la masse
de minutes.
Cette rareté aurait-elle une cause ? Tiendrait elle à ce que nos
rues étaient anépigraphes ? Aucune bonne raison ne permet de
le croire. Les tabellions du XVIII* siècle, héritiers de ceux du
XVI* ou XVII* obéissaient à une routine, au fameux a j'avons
coutume», qui sert encore aujourd'hui, à la campagne, à excu-
ser toute continuation de vieux événements, même mauvais. Les
a anciens » faisaient ainsi, pourquoi changerions-nous ? Les
intéressés ne récriminaient pas ! C'est l'essentiel ! Pourquoi les
notaires auraient-ils modifié leur rédaction ?
Saintes, comme les villes voisines, avait à, n'en pas douter,
des noms de rues. Il serait étrange qu'il en fût autrement! Sans
citer La Rochelle et Niort, Pons, Taillebourg, Saint-Jean d'An-
gély, Varaize(2), une simple bourgade , donnent des noms à leurs
rues. Saintes n'a certainemcmentpas fait exception, il ne faut pas
conclure de la rareté des vieux noms à une absence générale. On
a négligé maladroitement de nous les conserver dans les actes.
Quelques-uns nous sont parvenus néanmoins, nous les retrou-
verons au fur et à mesure que nous passerons par les rues. Les
plus anciens proviennent d'un fonds bien ignoré, assez maigre,
que j'ai connu grâce à l'obligeance de M. Paul Drilhon : je veux
parler des liasses de chartes et titres ayant appartenu au bas
chœur de Saint-Pierre. Ce sont elles que j'intitule Archives de
Saint-Pierre, actuellement en ma possession.
Je livre donc à la curiosité des lecteurs de la Revue une col-
lection de notes patiemment recueillies surtout dans les actes
inédits, un peu dans les actes imprimés, quand c'est indispensa-
ble. Mon petit corpus^ assurément susceptible d'augmentations,
répondra, j'en ai l'espoir, aux souhaits de plusieurs d'entre mes
(1) Jourdan, Là Rochelle hisi. et mon.
(2) Varaize: rue Clémence Pinard (XV« siècle) ; Taillebourg: rue Saulnicze,
Saulnèze, aliiis Sauneresse (1332) ou de Bcrbuya; à Saint-Jean, rue Alaric, rue
de rÉvôque (1050) {Archioes, XXIV, p. 5H, XXIX, p. 41 et s., XXX. p. 266).
Pour Pons, cf. Archives ^ t. IX el XXI.
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- 39 —
confrères, et à quelques-unes des questions posées dans ce
Bulletin^Revue.
Mais n'existe-t-il pas une troisième source de renseignements
de premier ordre, abondants, plus sûrs que ceux des archives ?
Les plans de la ville ne donnent-ils rien ?Là devrait se trouver,
en effet, une nomenclature toute faite.
Malheureusement les anciens topographes ne suivaient pas
la méthode habituelle aux nôtres. Ils ne nous apportent qu'un
très faible secours ; ils donnent des lignes, souvent incorrec-
tes, mais point de noçis.
Le premier de tous est celui de Braunius daté de 1560, les
pians et profils de Tassin viennent en second, puis ceux de
Masse, et enfin, plus près de nous, celui de Lacurie (vers 1835), le
seul du XIX* siècle que nous consulterons, parce qu'il présente
quelques détails utiles et que celui de Lacroix (1858) diffère peu
des plans actuels (Boutinet, édité en 1898 et Maguna (1882) iné-
dit). Plusieurs plans partiels manuscrits du siècle dernier appar-
tenant à la mairie ne valent rien : pas de légendes, peu de dates.
Le plan de 1560,troi8 ou quatre fois réédité, ne contient aucune
mention toponymique profitable ; il se borne à consigner, dans
son cartouche, les noms des églises, monastères et édifices civils
dont remplacement subsiste ou nous est désigné par d'autres
documents. Au point de vue topographique, il est d'une incorrec-
tion notoire, depuis longtemps proclamée.
Certains quartiers, La Bertonnière, par exemple, la porte
Aiguière,sont absolument faux.L' auteur peut avoir visité la ville
ou s'être fait envoyé un dessin de Saintes. Des détails, tels que
l'emplacement des couvents autour de la ville, l'arche de l'arc
votif laissée en dehors du pont, ne peuvent avoir été connus que
d'une personne venue à Saintes. Maïs de gros défauts, des omis-
sions telles que l'absence de Saint-Aignan, du faubourg de la
Bertonnière, de toute la partie du château, des arènes, prouvent
que ce visiteur a mal vu ou n'a pas conservé un souvenir fidèle.
Quant aux rues, elles sont en quelque sorte réduites au strict
nécessaire à la constitution d'une ville. « O'estune fiction topo-
graphique, dit La Sauvagère (1), assortie à quelque partie que
l'on reconnaît. » Fiction n'est pas le mot juste, composition
maladroite conviendrait mieux.
Nous n'avons donc qu*un très mince profit à retirer de ce
(1) Recueil é'anUqniiéê, p. 30.
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— 40 —
document. Il est excessif d'en faire complètement fi, mais il
faut contrôler avec la plus sévère critique les indications qu'on
est tenté de lui emprunter.
Rien à dire, rien à tirer des plans de Tassin (1638) et de
Mérian. Ici le mot fiction est à sa place, nous n'y recourerons
jamais.
Claude Masse a laissé un travail (1) d'une valeur bien plus
considérable, d'une exactitude à peu près parfaite. Le seul
défaut de cet habile et fécond dessinateur, c'est de n'avoir pas
compris la nécessité de joindre à un relevé du terrain sérieux,
une sérieuse^et complète nomenclature, avec lettres ou chiffres
de renvoi, des édifices et des rues. Il ne se désintéresse pas,
certes, de cette partie si importante d'un plan, il consigne cer-
tains noms soit en marge soit dans ses Mémoires, il fait parfois
des réflexions dignes d'attention, mais il ne prend pas un seul
nom de rues. Il ne nous renseignerait donc pas mieux que ses
devanciers s'il n'avait l'incontestable mérite de nous donner
un document topographique exécuté avec le plus grand soin.
Masse devient, en effet, un auxiliaire indispensable lorsqu'on
veut étudier les modifications survenues dans la configuration
des voies urbaines, depuis deux cents ans. Nous le consulterons
chaque fois que nous désireroas un renseignement positif,
quand nous voudrons localiser un texte. Le réseau de nos rues
n'a pas varié considérablement. Tel il était au XV* siècle, tel
on le retrouve au XVII*, et tel il devait être au XIII*. Les ali-
gnements ont pu changer, les façades se sont conformées au
goût de chaque siècle, les vieilles ont fait place à des nouvelles
moins intéressantes^ des passages, des venelles n'existent plus,
mais l'ensemble a subi fort peu d'altération. Quel bouleversement
constatons-nous à Saintes depuis cinquante ans à l'intérieur de
la ville ? D'infimes élargissements de rues par suite d'aligne-
ments nouveaux, et c'est tout. Les faubourgs au contraire, se sont
modifiés par suite de créations neuves. Il est réservé aux grands
centres de rajeunir certains quartiers,de supprimer des rues. Les
petits restent longtemps dans leur vieille coque sans éprouver
ces besoins « d'embellissement o, les générations se succèdent
volontiers dans les mêmes locaux àpeine entretenus, sans aspirer
vers un mieux éphémère. Les incendies, les etTondrements
amènent seuls des améliorations notables. C'est même la crainte
(1) Proust et Ch. Dani^beaud, Sàinles k U fin da XIX* êiècU, t. I.
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— 41 -
d*une catastrophe par le feu qui, au XVIII* siècle, à Saintes,
détermina beaucoup de propriétaires à bâtir ou rebâtir leurs
maisons en pierres et à détruire le plus possible les construc-
tions en bois.
Masse sera donc notre guide toutes les fois que nous vou-
drons interroger un plan et parvenir à Tintelligence d'un texte.
D'ailleurs, nous n'avons pas le choix, jusqu'en 1830 ou 1835,
aucun autre géomètre, ou topographe si on préfère, ne nous a
laissé un relevé de nos rues. Il faut arriver au plan de Lacurie,
édité à La Rochelle. Celui-là donne des noms, mais comme ces
noms sont à peu de chose près les noms actuels, il ne nous sera
que d'un faible secours.
Nous aurions besoin de trouver un plan de Tépoque révolu-
tionnaire ou tout au moins une nomenclature des rues. Rien de
plus difficile, de plus incertain, de plus obscur que Tidentifi-
cation des noms de cette période avec les anciens ou les nôtres.
J'aurais peut-être dû placer en tête de tous les plans de
Saintes celui de Mediolanum, tracé par La Sauvagère et les
dissertations des savants sur remplacement de Saintes. Si cette
carte et les discussions présentaient apparence de vérité, je
n'aurais eu garde d'y manquer.
En réalité, on ignore absolument si l'oppidum gaulois, Medio-
lanum, plaine du milieu (1), servant de capitale ou de marché
aux Santons, était ici ou ailleurs. César n'en dit mot. On n'a
découvert nulle part autour de nous trace de construction ni de
cimetière antérieur à l'occupation romaine. N'espérons donc
pas savoir jamais si la première Saintes s'étendait au sud ou au
nord de la Saintes actuelle, si la ville romaine l'a recouverte ou
s'est installée à côté. Il faut noter cependant que les monnaies
gauloises de CONTOVTOS ne sont pas rares dans le voisinage
— plus particulièrement à l'ouest — du cimetière Saint- Vivien.
Des notions moins rares, trop peu abondantes cependant,
permettent de retrouver partie de la ville romaine. Il est très
probable que, dès les premières années delà conquête, Medio-
lanum Santonum prit une extension considérable, en rapport
(1) Revue celtique , t. VIII, p. 374, Strabon place Mediolanum près de la
mer et assure que le sol qui Tentoure est peu fertile. C'est peut-être afin de
tenir compte de son texte et de celui de Marcien que, sur la carte des voies
romaines, Lacurie a fait avancer la mer jusqu'à la Clisse. Cf. Notice f or le
pMys de» Sàntonês, p. 13.
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- 42 -
avec le rôle que la nouvelle administration lui destinait. L'adhé-
sion de la noblesse gauloise au nouvel état, son dévouement
à la famille Julia, la concession de ville libre accordée aux
Santons assurèrent à la ville une rapide prospérité. M. Jullian
écrit dans sa Gâllta (p. 213) : a II semble évident que les prin-
ces de cette famille ont voulu faire de Saintes le centre de
l'Aquitaine, et comme le Lyon de la Gaule occidentale, un foyer
de rayonnement des idées romaines. » L'arc dédié à Tibère, à
Drusus et à Germanicus, l'amphithéâtre montrent bien, en
effet, une ville déjà importante au premier siècle. Des pier-
res du musée appartenant à des monuments énormes et nom-
breux confirment cette opinion. Malheureusement nous sommes
condamnés à ignorer la véritable étendue et l'exact périmètre
de la cité, aussi bien que l'emplacement des principaux édifi-
ces de Mediolanum, forum, basilique, etc. Le plan imaginaire
de la Sauvagère (1) est plutôt fait pour induire eix erreur. Qu'en
savait-il? Rien. Qu'en savons-nous davantage? Peu de chose.
Moreau a tracé pareillement un périmètre purement idéal de
Mediolanum (2). Ledain croit à l'existence d'une enceinte (3)
autour de Mediolanum, sans nous dire sur quelles présomp-
tions il s'appuie. Il la fait passer de manière à laisser les grands
Thermes en dehors. Bourignon reconnaît une ville gauloise et
une ville romaine ; il distingue l'une de l'autre en donnant les
délimitations de chacune. C'est une opinion purement fantai-
siste. Ainsi, il étend la ville gauloise depuis l'amphithéâtre jus-
qu'à l'extrémité du faubourg Saint-Vivien, sur le terrain où
nous plaçons la cité gallo-romaine. « Les puits qu'on y dé-
couvre tous les jours, dit-il, et les fondements des anciennes
maisons, ne laissent aucun doute à ce sujet (4). » Tout le monde
partagera cet avis, avec cette restriction que puits et subs-
tructions révèlent un habitat romain. La ville romaine se
serait élevée au pied du rocher de l'hôpital (le pseudoCapitole),
et aurait été entourée des murailles auxquelles nous donnons le
nom de gallo-romaines. C'est la ville moyen âge, et le vénéra-
ble antiquaire continue à se tromper de plusieurs siècles, con-
fondant le moyen âge avec le romain.
(1) Recueil, pi. II.
(3) Congrès, 1844, p. 84.
(3) Congrès, 1894, p. 195.
(4) Rtcherehes, p. 35.
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— 43 -
La ville gauloise, toujours suivant le même auteur, après
avoir été plusieurs fois détruite par les Ooths, aurait été aban-
donnée ; les habitants se seraient réfugiés dans la cité romaine,
« vraisemblablement bâtie dès le temps de la conquête des
Romains et agrandie dans la suite vers le III* ou IV* siècle. La
partie des fortifications qui s'étend du côté de la rivière, der-
rière la rue des Chanoines, paraît être de Tan 400 de Tère chré-
tienne, o Voilà comment Bourignon arrange les choses. Quant
aux preuves, il ne se donne pas la peine d'en montrer une seule.
Il faut le croire ou mieux ne pas le croire sans discussion.
J'ai marqué sur le plan de Masse par une ligne de points la si-
tuation des substructions observées et les murs de Thôpital.
Les grands thermes publics de Saint-Saloine, les petits bains
dits de Ganif,situéssur le bord de la Charente, des constructions
très mal définies au-dessus de la Société vinicole (magasins
Martineauj, les arènes, la découverte d'une sorte de cellier (1)
sur la place des Petits Champs, (place Brunaud) marquent, en
long et en large, les extrémités de la ville romaine. Les mai-
sons couvraient le quartier des rues de la Boule, Adolphe Bru-
naud, Notre-Dame, Saint-Saloine, Saint-Vivien, de La Roche (2),
le voisinage du champ de foire, du château d'eau et la pointe
entre le bureau d'octroi, la route de Rochefort, la route de
Saint-Georges. Une voie passait depuis le côté est du cime-
tière Saint- Vivien, à travers le jardin de l'asile des vieillards,
se dirigeant vers le château d'eau, coupée à angle droit, près
de cet établissement, par une voie de sept mètres de largeur,
presque parallèle à la route de Rochefort. Une troisième via,
bordée de tombeaux reconnus par Chaudruc de Crazannes,
menait du quartier de la Boule au ppnt, en passant à la Porte-
Aiguière. Un édifice à colonnes, temple, curie ou basilique s'é-
levait sur notre place des Cordeliers, un autre sur ou proche
remplacement de l'Hôtel de France. Nul doute que Tesplanade
dite du Capitole ne fut couverte de monuments, mais c'est une
simple conjecture. Là se bornent nos réelles connaissances de
(i) BulUtin, t. XI, p. 19.
(3) Du bas de cette rue, des terrains occupés jadis par des jardins, aujour-
d'hui par des chais et les maisons Guillet et autres, proviennent des statues
de déesses mères et un autel décoré de divinités sur les quatre faces, long-
temps déposé dans le jardin de M. Bourgeois, (d'abord rue de La Roche, en-
suite place du Synode), aigourd'hui à La Rochelle chez M. Leridon.
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— 44 —
la cité romaine, en ajoutant toutefois un suburbium sur la
rive droite (faubourg Saint-Pallais). Notre paroisse Saint-Pierre
devait être en partie habitée, au moins par les mariniers et les
pécheurs. Une rue se dirigeait très probablement de notre
Porte Aiguière vers les arènes, et recevait une rue venant du
pont. On a signalé l'emplacement de deux cimetières gallo-
romains, à Saintes, Tun au couchant, Tautre à Test ; le premier
plus sûrement que le second, car Ghaudruc de Grazannes n'a
pas donné tous les éclaircissements désirables sur la situation
de ce dernier. A Touest se trouvait un cimetière à incinération,
proche les arènes au lieu dit Le Glousi, dans lequel on a re-
cueilli différents objets (en petite quantité), des vases communs
remplis d'ossements ; non loin de cette nécropole fut découvert
le fameux tombeau d'une dame romaine, contenant le riche mobi-
lier de toilette aujourd'hui exposé au musée de Saint-Germain.
A l'est, près la Porte Aiguière, une sorte de voie sacrée
aurait été bordée de tombeaux (1). Ghaudruc Taflirme, Nous
aurions ainsi deux limites extrêmes de la largeur de la ville.
G'est, en effet, la règle d'établir les cimetières romains en
dehors des murailles. In urbe ne sepelito^ dit la loi des XII
Tables, mais il ne faut pas trop s'y fier. L'abondance des textes
relatifs aux sépultures signifierait au contraire que les pres-
criptions à cet égard étaient souvent enfreintes. Les munici-
palités, d'ailleurs, ayant le droit d'apporter à la loi certains tem-
péraments, il est permis de croire que les autorisations de ce
genre s'obtenaient facilement. Le christianisme abrogea toute
prohibition et laissa toute liberté d'enterrer les morts à l'inté-
rieur des cités : « Ut cuique, t&m intrsL civitàtes quam extra^
mortuos sepelire liceàt » (Novelle 53 de Léon).
En prenant ces points extrêmes comme base d'appréciation
de la partie habitée à Mediolanum, on estimera à 1200 mètres
environ la plus grande longueur (des arènes, non comprises,
à la Société vinicole),et à 800 mètres la plus grande largeur (des
bains de Ganif à la place des Petits-Ghampsj. La forme parait
être celle d'un trapèze à côtés irréguliers.
Gette ville romaine disparut à la suite d'événements que j'es-
saierai de déterminer dans un instant. Elle a disparu complè-
tement, sans que nous puissions reconnaître l'emplacement
des édiOces essentiels d une cité de cette époque. Les pre-
(1) Cf. Congréê de 1844, p. 83, et plus loin rue de La Cordelière.
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— 45 —
miers chrétiens s'emparèrent des ruines subsistantes, les con-
vertirent en églises ou bâtirent de nouveaux sanctuaires là où
s'élevait la ville païenne, mais n'y créèrent aucune aggloméra-
tion de- quelque importance. La véritable ville était située sur
la rive gauche de la Charente.
Gontrairement à la généralité des habitants des cités de
Gaule comtemporaineSj mises dans la même nécessité de chan-
ger de place, les survivants de Mediolanum, au lieu de se con-
tenter d'un quartier de leur ville, de s'y retrancher, de se tra-
cer une ville nouvelle au milieu de Tancienne — comme à Bor-
deaux — abandonnèrent les hauteurs de Saint-Macoult et de
Saint-Saloine et se réfugièrent dans la partie de notre ville cor-
respondant à la paroisse Saint-Pierre, derrière des défenses na-
turelles ou artificielles : murs au nord, rivière à l'est, rochers à
l'ouest. Ils ne conservèrent qu'une minime partie de leur ville ;
le plateau de l'hôpital, qu'il aurait été trop imprudent et dange-
reux d'abandonner. Oe plateau fortifié devient, au contraire,
un castrum, dominant la ville et surveillant les environs, véri-
table camp retranché, dans lequel on pouvait trouver un point
de suprême résistance, en cas de prise de la ville basse. Le plan
de la nouvelle ville est, selon une habitude à peu près générale,
un rectangle. L'intention formelle d'opposer à une force armée
un solide rempart se manifeste très clairement sur deux côtés.
La muraille descend du nord, pendant cinq cents mètres envi-
ron, vers la rivière, et s'étend au couchant, sur une longueur de
trois cents mètres. Mais à l'est et au sud, c'est-à-dire le long de
la Charente entre le pont et La Bertonnière, nous manquons
d'indications permettant de reconstituer les moyens de clôture
et de résistance de ces côtés-là. Je ne sache pas que l'on ait
jamais découvert dans ces parages trace de mur romain. La
rivière offrait-elle un obstacle jugé infranchissable ? L'état du
terrain présentait- il à lui seul une protection suffisante ?
Aurait-on creusé un large fossé allant de la rivière au rocher?
On est réduit aux suppositions. Il n'est guère admissible que la
ville neuve comprit la seule esplanade de l'hôpital et que Ton
ait prolongé cette longue muraille au nord, dans le but unique
de protéger un chemin se dirigeant vers le pont. La population
aurait été bien entassée en ce petit rectangle, ou bien minime.
Or, quand on considère la longueur du rempart connu — huit
cents mètres environ — on repousse bien loin l'hypothèse d'une
ville très peu peuplée, car il est manifeste qu'il fallait beaucoup
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— 46 —
d'hommes pour occuper et défendre ces vastes courtines. La
garnison, si forte qu'on la suppose, aurait été impuissante sans
Taide des habitants. L'existence d'un nombre d'individus assez
élevé s'impose donc et en même temps celle d'une ville basse...
mais s'impose aussi la nécessité de trouver un système de pro-
tection à l'est et au sud. A l'est, le pont barre la rivière, mais
rien, en apparence, ne s'oppose à un envahissement du côté de
la rive, et Bourignon est seul à attribuer au V siècle les murailles
longeant la Charente, derrière Saint-Pierre. J'aimerais que son
témoignage fut corroboré par quelque découverte ou quelque
autre archéologue moins sujet à caution. Ainsi se manifeste
une grande obscurité au sujet de l'enceinte gallo-romaine.
La chronique appelle marais ou lac l'emplacement sur lequel
s'élève aujourd'hui la cathédrale. Certains de nos devanciers,
amoureux du plus court chemin d'un point à un autre et des
conjectures scabreuses n'ont pas craint de soutenir que la rivière,
à partir de la place Blair, suivait une direction rectiligne. Je ne
crois ni au lac, ni au marais; je ne crois pas davantage que la
Seugne ou la Charente ait jamais traversé Saintes. Avant la
création de la place Blair et des quais, la rivière, plus large,
baignait les remparts, mais je tiens pour une pure extravagance
le tracé du lit de la Charente le long du rocher de l'hôpital. A
toute époque historique cette partie basse a dû être habitée...
au moins, au temps des Romains, par quelques bateliers ou
des pécheurs (1).
Le transfert de la ville sur la rive du fleuve étant devenu une
nécessité qu'on ne pouvait éluder, il était tout indiqué que les habi-
tants de Mediolanum cherchassent un gîte au-dessous du rocher.
Ils y transportèrent certainement les différents services adminis-
tratifs sans lesquels ils ne comprenaient pas plus la vie normale
que nous-mêmes nous ne concevrions une nouvelle installation
sans mairie, sans une place quelconque servant de marché. Il
est vraisemblable que le forum, notamment, se trouvait sur notre
place de la Fontaine, là où le moyen âge bâtit la halle.
Le périmètre de la ville neuve mesurait environ 1.600 mètres-,
500 mètres sur le côté du cours, et 300 mètres sur le côté du
champ de foire. Quelques chiffres permettront de se rendre
(1) Sous la salle dite du chapitre de SaintpPierre , une aire romaine et
un bassin rempli d*huitres dans les jardins bas du Bois d'amour, sont des
indices.
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- 47 -
compte de Timportance de la nouvelle Saintes, par comparaison
avec ses voisines : Bordeaux avait 2.350 mètres de tour,
Poitiers, 2.600, Périgueux, 975.
Vers quelles années se produisit ce grand bouleversement ? A
la suite de quelle catastrophe ?
Beaucoup de personnes admettent aujourd'hui, presque
comme un dogme, qu'à la fin du III* siècle, la plupart des gran-
des villes de Gaule, forcées de se ramasser sur elles-mêmes,
tracèrent au milieu de l'ancienne une aire nouvelle, complète-
ment entourée de murailles et s'y établirent définitivement.
De là l'origine de quantité de villes modernes. Les savants les
plus distingués (tj en archéologie tiennent cette opinion pour
très proche de la vérité et s'harmonisant avec les faits connus
ou qu'ils considèrent comme indéniables. Il faut dire toutefois
que la doctrine sur ce point a beaucoup varié. Longtemps on a
professé que ce grand déménagement s'était opéré au V* siècle,
mais on reconnut bientôt que c'était trop tard pour laisser les
villes, averties cependant des dangers qu'elles couraient, ouver-
tes sans défense aux invasions qui désolaient le pays. Onabaissa
la date au IV* siècle, nous voici maintenant au IIP.
La théorie pose en principe qu'en 277 les Barbares ravagè-
rent la Oaule dans toute son étendue, s'emparèrent d'une soixan-
taine de villes — autant dire de tout le territoire — et ne les
(1) La bibliographie des mémoires traitant cette question est considérable.
Il sufBt d'en citer les principaux :
Celui de Schuermans dans le Balleiin de» eommistion» royàUt (Vàrt et d* Ar-
chéologie, 1877. — Extrait dans Bulletin monamenUl, 1878, p. 217 ; celui du
président Tailliard, dans Sociéii d'àgriculiare Se, et ArU de Donat, t. XI ;
dans le Bullet, Monumental^ 1873, leé volumes des Congrès archéologique»; la
Revue Archéo., t. XIII; le Bull, du Comiié, 1883-1897 ; Là Stàtietique Mon du
Cher; Mémoire» de U Société hietorique du Cher, 1889, où ma proposition de
dater les murailles du XI« siècle est sévèrement qualifiée de fantaisie inspirée
par l'esprit de système, mais où je gagne une particule I M. Boyer date les
murailles de Bourges du V« siècle.cequi aux yeux de certains passera pour une
autre fantaisie : Bull, de U Société de Bordst, t. IV, Mémoire» de U Société
àrchéo, de Tour Aine, t. XI ; Revue des Société» Sevànte», 1882 ; Mém, de U
Société de» Antiq. de VOueei, t. XXXV, p. 218 ; Revue hi»torique du Maine,
1881. JuUian, Inscription» de Bordeaux ; Ledain, dans Mém, Soc. de» Antiq. de
VOueel, résumé dans Bull. Monum., 1873, et sa réponse à M. Buhot de Ker-
ser, ibidem, t. XL, p. 83, et en dernier lieu VEneeinte romaine de Sainte», dans
Congre» strchéolog., 1804, p. 103 ; L. Audiat, Bulletin de» Archive»^ t. IX, p. If ;
t. Xlll, p. 237 ; Blanchet, Tré»or» de monnaie» romaine». G. JuUian, Revue de»
Etude» ancienne», 1902| et Revue de VhUioire de Pari»,
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- 48-
abandonnèrent devant les armes de Probus que sous un mon-
ceau de ruines et de cendres. Aussitôt leurdépart éclata un nou-
veau fléau, non moins terrible, Tinsurrection des Bagaudes,
laquelle mit la Oauleà feu et à sang jusqu'en 287.
Pendant douze années, Germains et paysans demeurèrent
donc maîtres du pays, commettant les pires excès. La répres-
sion aidant et les dégâts qu'elle ne ménage guère ajoutés aux
précédents, les villes gallo-romaines avaient pour ainsi dire dis-
paru. Les empereurs Maximien, jusqu'en 292, et Constance
Chlore (1) Jusqu'en 306, consacrèrent leur sollicitude à restaurer
les malheureuses cités, à leur donner de solides murailles en
utilisant, dans ce gigantesque travail, de première urgence en
effet, les monuments, certains monuments du moins, détruits et
désormais inutiles.
Cette théorie très séduisante, surtout lorsqu'on en suit le dé-
veloppement dans le chapitre du tome II des Inscriptions de
Bordeaux, intitulé « Comment les inscriptions ont été conser'
vées »,et celuides origines de la ville, poche, à mon avis, par la
base.
Elle en manque absolument, faute de texte positif, de dé-
couvertes concluantes. Les partisans du IIP siècle le reconnais-
sent. Des panégyriques trop intéressés, des lettres à tendance
trop visible, des histoires sans valeur sérieuse, sont des sources
d'informations inspirant peu de confiance. C'est précisément
l'absence de preuve directe qui explique les fluctuations de l'opi-
nion à l'égard de la date des constructions des villes gallo-ro-
maines où l'on retrouve les débris des monuments dans leurs
enceintes, la quantité d'hypothèses au milieu desquelles on
cherche la solution du problème, l'incertitude où l'on reste.
L'argumentation favorite est si peu décisive que le rédacteur
du chapitre IV du livre II de l'Histoire de France, de Lavisse,
tome III, écrit à la page 202, qu'au début de la période méro-
vingienne, « la ville ne présente plus l'aspect qu'elle avait du
temps de l'empire. Les anciens édifices, arcs de triomphe, tem-
ples, basiliques, thermes ont été pour la plupart détruits
pendant les invasions ou les guerres civiles, et leurs débris
gisent sur le sol. Les amphithéâtres servent de forteresses...»
Je ne suppose pas que début de la période mérovingienne si-
Ci) Pour Bordeaux, M. JuUtan attribue Tinitiative à Aurélien et rezéculian à
Constance Chlore.
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— 49 —
gnifie fin du III* aiëcle. Il ne s'agit pas davantage des effets de
l'invasion de 405 puisque, d'-après le système du IIP siècle,
tous ces monuments auraient été enfouis dans les remparta
avant Tan 300.
Par un hasard au moins singulier, aucun texte de lois con-
nues édictant la restauration ou la construction de murailles à
Taide de pierres d'édifices condamnés à disparaître, ne s'appli-
que à la Gaule ; pas une phrase d'historien n'y fait allusion. 11
en va différemment pour les régions orientales de Tempire.
Des textes assez nombreux se réfèrent surtout au IV* siècle. La
di8Cussion,ainsi privée de documents précis, tire ses arguments
de faits vagues, grossis quelquefois démesurément, toujours
peu concluants.
Les invasions servent à tout expliquer ; c*est l'argument pré*
féré, on les charge volontiers de malheurs venus en partie
d'autres causes. Notre imagination brode un peu sur ce thème
facile : elle les voit à travers la réputation trop noircie des
Barbares, l'horreur que le mot invasion inspire, le témoi-
gnage d'écrivains à tendance trop visiblement partiale — telle,
par exemple, la fameuse lettre de saint Jérôme. On exagère
la force et l'étendue de chacune des invasions. Les Barbares,
poussés par d'autres Barbares, ou chassés de chez eux par
la misère, revenaient souvent en Gaule, mais la fréquence
de ces retours n'indique-t-elle pas déjà que chaque passage
ne ruinait point le pays à fond? Les larges réquisitions, les.
meurtres inséparables de la situation, n'empêchaient pas un
prompt -relèvement de la fortune publique, un rapide comble-
ment des brèches faites dans les trésors particuliers. Beaucoup
de ces envahisseurs s'établissaient en Gaule, obtenaient des
concessions de terrains. Le gouvernement même prêtait les
mains à l'établissement de ces colonies, préparant ainsi l'invar
sion. Il poussait même l'imprévoyance jusqu'à incorporer dans
l'armée des milliers de Barbares. Il germanisait le pays et les
légions. D'autre part, la population gallo-romaine les accueil-
lait avec sympathie, et leur accordait son admiration (Ij.
On affirme que les chrétiens se montraient particulièrement
favorables à leur égard, qu'ils les appelaient en libérateurs et
(1) On disait: les Barbares travaiUent pour nous. Voyez dans Eumène le dis-
cours ou il s'écrit : « G est donc pour moi que labourent maintenant le Gha-
mare et le Frison... etc. PhnégyriquB de ComUnce, chap. IX.
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— 50 —
qu'ils ne furent pas étrangers à la grande insurrection des Ba-
gaudes. Un jour viendra où le clergé représentera le fléau comme
une punition du ciel.
En notre cas particulier, je n'aperçois nulle part — et per-
sonne n'a de meilleurs yeux — trace profonde des Bagaudes
chez les Santons et les Bituriges Vivisci. Ces brigands, ramas-
sis de toutes sortes de gens sans aveu, de paysans révoltés con-
tre les rigueurs du fisc, ayant à leur tète des soldats déserteurs,
ont surtout exercé leurs ravages dans les provinces de l'Est ; on
ne les voit, du moins, aux prises avec l'armée régulière |que
dims l'Est. Les paysans de nos parages, mieux traités ou mieux
contenus restèrent-ils tranquilles ? Aucune bande ne s'est-elle
avancée jusqu'à Mediolanum ? Je ne le prétends pas. Je dis que
si nous n'avons pas le droit de nier absolument leur passage,
nous n'en avons guère davantage à leur attribuer la destruction
de nos villes de l'Ouest. Sur quelles preuves tablerions-nous?..
Nous sommes même autorisés à demander quel grand mal ils
ont bien pu faire, puisque, deux années auparavant, les bandes
Germaines auraient parcouru la Oaule, la torche et l'épée à la
main, pillant et exterminant la population des villes. Cette
assertion prise à la lettre, les Bagaudes n'ont pu trouver devant
eux que vastes solitudes désolées, pays ruiné de fond en com-
ble. Où est alors l'intérêt du mouvement séditieux ?I1 y a cer-
tainement exagération d'un côté ou de l'autre, peut-être des
deux côtés. Voilà pourquoi le tableau de ces temps, assurément
trèstroublés, tels qu'on nous le trace, me semble beaucoup
trop poussé au noir. Vopiscus, l'historien des événements de
cette époque, sur lequel ou s appuie volontiers, m'inspire une
très faible confiance. Il écrit d'après des souvenirs recueillis
auprès de son père. C'est un hâbleur — il est Sicilien — ou un
gobeur, afïligé d'une dose de crédulité peu commune. Quand il
affîrme que Probus a tué 400.000 hommes dans une seule cam-
pagne en Oaule, il se trompe vraisemblablement au moins d'un
zéro, fort appréciable en pareil cas, et quand il raconte que ce
même Probus envoya dans une seule villa 2.000 vaches, 2000
juments, 10.000 moutons et 15.000 chèvres prises sur l'ennemi,
je me pose la question de savoir s'il est plus véridique que pour
le massacre des Barbares, de telle sorte que son témoignage,
quand, il fait parcourir « toute la Gaule » aux Germains, me
devient tout à fait suspect.
M. C. Juliian, le maître si autorisé que j'aime le mieux à con-
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- 51 -
sulter sur les choses de notre histoire romaine régionale,
compte Bordeaux, « sans contredit, au nombre des villes pillées
par les Germains, et il place de préférence à cette date de 276
sa destruction totale,,. » C'est ce qu'il appelle volontiers « les
années de la grande invasion » (1). J'incline fortement à penser
qu'il se trompe. Bordeaux ne me paraît pas avoir beaucoup
souffert, pas autant que Saintes et d'autres villes, car cette cité
a pu rester sur place, autour de son port ; elle n'a pas été obli-
gée, comme Mediolanum, de se déplacer, parce que les ruines
étaient très habitales, après le passage du sinistre. La population
cosmopolite de la ville a bien pu ménager quelque adoucisse-
ment aux rigueurs des Barbares. Je suis frappé, en outre, d'une
coïncidence bizarre. A Poitiers et à Bordeaux on aurait élevé,
en même temps, un monument commémoratif d'une victoire :
à Poitiers un arc, à Bordeaux un autel. Ledain et M. Jullian
parlent Tun et l'autre d'un fragment qu'ils datent de 295 à 305.
Ledain (2) l'a rencontré dans le rempart ; M. Jullian, plus avisé
ou plus circonspect ne connaît pas la provenance certaine de la
dédicace à la victoire. Fragment et autel démontrent néanmoins
qu'à la fin du III^ siècle, ces deux villes n'étaient pas tellement
ruinées qu'elles ne pussent pourvoir aux dépenses superflues
et ériger des monuments de pure flagornerie à l'égard de l'em-
pereur. En tout cas, le fait de trouver dans une muraille, ré-
putée du III' siècle, un débris d'édifice de la fin de ce siècle, est
un argument sans réplique contre la construction à cette même
date. Nous trouverons dans nos remparts un fait présentant
avec celui-ci une certaine analogie. Si Saintes a montré au-
tant de zèle et de reconnaissance, nous l'ignorons. Aucune
pierre, jusqu'ici, ne paraît se rapporter à la célébration d'une
victoire impériale à la fin du III* siècle. Nous savons seulement
que la grave catastrophe à la suite de laquelle les Santons ont
été obligés de descendre sur les bords de la Charente n'est pas
survenue avant 284, ou, pour parler avec plus d'exactitude,
qu'en 284, Mediolanum n'était pas complètement abandonné. Un
vase de terre recueilli dans un monceau de cendres, rue Albin
de Laage, à Saint-Vivien, contenait entre autres monnaies un
Numcrianus (284). La petite tire-lire est au musée.
(1) Inscriptions j II, p. 296.
(2) Ledain, lococitàto, Bull, mon., tome XXIX, p. 440. Jullian, Inscriptions^
I, p. 80, n, p. 208,
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— 52 —
Une main barbare ou un accident a-t-il allumé le feu qui a
consumé la maison où demeurait le propriétaire de ce petit tré-
sor ? Il est impossible de le deviner ; acceptons la présomption
de Tacte incendiaire. Nous sommes assurés qu'en 284 la vie
n*avait pas entièrement quitté ce haut plateau. Gomme on ]ne
saurait admettre a priori Tisolement de la maison, il faut croire
à l'existence — plus ou moins précaire mais à Texistence — de
Mediolanum. Je suis intimement convaincu que notre vieille
cité a subi une série d^assauts répétés qui Tout peu à peu ren-
due déserte. Il faut tenir compte encore de la destruction de
Taqueduc qui a dû lui porter le coup fatal.
Cette succession d'assauts n'est pas venue uniquement de
terre. La Charente a probablement apporté les plus terribles
pillards.
J'accuse les Saxons de beaucoup de méfaits. La position de
nombreux trésors, la fortification du bord de la Gironde, et la
créationtardivedes miti(esgaronnense5 (1), milice spécialement
chargée de fermer la Gironde aux incursions des pirates, donne
quelque poids à cette conjecture. Si, en effet, on relève sur la
carte des côtes de France, les localités de TOuest dans lesquel-
les on a trouvé des dépôts de monnaies (2j, on verra qu'ils se
répartissent surtout près des rives des fleuves et sur une zone
peu éloignée des côtes. Le seul trésor important de la Cha-
rente-Inférieure est celui de La Rouillasse (3) près Soubise,près
la Charente, par conséquent. Les pièces les plus récentes datent
de Postume. En Vendée, les monuments du même empereur
abondent dans l'arrondissement des Sables. Dans la Gironde,
les rives de la Gironde, de la Garonpe et de laDordogne fournis-
sent une certaine quantité de bronzes de Postume, Tetricus, Au-
rélien. Si on veut remonter plus près des ports d'attache des
pirates, dans le nord, on fera les mêmes observations. Ces har-
dis voleurs étaient devenus si dangereux et si nombreux qu'il
fallut créer un corps spécial de police, ce sont les milites Ga-
ronnenses qui tenaient garnison à Blaye. M. Jullian place cette
institution à la fin du III« siècle (4). C'est possible : de tous
(1) Cf. JuUian, /nier ipd'oiu, IL
(2) Cr. Blanche t, L<« Trésors. Malheureusement cette liste est très incom-
plète. Bien des petites trouvailles n'y fièrent pas.
(3) Cf. Recueil de U Commission^ t. XV, p. 196.
(4) Inscriptions f t. II, p. 207 « vers Tan 300 » ou sans constatation, p. 39S,
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— 53 —
temps les gendarmes arrivent trop tard, je veux dire que les
organisations contre les grands maux publics ne sont jamais
décidées qu^après les malheurs arrivés. Nous avons un point de
repère cependant, un indice: le gouvernement n*a pas at-
tendu l'extrême fin du IIP siècle. Ces audacieux barbares in-
quiétèrent Dioclétien (284-302) et Maximien Hercule (286-305).
Maximien réunit une flotte à Boulogne sous le commandement
de Garausius, ancien rameur dans la chiourme des galères
impériales, rusé parvenu qui trouva bon de laisser passer
tous les bateaux saxons, de ne les arrêter qu'à leur retour,
chargés de butin et de partager avec eux. Oe procédé franche-
ment canaille lui valut du reste les poursuites de l'empereur,
mais le moyen de prendre la pourpre (286-293^. Trésors, milice,
flotte, me semblentdes signes certains de Timportance de l'inva-
sion saxonne, et, par conséquent, des maux qu'elle répandait
partout où elle s'arrêtait. Les voies fluviales lui étaient ouvertes,
elle pouvait s'y engager presque sans risques. Rapprochons
ces trois faits de 284, date d'un incendie à Saintes, et la pré-
somption naîtra dans notre esprit que l'élément pirates doit être
compté au nombre des facteurs de la destruction de Mediola-
num.
Un point délicat à élucider, c'est le moment de la construction
des murailles. Nous venons de déterminer approximativement
l'heure sinistre de la débâcle, il reste à trouver l'heure du
transfert de la ville. M. JuUian (1) et autres savants n'hésitent
pas à placer ce gros événement aux approches de l'an 300, sans
franchir cette limite, « à la veille de Tan 300 » dit-il.
On accorde, il me semble, à la population gallo-romaine,
après une commotion aussi violente, un ressort dont elle ne
paraît guère capable. C'est la croire prête à sortir tout d'un coup
de sa torpeur, à recouvrer une énergie, une vigueur d'âme et de
corps à laquelle elle n'était plus habituée depuis bien des an-
nées. Là encore on méconnaît les difficultés de la position, et
on va un peu vite.
Avant de penser à abandonner leur cité, avant de sacrifier leurs
maisons, leurs temples et leurs édifices, les magistrats ont cer-
tainement examiné la question de savoir si une réparation était
impossible. L'idée d'une restauration a dû germer dans leur
esprit. C'est l'idée naturelle, le parti adopté à l'égard des villas,
(1) Inscriptions, II p. 294 et 589.
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- 54 -
le plus prompt, le plus économique. Les gallo-romains les re-
construisirent presque toutes en les fortifiant.
La résolution d'abandonner complètement Mediolanum a
donc du être prise in extremis, après tentative et même plu-
sieurs tentatives de restauration. Le contraire parait une
anomalie. Je me figure que les Santons ne pouvaient guè-
re s'arrêter à une décision différente, faute de ressources
en hommes et en argent. Plus tard, quand les années de paix
auront rétabli l'ordre dans les finances privées et publiques,
repeuplé les cités, quand les idées se seront modifiées en ce qui
touche la religion, il sera permis d'entreprendre ce gigantesque
travail de clôture, de démolir les monuments, d'en apporter les
pierres autour d'une nouvelle enceinte. Auparavant on les
restaurera le mieux possible.
Qu'on ne m'accuse pas de faire du sentiment, de prendre de
parti pris le contre-pied de l'opinion aujourd'hui adoptée pres-
que partout ou de laisser la bride sur le cou à mon imagination.
Nous avons un exemple qui établit la « mentalité > de l'époque.
Augustodunum (Autun) a subi deux sièges (lj,run vers 270,
l'autre vers 285, à l'époque même où nous constatons un incen-
die à Saintes (2j. Nous connaissons parfaitement en gros les
suites de ce (ait de guerre ; les discours d'un éduen, le rhéteur
Eumène,nous renseignent sur les efïetsde la catastrophe et les
moyens employés pour y remédier. Le désastre est complet:
les temples, les édifices sont renversés, les survivants rares.
Que décident-ils? quelles mesures l'empereur édicte-il? Est-ce
la création d'une ville nouvelle? Va-t-on créer la petite ville
connue, close d'un côté avec un mur en matériaux de démoli-
tions et sur deux par les m.urs déjà existants? Pas le moins du
monde. On attend des jours meilleurs et surtout du secours.
Les ruines restent là, les malheureux échappés au désastre
campent où ils peuvent, condamnés aux regrets et à Tinaclion.
Leurs forces, trop faibles, les obligent à ne rien entreprendre.
Constance Chlore part (296) pour la Grande-Bretagne et il en
ramène les ouvriers qui répareront les temples, les maisons,
les édifices. Les légions participent aux travaux : elles rétablis-
(1) Cf. H. de Fontenay et de Charmasse, Aulun et ses monuments.
(2) Une autre ville, Evreux, a subi un désastre en 282, daté par le fameux
trésor de 112.000 pièces, dans lequel se trouvaient 4.400 monnaies de Probus.
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- 55 -
sent les égouts et construisélit de nouveaux aqueducs (1). Il
n'est parlé ni de restauration des anciennes murailles ni d'en
bâtir de neuves. Eumëne aurait-il oublié ce détail? personne
ne le croira. Aurait-il négligé de faire allusion i un déplace-
ment? C'est encore moins présumable. Ainsi, les ruines gisent
sur place, abandonnées pendant dix ans et plus. Cet exemple
me paraît significatif : il caractérise Tétat des esprits, il précise
Tangle exact sous lequel on envisage la situation. La population
gallo-romaine ruinée, réduite, est impuissante à rien faire par
elle-mèmt ; il lui faut un secours — un secours que Ton est
obligé de requérir très loin. — Le renfort arrivé, on ne songe
pas encore à quitter le pauvre foyer si dévasté, on le met en
état. Certes, les réparations dissimulent mal les dégâts, Taspect
de la ville reste lamentable, Constantin ne pourra retenir ses
larmes lorsquMl visitera Augustodunum en 311; ce n'est plus
la belle ville dont nous pouvons aujourd'hui soupçonner la
splendeur ; ce n'est plus la ville de deux cents hectares, mais
ce n*egt pas encore celle de dix ; elle compte vingt-cinq mille
habitants (2) qui auraient difficilement trouvé le gîte dans le
coin étroit où se forma la ville neuve ou castrum. Il n'est pas
admissible, d'un autre côté,qu'Eumène eût tant pressé Constan-
tin de venir à Autun, si la cité avait été réduite à un simple
camp retranché défendu par un mur composé des débris des
antiques monuments d'Augustodunum. Enfin, tous les temples
n'avaient pas été abattus, puisque l'orateur éduen, inébranlable
dans sa foi païenne, sollicite Tempereur de sacrifîer à Apollon.
Quelles raisons auraient poussé les autres villes de Gaule a
agir différemment? Un état stationnaire, d'attente, de réflexion,
et de désarroi, a dû succéder aux agitations de la période que
j'appellerai révolutionnaire. Les embarras qui paralysaient les
Autunois se répétaient sans doute ailleurs. Voilà mon sentiment ;
il s'éloigne beaucoup de celui des savants les plus autorisés, je
l'avoue. •
Sous l'influence d'un souvenir grec (3), bien inutile, on a
(1) H. de Fontenay et A. de Charmasse, Auluriy p. 67 ; Tillemont, Les empe-
reurs^ t. IV, p. 28.
(2) H. de Fontenay, opns cit. y p. 74.
(3) Moi-même je l'ai dit jadis ! Mea culpa ! Pourquoi évoquer l'invasion des
Perses, ressemblant si peu à celle des Barbares, et remonter si haut quand
on sait qu'à Rome, à la suite d'incendies et autres causes de démolition, on
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- 56 —
admis et répété, sans discussion, Tidée de gens affolés, éperdus
de frayeur, entassant en grande hâte, indistinctement les pierres
les unes sur les autres. Les ouvriers, au contraire, maîtres de
leur temps, dans des chantiers très étendus (1), faisaient leur
besogne avec ordre et réflexion (2), prenant la peine de tailleries
reliefs trop proéminents, d'aligner chaque pierre, de caler soi-
gneusement (à Saintes, avec des fragments de bronze), d'éviter
les vides le plus possible, d'assurer une stabilité et une soli-
dité à toute épreuve. On a même prétendu observer que les
entablements étaient aux assises inférieures et les bases de
colonnes aux assises supérieures (3). Je ne sais si cette obser-
vation s'est vérifiée partout^ Elle prouverait que les monuments
n'étaient pas détruits au moment des travaux. Les vues prises
en 1887 par Mgr Laferrière (4), à Saintes, démontrent un pêle-
mêle plus apparent que réel ; chaque pierre occupe une place
choisie, lui convenant à merveille. J'ai vu à Périgueux le même
soin. La solidité des murs est telle qu'on a pu enlever le noyau
du massif sans faire écrouler les bords. A Poitiers, Ledain a
constaté une galerie identique, construite en plein mur romain,
la première assise du blocage supérieur formant plafond (5).
Sansas, à Bordeaux, parle d'une cohésion semblable, d'escaliers
creusés comme dans la roche naturelle (6). La vérité est que
l'emploi de ces gros blocs répond à une double nécessité d'art
militaire et d'économie. On les a jetés dans les fondations, sur
lesquelles le mur au petit appareil viendra se poser, au lieu de
laisser des ruines, à côté des murailles, gênantes pour la défense,
reconstruisait en utilisant les vieux matériaux sculptés et g^ravés. En Algérie,
de nos jours, on a bâti des murailles avec les édifices romains.
(1) La preuve en est dans la dispersion des blocs. Des morceaux se complé-
tant se retrouvent à plusieurs mètres des uns des autres, ce qui suppose plu-
sieurs équipes transportant au même moment les pierres d'un même monu-
ment en différents endroits.
(3) Cf. T>f Galy, Vésone et ses monuments^ dans Congrès archéologique^
XX« session ; — de M. de Fayolle une observation dans le Bulletin de U so-
eiéii des anliq., de France ^ 1898, p. 146, et Bulletin de U société hist. du Pé-
rigord, t. XXVI, p. 35.
(3) Bulletin de U société hist. du Périgord, 1889, p. 56.
(4) Voir Vhrt en Sàintonge.
(5) Mémoires de U société des Antiq. de l'ouest. Bull, mon.y t. XXXIX.
p. 223.
(6) La Gironde, 12 juin 1865: Soc. Archéol., de Bordeaux, t. IV, p. 177. Jul-
lian, Inscriptions, II, p. 286.
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favorables à Tattaque. Là où on n'avait pas de ces vieux maté-
riaux tout prêts, on a apporté des pierres neuves de grandes
dimensions (1). Cette base, ce socle, ont besoin d'être épais,
très résistants, inébranlables, les ingénieurs veulent en un
^JUf
Saintes. — Thbiuibs db Sa»t Saloinb (deux époques).
mot, empêcher TefTet du choc des machines de guerre et de feu.
On a soutenu que le manque de fondations était un indice de
hâte. C'est une erreur. L'absence de fondations résulte d'un sys-
(1) A Angers. Cf. Congrès arehéoLj XXIX, p. 40. A Sens, le mur se com-
pose d'un blocage très dur, parementé avec les pierres en grand appareil.
(Cf. BttlUtin archéoL, i»03).
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tème : elles étaient inutiles avec des matériaux aussi lourds, une
épaisseur de murs aussi forte, quatre ou cinq mètres. Il est bon
de rappeler que tout ce travail demanda beaucoup de temps et
d*application, une main-d'œuvre énorme. Le maniement de ces
gros blocs, qui, suivant une heureuse remarque a éveillent
chacun Tidée d'une difficulté vaincue », exigeait une somme
d'efforts constants, une force de bras et de machines consi-
dérable qui excluent toute précipitation. Et ce n'est pas tout ! Par
dessus cette large base, il a fallu monter une muraille et des
tours, en briques et petit appareil, hautes de huit mètres, sur
une longueur de huit cents mètres et peut-être le double à
Saintes. Oe long et coûteux travail n'a évidemment pu être
entrepris et terminé que pendant une période de paix. La pre-
mière moitié du IV' siècle (1), la Gaule jouit d'un calme relatif.
Les gallo-romains ont alors tout le loisir de consacrer à la
défense de nouvelles cités contre l'ennemi héréditaire des
monuments, des temples dont les dieux sont délaissés définiti-
vement. La richesse est revenue, au point que je ne sais quel
auteur affirme que, de son temps, il n'y avait pas un seul men-
diant.
Au surplus, il est évident que le travail gigantesque de for-
tification des villes de Gaule ne s'est point accompli simulta-
nément partout, la même année. Les finances publiques n'y
auraient pas suffi. On a dû en répartir les frais sur une période
assez longue. Il est fort possible que l'idée, ayant germé à la fin
du IIP siècle, sous Dioclétien par exemple, n'ait été mise en
œuvre, d^une façon générale, qu'au IV*. Les villes principales,
surtout les villes frontières,ont probablement reçu les premières
transformations.
Contre cette théorie, les objections ne manquent pas : absence
d'inscriptions postérieures à 258 ; monnaies des trésors ne dépas-
sant pas le dernier quart du III* siècle ; Dijon fortifiée par Aurc-
lien (or les murs de Dijon contiennent des débris de monuments);
siège de Langres par Chrocus ; Constance Chlore obligé de se
faire hisser par dessus les murs de cette ville en 297 ou 301 (2);
(1) C'est Topinion de Quicherat. Cf. Revue des toc. sAVunleSy 1883, VI, p.
61. Schuermans (opuê cit.) a cité une pkrase de Télradius, contemporain
d'Ausone et de Sidoine ApoUinaire, tendant à prouver Tezistence à Saintes
de murs au IV* ou au V« siècle , ce que personne ne met en doute.
(3) Lenain àf Tillemont, Hisi. des empereurs^ t. IV, p. 18.
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fiens résistant aux Barbares en 356 (les murs de Sens (1) conte-
naient une grande quantité de matériaux provenant d'édifices
romains) ; enfin les fameux vers d'Ausone si souvent cités :
Quadrua murorum species sic turribus allis
Ardua ut aerias intrent fastigia nubes,
paraissent fournir la preuve indiscutable de la construction à la
fin du IIP siècle.
Ce faisceau de raisons, en apparence très solides, ne par-
viennent pas à ébranler mes hésitations.
La légende de Constance Chlore monté en mannequin le long
des murailles de Langres et celle de saint Didier concernant le
siège de cette ville par Chrocus émanent du domaine de la
légende. Le martyr de Didier doit être reporté au V* siècle
d'après les récents historiens et Chrocus serait une simple per-
sonnification des dévastateurs (2). L'ascension de Chlore fournit
un sujet de tableau pittoresque mais non pas un argument en
faveur des murailles du IIP siècle. Langres comme Autun, pou«
vait être fortifiée antérieurement.
Les archéologues dijonnais sont divisés sur la question de
savoir si les murs où Ton retrouve des débris romains sont bien
ceux d'Aurélien, dont parle Grégoire de Tours, ou si, au con-
traire, Grégoire ne parle pas de murs reconstruits plus tard (3).
L'absence d'inscriptions postérieures au deuxième tiers du III*
siècle créerait une présomption plus solide, si nous n'avions par
(1) Cf. Bulletin Arehéol., 1903. Le Rapport de l'abbé Ghartraire sur les der-
nières fouilles pratiquées dans les remparts de Sens.
(2) Cf. A. de Barthélémy, Campagne d'AttiU.
(3) Noël Gamier, Dijon-Beunney p. 4 et 6. A Besançon, on admet la con-
struction des murailles par les Burgondes (BalUtin arehéol., du Comité^ 1897,
p. 139. A Arles, on attribue à une époque plus récente, au VIII* siècle, les
murs dans lesquels on a découvert en 1903 de très beaux débris d*édifices
romains. (Chronique 'des Arts, 7 mars 1903}. Dans le roman de Tersin, il est
précisément dit que les Sarrasins fortifièrent Arles. Romania, 1872, p. 66.
M Véran {Bulletin archéologique, 1903, 2* liv., p. 217} avance beaucoup plus
près de nous, la construction de ces murs, puisqu'il reconnaît dans certains
fragments des pierres ayant appartenu à l'Arc Admirable, lequel n'aurait été
détruit qu'en 1263. On sait d autre part que M. Véran a daté de Constantin
une partie des remparts d'Arles et que Théodore III les répara.
11 est bon d'ajouter que M. l'abbé Thédenat {ibid,, p. 64} dans son rapport
sur le mémoire de M. Véran ajoute « théorie ingénieuse qui est encore
sujette à discussion. »
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ailleurs le moyen de suppléer à ce défaut d'information. On con-
sidère Tinscription de 258 de Bordeaux comme la plus récente.
En Angleterre, on possède une inscription a qui ne descend pas
plus bas que Tannée 275 environ (1). A Saintes, la tire-lire dont
j'ai déjà parlé donne une monnaie de 284. Enfin, si vraiment
la dédicace de la victoire, à Bordeaux, et le fragment d'arc de
Poitiers, provenant des remparts, sont bien datés de 295-305,
nous voilà avertis que Tépigraphie n'a pas dit son dernier mot.
Et, en effet, de notoriété publique, les démolitions des murailles
ont été faites jusqu'à nos jours au mépris complet de toute pré-
occupation archéologique ; les entrepreneurs et les industriels (2)
ont mis en moellons ou bien ont conduit au four à chaux de beaux
et bons morceaux de sculpture. L'intendant de Reverseaux fai-
sait creuser des lavoirs dans les plus gros chapiteaux, au grand
scandale de Bourignon; la Révolution a transformé en colonne
commémorative des fûts de colonnes romaines, arrachés des
murailles. Si le marteau du maçon n'épargne pas nos meilleurs
pierres, comment une modeste inscription, mutilée et brisée la
plupart du temps, aurait-elle trouvé grâce devant l'indifférence
générale ? Une révélation est encore possible. Saintes et Péri-
gueux — Périgueux surtout — possèdent des centaines de
mètres cubes de murailles inexplorées, du sein desquelles il
n'est pas téméraire d'espérer de voir syrgir un document pos-
térieur à 258.
Quant aux vers d'Ausone célébrant les hautes tours des
murailles de Bordeaux, et son plan rectangulaire, ils pourraient
avoir le sens qu'on leur attribue, c'est-à-dire se référer à une ville
bâtie à la fin du IIP siècle, s'ils avaient été écrits au commen-
(1) Ledain, Contre» archéol.<, 1894, Veneeinle romaine de Saintes^ p. 203.
(3) Sur l'exploitation des mura romain8,yoyez XVI* Congrès arehéol.,\A* ses-
sion, p. 51 ; Revue archéoL, 1882, p. 264 ; Chaudruc de Grazannes, Antiquités,
p. 19 ; Lallier, Reeherehea sur les murailles ffallo-romainês de Sens,
Au Mans, on démolit deux toura romaines, au commencement du XIX* siè-
cle, on ne pense ni 4 déchiffrer ni 4 conserver les inscriptions. Renouard,
Maisons hist
Il est 4 noter qu'4 Saintes on démolit nos mura depuis trois siècles. Malgré
la surveillance de Veyrel, combien de pierres n'ont pas disparu dans les tra-
vaux de de Pemes ! SousjLouis XIV, Masse a vu détruire c mal à propos nom-
bre de pans de mura... » Peraonne ne s'intéressait alora aux inscriptions. Au
XIX* siècle on a cherché plutôt les beaux morceaux que les utiles indications.
Cette fâcheuse incurie n'est pas spéciale à|Saintes.
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-161-
cernent du IV* siècle, alors qu'Âusone avaitvingt-cinq ou trente
ans. Mais ils ont été écrits beaucoup plus tard, en 379 ou après
379, puisque le poète se qualifie de consul. Par conséquent, ils
ont juste la valeur descriptive etélogieuse du reste du morceau.
En tout cas, on ne s'explique pas pourquoi le poète n*a jamais
fait allusion à un Bordeaux plus grand. Ëumène, très voisin de
la catastrophe qui emporta Âutun n'y manque pas (1).
"T^— -^^1^-
Saiiitbs. — Tbbrkbs db Saint Salocib (troiiième époque).
La muse du poète aurait-elle volontairement chassé le sou*
venir attristant (2) de « Tannée terrible» ? En fait, elle a horreur
de la mélancolie ; elle est d'humeur joyeuse.
(1) Et G. JuUian. ii atone et Bordeaux.
(2j D'après M. Jullian {In$eription»f II, p. 393), Auione ne rappelle pas cet
temps de g^randeur déchue parce qu'ils étaient trop éloignés de lui. Il n'a pM
connu d'autre Bordeaux que le castra m enfermé de tous côtés par de solides mu-
railles. Ausone n'a pu ignorer,cepeadant,la ruine de sa viUe natale. Il était trop
instruit pour ne Tavoir pas appris, ne serait-ce que par les piliers de TuteUe
restés debout, sous ses yeux.
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— 62 ^
Un dernier mot liie reste à dire sur ce sujet déjà longuement
développé. J'ai souvent entendu tirer argument du chaînage de
briques établi dans le mur en petit appareil qui s'élevait au-des-
sus de la base en gros blocs. On veut le produire comme argu-
ment décisif. Il n'est pas plus convaincant que les précédents,
par la raison que l'emploi de la brique a duré plusieurs siècles
après le IIP. A Saintes mème,nou8 ca avons la preuve. On a res-
tauré plusieurs fois les thermes et chaque fois on a placé des
rangs de briques entre les moellons.
Mgr Laferrière a fait des observations très précieuses. Il
a vu dans l'intérieur de la muraille, entre deux parements
de gros blocs, un mur d'un mètre vingt d'épaisseur en petit
appareil, calciné sur plusieurs points^ « refait en parti après
l'incendie avec des moellons plus grossiers et des rangs de
briques intercallés » (1). C'est exactement l'appareil d*un pan
de mur à la Porte Aiguière, et la restauration d'une portion des
thermes de Saint-Saloine. La conclusion à tirer de ce fait indé-
niable c'est que le mur à débris est postérieur au III* siècle. Si
une autre observation plus singulière encore se vérifie, si vrai-
ment ce mur contenait et contient des blocs provenant des
arènes (2), nous voilà repoussés à une époque invraisemblable,
parce qu'il est établi que partout les mérovingiens ont donné
des fêtes dans les amphithéâtres réparés (3j. Ainsi pourrait se
justiGer l'afTirmation bien déconcertante de Masse qui a remar-
qué des c pierres gothiques » dans les murs (4). En somme,
Masse peut dire vrai sans que, cependant, nous déduisions de
sa parole un argument en faveur d'une construction au VII* ou
VIII* siècle et notre esprit, habitué à raisonner autour de trois
et quatre se révolte, avec raison, contre une pareille attribution.
(1) Congrès arcAéoI., 1884, p. 189.
(3) Ibidem, p. 190. M. Laferrière n'en a pas mis de côté.
(3) BAtissier, Histoire de Vart monamenUl dans l'antiquité, dom Bouquet,
t. II, p. 243. Grégoire de Tours, Histoire, tit. V, ch. XVIII, Lavisse, Hist.,de
France, t. II, p. 303.
(4) Dangibeaud et Proust, Saintes à U fin du XIX^ siècle, i. I, p. 34 : c Mais
tous ces débris n ont pas été tirés du même édiûce, comme on le juge par la
différence des ordres, car il y a quelques morceaux qui sont d'architecture
gothique, provenus des démolitions de temples chrétiens et ils ne sont em-
ployés et remis en œuvre que sur ceux des temples et bâtiments despayens ».
Je ne sache pas que l'on ait trouvé de pierres mérovingiennes dans nos rem
parts.
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Nos murs ont été, en effet, remaniés, au moye|i âge, au moins en
quelques endroits (1). La bulle de plomb,laplaque de même métal
ayant servi à essayer un coin de monnaie médiévale rindiquent{2) .
Les pierres de Tamphithéâtre ont bien pu y être introduites à
cette même époque, ainsi que des pierres de monuments méro-
vingiens, en supposant que Masse ne se soit pas trompé. Je ne
suis pas éloigné de croire qu'en effet aux VII* ou VIII' siècles,
de grands travaux ont été effectués à Saintes, terrassements de
8aint-Saloine, comblement des puits, appropriation de ruines
romaines au culte chrétien. Je suis encore plus près de croire
cependant que ces pierres d'amphithéâtre ne sortent pas de
« nos arènes. » Est-il possible d'admettre que Mediolanum
n'ait pas eu de théâtre ? Où était-il ? Personne n'en a jamais
vu la trace. N'aurait-il pas été démoli lorsque l'on a bâti les
murailles?
En résumé, la grande controverse sur les remparts gallo-ro-
mains formés avec des débris d'édifices, loin d'être close après
cinquante ou soixante ans de discussion, reste obscure en dépit
des beaux travaux fournis par les savants les plus distingués.
La lumière n'est pas faite. La un du III* siècle parait trop
éloignée, le V* siècle trop près, il faut donc adopter le IV*.
Pour beaucoup de villes là doit être la vérilé. En tout cas, tout
le monde tombe d'accord pour dire que vers 356 « l'œuvre était
achevée », la Gaule était « hérissée » de places fortes et de châ-
teaux forts.
Vains efforts! Calculs déçus! Les énormes remparts n'arrê-
teront pas une minute les envahisseurs de 405 qui, dans une
suprême poussée, jetteront bas les derniers vestiges de l'empire
romain.
(A suivre). Ch. Dangibeaud.
(1) Les grosses réparations dans des murs si énormes s'expliquent par des
affaissemenls partiels qui pouvaient se produire à cause.de Tabsence de sa
fondation.
(3) L*une et l'autre sont an musée. Nous ne savons malheureusement pas 4
quelle profondeur elles ont été ramassées. Ce sont ces trouvailles d*objets
modernes, un texte du bréviaire de Saintes, qui me donnèrent jadis Tidée de
chercher une date, de construction au moyen Afe. (BullêUn^ VII).
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QUESTIONS ET RÉPONSES
I. — Questions.
^o 777 — Quelle est Tétymologie de l'expression « à chft pe-
tit », synonyme de <x peu à peu ».
X. •
N^ 778. — Le Gaulois, du 7 novembre 1903, rappelle l'amusante
anecdote suivante du marquis de Belloy, relative au Club des
Ganaches (ancien café de Valois sous Louis-Philippe). « Un peu
moins ruiné que Lautrec, son ami, le chevalier de Jonzac, tout
grisé de raffinements à l'anglaise, renonce chaque jour, à trois
heures, à sa vie mesquine, pour goûter d'une biscote de Londres
trempée dans une crôme à la noisette. Les amandes sont pilées
invariablement à son intention et sur son ordre, dans un mortier
d'agate, à l'aide d'un pilon de bois de santal qu'il a fourni. Et
c'est là son luxe unique. x>
On désire savoir quel est ce chevalier de Jonzac sous Loui^-
Philippe ? V. P.
N* 779. — Le procès-verbal de l'élection des douze membres
de Fadministration du district de Saintes et du procureur syn-
dic, qui a eu lieu à la fin du printemps de 1790 à Saintes, n'exis-
te ni dans les archives de la sous-préfecture de Saintes, ni dans
celles du département à La Rochelle.
Peut-être ce procès-verbal se trouve-t-il à l'état manuscrit
chez le secrétaire die l'assemblée électorale du district ou chez
les descendants des membres qui composaient alors le conseil
d'administration du district.
Ces membres étaient d'après l'ordre des signatures de leur
première séance :
MM. Guillau de Sersé, Mareschal, Repéré, Roullet, Ardouin,
Dubois, Moreau, Eschassériaux, Godet, Lévéquot, Dugué, Gorry.
Le Procureur syndic, élu en même temps qu'eux, était Tapon
du Pinier.
Ce document serait nécessaire poUir une publication en pré*
paration, relative à l'époque de la Révolution.
E.
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— 65 —
II. — Réponses
N'» 770 ; t. XXIII, p. 218. — Dans le numéro du l** mai der-
nier, j*ai posé une question sur Monseigneur Saint-Médard,
saintongeais, évoque de Tournai en 1813. J'ai eu depuis sur lui
quelques renseignements, qui me font douter s'il a été sacré. Je
viens donc insister là-dessus, et demander aux lecteurs de la
Bevue^ de vouloir bien me renseigner sur ce sacre éventuel et
sur ses armoiries.
C'est en avril 1813 que Samuel de Saint-Médard, âgé de 72
ans, ancien curé de l'île d'Oléron et vicaire général de La Ro-
chelle, fut nommé à l'évêché de Tournai. Il remplaçait Monsei-
gneur Hirn, interné à Gien depuis 1811, à qui Napoléon arracha
à ce moment une déclaration confirmant sa démission déjà don-
née.
L'abbé de Saint-Médard se fit-il sacrer ? Je ne sais. Ce qui est
certain c'est que, malgré les instances d'un député du chapitre
de Tournai venu vers lui, il se rendit dans cette ville, et se logea
à l'évêché. La plupart des ecclésiastiques du diocèse refusèrent
de communiquer avec lui. Il résida sept mois, et se retira à Lille,
en février 1814, en apprenant les défaites de Napoléon et la mar-
che des alliés. Il se serait approprié, en partant, la crosse et
la chapelle de Monseigneur Hirn.
Saint-Saud.
N* 377 : t. VII, p. 292 ; t. XX, p. 432. — Répondant à une ques-
tion posée dans le Bulletin^ en 1887, sur « Landreau du Maine au
Picq, avocat et assesseur en la maréchaussée de Saintes, auteur
d'un Traité de législation philosophique, politique et morale,
publié à Genève et à Paris, en 1787 », M. Callandreau, dans le
Bulletin suivant, p. 411, a fourni d'intéressantes indications sur
ce personnage, « qu'il croit originaire des environs de Jonzac ».
Joseph-Gaston Landreau appartenait, en effet, à une vieille
famille de la judicature de ce pays, dont les alliances rappel-
lent certains dee noms justement estimés de la contrée ; aussi
avons-nous pensé que l'exposé généalogique qui suit, compléte-
rait, autant qu'il a été possible de le faire, si tardivement que ce
soit, la réponse de notre érudit et obligeant confrère. Mieux vaut
tard que jamais; du reste, cette étude vise aussi une seconde
question, jusqu'ici sans réponse, du Bulletin, livraison de no-
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— 66 -
vembre 1900, où elle Ggure sous le n"" 716, laquelle concerne un
autre membre de la meuve famille, Pierre Landreau de La Gran-
ge, qui fut lieutenant-colonel au service de TEspagne.
La filiation dies Landreau dont il s'agit a pu être reconstituée
jusqu'aux premières années du XVII* siècle, dans la personne
d'Alexandre- Ferri Landreau, décédé à Léo ville, le vingl-huil
décembre 1G95, de son vivant juge de Marennes. Son Ois, Ferri
Landreau, procureur fiscal de La Barde Fagneusc, gentilhom-
mière de Léoville, épousa Jeanne Lailiteau, décédée en mai 1729,
et mourut dix ans avant elle, à Tâge de quatre-vingts ans, le pre-
mier juin 1719. Ils laissaient neuf enfants, qui se partagèrent leur
succession, suivant acte de M* Pelluchon, notaire royal à Vi-
brac, en date du cinq mai 1730 :
P Pierre, baptisé à Saint-Simon de Bordes, le dix-sept juil-
let 1665 ;
2^ Jean, tenu sur les mêmes fonts baptismaux, le neuf décem-
bre 1606, par Jean Laffiteau, son aïeul maternel, et Elisabeth
Musseau. 11 entra dans les ordres et était prieur-curé de Villexa-
vier, en 1704-1718, avec le grade de docteur en théologie. Nommé
à Vouzac, en 1721, il y mourut en août 1746, et fut inhumé, le
vingt-cinq dudit mois, dans le sanctuaire de son église par mes-
sire Lavcrny, curé de Saint-Germain de Vibrac, archiprfttre de
Barbczieux ;
3* Marie, qui épousa Jean Terrien, avocat en la Cour de Bor-
deaux, juge sénéchal de Saint-Germain de Vibrac, en 1698, et
du duché de Montauzier, en 1706, dont pro|géniture ;
4** Catherine, appelée Landreau de Chauveau, qui décéda en
1732, sans s'être mariée ;
5* François, qui suit ;
&* Jeanne, mariée par contrat du trente mars 1726, passé par
devant M* Pelligneau, notaire royal à Jonzac, avec Simon de
Mersac, originaire de Léoville. Elle mourut sans postérité en
1744 ;
7** Joscph-Ferri dit Landreau de Boisclair, avocat en parlement,
sénéchal de Plassac, marié en 1708, à Marie-Anne Boybelleau,
dont on connaît quatre enfants : a. Joseph-Gaston, qui suit ;
b. Perrette-Henrielte, née le vingt-neuf décembre 1711, et pré
sentée au baptême dans l'église de Saint-Laurent de Plassac, le
deux février suivant, par messire Jean-Marie Débordes, seigneur
de Coupête et de PruUon, et haute et puissante dame Paule de
Bigot de Saint-Quentin, comtesse de Plassac ; c. Une fille, née en
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1717 et inhumée, le dix-sept octobre 1718, dans la nef de Téglise
de Plassac ; d. Marie, née le quatre mai 1718.
Joseph-Gaston, qualifié du Maine au Picq, du nom d'une terre
lui venant de sa mère, épousa,, le vingt-six mai 1732, à Saintr
Genis, Marie Marchais, « qui, la veille, avait fait une solennelle
profession de foi catholique, apotstolique et romaine entre les
mains du curé de Jonzac ». Ils eurent cinq enfants : a. Joseph-
Gaston, qui suit ; b. Marianne, inhumée dans Téglise de Jonzac
à Tâge de trois ans et six mois, le vingt et un mai 1742 ; c. Mag-
delaine, du trente octobre 1740 ; d. Jeanne, du seize octobre
1741 et inhumée près de sa sœur Marianne, le vingt-six septem-
bre 1743 ; e. Autre Jeanne, du vingt-huit novembre 1743.
Joseph-Gaston du Maine au Picq reçut, le onze février 1736,
le baplême, comme ses sœurs, sur les fonts de Jonzac et cul,
pour parrain et marraine, son aïeul, Joseph-Ferri Landreau et
Marie Golard. Avocat en parlement de Bordeaux, il devint con-
seiller du roi, assesseur en la n^réchaussée générale d'Aunis
et de Saintonge au département de Saintes, et juge sénéchal ci-
vil et criminel de la châtellenie des Gonds. Jurisconsulte
distingué, il a laissé des ouvrages qui témoignent de sa science
approfondie du droit, de môme que l'épigraphe qu'ils portent :
« Veritas una^ humanilas carissima, religio sacra », indique
à n'en pas douter, les sentiments personnels de l'auteur, cette
sentence étant de lui-même « ex me ». Dans sa Législation philo-
sophique, politique et morale, imprimée en 1787, à Genève, en
deux tomes que nous possédons, et suivie d'un troisième vdtlume
intitulé : Digression sur le célibat des prêtres et des militaires,
il fait connaître que, pour ses humanités, il suivit les cours du
collège de Guyenne à Bordeaux, et qu'il étudia le droit romain à
celui des « Loix ».
« En 1770, j'eus l'honneur, écrit-il encore dans une note de sa
préface, d'être député de la part de la majeure partie des offi-
ciers de robe de la maréchaussée du royaume, s'il s'agissoit de
faire des observations concernant leurs intérêts ». Enfin, au
chapitre XXXI du tome II de sa Législation philosophique, il dit
à l'endroit du célibat des prêtres : « Il me semble depuis long-
temps que quelques écrivains ont fait entrer dans la cause de la
dépravation des mœurs le célibat des prêtres et celui de la ma-
jeure partie des militaires ; j'avods envie de traiter la question
du célibat des prêtres dans l'intérêt de la politique, des mœurs
et de la religion ; cette fameuse question fut agitée au concile
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- 68 -
de Trente, mais elle n*y fut point décidée : je laisse aux savants
de la classe du père Thomassin et du célèbre abbé Duguet à trai-
ter cette matière très importante dans les mœurs actuelles.
» Je crois que l'on doit trouver que le mariage des prêtres peut
être permis comme autrefois dans les premiers temps de l'é-
glise, ce qui s'est même continué jusqu'au huitième siècle ».
Le sieur de Maine au Picq est revenu sur sa décision de ne pas
aborder ce scabreux sujet, et nous regrettons d'ignorer les rai-
sous qu'il a fait valoir à l'appui de sa thèse.
En 1709, le vingtrhuil août, il fit un riche mariage, en épousant
à Cognac Anne Sureau, fille de Théodore, négociant de cette
ville, et de Marguerite Dexmier de La Groix, et veuve promp-
tcment consolée de Guillaume Esrable, écuyer, seigneur de Saint-
llémy, conseiller secrétaire du roi, maison et couronne de France
au parlement de Bordeaux, décédé à Cognac, en 1768. Cette
union, qui ne paraît pas avoir donné d'enfants, provoqua de
longs procès entre Anne Sureau et l'un des frères de son premier
mari, Jean Esrable des Barrières, seigneur d'Huffaut, conseiller
du roi, lieutenant général civil et criminel en l'élection et siège
royal de Cognac.
Où et à quelle époque mourut Joseph-Gaston Landreau du
Maine au Picq î Nous ne saurions le dire. Les seules autres tra-
ces retrouvées de son nom indiquent qu'il avait été nommé, le
vingt-trois août 1767, administrateur de l'hôpital Saint-Louis de
Saintes à la place du sieur Viaud et qu'à la séance du quinze juin
1769, il donna sa démission et fut remplacé par Chesnier-Du-
chesne.
8** Alexandre-Emmanuel, le huitième enfant de Ferri Lan-
dreau et de Jeanne Laffiteau, était avocat en parlement de Guyen-
ne. De sa femme, Marie-Cosme Béchet, est né Alexandre-Emma-
nuel, avocat en parlen>cnt de Guyemie, comme son père, et au
siège présidial de Saintes, qui épousa Marie JuUineau, dont
tro'is enfants : a. Marie-Cosme, dont le mariage avec Jérôme-
René Chevalier-Dufois, garde général des vivres de la marine
â Rochefort, fut célébré le trente janvier 1743, en l'église de
Sainte-Colombe de Saintes ; b. Marie- Anne-Catherine, décédée
à l'âge de seize ans, le quatre avril 1744 ; c. Cosme-Alexandre-
Emmanuel, avocat, lui aussi, en la cour et parlement de Guyenne
et au siège présidial de Saintes, qui vit sans doute le jour en cette
ville, ainsi que ses sœurs, mourut, &gé de quarante-cinq ans, ie
vingt-huit octobre 1767, et fut inhumé dans l'église de Saint-Ger-
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main de Vibrac, où il était venu se fixer par suite de son maria-
ge (contrat du vingt octobre 1742, de M® Mosnereau, notaire
royal à Réaux), avec sa cousine, Mario-Catherine Terrien, fille
de Jean-Michel, notaire royal à Saiut-Maigrin, et de Marie-Ca-
therine Terrien, celle dernière née à Saint-Germain de Vibrac,
le quinze mai 1706, de Marie Landreau et de Jean Terrien, avo-
cat et sénéchal, déjà cités. De cette union, sont issus cinq en-
fants : a, Jérôme-René Landreau, conseiller du roi, magistrat
en la sénéchaussée et siège présidial de Saintes, marié, le vingt-
deux avril 1782, en l'église de Sainte-Colombe, avec sa cousine
germaine, Marie-Catherine Chevalier-Dufois ; elle donna le jour,
le dix-sept avril 1786, à Marie-Côme-Catherine, qui épousa, le
3 février 1808, à Saintes, Jérôme de Laage, plus tard lieutenant-
colonel du génie, sous-directeur au Château d'Oleron, député
sous la Restauration porur la Charente-Inférieure et membre du
conseil d'arrondissement de Marennes. Ses services lui valurent
la croix die chevalier de Saint Louis, et celle d'officier de la lé-
gion d'honneur. Deux enfants sont nés de ce mariage : Jérôme-
Eugène, du vingt-six novembre 1808, décédé enfant et Jérôme-
Hippolyte, qui fut conseiller général de la Charente-Inférieure.
De l'union de ce dernier avec Thérèse Charlet sont issus : Jé-
rôme-Albert, officier des haras, décédé célibataire, et Jean-
Auguste-Georges, marié en premières noces à N. Goût-Desmar-
tres et remarié à N. de La Seiglière.
b. Alexandre-Emmanuel, second enfant de Cosme-Alexandre-
Emmanuel Landreau et de Marie-Catherine Terrien, né le vingt-
huit février 1745 ; c. Marie, baptisée le seize janvier 1747, et ma-
riée, le vingt-neuf o»ctobre 1767, à Saint-Germain de Vibrac avec
Jean-François Bardon, seigneur de La Boulidière, né à Meux de
Ililaire et de Marguerite Rulié, et frère de Marie Bardon de La
Boulidière, qui avait épousé, le trente avril précédent, à Meux,
Paul de Russi, et mourut le onze juin suivant. Marie Landreau
donna le jour à dix-sept enfants, dont René-Jérôme, du dix-huit
décembre 1770, marié à Saintes, en 1808, avec Antoinette Ron-
deau, qui lui donna cinq enfants : Angélique et Clémence mor-
tes en bas âge ; Caroline, religieuse des dames de la Providence
à Saintes ; Eugénie, qui a épousé son cousin Ferdinand Ron-
deau, officier de marine, et Marc- Jérôme-Ferdinand, curé-archi-
prétre de Saint-Jean d'Angély.
c. Catherine-Marie Landreau, baptisée le trois décembre 1752,
et mariée, le vingt et un juin 1782, à Jacques Bonneau, de Brie
sous-Archiac ; e. Jérôme-Alexandre Landreau, qualifié des Mo-
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— 70 —
thés, qui vit le jour le vingt-deux septembre 1755, et s'unit (con-
trat du quatorze mai 1782 de M* Moreau, notaire royal à Mes-
chers) à Rose-Eustelle Littay, fille de feu Pierre, notaire royal,
et de feue Bénigne Moreau, et domiciliée à La Croix, dans la pa-
roisse d'Arces. Morts sans enfants, ils laissèrent leur avoir à
leur petite nièce, Clémence Dernier, qu'ils avaient adioptée.
9® Pierre, dernier enfant de Ferri Landreau et de Jeanne Lafli-
teau, vit lo jour on 1687, d'après son acte de décès à Jonzac, ain-
si libellé : « En 1768, le treize novembre, décès de dom Pedro Lan-
dreau de La Grange, ancien lieutenantrcolonel au service de
S. M. Roi d'Espagne, âgé de quatre-vingt et un ans. Son corps
sera inhumé dans l'église des R. P. Carmes de cette ville, le qua-
torze du dit mois. En foi de quoi, j'ai signé : Lasalle, prieur de
Jonzac ».
Les documents puisés aux « Archives générales de Siman-
cas, secrétariat de la guerre », établissent que Pierre Landreau,
aprte avoir servi la France pendant six ans, fut incorporé dans
l'armée espagnole comme volontaire, le quinze novembre 1712 ;
nommé capitaine, le dix-huit septembre 1718, il était en 1749,
capitaine de grenadiers au régiment de Brabant, après être passé
par ceux de Luxembourg et de Namur.
Les opérations de guerre auxquelles il prit part sont ainsi dé-
taillées : « En Catalogne, la rencontre de Arburias, où il perdit
tcut son équipage, étant alors sous les ordres du brigadier de
Franlieux. Il fit ensuite partie de l'armée du marquis de Tuy,
jusqu'à la reddition de Barcelone, en 1714. Campagne de Na-
varre, en 1719. Siège de Urgel, en 1720. Expédition de Ceuta,
ccWc même année, sous les ordres du colonel don Carlos de Cé-
sar. Campagne de 1745, en Piémont et Montferrat. Affaire de
Millesimo. Attaques du fort de Scorriera de Marie-Alto. Blessé
d'une balle de fusil à l'assaut de Sena et Monlesemo, sous les
ordres du lieutenant-colonel don Nicolas de Saint-Martin. On le
retrouve à Asti, Anou, Alexandrie, Valence de Pô ; finalement,
il fut bloqué trois mois et neuf jours dans la place de Tortona,
en 1746 ».
Ce relevé, que nous avons eu quelque peine à nous procurer
et qui prend fin au trente et un juillet 1749, se termine ainsi : « Cet
officier, qui est âgé do soixante-deux ans et onze mois, mérite
d'être prdmu lieutenant-colonel pour sa bravoure et ses ser-
vices, qui seront ainsi justement récompensés ». Cette proposi-
tion n'avait pas reçu son effet en 1751, époque à laquelle nous
retrouverons Pierre Landreau encore capitaine au régiment de
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— 71 —
Brabant, indication qui est la dernière recueillie sur son compte.
Après cette présentation des enfants et partie de leur descen-
dance de Ferri Landreau et de Jeanne Laffiteau, revenons à ce-
lui qui continua la descendance du nom, François Landreau de
La Gorce, seigneur de La Cherainardrie, et succéda à son aïeul
dans sa magistrature de sénéchal du bailliage de Marennes, dont
il était pourvu en 1700-1706 et qu'il quitta pour celle de Jonzac,
où on le retrouve en 1725. Il fut aussi sénéchal de la baronnie
de Nieul-le-Viroul. Le six février 1700, à Saint-Germain de Vi-
brac, il épousa Anne de Marchesalier de Bellevue, fille de Ga-
briel, ministre protestant de Aïeux, et de Suzanne Maignac. La
bénédiction nuptiale fut donnée par Jean Landreau, frère du ma-
rié, en présence de Jean Terrien, son beau-frère, Jean de Cor-
nillol, seigneur de Roumaneau, curateur de la mariée, Jean de
La Fenêtre et de messire Arnault, curé de Saint-Germain. Anne
de Marchoî^alier avait été mise par ordre du roi, le neuf février
1687, au couvent- des Dames de la Foi, fondé à Pons par Marie
d'Albret, comtesse de Marsan « pour y être instruite à la foi ».
Elle fit abjuration, le cinq août suivant. François Landreau de
La Gorce mourut le vingt-quatre avril 1745, laissant trois en-
fants :
V Jean-François de La Cheminardrie, qui remplaça son père
à ISTieul-le-Viroul et h Jonzac, et fut lieutenant de cette ville. Le
vingt-cinq juin 1725, son oncle, Jean Landreau, alors curé de
Lotnzac, bénit à Clion son mariage avec Marianne Collet, fille de
Jacques, avocat en la cour et parlement de Bordeaux, et de feue
Marie Perraud, originaire de Marennes. De cette union naqui-
rent six enfants : a, Marguerite, du premier septembre 1727, ma-
riée, lo vingt-deux novembre 1751, à Jonzac, avec François An-
dré de Codère de Thury, chevalier d'Antignac, veuf de Renée
de Magnac, de Coiisac, en présence de ses frères et sœurs et de
Pierre Landreau de La Grange, capitaine de grenadiers au ré-
giment de Brabant, son oncle. Elle en eut Marie-Marguerite, qui
s'unit, le trente et un mai 1774, à Guy de Beaupoil de Saint-Au-
laire, écuyer, fils de feu Antoine, écuyer, seigneur de Brie et de
Saint-Ciors-Champagnc, et de Bénigne-Honorine-Félicilé Mo-
rineau de Saint-Révérend.
h. Marie-Anne, née en 1727, décédéc le deux juillet 1787.
Do son mari, François Flornoy, procureur fiscal du comté de
Jonzac, elle eut neuf enfants ;
r. Marie-Elisabeth, baptisée h Jonzac, le vingt-sept juillet 1733.
Le onze février 1765, fut bénie son union avec Jean-Baptiste de
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— 72 —
Rippes, chevalier, (ils de Jean-Charles-AIexandre, chevalier, sei-
gneur de Beaulieu, et de feue Clémence Horric, demeurant au
logis de La Laigne en Sainte-Lheurine. Ils eurent quatre en-
fants;
d. Louis-Félicité, baptisé le sept février 1734, ayant pour par-
rain messire Louis-Pierre-Joseph Bouchard d'Esparbès de Lus-
san d'Aubeterre, comte de Jonzac, lieutenant général des pro-
vinces de Saintonge et d'Angoumois, capitaine des gendarmes
de Monseigneur le Dauphin ; pour marraine, dame Anne-Louise
de La Rochefoucauld de Surgères, épouse de Jean-Baptiste Pon-
te, chevalier, marquis de Nieul ;
c. Pierre-Louis-Joseph, avocat en la cour. Le seize juillet
1761, fut célébré dans l'église de Saint-Martial die Vitaterne, son
mariage avec sa cousine, Mafie-Amic Laurenceau. Il mourut en
1785;
/. Louis-Françdis, du sept septembre 1738, et décédé enfant ;
2* Pierre-François Landreau de Sainl-Paul, avocat en parle-
ment de Bordeaux, qui épousa à Clion Elisabeth Collet, sœur
de la femme de son frère, et le môme jour que lui. La moirt de
vait rompre cette union au bout de seize années ; Elisabeth mou-
rut, en effet, en août 1741, et fut inhumée, le seize du dit mois,
en Téglise de Clion n en présence d'un grand concours de mon-
de ». Née le deux septembre 1706, elle n'était que dans sa trente-
cinquième année, et avait donné le jour à neuf enfants : a. Fran-
çois, du dix novembre 1726, qui fut vicaire de Dompierre-sur-
Charente, de 1752 à 1760, puis curé de Lousignac, qu'il quitta
en 1766, pour revenir à Dompiorrc, où il mourut en 1780.
/>. Elisabeth, qui épousa son cousin Jacques Monsnereau, no-
taire royal et procureur d'office de la châlellenie de Réaux, puis
juge assesseur de Jonzac, fils de feu François, notaire royal et
procureur fiscal de Réaux, et de Catherine Terrien. Ils eurent
cinq enfants ;
c. Marie-Françoise, du quinze octobre 1729, et mariée, le vingt-
quatre septembre 1754, avec Jean Habrard, sieur de L'Etage,
avocat en parlement. Deux enfants naquirent de cette union :
Emery-Jean, avocat en parlement, époux de Marie-Félicité Mons-
nereau ; Marie- Anne, qui s'unit à Léon de Jarnac de Gardépéc :
d. François-Louis-Pierre, du neuf septembre 1731, qui enlra
dans l'administration de la marine comme commis aux écritures
dans le port de Rochefort. Promu écrivain ordinaire sur place,
en 1758, il fut, en 1762, envoyé à La Martinique avec le grade de
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— 73 -
sous-coimnissaire. Rentré dans ses foyers, en 1772, avec une pen-
sion de six cents livres, il épousa Anne L'Evesque ;
e. Jean- Jacques, qui suit ;
/. Jean-Gaston, du quatorze novembre 1734. A l'exemple de
90]n atné, il embrassa Tétat ecclésiastique, et desservait, en 1763,
la paroisse de Sainl-Martial de Mirambeau. La tourmente révo-
lutionnaire l'obligea à émigrer en Espagne où il mourut ;
g. Félicité-Louis, du deux avril 1736, décédé en bas âge ;
h. Marie-Anne, du onze septembre 1739, décédée célibataire ;
L Louis-Xavier, du dix septembre 1740, qui, lui aussi, entra
dans les ordres et était, en 1767, chanoine régulier de la congré-
gation de Chancelade à l'abbaye de Sablonceaux. Il mourut ftgé
de moins de trente-cinq ans.
Jean-Jacques Landreau de Saint-Paul et du Vigneau, baptisé
le dix avril 1733, acquit l'office de notaire royal de Clion, en 1772,
et le conserva jusqu'à son décès. Il exerça en même temps diver-
ses magistratures à Plassac, La Pommerade, Favières, Lussac.
Clion et Clam. Suivant contrat du vingt-six janvier 1768, éta-
bli par son beau-frère, M" Monsnereau, il épousa Marguerite
Geneviève Pelletreau, de Jazennes, fille de François-Alexandre
et de Catherine de Laborderie de Souhan, mariée à Confolens,
en 1730.
Je^n-Jacques mourut le vingt août 1790. Sa veuve mérite une
mention spéciale pour l'énergie, que l'on peut taxer de virile,
bien qu'il s'agisse d'une femme, dont eUe fit preuve en 1793, lors
do rcnvahissement par les apaches de l'époque de l'église de
Clion, qu'ils étaient en train de dévaster et menaçaient de dé
truire. Très infirme, bien que seulement âgée de soixante et un
ans, Marguerite-Geneviève se fit transporter dans son fauteuil
au milieu des profanateurs et protesta contre leurs actes avec
tant de violonco cl de courage qu'ils abandonnèrent le lieu saint
et ne donnèrent pas d'autres suites à leurs criminels projets.
Elle mit au monde deux enfants : Jean-François, qui décéda
en bas âge et Marie-Elisabeth-Geneviève, baptisée à Clioti, le
vingt-six décembre 1768. Le sept février, fut célébré dans l'é-
glise de Clion, le mariapre de cette dernière avec Louis-François
Laverny, avocat on la cour ot parlement de Bordeaux, fils de
Jean-Gaspard, seigneur de Crut, conseiller du roi, élu en l'élec-
tion on chef do Saintes, ot de Joanne-Marie-Euphrosine Keefe.
Marie-Elisabeth-Geneviève Landreau de Saint Paul fut la der-
nière descendante des Landreau que concerne ce travail.
Anat. Laverny.
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-n-
LIVRES ET REVUES
Sous la signature Léonce Oelier les Analecta BollandiansL
(tome XXII, fasc. IV) publient un article sur saint Léonce
honoré en Périgord. Parmi les manuscrits interpolés du mar-
tyrologe dIJsuard dont le P. du Sollier a donné les additions
en publiant cet ouvrage, dans le tome VI de juin des Acta Sanc-
torum, il en est un que l'éditeur désigne sous le nom d'Altemp-
sianus. Ce manuscrit a beaucoup d'intérêt pour préciser le culte
de plusieurs saints obscurs et notamment, au 19 novembre, de
saint Léonce, évèque et confesseur. Quel est ce saint ? Les lieux
où son culte est signalé et la date de sa fête suggèrent un rap-
prochement. Il y a eu en Aquitaine un saint Léonce assez célè-
bre, c'est Léonce le jeune, évèque de Bordeaux au Vï* siècle,
et ami dePortunat. Le Ga{(fa, Adrien Baillet,et d'autres auteurs,
placent la fête de ce saint au 1 5 novembre. Aucun texte ancien ne
justifie ce choix : ce qui paraît Tavoir fait adopter, c'est que le 15
on fête saint Malo, dont les rapports avec saint Léonce, évèque
en Aquitaine sontconnus.Mais il faut observer que le saint Léonce
des vies de saint Malo n'est pas celui de Bordeaux, mais un évèque
de Saintes du Vil* siècle. On les a confondus. Baronius notam-
ment indique les actes de saint Malo comme source de la vie
de saint Léonce de Bordeaux. Comprenant peut-être mal ce
passage, du Saussay a mis saint Léonce au 15 novembre.
« Mais si la date du 15 a été prise ainsi par erreur, faut-il croire
qu'elle soit entièrement dépourvue de fondement ? On peut sup-
poser que le 15 a été substitué au 19, chiffre voisin, sous l'in-
fluence de l'idée fausse que nous venons de rappeler, ou de la
confusion commise par du Saussay, mais que le mois de novem-
bre était bien fourni par les anciennes liturgies. En admettant
cette hypothèse, saint Léonce, honoré en Périgord, serait le
même que saint Léonce II de Bordeaux. » Les historiens locaux
ont adopté sur la même question des solutions plus compliquées.
Tous appellent le saint indifféremment Léon ou Léonce, peut-
être en souvenir de la forme populaire Léons. Ces divers écri-
vains ont tous subi l'influence de récits légendaires.
La légende de saint Léonce est représentée par les bréviaires
du diocèse. Le plus ancien, celui de 1781, raconte que l'on
trouva à Périgueux, dans le sol de l'antique Saint- Pierre-aux
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— 75 —
liens, qui datait du VI* siècle, plusieurs corps de saints. L'un
d'eux, revêtu d'ornements pontificaux, portait un anneau sur le
quel, ad instar sigilli, se lisait l'inscription LEO PAPA. Oe corps
fut transporté dans la cathédrale Saint-Etienne. En 1577, les
huguenots dispersèrent les reliques. Les écrivains du XVIP siècle
identifièrent le saint, dont on croyait avoir eu les reliques,d'abord
avec saint Léon pape, conjecture qui fut vite abandonnée, puis
avec saint Léonce. Cette dernière hypothèse ne vaut rien. On
ne peut admettre que Léonce de Bordeaux ait eu son tombeau
à Périgueux, depuis une époque reculée du moyen âge jusqu'au
XVP siècle, puisqu'une légende, insérée dans les bréviaires
manuscrits du diocèse de Saintes au XV* siècle, nous révèle
qu'au temps où elle a été écrite, le corps de saint Léonce repo-
sait encore dans sa ville épiscopale. Cette légende est mise au
19 mars,jour où fut fôté plus tard saint Léonce, évéque de Saintes.
Nous avons vu qu'on le confondait avec celui de Bordeaux, la
fête ne peut donc pad être attribuée avec certitude à ce dernier,
mais la légende s'y rapporte évidemment. Léo Papa n'est pas
le même que saint Léonce de Bordeaux, et il y a des chances
pour qu'il ne soit pas non plus le même que saint Léonce du 19
novembre. Il est vraisemblable que c'est une invention des
clercs de l'église de Périgueux au XVP siècle.
Conclusion : un saint Léonce a été certainement honoré en
Périgord au moyen âge le 19 novembre, et ce saint Léonce est
peut-être saint Léonce le jeune, évêque de Bordeaux.
UAunis, — M. Camena d'Almeida, professeur à la Faculté
des lettres de rUnivcrsité de Bordeaux, a publié dans le Bulletin
de Géographie historique et descriptive (1903, n® 2) une courte
note intitulée : VAunis, essai de géographie historique et régio-
nale, dans laquelle il montre que peu de régions de la France
sont mieux individualisées que l'Aunis, par ses caractères pro-
pres et ses limites naturelles ; l'auteur dégage avec beaucoup de
netteté les principaux éléments de la physionomie de ce petit pays
qui, d'une superficie de 1.400 kilomètres carrés environ, fut ja-
dis le plus petit des gouvernements de l'ancienne France et qui,
rattaché à la Saintongc, ou séparé d'elle, garda son individua-
lité, son nom et, jusqu'à un certain point, sa vie particulière.
G. R.
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- 76 —
Bulletin et Mémoires de la Société archéologique d*Ille-ei-
Vilaine, tome XXXII. François de Villemontée, évêque de Saint-
Malo, sa (emme et ses en{ants, d'après des documents inédits
avec deux portraits. Mémoire par M. F. Saulnier.
Villemontée a été intendant de la justice, police, marine et
finances des provinces de Poitou, Saintonge, Aunis, et Angou-
mois pendant douze ans (1631-1643).
Le Recueil de la Commission des arts et Monuments histo-
riques de la Charente-Inférieure ^ octobre 1903, contient une note
de M. Lasne sur la mosaïque romaine découverte à Paterre, avec
un dessin reconstituant cette mosaïque. La devise de Galiot
de Genouillac l AIME FORTVNE par M. Ch. Dangibeaud.
Une note sur L'ancien château féodal de Thérac, par M. L. Goy.
Un rapport de M. Tabbé Tcnaud sur ses dernières découvertes
dans l'église de Landes : Les peintures murales de F église de
Landes. Le monument de Fromentin (articles de journaux). An-
dré Lemoyne (d'après la Petite Gironde du 17 juillet 1903).
Revue des études anciennes, octobre-décembre 1903. M. Dan-
gibeaud décrit trois marques et deux moitiés de masques de
Dieux gaulois ou gallo-romains, appartenant au musée, de
Saihtes.
La Revue scienli{ique, du 31 octobre 1903, analyse un mémoire
de M. W.-F. Ganong, paru dans la Botanical Gazette du 15 sep-
tembre, sur les marais de la baie de Fundy, dans les provinces
du Nouveau-Brunswick et de la « Nouvelle-Ecosse, au Canada.
Il y est dit que l'œuvre de « fabrication » d'un sol fertile a eu,
dans ce pays, pour initiateurs des français acadiens, des sainton-
geais, qui ont, les premiers, su utiliser la mer pour la confection
et la réfection du sol arable, en 1670.
M. Marcel Baudouin explique, au sujet du mémoire die M. Ga-
nong, dans la Revue scientifique, du 14 no^vembre 1903, que,
dans la Vendée maritime, les marais se sont formés exacte-
ment do la même façon que ceux du Nouveau-Hrunswick et de la
Nouvelle-Ecosse. Il rappelle les mémoires qu'il a publiés sur
la question des marais vendéens.
G. R.
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-77-
Unb famillb de la Ohalosse (1723-1852)
par M. André de Laborder-Lassale.
Voici un ouvrage dont le titre n*a rien de saintongeais et qui
n'est destiné qu'à un cercle restreint de parents et d'amis ; nous
en rendons compte ici cependant, parce que plusieurs Laborde
Lassale, ont habité la Saintonge. La filiation suivie de la fa-
mille remonte bien au delà de 1723, mais l'auteur n'a voulu com-
mencer sa monographie qu'au moment où. les documents de
toute sorte, les lettres intimes surtout, abondent dans ses ar-
chives et permettent, comme il le dit « de pénétrer le mystère du
caractère, de la tournure d'esprit, de l'intelligence, de la vo-
lonté, en un mot des qualités qui constituent la personnalité hu-
maine ». Ecrit avec une grande élévation de sentiments, une élé-
gante simplicité de style, laissant surtout la parole aux person-
nages, qui se peignent eux-mêmes dans l'intimité de leurs lettres,
cet ouvrage de quatre cents pages n'a pas de longueurs, et tout y
est intéressant, mémo pour les parents les plus éloignés.
Le premier de la famille qui ait habité dans notre région, est
Joseph de Laborde Lassale, lieutenant des vaisseaux du roi,
arrière-grand-père de l'auteur. Né en 1727, il fait de nombreu-
ses campagnes sur mer et épouse, en 1769, Rose-Hippolite d'A-
badie de Saint-Germain, a Après son mariage, le lieutenant de
Laborde-Lassale resta huit ans au service et fut attaché au
port de Rochefort. Sa jeune femme ne fit pas dans cette ville
une installation permanente, peut-être môme y vint-elle assez
rarement. Chaque année, son mari venait la retrouver à Saint-
Sever, dans la maison de famille où son père jouissait d'une
verte vieillesse. Ces voyages en Gascogne n'étaient pas impro-
ductifs, les naissances presque annuelles qui en résultaient, le
prouvent. En outre, un oncle du jeune ménage, M. de L&rri-
vaux, frère de M*"* de Saint-Germain, favorisait les rapproche-
ments de son neveu et de sa nièce en leur donnant, chez lui, une
hospitalité pnJongée.
» M. de Larrivaux possédait en Médoc une terre dont il portait
le nom, mais il passait la plus grande partie de Tannée en Sain-
tonge, dans son château de Bellemont, agréablement situé près de
Royan, non loin de la mer. Madame de Larrivaux était une
aimable femme, ayant à un haut degré l'esprit de famille ; l'un
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- 78 -
et Tautre, très attachés à leur nièce, étaient heureux de contribuer
à son bonheur en la rapprochant de son mari.
Cœur d'or, parfait gentilhomme, d'un caractère remuant,
en butte à des procès qui empoisonnèrent sa vie et à des affaires
dont il dénoua difficilement l'écheveau embrouillé, tel nous ap-
paraît M. de Larrivaux dans les lettres qui associent son souvenir
aux débuts de l'existence conjugale de nos arrière-grands-pa-
rents. »
L'auteur rappelle ensuite que M"* de Larrivaux, née Marie-
Victoire Guiton de Maulevrier, d'une ancienne famille de Sain-
longc, fut convoquée aux Etats généraux de 1789, comme veuve
de M. Jacques de Labarre de Vaissière (c'était le nom de M.
de Larrivaux), pour son fief de Bellemont, et fut représentée par
M. de Bouet du Portai. Il ajoute, « du mariage de M. et M™ de
Larrivaux, vint Marie-Rosalie-Victoire de Vaissière, dame de Bel-
lemont, née en 1707, qui épousa en 1788, M. Le Gentil, baron
de Paroy,vicc-amiral, décédé à Saintes en 1833. M"* de Paroy,
issue de cette union, épousa le baron de Magne et mourut le 21
septembre 1852, à Saintes, dans sa maison de la rue des Bal-
lets (1) », après avoir marié sa fille Lydie au comte de Hamel, fils
d'un ancien maire de Bordeaux sous la Restauration.
« M. de Larrivaux avait une sœur mariée au marquis de Cu-
mont, seigneur de Salles, en la châtellenie de Saint-Fort-sur-
Gironde. De leur mariage naquit Marie^Suzanne-Hippolite de
Cumont, mariée en 1780 à Jean-Savinien Marie de la Garrigue,
de la ïoumerie et de Savigny, officier de marine tué à Quibe-
ron. Leur fille, Marie-Antoinette, épousa le 12 août 1816, Edouard
Loquet de Blossac, sous-préfet de Saintes, secrétaire général de
la préfecture de police sous la Restauration. M. de Blossac aima
la littérature, taquina la muse et publia deux volumes de fables
et de poésies.
» Madame de Blossac, femme d'une grande distinction d'esprit
et de manières, mourut à Saintes en 1871. Son mari lui a sur-
vécu jusqu'en 1877, après avoir atteint sans l'ombre d'une in-
firmité et dans la plénitude de sa belle intelligence, l'âge de
quatre-vingt sept ans. Ferme dans ses opinions, comme l'étaient
lesi gentilshommes d'autrtefois, royaliste intransigeant, épris
du drapeau blanc, M. de Blossac prêta un seul serment ; il le
tint jusqu'à la mort. Son écriture illisible faisait le désespoir
(1) G*eit le n« 27 habité aigourd'hui par notre président, M. le baron Oudet.
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- 79 -
de ceux qui recevaient de ses lettres, — et ma famille était du
nombre — souvent les hiéroglyphes griffonnés de sa main res-
taient indéchiffrés. Original, homme du monde et homme d'es-
prit, incapable de dissimuler sa pensée, il disait de bonnes vé-
rités avec le ton bourru d'Alceste, mais d'un Alceste qui faisait
aimer ses boutades. Quand il flétrissait les palinodies des seô
contemporains — et il avait souvent l'occasion de le faire — ses
interlocuteurs comprenaient qu'il était bien de la race irritable
des poètes, genus irr Habile vatum, »
Quarante ans plus lard, nous retrouvons en Saintonge, un
autre Lraborde-Lassale. C'est un fils du précédent. Officier de
marine, comme son père, le chevalier Victor de Laborde-Las-
sale était lieutenant de vaisseau, lorsqu'il arriva au port de Roche-
fort, en 1818.
« Ce port, dit l'auteur, lui rappelait ses débuts dans la carrière.
Malgré ce souvenir, ce fossé de la Charente, où les flottes, au
lieu de se déployer en largeur, s'alignent comme en pro-
cession, ne lui faisaient oublier ni le magnifique port de Toulon,
ni les flots de la Méditerranée, sur lesquels il avait eu l'hon-
neur d'échanger des boulets avec les Anglais aux jours histo-
riques de l'Empire. Le chevalier ne se plut guère dans sa nou-
velle résidence... Cependant, d'agréables relations de famille ne
tardèrent pas à l'acclimater dans la Charente-Inférieure. En
1819, en effet, son cousin, le marquis de Dam,pierre, s'installait
au château de Plassac, mon oncle devint dès lors un des hôtes
des plus habituels de cette belle demeure.
» A Bellemont, dont le toit, du temps de M. de Larrivaux, qua-
rante ans auparavant, fut si hospitalier à son père, il goûta
chez l'amiral de Paroy, le charme d'un intérieur distingué et ai-
mable. Son séjour à Rochefort, en outre, pravoqua une de ces
rencontres fortuites qui décident des événements de la vie.
C'est à Saintes, en effet, qu'il fit la rencontre, en 1821, de ma-
demoiselle Angélique Muller, fille de Jacques Léonard, baron
Muller, lieutenant-général des armées du roi, inspecteur général
d'infanterie en retraite (1), chevalier de Saint-Louis, cammiandeur
de la légion d'honneur, et de Marie-Anne Bemardeau de La
Briandière. Le général Muller, d'origine suisse, possédait à
Saintes, rue des Notre-Dame, une des plus belles maisons de la
(1) Cf. sur le général MuUer, Rwne, t. XIX, p. 161, on le fait naître à
ThionTiUe, et t. XX, p. 226.
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- 80 —
ville, qu'il habitait avec ses deux filles, l'une madame de Sainte-
Gemme, mariée à un ancien auditeur au conseil d'Etat, sous-pré-
fet de Jonzac sous le premier empire, et l'autre destinée par le
sort à mon oncle ».
M. et M™ de Laborde-Lassale eurent deux enfants : Hippolyte,
mort jeune en 1838, et Eugène, qui a habité Saintes, « royaliste
convaincu et catholique fervent ; il confondait dans un môme culte
le chef de la race de saint Louis et le successeur de saint Pierre...
Il avait épousé en 1853, M"* Henriette de Boscal de Réals de
Momac, fille du comte de Momac, député légitimiste de la Ven-
dée, sous le gouvernement de Juillet. Cette excellente femme
avait le besoin de se dévouer. Elle est morte en 1899, dans sa
maison de Saintes qu'elle a léguée à son frère, le général vicomte
de Momac >>.
. Terminons par deux dernières citations :
« En 1846, ce vieux toit fut témoin d'un événement banal en lui-
même, mais auquel, il m'est permis d'attribuer une certaine im-
portance à un point de vue personnel. Dans la nuit du 21 no-
vembre, je vins au monde, ma naissance fut agréable à mes pa-
rents. Un garçon après trois filles I quel heureux changement I
TeUe fut, du moins la pensée de ceux qui me déposèrent dans
mon berceau avec toute les illusions de leur tendresse ». L'au-
teur arrête ses souvenirs à l'année 1852, daie de la mort de son
père. « Volontiers, ditril, je les aurais menés plus loin, afin de
rendre un filial hommage à la mémoire d'ime mère, dont nous «
ne saurions trop louer les hautes vertus, la ferme piété, la sol- U
licilude éclairée, mais je n'aurais dû dire ce que fut cette vie si h
pteine d'œuvres et si pure sans y mêler la mienne ». S'il avait ^
poussé plus loin, il nous aurait dit que le mariage de sa sœur ^
M^** Elisabeth de Laborde-Lassale avec le vicomte Guillaume de -g
Saint-Légier de la Sauzaye, capitaine de cavalerie, a rapproché J
une fois de plus, sa famille de la Saintonge ; il nous aurait dit
aussi qu'il a administré lui-même une partie du département ^
de la Charente-Inférieure, puisqu'il fut sous-préfet à Jonzac
sous le gouvernement du maréchal de Mac-Mahon.
J. d'OLCE.
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REVUE
DE SAINTONGE & D'AUNIS
BULLETIN DE LA SOaÉTÉ DES ARCHIVES
SOMMAIRE DU !•' MARS 1904
Avis BT NomrBLLBs : Convocation ; Admissions ; Distinctions honorifiques ;
Comptes rendus des journaux ; Inaufuration ; Dons au musée de Saintes ;
Centenaire du lycée Gondorcet ; Trouvailles ; Congrès d'Arras, d'Athènes ;
Concours dramatique ; Sceaux.
AcTBs D*éTAT CIVIL. — I. Décés : Mo>« V. Biilaud ; A. de Laàge de Meuz ;
Dr C. Baril ; G. de Jarnac; Lauze ; F. Bayle; abbé Barbotin ; Delany ; Thi-
bandeau ; Berthus de Langlade.
II. MàrUgts : Qouzot-Régnier ; Oudet-Richalley.
VARiBTés : Difficulté entre la Garde nationale de Saint-Jean d'Ang^éljr,
sous la Révolution, et les Amis de la Constitution; Papiers de la famille
Baudouin de Laudeberderie ; Saintes ancienne, les rues.
QuBSTiON : Tier de Bart Brusley.
LivRss BT Rbvubs : Procès après décès ; Abbés de Tile de Ré ; Le serpent
Rô; Faïencerie de Samadet; Anciennes maisons des environs de Cognac.
Le Bureau prie INSTAMMENT les membres de la Société,
d'assister à l'Assemblée générale qui se tiendra le dimanche
6 mars, à une henre de l'aprés-midi, dans la salle des séances,
Cours National, 99, au second.
Admission de nouveaux membres
M. Bernard, pharmacien à Saintes, présenté par M. le Docteur
Guillaud.
M. Cartier fils, étudiant, à Saint-Jean d'Angély, présenté par
M. Saudau.
M. Chailloleau, conseiller municipal à Saintes, présenté par
M. le D' Guillaud.
M. Naud, architecte, à Saintes, présenté par M. Dangibeaud.
lUni«. ToMi XZnr. >• Umltoa. - Mars 1904. •
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— 82 —
La Revue historique de janvier 1904 analyse sommairement
les numéros de la Revue de juillet à novembre 1903, en signalant
Y Enseignement primaire à Roche(ort, YInscripiion de Toulon^
la Bataille de Jarnac^ les Cahiers des doléances, la Mosaïque de
Lescar et le Serment (édératil.
Les Tablettes des deux Charentes, du 12 janvier 1903, signalent
dans le numéro de janvier « le curieux article sur ce point d'his-
toire : Pourquoi le comte d'Artois n*a pas rejoint Charette »,
après Quiberon.
Dans les Notes d'art et d'archéologie, de décembre 1903, M. A.
Girodie analyse le numéro de novembre de la Revue « cette tou-
jours excellente publication )>.
Bulletin religieux, du 15 janvier, signale Saintes ancienne, les
Sépultures médiévales et l'article sur le comte d'Artois.
VEspérance du Peuple, de Nantes, n** du 28 janvier, contient
un long article de M. S. Senot de La Londe sur la question de
savoir pourquoi le comte d'Arto|is n'a pas abordé à l'île d'Yeu,
et quels puissants motifs l'ont empêché de rejoindjre Charette.
L'article de notre confrère, M. le chanoine Lemonnier, y est ana-
lysé en entier.
Le XXXIII* volume des Archives, contenant le second tome
du cartulaire est en distribution.
La Tradition de janvier et février 1904 rend compte, avec
éloges, des inventaires des Archives départementales, rédigées
par M. de Richemond.
Nos confrères, M. Ch. d'Olce, capitaine au 6* de ligne, est
nommé chevalier de la Légion d'honneur ;
M. de Cugnac est nommé chef de bataillon au 113* de ligne à
Blois ;
M. Edouard Audiat, médecin de la marine, est nommé chevalier
de la Légion d'honneur.
Notre confrère, M. Meschinet de Richement, archiviste dépar-
temental à La Rochelle, est nommé chevalier du Mérite agri-
cole : membre depuis 1858 du bureau de la Société des sciences
naturelles de la Charente-Inférieure ; nombreuses récompenses ;
41 ans de services.
M. Jules Pandin die Lussaudière a soutenu, avec succès, sa
thèse d'archiviste paléographe*
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— 83 —
M. Geay-Besse est nommé bibliothécaire de la bibliothèque de
la ville de Saintes, en remplacement de M. L. Audiat, décédé.
M. Vaiin, attaché au cabinet du préfet de la Cliarcnte-Infé-
rieure, est nommé archiviste-adjoint du môme département, en
remplacement de M. Thibaudeau, décédé.
Un comité s*est formé à Bordeaux pour ériger un monument
au peintre Âuguin,
La ville de Saint-Jean d'Angély a inauguré, le 27 décembre
1903, une salle de spectacle installée dans Tancienne halle aux
draps, sur la place de rHôlel-de-ville. Les journaux locaux ont
rendu compte de cette fête.
Le 0 janvier 1904, pendant la seconde journée, M*"' Renée Ray-
mond, des Variétés, et M. Clavaret, de la Porte Saint-Martin,
ont lu, aux applaudissements du public, un poème de circons-
tance, qui a pour auteur notre confrère, M. Amédée Mesnard^
avoué à Saint-Jean d'Angély et adjoint au maire.
Le thème de la pièce est le suivant :
Un spectateur en voyant la transformation subie par l'ancienne
halle, se demande s'il ne rêve pas. Une voix le rassure et lui
dit que ce qu'il voit et entend est bien la réalité. Intervention de
la Muse planant sur les sommets du Parnasse et qui indique
comment elle a appris qu'on venait de lui construire un temple
à Angéri, à quels signes elle a reconnu la vieille cité Angérienne,
La Poésie constate qu'elle n'a point été trompée : un Barde re-
mercie alors la ville de son œuvre et fait appel à l'union et h
la concorde de tous sur le terrain des lettres et djes arts.
Quand vous verrez deux tours à tos yeux apparaître
— Deux tours ayant bon air et montant gravement
Dans le ciel azuré — superbe monument
Dont la cime aliière à travers le feuillage
(1) Par un arrêté de Bonaparte, l*'' Consul, agissant au nom du Gouverne-
ment de la République sur le rapport du ministre des finances, le 10 ther-
midor an XI, le Préfet de la Charente-Inférieure fut autorisé à abandonner à
la commune de Saint-Jean d*Ang<^Iy, les matériaux provenant de la démoli-
tion des murs, à hauteur d*appui, de l'ancien cloître des Bénédictins : c'est
en considération de cet abandon «pie la commune avait construit la halle ainsi
transformée.
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-•84-
Se dessine, à ravir, quand Tenant de voyage
On passe tout là bas, dans le train qui s'en va !
Quand vous verrez encor, semblable à la Neva,
Par ses flots transparents comme elle, la Boutonne
Aux bords si séduisants et dont le lit étonne
Le pêcheur dont le fil taquine le poisson ;
Ou bien, un peu plus loin, la Fontaine Gazon,
Chère à nos amoureux qui s'en vont le dimanche,
Une main dans la main tous deux cherchant la branche
En même temps qu*un fruit leur offrant un abri ;
Quand, devant vous, de plus, Télégant Pilori,
Enfant de Brizambourg au remarquable style,
Se dressera tout près d'un bel hôtel de ville
Muse, alors descendez de la sphère céleste,
C'est le terme 6zé ! Par Apollon, j'atteste
Que c'est bien ANGERI ! n'allez pas au delà I
Son peuple vous attend pour vous fêter 1 c'est là I
Tandis que les agriculteurs et les gens qui aiment à flâner à
pied sec maudissent « Tabominable temps », les pluies conti-
nuelles que l'hiver nous apporte depuis trois mois, les archéolo-
gues déclarent qu'à quelque chose malheur est bon. Les pluies
ont jeté par terre plusieurs pans de murs..., ils proclament que
c'est parfait, puisque ces petits désastres leur permettent cle
faire des découvertes.
Le mur de soutènement du jardin de la caserne de Bremond
d'Ars, rue du Séminaire, s'est effondré sur une longueur de dix
mètres. On a ramassé parmi les pierres, trois chapiteaux diu XIII*
siècle qui proviennent probablement de l'ancien Saint-Vi-
vien, et on a reconnu un mur romain. Dans un jardin, voisin
du château d'eau, un éboulenient de muraille a permis de voir
que le mur de clôture a été entièrement construit avec des pierres
tombales du XVII* siècle, des coloimes, des sculptures romanes
qui ont appartenu sans doute à l'église Saint-Macou.
M. Lavoiix, professeur au collège, a donné au musée le chapi-
loau présumé provenir de Saint-Macou.
M. le D' Gargam a donné au musée la fenêtre du XV* siècle qui
se trouvait dans la façade d'tme maison, rue de rEvéché,
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Un paysan, près de Loulay, a trouvé un ducat d*or au nom de
Pierre Lando, doge de Venise (1539).
Un cultivateur tic Saint-Grégoire d'Ardernc a trouvé une lame,
longue de 0 m 40, damasquinée, dessins bien conservés, repré-
sentant une tête couronnée, un cavalier cuirassé, deux autres
têtes, Tune sur l'autre, et portant, sur un côté, l'inscription FAVT
QVE, et sur l'autre JE PORTE VN La poignée n'existe plus :
elle a été remplacée par... un manche d'outil.
En même temps que celte lame, le même cultivateur a recueilli
diverses monnaies de la fin dm XVIIP siècle.
L'église d'Ars en Ré vient d'être classée comme monument
historique, par décision du 19 décembre 1903.
La Bibliothèque nationale a acquis une série de treize volumes
originaux et en partie autographes des œuvres de Brantôme.
Ces manuscrits n'ont encore été utilisés par aucun des éditeurs
du célèbre écrivain.
Le centenaire du lycée Condorcet a provoqué le réveil de bien
des souvenirs. En voici un qui ne manque pas d'intérêt à notre
point de vue local, donné dans le Gauhis du 22 janvier 1901.
« C'est un simple bout de carton jauni dont une reproduction
en photogravure doit être insérée dans le livre (for ».
NO eo. — LYCEE BONAPARTE
Elève externe
Du 1^ Pluviôse au V^ Germinal
Classe de MM. Daguerle et Dumonchal
M. Joly d'Aussi/, élève
Second trimestre de l'an 13
Binei Targe Lakanal
Proviseur Censeur Procureur
L'élève Joly d'Aussy est Hyppolyte Joly d'Aussy^ né à Pe-
louaille, près Saint- Jean d'Angély, le 6 janvier 1790, auditeur
au conseil d'Etat et sous-préfet de La Rochelle sous Napoléon T"',
père de notre regretté confrère Denys d'Aussy.
Cf. Revue, tome XV, p. 241.
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-«6 —
L'académie des lettres, sciences et arts d*Arras a résolu de pro-
voquer la réunion d*un congrès des Sociétés savantes du Nord
de la France et de la Belgique, pendant rexposition régionale
qui doit avoir lieu dans celte ville en 1904. Ce congrès se tiendra
du jeudi 7 au dimanche 10 juillet.
Il sera perçu une cotisation do cinq francs qui donnera droit
à un exemplaire du compte rendu. On est prié d'adresser les
adhésions, les demandes de renseignements, à M. Villary, chan-
celier de l'académie, rue des Capucins, 9, à Arras.
Le Gaulois du dimanche 2-) janvier 1904. L(^ numéro est en-
tièrement consacré au Pays de Cognac, illuslrc de nombreuses
épreuves photographiques de la région viticole.
M. le commandant Pelletier, à Saint-Jean d'Angély, signale
trois matrices de sceaux appartenant l\ M™* Lafago.
1° Sceau en forme d'écu, chargé d'un érn p^rondi en bas à
quatre cotices ou bandes componéos, entouré de la légende :
GENTILIS DE PODIO. (E onciale), XIIP siècle?
2^ Petit sceau rond, un écu pointu et la légende 4- S'EMERI
DE COPIAC. Sur l'écu, une croix ancrée et une cotice en bande
brochant sur le tout.
3" Sceau rond (0. 03 cent) : au milieu un écu pointu parti à
gauche de à 3 bandes de sable, à diroite de deux lézards,
et un lambel en chef : légende en deux lignes + S' DE LA MA-
RESCHAVCHE D FRANCI CLERMO DE DEN.
Un congrès international archéologique, sous le patronage
du gouvernement hellénique, so réunira à Athènes en 1905. Le
comité organisateur diMimnde la participation des Sociétés Sa-
vantes françaises.
Pour tous renseignements, s'adresser à Athènes, 20, rue de
l'Université.
Théâtre populaire poitevin de La Motue-Saint-IIéray (Deux-
Sèvres). — ' Concours dramatique.
1. Un concours d'oeuvres dramatiques est ouvert par le comité
du ThéAtre populaire poitevin.
2. Ce concours ayant surtout pour but d'offrir aux jeunes au-
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— 87 —
leurs un moyen de se faire connaître du public, n'y pourront
prendre part que des écrivains français n'ayant jamais eu de
pièces jouées sur un théâtre régulier.
3. Les pièces présentées devront avoir un caractère absolu-
ment moral dans leur forme et dans leurs tendances.
4. Elles pourront être en prose ou en vers ; elles pourront com-
porter un ou plusieurs actes, à la condition, toutefois, que la
durée totale de la représentation ne dépasse pas une heure
environ.
5. Elles devront comprendre, au maximum, dix personnages,
sans compter la figuration.
6. Elles pourront être, au gré des auteurs, accompagnées
d'une partition musicale.
Mais la musique qui les accompagnera devra être exclusive-
ment vocale, d'une exécution facile, et, si la partition renferme
des chœurs, ceux-ci devront être écrits à quatre parties au maxi-
mum.
L'auteur du livret devra s'entendre lui-même avec un musicien
et la pièce devra être présentée au concours accompagnée de sa
partition.
7. Les sujets devront être choisis de telle sorte que l'action se
passe en plein air.
On devra se conformer, pour la mise en scène, aux nécessités
de la scène du Parc, qui ne comporte ni rideau, ni changement
de décors. — Au surplus, et pour faciliter la tâche des auteurs,
un plan de la scène leur sera envoyé, et le directeur, M. le Doc-
teur Corneille, fournira à ce sujet toutes les indio«ttions utiles à
ceux qui lui en feront la demande.
8. Aucun manuscrit ne sera rendu.
9. Le jury sera désigné ultérieurement. En tout cas, il sera
composé de façon à donner aux concurrents toute sécurité, au
point de vue de la compétence et de l'indépendance, et le comité
s'engage à s'en remettre entièrement à sa décision.
10. La pièce primée sera jouée au moins une fois sur la scène
du Parc, à La Mothc-Saint-Héray, dans le cours du mois de
septembre 1904, à la date habituelle des représentations annuelles
du Théâtre populaire poitevin.
11. L'auteur pourra diriger lui-même les répétitions de sa
pièce, sans toutefois pouvoir exiger d'autres interprètes que
ceux mis par le comité à sa disposition.
Il ne pourra non plus réclamer du comité aucune rémunéra-
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lîon en dehors des droits d'auteur prévus par la Société des
auteurs et compositeurs dramatiquo.s et fixr? par celle-ci.
12. Les manuscrits devront être l'avoyrs sous pli recommandé,
avant le l*' njai 1904, à M.CHARTiEn, socnMain) du Théâtre popu-
laire poitevin, à La Mothe-Saint-Héray (IVux-Sèvres). — Il en
sera accusé réception.
13. Les manuscrits ne seront pas signés.
Chaque manuscrit sera porteur (l'une devise et accompagné
d'une enveloppe fermée portant en suscription la devise du ma-
nuscrit et renfermant le nom et l'adresse de l'auteur.
M. Marlineau, président du tribunal civil de La Rochelle, a
fait, le 29 décembre 1903, à La Rochelle, une conférence sur
La Cité antique et VEiat moderne. Voir le compte rendu dans
La Charente-Inlérieure du 30 décembre.
M. Beaufils a parlé, à Marennes, le 12 décembre 1903, sur
YEducation à travers les siècles.
Le 10 février. M. de Richemond a fait une conférence sur les
Marins Rochelais que l'Association Philomatique lui a deman-
dée (Voir La Charente-Inlérieure du 13 février).
Erratum. — Page 80 de notre dernier numéro, ù la fin de
l'article consacré à la monographie : Une (amille de la Cha-
losse^ au lieu de « le vicomte de Saint-Légier de la Sauzaye »,
il faut lire « le comte de Saint- Légier de la Sauzaye. »
NOTES D'ETAT CIVÎL
I. — Décès
Est décédée, à Royan, le 8 décembre 1903, M»« Victor Billaud,
née Noémi Lemarié, âgée de 47 ans.
Le 23 décembre 1903, est décédé, à Libourne, M. Alexis de
Laage de Méux, né à Mongaugé, commune de Chérac, le 28
décembre 1843, fils de M. Albin-Francois-de-Sales do Laage et
de M"* Alix Despretz de Montpezat, époux en premières noces
(1869) de M"« Marie Paulme de Saluées, dont un fils, M. Louis
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de Laage, notre confrère, et en secondies noces (1892), de M"*
Adèle de Larminat, diont une fille, Marie-Madeleine de Laage.
M. Alexis de Laage, à la tête d'une importante maison de
commerce usa sa santé dans de longs et fréquents voyages.
Homme du devoir, d'une parfaite distinction, et d'un esprit
très cultivé, il savait allier une grande piété à une grande ama-
bilité et une gaîté toujours égale.
Le 2 janvier 1904, est décédé subitement, à Rochefort, le doc-
teur Clément Baril, médecin principal de la marine en retraite,
chevalier de la Légion d'honneur.
Né le 23 juin 1851, à Tonnay-Boutonne, fils de Pierre
Baril et de Désirée Mammés-Rataud, il fait ses premières
études médicales à l'Ecole de Rochefort ; nommé aide-médecin
en novembre 1874, il embarque, en cette qualité, sur V Alexandre^
l'école de canonnage, à Toulon. Promu médecin de 2* classe au
concours, il va servir au Sénégal, où il se dislingue pendant la
terrible épidémie de fièvre jaune qui ravagea notre colonie, en
1878, et fit de si nombreuses victimes parmi les officiers du corps
de santé, et prend part au sanglant combat de Sahouciré. A son
retour en France, il passe rapidement ses examens de doctorat,
qu'il fallait alors préparer — les nouvelles générations de méde-
cins de la marine ignorent avec quelles difficultés — soit à bord
du bâtiment, soit dans le poste colonial, qui vous étaient échus
par le sort, et se hâter de subir pendant le court séjour qu'on
faisait à terre entre deux campagnes ; puis, muni die ce titre, si
pénible à acquérir, il est nommé, après concours, médecin de
!*• classe et envoyé en service à la Martinique. Appelé à nouveau
à partir, il est désigné, en 1886, pour la Cochînchine, où la
croix de la Légion d'honneur vint récompenser ses brillants
services. En 1897, fatigué par ses longs séjours dans les pays
chaud, et médecin principal depuis quelque temps, il se décide
à abandonner une carrière encore pleine d'avenir et prend sa
retraite,, mais ce n'est point pour se reposer, et il organise un
cabinet d'éleclrothérapie, dont la réputation ne tarde pas à se
faire dans toute la région, et dont le fonctionnement lui laisse
peu de loisirs.
C'est au milieu de ses occupations professionnelles qu'il a été
enlevé subitement, en pleine maturité, à 52 ans, alors qu'il
paraissait, depuis quelques années, à peu près complètement
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— 90 —
remis des maladies contractées aux colonies, et que la vie sem-
blait ne plus lui réserver que des satisfactions de tout ordre.
Excellent camarade, ami sûr et dévoué, praticien éclairé» il
avait, partout et toujours, su s'attirer Testime, Tamitié et la recon-
naissance de tous ceux qui l'avaient co^nnu, chefs, collègues,
subordonnés ou malades ; aussi, sa mémoire rcstera-t-elle celle
d'un homme de bien.
Il avait épousé M"' Cerclé, d'une famille rochefortaise, et
sœur d'un médecin de la marine, mort prématurément, et belle-
sœur aussi d'un médecin de la marine. Des trois enfants issus
de ce mariage, l'aîné, continuant les traditions familiales et
digne imitateur des vertus laborieuses du père, vient d'entrer
dans un rang brillant à l'Ecole du service de santé de la marine
de Bordeaux.
A.
Le 7 janvier 1904, est décédé à Cognac, M. Guy de Jarnac de
Gardépée, âgé de 24 ans, fils de M. Maurice de Jarnac de Gardé-
pée et de Madame, née Antoinette Huvel.
Le 8 janvier 1904, est mort subitement M. Lauze, professeur
au collège de Saintes, conseiller municipal, âiié de 56 ans.
Le 11 janvier 1904, est décédé, à Rochcfort, Frédéric Bayle,
peintre paysagiste, âgé de 42 ans.
Le 17 janvier 1904, est décédé, à La Tromblade, M. l'abbé
Louis-Augustin Barbotin, chanoine honoraire, ancien curé-
doyen de La Tremblade, âgé de 83 ans.
Nommé, en 1867, à La Tromblade, il resta trente-sept ans en
cette même cure, et, pendant vingt-cinq ans, au milieu d'une
population demi-catholique, demi-protestanîe, il travailla à
doter ce chef-lieu de canton d'une belle église, qui a été terminée
en 1893.
Il a été, en signe de reconnaissance, l'objet, de son vivant,
d'un rare honneur. Le conseil municipal, dans sa séance du
24 novembre 1894, vota, à l'unanimité, que la place située
(Imant Téghsc s'appellerait : [)lace Abbé-Barbolin.
Une souscription est ouverte pour l'érection, sur cette place,
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— 91 —
du buste de cet homme de bien universellement aimé et regretté
dans sa paroisse.
Le 19 janvier 1904, M. Pierre-Frédéric Delany est mort à
Rousselet, commune de Nieul. Il était né le 5 avril 1831, de Pierre
Delany et de Marguerite Delany. Avec lui s'éteint la famille.
Pierre Delany, né à Nieul le 27 messidor an II, décédé à Rous-
selet le 22 septembre 1870, a\ait pour père Gabriel Delany, et
pour mère Marguerite Bertaud ; il épousa sa cousine, Margue-
rite Delany, née Tan IV de la République, décédée le 22 octobre
1871, fille de Pierre Delany, de La Gaillarde, et de Jeanne Bo-
din. Ils eurent trois fils : P Gabriel-Edmondi, décédé le 25 jan-
vier 1897, âgé de 66 ans ; 2° Pierre-Frédéric ; 3** Jacques-Adol-
phe, né en 1833, noyé accidentellement dans la Charente, à
Saintes, le 3 juin 1847.
Gabriel et Pierre Delany de La Gaillarde étaient fils de Pierre
Delany, ( fils de Jean Pierre et de Anne Bodin) et de Marguerite
Langlais du Puits-Neuf, mariés en janvier 1766, dont quatre en-
fants. Pierre Delany, leur fils, demeurant à Gatérat, épousa
Jeanne Bodin, fille de Jacques et die Jeanne Georget, de chez
Mégros, en Corme-Royal, le 7 frimaire an 6 (27 novembre 1797).
Jean-Pierre et Anne, alias Marianne Bodin eurent trois fils et
ane fille : V Jean-Pierre ; 2^ Pierre ; 3** Jean, demeurant au
Puits-Neuf ; 4** Euslelle, femme de Jean Râteau.
D'après une note manuscrite un peu confuse du XVIIP siècle,
la famille Delany serait originaire du Périgord. Elle serait venue
en Aunis en la personne de David, sieur de La Grave, capitaine
dans un régiment de cavalerie, mari de Olympe Abati, fils
de Jacques, sieur du Plaud, et de Marie de Rosignac.
Il eut pour fils Jacques Delany, né à La Rochelle, le 22 septem-
bre 1728, marié à Louise Dechambre. Il est possible que Jacques
Delany soit le même que Jacques, écuyer, sieur de Thions, avo-
cat au présidial de La Rochelle, marié à Marguerite Nollet,
dont une fille, Marie, baptisée le 14 mars 1656.
Quoi qu'il en soit, Jean Delany, né à Saintes, le 29 juillet
1682, fils de Jacques et de Louise Dechambre, habite Saintes,
rue Saint-Michel, au milieu du XVIIP siècle. Il est probablement
îa souche des Delany de Gaterat.
On trouve encore Joseph Delany, receveur des aides à Ton-
nay-Charente, en 1755, décédé le 25 août 1771, âgé de 68 ans,
sans postérité, laissant pour héritiers, Jean Pierre Delany, Ur~
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-92-
baÎR et Eustelle Delany, femme die Gory de Chaux, trésorier, et
Jeanne Eustelle de Lantage, ses neveux et nièces.
Un autre Joseph Delany, marié à Marie Labbé, eut un fils,
Pierre, baptisé à Saint-Eutrope, le 12 juillet 1780.
Cf. Documents et extraits relatifs à ta ville de Saintes, p. 123,
pour d'autres Delany.
Le 6 février 1904, est décédé dans sa soixante-huitième année,
M. Pierre Thibaudeau, époux de N. Verteuil, lieutenant des Doua-
nes en retraite, archiviste-adjoint du département de la Charente-
Inférieure.
Le ministère de la marine lui avait adressé une lettre de fé-
licitations pour un fait de sauvetage, et il était fort apprécié,
tant à l'administration des Douanes qu'à la Préfecture.
Il faisait partie du Cercle militaire et de l'association des an-
ciens officiers des armées de terre et de mer, présidée par le gé-
néral Moreau, qui après le service religieux du pasteur, a re-
tracé la carrière si bien remplie de M. Thibaudeau.
Les obsèques d'un des premiers souscripteui s et fondateuî^s de
notre Société, M. Eugène Berthus de Langlade, Agé de 65 ans,
ont eu lieu, le 11 février, à Muron. Dernier représentant d'une
vieille famille saintongeaise, dont on suit les traces jusqu'au
XVP siècle, il était maire de sa commune et conseiller d'arron-
dissement du canton de Tonnay-Charente. « Les éleveurs de l'ar-
rondissement, disent les Tablettes du 11 février, perdent en lui
un conseiller et un ami dévoué, et la commune de Muron, un
sage administrateur ».
Le Bulletin, tome XVII, p. 57, a donné une généalogie de la
famille. Voir pour les obsèques. Tablettes du 13 février.
II. — Mariages.
Le 27 janvier 1904, a été célébré à Paris, en l'église Saint-Fran-
çois Xavier, le mariage de M. Charles -Maurico-EffVn/îe Clouzot,
archiviste-paléographe, attaché à la Bibliothèque historique de
la ville de Paris, fils de M. Louis Joseph-Lf^on Clouzot, libraire-
éditeur à Niort, et do Madame Stéphanie Geffré, avec M*"* Jane
Joseph-Marie-Nathalie Régnier, fille de M. Pau /-Joseph-Marie
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— 83 —
Régpûer, colonel dVtiUerie, décédé, et de M"^ Mélaaie LùuUe
La bénédiction nv^ptiale a été donnée par M. Tabbé Paul Ré~
gnier, cousin de la mariée, qui a prononcé Tallocution d*usage.
Les témoins étaient : pour la mariée, MM. Paul Henry, colo-
nel d'artillerie, et Maurice Duval, son cousin ; pour le marié,
MM. Henri Clouzot, homme de lettres, son frère, et Pierre Pois-
son, sculpteur, son cousin.
Le 10 février, a été béni, en Téglise Saint-Eu^rope, le mariage
de M. Joseph Oudet, inspecteur aux chemins de fer de TEst, fils
de M. le baron Oudet, et de Madame née Lambert, avec M*'^
Jeanne Richalley, fille de feu M. Louis Charles Richalley, lieu-
tenant-colonel au 136* de ligne, ancien commandant au ô* de li-
gne, et de Madame, née de MondoUot. Cf. Bulletin, XII, p. 70.
La messe a été dite par M. Tabbé Chaumet, vicaire général
d'Angoulâme.
Les témoins étaient du côté du marié : MM. Denys d'Aussy,
avocat à Saint-Jean d*Angély, et Georges Régnault, capitaine
de vaisseau en retraite, officier de la Légion d'honneur, ses
cousins : et du côté de la mariée, MM. Travail, commandant au
6* de ligne, et Le Masne de Broons, son cousin.
VARIETES
I
Saint-Jean d'Angély sous la Révolution.
Difficulté entre la Garde nalionMle et les AmU de U Con$iiiution,
Dans le Bulletin de ta Société des Archives (tome XVII, p. 11),
augmenté alors de notes fort intéressantes par M. Louis Au-
diat, son regretté président, nous avons parlé de la protestation
du 12 octobre 1790, faite par le marquis de Beauchamps, député
de la noblesse de la sénéchaussée de Saint-Jean d*Angély à l'As-
semblée Nationale contre le diécret qui supprimait la noblesse
héréditaire en France, et défendait de prendre les titres attachés,
depuis le commencement de la monarchie, aux propriétés et aux
personnes.
Nous disions en quels termes vigoureux le major de la garde
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— 94 —
nationale, M. Gruel-Villeneuve, avait lui-même protesté contre
cette protestation qu*il avait qualifiée de production infernale,
demandant qu'on dénonçât tant à l'assemblée nationale qu'au
Cercle patriotique des jacobins de Paris, la Société des
amis de la Constitution de Saint-Jean d*Angély qui n'avait
pas expulsé de son sein des individus qui, depuis deux mois,
s'insurgeaient contre le décret de l'assemblée nationale ; il con-
cluait en refusant aux membres de celle société le droit de faire
partie de la garde nationale jusqu'à ce que, regrettant leur er-
reur, ils eussent prôté le serment civique.
Un arrêté lut pris dans ce sens.
Des recherches postérieures dans les archives municipales,
nous permettent aujourd'hui d'ajouter quelques renseignements
complémentaires à ce sujet.
Le comité de correspondance répotidit le 26 décembre 1790 à
l'arrêté du ô du même mois.
Cette réponse commençait par ces mots : <( Vivre libres ou
» mourir. Messieurs, nous vous remercions de votre zèle à sur-
» veiller les ennemis de la Révolution : nous allons communiquer
» au comité des recherches la protestation de la cy-devant no-
» blesse de votre vilk et votre arrêté, et nous userons de tous les
» moyens possibles pour que l'assemblée prenne les mesures
» pour le mamtien de ses décrets. Nous écrivons immédiatement
» à la Société des amis de la Constitution pour exclure de
» son sein les protestants contre les décrets de l'assemblée...
» Recevez... » Parmi les signatures, nous relevons les noms de
Barnave, Villars, président ; G. Bonnecarre...
La garde nationale accusa réception de celle lettre ajoutant :
« qu'il n'était pas de contrée où les ennemis de la Révolution se
multipliaient comme dans leur petite ville (Saint-Jean dfAngé-
ly), « peuplée, disaient-ils, d'un grand nombre de cy-devant no-
» blés et de robins dont une partie s*était, dès le principe, coali-
» sée avec les amis de la Constitution,»
Les fondateurs de cette société étaient, en outre, accusés d'être
les auteurs de tous les maux et de tdus les troubles.
Des députés extraordinaires furent envoyés à Paris pour faire
comprendre à l'Assemblée Nationale ce qui précède : une au-
dience favorable était sollicitée pour eux, de façon à ce qu'ils
puissent « démasquer l'auteur de toutes les divisions intestines
» qui agitaient alors Saint-Jean d'Angély, auteur qui, disait-on,
}) n'était autre qu'un propre député à l'assemblée nationale »•
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— 95 —
Parmi les noms des signataires au registre de la garde na-
tionale, n* 3, nous relevons au hasard ceux qui suivent : Gruel-
Villeneuve ; — Moreau ; — Laffond ; — Demauge ; — Debre-
mônddars (sic) ; — Baudry ; — Hiriard ; — Couteau ; — Des-
rogis ; — Mallard ; — Esmein ; — Gaborit ; — Rullaud ; — etc.
Le 30 janvier 1791, une commission fut nommée pour répondre
aux accusations portées contre la gardie nationale et les faire va-
loir à Paris près de l'assemblée nationale ou d)u club des jaco-
bins.
Saint-Jean d'Angély, le 1" décembre 1903.
Amédée Mesnard.
III
Papiers de la famille Baudouin de Laudkberderie
(Suite et fin).
Erràlnm : Notre confrère, M. Prieur, fait remarquer que Denis Prieur, de
Granville, épousa Marguerite Besnard et non Bernard.
Le 4 décembre 1760, P. P. Raboteau écrit de La Rochelle :
« Depuis la semaine dernière, il est arrivé plusieurs paquebots
chargés des troupes qui étoient en Canada et il en arrive tous
les jours. Les vaisseaux anglais qui étoient dans nos rades en
ont enfin pris congé, ce qui donnera un libre cours à la naviga-
tion de votre rivière. Dieu veuille que ce soit pour longtemps,
et que le grand armement qui ce fait en Angleterre ne soit pas
pour nos costes : suivant les dernières gazettes, cette puissante
flotte devoit mettre en mer, vers la fin du mois dernier ; si cella
est, nous ne tarderons pas à scavoir de quel costé ce portera
Torage, la saison nous devroit bien faire espérer que ce n'est
pas à nous à qui les Anglais en veulent, mais on doit tout crain-
dre d*un cnnemy entreprenant. On se met aussy icy sur la dé-
fensive, et nos officiers généraux sont venus reprendre leurs
postes... Nous avons actuellement une assés mauvais spectacle
qui est pourtant assés suivi par nécessité où se trouve bien des
gens de remplir le vuide de la soirée ; il a esté entièrement aban-
donné pendant quelques jours par tous les bourgeois, sur quel-
que ordre un peu trop rigide que le militaire avoit donné pour
que le parterre gardât un proffond silence, mais les choses se
sont raccommodées et deux grenadiers font actuellement toute
la garde du parterre. »
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— 96 —
Prix de denrées en 1766. — Sel nouveau à St-Martin de Ré,
pris sur la bosse, 500 livres le cent. — 12 octobre, 3 barriques
de vin 112 livres 10 sols ; sept cents et demie de fagots, 75 livres.
— 7 août 1767, eau-de-vie à La Rochelle 150 livres les 27 vel-
tes.
Samuel Charrier époux, suivant le livre généalogique d'Anne
Baudouin (qui en 1766 signe Marie, je ne sais pour quelle raison)
écrit de Londres où ils s'étaient réfugiés, à son beau-frère Pierre
Baudouin, le 9 octobre 1764 : « M. Masson, frère de ma tante,
est ici le secrétaire et bibliothécaire de son altesse royale le duc
de Oumberland,. oncle du roy régnant... je commence à ensei-
gner le français ici en attendant mieux... il me sera d'un grand
secours... sa tante Mlle France nous fait beaucoup de politesses.»
— Le 22 février 1765 : « M. Luther est mort (à l'île de Ré ?) les
deux aînés et le père morts, miss Sophia et Thomas Luther res-
tent seuls. » — Le 23 décembre 1766, Marie (Anne ?) Baudouin,
sa femme, écrit de Londres qu'ils sont brouillés avec leur cou-
sine Chevalier « sans luy avoir donné d'autre sujet que de ne
vouloir pas joué au carte et d'alé à des église qui le défande
expressément ainsi que tout autre plaisir mondins comme bal,
comédie, opéra... les églises fransezes qui sont icy sont tombées
dans un relâchement inexplicable... plusieurs personnes se sont
retirées de ses églises à cose de leur tiédeur... nos Fransés
sans donne, je crois si quelqu'un de leurs ensaîtres pouvés re-
venir 11 ne voudroit pas les reconnaître ; ne portent plus la mar-
que de véritable protestant pour laquelle il ce sont réfugié... »
Le 10 Avril 1767, Samuel Charrier revient sur le même sujet
de brouille avec sa cousine pour avoir refusé déjouer aux car-
tes c ce qui fait horreur même les semaines de préparation à
la sainte cène du Seigneur ainsi qu'un jour de jeune que les ré-
fugiés observent tous les ans le 22* octobre à l'occasion de la
cassation ou révocation de l'édit de Nantes... ce qui est ui\e mo-
querie à la face de Dieu et un scandale aux yeux des Anglais...
il n'y a que des irrégénérez et des Lucifers en forme d'hommes
et de femmes qui puissent agir ainsi. » Le 29 septembre il annonce
le décès de sa femme survenu le 17 ; sa dernière lettre est du 10
août 1786.
26 février 1766. — Jouneau, neveu de Dohet de St-Georges
mort depuis quelques années doyen des conseillers de Saintes,
demande si sa tante bretonne, dame Baudouin, morte supé-
rieure de l'hôpital de Saintes, est parente de Pierre Baudouin.
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— 97 —
4 Janvier 1766. — Lefebre, de Rochefort, écrit a M. Voille
est averti que le vicaire du Douhet chassait avec vous ; ce n'est
pas Tintention des fondateurs » (des parties de chasse] ?
12 février 1767. — Vallade-Lagord demande qu'on lui envoie
à Saintes, douze dames-jeannes par Maquignon « maître du
bateau de poste. »
28 janvier 1767. — De Karrer, l'aîné, écrit de La Rochelle
qu'il regrette d'avoir manqué la visite de M. de Villette à Véné-
rand ; 15 février, il écrit de Saint-Denis qu'il vendra peut-être
Le Douhet; Beaudouin répond que «la vente de Vénérand pour-
rait suivre, et les Baudouin qui ont l'honneur d'être ses
tenanciers seraient privés du plaisir de voir un seigneur que je
respecte et qui me permet de l'aimer » ; 12 mars, de Karrer
écrit de Gourbevoie, très occupé à l'approche de la revue du
roi ; le 6 mai il est à Marly pour quelques jours. Baudouin ré-
pond que le bruit court que leurs terres sont vendues ou qu'ils
vont les vendre. En 1768, de Karrer lui écrit que la Seine a été
gelée et a brisé des ponts.
En 1767, Jambu écrit (de Rochefort ou de La Rochelle) qu'il a
appris « que des loups enragés faisaient des incursions dans nos
contrées et avaient blessé plusieurs personnes... ici un seul
loup, il y a 40 jours, a blessé 22 personnes ; un homme, qu'on
trouva mort sur le chemin, tout déchiré par l'animal, et 21 hom-
mes, femmes et enfants furent conduits ici à l'hôpital pour y
être traités et gardés à vue... 12 ont tombé dans l'hydrophobie
et sont morts enragés... 9 autres sont soignés par un chirurgien
d'Angoulême qui prétend avoir des spécifiques. » Jambu con-
seille de ne pas cicatriser la plaie avant 40 jours, de frotter la
blessure avec un sachet de sel mouillé et d'y mettre un cata-
plasme d'ail, sauge, romarin, rue, sel ; avaler un verre de vin
blanc avec moitié vinaigre et une pincée de sel.
Le 21 octobre 1781, une dame Daquin, écrit de Saint-Martin
de-Ré : « On parle beaucoup de guerre et Ton prépare l'île à la
défensive. Ton monte les canons partout, la vie est chère on ne
trouve pas de défaite du sel. »
Un brevet en blanc et sans date « Attache à la commission
qui donne rang de capitaine dans les troupes suisses et gri-
sonnes au sieur... » est délivré par le duc de Ghoiseul, colonel-
général de Suisses et Grisons, etc.
5 mai 1789. — La dame Oaillard, religieuse de Tabbaye de
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Saintes, remercie du prêt de 6 louis fait pour avoir un forte-
piano pour sa nièce. (Le clavecin va disparaître !)
7 avril 1793, an II. — Jamain écrit de Saint-Martin de Ré au
citoyen Baudouin, l'aîné, négociant à Taillebourg : « Voussavés
sans doute la victoire que les Rhétois, au nombre de 550, qui se
sont porté aux Sables dès le 16 mars ont remportée, le ven-
dredi saint dernier, sur les rebelles réunis au nombre de 6800 qui
assiégeoient les Sables et tiroient à boulets rouges sur la ville.
Nous leur avons tués 4 à 500 hommes, pris 2 pièces de 18, quatre
de 4, plusieurs pierriers, enfin toutte leur artillerie ; ils ont été
mis totalement en déroute. Nous devons cet avantage au citoyen
Foucault aîné, chef de légion de notre île, qui commande toutes
les troupes réunies aux Sables, où nous avons fait rendre 5 piè-
ces de quatre qui ont été d'un grand secours. Les troupes qui
arrivent journellement dans ce pays là, parviendront mainte-
nant à y rétablir la tranquilité ! Salut, fraternité, Jamain. »
24 pluviôse, an X. — Le sieur La Montagne (probablement
employé au commissariat de la marine) écrit de Rochefort :
« Le ministre tourmente notre administration, et encore ne
nous paie-t'on pas. »
Sans date. — Note sans signature indiquant que Targenterie,
cuivre, matelas, linge, livres, papiers non vendus de l'émigré
de Laage situés au ci-devant château du Douhet, ont été trans-
férés au district de Xantes, le bois, foin, paille, etc., ayant été
réquisitionnés pour la nation.
X.
Addition aux papiers de la famille Baudouin de Laudeberderie
(Archives de la Charenteirln(érieure, minutes Mongrand).
Sachent tous présans et advenir que on trailté et prolocution
de mariage parlé à faire et qui au plaisir de Dieu s'accomplira
de Estienne Meschinet, sieur des Séguineries, advocat en la
Cour, fils naturel et légitime de maître Michel Meschinet, sieur
du Bouquet, procureur fiscal du comté de Taillebourg, et de
demcMselle Marguerite Rocquemadour, d'une pari, avec demoi-
selle Jeanne Baudouin, fille naturelle et légitime de Pierre Bau-
douin, sieur de La Convbe et de Dion, et de demoiselle Jeanne
Longespée, d'autre part, demeurant tous au présent lieu de Tail-
lebourg, lesquels préparlés à marier de leurs bons grés et vol-
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no
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— 99 —
lontés et par l'advis, authorité, conseil et consentement, sçavoir
les dits préparlés desdits sieur Meschinet et demoiselle Rocque-
madour, ses père et mère, nobles hommes, Jacques Meschinet,
sieur de Bel Air, greffier en chef du siège royal de Saint-Jean
d'Angély, son frère, Estienne Meschinet, sieur de Perchaud ? son
oncle paternel, Jacques Rocquemadiour, sieur de Chasteau Gail-
lard ; son oncle maternel, Jacob Meschinet, sieur du Breuil ; Aron
Boursiquot, sieur de Charmeleil, Jean Tessereau^ sieur de Beau-
regard, Michel Tessereau, sieur de Boismatté, et Daniel Babil-
lard, sieur de la Bertramière, ses cousins.
Et ladite préparlée dudit sieur Baudouin, son père ; nobles
hommes René Baudouin, sieur du Fief, Jean Baudouin, sieur de
Laudjeberderie, ses frères ; Paul Baudouin, sieur de Boisron, advo-
cat en la Cour, Jacques Baudouin, sieur de La Barrière, Charles
Baudouin, sieur du Fief Rigaud, ses cousins germains ; Bau-
douin, sieur de la Pommeraye, advocaten la Cour, Jean Richard,
aussi ses cousins.
Se sont promis Tun et l'autre prendre à mari et femme espoux,
toutes et quantes fois qu'ils s'en requerront ou feront requérir,
les solennités de la Religion de laquelle les parties font profes-
sion, préalablement gardées et observées
, , . ♦ .
Fait et passé audit Taillebourg, sur le port, en la maison
dudit sieur Baudouin, le vingt- troisième jour du mois de juillet,
à huit heures du matin, l'an 1656, en présence de Samuel Ber-
thelemy, avocat en la Cour, et Charles Coûtant, chirurgien, audit
Taillebourg.
Signé : Meschinet, Jeanne Baudouin, Baudouin, Meschinet,
Baudouin, Marguerite Rocquemadooir, Rocquemadour, Meschi-
net, Meschinet, Boursiquot, Coûtant, Bauldiouyn, Baudouin,
Berthelemy, Meschinet, Babillard, Richard, Tessereau, Tesse-
reau, Baudouin, Baudouin, Jacques Bauldouin, Marie Ozeau,
Suzanne Allenet, Marguerite Baudouin, Mongrand, notaire à
Taillebourg.
Articles
Entre Estienne Meschinet, sieur des Séguineries, fils
de maître Michel Meschinet, sieur du Bouquet, procureur fiscal
du comté de Taillebourg, et demoiselle Marguerite de Rocque-
madour, d'une part, et demoiselle Jeanne Baudouin, fille de
Pierre Baudouin, sieur de La Combe, et de demoiselle Jeanne
Longuespée, tous demeurant en la ville et port de Taillebourg.
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— 100 —
Monsieur et Madame Meschinet donneront, en faveur du ma*
riage de leur dit fils, la somme de six mille livres, en attendant
leur future succession, payable ladite somme dans le jour de la
bénédiction nuptialle, en fondz, deniers et obligations bonnes et
valables, de laquelle somme en demeura censé de nature de
meubles la somme de mille livres et le par sus de nature matri-
monialle à luy et aux siens de son estocq, ligne et branchage,
tant en fait de succession que disposition des quelles choses, il
baillera quittance à ses pères et mères, et les rapportera ou pré-
comptera, leur deceds advenu, venant à partage avec son frère.
Monsieur de La C(tmbe constituera en dot à ladite Baudouin,
sa fille aînée, tant de son chef que de la succession à elle escheue
par le deceds de ses père et mère et par advancement d'hoirie
dix aires de marais sallans situez neuf livres et demie sur la
rivière de Seudre, en la prize de Guégouille, sur le chenal de
et les autres sur le hAvre de Brouage, en la baronnye de Sou-
bize, en la prize de et les quatre autres livres en la prize de
Burie, en la paroisse de Saint-Martin, baronnie de Soubize,
avecq leurs appartenances et dépendances de gaz, couches,
douhes, bosses, bossies, sartières et claires et tout ainsy qu'en a
jouy jusqu'à présent le sieur Baudouin ensemble a délaissé pour
mesme constitution de dot à ladite Baudouin, sa fille, tous les
dhomaynes qu'il a dans la mestayrie du Pigné, paroisse de Saint-
Eutrope lès Xaintes, et ceux qu'il peut avoir au lieu de la Pillar-
dière, paroisse de Plassac, le tout avecq leurs apartenances et
dépendances et autres générallement quelconques, et outre de
la somme de cinq cents livres de meubles, ustanciles, desquelles
choses sus données, ladite Baudouin jouyra dès le jour de la
bénédiction nuptialle et luy en sera censé de nature de meubles,
la somme de cinq cents livres, pour avecq ladite somme de cinq'
cents livres sera donnée faisant en tout la somone de mille livres
estre de nature de meubles pour entrer en la communauté de la
préparlée et le parsus sera censé de nature patrimonialle à elle
et aux siens de son estocq, lignée et branchage, ce que néan-
moins elle pourra rapporter ou précompter venant à partage
avec ses frères et sœurs après le deceds de sondit père, des-
quelles choses ledit préparlé baillera bonne et valable quittance
lors de la réception et le tout assignera par le contrat sur tous
et chacuns ses biens présentz et advenir, ensemble tout ce qu'il
recevra de ladite préparlée, soit par succession directe, collaté-
ralle ou aultrement.
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— 101 —
Et d'autant que Jeanne Vitet, aïeule maternelle de ladite Bau-
douin, luy a ci-devant fait certaine donation et accordé que les
quatre livres de marais situez en la prise de Burie, paroisse de
Saint-Martin, baronnye de Soubyze, demeurent à icelle Bau-
douin, dont elle se contente pour tout l'effet, d'icelle donation
el au cas qu'elle ne s'y vouleust tenir, ledit Baudouin, dès à pré-
sent comme dès lors, et dès lors comme dès à présent, fait don
et donation à ses autres enfants en chacun d'eux de la même
valeur que celle faite par ladite Vitet à ladite Baudouin.
S'associeront lesdits Meschinet et Baudouin préparlée, moitié
par moitié en tous les meubles qu'ils ont deprésent et aux meu-
bles, acquez qu'ils feront et acquéront pendant leur codemeu-
rance ensemble. Se feront donation pour gain de nopces et au
survivant d'eux la somme de six cents livres et en cas de disso-
lution de leur mariage pourra la préparlée renoncer à la société
et communauté trois mois après, nonobstant la coutume de
SaintrJean d'Angély, à laquelle, pour ce regard seulement, sera
dérogé par exprès et emportera, franc et quitte de toutes debtes,
nonobstant qu'elle y fusl obligée, tout ce qu'elle montrera avoir
porté et conféré audit préparlé, avecq ses bagues, joyaux, ves-
temans et autres choses de son usage, ensemble ledit gain de
noces et jusques à l'entier remboursement et payement du tout,
jouir des biens dudit préparlé et en faire les fruits siens, sans que
ladite jouissance luy puisse estre imputée sur le principal, en
nourrissant et entretenant les enfans dudit mariage, si aucuns se
trouvent.
Tous les articles transcrits ci-dessus ont esté accordés par
devant nous, notaires soussignés, et en présence de leurs parents
et amis, ce mai 1656, et en présence de Jean Babin, serviteur
domestique dudit sieur de La Combe, et Estienne Babin, servi-
teur domestique dudit sieur Meschinet, greffier en chef du siège
de Saint-Jean, y demeurant, lesdits Babin, témoins, ont déclaré
ne savoir signer.
Baudouin, Meschinet, Jeanne Baudouin, Meschinet,
Marguerite Rocquemadour, Meschinet, Meschinet,
J. Baudouin, R. Baudouin, F. Baudouin, Bauldouyn,
Jacques Bauldouyn, Boursiquot, Rocquemadour,
J. Charrier, Rabillard, Tessereau, Tessereau,
Baudouin, Mongrand, notaire à Taillebourg.
(Archives de la. Charente-Inférieure. — Minutes de Mongrand).
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— 102 —
A Son Excellance Monsieur le govcrneur en chef de la
nouvelle Englelerre.
Supplie humblement Pierre Baudouin, disanl que les rigeurs
qui se exercère en France contre les protestans, Tauroyent obligé
d'en sortir avecq sa famille et ce seroyent réfugiés en le royaume
d'Irlande, en la ville de Dublin, auquel lieu il auroit pieu à mes-
sieurs les receveurs des droits de Sa Majesté d'admettre le sup-
pliant à un employ de garde des bureau, mais comme du despuis
il y a heu changement d'officiers, il seroit demeuré sans employ,
ce qui auroit esté cause que le suppliant et sa familles, quy sont
au nombre de six personnel, se sont retirez dans ces territoire,
dans la ville de Casco, en la comté de Mayne, et d"'aultant qu'il
y a plusieurs terres quy n'i sont point occupée et principallemcnt
celles quy sont située à la pointe du sus de Barbary Crike. Ce
considéré. Monsieur, il plaize à Votre Flxcellance ordonner qu'il
en soit déluiré au suppliant jusque au norhbre de cent acre, aux
fins que ce luy soit un moyen d'entretenir sa famille et il conti-
nuera à prier Dieu pour la santé et prospérité de Votre Excel-
lance.
Pierre Baudouin.
Enregistré 2 d'aoust 1687.
L'original de cette lettre est en possession de l'hon. Robert
C. Winthrop (Boston). Un fac-similé se trouve dans un volume
de discours de M. Winthrop, intitulé : Washington, Bowdoin
and Franklin,
Cette demande fut accueillie, mais la concession de terrains
lui fut frauduleusement enlevée par l'arpenteur, et. dans l'au-
tomne suivant 1688, il fut obligé de demander réparation.
Sa lettre au gouverneur est conservée aux archives du Massa-
chusetts, et, comme les autres écrits de réfu<iiés qui nous ont été
conservés, elle dénote un homme intelligent et cultivé.
James Baudouin, fils de Pierre, s'éleva au premier rang parmi
les négociants de Boston. Pendant plusieurs années, il fut mem-
bre du conseil de la colonie, et laissa la plus grande fortune
qu'on eût jamais connue dans la province. Son fils, James
devint président de l'assemblée constituante des Etats-Unis, en
1779, et à la fin de la guerre de l'indépendance, lieutenant-gou-
verneur, puis gouverneur du Massachusetts, il mérita une statue,
à sa mort, à l'ûge do 64 ans, le 6 novembre 1790. « Bowdoin
Collège », dans le Maine, qui faisait alors partie du Massachu-
setts, reçut ce nom en l'honneur du gouverneur James Bowdoin.
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— 103 —
Son fils unique, James, devint, en 1805, ministre plénipoten-
tiaire des Etals-Unis auprès de la cour de Madrid, et mourut
sans postérité après avoir répandu ses libéralités sur le collège
qui perpétuait le nom de sa fauiiile (The li{e and services o{
James Bowdoin..,, hy Robert C. Winthrop, p. 82, 5 septembre
1849).
DE RiCHEMOND.
III
SAINTES ANCIENNE
Les rues
(Soife).
Quels ravages exercèrent sur Saintes les hordes wisigothes ?
La ville, à peine centenaire, a-t-ellc de nouveau disparu ?
On n*cst pas plus d'accord sur le caractère de cette invasion
que sur les précédentes. Les uns soutiennent que les gallo-ro-
mains n'opposèrent aucune résistance, « qu'il n'y avait ni inva-
sion ni conquête, mais un mal qui ressemblait à celui que l'in-
vasion et la conquête produisent ordinairement». Les autres,
s'appuyant sur le témoignage de contemporains, croient, au con-
traire, que, suivant une énergique expression d'Orientius, évoque
d'Auch, vivant en 430 et 440, « toute la Gaule a brûlé sur un même
bûcher ». L'auteur du poème sur la Providence de Dieu écrit
que depuis dix ans la Gaule est « sous le glaive vandalique et
gothique ». Il y a peut-être beaucoup de rhétorique et d'exagé-
ration dans ces cris de terreur.
M. Jullian (1) dislingue pour Bordeaux deux phases : la pre-
mière comprend un premier passage dies Wisigoths en 407, leur
impuissance à s'emparer de la ville protégée par ses remparts ;
la seconde, l'entrée des Barbares, reçus en amis, dans Bordeaux
en 414, et leurs excès. C'est à cette période qu'il rapporte par
conséquent le texte de Paulin de Pella, un bordelais, petit^fils
d'Ausone, témoin et victime des soldats dfAtaulf : « Ils nous trai-
tèrent selon les lois de la guerre, dit-il, en peuple conquis, et,
après avoir cruellement désolé la ville, ils la brûlèrent...» Mal-
gré la sincérité dont Paulin semble faire preuve, il n'est pas ab-
(1) ln$eripiion$j t. II, p. (14.
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— 104 —
solument certain que le mal ait eu autant d'ampleur qu'on pour-
rait l'imaginer, puisque quelques années plus tard, vers le milieu
du V* siècle, Bordeaux possède des écoles fréquentées ; à la
campagne, les villas sont occupées et paraissent somptueuses (1).
Est-il téméraire de penser que les événements à Saintes ont
dû ressembler à ceux de Bordeaux ? Si vraiment nos remparts
ont empêché les nouveaux envahisseurs de s'emparer de la ville,
à une première invasion, il n'est pas permis d)e croire qu'une dou-
zaine d'années plus tard, les portes ne se soient ouvertes devant
eux..., peut-être sans tristesse de la part de la population qui
ne leur était pas foncièrement hostile, malgré la différence de
religion. En effet, Honorjus accorde par traité à Théodoric, en
419, la seconde Aquitaine, depuis Toulouse jusqu'à l'Océan. An-
gouTême, Saintes, Poitiers font partie de la concession.
Dès lors, commence pour notre pays une nouvelle vie.
Le nom de MediolAnum disparaît, s'il n'a déjà disparu,
comme si on eût voulu effacer le souvenir romain (2), la cité
s'appellera désormais SsLfitonis (3), puis Santena^, Sanctenas...
etc., et un court moment au XIII* siècle, du mot plutôt littéraire,
singulier à coup sûr, énigmatique d'ailleurs, (ï Elleposelle (4),
enfin Xaintes, Xantes.
On ne possède aucune notion sur le séjour des Wisigoths en
Saintonge, ni aucun élément d'appréciation sur la question de
savoir dans quelle mesure ils se sont mêlés à la population an*
térieure. Les Francs, venus un siècle plus tard (507), ont laissé
des traces plus apparentes : leurs cimetières d'Herpes,de Biron,
(1) JuUian, ibid., p. 617.
(2) Le nom est gaulois cependant. Les colonies seules conservent leurs
noms. Cf. sur ce sujet abbé Belley, De V ordre politique des Gaules quia, occa-
sionné le changement de nom de plusieurs villes. (Mémoires de Vacad. des 1.
et B. /., t. XIX, p. 495. — Aet^ae arehéo., XXXVI, p. 944. De Vassociation sur
un sou mérovingien du nom Gallo romain et du nom plus récent
(1) Tacite emploie ce mot et non pas Mediolanum. Légendes mérovin-
giennes : SANTONIS, SANCTONAS, SANCTONIS.
Il est assez curieux que le nom de Mediolanum n'est pas oublié complète-
ment au VIII«ou IX* siècle. L'auteur de la Cosmxigraphie Ravennate le con-
naît.
Sur les différentes formes du nom dans les itinéraires SANCORUM, SANG-
TORUM, Cf. Desjardins, Géographie hist., de la Gaule.
(4) Pseudo-Turpin^ édit. Th. Auracher, p. 19,— Tote histoire de France, édit.
F. W. Bourdillon, p. 22, 23.
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— 105 —
de Cognac, de Neuvic (1) sont des témoins d'une agglomération
populeuse assez considérable et prolongée ; *— encore ces nécro-
poles ne datent-elles que du VU* ou de la fin du VI* siècle.
Quelques tombes éparses, àChadenac, Chérac, Ebéon, Ouimps,
Glion, indiquent d'autres points de séjour. A Saintes, le docu-
ment le plus ancien de cette période, c'est la^^tombe d'Oronce
provenant du cimetière de Saint-Saloine (2).
Tl n'est pas douteux qu'à partir du Y* siècle, à Saintes
comme ailleurs, les évèques ne deviennent les véritables maîtres
de la ville épiscopale et y exercent un rôle prépondérant au
milieu du désarroi général. La popnlation se groupe autour
d'eux. Ils héritent du titre de protecteur ; la légende raconte que
Saintes fut sauvée d'une incursion des Saxons « venus sur de
nombreux navires » par les prières de saint Vivien et une vision
qui effraya les Barbares. Le pouvoir de l'église régit le spirituel
et le temporel tout à la fois. « L'évèquene restait étranger à au-
cun des intérêts matériels de la cité. Avec les revenus de l'Eglise
il fait exécuter les travaux publics, réparant les murailles, édi-
fiant et restaurant les édifices... » (3) Lui seul jouit, en ce temps
troublé, de l'autorité nécessaire,^ tenant en échec celles des
comtes. Il est bien le maître souverain, respecté et écouté.
Cette toute puissance se manifeste tout d'abord par des con-
structions d'églises. Les évèques, conformément à une habitude
contractée dès le siècle précédent,s'emparent d'édifices romains
ruinés et les transforment en],lieux de prières* Saint-Saloine
serait une de celle-ci que je n'en serais nullement surpris ; on
le croyait autrefois (4). Bientôt ils ne se contentent plus d'un
simple aménagement, ils bâtissent. L. Audiat est tombé dans
une grave erreur en avançant qu'au III* siècle une église sous
le vocable de Saint-Pierre devait avoir été érigée sur l'emplace-
ment de la cathédrale actuelle (5). Le premier Saint-Pierre
(1) Cf. Reeutil de U Commiêsion des Arts et mon, de U Ch. lnf„ l, p. 4S6,
484. — L. Audiat, Epigrephie. — Barrièi^-Flavy, Les arts industriels despeu'
pies barbares. — Delamain, Le cimetière d'Herpès.
(3) Reeneil, V, p. 165. -^Bnileiin, II, p. 185. ^ Bull, mon., 1881, p. 287. —
Répertoire des travaax hist, 1889, p. 903.
(3) Prou, Là Gaule mérovingienne, p. 120 ; La visse. Histoire de France,
t. II, I, p. Î21.
(4} Lacurie, Monographie, p. 130 et 154.
(5) Congrès des Sociétés savantes, 1891. — Bull, archéo. du Comité, 1891,
p. XXII. ~ Bulletin, XI, p. 230.
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— 106 —
dont il soit fait mention avec quelque apparence de certitude est
celui de Saint- Vivien au V* siècle (1). Mais je ne pense pas qu'il
ait été bâti au faubourg Saint- Vivien comme on Ta supposé. Si
Tévèque a voulu en faire sa cathédrale il Ta certainement con-
struit au milieu de la ville, suivant Tusage constant de l'époque.
Le premier titre de cette église est Saint-Pierre le Puellier.
J'attache une certaine importance à cette observation parce
qu'à Tours et à Orléans deux sanctuaires fondés au IV* et au
VI* siècle ont précisément reçu le même vocable (2). Arles, en
519, a son Saint-Pierre ; Vienne, une abbaye de Saint-Pierre
comptant six cents religieux (3j au VI* siècle, ce qui n'em-
pêche Charlemagne de passer pour son fondateur, comme a
Saintes.
Grégoire de Tours parle d'une basilique dédiée à Saint-Mar-
tin (4), au sujet de laquelle Saint-Pallais lui écrit. On ne sait
dans quel quartier la placer (5). Elle ne parait pas être un
mythe, car l'auteur de ToteVhistoirelsi cite, ou du moins cite un
Saint-Martin dau Brac (6), entre Saint-Vivien et Saint-Agnan
parmi les églises de Saintes, dont les trésors et reliques échap-
pèrent aux Normands. On sait que cette chronique dite Sainton-
gealse date du XIII* siècle. Un document de même époque et de
même genre énumère d'autres églises qui n'ont pas laissé de
souvenirs ailleurs. Je n'en parle que par acquit de conscience.
Ainsi nous aurions un Saint- Sixte près de Saint-Eutrope (7j,
(1) Pour la discussion sur Les églises antérieures à l'an milles voyez sous ce
titre, un article de M. Musset dans Afem. de la Société des aniiq, de l'Ouest,
1884f p. 168. — Louis Audiat, Sainl-Pierre. — Grasilier, Recueil^ I et II. —
Briand, Histoire de Véglise Santone^ I. — Massiou, Histoire, I, p. 326 et s.
(2) Mém. de la Soc. archéo. de V Orléanais , p. 20.
(3) Bulletin archéo., 1893, p. 11.
(4) Livre des Miracles^ IV, ch. VIII. Il parle aussi d'un oratoire (liv. 111,
ch. LI), consacré par des reliques du même saint, bâti par la mère de Carde-
gésile, surnommé Gyson, citoyen de Saintes.
(5) Peut-être à Saint-Pallais, et dans ce sens, Laferriére, Art en Saintonge,
Musset, loco citatOj p. 177.
(6) J'adopte pleinement Topinion de M. Bourdillon, éditeur de Tote Vhis-
toire, p. 39. Il s'agit bien d'une église de Saintes et non pas de Médoc. Il est
possible que dau Brac soit une erreur de copiste, mais la place où se trouve
cette église ne laisse aucun doute sur sa qualité de Saintaise. On pourrait la
chercher sur la hauteur du château, puisque Saint-Agnan est â la Porte Évé-
que et qu'elle se trouve entre cette église et Saint- Vivien : Saint-Froult ou
Notre-Dame ?
(7) Pseudo-Turpinj édit. Auracher, p. 27.
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— 107 —
servant de tombeau à Aurélien de Rome, une abbaye de Saint-
Uduaoire de vingt chanoines (Ij, absolument impossible à iden-
tifîer, un Saint-Léofaire, un Saint-Trojan où se produisirent
plusieurs miracles « quant H reis de Tolose (2) tenait la cité de
Xainctes. » L'église Saint-Etienne, entreprise par saint Pallais
et saint Léonce, se serait élevée à Saint-Eutrope, et reçut le
nom de Tapôtre des Santones. Le poète Fortunaten a chanté la
splendeur : elle devait ôtre un type remarquable de Tarchi-
tecture mérovingienne, toute lambrissée, ornée de marqueterie
et de peintures à personnages.
« Léonce de Bordeaux terminait, vers le même temps, l'é-
glise de Saint-Vivien commencée par Eusébius, continuée par
Emerius, et où se dressait la tombe de Saint-Vivien, couverte
d'or et d'argent (3). » Quant à Notre-Dame-la-Rotonde on verra
ce que j'en dis au mot Abbaye. Notre-Dame-du-Chàteau me pa-
rait être une dépendance du château et remonter au moyen
âge. Saint-Frion, Saint-Froult, est une petite église fort an-
cienne, mais à laquelle il est impossible d'assigner une date
approximative (4).
Nous ne savons rien naturellement des Saintais à cette épo-
que reculée. La ville subit des fortunes diverses, les consé-
quences des fluctuations politiques, des différents événements
militaires qui se déroulaient en Saintonge, c*est incontestable,
mais, au point de vue topographique, nous ignorons absolument
les modifications que les comtes mérovingiens, les ducs d'Aqui-
taine, les comtes de Poitou ont pu apporter.
Au surplus, le grand maître de la ville, le principal proprié-
taire, pourrai-je dire, n'était ni le comte ni le roi. L'évoque dé-
tient la seigneurie des trois quarts de la cité, sort du périmètre
des murailles, partage avec Tabbesse, avec le prieur de Saint-
Vivien, étend son domaine tout autour de la cité, en un mot. A
l'intérieur de l'enceinte, on reconnaît les limites de sa direc-
(1) PseudO'Tarpin^ p. 26. Il est dit que Tempereur commanda de faire une
abbaye en Thonneur de Saint-Udusoire.
(3) Ibidem, p. 22. Je ne tiens pas compte d'un Saint-Sauveur (p. 24), parce
que cette chapelle, bâtie par SainUEatrope et recevant son corps après son
martyre» appartient à la lé^^ende racontée dans cette même page.
(3) Musset, loco citato, p. 172.
(i) D'après Tote l'histoire, p. 82, écho probable d'une vieille tradition, les
Normands ne firent aucun mal aux églises de Saintes. Ils n'entrèrent même
pas à Saint-Pierre. Us détruisirent au contraire Saint-Jean d'Angéiy, p. 88.
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— 108 —
tité au devoir payé par chaque imineuble(l)«Toute maison grevée
d^une quantité quelconque de « fourche en pré » relève de Té-
vèché, tandis que tout héritage chargé d'un droit d'anguillage
tient du roi (2). Le droit de c fourche en pré b se paie même au
dehors. Un acte de 1693, trop long pour être transcrit en entier
à cette place, après avoir énuméré les réserves qui dépen-
dent encore du domaine royal, se termine par cette phrase :
c Le restant de ce qui est enclos entre les murs de ladite ville et
qui en compose la plus grande partie, est de notoriété dépen-
dant du fief et jurisdiction dudit seigneur évesque, duquel relè-
vent de plus les arrière-fiefs de THomme, de Brassaud et autres
dont on lui fait Thommage et redevance » (3). Il a droit de
haute, moyenne et basse justice.
La commune ne possédera rien pendant très longtemps, si ce
n'est de lourdes charges, notamment celle de Tentretien des
remparts ; la maison commune relève du roi (4) ; elle percevra
de maigres revenus provenant de la prairie de la Pallud, d*un
droit sur le vin que François I*' lui allouera, puis de location
de tours des remparts, de quelques droits d'octroi temporaire (5)
jusqu'au jour où une taxe perpétuelle sera établie sur certains
objets de consommation, enfin de l'arrentement de terrains au*
tour de la Porte Saint-Louis.
Il nous suffira donc d'énumérer les droits du roi pour être
renseignés sur ceux de l'évéque, négligeant la très minime sei-
gneurie du chapitre, du bas chœur et d'autres plus minimes
encore qui seront énumérées en temps et lieu.
(1) Voici à titre d'indication, d'après un arrêt du Conseil d*Etat de 1745
(archive» nat. E 3337), la répartition des maisons de la ville et des faubourgs
entre les diflérentes seicpaeuries.
Sur les 901 maisons composant la ville et les faubourgs, le roi en a 104 ;
révéque, 3t3; le chapitre, 28; le doyen, 8; le prieur de Saint- Vivien, 143; le
prieur de Saini-Macou, 54 ; le prieur de Saint- Ëuirope, 197 ; le prieur des
Arènes, 4 ; Tabbaye, 80.
(2) Voir rue de V Anguille,
(3) Voir FUfê.
(4) Doeumentê, p. 193.
(5) Louis XI accorde en 1476, pendant dix ans, la faculté de prendre, lever
et percevoir sur toutes denrées et marchandises qui entreront et passeront
par la ville, sous les ponts et par la rivière, à une lieue autour, tant par eau
que par terre. Massiou, Hiêtoire, III, p. 263.
Une délibération du 10 avril 1575 (DoeumenU, p. 266) laisse entendre qu'aux
différentes portes on percevait un droit. Les gagiers en reçoivent le profit à
condition de les ouvrir et fermer.
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— 109 —
Quant à Tabbaye, elle possède une portion seulement du fau-
bourg Saint-Pallais, TEvèque en a plus qu'elle. Encore se dë-
charge-t-elle de sa haute justice en 1745 pour s'exonérer de
certaines obligations. Les prieurs de Saint-Macou, 8aint-Eu«
trope, Saint-Vivien sont à peu près seuls maîtres autour d'eux.
Le domaine royal, fort réduit en dernier lieu par suite d'alié-
nations, de dons et d'inféodation, était à Torigine fort étendu.
Ainsi les moulins de Lucérat appartenaient au roi au milieu du
XII* siècle. En 1143, ils furent donnés au prieur de Saint-Eu-
trope(l).
M. Marchegay a publié un mémoire de Pierre de Tarzac (2) (fin
du XIII* siècle) qui donne une statistique complète des droits
royaux. Je les résume ici :
Le château est au roi sans parsonnier.
Le roi a droit de mesurage, et les mesures de blé sont mar-
quées de la marque du roi.
« La coiie et les aies de Saynètes où l'on vent des dras et la
char et le payn sont du domayne le roy. »
Les autres articles ont rapport au ressort de justice et aux
droits des o£Bcier8 royaux (3).
Un titre de 1455 publié dans nos Archives (4) énumère d'autres
redevances telles que ;
La prévoté affermée 150 livres.
Le bailliage du pont 9 livres.
Le fuernage du pont 8 livres, 10 sous.
La coutume et péage de l'eau de dessous ledit pont 70
sous.
Le minage de Saintes 22 livres.
Le poids du roi 50 sous.
Le scel de la sénéchaussée de Saintonge au siège de Saintes,
51 livres.
L'écriture de la sénéchaussée 30 livres.
L'écriture de la prévosté (5) 70 livres.
(1) Archives, II, p. 360.
(3) Revuê du SoeiéUt noaii<e«, (lt67), p. 406.
(3) En Toici un : les g«n» du roy chacent «t prtnent dei conils quand ils
Teuleni en la guarena (de La Gorz).
(4) ArcJUvêê, t. VIII, p. 410.
(6) Voir dans Boutaric, S%ini Louis, p. 35S, un bail de la préTÔié en
1345.
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— 110 —
L'écriture du bailliage 5 sols.
D'après un manuscrit de la bibliothèque de La Rochelle
(670) le roi perçoit le cens sur 150 maisons, le droit sur la pois,
sonnerie, la geôle, lods et ventes, coutumes du pont, la pê-
che, etc.
Ces trois documents ne citent pas le droit d'anguillagedûpar
certaines maisons. Nous en parlerons longuement à propos de
la rue de TAnguille.
Sur le pont il possédait des moulins, un treuil au bout du
pont.
Les murailles, la citadelle, dépendaient naturellement du
domaine royal. L'éYèquecependantpossédaituneporte — unedes
importantes — et une portion du rempart (voir Porte^Evêque).
C'est à mon avis, l'attestation de la très haute antiquité du do-
maine épiscopal. Ce coin de fortifications entre les mains des
évêques doit remonter aux premiers siècles de leur puissance à
Saintes.
Je ne prolongerai pas davantage cette longue mais néces-
saire préface à l'étude de nos rues. Après avoir jeté un coup
d'œil d'ensemble sur les obscures origines de notre ville, il est
temps de passer au détail et de parcourir ses rues en feuille-
tant les notes que j'ai pu recueillir. Je répète ici ce que j'ai déjà
dit : je me défends d'avoir essayé de donner une monographie
complète de chacune de nos voies. Je me suis plutôt proposé
de grouper des documents encore inédits, des notes à consul-
ter, surtout à compléter, tout en utilisant certains renseigne-
ments imprimés dans notre Bulletin-Revue ^ le Recueil de la.
Commission et ailleurs où il sera facile de les prendre.
Qu'il me soit permis d'exprimer ma reconnaissance aux per-
sonnes bienveillantes, notamment à MM. Drillon et Ëschassé-
riaux, qui ont bien voulu me permettre de profiter de leur ex-
cellente mémoire des choses contemporaines. Si quelques traits
curieux, quelques anecdotes viennent rompre de temps en temps
l'aridité des descriptions topographiques, c'est à eux que nous
le devrons. Je n'ai été que le sténographe.
Abattoir. — Il occupe les bâtiments de l'ancienne faïencerie
de Crojuzat.
Abbaye. — Cf. Aveu de Jeanne de Villars dans Recueil^ tome
III, et Archives, tome IV, p. 476. Grazilier, Cariulaires.
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— 111 —
Hôpital des pèlerins, « lequel a esté brusié lors de Tincendie
généralle du dit faubourg causée par la mallice des ennemis de
sa majesté... ». 27 septembre 1655, (Minutes de Cassoulet), Sur
cet incendie. Cf. A. Briand, Histoire^ II, p. 382. L'abbaye donna
asile à beaucoup de sinistrés. Les minutes de Cassoulet conGr-
ment ce fait.
Justices. Cf. Recueil, tome III, aveu. Archives, loco ciiato.
ikM^aSi
UmI/oAïÉ
L
Plan db l*Abbatb bn 1695, d'après Massb.
Une partie de Tabbaye sert de prison pendant les premières
années de la Révolution. Dans le pensionnat neuf, on logea une
cinquantaine de prôtres déportés, en attendant le bateau qui de-
vait les emmener à Rochefotrl (Procès-verbal des séances du
conseil général, an II, p. 81).
En 1837 (Cf. Résumé des délibérations du conseil général,
p. 60), on demande la construction d'une caserne de cavalerie
« comme condition principale et le prix unique de la cession des
vastes bâtiments de Tabbaye, faite à l'administration de la guerre
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— 112 —
par la ville cbe Saintes ». Le 5 avril, le ministre de la guerre écrit
qu'il enverra un bataillon d'infanterie de Rochefort pendant la
canicule.
Notre-Dame de la Rotonde. ^
Dom Estienndt en park comme Tayant vue vers 1675, entre
Sainl-Pallais et l'église die l'abbaye, « quam primam Partheno-
nis ecclcsiam esse tradunt » (1). Cependianl I — indice grave I —
Masse ne marque rien d'approchant d'une rotonde sur son plan
de 1695.
II existe en France un certain nombre d'églises rondes (2), ou
plutôt octogonales que Ton appelle rotondes, à Simiane (Basses-
Alpes), Montroorillon (Vienne), Sarlat (Dordogne), Riez. Plus
près de nous, SainUMichel près Angoulême. La rotonde de Ra-
venne (tombeau de Théodoric), Notre-Dame die la Rotonde à Ro-
me (Panthéon), sont célèbres. Saintes a-t-il eu sa rotonde, tom-
beau, chapelle funéraire ou baptistère ? M. Musset (3) ne repousse
pas l'idée d'un sacellum^ construit par Léonce. Je n'en crois rien.
Jusqu'au XVIP siècle, on ne voit pas la moindre trace de cha-
pelle, puis, tout à coup, apparaît une Notre-Dame de la Rotonde
à l'abbaye. Que dom Estiennot ait vu une construction, c'est pos-
sible, eUe devait être récente. En tout cas, elle me paraît placée
sous le vocable de Notre-Dame de la Rotonde de Rome. On en
trouve jusqu'en la modeste église de Saint-Symphorien. En 1613,
le 20 décembre, Jacques Mauchen, clerc tonsuré, donne procu-
ration de prendre possession dte la chapelle de Notre-Dame La
Rotonde en F église SainUSymphorien de Broue (Minutes de
Beriauld).
Il a existé à Dijon une église appelée la Rotonde, à côté de
Saint-Benigne, dont l'ouvrage de dom Planchet peut donner une
idée approximative. Elle aurait été fondée au VP siècle. Mais
les chapiteaux existant dans une salle voûtée indiquent une épo-
que beaucoup plus rapprochée, le XP et même le XIP siècle.
Cf. Congrès drchéologique, XIX, sess., p. 30, 44.
A Evreux, dans un faubourg, une Notre-Dame die La Ronde
(1) Cf. Laferrière, Artên SMinionge, Bull, de U iociété du archivée, XI,
p. 393.
(2) Cf. Annuaire de V archéologue françAiiy par A. Saint-Paal, 1878. A. de
Dion, Les EglUee rondes. Enlart, Mennel d'archéologie,
(3) Mémoires de la société des aniiqnairu de V ouest, 1884, p. 176.
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— 113 —
ou La Ronde, détruite après la Révolution, aurait succédé à un
temple de Diane. Toutefois, on ne sait pas où était situé ce temple,
encore moins si la Notre-Dame que mentionnent les actes de
saint Taurin est la même que Notre-Dame La Ronde.
Il n'est guère probable qu'à Saintes un édifice de ce genre ait
L*Abbatb ht la Prison d'aprAs un plan db 1825, appartbnant
A LA MAraiB DB SAOfTBS.
existé, sans laisser un souvenir au moins dans le Cartulaire ou
les minutes.
Abreuvoir (rue de Y). — Le plan de Lacurie indique un quai
de Vabreuvoir, mais non la rue : du reste, cette voie qui fait com-
muniquer le quai de la République avec la rue aux Halles n'a
pas de nom.
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— 114. —
Adieu (rue de T). — Un acte de 1649 la mentionne.
1687, 3 juin. — Marie Roy, veuve de Josué Raboteau,
vend à Toussaint Brung, maître tisseran, une maison si-
tuée au faubourg Saint-Palais, ruette de TAdieu, tenue
à rente de la seigneurie de Beaupuy.
Comme on trouve aussi la rue de l'Adieu dans la seigneurie
de Tabbaye, il est probable qu'elle était moitié dans Tune, moitié
dans l'autre.
André Chassériaud (rue), ouverte en 1893 ; prolonge l'Avenue
des Tilleuls ou Avenue de la gare.
Aiguière (rue Porte). — Voir Porte Aiguière.
Aire Saint-Vivien (Rue de 1'). — Rue des Aires ou carrefour
Saint-Vivien (1852).
Aires (Rue des), à Sainl-Eutrope. — D'après le plan de Lacu-
rie, elle commence à la petite place (aire) et rejoint la route de
Marennes. Les minutes lui donnent une autre direction.
Sur l'aire se trouvaient les fours banaux de Saint-Eutrope,
« la gran rue entre deux, et y tenant d'ung bout par le de-
vant, d'autre par derrière aux mothes de Balthazar Xandre,
d'ung cojsté aux masuraux et jardrin de la maison du Porc Epie
(1598, 9 décembre) (Archives, II, p. 339).
1667, 20 mars. — Claude Latache, pair, échevin, affer-
me à Jean Boucher, gabarrier, une maison située aux Ai-
res du faubourg Sainl-Eutrope (Minutes de Gillel).
1700, 9 mai. — François Pacaud, charron aux Roches,
afferme à Jean Rocheteau, jardinier, une maison au lieu
appelé Les Aires, proche l'église Saint-Eutrope, confron-
tant dfun bout « à la rue des Ayres qui dessent de l'église
à la grand'font » (Minutes de Prouteau).
Allard (Canton d'). — Du canton d'AUard on descend aux
Monards (1644) (Archives, t. II, p. 359).
a Grand ruhe qui dessend du canton d'AUard aux Mou-
nard » (1643, 10 février, Archives de Saint-Pierre, cote T).
Anguille (Rue de 1'). — La nomenclature des noms sur le
plan de Lacurie ne porte pas celui-ci, qui était usité certainement
à l'époque où ce plan fut dressé, puisqu'il est gravé dans une
pierre, au coin de la rue de l'Abreuvoir. Or, cette gravure est
de même époque que d'autres, c'est-à-dire du XIX' siècle.
D'où vient ce nom î Cf., une réponse de M. de La Morinerie
dans Bulletin, VIII, p. 285, de M. d'Aussy, ibidem, p. 380.
D'une corruption du mot anguillage, je crois. La rue Anguil-
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— 115 —
lèrCy rue de Vanguillage exilait ; on n'en connaît pas au juste
la place, mais, étant donné qu'elle était dans le fonds du roi, on
peut presque afOriner que la rue de l'anguillage ne fait qu'un avec
la rue de l'anguille (1).
Le droit d'anguillage était payé par toutes les maisons bâties
à côté des remparts, formant un fief, le fief de l'anguillage, limi-
trophe de la Charente. 11 est spécial au fonds du roi, mais il s'ap-
plique ailleurs qu'aux maisons voisines de la rivière.
L'origine du mot est dans le droiit de la pêche de l'anguille.
Je cite plus bas, un passage de minutes, où cette étymologie est
expressément indiquée. La corporation des pêcheurs comptait
environ vingt membres au XYIII" siècle, tant de Saintes que du
Port d'Envau et du Port Berteau (2).
Maison de M. de La Lande-Michel, située en la paroisse Saint-
Maur, proche la porte SaintrLouis, allant de cette porte sur l'é-
peron des fortifications à gauche joignant d'un côté la maisojfi
cio M. Bibard de La Touche, et de l'autre celle de M. de Saint-
Bris.
Le derrière de la dite maison était chargé d'une rente seconde
envers l'Hôtel de Ville cl l'était, en outre, d'une redevance de 4
deniers par an pour cnguillagc (sic). Ces renies avaient été con-
cédées par les rois de France à l'Hôtel do Ville sur les maisons
et autres domaines proches la porte Saint-Louis jusqu'à la rue
Saint-Maur. Les droits honorifiques appartenaient à l'évoque,
suivant transaction de l'année 1640.
Celte maison, dont note est ci-dessus (documents de 1673 et
années suivantes), appartenait auparavant aux Roy-Raboleau.
(Noie communiquée par M, le baron de La Morinerie en partie
dians Bullelin VHI, p. 286).
Dans une minute de Maréchal, datée du 20 septembre 1603,
on fit :
« Partie die la ville vulgairement appelle UAnguil-
lade, confrontant despuis le coy contigu à l'église des Ré-
collets jusques à la maison à présent tenue par les héri-
tiers [ ] Gillet, sergent ro(yal, qui fait le coin de la
rue et [ ], despuis la dite maison ensuivant la dite rue
(1) D'après une minute de 1749 : me qui descend de celle des Récollets au
port AnfuiUé.
(2) Bibliothèque de La Rochelle, mss. 670.
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— 116 —
jusques à la [ ] porte du pont de la dite ville, laissant
ledit fief de sa majesté sur main dextre jusques aux mu-
railles de la dite ville, et celuy du seigneur evesque à main
gauche, et tournant ensuite de la dite porte du pont du
costé de la grandi rue va jusques à la maison des hoirs de
M* André Moyne, vivant conseiller en Teslection du dit
Saintes, laissant à la mesme main dextre le fief de sa ma-
jesté jusques aux murailles de ladite ville, et à m^in
gauche celuy du dit seigneur evesque (l'étendue duquel
fief de Languilladie comprise en sus dites confrontations
estoit autrefois tenue par des pescheurs, lesquels faisoient
une redevance à sa majesté pdur avoir permission de
pescher (1) à la rivière de Charente )
1754, 25 février. — Jean Delataste, avocat, achète une
maison, rue de TAnguillage, dans le fonds du roi, pa-
roisse Saint-Michel (Minutes de Senne).
Anguiller (port). — Masse n'indique pas ce port, mais on
trouve souvent son nom dans les actes ; c'est le même que le
Petit port. Même origine que rue de l'Anguille.
1413, 30 septembre. — Universis Guillelmus Petit,
presbiter, custos sigilli regii supra pontem Xanclonensem
pro...rege Francie... noveritis quod... ipse prœpositus
(Guillaume Milher, prévôt du bas-chœur de Saint-Pierre)
fecerat ddci et proclamari, par très dies dominicos conti-
nuos et sequentes in ecclesia beati Michaelis Xanctonensis,
dum populus ibidem conveniat ad divina audienda, ut mo-
ris est, ut si qui essent qui dicerent, affererent aut propo-
nerent se habere aliquod jus, actiones, obligaliones, nomi-
ne vel titulo quolicumque in quadam domo cum quodani
appendicio, seu platea appendicii deserli et uno viridario
sito rétro dictam domum sitam in villa Xanctonis, tenen-
(1) Le pont était encombré de moulins et de pêcheries. (Cf. ma monographie,
du Vieux pont dans le Recueil, t. XV).
Le duc Othon de Brunswick, duc d'Aquitaine, confirme en 1189 à' l'abbaye
de Sablonceau.... annuam levatam anguillarum in fluvio Garantone a civitate
Xanctonica ad castrum Merpins, sicutburgenses Xanctonenses, de consuetu-
dine, ibantabsubmonitionem comitiscum navibus suis ad levatam ipsus faci-
endam, similiter faciant ad submonitionem fratrum de Sabloncellis.
GaUià, t. II, p. 477. Massiou, Histoire, H, p.llO. Cf. dans ArehiveM, t. XXII,
p. 299, un petit anguiliage et pêcherie des anguilles du prieur de Saint-Georges
d'Oléron en 1483.
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— 117 —
tem ex uno latere domui quam tenei de presenti Helias Moy-
ne et ex alio latere cuidam parve platée que dicitur dictis
clericis chori pertinere, quam accepit de novo a dictis cle-
ricis Guillelmus Bernardi, et a parte posteriori a mûris dic-
te ville Xanctonis et a parte anteriori rue publice par quam
itur de domo dicti Guillelmi Bernardi versus portum An-
guillerii ville Xanctonis, vel qui vellent dare aut promit-
tere dicto preposilo pretium viginti solides rcndiales...
Ferme accordée à Jean Amyol, clore, en présence de frère
Arnaud Kousselle, prêtre de Tordre des Frères mineurs
(Archives de Saint-Pierre, cote EE).
1426, 27 avril. — Arnaud Moux, garde du scel pour le
roi de France. Arrenlement par Pierre Burea (dans le
même acte Burel, Bureau), prêtre, procureur des clercs
du chœur de Saint-Pierre, à Jean Boiteau, sergent du roi,
de deux maisons, situées à Saintes : « Tune en laquelle
demeure à présent Guillaume Colet, avec une petite alée
par darrière, tenant aux murs de la ville de Xaintes, la-
quelle maison tient par davant à la ruhe publique qui vient
du port Anguilcr à la maison de Norete de Lisleau,
d*un des coustés à la maison de ladite Norete, une petite
vanole entre deux, et de Taustre cousté à la maison en quoy
soloit demeurer Guilhemin Bernard, un coix de la ville
entre deux ; et l'autre maison et un four par dedans à
cuire pain en laquelle demeure à présent Colas Grossin,
assise en la paroisse de Saint-Pierre, en la rue par laquelle
Ton destend de la maison de Regnaud de Losme à la
maison desdict clercs en laquelle soloit demeurer ledit
Guilhemin Bernard et du bout davant à la maison de
Penin Régnant, le bouchier, ruhe publique entre deux et
âa bout ^arrière à un moulin à taner bois, et d*un cousté
à la maison que fut de messire Guillaume Charbonnel... »
Jean Gailhon, prêtre, notaire {Archives de Saint-Pierre ,
cote GG).
1427 ou 1432, 21 février. — Pierre Gailhon, garde du
scel roial, establi aux contraiz sur le pont de Xainctes,
pour le roy de France... pardevant Jehafî Milhier, prestre,
notaire et juré de la court dudict scel a esté présent
et personnellement establie Aynor de Lislea, alias la
Limouzine, demeurant à Xainctes, laquelle de son bon
gré.... à cogneu et confessé et par ces présentes cognoist
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— 118 —
et confesse devoir bien léalment à messire Jehan Gail-
hon, prestre, en non et comme procureur de l'université
des clers du cuer de Téglise cathédrale de Saint-Pierre
de Xainctes, et ou non desdicz clers, la somme de lxviii
sous, monnoie courante, pour cause et raison de certains
arrérages de rente par elle dehus audiz clers de six années
derrière passées finies et complies en la prochaine fesle
Saint Jehan-Baptiste prochainement venant. C'est assavoir
à messire Robert Breuil, prestre, de un an, à messire Me-
rigon Moyne, de deux ans, à messire Helies Faure, pres-
tre, à présent presvost diesdiz clers, de trois ans, c'est assa-
voir à cause de une roche assise en la ville de Xaintes,
soubz les roches de Saint-Frion, tenant d'un cousté à la
maison et roche que lient à présent Nolet Coteaux (1), d'au-
tre cousté à la maison que tient à présent Jehan Cailhier,
et du bout d'avant à la rhue qui vient de La Porte à l'éves-
que et vait vers les Jacopins, diz sols de rente, chascun
an, et à cause de deux appentiz assis au puis des Limou-
sins et un petit vcrgier par darrière que soloit tenir Maron
de Brives, assiz aussi en ladite paroisse, tenant d'un
cousté et d'un bout à la ruhc par laquelle Ton vait de la
place de Saint-Pierre au puis dcsdiz Limousins et de qui
au port Anguilhier et d'autre bout et cousté es port au
maisons et vergiers que tient à présent ladite Aynor de
Lislea, à m sols de rente chascun an Présens messire
Dominique (?) Dalbaye et Raymond Ardhilon, prestros,
chanoines de Xainctes, le xxi* jour du mois de février
l'an iiiic, XXVII ou xxxii. Jehan Milher.
(Archives de Saint-Pierre, cote AA).
1553, 2 août. — Déclaration au maire d'une rente éta-
blie sur une maison « tenant d'ung bout à la ruhe par
laquelle l'on va de la ruhe Anguillière à l'église Sainct-
Pierre, d'autre bout aux murailles de la ville, du coslé de
la rivière, d'ung cousté (sic) à la maison de Ollivier Fou-
gerou, et d'autre à la maison de Jchanne Hermand.
(Archives de Saint-Pierre, cote E).
Arche Gaillard (me de V). — Son nom lui vient de l'arcade
bâtie sur la rue par un membre de la famille Gaillard.
Arcs (ruelle des), des Ars. — Petite rue qui se faufile entre les
(1) Peut-être Gotureaux à cause^d'une abréviation sur t
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— 119 —
maisons et les jardins ; prend à la rue de la Bertonnière, est
arrêtée par le remblai du cours Reverseaux, puis continue de
Tautre côté.
Arènes (rue des). — Le mot est impropre, mais consacré par
l'usage. Il faut dire amphithéâtre.
Elle descend de l'église Saint-Eutrope vers la maison dite du
Coteau (voir ce mol). C'est le nom actuel ; j'ignore si, autrefois,
ce chemin reçut une dénomination. Il y a apparence que non, la
voie donnant accès aux arènes, la plus fréquentée, partait de la
Bertonnière, du canton de la Croix-Blanche (1553, Archives,
t. II, p. 325), et s'appelait la rue des Arcs. Malgré son exiguité,
on peut admettre que c'est un reste de chemin romain venant du
pont. Il n'est pas admissible que les Santons du suburbium et
de la campagne aient été obligés de remonter en ville pour venir
assister aux fêtes de l'amphithéâtre. Ils devai^it, au moins,
prendre une voie qui, probablement, suivait la Grand- Rue, la rue
Alsace-Lorraine, la rue Saint-Maur et la Bertonnière.
Jusqu'au XVIIP siècle, l'amphithéâtre n'est jamais dénommé
autrement que les arcs, et même au XVP siècle, le Palais de
Gallian,
Ce dernier nom noérite d'être expliqué.
Notre amphithéâtre, vulgo les arènes, partage avec Bordeaux
et Poitiers, le nom de Palais Gallien. A Poitiers, on disait tantôt
Chàleau Sarrazin, tantôt Palais Gallien,
Au Mas d'Agenais, existe la Porte Galliane et une fontaine de
même nom (1). Sur la rive gauche de la Garonne, lou Camin (2)
Gallian.
Il n'est pas facile de remonter jusqu'à Torigine et la raison
de cette désignation, retrouvée en Espagne, qui, prise à la
lettre, tendrait à attribuer la construction de ces ouvrages à
l'empereur Gallien. En réalité, cet empereur n'y est pour rien (3).
Il y a, au contraire, apparence que la littérature du XIP siècle a
seule fourni la dénomination. Le peuple, voire la société lettrée
médiévale, a transporté du domaine de la légende racontée par
la troupe errante des jongleurs, dans le domaine du réel un
nom d'héroïne. Les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle
ont peut-être bien contribué à répandre cette fausse attribution,
(1) Bull, archéo. dn Comité, 1897, p. 84.
(3) Léo Drouyn, Guyenne miliUire.
(3) A Bourges, la porte Gordoine ou Gourdaine n'a aucun rapport avec
l'empereur Gordien.
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— 120 —
de môme qualité que celle des chemins à Brunehaut, dans l'Est,
à Mélusine, en Poitou, à la reine Berthe, à la duchesse Anne en
Bretagne, à la reine Blanche, dans le Nord, à la comtesse
Mahaut, dans l'Yonne, et à d'autres femmes célèbres.
Gallien est le nom d'un roi dans Floovani ; Galliene est lé nom
de la fille du roi sarrazin Galafre, dans Mainet, mariée à Char-
lemagne. Partout cet empereur est réputé être l'auteur d'un
ouvrage religieux ou laïque. Rien de surprenant à ce que l'impé-
ratrice ait été associée à ces fabuleuses fondations.
Au X* siècle, dit Quicherat, la mémoire de l'antiquité se perdit
si complètement qu'on avait oublié même l'existence des Ro-
mains (1). La notion de la destination première d-es monuments
avait disparu. C'est alors qu'apparaissaient des noms nouveaux ;
les transformations suivent les exigences du moment. L'oblité-
ration du souvenir de l'époque romaine est générale, mais peut-
être de plus en plus intense, au fur et à mesure que l'on s'éloigne
des régions méridionales, où des traditions romaines, au moins
de langage, subsistèrent longtemps et subsistent encore. Le
Palais du Miroir, à Vienne, semble bien venir du miroir mer-
veilleux bâti par Virgile, où se voyaient les ennemis de Rome,
de même que le château Croissant de l'épopée française a pour
origine « le célèbre Crescentius, qui fut maître du môle d'Hadrien
et exerça de là sa domination sur la ville de Rome » (2). Le nom
de Miroir est même passé à une abbaye (3).
Quant au mot Palais^ il n'est pas facile de trouver son sens
véritable. Il a été appliqué à toutes les ruines romaines, dans
toutes les régions, et cela dès le VIP siècle, si on en croit le
chroniqueur Jonas (4) ; Palais d'Albâtre, à Soissons ; Palais du
Miroir, à Vienne ; Palais de Valentinien (5), à Tours ; Palais de
Longeas (6) à Chassenon; le Palais (ruines sur d'anciens thermes),
(1) Revue SoeiéUs iavantes, 1880, III. p. 91.
(3) Voir sur la question du Palais du Miroir et le Château Croissant, Roma-
nûi,IX. p. 45; XXX, p. 169, 173 ; Leblanc, Ponl da RhAnê entre Vienne et
Saint^Colombe ; Bazin, Plan de Vienne et Lyon gallo-romain, Bull. archéoLj
Comité, 1891, p. 336.
(3) Polybiblion XXXIV, p. 288.
(4) A Besançon. Cf. Congrèi archéologique de France, LVlll^yStMionj p. \Z2.
(5) Cf. de Caumont, Abécédaire.— Bull, mon., XXXVIII, p. 443— Fleury,
Antiquités de l'Aisne.
(6) On dit aussi les caves de Longea. Cf. Congrès archéol. XIV* session, p.
310; BoU. arc/iëol., 1898, p. XXV ; BulL société du amia des sciences de Ro-
chechouart, t. X, p. 91.
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— 121 —
à Moingt, près Montbrison ; le Palais de Duratius, en Limousin.
II paraît être une « extension de sens qui a fait passer à toutes
les résidences princières le nom de la demeure des César ou le
Palatin Palaiium (1) ; sa signiiScation semble bien être celle de
domaine royal ; on a, dans ce même ordre d'idées, Monela
palatiiy monnaie royale ou trésor royal. De plus, il y a toute vrai-
semblance que, dans la langue courante, le mot de château tra-
duit palatium ou devient son synonyme, il s'applique pareille-
ment à des constructions romaines.
A Angers, l'amphithéâtre est appelé, au XV* siècle, châtel de
Gourham ou Grohan, le théâtre d'Aubigné, château de Gane ou
Gannelon (2) ; à Orange, l'arc de triomphe portait le nom de
Château de l'Arc.
L'habitation dans les arènes, dans d'anciens thermes, des
théâtres, est certaine. Notre amphithéâtre a servi de logement,
de même que ceux d'Arles, de Nîmes, de Bordieaux. On voit
encore les trous des chevrons de toiture dans les murs. A Metz,
saint Clément choisit l'amphithéâtre cûmnïe résidence. Qui pour-
rail affirmer qu'à Saintes, les premiers évoques n'y ont pas
demeuré ?
On vient de trouver, à un mètre cinquante de profondeur, les
débris d'une boîte contenant un rouleau de monnaies aux noms
de CARLVS et de METVLLVM ou METVLLO (IX» ou X* siècle).
1429, 23 novembre. — A tous ceulx... Helies Guibourg,
garde du scel roial establi aus contraiz sur le pont de
Xaintes..., par devant messire Johan Gailhon, prestre,
notaire et juré de la court du dit scel, furent présens
vénérable personne messire Guillaume Poitevin, prestre,
chanoine de Xaintes, d'une part, et messire Pierre Burel,
prestre, procureur de l'université des clercs du cueur de
Saint-Pierre de Xaintes, d'autre part, lequel messire Guil-
laume Poitevin... voulant et désirant de tout son cueur
pdùrvoir au salut de son âme, attendant et regardant et
considérant les grans bons notables et honnourables anni-
versaires et services qui se font chascun an, de jour en
jour, continuellement, sans cesser, par les dits clers du
cueur de Saint-Pierre en la dille église, afin qu'il fust
(1) Congrèêàrchéo., XXV* sesiion, p. 671,
(3) Bull mon,, XL* toI., p. 13.
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— 122 —
participant dores en avant es messes, prières, oreisons,
anniversaires et services qui se feront en la diiie église
par les diz clers, a dlonné, livré, cédé au dit messire
Pierre Burel comme procureur des diz clers , c'est
assavoir ses vignes contenant un quartier de vigne et plus,
avecques toutes leurs appartenances, assises et assituées
en la seigno|urie de monsieur le prieur de Saint-Eutrope,
hors les murs de Xaintes, tenant les dites vignes, d*un
cousté aux motes et diésers que soloit tenir deffunt Ar>
naud Savari, d'autre costé aux motes et désers que so-
loit tenir Pierre Guibourg, taneur, d'un chief au chemin
public par lequel Ton va de Saint Macou vers les Combes,
et d'autre cousté aux Arcs die Saint-Eutrope, appelez le
Palais Galliane , à la charge de six anniversaires, avec
oraisons et vigile des morts et la messe suivant la coutume,
avec le libéra me sur la sépulture aux mois de janvier,
mars, mai, juillet, septembre, novembre en présence de
Jean Guillois, preslre, chanoine, Jean Garnier, Albert Le
Court, GuiLHOU (Archives de Saini-Pierre Cote V*).
1691, 14 octobre. — Hélie Mallet, échevin, afferme à
Thomas Salemon, maître jardinier, une maison et jardin y
jd|ignant sis et situé en la paroisse Saint Eutrope proche
des Artz, avec un beffin de vigne (Minutes de Feuilleteau),
1767, 4 août. — Maison vis-à-vis Saint-Eulrope avec
jardin et motte à chanvre, confrontant par devant à la
rue publique, par derrière à un sentier qui conduit du
faubourg de la Bertonnière au lieu appelé les arennes
(alias à la fond Sainte-Eustelle) (Minutes de Maillet).
Millin, au commencement du XIX* siècle, lors de son passage à
Saintes, a vu les arènes cultivées (Voyage, t. IV, 2* partie). Les
documents précédents les montrent déjà en culture. Elles Té-
taient encore en 1860, lorsque la ville entama les négociations
pour l'achat du terrain, sur les instances de M. Eschassériaux
(Cf. Recueil, t. I, p. 354, 490).
Armes (Place d'). — Place des Cordeliers.
AuMONERiE DE Saint-Pallais. — Il ne faut pas la confondre
avec l'hôpital (voir ce mot). Elle est mentionnée dans un testa-
ment de mai 1484, ainsi que les aumôneries de Saint-Eutrope,
SaintnVivien, Saint-Pierre. Elle remonte certainement beaucoup
plus haut.
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— 123 —
1716, 27 avril. — Jean Chasseriau le jeune, marchand
bonnelier, afferme à Jean Veillopi, marchand chapelier,
et à Antoine Gautier, voiturier, S66 beaux-frères, une
maison lui appartenant, vis-à-vis le cimetière de Saint Pa-
lais, confrontant au levant à Taumônerie de Saint-Pallais,
d'un bout à la cure (Minutes de Marsay).
AuBARÉE (Rue de V), — Existe avec cette orthographe sur le
plan de Lacurie (Voir renseigne la sirène) (1), par conséquent
avant que L. Audiat réclamât la restitution de cette orthographe
(Cf. B. Palissy, 1864).
(A suivre).
QUESTIONS ET REPONSES
Question.
iV780. — Le Gaulois du 25 décembre 11K)3 annonce la célébra-
lion, à Monlguyon, du mariage de M'"* Tier de Barl Brusley, avec
le marquis de La Plagerolle : — bénédiction donnée par l'évoque
de La Rochelle, bénédiction envoyée par le pape, lunch au châ-
teau du Taillan — et cette mention : « Les Brusley, d'origine
écossaise, sont fixés en Saintonge depuis le commencement du
XVII* siècle ». Ceci nous ramène au temps de Louis XIII. Ni à
cette époque, ni ultérieurement, en Saintonge, je n'ai rencontré
cette famille Tier. Désireux de me renseigner, je prie quelque
bienveillant et érudit confrère de satisfaire ma curiosité.
La m.
LIVRES ET REVUES
Le Bulletin de la Société de Vhistoire du protestantisme fran-
çais, de seplembre-octobre 1903, contient un relevé analytique
et alphabétique de tous les procès, actuellement connus, inten-
tés aux mourants et aux cadavres protestants sous Louis XIV
et sous Louis XV. Pour le département : Bonami Elisabeth, ser-
vante, décédée en 1089; Chollet, gentilhomme de La Rochelle,
décédé en 1686 : Joufflier Pierre, de Momac, décédé en 1686 ;
Isaac de La Fon, marchand à Jonzac ; la femme de Vigou-
(1) Reentil, t. XIV, p. 368.
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— 124 —
reux, apothicaire à Marans. M. Henri Gelin conclut ain-
si... <c que le plus éclatant hommage que des êtres intelligents
soient capables die rendre à cette vérité si difficile à atteindre,
c'est d'admettre, c'est de proclamer, c'est de défendre le droit
sacré de toute conviction, de tokite conscience, à la liberté 9.
C'est très bien dit, et la réflexion est toute d'actualité.
M. de Richemond raconte un drame au Château-Gaillard en
1670^ d'après la procédure qu'il a retrouvée dans les archives du
présidial de Saintes. La scène se passe sur la commune de Juicq.
Il s'agit d'un assassinat dont Abraham Rocquemadour aurait été
victime. L'accusé se nomme Denis Prieur, assisté de son frère
Christophe, fils du vice-sénéchal en la maréchaussée de Sain-
tonge. L'affaire se termine par des lettres de grâces et miUe li-
vres de dommages intérêts, dénouement que M. de R. attribue à
l'influence de la religion catholique à laquelle appartenait Prieur.
Le numéro de juillet-septembre 1903 du Bulletin de la Société de
Géographie de Rochefort, achève la publication d'une légende
des côtes de Saintonge et d'Aunis, Cette troisième partie qui con-
tient trois pages sur la Minerve de Poitiers, (quel rapport avec
Ro ??) ne le cède en rien aux deux précédentes en logogriphes de
la plus intense obscurité. « Du Plomb du Cantal, s'élancent les
eaux de la Cère qui vont rejoindre les eaux die la Dordogne. Près
du confluent de ces deux rivières, Durandal, l'épée merveilleuse
du roi Dis, de Radamanthe, d'Amantorix, d'Amatorix, du roi
d'Hutal, d'Antillé, d'Hutelli, repose à tout jamais sous la garde
du saint Michel des Chrétiens. C'est le point de départ des eaux
d'Antal, d'Andal, qui forment l'épée merveilleuse confiée par
Pluton-Hadès au cavalier Perseus pour couper la tête de la Gor-
gone Medousa. Cette épée retrouvée à l'époque carolingienne
fut placée entre les mains du paladin Rô l'Ant pour couper
montagnes et falaises et s'exercer sous le nom de Serpent Ro,
spécialement contre les falaises santoniques. Devant celles-ci,
Durandal reprenait la forme des gros serpents qui, depuis des
siècles infinis, peuplaient toute cette région maritime et tempé-
tueuse... !!!!! » Combien on dioit s'estimer heureux de savoir et
surtout de comprendre de si belles choses I...
Et plus loin : « Sur les côtes saintongeaises, les Gorgones furent
des divinités mauvaises et formidables. La première peut se re-
trouver dans ce gouffre de Maumusson, la seconde dans le dan-
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— 125 —
ger de Rochebonne, et la troisième dans le gouffre de Cherava-
che... I »
« Vers le XV* siècle avant notre ère, la grande tle, s*étendant
de Soulac à Chassiron, portait le nom Andromeda. Cette lie, dès
les premiers temps de la période géologique?? actuelle fut
en proie aux destructions marines. Les anciens en conçurent l'i-
dée dTun monstre marin voulant dévorer Andromeda composée
de rHe d'Antros et de la terre de Médousa. Lorsque Tlle d'An-
tros fut séparée de la terre de Médousa (Meda, Media) par l'ac-
tion combinée des eaux de la Garonne et de l'océan, l'événe-
ment donna naissance au mythe d'Andromède. Cette belle jeune
fille, m région, attachée à son rocher, menacée d'être dévorée par
un monstre marin, fut délivrée, suivant les anciens, par Perseus,
au moyen de l'épée d'Antal, qui déjà était dite avoir séparé la
tête de la Gorgone de la terre de Médousa !1!!! »
« Le monstre marin qui menaçait Andromeda a donné nais-
sance à la légende de Gargantua !!i »
« Ro est encore dans ses demeures et la preuve en est fa-
cile ?7? à faire. Lorsque la tempête souffle du sud, Rô hurle dans
le gouffre de M&umusson (avec les Gorgones 7) ; lorsque la tem-
pête souffle du nord, c'est le gouffre de Cheravache qui soulève
ses vagues profondes... I » Pas aussi profondes que cet amas
d'idées fantasmagoriques.
M. C. S. parle beaucoup de Dispater. Il aurait fait une décou-
verte des plus remarquables, qui nous dédcMnmagerait des autres,
s'il prouvait l'existence du culte de cette divinité dans la région
de l'Ouest. Malheureusement, il ne dit pas sur quel texte ni sur
quel monument il s'appuie. Toujours des affirmations. Hélas i
BuUetins et Mémoires de la Société d'Emulation des Côtes-du-
A^ord, tome XL, 1902, p. 89. M. de Calan traite dans un long mé-
moire du Rôle historique des provinces de France. Il a groupé,
d'après leur pays d'origine, dies notabilités de différents genres,
hommes de guerre, honunes politiques, savants, artistes et littéra-
teurs, établissant ainsi dans queUe mesure chaque province, cha-
que région a collaboré, suivant les époques, à la grandeur de la
patrie française. Il a voulu établir une relation entre le sol et les
hommes, l'influence que ceux-ci peuvent avoir tiré de la nature
des milieux dans lesquels ils sont nés. Certains passages (voir
p. 211 le portrait du Bordelais), sont très vifs, certains autres
très pftles comme celui relatif à la Saintonge (p. 222).
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— 126 —
Le Bulletin trimestriel de ta Société de Borda, 3* trimestre
1903, termine la monographie de M. Louis Sentex sur La (aien-
cerie de Samadet, avec cinq planches tirées malheureusement
en noir et trop pleines, par la raison que les spécimens trop ré-
duits ne peuvent plus être examinés qu'à la loupe. Le texte inté-
ressant et diocumenté sera d*un grand secours pour les collec-
tionneurs, et les aidera dans leurs recherches. Il fera surtout
mieux apprécier une fabrique assurément peu connue.
Comptes rendus et mémoires du Comité archéologique de Sen-
lisy 1902. Dans les nouvelles recherches sur les origines des gran-
des baillies royales, un paragraphe est consacré à Philippe de
Beaumanoir, bailli de ^enlis, parvenu à la haute administration
en 1286 au plus tard, sénéchal de Saintonge en 1288.
VEre nouvelle poursuit l'étude des Anciennes maisons des en-
virons de Cognac,
Du 8 octobre 1903. — Le fief du Bocage est situé au-dessus du
faubourg Saint-Jacques , à gauche de la route qui va de Cognac à
Saint-Jean d'Angély. Sous le règne d'Henri IV, il appartenait
à la famile Brunet, famille protestante (suivent des détails gé-
néalogiques), à laquelle appartient Jacques Brunet, né le 30
avril 1663, assesseur de la maison de ville. Sa fille, Françoise,
âgée de 16 ans, épousa en l'église Saint-Léger, le 12 novembre
1714, Louis Desprès, écuyer, sieur de Bussy, de Tonnay-Cha-
rente. Le père signe Brunet du Bocage. En 1787, le Bocage passa
aux Lacour, par suite du mariage de Joseph-Jean-Philippe La-
cour, entrepreneur des ponts et chaussées, de la paroisse d'Aul-
nay avec Marie Françoise Brunet. Le 3 février 1788 naquit Jean-
Baptiste-Michel-Joseph Lacour, devenu agent voyer de Tarron
dissement, décédé vers 1860, dont un fils, avocat, et un petit-fils
juge au tribunal civil de Saintes.
Du 11 octobre 1903. — La terre die Saint-Trojan était unie à celle
de Saint-Brice. Jean Poussard, seigneur de Fors en Poitou, pane-
tier de Louis XII, épousa, vers 1515, Catherine Gasteuil, dame
de Saint-Trojan, fille de François et de Jeanne de Livenne ; l'aî-
né des enfants, Charles, succéda à son père, réunit Saint-Brice
à Saint-Trorjan. De son union avec Marguerite de Bazoges naquit
Suzanne qui épousa, le 5 mai 1582, Louis d'Ocoy, chevalier, sei
gneur de Couvrelles, chambellan du prince de Condé. Louis
d'Ocoy mourut en 1635. Les Poussard et les d'Ocoy étaient pro-
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- 127 —
testants. Jean Casimir d*Ocoy fit élever un temple à Textrémiié
de son jardin, et dans ce temple, un caveau destiné à la sépulture
des membres de la famille. Ce caveau existe encore.
Après les d'Ocoy vinrent les Guiton de Maulevrier qui restèrent
seigneurs de Saint-Trojan jusqu'à la Révolution.
Tout en haut du bourg de Saint-Trojan est le domaine de Lé-
cart. Jacques Robicquet, marchand à Cognac le tient en 1632,
puis Michel Robicquet en 1664. Il vendit cette terre à la famille
Manguy. Jean Manguy, écuyer, sieur de Lécart, existe en 1680.
Après les Manguy, Lécart paraît appartenir à Jean François
Penaud. Au XIX* siècle, il est entre les mains de M. Léon Dupuy,
négociant à Cognac, qui le laisse à sa fille, M"* la comtesse des
Montiers de Mérin ville qui le vendit à M. Bernard.
Du 15 octobre 1903. — Le fief de La Foy, en Saint-Laurent, ap-
partient à la fin du XVI* siècle à Jacques Delymur, procureur
au siège royal, époux de Françoid Brung. Ses sœurs épousè-
rent : Jacquette Pierre de La Courbe, lieutenant général au mê-
me siège ; GuiUemette, Gabriel de Salcède, écuyer lieutenant
colonel du régiment de Picardie ; Françoise, François RufiSer,
écuyer, sieur des Grimardières. Jean Delymur, fils de Jacques,
vendit La Foy à Pierre de Rignol, lieutenant criminel au dit
siège, mari de Marie de La Courbe. Le 11 février 1628, P. de
Rignol prend la qualité de sieur de La Foy. Jean, son fils, lui
succéda. La Foy passa à Jacques Perrin, maire de Cognac,
époux de Marie Dussault, d*Archiac, décédée le 12 septembre
1733 : son mari meurt le 20 mars 1743.
Du 18 octobre 1003. — Le premier propriétaire connu du Bou-
quet en Javrezac est la famille Broussard, protestante, qui, vrai-
semblablement, grava, sur la maison, l'inscription encore exis-
tante DIEV A BATI MA MAISON. Ils venaient de la Vendée, où
ils possédaient un fief appelé Fontmarais. Deux mariages avec
des demoiselles Bertrand, protestantes, les fixèrent à Cognac
(Longs détails généalogiques). Ils étaient alliés à Laurent Dre-
lincourt, pasteur d'Alençon en 1663. Bertrand Broussard abjura
le calvinisme , et se fit inscrire à TArmorial de 1696, sous le nom
de « Bertrand Broussard, écuyer, sieur de Fontmarais, gentil-
homme de la grande vénerie du roi, porte : d'azur, à un aigle
£argeni et une coiice de gueules, brochant sur le tout ». Il est
remarquable qu'ils se qualifient rarement sieurs du Bouquet,
et qu'ils gardèrent au contraire le titre de sieurs de Fontmai-
rais. Une autre branche s'intitule Broussard de Montifaut (pa-
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— 128 —
roisse de Salles). Henri Gaspard de la Porte aux Loups, fils de
Marie-Elisabeth Broussard de Fontmarais, et de Jacques, fut
cadet au régiment de Guienne, en 1776, sous-lieutenant en 1778,
émigra, servit dans Tarmée de Condé. Il avait épousé, le 12 juin
1782, Anne-Félicité de Livenne, décédiée le 29 septembre 1791. Le
Bouquet, confisqué, fut vendu comme 1>ièn national, et acquis par
Sophie Martell, femme Roubaud, laquelle le vendit à la famille
Albert. Il fut partagé entre P. Etienne Albert, père de Tavocat,
et la sœur de celui-ci, mariée avec M. Dulignon. Les Albert et les
Lecoq de Boisbaubran le vendirent à MM.Potut et Mimaud.
M. Szemovien a aujourd'hui réuni les deux parties.
Du 22 octobre 1903. — Il y a dans la commune de Xherves deux
noms du Coudret, le Grand Coudret qui est un village, et le Petit
Coudret qui est un domaine. A la fin du XVI* siècle, ce dernier
appartient à une famille Gordon. François Gordon était con-
trôleur des eaux et forôts d'Angoumois. Son fils, Etienne, lui
succède, se qualifie d*écuyer et de sieur du Coudret, vice-séné-
chal de Saintonge ; il était marié avec Marguerite Méme-
teau. Jean Cordon, leur fils, épousa Françoise Payan, fille d'An-
dré, sieur de Gombaud. Leurs héritiers vendirent Le Coudret
vers 1667 à François du Boulet, qui s'-en défit presque aussitôt en
faveur de Daniel Coma, juge d'Echillais en Saintonge. Il mofurut
au Coudret le 27 septembre 1691. Zacharie Coma épousa, le 5
mai 1695, Catherine Prévost. Il se qualifie en outre de sieur de
Monteurs en Nercillac. Catherine-Thérèse Coma se maria avec
Jean-René Pépin, sieur de La Tour, avocat, neveu par alliance
de Pierre Gay de La Chartrie. Le Coudret fut acquis, vers
1730, par Léon-Alexis de Bremond, dit le vicomte d'Ars,
lieutenant de vaisseau, marié avec Louise Faure de La
FayoUe, laquelle mourut au Coudret le 6 décend)re 1769.
Sa fiUe, Marie Judith, veuve de Charles-Jacob de Bremond,
se retira à Paris, où elle mourut en 1782. Le Coudret passa alors
à la famille Brunet qui le garda pendant quatre vingts ans ;
il appartient aujourd'hui à M. Baron.
Du 25 octobre 1903. — Le logis de Fontaulière en Cherves, ap-
partenait, à la fin du XVP siècle, à Jean Maignan, homme d'armes
du duc d'Epernon. Son fils, Bernard, épousa en 1634, Marie
Maignan, sa cousine, mourut vers 1638, peut-être à La Touche.
Louis de Pocquaire, écuyer, mari de Marie de La Cassaigne, pos-
sédait Le Cormier, en Cherves. Charles de Pocquaire, son fils,
épousa, vers 1633, Elisabeth d'Arnaud, ûûe de Jean, seigneur
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— 129 —
de Boisroche en Saint-André, maître d*hôtel du duc d'Epernon^
et de Marguerite de Bourg. Elisabeth mourut au Cormier le 11
janvier 1642, laissant trois enfants ; son mari lui survécut jus-
qu'au 14 mars 1680. Il est probable que c'est lui qui acheta des
héritiers Maignan le domaine de Fontaulière, vers 1660. Henri
de Pocquaire, fils aîné, époux de Madeleine Méhée, mourut à
Fontaulière, le 22 décembre 1694 : sa veuve se remaria avec Jac-
ques de Curzay, le 24 janvier 1606, et mourut le 17 novembre
1701 (notes sur les Pocquaire). Henri de Pocquaire, époux de
Françoise Chevreuil de Romefort décéda, à Fontaulière, le 5 dé-
cembre 1767, à peine âgé de 38 ans, sans enfants. Les Saulnier
de Montlambert, ses cousins, se fixèrent à Fontaulière.
Alexis Saulnier, le dernier propriétaire de ce nom, marié en
premières noces à Marie Normand de La Garenne, puis en se-
condes noces à Catherine Chevreau, mourut le 27 septembre
1810, âgé de 58 ans. Fontaulière passa alors à M. Drouineau
qui le laissa à son gendre. M. Daniaud, dont la fille se maria
avec M. Benon, père de M. Benon, avocat à Cognac.
Du 29 octobre 1903. — Le Breuil, près Cognac, appartenait à la
fin du XV* siècle à Jean La Madeleine, et au XVII* à Louis Civa-
dier, avocat et échevin de Cognac, déjà possesseur du fief de Ga-
lienne, commune de Javrezac, mari de Elisabeth Phelippier. Il
était fils d'Etienne, verdier des eaux et forêts, puis avocat, et d'E-
lisabeth Foucques. Il dévint maire de Cognac, et mourut en jan-
vier 1671, laissant de son mariage avec Jeanne Monginot, un
fils Louis.
En 1706, Le Breuil a dû être acheté par Pierre Lebouché, con-
seiller du roi, assesseur au siège royal de Cognac, époux de Ca-
therine Pépin,
Le 10 janvier 1725, leur fille Catherine époKisa Joseph René
Clabat, chevalier, seigneur du Chillou, de la paroisse de Saint-
Hilaire de Poitiers. Ils demeurèrent au Breuil (notes généalogi-
ques sur les Clabat).
Jacques-Etienne Clabat, mort célibataire, laissa ses biens à
M. de Liniers de Poitiers. Celui-ci, à son tour, le donna à une
de ses nièces qui, en 1846, vendit Le Breuil par parcelles. La
maison fut acquise par M. Blanchard, négociant, qui la revendit
à M. Georges Fort.
Du 1*' novembre 1903. — Fontenille, village de la commune de
Cherves; dans ce village, une grande maison appartenait au
seigneur du fief. Au XV* siècle, ce seigneur se nomme Jean
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Berlrai^d, chambellan du roi. Jaoquetle Bertrand, sa fille imquet
épodjusa en 1499, Jea^ de RA^ain/i, aeigneu^ d'Usson,, pui^ ei^ ^-
condcs o/9ces, vers 15^/ Çolln, Cor^ol (jsuivent quelques no-
tes généalogiques sur le^ Rabfjn^),
Pierre de. Montalembert, sieMi: d^ Mongaugé, en Chérac,
époux de Marie de Gaillard, go fi^xa à Fonlenille et y m^o^rut^e
ô novenQj[)re 1682, Agé die 55 ans. Adam-Charles et Charries, S9S
fils, habitèrent quelque temps ce dojoçiaine.
Le frère de Marie de Gaillard habitait La Courbe en Chéraç.
Le Grand Parc de Cognac d'vn^ coMtenaiftce de 600 hectajres
fut aliéné en 1832, en vertu d'vme loi. M* Clémeijvt, ancien' no-
taire à Paris, s'en étant rendu acquérei^r, coinmeiK^c^ 1^ défri-
chement de la forêt. M. Clément f^t exproprié ; M. AUard, ad-
ministrateur des biens de la liste civ^e flu roi Louis-Philippe le
revendit à plusieurs prqpriétaires.
Du 8 novembre 1903. — Jean Vitet, échevin de Cognac en 1601,
maire en 1602-1603, mari de Jeanne Huon, possédait TEchassier.
A la fin du XVIP siècle, on trouve Gabriel Vilel, sieur de FE-
chassier, fils de Jean, sieur de Bel Air, échevin, et d'Anne Mes-
tayer, mariés le 18 avril 1684. Gabriel Vilel épousa, en 1722,
Marie Bourguignon, née en 1690, fille de François, i^ieur de
Chevre-Nègre en'Javrez^c et de Marie Zi^ck (descendance). Il
mourut âgé de 58 ans, le 28 avril 1743. Le 2 mai 1747, sa fille,
Marie-Anne, épousa Jean Defieux, écuyer, sieur de Marcillac
Laborie en Périgord (descendance). Le 19 juin 1787, à TEchas-
sier, eut lieu le mariage de Jeanne-Marie Defieux de Marcillac
(sa mère décédée en Périgord) avec Bernard Desmier d'Olbreu-
se, lieutenant de marine au service die TEspagne. Jean Defieux
se remaria avec une demoiselle de Bonnegens. Jean Defieux de
Marcillac, l'aîné, était lieutenant au régiment de Beajijolais en
1781. Il épousa, à Toulouse, Claire Félicité de Lacoste, nièce
de Dominique Périgon, devenu maréchal de France en 1804.
Honoré de Marcillac, frère du précédent p^ssa à Saint-Domin-
gue.
Jean Defieux de Marcillac, capitaine en 1785, fut emprisonné à
Cognac sous la Terreur, et mourut à TEchassier, le 22 février
1818, maire de Saint-Martin. Il eut un fils tué à la bataille de la
Moscowa.
' LaRei>ue du Ba^4^€Mou, 3* livraison de lOOSyccmlieiit, 4u D'
Atgier la suite de ses notes sur F Abbaye de Ré, commencées en
1902. Le chapitre VIII donne la liste des abbés de 1178 à 1803).
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— lai —
fievue du Bas-PoUpu, 1903, .4*.livrjaison.. Lef hypogés chrétiens
et lç9 cryp,ie$ du Poitou antérieurs à Van mille par li^. I|<éon
I^^aitre. Le cœur vendéen^ le bijou populaire bien connu, par. M.
le D'' Baudouin et M. Georges Lacoulomère.
^fivij^e des Çharentes, du 30 novembre 1903. M.-H. Patry.'(de
La Rioohelle} reprend Tarticle ;qu*il a donné en }uiUet< 1903, dans
la Revue des Annales du Midi sur la défense de Saint-Jean d'An-
géjy par le capitaine Antoine du Plessis de Richelieu (9-14. cet.
K>62). M. H. Patry croit que, contrairement, à Toprinion de M.
Uanotaux (Histoire du cardinai Richelieu), c'est Antoine de Ri-
chelieu 4it le moine et non son frère aîné François, <iit P'ûon^
maître' de camp, qui défendit Saint-Jean d'Angély. La confu-
sion résulte 4e> ce que les deux frères sont appelés indifférem-
i)aent le capitaine.
> De- décembre 1903. — ' Le paysagiste. Auguin. Biographie par
•H. René Hérisson, pleine de justes appréciations, dé traits et
d'anecdotes qui « campent » bien sous son véritable jour l'excel-
lent artiste et fait connaître les faces multiples de son tempéra-
ment. — Suite et fin de la défense de Saint-Jean d'Angély par
le capitaine Antoine du Plessis de Richelieu,
Le numéro de janvier 1904, contient un charmant article de
M. E. Moreaud, sur Tauteur de La Mérine à Nastasie, le D' Jean.
Les bibliophiles: feront bien de- le détacher et de le coller en tête
deieur exemplaire- de La'Mérine, en guise de préface. C'est' la
préface née, celle qui convient à ce volume ; on n'y apprend
peui-êtrerien de neuf, mais on y trouve condensée la genèse de
lai pièce. On y trouve cependant une petite révélation inattendue.
M. Jean, qui' a été médecin de la marine, a fafit à la- Guyane du
prosélytisme charcutais. Il a appris à trois nègres un "vieil air
saintongeais. Pendant quinze jours, il Ta chanté avec eux. Le
chantent-ils encore? C'est possible. Or, étant donné les habitudes
des gens -simples, il est probable qu'ils' le chanteront longtemps,
et que leurs enfants le répéteront plus ou* moins déformé. 'De
-sorte que si,< un jour, un Saintongeais ignorant ce détail,' passe
par là, entende et reconnaisse le refrain de son pays,' il se dé-
mandera, étonné, où, quand, comment ces sauvages ont pu le
recueillir. Il y aura là un petit problème de folklore dont La so-
lution lui donnera un peu de souci, mais qu'il résoudra s'il pense
à consulter la Revue des Charentes. Le hic sera d'y penser.
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— 182 —
L'Ordre des Trinitaires pour^ le rachai des captifs, par Paul
Deslandres, archiviste-paléographe, attaché à la bibliothèque de
l'Arsenal, 2 vol. in 8**. L'auteur de ce travail de bénédictin, tra-
vail enrichi de curieuses reproductions, de miniatures, tableaux,
sceaux, cite au tome I, page 573, les Archives historiques de
Saintonge et d*Aunis, à propos dtu prieuré de Saint-James, près
TaiUebourg, et au tome II, page 175, reproduit comme déjà pu-
blié par la Revue de Saintonge^ à laquelle il avait bien voulu
le communiquer, le procès-verbal de la visite du 25 juillet 1531
(Revue de septembre 1901). Les Trinilaires paraissent avoir eu
peu de soins de leurs archives. « L'histoire des couvents trini-
taires est surtout celle de leur ruine graduelle », et Thistoire de
l'Ordre, celle des conflits des Trinitaires entre eux et avec les
Pères de la Merci. Là troisième partie du tome I contient de
très intéressants détails sur le rachat des captifs : c'est là l'âme
du sujet traité et le côté noble de l'institut. Le tome II est con-
sacré aux pièces justificatives ; à la page 225, notons, dans un
obituaire de Châteaubriant de 1606 : a Le unziesme jour de mars
1569, fut tué le prince de Condié en une rencontre; duquel a esté
faict le quartrain :
L'an mil cinq cens soixante neuf.
Entre Jarnac et Chasteauncuf,
Fut porté mort sur une âncsse.
Le grand ennemy de la messe.
a.
m
... Le vingt septiesme jour de may, mourut à Xainctes, le 5
sieur de Dandelot, d'une fiebvre pestilentieuse, au grand regret ^
des protestants, au grand bien de la France... |
Page 342. 1692, 14 mai, fixation, à Thospice de Saint-Eutrope ^
de Marseille, de la fête patronale, au 27 mai, « de saint Eutrope, -g
évoque et confesseur », au lieu du 30 avril, « de saint Eutrope, J
martir ». ^
Page 345. 1692, histoire du couvent de Toulouse. « Laquelle ^
église qui s'apeloit de Saint-Victor, fut consacrée le 27 avril
1511, par Monseigneur Eustache, evesque de Xainctes, à l'hon-
neur de la Sainte Trinité ».
Il y à là un mot écorché, car l'évêque de Saintes en 1511 se
nomme François Soderini.
X.
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REVUE
DE SAINTONGE & D'AUNIS
BULLETIN DE LÀ SOCIÉTÉ DES ARCHIVES
SOMMAIRE DU !•' MAI 1904
Avis bt ivouvbllbs : Assemblée du 6 mars ; Situation financière ; Admissions ;
ExcursioQS; Compte rendu des journaux ; Fichier ; Vente de pierres; Waldeck-
Rousseau à Jonzac ; Cendres de Coudreau.
NoTBS d'état civil. — 1. Décès: de La Laurencie; Arnauld; du Dresnay ;
Bertrand ; Béai ; de Lignières; M»« Thoyon ; Mousnier ; Badenhuver.
II. Mariaaes: de Puységur-Caminade de Chatenet; Laferrière-Polfer ; Alies-
Chatonet; Amouz-Lian.
Ehrata.
VABiér^s : Maintenue de noblesse ; Centenaires ; Abbaye de Saintes ; Feu
de joie; L'inondation de 1904; Notre-Dame La Rotonde; Une invitation à
dîner chez le premier consul ; Une fête scolaire à Cognac en 1784; Saintes
ancienne, les rues.
QuBSTiOHS BT RÂP0NBB8 : Etymologie de de Cage; Simer; Boisredon ; A chA
ptiiU
LivKBS BT RBvuBS : Au pays de Jésus ; Patois saintonseais en Lorraine ; Les
anciennes maisons des environs de Cognac ; Manuel d*archéologie de M. Enlart;
Liber censuum.
BiBuooHAPHiB semestrielle.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 6 MARS 1904.
Présidence de M. le baron Oudet.
L'assemblée entend la lecture, par le trésorier, du compU
rendu de la situation budgétaire. Elle approuve les comptes.
M. Dangibeaud communique un projet de traité à passer
entre la Société et l'imprimeur. Après lecture des articles, M.
Coutanseaux demande que le bureau prenne des renseigne-
ments auprès d'autres imprimeurs, sur les prix d'impression et
de correction, certains prix proposés lui paraissant trop élevés.
L'assemblée examine plusieurs projets d'excursion. M. Bures
propose de rendre ces petits voyages instructifs, par une courte
conférence qui serait faite en présence du monument, but prin-
cipal de l'excursion.
R«Tue, Tome XXIV, !• Urralaon. » Mai 1M4. 10
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— 134 —
Situation financière au 1" janvier 1004
Recettes.
En caisse au P' janvier 1003 8651 80
Cotisations 1902 ... ; 65 40
— 1903 1320 35
— 1904 56 65
Vente de volumes et bulletins 190 66
Escompte sur les factures 68 37
Intérêts des sommes placées 556 75
Remboursement d'avances à Timprimeur 1500 00
Monument L. Audiat (en dépôt), souscriptions person. 305 00
Total 12714 97
Dépenses 1903.
Avances à l'imprimeur (1903) 1500 00
Impression de deux volumes d'Archives (1902). . . 4409 70
— de la Revue (1903) 2124 10
Frais d'expédition des volumes 112 90
— des bulletins 109 08
Appointements de l'employé aux écritures .... 224 11
— de la concierge 50 00
Frais de correspondance de l'ancien président. . . 99 10
Loyer 316 OO
Dépenses d'installation . . . ^ 100 00
— d'entretien 36 15
— de correspondance (timbres, colis postaux,
etc.) 100 00
Photogravure . ^ ^^ "^^
Enveloppes timbrées pour roc* des quittances. . . 34 50
Factures diverses 110 00
Frais accessoires ^^ 72 70
Impôts 12 85
Total 9634 94
En caisse à la Caisse d'épargne. . . . 1.500 30 1
— au Crédit Lyonnais .... 1.250 00 | 3080 03
— en numéraire 329 73 )
Total 12714 97
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- 135 -
Admission de nouveaux membres.
M. Brault de Bournonville, maire de Montguyon, présenté
par M. le docteur Vigen.
M. le baron Chaudruc de Crazannes, à Bordeaux, présenté par
M. le baron Oudet.
Le XXXIIP volume contenant le tome II du cartulaire de
Saint-Jean d'Angély, avec une importante notice sur Tabbaye,
est en distribution.
Les sociétaires qui n*ont pas encore retiré leurs volumes de
chez nos correspondants, sont priés de le faire sans retard.
L'EXCURSION annuelle aura lieu, comme Tan passé, avec
la Société d'archéologie, le jeudi 26 mai. Le rendez-vous sera
à Pons. De là, on partira en voiture, et on visitera Bougneau
et Pérignac le matin, puis Ars dans l'après-midi. Les personnes
qui voudront revenir à Pons continueront en voiture ; les autres
pourront prendre le train au Pérat, et rentrer en gare de Saintes
à 6 heures et quart.
L'église de Pérignac est à peu près inconnue de la plupart
des Saintongeais : elle vaut la peine de s'y rendre. C'est une
des plus riches façades du département.
Prière de se {aire inscrire de^ suite, en s'adressant soit au
trésorier de la Société, soit à M. Poirault, trésorier de la Com-
mission des arts et monuments de la Charente-Inférieure.
La plupart des journaux du département ont reproduit le
programme du numéro de mars de la Revue.
Plusieurs d'entre eux se sont emparé de la nouvelle relative
aux éboulements de murs, rue du Séminaire et à Saint-Macoull,
insérée dans le dernier numéro , sans dire à qui ils l'em-
pruntaient, Dieu merci ! car ils l'ont agrémentée de coquilles
de grande taille. Ainsi, on lit chez l'un d'eux « que des sculp-
tures romaines ont appartenu à l'église Saint-Macoull... » —
Passons celle-là sur le dos du typographe. Un autre — non
des moindres — a corrigé pluies abondantes en inondations, de
telle sorte qu'il raconte, sans sourciller, que les inondations
ont démoli le mur de soutènement* du jardin de la caserne de
Bremond d'Ars — ce qui est déjà coquet I — et un mur, tout
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— 136 —
là haut, en face du château d'eau, ce qui est à faire frémir I Ju-
gez-en ! le château d'eau se trouve à 36 mètres au-dessus de
la Charente !! Vous voyez d'ici en quel état serait la pauvre
ville de Saintes, à l'heure présente, si pendant huit jours elle
était restée ensevelie sous 36 mètres d'eau !
Pour une coquille, c'en est une colossale. Elle doit dater du
déluge.
La Revue de Béarn et du Pays basque, de février 1904, signale
et apprécie l'article sur la Mosaïque de Lescar, qu'il serait plus
correct d'appeler d'un titre moins « ambigu » : La Mosaïque
de la cathédrale de Lescar est-elle romaine ?
La Revue archéologique, janvier-février 1904, p. 185, rend
compte, sous la signature J. D. (J. Déchelelte), de l'article sur la
Mosaïque de Lescar. « M. Dangibeaud tente d'expliquer l'énigme.
Il ne me semble pas qu'il y soit entièrement parvenu, en s'appuyant
sur certaines légendes superstitieuses. Mais il a eu le mérite de
signaler trois fois le même homm*e à jambe de bois sur les façades
et les chapiteaux des églises de la Charente ( — lisez Charente-
Inférieure, dont on ignore généralement l'existence à Paris — ).
« Ces rapprochements sont fort curieux. Je ne puis admettre
avec l'auteur que cette figuration soit retrouvée sur des monu-
ments antiques de la Gaule romaine. Le fragment de poterie
sigillée qu'il a reproduit*n'a rien de commun avec l'invalide cha-
rcutais. D'aiUeurs, il ne faut jamais chercher sur les vases rouges
de la Gaule des représentations de légendes indigènes. On ne
trouve pas le moindre élément gaulois dans cet art d'importa-
tion. »
M. André Girodie, dans Notes d'art, de février 1904, indique
avec éloges l'article sur la crosse de Saint-Jean d'Angély, et la
monographie de Saintes ancienne.
Le Bulletin de la Société de géographie de Roche{ort, 1903,
n® 4, recommande à ses lecteurs la très intéressante contribu-
tion à l'histoire locale, les Cahiers des doléances des corpora-
tions, transcrits par M. l'abbé Lemonnier, dans le n** de novem-
bre de la Revue.
Notre confrère, M. Léon Bouyer, vient de faire paraître chez
Lemerre un nouveau volume de sonnets. La Revue en reparlera.
Le conseil municipal de La Rochelle a voté, le 30 mars, la
moitié de la somme de 6.911 francs, montant du devis des répa-
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— 137 —
rations à exéculcr au crénelage et aux façades intérieures de
THôtel de Ville, l'autre moitié restant à la charge de Tadminis-
traiian des monuments historiques.
M. F. Chapsal, directeur du cabinet du ministre du commerce,
est nommé commissaire général du gouvernement français en
Belgique, à l'exposition de Liège.
Dans son rapport sur le budget des Beaux-Arts de 1904, M.
Massé, député, émit l'avis qu'il serait indispensable de dresser
un « fichier des musées des départements », permettant de
retrouver instantanémjent où se trouve n'importe quel ouvrage
d'un artiste. I/administration des B<sTux-Arls prend des informa-
tions en vue de son établissement. D'après M. Massé, ce fichier
serait constitué au moyen d'un jeu de fiches, établi en double
exemplaire par les conservateurs de chaque musée. Ces jeux de
fiches seraient déposés à la direction dos Beaux-Arts, et classés
suivant Tordre alphabétique, l'un au dossier de chaque musée,
l'autre au nom de chaque artiste.
Très bien ! Mais il y a gros à parier que ce travail de longue
haleine ne sera jamais complet, et que surtout — si par miracle
il s'achève — il ne servira jamais à rien. La raison en est simple :
les neuf dixièmes des tableaux anciens des musées provinciaux
sont des copies (souvent de mauvaises copies), ou faussement
affublés du nom d'un maître, de telle sorte que ce volumineux
fichier fourmillera d'erreurs et de non valeurs.
Le catalogue de M. Massé deviendrait utile si, avant qu'on
l'entreprît, des critiques compétents visitaient tous nos musées
de province, examinaient avec soin chaque tableau et chaque
dessin, éliminaient l'ivraie du bon grain, attribuaient à chacun
le nom qui lui convient.
Il passera de l'eau — et beaucoup d'eau ! — sotis le pont,
avant la réalisation de cette énorme revision, cependant néces-
saire, si on a la ferme volonté de faire œuvre sérieuse.
D'autre part, il y a double emploi avec VInveniaire des Ri-
chesses de France, Mieux vaudrait activer cette vaste publica-
tion et laisser le fichier... dormir.
On annonce la vente à Saint-Just, près Marennes, du petit
oratoire dessiné dans la Revue, tome XI, p. 41, et de la fenêtre
qui se trouve dans la façade de la maison vis-à-vis de l'église.
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Après le mobilier des vieilles maisons, sur lequel tant d'ar-
gent a été dépensé depuis cinquante ans, voici les vieilles
pierres des maisons elles-mêmes qui s'en vont. On en vend
partout. Sans rappeler le célèbre château de Montai, il y a à
Paris des marchands de vieilles pierres. Un collectionneur de
Saintes, non des moins éclairés, vient d'acheter un jubé, en Au-
vergne, qu'il va transporter aux environs de Saintes. Il a déjà
transplanté à Saintes une porte de chapelle de Sainl-Maixenl, et
construit, à la campagne, une habitation entière avec de vieux
matériaux, de vieilles fenêtres sculptées ou à meneaux. Il s'ap-
prête à y ajouter l'oratoire en question.
Quand les maisons auront été complètement dépouillées de
leurs meneaux, lucarnes et portes, arrivera probablement le
tour des églises.
Le 25 mars, on a entendu, à la matinée musicale, donnée par
M. et M"' Vercheval et leurs élèves, La légende du laCy poème
et musique de deux de nos confrères, M. Léon Bouyer, avocat,
M. Canton, directeur du bureau de la Société générale.
Une Société lyrique s'est formée à Cognac « pour secourir,
dans la mesure de ses moyens, les pauvres de la ville, tout en
procurant des distractions au public ».
Décentralisation ! C'est le mot d'ordre de plus en plus à la
mode.
Les Noies d'art et d'archéologie, de mars 1904, contiennent un
résumé des principaux événements archéologiques arrivés depuis
un an en Aunis et Saintonge, par M. le chanoine du Vauroux.
René Waldeck-Rousseau, père du ministre, habita longtemps
Jonzac. Né en 1809, il était fils « d'un ancien officier de la
"grande armée, qui, après avoir vaillamment guerroyé, devint
receveur particulier des finances à Jonzac » (Voir dans la Revue
politique et parlementaire^ du 10 mars 1904, l'article de M.
Gaston Deschamp).
Notre compatriote et confrère, M. Paul Pelet, professeur à
l'Ecole des sciences politiques, auteur de Y Atlas des Colonies
françaises, ouvrage que nous avons récemment signalé ici (1*'
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— 139 —
novembre 1903, p. 367), vient d'obtenir deux hautes récom-
penses pour celle remarquable publication : à la Société de
géographie, le prix Pierre-Félix Fournier; à la Société de
géograpliie commerciale, la médnille Meurand.
L'Académie des sciences morales et politiques, récompen-
sant pour la première fois un atlas, avait précédemment décerné
à M. Pelcl, pour cette même œuvre, le prix Audiffred.
A la séance du 5 avril de la réunion des délégués des sociétés
des Beaux-Arts, à Paris, M. Biais a lu un rapide exposé des
phases du théâtre à Angoulême du XV' siècle à 1904.
M. Jouin, dans son rapport général, a consacré un paragraphe
à notre regretté président Louis Audiat, qui « a été le promoteur
actif d^éludcs de toute nature dans la région. ))
Madame veuve Caudreau, née 0. Renard, a fait transférer en
France le corps de son mari, Henri A. Ooudreau, explorateur,
né à Soiinac (Cliarente-Inféricure), le 6 mai 1859, mort au Rio
Trombctas, Etat du Para (Brésil), le 10 novembre 1899. Le
cercueil, arrivé à Sainl-Nazaire, le 13 mars 1904, a été trans-
porté dans le caveau de la famille, au cimetière de Bardines, à
Angoulême.
Avec une énergie rare, M"* Coudreau avait voulu, après la
mort do son mari, continuer l'œuvre difficile d'exploration qu'il
avait entreprise. A travers des dangers de toutes sortes, elle a
poursuivi l'étude des affluents de gauche du fleuve Amazone.
Elle a publié récemment trois volumes contenant la relation de
ses explorations : Voyages an Rio Curua, à la Mapuera, au
Maycurn. M'^ Coudreau vient d'obtenir de la Société de
Géographie conun^rciale de Paris, une haute récompense : la
médaille Crevaux.
Nous rappelons que notre collègue, M. G. Regelsperger, a
publié, dans le Bulletin de la Société de Géographie de Roche-
fort (1900, p. 64-72), une assez longue notice sur les explora-
tions et les travaux d'Henri Coudreau, dont il a d'ailleurs été
question aussi, à diverses reprises, dans la Revue de Saintonge.
Le Ventre rouge disparaît : il a fusionné avec le Subiet depuis
le 6 mars 1904.
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Une nouvelle revue mensuelle, dont le premier numéro a
paru en mars 1904, vient d'être créée à Niort, soois le titre de
Le Décentralisateur littéraire et théâtral, André Chiron fils,
directeur.
« Le programme du Décentralisateur est très simple ; il a
pour but de grouper les écrivains — surtout ceux de la pro-
vince — et de leur permettre de faire connaître leurs inspira-
tions et leurs œuvres »
Avril 1904, UEtoile, journal socialiste des Charentes, parait à
Rochefort.
M. G. E. Papillaud commence, dans Y Echo charentais du 6
mars 1904, une histoire des foires de l'arrondissement de Bar-
bezieux.
L* Illustration^ du 19 mars, contient l'arrivée de M. Pelletan
à Rochefort, et l'expérience du bateau Henry.
M. Victor Billaud a publié, sous le titre de Scènes villa-
geoises, une nouvelle série de doUie cartes postales.
L'inondation de Saintes a fourni l'occasion d'imprimer plu-
sieurs séries de cartes postales, éditées chez M. Prévost, libraire,
M. Chassériaux, imiprimeur (clichés Baldassini), M, Lehmann, di-
recteur de la Maison universelle,
MM. Croizard, Lutaud et Bidoit font éditer un plan de Cognac.
Prix, 10 francs.
NOTES D'ETAT CIVIL
L — DÉCÈS
Le 2 janvier 1904, est décédé au château de Fleurac, com-
mune de Nersac (Charente), à l'âge de 75 ans, Jean-Baptiste-i/en-
ry, comte de La Laurencie. Né le 7 mars 1829, au château du
Petit-Chône, commune de Mazières (Deux-Sèvres), de Victor-
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— 141 —
Prosper et de Marie-Frédérique-Julienne Viault de Breuillac, il
était entré dans la marine, qu'il avait quittée avec le grade d'en-
seigne, au moment de son mariage, en 1856, avec Laure-Eula-
lie-Marguerite de La Boissière, fille de Jean-Frédéric Garnier,
comte de La Boissière, et de Marie-Anne-Octavie Blanchon.
Devenu veuf sans enfants, en 1897, et ayant à coeur (je con-
server, après sa mort, intacts dans la famille, le château et la
terre de Fleurac, qu'il avait acquis quelques années après son
mariage, le comte de La Laurencie avait appelé près de lui un
de ses neveux, qu'il a fait son légataire universel, Frédéric-
Marie-C^arZes, baron de La Laurencie, enseigne de vaisseau
démissionnaire, fils de Mdirie-Sianislas et de Camille-Marie-Ju-
lie Rousselot de Saint^Céran, et marié à Nantes, le 5 janvier
1898, avec Luzéide-Marie-Denise-C/iar/offe Pellu du Champ-Re-
nou, fille de Ernesl-Marie-c/u/es et de Marie-Louise Juchault des
Jamonières. De cette union, sont issus deux enfants : Pierre-
Marie-i4Iam, du 29 mai 1899, et Henry-Marie-Af aaricc, du 11
novembre 1900.
Les obsèques diu comte de La Laurencie ont été célébrées à
Nersac, le 5 janvier, devant une nombreuse assistance compre-
nant les notabilités du pays, et l'inhumation a eu lieu, le len-
demain, à Chirac, près Chabanais, dans la sépulture des La
Boissière, le défunt ayant manifesté le désir de reposer près des
restes de sa femme.
A.L.
Le 1" mars 1904, est décédé notre confrère, M. l'abbé Edmond-
Henri-Emmanuel Arnauld, curé de Meux, âgé de 34 ans, fils de
M. Henri Arnauld, capitaine de frégate en retraite, chevalier
de la légion d'honneur, et de Madame, née Geoffroy.
Le 9 février 1904, est décédé au chftteau du Dréneuc (Saint-
Nicolas de Redon, Loire-Inférieure), M. le marquis Jean-Am-
broise-Marie-Renaud du Dresnay, ancien officier de cavalerie,
maire de Fegréac, âgé de 74 ans, époux de feue M*°* du Fay, et
en secondes noces de MP* Bérengère de Baderon de Maussac
de Thezan de Saint-Geniez. (Cf. Revue, tomie XVI, p. 122).
Est décédé subitement, à Alençon, le 15 février 1904, M.
Charles Bertrand, chef de bataillon d'infanterie, chevalier de la
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légion d'honneur, âgé de 45 ans, époux de N. Versiraete. M.
I^ertrand a été lieutenant au 6* de ligne.
Les amateurs d'iconographie saintofigeaisc trouveront son
nom au bas de quelques-uns de ces programmes de fêtes de
charité, que les organisateurs demandent aux personnes de
bonne volonté, capables par leur talent d'attirer dans la bourse
des pauvres un peu plus d'argent. M. Bertrand était toujours
prêt à donner son entier concours.
Il est aussi l'auteur de deux valses éditées à Saintes.
Le 29 février, est décédé, à Saintes, M. Jean-Pierre Béai,
prôlre, âgé de 76 ans, doyen des chanoines honoraires du
diocèse, ancien aumônier du Carmel. Il avait cinquante ans de
prêtrise. Né à Pont-L'Abbé, en 1828, il fit ses études classiques
au collège de Pons, et ses études théologiques au séminaire
de La Rochelle. Ordonné prêtre en 1854, il professa à Pons,
fut nommé aumônier du lycée de La Rochelle, où il resta pen-
dant dix ans (1861-1871) ; devint momentanément supérieur de
l'Institution Saint-Pierre de Saintes, enfin aumônier du Carmel
en 1873, jusqu'au moment où cette congrégation quitta la ville
et occupa son nouvel établissement hors ville. Il éprouva un
réel chagrin d'être obligé de résigner ses fonctions. C'était un
digne prêtre, très éclairé et très aimé (Voir Moniteur de la Sain-
tonge^ 3 mars 1904, Bulletin religieux du 9 avril 1904).
Le 10 mars 1904, obsèques civiles, à Angoulins, de M. Alban
Fradin de Lignières, issu d'une ancienne famille des Charentes,
ancien inspecteur des chemins de fer espagnols, chevalier de
l'ordre d'Isabelle II.
Est décédée, à Rochefort, le 15 mars 1904, Dumontet Marie-
Alix, veuve Thoyon, née â Saintes, le 3 août 1822, de Dumontet
Jean-Baptiste-Louis-Félix, banquier, et Lacoste-Dulac Marie-
Adélaïde; elle avait épousé, à Saintes, le 22 mai 1849, Thoyon
Alfred- Jean-Pascal, alors lieutenant de vaisseau, décédé à Ro-
chefort, capitaine de vaisseau, commandeur de la légion d'hon-
neur. De cette union sont issus : 1® Robert, notaire à Roche-
fort, marié à Gruel-Villeneuve Adrienne, dont : Alfred, Louis,
Marie, Madeleine ; 2® Elise, mariée à Besson Auguste, vice-
amiral, officier de la légion d'honneur, lesquels ont eu :
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~ 143 —
A. Elise, qui a épousé Moullé Frédéric, heutenanl de vais-
seau, chevalier de la légion d'honneur, d'où quatre enfants,
Pierre, Germaine, Suzanne, Madeleine ; B. Pierre, commis des
affaires indigènes au Tonkin ; C, Louis, enseigne de vaisseau, à
bord du SuHren ; D, Marie-Louise ; £. Jean ; F. Georges ; G.
Yvonne ; H. Robert ; et une fille décédée en bas âge : Alix.
Thoyon Alfred-Jean-Pascal, susnommé, né à Rochefort, le 24
février 1811, était fils de Thoyon Jean-Pascal, décédé à Rochefort
le 8 mars 1827, et de Druineau Marie-Catherine-Betzi, décédée
à Rochefort, le 6 octobre 1817.
Du mariage, célébré à Arces, le 31 octobre 1813, de Dumon-
let Jean-Baptiste-Louis-Fèlix, banquier, décédé à Saintes, le 4
juin 1859, et Lacoste-Dulac Marie- Adélaïde, née à Paris, le 31
octobre 1793, décédée à Saintes, le 24 mars 1831, sont issus :
1** Pierre-Paul, receveur d'enregistrement, puis chef de bu-
reau à la préfecture de police, né le 31 janvier 1819, décédé à
Paris 1802 (?), marié à Chenu-Lafitte Louise, décé-
dée à Paris en novembre 1893, d'où : A, Jean, décédé en 1888 ;
B. Gabrielle, sculpteur, officier de l'instruction publique, mariée
à Nino Laval, homme de lettres ;
2" Marie- Alix (de cuius) ;
3** Marie-Lydie, mariée à Viaud Eliacin (en môme temps que
sa sœur Marie-Alix), née le 8 avril 1825, décédée sans postérité,
le 14 avril 1853 ;
4* Pierre-Camille, né le 10 février 1828, décédé capitaine d'in-
fanterie, en garnison à Riom, sans postérité, en 1871 (?).
5° Raimond-Pierre-Georges, avoué à Saintes, né le 19 juillet
1829, marié à Julie Glorine Morin, d'où : A. Albert, avocat; B.
Anne, mariée à Louis Duplais, avoué, à Rochefort, d'où : Lucie,
Cécile, Henry ;
6"* Joseph-Jules, né le 17 août 1830, décédé à Paris, dont
deux fils : A. Léon, népfociant à Paris; B. Georiros, capitaine
d'artillerie, breveté à l'état-major du 15* corps d'armée, à Mar-
seille, marié à Troussaint Marie-Thérèze, d'où : Juliette.
Dumontet Jean-Baptiste-Louis-Félix, né le 9 juillet 1738, à
Saint-Romain, commune de Lavalette (Charente), décédé à
Saintes, le 4 juin 1859, était fils de Raymond Dumontet, juge
sénéchal, et de Maric-Henriette-Adélaïde Vieuille.
Marie-Adélaïde Lacoste-Dulac, née le 31 octobre 1793, à Pa-
ris, section de Bonconseil, décédée à Saintes, le 24 mars 1831,
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était fille de Louis Lacoste-Dulac, et de Marie-Madeleine-Adélaîde
Hillairet.
M. Louis-Eugène Mousnier, ancien maire de Saujon (4 mars
1878), ancien conseiller général (l*' août 1886 et 6 février 1887),
chevalier de la Légion d'honneur, est mort le 21 mars 1904,
âgé de 91 ans, né à Saint-Jean d'Angély, le 25 janvier 1813. Il
se fixa à Saujon, comme pharmacien, en 1837.
Décédé à Cosne, le 6 avril 1904, à Tâge de 52 ans, M. Charles-
Benjamin-Marcel-Jean-Baptiste Badenhuyer, chevalier de la lé-
gion d'honneur, capitaine de recrutement. Il appartenait à une
famille de Saint-Jean d'Angély et il était frère de M°* Clotilde
Badenhuyer, fille de Charité, supérieure de l'orphelinat Saint-
Joseph à Constantinople : de M. Armand Badenhuyer : de M.
Octave Badenhuyer, lieutenant-colonel du 6* régiment d'infante-
rie, à Saintes.
II. — Mariages.
Le 22 mars 1904, à Cognac, dans l'église Saint-Légier, a eu
lieu le mariage du comte Hélie de Chaslenet de Puységur, lieu-
tenant au 7* hussards, avec M**"* Henriette de Caminade de
Chatenet.
Le 14 mars a été célébré à Paris, le mariage de M. Georges
Julien Laferrière, médecin-major de 1" classe, fils de feu M.
Alexis-Julien Laferrière, notaire, avec M"* Suzanne Polfer.
Le 7 avril 1904, le mariage de M. Maurice-Jean-Jacques Aliez,
sous-préfet de Mortagne, avec M"* Hariet-i4Iîcc Chatonet, a été
célébré dans le temple protestant de La Rochelle.
Le 23 avril 1904, a été célébré, à la mairie de Rochefort-sur-
Mer, et, le 24, en l'église Saint-Louis, le mariage de M. Henri
Arnoux, enseigne de vaisseau, né à Rochefort, le 19 juin 1876, et
de M"* Louise-Françoise-Nelly Lian, née à Paris, le 28 février
1884.
Les témoins du marié étaient : P M. Georges Regnault, capi-
taine de vaisseau en retraite, 0. * , son oncle ; 2* M. Paul La-
beille, ingénieur des ponts et chaussées, son cousin. Les témoins
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de la mariée étaient : 1"* M. le vice-amiral Auguste Besson, O. ^ ;
2® M. Louis-Noôl Kerzerho, lieutenant-colonel au 66* régiment
d'infanterie, * , Tun et l'autre amis de sa famille.
M. Henri Arnoux appartient à une famille de marins. Il est fils
de Lucien Amoux, capitaine de frégate en retraite, 0. * , et de
Louisc-Marie-Laure Maisonneuve. Son grand-père paternel, Eu-
gène Arnoux, né le 17 février 1803, mort à Rochefort, le 12 juin
1878, était capitaine de frégate, 0. * ; sa grand'mère paternelle,
yos^p/iine-Louise-Clotilde Savary (1817-1892), était fille d'Augus-
tin Savary, qui fut président du tribunal civil de Saintes, et tante
de M"* Lambert, petite-fille d'Augustin Savary, mariée à M. le
baron Amédée Oudet. Son grand-père maternel, François-
Augusle-Em«7c Maisonneuve (1814-1895), auquel nous avons pré-
cédemment consacré une notice (Revue^ t. XV, 1895, p. 416), était
capitaine de vaisseau, 0. ^.
M^ Louise Lian est d'une famille dont beaucoup de membres
ont appartenu à l'armée. Elle est fiUe de Pierre-Hippolyte-Robert-
Ulric Lian, chef de bataillon d'infanterie de ligne, HK , officier
d'ordonnance du grand chancelier de la Légion d'honneur, le
général Février, puis le général Davout, mort le 14 septembre
1900, et de Marie-Aniomcfic-Napoléone Roux. Son grand-père
paternel, général de division, G. 0. *, mort en octobre 1894,
était fils d'un lieutenant-colonel du premier Empire, 0. *, qui,
lui-même, était fils d'un lieutenant au régiment de Champagne.
Son grand-père maternel, Jérôme-Napoléon Roux, fut aide de
camp du roi Jérôme Bonaparte, et, pendant la guerre de Crimée,
du prince Napoléon, puis lieutenant-colonel des zouaves de la
Garde, et mourut à Metz, pendant le siège, étant alors colonel du
9* régiment d'infanterie, C *.
G. R.
ERRATA
Revue, tome XXIV, page 7, ligne 25, président du tribunal
de commerce de Saintes, et non tribunal de Saintes.
Page 11, 13* ligne, lire : Sarran au lieu de Sarrau.
Page 65, 23* ligne et autres : Landreau de Maine au Picq et
non du Maine au Picq.
Page 66, 20* ligne : Vanzac au lieu de Vouzac ;
Page 67, 33* ligne : il s'agissoit et non s'il s'agissoit ;
Page 69, 2* ligne : Monsnereau au lieu de Mosnereau ;
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— 146 —
Page 69, 40* ligne : d au lieu de c ;
Page, 71, 5* ligne et autres : La Chemincidrie et non La Che-
minardrie ;
Page 71, 25* ligne : Vanzac au lieu de Lonzac ;
Page 71, 27* ligne : originaires ci non originaire ;
Page 72, 14* ligne : au lieu de sa cousine, Marie- Anne Lauren-
ceau , lire : sa cousine, Meivie-Mar guérite Collet^ fille de Jean
et de Marie-Anne Laurenceau, de Jonzac. Il mourut en 1771,
Page 72, 17* ligne : Des trois enfants de François Landreau de
La Gorce, seigneur de La Cheminadrie, et de Anne de Marche-
salier, le troisième, Jean-Louis, a été omis. Le texte doit donc
être établi ainsi :
2® Pierre-François, qui suit ;
3** Jean-Louis, qui naquit, le trois septembre 1707, à La Che-
minadrie, et mourut jeune.
Pierre-François Landreau de Saint-Paul, avocat au parlement
de Bordeaux, épousa à Clion, Elisabeth Collet
Page 73, 15* ligne : 1762 au lieu de 1772.
VARIETES
Maintenue de Noblesse
en faveur de Jean et Dominique Guichon, éeuyerSj
avocats, du 4 septembre 1668,
Les Maintenues de noblesse, rendues par les Commissaires
généraux, chargés de la vérification, lors de la première recher-
che, ordonnée en 1660 par Louis XIV, sont assez rares dans
nos contrées. Le Fonds Saint-Esprit, où elles étaient consignées,
fut brûlé à la Révolution. Aussi doit-on recueillir avec soin ces
documents. J'ai cru intéressant de publier le suivant, qui vient
de me passer sous les yeux. Quoique rendu à Bordeaux, il
concerne une famille saintongeaise.
S*-Saud.
« Antoine Denort, conseiller du Roy et son advocat général,
en la généralité des finances de Guyenne, subdélégué pour le
faict de la recherche des usurpateurs du tiltre de noblesse,
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— 147 —
de messire Claude de Pellot, conseiller du roy en ses conseils,
maisLre de requestes ordinaires de son hostel, intendant de
justice, pohce et finances, en la généralité de Guienne.
Vu rinstance pendente devant nous entre m^ Nicolas Catel,
commis à la recherche des usurpateurs du tiltre de noblesse,
demandeur d'une part ; et Jean et Dominique de Guilhon, advo-
cats au parlement de Bordeaux, y habitans, parroisse de S^-
Eulalie, oncle et nepveù, deffendeurs d'autre ; les arrests du
Conseil des vingt cinquiesme febvrier et vingt deuxiesme mars
mil six cents soisante six, exploits d'assignations donnés audits
deffendeurs, à la requeste dudit Catel ; contrat de mariage dudit
Jean de Guilhon avec Léonarde de Guérin, par lequel il se
dit (ûls) d'autre Jean, et prend la qualité d'escuier, du troysiesme
avril mil six cents vingt cinq, reçu par Chaussé, notaire royal ;
autre contrat de mariage de Thibaut de Guilhon, père dudit
Dominique, dans lequel il est qualiflé escuier ; et le fils dudit
Jean, du troysiesme juin mil six cents trente cinq, signé Ricau-
dou, notaire royal ; testament dudit Thibaut, par lequel il insti-
tue ledit Dominique de Guilhon, son fils, héritier, du tresiesme
febvrier mil six cents cinquante cinq, signé Deshellies, notaire
royal; conlract de mariage dudit Jean de Guilhon, conseiller
réfrandaire en la chancelerie, par lequel il se dit fils d'autre
Jean, vivant conseiller et garde des sceaux, au siège présidial
de Xaintes, du tresiesme juin mil cinq cents nouante un, signé
Lespinasse, notaire royal; contract d'achapt de quelques ma-
rais, en faveur dudit Jean de Guilhon, où il est qualiffié escuier
et advocat, du troysiesme octobre miil cinq cents diseneuf (sic)j
reçu par Dougel, notaire royal à Thonné-Charante ; contract
de partage, faict entre ledit Jean Guilhon et Anne de Guilhon,
sa sœur, dans lequel il est qualiffié escuier et advocat et con-
seiller réfrandaire en la chancelerie d'îcelljp, jdii quins'iesme
febvrier mil cinq cents nonante sept ; contract de baillette, en
faveur du mcsme Jean de Guilhon, escuier et advocat, du tre-
siesme novembre mil cinq cents nonante sept, reçu pas Bernage,
notaire royal ; contract de mariage de honorable homme Jean
de Guilhon, conseiller et garde des sceaux du siège de Xaintes,
fils de Louis de Guilhon, juge et chatellain de Tonné-Charente,
du vingt huictiesme juillet mil cinq cents cinquante huict, signé
Bertet, notaire royal ; lettres de provision dudit office de juge
de Rochefort, et chatellain dudit lieu, en faveur de Louis de
Guilhon, du sixiesme janvier mil cinq cents quarante sept, si-
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— 148 —
gnées de la Chesné ; lettres patentes de réabilitation, accordées
par le Roy Charles neuf, en faveur dudit Jean de Guilhon, con-
seiller et garde des sceaux au présidial de Xaintes, avec un cer-
tiffîcat de la perte des anciens registres de Teslection de Xaintes,
des vingt quatriesme septembre mil cinq cents septante un, et
vingt huictiesme aoust mil six cents soÀsante six, lesdittes lettres
scellées du grand seau, signées par le Roy en son conseil, Coi-
gnet ; contredits dudict Catel ; réponds à y ceux avec l'inven-
taire de production desdits de Guilhon, et leur arbre généalo-
gique. En Tabsence de mon dit sieur, Tintendent estant à Paris,
Nous, Commissaire susdit, avons donné acte ausdits Guilhon,
de la représentation de leurs tiltres, et ordonné qu'ils seront
inscrits au catalogue des nobles, ordonné par Tarrest du Con-
seil« du vingt deuxiesme mars mil six cents soixante six, s'il y
a lieu. Faict à Bordeaux, le quatriesme septembre mil six cents
soisante huict.
Ainsi signé : Denort, commissaire ; et plus bas, par mon dit
sieur, Delpy, coUationné par moi, conseiller du Roy, Maison
et Couronne de France, et de ses Finances.
(Signé en original) : Chanevas ».
II
Centenaires. — L'Abbaye de Saintes
Extraits du « Journal historique et politique des principaux
événements des diflérentes cours d'Europe, à Genève, 1774 ».
N** du 20 juillet, p. 119. « Centenaires. Les nommés Domi-
nique Drouillard, vigneron de la paroisse de S^-Sauvant, à deux
lieues de Saintes, et Pierre Fauchereaux, de la paroisse de
Pizany, sont morts l'un âgé de 111 ans, sans avoir jamais été
malade, et l'autre, au village de Croix-Blanche, dans le mar-
quisat de Pizany, à l'âge de 103 ans. Ce dernier a conservé le
jugement et la mémoire jusqu'au dernier moment de sa vie. »
N** du 30 juillet, p. 171. « La dame de Parabère,abbesse de l'ab-
baye royale de Notre-Dame les Saintes, après avoir donné des
preuves de son attachement pour la maison royale, durant la
maladie du feu roi et des trois princesses, ses augustes filles, fit
vœu, lorsqu'elle fut instruite de l'inoculation de sa majesté, de
recevoir gratis, dès que le roi serait rétabli, deux demoiselles
de condition et d'en élever deux autres, et d'entretenir deux
pauvres jusqu'à ce qu'ils aient appris un métier. »
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lil.o(|gle
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-^ 149 —
N^ du 20 août, p. 291. « Les prieure et religieuses de Tabbaye
voulant donner les mêmes preuves d'attachemient pour la famille
royale que leur abbesse, ont résolu de loger, nourrir, entrete-
nir et faire donner, à leurs dépens, une éducation cléricale aux
nommés Bréon, Dusse et Michot, qui paroissent avoir d'heu-
reuses dispositions pour Tétat ecclésiastique. »
III
Feu de joie
Il est ordonné au syndic des bouUanger de faire porter par
chaque boulanger de la ville quatre fagots de fourrage (1), de-
main à sept heures du matin. Enjoin ausdits boulanger d'exécu-
ter ledit ordre, à peine de contrainte, sauf à eux à se pourvoir
pour le payement desdits fagots ainsy qu'ils aviseront, attendu
qu'ils doivent servir au feu de joye de la prise de Barcelonne.
A Saint-Jean d'Angély, le 3 novembre 1714.
Bénézet.
(Communiqué par M. le coinmandant Pelletier, de Saint-Jean
d'Angély).
IV
L'Inondation de 1904
L'hiver 1903-1904 restera fameux dans nos annales sainton-
geaises ; il faut le marquer d'une double croix noire qu'il mérite
à plus d'un litre. Il nous a donné, entre autres calamités, une
crue extraordinaire de la Charente, survenue à la suite d'une
semaine d'orages, de tempêtes, coïncidant avec la grande marée
de février, de pluies diluviennes (2), qui transformèrent en tor-
rents les modestes ruisseaux, les vallées en lacs, les chemins en
canaux. Elle atteignit un niveau — heureusement rare — supé-
rieur à celui de 1842, demeuré gravé dans le souvenir des hommes
(1) Il n'Mt pas inutile d'expliquer au lecteur étranger à la Saintonge que
fourrage ne signifie pas foin, mais ajoncs, brandes, bruyères, avec lesquels
on chauffe les fours.
(2) Personne, à Saintes, ne fait d'observations pluviométriques, mais il est
vraisemblable que celles concernant une ville voisine sont sensiblement les
mêmes que l'on noterait. A Cognac, il est tombé, en décembre 1903, 112»n8
en 16 jours de pluie; en janvier 1904. 62, 1 en 19 jours ; en février, 175»»5 en
16 jours (du 1«' au 16, 91 du 12 au 16). Cf. RevuB des Cfurentes^ n* du 31 mars,
p. 418.
11
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— 150 —
de soixante-dix ans sonnés, comme un phénomène prodigieux,
dont le retour ne paraissait guère probable.
Nous reproduisons, d'après l'original mis très obligeamment
à noire disposition par M. Robin, sous-ingénieur des ponts et
chaussées à Saintes, un graphique et un tableau résumant les
plus fortes crues (1) de la Charente depuis soixante ans. Mais
on remarquera que le niveau de 1842 ne provient pas d'obser-
vations du service, installé en 1875 seulement. Aucune bonne
raison cependant ne fait suspecter son exactitude. Il faut, en
outre, se souvenir que la crue de 1842 a dû être un peu augmen-
tée par le vieux pont, encore debout, très bas, les arches offrant
peu de débit. Si celte même inondation s'était produite après
1845, elle serait restée très probablement bien au-dessous du
chiffre indiqué. On peut donc soutenir que notre inondation de
1904 laisse loin derrière elle celle de 1842, et qu'elle est tout à
fait exceptionnelle. Elle a dépassé aussi une inondation de 1779,
regardée, à l'époque, comme rare, puisqu'un habitant du fau-
bourg Saint-Pallais en a tracé le niveau sur le mur de sa mai-
son.
Autre observation : la cote amont notée par le service de la
navigation est un peu trop forte, parce que le courant venant
buter sur l'angle du pont et du quai, donne un niveau plus
élevé qu'il ne l'est en réalité. Il existe une différence très sensible
entre l'éliage amont et l'étiage aval.
DÉSIGNATION
DBS GRUB8
Crue de 1842
id. 1859
id.
id.
id.
id.
id.
id.
id.
1872
4875
1876
4879
1882
1897
1904
NIVEAU ATTEINT
A 8AINTB8
par les différentes
crues connues
(Cote amont du pont
de Saintes.)
7»18
6.80
6.35
5.25
5.90
6.20
6.83
5.89
7.25
OBSERVATIONS
D'après un graphique
dressé
par M. Capuron.
I D'après les obseryations
relevées par le service
de la navigation de la
Charente.
(1) La différence de niveau sur la seconde ligne verticale indique le pont
de Saintes, Tamont et lavai.
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- 151 -
II résulte de la comparaison de ces chiffres, qu'une certaine
périodicité semblerait exister. Tous les vingt ans environ, 1842,
1859, 1882, 1904, on peut altendre une forte inondation ou sou-
berne, suivant l'expression saintaise. Celle de 1904 surpasse les
deux plus grosses précédentes, de sept et quarante-deux centi-
mètres.
A la réflexion, on est épouvanté, quand on pense aux effets dé-
sastreux que de semblables montées d'eau devaient amener il y
a cent, deux cents, trois ou quatre cents ans, alors que le pont de
Saintes barrait la rivière comme une digue, arrêtant le courant,
et fatalement le faisait dévier vers la ville, et surtout dans le fau-
bourg.
Néanmoins, nos annales ne font jamais allusion à un sinistre
du genre que nous redoutons. On est même amené à se deman-
der si, autrefois, les crues atteignaient un niveau aussi élevé
que de nos jours. Il est incontestable que Tare romain a été
peu à peu isolé de la terre ferme par la corrosion des eaux,
mais de très fortes inondations ne sont pas nécessaires
pour la déterminer. A L'Hopiteau, au contraire, entre Le
Mung et Bords, une chapelle romane, franchement du XIP
siècle, à cent mètres de la rivière, porte à croire qu'au temps
où elle fut construite on redoutait peu l'envahissement des
eaux. Nous n'apercevons pas la nécessité impérieuse, inéluc-
table, qui a forcé le constructeur à la bâtir là où nous la voyons,
si près de la Charente, exposée aux moindres crues, et non
pas plus loin, au-dessus du niveau des plus hautes eaux. Au-
jourd'hui, toutes les inondations y pénètrent. Saint-Pierre de
Saintes est dans le même cas ; si le pavé n'avait pas été exhaussé
plusieurs fois, nous aurions vu le bateau dont parle le chanoine
Tabourin (1560), naviguer à l'intérieur. Je sais bien que se
tromper dans les calculs, même en mettant les choses au pis,
arrive journellement ; la réalité confond souvent les plus sages
prévoyances. C'est ainsi qu'à Saintes, une belle maison neuve,
à l'entrée du nouveau boulevard Guillet-Maillet, placée dix cen-
timètres plus haut que le niveau où la crue de 1882 était par-
venue, en prévision de l'inondation, avec l'espérance — presque
la certitude — que jamais l'eau ne monterait à cette hauteur,
a eu ses appartements du rez-de-chaussée couverts d*eau, cette
année-ci. Il est incontestable que personne n'admettait la possi-
bilité d'une interruption de la circulation normale sur notre
cours neuf (cours Gambella), qu'il serait submergé, bien
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— 152 —
plus, que les trottoirs deviendraient impraticables aux piétons.
Nous avons cependant assisté au spectacle nouveau et étonnant
du tramway roulant au milieu d*une nappe d'eau, de passerelles
établies le long des immeubles, à droite et à gauche, à l'entrée
du cours et devant la prison.
Par sa situation, le faubourg Saint-Pallais est, en effet, le
plus exposé et le premier à souffrir des crues. Il en fut ainsi
de tout temjps. Au XVIIP siècle, les habitants s'en plaignaient
fort, et leurs doléances ont pesé d'un grand poids dans le projet
d'établissement d'un nouveau pont, p'fest toujours par cette
partie de la ville que commence l'envahissement, et c'est la
dernière à être délivrée. Malgré cela, il faut reconnaître que
le mal est relativement bénin. L'eau ne monte jamais brusque-
ment. La Charente est le « modèle » des rivières en rupture de
rives. Naturellement lente, coulant sans bruit au milieu d'une
large vallée de prairies, elle sort de son lit comme à regret,
doucement, sans colère, sans soubresauts, prête à réintégrer
le plus vite possible le « fossé » habituel, et à y reprendre
ses habitudes de mollesse. Elle ne charrie jamais, au plus fort
de sa grossesse, ni bestiaux, ni arbres, ni toiture, ni mobilier ;
elle disperse bien par-ci par-là, sans les emporter très loin,
les barches de foin, les piles de planches de peupliers sciés,
elle ravine les quais, les routes établies le long des berges,
m^is elle obéit à la force aveugle des choses, contre laqueUe
nulle résistance n'est possible. Les propriétaires, coupables de
négligence ou d'imprévoyance, n'ont rien à lui reprocher. Il
faut que l'eau, tombée du ciel, trouve sa place ici ou là. Seuls,
les champs ensemencés, les jardins, ont éprouvé de réels préju-
dices.
Et la preuve que les crues de la Charente sont, en somme,
assez inoffensives, c'est le calme avec lequel la population mena-
cée les voit arriver ; elle n'éprouve jamais la terreur qu'inspirent
d'autres fleuves plus fougueux ; elle accepte assez gaiement — au
moins au début — le fléau : les bateaux circulant au milieu des
rues, le déménagement obligatoire, les échelles posées aux
fenêtres du premier étage, le va et vient par ces escaliers im-
provisés, les incidents des premiers jours l'amusent, plus qu'ils
ne l'attristent, car elle sait — elle croit du moins — que son
ennui sera de courte durée, et que les dégâts matériels se borne-
ront à des planchers salis, des murs mlouiilés, si les précautions
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- 153 —
ont été prises dès la première heure. Incrédule aux conseils des
autorités, elle refuse parfois de quitter les maisons.
Le propriétaire qui oublie sa pendule sur la cheminée
de sa salle à manger, et la \uit submergée le lendemain
malin, Tépicière qui se contente d'empiler sur un escabeau trois
pains de sucre, et assiste stupéfaite ol navrée à leur fusion, l'ou-
vrière qui ne monte pas sa machine h coudre au premier étage,
sous prétexte que Teau n'arrivera })as chez elle, la vieille entêtée
qui refuse de quitter sa maison de peur que les voleurs ne s'y
introduisent, prêtent plus à rire qu'à lamentations. Le piano
inondé est classique ! A qui la faute ? Ni à l'eau, ni au proprié-
taire. — Au piano ! trop lourd pour être emporté !!! (historique).
En réalité, l'inquiétude n'a commencé à gagner la population
qu'à partir du jour où elle vit le niveau dépasser les limites
ordinaires, et lorsqu'elle prêta l'oreille aux bruits sinistres de
passerelle enlevée par le courant, venant buter contre le pont,
obstruant les arches et s'opposanl ainsi à l'écoulement du flot,
lequel aurait alors cherché un passage à travers les rues du
faubourg !!! La passerelle ne fut jamais en danger sérieux que
dans l'imagination de personnes affolées, et, le 20 février, au
soir, l'on constata une baisse. L'étiage accusait depuis vingt-
quatre heures un état slalionnaire.
A ce moment, les bateaux circulaient toute la journée dans
los rues du Pérat, de l'Ormeau, Saint-Maur, du Collège, de la
Bertonnière ; une femme lavait son linge sur le quai, au coin
de la maison de M"® Bouyer mère, les poteaux indicateurs de
la navigation dans la prairie, en face la ville, disparaissaient
sous l'eau, les jardins des maisons de la rue des Chanoines
(rue Cuvillier), et la rue des Chanoines elle-même étaient
couverts d'une couche d'eau. L'eau, haute de soixante centimè-
tres dans la rue du Collège, venait jusqu'à l'entrée de la
première cour de cet établissement ; dans la chapelle, elle bai-
gnait la première marche de l'autel, et affleurait la marche du
consistoire dans le temple protestant. Le carrefour du collège
était si bien inondé, qu'une passerelle avait dû y être établie.
Les hommes de soixante-dix ans racontent qu'en 1842, ils
venaient en classe en bateau, souvenir d'enfant peut-être inexact,
car, si la grande porte était obstruée, celle sur la rue de l'Evêché
restait libre.
Dans la rue Saint-Maur, l'eau s'est avancée jusqu'après la
maison de l'ancienne juridiction consulaire. Dans la rue Hôtel-
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— 154 —
de-Ville, la porte du musée lapidaire était complètement bai-
gnée. La place de la Grand-Font disparaissait sous cinquante
centimètres d'eau. L'arc de triomphe éprouvait les sensations
d'antan, le kiosque de la musique, sur la place Bassompierrc,
était transformé on îlot; Palissy. do plus en plus songeur, avîiil
Tair d'être travaillé par la crainte de se rompre la colonne verté-
brale, s'il tombait de son piédestal, menacé de perdre tout à fait
son aplomb (déjà compromis), sous un sol détrempé.
La première conséquence du débordement de la Charente
a été la cessation de la distribution de gaz, et la réduction, puis
la privation d'eau potable ; la source, les machines étaient
noyées. Pendant les trois i)remiers jours, deux heures par
jour, on permettait aux habitanis de s'approvisionner, le
quatrième, les bassins étant vidés, chacun dut se procurer,
comme il l'entendait, l'eau nécessaire au ménage ot à la table.
Les caves devinrent dos puils toul in(li(|ués, les bouilloires
fonctionneront en permanence, ot les personnes qui dédai-
gnaient l'eau bouillie, firent irruption chez les pharmaciens
et leur enlevèrent, en un clin d'coil, les caisses d'eaux miné-
rales disponibles. Les bénéfices léalisés, de ce clief, par
les vendeurs de Saint-Galmier, Vittel, Evian, et autres sources,
n'ont eu d'égaux que ceux réalisés par les marchands de
j)laques photographiques ! Les 18 et 19 février, une véritable
nuée de photographes s'abattit sur les quais, le pont, le cours...
On trouvait des appareils, grands, moyens ou petits, à tous les
coins de rue.
La cessation de la fourniture du gaz était moins facile à pal-
lier. Pendant une semaine, à partir de six heures du soir, la
ville fut plongée dans une complète obscurité, qu'aucun rayon
de lune ne venait atténuer. La municipalité édicta bien la résur-
rection du fanal au-dessus des portes, mais combien peu d'ha-
bitants se conformeront à sos ordres ! Aussi, les rares lanternes,
attachées aux fenêtres ou aux balcons, avaient-elles plutôt l'air
des lampions prescrits par les rèulements de police aux chantiers
de maçons, que de suppléants — pAles suppléants — de réver-
bères naturellement pAles — exception faite pour une remar-
quable lanterne de jardin, dont l'éclat ne faisait guère regretter
le gaz. On ressentait une impiossion vraiment lugubre : on avait
beau faire de la philos()j)lii(\ iMJsonnor, se dire qu'en définitivo,
on se trouvait dans la même silualion (\uh minuit, après Textinc-
tion des becs de gaz, ou bien lorsque la lune, cachée sous un
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- 155 ^
épais rideau de nuages ou de brouillard, néglige ses devoirs de
remplacer Téclairage municipal, ou secouait difficilement le
malaise sortant de celte ombre humide et noire. On est si peu
habitué à manquer de lumière à s-pt heures du soir ! Saintes
ressemblait alors à un grand village, dont les boutiques sont
éclairées avec une simple lampe, — cette lampe, coiffée de son
grand abat-jour jaune ou rouge à la mode, aurait-elle été em-
pruntée au salon ? Le passant se sentait rejeté à quatre-vingts
ans en arrière. L'illusion devenait complète, lorsqu'il voyait se
balancer au-dessus de sa tête un vieux falot, pendu à une corde
au travers de la rue. Mais cette compensation archéologique lui
paraissait médiocre, et les grandes lanternes de locomotives,
prêtées par le chemin de fer à la municipalité, fixées aux arbres
du cours, points lumineux jalonnant la direction, accentuaient
plus qu'elles n'atténuaient sa tristesse, émanant de partout, des
magasins formés ou presque noirs, des rues adjacentes plongées
dans l'obscurité complète, de l'air, du silence, de l'absence de
promeneurs...
Le 24, la ville sembla renaître ; le gaz et Teau nous furent
rendus. . Ch. D.
Mbmbnto. — La crue commence à Saintes le 15 février ; le 16, les quais
sont couverts ; 17, tempête, la cote marque 6™7f (moyenne d*amont et d'aval) ;
le 18, 7"'05, Tavenue Gambetta est envahie, le conseil municipal vote 3.000 fr.
de secours et une quête A domicile, le 19, l'inondation marque le maximum.
Le colonel du 6« de ligne met à la disposition de la ville la manutention mi-
litaire pour la fabrication du pain, plusieurs fours de boulangers étant en-
vahis ; la troupe place et surveille les ponts dans les rues ; les conseillers
municipaux et le pasteur protestant font la quête, deux conseillers tombent
À Teau dans la rue du Collège. Le chemin de fer met 80 lampes A disque A la
disposition de la municipalité ; le 30, la crue décroit.
V
Notre-Dame de la Rotonde
Niort, le 11 mars 1904.
« Je viens de lire le Bulletin, paru le 1*' mars. Notre-Dame de la
Rotonde m'arrête (page 112). Aurais-je trouvé la solution de
Ténigme ? Je l'ignore, mais je vais vous en faire part quand
même.
Examinez bien le chevet lourd et massif de l'église de l'abbaye ;
voyez si cette sorte d'abside ronde, autour de laquelle sont des
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- 156 —
cloîtres qui l'enveloppent à la base, voyez, dis-je, si cette abside
n'a pas pu justifier le nom de Notre-Dame de la Rotonde. Parmi
les églises rondes qu'il a citées, l'auteur de l'article n'a pas
donné celle, pourtant très curieuse, de Saint-Léonard, celle de
Neuvy Saint-Sépulcre
« Voici ce que je dis de la rotonde de Saint-Léonard (Magasin
pittoresque du 10 octobre 1903), vulgairement appelée Sainte-
Luce, qui, depuis sa restauration et celle de l'église collégiale,
toutes récentes, sert de baptistère à cette dernière.
« Entre le clocher et le transept nord s'élève un très cu-
rieux édicule, de forme ronde, reproduisant, assure-t-on, l'image
du Saint-Sépulcre. Il est sans aucune communication avec la
collégiale, les murs sont distincts, sa voûte en hémisphère est
portée par huit colonnes, l'entrée actuelle a lieu par la porte
du clocher. Baptistère, disent certains archéologues, il est rede-
venu le baptistère de la paroisse. Pour d'autres, et pour l'auteur
de cette notice, cette chapelle était un souvenir de croisade, le
résultat du vœu d'un croisé ; les restes d'une litre funéraire,
très visible avant la réparation, quoique indéchiffrable, sem-
blaient en témoigner ».•
« J'en reviens à Notre-Dame de la Rotonde. Il faut quelquefois
peu de chose pour caractériser un monument. Exemple : à
Sens, une des paroisses de la ville porte le vocable de Saint-
Pierre. Or, pour distinguer son église d'autres églises Saint-
Pierre, aujourd'hui disparues — Saint-Pierre le vif, Saint-
Pierre le donjon — on l'appelait Saint-Pierre le rond. Un des
historiens de Sens, le chanoine Memain, dit que la forme du
clocher était cause du surnom. Or, le clocher est nettement
carré, construit en pierres, sans ornements ni sculptures ; il
se termine par un couronnement en bois et ardoises, de forme
plutôt ronde, en effet.
« La forme de l'abside de l'église abbatiale de Notre-Dame
de Saintes, n'a-t-elle pas pu, de môme, lui faire attribuer le
complément de nom : la Rotonde, du reste peu répandu et peu
«o"°" » E. DU Bastie.
Dom Estiennot est formel cependant ; Notre-Dame de la Ro-
tonde était isolée entre les deux églises de l'abbaye et Saint-
Pallais,
Ch. D.
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- 157 -
VI
Une invitation a dîner chez le premier consul.
Je dois à Tobligeance d'un collectionneur parisien, M. Gaston
Dubel, la communication de cette pièce, qui mérite de prendre
place à côlé de la carte d'élève du lycée Bonaparte,, publiée
en mars dernier, dans la Revue, page 85.
« Le premier Consul vous prie, citoyen, de venir dîner chez lui,
le neul vendémiaire, à cinq heures.
Paris, le 8 vendéminaire an 9.
Au citoyen Joly d'Aiissy, envoyé du département de la Cha-
rente-Inférieure ».
Les mots en italique sont irfanuscrils. Le papier est plié, et
forme enveloppe, suivant la mode du temps. Voici l'adresse :
Au Citoyen
Joly d'Aussi, rue Saint-Florentin, n** 670.
A Paris
Au bas, ces mots imprimés en légende transversale : Secré-
tarial du gouvernement.
Cette lettre d'invitation a 23 centimètres de largeur sur 18
de hauteur.
Il sera facile à la famille d'Aussy de nous dire si l'invité du
premier consul était le père de l'élève du lycée Bonaparte, et
de nous renseigner sur la mission qu'il remplissait alors à Pa-
ris (1).
Jules Pellisson.
VII
Une fête scolaire a Cognac en 1784.
Un de mes vieux amis de Cognac, M. Louis Philippe Couraud,
grand collectionneur de documents saintongeais, m'a communi-
qué le placard in-folio sur trois colonnes dont j'offre une réim-
pression à la Revue, Jean-Louis Filhol, directeur du pensionnat
qui fut le théâtre de la fête du 28 août 1784, n'est pas pour ndus
un inconnu. Dans sa savante étude sur l'instruction primaire
(1) Il est probable que c^est Gésar^ean Joly d'Aussy* conseiller général
sous Teropire, président du coIlè|^ électoral de rarrondissement de Saint-
Jean d'Angély, décédé en 1835. Cf. BnlUtin, tome XV, p. )40.
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— 158 -
gratuite et obligatoire avant 1789, Louis Audiat nous donne
(Archives, tome XXV, page 222) un extrait de son prospectus
où il était qualifié « maître ès-arts de l'université de Toulouse »,
et dans mon article sur les boutons scolaires en Saintonge (Re-
vue, tome XIX, page 232), j'ai emprunté à ce prospectus la des-
cription de Tuniforme.
D'autre part, je dois à l'obligeance de M. Paul de Lacroix,
bibliothécaire de la ville de Cognac, des notes tirées des registres
paroissiaux de Saint-Léger et de la collection Albert qui achè-
veront de nous renseigner sur les différentes phases de la car-
rière d)e Filhol.
Il eut de son mariage avec Marie-Marguerite Grosseval : 1** Ma-
rie-Claire-Justine, née le 14 mars 1785 ; il est alors qualifié rece-
veur des postes ; 2** Lo'uis-Marie-Camille, baptisé le 10 juillet
1786 ; 3*» Marie-Thérèse-Justine, baptisée le 16 juin 1787, morte
à 14 mois ; 4** François-Jacques-Edouard, baptisé le 15 mai 1789 ;
5** Jeanne-Marie-Marguerite, baptisée le 26 juin 1791 ; son
père est alors major de la place ; 6® Marie-Louise-Adèle-Séra-
phine-Egalité, née le 8 août 1793 ; il est âgé de 37 ans et admi-
nistrateur du district de Cognac ; 7** Marguerite-Adélaïde, née
le 6 ventôse an IV, son père étant commissaire du directoire
exécutif près l'administration municipale du canton die Salles (1).
(1) Le nom de Pilhol est mentionné dans une pièce qu'on ne lira pas sans
intérêt ; elle fait partie de ma collection d'autographes :
< Aujourd'hui premier mars mil sept cent quatre rinfçt neuf, a quatre
heures après midj, en conformité des ordres de messieurs les officiers muni-
cipaux de la ville de Cognnac a nous communiqués le vingt sept février dernier
par Jacques-Etienne Deschannod, doyen des maitres d'école de la dite ville,
nous nous sommes assemblés chez ce dernier, pour nommer a la pluralité des
voyes un député de notre corps pour le représenter a l'Assemblée générale
du tiers état qui aura lieu le trois du dit mois, a la salle de l'hautel de la ditte
ville.
Apres avoir attendu depuis la ditte heure de quatre après midy jusqu'à
celle de huit, sans que Us sieurs Danyaut et Filhol enseignant la langue latine,
et parconcequant faisant partie de notre corps, n'ayent comparus, quoiqu'ils
ayent été avertis de se rendre a la ditte heure ; nous avons procédé aux
demandes suivantes :
Que de l'agrément du Roy, la ville de Cognac et son territoire, faisant partie
du Bas Angoumois, soit en pays d'état incorporée dans la Saintonge et par-
concequant en faire partie ; renonçant pour cet effet A toute incorporation
avec les autres provinces voisines avec les quelles elle peut être liée ;
Que notre abonnement soit conservé ;
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— 159 —
Les exercices littéraires soutenus en public dans les établisse-
mvnls scolaires étaient très à la mode autrefois (1) ; à Cognac, ce
n'est pas seulement au pensionnat Filhol qu'ils furent en usage.
(.)n verra (BullcUn, tome V, page 402), dans la notice que j'ai
consacrée à l'ancien jésuite Louis-Alexis Maillard, devenu ins-
tituteur à Cognac, que les 28, 29 et 30 fructidor an IV, ses élèves
continuèrent sur ce point la tradition de 1784.
Bien plus, les moindres bourgades, et même les communes
rurales, furent témoins de ces joutes scalaires. J'ai tout lieu de
croire que ce fut ce môme Filhol qui s'établit à Juillac-le-Coq,
et que c'est de lui qu'il est question dans les très intéressantes
pièces dont je dois la connaissance h M. de Lacroix et que l'on
trouvera à la bibliothèque de Cognac, recueil d'imprimés Emile
Albert, tome VI, paL(os 23-32. Ce sont :
P Exercice liltéraue, sons la direclion du sieur Filhol, à Juil-
lac-le-Coq, près Cognac, pour Van 1810, Angoulême, chez Tré-
meau, imprimeur de la préfecture, petite place Saint-Cybard,
n® 7 ; in-4, 8 pages. Cet exercice devait avoir lieu dans l'église
de Juillac-le-Coq, le 3 septembre 1810, et comprenait la géogra-
Que le tiers état ait un nombre de représentants égal a celui des deux pre-
miers ordres réunis ;
De voter par individu et non par ordre ;
Que le controUe soit étably pour conserver Tautenticité des actes sans que
les différentes clauses que Ton y incere soient susceptibles d'aucuns droits
que le seul qui sera perçu par chaque acte différent et par gradation suivant
les sommes qui y seront portées.
En consequance nous avons nommé pour notre député et représenter notre
corps le sieur Jean-Baptiste Nouguès, le quel se présentera à la salle deThôte
de ville pour nommer les députés nécessaires au tiers-état,
A Cognac, le premier mars 1789.
MoNifBT, NouGU&s, députés. »
Ainsi il y avait à Cognac en 1789 cinq instituteurs, dont deux enseignant
le latin. Monnet devint mettre d'écriture chez Maillard dont il va être parlé.
La tradition Cognaçaise rapporte une anecdote que je cite sous toutes réser-
ves, parce qu'elle pourrait bien avoir été inspirée par un passage très connu
d'une comédie de Regnard. Tout en taillant ses plumes Monnet prêtait Toreille
à ce qui se disait autour de lui. Un jour, il dit à Maillard : f Enfin dites-moi
donc ce que c'était que ce M. Cicéron dont on parle tant ; Était-il de Paris ?
— Ehl non, M. Monnet, il était de Rome. »
(1) On sait qu'il en fut de même des représentations théâtrales; les 16,17, et
19 juinl766,les étudiants de seconde du collège dePérigueux jouèrent dans leur
salle de spectacle les Incommodités de la 6 rangea r, comédie héroïque. La lettre
d'invitation a été réimprimée par M. Dujarric-Descombes dans le Bulletin de
U société historique et archéologique du Périgord , tome XXIX, page 573.
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— 160 —
phie, Texplicalion de César, Ovide, Virgile, quatre fables de
Boinvilliers, la langue française, la récitation de poésies, de
fables, etc.
Il y avait deux séances, la première à 8 heures du matin, la
seconde à 3 heures du soir.
2** Même litre et même imprimeur, 4 pages in-4. Exercice
pour 1811. Il comprenait les éléments de latinité et de grammaire,
la récitation de fables latines et de fables de La Fontaine, l'arith-
métique, le De viris illustribus, Phèdre, etc.. Il y eut deux séan-
ces, le 3 septembre, dans Téglise de Juillac-le-Coq, aux mêmes
heures que Tannée précédente (1).
César, Ovide, Virgile, Phèdre, expliqués en public sous le
premier Empire dans une église, sous la direction d*un chef d*ins-
lilution laïque, qui s'en douterait aujourd'hui ? Travaillons tou-
jours, il nous reste encore beaucoup à apprendre.
Revenons au pensionnat de Cognac. Voici le texte du placard
de la collection Couraud.
Que devinrent les potaches qui firent leurs preuves devant le
tout-Cognac de ce tenips-là ? Je serais bien en peine de le dire.
Je mentionne toutefois, sans préciser davantage, et en deman-
dant des éclaircissements sur ce point, qu'il y eut dans la r^ion
de Barbezieux un notaire du nom de Gallenon, et je voudrais
bien que quelqu'un pût me dire si Lhomandie n'est pas le même
que celui qui fit imprimer sous les initiales P.-F.-M. L., en 1821,
à Angoulême, chez Broquisse, la Xiphonomie ou Vari de Ves-
crime f* poème didactique en quatre chants, in~8, 100 pages. Le
fort en thème de la pension Filhol habitait Verrières, canton de
Ségonzac ; y était-il né ? Il n'est fait aucune mention de l'auteur
de la Xiphonomie dans l'opuscule d'Eusebe Castaigne : Lyre
d'Amour, suivie d'une biographie des poètes nés dans le dépar-
tement de la Charente ; Angoulême, Laroche, 1829, in-8 (2).
Jules Pellisson.
(1) Cette pièce porte le permis d'imprimer de de Sèze, recteur de T Académie
de Bordeaux.
(3) Le nom de Lhomandie est en toutes lettres dans une autre édition de la
Xiphonomie, imprimée À Angoulême, ches Lefraise et G*«, 1840, in-8«. Il s'inti-
tule : « Ajnateur,élève de feu M.Tessier de Laboëssière père, professeur émérite
de belles- lettres et d'histoire au ci-devant collège royal de la marine, et pré-
cédemment professeur d'humanités dans les lycées impériaux et collèges
royaux «.
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- 161 -
VIII
SAINTES ANCIENNE
Les rues
{SaiU).
Baculles, voir Pilier. Porte Evêquej 1660, et Porte Saint-
Louis, 1669.
Bains Tarroquet, sur le quai Palissy. — De 1835 à 1842, à la
place de la machinerie du château d*eau, existait un bassin de
natation, bâli en pierre de taille, d'une longueur d'une quaran-
taine de mètres, avec fond à des profondeurs diverses ; il servait
d'école de natation aux élèves des pensions et du collège. L'eau
en était renouvelée, soit par le ruisseau de la Grand-Font, soit
par la Charente.
Plus tard, le vieux Gaudet (ne pas lire Godet^ son ombre entre-
rait en (ureur), (type de bachelier ès-lettres et ès-sciences n'ayant
réussi à rien : pendant la baignade des collégiens, il récitait des
vers d'auteurs latins), créa les bains flottants en pleine Charente,
amarrés sur le bord du quai Reverseaux, à peu de distance du
marché couvert actuel. Ces bains sont devenus le lavoir de Pio-
chaud.
Balances (passage des). »
1807, 13 avril. — Vente de biens nationaux, par Vassal,
directeur de l'enregistrement du domaine national. Un
jardin situé au faubourg des Dames, appelé le jardin du
noviciat de la ci-devant abbaye des Dames, exploité par
le sieur Marquizeau, fermier, de la contenance d'environ
seize ares, renfermé de murs communs de tous les côtés,
avec puisage au puits qui se trouve devant la porte à
deux pans, qui ouvre sur le passage appelé des Balances,
^ confrontant ledit jardin, du nord à la grande' rue du fau-
bourg, du midi aux grands greniers de l'abbaye, du le-
vant au sieur Joby, marchand, et du couchant aux servi-
tudes nommées les Balances, dans lequel jardin est un
petit logement pour l'exploitation.
Procès-verbal d*adîudicaiion entre mes mains.
Ballets (rue des), 1553. (Archives, X), rue des Ballais. Rue
de Varenne (Bulletin^ I, p. 391).
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— 162 —
On admet généralement que le mol ballets rappelle les auvents
établis devant les maisons. En langage du pays, un ballet c'est
[)roprenient un hangar ; il y avait précisément un certain nombre
de ballets appuyés au rocher de Thôpital, qui ont duré jusque
vers le milieu du XVIII* siècle.
Une ])ortion de la rue était dans la paroisse Saint-Maur.
M. Marchegay a publié, dans la Revue des Sociétés Savantes,
de 1807 (IV* série, tome V, p. 490), un mémoire de la fin du XllP
siècle, énuméranl les droits du roi de France à Saintes.
L'article 10 mentionne les auvents sur la voie publique.
« Les gens le roy balhent, et ses avantiers seigneurs de
Saynètes ont balhé, sans parçoner, les perrons et sulbrons et
auvans à ceaux qui volent édiffîer fors die leurs murs au chemin
le roy, en la cité et aus lors de Saynètes ; et par reson du balh
ont et ont heu redevence sans nul parçoner de ceaus qui font les-
dits perrons sulbrons e auvans. »
Plusieurs notaires prolongent la « rue des Balais », bien plus
loin que les limites ordinairement connues. Ainsi, David (28
nov. 1725) dit : « Estant en la prizon royalle du siège présidialle
de la ville de Saintes, size rue des Ballais, a comparu
1613, 10 avril. — Jean Ravard, sergent royal, afferme
à Jean Bichon, maître-imprimeur, une des boutiques du
logis lui appartenant, rue djes Ballais, du côté du logis
de M. Luc Roy, procureur, pour un an, 11 livres (Minutes
de Sanson).
1623, 18 mars. — Jean Nau, marchand, demeurant à
Saint-André des Combes, en Angoumois, vend à Etienne
Goy, marchand, la part d'une maison, sise rue des Bal-
lais, confrontant d'un côté à la maison de feu Foures-
tier, notaire royal, qu'habite Jean Bichon, libraire et im-
primeur, gendre dudit Fourestier, d'autre côté à la mai-
son de la veuve de Jean Grégoire, tailleur d'habits, par
derrière, à la maison appartenant aux héritiers de Domi-
nique Dubourg, docteur en médecine, et par devant, à la
rue par laquelle on va de l'église des Jacobins à Téglise
des pères Jésuites. (Minutes de Sanson,)
1630, 10 janvier. — Jean Sabatery, prêtre, l'un des
douze vicaires de Saint-Pierre, loue à Jacques Fouyne,
sieur du Châlenet, une maison dépendant de la vicairerie
fondée par feu M. Richellot, avec son jardin, comme ledit
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— 163 —
Fouyne en a joui du vivant de Bertrand Lestellier, Tun
des douze vicaires, dernier possesseur, rue des Ballais,
confrontant par devant à la grand rue qui va de la Porte
Evoque à Téglise des Jacobins, y ayant un puits qui joint
ladite maison et rue publique, par derrière, à la mette
qui sépare le jardin de la dite maison et le jeu de paume,
d*un côté à la m^aison et jardin appartenant aux héritiers
de feu Geoffroy, marchand, et, d'autre côté, à la maison
et jardin des héritiers de Jacquet, armurier. (Minutes de
Limouzin),
1638, 25 avril. — Augier de Colonque (signe Colon-
ques), syndic du clergé de Saintonge, demeurant à Tabbaye
de Saintes, procureur de Mathieu Despruet, chanoine,
loue à Mathieu Mauchen, conseiller au présidial, la mai-
son canoniale appartenant audit Despruet, située près la
rue des Ballais.
Il a été dressé un procès-verbal de visite où on lit :
« La fenestre qui regarde de ladite cuizine en la ruette,
devers M. de Montaigne... »
Plus loin :
« Ce faict, sommes entrés dans la grand chambre, avons
treuvé les fenestres bien garnies de vitre , les armoiries
de M. Urvoy sont rompues qui sont dans le hault desdites
vitres... »
« Dans ladite chambre y a une esguière du cabinet qui
sert de descharge... »
« Le grand grenier ferme à clef du costé de la ruette qui
regarde chez le sieur de Montaigne (1). (Minutes de Li-
mouzin).
1645, 27 avril. — Prise de possession par Jean de Su-
berville, clerc tonsuré du diocèse de Saintes, chapelain
de la chapellenie fondée par Mathurin de Podio, de la
maison en dépendant, sise rue des Ballais, confrontant
d'un côté, à la maison et jardin de Abel Guillon, docteur
en médecine, d'autre côté, à la maison et jardin de noble
Jean Philipier, sieur de Fléac-sur-Charente, conseiller du
roi, assesseur civil et criminel, lieutenant particulier,
(1) Raimond de Montaigne probablement, ancien président du présidial,
évèque de Bayonne. (Voir rue du Pàlàiê).
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-- 164 —
premier conseiller, en la sénéchaussée et présidial de
Saintes, lieutenant-général aux eaux et forêts de Sain-
tonge, Aunis et , d*un bout et par derrière, au
jardin du sieur de Saint-Roc, et par devant, à la rue des
Ballais, qui va de la porte Evêque au canton des Pères
Jésuites. {Minutes de Maréchal,)
1648, 13 août. — Jean Limouzin, étudiant en philoso-
phie, chapelain de Tune des six chapellenies fondées par
feu Etienne Guillebaud, desservies à Saint-Pierre, loue à
Ivon Piquery, maître arquebusier, la maison dépendant
de la chapellenie, située rue des Ballais, confrontant par
devant à la grandVue qui va de la porte de Téglise des
Jésuites à la mette qui monte de la dite grand*rue au châ-
teau et citadelle dudit Saintes, sur main droite, d'un côté
à la maison de Nicolas Leclerc, maître serrurier, d'autre
côté au bout à une venelle commune qui sépare ladite
chapellenie de la maison de Jérôme Pradelle, et par der-
rière à la basse-cour de la chapellenie fondée par le dit
Guillebaud, et possédée par Jean Martin. (Minutes de
Limouzin.)
1687, 23 novembre. — Jacques de Léglise, curé de
Saint-Pierre, au nom de son neveu, Jacques de Léglise,
prêtre, bachelier en Sorbonne, curé de Saint-Crépin et
chapelain d'une des chapellenies d'Ythier Guillebaud, af-
ferme à Françoise Marion, veuve de Jean Robert, archi-
tecte, et Germain Robert, son fils, une maison dépendant
de la chapellenie, rue des Ballais, confrontant d'un côté à
Pierre Gaultreau, notaire royal, par derrière au rocher
SaintrFrion. {Minutes d'Arnaud),
1772. — Vente d'une maison, rue des Ballais, censive de
l'évôché, ayant sortie dans la Barrière, confrontant par
devant à la rue, par derrière audit lieu de la Barrière, du
midi à la chapellenie de Mathurin, du nord aux héritiers
NicoUe. {Minutes de Maillet.)
Habitants : Gilles Philippier, conseiller au présidial (1622) ;
Nicolas Gombaud, chanoine (1630) ; Meneau, avocat (1691); Geof-
froy du Coudret (1691) ; François Chevalier des Landes, conseil-
ler (1764) ; Adélaïde Daloue, veuve de Paul Gourdeau (1775) ;
Etienne Garât (1775); Maume, imprimeur, n** 74 (L. Audiat,
Essai sur V imprimerie).
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— 165 —
La maison occupée aujourd'hui par M. le baron Oudel a été
très vraisemblablement construite, après 1779, par Jacques-
Alexandre Perreau, à qui les initiales J. A. P., sculptées dans
un cartouche, au-dessus de la porte d'entrée, semblent convenir
en tous points. Cette maison fut vendue le 13 avril 1790, par les
héritiers de Perreau, Marie Perreau, épouse de Lataste, Victoire
Perreau, épouse Huteau, et Félicité Perreau, à Marie-Catherine
Victoire Vignier, épouse de Claude Morisseau. Par bail du 3 mai
1787, elle est désignée sous le nom mérité d'hôtel, et loué à M.
de La Rochecourbon, comte de Blénac.
La fille des époux Morisseau est devenue M"** de Sainte-Au-
laire, et ses héritiers vendirent l'immeuble, en 1826, à M. Le
Gentil, baron de Paroi, contre-amiral en retraite (Renseigne-
ments communiqués par M. le baron Oudet).
La maison qu'occupe et possède M. Ch. Dangibeaud, 14, rue
des Ballets, a été bâtie par Etienne Compagnon de Thézac, capi-
taine de dragons de Damas, en 1769-1770. Il est plus exact de dire
qu'elle a été reconstruite et qu'elle a englobé deux maisons. La
famille de Thézac habitait déjà la rue des Ballets : en 1769,
Etienne de Thézac voulut refaire la façade de sa maison ; des
difficultés avec le voisin le contraignirent à acquérir, à côté de
la sienne, une maison tombant en ruine, dépendant de la chapel-
lenie Guy Charron. Celte dernière maison est ainsi confrontée :
« du levant et midi aux écuries et autres parties de maison dudit
sieur de Thézac, du nord à celle du sieur Garnier, avocat, cette
maison dont les trésoriers de France ont ordonné la démolition
de la façade construite en bois et en plâtre... »
Elle passa, en l'an XII, des mains de Charles-Frédéric de Thé-
zac entre celles de son frère aîné, Jacques-Etienne, puis, en 1839,
à Hélène Broussard ; revint dans la famille de Thézac, et fut ache-
tée, le 20 décembre 1893, par M. Ch. Dangibeaud.
Cette maison, dans l'ancien numérotage, portait le numéro 105.
Maison rue des Ballets, n** 9. — Maison avec jardin par der-
rière, montant du côté du rocher ; elle appartenait, en 1804-
1820, à M. ue La Morinerie, grand-père de M. de La Morinerie,
notre confrère. Plus tard, elle passa à sa fille, M"** de La Tran-
chade ; elle fut occupée par la pension Amouroux, ensuite par .
les Frères de la doctrine chrétienne, en 1851-1858. C'est aujour-
d'hui l'orphelinat des jeunes aveugles qui s'est adjoint la maison
de M"* E. de Saint-Légier (Communication de M. de La M.).
En 1815, la rue compte quarante-sept numéros, d'après une
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liste appartenant à la fabrique de Saint-Pierre : Trouvé, luthier,
de Paroi, Dangibeaud-Padiance, de ïhézac, Martin, maître de
danse, de Turpin, Beaiipoil de Saint-Aulaire, Debain, juge, etc.
Les carrières exploitées sous le rocher de l'hôpital, auraient,
dit-on, fourni la plus grande quanlité des pierres des monuments
gallo-romains. Des carrières de la place des Cordeliers, on ex-
trayait la pierre dite des Douves. (Cf. Congrès archéologique de
1844, p. 114).
Voir La Barrière, 116.
Ballets de Saint-Pierre (rue des). — En 1572, le marché qui
se tenait depuis à la porte du Pont, au canton des Vieilles-Bou-
cheries, est transféré près le cimetière Saint-Pierre, sur une
« place grande et spacieuse entourée de plusieurs porches
et ballets pour retirer le peuple pour Tinjure de la pluie. »
(Documents, p. 192).
J'ai trouvé dans des papiers de famille un croquis, sans prer-
portions, curieux à cause des ballets qu'il représente. Il n'est pas
daté. Il désigne nettement notre rue Saint-Pierre.
1668, 17 octobre. Jean Huon, docteur en médecine, mari
de Marthe Huon, déclare tenir du roi « savoir est un bal-
let et porche scitué dans la ville de Xaintes, parroisse
Saint-Pierre, faisant couin sur la rue publique qui va de
la grande porte de l'église calhédralle de Saint-Pierre au
canton des Forges, sur lequel il y a deux chambres l'une
sur l'autre, avecq un grenier par dessus, confrontant sur
le devant, vers le midi, à la rue publique qui va dudit
couin et canton au simetière et place de Saint-Pierre,
d'autre bout, sur le derrière, vers le nort, à la maison du-
dit sieur Huon, d'un cotlé, vers le levant, à l'espace qui est
entre ledit ballet et celui de maislre Biaise Tarrade, huis-
sier, et de l'autre à ladiclc grande rue publique qui va de
ladicte grande porte de Saint-Pierre au quanton des
Forges.
1697, 28 mars. — Marie Rutin vend à René-Louis Guil-
lotin, échevin, procureur au présidial, une maison, sise
au devant les ballets de Saint-Pierre, occupée par M. de
Beaune, conseiller, procureur du roi au présidial, con-
frontant de deux côtés aux maisons voisines, par devant
à la rue qui conduit desdits ballets à la place Saint-Pierre,
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- 167 -
d'autre côté aux cimetières de Saint-Pierre, une mette
commune entre deux (Minutes de Prouteau.)
1701, 8 février. — Jean-Louis Guesmand, praticien, de-
meurant à Saint-Martial de Cocullet, afferme à Jean
Bouyer, marchand, une maison, sise vis-à-vis les ballais
de Saint-Pierre.
1701, 21 mai. — Jean Bonnaud, marchand, sarger, vend
à Jacques Dugué, huissier aux eaux et forêts, une maison,
paroisse Saint-Pierre et seigneurie du doyenné, joignant
d*un côté la maison de Bonnaud, d'un côté à celle de
Dugué, par devant « faisant une allée ou courroir à la rue
publique apellée les Balle tz de Saint-Pierre ». {Minutes
de Feuilleteau.)
1715, 5 mai. — Marianne Piguerit, veuve de Pierre Guil-
baud, huissier, afferme à Jean Audouin, serrurier, une
maison sous les ballets de Saint-Pierre. {Minutes de
Senne,)
Bancs (les petits).
1412, 9 février. — Arrentement d'une « maison et ver-
gier assis en la ville de Xaintes, en la parroisse Saint-
Michiel, on fié du roi, appelle le fief non Denis, tenant
d'un chief à une vanelle par laquelle on vait des petits
bancs aus murs de ladite ville et d'un costé à une vanelle
par laquelle on vait de ladite maison au port Mosclier. »
{Archives de Saint-Pierre, cote J.).
Barrière (rue de la) (plan Lacurie). — Portion de la rue
Saint-Pierre, longeant notre marché couvert.
Barrière (La), voir Marché, et plus haut, page 164. C'est évi-
demment l'impasse du Collège.
1723, 9 mai. — Jacques Bordageau, conseiller général
des saisies réelles au comte de Taillebourg, et Madeleine
de Saint-Mars, sa femme, afferment à Pierre Fernande,
maître es arts, une maison rue des Ballais, paroisse Saint-
Maur, avec une écurie par derrière, qui a sa sortie et ser-
vitude par le lieu appelé La Barrière, joignant le Jeu de
Paume, dans la rue Neuve, confrontant au midi à Emery,
huissier, au nord à la maison d'une chapellenie possédée
par Brillouet, prêtre, vicaire à Saint-Pierre, au couchant
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- 168 —
à la rue des Ballais, par derrier au Jeu de Paume ; plus
une cave sous le rocher de la citadelle, au devant la mai-
son, avec droit de passage par le couloir et allée commune
avec la maison des Bons Enfants, appartenant à Cou-
dreau, ancien conseiller au présidial. {Minutes de Mar-
say.)
1748, 18 juin. — Martin Binet, chanoine semi-prébendé,
chapelain de la chapellenie fondée par Jean Richelot, af-
ferme à Samuel- Alexandre Brejon de La Martini ère, avo-
cat, une maison, rue des Ballets, confrontant par devant
à la rue, par derrière à la barrière de la Paume, sur
laquelle il y a une sortie, d'un côté à Brizeux, instructeur
de la jeunesse (Minutes de Senne.)
1750. — Isaac Michel, seigneur de La Morinerie,
écuyer, demeurant à Diconche, loue une maison apparte-
nant à Jean Aniaudry, marchand, ayant jardin et droit de
passage à la barrière du Jeu de Paume. (Minutes de Gou-
gnon.)
Basse (rue). — Habitée, en 1815, par des cabarets surtout.
(Voyez rue de La Brèche).
En 1902, le bout de cette rue arrivant sur le cours a subi une
grosse transformation. Les masures et maisons qui bordaient le
côté gauche, en descendant, jusqu'à une venelle donnant passage
de la rue Basse au quai, ainsi que le pâté de maisons compre-
nant divers immeubles (entre autres Tancien bureau des diligen-
ces Bonnin), limités par cette môme venelle, ont été achetées et dé-
molies par M. Lehmann, qui a élevé sur ce vaste emplacement
une grande construction destinée à un bazar (Maison universelle).
La rue se trouve élargie, éclairée. La venelle est devenue une
rue de trois mètres de large.
D'après un acte du 23 octobre 1768, reçu Maillet, il y aurait eu
une rue Basse à Saint-Eutrope.
Julien-François Destain, marchand libraire, mari de Marie-
Anne Vieuille, demeurant à Sâint-Jean d'Angély, afferme à Jean
Fraigncau, une maison lui appartenant, faubourg Saint-Eutrope,
confrontant du midi à la rue Basse.
Mais les notaires ont fait preuve de distractions telles, qu'il ne
serait pas impossible que cette rue Basse à Saint-Eutrope fût un
lapsus.
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— 169 —
Bassompierre (rue). — D'après le plan de Lacurie, elle com-
mençait au bout de la rue de l'Arc de Triomphe, tournait à gauche,
prenait la moitié de la rue de Lormeau. Aujourd'hui, elle est pa-
rallèle à l'avenue Gambetla.
Je crois que la nôtre est l'ancienne rue de La Doue (voir ce
mot). Lacurie intervertit le quai et la rue. Il place le quai à gau-
che et la rue à droite.
Place Bassompierre. Place de la Liberté (1850). — Le plan
de Lacurie ne la marque pas, ce qui est tout naturel. Il donne
seulement un quai Bassompierre , qui serait aujourd'hui la rue
longeant la place Bassompierre, laquelle a été faite avec les maté<
riaux provenant des démolitions du pont, en comblant un bas-
fond. Le nom de quai Bassompierre existe encore dans une
pierre, au coin faisant vis-à-vis à l'abattoir (commencement du
XIX* siècle).
Le nom de Bassompierre vient de celui de l'évêque qui avait
reconstruit une portion de l'ancien pont.
Bastion (rue Neuve du) (1850).
Bateai'x (rue des). Petite rue des Bateaux, ^Buc du Port des
Bateaux, d'après le plan de Lacurie, qui fait plonger le pied
des maisons dans la rivière, par derrière.
Les anciennes vues du pont montrent, en effet, des maisons à
l'entrée même du pont (côté Saint-Pallais) (voir Saintes à la (in
du XIX" siècle, l. I).
Bernard (allées). — Elles longeaient le mur ouest de la Pro-
vidence.
Bernard, nom du trop célèbre conventionnel. (Cf. Eschassé-
riaux. Assemblées nationales, p. 287.)
Bertonnière (rue de la). — Berthonnière avec un /i, dont la né-
cessité serait difficile à justifier.
Il y a des Brelonières, Berlonnières, La Bretonnerie, presque
partout, dans beaucoup de villes ; des villages, des fermes, por-
tent ce nom. Nous en avons plusieurs dans notre déparle-
ment (1). Toutes les localités, en Saintonge, comme ailleurs,
(1) Les Bretons, près Cozes, La Bretonnière, Les Bretons, près Saint^SaTÎ-
nien, Bretagne, commune de Juicq, les moulins de La Bretonnière entre Lo-
rignac et Saini-Dizant du Gua, La Bretonnière, près Mirambeau. Une charte
de 1343, oommuniquée par M. Musset à une séance de la Commiêêion des
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— 170 —
tous ces quartiers dérivent probablement d'une double origine.
Aussi, faut-il distinguer. Il est possible que quelques-unes tirent
leur nom d'une famille Horion, Rroton, auquel on a ajouté la
terminaison ière, indicative de propriété. Dans ce cas, La Berton-
nière serait de môme formation que La Rigaudière, La Thibau-
dière, et s'applique probablement aux maisons isolées. Mais il
n'en est pas de même des Bertonnières, voisines des villes ou
bourgs, dont elles constituent un faubourg.
On s'est déjà posé la question de savoir d'où cette dénomina-
tion peut sortir. Les recherches ont abouti à des conclusions
peu satisfaisantes. Je vais donncM* le résultat dos miennes.
La solution la plus séduisante serait de rattacher ce nom à
Bcriainère (1), fondrière, endroit bourhoux par conséquent, s'il
était prouvé que toutes les Bertonnières sont situées dans les
bas-fonds humides. Il y en a un certain nombre.
A Boaune, il a existé une Porte Brétonnôre (2), au bout d'une
rue Berlonnière {voir plus loin), dans l'endroit presque le plus
bas de la ville, près de la rivière. A Saintes, La Bertonnière est
bien dans la partie la plus basse de la ville. A Pons, il en
était de même. Je pourrais en citer d'autres à proximité de
ruisseaux, mais d'autres aussi, éloignées d'un cours d'eau (3)
qui contrarient l'explication qu'on serait vivement tenté
de faire du mot médiéval Bcriainère. D'ailleurs, cette éty-
mologie admise, pour les Brotonnières, dans les endroits boueux,
il y aurait encore lieu de poser la question de savoir ^i
le terme lui-même n'a pas comme racine le mot breton, et si Ber-
tonnière (4) ne signifie pas plutôt lieu habité par des bretons,
Arti et mon. de U Charente -Inférieure, contient une vigne Bretoneà, près
Saint- Jean d'Angély.
On a encore La. Bretagne, près Guimps, Le maine aax Bretons, près Saint-
Preuil, canton de Segonzac (Charente).
(1) Godefpoy, Dictionnaire de Vancienne langue française.
(2) Société d'hist., et d*archéol., de Beaune, 1895, p. 169, 178. Bretenai, dans
le patois du Cha tenais (Belfort) signifie bretonner ou parler d'une manière
peu compréhensible* parler breton C(. BaU. soc, Belforlaine, 1896, Brete-
fiai, nom de lieu dans la Haute-Marne.
(3) Par exemple, Les Bretons de Cozes, La Bretonniére de Saint-Savinien.
(4) Cf. Houzë, Etude sur la signification des noms de lieux^ 1864. Le suf-
fixe aria servirait à former des substantifs indiquant le lieu dans lequel on
fait ou dans lequel sont réunies des choses représentées par le radical.
Il faut ajouter : dans lequel le nom du radical indique un nom d'homme.
Nous avons beaucoup de localités en ière qui désignent certainement la pro-
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— 171 —
bertoned en langue bretonne du dialecte de Vannes (1), ce qui
n'exclut pas l'idée de lieu malpropre.
Personne ne contredit ce premier point. On s'accorde à tirer
l'étymologie de Bertonnière de breU>n^ mais la confusion des opi-
nions commence dès qu'on aborde la détermination de l'époque
où le mot s'est formé. Là est le no?ud du problème.
Remarquons de suite que les Bretonnières sont, la plupart,
installées en dehors des centres, à proximité d'une ville (2), et
constituent un faubourg quand elles en sont assez rapprochées.
Aucun document connu jusqu'ici ne permet de faire remonter
ce nom, en Saintonge, au-delà du XIIP siècle. En Bourgogne,
on en a, paraît-il, du XI*. On peut dire, néanmoins, d'une ma-
nière générale, qu'il se répandit surtout vers la fin du XP siècle
et au XII®. Il est inconnu ou très rare dans les régions de l'Est el
du Midi de la France, tandis qu'il est très commun dans la région
normande, sous la forme de Briloneria, La Bretonnière, ou Brei-
tcville (voir plus loin, page 175).
On peut le considérer commle ancien nom chez nous. A
Pons, au XlIP siècle (3), existait une rue Bretonieyra, Bretona-
ria, Brilonaria. La nôtre ne lui cède certainement pas en anti-
quité : toutes deux doivent leur origine à la môme cause.
Je n'insiste pas sur la différence entre Bre et Ber, transposi-
tion fréquente dans les vieux parlers et dans le langage sainton-
geais en particulier.
Il n'est pas douteux que la racine du mot ne soit BriiOy
Brilto (4). Que signifie-t-il ? F. Godefroy lui trouve plusieurs
priété d'un tel : La Thihàudière^ La, Baudonnière, La Grimaudiére, La Loa-
batière^ La Moinardière..., etc. Bretonnière, c est donc la maison de Breton
ou des bretons. Comme dans l'espèce, il ne peut s'agir partout d'an nom
propre — (il serait singulier de trouver des individus de même nom établis
dans plusieurs villes, toujours dans un faubourg), — il faut nécessairement
que nous nous trouvions en présence d'une double origine : Breton ici, des
bretons ailleurs.
(1) a Breixad est le nom régulier des Bretons ; Breton, Bretoned^ au plu-
riel, sont des formes vannetaises empruntées au français, mais que Ton trouve
dans les mystères bretons les plus anciens (XV*-XVI« siècle) » Note com-
muniquée par M. le D^ de Closmadeuc.
(2) La Bretagne (1230) faubourg de Péronne {Mém. des antiquaires de Pi-
cardie, 1867, p. 168). La Breionnière, faubourg de Beaune ; même chose A
Saintes. Les Bretons ou Bretonniëre, A proximité de Saint-Savinien, Gozes,
Mirambeau.
(3) Archives de la Saintonge, IX, p. 190 et s.
(4) Par analogie on peut citer la forêt de Broionne, dans la commune de Vai-
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— 172 —
acceptions : P espèce de faucon ; 2** monnaie ; 3** maître d'es-
crime, joueur de bâton émérite ne redoutant pas plusieurs adver-
saires armés de sabres et d'épées ; 4** une explosion de gaz natu-
rel...; 5** qualificatif de large ; 6** longue épée (1).
On pourrait déjà supposer une famille ou plusieurs ateliers de
fabricants d'épées (2) et de boucliers, installés hors de la ville.
On peut aussi supposer un marché aux chevaux. Les Bretons
sont réputés comme marchands de chevaux. Un proverbe assure
que Normands et Bretons à vendre des chevaux attraperaient
le diable. Mais on connaît d'autres spécialités (3) ; tissage de la
toile, fonderie de plaques de cheminées. Le mot breionnier,
relevé dans un compte de L325 (4), semble désigner un artisan,
sans qu'on puisse deviner à quel genre de métier il s'applique.
Une autre industrie a bien pu contribuer à la formation du mot.
Je veux parler des tanneries. Elles paraissent extrêmement an-
ciennes et prospères sur les bords de la Charente et de la Seugne;
elles ont toujours occupé le même quartier. A Tours, la Porle
du Port-Bretagne avait comme synonyme des Tanneurs (5). Il
est encore possible que les Bretons aient eu la spécialité du com-
merce du tan et celui du charbon de bois, aujourd'hui réservé aux
Auvergnats (6). A Orléans, on rattache l'origine de La Breton-
nière à des bals. Gautier, dans ses épopées, cite un Garin le
Breton, joueur ou ménétrier de nacaire (7). La littérature du
moyen âge est remplie de légendes bretonnes ou de héros bre-
tons.
Ces diverses significations ne s'excluant pas l'une l'autre,
prouvent une chose : la variété des occupations auxquelles les
Bretons se livraient pour vivre loin de chez eux. Dès lors, il est
•
teviUe-La-Rue (Seine-Inférieure); eUe changea son nom d'Arelaune pour
celui de Brotonne, en souvenir, on dit, à la suite du séjour du breton Saint-
Condë qui aurait reçu de Thierry III, en 670 ou 675, une partie de la forêt.
SylvA Brittonis, d'où au moyen Age Sylva Brotonniae (abbé Cochet, Répertoire
àrchéoL, p. 508).
(1) DiciionnAire de Vaneienne Ungne française.
(2) Cf. Littrë, Dictionnaire v Breton.
(3) BalUHn, I, p. 45.
(4) Romania, t. XXXI, p. 365. Mots obscurs et rares,
(5) BalUtin mon,, 1875, p. 108.
(6) Le mot Bretagne parait lié, en quelques endroits, à celui de forêt. Les
Bretons auraient-ils eu la spécialité de l'exploitation des bois?
(7) Les jongleurs bretons ont, en effet, joui d'une grande rogue au XII» siè-
cle, comme chanteurs s'accompagnant de la harpe ou de la rote.
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— 173 —
naturel de comprendre que des familles, des hommes, originaires
d'un même pays, différents très sensiblement des populations
au milieu desquelles ils arrivaient, par le costume, le langage,
les mœurs, se soient groupés et soient parvenus à former une
agglomération à laquelle les gens du pays donnèrent un nom
spécial. Les Juifs ont déterminé les rues de la Juiverie, les Li-
mousins ont peut-être, à Saintes, laissé trace de leur séjour, les
Bretons ont bien pu fonder les Brelonnières ou Bretonneries, La
Bretagne, Britiania, nom de localité existant pareillement an
XII* siècle.
Lô prétendu patois satntofngeais appelle breton l'éclat en-
flammé qui se détache d'un morceau de bois (1).
Le vieux mot français brette, aujourd'hui complètement aban-
donné (2), mais encore en usai^e du temps de M"* de Sévigné,
s'emploie encore à la camjpagne : une vache brette est une
vache (3) brelannc (blanche et noire).
Les Saintongeais et les Bretons ont eu des rapports très fré-
quents, c'est indéniable. Les chartes nous montrent des Bretons
installés chez nous (4). Enfin, Froissart raconte le sac de Saha-
gun par les Bretons et les Saintongeais (5). Je rappelle simple-
(1) Je crois que c'est par antiphrase ; lè véritable breton n'est probable-
ment pas la parcelle de bois enflammé, mais la détonation qui accompa^e
la projection.
La Revae da Bas-Poitou^ 1903, p. 412, résume, d'après Vlntêrméditiire nan-
taiSj du 12 novembre 1903, une étymolog^e du mot breton. « Le mot breton,
— est-il dit — employé dans le sud de la Vendée maritime pour désigner
les étincelles qui jaillissent d'une bdlche placée dans le foyer est connu dans
le Bocage ». Favre fait venir breton de bretieler, briUer, étinceler. M. Pres-
sée, dans le Glossaire poitevin annexé au volume de Poésies patoises de
l'abbé Gusteau, écrit que ce mot parait être le même que bretan qui avait,
en français, le sens du latin eructatio t. En Saintonge, tout au moins, le
breton n'est pas l'étincelle, mais une flammèche. Je soupçonne qu'il en est
de même en Vendée, et le mot latin correspondant cherché par M. Pressac
est plutôt erepitus.
(2) Louis Xll appelait Anne de Bretagne sa a brette moalt adorée •.
(3) Bulletin, t. XII, p. 143.
Cf. Bulletin et mémoires de la société archéologique de la Charente^ 1902-
1903 ; p. 102, un passage du Papier de raison, de Pierre Bourrut, daté du 14
mai 1709.
(4) 1335, J. de Ponteroiz, breton (Archives, XXIV, p. 106). Guyon le bre-
ton, portefaix (Ibidem, 107), Guillaume de Redon, maçon, en 1373 (76., p. 168).
Deux brettes servent dans une taverne (/!>., p. 107).
(5) Chroniques, t. XI, p. 122.
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- 174 ~
ment le passage de Duguesclin, et le brittanicum {retum, Pertuis
breton, entre Tîle de Ré et la côte d'Aunis.
Nos relations avec la Bretagne se perdraient, suivant une ex-
pression un peu vieillie, mais juste en la circonstance, dans la
nuit des temps.
Les carrières de la Saintonge auraient fourni les pierres de
plusieurs monuments de Bretagne, gallo-romains et mérovin-
giens. M. Maître a reconnu la « pierre des Charenles » dans les
fragments d'une statuette de femme recueillis à Mauves (Loire-
Inférieure) (1). Mémo conslalation pour des tombeaux mérovin-
giens (2). Il en a trouvé, une autre fois, dans le revêlement d'une
grande salle de bains, sous Téglise Sainl-Barlhélemy en Saint-
JuUien de Concelles, revêtement « qui remplaçait souvent l'en-
duit dans la pièce nommée sudatorium (3). »
Il faut ajouter encore que l'exportation des vins de Saintonge
en Bretagne est fort ancienne.
Ces différents faits, rapprochés les uns des autres, m'ont porté
à supposer que le mot Brelonnière ou Bertonnière dérive d'un
établissement de bretons dans un faubourg de Saintes. Je n'irai
pas, toutefois, jusqu'à le faire remonter au V* siècle.
Tel n'est pas l'avis de M. le D' Meynier. Il explique, dans ses
nom}< de lieux romans (4), le nom de Bretagne, Bretonnière,
Bretenière, par des émigrations particulières de Bretons, Britti^
Brittones, à une époque très reculée, celle de l'invasion anglo-
saxonne, au milieu du V* siècle, mais il n'appuie son hypothèse
d'aucune observation qui lui donne un semblant de probabilité.
M. Ch. Aubertin va plus loin encore, dans les Mémoires de la
Société d^histoire de Beaune (1896), p. 319 et s., à propos de ses
recherches sur l'étymologie du faubourg de La Bertonnière, à
Beaune. Il cite d'abord des Breteneria, Bretoniera, Bretteneria,
en Côte d'Or, aux XP, Xïl" et XIIP siècles.
M. l'abbé Bourlier, auteur du Glossaire étymologique des noms
de lieux en Côte d'Or^ dans Bulletin d'histoire et d'archéologie
religieuses du diocèse de Dilon, 1895, avait fait dériver Bretta-
niaria^ qui serait un fundus, d'un gentîlice en ius, Brettanius^ à
l'aide du suffixe adjectif aria, sous entendu villa. M. Aubertin a
fl) Comptes rendus de U LUI* session du Congrès archéologique, p. 430.
(2) Bulletin archéologique, 1900. Recueil, XV, p. 533.
(3) Bulletin erchiologigue du Comité, 1893, p. 38.
(4) Mémoires de U société d'imuL du Doubs, 1898, p. 68.
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— 175 —
voulu vérifier par Tarchéologie cette explication, en fouillant le
terrain. Il a trouvé dee monnaies du bas Empire, des tuiles, des
cendres, des instruments aratoires, non pas dans les terres du
faubourg môme, mais sous un village voisin, les Tuvilains. Il
en tire la confirmation de la thèse de Tabbé Bourlier. La dis-
tance entre le faubourg et le village n'est pas, à ses yeux, un
obstacle à l'adoption de la théorie, parce que, dit-il, « la villa
Brcticmiaria, la propriété de Brctianius, qui n'est pas un nom Je
fantaisie (1), a existé aux Tuvilains plutôt qu'ailleurs ».
Je vois à cette explication deux impossibilités, La première
c'est la quantité de Brittanius ou Breltanius qu'elle suppose en
Gaule, tous ayant précisément installé leur villa ou {undus à la
sortie des villes ou près des villes. La seconde c'est que le nom
n'est pas Breionlère tout court, mais La Bretonnièrc, et que, si
La Bretonnière vient de Brittani aria = villa Briiiani^ nous
possédons une suite interminable d'autres {undi gallo-romains,
car le nombre des localités en ière précédées de l'article fémi-
nin, est immense : La Frégonière, La Blanchardière , La Renan-
dière, La Béraudière, La Renaiidière, La Bardonière.,., etc., etc.
La citation pourrait durer une heure. Qui soutiendra que Blan-
chard, Renaud, Béraud, sont des noms romains ?
A défaut de son explication, M. Aubertin ne verrait d'autre
alternative que de trouver le sens cherché dans le terme « bre-
ton », avec la signification de brigand, voleur. Une bande de ces
bretons, gens pillards, aurait fait halte sous les murs de Beaune,
et leur nom serait resté attaché à leur camp. Il est vrai que jadis,
« breton ou larron » était un dicton passé à l'état de proverbe (2).
Du Cange cite le passage d'une charte de 1395 : « britones pro
grassatoribus et pra^donibus sumuntur. »
M. Aubertin n'est cependarrt pas partisan de cette explication
— et moi pas davantage — il préfère la précédente, parce qu'on
« n'aurait pas manqué, comme pour le quartier des Cotereaux,
de dire le quartier des Bretons ». La raison n'est pas péremp-
(1) Il a été recueiUi par M. d'Arbois de Jubainville et indiqué dans les
Etadeg sur la langue celtique. Les nombreux Bretteville, de Normandie,
viendraient du mot latin Brilo. Cf. comte de Broussillon, CariuUire de Sainl-
Aubin. A Angoulême, on considère les villages de Villeraalet, Villebreton,
comme d'origine romaine. Cf. Bulletin soc, arehéo., de la Charente^ 1901- .
1902, p. LXXIV.
(2) Lacurne de Saint-Pallaye, DieiionnAire historique de Vaneien Ungage
français^ p. 318.
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— 176 —
toirc. Loin de là ! Je ne cite, du reste, ce dernier sens donné à
Berlonnière, que pour épuiser, si possible, la série des hypo-
thèses.
Revenons à Saintes.
Notre faubourg de La Bertonnière appartenait à deux pa-
roisses, Saint-Vivien et Saint-Eutrope. La ligne séparative sui-
vait La Cabaudière et partie de la rue de La Bertonnière, en des-
cendant vers la place Blair jusqu'à la porte Evêque. La paroisse
Saint-Vivien possédait la portion à gauche de cette ligne, autre-
ment dit les mïiisons adossées au rocher.
1609, 27 février. — Jean Goullu, syndic des clercs et
choristes, donne quittance à Guy Marays, joueur d'ins-
truments, demeurant à Saintes, de soixante-quinze sols de
rente annuelle et perpétuelle, « à cause d'une maison
consistant en deux corps de logis situés au faubourg de
La Berthonnière, parroisse Saint-Eutrope, où cy devant
pandoyt par enseigne Saint Jehan, qui souUoit appartenir
à feu NicoUas Bricot, confrontant lesdits corps de logis,
d'un costé à la maison et jardin de Nicolas Gaultier, mais-
tre savetier, et d'aultre costé à la maison de Thomas
Girauldet, taneur, et une petite venelle qui est par derrière
de la maison dudit Girauldet. {Minutes de Mareschal.)
1669, 2 mai. — Déclaration au juge du prieuré de Saint-
Vivien, par Jean Robert, marchand, à La Bertonnière,
pour ce qu'il possède en cette seigneurie, comme mari de
Jeanne Charrier : une maison, sise audit faubourg, con-
frontant du couchant à la maison des héritiers Méry, bour-
geois, du levant aux héritiers de Ravaud, du midi à la
grand'rue qui conduit de la porte Saint-Louis à Saint-
Eutrope, du nord aux doues de la ville. {Minutes de Mar-
couiller.)
1669, 8 mai. — Déclaration au juge de Saint-Vivien, par
Louis You, sieur de La Tessonnière, veuf de Jeanne Fro-
my, d'une muison sise à La Bertonnière, tenant du levant
aux hoirs Duval, Jacques Guillebaud et autres, au jardin
de Jean Guerry, au couchant au jardin de Marguerite
Dugua, veuve de Jacques Fromy, du midi à la rue qui va
de Saint-Macoul à la porte Saint-Louis, du nord aux deux
caves sous le rocher Saint-Agnan. {Minutes de Marcouil-
Ur.)
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^ 177 —
1669, 15 mai. — Déclaration au juge du prieuré de Saint-
Vivien, par Marc Moreau, archer, mari de Catherine Ma-
réchal, d*une maison avec cave sous le rocher Sainl-
Agnant, confrontant du couchant à Duval, du levant au
jardin et cave de la veuve Fromy, au midi à la rue qui va
de Saint-Macoul à la porte Saint-Louis, du nord au
rocher. (Ibidem.)
1681, 24 mai. — François Tourneur, échevin, et Louis
You, sieur des Barrières, vendent une maison à Michel
Rouillon, marchand, à La Berlonnière, paroisse Saint-
Vivien, confrontant, au nord au rocher Saint-Aignan, au
midi à la rue qui va de la porte Saint-Louis au faubourg
Saintr-Macoul. (Minutes de GilleL)
Conformément aux ordres du roi, une maison sise rue de L§
Bertonnière servait de refuge aux mendiants et aux vagabonds.
(Minutes d'Huvet, 25 janvier 1775.)
En 1616, habitait rue de La Bertonnière, un boucher du nom
de Pelloquin, qui pourrait bien être le grand-père de la suivante
de Madame de Montausier, dont parle Tallemant, dans l'anec-
dote sur M"** de Montausier.
Voyez canton de la Croix-Blanche.
Billes (jeu de). — Un jeu de billes était installé tout près de la
porte Evêque, avant 1577 (1). « L'avenue du jeu de billes qui est
à la porte Evêque sera fermée. » Il fut transporté ailleurs, dans
la rue qui monte du carrefour des Jésuites ou Collège, à la cita-
delle. Nous n'en connaissons pas d'autre, si ce n'est les deux que
Pierre Sanglard organisa dans son jeu de paume, à Saint-Eu-
trope, ainsi qu'un jeu de courte boule. Le jeu de billes ou billard,
existe à Saint-Jean d'Angély vers 1380, dit Siméon Luce, dans
la France pendant la guerres de cent ans (p. 110), sous le nom de
rule ou boule. Je crois que c'est une erreur.
1674, 29 octobre. — Marché entre Jacques de Léglise,
curé de Saint-Pierre, et Françoise Boursiquot, veuve de
Claude Rouillon, procureur au présidial, propriétaires
d'une maison sise dans la mette qui va de l'église des
RR. PP. Jésuites à la citadelle, à main droite, l'un pour
deux tiers, l'autre pour un tiers, avec Jean Gilbert, maître
charpentier au village des Beguaux, paroisse de Chaniers,
(1) Documents^ p. 380.
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— 178 —
pour « mettre entièrement carré la charpente et couver-
ture du jeu de billes qui est au haut de ladite maison, du
costé du jardin, fournira refera la muraille qui est du
costé du jardin haulsera les piliers qui sont du costé
du jardin de M. Lebreton, afin que ledit jeu de billes et
Tappant qu'il porte aye plus de jour
Signé : F. Bourciquot, Léglize, Dubreuilh,
Lestellier, Gillet, not.
Blair (place), jadis Bel Air, de BlcUr, Place de la Liberté
{Bulletin, I, p. 391 ; II, p. 78).
1762. Place Blair (voir rue Saint-Maur.)
Avant de recevoir, en 1810 (Rainguet, Biographie, v** Rêver-
seaux), le nom de l'intendant Louis-Guillaume de Blair de Boise-
mout, qui l'aurait fait aplanir et planter d'arbres (Rainguet,
ibidem), celte place portait celui de grand jardin, qui, lui-
môme, succéda au mot plus significatif de ïéperon de la porte
Evêque, aliàs Saint-Louis. Cet éperon, construit au commence-
ment du XVII* siècle, lors de la grande réfection des fortifica-
tions de la ville, n'était que l'agrandissement d'un éperon déjà
ancien, servant de jardin au gouverneur du Masses (1), mort en
1606. La destination de ce bastion se perpétua et aussi le nom
sous lequel il était connu, avec un qualificatif en plus. Le grand
jardin est parfaitement délimité dans l'acte du 23 mars 1715, que
voici :
1715, 23 mars. — Jean-Pierre Labbé, prêtre, curé de la
paroisse de Saint-Maurice de Tavernole, vend à Auguste
Poussard, chevalier, seigneur comte du Vigeant, marquis
d'Anguitard, baron de Moins, Sainte-Lheurine, Allas-
Champaigne, Courpignac, Lamirac, Saint-Simon, a l'em-
placement qui appartient audit Labbé, au lieu le Grand Jar-
din, autrement l'Eperon, situé le long des miurs de cette
ville, paroisse Saint-Maur, contenant deux articles, l'un
de 29 carreaux, et l'autre de 15 carreaux, se tenant, l'un
l'autre, tenu à rente de l'hôtel de ville de Xaintes à 6
deniers par carreau, confrontant de l'oriant à la muraille
qui revestit ledit éperon, le long de la rivière de Charante
(1) Mss. à la bibliothèque de la ville. Actes des 13 avril 1639, où il est dit :
c le bastion, nouvellement fait, appelé l'éperon, bâti depuis 30 à 40 ans » ; et 30
octobre 1666, où on lit : « ... ancien éperon qui servait autrefois de jardin au
sieur du Massay, lieutenant du roy ». Voir Porte-Evéque.
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— 179 —
en espace de 12 pieds, dépendant de la ville, du midi à la
muraille qui fait le coin dudit éperon, pareille espace de
terre entre deux appartenant à la ville, d'un bout à l'écu-
rie de M. de La Touche, président en l'eslection, et retour-
nant par un autre bout à la muraille qui touche au fossé
de la fontaine des cornes, et du nord au chemin ou rue
qui conduit de la Porte Evêque à la petite mette par la-
quelle on descend à la rue Saint-Maur. {Minutes (PAr-
naud.) (1)
Joseph Lafaye, maître chamoiseur, demeurant à la Ber-
tonnière, vend à Jacques Compagnon, seigneur Feusse,
avocat du roi, un petit terrain tenu à rente de l'hôtel de
ville, paroisse Saint-Vivien, joignant l'éperon, vulgo le
grand jardin, contenant 18 carreaux, confrontant au
levant au bastion, au midi à divers particuliers, fossé en-
tre deux, au couchant à la doubrie dudit Lafaye, du nord
au mur de la ville. (Minutes de Retil, 20 mars 1750.)
Mathurin Auger, sarger, afferme une maison, sise près de la
porte Saint-Louis, confrontant par derrière à la place Belair
(1775, 8 août, Maillet.)
L'acteur Lekain visitant Saintes, vers 1774, note la plantation.
« d'un jardin public dont le seul mérite est de procurer la vue
sur une très belle campagne. » (Revue de Saintonge et d*Aunis,
tome XX, p. 280).
Bois d'amour. — C'était jadis tout un quartier désert, compris
entre la rivière et les murs de l'hôpital de la marine (casernes).
Aux quatre coins de la France, les municipalités se sont plu à
conserver ce vieux mot auquel il n'est que trop facile d'assigner
une ôtymologie : à Marseille, les Pavés d'amour ; à Boulogne, rue
du Puits d'amour ; à Châleaudun, Chamfp d'amour ; à Louvier,
Chemin des amoureux.
L'hôpital des pestiférés y avait été établi. (Voir ce mot).
(1) Il existe dans les mêmes minutes, sous la date du 28 mai 1715. un acte
aux termes duquel le maire de Saintes donne à rente à Auguste Poussard,
un emplacement au lieu appelé le grand jardin, près des remparts. Labbé
ayait acquis du roi ce grand jardin à Texception de 16 carreaux sur le bord
et autour du rempart réservés pour les rondes et la garde. Ce terrain ne ser-
vant que de lieu de dépôt d'immondices, le rempart était détruit ras terre, le
maire le loue.
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— 180 —
1787, 30 avril. — François Métayer, apoticaire, achète
deux chenevières au Bois d'amour. {Minutes de Chély).
Blanloeuil (rue), Blanc-de^VœU, dans lordonnance royale du
16 août 1841, et le plan Lacurie.
Blanleuil est le nom d'une famille.
Cette rue sépare les paroisses Saint-Eutrope et Saint-Vivien.
1669, 15 mai. — Déclaration au juge de Saint-Vivien, par
Catherine El..., veuve de Jean Ravaud, marchand, demeu-
rant à la Bertonnière, au lieu de Pierre Ravaud, d'une
maison, sise à la Bertonnière, confrontant d'un côté à Elie
Tabois, d'autre à Marie Blanleuil, du nord à la grand'rue
de la porte Saint-Louis à Saint-Eulrope, par derrière à la
mette qui fait séparation de la seigneurie de Saint-Vivien
et dudit Saint-Eutrope. (Minutes de Matcouilter).
{A suivre). Ch. Dangibeaud.
QUESTIONS ET REPONSES
Questions.
N° 781. — En étudiant la carte de la Charente, j'ai constaté
que ce département renferme, à lui seul, plus de la moitié des
localités portant le nom de l'Age ou Les Ages ; j'en ai compté
quinze ou seize — mais il y en a certainement davantage —
puis quelques-unes dans la Dordogne, dans la Haute-Vienne et
la Creuse. Il n'y en a pas un seul dans tout le reste de la
France.
Quel peut être le sens d'âge, et pourquoi quatre départements
de rOuest renferment-ils autant de localités de ce nom ?
H. Delaage, architecte.
N** 782. — On demande l'étymologie du verbe patois simer,
cimer ou scimer, qui signifle suinter. Une barrique sime, un
puits sime. Il paraît plus particulièrement usité autour de Mont-
lieu. On demande, en outre, s'il est connu ailleurs, dans les
autres parties de la Charente-Inférieure. Les hydrogéologues
Richard et Caudéran l'employaient souvent et écrivaient simis.
C.V.
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- 181 -
N® 783. — A quel titre la paroisse de Boisredon se trouvait-
elle, avant la Révolution, comprise dans Téleclion de Cognac,
dont elle était pourtant bien éloignée et séparée par les élections
de Saintes et de Barbezieux ?
C.V.
Réponses.
N° 777 ; t. XXIV, p. 64. — La locution adverbiale â châ petit
est un santonisme, c'est-à-dire une tournure propre au patois
saintongeais, et vient ainsi à l'appui de notre assertion, que le
dialecte saintongeais tient profondément au sol même de notre
province, où il vit de sa vie propre, et où il s'est développé par
lui-même, parallèlement aux autres dialectes d'oil, qui ont gra-
vité autour de celui de l'Ile de France, revêtu par son voisinage
de la cour des faveurs officielles, et devenu, par la protection
du pouvoir, la langue des écrivains et des diplomates. A châ
petit est formé de la préposition à à, de l'adjectif indéfini chà,
chaque, et du substantif petit, employé pour peu, comme dans
cette autre locution saintongeaise m petit, un peu. On pourrait
soutenir que chaque langue, soit ancienne, soit moderne, possède
un idiotisme équivalent à l'expression que nous venons d'ana-
lyser, et il semblerait que cette locution si simple constituât
une caractéristique des différents langages ayant une forme
et une grammaire autonomes. Il nous paraît, à ce titre, curieux
et intéressant d'en citer plusieurs exemples : en grec xaT (iXi^ov,
(Atxp($v, 6pax^, littéralement : selon peu ; en latin, paulatim,
litt. par peu ; en allemand, nach und nach, liit. après et
après, allmâhlig (tout) insensiblement ; en suédois, efter hand,
litt. suivant la main ; en danois, lidt efter lidt, litt. peu après peu ;
en anglais, little and little, litt. petit à petit, by degrees, litt. par
degrés. La locution française peu à peu n'est pas sans dureté,
et lorsque nos paysans veulent {rançoiser, ils l'adoucissent, et en
suppriment l'hiatus, en disant peu-z-à-peu, ou bien en employant
cette forme : peu par peu. La locution saintongeaise à ckà petit
a aussi sur son équivalente française l'avantage de posséder
une sorte de superlatif : tout à chà petit, tout châ petit. Nous
ne connaîtrions guère que l'une des deux expressions alle-
mandes citées plus haut, all'Tnaehlig, tout insensiblement, qui
ait avec elle, sous ce rapport, une certaine analogie. Enfin, cette
expression du patois saintongeais se rattache à toute une famille
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— 182 —
de locutions analogues : à châ-z-in, un à un ; à châ deû, deux
à deux ; à chà goutte, goutte à goutte ; à châ livre, livre à livre,
etc.; c'est comme si Ton disait chaque unité, chaque couple,
chaque goutte, chaque livre prise séparément, mais le sainton-
geais est plus concis. L'adjectif indéfini latin singuli, au plu-
riel, accompagné d'un substantif, correspond assez exacte-
ment, quant au sens, à ces diverses locutions saintongeaises.
Cicéron emploie in singulos annos pour dire chaque année, et
l'on trouve dans Horace singula quœque (1), chaque chose, qui
est presque identique, môme dans la forme, à l'expression sain-
tongeaise à châ-z-in. C'est malheureusement là le seul exemple
d'analogie complète que paraisse nous fournir la langue latine.
PlARE MaRCUT.
LIVRES ET REVUES
Au pays de Jésus. — L'illustre écrivain d'Italie, Matilde
Sérao, vient de publier ses souvenirs d'un voyage en Palestine,
en 1903, sous ce titre : Au pays de Jésus. Elle y peint le por-
trait d'un de nos compatriotes, le P. Marcel, franciscain, gar-
dien du couvent de Nazareth, dans le monde, autrefois, l'abbé
Pérroneau de Neuillac, près Jonzac. Elle l'appelle le « P. Mar-
cel de Noilhac » (au lieu de Neuillac), le dit « venu des envi-
rons de Cognac », et même, un peu plus loin « fils d'un distilla-
teur de Cognac ».
Bien que l'auteur n'aime pas les Français, et le montre
souvent, son exquisse du P. Marcel mérite d'être citée.
Le Père Marcel de Noilhac était un singulier type de reli-
gieux : décharné, le visage un peu fatigué, avec une barbe châ-
taine peu fournie, il portait le grand chapeau de paille recou-
vert d'un mouchoir de soie, comme en portent tous les moines
de Terre-Sainte. Taciturne, les yeux mélancoliques, et pleins
d'une flamme mystique, il était français, et ne connaissait pas
un mot d'italien. Les joues un peu rouges trahissaient bien un
commencement de phtisie, ce mal secret, pour lequel beaucoup
de franciscains viennent en Palestine, afin d'y trouver la guéri-
son, ou de mourir en paix, près du Saint-Sépulcre. Dans la voix
(1) SinguU quaque locum iene^nt sortit^ decenter. Horace, De àrte poeticÂ^
Ub., I, V. 92.
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— 183 —
aussi, une trace un peu plus nette de fatigue ; mais c'était
tout
Le P. Marcel disait son chapelet, et lisait son bréviaire avec
une modestie féminine, avec une paix sereine, et notre voiturier
de Caïfl'a le regardait affectueusement...
Enfin, le Cison apparut... Le Père souriait doucement. De-
puis huit ans, il habitait ce pays, et avait fait maintes fois ce
trajet en voiture, à cheval, ou même à pied.
— A pied, mon Père ?
— Pourquoi non, madame ? J'ai été un peu mialade après,
mais très peu...
Le P. Marcel fixe les yeux à Thorizon, et au fond de son
cœur, il y a un grand désir de revenir à Nazareth... Si Dieu le
veut, il y passera toute sa vie, et il y mourra, le jour désigné.
Nazareth I II en rêvait, quand il était enfant, au milieu des
tonneaux d'alcool de son père, qui était distillateur de Cognac :
tout petit, il croyait à la poésie de ce nom.
— Alors, votre rêve s'est réalisé, mon Père ?
— Ah ! oui, madame... Il ne valait pas la réalité, s'écria-t-il,
l'air pleinement heureux.
Voilà donc un homme qui n'a jamais eu de désillusion I II
déclare ardemment que la réalité valait plus que son rêve, ici,
près des collines nazaréennes, dans ce pays qui écouta la divine
parole
— Voilà Nazareth, dit le moine.
La ville blanche et rouge, monte sur la colline... Les yeux
du P. Marcel sont voilés de larmes. En vérité, nul cœur de
chrétien ne peut voir Nazareth, sans être ému.
La décentralisation littéraire et théâtrale, avril 1904 : article de
M. Rodanet, qui signale certaines ressemblances entre le patois
saintongeais et celui de Meurthe-et-Moselle. « J'eus la preuve
irréfutable que ces deux patois ne se différenciaient que relative-
ment peu en lisant quelques pages d'/n Iharbot de bouquet sain-
tonîhéy par Piâre Marcut, que mes auditeurs traduisirent presque
au fur et à mesure que je lisai. »
Ere nouvelle, — Les anciennes maisons des environs de
Cognac.
12 novembre 1903. — Le Portail. Les documents remontent
au XVIP siècle. Au commencement du siècle, on y voit Jacques
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- 184 —
Audouin, bourgeois de Cognac, prévôt de Saintonge, mari de
Guyonne Bouchoneau. Il avait pour frère Jean Audouin, sieur
de La Vie en Merpins, vice-sénéchal de Saintonge, mari de
Anne Jameu, et Jean Audouin, abbé de l'abbaye de Fontdouce.
Il fut maire de Cognac en 1628-1630 (Quelques détails sur les
Audouin). Le dernier acte qui mentionne un Audouin à Cognac
est daté de 1642 : il y est dit que le Portail apparlieni à M. de
Fontdouce. Apparaissent alors les Marot du Portail, famille pro-
testante de Cognac, qui a donné des procureurs, des médecins.
Samuel Marot du Portail eut de sa seconde femme, Marguerite
Penot, un fils, Pierre, qui eut Pailleron en Richemont, et
épousa, en 1682, Elisabeth Renaud. Le 17 juin 1684, Samuel
Marot, « flls du sieur du Portail », épousa Elisabeth Eschassé-
riaux. Le 10 septembre 1685, les Marot abjurèrent (Détails
généalogiques). En 1750, Louis Larocque, mari de Suzanne
Pelletan, acheta Le Portail (nombreux enfants).
Après 1792, Samuel Turner, mari de Marie-Judith Guédon,
acheta le Portail à Michel-Louis Larocque. Le 4 février 1824,
Anne Nancy Turner épousa Elie-Adrien Bertrand, lequel vendit
le Portail, vers 1846, à M. Jean Brisson, négociant. Cette pro-
priété appartient maintenant à M"* Bouyer, née Brisson, et à
M. Brisson, sénateur.
Du 15 novembre. — Gademoulins. Ce fief appartient, en
1390, aux Portier. Le 12 janvier 1394, maître Pierre Portier, de
Pons, rend hommage au duc d'Orléans, comte d'Angoulême,
pour le fief de Nonnac, en Genté, qu'il détient comme enga-
giste. Aux Archives nationales, on trouve (pas d'indications)
une série d'actes et d'aveux et dénombrements, pour les terres
que les membres de la famille Portier tiennent au XV* siècle.
Noianunent, le 25 juin 1472, Jean Portier le jeune, seigneur de
Gademoulins, engagiste de droits sur le Port Saunier de Co-
gnac, transige au sujet de ces droits.
1496, 14 décembre, aveu pour Marguerite Portier, dame de
Gademoulins et Villars. Elle avait épousé, vers 1490, Charles-
André de Xandrieux, écuyer, maire de Cognac en 1491. Elle
lui porta en dot Gademoulins et Villars, près Burie. David de
Xandrieux, sieur de Gademoulins, épousa, en septembre 1522,
Anne du Tillct la jeune, fille de Elie, contrôleur général des
finances de Charles d'Orléans. François de Xandrieux épousa,
vers 1560, Marguerite de Lestang, qui se remaria avec Jacques
de Blois, du Fresne. Charlotte Xandrieux, leur fille. Le 28 août
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-^ 185 —
1604, Marguerite Flamant de Lugeat, femme de François de
Xandrieux, écuyer, sieur de Gademoulins, transige avec Jean
Flamant, écuyer, sieur de Maillou et de Lugeat, sur la succes-
sion de Jeanne de Lahaye, leur taule. Gademoulins passe, vers
la même année, aux de Saint-Marsault, seigneurs de Nieul, Peu-
dry et Mazottes. En 1630, il est acheté par Charles Green de
Saint-Marsault, sieur de La Cour et La Foucaudière, mari de
Marie du Breuil, veuve de François de Puyguyon. Charles-Louis
lui succéda ; il épousa Gabrielle Geoffroi, dont Charles-Joseph
qui épousa, vers 1691, Marie-Claire d*Aubusson, fille de Jac-
ques, sieur de Savigi]ac, capitaine d'infanterie. Le père et le
fils moururent, l'un en 1700, Taulre en 1711. La veuve entra
en religion, et donna Gademoulins au séminaire de Saintes.
Après la Révolution, ce domaine fut acquis par Françoise Noél,
née Perrin de Beaugaillard, femme de Jean Noël, avoué. Les
héritiers de cette dame en vendirent une partie à M. de Jamac,
ancien notaire à Cognac, .et l'autre partie, à Le Poitevin de
Fontguyon, des mains duquel elle passa à M. Edmond Jaulin,
négociant.
Du 19 novembre. — Léclopart en Gensac, était, comme Gen-
sac, Marville et Lorimont, une dépendance de la chalellenie de
Roissac.
Le 24 juillet 1537, François de Mortemer, seigneur de Roissac,
Salles et Genlé, arrente sa métairie de Léclopart à Henri Ber-
nard, marchand, demeurant à Cognac. Nicolas Prévostière,
sieur de Marville, acheta, des héritiers Bernard, ce domiaine,
vers 1622. Pendant la Fronde, le duc de La Rochefoucauld, en-
voyé par le prince de Condé, pour mettre le siège devant
Cognac, coucha à Léclopart le 5 novembre 1651. On trouve
encore comme propriétaire, Pierre Prévostière et Marie Prévos-
tière. Celle-ci étant décédée le 15 août 1696, Philippe Guilleme-
teau, comme tuteur de ses enfants, rendit hommage de Léclo-
part, au comte de Roquefort, veuf de Lydie de La Rochefoucauld.
La famille Guillemeteau a habité, pendant cent quatre vingts
ans le logis de Léclopart, bâti, probablement, par Nicolas Pré-
vostière. Pierre-Daniel Guillemeteau est mort sans postérité, en
1855. Sa veuve a vendu la propriété on 1860. M. Michel, négo-
ciant, la possède aujourd'hui.
Du 22 novembre. — Angeac-Champagne est placé sur une
éminence. Le logis du possesseur du fief attendit à l'église. Les
comtes d'Angoulôme, comme seigneurs de Bouteville, donnèrent
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— 186 -^
Angeac aux Templiers. Lors de la suppression de cet ordre,
Aymar d'Archiac, III* du nom, se fit donner celte terre et celle
de Lachaise. Après la mort de son père, Marquise d*Archiac,
veuve en premières noces d'IIélie de Gourville, et remariée avec
Jean de Jagonnas, eut la moitié d'Ana^eac, l'autre moitié étant
restée à Aymar IV. Au décès de celui-ci, Agnès Jourdain, fille
d'une Jacquette Jagonnas, et de Pierre Jourdain, eut la totalité
de la terre d'Angeac, avec le fief dé La Prévoté en Verrières.
Elle avait épousé Jacques de Pressac, seigneur de Lachaise.
Un de leurs fils épousa Perrelte de Nossay, qui eut, entre autres
enfants, Gabrielle de Pressac, mariée d'abord avec Pierre de
Fourcade, et ensuite avec Daniel de Campan. Elle hérita An-
geac. Gabrielle de Pressac fait aveu, le 2 juillet 1613, à Fran-
çois do Jussac, baron d'Amblcvillc, gouverneur de Cognac. La
terre contenant deux cent dix journaux, et les tenanciers huit
cents, Gabrielle de Pressac mo-urul entre 1616 et 1618 sans en-
fants ; ses héritiers vendirent la terre, vers 1628, à César Boscal
de Real, seigneur de Mornac on Saintoniro, qui avait épousé, en
secondes noces, Louise Baudouin de Fleurac. César de Real
mourut avant 1631, laissant un fils, Léon, né vers 1616, marié
le 18 avril 1641, à Marguerite de Courbon-Blénac, dont deux
fils et une fille. A la fin de Tannée 1657, il vendit ses deux mai-
sons de Cognac, la terre d'Angoac, et se retira au château de
Mornac. Le nouveau propriét«aire, René de La Tour, baron de
Saint-Fort, et Marie Vinsonneau, sa femme, habitaient tantôt
Cognac, tantôt Solençon. Léon de La Tour, l'un de leurs cinq
enfants, étant mort à l'armée, en 1658, son père, bientôt après,
Marie Vinsonneau, resta avec sa plus jeune fille, Marie, qui
épousa le 20 février 1662, Jacques de Bremond, marquis d'Ars,
qui, ayant perdu ses deux frères aînés à la guerre, sortit de reli-
gion, pour se mettre c^ la tête de sa maison. Il mourut vers
1672 ; Marie de La Tour administra ses. biens pendant la mino-
rité de ses enfants. Après son décès, arrivé en 1691, Jean-Louis
de Bremond eut Ars, Gimeux, Solençon, Angeac et La Garde
Merpins. Il épousa, le 5 février 1602, Judith de Sainte-Maure,
fille d'Alexis, gouverneur de Cognac, mourut à Solençon le 22
mai 1742, et fut inhumé i^ Ars. Le partage qui eut lieu en 1739,
après le décès de J. de Sainto-Maure, An^oac échut h Léon-
Alexis, vicomte d'Ars, né le 17 janvier 1697, lieutenant de vais-
seaux du roi, marié, à la Martinique, avec Louise Faure de
Fayolle, dont il n'eut qu'une fille, qui épousa son cousin, Jacob
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— 187 —
de Bremond. Leurs héritiers vendirent la terre d'Angeac à Jean
Ruy, lieutenant-général en l'élection de Cognac, déjà possesseur
des fiefs des Courades en Segonzac. Louis-François Roy, son
fils, lui succéda. Le domaine dWii-eac fut vendu, en 1837, par
riiéritière des Roy, et i\L de Ferrère, son mari, à divers pro-
priétaires du pays.
Du 26 novembre. — iMarville est situé en Genté, dont le terri-
toire est limité par le chemin boisné. Hdépendait d'abord de Rois-
sac, qui passa, par mariage, à Geoffroy de La Rochefoucauld.
Jean de La Rochefoucauld signa, comme seigneur de Roissac et
Marville, en 1471, un accord avec Arnaud Barbottin. Margue-
rite de La Rochefoucauld épousa, en secondes noces, Hardouin
de Maillé, sénéchal de Sainlonge. Les deux époux transigèrent
avec Charles d'Orléans au sujet de rentes sur les terres de Rois-
sac, Gensac et Marville (1476). Philippe de La Rochefoucauld,
femme de Jean de Mortemer, seigneur de Couhé, Salles et Genté,
eut par attribution Roissac avec Gensac et Marville. Guy, leur
fils, recueillit Salles, Genté, Roissac, Marville, Gensac et Ville-
man ; il épousa, vers 1485, François Bouchard d'Aubeterre, qui
lui apporta en dot la seigneurie d'Ozillac (Détails sur François
de Mortemer). Jacquette de Mortemer, fille unique de Fran-
çois, épousa (1534), Louis de La Rochefoucauld-Mon tendre, qui
eut pour descendants Louis, Isaac, et Léonor de La Rochefou-
cauld. Une fille de ce dernier, Lydie, épousa Pons de Pons,
comte de Roquefort, et lui apporta Roissac, Gensac et Marville.
Isaac de La Rochefoucauld vendit Marville à Nicolas Prévos-
tière, vers 1610. Nicolas Prévostière fils vendit Marville à Ar-
naud Phelippon, greffier du siège royal de Cognac, époux de
Marguerite Barraud, et frère de Adam Phelippon, avocat.
Adam Phelippon vendit à Nicolas Maillart, sieur de Lessert,
avocat à Cognac, son neveu (Détails généalogiques). En 1713,
on voit Joseph Maillart, sieur de Marville, qui vendit le domaine,
vers 1736, à Jean Prévostière, notaire royal à Genté, lequel
donna à sa fille atnée, mariée à Jean-Isaac Fillon, de la pa-
roisse de Touzac. Jean Fillon fils épousa Jeanne Roy, et résida
à Marville ; leur fille aînée, Suzanne, femme de J.-B. Turcal,
mnrchand d'Angoulêmo, et Thérèse, femme de Joseph Duclu-
zeau, procureur au présidial d'Angoulôme, vendirent Marville
à Jean Boulineau, vers 1789, dont la famille le possède encore.
Du 29 novembre. — Les premiers seigneurs de Nercillac-
Narcillac, connus, sont les de Chièvres, famille protestante. En
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— 188 —
1640, Pierre de Chièvres, époux de Jeanne Ranson (de Cognac),
est sieur de Nercillac, Curton (Détais généalogiques sur les
de Chièvres). Vers 1691, Nercillac passa à la famille de Saint-
Marsault (Détails généalogiques). Gaspard Pandin, chevalier,
seigneur de Romefo»rt et du Treuil, marié le 14 avril 1738, à
Elisabeth-Henriette Green de Saint-Marsault de Nercillac, eut
cette terre par sa femme (Détails généalogiques). Son petit-fils,
Charles-Pharanïond, baptisé le 13 mars 1768, à Saint-Germain
du Seudre, sous-lieutenant au régiment d'Agenais, en 1785, et
capitaine au régiment du Roi, cavalerie, en 1788, émigré en
1701, revint à Paris en 1797, où il épousa Antoinette-Mélanie de
La Briffe. Il est mort à Pau, en 1828, laissant un fils, capitaine
de hussards de la garde royale, en 1825, créé comte de Nercillac,
le A avril 1830. Trois enfants sont nés de son mariage : Ernest,
comte de Nercillac, sous-préfet de Cognac, de 1862 à 1867 ;
Charles, vicomte de Nercillac, capitaine au 8* régiment de lan-
ciers ; et Agathe, mariée en 1848 au marquis de La Briffe.
Enlart. Manuel (ï archéologie {rançaise, depuis les temps
mérovingiens jusqu'à la Renaissance ; deux volumes : I** archi-
leclure religieuse ; IP oj'chitecture civile el mililaire.
Ces deux volumes ont reçu dans le monde savant un accueil
très favorable. On en a fait beaucoup d'éloges. Ils représentent,
en effet, une somme de travail énorme, et offrent d'autant plus
d'apparence d'exactitude, que l'auteur annonce qu'il « a tenu à
n'affirmer que ce dont la preuve lui paraissait tangible », et
qu'il « a visité lui-même toutes les contrées, et la plupart des
édifices dont il est question dans ce livre... ». De plus, il s'est
entouré d'une quantité de livres et monographies spéciales aux
monuments qu'il devait passer en revue. Il semble qu'après une
enquête aussi scrupuleuse, une patience et une prudence aussi
dignes d'admiration, après les appréciations flatteuses de critiques
compétents, le public, le vulgum pecus, doive accepter, les yeux
fermés, le Manuel, comiwe un guide des plus sûrs, lui accorder
une aveugle confiance, et n'en parler qu'avec respect.
Tout en reconnaissant que M. Enlarl rend un véritable service
• aux archéologues, en leur mettant dans la main, sous une
forme pratique et réduite, un vaste répertoire de notions géné-
rales sur l'ensemble et toutes les parties des monuments civils
et religieux de France, un manuel d'une utilité incontestable,
il me sera permis de regretter que le savant auteur n'ait pas pris
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— 189 —
soin de le garantir d'une quantité d'erreurs graves, d'omissions
inexplicables, d'inadvertances qui déparent son œuvre, et lui
enlèvent un peu d'autorité. Je parle au point de vue sainton-
geais, bien entendu ; mais il serait très étonnant que les autres
provinces de France fussent mieux traitées (1).
En parcourant le chapitre consacré aux églises romanes, j'ai
remarqué des fautes, des lacunes qui tiennent sans doute à une
rédaction et une impression trop hâtives. Il suffira d'en signaler
quelques-unes, en souhaitant une revision minutieuse du texte,
pour une seconde édition qui s'impose à bref délai. La perfec-
tion n'est pas de ce monde ! C'est incontestable ! Toutefois, on
était en droit d'attendre mieux d'un professeur de l'art. Peut-
être a-t-il mal embrassé parce qu'il a trop étreint ; si les sociétés
savantes de province veulent bien lui rendre le service de passer
au crible ses exposés, ses listes, et surtout ses répertoires, nous
bénéficierons d'une critique qui, en somme, ne cherche que
l'amélioration d'un ouvrage déjà précieux à certains points de
vue.
Tours aurait eu une basilique mérovingienne, dédiée à saint
Eutrope (I, p. 129). C'est un lapsus. Tours a honoré saint Eu-
trope ; à Saint-Gatien, une chapelle lui était consacrée, mais
on n'a jamais connu, dans cette ville, d'église sous le vocable de
notre premier évêque. Du reste la phrase indique qu'il s'agit de
saint Martin.
A Pont-Labbé, M. Enlart a découvert « le remploi d'anciens
morceaux carolingiens » (I, p. 162). Il ne dit pas en quel endroit.
C'est la première fois qu'on en entend parler. Il dote Fenioux
d'une coupole (p. 282) sur pendentifs, qui n'a jamais existé.
Il a vu à Pérignac un portail malheureusement disparu
depuis des siècles. Mais sur ce point, peut-être, y a-t-il simple-
ment confusion. L'auteur parle bien (ibidem, p. 315) de por-
tails « accostés d'arcatures ». Le mot accosté signifie exacte-
(1) Pendant IMmpression de cet aKicle, la RevaB du Béarn m'envoie ion
numéro de février. Je lis, à la pafçe 89, une note conçue précisément dans le
même esprit que la mienne et reprochant à M. Enlart les mêmes entorses à
la géof^aphie et â Texactitude. a Notre infortuné département (des Basses-
Pyrénées) se trouve être, dans ce magistral ouvrage, le théAire d*un vrai
massacre de noms de lieux... il place hardiment Lourdes dans les Basses-
Pyrénées (p. 716) avec un donjon du XV* ; et nous ne nous en plaindrions
pas certainement si, à la page suivante (p. 717), Lourdes n'était mis dans les
Hautes-Pyrénéas, cette fois avec un donjon du XIV* siècle... i.
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— 190 —
ment de chaque côté ; il a voulu dire, sans doute, surmonté, ce
qui rentrerait dans la vérité. Quant aux chapiteaux persans
(p. 382) de la Sainlonge, ils sont sûrement plus rares qu'il ne le
croit, à moins de comprendre dans cette série tous les orne-
ments à oiseaux, enlacés de feuillages — prétention excessive
à coup sûr f
II cite Chadenac parmi les églises (I, p. 366) qui ont un ou deux
cavaliers sur leurs façades. Le cavalier est sur un chapiteau.
A ce compte, on en pourrait mentionner d'autres.
Dans le second volume, je relève des erreurs plus fâcheuses.
Ainsi, il donne (p. 643) à Nieul-les-Saintes un cloître que per-
sonne ne connaît, et qui, même existant, n'appartiendrait pas
ù Tarchiteclure monastique, par la raison que dans cette paroisse
il n'y eut jamais d'établissement religieux. Grezac et La Jard
éj)rouveront une surprise analogue. Il ne parle pas de Sainte-
(înmme, de Saint-Pierre do Saintes, où Ton voit des bâtiments
closlraux et cloîtres, attenant à l'église. A Saintes, il cite un
hôtel de ville Renaissance, que nous voudrions hélas ! bien
avoir, mais qui est une pure illusion ! Il cite encore l'évôché de
Saintes (II, p. 335) du XVP, avec boutique au rez-de-chaussée !!!
Où a-t-il vu ça ? Qui a pu lui donner ce renseignement ? En re-
vanche, Usson manque aux châteaux, il ne cite en note (II, p. 203)
que le colombier et (idem, p. 115) la galerie.
Tous les répertoires (I, p. 420 et 650, II, p. 643 et 644) sont
presque en entier faux ou incomplets. Ainsi, Matha, Varaize,
Pérignac, SaintrFort, Saint*e-Gemme, etc., ne figurent pas
parmi les églises romanes ; le chœur et la nef de Saint-Pierre
de Saintes sont datés do 1450 à 1503, alors qu'il ne subsiste que
les chapelles du XV' et du XVP siècle, le chœur est du XVIP ;
Esnandes, Ecoycux, et bien d'autres ne sont pas signalées comme
églises fortifiées ; Beaulon est absent de l'article consacré à l'ar-
chitecture privée, Nieul-les-Saintes est oublié dans l'archi-
tecture militaire, alors que Thors, démoli depuis longtemps,
et des ruines sans caractère, sont citées : Berneuil, Beurlay,
Rioux, Balanzac, Saint-Seurin d'Uzet..., etc.
Ce n'est pas tout. Il faudrait encore éplucher avec soin la par-
tie géographique. Il y a de la besogne. M. Enlart s'obstine à ap-
peler Bougneau Bougueneau ; il l'écrit quatre ou cinq fois. Il
place Aulnay tantôt dans les Deux-Sèvres (I, p. 384), tantôt dans
la Charente-Inférieure ; Chastres, Echillais (I, p. 315, 316), et
Gensac, tantôt dans la Charente (I, p. 286), tantôt dans la Cha-
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-^ 191 —
rente-Inférieure (I, p. 239) ; Champdeniers (I, p. 330), qui appar-
tient aux Deux-Sèvres, Fléac et Le Peyrat (I, p. 286), Cellefroin,
Losterps (1, p. 268), qui sont clans la Charente, passent dans la
Charente-Inférieure ; mais Talmont-sur-Gironde est transporté
ilans la Charente (I, p. 420). Je recannais qu'on a le choix, car
il fi^^ure aussi dans la Charente-Inférieure, sur la même page.
El Saint-Symphorien des Bois ! qui devient saintongeais (II,
p. 653, 644), quand il est franchement bourguignon ! Il s'agit
de Saint-Symphorien, près Marennes.
Si je voulais enquêter sur les départements, je ferais des dé-
couvertes tout aussi bizarres. Avis aux Auvergnats.
Allons ! il n'y a pas que les petits ruraux, aliàs provinciaux,
coupables de légèreté.
Revue des questions ïiisloriques, janvier 1904. M. C. Daux com-
plète l'élude sur le Liber censuum, qu'il avait commencée en juil-
let 1902, sous le litre de la Praleclion apostolique au moyen âge.
Celle fois il s'agit du cens pontifical dans VEglise de France,
d'après le troisième fascicule du Liber, L'auteur fait le dépouil-
lement des censiers et « aux légendes ou cotes, consignées par
les canjériers pontificaux, il joint soit l'idoptification des noms
de lieux et de personnes, soit des détails sur les familles et
communautés ».
P. 25. Il commet une erreur, en donnant à Saint-Jean d'An-
liély un monastère qui n'a jamais existé : Monasterium Sancte
Columbe I marabutimim. A ce monastère (sans doute à Saint-
Jean d'Angély), fut assurée la tutelle pontificale, par bulle
d'Innocent III (1143). On ne sait ce qui a pu porter M. D...
à identifier le monastère de Sainte-Colombe à Sens avec Saint-
Jean d'Angély. Il ne le dit pas. Est-ce dans le texte ? Il y a des
fautes dans le texte. Ainsi (p. 51), au supplément, Saint-Jean
d*An<^^ély est inscrit comme dépendant du diocèse de Poitiers.
Huit communautés saintongeaises doivent le cens : V L'abbaye
de Saintes, qui est portée pour « V. Solidos ad indicium liber"
(alis ; 2** la collégiale d'Archiac payait trois sous de monnaie,
pure de tout alliage, Ecclesia sancti Pétri de Archiaco III soli-
dos en[orzatorum illius terre ; 3** Domus helemosinaria de Ro-
cella I malachinum, hôpital Aufredy ; 4** L'hôpital de Pons, Do-
mus elemosinaria de Ponte I bisantium. (M. D... ne connaît,
pour toutes ces maisons religieuses, que Massiou, imprimé
Massion, la Gallia, les Cartulaires de Tabbé Grasilier, la Mono-
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— M2 —
graphie de L. Delmas ; il ignore les publications des Archives,
et notamment le censif de Pons) ; 5** Domus elemosinaria sancii
Jacobi de Olerun I bisuntium ; 6* MoncLsierium sancii Stephani
de Bazac I bizuntium ; 7** Hospitale de Talleburgo I bisantium ;
8^ Domus helemosinaria de Mastax:io I marabotinum.
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M. Drossony habite Angoulême.
— Renouveau, mélodie, paroles d'Edmond Joanès, musique
de Raoul Drossony. Même imprimerie.
Joanès est le pseudonyme de M. E. Guérin.
Hanschmann (A.-B.). Bernard Palissy and Francis Bacon.
Leipzig. Dieterich'sche Verlags buchandlung, 1903, in-8**, VIII,
232 pages et un portrait. L'auteur étudie surtout le fondateur
de la méthode inductive, attribuée à Bacon. Celui-ci, d'après
lui, aurait été, durant son séjour à Paris, en 1577-1579, l'un
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— 196 —
des auditeurs des leçons de Palissy, et il aurait résumé, puis
transformé les théories du célèbre potier.
Jacquet d'Nieul. Ine chasse au ghiet, histouère per déghoisé,
en patois saintongeais. Saintes, irafprimerie Hus, 1903, in-16,
8 pages, 0 fr. 30 cent.
— Ine lesson (TVrse. Idem.
— Jh'pkddrons, monologue. Idem.
— JKseux déghourdii ! Idem.
— Le Deurseur de Pouline. Idem.
— Pus d'soulail ! Idem.
Knell (abbé). La Jeune fille dans le monde. Tours, Alf . Cattier,
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1723-1852. Saint-Sever sur TAdour, imprimerie Séverin-Serres,
place Léon Dufour, 1902, in-8®, 416 pages.
Onze portraits, savoir : 1. Madame de Laborde-Lassale, née Rose-Hippolite
d'Abadie de Saint-Germain, 1748-1820 ; 3. Joseph de Laborde-Lassale, lieute-
nant des vaisseaux du roi, chevalier de Saint-Louis, 1737-1796 : 3. Le chevalier
Joseph de Laborde-Noguez, chef d*escadre, chevalier de Saint- Louis, 1771-
1785 ; 4. Jean-Benjamin de Laborde, premier valet de chambre du roi et gou-
verneur du Louvre, né le 5 septembre 1734 ; 5. Le chevalier Victor de La-
borde-Lassale, capitaine de frégate, chevalier de Saint-Louis et de la Légion
d'honneur, 1783-1853. L'auteur rappelle qu'un portrait du même personnage,
mais différent de celui qu*il donne, se trouve auchAteau de Plassac ; ?. Joseph
Verdier, baron de Laas, maire de Bayonne, d'après le portrait d'Isabey au
musée de Bayonne ; 7. Madame Verdier, baronne de Laas, née Rosa Drouillet ;
8. Le chevalier François de Cès-Caupenne, mousquetaire, chevalier de Saint-
Louis, 1780-1833 ; 9. Madame de Cès-Caupenne, née Agathe Verdier (enfant),
1776-1862; 10. Jean -Gra tien-Théodore de Laborde-Lassale, 1812-1853; 11.
Madame de Laborde-Lassale, née Marie-Josephe- Alice de Cès-Caupenne,
1118-1885.
Lacroix (P. de). Les anciennes Faïenceries de Cognac, Châ-
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1904, in-8'*, 24 pages. Tirage à part des articles parus dans
YEre nouvelle. 0 fr. 70.
Lacoulomère (G.), inspecteur-adjoint aux Beaux-Arts, et
D' M. Baudouin. Les Mégalithes de Breiignolles. Dolmen de
la Pierre-Levée de Soubise. Le Faux-Menhir de la Pierre-
Rouge. La Pierre de la Bouchetière. Paris, Schleicher frères,
in-S"", Ô8 pages, avec 19 figures et 4 planches.
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«
Staiuts de la caisse de secours de Vimprimei^ie Noël Texier,, ■
fondée le !•' février 1891. La Rochelle, imprimerie Nouvelle »
Noël Texier, 1904, in-12, 8 pages. ^
~ 1
Syndicat des banlieues de La Rochelle, sous-comité de La- *:
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Yan de Saint-Acère {alias le Pézant de Rouffiac, alias D'
Jean). La Merine à Nasta^ie. Bordeaux, imprimerie Gounouil-
hou. Saintes, librairie Prévost, 1903, in-8^, 186 pages, avec
gravures et musique.
Cette nouvelle édition ne diffère de la première que par le
lieu d'impression.
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REVUE
DE SAINTONGE & D^AUNIS
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ iDES ARCfflVES
SOMMAIRE DU 1«' JUILLET 19M
Avis bt kouybllbs : Admissions ; Avis ; Session des sociétés des Beaux-Arts
â Paris en 1905 ; Représentation aux arènes de Saintes ; Tremblement de terre ;
Les vieux ponts ; N«uvicq ; Les thermes de Saint-Saloine ; L'ouverture des
vacances. •
NoTBs D*éTAT CIVIL.— L Décé$ : Chaudruc de Grazannes ; Foucaud ; de Saint-
Lé^er ; Héraud ; Cor ; Huet-Labrousse.
IL MarUges : Giraudias-Gorron ; Armand-Oousset ; Besson-Le Bourgeois ;
Lafforgue-Crépei ; Beauvais-Gilbert ; Fougerat-Pinasseau.
Eruata.
VABiér^ : L'excursion de Pons au cbAteau d^Ars ; Deux épisodes de la
fuite en Espagne de Mgr de Coucy ; Biuda bibliugi aphiquo sm Blie Vinet^
Le général Th.-Ch. de Bremond d'Ars.
QuBSTioifs BT rAponsbs : L*tle Sainte-Maure ; Etymologie de de l'Age,
LiVHBs BT RBVUBS .* RecueU de là commission des artt et monumerUê ; L'his-
toire des comtes de Poitou. ^
AVIS ET NOUVELLES
Admission de nouveaux membres
M. Fouché, Marcel, propriétaire à Préroux, commune de Pé-
rignac, présenté par M. Guélin.
La liste des membres de la Société sera imprimée cette année
en lôte du volume. Nos confrères sont priés de vouloir bien signa-
ler les rectifications et changements qu'il convient d'apporter à
leurs noms, profession, distinctions, domicile.
M. Marchât, avoué à Saint-Jean d'Angély, notre confrère, a
pris riniliative d'une souscription dont le produit viendra s'ajou-
R«y««, Ton* XXIY» 4« IlrralM». — JaiU«t 1M4. 15
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— 2U2 —
1er à la somme votée par la Société et à celles déjà recueillies en
vue d'un monument funéraire à éle\er sur la tombe de Louis
Audiat. l ne circulaire a été lancée ; plusieurs journaux Font
reproduite en totalité ou en extrait. Elle sollicite le concours
des anciens élèves de notre ancien président, de ses amis, des
sociétés savantes et particulièrement de « tous les Charentais ».
La Revue historique, tome 85, p. 205, contient une note de M.
de R. sur le Cartulaire de Sainl-Jean (TAngély.
Le n'* du 15 mai du Moniteur de la Saintonge a inséré, sous la
signature P. N., un article sur la Berlonnière, inspiré du numéro
de mai de la Revue, L'auteur rappelle qu'à Saintes, il y a vingt-
cinq ou trente ans, ( — et plus ? — ) une colonie auvergnate exces-
sivement prospère, scieurs de bois, ramoneurs, savetiers, éta-
meurs, s'était groupée dans les rues avoisinant l'hôtel des Messa-
geries, autour du doyen, le père Monestier, plus connu sous le
nom du père Sigougnat.
L'Académie des inscriptions et belles-lettres a partagé le prix
Loubat; de'îa valeur dé 3.000 fr., entre M. Marc de Villers du
Terrye, pour son ouvrage : Les dernières années de La Loui-
siane, et notre confrère M. Georges Musset, pour sa publication
d'Alphonse de Saintonge,
Le ministre de l'instruction publique et des beaux-arts a fixé au
14 juin 1905 l'ouverture de la 29* session des sociétés des beaux-
arts du département, à l'Ecole des Beaux-Arts, rue Bonaparte,
à Paris,
Les mémoires préparés en vue de celte session devront être
adressés à la direction des Beaux-Arts, rue de Valois, avant le
15 mars 1905.
Le 24 juillet prochain, aura lieu, aux arènes de Saintes, la pre-
mière grande fête musicale que l'on aura eu l'idée d'organiser,
en ce temps de théâtre en plein air. L'initiative en est due à M.
Laurant, directeur du dépôt d'étalons de Saintes, qui a déjà
montré son grand talent de metteur en scène dans la belle fête
hippique qui fut donnée au Ramet en 1901.
M. Laurant monte un drame lyrique ; il en a demandé le li-
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^ 2Ô3 -
bretto à M. Tabbé Guillaud, professeur au collège Saint-Grégoire
de Tours, el la partition à un tout jeune homme, de grand avenir,
dit-on, M. S. Déré, de Niort.
Le 17 mai dernier, M. le baron Esohasseriaux, ancien député,
réélu à Thenac au dernier renouvellement des conseils munici-
paux el municipalités, a donné sa démission. Il était maire de
sa commune depuis le 22 septembre 1850, sauf six mois, du 16
octobre 1870 au 30 avril 1871.
Nos confrères, MM. le docteur Guillaud, Musset, docteur
Vigen, de Richemond, iMesnard et Saudau, sont nommés mem-
bres du comité départemental d'études chargé des recherches
el publications de documents économiques de la Révolution
française.
M. le docteur Guillaud, notre confrère, a fait une conférence,
le 19 juin, à Saint-Jean d*Angély, sur Jean Macé.
Noire confrère, M. Balley, vient d'être classé parmi les lau-
réats du concours ouvert par la ville de Langres pour la cons-
truction d'un hôtel de caisse d'épargne.
Lundi 23 mai, à Saintes, aux environs de la ville, dans l'arron-
dissement, à Saint-Jean d'Angély, et à Cognac, on a ressenti, à
dix heures du soir, une forte secousse de tremblement de lerre,
d'une durée de plusieurs secondes, accompagnée d'une détona-
tion comparable à une explosion de poudrière. C'est l'impression
qu'ont eue, au premier moment, la plupart des personnes qui se
sont aperçues du phénomène. Il est, en effet, assez curieux que
les personnes marchant dans les rues ne se soient douté de rien.
Un mauvais génie semble poursuivre avec acharnement la
destruction des vieux ponts, déjà si décimés en France. Voilà que
le pont Saint-Etienne, si pittoresque, de Limoges, est condamné
sérieusement à disparaître. Il est pourtant solide et ne réclame
qu'un peu de ciment dans les joints, pour « durer encore de lon-
gues années, à la condition qu'on le laisserait dans son état actuel
de confonmation ». On avait pensé, en effet, à le surélever ! La
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— 204 —
ville a voté une somme de 200.000 fr. dans ce but. Il faut convenir
que les conseils municipaux ont parfois de singulières concep-
tions. La Société d'archéologie du Limousin a protesté. Le sau-
vera-l-elle ? Souhailons-le.
Le pont de Terrasson, en Périgord, est à son tour convoité
par les ingénieurs, qui voudraient le jeter bas et lui substituer un
pont tout neuf qui ne vaudra pas Tancien. Qui donc leur inspi-
rera un peu le respect des vieilles choses... plus solides souvent
que leurs travaux neufs 7
On signale la découverte, près Jonzac, dans un mur, d'un
sac de monnaies d'or et d'argent de la fin du XVP et du commen-
cement du XVII* siècle.
Le château de Neuvicq (Charente), a été vendu par M. Clais,
notaire à Saint-Jean d'Angély, à M. Alphonse Porchaire, doc-
teur-médecin à Neuvicq, agissant en qualité de maire de la com-
mune.
Il a appartenu successivement à M"* Marie Calluaud, décédée,
veuve de M. Samuel-Augustin Martineau, à Neuvicq ; à Michel
Calluaud ; à Gabriel-Frédéric-Charles Martell, propriétaire à
Cognac ; à François de La Laurencie de Charras, maître de
camp de cavalerie, demeurant à Paris.
Par décret du 27 mai, le ministre des beaux-arts a classé
comme monument historique les thermes dits de Saint-Saloine,
naguère achetés par notre confrère M. J. Guillet. Les objets qui
pourront être recueillis dans les fouilles seront remis à la ville
de Saintes et exposés dans. une des salles du musée.
On sait que la ville a déjà acheté une collection d'objets prove-
nant de ce même terrain.
On a le souvenir encore très frais du grand référendum que le
ministre de Tinslruction publique a organisé, cette année, sur la
question de la fixation de la date des vacances dans les lycées et
collèges. On sait qu'une grosse majorité s'est déclarée en faveur
de l'ouverture des vacances au 15 juillet, que la minorité a eu
gain de cause et obtenu le maintien du slalu quo.
A litre de comparaison, on peut lire le passage de la lettre de
Pierre de Bremond, publiée dans le tome XXI de la Revue, page
125, et voir combien les idées diffèrent sur ce point avec le temps.
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— 205 —
En 1823, les distributions de prix au couvent de Chavagnes
avaient lieu en septembre.
M. Boissonnade prépare un travail sur l'administration royale
et les soulèvements populaires en Angoumois, en Sainlonge et en
Poitou pendant le ministère de Richelieu.
Il a donné comme le programme de cette élude à la Société des
Antiquaires de l'Ouest (tirage à part. Poitiers, 1903).
IJEcho Rochelais du 28 mai contient un article sur Thôtel des
postes de La Rochelle, inauguré le 29 mai. Des pourparlers eu-
rent lieu entre la Ville et Tadrainislration en vue de la construc-
tion de rhôtel, et on choisit le terrain occupé, en bordure
de la place de la Mairie et de la petite rue du Temple, par la
manutention, les bureaux du recrutement et la sous-inlendancc
Les bdliments utilisés par ces services appartenaient pour la nue
propriété à la ville, et pour l'usufruit à l'Etat. Le ministère de la
guerre consentit, en 1899, à l'abandon de son droit d'usufruit
moyennant le versement par la ville d'une indemnité de 68.600 fr.
Le conseil municipal céda le terrain à l'administration des postes
moyennant 30.000 fr., et, le 15 mars 1900, il prit l'engagement de
construire, sur ce terrain, pour le compte de l'Etat, un hôtel des-
tiné à l'installation des services de la poste, du télégraphe et du
téléphone. Cette construction a été faite sur les plans de notre
confrère M. Corbineau, architecte à La Rochelle. Les dépenses
se sont élevées à la somme de 240.000 fr., entièrement à la charge
de l'Etat.
NOTES D'ETAT CIVIL
I. — DÉCÈS
Le 21 avril 1904, est décédé, à Paris, à l'âge de 71 ans, M.
Henry-Paul-Eugène Chaudruc de Crazannes.
Bien que M. de Crazannes soit demeuré toute sa vie étranger
à nos régions, il était cependant un peu saintongeais par son
origine ; il était, en effet, fils du baron Chaudruc de Crazannes,
bien connu des archéologues et numismates de son époque, dont
les travaux sur les antiquités de Saintes ne sont pas encore tout
à fait oubliés, et de M"* de Crazannes, née de Loupiac, d'une des
plus vieilles familles d'Auvergne,
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— 206 —
M. de Crazannos était né à Figeac, en 1833. Sorti de l'Ecole de
Saint-Cyr dans Tarme de l'infanterie, il prit part à diverses cam-
pagnes en Algérie, à la campagne d'Italie et à la campagne de
France. Fait prisonnier et envoyé en captivité à Dusseldorf, il
s'évada pour revenir prendre rang à l'armée de la Loire. Il a
terminé sa carrière comme intendant militaire, directeur des ser-
vices administratifs au ministère dç la guerre.
Il était commandeur de la légion d'honneur, oificier de l'ins-
truction publique, grand officier du Nicham, etc., etc.
M. de Crazannes avait hérité de son père, quoique à un moin-
dre degré, l'amour de l'archéologie et de la numismatique, il
était membre de la Société archéologique du Midi de la France
(Toulouse).
Il avait épousé à Toulouse, M"* Elisabeth de Malafosse, dont
il a ou un fils, René, capitaine au .V cuirassiers, et marié à M"*
d'Hennezel, et deux filles non mariées. Il était l'oncle de notre
confrère le baron Roger Chaudruc de Crazannes, que l'achat du
château de Crazannes a ramené récemment au berceau de la fa-
mille.
Le 26 avril est décédé, à Rochefort, rue Audeberl, à l'âge de
57 ans, M. Julien Foucaud, jardinier-botaniste de la marine, vice-
président de la Société des sciences de la Charente-Inférieure.
Ses obsèques ont eu lieu le 28, à Nieul-sur-Mer, dans la sépul-
ture de famille.
M. Bernard, président de la Société des sciences naturelles de
La Rochelle, a prononcé une allocution reproduite dans le Cour-
rier de la CharenlC'lnlérieure du 1*' mai. Simple instituteur, sans
ressources scientifiques à sa disposition, isolé au fond d'un hum-
ble village, il sut, grâce à son extraordinaire énergie et son
amour obstiné du travail, s'assimiler une science qui lui tenait au
cœur avec passion. Il a fait de nombreuses additions à la Flore
de rOuesl ; il a écrit de nombreuses notes parues dans les annales
de la Société. Il a apporté une précieuse collaboration aux trois '
premiers volumes de la Flore de France, actuellement en cours
de publication et qui a conservé le titre de Flore de France^ par
MM. Rouy et Foucaud.
Est décédée le 13 mai 1904, à Cognac, M"* la marquise de
Saint-Légier de la Sausayc, née Planai de La Faye, âgée de
68 ans.
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— 207 —
Le 26 mai 1904, est décédé, à Saintes, François-Xavier Héraud,
Agé de 75 ans, né à Saintes, sous-ingénieur des ponts et chaus-
sées en retraite, chevalier de la légion d*honneur {1888), ancien
conseiller municipal de Saintes (1ô74-1884). Il sortit dans un bon
rang de Técolc d'Angers, servit deux ans dans le génie, puis entra
dans l'administration des ponls et chaussées. Il débuta à La Ro-
chelle, et fut nonmié, en 1870, conducteur principal à Saintes,
qu'il ne devait plus quitter.
M. Héraud laisse une fille mariée à M. Jeanne, capitaine
au 6* de ligne.
Voir le discours de M. Babinot, dans le Moniteur de la Sain-
tonge du 31 mai.
Le 9 mai 1904, est décédé, à Cognac, M. Louis-Gabriel Cor,
Agé de 85 ans, veuf de Suzanne-Laure-Lina Maurain, pendant de
longues années comptable, puis caissier dans la maison J. Hcn-
nessy.
Il a fait don au musée de la ville de sa collection d'objets an-
ciens, comprenant notamment une ample série d'objets préhisto-
riques où se trouvent des exemplaires douteux et même faux si
la collection n'a pas été expurgée.
M. Cor était vice-président d'honneur de La Palette de Cognac
et a généreusement contribué à son installation.
Le 25 mai 1904, est décédée, à Rochefort-sur-Mer, M"** Julie-
Clémence-/.aure Huet-Labrousse, veuve du capitaine de vaisseau
Emile Maisonneuve. C'était une femme de cœur, affectueuse et
bonne, toujours prêle à faire le bien autour d'elle.
Née à Surgères, le 20 mars 1823, elle était fille de Auguste
Huet-Labrousse (né en 1798, mort à Saint-Germain de Maran-
cennes, le 29 septembre 1831), et de Louise-Thérèse-Céleste-
Clémence Pasquier (née en 1802, morte à La Rochelle, le 25 juin
1823). Le père do celte dernière était chirurgien de la marine et
avait une sœur, Marie-Geneviève Pasquier (1768-1860), qui avait
épousé Jean-Jacques Ayraud, notaire (1763-1831), souche d'une
nombreuse famille.
Laure Huet-Labrousse avait épousé, le 27 août 1844 (1), Fran-
(1) Le mariage avait été célébré par René-Primevère Lesson, maire par in-
térim.
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— 208 —
çois-Auguste-£mi7e Maisonneuve, alors enseigne de vaisseau
(notice dans la Revue de Sainionge, t. XV, 1895, p. 416).
De ce mariage étaient nés deux enfants :
1*» Camille-Auguste-//enrî (1845-1873) (Revue, ibid.).
2* Louise-Marie-Laure, mariée en 1875 à Lucien Arnoux
{Revue, ibid.), dont : 1* Henri, marié à Louise Lian (Revue,
t. XXIV, 1904, p. 144); 2? Lucie, mariée à Gabriel Rousseau
(Revue, t. XXII, p. 226), une fille ; 3^ Marguerite.
II. — Mariages.
Le 16 avril 1904, M. Emile Giraudias a épousé, à La Rochelle,
M"* Iseult Gorron.
Les témoins étaient, du côté du marié : M"*' Giraudias, sa belle-
scrur, et M. Barthélémy, professeur de mathématiques à Niort ;
du côté de la mariée : le vice-amiral Prouhet, commandeur de la
légion d'honneur, et M. de Flcurian, chef de bataillon, chevalier
de la légion d'honneur.
Le 4 mai 1904, M. le docteur Maurice Armand, médecin à
Saintes, a épousé, à Ghervcs de Cognac, M'^ Louise Dousset.
Le 10 mai 1904, a été célébré, à Toulon, le mariage de M. Louis
Bcsson, enseigne de vaisseau, fils du vice-amiral Bcsson, avec
M"* Marguerite Le Bourgeois, fille de feu le contre-amiral Le
Bourgeois.
Le 17 mai 1904, a été béni, à Nancras, le mariage de M. Félix
Lafforgue, médecin-major au 18* escadron du train des équi-
pages, chevalier de la légion d'honneur, avec M"* Marguerite
Crépel, fille de M. Crépel, ancien receveur des postes à Saintes,
et de M°* Crépel, née Ri vaille.
Le 30 mai, a été célébré le mariage de M"* Marthe Gilbert, fille
de M. Gilbert, agent d'assurance du Nord, à Saintes, et de
M™ Gilbert, née Quantin, Marie- Lucile, avec M. Edouard Beau-
vais.
M"' Gilbert, élève de M. Furcy de Lavault, est connue dans
toute notre région comme peintre de fleurs.
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— 209 —
Le 30 mai, à Chevanceau, a été béni le mariage de M"* Marthe
Pinasseau, fille de notre confrère, M. F. Pinasseau, ancien no-
taire à Saintes, avec M. René Fougerat, fils de M. Fougerat, an-
cien notaire à La Rochefoucauld.
ERRATUM
N' de mai, p. 146, lire Guilhon au lieu de Guichon ; p. 156, lire
du Basty et non du Bastie.
Note au sujet d'un sceau décrit dans le numéro de mars de la
Hùvue de Saintongc et d'Aunis.
La légende du sceau de la « maroscliaucie de France » doit
être ainsi complétée : CLERMU DE NE..., car on trouve dans le
dictionnaire de numismatique et de sigillographie de Tabbé Migne
(1852), col. 369, § 303 : « Simon de Clermont II* du nom, seigneur
» de Nesle et d'Ailly. 1270. Armes : de gueules, semé de trèfles
» d*or à deux bars adossés du même, au lambel de trois pendants
» d'azur. »
Et plus loin, col. 382 :
« * 1191. Clermont (Raoul I*' comte de) en Beauvoisis, connéta-
» ble de France.
» * 1270. Clermont (Simon II de), seigneur de Neelle et d'Ailly
» en Picardie. »
L'astérisque indique que la famille est éteinte.
Les armes des Clermont-Nesle sont indiquées de même, à l'ex-
ception cependant du lambel, à la page 158 de la Nouvelle mé-
thode du blason, du père Menestrier, augmentée de toutes les
connaissances relatives à celte science par M. L***, à Lyon, 1780.
Au 1 de Técu on voit des bandes qui paraissent être de sable, à
cette différence près que les hachures sont faites de traits obli-
ques au lieu de traits verticaux et horizontaux. Serait-ce Técu de
Bourgogne ancien : bandé d^or et d'azur de six pièces à la bor-
dure de gueules ?.
On lit, page 243 du tome III de la Société de sphragistique de
Paris, que, « avant le XVII* siècle, où Ton commença seulement
» à représenter par des signes de convention les émaux des ar-
» moiries, les hachures étaient gravées seulement pour Torne-
» ment du sceau et non pour en désigner les émaux. »
On trouve, en effet, dans le même ouvrage le dessin d*un sceau
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— 210 —
de la Province de Bourgogne sur lequel des bandes sont alterna-
tivement couvertes de hachures faites de traits obliques ; toute-
fois, sur le sceau qui nous occupe, on ne constate pas la présence
de la bordure.
H. P.
VARIÉTÉS
I
L'Excursion de Pons au château d*Ars.
[26 mai 1904).
C'est à Pons, cette année-ci, que la Société des Archives
Historiques et la Commission des Arts et Monuments de la Cha-
rente-Inférieure se sont donné rendez-vous comme point de dé-
part de leur excursion annuelle.
Réunis comme en 1903, dans un esprit de bonne confraternité
qu'on ne saurait trop louer, les membres et les amis de ces deux
sociétés ont tenu à montrer une fois de plus que l'Archéologie
compte toujours dans le département de fervents et courageux
adeptes.
La plupart des excursionnistes des années passées sont tout
heureux de se retrouver à la gare de Saintes. Ce sont MM.
Georges Musset, Charles Dangibeaud, Théodore Poirault, Fer-
dinand Babinot, Justin Coutanseaux, Edmond Duret et Jean
Musset. Le docteur Guillaud vient, à la descente du train, com-
pléter le rassemblement, et le signal du départ est donné un peu
avant huit heures du matin.
Tous aussitôt, sans distinction cTAge, fiers de retrouver leurs
jambes de vingt ans, de s'élancer à l'assaut d'une antique pa-
tache, dont les chevaux semblent aussi vermoulus que les sièges,
— mais qu'importe ! le vieux n'est-il pas l'ami de l'archéologue ?
— et le véhicule s'ébranle au milieu des rires et de la plus franche
gaîté.
Bougneau, Pérignac, le château d'Ars, telles sont les mer-
veilles qui sont promises à notre admiration. Jamais programme
d'excursion ne fut élaboré avec plus de sens pratique et d'in-
telligence artistique. Les organisateurs avaient admirablement
mis à profit les expériences des années passées. Finies ces excur-
sions de longue haleine, qui semblaient plutôt instituées pour
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— 211 -
battre un record de vitesse que dans un but réel d*érudition.
Cette fois, les étapes doivent être courtes, peu nombreux les
monuments à visiter, mais personne ne songe à s'en plaindre ;
la confiance d'un chacun est assez grande, et suffisante son éru-
dition, pour être certain d'avance que l'excursion comptera
parmi les meilleures et les plus profitables. La qualité au détri-
ment de la quantité, moins de fatigue et plus de science, tel
doit être en un mot le bilan de cette heureuse journée.
Malheureusement, depuis l'aurore, de gros nuages noirs,
immobiles et très bas, suspendaient au-dessus des champs en
fleurs de menaçantes promesses d'orage. On eût dit que le soleil
s'attardait, paresseux et douillet, dans la fraîcheur embaumée
de cette heure matinale. Trop matinale peut-être, pour vous,
Mesdames, et trop triste le ciel aussi sans doute : pour la pre-
mière fois, depuis bien longtemps, vous n'avez pas daigné
apporter à l'excursion le tribut de vos grâces ; la note joyeuse
de vos rires, la gaîté de vos propos eût pourtant dissipé cette
ombre légère de tristesse qui ne laisse jamais de nous envahir
(|uand nous contemplons les monuments d'un autre âge, ou
remuons les cendres du passé. Comme elle, n'en doutez pas, si
vous étiez venues, les nuées se seraient enfuies et lé soleil, pour
vous plaire, aurait revêtu sa plus précieuse parure de printemps.
Pour nous, l'excursion eût été plus belle, et nous aurions pu,
grâce à vous, sans restriction et sans regret, marquer, comme
les Grecs, cette journée d'un caillou blanc.
SUR LA ROUTE. — Cependant que notre attelage nous en-
traîne cahin-caha sur la route de Cognac, derrière nous la ville
de Pons disparaît peu à peu dans la brume légère du matin. Fiè-
rement campé sur le bord de l'abîme, glorieux survivant du
moyen âge et de la puissance d'une race éteinte, le donjon dresse
bientôt seul au-dessus de l'horizon la noire silhouette de sa
masse. — Nous fuyons
Au loin, bien loin devant nous, une ligne sombre de collines
se découpe trop nette sur la grisaille du ciel. De chaque côté du
chemin, les hautes herbes des prairies, dans les champs les
jeunes blés, verts témoins de la fertilité de ce coin de Saintonge,
drus sous la poussée vigoureuse du printemps, étendent à perte
de vue l'émeraude de leur tapis. Pas un frisson n'en vient rider
la mobile uniformité ; l'air est calme, on est heureux de vivre.
Le charme de la nature nous pénètre peu à peu et, profondément
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— 212 —
remués par les beautés de la campagne, nous nous taisons bien-
tôt
Tout à coup, un cri de terreur nous arrache à notre rêverie.
Là, barrant la route, une branche trop basse menace de décapiter
les plus intrépides qui sont montés trop haut. Entraînés dans la
descente, les chevaux ne peuvent arrêter à temps leur course
désordonnée. Nous nous baissons, pas assez toutefois pour éviter
la caresse un peu rude des feuilles sur le visage. La peur heu-
reusement est plus grande que le mal et, le danger passé, nous
rions gatment de notre mésaventure.
Plus loin, nouvel incident. — Au milieu du chemin, les jarrets
tendus et le col en avant, une maigre brebis refuse obstinément
de nous livrer passage et courageusement nous offre la bataille.
L'attelage est lancé et nous passons quand même, tandis que,
derrière nous, la pauvre bêle se relève meurtrie et nous regarde
fuir, navrée de son impuissance et maudissant tout bas les ar-
chéologues.
BOUGNEAU, — Bientôt voici Bougneau. Nous mettons pied
à terre auprès du cimetière. La calme solitude de la nécropole
est troublée par le vol bourdonnant des abeilles. La vie semble
vouloir y prendre sa revanche sur la mort. Partout les tombes
disparaissent sous les roses et les bouquets touffus d'oeillets
blancs. Des clématites en fleurs s'élancent à l'assaut des épaisses
murailles bardées de trapus contreforts et creusées de baies
étroites et rares, pareilles à des meurtrières. On dirait d'un
château-fort bien plus que d'une église.
Le clocher lui-même, massif et carré, puissamment assis sur
le chœur et percé de fenêtres romanes évidées, semble moins
destiné à jeter, aux quatre coins de l'horizon, le son joyeux des
cloches que des menaces de combats. Tout est clos, connue à
l'approche de l'envahisseur, mais personne ne vient, comme au
temps des preux, nous offrir sur un coussin brodé d'or les clefs
de la place assiégée.
Aux efforts désespérés que nous tentons pour pénétrer dans
la nef, la grande porte oppose la résistance de ses puissantes
pentures. Bientôt las de nos tentatives infructueuses, nous pre-
nons le sage parti d'attendre et de calmer notre impatience par
l'étude extérieure de ce curieux édifice.
Un vaste portail du XIII* siècle encadre de ses voussures en
volutes la porte récalcitrante. De chaque côté, des colonnettes,
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— 213 —
élégantes et fluettes, semblent recevoir sans effort la lourde re-
tombée de ses arcs en tiers-point. Au-dessus, à droite et à gau-
che, trois niches aux cintres dentelés, aux pinacles ornés de
fleurons et de crochets, veuves de leurs statues, indiquent nette-
ment que le XIV* siècle a voulu lui aussi laisser sur cette façade
l'empreinte de son architecture. — Par ici, par là, les murs sont
creusés de marques de tâcherons en forme de coquilles, d'ini-
tiales fleurdelisées qui excitent au plus haut point notre curio-
sité.
Une agréable surprise attend au chevet de l'église ceux d'entre
nous qui ne l'ont jamais visitée. Au sommet d'un pilastre à la
corniche finement ciselée, une petite fenêtre dessine curieuse-
ment sur le nu de la muraille la saillie de ses jambages mono-
lithes et de son arcature ronde en petit appareil. Exemple unique
peut-être, qui a du moins pour nous tout le charme de la nou-
veauté. Au-dessus, des corbeaux trop espacés opposent la fai-
blesse de leurs sculptures au poids d'un entablement trop lourd.
Entre eux, de délicats entrelacs, au-dessous, une mince guir-
lande de feuillage les relient les uns aux autres, et le tout forme
un ensemble du plus heureux effet.
Sur ces entrefaites, Monsieur le maire de Bougneau et le véné-
rable curé de la paroisse surviennent à propos pour nous faire
les honneurs de leur église ; ce dont ils s'acquittent d'ailleurs
avec une parfaite obligeance, empreinte d'une bonhomie toute
saintongeoise. Nous entrons enfin !
On reconnaît au premier coup d'œil combien l'édifice a subi
des transformations profondes. De la croix latine primitive, il
ne reste guère plus que le sanctuaire et une partie de la nef
principale, auxquels il serait bien difiîcile d'assigner une date
quelque peu précise.
L'architecte, s'il n'a point fait école, a du moins eu le rare
mérite de nous laisser une œuvre originale. On oublie facilement
en la voyant les défauts de la construction, pour admirer avec
quelle fécondité d'imagination l'idée en a été conçue.
L'abside en fer à cheval est, si j'ose m'exprimer ainsi, taillée
à l'emporle-pièce dans le plan rectangulaire du chevet. Tout au-
tour, huit grosses colonnes monolithes, aux chapiteaux trapus
et décorés de feuillage, reçoivent tout l'effort d'arcades semi-
circulaires, et l'ensemble sert de soubassement à six colonnes
plus minces aux bases annelées. — Il n'est pas étonnant, d'après
cela, que l'architecte n'ait pu faire concorder la division de ses
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— 214 —
travées, et soit arrivé ainsi à créer le plus dangereux porte-à-
faux. — Les colonnettes du premier étage encadrent, deux à
deux, les curieuses fenêtres que nous admirions tout à l'heure,
et dont deux seulement subsistent encore aujourd'hui. Au-dessus
des baies du sanctuaire, les arcs sont plein-cintre, tandis que
les deux autres entrecolonnements sont limités par des amor-
tissements triangulaires du plus bizarre effet. Enfin, couvrant le
tout, une voûte en cul-dc-four se raccorde avec une partie de
voûte en berceau surbaissé.
Vivement intéressés par ce que nous venons de voir, nous
jetons en passant un coup d'iril un peu distrait sur les chapi-
teaux à têtes et à feuillages du carré du transept (XII* siècle), et
sur l'ogive de la voûte gothique prismatique de la sacristie.
Mais l'heure s'avance ; nous sommes obligés de prendre congé
de nos obligeants cicérone. Et bientôt, nous quittons Bougneau,
emportant de son église l'impression d'un mélange harmonieux,
mais bizarre, et disant avec le poète :
Souvent un beau désordre esl un efTet de l*art.
VERS PERIGNAC, — Laissant pour un moment la route de
Cognac, nous disparaissons bientôt sous le couvert d'un chemin
creux. Un regain de saveur pour l'école buissonnière nous en-
traîne vers Montignac. Que M. Poirault nous pardonne cet accroc
à son programme, en songeant avec quelle insistance le vénérable
curé nous a recommandé la visite de sa seconde église !
Comme à Bougneau, le cimetière nous reçoit encore, tout
aussi gai,_tout aussi fleuri. Sous les hautes herbes, on devine les
tombes plutôt qu'on ne les voit. Au-dessus de la verdure, un
sarcophage émerge et montre dans ses flancs la couche éternelle
et froide du dernier sommeil. L'image de la mort s'évoque devant
nous, un frisson nous saisit. Nous nous empressons de détour-
ner les yeux et de chercher sur les murs de la chapelle quelque
dérivatif à cette sombre vision
Hélas, tout est nu, tout est blanc ! Très propre, en effet, votre
église, Monsieur le curé, mais nous eussions cent fois préféré,
à cette propreté, un peu plus de poussière archéologique sur de
moins rares vestiges du passé. Rien à glaner, ou presque rien.
Seul un chapiteau, vierge de brisures, semble avoir soustrait,
par quelque sortilège, ses têtes bizarrement tordues par les
grimaces à l'impitoyable usure du temps. La voûte elle-même a
disparu, laissant à découvert une pauvre charpente qui n'a pas
môme à nos yeux le mérite de la vieillesse I
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— 215 —
Vainement nous cherchons sur la façade une compensation à
notre curiosité déçue ; nous sommes obligés de repartir Toreille
basse, tels des disciples de Nemrod revenant « bredouille » d'un
rendez- vous de chasse/ N'oublions pas, cependant, les innom-
brables marques de tâcherons répandues sur le mur du pignon
sud.
Bientôt nous nous engageons dans la longue et étroite rue qui,
d'un bout à Tautre, traverse Pérignac.
PERIGNAC. — Sur la place, où nous descendons, notre pré-
sence insolite éveille la curiosité des pacifiques naturels de l'en-
droit. Vite, un rassemblement se forme et chacun se presse afin
de nous mieux voir. Un vif désappointement se lit sur quelques
visages. « C'est donc comme cela, des archéologues ? » Eh oui.
Messieurs de Pérignac, des hommes tout comme les autres.
Comptiez-vous donc nous voir avec de longues robes de magi-
ciens ou d'opulentes perruques mérovingiennes ? En ce cas, votre
espérance s'est trouvée déçue, et nous vous prions humblement
d'agréer nos bien sincères excuses.
Tandis que nous servons de pâture à la curiosité générale,
M. Bergeron, maire de Pérignac, M. le curé de la paroisse, M.
Laurent et M. Thibeaudeau viennent compléter notre groupe.
Présentations, échange de compliments et de saluts, les paroles
de bienvenue se croisent ; cependant, M. Dangibeaud paraît in-
quiet, il lève les yeux au ciel avec une fixité qui ne laisse pas de
nous intriguer. C'est qu'il aperçoit, filtrant à travers les
nuages, un timide rayon de soleil, et qu'il veut en profiter pour
photographier, du haut de l'impériale de l'omnibus, la merveil-
leuse façade qui s'impose à notre admiration. Braqiier son appa-
reil et faire jouer 1« déclic de son objectif, tout cela n'est qu'un
jeu pour lui ; tandis qu'au pied de cet observatoire improvisé,
M. Musset, notre autre président, nous fait en quelques mots
nets et précis l'histoire de PérignacL la description de son église,
et livre à notre érudition quelqSçs particularités dont l'expli-
cation est encore à trouver.
Con{érence de M. Georges Musset, — « Pérignac est une loca-
lité intéressante qui mériterait d'être étudiée avec soin. Elle a
certainement conservé des traces des premières civilisations que
l'on retrouverait aux lieux dits Le Chai, La Motte Noire. A
l'époque romaine, un centre d'exploration y fut établi probable-
ment. Son nom primitif était Petriniacus ou Petriniacum, et la
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terminologie acus ou acum indique Tappropriation du nom de
lieu au nom de l'homme Petrinius ou Patrinius qui Tavait cultivé
ou habité.
» Le territoire de Pérignac n'était pas éloigné d'une voie ro-
maine qui, venant de Saintes, passait non loin de Salignac pour
se rendre au port de Jappes sur la Charente. Celte voie a con-
servé encore de nos jours les noms de Chemin des Romains, Che-
min Chaussée ou Chaussât el de Chemin Boîné. Cette expression
de Chemin Botné rappellerait peut-être les bornes militaires dont
le souvenir existe encore chez les habitants de la contrée. Au
moyen âge le terme bonna avait le sens de borne, terminus^ limen.
Peut-être aussi ce nom de botné rappellerait-il que celte voie
était un des rares chemins carrossables où circulaient les bennse,
sortes de véhicules en usage en Gaule.
» A Tépoque gallo-romaine faut-il aussi rattacher un cimetière
antique qui porte le nom de Alartourct, un lieu dit La Folie, où
s'élevait vraisemblablement un édifice religieux, un autre lieu
dit La Thonnelle ? Des recherches et des fouilles pourraient
seules le dire.
» Jusqu'à la fin du X* siècle, on ne trouve aucun souvenir de
Pérignac dans les documents. En 989, nous voyons apparaftre
une donation faite par le comte de Poitou, Guillaume Fier-à-Braa,
de son domaine et de sa chapelle de Pérignac à l'église de Saint-
Jean d'Angély. Le domaine était une curiay c'est-à-dire un centre
agricole avec toutes ses dépendances, même des ménils. Au
centre se trouvait une modeste chapelle, peut-être construite en
bois, et dont il ne reste aucune trace.
» Puis un nouveau silence se produit jusqu'à la fin du XI* siècle.
Pérignac n'est plus qualifié curia mais villa ; sa chapelle devient
une église, sous le vocable de saint Pierre, ce qui indiquerait
peut-être une origine très ancienne, les églises consacrées au
chef des apôtres ayant en général une antique origine — à moins
que le fondateur de l'église n'ait été simplement inspiré, en choi-
sissant le patron par le nom ifl^me de la localité.
» L'église de Pérignac était lÔ propriété d'une famille nombreuse
que l'on retrouve à Brives et dans beaucoup de localités voisines.
iJo 1001 à 1098, tous les membres de cette famille font abandon
à l'abbaye de Saint-Jean d'Angély de cette église et de tous les
droits qui y étaient attachés, dîmes, offrandes, droits de cime-
tière, de sépultures (lumborum). L'inspiratrice de ces donations
paraît être une personne de haut rang, car sa donation person-
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nelle est faite devant de grands personnages, notamment le duc
d'Aquitaine. Ce devait être une femme de grande beauté, elle
porte en effet le surnom de Veneriaj dont le sens devait être jadis
prêtresse de Vénus, et elle fait des dons pour le salut de son âme
en se qualifiant de peccalrix (œmina et en demandant la sépul-
ture dans Téglise.
» Possesseurs à la fois de la terre de Pérignac, de son église et
des droits qui y étaient attachés, les religieux de Saint-Jean firent
de ce lieu un centre d'administration monastique, une obédience.
Les revenus devaient en être considérables, puisque au XVII*
siècle, après toutes les pertes survenues aux églises, Pérignac
rapportait encore 2.500 livres, ce qui représenterait environ
10.000 livres de rente. Les religieux profitèrent donc de ces res-
sources pour reconstruire, à la fin du XII* siècle, l'église actuelle
à la place de la précédente dont il ne reste aucune trace.
» La reconstruction de cette église appartient à la fin du roman,
et Ton y retrouve à la fois l'application des traditions et des habi-
tudes de l'école romane, mais aussi l'emprunt des décorations et
des innovations de l'architecture gothique. L'école naturaliste a
été l'inspiratrice des charmantes décorations de feuillages et
d'animaux qui se trouvent sur la façade et dans l'intérieur de
l'église.
» Un point à remarquer tout d'abord est la disposition de la fa-
çade, qui rentre dans la catégorie tout à fait spéciale de l'archi-
tecture saintongeaise. Habituellement les façades se composent,
dans la Saintonge, ou d'un seul portail avec une fenêtre dans le
pignon qui le surmonte, ou de la même disposition avec trois
portails en plein cintre, ou de deux portails en plein cintre ac-
compagnés de deux portails brisés.
» Ici on a adopté un tout autre système : une façade en arc de
triomphe, ayant eu originairement un portail roman remplacé
au XV* siècle par un portail gothique prismatique, surmonté de
rangées d'arcades contenant des statues ; puis encore, au-dessus,
une partie horizontale dans laquelle se trouve une assomption
dans une vesica piscis.
» Les façades en arc de triomphe se retrouvent dans la Sain-
tonge, à notre connaissance à Matha, à Echillais et à Médis. Elles
constituent donc une exception.
» L'église de Pérignac offre à l'archéologue l'occasion d'étudier
quelques autres points intéressants et aussi quelques problèmes
à résoudre. Les voûtes de l'intérieur de l'église sont en ogive, ce
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— 218 —
qui prouve bien que Ton esl là à une époque de transition. De
même l'abside liabituelle a élé remplacée par un chevet droit,
particularité dont on retrouve cependant quelques exemples, no-
tamment dans les églises romanes de Biron et de Machennes. Les
contreforts sont un peu plus puissants que dans les églises de la
môme époque et ont été ainsi faits pour soutenir les voûtes en
ogive. Ils ont ceci de particulier que leurs côtés sont profilés en
ligne courbe. L'église a d'ailleurs été restaurée dans certaines
parties à une époque récente. Au XIX* siècle, on a, en effet, re-
construit les voûtes du chœur et du transept.
» Un dernier point à signaler, c'est l'existence, dans les murs de
la nef, de deux ouvertures en forme de croissant renversé, cons-
tituant ou apparence la partie haute de deux grandes fenêtres.
Mais si l'une de ces deux fenêtres paraît avoir existé, à une épo-
que et dans un but qui n'apparaissent pas, il n'en est pas de
môme de l'autre, dont les traces n'existent pas dans la construc-
tion. Il y a là un problème curieux à résoudre. Ces faits seraient
d'autant plus intéressants à éclaircir, que les traces de fenêtres
qui existent dans lo mur du sud, du côté de Tépître, correspon-
daient à l'existence de grandes constructions appartenant à des
religieuses bénédictines, alors que les religieux bénédictins occu-
paient la partie du nord, du côté de TEvangile. Ces ouvertures
avaient-elles pour but de permettre aux religieux et aux reli-
gieuses d'assister aux offices sans sortir de leurs cloîtres ? Un
examen très détaillé et très attentif des traces de ces constructions
permettra peut-être de résoudre un jour ce problème. »
Au contraire de Monlignac, ici tout est beau, tout est curieux.
Pas une pierre qui ne soit matière à de délicates observations,
pas un coin qui ne fournisse une ample moisson de documents
intéressants. On voudrait tout voir, et l'on ne sait vraiment pas
par où commencer ; il y a trop de jolies choses
Pour te visiter, église de Pérignac, avec toute l'attention que tu
mérites, on devrait te consacrer des jours et des jours ; pour dé-
crire en détail toutes les beautés que tu renfermes dans tes flancs,
il faudrait une plume aussi féconde et colorée que celle de l'au-
teur de Notre-Dame de Paris. Ilélas î pour te connaître, je n'ai
trouvé qu'une heure ; maintenant qu'il me faudrait te décrire, j'ai
conscience de mon impuissance ! La lâche est au-dessus de mes
forces et je préfère y renoncer.
Cliacun se laissant porter au gré de sa fantaisie, notre groupe
se disperse. Les uns s'en vont admirer les fines colonnades de la
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façade et maudissent les vandales qui ont privé de leurs têtes les
belles statues d'apôtres et de saints qui s'abritent sous leurs arca-
tures. Trois d'entre elles ont même disparu complètement, sans
doute abattues par la tempête, et des blocs de pierre aux assises
géantes les ont remplacées, attendant encore, mais en vain, le
ciseau du sculpteur. Les regards de ceux-là se posent de préfé-
rence sur les têtes de chevaux à la gueule entr'ouverte qui ornent
la première voussure de la fenêtre centrale ; ou bien sur les en-
corbellements aux têtes grimaçantes, aux sujets licencieux, de la
première assise.
D'aucuns passionnés pour l'épigraphie, s'efforcent de déchif-
frer une longue inscription récemment mise à jour, sur le mur
sud de l'édifice. Ils n'y peuvent réussir et vif est leur désappoin-
tement. Les lettres qui manquent sont aussi nombreuses que le
temps dont ils disposent est court. La promesse que leur fait
M. Thibaudeau d'en relever l'empreinte les rassénère un peu, et
ils s'en vont plus loin en quête d'une proie nouvelle à leur pas-
sion favorite.
D'autres enfin jettent sur l'édifice un coup d'oeil d'ensemble.
Les pignons aigus et dissymétriques, les petites baies rondes aux
multiples ceintures de la façade postérieure ; les Iribules des
archivoltes, les feuilles et les guillochures des chapiteaux, les
entrelacs des frises où fourmillent de petits animaux sculptés
avec infiniment d'art, de la façade principale, du chœur et de la
nef ; les fines moulures qui courent à mi-hauteur tout autour de
l'église, à l'intérieur comme à l'extérieur, pour rebondir avec sou-
plesse par-dessus les fenêtres ; — que sais-je encore ? tout enfin
montre à nos yeux éblouis quelle précise sûreté de goût et quelle
surprenante puissance de conception il fallait aux architectes du
moyen ûge pour produire de pareils chefs-d'œuvre !
Dans l'extase où nous plonge la vue de ces merveilles, nous
finissons par oublier que l'horloge a depuis longtemps lancé les
douze coups de midi. Nos estomacs crient famine, nous refusons
obstinément de les écouter. Il nous faut cependant revenir à la
réalité présente ; et pleins de regrets de n'avoir pu tout voir, nous
nous acheminons vers l'hôtel du Cheval blanc, où nous attend un
excellent déjeuner.
Bien vite la nature reprend ses droits. A la vue de la nappe
bien blanche et lourdement servie, nos appétits s'aiguisent davan-
tage, s'il est possible ; et chacun de nous se restaure avec une
satisfaction visible, en véritable archéologue qui depuis le matin
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he s'est mis que de la poussière sous la dent ! L'hôtesse a prévu
noire faim « canine », car elle a aligné sur une table deux dou-
zaines de pains de trois livres ! et nous sommes douze à table !
Voyez quelle idée elle se fait d'un appétit d'archéologue !
De la vieille cau-de-vie, au milieu du repas, remplace le Cham-
pagne. M. lo Maire, en notre honneur, l'a sortie de derrière ses
fagots les plus secs. Aussi profitons-nous de la circonstance pour
lever nos verres à sa santé. Chacun le remercie de son aimable
accueil, et cédant de bonne grâce aux pressantes sollicitations
dont il nous accable, nous consentons de grand cœur, le déjeuner
fini, à visiter les curieuses boiseries de son domaine de Chante-
Loup
Encore un accroc au programme de la journée. Consolez-vous,
M. Poirault : celui-là ne sera pas bien long, et cette fois du moins
nous ne reviendrons pas « bredouille ».
De larges gouttes d'orage nous obligent à nous couvrir le chef
de nos parapluies. Nos chevaux, regaillardis eux aussi par un
plantureux repas, semblent dévorer l'espace et nous déposent en
quelques instants dans la cour du logis.
Sur le seuil d'une porte aux panneaux épais, aux moulures
saillantes, les maîtresses de céans saluent notre arrivée de leur
plus aimable sourire. Nous entrons. Dans une haute salle à man-
gerr Louis XIII, force nous est encore de faire une large blessure
aux bouteilles de M. le Maire. — Comment pourrions-nous re-
fuser ? L'offre en est si galamment faite ! — De fort beaux pan-
neaux habillent entièrement la nudité des murs et la vaste saillie
d'une immense cheminée. Des poutres apparentes largement
sculptées semblent suspendues au-dessus de nos têtes.
Dans une pièce voisine, « la Cheminée du Diable », affirme la
tradition, reçoit de temps en temps la visite dé Lucifer. Aussitôt
notre imagination vagabonde de s'envoler vers les lointaines ré-
gions du rêve, et de longues processions de gnomes et de farfa-
dets s'évoquent à nos yeux
Ce n'est pas sans regrets que nous nous arrachons à ce cordial
accueil. — Un habitant de Pérignac, affreux modèle d'égolsme,
avait, nous a-t-on dit, fait graver sur sa maison, autour d'un ca-
dran solaire aujourd'hui disparu, cette courte inscription dont
nous avons vainement recherché les vestiges :
SOLME — UMBRAVOS.
Alexandre Dumas, Monsieur le Maire, eût peut-être, sans plus
d'information, jugé, d'après cette boutade, du caractère de vos
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administrés. Nous, nous préférons les juger d*après vous, et dire
en vous quittant qu'à Pérignac, mieux que partout ailleurs, on
sait élever à la hauteur d'une institution les lois de l'hospitalité.
Heureux pays, heureuses gens !
VERS ARS. — De Pérignac à la Charente, la route mainte-
nant se déroule devant nous désolante de blancheur et d'unifor-
mité. Rien ne vient en rompre la désespérante monotonie, et les
kilomètres succèdent aux kilomètres sans apporter plus de va-
riété à ce triste parcours. Pas un être vivant. Les paysans sem-
blent avoir fui, entraînant leurs bestiaux, comme sous la menace
d'un fléau. Le ciel est devenu terriblement noir, et, seule sur le
bord du chemin, une petite maison, vide de ses habitants et qui
menace ruine, vient jeter dans ce lugubre tableau la note sinistre
de son abandon. De temps en temps de puissantes rafales obligent
les arbres de la route à nous saluer très bas
Ars est à notre gauche et dans les hautes futaies qui bornent
l'horizon du côté du levant, on devine aisément la place du châ-
teau. Si près qu'il nous paraisse, l'avant-dernière étape est loin
de toucher à sa fin. Nous quittons la grand'route.
Un labyrinthe de minuscules ruisseaux ravine désormais la
campagne, profondément encaissés dans de riants vallons. Epou-
sant étroitement les courbes harmonieuses de leurs capricieuses
sinuosités, un dédale de petits chemins nous enlace dans son
inextricable fouillis. Que de fois nous nous y serions égarés sans
les sages avis de M. Thibeaudeau ! Le pays heureusement n'a
plus de secrets pour lui ; depuis longtemps déjà il en a parcouru
les plus petits replis. Aussi, tel un pilote expérimenté, il guide
notre marche et nous mène à bon port.
ARS. L'EGLISE ET LE CHATEAU, — Le vénérable curé
d'Ars, les cheveux blanchis par soixante années d'exercice de
son ministère, nous attend devant le portail légèrement ogive de
sa petite église. Il tient, malgré son grand âge, à nous en mon-
trer lui-môme les richesses, et nous en fait admirer les beautés
avec une émotion bien facile à comprendre : Ars fut sa première
paroisse, ce sera sa dernière ; jamais il ne l'a quittée !...
Tout au fond de la nef, un beau rétable en bois, aux colonnes
torses surmontées de chapiteaux corinthiens, domine le maître-
autel dont la nappe pendante recouvre partiellement un superbe
bas-relief en vieux cuir de Cordoue repoussé du plus exquis trs^-
vail du XVIP ou XVIIP siècle,
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— 2-22 —
A gauche, dans une chapelle latérale, un autre retable, du plus
boau style de la Renaissance, surmonte un autel auprès duquel
les amateurs di'épigraphic découvrent encore une inscription.
M. Thibeaudeau, toujours obligeant, se met à leur disposition
pour leur en procurer Tempreinte,
Enfin, dans un coin, près de la porte, derrière une balustrade,
une cuve baptismale du XIII' siècle, une perle d'archéologie,
nous fait pousser de hauts cris d'admiration en dépit de la sain-
teté du lieu.
« Cette cuve, dit Michon (1), est sculptée sur les quatre faces
dont les angles sont ornés de quatre statues.
» Le bas-relief de la première présente un énorme lion ayant à
coté do lui un petit lionceau. Le lion lient une tête d<^s griffes de
sa patte gauche de devant, et des griffes de la patte droite de der-
rière une aulre tête.
» Vn homme nu dont les cuisses el les reins sont entrelacés d'un
serpent est saisi au bras par les .griffes de l'autre patte de der-
rière, et aux pieds par l'autre patte de devant. Derrière le lion,
est un aigle à deux tètes tenant sous ses serres un serpent.
» Le bas-relief de la deuxième face, encadré coimne le précé-
dent dans le haut par une corniche romane de feuillages enlacés
el sur les côtés par les statues (h\s saintes, se partage en deux
sujets. Le premier présente au centre un hibou (l'esprit des ténè-
bres) ; il est entouré de deux aigles qui le regardent (l'esprit de
lumière). A côté de chaque aigle est un lourd animal qui a beau-
coup de ressemblance avec l'ours.
» Dans le second sujet on voit un homme qu'un dragon ailé, dont
la queue est hérissée d'écaillés, a saisi de ses deux pattes et qu'il
dévore. Cet homme, d'un autre côté, fait des efforts pour se dé-
barrasser d'un serpent qui veut l'enlacer à son cou. Derrière le
dragon sont deux monstres ailés.
» Le troisième bas-relief représente un aigle aux ailes déployées
soutenu par deux hommes à genoux. Ce bas-relief est évidem-
ment héraldique,
» La quatrième face a été mutilée. Celle-ci laisse apercevoir un
saint dans un médaillon tenu par deux anges.
» La cuve baptisrtiale d' Ars, ajoute Michon, est un des morceaux
les plus curieux de la sculpture du moyen âge. Elle serait remar-
quée si elle était transportée au musée de Cluny. Elle a subi
(1) SiàiUiiqne monumentale de U Ctuirente, p. 313 et 313.
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— 223 —
quelques mulilalions. Outre celles du quatrième côté, les têtes
des saints ont été brisées. »
Après ce qu'on vient de lire, tout commentaire serait superflu ;
je me bornerai donc à dire que depuis quelques années ce su-
perbe baptistère a eu Thonneur d'être classé comme monument
historique.
Une faible dislance nous sépare du château, et quelques mi-
nutes à peine suffisent à la franchir. Au fur et à mesure que nous
approchons, sa large façade à forme d'équerre et flanquée d*é-
chauguetlcs se dessine plus nette sur un rideau profond d'arbres
plusieurs fois séculaires.
Partout où le regard se pose, il ne rencontre, hélas ! que des
traces de ruine et de désolation que M. Castaigne, le propriétaire
actuel, s'est efforcé, cependant, d'atténuer dans la mesure du
possible.
La Belle au bois dormant... Vous souvient-il encore, cher lec-
teur, de ce conte charmant dont on a dû bercer votre petite en-
fance ? Le pittoresque décor qui devait abriter le sommeil de la
belle endormie est là devant nos yeux.
Les douves féodales qui ceignent le château disparaissent,
de-ci de-là, sous des buissons fleuris d'églantiers. Les chaînes
d'un pont-levis s'enguirlandent de chèvrefeuilles qui répandent
alentour leurs fines et pénétrantes senteurs. Les marches des per-
rons se cachent sous un moelleux tapis de mousses aux multiples
couleurs, et les murs, honteux de leur décrépitude, essaient de
dissimuler sous un voile épais de plantes grimpantes les rides
profondes de leurs crevasses.
Seuls, le rez-de-chaussée et les étages supérieurs ont pu jus-
qu'à ce jour se soustraire à cet envahissement menaçant de la vé-
gétation. Les façades de la cour d'honneur qui de deux côtés sur-
plombe les fossés ont été remaniées à des époques différentes.
Celle du nord, de construction plus moderne que le reste (de la
fin du XVII* siècle ou du commencement du XVIII*), menace
ruine malgré sa jeunesse relative. De ses balcons, jadis probable-
ment ornés de jolis garde-corps en fer forgé, il ne reste plus que
les encorbellements. Celle du levant, au contraire, bien que sen-
siblement antérieure à sa voisine, a beaucoup mieux résisté, du
moins à la surface, à l'action rongeuse des ans. Cette façade à
la fois simple et gracieuse appartient à la dernière époque de la
Renaissance. Elle est d'un très bel effet. Les frontons coupés des
fenêtres et de la porte d'entrée se tordent en volutes très souples
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de W'-Ui' - i-r^ „•'**-? * -■ -••-_:•*:.-* .'--, c- ^z..*^\ encore
de c<-^ .:..''..r- T-.-i^i* -i --/' i.s ; -5 rfOT-*-?^ lieiifKiit de
mr\:'^ a ;:-^. K-iii- c* -«r -. a-*. .* . •_•- i^- ^:-^-?s ^.-u des dé-
in« ri> arhe'.r:. . r^r .- -^ :• •^'^^ > ^» - "^ ril*-?* -K coatoumées,
de d »r^.-rr « r-^r-^n. .-: -i- <> :-^ -"-i r.» . i •«-•? .isvression saî-
sissar/.e a'or:^.:-il-:e-
Daris les a-'j- -s a: i^r- :_--_■> -^ cr * u . .: r^. U5 cous m égail-
lons », des r-e>:e^ le 1^: . r.f- z*^- •.'.-' > 1:^^ •ir-> murs, lameola-
blement.
Toul d cour» un '^"-ô. -^r «»' : r r»:" :e rrv-^r.îe deranl nous là
noire ouverture de >â ^^ ".!-: r-r-ii :e. N ?•_:< 1 '*<<reRdon<, pour tom-
l»»*r liileral-^i.-*? î d-'^^ i-^ s- ■ i-^-r-'-'s du c\.-".-»j»"i. Les caves suc-
cèdi*nt aux ca\es. r».«r^ >-.r •. : -^r-r.'.e co::irIe:-* nous cherchons
à tâtons noîrv ch-:rr.::.. l ..* s,-l> *. "V'e '"..^*î< reç«^it bientôt, vaste
cui^iîie aux petites îerè^r^-s j-'j:ss?Tri!rieit défendues par d'énor-
mes barres t\e fer iouî l.rr -^-e-s de r- : ! s. l'ne lumière diffuse
IVcIaire faiM'^nv^r.î c:. -:l:s>.i:.t. f::r.i\e. à tra\ers les ronces
des fossés. L»es cu\es a"\ de-*:\r'',»rs inconnues, les monte-
chnrtjes aux rap^d'.-s g"ai is. l-^s c!.»M.:îî;t';s aux manteaux large-
ment évasés, l«»ul a co:.>^f\e s-rn ^mr-îiose caractère féodal. Là
nous sommes en f>rèse!.ce d»* la partie la jdus ancienne du châ-
teau et c'est en même temps la mieux conservée.
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KXCUHSION DE 190*
UN GROUPE D'EXCURSIONNISTES
Devant la porte du château d'Ars
(Charente)
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— 224 —
qui sertissent dans leurs anneaux des rosaces d'une remarquable
finesse ; et Ton ne peut s'empêcher d'admirer avec quelle habileté
consommée le sculpteur a fouillé de son ciseau les jolis masca-
rons qui ornent la clef de chacune des baies.
A l'intérieur, l'état de consenation parfaite d'une immense
salle à manger paraît un contre-sens au milieu des ruines des
autres parties du château, mais indique que les propriétaires
passés et présents, en ont toujours pris soin. Cette salle à manger
devait être primitivement la salle des gardes de la famille de Bré-
mond. Le plafond en est très bas et des solives saillantes décou-
pent sa longueur en étroits compartiments où l'on retrouve en-
core des restes de peintures. Tout au fond de la pièce, une che-
minée large et basse, écrasée sous le peu de hauteur de l'étage,
frappe au premier coup d'œil par son étrangeté. A quelle époque,
à quel style appartient-elle ? On ne saurait trop le dire. Des ani-
maux grotesques, moitié lions, moitié chiens, supportent de leurs
échines trapues les armoiries de la famille de Brémond. A droite
et à gauche des personnages hideux, cariatides aux muscles sail-
lants et disproportionnés, semblent des statues de Bouddha ou
de Vichnou arrachées à leurs temples hindous, ou mieux encore
de ces divinités mexicaines que des fouilles récentes viennent de
mettre à jour. Enfin, couronnant le tout, des auges ou des dé-
mons achèvent, par leurs poses à la fois naïves et contournées,
de donner à l'ensemble de ce curieux motif une impression sai-
sissante d'originalité.
Dans les autres appartements du château où nous nous « égail-
lons », des restes de lambris pendent le long des murs, lamenta-
blement.
Tout à coup un escalier en tour ronde présente devant nous la
noire ouverture de sa gueule béante. Nous descendons, pour tom-
ber littéralement dans les sous-sols du château. Les caves suc-
cèdent aux caves. Dans leur obscurité complète nous cherchons
à tâtons notre chemin. Une salle voûtée nous reçoit bientôt, vaste
cuisine aux petites fenêtres puissamment défendues par d'énor-
mes barres de fer tout hérissées de pointes. Une lumière diffuse
l'éclairé faiblement en glissant, furtive, à travers les ronces
des fossés. Des cuves aux destinations inconnues, les monte-
cliarges aux rapides glacis, les cheminées aux manteaux large-
ment évasés, tout a consefvé son grandiose caractère féodal. Là
nous sommes en présence de la partie la plus ancienne du châ-
teau et c'est en même temps la mieux conservée.
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EXCUHSIUN DE 190*
UN GROUPE D'EXCURSIONNISTES
Devant la porte du château d'Ars
(Charente)
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— 225 —
L'heure du départ a sonné ; mais avant de nous séparer, M. Dan-
gibeaud tient à graver sur ses plaques le souvenir de notre visite
à Ars. Son appareil saisit notre groupe devant la belle façade
Renaissance de la cour d'honneur. Et grimpés de nouveau sur
notre haut véhicule, nous nous acheminons vers la gare du Péral.
Il est temps d'arriver. Le ciel, fatigué de retenir depuis l'au-
rore les nuages suspendus au-dessus de nos têtes, les laisse
s'écrouler avec un fracas d'avalanche. Dans la salle d'attente où
nous nous réfugions, nous échangeons rapidement, heureux
d'être à l'abri, nos impressions de la journée. Et tandis que de-
hors la pluie fait rage sur les vitres des compartiments, le train
nous emporte bientôt vers nos lointaines demeures.
Dulce mari magno
Jean Musset,
architecte.
II
Deux épisodes de la fuite en Espagne de Mgr de Coucy
Sa rencontre avec Vévêque constitutionnel Robinet ;
Une aventure de son vicaire général.
Sous ce titre, nous publions deux passages d'un Journal de
voyage rédigé par l'abbé Gaultier, grand chantre de la cathédrale
de La Rochelle, en 1789, et retrouvé par M. l'abbé Uzureau, qui
veut bien nous les communiquer, en attendant que la Société pu-
blie le manuscrit complet. On jugera par ces deux extraits du
ton du journal et de l'esprit du rédacteur, mais on ne saura pas
encore apprécier tout le mérite de l'un et de l'autre. L'abbé Gaul-
tier devait être un prêtre enjoué et philosophe, en ce sens qu'il
pr^nd ses malheurs par le bon côté ; il ne gémit guère ; il ob-
serve tout ce qui passe sous ses yeux, il le note ; aussi nous en-
tretient-il des pays traversés, des détails de mœurs, des inci-
dents quotidiens. Il conte toutes ses impressions dans un style
facile, sans prétention, avec une bonhomie charmante, une fran-
chise quelquefois un peu naïve. Près de Rayonne, il est arrêté
sur la route en attendant sa voiture ; des jeunes filles jouent aux
quilles, et, sans qu'elles l'aient invité, il se met en tête de se mêler
à leur jeu. « J'ai pris une boule, dit-il, que j'ai lancée dans les
quilles ; elles m'ont laissé faire, sans paraître en être fâchées ni
bien aises. Un peu piqué de cette indifférence, j'ai abandonné la
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— 226 —
partie, qu'elles ont continuée entre elles sans paraître beaucoup
s'occuper de moi. »
Nous le croyons sans peine.
Qui est donc cet abbé Gaultier ? M. Uzureau va nous le dire.
Ch, D.
Pierre-René-André Gaultier naquit à Longue (Maine-et-Loire),
le 29 avril 1750. Sa famille qui était dans l'aisance, lui fit faire ses
études au collège de Beaupréau. Il entra ensuite au grand sémi-
naire d'Angers et fut reçu docteur en théologie à TUniXersité de
cette ville. Peu de temps après son ordination sacerdotale, qui
eut lieu en 1775, Tabbé Gaultier devint chanoine de La Rochelle,
où un membre de sa famille lui résigna sa prébende. Il était grand
chantre quand éclata la Révolution. Comme son évêque, Mgr de
Coucy, il refusa le serment, et partit de La Rochelle avec lui pour
l'exil à la date du 6 juin 1791, en compagnie de M. de La Richar-
dièro, vicaire général et chanoine de La Rochelle, de M. d'Ay-
rollos, vicaire général et chanoine de La Rochelle pareillement,
du domestique de Mgr de Coucy et de M. Raymard, secrétaire
de l'évêque. Après avoir séjourné quelques années en Espagne,
Gaultier parcourut l'Italie et l'Autriche, où il passa le reste de
son exil. Il arriva à Longue le 6 mai 1801, où l'attendait sa mère.
Aussitôt son arrivée, M. Meilloc, administrateur du diocèse d'An-
gers, lui donf!a des pouvoirs, et il exerça le saint ministère à
Longue et aux environs, tout en restant prêtre habitué. C'est là
qu'une lettre de son ancien évêque, Mgr de Coucy, devenu arche-
vêque de Reims, vint l'avertir (vers 1817), que Louis XVIII son-
geait à lui pour l'épîscopat, à cause de ses talents et de l'exil qu'il
avait enduré pour la foi. Gaultier répondit au prélat qu'il préfé-
rait désormais la vie tranquille à un évêché (1). Il mourut l'année
suivante à Longue, le 13 juillet 1818, et fut inhumé dans le cime-
tière auprès de son père et de sa mère.
Son frère cadet, René-Eugène Gaultier, né à Longue, le 22
août 1757, chanoine de La Rochelle également, partagea l'exil
de l'aîné, et mourut prêtre habitué à Longue, le 27 septembre
1811.
Gaultier aîné a laissé sur son exil, depuis le 6 juin 1791 jus-
qu'au 6 mai 1801, un journal extrêmement détaillé et fort inté-
ressant de ses voyages à travers la France, l'Espagne, l'Italie et
(t) Il voyait beaucoup les familles nobles de Longue et des environs.
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— 227 —
r Autriche. Le manuscrit appartient à Fun de ses neveux, M. Ga-
briel Rogeron, d'Angers, qui a bien voulu nous le communiquer.
F. UZUREAU,
Directeur de VAnîou historique.
Lundi 6 juin 1791.
« Nous sommes partis de La Rochelle à trois heures du matin,
dans deux voitures attelées de chevaux particuliers et menés par
gens de connaissance. Arrivés au Rocher, nous y avons pris la
poste et sonmies repartis tout de suite. En passant à Rocheforl,
nous avons changé de chevaux sans descendre die voilure. En
passant à Saint-Porchaire, nous y avons aperçu par les portières
M. Tabbé Chasseriau, qui nous a reconnus, à ce qu'il m*a semblé.
Nous sommes passés à Saintes par les derrières sans nous y
arrêter, et à Pons où nous avons vu un instant M. l'abbé de Saint-
Pierre, homme respectable, que je ne connaissais pas aupara-
vant. La ville de Pons est fort longue et mal pavée ; il paraît
(ju'cUe est habitée par un certain nombre de gens comme il faut ;
sa situation est dans un territoire fertile. Pou après la ville on
trouve le château de Plassac, qui est considérable et bien bâti,
à environ trois ou quatre portées de fusil de la grande route à
gauche ; il nous a semblé que les dehors en sont très beaux et
bien soignés ; il y a de superbes bosquets au bout desquels se
trouve un grand bois-futaie, qui est sans doute percé agréable-
ment ; ce château appartient à M. de Montazet.
De Pons à Mirambeau, petite ville de Saintonge, le pays est
charmant ; on trouve surtout des vallons ornés de petites prai-
ries coupées par des ruisseaux qui varient la scène à chaque ins-
tant et plaisent infiniment aux voyageurs. Mirambeau a des envi-
rons agréables, et on m'a assuré que c'était la partie la plus fer-
tile de la Saintonge ; mais la ville est petite, mal pavée et assez
laide. Ce fut à environ une lieue par delà que nous rencontrâmes
trois voitures dans chacune desquelles étaient deux ecclésias-
tiques, avec une escorte de vingt à vingt-quatre gardes nationaux
montés à cheval, ayant l'épée nue à la main. C'étaient les sieurs
Robinet et Métadier, évoques intrus de Saintes et de Saint-Mai-
xent, avec leur clergé schismatique. Ces messieurs, dont les che-
vaux étaient fatigués, s'arrêtèrent à notre rencontre, et décidèrent
d'un ton fort impérieux l'échange de leurs chevaux avec les nô-
tres, qui étaient frais, ce à quoi nous nous gardâmes d'opposer
la moindre contradiction. On ne tarda pas effectivement à dételer
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— 228 —
les chevaux, ce qui entratna une opération de plus d'une derai-
lieure. Le temps nous dura beaucoup, tant nous avions peur
d'être reconnus pour qui nous étions, car chacun de nous était
déguisé en laïc à sa manière. Pendant ce temps, nous étions dans
nos voitures et voyions les gardes nationaux et autres rôder au-
tour de nous et lancer des regards de curiosité. Pour empêcher
et éloigner tout soupçon, je pris le parti de descendre de voiture
et d'aller causer avec l'intrus de Saint-Maixent et un ecclésias-
tique qui me parut être un de ses grands vicaires ; ils venaient
aussi dre mettre pied à terre. Nous nous entretînmes de choses as-
sez vagues, au milieu desquelles je leur laissai entrevoir que nous
nous portions avec plaisir à les obliger en changeant nos che-
vaux pour les leurs. Sur ces entrefaites, l'intrus de Saint-Maixent
parlant aux gardes nationaux des assemblées primaires qui al-
laient avoir lieu, sous peu de jours, pour choisir dans le dépar-
tement les députés à la seconde législature, leur adressa les pa-
roles suivantes prononcées avec feu et frénésie : « Surtout, mes-
sieurs, que les députés à la nouvelle législation soient de votre
faciende, remuez ciel et terre, et faites l'impossible pour réussir
à cause des mécontents. » Ces expressions allaient fort bien avec
son air hagard et de mauvais sujet ; il venait d'être sacré la veille
à Bordeaux et regardait continuellement sa croix pectorale qu'il
caressait avec sa main, et il n'était pas difficile de reconnaître
qu'il n'était pas fait pour porter cette décoration. Quant à Robi-
net, intrus de Saintes, il resta dans sa voiture, où il avait l'air
d'un gros cochon gras. Ces messieurs dirent que leur projet était
de se rendre à Saintes sans s'arrêter (il était dans ce moment sept
heures et demie du soir). Les chevaux échangés, nous nous sa-
luâmes réciproquement, et nous les quittâmes sans regret et très
contents d'échapper à leurs griffes. Pendant toute cette scène,
Mjyr l'évêque de La Rochelle était à demi mort de peur, ce que je
reconnus à sa voix entrecoupée, lorsqu'il voulut articuler deux
ou trois paroles »
Mardi U iuin 1791 (En Espagne),
<( M. TEvêque, M. de La Richardière et le domestique de M.
TEvêque couchèrent dans la même chambre. Quant à M. d'Ay-
roles et moi, on nous mit dans un appartement voisin séparé seu-
lement de l'autre par une cloison de bois. Ce fut là que la fortune
me fournit abondante matière à rire. Lorsque nous nous reti-
râmes pour nous coucher, nous trouvâmes deux filles de maison,
qui, dans leur langage inconnu, nous adressèrent plusieurs
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— 229 —
phrases d'un ton fort gai, accompagnées de gestes et de signes
de belle humeur, et autant que nous pûmes le comprendre, ces
demoiselles avaient Tair de ne vouloir nous quitter que le lende-
main matin. J'examinai la chose de plus près pour voir si je ne
me trompais point, et le résultat de mes observations fut de rester
convaincu que ma première idée était fondée. 11 me vint alors à
la pensée de m'amuser aux dépens de mon compagnon, et pour
mettre tous les frais de la scène sur son compte et voir surtout
comment il allait s'en tirer, je recueillis tout l'air sérieux dont je
pouvais être susceptible dans un moment aussi comique, et me
jetai tout habillé sur mon grabat où je fis semblant de m'endor-
mir, mais dans une situation telle que j'étais à portée de voir
tout ce qui allait se passer. Voilà donc que les deux donzelles me
laissèrent là avec ma mine renfrognée et reportèrent toutes leurs
politesses à mon compagnon, qui ne savait trop que dire et que
faire. Moi d'étouffer, tant je m'efforçais de retenir des éclats de
voix qui n'auraient pas manqué de ramener vers moi une partie
des attentions de ces demoiselles. Bref, le cher abbé fut engagé,
pressé et presque tiraillé de toutes les manières, et resta insen-
sible ou parut l'être jusqu'au bout aux charmes séduisants de ce
beau couple ! Mais ce n'était pas tout ; il fallait que ces demoi-
selles sortissent de l'appartement, et ce ne fut pas l'instant le
moins plaisant : l'abbé ne pouvant se faire comprendre par ses
paroles prit le parti d'employer un moyen qui ne me parut pas
galant. Il s'arma de chaque main d'un mouchoir et d'une ser-
viette, et fît le geste de leur en donner par la figure à tour de bras
et les conduisit ainsi jusqu'à la porte vers laquelle elles tendaient
à reculons. Cet expédient lui réussit fort bien, et après les plus
belles manoeuvres de sa part et les preuves d'un grand tacti-
cien, elles se décidèrent à abandonner un ingrat qui, pendant
près d'un quart d'heure venait d'opposer constamment de la
cruauté à la sensibilité la plus marquée ! Il était temps que cela
finit, sans cela je serais immanquablement étouffé, tant mon état
fut celui de la contrainte. Je ne manquai pas la minute d'après
de complimenter mon héros, qui m'avait cm dormant, et de le
féliciter sur l'incomparable victoire qu'il venait de remporter, et
dans le vrai je trouvai qu'il sortit avec tous les honneurs de la
guerre de ce pas difficile et important ; il ne lui manqua réelle-
ment que d'avoir crié ! Les choses ne se passèrent pourtant point
tellement en chut-chut que M. l'Evêque n'entendtt je ne sais
quel bruit. Il nous fit des questions le lendemain matin, et moi
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— 230 —
qui grillais de tout dire, je ne me fis pas prier pour l'édifier par
une narration exacte de la vertu à toute épreuve d'un ecclésias-
tique qui lui esl cher ! A notre lever le lendemain, nous trou-
vâmes qu'il avait tombé do la neige pendant la nuit. »
III
Le général Théophile-Charles de Bremond d'Ars
(1787-1875)
D'après ses Souvenirt militaires, publiés et annotés par son fils, le comte
Anatole de Bremond d'Ars (Paris, librairie Champion, in-8* de CCGXIV-
350 pages).
La bousculade de la vie est aujourd'hui si violente que beaucoup
de nos compatriotes, je le crains, ont déjà oublié ou se laissent
ignorer l'homme de valeur et dje vertu, dont un décret tout récent
vient de donner le nom glorieux à notre caserne d'infanterie de
marine. Il y a moins de trente années cependant qu'il est mort en
cet hôtel de la rue de la Vieille-Prison, où il était né ; et plus
d'un, qui l'a connu jeune encore de cœur et toujours agissant
malgré son grand âge, aurait pu, mieux que moi, évoquer cette
noble figure de gentilhomme et de soldat, par quehiues-uns de
ces traits naïfs et qui peignent, la faire passer vivante sous les
yeux des générations nouvelles.
C'est à travers les feuillets d'un livre que je cherche, moi, son
image et quelque idée de sa vie, pour les hommes de mon Age
déjà lointaine, déjà entrée dans l'histoire. Songez qu'elle nous
reporte par ses débuts à Louis XVI, à la Révolution, aux cachols
de la Terreur, qu'elle fleurit au soleil d'Auslerlilz, qu'elle a connu
les grands frissons de 1815, de 1830 et de 1848 !
Il est vrai que ce livre est écrit un peu par lui-môme, beaucoup
par son fiLs. Et ce fils est un vieillard aussi, mais d'une fraîcheur
de mémoire et de tendresse toute juvénile, qui, à l'heure où
l'homme se recueille et sent mieux le prix des chers souvenirs
qu'il porte en lui, a voulu consigner pour ses petits-enfants quel-
que chose du passé des siens. Il a donc écrit cette biographie en
trois cents pages avec le laisser-aller charmant d'une causerie à
la Joinville, puisant dans le trésor de ses archives maintes lettres
exquises de son aïeul, de son père, de sa grand-mère, de ses
tantes et dans les plis mêmes de son esprit et de son cœur
maintes traditions orales pieusement gardées... Il ne me convient
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- 231 —
pas de faire ici de -lui d'autre éloge. Je dirai seulement que si Ton
comprend le sentiment de délicatesse qui Ta fait s'eftacer au
second plan et ne donner ses propres souvenirs que comme une
introduction à YHisiorique du 21* régiment de chasseurs écrit
par son père, ils sont pour nous d'une autre valeur littéraire,
morale, historique même, que les brèves et un peu sèches notes
militaires du général. J'ajoute un mot dans lequel il sera presque
aussi juste de voir un regret flatteur qu'une critique : c'est que
la correspondance de sa famille est si pleine de traits d'une inti-
mité délicieuse de braves gens d'autrefois et de témoignages
utiles à recevoir sur les événements, locaux ou nationaux du
siècle, que je ne sais si je n'aurais pas mieux aimé — pourvu
que le commentaire personnel y fût toujours — une publication
méthodique et presque complète de celte correspondance. Mais
tout vient à point, sans doute, pour qui sait attendre.
Pour aujourd'hui, M. Anatole de Bremond d'Ars a cueilli scu
lement et égrené les lettres qui se rapportaient à son père. A mon
tour, je voudrais y prendre de quoi donner un aperçu de cette
fière et droite existence.
Théophile-Charles de Bremond d'Ars naît à Saintes, le 24 no-
vembre 1787. Rien que d'heureux présages autour de son ber-
ceau. Sa famille vient de se réconcilier avec un oncle, célibataire
et à héritage, Jean-Louis de Bremond d'Ars, chevalier du Fouil-
loux, autrefois de Dompierre ; l'enfant, en gage d'affection, est
nommé le chevalier de Dompierre ; et, en souvenir d'un parent
qui porta ce nom, servit dans la marine du roi, fut blessé à
Malaga, en 1704, et mourut à Rocheforl, âgé de 26 ans, on le
destine à Malte, « l'école par excellence alors pour former des
marins ».
Sa mère est Elisabeth de La Taste, d'une vieille famille de ma-
gistrature établie en Saintonge depuis le XVI* siècle. Son père
«•st Pierre de Bremond d'Ars, qui jouit de par l'illustration de son
nom et ses talents personnels d'une considération telle que l'as-
semblée de la noblesse de la Saintonge va le députer deux ans
après pour la représenter aux Etats Généraux de 1789. A cette
date une fièvre généreuse l'anime comme tant d'autres.
« Te dirai-je, écrivait-il un jour à son fils, toutes les illusions
qu'enfanta mon ardente imagination au temps où la France s'ap-
prêtait à marcher dans une carrière nouvelle ?... Pendant plus
de dix ans je ne rêvai qu'au bonheur de la patrie: cette idée pou-
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— 232 -"
vail n'être pas chimérique. Un moment, je la crus réalisée, lors-
que le vertueux Louis XVI appela, pour travailler à la restau-
ration de la cliose publique, le peuple qu'on égarait depuis six
mois. Uien ne saurait rendre le délire où me jeta la pensée que
les Etats Généraux, éclairés par la philosophie et Texpérience
des siècles passés, allaient ramener Tâge d'or en France. Ne
jugeant des hommes que par moi, supposant à tous plus de pen-
chant au bien qu'au mal, je m'effrayais peu de la corruption
générale ; j'espérais qu'elle se viendrait briser contre les bar-
rières de la religion et de la morale, raffermies par la nation et
appuyées ù l'édifice du bonheur public. » — On voit déjà par ce
simple extrait, soit dit en passant, que la plume de Pierre de Bre-
mond d'Ars a de l'allure.
Hélas, tout cela n'était bien qu'illusions ! « En récompense de
ma fidélité à mes devoirs et à mes principes, mon siècle ne me
donna que la proscription, la spoliation, l'indifférence et l'ou-
bli. »
En effet, la tourmente a vite fait d'écraser tout le bonheur nais-
sant de la jeune couvée. Le père est contraint à l'exil. La mère,
restée à Saintes, est enfermée, en mars 1793, avec d'autres per-
sonnes suspectes, dans l'ancien couvent de Notre-Dame ; par
faveur on lui laisse son fils Jules, âgé de trois ans, et son dernier
né qu'elle allaite, et qui va mourir en prison. En prison les
tantes, les oncles — ainsi l'a voulu le citoyen Bernard — tous
les parents des émigrés au-dessus de quatorze ans ! Une sœur
aînée die M™* de Bremond. M"* Gillis, qui a une maison à Ma-
renues, échappe pourtant à l'incarcération ; c'est elle qui enunène
deux de ses neveux, Josias et Théophile, et va suppléer leur
mère pendant sa captivité. Inoubliables en l'âme des petits, ces
impressions d'angoisse et de larmes : la douleur et l'effroi de
la famille en apprenant la mort du Roi, la maison fermée par
crainte de la foule qui court les rues en chantant la Marseillaise
et hurlant la mort sous les fenêtres des ci-devant ; l'arrivée des
commissaires s'emparanl de la maison, dressant l'inventaire du
mobilier, arrêtant les pauvres femmes en pleurs... Puis ce furent
les récits des soirs de terreur, les nouvelles de tous côtés sinis-
tres, les biens confisqués, tous les honnêtes gens en prison, un
Rremond massacré, malgré ses 70 ans, par la populace de
Saumur...
Lorsque, à la mort de Robespierre, les prisons commencèrent
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- 233 —
à se rouvrir, et qu'après vingt-deux mois, en janvier 1795, M"^ de
Bremond, sa sceur M"^ de Maurville, et sa belle-sœur la chanoi-
nesse Sophie, eurent liberté de rentrer dans leur maison, que de
ruines sur leur horizon I Vendu Dompierre, vendu le Fouilloux,
vendues les terres, les marais salants ; enlevés de Thôtel tous les
meubles de quelque valeur, enlevés les livres de la bibliothèque,
et jusqu'aux cadres des vieux portraits que Ion a dédaigné d'em-
porter î II ne reste pour vivre et élever trois enfants que le petit
domaine de Montplaisir... Et le chef de la famille est au loin,
errant à travers des péripéties qui méritent de nous être contées,
de Maêstricht et de Liège à Nimègue et Rotterdam, puis à Ham-
bourg, où il se fait professeur de latin et de mathématiques, où,
grâce à un petit commerce qu'il a monté avec quelques amis, il
vient en aide à des émigrés plus pauvres encore que lui-même,
les aide à faire argent des derniers bijoux et dentelles qui leur
restent. Sa fenmie, en 1797, voudrait le rejoindre, et de Ham-
bourg aller avec lui s'établir en Amérique ; mais on espère tou-
jours en des temps meilleurs ; lui-môme veut qu'on patiente. En
attendant, il faut encore que cinq années durant, la pauvre mère
vive dans la solitude, la gêne et l'angoisse, ne pouvant corres-
pondre avec son mari qu'au moyen de mille tours et subterfuges
et en variant sans cesse les pseudonymes de convention, cachant
aux trois enfants qui la pressent de questions pourquoi leur père
tarde tant à revenir de Paris et de l'Assemblée nationale, portant
à elle seule la charge de diriger leur éducation qui est maintenant
sa principale raison de vivre.
Elle a heureusement l'aide et le dévouement d'un précepteur,
l'abbé Montillet, mort curé de Courcoury, en 1812 ; elle leur
a en outre « procuré tous les maîtres de la ville, maîtres de
mathématiques, de musique, de dessin. Les jours s'écoulent en
un ordre de leçons, de lectures, de récréations naïves dans la
grande cour aux oiseaux et aux pigeons dont une de ses lettres
nous donne l'esquisse. Et le petit Théophile, au milieu de ces
travaux et de ces jeux, révèle déjà, avec son peu d'entrain pour
la vie sédentaire et les études abstraites, l'humeur vive, presque
brusque, et la bonté de cœur foncière qui devaient être les domi-
nantes de cette physionomie de soldat.
« Théophile, écrit sa tante, en 1797, est un gros brun, un peu
brusque et boudeur, mais il rachète ce défaut par un excellent
cœur et beaucoup plus d'application que son aîné ; il aura, je
crois, un caractère très décidé et il a des idées très justes. Il pos-
17
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— 234 —
sède la plus jolie voix qu'un enfant puisse avoir à son âae : et il
sait déjà plus de musique que je n'en ai jamais su ».
Enfin, en 1800, après maintes démarches pour obtenir sa ra-
diation de la liste des émigrés et la levée du séquestre qui frappe
encore les débris de sa fortune, le comte Pierre de Bremond a pu
rciilrer en France, et, dans le l*aris du Consulat tout enfiévré de
plaisir et de fêtes, étreindre sa femme et son aîné Josias, accou-
rus au-devant de lui. Pour beaucoup, pour la nation, l'aube se
lève de jours plus heureux. Mais lui a senti brisée sa vie publi-
que : il n'essaie pas de la refaire ; il rentre dans l'intimité de son
foyer, il se fait le professeur de ses fils... Et voici comme un
geste prophétique du destin. En 1802, il dédie en latin à Théo-
phile, tenaci l'iliOy un livre de sa bibliothèque qu'il a choisi sans
doute conforme aux goûts de l'adolescent : La vie de Bayard, le
chevalier sans peur et sans reproche.
De fait, il y a dans le passé de celle antique maison trop die
souvenirs militaires brillant-s, pour que le bruit des tambours de
Napoléon ne les réveille ; trop de troupes aussi qui passent, d'of-
ficiers qui logent dans la chambre du troisième, précisément la
salle d'études, trop de bulletins de vicloires, qui font tressaillir
la ville, pour que de jeunes têles de gentilshommes ne rêvent
d'aller par le vasle monde cueillir leur part de lauriers. Il appa-
raît que le jeune Théophile, ienax (ilius, manifeste une volonté
si arrêtée d'être soldat que les parents cédèrent : après tout, et
quoique au jour de l'exécution du duc d'Enghien, les soldats
aient semblé « érigés en bourreaux », porter les armes est en-
core à cette date la plus digne manière pour un Bremond de ser-
vir son pays. Il fallait donc s'engager ; après trois mois, un
jeune homme, « bien né et qui avait du goût pour le service »,
parvenait à être maréchal des logis ; dès lors il était dispensé de
coucher avec un camarade et de panser son cheval, 11 pouvait
avoir un habit propre et la permission do gnrder ses chemises :
« voilà de grandes faveurs ». Mais pour se les assurer plus vite,
il était important de choisir un régiment bien tenu, qu'un volon-
taire de seize ans trouvât de bons camarades, un colonel et des
officiers bienveillants. On s'occupa de les chercher ; et comme,
après maintes démarches auprès des amis de Paris, on pensait
les avoir trouvés, et que le jeune homme, muni de toutes sortes
de lettres de recommandations, allait, sous les auspices du fils de
La Fayette, être incorporé dans un régiment de cuirassiers en
garnison à Saint-Germain-en-Laye, voici que de toutes parts lui
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— 235 —
vint le conseil d'entrer plutôt à l'Ecole de Fontainebleau, que ve-
nait de fonder, en 1802, Bonaparte : c'était le moyen de devenir
militaire sans abandonner ses éludes, et en en faisant au con-
traire de spéciales ; on sortait avec l'épaulettc, et par là bien des
choses pénibles et bien des dangers étaient épargnés à la jeu-
nesse.
Mais il fallait un examen ; mais il y avait des frais de trous-
seau et une pension de 1.200 francs à payer ; enfin, quelle chance
avait un gentilhomme d'ancien régime, fils d*émigré, d'être admis
dans une école où Ton voyait surtout entrer des fils de généraux,
de fonctionnaires ou — de ralliés ?
Le bon abbé de Luchet, l'ancien grand vicaire de Saintes,
chez qui le cuirassier futur fit escale à Orléans, emporta les
dernières résistances. Précisément son voisin, M. de Bizemont,
so félicitait beaucoup d'avoir fait passer par Fontainebleau son
fils ; il y avait dans la ville même une excellente école prépara-
toire : le jeune homme y entra comme pensionnaire, travailla
h force l'algèbre et la géométrie — sans négliger son violon —
pendant qu'à travers celle société bigarrée de l'Empire on trou-
vait, avec un peu de tact, toute une chaîne d'amitiés et de rela-
tions qui pouvaient de royalistes et d'anciens proscrits arriver
jusqu'au comle de Ségur, grand-maîlrq de cérémonies, alors en
grande faveur à la cour impériale, et jusqu'aux bureaux de la
liuerre... Si bien que le 10 pluviôse an XIII (1805), une lettre
officielle signée du maréchal Bcrlhier, ministre de la guerre,
informait le jeune homme (jue, sauf à subir l'examen d'entrée,
il était admis par décision de l'Empereur « à l'Ecole Spéciale
Impériale militaire de Fontainebleau, en qualité d'Elève pen-
sionnaire ».
Voilà donc que, sous la conduite du vénéré ami de Luchet,
le jeune soldat avance jusqu'à Paris, où on le promène, où on
lui fait fête... « Je n'ai jamais vu plus agréable écolier que
monsieur voire fils, écrit à son père l'aimable comtesse de
Tessé ; ses yeux brillent du plus beau feu de la jeimesse et de la
plus aimable gaîté : son sourire est celui de la bonté et du
bonheur, son ensemble est charmant. Il m'a promis de dîner
chez moi en débarquant de l'Ecole militaire ; je jouis d'avance
de ses récits sur la vie des trappistes de Fontainebleau ».
Pour aborder cette vie, et celle plus virile et plus libre encore
qui la suivrait, Théophile de Bremond avait été muni, au départ
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— 236 —
(le Saintes, d^un viatique singulièrement fort, qui se trouve être
un document moral de premier ordre sur Tespril, les vertus, les
tendresses de ces vieilles familles de province, qui furent long-
temps rhonneur et la force de la France. C'est un écrit de cinq
à six cents lignes, où, suivant l'exemple que lui avait donné son
propre père, Pierre die Brémond, à la veille de se séparer de
son fils, lui avait, sous forme de conseils pénétrés d'émotion et
de larmes, tracé comme un bréviaire admirable de tous ses de-
voirs futurs, en le priant de le relire « au moins deux fois
chaque année, à Noél et le 24 juin ». El le fils garda pieuse-
ment cet écrit sur lui toute sa vie : quand il mourut, vieillard
chargé d'ans, et qui depuis longtemps n'en avait plus besoin,
on n'eut qu'à ouvrir le portefeuille placé sur son cœur : le mé-
morandum rédigé 72 ans avant était toujours là, testament sacré
d'un père, plus que cela, testament, à durer des siècles, d'une
race saine, forte, généreuse...
Il faudrait reproduire tout au long ces belles pages ; on a
pudeur de les résumer. Je me contenterai de dire que ce qui
m'enclianle, c'est l'équilibre heureux d'un sens pratique, hum-
blement appliqué aux petites choses, et d'un fier idéalisme, qui
remet entre les mains de Dieu tout l'avenir ; le mélange harmo-
nieux d'une austérité qui avertit l'adolescent de ses défauts, lui
rappelle ses fautes, et d'iine douceur qui réchauffe et caresse.
Mens sana in corpore sano. Chaque famille a son tempéra-
ment, ses délicatesses, ses maladies. Les Brémond jouissent en
général d'une bonne constitution, « et il est commun dans notre
famille de porter la vie très loin ». Mais on y craint le froid :
que le petit soldat porte donc gilet de laine, bas de laine, et qu'il
ait toujours les pieds chauds. Leur estomac répugne aux acides :
qu'il se garde donc des épiccs, des mets salés, des liqueurs :
« L'eau-de-vie est un poison qui tue plus d'hommes que l'épée... »
Qu'il ménage aussi son sommeil : « Il nous faut à tous sept
heures de lit au moins. Quoique grand matinier, j'y reste
ce temps-là ». D'une façon générale, le grand remède, c'est la
sobriété, la tempérance : « Moderate sumplo ».
Qu'il soit économe et rangé, écrivant chaque soir sa dépense,
s»* rappelant que « l'argent ne s'acquiert qu'à force de soins,
de travail et de sueur, et qu'il n'est point d'ami qu'on doive
choyer comme sa bourse, parce que dans la nécessité où l'on
peut se trouver, il n'en est point de plus secourable et de plus
utile ». D'ailleurs, il est pauvre, il sait bien que ses parents ont
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— 237 —
peine à vivre, et que sans l'aide de la tante Gillis, ils ne pou-
raient pas tenir leurs engagements. « Si vous aggraviez nos
privations, vous seriez un ingrat, et cette idée me tuerait de
douleur ». Qu'il tienne donc ferme contre ceux qui s'étonneront
de sa vie modeste et frugale, piqueront sa vanité, et voudront
l'entraîner. « Témoignez-leur votre regret de ne pouvoir faire
comme eux ; dites-leur en l'honorable raison, et ils en conce-
vront plus d'estime pour vous, sans vous presser plus long-
temps : n'oubliez pas enfin que, durant mon long exil, j'ai mangé
bien souvent avec des ouvriers, des gens du peuple, dans les
lieux les plus dégoûtants, à six sous par repas, pour n'être à
charge à personne et soulager les facultés de votre bonne
mère ».
Qu'il n'hésite pas cependant à rendre service à l'indigent :
« N'épargnez rien pour tirer de la peine, à prix d'argent, l'homme
malheureux pour être embarrassé dans une affaire où ne l'aura
pas jeté son dérangement ».
Complets et parfaits, les conseils sur les obligations d'égard et
de gratitude pour les proches, l'oncle, les tantes, sur le travail,
les études, — « Vous savez que, malgré la perte de notre fortune,
aucun maître de sciences agréables ou utiles ne vous a man-
qué », — sur les lectures à faire, l'histoire, la musique, et sur
les devoirs spéciaux de son nouvel état.
Qu'il surveille et combatte « son humeur brusque, son pen-
chant à blâmer, la sécheresse de son ton » qui, de ses cama-
rades, ne lui attireraient que haine, affaires fâcheuses pour son
repos et pour sa vie, peut-être. « Votre caractère violent, et qui
supporte difficilement la plus légère plaisanterie, vous doit ser-
vir de leçon pratique pour vous faire une loi de ne jamais plai-
santer personne ».
Il insite sur les amitiés à rechercher ou à fuir : en général,
c'est la bonne compagnie qu'il faut surtout fréquenter. Non que
c( les plus polis soient les plus gens de bien », — écoutez ce
moraliste sans morgue, qui a pris quelque chose de leur finesse
à La Rochefoucauld et à Montaigne — « mais enfin leur
extérieur est au moins un hommage qu'ils rendent à la vertu
La naissance, trop souvent, ne fait rien aux sentiments, mais
l'amour-propre oblige les personnes bien nées à ne pas paraître
indignes des principes qu'elles ont reçus, et la vanité les force
à déguiser leurs vices Autrement, un homme obscur, mais
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— 238 —
bien élevé, et digne d'estime, est mille fois au-dessus du noble
grossier, ignorant et vicieux ».
La vertu la plus précieuse du jeune homme, et la plus mcna<
cée dians le monde, surtout dans le monde libertin où le futur
olTicier est appelé à vivre, c'est la chasteté. Quels sophismes et
quels artifices ne mettra-t-on pas en j«'u pour IVnlraîner ? Le
père, prudemment avertit, ci avec toute son autorité su|)plie.
Discrètemenl, il parle d'un ])rojet mystérieux, qui l'occupe sans
cesse ainsi que la mère, « el .qui cesserait d'être exécutable, si
l'on pouvait soupçonner que votre santé et vos muurs auraient
souffert quelque atteinte Je ne puis m'expliquer plus ouver-
tement, mais confiez-vous du soin de votre bonheur à notre iné-
puisable tendresse pour \ous, et soyez ehnsle, mon fils, pour
cire agréable à Dieu, et digne de perpétuer un jour la race des
gens de bien dont vous avez reçu la vie ».
Sans la dévotion étroite — le père ne demande pas plus que
l'Eglise : la prière malin et soir, la messe le dimanche, et la
communion le jour de PAques — le nom de Dieu plane sur toutes
ces recommandations. Pour ce .chrétien de vieille el pure roche,
I)ieu est le maître juste et bon à (jui il faut en toute circons-
tance, en toute entreprise, en tout malheur, se soumettre avec
confiance. « Ce n'est pas la longueur d<es prières qui lui plaît »,
mais l'hommage d'un cœur qui cherche toujours a connaître
sa volonté, el puis joyeusement s'y abandonne.
Ainsi se déroulent ces exhortations, faites pour prendre l'a-
dolescent par toutes ses puissances de raison et de sensibilité
à la fois, au nom de la loi divine, du devoir, de la conscience,
avec un rappel du nom sans tache, des exemples de la famille, et
une adjuration partie du cœur : « Depuis votre naissance, mon
cher Fils, ma tendresse ne vous a perdu de vue un seul instant :
présent, absent, j'étais à vos côtés ; dans vos jeux, dans vos
peines, votre père était de moitié Ce cœur dont vous n'avez
peut-être pas toujours connu la tendresse et le prix, veille sur
vous quoique absent, et veut votre bonheur aux dépens du sien
propre... » Ah 1 les braves gens !
Des conseils, donnés à la fois de si haut el de si près, furent
scrupuleusement suivis par Théophile de Brèmond, qui se plia
avec zèle au régime assez dur de l'Ecole, et régulièrement tous
les huit jours écrivit aux siens pour raconter sa vie, les marches
forcées à travers la forêt de Fontainebleau, les revues passées
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— 239 —
par Louis Bonaparte, le futur roi de Hollande, alors gouverneur
de l'Ecole, les visites de l'Empereur, les manœuvres exécutées
sous ses yeux, les galons de caporal conquis après treize mois,
et après dix-huit, l'allégresse de la promotion au grade de sous-
lioulenant, et le départ pour la Grande Armée (octobre 1806) !
A Saintes, on se saigna encore un peu plus pour fournir au nou-
vel oiïîcier du 21* chasseurs à cheval, qui n'avait que 107 francs
de traitement par mois, l'argent nécessaire à son équipement.
Un manteau lui coûta cent écus, un cheval vingt-trois louis ;
encore trouva-t-il moyen pendant le court stage qu'il fît à Colmar
de prendre un maître de musique, un professeur d'allemand, et
d'aller dans la société, en attendant de rejoindre ses camarades
et son colonel, le colonel Berruycr, au delà de Varsovie.
Il ne tarda guère. Le 21* chasseurs, qui était un des corps
d'avant-garde de la Grande-Armée venait de prendre une pari
brillante aux campagnes de Prusse et de Pologne ; il avait con-
couru à la victoire d'Iéna et à l'occupation de Berlin, au combat
de Praga et à la prise de Varsovie. Dès le commencement de
1807, le jeune sous-lieutenant venait prendre sa place au feu, en
amenant de Colmar un détachement de cinquante recrues pié-
montaises.
Dès lors, et pendant sept ans, sa vie se mêle avec celle de son
régiment, s'y môle, ou plutôt s'y efface et s'y perd.
Lorsque, en effet, ce régiment dont il avait partagé la fortune
sur tant de champs de bataille de Pologne, d'Espagne, de Por-
tugal et de France, eût disparu, fusionné en 1814 avec les 5*
et 6* die la même arme, dénommés chasseurs du duc de Berry
et duc d'Angoulôme, Théophile de Bremond d'Ars, aux jours
où il fut de loisir, résolut d'en conserver le souvenir et d'écrire
l'histoire. Il eut pour confident et un peu pour collaborateur,
pour copiste au moins, son fils Anatole, alors étudiant à Poi-
tiers, à qui il remit le manuscrit quelques jours avant sa mort,
en le chargeant de le faire imprimer. C'est donc lui-même qui,
pour ces années guerrières de 1807 à 1814, tient la plume, et
je l'ai dit, il la tient moins bien.
Il a suivi pourtant les prescriptions que, tout de suite après
son entrée en campagne lui adressait son père, d'écrire chaque
soir pour les siens « un petit journal, par quoi se trouverait
faite un jour sans peine une petite histoire de sa vie d'un grand
charme pour lui-même, d'un grand intérêt pour ses descen-
dants. » Mais, l'heure venue d'écrire le livre, il ne s'est pas servi
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— 240 —
de ces notes si précieuses, et dans YHistoire du 2V chasseurs^ telle
qu'il Ta rédigée d'après les documents officiels, ce qu'on voit le
moins, c'est lui-même : et je m'en plains, puisque c'est lui surtout
qui m'intéresse. Par quelle discrétion excessive a-t-il, en écrivant,
chassé tous ses souvenirs, ses impressions personnelles, et pris
le parti de ne dire jamais « J'étais là, telle chose m'advint », à
ce point que nous ignorerions sans son commentateur ses propres
gestes et jusqu'à ses blessures ? Où est la verve pittoresque et
l'abondance de cœur de Marbot ? D'ailleurs ces marches et con-
tremarches d'un régiment, même les batailles et les victoires
auxquelles il participe, paraissent monotones, contées avec une
brièveté aussi militaire ; et puis enfin, il faut dire ici que cela
n'a rien de saintongeais.
L'éditeur, heureusement, a senti que ce laconisme était un
péché contre nous, et il a festonné chaque chapitre d'extraits de
la correspondance qui s'échangeait entre le 21* chasseurs et
Saintes. Correspondance qu'on devine d'un côté rapide, pleine
d'entrain, d'espérance, de rêves de gloire ; de l'autre, du côté du
père, cle la mère, de l'oncle et des tantes, toute palpitante d'an-
goisses, toute pressante de tendres conseils, sans jamais rien de
déprimant ni qui puisse faire faiblir le courage de l'enfant.
Par là, nous savons la chevauchée du jeune sous-lieutenant
avec ses Piémontais à travers l'Allemagne, la visite du champ
de bataille de Pultusk, encore rempli de cadavres et de chevaux
morts, le campement dans un pays misérable, à trois quarts de
lieue de l'ennemi, et, très vite, le baptême du feu au combat de
Broki. « L'artillerie russe, écrit-il le soir même de la journée,
a tiré sur nous depuis dix heures du matin jusqu'à trois heures
du soir, un boulet a passé entre les jambes de mon cheval qui
en a été quitte pour la peur et s'est abattu ; un autre a passé à un
diemi-pied de moi. » Avant le traité de Tilsitt, qui fut signé dix
jours après, l'intrépide officier de vingt ans avait eu le temps
de se signaler encore dans une affaire d'avant-garde contre les
Cosaques, et de recevoir au côté droit un coup de lance, dont il
omit naturellement d'envoyer la nouvelle en Saintonge. Elle y
parvint quand môme par une lettre du général Delaage à un de
ses parents qui habitait Saintes : « Il fait, lui écrivait son frère
Jules, les plus grands éloges de la manière dont tu te com-
portes, et il te prédit le plus bel avenir, se faisant un honneur —
déclare-t-il — d'être ton patron aux débuts de ta carrière si bien
commencée. Ton exemple électrise tous tes amis : Casimir de
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- 241 —
Monlalembert, Amable d'Abzac, Louis de Lagarde, etc., se pré-
parent pour Técolc de Fontainebleau ;... et moi, en attendant
mon tour, je vis à l'ombre de vos lauriers ».
Treize mois de paix : des allées et venues continuelles, des
séjours à Berlin, à Breslau, à Ratibor, à Kochern, dans le châ-
teau d'une fort honnête famille où l'on parle parfaitement fran-
çais, où les dames, excellentes musiciennes, accompagnent de
leur piano le violon du sous-lieutenant ; — « Tu vois maintenant,
écrit la maman, que j'avais raison de te conseiller les arts d'a-
grément. Il y a mille occasions dans la vie où ils sont fort utiles.
Ton papa dit en riant qu'il te faut, patf* ta bonne conduite et les
sons mélodieux de vos concerts, charmer quelque riche et jolie
Silésienne ! » — Visite de Dresde, de Leipsick, où il entend
un excellent concert, de Hesse-Cassel, où il va voir jouer en
français la Folle épreuve, de Francfort et de Mayence, presque
partout l'accueil le plus cordial, « souper excellent, vins du
Rhin, bon lit », et parfois, le fils remettant ses pas dans les pas
de l'ancien émigré, le souvenir de son père retrouvé dans la
mémoire S3nfnpathique de quelques gens de cœur !
Mais déjà le bruit court que la guerre d'Espagne tourne mal,
que Dupont a été forcé de capituler à Baylen, et que l'Empe-
reur, pour arrêter les progrès de l'ennemi qui a forcé le roi
Joseph à rebrousser chemin jusqu'à la frontière, va faire avan-
cer dans cette fournaise dévorante une partie des troupes d'Alle-
magne et de celles d'Italie, a Que nous plaignons donc, écrit
M"** de Bremond, ceux dont les enfants sont chez ces malheureux
Espagnols exaspérés par l'invasion ! On les dit impitoyables
dans leurs vengeances. Dieu veuille nous épargner le chagrin
de te voir un jour au milieu de cette atroce mêlée ! »
Onze jours après que ces lignes étaient écrites, le 21* chas-
seurs se mettait en marche vers l'Espagne. On eut l'amère conso-
lation d'embrasser le cher enfant, car il prit ses mesures pour
dpevancer son régiment, il passa à Limoges, où le chevalier de
Bremond, son oncle, toujours avide d'entendre louer par tous
ses frères d'armes son activité, son zèle, sa bravoure, fut ravi de
le trouver tel qu'on le lui avait dépeint, en une sécurité parfaite
devant le péril, et modeste et affectueux de surcroît; puis à
Saintes il donna six jours à la tendresse des siens et recueillit k
nouveau des lettres de recommandation pour plusieurs familles
d'Espagne : car l'émigration, sans le savoir, avait ménagé aux
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— 242 -
fils de proscrits devenus conquérants des relais d'hospitalité
dans presque tous les pays d'Europe !
De ces lettres il n*eut guère Toccasion di'user ; il eut plus sou-
MMit celle de se montrer chevaleresque, courtois, humain, comme
ne cessait de le lui prescrire son père, d'adoucir autant qu'il le
pouvait les rigueurs de la guerre, de défendre courageusement
contre la brutalité des soldats l'inviolabilité des couvents, d'épar-
gner mainte famille espagnole^ qui l'en paya d'amitié les mi-
sères et les injustices de l'occupation étrangère. Par là, par ses
qualités brillantes, ses manières affables, son talent de musicien,
il connut encore, de loin en loin, la douceur d'un accueil aima-
ble, l'éclaircie de quelques soirées charmantes à Aracena, à
Mérida, h Séville... Mais combien lui furent rares ces sourires
de la vie en ces cinq années de campagne ! Hivers très durs, étés
lorrides, guerre de partisans acharnée et meurtrière, les hor-
reurs de Saragosse, de Constantina et de Badajoz, la mort de
son intime ami le sous-lieutenant de Beaulon, foudroyé d'une
balles à ses côtés, à la sanglante bataille d'Albuera, son ordon-
nance tué par un boulet de canon, lui-même blessé au bras gau-
che, immobilisé à Séville pendant six semaines, puis au combat
(l'Xracena (février 1812), au milieu d'un engagement terrible
avec des cavaliers anglais et espagnols sous un orage torrentiel,
une chute de cheval qui lui brise la cuisse, et le renvoie conva-
lescent à Saintes pour six mois, et la solde qui est en retard par-
fois d'une année, par-dessus tout l'amertume du recul, de la
partie qu'on voit perdue, finalement de la défaite : oh ! certes,
pour s'être appliquée à bien d'autres de son âge de ce temps-là,
elle n'en est pas moins tragiquement instructive l'histoire de cette
héroïque jeunesse !
Que si, au lieu de suivre sur tous ces champs de bataille l'in-
trépide officier, promu lieutenant en 1812, et capitaine en février
1814, on prêle l'oreille aux nouvelles qui lui viennent de Sain-
tonge, ce serait un autre sujet singulièrement captivant que de
saisir — entre les lignes et sous le voile de phrases prudemment
obscures — l'état d'âme, encore si peu connu, de la France pro-
vinciale, la vraie France ! pendant que montait, montait, dans le
rayonnement de la joie et des apothéoses officielles, l'astre im-
périal...
De cela, nous dirons un mot en résumant la seconde partie de
h vie de Théophile de Bremond d'Are dans un prochain article.
(A suivre), Gabriel Audiat.
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-- 243 -
QUESTIONS ET REPONSES
Questions.
X** 784. — Un de nos confrères géographes pourraiUil m'indi-
(juer Torigine du nom de Sainte-Maure souvent attribué à TiTc
Leucado. Je suis fort intrigué de trouver un nom saintongeais
parmi les îles Ioniennes. Sainte-Maure est en réalité un simple
îlot portant chapelle et forteresse ; c'était le seul endroit de la
Grèce occidentale où se IrouvAt un bosquet de dattiers. Un aque-
duc de 260 arches servant de chaussée réunissait la forteresse à
la ville d'Amaxihi, principal port et cajutale de Lcucadc. Mais
tout cela ne me dit pas pourcjuoi Sainte-Maure, nom de famille
i\u canton de Joiizac, a été donné à une forteresse de la mer
Ionienne ? [^ q^
Réponses.
\° 781. — EUjtnologie de de VAgc. — Uc mol Age est syno-
nyme de haie, clôture. Il a la même origine que La Palisse, les
CkMurcs, 1/ Etang, Ua Forêt. Il suffit de consulter le Dictionnaire
de kl langue [rançriisr de Godefroy au mot Agie, Ducange au
mot Haga, pour se renseigner sur l'époque où il était employé
couramment comme désignation de champs. Disparu du langage
rural, il est resté comme nom de lieu s<^ul ou associé à un lutre
nom. C'est ainsi qu'on trouve L'Age-Bouillerand, l'Age de
Maillasson, etc., en Limousin. Il s'est fixé davantage dans cer-
tains départements. En Dordogne, une quarantaine de localités
s'appellent TAge tout court ou allongé d'un mot, dans la Vienne
autant (voir le Dictionnaire topographique). Dans les Deux-
Sèvres, au contraire, il ne figure qu'une fois. Il est tout aussi
rare ailleurs, ou inconnu aux autres départements. Je ne sais si,
dans la Charente-Inférieure, on en trouverait une demi-douzaine.
Ch. D.
LIVRES ET REVUES
Le numéro de janvier-avril 1904 du Recueil de la Commission
des arts et monuments de la Charente-Inférieure contient un
fragment de la vie de saint Eutrope d'après un débris de manus-
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- 244 —
cril du XIII* siècle (reproduit en photogravure), rappelant avec
quelques variantes la vie du saint, telle qu'un manuscrit de la
Bibliothèque Nationale de même époque Ta déjà transmise.
Sépultures mérovingiennes de Loire avec trois dessins très
exacts. La coutume de Royan au moyen âge par M. Musset, d'a-
près des documents appartenant au duc de La Trémoille. Le tu-
mulus et le cimetière mérovingien de Clermont^ commune de
Clion, par M. Chainel. Une note sur Vaqueduc romain de Saintes
par M. Tablé Gaurier. C'est le rapport des recherches de l'auteur
entre le Vallon des Arcs et le Chaillot. La monographie die notre
aqueduc n'existe dans aucune publication : le travail a cependant
été fait, et pour on sait quelles raisons sérieuses, il est resté inédit
dans les cartons de la société. Ce mémoire, rédigé par S. Jac-
quin, professeur d'histoire à Saintes en l'an VIII, a servi à l'abbé
Lacurie pour la rédaction de son chapitre sur l'aqueduc. C'est
peut-être le motif de son long séjour dans le boisseau jusqu'à
présent. Il est à désirer que la Commission l'exhume et le pro-
duise enfin au plein jour. On le dit d'une « rigoureuse exactitude
et plein d'abondantes remarques ». L'observation est de M. l'abbé
Gaurier, et le soin minutieux avec lequel celui-ci a conduit ses
propres recherches lui sert de contrôle et confirme au manuscrit,
plus que centenaire, sa véritable valeur. Le rapport que le
Recueil insère est accompagné de plans et de coupes bien dessi-
nés.
Une des planches appellera particulièrement notre attention.
M. l'abbé Gaurier a trouvé, encastrée dans la maçonnerie d'une
des arches encore debout de l'aqueduc, « une pierre carrée, de
0,27 de côté, portant en lettres d'un décimètre cette inscription :
AN® III. Immédiatement au-dessus, le monument présente une
alvéole destinée sûrement à recevoir une plaque d'assez grande
dimension. Un débris de cette plaque gisait à terre. L'autre mor-
ceau a été retrouvé dans un buisson. » Elle porte une inscription
en grec et en latin <( aussi vojgue et aussi éndgmatique que Fan
trois de la pierre inférieure, » L'auteur laisse à de plus érudits le
soin de deviner ces mots illisibles et d'éliminer les nomina stul-
torum. Il s'est contenté de mettre la pierre, importante ou non, à
l'abri des dégradations. « Elle repose chez un fermier voisin
en attendant le jugement » (dernier, sans doute).
J'ai souligné intentionnellement plusieurs des passages ci-des-
sus afin de montrer avec quelle prudence notre jeune archéo-
logue parle de sa trouvaille. II faut l'en louer très fort : il montre
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- 245 -
un seos archéologique toujours nécessaire (en la circonstance
plus qu'ailleurs), mais aussi trop rare chez les débutants. M.
Gaurier ne propose aucune lecture. Il reproduit le monument,
comme c'était son droit, ne hasarde aucune lecture, aucune attri-
bution de date, laissant à chacun la responsabilité d'une interpré-
tation.
Et sagement il fait ! Pouvait-il soupçonner la vérité ? Evidem-
ment non ; plusieurs de ses aînés en archéologie l'ignoraient.
Voici le texte :
6»ou Ao^a
P. G.
Sant, praeses et ac^
FAR Regnault
I F P EMACI
ROM MONVMENTUM
Y[stuavit L
Débarrassée des sigles parasites P. G., FA.R, IFP, EMACI,
qui n'ont eu de signification que pour ceux qui les ont tracés,
l'inscription devient intelligible :
6«ou holoL
Santanensîs prœses et agncoZa
Regnault
romanum monumentum
fiestauravit.
A la gloire de Dieu, Regnault, président de Saintes et proprié-
taire rural, a restauré ce monument romain,
AN^ III ne présente aucun sens.
En effet, M. Regnault, vice-président du tribunal civil de
Saintes, d'avril 1862 à janvier 1879, propriétaire en Fontcouverte,
eut l'idée, à une époque que je ne puis préciser, voisine cepen-
dant de 1870-1875, de faire mettre un peu de mortier dans les
joints d'une pile de l'ancien aqueduc. Désireux de transmettre à
la postérité le souvenir de son acte généreux et de respect pour
les « antiquités », il crut bon d'insérer dans la maçonnerie la
pierre en question, sur laquelle il grava ou fit graver, sans art,
l'inscription qui nous occupe aujourd'hui. Or, voici que trente
ans après ce bel exemple de sollicitude privée à l'égard des mo-
numents antiques la pierre chargée de la perpétuer n'existe
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— 246 —
plus... — ô vanité des vanités !... — qu'en débris... gisant dans
un buisson où sa découverte intrigue les archéologues de I90i,
qui n'y comprennent rien à proniièrc vue !
Si le reslaurateur avait l'ait sa réparation avec un peu moins
d'économie, s'il avait pris soin do sceller solidement une pierre
d'excellente qualité et de tracer une belle et correcte inscription,
son vœu aurait été exaucé... Mais le président Regnaull chercha-
l-il jamais la réputation d*un prodigue ?... En somme, il a eu rai-
son ! il a la dK)ublc veine do garder son argent et d'atteindre son
but. Si le temps a rapidement détruit son œuvre, notre curiosité
répare l'œuvre du temps, à... moins que, prenant sa revanche,
celui-ci ne mette en poussière tous les exemplaires de la Revue
et du Recueil !
Richard (Alfred). Histoire des comtes de Poilou, 778-1204.
Kn lisant à petites journées et en savourant à mon aise les deux
gros volumes intitulés : Histoire des comtes de Poitou, 778-1204,
parus depuis un an à Poitiers, sans que le public môme instruit y
ait apporté la moindre attention, une anecdote me revenait à
l'esprit. — C'était en 1830, au pfus lort de la Révolution de
Juillet. Le vieux poète Gœthe, se promenant un jour dans
les rues de Weimar, aborda un de ses amis : J'ai des nouvelles
de Paris, lui dit-il, le volcan a fait éruption et la lutte est
engagée. Oui, dit l'autre, Charles X est détrôné, et les révo-
lutionnaires triomphants parlent de proclamer la République.
Il s'agit bien de trône, répliqua Gœthe, je veux parler de la
discussion engagée à l'Académie des Sciences entre Geoffroy
Saint-Hilaire et Cuvier, au sujet de l'unité de composition
organique des diverses espèces d'animaux. Et il continua
sa promenade, laissant son ami un peu stupéfait. — J'eus
l'idée de rééditer pour mon compte celte historiette. Vous con-
naissez les nouvelles de Poitiers ? dis-je, un jour, à un homme
éclairé qui lisait ses journaux. Oui, me répondit-il, la lutte élec-
h)rnle est chaude, et je ne crois pas que le conseil municipal sor-
tant soit réélu. Il ne s'agit pas d'élections, ropris-je, mais de l'ou-
vrage si important pour l'histoire du Poilou et de toute la région
que vient de faire paraître M. Alfred Richard, archiviste de la
Vienne. — Mon interlocuteur n'en avait pas entendu parler, tant
il est vrai, aujourd'hui comme autrefois, que le public est indif-
férent aux événements scientifiques et que le fracas de la vie
courante frappe surtout son esprit.
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— 247 —
Et cependant, Touvrage de M . Richard a toute Timporlance d'un
événement historique. Il fera époque dans la région, au même litre
que Vllialoire des coniles de Poitou el ducs de Guyenne, de Jean
Besly, publiée en 1047 ; au môme litre que ÏHistoire de VAijui'
taine, du inroine bénédicliti dam Fontencau, au XVIIP siècle,
œuvre laissée inachevée et manuscrite. Il laissera loin derrière lui
les livres similaires publiés depuis 1789, sans en excepter 17/i.$-
loire des rois et des ducs d' Aquitaine et des comtes de Poitou, de
La Fontenelle de Vaudoré, parue en 1842, quelles qu'aient été les
bonnes intentions de cet érudit conseiller à la Cour d'appel de
Poitiers.
Jean Besly est sans conteste le plus grand historien régional. Il
sut mettre à profit avec une patience et une science hors de pair
la plupart des documents enfouis jusqu'à lui dans les chartriers
ecclésiastiques et seigneuriaux. Quant à dom Fonteneau, il ras-
sembla en de précieuses collections les copies fidèles de tous les
documents importants qui vinrent à sa connaissance el les ac-
compagna de notes précieuses sur l'histoire des provinces com-
prises entre la Loire et la Garonne, en attendant d'en faire une
rédaction plus complète. L'ouvrage d-e M. Richard représente,
comme ceux de ses deux devanciers, toute une vie de labeurs
assidus el d'érudition éclairée ; et si, pas plus qu'eux, il n*a la
satisfaction de voir le grand public de son époque s'intéresser à
son œuvre, il a, du moins, le précieux avantage de la publier lui-
même. Ce que n'eût pas Besly, dont le fils édita l'ouvrage sans
même en corriger les épreuves ; ce qu'eût encore moins dom Fon-
teneau, qui laissa s<îs manuscrits à son monastère, d'où ils' sor-
tent en 1789 pour aller reposer en paix à la Bibliothèque muni-
cipale de Poitiers.
On conçoit qu'il ne nous soit pas possible de donner une analyse,
môme succincte, d'un pareil ouvrage qui embrasse toute l'histoire
du Poitou et du duché d'Aquitaine, depuis Charkmagne jusqu'à
Eléonore, du milieu du VIII® à la fin du XIII* siècle, soit pendant
une période de quatre cent cinquante ans. Du reste, les lecteurs
de la Revue s'intéresseront surtout à ce qui a trait à leur pays, et
c'est uniquement au point de vue saintongeais que nous allons
nous en occuper ici à leur intention, en leur signalant, avec quel-
ques remarques critiques au besoin, les faits qui se rapportent à
notre histoire locale, c'est-à-dire à la Saintonge el à l'Aunis.
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248 —
I
Dès le chapitre premier, relatif au plus ancien comte de Poi-
tou, Abbon, qui a gouverné sous Charlemagne, M. Richard parle
de notre région. II place formoHemcnt en Aunis, (peut-être à
Saint-Denis-du-Pin, près Saint-Jean d'Angély, ajoute-t-il à la
table des noms), Talleu du Pin, qui fit l'objet d'un acte de procé-
dure par devant les envoyés du roi Louis d'Aquitaine, siégeant A
Poitiers, dans l'église de Saint-Hilaire, le 28 avril 791 : alode suo
in pojgo Adeasnise in villa que dicitur Pino (1), ou bien : alode
suo in pago Adrasinse in villa qui dicitur Pino (2).
Or, il s'agit là d'une notice informe et mutilée en divers en-
droits, que dom Estiennot a insérée dans ses Antiquités bénédic-
tines, et qu'il a tirée d'un autographe de l'abbaye de Noaillé,
notice que dom Fonteneau n'a retrouvée ni dans les archives
de l'abbé, ni dans celles des religieux de cette abbaye. Dom
Estiennot note qu'il s'agit du lieu où fut établie plus tard l'abbaye
du Pin, sur la Boivre, non loin de Poitiers, localité qui fut autre-
fois une dépendance des monastères de Saint-Hilaire et de
Noaillé. Quant à dom Fonteneau, il se contente de dire qu'il ne
connaît pas le pays désigné par le mot Adeasnise, « à moins que
ce ne soit le pays d' Aunis », a ajouté quelqu'un au premier texte
de l'annotation du savant bénédictin. M. Richard, lui, n'hésite pas,
et transforme en affirmation la note dubitative de son devancier,
bien que nulle part, ni dans les titres de Saint-Hilaire, ni dans
ceux de Noaillé, on ne retrouve la trace d'une pareille possession
située en Aunis. D'un côté, il n'est pas probable qu'à une épo-
que où les envoyés du roi parcouraient le pays pour rendre la
justice, des plaideurs de Saintonge ou d'Aunis, se soient rendus
à Poitiers au lieu de les attendre plus près de chez eux. De l'autre,
l'expression de pagus Adeasnise ou Adrasinse fait naturellement
penser à la vicaria Edrinsis ou Edrarinsis, indiquée justement
par le Cartulaire de Noaillé, en 927 et 943 (3), et qui comprenait la
région d'Adriers, au sud du Poitou, entre la Vienne et la Gar-
tempe ; ou bien, à la vicaria Adecia, aujourd'hui Esse ou Iliesse,
localités situées toutes les deux près de Confolens (Charente) (4).
(1) Abbaye de NoaHU, dans dom Fonteneau, t. XXI, p. 41.
(3) Mabille, Le royaume d'Aquitaine, p. 39, tiré de dom Estiennot, ms. latin
12757, fol. 255.
(3) Recueil de dom Fonteneau, t. XVI, p. 339 et 365.
(4) CartaUirt d'Uxerehê p»r Champev*l, ch. 375, p. 238, de mars 1003.
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— 249 —
Ces deux vigueries étaient en Poitou, et on peut légitimement
conjecturer que les conlestalions de ces contrées étaient portées
aux audiences de Poitiers, tandis que les contestations des pays
d'Aunis et d& Saintonge devaient plutôt aller aux audiences
tenues à Saintes.
Au chapitre VI bis, concernant le comte Eble Manzer ou le
Bâtard, M. Richard dit (1) qu'à la reprise de son gouvernement,
peu après 902, il créa deux nouveaux vicomtes : Tun, Maingaud,
qui fut placé à Aulnay ; l'autre, Alton, qui le fut à Melle. Le pre-
mier fut chargé de surveiller la grande voie de Poitiers à Saintes,
qui passait par Aunay, et par suite la Saintonge tout entière ;
le second, de protéger le principal atelier monétaire du Poitou.
Si Atton a été indubitablement vicomte de Melle, rien ne prou-
ve, par contre, que Maingaud ait été vicomte d'Aunay. Le pre-
mier vicomte authentique d'Aunay qui se rencontre est Cadelon,
mari de Sénégonde, mort entre mai 964 et 966 (2). Il est bien pré-
cédé d'un autre vicomte Cadelon, mari de Geila, que l'on peut
regarder comme son père, en raison de la persistance du môme
nom chez les aînés de famille, qui est la règle au X* et au XP siè-
cle. Néanmoins, ce Cadelon, mari de Geila, est indiqué pour la
première fois en 928 (3), peu après la disparition d'Atton, et se
trouve surtout possessionné à Melle et dans la vicomte de Melle.
Il a fort bien pu êlre le successeur de ce dernier, sans en être le
fils aîné, d'autant plus que le nom de Cadelon peut être rattaché
à notre mot cadet ou cadichon, par une femme cadilon. D'autre
part, la vigucrie d'Aunay ne commence à être mentionnée que
vers 950, les localités de sa dépendance étant indiquées jusque-là
comme faisant partie de la vigucrie de Brioux (4)^ On peut donc
admettre que la vigucrie et la châlellenie d'Aunay ont été établies,
comme bien d'autres dans notre région, vers le milieu du X* siè-
cle, par un démembrement d'une vicomte primitive de Melle, sans
doute identique à la viguerie de Brioux, telle qu'elle a existé
jusque vers 950 ; et que Cadelon, mari de Sénégonde, fils de
(1) Pages 54 et 55.
(2) CarL de Saint-M&ixenty par A. Richard, I, p. 44 et 45, et Cart. dé Saint-
Cyprierij par Rëdet, ch. 464, p. 286, pour les dates ; Cari, de Noaillé^ dans
dom Fonteneau, t. 21, p. 313. pour la qualification.
(3) Cari, de Saint- Maixeni, par A. Richard, I, p. 25.
(4) Notes sur Vhistoire de ifeUe,par Beauchet-Filleau, p. 28-31 ; voir ses ré-
férences: Cart. de Saint-Cyprien,., et Cart. de Saint- Je^n d*Angély.
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Cadelon, vicomte de Melle, el de Geila, a élé le premier vicomte
particulier d'Aunay.
Quant au vicomte Maingaud, il apparaît surtout dans des titres
relatifs à la région immédiate de Poitiers. C'est pourquoi il y a
lieu de penser que les deux vicomtes créés par Ebles, s'il ne les
a pas trouvés déjà installés par le roi Eudes, après la prise de
Poitiers, en 892, ou par son prédécesseur, le comte Aymar, ont
élé un vicomte pour le pays de Brioux, résidant à Melle, c'est-à-
dire Atton ; et un vicomte pour le pays de Poitiers, résidant à
Angles (1), à Châtellerault ou à Poitiers même, c'est-à-dire Main-
gaud. La troisième grande division territoriale et ecclésiastique
du Poitou, le pays de Thouars, avait déjà depuis longtemps son
vicomte particulier. Il est à présumer qu'à la fin du IX" siècle, ou
au commencement du X', il en aura élé fait autant pour les deux
autres, les pays ou archidiaconés de Brioux et de Poitiers.
Dans son chapitre IX, qui concerne Guillaume Fier-à-Bras,
M. Richard (2) cite une charte de Bourgueil qu'il date de juin
971 ou 975, et à la(iuelle il donne comme souscripteurs, entre
autres porsonnagos, Isembort de Châtelaillon, son fils du môme
nom, et Manassé, son frère. Personne, sauf Arcère (3), n'a fait
remonter au X* siècle des seigneurs aulhcnliqucs de Châtelail-
lon, surtout des seigneurs du nom d'Isembert. Le plus ancien
que l'on puisse citer est Ebalo Aloiensis, proche parent de la
comtesse Emma, morte vers 1004, laquelle par testament lui
laissa le tiers de la terre de Frouzille (i). Besly, qui a publié la
charte die Bourgueil (5), ne donne pas ces noms, tout en ajoutant
un etc. à la suite de son énuméralion. La copie du Cartulaire de
Bourgueil en possession de M. Goupil de Bouille (6), ne les
donné pas non plus el emploie l'expression de plura alla signa^
après la mention de l'archidiacre Boson, qui termine aussi la
liste qui est dans Besly. A moins que M. Richard, à l'aide d'une
copie plus complète ou de l'original lui-même, n'ait percé le mys-
tère de cet etc., ce qu'il oublie de nous dire, l'histoire locale de
notre région ne pourra pas faire état de la nouvelle indication
(1) Où résida plus tard le vicomte Manassës, sous Guillaume le Grand.
(2) Premier volume, p. 108.
(3) Histoire de La Rochelle et du pays d'Aanis, I, note VIT, p 578-580.
(4) Cari, de Saint-Nicolas de Poitiers in Arch, hist. de Poitou, I, p. 30.
(5) Besly, Histoire des comtes de Poitou, Preuves, p. 290.
6) Page 42,
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- 251 -
qu'il donne sur les seigneurs de Châtelaillon, malgré toute sa
grande autorité et son immense érudition.
Dans ce môme chapitre (1), M. Richard fait donner aux moines
de Saint-Cyprien (2), l'alleu de Nachamps, commune du canton
de Tonnay-Boutonne, arrondissement de Saint-Jean d'Angély.
Il suit en cela Hédet, l'auteur du Carlulairc de celte abbaye, qui
identifie, en effet, Rabseniius ou Rapseniius villa avec Nachamps.
Mais ce n'est pas exact. Nachamps est toujours porté dans le do-
maine de l'abbaye de Saint-Jean d'Angély et n'a jamais appar-
tenu à celle de Saint-Cyprien. Il s'agit très sûrement de Rançon,
qui s'écrivait jadis Rampçon, Ransan, autrefois paroisse, aujour-
d'hui quartier de la commune de Dey-Rançon, près de Mauzé.
Celte localité relevait justement du prieuré de Dœuil, qui appar-
tenait à Saint-Cyprien.
Puisque nous en sommes à discuter des déterminations de
lieux, remarquons encore que M. Richard s'est trompé en faisant
donner l'église de Croix-Comlesse, canton de Loulay (Charente-
Inférieure), dédiée à Saint Révérend, à l'abbaye de Saint-Jean
d'Angély par Foucaud de Valans (3). Il est vrai que dans ses
Additions et Corrections (4), il dit qu'il y a lieu tte remplacer
cette donnée par cette autre : « Foucaud de Ballans lui abandonna
l'église de ce lieu », préférant s'en rapporter sur ce point à M.
Musset, « plus familier que lui avec les possessions de Saint-
Jean d'Angély ». Mais*" il se trompe une fois de plus, à la suite de
M. Musset. Car Ballans, du canlon de Malha, et son église, n'ont
jamais appartenu à l'abbaye de Saint-Jean d'Angély, et sont tou-
jours restés à l'évêché de Saintes, tandis que Vallans, canton de
Fronlenay (Deux-Sèvres), a été, au contraire, une possession an-
cienne et permanente de cette abbaye. La raison que donne M.
Musset (5), à savoir que cette ciiarte de Foucaud (6) se trouve
parmi les chartes qui ont rapport au pays ou à l'obédience de
Malha, n'est pas valable. En effet, la charte n® 338 qui précède (7)
et qui est supposée commencer la série des chartes de l'obédience
(1) Premier Tolume, p. 130.
(3) Càrt. de Saint-Cypriériy par Rëdet, p. 310 et 311.
(3) Premier volume, chap. XI, p. 232, note 4.
(4) Deuxième volume, p. 395.
(5) Archives de U SAintonge, t. XXXIII, CartnUire de Saint-Jean d'An-
gily^ par Musset, p. XXXI. note 1.
(6)ii>id., t II, p. 1, ch. n«339.
{!) Archives de laSainionge, t. XXX, p. 400.
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(io iVIalha, ne se rapporte point à Marestay, comme il le pense,
mais à un lieu dit Maresiagium, c'est-à-dire Le Marais, appli-
cable à de nombreuses localités. Quant à la charte n® 340, qui
suit (1), il ne peut y avoir le moindre doute, et il s'agit bien de
l'alleu de Vallans, canton de Frontenay, donné vers 1093, par un
autre Foucaud, sans doute descendant du premier, puisque celui-
ci est qualiOé de Foucaud de la Touche d'Allery, localité encore
existante dans la commune de Vallans. La série des chartes de
Matha ne commence véritablement qu'au numéro suivant (2), qui
concerne l'investiture de l'église de Saint-Pierre de Marestay,
donnée à l'abbaye de Saint-Jean d'Angély par Amat, archevêque
de Bordeaux, en 1098, ratifiant lui-même le don fait par les pos-
sesseurs de l'église (3). Par conséquent, il s'agit bien dans la
charte n® 339 (4), du dpn de l'église de Vallans, canton de Fron-
tenay (Deux-Sèvres), et on ne voit pas pourquoi M. Richard et
M. Musset sont allés chercher si loin ce qu'ils avaient pour ainsi
dire sous la main.
Au chapitre relatif à Guillaume le Grand, M. Richard, après
avoir dit dans le texte (5) que ce duc d'Aquitaine donna succes-
sivement au comte d'Angoulême les vicomtes de Melle, d'Aunay
et de Rochechouarl, ainsi que d'autres châtcUcnîes et domaines,
notamment en Aunis, fait remarquer dans une note (6) qu'Adé-
mar de Chabannes, bien que chroniqueur contemporain et com-
patriote, a bien pu exagérer dans les faits'qu'il rapporte ; que la
vicomte d'Aunay, par exemple, n'entra jamais dans le domaine
particulier du comte d'Angoulême, et qu'on peut admettre que
Guillaume le Grand détacha seulement /\unay de sa mouvance
directe pour le placer sous la suzeraineté du comte d'Angou-
lême, ce qui aurait aussi pu se produire pour certains autres
grands fiefs énumérés par Adémar. II en veut pour preuve, en ce
qui concerne Aunay, qu'un vicomte Chalon y succéda à son père
de même nom vers l'an 1000, et qu'il était encore en possession
de la vicomte en 1030, sans que dans ce long intervalle de temps
Guillaume Taillefer d'Angoulême y eût tenu quelque place.
Il est fort possible que Guillaume le Grand n'ait dépouillé per-
(1) Archives de U Suintonge, t. XXXIII, p. 4.
(3) /d., p. 4, ch. n* 341.
(3) Iderrif charte 343, p. 8.
(4) Idem, p. 1.
(5) Volume I, chap. 10. p. 150 et 151.
(8) Idem, note I, p. 151.
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— 253 —
sonne pour avantager son intime ami, le comte d'Angoulême, et
qu'il n'ait fait que passer sur sa tête les hommages et les profits
qu'il percevait lui-môme sur les vicomtes et châtellenies en ques-
tion. Mais en ce qui concerne la nature et les effets réels des dons
relatés par le chroniqueur augoumoisin, ils sont prouvés, du
moins en ce qui concerne les vicomtéç; de Melle et d'Aulnay et en
ce qui concerne l'Aunis, par diverses chartes du Cartulaire de
Saint-Jean d'Angély. Nous citerons d'abord le don fait par Bele-
trudis à cette abbaye d'un alleu situé à Blanzay, dans la viguerie
de Melle en Poitou, et de terres, prés et vignes en d'autres lieux
de la même viguerie. Il s'agit ici de Blanzay, village de la com-
mune de Prahecq, et d'autres localités des environs de Niort,
et non, comme l'indique M. Musset, de Blanzay-sur-Boutonno,
près d'Aulnay. La charte est datée du jour de la Pentecôte,
trente-troisième année du règne du roi Robert (1), ce qui nous
reporte au 21 mai 1020, et non 1021, comme le calcule M. Musset.
Elle est signée de la donatrice et contresignée par Guillaume
d'Angoulôme vicomte, et par Alduin, son fils. Comme l'acte ne
porte pas d'autres signatures de seigneurs dominant ou quelcon-
ques, le doute n'est pas possible : la vicomte de Melle était, en
1020, dans la possession directe et aux mains du comte d'Angou-
lôme et de son fils aîné ; et cette vicomte s'étendait jusqu'aux por-
tes de Niort. — D'autre part, la notice des démêlés entre le duc
Guillaume et Hugues de Lusignan, prouve qu'à la môme époque,
entre 1010 et 1025, le comte Guillaume d'Angoulôme exerçait
son autorité à Melle et dans la région qui en relevait. Hugues de
Lusignan ayant demandé le château de Melle ou celui de
Chizé, le duc lui refusa l'un et l'autre ; puis lui fit ordonner par
le comte Guillaume d'Angoulôme de s'en remettre à sa merci (2).
Une autre charte du môme cartulaire souvent citée est le don
de la terre de Cherbonnières à l'abbé Alduin, vers 1012 (3). Elle
porte la signature de la donatrice, Gélie, du comte Guillaume de
Poitiers, de Chôlon vicomte d'Aulnay et de sa femme Amélie, de
l'abbé Alduin, et de diverses personnes notables ou intéressées,
au milieu desquelles s'intercale celle d'un Guillaume vicomte. Il
ne peut s'agir ici, pensons-nous du moins, du fils du vicomte
d'Aulnay, qui s'appelait aussi Guillaume, car sa signature aurait
(1) Archivés de U Sàiniongéj t. XXX, p. 360.
(ï) Besly, Histoire des comtes de Poitou, Preuves, p. 388-S94, Reeueil des
Hiêt. de France^ t. XI, p. 534 et suiv.
(3) Archive» de la SMintonge, t. XXX, p. 163.
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alors suivi celles de ses père et mère, mais bien de Guillaume
d'Angoulêmc, vicomte dominant, lequel n'était pas présent à la
rédaction de l'acte, pas plus que ceux dont les noms entourent le
sien, et qui aura souscrit plus tard. C'est la meilleure expli-
cation à donner de cette singularité, facilement passée inaperçue.
En ce qui concerne l'Aunis, si nous n'y constatons pas l'inter-
vention du comte Guillaume Taillefcr d'Angoulême lui-même,
nous constatons au moins celle de ses (ils et héritiers. Une charte
de Guillaume, duc d'Aquitaine, de 1028 environ, donnant à l'ab-
baye de Saint-Jean d'Angély la petite île 3e Marencennes, près
Surgères, ost contresignée par le comte Alduin d'Angoulême,
c|ui venait de succéder à son père (1). Une autre charte, du mois
de juin 1031, par laquelle le chevalier Rainaud donne des biens
sis à Muron en Aunis (2), est signée de Guillaume le (iros, duc
d'Aijuitaine, de son frère Kudes, de plusieurs évoques et du comte
Geoffroy, qui ne peut êlre que le comte Geoffroy d'Angoulême,
frère du comte Alduin et son successeur, puisque le seul autre
auquel on pourrait penser, le comte d'Anjou, Geoffroy Martel,
élait dès lors en lutte avec le duc d'Aquitaine. Une autre charte
encore (3), ou un état des salines de l'abbaye die Saint-Jean d'An-
gély, relate un don de cent aires de marais salants situés à Yves,
en Aunis, et porte la signature du duc Guillaume le Gros, de son
frère Eudes, du comte Geoffroy, d'Ebles de Châtelaillon et de son
frère Isembert. Elle n'est pas datée, mais elle doit être du même
jour que la précédente, à moins qu'on ne préfère la reporter au
mois de mars 1037, lors du grand plaid de Poitiers, qui suivit
la sortie de prison du duc, auquel assista ce même comte, et où
plusieurs autres dons furent faits à l'abbaye de Saint-Jean d'An-
gély (4).
Qu'on n'objecte pas que ce sont là des souscriptions de hasard
et de notoriété, sans portée i>récise. M. Richard tout le premier
sait bien que dans les chartes portant donations les signataires
sont toujours des intéressés, des personnes dont on éteint ainsi
les réclamations possibles, et il tire lui-môme bon parti, à di-
verses reprises, de données de cet ordre. Du reste, d'autres actes
de donations, dressées dans les mêmes réunions que ceux que
(1) Archives de U Saintonffe, t. XXX, p. 39 et 30.
(3) Idem, p. 337 et 338.
(3) Archives de U Saintonge, t. XXXIII. p. 1».
(4) Idem, t. XXX, p. 66 et 315 ; t. XXXIII, p. 1.
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nous venons de citer, sont contresignées par d'autres assistants,
ce qui est un fait bien significatif.
Tout cela prouve surabondamment que les dons de Guillaume
le Grand au comte d'AngouIême furent des bénéfices effectifs et
réalisés, des précaires réversibles sur ses successeurs immédiats.
Ce serait donc un tort, tout au moins pour notre région, c'est-à-
dire pour Melle, Aunay et TAunis, de ne pas accorder aux dires
d'Adémar de Chabannes toute leur valeur historique.
M. Uicliard relate à son tour (1), après tant d'autres, le récit
d'Adémar de Chabannes, au sujet d'Herbert Eveille-Chien,
comte du Maine, traîtreusement emprisonné au capitole de
Saintes par Foulques Nerra, comte d'Anjou. Le voici mot à mot,
tiré du plus ancien texte du chroniqueur angoumoisin : « Alors,
le comte Foulques susdit attira par fourberie et amena à Saintes
Arbert, le 1res noble comte du Mans. Et, un premier dimanche de
Carême, après dîner, par une nuit sombre, le saisit par traîtrise,
le retint enchaîné, et le garda deux an? en prison, d'où Dieu dai-
gna l'arracher (2). » D'autres textes complètent le récit, en disant
que si le comte d'Anjou agit ainsi, « c'est qu'il voyait ne pas pou-
voir triompher d'Arbert » ; qu'il l'attira à Saintes « sous prétexte
de lui concéder la ville en bénéfice » ; qu'Arbert y vint « sans
précaution et sans aucun soupçon de mal » ; que la surprise eut
lieu « le second jour de la première semaine de Carême », au
lieu du premier dimanche. Ils ajoutent, en outre, « que le même
jour la femme de Foulques essaya d« s'emparer par ruse de la
femme d'Arbert, avant que celle-ci n'eût appris la capture de son
mari, mais que quelqu'un la mil sur ses gardes. C'est pourquoi
Foulques, redoutant la femme d'Arbert et les princes, n'osa pas
le mettre à mort ; il se contenta de le tenir étroitement incar-
céré pendant deux ans, jusqu'à ce que Dieu lui eût arraché
l'innocent des mains (3). »
Enfin, le premier manuscrit fait suivre son récit de l'em-
prisonnement d'Arbert de cet autre : « L'année suivante, à
cause de ce forfait, la ville de Saintes fut brûlée avec son
évêché, et la cathédrale resta longtemps abandonnée (4). »
(1) Chapitre X, Guillaume le Grand, p. 187.
(3) Chronique d'Adémàr^ édition Lair, p. 2S1, manuacrit H.
(3) Id,, p. 333, manuacrita A et G.
(4) ld„ p. 333, 337 et 338, manuacrit H.
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« La ville de Saintes avec la basilique de Saint-Pierre fut brûlée
par des chrétiens impies cette même année », dit un autre manus-
crit, après avoir parlé du retour triomphal du comte d'Angou-
lême, Guillaume II, qui revint de Terre-Sainte « dans la troi-
sième semaine du mois de juin » qui précéda sa mort. « La cathé-
drale déserte resta dès lors sans culte divin, et c'est en voulant
venger cette injure à Dieu que le susdit comte sentit peu à peu
ses forces l'abandonner ». Il fut malade tout l'hiver et mourut au
printemps suivant, Tavant-veille du dimanche des Rameaux, le
6 avril de l'an de l'Incarnation 1028 (1). Tels sont les faits eux-
mêmes et les circonstances qui les ont accompagnés et suivis.
Cette histoire est invraisomblabie, non en elle-même, mais en
lant qu'arrivée à Herbert, comte du Maine. Celui-ci avait tou-
jours été jusque-là l'ami, l'allié et le fidèle de Foulques Nerra
dans SCS luttes continuelles contre Kudcs de ('hampagne, comte
de Chartres, de Blois et de Tours. Il lui avait assuré la victoire à
la bataille de Pontlevoy, <^n 1016, et il paraît avoir contribué avec
ses manceaux à la prise de Saumur, en 1025. Il lui était aussi
dévoué qu'un simple baron d'Anjou, et Foulques n'avait aucun
intérêt à se débarrasser d'un vaillant compagnon d'armes. Her-
bert, de son côté, ne cherchait point querelle à ses voisins, et
n'était en lutte ouverte qu'avec Avesgaud, évêque du Mans, à qui
il disputait la possession de quelques châteaux. Il n'avait non
plus aucun intérêt à la jouissance de la ville de Saintes, placée
hors de son comté, du moins on ne le voit pas. Et puis, ces deux
comtes, venus ensemble de si loin à Saintes — avec leurs femmes
— pour dîner en bons amis et traiter sur place d'une affaire
d'aussi minime importance pour chacun d'eux, ne sont vraiment
pas de leur temps, d'un temps où les chevauchées joyeuses à tra-
vers pays étaient toujours dangereuses. Il y a encore d'autres im-
possibilités morales, si je puis ainsi dire. Un personnage du rang
et de l'importance du vaillant comte du Maine n'aurait pu rester
deux ans dans les fers, sans que les chroniques contemporaines
de l'Anjou, du Maine et d'ailleurs eussent noté le fait, et eussent
laissé à un chroniqueur d'Angoulême, occupé surtout des choses
de sa région, le soin de l'indiquer. Cet événement aurait trop
bien fait notamment l'affaire d'Avesgaud, son adversaire, pour
que les narrateurs contemporains ne l'eussent pas relevé à pro-
pos de cet évèque.
— '
(1) /d., p. S37, 338, 341 et 334, manuscrit A ; et 343, noU i,
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— 257 —
Je sais bien qu'on a voulu voir la confirmation du récit d'Adé-
mar : 1® Dans une notation de la Chronique de Vendôme, ainsi
conçue : « Cette môme année (1027),le breton Alain, faisant
le siège du Lude, extorqua à Foulques tous les otages que
lui avait donnés Herbert « (1) ; 2** dans un passage de
Guillaume de Poitiers, chapelain cl historien de Guillaume le
Bastard (2), et dans un autre de Guillaume de Malmesbury (3). —
En ce qui concerne la Chronique de Vendôme^ elle n'est rien
moins qu'explicite au sujet du fait qui nous occupe. Il peut
s'agir d'un autre Herbert que le comte doi Maine, et, en tout
cas, d'otages donnés en toute autre occasion. Elle peut même
servir de preuve contraire, car c'était une occasion pour elle
de parler de ce rapt audacieux dont elle ne souffle pas mot. Du
reste, ce siège de Lude, qui eût lieu en 1027, est bien antérieur à
la délivrance du prisonnier Arbert. — En ce qui concerne Guil-
laume de Poitiers, bien qu'il cherche visiblement à noircir la
famille dies comtes d'Anjou, pour justifier les agressions de son
héros contre le Maine, il ne rapporte la capture d'Herbert que
comme un fait qu'on venait tout récemment de lui raconter au mo-
ment où il écrivait, c'est-à-dire vers 1080, plus de cinquante
ans après les événements. Quant à Guillaume de Malmesbury, qui
écrivait cinquante ans plus tard encore, il copie visiblement
Guillaume de Poitiers et presque mot à mot. Lui aussi l'a entendu
dire.
Je ne songe point à reprocher à M. Richard de faire état d'un
fait reproduit et tenu pour vrai par tous les» historiens de l'Anjou,
du Maine et de la Saintonge. Tout au plus puis-je lui reprocher
de corser à sa manière et d'agrémenter encore le récit, en un mot
d'y ajouter deg choses de son cru. — Il suppose gratuitement que
les difficultés qui poussèrent Foulques Nerra à s'assurer de la
personne d'Arbert provenaient de ses projets contre le Maine, tan-
dis qu'il est beaucoup plus naturel d'admettre qu'elles résultaient
de sa jouissance de Saintes, sans doute contestée et mal assurée.
— Il dit notamment que Foulques « profita de la simplicité du
comte Herbert ». Or, tous les historiens s'accordent à représenter
Herbert sous un tout autre aspect. « A Hugues II, comte du Mans,
succéda dans son gouvernement Heribert, dit Eveille-Chien,
(1) Cfcronigotf deséglUeê ^ Anjou, par Machegay et MabiUe, p. 166.
(2) fix getiis GuiUeliDi ducis Norem, in HUtorienê de France, t. XI, p. 86.
(3) Historia regun anglonim, in Hùiorienê de France, t. XI, p. 180.
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— 258 —
homme ardent, qui eût bientôt des dissensions très vives avec
Tévêque Avesgaud » (1). « Il avait hérité de ses ancêtres —
placés dans le Maine pour repousser les invasions normandes
— de leur noble valeur et leur science militaire » (2). Son sur-
nom seul d*Eveille-Chien indique qu'il était loin d'avoir froid
aux yeux, et qu'il ne devait pas manquer de vigilance ni de
perspicacité. — La femme de Foulques, Hermengarde, est
donnée comme « sa digne compagne de guet-apens, qui,
dans la circonstance, justifiait sa réputation de peu aimable,
maie blanda. » Les historiens sont unanimes également à repré-
senter Hermengarde comme une pieuse et digne fenune, tout oc-
cupée à modérer la violence de son mari. Quant à l'épithèle de
maie blanda, clic lui est donnée une seule fois par des moines ran-
cuniers (3). — La comtesse et les grands seigneurs manceaux, mis
sur leur garde, résistèrent à toutes les attaques de Foulques qui,
craignant de terribles représailles, n'osa mettre son prisonnier
à mort. » Rien n'indique qu'il s'agisse des princes du Maine. Les
princes que craignait Foulques devaient être plutôt les princes
ou seigneurs châtelains de Saintonge, bien disposés en faveur du
prisomiier et qui, à l'instigation de sa femme, s'agitaient en sa fa-
veur. — « Il le garda deux ans et ne le relâcha que sous de bonnes
cautions ». Or, il n'est pas question de cautions données pour la
délivrance d'Arberl. Les textes d'Adémar disent simplement
que Dieu lui arracha l'innocent des mains, et celte phrase fait
évidemment allusion aux décrets des Conciles de l'époque en
faveur de la paix de Dieu. C'est le meilleur et le seul sens, je crois,
qu'on puisse donner à cette expression.
En effet, l'incendie qui dévora la ville de Saintes et sa cathé-
drale eût lieu après le retour à Angoulôme du comte Guillaume,
c'est-à-dire après la troisième semaine de juin 1027, et au début
de la longue maladie qui l'emporta le 6 avril 1028, par consé-
quent, de juillet à novembre 1027. Il fût allumé par un peuple
mécontent et par vengeance du guet-apens dont Arbert venait
d'être la victime, sous le coup, semble-t-il, d'une émotion assez
récente. Il est donc naturel d'admettre que la scène tragique du
capitule avait eu lieu au commencement du Carême précédent,
à savoir à la fin de février 1027, et non pas, conmie le suppose M.
(1) GaUî*^ église du Mans, art. Avesgaud. Tome XIV, col. 367.
(2; Chroniques des comtes d* Anjou, par Marchegay et Salmon, p. 161.
(3) CàriuUire de Saint-Aubin d'Angers, par Bertrand de Broussillon, I.
p. 338.
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— 259 —
Richard, le 7 mars 1025, pendant que Tévèque de Saintes assis-
tait à la grande assemblée qui se tenait alors à Poitiers. Foulques
ne rcLlcha son prisonnier que deux ans après, c'est-à-dire dans
lo courant de 1029. Ce fut justement un peu avant ce momonl-là
ijue le duc Guillaume d'Aquitaine réunit à Charroux un concile
où assistèrent tous les princes de l'Aquitaine, cl où il leur fit
prescrire par les é\ ôques et les abbés, de garder la paix de Dieu
et de vénérer TEglise catholique (1). In autre concile eut lieu à
Limoges au milieu de l'année 1028(2), où la paix de Dieu fut aussi
solennellement proclamée. On peut assez légitimement admettre
que ce fut à la suite de ces conciles auxquels dut peut-être assister
Foulques, qu'il élargit son prisonnier, puisque Dieu lui-même,
par la voix de ses représentants sur la terre, le lui ordonnait.
Si ce n'est pas le comte Herbert du Maine qui fut la victime de la
fourberie de Fouhjues, qui est-ce donc ? Il existe dans le Cartu-
laire de Motre-Dame de Saintes une curieuse charte-notice (3), res-
tée inaperçue, et qui n'est pas sans rapport avec cette hislofre. Il
s'agit d'une pêcherie, située sous le pont de Saintes, que le comte
Geoffroy Martel, successeur et héritier de Foulques Nerra, donna
à cette abbaye, le jour de la dédicace de son église, le 2 novem-
bre 1047. La voici mot à mot, dans sa première partie : « Une
grande dame, nommée Hildegarde, fut mère du commarque de
Saintes, très noble personnage. Elle fit établir de son vivant une
pêcherie dans la Charente, sous le pont de la ville ; la mère et le
fils en jouirent jusqu'à la captivité du commarque, c'est-à-dire
quand Francon s'empara de sa personne et le retint prisonnier
au capitole. C'est alors que le commarque lui remit la pêcherie
et beaucoup d'autres choses, craignant tout pour lui dans la cap-
tivité où il était. Cependant, ses amis avisèrent le comte Foulques
de ce qui se passait, le suppliant de le faire élargir et d'accepter
pour lui la pêcherie, ainsi que tout ce que Francon avait injus-
tement enlevé au commarque. Ils lui promirent même une grosse
somme pour obtenir sa délivrance. A ces nouvelles. Foulques se
rendit à Saintes et fil libérer le commarque, selon le jugement des
seigneurs ou sénateurs (seniores) du lieu. Puis, il réclama ce qui
avait été convenu, à savoir ce que les amis du commarque lui
avaient promis. Et c'est ainsi qu'il reçut, eut et jouit de la pêche-
Ci) Adenukri Chronieon, lib. III, chap. 69, édition Ghayanon, p. 11^4.
(3) Gh. de LaBteyrie, L'abbttye de SainUMAriial de Limogée, p. 70.
(3) CatU de N.'D. de Saintes, par Tabbé GrasiUer, ch. 79, p. 71.
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— ?60 —
rie et d]i reste sans conteste jusqu'^à la fin de sa vie. Etc. ». —
L*abbé Th. Grasilier, qui a publié le Cartulaire de Notre-Dame de
Saintes, date cette charte-notice : après 1119 ; mais il se trompe, et
elle a été rédigée entre 1063 et 1067, d*après ce que Ton peut
conclure de la fin du texte, avant ou peu après la mort de la com-
tesse Agnès, à l'occasion de contestations élevées sans doute par
Francon, c'est-à-dire moins de quarante ans après l'événement
arrivé, au commarque, et sur les lieux mêmes.
Ces deux faits qui ont eu le capitole ou château de Saintes pour
théâtre, celui raconté par Adémar de Chabannes, comme se rap-
portant à Herbert comte du Maine, et celui raconté par le Cartu-
laire de Saintes, se rapportant au commarque de Saintes, ne sont-
ils pas connexes et n'ont-ils pas trait à la même personne ? Il peut
y avoir eu ici, le fait se retrouve souvent ailleurs, une interpola-
lion au texte primitif d'Adhémar, ou plutôt une mauvaise lecture
du membre de phrase : Cenomannis comiiem ou comitem Ceno-
mannls, écrit naturellement en abréviation suivant l'habitude de
l'époque. Celui-ci pouvait être précédé de la préposition e, ex ou
de, ou être simplement mis au génitif, signifiant de la famille
des comtes du Mans. C'est une siniple supposition que je
fais, en admettant que la lecture Cenomannis soit exacte et
sans le moindre doute ; mais supposition que d'autres ont faite
avant moi, puisque Decamps (I), parlant de ce même fait, au-
rait déjà dit : « Herbertus hic de sanguine comitum Cenomanen-
sium, captus apud Sanctonas a Fulcone Nerra. » Celui qu'on
appelait alors le commarque de Saintes, personnage sur lequel
nous sommes peu renseignés, qui avait pour mère Hildegarde,
pouvait fort bien s'appeler Arbert et appartenir à la famille des
comtes du Maine, sans être l'ami de Foulques Nerra, le comte
Herbert Eveille-Chien lui-même, lequel succéda à son père Hugues
en 1015 et qui mourut en 1036. D'autant plus qu'un oncle ou un
grand-oncle d'Herbert Eveille-Chien, nommé Foulques, joua
un certain rôle dans les affaires du Poitou (2), sous le comte Guil-
laume Fier-à-Bras, entre 975 et 990, époque où il disparaît en
laissant sans doute des fils dans la région.
fA suivre), Jean le Saintongeais.
(1) Voir CArlaUirt de U TriiUti de Vendôme, par Tabbë Métais, I, p. 2M
note 1.
(3) Voir TouTrage de M. Richard lui-même, I, p. 114.
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— 261 —
Ere nouvelle. Les anciennes maisons des environs de Co-
gnac (Suite). Du 3 décembre 1903. — Javrezac (note sur Téglise,
inscription de sa cloche (1841) deux notaires), appartint aux La
Madeleine, à François de Bremond, aux de Ceris vers 1622.
Après la mort de Jean de Ceris, ses deux enfants se partagèrent
les biens de la succession de leur père : Alexandre, l'aîné, eut
Chateaucouvert et Abraham Javrezac (10 juin 1628). Ce dernier
attribua cette terre à François Marie de Ceris, son second fils,
suivant partage du 19 juin 1687.
La métairie appartint à la famille Bernard qui s'est distin-
guée sous le nom de Javerzac, pendant les règnes de Henri IV,
Louis XIII et Louis XIV. Pierre Bernard de Javrezac est con-
cessionnaire du droit de coutume sur le minage en 1571. Attaché
à la maison de Navarre, Pierre Bernard, protestant, fut pourvu,
en 1588, de Tofiice de secrétaire de la maison et couronne de
Navarre. Il épousa Jeanne Roux, dont trois enfants : 1^ Gédéon,
écuyer, secrétaire du roi ; 2® Marie, femme de Isaac de Pont-
levain ; 3® Bertrand, né à Cognac en 1603, avocat et poète, mari
de Julienne Penot. La famille Bernard quitta Cognac vers 1670,
et se fixa à Saint-Seurin d'Uzet.
Les Angeliers appartenaient, au commencement du XVIP
siècle, à la famille de La Gourgue. Pons de La Gourgue, marié
avec Marie Le Roux, eut trois enfants, dont une fille, Jacquette,
mariée avec François Galiot de Bremond, qui eut, à cause de
sa femme, les Angeliers. Leurs enfants s'étaient fixés en Poi-
tou vers 1660 ; les Angeliers furent acquis par Jean-Louis de
Bremond, capitaine de vaisseau. Suzanne, leur ûlle unique,
épousa, le 23 février 1726, Charles de Brémont, et lui apporta
en dot le domaine des Angeliers. Le domaine fut acheté, aiprès
1767, des héritiers de Bremond d'Ars par Richard Hennessy,
négociant, époux de Hélène Barret. La Billarderie fut achetée
par le même, peu après, comme continuation des Angeliers.
La Billarderie avait appartenu, vers le milieu du XVIP siècle,
à la famille Roux, protestante (Notes généalogiques). Elle
passa, vers 1730, aux Delaville-Michel Delaville, procureur. Ni-
colas, son fils, capitaine des troupes de la marine à SaintrDo-
mingue, habitait la Billarderie en 1778. M. James Hennessy
possède actuellement cette propriété.
Du 6 décembre. — Monchamp, Boussac et Chanteloup. Mon-
champ appartint à une famille Normand de Cognac, qui a oc-
cupé des charges de greffiers et de procureurs. Pierre Normand,
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— 262 —
procureur en 1609, avait épousé Marquise Martineau, dont qua-
tre enfants. Jean Normand, né le 2 août 1683, sieur de Mon-
champ, fils de Jean, greffier, épousa, le 30 mai 1713, Marie-
Anne Perrin, fille de Jean et de Marie Normand, sœur de Jacques
Perrin de Boussac (Notes génf^alogiqucs). 11 décéda après sa
femme, morte le 14 septembre 1768. Le 25 novembre 1777, eut
lieu, à Cognac, le mariage de Jacques Normand de Monchamp,
fils des précédents, avec Marie-Anne Le François de La Châtai-
gneraie, fille de Pierre, écuyer, officier dans la maison du roi,
et de Marthe-Thérèse Pépin. Il mourut le 12 avril 1792, sans pos-
lérilé. Monchamp passa alors dans la famille de La Châtaigne-
raie, qui le vendit à M. Maurice Hennessy, qui Ta joint à La
Billarderie.
Boussac appartint à Benjamin de Leslang, puis à Jacques
Pelluchon, à Bernard Duvignaud, enfin à la famille Perrin, fa-
mille déjà inscrite sur les registres de Saint-Léger, à partir de
1599. Pierre Perrin, le jeune, échevin en 1677, époux d'Isabelle
Guérin, sœur de Nicolas (lieutenant particulier au siège royal
de Cognac), devint maire de cette ville, en 1685 et 1694 (Détails
généalogiques sur les Perrin de Boussac). En 1786, Jacques-
Tiiéodore Perrin de Boussac demanda Tautorisalion de fonder
une papeterie à Boussac. Il l'obtint sous certaines conditions.
La fabrique fut construite en 1788, et elle fonctionna jusqu'aux
environs de 1827. Plusieurs ouvrages ont été imprimés sur du
papier provenant de celte usine, notamment les Recherches de
Bourignon. Les descendants de Philippe Perrin vendirent Bous-
sac au sieur Gelreau, lequel le vendit à M. Ed. Marlell, qui l'a
réuni à Chanleloup.
Chanteloup a appartenu aux Richard, famille protestante de
Cognac, puis aux Gautier et à Gabriel Thomas, leur allié, dont
les héritiers vendirent, en 1830, Chanteloup à Th. Martell, négo-
ciant.
Du 13 décembre. — Tillou, commune de Bourg-Charente,
appartenait à Jean Vinsonneau, écuyer, sieur de La Péruse,
époux de Jeanne Geoffrion, dont deux filles, Jacquelle et Marie.
La première fut mariée à Charles de Crugy de Marcillac (12 dé-
cembre 1616), capitaine dans le régiment de Balagny, puis dans
le régiment de Rambure. Marie épousa, en 1721, René de La
Tour, baron de Saint-Fort-sur-le-Né. Charles de Crugy mourut
au siège de Privas, en 1631. Sa veuve épousa, en 1634, Adam de
Châteauneuf de Randon, sieur de Sainte-Hélène et de Tignoux.
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— 263 —
Le 15 février 1647, dans le partage qui eut lieu entre les en-
fants de Marcillac, la terre de Tillou fut attribuée à Jean-Louis
et à Jacquelte, sa sœur. Jean-Louis de Marcillac, capitaine au
régiment de Normandie, épousa Marie de Puyguybn ilieuleiianl-
colonel en 1673, il mourut à Fouquemont.
ïillou resta dans la famille Crugy de Marcillac jusqu'après
la moitié du XVIII* siècle. En 1774, le domaine est administré
par Daniel Texier, notaire royal.
Du 20 décembre 1903. — Solençon, commune de Routiers,
fut vendu vers 1487, par Pierre de Rohan, maréchal de Gié, à
Charles d'Orléans. Il fut engagé à la famille Geoffrion, dont un
descendant, appelé Henri, y résidait en 1604. Jeanne Geoffrion,
sœur ou fille d'Henri, épousa Jean Vinsonneau, sieur de La
Péruse. Leur fille Jeanne, mariée avec René de La Tour, écuyer,
sieur de La Perrière et Saint-Forl-sur-le-Né, en hérita. Le 24
août 1048, Marie de La Tour, l'aînée de la famille, épousa Jean-
Louis de Verdelin, et Marie, la cadette, Jacques de Rrcmond,
marquis d'Ars, lequel sortit du prieuré de Dorion pour devenir
le chef de la famille.
Jacques de Bremond eut quatre enfants: Jean-Louis recueillit
dans la succession paternelle les terres d'Ars, de La Gorge de
Merpins, du Solençon, etc. Il mourut à Solençon, le 2 mai 1742,
à l'âge de 73 ans. Cette terre échut à Marie-Madeleine de Bre-
mond, épouse du marquis de Verdelin ; elle la vendit, en 1756,
à N. Delaville.
Du 24 décembre. — Le duc de La Vauguyon acheta, le 14 fé-
vrier 1773, la seigneurie de Solençon, lequel la revendit, le 31
juillet 1775, au comte d'Artois, apanagiste du duché d'Angou-
lême. — Projet d'installation d'une raffinerie de sucre. — En
1 r.)3, le Solençon fut administré par les préposés de la régie
nationale. Le 6 nivôse an II (1794), l'Etat vendit ce domaine
moyennant 104.000 livres, à Laborde, notaire, François Gay et
Philippe de Bonnegens, de Sigogne.
Aujourd'hui il appartient à un grand nombre de proprié-
taires.
Des 27 et 31 décembre 1903. — Gardépée. Celte terre faisait
partie de la seigneurie de Bourg (qui eut comme possesseurs
Bertrand (1190), Ollivier (1264), Jean de Bourg dit Bragier, en
1415, Pierre Bragier, son fils, en 1445. Jean d'Orléans acheta la
seigneurie de Bourg. François P' la donna à Artus Gouffier. Le
7 janvier 1553, Claude Gouffier concéda à Jacques Ancelin,
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- 264 —
marchand, demeurant à Beauvais-sous-Matha, le fief de Gar-
dépée. L'acte fut passé à Oiron. « Le logis et hostel noble » de
Gardépée fut achevé de construire en 1562. Au-dessus de la porte
d'entrée se trouvaient les armes des Ancelin et l'inscription :
« Dieu soicl la garde de l'entrée el de la sortie. » Les armes exis-
tent encore sur la porte de la fuie, et au-dessus de la porte inté-
rieure du logis on lit : « La prospérité est suiette à Venvye et
r adversité au mépris ; la médiocrité est trop commune ^ ainsy
rien icy bas ne nous peut satislaire. » A Jacques Ancelin suc-
céda Louis Ancelin, époux de Marie de La Brugière, dont Jean
Ancelin, baptisé le 27 août 1600, marié vers 1630, avec Fran-
çoise de La Charlonye (Détails généalogiques). En décembre
1649, Jean Ancelin, lîls de Jean, épousa (contrat du 20 novem-
bre), Sylvestre {sic) de Chûteauneuf de Randon, lîUe d'Adam et
de Jacquette Vinsonneau. En juin 1657, Jean Ancelin, et son fils
François, sieur de Chadurie, vendit Gardépée à Pierre Offre,
marchand à Cognac. Les Ancelin s'installèrent à Bernissac, pa-
roisse de Gémozac (Détails généalogiques sur les Offre, protes-
tants). Les Offre conservèrent Gardépée jusqu'aux premières
années du XVIII* siècle. Ils le vendirent à Pierre de Jarnac,
dont la famîllc lo possède depuis cette époque.
Sous le premier empire, Léon de Jarnac fonda une faïen-
cerie dans l'église de Chatiers, dont il confia la direction à g
Garive. Cette fabrique de courte durée est connue sous le nom S
de faïenc^ê de Gardépée. ^
Du 7 janvier 1904. — Le logis de Boisroche appartient à la o
commune de Cherves, du côté de Saint- André. Au commence-
ment du*d(VII* siècle, il est entre les mains de Jehan d'Arnault, g
écuyer, sieur de Boisroche et maître d'hôtel du duc d'Epernon ; g
il avait épousé Marguerite de Boure et paraît avoir eu Gabrielle, a>
mariée en 1629 à Charles de Poquaire, et Isabelle. Après 1631, ^
on trouve Isaac de Pontlevain, sieur de Boisroche, mari de Marie
Bernard de Javrezac (familles protestantes) (Détails généalogi-
ques). François de Ponlevain de Boisroche et Saint-André
épousa, en mai 1683, Anne du Souchet. Il n'a laissé que des filles,
dont Marie, femme de Jacques de Curzay, sieur de Villiers, qui
signe, en 1684, sur les registres de Cherves et se qualifie sieur
de Boisroche, Jean de Curzay, lieutenant de cavalerie au régi-
ment de Roussillon, eut de sa femme, Jeanne Delvoche, Etienne,
marié à Marie Berault du Péron.
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REVUE
DE SAINTONGE & D'AUNIS
BULLETIN DE LÀ SOCIÉTÉ DES ARCHIVES
SOMMAIRE DU No DU !«' SEPTEMBRE 1004.
Ayib bt noutbllbb : Omission ; Don A la Société ; Restaurations A Poni-L^abbé
et A Pons; Découvertes A Saintes ; M. Barrère A Saintes; Rectification de nom;
Cartes postales; Lt Salon.
NoTBS d'Atat giyil : — I. Déeèê : A. de Barthélémy ; M»* Badenhuyer ; De Sali-
^ac; A. Leps; Général Philebert; L. Ménard; M^^* de Lafutsun de Lacarre.
II. MàrUgtM: Thirion-Poirier.
Errata.
VARiérAs: I. Au seuil des Arènes par M. M. B; II. Étude biblio^aphique sur
les éditions de VAniiquité de Sêintêê et de BerbeMiens d'Élie Vinet, par M.
Labadie; III. Le général de Bremond d'Ars (fin), par M. G. Audiat; IV. Le
général Muller, par M. d*01ce.
QvBBTioiTS BT RipoNSBS: Fontsine Sainte-Eustelle. Usages et superstitions.
LiVRBS BT rbwbb: L'inscription de J. yesrons;la Coemogritphie de J. Fon-
teneau; Lhiêioire de$ Comteê de Poitou (suite).
AVIS ET NOUVELLES
Exceptionnellement, ce numéro contient cinq feuilles trois
quarts.
Nous rappelons à nos confrères qu'il est utile de nous signaler
les changements d'adresse, les rectifications de profession, dis-
tinctions qui les intéressent.
Notre confrère M. Girard a donné sa démission de consul de
Grèce. Le consulat est supprimé.
Le congrès des Sociétés savantes, en 1905, se tiendra à Alger.
Knum. Tmm XXIV, ft* Umitoa. — 8Sf t«sbN 1M4. It
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— 266 —
Une omission involontaire nous a fait oublier le nom de noire
confrère M. Bruhat, docleur ès-leltres, professeur au lycée de
La Rochelle, parmi les membres au comité départemental de
recherches de documents économiques de la l\évolulion.
Cette commission a mis à sa tête notre confrère M. le lY Guil-
laud.
M"* de Thézac a fait don à la Société d'un jeton en argent du
collège de Saintes. Un jeton semblable a été publié dans le tome
VI, p. 147.
La politique est interdite aux sociétés d'archéologie, mais il
n'est pas défendu aux politiques de faire servir l'arcliéologie à
leurs intérêts. Nous lisons dans une profession de foi d'un gros
candidat : « X..., Y..., Z... peuvent se rappeler les heureux effets
de mon intervention en faveur de leurs églises » Deux de ces
églises ont, en effet, été classées tout dernièrement, et on annonce
que des travaux de restauration vont y être ordonnés.
Les travaux de restauration de l'église de Pont-l'Abbé, en
cours d'exécution, comprenaient, entre autres, la couverture d'une
partie placée à gauche du clocher. A cet endroit, avant l'établis-
sement du devis, il y avait un tas de terre et de débris énormes,
depuis longtemps commencé. Un déblaiement s'imposait, et
après la mise au net du parvis on découvrit un cheneau et une
gargouille. Poussant plus loin les recherches, on trouva dans les
débris plusieurs vieilles pierres taillées en évas se rapportant
exactement avec un témoin, encore debout, d'une archière. Celle-
ci, placée dans un retour d'angle, ce cheneau, faisant suite à une
partie dallée, indiquaient suffîsanmient un chemin de ronde,
ayant beaucoup d'analogie avec celui d'Esnandes. Il devenait
certain que l'église de Pont-l'Abbé avait été fortifiée au moins
sur la partie antérieure, au XIV* siècle vraisemblablement, puis-
que le clocher est du XV'. C'était un complément de la porte de
ville fortifiée.
A l'heure qu'il est, on a rétabli le chemin de ronde, les ar-
chières à leur place, et on a couronné l'ensemble d'un chaperon
trouvé aussi, en partie, dans les matériaux amoncelés dans un
coin.
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— 267 —
Les travaux de la chapelle Sainl-Gilles, à Pons, sont achevés.
On a dépensé environ 25.000 fr. On a repris la voûte en maté-
riaux vieux et neufs, remis les fenêtres en état, ouvert un oculus
dans le pignon au-dessus de la porte d'entrée, rétabli le contre-
fort, fait une charpente apparente neuve dans le style du XI* siè-
cle, établi un parquet en chêne au premier élage et un dallage
au rez-de-chaussée.
Le musée y sera bientôt installé.
A Saintes, la réfection du mur de soutènement des terres du
jardin de l'hôpital de la marine a déterminé la découverte de tom-
beaux à évidement pour la tôle, encore occupés par les sque-
lettes, à un mètre environ du niveau de la rue. Un de ces tom-
beaux était à moitié sur un mur gallo-romain de basse époque
se dirigeant en biais par rapport à la rue. Le mur et le rocher
avaient été taillés pour recevoir soit la tête du cadavre, soit
l'auge. Deux très gros couvercles, sarifi cercueils, sont placés un
peu plus haut ; ils sont taillés en dos d'àne à arête vive ou forte-
ment abattue, comme le montrent les figures ci-dessous.
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La cuve baptismale en pierre que, lors de la dernière excur-
sion, nos confrères ont tant admirée à Ars, pendant les courts
instants qu'ils ont passés dans cette éiçlise, a été classée comme
monument historique (arrêté du 29 fé\*rier 1904).
La ville d'Annapolis* chef-lieu du comté canadien de la Nou-
velle-Ecosse, s'apprête à élever un monument à la mémoire d'un
Saintongeais, Pierre du Gua, compagnon de Champlain.
Le musée de La Rochelle a reçu un tableau de M. E. Chevalier:
Mer bleue à Noirmoutiers, et une enseigne de maréchal-ferrant,
en pierre, du XV* siècle, très bien conservée, représentant, à la
porte d'une forge, un cheval à l'attache dont un aide-maréchal
tient le pied.
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— 268 —
A propos de Télévation à la dignité de grand-croix de la légion
d'honneur de M. Barrère, Tainbassadeur de France auprès du
gouvernemeul italien, rappelons qu'il a passé quelques mois de
Tannée 1868 ou 1869 à Saintes, à la pension Amouroux. Il venait
alors d'Angleterre.
Un jugement du tribunal de La Rochelle, en date du 20 juillet
1904, autorise la famille Brumauld-Deshoulières à écrire désoi^
mais son nom, comme anciennement, Bnimauld des Houlières.
Une note plus détaillée paraîtra dans le prochain numéro de
la Revue.
Nouveautés des cartes postales saintaises et saintongeaises :
une carie postale avec le portrait de M. Combes, assis à une table
de travail et lisant. Notice biographique à côté. P. Fouque, édi-
teur, à Paris.
Une série de cartes représentant la fête des écoles laïques aux
arènes (19 juin 1904) (éditions Prévost, Rolland, Baldassini). Le
groupe des ballerines a donné quatre cartes (clichés Rolland). La
fête du 24 juillet sera reproduite.
M. l'abbé Métais annonce la mise en vente du dernier (cin-
quième) volume du Cartulaire de la Trinité de Vendôme, conte-
nant une préface, tables et additions.
SALONS 1904
Salon de la Société des Artistes Français
Peinture.
AuBAiN, Gustave-Henry, né à La Rochelle. Portrait de Af" Gus-
tave Fort (reproduction dans le Catalogue illustré, p. 134). —
AuGUiN (feu), Louis-Augustin, né à Rochefort. La plage du Ver-
don, soirée d'octobre ; Courant de Soustons (Landes). — Bougue-
REAU, William-Adolphe, membre de Tlnstitut, né à La Rochelle,
Une dryade (reproduction dans le Catalogue illustré, p. 155). —
Chrétien, Joseph, né à.Graçay (Cher), demeurant à Ciré d'Aunis.
Une vieille église en Charente, — Duval (J.-M.). Portrait de M.
le colonel comte de Bremond d^Ars. — M"* Fanty-Lescure, Emma,
née à La Rochelle. Chrysanthèmes. — Geoffroy, Jean-Jules-
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— 269 —
Henry, né à Marennes. Les convalescentes dans « la grancTcham-
bre des pôvres », hospice de Beaune ; Le vélo à la {êle de Belle-
ville. — Lucas, Hippolyte-Marie-Félix, né à Rocheforl. Jeu-
nesse ; Portrait de M. 0. Roiy, membre de V Institut. — de Jon-
ciÈREs, Léonce, né à Dompierrc. La sortie du lavoir à Vitré ; La
rue d*En'Bas à Vitré. — Lenoir, Charles-Amable, né à Châte-
laillon. La chanson des bois (reproduit dans le Catalogue illus-
tréy p. 117); Jeune Vénitienne. — Roullet, Gaston, né à Ars
(lie de Ré). La Lysistrala ; Port de Venise ; lUo délia Grazia,
derrière San Giorgio Maggiore, Venise.
Dessins, Cartons, etc.
M"* Grignon, Louise, née à Saintes. Miniature. — Lessieux,
Louis-Ernest, né à Rochefort. Près du [ardin public à Venise
(aquarelle).
Sculpture.
AuBAiN, Emmanuel, né à Saintes. Madeleine (médaillon mar-
bre).
Gravure.
AuBAiN, Gustave-Henry, né à La Rochelle. Portrait de M. E.
Combes, président du Conseil, ministre de Vintérieur et des
cultes (lithographie). — Barbotin, William, né à Ars en Ré.
Portrait de Af . Chaumié, ministre de Vinstruction publique et des
beaux-arts (gravure au burin). — M"* Bonneau, Henriette, de La
Rochelle. Portrait de A/™* S. (gravure au burin). — Jouvenot,
Stanislas-Charles, né à Saint-iMartin de Ré. Les disciples d'Em-
maù8 (gravure eau forte, originale).
Arts décoratils.
IMP^ Fanty-Lescure, Emma, née à La Rochelle. Les pavots
(paravent cuir ciselé et peint). — M*** Lamgelier, Juliette, née à
Aigrefeuille. Un cadre contenant cinq mouchoirs (dentelle à la
main).
Les journaux signalent encore quelques artistes qui — sans
être nés dans le département — sont devenus nos compatriotes
par leur famille ou qui ont été et sont encore pensionnaires de la
ville de La Rochelle à TEcole des Beaux-Arts :
DéziRÉ, Henry, né à Libourne. Portraits des ein{ants de M. et
Af~ Babut ; Post {ata venit gloria. — Laurent, Pierre, né à Mont-
luçon (Allier). Buste plAtre : Héro et Léandre, groupe' marbre,
dont la réplique est destinée au jardin des plantes de La Rochelle
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— 270 —
(reproduit dans le Catalogue illustré, p. 207). — Prudhomme
(G.-H.), né à Cap-Breton. Cadre contenant neuf Médailles.
11 faut encore ajouter :
FoiÇLERAY (Ch.). Le soir de Negapatnam (reproduit dans le
Catalogue illustré, p. 143), et lue aube à La Rochelle, le port
d'échouage et Saint-Sauveur. — BicTTAXinn, Albert. Portrait de
M. Beau, gouverneur général de llndo-Chine (vitrail). — Caris-
svN (M"» Alice), née à Saint-\azairc (Loire-Inférieure), demeu-
rant à Saint-Jean d'Angéh . Cartel (cuir et cuivre d'art).
Salon de la Société Nationale
Peinture.
Caillaud (A). Elude d'oignons. — Chevalier (E.-J.). La [a-
laise du vieux Châtelaillon ; Jour d'automne (marine à La Ro
chelle) ; Un coin du Pont-Neul (reproduit dans le Catalogue illus-
tré, p. 60); Uavant'port (marine à La Rochelle); Retour des
Boucholeurs (Esnandes), acquis par TElat ; Au bas de la (alaise
(Esnandes). — Daras (IL). Portrait de Mgr Ricard, archevêque
d'Angouléme. — Lépine, né à Rochefort. Intérieur. — Henry-
Laurent. Soleil matinal (la Charente).
Dessins.
Chevalier (E.-J.). Crépuscule (pastel); La route (pastel) ; Mer
basse à Angoulins (pastel).
Lire dans le Mémorial de Saintes (mai), ainsi que dans le
Décentralisateur littéraire, description et critique des œuvres de
nos artistes.
NOTES D'ETAT CIVIL
I. -A- Décès
Notre éminent confrère, M. A. de Barthélémy, membre de
rinstitut, est décédé, le 27 juin 1904, à Ville-d'Avray. Il appar-
tenait à notre compagnie depuis sa fondation.
Né à Reims, le !•' juillet 1821, élève de TEcole des chartes
(1843), il entra dans Tadministration et fut, sous l'Empire, se-
crétaire général des Côles-du-Nord, sous-préfel de Belfort,
puis de Neufchûtel. Il s'occupa surtout de numismatique. Son
premier article date de 1838 et traitait de Valtribution de mé-
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— 271 —
dailles gauloises aux Santons. Plus tard, en 1874, il donna une
Etude sur des monnaies gauloises trouvées en Poitou et en Sain-
longe. En 1851, il publia dans la coUcclion des manuels Rorel
un Manuel complet de numismatique ancienne qui conserve en-
core sa valeur en lanl que colleclion de textes numismatiques ;
il le refondit en 1890, et M. Ad. Blanchet reprit et développa toute
la partie moderne. Au surplus, la liste de ses publications sur la
numismatique est très considérable. 11 fut un des fondateurs de
la Revue numismatique, mais il ne se spécialisa pas exclusive-
ment dans cette branche de la science. 11 collabora à la Revue
archéologique, au Cabinet historique, à la Revue historique nobi-
liaire, à la Revue des questions historiques, etc.
En 1887, il sollicita et obtint sans beaucoup de peine l'honneur
d'être élu membre de l'Académie des inscriptions.
D'une grande bienveillance, il ^fait toujours prêt à faire pro-
fiter ses confrères de province de ses conseils et de sa grande
érudition.
Est décédée à Saint-Jean d'Angély, le 5 mai 1904, M»* Agalhe-
Athénaîs Rolland, veuve Badenhuyer, née à Saint-Jean d'Angély,
le 7 mai 1818, de Jean-Haptiste Rolland et de Agathe Meneau.
Elle avait épousé, à Saint-Jean d'Angély, le 7 décembre 1842,
Charles-Louis Badenhuyer, alors lieutenant au 6* régiment de
dragons, chevalier de la légion d'honneur, décédé le 23 avril
1804, à Provins, étant lieutenant-colonel du 8* régiment de chas-
seurs à cheval, officier de la légion d'honneur, décoré de la
médaille de la valeur militaire de Sardaigne et de la médaille
commémorative de la guerre de Crimée.
De celte union sont issus :
1" Albert, tué le 8 mars 1881, à l'âge de 37 ans, en chargeant à
la tête de son escadron, au combat de N'Dir Boyan (Sénégal),
étant alors capitaine commandant de l'escadron de spahis séné-
galais, chevalier de la légion d'honneur, titulaire de la médaille
commétnoralivc de la campagne du Mexique.
2^ Clotilde, fille de la Charité de Saint-Vincent de Paul, supé'
rieure de l'orphelinat Saint-Joseph, à Constantinople (Turquie).
3** .4rmand, receveur des postes et des télégraphes, marié le
26 octobre 1878, à M"* Marie Berger.
4** Octave, lieutenant-colonel du 6* régiment d'infanterie, che-
valier de la légion d'honneur, marié le 19 juillet 1881, à M"* Léo-
nie Brillouin, dont trois garçons.
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— 272 —
5® Charles, décédé le 6 avril 1904, étant capitaine d*infanterie,
chevalier de la légion d'honneur, marié le 16 octobre 1894, à
M"* Emestine Ga.
G" Léonce, décédé le 7 avril 1859.
Le 21 mai dernier est décédé, à Londres, âgé de 82 ans,
M. Jean-Louis de Salignac, né à Cognac, le 3 mars 1822.
M. de Salignac descendait d'une très ancienne et noble famille
fixée depuis fort longtemps en Angoumois, et se rattachant à la
maison de Salignac de La Mothe-Fénelon en Périgord, laquelle
donna à là France Tillustre archevêque de Cambrai. Une branche
de la famille a, du reste, relevé le nom de Fénélon, et était, vers
la fin du siècle dernier, brillamment représentée dans Tarmée et
la diplomatie.
La famille de Salignac vint s'établir à Cognac en 1786, époque
du mariage d'Antoine de Salignac, chevalier, seigneur de Bois-
belet, en la paroisse de Mouthiers, fils de Jean de Salignac, che-
valier, et de demoiselle Marguerite de Juglart, avec demoiselle
Marguerite Guillet des Fontenelles, fille de Louis Guillet, écuyer,
seigneur des Fontenelles, et de Marie-Marthe Fé de Ségeville.
De ce mariage vint Pierre-Antoine de Salignac, chevalier, né
à Boisbelet, en 1788, et marié en 1817, à demoiselle Justine Du-
puy de Lépine, père et mère du défunt.
Pierre-Antoine de Salignac, homme de grande intelligence, fit
le commerce des eaux-de-vie et fonda, en 1838, la Société des
propriétaires vinlcoles de Cognac, société en commandite par
actions qui contribua grandement au développement des affaires
de la région. Il en fut le gérant jusqu'à sa mort, survenue en
1845. Après lui, ses deux fils, Georges de Salignac et Louis de
Salignac, la dirigèrent successivement, et la société connut sous
leur administration les années les plus prospères I
M. Louis de Salignac avait épousé à Londres, en 1858, demoi-
selle Marie-Ibill Godsell, il ne laisse pas d*enfants ; son nom
n'est plus représenté aujourd'hui que par sa sœur. M"** Sarah de
Salignac, veuve de L3on de Jarnac de Gardépée.
Le 12 juin 1904, est décédé, à Rochefort-sur-Mer, M. Paul-
André'Edmond Leps, âgé de 71 ans, négociant en bois, époux de
M"^ Brigitte Quesnel.
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— 273 —
Le général Philebert est mort à Paris, le 24 juillet 1004. Né à
Angouléme, en 1828, il entra à Saint-Cyr, chef de bataillon en
1870, il se distingua à Rezonville, à Saint-Privat. Il reçut les
galone de lieutenant-colonel sur le champ de bataille, à Ladon-
champ. Il commanda le 6* de ligne, à Saintes, de 1873 à 1880.
n termina sa carrière à Bordeaux, où il commandait la 35* divi-
sion d'infanterie. Il était grand-officier de la légion d*honneur.
Le général Philebert s'eet acquis la réputation justifiée d'un
écrivain militaire très distingué. Il consacra ses loisirs de retraité
à des œuvres philanihropiques : il fonda notamment Y Union cen'
traie des o{{icier8.
Il laisse une fille unique, M"^ Arbanère.
M. Louis Ménard, âgé de 77 ans, ancien banquier à Saintes,
ancien juge au tribunal de commerce, est décédé au Vésinet
(Seine-et-Oise), en juin 1904.
Le jeudi 11 août, ont eu lieu, au Châtes^u d'OIéron, les obsè-
ques de NP* Louise-Marie-Caroline de Lafutsun de Lacarre, dé-
cédée à l'âge de 83 ans. Elle était sœur du colonel baron Marie-
Louis-Charles de Lafutsun de~ Lacarre, commandant le 3* cuiras-
siers, qui, à Frœschwiller, le 6 août 1870, la tête enlevée par un
obus, resta en selle sur son cheval emporté. Son autre frère,
Henri de Lafutsun de Lacarre, capitaine en retraite, décéda au
Château, le 14 avril 1809. Le baron Henrique de Lafutsun, fils
du colonel, consul de France à Florence, est décédé le 15 avril
dernier.
II. — Mariages
Le mercredi 29 juillet, a été célébré, à Préguillac, le mariage
de M. Joseph Thirion, avocat à la cour d'appel de Paris, prési-
dent du comité royaliste du quartier du Mail, avec M"* Anne-
Marie Poirier, fille de M. E. Poirier, notaire, et de M"^, née
AUotte de La Fuye.
M"^ Thirion est sœur de M. l'abbé Louis Poirier, vicaire de la
paroisse SaintrLouis de Rochefort, et de MM. Georges et Paul
Poirier.
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— 274 —
ERRATA
Revue, précédent numéro :
P. 204, Neuvicq est dans la Charcnte'ln{érieure cl non dans la.
Charente.
P. 249, ligne 25, lire {orme cadilon au lieu de femme cadilou.
P. 255, ligne 15, lire Maine au lieu de Mans.
P.' 256, ligne 34, lire elles n'eussent pas laissé à un chroni-
queur au lieu de elles eussent laissé.
P. 257, lire Guillaume le Poitevin au lieu de Guillaume de Poi-
tiers.
VARIETES
I
Au SEUIL DES Arènes
Dimanche soir, 24 juillet, les arènes romaines de Saintes étaient
en fête. 11 est probable que depuis bien des siècles, depuis peut-
être l'époque de leur lointaine splendeur, elles n'avaient vu tant
de monde, se presser à la fois, dans leur enceinte, pour assister
à des jeux ; mais elles avaient repris un aspect d'autrefois lors-
qu'une longue théorie religieuse s'était développée à travers ses
sentiers, à l'occasion d'une cérémonie à saint Eutrope, en l'hon-
neur de sainte Eustelle, en 1876, présidée par le cardinal Donnet.
Une foule assez compacte, 2 à 3.000 personnes, avait déjà rendu
un peu de vie à ce vaste amphithéâtre, lors de la fêle des écoles
laïques du 19 juin dernier. Cette fois, plus de 5.000 personnes
répondirent à l'invitation du comité des arène», montrant par
leur empressement que la remarquable initiative de M. Laurand,
directeur du dépôt d'étalons de Saintes, avait été comprise et sui-
vie d'un éclatant succès.
La représentation d'une pièce due à la collaboration de M. Guil-
laud, professeur au collège Saint-Grégoire de Tours, pour les
paroles, sur un scénario qui lui fut fourni, et de M. Déré, un tout
jeune Niortais, pour la musique, était le prétexte de la fête.
Au seuil des Arènes ! tel était le titre de cette pièce, tel est aussi
celui de ce compte rendu, où nous avons l'intention d'insister
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- 275 -
beaucoup plus sur les à-côté de la représentation et les consé-
quences qu'il convient d'en lirer, que sur la pièce elle-même.
Au seuil des Arènes rappelle à la fois Polyeucle cl Quo Vadis.
L'idée n'est donc point neuve, ni la forme non plus, du reste. Au
demeurant, ni meilleure ni pire que Thabiluel libretto. La scène
se passe à Rome, à la fin du règne de Néron ; un redoublement
de persécution contre les chrétiens est imminent. Un jeune ro-
main, Marcellus, après un long séjour en Gaule, est frappé dès
son retour à Rome de la corruption impériale. Il s'en ouvre à
son ami Scaurus, qui le reconnaît, mais liii annonce en môme
temps tout son espoir : une secte, celle des chrétiens, à laquelle
il est fier d'appartenir, va rénover le vieux monde. Il le presse
d'imiter son exemple, et l'entraîne aux catacombes, assister aux
cérémonies chrétiennes.
Cependant, et voilà le 2* acte, la fête bat son plein, dans la mai-
son de Sylvia, riche romaine, fiancée de Marcellus. Des choeurs
chantent en sourdine la joie de vivre. Seule, Sylvia est triste.
Son amant semble la fuir. Ne l'aimerait-il plus ? — Oui, lui répond
sa suivante Galla, Marcellus vous aime encore. Madame, mais
il songe à se faire chrétien — « Chrétien, mais c'est la mort »,
s'écrie Sylvia. — Ilélas ! ses pressentiments ne l'ont point trom-
pée, et le fidèle Scaurus vient annoncer que dans un festin, devant
Néron, Marcellus, avec toute l'ardeur d'un néophyte, a fait pro-
fession de foi chrétienne, et que, sur l'ordre du tyran, il est en-
fermé dans la prison Mamertine.
Le 3* acte se passe à la prison. Sylvia a réussi à corrompre les
gardiens. Elle supplie son amant d'abjurer la foi chrétienne, è
ce prix seul Néron promet de pardonner. C'est alors la lutte clas-
sique entre les deux amants. Sylvia, devant les refus de Marcel-
lus, essaie de se tuer. Mais le fidèle Scaurus apparaît encore,
porteur cette fois de la bonne nouvelle : le tyran vient de se don-
ner la mort. Sylvia voit dans cet événement heureux une inter-
vention du ciel, son âme s'ouvre, à son tour, à la grâce divine,
rien ne s'oppose plus au bonheur des deux amants.
M. Déré, un tout jeune homme, puisqu'il compte à peine dix-
neuf ans, ancien élève du Conservatoire de Paris, a écrit sur ce
libretto une jolie musique qui a été fort applaudie. Elle fait des
mieux présager de l'avenir du jeune auteur. On a surtout remar-
qué le 2^ acte, des plus vivants, et la fin du 3* acte. Si les critiques
des musiciens n'ont pas manqué à l'œuvre du jeune Niortais,
nous devons constater, nous... documentateur, et non critique
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— Î76 —
musicalj que les louanges remportaient de beaucoup sur les
reproches, et qu'un très vif succès a accueilli la pièce. Elle était
du reste très suffisamment interprétée par des artistes de Bor-
deaux, MM"" Touzelly, dans le rôle de Sylvia ; Lacoste, dans
celui de Galla ; MM. Henriel et Laborde, dans ceux de Marcellus
et de Scaurus ; Sylvain, professeur au Conservatoire de Bor-
deaux, r^isseur.
La pièce a donc fort bien réussi, et les spectateurs se sont
retirés enchantés. Cependant, l'entreprise était hardie, peut-être
môme pourrait-on dire téméraire. Aussi, l'initiative de M. Lau-
rand lui fait-elle le plus grand honneur, à lui qui a lancé non seu-
lement l'idée de la représentation, mais l'a menée vers la réussite
à ses risques et périls. Les Mécène ont toujours été rares, il ne
faut pas leur ménager les remerciements quand on en rencootre.
Grâce à lui, les Saintais savent aujourd'hui de façon certaine
plusieurs choses que l'on soupçonnait bien, mais qu'il était né-
cessaire que l'expérience, notre grande maîtresse à tous, vint
confirmer.
Personne ne doutera plus maintenant que Saintes n*ait une
admirable scène de spectacle en plein air, dont l'acoustique ne
laisse rien à désirer. Ce ne fut ni une des moindres surprises, ni
un des moindres agréments de cette soirée, que la possibilité
d'entendre la pièce si distinctement, et de toutes les places,
avec la même netteté ; dans l'air libre, et dans ce calme du soir,
les voix avaient même une pureté qu'elles ne sauraient atteindre
dans les salles de spectacle ordinaires. Quant au cadre naturel
que l'on connaît, ou plutôt que l'on croyait connaître (car il s'est
révélé tout nouveau sous l'éclairage à l'alcool si brillant et si
doux), il a étonné, émerveillé tout le monde.
Dans le fond, près de ce trou — (résultat de fouilles anté-
rieures), — familier aux habitués des arènes; et qui permet de
voir la quantité... énorme de terre qui reste encore à ôter, s'éle-
vait la scène. Elle était toute simple, mais elle avait comme dé-
cors de fond, au 1^ acte, la ligne imposante des grandes arcades
laissées volontairement un peu dans la pénombre, distinctes ce-
pendant, et qu'au moment de l'apothéose, des feux de bengale
roses, vinrent illuminer de la plus heureuse façon (1). Devant,
(1) Les dicors du second et du troisième actes, une terrasse sur les bords
du Tibre et la prison Mamertime ont été peints aVeo beaucoup de goût et
de science par deux amateurs, M. Tabbé. Gaurier et M. Joufseï, sout-direo*
leur du haras.
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— 277 —
dissimulé, Torchestre, trop dissimulé môme, eu égard au petit
nombre des musiciens, peut-être ne Tentendait-on pas tout à fait
suffisamment ; à côté, les chœurs, que Ton entendait en revanche
peut-être un peu trop, étant donné qu'ils devaient être dans la
coulisse. Un plancher en rampe douce partait des chœurs. Les
chaises de secondes, formant comme le parterre dans nos
théâtres, étaient massées derrière l'orchestre, et les chaises de
premières s'étageaient sur une estrade en planches construite en
gradins dans le sens du grand axe. On avait réuni 3.000 chaises.
Dans tout le pourtour, des bancs formaient les places à un franc.
Quelques loggia aviaient été aménagées, notamment dans le jar-
din du gardien des arènes. Mais ce qu'il n'est pas possible de
décrire, c'est l'effet de cet éclairage dont nous parlions tout à
l'heure, tombant sur des milliers de spectateurs ; c'est l'impres-
sion donnée par l'immense enceinte d'ordinaire vide, que l'on
était tout surpris de voir, de sentir plutôt, bondée de specta-
teurs... sous un ciel de gros nuages noirs frangés de himière par
la pleine lune, chargés d'électricité prête à éclater.
Nous pensons qu'il est difficile, à ce point de vue, de faire
mieux, de tirer un parti plus avantageux ou plus pittoresque
de l'espace libre. Peut-être, l'an prochain, pourrait-on reculer
un peu la scène vers le fond des arènes et gagner ainsi quelques
places. Et nous exprimons le désir que, dans les travaux que la
ville de Saintes, consciente enfin de la beauté artistique de ce
monument, ne pourra se dispenser d'entreprendre prochaine-
ment, d'accord avec l'Etat, qui avait envoyé à la représentation
M. Ballu, architecte, inspecteur des monuments historiques, on-
ménage sur le terrain une pente naturelle, que M. Balley, le dis-
tingué architecte de la ville, n'avait obtenu qu'à grands renforts
d'échafaudages. Quelle économie pour les représentations fu-
tures I Car on fera des travaux dans les arènes, et on y représen-
tera d'autres pièces, nous en. sommes persuadés. Un mouvement
d'opinion dans ce sens se dessine trop vif, pour qu'il ne soit pas
irrésistible. « Comment I votre municipalité ne veut rien faire
pour ses arènes ? » nous diisait avec étonnement un des repré-
sentants de notre chef-lieu, et non des moindres. Il faut que ces
étonnements, humiliants presque pour les Saintais, cessent. La
pièce de M. Laurand n'aurait-elle que ce résultat, qu'elle méri-
terait les plus chaleureux remerciements de la Société des Ar-
chives, dont les membres luttent depuis de si longues années pour
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— 278 —
la restauration de ces arènes, qu'ils ont le droit de considérer un
peu comme leurs.
On a pu aussi s'assurer, d'une façon précise, des ressources
musicales qu'offre la ville. Nous voulons parler à la fois de ces
excellents musiciens professionnels et amateurs, dont le zèle a
été si remarqué, et aussi de la masse anonyme des choristes qui,
bien qu'appartenant aux milieux les plus différents, se sont mêlés
avec un accord parfait, et ont fort bien tenu le rôle important qui
leur était réservé dans la pièce. Il y a là un élément précieux pour
les représentations futures.
Enfin, on a vu combien la nature du terrain se prêtait facile-
ment à un sérieux service d'ordre, tant pour faciliter l'accès des
arènes aux spectateurs, que pour l'interdire aux intrus. C'est un
avantage que beaucoup de nos hippodromes paieraient cher.
Le seul point noir a été, et sera, la pluie. Elle a failli, diman-
che dernier, faire échouer la représentation. C'était la revanche
de la nature contre nos si habiles organisateurs. Point de remède,
sinon bien consulter son baromètre et les prédictions... de nos
éminents météorologues. Au demeurant, le ciel se montra relati-
vement clément. Après la bonne ondée du début, pendant le
chœur qui précédait le premier acte, la pluie fit trêve et permit la
représentation complète. Certaines personnes, aux yeux exercés
aux étoiles, prétendirent môme en voir briller quelques-unes,
pendant que l'orage, comme pour se faire pardonner sa mau-
vaise plaisanterie du début, jouant le rôle du plus habile machi-
niste, illuminait le fond des arènes de ses éclairs les plus impré-
vus. Mais l'alarme avait été grande. La représentation s'en est
ressentie un peu ; on voyait que nos acteurs, jouant en plein air,
aspiraient au moment où ils dépouilleraient leurs vêtements ro-
mains pour d'autres moins élégants peut-être, mais plus confor-
tables. Us avaient raison, du reste, car à peine le dernier spec-
tateur avait-il quitté le seuil des arènes, que l'orage éclatait de
nouveau, et avec quelle force I
Quelques chiffres maintenant. Ils ont leur importance. De
docum-ents authentiques présentés par M. Laurand, il résulte que
les dépenses s'élèvent à 6.5G7 fr., et les recettes à 5.207 fr., y
compris 800 fr. à peu près pour les artistes, laissant par consé-
quent un déficit de 1.360 fr., qui incombe entièrement au pro-
moteur de l'œuvre.
Il eût été plus considérable, s'il avait fallu porter en compte le
personnel, les chevaux, le matériel fourni directement par M.
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- 279 —
Laurand, et aussi par M. Guillet. Il eût été plus considérable
encore si les directeurs d« journaux de Saintes n'avaient gra-
cieusement ouvert leurs feuilles à Tenlreprise et n'y avaient colla-
boré av«c une entente et un entrain que nous avons beaucoup
admirés... Puissent ces quelques chiffres tranquilliser cet hono-
rable conseiller municipal qui demandait anxieusement à ses col-
lègues si cette représentation ne cachait pas quelque « spécula-
tion ». Le mot a été dit. Peut-être faut-il voir dans cette crainte,
partagée probablement par d'autres collègues, Tabstention si re-
marquée de la municipalité à coopérer à cette fêle, qui était après
tout plus encore la fête de Saintes que celle de M. Laurand. Nous
ne connaissons pas la profession de Thonorable conseiller muni-
cipal en question, mais nous ne lui souhaiton-s pas de faire beau-
coup de « spéculations » dans le genre de celle-ci. Il est probable
que si jamais M. Laurand veut spéculer, ce ne sera pas dans
r « entreprise des spectacles ».
Et pour terminer, un vœu, celui que dimanche dernier nous
trouvions sur toutes l'es bouche^ : que Ton recommence. Que M.
Laurand continue donc son œuvre si bien entreprise et arrive à
doter Saintes de ces représentations annuelles qui font la gloire
de certaines villes. Autant que pas une, Saintes possède, nous l'a-
vons montré, tous les éléments de succès. Bonne chance donc aux
représentations futures ; nous sommes persuadés que, soit avec
des œuvres connues, soit avec des artistes célèbres, les futurs
organisateurs couvriront amplement leurs débours. Il ne faut pas
oublier que les arènes de Bézrers, dont les représentations don-
nent un excédent de recettes considérable, ont débuté par un
déficit de plus de 100.000 fr. Nîmes et y\rles tirent des revenus
de leurs arènes. Alors sera réalisé le vœu, formulé îl y a quel-
ques années déjà par un de nos plus distingués confrères de la
Société des Archives, qui écrivait au ministère « de hâter les
fouilles des arènes de Saintes, afin de doter la ville d'une salle
de spectacle en plein air... »
M. B.
P. S. — La presse régionale tout entière a loué, sans réserve,
cette belle fête, l'œuvre du librettiste, la partition du composi-
teur, l'installation, l'initiative de M. Laurand. Elle a répandu
force fleurs sur les pleurs qu'un incident a provoqués au cours
des répétitions. Elle n'a rien oublié. UAgence Havas a même
inséré deux notes très flatteuses. Nous savons, du reste, qu'au
loin, certaines personnes passionnées pour le théâtre en plein
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— 280 —
air, oui suivi les phases de la mise au poiot de Au seuil dee
Arènes. Un habitant de Cette a demandé à un de nos confrères
de lui envoyer un compte rendu.
Parmi les articles de nos journaux départementaux, il convient
de signaler celui des Tableiieis du 26 juillet, de beaucoup le meil-
leur, reproduit dans le Progrès du 27, vu son incompétence en
musique, dit-il. Le Courrier de La Rochelle a envoyé un rédac-
teur à Saintes, ce qui est tout à fait à sa louange, mais son article
contient deux lapsus qu'il convient d'arracher immédiatement,
de peur qu'ils ne s'enracinent. M. Guillaud n'est pas Saintaia.
L'auteur, à la suite dcpersonnee étrangères, paraît avoir com-
mis une amusante confusion entre deux homonymes, parfaite-
ment étrangiers l'un à l'autre, diamétralement opposés de croyan-
ces *et d'idées... surtout religieuses. Le second lapsus consiste à
attribuer à M. Déré un prix de Rome. A quel Age auraitril com*>
mencé à apprendre l'harmonie ? en tétant ? A quel Age aurait-il
concouru ? Grand Dieu I il a dix-huit ans t A quel Age aurait-il
obtenu son prix et à quel Age serait-il revenu de Rome ? Il n'est
pas prix de Rome, mais il aurait pu le devenir, dans quelques
années, s'il avait poursuivi ses études.
La représentation de Au seuil des Arènes a été annoncée par
une affiche illustrée tirée en couleurs, signée G. OUivier (artiste
peintre à Saintes), représentant l'amphithéAtre avec un décor
de scène, imprimé en bleu sur fond jaune, rehaussé de quelques
touches de rouge.
Le; Monde illustré du 7 août contient un compte rendu avec pho-
tographies et portraitA.
II
Etude BmLioGRAPHiQUB
sur les éditions de Y Antiquité de Saintes et de Barhezieus^
d'Eue Vinet.
Elie Vinet, ce grand érudit du XVI* siècle, originaire de la
Saintonge, et bordelais d'adoption, attend encore son biogra-
phe (1). On a bien publié plusieurs notices sur le savant, mais ce
(1) Elie Vinet naquit en 1509 au tlUAge des Planches, appelé depuia lea
Vineta, prèa de Barbeaeoz. Après aToir fait ses premières études dans son
pays natal, il alla les compléter au collège des Jésuites de Poitiers et j reçut
le grade de maitre-ès-arts. Cest alors, en 15S9, qu'il Tint à Bordeaux comme
professeur de beUes-lettres et de mathématiques au collège de Gujenne, di-
rigé par André de Goutoo qu*» suiTit on iM7 on Portugal, an coUègo do
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— 281 —
ne sont que des éloges académiques, des préfaces d*édilions mo-
dernes de ses ouvrages ou des articles de biographies générales,
et toutes ces études, très estimables en leur genre, sont insuffi-
santes pour faire connaître Tauteur de tant de travaux de la plus
haute érudition (1). Car, malgré les lourdes occupations que lui
imposaient ses fonctions dans renseignement — il a été pendant
plus de trente ans Principal du collège de Guyenne, à Bordeaux
— il trouva le temps de produire des travaux d'érudition sur les
sujets les plus divers : histoire, archéologie, philologie, mathé-
matiques, économie rurale, livres de classe, etc.; il a touché à
presque toutes les branches des connaissances humaines, et c'est
par l'oeuvre considérable qu'il nous a laissée qu'Elie Vinet offre
un sujet d'étude bio-bibliographique du plus haut intérêt pour
l'histoire proprement dite, pour l'archéologie et pour l'histoire
littéraire du Bordelais et de la Saintonge.
Pour bien faire comprendre quel service rendrait une étude
complète de biographie et de bibliographie critique sur l'écri-
vain saintongeois, il nous suffira de citer d'une manière som-
maire les principaux ouvrages qu'il a publiés.
Il a donné des éditions corrigées, avec des notes et des com-
mentaires, la plupart à l'usage des classes, de Sidoine Apolli-
naire, Lyon, 1562 ; d'Eutrope, Poitiers, 1554, Bàle, 1559, et Bor-
deaux, 1580 ; du Polyhistor de Solin, Poitiers, 1553 ; du Traité
« de illustribus grammaticis et rhetoribus » de Suétone, Poitiers,
1556 ; de la Sphère de Sacrobosco, Paris, 1566, et Lyon, 1578 ;
de Perse, Poitiers, 1560, et Paris, 1601 ; de Florus, Poitiers,
1563, et autres éditions, de Pomponius Mêla, Paris, 1572, et
CoTmbre où il professa jusqu^en 1549. Revenu à Berdeaux au collège de
Guyenne, il en derint le Principal en 1556, fonction qu'il conserva jusqu^à sa
mort survenue le 14 mai 1586. Il avait 77 ans. Il fut inhumé en grande pompe
en réglise Saint- Éloi.
(1) On peut consulter sur Elie Vinet, outre les biographies générales :
Amêonii operà... commenteras illattràtà per ElUm Vinetnm... Burdigalae,
1590. in-4* ; on trouve dans cette seconde édition d*Ausone, commentée par
Vinet — la première est de Bordeaux, 1575-1580 ^- une courte notice biographi-
que attribuée A l'imprimeur Millanges et plusieurs pièces de poésies grecques,
latines et françaises composées par des bordelais en Thonneur de Vinet. —
Bloge d'Elu Vinet, par F. Jouannet, Périgueux, 1816. — La préface de l'édi-
tion de V Antiquité de Bordeaux de Vinet, par H. Ribadieu« Bordeeux, 1869,
in-4«. ^ I>e U renài$ê&nee deê letires à Bordeaux an X VI* siècle, par R. De-
zeimeris, 1864, pMsim, — La préface de Berbezieux, son histoire et ses sei-
gneurs par L. Cavroix, Barbezieux^ 1870. — Histoire du collège de Guyenne^
par E. QauUieur, 1874, pMSsim.
80
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— 282 —
Bordeaux, 1582 et 1007 ; Ausonii opéra, Bordeaux, 1575-1580,
etc.. 11 a traduit en latin les Sciilencos de Théognis, Paris ou
Bùlc, liVio, l'I lA'Jpsick, 1571) ; la Sphère de IVocle, Poitiers,
154i, Bordeaux, 1553, et Paris, 1557 et 1573; un Abrégé de Mi-
chel Psellus sur la musique et la géométrie, avec la Sphère de
Proclo, Borde(iu.i\ 1553, Par/s-, 15;)7, et Taurs, 1592; deux li-
vres des Eléments d'Euclide, Bordeaux, 1575 ; el en français la
Vie de (liarleniayne, crKiçinhard. Eiilin, nous lui devons encore
La Manière de [aire les Solaires ou Cadrans, l^oiliers, 150^'i, cl
Bordeaux, 1583 ; L'Antiquité dlingoulesme, Poitiers, 1507, el
Angoulôme, 1877 ; Saintes et Barbezieus, Bordeaux, 1508, 1571
et 1584, et Barbezicux, 1870 ; Narbonensium volum et arœ dedi-
catio.,., Bordeaux, 1572 ; De loyisticâ libri 1res, Bordeaux, 1573 ;
LArpenteric, livre de géométrie, Bordeaux, 1577 el 1583 ; La
Maison champêtre , s. d. (1007), etc.
Toutes ces publications, dont plusieurs, comme on vient de
le voir, eurent deux et trois éditions — et notre liste est loin d'être
complète — prouvent suffisamment en quelle estime les travaux
de ce savant étaient tenus par ses contemporains. Aussi espé-
rons-nous qu'un d(; ses compatriotes se décidera à entreprendre
la monographie que nous venons d'indicpier, et qu'un jour nous
verrons paraître dans ce même Bulletin, qui nous donne aujour-
d'hui une si gracieuse hos[)ilalilé — car c'est là sa véritable
place — une étude intitulée : Elie Vinel, sa rie et son œuvre.
En attendant, nous venons apporter noire contingent, bien fai-
ble, il est vrai, à sa biblioiiraphie. Nous allons faire connaîlre
aussi exactement que possible les éditions de celui de ses ou-
vrages qui intéresse le plus la Saintonge : nous voulons parler
de YAntiquilé de Saintes et de Barbezieux, dont les différentes
éditions ont toujours élé décrites d une manière incomplète et
erronée. La première, nolammr^nt, est i)res(juc absolument igno-
rée, aussi est-ce sur elle que nous aurons le plus à nous étendre.
SAINTES II et II BARBEZIEVS. Il (Fleuron :Ecu de France
couronné.) Il A Bovrdeavs. Il Chez la vefue de Morpain.
S. d. (is68).
Pet. in-4'», 26 feuillets non chiffpiia, signatures A à F par 4, et G par 1,
2« lignes à la page. Impression en caractères romains, sans divisions ni alinéas.
Un feuillet titre, verso blanc; trois pages imprimées en petites iUliques
pour TAvant-Propos, avec le titre de départ suivant : • Recherche de la plus
antien- || ne mémoire de la viUc de Saintes, et pais de Saintonge, commancée
par Elie Vinet. • Le texte de V Antiquité de SainUs commence A la quatrième
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SAINTES
et
BARBEZIEVS.
A BOVRDEAVS.
(hezjA njefuc deMorfam.
Titre de Stiintet et Barbeneui, 1568.
Fac-flimile d'après Tezemplaire de la bibliothèque Mazarine.
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— 284 —
page, sans titre de départ, et se termine à la moitié du verso du feuillet F.-l.
A la suite, an recto du feuillet F-S, vient V Antiquité de Bàrbezieus, avec le
titre de départ : c De TAntiqvité de H Barbeiieus. » finissant au verso du
dernier feuillet, en pointe : c poinc 7 Mais c'est assés. y A Dieu, Ami y
Lecteur (Voir le fac-similé du titre p. 283.)
Telle est la désignation bibliographique exacte de la première
édition de Saintes et Barbezieus d*Elie Vinet.. C'est la véritable
première édition de ce livre qui a été ignorée pendant longtemps
et qui est ignorée encore de bien des érudits s'occupant de l'his-
toire de la Saintonge.
Le seul exemplaire de ce rarissime ouvrage est conservé à la
bibliothèque Mazarine de Paris, sous le n"" 17706. C'est sur lui
que nous avons pris la présente dési^ation. Il a une simple cou-
verture en papier, mais il est en bon état et grand de marges
(138x107 millimètres).
M. 0. Nauzais a donné, en 1873, une édition de YAnliquUé de
Barbezieus, d'après celle de 1568, édition dont nous aurons à
nous occuper tout à l'heure, et, dans sa préface, voici ce qu'il dit
au sujet de l'impression bordelaise de la veuve Morpain :
« Les deux éditions de 1571 et de 1584 sont connues quoique
un peu rares, surtout celle de 1571 — (ça c'est une erreur, parce
que l'édition de 1584 est beaucoup plus rare que celle de 1571,
comme nous aurons à le répéter dans un instant). — Mais celle
de 1568, dont je publie un extrait, continue M. Nauzais, est plus
que rare ; elle est niée par la plupart des savants ; elle est consi-
dérée comme n'ayant jamais paru, n'ayant jamais existé. Cette
édition est très importante, car Vinet nous y donne des rensei-
gnements autobiographiques que l'on n'avait pas encore pu véri-
fier. Dans les éditions de 1571 et de 1584, Vinet supprima tout
ce qui se rattachait à lui et à sa famille Puissé-je faire plaisir
aux amis des lettres et aux habitants du pays où naquirent pres-
que à la même époque Elie Vinet, le savant saintongeois, le pro-
pagateur de l'instruction, et François I*', surnommé le Père des
lettres I — Septembre 1873. »
Tout cela est parfaitement vrai et très bien dit, seulement M.
Nauzais a oublié de nous faire savoir où se trouve l'exemplaire
de l'édition de 1568 sur lequel il a fait sa transcription. Cette
omission est-elle bien involontaire 7 Nous savons que plus tard
il entra en correspondance avec M. Chadelle, bibliophile distin-
gué, membre de la Société des bibliophiles de Guyenne, et à cette
époque percepteur des finances à Lestiac en Gironde, au sujet
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— 285 —
d'un projet d'édition de Saintes et Barbezieus, reproduisant le
texte intégral de 1568 et d'après l'exemplaire unique que lui seul
connaissait. Ce projet n'a jamais été exécuté. Nous croyons sa-
voir que ce fut la question financière qui fut difficile à résoudre,
d'autant qu'on avait l'intention de reproduire avec le texte d'Elie
Vinel le grand plan de la ville de Saintes, qui se trouve dans
quelques rares exemplaires, et dont nous aurons à parler plus
loin dans cette notice. M. Nauzais tenait, dans ce but évidem-
ment, à garder son secret, et il l'a gardé jusqu'à la fin, puisque
personne ne sait encore où se cache ce mystérieux exemplaire
unique de l'édition de 1568. La moindre indication à ce sujet
nous eût évité bien des recherches, et à d'autres bien des erreurs.
Nous nous occupons depuis longtemps d'établir la liste de?
impressions typographiques bordelaises, et dès que nous eûmes
connaissance, par la réimpression de M. Nauzais, de cette im-
pression de la veuve Morpain, nous nous mîmes de suite à sa
recherche dans toutes les bibliothèques publiques, et notamment
dans celles de Paris, qui renferment tant de raretés. Nous ne la
trouvâmes qu'à la bibliothèque Mazarinc, et c'est bien là cer-
tainement que M. Nauzais avait découvert cette édition incon-
nue de tous, mais c'est là aussi qu'il avait eu soin de la laisser
sous le boisseau. Maintenant que nous avons fait sortir de sa
cachette cet exemplaire peut-être unique, tout le monde peut
aller le demander et s'en servir, si besoin est.
Par une heureuse coïncidence, celte même bibliothèque Maza-
rine possède également les deux autres éditions de 1571 et
de 1584 de cet ouvrage, très rares elles aussi, de sorte que l'éru-
dit qui voudra comparer les trois éditions bordelaises du livre
d'Elie Vinet, pourra se livrer à ce travail de la manière la plus
commode.
Nous venons de dire que l'ignorance où l'on était de cet exem-
plaire de l'édition de 1568 avait fait commettre des erreurs biblio-
graphiques. Non seulement Nicéron, Brunet, L. Cavrois, auteur
d'une histoire de Barbezieux publiée en 1870, et d'autres au-
teurs n'ont pas connu cette édition, mais voici ce qu'on lit dans
les Origines et les débuts de F Imprimerie à Bordeaux, de M. A.
Claudin (1), pour lequel cependant les rayons les plus obscurs
des bibliothèques publiques n'ont pas de secret :
(i) Lêê originêê et lêê débuU dé Vlmprimmrie à BordMox, par A. Qaudin,
Rwne Oitholiqne de IkirdMiix, |S9f , et Ura^e A part, librairie A. Qaudin,
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-- 286 —
« La veuve Morpain est remplacée Tannée suivante (1571) par
Pierre de Ladime. Ce dernier avait acquis un certain nombre
d'exemplaires de YAntiquiié de Saintes d*Elie Vinet, in-4^ im-
primés à Poitiers par Enguilbert de Marnef, en 1567. 11 en chan-
gea les titres qu'il imprima lui-môme en omettant les noms de
Tauteur. Ces exemplaires portent pour suscription : A Bour-
deaus, Pierre de Ladimé, 1571. »
Nous professons la plus grande estime pour les travaux de
bibliographie de Taulcur de YHistoire de Vlmprimerie en France
au XV^ et au XVI* siècle (1), aussi regrettons-nous d'êlre obligé
de dire qu'il y a là presque autant d'erreurs que de lignes. D'a-
bord cette première édition est de 1568 et non de 1567, puis elle
n'est pas de Poitiers, puisqu'il est certain maintenant qu'elle a
été imprimée à Bordeaux. Il n'y a eu aucune édition sortie des
presses poitevines ; on peut s'en convaincre en consultant l'ou-
vrage très complet de M. A. de la Bouralièro, Vlmprimerie et la
Librairie à Poitiers pendant le XVP siècle (2). Quant à l'édition
de Bordeaux, 1571, ce n'est pas, ainsi que nous allons le voir,
une nouvelle émishion avec un simple changement de titre, mais
c'est bel et bien une autre impression et même une autre édition
augmentée par l'auteur. Enfin, Pierre de Ladime n'a nullement
omis le nom de l'auteur sur le litre: comme à la [première édition,
le nom de Vinet ne se trouve (fu'au titre de départ. C'était assez
l'usage à cette époque, les écrivains de ce temps-là, même les
plus savants et les plus célèbres, étaient plus modestes que ceux
de nos jours qui ne manquent jamais de placer leur nom sur le
titre et la couverture de leurs publications, bien en évidence,
avec plusieurs lignes de tilres plus ou moins honorifiques.
M. Claudin, si bien documenté d'habitude, s'est contenté en
cette circonstance de consulter le Manuel du Libraire de Brunel,
qui dit en effet : V Antiquité de Saintes (et de Barbezieus), Bour-
deaus, P. de Ladime, 1571, in-4®, de 66 ff (sic), non chiffrés
ParÎB. 1897, in-8», 117 p. — On peut consulter encore sur Thistoire de la ty-
pographie bordelaise : Origines de Vimprimerie en Guifenne, par Jules Del-
flls, Bordeaux, 1869, et Notices biographiques sur les Imprimeurs et Libraires
bordelais des XV!; XVII^ et XVUh siècles, par Ernest Labadic, Bordeaux,
1900, in-80.
(1) VHistoire de Vlmprimerie en France ao XV» et au XVI* siècles, de
M. Claudin, publiée par Tlmprimerie Nationale est en cours de publication :
les deux premiers volumes seulement comprenant Paris, ont paru, 1900 et suiv.
(2) L'Imprimerie et la Librairie à Poitiers pendant le X V/« siècle. Paris et
Poitiers, 1900, in-8o.
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— 287 —
(colle édilion a 30 ff. cl non 60), 12 à 15 francs (hélas ! quantum
niulalus...!). » Kt lîrunet ajoulo plus bas : « Klie Vinel, Anti-
quiloz de Bordeaux, de Bourtr, Saintes, BarlxvJeux et Angou-
lesiue. BounU'uuis, Aiiliani^^es, ioTi e! locSi ; Poieliers, 1507 ».
D'après celle dcsitrnalion ass(*z éni^anatiijuc on pourrait croire
qu'un seul livre porlanl ce lilre général a eu ilcux éditions à Bor-
deaux et une à Poitiers, alors que ce sonl trois ouvrages parus à
part : UAnliquilé de Bourdeaus cl de Bourg, Poitiers, 15G5, cl
Bourdeaux, 1574 ; Engoulcsme, Poiliers, 1507 ; Saintes el Bar-
bezieus, Bourdeaus, S. d. (1508), 1571 el 158'i. On voil que cette
indication, Poitiers, 1507, s'api)lique à Engoulcsmc, livre de la
plus grande rarelé (1), et non à Saintes et Barbezieus, et c'est ce
qui a induit M. Claudin en erreur au sujet du millésime et du
lieu^ d'impression de ce dernier ouvrage.
Ces erreurs, capitales cependant, dans un livre aussi réi)ulé
et aussi consulté (|ue le Manuel n'ont rien qui doive nous étonner.
Brunel n'a jamais attaché une bien grande importance à la biblio-
graphie histori(|ue des provinces de. France ; les livres rares et
curieux rcchcrcliés dos amateurs de son temps ont été surtout
l'objet de sa sollicitude, cl la valeur vénale d'actualité des livres
de bibliophile ont été presque sa seule préoccupation. L'auteur
du célèbre manuel était fils de libraire et on se ressent toujours
de son origine.
Aussi et malgré les nombreuses bibliographies spéciales qui
ont paru depuis trente ans, mais qui sonl presque toutes des ma-
nuels, la bibliographie générale de la France est à faire el elle
ne se fera que par départements ou par provinces. Dans notre
région dm Sud-Ouest, l'Agenais a donné l'exemple (2), le Péri-
gord a suivi (3). A (juand les bibliographies de la Sainlonge, du
(Juerci, du Bordelais, de la GascoL^ne, du Béarn, etc.? Les auto-
rités compétentes qui subventionnent nos académies et nos socié-
tés savantes départementales devraient leur imposer, ainsi qu'aux
bibliothécaires qui ont pre»(|ue tous les éléments sous la main,
ce travail d'une utilité de premier ordre.
(1) Un exemplaire de V Kng ou le sme de Vinet a passi^, dernièrement en vente
publique à Bordeaux. Il a ct<^ pour ainsi dire retiré par les vendeurs et il
nous a été proposé deux fois tout récemment.
(2) Bihlioqraphie générule de VAgenais^ par Jules Andrieux. Agen, 18X6-
1891, 3 vol. in-80.
(3) Bibliographie générale du Pèrigord, par MM. A. de Roumejoux, Ph.
de Bosredon et Fcrd. Villepelet. Périgueux, 1897-1903, 5 vol. in-8-. '
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-- 288 ~
Seulement, nous nous permeltrons de recommander aux au-
teurs de ces futures bibliographies locales d'avoir bien soin,
pour ne pas commettre les mômes erreurs que celles que nous
venons de signaler, de voir eux-mêmes, autant qu'il leur sera
possible, les livres anciens, de bien les examiner et de bien les
décrire, \ousne pouvons mieux faire cjue de transcrire à ce sujet
les principes que Vinet lui-même a émis dans Tavant-propos de
son Antiquilê de Saintes cl Barbezieus, pour la description ar-
chéologique des vieux monuments, et qui peuvent très bien s'ap-
pliquer à la description des livres :
« Quant à moi, j'ai toujours pensé, que celui, qui veult re-
chercher l'antiquité de quelque lieu, s'en doit aller voir, et bien
visiter, les vieilles murailhes, regarder par tout, s'il n'i a point
quelque pierre qui parle, feuilleter tous les plus viens aucteurs,
qui en peuvent avoir faict mention, et si par tel moien il ne peut
rien apprendre ; s'adroisser aus moins vieus escriptz ; et mesme
fouilher les vieilles librairies, et les thesors, s'il i peut entrer,
des maisons communes, des éu^liscs, des cliasteaux des princes, et
autres seigneurs, et gentilhômes, retirer de la tout le plus vieil
temps, qu'il i trouvera ; et se contenter de cela. Tel est mon
advis : et ainsi ai fait en la recherche de l'antiquité de Bourdeaus,
Saintes, Poitiers, Engolesme, et ({uelques autres villes de nostre
Guiene, comme l'on a déjà peu voir, et qu'on verra cncores
mieus, si dieu me donne vie, et loisir.... »
On a pu croire avec quelque raison que la première édition de
Saintes et Barbezieus était sortie des presses poitevines, parce
que presque tous les ouvrages que son auteur avait publiés
avaient été imprimés dans la capitale du Poitou. Vinet, qui avait
résidé assez longtemps à Poitiers, avait été à même d'apprécier
l'habileté des typographes de cette ville ; les ateliers des Bouchet
et des Marnef pouvaient lutter avec ceux de Paris et de Lyon.
Quand il arriva à Bordeaux, en 1539, il n'y avait dans cette
ville qu'une seule imprimerie, celle de Jehan Guyart, qui avait
succédé, en 1520, à Gaspard Philippe, l'introducteur de la typo-
graphie dans cette ville, en 1516-1517, date que nous ne connais-
sons que depuis très peu de temps (1). Jehan Guyart avait produit
pendant ses vingt ans d'exercice des travaux estimables, mais il
(!) Le premier livre imprimé à Bordeaux, connu jusqu'à présent, porte la
date de 1519 ; nous en avons acquis tout récemment un autre sorti de Tate-
lier de Gaspard Philippe, avec le millésime de 1517. Cette découverte fait
avancer d& deux ans Tintroduction de la typographie en Guyenne.
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— 289 —
faut bien dire que son élablissemeni ne pouvait être comparé à
ceux de Poitiers, de Lyon ou de Toulouse. Il mourut vers 1540.
juste au moment où Vinet venait professer au collège de
Guyenne. Ce décès dut arrêter l'activité des presses de la rue
Sainte-Colombe, et le nouveau professeur ne crut pas prudent
de leur confier un labeur quelconque : il continua de s'adresser
aux presses poitevines ou parisiennes. Cependant, en 1554, il
voulut essayer sans doute Tatelier bordelais, et il chargea Fran-
çois Morpain, le successeur de Guyart, d'imprimer des traduc-
tions de Psellus et de Proclus (1). Mais il est probable qu'il ne
fut pas très satisfait de cet essai, car nous voyons après cette
date de 1554 d'autres publications de notre auteur portant les
noms de Poitiers et de Paris comme lieux d'impression, notam-
ment la première édition de YAniiquilé de Bourdeaus, Poitiers,
1565, et celle de ÏAntiquilé d'Engoulesme, Poitiers, 1567. En
1568, il revint à la charge, ainsi qu'en 1571, dates des deux pre-
mières éditions de Sainies el Barbezieus, sorties des presses
bordelaises de la veuve Morpain et de Pierre de Ladime.
Elie Vinet avait eu pour l'impression des nombreux ouvrages
qu'il avait déjà publiés, de fréquentes relations avec les typo-
graphes de différentes villes ; il s'était bien vite aperçu qu'à Bor-
deaux cette industrie était dans un état d'infériorité regrettable
et il avait dû songer bien des fois à régénérer dans la capitale
de la Guyenne l'art de Gutenberg, afin que les nombreux érudils
que comptait à cette époque la région bordelaise et lui-môme
n'eussent pas besoin d'avoir recours aux presses de Poitiers, de
Limoges, de Lyon ou de Toulouse. L'occasion se présenta bien-
tôt et il ne la laissa pas échapper.
Il y avait au collège de Guyenne, dont il était le Principal, au
moment où il faisait imprimer la seconde édition de Sainies et
Barbezieus, chez Pierre de Ladime, en 1571, un jeune profes-
seur qui lui fournit cette occasion. Ce jeune régent, élevé dans ce
collège, s'appelait Simon Millanges, et c'est lui qui va fonder
cette imprimerie tant désirée, une des plus belles que Bordeaux
ait jamais possédées.
Millanges avait des antécédents typographiques, nous en
(i) Sx nuihémàiieo P$êlU brêvUrio àriihmelieM, muêicM, géométrie* :
SphérM V€r6 esFroeli grasco, ElU Vineto Sanione interprète. BurdigaUe, apud
Fraaciscum Morpanium, prope Carmelitas, s. à, (l»»4),pet, in-4% 76 pa|^.
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— 290 —
sommes certain. Il était originaire du Limousin (1). Son père
avait été el était poul-tMro encore compagnon imprimeur à Li-
moges, et le lilri avait dû y être apprenti dans son enfance, avant
de venir faire ses humanités au eolléi^^e d(^ Guyenne ù liordeaux,
où un de st»s oncles était procureur au Parlement. Devenu pro-
fesseur el entendant Vinet se plaindre du mauvais étal de Tim-
primerie dans cette ville où ils habitaient, il dut se rappeler les
ateliers de Limoi,^es, en causer avec son ancien maître et lui pro-
poser d'étahlir aux portes <le huir collège un nouvel établisse-
ment typoi(raphi(pu% di^iie de la çrrande cité où ils enseignaient.
Il nous est difficile de savoir au juste ce qui se passa alors,
mais ce qu'il y a de sûr c'est que nous voyons Simon Millanges
passer, au mois de juin 1572, un traité a\ec Pierre Haultin, im-
■primeur et fondeur de caractères, i\ La Rochelle, pour Tachât et
la livraison à Bordeaux de deux presses avec leur matériel (2).
Haultin vint lui-même à Bordeaux inslaller ces presses, qui fonc-
lioimèi'enl dès le mois d'août suivant. De ce jour, la capitale du
Sud Ouest eût un atelier qui ])Ut soulenir la concurrence avec
ceux des autres villes de la réî?ion. L'imprimerie des Millanges
a produit pendant près d'un siècle et demi de nombreux el très
beaux livres. Elle a subsisié de père en fils jusqu'à la fin extrême
du XVIP siècle. •
Le premier livre sorti des presses inslallées h Bordeaux, en
1572, est un ouvrage d'Elie Vinet. C'est une dissertation archéo-
logique sur un autel romain découvert récemment à Narbonne (3).
En lête de l'ouvrage, rimprimeur annonce au lecteur qu'il vient
(1) Simon MiUan^^cs était nà en 15i3 au viUaf^c de MillemiUan^eSf paroisse
de Saint- Goussaud dans le Limousin et aujourd'hui dans le département de la
Creuse, arrondissement de Boureraneuf. U fonda à Bordeaux une imprimerie,
qui à sa mort en 1623, sera continuée par ses fils Jacques et Guillaume Millan-
ges, et ensuite par le neveu de ces derniers, Jacques Mongiron-Millanges,
jusqu'à la fin du XVII" siècle.
(2) Contrat de vente d'un matériel d'imprimerie par Pierre Ilanitin à Simon
Millanges (15 juin 1572). Pièce originale aux archives de la Gironde, série E
(notaires), Thcmcr, notaire à Bordeaux, publiée dans le t. XXV (1887) de U
Société de* Archives historiques de la Gironde.
(3) « Narbonensium votum et arae dedicatio, insignia antiquitatis monu-
menta, Narbone reperla... Bardigalœ »pud Simonem MUlangiunit 1573 t
pet. in-S", 24 (T. non chif Ce petit livre est excessivement rare el nous n'en
connaissions que deux exemplaires conservés dans des bibliothèques publi-
ques, lorsque le lendemain du jour où nous écrivions ces lignes, un troisième
exemplaire nous fut adressé de Bruxelles : habent «iia fata libelli !
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— 291 —
d'ouvrir une imprimerie et lui expose son programme. C'est
donc bien le premier produit du nouvel atelier.
Après ce premier ouvrage, Vinct va en livrer immédiatement
d'autres à sou ami Millanges, et nous voyons paraître succes-
sivement De loyislicâ libri irany 1573, livre de classe ; DelHioncs
Elenienti Euclidis, 1575, autre livre de classe ; Ausonii opéra
coninicnlarUs illuslraia per Eliam Vinelum Sanlonem, 1575-
1580, travail de haute érudition philologique, très estimé encore
d^o nos jours, et une des plus belles et des plus importantes im-
pressions de Millanges ; IJArpenlerie, 1577, etc..
On peut donc dire que si Simon Millanges a été le créateur de
la grande imprimerie de la rue Saint-James, Vinel en a été peut-
être le promoteur et, dans tous les cas, le plus puissant protec-
teur.
Mais revenons à notre édition de Saintes et Barbezieus de
15(38. Nous n'avons pas à faire ici l'analyse de l'ouvrage de Vinet
dans une notice de bibliographie pure et qui ne comporte pas de
critique. Mais nous pouvons dire que c'est un travail très remar-
quable pour l'époque, et que la partie archéologique surtout est
encore très estimée, plusieurs des monuments décrits ayant dis-
paru.
M. Nauzais a fait ressortir que ce qui rendait cette première
édition très intéressante, c'est (ju'elle renfermait une autobiogra-
phie et des détails sur la famille de l'auteur supprimés dans les
éditions suivantes. Il y a là beaucoup d'exagération. Ce n'est pas
une autobiographie, mais quelques renseignements sur ses pa-
rents, que nous donne Vinct au commencement de V Antiquité de
Barbezieus, et qu'il n'a pas cru devoir reproduire plus tard pour
des raisons que nous croyons connaître. Ces détails n*ont pas
une bien grande importance, mais comme ils sont assez piquants,
nous allons les transcrire ici, ils nous serviront pour ainsi dire
de mot de la fin.
Après nous avoir appris au début de son histoire de Barbe-
zieux qu'il est né au village des Planches, Vinet ajoute :
« Le<|uel devant que mes ancêtres i vinsenl, s'appeloit le vil-
lage des Planches, et maintenant porle le nom des Vinets ; pour
cause que, comme il en a prins à ceste tant renommée Home, la-
quelle de son commencement n'estant plus grande, que mon dit
village, changea à la parGn son premier nom en pour celui de son
seigneur Romule, mon aïeul, nommé François, et surnommé
Vinet, qu'on dit Binet en Gascougne, et en quelques autres lieus.
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— 292 —
père de Pierre et de Jehan, se faschant en son pals près de Mon-
tagu en le Poitou, qui marchise à la Bretaigne Nantoise, et pen-
sant trouver quelque meilleur aer en la Saintonge, ou Gascougne
nouvellement pacifiées, païs Ihors le plus grand part en friche,
à cause des longues et continuelles guerres de la France et An-
gleterre, se mit, lui, sa femme, ses enfants, et tout son autre
meuble en une charette : que quatre bœufs traisnoient aisecment :
et tant piqua en cet arroi (telle fut jadis le coche des rois des
François devant le règne de Pipin, Maire du Palais de France,
comme tesmoigne Eginart), qui arriva la, en Tan mil quatre cens
septante : et 8*i arresta, au moien du bon recueil et hesberge-
ment, que lui fit le seigneur du lieu... »
C*esl ce passage qui a été supprimé dans les éditions de 1571
et 1584. Il est évident que Vinet a bien senti qu'il était par trop
prétentieux, aussi savant qu'il fût, de comparer son aïeul, qui
n'était qu'un simple paysan, à Romulus, le petit village où il est
né, à la ville qui fut la capitale de l'ancien monde, la charrette à
bœufs de ses braves ancêtres au char des rois mérovingiens, et
enfin ces mêmes parents aux rois de France eux-mêmes. Mais il
n'est pas rare de voir les meilleurs philosophes tomber dans ce
travers, leurs réminiscences classiques les rendent victimes d'une
sorte de mirage. Un des plus illustres élèves d'Elie Vinet au col-
lège de Guyenne, devenu plus tard lui aussi un grand philoso-
phe, Michel Montaigne, n'a pas su éviter ce défaut, et on n'a qu'à
lire quelques pages des Essais pour se convaincre que la modes-
tie des moralistes n'est, la plupart du temps, qu'une fausse mo-
destie.
Vinet a encore supprimé un autre alinéa. C'est celui où il est
question de sa mère :
« Ma mère Colette Chat, du bourg de Saint Cibart soubs En-
goulesme, l'avoit veu faire. Et me cuide souvenir, qu'elle comp-
toit (mon père me mourust plus tost, que peusse rien apprendre
de lui)..* »
Nous ne pouvons pas nous expliquer la suppression de ce
second passage.
Nous en avons fini avec cette première édition, dont nos lec-
teurs ont sans doute trouvé la désignation un peu longue. Nous
allons passer maintenant aux autres éditions, pour lesquelles
nous serons beaucoup plus bref.
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LANTIQjriTEDE
SAINTES.
A BOVRDEAVi
far Pierre deLâdime*
I 5 1 I.
Titre de VAntiqniti de Sêiniêi, 1571.
Pao-flimîle d*aprèf l'exemplaire de la bibliothèque de Tauteur.
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— 294 —
L'AKTiaviTÈ DE II SAINTES. Il (Fleuron : Écu de France
couronné). Il A Bovrdeavs, Il Par Pierre de Ladime. Il 1571.
Pet. iii-4*, 36 feuillets non chifTrés; signatures A à I par 4, 26 lignes à la
page. Tout le texte est composé, sauf la table, en romain, avec certains
noms de lieu ou de personne, en grandes capitales. Il est divisé en alinéas
numérotés en marge de 1 à 72.
Un feuillet titre, verso blanc; VAniiquiU de Saintes commence au recto du
deuxième feuillet avec le titre de départ suivant : « Recherche de la plus
antien- 1| ne mémoire de la ville de Saintes, et païs de Saintonge, commancée ||
par Elie Vinet. H V Antiquité de Barbesieus vient à la suite, sans division et
sans titre de départ, au feuillet G-4, alinéa 61 et finit à mi-page du verso du
feuillet 1-2. Les feuillets I>3 et 4 contisnnent une table des noms imprimés en
caractères italiques. (Voir le fac-similé du titre p. 293. J
Celle seconde édilion esl une véritable réimpression de celle
de la veuve Morpain, de 1568, et non une nouvelle émission du
môme tcxle avec un simple changement de lilre. Quand aux aug-
menlalions qu'Elic Vinet a pu y apporler, nous n'avons pu com-
parer les textes dos deux éditions pour VAnliqaiié de Saintes,
mais nous l'avons fait pour Y Antiquité de Barbeziens, grâce à la
réimpression de M. Nauzais de 1873, et nous n'avons relevé au-
cune adjonction. Il y a eu, au contraire, les deux suppressions
que nous avons signalées et reproduites concernant la famille de
Tauteur. Nous croyons donc qu'il en esl de même pour VAnii-
quité de Saintes, que Vinet n'y a apporté que quelques correc-
tions et quelques changements, mais qu'il ne l'a pas augmentée.
Cette édilion de 1571 n'est donc qu'une reproduction de celle de
1568, et si la première a 36 feuillets au lieu de 26, c'est qu'elle
est imprimée en plus gros caractères et plus interlignée.
Cette édition de 1571 est la moins rare des trois parues au XVI*
siècle. La première, celle de 1568, esl à l'étal d'unique exem-
plaire ; nous ne connaissons de la troisième, datée de 1584, que
trois exemplaires, que nous indiquerons dans l'article suivant
qui la concerne ; mais quant à celle de 1571, que nous décrivons
ici, nous pourrions en citer plusieurs exemplaires dans les bi-
bliothèques de Paris et de Bordeaux et chez plusieurs amateurs;
Notre exemplaire à toutes marges mesure 140 x 193 millimètres.
Maintenant nous avons à parler d'un plan de la ville de Saintes
que l'on rencontre dans quelques rares exemplaires des éditions
de Saintes et Barbezieus de 1571 et de 1584. Nous connaissons
(1) M. Henri Bordes a bien voulu nous confier pendant quelques jours et
avec cette obligeance que l'on ne rencontre que ches les vrais bibliophiles,
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— 295 —
dans ces conditions un exemplaire de l'édition de 1571 avec le
plan en noir, chez M. H. Bordes, le grand bibliophile bordelais
bien connu, et deux exemplaires de Tédition de 1584 conservés,
Tun à la Bibliothèque nationale, Lk 7-9131, avec le plan en cou-
leur, l'autre à la Bibliothèque Mazarine, n^ 17705, avec le plan
en noir.
Ce beau plan gravé sur cuivre, non signé, mesure dans son
cadre 0.35 x 0.45, et est d'un très grand intérêt pour l'archéolo-
gie de la ville de Saintes. D'une très grande netteté, il nous mon-
tre la ville à vol d'oiseau avec son pont fortifié, le fleuve la Cha-
rente, son enceinte entièrement circulaire et ses nombreuses
portes et tours, et enfin ses faubourgs très détaillés ; dans le ciel,
les armoiries de la ville avec le mot Saintes. Au bas, dans un
élégant cartouche, la légende suivante :
« En ce pourtrait de la Vile et cité de Saintes, Chef de la
Comté de Sainlonge en Guienne, A, est la porte Evesque. B, le
lieu du Chasteau et maison du seigneur Comte jadis. C, port
Eguierre. D, port des frères Cordeliers. E, port Mouclier. F, la
porte des Pons. G, petit port. H, port du chapitre. I, S. Pierre
église Calliédrale. K, les Jacobins. L, les Haies. M, Sainte Co-
lombe. N, S. Michel. 0, S. Maure. P, le moustier de Saint-Eu-
Irope. P, A, le Faubourg Saint Eutrope. Q, les Ilarenncs c»
Arcs restes d'un ancien Amphiléatrc. R, S. Macou. S, S. Mau-
rice. T, les Cordeliers. V, S. Vivien. X, S. Saloine où se recon-
gnoissenl aucunes antiquités. P. Y. Z. E, Les Pons sur la rivière
de Charente. 0, Les prisons de la Vile. Z, Les Moulins, 1, Portai
antique, où il y a plusieurs inscriptions Romaines. 2, 3, Fau-
bourg des Dames. 4, S. Palais. 5, l'Abbaie des Dames. Anno
1560. »
L'ÀNTiaviTÈ II de II SAINTES II et II Barbezievs II (Fleu-
ron). Il A BouRDEAUS, Il par S. Millanges, Imprimeur ordi-
naire Il du Roi. Il — Il M.D.LXXXIin(is84).
In-4*, 22 feuillets non chiffrés dont un feuillet blanc à la fin. Signatures A
à D par 4 et E par 6. Impression en caractères romains moyens.
Un feuillet titre, verso blanc, deux feuillets Avant-Propos, seize feuillets
le superbe exemplaire qu'il possède de Saintes et Barbexieus, avec le plan, et
nous tenons à lui renouveler ici nos remerciements. C*est grâce à cette aima-
ble communication que nous pouvons faire connaître ce plan qui est de la
plus grande rareté et qui manque à la plupart des exemplaires connus.
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L*ANTIQJI-TE
SAINTES
E T
BARBEZIEVS
A Bourdeaus,
Par S.Millanges>Imprimeur ordinaire
du Roi.
M. p. L XXXII IL
Titre de VAntiqniié de Sëiniêi el B^rbêMiêUê, 15S4.
Fao-eiiiiile d'après Tezemplaire de la Bibliothèque Bfaiarine.
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- 297 -
AMiquiii de SmiMm et de Bérbeûens avec le titre de dépÉrt suiTant : « Re-
cherche de la plus antienne mémoire de Saintes, et pais de Saintonge, com-
mancëe par Elie Vinci », divisé en ^2 alinéas, deux feuillets table et dn
feuillet blanc (Voir le fac-similé des titres, page 206).
Celle troisième édition reproduit la précédente, celle de 1571.
Commç nous venons de le dire, elle est beaucoup plus rare et
nous n'en pouvons citer que trois exemplaires : un à la Bibliothè-
que Nationale, Lk 7-9131, avec le plan non colorié, un second à
la Bibliothèque Sainte-Geneviève, n* 4700, et le troisième à la
Bibliothèque Mazarine, n* 17705, avec le plan en noir.
Vinet, pour celle troisième et dernière édition publiée de son
vivant (il mourut en 1586) de son Antiquité de Saintes et Barbe-
zieus, s*était adressé à l'imprimerie à laquelle il avait confié
presque toutes ses publications depuis sa fondation sous ses aus-
pices, en 1572, à celle de Simon Millanges. Outre les impressions
que nous avons déjà citées nous pouvons encore en indiquer
d'autres dont Vinet est l'auteur, et qui portent le nom de Millan-
ges : Somnium Scipionis ex libro de Republica Ciceronis, E.
Vineto interprète, 1579 ; Eutropii breviarium historix roma-
nx... emendavit Elias Vinetus, 1580 ; Pomponii Melse de situ
orbis Ubri très,., emendati per Eliam Vinetum, 1581; Schola aqui-
tanica, 1582, règlement du Collège de Guienne et programme
des classes ; VArpanterie d'Elie Vinet et la manière de 1ère les
Polaires, 1583, livre dont la seconde partie avait paru à Poitiers,
en 1564, etc.. On comprend qu'à un client comme le Principal
du collège de Guyenne, qui lui faisait imprimer presque chaque
année un ou deux ouvrages pour le compte de l'établissement
d'enseignement qu'il dirigeait — car toutes les impressions que
nous venons de citer sont des classiques à l'usage de ce collège
— Millanges n'avait rien à refuser. Aussi s'empressa-l-il de met-
tre ses presses à sa disposition pour la troisième édition de l'his-
toire de sa chère Saintonge, son pays natal.
Malgré le soi-disant progrès à la vapeur et à l'électricité, cer-
taines choses ne changent guère, et nous pourrions citer maintes
imprimeries modernes, qui, comme celle de Millanges au XVP
siècle, sont obligées de subir et d'imprimer à leurs frais les ou-
vrages de quelque membre influent de l'Université. Nous ne
savons si ces gros volumes deviendront plus tard aussi rares que
les modestes petits in-quarto de Vinet, mais s'il en advient ainsi
c'est que ces gros tirages auront passé des greniers de l'imprime-
rie dans les magasins du marchand de vieux papiers.
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— 298 —
On ne s'explique guère, en effet, la rareté des livres de Vinet
sur riiistoire et larchéologie. On comprend très bien que les
classiques édités par lui aient disparu en passant par les mains
peu respectueuses d'habitude des élèves et des professeurs ;
mais ses ouvrages historiques sont devenus sans doute très rares
parce que s'adressant à un nombre très restreint de lecteurs, ils
étaient tirés à un très petit nombre d'exemplaires.
Simon Millanges réimprimera souvent encore les livres clas-
siques dus î\ l'érudition du Principal du collège de Guyenne.
Mais après la mort du maître, il voudra lui rendre un dernier et
suprême hommage, et, en 1590, il publie une nouvelle édition de
celui de ses ouvrages qui, à une époque où la philologie latine
primait toutes les autres sciences, était considéré conmic son
oeuvre capitale : ce sont ses commentaires sur le poète bordelais
Ausone, qui avaient déjà vu le jour dans la même imprimerie,
en 1575-1580. Cette seconde ôciition dos Ausonii Burdigalenûs
opéra,., f commenlariis auclioribus illuslrala per Eliam Vine-
tum,., n'est pas aussi belle que la première au point de vue
typographique, mais elle est peut-être plus intéressante par ce
fait que le commentaire est intercalé dans le texte et qu'on trouve
à la suite, les commentaires de Joseph Scaliger et la seconde édi-
tion de la Chronique Bordelaise de de Lurbe.
Al)rès celle troisième édition de Saintes cl Darbczieus, il se
passera trois siècles avant qu'on songe à réimprimer le texte de
cette dissertation sur les antiquités de la Saintonge. C'est en 1870
qu'il faut arriver pour rencontrer la quatrième édition que nous
allons décrire dans l'article suivant.
Barbezieux, son histoire et ses seigneurs, par Louis Givroîx,
auditeur au Conseil d'Etat, Docteur en Droit, Membre de
plusieurs Sociétés savantes. Avec la réimpression de Y Antiquité
de Saintes et de Barbe^ieus écrite en 1568, par Elle Vinet. (Armoi-
ries de la ville de Barbezieus). Armes : d'or, à un écusson
d'azur en abîme. Pans^ Librairie Bachelin-Déflorenne..., Barbe--
T^ieux, librairie Anastase Barrière..,, (Imprimerie P.-J. Blaix, Bar-
be^ieux,) 1870.
In-R% VIII-212 pages et 1 feuillet non chif. table, plus un frontispice
Château de Barbezieux, dessiné par Badolreau (?}, gravé sur bois et imprimé
à Arras, typ. V« Rousseau-Leroy.
La préface (pages v-vi) est signée L. Cavrois, membre de la
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— 299 —
Société archéologique de la Charente, et datée d'Arras, le 11
juillet 1869.
L'auteur de cette histoire de Barbezieux a donné dans le cha-
pitre VII une réimpression de V Antiquité de Saintes et de Barbe-
zieus, par Elie Vinet, pages 53 à 102.
Nous ne pouvons mieux faire pour décrire cet ouvrage que de
donner les titres des chapitres :
Chapitre I, Situation géographique; chap. II, Orographie;
chap. III, Hydrographie; chap. IV, Viabilité, Télégraphie;
chap. V, Mœurs et Cultes ; chap. VI, Hommes célèbres ; chap.
VII, Etude historique (contenant la réimpression de VAntiquité
de Saintes et Barbezieus, par Elie Vinet) ; deuxième partie,
chap. I, La ville de Barbezieux, Histoire de la ville, Description
de la ville ; chap. II, Arrondissement de Barbezieux, Cantons de
Barbezieux, d'Aubeterre, de Baignes, de Brossac, de Chalais, de
Montmoreau.
Nous arrivons maintenant à la dernière édition du livre de
Vinet, mais qui ne contient que VAntiquité de Barbezieus,
L'Antiquité de Barbezieux, d'après VAntiquité de Saintes et
Barbes;ieus, par Elie Vinet. Réimpression de l'édition première
et originale de 1568. Barbei^ux, Imprimerie et lithographie de
P.'J. Blaix, Grand*rue. 1873.
In-8*, 16 pa^es.
La préface (pages 3 à 6) est signée Nauzais et datée de septembre 1873.
C'est dans la préface de cette réimpression de VAntiquité de
Barbezieus que M. Nauzais a fait connaître pour la première fois
Tédition originale de Saintes et Barbezieus, de Bourdeaus, chez
la ve[ue de Morpain, S. d. (1568), mais il a oublié, ainsi que nous
l'avons expliqué, d'indiquer l'exemplaire d'après lequel il a fait
sa transcription, exemplaire qui est peut-être unique et qui est
dans tous les cas resté inconnu de tous jusqu'à présent. Cette
réimpression nous donne le texte primitif de l'édition de 1568,
qui n'avait jamais été rééditée et qui était à peine connue, vu son
extrême rareté. A ce titre, cette réimpression est fort intéres-
sante.
Ici se termine notre étude bibliographique sur les différentes
éditions de VAntiquité de Saintes et Barbezieus d'Elie Vinet.
Nous croyons qu'avec les commentaires qui l'accompagnent, elle
ne peut manquer d'intéresser les nombreux érudits saintongeois
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— 300 —
qui s'QfiCttpem de rkisloire de l«ur pays et d'arohéologie locale.
Peut-être môme que cette notice donnera À quelque bibliophile
au à quelque société savante de la Saintonge l'idée de publier
une édition définitive de ÏAntiquité de Saintes et de Barbezieus
d'après les textes du XVI' siècle que nous venons de faire con-
naître, et, dans ce cas, notre travail n'aura pas été absolument
inutile. Un pareil résultat nous encouragerait à donner une autre
étude de bibliographie sur les éditions de YAntiqmté de Bor-
deaxàXy du môme auteur, ouvrage qui a toujours été mal désigné
lui aussi.
Nous avons déjà tous les éléments de ce travail et nous le
publierons peut-être un jour si, comme s'exprime Vinet dans son
viaux langage, « Dieu nous donne vie et loisir. »
Ernest Labadie.
Bibliophile bordelais.
III
Le général Théophile-Charles de Bremond d'Ars
1787-1875
{Suite et fin).
Or, dès 1808, en pleine splendeur de gloire olficielle, c'est un
soupir, une plainte qui commence à monter du fond de nos pro-
vinces malheureuses. On attend à Saintes l'empereur, qui se
rend à Kochefort en revenant de Bordeaux. Du « paisible ermi-
tage D de Montplaisir, où il demeure la plus grande partie de
l'année, Pierre de Bremond écrit qu'on forme pour le recevoir
une garde d'honneur à pied et à cheval pour laquelle on a dési-
gné son fils.
« L'équipement de la première arme s'élèvera, dit-on, à 300
livres, mais il en coûtera 2.000 pour la seconde, où ton frère
Josias se trouve inscrit. Cette dépense nouvelle contrarie vive-
ment les familles épuisées par la Révolution. Les fonctionnaires
publics, qui reçoivent de gros appointements, peuvent parer à
cette mise dehors. La gêne des propriétaires est partout au com-
ble ; le vin, l'eau-de-vie sont à vil prix ; en revanche, tout ce qui
n'est pas blé ou vin coûte un prix fou et les impôts sont ruineux.
Le sucre, par exemple, coûte aujourd'hui huit francs la livre, le
café sept, et le poivre douze.
Pour moi, je veille au maintien de l'ordre public sur ma
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— 301 —
eommune de La Chapelle-des-Pots, et je n'aurai pas l'honneur
de recevoir l'empereur ; il faudrait un grand événement, je pense,
pour que je dus^e le haranguer à la tête de mes plais et de mes
cruches Occupé d'améliorer notre domaine, je trouve ici à
satisfaire mon penchant pour les travaux agricoles. J'écarte
ainsi mes tristes réflexions, en consacrant mes journées à des
soins qui peuvent vous ôtre utiles. Ils me distraient du spectacle
des méchants heureux et de la probité souffrante »
Cependant, on fait de grands apprêts, arcs de triomphe à la
porte Aiguière, illumination des clochers, foule immense accou-
rue des campagnes et qui, l'empereur étant en retard de plu-
sieurs jours, couche dans les rues ; « car personne ne veut perdre
l'occasion de le voir. » Madame de Bremond est forcée de rentrer
à Saintes pour loger le préfet du palais ; c'est elle qui rapportera
les détails du passage, l'arrivée à 8 heures du matin, les récep-
tions à la préfecture, les toilettes, les diamants, la tabatière d'or
donnée au maire Poittevin-Moléon pour son compliment, et le
départ après quelques heures pour Rochefort. Son mari n'a rien
vu ; « l'enthousiasme, écrit-il, ne m'avait pas fait sortir de la
campagne. »
Bientôt, malgré la prudence des lettres, très souvent intercep-
tées, on devine la souffrance plus aiguë : « Il passe sans cesse
des troupes à Saintes : cela devient très onéreux. » Les nouvelles
d'Espagne sont mauvaises, et la gloire s'est envolée qui voilait
un peu la férocité de la guerre. Partout des mères pleurent Té-
loignemenl — ou la mort — de leurs enfants. Et c'est toujours
touchant de voir comme ces aristocrates, que la légende a fait
croire durs au peuple, sont au contraire tout près des humbles
par le cœur; à l'officier lointain on dit les deuils des pauvres
gens du pays, on lui recommande aussi tous les soldats qui par-
tent et vont de son côté ; on lui demande des nouvelles, on le prie
d'avancer de l'argent. C'est par la correspondance d'un Bremond
d'Ars que bien des Tabourin et des Corbinaud passeront à la
postérité — sans que leurs descendants s'en inquiètent
Puis c'est le désastre, tout proche, de l'île d'Aix : les Anglais,
le 12 avril 1809, y détruisent, dans la rade, le reste de notre
marine.
« J'étais, ce jour-là, à La Chapelle, d'où l'on entendait le bruit
de l'artillerie comme s'il n'y eut eu que trois lieues. A sept heures
et demie du soir, l'explosion d'un des vaisseaux qui sauta fit
ouvrir subitement nos portes et nos croisées, et la flamme im-
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— 302 —
mense qui s'éleva à rinetant môme au-dessus de Thorizon fut si
haute que nous crûmes que le feu était aux Ouillères, dans les
chais des eaux-de-vie. »
La gène devient de la détresse. Car, « de mémoire d'homme »,
on n'avait jamais fait d'aussi mauvaises vendanges que cette
année-là. « Pour surcroît de maux, la guerre empêche le com-
merce, et les récoltes ne se vendant pas, nous mourons de faim
avec nos denrées sans valeur; tandis que le fisc épuise notre
dernier écu par les impôts tyranniques du gouvernement. Notre
misère est inexprimable : j'ai vendu pour cent louis de bois, mais
l'acheteur ne peut me payer. Si Dieu ne vient à notre secours,
on sera bientôt sans pain. »
Le pays écrasé soupire après la paix, et la guerre se fait géné-
rale. Il faut recevoir des blessés, 800 d'un coup en avril 1813,
« pour lesquels on nous demande lits, chemises el draps ; on
crie, on gémit, on donne : le gouvernement a ce qu'il veut et la
machine marche cahin-caha. » Et Ton enrôle des recrues nou-
velles parmi la garde nationale : <( il faut s'équiper, s'habiller,
s'exercer ; tout cela est fort coûteux et oppressif. » Le premier
bataillon est parti pour le camp établi près de Meaux, et les
1.500 autres gardes nationaux sont allés à Rochefort pour le ser-
vice des côtes... « Vingt-quatre conscrits de la commune de La
Chapelle sont partis hier pour les camps de Paris... » (Lettre de
février 1813).
Les percepteurs, de leur côté, font rage.
« Nous sommes tristes, écrit la mère, à la même date, comme
les bois dépouillés qui nous entourent : plus de bras pour culti-
ver nos champs et nos vigncjs : les denrées sont tombées au plus
vil prix : personne n'en veut et nous ne touchons plus un sou.
Nous sommes sans cesse dans la crainte de nous voir exécutés
par les percepteurs, étant dans l'impossibilité d'acquitter nos
énormes contributions Nous leur avons cependant livré nos
vins pour les payer De plus, chaque jour, ce sont de nou-
velles banqueroutes que font naître les circonstances actuelles
et aussi la mauvaise foi »
En janvier 1814, dans une lettre du père, je relève encore ce
gémissement instructif : « Nous voici au troisième paiement des
impositions de 1813, c'est-à-dire que nous les avons payées trois
fois dans un an. » Aussi demeure- t-on à la campagne en plein
hiver. « Car la ville est abîmée de tristesse, et nous aimons
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- 303 —
mieux pleurer ici qu'à Saintes, el seuls, qu*avec des gens aussi
malheureux que nous. »
Ah ! combien sombre est le re\ «^rs de la page de pourpre, et
comme il est vrai qu'elle reste à écrire entièrement, Thistoire in-
time de la France pendant ce qu'on nomme poétiquement Tépo-
pée napoléonienne ! Car tout ce qui est ofiiciel se découvre men-
teur peu à peu, et la police du Maître a si bien traqué partout la
vérité qu'aucune époque n'ei?l plus pauvre en documents sin-
cères. Dos lettres d'un père et d'une mère à son fils, voici qu'il
faut même se défier et savoir d'avance l'ironie des propos de
gloire par lesquels on feint de se consoler de tant Se souffrances,
et que les éloges au génie et à la sagesse de Napoléon sont le
passe-port obligé des plaintes que nous venons de lire.
« Nos veillées se passent à lire les gazettes, où nous voyons les
soins paternels de l'empereur pour préserver la France de la
guerre intérieure et à suivre la marche des ennemis si imprudem-
ment entrés à Genève, dans la Champagne et la Franche-
Comté... »
« Peut-on se plaindre, quand le grand Bonaparte va se venger
do ses ennemis et nous donner une paix glorieuse et durable ?
Cessons donc de pleurer et de gémir sous le poids des maux qui
nous accablent, en attendant les bienfaits promis par le héros
d'Auslerlitz et de Wagram. »
Quand on a le secret de l'accent avec lequel ces choses-là sont
dites, on ne s'étonne pas de voir l'élan de joie qui alla au-devant
des Bourbons. En se redonnant à eux, cette noblesse avait le sen-
timent de rentrer dans l'ordre et la claire vérité, de sortir du cau-
chemar de ces temps troublés où il avait été parfois si difficile
de démêler dans quel chemin le destin de la France et le devoir
patriotique commandaient de marcher !
Il est vrai que, pour une cause trop facile à deviner, le comte
Pierre' de Bremond d'Ars déclina la mission que lui confiait M.
le duc d'Angoulême de former et commander une compagnie de
volontaires royaux de Sainlonge et d'Angoumois. Mais ses deux
fils, Jules et Josias, tout de suite entrèrent dans celle du marquis
de La Rochejacquelein, leur parent.
Et Théophile, le jeune et brillant capitaine de l'armée d'Es-
pagne, qui, attaché un moment à Tétat-major du maréchal Soult,
venait de prendre part aux batailles d'Orlhez et de Toulouse,
certainement, lorsque l'armée « donna son adhésion à la dé-
chéance de Bonaparte », dut sans regret remplacer par la co-
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— 804 —
carde blanche la cocarde tricolore. Car c'était pour la France
toujours qu'il avait servi sous Napoléon avec le même large idéa-
lisme qui, en 1789, animait son père ; pour la France qu'au com-
bat d'Orlhez, surpris avec son escadron dans un ravin par l'ar-
mée anglaise, il avait soutenu une lutte désespérément inégale,
dont lui seul, avec huit chasseurs, étaient revenus.
« Venez donc nous voir dès que vous le pourrez, cher cousin,
lui écrivait, le 4 mai, de Toulouse, M"* du Faget, nous avons bien
des choses à dire, et surtout nous voulons crier ensemble : Vive
le Roi ! )>
Ici finissait bien cependant pour lui la partie de sa vie, vers
laquelle dans la suite devait complaisamment se reporter son
souvenir, puisqu'elle en fut la partie aventureuse, héroïque,
jeune. Son cher 21* chasseurs lui-môme allait disparaître, fu-
sionné, dès le mois d'août 1814, avec le 5* et le 6* de la môme
arme, les chasseurs du duc d'Angoulême et du duc de Berry. A
celte formation de nouveaux régiments il prit une grande part,
reçut en récompense la décoration nouvelle de la croix du lys ;
mais comme «n ne conservait pas tous les ofGciers, et qu'on pre-
nait suivant l'ancienneté, comme sa famille depuis longtemps
insistait pour qu'il se reposât et achevât la guérison de ses bles-
sures, il obtint la permission de se retirer, en demi-solde, dans
ses foyers ; et il revint à Saintes, où il demeura jusqu'aux Cent
Jours, se donnant, ainsi que j'ai dit, le noble passe-temps d'é-
crire, pendant ce congé, l'histoire de son régiment et de ses cam-
pagnes, créant dans sa lignée de gentilshommes soldats et la-
boureurs — ense et aralro — une hérédité nouvelle : celle de la
plume.
Il ne resta pas longtemps penché sur l'écriloire. A l'annonce
du retour de l'île d'Elbe, il tressaille, il est debout. La duchesse
d'Angoulême est venue à Bordeaux faire appel aux défenseurs
de la royauté. Avec ses frères, il accompagnera pour aller le
rejoindre le marquis de Montmorency, à travers un pays occupé
par les bataillons étrangers et fédérés ; et passera la Gironde, de
nuit, dans une barque de pêcheur, sous les boulets des Anglais
embusqués au bord du fleuve.
Puis les royalistes de Saintes et de Cognac ayant organisé un
corps de volontaires royaux, le mettent à leur tête.
Cela lui vaut, au 3 juillet, une chaude journée. Car au matin,
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— 305 —
sur ks onze heures, arrivent à Saintes, Montholon et Las Cases,
qui sont partis de la Malmaison pour Rochefort en môme temps
que Bonaparte, mais qui ont fait route différente par Limoges,
La Rochefoucauld et Jarnac. Une foule hostile les arrête, crie
que ce sont des scélérats qui emportent le trésor de TEtat. La
garde nationale heureusement, commandée par le chevalier de
Guitard, celui-là même qui allait devenir le beau-père de Théo-
phile de Bremond, les protège -et les mène dans une auberge,
d'où on les laisse partir vers le soir... Mais un peu après eux,
les volontaires royaux, qui surveillaient les arrivées suspectes,
avaient vu venir et reconnu Joseph Bonaparte, dit Pépé, Tancien
roi d'Espagne, qui se rendait aussi à Rochefort. L'un d'eux,
Léon de Sartre, de Vénérand, qui, pris dans une levée en masse,
avait été prisonnier de guerre en Russie et avait eu les pieds
gielés, se jeta à la tête des chevaux de poste... On força le prince
à mettre pied à terre et on le remit aux mains de la garde natio-
nale, qui, maintenant l'ordre et empêchant les violences, le fit
entrer à l'hôtel de France, sur la place des Cordeliers... « Prince,
lui dit M. de Guitard, le malheur est sacré pour nous ; soyez sans
crainte tant que vous serez sous notre garde. »
Or, sans attendre les ordres du roi, le conseil municipal décidait
de laisser le frère de Napoléon continuer son voyage, et l'escor-
tait même à son départ de la ville. Au risque de se voir reprocher
d'avoir favorisé cette « évasion », le jeune commandant de vingt-
sept ans s'inclina, donnant l'exemple du respect de l'autorité et
de la modération, assez ferme, assez respecté lui-même pour
maintenir sa petite troupe dans la discipline...
Et ce furent les deux derniers épisodes romanesques de sa car-
rière de soldat.
La vie militaire pendant la paix, c'est la vie de garnison : la
grandeur, comme dit Vigny, n'y est plus que dans la servitude
généreusement consentie et portée.
Rmnis en activité et réintégré au 5" chasseurs, Théophile de
Bremond servit, comme aide-de-camp, avec un entrain affec-
tueux, le maréchal de Montmorency, qui, dans ses lettres les
plus amicales au comte de Bremond, ne trouvait jamais louer
assez « son zèle, son intelligence, sa discrétion et la facilité de
son caractère » ; puis, av.ec correction et loyauté, le général
Donnadieu, qui lui confia plusieurs missions plus politiques en-
core que militaires, mais le rebuta par son caractère exalté,
fantasque, «oupçonneux et violent. Aussi, k peine était^il promu
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— 306 —
chef d'escadron, en 1817, qu'il demandait un congé et rentrait à
Saintes. Il s y attarda trois ans et demi, s'étant marié dans Tin-
tervalle, en 1821, avec M"* de Guiiard ; — et de ce roman-là, si
fécond en joies et en vertus, rien ne nous est conté, et je le re-
grette. Ce n'est pas parce que dans d'autres livres l'amour est
tous les jours profané, sali, contrefait, qu'il faut s'interdire de le
peindre au vrai, tel qu'il opère dans les grandes âmes, élargis-
sant l'horizon de noire esprit, décuplant pour l'œuvre de vie les
forces de notre cœur, tout en attendrissant ses fibres intimes. M.
René Bazin, dans une charmante conférence, racontait ces jours
derniers, avec sa fine mélancolie coutumière, qu'il avait cherché
pour le lire le vieux livre de Guizot, VAnumr dans le mariage,
« Les libraires, disait-il, m'ont répondu que l'édition était épui-
sée... » En quel désordre des idées et des mœurs sommes-nous
tombés, que les confessions éhontées de la passion mauvaise
mettent maintenant le sceau de la pudeur sur les lèvres des fils
et les obligent à jeter au feu les lettres délicieuses où s'épancha la
vigoureuse et chaste tendresse de leurs auteurs ?
Moi-même, depuis que je lui sais un jardin secret de vie fami-
liale, où il serait si intéressant et si bon d'entrer, je ne me sens
plus un goût pareil à suivre Théophile de Bremond d'Ars dans
les étapes de sa vie publique, d'ailleurs tout unie maintenant,
toute droite comme son épée et comme sa volonté.
Il put mettre dans la corbeille de noces de sa fiancée la croix
de la légion d'honneur, vainement demandée pour lui après cha-
cune de ses prouesses de la guerre d'Espagne : c'est un détail
aimable. Mais quand, nommé major des hussards du Nord, il va
tenir garnison à Laon, en 1823, j'imagine que son cœur reste là-
bas, à Saintes, auprès du berceau où un jour du mois d'août
vient, le plus heureusement du monde se poser pour lui, un fils.
A Vendôme, il semble, à regarder seulement ses états de ser-
vice, qu'il n'a connu que des jours heureux : che\'alier de Saint-
Louis, le 20 octobre 1824, quoique n'ayant que seize années de
service au lieu de vingt, il fait partie des promotions du sacre de
Charles X et CvSt nommé lieutenant-colonel des hussards du Haut-
Rhin, le 8 juin 1825. Hélas ! replacez entre ces deux dates celle
du 30 mai, où meurt dans ses bras, à Vendôme, sa première-née,
l'enfant charmante de trois ans dont il n'a pas voulu se séparer,
et pensez de combien d'amertumes ses joies furent entremêlées...
Après Valenciennes et Saint-Omer, il se félicite d'avoir, à la
fin de 1828, pour résidence Dijon, où les d'Archiac-Saint-Simon,
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— 307 —
ses parents, sont alliés avec toute la noblesse de la province.
Mais aussitôt, le voici appelé à Saintes auprès de sa mère mou-
rante (janvier 1829).
Le maréchal Soult, en 1831, le fait officier de la légion d*hon-
neur et colonel du 3* régimient de dragons (1). Voici encore pour
lui un deuil cruel : la bonne, la sainte, la maternelle tante Sophie,
qui, de sa délicate tendresse adoucissait la solitude de son père,
s*en va à son tour de ce monde, mains jointes, et, selon sa
volonté, vêtue comme les pauvres.
En décembre 1841, après une vie errante de dix ans qui Ta pro-
mené, à la tête de son 3* dragons, à Provins, Péronne, Amiens,
Lunéville, Pont-à-Mousson, Huningue, Bclfort, Vesoul, Nancy,
Nevers et Moulins, toujours loin du pays natal et du foyer tant
aimé, il est nommé maréchal de camp, il vient passer quinze
jours à Paris, revoit tous ses amis, reçoit les compliments du
vieux marquis de la Tour Maubourg, gouverneur des Inva-
lides, du maréchal Soull, et, le jour de Fan, à la réception des
Tuileries, les politesses les plus gracieuses du roi ei de la famille
royale. Il dîne au Palais, il a les entretiens les plus cordiaux avec
le duc d^Orléans et le duc de Nemours. On le croit, il se croit peut-
être heureux. Il va porter sa joie à Saintes à son père qui
rayonne de fierté... Mais le vieillard, quelques jours après, en
revenant de la messe, où il va tous les matins malgré le froid
glacial, et où, sans doute, il récite le A^unc dimiltis servum
luunu.., s alite, et il meurt dans les bras de son fils : douloureux
envers d'un moment d'allégresse et de gloire !
Ah ! comme à côté de ces épreuves qui tremï>ent l'homme d'a-
bord et puis amollissent l'argile dont il est pétri, paraissent
minces les incidents de la carrière, même quand ces incidents
sont des sourires : et Dieu sait combien ceux-ci à Théophile de
Bremond furent rares ?
Lui, l'ancien soldat d'Espagne, il aurait aimé à faire, en 1822,
campagne avec le duc d'AngouIème ; on l'envoyait au dépôt, à
Laon.
Il avait longtemps voulu entrer dans la garde royale ; mais
(1) C'est là qu'il eut sous ses ordres le futur général Ambert qui écrivait
de lui en 1876 : « Son souvenir est aussi vif qu'il y a trente ans. Le général
Bremond fut pour moi le plus bienveillant des chefs et me traitait comme
son fils. Je n'oublierai jamais les bontés de son cœur, les traits brillants de
son esprit et le charme inépuisable de sa conrersaiion ».
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— 308 —
M, le duc d'Angouléme donnait la préférence aux officiers qu'il
avait connus en Espagne.
D'ailleurs, quand il allait à Paris, vers 1825, il voyait à la cour
et dans les salons une aristocratie insouciante et joueuse. Il en-
tendait parler de la création de nouveaux pairs, à prendre parmi
la noblesse des provinces. Mais le tour ne venait jamais des dé-
sintéressés, de ceux qui s'étaient ruinés sur les chemins de l'émi-
gration : « On ne choisira que les plus riches familles, écrivait-il
à son père ; ainsi, c'est toujours malheur aux vaincus ! On ne
rencontre d'ailleurs que des intrigants, des égoïstes et des gens
uniquement occupés de leurs plaisirs, se riant de la misère des
provinces et comptant pour rien ceux qui ont la bonhomie de
croire encore à des principes de justice et d'honneur. Où tout
cela nous mènera-t-il ? »
Quand éclata la Révolution de Juillet, il tenait garnison
à Dijon et commandait le 6* hussards en l'absence du colonel.
La duchesse d'Angouléme s'y trouvait de passage, revenant de
Vichy, et assistait à un spectacle donné en son honneur. Un cour-
rier arrive qui annonce qu'on se bat dans Paris et que l'émeute
est victorieuse. Alors, au milieu des cris, des injures, et sous une
grêle de pierres que lance sur ses hussards la populace, le lieu-
tenant-colonel en personne fait escorte à la princesse, qui, tout
de suite, a voulu rejoindre le roi, et ne la quitte à une certaine
distance de la ville que lorsqu'elle lui enjoint l'ordre de retourner
à son poste pour maintenir l'ordre dans la ville. Geste tout natu-
rel à un soldat, à un gentilhomme comme lui, pareil à celui dont
il a protégé le prince Jérôme, en 1815, mais qui lui vaut quelque
suspicion du nouveau régime, et par deux fois, sur des dénon-
ciations vite reconnues fausses, sa mise en congé ei en retrait
d'emploi.
Le gouvernement de 1830 lui a enfin rendu justice ; les princes
d'Orléans le caressent ; son 3* dragons est cité comme un régi-
ment modèle ; c'est lui qui accompagne, en 1832, à Compiègnc,
le roi Léopold, venu pour épouser la fille de Louis-Philippe, et
« tout en faisant la part de la politesse naturelle aux princes »,
s'avoue à lui-même que ses dragons ont à la revue été « super-
bes )). On l'a fait général, et puis commandeur de la légion d'hon-
neur ; il a pendant six ans commandé le département des Deux-
Sèvres ; on le nomme inspecteur général de cavalerie en 1848,
il est en passe de devenir lieutenant général Mais une révo-
lution nouvelle brouille encore C6 jeu de la vie modérai, où 06
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-- 800 -
aont presque toujours les moins scrupuleux qui gagnent. Au
mois de novembre 1849, il est définitivement mis à la retraite
Et c*est son tour de rentrer au gîte, d'occuper la place vide au
coin de la cheminée du vieil hôtel patrimonial ; son tour de suivre
de loin avec orgueil, sur les chemins de la vie, la marche bienfai-
sante des vertus qui sont sorties de lui, et sur des champs de
bataille encore, les traces de son sang. C'est son tour de faire
tenir vingt-cinq années de vieillesse, vingt-cinq années d'action
modestement rétrécie à la m.esure du pas et de charité toujours
plus large, entre Thôtel restauré de la rue Vieille-Prison, l'église
Saint-Pierre, le conseil municipal de Saintes, et l'antique et cher
logis du Cormier... Ce fut son tour, en mars 1875, après avoir
enseveli, quinze jours avant, la douce compagne de sa vie, de
croiser pieusement les mains sur son cœur éteint de gentil-
homme sans peur et de chrétien sans reproche, et de s'en aller
paisiblement, comme était parti son père, v.er8 le Dieu promis à
ceux qui croient en Lui.
On se familiarise avec toute grandeur. C'est pour avoir long-
temps duré que cette vie exemplaire a paru aux générations nou-
velles qui en virent le déclin comme elle paraissait au vieillard
lui-même : toute naturelle. Et il semble que cette longue et cabne
vieillesse a fait tomber, tomber du silence et de l'oubli sur l'hé-
roïque jeunesse du soldat d'Albuera, d'Aracena et d'Orthez. S'il
était mort dans une de ces batailles, le nom de Théophile de Bre-
mond d'Ars, gravé ou non au bas d'un médaillon, voltigerait glo-
rieux sur les lèvres de ses compatriotes et serait populaire parmi
nos adolescents. Mais parce qu'aux prouesses de ses vingt ans
s'ajouta plus d'un demi-siècle de dévouement moins éclatant —
peut-être plus beau — c'est déjà presque un inconnu dans sa pro-
pre ville. Et le seul hommage qui me restait pour l'honorer, ces
pauvres phrases qui, devant quatre-vingts ans de labeur et de
vertu, paraissent toujours insuffisantes, usées, banales, qui sait
si les rares étrangers qui me liront ne les préjugeront pas exces-
sives ?
Gabriel Audiat.
IV
Le général Muller
Suisse d'origine, le général Muller appartient cependant à Ift
Saintonge; il s'y est marié, il a passé à Saintes les vingt der-
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— 310 —
nières années de sa vie, et son corps repose au cimetière Saint-
Vivien ; sa maison d-e la rue des Notre-Dame est devenue par héri-
tage la propriété de M. le général de division vicomte de Momac,
qui a bien voulu me communiquer un volumineux dossier où j'ai
puisé les éléments de la présente bibliographie.
La vie militaire du général Muller est résumée par lui-même
dans un état de services, écrit de sa main, signé et certifié par
lui en 1814.
Voici cette pièce :
Services successils du lieulenaïU-général baron Muller, ins-
pecteur général (Tinfanterie, né à Thionville, département de la
Moselle, le II décembre 1749, domicilié à Saintes, département
de la Cftarente-Inférieure. Cadet au régiment de Courten, 1" mai
1765 ; sous-lieutenant quartier-maître, 23 octobre lT71 ; lieute-
nant, 1779 ; chevalier de Saint-Louis, 10 avril 1701 ; capitaine,
4 décembre 1791 (tous ces grades en qualité de quartier-maître
au régiment de Courten) ; lieutenant-colonel au 1*' bataillon
franc, 21 octobre 1792 ; colonel du 77* régiment, 14 janvier 1793 ;
général de brigade, 5 mars 1793 ; général de division et comman-
dant en chef de l'armée des Pyrénées occidentales, du 2 octobre
1793 à novembre 1794 ; général de division à Tarmée des Alpes
jusqu'au 23 mars 1795 ; cominïandiant de la 12* division jusqu'au
16 mars 1799 ; inspecteur général de l'intérieur jusqu'au 10 juil-
let 1799 ; général en chef de l'armée du Rhin du 10 juillet au 22
octobre 1799 ; commandant des 12*, 15* et 23* divisions jusqu'au
21 juin 1802 ; inspecteur général d'infanterie, 21 juin 1802 ; com-
mandant de la légion d'honneur depuis sa formation, 14 juin
1804 ; fait baron avec dotation.
En regard de certaines dates, le général a écrit les observa-
tions suivantes :
1779. Sa conduite dans une émeute, à Dijon, lui valut une let-
tre de satisfaction de M. le colonel général des Suisses, lui an-
nonçant que le roi en était informé et qu'une gratification de 300
livres lui était donnée pour récompense.
1792. Il commandait un bataillon composé d'hommes sortis
de quatre régiments suisses. Sa conduite à la bataille de Jem-
mapes a été connue de l'armée; fut adjoint au ministre de la
guerre, 3* division (l'artillerie et le génie).
1793. Chef d'état-major de l'armée des Pyrénées occidentales,
il a achevé son organisation.
Le 2 octobre 1793, il fut fait général en chef de l'armée, quoi-
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-311 -
qu'il y existât six généraux de division. Le gouvernement ne le
confirma que le 14 avril suivant. L'histoire a déjà transmis les
opérations qu'il fit et dont les résultats sont les redditions de
Fonlarabie et Saint-Sébastien, l'occupation de la Navarre
et du Guipuscoa. Il 'quitta cette armée pour cause de maladie, et
fut, sur sa demande, envoyé à l'armée des Alpes, d'où, forcé par
une longue convalescense, il se relira avec le traitement de ré-
forme.
1799. Employé près du Directoire, avec le duc de Valmy et les
lieutenants généraux d'Arçon et Canclaux.
En regard de son commandement de l'armée du Rhin il écrit :
Diversion sur le Rhin^ qui eut le succès attendu.
1799 à 1802. A contribué à la pacification des trois divisions,
notamment celle des 12* et 23', et a momentanément été détaché
il l'armée d'observation d'Italie qu'il devait commander par inté-
rim ; après 1802, employé en Hollande, en Italie et sur les côtes,
et plus particulièrement dans la V^ division, a été chargé de plu-
sieurs missions délicates concernant les troupes et leurs com-
mandants.
A la fin de l'état, le général a mis celte mention : Certifié par
nous, lieutenant général, à Paris, le 12 novembre 1814.
Le baron MuUer.
Jacques-Léonard Muller naquit, en effet, à Thionville, le 11 dé-
cembre 1749, de Jacquesr-François Muller, chirurgien au régiment
suisse de Diesback, compagnie de Kabolzar, et de Marie-Fran-
çoise-lsabelle Banneux, son épouse ; il fut baptisé le lendemain
et eut pour parrain Léonard Janzer de la Bar, aussi chirurgien au
même régiment, compagnie de Salis de Sencader, et pour mar-
raine Anne-Marie Huguenin, femme de Philippe Kaiser, grand
prévôt au même régiment (1).
Le père du général était né au village de Schmereken, évéché
de Constance, juridiction d'Ulsnachl ; nous l'apprenons par l'acte
de baptême d'un autre de ses fils, qui naquit aussi à Thionville,
en 1752 (2).
Fils d'un chirurgien militaire, Muller servira jusqu'à la Révo-
lution comme quartier-maître trésorier, c'est-à-dire officier comp-
table au régiment de Courlen ; c'était une position très honorable
(1) Expédition de Tacte de baptême du ^néral datée de Diedenhefen
(Thionville), le 10 mai 1904.
(S) Expédition en latin datée du 28 septembre 1753.
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— 312 ~
sans doute, mais la moins brillante du corps ; à 41 ans, il était
encore lieutenant; sans la Révolution, le grade de capitaine et
la croix de Saint-Louis auraient couronné sa carrière.
L'émeute de Dijon, où sa conduite lui valut une récompense,
est le seul événement militaire de celte longue période de sa vie.
C'est aussi pendant cette période que le hasard des garnisons
conduisit à Saintes le régiment de Courten et amena le mariage
du lieutenant Muller.
Il épousa, en 1789, Anne-Marie Bernardeau de la Briandière,
une des correspondantes du chevalier de Piis (1), née le 21 mai
1759, de Philippe-Louis Bernardeau die la Briandière, et de sa
cousine germaine Suzanne-Charlotte du Bullion de Montlouet (2).
M. de la Briandière était seigneur de Lauron, commune de
Montpellier, et du Chantreau, commune de Pessines.
La famille de la Briandière était originaire du Poitou ; une re-
connaissance du 9 brumaire an III nous apprend que la citoyenne
Mullef a obtenu la levée du séquestre de la terre de la Brian-
(1) Voir les vers qui lui sont dédiés daos BulleUn, t. IV., p. 81.
(2) La Moriaerie, Nobleue de Sttinionffeyoir aussi pour les Bernardeau de
La Briandière, Bulletin, t. IV, p. 82.
Le 9 novembre mil sept cent quatre-vingt-neuf, après les fiançaiUes et la
publication d'un ban, sans opposition tant en cette paroisse qu'en celles de
Saint-Vivien-les-Saintes et Saint- Vivien de Pons, vu les certificats des sieurs
Camaud, curé de Saint-Vivien-Ies-Saintes et Barreau, prieur curé de Saint-
Vivien de Pons, en date du trois de ce mois, vu aussi la dispense de deux
bans, accordée par Monseigneur TEvéqne de Saintes, datée du cinq de ce
mois signée de Laage, doyen vicaire général et RoU et secrétaire, je^ curé sous-
signé ai donné la bénédiction nuptiale à sieur Jacques-Léonard Muller, lieu-
tenant au régiment de Courten-Suisse, fUs majeur et légitime et procédant du
consentement du sieur Jacques-François Muller, bourgeois de Schmerlin au
canton de Glaris et de feue Madame Marie- Françoise-Isabelle Baarleni, de-
meorani à Saintes, paroisse de Saint-Vivien, d'nne part; et à demoiselle
Marie-Anne Bernardeau de la Briandière, fiUe majeure de messire Louis-
Philippe Bemadeau, chevalier, seigneur de la Briandière, de Chantreau et
Loron et de feue Madame Charlotte-Suzanne de Buillion, demeurant ci-devant
dans sa paroisse de Saint- Vivien de Pons et actuellement dans celle-ci, d'autre
part, en firésence de maitre Félix-Thomas Hillairet, notaire royal, de raessire
Pierre-Mt>deste Démo thés pour Tépoux; de messire Louis- Philippe Bemardeam
de la Briandière, père de réponse, de Pierre ParioUeau et de plusieurs autres
soussignés et qui nous ont attesté la demeure des parties et leur liberté pour
ledit mariage. Signé: Jacques-Léonard Muller, de la Briandière Mmller,
Bernardeau de la Briandière, Demothes, de la Briandière, ParioUeau, Angélique
Bernardeau de la Briandière, et Baron Duclos, curé. Extrait du registre de la
paroisse de MontpslUer de Medilian, arrondissement de Saintes.
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— 313 —
dière, située districts de Fontenay-le-Peuple (le Comte) et de la
Châtaigneraie.
La Révolution fit marcher Muller à pas de géant. Lieutenant
en 1791, il est général en chef en 1793. Sur cette période de deux
années nous ne savons que ce que nous ont appris ses états de
service. Mais, à partir de 1793, nous avons des documents nom-
breux :
Deux cahiers intitulés Journal général du commandant en chel
de Varmée de» Pyrénées occidentales ; ces cahiers sont numé-
rotés 2* et 3* ; le 2* commence le 17 nivôse an II (janvier 1794).
Le cahier n^ 1 manque.
Ln^re dlordres donnés par le général Huiler^ commandant la
12* division militaire, conunencé le 30 floréal an VI.
Correspondance avec le ministre, un registre commencé le 1*
floréal an VI ; Correspondance militaire, un registre commencé
le 13 floréal an VI. Un registre de correspondance du comman-
dant en chef de l'armée du Rhin, commencé le 22 messidor an
VII ; divers autres registres et des lettres adressées au général.
Au moment où le général Muller était nommé par les représen-
ta-nts du peuple, Monestier et Pinet, au commandement de l'armée
des Pyrénées occidentales, celle armée était forte de six divi-
sions ; elle se tenait sur la défensive ; son quartier général était
à Rayonne.
Le 17 pluviôse an II, notre droite repoussait victorieusement
une attaque à Saint-Jean de Luz, alors décoré du nom de Chau-
vin-Dragon ; elle avait combattu, disent les rapports, cinq mille
contre quinze mille. En prairial, le centre de Tarmée passait la
frontière et occupait le col de Maya ; le représentant du peuple
Cavaignac s*y transportait « pour donner Tœil aux opérations ».
Le 7 thermidor, deux jours avant la chute de Robespierre, la
droite de l'armée commençait son mouvement en avant; après
avoir enlevé les redoutes de la Rhune, nous nous emparions
d'Irun, du camp retranché de Saint-Martial et de Fontarabie ;
enfin, le 18, Passage et Saint-Sébastien tombaient au pouvoir
de la République. Le 24 messidor, la Convention décrétait que
l'armée des Pyrénées occidentales avait bien mérité de la patrie.
Le général ne négligeait pas les moyens de faire valoir ses vic-
toires. Après l'affaire du 5 messidor, il écrivait au club des Jaco-
bins de Rayonne : « La bayonnette a de nouveau terrorisé les
satellites du tyran espagnol ». Il n'oubliait pas d'annoncer se4
succès à la Société populaire de Saintes. Plus tard, quand ses
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— 314 -
anciens officiers lui écrivent, nous les voyons célébrer ses suc-
cès, el les noms de la redoute de ( -ommissary et de la montagne
de Haya, dite la Couronnée, enlevées par ses troupes, reviennent
souvent sous leur plume.
11 faut avouer cependant que Thistoire a un peu oublié tous ces
hauts faits ; la République avait alors quatorze armées, celle-ci
était une des moins importantes. Thiers consacre tout juste qua-
tre lignes aux opérations de cette campagne, et ne nomme même
pas le général en chef. Bien plus, lorsque peu après, le ministère
de la guerre fit dresser le tableau des campagnes des armées de
la République, le nom du général Muller fut omis dans cet ou-
vrage spécial. Il s'en plaint dans une lettre au ministre datée de
1798 : « Les généraux qui, dans ces circonstances, m'ont si puis-
samment secondé, dit-il, sont portés sur ce tableau et méritent
bien de Tétre, j'avais l'honneur de les commander en chef et je
n'y suis pas nommé. »
Si, dans l'histoire, cette campagne passe inaperçue, la Conven-
tion, occupée de la grande guerre qui se faisait ailleurs, pensait
aussi fort peu au général Muller et ù son armée, ou plutôt elle
ïiy pensait (jue pour lui dire de marcher en avant. Le représentant
du peuple Cavaignac lui écrivait d'Elisondo, le 7 fructidor : « Je
t'ai souvent dit et ne cesserai jamais de te répéter, que le comité
de salut public veut que nous allions toujours en avant. » Quant
aux moyens de marcher, on ne s'en préoccupait point à Paris ; si
les soldats des grandes armées n'avaient pas toujours de sou-
liers, l'état des petites était pire encore. Un chef de bataillon
écrit au général que la moitié de ses hommes n'ont pas de fusils ;
avec cela la discii)line n'est pas toujours parfaite. « On se plaint
que le bataillon des chasseurs jacobins ne vit pas militairement. »
En somme, il faut vivre sur le pays, les troupes sont surtout
composées des volontaires nationaux du Sud-Ouest, un très
grand nombre d'officiers portent des noms gascons ou basques.
Parmi eux, on remarque le futur maréchal Harispe, et le futur
général Lamarque, qui devint alors l'ami du général Muller.
Parmi les subordonnés du général, il y en eut un qui n'arriva
pas à la gloire par le moyen de l'avancement. Au mois de plu-
viôse an II, Muller adresse une lettre de félicitations au citoyen
La Tour d'Auvergne. « Il lui exprime le plaisir que lui a fait la
conduite de ce magnanime officier, aussi ennemi de la flatterie
et de la fausse gloire, que savant dans le métier de le guerre ».
Le 26 fructidor an II, une lettre du comité de salut public
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— 315 —
vint mettre fin au commandement du général. Elle est ainsi li-
bellée : « Le comité de salut public l'invite, citoyen, à te rendre
près de lui pour lui donner des renseignements. » Elle est signée
Delmas, Eschasseriau, Merlin, Carnol, Treilhard, Fourcroy. S'il
avait reçu ce bref message deux mois plus tôt, le général eût
pu craindre pour sa tête ; d'autres généraux, même victorieux,
avaient gravi les marches de Téchafaud ; mais alors Robespierre
était mort, la guillotine ne fonctionnait plus.
Appelé au commandement d'une division de l'armée des Alpes,
le général MuUer n'y passa que quelques mois. Le général en
chef Moulin lui écrivait, le 12 nivôse an III : « Tu voudras bien,
mon camarade, prendre le commandement de la division de l'ar-
mée qui occupe la Tarentaise et le Mont Bernard. » C'est là tout
ce que nous trouvons dans ses papiers sur cette période.
Retiré chez lui, à Saintes ou au Lauron, commune de Mont-
pellier, le général dut mener la vie d'un propriétaire sainton-
geais. Nous voyons par ses lettres qu'il fait des démarches en
faveur de ses compatriotes et de ses anciens subordonnés. En
frimaire an VI, il écrit au directeur Merlin : « Ma santé s'est
assez rétablie et je vis dans l'inaction, à l'âge de 48 ans ; c'est là
le reproche que je me fais soir et malin, surtout quand je consi-
dère le bonheur que j'ai eu de servir utilement ma patrie. Vous
m'avez protégé dès le commencement de la Révolution, étant
adjoint au ministre comme à la lête d'une armée, poste que
j'avoue être au-dessus de mes forces, mais que j'ai exercé à la
gloire de mes subordonnés et à la satisfaction du gouvernement,
qui m'en a récompensé par des preuves écrites et une pension
de 5.000 francs. Néanmoins, je vous supplie, citoyen directeur,
de m'occuper dans quelque emploi à peu près sédentaire, soit en
administration ou au militaire, métier dont j'ai professé les dé-
tails toute ma vie. Je parle allemand. »
Nommé en mai 1798 au commandement de la 12* division, le
général en fait transférer le quartier général de Nantes à La
Rochelle. L'importance des îles de Ré, d'Oléron et du port de
Rochefort dans la guerre contre les Anglais, sont les raisons
qu'il fait valoir auprès du ministre pour obtenir ce transfert.
N'est-il pas permis de penser que le désir de ne pas s'éloigner
de Saintes, où étaient ses intérêts, devait être pour quelque chose
dans sa demande ?
C'est pendant cette période, comme nous le voyons par une
lettre au ministre, qu'il commença à signer Léonard Muller^
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— 316 —
parce que, disait-il, son nom s'écrit de la même manière que ce-
lui de ses camarades du même grade employés dans les divisions
territoriales (I). Il prit à cette époque pour aide-de-camp le ci-
toyen Louis-Hené Pommeroye, ci-devant capitaine d'infanterie,
chevalier de Saint-Louis et de la légion d'honneur, né à Belle-
vue, le 18 juillet 1707, marié à Marie- Agathe- Bénigne de Beau-
corps (2).
La défense des côtes contre les Anglais, dont les croisières
menaçaient surtout les îles, et la pacification de la Vendée et des
départements voisins occupèrent le général pendant son com-
mandement ; il eut aussi à coopérer aux préparatifs de l'expédi-
tion d'Irlande, qui prit la mer à La Rochelle, sous les ordres du
général Humbert.
C'est à cette époque que le Directoire exécutif de la Républi-
que helvétique proposa au général MuUer les fonctions de mi-
nistre de la guerre. Il prit à ce sujet les ordres du gouvernement
en déclarant qu'il ne voulait en aucun cas renoncer, ni à sa qua-
lité de citoyen français, ni à son grade, ni à sa pension de 5.000
francs. Le 9 vendémiaire, il adressa au Directoire helvétique la
lettre suivante : « Jaloux d'appartenir à une nation fameuse par
son courage et par ses mœurs, j'eusse sans balancer accepté le
poste éminent de ministre de la guerre dont vous avez eu l'indul-
gence de me favoriser. Quand il faut choisir entre deux nations
amies qui n'ont d'autre rivalité que celle de la gloire et de l'amour
de la liberté, celle où l'on a pris naissance, celle où l'on a com-
battu, celle où l'on a sa famille doit l'emporter. Celte considéra-
tion si puissante sur vos cœurs, citoyens directeurs, justifiera
mon désistement de l'honneur que vous avez daigné me faire, et
vous fera accueillir avec boulé des regrets aussi sincères que l'est
l'hommage de ma respectueuse reconnaissance. »
Nommé, en juillet 1799, commandant en chef d'une armée en
formation sur le Rhin, le général Mullor est à Mayence le 30 mes-
sidor an VIL Celle nouvelle armée du Rhin est constituée par la
gauche de l'armée do Masséna, qui opère en Suisse, son front
s'étend de Bûle à Dusseldorf, elle est forte d'environ quarante
mille hommes. En ce moment nous combattons contre les Impé-
(1) Notamment un g^énéral MuUer qui commande une division en 1793 et
prend part A la bataiUe du Mans, A laqueUe assistait le régiment d'Aunis. Cf.
Revoe hUi. et àrehio. du âfaine, 1903, W semestre, p. 179.
(3) La Morinerie, Aoi»ta#fe de Saiaionge, p. 117.
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— 317 —
riaux et sommes en paix avec la Prusse. Le rôle de Tarméc devra
être de faire une diversion qui attire sur elle une partie des
troupes opposées à Masséna.
Le général, qui avait toujours auprès de lui M. de Pommcroye,
demanda alors au ministre de confirmer le choix qu'il avait fait
pour deuxième aidc-de-camp d'un autre saintongeais, le citoyen
Villedon, lieutenant réformé de gendarmerie. Nous voyons par
une note du général que c'est « Gabriel, comte de Villedon, lieu-
tenant au régiment de Provence, mort en 1830. Il avait épousé
Marie-Annc-Margueritc-Françoise Guinot de Soulignac » (1). Je
ne sais si M. de Villedon rejoignit le général, dont la campagne
fut courte.
Il lui écrivait de Saintes, le 27 thermidor an VII, lui deman-
dant un sursis de départ, et terminait ainsi sa lettre : « Votre
épouse, vos sœurs et la charmante Zélie (fille cadette du géné-
ral), jouissent de la meilleure santé. »
Par sœurs, il faut entendre sans doute les belles-sœurs du
général : M™ de Nantillé et une autre demoiselle de la Brian-
dièrc, non mariée. Le général de la Uépublique eut donc, par
suite de ses relations de famille, àeux gentilshommes authen-
tiques pour aides-de-camp.
Cependant, le général MuUer ne se sentait pas fait pour un
grand commandement ; il écrivait au ministre, le 27 messidor an
Vlï : « Vous me fîtes partir précipitamment de Paris, citoyen
ministre, pour organiser et commander provisoirement l'armée
du Rhin, vos instructions étaient pour la- défensive, j'acceptai
parce que je ne sais pas éluder le devoir possible. Mais dès que
l'armée agit sur l'offensive absolue, celte charge devient trop
lourde pour moi... Il faut une épée de commandement, et mal-
heureusement je ne puis la porter. Vous savez, citoyen ministre,
que je fus obligé de quitter l'armée des Pyrénées occidentales et
de rester trente mois chez moi ; le moment où mes infirmités re-
commenceraient (ce qui arrive très fréquemment) me ferait
retomber dans le même état et causerait un mal réel. En partant
de Paris, vous me donnâtes j)ar écrit que le mauvais état de
santé du général choisi par le Directoire était la seule cause de
mon déplacement. Ne pourrait-il pas maintenant venir se mettre
à la tête de cette petite et vigoureuse armée. Je ne puis la com-
mander, c'est un fait, je n'ambitionne que mon inspection et n'ac-
(1) La Morinerie, NobUne de SMinionge.
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cepterai pas d'autre poste parce que je ne suis propre qu'à celui-
là, ou au commandement d'une division dans Tinlérieur. Je vous
en donne ma parole de républicain, tenez-moi celle que vous
m'avez donnée. »
Le général garda néanmoins son commandement quelque
temps encore. Le 7 fructidor, il signait au quartier général, à
Manheim, une proclamation à l'armée ; le 9, il passait le Rhin,
occupait Bruschsale, pendant qu'une division marchait sur
Francfort et obtenait de cette ville libre, alors neutre, mais soup-
çonnée de sympathie pour les Impériaux, un prêt de 500.000 fr.
En annonçant cette bonne nouvelle, le général ajoute : « Nous
recevrons enfin- une partie de nos appointements », et il répète
cette phrase avec satisfaction dans plusieurs autres lettres. Il
fallait bien vivre sur le pays en attendant les appointements qui
ne venaient pas ; on usait et on abusait du droit de la guerre,
aussi voyons-nous le général sévir contre des officiers qui, non
contents de réquisitionner pour leur propre compte, avaient tout
simplement mis dans leurs poches l'argent des caisses munici-
pales.
La place de Philisbourg a^ant été investie et les dispositions
étant prises pour la bombarder, le général adressa à son com-
mandant la sommation suivante : « Monsieur le commandant, la
place que vous commandez est investie de toutes parts ; une puis-
sante armée en couvre et défend le blocus, tout est prêt pour
vous écraser sous ses ruines avec la troupe de la garnison. Au
nom de l'humanité, je vous somme de prévenir l'effusion du
sang et votre inévitable destruction, en remettant aux troupes
françaises la place de Philisbourg. Je vous donne deux heures
pour délibérer ; ce terme écoulé, la force sera mon seul guide et
ma seule loi. » Signé, Léonard M aller.
Le commandant répondit : « Monsieur le général, je ne saurais
répondre à la sommation qui vient de m'être remise de votre
part, que ce qui convient à un hoimne d'honneur et ancien mili-
taire, c'est-à-dire que je ferai mon devoir et que je me servirai
de tous les moyens qui sont entre mes mains pour repousser
l'attaque que vous m'annoncez. J'ai l'honneur de vous assurer.
Monsieur le général, de ma parfaite considération. A Pliilis-
bourg, le 6 septembre 1799. » Signé, Rheingrave comte de
Salm, lieutenant général.
Le 20 fructidor, le général écrivait au ministre : « A dix heures
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moins vingt, les batteries ont joué, et à dix heures, la place de
Philisbourg ne paraissait plus qu'une flamme. »
Cependant, Tarmée était menacée à droite par les Impériaux
qui arrivaient de Suisse, à gauche par les Anglais descendus en
Hollande. 11 écrivait au ministre le jour même du commencement
du bombardement de Philisbourg : « La diversion est opérée,
l'ennemi marche en force contre nous, en conséquence l'armée
va repasser le Rhin à commencer de demain matin. » Nous ne
gardions sur le Rhin que Mayence et Manheim.
Le général demandait toujours avec insistance sou rappel.
25 fructidor : « Le général Moreau n'arrive pas, faites-moi don-
ner un successeur, ainsi que vous me l'avez promis. » 26 fructi-
dor : « La composition de ma faible machine n'est pas d'accord
avec ma bonne volonté. »
L'ennemi marchait en force sur nous, le siège de Philisbourg
était levé. Nous lisons, à la date du deuxième jour complémen-
taire de Tan VII, dans le registre du commandant en chef de l'ar-
mée du Rhin : Transmission télégraphique : « Je vous annonce
avec peine que l'ennemi a emporté de vive force le poste de Ne-
kerau et la place de Manheim, nos troupes se sont défendues en
républicains. Le prince Charles attaquait en personne. Après
deux heures de combat, nous avons eu environ douze cents tués,
blessés et prisonniers ; le général Ney a deux fortes contusions ;
le prince Charles avait quarante mille hommes sans compter les
paysans. »
Rappelé enfin, le général Muller remettait, le 3 vendémiaire
an VIII, le commandement au général Ney. A ce moment même,
Masséna gagnait en Suisse la bataille de Zurich.
Thiers consacre plusieurs pages au récit de cette journée et
termine en disant : « C'est le plus beau fleuron de la couronne de
Masséna, et il n'en existe pas de plus beau dans aucune couronne
militaire. »
Au général Muller et à son armée, il ne consacre pas une ligne ;
et cependant, si leur rôle fut modeste, il fut efficace, puisqu'il
força l'ennemi à diminuer beaucoup l'effectif des troupes qui
combattirent à Zurich.
Arrivé à Paris, le général Muller demande l'autorisation « de
passer chez lui, dans le département de la Charente-Inférieure,
mie permission de quatre décades » ; il ajoute : « Je désirerais
que cette permission fut une espèce d'ordre, pour pouvoir exer-
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— 320 —
cer, si le cas l'exige, dans ces contrées, une fonction d'inspec-
teur ». ^
Le général ne tarda pas à reprendre son ancien commande-
ment de la 12* division, qui devint 3* de Tarmée de l'Ouest ; son
quartier général n'était plus à La Rochelle, il était revenu à
Nantes. La défense des côtes contre les Anglais et le désarme-
ment des Chouans occupèrent cette période de commandement.
Le caractère conciliant du général convenait à merveille à une
mission pacificatrice ; aussi, quand il fut envoyé à Rouen, quel-
ques mois plus tard, M. de Suzannet lui écrivait-il : « J'apprends
avec un véritable regret que vous quittez la 12* division. »
Après avoir commandé quelques mois la 15* division, à Rouen,
le général fut mis à la tête de la 23" division, dont l'île de Corse
formait le territoire, il y resta jusqu'en juin 1802. Si l'île ne fut
pas attaquée sérieusement, elle était toujours menacée par les
Anglais, a Les corsaires couvrent la mer, écrit-il, presque tout
ce qui sort est pris. » Nous voyons aussi par ses lettres qu'il s'ef-
force avec une bonne volonté presque naïve de faire disparaître
de Corse les haines et les vendettes.
Rentré en France en 1802, MuUer fut inspecteur des 12*, 21* et
22* divisions, situées dans l'Ouest ; en août 1805, il inspecte des
troupes à Alexandrie ; il fut aussi chargé de la réorganisation
des nouveaux régiments suisses. La dernière lettre relative au
service que je trouve dans ses papiers est de juin 1806.
Il vécut depuis à Saintes, faisant faire et défaire les aménage-
ments de sa maison. Il fut nommé membre du conseil municipal
en 1804 et en 1816, et siégeait encore dans cette assemblée au
moment de sa mort (1). L'Annuaire de la Charenle-Inlérieure,
établi pendant la période des Cent Jours, le compte parmi les
membres du collège électoral du département ; son nom figure
sur un registre de chevaliers de Saint-Louis et du mérite mili-
taire, qui formèrent une association à Saintes pendant la Res-
tauration. Louis XVIII signa, le 21 mars 1817, le brevet de com-
mandeur de la légion d'honneur du baron Muller, lieutenant
général de ses armées en retraite, pour prendre rang du 14 juin
1804. Ce n'était là qu'une confirmation, le titre de commandeur
remplaçait celui de commandant, comme l'effigie de Henri IV
avait remplacé celle de Napoléon.
(1) Etuééê éi doeomenU rêlàUfM à U vUle de Saînles, publiés par le btron
Bschasteriaux, p. 94, 103, 104.
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— 321 —
Le général Muller mourut à Saintes, le 1" octobre 1824. Quel-
ques jours après, le 28 octobre, le général Lamarque, son ami
et ancien compagnon d'armes, écrivait à son gendre, M. de La-
borde-Lassale : « La nouvelle de la mort du brave et digne géné-
ral Muller m*a profondément affligé. C'est une perte immense
pour sa famille, et une grande perte aussi pour TEtat. Dans les
débuts de sa carrière il a rendu de grands services, et nos fron-
tières devraient une statue à celui qui les a sauvées des ravages
des Espagnols. Je me complaisais à retracer sa belle campagne
quand j*ai appris qu'il ne pourrait plus me lire ; cette idée m'ôte
le courage de continuer mon travail. »
Si le général Muller ne s'est pas placé au rang des grands capi-
taines, il a exercé cependant avec distinction des commande-
ments importants, il fut surtout bon administrateur. On voit par
ses papiers qu'il devait être d'un caractère modéré, bienveillant,
ami de la conciliation ; il ne devait pas être opposé aux idées nou-
velles en médecine, puisque pendant qu'il commandait en Corse,
sa fille, âgée de cinq ans, fut au nombre des vingt-six premières
personnes vaccinées à Saintes (1). II fallait alors un certain cou-
rage pour braver les répugnances qu'inspirait la petite opération.
La veuve du général Muller est morte à Saintes, en 1840.
Do leur mariage naquirent deux filles : l'aînée, Louise^Ga-
briellc, épousa Marie-Côme-Ferdinand Carré de Sainte-Gemme,
qui fut sous-préfet de Loudun, La Rochelle, Niort et Jonzac (2).
La seconde, Angélique, épousa, en 1821, Victor de Laborde-Las-
salle, officier de marine, qui quitta le service en 1830, étant capi-
taine de frégate et commandant du port de Bordeaux. De ce ma-
riage naquit M. Eugène de Laborde-Lassalle, qui épousa M^**
Henriette de Boscal de Réals de Mornac. M. et M™ Eugène de
Labord^Lassalle ont habité Saintes, dans la maison de la rue des
Notre-Dame, qui leur venait du général. Ils y sont morts tous
deux sans laisser de postérité.
Le général baron Muller portait : d'azur à la croix d'argent^
entourée de quatre étoiles d'or; au franc quartier des bcirons
tirés de Varmée, brochant au neuvième de Fécu (3).
J. d'Olce.
(1) Voir Bulletin de janvier 1888, p. 61.
(2) La Morinerie, NoblêSBe dt SMÎnionge.
(3) Stades et documents reUiifs à U ville de Saintes, publiés par le baron
Etehasteriaux, p. 95.
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— 322 —
QUESTIONS ET REPONSES
Questions
N* 785. — Un folk-loristc a trouvé dans Camille Honnard
(Monuments religieux, militaires el civils du Poitou, Vienne et
Charente-Inlérieure. IVioii, 184i, in-i^ p. 48), Ténumération sui-
vante des vertus merveilleuses attribuées à Teau de la fontaine
Sainle-Eusfcelle.
P Vertu divinatoire et matrimoniale (épreuve par les épingles
en croix),
2"" Vertu prolifique (usage de Teau en boisson, neuf matins de
suite).
3° Vertu... contraire. Bonnard affirme que certaines femmos de
la campagne croient pouvoir, grâce à Teau de Sainte-Eustelle,
péch'er sans risques.
On demande si ces deux préjugés ont réellement un cours.
Dans raffirmativc, cxistont-«ils encore ? Prière de donner quel-
ques détails ot références, surtout en ce qui concerne le troi-
sième, qui constituerait un cas presque unique en France.
A.
Réponses
N** 329 : tome XXIII, p. 420. Usages el superstitions en Sain-
longe, — Nous empruntons à V Intermédiaire du 30 juin 1904,
col. 990, la réponse suivante signée du pseudonyme d'un de nos
confrères, qui répond à une des questions posées dans la Revue
depuis longtemps.
En Sainlonge, ou tout au moins en certaines parties de cette
province, la croyance aux sévices exercés par les saints sur les
enfants à la mamelle est encore enracinée. Chaque fois qu'un
nourrisson dépérit et souffre, c*est qu'il est « battu des saints ».
Il y a dans les environs de Pons une vieille femme dont je pour-
rais, s'il nre plaît, avoir l'adresse, et qui a la spécialité de réduire
à néant la malice des bienheureux. Peut-être en est-il d'autres.
En tout cas, celle-ci, au dire des témoins oculaires, opère de la
façon suivante : elle pose à terre une écuellc pleine d'eau jus-
qu'au bord, remet au consultant un disque de métal de la dimen-
sion d'une pièce de cinquante centimes, mais aminci el usé au
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— 323 —
point d*êlre à pein-e plus épais qu'une feuille de papier. Puis elle
se munit elle-même d'un calendrier. Alors, après un« invocation
mystérieuse, elle appelle l'un après Tautre chaque saint, depuis
saint Circoncis (m'a-t-on dit), jusqu'à saint Sylvestre. Chaque
fois que le nom d'un saint tombe des lèvres de la commère, le
consultant laisse, de sa hauteur, tomber le disque de métal dans
Técuelle, Si la pièce tombe au fond, l'innocence du saint éclate.
Mais si, en raison de sa légèreté môme, elle fouette l'eau et va
en ricochant rouler sur le plancher, on se trouve en présence
d'un des mystérieux persécuteurs du poupon. On prend son nom
en note et on continue. A la fin, on a obtenu une liste de bour-
reaux. Il s'agit de les fléchir, et la sorcière en indique le moyen.
II paraît qu'elle reçoit un nombre incroyable de visites. Mais,
bien que j'aie connu et (interrogé deux paysans de mon voisinage
qui avaient été ses clients, je n'ai rien pu savoir au sujet des
moyens employés pour fléchir la colère de ses persécuteurs
CnAMrVOLANT.
LIVRES ET REVUES
Bulletin et mémoires de la Société d'Emulation des Côtes-du-
Nord, tome XLI (1903), p. 44. Archives du château de Lesquii-
iioUy dans lesquelles se trouve le mandement suivant : Nous,
Jacques de Montmor, chevalier, sire de Briz, chambellan du
roy, notre sire, et commis de .par icelluy seigneur en ceste par-
tie , pour recevoir les monstres de plusieurs genz d'armes et
arballetriers, on païs de Bretaigne et ailleurs, soubz le gouver-
nement de Mons. le Connétable de France A Jehan le Fla-
ment, trésorier des guerres du roy, notre sire, ou à son lieute-
nant, salut. Nous vous envoions enclos soubz notre scel la mons-
tre de Guide d« Pinsé, cappitaine arballeti*ier de pied, quatre
escuiers, de deux connestables et de soixante-six autres arbal-
letriers de pied de sa compaignie receue à La Rochelle le
XX** jour de juing, l'an mil IIIc IIIIxx et sept, pour servir aux
gaiges du roy, notre sire, en ses présentes guerres on dit païs de
Bretaigne, montez et abillés suffisamment.
Bulletin et mémoires de la Société archéologique de la Cha-
rente (1902-1903). M. l'abbé Nanglard signale deux pouillés iné-
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— 324 —
dits, Tun pour le diocèse d'Angouléme, l'autre pour celui de
Saintes. Ce dernier prend le diocèse de 1786 avec ses vingt-
quatre archiprêtrés, et donne l'état de tous les bénéfices avec
leurs vocables et le chiffre de leurs revenus. Il a été écrit par
Jean Durand, né à Vouzan, le 15 février 1735, fait prêtre à Sain-
tes, le 5 juin 1762, installé curé de Gressac, le 7 septembre, de
Sigogne, le 15 novembre 1784, aumônier des prisons d'Angou-
léme en mars 1803, mort à Charras, à 88 ans, le 20 septembre
1822.
La Grande peur au Grand-Bourg de Salagnac^ en 1789, d'a-
près un extrait des mémoires du chevalier de Bremond ; Re-
cherches sur la {abricalion deiS caries h iouer à Angoulême, par
M. P. Mourier, avec sept planches de cartes.
La baronnie de Manleresse par M. D. Touzaud ; elle appar-
tenait aux Montbron, seigneurs de Matha, vicomtes d'Aunay.
Bulletin historique et philologique, 1903. M. Roger Drouault
reprend une thèse connue sur l'origine loudunaise des d'Aubi-
gné'Maintenon,
Bulletin de la Société de géographie de Rochelort, octobre-
décembre 1903. Avanl-proiet de port en eau profonde de La Ro-
chetUyEnet, aboutissement du grand central européen, par M.
Courcclle-Scneuil ; A propos du iardin botanique de la Marine
à Rochefort ; Note sur le dolmen de Saint-Fori-sur-le-Né. Il a
la forme d'un fer de lance et présente les dimensions ci-après :
longueur maxima, 7 m. 30 ; largeur maxima, 4 m. 50 ; épais-
seur moyenne, 0 m. 90 ; les trois piliers qui le supportent ont
une hauteur de 2 m. 30 au-dessus du sol, cl le poids dic la table
peut être évalué approximativement à 39.900 kilogrammes.
Bulletin du protestantisme {rançaiSy mars-avril 1904 : Notes
et documents sur la ré[ornie aux îles de Saintonge, avec une
carte du pays de Marennes et Oléron, levée « par les frères (?)
Masse à la fin du XVII' siècle, 1696 à 1721. »
Arrêt du Parlement de Bordeaux en date du 21 janvier 1546
(n. st.), qui condamne à l'amende honorable puis au bannisse-
ment Philippe Barat, de Saint-Just, « pour avoir excédé et dé-
linqué en preschant certaines propositions hérétiques ». La même
cour condamne Hubert Robin^ dominicain, à voir exécuter la
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— 325 —
sentence de rofflcialité diocésaine qui l'avait condamné à être
dégradé et à ôtre « vestu d'accoutrements verds à fin qu« le peu-
ple Testimast fol et insensé ».
Sonnet chrétien sur la désolation des temples en. 1751.
La pièce la plus curieuse est une inscription huguenote relevée
sur une pierre placée au-desdus de la porte du vieux moulin des
Vesrons, tout près du Château d'Oléron. D*abord offerte à notre
revue, qui aurait pu la publier en janvier dernier si nous n'avions
pas attendu des documents promis sur la famille Vesron ou
Verron, elle a passé dans le Bulletin par suite d'une affinité
toute corifessionnelle. Ce n'est pas une nouveauté, à proprement
parler, car M. Luguet l'a copiée al y a bien longtemps, mais
l'avait laissée inédite.
La pierre mesure (y°93 de longueur sur O" 43 de hauteur. Elle
reproduit les premières strophes du psaume m d'après la version
de Clément Maroi :
O Seigneur que de gens
A NVIRE DILIGENS
QUI ME TROUBLE(Nt) ET GRÈVE(nt)
Mon Dieu que d'ennemi
qui aux champs sb sont mis
ET CONTRE MOY s'eSLÈVENT.
etc.
La seule difficulté à résoudre dans cette inscription est de dé-
terminer sa date. M. Patry n'hésite pas à lui assigner celle de
1506. La reproduction qu'il en donne, d'après une photographie,
est formelle. Malheureusement, le cliché, ou plutôt l'épreuve
d'après laquelle on a exécuté le cliché, a été retouchée. Cette
correction sur l'épreuve agrandie se manifeste en plusieurs en-
droits. Ainsi, tandis que la transcription exacte de M. P. porte
à la sixième avant-dernière ligne TOY à bref parler, l'y de toy
est devenu un F, et à la ligne suivante on lit QVIENS au lieu de
QVI FAIS.
Quant à la dernière ligne, JEANNE VESRON 1566, elle est
refaite en entier ; sur l'original-pierre toutes les kttres sont plus
ou moins martelées, et le second chiffre du millésime n'existe
pas.
Le plus fin lecteur, le plus sagace épigraphiste ne trouvera
jamais un 5 ou un 6 après 1.
M. P. ne s'est pas assez méfié de la photographie originale
défectueuse : il a oublié que le jeu des ombres induât souvent en
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— 326 —
erreur, et qu'il faut plusieurs épreuves prises à des moments dif-
férents pour bien lire, sur photographie, un texte qui n'est pas
net.
Je suis convaincu qu'il devait y avoir un 6, c'est-à-dire 1665,
pour des raisons d'ordre orthograpliique se référant à l'ensemble.
Il serait un peu trop long de les énumérer, vu le petit intérêt de
l'inscription — voyez ces mots et cherchez dans les dictionnaires
(kl XV 11° siècle, seure, monlagne, Jeanne qui se serait écrit
au XVI* siècle Jehanne. — Du reste, la physionomie du monu-
ment donne l'impression d'une écriture du XVII* siècle. Le mou-
lin lui-même ne diffère ^i rien dans sa construction (notamment
là forme des portes et des fenêtres), de ses voisins qui, de l'aveu
de tous, datent à peine de deux cents ans. Enfin, une Jeanne Ves-
ron vivait vers 1665 ; elle comparaît dans un acte du 7 juin 1671.
On sait encore qu'une Marie Vesron, en 1695, fait faire des répa-
rations au moulin, soit trente ans seulement après la date préci-
tée, peut-être sa construction, ce qui n'a rien d'inadmissible (Cf.
même Bulletin, mai-juin, p. 229). La pierre a-t-olle été transpor-
tée d'ailleurs î L'état actuel de la maçonnerie n'autorise pas à le
croire.
Notre confrère. M, le barpn de La Morinerie, nous communi-
que la note suivante : « Mes documents sur les Vesron de l'île
d'Oléron ne commencent qu'à partir des premières années du
XVII* siècle. Jacques Vesron, marié à Jeanne Perrault, dont un
fils, Jean, né ou baptisé le 15 avril 1630. Voici les alliances que
j'ai notées dans le cours de mes recherches. De 1630 à 1640 :
Perrault, Bertaut, Regnaud, Montel, Ossant ; de 1640 à 1650 :
Raoulx, Moyne, Abrard, Trochon, Pinasseau, Dubois ; de 1650
à 1660 : Blanchet, Chaumeau, Moyzant, Compagnon, Lapier-
rière, Meschin ; de 1660 à 1670 : Allard, Fresneau, Seguin ; de
1670 à la Révocation : Ramé, Degeac, Chevallier, Prioleau. »
La Cosmographie avec V espère et régime du soleil et du fioni,
par Jean Fonleneau, dit Alfonse de Saintonge, capitaine-pilote
de François I", publiée et annotée par Georges Musset.
Alfonse de Saintonge semble être, de nos jours, un peu trop
oublié et c'est à peine si, en dehors des travaux spéciaux, on
trouve son nom mentionné dans des ouvrages même importants.
Il faut savoir gré à M. Musset d'avoir publié son œuvre maîtresse
et d'avoir ainsi redonné quelque lustre au nom d'un personnage
qui honore sa province d'origine. La Cosmographie du naviga-
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— 327
leur saintongeais a pris place, grâce à lui, dans un important
recueil de documents pour l'histoire de la géographie, très sa-
vamment et très soigneusement édité, où Ton trouve déjà les
récits de voyages et les œuvres de voyageurs comme les Cabot,
les Corte-Real, les Parmentier, Christophe-Colomb, Léon TAfri-
cain, Toscaiielli, etc. Notre compatriote est en bonne compagnie.
Né près de Cognac, à la fin du XV' siècle, Jean Fonleneau, que
Fon a surnommé Alfonse de Sainionge, a navigué sur presque
toutes les mers. Durant sa vie, il avait déjà inspiré et éclairé ses
contemporains qui utilisaient ses voyages et ses tfsavaux. Après
sa mort, il n'y a pas un voyageur ou un cosmographe qui ne se
soit aidé de ses observations et de ses oeuvres, et qui n'ait rap-
pelé son nom et ses courses. André Thévet, Hakluyt, Champlain,
l'ont cité ; il n'est pas jusqu'à Rabelais qui n'ait, si nous en
croyons Margry, emprunté aux œuvres d'Alfonse un certain
nombre de données géographiques et de légendes.
Jean Fonteneau ou Alfonse de Saintonge n'avait pas publié
que la Cosmographie, d'où l'on aurait tiré, après sa mort, comme
les historiens sont généralement disposés à le croire, les Voyages
aventureux, et peut-être d'autres routiers et divers récits de
voyages. M. Musset établit dans son introduction que les Voyages
aventureux, dont il passe en revue les différentes éditions, sont
distincts de la Cosmographie, et antérieurs à celle-ci.
La Cosmographie aurait été composée « pour faire service au
Roy » François I". L'auteur avait fait, avant tout, œuvre de
science, mais ayant le titre de pilote du roi, c'est aussi pour faire
honneur à celui-ci qu'il enlumina son manuscrit de brillantes
couleurs et de figures originales.
D'après les indications qui terminent l'ouvrage, le litre man-
quant, la Cosmographie serait due à la collaboration d'Alfonse
et d'un capitaine-pilote de Honfleur, nommé, par tous les au-
teurs, Paulin Sécalart, et qui demeurait, conmie Alfonse, en la
rue Saint-Jean, non des Prêtres, mais du Pérot, près de l'église
Saint- Jean du Pérot, à La Rochelle.
M. Georges Musset établit, comme il l'avait d'ailleurs démon-
tré précédemment dans le Bulletin de géographie historique et
descriptive (1895), que Jean Alfonse a été le seul et Tunique au-
teur de sa Cosmographie, qu'il avait achevée en 1544 ; et, qu'a-
près sa mort, arrivée sans doute le 24 novembre 1545, Raulin
(et non Paulin) Sécalart, devenu possesseur du manuscrit, y
ajouta son nom à côté de celui d'Alfonse et altéra quelques pas-
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— 328 —
sages de Touvrage, pour faire croire à sa collaboration. La
Cosmographie appartient donc tout entière à notre Saintongeais.
Ce n'est pas la première fois qu'il est question dans cette revue
d*Alfonse de Saintonge. Notre collègue, M. Louis Delavaud,
répondant à une question alors posée, avait donné dans le nu-
méro d'octobre 1882 du Bulletin (p. 428), une courte note sur le
marin Jean Alfonse. Il avait également extrait des Voyages aven-
tureux 1^ description des côtes de France, qu'il avait publiée
dans le Bulletin de la Société de géographie de Diion (1882).
Déjà aussi, Léon Guérin avait, avant lui, donné, dans Les navi-
gateurs {rançais (Paris, 1846), une courte notice sur le capitaine-
pilote de François P', et tiré de ses ouvrages une description du
littoral de la France.
Nous rappelons encore que Pierre Margry avait publié quel-
ques passages des Voyages aventureux dans Les navigations
françaises et la Révolution maritime au XVI* siècle (1867), et
que M. Gaffarel, dans son Histoire du Brésil français (1878),
avait repris les passages intéressant ce pays.
Ces quelques reproductions de fragments d'ouvrages d' Alfonse
avaient suffi à montrer de quel intérêt serait pour l'histoire de la
géographie et des voyages, la reproduction intégrale du volu-
mineux manuscrit du môme navigateur, conservé à la Biblio-
thèque nationale sous le titre de la Cosmographie. Si cette œuvre
renferme quelques légendes fabuleuses, on y trouve les détails
les plus précieux sur les terres nouvellement découvertes de
l'Asie, de l'Afrique, de l'Amérique du Nord. C'est une mine très
riche de documents sur la géographie physique d'un grand nom-
bre de régions, et, pour les pays qu'il a visités lui-môme, Jean
Alfonse est, comme le fait observer M. Gaffarel, d'une minutieuse
exactitude.
Il importait donc de publier dans sa totalité un ouvrage auesi
considérable, et notre savant collègue, M. Musset, a apporté
dans ce travail toute sa conscience d'historien et toute son érudi-
tion. Sa connaissance approfondie de l'histoire de la géographie
lui a permis d'éclairer le texte par des notes savantes qui servent
à l'interpréter et à l'expliquer. Très curieuses sont les reproduc-
tions de cartes et d'illustrations tirées du manuscrit. Une table
des noms propres complète très utilement cette importante publi-
cation.
Gustave Regelsperger.
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— 329 —
La Revue des Charenies, février 1904. Le bourg de Baigne au
moyen âge (suite) ; La Revue des Charenies, son programme et
son devoir, par M. Gabriel Audiat.
« Plus tard, quelque réserve me fut encore imposée par
la crainte que le public, toujours prompt aux erreurs malveil-
lantes, ne comprit pas ce que vous faisiez et ce que j'allais faire
avec vous. La Revue de Saintonge et d'Aunis était là, que le
labeur de son fondateur avait portée à un degré de prospérité
tel qu'aucune revue savante de province, je crois bien, ne peut
se vanter d'un pareil. El pour être née Bulletin de la Société
des Archives^ elle ne s'en était pas moins entr'ouverte peu à
peu à toutes les manifestations importantes de la vie contempo-
raine en nos provinces. Même il la rêvait, après son départ,
transformée de jeunesse et élargie, mettant à profit et les res-
sourcfes qu'il lui avait accumulées pour faire place plus grande à
la littérature, à l'art, à la science, au mouvement social, à ce
qu'on nomme l'actualité, et l'autorité que lui donnait son passé
pour devenir un organe incomparable d'activité intellectuelle
dans notre pays.
Ses continuateurs, dont je ne me sépare point — et il fallait
avant toute chose que cela fut clairement vu de tous — ont estimé
plus sage de suivre la tradition par lui créée, de la maintenir
esentiellemcnl revue d'histoire et d'archéologie : c'est bien. Et
s'il la maintiennent au niveau d'érudition où il l'avait portée, ce
sera très bien. Aidons-les de tout notre pouvoir ; c'est pour tous
une obligation die curiosité pieuse, pour moi-môme un devoir
double et sacré. »
— N° de mars. — M. G. Audiat termine sa lettre sur le pro-
gramme et le devoir de la Revue des Charentes. Ses conseils
peuvent se résumer en quelques mots : peu de poésie, mais des
bonnes, peu ou point d'études d'érudition, parce que la Revue
de Saintonge et le Bulletin de la Société archéologique de la
Charente sont là pour les accueillir. Il réclame des « loubines ».
« Les « loubines » c'est l'économie régionale, c'est la vie indus-
trielle, conunerciale, agricole, maritime — et mondaine du
pays. » Il veut, en résumé, que cette Revue soit surtout vivante
et actuelle. La poésie, môme signée Depont, n'est qu'un dessert.
La Revue de Béarn et du pays basque, n^ de février 1904, con-
tient le commencement d'une étude sur Marguerite de Navarre,
par M. Paul Courleault.
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— 330 —
Mémoires de la Soeiété d'agriculture, sciences et arts d'An-
gers, lome VI, 1903. — Sous le liliv : Le dernier Phiuhigeuel
comte dWniou, Jean Sans-Terre, M. Ch. Marchand analyse le
livre de miss Kate Norgalo (Londres, 11K):J), sur John Lackland.
AI. Joseph Jouberl retrace Thisloire des tombeaux des Plantage-
net à Fonle\raull, sous le litre de : Le dernier lieu de /r/>os des
rois angevins, dont il emprunte un dvà élémenls c^ un article de
la Mneteenlh Century dii M. (-eeil Hallell.
Richard (Alfred). Histoire des comtes de Poitou, 778-1204
(suite. Voir aux errata).
II
Nous avons réservé pour un chapitre spécial ce que M. Richard
dit çà el là dans son premier volume de la Saintonge en général,
qu*il semble moins bien connaître, cela se conn)rend, que le
Poitou.
« (Juand Elile mourut [il s'agit du comte Eble le Bâtard], dans
le courant de y.T), à Tàge d'environ soixante-cin<i ans, son pou-
voir était bien quelcjne peu amoindri ; néanmoins, il était encore
un des plus puissants seigneurs (U) France. 11 possédait le Poitou
et, sans doute, le pays d'Aunis, à titre héréditaire, le Limouzin
par conquête, et élevait des prétentions sur la Saintonge propre-
ment dite, (pie se disputaient les comtes d\Angouléme, de Péri-
gueux el de Bordeaux, et où les évéfjues de Saintes, à l'exemple
de nombreux prélals de celte éj)oque, cherchaient à se constituer
un grand donmine (t'odal ; enfin, il laissait à ses héritiers des
droits A faire valoir sur le comté dWuvergne et le duché d\\(iui-
taine, dont il avait joui pendant (juehph's années cl qui faisaient
véritablement parlie de son héritage (1). »
Il ajoute en note : « ï.a sn})rémalie du Poitou sur la Saintonge
s'était établie dans le co\irs du IX* sic>cle, après la mort du comte
Landri. Mais tandis que la région située au sud de la Charente
était devenue un champ df* compétition entre les cainles voisins
de Bordeaux, de Périgueux et dWngouléme, des liens très étroits
avaient directement rattaché VAunis au Poitou, et l'autorité
d'Eble dans ce pays est incontestée ; elle est en particulier cons-
(1) Volume I, chap. VI bis, p. 72 et 73. — Nous avons nous-mème souli-
fcnë les passages 8ur lesquels nous voulons appeler l'attention des lecteurs
de la Revue.
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— 331 —
tatée par la concession qu'il fit, en janvier 934, aux moines de
SaintrCyprien, à la demande de son vassal Roger, de portion du
bénéfice que celui-ci possédait en Aunis pour y établir des sa-
lines. » (CarluL de Sainl-Cyprien, pp. 318 et 319).
Parlant plus loin des nombreuses concessions de terrains faites
sur les côtes de TAunis aux abbayes de Noaillé, de Saint-Cyprien
et de Saint-Maixont, afin d*y établir des salines [il aurait pu
ajouter à Tabbaye de Saint-Jean d'Angély et autres], il dit en-
core : « Ces chartes, outre l'intérêt qu'offre leur objet spécial,
permettent encore d'affirmer que V Aunis était dans la possession
directe des comtes de Poitou, possession déjà établie, comme
nous l'avons vu, au temps du comte Eble (1). »
Ces quelques citations relatives à la situation politique et ad-
ministrative de notre pays pendant le X^ siècle étaient néces-
saires pour bien montrer la manière de voir de M. Richard, en
ce qui le concerne. Elles se rapportent à deux questions princi-
pales : P situation de l'Aunis ; 2* situation de la Saintonge pro-
prement dite.
1" Situation de V Aunis. — Dans le haut moyen âge, on enten-
dait par Aunis, non seulement comme aujourd'hui les environs
de La Rochelle et de Surgères, mais encore tout le nord du dé-
partement de la Charente-Inférieure compris entre la Sèvre, la
Charente et la Boulonne, avec la portion limitrophe du départe-
ment des Deux-Sèvres située entre cette môme Sèvres et un
viioux chemin à travers bois, qui allait do Villeneuve-la-Comtesse
(canton de Loulay) à Niort ; les îles d'Aix et de Ré en plus.
C'était, dans son entier, l'ancien archidiaconé d'Aunis du diocèse
de Saintes, pays tout à fait distinct, dont l'origine remonte cer-
tainement à la période gauloise. Dès le X* siècle, les comtes de
Poitou sont incontestablement, comme le dit M. Richard, les
maîtres directs de cette région. Ils en jouissent et en disposent
comme d'un domaine propre ou d'un bien du comté. En janvier
942, c'est à la demande ^'Eble, frère du comte de Poitou, que
Louis d'Outremer réforme le monastère de Saint-Jean d'Angély
et met à sa tôte l'abbé Martin (2). Cette abbaye fut reconstruite
et richement dotée, à diverses reprises, de biens situés en Aunis
par le comte Guillaume Fier-à-Bras : vers 988, après sa réconci-
liation momentanée avec sa femme, il donne la terre de Muron à
(1) Volume I, chap. VIII, p. 97, note 3.
(2) Cart, de Sàint-Jeàn d'Angély , par Musset, I, charte 1, p. 11.
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— 332 -
ce monastère, qui est parmi ceux que, Dieu aidant, il a cons-
truits (1); en janvier 991, il donne le bois d'Essouvert au cou-
vent du saint précurseur du Chrisl, Jean- Baptiste, qu'il a lui-
même édifié (2) ; vers la même époque, il lui donne encore les
églises de Henon, divers biens aux alentours, et des pêcheries à
Esnandes (3). — Ce même comte donne, en janvier 988, à Fab-
baye de Noaillé Timmense domaine, sis sur les bords de la ri-
vière Le Curé {Lignriacum)y qui devint plus lard le riclie prieuré
de Saint-Sauveur de Nuaillé (4) ; et vers la môme époque, à l'ab-
baye de Saint-llilaire de Poitiers, la vaste presqu'île de Rex, à
la jonction du Mignon et de la Sèvre, terre de son domaine si-
tuée en Aunis, avec ses paroisses et tout ce qui en dépend (5) ; il
donne aussi à l'abbaye de Saint-Martial de Limoges la paroisse
d'Anais (canton de La Jarrie), donation renouvelée et confirmée
par son fils vers l'an KKK) (6) ; il homologue enfin le don de l'aleu
de Rançon, près Mauzé, fait à l'abbaye de Saint-Cyprien par une
dame Arscnde, vers 986-993 (7). — Lorsqu'on 1003, Guillaume
le Grand, son fils, dote l'abbaye de Maillezais, fondée par ses
père et mère, il donne en Aunis l'île et la paroisse de Taugon
(canton de Courçon), i)lus la moitié des droits de péage perçus
au pas de Mauzé, l'autre moitié appartenant au comté (8) ; et
pour récompensor l'abbaye de Saint-Cyprien de lui avoir ainsi
enlevé l'abbaye de Maillezais, rendue indépendante, il lui donne
en même temps tout le bois de Dœuil (canton de Loulay), et
toute la terre de Rançon ci-dessus indiquée (9).
Ce même Guillaume le Grand, vers l'an 1000, donna à l'abbaye
de Saint-Jean d'Angély la partie de la forêt d'Argençon com-
prise entre les trois églises de Diruil, de Saint-Félix et de Saint-
Christophe (localité disparue, près de Vcrgné), dans le canton de
Loulay (10), Rappelons enfin, qu'il gratifia, comme nous l'avons
vu, de divers châteaux en Aunis le comte d'Angoulême, et que
(1) CarinUire de SAini-Jeàn d'Angély, par Musset, I,charle 192, p. 331 et 23S.
(2) Idem, I, charte 7, p. 37 et 28.
(3) Idem, I, charte 6, p. 26.
(4) ChAries de NoàilU, dans Dom Fonteneau^ tome XXI, p. 305.
(5) Documente pour Sûint-HiUire, par Rëdet, I, p. 57.
(6) Chronicon B. Iterii, dans Chroniques de SAinUMértUl, par Duplès-A^er.
p. 45.
(7) Chriul. de Sninl-Cyprien, par Rédet, charte 514, p. SU.
(8) Hiêioire de La. Rochelle, par Arcère, t. II, p. 6«3.
(9) C&rt. de Saint-Cyprien, charte 513, p. 310.
(10) Càrtul. de Seint-Jean d*Angély, par Musset, I, charte 8, p. 38 et 29.
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- 333 —
ces châteaux paraissent avoir été ceux de Surgères, de Chà-
lelaillon, voire de Frontenay.
Voilà certes des preuves de possession directe autrement signi-
ficatives que les abandons de quelques lais de mer pour être
transformés en salines, ce que M. Richard a cependant bien fait
de souligner, puisque cela corrobore les faits principaux. Il ne
les néglige pas, du reste, puisqu'il les relal'e pour la plupart,
mais sans en tirer ces mêmes conséquences, dans son chapitre
IX, relatif au comte Guillaume Ficr-à-Bras.
Il est, bien regrettable, surtout pour nous autres, qu'à propos
de TAunis et du régime auquel était soumise cette partie de notre
région, M. Richard n'ait pas cru devoir s'occuper de son exten-
sion au nord de la Sèvre et aux alentours de Niort, ques-
tion posée par Rédet, son savant prédécesseur aux archives de
la Vienne (1). D'autant plus que cela expliquerait peut-être pour-
quoi les comtes de Poitou possédaient YAunis saintongeais, si
l'on peut s'exprimer ainsi, et que c'est dans ses propres travaux
qu'on trouve les meilleurs renseignements pour résoudre ce pro-
blème historique (2).
Au nord de la Sèvre, entr<î son embouchure ei Niort, l'évêché
de Saintes, l'archidiaconé d'Aunis, et l'Aunis lui-même par con-
séquent, ont toujours compris deux localités importantes : l'Ile
d'EUe, près de Marans, et Coulon, près de Niort ; tandis que
l'évêché de Poitiers ou le Poitou n'a jamais, par contre, franchi
ce fleuve vers le sud. Si l'adjonction de Tlle d'EUe et de son terri-
toire à l'Aunis peut être expliquée à la rigueur par un change-
ment de cours de la Sèvre, dont le confluent primitif avec la
Vendée aurait été jadis plus au nord, près du Gué de Velluire,
laissant l'Ile d'Elle sur sa rive gauche, il n'en est pas de même
de Coulon et de son vaste territoire de près de 3.000 hectares.
Celui-ci était tout entier sur la rive droite de la Sèvre, dans la
plaine calcaire dite de Niort, et s'étendait jusqu'au graiHl che-
min de Niort à Fontenay et jusqu'aux portes mêmes de Benêt.
Or, la paroisse de Coulon était incontestablement située en Au-
nis. En 869, le concile de Verberio confirme à l'abbaye de Char-
roux la donation de : Colonum, in pago Alniense (3). Coulon a
(1) Càrtnl. de Saini-Cyprien, notes gëoffrapbiques, p. 436 et 437.
(2) CaHnl. de Sàint'Màixent, par Alfred Richard, in Areh. hitL da Poiton,
t. XVI.
(3) Besly, MUt des eomiee de Poitoa, Preuves, p. 192.
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— 334 —
toujours été porté, du reste, dans Tévêché de Saintes, malgré les
transformations diocésaines subies par la région de la Sèvre.
Mais il y a plus : d'autres localités situées au nord de la Sèvre
et appartenant à Tévêché de Poitiers, sont aussi indiquées comme
se trouvant en Aunis. Entre 932 et 930, sous le règne du roi
Raoul, le comte Guillaume Tête d'Etoupe, qui venait de succé-
der à son père Eble le Bâtard, concède aux moines de Saint-
Cyprien, à la prière du vicomte Savari de Thouars, une écluse
à poissons dont jouissait celui-ci, au village de Reth (Traiecto),
sur la Sèvre, dans la contrée de Célette (condila Celiacinse), au
pays d'Aunis {in pago Alieninse) (1). C'était, il est vrai, non loin
de Coulon {in rem Sancli Salvatoris) ; néanmoins, il s*agit du
territoire actuel des communes de Damvix, de Sainte-Christine
et de Saint-Sigismond (canton de Maillezais), dans l'angle formé
par le confluent de l'Autize et de la Sèvre.
Une charte-notice, dressée plus tard, vers 1045, mais qui ne
peut qu'exprimer des idées reçues et d'ancienne date, rapporte
qu'Archambaud, archevêque de Bordeaux, resté abbé de Saint-
Maixent, fit lever par Guillaume Aigret, duc d'Aquitaine, tous
les droits injustes que les seigneurs de Vouvanl avaient récem-
ment établis sur toutes les terres de Saint-Maixent situées dans
la plaine d'Aunis {in plano^ Alnisio), et même le droit que ce
comte et sa femme Ermenscnde prélevaient, comme leurs prédé-
cesseurs, à Artiz (commune et canton de Saint-Hilaire des Loges),
à Ouïmes, (même canton), et à Vouillé-les-Marais (canton de
Chaillé). Ils firent remise perpétuelle à Saint-Maixent de tout
droit perçu par eux dans la plaine d'Aunis {in piano Alnisio,
répété une seconde fois), sur la terre de Saint-Maixent et sur
celle de Marsais-Sainte-Radégonde (canton de L'Hermenault,
Vendée) (2). Ce texte, édité par M. Richard lui-même, est très
clair : c'est à la plaine de Fontenay-le-Comte et aux îles du ma-
rais de Luçon que s'applique l'expression de plaine (TAunis.
Auprès de Niort, les indications sont tout aussi probantes, et
Coulon n'était point la seule localité de la rive droite de la Sèvre
située en Aunis. Le chef-lieu de la vicaria BassiacensiSj si sou-
vent citée dans les carlulaires des abbayes, au X* siècle, était, à
n'en pas douter aujourd'hui, le faubourg actuel de Bessac à
Niort, dans la boucle de la Sèvre et sur sa rive droite. Il est cons-
(i) CàHul, de SainUCyprien, par Rédet, charte 545, p. 333 et 824.
(3) Cârinl. de SAini-Màixentf par A. Richard, I, charte 108, p. 134 et 135.
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— 335 —
laminent donné comme situé en pays dWunis, et cela est d'autant
plus significatif qu'il est resserré entre deux vigueries poitevines
très rapprochées : la viguerie de Thauray {viccnla Calriaccnsis)
au nord, et la vigueric dWiffres ou de Marligny (vicaria A[ria-
ccnsis ou vlcarid Mavnlacensis) au sud, deux communes ac-
tuelles du premier canton de Niort. La vi^uerie de Bessac s'éten-
dait dans Tévôché de Saintes et sur la rive gauche de la Sèvre,
jusques aux abords de la vallée du Mignon. Elle renfermait, à
n'en pas douter, Saint-Florent, la ville et la commune actuelle
de Niort, jusqu'au territoire de la commune de Souche cl jus-
qu'au cours inférieur du Lambon, y compris la belle fontaine du
Vivier, Le Fornax calidus, ou Fornix calida, in vicaria Bachia-
cinse, ou fjrope Niorliim, souvent cité dans le Carlulaire de Sainl-
Cypricn (1), est le quartier ou rue du Vieux-Founieau, à Niort
môme, sur la hauteur qui domine la ville, et l'église la plus pro-
che, Saint- André, est sans doute Vccclesia de F omis , située dans
l'évêclié de Saintes et donnée à l'abbaye de Charroux par Char-
lemagne, en môme temps que l'église de Saint-Florent et les
terres adjacentes (à savoir le château de Niort, sa viguerie, ses
églises et ses cimetières), la cour de Jarnac-Cliampagne et la
cour de Cressé (2). Cet acte ou testament est, il est vrai, une
compilation fabriquée vers la fin du XI® siècle, mais à l'aide
d'actes authentiques (3). — La viguc^rie de Bessac, c'est-à-dire
l'Aunis, s'élendail aussi à des localités situées dans la plaine de
Niort jusqu'à l'Autize, nolammenl à Sciecc| (deuxième canton
de Niort), rive droite de la Sèvre, et à Ouïmes (canton de Sainl-
llilaire des Loges), déjà cité. La charte du Cartulaire de Sainl-
Cijpricn portant donation par Sénégonde de nombreux biens, en
936 ou 937, énumère ceux-ci par pays et par vigueries, et place
dans le pays d'Aunis et dans la viguierie de Bessac la villa Ulmus,
qui ne peut être qu'Ouïmes, et la villa Iziaciis, que nous pensons
être Sciecq (4). Vers l'an 1000. l'église de Sainl-Maxire, sur la
Sèvre, est dite dans le pays et la viguerie de Niort, substituée vers
celte époque à celle de Bessac (5).
(1) CariaZ. de SunUCyprien, par Rëdct, p. 313, 314, 322, 325, 326.
(2) MabiUon, Ann. Bened., t. Il, p. 711.
(3) Elade sar les comtes et vicomtes de Limoges, par Hobert de Lasleyrie,
Pièces justificatives y n» 1, p. 94.
(4) Cartnl. de Saint-Cyprierif par Rédet, charte 549, p. 325, et charte 567,
p. 332.
(5) Idem, charte 562, p. 329 et 330.
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— 336 —
Tout cela démontre surabondamment que FAunis primitif s'é-
tendait sur les deux rives de la Sèvre, depuis la mer jusqu'à
Niort, cette ville comprise, englobant toute la plaine de Fontenay
et son marais, depuis le Lay (c'est-à-dire une région qui apparte-
nait au diocèse de Poitiers cl formait la partie ouest de Farchidia-
coné de Brioux), tout aussi bien que Tarchidiaconé d'Aunis du
diocèse de Saintes, qui seul en a gardé le nom. Nous pouvons
même nous demander, à notre tour, si cette région basse et plate
ne répond pas au petit peuple gaulois des Anagnutes que Pline a
placé au sud de la Loire avec les Ambilatri, à côté des Pictons et
des Santons (1). Le nom lui-même se prête à celle interprétation,
car les plus anciennes formes latines sont, aux IX* et X* siècles,
pagus Alienensis ou Alianermis, et ce n'est que dans le cours du
XP siècle que l'usage du mot Alnisius paraît s'être introduit,
comme le fait observer M. Richard lui-même dans un autre ou-
vrage (2). Anagnules et Alagnices sont bien voisins. Bien voisin
aussi le dérivé Alienensis. Enfin, s'il fallait proposer une élymo-
logie du nom, nous le rattacherions volontiers aux mots latins
planus pour palanus, planities pour palanitieSj grec pclagos,
avec chute du p initial, fait qui se produit souvent dans nos lan-
gues. En ce cas, notre nom moderne de pays de Plaine ne ferait
que répéter l'ancien, nom gaulois de la région, et les Anagnutes
ou Aunisiens d'autrefois ne seraient autres que les Plaineaux de
nos jours.
L'Aunis ainsi compris, ayant formé un pays distinct, comme
le pays d'Herbauge (pagus Herbadillicas), qui le bordait au nord,
a bien pu avoir, sous les Mérovingiens, ses comtes particuliers,
bien que les documents historiques n'en fassent pas mention.
Plus lard, soit lors des guerres d'Aquitaine, soit lors des pre-
mières invasions normandes, ce comté sera tombé tout entier
aux mains des comtes de Poitou, qui l'ont toujours gardé, comme
ils ont gardé l'ancien pays ou comté d'Herbauge. Telle serait, à
litre d'hypothèse, l'origine de leurs droits et de leur domination
en Aunis. Plus difficile à expliquer serait le partage de cet Aunis
primitif entre les deux évêchés voisins de Poitiers et de Saintes,
avec le cours de la Sèvre comme limite. Il y a là un point
historique à résoudre que l'absence de documents né peut faire
qu'ajourner.
(1) Pline, HUt. nai., livre IV, chap. XXXIII.
(2) Cariât, de SûnUMàixeni, l, charte V, p. 9, note i.
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— 337 —
2® Situation de la Saintonge. — En ce qui concerne la situation
(le la Saintonge proprement dite, non seulement M. Richard, si
bien documenté pour le Poitou, ne nous renseigne pas mieux
que ses prédécesseurs, mais il nous déroute même par quelques
données toutes personnelles, qu'il lance un peu au hasard, sans
même un commencement de preuves à Tappui.
Le dernier comte particulier que nous trouvons en Saintonge
sous les Carlovingiens est Landri, qui s'était emiparé par sur-
prise du château de Bouteville, précédemment occupé par Tur-
pion, comte d'Angoulême, et que lui disputait, les armes à la
main, Emmenon, frère et successeur de Turpion. Landri fut tué
dans le combat, et Emmenon fut ramené blessé au château de la
Roche (La Roche-Andri, pensons-nous), où il mourut lui-même
huit jours après, au mois de juin 866. Deux ans auparavant, le
4 octobre 863, le comte Turpion avait aussi péri de mort violente
dans un combat contre les Normands, livré au deAà de Saintes
par rapport à Angoulème, c'est-à-dire entre Saintes él la mer.
C'est Charles le Chauve qui avait nommé Turpion d'abord, puis
Emmenon, comtes d'Angoulême, en môme temps qu'il fît Ram-
nulfe comte de Poitiers ; car en abandonnant l'Aquitaine à son
neveu Pépin II, il avait retenu pour lui le Poitou, la Saintonge
et l'Angoumois. Il n'est pas dit qu'il mit en même temps un
comte en Saintonge, d'où l'on peut admettre que Landri avait été
déjà placé à la tête de son comté par un de ses prédécesseurs au
royaume d'Aquitaine. Quoi qu'il en soit, en apprenant la mort
des comtes Emmenon et Landri, Charles le Chauve envoya de
suite en Aquitaine un sien parent, Wulgrin, frère d'Alduin, abbé
de Saint-Denis, qu'il fit comte d'Angoulême et de Périgord (I).
Quant à Landri, il n'est question nulle part de son successeur,
et il est fort probable qu'il ne fut pas remplacé. Ce pays de Sain-
tonge, soumis aux continuelles attaques des Normands, ne comp-
tait presque plus au point de vue administratif, de même que le
pays d'Herbauge, sur les côtes du Poitou, et que le Bordelais,
exposés aux mêmes déprédations et dont les comtes particuliers
disparaissent aussi de l'histoire précisément à cette même
époque.
Il n'est dit nulle part que Wulgrin, comte d'Angoulême, ait
eu aussi la Saintonge ; mais nous savons qu'il étendit sa domi-
(1) Voir pour tous ces faits: !• Chron. d'Adémar, III, chap. XVI et XIX,
édition Ghavanon, p. 132 et 136 ; 2* Hiêioire des pontifes et des comtes d^ An-
goulème, chap. X et XI, édition CasMûffiie, p. 18 et 19.
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— 338 -
nation sur certaines parties de ce pays, pendant le cours de son
gouvernement, qui dura vingt ans, de 866 à 886. Il construisit
notamment, dès son arrivée, le château de Matha, dont il voulait
faire un rempart contre les Normands, et, après lui, cette vaste
chûlellenie, située tout entière en Saintonge, resta pendant plus
de trois siècles dans la possession directe des comtes d'Angou-
lôme, ses successeurs, qui la donnaient en apanage aux cadets
de .la famille. Comme Wulgrin fut en lutte continuelle avec les
Normands, et que la Saintonge, par sa position géographique,
devînt pour lui un véritable champ de bataille, il est difficile
d'admettre que selon les nécessités de la guerre, il nV commanda
pas souverainement. Il dut garder tout au moins sous sa main
In chruellenie de Bouteville, déjà tenue par son prédécesseur
Turpion. Nous voyons, en effet, son petit-fils, Guillaume Taille-
fer, qui fut comte de 916 à 962, donner à l'abbaye de Saint-Cy-
bard (1) et à la cathédrale d'Angoulême (2) de grands biens -sis
en Saintonge, tan»l dans la chàtellenie de Bouteville que dans
celle d'Archiac, ce qui suppose de sa part une autorité directe
dans ces régions de la Grande et de la Petite Champagne ; et on
comprend dès lors que le chroniqueur Adémar de Chabannes
ait pu dire plus tard que les chAtellenies de Bouteville et d'Ar-
chiac étaient des dépendances inaliénables du comté d'Angou-
l(^mc (3). Cela doit s'entendre évidemment d'un état de subordi-
nation fort ancien, datant de la constitution même du comté d'An-
goulême ou de sa dynastie régnante, c'est-à-dire du temps de
Wulgrin.
Matha et Archiac étaient-ils en Saintonge des sortes d'avancées,
des possessions isolées de TAngoumois ? Loin de là. Entre les
chAtellenies de Matha et d'Archiac, s'étendi, sur les deux rives
de la Charente, la chAtellenie de Cognac, qui dépassait dans la di-
rection de Saintes le confluent du Né. En 1003, c'est devant le
comte d'Angoulême, Guillaume II, assisté de Grimoard, son
évêque, qu'est porté un différend relatif au domaine de Cou-
longe (commune de Saint-Sulpice de Cognac), situé alors dans
la viguerie de Mignon, et qui dépendait alors, comme depuis, de
• (1) Chronique d' Adémar, livre III, chap. XIV, édition Ghavanon, p. 145 et
146.
(2) Cartal. de Véglise d*Angoaléme, par labbé Nanglard, charte III, p. 28.
(3) Loc. cit., III, chap. LXVII.
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— 339 ^
la chAtellenie de Cognac (1). Dès cette époque, et probablement
auparavant, Cognac relevait donc d*Angoulêrae, comme il en
relevait vingt-cinq ans plus tard, lorsque Geoffroy, fils du comte
Guillaume II, était seigneur dominant à Merpins (2). En amont
de Cognac, et à cheval aussi sur la Charente, était la chàtellenie
de Jarnac. A la fin du X* siècle, nous trouvons celle-ci aux mains
d'une puissaMe famille de seigneurs, dits complores, qui relè-
vent des comtes d'Angoulême et dont un membre, Hugues, fut
évêque d'Angoulôme de 975 à 990.
Au sud-ouest et en voisinage d*Archiac, on trouve, dès les IX*
et X* siècles, le grand territoire de Jonzac, importante viguerie
d'abord, puissante chàtellenie ensuite, dont 1 histoire csit fort
curieuse. Selon une tradition, Charlemagne aurait donné Jonzac
et ses dépendances à Tabbaye de Saint-Germain des Prés, du
temps de Tabbé Irminon, mort vers 817. Par la suite, un succes-
seur de cet abbé dont on ignore le nom en aurait disposé en fa-
veur d'un de ses neveux, moyennant une redevance annuelle de
pure forme, treize couteaux de table et une peau de cerf, plus
rhommage féodal (3). Toujours est-il que les seigneurs de Jon-
zac, dès le XII* siècle, ont fait honunage de leur chàtellenie à
celte abbaye (4), et qu'on retrouve les traces indéniables de celle-
ci dans de nombreuses paroisses environnantes. L'église de
Saint-Germain de Luzignan, la principale paroisse de la région,
dont Saint-Martin de Clara a été un démembrement, aurait été
construite par un abbé de Saint-Germain et est dédiée au saint
patron de l'abbaye. L'église de Saint-Georges de Cubillac est
dédiée au martyr de Cordoue, dont les reliques furent apportées
en France, vers 858, par deux moines de l'abbaye de Saint-Ger-
main. L'église de Saint-Germain de Vibrac, et l'ancienne abbaye
de Saint-Ource, située dans cette commune, rappellent aussi
Saint-Germain d'Auxerre et saint Ursus, évêque avant lui. Quant
à l'église même de Jonzac, dédiée à saint Gervais, rappelons
que c'était un des saints dont l'abbaye de Saint-Germain possé-
dait les reliques.
Le fait d'un don de Jonzac à Saint-Germain des Prés peut donc
(1) Cartul. de Moist&e, in collection Doat, de la bibliothèque nationale,
vol. 128, fol. 31.
(2) CaHuI. de SAvigny^ charte 635.
(3) Histoire de Vabbaye de SàinUGermAin-deê-Pris^ par dom Bouillart, Ht.
II, p. 23.
(4) ArcKhiit,, de U Saintonge et de V Annie, i. XX, pièce III, p. 174, n« 1.
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— 340 —
être tenu pour exact. Remonle-l-il à Charlemagne ? C'est dou-
teux. D'abord le Polyptique dlrminon, qui énumère avec tant
de détails les biens de Tabbaye de Sainl-Gormain vers cette épo-
que, ne parle pas de Jonzac (1). Ensuite, on a mis au compte de
Charlemagne bien des actes de ses successeurs, comme en té-
moigne la fameuse charte de Saint-Cybard d'Angoulême (2).
Mais ce don peut bien remonter à Charles le Chauve. Quel est,
dans la région, le personnage, neveu d'un abbé de Saint-Germain,
qui aurait reçu Jonzac ? Peut-être un des fils ou un des gendres
de Wulgrin, comte d'Angoulême, dont le frère Alduin, abbé de
Saint-Denis, fut aussi abbé de Saint-Germain ; puisque nous
voyons Guillaume Taillefer disposer», en 940, du village de Tu-
géras ou Tauriac (Talaurica villa), vi guérie de Jonzac, en faveur
de l'église d'Angoulême (3) ; puisque nous voyons également
Hildei^aire, vicomte de Limoges, et sa femme Tetberge donner
vers la même époque l'église de Saint-Pierre de Neuillac à l'ab-
baye de Saint-Cybard d'Angoulême (4). Des seigneurs du nom
de Foucher, d' Alduin, d'Eble et d'Emma, noms habituels dans
la famille des vicomtes de Limoges, sont encore en possession de
cette chûtelleni« vers 1075. A cette époque leur succèdent, sans
doute par alliance, des Guillaume de La Roche ou La Rochandri,
qui la gardent pendant deux siècles (5). Conclusion : Jonzac et
ses dépendances gravitaient aussi, avant l'an 1000, dans l'ortitc
des comtes d'Angoulême ou de leurs alliés.
Au midi d'Archiac et de Jonzac, la Saintonge s'étendait fort
loin, jusqu'aux rivières- de la Tude et de la Dronne, qui formaient
ses limites avec le Périgord ; jusqu'aux landes de Bussac, qui
la séparaient du Blayais, possession conquise ou reconquise
vers l'an 1000 par Guillaume II, comte d'Angoulême, avec l'aide
du duc Guillaume d'Aquitaine, qui lui en confirma la jouis-
sance (6) ; et jusqu'à la Gironde, qui lui formait une limite natu-
relle. Là, nous trouvons diverses châtellenies, Barbezieux, Coi-
ron, Chalais, Montausier, Montlieu, Montguyon, Montendre et
(1) Polyptique de Vabbé Irminon, par Guérard, Paris, 1844.
(2) Cariai, de Véglise d'Angoulême^ parTabbé Nanglard, charte 1S6, p. 152.
(3) idem, charte 3, p. 38.
(4) Notice êur les niànuicritê d'Adénutr, par L. Delisle, in Manuscrits de
la bibliothèque nationale, t. XXXV, 1896, p. 316.
(5) CartuL de Suint -Jëàn d'Angély, par Musset, et CarfoUire de Baigne,
par Tabbé ChoUet.
(6) Chroniqua d'Adtfmar, Ub. UI, chapitre XXXXI.
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Mirambeau, qui paraissent n*avoir été établies que fort tard,
après Tan 1000 et dans la seconde moitié du XI* siècle. En effet,
ces noms n'apparaissent pas dans Thistoire avant cette époque.
Ils sont eux-mêmes pour la plupart de formation moderne, car
le radical mons qui entre dans leur composition indique plutôt
une motte féodale ou fortifiée qu'une véritable hauteur ou mon-
ticule. Ces localités ont été toutes édifiées après l'établissement
des paroisses dans lesquelles elles se trouvent, dont le chef-lieu
est resté un village voisin, quand on n'en a pas distrait une faible
partie de territoire pour leur constituer une paroisse distincte :
Coiron est de la paroisse de Bardenac, Montausier de celle de
Sainte-Radégonde, Montlieu de celle de Saint-Laurent du Roc,
Montguyon de celle de Vassiac, Montendre de celle de Char-
des (1), Mirambeau de celle de Niort. Chalais a été sûrement une
dépendance de la paroisse de Sainte-Marie de Déou, dont il for-
mait l'angle méridional, au confluent de la Tude et de la Vive-
ronne. Quant à Barbezieux, il paraît avoir dépendu d'abord de
Saint-Séverin, hameau actuel de la commune, primitivement pa-
roisse. Ce sont d'abord de purs châteaux défensifs, de véritables
postes militaires, autour desquels persistent jusque vers la fin du
XI* siècle les anciennes vigueries administratives, établies dans
des localités différentes, plus anciennes, et dont la circonscrip-
tion est beaucoup plus étendue. Ces vigueries sont : la viccuna
Pedriacensis ou Pelracensis, comprise entre le Né, le Trèfle et
la rivière de Lamérac, et «'avançant jusqu'auprès de Barbezieux ;
le chef-lieu, difficile à fixer, parait avoir été Pérignac (canton de
Pons) ; la vicaria Condeacensis (2), chef-lieu Condéon, compre-
nant, semble-t-il, la plus grande partie des châtellenies de Bar-
bezieux et de Coiron ; la vicaria Rocimacensis (3), chef-lieu (?)
Rioux-Martin, correspondant à peu près à l'ancienne châtellenie
de Chalais ; la vicaria Calhmeriensis (4), sans doute nom de ré-
gion, peut-être du pays de Chaux, correspondant aux châtellenies
de Montauzier, de Montlieu, de Montguyon et à la plus grande
partie de celle de Montendre ; enfin, la vicaria Casnacensis ou de
Conac, correspondant aux châtellenies de Conac et de Miram-
(1) Voir Raînguet, Études sar VArrondUêemeni de JonMàe,
(2) C&rtttUire de Baigne, par Tabbé ChoUet, charte 459, p. 187.
(3) Idem, charte 384« p. 161, et L. DeUsle, loc, cit., p. 317.
(4) CûrtttUire de Baigne, pattîm.
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beau, qui s*éteudait jusqu'au village do Jean-Véral (Genuerac),
commune de Coux, sous le château de xMonlendre (1).
Nous pensons être dans le vrai, en disant que tous ces châ-
teaux-forts ont été édifiés ou autorisés par les comtes d'Angou-
lême, qui les ont confiés du reste, dès le début, à des membres
de leur famille ou à des chevaliers dévoués à leur cause. Le pre-
mier ou le second seigneur do Barbozioux est Akiuin, fils d'autre
Alduin, marié à Gerberge, fille de Geoffroy, comte d'Angoulême,
et c'est ainsi que son fils Itier, qui lui succède, se trouve indiqué
comme le propre neveu du comte Foulques dans une charte de
1075 (2). Le premier seigneur de Montauzier est Arnaud, fils de
ce même comte Geoffroy, et frère de ce même comte Foulques ;
il a pour successeur un neveu ou arrière-neveu. Foulques (3).
Est aussi leur frère, Guillaume Rudel, seigneur de Blaye, qui
recueillit cette châtellenie dans le partage de famille. Les pre-
miers seigneurs de Chalàis sont des Hélies, apparentés soit aux
seigneurs de Jarnac, soit à ceux de Villebois. Les premiers sei-
gneurs de Montendre et de Montlieu sont, vers 1060, des Guil-
laume de la même famille, qui semblent provenir des Guillaume
de Blaye (4). Les premiers seigneurs connus de Mirambeau, qui
le sont aussi de Conac, sont, vers le milieu du XI* siècle, des
Josbert, des Artaud, ou des Arnaud, alliés, semble-l-il, aux sei-
gneurs d'Archiac et de Cognac (5).
Ajoutons que l'abbaye de Baignes, réorganisée sinon fondée
vers 1035, dans un recoin détaché d'une paroisse voisine, peut-
être celle de Mathelon aujourd'hui disparue, est sous la dépen-
dance du comte Geoffroy d'Angoulême, qui confirme la nomina-
tion de son premier abbé connu, Itier de Barret, frère d'un che-
valier de sa cour (6).
Donc, avant et autour de l'an 1000, tout Test et tout le sud de
la Saintonge, entre la Charente, la Dronne et la Gironde, relève
directement ou indirectement des comtes d'Angoulême, héritiers
de Wulgrin, de môme que l'Aunis relève du Poitou. En veut-on
d'autres preuves d'ordre général ? Lorsque l'évêché de Saintes
est de nouveau pourvu d'un titulaire, vers l'an 1000, qui choisil-
(I) Carlnl. de Baigne, charte 143, p. 71.
(3) /dem, pajttm.
(3) Idem,
(A) Idem.
(5) Cartnl, de Savigny^ passim,
(6) Cartulaire de Baigne, charte 120, p. <tô.
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— 343 —
on pour ce poste ? Un seigneur périgourdin de l'entourage des
comtes d'Angoulôme, Islon, frère cadet de Grimoard de Muci-
dan, déjà lui-même évoque d'Angoulôme et abbé de Saint-Cibard.
Lorsqu'un peu[)le en courroux brûle la cathédrale et une partie
de la ville de Saintes, à la fin de Tété de 1U27, qui songe à punir
les coupables de ce sacrilège ? Guillaume II, comte d'Angou-
lème, qui, tout édifié par son récent pèlerinage à Jérusalem, se
prépare à venger celle injure à Dieu (1). La cliarle de fondation
de Notre-Dame de Saintes, en 1047, est signée par une foule de
seigneurs, rangés par catégories, les angevins d'un côté, les poi-
tevins d'un autre, et les saintongeais en doux ou trois séries.
Dans celle qui comprend le comte d'Angoulôme et ses fils se
trouvent, en outre, Hélie de Chalais, lïélie de Jarnac et Foucaud
de la Roche (2). Aucune trace d'autres seigneurs du sud de la
Sainlonge au bas de cet acte solennel.
Il est d'autres chûtellenies sainlongeaises plus éloignées de
l'Angoumois dont nous ne connaissons pas l'état antérieur à l'an
1000. Ce sont, le long de la Gironde, avec Conac, les chûtellenies
de Morlagne, de Didonne et de Mornac (3), cjui occupent le pays
jusqu'à la Seudre et môme au delà ; puis, au nord de Saintes,
les châtellenics de Taillcbourg, de Tonnay-Charente et de Sou-
bise, dans la région comprise entre Houlonne et Charente, jus-
qu'à la limite de l'Aunis et des territoires d'Aunay, de Matha et
de Cognac ; dans la vallée môme de la Charente, en aval de
Saintes ; et dans le grand angle formé entre la Charente et la côte,
jusqu'au chenal de Brouage et au trajet actuel du canal de
môme nom. Mais dès le premier tiers du XI* siècle, ces châtel-
lenics ont de puissants seigneurs particuliers, les princes (prin-
cipes) du pays, comme on les appelle dans les chartes de l'épo-
que, ce qui suppose l'établissement déjà ancien et de ces châtel-
lenics et des familles qui les détiennent. Exception seulement
peut être faite pour la châtellenie de Soubise, que nous trouvons
pour la première fois un peu après 1100 seulement, entre les
mains d'un vicomte de Thouars.
Que reste-t-il après cela de la Saintonge proprement dite qui
n'ait pas de maîtres directs, à la fin du X* siècle, au moment où
(1) Chronique <rAdémar, liv. III, chap. LXVI.
(2) Dom Fonieneàu, t. XXV, p. 335.
(3) Ces quatre sei^eura fonneni une série distincte dans la charte de fon-
dation de Notre-Dame de Saintes.
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Guillaume le Grand devint comte de Poitiers et duc d'Aquitaine î
Il reste Saintes et sa banlieue, qui paraît assez étendue vers
Touest et le nord-ouest, Pons, Broue et la presqu'île de Ma-
rennes, plus l'île d'Oléron. C'est cela seul, à n'en pas douter, qui
fut donné, pour le tout ou partie, en jouissance viagère ou ré-
versible, à Foulques Nerra ; car c'est là seulement que nou^
voyons plus tard son successeur, Geoffroy Martel, faire des
générosités aux abbayes de la Trinité de Vendôme et de Notre-
Dame de Saintes.
Il est donc difficile d'après l'examen détaillé que nous venons
de faire, de trouver, dans tout le cours du X* siècle, de quoi jus-
tifier que « la région située au sud de la Charente était devenue
un champ de compétition entre les comtes voisins de Bordeaux,
de Périgueux et d'Angoulême », et que « les évoques de Saintes,
à l'exemple de nombreux prélats de cette époque cherchaient à
se constituer un grand domaine féodal. » Cela ne se voit nulle
pari, et il y a même de réelles im|)ossibilités à ce que cela soit.
D'abord, il faut mettre hors de cause les évoques de Saintes, pour
cette bonne raison qu'il n'y en avait pas. Les invasions nor-
mandes, parmi leurs plus tristes conséquences, eurent celle de
laisser le siège épiscopal de Saintes vacant pendant près d'un
siècle et demi. Le dernier évêque de Saintes connu au IX* siècle
est Fricou ou Froult {Freculphus), qui assista au concile de Sois-
sons, en 802, et au concile de Piste, en 86''j. On ne lui trouve en-
suite comme successeur qu'Abbon, qui assiste, en 989, au concile
de Charroux et, en 990, au sacre d'Alduin, évêque de Limoges.
Pendant ce long intervalle de temps, on ne voit aucune trace
d'évêques de Saintes, bien que les chroniqueurs régionaux aient
noté avec soin la succession des évêques de Poitiers, d'Angou-
lême et de Périgueux. Le même fait s'est produit à Bordeaux, ce
qui est encore plus significatif en raison du siège métropolitain ;
car, nous savons que Frotier, son titulaire, abandonna son siège,
vers 875, par suite dïC la désolation du pays, pour aller prendre
d'abord Tévêché de Poitiers, puis l'archevêché de Bourges, et
qu'il n'eût, lui aussi, de successeur certain qu'à la fin du X* siè-
cle, en la personne de Gombaud. Il faut en conclure que ces
sièges ont vaqué aussi bien l'un que l'autre. Par conséquent, ce
ne sont point les évêques qui ont cherché à accaparer l'adminis-
tration civile de la Saintonge.
Il faut également mettre hors de cause, et pour la même rai-
son, les comtes de Bordeaux. Après Seguin, cotnte de Bordeaux
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— 345 —
et de Saintes, pris et tué par les Normands en 845 (1), les comtes
de Bordeaux disparaissent comme les archevêques et avant eux.
En 904, on ne trouve plus qu'un duc de Gascogne, Sanche-Gar-
cie, dont le pouvoir s'étend jusqu'à la mer, par suite jusqu'à
Bordeaux (2), et ce n'est que vers 980 qu'un comte authentique
de Boirdeaux, Bernard-Guillaume, apparaît de nouveau, en même
temps que l'archevêque Gombaud, qui aurait été son frère. En-
core tout cela repose-t-il sur des chartes discutées, auxquelles on
ne peut se fier qu'à demi. Pendant tout le X' siècle, et avant l'an
1000, les comtes de Bordeaux ne font figure nulle part, en Sain-
tonge moins que partout ailleurs, et leur existence même reste
problématique. En tout cas, le Blayais, passé de bonne heure
aux mains des comtes d'Angoulême, leur aurait fermé l'accès de
la Saintonge, si c'eût été nécessaire.
En ce qui concerne les comtes de Périgord, ils sont les mêmes
que les comtes d'Angoulême, depuis Wulgrin jusqu'à la fin du
X* siècle. Nous avons déjà noté, en effet, que Charles le Chauve
avait donné à Wulgrin à la fois les comtés d'Angoulême et de
Périgueux, auxquels celui-ci joignit mênie le comté d'Agen, dont
il avait hérité par sa femme, fille de Bernard, comte de Tou-
louse. Ses deux fils furent bien, l'un Alduin, comte d'Angou-
lême, et l'autre, Guillaume, comte de Périgord et d'Agen ; mais
ses petits-fils, Guillaume Taillefer, fils d'Alduin, et Bernard, fils
de Guillaume, administraient en commun les deux comtés d'An-
goulême et de Périgueux (3), à tel point qu'à la mort de Guil-
laume Taillefer, en 962, lequel ne laissa que des bâtards, ce fut
Bernard lui-même, puis Arnaud Bouration, fils de Bernard, et
leurs descendants, qui, pendant trente ans, jusque vers 992 ou
995, possédèrent les comtés d'Angoulême et de Périgueux (4).
A leur mort seulement, Arnaud Manzer ou Avuflron, bâtard de
Guillaume Taillefer, reprit, malgré son âge avancé, le comté
d'Angoulême, qu'il laissa peu après (vers 1001 ou 1002) à son
fils, le comte Guillaume II ; et Aldebert de la Marche, fils de
Boson le Vieux, puis ses frères, issus d'une sœur de Bernard,
recueillirent avec l'aide du duc d'Aquitaine le comté de Périgord^
notanmient Boson le Jeune, mort empoisonné par sa femme, en
(1) Chroniqae d'AdémAr, chap. XVII. édition Lair, p. 113.
(2) GhIUa ChrUtuLnin, I, Ins. eccl. Au^ciensis, col. 170-171.
(3) Chronique dTAdémAr, liv. III, chap. XXIII.
(4) Hiêtoire des pontife» et de$ comtes d'Angoulémey édition Caslaigne,
chap. XVIV, p. 23.
14
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— 346 —
1006. Si donc des comtes périgourdins sont intervenus en Sain-
tonge, ce île peuvent être que les comtes périgourdins d'Angoti-
lôme, Bernard et ses descendant» directs, mais à titre de posses-
seurs de TAngoumois, auquel est intimement liée la Saintonge
méridionale dès le début du X* siècle. Ajoutons que le monnayage
de Saintes est à cette époque au type angoumoisin.
Conclusion : à l'époque dont parle M. Richard et dont il écrit
l'histoire, une seule influence directe ou indirecte se faisait sentir
dans la plus grande partie de la Saintonge proprement dite, cell«
des comtes d'Angoulôme. Ils étaient pour le sud de l'évôché ou
comté de Saintes ce que les comtes de Poitou étaient pour le
nord, c'est-à-dire TAunis, des mattres de fait et indiscutés.
III
*
Il est pour notre pays une troisième question d'ordre général
que M. Richard a traitée aussi à bâtons rompus : c'est celle des
possessions ou de la domination des comtes d'Anjou en Sain-
tonge. Voici d'abord ce qu'il en dit :
n Du reste, Guillaume [le Grand] ne négligea rien pour attirer
à lui son redoutable voisin [Foulques Nerra]. Il lui confirma la
possession de Loudun et de Mirebeau, que Fier-à-Bras avait pré-
cédemment donnés en bénéfice à Geoffroy Grisegonelle et où le
comte d'Anjou fit élever d'importantes forteresses, puis plus tard
il lui abandonna au môme titre Saintes et plusieurs châteaux en
Saintonge (1). » M. Richard ajoute en note : « Chron. (ÏAdémary
p. 164. Le texte du chroniqueur est formel et s'accorde avec les
renseignements fournis par les chartes. Foulques, pas plus que
ses héritiers, ne fut pourvu du comté de Saintonge ; la ville de
Saintes et quelques places fortes, Sanlonas cum quibusdam coj-
teltis^ lui furent concédées par Guillaume le Grand, ainsi que Ta
très bien reconnu M. Faye, dans son étude intitulée : De la domi-
nation des comtes d^An^ou sur la Saintonge, où il fait justice des
erreurs accumulées par les anciens historiens de l'Anjou pour
rehausser l'importance de leurs comtes. Aux témoignages que
cet écrivain a fournis nous en ajouterons un nouveau qu'il n'a
pas connu et qui apporte la preuve que les comtes de Poitou
avaient non seulement conservé leurs droits de suzeraineté sur
la Saintonge, mais aussi des domaines considérables dans ce
pays : c'est la concession faite, en 1040, à la Trinité de Vendôme
(1) Volume I, chap. X, p. 149.
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— 347 —
par le comte Guillaume le Gros [pour Aigrel], dont il sera parlé
en son lieu (1). »
— « Enfin, après trois années de captivité, le jour de la déli-
vrance arriva ; à la fin de Tannée 1036, Guillaume le Gros,
moyennant une rançon énorme, peut-être bien d'un million, fut
mis en liberté sans avoir eu toutefois à faire à son geôlier aucune
cession de territoire (2). » Et en note : « Nous nous trouvons sur
ce point en désaccord avec les vieux historiens angevins, qui
prétendent que, ])our obtenir sa liberté, Guillaume dut céder la
Saintonge à son heureux rival. Ils avancent même que le motif
de la guerre déclarée par Geoffroy au comte de Poitou fut la
revendication de ce même pays de Saintonge, qui avait appar-
tenu dans le passé à un ancêtre des comtes d'Anjou. Tout ce
qu'ils disent n'est que fables, et particulièrement leur création
d'un Aimeri, comte de Saintes, qui n'a jamais existé, et dont ils
font l'aïeul de Geoffroy Martel. Ce dernier n'avait à adresser au
comte de Poitou aucune réclamation sur Saintes, que possédait
son père. Foulques Nerra, en vertu de la concession bénéficiaire
qui lui en avait été faite par Guillaume le Grand, et dont il avait
toute chance d'hériter à la mort de celui-ci. M. Faye a fait justice
de ces imaginations dans son intéressante étude intitulée : De la
domination des comtes d*Aniou sur la Saintonge, sur laquelle
nous aurons à revenir par la suite (3). »
— « Du reste, peu après la délivrance de ces actes [constitu-
tion de la dotation primitive de la Trinité de Vendôme, le 31 mai
1040], Agnès fit de nouvelles démarches auprès de son fils pour
obtenir de lui qu'il confirmât l'ensemble de la donation des biens
sur lesquels il avait droit de suzeraineté. Ils consistaient dans
l'église de Saint-Georges d'Oléron, les bois de Saint-Aignan et
de Colomibiers, la moitié des terrains mis en culture dans la forêt
de Marennes et les églises construites dans cette forêt, la moitié
des cens de sèches en Saintonge, et l'église de Puyravault avec
ses dépendances, tous domaines compris dans l'acte primitif.
Guillaume y ajouta l'église de Noire-Dame de Surgères et le bois
de Fié [pour Flay]. Tous ces biens étaient situés en Sain-
tonge (4). »
— « C'est peu après [après 1047], que le comte d'Anjou fit don
(1) /dem, noie 3.
(3) Volume I, chap. X, p. 3S1 et 333.
(3) Idem, note 3.
(4) Volume I, chap. XIII, p. 344.
M*
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— 348 —
à Tabbaye de Notre-Dame, qu'il fondait d'RCCoed avec sa femme
Agnès, de la monnaie, du monnayage et du change de tout Tévè-
cbé de Saintes (1). » Et en note : « L'expression « episcopatus
Xanionensis )» employée par Geoffroy Martel {Cart. de Notre-
Dame de SainleSy pp. 3 et 70), ne saurait s appliquer à Saint-Jean
d'Ângély, dont la monnaie appartenait à Cluny depuis dix ans
au moins et qui ne cessa d'être la propriété de ce monastère. Le
sens du mot « episcopatus » doit être restreint aux possessions
du comte d'Anjou dans l'évêchô de Saintes (2). »
— « Lorsqu'il reprit, en 1062, possession du domaine comtal
que son pèr€ avait jadis aliéné en faveur de Foulques Nerra,
Guy-Geo£froy ne ratifia certainement pas toutes les aliénations
que les comtes d'Anjou avaient pu faire depuis un demi-siècle
environ ; et, en particulier, l'abbaye de Notre-Dame
de Saintes dut renoncer à ce privilège exclusif d'émettre des
monnaies en Saintonge, qui faisait partie de la magnifique dota-
tion qui lui avait été constituée par Agnès et Geoffroy Martel en
1047 (3). » Et en note : « Désormais, on voit en effet Guy-Geof-
froy disposer de domaines eu Saintonge et en gratifier ses 6r
dèles ; ainsi, il donna en fief, «. liscaliier », à Pierre de Bridier,
son sénéchal, des métayers dans l'île d'Oléron, dont celui-ci se
dépouilla plus tard en faveur du monastère de Saint-Nicolas de
Poitiers {Arch, hist. du Poitou, I, p. 43, Cari, de Saint-Nicolas).
Ainsi, c'est seulement sous Guillaume le Grand que les comtes
d'Anjou prennent pied en Saintonge, comme cela a été nettement
établi par M. Faye et comme le rappelle avec juste raison M. Ri-
chard. Est-il possible de fixer la date approximative des conces-
sions qui leur furent faites ? Personne ne l'a tenté. Pour le Poi-
tou, il est probable qu'il n'y eut pas d'interruption et que Foul-
ques fut simplement confirmé dans les possessions de son père.
En ce qui concerne la Saintonge, comme il ne paraft pas que
Geoffroy Grisegonelle y ait eu la moindre possession ou jouis-
saj^e, il s'agit, aemble-t-il, de dons personnels faits pour la pre-
mière fois à Foulques. Cette donation dut avoir lieu assez tard,
car pendant longtemps on ne constate l'intervention, ni directe
ni indirecte, de Foulques Nerra dans aucun acte relatif à la
Saintonge. U se trouve bien à Poitiers, au mois de juillet 1003,
(1) Volume I, chap. XIV, p. 287.
(2) Idem, note 3.
(3) Volume I, chap. XIV, p. 586.
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— 349 ^
et y contresigne la charte de dotation de l'abbaye de Maille-
zais (1), mais son nom ne figure pas au bas de la dotation
de Dœuil (canton de Loulay, Charente-Inférieure), à Tabbaye de
Saint-Cyprien, dressée en même temps et à titre de conpensa-
tion (2), Maillczais ayant été, peu après sa fondation et pour un
temps, subordonné à Saint-Cyprien. Il n*est pas cité non plus
parmi les grands seigneurs qui affluèrent à Saint-Jean d'Angély
en 1014, lors de la trouvaille de la tète de saint Jean^Baptiste (3).
Mais, quelques années plus tard, lorsqu'une sanglante que-
relle s'éleva dans le bourg de Saint-Jean d'Angély entre les
moines et les gens du duc, il se trouvait en service de cour à Poi-
tiers, à l'époque du carême, et il conseilla au duc de se montrer
rigoureux, de chasser les moines et d'y mettre à la place d^
chanoines (4). C'est la seule fois que nous le voyons intervenir
dans les affaires de la Saintonge, avant et en dehors de son con-
flit avec Arbert, au capitole de Saintes, en 1027. Ce qui permet
de supposer que son action en Saintonge ne fut pas bien pro-
fonde, et limitée sans doute à quelques profits matériels. Il n'en
garda pas moins ses possessions saintongeaises jusqu'à une épo-
que voisine de sa mort, arrivée en juin 1040 ; et ce n'est qu'à
cette date que son fils Geoffroy Martel les recueillit dans sa suc-
cession. La transmission se fît d'elle-même, semble-t-il, et sans
nouvelle investiture.
Ces possessions, nous l'avons établi plus haut, se réduisaient
à Saintes et à quelques châteaux environnants. Elles n'allaient
pas, du reste, sans contestations ni conflits, car il est plus que
probable que l'incarcération d'Arbert et que l'hostilité sourde
des princes dont il est question provenaient de démêlés locaux.
Aussi, Foulques Nerra n'éleva-t-il jamais de prétention au gou*
vemement de la Saintonge, ni à la possession du comté tout en-
tier ; et, en ce qui le concerne, H. Richard a raison à la suite de
M. Paye de considérer que l'établissement des Angevins, en Sain-
tonge, fut d'abord tout à fait précaire et limité, sans autre base
sérieuse que la générosité de Guillaume le Grand.
Mais il en fut tout autrement avec Geofl'roy Martel, son fils,
Celui-ci, en raison de circonstances extraordinairement favora-
(1) BUiùire de La IhehelU, par Aroère, t. II, p. #63.
(3) Cartalàire de Smint-Cyprién, ptr Rédet, cbMie MS, p. Sl«.
(3) Chronique d'Adémar, lib. 111, chap. LVI.
(A) Mim, même diapitre.
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— 350 —
blés pour lui, telles que son mariage avec Agnès, veuve de Guil-
laume le Grand, le 1" janvier 1032 — que sa victoire sur le duc
Guillaume' le Gros, au Mont-Coucr, le 20 septembre 1033, suivie
de la capture et de l'emprisonnement de celui-ci pendant trois ans
— que Tavènement de Taîné des fils d'Agnès, Guillaume Aigret,
dont il était le parâtre et le tuteur, celui-ci, dis-je, songea réelle-
ment à étendrie son pouvoir et sa domination sur la Saintonge. Il
y réussit en fait, essaya de transmettre le pays à ses héritiers et
n'échoua dans son projet que par la défaite à main armée des
siens. Gela résulte de toute une série de faits connus.
Dans le préambule de la charte de privilège ou de donation de
l'abbaye de Vendôme, le 31 mai 1040 (1), et dans celui de la
charte de fondation du monastère de l'Evière, à Angers (2), qui
suivit de quelques mois (Foulques Nerra étant mort dans l'inter-
valle), Geoffroy Martel et Agnès, en parlant des biens dont ils
disposent, disent qu'ils leur appartiennent, soit par droit d'héri-
tage, soit par acquêts légitimes. Or, les acquêts sont soigneuse-
ment notés ; par conséquent, le reste, c'est-à-dire la très grande
part des biens donnés en Saintonge, à Saint-Agnant, à Colom-
biers, à Marennes et dans l'île d'Oléron, ont été recueillis dans
l^éritage de Foulques Nerra. Les jeunes comtes de Poitou, fils
d'Agnès, assistent comme témoins à ces donations, mais n'inter-
viennent nullement alors comme co-donateurs ou comme confir-
mateurs ; et s'il existe, comme le souligne spécialement M. Ri-
chard, une charte de Guillaume Aigret dressée à tilre d'approba-
tion, tout indique que celle-ci, si elle n'a pas été fabriquée plus
tard, a été donnée quand la brouille intervint entre les époux, et
entre Geoffroy Martel et son beau-fils ; car il n'est plus question
de lui. C'est, du reste, à titre de daic d'Aquitaine, c'est-à-dire de
pur suzerain, que Guillaume Aigret agit, ce qui n'est point con-
tradictoire avec les prétentions du comte d'Anjou (3).
En outre, dans cette même charte de fondation de Vendôme,
Geoffroy Martel et Agnès donnent aussi la moitié de leur part
des cens d^oignons (4) prélevés dans tout le pays de Saintonge
(1) CRrtnlàire de Vendôme, parTabbé Métais, I, charte 35. p. 55.
(3) Idem, charte 38, p. 78.
(3) Cariol. s&intongeAÎâ de U Trinité de Vendôme^ par Tabbë Métais,
charte 16, p. 44. — Nos doutes proviennent de la mention de Téglise de Sur-
g^res dans cette charte, tandis que les privilèges des papes de 1061 et de 1063
n'en parlent pas.
(4) Nous traduisons tepûi, sepit^ tepiaram, par oignons, plutôt que par
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— 351 ~
(per universum pagum Sanctonicum), et sans doute à la môme
époque la dîme des peaux de cerfs chassés à courre non seule-
ment dans nie d'Oléron, mais aussi dans tout le pays de Sain-
tonge, l'Anjou et le Vendômois (1).
Venu à Saintes vers 1044, Geoffroy Martel trouve le mon-
nayage du pays en souffrance. Depuis dix ans, c'est-à-dire de-
puis le trouble apporté dans les affaires du Poitou par la défaite
et la captivité de Guillaume le Gros, en 1033, on n*avait pas
frappé monnaie à Saintes. Geoffroy iMartel donna un délai de
trois ans pour s'exéculer aux détenteurs de la frappe, Francon,
châtelain du capitole, et Mascelin, châtelain de Tonnay-Cha-
rente, faute de quoi il reprendrait la monnaie à son compte. Ce
qu'il fil, du reste, en faisant venir des monnayeurs d'Angou-
lômc (2) ; mais, pour ne pas troubler les habitudes commerciales
acquises, la nouvelle monnaie fut frappée, comme auparavant,
au type d'Angoulême et de Poitiers. Ce sont là, on en conviendra,
des actes de souverain d'un pays, s'il en fût.
Arrive la fondation de l'abbaye de Notre-Dame de Saintes et
la dédicace de son église, le 2 novembre 1047. Geoffroy Martel
et Agnès la dotent très richement de biens situés à peu près
dans les mômes lieux que ceux qu'ils ont donnés à l'abbaye
de Vendôme, et au même litre, c'est-à-dire en possesseurs héré-
ditaires ou en acquéreurs. Ils y ajoutent la monnaie, le mon-
nayage et le change dans tout l'évêché de Saintes (locius episco-
patus Xanctonensià), après avoir désintéressé Mascelin, l'un des
précédents détenteurs ; et cela doit s'entendre dans le sens le
plus étendu, quoi qu'en dise M. Richard, car le mot tocius ne
s'expliquerait pas autrement (3).
sèches, dont la pèche n'a jamais constitaé un article important, tandis que la
culture de Toignon se fait encore en grand sur nos côtes. Les sepia, étaient
considérés comme un régal, d'après ce que Ton peut conclure d'un passage du
Nécrologe de l'abbaye de Saint-Jean d'Angély, où il est dit que l'abbé Henri,
mort en 1131, légua : sepluaffinta sepia ad refectionem fratrum de convenin,
pour le jour de son anniversaire (GaUia, II, col. 1101).
D'autre part, Hugues de Surgères donne sur le Aef de Marans c. sepUi,
liyrables au commencement du Carême, aux moines de Vendôme qui occu>
pent l'église de Sainte-Marie de Surgères, entre 1063 et 1097. (Cari, saint, de
la Trinité de Vendôme^ charte 41, p. 75).
La soupe à l'oignon nous paraît plus conforme aux goûts des moines que
la friture indigeste de sèches.
(1) /dem, charte 19, p. 48 et 49.
(2) Cartulaire de Noire-Dame de Saintes^ par l'abbé Grasilier, charte 77, p. 70.
(3) Idem y charte 1, p. 1.
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— 352 —
Enfin, ce qu'il y a de plus significatif, c'est la présence à celte
solennité de tous les princes châtelains de Sainlonge et d'Aunis
sans exception, constituant la plus brillante cour qui soit men-
tionnée en Aquitaine, au XP siècle. Là se trouvent Hélie de Cha-
lais comme Eble de Chôtelaillon, Guillaume de Matha comme
Gombaud de Mornac, sans compter le comte Geoffroy d'Angou-
lôme et quatre de ses fils, en tout trente à trente-cinq seigneurs
de la plus haute marque. Ce fut le triomphe de Geoffroy Mar-
tel et la reconnaissance de la mainmise par lui sur toute la Sain-
tongc. Je veux bien que sa qualité de mari d'Agnès, duchesse
douairière d'Aquitaine, et de protecteur des jeunes ducs, soit
pour quelque chose dans l'affluence qui se pressa autour de lui.
Néanmoins, en fondant ce monastère, il agit en souverain, ainsi
que sa femme. Il se passe de la confirmation du duc d'Aquitaine,
bien qu'il fût présent, et le premier pape, Léon IX, qui, en 1049,
approuve la fondation, ne connaît et ne vise que le comte et la
comtesse d'Anjou (1).
Nous savons, en outre, qu'il avait institué en Saintonge une
cour de justice (curia comitis Gosfridi), composée de quatre
juges, Francon du Capitole, Angibaud de Broue, Jean Rousseau
et Benoît de Pons, où l'on jugeait en son nom (qui tune temporis
in Sancionico /assu Go{lridi judicabanl) ; que ce tribunal, à l'ins-
tar des envoyés des temps carlovingiens, se transportait sur
place, et qu'il rendit à Saint-Agnanl un jugement en faveur de
l'abbaye de Vendôme au sujet des moulins de Riollet ou VioUel
(? Roillatu), sis dans l'alleu du monastère (2) ; qu'il avait un pro-
cureur, Geoffroy de Pons, pour administrer ses possessions de
Saintonge (3) ; qu'il détenait et jouissait de la châtellenie de
Pons (nec eiiam cum Gaufridus Martellus, Andegavorum cornes,
predictum tenuissei casiellum) (4) ; qu'il a dominé, enfin, tout
le pays de Saintonge (tempore quo cornes Gaufrcdus Sanionicx
patrise prœsidebat) (5). Cela es( dit, on le voit, en termes formels,
et approuvé par les témoignages les plus autorisés, ceux des
abbés de Saint-Jean d'Angély, de SaintrMaixent, de Saint-Flo^
rent de Saumur et du duc Gui-Geoffroy lui-même (6). Nous avons
(1) Idenit charte, p. 8.
(3) CàrM, MinîonffBms de Vendôme, par Tabbé Métaia, dutrie 35, p. êA.
(3) Cariai, de Notre-Dame de Saintes, charte lOf , p. M et 91.
(A) Chartes êaintongeaUes de Sàini'Florenî de Sannuir, par tiarehegay, in
Areh. hisi., Saint, et Annie, t. TV. chaHe 7, p. St.
(S) Garfol. de Saint-Jean d^An^ély, par Mufaet, l, clMrt« IM, p. »f|.
(«) Loe. eit.
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- 353 -
en€ore un autre témoignage écrit de la domination complète de
Geoffroy Martel en Sainlonge : c'est le récit fait à la fin du XI*
siècle, par un moine de Tabbaye de Sainl-Cybard d*Angouléme,
de la translation des reliques de saint Eutrope dans la nouvelle
crypte bâtie par les moines de Cluny, vers 1096. Il dit textuelle-
ment : « Tempore qiio urbs et provLntcia Xantonensis principi-
bus Andegavensium subiecta erat, comitem ipsorum Gau[ridum
scilicety etc. » (1).
La dernière année de sa vie, en 1060, Geoffroy Martell se sen-
tant malade et incapable de tenir campagne, eut recours à l'un
de ses neveux, fils de sa sœur Ermengarde et de Geoffroy de
Châteaulandon, Foulques le Réchin. Le jour de la Pentecôte, à
Angers, il le fit chevalier, à Tâge de 17 ans, et lui donna à garder
la Saintonge et la ville de Saintes {Santonicum pagum cum ipsa
civiiaie)^ où il était en guerre ouverte avec Pierre de Didonne (2).
Le tout jeune chevalier partit immédiatement pour la Saintonge,
et sa présence à Saintes est constatée par une charte de Tabbaye de
Notre-Dame, où on le voit présider un conseil des grands du pays
et de la viUe, composé de Francon du Gapitole et de son frère
Maqueau ; de Jean, frère d'Ostent de Taillebourg, et d'autres
fidèles du diocèse (3). Entre temps, Geoffroy Martel mourut, le
14 novembre, au monastère de Saint-Nicolas d'Angers, où la
veille il avait pris l'habit de moine. Ses états furent partagea
entre ses deux neveux. Foulques le Réchin et Geoffroy le Barbu.
La Saintonge fut déûnitivement attribuée au premier avec l'An-
jou, tandis que la Touraine et la Gastine revinrent au second (4).
Ce partage est la preuve évidente que la Saintonge était dès lors
considérée comme un domaine propre et héréditaire dans la fa-
mille des comtes d'Anjou.
A ce moment-là, le duc d'Aquitaine, Guy-Geoffroy, se trouvait
dans le Midi, où il guerroyait contre le comte de Toulouse. Il en
revint au commencement de l'année suivante, et essaya en pas-
sant de s'emparer de Saintes par un coup de main ; mais il
échoua (5). Il fut ensuite vaincu en bataille rangée, le 21 mars
1061, à Chef-Boutonne, ce qui fit que les Angevins restèrent mat-
(1) Notice sur U prieuré de Sàini-Euirope, par dom Estiennot, in Biblioih.
nai., mM. n^ 13.754. Preuves,
(2) Marchegay et Salmon, Chroniques des comtes d'Anjou, p. 379.
(3) Carlul, de Noire-Dsme de Saintes, par l'abbé Graailier, charte 20, p. 27.
(4) Marchegay et SaAmon, Chroniques des comtes d'Anjou, p. 333.
(5) Histoire des comtes de Poitou, par Achard, I, p. 283.
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— 354 —
1res et possesseurs de la ville de Saintes et de la Saintonge. La
discorde ayant éclaté entre Foulques le Réchin et Geoffroy le
Barbu, Gui-Geoffroy revint à la charge en 1062, assiégea mélho-
diquenicnt cette fois la ville de Saintes et l'enleva d'assaut après
la plus vive résistance. C'est que la population s'en était elle-
même mêlée et qu'elle tenait au fond pour les comtes d'Anjou,
qui avaient fini par identifier ses intérôlfi aux leurs, en faisant
revivre l'indépendance du pays vis-à-vis du Poitou et en consti-
tuant en quelque sorte à la Saintonge une individualité sinon une
nationalité depuis longtemps disparue.
La prise de Saintes, dans le courant de l'année 1062, fut la fin
de la domination des comtes d'Anjou, et la Saintonge propre-
ment dite, reconquise par les armes, rentra désormais dans le
gouvernement direct des comtes de Poitou, sauf, cependant, la
Saintonge du sud, qui resta, comme auparavant et pendant fort
longtemps, sous la main des comt(^ d'Angoulômo. En effet, les
Poitevins ayant envahi, entre 1070 et 1075, le territoire du comte
Foulques, celui-ci les pourchassa avec vigueur et les refoula jus-
qu'à Cognac, en leur faisant de nombreux prisonniers. De plus,
le duc d'Aquitaine ayant mis le siège devant Mortagne, au pays
de Saintonge, et étant sur le point d'enlever le château. Foulques
accourut et l'obligea à se retirer (1). Ce que Guy-Geoffroy reprit
aux Angevins, en somme, ce furent, à proprement parler, les
possessions limitées que Guillaume le Grand avait aliénées au-
trefois en faveur de Foulques Nerra, c'est-à-dire Saintes et sa
banlieue, Pons, Marennes et l'île d'Oléron. Pas plus dans le
cours du XP siècle qu'antérieurement, on ne voit le comte de
Poitou intervenir sur d'autres points de la Saintonge proprement
dite. Ce qu'il supprima définitivement ce furent aussi les préten-
tions diverses de reconstituer à son détriment un comté de Sain-
tonge indépendant, ce que Geoffroy Martel avait réussi à réaliser
pour quelque temps.
En résumé, la question des possessions et de la domination
des comtes d'Anjou en Saintonge ne se réduit pas à une simple
discussion sur l'origine et la légitimité de leurs droits, comme
seraient tentés de l'admettre les lecteurs de M. Richard, lequel
s'en réfère surtout à l'intéressant mémoire de M. Faye. Elle a
plus d'ampleur que cela, et M. Faye lui-même avait bien pris
(1) HUtorià poniificam et comitam Engolism,^ édition Castcigne, chap.
XXXI, p. 36.
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— 355 —
soin de dire qu'il se bornait à examiner l'origine et la nature de
ces droits (1). De simples bénéficiaires de Saintes et de quelques
chAteaux voisins qu'ils étaient d'abord, vers l'an 1020, avec Foul-
ques Nerra (l'Aufais et les trois quarts, on peut dire, de la Sain-
tonge proprement dite échappant totalement à leur influence),
les comtes d'Anjou arrivent, vers 1040, avec Geoffroy Martel, à
étendre leur pouvoir et leur administration à tout l'évêché de
Saintes, Aunis compris. Ils y fondent en toute souveraineté une
puissante abbaye, au vu' et au su de tous les grands seigneurs
du pays et en présence des comtes voisins les plus intéressés.
Personne n'élève la moindre objection, ne réclame la moindre
suzeraineté. Les papes eux-mêmes en donnant leur approbation,
ne reconnaissent comme fondateurs que le comte et la comtesse
d'Anjou. Finalement, en 1060, ils disposent du pays de Sain-
tonge comme d'un* héritage légitime. La victoire de Chef-Bou*
tonne, en 1061, consacre d'abord au profit des comtes angevins
le testament de leur oncle ; et la conquête seule de Saintes, en
1062, leur arrache cette Saintonge, vers laquelle ils avaient les^
yeux tournés depuis quarante ans.
Cette question, on le voit, méritait d'être traitée autrement
que par quelques aperçus ou notes dispersées au bas des pages.
Nous renvoyer pour plus ample informé au mémoire tout spé-
cial et si limité de M. Faye n'est pas très flatteur ; et, pour dire
toute notre pensée, nous attendions mieux de M. Richard sur ce
point important de notre histoire locale.
(A suivre). jg^^ le Saintongeais.
L*Ere nouvelle du 15 mai, à la suite d'un compte rendu sur
Un curieux de province, met en lumière quelques détails généa-
logiques.
Parmi les ancêtres dont M. Clouzot s'est plu à retracer la vie,
figure le capitaine Broutet, grand amateur de géologie et de
conchyologie, qui, de ce fait, reçut de ses contemporains, plus
portés à se moquer de choses auxquelles ils ne comprenaient
rien, qu'à les admirer, les surnoms de M. de Saint-Silex, et sur^
tout de Broutet-Cailloux. La Revue l'a déjà signalé.
Le mariage du trisaïeul de L.-P. Couraud, Simon Renaudet,
maître chirurgien à Meschers, fut célébré par son cousin ger-
(1) De U domination dei eomiet d'Anjou $nr là Saintonge^ par Léon Faye,
in Revuê de l'Anjou, 1898, et tirage à part, p. 1 .
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— 356 -
main Jean Marcus, prêtre, docteur en théologie, vicaire de Saint-
Léger de Cognac. Celui-ci avait été nommé, en 1748, curé d'An-
geac-Champagne ; il s'exila à la Révolution, et mourut à Bilbao,
en 1796, âgé de 82 ans.
Une sœur de J. Marcus avait épousé Jacques Saulnier, maître
apothicaire de Cognac.
Mémoires de la Société Eduenne, tome XXXP, p. 426, note sur
le baron Charles de Crozc, que l'auteur fait, à tort, membre de
notre Société des Archives.
Revue du Bas-Poilou, 1" livraison de 190i, L'abbaye de Ré
(suite), par le D' Atgier, biographie de Jacques de Billy.
Revue africaine, 4* trimestre 1903, article de M. Waille sur le
Monument de Fromentin, C'est une étude rapide sur les œuvres
de Fromentin.
La Revue universelle du 1" juin 1904 contient un article d«
M. L. Tidier-Toutant sur la Chaussée de Saint-James près Tail-
lebourg, reproduisant l'inscription que la Société des Archives
y a fait placer. La reproduction d'une partie de la chaussée, •
d'après un cliché de M. Proust, accompagne l'article. 3
— Le numéro du 1" août contient Les monuments de Saintes^ ^
par MM. Georges Musset et Louis Audiat, avec photographies à
de MM. Robert et Neurdein ; plus huit comptes rendus de M. z»
Regelsperger sur plusieurs ouvrages, notamment UAunis et ki -g
Saintonge maritimes, par M. B. Girard ; Les successions dans S
Vusance de Saintes et la coutume de Saintonge, par M. Maurice O
Bures ; La Merine à Nastasie, par Yan Saint-Acère, avec portrait j
de la Mérine ; UAunis, par M. P. Camena d'Almeida.
La Revue hebdomadaire du 28 mai 1904 contient un article sur
Bernard Palissy géologue, presque entièrement composé de pas-
sages des œuvres de Palissy sur les fossiles, le sel, la marne, etc.
Bulletin de la Société archéologique et historique de VOrléa-
nais, tome XIII, p. 335, Catalogue des estampilles de potiers
gallo-romains du musée historique d* Orléans, par M. Dumuys.
Beaucoup de noms pareils à ceux déjà rencontrés en Saintonge.
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REVUE
DE SAINTONGE & D'AUNIS
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES ARCHIVES
SOMMAIRE DU N- DU !•' NOVEMBRE 1904.
ÂVI8 BT nouvelles: Distribulion du volume; Recouvrement des cotisations
de 1905;; Statistique des ëcoles; Le^a; Héro et Lifanc/re;Théfttre en plein air.
Notes d'Atat civil : — I. Décès: E. de Gourville; Roy de Lisle; M"* de
Thézac ; M»« de Saint-Geniès.
II. Mariages: Gallut-Renaudot ; Nassans-Sayous ; de Laver^ne-Pailiier.
III. Rectification de nom.
Varibtbs: Saintes anciennCy les rues, par Ch. Dan^ibeaud; Lu clerg;é de la
Charente-Inférieure pendant la Révolution, par P. Lemonnier.
Livnis BT iiBvuBs : V histoire des Comtes de Poitou (Un) ; Etudes des Pères
Jésuites; Les Contemporains (Baudin); Pouillé d'Angouléme; Les tlots de It
Charente ; Mémoires des Antiquaires de l'Ouest.
BiBLiooRAPHiB Semestrielle.
AVIS ET NOUVELLES
Le torae XXXIV des Archives sera mis en distribution en
novembre. Prière à nos confrères de vouloir bien retirer de chez
nos correspondants habituels le volume auquel ils ont droit.
Nous rappelons, à cette» occasion, qu'un certain nombre de nos
confrères négligent trop souvent de prendre ce volume. Il en
résulte un encombrement désagréable pour les personnes qui ont
l'amabilité de servir d'intermédiaire graluitemeni entre le siège
de la Société et les membres de notre compagnie.
Un peu d'empressement à les débarrasser serait une bonne
manière de reconnaître leur complaisance.
IUt««, Tome XXIV, f« UrniMO. — Oetobrt 1904. tl
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- 358 —
Messieurs, les sociétaires et abonnés sont prévenus que, comme
les années précédentes, le recouvroment des cotisations se fera
par rintermédiaire de la i)oste, le 15 décembre prochain. Nous
les prions de vouloir bien prendre note de cette date pour éviter
les frais de renvoi, ainsi que les nombreuses écritures du tré-
sorier.
Pendant Tannée 1902-1903, il y a eu, dans la Charente-Infé-
rieure, 1.065 écoles publiques ou privées, soit: 2 écoles primaires
supérieures, 1.018 écoles élémentaires et 45 écoles maternelles.
Les 1.018 écoles élémentaires comprennent: 853 écoles publi-
ques et 165 écoles privées. Les élèves reçus dans les écoles pu-
bliques sont au nombre de 47.845, et dans les écoles privées
de 8.628.
Le personnel chargé de donner l'enseignement dans les écoles
publiques se compose de 1.231 instituteurs ou institutrices, et
celui des écoles privées de 423 membres.
Les 45 écoles maternelles sont ainsi réparties : 21 écoles publi-
ques, 24 écoles privées. Les premières ont reçu 3.930 élèves, les
autres 1.628.
Comme les années précéd'entes, le nombre des élèves sortis de
l'école normale d'instituteurs a été notablement inférieur aux
besoins du recrutement.
Le préfet, dans son rapport, constate que plusieurs des élèves
institutrices s'accommodent mal, chaque année, du régime de
l'école. Les promotions ne dépassent pas treize à quatorze. Ce
chiffre est insuffisant, puisque de vingt-cinq à trente vacances
d'emploi se produisent chaque année dans le personnel des ins-
titutrices. Il faudrait des promotions de vingt élèves.
M. Chapsal est nommé directeur du commerce au ministère
du commerce.
M. Léon Gazeau est nommé archiviste-adjoint du département,
en remplacement de M. Valin.
Le Théâtre populaire de La Mothe-Saint-Héray a donné, pour
la neuvième fois, les 11 et 12 septembre courant, ses représenta-
tions coulumières.
Les fêtes ont eu, cette année, un éclat tout particulier, et
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- 359 —
M. Paul Mariélon, chancelier du Félibrige, a bien voulu accep-
ter de les présider.
La pièce montée cette annéi^ a pour titre: .4 chacun sa destinée.
Elle fut jouée par la troupe habituelle du théâtre, avec le con-
cours de M. Léon Second et de M"** Claude Ritter et B. Macler.
C'est une comédie moderne en cinq actes, en prose, de M.
Pierre Corneille, avec chants de M. Louis Giraudias.
Elle se passe dans un décor amusant, brossé par Nf. André
Giraudias,- représentant une ferme poitevine.
M"* de Thézac a légué à la ville de Saintes une somme de
10.000 francs, dont les revenus, partagés en deux portions, ser-
viront pour dtnix tiers à secourir une veuve mère de deux en-
fants, habitant Saintes, le troisième tiers restera à la disposition
du maire de la ville.
Un legs analogue a été fait à la ville de Pons.
Le groupe en marbre blanc de M. Laurent, Héro et Léandre,
a été placé dans le Jardin des plantes de La Rochelle, en sep-
tembre dernier, au centre de la pelouse.
Le jury chargé de juger les projets présentés pour la construc-
tion d'une église à Coulommiers, a retenu celui de notre confrère
M. Balley panni les six admis à prendre part au second degré
du concours.
M"* veuve Charles Painparé, née Marie-Angèle Penard, mar-
chande à Saint-Jean d*Angély, morte le 25 février 1904, a légué
par testament olographe, à la ville de Saintr-Jean d*Angély, la
nue propriété de sa fortune, pour contribuer à rétablissement de
l'asile des vieillards, fondé par Achille Camuzet, et l'usufruit à
M"* Louise Christophe, son ancienne demoiselle de magasin, de-
venue son amie.
M"" Painparé était nièce du célèbre Broussais, médecin en chef
de l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris, et, parmi les
papiers de la succession, M. Saudau, archiviste, a trouvé les
nombreux diplômes scientifiques et honorifiques de ce savant,
ainsi que plusieurs cahiers de notes, observations et extraits
paraissant écrits de sa main.
L. C.
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— 360 —
M. E. Gaubert, dans le Magasin pittoresque du 1" septembre
1904, rend compte des représentations en plein air de Nîmes et
Orange.
« Chaque été, le chiffre des spectacles de plein air s'accroît ;
de nouveaux centres dramatiques se créent. Nous a\ ions d'abord
Orange, Béziers, Bussang, La Mothe-Saint-Héray ; maintenant,
à ces noms, il faut ajouter Nîmes, Cautcrets, Rayonne, Saintes.
Tous ces spectacles n*ont pas la môme importance, pas plus au
point de vue littéraire qu'au point de vue du succès. Nîmes et
Béziers attirent une plus grande affluence de spectateurs ;
Orange, le premier en date des théâtres en plein air, devant un
public moindre, donne un nombre plus grand de représentations.
Pour une représentation unique de Sémiramis (de Peladan), à
Nîmes, il y a eu environ quinze mille entrées ; pour les trois
jours de Cynthia, Hyppolyte couronné^ DionysoSy à Orange, la
moyenne des assistants n'a pas dépassé quinze cents.
A Orange et Nîmes, les spectacles commencent à neuf heures
du soir ; à Béziers, au contraire, à trois heures. Le silence noc-
turne, la voûte d'un ciel pur et transparent, troué d'étoiles, don-
nent à la voix des acteurs, à leurs gestes, grandis devant la
rampe d'acétylène, un charme incomparable. Dans l'ombre, à
demi répandue sur le public, l'émotion se propage mieux »
Les paysans des terres latines, comme ceux que M. Pottecher,
à Bussang, et M. Corneille, à La Molhe-Saint-Héray, ont réussi
à attirer, ne se désintéressent point de problèmes plus élevés que
les habituelles « machines » qui font recette sur les meilleures
scènes parisiennes. De plus en plus, les œuvres tirées de l'his-
toire locale ou nationale, ou qui intéressent nos atavismes, sont
goûtées par le public de plein air.
Il y a là un encouragement et un avertissement qui pourraient
bien marquer le début d'une ère nouvelle. »
On craignait beaucoup pour le succès de Sémiramis^ aux arènes
de Nîmes (24 juillet). En effet, la beauté sévère de l'œuvre, qui
ne fait aucune concession aux goûts do la foule, semblait devoir
déplaire aux habitués des courses die taureaux. Il n'en a rien été,
grâce à une interprétation absolument supérieure, grâce à l'in-
telligence du public, M. Peladan trionupha complètement. Il avait
comme principaux interprèles. M"* Segond-Weber et M. Albert
Lambert, une richesse de décors et de costumes digne de l'Opéra.
On sait qu'à Béziers {Armide, de Gluck, cette amiée), rien n'est
négligé comme mise en scène, orchestre, chant et danse. Le suc-
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-861 -
ces est toujours considérable (1). A Orange, on s'est contenté
d'acteurs moins en renom. Il est évident qu'il faut compter (ac-
tuellement) avec la curiosité du public: il accourrera toujours nom-
breux vers les acteurs dont il a entendu vanter le talent, même
s'il sait à l'avance que l'œuvre qu'ils présenteront est faible.
Sémiramis doit, en grande partie, son succès à l'origine nimoise
de l'auteur, déjà très connu, voire célèbre, et à la présence de
deux acteurs dont la réputation a pénétré partout.
NOTES D'ETAT CIVIL
I. — DÉCÈS
Mardi 2 août, est décédé subitement, dans la gare de La
Rochelle, M. Enunanuel de Gourville.
M. Paul-Olivier Roy de l'Isle, propriétaire à Orioux, com-
mune de Courcelles, près de Saint-Jean d'Angély, y est décédé,
le 3 septembre 1904. Il avait épousé M"* Marie Gillot-Saint-Evre,
fille du savant professeur de la faculté de Poitiers, et de Madame,
née Beaussant.
M. Roy de l'Isle a été maire de la commune de Courcelles de
1887 à 1892, et conseiller municipal depuis 1881.
Il avait contribué à la fondatioai, en 1877, do la Société des
courses et en était le président à son décès. Le charmant hippo-
drome d'Orioux, avec sa ceinture de verdure, lui appartenait.
Adonné à l'élevage du cheval d'armes, son exemple et ses suc-
cès ont contribué à donner une certaine impulsion à cette branche
de l'industrie agricole, négligée autrefois dans l'arrondissement
de Saint-Jean d'Angély.
La famille Roy de l'Isle est alliée à celles des Grimprel, de
Paris ; Hériart, de Matha ; et Audouin-Dubreuil, de Saint-Jean
d'Angély,
Le 15 septembre lOOi est décédéc à Saintes, rue Saint-Maur,
(1) Le d^cor unique comprenant 5.000 mètres carrés de toile, a été peint
par Jambon. M™« Litvinne tenait le r6Ie d*Armide. Les recettes habituelles
des spectacles de Béziers varient de 110 à 170.000 francs. La générosité de
M. Castelbon de Beauxhostet permet de risquer de gros finis.
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- 362-
M"' Charlotle-Thérèze-Marie dite Méry Compagnon de Thézac,
fille die Jacques et de Broussard Françuisc-Elconore, Agée de
89 ans.
Le 19 septembre, est décédée, au château du Cormier, dans sa
78' année, Marie-Renée de Rremond d'Ars, baronne de Maussac,
marquise do Thézan Sainl-(ioniès. Elle était née à Saintes, le
6 février 1827, de « Théophile-Charles, vicomte de Bremond
d'Ars, lieutenant-colonel au G" hussards, chevalier des ordres
royaux de Saint-Louis et de la légion d'honneur », et décédé, le
12 mars 1875, général de brigade, inspecteur général' de cava-
lerie, conunandeur de la légion d'honneur, cl de Marie-Anne-
Claire de Guitard de La Borie, morte cette même année, le 26
février, et avait épousé, le 24 mai 1848, Marie-Stanislas^Graticn
de Baderon de Thézan, baron de Maussac, marquis de Saint-
Geniès. (Contrat signé par le comte et la comtesse de Chambord,
ainsi que par la duchesse d'Angoulême). (1).
Les obsèques ont eu lieu le 21, dans Téglisc baint-Pallais. Aux
côtés du char funèbre, orné de superbes couronnes et de gerbes
de fleurs, se tenaient les enfants de l'école libre de la paroisse,
dont la défunte présidait le comité d'administration. Le deuil
était conduit par le marquis de Thézan Saint-Gcniès, son fils,
capitaine d'artillerie démissionnaire, accompagné du comte
Joseph de Bremond d'Ars, représentant son père, le comte Ana-
tole de Bremond d'Ars, marquis de Migré, frère de la marquise
de Saint-Geniès, et de ses neveux, le comte Pierre de Bremond
d'Ars et ses deux fils, Eutrope et Jean, le comte Héhon de Rou-
mefort, loi baron Jacques Dosazars de Montgailhard, lieutenant
au 7* hussards, le marquis de Goulardi d'Arsay et M. Marcel
de Fonrémis. *
Le service funèbre a été célébré au milieu d'une assistance
aussi nombreuse que recueillie, double témoignage des sincères
regrets qu'emportait avec elle la vénérée marquise. Ces senti-
ments ont eu leur éloquent interprète dans M. l'abbé Billard, curé
de la paroisse, qui, après avoir dit la messe de Requiem, a su,
dans une allocution empreinte des pensées les plus élevées en
même temps que les plus consolantes, émouvoir profondément
son auditoire. La tâche lui était, du reste, facile, vu son talent
de parole, largement secondé par la générosité de son coeur et.
le sujet qu'il avait à traiter.
(1) Pour les Thézan Saint-Geniès, voir Aevoe, XVIII, 29.
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- 363 -
La marquise de Saint-Geniès, en effet, aussi bien douée sous le
rapport du cœur que de rintelligence, était la grande dame des-
cendant de son illustre lignée, et ses vertus de fervente chrétienne
et de tendre mère, de même que son inépuisable charité, en fai-
saient, sous tous rapports, une femme accomplie. Ses amis ne
pourront de longtemps oublier la noblesse de son caractère, la
délicatesse extrême de ses sentiments, la distinction de ses ma-
nières, Taffabilité de son accueil, son esprit, dont la gaieté et la
culture rendaient trop courts les moments passés près d'elle.
Aussi, en la quittant, était-on heureux de lui laisser la promesse,
si affectueusement demandée, d'un prompt retour.
L'ensemble de ces qualités lui valaient d'être la femme la plus
aimable de même que la plus aimée de ceux qui l'entouraient,
parents et serviteurs, ou qui étaient charmés d'entretenir avec
elle de fréquentes relations. Elle était ainsi la preuve vivante du
précepte d'Ovide :
ut ameris, amabilis esto.
Après les décès aussi douloureux que rapprochés de son père
cl de sa mère, décès suivis de si près par la perte cruelle d'une
(ille chérie, Maric-Clairc-Isaboau, décédée à l'âge de 18 ans, le
23 décembre 1875, celle non moins poignante de son mari, le 23
octobre 1897, et enfin le deuil causé récemment par la mort de
son gendre, le marquis du Dresnay, la marquise de Saint-Geniès
pouvait encore vivre des jours relativement heureux, entourée
de la grande affection de sa fille, revenue à ses côtés depuis son
malheur, ainsi que de son fils et de sa belle-fille, trop heureux de
se retrouver de temps à autre près de leur mère. Mais la mort,
toujours insatiable, avait décidé de frapper à nouveau ceux
qu'elle avait déjà si impitoyablement éprouvés, et l'exécution de
ses implacables décrets ne se fil malheureusement pas attendre.
.\j)i(\^ un mois à jXMiie d'un mol (jue rien ne pouvait faire redou-
ter, la marquise de Saint-Geniès était ravie à ses enfants et à ses
iunis, (|ui, jusqu'aux derniers jours, s'étaient bercés de l'espoir
d'un retour à la santé.
Toutes ces choses, et bien d'autres, ont été excellemment dites
par M. le curé de Sainl-Pallais ; aussi, ne saurions-nous mieux
faire que de signaler à ceux qui ne l'auraient pas lu, le compte
rendu des obsèques, fait par le Monileur de la Sainionge, dans
le numéro du 22 septembre, et qui reproduit la touchante allo-
cution de M. l'abbé Billard,
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- 364-
Après l'absoute, donnée par le vénérable archiprétre M. Car-
laud, curé de Sainl-Pierre, et pour lequel la pieuse marquise
avait une haute estime, le cortège, toujours aussi respectueuse-
ment recueilli, attitude d'ordinaire moins bien observée, a accom-
pagné le corps à la gare de TEtal, d'où il a été dirigé, dans l'après-
midi, sur la petite ville die Saint-Gcniès en Languedoc, pour y
être inhumé, le lendemain, dans la sépulture des Thézan Saint-
Geniès, établie dans la toute voisine chapelle de Saint- Fulcrand,
lieu de pèlerinage cher aux habitants du pays.
Pour cette dernière partie des obsèques, s'étaient joints au
marquis de Saint-Geniès : le colonel marquis de Bremond d'Ars,
commandant le 9* hussards, le duc de Lévis-Mircpoix et le baron
d'Arellano, neveux de la regrettée marquise. VEclair de Mont-
pellier, sous la date du 22 septembre, a rendu compte de la céré-
monie dans un article dont nous extrayons le passage suivant,
qui dépeint les sentiments de respectueuse affection que lui gar-
daient ceux au milieu desquels elle avait passé « ses années de
joies et de bonheur ».
« Cette grande chrétienne, dans toute l'acception du mot,
a voulu reposer au milieu des siens, et prouver, une dernière
fois, à notre population, combien vivement elle lui était attachée.
Aussi ses funérailles ont-elles eu l'aspect d'un deuil profond et
d'un éclatant triomphe. Toutes les classes de la société y étaient,
en effet, représentées. Hommes, femmes, enfants, riches et pau-
vres, tous avaient tenu à honneur de faire partie de cet imposant
cortège. De leur côté, toutes les confréries paroissiales étaient
présentes, rangées sous leurs bannières, accompagnées de nom-
breux draps d'honneur. De magnifiques couronnes, offertes par
le conseil de fabrique, par des amis fidèles et des serviteurs dé-
voués, disaient combien la noble défunte était regrettée »
M. l'abbé Sigau, curé de Saint-Goniès, a célébré, à son tour,
les vertus et les mérites de « cetlc chrétienne admirable ». Puis,
l'inhumation dans la sépulture familiale a marqué la fin du pas-
sage ici-bas de la marquise de Saint-Goniès ; mais, contra iremient
aux assurances dégradantes de certains esprits forts plus ou
moins convaincus, tout n'est pas pour cela fini d'elle. Comme l'a
dit, avec son cœur, M. le curé de Saint-Pallais, pour tous ceux
qui l'ont connue, pour tous ceux qu'elle a si affectueusement
aimés et qui ne l'aimaient pas moins, survit, avec « le souvenir »
de tout le bien qu'elle a fait, « l'espérance » de la retrouver un
jour. A. L.
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— 865 —
Le 10 octobre est décédée à Mortagne-sur-Gironde, M"* Anne
Caroline Jouan, née Berleau, épouse de notre confrère M. E.
Jouan. Elle laisse deux fils : M. TaLhé Paul Jouan et M. Elie
Jouan.
II. — Mariages
A Paris, le 7 juillet 1904, a eu lieu le mariage de M. Emmanuel
Gallut, inspecteur des finances, maître de conférences à TEcole
des sciences politiques, fils de M. Gallut, ancien juge de paix à
Saintes, avec M^** Marguerite Renaudot, fille de M. Gustave
Renaudot, ingénieur en chef des ponts et chaussées en retraite,
ingénieur en chef de la construction à la Compagnie Paris-Lyon-
Méditerranée, chevalier de la légion d'honneur.
Le mardi 4 septembre, a été célébré, à Rochefort, le mariage
de M"® Jeanne Sayous, fille du commandant Sayous, qui a appar-
tenu au 6* de ligne, avec M. Nassans, lieutenant au 57* d'infan-
terie.
Le mercredi 5 septembre, a été béni, à Notre-Dame de Roche-
fort, le mariage de M"" Louise Paillior, fille du président du tri-
bunal civil, avec M. le D' Maxime de Vozeaux de Lavergne, mé-
decin à Pesche-le-Châtel (Doubs).
Rectification de nom. — Nous avons annoncé le jugement du
tribunal civil de La Rochelle, qui ordonne la rectification du nom
de la famille Brumauld des Houlières. Nous reproduisons le con^
tenu de ce jugement.
Dans une requête présentée à Monsieur le Président du tribu-
nal civil de première instance de La Rochelle, M. Eugène Bru-
mauld des Houlières établissait que, depuis le commencement
du XVIIP siècle, ses ascendants avaient été en possession publi-
que et non contestée du nom patronymique de Brumauld et du
surnom « dos Houlières ». Ce nom provenait du lieu « Les Hou-
lières », torre située dans la commune de Courcôme (Charente),
possédée par une branche de la famille Brumauld, alors que les
autres branches ajoutaient à leur nom patronymique ceux de
Villeneuve, de Monlgazon, dics Allées, etc.
Ces faits ressortent indubitablement :
P D'un testament en date du 9 juillet 1734, dans lequel Charles
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-366-
Brumauld se qualifie sieur des Houllières, et institue son léga-
taire David Bruniauld, sieur de Villoneufve, son fils aîné (acte dio
Jean Demondron, notaire royal à La Tachonnerie, paroisse de
La Faye (Charente) ;
2** D'un contrat de mariage reçu le 11 février 1771, par Mes-
luras et Binel, notaires royaux en Angoumois, de M. Jacques-
Charles Hrumauci, licencie es loix, fils îuir'.fMir légitime de M.
Charles Brumaud des Iloulières, seigneur de La Touche, avocat
au Parlement, sénôclial de la baronnie de Villefagnan, et subdé-
légué de rinlondnnce de Limogos, et de feue dame Magdelaine-
Cybille de Val, avec demoiselle Rose-Angélique Bouïn de Beau-
pré, fille majeure de mcssire Pierre Bouïn de Beaupré, écuyer,
ancien capitaine de milice, habitant de la ville du Port-Royal, et
y demeurant, paroisse Saint-Louis, en l'île Martinique, et de
feue dame Angélique Clément Laroclie, ledit messire Pierre
Bouïn représenté par François Tartas, sieur des Forges, maître
chirurgien juré ;
3** D'un acte de Tétat-civil de la commune de Villefagnan, du
12 février 1771, enregistrant le mariage de Jacques-Charles Bru-
mauld, licencié es loix, fils mineur légitime du sieur Charles
Brumauld des Ilouillières, soigneur do La louche, avocat en
Parlement, juge de la baronnie de Villefagnan, et subdélégué de
l'intendant de Limoges, avec demoiselle Rose-Angélique Bouïn
de Beaupré ;
4° Des lettres de Charles de Broglie, comte de Broglie, marquis
de Ruffec, baron dos baronnies d'Aizie, Martreuil et Ampuré,
seigneur de Cauchy, des fiefs des Aires, (harmé, Nanteuil, Mes-
seux, Moulardon, Pouigné, Salles, Lonne et Ambourie et autres
lieux, chevalier des ordres du roy, lieutenant général de ses
armées, et ci-devant son ambassadeur extraordinaire près le roi
et la république de Pologne, gouverneur des villes et château de
Saumur et pays Saumurois, et lieutenant général pour le roi dans
la ]>rovince du Haut-Anjou, — octroyant à W Charles Brumauld
des Houlières, avocat an conseil su])ériour <lo Poitiers, sur le
rapport qui lui a été fait « de ses sons, suffisances, capacité et
« expérience au fait de la judicature, de ses bonne vie et mœurs,
« religion catholique, apostolique et romaine, et.de son exacte
« probité », l'état et office de son juge lieutenant assesseur en
son siège dudit Ruiïec, en survi\ance de l'assesseur actuel (27
janvier 1772) ;
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— 367 —
5** D'un procès-verbal de la sénéchaussée et siège présidial
d'Angoumois, du 31 mars 1773, constatant la réception dans
l'état et office de juge assesseur de la ville de Ruffec, de M"
Charles Brumcau des Houlières, avocat au conseil supérieur de
Poitiers ;
6® D'un acte de l'état civil de la commune de Villefagnan, du
17 novembre 1781, enregistrant le décès de M* Charles Brumauld,
sieur des llouillièrcs, avocat au Parlomont, juge de Villefagnan
et subdélégué de l'intendant, veuf de Madeleine-Sybille de Val;
T D'un acte de l'état civil de la commune de Villefagnan, du
15 novembre 1783, enregistrant la naissance de Marie-Frédéric,
fille de M* Jacques-Charles Rrumaud, sieur des Houillières,
avocat au parlement, juge de Villefagnan, et de dame Rosalie-
Angélique Houïn de Beaupré de La Chéverie ; ^
8*" D'un acte de l'état-civil de la commune de Ruffec, en date du
1(3 mai 1804 (27 floréal an XH), enre.ujistrant la naissance de
Honoré-Tancrède Brumauld des Houlières, fils de Pierre, garde-
forestier, et de Henriette Denelle ;
9** D'un contrat de mariage, reçu le 18 mai 1829, par Gras et
son collègue, notaires h Poitiers, entre François-Athanals Bru-
mauld dos Houlières, fils de Pierre-Charles Brumauldi des Hou-
lières et de dame Louise-Henriolle-Félicilé de Nelle, avec Marie-
Isahelle-Goorgetle Richard d'Abnour.
Vu celte requôte, le tribunal considérant comme « justifié que
« les ancêtres du demandeur avaient tiré le nom des Houlières
« d'une lerre siluée dans la paroisse de Courcôme (Charente),
« que c'est donc bien là un nom de lieu qu'une branche de la
« famille Brumauld avait été autorisée à ajouter à son nom palro-
« nymique lorsqu'elle avait été anoblie »... etc.,
« Ordonne que les actes de l'état-civil, savoir : 1° l'acte de ma-
« riouo des (^loux Bnunauld Deshoulièros-Lhomandie (27 avril
« 1835) ; — 2° l'acte de naissance de Louis-Tancrède Brumauld
« Deshouliôres, en date du 15 mai 1836 ; — 3° l'acte de mariage
« des époux Brumauld Deslioulières-Forqueray, en date du 14
« mai 1850 ; — 4® l'acte de naissance de Louis-Eugène Brumauld
« Deshoulières, du 10 juillet 1850; — 5° l'acte de mariage de
« Louis-EuLrène Brumauld Deshoulières (avec demoiselle Mar-
« guérite Dumorisson), du 3 mars 18S6 ; — 0** l'acte de naissance
« de Louise-Marguerite-Marie Brumauld Deshoulières, du 18
« décembre 1886 ; — 7® l'acte de naissance de Jean-Tancrède-
« Louis Brumauld Deshoulières, du 16 novembre 1887 ; —
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- 368 -
« 8« Tacte de naissance de Magdeleine-Jeanne-Marie-Joseph
« Hrumauld Deshoulières, du 10 décembre 1890 ; — 9*» Tacle de
« naissance de Henri-Théophile-Eugène Brumauld Deshoulières,
« du 27 novembre 1892 », seront rectifiés en ce sens que le nom
« de Brumauld Deshoulières, écrit en un seul mot, devra être,
« à l'avenir, orthographié Brumauld des Houlières..., etc. »
Ainsi jugé et prononcé par le tribunal civil de première ins-
tance de La Rochelle, à Taudience du 20 juillet 1904.
VARIÉTÉS
I
SAINTES ANCIENNE
(SuUe).
Bon Pasteur (ruelle du). — Longe te bas-côté nord de Saint-
Pierre.
Cette ruelle, déjà connue sous ce nom au siècle dernier, n'exis-
tait certainement pas au XVP siècle. Les traces de balles sur
toute la façade nord de l'église le prouvent. Elle a été formée par
la construction des maisons bûlics sur des terrains vendus pro-
bablement par le chapitre à la fin du XVI* siècle ou au commen-
cement du XVIP. Une maison paraît appartenir aux premières
années du XVII" siècle.
Bouchers (port des). — En 1576, d-oux bouchers tuaient leurs
bœufs dans une « tuerie » qu'ils avaient fait construire en face
de la maison du curé de Sainl-Michcl. On leur enjoint de tuer
aux « tueries accoustumées » qui sont vers le port des Bouchers.
(Documents, p. 274.)
Masse indique la boucherie tout à côté de la poissonnerie. Par
conséquent, le port des Bouchers de\ait se trouver entre le pont
et le petit Port, et cependant on ne \oiil aucune issue dans le mur.
Boucherie (canton de la Vieille). — 1572 (l)ocumenls, p. 206).
Voir Triperie. Petits bancs.
Le jeu de paulme de Fongiron devint, en 1580, la boucherie de
la ville. (Documents, p. 192, 274, 283-307, a32).
Le marché se tenait précédemment sur notre canton aux
Herbes, « depuis la porte du pont jusqu'au canton qu'on souloyt
tenir la boucherie ». (Documents, p. 192).
XVP siècle (peut être 1553). — Jacquette Bonnouvrier,
veuve de Christophe Coudrcau, déclare devant Jean
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— 369 —
Debar, maire de Saintes, « tenir une maison en ladite
ville, confrontant d'ung costé à la grandVuhe par laquelle
on va de Téglize Saint-Pierre à la grand'boucherye, d'au-
tre bout à la maison de honorable homme et sage monsieur
maistre Geoffroy Dangliers, chantre de Xaintcs, d'ung
cousté, à la maison de maistre Jehan Ogier, naguères pro-
cureur au siège présidial, et d'autre costé à une petite
maison appartenant à sire Rolland ». (Archives de Saint-
Pierre, cote ZZ).
Boucherie (rue de la Grande). (1788). Paroisse Sainte-
Colombe.
La boucherie était située en face du palais royal (1) : elle
occupait une partie de la place de La Fontaine. Elle s'écroula
en 1806.
Il existe à la mairie un plan daté du 27 février 1807, signé du
préfet Richard.
1612. 19 mars. — Pierre Garinel, maître boucher, dé-
clare une place qu'il lient en la boucherie de Saintes, con-
tenant 8 pieds 1/2, tenant d'un bout au banc de Raimond
Roy, d'autre bout à la muraille de la boucherie, du côté
des frères prêcheurs, d'un côté à la maison de la prévolé
de Saintes, d'autre côté à Talléc, pour laquelle il paye,
au mardi-gras, 20 sols de rente. (Miniiie^s de Sanson),
1757, 3 mai. — Raymond Paradol, prêtre, religieux jaco-
bin et procureur sindic de la communauté des frères prê-
cheurs, à Saintes, afferme à François Marchand, procu-
reur au présidial, la maison appartenant aux frères prê-
cheurs, dans l'enclos de leur couvent, faisant face à la
grande boucherie (très petite), l'usage du puits qui est
devant la cave desdits frères prêcheurs, pour 0 ans, 150
livres par an.
1772, 29 janvier. — Arrantement par les jacobins d'une
maison leur appartenant, joignant leur couvent, faisant
face à la grande Boucherie, la rue seulement entre deux,
confrontant par devant, au levant, à ladite rue et vis-à-vis
la grande boucherie, par derrière au couchant à une
grande salle et à un « collidor » régnant tout le long du
jardin bas dudit couvent, au midi au portail d'entrée du
même couvent et à la maison de la veuve Mollet, au nord
(1) Voir U pUn de Matie.
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— 370 —
à un autre portail d'iMitréc et cour « élongée » dudit cou-
vent, lui servant au transport des danrées. (Minutes de
Senne),
LUNULE (rue de La). — Le jeu de boules est contemporain du
jeu (1^ paulme ; on le trouve mentionné dans Lordonnance de
Cliarles V. Je ne crois pas qu'il y ait eu, à Saintes, plusieurs
jeux de boules, en tant que lieux désignés comme tels.
Celui qui existait au XVI* siècle me semble situé à rinlersec-
lion (ou aux alentours) de la rue des Notre-Dame et la rue de la
Boule.
Siméon Luce, dans La France pendant la guerre de cent ans,
p. 110, assimile au jeu de billard le jeu de « boule ou rulle »,
qu'il trouve établi à Saint-Jean d'Angély vers 1380.
1553, août. — Déclaration de rentes dues par Jacques
Buier, marchand à Saintes, pour le jardin et maison de
La Magdellaine, à M. de Sninct-Sulpice, prieur de Sainct-
Macoul, droit de rante foncyèrc, payable à deulx termes,
deux sols, tenant d'ung coslé au jardin dudict prieur,
d'autre costé aux mollies des Savarictz, d'ung bout sur le
grand chemin i)ar le(juel on va et vient du jeu de la bouUe
*^ Sainct-Eutroppe, d'autre bout au jardin de Guillaume
Gabauld. (Archives de Sainl-Pierre, cote D).
1615, 27 janvier. — Thomas Dreux, sieur de La Pom-
meraye, conseiller, secrétaire du roi, maison et couronne
de France, demeurant à Saincles, afferme à Foul(|ues
Babin, maître tailleur d'habits, demeurant au faubourg
Saint-Vivien, une maison tubline avec une petite place
derrière, sise au faubourg Saint-Vivien, au lieu appelle
le jeu de la Boule, lenu à ranle de l'évêque au devoir de
deux sols de rente animelle et perpétuelle, confrontant,
par devant, à la rue publique par laquelle on va du quan-
ton du jeu de la bouUe à la porte Esguière, d'autre bout
au jardin de Louis Durand, marchand, d'un côté au jar-
din de Jean Verger, d'autre côté au jardin de Marie Ver-
ger ; plus, un jardin en ladicte paroisse, tenu à rente des
héritiers de feu Guillaume Grand, au devoir de 20 sols de
, rente annuelle, confrontant, d'un côté, au jardin de feu
M* François Ricard, sergent royal, d'un bout au jardin de
Gilles Guyet, d'autre côté au jardin dudict Jean Verger,
d'autre bout à la rue qui va dudict jeu de Boule à la porte
Eguière ; laquelle maison et le jardin le sieur Dreux a
acquis de Loys Guyet, par contrat du 9 mars 1500, reçeu
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— 371 —
par Foureslier, notaire royal ; plus deux pièces de terres
ou moites, situées en la paroisse de Saint- xMacou, et tenues
à rente du prieur de Saint-Macou, au devoir, Tune de trois
sols, et l'autre de sept sols, confrontant: la première, d'un
côté au jardin de Jean Grégoireau, procureur au prési-
dial, d'un bout au jardin de Laurent Symon, marchand,
et d*aulre côté au terrain et jardin de Jean .\melin, et
d'autre bout au chemin qui va du jeu de boule audit Saint-
Macou ; la seconde se confronte, d'un côté à la vigno et
terre labourable de Jean Uataud, tailleur d'habits, d'un
bout aux terres de Jérémie Huon, avocat, d'autre côté au
jardin de Jeanne Chabiraud, et d'autre bout audit chemin.
(Minutes de Beriauld),
1617, 8 juillet. — Simon Mirambeau, charretier, loue
à Pierre Martin, laboureur à bras, demeurant à Saint-
Macoul, une maison et jardin, situés au bourg de Saint-
Macoul, devant le jeu de boule. (Minutes de Maréchal),
1692, 30 septembre. — Maison confrontant par devant
à la rue appelée du Jeu de Boule, d'autre côté, par der-
rière au renclos des religieux de Notre-Dame (Minutes de
Feuilleteau).
1710, 6 janvier. — Nicolas Forcet, gabarrier, et Fran-
çoise Fraimon, veuve de Pierre Forcet, vendent à Mathieu
Mouchard, marchand sarger, « une maison, au lieu appelé
le jeu de Boulle, paroisse Saint-Vivien, tenue directe et
foncière de Monseigneur l'évêque qui confronte par
devant à la rue publique par laquelle on va et vient dw
canton du jeu de la boulle à la porte Eguière, sur main
gauche » ; plus neuf carreaux de jardin, situés au même
lieu, qui « se confrontent d'un côté au jardin des filles
Notrej-Dame ». (Minutes de Prouteau),
1726. — Un petit jardin renfermé de murailles, avec une
petite maison, au lieu du jeu de boule, seigneurie de
Sainl-Crépin, confrontant d'un côté aux murs du jardin
des religieuses de Notre-Dame. (/d.).
Bourreau (tour du). — L. Dangibeaud, Saintes au XVI^ siè-
cle^ p. 62 ; Documents, p. 232.
Brèche (rue de la). Rue sur les murailles (voir rue du Rem-
part (1037), rue du Puits-Péron, rue du Puits de la Brèche, rue
Basse (1755).
Elle reçut son nom d'une brèche faite dans les murs de la ville
par le canon, pendant les troubles de 1570.
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— 372 —
1612, 11 mars. — Jean ïercinier, le jeune, marchand,
déclare tenir une maison tubline, et un jardin derrière,
paroisse Saint-Michel, au lieu appelé La Brèche, confron-
tant d'un côté à la maison de Jean Moyne, « juge pré-
vost », et jardins des héritiers de A', llegnard, d'autre
côté à celui die Guy Guenon et Jean Peanne (?) Talné, et
au mur du jardin de ce dernier, d'un bout par devant à la
rue par laquelle on va et vicnl du puits appelé le puits
Pérou à la porte des ponts, et d'autre bout aux murailles
de la ville, devant quatre deniers de droit d'anguillage, et
vingt sols à Henri Moyne, sieur de TËpineuil. (Minutes
de Sanson),
1612, 10 mai. — Déclaration faite par devant Georges
Lemusnier, conseiller du roi, trésorier général des fi-
nances en Poitou, et Raimond de Montaigne, écuyer,
sieur de Saint-Geitais, conseiller, lieutenant-général, com
missaires pour recevoir les déclarations de ceux qui
« tiennent au fonds et domaine de Sa Majesté » par Rai-
mond Duval et Delaunay.
Delaunay déclare tenir une maison située paroisse
Saint-Michel, confrontant d'un côté i\ la maison et four de
Nicolas Réveillaud, d'autre côté à celle de René Guiton,
d'un bout à l'écurie appartenant aux héritiers de Debec,
appellée l'Aigle d'or, et d'autre bout à la rue qui va au
puits Pérou, autrement appelé La Brèche, chargée de
quatre deniers de cens au droit d'anguillage. Duval et De-
launay déclarent en outre, deux maisons se joignant, pa-
roisse Saint-Michel, près les portes, confrontant, toutes
deux, d'un côté à la rue par laquelle on va au port Mou-
clier, d'un bout à la rue qui va des ponts au canton des
Forges, et d'autre bout à la mette qui va audit port Mou
clier, devant quatre deniers chacune, et treize sols neuf
deniers aux pauvres de l'hôpilal. (Minules de Sanson).
1637, 31 mars. — Jacques Coulin, tailleur d'habits, de-
meurant au lieu de Puygaudin, près l'église Saint-Vivien,
Aigron, maître tailleur d'habits, size en la présente ville
de Xaintes, en la ruette appellée sur les murailles, appel-
lées la brèche,
1671, 8 mai. — Daniel Deschamps, marchand, demeu-
rant à Xainctes, vend à Pierre Paillot, conseiller du roi et
élu en l'élection de Xainctes, la moitié d'une écurie avec
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—, 373 —
moitié d'un petit jardin, domaine du roi, chargé de 4
deniers de droit d'aiiguillage, confrontant le tout d'un
côté à la maison des Filles religieuses de Notre-Dame,
d autre côté à la maison du sieur de Riollet (1), médecin,
d'un bout par devant à la rue publique qui descend des
murs en la grande rue, d'autre bout par derrière à une
venelle qui est entre les murs de la ville et ladite écurie.
(Minutes de Cassoulet).
1674, 1*' août. — Antoine Mestreau, soldat au régiment
de Longue, en la compagnie de M. de Lisle, de présant
en l'île de Ré, vend à Jean Chesnier, marchand, une mai-
son confrontant à la rue du Puy de La Brèche, aux pons
de la ville, du midi ; d'autre côté, par derrière, à la mai-
son de Michel Matassier, du levant ; d'autre bout à Ma-
thieu Merlat, docteur en médecine ; d'autre côté à la rue
qui va sur les remparts, au levant.
Plus un emplacement confrontant à la rue par laquelle
on va de la grand'rue au Port Mouclé. (Minutes de Cas-
soulet).
1685, 2 décembre. — Mathurin Gilbert, avocat, mari de
Uenée Roy, afferme à Jean Loyer, marchand, hôte du
logis du Gros Raisin, en la Grande Rue, un emplacement
sur les murs, paroisse Saint-Michel, confrontant du levant
à l'écurie de Chastellier, maistre boulanger, du couchant
à un emplacement qui fut à Villan, maistre chirurgien,
du midi à la rue par laquelle on va et vient du puits de La
Brèche aux maisons qui furent au couvent des religieuses
de Notre-Dame de Saintes, du nord aux murs, tenu à
rente au roi quatre deniers d'anguillage. (Minutes de Mon-
tillon).
1694, 9 juillet. — M" Barthélémy Soulard, procureur
en l'élection, agissant au nom de Louis Mossu, marchand
à Paris, afferme à Joseph Foucaud, boulanger, une mai-
son sise rue de La Brèche, autrement Puy-Péron. (Minutes
de Feuilleteau),
1701, 6 juin. — Louis de Raymond, seigneur des Ri-
vières et de Grandpré, mari de Marguerite-Louise Ame-
lotte, demeurant à La Vallée, paroisse de Saint-Georges
(1) Uaac Thomas, de Riollet, mari de Marie Dussoul, auteur des Remarques
enrieuêês nar la Thériaque. Cf. DoeumenU, p. 43, jRecnetl, t. XV, p. 540.
Daugibeaud, Un orviétan à Saintes.
S6
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— 374 -,
des Coteaux, icelle donataire de Joseph Amelotte, prêtre,
docteur en théologie, son frère, vend à François Tercinier,
échevin, une maison ou écurie dont jouit Loyer, hôte du
Gros Raisin, située sur les rein[)arls do la ville, [)aroisse
Saint-Michel, proche les murs, dans le fonds du roy, con-
frontant par devant aux filles de Notre-Dame, rue entre
deux, par derrière à M. Couch'cau, conseiller du roi au
présidial, d'un côté à la maison de Fourestier, médecin,
d'autre côté aux remparts de la ville, rue entre deux pour
aller sur la Brèche. (Minutes de Feuilleteau).
1703, 24 décembre. — Françoise Bisset, veuve de Jean
Bicheur, prend à rente de Daniel Ardouin, procureur au
présidial et élection de Saintes, une écurie située paroisse
Saint-Michel, au lieu dit de La Brèche, proche le Port
Mouclé, dépendant du domaine du roi. (Minutes de Feuil-
leteau).
1704, 16 avril. — Anne Chabiran, veuve de Jean More,
bourgeois et marchand, demeurant à Beauregard, pa-
roisse du Douhet, vend à Jean Marchcsseau, marchand
sargcr, et Marie Savignan, sa femme, une maison, rue de
La Brèche, confrontant d'un côté à autre maison de ladite
Chabiran, d'un côté à l'écurie et jardin du sieur Arnaud,
par derrière aux murs de la ville, du côté de la rivière,
par le devant à la rue qui conduit du port Mouclet au puy
de La Brèche. Le tout à rente au droit d'anguillage du
roi. (Minutes de Maréchal),
1718, 7 avril. — René Brehon, procureur du roi en la
maréchaussée de Saintonge, vend à Pierre Blanc, bour-
geois marchand, une écurie avec grenier et un petit jar-
din, paroisse Sainte-Colombe, confrontant au levant à
l'écurie de M. de Gasc, président, d'autre côté à celle de
M. Guenon de Beaubuisson, du midi à la rue qui va de la
grandVue à la rue de la Brèche, du nord aux remparts.
(Minutes de Senne),
1723. — François Payant, maître cordonnier, vend aux
pauvres honteux de la ville une petite maison, sise sur les
remparts, tenue à rente du roi au devoir de quatre deniers
d'anguillage, confrontant au midi à la rue qui va de la
rue de la Brèche à l'église Sainte-Colombe, au nord à la
doue ou fossé de la ville, dans lequel il y a un jardin, non
compris dans la vente. (Minutes de Marsay).
1754, 4 septembre.— Jean-Claude Dangibeaud, conseil-
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— 375 —
1er au présidial, maire de la ville, demeurant paroisse
Saint-Michel, achète à Jean Savari, marchand, dix pieds
de large dans toute la largeur d'un terrain servant à met-
Ire les fumiers, situé proche l'endroit appelé La Brèche,
paroisse Saint-Michel, domaine du roi, tenu à rente du
(h'oil d'anguillagc, confrontant au nord au mur du rem-
part, d'autre hout, du midi, à la rue par laquelle on des-
cend du rempart venant par la porte Eguière audit lieu
de La Brèche. (Minules de Senne),
Cabal'dière (rue de la). Montée Sainl-Macoul (1553). Arch. X.
— Faisait partie diu fief des Rabainièrcs.
L'al)bé Briand prétend que la Cabaudière se nomma d'abord
rue Sainl-Agnan ; mais, connue il n'appuie cette affirmation sur
aucun titre, nous l'accueillerons avec réserve. {Hisloire de
VEglise santonCy I, p. 227).
Elle prit le nom d'une maison (16G6) (voir les enseignes). Cf.
nccuell, Vil, p. 124 ; XIV, p. 248 ; Bulletin, IV, p. 307.
Nicolas Moreau, bibliothécaire, habitait la rue Cabaudière
(1869).
Ca-Gout (rue), Cagoui (1793), rue de la Poste. — C'est le bout
do la rue du Uemparl, qui commence à la rue Alsace-Lorraine.
L'inscription existe sur l'angle de la maison à gauche. Son
nom lui vient de C[laude] A[nloine] Goût, marchand et maire de
Saintes, mort en 1792.
Les Documents (p. 85) transforment la rue dw Ha en rue Goul.
C'est à tort, je crois.
Ça Ira (rue). Période révolutionnaire (Documents, p. 85).
('iia\tf:lotîbe (rue de). — Le péré de Chanteloube est sur le
chf^min de Saintes à Saint-Jean d'Angély.
(Aveu de Jeanne de Villars, 1472. Recueil, III, p. 58).
Les noms de Chanteloube, Chantemerle, sont très fréquents
sur le bord des cours d'eau.
1733, 30 juin. — Jean Resnier, marchand, demeurant à
Sninl-Pallais, afferme à Jean Siraud, l'aîné, maçon, une
l>elitc maison,/ sise au Pérat, rue de Chanteloube, avec
un jardin, confrontant au levant et au nord aux bâtiments
de Louis Gauguin, au couchant à la maison de Madeleine
Mode, du midi à la rue de Chanteloube. (Minutes de Mar-
sai/).
CAPiTorK (place du). (Voir le château). — MM. Musset et L.
Audial ont péremptoirement démontré qu'aucun document ne
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— 376 —
permet de croire à l'existence d'un capitole romain {Bulletin^ III,
p. 59 ; Recueil, VI, p. 75).
A cette place se rattache le souvenir du Calvaire, dont il ne
reste plus qu'un plan et un dessin en tapisserie appartenant à
M"* Frau, reproduit dans Sainles à la lin du XIX* siècle. Il en a
été déjà parlé dans le Recueil (XV, p. 450).
J'ajouterai quelques détails recueillis récemment sur la croix
de mission, aujourd'hui à Saint-Pierre. Cette croix, très lourde,
très longue, qui avait été construite dans le prieuré de Saint
Eutrope, fut transportée à dos d'hommes sous le toit de la Halle,
située sur l'emplacement de la chapelle de la Providence. Pen-
dant trois jours, les ouvriers qui devaient la mener au calvaire
s'exerçaient à la « porter dignement et «en cadence ». M. Niox
les commandait militairement. Ces hommes avaient attaché sur
leur poitrine un petit crucifix pendu à un ruban rouge.
La mission die 1817, après laquelle cette croix avait été érigée,
fil beaucoup de bien, au dire de vieilles personnes : entre autres
résolutions qu'elle inspira, il faut remarquer celle-ci: les dames
de la ville décidèrent de n'employer que trois aunes d'étoffe dans
leurs robes !!!
On ne dira plus que les missions ne servent à rien 1 Mais l'his-
toire ne rapporte pas si nos aïeules avaient fixé la largeur et le
prix de ïétoffe. Ce point eût été au moins intéressant : il y a
étofTe et étoffe,... de trente sous à trente francs 1 On ne dit pas
davantage par quel prodige les cent kilos parvenaient à résou-
dre le problème de s'habiller avec trois mètres soixante centi-
m'ètres d'étoffe, à moins qu'ils ne prissent une étoffe de trois
mètres de large, ou en caoutchouc.
Du reste, — est-il besoin de le dire, — cette très louable inten-
tion eut le sort de tous les édits somptuaires : elle resta bonne
intention. Une femme a beau être dévote, voire bigotte, elle n'en
est pas moins femme, c'est-à-dire toujours un peu coquette.
La rue du Capitole, en 1815, compte neuf numéros : Mollet,
juge, Dieres, de Charente, l'hospice, Mouchet, notaire, Bour-
gouin, officier de vaisseau, etc.
Carrières de la Croix (chemin des). Part du château di'eau
et descend aux Arènes. C'est la rue Bourignon,
Cerises (rue des). Du marché aux cerises. (Voir rue aux
Herbes).
Habitants : (1752). Louis Gougnon, notaire.
Change (maisons de change). (Voir le Cariulaire de Tabboi/e,
notamment page 52).
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--3T7 —
Chanoine^ (rue des). Rue de la Poste (plan Lacurie. Rue Cuvil-
liers actuellement). — Passe derrière Saint-Pierre, commence au
marché couvert et finit à la rue Réverseaux.
Sur le plan Lacurie, elle porte le nom de rue de la Poste aisx
lettres et se prolonge jusqu'à la rue de THôtel-de- Ville.
Elle était devant et derrière Saint-Pierre autrefois.
«... plus une écurie, rue des Chanoines, vis-à-vis l'évê-
ché, confrontant par devant à ladite rue, au levant aux
héritiers de Huon, avocat, au couchant à la maison cano-
niale de Latache, chanoine ». (1762, 25 août).
Le 23 décembre 1700, le roi d'Espagne passe à Saintes (1).
Les princes logent dans la rue appelée des Chanoines, vis-à-vis
la porte cochère du palais épiscopal, et habitée par M. de La
Touche...
Voir, à rue du Palais, sous la date du 28 septembre 1768, une
confrontation sur la rue des Chanoines difficile à concilier avec
les précédentes.
Le plan de Masse ne donne pas à notre rue des Chanoines
d'issue sur la rue Réverseaux, et par conséquent la rue de
l'Hôtel-de^Ville.
Habitants : Louis Dexmier d'Archiac de Saint-Simon, maré-
chal de camp (1772).
La maison qui est connue depuis cinquante ans sous le nom de
n>aison Proutière fut achetée par Joseph et René Eschassériaux,
lorsque l'atné était administrateur du département, et le cadet
administrateur du district. Elle possédait deux jardins, encore
existants, dont l'un, le jardin haut, était une partie du cimetière
Saint-Maur. Elle devint la propriété de René Eschassériaux,
puis, vers 1831, de son gendre, Camille Eschassériaux. Elle fut
vendue vers 1852 à M. Proutière, qui fut un amateur fleuriste
très réputé. {Note fournie par M. le baron Eschassériaux).
Elle forme actuellement deux maisons : l'une appartenant à
M. J. Laurent; l'autre à M. J. Gay de La Chartrie, succédant
à M. Niox. Cette seconde portion a subi une transformation en
1904, première tentative d' « art nouveau » à Saintes.
La maison contiguë, au nord, appartenait à la famille de Ker-
ven-Vallein et devait venir de l'ingénieur Guérinot, dont M. de
Kerven était le gendre.
M. Vallein, rédacteur de V Indépendant, y habita, puis M.
(1) L. Audiat, Entréêê royales.
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Louis Tercinier, négociant, président du tribunal de com
merce.
1713. — Jean de Nozcrines, prêtre, docteur en théolo-
gie, chanoine à Saint-Pierre et théologal, aiterme à Pierre
de Lajaunie, chanoin-e, la grande maison lui appartenant,
derrière Saint-Pierre, occupée par M. de Théon.
1733, 30 octobre. — André Uenaudet, chanoine, alïermc
à Antoine Chàteauneuf, chanoine, la maison et jardin,
appartenant à son canonicat, paroisse Saint-Pierre, con-
frontant du midi à la maison et jardin de Monsieur Tabbé
Mossion, d'autre côté à M. l'abbé Damas, aussi chanoines,
du couchant à la rue des Chanoines, du levant aux rem-
parts de la ville. (Minutes de Mai^say),
1745, 11 août. — Nicolas Guillotin, prêtre, docteur en
théologie, curé de Saint-Maur, afferme à Charles-Marc-
Antoine d'Aiguière, chanoine à Saint-Pierre, la grande
maison du presbytère, confrontant d'un côté à la maison
canoniale de l'abbé Berthus, d'autre à celle de l'abbé Pon-
thon. (Minutes de Marsay).
Cn.WTERiE (La), maison de la Psalette, de « M. le chantre de
Saint-Pierre », se trouvait derrière Saint-Pierre et occupait l'es-
pace aujourd'hui couvert par le marché et le gynmase Palissy,
qui, lui-même, succède au salon ou cercle, transformé par M.
Marc Arnauld en chais.
1728, 19 juin. — Angélique Martin, fenwne de Pierre-
Nicolas de Lambalerie, ancien capitaine de cavalerie au
régiment de Lainbes, chevalier de Saint-Louis, demeu-
rant à La Grange, paroisse» de Sainte-Marie, afferme à
Pi(Mre Sarry, seigneur de La Chaume, conseiller, lieu-
tenant particulier au présidial, une maison, place Saint-
Pierre, confrontant au midi à la place Saint-Pierre, au
nord à la maison du sieur Vincent, dfun bout à la rue
Saint^Michel de l'occident, à Torient à la maison de la
Chantcrie, avec une écurie, rue des Récollets, confron-
tant au levant aux RécoUels, rue entre deux, au cou-
chant à la cour de la maison de Dumanche, ainsi que
du nord au midi à la maison de... (sie), (Minutes de
Senne).
1752. — La Chanlerie, vis-à-vis la place.
1753. — La Psalette, située rue des Chanoines, et oc-
cupée par le maître de musi(|ue de la ci-devant cathédrale,
avait jardin sur le quai.
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— 370 —
Cmaiuïé (La). \'oir Ilôpilal.
CnAMTRt: (poii). — Au bout de autre rue Saiiil-Pierre. 11 doit
èlre aussi \icux (|ue le chapitre lui-niôiue.
11 y eu avait deux, un sur chacui;c des rives. D'après un acte
tlu 0 août lOOi. des trabarres déchargent des pierres sur le port
(lia[)ilre, « de l'un et l'autre côté do la rivière de Charente ».
{Minutes de (^assoulet).
Le 10 s(^|>tembre 1(382 nous lisons dans un bail qu'une maison
louée confronte « du couchant à une petite ruelte qui va de la
^rand'rue au pré le roi, du midi au chemin qui va du port Cha-
pitre à Chaniers. (Minulcs d'Arnaud).
Les chanoines de Saint-Pierre ne veulent réparer la porte du
chapitre, ipioiqu'ils y aient intérêt, « à cause que les fruits de
leur terre abordent à ladicte porte. »
1617, 19 mai. — Pierre de Lignières, écuyer, sieur de
Penhac, tant en son nom que comme mari de Rachel Ga-
bard, demeurant en la paroisse de Cous, châtellenie de
Montandre, donne en échanue contre des terres situées
en la [>aroisse de Coust, à Elie Piaud, marchand, demeu-
rant il Saintes, la quatrième ]>artie d'une maison tubline,
située près le port Chapitre, et confrontant d'un bout à
la rue (jui \a de la place de Saint-Pierre audit port, d'un
côté n une autre rue par la(|uelle on va et vient de ladite
rue au puits appelé La Limousine, et vis-à-vis les écuries
et maison de la Chanterie, et d'autre bout à la maison de
l'ranr.ois Couldreau, et d'autre côté à la basse-cour de la
maison des héritiers de Nicolas Allain, qui sert actuelle-
ment de conciergerie et prisons « de cette ville ». Maison
iiulivise entre Pierre Bertrand, notaire, possesseur d'une
moitié, et Isaac de Lignières, écuyer, sieur de Penhac,
frère de Pierre, possesseur pour l'autre quart. {Minutes
de Sanson).
CiïATKAU (Le). — Si on écrivait l'histoire de celte vaste plate
forme on montrerait qu'elle est intimement liée à l'histoire de la
ville. Tous les conquérants, venus à Saintes, depuis l'origine de
la cité, ont occupé ce point culminant et ont attaché une grande
im[)ortance à s'en rendre maîtres : Gaulois, Romains, Barbares,
Visigoths, Normands, princes du moyen âge, rois de France,
rois anglais, en ont tour à tour pris possession.
Le seul fait qui nous importe, c'est de savoir qu'une construc-
tion militaire y fut établie. Nous n'en connaissons naturellement
aucune description, les textes anciens parlent souvent du châ-
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loau ou du (JK)njori, mais aucun lïe donne le moindre renseigne-
ment sur SCS dispositions, voire sur l'époque de sa fondation.
Peut-être utilisa-t-on primitivement, sinon un bâtiment romain,
du moins ses ruines.
Le plan de 1560 en donne un croquis auquel je n'ose accorder
grande confiance. La fantaisie, je le crains, a guidé la main d«
dessinateur. On peut admettre, cependant, que les bâtiments du
château féodal, le donjon, occupaient la place du couvent de la
Providence, le terrain sur lequel est bâti Thôpital restant vague.
Il est encore fort possible qu'il ait servi die demetire aux comtes
de Saintonge et aux représentants du roi ; mais il reçut, en cer-
taines parties, dos destinations diverses : logement de prison-
niers, grenier à sel, salle die grandes assises. D'après un texte
dos Acla publica, rapporté par Massiou (1), ces réunions solen-
nelles de la justice attiraient â Saintes une grande affluence ;
elles passaient pour les plus belles de tout le diocèse, et les
avocats les plus célèbres de la région s\ rendaient. Nous savons
toutefois que ces assises se tinrent en dehors du château (2).
Quatre-vingts hommes y furent mis en garnison en 1588 (3).
Il ne subsiste actuellement aucun vestige visible de cet antique
château, mais P. Vieuille connut de vieilles murailles, percées
d< fenêtres, encore apparentes en 1739 (4). Tous ces murs ont
disparu dans les aménagements successifs de la fonderie de
canons, du couvent des Carmélites, en dernier lieu de la Provi-
dence.
Deux petites églises ont trouvé leur place à Tinlérieur de l'en-
ceinte du château : Notre-Dame et Saint-Froult ou Saint-Frion.
I/uîvn et l'autre, existantes au XII* siècle (5), ont disparu au
XVI* siècle. Tabourin en parle comme de ruines ; il les vit de-
bout. Les Récollets, avant de se fixer sur le bord de la Charente,
habitèrent ces masures de Saint-Frion. Le procès-verbal rédigé
par H. de Montaigne, en 1615 (6), fait un triste tableau de cette
installation provisoire.
(1) Histoire, IH, p. 32.
(2) Pro domo ezlra caslrum Xanctonis ad lemndas SLSsiiiss XXXVIl lib.
Comptes d'Alphonse de Poitiers, 13i4, Archives historiques d a Poitou^ t. IV,
p. 181. Voir SsLint-MtLCOU,
(3) Archives du Poitou, XXVII, p. 351.
(4) Nouveau Irrité des élections, p. 157.
(5) CàrtuUire de Vabbaye,
(6) D'après Briand, Histoire de Véglise SA^ionf , II, p. 473.
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— 381 ~
La chapelle de Notre-Dame du château subsistait en 1682. Le
budget du domaine royal était encore, à cette époque, chargé de
payer « au chapellain de la chapelle Nostre-Dame en chasteau
de Xaintes, XX livres pour les messes et prières ordinaires qu'il
doit faire en ladite chapelle, et IIII livres pour le luminaire de
ladite chapelle » (1).
Le plan de 1560 place une église à gauche des murs du châ-
teau, tout en haut d'un escalier ; c*esl probablement Notre-Dame.
Celle chapelle, ainsi que Saint-Frion, dépendait du chapitre
à je ne sais quel titre. Le 19 août 1631, Charles de Cerizay, archi-
diacre, chanoine syndic du chapitre, averti que Louis de Pernes
a obtenu du roi, par arrêt du 27 janvier 1631, des maisons et
emplacements des démolitions de la citadelle, et que rempla-
cement de Téglise Notre-Dame du château n*est pas réservé,
s'oppose à la vérification et à Tenregistremenl. (Minutes de Ver-
Je n'indique que pour mémoire les grands ouvrages, fort coû-
teux, que de Pernes fit exécuter autour de la citadelle, au com-
mencement du XVIIP siècle. Masse les a dessinés avec soin, ses
plans en feront voir les contours.
Louis XIII, après la chute de La Rochelle, ordonna le déman-
tellement. Il resle encore l'éperon dit de la rivière. C'est le bas-
lion.
Le 18 août 1629, les Carmélites, alors logées dans le bas de la
ville, à l'angle de la rue diu Pontceau (aujourd'hui Port-Sô), et
la rue de l'Hôtel-de-Ville, prennent possession de terrains que le
roi leur a donnés à la citadelle. Elles s'installent, dans une partie
de l'ancienne fonderie, et y restèrent jusqu'à la Révolution.
Un fait que nous devons retenir, c'est la cession à la ville, par
les religieuses, d'un terrain nécessaire à l'ouverture d'une rue
« entre les murailles du jardin du roi (jardin de l'hôpital), et
l'enclos diesdiltes religieuses, au bout d'icelle on fera une porte
de ville dont le public recevra grand avantage. » (Briand, His-
toire, II, p. 320).
Cette rue a été élargie à dix mètres en 1860 (Bulletin Archives,
VIII, p. 414).
Un décret connu à Saintes le 12 juillet 1904 ferme les couvents
de la Providence et de Chavagnes.
Foulques de Matha (à la fin du XIII* siècle, après 1271) (voir
rue Juive), dit que « corne il eut une place soue propre davant
(1) Archivi, II, p. 410.
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— 382 —
le châlel de Xancles, que monsor Arnaut de Guavaston (preist à)
fère emparement audit chaslel que, par Dieu, si la place a mes-
tier à nostre seigneur le roy ne au chaslel que Tom li en face
(eschange) raisonable ailiers, o se non que la place li soyt ren-
due. » Le procureur nie que cette place soit à Foulques, et
« furent mis jadis en celé place les juys qui furent mort on châ-
tel de Xanctes et autres esploiz... » (Bulletin du Comité, 1883,
p. 35).
1437, mars ou mai. — Arrentement consenti par Pierre
Burel, prévôt de l'université des clercs, en faveur de
Nicole Courtaud, masson, « d'ung masuraux, coux, ver-
gier ou mote, assiz hors les murs de la ville de Xainctes,
en la paroisse Saint-Vivien et en la seigneurie de Rév.
Père en Dieu Msg de Xainles, tenant d'un cousté à la
mole de Jehan de Vaux et de Morin (ou Motin) de Lost,
et d'autre au chemin qui vient devers la grant tour du
chaslel et va vers Saint^Vivien, et du bout diarrière à la
mole qui fut de Penot Berlhommé, que tient à présent
Guillaume Berlhommé, son fils, el à la vigne de fanic
Lole, et davant au vieil chemin qui vient de l'église des
frères mineurs et vait à la maison de Chabirant.... » (Ar-
chives de Saint-Pierre, parchemin, cote 0 et cote JJ (29
décembre r447).
1544, 12 janvier. — Vente par Léonard Mnsson, maître
brodeur, demeurant h Saintes, à Jean Mègc, chanoine,
d'un jardin situé « au lieu appelle le Chasteau, près de
(ou paroisse de) Sainct-Frvon, confrontan d'ung couslé
au jardin de M* Jehan Roy, di'autre au jardin de Pierre
Drouhet, d'ung bout au chemin par lequel l'on va et vient
des Jacobins de cesle ditle ville à l'église Sainct-Fryon,
et d'autre bout h la ruhe des », moyennant douze
livres et ung boisseau de froment, mesure de Saintes.
(Minutes de Perrault).
1630, 24 décembre. — Louis de Pernes vend à Denis
Tourneur, notaire, l'emplacem^^nt du bastion qui est hors
de la citadelle et proche de la Porte Aiguière, appelé le
Bastion die la Rivière. (Recueil, IX, p. 160).
1644, 23 acfOt. Daniel Deschnmps, marchand, afferme
de Jean Piaut, « gagier du maire », une jM^tite pièce do
ferre labourable renfermée de murailles, proche les mur*s
de la citadelle, apellée le Bastion de la Rivière. (Minutes
de Dexmier).
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— 383 —
1648, 23 juin. — Extrait de la mezurc et herpanlemcn
faict ce jourdhuy, datte de ses [)résentes, par nous no-
taires royaux, herpanteurs jurés à Xaintes soubsignés,
prins d'office par Monseigneur de Lozon, intendant de la
justice au préson peys et autres lieux et par son comman-
dement, icelluy présent, du mas de terre ci-devant ap-
pelle le daujon entien de la sitadelle de Xaintes, duquel
les R. 0. religieuses carmélites ont heu le don du roy, en
le(juel est basly et édiffié leur monastère :
Et premièrement ont mezuré ung emplassement qui est
entre les meurs dudit monastère et icelluy qui renferme
le jardrain du roi, audit lieu de la sitadelle, icelluy dit
emplassement serven à chemin et contenan 20 carreaux
et demy, savoir, le pan de la muraille du couchant 52
toises 2 pieds, qui disent 17 chosnes 8 pieds, celluy du
nort 58 toises 4 pieds, qui dizent 19 chesnes 10 pieds,
celuy du levan 51 toizes 2 pieds, qui disent 17 chesnes
2 pieds ;
Item, le renclos dudit monastère, ainsy qu'il est ren-
fermé de murailles, avons trouvé contenir 3 journaux 26
carreaux et demy ;
Item, herpanté une pointe qui est hors les meurs dudit
monastère, de la part du levant, prenan du coing du mur
dudit monastère, du nort au levant à icelluy de la petite
maisonnette où demeure à présent ledit Bachellot, retour-
nan tout en pointe au coing de la muraille dudit jardrain
du roy, ladite maisonnette comprinse et trouvé contenir
47 carreaux
Revenant au total au nomibre de 3 journeaux 74 car-
reaux.
Faict le 23 juing 1648.
Hervé, herpanteur. Tamizier, notaire royal et
herpanteur.
1868, 10 janvier. — Délibération du bureau d'adminis-
tration de l'hospice, à propos des terres formant un tertre
de 1.400 mètres cubes, appelé le Cavalier, enlevées par
l'atelier de charité, moyennant 500 fr. (Bulletin des Ar-
chives, VIII, p. 414).
F.e plan de IJacurie marque un cimetière devarrt les bâtiments
de l'hôpital, le long du mur qui domine la rue des Ballets.
Voir rue des Cordiers.
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— 384 —
Château-Gaillard (voir les enseignes (1), et Porte Evêque,
cf. Documents, p. 391).
C'est un nom très répandu.
A Taillebourg, en 1406, il y a « une rue qui va du carrefour
des Barres appelle Château-Gaillart... » (2).
1409. — « Une petite place appellée Thôlel Gaillarl » (3). A
La Rochelle il y a une rue du Châleau-Gaillard.
Je note pour mémoire que dans certaines villes, à Bordeaux,
par exemple, Château-Gaillart indique une maison publique.
Le Chenil du Roi. (V. Grande Rue),
1462. — Jacques de Lousme, seigneur des Fontaines,
est tenu de bailler une dos maisons qu'il tient du roi, à
Saintes, « au chenier de mondit seigneur, pour mectre les
chiens » le roi devra les frais de nettoyage. (Bulletin Ar-
chives, VI, p. 67).
Dans quantité de villes on retrouve cette servitude.
Cheval blanc (canton du). — On va de là aux Monards (1642).
Cimetières. — Je réunis ici mes notes sur les différents cime-
tières de la ville. A noter que dans le langage courant des Sain-
tongeais, cimetière est toujours au pluriel.
Chaudruc de Crazannes a reconnu une nécropole gallo-
romaine proche la place des Cordeliers (Voyez ce moi). Une
autre se trouvait au lieu dit le Clousi, entre la route de Marennes
et le chemin ferré (4). On y a découvert, en 1889 et années pré-
cédentes, beaucoup d'indices d'inhumation par incinération. J'ai
recueilli un vase en terre rempli d'ossements et une petite clé de
coffret en bronze. C'est tout près du Clousi, qu'en 1871, fut dé
convertie fameux tombeau rempli de poteries, verreries et objets
de toilette, dont la majeure partie fut achetée par le musée de
Saint-Germain.
Le cimetière Saint-Maurice était proche de la Porte Aiguière,
ce qui laisse supposer que l'église (l^oîr Saint-Maurice), suivant
l'usage, se trouvait au milieu du cimetière, et non au milieu de
la rue d«s Notre-Dame.
Chaque paroisse avait son cimetière attenant à l'église (5).
(1) Reeneil, t. XIV. p. 368.
(3) Archivêi de SMintongê, XXIX, p« 79.
(3) Ibidem, p. 96.
(4) Cf. BulUtin, I, p. 339 ; Recnêil, t. X, p. 311.
(5) Masse a généralement omis de les noter. 1408, 3 avril. — Hélie Geof-
froy, prêtre, prévôt du bas-chœur, afferme au nom des clercs, à GuUlaume
Péré, charpentier, et A Angèle, sa femme, une maison, sise à Saintes, dans le
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— 385 —
Nous n'avons donc pas à nous occuper de ceux-là. Plus tard,
à une époque que, toutefois, je ne puis préciser, la ville eut un ci-
metière pour tes paroisses SainUPierre et Saint-Eutrope, près de
la route de Uochefort. Il fut vendu en 1852, mais on y laissa le
cimetière protestant. Vers 1835, la municipalité avait acheté, au
nord de la ville, un grand terrain qui est notre cimetière actuel,
dit de Saint-Vivien.
Le cimetière Saint-Pallais fut créé en 1881.
1679, 15 mars. — Maison qui « joint d'un côté au portai
des cimetières de Saint-Michel, d'autre côté à la rue de
la Poissonnerie. (Minutes de Montillon).
1774, 3 janvier. — Pierre Dangibeaud, prêtre, ancien
curé de Sainte-Colombe (démission 14 décembre 1772),
prend possession de la cure die Saint-Michel, sur démis-
sion de Claude Dangibeaud, en date du 30 décembre 1773.
Il se rend au cimetière « qui est renfermé par les murs
de la ville et les maisons de la Poissonnerie. »
Cimetière de la charité. — Bourignon (Recherches, p. 34),
parle de débris d'une inscription près la porte du cimetière de la
Charité. Il veut très vraisemblablement dire cimetière Saint-
Maurice, car il dit que ces quelques lettres se trouvaient sur
Vangle du bastion. Je ne connais qu'une charité à l'angle de la
rue die l'Hôtel-de-Ville et de la rue du Collège ; son cimetière
n'était certainement pas proche du bastion. On voit, en effet, un
débris de tombe portant une inscription mutilée dans le mur
d'angle du bastion, mais il est moderne, et je ne puis croire que
Bourignon s'y intéresse.
Cimetières protestants. — En 1640, les protestants ont un
cimetière tout près de la Porle-Evôque (1), et un autre à Saint-
Vivien (2), où était situé leur temple. En 1685, ils s'en étaient
créé un près de l'hôpital (3). C'est ce qui explique pourquoi dans
les actes on trouve tantôt « le cimetière de ceux de la religion
prétendue réformée » à Saint-Vivien, tantôt à la Bertonnière.
En 1689, l'un et l'autre furent vendus : celui de Saint- Vivien fut
adjugé, après enchères, à Nicolas Reau, chirurgien, moyennant
domaine de Tévèque « in feodo vocato de Bello Pedio, continua ex uno latere
et capite rue publiée per quam itur de ulmo cimeterii Xanctonensis versus
putheum a la Lemosine et ex alio latere cuidam viridario quod tenet Guiilel-
mus Futoti, clericus ». (Archives de Saint-Pierre, cote FF).
(1) Archives de SMintonge, XI, p. 331, XXIII, p. 55.
(3) Ibidem, XXIII. p. 55.
(3) ibidem, loco ciiàto.
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21 livres de rente ; celui de la Berlonnière, une somme un peu
inférieure, ù Jean Baccot. Les confronlalions de ce dernier sont
intéressantes à lire.
Les proleslants essayèrent d*en établir un à Saint-Paliais (1).
En réalité rien n'a été moins stable que leur cimetière. En
exécution de ledit de 1577, ils eurent un cinjetière à Magezy,
puis, en vertu de Tédit de Nantes, ils en eurent deux : un à Tin-
térieur de la ville, un dans le faubourg Saint-Eutrope ; ils au-
raient disposé encore d'un cimetière à Saint-Pallais, mais je
doute qu'ils l'aient eu. Les travaux de fortifications entrepris
par de Pemes leur enlevèrent la moitié du cimetière inlra muros.
Comme de juste, ils réclamèrent, et c'est alors qu'ils deman-
dèrent que pour l'exercice de leur religion, on leur abandonnât
lo faubourg Saint-Pallais. Ils interprétaient dans un sens trop
large un article des deux édits précités. On leur objecta qu'ils
so trompaient. Bref, le 31 août 1600, les commissaires de Cau-
nionl et du Refuge rendirent une ordomiance dont une copie
vidinié existe à la bibliothèque de Saintes. En voici le principal
passage :
« Ordonnons que pour premier lieu de bailliage accordé
pour l'exercice dic la R. P. R., il sera i>ennis à ceux de
ladite religion de faire bastir en un journal de terre qu'ils
choisiront près le lieu des Quatre-Porles par de\A le che-
min qui monte dudict lieu des Quatre-Portes vers la Mal-
ladrie en payant par eux la juste estimation au dire des
gens à ce cognoissans et cependant leur avons permis
de faire l'exercice die leur dite religion en ladite maison
des Quatre-Portcs.... ou autre en payant le louage.
Et pour le regard des cimetières par eux demandés, nous
avons ordonné que pour cet effect leur sera baillé gratui-
tement par le maire et les eschevins de ladicte ville une
place dans l'enclos d'iccUe quy est h la rue neufve, tenant
du costé du nort à ladicte rue et du costé du midy à la
maison de la Sorcelière (1), confrontant du levant au jeu
de paulme et du costé du couchant h la maison et jardiin
de Pierre Pailhou, sergent royal, contenant en tout soi-
(1) L* Inventaire des arréU du Conseil d'État (règne de Henri IV) signale
sous le n* 7490 un arrêt ordonnant aux protestants de Saintes de restituer à
dame Française de La Rochefoucauld le cimetière des pauvres de son
abbaye.
(2) J*ignore absolument ce qu'est cette maison de la Sorcellerie. C'est la
première fois que je l'ai rencontrée.
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xanle pieds de large et cinquante-quatre de large, et ce
au lieu du cimetière quy leur a esté occupé par les for-
liffications de la citadelle de ladicte ville, duquel le reste,
néanlmoins, leur demeurera pour servir à mesme eilecl. »
(o cimetière protestant, rue Neuve, ou rue du Collège, paraît
n'avoir jamais été exécuté, car on n'en trouve trace nulle part.
1079, 17 décembre. — Etienne Soulard, receveur des
consignations au présidial de Saintes, d^emeurant au port
des Frères, à Saintes, ayant charge de uiessieurs de la
religion réformée de la ville et faubourg, cède à Jean
Ravaud et Mathieu Méthé, marchand, un emplacement
qui est au bout du cimetière de ceux de la religion, fau-
bourg de la Bertonnière. (Minutes de Gillet).
1689, 23 juillet. — François Baudouin, avocat, et Jean
Lestellier, procureur en l'élection, directeurs de l'hôpital
général (1), afferment, moyennant 20 livres de rente, à
Jean Baccot, avocat au présidial, une pièce die terre « qui
a ci-devant servy de cim<>tières à ceux qui professoient la
religion prétendue réformée, sittuée dans le faubourg de
la Berlhonnière de la présente ville, paroisse et seigneu-
rie de Saint-Eutrope, confrontant du costé du levant aux
jardin cl coulombier du sieur Gourdin, du costé du cou-
chant à la maison et chay du sieur Méthé, du costé du
midy à la mette qui djessend de la fontaine de la cloche
au fleuve Charante, du costé du nort à la mette qui va
dudit fleuve à la grandVue de la Berthonnière », laquelle
terre a été adjugée par Sa Majesté audit hôpital. (Minutes
d'Arnaud).
A Saint-Pallais, nous notons plusieurs cimetières : un pour
les étrangers, un pour les pauvres, un pour Tabbaye évidem-
ment, et peut-être un quatrième si la désignation « pour les
pauvres » exclut l'entrée des riches. Cependant, comme Masse
n'indique qu'un seul cimetière (Voir le plan de Vabbaye), devant
l'église de Saint-Pallais. Il faut peut-être admettre que ce cime-
tière est celui qui fut établi sur le terrain de La Madeleine dont
il est question dans l'acte suivant, à la place du cimetière des
pauvres situé loin de là.
1663, 18 avril. — Echange du cimetière des pauvres
contre un lieu appelé La Madeleine.
(1) Une déclaration royale du 20 août 1684 donne aux hôpitaux les biens
des consistoires supprimés.
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Comme ainsy soit que très illustre, haulte et puissante
dame Madame Françoise de Foix, abbesse de Tabbaye
Notre-Dame, hors les murs de la ville de Xaintes, aye con-
sidéré que, pour la commodité des religieuses de son ab-
baye, et particulièrement de celles die son noviciat en
ladicte abbaye, il aeroil nécessaire de grandir le jardin et
renclos de sa dicte abbaye, ce qu'elle ne peult facilement
faire sans avoir un amplassement qui est proche et joi-
gnant le renclos de sadicte abbaye, appellée le cimetière
des pauvres, joignant aussy un jardin et bastimen appar-
lenans à ladicte dame, et du costé du nort à la rue publi-
que du fauxbourg Sainct-Pallais, qui va dudit Xaintes à
La Chapelle, appelle le Bourgneuf, ce qui auroit obligé
ladicte révérendie dame abbesse d*appeller messieurs les
curés dudict Sainct-Pallais, les fabriqueurs et une grande
partie des principaux habitans dudit fauxbourg, auxquels
elle auroit représenté la nécessité qu'elle a d'avoir ledit
amplassement appelle le cimetière des pauvres pour
agrandir comme dit esl son renclos, offrant de donner un
autre amplassement (1) pour servir de cimetière des pau-
vres, plus commode que le susdit, estant proche et joi-
gnant ladicte église de Sainct-Pallais et le cimetière d'ice-
luy, au lieu que l'autre en est beaucoup esloigné. Ce qui
ayant esté considéré par lesdicts sieurs curés, fabriqueurs
et habitans, et inclinant au dessin de ladicte révérende
dame et soubz le bon plaisir de Monseigneur l'illustris-
sime et révérendissime évesque dudit Xaintes, ont con-
senty l'eschangc desdicts deux amplassements, à la charge
toutefois que ladicte révérende dame fera osier les osse-
mens qui se trouveront audit cimetière des pauvres et les
faire porter en l'autre amplassement, avant que de le pou-
voir renfermer en son renclos, et par ce que ledit cime-
tière des pauvres est de plus grand estandue que l'autre
amplassement, ladicte révérende dame donnera quelque
récompanse à la fabrique dudit Saint-Pallais, ce que
ayant esté offert par ladicte dame et sur ce a esté passé
et accordé ce qui s'ensuit : pour ce est-il que aujourd'huy.
(1) Cet emplacement se nommait La Madeleine. Bien quMl ne loit pai
nommé dans le corps du contrat, c'est certain, parce qu'en tète ce notaire a
écrit la mention suivante : « Contrat d^eschanpe du cimetière des pauvres avec
le lieu appelé la Magdelaine. »
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— 389 —
datte des présentes, par devant le notaire royal en Xain-
longe soubsigné, et présen les tesmoins cy bas nommez,
ont esté en droit présen et personnellement establis ladicte
U. dame Françoise de Foix, abbesse de Tabbaye Nostre-
Uame — hors les murs de la ville de Xaincles, d'ime part ;
Messieurs M* Arnaud de Campgrand, Dominique de
Morlé, Jean Boulin et Pierre Dufau, prêtres, docteurs en
tiiéologie, chanoiiK's curés de Téglise de Saint-Pallais,
Pierre Braud, fabriqucur, M. Jean Dandonneau, huissier,
Arnaud Mollis, Pierre Prieur, Jean Petit, Louis Auger,
Jean Garsonnet, M* François Richardi, Julien Camus,
François Quineau, Ollivier Cheneveau, Pierre Berray,
Jean Devaudiel, Crespin Nimis, Jean Denis, Mathieu Gibet
lin, Jean Boureau, François Guyonnet, Damien Chas-
teau, tous habitans et demcuran ex\ ladicte paroisse de
Sainct-Pallais, d'autre part ; laquelle révérende dame a
délaissé en cschange par ces présentes ausdicts sieurs
curés, fabriqueurs <et habitans dudit Saint-Pallais, sçavoir
est : Tamplassement à elle appartenan situé et joignant
l'église et cimetière dudit Sainct-Pallais, d'un costé, et
d'un bout d'autre costé aux murailles du noviciat de la-
dicte abbaye, di'autne bout à la rue publique dudict Sainct-
Pallais et à la maison et appartenances de Jullien Camus
et encores à un masuraud appartenan aux héritiers de
ieu Nival, à la réserve toutesfois de quatre piedte de largeur
le long de la muraille dudit noviciat pour pouvoir les
i^riffonnor et faire les réparations nécessaires, pour ledit
amplassoment servir à perpétuité de cimetière des pau-
vres ; et pour retour et contreschange, lesdicts sieurs
curés, fabriqucrs et habitans ont délaissé et eschangé à
ladicte dam<î abbesse et à jamais ledit amplassement ap-
pelle le cimetière des pauvres, situé au Bourgneuf, qui
joinct d'un costé à la rue d'iceluy et d'autre costé et dos
doux bouts au renclos de ladicte abbaye et à un jardin et
maison appartenan à ladicte dame abbesse, qui sont hors
dudit renclos, quelle poura faire renfermer dans sondit
renclos, à la charge toutesfois ladicte damje abbesse fera
oster, comme elle a promis, les ossemens qui sont en ledit
cimetière des pauvres et les faire porter en l'amplasse-
mont par elle cy-dessus délaissé auxdicts sieurs curés,
fabriqueurs et habilans, au paravan lé pouvoir renfer-
mer, et pour la récompance demandée par lesdicts sieurs
«7
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— 390 —
curés, fabriqueurs et habitans, à cause de la plus grande
estandue dudit cimetière des pauvres à celle cy-dessus
délaissé par ledit eschange, ladicte révérendie dame ab-
besse a promis et sera tenue de faire faire deux murailles
ù ses despans, depuis la rue dudit Sainct-Pallais jusques
aux deux costés du port et entrée de sa dicte abbaye, qui
renfermeront le passage qui va dudict fauxbourg en la-
dicte abbaye, de la haulteur, profondeur et fasson que
sont les murailles qui sont à l'entour du cimetière diudit
Sainct-Pallais, lesquelles elle fera faire dans un mois pro-
chain Fait et passé en ladicte abbaye, au parlouer
d'ioelle, le 18* apvril 1663, en présence de Luc de Lafar-
guc, prêtre, docteur en théologie, intendan des affaires
de ladicte abbaye ; M* Barthélémy GroUade, instructeur
de la jeunesse, demeurant à Xainles, tesmoins à ce
requis.
F* DE Foix, abbesse de Xaintes. Lafargue, prêtre.
A. DE Campgrand. a. Mollis. P. Braud. 0. Chene-
DEAU. J. Garsonnet. Devaudel. Crespin Nimis.
B. Grollade. p. Prieur. Julien Camus. Louis
Oger. Quinaud.
Cassoulet, notaire royal.
Suit l'homologation dudit contrat par Louis de Bassompierre,
évêque de Saintes.
1764, 9 juin. — Jean-Etienne Bellou, notaire à Saintes,
faubourg Saint-Pallais, afferme à Pierre Corbineau, bou-
langer, une maison sise audit bourg, confrontant par de-
vant à la rue, par derrière à un cimetière servant aux
étrangers, au levant à l'ancien noviciat de Tabbaye, au
couchant à une autre maison appartenant à Bellou.
(Minutes de Senne).
1675, 29 août. — Vente d'un emplacement devant le
cimetière des pauvres, à Saint-Pallais, confrontant par
devant à la rue, d'autre bout au jardin de feu Jean Forcet,
le chemin potier entre deux. (Minutes de Cassoulet).
Ch. Dangiqeaud.
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— 391 —
II
LE CLERGE DE LA CHARENTE-INPERIEUUE
FENDANT LA RÉVOLUTION
EN 1789
I. — La Rochelle.
Le territoire du déparlement de la Charente-Inférieure, formé,
en 1790 (1), de la province d'Aunis el de la plus grande partie de
la province de Saintonge, contenait les évêchés de La Rochelle
cl de Saintes.
Lorsque, le 2 mars 1648, Innocent X transféra à La Rochelle
Tévêché de Maillezais, on détacha de celui de Saintes, l'île de Ré
(M. le pays d'Aunis, pour être incorporés au nouveau diocèse, qui
se composa de 331 paroisses divisées en 44 conférences, dont
onze pour TAunis et trente-trois pour le Poitou.
Vodci commuent étaient composées les onze premières (2) :
P Conférence de Dompierre, à laquelle assistaient MM. les
curés de Dompierre, Laleu, Saint-Maurice, Lagord, L'Houmeau,
Nieul, Saint-Xandre, Marsilly, Esnandies ;
2? Conférence de La Jarrie avec Aytré, Salles, Angoulins,
Saint-Rogatien, Clavette, La Jarrie, Périgny, Croix-Chapeau ;
3° Conférence de Vérines avec Angliers, Sainte-SouUe, Bourg-
neuf, Sainl-Médard, Montroy, Longèves, Nuaillé, Saint-Ouen ;
4® Conférence de Rochefort, Fouras, Le Breuil-Magné, Loire,
Yves, Saint-Laurent de la Prée, Le Vergeroux, l'île d'Aix ;
.V Conférence dei Thairé avec Ciré, Saint-Vivien, Ardillières,
Voutron, Ballon, Châtelaillon ;
0** Conférence de Mauzé avec Saint-Saturnin-du-Bois, Mar-
say, Lalaigno, Cram, Courdault, Amilly, Priaire ;
7° Conférence de Surgères avec Saint-Pierre de Surgères,
Saint-Georges-du-Rois, Saint-Germain de Marencennes, Saint-
Mard, Charenlenay, Landrais, Le Breuil-la-Réorte, Saint^Jean-
du-Breuil ;
8® Conférence d'Aigrefeuille, avec Saint-Christophe, Puyra-
veau. Forges, Bouhel, Virson, Vouhé, Le Thou, Le Cher et
Anaix ;
(1) M décembra 1789 ai 15 janvier 1790.
(9) Arcère, Histoire de La. RoehêiU.
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- 392 —
9" Conférence de Saint-Jean de Liversay avec Ferrières, Saint-
Sauveur de Nuaillé, Sainl-Cyr du Doret, Courçon, Taugon et La
Ronde, Le Gué d'AUeret, Saint-Martin de Villeneuve, Benon ;
10"* Conférence de Marans avec Andilly, Charron, Tlle d'Elle,
Villedoux ;
11" Conférence de Tîle de Ré avec les paroisses de Saint-Mar-
tin, Ars, La Flotte, Loix, Les Portes, Sainte-Marie, Le Bois et
La Couarde, annexes de Saint-Martin (1).
L'évêché de La Rochelle avait, d'après la déclaration (2) faite
en 1790, par M* Charles Louis Gabet, avocat au siège présidlal
de la dite ville, comme fondé de pouvoirs de Monseigneur l'E-
voque Jean-Charles de Coucy absent, un revenu de 104.015 li-
vres, sur lequel il y avait à d*éduire des chargeas annuelles s'éle-
vant à 51.693 livres.
Le chapitre de La Rochelle était composé de vingt-neuf mem*
bres ; 1" le doyen à la nomination de ses confrères ; 2" l'abbé du
chapitre à la noofnination du roi ; 3" les autres offices étaient à la
collation de l'évoque, ainsi que les vingt premiers canonicats, le
vingt et unième était à l'abbé de L'Abzie.
D'après les déclarations des revenus faites en 1790, et les re-
gistres des ventes des biens ecclésiastiques (3), on peut admettre
que les ^revenus des chanoines de La Rochelle égalaient ceux des
chanoines de Saintes. Gantier Pierre, chantre du chapitre recon-
naît un revenu de 4.755 livres. MM. Grenier, Joanne de Saint-
Martin, Gastumeau, Gonzargues, chanoines, avaient un revenu
de 3.000 livres^ « comme les autres chanoines, ajoutaient-ils »,
mais tous étaient grevés de pensions.
Par déclaration (4) du 18 février 1791, il est dit : « Le séminaire
est sans revenus fixes, il est totalement à la charge du clergé du
diocèse, qui paie les penvsions de MM. les directeurs et fournit
tous les meubles et effets nécessaires, répare et entretient les
bâtiments. » Il pouvait contenir quarante-cinq séminaristes.
Le nombre des bénéfices : abbayes, cures, chapelles, était en
Aunis seulement de 159, parmi lesquels on comptait les abbayes
de Charron, de Saint-Léonard, de La Grâce-Dieu.
(1) Par un décret du 38 janvier 1790, il fût décidé que lea paroisses de
Mauzé et de Priais appartiendraient au département des Deux-Sèvres. La
paroisse de Tlle d*EUe revenait à la Vendée.
(^ Arohives départementales de la Charente-Inférieure.
(3) Archives départementales de la Gharente»Inférieure.
(4) Archives départementales de la Charente-Inférieure.
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— 393 —
D'après le Poiiillé du diocèso de La Rochelle (1), fait en 1729,
on comptait trente-six prieurés dont l-e revenu variait de 60 livres
à 1.800 livres ; quarante-huit cures de 300 livres à 1.200 livres de
revenu ; cinquante et une chapellerii «s de 16 livres à 850 livres de
revenu. Ces chiffres sont inférieurs à la réalité.
Les principaux collaleurs étaient : Tévêque qui nommait à
58 bénéfices, les PP. de l'Oratoire à 12, l'abbé de Saint-Jean
d'Angély h 8, le roi à 8 ; les autres étaient h la collation d'évôques,
d'abbés, de princes, coimne les abbés de Montierneuf, de la Cou-
ronne, de Fonteombeau, de la Chastre, les princes de Condé,
etc., etc.
Les ordres suivants avaient des maisons en Aunis. A La Ro-
chelle on trouvait : les Augustins, les Capucins, les Carmes, les
Cordeliers, les Jacobins, les Lazaristes, les PP. de la Charité, les
PP. de l'Oratoire, les Minimes, les Récollets, les religieuses
Ursulin«s, les Dames blanches, les Dames de la Providence, de
la Sagesse, de Saint-Vincent, de Notre-Dame de la Charité, des
Saintes-Claires. Les Capucins avaient une maison à Marans, à
Saint-Martin de Ré et à Rochefort ; les PP. de la Charité étaient
à Saint-Martin ; les Minimes à Surgères. Les religieux étaient
peu nombreux. En 1789, l'abbaye de Charron n'avait qu'un seul
religieux : le prieur Louis-Joseph Desprez ; l'abbaye de Saint-
Léonard de la Chaume : un seul religieux, le prieur Charles Mo-
reau ; le couvent des Minimes de La Rochelle : un seul religieux,
le supérieur Théodore Valadon.
Les biens (2) des réirulrers étaient los plus importants et les
plus agglomérés, particulièremient dans les cantons de Co«rçon
et de Marans, ceux des séculiers étaient disséminés en un très
grand nombre de petites parcelles, plusieurs cures ne possé-
daient aucune terre. Les communautés de La Rochelle étaient
surtout propriétaires d'immeubles dans cette ville. Les conmian-
deries diu Temple (ordre de Malte), de Saint-Jean du Pérot, le
collège Mazarin de Paris, les Feuillants de Poitiers étaient pro-
priétaires en Aunis.
IL — Saintes.
Le diocèse de Saintes s'étendait sur une partie du bas-angou-
mois. Par un décret du 4 mars 1790, les territoires de Blaye et de
(1) Manuscrit de la|bibHolhèque de La Rochelle.
(2) D'après les registres desf ventes des biens ecclésiastiques (Archives dé-
partementales de la Charente-Inférieure).
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— 394 —
Barbezieux furent détachés de la Saintonge et incorporés, le
premier au département de la Gironde, le second à celui de la
Charente. Il complaît en vingt-quatre archiprôlrés 291 cures, en
tout 565 églises, cures ou succursales.
Les archiprêtrés étaient : Archiac, Arvert, Barbezieux, Beau-
vais-sur-Matha, Bouleville, Burie, Chalais, Cosnac, Corme-
Royal, Frontenay, Jarnac, Marenues, Matha, Monlendre, Mont-
guyon, Mortagne, Pérignac, Pons, Pont-l'Abbé, Saint-Jean d'An-
gély, Soubise, Taillebourg, île d'Oléron.
Le chapitre de la cathédrale, composé de vingt-quatre cha-
noines et de sept vicaires capilulaires, pourvoyait seul aux caao-
nicats, prébendes et vicariats.
Monseigneur de La Rochefoucauld avait neuf vicaires géné-
raux.
Le diocèse comptait trois chapitres collégiaux : 1" Saint-
Georges de Rex, dont les quatre canonicats étaient à la collation
de l'évoque de Saintes ; 2** Taillebourg, dont les quatre canoni-
cats étaient à la présentation de la famille de la Trémouille ; 3**
Sainte-Catherine de Magnac, dont les six chanoines et dieux se-
mi-prébeDdés étaient à la présentation du seigneur de Magnac.
Les grandes abbayes du diocèse étaient :
L'abbaye des Alleux, sur le territoire du diocèse de La Ro-
chelte.
L'abbaye de Bassac (Bèhédictins de la congrégation de Saint-
Maur), près Jarnac, dont le titulaire était Green de Saint-Mar-
sault du Verdier Joseph, prêtre du diocèse de Limoges, vicaire
général de Melda, aumônier de Madame Adélaïde de France,
abbé conmianda taire avec 3.000 livres de reveim (1).
L'abbaye de Notre-Dame de la Chastro, près Cosnac, revenu
2.400 livres.
L'abbaye dos Chateliers, unie à la mense épiscopalc de La Ro-
chelle.
L'abbaye de Saint-Léonard de la Chaulme.
L'abbaye de Saint-Léger.
L'abbaye de Saint-Liguairo, près Niort, dont le titulaire était
le doyen de la cathéclrale de Poitiei-s avec 9.000 livres de revenu.
(l) Nous empruntons ce chiffre et les suivants au PouUIé de M. l'abbé
Bonnerot, vicaire général de La Rochelle et Saintes. Manuscrit de la biblio-
thèque de La Rochelle.
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— 395 —
L'abbaye de Saintes, titulaire Madame de Baudean de Para
bère avec 140.000 livres de revenu.
L*abbaye de Tonnay-Charenle, titulaire Etienne-Antoine de
Boulogne, prédicateur de la cour sous Louis XVI (1). (La con-
ventualité avait cessé depuis longtemps).
L*abbaye de la Frenade en Merpin« (cisterciens), titulaire Zé-
phyrin Maury (2), 2.000 livres de revenu.
L'abbaye de Saint-Jean d'Angély (Bénédictins), titulaire Du-
plessis d'Argenlré, évêque de Limoges, 40.000 livres de revenu.
L'abbaye de Notre-Dame de Masdion, titulaire d'Hérisson,
chanoine de Saintes, 2.000 livres de revenu.
L'abbaye de Sablonceau (chanoines réguliers de Chancelade),
titulaire de Bourgogne, conseiller au parlement de Paris, 12.142
livres, 6 sols, 8 deniers de revenu (3).
L'abbaye de Saint-Etienne de Vaux, titulaire Castin de Gué-
rin de la Magdeleine, chanoine de Saintes, revenu 5.400 livres.
L'abbaye de Saint-Etienne de Baignes, titulaire L'Huilier de
Houvenac, revenu 6.000 livres ; la mense et les offices avaient été
réunis en 1787 à la fabrique du chapitre de Saintes et à l'évoque
de Bordeaux.
L'abbaye de Fontdouce, titulaire Alphonse de Sinety, aumô-
nier de la chapelle de la comtesse d'Artois, prieur de Bouteville.
La prébende monacale avait été unie à la mense abbatiale, le
reste au séminaire de Saintes.
Les registres des ventes des bicris ecclésiastiques portent en-
core les abbayes d'Asnière, de Cormeil à l'abbaye de Fontevault,
de Nuaillé, de Saint-Séverin, des Touches, de Trizay ou la con-
ventualité avait cessé depuis longtemps.
Le corps monastique était, aux abords de la Révolution, très
diminué et très ébranlé ; en vingt ans (1770 à 1790) il avait perdu
plus de 10.000 membres (en 1770, 26.674 religieux ; en 1790,
16.235). (4) Cet appauvrissement dans le personnel avait trois
causes, toutes trois étrangères aux religieux. La plus ancienne
(1) Grand eumônier de Napoléon I*', il fut évéque de Troyes et pair de
France sous la Restauration.
(1) Grand orateur de l'Assemblée nationale, devint cardinal et archevêque
de Paris en 1810.
(3) D'après Tétat des pensions ecclésiastiques. Archives départementales
de la Charente-Inférieure.
(4) Voir Ut commiêêion des réguliers, par Ch. Guérin, conseiller & la cour
dePtrif.
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— 396 —
était la commande, qui livrait à un étranger les plus clairs reve-
nus d^es monastères, en laissant aux religieux des charges aux-
quelles ils ne pouvaient suffire. L'édit du 25 mars 1768, qui in-
terdisait de recevoir les vœux avant 21 ans, était la deuxième
cause, a Depuis la fixation des vœux à 21 ans, nous sommes frap-
pés de stérilité, disaient les supérieurs ! » Quant à la troisième
cause, la plus récente, elle était dans les opérations de la commis-
sion dite des réguliers, composée de cinq archevêques et de cinq
parlementaires ; cette commission s'était arrogée le droit de véri-
fier les constitutions des ordres religieux, de les reviser, d'en
fixer de nouvelles, de déterminer arbitrairement le nombre des
religieux que devait renfermer chaque couvent, supprimant d'of-
fice la maison qui ne renfermait pas quinze religieux, ou qui, par
suite do décès, de départs ou de transférements, avait cessé d'at-
teindre ce nombre.
D'après cette législation, aucun monastère d'Aunis et de Sain-
tonge ne pouvait subsister.
« Tout, dit Taillet (1), annonçait en Saintonge l'extinction iné-
vitable et prochaine des ordres mendiants. Il y avait un certain
nombre de maisons, mais peu ou point du tout de sujets. Les
récollets avaient dix maisons et n'avaient pas lircnle religieux,
il y avait une douzaine de cordoliers répandus dans cinq maisons.
Huit ou dix jacobins dans (rois maisons, trois capucins, deux
augustins, deux carmes ; encore si ce petit nombre eût été bon. »
Les Lazaristes, au nombre de sept, dirigeaient le séminaire de
Saintes.
Le clergé séculier était nombreux ; nous avons recueilli les
noms de près de 900 ecclésiastiques ; nous donnerons sur le plus
^rand nombre quelques notes biographiques.
Les communautés de femmes étaient peu nombreuses. Les
Bénédictines, les Saintes-Claires, les Hospitalières étaient à
Saintes. Les sœurs de la Charité avaient des maisons à Saujon,
à Tesson, à la Tremblade, à Marennes et à Soubise. Les soeurs
de la Sagesse dirigeaient les deux hôpitaux de Saintes, Cognac
et Saint-Jean d'Angély, avaient un couvent de Bénédictines.
Le clergé tant séculier que régulier était propriétaire ; cha-
pitres, prieurés, cures (2), chapelles étaient pourvus de biens-
(1) Mémoire sur le clergé de Suintonge pendant U Bévolationy par Taillet,
vicaire général de Saintes.
(1) Le prieuré et la cure pouvaient appartenir è deux titulaires bien dis-
tincts ; les revenus étaient ordinairement très différents. Le prieuré de Stlnt-
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— 397 —
fonds. D'après Bonxierol, le total des revenus des cures était de
838.700 livres, soit une moyenne de 1.500 livres; beaucoup de
curés dépassaient ce chiffre ; il n'y avait que 80 congruistes à
700 livres, cinq seulement à 600 livres. Les prieurés, au nombre
de cent soixante, donnaient 238.740 livres, sans y comprendre
ceux dont la valeur n*est point donnée par Bonnerot. Rien n'in-
dique les revenus des fondations ou chapelles, au nombre de
deux cent neuf, ils pouvaient varier depuis 25 livres jusqu'à 900
livres. Le cumul des bénéfices augmentait encore les ressources
d'un archevêque, d'un curé, ou d'un simple congruisle. Augier,
secrétaire de Tévêque de Saintes, curé de Vanzac, au revenu de
L800 livres, était titulaire de onze chapellenies, dont l'une, celle
de Notre-Dame de la Visitation à la petite Flandre, près Roche-
fort, valait 900 livres. On pouvait être titulaire de plusieurs béné-
fices situés dans divers diocèses. Lecouflel, prêtre du diocèse de
Paris, était prieur de Saint-Georges de Didonne, de Saint-Ger-
main du Teil et de Magny. Reverdy, ex-cluniste, vicaire à por-
tion congrue, était prieur d'Arban et de Saint-Thomas. Nous
pourrions multiplier les exemples.
Le clergé de Saintonge était riche, son genre de vie ressem-
blait à celui d'un bon propriétaire rural.
Parmi les nombreux documents prouvant notre assertion, nous
citerons les deux suivants : le premier émane d'un curé qui re-
fusa le serment à la constitution civile ; le second provient d'un
prêtre jureur.
Jean-Pierre Laneau (1), curé de la paroisse de Sainl-Pallais-
de-Villars, adresse au district un mémoire détaillé des récoltes
qu'il a faites dans son bénéfice-cure, depuis l'année 1779 jusqu'à
Tannée 1789 :
« 27 1. la quart., froment, 176 boisseaux 1184 »
18 » méture, dans la composition de
laquelle sont compris et réunis
la baillarge et les agrains de
Georges d*OIéron ralail 30.000 livres, la cure de Saint-Georges d'Olëron ya-
lait 1.500.
Le prieurë-cure désignait les endroits où les deux bénéfices étaient réunis
BUT une nkème tète.
G^ qui distinguait une paroisse, c*était principalement les fonts baptis-
maux, la sacristie, un cimetière.
Les prieurés et les chapelles n'avaient point ces signes extérieurs.
(1) Archives départementales de la Charente-Inférieure.
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— 398 —
froment, 208 boisseaux 936 »
6 » avoine, 63 boisseaux 1/2 94 10
18 » pnkt, vaiM «t ^iiMi, 5 boisseaux 22 10
12 » blé d'Espagne, 157 boisseaux 271 »
18 » paille, 230 quintaux 1/2 207 9
28 » labarriq., vin blanc, 18 barriques 360 »
50 » vin rouge, 1 barrique 50 »
10 » chMTniiiHiies^, 80 livres 40 •
15 » le picot., grains de chanv. 16 picotins 12 >
Les agneaux 12 livres 12 »
3389 9
Dépenses.
J'ai donné aux métiviers,vin 18 •
Pour leur soupe et la nourriture des gens du treuil et
frais de comptant 13 »
Pour les frais de logement du vin ! 14 »
Pour mes décimes 141 »
Pour la rente de la maison et du pré 27 »
213 »
Reste net 3176 »
Observations. — La maison curiale de Villars est chargée de
25 livres de rento, constituées au profil du seigneur du fief de
Saint-Mathieu dans cette paroisse. Les seigneurs s'étant empa-
rés pendant les guerres de religion des différents domaines de
la cure, ainsi que de la maison dont à celle épocjuc ils chassèrent
le titulaire, les curés ont été obligés pendant plus de cent ans,
de louer une maison. En raimée 1678, M. de Floris, curé de Vil-
lars, acheta par acte que j'ai, la mau^on du seigneur du susdit
fief pour lui et les curés ses successeurs, il en paya de ses deniers
500 livres, formant le capital de la susdite rente de 25 livres. Les
curés n'ont jamais rien demandé à la paroisse en vue de cet objet
que j'ai continué à payer, ainsi que 40 sols de rente noble établie
sur 18 carreaux de pré, qui sont devant la porte du presbytère. »
Ce rapport est approuvé par la municipalité le 6 juin 1791.
Dans une lettre dat^c du 23 avril 1791, M. Laneau disait : je
n'ai aucune espèce de revenu attaché h la fabrique, pas même
une quél^ dans l'église, j'ai toujours fait à mes dépens les frais
du culte en entier. J'ai bâti la maison presbytérale et toutes les
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— 399 —
servitudes, j'ai rétabli en entier le sanctuaire de mon église et
j'ai aussi bâti la sacristie, le tout à mes dépens.
François-Louis Hospilel de L'Homandie, curé de Saint-Mar-
tin de Chatenac, fournit Tétat estimatif de tous les revenus de
sa cure depuis le 10 février 1779, époque de son entrée dans le
dit bénéfice. Nous citerons les revenus de Tannée 1789, qui fut
dit-il, une mauvaise année. Il avait eu, en 1786, 5.482 livres de
revenu.
« 25 1. h
i quart.,
froment,
81 q.
2 b.
1957
10
22 .
agrains.
6 q. 1/2
143
20 »
■Ain, kiillai|i tl |tàllNS,
12 q.
Ib.
245
22 »
seigle,
10 b.
Ip.
57
15
20 »
fèves.
13 q.
260
16 »
gisses.
2q.
32
7 »
avoine.
10 q. 1/2
73
12 »
ampentes,
8q.
96
12 >
blé d'Espagne,
20 q.
360
10 »
graine de chanvre
2q.
20
12 »
tkam m am pMil
200 q.
120
20 >le
quintal,
paille.
271 q.
271
20 »la
barriq.,
vin blanc,
32 b.
640
30 »la
barriq..
vin rouge.
2 b.
60
6 5
froment.
1 b. d'agrières
6
5
Une paire de chapons, une moitié de
géline et 12 sols
6 deniers en argent.
••
3
10
4345 >
Observations. — P On abandonne au métivicr la cinquième
partie des fruits pour frais de régie, je n'ai donc pas porté au
présent élat que les quatre cinquièmes, qui reviennent au déci-
mateur ; 2** je n'ai point porté en compte les frais de charroie de
vendange, je n'ai point non plus porté les pailles d'avoine et
d'ampenlc, parce que ces pailles sont données aux bouviers pour
prix de feurs charroies ; 3** les balles, les râpes, les courtes pail-
les, les gros agrains et la boisson paient ce qu'il en coûte pour
le raccommodage de la futaille, ainsi compensant l'un par l'autre,
je n'en parle point dans l'état ci-dessus ; 4** les charges du béné-
fice consistent en huit messes pour une fondation faite par M. de
Sainl-Hilaire, qui donna à la cure de Chadenac une grange avec
les quéreux qui l'entourent, laquelle grange et quéreux forment
dix-huit carreaux, arpents de Pons. »
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— 400 —
En 1783, M. de L^Homandiic avait entrepris de faire bâtir à ses
frais la maison presbytérale cL toutes les servitudes qui mena^
çaient mines.
A rencontre de M. Laneau, qui était un prêtre pieux, Ilospitel
de L'Homandia était d'après Honnerot : Sine (ide et sine mori-
bus.
Outre l'administration de ces biens, le curé avait la surveil-
lance de rinstruction et de l'assistance publiques, il tenait les
registres de l'étal civil, il était l-e conseiller et l'arbitre de ses
paiToissiens. Comptez tous les emplois qui ont été créés dans les
bureaux de nos mairies, et, vous comprendrez que l'existence
d'un curé au XVIII* siècle était bien différente dn celle du fonc-
tionnaire isolé et inoccupé, que nous connaissons aujourd'hui,
dans un presbytère, pour lequel un conseil municipal refuse sou-
\ ont les réparations les plus urgentes.
Voici comment se transmettait la jouissance de ces nombreux
bénéfices ou revenus joints à un office ecclésiastique (1). Les
dispensateurs de ces biens étaient : P Le roi. Il était conseillé
dans ses choix et ses faveurs par le ministre de la feuille des bé-
néfices. Que d'intrigues ! Séculiers, réguliers et laïques se dis-
putaient les gros revenus. Les manœuvres qui se font aujour-
d'hui autour de la direction des cultes, où siège le seul dispensa-
teur des évôchés, ne peuvent nous donner une idée de ce qu'était
l'agitation, au moment die l'apparition de la fameuse feuille des
bénéfices.
Certaines pérogativcs augmientaient encore le pouvoir coUa-
teur du roi de France ; par la régale, il percevait les revenus des
évôchés vacants, et en conférait tous les bénéfices non à charge
d'âmes. Le prélat nouvellement nommé était obligé de donner la
première prébende libre de son église cathédirale au sujet dési-
gné par le brevet du monarque, et qu'on appelait brévetaire du
serment de fidélité ; par le droit de joyeux avènement, le nou-
veau souverain désignait aux évêques et aux chapitres, un can-
didat pour le premier canonicat vacant, dans toutes les églises
cathédrales et collégiales du royaume ; évêques et chapitres
étaient tenus d'agréer Tèlu du roi ; par le droit de joyeuse en-
trée, le roi, en entrant dans une cathédrale, désignait un sujet
pour le premier canonicat vacant.
2* Le pape par les mandats, expectatives ou réserves revendi-
(1) Abbé Sicard.
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— 401 —
quait un bénéfice soit vacant, soit encore occupé par le titulaire.
Le concordat de Léon X et de François !•' amena en France la
suppression des mandais et réserves, mais les papes gardèrent
le droit de prévention. La prévention, comme son nom l'indique,
consistait à prévenir le coUateur ordinaire, en s'adressant à la
cour de Romie, par un banquier ««péditiomiaire, et, à obtenir la
collation du bénéfice à une date antérieure à celle de la collation
faite par le patron ordinaire ; de là les ruses les plus étranges et
des procès nombreux.
3^ Les chapitres, les aibbés, les abbesses des grands monas-
tères, les seigneurs qui par l'achat d'une terre, pouvaient être
juifs ou protestants, ou par le don du roi pouvait être la favorite
du jour. Les grands colla teurs du diocèse étaient, outre le cha-
pitre qui prétendait à une juridiction épiscopale sur 26 cures,
l'abbé de Saint-Jean d'Angély qui nommait à 36 cures et 14 prieu-
rés, l'abbé de Baignes à 28 cures et 16 prieurés, l'abbesse de
Saintes à 19 cures, M. Cosson, lazariste, curé de Saint-Louis de
Uochefort au diocèse de La Rochelle, nommait, comme prieur de
Saint-Vivien de Saintes, à onze cures de ce diocèse. Le nombre
des collateurs de tous genres pouir les cures et prieurés était de
cent environ ; pour les chapelles et fondations, les collateurs
étaient : le fondateur ou ses héritiers, les famill-es nobles, les
fabriques, etc.
4** Les gradaiés des uniwrsilés ; tous les bénéfices, dépendant
dies collateurs ou patrons ecclésiastiques, venant à manquer dans
les mois de janvier, avril, juillet, octobre, devaient être affectés
aux ecclésiastiques ayant leurs grades. Pendant toute l'année,
les bénéfices les plus importants, évéchés, collégiales, prében-
des, cures des villes, leur étaient réservés.
« On se fait difficilement une idée, dit Audiat, du nombre de
clercs qui chaque année, à Saintes notamment, notifiaient pen-
dant le carême, époque fixée, leurs noms et prénoms aux diffé-
rents collateurs avec diplômes à l'appui. 11 arrivait de là, que de
fort petites paroisses comtptant à peine quatre cents commu-
niants, comme on dûsait alors, avaient pour pasteur un docteur
en théologie. » C'est ainsi que Notre-Dame de Rochefort eut pour
curés des docteurs en Sorbonne.
5* Les titulaires des bénéfices pouvaient encore choisir leur
successeur par la résignation en fa\xîur ou la permutation. Par
la première, le bénéficier déposait sa démission entre les mains
du pape, à condition que le souverain pontile lui donnerait pour
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— 402 —
successeur celui qu'il désignerait, ainsi l'oncle avantageait sou-
vent son neveu.
On appelait permutation l'échange que deux personnes fai-
saient entre elles de leur bénéflces entre les mains des collateurs
qui étaient forcés de les conférer aux permutants. De là des con-
trats comme les suivants : Ayraud (1) Pierre, trésorier du cha-
pitre de La Rochelle, résigne sa charge en faveur de Bineau
Pierre-Charles- Henri, moyennant une pension de 1.500 livres.
Monnier (1) Pierre, ancien curé de Montroy, déclare, le 24 avril
1790, qu'il lui est dû, pour cause de résignation, sous forme de
permutation, par le curé actuel, 200 livres sur le revenu annuel,
à cause de l'inégalité des bénéfices oo-permutés. Ces permuta-
tions ne s'opéraient pas toujours sans difficultés.
En 1790, la paroisse Saint-Vivien de Saintes fut troublée par
une émeute, causée par la nomination du curé Doussin, désigné
par M. Cosson, curé die Saint-Louis de Rochefort, en tant que
prieur de Saint-Vivien. Les habitants voulaient pour curé leur
ancien vicaire, Pierre de Foix, nommé curé de Monac par Mon-
seigneur de La Rochefoucauld. Le comité ecclésiastique de l'as-
semblée nationale répondit que le différend ne pouvait être tran-
ché que par la permutation librement consentie des deux candi-
dats.
L'administration de ces biens, la perception des dîmes et autres
revenus, donnaient lieu à de nombreux conlrats. Pierre-Fran-
çois Ayraudj (2), prêtre licencié en théologie de la Faculté de Pa-
ris, prieur de Saint-Laurent du Bouhel, afferme en mars 1783,
les revenus de son prieuré pour la somme de 3.000 livres, à char-
ge de payer les dîmes, la portion congrue do cinquante livres au
sieur curé pour desservir le dit prieuré, plus une rente de 290
livres à l'abbaye de Montierneuf de Poitiers.
Les bénéficee se transmettaient à peu près comme des proprié-
tés, exactement comn^ nos charges d'avoué et de notaire. L'é-
vêque n'avait guère qu'une autorité nominale sur un grand nom-
bre d'ecclésiastiques.
Si l'autorité administrative die l'évêque était ainsi diminuée,
discutée et partagée, sa puissance de juridiction l'était également.
Le chapitre de Saintes s'arrogeait, sur 33 paroisses, un pouvoir
absolu, donnant des dispenses de parenté, connaissant des cau-
(1) Archives départementales de la Gharente-Infërieure.
(2) Archives départementales de la Charente-Inférieure.
(3) Archives départementales de la Charente-Inférieure.
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— 403 —
ses relatives au mariage, fulminant des rescrits en cour de Rome,
accordant des visa de démissoires, des pouvoirs de prêcher et de
confesser, malgré Texclusion par Tévêque, et d'absoudre tous
les cas qui ne sont pas expressénuent réservés au pape ; il con-
sacrait les calices, bénissait les vases destinés au culte et les or-
nements sacerdotaux, érigeait des églises, chapelles, autels, etc.
Il avait fallu une décision de l'assemblée du clergé de France
pour mettre (in à tous ces abus.
Le parlemient de Bordeaux voulait égaleraient faire acte de ju-
ridiction. Un curé de Saint-Bonnet, Jean-Baptiste David, avait
été suspendu par l'officialité, cet ecclésiastique en appela au par-
lement de Bordeaux qui leva la suspense. L'ofûcialité de Saintes
le revendiqua comme prêtre et le suspendit do ses fonctions. Il
faUut, dit Audiat, trois ans de débats, un parlemient, k conseil du
roi, rassemblée du clergé pour arriver à ceci : que dans Tordre
spirituel un tribunal laïque ne peut pas ôter, donner ou rendre à
un prêtre le pouvoir d'officiier ou d'absoudre.
Les bourgeois ou seigneurs en prenaient à leur aise. Un bour-
geois de la paroisse di'Asnières, Hardy, avait autorisé un prêtre
interdit à dire la messe dans sa chapellie, le 3 décembre 1785 ;
Monseigneur de La Rochefoucauld fut obligé de faire un règle-
ment à ce sujet
Ne peut-on pas trouver dans ces abus la préparation à ces
nombreuses prestations de serment à la constitution civile du
clergé, qui eurent lieu dans le département de la Charente-Infé-
rieure.
Le clergé, premier ordre de l'Etat, pourvu de grandes riches-
ses, attirait vers lui les fils de la noblesse et de la bourgeoisie.
Combien entraient dans les ordres comme dans une carrière quel-
conque. 11 n'y avait point encore de petits séminaires. Malgré
l'incrédulité du XVIIP siècle, la famille et la société gardaient
assez d'habitudes chrétiennes pour que le jeune clerc ne fut pas
élevé complètement à l'écart. Le règlement des collèges dirigés
par les prêtres n'était pas différent de nos petits séminaires, Ten-
xMgnement classique était le même pour tous, beaucoup plus lit-
téraire que scientifique, il gardait le programme dressé par les
jésuites au XVIP siècle. C'était la culture latine et catholique de
i'ftme française.
Monseigneur de La Rochefoucauld, dans les ordonnances syno-
dales du diocèse de Saintes, avait décidé que les enfants ne se-
raient pas tonsurés avant douze ans. Ils devaient être instruits
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— 404 —
des principaux mystères de la foi, commencer à entendre un peu
de latin, porter la soutane le dimanche «et la soutanelle sur se-
maine. Les études des aspirants au sacerdoce, ou grands sémi-
naristes, devaient avoir lieu au séminaire et non ailleurs sans
permission, pendant quinze mois pour ceux qui avaient déjà
deux ans de théologie dans une université ou dans un collège, et
pendant un temps plus long, proportionné à leur savoir, pour
ceux qui y entraient après leur philosophie.
Pour être reçu sous-diacre, il fallait avoir un revenu de cent
livres bien franches, qu*on ne pouvait aliéner sans autorisation
et faire preuve qu'il était sans litige.
Les archives municipales de Rochefort conservent les pièces
ecclésiastiques de Pierre Castagnary, dont la mère Suzanne
Gaudin se présente, le 3 février 1884, devant Pasquier, notaire
royal apostolique de Sainles, et déclare que : « Voulant seconder
autant qu'il est en elle la bonne intention et honorable désir que
Pierre Castagnary, son fils, clerc tonsuré, a de parvenir aux or-
dres sacrés, et lui donner moyen de vivre honnêtement en Tétat
ecclésiastique, elle lui constitue cent livres de rente et pension
viagère annuelle à conunencer la première fois, le jour qu'il sera
promu aux ordres sacrés de prêtrise et aussi de continuer, d'an-
née en année, le paiement de ladite somme jusqu'au jour, où le
dit sieur Castagnary, son fils, sera pourvu d'une cure.
Nous l'avons dit plus haut, les grades en théologie, qui étaient
la condition nécessaire pour obtenir les bénéfices, étaient fort
recherchés. Le clergé était lo corps le plus instruit de l'Etat. Pen-
dant tout le XVIIP siècle, nous voyons des ecclésiastiques dans
toutes les académies de province. Beaucoup d'entre eux ont lais-
sé l^ur nom parmi les promoteurs du mouvement scientifique
qui à illustré le XIX* siècle. Cependant à la fin du XVIIP siècle,
le niveau des études avait baissé, trop souvent on se contentait
pour recevoir un clerc au sacerdoce de deux années de latin et
de deux années de théologie. En Aunis et Saintonge, lee prêtres
instruits, pourvus de leurs grades refusèrent le serment à la cons-
titution civile.
Telle était l'organisation du clergé à la veille de la Révolution;
trois ans plus tard, tout avait disparu au milieu des cris de joie
des uns et de l'indifférence des autres. C'est qu'une organisation
ecclésiastique, si puissante qu'elle soit, ne peut se soutenir que
par la foi et la confiance des fidèles.
{A suivre). P. Lemonnier.
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— 405 —
LIVRES ET REVUES
UiCHARD (Alfred). Histoire des eomtes de Poitou, 778-1204
(Suite et fin).
IV
Le second volume de M. Richard se rapporte aux trois der-
niers quarts du XII* siècle et est entièrement consacré à Aliénor
d'Aquitaine ; à son père Guillaume VIII, dit le Toulousain ; à &es
deux maris, Louis le Jeune, roi de France, et Henri Plantagenet,
roi d'Angleterre ; enfin, à ses enfants, Richard Cœu«r de Lion et
Jean Sans-Terre. C'est la partie la moins originale d-e l'histoire
du Poitou et de l'Aquitaine, désormais confondue avec l'histoire
générale de la Fran<:*e. La captivante personnalité d'Aliéner
occupe encore la scène du monde occidental, mais en second
rôle. Elle passe d'une cour à l'autre, de Paris à Londres, avec
de fugitifs séjours à Poitiers. Son pays d'origine s'efface peu à
peu pour elle et les autres, et le tiiéâlre des événements domi-
nants est ailleurs. Le Poitou et l'Aquitaine sont tombés en que-
nouille. C'est pour toujours la fin de Tindépendance matérielle
et morale. Si Aliénor eût été changée en garçon à sa naissance
par quelque Mélusine patriote et prévoyante, qui sait ce qui serait
arrivé, dans sa longue existence dei soixante-quatre ans de
souveraineté I
Pour ne pas dépasser la mesure qui convient à cet examen des
faits relatifs à la Saintonge, qui se rencontrent maintenant pres-
que à chaque page, nous n'en retiendrons plus que deux, qui se
rapportent, l'un aux de Rançon, seigneurs de Taillebourg, et
l'autre k l'abbaye de Saint-Jean d'Angély ; ils sont traités, le pre-
mier au début et le second à la fin du volume, en additions.
Un personnage très remuant et très répandu dans les cours
d'Anjou, de Normandie et de Poitou, dans la seconde moitié du
XP siècle (1040-1100), fut Robert de Nevers ou de Sablé, qua-
trième fils de Renaud, oomte de Nevers, et d'Adèle de France,
plus connu sous le nom de Robert le Bourguignon. Petit neveu
d'Agnès de Bourgogne, il fut, selon Ménage, élevé auprès d'elle,
à la cour de Poitiers et à celle d'Angers (1). Après avoir circulé
(1) Loe. cit., chap. X, p. 70.
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— 406 —
en tous lieux, il alla mourir en Terre-Sainle, vers 1098, avec la
première croisade, laissant entre autres doscondanls : un fils,
Renaud de Craon, dit parfois le Bourguignon ; un autre fils
cadet, Robert de Sablé, appelé Vestrol, et parfois aussi le Bour-
guignon ; plus un petit-fils, fils cadet de Renaud, appelé lui,
d'une façon constante, Robert le Boui^uignon, comme son
grand-père (1). C'est ce dernier, dont tout le monde a fait jus-
qu'ici un girand maître des Templiers, qui nous intéresse, parce
qu'avant son départ pour l'Orient, il aurait joué un rôle actif en
Aquitaine, comme compagnon d'armes et fidèle de Wulgrin II,
comte d'Angoulême.
« Wulgrin et son aam Robert le Bourguignon, continuant à
agir ensemble, reprirent à Guillaume [VIII, duc d'Aquitanie],
les chftteaux de Chabannais et de Confolens, dont son père, Guil-
laume VII, s'était précédemment emparé sur Jourdain Eschivat.
On se rappelle (2) que Robert le Bourguignon devait épouser la
fille de Jourdain, mais, on ne sait pour quel motif, il renonça à
celte uniom et partit pour la Terre-Sainte, où il devint, en 1035,
grand maître des Templiers. Sur le conseil de Wulgrin, il aban-
donna sa future femme et la terre de celle-ci à Guillaume de
Matha, frère de Robert, seigneur de Montbron, ce que voyant,
le comte de Poitou pensa récupérer les dieux châteaux » (3). Ceci
se passait après 1126, puisque celte année-là, Wulgrin Taillefer,
comte d'Angoulême, et Robert le Bourguignon se trouvaient à
Poitiers, aux côtés du duc, lorsqu'il prit possession de son gou-
vernement (4).
Pour ce qui est de l'oricrine de ce Robert-là, dit le Bourgui-
gnon, M. Richard le fait, lui aussi, fils d<e Renaud de Craon (5).
Mais pour les autres qu'il cite, il estime que ce n'est pas le pre-
mier de tous, Robert le Bourguignon le fils du comte de Nevers
marié avec Avoise de Sablé, qui joua un rôle à la cour de Poi-
tiers et figura dans les plaids de justice du duc Guy-Geoffroy ;
mais son troisièm,e fils, Rober (0), dit parfois le Bourguignon
et plus souvent Vestrol, sobriquet qui lui est particulier. Il est
(1) HUioirê de Sablé, par Ménage, Paris, 1683, passim. — La maison de
Crâon, par B. de BroussiUon, Paris, 1893, passim.
[i) Volume I, chap. XV, GnilUume le Jtané, p. 492.
(3) Volume II, chap. XVI, GuilUuvM U Toalouêàin, p. 7.
(4) Idem, p. 2.
(5) Volume II, Table i^éoérale des noms de persouies et de lieux, p. 580.
(6) Volume I, p. 379.
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— 407 —
vrai qu'à la Ixible des noms il ne fait pas celte distinction, et
rapporte tous les Robert le Bourguignon qui comparaissent en
Poitou, de 1080 à 1092, au fils de Renaud de Xevors. Sa première
opinion ne paraît pas l'ondée, car Robert Veslrol, qui jouâ un
rôle secondaire et effacé en Anjou, n*esl jamais indiqué avec son
véritable sobriquet dans les litres relatifs au Poitou ; et C3 qu*ont
dit de lui. Ménage d'abord et M. de Broussillon ensuite (1), ne
le confirme point, au contraire; tandis que son père, élevé avec
son cousin Guy-licoflroy avait toutes raisons de revenir auprès
de lui.
Cependant, ce Robert le Bourguignon-là n'est pas celui qu'on
pense, c'est-à-dire un angevin transplanté en Aquitaine. C'est le
frère le i)lus jeune dWimeri et de Geoffroy de Rançon, fils comme
eux d'autre Aimeri de Rançon et de Bourguignonne, dont il avait
reçu son surnom. Robert de Rançon comparait avec ses frères et
sa mère dans touto une série de titres de l'époque, tantôt sous le
n(nn de Robert tout court (2), tantôt sous celui de l\obert le Bour-
miignon (.S). Parfois aussi, il prend le nom d'o Robert de Rançon,
comme dans le litre de l'église de Saint-Vivien de Saintes, rap-
porté par Besly (i) et cité par M. Richard lui-même (5), sans
soupçonner qu'il avait affaire au même personnage.
Ainsi s'éclaire le passage un peu confus et s'expliquent quel-
ques mots altérés de l'Histoire des pontifes et comtes d''Angou-
lùinc, restés jusqu'ici incompréhensibles : Robertn Burgundio,..,
cl Rancone (0). La partie pointillée et corrompue du membre de
phrase était lue avec doute Amuria ou Anuria par les divers édi-
teurs (7), ce qui n'avait aucun sens. Nous remplaçons cette an-
cienne lecture par la suivante : Roberlo, Burgundio [A MATRE],
(1) Loc. cit.
(2) CartuL de Saint-Cyprien, par Rédet, charte 355, p. 219. — Monàêt de
MonUzai, dans dom Fonteneau, t. XVHI, p. 271, et Mém Soc Anliq. Ouest,
t. XX, 1853. — Abbaye de La Grenelière. Bulle du pape Luce II en faveur
de Tabbaye de Fontdouce. dans dom Fonteneau, t. IX, p. 93. — CartuL de
Saini-Amand de Boixe^ in Arch. Charente.
(3) Premier carinl. de VAbsie, in Arch. hist , Poi(oa, t. XXV, p. 43. — Car^
tul de Saint-Cybard, aux Archives départ., de la Charente, AAA, f^" 430 v*
et 431 vo. Communication de M. de La MarUnière.
(4) Histoire des comtes de Poitou. Preuves, p. 468.
(6) Volume II, p. 6.
(6) Hist. pontif. et comitnm engolism., édition Castaigne, p. 46.
(7) Labbé, ^ova bibliolheca, t. II, p. 360. — Hist. de France, t. XII, p.
305. En note : Locus hic valde comiptus, quem sanare aliunde non licat.
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— 408 —
el Rancone^ qui comprend dans sa partie restituée le même
nombre de lettres, qui conserve les deux premières, plus la qua-
trième, qui rend sa raison d'être au mot et (aussi) et à l'ablatif
Rancone, et qui donne un sens naturel qui lui manquait au pas-
sage tout entier. M. Castaigne avait supposé qu'il pouvait s'agir
d'Aimeri de Rançon (1). Et M. Richard d'y voir sans hésitation
un second personnage de ce nom, inscrit après Robert le Bour-
guignon (2). C'est par de pareils procédés, un auteur renchéris-
sant sur l'autre, que s'accréditent les légendes et les erreurs his-
toriques.
Ainsi s'évanouit également l'idée d'identifier ce Robert le
Bourguignon avec le fils de Renaud de Craon, puisque parmi les
fidèles mêmes du comté de Wulgrin et d:ans la maison de Ran-
çon, en possession depuis un siècle de l'important château de
Marcillac, se trouve un autre Robert le Bourguignon, tout aussi
authentique. Pas besoin d'en faire venir un autre de si loin. Ce
serait désormais contraire à un texte rectifié et remis en concor-
dance avec ce que nous savons de par ailleurs.
Pourquoi Robert de Rançon portait-il le surnom de Bourgui-
gnon, si particulier aux seigneurs de Craon et de Sablé, et dont
il sednblait être l'apanage exclusif ? Tout simplement parce que
Bourguignonne, sa mère, femme d'Aimeri de Rançon, était
fille du premier Robert le Bourguignon et sœur de Renaud de
Craon, et parce qu'il avait pris comme son cousin-germain le
nom de leur grand-père commun. Aucun texte, il est vrai,
n'établit cette parenté. Mais elle se déduit suffisamment de cer-
taines circonstances significatives.
D'abord, si le fils aîné d'Aimeri et de Bourguignonne s'appelle
Aimeri, comme c'était de règle à cette époque, le second s'ap-
pelle Geoffroy, prénom qui apparaît pour la première fois dans
la maison de Rançon, où un cadet recevait depuis un siècle le
nom d'Ostent. Ce nom de Geoffroy provient évidemment die la
famille de la mère et du principal prénom de cette famille,
comme il était alors de règle également. Or, c'est justement le
prénom porté par le chef de la maison dans laquelle Robert de
Ncvers, surnommé le Bourguignon en raison de sa provenance,
était entré par son mariage avec Avoise de Sablé (3). Avant
Renaud, son successeur à Craon, et Robert, son successeur à
(1) For««?i Aimerico de Rancone, dit-il, loe* eit
(2) Volume I, p. 499.
(3) Ménage, loe. eU., chap. X, 7#.
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- 409 -
Sablé, Robert le Bourguignon lui-même avait eu un autre fils,
nommé Geoffroy (1), qui no lui succéda pas. Le troisième fils
d'Aimeri et de Bourguignonne reçut le nom de Robert, inconnu
aussi jusque-là chez les de Rançon et assez rare alors dans les
familles princières d'Aquitaine. C'était sans doute à cause de
la notoriété de son grand-père matemed, ainsi que nous l'admet-
tons. Et pour mieux accentuer encore cet acte de déférence et
d'intérêt, on y joignit aussi plus tard le surnom que la mère
elle-même portait.
Il serait bien extraordinaire que le hasard pur ait fait que 1«3
deux fils cadets d'Aimeri de Rançon, au détriment de prénoms
héréditaires du côté paternel, aient reçu tous les deux à la fois
les prénoms propres et surtout le surnom si spécial d'une
maison angevine. Le fait, au contraire, devient tout naturel,
s'il est la conséquence d'un brillant mariage. A qui Aimeri
de Rançon pouvait-il s'allier dans une condition supérieure
à la sienne, sinon à la fille d'une première notabilité du moment,
comme l'était Robert de Nevcrs, dit le Bourguignon, parent du
roi de France?
D'autre part, nous savons qu'en 1086, Robert le Bourguignon,
qui fréquentait alors en fidèle la cour de Guy-Geoffroy, duc
d'Aquitaine, posséd'ait la huitième partie d'une écluse à poissons,
située sur la Sèvrc, entre Damvix (villa Celesium) et le port de
Maillé (2). En 1108, cette même huitième part est aux mains diu
seign-coir de Benêt (dominus Bennaciacî) (3). Or, à cette môme
époque, vers 1120, les seigneurs de Benêt sont Aimeri et Geoffroy
de Rançon, les fils de Bourguignonne (4). Il est plus que probable
qu'il s'agit là d'un héritage de famille, et que Robert le Boui^ui-
gnon avait laissé le château de Benêt à sa fille et à son gendre,
Aimori de Rançon, et que c'est ainsi qu'il échut à leurs enfants.
Quoi qu'il en soit, maintenant que nous connaissons certaine-
ment deux Robert, portant le surnom de Bourguignon et vivant
en môme temps, l'un angevin et l'autre saintongeais ou angou-
moisin, quel est celui qui devint grand matlre des Templiers 7
Ménage, qui n'en connaissait qu'un, le fils de Renaud de Craon,
(1) Maison de Craon^ par Bertrand de Broussillon, I, p. 49 et 50 ; II, p. 303.
(2) Cariai, de Saint- htaixent, par A. Richard, charte 159, I, p. 192.
(3) Idem, charte 225, 1, p. 252.
(4) Cartnl. de Montiernenf, dans dom FonUneau, t. XIX, p. 161. » Cariai,
de VAbsie, in Arch. hiat. de Poitou, t. XXV, p. 35 et 30.
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-. 410 -
avait conclu naturellement en sa faveur (1), et il a été suivi avec
un ensemble complet. Bien plus, ce qu'il avait énoncé avec ré-
serve, à la suite de Du Chcsiie, c'csl-à-dire le rôle préalable joué
en Aquitaine auprès du comte d'AngouIême par son jeune
héros, était devenu, depuis, une donnée positive. Néanmoins, il
planait une ombre sur ccïtte origine. Robert le Bourguignon, le
second grand maître du Temple, était dit aquitain {nobilis carne
et moribus, dominas Roberius, cofjnomine Burgundio, nalione
AquUanicus) (2), ce qui convenait à peine au fils de Renaud de
Craon, né au duché de France ou de Gaule, comme on disait
alors (3).
Pour nous, le grand maître du Temple connu sous le nom de
Robert le Bourguignon était de préférence Robei t de Rançon, dit
le Bourguignon, Tami du comte Wulgrin et le mari manqué de
l'héritière de Chabanais et de Confolens. Cela résulte d'abord de
. sa qualité incontestable de noble aquitain ; puis de sa disparition
du pays, vers 1136, quand Raymond, frère du comte de Poitiers,
partit pour Antioche av-ec de nombreux che\alioi6 aquitains (4) ;
enfin de l'accueil que Louis VII et Geoffroy de Rançon, son frère,
reçurent de lui en Orient, lors de la seconde croisade, en 1148.
Ce dernier fut même chargé par le roi de lui payer une somme
de trois mille sous en monnaie poitevine (5). En sa situation de
dernier cadet de famille, il aura préféré les aventures plus pi-
quantes d'une carrière mouvementée dans le Levant aux luttes
plus banales d'un simple châtelain d'Aquitaine, celui-ci dût-il
être prince de Chabanais et marcher de pair avec ses aînés. Il
mourut le jour des ides, 13 janvier 11^9 (6), après avoir assisté,
en mai 1148, à l'assemblée générale des princes croisés et s'être
joint à l'armée de Louis VII (7).
Nous ne laisserons pas ces de Rançon, princes de Taillebourg
en Saintonge et de Marcillac en Angoumois, sans faire remar-
quer combien M. Richard en prend à son aise avec eux. La pre-
mière fois qu'un Geoffroy de Rançon se présente sous sa plume,
(1) Histoire de Sablé, liv. III, chap. XIII. p. 79.
(2) GuiUaume de Tyr, liv. XV, chap. VI.
(3) Étude Mur le règne de Robert le Pieux^ par Pflster, p. 131 et 132.
(4) A. Richard, vol. II, p. 46.
(6) Guillaume de Tyr, liv. XV, chap. VI et liv. XVH, chap. I. — Lettrei de
So^er, in Hist. de France, t. XV, p. 409 à 502.
(6) MiUngei historiques. Choix de documents, publiés par le Ministère de
rinatruciion publique, t. IV. Paris, 1892.
(7) GuiUaume de Tyr, loe, cit.
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— 411 -
c'est en 1122, à propos die Tasile donné par lui à Vouvant au ^ei^
gneur de Parthenay et à sa mère, pourchassés par le duc d'Aqui-
taine (1). Il le suit à la croisade, en 1147, et admet qu'il s'agit en-
core du môme en 1173, lors du soulèvement de la Saintonge en
faveur d'Aliénor contre Henri, roi d'Angleterre, son mari (2), et
en 1178, lors du siège et du sac de Taillebourg par son fils Ri-
chard (3). Il dit même à ce propos que « l'ancien confident d'Alié-
nor, grâce à sa haute faveur, avait considérablement accru ses
richesses, [et] avait pris une part active au soulèvement de 1173 ».
Enfin, il ne le fait mourir qu'en 1194, au moment où Richard
allait à nouveau s'emparer de ses forteresses, Taillebourg et Mar^
cillac (4). Tout cela le rendrait fort vieux et lui donnerait plus
de 70 ans de vie active et batailleuse, ce qui dépasse du double
la moyenne des barons de l'époque.
M. Sénemaud, dans sa notice sur la principauté de Marcillac,
avait dit, au contraire, que Geoffroy de Rançon, qui commandait
les croisés poitevins, en 1147, était mort après son retour en
France, en laissant un successeur, nommé aussi Geoffroy, qui fut
loule sa vie l'ennemi des Anglais (5). C'est ce dernier qui paraît
avoir raison, et si un Geoffroy de Rançon mourut en 1194, ce ne
;»eut être que le fils, l'ennemi des Anglais, bien payé pour l'être.
Néanmoins, aucun documont jusqu'ici ne peut nous fixer sur
l'époque de la mort du premier Geoffroy de Rançon, lequel
dut s'éteindre entre 1150 et 1155.
Quand eut lieu, au juste, la découverte du chef de saint Jean-
Baptiste à Saint-Jean d'Angély î C'est un point d'histoire resté
jusqu'ici indécis, car la Chronique d'Adémar de Chabannes, qui
relate le plus au long les circonstances (Je cette invention, em-
ploie dans ses diverses rédactions une expression vague pour
en désigner l'époque. En ce temps-là (temporibus ipsis, per hos
dies), dit-elle, Dieu daigna illustrer le règne (lempora) du duc
(1) Volume I, p. 490.
(3) Volume II, p. 17S.
(3) Idem, p. 197.
(4) Idem, p. 393.
(5) Notice hi»i, «or U principanié de MàreilUcy par Ed. Sénemaud, 1863,
p. 38.
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- 412 —
Guillaume (1). Les autres chroniqueurs qui en ont parlé en pas-
sant ne précisent pas davantage : ces jours-là (illis diebus), dit
Pierre de Maillezais (2) ; à une certaine époque, du vivant du duc
d'Aquitaine Guillaume le Grand (quodum lempore, vivenie Ma-
gno Gnillelmo Duce Aquitaniœ), dit l'auleur anonyme de la Vie
de saint Léonard (3). Seule, une vieille chronique manuscrite et
anonyme, citée par Besly, est plus explicite : en Tan du Seigneur
1010, du temps du duc Guillaume d'Aquitaine, la tête de saint
Jean-Baptiste fut trouvée dans la basilique d'Angéry par l'abbé
Audouin, au mois d'octobre (4).
Aussi, les plus récents éditeurs de la Chronique d'Adémar onW
ils émis des doutes. Waitz avait dit en note : l'an 1010, que l'on
admet généralement, me paraît fausse (5). M. Chavanon repro-
duit la date de 1010 sans discussion (6). Quant à M. Lair, il se
contente de rappeler l'opinion de ses devanciers et d'ajouter que
ce fut certainement avant 1020, date de la mort de l'évêque Gui-
raud [pour Géraudf] de Limoges, qui assista aux fêles données à
cette occasion (7) ; ce qui n'est pas valable, puisque cet évêque
mourut quelques années plus tard (8).
M. Richard, de son côté, ne pouvant vérifier la chronique
innommée publiée par Besly, dont le texte n'a pas été retrouvé,
et mis en méfiance par l'indication du mois d'octobre, tandis qu'il
est avéré que celte découverte eut lieu pendant le séjour du duc
Guillaume à Rome, en temps de carême, s'est demandé s'il n'était
pas possible de fixer une date plus convenable. Après avoir lon-
guement cherché à quelle année pouvaient s'appliquer les indi-
cations fournies par les textes que l'on possède, il s'est arrêté à
l'année 1014. Voici ses motifs :
L'évêque de Limo£«es, Géraud, et beaucoup de Limousins vin-
rent à Saint-Jean d'Angély avec les reliques de saint Martial. Ce
voyage s'effectua pendant le temps que le chef fut exposé sur
Tordre du duc Guillaume à l'adoration des fidèles, c'est-à-dire
peu de temps, semble-t-il, après sa découverte. Or, l'évêque Au-
(J) ChroiUque d'Adémar de Ghabannes, liv. HI, chap. LVI; édition Lair, p.
211-316.
(3) Liv. II, chap. IV, in Besly, HûL des comtes de Poitou. Preuves, p. 333.
(3) Besly, ûfem, p. 335.
(4) Besly, idem, p. 335.
(5) PcrU, Seriptores, t. IV, p. 147.
(9) Chronique d'Adémar, édil., Chavanon, p. 179.
(7) Loc. eii„ p. 311, note 3.
(8) Voii» ci-après.
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-418 -
douîn, prédécesseur de Géraud, n'est mort que le 23 juin 1014,
et Géraud lui-même ne fut élu et installé qu'au mois de novembre
suivant, le iour de la fête de saint Théodore, c'estrà-dire le 9 no-
vembre. Par conséquent, ce n'est qu'en octobre 1015, au plus
tôt, qu'il put venir comme évêque au pèlerinage de Saint-Jean
d'Angély. Cela résulte pour M. Richard de divers textes combi-
nés: charte de Noaillé du 30 septembre 1028 (1), inscription tumu-
laire de Géraud (2), chroniques d*Adémar de Ghabannes (3), de
Bernard Hier (4), et de Maleu (5). D'autre part, Adémar de Gha-
bannes rapporte qu'au retour de sa visite à Saint-Jean d'Angé-
ly, le roi Robert rentra à Orléans après avoir été magnifiquement
reçu par le comte de Poitou (6). Or, il est établi, dit-il, que Robert
fit un long séjour à Orléans dans le courant de novembre
1014 (7). — Conclusion naturelle: il est donc fort probable que le
roi de France vint à Saint-Jean d'Angély au mois d'octobre 1014,
un an avant l'évoque de Limoges. La découverte du chef die saint
Jean-Baptiste ayant été faite pendant le carême, M. Richard es-
time, quelque hypothétiques que ces calculs semblent être, dit-il,
que ce fut au carême de 1014, l'année même de la venue du roi
Robert, [c'est-à-dire autour du 1*' avril, puisque cette année-là,
Pâquips tomba le 25 de ce mois] (8). — M. Faye était, du reste,
déjà arrivé à un résultat analogue, en s'appuyant sur les mêmes
documents, dès 1850. Mais avee Besly et Maichin, il préférait la
date de 1018 (9).
Les deux éléments principaux sur lesquels M. Richard base
son opinion sont, l'un inexact, et l'autre à peu près illusoire.
En effet, Géraud, évêque de Limoges, n'est pas mort, comme
il le prétend (10), le 11 novembre 1022, mais bien le 11 novembre
1023, puisqu'il se trouvait, ou tout au moins vivait encore, le
6 aotit précédent, lors de l'entrevue qui eut lieu cette année-là
entre le roi Robert et l'empereur Henri, à Mouzon, sur les bords
de la Meuse, et où fut donnée une charte relative à l'église de
(1) Archive» de la Vienne, original Noaillé, n» 86.
(2) Bail. soc. antiq. Ouest, !'• série, t. VI, p. 109.
(3) Liv. III, chap. XXXXIV, édition Chavanon, p. 172.
(4) Chroniques de SaM- Martini, par Duplès-Agier, p. 46.
(5) Chronique de Maleu, par Tabbé Arbellot, p. 31.
(6) Loc. ci(., édition Lair, p. 213 et 214.
(7) Etudes sur le régne de Robert le Pieux, par Pfister, p. 74.
(8) Gàlliû, I, A la suite du Glossaire.
(9) Bull. Soe. Antiq. Ouest, loc. cit., p. 117.
(10) Volume I, p. 179.
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Limoges (1). C'est, du reste, la date de 1023, que donnent pour la
mort de cet évoque la Chronique de B. Hier (2), et les Annale»
de Limoges (3). Isolée ainsi, la Chronique de Maleu, qui donne
1022 (4), ne peut prévaloir contre un document formel de Tépo-
que. Or, comme la Chronique dWdéniar (5) et Tépitaphe de son
tombeau, trouvé «i Cliarroux (0), s'accordonl à dire qu'il siégea
huit ans, ce n'est qu'au mois de novembre 1015, le mardi 9, jour
de la Saiiit-Théodort; (7), qu'il devint évoque, ci qu'au mois d'oc-
tobre 1016, au plus tôl, qu'il put venir en pèlerinage à Saint-Jean
d'Angély avec les limousins. Voilà qui recule d'un an le dé-
compte de M. Richard, à son sujet.
Que le prédécesseur de Géraud soit mort on 1014, comme l'in-
dique la Chronique de Maleu (8), et aussi la Chronique de B.
Itier (9), cela n'infirme en rien la date de son élection, ni surtout
la date de sa mort après huit ans d'épiscopat, car avant lui, le
siège de Limoges a bien pu rester plus d'un an vacant. Cette
longue vacance est d'autant plus probable, qu'il y avait des dif-
ficultés sérieuses à la nomination de Géraud. D'abord lui-mêmfi
était un grand seigneur laïque, et, malgré l'intervention directe
du duc Guillaume, les évêques hésitèrent beaucoup à lui conférer
les grades ecclésiastiques (10). Puis, Tarchevôque de Bourg-es,
Gauzlin, métropolitain de Limoges, n'était pas en mesure de le
consacrer, parce qu'il n'avait pas encore réussi à prendre pos-
session de son archevêché, bien que nommé depuis l'an 1013 ; ce
qui obligea finalement le duc Guillaume à faire intervenir Seguin,
archevêque de Bordeaux. Pour sauver les apparences, le sacre
eut lieu à Poitiers (11). Comme nous n'avons pas la preuve que
Géraud succéda aussitôt à son oncle Audouin, comme le dit M.
Richard (12), il est infiniment préférable d'admettre une vacance,
(I) Pflstep, loc. cit. Diplômes inédits de Robert, n» 8, p. 54.
(a) Loe. cit.
(3) Pertz, Monamentu Gsrm%nise Scriptores, H, p. 351 et 252.
(4) Loc. cit.
(5) Liv. 111, chap. L, édition Ghavanon, p. 174.
(6) Loc. cit.
(7) Voir M. Richard lui-même, I, p. 179, note 3.
(8) Loc. cit.
(9) Loc. cit.
(10) Chron. d'Adémar, liv. III, chap. XXXXIV, édition Ghavanon, p. 173.
(II) Idem, p. 173.
(12) Volume I, p. 178.
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en elle*m6me toute naturelle et qui met tous les textes d'accord,
sauf un.
Que vaut, en second lieu, la donnée toute personnelle à M. Ri-
chard, que le roi Robert fit en nov-embre 1014 un long séiour à
Orléans ? C'est un fait qu'il déduit de la liste des séjours du roi,
dressée par M. Pfister d'après le catalogue des diplômes royaux
conférés. Or, dans ladite liste, à la page notée (1), on ne trouve,
sous les n** 47 et 48, que deux 'diplômes donnés en 1014, à
Orléans. Le premier porte la date du 11 novembre de la dix-neu-
vième année du règne de Robert, et M. Pfister dit qu'il faut cer-
tainement compter ici les années depuis 996, car Renaud, qui
dans ce diplôme intervient comme comte de Melun, ne le devint
qu'en 1007, à la mort de son père Bouchard ; ce qui n'est point
péremploire, les fils de comte prenant presque toujours, au XI*
siècle, du vivant de leur père, le litre de comte dans les actes
publics et solennels. Quant au second, il n'est pas daté, et ce n'est
que par sa grande ressemblance avec le premier que M. Pfister
le rapporte à l'année 1014. Quoi qu'il en soit, un ou deux di-
plômes donnés en même temps à Orléans, en novembre 1014, ne
sont pas suffisants pour constituer la preuve d'un long séjour.
On sait, du reste, que Robert affectionnait tout particulièrement
la résidence d'Orléans et qu'il y était souvent. Par conséquent, le
fait qu'il y est revenu à son retour de Saint-Jean d'Angély n'est
pas plus en rapport avec un séjour court ou long en 1014,
qu'avec ses autres séjours presque annuels ; et il n'y a aucune
conséquence sérieuse à tirer de cette circonstance, en faveur de
la date du pèlerinage royal auprès du chef de saint Jean-Baptiste.
Si la tentative de M. Richard, renouvelée de celle de M. Faye,
après un demi-siècle de réflexions et de recherches, n'a pas
abouti à un résultat plus satisfaisant, elle a du moins le mérite
d'établir une seconde fois, qu'en octobre 1015, selon lui, ou qu'en
octobre 1016 au plus tôt, selon nous, la relique était exposée à
la dévotion du public. Mais cette visite de Géraud a pu avoir lieu
plus tard, puisqu'il siégea huit ans. Point n'est besoin, cepen-
dant, de remonter jusqu'à sa mort, arrivée en 1023, pour fixer
l'époque extrême du pèlerinage limousin. Il était, en effet, ac-
compagné de Geoffroy II, abbé de SaintrMartial (2), lequel mou-
Ci) Pftuter, loc, cit. r
(3) C/iron. cf'Adëmar, Xoc. cit
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- 416 -
rttt le jour des nones de décemJbre (5 décembre) 1019, date trop
bien indiquée pour être discutable (1).
Voilà donc qui est nellement établi. Ce pèlerinage eut lieu cer-
tainement de septembre 1016 à novembre 1019, au mois d'octo-
bre de Tune de ces quatre années, suivant de pltis ou moins près
ou de plus ou moins loin Tépoque de la découverte. C'est tout ce
qu'on est en droit de tirer des documents précités. Le reste est
affaire de sentiment et de supposition.
Tout est-il dit sur la question, et n'est-il pas possible de mieux
préciser ?
II est une source toute naturelle de documents que M. Richard
a négligée, je ne sais pourquoi, et qui, dans la circonstance, était
cependant tout indiquée. C'est le Cartulaire de Vabbaye de Sainl-
Jean d*Angély^ récemment publié par nos Archives historiques
de Sainlongse et d'Aunis (2), et dont une copie manuscrite se
trouve depuis longtemps à la Bibliotlièque nationale, à la disposi-
tion de tous (3). Ce sont les doiuiécs de ce cartulaire qu'il est
préférable de combiner avec les faits rapportés par les chro-
niques.
Pendant que se déroulaient à Saint-Jean d'Angély tous ces
importants événements, trois abbés successifs furent à la tête du
monastère : Audouin, Rainaud et Aimeri, dont M. Chavanon
d'abord, et M. Lair ensuite, ont noté la date incertaine (4). C'est
cette incertitude, assurément, qui a amené toute la confusion ou
qui l'a sensiblement aggravée. Essayons, sinon de la faire dispa-
raître, tout au moins de l'amoindrir.
Audouin est devenu abbé de Saint-Jean d'Angély, non pas dès
989, sous Hugues Capet, comme tendrait à le faire admettre un
diplôme de ce roi (5), argué de faux, dfalïord par Dom Fonte-
neau (0), puis par M. Richard lui-même (7) ; mais bien après le
31 janvier 1003, date de la mort de l'abbé Aimeri I*', son prédé-
cesseur inunédial. Une inscription tumulaire, conservée au
musée d'Angoulême, ne laisse aucun doute à cet égard et apporte
un argument péremiptoire en faveur de Tinauthenticité du di-
(1) A niutlet de Limogée, dans Fertz, loe, eit, — Chron, de B. Hier, loe. eii,
— Vabbaye de SainUMariUl de Limoges, par Ch. de Lasteyrie, p. 71.
(5) Vol. XXX, en 1901, et XXXIII, en 1903.
(3) Ponds laUn, n* 5451.
(4) Chron. d'Adimar, édition Chavanon, p. 461, et édition Lair, p. 316.
(5) Càrtal. de Seint-Jean d'Ang., par Musset, I, charte V, p. 22.
(6) Dom Fonienean, t. XIII, p. 95 et 111.
(7) Volume I, p. 132, note 2.
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plôme, ou tout au moins de son attribution à Hugues Capet (1).
Voici cette inscription : « f l'an de l'incarnation du Seigneur
mil II, la veille des kalendes de février, est mort Dom Aimeri,
chanoine devenu moine et vénérable abbé des couvents de Nan-
leuil, d'Angéry et de Quinçay. Amen ». L'année commençant en
Poitou et Aquitaine le 25 mars, c'est à la veille du premier
février, soit au 31 janvier 1003 que se rapporte la date de cette
inscription.
Aucune des chartes, soit de l'abbaye de Saint-Jean d'Angély,
soit des autres abbayes, où comparaît l'abbé Audouin n'étant
datée, nous ne pouvons le suivre à la trace dans le cours de son
abbatiat, et nous ne le rattrapons qu'à sa mort.
La Chronique d'Adémar établit que, s'il fut l'inventeur du chef
de saint Jean-Baptiste, à un moment où le duc Guillaume était
allé à Rome faire ses Pâques, l'abbé Audfouin mourut au cours
de l'affaire, pendant qu'on l'instruisait, avant que sa découverte
eût été confirmée de façon miraculeuse et que le duc eût
décidé, pour la plus grande gloire de Dieu, d'introduire la ré-
forme de Cluny dans son monastère ; car sa mort seule pouvait
permettre à Odilon d'opérer cette réforme et d'y placer un abbé
de son choix. C'est ce que le texte dit, du reste, en propres termes:
« où Odilon mit un abbé nommé Rainaud, Audouin étant mort
tout récemment (ubi Odilo abbalem Rflinaldum disposuit. de-
(uncto nuper Alduino abbaie) (2). 11 trépassa donc après un prin-
temps, celui de la découverte, et avant un automne, celui de la
démonstration.
L'abbé Rainaud, qui succéda à Audouin, paraît pour la pre-
mière fois dans une charte du mois de mars 1017, portant don de
salines, situées en Aunis, à l'église de Saint-Jean-Baptiste d'An-
géry, où Rainaud est présentement abbé (data mense martis anno
trigesmo régnante Roberto rege) (3). Le Cartulaire de Saintr
Jean d'Angély ayant pour habitude absolue de décompter les
années de Robert à partir de son couronnement, le 25 décembre
987, cette date de mars 1017 doit être tenue po>ur certaine.
D'autre part, un Obituaire de Saint-Martial de Limoges (4),
publié par MM. A. Leroux, E. Molinier et A. Thomas, porte au
(1) Catalogue da muêée archéologique d'Angouléme, 1885, série I, n* 1, p. 41 .
(3) Chronique d'Adémar, liv. III, chap. LVl ; édition Lair, p. 21(.
(S) CartuL de SàintrJean d'Ang., par Musset, II, charte 372, p. 38.
(4) Addiiioni à VObituaire de SAiniMartiMl, in Bull. êoe. arek. ai kiêt eu
Limouêin, t. XXX, 1883, p. 183 et suiv.
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— 418 —
XII des calendes de septembre (21 août)» rinhumation {déposition
d'un abbé Audouin (Hilduini abbaiis), qui ne peut guère être un
autre que cet abbé de Saint-Jean d'Angély ; car les abbés de ce
nom sont fort rares, tout au moins dans les abbayes en rapport
d'offices mortuaires avec Saint-Martial, et c'est le seul nom simi-
laire que cet Obituaire renferme. Il [)araîl, du reste, particulier
aux abbayes de la dépendance de Cluny, et contient notamment
les dates exactes du décès de trois abbés de Saint-Jean d'Angély
de la même période, dont on a retrouvé par ailleurs, soit les épi-
taphes, soit la mention directe : Aimeri I*', mort le 31 janvier
lOai (1) ; Kludcs, mort le 22 août 1091 (2) ; cl Henri, mort le VP
des ides ou le 8 janvier 113Î3 (3). Il convient d'en ajouter un
quatrième, du même siècle, l'abbé Ansculfe, dont le nom si spé-
cial n'a pas d'homonyme, et qui est porté audit Obituaire comme
décédé un 30 août [en 1102 ou 1103].
Nous concluerons donc de ces trois données diverses, aussi
certaines que possible, que l'abbé Audouin est mort en été, un
19 ou 20 août, avant mars 1017, et au plus lard le 20 août 1016, au
cours de l'affaire qu'il avait soulevée et qui faisait tant de bruit
dans le monde.
Des successeurs clunisiens de l'abbé Audouin, le premier, Rai-
naud, ne fit que passer, semble-t-il. Au bout de quelques années
{posl aliquot annos), il rendit son âme à Dieu (4). Cela doit s'en-
tendre d'un abbatiat assez court, de deux à trois ans, au sens le
plus ordinaire. Il fut envoyé par Od^lon, à qui le duc Guillaume
confia le monastère, peu de temps après la mort d'Audouin
(de(unclo nuper Alduino ahbale) (5), avec la mission d'y introduire
la réforme de Cluny. Comme il était sûrement en fonctions au
mois de mars 1017, et qu' Audouin avait été mis au tombeau un
21 août, son installation dut avoir lieu au plus tard dans les der-
niers mois de 1016.
Rainaud occupait déjà son poste lors de la venue à Saint-Jean
d'Angély de Landolphe, évoque de Turin. Ce prélat se débattait
au milieu de difficultés créées à son église, dédiée à Saint-Jean.
Ayant appris qu'on venait de découvrir, au château d'Angéry,
le'chef du saint précurseur, il pensa que le meilleur moyen pour
(1) Musée d*Angoutémet loc. eit
(i) AnnàUê BênedicL, V, p. 28S.
(9) Gàllia chrUtUnA, II, col. 1101.
(4) Chron. d'Adémêr, édition Lair, p. 915.
(5) Idem.
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— 419 —
lui de se tirer d'embarras, était de se recaimnander aux miracles
de son saint patron. Sur les conseils de ses propres fidèles, il
partit pour Saint-Jean d'Angély, el, arrivé là, invoqua longue-
ment le saint en faveur de son diocèse, tout en pleurant à chaudes
larmes. Enfin, il demanda au comte Guillaume, à Tévêque Islon
et à Tabbé Rainaud, qui présidaient alors audit lieu, une portion
de la tête de saint Jean, ce qu*on lui accorda facilement, et ce
qu'il récompensa par le don de l'église de Saint-Secondin, de
Turin. L'acte fut dressé par le notaire Adam (1). Il est dommage
qu'il ne soit pas daté, car il nous eût fixé tout de suite. Néan*-
moins, il nous fait connaître que l'abbé Rainaud avait déjà rem-
placé l'abbé Audouin, pendant la période même des visites qui
eurent lieu ; et comme, d'autre part, la Chronique d'Adémar nous
dit qu'on accourut de j)artout à Saint-Jean d'Angély, notamment
de Lombardie ou d'Italie (2), il nous est impossible de ne pas voir
là une allusion à la venue de l'évoque de Turin, de môme que la
mention de la Gaule fait allusion à la présence du roi Robert, du
comte Eudes de Champagne et de leur suite, et celle de l'Espagne
à celle de Sanche, roi de Navarre.
Ducange a prétendu que ce fut la mâchoire de saint Jean qui
fut donnée à l'évêque de Turin. Quoi qu'il en soit, ce don se place
bien au moment où la nouvelle de la découverte se répandit dans
le monde et où les miracles la confirmèrent dans l'opinion publi-
que ( capui Joannis prœcursoris Domini repertum audiens,
dignum esse pensavit, si quœrerelur miracula, cuius nominis
honnore sancla vigei ecclesia [sua] (3) ; el non plus tard, en
1025, à l'occasion des pourparlers qui s'engagèrent au sujet de
la couronne d'Italie, entre le duc Guillaume et les évoques d'ou-
tre-monls (4).
L'Obituaire de Saint-Martial précité ne peut nous être d'un
même secours, au sujet des jour et mois de la mort de l'abbé Rai-
naud, à cause de la présence de trois abbés de ce nom sur «es
rôles, et en admettant, ce qui est infiniment probable, qu'il y
figure comme ses prédécesseurs et ses successeurs. Néanmoins,
comme ces trois abbés Rainaud sont morts, l'un le V des ides ou
le 9 d'avril, et les deux autres le VII et le II des calendes de juillet
(le 25 et le 30 juin), c'est entre ces dates extrêmes, 9 avril et 30
(1) CëriaL de Saint-Jean d^Ang., par Musset, II, charte 479, p. Ii4,
(S) Loc. eiU
(8) Loc. cit.
(A) Richard, volume I, p. 182.
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— 420 —
juin, qu'il dût mourir, vers Tannée 1018, comme il sera établi ci
après.
En ce qui concerne Tabbé Aimeri, le deuxième abbé clunisien
préposé par Odilon, on ne le trouve pour la première fois à date
certaine qu au mois d'août 1027 (1). Mais, outre qu'il fut le suc-
cesseur immédiat de Kainaud, nous savons encore qu'il était déjà
à la tête de l'abbaye lorsque se produisit, au bourg d'Angéry (in
Angeriaco vico), quelque temps après les fêtes prestigieuses de
la conmiéraoration de saint Jean-Baptiste (quodam vero tempore,
posiguam hœc acta sunl), une sédition sanglante entre les moines
et les gens de la maison du duc. Plusieurs de ces derniers, et
notamment son prévôt, furent blessés à mort et à main armée ;
sa propre cour, qui était contiguë au couvent, fut presque com-
plètement démolie. Ceci se passait pendant une absence de l'abbé
Aimeri (absente abbate reverenlissimo Aimerico), peu avant ou
au début d'un carême pendant lequel le comte Foulques \erra
se trouvait à Poitiers, pour prendre part à un grand plaid qui y
avait lieu (eomes Fulco, qui tune in ,servHio ducis Pictavis erai,
tempore Quadragesimx) (2). Il était assez rare qu'un personnage
comme le comte d'Anjou se ixmkIîI à la cour de Poitiers ; ce
n'était ni de son rang, ni de ses loisirs. Il était assez rare égale-
ment que le duc passât son carême chez lui. Chaque annexe pres-
que, il se rendait à ce moment-là à Rome (3). Ce plaidi, en temps
de carême et avec Foulques Nerra, est donc doublement excep-
tionnel (4). Or, il se trouve justement qu'une charte de Cluny
constate la présence à Poitiers du comte Foulques Nerra, avec
les autres grands du duc, au mois de mars de l'an de l'Incarna-
tion du Seigneur 1018, oe qui correspond, d'après M. Bruel, à
mars 1019 (n. s.) (5). — Il faut en conclure qu'Aimeri avait rem-
placé Uainaud défunt, dès le mois de février 1019, Pûques étant
tombé celte annfe-là le 29 mars, et le Carême ayant commencé le
11 ou le 12 février. Comme, dfautre part, Uainaud, selon les
probabilités ci-dessus établies, mourut entre un 30 avril et 9
juin, c'est en juillet 1018 environ que remonterait sa nomination
par Odilon à l'abbaye de Saint-Jean d'Angély.
(1) Carioi. de Saint-Jenn d'Ang., par Musset, I, charte 253, p. 307.
(2) Chron. d^Adémsr, loc. cit.
(3) Chron, d'Adémar, liv. III, chap. XXXXI, édit. Chavanon, p. 163.
(4) Il doit correspondre A Tépoque du mariage du duc Guillauma avec
Agnès de Bourgogne.
(5) CariuL dé Cluny, par Bruel, t. III, charte 9719, p. 739.
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— 421 —
Sa dernière désignation, de date certaine également, est du
!•' mai 1032, ou plutôt 1033 (1). A la rigueur, on pourrait attri-
buer à cet abbé la mention : S. abbatis Aimerici, qui se trouve
dans le Cartulaire de Sainl-Maixent, au bas d'une charte dressée
pendant la captivité du duc Guillaume le Gros, entre le 20 sep-
tembre 1033 et la fin de 1036, approximativement vers 1035, si
Ton considère que cet abbé de Saint-Jean d'Angély fut un des
plus fidèles soutiens de la cause du prisonnier. Mais M. Richard
est d*avis qu'il y a eu là une faute de copiste, qu'il devait y avoir
primitivement : S. abbaiis A., traduit par S. abbatis Aimericij
au lieu de S. abbaiis Amblardi^ Amblard étant abbé de Saint-
Maixent à cette époque (2). — Eu tous cas, la première inter-
vention connue du successeur d'Aimeri, l'abbé Arnaud, est du
6 mars 1037, à l'occasion d'une générosité de ce môme duc,
Guillaume le Gros, envers l'abbaye de Saint-Jean d'Angély, au
moment où il venait depuis peu de sortir die prison, et sans
doute eu récompense des services rendus (3).
L'Obituaire de Saint-Martial déjà cité contient la mention de
deux abbés du nom d'Aimeri : l'un, dont l'anniversaire est indi-
qué au II des calendes de février (31 janvier), est sûrement l'aJbbé
Aimeri I" de SaintrJean d'Angély, décédé justement ce jour-là,
d'après son épithaphe ; l'autre, dont l'anniversaire est porté au
jour des ides (le 13) de septembre, a toutes chances d'être notre
abbé Aimeri II, d'après les raisons que nous avons fait valoir
plus haut. Les deux seuls abbés de Saint-Martial qui ont porté
le même nom, l'un, Aimeri I"', n'est indiqué dans aucun obituaire
à cause de sa vie séculière (4), et l'autre, Aimeri II, l'est au 13
janvier (5).
Aimeri mourut donc entre le 12 septembre 1033 et le 14 sep-
tembre 1036, vers 1034 ou 1035, à un ou deux ans près.
En résumé, les dates de ces trois abbés de Saint-Jean d'Angély
peuvent donc être établies ainsi qu'il suit :
Aimeri I: f 31 janv. 1003 :
Audouin : fév. 1003, à . . . f (20 août 1016, au plus tard ;
(1) Cariai, dé Sùni-JeMn d'Ang., par Musset, I, charte 1), p. 93. Privilège
du pape Jean XIX.
(S) Cariât, de Sàint-MMixent^ par A. Richard, chartes 92 et 93, 1,p. IIS et 413.
(3) Cariât, de Sûint-Jean d'Ang.y par Musset, I, charte 181, p. 215.
(4) Vàbhàye deSàini-MàrtUl de Limoges^ par Ch. de Lasteyrie, p. 64.
(5) Vàbbàye dé SàinUMàHiël de Limoge$, par Ch. de Lasteyrie. Appendice,
p. 410.
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— 452 -
Rainaud II : nov. 1016, à . f (9 av. au 30 juin 1018 :
Aimeri n : j' 1018, à . . . . f (12 sept. 1033 au 14 sept. 1036).
Arnaud : au plus tardif à fév. 1037.
Voilà tout ce qu'on peut trouver et dire d'authentique, en atten-
dant mieux.
Quelque imparfaite qu'elle soit, cette chronologie des abbés de
Tépoque, rapprochée des données fournies par les chroniques,
nous permettra néanmoins de fixer d'une façon certaine les
poinli principaux de notre problème historique. En effet, si
celles-ci diffèrent quant aux détails, suivant l'objet principal
qu'elles poursuivent, elles s'accordent toutes sur un fait qui pa-
raît avoir vivement frappé l'esprit des contemporains, et qui
resta longtemps dans tous les souvenirs : ce furent les fêtes
solennelles qui eurent lieu à cette occasion et à un moment donné
à Saint-Jean d'Angély.
« A cette époque. Dieu daigna glorifier le règne du duc Guil-
laume le Grand. De son temps, en effet, fut inventée, à la basi-
lique d'Angéry, dans une boîte de pierre taillée en forme de pyra-
mide, par le clarissime abbé Audouin, une tête de saint Jean,
qu'on disait être le propre chef de saint Jean-Baptiste Sur
ces entrefaites, le duc Guillaume revint de Rome après les fêtes
de Pâques. Cette nouvelle le remplit de joie, et il décida l'osten-
sion au public du chef sacré.
« Lors donc de cette ostensioti, on y accourut à l'envi de par-
tout, non seulement de toute l'Aquitaine, mais encore du reste de
la Gaule, d'Italie, d'Espagne et de divers autres pays. La foule
s'y déversait en flots humains. On y vit le roi Robert lui-même,
la reine, le roi de Naivarre, le duc Sanche de Gascogne, Eudes
de Champagne, avec toutes leurs suites ; des comtes et des princes,
des évoques et des abbés, des dignitaires de toutes sortes
Félicité et gloire suprême, on vit là toutes les congrégations et
tous les serviteurs de Dieu de l'Aquitaine, des théories de cha-
noines et de moines, empressés d'apporter en grande pompe
cl aux chants des hymnes sacrées, pour rendre hommage au saint
précurseur, les corps et les reliques des saints. On distinguait
parmi le corps du plus grand prince et du père de l'Aquitaine,
le premier semeur de la Parole en Gaules, à savoir l'apôtre saint
Martial, apporté avec les reliques de saint Etienne de Limoges
par tout un cortège de Limousins composé de moines, de clercs
et de notables, l'évêque Géraud et l'abbé Geoffroy en tête. Le
corps de saint Martial ne fut pas plus tôt sorti de sa basilique,
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- 423 -
porté sur un chariot garni d*or et de pierreries, que dans toute
la région, accablée de pluies continuelles et d'inondations, le
temps se remit au beau. On prit droit par Charroux pour se ren-
dre à la fête commémorative de «aint Jean-Baptiste
A l'arrivée, l'évêque (ieoffroy célébra dans la basilique la messe
de la Nativité de saint Jean-Baptiste, bien qu'on fût au mois
d'octobre ; et, la messe dite, le pontife bénit les assistants avec le
chef die saint Jean. Puis, enchantés de leur voyage et des miracles
que saint Martial fit éclater en route, les Limousins rentrèrent à
Limoges, en dansant de joie, le cinquième jour avant la Tous-
saint (27 octobre).
« Dans celte même circonstance, saint Léonard, confesseur en
Limousin, et saint Anlonin martyr du Quercy, engendrèrent eux
aussi de brillants miracles ; et les populations d'y accourir de
tous côtés. Au^si, le glorieux duc Guillaume, tout à la pensée
d'en glorifier Dieu, fit-il venir Odilon, le saint abbé de Cluny,
pour établir sa réforme et sa règle dans le monastère de Sainl-
Joaii, l'abbé Audiouin étant mort tout récemment. Odilon y plaça
un abbé nommé Rainaud ; puis, celui-ci ayant rendu son âme à
Dieu au bout de quelques années, il y préposa un père nommé
Aimeri.
« Ajoutons que, lorsque les reliques de saint Cybard se rendi-
rent, elles aussi, auprès du saint Précurseur, on emporta en
même temps le bâton du confesseur. C'était un bâton pastoral
recourbé en haut. Pendant le voyage, une verge de feu [ou comète],
pareillement courbée en crosse à son sommet, resplendit la nuit
au firmament, au-dessus des reliques du saint, et les accompagna
jusqu'à leur arrivée auprès du chef de saint Jean. Saint Cybard
y opéra des miracles en guérissant des infirmes, et le retour fut
plein d'allégresse. Les chanoines de Saint-Pierre d'Angoulême,
revêtus de leurs habits sacrés, accompagnaient les reliques et
suivaient les conducteurs. En traversant une rivière gonflée, ils
ne sentirent point l'eau et passèrent à sec, sans qu'une goutte
d'eau mouillât, ni leurs vêtements, ni leurs chaussures.
n Entre temps, le chef de saint Jean, après être resté suffisam-
ment exposé en public, fut retiré, sur l'ordre du duc Guillaume,
et remis dans sa pyramide première, renfermé dans une cassette
d'argent et attaché par des chaînettes de même métal. » — Ainsi
parlent les textes de la Chronique du moine Adémar de Cha-
bannes (1).
(1) Loc, eiL
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— 424 -
« Il est de fait qu'à une certaine époque, du vivant de Guil-
laume le Grand, duc d'Aquitaine, conrune la plupart se deman-
daient avec doute quelle tête de saint Jean se trouvait à Angély
{tiiruin sancti Joannis caput haberetur apud Angeliacum)^ ce
môme prince ordonna un grand synode, où furent convoqués
tous les évoques comprovinciaux, même des étrangers, afin que,
(raccord avec eux, on s'enquit d'un trésor aussi précieux que
pouvait être le digne chef de saint Jean-Baptiste, et que, de leurs
mains consacrées, les saints évêques le montrassent eux-mêmes
au public en doute. C'est ce qui eut lieu. L'invention fut, en effet,
mise à l'épreuve, placée sur les saints autels et offerte à l'ado-
ration du public universel, selon les dispositions prises. Dans ce
but, on transporta et on mit en présence du vénérable et mysté-
rieux chef les reliques de beaucoup de saints. Il en résulta véri-
tablement, sur place même, chez les débiles de corps et les in-
firmes, de non^reux miracles, dus à leurs intercessions méri-
toires. Parmi eux, saint Léonard, toujours bon médecin des
infirmités, n'y fut pas peu resplendissant de vertus. Il guérit no-
tamment un aveugle, un possédé de sept méchants démons, et un
écloppé. » — Ainsi parle l'auteur anonyme de la Vie de 8€Unf
Léonard, citée dans Resly, lequel paraît avoir été un contempo-
rain, [)uisqu'il a recueilli, entre beaucoup d'autres, ces trois gué-
I isons du témoignage de la foule (1). Une autre narration contient
en plus ce détail, au sujet de l'aveugle : « Sa mère, après avoir,
en pure perte, intercédé auprès des autres saints déjà arrivés à
Saint-Jean d'Angély, s'en retournait navrée, lorsqu'elle rencon-
tra en roule les reliques de saint Léonard) qui arrivaient à leur
tour. Elle invoque le saint au passage, et son fils recouvre aussi-
tôt la vue » (2).
« Lorsque l'abbé d'Angéry décida de lever la tête du saint Pré-
curseur de Dieu, qu'on racontait avoir été jadis cachée dans son
église, et de l'exposer aux yeux du public, afin qu'elle fit elle-
même foi qu'elle était bien le véritable chef de saint Jean, il vou-
lut inviter à cette grande cérémonie (ad iale spectaculum), entre
autres l'abbé Théodelin [de Maillezais]. Au jour dit et indiqué,
un peuple innombrable afflua à Angéry, ainsi que des troupes
incalculables de prêtres et de moines. Quant on en vint à l'objet
de la réunion, et qu'on cherchait panni les principaux person-
nages présents le plus apte à remplir la mission de confiance de
(1) Loc. ciL
(3) Vite Saneiorum, par Surius, 6 noT., p. 168.
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présenter un si précieux trésor, Théodelin se leva au milieu
d'eux : « Si vous le voulez, dit-il, ô nnes Pères, je me charge avec
joie de vous présenter le bieii-aimé du Seigneur et de l'offrir à
votre vue et à votre admiration aussi longtemps qu'il conviendra
À sa magnificence et à votre vénération. » Tous approuvèrent.
Alors s'approchanl à genoux, après une solennelle prière, du
trésor sacré, il le découvrit et pendant près de deux heures le
tint exposé à la vue de toute la multitude. Cela fait, quand d'un
consontoment unanime le chef fut recouvert, Théodelin simula
une lonii^ue prière et cacha dans sa bouche une des dents du
sainl. -Mnis il en fut immédiatement et justement puni, car il
perdit subitement la vue. Il avoua sans détour à ceux qui l'entou-
raient ce qu'il venait de faire. Puis, après cette sincère confes-
sion, il recouvra la santé si nvalheureusement perdue. » — Ainsi
parle, à son tour, le moine Pierix» de Maillezais (1).
Il ressort bien de tous ces textes qu'il s'est agi de grandes fêtes
spéciales, fixées d'avance à une époque déterminée par le duc
Guillaume et l'abbé de Saint-Jean d'Angély, dans le but d'éprou-
ver l'invention et de dissiper tous les doutes élevés à son sujet,
en faisant comparaître auprès d'elle tout ce que l'Aquitaine ren-
fermait en fait de reliques notoires. Les nombreux miracles dont
ce vaste pèlerinage fut l'occasion (surtout ceux qu'opérèrent sur
place, à Saint-Jean d'Angély môme, saint Léonard et saint Anto-
nin), entraînèrent la conviction de tous, comme l'espéraient ses
promoteurs. Du reste, admettre des pèlerinages successifs et à
jets continus pendant de longs mois ou des années, serait con-
traire à l'intérêt en cause et aux habitudes séculaires de l'église,
ainsi qu'aux narrations qui nous en sont restées. Il n'est donc
pas douteux que ces fêles coïncidèrent avec la venue des reliques
qui primaient toutes les autres, le corps de saint Martial, déjà
regardé comme l'apôtre du pays. Or, nous savons que le péle-
rinîiLio limousin eut lieu dans le courant d'octobre, après des
pluies diluviennes et prolongées qui avaient désolé l'Ouest de la
France et au cours d'une sorte d'été de la Toussaint, et que le
27 du mois il rentra à Limoges. Nous savons, en outre, que l'évo-
que Géraud, qui le conduisait, ne pût le faire qu'en 1016 au plus
t(M et (Ml 1019 au plus tard. Nous savons, d'autre part, que l'abbé
Audouin, qui fît la découverte du chef, mourut au plus tard le
'JO août 1016, et que l'abbé Hainaud, qui lui succéda presque aus
sitôt, était sûremtMil en fonctions en mars 1017, après avoir pré-
(1) Loc. cit.
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- 426 —
sidé à la réception des visileurs, tout au moins de Tévôque Lan-
dolphe de Turin. Tout concourt donc à placer la grande affluence
et les solennités officielles au mois d'octobre 1016.
On ne peut les avancer, à cause de la participation de Tévôque
Géraud ; on ne peut les reculer non plus sans s*éloigner dte la fin
de Tabbatiat d'Audouin et du début de celui de Rainaud, qui par-
ticipèrent l'un et Tautre à celte grande affaire, sans rompre son
unité, ni sans contredire le texte dWdémar, qui rapporte que le
duc Guillaume, convaincu par les manifestations divines et les
miracles opérés, confia, à la suite de la mort récente d'Audouin,
le monastère à Odîilon, pour glorifier le Seigneur ; on ne le peut
smlout à cause de l'abbé Rainaud, nommé par Odilon pour
riiilroduclion de la réfornu* et après U's fêtos probatoires, à la fin
(!•» 1016, et qui était sûronirnt en fonctions en mars 1017. On ne
saurait, on tout cas, dépasser lo mois d'octobre 1010, à cause de
la fjrésonce de Tabbé Gootïroy, ni même, si nos déductions sont
justes, le mois d'octobre 1017, à cause de l'abbé Aimeri, nommé
dès juillet 1018 à la place de Rainaud. La date d'octobre 1016
vsi donc la soûle admissible. — Comme d'un autre côté, le cbef
fut (rouvé pondant que lo duc Guillaume était à Rome à faire ses
Prujucs, selon son habitude, il est loi^iquo d'admetire que ce fut
l>on(liant le carême do 1010, qui commença le l'i ou le 15 février,
Pm(|uos tombant cette année-là le 1*' avril.
Dans son ensemble, l'affaire du chef de saint Jean-Baptiste, à
partir de sa découverte jusqu'à sa remiso dians sa boîte de pierre,
paraît avoir duré près d'un an. Ce n'osl ni trop ni trop î)eu, si l'on
songe aux discussions soulevées au sujet de son authenticité et
au LTonro d'épreuvos aux(|uellos on eût recours ; ol si l'on se re-
porte à une épo(|uo où les rolicfues sorlaient de terre comme par
onchanloment, au dire môme du moine Raoul (îlaber, qui fut un
contemporain (1), et alors (juo lo pauvre monde n'avait que l'em-
l)arras du choix pour réclamer contre ses misères.
Reste la vieille chronique manuscrite rapportée par Besly. Elle
n'a pas été nolt-omonl indiquée, ce (|ui n'a pas permis de la re-
chercher ni de la retrouver. Mais, à son allure et à la forme de
sa rédaction, on ne peut douter qu'elle ne provienne d'une chro-
nique d'abbaye ou d'église épiscopale d'Aquitaine. Elle est fort
précise et nous la rappelons : « En Tan du Soigneur 1010, sous le
règne du duc Guillaume d'Aquitaine, le chef de saint Jean-Bap-
tiste fut retrouvé dans la basilique d'Angéry par l'abbé Audouin,
(1) Chroniqaé de RmouI GUber^ liv. III, chap. VI.
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- 427 -
au mois d'octobre. » — Néanmoins, il se peut qu'il y ail eu con-
tusion de deux faits : Tinvention faite par l'abbé Audouin, et les
fêles probatoires qui suivirent, solonnisées en octobre. Quant à
la date de 1010, elle résulte peut-être d'une mauvaise lecture du
l .»xle de Pierre de Maillezais précité. Celui-ci ayant à parler de
l'abbé Théodelin, débute, en effet, de la manière suivante :
« Xous arrivons à Tan mille dix de l'Incarnalion du Sauveur,
(iislebcrt gérait l'évêché da Poitiers, Robert gouvernait la
Frauc'\ et Théodelin s'évertuait avec le plus grand succès à
s'enrichir. Toutes sortes de biens affluaient en abondance à Mail-
lezais, mais il lui manquait des reliques pour son honneur et sa
protection. Ce qu'il lui fut donné d'avoir Avant de raconter
comment, que le lecteur apprenne un trait de lui à ce sujet. De
son temps (illis diebus)^ l'abbé d'Aiigéry, etc. » (1). On pourrait
croire, à la vérité, que l'incident de Théodelin, relatif à la dent
s(»ustraite, se rapporte h l'an 1010, tandis qu'il ne s'agit en réalité
que d'une date de son abbatial, le début sans doutei, indiquée
comme entrée en matière, le reste se rapportant au temps de sa
gestion.
Ces dates, de février-mars 1016 pour la découverte elle-même
du chef de saint Jean-Baptiste, et d'octo-bre suivant pour son
oslension solennelle, conviennent, du reste, à la vie connue par
ailleurs des principaux personnages qui intervinrent..
Le roi Robert acheva, en 1015, la conquête de la Bourgogne.
Au printemps, il s'empara de Sens, et à l'automne il fît le siège
de Dijon. Il se retira skns prendre la place, avant l'hiver. Mais
Brunon, évêque et comte de Langres, dont Dijon dépendait, étant
venu à mourir en janvier 1016, Robert fît élire à sa place l'évo-
que Lambert, lequel s'empressa de céder au roi la ville et le ter-
ritoire de Dijon. A Pâques 1016, Robert se rendit à Rome, et
c'est probablement à sa prière que le pape Benoît VIII fulmina
alors Tanathème contre les déprédateurs des biens de Cluny, ce
qui suppose aussi la présence d'Odilon. Il s'y rencontra avec le
duc Guillaume d'Aquitaine. Le reste de Tannée 1016, il vécut en
paix, à ce qu'il semble. Le 3 novembre de cette année-là eut lieu
l'inauguration solennelle de l'église de Dijon, où il n'assista pas.
En 1017, il fit associer son fils aîné Hugues à la couronne ; le
sacre eut lieu à Oompiègne, le jour de la Pentecôte, 7 juin, en
présence de tous les grands du royaume, notamment du duc Guil-
(1) Lœ. eit.
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— 428 -
laume d'Aquitaine (1). Si Hugues, fils de Robert, eût été déjà roi
quand se produisirent les fêtes de Saint-Jean d'Angély, il est plus
que probable que son nom aurait figuré, à côté de ceux de son
père et de sa mère, dans la liste des grands personnages pré-
sents.
Eudes de Champagne était le cousin-germain et Tami du duc
Guillaume. Au commencement de 1015, il entra en guerre avec
le roi Robert, lors de la conquête de Sens. Mais la paix avec
airangement fut conclue entre eux dans le courant de rainiée.
Libre de ce côté, Eudes se tourna, Tannée suivante, contre Foul-
ques Nerra, comte d*Anjou, son ennemi héréditaire. Le 6 juillet
1016 eut lieu la terrible bataille de Pontlevoy, près d'Amboise.
ou il l'ut vaincu. Il se tint dès lors tranquille pendant quelques
années.
Les premières relations documentaires entre Odilon et le duc
d'Aquitaine correspondent justement à une époque voisine des
fêtes de Saint-Jean d'Angély. Le 2 mai 1017, à Pavie, au moment
où il revenait de Rome avec ses deux fils — Pâques étant tombé
coltc année-là le 21 avril — le duc Guillaume donna au monas-
tère de Cluny la moitié du cens de poissons que lui rendaient les
pêcheries de l'île die Ré et de la mer dos alentours (2). — Ce
don, le premier en date, fut suivi un ou doux ans après d'un
autre. Le monastère de Cluny reçut la cour et l'église de Sainl-
!\iul, dans la viguerie de Morvont (Vendée), au mois de mars
1019 (3). Plus lard, vers 1023, Cluny recul encore l'éirliso de Mou-
^^on (près Niort) et ses dé[)endances (4), ot à une date indétonni-
néo, mais qui gravite autour de 1020, la moiuiaio die Niort (5).
A quel moment vinrent à Saint^Jean d'Angély le roi Robert, la
reine Conslanco ot toute la cour de Franco, ainsi que les autres
grands personnages notés par la Chronique d*Adémar ? Après
!•• mois d'octobre et los fêtes rligieusos, semblert-il ; et lorsque
les miracles opérés eurent levé tous les doutes au sujet de l'au-
thenticité du chef, c'est-à-dire en novembre, le mois qui suivit.
C'est aussi sur la foi des miracles, par conséquent en novembre,
que Landolphe, évêque de Turin, se mit en route.
(1) Etndti 9UT le régne du roi Robert, par Pfister, p. 71.
(2) Cariai, de Cluny, par Bruel, t. III, charte 2709, p. 732.
(3) Voir ci- dessus.
(4) Richard, I, p. t1«.
(5) Idem.
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-429 —
En terminant ces notes critiques sur le grand et remarquable
ouvrage de M. A. Richard, nous rendons à nouveau hommage à
sa profonde érudition et à sa parfaite connaissance, jusque dans
les moindres détails, des affaires du Poitou. Il ne faudrait pas que
les lecteurs de la Revue gardient de l'opposition de quelques-unes
de nos données avec les siennes une impression moins favorable
pour rciisemble de son œuvre. S'il n'y a pas fait à la Saintongo,
comme nous l'avons remarqué, une part égale à celle du Poitou,
pas plus qu'aux autres pays d'Aquitaine du reste, c'est que ses
comtes étaient avant tout des comtes locaux, et accessoirement,
ad gloriam et honorein, des ducs et des suzerains pour les autres
régions ; c'est que la forme donnée à sa rédaction, qui consiste
surtout à indiquer et à analyser sommairement les documents,
ne lui a pas permis, sauf pour Guillaume le Grand, de brosser
en grand, à la manière de Besly, et en renvoyant ses preuves à la
fin, des tableaux un peu plus vivants, ni de nous gratifier d'un
plus grand nombre d'appendices bien enlevés, comme les trois
qui sont relatifs à la comtesse Adèle, à la comtesse Andéarde, et
au testament de Guillaume VIII ; c'est que, en lui reprochant
quelques imperfections, nous avons l'avantage de choisir les
l)oints d'histoire que nous connaissons le mieux, sans être tenu
comme lui d'être aussi complet que possible.
M. Richard vient de fixer pour longtemps l'histoire générale
des comtes de Poitou et ducs d'Aquitaine. Dans un siècle ou deux,
quand on aura dépouillé tous nos dépôts d'archives et surtout
celui de la Tour de Londres, où dorment tant de documents ou
leurs copies relatifs à l'Aquitaine, derniers vestiges de l'héritage
d'Aliénor, on y reviendra sans doute et on perfectionnera encore
l'cruvre accomplie, comme vient de le faire M. Richard ; mais
on uYmi changera ni le plan primitif dans ses grandes lignes, ni
les fondements tracés et jetés par Besly, redressés et consolidés
par Dom Fonteneau, ornés et scupltés par M. Richard. Ces trois
grands architectes ont travaillé à des siècles de distance au même
édifice, conune cela arrivait au moyen fige pour nos belles cathé-
drales, au même palais, si l'on veut. C'est sur la dernière res-
tauration qu'un curieux de la Société des Archives historiques
de la Saintonge et de l'Aunis a jeté un coup d'oeil en passant, et
engage les amateurs comme lui à en faire autant.
Jean le Saintongeais.
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Etudes de la Compagnie cle Jésus, août-septembre 1904. Prieur
de la Marne et V anéantisse ment de la grande armeé vendéenne,
d*après des documents officiels et inédits tirés des archives na-
tionales. A noter cette phrase d'une lettre de Barère, Lindet, Bil-
laud-Varenne et autres, datée du 25 brumaire an II (15 nov. 1793) :
« ... Nous nous plaignons de ce que Pochoble et Letourneur, Le
Carpentier et Garnier de Saintes — en mission dans la Manche
— ne montrent pas assez d'énergie, qu'ils sont toujours trem-
blants sur les mesures, douteurs (sic) sur les succès, disséminés
dans leurs forces et ne harcelant pas assez fort les officiers et les
chefs militaires... »
Au combat de Dol, le curé de Sainte-Marie de Ré, « portant à
la main son grand crucifix, t^i connu des paysans », arrête les
fuyards, les rallie et les lance à la charge des troupes républi-
caines.
Le rôle de Garnier, dans toute cette terrible bataille du Mans,
où les Vendéens perdirent 18.000 hommes et virent leur armée
disloquée, passe nécessairement au second plan puisqu'il s'agit
surtout, pour l'auteur, d'établir la conduite de Prieur. Maiîr il
est certain que Garniier a organisé la défense du Mans. Les frag-
ments de lettres citées au cours de l'article le prouve. Ces lettres
sont extraites des Archiv.es nationales (AF II ,138, 1080, 29, 268)
du ministère de la guerre.
« Les régiments d'Aunis et d'Armagnac se montrèrent pleins
de respect et die déférence envers les malheureuses (femmes
vendéennes) tombées en leur pouvoir. »
Les Contemporains du 14 août 1904. Bnudin, Thomas-McoJas
(1754-1803), par J. de Coussanges. Tous les biographes de l'ex-
plorateur des côtes de l'Australie, même Rainguet, s'étaient con-
tentés d'écrire : « Baudin, né dans l'île de Ré, ou à Saint-Martin
de Ré », sans se donner la peine de rechercher la date de sa nais-
sance. M. de Coussanges a comblé celle lacune, grâce aux indi-
cations de MM. Phelippot et Moreau. Baudin est né à Saint-Mar-
tin, le 19 février 1754 : fils de François et de Suzanne Guillobé.
« Il avait un caractère obstiné et entier, mais une remarquable
fermeté unie à cette hardiesse indispensable à de telles entre-
prises. » Peut-être ne faul-il pas chercher ailleurs la cause des
graves accusations de mauvaise direction et d'avarice portées
par SCS compagnons de voyage contre lui, et qu'il n'eut pas le
temps de discuter.
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— 431 —
Mémoires de la Société des Antiquaires de VOaest^ tome
XXVII, contient la remarquable thèse de M. El. Clouzot sur les
Marais de la Sèvre Niortaise et du Lay du X* à la fin du XVI*
siècle. Après un exposé sommaire du golfe de Poitou pendant le
haut moyen âge, M. C. raconte les grands dessèchements entre-
pris au XIIP siècle par les trente abbayes possessionnécs dans
les marais, la ruine des travaux pendant la guerre de cent ans
cl enfin les vaincs tcnlatives faites pour leur restauration. Deux
chapitros comprenant les procédés du dessèchement et les pro-
duclions du marais. Parmi ces dernières, il faut ranger les sei-
ches et M. C. paraît un peu embarrassé quant à l'usage auquel
ce poisson indigeste pouvait être réservé. Il avance l'hypothèse
de la fabrication de l'encre et subsidiairement l'alimentation. Il
rappelle une bien curieuse coutume qui consistait à porter au
seigneur d-e Saint-Benoît, sur une jument blanche, la première
seiche pêchée de l'année dans l'achenal de Saint-Benoît. La céré-
monie avait lieu au cri de « nouveauté pour le seigneur de Saint-
Benoît ». Il est certain que la redevance de 100 seiches ne devait
pas être entièrement consommée en nature : elle suppose que
Ton tirait parti autrement qu'à la cuisine de ce maigre ani-
mal. Notre confrère Jean le Sainlongeais a traduit scpia par
oignon. (Voir plus haut, p. 350.)
Il peut avoir raison, en beaucoup de cas ; son interprétation
paraît satisfaisante. Il est incontestable que le mot scpia suivant
(ju'il est écrit par un s ou un c signifie une chose différente, sei-
che ou oignon. Reste à savoir si le scribe en transcrivant les
chartes a toujours bi*e.n respecté l'orthographe véritable et n'a
pas commis de regrettables confusions. Ainsi le don d'Hugues
de Surgères cité par M. C. et Jean le Saintongeais se comprend
beaucoup moins d'un cent de s-eiches que d'un cent d'oignons à
l'entrée du carême.
Le sujet mériterait, quoiqute mince, d'être traité un peu plus
à loisir. Je m'y suis arrêté parce qu'il a déjà été effleuré daiis
cette Revue et qu'il présente un petit problèmie à résoudre. Le
mémoire de M. C, d'une lecture facile et attrayante se reco«m-
mande à l'attention des amateurs de bonne érudition par une
explication d'as termes spéciaux employés dans les travaux du
marais, les redevances, les produits, une habile mise en œuvre
d(' nombreux documents. Je me permets toutefois d'exprimer un
regret, c'est que M. C. n'ait pas consacré un chapitre à Tono-
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— 432 —
mastique des différentes prises de marais. Ce ifaurait pas été le
moins curieux, le moins instructif, mais aussi le plus facile.
Le volume contient encore les Cens et rentes dûs au comte de
Poitiers à Niort au XIII* siècle^ publiées par notre confrère M.
Henri Clouzot, très intéressant.
Pouillé historique du diocèse d'Anyouléme, par M. Tabbé Nan-
glard». C'est le quatrième volume de cet ample et toujours si utile
document. M. N. nous donne la troisième c! dernière partie con-
cernant le diocèse actuel, depuis la fin du XVIII" siècle, précédée
d'une excellente introduction. Chaque paroisse est annotée d'a-
près les rensieignements puisés dans les archixes diocésaines et
municipales. Les not^s indiquent le patron. Si la coutume a été
supprimée ou maintenue en 1803, les transformations survenues
dans Téglise, les embellissemenls qu'on lui a dionnés, le nom des
curés. Il est fort à désirer que ce plan soit imité. Personne ne
doutera qu'il y a là, amassés pour les érudits futurs, une col-
lection de documents qu'ils seront i^econnaissants à M. N. d'a-
voir réunis. Je ne lui adresserai qu'un tout petit reproche :
Pourquoi s'est-il borné à dire : Eglise, ancienne ? Il semble
qu'il aurait dû spécifier un peu mieux l'âge du monument. Le
mot ancienne, est un ternie beaucoup trop vague qui s'appli-
que aussi bien au XIP qu'au XV*. La mention plus précise d'une
date aurait remplacé avanlageuscment la mention de superficie
de la commune qui est un renseignement de slalistique étranger
à un pouillé.
La Province, n^ de juin à septembre 1903. M. G. Mauberger
a donné à cette revue quatre articles sur les Ilots de la Charente,
Knct, Aix, Boyardi et Madame. Rien de géographique. C'est le
récit vif, alerte, amusant et intéressant d'une cjxcursion par un
touriste renseigné qui se comptait à faire re\ ivre les rares con-
naissances historiques sur ces minuscules « ilett^s ». C'est le
résumé rapide, mais complet, de l'histoire de ces lambeaux de
terre qui en ont si peu. M. M. accomplit le miracle d'écrire une
quarantaine de pages sur un sujet absolument vide, à première
vue, et en somme, susceptible de certains développements, si-
non inédits, du moins oubliés ou ignorés d'un bon nombre de
Saintongeais. (M. M. dit Saintongeois, pourquoi? Ne serait-il
pas de cru ?). Il a môme découvert un peu d'inédit. Il a feuilleté
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— 433 —
ralbum des touristes de Tîle d'Aix. Peut-être aurait-il été bien
inspiré d'insister davantage sur ce qu'il appelle, après Coppée,
« ce monument de la bôtise humaine ». Ni supérieur, ni inférieur
à ses semblables. Dites-moi quel est l'album... môme l'élégant
album de pensées déposé sur certaines tables de salon qui ne
soit pas prétentieux et bote.
BIBLIOGRAPHIE
Annuaire du cours supérieur dCinstruction religieuse, 1903'
1904. La Rochelle, imprimerie Nouvelle Noël Texier, 1904, in-8"
écu, 110 pages.
AuDiAT (Gabriel). Le général Charles-Théophile de Bremond
d*Ars, d'après ses souvenirs militaires. La Rochelle, imprimerie
Nouvelle Noël Texier et fils, 1904, in-8**, 27 pages. (Tirage à part
extrait de la Revue de Sainlonge et (PAunis),
Ardouin (PieiTe). A la pêche des maules, saynète en un acte,
en vers. Marennes et Royan, imprimerie Florentin-Blanchard,
1904, in-8^ 41 pages.
M. Ardouin a sans doute pris grand plaisir à mettre en vers
celte douce et simplette pastorale, un peu quintessenciée, nous
avons pris plaisir à la lire. L'action se passe en 1830, avec
plus de sentimentalité qu'il ne convient, si on cherche la cou-
leur locale. Tout est coquet, très coquet.
Petite querelle de critique archéologique pointilleuse : pour-
quoi M. Ardouin habille-t-il sa Lucelle en « petite coiffe blanche,
jupon court, bas noirs et sabots ? »
Depuis 1830, le costume des pêcheuses de Marennes a-tril donc
tant changé ? De nos jours, elles vont à la mer en culotte et en
kisnolte. Il paraît que cette saynète sera mise au théâtre cet
hiver. M. A. fera bien do recommander à sa Lucette ce petit
costume qui n'a pas d'agréments.
Bordas (Albert). Des iugements susceptibles d'appel. La Ro-
chelle, imprimerie Nouvelle Noël Texier, pour A. Pedone, édi-
teur, à Paris, in-8°, 222 pages.
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— 434 -
Belli\rd (abbé). Monographie de Nieul-le-Virouilh,
BouRASsiN (R.). /-a question du Maroc, thèse pour le docloral,
soutenue le 22 juin 1904. La Rochelle, imprimerie Nouvelle Noél
Texier, pour A. Pedone, éditeur, à Paris, in-8®, 180 pages.
BossuET (Jacques). Ports (rancs et zones {ranches, La Rochelle,
imprimerie Nouvelle Noël Texier, pour A. Pedone, éditeur, à
Paris, mai 1904, in-8% 250 pages.
Bremond d'Ars (Anatole de). Souvenirs militaires du général
comte Théophile-Charles de Bremond d*Ars, publiés et annotés
par son fils. Paris, librairie Champion, in-8** de CCC-XIX-350
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Chasseloup-Laudat (de). Les marines de guerre modernes.
Paris, Veuva Ch. Dunop, éditeur, 1903, in-4«.
CuRET (Albin), docteur en droit, président du tribunal civil de
Marseille. Liquidation en justice des biens des congrégations
dissoutes, La Rochelle, imprimerie Nouvelle Noël Texier, pour
A. Pedone, éditeur, à Paris, 1904, in-8*, 208 pages.
DiLLON (comte). Essai sur les inlluences étrangères dans la
langue et la littérature îaponaise, La Rochelle, imprimerie Nou-
velle Noël Texier, pour A. Pedone, éditeur, à Paris, 1904, in-8**,
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ForcnÉ (abbé). Saint-Julien-de-rEscap. Pourçay-Garnaud,
Saint-Joan d'Angély, Ch. Renoux, 1904.
Glaize (Georges). Etude sur les caisses de réserve des colonies,
thèse pour le doctorat, soutenue le 31 mai 1904. La Rochelle,
imprimerie Nouvelle Noël Texier, pour A. Pedone, éditeur, à
Paris, in-8*, 247 pages.
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-435 —
Labadie (Ernest). Etude bibliographique sur les éditions de
Saintes et Barbezieus, d'Elie Vinet, saintongeois. La Rochelle,
imprimerie Nouvelle Noël Texier, 1904, in-8*», 25 pages, 3 fac-
similé. (Tirage à part à 50 exemplaires, sur papier vergé, de
l'article paru dans la Revue de Saintonge et d^Aunis).
— ■ Nouveau supplément à la bibliographie des Mazarinadcs.
Paris, librairie Henri Leclerc, 1904, in-S"*, 59 pages.
Plusieurs se rapportent à Saintes et à la Saintonge.
Mgr Le Camus, évoque de La Rochelle. Fausse exégèse, mau-
vaise théologie. Paris, H. Oudin, 1904, in-8*, prix 2 francs.
Réfutation d* Autour d*un petit livre, de Tabbé Loisy.
Loti (Pierre). Vers Ispahan. Paris, Calmann-Lévy, 1904,
in-18.
Ce roman a paru d'abord dans la Revue des Deux-Mondes.
Mesnard (Amédée). Le théâtre à Saint-Jean d'Angély sous la
Révolution et depuis à nos jours (1789-1904). Matha, imprimerie
Moderne, 0. Daviaud, 1904, in-16, 24 pages, couverture en cou-
leurs.
Vers l'an V de la République, il se créa à SaintrJean d'Angély
une troupe théâtrale qui prit le nom de Société dramatiquej sous
la direction de Gerdolle. M. Mesnard ne dit rien, probablement
parce qu'il n'a rien trouvé à ce sujet, de son fonctionnement, de
sa durée, de son répertoire. En fait de salle de théâtre, on ne se
souvient que de la salle Ardusser, dans la rue des Religieuses.
C'est cet immeuble que l'on proposait, en 1806, d'aménager en
« local spacieux et richement orné », et de l'installer en théâtre.
Cette question de création d'un véritable théâtre à Saint-Jean
d'Angély a été l'ordre du jour des municipalités angériennes pen-
dant quarante ans. On a fini par transformer une ancienne halle
à draps, « lieu sombre, plein de tristesse et de solitude, envahi
naguère par les vagabonds qui s'y réfugiaient avec leurs rou-
lottes ». M. Ménard décrit la nouvelle salle et raconte l'inaugu-
ration des 27 décembre 1903, 6 et 10 janvier 1904.
Pellisson (Jules). Une {été scolaire à Cognac en 1784. La Ro-
chelle, imprimerie Nouvelle Noël Texier, 1904, in-8*, i p., un
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^ 436 —
fac-similé. (Tirage à pari extrait de la Revue de Saintonge et
d*AunU).
Retz de Servies (André de), avocat, docteur en droit. De Vim-
pôi progressil dans V histoire en France de 1789 à 1870. La Ro-
chelle, imprimerie Nouvelle Noël Texier, pour A. Pedone, édi-
teur, à Paris, 1904, in-8*», 143 pages.
Société de construction et d'exploitation de l'appontement
DE Sadlanceaux (statuts). La Rochelle, imprimerie Nouvelle Noël
Texier, 1904, in-8^
Syndicat de la Propriété artistique. Annuaire pour 1904.
La Rochelle, Imprinuetrie Nouvelle Noël Texier, 1904, in-8®, 95
pages.
r.MON coopérative viticole DE Sainte-Marie de Ré. Statuts,
La Rochelle, Imprimerie Nouvelle Noël Texier, 1904, in-8*, 15
pages.
Texier (Noël). Une mise à Vindex. La Rochelle, imprimerie g
H
Nouvelle Noël Texier, 1904, in-8*, 15 pages.
Vatin (Fernand). Le Figuier de la Vengeance. La Rochelle,
imprimerie Nouvelle Noël Texier, 1904, in-**.
Cette plaquette, tirage à part de l'article paru dans le Mémo-
rial de Saintes, en 1903, est illustrée de gravures par M. Girau-
deau.
Veillon (E.). Les désastres de la viticulture et de Pagriculture.
Saintes, imprimerie Maxime Ouvrard, 1904, in-32.
o
Trigand de Latour (Maxime). Manuel du chercheur, du
curieux et de Vamateur. Chez l'auteur, à Cercoux (Charente- S
Inférieure), 1903, in-lô, XVIII-208 pages. • S
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TABLE DES MATIÈRES
Par M. Cb. Oanoibbaud.
Actes concbrnant la Société : Ad-
missions, 1, 81, 135, 201 ; —
séance, 133 ; — budget, 134.
Archives départemenitales, 83,
35a
Assassinats, 124.
Aunis, 75.
Bibliographie, 192, 433.
Biographie, 4.
Cartes i>ostales, 140, 268.
Centenaires, 148.
Cognac, plan, 140.
Comte d Artois, 21.
Conférences, 5, 88» 203.
Crosse, 16.
Décès 5 à 11. 88-92, 140-144, 205-
208, 270-273, 361.
Décorations murales, collège de
Saintes, 2.
Découvertes à Saintes, 84, 267.
Distinctions honorifiques, 82.
Distribution de prix, 205.
Errato, 88, 145, 209.
Etude bibliographique sur E.
Vinet, 280.
Etymologie, 64, 180, 243.
Excursion, 210.
F6te scolaire, 157.
Feux de joie, 149.
Invitation à diner, 157.
Jeton du collège, 266.
Journaux, 139, 140.
Lame damasquinée, 85.
La Rochelle, Hdtel des Postes,
205.
RtTiM. Toou XXIV.
Livres et périodiques. — I. Li-
vres :
Au Pays de Jésus^ 182.
Cosmographie d'Alphonse de
Sainionge^ 326.
Famille de la Chalosse^ 77.
Histoire des comtes de Poitou,
246. 330, 405.
Vorare des trinitaires pour le
rachat des captifs^ 132.
Manuel d'archéologie, 188.
Pouillé historique du diocèse
d'AngoulëmCy 432.
II. Périodiques :
Analecta bollandiana, 74.
Bulletin historique, 324.
Bulletin de ta société archéoto-
gique d'Ile-et-Vilaine, 76.
Bulletin de la Société archéolo-
gique de VOrléanaiSj 356.
Bulletin de la Société archéolo-
gique de la Charente, 323.
Bulletin de la Société de Borda,
126.
Bulletin de la Société d^émuta-
tion des Côtes-du-Nord, 125,
323.
Bulletin de géographie histori-
que^ 75.
Bulletin de Vhistoire du protes-
tantisme, 123, 324.
Bulletin de la Société de géogra-
phie de Rocheforl, 124.
Comptes-rendus du Comité ar-
chéologique de Sentis, 126.
Etudes, 430.
Ere nouvelle, 126, 183, 261, 355.
La décentralisation littéraire, 183.
Les Contemporains, 430.
La Province, 432.
Mémoires de ta Société d'agri-
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— 438 —
culture d'Angers, 330.
Mémoires de la Société des An-
tiquaires de tOuesl, 431.
Mémoires de la Société Eduen-
ne, 356.
Recueil de la Commission des
Arts de la Charente-Inférieure,
76, 243.
Revue africaine, 3b^.
Revue du Bas-Poitou, 130, 356.
Revue de Béarn, 329.
Revue des Charentes, 131, 329.
Revue des Etudes anciennes, 76.
Revue hebdomadaire, 356.
Revue des questions historiques,
191.
Revue scientifiaue, 76.
Revue universelle, 356.
Mariages, 12-15, 92, 144, 208, 273,
365.
Monument Audiat, 202.
Monuments classés, 85.
Monument commémoratif, 267.
Monuments funéraires, 3 83.
Monuments (vente de), 13v.
Monuments (restauration), 3, 36,
266, 267.
Musée de La Rochelle, 267.
Musées, fiches, 137. — Musée de
Rochefort, 3. — Musée de Sain-
tes, 4. Dons, 84.
Noblesse (maintenue de), 146.
Numismatique, 85, 204.
Papiers de famille, 95.
Poème mis en musique, 138.
Procès après décès, 123.
Questions, 64, 123, 180, 243, 322.
Récompenses honorifiques, 2, 4,
139, 002.
Rectification de nom, 365.
Réponses, 65, 181, 243, 322.
Révolution, 93.
Rues (Voir Saintes).
Saintes, bibliothèque, 83 ; — cha-
pelle du collège, 2 ; — Carmel,
3 ; Colonie auvergnate, 202 ; —
District, 64 ; — Inondation,
149 ; — Notre-Dame de la Ro-
tonde, 149 ; — Rues, 37, 103,
161, 368 ; — Thermes de Saint-
Saloine, 204.
Salle de spectacle à Saint-Jean
d'Angélv, 83.
Salon, 268.
Sépultures médiévales, 16.
Sigillographie, 86, 209.
Société lyrique, 138.
Statistique, 3, 358.
Statue (jfroupe), 359.
Subventions, 3.
Théâtres en plein aîr, 360.
Théâtre poitevin, 5, 358. Con-
cours, 86.
Théâtre saintongeais, 4, 274.
Tremblements de terre, 203.
Variétés : Au seuil des Arènes,
274.
Deux épisodes de la fuite en Es-
pagne de Mgr de Coucg, 225.
Centenaires, 148.
Clergé de la Charente-Inférieure
pendant la Révolution, 391.
DMcultés entre la garde de St-
Jean dAngélg et les Amis de
la Constitution, 93.
Excursion, 210.
Fête scolaire à Cognac en 1784,
157.
Peux de ioie, 149.
Général Muller, 309.
Général de Bremond d'Ars, 230,
300.
Inondation en 1904, 149.
Une invitation à diner chez le pre-
mier Consul, 157.
Maintenue de noblesse, 146.
Notre-Dame de la Rotonde, 155.
Papiers de la famille Baudouin
ae Laudeberderie, 95.
Pourquoi le comte d* Art ois n'a
pas rejoint Charette, 21.
Saintes ancienne, Zl, 103, 161,
368.
Sépultures médiévales à Saint-
Jean dAngélg, 16.
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TABLE ONOMASTIQUE
Par M. HeNRi Joybr.
Abadie de Saint-Germain (Rose-
H. d'), 77, 196.
Abati (Olympe), 91.
Abbon, comte de Poitou, 248 ; —
évêque de Saintes, 344.
Abrard, 326.
Abzac (Amable d*), 241.
Adélaïde de France (Madame),394.
Adèle de France, 405.
Agnès de Bourgogne, 405.
Affnès, duchesse a*Aquitaine,348,
AfflreSf cant de Prahec, arr. de
Niort, 196.
Aigrefeuille, chef-lieu de cant.,
arr. de Rochefort-sur-Mer, 269,
391.
Aigret (Guillaume), duc d'Aqui-
taine), 334. 347, 350.
Aigron, tailleur d'habits, 372.
Aiguière (C.-M.-A. d'), chanoine,
Aillu, fief des <I1ermont (Picar-
die), 209.
Aimeri, comte de Saintes, 347 ;
— abbé de Saint-Jean d*Angély,
416, 418, 420-423, 425
AirvauU, chef-lieu de cant, arr.
de Parthenay, 20, 21.
A(x, (île),com. du cant. de Roche-
fort, 27, 301, 331, 391. 432, 433.
Aizie, fief des Broglie, 366.
Alain, breton, 257.
Albert ; — (Etienne), 128 ; — (Ma-
rie d'), 71.
Aldebert de La Marche, comte de
Périgord, 345.
Alduin, abbé de Saint-Denis, 337,
340.
Alduin, seigneur de Barbezieux,
342 ; — évêgue de Limoges, 344;
— comte d'Angouléme, 254, 345.
Alienor d'Aquitaine, 405, 411.
Aliez, sous-préfet de Mortagne,
144.
Allain (Nicolas), 379.
Allard, 326 ;— administrateur, 130.
Allas 'Champagne^ cant. d'Ar-
chiac, arr. de Jonzac, 178.
Allenet, 13 ; — (Suzanne), 99.
Almin (Joseph), capitaine de vais-
seau, 30.
Amat, archevêque de Bordeaux,
252.
Amaudry ^Jean), marchand, 168.
Ambert, général, 307. '
Amhourie, fief des Broglie, 366.
Amelin (Jean), 371.
Amelotte (J.), prêtre, 374 ; —
(Marguerite), 373.
Amouroux, maître de pension, 165,
26a
Amyot (Jean), clerc, 117.
Amillu, com. de Saint-Pierre d'A-
milfy, cant. de Surgères, arr.
de Rochefort, 391.
Anais, cant de La Jarrie, arr. de
La Rochelle, 332, 391.
Ancelin (J.), marchand, 263, 264 ;
— (François), sieur de Chadu-
rie ; — (Jean) ; — (Louis), 264.
Andillu, cant de Marans, arr. de
La Rochelle, 392.
Andrieux (Jules), 287.
Angeac-ChampagnCy cant de Se-
gonzac, arr. de Cognac, 185,186.
Angéru, jpour Saint-Jean d'Ange'
A /ig[cr«' (Maine-et-Loire), 57, 121.
Angibaud de Broue, 352.
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— 440 —
A/ig/icrs, cant. de Coupçon, arr.
de La Rochelle, 391.
Angoulême (duc d') ; — (duches-
se d'), 308.
Angoulême (Charente), 104, 287.
Angoulins, com. du cant. de La
Rochelle, 142, 391.
Anguilard, fief des Poussard,178.
Anlichamp (chevalier d'), 32.
Anlignac, cant de Saint-Genis,
arr. de Jonzac, 71.
Antonin (Saint), 423, 425.
Arbariy prieuré, 397.
Arbanère (M°^«), 273.
Arbert, 349 ; — comte du Maine,
260.
Arbois de Jubainviile (d'), 175.
Arces, cant. de Cozes, arr. de
Saintes, 70, 143.
Archambeaud, archevêque de
Bordeaux, 334.
Archiac (Avraar d') ; — (Marqui-
se d'), 186 ; — Archiac-Saint-
Simon (d'), 306.
Archiac, chef-lieu de cant., arr.
de Jonzac, 127, 191, 328-340,
342, 394.
Arçon (d*), lieutenant général,
3n.
Ardillon (Raymond), prêtre, 118.
Ardouin, 64 ; — procureur au
présidial, 374 ;^(Pierre), 2, 433.
Arellano (baron d'), 364.
Argençoriy forêt près de. Benon,
332.
Ariège, fief des Salasc, 9.
Arles (Bouches-du-Rhône), 59,
106, 121, 279.
Armand, docteur-médecin, 208.
Arnaud, 374 ; — notaire, 164, 179.
Arnaud, abbé de Saint-Jean d'An-
ffély, 421, 422 : — seigneur de
Montlieu, 342 ; — seigneur de
Monlausier, 342.
Arnaud (Elisabeth d'), ; — (Jean
d'), seigneur de Boisroche, 128.
Arnaud Bouration, comte d'An-
Çoulême, 345 ; — Manzer ou
Avultron, comte d'Angoulême,
345.
Arnaûld (Marc), banquier, 378.
Arnault (Henri), capitaine de fré-
gate ; — curé de Meux, 141 ; —
curé de Saint-Germain de Vi-
brac. 71.
Arnault (Gabrielle d') ; -— (Jehan
d), 264.
Amoux (EiMrène), 145; — (Henri),
enseigne de vaisseau, 144, 208 ;
— (Lucie), 208 ; — (Lucien),
capitaine de frégate, 145, 208 ;
— (Marguerite), 208.
Ars, com. du cant de Cognac,
128, 135, 186, 210, 221-225, 263,
267.
Ars en Ri, chef-lieu de cant,
arr. de La Rochelle, 85, 269,342.
Arsende, 332.
Artaud, seigneur de Montlieu,
342.
Artiz, com. de Saint-Hilaire des
Loges, 334.
Artois (comte d'). 21-36, 82, 263 ;
— (comtesse d ), 29.
Arverl, caat de La Tremblade,
arr. de Marennes, 394.
Asnière, abbaye, canton et arr.
de. Saint-Jean d'Angély, 395.
Asnières (Clémence a) ; — (Eu-
gène-H.-B.-R., marquis dj), 10-
Asnières, com. du cant de Saint-
Jean d'Angély, 403.
Atgier, docteur-médecin, 130.
Atton (vicomte), 247, 24a
Aubain, artiste peintre ; — sculp-
teur, 268, 269.
Aubenas, chef-lieu de cant, arr.
de Privas, 29.
Aubertin (Ch), 174, 175.
Aubeierre, chef-lieu de caût, arr.
de Barbezieux, 299.
Aubusson (Jacques d*), ; — (Ma-
rie-Claire d'), 185.
Aucam (Joseph), lieutenant de
vaisseau, 30.
Audiat (E.), médecin de marine,
22 ; — (Gabriel), professeur,
242, 309, 329, 433 ; — (Louis),
47, 83, 93, 105, 106, 123, 134,
139. 158, 164, 202, 356, 375, 377,
401, 403.
Audouin (J.). serrurier, 167 ; —
(Jacques), bourgeois, 184.
Audouin, abbé de Fondouce, 184;
— abbé de SaintrJean d*Angé-
ly, 412, 416-418, 421-423, 425-
4*27 ; — évêque de Limoges,
412-414, 416.
Audouin (Jean), sieur de La Vie,
184.
Audouin-Dubreuil, 361.
Auger (Louis), 389, 390 ; -- (M.),
sarger, 179.
Auger de Kerudo, 9.
Augier, curé de Vanzac, 397.
Augier de Colonque, syndic, 163.
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— 441 —
Auguin, artiste peintre, 83, 268.
Aunau, chef-lieu de cant, arr.
de SaiDt-Jean d'Angély, 12, 126,
190, 247, 250, 252-254, 324, 343.
Aurai/y chef-lieu de cant, arr. de
Lorient, 36.
Aurélien, empereur romain, 48,
52, 58.
Ausone, poète, 60, 61, 103.
Aulun (Saône-et-Loire), 54, 55, 59,
61.
Avesgaud, évêque du Mans, 256,
258.
Aymar (comte), 248.
Ayraud, prieur de Saint-Lau-
rent du Bouhet, 402 ; — tréso-
rier du chapitre de La Ro-
chelle, 402 ; — (J.-J.), notaire,
207.
Ayrolles (d'), vicaire général de
La Rochelle. 226, 228.
Autre, com. du cant de La Ro-
chelle, 391.
B
Rabin, maître tailleur d'habits,
370 ; — (Jean), domestique ; —
(Estienne), domestiaue, lOl.
Babinot, avocat, 207, 210.
Baccot (Jean), avocat, 386, 387.
Bachellot, 383.
Badenhuyer ; — (Albert) ; — (Ar-
mand) ; — (Charles) ; — (Clo-
tilde) ; — (Léonce) ; — Octave,
144 271 272.
Baderôn de Thézan (M.-S.-G. de),
362 ; — de Maussac de Thézan
de Saint-Geniès (Bérengère),
141.
Badolreau (?), 298.
Baigne, chef-lieu de cant, arr.
de Barbezieux, 329, 342,395,401.
Baillard, 11.
Baillet (Adrien), 74.
Bàtaniac, cant de Saujon, arr.
de Saintes, 190.
Baldassini, photographe, 140.
Ballans (Foucaud de), 251.
BallanSy cant de Matha, arr. de
Saint-Jean d'Angély, 251.
Balley, architecte, 2Ô3, 277, 359.
Ballon, cant. d'Aigrefeuille. arr.
de Rochefort-sur-Mer, 391.
Banneux ou Bauneux (Marie-F.-
I.), 311, 312.
Barat (Philippe), 324.
Barbezieux (Charente), 280-300,
340 341 394.
Barbier de Monlault (X.), 20.
ÎJarbotin, curé de La Tremblade,
90 ; — (Arnaud), 187 ; — (W.),
graveur, 269.
Bardenac, cant de Chalais, arr.
de Barbezieux, 341.
Bar di nés, cimetière à Angoulôme,
139.
Bardon (Angélique) ; — (Clémen-
ce) ; — (Caroline) ; — (Eugé-
nie) ; — (Jérôme-Ferdinand) ;
— (René-Jérôme) ; — (J.-F.),
seigneur de La Boulidière ; —
(Hilaire), 69.
Barère, conventionnel, 430.
Baril, médecin principal de la
marine ; — (Pierre), 89.
Barnave, 94.
Baron, 128 ; — greffier ; — (Eli-
sabeth, 14.
Barraud (Marguerite), 187.
Barreau, prieur-curé de Saint-
Vivien de Pons, 312.
Barrère, ambassadeur, 268.
Barret (Hélène), 261.
Barret (Itier de), abbé de Baigne,
342.
Barrias, sculpteur, 3.
Barthélemv (S.), avocat, 99 ; —
professeur, 20i8.
Barthélémy (A. de), membre de
llnstitut, 870.
BassaCy cant de Jamac, arr. de
Cognac, 10, 394.
Bassompierre, évêque de Sain-
tes, ito.
Bâtissier, 62.
Baudéan de Parabèrc, abbesse,
de Saintes, 395.
Baudin (Thomas - Nicolas) ; —
(François), 430.
Baudouin, docteur-médecin, 76,
131, 196 ; ~ (Fr.), avocat, 387 ;
— (H.), 193; — de Fleurac
(Louise), 186 ; — de Laudeber-
derie (Famille), 96-103.
Baudry, 95.
Bayard (E.), 193.
Baijonne (Basses-Pvrénées), 360.
Bazac. cant de Chalais, arr. de
Barbezieux, 192.
Bazin, 120 ; — (René), 306.
Bazoges (Marguerite de), 126.
Béai (Jean-Pierre), prêtre, 142.
Beaucorps (Marie-A.-B. de), 316.
Beaufils, 8a
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— 442 —
Beaulieu^ fief des Rippes, 72.
Beaulon (de), sous-lieutenant,242.
Beauloriy com. de Sainl-Dizant du
Gua, canL de Saint-GeDÎs, arr.
de Jonzac, 190.
Beaumanoir (Ph. de), bailli de
Senlis, 126.
Beaune (de),procureur du roi,166.
Beaune (Côte-d'Or), 170, 171, 174,
175.
Beaupoil de Saint-Aulaire, 166 ;
— (Guy de) ; — (Antoine de),
71.
Beaupuy, com. de Saintes, 114.
Beauregard, com. du Douhet,
374.
Beauregard, fief des Tessereau,
99.
Beaussant, 361.
Beauvais (Edouard), 208.
BeauuaiS'Sur-Malha, cant. de Ma-
tha, arr. de Saint-Jean d'Ajiffé-
ly, 264, 394.
Béchet (Marie-Cosrae), 68.
Bédoire (Jeanne-Françoise), 11.
Beins Loir (de), 13.
Bel-Air, fief des Meschinet, 99 ;
■— fief des Vitet, 130.
Belenfant (F.J, greffier, 30.
Beletrudi, 253.
Bellanger, inspecteur d'Acadé-
mie, 193.
Bellefontaine, agent maritime,
30.
Bellemont, près Royan, 77, 78, 79.
Belle vue, 316.
Belliard, prêtre, 434.
Bellissen (de), 9.
Bellot, oropriétaire, 3.
Belloy (Marquis de), 64.
Benêt, fief des Rançon, 409.
Benel, cant de Maillezais, arr.
de Fonlenay-le-Comte, 333.
Bénézet, 149.
Benoit de Pons, 352.
Benon, avocat, 129.
Benoriy cant. de Courçon, arr. de
La Rochelle, 332, 392.
Bérault du Pérou (Marie), 264.
Berger (Marie), 271.
Bergeron,maire de Pérignac,215.
Bernage, notaire, 147.
Bernard, 127 ; — conventionnel,
169, 232 ; — (Guillaume) ; —
(Guilhemin), 117 ; — (H.), mar-
chand, 185 ; — (Lucien), avoué,
12 ; — pharmacien, 81.
Bernard (de), 9.
Bernard, comte de Périgord, 346;
— comte de Toulouse, 345 ; —
Guillaume, comte de Bordeaux,
345.
Bernard de Javrezac (Gédéon) ;
— (Bertrand) ; — (Pierre), 261 ;
— (Marie), 261, 264.
Bernardeau de La Briandière
(Angélique) ; — (Anne-Marie) ;
— (Phihppe-Louis), 312; — (Ma-
rie-Anne), 79.
Berneuil, cant. de Gemozac, arr.
de Saintes, 190.
Bernier (Clémence), 70.
Bernissac, com. de Gémozac, 264.
Berray (Pierre), 389.
Berruyer, colonel, 239.
Bertaut, Berteau, 326, 365 ; —
— (Marguerite), 91.
Bertet, notaire, 147.
Berthier, maréchal de France,235.
Berthommé (Penot) ; — (Guillau-
me), 382.
Berthus, prêtre, 378.
Berthus ae Langlade (Eugène),
Bertrand, 263: -- (Ch.), chef de
bataillon, 141 ; — (Elie), 184 ;
— (J.), chambellan, 130 ; ~
(P.), notaire, 379.
Besançon (Doubs), 59, 120.
Besnard (Marguerite). 95.
Bessac, cant de Montmoreau,
arr. de Barbezieux, 334, 335.
Besson (Auguste), vice-amiral,
142, 143, 145, 208 ; — (famille),
142, 143.
Bettanier (A.), artiste peintre,270.
Beurlag, com. de Saint-Porchai-
re, arr. de Saintes, 190.
Béziers (Hérault), 279, 360.
Biais (E.), 139.
Bibard de La Touche, 115.
Bicheur (Jeai\), 374.
Bichon (J.), maître imprimeur,162
Bidoit, 140.
Bigot de Saint-Quentin (Paule),66.
Billard, curé de Saint-Pallais de
Saintes, 362, 363.
Billaud (Victor), 88, 140.
Billaud-Varenne, conventionnel,
430.
Bineau (Pierre), 402.
Binet, proviseur du lycée Con-
dorcet, 85 ; — notaire, 366 ; —
prêtre, 168.
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— 443
Binet pour Vinet
Biron, cant de Pons, arr. de
Saintes, 104, 218.
Bisset (Françoise), 374.
Bizemont (de), 235.
Blair de Boisemont (L..-G. de),
intendant, 178.
Blaix (P. J.), imprimeur, 298, 299.
Blanc, bourgeois marchand, 374.
Blanchard, négociant, 129.
Blanchet, 47, 271, 326.
Blanchon (Marie-Anne), 141.
Blanleuil ; — (Marie), 180.
Blanzay, com. de Prahecq, 253.
Blanzay - sur - Boutonne, canton
d'Aunay, arr. de Saint-Jean
d'Angély, 253.
Blénac, com. de Saint-Sympho-
rien, cant de Saint-Aignan, arr.
de Marennes, 165.
Blois (Jacques de), 184.
Bodin (Anne) ; — (Jacques) ; —
(Jeanne) ; — (Marianne), 9.
Boisbeletf paroisse de Mouthiers,
272.
Boisclair, fîef des Landreau, 66.
Boismalle^ fief des Tessereau, 99.
Boisredon, cant. de Mirambeau,
arr. de Jonzac, 181.
Boisroche, com. de Cherves, cant
de Cognac, 264.
BoUrocne, com. de Saint-André,
cant de Cognac, 129.
Boispon, com. de Saint-Ciers-
Champagne, can^. d'Archiac,
arr. de Jonzac, 99.
Boissonnade, 205.
Boiteau (Jean), sergent royal, 117.
Bonami (Elisabeth), 123.
Bonaparte (Joseph), 305.
Bonnard (Camille), 322.
Bonnaud (J.), marchand-sarger,
167.
Bonneau (Jacques), 69 ; ■— (Hen-
riette), graveur, 269.
Bonnecarre (G.), 94.
Bonnegens (de), 130 ; — (Philip-
pe de), 263.
Bonnerot, vicaire général de La
Rochelle, 394, 397.
Bonnin, voiturier, 168.
Bonnouvrier (Jacauette), 368.
Bonnyssin d'Ancely, 9.
Bonsonge (A. de), capitaine de
frégate, 11.
Bordageau (Jacques), 167.
Bordas (Albert), 433.
Bordeaux (Gironde), 45, 48, 51,
56, 60, 61, 104, 119, 121.
Bordes (Henri), bibliophile, 294,
295.
Bords, cant de Saint-Savinien,
arr. de Saint-Jean d'Angély,
151.
Boscal de Real (César de) ; —
(Léon de), 186 ; — de Mornac
(Henriette de), 80, 321.
Boson, archidiacre, 250 ; — le
Jeune, comte de Périgord, 345;
— le Vieux, 345.
Bosredon (Ph. de), 287.
Bouchard d*Aubeterre (Fran-
çois), 187 ; — d'Esparbès de
Lussan d*Aubelerre (Louis-P.-
J.), 72.
Boucher (J.), gabarier, 114.
Bouchet, imprimeur, 288.
Bouet du Portai (de), 78.
Bouge, prêtre, 193.
BougneaUf cant de Pons, arr. de
Saintes, 135, 190, 210, 212-214.
Bouguereau (W.), artiste peintre,
193, 26a
Bouhet, cant d'AigrefeuilIe, arr.
de Rochefort-sur-Mer, 391.
Bouin de Beaupré (Pierre) ; —
(Rose), 366 ; — de la Chéverie
(Rosalie-Angélique), 367.
Boulin (Jean), prêtre, 389.
Boulineau (Jean), 187.
Boulogne (E.-A.) prieur de Ton-
nay-Charente, 395.
Bouquet (Dom), 62.
Bourassin (R.), 434.
Boure (Marguerite de) : — (Isa-
belle de), m
Boureau (Jean), 389.
Bourg (Marguerite de), 129.
Bourg (Jean de), dit Bragier, 263.
Bourg-Charente, cant de Segon-
zac, arr. de Cognac, 262, 263,
287.
Bourges (Cher), 47.
Bourgneuf, cant de La Jarrie,
arr. de La Rochelle, 391.
BourgneuL chef-lieu de cant,
arr. de Paimbœuf, 23.
Bourgogne (de), conseiller au
parlement, 395.
Bourgouin, officier de vaisseau,
376.
Bourgueit, com. de Bonnes, cant
do Saint-Julien-Lars, arr. de
Poitiers, 250.
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— 444 —
Bourfuignon (Jean), sieur de
Chèvre-Nègre ; — (Marie), 130.
Bourguignonne, 407-409.
BouHffnon, archéologue, 43, 46,
Bouriier, prêtre, 174.
Boursiquot, 101 ; — (Françoise),
177, 178.
Bourrut (Pierre), 173.
BouBsac, com. de Richemont,
261, 262.
BouteoiUe, canL de ChAteauneuf,
arr. de Cognac, 185, 337, 338,
394, 395.
Bouiurs, com. du cant de Co-
gnac, 263.
BouUnet, topographe, 39.
Bouyer, 153 ; — née Brisson, 184;
— (Léon), poète, 136, 193 ; —
marchand, 167.
Boybelleau (Marie-Anne), 66.
Boyardt fort, com. de St-Geor-
ges d*01eron. canL de Saint-
Pierre, arr. ae Marennes, 432.
Boyer, 47, 156.
Bragier (Pierre), 263. Voir Boury.
Brard (D' Ernest), 193.
Brassaud, fief, com. de Saintes,
108.
Braud (Pierre), fabriqueur, 389,
390.
Brault de Bournonville, maire
de Montguyon, 135.
Braunius, topographe, 39.
Brehon, procureur du roi, 374.
Brdon de La Martinière, avocat,
Bremond (de), 224, 324 ; — colo-
nel, 364 ; — (Charles de), 261 ;
— (Charles-Jacob de), 128 ; —
(François de), 261 ; — (Jacob
de), 187 ; — (Jacques de), 186,
263 ; — (Jean-Louis de), 186,
261, 263 ; — (Léon-Alexis de),
128 ; — (Marie-Judith de). 128 ;
— (Suzanne). 261 ; — (Marie-
Madeleine de), 263.
Bremond d*Ars, 95 f~ — (comte
Anatole de), 230, 231, 239, 362,
434 ; — (Charies-Théophile de),
général, 230-248, 300-309, 362,
433 • — (Eutrope de) ; — (Jean
de),362 ; — (Jean-Louis de),23I,
241 ; — (Josias de). 232, 234,
300, 303 ; — (Joseph de), 362 ;
— (Jules de), 232, 240, 303 ; —
(Marie-Renée de), 868 ;-- (com-
te Pierre de), 204. 231, 232, 234,
236, 300, 303, 362 ; — (Sophie
de), 307.
Bréon, 149.
Bretagne, com. de Juicq, 169.
Brelonea, vigne près Saint-Jean
d'Angély, 170.
Bretonne, com. de Vatteville-la-
Rue, 17L
Breuil (Robert), prêtre, 118.
Briand, prêtre, historien,lll, 375.
Bricot (Nicolas), 176.
Bridier (Pierre de), sénéchal,348.
Brie-80U8-Archiac, cant d'Ar-
chiac, arr. de Jonzac, 69.
Brie-sous-Moriagne, cant de Co-
zes, arr. de Saintes, 71.
Brillouet, prêtre, 167.
Brillouin, 18 ; — (Léonie), 271.
BriouXy chef-lieu de cant. arr. de
Melle, 247, 336.
Brisson, sénateur, 6, 184; —
(Adrien), 184.
Brives (Maron de), 118.
Brioes, cant. de Pons, arr. de
Saintes, 216.
BriZy fief de Montmor, 323.
Brizeux, instructeur de la jeu-
nesse, 168.
Broglie (Charies de), 366.
Broglie, chef-lieu de cant, arr.
de Bernay, 366.
Bron, conseiller général, 6.
Broquisse, imprimeur, 160.
Brosêac, chef-lieu de cant, arr.
de Barbezieux, 299.
Brouage, com. d'Hiers-Brouage,
cant de Marennes, 100, 343.
Broue, com. de Saint-Sornin,
cant de Marennes> 344.
Brouillac (A.), avocat, 12.
Broussais, médecin, 359.
Broussard (Et), 165 ; — (Ber-
trand) ; — de Fontmarais ; —
de Montfont, 127, 128.
Broussillon (comte de), 175.
Broutet, capitaine, dit Broutet-
Cailloux ou Saint-Silex, 355.
Bruhat, professeur, 266.
Brumauld des Houlières (Les),
866-368 ; — de Villeneuve ; —
de Montgazon : — des Allées,
365.
Brunaud (Adolphe), avoué ; —
(Gaston), magistrat ; — (Paul),
avoué, 11.
Brunet, 16, 128, 285-287 ; — (Jac-
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— 445 —
ques) ; — (Françoise) ; — (Ma-
pie-rrançoise) ; — du Bocage,
126.
Brung (Françoise], 127; — (Tous-
saint), tisserand, 114.
Brunon, évégue et comte de
Lcuigres, 427.
Buhot de Kerser, 47.
Buier (J.J. marchand, 370.
Burea, Burel, Bureau (Pierre),
prêtre, 117, 121, 122.
Burel, prévôt de l'Université des
clercs, 382.
Bures (Maurice), avocat, 133, 356.
Burèe, chef-lieu de cant, arr. de
Saintes, 156, 394.
Burie, prise, paroisse de Saint-
Martin, 100, 101.
Bassac, cant. de Montlieu, arr.
de Jonzac, 340.
Bassang (Vosges), cant. du Thil-
lot, arr. de Remiremont, 360.
Bassy, fîef des Després, 126.
Buzag, près La Rochelle, 10.
Cabot, 327.
Cadelon, vicomte d'Aunay et de
Melle, 247, 248.
Cailhier (Jehan), 11&
Caillaud (A.), artiste peintre, 270.
Calan (de), 125.
Calluaud (Marie) ;— (Michel), 204.
Camena d'Almeida, professeur,
75, 193, 356.
Camiade (L.-J.), prêtre, 193.
Campan (Daniel de), 186.
Cammade de ChAtenet (Henriette
de), 144.
Campgrand (Arnaud de], 389, 390.
Camus (Julien), 389, 390.
Camuzet (Achille), 359.
Canclaux, lieutenant général, 311.
Canton, 138.
Cap-Breton, cant. de Saint-Vin-
cent de Tyrosse, arr. de Dax,
270.
Capitant (H.), professeur de droit,
194.
jCapuron, 150.
Cardegésile dit Gyson, 106.
Carissan (Alice), 270.
Carnaud, curé de Saint-Vivien
de Saintes,' 312.
Carré de Sainte-Gemme (Marie-
Côme-Ferdinand), 321.
Cartaud, curé de Saint-Pierre de
Saintes, 364.
Cartaud de La Verrière ; — de
Goy et de Bussy,' 9.
Cartier, étudiant, 81.
Cassoulet, notaire, 111.
Castagnary (Pierre), clerc tonsu-
ré 404.
Castaigne, 8, 223, 337.
Castillon du Perron (Jeanne), 15 ;
— (Marguerite), 8.
Castin de Guérin de La Madelei-
ne, chanoine, 395.
Catel (Nicolas), 147, 14a
Cauchy, fief des Broglie, 366.
Caudéran, hydroeéologue, 180.
Caumont (de), 120, 386.
Cauterets, com. du cant. d*Arge-
lès, 360.
Cavaignac, représentant du peu-
ple, 313, 31^
Cavroix (Louis), 281, 285, 29a
Céletle, 334.
Celier (Léonce), 74.
Cellefroin, cant de Mansle, arr.
de Ru£FeCy 191.
Cerclé, 90.
Cens (Abraham de) ; — (Alexan-
dre de) : — (Françoise-Marie
de) ; — (Jean de), 261.
Cerisay (C. de), chanoine, 381.
Cès-Caupenne (François de) ; —
(Marie de), 196.
Cette, chef-lieu de cant, arr. de
Montpellier, 280.
Chabannais, chef-lieu de cant,
arr. de Confolens, 141, 406, 410.
Chabans (Marie-F.-G. de), 7.
Chabiran (Anne), 374.
Chabirant, 382.
Chabiraud (Jeanne), 371.
Chadelle, bibliophile. 284.
Chadenac, cant de Pons, arr. de
Saintes, 105, 190.
Chadurie, cant de Blanzac, arr.
d'Angouléme, 264.
Chaillé'leS'Marais. chef-lieu de
cant, arr. de Fontenay-le-
Comte, 334.
Chailloleau, conseiller municipal,
81.
Chainet, 244.
Chalais, chef-lieu de cant, arr.
de Barbezieux, 299, 340,341,394.
Chftlon, vicomte d'Aunay,252,253.
Chambon (M"« de), 13.
Chambord (comte de), 362.
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- 446 -
ChampéenierSy cheMieu de cant,
arr. de Niort, 191.
Champdoleni, cant de Saint-Sa«
vinien. arr. de Saint-Jean d'An-
gély, 3.
Champfleur (comte Septime de),
10.
Champlain (Samuel), explora-
teur, 267, 327.
Champvolant, 323.
Chanevas, 148.
Chaniers, com. du cant. de Sain-
tes, 177, 379.
Chanteloup, cant. de Cognac.
220, 261, 262.
Chantreau (Emma de), 12.
Chapsal (F.), directeur du cabi-
net du ministre du commerce,
137, 358.
Charbonnel (Guillaume), 117.
Chardesy cant de Montendre,
arr. de Jonzac, 341.
Charente, pour Tonnay-Charen-
te.
Charenlenau, com. de St-Marc,
cant de Surgères, arr. de Ro-
chefort-sur-Mer, 391.
Charette, chef vendéen, 21-24, 32.
Charlemagne. 120.
Charles (Théophile), avoué, 12.
Charles d^Orléans, 187, 263.
Charlet (Thérèse), 69.
Charmé f fief des Broglie, canton
d'Aigre (Charente), 366.
Charmeleil, fief des Boursiquot,
99.
Charras, cant de Montbron, arr.
d'Angoulème, 324.
Charrier (J.), 101 ; — (Jeanne),
176 ; — (Samuel), %.
Charron (Guy), 165.
Charron, cant de Marans, arr.
de La Rochelle, 392, 393.
CharrouXf chef-lieu de cant, arr.
de Civray, 259, 333, 335, 344,
414, 423.
Chartier, 88.
Chartraire, prêtre, 59.
Chasseloup-Laubat (de), 6, 434.
Chassenon. cant de Chabanais,
arr. de Confolens, 120.
Chasseriau, Chasseriaux, impri-
meur, 140 ; — marchand, 123 ;
— prêtre, 227.
Chassin, 24.
Chassiron, com. de Saint-Denis,
cant de Saint-Pierre d'Oleron,
arr. de Marennes, 125.
Chasteau (Damien), 389.
Chasteignier (de), 32.
Chastellier, mettre boulanger,
373.
Chastenet de Puységur (Hélie
de), 144
Chasires, com. de Saint-Brice,
cant de Cognac, 190.
Chat (Colette), 292.
Chdteaucouveri (Charente), 261.
Château-Gaillard, fief des Roc-
quemadour, commu de Juicq,
cant. de Saint-Hilaire de Ville-
franche, arr. de Saint-Jean
d'Angély, 99.
Châteauneuf, chef-lieu de cant,
arr. de Cognac, 132.
Chftteauneuf (A.), chanoine, 378.
Chftteauneuf de Randon (Adam
de), 262, 264 ; — (Sylvestre de),
Chfttelaillon (Isembert de) ; —
(Manassé de), 250.
Chdtelaillon, com. du cant de La
Rochelle, 250, 251, 269. 333, 391.
Chatenac ou mieux Ùhadenac,
cant de Pons, arr. de Saintes,
399.
Chaliers, com. de Saint-Brice,
264.
Chatônet (Alice), 144.
Chaudruc de Crazannes (Henri-
Paul-Eugène) 806 ; — fbaron),
archéologue, 43, 44, 60, 135,
384 ; — (René), capitaine ; —
(Roger), 206.
Chaumeau, 326.
Chaumet, vicaire général d'An-
gouléme, 93.
Chauray, com. du cant de Niort,
335.
Chaussé, notaire, 147.
Chauveau, fief de Catherine Lan-
dreau, 66.
Chaux, com. de Chevanceaux,
cant de Montlieu, arr. de Jon-
zac, 341.
Chavanon, 337.
Chaverny (de), 10.
Chef^Boulonney chef-lieu de can-
ton, arr. de Melle, 353, 355.
Cheneveau (Ollivier), ou Chene-
deau, 389, 390.
Chenu-Laffîtte (Louise), 143.
Chirac, cant de Burie, arr. de
Saintes, 88, 105, 130.
Cheravache, gouffre entre l'île
d'Oleron et la cdte, 125.
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— 447 —
CherbonnièreSy cant. d*Aunav,
arr.de Saint-Jean d'Angély,253.
Chervea^ com. du canton de Co-
gnac, 128, 208.
Chesmès, marchand, 373.
Chesnier-Duchesne, 68.
Chéty, notaire, 180.
Chevalier, 96, 326 ; — (E.), 267 ;
— (E.-J.), artiste peintre, 270.
Chevalier des Landes (Fr.), 164.
Chevalier-Dufois, garde général
des vivres de la marine, 68 ; —
(Marie-C), 69.
ChevanceauXy cani de Montlieu,
arr. de Jonzac, 209.
Chevigné (de), 9.
Cheviflard (Paul), capitaine de
vaisseau, 30, 34.
Chevreau (Catherine), 129.
Chèvre-Nègrey com. de Javrezac,
cant. de Cognac, 130.
Chevreuil de Romefort (Françoi-
se), 129.
CheZ'MégroSj com. de Corme-
Royal, 91.
Chièvres (de), 187 ; — (Pierre de),
188.
Chirac f cant de Chabanais, arr.
de Confolens, 141.
Chiron (André), 140.
Chizé, cant. de Brioux, arr. de
Melle, 253.
Choiseul (duc de), 97.
Cholet, prêtre, 341.
Chollet, gentilhomme, 123.
Chotard, 13.
Chrétien, 141 ; — (J.), artiste
peintre, 268.
Christin (Ferdinand), 31, 32.
Christophe (Louise), 359.
Ciré, cant d*Aigrereuille, arr. de
Rochefort-sur-Mer, 391.
Civadiér (Etienne) ; — (Louis),
avocat, 129.
Clabat (Jacgues-Etienne) ; — (Jo-
seph-René), 129.
Clais, notaire, 204.
Clam cant de Saint-Genis, arr.
de Jonzac, 73, 339.
Claudin (A.), 285-287.
Clavaret, artiste, 83.
Clavette, cant de La Jarrie, arr.
de La Rochelle, 391.
Clément, notaire, 130.
Clermont (Simon de) ; — (Raoul,
comte de), 209.
Clermont, com. de Clion, 244.
Clermont-VHéraulty chef-lieu de
cant, arr. de Lodève, 9.
ClioTiy cant de Saint-Genis, arr.
de Jonzac, 71-73, 105, 244.
Clives (lord), 2a
Closmadeuc (de), docteur-méde-
cin, 171.
Clouzot (E.), archiviste-paléogra-
phe, 92, 355, 431 ; — (H.), hom-
me de lettres, 93, 432 ; — (Léon),
libraire-éditeur, 92.
Clunuy chef-lieu de cant, arr. de
Mâcon, 348, 353, 418, 423, 427,
428.
Codère de Thury (F. -A. de) ; —
(Marie-Marguerite de), 71.
Coffinières de Nordeck, général
de division ; — capitaine d*ar-
tillerie ; — capitaine de vais-
seau ; — chef d*escadron de
dragons, 11 ; — (Jeanne),
Cognac (Charente), 105, 149, 157-
160, 203, 338, 339, 342, 343, 396.
Coignet, 148.
Coiron com. de Bardenac, cant
de Chalais, arr. de Barbezieux,
340 341.
Colet' (Guillaume), 117.
Collet (Elisabeth), 72, 146; —
(Jacaues), avocat, 71; — (Jean);
— (Marguerite), 72, 146 ; —
(Marianne), 71.
Colombiers^ com. du canton de
Saintes, 347, 350.
Coma (Daniel) ; — (Zacharie),
sieur de Montour en Nercillac ;
— (Catherine), 128.
Combes, président du conseil,
194, 268 ; — (Edgar), conseiller
d'Etat, 6.
Compagnon, 326.
Compagnon (J.), seigneur de
Feusse, 179.
Compagnon de Thézac (E.), ca-
pitaine de dragons, 165.
Condé (prince de), 132, 393.
Condéon, cant de Baigne, arr. de
Barbezieux. 341.
Confolens (Charente), 406, 410.
Consac, cant de Mirambeau, arr.
de Jonzac, 71.
Constance Chlore, empereur ro-
main, 48, 54, 58, 59.
Constantin, empereur romain, 55,
, Contade (de). 24.
Contoutos, chef gaulois, 41.
; Copiac (Emeri d^, 86.
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— 448 —
Coppée (F.), poète, i. 433.
Cor (Louis-Gabriel), 207.
Corbinaud, 301.
Corbineau, architecte, 205.
Cordon ; — (François) ; — (Etien-
ne), sieur du Coudret; — (Jean),
Corgnol (Colin), 130.
Cormeil, com. de Saint-Germain
du Seudre, cant de Saint-Ge-
nis, an*, de Jonzac, 95.
Corme-RouaL canL de Saujon,
arr. de Saintes, 91, 394.
Corneille, docteur-médecin, 87,
359 360^
Comillot (Jean de), 71.
CosnaCf cornu de Saint-Thomas
de Cosnac, cant de Mirambeau,
arr. de Jonzac, 341-343, 394.
Gosson, curé de Saint-Louis de
Rochefort, 401, 402.
Cotard (Marie), 67.
Coteaux (Nolet), (Coutureaux),
lia
Coucy (J.-Ch. de), évéque de La
Rochelle, 225, 226, 392.
Coudreau, conseiller au prési-
dial, 168, 374 ; — (Christophe),
368, 374.
Coudreau (H.-A.), explorateur ;
— (veuve), 139.
Couhi, chef-lieu de cant, arr. de
Civray, 187.
Couldreau (François), 379.
Coulommitrs (Seine-et-Marne),
359.
Coulon, près Niort, 333, 334.
Coulonge, com. de Saint-Sul-
pice et Cognac, 338.
Coupêie, fief des Débordes, 66.
Couradei, com. de Segonzac, arr.
de Cognac, 187.
Couraud (L.-Ph.), collectionneur;
— (L.-T.), 157, 194, 355.
Courbeooie, chef-lieu de cant,
arr. de Saint-Denis, 97.
Courbon-Blénac (Marguerite de),
186.
Courcelleê, com. du cant de
SaintrJean d*AngéIy, 361.
Courcelle-Seneuil, capitaine de
frégate, 125, 194, 324.
Courcôme, cant de Villefagnan,
arr. de Ruffec, 365, 367.
Courçon, chef-lieu de cant, arr.
de La Rochelle, 332, 392, 393.
Coarcoury, com. du cant de
Saintes, 233.
Courdattlt, com. de SaintrPierre
d*Amilly, cant de Surgères,
arr. de Rochefort, 391.
Courpignac, fief des Poussard,
com. du cant de Mirambeau,
17a
Courtaud (N.), maçon, 382.
Courteault (Paul), 329.
CouBsanges (J. de), 430.
Coutanseaux (Justin), 133, 210.
Coûtant (C), chirurgien, 99.
Couteau, 95.
Coutin, tailleur d*habits, 372.
Coutureaux. Voir Coteaux, lia
Couv relies, cant de Braisne, arr.
de Soissons, 126.
CouXf cant de Montandre, arr.
de Jonzac, 342 379.
Cozesy chef -lieu de cant, arr. de
Saintes, 169-171.
Cram, cant de Courçon, arr. de
La Rochelle, 391.
Craon, chef-lieu de cant, arr. de
Chftteau-Gontier, 408.
Craxannes (M** de), née de Lou-
piac, 205.
Crépel, receveur des postes ; —
(Marguerite), 208.
Cresaé, cant de Matha, arr. de
Saint-Jean d'Angély, 335.
Croix-Chapeau, cant de La Jar-
rie, arr. de La Rochelle, 391.
Croix-Comiessey cant de Loulay,
arr. de Saint-Jean d'Angély^
251.
Croizard, 140.
Crouzat, 110.
Croze (baron Charles de), 356.
Crugy de Marcillac (Charles de),
262 ; — (Jacquette de) ; —
(Jean-Louis de), 263.
Crut y fief des Laverny, 73.
Curton, 188.
Ciurnac (de), chef de bataillon,
Cumberland (duc de), 96.
Cumont (marquis de) ; — (Marie-
S..H. de), 78.
Curet (Albin), maffisirat, 434.
Curton, com. de Cnallignac, cant
de Barbezieux, 188.
Curzay (Etienne de), 264 ; —
(Jean de), 264 ; -- (Jacques de),
129, 264.
Cybard (Saint), 423.
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— 4« —
D
Daraerie, professeur, 85.
Datbaye (Dominique), prêtre, 118.
Daloue (Adélaïde), 164.
Damas, prêtre, 378.
Dampierre (marquis de), 79.
Damoix, cant. de Maillezais, arr.
de Fontenay-le-Comte, 334, 409.
Dandelot (de) 132.
Dandonneau (J.), huissier, 389.
Dangibeaud (Charles), 21, 40, 62,
63, 76, 133, 155, 156, 165, 18D,
194, 210, 215, 225 ; — (LA 371 ;
— (Claude), prêtre, 3® : —
(Jean-Claude), maire de Sain-
tes, 374 ; — (Pierre), prêtre,
385.
Dangibeaud-Padiance, 166.
Dangliers (G.), chantre, 369.
Daniaud, 129.
Danyaud, professeur, 158.
Daquin, 97.
Daras (H.), artiste peintre, 270.
Daux (G.), 191.
David (J.-B.), curé de Saint-Bon-
net, 403 : — notaire, 162.
Davout, ^néral. 145.
Debain, juge, 166.
Debar (Jean), maire de Saintes,
369.
Debec, 372.
Débordes (J.-M.), seigneur de
Coupête, 66.
Dechambre (Louise), 91.
Déchelette (J.), 136.
Defieux de Marcillac (Jean) * —
(Jeanne-Marie) ; — ÇJean). sieur
de Marcillac-Laborie, 130.
Degeac, 326.
Detaage (H.), architecte, 180 ; —
général. 240.
Delany (Pierre-Frédéric) ; — (fa-
mille), 91.
Delataste (Jean), avocat, 116.
Delaunay, 372.
Delaville (N.J, 263.
Delaville (Michel), 261 ; — (Nico-
las), 261.
Delille (L.), 340, 341.
Delmas, 192, 315.
Delpy, 14a
Delvoche (Jeanne), 264.
Delymur (Jacqueite) ; — (Guille-
mette) ; — (Françoise) ; —
(Jean) ; ■— (Jacques), 127.
Demauge, 95.
Demondron, notaire, 366.
Demothe (Pierre-Modeste), 312.
Denelle (Henriette), 367. Voir
Nelle.
Deniau, prêtre, 22.
Denis (Gabriel), député. S; ^
(Jean) 389.
Denort (Antoine), avocat général,
146, 148.
Denys d'Aussy, 85, 93.
Depont (Léonce), poète, 4.
Déré (S.), compositeur, 203, 274,
275, 280.
Desazars de Montffaillard (baron
J.), lieutenant, 3952.
Desbrunais, 156.
Deschamps (D.), marchand, 372,
382 ; — (Gaston), 13a
Deschannod, mattre d*école, 15a
Deshellies, notaire, 147.
Deslandes, archiviste-paléogra-
phe, 132. "
Des Méloizes (marquis) ; — (Re-
née des), chanoinesse, 10.
Desmier d'Olbreuse (Bernard),
130.
Des Moutiers de Mérinville (com-
tesse), 127.
Després (Louis), sieur de Bussy,
Despretz de Montpezat (Alix), 8a
Desprez{L.-J.), prieur de Char-
ron, 393. .
Despruet <M.), prêtre, 163.
Desrogis^ 95.
Desseix, général, 22.
Destain, libraire, 16a
Devaudel (Jean), 389, 390.
Demier d'Archiac de Saint-
Simon, mai^hal de camp, 377.
Dexmier de La Groix (Marmie-
rite), 6a ^
Dezeimeris (R.), 281.
Déziré (H.), arUste peintre, 369.
Diconche, com. de Saintes, 16a
Didonne (Pierre de^ 353.
Bidonne, com. de Saint-Georges
de Didonne, cant. de Saujon,
arr. de Saintes, 343.
Dières, 376.
DUon (Côte-dOr), 58, 112.
Dillon (comte), m.
Dioclétien, 53, 5a
Dion, com. de Chérac, cant. de
Burie, arr. de Saintes, 98.
Disle, 194.
Dœil, cant de Loulay, 332, 349.
Dohet de Saint-Georges, 96.
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— 450-
DompierrCf fief des Bremond,
canton de Burie, 231, 233.
Dompierre-sur^harenle, canton
de Burie, arp. de Saintes, 72.
Dompierre-sur-Mery com. du can-
ton de La Rochelle, 269, 391.
Dorion, prieuré, 263.
Dougé, notaire, 147.
Dousset (Louise), 208.
Doussin, curé de Saint-Vivien de
Saintes, 402.
Drelincourt (Laurent), pasteur,
127.
Dréneau. Voir Saint-Nicolas du
Redon, 141.
Dreux (Th.), sieur de La Pomme-
rave, 370.
Drilhon (Paul), notaire, 38 ; —
(Joseph), 15.
Drillon, 110.
Droseonv (Raoul), 195.
Drouault (Roger), 324.
Drouhet (Pierre), 382.
Drouillard (D.). vigneron, 148.
Drouillet (Rosa), 196.
Druineau, 10, 129 ; — (Marie-C.-
B.), 143.
Drusus, 42.
Du Bastv, 156, 209.
Dubet ((iaston), 157.
Dubois, Duboys, 64, 326 ; -— (G.),
195.
Du Boulet (François), 12a
Dubourg (U.), docteur en méde-
cine, 162.
Du Breuil (Marie), 185.
Dubreuilh, 17a
Du Bullion de Montlouet (Suzan-
ne), 312.
Duclos (baron), curé de Montpel-
lier de Médillan, 312.
Du Coudret (Geoffroy), 164.
Ducluzeau (J.), procureur, 187.
Du Dresnay (Jean), 141 ; — (mar-
quis), 363.
Du Faget (W^), 304.
Dufau (Pierre), prêtre, 389.
Dufaure (Gabriel),5 ; —-(Charles ;
— (Elisabeth ; — de Vizelle
(Stanislas), 14.
Du Fay, 141.
Dùgua (Marguerite), 176.
Du Gua (Pierre), 267.
Du^é, 64 ; — (Jacques), huis-
sier, 167.
Duguet, prêtre, 68.
Du^uesclin, 174.
Dujarric-Descombes, 159.
DulignoQ, 12a
Dumanche, 37a
Du Massay, lieutenant du roi,
17a
Dumonchal, professeur, 85.
Dumontet (Marie-Alix) ; — (fa-
mille), 142, 143.
Dumonsson (Marguerite), 367.
Dumuys, 356.
Duplais (Louis), avoué ; — (Cé-
cile) ; — (Henry) ; — (Lucie),
143.
Duplais des Touches, a
Duplessis d*Argentré, évêque de
Lunoges. 395.
Dupuy (Léon), négociant, 127.
Dupuy de Lépine (Justine), 272.
Durand (Jean), 324 ; — (L.), mar-
chand, 370.
Du Refuge, 386.
Duret (Edmond), 210.
Du Saussay, 74.
Du Sollier (Le P.), 74.
Du Souchet (Anne), 264.
Dussault (Marie), 127.
Dusse, 149.
Dussoul (MarieV 373.
Du Tillet (Anne) ; — (Elie), 184.
Dutouquet ; — docteur-médecin;
— contrôleur général de la
marine, 10.
Duval, 176; — (J-M.), artiste
peintre, 268 ; — (Maurice), 93 ;
— (Raimond), 372.
Du Vauroux, chanoine, 2, 13a
Duvignaud (Bernard), 262.
Dyonet (Léon), 194.
E
Ebéon, cant de Saint-Hilaire de
Villefranche, arr. de SaintnJean
d'Angély, 105.
Eble, 340 ; de Chfttelaillon, 254,
352 ; ~ le Bfttard (comte), 330,
331 334.
Echillais, cant de Saint-Aignan,
arr. de Marennes, 8, 128, 190,
217.
Ec oyeux, cant de Burie, arr. de
Saintes, 190.
Emeriaud (Elisabeth), 7.
Emerius. 107.
Emery, huissier, 167.
Emma, 340.
Emmenon, comte d'Angouléme,
337.
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— 451 —
Emparée, fief des Broglie, 3ê6.
Enei, fort, com. de Fouras, cant
de Rocheforl-sur-Mer, 432.
Enffhien (duc d*), 234.
Eniart, archéologue, 188.
Epemon (duc à% 264.
Ermengarde, 353.
Ermensende, 334.
Eschasseriaux, député à la Con-
vention, 64, 315 ; — (baron
René), 110, 122, 184, 203, 320,
321, 377 : — (Camille), 377 ; —
(Elisabeth), 184; — (Joseph),
«S7/«
Eschivat (Jourdain), 406.
Esmein, 95.
Esnandes, com. du cant de La
Roch^le, 190, 266, 270, 334,
391.
Esrable (G.), seigneur de Saint-
Remy, 68.
Esrable des Barrières (Jean), 68.
Esse ou Hiesscy com. du cant de
Confolens, 24a
Essouverlf an*, de Saint-Jean
d^Angély, 332.
Estiennot (Dom), 112.
Eudes de Champagne, 256, 422,
429.
Eumène, 55, 61.
Eusebius, 107.
Eustelle (Sainte), 274.
Eutrope (Saint), évéque de Sain-
tes, 132, 189, 274.
Evreux (Eure), 54, 112.
Faiaseau (P.-V.), dit Blachère,
valet de chambre, 29, 30, 34, 36.
Faneuil, maire de Saujon, 6.
Fantv-Lescure (Emma), artiste
peintre, 268, 269.
Fauchereau (Pierre), 148.
Faure (Hélie), prêtre, 118.
Faure de La Fayolle (Louise),
128, 186.
Faverau (Jacques), avoué : —
(Jheanne). 12 ; — curé de Mon-
bran en Âgenais, 12, 194.
Favier, 156.
PavièreSf com. de Mosnac. cant
de Saint-Genis, arr. de Jcmzac,
73.
Favreau (A.), 195.
Faye, 346, W, 349, 354, 355.
Fayet (de), 9.
Fé de Ségeville (Marie-Marthe),
272.
Fegréac^ cant de Saint-Nicolas,
arr. de Savenay, 141.
Fenioux, cant de Saint-Savinien,
arr. de SaintrJean d'Angély,
189.
Fernande (P.),maftre ès-arts,167.
Ferrère (de), 187.
PerrièreSy cant de Courçon, arr.
de La Rochelle, 392.
Feuilleteau, notaire, 167.
Peusse, com. de Thézac, cant de
Saujon, arr. de Saintes, 179.
Février, général, 145.
Filhol, mattreès-arto, 156-1 68; —
(famille), 158.
Filleau (J.-A.), commissaire gé-
néral de la marine, 9.
Fillon (Jean-Isaac); — (Suzanne);
— (Thérèse), 187.
Flamant (Jean), sieur de Lugeat ;
— (Marguerite), 185.
Play, com. de Ciré, cant d*Ai-
grefeuille, arr. de Rochefort,
Pléac, cant de Pons, arr. de
Saintes^ 191.
PléaC'Sur^harenie (fief), 163.
PleuraCf com. de Nersac, 140. 141.
Fleurian (de), chef de bataillon,
208; — (famille de), 18, 14.
Fleury (Paul), 1.
Floris (de), curé de Villars, 39a
Flornoy (F.), procureur fiscal, 71.
Flouch (Mn^
Foix (Françoise de), abbesse de
Notre-Dame de Saintes, 388-
390.
Foix (Pierre de), curé de Monac,
402.
Fonrémis (Marcel de), 362.
Pôniaulière, com. de Cherves,
cant de Cognac, 128, 129.
Pontcouverie, com. du cant de
Saintes, 245.
Ponidoucey com. de Saint-Bris,
cant de Burie, arr. de Saintes,
184, 395, 407.
Fonteneau (Dom), 247.
Fonteneau (Jean), dit Alfonse de
Saintonge, 195, 326-328.
Pontenille, com. de Cherves,
cant de Cognac, 129, 130.
Fontevrault (abbaye de), 330, 395.
Fouçerou (OUivier), lia
Foulques (comte), 342.
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-452
Foulques, seigneur de MonUu-
sier, 342.
•Foulques le Réchin, 353, 354.
Foulques-Nerra, comte d*Anjou,
255-^, 344-350, 354, 355, 420,
42a
Fouqueray (Gh.), artiste peintre,
270.
Pouras, Gom. du cant de Roche-
fort^sur-Mer, 391.
Fourcade (Pierre de), 186.
Foucaud de La Roche, 343.
Foucaud de La Touche d'Allery,
252.
Foucaud de Valans, 251, 252.
Foucault, chef de lAgion, 98.
Fouché, prêtre, 434 ; — proprié-
taire, 201.
Foucher, 340.
Foucques (Elisabeth), 129.
Fougerat, ancien notaire ; — (Re-
né), 209.
Pontçombeau, cant. de Tournon-
Saint-Martin, arr. du Blanc,
393.
Pontmaraiif fief des Broussard,
en Vendée, 127, 12a
Forcet (N.), gabarier, 371.
Porgeg, cant d'Aigrefeuille. arr.
de Rochefort-sur-Mer, 391.
Pars en Poitou, cant de Prahec,
arr. de Niort, 126.
Fort (Denis), 6: — (Georges), 129.
Foucaud, jardinier-botaniste de
la marine, 806 ; — boulanger,
373.
Fourcroy, 315.
Fourestier, notaire, 162, 371 ; —
médecin. 374.
Foumier (Pierre-Félix), 139.
Fouyne (Jacques), sieur du ChA-
tenet, 162. 163.
Fradin de Lignières (Alban), 14S.
Fraigneau (Jean), 16a
Fraimon (Françoise), 371.
Francon, 259. 260 ; — du Capi^
tôle, 351-353.
Franheux (de), brigadier, 70.
Frau (M"»), 375.
Fresneau, 326.
Fricou ou Froult, évèque de
Saintes, 344.
Frôlich (Louis), 199.
Fromentin (Eugène), peintre et
écrivain, 76, 356.
Fromy (Jacques) ; — (Jeanne),
176.
Prontenag, cheMîeu de cant,
arr. de Niort, 251, 252, 333, 394.
Frotier, évoque de Bordeaux,344.
Prouzille, com. de Saint-Georges
lès Baillaizeaux, arr. de Poi-
tiers, 250.
Futoti (G.), clerc, 385.
Ga (Eraestine), 272.
Gabard (Rachel), 379.
Gabauld (Guillaume), 370.
Gabet (L.-C.), avocat, 392.
Gaborit, 95.
GademottUn$f près Cognac, 184,
Gaffarel, 32a
Gailhon (Jehan), prêtre, 118, 121 ;
— (P.), garde du scel, 117.
Gaillard, 118 ; — bénédictin, 97.
Gaillard (Marie de), 130.
Gaillard de La Dionnerie, 20.
Galafre, roi sarrasin, 120.
Galienne^ com. de Javrezac, 129.
Gallenon ou Galnon, 160 ; — no-
taire, 156, 160.
Gallien, empereur romain, 119.
Gallut, inspecteur des finances ;
— juge de paix, 365.
Ganong (W.-F.), 76.
Garât (Etienne), 164.
Gardépée. com. de Saint-Brice,
263,264.
Gargfam, docteur-médecin, 84.
Gann le Breton, ménétrier. 172.
Garinet, maître boucher, 3d9.
Garive, 264.
Garnier, avocat, 165 ; — repré-
sentant du peuple, 430 ; — sé-
nateur, 6 ; — (Jean), 122 ; —
(Noôl), 59.
Garnier (Jean-Frédéric), comte
de La Boissière ; — (Laure),
14L
Garsonnet (Jean), 389, 390.
Gasc (de), président, 374.
Gasteuil (Cfatherine) ; — (Fran-
çois), 126.
Gastumeau, chanoine, 392.
Gâterai, com. de Saintes, 91.
Gaubert (E.), 360.
Gaucher (P.), juge d'instruction,
195.
Gaudet, 161.
Gandin (Suzanne), 404.
Gauguin (Louis), 375.
Gaullieur (E.), 281.
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— 453 —
Gaumont, 10.
Gaurier, prêtre. 244, 245, 276.
Gautier, Gaultier, 262 ; — prê-
tre, 225, 226 ; — (A-), voiturier,
123 ; — (N.), savetier, 176 ; —
(Pierre), chantre, 392.
Gaultreau (P.), notaire, 164.
Gauzlin, archevêque de Bourges,
414.
Gay (François), 263.
Gay de La Chartrie (J.), 377 ; --
(Pierre), 128.
Gazeau (L.), archiviste, 358.
Geay-Besse, magistrat ; — (Noé-%
mie), 7 ; — bibliothécaire, 83.
Geflré (Stéphanie), 92.
Geila, 247.
Gélie, 253.
Gelin (Henri), 124.
GemozaCy cheMieu de cant, arr.
de Saintes, 264.
Gensac, cant de Segonzac, arr.
de Cognac, 185, 187, 190.
Genté, cant de Segonzac, arr.
de Cognac, 184, l£. 187.
Gentil du Puy, 86.
Geoffrey de Longfief (Marie), 13.
Geoffrion ; — (Henri), 263 ; —
(Jeanne), 262, m
Geoffroy, 141 ; — (Gabrielle), 185;
— (Hélie), prêtre, 325 ; — (J.-
J.-H.), artiste peintre, 268 ; —
marchand, 163.
Geoffroy, évêque, abbé de Saint-
Martial, 415. 422.
Geoffroy de Châieaulandon. 353.
Geoffroy ^e Pons, 352.
Geoffroy le Barbu, 353, 354.
Geoffroy, Geoffroy-Martel, comte
d'Angoulême, 254, 259, 339,
342, 344, 347-355.
Georget (Jeanne), 91.
Géraud, abbé de Saint-Jean d'An-
gély, 425 ; — évêque, 425, 426.
Gerberge, 342.
Germânicus, général romain, 42.
Getreau, 262.
Gibellin (Mathieu), 389.
Giéf cant de Mussy-sur-Seine,
arr. de Bar-sur-Seine, 263.
Gigeariy cant. de Mèze, arr. de
Sfontpellier, 11.
Gilbert, agent d'asurance ; —
(Marthe), 208; — (J.), maître
charpentier, 177 ; — (M.), avo-
cat, 372.
Gillet, notaire, 114, 178 ; — ser-
gent royal, 115.
KêTfam. Toim XXIV.
Gillot Saint-Evre, professeur ;
— (Marie), 361.
Gimeux, com. du cant de Co-
gnac, 186.
Girard, commissaire de la ma-
rine en retraite, 265, 356.
Giraudias (André), 5, 369 ; —
(Emile), 208 ; — (Laure), 14 ;
(Louis), 5, 14, 359.
Girauldet (T.), tanneur, 176.
Girodie (André), 82, 136.
Glaber (Raoul), moine, 426.
Glaize (Georges), 434.
Godefroy (F.), 171.
Godet, 64.
Godsell (Marie-lbill), 272.
Gombaud (Nicolas), prêtre, 164.
Gombaud, archevêque de Bor-
deaux, 344, 345.
Gombaud de Momac, 352.
Gombaudf Gef des Payan, 128.
Gonzargues, chanoine, 392.
Goret de Lépinay, 13.
Gorron (Iseult), 20a
Gorry, 64.
Gory de Chaux, trésorier, 92.
Gouffier (Artus) ; r- (Claude),
263.
Gougnon, notaire, 168, 376.
Goulard d*Araay (marquis de),
362.
Goullu, S3mdic des clercs, 176.
Goupil de Bouille, 250.
Gourdeau (Paul), 164.
Gourdin, 387.
Gourdon (Georges)^ poète, 4.
Gourville (Emmanuel de), 861 ;
-- (Hélie de), 186.
Goût (Cl.), maire de Saintes, 375.
GoûtrDesmartres (N.), 69.
Goy (Et), marchand, 162 ; —
(L.), 76.
Graçau chef-lieu de cant, arr.
de Bourges, 268.
Grand (Guillaume), 370.
Grand pré, fief des Raymond,
373.
Granges de Surgères (marquis),
195.
Gras, notaire, 367.
Grasilier (Th.), prêtre, 191, 260,
35L
Green de Saint-Marsault (Char-
les) ; — (Charles-Joseph) ; —
(Charles-Louis), 185 ; — (Elisa-
beth-Henriette), 188 ; — du
Verdier (J.), prêtre, 394.
Grégoire, tailleur d*habits, 162.
ti
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— 454 —
Grégoireau (Jean), procureur,
370.
Grenier, chanoine, 392.
Gressac pour Grézac^ cant. de
Cozes, arr. de Saintes, 190, 324.
(irignon (Louise), miniaturiste,
269.
Grignon (comte de), 23, 26, 32.
Grimoard de Mucidan, évêque
d'Angoulême, 338, 343.
Grimpel, 361.
Grisegonnelle (Geoffroy), 346,
348.
Grollade, instructeur de la jeu-
nesse, 390.
Grosscval (Marie - Marguerite),
158.
Grossin (Colas), 117.
Groualle (Marie), 11.
Gruel - Villeneuve (Adrienne),
142 ; — major de la garde na-
tionale, 94, 95.
Guavaston (Arnaud de), 382.
Guédon (Marie-Judith), 184.
GuéyouiUe, prise, 100.
Guenon (Guy), 372.
Guenon de Beaubuisson, 374.
Guenon des Mesnards (Charlotte-
Lucie), 12.
Guépratte, receveur des finan-
ces, 15.
Guérin (E.), juge de paix, 195 ;
— (Isabelle) ; — (Nicolas), 262 ;
—(Léon), 328.
Guérin (Léonarde de), 147.
Guérin de Villiers (Raoul), 14.
Guérinot, ingénieur, 377.
Guerry (Jean), 176.
Guesmand, praticien, 167.
Guibourg (P.), tanneur, 122.
Guibourg (Helie), garde du scel,
121.
Guide de Pinsé, capitaine arba-
létrier, 323.
Guien (P.-T.), rapporteur, 30.
Guilbaud (P.), huissier, 167.
Guilhon, 122 ; — (Anne de), 147 ;
— (Dominique de), écuyer, avo-
cat ; — (Jean de), écuyer, avo-
cat, 147-149 ; — (Louis de) ; ~
(Thibaut de), 147.
Guillaud, docteur-médecin, 16,
203, 210, 266, 274, 280.
Guillau de Sersé, 64.
Guillaume, comte d'Angoulème,
253, 254, 256, 338, 340, 343, 345.
Guillaume VIII, dit le Toulou-
sain, 405 ; — seigneur de Mont-
lieu, 342 ; — comte du Péri-
gord, 345 ; — de Matha, 352,
406 ; — de Poitiers, 253, 257 ;
— Fier-à-Bras (comte), 216.
250, 260, 331, 333, 346; — le
Bâtard, 256 ; — duc d'Aquitai-
ne, 254, 259, 340, 406, 416, 419 ;
— le Grand, duc d'Aquitaine,
252, 255, 344, 346, 347, 348-350,
354, 412, 422, 424-429 ; — le
Gros, duc d'Aquitaine, 254,
347, 350, 351, 421.
Guillaume le Poitevin, 274 ; —
Taillefer, comte d'Angoulême,
252, 254, 338, 340, 345 ; — Tète
d'Etoupe (comte), 334.
Guillaume de Redon, maçon, 173.
Guillebaud (Etienne) ; — (Hier),
164 ; — (Jacques), 176.
Guillemeteau (Philippe) ; — (Pier-
re-Daniel), 185.
Guillet, négociant, 43, 204.
Guillet des Fontenelles (Louis) ;
— (Marguerite), 272,
Guillobé (Suzanne), 430.
Guillois (Jean), prêtre, 122.
Guillon (A.), docteur en méde-
cine, 163.
Guillotin (René-Louis), échevin,
166 ; — prêtre, 378.
GuimpSf com. du cant. de Barbe-
zieux, 105, 170.
Guinot de Soulignac (Marie), 317.
Guiraud, pour Géraud, évêque
de Limoges, 412, 413, 414.
Guitard de La Borie (Marie-Anne
de), 362.
Guiton (René) 372.
Gui ton de Maulevrier, 127 ; —
(Marie-Victoire), 78.
Guittard (chevalier de), 305.
Guyart (Jehan), imprimeur, 288.
Guyet (Gilles) ; — (LoTs), 370.
Guy-Geoffroy, duc d'Aquitaine,
352-354, 406, 407, 409.
Guyon le Breton, portefaix, 173.
Guyonnet (François), 389.
H
Habrard (Jean), sieur de L'Etage ;
— (Emery-Jean) ; — (Marie-
Anne), 72.
Hakluyt, 327.
Hallett (Cecil), 330.
Hamel (comte de), 78.
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— 455 —
Hanschmann (A.-B.), 195.
Hardy, bourgeois, 403.
Harispe, maréchal de France,
314.
Haultin (Pierre), imprimeur, 290.
Hélie de Jarnac, 343.
Hélie de Chalais, 342, 343, 352.
Hennessy (Maurice), 262 ; — (Ri-
chard), 261.
Hennezel (D'), 206.
Henri, abbé de Saint-Jean d'An-
gély, 351.
Hennel, artiste, 276.
Henri Plantagenet, roi d'Angle-
terre, 405, 411.
Henry (Paul), colonel d'artillerie,
93.
Héraud, sous - ingénieur des
• ponts-et-chaussées, 207.
Herbauge (Vendée), 336, 337.
Herbert Eveille-Chien, comte du
Maine, 255, 256, 257, 260.
Hériard, 95, 361 ; — (Marie) ; —
(Maurice) ; — (Paul), IL
Hérisson, artiste peintre, 2 ; —
René, 131.
Hérisson (D'), chanoine, 395.
Hermand (Jehanne), 118.
Hermengarde, 258.
Remette, docteur-médecin, 12.
Herpès, com. de Courbillac, cant.
de Rouillac, arr. d'Angouléme,
104.
Hervé, arpenteur, 383.
Hildegaire, vicomte de Limoges,
Hildegarde, 259, 260.
Hillairet (Marie-M.-A.), 144; —
notaire, 312.
Hirn, évêque de Tournai, 65.
Hoche, général, 22, 24, 33.
Honorius, 104.
Horric (Clémence), 72.
Hospitel de L'Homandie, curé de
Saint-Martin de Chatenac, 399,
400.
Huet-Labrousse (Auguste) : —
(Uure), 207.
Huffaul, fief des Esrable, 68
Huguenin (Anne-Marie), 311.
Hugues, évêque d'Angouléme,
339 ; -— comte du Maine, 257 ;
— de Lusignan, 253 ; — de
Surgères, 35L
Humbert, général, 316.
Huon, docteur-médecin ; — (Mar-
the), 166 ; — (Jeanne), 130 ; —
avocat, 371, 377.
Huteau, 165.
Huvet (Antoinette), 90 ; — notai-
re, 177.
I
Innocent X, pape, 391.
Irminon, abbé de Saint-Germain
des Prés, 339.
Isembert, 254.
Islon, évêque, 343, 419.
Itier, seigneur de Barbezieux,
342.
Jacob, capitaine, 22.
Jacquet, armurier, 163.
Jacquet d'Nieul, 196.
Jacquin (S.), professeur, 244.
Jaçonnas (Jacquette de); ~ (Jean
de), 186.
Jamain, 98.
Jambon, décorateur, 361.
Jambu, 97.
Jameu (Anne), 184.
Janzer de La Bar (Léonard), 311.
Jarnac, chef-lieu de cant, arr.
de Coffnac, 132, 305, 342, 394.
JarnaC'Champagnef cant d'Ar-
chiac, arr. de Jonzac, 335.
Jarnac de Gardépée (Guy de) ;
— (Maurice de), 90 ; ~ (Léon
de), 72, 272 ; — ancien notaire,
185 ; — (Léon de) ; -- (Pierre
de), 264. -"V
Jaulm (Edmond), négociant, 185.
JavrezaCf com. du cant de Co-
gnac, 127, 129, 261.
Jazennes, com. de Gémozac, arr.
de Saintes, 73.
Jean, docteur-médecin, 131.
Jean-Baptiste (Saint), 411, 422-
Jean d'Orléans, 263.
Jeanne, capitaine de la ligne, 207.
Jean Sans-Terre, 405.
Jean-Vérat, com. de Coux, 342.
Joanès (Edmond), (Edmond Gué-
rin), 195.
Joby, marchand, 161.
Jolivet (M.-P.-P.), valet de cham-
bre, 29, 30, 34.
Jojy d'Aussy, conseiller général,
157 ; - (Hippolyte), 85.*^ '
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- 456 -
Jomini, général, 24, 26.
Joncières (do), artiste peintre,
• 269.
Jonzac ( Charente - Inférieure ),
204, 339.
Josse (Elisabeth). 11.
Josbert, seigneur de Montlieu,
342.
Jouan (Anne-Caroline) ; — (E.) ;
(Elie) ; — (Paul), prêtre, 365.
Jouannet (F.), 281.
Joubert (Joseph), 330.
Joufflier (Pierre), 123.
Jouin, 139.
Jouneau, 96.
Jourdain (Agnès) ; ~ (Pierre),
186.
Jousset, sous-directeur du haras
de Saintes, 276.
Jouvenot, graveur, 269.
Juchault des Jamonières (Louise),
141.
Juçlart (Marguerite de), 272.
Juicq, corn, de Saint-Hilaire, arr.
de St-Jean d'Angély, 124, 169.
JuUlaC'le-Coq,CQjii. de Segonzac,
arr. de Cognac, 159.
Julien-La fernère (A.), notaire ;
— (G.), médecin-major, 144.
Jullian (C.), professeur, 42, 48,
50-53, 61, 103, 104.
Jullineau (Marie), 68.
K
Kaiser (Pilippe), grand prévôt,
311.
Karrer (de), 97.
Keefe (Jeanne-M.-E.), 73.
Kerven (de), 377.
Kerven-Vallein (de), 377.
Kerzerho, lieutenant-colonel, 145.
Knell, curé de Saint-Vivien de
Saintes, 196.
Laage (de), 98 ; — vicaire géné-
ral de Saintes, 312 ; ~ (Louise
de) ; — fMarie-Madeleine de),
89 ; — (Jérôme de), lieutenant-
colonel ; — (Jérôme-Eugène) ;
— (Jérôme-Hippolyte) ; — (Jé-
rôme-Albert) ; — (Jean-Augus-
te), 69.
Laage de Meux (Alexis de) ; —
(Albin de), 88.
Laa», cant. de Sauveterre, arr.
dOrthez, 196.
Labadie (Ernest), bibliophile,300,
435.
La Barde-Fagneuse^ com. de
Léoville, 66.
Labarre de Vaissière (Jacques
de), 78.
La Barrièrty com. d'Ozillac, cant.
de Jonzac, 99.
Labbé (J.-R), curé de Saint-Mau-
rice de Tavernole ; — (Marie),
98, 178, 179.
Labeille (Paul), ingénieur, 144.
La Bérauvière (chevalier de), 32.
La bUlarderiey com. de Riche-
ment, cant. de Cognac, 261,262.
La Boissiére, fief des Garnier,
141.
La Boissière. Voir Garnier.
Laborde, notaire, 263.
Laborde-Lassall© (Elisabeth), 80;
— (Eugène de), 80, 321 ; —
(Hippolyte de), 80 ; — (Joseph
de), 77 ; — (Victor de), 79, 321 ;
— (famille de), 196.
Laborderie de Souhan (Catherine
deX 73.
La Boulidiére, fief des Bardon,
69.
La Bouralière (A. de), 286.
La Bretagne, com. de Guimps,
170.
La Bertramière, fief des Babil-
lard, 99.
La Bretonnière, entre Lorignac
et Saint-Dizant du Gua, 169 ;
— près Mirambeau, 169 ; —
com. de Saint-Savinien, 169,
170.
La Briandière^ district de Fon-
tenay-le-Comte, 312.
La Briffe (Antoinette-M. de) ; —
(marquis de), 188.
La Brugière (Marie de), 264.
VAhsie, cant. de Moncoutant,
arr. de Parthenay, 392.
La Cassaigne (Marie de), 128.
Lachaize, fief des Pressac, 186.
La Chalosse (dél 77.
La Chapelle des Pois, com. du
cant. de Saintes, 301, 302.
La Chapelle - Faucher, château,
cant. de Champagnac de Bel-
Air, arr. de Nontron, 7.
La Charlonye (Françoise de),264.
La Chasire (Cher), 393, 394.
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— 457 —
La Châtaigneraie y arr. de Fon-
tenay-le-Comte (Vendée), 313.
La Châtaigneraie (de), 262.
La Chaume y fief des Sarry, 378.
La Chauvillière, com. de Nan-
cras, 5.
La Cheminadrity com. de Saint-
Martial de Vitaterne, 71.
La Chesné (de), 148.
La Combe, fiel des Baudouin, 98-
100.
Lacoste, artiste, 276.
Lacoste (Claire) ; — (Félicité de),
130.
Lacoste-Dulac (Marie-Adélaïde),
142, 143 ; — (Louis), 144.
La Couarde, cant. d'Ars en Ré,
arr. de La Rochelle, 392.
Lacoulomère (G.), inspecteur-
adjoint aux Beaux-Arts, 131,
196.
La Cour^ fief des Green de Saint-
Marsault, 185.
Lacour ; — (Joseoh-J.-Ph.) ; —
(Jean-Baptiste), 126.
La Courbe, com. de Chérac. 130.
La Courbe (Marie de) ; — (Pierre
de), 127.
La Couronne, com. du cant d'An-
goulême, 393.
La Croix^ com. d*Arces, 70.
Lacroix, topographe, 39; — (Paul
de), bibliothécaire, 158, 159,196.
Lacurie, prêtre, archéologue, 39,
41, 113, 114, 123, 167, 169, 244,
377, 383.
Ladime (Pierre de), imprimeur,
286, 289, 293, 294.
Ladonchamp, com. de Wojppy,
cant. de Metz, 273.
Lafage (M»»), 86.
Laf argue (Luc de), 390.
La faue, cant. de Villefagnan,
arr. de Ruffec, 366.
Lafayo, maître chamoiseur, 179.
La Fenêtre (Jean de), 71.
La Ferlanderie (de), 8.
La Féronnière (de). 22.
Laferrière, évêque de Constanti-
ne, 56, 62.
La Perrière, fief des La Tour,
263.
Laffiteau (Jean) ; — (Jeanne), 66,
68, 70, 71.
LafTond, 95.
LafTrogue, médecin-major, 208.
La Flolie, cant de Saint-Martin
de Ré, arr. de La Rochelle, 392.
La Folie, com. de Pérignac, 216.
La Fon (Isaac de), marchand, 123.
La Foucaudière, fief des Green
de Saint-Marsault, 185.
La Foij com. de Saint-Laurent,
cant de Cognac, 127,
La Frénade, com. de Merpins,
cant. de Cognac, 395.
Lafutzun de Lacarre (Louise) ;—
(baron Charles de), colonel ;—
(Henri de), capitaine ; — (Hen-
rique de), consul, 273.
La Gaillarde, com.de Saintes,91.
Lagarde (Louis de), 241;
La Garde, près Toulon (Var), 10.
La Garde-Mer pinsi, com. de Sa-
lignac de Pons, 186.
La Garrigue, de La Tournerie et
de Savigny (Jean-S.-M. de); —
(Marie-Antoinette de), 78.
L'Age Bouillerand, 243.
L'Age de Maillasson, 243.
Lagord^ com. du cant. de La Ro-
chelle, 391.
La Gorge de Merpins, fief des
Bremond, com. de Merpins 263.
La Gorz, garenne, 109.
La Gourgue (de) ; — (Pons de) ;
— (Jacquettc de), 261.
La Grâce-Dieu, com. de Benon,
cant de Courçon, arr. de La
Rochelle, 392.
La Grange, fief des Landreau,
66, 70, 71.
La Grange, com. de Sainte-Ma-
rie, cant de Saint-Martin de
Ré, arr. de La Rochelle, 378.
La Grave, fief des Delany, en Pé-
rigord, 91.
Lahas, cant. de Samatan, arr. de
Lombez, 13.
Lahaye (Jeanne de), 185.
Laiçnelot, conventionnel, 30.
L Aiguillon, cant de Luçon, arr.
de Fontenay-le-Comte, 23.
Lajaunie (P. de), chanoine, 378.
La Jarne, cant de La Jarrie, arr.
de La Rochelle, 10.
La Jarrie, chef-lieu de cant, arr.
de La Rochelle, 332, 391.
Lakanal, procureur au lycée
Condorcet, 85.
La Laigne en Sainte-Lheurine,
72.
Lalaigne, cant de Courçon, arr.
de La Rochelle, 391.
La Lande-Michel (de), 115.
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— 458 —
La Laurencie (Alain de) ; —
(Charles, baron de) ; — (Henry
de) ; — (Maurice de) ; — (Sta-
nislas de) ; — (Victor-Prosper
de), 141.
La Laurencie de Charras (Fr.),
maître de camp, 204.
Laleuy com. du cant. de La Ro-
chelle, 200, 39L
La Lignée^ fief des Fleurian, 13.
Laîlier, 60.
La Madeleine. 261 ; — (Jean), 129.
La Malmaison, com. de Rueil
(Seine-et-Oise), 305,
Lamare, chirurgien, 27.
Lamarquc, généra), 314, 321.
Lambalerie (P.-N. de), capitaine
de cavalerie, 378.
Lambert, 93,145 ; — (Albert),360.
LamiraCy fief des Poussard, 178.
La Montagne, 98.
La Morinerie (Alice de), 15 ; —
(baron de), 14, 114. 115, 165,
316, 317, 321.
La Morinerie, fief des Michel,
com. d'Ecurat, arr. de Saintes,
168.
La Moihe-Sainî'Héray, chef-lieu
de cant., arr. de Melle, 5, 86-
88, 358, 360.
La Molte-Noire, com. de Péri-
gnac, 215.
Lanagrandy com. de Lasserre, 12.
Landes, com. du cant. de Saint-
Jean d'Angély, 76.
Lando (Pierre), doge de Venise,
85.
Landolphe, évéque de Turin,
426, 428.
Landraisi, cant d'Aigrefeuille.
arr. de Rochefort-sur-Mer, 391.
Landreau (famille), 65- 73, 146.
Landri (comte), 330, 337.
Laneau (J.-F.), curé de Saint-Pa-
lais de Villars, 397, 398, 400.
Langelier (Juliette), artiste pein-
tre, 269.
Langlais du Puits-Neuf (Margue-
rite), 91.
Lan grès (Haute-Marne), 58.
Lantage (Eusteîle de), 92.
La Péruse, cant. de Chabanais,
arr. de Confolens, 262, 263.
La Peliie Flandre, près Roche-
fort, 397.
Lapierrière, 326.
La Pillardière, paroisse de Plas-
sac, com. de Saint-Genis, arr.
de Jonzac, 100.
La Plagerolle (marquis de), 123.
La Pommerade, 73.
La Pommeraye, fief des Bau-
douin. 99.
La Pommeraye, fief des Dreux,
com. du Port-d'Envaux, cant.
de Saint-Porchaire, arr. de
Saintes, 370.
La Porte aux Loups (Gaspard
de) ; — (Jacques oe), 128.
La Prévoie en Verrières, 186.
La Richardière (de), vicaire gé-
néral de La Rochelle, 226, 228.
Larminat (Adèle de), 89.
Laroche (Angélique - Clément),
366.
La Roche ou La Roche-Andri
(Guillaume de), 340.
La Roche-Andri, com. de Mou-
thiers-s/Boôme, cant. de Blan-
zac, arr. d'Angoulérae, 337.
La Rochccourbon (de), 165.
La Rochefoucauld (duc de). 185 ;
— (Françoise de), 386 ; —
(Geoffroy de), 187; — (Jean de),
187 ; — (Lydie de), 185 ; —
(Marguerite de) ; — (Philippe
de), 187 ; — (Pierre-Louis de),
évêque de Saintes, 394, 402,
403.
La Rochefoucauld - Montandre
(Louis de) ; — (Isaac de) ; —
(Léonor de) ; — (Lydie de), 187.
La Rochefoucauld de Surgères
(Anne-Louise de), 72.
La Rochefoucauld, chef-lieu de
cant,, arr. d'Angoulême, 209,
305.
La Rochejacquelein (marquis de),
303.
La Rochelle (Charente-Inférieu-
re), 38, 43, 88, 96, 191, 205, 267,
391-393.
Larocque (Louis), 184.
La Ronde, cant. de Courçon, arr.
de La Rochelle, 392,
La Rouillasse, près Soubise, 52.
Larrivaux (de), 77, 78, 79.
Lasalle, prieur de Jonzac, 70.
Las Cases, 305.
La Seiglière (N. do), 69.
Lasne, 76,
Lasserre, cant de Francescas,
arr. de Nérac, 12,
Lasteyrie (Robert de), 335.
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-459-
Latache (Claude), échevin, 114 ;
— chanoine, 377.
La TachonneriCy com, de La
Paye, 366.
Latasle (de), 165.
U Taste (Elisabeth de), 231.
La Tessonnière, fief des You,
176.
La Tkonnelley com, de Pérignac,
216.
La Touche (de), 179, 377.
La Touche, 128.
La Touche^ fief des Brumauld,
366
La Tour (René de), 186, 262, 263 ;
— (Marie de), 186, 263.
La Tour, fief des Pépin, 128.
La Tour Maubourg (marquis de),
307.
La Tranchade (de), 165.
La TranchCy cant. de Moutiers-
les-Maufaits, arr. des Sables-
d'Olonne, 23.
La Tremblade, chef-lieu de cant,
arr. de Marennes, 90, 396.
La Trémoille (de), 244, 394.
Laudeberderie, fief des Baudouin.
95-103.
Laugaudin ; — colonel ; — com-
missaire de la marine, 8 ; —
(Edme), capitaine, 9.
Lauraine, député, 6.
Laurand, directeur du haras de
Saintes, 274, 276-279.
Laurenceau (Marie-Anne), 72.
Laurent, 215 ; — ancien négo-
ciant ; — (Pierre) ; — (Jean) ;
— (Maurice), 7 ; -— (H.), ar-
tiste peintre, 270 ; — sculpteur,
269, 359.
Lauroriy com. de Montpellier,
cant. de Gemozac, arr. de
Saintes, 312, 315.
Lauirec, chevalier de Jonzac, 64.
Lauze. professeur, 90.
Lauzières, com. d'Octon, cant.
de Limas, arr. de Lodève, 9.
Laval (Nino), homme de lettres,
143.
Lavaîeite (Charente), 143.
La ValléCy com. de Saint-Georges
des Coteaux, 373.
La Vauguyon (duc de), 263.
Lavault (Furcy de), artiste pein-
tre, 208.
Lavernv (Anatole), propriétaire ;
— (Louis-François), proprié-
taire ; — (Jean-Gaspard), sei-
gneur de Crut, 73 ; — - curé de
Saint-Germain de Vibrac, 66.
La Vie, com. de Merpins, 184.
Lavoux, professeur, 84.
Leblanc, 120.
Le Bocage, com. de Cognac, 126.
Le Bois, cant. de Saint-Martin
de Ré, arr. de La Rochelle, 392.
Lebouché (Catherine); — (Pierre),
129.
Le Bouquel en Javrezac, 127, 128.
Le Bouquel, fief des Meschinet,
98, 99.
Le Bourdelès (Raymond), 197.
Le Bourgeois, contre-amiral ; —
(Marguerite), 208.
Lebouvier-DesmorUers, 23.
Lebreton, 178.
Le Breuii, fief des Meschinet, 99.
Le Breuil, près Cognac, 129.
Le BreuU'Magné, com. du cant.
de Rochefort-sur-Mer, 391.
Le BreuU'la-Réorle, cant. de Sur-
gères, arr. de Rochefort-sur-
Mer, 391.
Le Camus, évêque de La Ro-
chelle, 194, 197, 435.
Le Canet, près Cannes, 6.
Le Carpentier, 430.
Lécart, com. de Saint-Trojan,
arr. de Cognac, 127.
Le Chailloi, près Saintes, 244.
Le Chai, com. de Pérignac, 215.
Le Chanlreau, com. de Pessines,
312.
Le Château d'Oleron, chef-lieu de
cant., arr. de Marennes, 69,
325.
Le Châtenet, fief des Fouyne, 162.
LEchassier, com. de Saint-Mar-
tin Château-Bernard, cant de
Cognac, 130.
L*Echelle, capitaine de vaisseau.
30.
Le Cher, com. de Chambon, cant
d'Aigrefeuille, arr. de Roche-
fort-sur-Mer, 391.
Le Chillou, fief des Clabat, 129.
Leclerc (N,), serrurier, 164.
Léclopart, com. de Gensac, 185.
Le Clousi, com. de Saintes, 384.
Lecoq de Bois-Baudran, 128.
Le Cormier y com. de Cherves,
cant. de Cognac, 128, 129.
Le Cormier, com. de Saintes, 362.
Lerouflet,' prêtre, 397.
Le Court (Albert), 122.
Le Curé, 332.
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— 460 —
Ledain, 47, 51, 60.
Le Douhet, com. du cant de
Saintes, 97, 98, 374.
Lefebvre, 97.
Le Fief, fief des Baudouin, 99.
Le Fief-Rigaud, fief des Bau-
douin, 99.
Le FouUloux, fief des Bremond,
com. d'Arvert, cant de La
Tremblade, arr. de Marennes,
231, 233.
Lefraise, imprimeur, 160.
Le François de La Châtaigneraie
(Marie-Anne) ; — (Pierre), 262.
Le Freine, 184.
Le Gendre (Pauline) ; — profes-
seur, 13, 14.
Le Gentil, baron de Paroi, con-
tre-amiral, 78, 79, 165, 166.
Léglise (Jacques de), curé de St-
Pierre de Saintes, 164, 177, 178;
— curé de Saint-Crépin, 164.
Le Grand Coudret, com. de Cher-
ves, cant de Cognac, 128.
Le Grand Parc, com. de CoRnac,
130.
Le Gué d' Aller é^ cant de Cour-
çon, arr. de La Rochelle, 392.
Le Gué de Velluire, cant de
Courçon, arr. de La Rochelle,
333.
Lehmann, commerçant, 168.
Lekain, acteur, 179.
Lelarffe, contre-amiral, 30.
Le Maine aux Bretons, près St-
Breuil, 170.
Le Maine au Picq^ com. d'Ozil-
lac, cant. de Jonzac, 65, 67, 68.
Lemaftre (A.), 197.
Le Mans (Sarthe), 60.
Le Masne de Broons, 93.
Lemoine, 16.
Lemonnier, prêtre, 2, 36, 82, 136,
137. » , , , ,
Le Mont-Couer, 350.
Lemoyne (André), poète, 76.
Lemusnier, trésorier général des
finances, 372.
Lenoir (C.-A.), artiste peintre,
269.
Léonard (Saint), 423-425.
Léonce (Saint), 74, 75.
Léonce de Bordeaux, 107.
Léon TAfricain, 327.
Léoville, com. du cant. de Jon-
zac, 66.
Le Pérai (Charente), 135.
Le PerluiS'Breton (Charente-In-
férieure). 174.
Le Pelii-Ckéne, com. de Maziè-
res, 140.
Le Pelii-Coudrei, com. de Cher-
ves, cant de Cognac, 128.
Le Peyral, 191.
Le Pinier, com. de Saintes, 100.
Lépine, artiste peintre, 270.
VËpineuil, com. de Saintes, 372.
Le Plaud, com. de Chermignac,
cant de Saintes, 91.
Le PorlaiL près Cognac, 183, 184.
Le Porl'Berieau, com. de Bus-
sac, cant de Saintes, 115.
Le Porl'd'Envaux, cant de Saint-
Porchaire, arr. de Saintes, 115.
Leps (André) 272.
Le Poitevin de Fontguyon, 185.
Le Puits Neuf, com. de Saintes,
91.
Lequinio, conventionnel, 30.
Léndon, 43.
Le Roux (J.-A.), valet de cham-
bre, 29, 30, 34, 35 ; — (Marie),
261.
Les Aires, fief des Broglie, 366.
Les Alleux, abbaye, arr. de Melle,
394.
Les Angeliers, com. de Javrezac,
261.
Les Barrières, fief des You, 177.
Les Beguaux, com. de Chaniers,
177.
Les Bretons, com. de Cozes, 169,
170.
Les Bretons, com. de Saint-Savi-
nien. 169.
Les Cnalelliers, abbaye en Poi-
tou, 394,
Les Fontaines, fief des Lousmes,
384.
Les Fontenelles, fief des Guillet
272.
Les Forges, fief des Tartas, 366.
Les Gonds, com. du cant de
Saintes, 67.
Les Grimardières, fief des Raffin,
127.
Les Houlières, com. de Courcô-
me, 365-368.
Les Méloizes-Fresnoy^ 10.
Les Mothes, fief des Landreau,
69, 70.
Les Ouillères, com. de La Cha-
pelle des Pots, arr. de Saintes,
Lespinasse, notaire, 147.
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— 461 -
Les Planches. Voir les Vinets.
Les Portes^ cant. d'Ars en Ré,
arr. de La Rochelle, 392.
Les RabannièreSy com. de Sain-
tes, 375.
Les Rivières, fief des Raymond,
373.
Les SableS'<rOlonne (Vendée), 27,
33, 52, 98.
Les Sablières, com. de Saint-
Just, 14.
Les Séguineries, fief des Meschi-
net, 98, 99.
Lessert, fief des Maillart, 187.
Lessieux (L.), aquarelliste, 269.
Leslang (Benjamin de), 262 ; —
(Marguerite de), 184.
LesteUier, 178 ; — (Bertrand),
163 ; — (J.), procureur, 387.
LesterpSf com. du cant. de Con-
folens, 191.
Lesliac, cant. de Cadillac, arr.
de Bordeaux, 284.
Les Touches, 395.
Les Vesrons, près du ChAteau-
d'Oleron, 325.
Les Vinels ou Les Planches, près
Barbezieux, 280, 291.
Les Vives, fief des Fleuriau, 13.
VEîage, fief des Habrard, 72.
Le Taillan, chftteau, 123.
Le Thou, cant. d*Aigrefeuille,
arr. de Rochefort-sur-Mer, 391.
Létoumeau (J.-B.), assesseur, 29.
Le Treuil, fief des Pandin, 188.
Leucades, tles Ioniennes, 243.
Levallois, 13.
Le Vallon des Arcs, près Saintes,
244,
L'Evêque (Charles), lieutenant de
vaisseau, 30.
Lévéquot, 64.
Le Vergeroux, com. du cant de
Rochefort-sur-Mer, 391.
Le Vésinel (Seine-et-Oise), 273.
L'Evesque (Anne), 73.
UEvière, monastère à Angers,
350.
Le Vigeanl, fief des Poussard,
178.
Le Vigneau, fief des Landreau.
73.
Lévis-Mirepoix (duc de), 364.
Le Vivier, fontaine, 35.
VHermenaull, chef-lieu de cant,
arr. de Fontenay-le-Comte, 334.
L'Homandie, 156, 160.
L'Homme, fief, com. de Saintes,
108.
LHopiteau, com. de Bords, cant
de Saint-Savinien, 151.
UHoumeau, com. du cant de La
Rochelle, 391.
L*Huillier de Rouvenac, prieur
de Saint-Etienne de baignes,
395.
Lian (Louise), 144, 145, 208 ; —
(Ulnc), chef de bataillon, 145.
Lignières (Isaac de) ; — (Pierre
de), 379.
Vile d'Elle, cant. de Chaillé-les-
Marais, arr. de Fontenay-le-
Comte, 333, 392.
Limoges (Haute-Vienne), 203.
Limouzin, notaire, 163 ; — (Jean),
chapelain, 164.
Lindet, 430.
Liniers (de), 129.
Lisle (de), 373.
Lislea, Lisleau, (Aynor de), 117,
118; — (Norète de), U7.
Littay (P.), notaire ; — (Rose-
Eqstelle), 70.
Livenne (Anne-Félicité de), 128 ;
— (Jeanne), 126.
Loire, com. du cant de Roche-
fort-sur-Mer, 391.
Loix, cant d*Ars en Ré, arr. de
La Rochelle, 392.
Longespée, Longuespée (Jeanne),
98.
Longèves, cant de Marans, arr.
de La Rochelle, 391.
Longue, chef-lieu de cant, arr.
de Baugé, 226.
Lonne, ûeî des Broglie, 366.
Lonzac, pour Vanzac^ cant d'Ar-
chiac, arr. de Jonzac. 71.
Loquet de Blossac (Edouard),
sous-préfet de Saintes, 78.
Lorignac, cant de Saint-Genis,
arr. de Jonzac, 169.
Lorimonl, 185.
Losme (Regnaud de), 117.
Lost (Morin ou Motin de), 382.
Lote, 382.
Loti (Pierre), (Julien Viaud), aca-
démicien, 43t5.
Loudun (Vienne), 346.
Loulau, chef-lieu de cant, arr.
de Saint-Jean d*Angély, 85, 251,
331, 349.
Loupiac (de). Voir Crazannes.
Lourdes, chef-lieu de cant, arr.
d'Argelès, 189.
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— 462 —
Lousignac, cant. de Matha, air.
de Saint-Jean d'Angélv, 72.
Lousmes (Jacques de), 584.
Loyer (J.), marchand, 373, 374.
Lozon (de), intendant de la jus-
tice, 383.
Lucas (H. -M. -F.), artiste peintre,
269.
Luce (Siméon), 370.
Lucéral, com. de Saintes, 109.
Luchairc (A.), 2.
Luchet (de), prêtre, 235.
Luçon, chef-lieu de cant., arr. de
Fontenay-le-Comte, 334,
Luaealy com. de Fléac, canton
(f Angoulême, 185.
Luguet, professeur, 325.
Lurbe (de), 298.
Lussac, com. du cant. de Jonzac,
73.
Lussanl, cant. de Tonnay-Cha-
rente, arr. de Rochefort-sur-
mer, 8.
Lutaud, 140.
Luther (Sophia) ; — (Thomas),
96.
M
Macé (Jean), 203.
M achennesj com. de Mazerolles,
cant de Pons, arr. de Saintes,
2ia
Macler (M™), 5 ; -- (B.), 359.
Madame, île, com. de Sainl-Na-
zaire, cant de Saint-Aignan,
arr. de Marennes, 432.
Magezy, com. de Saintes, 386.
Magnac, Maiprnac (Suzanne de) ;
— (Renée de), 71.
Magnac, 394.
Magne (baron de) ; — (Lydie de),
^ogny^ prieuré, 397.
Maf^una, 39.
Maigneau (Bernard) ; — (Jean) ;
— (Mario), 128.
Maillard (L.-A.), institutrice, 159.
Maillart (Joseph), sieur de Mor-
ville ; — (Nicolas), sieur de
Lessert, 187.
Maillé, cant de Maillezais, arr.
de Fontenav-le-Corate, 409.
Maillé (Hardouin de), 187.
Maillot, notaire, 164, 168, 179.
Maillezais (Pierre de], 412.
Maillezais, chef-lieu de cant, arr.
de Fontenay-le-Comte, 13, 352,
334, 349, 391, 424, 425, 427.
Maillou, com. de Saint-Saturnin,
cant de Hiersac, arr. d*Angou-
lême, 185.
Maingaud (vicomte), 249, 250.
Maisonneuve (E.), capitaine de
vaisseau, 145, 207, 208 ; —
(Louise), 145, 208 ; — (Henri),
208.
Maître, 173, 174 ; — (Léon), 13L
Malafosse (Elisabeth de). 206.
Maliean (Louise), 93.
Mallard, 95.
Mallesburg (Guillaume de), 257.
Mallet (Hélie), échevin, 122.
Malo (Saint), 74.
Malprade (Marie-Jeanne de), 12.
Mammès-Rataud (Désirée), 89.
Manguy ; — - (Jean), sieur de Lé-
cart, 127.
Manzer (comte Eble), ou le Bâ-
tard, 247, 248.
Maquoau, 353.
Maquignon, maître de bateau de
poste, 97.
MaranSy chef-lieu de cant, arr.
de La Rochelle, 1, 124, 333, 351.
392, 393.
Marays (Guy), joueur d'instru-
ments, 176.
Marcel (Le P.), franciscain. Voir
Perronneau.
Marchais (Marie), 67.
Marchand (Ch.l. 330; — (Fr.),
procureur, 369.
Marchât, avoué, 201.
Marchegay, 109, 162.
Marchcsafier de Bellevue (Anne
de) ; — (Gabriel), pasteur, 71.
Marchesseau, marchand sarger,
374.
Marcillac en Angoumois, 410, 411.
Marcillac (Honoré de), 130.
MarcillaC'Laborie en Périgord,
130.
Marcouillct, notaire, 176, 180.
Marcus (Jean), prêtre, 356.
Marcut (PiâreJ, (Marcel Pellis-
son), 182, 183.
Maréchal, 64 ; — notaire, 115,
164 ; — (Catherine), 115, 177.
Marencennes, com. de Saint-Ger-
main de Marencennes, 254.
Marennes (Charente-Inférieure),
88, 344, 347, 350, 394, 3%.
Marestay, com. de Matha, arr.
de Saint-Jean d*Angély, 252.
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- 463 —
Margon (de), 9.
Margry (Pierre), 328.
Manéton (Paul), 359.
Marnef (Enguilbert de), impri-
meur, 286, 288.
Marot du Portail ; — (Samuel) ;
— (Pierre), 184.
Marquizeau, fermier, 161.
MarsaiS'Sainîe-Iiadégonde, cant.
de l'Hermenault, 334.
Marsan, fief de Marie d'Albret,
71.
Marsay, notaire, 123.
Marsajj, cant. de Surgères, arr.
de Kochefort-sur-mer, 391.
Marsillyy com. du cant. de La
Rochelle, 391.
Martell (Ed.), 262 ; — (Gabriel),
204 ; — (Sophie), 128 ; — (Th.),
262.
Martial (Saint), 422, 423, 425.
Marligny, 335.
Martin (Angélique), 378; — (Jean),
164 ; — maître de danse, 165 ;
— (P.), laboureur, 371 ; —
(Saint), 189 ; — abbé de Saint-
Jean d^Angély, 331.
Martin de Lauzac, 9.
Martineau, magistrat, 43 ; — né-
gociant, 88 ; — (marquise), 262;
— (Samuel), 204.
Martinet, tapissier, 3.
Marlourel, com. de Pérignac,
216.
Marlreuil, com. de La Trémouil-
le, arr. de Montmorillon, 366.
MarvUle en Genté, cant de Se-
f'onzac, arr. de Cognac, 185,
87.
Mascelin, châtelain de Tonnay-
Charente, 351.
Masdion, com. de Virollet, cant.
de Gémozac, arr. de Saintes,
395.
Masse, topographe, 39, 40, 41, 43,
44, 60, 62, 324.
Massé, député, 137.
Masséna, àl9.
Massiou, historien, 116, 191, 380.
Masson, % ; — (L.), mattre bro-
deur, 382.
Matassier (Michel), 373.
Matha (Foulques de), 381, 382.
Mat ha, chef-lieu de cant., arr. de
Saint-Jean d'Angélv, 190, 192,
217, 251, 252, 324, 338, 343, 361,
394.
Mathelon (Charente), 342.
Mathurin, 164.
MauLerger (G.), 432.
Mauchen (M.), conseiller au pré-
sidial de Saintes, 163.
Maume, imprimeur, 164.
Maumussorij 124.
Maurain (Suzanne), 207.
Maurville (M»« de), 233.
Maury, archevêque de Paris, 395^
Maussac, fief des Bremond, 362.
Mauves, cant. de Carquefou, arr.
de Nantes, 174.
Mauzé, chef-lieu de cant, arr. de
Niort, 332, 391, 392.
Mazières, chef-lieu de cant, arr.
de Parthenay, 140.
Mazotles, com. de Segonzac, arr.
de Cognac, 185.
Meaux (de), 9.
Médis, cant de Saujon, arr. de
Saintes, 217.
Mèpfc (Jean), chanoine, 382.
Méhée (Madeleine), 129.
Meillac, administrateur du dio-
cèse d'Angers, 226.
Melle (Deux-Sèvres), 247. 251-253.
Meller (Pierre). 197.
Mémeteau (Marguerite), 128.
Ménard (Louis), banquier, 273.
Meneau, avocat, 164; — (Agathe),
271.
Mérian, 40.
Meirlat, docteur en médecine, 373.
Merlin, 315 ; — ministre de la
justice, 33.
Merpins, com, du cant de Co-
gnac, 116, 184, 339, 395.
Mersac (Simon de), 66.
Merveni, cant de Saint-Hilaire
des Loges, arr. de Fontenay-le-
Comte, 428.
Méry, bourgeois, 176.
Meschers, cant de Cozes, arr. de
Saintes, 70, 355.
Meschin, 326.
Meschinet (Michel), 99-101 ; —
(Michel), sieur du Bouauet, 98 ;
— (Estienne), sieur ae Per-
chaud, 99, 101 ; — (Jacob), sieur
du Breuil. 99 ; — (Jacques),
sieur de Bel-Air, 99 ; — (Es-
tienne), sieur des Séguineries,
98: — de Richemond (Adolphe),
f)asteur ; — (André), 12 ; —
Louis), archiviste, 12, 197.
Mesnard (Amédée), avoué, 83, 95,
435.
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— «4 —
Mtsseux, com. du Câilt de Ruf-
fec, 366.
Mestreau (A.), soldat, 373.
Mesturas, notaire, 366.
Métadier, évêque constitutionnel,
227.
Métais, prêtre, écrivain, 268, 350.
Métayer (Anne), 130 ; — (F.), apo-
thicaire, 180.
Méthé (M.), marchand, 387.
Melz (Moselle), 121.
Meurand, 139.
Meuz, com. du cant. de Jonzac,
69, 71, 141.
Moyer (E.), ingénieur, 200.
Meynier, docteur-médecin, 174.
Michaud, 149.
Michel, négociant, 185; — (Isaac),
seigneur de La Morinene, 168.
Mignien, de Niort, 4.
Migréy cant. de Loulay, arr. de
Saint-Jean d'Angély, 362.
MigroTiy cant. de Burie, arr. de
Saintes 338.
Milher, Milhier (Guillaume), pré-
vôt, 116 ; — (Jehan), prêtre,
117, lia
Millange (Guillaume) ; — - (Jac-
ques), 290 ; — (Simon), impri-
meurs, 281, 287, 289, 290, &1,
295, 29a
MillemillangeSf com. de Saint-
Goussaud (Creuse), 290.
Millin, 122.
Mimaud, 128.
Mirambeau, charretier, 371.
MirambeaUf chef-lieu de cant,
arr. de Jonzac, 73, 169, 171, 227,
340, 342.
Mirebeau, chef-lieu de cant, arr.
de Poitiers, 346.
Mode (Madeleine), 375.
MoingSf com. du cant de Jonzac,
17a
Moingl, com. du cant de Mont-
brison, 121.
Mollet, juge, 376 ; — (veuve), 369.
Mollis (Arnaud), 389, 390.
Monacy 402.
Monbrariy com. de Foulayronne,
cant d'Agen, 12, 194.
Monchamp, près Cognac, 261,
262.
Mondollot (de), 293.
Monestier, représentant du peu-
ple, 313 ; -— dit le père Siirou-
gnat, 202.
Monaaugé, com. de Chérac, 88,
Monginot (Jeanne), 129.
Mongiron-Millanges (J.), impri-
meur, 290.
Mongrand, notaire, 99, 101.
Monnet, mattre d'écritures, 159.
Monnier (Jacques), capitaine de
vaisseau, 30 1 — (Pierre), ex-
curé de Montroy, 402.
Monsnereau, notaire, 69, 72-73 ;
— (Marie-Félicité), 72.
Montaigne (Raymond de), évêque
de Rayonne, 163, 372, 380 : —
(Michel), 292.
Montalembert (Adam-Charles) ;—
(Charles) ; — (Pierre de), 130 ;
— (Casimir de), 241 ; — (Henri
de), a
Montandre, chef-lieu de cant,
arr. de Jonzac, 340-342, 379, 394.
Montausier (M»« de), 177.
Moniausiery com. de Baigne-Ste-
Radégonde, 66, 340-342.
Montazet (de), 227.
Montbron (de), 324 ; — (comte
de) ; — (vicomte de), lieutenant
de dragons ; — (vicomte René
de) ; — (vicomte Jean de), 10.
Montbron, chef-lieu de cant,
arr. d*AngouIême, 406.
Montel, 326.
Montholon, 305.
Moniguuon, chef-lieu de cant,
arr. de Jonzac, 123, 135, 340,
341, 394.
MortHerneuf, com. de Saint-Ai-
gnan, arr. de Marennes, 393,
Monlijauiy paroisse de Salles, 127.
Monlignac, com. de Bougneau,
cant de Pons, 214, 2ia
Montillet, curé de Courcoury,
Monllieu, chef-lieu de canC, arr.
de Jonzac, 180, 340-342.
Montmor (Jacques de), 323.
MontmoreaUy chef-lieu de cant,
arr. de Rarbezieux, 299.
Montmorency (de), maréchal de
France ; — (marquis de), 304,
305.
Moniours, com. de Nercillac,
cant de Jarnac, arr. de Co-
gnac, 128.
Montpellier de Médillan, cant
de Gémozac, arr. de Saintes
315.
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— 465 —
Monfplaisir, domaine des Bre-
mond, com. de la Chapelle des
Pots, 233, 300.
Montrog, cant. de La Jarrie, arr.
de La Rochelle, 391, 402.
Montson, ou Moulston capitaine
de vaisseau, 24, 28, 29, 3L
M aras (comte de), 10.
More, bourgeois et marchand,
374.
Moreau, 95, 430 ; — (Bénigne), 70;
— administrateur, 64 ; — ar-
cher, 177 ; — général, 92, 319 ;
— médecin - vétérinaire ; —
pharmacien, 13 ; — notaire, 70 ;
— prieur de Saint-Léonard, 393.
Moreaud (E.), 131.
Morin (Julie-Clorine), 143.
Morineau de Saint-Révérend (Bé-
nigne), 71.
Monsseau (Claude), 165.
Morlé (Dominique de), 389.
Mornac (comte de), député. 80 ;
— (vicomte de), général, 80,
310.
Mornac, cant. de Royan, arr. de
Marennes, 123, 186, 343.
Morpain (veuve), imprimeur, 282-
286, 289, 294; — (François),
imprimeur, 289.
Morlagne-sur-Gironde, cant. de
Cozes, arr. de Saintes, 343, 354,
365, 394.
Mortemer (François de), 185, 187;
— (Guy de) ; — (Jacquette de);
— (Jean de), 187.
Mossion, prêtre, 378.
Mossu (Louis), marchand, 373.
Mouchard, marchand sarger, 371.
Mouchet, notaire, 376.
Mougon. cant de Celles, arr. de
Melle, 428.
Moullé (Frédéric), lieutenant de
vaisseau ; — (famille), 143.
Moulin, général, 315.
Mourier (P.), 324.
Mousnier (L-E.), pharmacien,
144.
Moutardon, com. du cant de Ruf-
fec, 366.
Moulkiers, cant de Blanzac, arr.
d'Angoulème, 272.
Moux (Ajmaud), garde du scel,
117.
Mouzon, chef-lieu de cant, arr.
de Sedan, 413.
Moyne, 326 ; — - (André), conseil-
ler, 116 ; — (Hélie), 117 ; —
(MériMon), 118 ; — juge iMré-
vôt, 372 ; — (Henri), sieur de
L'Epineuil, 372.
Moysant, 326.
Muller (baron), général, 79, 80,
309-321 ; — (Angélique), 321 ;
— (Jacques), 311, 312 ; — (Loui-
se), 321.
Mung (Le), com. de Saint-Por-
chaire, arr. de Santés, 151.
Muron, cant. de Tonnay-Charen-
te, arr. de Rochefort, 92, 254,
331.
Musseau (Elisabeth), 66.
Musset (Georges), archiviste-pa-
léographe, 3, 106, 169, 195, 197,
202, 203, 210, 215, 244, 251-253,
326-328, 332, 340, 356, 375 ; -
(Jean), architecte, 210, 225.
N
t
Nachamp, cant de Tonnay-Bou-
tonne, arr. de Saint-Jean d'An-
gély, 251.
Nancras, cant de Saujon, arr. de
Saintes, 5.
Nanglard, prêtre écrivain, 323,
340, 432.
Nanleuil, abbaye, cant de Ruf-
fec (Charente), 417.
Nanleuil, fief des Broglie, 366.
Nantillé (M»* de), 317.
Narbonne (Aude), 290.
Nassans, lieutenant d^infanterie,
365.
Nau (Jean), marchand, 162.
Naud, architecte, 3, 81.
Nauzais, 284, 285, 291, 294, 299.
Nelle (Louise-Henriette-Félicité
de), 367.
Nemours (duc de), 307.
Nercilla ou Nercillac-Narcillac,
cant. de Jarnac, arr. de Coffnac.
128, 187, 188. *
Nerra (Foulques). Voir Foulques.
Nersac, com. du cant d'Angou-
lême, 140, 141.
Neshj fief des Clermont, 209.
NeuviCf canton de Montguyon,
arr. de Jonzac, 105.
Neuvicq, cant de Matha, arr. de
Saint-Jean d^Angély, 204, 274.
Neuillac, cant d'Archiac, arr. de
Jonzac, 182, 340.
Nevers (Renaud, comte de), 405.
Nicéron, 285.
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— 466 —
Nicole, 164 ; — conseiller géné-
ral, 6.
Nieul, fief des Saint-Marsault,
185.
Nieul, fief des Poute, 72.
Nieul-lêS'Saintea, com. du cant.
de Saintes, 91, 190.
Nieul-le-Virouilhy cant. de Mi-
rambc'au, arr. de Jonzac. 71.
Nieul'Sur-Merf com. du cant de
La Rochelle, 206, 391.
Nlmeê (Gard), 121, 279, 360.
Nimis (Crespin), 389, 390.
Niox, 376, 3t7.
Nival, 389.
Nivet, 156.
Noël (Françoise) ; — (Jean),
avoué, 185.
Noirmoulier, île, arr. des Sables
d'Olonne, 23, 33.
Nollet (Marguerite), 91.
Nonnac, en Genté, 184.
Nordein, photographe, 356.
Norgate (Kte), 330.
Normand (Marie), 262 ; — (Pier-
re), 261 ; — (Jean), sieur de
Monchamp ; — (Jacques), 262.
Normand de La Garenne (Marie),
129.
Normand-Dufié, 13.
Nossay (Perrette de), 186.
Nouguès (Jean-Baptiste), député,
159.
Nozerines (Jean de), prêtre, 378.
Nuaillé^ Noailléy cant. de Cour-
con, arr. de La Rochelle, 331-
332, 391, 395.
0
Ocoy (Jean-Casimir d'), 127 ; —
(Louis d'), seigneur de Cou-
trelles, 126.
Oclon, cant. de Lunas, arr. de
Lodève, 9.
Odilon, abbé de Cluny, 418, 420,
423, 427, 428.
Oflfré (P.), marchand, 264.
Ogier (J.), procureur, 369.
Oirorif cant. de Thouars, arr. de
Bressuire, 264.
Olce (Ch. d'), capitaine, 82 ; —
(J. d), 321.
Oleron, île, arr. de Marennes, 65,
192, 315, 324, 344, 348, 350, 351,
354, 394
Ollivier, 263 ; ^ (A.), 198 ; — (G.),
artiste peintre, 280.
Orange (Vaucluse), 121, 360.
Orbigny (d) ; — (Alcide), natu-
raliste, 11.
Ordonneau (G.), 198.
Ordontius, évêque d'Auch, 103.
Oi'ance, 105.
Orioux, com. de Courcelle, 361.
Orléans (duc d'), 307.
Orléans (Loiret), 106.
Ossant, 326.
Ostent de Taillebourg, 353.
Othon de Brunswick, duc d'Aqui-
taine, 116.
Oudet (baron A.), 5, 78, 93, 133,
165; — (Joseph), inspecteur des
chemins de fer, 165.
Ouïmes, cant. de Saint-Hilaire
des Loges, 334, 335.
Ozeau (Marie), 99.
Ozillac, com. du cant. de Jon-
zac, 187.
Paccaud (Fr.), charron, 114.
Padel (C.y, drogman, 19a
Pailhou (Pierre), 386.
Pailler on, com. de Richemont,
184.
Paillier, magistrat ; — (Louise),
365.
Paillot, conseiller du roi, 372.
Painparé (Charles), 359.
Palais, 120.
Palissy (Bernard), 356.
Pandin (Agathe) ; — (Charles-
Ph.) ; — (Charles), vicomte de
Nercillac • — (Ernest), comte
de Nercillac ; — (Gaspard),
seigneur de Roumefort, 188 ;
— de Lussaudière, 82.
Papillaud, docteur-médecin, 6 ;
— (G.-E.), 140.
Paradol (R.), prêtre, 369.
Parabère (de), abbesse de Sain-
tes, 148.
Pariolleau (Pierre), 312.
Parou, fief des Le Gentil, 78, 165.
Parlhenay (Deux-Sèvres), 411.
Pasquier (Louise-Thérèse), 207 ;
— notaire, 404.
Patry (H.), 131, 325.
Paulian, 13.
Paulme de Saluces (Marie), 88.
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— 467 —
Pawloski (A.), 198.
Payan (André), sieur de Gom-
baud ; — (Françoise), 128.
Payant, mattre cordonnier, 374.
Peanne (Jean), 372.
Peaunier-Beauchamp, lieutenant
de vaisseau, 30.
Peladan, 360.
Pelet (Paul), professeur, 138.
Pella (Paulin de), 103.
Pellerin (Antoine), 29, 30, 34.
Pelletan, ministre de la marine,
140 ; -- (Suzanne), 184.
Pelletier, capitaine de frégate,
86, 149.
Pelletreau (François) ; — (Mar-
guerite), 7à.
Pelligneau, notaire, 66.
Pellissier (Marie-Julie), 14.
Pellisson (Jules), juge, 157, 160,
435.
Pelloquin, boucher, 177.
Pellot (Claude), intendant de jus-
Uce, 147.
Pelluchon (Jacques), 262 ; — no-
taire, 66.
Pellu du Champ-Renou (Char-
lotte) ; — (Jules), 141.
Pelouaille, près Saint-Jean d'An-
^gély, 85.
Penard (M.-A.), marchande, 359.
Penaud (Jean-François), 127.
PenhaCy fief des LiRuières, 379.
Penot (Julienne), 261 ; — (Mar-
guerite), 184.
Pépin, maire du Palais, 156,292 ;
— (Catherine), 129 ; — (Marthe-
Thérèse), 262 ; — (J.-R.), sieur
de La Tour, 128.
Perchaudy fief des Meschinet, 99.
Péré (G.), charpentier, 385.
Périgon (D.), maréchal de Fran-
ce, 130.
Pérignac, cant de Pons, arr. de
Saintes, 135, 189, 201, 210, 214-
221, 341, 394.
Périgny, com. du cant de La
Rochelle, 391.
Périgueux (Dordogne), 56, 60, 74,
75.
Pernes (Louis de), 60, 381, 382,
386
Péronne (Nord), 171.
Perraud (Marie), 71.
Perrault (A.), 198; — (Jeanne),
326.
Perreau (Jacques-A.); — (Louise);
— (Victoire) ; — (Félicité), 165.
Perrin (Jacques), maire de Co-
gnac, 127.
Perrin ; — (Jean) ; — (Marie-
Anne) ; — (Philippe) ; — (Pier-
re), échevin ; — de Boussac
(Jacques) ; — (Jacques-Théo-
dore), 262.
Perrin de Beaugaillard, 185.
Perrineau, entrepreneur, 3.
Perron neau ou Le P. Marcel,
franciscain, 182, 183.
Pesche-le-Chàlel (Doubs), 365.
Pessines, com. du cant. de Sain-
tes, 312.
Petit (Guillaume), prêtre, 116 ;
— (Jean), 389 ; — lieutenant
dinfanterie, 199.
Peudru, com. de Saint-Martial
de Montmoreau, cant. de Mont-
moreau, arr.de Barbezieux,185.
Phelippier (Elisabeth), 129.
Phelippon (Adam), avocat ; —
(Armand), greffier, 187.
Phelippot, 426D.
Philebert, général de division,
273.
Philippe (Gaspard), imprimeur,
288.
Philippier (J.), adeur de Fléac-
sur-Charente, 163 ; — (Gilles),
conseiller au présidial, 164.
Piaud (Elie), marchand, 379.
Piaut (Jean), 382.
Piéri, professeur, 199.
Pierre de Maillezais, moine, 425,
427.
Pipuerit (Marianne), 167.
Pus (chevalier de), 312.
Pilié, 6.
Pinasseau, 326 ; — ancien notai-
re ; — (Marthe), 208.
Pinet, représentant du peuple,
313 ; - (Elie), 6.
Piochaud, 160.
Piquery (Ivon), arquebusier, 164.
Piron (Eug.), 193.
Pisany, cant. de Saujon, arr. de
Saintes, 148.
Planât de La Faye, 206.
Planchet (Dom), 112.
Plassac, cant de Saint-Genis,
arr. de Jonzac, 66, 73, 79, 100,
196, 227.
Poquaire (Charles de), 128, 264 ;
— (Henri de), 129; — (Louis
de), 128.
Podio (Mathurin de), (du Puy),
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- 468 —
Poirault (Théodore), phannacien,
135, 210, 214, 220.
Poirier (Anne) ; — (E.), notaire ;
— (Louis), prêtre ; — (Georges);
— (Paul), 273.
Poisson (Pierre), sculpteur, 93.
Poitevin (G.), prêtre, 121.
Poitiers (vienne), 51, 56, 60, 104,
129.
Poittevin-Moléon, maire de Sain-
tes 301.
Polastron (M»* de), 24, 32.
Polfer (Suzanne), 144.
Pommeroye (L.-R. de), capi-
taine, 316, 317.
Pons (Pons de), 187.
Pons, cheMieu de cant., arr. de
Saintes, 3, 38, 71, 135, 142, 170,
171, 191, 192, 210, 211, 227, 267,
312, 322, 341, 344, 352, 354, 359,
394 399.
Pontêroix (J. de), 173.
Ponthon, prêtre, 378.
Ponl-Labbé^ cant de Saînt-Por-
chaire, arr. de Saintes, 3, 142,
189, 266, 394.
PonUevain (François de), 264 : —
(Isaac de), 261, 264 ; — (Marie
de). 264.
Pontleooyt cant de Montrichard,
arr. de Blois, 256, 428.
Porchaire, docteur-médecin, 204.
Porl'Brelon, com. de Tlle d*Yeu,
23.
Portier ; — (Pierre} ; — (Jean),
seigneur de Gademoulin ; —
(Marguerite), 184.
Pottecher, 36Ô.
Pottier (H.), 199.
Potut, 128.
Pouigné, fief des Broglie, 366.
Poupillier ( Clémence ), vicom-
tesse des Méloizes-Fresnoy, 9.
Poussard (Auguste), comte du
Vij^eant; — ^Charles); —(Jean),
seigneur de Fors; — (Suzanne),
126.
Pousson (A.), docteur-médecin,
199.
Poule (Jean-Baptiste), seigneur
de Nieul, 72.
Pradelle (Jérôme), 164.
Prahecq, chef-lieu de cant, arr.
de Niort, 253.
Prégent, 13.
PréguillaCy com. du cant. de
Saintes, 273.
Prérouxy com. de Pérignac, 201.
Presaac (Gabrielle de) ; — (Jac-
ques de), 186.
Prévost (Catherine), 128; — li-
braire, 140.
Prévostière (Jean), notaire ; —
(Nicolas), 187 : — (Marie) ; —
(Pierre) ; — (N.), sieur de Mar-
ville, 185.
Priaire, cant de Mauzé, arr. de
Niort, 391.
Prieur, 95, 430 ; — (Christophe),
124; — (Denis), 95, 124; —
(Pierre), 389, 390.
Prioleau. 326.
Prochoble, 430.
Prouhel, vice-amiral, 208L
Proust (Emile), 40, 62, 356.
Prouteau, notaire, 114, 167.
Proutière, 377.
Prud'homme (G. -H.), 270.
Prullon, fief des Débordes 66.
Puyguyon (François de), 185 ; —
(Mane de), 263.
Puyravault, cant de Surgères,
arr. de Rochefort-sur-Mer, 347,
391.
Puysaie, 92.
Quantin (Marie-Lucile), 208.
Quesnel (Brigitte), 272.
Quiberon. chef-lieu de cant, arr.
de Lorient, 21, 23, 25, 26, 36,
78, 82.
Quineau (François), 389, 390.
Rabaine (Jean de), 130.
Rabillard (D.), sieur de La Ber^
tramière, 99, 101.
Raboteau, 115 ; H Josué), 114 ;
— (P.-P.), 95.
Racine, 15.
Rainguet (l'abbé), historien, 430.
Rainaud (chevalier), 254.
Rainaud, abbé de St-Jean d'An-
gély, 416-420, 422, 423, 425, 426.
Rambaud de Larocque (Aucruste);
— (Marcel, avocat ; — (Mar-
guerite) ; — (Louise), 10.
Ramé. 326.
Ramnulfe, comte de Poitiers. 837.
Rançon (de), seigneur de Taille-
bourg, 405 ; — (Aymeri de),
407-409 ; — (Geoffroy de), 407,
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— 469 -
409-411 ; — (Robert de), 407,
408, 410.
Rançon^ près Mauzé (Deux-Sè-
vres), 251, 332.
Ranson (Jeanne), 188.
Raoulx, 326.
Rataud (J.), tailleur d'habits, 371.
Râteau (Jean), 91.
Ravail (Fernand), avocat ; —
(Pierre), notaire, 12.
Ravard (J.), sergent royal, 162.
Ravaud, 176 ; — (Jean), 387 ; —
(Jean), marchand, 180; — (Pier-
re), 180.
Raymard, secrétaire, 226.
Raymond (Renée), artiste, 83.
Raymond (Louis de), 373.
Ré, île, arr .de La Rochelle, 28,
96, 174, 315, 321, 373, 391, 392,
428.
Reau (N.), chirurgien, 385.
Réaux, com. du can(. de Jonzac,
69, 72.
Rédet, 332-334.
Redon, 34.
Redon, com. de Saint-Just, 14.
Regamey (F.), 199.
Regelsperger (Gustave), 139, 328,
Regnard (N.), 372.
Reraaud de Saint- Jean d*Angély,
Regnault (G.), capitaine de vais-
seau, 93, 144 ; — magistrat,
245 ; — médecin, 34.
Regnaut, 326 ; — (Penin), bou-
cner, 117.
Régnier (Jane) ; — (Paul), colonel
(Tartillerie ; — (Paul), prêtre,
92, 93.
Renard (Georges), 199.
Renaud (Elisabeth), 184.
Renaud de Craon, 406, 408-410.
Renaud de Nevers, 407.
Renaudet (A.), chanoine, 378;—-
(S.), chirurgien, 355.
Renaudin ; — amiral, 14.
Renaudot, ingénieur ; — (Mar-
guerite). 365.
Renault, 15 ; — (Gabriel), 7
(Elisabeth) ; — - (Georges)
(Marguerite) ; — (Maurice)
(Sophie), 8.
Repéré, 64.
Resnier (J.^ marchand, 375.
Retail (Georges), 4.
Relh, village sur la Sèvre, 334.
R«T««. TOBM XXIV.
Retz de Servies (A. de), avocat,
436.
Réveillaud (Nicolas), 372.
Reverdy, prieur d*Arban, 397.
Rex (Deux-Sèvres), 332.
Rezon ville, cant de Gorze, arr.
de MeU, 273.
Reverseaux (de) intendant de La
Rochelle, 60.
Ricard (Fr.), sergent royal, 370.
Ricaudou, notaire, 147.
Richalley, lieutenant-colonel ; —
(Jeanne), 93.
Richard, 262 ; ■— (Alfred), archi-
viste, 246-260, 332-355, 405-429 ;
— - (François), 389 ; — (Jean),
99 ; — hydrogéologue, 180 ; —
préfet, 369.
Richard Cœur de Lion, 405.
Richard d*Alenour (Marie), 367.
Richelieu (Antoine de) ; — (Fran-
çois de), 131.
Richellot, 162 ; — (Jean), 168.
Richemond (de), archiviste, 82,
88, 103, 124, 203. Voir Meschi-
net.
Richemond, com. de Saint-Cré-
pin de Mareuil, cant de Ma-
reuil, arr. de Nontron, 7.
Richemont, com. du cant de Co-
gnac, 184.
Rignol (Pierre de) ; — (Jean de),
127.
Riollet (de), médecin, 373. Voir
Thomas.
Riollet, moulin, 352.
Rioux, cant de Gémozac, arr. de
Saintes, 190.
RiouX'Marlin, cant de Chalais,
arr. de Barbezieux, 341.
Rippes (Jean-Baptiste de) ; —
(Jean-Ch.-A. de), 72.
Ritter (Claude), 359.
Rivaille, 20a
Rivière (de), 23 ; — (marquis de),
32.
Robert (Jean), architecte ; —
(Marion) ; — (Germain), 164 ;
— (Jean), maiTchand, 176 ; —
photographe, 356.
Robert de Nevers ou de Sablé,
405, 406, 408 ; — le Bourgui-
gnon, 405-410.
Robespierre, 232, 313.
Robicquet (Jacques), marchand ;
— (Michel), 127.
Robin (H.), dominicain, 324 ; —
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— 470 —
enseigne de vaisseau, 30 ; —
sous-ingénieur, 150.
Robinet, évoque constitutionnel,
227, 228.
Rochechouari (Haute - Vienne),
252.
Hocheforl'Sur-Mer (Charente-In-
férieure), 391, 393.
Rocheteau (J.), jardinier, 114.
Rocquemadour (Abraham), 124.
Rocquemadour (Jacques de), 99,
101 ; — (Marguerite de), 98, 99,
101.
Rodanet, écrivain, 183.
Roger, 331.
Rogeron (Gabriel), 227.
Rohan (Pierre de), maréchal de
Gié, 263.
Roissac, com. de Gensac, 185,187.
Rolland, 369 ; — (Agathe-Athé-
nals) ; — (Jean-Baptiste), îi7l.
RomancaUf com. de Saint-Dizant
du Gua, cant. de Saint-Genis,
arr. de Jonzac, 71.
Romejorl, fief des Pandin, 188.
Rondeau (Antoinette) ; — Ferdi-
nand), 69.
Roquefort (comte de), 185.
Roquefort, fief des Pons, 187.
Rosif^nac (Marie de), 91.
Roubaud, 128.
Rouillon (Claude), procureur ; —
(M.), marchand, 177.
Roullet (G.), artiste peintre, 61,
269.
Roumefort (comte Hélion de),
362.
Roumejoux (A. de), 287.
Rousseau (Gabriel), 208; — (Jean),
352.
Rousseau-Leroy, imprimeur., 298.
Rousaelet, com. de Nieul,' cant.
de Saintes, 91.
Rousselle (Arnaud), prêtre, 117.
Rousselot de Saint-Ceran (Julie),
141.
Roux, 261 ; — (Antoinette) ; —
(Jérôme) ; — colonel, 145 ; —
(Jeanne), 261 ; — (J.-G.), do-
mestique, 29, 30, 34, 35.
Roy, IIÈ ; — (Jean), lieutenant
général; — (Jeanne); — (Louis),
187 ; — (Jehan), 382 ; — (Luc),
procureur, 162 ; — (Marie), 114;
— (Raimond), 369 ; — (Renée),
373.
Royan, chef-lieu de cant.. arr.
de Marennes, 5, 15, 77, 88.
Rov de risle (P.), propriétaire,
361.
Rudel (Guillaume), seigneur de
Blaye, 342.
Ru f fier (Fr.), sieur des Grimar-
dières, 127.
Rulié (Marguerite), 69.
Rullaud, 95.
Russi (Paul de), 69.
Rutin (Marie), 166.
Sabatery (J.), prêtre, 162.
Sablé (Avoise de), 406, 40a
Sablé, chef-lieu de cant, arr. de
La Flèche, 408.
SablonceauXf cant de Saujon,
arr. de Saintes, 5, 6, 73, 116,
395, 436.
Sagot du Vauroux, capitaine de
frégate, 10.
Saini-Aignan, chef-lieu de cant,
arr. de Marennes, 347, 350.
Saint-André, com. du cant de
Cognac, 129, 162, 264.
Saint-Aulaire (de), 165.
Sainl-Benoii, 431.
Sainl-Bonnel, cant. de Miram-
beau, arr. de Jonzac, 403.
Saint'Brice, com. du cant de
Cognac, 126.
Saint-Bris (de), 115.
SainUChrUlophe, cant de La
Jarrie, arr. de La Rochelle, 391.
Saini'Chrislophe^ près de Vear-
gné, 332.
Sainl-Ciers-Champagney canton
d'Archiac, arr. de Jonzac, 71.
Saint-Condé, 172.
Sainl-Crépin, cant de Tonnay-
Charente, arr. de Rochefort,
164.
Sainl'Cubard , com. d'Angouîê-
me, 293, 338, 343, 353.
Sainl'Cgprien, abbaye, 331, 332,
334, 349.
Sainl'Cyr du Dorel, canton de
Courçon, arr. de La Rochelle,
392.
Saint-Cyrgues (marquis de), 8.
Saint-Denis, 97.
Saint-Denis du Pin, com. du cant.
de Saint-Jean d'Angély, 248.
Saint-Dizant du Gua, canton de
Saint-Genis, arr. de Jonzac,
169.
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— 471 —
Sainfe^Chriêtine^ cani de Maille-
zais, 334.
Sainle-Eustelle, fontaine, corn,
de Saintes» 322.
Sainte-Gemme, canton de Saint-
Porchaire, arr. de Saintes, 14,
190.
Sainte-Gemme (de), 80.
Sainte-Hélène, fief des ChÂteau-
neuf de Randon, 262.
Sainte-Lheurine, cant. d'Archiac,
arr. de Jonzac, 72, 178.
Sainte-Marie de Déou, 341.
Sainte-Marie de Ré, canton de
SaintrMartin de Hé, arr. de La
Rochelle, 378, 392, 430, 436.
Sainte-Maure (de), 243 ; — (Judith
de) ; — (AJexis de) ; — (Léon-
AJexis de), 186.
Sainte-Maure, îlot (lies Ionien-
nes), 243.
Sainte-Radégonde, com. de Bai-
gne, arr. de Barbezieux, 341.
Saintes (Charente-Inférieure), 37-
64, 84, 103-123, 135, 148-156, 160-
180, 190, 191, 2Q2-205. 255, 267,
274-300, 359, 360, 368-390, 393-
404.
Sainte-Soulle, cant de La Jarrie,
arr. de La Rochelle, 391.
Saint-Félix, cant de Loulay, arr.
de Saint-Jean d^Angély, 232.
Saint-Félix (de), 10.
Saint-Florent de Saumur (Maine-
et Loire), 335, 352.
Saint-Fort sur le Né, cant de Se-
ffonzac, arr. de Cognac, 186,
263,324.
Saint-Fort-6ur4jironde, cant de
Saint-Genis, arr. de Jonzac, 78,
190.
Sainl-Fulcrand, chapelle, en Lan-
guedoc, 364.
Saint-Gatten, 189.
Saint4jenais, fief des Montaigne,
372.
SaintrGeniès. Voir Baderan.
Saint4jeniès, en Languedoc, can-
ton de Castries, arr. de Mont-
I>ellier, 362, 364.
Saint-Genis, chef -lieu de canton,
arr. de Jonzac, 67.
Saint4jeorges de Cubillac, cant
de Saint-Genis, arr. de Jonzac,
339.
Saint-Georges de Bidonne, cant
de Saujon, arr. de Saintes, 397.
Saint-Georges de Rex, cant de
Mauzé, arr. de Niort, 394.
Saint-Georges des Coteaux, com.
du cant de Saintes, 43, 373.
Saint-Georges d'Oleron, cant de
Saint-Pierre d'Oleron arr. de
Marennes, 116, 347, 395, 396.
Saint-Georges du Bois, cant de
Surgères, arr. de Rochefort,
39L
Saint-Germain en Loge, chef-lieu
de cant, arr. de Versailles, 234.
Saint-Germain de Lusianan, com.
du cant de Jonzac, 339.
Saint-Germain de Marencennes,
cant de Surgères, arr. de Ro-
chefortrsur-mer, 207, 391.
Saint-Germain de Vibrac, cant
d'Archiac, arr. de Jonzac, 66,
68, 69, 71, 339.
Saint-Germain du Seudre, cant
de Saint-Genis, arr. de Jonzac,
18a
Saint-Germain du Teil, chef-lieu
de cant, arr. de Marvejols,
397.
Saint-Gilles, chef-lieu de cant,
arr. des Sables d'OIonne, 33.
Saint-Goussaud, cant de Béné-
vent, arr. de Bourganeuf, 290.
Saint-Grégoire d'Ardenne, cant
de Saint-Genis, arr. de Jonzac,
85.
SaintrHilaire (de), 399.
Saint-Hilaire des Loges, chef-
lieu de cant, arr. de Fontenay-
le-Comte, 334, 335.
Saint-James, com. du Port-d'En-
vaux, cant de Saint-Porchaire,
arr. de Saintes, 132, 356.
Saint-Jean d'Angélg (Charente-
Inférieure), 16-21, 38, 83, 93-95,
149, 191, 203, 331, 349, 394-3%,
401, 405, 411, 413, 416, 417, 420,
429.
Saint-Jean de Lioersay, cant de
Courçon, arr. de La Rochelle,
392.
Saint-Jean de Luz, chef-lieu de
cant, arr. de Bayonne, 313.
Saint-Jean du Breuil^ com. de
Landrais, cant. d'Aigrefeuille,
arr. de Rochefort, 391.
Saint-Jullien de Concelles, cant
du Loroux, arr. de Nantes, 174.
Saint-Just, com. du cant de Ma-
rennes, 14, 137, 324.
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— 472 —
Saint'Laurenl, com. du cant. de
Cognac, 127.
Saint-Laurent de la Prie, com.
du cant. de Rocheforl. 391.
Saint-Laurent du Bouhet, cant.
de Saint-Macaire, arr. de La
Réole, 402.
Saint-Laurent du Hoc, 341.
Saint-Léger, abbaye, 394.
Saint-Légier (comte Adhémar de);
— (Antoine-Eugène de), 7; —
(E. de), 165 ; — de La Sauzaye
(comte de) 80, 88 ; — (G. de),
capitaine de cavalerie, 80 ; —
(marquise de), 206.
Saint-Léonard de La Chaume,
com. de Dompierre-sur-mer,
cant. de La Rochelle, 392-394.
Saint-Liguaire, com. du cant de
Niort. 394.
Saint-Maigrin, cant. d'Archiac,
arr. de Jonzac, 69.
Saint-Maixent, chef-lieu de cant,
arr. de Niort, 138, 227, 228, 331,
334, 352, 421.
Saint-Mard, cant de Surgères,
arr. de Rochefort, 391.
Saint-Mars (Madeleine de), 167.
Saint-Marsault (de), 185 ; — de
Chôtelaillon (vicomte de), 10.
Saint-Martial de Coculet, canton
d'Archiac, arr. de Jonzac, 167.
Saini-Martial de Limoges^ 414,
417.
Saint-Martial de Vilaterne, com.
du cant de Jonzac, 72.
Saint-Martin, com. du Gua, cant
de Marennes, 100, 101.
Saint-Martin, com. du cant de
Cognac, 130.
Saint-Martin (Don Nicolas de),
70.
Saint-Martin, (Jean de), chanoine,
392.
Saint-Martin de Ri, chef-lieu de
cant, arr. de La Rochelle, 12,
96-98, 269, 392, 393, 430.
Saint-Martin de Villeneuve, cant,
de Courçon, arr. de La Ro-
chelle, 392.
Saint-Mathieu, com. de Villars,
398.
Saint-Maurice, 29.
Saint-Maurice, com. de La Ro-
chelle, 391.
Saint-Maurice de Tavernolles,
com. du cant de Jonzac, 178.
Saint-Maxire^ com. du cant de
Niort, 335.
Saint-Médard, cant de La Jarrie,
arr. de La Rochelle, 391.
Saint-Médard (de), évoque de
Tournoi, 63.
Saint-Nicolas du Redon, chef-
lieu de cant, arr. de Savenay,
14L
Sainl-Ouen, cant de Marans, arr.
de La Rochelle, 391.
Saint-Paul, com. de Clion, 72, 73.
Saint-P or chaire, chef-lieu de can-
ton, arr. de Saintes, 37, 227.
Saint-Preuil, cant de Segonzac,
170.
Saint-Rémy, 14.
Saint-Rémy, fief des Esrable, 68.
Saint-Roc (de), 164.
Saint-Rogatien, cant de La Jar-
rie, arr. de La Rochelle, 391.
Saint-Romain, com. de Lavalette,
143.
Saint-Saturnin du Bois, cant de
Surgères, arr. de Rochefort,
391.
Saint-Saud (comte de), 65, 146.
Saint-Sauvan, cant de Burie,
arr. de Saintes, 148.
Saint-Sauveur de Nuaillé, cant
de Courçon, arr. de La Ro-
chelle, 392.
Saint-Savinien, chef-lieu de cant,
arr. de Saint-Jean d'Angély,
169-171.
Saint-Seurin d'Uzet, com. de Co-
zes, arr. de Saintes, 190, 261.
Saint-Sever (Landes), 77.
Saint-Séverin^ cant de Barbe-
zieux, 341.
Saint-Séverin, abbaye, com. de
Dompierre-sur-Boutonne, 395.
Saint-Sigismond, cant de Mail-
lezais, 334.
Saint-Simon, fief des Poussard,
178.
Saint-Simon de Bordes, com. du
cant de Jonzac, 66.
Saint-Sulpice (de) prieur de
Saint-Macoult, 370.
Saint-Sulpice de Cognac, com.
du cant de Cognac, 338.
Saint-Symphorien, cant de Saint-
Aignan, arr. de Marennes, 191.
Saint-Symphorien des Bois, cant
de La Clayette, arr. de Cha-
rolles, 191.
Saint-Thomas, prieuré, 397.
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— 473 —
Saint'Trojany com. de Boutiers-
Saiat-Trojan, cant de Cognac,
126, 127.
Saint-Udusoire, 106.
Saint-Vivien, cant de La Jarrie,
arr. de La Rochelle, 391.
Saint-Xandre, com. du cant. de
La Rochelle, 391.
Salasc, cant de Clermont, arr.
de Lodève, 9.
Salasc (de), ou Salasco, 9 ; —
(Jean de), 9 ; — (Joséphine de),
née Laugaudin, 8.
Salcède (Gabriel de), 127.
Salemon (Thomas), jardinier,
122.
Salignac (Jean-Louis de) ; — (An-
toine de) ; — (Jean de) ; —
(Pierre-Antoine de) ; — (Geor-
ges de) ; — (Louis de) : -- (Sa-
rah de) ; — de la Mothe-Féne-
lon, 272.
Salignac, com. de Pérignac, 216.
Salles, com. de Saint-Fort-sur-
Gironde, 78.
Salles, cant de Segonzac, arr.
de Cognac, 128.
Salles (Charente), com. du cant.
de Barbezieux, 158, 185, 187.
Salles, cant de La Jarrie, arr. de
La Rochelle, 391.
Salles, fief des Broglie, 366.
Sanche de Gascogne (le duc),
422.
Sanche-Garcie, duc de Bourgo-
gne, 345.
Sanglard (Pierre), 177.
San sas, 56.
Sanson, notaire, 162.
Sarrau (Marie-Louise), 11.
Sarry (P.J, seigneur de La Chau-
me, 378.
Sartre (Léon de), 305.
Saudau, archiviste, 16, 203, 359.
Saujon, chef-lieu de cant, arr.
de Saintes, 5, 6, 144, 396.
Saulnier (P.), 76 ; — (J.), maître
apothicaire, 356.
Saulnier de Montlambert (Alexis),
129.
Savari (Arnaud), 122.
Savari de Thouars (comte). 334 ;
— (Jean), marchand, 375 ; —
magistrat ; — (Joséphine), 145.
Savignac, fief des Aubusson, 185.
Savignan (Marie), 374.
Sayous, commandant ; — (Jean-
ne), 365.
Scaliger (Joseph), 298.
Schuermann, 47.
Sécalart (Paulin), capitaine-pi-
lote, 327.
Séchebec, com. de Saint-Martin
de Cognac, 156.
Second (Léon), 359.
Segond-Lambert (M™«), 360.
Segonzac, chef-lieu de cant, arr.
de Cognac, 160, 170, 187.
Seguin, 326 ; — archevêque de
Bordeaux, 414 ; — comte de
Bordeaux et de Saintes, 344.
Ségur (comte de), 235.
Seignac (Ph. de), 5.
Sénégonde, 247, 335.
Senne, notaire, 116, 167, 168.
Senot de La Londe (S.), 82.
Sens (Yonne), 57, 59.
Sentex (Louis), 126.
Serao (Mathilde), écrivain dlta-
lie, 182.
Sèze (de), recteur de l'Académie
de Bordeaux, 160.
Siecq, com. du cant. de Niort,
335.
Sigau, curé de Saint-Geniès, 364.
Sigogne, cant de Jarnac, arr. de
Cognac, 263.
Silvestre (J.), professeur, 199.
Simonnet, 3.
Sinety (A. de), prieur de Boute-
ville, 395.
Siraud (J.), maçon, 375.
Soderini (François), évoque de
Saintes, 132.
Soissons (Aisne), 120.
Solençon, com. de Boutiens, cant
de Cognac, 186, 263.
Sonnac, cant de Matha, arr. de
Saint-Jean d'Angély, 139.
Soubise, cant de Saint-Aignan,
arr. de Marennes, 52, 100, 101,
343, 394, 396.
Souche, com. du cant de Niort,
335.
Soulac, cant de Saint-Vivien,
arr. de Lesparre, 125.
Soulard (B.), procureur, 373 ; —
receveur des consignations,
387.
Soult, maréchal de France, 303,
307.
Steeg (L.), consul, 198.
Slern {M.M, 6.
Stofflet, général vendéen, 32.
Strauss (lamiRe), 14, 16.
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— 474 —
Suberviile (J. de), clerc tonsuré,
163.
Sureau, négociant; — (Anne), 68.
Surgères (Hugues de), 431.
Surgères, chei-lieu de cant, arr.
de Rochefort, 4, 207, 254, 333,
347, 350, 351, 391, 393.
Suzannet (de), 320.
Sylvain, professeur au Conser-
vatoire de Bordeaux, 276.
.Symon (L.), marchand, 371.
Szernovien, 128.
Tabois (Elie), 180.
Tabourin, prêtre, 151, 301, 380.
Taillebourg, cant. de Saint-Savi-
nien, arr. de Saint-Jean d'An-
gély, 38, 98, 99, 101, 132, 167,
192, 303, 384, 394, 405, 410, 411.
Taillel, vicaire générai de Sain-
tes, 395.
Tailliard, 47.
Talmont-sur-Girondey cant de
Cozes, arr. de Saintes, 191.
Tamizier, notaire, 383.
Tapon du Pinier, 64.
Tardy, médecin, 34.
Targe, censeur du lycée Condor-
cet, 85.
Tarrade, huissier, 166.
Tartas (Pierre), sieur des Forges,
366.
Tassin, topographe, 39, 40.
Taugon, cant de Courçon, arr.
de La Rochelle, 332, 392.
Taurin (Saint), 113.
Tenaud, prêtre, 76.
Tercinier (François), échevin,
374 ; — (J.), marchand, 372 ; —
(L.), négociant, 378.
Terrasson, chef-lieu de cant., arr.
de Sarlat, 204.
Terrien (Catherine), 72 ; — (Jean),
avocat, 66,^ 69, 71 ; — (Marie-
Catherine) ; — notaire, 69.
Tessé (comtesse de), 235.
Tessereau (J.), sieur de Beaure-
Sard ; — (Michel), sieur de
oismatté, 99. 101.
Tessier de Laboessière, profes-
seur, 160.
Tesson, cant de Gémozac, arr. de
Saintes, 396.
Tetberge, femme de Hildegaire,
340.
Tezier (D.), notaire, 263; —
(Noël), imprimeur, 436 ; -— re-
ceveur des finances ; — (Marie),
14.
Thairé, cant d'Aigrefeuille, arr.
de Rochefort, 391.
Thédenat, prêtre, 59.
Themer, notaire, 290 .
ThénaCy com. du cant de Sain-
tes, 203.
Théodelin, abbé de Maiilezais,
424, 425, 427.
Théon (De), 378.
Thérac, 76.
Thévet (André), 327.
Thézac (MM* de), 266, 359 ; -
(Charles-Frédéric de) ; — (Jac-
ques-Etienne de), 165.
Thézan Saint-Geniès (De) ; —
(Mari€hC.-I. de), 362, 363.
Thèze (Charles), 4.
Thibeaudeau, 215, 221, 222 ; —
(Pierre), archiviste, 83, V8.
Thibiergp (Louis), 200.
Thierry d'Argenlieu, receveur des
douanes, 15.
Thions, fief des Deiany, 91.
Thirion (Joseph), avocat, 273.
Thomas (Gabriel), 262 ; — (car-
dinal), archevêque de Rouen,
3 ; — (Isaac), de Riollet, méde-
cin, 373.
Thomassin, religieux, 68.
Thors, cant de Matha arr. de
Saint-Jean d*AngéIy, 190.
Thouars (Deux-Sèvres), 343.
Thoyon (Alfred), capitaine de
vaisseau ; — (famille), 142, 143.
Tidier-Toutant (L.), 356.
Tier de Bart-Brusley, 123.
Tignoux, com. de Nercillac, cant
de Jarnac, arr. de Cognac, 262.
Tillou, com. de Bourg-Charente,
262, 263.
Tonnag-Boulonne^ chef-lieu de
cant, arr. de Saint-Jean d*An-
gély, 89, 251.
Tonnay-Charenle^ chef-lieu de
cant, arr. de Rochefort-sur-
mer, 7, 15, ffl, 92, 126, 147, 343,
351, 376, 395.
Toscanelli, 327.
Toulouse (Haute-Garonne), 104.
Tourneur (D.), notaire, 382 ; —
(F.), échevin, 177.
Tours (Indre-et-Loire), 106, 120,
189.
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— 475 —
Touzac, cant de ChÂleauneuf,
arr. de Coffiiac, 187.
Touzaud (D.), 324.
Tourelli (M~), artiste, 276.
Travail, chef de bataillon, 93.
Treilhard, 315.
Trémeau, imprimeur, 159.
Trigand de Latour (Maxime), 436.
Trochon, 326.
Troussaint (Marie-Thérèse), 143.
Trouvé, luthier, 166.
Truguet, ministre de la marine,
33.
Tuqèras ou Tauriac, cant. de
Montandre, arr. de Jonzac, 340.
Turcat (J.-B.), marchand, 187.
Tumer (Samuel) ; — (Anne-Nan-
cy), 184.
Turpin (De), 166.
Turpion, comte d'Angoulême,
337, 33a
Tuy (Marquis de), 70.
u
Urvoy, 163.
Ussorij com. d'Echebrune, cant.
de Pons, arr. de Saintes, 130,
190.
Uzureau, prêtre, 225-227.
Val (Madeleine-Sybille de), 366,
367.
Valadon (Th.), supérieur du cou-
vent des Minimes, 393.
Valans (Foucaud), 251.
Valons, cant. de Frontenay, 251,
252.
Valentin, enseigne de vaisseau,
27.
Vallade-Lagord, 97.
Vallein, publiciate, 377 .
Vandré, cant. de Surgères, arr.
de Rochefort-sur-mer, 4.
Vanzac, cant. de Montandre, arr.
de Jonzac, 66, 71, 397.
Varaize, com. du cant de Saintr
Jean d*Angély, 38, 190.
Vassal, directeur de Tenregis-
trement, 161.
Vaêsiac, icant de Montguyon,
arr. de Jonzac, 341.
Vaissière (Marie-Rosalie-Victoîre
de), 78.
VaUn, archiviste, 83, 358, 436.
VatieuiUe-la'Rtte, cant de Cau-
debec, arr. d'Yvetot, 172.
Vaux (Jehan de), 382.
Vaux, cant de Royan, arr. de
Marennes, 395.
Vèdrines (Jean de), ancien offi-
cier de cavalerie ; — (Marie-
Louise de), 12.
Veillon (E.), 436 ; — (J.), chape-
lier, 123.
Vénérand, com. du cant. de Sain-
tes, 97, 305.
Vercheval, 138.
Verdelin (Jean-Louis de), 263«
Verdier (Joseph), baron de Laas ;
— (Agathe). 196.
Verger (Jean) ; — (Marie), 370
Ver g né, cant de Loulay, arr. de
SaintrJean d*Anffély, 332.
Vérines, cant de La Jarriç, arr.
de La Rochelle, 391.
Verneuil, 6.
Véron, 59.
Verrières, cant de Segonzac, 156,
160, 186.
Verstraete (N.), 142.
Verteuil (N.), 92.
Vesron ou Verrou ; — (Jeanne),
325, 326 ; — (Marie) ; — (Jac-
ques) ; — (Jean), 32o.
Veyrol, 60.
Vezeaux de Lavergne (De), doc-
teur-miédecin, 36S.
Viaud, administrateur, 68 ; —
(Eliacin), 143.
Viault de Breuillac (Frédérique),
141.
V\Hbrac, com. du cant de Jon-
zac, 66.
Vichy, chef-lieu de cant, arr. de
La Palisse, 30a
Vienne asère), 106, 120.
Viennot, 200.
Vieuille (Marie-Anne), 168 ; —
(Marie^H.-A.), 143 ; — (P.), 380.
Vigen, docteur-médecin, 203.
Vignier (Marie^.-V.), 165.
Vigoureux, apothicaire^ 123, 124.
Villan, mattre chirurgien, 373.
Villaret-Joyeuso, amiral, 22.
Villars, 94.
Villars (Jeanne de), 110, 375.
Villars, 397, 39a
Villars, cant de Burie, arr. de
Saintes, 184.
Villary, 86.
Villebois, chef-lieu de cant, arr.
I d^Angoulème, 342.
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— 476 —
Villebrcion (Charente), 175.
Ville-d'Avragy cant de Sèvres,
arr. de Versailles, 270.
Villedon (Gabriel, comte de), lieu-
tenant de gendarmerie, àl7.
Villedoux, cant de Marans, arr.
de La Rochelle, 3d2.
Villefagnan, chef-lieu de cant,
arr. de Ruftec, 366, 367.
Villemaleit com. de La Rochette,
cant de La Rochefoucauld,
arr. d'Angoulême, 175.
Villeman, 187.
Villemontée, intendant de la jus-
tice, 76.
Villeneuve, fief des Brumauld,
365, 366.
Villeneuve-la-^omtesse, cant de
Loulay, arr. de Saint-Jean d'An-
ffély, 531.
ViTleper "
llepelet (Ferd.), 287.
Villers du Terrye (Marc de), écri-
vain, 202.
Villette (De), 97.
Villetlef en Savoie, 29.
Villexavier, com. du cant de
Jonzac, 66.
Villiers, fief des Curzay, 264.
Vincent, 378.
Vinet (raiie), professeur, 280-
300 ; — (François), 291 ; —
(Jean) ; — (Pierre), 292.
Vinsonneau (J.), sieur de La Pé-
ruse, 262, 263 : -- (Jacquette),
262, 264 ; — (Jeanne), 263 ; —
(Marie), 186, 262.
Virson, cant d*Aigrefeuille, arr.
de Rochefort, 391.
Vitet (Jeanne), 101 ; — (Gabriel),
sieur de L'Echassier ; — (Jean),
sieur de Bel-Air ; — (Marie-
Anne), 130.
Voille, 97.
Voahé, cant de Surgères, arr.
de Rochefort, 391.
Vouillé-leS'Marais, cant de Chail-
lé-I es-Marais, arr. de Fontenay-
le-Comte), 334.
Voulroriy com. d'Yves, 391.
Vouvant, cant de La Chfttaiffne-
raie, arr. de Fontenay-lQ-Com-
te, 334, 411.
Vouzac pour Vanzac, 66.
\ ouzan, cant de La Valette, arr.
d'AngouIème, 324.
Vulgrin, voir Wulgrin.
w
Waille, 356.
Waldeck-Rousseau, ministre ; —
(René), 138.
Warren, amiral anglais, 22.
Williamson, 8.
Williot, général, 22.
Wintrop (Robert-C.j. 102, 103.
Wulgrini, comjte d Angoulême,
337, 338, 340, 342, 345, 406, 410.
X Y Z;
Xandre (Balthazar), 114.
Xandrieux (Charles- And ré de) ;
— (Charlotte de) ; — (David de),
184 ; — (François de), 184, 185.
Yan Saint-Acère, 200, 356.
Y eu, île, chef-lieu de cant, arr.
des Sables d'Olonne, 22-27, 30,
32, 33, 82.
You (Louis), sieur de La Tesson-
nière et des Barrières, 176,
177.
Yves, com. du cant de Roche-
forUsur-mer, 254, 391.
Zinck (Marie), 130.
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TABLE DES GRAVURES
Crasse de Salnt-JeaD d'Angély 17
Fête du 24 Juillet 276
Fragment de la crosse d*AirvauU 20
Façade de Téglise de Pérignac 216
Graf>hiques des crues 148
Pancarte d'exercice littéraire 156
Plan de l'abbaye en 1695 \ 111
Plan de Tabbaye en 1825 113
Plan de la rue SaintrPierre de Saintes 164
Porte du château d'Ars 224
Thermes de Saint-Saloine 57, 61
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Là ROGHBLLB, iMPBniBBIB NOUTKLLB N«ftL TbZIBB
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