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Full text of "Revue des langues romanes"

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REVUE 


Dsa 


LANGUES  ROMANES 


REVUE 


DES 


LANGUES  ROMANES 


PUBLIBR 


PAK   Lk  SOCIETE 

POUR  LtTUDE  DES  LANGUES  ItOMANES 


Tome  XLIV 


(V-<  SÉaiK  —  Tome  YI) 


MONTPELLIER 
ao  bureau  des  pubucatiohs 

Dfi  LA.  gOClk-TK 
E«e  âm  rAucIvu-Ooïirrlflr,  % 


PARIS 

G.PKDONE-LAURIRL 
Libriire-Ëdilear 

13,  RUK  300FPLOT 


REVUE 


DB8 


LANGUES  ROMANES 


LA  RESPELIDO 

CHANTRE  AU   BANQUET   DE   LA   8ANTO-B8TBLLO 
(Maguelone,  27  mai  1900). 


Nautre,  en  plen  jour 
Voulèn  parla  toujour 
La  lengo  dôu  Miejour, 
Vaqui  lou  Felibrige  ! 

Nautre,  en  plen  jour 
Voulèn  parla  toujour 
La  lengo  dôu  Miejour, 
Qu'ac6*8  lou  dre  majour. 

La  maire  Prouvènço  qu^abatu  Taubado, 
La  maire  Prouvènço  que  tèn  lou  drapèu, 
L*a  panoa  orebado 
La  peu 
Dôu  rampèu  ! 

Fiéu  animons 
Dôu  Lengadô  famous, 
Faaès  giscla  lou  moust 
De  vôsti  vigno  âèro, 
Fiéu  animoua 
xuv.  —  JanTier-Férrier  1901. 


167922 


hk  RESPEL1D0 

Dôu  Lengadô  famous, 
Fasès  giscla  lou  mouat 
Di  vigno  de  Limous. 

La  maire  Prouvènço  qu'a  batu  Taubado, 
La  maire  Prouvènço  que  tèn  lou  drapèu, 
L'a  panca  crebado 
La  peu 
Dôu  rampèu  ! 

Li  bèu  cousin 
Dôu  noble  Limousin, 
Vendrés  entre  vesin 
Nous  pourgi  vosto  ajudo  ; 

Li  bèu  cousin 
Dôu  noble  Limousin, 
Vendrés  entre  vesin 
Coupa  nôsti  rasin. 

La  maire  Prouvènço  qu'a  batu  l'aubado, 
Ls  maire  Prouvènço  que  tèn  lou  drapèu, 
L'a  panca  crebado 
La  peu 
Dôu  rampèu  I 

Li  bon  garçoun 
Ë  manjo-pastissoun  * 
Que  sabès  li  cansoun 
De  la  Ciéuta  Moundino, 

Li  bon  garçoun 
Ë  manjo-pastissoun 
Que  sabès  li  cansoun, 
Gantas  à  i'unissoun  : 

La  maire  Prouvènço  qu'a  batu  l'aubado, 
La  maire  Prouvènço  que  tèn  lou  drapèu 
L'a  panca  crebado, 
La  peu 
Dôu  rampèu  ! 

>  Ëscais-noum  di  Toulousen. 


LÀ  RBSPBLIDO 

Li  CeYenôu, 
YivaréSy  Carsinôu, 
Planen  e  mountagnôa, 
Yeici  la  respelido  I 

Li  Cevenôu, 
Vivarés,  Carsinôu, 
Planen  e  mountagnôa, 
Pau  faire  sang  de  nôu  ! 

La  maire  Prouvènço  qu'a  batu  Taubado, 
La  maire  Prouvènço  que  tèn  lou  drapèu, 
L*a  panca  crebado, 
La  peu 
D6u  i*ampèu  ! 

Li  Can  talés, 
Enfant  dî  vièi  Gales, 
Pau  bèn  que  davalés 
Emé  la  oarlamuso, 

Li  Cantalés, 
Enfant  di  vièi  Gales, 
Pau  bèn  que  davalés 
E  que  nous  régalés. 

La  maire  Prouvènço  qu*a  batu  Taubado, 
La  maire  Prouvènço  que  tèn  lou  drapèu. 
L'a  panca  orebado, 
La  peu 
D6u  rampèu  ! 

Anen,  anen, 
Li  bràvi  Dôuflnen, 
Au  brande  miejournen 
Adusès  vôsti  drolo, 

Anen,  anen, 
Li  bràvi  Dôuûnen, 
Au  brande  miejournen 
Venès,  que  li  menen  ! 

La  maire  Prouvènço  qu'a  batu  Taubado, 
La  maire  Prouvènço  que  tèn  lou  drapèu. 


LA  RESPELIDO 

L'a  panca  crebado, 
La  pèa 
Dôu  rampéu  ! 

Brandin-brandant, 
Gascoun  e  Givaudan, 
Biarnés  e  Bigourdan, 
Fasen  la  farandoulo, 

Brandin-brandant, 
Gascoun  e  Givaudan^ 
Biarnés  e  Bigourdan, 
Tôuti  TOUS  counvidan. 

La  maire  Prouvènço  qu*a  batu  l'aubado, 
La  maire  Prouvènço  que  tèn  lou  drapéu, 
L*a  panca  crebado , 
La  peu 
Dôu  rampèu  ! 

Nautre,  en  plen  jour 
Vonlèn  parla  toujour 
La  lengo  dôu  Miejour, 
Vaqui  lou  Felibrige  ! 

Nautre,  en  plen  jour 
Voulèn  parla  toujour 
La  lengo  dôu  Miejour, 
Qu*aco's  lou  dre  majeur. 

La  maire  Prouvènço  qu'a  batu  Taubado, 
L'a  maire  Prouvènço  que  tèn  lou  drapcu. 
L'a  panca  crebado, 
La  peu 
Dôu  rampèu! 

F.  Mistral. 


LA  RESPEUDO 


Er  populàri,  noula  p6r  Jacquibk.  d'ÂFle. 


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Natitre  en     pîen       jour    Vou  -  lôn    par  -  la      lou- 

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^^*-r-srtTrr^=f^^t^^ 


pur     La    len-go   dâu  Mie  -  jour^  Va-qui  loti  Pe  •  li- 


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bri-ge,  Naulre  en  plen      jour  v«u-ién  par  -  )ii    lou- 


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jottT    la    len-go  dùn  Mie  -   jour,  (Ju'a-cô^s  îou  dto  ma- 


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jour.        La         mai~re  Prou  -  TÔn-ro  qu'a     ba-tii  Tau- 


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ba-do,  La       mai  -  re  Prou  -  vêti  -  go  que      tùn    lôu  dra- 


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peu.  L'a      pau-ca    cre   -  ha -do    la       pûudôu  ram-pèuT 


LES  FRANÇAIS  EN  PIÉMONT 

GUILLAUME  du  BELLAY  et  ls  MARÉCHAL  de  MONTEJEHAN 

(JuiUet-aoùl  1538) 


Le  manuacrit  261*^  de  la  coUeetion  Dupujr,  aontiônt  toute 
une  série  de  lettres  de  Guillaume  du  Bellay,  seigneur  de 
Langey,  au  cardinal  Jean  du  Bellay,  son  frère,  dont  dix  sont 
partiellement  ou  entièrement  chiffrées.  En  nous  aidant  d'un 
fragment  déchiffré  en  marge  (r  44  v")  nous  avons  pu  recon- 
stituer ^alphabet  dont  se  servait  Guillaume,  et  traduire  ces 
dix  lettres,  ou  plus  exactement  neuf,  car  de  la  lettre  du 
P*  août,  il  existe  un  déchiffrement  du  temps.  Ce  sont  ces 
lettres  que  nous  publions. 

Elles  sont  toutes  comprises  entre  le  2  juillet  et  le  5  août 
1538,  datées  de  Turin,  où  Guillaume dn  Bellay  était  gouver- 
neur, et  relatives  aux  affaires  du  Piémont.  Elles  n'intéressent 
pas  seulement  la  biographie  de  Guillaume  et  du  maréchal  de 
Montejehan,  lieutenant  gén(?rai  du  roi  au  Piémont,  avec 
lequel  il  était  alors  en  conflit,  elles  nous  font  connaître,  en 
outre,  avec  les  causes  de  ce  conflit,  la  situation  misérable 
du  Piémont  après  la  con(|uéte  française  et  la  politique  des 
agents  du  roi  pour  maintenir  cette  province  dans  Tobéis- 
aance, 

La  campagne  d'octobre-novembre  1537,  conduite  par  Mont- 
morency, nous  avait  donné  le  Piémont  que  nous  laissa  la  trêve 
de  Monçon  (16-28  nov.  1537).  Le  roi,  f;ui  avait  suivi  rexpédi' 
tion,  voulut,  avant  de  rentrer  en  France,  pourvoir  au  gouver- 
nement de  la  nouvelle  province  qu'il  s'agissait  d'attacher  à  la 
France,  soit  qu'on  se  réservât  de  l'échanger  contre  le  Milanais, 
soit  pour  nous  garder  ouvertes  les  routes  d'Italie.  Le  sieur  de 
Montejehan  fut  uommé  lieutenant  général,  et  Guillaume  du 
Bellay,  gouverneur  de  Turin.  La  tâche  qui  s'imposait  à  eux 


LES  FRANÇAIS  EN   PIEMONT  11 

était  difficile:  le  paje,  épuisé  par  pltiaieurs  années  de  guerre^ 
pouvait  difficilement  nourrir  \m  troupes  qui  devaient  le 
garder;  led  soldatâ  mécontentai  mal  payés,  étaient  toujours 
prêts  à  se  mutiner;  enfin  raccord  était  loin  de  régner  entre 
les  chefs,  entre  Montejehan  et  Guillaume  du  Bellay  en  parti- 
culier, 

Mont#jehari,  homme  d'uo  caractère  impatient  et  brusque, 
ne  sut  pas  assez  se  garder  de  son  entourage  ;  il  se  laissa 
circonvenir  par  certains  seigneurs  italiens  qui  le  poussèrent 
à  des  mesurea  vexatoires  daus  ta  répartition  des  gartitsons 
et  la   levée   des    contributions.    Le    mécontentement    était 
général  et  ue  pouvait  profiter  qu'au  duc  de  Savoie  dont  les 
agents  ioiriguaient  partout*  Guillaume  du   Bellay,  qui  savait 
de  quel  prix  était^  pour  François  1^',  la  pof^sesaion  du  Pié- 
mont, le  voyait,  et  ne  put  s'empêcher  de  le  faire  remarquer 
au  lieutenant  général,  qui  lui  en  témoigna  peu  de  gré.  De 
menus  incidents^  envenimés  par  la  jalousie,  vinrent  accroître 
Tanimosit^eutre  Montejehan  et  son  subordonné,  doutThumeur 
était   plus  indépendante  quMÎ    n'eût   fallu.  A   la  suite   d'une 
mutinerie  des  bandes  italiennes  qui  failiirenl  preodre  un  des 
forts  de  Turio,   Langey  lit  trancher  la  tète  aux  chefs  des 
mutins  ;   Montejehan    renvoya,  sans   les  châtier,  les   autres 
rebelles^  ce  qui  parut  un  blânae  indirect  de  la   rigueur  de 
Langey*  Pais  comme  celui-ci»  privé  des  lansquenets  que  Ton 
délogeait  de  Turin,   par  mesure   d'économie,    ne   s*y  sentait 
plus  en  sûreté  et  demandait  à  garder  les  300  hommes  nouvel* 
lement  envoyés  à  un  de  ses  capitaines,  le  maréchal  refusa 
tout  net.  C'est  à  ce   moment  précis  qu'éclate  entre  les  deux 
afâciers  un   conflit  très  vif,  à  propos  d*un  taillon  que   le 
maréchal  veut  lever  sur  les  habitants   de  Turin.    Laugey 
représente  avec  vivacité  que  c'est  demander  la  ruine  de  ces 
pauvres  gens  et  les  jeter  dans  les  bras  du  duc  de  Savoie,  dont 
on  ne  savait  encore  s'il  accepterait  la  trâve  de  Nice^    Il 
refiiae   publiquement  d'obéir,   alléguant  qu'il  a  du  roi   des 
ordres  contraires  à  eaux  que  veut  donner  le  maréchal.  D'où 
une  scène  violente  dont  les  lettres  qui  suivent  exposent   les 
détailsetles  conséquences  ainsi  que  les  démarches  faites  par 
les  députés  du  pays  pour  être  moins  durement  traités. 


IS 


LES  FRANÇAIS   EN  PIEMONT 


1.  ^  Omillaimitt  du  Beîlmy  h  Jean  ûu  Bell&ir  ' 

Turin,  2  juillet, 

[F"  62].  J'eij  preseDUment  reçïi  ?oz  lettres  par  un  des 
chevaulx-legiers  de  mon  frère  ',  données  à  Frejust  le  23"** 
dupasse  et  pour  respODce  au  pramier  article,  M.  le  Mare»- 
ehaL  ^  a  délibère  daller  &  la  courL  A  ce  que  jentena  Villan- 
dry  *  luj  a  escripÉ  que  pour  chose  du  monde  il  ne  labie  quil  nj 
aille,  mais  de  se  deafaire  de  la  chûrge  d#  ce  paja  ne  croyez  qujl 
eu  ajt  aucunement  envie^  car  ce  luy  est  une  trop  bonne  vache  à  laict. 
Bien  vouldroit-il  mavoîr  oâte  hors  de  devant  i^es  yeu\%.  Prou  de  gêna 
le  mavotent  dict  parcy  devant  mais  Je  neu  povoye  riens  croire  sur  let 
bone  pro|ioJî  quil  me  tenoit.  Dimanche  dernier  je  m'en  vonlnfs]  esclar- 
cir  me  trouvant  seul  avecques  Iny  aprea  !ea  propoz  que  nous  avions 
eiîz  ensemble  dont  je  vous  ay  etcript  ^  et  luy  priny  que  pour  Ihou- 
neur  de  Dieu  il  ne  me  tinat  en  ceste  agonie  4e  me  laisser  parmy  gens 
deaquelx  jay  à  me  garder  autant  comme  des  ennetnys.  que  je  ne 
povoye  vivre  ne  veiller  que  en  crainete  et  que  à  la  lonprne  ou  îe  y 
mourroye  ou  je  seroye  contraioct  de  demander  mon  congie  plus  tost 
que  deatre  icy  ordinairement  en  craîncto  de  recevoir  une  honte  et  le 
roj  dommage.  Croyez  qnil  ne  faillit  à  recneilïir  soubdamement  la 
parole  et  api  es  longue  protestation  quîl  meatmoit  comme  frera  me 
remonstra  que  je  ne  dehvoye  demi;nder  mon  congie  sonbz  une  telle 
couleur,  quil  scmbleroit  que  je   Deusse  point  la  vertu  de   me  faire 


^  La  petit  texte  indique  les  parties  déchiffrées. 

^  Martin  du  Bellay^  sieur  de  la  Herbaudièrei  commandait  une  bande 
de  200  chevaui  légerîî;  il  fut  gouverneur  do  Turin,  à  partir  de  novem* 
bre  1538,  lorsque  Guillaume  du  Bellay  revint  en  Franco  pour  rétahlir 
sa  santé  fortement  ébranlée,  et,  plus  tardjorsque  celui-ci  fut  lieutenant 
général  du  Piémont  (1540-1543). 

3  René,  s'  de  Montejehan,  en  Anjou,  lieutenant  général  du  roi  en 
Piémont  ^  maréchal  de  France  en  février  1538.  Cf,  le  P.  Anselhh, 
Hùtoire  généatogtqitf..,  VU»  174  sqq.  Le  P.  Anselme  se  trompe  en  don- 
nant 15^iS  cr>inme  date  de  la  mort  de  Monlejehan.  Le  maréchal  mourut 
seulement  à  la  fin  soptemhre  Î539*  Cf.  Mémoires  dt  Martin  et  Gtiitlaume 
du  Beihy,  éd.  Michaud  et  Poujôulat,  467  et  B.  N.  f,  fa.  2990,65,  un 
cartel  adressé  de  Turin,  le  19  septembre  1539,  piir  Monte jehan  malade, 
au  comte  Guillanme.  Bîbier,  un  tome  I  de  ses  Lettres  et  Mémoires 
d*Eà(at  a  publié  une  quiniOjnede  lettres  de  Mnnlftjehandaléeade  1538-1533. 

*  Jean  Breton,  s""  de  Villandry,  secrétaire  des  ftnancesÉ 

«  Lettre  à  Jean  du  Bellay  du  I  "  juillet.  Dupu^  369  f^*  43-45. 


LES  FRANÇAIS  EN  PIEMONT  13 

mbeiff  mai*  que  j8  lui  demandasse  teh  geas  qu€  je  vouidroje  et  quil 
les  me  baiileroit,  sil  ny  eu  avoit  qui  fusseat  à  mon  gre,  que  plus  tost 
je  couburasse  ma  délibération  de  demander  congie  iur  le  besoin  g 
que  javoye  deatendre  à  mes  affaires  ;  quil  me  vouloit  advertir  comme 
mon  amj  afin  que  je  men  gard.isse  ;  quou  sestoit  mocque  à  [la]  eourt 
de  quelques  propos  que  Je  y  avoye  eacHpU  que  javoye  des  geua  (v*) 
de  qui  je  ne  me  povoye  faire  obéir.  Or  tant  y  a  que  de  ceste  matière  je 
mj  escript  chose  que  voua  oayez  veue  oe  qui  soit  de  ces  te  teneur* 
Je  ne  icay  ai  luy  en  auroit  eacript  ou  faict  porter  parole  aoubz  main 
pour  me  deiadvantager,  maia  tant  y  a  que  auaei  ae  mutinèrent  ceuk 
de  Moûtcallier  ^  que  ceuk  de  Turin  et  commencèrent  les  premiers 
et  le  contraignirent  de  composer  à  eulx^  là  où  les  miens  neurent  riens 
dé  moy  davantage  que  ce  que  libéralement  je  leur  avoye  oflFert, 
avant  la  mutinerie.  Dimanche  furent  nos  propoE.  Hyer  il  envoya 
quérir  le  seigneur  Jelian  Paule  '  auquel  il  déclara  que  dedatis  dix  ou 
dazê  jours  il  doit  aller  à  la  cour  &t  h^  iaissm  icy  lieutenant  du  roy, 
luy  demandant  sil  teroit  content  daci^epter  le  gouveraeraent  de  Turin 
■u  c&B  quil  lui  en  face  despeicker  ses  lettres  à  la  court. 

Vojla  ce  qae  je  vous  pujs  mander  de  Douvelles  quaofc  à 
ce  premier  article  de  vostre  lettre*  Quand  au  second,  d'îcy 
en  avant  je  auy vray  vostre  advisquant  jeacripray  à  M,  le  con- 
!je»t«ibie  ^,  vous  pryant  raenvoyer  tout  ïartii^le  de  ma  lettre  dont 
tneecriv^.  Ledîct  Jehan  Paule  a  eu  ad  vis  de  M*  le  conneatable  que 
lôet  il  luy  mandera  al  et  quant  il  debvra  aller  à  la  eourt.  Cela  et 
les  «tigiDatee  quil  a  au  visage  le  fera  temporiser. 

Ce  |)orteur  sera  le  conte  Berlioger,  auquel  je  vous  prye 
£ure  tout  lajde  quiI  vous  sera  possible  en  ses  affaires* 

Aussi  je  vous  pry^e  supplier  à  M.  le  couneâtable  quîl  vueille 
pourveoir  le  juge  de  Briansonnoys  dû  lestât  de  président  des 
comptée  de  ce  pays  i  il  est  homme  qui  le  mérite  et  qui  le 
seaura  très  bien  faire. 

M*  le  Marescïial  a  envoyé  ung  cammtssaire  pour  reeoû- 


<  Honealiçri^  où  réoldalt  le  maréchal  de  Montajeban,  se  trouve  sur  le 
Pû«  a  quelquËâ  kilomètres  au  sud  de  Turin. 

'  Oioï^aniû'Paolo  da  Gerri,  de  la  familîe  Orsmi,  fib  du  fameux  Renso 
da  Cerri,  gentilhomme  italien  au  serrice  de  la  France»  lré3  i>n  faveur 
auprès  de  François  !•%  qui  le  nomma  successivement  geoUlbomnie  de  la 
cbambre  «t  colonel  général  des  bandes  italionnea. 

'  Anne  de  Montmorency^  connétable  de  France  dopuis  le  10  février 


14  LES  FRANÇAIS  EN   PIEMONT 

duire  ea  France  les  gens  nouveaux  Tenus  au  cap^*  Gulphe^. 
U  se  foiid#  Bur  m  qml  fault  desebarger  le  Roy  de  despetice  ;  maïs 
il  vauldroit  trop  inytuli:  le  descharg-er  de  taot  de  capitaifF"*  63JneR 
car  en  moins  de  deux  mil  cinq  ceng  hommea  françoia  nous  avons  ^ïlua 
de  vingt-cinq  enseignes  de  aorte  que  les  estatz  ne  montent  gueres 
moin»  que  la  paje  des  «ouïdars.  On  dict  que  X  ^  vaà  Rome*  Je  vouU 
droje  que  on  lu?  donnast  lîharge  de  pasatr  par  ce  (ïaja  et  veoircom* 
tneot  11  est  traicte. 

A  tant  je  me  recûmmande  humblement  à  v"  bonne  grâce. 
De  Tarin  II"""  jour  de  juUlet  1538. 

V"  pluB  obéissant  et  meillenr  frère, 
Guillaume  do  Bellay. 

Ëi  au  doa  :  Â  Monaeigneur^  Monseigneur  le  cardinal  du 
Bellay, 

2,  —  Guillaume  du  Bellajp^  à  Jean  du  BellaT- 

TurlUf  5  juillet, 

[F**  64].  Je  ne  scay  ai  je  auray  loisir  de  paracîiever  la  pré- 
sente avant  que  ce  porteur,  homme  de  M,  de  la  Rochepousaj 
soit  dealôge.  Par  le  conte  Berlinger  et  par  le  s'  Georges  de 
Connigran  je  voua  avoye  e script,  mais  le  conte  Berlinger  partit 
la  nuyt  et  celluy  auquel  javoye  baille  mes  lettres  pour  iuj 
porter  à  Montcallier,  dès  le  aoir  me  trompa  ;  lauUre  neat 
point  aile*  Jay  depujs  faict  bailler  lei  meumes  lettres  à  ung 
gentilhomme  venant  de  Ventâei  deapesché  par  M,  deRoddez^* 

Devant  hjer  furent  assemblez  les  estatz.  L'intention  eatoit  de  leur 


^  René  de  0ulphu^  «  aieur  de  Neple  »  ûu  Nesle,  un  d&%  cent  gentila- 
liojnmes  de  la  maison  du  roi^  capitaine  de  mille  hommoâ  de  pied. 
Guillaume  dn  Bellay  avait  en  lui  plomo  confiance.  On  venait  de  lui 
envoyer  de  France  trois  cent»  hommes  nouveaux  que  Montejehan  ren* 
voya,  malgeé  les  instances  de  Langej.  Cf.  Archives  nationales  J.  962,  15^. 

*  Le  chiffre  désigne  un  personnage  que  nous  n'avons  pu  identiiier.  U 
s'agit  peut -être  d^Adhèmar  de  Monteil,  s'  de  Grignan,  qui  fut  eovojé  à 
Rome  au  milieu  d'août  1533  ai  passa  par  le  Piémont  t  pour  îUec  pour- 
veoir  à  plusieurs  alFaires  concernant  la  justice^  police  et  soulagement  des 
sujets  dud.  pays...  n  B,  N.  L  Oairambault,  1215,  L  7Gv* , 

*  George i  d'Armagnac,  êvéque  de  Rodez,  ambassadeur  à  Yenbe  de 
1536  à  1538. 


LES  FRANÇAIS  EN  PIEMONT  U 

demacder  ung  tâillon  qui  euBt  bien  monte  troja  cens  mile  fraûcz.  Lear 
ddibâration  eatoit  de  respûndre  ^ue  Iod  priât  de  ceulx  qui  ODt  pille  le 
peuple ,  trojs  een»  mile  escuz  quiken  otiteitorquet  et  au  demourant  se 
bien  detgofger.  Bar  quoj  Ihomme  ^  ueuat  faillj  de  se  persuader  que 
ceunt  eate  de  ma  participation,  par  quoy  je  len  advertj  et  lay  copaeilïaj 
de  ne  demander  \edici  taillon,  mais  leur  proposer  qu  estant  adverty  dea 
extonioûâ  qui  leur  ont  eate  faiotes,  il  es  toit  délibère  den  faire  bonnes 
inforoiationa  et  leur  en  faire  la  raiaon,etque  pour  obvier  que  à  ladvenir 
ne  «en  fiât  de  semblables^  à  ce  que  le  peuple  demouraat  en  liberté  de 
cultiver  les  terres  et  faire  sa  marchendise^  il  avoit  délibère  de  rescinder 
le  tiombre  des  gaus  de  guerre^  et  ce  quil  en  retiendroit,  les  retiendront 
tous  èa  villes  fortes  esquelles  le  peuple  leur  fourmroit  vivres  à  ung 
Uax  auquel  le  souldar  puât  vivre  de  la  soûl  de  du  Roy  ai  quen  ce  fai> 
raat  U  esUbliroit  ung  capitaine  de  juatioe  qui  puniroit  de  mort  tous 
oêuli  qui  prendroîânt  quelque  chose  satis  payer,  ou  sortiroieut  de  leur 
garnison  sans  bulletin  du  gouverneur,  qui  e^toit  chose  que  ceuU  qui 
me  avoieuteste  ordonnez  pour  la  coûtnbution  de  Turin  mavoieut  ceste 
aimee  accorde  libéralement.  La  proposition  faicte,  les  estatz  remirent 
la  reipoQce  à  hjer,  [-v^]  et  fut  la  responoe  en  somme  qui  h  eatoient  si 
mengi^  que  possible  ne  leur  es  toit  de  fournir  vivres  au  taux  quon 
iSemandôit,  car  la  moytie  du  peuple  estoiant  morts  de  faim^  ce  qui 
reetoit  navoit  que  mengier,  peu  de  genâ  avoient  aeme  et  que  ce  peu 
«|tti  avoient  semé  na  voient  recueilly  pour  reaemer.  Âpres  longs  propos, 
il  se  aigrit  et  leur  dtst  que  aik  ne  lac^ordoietit  libéralement,  il  b  leur 
feroit  faire  par  force  et  que  sih  avoient  [este]  maltraicte^  par  le  passe> 
Ux  la  seroient  pis  à  ladvenir.  Hz  resp  on  dirent  que  tant  quilz  en  au- 
rotent,  Hz  en  bailleroient,  mais  quibneussent  riens,  ih  desbabiteroîent, 
lui  demandant  congie  daller  vers  \e  Roy  luy  demonstrer  leur  paouvrete. 
Ce  quîl  leur  accorda,  disant  que  la  responce  quilz  en  auroieot  es  toit 
tonte  faicte,  car  le  Roy  se  reposoit  sur  luy  des  aSaîres  de  par  deçà  et 
lia  renvoyeroit  à  luj,  et  pour  ce,  quil^  se  délibérassent  dea  lors  de 
fournir  vivres  aux  taux  quil  imposeroii,  car  il  donneront  aultrement 
liberté  aux  souldars  den  prendre  où  ilz  en  trouve roieuL  Ainsi  se  dea- 
partirent.  Je  parlay  depujs  à  eulx  particulièrement  et  mesmeinent  à 
centt.  qui  autrefois  mayoient  bien  voulu  faire  ce  party,  et  men  avoient 
prye.  Ik  me  respondirent  que  alors  ilz  avoient  de  quoy  le  faire  et 
lofroient  afin  davoîr  liberté  de  semer  de  quoy  maintenant  recueillir 
ponr  avoir  le  moyen  dj  continuer;  maïa  que  nayant  eu  ce  moyen,  ilit 
DJ  pourroient  maintenant  fournir,  que  premiement  ilz  rt'ayent  faict  une 
cueillette,  ofrana  que  Ion  face  reoensir  le  peupla  et  tout  ce  quil  s  ont 


i  Le  mârâûhsl  de  Montejehan. 


16  LKS  FRANÇAIS  EN  PIEMONT 

de  vlvr«a  el  qmh  aoient  p^ndu^  sans  remisBion  [F°  S&]  en  eus  que  Ion 
ne  trouve  quatre  choflfia  ;  lune  quil  est  mort  de  faim  depuyi  uog  an 
un  ça  le  li  rs  du  peuple  eÈ  que  plueieuraa  se  sont  pendue,  noyez  et  tuez 
de  deseipoîr,  ~~  laultre  que  tons  les  vivres  du  pays  ne  scauroient 
fournil'  à  nourrir  ung  moyji  ce  peu  qui  reste  dudit  peuple,  —  la  tierce 
que  par  les  registres  des  notaires  on  trouvera  que  de  pays  deux  ans  le 
quart  des  tnaisons  et  possessions  ont  change  de  maislres,  et  cêulx  qui 
ont  vendu  IqoI  faicl  pour  satisfaire  aux  contributions  quilz  ont  payées, 
^  la  quarte  que  le  tiers  de  la  vettdange  avenir  est  desja  vendu  pour 
satisfaire  au  a  dicte  s  contributions  ;  remonstrent  davantage  que  silï 
veulent  recueillir  Un  qui  vient,  il  fault  quiiz  achaptent  du  grain  pour 
aemer^  des  beufz  pour  labourer,  provisions  pour  vivre  cependant,  et 
que  de  leur  adjoux ter  ceste  autre  chargei  dachatter  vivres  à  cher  prix 
pour  les  revendre  aux  soaldars  buï  deux  tiers  meilleur  marche,  il  est 
impossible  qulh  vivent;  et,  en  effect,  en  beaucoup  de  lieux,  les  prez 
detneurent  àfauscheret  le  ble  à  seyer,  que  les  maistres  aiment  raieulx 
le  laisser  perdre  que  le  recueillir  pour  aultruy.  Je  ay  tout  ce  que 
dessus  remonstre  à  Ibomme,  afin  qui!  ne  les  deaesparast  du  tout, 
meamement  cependant  nous  ne  ^cavons  desquelx  est  le  Duc,  en  sorte 
quil  les  a  remys  à  reparler  à  eulx  encore»  aujourd'buy.  Et  pour  con- 
clusion, si  le  Duc  n'est  pour  nous  et  nous  désespérons  ce  peuple,  il 
sera  force  que  le  roy  entretienne  tou «jours  icy  uni*  grosse  force  quj 
luT  costera  beaucoup  en  st>ulde  et  encores  h  nourrir,  car  si  le  pays 
nest  cultive,  il  fauldra  faire  venir  vivres  daîlleurs,  I^sdictz  estatz  ont 
faict  compte  que  k  retenir  icy  seulement  quatre  mil  hommes  de  pted 
sans  chevauli,  linterestz  de  les  nourrir  au  taux  de  leur  soulda  montera 
cinq  cens  escuz  par  jour,  si  les  vivres  namendentfv].  Lhomme  que 
seave^  me  ramadoue  fort|  mais  c'est  par  le  conseil  de  sa  femme  et  me 
promet  bien  que  ces  dix  ans  nous  ferons  grand  ehere  ensemble.  Il  se 
tient  si  asseure  de  M.  le  conneslAble  quil  ne  craint  fouidre  ni  ton- 
netre. 


Lhomme  qui  doibt  aller  vers  M.  le  connestable  touchant 
lestât  dont  voua  k}'  av€ï  pari©  de  par  moj  mesoripvit  hjer 
une  lettre  que  je  vous  envoyé  pour  le  communicquer  audtet 
seigneur,  si  voyez  que  bôn  soit.  Il  tient  la  ohose  plus  faisable 
que  jamaia.  Dedans  Ihtiictieame  de  ce  moys,  il  partira  pour 
aller  informer  ledict  seigneur  de  bouche.  Lentreprinse  na 
point  este  conamunicquee  au  conte  deBiandras  qui  est  aile  par 
delà  et  ne  la  luy  veulent  ceulx  qui  oonduisent  cesi  oeuvre 
communîoquer  tant  que  ce  soit  fajct.  A  tant  je  prye  à  Dieu 


LES  FRANÇAIS  EN  PIEMONT  Î7 

TotLs  dDQoer  en  saute  bonite  et  longue  vie.  De  Thario  le  ciaq»" 
jour  de  juillet  siDjoacvui, 

Vostre  pins  obéissant  frère  et  meilleur  amy* 

GuiUaume  du  Bellay, 

Et  au  dos  ;   Monseigneur^  Monseigtieur  le   éardinal  du 

BXLLAT* 


9l  ~~  Gamamne  du  Bellay  &  Jeao  du  Bellay 

TuM,  6  juillet, 

[F"  72].  Votii  t6aure£  tant  de  ueuvellespar  M .  de  Roberval 
quB  ce  me  sera  cause  de  faire  la  présente  pltis  courte  et  au 
demourant  je  oe  mestendraj  à  le  ?ou3  recommander^  car  vous 
scate^  iancienoe  amytie  qui  @st  entre  luy  et  moj.  Il  vous 
comptera  de  quelques  practiqiies  quon  a  suscite  contre  lujde 
faireàungmojne  son  cou^iu  prendre  habit  de  pi  estre  séculier 
affin  quil  berîte.  Il  fauU  quil  sajde  de  tous  ses  amjs  pour 
dotmer  audîct  mojne  quelques  beneâces,  pour  Iti  contenter. 
U  son  adresse  tant  a  M.  le  cardinal  de  Lorraine  que  à  celuy 
de  Bourbon  et  je  vous  condamne  den  faire  aussi  de  vostre 

bpTirt  plus  que  sera  possible  juaques  à  111  ou  lY  ou  Y"  Ht, 
l'oueliant  mes  aSaires  de  Picardie  jay  nouvelles.  Q^oy  que 
je  vous  eacripve,  je  me  double  quil  ue  soit  taat  idoq  &mj  quil 
dit.  Vous  le  coDgQoistre^.  par  le  rapport  quil  fera  duue  cberge 
ijuil  a  de  M.  le  Marêsobal  de  leeiter  les  paroles  qui  ont  este  ce 
jounlhuj  entre  moudict  sieur  le  mareaobal  et  moj,  lequel,  après  avoir 
fuel  pour  lu^  et  »ûn  honneur  en  la  matière  dont  je  voua  estoi'ipvjr  hjer 
œ  qne  jeuaee  peu  faire  pour  mon  père,  finiretil  [sic)  en  meoiissea  que 
là  0Û  il  me  comtnandereit,  il  scaurgit  bien  la  me  faire  faire,  ou  bieu 
me  faire  treneher  la  te«te  ;  et  fut  pour  ce  que  me  commaadaDt  que  je 
contrsLigmsBe  ha  gens  de  cesia  vilk  à  faire  quelque  chose  riont  Hz 
settoieut  excuses^,  je  le  prit^y  c^ue  je  ne  nien  empeacbasî^e  poiut  dàu^ 
tant  que  ce  seroit  contre  le^  instructiotis  que  jaj  du  lioy.  IL  me  dîct 
bri  qtie  par  le  Sang  Dieu,  quant  it  n^e  commanderoit  une  i^hose,  force 
me  lefoit  de  le  faire.  Je  luy  responds  lors  que  quant  il  me  aommau- 
4eri>it  ce  quil  doibtf  Tori^e  ne  lue  seroit»  mais  volimte  âêlou  mua  deb- 
fvic,  ^i  comme  jftvaiîi  tk>u3Jûura  faict  autant  que  Le  moindre  aouldart 
«nat;  maia  que  des  cboaea  dont  javois  expresse  commission  du 
je  oe  feroye  ïe  contraire  pour  commissioo  dhomme  du  mou  de,  si 
le  Rôy  mesmes  ou  qui  a  la  principale  charge  de  ses  afikirei  ne  le  me 


18  LES  PRANÇAÎS  EN  PIEMONT 

compandml  ;  et  lor»  il  mû  menasia  que  de  caite«  les  [»ropoa  seroiem 
longs,  et  il  a  envoje  défendre  aus  postes  quilz  ne  portent  lettrée  de 
moy^  ne  baillent  chevaulx  aatiB  son  commandemeDt  et  a  jure  qnil 
eacriprA  au  Roy  de  ceai  afiaire,  et  que  par  le  Sang  Dieu  ce  quil 
eacripra  sera  creu. 

Je  ne  aupplye  M.  le  Connestable  stnan  que  je  ne  «oje  condam[T°]ne 
aana  eatre  ouy,  car  nî>nobstant  quil  ay  t  jure  que  sil  y  a  homme  qui  en 
parle  au  escripve  aultremenl  quil  en  eacHpra,  il  luy  rompra  la  teste, 
il  y  avoU  de  gens  de  bien  qui  diront  vérité*  Jenvoyeray  par  escrîpt  le 
discoure  de  loutet  si  on  trouve  que  je  ne  mande  vérité,  et  que  jaye 
donne  occasion  de  me  user  duag  tel  langage,  que  on  me  trauehe  la 
teste.  Jentena  quil  mande  à  M.  le  Connestnble  pour  le  preocuper  contre 
moy  que  jescripvoye  secrètement  au  Hoy  dea  nouvelles  sans  prendre 
ladrease  dudict  seigneur  connestable,  La  lettre  fera  foy  de  tout  ce  que 
jay  escripL  Ou  me  vient  daverlîr  que  ledict  sieur  mareschal  tend  sur 
ces  le  cas  se  rie  que  lou  fera  de  gêna  d  arme  s  y  faire  comprendre  ma 
coinpagnye.  Je  vous  suppiye  pour  1  honneur  de  Dieu  y  avoir  Iceil  et  de 
rechief  à  ce  que  je  ne  soye  eon damne  sans  estre  ouy. 

De  Turin,  ce  VI"*  jour  de  juillet  mdxxxvci. 
Vostre  pluâ  obéissant  et  meilleur  frere« 

Guillaume  du  Bellay. 

Et  au  doi  :  Monaeigneur»  Monseigneur  le  cardinal  du 
Bbllay* 


4. —  Gultlamne  dtt  Bellay  à  Jean  du  BdUeij 

Turin,  11  juLllet. 
J'ai  aceu  que  Lauteuay,  lequel  et  le  gênerai  de  Bietaigue'  sont 
ainsi  quou  ma  dict  principaulx  auteurs  de  ce  trouble,  sen  va  bien 
délibère  de  parler  sur  moy  eu  mou  absence.  Je  vous  prye  faire  dire 
de  ma  part  quil  advîse  à  ne  dire  chose  quil  ne  veuille  maintenir 
letpee  à  U  muintcela  hiy  pourra  changer  ses  instructions,  Monsieur 
le  maresehal  faict  contre  moy  son  principal  fondement  sur  les  muni- 
tions que  jay  mal  administrées,  Si  cela  se  mect  à  information  et  aux 
régis  Ires  des  munitionnaires  à  qui  a  myeulx  fatct  de  luy  ou  de  moy, 
jay  cause  gaingnce,  Vray  [est]  que  je  vouldroye  avoir  ung-  fons  de 
mil  eseuK,  comme  je  vous  escripvis  hyer> ,  ou  de  doze  cens   ponr 


t  Antoine  Bnllioud  :  cf.  de  itiî  une  lettre  adressée  au  chancelieT  r  de 
M outcalljer,  dernyer  jour  de  may  [1538]  ^aux  Archives  nationales  J  957, 
10", 

*  Nous  a'avons  pas  cette  lettrs* 


^ 


LES  FRANÇAIS  EN  PIEMONT  îtt 

««t»  hùn  âe  t otite  doubte  ût  fasahei-ie.  L«diet  ifi&rescbal  vient  i<jj 
p4iurj  faire  diçj  en  nv&tit  aon  sejaur.  Dieu  veuille  que  ce  soit  à  bonne 
fin.  Msîs  je  me  ûenâtAy  aur  mes  gardes,  car  trop  da  vens  mâdver- 
ItMent  qut  je  le  face  et  pour  ce  le  tout  qae  Ion  men  estera  sera  le 
meillear,  t&nt  pour  la  seurete  de  oia  personne  qae  pour  le  profit  du 
Rôj.  Maia  je  voiildroje  estre  ost[e3  sans  reproche.  De  Turin  ce 
uniieame  de  juillet  1538  '. 

Votre  plus  obéissant  et  meilleur  frère, 

Guillaume  de  Bicllat. 
et  &u  dos  :  k  MoDaeigneur 

»  Monseigneur  le  cardinal  du  Bellay. 

■         5,  —  GaliJ&ume  du  Bell&y  à  Jean  du  Bellay 
P  Turin,  12  juillet. 

[F**  41]  On  fait  ei  grand  guectice  qae  jenenvoje  de  mes  nouvellei 
que  je  ne  poja  pa»  eacripre  quand  je  vouldraje.  On  a  amufié  Chaulne*, 
ûeux  jours  avant  que  jeusae  de  luy  mea  lettres.  Cependant  on  & 
altiltre  dea  capitaines  pour  ae  venir  plaindre  devant  luj.  Eu  ma  pre- 
•enc^e,  Monsieur  le  mare^chal  porta  la  parole  que  je  lai  avoje  eacripi 
comoient  on  ma  voit  baille  tous  les  mutinii  et  que  lung  des  battions 
eitoient  en  leur  garde,  item  que  Gulfe  es  toit  celuy  qui  avoit  cbastje 
les  mutiiia.  Et  alors  Acbe  aortit  le  premier  en  place  disant  que  aîl  y 
avoit  personne  qui  diat  quil  fust  mutin  quil  soutiendroit  le  contraire 
de  sa  personne  ;  4  la  sienne,  Ag^uerre,  que  âU  avoit  homme  qui  dist 
qoil  fut  coulpable  de  la  mutinerie,  ceulx:  exceptez  quil  dolbt  excepter, 

I  Le  même  jour,  Guillaume  du  Bellaj  écrit  au  connétable  dç  Mont* 
\vauty  pour  lui  expliquer  son  dlUérâud  arec  Je  Maréchal  de  Montfi{|i)lian 
et  offre ,  en  tc-rinés  èn^rgiquiss^  de  se  justiiîer  : 

■  ie  me  offre,  Mons*îigneur,  et  me  rends  prisonnier  des  ce^te  beuro 
pôuf  aller  me  justiffier  la  où,  et  quand  il  me  sera  commande^  consens 
«t  prie^  sinon  quil  plsUe  au  roy  et  à  fous  en  disposer  auUremeut,  que 
pt^aiabJemenl  et  avant  questre  ouy  en  mes  justifications»  je  soye  et 
demeure  tuapendu  de  tous  mes  estatiC  jusque^  à  ce  que  mesdictos  jusli- 
ficatîons  soient  deuement  et  amplement  verilUees,  Vous  suppliant  , 
Monseigneur*  que  U  où  je  la  scaursj  faire  au  contentement  et  satis- 
faction d«  roy  et  vo.<itre,  il  vous  plaise  eslre  moieu  que  je  soye  entière- 
otent  restitue^  de  sorte  que  je  neu  demeure  en  loppinion  du  monde 
davoir  fiict  chose  dont  jaje  mérite  diminution  de  degro.  »  (Dupu/i 

t  Louis  d'Otgmes  s^  de  Ch aulnes,  écuyer  d'écurie  du  roi. 


iO  LES  FRANÇAIS  EN  PIEMONT 

il  diroit  par  le  congie  de  M,  le  Mareschal,  quil  ayoït  mentj^  deman* 
daut  coDgiede  sen  aller  justifier  vers  M.  le  CoEueslable,  puya  que  on 
se  desfioit  de  luj  ;  Oeaun  quon  luy  a  voit  faict  tort  deacripre  tanl  de 
bien  de  Gulfe  et  luy  avoir  desrobe  hou  hontieur,  car  il  avoït  estaiact 
la  mutinerie  et  que  satiâ  luy  ceulx  de  la  villa  eussent  e»te  maistrea 
des  HOU  Ida  ra  ou  euk  de  ceuls  de  la  ville,  A  Ache^  je  repoody  quil 
a  voit  bieo  graude  envie  de  daocer,  de  prendre  la  défeoae  de  chose  qui 
ne  luy  touchoît,  veu  que  lers  de  la  mutineiie  il  nefitoit  des  capitaines 
de  cette  ville^  quant  à  ce  que  jauroye  eacript,  que  leacnpture  en 
feroit  foy  ;  biêu  acavoye  avoir  escript  que  les  bastions  estoient  en  garde 
des meames mutins  qui  mavoient  assailly,  ce  quiestoit  vray  lorsquejele 
escripvyz  ;  [à]  A  guerre  que  jestoye  dadvis  quon  luy  donnast  le  congîe 
quil  demandûiti  qui  conques  eut  eacript  de  luy  ou  parle  à  luy  tou* 
choit  de  re9p[v«]ondre,  ce  bien  lui  avôye  Je  faict  descrire  en  sa 
juatiflcatiouj  et  quant  à  se  fier  ou  mesfler  de  luy  que  je  luy  en  avoje 
4ict  ma  fautasief  mais  puys  quil  peusoit  quon  ue  se  fîast  de  luy, 
falloit  dire  sil  nen  avoit  certainete  quil  craingnlst  quil  en  eust  en  luy 
quelque  occasîou,  ce  que  je  reinettoye  à  luy  \  k  Ossun  que  pryant 
par  lettre  quon  tue  donuail  les  gens  de  Gulfe,  y  allegaut  le  devoir 
dudict  Gulfe^  loccasion  ne  sadonnoit  descrire  de  luyi  mais  que  lors 
en  la  lettre  par  laquelle  javoye  escnpt  le  discours  de  la  mutioatioD, 
jflvoye  escript  le  devoir  quil  avoit  faict,  sans  luy  dearober  aon 
houneur  ;  au  demouraut  à  M.  le  Mareschal,  quil  me  pardonnast  et 
que  ces  motzquil  mavait  baille  tous  les  mutins  iiestoiëtit  point  en  ma 
lettre  [offrant  avoir]  recours  à  jcelle,  A  tout  fut  présent  pluË  de  trente 
eapitainev  et  prou  daultres  choses  furent  dictes  que  je  vous  manderay 
par  homme  exprès.  Ledict  sieur  est  icj  pour  faire  résidence  dicy  en 
avaDt.  Javoye  este  adverty  quil  avoit  délibère  de  se  vouloir  tenir  au 
chasteaUf  mais  je  préoccupe  luy  comptant  que  le  roy  mavoit  mande 
par  La  Fosse  ^  que  je  fortifiasse  ledict  chestuau  et  que  je  m  y 
logeasse.  Je  ne  «cay  quil  en  fera  ;  mais  il  neat  possible  estant  lee 
choeea  comme  elles  sont  que  pour  le  service  du  roy  je  demourasse 
icjavecques  luy.  Je  vousprye  y  pourveoir  lemyeulx  que  vous  pourrez 
à  mon  honneur*  Vray  est  que  deslogeant  dicy  je  pense  bien  que  ma 
compsgnye  yra  à  Caasan.  Les  communes  envoient  trente  [F°  ^Z]  am- 
bassadeurs faire  entendre  leur  traîctement.  Uog  personnage  ma  dict 
quil  peose  avoir  este  cause  que  ledict  sieur  aeil  entre  centre  moy  en 


1  Barnabe  d'UiTe,  ^ieur  de  la  Fosse ^  gentilhomme  angevin,  que. 
CuillitumL*  du  Bellay  employait  volontiers  et  qui  avait  été  chargé  de 
pJusit3ur5  missions  en  Alieroûgne.  Gf,  Wlsokslmann,  PolUiâche  kor- 
rtipondem  dsr  Siadt  Stfossàurt/  im  Ztitalter  da^  Reformât  ion  11^ 
60&WI;//J,  1^2,  126^127. 


FRANÇAIS   EN  PIÉMONT  f  1 

et  aiewf  se  coQseUtaot  à  luy,  il  luj  dist  quïl 
pÊOïÊoit  ftifvea&nl  Ionique  tfève^  que  Le  roy  na  vonldroît  faire  îct  taot 
dt  de8|ieiice  et  qmil  ce  laisseroit  icj  f^uen  cbacane  ville  quelques  gôM 
sotibz  cbacuû  gou?erneaet  par  adrenture  à  rooj  quelque  preemi- 
nenee  sur  les  aultufia,  pour  gouvemer  p&js  &vec  le  conaeil  du  PArle- 
meiil  ;  û  dist  que  depuja  lors  il  a  toiisjoura  veu  aller  tout  de  travers 

fUfl  Tarin  À  haite,  sur  Ja  my nuit  desrobant  lopporluuité  de  ce  courrier, 
Id  doEieame  de  juillet  [1538]. 
ma 
de 
t&\ 
*: 


6.  —  GaUl&niEie  du  Bellay  à  Jean  da  Bellajr 

Tarin,  14  juillet 


[F*  68].  Lopimon  que  jay  de  la  peme  es  laquelle  vaui  estes  peur 
mof  est  bien  luue  des  bonue^ï  parties  de  celle  où  je  sujs,  qui  nie  meut 
de  vous  cscrire  taul  souvent,  Dejiuys  ma  lettre  dernière  Ihomrne  ma 
leoTi  par  diverses  foys  Jiuaai  g^ratieulx  propos  quil  fist  oDcques  jusque 
à  me  dire  quil  ne  fut  oucques  tant  niarry  de  ebose  qui  luy  advint  quil 
a  este  de  ce  qui  luy  est  advenu,  dautant  quîl  me  tient  pour  homme  de 
Iisefi  et  de  service,  aulaQt  que  homme  qtiil  congneut  jamaii  et  non  eu 
une  «orte  mais  eu  plusieurs  ;  mais  que  je  le  coatraigoy  de  me  dire  ce 
quîl  me  dist  pour  luy  avoir  si  absolutement  dict  devant  tant  de  gens 
que  je  ne  luy  obeiroye  point,  car  sil  ne  meuat  aussi  respondu  il  iiy 
eust  eu  gouverneur  eu  tout  le  pays  qui  neust  entrepris  sur  cest  ei^em- 
ptede  me  respondre  de  mesmes,  ^i  eeust  este  à  part  quîl  le  eust  endure 
de  moy  pour  me  coognoistre  colère  et  que  pour  lestre  luy-mesmes,  il 
scajt  par  ex  péri  eu  ce  quelx  propos  peuvent  eacbapper  [à]  un  g  homme 
en  s*  grande  coîereet  que  pour  ce  qui  est  advenu  il  ne  vouldroit  moins 
taire  pour  moj  que  par  le  passef  quil  vouldroii  scavoir  de  moy  veu 
que  autrefois  je  luy  avoye  si  sagement  dict  quil  debvoit  estimer  beu> 
reu£  estant  facture  de  M,  le  Connestable  quil  navolt  gens  par  deçà  de 
eeulx  qui  ont  les  cbargea  qui  ue  fussent  de  mesmes^  qui  seroit  cause 
que  ail  an  s  tous  dung  bransle  le  roy  en  seroit  myeuk  servy.  que  luy 
de  sa  part  a  cherche  tous  fui>yens  possibles  dentretenir  les  choses  en 
c«ste  sorte  et  me  s  me  ment  avecques  moy  duquel  il  confessoit  avoir 
ette  fort  soulage,  comme  il  avoit  escript  au  roy  et  à  M.  le  Connestable  l 
niais  que  Je  scavoye  bien  quil  navoit  gueres  faict  despecbes  sans  les 
me  communiquer,  votre  sans  les  me  bailler  h  faire  à  moy^meamei, 
qtiîl  votil  droit  scavoir  de  moy  dont  e^toît  procedee  ces  te  desHance  que 
JAYoye  prise  de  luy  [v^].  Quant  au  premier  article  que  je  luy  eusse 
absolutement  uye  de  biy  obéir,  je  le  luy  nyay  à  platj  bien  advouay  luy 
Avoir  dict  que  sil  vouloit  contraindre  cesto  ville  à  ce  quil   diaoit,  que 


Et  LIS  FRANÇAIS  EN  PIEMONT 

faire  le  pourroit  comme  lieutenant  4u  roj,  mais  que  moy  ne  le  pouvaj 
faire  potir  avoir  instructions  À  ce  contraires  ;  et  pajs  luy  poiîrsnyvy 
[le]  demourfint  des  propos,  selon  le  discours  que  je  voua  enay  envoyé. 
11  me  inten-ompit  disant  que  de  celn  les  presetia  en  serment  crenz,  maJa 
quil  ûen  failloit  venir  là  et  quê  ee  teroit  re^jouyr  les  ennemyz  de  lung 
et  de  lanltre  et  au  eontraira  mettre  Les  nmyi  en  peine^  car  si  nous  eo 
venions  là,  il  est  certaîû  que  la  vie  de  lung  et  de  kultre  seroit  espe- 
iuchee  dita  bout  à  aultre  par  noz  ennemy^  qui  diroient  :  «  En  ting  tel 
ou  en  ung  tel  jour^  il  fist  une  telïe  folye,  en  un  tel  une  telJe,  on  ne 
pou  voit  pas  eâperer  qui!  6e  t  aultremeot  ailleurs.  »  Et  que  ces  t«  estait 
la  cauie  quil  oavoit  este  dadvia  que  jenvoyasse  par  M.  de  Chaulne 
la  lettre  que  je  luy  avoye  monatree  (ceat  celle  dont  je  vous  ay  envoyé 
la  minute  pnr  Criasay),  car  de  telles  matîéreap  moins  eseripre  est  le 
meilleur,  adjouxtant  que  des  paroles  que  nona  aviona  eues,  luy  à  ceele 
cause  nen  a  voit  voulu  eacrlpre,  sinon  pour  satisfaction,  ung  petit  mot 
à  M.  le  CouDestable  de  créance  sur  Hoberval,  lequel  de  ce  qml  en 
avnit  ûuy  dire  à  eeulx  qui  furent  presens  en  diroit  le  moins  qu'il  pour» 
roit  (s'il  est  ainsi  quil  dist,  U  vue  en  descouvrera  le  fait).  Apres  ceste 
interruplion  je  repris  mon  propoz  disant  que  de  ce  quil  avoit  eacript 
en  ma  faveur  je  Invuye  sceu  et  raen  sentaye  tenu  à  luy  et  avoye  mys 
peine  de  ne  men  monstrer  ingrat.  Quant  à  persévérer  que  tous  ft tis- 
sions tousjours  allez  duug  bransle»  je  pensoye  <^que^  pm-  grande 
oUeissance  avoir  donne  à  conguoistre  comme  je  lé  desiroye;de  Thon- 
neur  quil  mavoi  t  fait  de  me  communîcquer  lea  depeaeliea  bI  memp[ B^  &B] 
loyer  à  les  faire^  je  le  pensoye  avoir  recongneuparley  avoir  fidèlement 
servy  et  que  je  estoye  fieur  quil  ne  ae  trouveroit  le  estre  ai  fidèlement 
par  ceulx  que  maintenant  il  y  employoit  et  qui  lavoyent  mis  en  des- 
Jiam^e  de  moy,  laquelle  sienne  desfîance  de  moy  avoit  cause  que  jen 
eusse  de  luy,  et  h  us  cest  article  debattiau^ea  jilusîeurs  propos  con- 
teniiz  ou  discours  que  je  vous  ay  envoyé.  Il  viendra  a  ceste  raison  de 
me  bailler  par  eacript  les  causes  dont  il  se  plaingt  de  moy,  afin  den 
tyrer  de  moy  reaponce  par  eacript,  de  quoy  je  nenteus  faire  difBcultâ. 
Je  désire  fort  scavoir  comment  cecy  a  este  pris  à  la  court  rue  s  même  nt 
du  Roy  et  de  \L  le  Con  ne  s  table  et  conseil  de  vous  si  je  doibz  plier  ou 
rompre  ;  cependant  je  ne  me  pourmeneray  guèrea  par  les  rues.  De 
tout  oe  que  je  vous  ay  esonpi  ou  escripray  vous  userez  selon  que  le 
temps  le  portera  et  quant  ffiuldra  mbiller  quelque  ebose  userez  des 
blancz  qiîe  je  vous  ay  envoyez,  car  vous  acavez  que  cela  vault^  item 
qui  voit  gens  en  diviabn  rapporte  aucune  foiz  plus  que  vérité  a  lune 
on  laultre  partie.  Je  voutdroye  Hussi  scavoir  que  sera  de  ma  compai- 
gnye  et  si  jauroy  perdu  ce  qire  jay  de  s  peu  du  à  faire  faire  lessayes  pt 
à  fdire  venir  les  harnoys*  Pour  fdire  paaser  ce  pacquet  je  lay  baille 
au  frère  de  feu  Bernardin  Geatiïj  pour  lequel  je  vous  eacrjz  de  telles 


LIS  FRANÇAIS  EN  PIEMONT 


•a 


etcriptures.  Vous  sere^  touejours  quitte  dalleguer  <|ite  ce  teinpi  nest 
propice  et  que  pour  le  présent  ih  nù  &eii  û*1  rossent  à  vo(ïs,  car  vous 
ne  letir  teaunes  fmre  pi  ni  air  que  aajez  boaae  volupté.  De  Turin,  ce 
quatordesme  jour  de  juillet  [1535]. 

Au    dos:     k  Monâeignetir»    Monseigneur  le   cardinal    du 

BSIXAT, 

7.  —  GolUa^mç  du  Bellay  &  Jean  da  Bellay 

Turin,  H  juillet. 

[F*  68]*  Je  ne  v^us  femy  pas  longue  lettre  carjetie  scaj  si  rna  lettre 
ira  seurement.  Jar  receu  quattre  vostre&  lettres  par  Mftillart^  jnfjl 
monstre  au  préâident  ^  el  la  Foui^auldiere  le  long  dj&conrs  que  je  voua 
ftj  envûje:  il»  affennentquil  oontient  vérité;  le  vicaire  dÂst*^  Faun^t 
Pfefceval  Dûdoio  èa  chosea  quiU  ont  eate  preaeus  en  disent  autant  et 
accordent  tous  sur  le  priueipiil  poioct  de  la  desobeisiance,  que  je  dyz 
à  M.  le  Mareschal  quand  il  me  parla  de  contraindre  les  gens  de  cette 
ville  que  faire  le  povoit  comme  lieutenant  du  Roj*  mais  que  moy 
pour  avoir  ma n dément  conlrîiSre,  par  ÏDstructions  signées  de  la  wiain 
du  Roy  ne  men  povoye  empescher^  et  que  sur  la  fin  quant  il  me 
demanda  si  jescavoye  pas  bien  quil  estoit  lieutenant  du  roy  et  que 
javoye  à  liiyobeir,  luy  respoodiz  que  tousjours  lavoy  je  faict  autant 
qtie  le  moindre  soûl d art  de  son  armée  et  feroje  en  toutes  choses, 
sauf  où  je  nuroj  mandement  contraire,  auquel  cas  je  vouidroye 
■tiendre  nouveau  mandement  du  roy  ou  de  qui  n  le  princiiml  manie- 
tnent  de  ses  affaires  après  luy.  Cela  nense  semble  fort  eslongnftnt  de 
c«  qm  le  Hoy  voua  dis  t  que  je  le  debvoye  pryer  <le  mem  ployé  railleurs, 
cependant  quil  feroît  faire  le^ecution  par  ung  aultre.  Et  tant  y  a  que 
quiconquês  euât  entrepri:!  de  faire  cette  exécution  eust  entrepris  chose 
veu  le  tempe  qui  est  [qui  eust]  peu  apporter  une  dangereuse  couse- 
queoee  ;  la  charge  à  laquelle  il  vouloit  que  je  contraignisse  ladiivte 
ville  ne  eust  moins  monle  de  quinze  mile  francs  par  moys;  quant  aux 
munitions,  il  ue  seauroit  njer  qull  n'eust  sceu  pluâ  tost  que  lorsque 
jen  faisoye  vendre  aux  laniquenets:  et  que  je  ne  luy  en  eu&se  sou- 
vent parle  et  escriptpour  y  pourvoir  et  que  lui  ne  âst  depuvsle  sem- 
blible  à  Montcallier  et  à  plus  grande  perte  du  Roy  que  moy*  Et  si 


f  Fi*ariçois  Eirault,  s*^  de  Chemana. 

*  I^  Ticairo  d'A^t,  Alherto  Gato  ou  Gâsto,  nommé  conseiller  et  maître 
de*  Pfitjii«*les  ordiniiire  en  Piémont  et  pour  toute  l'Italie,  par  lettres  du 
roi  données  à  Aioulms,  7  marjî  153Î  [15881,  ^fch^Nftt.  J.  Wâ  1%  CX  îd. 
L  9tit  11  iK 


£4  LES  FRANÇAIS  EN  PIÈMOM 

cest  homme  coDtinnê  etneet  ferme  en  ses  promesBee,  je  vous  asseure 
bien  quil  adviendra  de  hûeonvenient  et  lourdement;  la  détention  des 
flrabasaadeiira  des  communes  a  fort  deaespere  ce  paya,  outre  ce  quil 
estoit  desja(v«)»CeeLbûmme  a  envoie  U  bande  de  mon  frère  en  Bour- 
gogne et  ma  mande  que  je  contremande  la  mienne  à  tant  quil  eust 
ftultres  ûouvellea  du  Roy.  Je  nen  ny  rien  faict  ;  jentens  bien  quil  fera 
ce  quil  pourra  à  ce  qu'elle  ne  vienne  afin  quelle  aoit  comprise  des 
premières  à  la  eaaserie.  Voua  eaeripruy  de  brief  bien  au  lûDg. 

Je  vous  prye  vous  aotivenir  duiig  mémoire  que  je  vous  aj 
envoyé  par  Creuse  pour  utig  de  Androîs  *,  il  est  homme  qui  iê 
mérite*  Jehan  Martin,  lung  des  secrétaires  de  M*  le  Marea- 
clial  me  prye  vous  faire  requesite  que  vous  demandiez  ou 
faciez  demauder  pour  luy  l'office  de  contrerôlleur  des  postes 
en  Piémont  et  Italie.  Je  ne  pwys  si  toat  envoyer  rbiatoire* 
que  damandez  car  jay  faict  transi^orter  horade  ceete  ville  tous  mes 
pttpîers^   propter  metum  judeorum. 

Je  votis  prie  eoliciter  le  remboursement  des  parties  de 
Savillan\  car  il  y  a  ang  paouvrc  homme  qui  en  est  fuirif  hors 
dudîct  SavilU^n  il  y  a  troys  moys  et  je  ne  scay  quelle  bende 
couldrfl  pour  le  rembourser.  De  Thurin  à  hRSte  ce  vingt- 
quatriesme  juillet* 


I 

I 


8.  —  GuUJaiim«  du  Bellay  À  Jean  du  Bellay 

Tnrin,  l"  aoùL 

[Chiffre  F**  75;  décbiffrement  du  temps  F"  73]. 

Voua  ècaurez  par  Mor^'ille  rhonneur  que  ma  vmdta  faïj^  le  Mares- 
i-haï  en  ces  te  ville^  entreprinfie  dont  je  voua  ay  escHpti  hot^  est  me 
litidere  in  Bocietatem  crimmie  et  malevolenLie.  Sou  armée  eatnnt 
amvee  à  Viîlesalet  %lea  habitants  ne  luy  voidurent  ouvrir  les  portes  ; 
là'dessns  larmee  f^e  deifîl  pour  aller  fourraiger  par  les  villaigea,  11 


t  Anton  in  Andrée,  coUatAral  au  conâcil  de  Turin.  Cf.  âi\  Nal.  J.  961» 
tli»;  J.  %2,  i5«i  et  douï  lettres  di?  jui  jiu  cbwiedbr.  J  %7»  SM,  22,  do 
Turin,  G  avril  tri37  (n.  S    15:^8],  28  n^nl  iïm. 

>  Il  s'apt  probablement  des  fhjdwidex^  auiquclles  Guillaume  tra^^ad- 
Jnil  a  t'ts  iiiomeïit  ot  dont  il  ne?  uoua  est  reatt^  que  It  frajfraent  couaerré 
par  Marlin  du  BeUay,  livru»  V,  VI  et  VU  des  Ménoirts. 

^  SaTîglianOt  pré$  de  la  Matiii»  à  Tesl  de  Saluées* 

*  Villasalelio*  î^ur  la  Mair^i.  nu  rioj~d  de  Conip 


LES  FRANÇAIS  EN  PIEMONT 


25 


I 


¥Quloii  efivojer  mettre  ordre  à  In  pûlice,  c*eat^à-dira  me  inimlc- 

mreeques  les*  Jeh&n  Pâule  qui  eât  d^sja  eli#f,  dont  je  meiciisaY 

bien,   ils    ont    depuya  i&icii    bai^rte  aut1î<:t  VlSlesalet  et  donne 

lU  di>iit   îh   ont  eaté  repoussez»  perdu    gens  beaucoup  finns  les 

lllecJei,  *me  pièce  de  leur  artillerie  rompue  et  les  roues  dune  aulti*e. 

On  y  envoje  quatre  oaDons   de   renfort;    cecj  le  pourra     refroidir 

dVfiCreprettdre  îe  Moiitdevr»*.  Des}»  fna[t]  il  donne  cliarge  denvoyer 

veoïr  ti  on  t  vouidra  u^eepter  mft  compaigniefet  quil  leur  pardopuera 

«on  mi\\  itiïeùti  encorea  est-îl  ce  oonobatant  en  espérance  quelle  ne 

demourera  point  icj^  et  de  ses  gens  ^ui  lont  rêacoutree  sur  chemin 

om  Ifien  tasehe  à  la  deffaire  semant  le  brujt  quelle  estoit  cassée.  Je 

tif  point  de  nouvelle  de  Gotinort  ■,  par  qtioj  je  suj   à  délibérer  de 

f  mon  enseigne  à  Urtay,  Je  vous  prye  soliciter  le  payement  de 

te  compaignie,  Hjer  les  g:0ns    de  ceste  ville  furent  vers  luj  en 

gMûdt  bamililé  W  requérir  quil  pardonnait  à  leur  ambassadeur  ;  ilz 

aeo  purent  emporter  sinon  que  le    Rov    luy  fauldroit  ou  quîl    feroit 

tfentrbâr  la  teite  audiçt  maistre  Georges  ^  et  à  ses  adherens.  Ledict 

DAitlre  George»  a  témérairement  escript,  maïs  sa  détention  a  ete  pre- 

têàéenîit  H  vontaiseure  que  sil  a  mal,  il  on  sortira  de  grand  est^bn- 

^rt,  et  n  ceste  long^ue   tresne  ue  fent,    desja  en  feu»t    aorty.  Dieu 

qiie  tout  aille  bien.  De  Turm,  !•' août  1538*. 


« 


9<  ^—  Gnlllaunae  du  Bellay  à  Jean  du  Bellay 

Turin,  entre  2  et  5  août. 

[9*  70,]  Je  ne  scay  que  penser  que  depuys  la  venue  de  Cbrisiofle  ", 
târiint  de  gens  qui  sont  venus  je  nay  Jamaia  eu  nouvelles  de  vous 


'  Id^^ndATif  driDs  le  basiin  du  Tanaro^  à  Test  de  Coni. 
^  l^êné  du  Bellay;  sieor  de  Rocheserriere  at  de  Gonnor,  issu  dVne 
totre  brjiuctie  dû  la  lâmiUç  da  Bellay,  frère  aîné  de  Joachim  du  Bellay. 
•  G.  RîHiRh^ Mémoires  ifSgtàt^..  ï.  190.^  Lex  scindicJi  ti  conseitim'*  de 
Tkritt  mt  ^onnettafite  .iur  t'ênvùi  H  députât  ion  de  leur  député  x^crx  lerofft 
1  anrti  IK^K  ^çn  fayeur  d^  maistre  Georyes*  conseillor  fil  m^^deciu  du  Roy ^ 
leur  ambassadeur).  ^-  Il  s*a^t  d'un  Georges  Antiocbia  dont  una  lettre 
Utm»^  adrei«$éif  âo  cbanctlier  est  conservée  zax  Aiica.  Nat.  J.  %7«  W 
■  T«iirini  VIII  apprdis  1538.  ■» 

^  {je  mt'mie  jour  QuUlaume  du  Bellay  écrit  au  connétable  de  Mont- 
morency pour  le  remerckr  di>.  son  attitude  bicn^eiUEiutc  et  pour  Ta^iftLj- 
mr  qui?  u^n  différend  avt^c  le  maréclud  de  Montejehnn  a  rcieliement  «ti-^ 
proroqué  par  le*  causées  qu'il  a  dites,  Dupuy  269,  {,  40. 
*  Qirhtfjphc  de  Sir*3smi'3*  désigné  quelquefois  tous  s»n  tittû  d'élu 
Jd'ATrancbes,  fui  chargé  de  diverses  missioai  en  Piémont,  puis  en 
CL  Areh.  Nat.  J  mV*,  ti. 


^      *  airisi 
^Bd  Avrancl 


28  LES  FKANÇAIS    EN  PIEMONT 

ache^ite  sur  lae  moulins  de  Vên>1oâmo  et  la  Josseliniere  \  ma 
parle  aul'refoiz  pour  luy  et  faict  jïarler  pluaieurs  foiz  piir 
Cotereau  ^  otatiltres.  Je  vous  prje  î^i  jay  a  demoui'er  îcy,  men 
envoyer  lung  deulx  ou  aultre  ;  mais  prjez  bien  celuy  qui  voua 
en  baillera  ungr,  qui!  me  le  baille  taut  pour  sen  desfajre  que 
[>our  vous  faire  plaisir*  Le  recepveur  de  Sen3  mavoittrea  bien 
pourveu  de  cestuj-ey  que  jaj  perdu.  Ce  porteur  sera  le  aeigueur 
Georges  de  Connegran,  que  bien  congnoissez,  qui  va  taut  pour 
ses  affaires  propres  (mais  despe^iche  par  M.  le  Mareschai) 
comme  pour  quelques  nouvelles  quii  a  que  ïon  poureujt  de 
faire  juger  contre  le  seig^neur  Caingnin  ^,  que  ce  soit  à  lui  & 
demander  sa  parrie  au  combat.  Je  vous  recommande  sesdictes 
affaires  tarit  que  je  pny&  et  mfissmem^nt  ung  qui  me  f^iuche: 
c'est  que  Faunee  passée^  luy  estant  en  garnison  à  Quiers, 
print  ung  prisonnier  quil  raiat  à  rençon  et  lequel  il  estoit  prest 
de  délivrer  en  baillant  caution.  Labbe  Borgarel  \  sil  est  par 
deJa  en  peuU  parler.  Messieurs  de  BoUières  \  etprémlenl  de 
Piémont  me  dirent  que  pour  le  grantz  interest^  du  Roy,  il 
estoit  beflojug  davoir  ïedict  prisonnier  pour  linterroger  et 
confronter  à  aultres.  Ledict  Connigran,  sur  la  responcee  tjue 
je  luy  fyz  de  le  luy  renvoyer  ou  la  reneon,  le  consigna  es  mains 
de    lescorte,   que   ledict  sieur  de    Bottieres   y  envoya  pour 

*  Los  terres  dont  il  est  îcî  questioti  avaient  été  possédées  par  la  famille 
de  du  Bellay. 

^  Ce  Cotereau  eit  petil-otre  Cl^iudG  Coterpau,  Tami  do  Dolet,  qui  lu 
lUkUa^oD  1539^  to  Geyiëthliacum.  ot  un  tltia  Bocrétairos  du  Jean  du  Bellay. 
Noo:*  iivon$  deun  lettres  d^  lui  \  B.  N*  T  Is  'A.m\,  f"  IQi-KiT  fît  IW  et  le 
ma,  5;l*7c]  liy  fdfl»  latîn,  qui  rontitMit  on  copie  les  trois  preniierîi  livres  et 
un  rragtiient  dmiualri^mcdc  \ti  \\tGin{bï:ç  Oifdùude  de  Guitiaunn*du  BeUaj, 
lui  a  appartenu  comme  en  fait  foi  k  quatrain  écrit  en  tcte  : 

Egregîum  si  quîd  nos  ira  s  iUaliittir  aureis 

Vel  nota  di^rnum  oïdiums  his  ocuîis 

Soripslmus  his  brevLbuSf  tantum  tit  quod  temporc  nostro 

ûeijtum  esl  id  posslt  poster!  ta  le  frul. 

(Qaud.  CoTEaEOs  TtuiOKSNais.) 

^  Francisco  dt  Gonzaga*  s'  de  Boziolo,  surnomraô  El  Ctif/ninth 

*  llardiîone  Borgarelîot  originaire  de  Chieri  en  Fié  m  ont,  avuit  pri.s  k 
ferme  le  ra?italllemenl  des  Irr^upes  françaises  du  Piémont, 

Gui^ues  GujÛreVt  s'  de  ÛolJiôrcs,  îi;entîlhomme  dauphinois^  prédé- 
cessetir  de  Guillauiiie  du  Bellay^  au  gouvernement  de  Tuinn. 


LKS  FRANÇAIS  EN   PIEMONT  fo 

l^aitidnêr.  Jentâns  quiifiit  pandu.  Ledict  Connigran  demande 
stre  satisfâict  de  la  reiiçon  ou  par  le  Roj  ou  par  moj  su j vaut 
lojr  qmî  respond  si  paye* 

Présentenieût  à  heure  de  cinq  heares  de  nuict*  jay  faict  ouvrir  \& 
porte  à  La  Motte  qui  est  venu  de  Suse  en  poète  mande  {?),  comme  U 
Ikt,  par  M.  le  Mareschal,  de  «en  venir  à  lettre  veue;  cela  me  faict 

»aa«f  quelque  clïOâe  du , 

[La  suite  roanque,] 

10.  --  GulUauine  do  Bellay  à  Je&n  dtt  Bellay 

Turin,  S  août, 

\¥^  68].  Lea  pauvres  geua  de  ces  te  ville  ne  acavent  que  [1]  conseil  ilz 
I  doiWeot  prendre  tant  ik  [ont]  de  [lenr  (Mt^  Mmiatre  Georges  a  oit  exécute 
indtHft  coma.  lU  envoient  vers  le  Roy  mats  ilz  ne  peu  vêtit  ëlarUe 
eii*ch&lh^Q  parjourneeSf  et  pour  ce  craignent  que  ce  soit  trop  tiird, 
Si*at*ceque  si  on  luy  faict  injustice,  il  pourroit  cUer  couater  au  Roy^ 
priudpnlement  $ï   le  duc  de  Savuye   naccorde   avecquea  luyL  Jam 
Qijpint  inier  m   cottioneë  que  minîim   mihi  placent  et  le    duc  vient  à 
YvTêt  teuir  aea  estatï,  neëcio  qun  wpB  ;  mais  il  a  remplj  ce  pays  de 
k  et  le  peuple  partim  spe^  partim  meta  que  dedena  la  fin  de  ce 
lil  fier»  restitue  en  tout  son  pavs;  parquoy  seroit  à  craindre  que 
gfliii  deieiperez  se  baillaasent  à  iuj  de   peur  de  estre  bailler.  Pur 
a4veDtore  ne  seroït  mal  d^dvertir  M .  le  Conueatable  que  pour  con- 
tenter ce  peuple»  on  le  menast  vers  le  lloy  £?t  qiiy  là  ou  fist  aon  proeez. 
Ut  anruut  p aliénât  ai  auditus  et  defensHS  riit  damnelur.  Le  preaident 
mil  secreteuïeot  advertj  quîl  doubte  fort  quou  leur  face  court  procès. 
Ce  porteur  a  este  plus  de  Irojs  moya  après  ce«t  bomme  pour  avoir  son 
[itft  sina  lob  tenir  et  maintenant  insperato  est  deapescbe  en  poste 
detpeuis   du  Roy  duquel  11  est   bien  fort  boti  serviteur  et  seroit 
^cruelle  si  on  ueluy  fajsoitbou  tiaictenient.  Mais  il  est  eunemy 
|ca|nUil  dudict  maistre  Georges.  Je  ne  scay  si  ceste  est  poinct  la  cause 
|j|u£  maintenant  on  le  despesebe.  Je  neuteus  puioct  larticle  de  voatre 
I  lettre  venue  quant  X7  non  e stre  payeur  des  propos  teuuz  par  Lan- 


cia tr^Te  de  Nice  (18  juin  1538),  François  f*" avait  gardé  les  places 
d©  Savoie*  Cdui-ci,  tout  tri  se  plaignant  de  l'attitude  a^ossivedÊi 
[iligelian,  inlriguait  dans  le  Piémont;  il  ue  ratifia  la  trêve  de  Nicu 
k  lëoct.  1538. 
'  Le  personnage  désigné  n'a  pu  être  identifié. 


d 


30  LKS  FRANÇAIS  EN  PIEMONT 

tenay  touchant  la  mort  de  Granges.  Je  voua  prje  mm  esclarcir  et 
nabandanner  poiQt  la  court  taot  que  ceat  affaire  de  inaistre  Georges 
soit  vujile,  au  moins  entendu.  Ceilit  porteur  estgit  présent  aux  propo2 
denire  M,  le  Mare«chai  et  moy. 


I 


[F«  0S  v**].  La  i'#âponce  de  MaïitJeriâ  comme  i)z  sontcûii^ 
tenâ  daccepier  ma  compaigrije  et  luy  fournir  vivres  au  taux 
{[ui  «era  ordonne  mest  venue  en  ung  mesines  t^mps  qu'est 
arrive  moQ  fiayeur*  S'il  fault  quelle  aille  là  comme  elle  en  est 
en  chemin  et  quil  y  faille  faire  la  monstre  je  aeraj  coatrainct 
ûy  envûjer  aussti  ceulx  que  jay  icj,  je  sujs  aifies  M.  leMares- 
chaJ  pour  entendre  si)  vaudra  permettre  que  je  iaj^e  en  ceste 
ville,  mais  ou  me  dist,  je  ue  ac^y  **]!  eât  vjaj  quil^*  veult  faire  ^ 
venir  la  aieune  j^our  îa  y  avoir  auprèa  de  luy,  f 

Quant  à  larticle  sur  lequel  voua  meacripvez  de  user  du 
mojeû  âe  Joviua,  j'ay  bonne  espérance  quelaffaire  se  conduira 
en  sorte  que  le  seigneur  ^e  y  trouvera  bien  servj.  Si  le  oongie 
duquel  meacripvex  me  y  est  necesaaire  je  le  vous  manderaj^. 

Ce  porteur  sera  M*  de  Faurîa^  lequel  va  en  jJartie  tiepesche 
par  M*  le  Marescbal,  et  en  partie  pour  sea  affaires.  Il  fut 
aemons  il  y  a  environ  di^c-buyt  mojs  de  venir  au  service  du 
roj  et  de  mestre  seâ  places  es  malus  dudict  seigneur,  ce  (juil 
fist  libéralement  et  ^aris  marchander  pour  la  nourriture  quil 
avoit  eue  en  France-  Ceâ  dictes  placds  oui  este  prises  sur  le:i 
gens  du  roy  et  ne  les  luj  veult  ou  rendre  quelque  chose  que 
porte  Ih  tresve.  Il  se  trouve  saus  maison,  sans  meublej  sans 
argetiti  sans  estât  ou  entretien,  avecqnes  femme  et  eufaus  en 
maison  de  loage,  chose  qui  mérite  ou  quou  luy  face  rejidre  le 
sief),  ou  quou  luy  eu  baille  daultre  ou  moyen  de  vivre  en 
attendant,  joinct  que  pendairt  la  guerre  de  lannee  passée,  il 
ny  a  eu  colonnel  Itallteu  qui  ayt  eu  plus  belles  bendes  que  les 
siennes.  Je  vous  recommande  son  affaire  tant  que  je  le  puya. 
De  Turiu,  le  5  aoust  1538. 

Bn  pmt'Scriptum  : 

J'aj  baïilft  mon  enaaigne  à  M.  Dursajr,  et  faiet  Cressay 
mareschal  des  lo^is.  Je  ne  pense  pas  que  jeusse  peu  astre 
myaulx  pourveu  en  chefE  que  je  auya* 

Présentement  est  arrive  le  secrétaire  de  M*  le  Maresobal  ; 
JQ  ne  ^cay  quelles  nûuyeilea  il  a  apportées. 


LES   FRANÇAIS   EN   HIÉMONT  31 

Grâce  aux  obJurgaLions  de  GuiLlauma  dn  B^Uù^y  et  du  oati- 

ûétablô^  le  député  den  villea  du  Fiéraoïit,  M'  Georgea  Âiitio- 

cbîa,  futeiiâo  relaxé  sur  Tonlre  formel  du  Roi  et  put  se  rendre 

à  la  cour\  Quant  au  diflféi-etid  qui  avait  éclate  entre  Moute- 

jetiao  et  Langey,  il  fut  apaisé  par  Tinte rvôntiûn  amicale  de 

Montmorency*.  Mai§  il  en  subsista  entre  teg  deux  p-rsonnag'es 

iiiid  certaine  gêne  mêlée  de  méfiance,  et  comme  Montejehan 

i'était  fiJté  â  Turin,   Lange v»   profitant  de  ce  que  sa  santé 

demandait  qull  changeât  d*air,  ût  un  voyage  d'inspeetiaii 

Autour  de  Turin  et»  fmalement,  s'arrêta  à  Murel,  d'oCi  sonl 

datéâ»  ses  lettres  de  septembre  et  d'octobre,  li  y  tomba  gnt- 

Temêiii  malade   de  la  Ûèvre  qui  le   minait   depuis  plusieurs 

inols«  11  demanda  son  congé,  qu'il  finit  par  obtenir.  Et  à  la  fin 

deaovembre,  ilquitt^t  le  gouverneiui^it  da  Turin,  où  le  rem- 

fk^âoQ  frère,  Martin  du  BeiUj  ^-  il  iievaity  revenir  à  la  fin 

de  tannée  suivante,  après  la  mort  de  Montejehan,  comme 

lieoteoantgénérut  du  Piémont,  et  exercer  cette  charge  jusqu'il 

■tmort  (9  janvier  1543}. 

V.-L»   BOURRILLY, 


*  Cf,  dans  RmeRf  Lettres  et  Mémoires  d'Esfat  ddii  roy$,*,  l,  181  sqq  : 
liemmirance  au  rvtf  faite  par  le  dép\M  de^  Dillej;  du  PiémQnft  détivré  de 
prii&n. 

*  tX  RiDLBA,  ùfK  iHt.f  p*  VM ,  Gr.  ûu  Bellay  au  connétable,  do  Viniou 
m  Août  i53H. 

'  fi.  N,  fds  CUîraitibaull,  1215,  f,  76  v*. 


DESCRIPTION 
MANUSCRIT  DES  QUATRE  FILS  AYMON 

ET  LÉGENDE  DE  SAINT  BENAUD 


Je  voudrais  vouaaonmeltre  quelques  remarques  au  sujet  du 
manuscrit  qai  (lîvseiile  la  plus  ancienne  form«3  de  la  Clmuson 
lies  Quatre-Fils-A^xnou  ;  c'est  le  ms.  39,  La  Vallière,  de  la 
Bibliothèque  Nationale,  coté  actuellerneat  24»3«7  du  Ponds 
(ranç  *i3.  Et,  eomine  la  légende  de  Renaud  et  de  ses  frères  n'a 
pas  été  encore  en  FraJioe  Tobjet  d*une  étude  définitive  el 
QQniplète,  ,)*e[Dprtinter^i  à  un  ouvrage  allemand*  quelques 
ren^^etgnements  sur  un  fait  curieux  et  peu  connu^  sur  le  culte 
dont  Renaud  de  Mont?iuban,canojusé  par  rimagination  popu- 
laire et  devenu  saint  Renaud,  a  été  honoré  en  Allemagne, 

D*après  lâi'Ource  latiue  !a  plus  î<neieîiiïe  de  la  légende  de 
Reii  a  u  d ,  Viiû  smicii  /tet/noidtj  k  cUe  v  n  i  ie  r  uj  o  u  f  u 1 1  e  1 4  m  ai  800 , 
il  y  a  exactement  onze  cents  ans:  on  estrtitera  doue  équitable, 
dan^  une  réunion  de  romanisanta^,  de  fêter  ee  onzième  cente- 
naire de  Tun  ile^ï  pere<onnag6f,  sinon  le^  plus  an iheu tiques, 
ilu  moins  les  plus  célèbres  et  les  plus  î^jmpathiques  de  notre 
poéiiie  du  moyen  âge*  «  Les  noms  de  Rtnaud  de  Montauban  et 
de  sei$  frères  nou:^  su^'-gèrent  tout  ce  que  la  poét^ie  et  le  roman 
ont  pu  imagitier  de  splendide  et  de  romantique,  »  dit,  sans 
exagération  ;iuaune»  t'Anglaia  Dunlop^;  et  Caiton,  Tillustre 

*  Dos  det( tache  VulkKhuch  von  der  Heymonskindetn  nach  dem  Sl^der- 
laejidkvhen  heuHmtei  vun  Faut  fonder^  Âetiz  parle  D'  Fndrjch  PfaÛ; 
Scelburg  im  Breisgau,  lâ87. 

*  Le  Congru»  des  Langu6i»  romanes  de  MontpelUer  a  tenu  ses  séiincGa 
publique»  h  26  mai  19tXL 

^  I  Rcniud  de  Monta uban  and  hh  Uiree  brotUers,  whgsti  namcïs  suggest 
ever;  thing,  tbat  ïn  Kplendld  and  romantic  In  poeti-y  or  Action,  m  (Dunlop, 
The  Histortj  nf  Fktiùn,  P.  p*  4(50.) 


I 


DES  QUATRE  FILS  AYMÛN  33 

imprimeur  aDglais,  âu  piibliant  vers  1489  une  traduciiaû  du 
livre  Les  quatre  tVz  Âymon^  que  son  prote<steur,  le  comte  Jean 
d*Oxford,  lui  avait  adr esaé^  justtâe  sou  entreprise  en  alléguant 
ropÎDÎon  du  philosophes  ^.^^  l^^^t  homme  désire  naturellement 
apprendre  des  choses  nouvaUes:  (^  ihat  everj  man  naturaUj 
de&treth  to  know  and  to  can  news  thingg.  v 

Quand  il  8*agîfc  d'époques  lointai»es  et  oubliées^  Ton  j 
retrouve  Tattrait  de  la  nouveauté,  et  noua  ne  sommes  point 
surpris  qu*en  1813  un  Breton  ait  ofTert  à  ses  compatriotes  une 
tragédie,  dont  le  sujet  est  pris  de  rhistoire  des  Quatre-Fils* 
AjrmoQ  *< 


Le  manuscrit  39  La  Vallîèpfl  est  un  in-folio  de  33  centimètres 
4  mUlimétres  de  haut,  sur  24  centimètres  5  milUuiètre!i  de 
large»  formé  de  77  feuillets  (parchemin).  M,  Micheiant  Fa 
décrit  ainsi:  u  Les  cinquante  premiers  feuillets,  sur  trois 
eoloones,  rayés  à  soixiante  lignes,  ensemble  dix-huit  mille 
vers*,  contiennent  le  poème  de  Renaud;  les  feuillets  suivants, 
51 -T7^  à  deux  colonnes,  contiennent  le  commencement  du 
H^man  de  Sapience,  d'Hermant  le  Jeune  ^  maître  de  chûsur  à 
yaleocieunes.  Cette  seconde  partie  provient  d'un  autre 
manuscrit^  que  le  relieur  a  sans  doute  joint  au  premier  pour 
grosairle  volume  et  lui  donner  une  meilleure  apparence*  » 

Du  Roman  de  Sapwnce ,  je  dirai  peu  de  chose.  L'écriture 
(deux  colonnes  à  la  page,  qui  est  rayée  pour  48  vers]  est  nette, 
bien  formée,  plus  grosse  que  dausla  première  partie  du  volume* 


<  Artstote,  Métaphysique,  L 

*  il  Buâi  ar  Ferar  Mab  Eiiioji,  duc  d'OrdoUi  la^uet  e  form  un  Drajedi. 
E,  MonlrouleK,  1S48.  n  416  p.  m -8".  Un  exemplaire  se  trouTs  au  BrlUsh 
liuséum.  Cf.  Micheiant,  H^num  de  Montauèan,  p,  504,  et  Emile  Sou- 
y«sUëi  Le*  dcrmen  ftnrtons,  1843,  p.  2tî0.  Le  D'  PfaU'  a  rassemblé,  a^ec 
une  érudition  trt-'s  aûre,  dans  rintroduction  de  soa  lÎTre^  Lout  te  iiue  l'on 
Mrait  en  1387  «ar  l«i  origines  «t  la  desïtinée  da  la  légende  des  Fila 

»  On  Terra  plu»  loin  qtie  ce  chiftre  est  nécesBaïremont  inexact^  parce 
i|tte  le  nombre  des  Ters  à  la  colonne  diffère  à  plujsieurs  repriaes  dans 
U  suite  du  manuscrit. 


34  DESCRIPTION  d'un  MANUSCRIT 

Le  texte  est  inoomplet  dans  rexemplair6,  bien  que  le  âeroier  ^ 
feuillet  soit  rempli  jusqu'au  bas  de  îa  seconde  colonne  du  verso* 
La  laisse  interrompue  est  le  catnmeticemeDt  de  la  prière  que 
Marie  proQOûce,  lora  de  son  Assomption,  lorsque  Jésui  lui 
apparaît  : 

Beat  fîlî,  c«  sevent  tiùt  que  tu  te  corroçaa. 
Les  evas  fels  croistre  et  dedens  les  noiae  ; 
Daiï  Noë  et  ses  ûhj  beax  sire,  eu  reservaB. 
De  lui  vint  Abrah&na  6t  aee  âU  Ygaas 
Et  lacoîï  ses  boena  fib.  Tm  ces  .111.  enoraa. 
De  cez  vint  Moyies,  Aaron,  Ysaaa, 
lohel  et  Abacuc,  11  boena  Iberemias, 
Samuel  lî  prophètes,  Enocb  et  Helyaa. 

Je  reviens  à  la  première  partie  du  manuserit,  c'est-à-dire  ati 
texte  du  roman  des  Fils  Âymon,  texte  qui  â  été  suivi  par 
M.  Michelant,  de  la  page  1  à  la  page  410  de  Tédition  qu'il  a 
dounée  de  ce  roman,  en  1862,  dans  les  pubtications  du  Lùte- 
rarischei  Vereîn  de  Stuttgart.  Cette  édition  peut  être  coDsidérée, 
encore  aujourd'hui,  comme  la  seule  que  nous  poasëdioDS  de  la 
vénérable  Chanson  do  geste  ;  elle  est  très  rare,  etTexemplaire 
de  ta  Bibliothèque  Universitaire  de  Montpellier  a  été  acquis 
avec  toute  la  collection  du  Litierarisches  Verein,  lors  de  la 
vente  des  livres  de  M*  Adelbert  von  Keller»  le  savant  et 
regretté  professeur  de  Tubingue,  H 

L'on  reproche  souvent  k  Michelant  d'avoir  abandonné  le 
manuscrit  La  Vallière    vers  la   an   du    roman,    et  d'avoir 
complété  le  texte  à  l'aide  d'une  verâion  différente  empruntéo^B 
au  ms.  775  de  la  Bibliothèque  Nationale. 

11  s'en  est  expliqué  d'une  manière  vague,  qui  tendrait  à  faire 
supposer  qu'il  n^'avait  pas  apporté  toute  Tatteation  nécessaire 
à  l'étude  des  manuscrits  qu'il  avait  à  sa  disposition. 

Après  avoir  constaté  que  le  ma,  La  Vallière  offre  d'abord  une 
langue  correcte  et  une  écriture  une  et  jolie,  il  remarque  que 
langue  et  écriture  s'altèrent  insensiblement^  et  qu'au  feuillet39 
l'écriture  prend  un  caractère  tout  autre  et  très  désagréable: 
«  Die  schrift  ist  auch  spdter  gleic/i  vùt  dem  E ingang ^  es  ist  eine 
hûùsch€j  sehr  reinliche  minuskei^  Mehr  uni  mehr  aùer  àndert  »ich 
iprucke  und  schrift^  undyegen  das  ende  versehlmmeri  sich  àeide^ 


^ 
^ 
^ 


DES   QUATRE  FILS   AYMON  35 

*fj  bi.  59  die  hand  mnen  ganz  abweithenden  charakter  uni  ein 
hêtkt  utmngenehmes  aimehen  anmmL  »  Dès  lora,  d'après 
Micbetant,  le  scribe  a  reproduit  son  onginai  mécaniquement, 
sinala  comprendre,  et  à  partir  du  folio  4H  b^  il  était  Qéoeasaire 
di  recourir  à  un  autre  manu acrit  pour  le  pèlerinage  de  Renaud 
elle  duel  de  ses  fils;  ila  choisi  le  me,  775,  parce  qu'il  lui  semblait, 
pour  le  reste  du  roman,  le  plus  voisin  du  ms.  La  Vallière,  Les 
demtextee  concordent  d'ailleurs  pour  la  un  du  récit,  qui  a  pour 
objet  la  pénitence  de  Renaud»  ouvrier  de  la  cathédrale  de 
Cologne*  martjr  et  saint. 

La  description  de  Michelaut  est  inexacte  à  forée  d'être 
mcompléte* 

Ouvrons  le  manuscrit  La  Vallière  au  feuillet  39,  ià  où 
M,  Michelant  annonce  un  changement  de  langue  et  d'écriture*. 

La  verso  du  feuillet  38  est  d'une  écriture  claire,  carrée; 
il  J  a  soixante  vers  à  la  colonne.  Le  recto  du  feuillet  39  est 
d'aie  écriture  sûrement  plus  récente  ;  il  j  a  soixante-cinq 
vôra  àla  colouue.  Aucun  doute  o'e^ît  possible  ;  cette  seconde 
(fmie  eat  un  manusL^rit  qui  îi  élé  ou  copié,  ou  tout  simple- 
Œifint  cousu  à  la  suite  de  la  première  version,  qui  était  très 
probible  ment  incomplète.  Àlusi  le  reproche  fait  à  Micbelant 
d*aroir  abandonné  le  ms.  La  Vallière,  là  oCi  il  lui  semblait 
d*oae  autre  date  et  d*une  autre  mainj  n*est  plus  aussi  bien 
ft^Qdé  qu'il  le  paraissait  d'abord.  Reste  à  examiner  s*il  n^eûi 
pas  mieux  valu  reproduire,  malgré  ses  défauts,  la  an  du 
miDuscrit,  mais  cela  nous  écarterait  du  sujet  auquel  nous 
devons  d'abord  nous  limiter. 

Le  ms,  La  Vallière  est  un  recueil  de  deux  versions  de 
dates  différentes,  cela  est  établi.  En  y  regardant  de  plus  près, 
Hûiis  constatons  que  la  première  partie  elle-même  est  loin 
iie  présenter  ce  caractère  d'uniformité  que  Ton  rencontre 
dans  les  copies  de  la  plupart  des  chansons  de  ^este^  et  parti- 
culièrement dans  celles  des  autres  versions  des  FiU  Â.jmon* 

Au  feuillet  llj  recto,  le  scribe,  pour  remplir  les  colonnes, 
a  été  obligé  de  couper  les  ver^  en  deux;  au  verso  du  même 
feuillet,  la  réglure  n'est  que  de  quarante -huit  lignes  au  lieu 


*  Voir  la  pbotograpEuo  cî-joirtte  d'une  parUo  àes  fauiikts 
39  recto. 


verso  et 


4 


M  DESCRIPTION   D*ON   MANOSCRIT 

dû  sûixaute^  et,  malgré  cela,  de  nombreux  ?era  mai  encore 
coupés. 

Le  feuillet  12^  recto,  est  réglé  à  cinqnanta-huit  lignes.  La 
colûDiie  C  est  incomplète  ^  quelques  vers  sont  encore  coupée 
aux  colonnes  A  et  B> 

Feuillet  13,  recto  «  Il  a  été  réglé  à  soi]tante  lignes.  A  la 
colonne  B»  Ton  trouve  encore  deux  vers  coupés  et  formant 
quatre  lignes.  A  ta  colonne  C,  les  interlignes  et  récriture  ne 
changent  point  jusqu'au  vers  onze,  inolusivement  : 

Entre  lui  et  ses  frèœa  ki  preus  sont  et  sénés. 

Fuis  avec  le  vers  douze  : 

En  la  clt  de  Dordon  fu  li  quens  Eenaus  nés, 

commence  une  écriture  jatinie,  d*allurô  plus  lourde,  et  Ton 
a  seulement  trenteneuf  lignes,  ce  qui^  pour  la  colonne,  n'en 
fait  que  cinquante  et  une  au  lieu  de  soixante. 

Folio  13,  verso,  Leâ  trois  colonnes  sont  à  cinquante  lignes; 
récriture  est  jaune  et  grosse.  L'on  y  compte  treize  vers 
coupée  à  riiémisUche  et  formant  chacun  deux  lignes. 

Folio  14.  Il  est  réglé  à  cinquante-neuf  lignes» 

De  ce  feuillet  il  n'y  a  rien  k  dire,  sauf  que  l'écriture  reste 
plus  lourde  et  plus  grosse  que  dans  les  premières  pages  dit 
manuscrit  ;  mais  au  feuillet  15  on  compte  encore  quatorze 
vers  coupés. 

L'écriture,  plus  soignée  à  partir  de  la  lettre  ornée,  foîio  15, 
verso,  B,  ne  reprend  son  allure  première,  élégante  et  fine, 
qu'au  folio  17,  verdO,  B,  au  vers  : 

Cil  t'en  toment  a  tant,  de  cûlor  sunt  mué. 

Le  feuillet  22  offre  cette  particularité,  qu'au  recto  et  au 
verso,  il  est  rayé  à  soixante  dix  ligues  à  la  colon  ne*,  soit  dii 
de  plus  que  pour  les  autres,  et  que,  pour  faire  entrer  plus  do 
matière,  récriture  ust  petite.  Le  couteau  du  relieur  a  fait 
disparaître  le  premier  vers  des  colonnes  B,  C,  recto;  A,  verso, 
et  la  moitié  des  initiales  de  la  coïonne  A,  verso.  Le  scribe 
serrait  atusi  les  ligues,  parce  qu'il  remplaçait  un  feuillet,  ou, 
parce  qu'ajant  laissé  un  feuillet  en  blanc,  il  était  obligé  de 


^ 


I 

I 


DES  QUATRE  FILS  AYMON  37 

teflir  compte  du  nombre  des  lignes  qu'il  fallait  y  fair6  entrer* 

L'écrîtare  des  feuillets  23  et  24  est  encore  d'un  typé  gros 

et  lourd.  L'on  j  rencontre  (folio  24,  recto  C)  un  vers  coupé  : 

Ogîer  de  Danem&rce»  pas  ne  vos  Bomoimons 

A  cet  endroit,  Torthographe  est  mauvaise  (V«  Micbelant, 
p.  221,  v.29»fiuiv0. 

L'écriture  une  et  régulière  reprend  an  folîo  25,  recto^  et 
H  continue*  Le  premier  vers  de  ce  feuillet  eet  ; 

PuiG  p&rdoDa  1&  mort  et  LongÏB  fiât  p&rdon 

(Michelant,  p*226,  v,  26). 

Le  dernier  feuillet  de  cette  écriture  est,  comme  nous 
IVone  dit  déjà,  le  feuillet  SS, 

Il  est  à  remarquer  que,  du  feuillet  25  au  feuillet  38,  le 
scribe  s  amuse  à  prolonger,  avec  dessins,  le  jambage  de  cor* 
taioes  lettres  à  la  marge  supérieure  et  même  à  la  marge  in- 
/éfieure  de  la  pagi.  Or  cela  se  rencontre  également  au 
commencement  du  manuscrit  :  ce  mode  d*ornement  consiste 
en  jambages  menés  aasez  loin  de  la  ligne  et  coupés  par  de 
pelîtâ  traita  boris&ontaui* 
Ces  observations  peuvent  se  résumer  de  la  fa^on  suivante  : 
l""  Les  diï  premiers  feuilleta  (Michelaut,  p,  1-95,  v.  23)  et 
le  commencement  de  la  première  coloune  du  f,  U  jusqu'à 
Michelant,  p.  93,  v,  14  incL,  forment  une  première  partie 
d'une  même  écriture  ; 

2^  Fuis  Ton  se  trouve  en  face  d'une  série  de  parties  diffë- 
reiktes  de  la  première,  et  oi!i  le  scribe,  qui  n'était  probable- 
ment pas  celui  du  débuti  est  évidemment  dominé  par  la 
nécessité  de  remplir  des  pages  laissées  en  blanc.  L'on  avait 
peut-être  prévu  une  version  plus  développée  que  celle  qu*il  a 
reproduite; 

3*  A  partir  du  feuillet  25^  la  petite  écriture  repreDd  trôs 
reconriaissabîe  ; 

4*  Une  partie  vraiment  distincte  commence  au  feuillet  39 
avec  une  écriture  de  date  plus  récente,  un  texte  de  valeur 
moindre  et  un  piu.^  grand  nombre  de  Ugneij  à  la  page« 

il  en  résulte  que  le  ma.   La  Vallière,   qui  donne  la  plus 


88 


DESCRIPTION  d'un  MANUSCRÏT 


ancienne  veraîoa  de  la  Chanson  des  Fils  Âjmon,  est,  si  Ton 
me  passe  rexpression,  formé  de  pièces  et  de  morceaux,  ce 
qui  n'empêche  point  cette  version  d'être  supérieure  à  toutes 
les  autres.  Elles  peuvent  servir  à  la  compléter  ou  à  la 
corriger  :  aucune  n'en  égale  Je  mérite  et  Tintérét, 

Ce  n*eet  pas  ici  le  lieu  d*examiner  la  valeur  de  l'édition 
Michelant  que  j*ai  comparée  avec  le  manuscrit  La  Vallière  et 
d^autres.  J'ai  constaté  que  des  vers  ont  été  omis,  que  d'autres 
ont  été  intercalés  sans  qu*il  en  soit  fait  mention;  j'ai  noté  de 
mauvaises  lecturasi  de  mauvaises  corrections.  Tout  cela  est 
véniel,  et  Michelant  garde  le  mérite  d'avoir  publié  un  des 
textes  les  plus  importants  de  notre  littérature  du  mo^en  âge, 
celui  dont  la  popularité  s'est  le  plus  longtemps  maintenue. 
Mais  il  est  regrettable  que  la  un  de  la  version  du  manuscrit 
La  Vallière  n'ait  pas  été  éditée,  quels  que  soient  les  défauts 
que  Ton  y  relève.  Elle  n'est  pas  isolée.  Les  manuscrits  de 
Peter-House  et  de  TArsenal  sont  de  môme  origine  et  per- 
mettraient de  ïa  corriger.  Elle  est,  d'ailleurs,  pour  le  fond  du 
récit,  conforme  à  celle  qui  a  servi  de  base  au  résumé  en  prose 
de  la  Bibliothèque  hlene. 

Je  citerai,  d'après  les  trois  manuscrits  que  j'ai  indiqués,  un 
même  passage* 

Renaud  a  délivré  Jérusalem.  Après  quelques  jours  de  fête, 
il  fait  ses  adieux  au  roi  Tàomas  et  part  pour  la  France*  Dans 
son  voyage,  il  aborde  à  Palerme,  où  il  est  accueilli  par  le  roi 
Simon.  La  Bihlwîhèque  hieue  permet  de  retrouver  aisément 
cet  endroit  dans  la  suite  du  récit.  Je  donne  les  textes  sans 
correction,  sauf  une  seule  au  vers  10  du  texte  emprunté  au 
ras.  La  Vallière. 


Ms.  La  Vallière. 


Moult  par  fn  grâûs  U  joie  sus  en  la  ter  David. 
.X.  joru  i  fu  ReuAUs,  et  piUB  m  s'en  parti, 
Biaux  bernois  enmeaa,  ûoblement  s'en  parti  ; 
Mai»  Maugis  1i  bermitea  ainz  rol)o  d  saiisi, 
Ne  ei  ne  vost  monter,  (îon  Rcnaua  fu  marri. 
Tôt  jors  al  oit  a  pie^  si  cstoit  atlurci. 
Li  rois  lo  convoia,  îivtsc  lui  si  ami, 
Et  M  DontcB  de  TE  aimes  et  J  effrois  l'Augevin. 


DES   QUATRE   FILS   AYMON 

A  Jafe  entra  ©n  mer^  et  li  roîe  s'en  parti  ; 

10.     Et  la  nés  B'ea  aiu  bien  [  J.  mois]  ol  demi 
C'onqnes  ne  virent  terre»  don  furent  anaoti* 
A  la  seioie  semaine  lor  est  avenn  bi, 
A  Pôlerae  ariverent,  ce  fu  par  ,L  lundL 
A  Paleme  est  Henaue  arives  el  gravier, 

15  «     li  roiE  fu  en  ta  tor  del  palais  plenîer» 

L&  nef  vit  bien  au  port,  ce  poee  aBchier* 
Ce  di«t  Simon  de  Paille'  :  Si  mVît  .S*  Richier, 
En  la  ne  if  a  riche  honif  iee  poes  afiotiier 
Ab  chev^ax  et  as  armes  don  tant  voi  manoier. 

20,     Ne  nBÎ  dont  il  etd  nez,  bien  samble  droit  princier. 
Faites  uietre  mes  Bêles,  s'irai  à  lui  plaîdîer* 
Qe  lo  ferai  o  moi,  se  ge  puis,  herbergier, 
Oar  nlatrade  la  ville  clevant    L  an  entier, 
Se  cil  sires  n'en  pen^e,  qai  tôt  a  a  jugier* 


39 


Mm,  du  Peter- House. 


10. 


Gratis:  fti  la  joie  sus  en  la  tor  David  ^. 
.X.  jer«  î  fu  Reûau«5  et  puis  si  s'en  parti, 
Bel  hemoiz  enmaua^  noblement  se  vesti  ^ 
Mes  Mangia  li  b ermites  aine  robe  n'i  vesti, 
Naine  cheval  ne  mena,  dont  fist  Reuaut  marri. 
To2  tens  aloit  a  pie,  tant  estoit  endurci. 
Li  rois  le  coDVoiaT  8*ot  o  lui  ses  amis, 
Le  viflconte  de  Rawîes,  Joifroi  Tamûnevi. 
A  Naples  entre  en  mer  et  li  rois  s^en  parti  ; 
La  nef  al  a  par  mer  bien  A.  moiz  et  demi. 


i  D'après  M.  Gaston  Paris,  Bertrand  de  Bar-sur- A  ube^  iinteur  d'un 
Awneri  de  Nari/onne  [commancemcnt  du  XIII*  siècle),  imagina  dti  t-eLier 
U  gçste  des  Narbonnaia  à  la  geste  royale,  en  donnnnt  à  Ernaud  do 
Beaulande  trois Trères,  Kenier  de  Gènes,  père  d'Olirier  etd^Audé,  yiL^n 
de  Pôuilie  (auquel,  plus  tord^  on  attribua  un  ûls^  Simon  dv  Pômite^ 
bi^os  d'mi  pôètnts  !*ans  valeur  sur  une  expédition  eu  Orient)  et  Girard 
de  Vieont.  Littémture  fmnçaUe  nu  moyen  âtfe,  p.  71,  —  La  généalo^'^if} 
de  la  Mâi^^n  de  Monglaue^  donnée  par  Albéric  de  Trois-Pnntaines  (mort 
^'ti  I246j,  fitlrihue  àgnloment  Simon  pour  lils  à  Mil^n  de  Pouilïe,  V.  G. 
Paria,  BiMùù'e  poétique  de  Gharletnagne^  p.  ItK,  ut  appendice  tl, 
p.  l^. 

*  H  »  oublii'  n  MouUpar  ^Cqh  oublis  sont  fréquenta  danis  ce  manuscrit, 
tt  Ton  y  t  tniirent  des  bi^mi^itiehes  de  quatre  syllabes. 


40  DESCRIPTION  D  UN  MANUSCRIT 

En  la  semé  semaine  lor  e^  ayenu  ai 
Que  a  Pakrne  vindretit,  ce  fut  par  .1.  mardi. 
A  Paleroe  eat  Reoaiia  arîvez  ou  gravier, 
E  H  roiB  ai  ettoit  ©n  son  palee  plenier* 

15.     La  nef  vment  ftu  port  il  et  ai  chevalier. 

Ce  dit  Simon 8  de  Piiïîlo  :  Foi  que  doi  .S.  Richierj 
Ce  est  nef  a  preodome,  bien  voi  au  deechargîer, 
As  chevaux  et  a  armes  que  voi  tant  manoier. 
Je  ne  saî  qu'il  est,  mea  bieu  semble  paumier. 

20.     Je  vœil  aler  a  lui  parler  et  pledoier. 
Si  le  ferai  o  moi,  se  je  puis,  herbergier, 
Car  bien  semble  haut  home  qui  terre  ait  a  bail  lier. 

Um,  de  FArsenaL 

Mont  demainnent  grant  joie  sus  en  la  tor  David. 

Régnant  i  fu  .III.  jors^  et  puis  n'eu  départi, 

Bon  haro  ois  enmena^  noblement  £u  veetis  ; 

Mais  Maugis  H  herraitez  ainii  robe  n'î  vesti 
5       Et  ala  tout  a  pie^  dont  Regnaua  fu  marrie. 

Li  rois  les  çonvoia  et  U  contée  ain^BinB. 

A  Jafe£  entra  en  mer^  adonc  sont  départi. 

Regnaus  ala  par  mer  bien  .1,  mois  et  demi. 

A  la  sepme  semaine  lor  est  avenu  ci  : 
10,     A  Paleroe  arrivèrent  a  J.  jor  d'an  ma»iîi. 

A  Paleme  arrivèrent  an  lor  nef  ou  gravier. 

Ce  fn  Sîmons  de  PuiUe  il  et  cil  chevalieri, 

Li  roi?^  fu  en  la  tor  de  son  palais  plenier^ 

La  nef  votent  mont  bien  arriver  ou  gravier. 
15.     Lors  dît  li  rois  Simonâ  :  Saichiez  qui  eut  panmiera 

Et  si  est  riches  lions  d^annes  et  de  destriers. 

Faites  mettre  vo  celle,  je  vueîl  a  lui  pleidier. 

Si  le  ferai  o  moi»  se  je  puis^  herbergier. 

Bibliothèque  bleue. 

fl  II  y  eut  de  grandes  réjouissanceit  publiques  pendant  troiîT 
mois,  et  le  peuple  appelait  Renaud  et  Maugia  les  sauveurs  de 
la  chrétientép  Après,  Renatid  et  Maiigis  demandèrent  leur 
congé  ail  roi  qui  fut  fort  triste,  et  qui  eût  bien  voulu  quMls 
eussent  toujours  resté  prèà  de  hh,  mats  cela  ne  se  pouvait 
pas.  Le  roi  leur  fit  équiper  un  vaisseau,  leur  donna  de  beaux 


DKS   QUATRK  FILS  AYMON  41 

firéflants,  ptiîs  ils  â^embrassèreat  en  pleuraût  et  se  séparèrent, 
ils  â'erobarquérent  au  port  de  Js^Ta,  et  demeurèrent  sb  mois 
Bar  mer,  sans  pouvoir  prendre  terre*  Etifiri,  Dieu  Im  conduisit 
à  Falerme  où  était  le  roi  Simon,  qui  les  reçut  à  braa  ouverts» 
et  led  mena  dans  son  Loiivre  V.  »> 

Un  rapide  examen  permet  de  reconnaître  que  les  trois 
maouicrits  sont  d'une  mime  famiUe,  t^ue  le  ms.  La  Vallîère 
est  le  plua  ancien  et  le  moins  incomplet  des  trois  et  ([u*on 
peut  Tameliorer  à  Taide  dea  deux  autres. 

Au  v:  3  le  mn.  de  P.  H.  donne  «  se  vesti  n  au  lieu  de  U 
répétition  «  s'en  parti  »<  L*A.  a  «fu  vestis». 

Au  V,  10  L,  V,  a  «  bien  JL  et  demi  j»,  La  leçon  dea  deux 
ms.  conforme  à  Ja  mesure  et  au  bon  sens  est  :  «  bien  J.  mois 
et  dâmï  » , 

au  V.  15F.  H.  et  TA.  indiquent  i  en  son  palais  pleuîer  u, 
etauv,  16»  l'on  doit  accepter  «  il  et  si  thevalier  *i  d'api  é.4 
P.  H.  La  leçon  de  TA.  confirme,  en  fait,  cette  correction. 

Le  passage  que  j'ai  choisi  n'oifre  point  Je  difficulté  sérieuse, 
mais  il  me  paraît  prouver  qu'il  n*est  point  iraposaible  de 
rtstitiier  passablement  »  en  comparant  les  trois  manuscrits, 
la  fin  4 e  lu  version  que  Ml'iheianL  a  renoncé  à  éditer. 

Il  esta  regretter  que  le  texte  de  TAr^enal  ait  été  copié  non 
^uiamenl  avec  étourderie,  mais  trop  souvent  avec  un  dé^ir 
d'abréger  même  aux  dépens  du  sens,  comme  on  le  voit  pour 
la  iec:oride  laisse.  U  reproiluit,  avec  des  altérations  qui  indi- 
queut  la  date  relativement  récente,  un  texte  d*uue  valeur 
prâsque  égale  a  celle  de  la  première  partie  du  m»,  La  Val- 
Hère* 

Quant  au  ms.  de  Peter  House,  îl  dériva,  en  d'autres  en- 
droita,  d^une  source  moins  ancienne,  mais  comme  îl  a  été  très 
eonsciencîeuaement  établi^  il  est  utile  à  consulter. 

Il  suffirait  doue  aujourd'hui  de  reproduire,  en  la  modifiant 
ci  el  )&,  l'édition  de  Micbelant  jusqu'à  Tendroît  où  elle  ^& 


I  La  nouirt41e  Bibîtothéque  hhtie,  L  U,  pour  Je  pèlennage  à  Jcru^ftïem 
I  ^t  rapptii  que  Renaud  et  Maugis  donnent  au  roi  de  Stcilt,  est  conforme, 
la  fond,  aux  tctt^jt    cjié^  ci-dessus,    mais    avec  deâ  ornement» 
le  goût  romanesque. 


Jî  DESCRIPTION   D*UN  MANUSCRIT 

sépare  dti  ms.  Là  Vallièrô  ;  puis  d'éditer  la  ûd  de  ce  manu- 

scrit  à  Taide  des  mas.  de  TArsenal  et  de  Peter-House.  L*ou 
aurait  ainsi  la  mailleure  version  de  ia  chatison  des  Quatre - 
Fîla-Aymon .  J'ai  comtnencé  ce  travail ,  il  y  a  i quelques 
années,  et  j'espère  le  soumettre  bientôt  à  la  Société  des 
Langues  romanes.  L'on  pourrait,  désormais,  ae  procurer  aisé- 
ment  un  poème  qui  est  d*une  importance  capitale:  par  TEpo- 
pée  chevaleresque  italienne,  la  légende  des  Fila  Aj^mou  a 
exercé  une  influence  générale  sur  la  formation  et  le  dévelop- 
bement  de  TEpopée  moderne. 


11 


Parmi  les  études  dont  cette  légende  a  été  Tobjet,  une  des 
piu!$  intéressantes  est  aasurément  rintroduclion  que  le  D**  Fri- 
drich  Pfaff  a  mise  en  t^te  de  aa  reproduction  de  Féditton 
allemande,  que  Paul  von  der  Aeltz  donna,  en  1604,  du  rema* 
niement  hollandais  en  prose  du  roman  dea  Quatre  Fils  Ay  mon. 
jy  puise  quelques  détails  peu  connus  sur  la  destinée  de  ce 
que  l'oû  a  cru  longtemps  les  relïquea  de  Renaud  de  Montau- 
ban, 

Renaud  meurt,  en  effet,  à  Cologne^  victime  de  sa  piété,  et  la 
fln  de  son  histoire  est  toute  semblable  à  celle  de  la  vie  d'un 
Siiint,  véritable.  L'on  suppose  que  quelque  confusion  de  noms 
et  rimagination  populaire  transformèrent  Taventureui  ad- 
versaire du  roi  Charles^  le  cousin  de  reuchanteur  et  larron 
Maugis,  en  un  martyr,  qui,  sur  les  bords  du  Rhin,  fut  l*objet 
d'une  particulière  vénération. 

Dès  1205.  Ton  constate  rexiatence  d'une  chapelle  de  Renaud 
à  Cologne.  En  I4:î0,  Jean  de  Stutnmel,  doyen  des  Saiuta- 
Âpôtree,  reconstruisit  la  chapelle  et  le  petit  couvent  qui  s/ 
était  ajouté.  En  1447,  Marguerite  Waldecken  réforma  le 
couvent  d*après  la  règle  de  saint  Auirustin,  et  en  fut  U  pre- 
mière supérieure.  Eile  y  avait  trouvé  quatre  Carmélites  au 
vêtement  grîSi  La  chapelle  po^^sédait,  en  1472,  une  chaase 
coïi tenant  la  tête  de  Renaud  et  d'autres  restes  du  héros, 
Joiinnes  Bertelius,  ahbê  d'Ecliternach,  raconte^  dans  sou 
ffhinnn  Lu.mmfiurgtmi^  {Coiomae^  16(>5,  p*  197),  que  sur  Tun 


I 

I 
i 


DES    OUATEE  FILS   AYMON 


43 


* 


t 


nufsdê  la  chapelle  da  Renaud,  à  Cologne,  était  peinte  une 
image  représentant  les  quatre  frères  sur  leur  cheval,  Renaud 

la  tête  ceinte   de  raurêole.  Cette  chapelle  reçut  des  le^s  et 

des  fondations  pieusea.  La  dernière  supérieure  du  couvent  a 

été  Â.-Ë.  OflTermanni,  en  1800.  Mais  le  siècle  c^uj  a' achève  a 

été  peu  tolérant  d'abord  pour  les  traditions  de  toute  sorte, 

dans  lesquelles  il  ne  voyait  qua  motif  à  révolte  ou  à  raillerie  : 

tn  1^4»  chapelle  et  cloître  furent  détruits*  lU  étaient  situ^  s 

à  Tangle  de  la  Marsiktein  et  de  l^Mauridussieimoeg^  à  l'endroit 

0^  la  légende  place  le  meurtre  de  Renaud*  Depuis  lora  la  fête 

de  Renaud  est  célébrée  tous  les  ans,  le  dimanche  qui  suit  le 

7  janvier,  dans  Téglise  paroissiale  de  Saint-Maurice  \ 

Cologne  n'en  demeure  pas  moins  la  ville  du  monde  oii 
lûbaistent  le  plus  de  souvenirs  de  la  légende  des  Fils  Àymon* 
&le  héros  a  la  Meinoldstrasse,  son  coursier  fidèle  est  rappelé 
paris  Bayardsgasse.  Un  beau  vitrail  de  la  cathédrale,  datant 
du  XVI'  siècle  et  don  de  la  ville  de  Cologne,  réunit  les  saints 
Georges,  Renaud,  Géréon,  Maurice.  L*on  a  une  belle  statue 
de  Renaud,  œuvre  de  P,  Fuchs  (XVIII'  siècle),  aux  n"  33*34 
de  Rmkenpfuid  ,  à  droite  du  portail  de  Saint-Maurice.  La 
représentation  la  plus  importante  des  Fils  Aymon  qui  existe 
CQ  Altemagne  se  trouve  â  Cologne^  au  n^  46  de  la  Mejerstrasse, 
tiuien  1887  appartenait  à  M.  Baden,  brasseur.  Au-deastusde 
t  arceau  de  la  porte  est  appliqué  un  beau  relief  où  Tan  voit  les 
qnatre  frères  sur  Bajrard.  M.  le  D'  Pfafî  a  reproduit  ce  relief 
fttt  titre  de  son  îivre. 

L'église  de  Renaud»  à  Dortraund,  le  Trémoigne  de  la  Chanson 
(ii  geste,  date,  dans  ses  plus  anciennes  parties,  de  la  Un  du 
XîP siècle*  Les  documents  en  font  mention  dès  1228,  C'est  un 
ôdjâce  de  style  gothique,  dont  le  chœur,  d*un  caractère 
grandiose^  a  été  construit  de  1421  à  1454).  Le  clocher  s'est 
éin'cQlé  pluaîeurs  fols,  et  celui  que  Ton  voit  aujourVhui  est 
dû  commencement  du  XVUP  siècle* 

Ce  monument  a  été  élevé  à  Tendroit  où  Ton  supposait  ^ue 
i*é£ait  arrêté,  de  lui-mémef  le  char  qui  portait  les  rester  de 
Uenaud.  On  sait  que  le  bon  chevalier^  après  son  pèlerinage  eu 


44  DESCRIPTION   DUN    MANOSCaiT 

Terre*SaJi)te  et  la  victoire  de  ses  ûh  dans  lôar  duel  mec  les 
ûh  de  Folqiies  de  Morillon,  résolut  d'expier  les  fautes  de  aa 
vi^,  et  partit  tecrètement  de  chez  îai,  déguisé  en  pèlerin, 
Arrivé  h  Cologne,  on  Ton  bâtissait  Téglise  de  Saint^Pierre,  il 
vooiut  être  emptoyé  comme  manœuvre^  et,  dans  cet  humble 
métier,  montra  tant  de  xèle  et  une  vigueur  ai  extraordinaire, 
que  ses  compagnons  de  travail,  pris  d'ane  furieuse  jalousie,  le 
tuèrent^  par  surprise,  pendant  quHL  prenait  son  repas.  La 
Btbiiolkhque  bieue*  altère  tellement  la  naïveté  de  nos  récits 
épiques^  que  l'oû  m'excusera  de  lire  la  conclusion  de  la  légende 
dana  un  des  manuscrits,  le  n^  766  de  ïa  Bibliothèque  Nationale. 
Les  meurtriers  ont  jeté  le  corps  de  Renaud  dans  le  Rhin,  en 
le  chargeant  de  pierres  : 

Quant  oe  vfnt  vers  le  vespre,  que  lî  sol  eus  coucha, 

Desor  le  cors  Reûatit  uoe  darté  îevn 

Que  II  povH^oti  de  l'îaiie  eotor  lui  a'aûna, 

Le  cors  Renaut  ont  pHsi^  que  De^  le  commaoda. 
5.     Par  desor  Tiiiue  aniODt  1©  cor»  Ronaut  leva. 

MouU  fu  grant  la  clarté  qn«  Dex  i  demoetrH* 

Kn  pé«  tienent  le  cors  ae  tome  çÀ  ne  la. 

De  d  À  la  cité  lu  uovele  en  sla. 

L'evesquc  et  U  clergté  main  tenant  e'alînni 
10.     Jdj^quea  de»us  le  Hia  nue  d  aiia  ne  tj'aresta. 

Hé  Diei,  diat  li  eveeques,  que  paet  t^e  eatre  là  ? 

Ce  est  ,L  hou  aoîez,  por  Diea  qui  tôt  cria. 

Li  larrOQ  Tout  oeja,  utiignor,  or  i  parm. 

Entrez  en  .L  batel  Pt  ai  rainenaz  ça, 
15,     Alez  delîvrement,  si  verroû  que  sera. 

Cil  entrèrent  ou  Hin,  que  demore  uM  a. 


1  Encore  le  fond  y  eat-il  en  somme  respecté.  Mais  la  nouvelle  .^i ^/to- 
thêtfite  hteuc^  dans  les  daui  volumes  où  ello  a  réunî  I«s  Fih  Aymùn^  Jean 
de  Cdiai"^  et  Genûtfiéije  de  Hrahanl^  nous  donne  le  plu»  fàcbcui  des 
remaniémenlH,  celui  où  Ton  a  ou  V^  malonronlr^URe  idéft  de  puifker  dans 
les  récits  romatiDsques  d'ArîoHte.  La  fin  de  la  narration  est  déÛgurée  plus 
qtio  tout  lo  resttî  :  Rnnaud^  voulant  protéger  dos  jeunes  filles  oonlrç 
Pinabel,  ei^t  cntratné  par  son  adversaire  dans  le  Rhin  où  ils  so  noient 
tous  les  deux.  L*on  ne  peut  plus  du  tout  toîu prendre  pourquoi  b 
souvenir  de  Renaud  demeura,  h  Cologne  et  à  Doftmund,  Tobjet  d'un 
Tcritable  culte* 


DES  QUATRE  FH.S    AYMON 

Lî  batelier  entréimt  très  eû£  on  Hin  par  aon, 
l»î  cors  ont  apoitè  tréa  euml  U  sablon. 
Le  sac  ont  deaçosu  li  nobik  bAroQ  : 

20.     Ceat  li  ovriers  saint  Père  qu^ootociB  lî  larron. 
Au  moetier  Ten portèrent  muz  ode  areatoiaon^ 
Devant  raatc'l  saint  Péra  li  dus  Reoaut  mît  on. 
Les  oyriers  qui  i  eont,  à  rai&on  mis  a  l'on. 
Larrons*  ee  diet  li  meetrcie,  par  le  corB  eaint  Faron^ 

2|î,     Vos  l^ave^  mort  tob  toz^  que  nos  bien  le  savon  * 
Vos  en  serea  pendue  en  haut  comme  lairon. 
Sire,  font  H  ovrier»  jà  ne  ?o»  cekTon  : 
Voiremeot  l'avons  mort,  corne  traitor  félon» 
Pendus  en  devons  estxe,  que  deservi  Tavon. 

00.     Seignor,  dist  11  evesques,  jà  ne  vos  destruiron  ; 
Mes  por  ce  qne  vos  entes  traîtor  et  larron, 
Vos  foi^'ugerez  mes  à  tôt  dis  ce  roion, 
À  icete  parole  tiestoz  les  banioîi. 
A  TApostole  al  ère  ut  por  qoerre  le  pardon. 

35,     SugQors^  diit  l'Apostoile^  otz  que  vos  jujon, 
Que  penensier  eoie^  «VIL  anz  parmi  le  mont^ 
Tûuz  nuz  piez  et  en  langes,  ainsi  le  voa  dison^ 
Sire,  oaonlt  volontiers,  cbascunw  d  auJi^  li  respont. 
Dr  lairoDS  des  penan^,  Je  Henaut  vos  diron. 

40.     Ënteirer  k  voloît  li  clergîe^  à  ban  don. 

Moalt  fu  grant  la  miracle  à  la  messe  ohantant. 
Enterrer  le  voloit  le  bon  dergié  sachant. 
Quant  vint  k  l*enterrer  le  cors  Renaut  le  &anC| 
Le  cors  Renaut  s'esmut  parle  Jhesn  commant^ 
Du  moetier  ^'eu  issi^  que  le  virent  la  gent. 

45 .     L'evesques  s*escria  hautement  en  oiant  i 
Baron,  or  tost  après,  sans  onls  atargement* 
AdonI  sont  arote^  li  petit  et  li  grant, 
Et  li  saint  cors  Henaut  s'en  est  alez  devant, 
Droitemeot  vers  Treînoigne  se  va  acliemioant. 

50.     Quant  fu  près  une  liue,  si  corn  trovon  lisant, 
Il  n'ot  eaini'  en  la  vile  por  li  n'alaat  sonant. 

Lesolochea  lot  par  eus  ont  al  mostier  soné. 
li  clergié  s^en  merveille  de  celé  poesté, 
L'evesqnee  ist  de  la  vde,  ni  a  plus  detnoréi 


45 


t  •fiifi*:=  cloche. 


4e  DESCRIPTION^  D*UX  MAKUSCRIT 

fil».     £t  Gaichars  et  Âl&rs  sout  avec  li  dé. 
Et  Richan  ememeot  et  lo  clergié  eesé, 
L'eTetqoe  ^nt  au  cont,  s*»  Le  poile  levé  ; 
Et  qiUDt  COUD  ut  Rfinatit,  i'a  dii  coer  sosplié. 
A  looz  commnDement  a  tôt  dit  et  coQté, 

60.     Que  cVt  li  dae  Eenaue,  le  nobile  chiaè^ 
Ceîî  de  MoDtaab&Ti,  qui  tant  fa  riedoté. 
Qui  Tient  droit  à  Tremoigne  reposer  es.  cité. 
Quant  li  frère  loïrent.de  dolor  sont  pasmé. 
Puis  n  ToDt  dnremeat  tout  plaint  et  regreté. 

66.     Haïf  Eenaus^  font^U^  h^nc  chevalier  membre, 
Qae  poront  devenir  cbetis,  mateûré  ? 
Adont  ont  lor  chevex  et  lor  dras  dedré. 
Touz  ceuB  qui  lee  regardent,  si  en  ont  grant  pité, 
MéB  li  gentii  evasque  lee  a  reconforté  : 

70,     Baron,  aieï  en  voe  et  pés  et  amité. 

Noe  irons  aprè«  li,  jà  n'en  ert  trestomé, 
El  mostîer  Tont  porté,  en  fiertre  fn  levé, 
Dei  fait  por  It  nnracIeBj  le  roi  de  tnajesté. 
Saint  Eenaut  a  à  non  en  içelî  régné. 


Le  voyage  miraculeui  du  corps  de  Renaud  prétait  aux 
rariaoteâ,  et  Vùû  en  rencontre  en  êâet  plusieurs»  Le  ms.  766 
donne  une  des  versions  ks  motus  anciennes,  aînai  qu'en 
témoigne  la  langue,  et  îe  récit  est  abrégé  en  certains  points, 
mais  aux  dépens  de  ce  quHl  j  avait  de  poétique  dans  la  nar- 
ration :  le  fait,  malheufeusefnent,  n'est  pas  isolé. 

L'église  de  Renaudj  à  Dortmund,  possédait  ses  restes  dans 
un  cerouaii  d*argent.  La  crâne  était  conservé  dans  une  chaase 
particulière  en  forme  de  tête.  Lorsque,  le  232  noverabre  1377, 
Charles  lYvint  é.  Dortmuud,  il  fut  accueilli  par  une  procession 
soien Dalle  oii  étaient  portées  les  reliques  du  saint  chevalier  : 
quand  le  prince  fut  arrivé  près  de  ces  restes  vénérés,  il  des- 
cendit de  cheval  et  baisa  la  tête  de  Renaud.  Le  jour  suivaut, 
il  entendit  la  messe  à  Saint* Renaud ,  et,  après  le  service, 
demanda  qu'on  lui  fît  don  d'une  partie  des  reliques.  Les 
BourgmestreB  ouvrirent  le  cercueil  et  lui  accordèrent  deux 
03<  On  lui  reoiit,  en  outre,  le  livre  contenant  les  hauts  faits 
de  saint  Renaud,  que  Ton  avait  rhahitude  de  chanter  lors  de 
sa  fête. 


DES  QUATRE  FILS  AYMON  47 

L année  suivante,  Tëpouse  dô  CbaHeB|  Elisabeth,  vint  à 
Dorimund  et  obtint  un  autre  don ,  celui  d'un  des  bras,  Cea 
reliques  ont  été  léguées,  avec  d'autres,  par  Charles  lY  au 
fûjaiime  de  Bohême ^  et  elles  étaient  autrefois  montrées  au 
peuple  une  fois  par  an  dans  rËglîse  du  Saint- Sacre  ment 
[Corporis  Chrùiffku  Petit-Prague.  De  là,  elles  passèrent,  en 
1618,  à  Karlstein.  Depuis  1645,  elles  sont  à  la  cathédrale  de 
Prague,  au  Hradschin.  Les  reliques  de  Karlstein  se  trouvent 
dans  un  grand  meuble  avec  cases  distinctes,  don  du  cr>inte 
Bernard  Ignace  de  Martinicz:  au  numéro  3  de  la  dixième  et 
pluabaFse  raugëe.Stradomir'  plaçait,  en  1515,  Reinoidt  fjucù 
demnnit  Âiùano  l/rachia  duo^  quodlibet  eorum  in  argentea  theca 
intra  vitrum.  Et  d'après  dea  renseignements  pris  à  Prague  en 
1886,  les  relif^ues  cataloguées  par  Strâ'lomir  se  trouvent  très 
exactement  au  Hradschin,  Ainsi  cg  i  a  Prague  qu'il  faut  aller 
honorer  aujourd'hui  le*  restes  de  Renaud,  oar^  k  Cologne,  Ton 
ne  possède,  à  âaint-Maurice,  que  quelques  parcelles  provenant 
de  r^incieune  cbApelle  des  Augugtines, 

L'église  de  Saint- Renaud,  à  Dortmund,  existe  encore,  bien 
que,  depuis  fa  Paix  de  Westpbalie*  elle  soit  affectée  au  culte 
Evaugéïiqtie.  Mais,  en  1792,  il  y  eut  une  grande  famine  dans  le 
pa^s,  on  battait  monnaie  de  tout,  et  Ton  finit  par  vendre,  le 
IH  décembre.  Ton  ne  sait  à  qui,  pour  la  somme  de  SSOthaleià, 
la  cbaMe  d  argent  qui  contenait  les  reliques  de  Renaud  de 
Ifontauban. 

Le  h^  Pfâffme  semble  ne  pas  tenir  compte  d'un  événement 
i|ui  dut  jeter  quelque  désarroi  dans  le  pays  et  qui  pouvait 
fuggérer  Tidée  de  iransformer  en  valeurs  aisément  traospor- 
tableâ  les  richesse ^  de  Téglise.  Les  Français  venaient  d'occuper 
Majrênoe,  avaient  passé  le  Rhin,  étaient  à  Francfort,  On  s'ima- 
gine, 9ans  peine,  Témoi  qui  se  produisit  à  l'approche  des  armées 
de  la  Républîqutf,  émoi  dont  Goethe  a  conservé  le  vivant  sou- 
venir dans  le  premier  ehunt  île  son  immortel  poème  d'Hennann 
ei  iJûTOthée  La  description  du  long  défilé  des  éroigrants  qui 
fuient  devant  l'enneiui,  et,  au  VI'  chaiit,  le  tableau  des  espé- 
rances qui  s'éveillèrent  d'abord  partout^  ce  quand  le  premier 


Auteur  d'un  Catalogue   des  rellquË^    d^  KaHatein^  que   Pesslna  dû 
tocljorod  A  reproduit  dans  ^on  Phùâphorus  septicomts^  Prague,  i&J'i* 


4B 


DESCRIPTION   1)  UN   MANUSCRIT 


éclat  d'un  soleil  nouveau  apparut,  que  Toû  entendit  célébrer 
les  droits  coiomuns  à,  tous  les  hommes,  Tenthousiasme  de  la 
liberté,  l'honneur  de  Tégalïté,  »  et  des  déceptions  et  des  luttes 
sangluntcâ  qui  suivirent,  ^ont  au  nombre  des  pins  belles  pages 
de  Tëpopéti  moderne. 

Aujourd'hui,  dans  TEglise  de  Saint-Henaud,  entre  le  chœur 
et  la  nef»  à  droite  et  à  gatjche.  Ton  a  deuï  statues  de  boid 
coloaaales  aous  des  baldaquins.  L'une  représente  Charlema- 
gne,  fondateur  de  Dortmuûd,  Tautre  un  chevalier  armé  de 
mailles  et  d'un  petit  bouclier  triangulatre.  On  suppose  que 
c'est  la  statue  de  Renaud,  mais  Tattribution  est  contestée* 

La  chronique  de  Westhoff  raconte  »  qu'en  1377,  une  armée 
ennemie  lançait  contre  les  murs  de  Dortmund^  d'énormes  bou- 
lets de  pierre:  Renaud  apparut  sur  le  rempart  coirme  un 
ange  du  ciel,  et  rejeta,  de  sa  main^  cea  boulets  sur  les  assié- 
^^eants.  On  éleva  donc,  sur  le  mur»  une  statue  du  défenseur 
de  la  ville:  il  était  représenté,  le  bras  étendu,  et  Westhoff 
prétend  avoir  vu  cette  stiitue  en  1538.  D'ailleurs,  remparts 
et  statue  n'existent  plus  de pui3  longtemps. 

Le  musée  de  Dortmund  possède  un  gantelet  de  fer,  attri- 
bué à  Renaud,  et  un  fer  à  cheval  attribué  à  Bayard:  il  a  plus 
d'un  pied  de  large,  et.  u'ei»!  probablemer.t  qu'une  vieille  ensei- 
gne de  maréclial-ferrant. 

Des  monnaies  de  Dortmund  portent  l'image  de  saint  Renaud  ; 
les  ^ilus  anciennes  remontent  au  XIV*  siècle. 

On  constate  qu'au  Xlll*  siècle,  ta  corporation  la  plus 
coQsidérée  de  Dortmund  avait  saint  Renaud  pour  patron. 

L*on  rencontre,  en  dehors  de  Cologne  et  de  Dortmuod, 
deui  églises  consacrées  à  Renaud;  l'une  est  réglise  parois^ 
siaie  de  iloiel,  près  de  Miinster,  l'autre  est  une  chapelle  à 
Hœhscheid,  au  sud^oueat  de  Solingen.  Elle  est  agréablement 
entourée  d'arbres  et  voisÎJie  d^in  bots.  Le  second  dimanche 
après  la  Pentecôte,  un  grand  marché  se  tient  près  de  ht  chapelle 
fit  Fou  y  vient  de  toute  la  contrée.  Dan^  le  choeur  est  une  statue 
de  Renaud,  tenant  un  marteau,  en  ,-ou venir  de  l'arme  que  ^es 
meurtriers  emplojrèrent  pour  le  tuer;  mais  ii  faut  avouer  que 
les  habUantî*  ne  conservent  de  la  légende  qu'une  forme  très 
altérée* 
Quel  eit  rhamme  dont  les  restes  ont  été,  pendant  des 


1 


DES  QUATRE  FILS  ÂYMON  49 

sïèclei,  Tobjet  de  la  dévotion  de  tout  nn  poupJe?  M.  PfafT,  bu 
terme  de  sa  patiente  étude,  s'est  posé  I  a  question  lan^  pouvoir 
j  répoodre.  Il  est  à  peine  besoin  de  dire  qu'il  n'y  a  nulle  part 
aucune  tj^aoe  d^une  canonisation  de  Reuaud* 

Je  serais  aâiez  diepoaé  à  croire  que  leâ  villeâ  de   Cologne 

et  de  Dortmund  furent  engagées  à  honorer  la  mémoire  de 

Renaud,    par  l'exemple  de  Saint-Jacques   de  Compostelle, 

d'Aix-la-CbapeUe»  de  Saint-Denis^  dont  les  prétentions  sont 

Il  seule  explication  de  la  composition  de  V Histoire  de  Charle- 

magne  et  de  Ao/iint/,  attribuée  àlurpiûjetiiu  Voyagé  de  Chat^h^ 

magne  è  Jérusalem  et  à  Cùnstantinopie^  Vous  me  permettrez  de 

rappeler  ce  que  j'ai  dit  à  propos  de  ce  dernier  teita  dans  notre 

Afuue  dts  Langues  romanes:  «  La  légende   monastique,  naïve 

6t  iincère,  quand   elle  reste  sur  sou   véritable  terrain   et  ae 

borne  àraeonter  Ici  merveilletj  de  la  Vie  do^i  saints,  prend  un 

Ciiactère  tout  autre  quand  elle  aborde  la  matière  des  Chau- 

to&a  de  (leste.  Ce  n*est  point,  en  efiet,  pour  célébrer  les  hauts 

Mu  de  Gliarlemagne  et  de  ses  Paire  que  les  auteurs  de  ia 

Chronique  Katîue  de  Turpin  ont  le  soin   de  tracer  Titraéraire 

^Bimène  àSaint-Jacques  de  Composteile,  de  nous  apprendre 

im  nomi  de  toutes  les  églises  où,  d'après  eux,  auraient  été 

eniefeUs    les    glorieux    morts    de   Boncevaux  :    c'est    pour 

«tiiDQler  le  zèle   des  pèlerins  et  les  encourager  à  suivre  le 

(ïb^Diiti  par  lequel  ont  passéf  d'après  eux,  Gliarlemagne  et  son 

&n&ée.  De  mème^  quand  les  moines  de  Saint-Denis  rédigent 

1  hiitoire  d'un  voyage  rie  Charlemague   en  Orient,   c'est   uni- 

peiBënt  en   vue  de  juitiâer  rautbeuticité  des  reliques  qu'ils 

étalaient  à  la  foire  du  Lendit*  u 

Pour  Cologne  et  Dortmund,  il  est  possible  que  la  vanité  soit 
seule  eu  cause.  C'était  un  grand  honneur  pour  ces  deux  villes 
[  d'occuper  une  place  importante  dans  une  des  Chansons  de 
Oeiitê  qui  devint  le  pluâ  tôt  populaire,  et  il  était  tout  naturel 
d*en  proâterf  en  entourant  d'une  vénération  publique  la  mé^ 
moire  du  chevalier  dont  la  gloire  elfaçait  celle  de  tous  les 
compagnons  deChaHemagne,  à  rcxception  du  seul  Roland. 

Ufi  point  demeure  obscur.  Cornaient  la  dernière  branche 
des  Quatre-fits-Â.jmon  peut-elle  parler  d'un  culte  rendu  à 
fi«aaud»  si  elle  est  eîle-méme  rorigiae  de  ce  culte?  L'auda- 
imagination  du  trouvère  est-elle  seule  en  cause  et  ne 

I 


50 


DESCRIPTION  DUN    MANUSCRIT 


pourrait-oû  admettre  que  déjà,  à  Cologûê  ou  àDortmund, 
boûoré  un  aaint  personuaga  d'un  nom  semblable  à  celui  de 
Renaud  ?  D'autres  hjpotbèses,5uggérée§  par  Texamen  attentif 
des  nombreux  documents  à  cooauUer,  sont  encore  possibles. 

Une  seule  remarque,  M.  Fî&iï  (p.  LUI)  suppose  que  U 
fieinoîi  von  Montelùan^  imitation  allemande,  en  vers,  de  notre 
Renaud  de  Montaubau,  le  Hmout  van  Montatàaen,  imîtatioa 
boUandaîse  en  vers,  sont  les  seules  versions  où  Renaud 
périsse  écrasé  par  une  pierre  que  ses  compagnons  de  travail 
laissent  tomber  sur  lui*  Il  n^en  est  rieUf  et  noua  trouvons  éga* 
lement  cette  variante  dans  le  ms.  7ÔÔ  de  ta  Bibliothèque 
nationale,  auquel  j*ai  emprunté  le  récit  du  voj^age  du  charg 
portant  le  corps  de  Renaud.  f 

Dans  les  Nouveaux  Essais  de  Critique  et  d'Histoire,  Taine 
consacre  quelques  pages  à  Tédition  de  Michelant.  Sur  bien 
des  points,  je  serais  oblige  de  marquer  mon  désaccord  avec 
l'illustre  critique.  Il  insiste  beaucoup  trop  sur  le  commence- 
ment de  la  Cbanson,  le  Beuves  d'Aigremônt^  si  différent  de 
rhistoire  proprement  dite  des  Quatre -Fiis-Ay mon.  Il  n'j  con- 
state que  brutalité  :  a  Ils  sont  trop  forts,  trop  prompts  aux 
coups,  trop  enfoncés  dans  la  vie  animale...  Ils  ont  passé  leur 
vie  à  chasser  ou  À  se  battre,  mangeant  de  fortes  viandes  et  de 
la  venaison,  habitués  au  sang  et  aux  coups,  encore  voisins, 
pour  les  muscles  et  les  instincts,  du  lion  et  du  tigre.  >»  Ce  n'est 
pas  ainsi  que  nous  sommes  accoutumés  à  voir  Renaud  de 
Montauban** 

Dans  la  seconde  partie,  Taine  reconnaît  que  Renaud  est  le 
modèle  de  Ja  loyauté  féodale»  mais  à  expliquer  les  origines 
de  ce  lien  de  la  société  du  moyen  àge^  il  néglige  de  montrer 
quelles  en  furent  les  conséquences  morales  de  toute  sorte. 
Renaud  est  un  caractère  autrement  complexe  que  Taine  ne 


1  Eenaiid  umt  l«s  qualités  de  Roland  et  d'Olivier  : 

HoUaas  eal  preui  et  Oliviers  est  sage^ 
Ambodui  $unt  mervaiHus  vaaa triage, 
Taine  ne  voit  pas  qu'à  côté  de  la  CiiaQâon  de  Geste ,  rrai  chAni  de 
halaUle,  ^e  développait  toute  une  poésia  très  dUïérente  dans  les  romans 
dits  hreion^i  un  des  derniers  oav^agea  de  Ghrestien  de  Troyea,  le  Pet^- 
cevai  ou  Conta  du  Granij  a  été  composé  vers  1175.  11  n'est  pa»  démontré 
que  ans  vuriiious  des  Fils  Aymon  soient  de  dattî  beaucoup  plus  ancienne  « 


»■  DES  QUATRE  FILS   AYMON  51 

ÂU[>pose,  et,  détour  Ibs  héros  de  notre  épopée,  c'est  celai  en 
qui* 
le  te 


P 


; 
I 


qui  commeQce  le  plus  nettement  à  se  marquer  révolution  dont 
le  terme  élevait  être  Thommc  modôrne. 

O  est  singulier  que  le  perioanage  de  Tenchaateur  Maugis, 
do  bon  larron,  qui  finit  dans  un  ermitage,  n*ait  pas  attiré 
rattention  de  Taine. 

Maifl,  an  commencement  de  son  article,  il  a  écrit  quelque» 
lignes,  qni  expriment  une  méthode  :  w  Le  principal  service 
que  les  écrits  littéraires  ren  lent  à  rhistorien,  c'est  (]uMs  lui 
mettent  devant  ïea  jeux  les  seiiiimenls  émnîs.  Aucun  autre 
documentf  surtout  dans  les  temps  lointains  et  les  peuples 
iuenltef  f  ne  rend  ces  sentiments  visibles.  Les  chartes,  les  lois 
elles  constitutions  montrent  îes  pièces  de  la  machine  sociale, 
et  non  le  ressort  de  faction  morale  » . 

C'est  ce  que  Bacon,  le  maître  de  Taine  et  de  toute  Pécole 
expérimentale,  a  exprimé  par  une  de  ses  images  un  peu 
étranges,  mais  qui  ont  le  mérite  de  représenter  vivement  sa 
pensée  et  de  se  graver  dans  la  mémoire  :  tf  Nul  doute  que  li 
rhistolre  du  monde  ôtait  destituée  de  cette  partie  (de  This- 
toire  littéraire),  elle  ne  ressemblât  pas  mal  à  la  statue  de 
Pû]jr|>bème  ayant  perdu  sou  œil  ;  car,  alors,  la  partie  qui 
manquerait  à  sou  image,  serait  précisément  celle  qui  aurait 
pale  mieux  indiquer  le  génie  et  le  caractère  du  personnage  ^  »» 

Ainsi  rhistoire  de  nos  aïeax  est  dans  l'ceuvre  de  nos  trou* 
vères  :  c'est  là  que  nous  retrouvons  leur  génie,  leur  caractère, 
et,  dans  une  jeunesse  intacte  et  naïve,  ces  sentlment^^,  motas 
éteints  que  ne  le  suppose  Tame,  qui  firent  l'àme  française  ; 
vatllance,  droiture  et  courtoiisie^  L'âme  française,  Mes^^ieurs, 


•  Biccn,  De  la  DiffUtié  et  de  C Accroissement  des  Sciene^s^  L,  II,  ch.  k. 
aprèi  âfoir  distinfué:  1 '•rhistoire  sacrée  ou  ecclésiistiqQe  ;  ^'  l'hiatoiro 
aviic  ppopreraent  dite»  qut  relietil  le  riom  du  genre  ;  3"  «nfin^  l'histoire 
d«a  lettres  ou  dos  arts,  il  jtJ^a  que,  pour  cette  derniâre  partie,  Ton  n'a 
qut  dû  maigres  traités  sans  utiliU^  :  <■  Mais  parle- 1 -on  d'anr  histoire 
complète  et  anbâtselle,  jusqu'ici  on  ti'en  a  point  pabîié  de  telle,  diaotia- 
le  bardjmotit,  Noua  indiquerons  donc  le  sujet  d'une  lelb  histoire,  la 
mnaiî*t^  de  la  faîr^  et  le  part*  qu  on  en  peut  Liref,  ■*  Eu  doveloppant 
ce  programme,  i)  cotistate  que  «  Ton  peut,  dans  une  semblable  histoire, 
ohterïer  les  niouvijmcnts  et  les  trouble»,  les  vertus  et  les  Ticea  du  raotide 
inttîUeetuûl,  tout  aussi  bieu  qu'on  observe  céui  du  monde  politique.  » 


B2  DESCRIPTION  d'dN   MANUSCRIT 

on  en  peut  médire  »  mais  nous,  romaDisants,  noua  savons  que, 
pendaDt  des  siècles,  elle  fut  la  Ûeur  de  la  civiîbation  chré- 
tienne. 

D^une  part,  la  plus  anckDne  version  de  la  Chanàon  des 
Qualre-Fils-Ajmon,  de  Tautre  les  derniers  vestiges  de  là 
légende,  couâcrvant,  à  la  un  du  XIX"  siècle,  une  eiistence 
mace  dans  les  pajs  RbénanSp  tels  sont  les  termes  eitrêmes 
que  noua  a^ons  marqués  dans  cet  exposé  sommaire. 

Entre  oas  deux  termes,  qu'est  devenue  ia  légende  ? 

Le  personnage  de  Renaud  préaentait  un  triple  caractère  : 
d'abord  le  chevalier  en  lutta  avec  son  suzerain,  rédnit  aux 
pires  extrémités,  aventureux  et  prudenti  champion  indompta- 
ble, ami  fidèld  et  iojal  ;  c'est  le  Renaud  de  répdpëe  italienne, 
tel  que  Pulci,  Boiardo,  Arioste,  Tout  vu»  modernisé  d'ailleurs 
à  leur  goût  ^  L'imagination  populaire  admirait  en  lui  la  bon- 
homie, le  dévouement  aux  siens,  Tindulgence  pour  lespetits^ 
l'époux  de  la  douce  Clarice  et  le  père  des  gentils  bacheliers 
Aj^mon  et  Yvon,  le  cousin  de  ringénieux  Maugis,  le  maître 
du  cheval-fée,  de  rimmortel  Bayard,  qui  reparaît  tous  les 
ans  à  la  nuit  de  la  Saint- Jean,  dans  la  forêt  d'Ardennes  :  le 
anccès  de  la  version  en  prose, dans  toute  FEurope,  est  un  des 
faits  les  pîui  intéressants  de  Thistoire  littéraire*  Mais  il  a 
vaincu  les  Maures  à  Toulouse*;  il  a  expié  ses  fautes  en  allant 
piedii-nus  en  Terre-Sainte,  par  ses  exploits  à  Jérusalem  et  en 
Sicile,  par  sa  fin  pieuse  et  repentante^  par  sa  mort,  lorsque 
M  ouvrier  de  Dieu  »,  il  ^^^  traîtreuaement  assassiné  :  c'est  le 
défenseur  de  la  chrétienté,  c'est  un  pénitent  illustre,  c*efit  un 
tnartjr  r  par  là  ii  appartenait  à  la  dévotion  commune  :  son 
front  sera  couronné  de  l'auréole  sainte. 


1  M.  Rajnji  a  rencontré  le  nom  de  PUe  Ai  m  on  à  demi  italianiié  pons 
la  t'omit  FizaimonVj  employé  comme  nom  propre  ^  Ja  date  de  1261 
{Bomanm^  janvier  iHë^J,  p.  5^),  Ccst  une  preuve  curieuse  de  la  prompti; 
diflusion  du  rùcit  Irancalfl  en  Uahe. 

'  La  bataiUe  de  Touloiiae,  où  lis  rot  Eade$  d'Aquitaine  (le  roi  Yon  des 
FUt-Aym^n)  repoussa  une  première  inv^âlon  musulmanei  eut  lieu  en 
Tîl|  le  derniar  tnoin  de  Tari  103  dfc  l'Hégire,  soua  le  Kalifat  de  Yésid  IL 
Le  Wali  d*Kspagne,  Alsama  ben  MeUk  eJ  Hadrami,  j  périt  avec  nom- 
bre d'autreil  des  premiers  conifudrants  de  TEspagne  (Gonde,  ffistorm  de 
la  dùTfiijiacion  de  lo^  Amhcsen  Espaha^  i,  l^  c.  El), 


DES  QUATRE  FILS  AYMON  53 

Noas  ne  savons  si  la  âgure  de  Renaud  a  droit  à  une  place 
dans  Thistoire  :  le  problème  est  un  des  plus  difficiles  à  résou- 
dre. Mais,  qu'importe?  les  héros  qu'a  consacrés  la  longue 
admiration  des  peuples,  continuent  à  vivre  d'une  vie  sur 
laquelle  le  temps  ne  peut  rien,  dans  la  mémoire  reconnais- 
sante de  l'humanité.  De  notre  courte  enquête,  il  résulte  que 
nous  pourrons  fêter,  en  janvier  prochain,  Renaud  de  Mon- 
taoban  sans  scrupule  :  le  bon  chevalier  demeure  digne  de 
notre  hommage. 

Ferdinand  Castbts. 


CONTES  LENGÂDOUCIANS 
Dan  piDCb  de  Sant-Ixiap  an  piocb  de  Sant^Gla 


YUI 
PICHOTS  CONTES  DE  MOUN  GRAND 

AS  COULiJoAa   BM    «  PADL  B8RT  « 

Aiço*s  de  contes  vièls  e  pus  viéls,  d'aqueles  que  se  disoun 
QD  paue  pertout  dius  Dostre  bèa  Mièjour,  Ce  qu'empacha 
pas  qae  Sioun  toojoar  nous.  K  mêmes,  mai-que-mai,  lou  que 
lous  conta  se  preten  h&ive  lou  moussti  ea  quau  l'afaire  es 
arrivât.  Ou  se  Tafaire  es  pas  arrivât  à-n-el,  arrivèt  à  souo 
fraire,  à  sa  serre  beléu,  à  aoun  cousi  se  eau,  franc  que  saguès- 
86àsaoou3Uia*Âiço's  anân  de  contes  de  ma  Grand-la- Borgna. 
léu,  lous  ai  batejatsde  moun  graod,  d'abord  qu'es  el  que  me 
lous  couTitêt  lou  prumiè.  Lou  laisse  parla  que  parlarà  milhou 
que  iéu« 


Vin 

PETITS  CONTES  DE  MON  GRAND-PERE 

AUX  CÛLLâOCKS  I>E  it    PAUL  BRHT  « 

Ce  sotil  ici  des  contes  cou  dus,  ftrebi-connus,  de  ceux  qui  ont  coura 
nu  peu  partout  en  pajs  d*Oc»  Ib  ne  laissent  pas,  néanmoins,  d^être 
toujours  de  nme.  Et  même,  d'habitude,  celui  qui  les  dit  se  donne 
eomme  l*un  des  acteurs  ou  des  témoins  de  Taveuture  cju'il  rapporte. 
A  moins  que  la  dite  aventure  ue  soit  tocit  simplemeot  arrivée  à  son 
frèrei  à  as  sreur  peut-être,  à  Ron  cousin  au  besoin ^  ou^  s'il  le  Taut,  h 
sa  cousine.  Bref,  et  pour  tout  direi  ce  sont  ici  des  contes  de  Grand- 
méfB  rOie,  Je  les  ai  baptist's  ^f  ConUs  de  m/jn  tfrand-pùre  »  parue 
que  c*esl  mon  gr;ind-pâre  bu-méme  qui,  ïe  premier,  me  les  narra.  Je 
le  laisse  parler  :  il  parlera  bien  mieux  que  moi, 


CONTES  LANGUE  DOCIENS 


55 


L  —  Lon  Perrouqoet 

Ere  aoat,  —  î*a  d'âco  mai  de  quatre  matis,  —  enco  de 
iDèfitre  Picarede,  lou  bouché  de  la  Tripariè-Yièlha,  per  ie 
crounipà  sas  pèls. 

Intrère  dins  la  boutiga* 

—  Holà  \  te  vejaqui^  coullègaîme  faguèt.  Es  pas  debesoun 
de  te  demanda  couma  siarx  :  le  vei  prou  que  tas  fèbrea  souq 
paamarridas*  Naiitres  anan  pas  trop  mau  atabé:  veja»  sièi 
lou  pu^  malaute*.,  Salque  vèîies  qiierre  aquelas  pèle?.*. 

—  Âcha  un  pauc  !  Se  vos  que  vengue  per  jougà  de 
raoboi?,.. 

—  Moun  orne,  te  caudrà'sperà 'n  moumenet.  La  feuna  es 
aoada  faire  la  plaça^  e  pode  pas  quîtà  la  bouiiga  aouIa«  Âasèta- 
t«:  sièspas  pressât? 

M^aasetèref  e  barjacareu,  -^que  Picarede  ie  sabiè  à  la  bar- 
jfteada  e,  iéu,  dounava  pas  ma  part  as  chis,  —  quoura  intrèi 
uua  genta  dûum&iselota* 

—  Amz-vQm  du  bœufe^  mossieu  Piquêtède^ 


1 ,  —  Ii«  Pepx*oqtiet 

J'âtais  allé,  —  il  j  a  de  cela  pluB  ée  quatre  eu  a  du  8  ^  —  chez  rnnître 
Prappefort,  le  boucher  de  la  Triperie -Vieil  le,  pour  lui  acheter  ses 
peatoE. 

J'entrai  dans  b  boutique. 

—  Holà!  te  voilà,  collègue?  mecria-t-îL  Pas  beioîn  de  te  demander 
eommeiit  ça  va  r  Ton  voit  assez  que  les  fSèvrei  ne  sont  pr^a  mauvaises. 
Ça  ne  vapaa  trop  mal  chez  nous,  merci:  vois  - 1  u ,  c  est  encore  moi  le 
plus  malade..,  Tu  vieDs,  peot-ètret  prendre  ces  quelques  peaux? 

—  Belle  demande!...  Voudrais-tu  pas  que  je  vienne  jouer  du 
hautbois?.,. 

—  Mon  ami,  il  te  faudra  m*attendre  un  petit  moment.  Ma  femme 
e»t  allée  faire  son  mar^^ho:  je  ne  puis  laisser  le  magasin.  Aasieda^toi; 
ta  n'ea  pas  très  pressé  ?... 

Jt!  mVssis  et  nous  babillions,  —  car  Frappefort  était  docteur-ès- 
babOlage,  et  je  ne  dnnnais  pas,  non  plot,  ma  langue  aux  chienH,  — 
lor»qn^une  petite  demoiselle  entra. 

—  Ave^'Vous  du  bœufe^  mosneu  Frappefort? 


56  CONTES  LANGUEDOCIENS 

—  Voui,  madoamaîséïa,  e  dau  rei  daa  bidus.    Dequé  voua 

baîkî  Uaa  trancha  dâ  mola?*..  Vou  *u  l6carés  lotis  dets, 

—  Non,  baiUez-moi  une  livre  de  fépùk. 
le  bail  et  de  tépoie;  méé,  cop-aus-cop,  lou  perrouquet  — 

s'aî  paa  dicb  que  Taviè"  û  perrouquet,  ara  hou  dise,  —  lou 
perrouquet  se  fourrèt  à  cridâ  conraa  un  avugle  : 

—  Es  de  vaca  L,.  Es  de  vaca  !.„  vaca  L*.  vaca  ! 

—  A  tus,  coucàrrou  I  repouteguèt  nostre  bouché,  Sap  pas 
mai  qu'aquela  antièna,  e  série  de  lapm  que  diriè  ce  mèmea. 
Boutàa,  n'en  fagues  pas  cas.,  madoumaisèla, 

Sabe  pas  s'èra  de  vaca  ou  s'èra  pas  de  vaca,  tant  i'  a  que^ 
pas  puâ  lèu  Ja  âlheta  partlda,  Picarede  agantèt  moussu  lou 
perrouquet  per  las  pèls  dau  col  e  lou  trempoulhèt  dins  uu 
ferratat  d'aiga,  couma  uu  paquet  de  rabetas. 

—  Âco  t'aprendrà,  sou-dis,  à  garda  ta  ienga. 

La  bèstîa,  pecaire!  ne  quiriquèt  pas  uua,  e,  de-ravaletas^ 
venguèt  au  cantou  dau  tioc  per  se  caufà  e  se  secà.  Lou  cat  se 
ie  trouvàva  que  beviè  la  calou  e  a'alisava,  afeciouuat. 


-*  Fatiï,  mademoiselle,  et  du  roi  des  hmufês.  Que  vous  donnerai* 
je¥„.  Une  tranche  de  filet?.,.  Voaa  voua  en  lécherez  les  doigt». 

—  Non,  badle«-moi  une  livre  de  Véi>olé  . 

Il  lui  donna  une  livre  de  VépoU  ;  mai»  aoudam»  le  perroquet,  —  ai 
je  n*ûi  pas  dit  qu*d  y  avait  un  perroquet,  je  le  dis  maintenante  —  le 
perroquet  se  mit  à  firier  comme  un  aveugle  : 

—  C'est  delà  vache  1,..  ceai  de  b  vache!,..  VBche  !.^«  vAche  ! 

—  A  toi,  nigaud  I  grogna  notre  boucher.  H  ne  sait  que  cette  an- 
tienne. Caserait  du  lapio,  qu'il  braillerait  même  chanson.  Allez,  ailes, 
Mademoisellcp  u*eu  faites  pas  le  moindre  cas. 

Je  ue  sais  gi  c'était  de  la  vache  ou  ai  ce  u^ëtait  pas  de  la  vache, 
toujours  e»t-il  qu'il  advint  ceci  :  dès  que  la  611ette  fut  partie,  Frappe- 
fort  empoigna  Monsieur  du  perroquet  par  la  peau  du  cou,  et  vous  Té- 
broua  dan^  un  âeau  plem  d'eau,  comme  on  ferait  d'un  paquet  de  radia, 

—  Ça  t'apprendra,  dit-il,  k  retenir  ta  langue. 

La  heMliole,  —  pauvrette  î  —  ne  aouflla  moL  Kl  le  s'en  vint,  tmî* 
naut  de  l'itile.  jusquVu  eoiu  du  feu  pour  se  rêchauJTer  et  se  tiêcher. 
Le  chat  ë'y  trouvsit  déjà*  buvant  Va  cbaleur  cl  lissant  ne^  poUs,  fn* 
leusement. 


I 


CONTES  LANGUEDOCIENS  57 

Âl&doutic,  tout  embalauBit,  lou  pârrouquet  ie  fal  : 
—  Coussi?,.,  Amaî  tua  as  dïch  rjiràra  de  vaca  ?.. 


2.  —  I-a  Garitat 

S&qyel  dimenchâ  eriàs  estats  à  la  |vrumiéira  meesa  de 
Bilbargruet,  d*auai  lou  prone  que  se  ie  faguèt  ue  sérias  de- 
moDrâtg  enclausita  touta  la  Benmana.  Ci,  santa-iieu  I  acuset 
prechét  moussu  lou  curât  L.*  Amai  vous  hou  diguèsse  d  aqui  k 
deman... 

—  E  sus  dequé  prêché t  tant  ? 

Susdequé?,..  sus  lou  roalastre,  mê  la  misera  de  la  paura 
Coutetouna  que,  pecaire  !  après  uua  longa  vidassa  de  trigos, 
àe  patimeii  e  de  cruciûmen,  se  trapava  à  la  carrièira,  ara  que 
Iota  floc  veoiê  de  ie  devouri  ce  darniè  que  ie  demeura  va  ;  sue 
laearitat,  loy  pus  grand,  lou  pus  gant  éevé  das  croatians,,*.. 
dequé  te  sabe  iéu?.,.  Vous  dise  que  prechèt  dos  ouras  de 
reloge  couma  jamai  de  sa  vida  aviè  pas  prêchât,  e  qu'auriàâ 


Alan,  ébftiibîi  te  perrequet  lui  6t  ; 

^  Comment?*.'  Toi  au^âi  tu  as  dit  que  c*était  de  la  vache?... 

2.  —  La  Charité 


Si  ce  dimanche-lÀ  voua  aviez  asfiiaté  à  la  première  messe,  à  Da- 
lllifpitt^  voua  aurieiE  ouï  un  beau  prone.  A  coup  sûr  en  fuBsie^-votia 
*lemearés  émerveinéft  durant  toute  une  semaine..*  Oh  !  saprdotte  ! 
cû[QiDé  il  préchSf  Monsieur  le  curé  de  Balharguet  l...  J*aurais  beau 
vom  le  dire  jusquea  à  j  -^main... 

—  El  sur  quoi  précha-t-il  donc  s»  bien  ? 

Sur  quoi  t.. .  sur  le  malheur,  sur  la  cneère  de  la  pativre  Coulètoune 
ti^i,  yiai  I  après  une  longue  viç  de  tracas,  de  privations  et  de  mnî- 
ftincei*,  ic  trouvait  réduite  à  Taifreux  dénûment,  nm  in  tenant  que 
rineeiidie  avftït  dévore  les  derniers  bien^  qui  bu  restaient;  sur  la 
chuité^le  plus  gi'::iQd,  le  plus  saint  devoir  des  ohrétienSf,..  que  ^liis-je 
mojf,.  Je  VLUs  fiia  qu'il  prêcha,  deux  heures  d  *îif filée  »  eonmie  jarnats 
de  «a  vie  il  n'avait  prêché,  Bt  voue  euasie?.  &ûûg\ùté,  ou  pleuré  ou 


9f 


OORTES  LA^eUEDOClKllS 


wsbÊhé^  ABfti  Mfsét  pu  ât  BMÏhMr^mÊL  ^ 

Me*  1m  <|n kw  mal  b^aèt  aegmèt  km  liM  C^ocaeebu.  AhT 
ewmm  f**  si  qifl  bi4lèt  aqBe]  d'»qiii,  preMaiple!  Pioi,  soarti- 
gttil  BB  das  priimièif  Mearrmbilliftt  eofuna  an  pa^serou,  1& 
mm^  moolièir&t  t,  aaiu  msi  ii*inii*jiaei,  gmloi  e    ravoi, 
aTtSAftél  qoefTtt  sa  eabm, 

«-  Ta  t  d%<ièt  «n  ta  meDant  à  la  panm  Coiiletouca,  as  agut, 
p#r  Bola  f  tix>p  dé  pee&a  :  aqtiî  ma  cabra,  tt  la  done. 

B^  nsl  coQDtant  qu'aca  cauquilhada  ati  leva  daa  sonrel, 
t'en&iièl  alaodà  là  part»  de  soun  estable* 

LoQ  Tèspre,  quand  Dorand  f&siè  sotin  eabus^  dos  eabraa  qu# 
pattaToan,  iotrêroun  p#r  asard  dîna  Festable  doubert  ;  mèst 
quand  Toaguèroan  ioarti,  adisaiàs  1  tcmt  segaèt  barrât  eouma 
m  dea« 

Cau  vom  dtrô,  avans  d'anà  pus  liont,  qu'à  Balharguet,  jou 
carat  ea  paa  pus  ûet  que  qaaucuD  mai  :  Dourris  de  pouls,  de 
canards,  de  lapins,  e  mèmameD  doi  cabras^  Quand  a  passât 
lou  tems  de  sègasi  que  siègne  lou  dimencbe  ou  lous  jours  de 


AdjDÎré,  ébahis,  comme  les  autres,  irons  aussi,  bien  que  vous  ue  SQjts 
pas  de  B&lhargueL 

Mais  celai  qui  admira  le  plus,  ce  fut  le  vieux  Crocoignous.  Ah  f  je 
«rois  qu'il   écouta   bouche  bée  celui-là,  par  eiemple  !  Ftiis,  il  aortii 

un  des  premiers,  iautillant  comme  un  paaaereau^  la  mine  réjouie,  et 
Baus  autre  forme  de  pracês,  taul  guilleret,  tout  radieux,  il  l'en  alla 
quérir  sa  chèv^re. 

—  Tiena  !  dit-il  eu  la  meuaut  à  la  pauvre  Coulêtoaue,  tu  as  eu,  paj- 
ma  foi  !  trop  de  peines  :  voilÀ  ma  chèvre,  je  t«  la  donne, 

Sur  ce,  pluB  contettt  qu'uae  alouette  au  lever  du  aoleil,  il  a 'eu  fut 
ouvrir  graudemenl  les  portes  de  sou  étabb. 

Le  soir,  quand  Durand^  faisait  sou  plongeon,  deux  chèvres  qui 
passaient,  entrèrent^  par  hasard,  dans  Tctable  grande  ouverte  ;  mais 
quand  elle  a  voulurent  en  resBoriir,  bonsoir  t  tout  fut  fermé  de  maî- 
tresse façon. 

Il  faut  vous  dire,  avant  d'aller  plus  loin,  qu^à  Balharguet  le  curé 
n'est  pas  plus  ûer  que  Ïbs  pajsans  du  cru  :  il  élève  de^  poulets,  des 


*  Nom  populsirs  du  soleil» 


CONTES  LANGUEDOCIENS 


S« 


rtenm&aa,  dona  lou  veqc  à  sas  oabraa  que  s'éQv&u  oercà  soun 
TÏeore  per  loo  campèstre, 

Dô  m&Dièra  que  dounc,  lou  dimenche  que  parlan»  las  doa 
«àbras  quUtitrèroun  enco  de  Croeacebas  se  eapitavoun  tout 
jostdlas  dau  capetan.  Aqtieste,  couma  pensas,  seguêt*  Tende- 
maû,  prou  matiDiè  per  las  veui  réclama. 

—  Eâcusàs,  moussa  lou  Curât,  dîguèlloîi  vièl  Crocacebai, 
ï^uelûs  dos  cabras  aoua  mieunaa* 

—  Presemple,  soun  vostrasL,.  E  desempioi  quoura,  sieu- 
]>lèU.  ,  D'abord  U'avLàs  pas  qu'uua  e  m'an  dich  que  ier  la 
dooiièfea  à  Couletouna, 

—  £i  be  per  aco*  Menjan:  dlguères  pas»  ier,  dms  vostre 
pmâ  ;  «  Quau  baîla  as  paures,  baila  à  Dieu  ?  » 

—  Si  fèt,  hou  diguère. 

~  E  rajustères  paa  ;  m  Dieu  rend  lou  double  de  ce  que  le 
biiloQu  ?  t» 
^  Tout  aco'a  vrai»  mes... 

—  la  pas  de  mes,  moussu  lou  Curât  :  ai  dounat  una  cabra 
à  Couletouna  Jou  bon  Diea  me  ua  rendut  dos.  Se  i'avès  baiiat 


<*UFdif  des   UpÏDSf  et  même  il  enIrÊtie&t  deuï  chèvres.  Quand  le 

teopideUtDOÎasoû  est  passée  que  ce  eoît  le  dtmaacbe  ou  les  jour^  de 

^  ic&Muaa,  le  curé}  comme  tout  le  moadef  laisse  aller  &m  cbèvres  en 

té  :  eellea^cî  cberchei^it  leur  pâture  dans  \es  haies  et  dans  les 

Or^  les  deux  ehèvrea  qui  entrèrent  chez  Crocoigoaus,  ce  dîmatiebe' 

%  c'était  tù\âi  justement   les   deu^t  chèvres  de  Monsieur   le   Curé, 
^  Cêlii}<i^  eomtne  bieti  vous  penser ^  ue  tarda  pas^  le  leudemain  matin, 
L  veoir  réclamer  aûn  bien, 
^  PAÎtes  excuse,  Monsieur  te  Curé,  répondit  le  vieux  Crocoignona; 

i«i  ^le^lX  chèvres  «ont  à  moL 
^  Par  exemple,  elles  sont  à  vous  î..*  Et  depuis   quand,  s'il  vous 
pWlî...  D'aliord,  vous  n'aviez  qu'une  chèvre,  et  l'on  m*&  tnéme  dit 
nie  iftOs  1  avîeK  donnée,  hier,  k  Coulètoune. 
^  Préeiséroant,  e/ftst  jïoor  cela.  Vojoni:  ne  dites- vous  pas,  hier  , 
lini  votre  prèoe  :  **  Qui  donne  aux  pauvres,  jiféLc  à  Dieu?  ^ 
-^  Si  fni^  je  le  dis. 
—  Et  n  mj  ou  ta  tes- vous  pits  :  €  Dien  fead  ati  double  ce  ^u  on  lui 

—  I^arfaitemeot, 


r»0  CONTES  LANGUEDOCIENS 

JaadoBVOitras^quevou'n  rende  quatre  OU  nou^aco  m*arregard«j 
pas*  Mes  per  aquestas,  soun  ban  mleunaa  ! 
..,..  E  i'agèt  pas  plan  de  lou  tira  d'aqui. 

3.  —  L.a  Musica 

La  musica,  se  dis,  lè^a  dau  langnimeD  lous  eacoutaireB' 
6  fai  leva  lou  pèd  asdansairea.  Val  ben.E  m  musicatres  dequé 
ie  leva?...  Lous  musicaîres,  aco  pot  îous  leva  de  partout- 
S' hou  vouléa  pas  creire,  escoutàa  aquesta. 

Zinzinzin^lou  viôulouDaire^s'entournava  de  bon  matii  —  èra 
pas  auba,  — ^  de  la  fèata  de  San  ta- Rocs.  Pourtava,  qa'aL-oi  èra 
un  présent  d*una  amiga,  dos  fougassas  rouasèlas  e  bêlas  que- 
noun-sai.  fl 

E  i'arnvètce  qu'eneara,  preaemple!  jaœai  de  sa  vida  i'èra 
pas  arrivât:  faguèt  lou  rescontre  de  dous  loups  j  dous. 

Emb*  aco,  —  à  ce  que  dîa,  —  se  dounèt  pas  à  la  p6u  e  agèt 
Tesprit  prou  pouncbut  per  ie  bailà,  en  espérant,  sas  dos  fou- 
gassaa  tant  bêlas  e  tant  roussélas*  Loua  doua  loups  se  ie  tra- 

—  M  n*v  a  pas  demaia,  Monaieut'  le  Curét  j'ai  donné  une  chèvre  à  ^ 
Coulètûune*  le  bon  Dieu  m*en  a  rendu  deux.  Si  vous^  voub  aveK  donné  ■ 
les  détîi  vdU'es,  qu'il  vous  en  rende  quatre  ou  pointf  ça  n'est  pai  mon 
affaire,  Maia,  pour  celles-ci,  elles  sont  bien  mienoes  î 

...  Et  il  n'y  eut  pas  moyen  de  le  tirer  de  là. 


3,  —  La.  Uiiaique 


I 


On  dit  que  la  musique  tire  d'enoui  les  auditeurs  el  qu'elle  fait  tirer 
lepsedauK  danseurs.  Fort  bien.  Et  auiE  musicieus  que  leur  tire-telle?... 
Les  musiciens,  ça  peut  le^  tirer  de  partout.  Si  vous  refusez  de  le 
croire,  écoutez  un  peu  rbiatûire  que  voici  ; 

Zinzinzin,  te  violoneux  «  s*eû  revenait  de  grand  matiû^  —  ce  n^étaît 
pas  encore  Taube,  —  de  la  fÔte  de  Saute- Rochers.  Il  portait,  pré- 
eieiix  j^rësent  d'une  bonne  amie,  —  deum  fougacen  dorées  et  bel  les  à 
miracle^ 

Et  il  lui  arriva  ce  qui  eneere,  par  exemple!  ne  lui  ëtaitjainais  arrivé 
de  sa  vie  ;  U  rencontra  deux  loupâ  ;  deux. 

Dans  tout  ça,  —  à  ee  qu'il  prétend,  —  la  peur  ne  le  saiiit  pas  trop^ 


CONTES  LANGUEDOCIENS 


Bl 


I 


destud,  affamais  :  e  gnieu  !  e  gnau  1  brafa  tus,  brafa 
iéû!  EntramôQ,  Zinziaxin  §*entanciièt  d'escarlimpà  sua  un 
labree,  coumaabîtava  sus  la  pua  grasga  bmaca,  vai  ae  ca^Hà 
qu  un  bouiou  dô  sa  vèsta  rasclèt  eontra  ana  corda  de  souii 
«eturmen,  ce  que  faguèt  :  Zanf,.. 
Lous  dous  loups  isâèroau  lasaurelhat* 

—  Outre,  .'ou-diguèt  Tome,  semblariè  quô  volotin  dansa!,,- 
Ë,  £00 1  rascla  que  raaclaràâ  t    a  f  lo  tant-là^  passa  se  pos 

4bl  moun  bel  atuiop  auHàs  vist  couri  aqueles  loupsl... 
Coum»  quand  vous  deinandoun  de  pagî  voatres  vjèls  deutes, 

-  Oîi!  sâure-noutu-de-sorU  bramava  Zinzinzin;  s'agèssio 
iéii&chut  i{u'aimaaaiàs  lant  la  musica,  auriàd  pas  agut  mas 
doâ fongastas,  voulara!,.. 

4.  —  De-Profundis  per  Nostre-Segae 

IkHpioi  que  i*a  de  PenitenU  blaucs  à  Balharguet,  ce  que  èû 
knk  las  quèlas,  otifrandas,  e  dequë  sabe  iéu,  lou  jour  dau 
I>iT«odrâs*$aut,  es,  de  drech,  per  U  Counfrarié. 


et  il  lut  01862  de  présence  d'eapiil  pour  jeter,  tout  d* abords  aux  deux 
tr^iurJitea  bi'vtcB,  ses  fougacea  âL  bellea  ûl  ai  dorée«.  I^g  loupi  se  pré^ 
ci|)it0r6ul  def^sus,  affaniéâ  :  et  grouin  l  et  grotiau  !  buuâe^  toi  !  boiiâe, 
n*f**!*..  Pemîant  ee  temps,  Ziniinzia  ae  hâta  de  jjrimper  aurun  arbre. 
Il  ^Uéigoait  la  plus  ^ro^se  biaucUe^  lorsque,    par  baaard,  un  bouton 

144  ve»te  racta  Tune  dea  cordes  de  aoti  îastrunient^  ce  qui  fît  I2an  / 
I  deux  loup9  dresaâreni  les  oreiller, 

-Ouaifll,.,  dit  le  bonhomme ,  semble- t-il  pasqifil  veulent  danser  î,  t. 

Etf  £ou  I  r&cle  que  râelerfis  :  n  B  io  lani-là^  p(usex  et  repasses,^,  a 

AM  Mestieigueuref  voua  auriez  vu  courir  cea  loups!.*.  Comme 
ït»f»qtj'oti  vouu  riklatue  le  paie  meut  de  vos  vieilles  dettes, 

—  (Jhl  «acré-Qom  du  50H  !  braiîlait  Ziui^iuîia  ;  que  n'ai-je  connu 
pbu  têt  vutre  ardeut  amour  de  1h  muiijque  :  votie  n'auries  pas  eu  mes 
^'cttft  fougsceSi  vùleura  !.., 

4*  —  De  ProrutKlia  poar  Notre -Seigneur 

btptiîs  qu'il  j  a  des  Pèuttenta  blanca,  à  Balharguet,  le  produit  des 
quét«Af  Qlfi'andes  ut  luUt  quuniî  e0ectuéea  le  Vi^udredi-Saioti  appar^ 
l^eQi,  de  plein  droiti  à  la  Coîifrérie* 


62 


CONTES  IJ^NGUEDÛCÏENS 


Aquel  an,  lou  capelan   toumbèt   malattte,  malaute  que  de 
t&lamen,  lou  Dij6u&-Sant  au  vàspre.  E  calîè  pas  pensa  que  se 
pousquèsae  leva  l'ondemanj  nimai  èra  pas  causa  prèsta  par  J 
faire  vôni  tin  carat  d'an  quicon-mai.  ■ 

Loua  Paniteatg,  peoaire  I  èroun  deavariats.  Pas  ges  de  ca* 
palans,  pas  ges  d'ouûces*,.,  e  pas  gBB  d'argent  atabé,  Caussî 
faireî  S'acampèroun  toutes,  tantque  seguèrouti,  dins  aa  Ca- 
pèla,  chacun  diguèt  sa  mouctoun,  chamalhérouu  dos  ouras  defl 
reloge,  e,  finalamen,  decidèroun  qua  lou  Prieu  fariè  lou  cape- 
lan* Era  un  orne  d'âge,  serious,  que  sabîè  toutes  lous  ouâees 
de  par  cor.  Dins  d'abilhages  de  glèisajas  gens  lou  prandrièn 
facillamen  per  quauque  capelan  estrangè. 

De-fèt,rouÛGe  se  diguèt,  couma  à  racoustumada^Lou  Prieu 
s'en  tirava  maî-que-ben,  E  mêmes,  quand  seguèt  au  moumen 
que  se  eau  aloungà  au  pëd  de  i'antél  per  faire  veire  que  lou 
Bon-Dieu  vèn  de  mouri  sus  la  crous,  se  virant  de-vera  lou 
pople  aginouthat,  lou  Priea  ajustât  aiço  de  soun  sicap  :  M 

—  E  ara,  mousi  fraires,  dignen  toutes  un  de-prof undis  per^ 
lou  paure   Nostre-Sagne  que   vên  de  mouri  :  lou  Bou-Bieu 
reçage  soun  ama  f,.. 


Cette  année*]à,  le  curé  tomba  malade^  malade  gravement^  le  Jeudi* 
Saiut  dans  la  soirée.  Et  il  ne  fallait  pas  penser  qu'il  put  se  lever  le 
lendemaiû.  Et  c'était  trop  tard,  auBaijpûur  mander  un  abbé  de  quelque 
autre  paroisse. 

Les  PéntteutB,  hélas  1  étaient  tout  effarés  et  consterûés.  Pas  de 
prêtre,  pas  d'offieas...  et  point  d^argent  non  plus.  Comment  faire  ?  Us 
8*asaemblèrent  tous,  tant  qu'ils  furent,  dauB  leur  chapiiUe,  chacun 
étûît  aa  motion,  iU  chamaillèrent  deux  heures  durant,  i'U  en  fin  de 
compte,  ils  décidèrent  que  le  Prieur  tiendrait  la  place  du  curé.  C'était 
un  homme  d'âge,  sétieux,  sachant  toui  les  ofBces  sur  le  bout  du  doigt. 
Soua  de^  vêtements  d'église^  les  gens  le  prendraient  tacileroent  pour  ■ 
quelque  prêtre  étranger.  I 

En  eftet,  loffice  fut  célébré  comme  à  Taccoutumée.  Le  Prieur  s'en 
tirait  ad  ml  râble  ment.  Et  même,  quand  il  en  fut  à  cet  endroit  où  Tof- 
iicianl  doit  se  coucher  au  pied  an  l'autel,  pour  exprimer  plua  fortement 
que  Jésus  eipire  aur  In  Croii,  faisant  face  au   peuple  à  genoux,  le  h 
Pdeur  ajouta  {^ci  de  son  propre  chef:  B 

~~  Et  maintenant,  mes  frères,  disons   tous  un  dû  profundis  pour 
le  pauvre   Notre- Seigneur  Jéa  us  ^Christ,  (jui   vient  de   mourir:  Dieu  _ 
veuille  reeevoir  son  &me  !..« 


CONTES  LANGUEDOCIENS 


63 


5*  —  La  Gateta  blanca 


Un  cop  t^àTiè  ^û  segtioa  qu^aFiè  'n  vièl  caetèl  dins  un  bosc. 
Mes  dios  aqiiel  cartel  degud  poudié  pas  ie  demourà.,  de  tant 
que  la  Dioch  ie  vemé  de  trèvai. 

Lou  aegnou  faguèt  assaupre  que  bailariè  mila  francs  à 
toutes  loU8  qu'anarièû  coucha  dins  soun  castèl  uoa  soula 
ûiouchada. 

Una  viélha,  qu^aviè  'ua  cateta  blaaca,  diguét: 
H      -^léu,  Faaarai. 

PL^Dguèt  un  gigot  de  moutûu  a  i'anèt  embé  sa  catôta.  Âlu* 
met  m  graod  âoCf  faguét  coire  soant  gtgot,  n'en  bailèt  la 
mitât  à  sa  cale  ta  e  mangèt  Tantra  mitaL 

Vejaqiii  que^ quand  se  aarrèt  mlèja-uioch  :  «  Boum  I  boum  î 
Mml  f*  quauGun  tabasèt  la  porta» 

I— Ediga-ie  que   courdures,  que  podea  pas  i'anà  doubri^ 
fa^aèi  la  cateta. 
-  Courdure.  Fode  pââ  ?eni  vousdoubri. 
Un  p&rel  d'ouradas  après  :  «  Boum  !  boum  I  boum  î  û 
11  éi 
bifité. 


5.  —  La  petitâ  Chatte  blanche 


Uétjùt  tin  fois  un  seigneur  qui  avait  un  vieux,  château  dans  un  bois. 
Mtia  ce  vieux  chàteaUi  perec^une  ae  pouvait  Tbabiter,  parce  qu'il  était 
bifité^  la  nuit»  par  des  revenants  et  des  fantâm^B, 

Le  lËigneiir  fil  assavoir  qu*il  donnerait  mille  francs  à  tout  homme 
<Hit«uté  femme  qui  coucherait  dans  son  château,  une  seule  nuitée . 

Uûe vieille^  qui  avait  une  petite  chatte  blanche»  dit: 

—  Moi|  j 'irai, 

Bk  prit  un  gigot  de  mouton  et  s*en  Fut  au  château  avec  sa  chatte 
bijinehe.  Elle  alluma  un  grand  feu,  fît  cuire  son  gigot,  en  donna  une 
moitié  k  sa  chatte  blanche  et  mangea  rsutre  moitié. 

Voilà  quCf  sur  le  coup  de  minuit  :  m  Boum  t  beum  1  boum  1  u  quelqu'uii 
heurta  très  ft^rt  à  la  porte. 

~  Dis  que  ttj  couda^  que  tu  ûB  peux  pas  aller  ouvrir,  fit  In  chatte 
bttucbe. 

^  Je  coude.  Je  ue  peux  pas  veoir  vous  ouvrir. 

Une  couple  d'heures  uprèa:  u  Eioum!  bouml  boum  î  k 


éiA 


CONJES  LANGUEDOCrEKS 


— -  E  tl]g&-ie  que  laFes  la  terralha. 

—  Lave  ta  terralha.  Pode  paâ  veni  vous  doahri. 
Un  parel  d^ouradas  après:  «  Boum!  boiim!  boumî  n 

—  E  diga-îe  qu'escoubes  Tous  tau  > 

—  Eacoube  Toustau.  Pade  pas  yéiiï  voue  doobrL 
E  pioi  iôu  jour    venguèu   La  viàlha   sourtiguèi  embé   sa 

catatae  a&èt  enco  dau  segriou  que  ie  baitèt  soua  mila  franco* 
Una  vesina  d'aquela  vie I ha  veuguèt  ie  dire: 

—  Prestàs-me  vostra  catata  que  iéu  i'aaarai,  atabé^  g&gTQà 
mous  mila  franci. 

—  Aqui  Tavès,  Prendréâ  un  gigot  e  a'i  'en  douDâiés. 

La  vesina  prenguèt  ua  gigot  de  mcutou  e  i*anèt  embé  la 
cateta.  Alumèt  uo  grand  fioc,  fagtièt  coire  Bouu  gigot,  iou 
maugèt  e  baiièt  pas  que  lous  osse^  à  la  cateta. 

Vejaqui  que,  quand  s@  aarrèt  mtèja-tiiocb  :  «  Boum  !  boum  î 
boum  !  w  quaucuQ  tabasèt  fa  porta. 

—  Ë  diga-ie  que  courdures,  ee  tob,  fagoèt  la  catetà  d'un 
er  de  fougna. 

—  Courdure.  Pode  pas  venl  voua  doubri. 


—  Dis  que  tu  Uves  lavaisselie* 

—  Je  lave  la  vaisselle,  ie  ne  peux  pas  venir  vous  ouvrir. 
Une  couple  dlieures  aprà^  :  <«  Bouml  boumj  boum!  h 
^—  IHN  que  tu  bslaies  la  maison. 

—  Je  balaie  k  maisou.  Je  tie  peux  pas  veuir  voua  ouvrir. 
Et  pMÏH  le  Jour  vint  La  vieille  sortit  avec  sa  chatte  blaucbe  et  sea 

fut  chez  le  seigneur  quHui  remit  ses  mille  francs. 
Une  voisine  de  cette  vieille  vint  lui  dire  : 

—  Préte2'iûoi  votre  chatte  blanche:  j'iraij  moi  aussi»  gagner  mes 
tïiille  francs 

—  La  voilà.  Vous  prendrez  un  gigot  et  vous  lui  en  donnerez* 

La  voiâiue  prit  un  gigot  de  mouton  et  s'en  fut  au  château  avec  la 
cbatte  blauche.  Elle  alluma  un  grand  feu^  fit  cuire  sou  gigot,  le 
maugea  et  ne  donoa  que  les  os  k  la  chatte  blanehe. 

Voilà  que,  sur  le  coLip  de  minuit i  *<  Bouml  boum!  boum  t  »  queU 
qu'un  beurtii  très  fort  à  lu  porte. 

— '  Dis  que  tu  couds,  si  tu  voux,  conseilla  la  chatte  blanebe^  d*un 
air  boudeur. 

—  Je  couds.  Je  ne  peux;  pas  venir  vous  ouvrir. 


I 


CONTES  LANGUEDOCIENS 


65 


» 
f 


On  paret  d'ourad^s  après  :  n  Boum  1  boum!  bouml  » 

—  E  diga-ie  que  laves  la  terralha,  ae  vos. 

—  Lave  la  terralha*  Potle  pas  vetïi  vous  doubrî. 

Un  parel  d*ouradas  après  :  «  Boum  !  boum  !  boum  !  u 

—  E  dûubris-iet  se  vos* 

U  vesîna  an  et  do  abri.  lutrèi  un  orne.  Là  catetaf  entra- 
laeHp  s^amaguèt  dins  iou  poutagè. 

—  Boudieu  !  moussû,  qu'avèâ  una  grossa  testa? 

—  Es  per  milhou  tène  mouri  capèl, 

—  Boudieu  1  moussu,  qu'avèa  de  grands  iol«  ? 

—  Es  per  milhou  veire  Iou  mouod^. 

—  Boudieu  !  moussu,  qu'avés  de  longas  dents? 

-^  Es  per  milhou  manjà  las  fennas  trop  eu  ri  ou  sas. 

K  \%  mangéU  Pioi,  quand  seguèt  manjada,  s'enanèt  La 
i^têt&  aladouuc  sourtiguàt  dau  poatagè  e  ^^'entourtat  enco  de 
M  mèstra, 

—  ELI  be^  dequ'as  faob  de  la  vesina? 
--  La  trèva  Ta  manjada. 

—  Cûusai? 


Une  c&aple  d ^heures  après  i  et  Boum  f  boum  1  boum  î  i^ 

—  Dis  que  tu  laves  la  vais  Relie  ^  ai  tu  veux* 

^  J&lave  la  vaisselle.  Je  ne  peux  pan  venir  vous  ouvrir, 

Une  couple  d'heurea  après  :   "   Bon  in  !  boum!  boum!  » 

^'  Et  ouvre  doDCi  ai  tu  veux* 

^TQiiiiiealla  ouvnr.  Ou  homme  en tra,  La  ehatteblanchêi  cepen- 
dwi  t'était  cachée  dans  le  cendrier. 

~~  6oiL  Dieu  1  MoDsieur^  que  vou^  avez  uae  grosse  tôle? 

~~  C^st  pour  mieux  tenir  mon  chapeau  « 

"^  Bon  Dieu!  Moniieur^  que  vous  avea  de  grands  yeux  ? 

•"  C'est  pour  mieux  voir  mou  monde» 

^  Bon  Dieu  î  Monsieur)  que  vous  avesâ  de  longues  dent^  ? 

-^  C'esl  pour  mieux  maager  les  femuie»  Irop  curieuses. 

i^'t  il  la  mangea.  FuiS|  quand  il  Teut  mangée ,  il  s'en  allai  La 
^U«  blanehe  sortit  alors  de  sa  cachette  c^t  rctourua  chez  sa  mai- 

^  Ehf  bien,  qu'as- tu  fait  de  la  voisine? 

—  Le  revenant  Ta  mangée. 
^  Comment? 


ee  CONTES  LANGUEDOCIENS 

—  Oi.  M'aviè  pas   baîlât  qme   loua  osses  dau    ^igot  :    Tai 
dicb  d^aoà  doabrie  la  trèva  Ta  manjada. 

Lon  gai  cantèt 
Ë  la  souraeta  fîuigaèt. 

Mourala,  —  S'avès  ana  c^teta,  que  sienne  blaaca  on  ooa^ 
ayisâs-YOûd  aa  m^iiB  de  I&  baiià,,.  d'argent. 


6.  —  Rauba-Oalinas 


vie   f 


CoumLava  per  usa  cassibralha  dau  prumJè  numéro  t.  Viviè 
paa  que  d'amoulèn  rapiâmus  e  lasoula  causa,  satque,  qu'agèaae 
pas  raubat  éra  soun  uoûm.  Ah  !  fîqua^^,  nàni,  la  vie  pas  raubat  1 
Qes  lou  patidièn  pus  nailbou  causeà  qu'aquel»  d'abord  que  per 
las  galiuas  èra  la  grèlla  e  que  n'an  fasiô  û.  N*aviè  i^pugat,  el 
soiili  tant  e  mai  que  lou  pud  fîer  rainard  de  la  creacioun 
deBempiol  que  mouûde  qs  mounde,  e  sans  que  jamai  degus 
Tagèsse  pou  8c  ut  faire  agantà»  tii  pergarda8,ni  pergendarmas, 
ni  per  foutre  ni  moutre<  Me  levarièn  pas  de  la  tèata  qu'aquel 
paure  coulas  aviè  fach  paehe  erobé  lou  diable. 


—  Oui.  Elle  ne  m* avait  doaué  que  lèses  du  gigot  :  je  lui   ai    dit 

d'aller  ouvrir  et  le  revenaut  Ta  mangée. 

Le  coq  (ïhunta. 
Et  la  ao mette  £jitt  là. 

Momie,  Si  vous  avez  une  petite  chatte,  qu'elle  soit  blauche  ou  non, 
avisez-vouB  au  moins  de  lui  tenir...  de  TargenL 


6,  ~  Flèati   de  a  Poules 

C'était  uoo  caQaîUe  de  la  ptua  belle  eau.  Il  ne  vivait  que  de  rapinea^ 
et  la  seule  chose,  aaua  doute»  qu'il  ueût  point  volée,  c'était  sou  nom, 
Ahï  mâtin,  non,  il  ne  Savait  pas  volé!  Aucun  autre  ne  l'eût  chaussé 
mieux  que  celtiî-là|  car,  vraiment,  il  était  l'Attila  des  pouUs,  le  vrai 
fléau  des  basses -cour».  A  lui  seul,  il  avait  raflé  plus  de  volailles  que 
le  plus  fameux  renard  de  la  Création,  depuis  que  le  monde  est  monde* 
Et  jamais  personne  ne  ravait  pu  faire  prendre^  ui  par  des  gardes,  ni 
par  des  gen^larmes»  nid'fliîcune  manière. On  ne  m'arracherait  pas  de  la 
tête  que  ce  bandit-là  avait  fait  pacte  avec  le  diable. 


^ 


CONTES  LANGOEDOCmNS  67 

Ekl  be,  qaaad  aeguèt  [irou  vièJ,  tout  dâglesit  e  mièch 
iscrancal,  qm?  per  força  ie  cauguèt  dire  adieu  à  soue  viLèn 
meiUé,  àgèt-ti  pas  lôu  front  de  voudre  faire  la  bugada  de  sa 
coQiieieaça  gamada  e  de  s'anà  eomifegaà?,** 

Lou  capalan,  quô  counoûissiè  roubriè,  —  èra  lou  paure 
moiisau  Fangous,  pecaire  f  —  ie  diguèi  couma  aiço: 

—  M'anés  pas  oercà  d'armaoscg,  sieuplèt,  a  ûoupen  eourt. 
QaaDt  dâ  eops  n'avèis  raubat  de  galiDaef 

—  Aii!  presemple,  mousau  lou  Curât,  se  m^hou  eaiiè  dire 
•erièi  be  dins  TeoibouL  S'es  pas  gaire  paaaat  de  senmanas, 
darant  una  erantena  d*aaai  sanaque  n'en  fagaèsse  Lou  croc  per 
quauca;»  uaaa. 

—  Digàs-mat  aiadoune,  quanta  ea  eâtada  voBtra  pus  forta 
nfla.  Ciaq?...  flèch  ?.,. 

—  Dèch,  dUèa  ? 
^  Vint? 

^  Doublas,  moasêu  lou  Ciirat* 

—  Maluroug,  quarauta? 

—  Ni  mai,  ni  mena:  l'arés  devigûat, 
~  QuaraQU  galiuas  d'ua  copl.».  e  avèa  raubat  quaa  sap 


Eh  bien  1  quand  il  fut  très  vieux,  cacochjme  et  mi-décrépit,  quand 
li  dut  reauncen  bon  gré  mal  gréj  à  8oa  vilain  métier,  u'eût-ii  paa  le 
front  de  vouloir  lessiver  sa  eonscience  pourrie,  et  ti*alla-t-il  pa^s  ae 
confeaaar?... 

Le  curé,  qui  eonitaisaait  le  paroisâieti,  —  c'était  défunt  M.  Fangous, 
l«  pauvre  1  -^  lui  parta  comma  ceci  i 

~  N'uUez  pas,  s'il  vous  plaît»  me  conter  des  sornettes,  et  coupons 
6cmrt.  Combien  de  fois  avei-vous  volé  des  poules  i 

~  Âbl  pur  exemple.  Monsieur  le  curé^  s'il  fallait  que  je  le  dise, 
Jf  serais  bien  embarraigé.  Il  ne  &mi  gaére  pa^sé  deiemaiDes,  darant 
HEtê  quarADtaiDe  d*aiiué€â,  sans  que  je  ne  m'en  approprie  délicatement 
quelj:jue«*unes. 

~Dile«-[noi.  alors»  quelle  a  été  votre  pi  us  grande  ratle.  Cinq  ?..  Dix  f  . 

-^  Dix,  dj  tes- vous  ? 

—  Vidgt? 

—  Doublez,  Mousieur  le  curé. 

—  Misérable^  quarante  ? 

—  Ni  pLua,  ni  moins  ;  vouâ  Tava^  deviaé, 

«-»  Quarante  poules  en  une  seule  fois  1...  Et  vous  avez  voU  qui  sait 


6ê 


CONTES  LANGUEDOCIENS 


quant  de  copsL..    Nàoi  1   oh  î  aàni ,    pode   paa  vous   l>ailà  t 
rassouluciûun.  Aco*  s  trop.  Vous  caudriè  restitua. 

—  Mes»  vesèa  be,  moussu  lou  Curât,  qu'ea  pas  pôussîbJô. 

—  E  cousai  voulôa,  atabé,  qu'au  Bon-Dieu  ie  siègue  poussi 
ble  de  vous  perdounà  quand,  au  joiir  dau  jujameo,  tout  acô 
k  seràf  amount,  per  voaa  enculpà,  ae  restituas  pas  ?,.. 

—  Coussi,  moussu  lou  Curât,  las  galinas  ie  seranf 

—  Ben  segu  que  ie  aerau, 

—  Àmai  sons  mèatres?.*. 

—  Amai  soua  mèstres. 
— '  Dequé  me  dises  aqui  î..*  Restituarai,  moussu  lou  Curai, 

restituarai,  se  gués  tranquille.  D'abord  que  las  galinas  e 
soue  mèstres  ie  serau^  amoundant,  pas  tant  foutrau  que  de 
pas  restituai...  Chacun  ia  reprendra  las  sieunas,  paa  vrai? 
Boutas,  poudès  mô  bailà  Pasaoulutiou  sans  crenta  ;  vous 
assegure  que  ie  lasquitarai  prene  ].,. 

7.  —  Pic  e  Replo 

Mèstre  Jan  CougouHa  qu'aviè^  saique,  las  idèias  dius  Ions 
nivous»  aquelvèapre,  intrèt,  per  distracjoun,  eneo  d'un  apou^ 


aco 

à 

I 


combien  de  fols  L..  Non  l  oh  l  nou,  je  ne  puis  pas  vous  donner  rabao- 
lutioQ.  C'est  beaucoup  itop.  Il  faudrait  restituer. 

■^  Mais,  voua  vojez  bieD,  MoDsieur  le  curé,  que  la  chose  n'est  pas 
possible. 

—  Et  eomment  voulez- va  us,  aussi,  qu*il  soit  possible  à  Dieu  de 
voua  pardonner  quand^  au  Jour  du  jugement,  tout  ça  sera  là-haut 
poui*  vous  accuser  ,  si  vous  n'avez  paa  reatiluê? 

—  Comment,  Monsieur  le  curéj  les  poules  y  seront? 
**-  Certainement  qu'elles  j  seront* 

—  Ainsi  que  leurs  vraid  maîtrca  ? 

—  Ainsi  que  leurs  vrais  maîtres. 

—  Que  me  dites* vous  lu  I...  Je  restituerai,  Monsieur  le  curé,  je 
restituerai^  soye^  tranquille.  Puisque  les  poules  et  leurs  maîtres  se- 
ront là-haatï  pas  si  béte  que  de  ne  pas  restituer  !...  Chacun  j  repren- 
dra les  siennes,  n'est-ce  pas'/...  Allez!  Alle^,  vous  pouvez  me  donner 
l'absolution  :  je  vous  assure  que  je  les  leur  laisserai  prendre  L.. 

7.  ^  Du  T»c  «n  Tac 
Maître  Jean  Citrouille  qui  avait,  sans  douter  les  idées  un  tantinet 


-haut 


CONTES  LANGUEDOCIENS  69 

iicaire  de  la  TÎHa  en    creaeguent  d'intrà  dins  ua  burèu  de 
iabat.  Toat  âco  pot  arriva. 

Pameus,  un  cop  en  mitan  de  La  bontiga,  s'aTisèt  dû  ga 
birdoutada. 

—  Bscusàâ,  moussu,  faguèt  au  vendeire  de  poutingas  ; 
«aîqoe  me  serai  iroumpat.  Dequé  vendes  aici  ?.,. 

Uautre,  un  jouine  escoulan  drouguiste,  de  veire  Ter  favàs 
de  Tome,  se  pensét  qu'aviè  à  faire  en  qaauque  Jan-lôu-Sôt» 
et^ue  3e  passara  bêla  per  lou  galejà. 

—  Vendèa,  sou-dis»  de  testas  d'âge, 

—  Brtdinàsl*., 

—  Noun  pas  de  segu...  oh  !  cerqués  pas»  las  aven  pas  aiei 
Mm:  las  tenèn  djne  un  membre  pus  fresc,  aqui  darriès  lou 
œagusiu...  Messe  vou'n  caliè  una?... 

—  Ara  me  parlas  couma  se  deuL..  Tambeii,  me  dlsièi: 
per  un  magasiD  de  testas  d'ase  souii  pas  gaire  coussuts,  n'en 
î«<ea  [)ibâ  mai  qu'une...  Àdissias,  moussa  :  lou  bon  Dieu  vous 
li  EDaateugue  ! 

—  Tau  crei  de  guilhà  Guilhot  —  Es  el  souvent  que  Guilhot 
ifûilba.  G,  Thbrond. 


p 


embruîûéei  ce  âoir-là^  entra,   par  distraotioti.  chess  uu  apothicaire  de 
la  ville^  {^rojaût  bel  et  bien   entrer  dans  un  bureau  de  tabac.  Tout 
Ç*  peut  arrirer. 
^peDd an t,  quand  il  fu  t  dans  la  boutique^il  s'aperçut  vite  de  sa  méprise . 

—  Eictiflez^mnif  monsieur,  dit-il  an  vendeur  de  drogues,  je  me 
s^nù  probable meni  trompé.  Que  vendez- vous  ici  ? 

U  m&fcbafid,  un  jeune  élève  en  iibarmacie,  vojaot  Vair  nigaud  du 
^onbûtnaîe^  pensa  qu'il  avait  affaire  à  quelque  Jenn-le-Niai»,  et  que 
1  ôcfâfliciQ  se  présentait  belle  de  rire  un  brin  aui  dépens  d'autrui» 

—  Naus  vendons,  dit-il  des  têtes  d'ânes. 

—  Voua  badinez?,., 

-^  Non  pas^  certes...  oh  1  ne  eberehez  pas,  nous  ne  les  avons  pas  ici 
de4jui8  ;  nous  les  tenons  dans  une  pièce  plus  fraîche^  là,  derrière  le 
m^asiu...  Mais  s'il  voub  eu  fallait  une?... 

—  Maintenant  voua  me  parler  comme  il  fautî,.*  Aussi,  je  me 
diiâis:  pour  un  uiagasin  de  t^tes  d'ânes  çii  n'a  pas  Vaiv  très  assorti,  on 
ii'ia  voit  qn^une.,^  Bonsoir,  Monsieur:  te  bon  Dieu  vous  la  conserve  ! 

...  Tel  euide  se  gausser  d'aultrui  —  Qu^aultruî  souvent  de  lui   se 

[A  imvrê.)  G,  T, 


ÉTABLISSEMENT  DU  MARCHÉ 
A  MONTAGNAC 


Le  document  suivant  n*est  pas  daté,  mais  l*écritiire  et 
tout  le  nom  de  Tévôque  d'Âgdô^  par  lequel  il  débute ,  permettent 
de  suppléer  à  cette  absence  de  date.  L'écriture  paraît  être  de 
la  fin  du  XlJl*  ou  du  Gommencement  du  XIV*  siècle.  Le  nom 
de  Tévéque  est,  sans  conteste  po&sible,  bien  (|u'une  partie  de 
la  première  lettre  soit  déchirée,  Tésjve  ou  Tôsine.  Or,  si  Ton 
se  rapporte  à  la  GalHa  chnsltana,,  on  trouve  un  nom  d'év^que 
qui  se  rapproche  beaucoup  de  celui-ci,  c^'est  Thédiae,  qui 
occupa  le  siège  épiscopal  d'Âgde  de  1215  à  1233.  Thédise  est 
incoiitestableraent  Tauteur  de  la  concession  dv  la  charte 
qu*on  va  lire,  parce  qu*il  est  le  seul  évêque  d'Agde  qui  ait 
été  seigneur  de  Montagnac.  On  peut  doui;  Hâter  du  premier 
tiers  du  XIU*  siècle  Fétablissemeiit  du  marché  hebdomadaire^ 
du  chef-lieu  de  cauton  de  Tarrondissement  de  Béliers.  H 

Mais  ce  D'est  qu'une  copie  que  oous  avons  eue  sous  les 
yeux,  ne  portant  pas  plus  de  date  que  de  signature  ou  de 
sceaUf  et  récriture  permet  d'avancer  que  cette  copie  est 
postérieure  d'au  moins  cinquante  ans  à  roriginal.  Lâ^  peut- 
être^  se  trouve  lexplication  de  ia  mauvaise  orthographe  du 
nom  de  i'évéque*  ^Ê 

Ce  documeut  fait  partie  des  Archives  communales  de 
Montaguacj  liasse  L  u°  9.  Ces  Archives,  très  riches^  et  qu'il 
nous  a  été  donné  de  parcourir  cinq  ou  six  jonrs  durant,  ne 
sont  pas'  encore  inveutofiéea.  Mais  nous  gavons  qu'elles  âont 
en  bonnes  mtiinâ  et  que  Tinventaire  ^e  fera  un  jour*  Sou- 
haitons ,  dans  rintérét  de  rhistoire  et  de  la  philologie,  que 
ce  jour  soit  prochain. 

Âug.  Vidal. 


Teiive.divina  perml^iiiofne]  tiveique  d^Agde,  a  totz  los  Jiicels  deCrisi 
sis  quuU  las  letras  p  (mot  illisible),  Ba]u(/  e  noitre  aenbur  Jhu  Crist. 
Per  tsB  presens  letms  volem  esser  manifestât  que  nos,  de  cossell  e 


I 


^ 


IP 


KTABUSSEaiENT  DU  MARCHÉ  A  MOWTAGNAC         71 

TôluoUt  deo  GtiîUefn   de  Motttaahae  cnenatz,  en  Pos  de  Mûd- 

ê  d'en  GtdUem  de  M  ontftnhic,  ienbors  del  eastc^l  deMonUnhac, 

çoneitâblem  per  tosz  temps  for  o  mercai  ol  c^ste!  duvfindibrt  en  à;f  t&l 

muiejrà  empro  que  «qui  fen^  sexta  o  el  dia   de  dlvendres  sia  fais  a 

btM  teitiB  ;  e&tabletn  iplamcMis  rjue  las  eoR  lamas   que  erk  la  ck^utftt 

d'Ag4«  8â  senradaa,  el  for  el  c^astel  de  MontaDhac  si  an  âei^adaa  Ub 

cotttimai,  etnpro  aon  ajLaU  :  Quique   mayso  propria  en  la   cieutal 

(TAgde  non  a,  ai  ven  blat  qital  que  sia  pagua  de  caacti  «estier  un& 

eôpa  que  es  U  (mot  illisible  ^8*)  part  d^aquel  settier.  Item,  quiqiie 

wtH  veodra  el  for  o  el  mercat»  Iad  comprayre  qaaQ  vdndejre,  aiiio 

ûM  cietiiadaB  d'Agde»  paga  XI  l  d,  Item^  case  us  comiirayre  e  ven- 

^re  «Htrang  de  ca^cu  luofo  e  de  easeuna  feda  paga  mesalla,  Item^ 

4«çaicuxiii  cabra  e  de  easctin  boe  paga^  easeus  estfâng»  poges.  IteiQf 

deeaacuiia  porc  o  trueja,  1  deti*  Item,  de  dozena  de  pels  comprayre  0 

nadtjit!  estraitg»  111  mesaîllâKjteni,  de  saumada  de  biat,  si  es  von* 

ddif  pagn  meaalla.  Ueui  sahtvtîer  e  i;orratier,  si  tenon   (?1   for  e  e) 

niffçat,  Cfiscui  paga  pogeaa.  Itéra»  drapier,  caacua^  pogeaa  ;  ai  empro 

ïa*iiOD  beitiri,  ineFaJla.  Item,  de  saumada  de  sebas,  de  tota  frucha, 

st  ileuoa  eaao  la  m  en  on  ne  vendra,  doua  meaaIlaH  Item,  de  dotxena 

d«  fmmaigea  inenutE  0  grandi,  comprayre  e  vendeyre  oat rang  paga 

111  m^qallas.  Item,  qmqwe  vï  estrang  aportara.  e  piteis  veadra  aquel 

»icû  la  cieatat  d*Agde  a  tîtverna,  aia  cîoutadas  d'Agde  0  non,  paga 

El  d«D.  de  eaacu  mieg.   Item ,  caacu  niasse] ior  i|ue  buou  o  vaea  ^rendra 

tl  mmel  dona  la  lenga    d*aquel  meteiâ  bueu  o  d'aqnek  masenuia 

VA£«;  ai  empro  porc   0  trueja   voudra,   dona  Itll  bea,  '  ;  ta  empro 

^v[ejrt  om  que  non  aia  maaeliera  buou    o  vaca   vendra  o  porc  o 

^jAs  el  maseK  ai  rnaiso  propda  non  a  en  la  vila  d'Agde,  paga  aco 

êd«Iëûk.  ttem^  de  eascti  cuer  de  buou   e  de  caseuna  boitia  groasA 

cuctiB  compraiœ  e  vendeire  eâtraog  pa^a  de  caacu  cner  I  dân> 


*IjTriie  lecture  est  :  quatre  jambages  surmonte^  du  signe  abré- 
Tiitif4ç  m  et  hen  avue  un  interTnlk  ontre  ict  ^jf.  Faul-il  Hre  membre^}, 
ou  biDn  un  pes  ? 


VARIÉTÉS 


LA  SÂNTO  ESTELLO  A  MAGUELONNE 

Là 27  mai  1900,  vers  lee  dix  heures  du  matin,  k  place  de  la  Comédie 
est  noire  dû  monde*  Les  félibres  arrivent  et  «e  diri petit  vers  la  gare 
de  Pdavas  pour  se  rendre  à  Maguelonne.  Devant  le  square,  on  aper- 
çoit MÏBtral,  Félii  Gra«,  à  qui  de  nombi-eusês  personnes  ee  fout  pM-^S 
a  enter,  H 

Le   train  qui  emporte  les  félibres  s'arrête  aux  Quatre-Canaux  où 
les  attend  un  bateau   pavoisé.  Tandis  qu'il  remonte  lentement  vera  ^ 
Maguelonne,  on  chante  en  chœur  hu  mulomi  de  la  Mémo  Jano.  H 

Le  cortège  félibréen  a  déjà  été  prë«<^dé  d*une  foule  de  personnes 
venues  les  unes  à  pîed,  les  autres  à  bicy dette  ou  en  voiture.  Il  j  a, 
sur  les  vertes  pelouses  de  Maguelonne,  prés  de  trois  cents  personnes, 
disposées  soit  à  se  ranger  auprès  des  long^ues  tables  placées  à  Tombre 
dei  grands  arbres,  soi l  à  entamer,  derrière  les  massifs,  les  provision» 
qu'elles  ont  apportées .  ^H 

Mais  auparavant,  M.  Fabrège^  qui  a  offert  si  gracieusament  sa  pro*^| 
prlélé  pour  cette  fête,  fait  visiter  l'église,  et  donne  à  son  sujet  les 
renseignements  les  plus  intéressants. 

Le  temps  est  magnifique,  pas  un  souffle,  la  mer  bleue  est  calme  et 
muette.  A  midi  on  se  met  à  table  et  chacun  tronve  à  sa  place  rorïgîn&i 
menu  que  voici  ; 

CARTULARt   DE   LA    DINWAIÎA 
0B  LA   SANTA-BSTELLA    MAGALOUNENCA 

21  de  mai  1900. 

APmSSADtSSKS 

Sanisissot  dau  Carsi 
Burre  dau  CJapas 
Caramotas  de  1  eî^tang  de  Tau, 

RELEVÂT 

Boucada  de  Paire  de  Prouvença  à  la  Bella  Magalouna. 
Boni-abaissa  de  las  Cabanas. 


ïNTRACA 


Costa  d^agnêl  dau  Pioch  de  San t- Loup 
Filet  de  bien  de  la  Jarjalhada. 


VARIETES  t3 

ROtlSTIT 

C&pous  e  pîniailaB  dau  maa  de  Fangousa. 

LRGIJK 

Espàrgous  dû  la  Gardiola, 

FUiaiimâ  de  la  Rèina  Jana 

Fragaa  e  deaaèr, 

VINS 

Vin  blanc  dau  Sendlc 
FrouBtignan 
Samt-Jôrdi. 
Sflrvit  à  Magaloana  pèr  Tôt  te  Favier,  de  Mount-Peliè. 

Ver»  ia  fin  da  dîner,  Misti-al  te  lève  et»  tenaat  à  la  main  k  coupe 
d*arg|tit  remplie  de  vieux  frontignau,  il  eatomie  l'hymne  felibréen  : 
Om^  foni^f  qui  est  reprra  eu  chœur  par  toute  l'assUtance, 

Ptûii  c*eet  le  capoulié  Félii  Gr&9,  qui  prononce  le  diBcuurs  aul- 
viat: 

ME^IBâ  B  QAt  CDtJNFRAlKB, 

U  Mar  nous  fai  fôato  e  la  Coupe  felibreneo  eebribaudo  cou  me  un 
S*ni-Soulêu  1 

La  Mar,  La  graudo  Mar  latino  que  uoui  adiigiiè  dins  la  barquelo  di 
b«&  Mario  la  civitUacioun  qut^  de  Prouvèuço  s 'es  espandîdo  8  us  t6uli 
^  Oioundt;  ounte  dardaio  lou  flouliu,  la  grando  Mar  latino^  vuei, 
otndtijo  vord<iuloto,  IubouCo  e  sedoiiso  courre  un  blad  de  printèms 
^  Aouâ  «dus  sus  Tesquino  de  Terso  Sauto  Estello  la  mlraclouso  f 

&emë  Tajudo  do  Sanio  Estello  lamiracbuso,  Saulo  Estel  lomirau 
^  i*mi&,  tourre  à^  pouëslo  e  rouaié  d'amour,  que  lou  FaLibrige  mouuto 
*  ioan  pounlificat  ! 

Nûiio  revoulucioun  se  coumpUs  graudo  e  |tacùfïco;  li  pourtau  do 
1  l^niverstia  an  vira,  noun  sèuso  geiui,  sus  si  goufoun  eurouveli  e  nosto 
dirîiiû  longe  prouvençalo  es  mtrado  coumetiueelarta  dius  Tareoupage 
unirefntàri.  Deman  li  bachcîlié  do  tèuti  U  bacbeleirat*  Us  eatudiant 
*conli?giau  de  uoito  race  rnSejourualo  s'esplicaran  en  protivençau  sus 
^^  literattira  feïibreoco  davana  li  bericle  c  li  tnourtié  estabeuai  dt 
ffoufessour  *:•  t;atedi'aîit  di  faculta. 

^ftludelou  fiéude  Gascougno,  menistro  patrîotOf  que  s^eatènt  rapek 
<iy  éro  lou  vesm  de  Mûutuigntj  e  lou  uouDteirLiu  de  Jaussemia,  it 
Q^Qoora  h  letro  franccao  eufasèni  soud  dro  i  leti'o  prouveoçalo! 


74 


VARIETES 


Mai  lu  revouludoim  Felibrenco,  fftu  que  »e  coumpUgue  fin- qu'au 
bovit;  fau  que  la  daveren,  la  brAaco  diâ  aucèu  ! 

Quanti  li  fîéu  di  bourrés  e  àl  cataUt  ^uand  Ij  !^'ato-|»apié  dis 
ameDistraciôiiû  auran  gagoa  si  diplomo  oû  fasènt^  taat  bèn  que  mau, 
unoversionn  proiiveQçalo,aurenpat)caro  esclapali  grasibo  dôiï  grand 
couvent,  auren  pancaro  aauva  la  lengo  don  nia  de  la  terp.  Kr  pas  Ion 
tout  dti  planta  Taubre,  fau  encaro  douna  la  bono  faturo  e  la  dnidiero 
à  si  racioage^  0  iéu  vous  lou  dise,  Ion  païaan  ea  à  la  racoles  à  Tuma- 
nita  ço  que  la  racÎDo  es  4  Taubrt.  Es  dounc  au  pojjlc,  es  au  païsart  de 
la  terro  qu<>  faudra  durbi  Ion  pourtalet  de  Tescôlo  primàn»  car  es  dôu 
poplo,  es  duu  païsan  que  fau  fîsa  aque!  6utîi  de  la  pensado,  es  au 
païsan,  maDobro  do  Dieu  e  dôu  aoulèu,  que  fau  fiaa  aquéti  trésor  que, 
6(?gound  la  paraula  d6u  Mèstre,  es  eu  la  Patrlo,  ea  eu  la  Libéria  ! 

Messies  et  gai  Counfraire^  sabân  qu'aquéati  darrlé  jour*,  la  flour  de 
de  la  aciènci,  lis  afouga  e  li  saberu,  s'acauipavon  k  Muunt-Pelié  ditis 
riotet'Èsde  l'estùdi  di  Leogo  Rouinano,  sabêu  que»  se  lou  pople  noa* 
a  garda  lou  recaliéu  de  nosto  leogo  d'O,  ea  li  ûbubgue  majouri  en 
quau  dran  vnei  la  capekdo,  qu'an  ajuda^  mai  que  degun,  à  Veapan* 
dimen  dis  obfo  felibreoco  de  nosto  reueissèaço  dioa  loti  mounde 
Biivèut  de  noato  terro  de  Fraaço  e  dis  estraogi  pais;  e  ea  éli,  fau  lou 
dire,  que  iious  an  ajuda  à  buta  li  pourtau  de  rUuiveraita,  e  aara  éli» 
osco  segur*^,  que  tioua  ajudarao  à  durbi  lia  escolo  primàri  à  noate 
pople  dôu  Miejour.  Messies  li  s6ci  di  «  lengo  roumano  •»,  voato 
rnessioun  ea  auto  e  bello»  es  h  vàtitH  de  couoservn  Li«  archiéu  de 
iiueli  tradicioun  ouDte  demoro  eteruameu  vivèuto  la  fe  d\mô  raço 
diu»  souu  dre  de  resta  soubeirano  sus  la  terro  aiénno  I  Es  vùsli 
nebout»  es  vôsti  rtiim-ueboutt  soci  d  aquelo  jitello  dôu  Felibrige  que 
B*apella  la  Soucietii  di  Lewgo  rouaiano,  qu'estudiaran  dins  milan to 
an^  à  couatat  di  tensoun  e  di  aerventt^s  eavaleirous  de  Bertran  de 
Boni,  li  catîsouu  ruatico  d'un  paisan  dôu  Paradou.  Es  vtSsti  ncbout  e 
réire-uebout  que  farau  îa  estudiant  d'alor  lau  raconte  de  nosto 
reneis&ènço^  que  descbifraran  dina  li  erouDico  que  ié  laissaren  ;  îé 
dirau  UQSÛ  luebo,  nÔBti  deafèci,  ûùsti  vitàri,  ie  dir;iD  que  tau  Jour  que 
vuei  sian  vengu  à  Magalouno  en  feato  Sactesteleuco^  et  que  la  Mar, 
la  grando  Mar  lalino^  noua  danaavo  k  i'endavans,  e  dous  aclamavo 
de  la  vouea,  de  tùuti  si9  auaao,  e  que  la  Coupo  felibrcnco  esbrihau- 
davo  caume  un  Sant-Soulèu;  ié  dirau  que  rèn  mancavo  à  noste 
tneunfîe^  ni  l'estrainbord,  ni  lis  adaitiacioun  déu  pople,  ni  même  lis 
eaclftu  insultaire  que  ooutTieu  deaatcna  dins  lou  rcvouluu  de  la  p6uaao 
de  noate  càm,  mai  que  li  prouteatacioun  mesaourguiero  d*aquëli 
vento-bren  latin  èmn  uuberto  pèr  lis  aplaudiiueu  de  la  faulo  e  pèr  lou 
cant  d*aquesta  refrin  nouvèu  de  nos  te  grand  pouèto  nacîounau  : 


4 


I 

I 


VARIETES  75 

«  Ls  maire  Prouvé nço  qB*a  batu  Taubado» 

La  maire  Preuvènço  que  tèn  bu  drap  eu, 

La  pane  a  crebado 

La  peu 
Dâii  rampèu  !  n 

Aprèt  ce  dkcoars,  accueilli  par  les  applaudisaoments  de  la  foule» 
aant  cesse  accrue,  M.  Fabrège  floubaite  la  bienvenue  à  ses  hôtes  en 
ces  termes  : 

TOABT  Dit  M.   FABÎIBGË 

Au  nom  de  la  Belk  Magmlone,  reiauBcitée  dans  la  reine  Marie- 
Tàérèse  ",  â  qui  j' adresse  un  respectueux  et  syrapathique  «ouvenir, 
et  de  Furre  de  Provence,  dont  tout  félibre  est  le  féal,  au  nom  de  vos 
«océtree»  BerDar^i  de  Tréviez ,  qui  a  immortalité  ces  deux  héros 
l^ndairea  du  littoral  dans  le  roman  le  plus  populaire  du  moyen 
Ige,  et  de  Daudes  de  Prades,  qui  chanta,  ici  méme^  la  nature  et  les 
oiaeftyXf  je  rends  hommage  au  suzerain  du  génie  raéridioDaï,  sacré 
pftr  U  République  dej^  lettres,  roi  d'Arles  et  empereur  du  Midi,  à 
Mistral  l  k  Mistral,  qui  a  ûxé  Tidiome  de  nos  pères  et  la  langue  dea 
Troubadauraj  dans  des  monuments  plus  durables  encore  que  ces 
moraille»  cycle péenoci.  chefs- d'oeuvre  d'inspiration  biblique,  d'un 
ch&rme  homérique,  aux  stances  en  vers  inégaux,  mélodieuses  comme 
nu  écho  de  la  Jérusalem  délh-rée  /à  Mislmlj  type  i  o  co  m  p  arable  de 
tjmplicité,  de  dignité,  do  bouté,  personnification  de  la  foi  antique, 
4ê  reapHt  chevaleresque,  de  L'originalité  proven^^ale  et  de  cet  amour 
Ju  clocher,  priaeipe  et  force  du  patriotisme,  et  qui,  au  Munster  de 
Strasbourg,  a  élevé  si  haut  les  afipiiations  indéfectibles 

D'un  viei  pople  fîèr  et  libre ^. 

Mistral  a  ehanté  lia  I/tch  d'Or,  La  plus  fortunée  des  îles  est  au ^ 
jûurd'hui  celle  qui  te  reçoit,  celle  qui  vous  reçoit,  Mesdames  et 
Messieurs,  vous,  illuatre  caj^eulié  et  maîtres  du  gai  tm^oir^  profea- 
leurs  den  antiques  Écoles,  Phonneur  de  l^Ëgliae  de  Maguelone,  et 
représentants  des  Universités  fiationales  et  étrangères,  tous,  dans 
Yfttre  domaine,  sur  cette  terre  classique  de  la  légende  et  de  Tépopée, 
4  h  chevalerie  et  de  la  poésie,  de  la  science  et  de  l'art,  dans  la 
vfaie  patrie  des  Benotl  d'Aniane  et  de  Guillaume  d  Aquitaine,  de 
bcnîard  de  Tréviez  et  de  Raimbaud  d'Orange,  dtt  Guillauuie  Durund, 


Mademoiselle  Ma rii? ^Thérèse  de  Cherigné,  reine  du  félibrige, 
Mislrmlf  La  Coupo  sanio. 


76 


VARIETES 


le  Specii^or,  et  de  Guillaume  Pélicier,  un  des  pèrei  de  la  Retiai^- 
sauce. 

Si  ees  ruines  parlent  à  votre  îmagfin&tion,  si  la  poussière  des 
siècles  se  saulève  porir  forraer,  autour  de  vos  fronts  iospirés,  connme 
une  auréole  historique,  honn*^ur  surtout  aux  fëlibreB  (|ui  prêchent, 
avec  un  zèle  d'apOtre,  la  religion  des  traditions  locales  et  la  dévotion 
deo  francs-parlers.  ■ 

Sénèque  raconte  que  Tempereur  Auguste^  pendant  son  séjour  en 
Gaulij,  éleva  un  temple  à  Cirius,  maître  des  vents^  dieu  qui  fait  la 
iahibrité  du  monde,  êaluhritaim  ûçslL  Ce  mistral  aérien,  n'est- il  pas  te 
symbole  du  divin  Mistral? 

Coinine  ces  gentianea  d'azur  au  pistil  d'or,  autour  de  k  Couj)o 
santo,  primeurs  dei^  Alpes^  cueillie  s  par  de  blanches  mains^  à  son 
intention  \  sa  poésie  étbérée  ne  prend  naissance  que  sur  les  sommets 
de  Ui  [lensée;  elle  ne  descend  jamais  aux  has-fondâ  du  réalism^i  ;  et^i 
en  recevant  les  nobles  passions  de  rime,  ainsi  que  la  brise  rafrat- 
cbiasante  de  la  Méditerranée,  elle  fait  tressaillir  Les  c^urs  d'amouf 
et  d'enthousiasme  pour  doutes  ef  ehiére  Franeû  : 

Pèr  la  glori  ddu  terrai  re 

Lis  eatrambord 
E  l'en  avana  di  fors. 

la  coupe  passe  ensuite  de  main  en  main  et  noua  devons  noua  con- 
tenter de  donner  les  noms  de  ceux  qui  la  haussent  en  portant  des  brimh.  ■■ 

C'est  d*al>ord  notre  président  M.  Léon-G.  Pélissier,  puis  MM,  Jean-H 
roy^  M  ara  aï.  Messine,  Chabaneau^  A  rua  vieille,  Vermenouze,  Mouzin, 
Heuri  Teulié^  le  D*^  Banal,  Autonin  Glaize  qui  dit  les  vers  charmants 
que  voici  : 


LI   CAPRICE   DOU   TBU3 

\    PftSnKRl    MISTRAL. 

Di  caprice  dou  tèma  nH  'a  pèr  perdre  la  tèsto  ; 
L^ome  es  coume  un  jouguet  de  vèire  entre  si  man  ; 
Lou  pegin  déu  diluu  lou  dimars  devèn  fésto  ; 
Ço  qu^'es  facile  vuei  tara  trima  deman  ; 

Lou  tèms  mestrejo  tout:  lou  bon  Dre,  la  Justigo, 
Pèr  faire  flôri  n'nn  to ul-bèu-j  us t  qu'un  motimen  ; 


rudil,^! 


i  M''*  Marguerîte-Blanche  de  Rives,  dont  la  péfe,  art:hèolo|^ae 
a  composù   un    mapniflque  yolumo  sur  quelques   iissus   antiques  et  du 
haut  ntoyen  âge,  jusqu'au  XV'  siôds. 


VÂBÎETES  77 

Ifèii  à  r  escapa  suuq  iinplacablamen  ; 
Courteja  për  un  vent  d^Envejo  û  ée  Mâliço. 

Que  Dotm  veniés.  Mistral,  davant  que  tant  d*etifaQt 

Aguèsaoïm  ôutlida  la  Ltugo  de  si  grand  f 

Per  sauva  lou  Mlejour,  ae  n*aa  pas,  11  Felibre  î 

Fa  tout  ço  que  vouliên,  an  fa  ço  quW  poua^u  ; 
Mai  se  trento  an  polèu,  d*aaard,  ères  naecu, 
Noatre  parlai  sagur,  adeja  aarié  libre, 

4t  Me  soiiveta  trento  an  de  tnai. 
i«  MouQ  orne!  —  Me  diras,  besâ^ii,  — 
1»  Pèr  ma  fe  me  la  baies  bello,   n 
Mai  fau  pas  Ion  prendre  pèr  mau  : 
Trente  an  de  mai,  acù  n*ea  t^u'uiao  bagsteHû 
Pèf  lau  qa'eâ  immourtau, 

r^it  enauit6  le  tour  de  notre  confrère  le  D*-  Marignan  : 


El  FELIBRE  E  3ABENT  ACAMPÂ  A  MOUNT-PELIÈ 
PEK  LA  SANTA- Ë3TELLA 


27  de  mai  1900. 

Aiço^â  tm  li^  sacra,  lei  pouèta,  let  sage, 
Lei  aab«nt,  de  tout  tèma  à  la  âourça  an  begu^ 
FeUbre  d^u  miejonr  segues  lei  bèn  vengUf 
Venès  renouvela  Tan  tique  rounxavage. 

Autour  d*aquel  aourgèiit  mounte  tant  an  trempa 
Sei  hhm  qu'ridèn  »et  d*aiga  liinpida  e  cLara, 
Aiitrafes  sèa  reugu,  e  revenës  eneara, 
îlevenôa,  conme  autour  dau  nls,  vous  acampa. 

Car  Monnt-PeUè  nous  es  una  secounda  mairej 
I,A  maire  de  nosU  araa  e  de  nos  te  ea  périt  ; 
Lou  la  que  nous  pourgè  e  douât  seguèn  uourrit 
Ëâ  aquel  dei  vatèntt  ^^^  fort  e  dei  troubaire. 

Es  aque!  qu'an  begu  Pétrarque  e  Rabelet, 
Es  aquel,  qu'en  pasaant,  tambèn  beguë  Mouliàra, 
E  que  douua  toujaur,  la  bona  nourriguiêra, 
Deaetupiei  iocb  cents  an  que  raja  k  plen  galet« 


78  VARIETES 

E  pendent  ioch  Gents  an,  alar  que  «tii  lou  moatidâ 
Sut  l'uûiver  entier,  lou  ciel  a'era  eecurcii 
Vera  la  pura  clarta  que  raiotmava  uîciij 
Lei  pèlerin  venien  de  pertout  en  aboimde. 

Chacun  acQurrisiiê  dioa  «oaa  r&îve  eneanCa, 
Gerçant  la  fe  prefounda,  e  la  lumiera,  e  l'auba, 
E  chacun  s'entournava  em pourtant  diDB  aa  rauba 
Un  fin  de  la  sciençà  e  de  la  verità. 

Mais  alci  la  sciença  ea  gai  a  e  aena  maliça, 
N 'autre  n*avèn  paa  gèa  daquelei  grand  aabent, 
Que  vous  portoun  aa  testa  anain  qu'un  sacrament^ 
E  donnt  lou  regard  soûl  voua  douna  lajauniaaa. 

Nôstei  aabent  aonn  ^ai,  simple,  e  sens  embarrae, 
Soun  pas»  toujour  inquiet,  penjas  ans  de  cadabre, 
Squu  fil  de  Rabeîet,  cousin  de  Tabat  Fabre  ; 
E  quand  ou  fau,  tembènt  ie  van  d'un  cacalaB. 

E  noateis  eacoulan  1  F  bu  rida  magnifiefti 
Eapèr  de  la  patria  b  dau  siècle  que  naïf 
Savoun  bèn  travailla,  bèn  rire,  aco  vau  mai 
Que  de  faire  à  vmt  an^  deja«  de  pouLittca. 

Maiiï  n'ia  proun,  Ffaire«,  avès,  aid,  toutet  begu» 
Mestre,  eacoiilati|  felibre  à  la  coupa  sacrada, 
Toutei  Goumunian  dina  la  mema  penaada, 
Âdounc  aegueSf  aici,  toutei  lei  bèn-vengu  1 

D'  E,  Majugna^k. 


Les  brinde  terminéâ^  Mistral  ouvre  la  Cour  d'amour  en  chantant  sa 
nouvelle  chanson,  la  Rmjmlido,  que  tous  lea  félibrea  savent  aujourd'hui 
par  coeur. 

Vers  le  âoir,  les  F^libres  furent  ramenés  en  bateau  jusqu'à  Palavas» 
où  M.  le  maire  Po[}(!et,  entouré  du  Conseil  municipal,  les  reçut  et  leur 
offrit  un  vin  d*honneur*  Un  train  spécial  les  ramena  k  Montpellier  à 
l'entrée  de  la  nuit.  Et  lorsque,  vers  les  neuf  heures,  MiMral  et  les 
Félibres  traversèreut  là  ]daee  de  la  Comëdiêf  lea  orcheatrea  des  divers 
cafés  jouèrent  la  Caupo,  et  de  nombreux  applaudissements  les  saluèrent 
au  pââsAge. 

A  1'  ^1  Asfociâtion  des  étudiants  »,  le  Président  reçut  les  Félibrea 


VAftlETES 


7t 


dani  h  lalle  des  fêtea,  et  M.  Marc  Varenae  Jeur  sou  bat  U,  en  gaBcon,  la 
Iir«aT€ime.  A^rèu  un  4i«cours  de  Mietral,  Félix  Gras  cbanta  la  chansoti 
da  M  En  Pètrt, 

Aisâi  se  termiDa  cette  journée  qui  intéreaaa  vivement  les  membres 
et  lei  invités  de  la  Sùciété  des  Longuet  Romanes. 

Henri  TsuLm. 


TROIS  BILLETS  INÉDITS  DE  FR.  GUIZOT 

J'ai  communiqué  jadis  à  la^ru€  Rétroêpeciive  (Nouvelle  série  ^  L  XI^ 
p*  241  sqq.)  des  letires  adressées  au  joiirDaliste  député  Aljjhouse 
Mihulp  ^ar  divers  politiciens  du  temps  de  Louis- Phi  lippe»  Guizot, 
liéiBUMt,  le  cardinal  de  Bonald.  De  Qouvellea  recherches  dans  les 
méinea  papiers  *  m'ont  fait  retrouver  les  iroiâ  billets  suivants  de 
Ouiiuti  adreiséa  au  même  persotiuage^  ul  4U1  ont,  à  défaut  d'autre 
itii}H)rtance,  Tintérét  d'être  les  prenuers  qu'ait  écrits  rhistoriett  au 
futur  KutËur  du  Cartulairede  TAude. 

L,-G.  P. 

I 

A  Monsieur 
Monsieur  Mahul,  secrétaire  général 
de  la  Société  de  la  Morale  chrétiennOp 
Rue  Jacob,  n"  7,  Paris, 

l  me  Hera  triste^  Monsieur,  d'avoir  à  présider  Ja  séance  publique 
d«k  Société  ile  ht  MomU  chrétieimet  et  de  m 'asseoir  à  la  place  d'un 
^mti  ^mh  les  plus  chers.  Je  ne  puis  me  refuser  cependant  au  désir 
qtiô  veut  bien  manifester  le  Conseil^  et  je  m'acquitterai  de  mes  fonc* 
twiis.  Veuilles  me  prévenir  du  jour  où  la  Commission  centrale  se 
réunir*  pour  régler  Tordre  de  la  séance.  Je  ne  manquerai  pas  de 

^H      AgréeXf  je   vous  prie,  rasaitrance  de  toute  ma  considération  et  de 
^H  oioD  iiaeère  attachement, 

^B  OOISOT, 


11 


Vérfjn  ira  vous  voir  ce  matin,  mon  uher  Monsieur,  Vouleï-voua 
me  f«lre  le  plaisir  de  causer  avec  lui,  et  de  vou^  mettre  un  peu  au 

^  Contcrvés  •  la  BibL  de  Carcaiâonne, 


80  VARIETES 

courant  des  affaires  de  la  Revue  de  Paris  qu^il  vous  montrera  ?  II 
faut  les  bien  connaître.  Mille  pardons  de  vous  donner  cette  peine. 
Tout  à  vous. 

GUIZOT. 

Mardi,  10  heures  et  demie. 

III 

Ne  donnerez-vous  pas  quelque  chose  cette  semaine,  mon  cher 
Monsieur  ?  Votre  article  était  excellent  et  a  très  bien  réussi.  Nalle 
part  on  n*a  parlé  si  franchement.  N*auriez-vous  pas  quelque  chose 
à  dire  sur  la  nature  des  complots  et  des  mouvements  carlistes  possi- 
bles dans  les  départements  du  Midi  et  sur  les  meilleurs  moyens  de 
les  prévenir  et  de  les  réprimer  ?  Ou  bien  pourriez-vous  parler  de 
Bordeaux?  Je  vous  demande  de  chercher  vous-même.  Ou  bien  sur  les 
élections  prochaines  et  la  manière  de  les  préparer  bonnes  ? 

Mille  et  mille  compliments. 

GuizoT. 
Mardi. 


BIBLIOGRAPHIE 


I 


L  lltue.  —  Le  livre  de  compUs  rfc  Juciwe  Ùiwier,  marchand  fWr- 
àommtdu  X/K»'  iiicîe,  puhlié  att^c  une  introdutttan.  un  gloxjait'e,  des 
nûtti  ei  dei  tahhs,  tome  ÎL  !■"  partie ;9;kri».  Picard,  1899;  m-H», 

iîe  Yokme  de  672  pages  ne  fonne  guère  que  la  moitié  d'un  ouvrage 
<|Q«  lOD  imporUnce  noua  fait  un  devoir  de  signaler^  dès  maîntenanl,  à 
t'itotioD  des  biatoriens  et  des  philologaee.  L'érudit  auteur^  bien 
wniiu  ^ee  lecteura  de  cette  Retuc^  j  publie  uon  seuleraenl  le  ïivre 
décomptes  (commeucé  en  1391)  de  Jaeme  Olivier;  mais  plua  de 
60  pièce»  inédites,  échelonnées  entre  1175  ei  1311,  se  rapportaut 
t*»iitc»  â  rbistoirc  du  commerce  uarbonuaia,  iilora  ai  flurîssrtnt.  Lu 
«eccade  partie  du  prudent  volume  compreudra  d'antres  pièces  de 
inême  nature,  un  glossaire  des  mots  provençaux  et  un  index  des  noms 
<lt  persQQnes  et  de  liens  ;  le  premier  volume  sera  conaacré  à  T/ntro- 
éÊCitm^  On  sait  aase^^  par  lea  comptes  déjà  publiés^  ceux  des  frères 
B«ûii  et  de  Ugo  Teralb,  par  exemple,  rimportatice  de  ce*  documenta 
pour  rtustoire  économique  et  sociale,  et  il  ne  m'appartient  pas  d'v 
lutter;  ce  que  je  puia  dire,  c'est  que  la  présente  publication  n'oflVe 
pM  ua  Ddoindre  intérêt  liuguiatique.  Le  teite  des  Comptes  est  tout 
^ar  en  dialecte  et  abonde  en  mots  techniques  et  rares  ;  il  en  est  de 
mèine  des  pièces  juatificativea  en  langue  vulgaire  (traitéa  de  com- 
lo^roe,  leudesi  inventaires,  tr  au  s  actions  diverses)  ;  toutes  ces  pièces 
<wtéte  copiées  aur  les  originaux, et  les  épreuves  corrigées  sur  ceux  ci, 
doQl  le»  moindres  particularités  graphiques,  —  surtout  celtes  du  livre 
d«OûiiDptea  —  ont  été  signalées.  Il  est  donc  bien  peu  de  textes  de 
Otgtarequi  se  présentent  au  philologue  dans  les  mémea  conditions 
d« lerQpuieuae  exactitude*.  M.  Blanc  lui-mêmef  dans  une  série  d'ar- 
ticUi  récemment  publiés  ici  mémeÉ  a  montré  le  profit  que  pouvaient 
^r  let  études  proveoçAlea  de  ces  aortes  de  documents.  Il  faut  le 

*  Uf  iont,  en  eiïei,  puiiliés  ordioa ire  ment  par  des  hiatomn^  ou  dea 
flithéglûgae»  qm  âlntéi'tiâsont  plufî  au  fond  dââ  documenta  qu'aux  détails 
dtforakfl^ceui  qu  a  publiées  Moulues,  par  exemple  dans  Tappendico  de  son 
I»^€iUaire  des  avchivei  d€  NarùoJtne^  l'ont  été  ^ur  des  copies  souvent 
difsctueiues. 


8t 


BIBLÎOORàPHlE 


remercier  sans  réserve  de  Vïmima^  labeur  qull  »*€«t  imposé  et 
Boukaiter  ^ii*il  poÎMe  tennin^r  à  bref  délai  cette  trài  méritotre  pubH- 
cation. 

A*  Jbajtrot. 


4 


Deligniërei»  —  Nouveltei  recherdtes  sur  U  Heu  d'origine  de  Baoui  de 
Hutidetic,  Trouvère  du  Kl  11^'  Hick,  précédées  d'un  aperçu  iùmmairt 
mr  U  mouvement  Wtéraire  en  J^ance  à  partir  du  X"^  $iêcU^,  Élude 
présantée  à  T  Académie  d'Amie  os,  dam  la  séance  du  9  février  1901},  par 
M.  Emile  DauaNièmES,  membre  correfpondanL  Amiens ,  imprimerie 
Yverl  et  TelUer,  1901  ;  în-iZ  de  38  p. 

Si  ToEi  reti  anche  de  cette  brochure  lei  général] tes  banales  et  les 
complimenta  aux  «  chers  >i  ou  u  illustres  confrères  n^  voici  c#  qui  en 
reate»  qui  pouvait  être  expûaé  en  qninxe  11  ^es  :  M^  D,  croit  avoir 
découvert  dane  lea  papiers  d'un  antiquaire  amiénoid,  KlcoIaaCollenot 
(1732- 1815),  la  preuve  que  Raoul  de  Houdenc  était  originaire  de  Hon- 
da nt  en  Vimeu  (on  aait  que  la  question  du  lieu  de  naissance  du  vieux 
trouvàre  passionne  et  dî  vite  leséruditi  picards  et  francien  s  jXyUeoot 
racoDte  que,«  enl762f  un  vieux  curé  de  Boudant  en  Vimeu  lui  rentitv 
comme  les  ajaut  trouvés  dans  un  coffret  ancjeu.  encastré  et  scellé 
dans  la  muraille  de  l'église,  de»  (sic)  vieilles  pancartes.  Ces  pièce*  , 
au  sou  venir  de  l'auteur  du  manuscrit^  étaient  relatives  à  réfection  (lic), 
conârmation  des  souverains  et  dotation  de  divers  seigneurs,  et  aussi 
des  espèces  d'obi  tu  aires  et  cueilloirs,  p*  CoUenot  donne  copie  dn  Tun 
d^eux,  pris  au  hasard  et  coûçu  en  ces  termes  :  «  Obît  pour  Raaui  de 
M(/udan^  genii  coniûur^  pour  quoi  rend  sidrachprosi  à  cheans^  sias 
blancs,  trois  œufs  et  deux  foumches^  affecté  sur  manoir ^  ^ardit^ 
couriis  faisant  le  cuing  del  plache*  n 

Il  ny  a  dans  tout  cela  rien  qui  paraisse  suspect  à  M.  D.  u  CoUenot 
était  doué,  parad^il,  d  une  mémoire  remarquable.  (Que  nous  importe 
la  mémoire  de  ColleDot,  s*il  a,  comme  le  croit  M.  D,,  copié  textuelle- 
mcDt  son  original  ?)  Et,  bien  qu'il  ne  sût  guère  écrire  de  bon  style  t 
Sun  activité  et  son  dévouement  à  la  Société  d*éniulation  lui  avait  fait 
décerner  le  titre  de  préaident  honoraire.  On  ue  saurait  vrai  meut  sup- 
poser que  cet  homme  ait,  sans  intérSt,  ou  mû  par  un  aouùment 
exagéré  de  patriotisme  local,  imaginé,  composé  ainsi  de  toutes  pit^ces 
un  document...  » 

«  On  ne  saurait  supposer,.,  «  Voilà  précisément  la  question  ;  car  ce 
sentiment  de  patriotisme  local,  dont  le  faux  on  question  aurait  été 
une  Ttianîfestatjun  ^i  exagérée    h,   paraît  ailleurs   à   M.    D.    h    fart 


I 


I 


I 


I 


BIBLfOGE  APHTE 


Sa 


I 


lOûAbb  »  Cp,  24)  *  et  paraissait  peut-être  encore  plua  louable  à  Col- 
knûtqaà  M.  D,  Etait-il  plus  patriote  que  consciencieux,  ou  inverse- 
tûéûl?  Voilà  la  queatioQ  qu'il  faudrait  résoudre  avant  de  coasîdurer 
ioQ  témoignage  comme  racevable.  Noua  Iti  laissons  voLontlera  aux 
lavaDtA  locaux,  qui  pour  raie  ut  être  en  mesure  da  rai^onatttuer  Irr 
p^cbiogie  du  «  père  CoUenot,  n 

U  prétendue  copie  teitueUe  dudit  Collenot  n'est  point  fiiite  pour 
tûipirer  confiance.  On  peut  affirmer,  a  coup  sûr,  que  les  formes  siofi  » 
Ofitfr  affecU,  ne  se  trouvent  poinl  dans  un  texte  du  XllI™*  siècle. 
El  qu'est-ce  que  si  drach  prùêi  f  Y  a-t-il  là  mauvaise  lecture  ou 
mnkd  rtfi  te  fa  b  rie  a  ti  o  n  ? 

Vntei  encore  quelques  lignes  particulière  ment  piquante»;  <«  Lacer- 
lîlud*  de  l'exiateDce  de  ce  document  probant  parât l  d'autnnt  plus 
gntide,  que  l'extrait  ci-dessuâ  vient  confirmer  Torigine  picarde^  bien 
itérée,  de  Raoul  de  Houdenc  ^  {p.  35). 

Jivoïie  que  je  ne  comprends  plus,  M.  D.^  pour  établir  ladite 
ongine,  «'appuie  uniquement  sur  Topinion  d'érudits  *<  ilont  les 
**iertionii  font  autorité  »  (page  27)  ',  euns  dissimuler^  d'ailleurs,  que 
otite  o^iinion  n'eat  nullement  partagée  par  d'autres  éruditâ,  *it  t'objct 
^  li  brochure  est   précisément   de    trancher  le   différent   par   un 

ament  »  probant  <. 

L'auteur  de  la  Vote  de  Paradis  se  donne  comme  picard  et  la  Foie 
^  Poradts  esl    de  Raoul   de  Houdenc  :   voilà ,  en  réalité,  le  seul 

ïimûni  en  faveur  de  la  thèse  de  M.  D,  —  11  n'ignore  pas  que 
M.  Fried Wagner,   w    docteur  autrichien   »   (page  27),  a   récemment 

Sapé  par  la  base  **  cet  argument,  en  soutenant  que  la  Voie  de 
r}f9tadi$  n^est  point  de  Raoul;  mais  il  n'imagine  que  M.  Frii?dwagner 
n'a  pfl.^  donné  les  preuves  de  celte  assertion.  Ces  preuves^  tirées  de  la 
liQfuê  du  poème,  ont  été  fournies  dans  une  note  de  Tédition  de 
Miroktfts  {page  LVIM,  n*>  2).  M.  D.,  il  est  vrai,  ne  paraît  point  se 
douter  rie  Texistetice  de  cette  éditiotu  On  se  demande  même  comment 
*1  «  |ju  Hgnorer  ,  le  compte  rendu  qu^eu  a  donné  M.  G.  Paris 
préûéd^nt  immédintemeDtf  dans  la  Homaniu^,  les  pages  mêmea  de 
U.  Priedwagnen  dont  M.  D.  a  pria  connuiasance.  Quant  aux 
iJfftitnenls  par  lesquels  il  prétend  écraser  son  adversaire,  en  voici 


*  Cf,  p,  .15  :  *  M.  Vuilborgne  avait  plutôt  intL^n^t  (I),  cf>mmn  habitant 
ftf^a  dff  Beau  vais,  à  chercher  à  rattacher  ce  trouTèri?  à  son  pajs.  « 
U*  D.  prèt«j  aux  autres^  il  faut  i*avouer,  des  états  d*0spril  hien 
iui^liers. 

*  On  e^t  tout  étonné  de  trouver  parmi  eux,  M,  Dinaux,  <*  savant  belge  « 
i?i^t!  !£3)^  et  même  M.  {sic)  Fauchûl  {page  IS). 

'  Tome  XXVn,(pige  307-18). 


S4 


BlBLroaRAPHTE 


UD  spécimen  :  u  II  n'eit  guère  admissible  que  le  même  manuâcnt 
aitrenfanné  les  tEuvres  de  deux  poète»  différetiU  w  (page 29).  Il  est  dou- 
te U3E  (jue  M,  Friodwagner  proonti  la  peine  éo  réfuter  de  a  arguments  de 
celte  force.  —  M.  D.  n'a  pas  remarqué  non  pi  us  que  le  passage  da  Songe 
à^ Enfer  sur  lequel  il  a*appuie^  qui  ne  *e  trouve  que  dans  deux  tuanu- 
scrits  sur  oeuf  *,  est  très  probablement  interpolé  ;  entin  «  que  c«  pas- 
sage même  ue  revendique  nallement  pûur  Raoul  la  paternité  de  la  Yoim 
de  Paradis. 


F,  Walff.   -   U 

[SOpJ, 


rytkmicitè    du    raleiandrin   françaig,    lund^    1900v 


M,  Wulff  est  Suédois  et  veut  i  tout  prix  ritmer  les  vers  français 
à  la  suédoise.  Notre  alexandrin  est  essentiellement  un  vers  iambique; 
il  peut  aussi  contenir  des  anapestes  et  des  péons.  C^ùst  une  erreur  de 
croire  que  le  français  ne  distingue  pas  les  brèves  et  les  longues 
aussi  bien  que  le  latin  et  le  grec^  et  les  Français  n'ont  jamais  rien 
compris  à  leurs  vers.  Us  en  ont  fait  de  beaux  sans  le  savoir  et  d<ï 
laids  eu  croyant  eu  faire  de  beaux.  Chénier  a  gâté  notre  versification 
en  substituant  trop  souvent  le  schéma  anapestîque  au  schéma  iam- 
bique, et  les  romantiques  en  ont  consommé  la  destruction  par  Temploi 
des  péons  et  du  vers  ternaire,  qui  prouve  qu'ils  n'entendaient  rien 
aiix  principes  fondamentaux  de  ralexandrin.  ■ 

Tout  cela  n^est  pas  bien  nouveau.  J'ai  eu  un  professeur  de  réto- 
rique qui  m'enseignait  que  : 


Oiiii  je  viens  dans  son  temple  adorer  T Eternel 
est  un  anapestiquei  et  : 

Je  viens,  selon  T usage  antique  et  solennel 


à 


un  iambique.  C^eat  à  peu  près  tout  ce  que  savait  c^  brave  omme  sous  In 
direction  de  quij'ai  fait  mes  a  umanités  n.  Encore  n  avait-il  pas  eu  le 
mérite  de  celte  importante  découverte;  c'est  un  secret  qu'il  tenait  d*un 
autre,  et,  à  moins  de  supposer  que  cette  trouvaille  se  soit  répétée  à  plu- 
sieurs reprises^ce  qui  n^a  rien  d'invraisemblable,  la  tradition  en  renLonte 
aisément  jusqu'à  la  renaissance.  A  cette  époque  l'étude  du  latin  et  du 
grec  amena  naturellement,  par  Tadruiration  que  ces  langues  suscitaient 


*  M,  Pried Wagner,  Die  Ashhumham-Bandschrift  de$  Songe  (TEnfer^ 
Orsi  »  1898  (^page  15).  (Extrait  do  *  Featscliril"!  mm  VIll  aUgtïii«inen_ 
deutâcban  Neuphilologentage  »  J, 


BlBLIO0RAFmB 


9% 


etitutôot  pMtte  bé«oui  naturel  d«  eoiiï{>îLr:iï»cïii,  à  altnbue*r  vi  fmnçjiis 

Ici  jiTocédës  de»  hio  grues  anciennes,  l*^  \h  tes  tenlâUves  mort-née^  de 
YÈnmemfé^  en  frauçnis.  Quand  ce  besoio  de  cotii parai êon,  dû  à  la 
fieolté  d'<t»*o  ct^i'çfi  de  notre  cerreaa,  est  bieû  dirigé  et  soutenu  par 
an  MPI  critique  afiné,  il  lait  surgir  les  sciences  de  cûmpariûteD  dont 
«éporfueillit  le  XIX*  atècle  ;  miis  loraqu^kl  est  abandonné  à  son  libre 
C(nirs,  il  Aé  laisse  («rendre  à  des  apparence»  trompeuâe*^  à  des  coîn- 
eid«Ae«i  fcij'tuiteâ  el  engendre  les  compaiaisoDs  fausses  que  dqus 
itplofoiis  tous  les  jour«.  C'est  ainsi  que  tout  Français^  ignorant  la 
lin|iiiiiqae,  qui  étudie  l^aUemaud,  déclarera  autement  que  feu  et 
fêiter  lODt  le  même  mol  et  aéra  tout  prêt  à  truter  de  -  itupide  v>^  pour 
empîojtr  lexpreiaion  de  M.  Wulff^  toute  opinion  divergea  le.  C'est 
ùiti  ijoe  Ton  publie  encore  HujourduL  de  gros  livres  où  Fou  compare 
kiiitixe  du  grec  avec  ceUe  d^i  latio  ;  il  est|  parai t-il,  très  remarquable 
<)«ie  4iîi«  ces  deuj:  langues  la  plupart  des  frases  aient  un  sujet,  uu 
verbe  et  un  complémeot,  que  dans  toute»  deux  on  se  serve  d'un  temps 
fïAiwpour  exprimer  le  passé,  d*uu  temps  futur  pour  exprimer  le  futur 
ttle  re«te  à  I  "avenant. 

Pour  en  revenir  à  la  téôrie  de  M,  Wulff»  il  est  facile  d1  répondre.  U 
D*i  4  pas  dlambes»  ni  de  trochées,  ni  d'anapestes  dans  notre  poésie 
p^rçtf  que  nos  pûètrs  n't  en  ont  jamais  mis. 

Qaimt  à  U  distinction  entre  sillabes  longues  et  sillAbet  brèves  en 
fruçiii,  ello  est  trëa  pen  aensible  et  n'a  auctine  imporiance  pour  U 
^^^^iâcfttioD,  11  i  a  en  français  des  sillabes  toniques  et  des  sillabe^ 
AtoQea,  mais  il  est  faux  de  dire  que  les  premières  sont  longues  et  les 
Bêcoudéi  brèves  ;  les  monosillabes  toniques  nu,  cru^  vi/^  pil^  lattes 
€ra((e,jX,  sont  aussi  brefs  que  n'importe  quel  monosillabe  proclitique; 
iUn  est  de  tnême  de  la  sillabe  finale  des  mots  penu^  bourru,  esquifs 
P^tUi*  écarlatét  ûarùtie, projet;  dans  les  mots  en  -aiionj  Va  est  beau* 
^up  l>lus  long  que  la  voyelle  tonique  -on.  Sans  doute  on  peut 
^peler,  par  comparât  son  ^  f<  iambe  i^  un  pied  composé  d'une  atone  et 
dW  tonique  et  tt  anapeste  i>  un  pied  composé  de  deux  atones  et 
UQ^  touique.  Dans  ces  conditions  il  i  a,  au  moins  à  premii5re  vue, 
'^i  (lûa pestes  daas  le  premier  des  deux  vers  cités  plus  aut  et  des 
iambefl  dans  le  second.  Mais  dans  ce  deruierf  dira-t*on  que  «  et 
>^<N  est  un  i^mbe  au  mêuie  titre  que  u  Je  viens  »?  Il  i  a  un  accent 
iÉ^àndaire  suro  sO'>p,  inai^  uu  accent  secondaire  ne  vaut  pas  un  aci^ent 
phniairo.  Dans  le  premier  vers,  il  î  a  un  acceol  tonique  sur  «  Oui  j^ct 
(Î0I  accents  secondaires  dus  àraccentuatii)n  binaire  sur  t^djiDSM,'<  a-»*, 
til'Ë**!,  Ce  vers  contiendrait  donc  beaucouj)  pi ntÔt  quatre  crétiques  que 
«luatre  anapestes  ;  m;ii»  ce  n'est  jamais  que  par  comparaison  que  l'on 
p^ïyrrait    ippeler  ces  pieds   des  crétiques;   ils  présenteraient  même 


8  fi  BIBLIOGRAPHIE 

cette  bizarrerie  incotiDue  aux  vrais  crétiques  d'avoir  la  sillabe  initiril»: 
plus  faible  que  la  fioale.  Et  d'ailleursî  le  fait  de  comparer  un  objet  k 
un  autre  n'a  jamais  donné  nu  premier  lu  nature  du  second.  Si  Ton 
compara  uno  choaetteàim  chat^  comme  Ta  fait  Tétimologie  jiopulaire 
dan^  le  mot  chai-uanl^  il  neu  ré«iille  nullement  qu'une  chouette  eoit 
un  chat, 

M.  Wulir  a  beaucoup  trop  négligé  ristoire  de  T alexandrin  françaia 
ou  plutôt  il  en  a  Imaginé  une  qui  est  toute  de  fantaitie.  En 
réalité  TaEeicandrin  primitif  est  un  vera  sillabiquB^  composé  de  deux 
émiKtlchas  semblables  comprenant  chacun  »ix  sillabes,  dont  la  siïièim 
ehl  une  tonique  et  peut  à  l'occasion  être  suivie  d'une  septi^mi 
dite  féminine*  qui  ne  compte  pai  û&nn  la  mesure.  Et  c'est  tout  ;  il  n' 
a  rien  d'autre  k  ^bej  cher  dana  ce  vera.  Il  s'est  beaucoup  modifié  pafi: 
la  suite  des  temps  et  je  n^ai  pas  à  lelracer  ici  lea  différentes  faseA' 
de  son  évolution.  On  les  trouvera  exposées  dan^  mon  livre  Le  vers 
français^  qui  est  achevé  depuis  longtemps,  mais  n'a  pas  encore  paru 
purce  que  noa  éditeurs  fuient  comme  la  peste^  dana  le  doitifttne  dea 
lettreii,  tout  ce  qui  a  Faspect  acienlifique,  et  réservent  exclusivement 
leur  mauvais  papier  aui  romana  senfiationnela  et  aux.  tartinea  lit(é- 
rairea  vieux- jeu,  . 

M,  WuIfT,  d'açeord  en  cela  avec  la  plupart  de  nos  h  éminents  w 
critiquées  littéraires,  ne  sent  paa  lea  vers  français;  c'est  la  meilleure 
dei  conditions  pour  ne  pas  les  comprendre.  M.  Wulff  va  de  nouveau 
me  reprocher  d*étre  <«  sévère  »  ;  lea  raisons  de  mon  jugement  sont 
pourtaut  bien  ^ioipleâ  :  il  se  acandaliae  des  critiques  que  l'ai  adreanéet! 
à  ce  vers  de  Lamartine  : 

Tombe  sous  son  douxfardeaUp 

donc   il  ne    sent  pas  qu'elles    sont    méritées,    tl    écritt    [k  62» 
M.  Rostand  voit  probablement  un  ternaire  dana  le  vers  suivant: 

Une  chanaon  qull    fit  bleasa  quelqu'un  de  grand. 

Or  il  est  de  toute  certitude  qu'une  pareille  idée  n'a  jamais  pu  verni 
à  Tesprit  de  M.  Rostand.  Autant  dire  que  ee  vers  de  Racine  dal  un 
ternaire  : 


I 


Le  flot  qui  rapporta   recule  épouvanti>. 


«  Que  n'a-t-il  pas  été  écrit  en  prose  î  ^*  dit  M.  Wutif  de  Cifrano 
Que  nVi't41  traité  du  ritme  de  la  ])roael  dirions-nous  volontiers  de 
M.  Wulff;  car  il  paraît  avoir  étudié  de  très  près  la  prononcialiou  du 
français  et  il  a  d'excellentes  lignes  (p.  6,  11  et  12)Bnr  la  h  rjth 


1 


aliou  m  H 
^thmisa^^H 


BIBLIOGRAPHIE  P7 

tioa 0Q  airière  K^c'eat-à-dire  sur  raccent  second njre  <îrt  à  Vaccentu- 
«tioD  bînaii'eet  aur  les  déplacemeaia  de  eût  acceiït. 

Maurice  Ghahmont. 


I 


» 


W  Md^^r  Lûbltet  Die  Betonung  Im  Gallischen,  —  [Siisungsherichte  der 
Kf^tsAkitdetfiîe  def  Wissenschaffen  in  Wivn,  PhiL  Hiitt.  Clftsse^  Banë 
aiUI,  IL],  71  p.  ïn-S%  Vienne,  1901.  (En  dépôt  à  la  Librairie  Cari 

Qmid  fiuy 

Uoiémoira  de  M.  Meyer-Lûbke  est  une  Importante  contribution 
à  U§olaLîon  d'uQ  problème  qui  eitcrce  depuis  (^uelrjuc  teinpa  la  Hïig^- 
etté  des  romaDtstes  et  doâ  celtistes.  M,  Thumejsen  a  Attuebc  son 
nm  k  une  théorie  d*après  laquelle  «  les  Gerraaina,  lei  Celles  et 
le*  îtilioles  ont  cela  de  communs  qii*à  Topigine  la  syllabe  initiale 
de  ton t  lea  mots  portait  l'accent.  »  (Cf.  Rh.  Muséum  XLlll,  349.) 
H.  M.  L.  ïidïnettait,  dans  sfi  Grammaire  dejs  Langues  Romança ^  que 
liççeattitition  gauloise  diff'éiaitt  k  la  vérité,  de  raccetitualion  btine, 
oiiii  il  se  refusatt  à  admettre  que  Laccent  fût  tmiformément  9ur  la 
i^llah» initiale.  II  revient  sur  cette  question  après  îivoir  rusaemblé 
un  copie uï  materiaî.  Nalurellement  M.  Meyer-Liibke  appuie  8a 
tbéorie  surrétude  des  noms  propres  de  lieu,  Sans  se  perdre  dans  les 
^ébils,  il  prend  Kjs  principaux  groupes  et  en  étudie  les  divers  repré* 
lenhûiâ,  ^oQi  n'avons  pas  besoin  de  dire  avec  quelle  rigueur  et 
<|Ut:It  s^crupules  scienti^ques  cette  étude  est  eonduite.  M,  M.  L.  a 
réfliimi^  ses  con^^luBious  dans  les  lignes  suivantes  :  ic  Leâ  noms  de 
lieu  ^iatitoia  portent  presque  toujours  Taccent  iur  rîivunt-dernière 
»7liabe,si  la  voyelle  4e  cette  syllabe  est  longue,  ^ur  Fantépéuultième, 
ii  la  voyelle  de  ravaut-xtarnière  syllabe  est  brève.  On  ne  peut  dé- 
ntôfitrer  dans  aucun  cas  que  Taccent  portait  aur  la  quatrième  syllabe.)» 
(P.  54*)  C'est  aux  celtistes  à  nous  dire  ce  qu'ils  pensent  de  ces  con* 
cMons:  ils  auront  fort  à  faire  pour  les  infirmer^si  Ton  songe  qu'elles 
^rtantf  non  d'un  raisonnement,  mais  de  rexainen  rigoureux  d^envi- 
tïH  cîùq  cents  exemples.  Nous  nous  contenterons  [lour  notre  part 
Je  quelques  critiques  de  détail.  —  P.  8  :  écrire  Tonfiûrre  au  lieu  de 
ÎWjwmw,  P.  9  :  à  côté  de  Esera^  de  Grégoire  de  Tours,  il  faut 
iMiin  les  forojes  /j^ra,  iâfern,  £«erfi,  de  Frédégiûre.fCf.  Haag,  Dk 
leUniti^i  I^edegar»,  §  23) t  Bsera  de  Venantiu^  Forhifuthm  (éd.  Léo) 
Vi!,  4,15,  qui,  elles  iiussi,  supposent  l'accentuation  imra.  P,  14: 
Àrkê.  M,  M.  L.  abandorjne  lu  théorie  qu'il  uv^it  soutenue  d'abord 
{Bom,  Grtim,  1,  498),  à  cause  de  la  forme  ArléL  II  aeee|^te 
»4as  entliougiiasme  ,  à  ce  qu'il  semble  ^  VexpUcation  de  M  A. 
îboDQas  {dûrfie  aie  Ërklarung.,»  das  ricbtige  treffen).  Cette  dernière 


88 


BIBUÛGHAPBIE 


doDJie  beaucoup  d'importaoce  à  un  Eionitaatif  dans  la  fonoatioii  d^un 
nom  de  lieu ^  Lr  première  expUi^atiQn  de  M.  M,  L.  rendait  compte  d# 
toute»  lei  forme*  (même  à  la  rigueur  d*Ariéi,  où  il  n'y  avait  qu'à 
Hiippoier  un  déplacement  d'accent),  maiail  fallait  admettre  une  fois 
RU  moina  V An/ftngêhetonung .  Au  reste,  ce  mot  a  eu,  dé»  la  période 
latine^  au  moina  trois  formea  :  Arelate  u.^  ArtloMÎ.^  Arêlatuê  (toutes 
trois  daoa  Georges  Lat  d.  WUrt.),  On  trouve  ArkUo  dan»  Frédé- 
gaire,  75,  14  (ed,  KruschJ- 

P.  15:  Ligericcun  ]>  Loiret  N*y  a-t-il  paa  eu  au  moin»  cottfuBÏon 
de  îecu-fUu  ?  P.  16.  11  me  paraît  inutile  de  aouger  à  une  étymologie 
populaire  pour^lront/e  (fleuve)  <^  Âronna.  M,  M.  L.  se  demande  sH 
j  a  eu  diasimi  lation  de  nn  en  nd  après  la  tonique  :  la  réponse  ne  sau- 
rait être  douteuse.  C'est  eu  s'appuyant  sur  cette  dissimitation  que 
M,  W.  Foerster  tire  Gironde  de  Garumna  (Garonna  dana  Itin. 
Burdig.  éd,  P,  Geyer  3,7;  Geronna^i  îeronna  dans  Frêdégaire, 
(cf,  HftAg,op.Cïl.)  et  cette  étymologie  est  bien  plua  vraisemblable  que 
celle  de  Gareninna  (p,  56),  dont  M.  M,  L.  se  défie  d'ailleurs.  Cf.  sur 
Girmde.  Zeiiachrift  fur  Rom.  P/ii7.1896,  p,  265  (M.  W.  Foerater  y 
cite  lexemple  de  Oronna  ^  A  ronde.) 

P,  \$:Cahôrê  est  l 'orthographe  officielle,  mais  la  pro  non  ci  a  don 
locale  est  Câus  (quelque  chose  comme  angl .  Cotoes)  ;  même  phénomène 
que  dans  pentur  (  <^  pauore)  passé  à.pàu. 

P.  27.  La  forme  Hebrmn^  de  réditîon  Wesseling  (lire  665  au  lieu 
df»  Si%6)  n'est  pas  reproduite  pur  le  dernier  éditeur  P.  Geyer,  qui  a 
pourtant  suivi  le  texte  de  P.  Il  a  Hebriduno  [îtin.  Hier  os,  â,  25). 

P.  29.  Aux  représentants  de  Lu^dunum  on  peut  ajouter  Mùuh' 
îegun  [vîlla;^e  de  l'Aude;  formes  citées  Moniittuiun^  Mon^^iin) ave& 
un  ^  paragogique. 

P.  42.  M.  M.  L.  reprend  l'étymologie  de  chêne  qull  rapporte  à  coi- 
sanu»^  i^omme  il  Tavait  déjà  fait  dans  sa  Grfim.  des  Langues 
Romanes. 

P,  47.  Lent  ans  us  na  peut  pas  donner  Limoux  eo  languedocien. 
Pourquoi  ne  p<js  y  voir  un  représentant  de  la  t.  Untosus  (cf.  luiosa^ 
p.  19)?  Lîmùsa  f  orurn  désigne  dans  Pline  des  lieux  marécageux 
(cf.  Georges)  ;  le  locatif  Lrrïi^s/s  ou  même  tout  autre  cas  (sauf /i>îio.*ff) 
donnerait  la  forme  actuelle.  La  situation  de  LimouéG  sur  les  bords  de 
l'Aude  rend  celte  étymologie  vraisemblable. 

P.  53.  AâéiMe  est  représenté  dans  la  prononciation  locale 
AisâL 

P,  54.  M,  M.  L.  a  des  scrupules  à  admettre  la  dissimilation 


I 


I 
I 


ïale  par  ■ 
rn  voca-  I 


h 


I 


aiBIJOGRAPHIE 

^m  tfe  e  ctana  Airebatss^  maia  le  groupa  tr  joue  bien  son  rôle  pour 
Adliter  relte  diBsimilatbn, 

Itiid.  Comnieot  Argêniauo  doo&â^l-il  ArgentalP  H  y  aeu  confusion 
Ab  itiffiie  ? 

F^  fiO.  Lùdévo  (avec  un  e  fermé)  ne  rend  pas  eiacteraent  la  pro- 
iiotiaatioïi  locale:  je  snis  peut-être  pour  {juelç|ue  elioae  dans  cette 
îûnactîtude  t  Ve  est  bien  fermé  et  la  forme  renvoie  sans  aucun  doute 
à  Lnilua:  mais  Tw  protonique  eat  aujourd'hui  qu  (aUemaad  u)  et  lee 
doitèlre  remplacé  parmi  è,  d'où  Lowdeèo  '. 

J.   AKGLiU>E. 


RoKAHu,  XXIX,  3  (juillet  190O).  —  P.  32L  Ovide  DeusuaiaTiu. 
But  rttUémtion  du  c  îaim  d^ant  ej^  dafts  fe*  langues  romanes,[S&va.i\t 
méflioire  où  sont  réunis  les  faits  qui  appuient  ropinion  émise  par 
M,  G.  Paria»  dans  V Annuaire  de  VÉeoîe  pratique  dûs  Hautes  ÉUides 
pwtr  Vonnée  1893^  que  »<  le  c  suivi  de  e^  t,  avait  eonaervé  sa  valeur 
d'tiploiive  lourde  eimple  jusqu'à  une  époque  relativement  assez  ré- 
e«iïte  et  qu*on  ne  trouve  aucun  exemple  d'une  prononciation  altérée 
«it  ee  son  avant  le  VI"  siècle  eu  Italie  et  avant  le  VU*  siècle  en 
Cmk],  -^  R  334,  R.  Menénder,  PidaK  Elimologias  upafioiuê  : 
o^jàtsnc.  eap.),  acufftray  (aiic.  urv.]^  aledaûo^  aîtozano,  antuzaîw, 
OKiiga,  armatosÈêt  ^azt^mar,  azuzar,  basura^  bodigo^  hret^a,  camélia ^ 
f^iMUa^  cerrojû,  cihieîta  (aatur.)»  cebilla  (santand.),  cohndra  (astur.), 
^(/ronàel,  coUaio,  colwnhrmr,  corambrCt  cudîîlas ,  chkhôn,  ckiùn, 
^Wt.  chiëfé,  eëcabeehe^  enridar  [anc.  esp.),  em^amacho,  e^amujo^ 
^Kamfmdo,  escantmujo^  majttelfi,  escorro^,  escosa,  esûripia  {aslur.), 
ftciidir^  tstrago  {n^^,)fesitragal  l^àtiiSind.  astur,),  estropajo, /orga;m 
{lilar.),  gâchas,  gclfm,  gol/Oj  grienêt  grulla^  hcjaldrey  jakar^  i«^" 
(wirfaL),  Jamêlgo  [anéni.) ^  jilgueroj  pint€tcilgOr  lecina  (arag.)^  lorOt 
^mltcùt  Jtiifigdf  bieldo^  mùs^encOfnetnigaja  (anc.  eepj,  Gr^ndadù^ 
*»fmtk,jmr  diez,  jf^'iguera,  peldoflo,  pulgar  (astur.)j  ncadia,  recaia 
«Bc.  €sp.j,  rtçel  (aûc*  esp.),  recorro  (anc.  esp.),  rematart  tetmile, 
•"Wierfir  remeir  ^anc»  esp,),  roano,  rùgot  armego  {arag;),ntrio,  iangut' 
j«ia/a,  aanguja,  n^irdà,  neiîaMé  (astur.),  serôja,  nerondo,  neffia,  ^eia 
(»nc.  eepOï  tùnada,  Hmlki  {anc.  eap»),  tolondro,  tr(ifjiitai\  trcchar,  tm- 
chuelh^redêffa m bre,  t^licûm en,  verijn j  sfM^im  ( aat n r) ,  gengo^  mtg mda t , •  en- 


*  Pt  3â:  c'est  pat  erreur  que  r  de  prov,  fteja  est  accentué;  p.   37: 
M/onni^ttf*  iu  lieu  de  hnlanniquts;  ji,  5*3:  1.  M.  Grammout  ;  ibid^ 


90 


BIBLIOGRAPHIE 


gar  (anc  oap.)-  —  P-  380,  F*  Lot.  Le  rai    Hoël  deKerahè»^  Ohèt,  lô^ 
vieil  barbé^  ^«  w  chemim  d'Ahèx  »*  «i  Z«  vUk  th  Carhakc.  [  L'auteur*™ 
cherche  à  pfécifiei-  tes  liens  qui  existent  entre  le  roi  Hoël,  de  Petite* 
Bretagne  (p^re  d'Iseut,  Tamimte  de  Tristan),  Ohè«*  «<  le  vieil  biubé  »>, 
seigneur  de  Kerahôa  (du  roman  d'Aiquint  la  princesse  Ahès.  à  qui 
le  peuple  attribue   les  vieiiïes  routes  de  Bretagne,  et  le  non)  niéme 
de   la    ville  de  Cafhaix,    en   breton    Kêr-Ahes,  qui  serait,  d^apî>è*:fl 
M.  Lot,  la  transcription  bretonne  de  ewitas  Ommiorurn  (Ohès^OMmmi 
on  Osismio»}:  la  disparition  des  Osiëimi  aurait  induit  à  imaginer  un 
roi   ou    nn    J*eigneui%  Ohès,    dont    Carohèa  (Carhaix)  aurait  tiré  son 
nom), — P.  403,  Paget  Tojnbee.  Bemmuuioda  Imola  andih^  îliad  and 
Odyssej*  [Ben venu to  emprunte  une  partie  dei    citations  d*HomàrôpM 


qu'il  a  insérées  dans  son  commentaire  de  la  Divina  eomûdia,  à  la  tra- 
duction latine  de  Léon  tins  Pilatus,  i^ue  son  ami  Pétrarque  a  dû  lui 
communiquer  :  le  reste,  il  le  doit  sans  doute  à  son  maître  Boccace. 

MÉLANGES.  —  P,  4 Iff-  G,  Paris.  La  Ugettde  de  h  meilk  Ahés. 
[Peut-être  ce  nom  cache-t-il  le  nom  ûe  quelque  déesse  gauloise  à 
laquelle  on  aurait  attribué  la  protection  et  même  la  constniclbn  dei 
routes  (^oj,  ci -des 's  us).  L'idée  qu'an  j^ersonnage  d\me  longévité 
ce]>eudant  exceptionnelle  renonce  à  des  constructions  commencées 
(on  simplement  projetées),  à  cause  de  \&  brièveté,  qui  lui  est  soudain 
révéiôe  (ici  par  la  rencontre  d'un  merle  mort),  de  la  vie  humaine  en 
général  et  de  sa  vie  en  particnlier,  se  retrouve  dans  hi  légende  de 
Mathnsalem,  assez  répandue  au  mDven  âge.  Les  raisonnements  et 
li/s  textes  apportés  rendent  la  thèse  très  vraisemblable |. —  P.  224,  E. 
Kitter.  Une  prétffndne  mmiitm  dé  l'Archanl  arîêsUn,  [Dans  le  testa- 
Tuent^  de  Î422,  du  cardinpil  Jean  de  Brogny,  cité  par  M*  Sîichier  (In- 
troduction aux  Narbonmik,  n.p.LXXxni),  d  s'agit  d'Ârchamp  (Haute- 
^MVoie)].  —  P.  425.  Ch.  Bonnier  Cn  nouveau  témoiffnage  de  îu  ehan- 
Hon  tîê  Bumn.  fil  se  trouve  dans  le  Reaioi"  du  Paon^  de  Jean  Brise* 
barre,  eonjposé  vers  1330],  -^  P.  426*  G.  Paris.  Labamire.  [Dana 
VEscou0ê,  de  la,  hmutm  1728  (rimant  avec  auirêê)  doit  être  corrigé  eu 
de  làhamlrt  ^^  alabostrum,  par  aphérèse  de  Va  ;  de  même,  dans  la 
Rfmiajïdé  Troie  {  vv.  14-560,  14,844  eE  2Û.(y05)t  il  faut  lire  dt  htbft&^ 
Ire  en  rime  avec  empioâtre^vt  menUi^Hlre.  Pour  une  aphérèse  setijblable, 
on  pourrait  rapprocher  benus  ^  ebenua].  —  P.  429.  G.  Paris,  Oâterin 
[Non  de  oHtrmn,  mais  du  g^rm,uttêt^  est  ;  le  sens  est  non  u  de  pourpre  n 
ou  "  étôff*^  de  pourpre  u^  inaii  i*  étoffe  provenant  d* Orient  n], 

CoMpTKS  KENDuâ,  —  P.  433-  F,  G.  MnhL  Les  origines  ramafWJt, 
Biiidâs  sur  le  hxique  du  latin  iful§aire.  [A.  Thornus:  résumé  de» 
cuncliisîonM  des  15  articles  qui  composent  l'ouvrage;  le  rapporteur, 
tout  en  refu^^ntd'âccepterbi  thèsefi^vontede  M.Mohl  (voye^  t,  XLUL 


I 


I 
I 


BIBLIOGRAPHIE  9t 

Urmàu  da  fasckul^  d*avnl)f  read  hommage  h  ses  brillantes 
^iditée  m  h  son  érudition  étendue],  —  P.  438,  H,  Schurhardt,  Huma- 
nnde Etymolùçien^  II.  (^,  Thomaa:  réserves;  M.  Th.  n'admet  ^ms 
/wrkfecoainae  oiigiae  de  irouvtr  et  «'en  tientà  *lrâjyârtfj,  —  P.  440. 
G,  Leiép  i*#«^  sttbittantifB  postverbattx  dans  /«  iangtie  française. 
[ij.  Piris  :  c'esl  \e  sujet  qu'avait  étudié  Egi;er,  qui  coasidéfiiit  à  tort 
(comme  M*  Leué  lui-méin^)  les  ooras  tirés  dei  verbes  «an»  Taide  de 
tuffiwf  Comme  fomida  parajjQCope  de  llnfînitif  ;  tJ'Bvail  tnéritojre,  bien 
(jne  M.  G,  F,  a'iicceple  pas  rûpinion  de  Tatiteuï'  sur  le  mode  de  for* 

0ti  dêi  noms  verbaux,  que  M.  L.  a^peile  pf^xtverbau^.  M,  G,  P. 
âinai  sa  maDièfe  de  voir:  «  îe  sujet  partant,  ayant  noté  le 
ni|}port  €ntre  e^mlt^i;»!  et  les  diverses  foriiies  du  verbe  dont  rînfînitif 
6il  û3nfâr«,  a  créé  pour  d'autres  verbes  des  substantirs  ayant  le  même 
ftppofl  avec  les  formes  correspondantei  de  cea  verbes,  et  coratiie 
eaUum  avait  raccent  des  formes  rhiîto toniques  f  ^  avec  l'accent  sur 
le  fa()icaï\  il  a  instinctivement  donné  à  ses  créations  cette  même 
foTOit  a.  C'est  la  vérité  même].  —  P:  445.  Rudolf  Tobler,  Diis  attprû- 
tmisiische  Version  der  a  Dtsiteka  catonîs  ».  [P*  Meyer  ;  quelques 
oofrechoQs  à  ce  texte  mutilé  et  difficile  sont  proposées  par  le  rap- 
prteur,  qui  a  publié  if  y  n  cinq  ans  des  fragmenta  du  même  texte, 
ànï  Qoe  petite  partie  seulement  correspond  à  ceux  de  M.  R.  Tobler]. 
—  P.  447*  A,  Vidal  et  A.  Jeanroj,  Compies  consulatre»  d'Albi. 
fP*  Meyer:  éloges,  quelqueis  critiques  de  détail^.  —  P.  45 L  Matteo 
"tf  toïi .  Ue  ber  e  ine  St  udtêureî  se  *  ur  Erfa  rscJt  un*f  des  AUro  ma  n  têch  en 
Bitioiatienf.  [M.  Roquer:  fwviitablel.  —  P.  452.  V.  Heury.  Lea-iquc 
^mohgttfue   iks  termes  (as  pi  us  usueh  du  tireton  mmlerne.  [A. 

Bas:  éloges,  quelques  observations  et  rectifications!.  —  P,  453. 
ondauce;  lettre  de  M.  (t*  MoJb  h  M.  Marins  (toques  ci  réplique 
if  «llui-d.  —  P.  464.  Chronique.  —  P,  470.  Livres  annoncé»  sotn- 
wtirement. 

^  —  P.  489*  A.  I^nguon.  Un  vesU^e  de  Vépopêe  mérocin- 
§mm:  la  ehfinson  de  Vahbé  Dfj gober i,  [Aui  noms  de  Floovant 
llimé  des  quatre  fils  de  Cïovîs)^  de  la  fameuse  reine  tiruuebaut,  de 
Dtgobert  1**^,  de»  deux  premiers  Clovis  et  des  deux  premiers  Clolaire, 
**»«  chronique  latine  du  XI h  siècle^  écrite  par  un  moine  de  Pontlevoy, 
pinnet  de  joindre  celui  de  Dagobert  II,  qui  vécut  de  (350  environ  à  679, 
comme  ayant  servi  de  sujet  à  des  chansons  de  geste,  M.  L.  appuie 

■cipalemeut sa  thèse  sur  les  noms  propres  Gnj^mwrfïts  ^  Grimaud, 
fr«n^"Ni*e  de  GrimoaM  (le  mfiirp  du  p^Jnis  ipii  nv^ït  cnffTti^é 
dttu  mn  cloître  Ipjeu^e  fils  de  Si^ebert  Hl)  et  Eduardns,  trnnscriijtion 
liQtlerienre  de  Chddcbertus,  HildehfU*tMS  (le  UN  ûv  Gnnio.ild  mis  pur 
loQfitfre  sur  le  trône  d'Austrasie;  |.  —  P.  5(>1.  l£.  Oaltier.  Mtf  ranima, 


9Î 


BIBLIOGHAPHIE 


[L'auteur  dëmoti(re  rorigine  byzantine  de  plusieurs  miracles  ou  contes 
dévots  du  mojeii  âge»  qui  nous  sont  paiTeous  soit  en  latin,  soit  eu 
français.],  —  P.  528.  P.  Meyer.  Le  Psautier  de  Lamberl  fe  Bèffue, 
[Ce  psautier  appartient  au  Musée  britannique;  le»  noms  de  Muinis  qui 
figiîrent  dans  le  calendrier  prouvent  qull  e?t  d'origioe  liégeaise  et 
certains  traii*  parlieulierfl  qu*il  présente  sont  dus  à  Lambert  le  Bèg-iie, 
le  foodateur  âe9  Béguines.  En  effet,  au  v»  du  f^  7  est  une  luiniatura 
{reproduite  ici  en  phototypie)  avec^  en  tâte,  ces  deux  vers: 

Cist  prndotn  fist  prumiere  î'ordne  de  l>egina(^^ 
Les  epistles  saîn  Poul  mist  eu  nostre  lengage; 

et  iur  une  banderole  qni  a*àtend  d'un  bord  à  Tantre  de  la  mima.ture| 
on  Ht: 


Ge  8ui  ichis  Lambera^  net  tenei  pas  h  fable. 
Kl  fonda  sain  Crieopble^  ki  enscri  cesie  table, 


don^ 


et  au  T°  du  même  f^  se  trouve  une  cnrieute  table-caïendrieri 
M.  P.  Meyer  a  découvert  Tingéuteuît  mécanisme,  qu*il  expose  d'nne 
façon  fort  claire;  enftn  aux  f*'  9  r«  et  10  r*  on  lit  deux  pièces  en  vers 
français  de  douze  syllabes,  relative*?  la  première,  à  la  Nativité  ;  la 
seconde,  à  la  Sépulture  et  à  la  Héaurrection  dti  Sauveur,  qui  sont 
impiimées  à  la  fin  du  mémoire.  Un  court  appendice  présente  quelc|ues 
observations  sur  VAntif^raphum  Pétri  adressé  à  un  *'  Lambertu^, 
presbyter  de  Tectis  '►  (Theui,  diocèse  de  Liège),  qu'on  a  peut-être 
eu  tort  d'attribuer  à  notre  Lambert^  *icîrivant  sous  le  pseudonyme  de 
Potrus.  ].  —  P.  546   C,  Salvîoni.  A  proposito  di  amis.  j 

Mklaî>!GE3.  —  P*  559,  Pûget  Toynbee.  Tarlnr  chGtst  {Inforfm^\ 
XVI l^  14-17).  [Parlant  de  la  peau  bigarrée  de  Geryon,  Dante  dît  qne 
les  étoffes  des  Tartares  et  des  Turcs  n'ont  pas  de  plus  nombreuse;; 
couleurs  soit  pour  le  fond,  aoU  pour  le  dessin.  Les  étoffes  dites  tar- 
tares, au  moyen  âge  (a»  fr.  tartairej^  étaient  des  étoffes  de  soie  fabri- 
quées en  Chine,  mais  tran&portées  à  travers  ïes  pays  soumis  4  la 
domination  tartare^  D'après  le  commentateur  Casini,  êommeue^  dam 
le  texte  en  question^  désignerait  le  fond  uni^  ^ftpprapoêie  les  applica* 
tioûs  de  couleurs  et  de  figures  variées.]  —  P,  564.  A,  Longnon.  Zrf« 
dettis  CoffuillarL  [Le  traducteur  de  Josèpbe,  qu'on  confond  ordinai- 
rement avec  1^  pootc  rémois,  serait  3on  père],—  P*  570*  A.  Johnston, 
DêPek^pmeid  ûf  latin  f*  in  tnncan* m(^xite  aW-mento  forme.  —  P.  574. 
H. J.  Cuervo,  Aaidia.  [  Ce  mot,  qui  figure  dans  tous  Ira  diction- 
nftîfes  an  sens  de  a  espace  de  luciole  t»  (commune  dnns  les  Indes Oeci- 
dt*ntfilea,  en  particulier  à  Cuba),  nVst  nullement  espagnol  :  il  est  dû 
à  une  en'eur  d Interprétation  d\vn  passage  de  Vllistûrm  dû  Indian  de 


IP 


BIBLIOGRAPHIE  93 

Herrcm,  où  il  ett  qutitioti  du  cùcu^o.  —  P.  578.  Ch.  Jarel,  Norm. 
e£iféf  »  mettre  hora  de  soi,  troubler.  »>  [  Ce  mot  est  d'origine  scau- 

Comptes  hkkdus.  —  P.  579.  For^hungen  zttr  ronmniscken  PMh- 
h^.  [M.  G.  Pans  fait  un  caiDpte  readu  élogieui  de  c^s  onse 
pémûirea  offerts  k  l'éminent  romaDÎate  Hermann  Suchier,  à  Tocca- 
iioadu  25"^  anniversaire  de  son  professorat]*  —  P.  586.  W.  Bruckner, 
Charakieriêtikdergérmamsth^  Ekm^ntê  im  Jtalimkchen  (C.  J  .Cipriani  : 
ébgetavec  quelque»  re  a  tri  cl  ions  tîe  <îétaH).  —P.  589-  E,  Waïbeigt 
k  Biitiaîre  d€  Phiiippé  de  TTiaûn  (G.  Paris  :  favorable  ;  eorreciioris 
lisez  nombreuses  proposées  à  ce  texte  difficile).^  P.  593,  Ed.Cuoke 
Armstrang,  k  ChtralieT  à  réjtét  (G.  Paris  ;  asseE  bon  travail  ;  le  texte 
p^uimi  être  encore  amélioré;  la  partie  la  meilleure  de  m  travail  est 
ût\h  qui  est  consacrée  à  Fétude  comparative  des  trois  ou  plutôt  des 
^uiétémeals  dont  se  compose  le  récit  et  qui  donne  occasion  àTémi- 
n«ni  critique  d'eiposer  ses  vues  piopies  iui  Ja  façon  dont  est  traitée, 
^m  It  poème,  la  curieuse  aventure  attribuée  à  Gauvain).—  P.  (300. 
Ih  Ko w 61  et  Ad.  Bireh'Hirschfeld,  El  Ubrode  ha  onxiemploê  M  Conik 
Lucamr  «I  de  Fatronio^  de  Juan  Mauuel  (Maria  Goyri:  édition  meiï- 
leuftt  que  les  précédentes,  mais  non  définitive).—*  P. 602.  F.-G.MohU 
Xûliî  rectificative  à  propos  du  rapprochement  du  mavrti  do  Vienne 
et  du  U4VRTB  archaïque  de  TuBculuni.  (Voj.  ci-deiaus,  au  compte 
«Mil  de  XXIX,  3).  —  P,  604.  J.  Loth,  Le  mm  tk  Carham  (observa* 
tiaDB  sur  Tarticle  de  M,  F.  Lot  sur  Lt  roi  Hoèî  de  EerahèB,  dans 
Bmûnia,  XXIX,  380   etiuiv.j.  —  P.  605.  Réponse  de  M.  F.  ï,ot. 

PfeMOniQUKS*  —  P.  61 L  Stut^  di  FUalogm  romança,  vol,  VUl 
[P.Meyer),—  i\M3.ZÊiîschri/tfi£r  romamache  Phihhgiê,yiXiU,2^3 
(G.  Paris).  —  P.  616.  Zeïtiichrifi  fiir  franzësim:he  Spmche  und  Lite- 
Tfitttr,  XÎX,  2-  partie.  XX  et  XXI  (A.  Jeanroy).  —  P,  630,  Bulletin 
hùkmqm  et  philvhfjiqm  (années  1896,  1897, 1898).  —  P.  623.  Sechâtêr 
Mreëhsrichl  du  Ir^atilats  fur  lîtifumninche  Spra€he  {Rumœniâck^ft 
Sf:mimtr)sit  Léip^iij^  heraus^ej^eben  von...  Prot  D*"  Gustav  Weigand 
[M.  Roquei  :  ce  volume  contient  l'étude  de  M.  Weigand  sur  les 
Samoteh-und  Theifssdmlekte  et  la  tin  du  Codex  de  la  famille  Dimonie  \ 
ftiflis  ta  parti"  la  plus  importante  est  Vlstiri^rumœniiehei  Oloamr^  de 
11.  Arthur  Byhan).  —  P.  624.  Chronique.  —  P.  628.  Livres  annonces 
•oinmairement, 

Léopold  CoNstàKs. 


CHRONIQUE 


Le  coMeté  RéoîONAUSTE  DK  TOULOUSE,  On   QOiis  prie  d'insérer 
communkfltion  suivante  : 

Le  Comité    régionaliite   fondé  le  18  février  ileroier  Bt;    propose 
d'organiser  à  Toulouse,  le  25  mai    protLaîn,  uo  Congrèe  régional i s tô__ 
où  Baront  discutées  lea  queetione  qui  Jntérieseenl  plus  Rpêcklement  liH 
Midi*  La  dale  duce  Cougrè»  coïncide  avec  îe«  lêtee  de  la  Saoto- 
Ëatèlo^  qui  vont  se  eélébrer  k  Pau^  h  lundi  de  ]a  PentelfÔte^  et  pennet 
mum  de  Tèunîr  â  leur  pajsaage  les  féltbreâqiu  se  rendront  4  cette  fête. 

Le  CoDgrés  se  divisera  eu  troiâp&rtieâ  : 


d 


L  —  Déceotralisation  adndnifftrative  ; 
IL  —  Décentralisation  économiqtie  ; 

IIL  ^  Décentralisation  intellectuelle  :  1**  Emeiffnement't^PŒuare 
de  Vinitiative  privée  dans  le  domaine  des  Lettres t  des  Scienceê  et  d^$ 
ArU  :  Le  Filibrige. 

Nous  avons  pensé  que  voua  ne  rester lejs  pas  indifférent  à  cette 
réunion  et  que  vous  tiendriez  à  j  participer.  Des  billets  de  cbeniln 
de  fer  Â  moitié  prix  seront  délivrés  tinx  congressiites  qui  en  feront 
la  demande  au  Comité. 

Nous  vous  prions  instamment  d'envoyer  votre  adhésion  avant  le 
15  avril,  date  de  rigueur,  soit  à  M.  Armantl  PravieLj  secrétaire  du 
Comité  réglnnaliate,  9.  rue  de  TUniversité,  sent  a  M.  BKRTHOrMlKtr, 
trésorier,  rue  Denfert-Rochereaut  15. 

Seuls,  les  adhérents  nu  Congrès  pourront  participer  à  ses  travaux 
et  y  fiiire  deH  cutnmunicationH. 

Ce  droit  de  participation  est  fixé  à  5  francs. 

Veuilles  agréer,  M.j  nos  civilités  tonfraternell es, 

André  SotruRiiL,  capÎ8col  de  \Eacolo  Mawidim  ;  J^Félieien  Oaimv, 

«ecrétwire  de  La  Terro  d*Ov:  Armand  Peavirl,  directeur  de  VAm^ 
L'itine:  Bené  DE  Maeans,  rédacteur  à  L'Ame  Latine;  Charles  Dk- 
uiusTE,  directeur  <le  la  Rei^uç  ProinncMe  ;  Marc  LAFATiGtTK^  homme 
< \ <i  lettres  ;  Al pb onse  M  o U Ll  N  J  K ft^  d  ire cteur  de  L 'A  ri  Méridian al  ; 
Ikron  DÉHAZAUs  de  MoktqailLârd,  directeur  de  la  Rt^ue  des  l^jré- 
tféta  ;   Emile  ChnTkiuikG^  eorreepondant  de  rinstitnt,  secrétaire  de  U 


N 


GHBÛNIOUE  95 

d'Archéologie  ;  Edouard    Pb[vat^    ar€hîvîfftô-piiléogm{ïlie  ; 
LiRYS.  directeur  de  GalUa;  Q,  Beethoumieu,  admlnifitrateur 
La  Terro  d'Oc. 
Ont  déjà  Mlhéré  ; 

Haorice  Baebks;  H;  Beauquihr,  dépoté  ;  De  BEADREPAiRE-FROMgNT, 
réducteur  en  cîief  dt;  La  Tradition;  J.  Chahlkï^-Brun,  decrétiiîre  de 
la  Fédéntîon  Région  al  îste  frac  ça  i  se  ;  Camille  Cu  A  base  AU,  professeur 
de  Littérature  romane  a  rUoivermté  de  Montpellier  ;  L,  Coustasîfî, 
t^rofesseur  de  Littérature  romane  à  rUnivereité  d'Aix;  EmtDaniirl 
DelboUSqU ET,  Gaston  JoDfîDANNE^  félibre  nmjoral  ;  Joachim  GAfiguËT, 
dircL'tciir  du  Pays  df  France  ;  Ch.  Lz  Gofi'jc  ;  Bené  Grivabt,  secré- 
tiire  général  de  FUnioD  RégioDaliete  bretoone  ;  Emile  Poûvjllon  ; 
Ckrltia  Râtieu,  félibre  majorai  ;  L,  Xavier  db  Ricard,  prémdenl 
de  II  Fédération  Régioualiste  françaiee  ;  F.  Mistral, 

U  Gartulaxee  de  MaoîIELONE,  —  Deiii  membrea  de  rAcadénùa 
diiRCiences  et  lettres  et  de  In  Société  archéologique  de  Montpellier^ 
M,  F,  Fabrèqe,  le  «avant  et  brillant  écrivain,  propriétaire  et  historien 
de  raiitiquL*  nathédnde  de  Magudone,  et  rérudil  urthiviate  dtî  dépar- 
t«mçiit  de  l'Hérault  et  de  la  ville  de  Montpellier,  M.  J.  Beuthelé, 
^éiîiieni  d*eotrepreodre  la  publtcation  d'un  des  manuBcritd  lee  plu^ 
îiûfMîrtaQts  lié  ooftiin'iiivee  localea,  le  {hrttdaire  de  Maguthme^  recueil 
t^  iiï  énormes  in-folios»  consîitué  au  XI V^  siècle  et  qui  contient  prèa 
dt  ikuji  mille  cinq  cmts  dorjUîtifnlt^  ri:latrfg  aux  dJIféreutes  localités 
f^ompriees  dans  Tan  de  n  diocèie  de  Montpelher. 

On  J  trouvera  Thistoire  seigueiErîale,  eedêmastiquei  commerciale, 
iK  etc%f  de  la  plupart  des  botirgî^,  villages  et  mas  de  notre 
mdîieeinent,  depuis  ïe  XI*"  sièclo  jusqu'au  XÎV^ 

tÎDe  disfaîne  de  paléogT«phow  et  d'auxiliaires  ont  été  enibrigadés 
potir  h  préj>aratîon  de  cette  CBUVre  considérable.  Nous  l itérons 
d*bonl  quelque»  anciens  étudiants  du  cours  de  paléographie  de  la 
Fjk'ulté  des  lettre!^,  nolamintnt,  M.  B.  GailhabDj  docteur  en  droit, 
bilfliothécairc  universitaire,  et  M.  Maurice  Tkissieb.  diplôrj>é  d'études 
•tipérieufes  d'iiistoire.  L*Uuivereité  dt?  Montpellier  ih?  trouve  muH 
pijerwi  dette  de  rei»on naissance  ïi  M.  FAnUKGE  qui^  en  tant  <le  cir- 
CaaAtaaces,  et  notammeot  lors  di'  la  fondation  de  Tlnstitut  Rouieson- 
Bertrand,  lui  a  tçjuoigné  une  synipathie  ai  dévouée.  Meotionnona 
«ûcore  la  collaboration  de  M.  Talibé  I^on  CAfSAN,  archiviste  dîncé- 
sus,  qui  publie  en  vo  moment,  dan  h  les  Mémftirr.^î  de  It  SomèU 
ûfthéologique  de  Montprlliei'  [en  coHaboration  avec  M.  Piiul  ALAUf^, 
•adea  archiviste  du  dépiirtement  de  l'Aude,  et  avec  M,  iliYNîALj 
profevseur  à  la  Faculté  de  droit  de  Mantpellier)^  les  cartulaires  des 
abbayoe  d' Alïiaue  et  de  8aint-Guilhem-lâ-Déeert, 


île 


CHBONIQUE 


La  publtcaticra  dn  Chriuiaire  de  Ma^uelme  formera  une  quinzaine 
de  volamea  iii-4".  Le  texte  des  doctiiiiente  sera  accompagné  de  Dotea 
hiHtoriqiîeft,  topographiqnea,  etc.  Cbaque  volume  aéra  muoi  de  tables 
chronologiquea  et  méthodiques.  PI  UBÎeiirB  cartea  y  seront  joint  es,  qui 
prësenteroot  la  recouitituticm  de  Taucieu  dioeéae  de  Montpellier  au 
moyen  %&. 

Aucune  de  nos  SociétéB  savantes  ne  disposant  d©  ressources  assez 
consid  érables  pour  pouvoir  se  hiucer  dan  a  une  entreprise  ausai  impor- 
tante^  iï  semblait  que  ce  vaste  manuscrit  dût  toujours  retter  înaccôB- 
Biblo  au  grand  public.  Grâce  à  la  munificence  de  M*  Fabrége,  le 
Car tid aire  tfeni  bientôt  à  la  portée  de  tous  les  amis  de  notre  histoire 
locale.   L'érudition  moDtpdliéraine  a  trouvé  son  Mécène, 

(Le Midi  Mont^in.) 


4 


Mot  nouveau.  -^  Quelques  lecteurs  de  la  Revue  ont  s&ns  douta 
remarqué  un  mot  nouveau  que  les  journalistes  sra ploient  volontiers 
en  parlant  dea  affaires  d'Allemagne;  c^st  le  mot  tnondial :  politique 
tnondicUe  traduit  WeltpolàihAÏ  ne  paraît  pas  dater  de  loin,  et,  quoi- 
que! soit  difficile  de  prédire  aa  fortune,  il  n'j'  a  pas  de  raison  pour 
qu'il  ne  prospère  pas!  Lea  diplomates  furent  moins  bien  inspirés^ 
quand,  ij  y  a  quelques  années,  il  nous  gratifièrent  du  Hinierîand  ; 
\\  leur  aurait  été  li  fitcik  de  dire  arrière-pays, 

J.  A^GLADB. 


Le  Oéra  rt  l  rmponèah  le:  P .  H  a  M  kl  l  fî  * 


ONOMATOPÉES 
ET  MOTS  EXPRESSIFS 


I 


On  appelle  ùnomalopées  les  mots  dont  la  son  imite  celui 
de  Tobjôt  qu'ils  désigoeot.  Les  unes  aont  vouluei,  comme 
$hugiou^  frou'frou^  tktac^  c'est-a-dire  qu'elles  n'ont  pas 
dWlre  origine  que  F  imitation  même  d'un  bruit  de  la  nature. 
L«i  autres  sont  accidentelleâ,  c'est-à-dire  qu  elles  ue  dot 
fent  leur  valeur  imitAtive  qu'à  l'évolution  fouétique  normale 
d*ua  mot  qui  n'était  nullement  onomatopéique.  Tel  est  le 
Tôrbe  vba,  fnëhan  n  souffler  n ,  qui  a  toutes  les  qualités 
oécessairea  pour  peindre  le  sou  Me  et  remonte  à  une  forma 
iiiBïîireagive  prégerm-  * pnek-,  cf.  gr,  nvétù.  Dans  la  pratique 
ileit  souvent  inutile  et  i!  serait  parfois  difficile  de  distinguer 

^    ces  Amt  catégories. 

^  Le8  poètes  ayant  généralement  senti  avec  nne  remarqua- 
ble intan  site  et  souvent  utilisé  avec  boneur  la  valeur  espres- 
iîv€  des  mots  dont  noua  ellons  nous  occuper^  nous  citerons 
mtintes  fois  à  l'appui  de  nos  explications  des  vers  où  ils  l'ont 

^L     aile  en  relief  et  renforcée, 

r 

^B       L'onomatopée  n'est  jamais  une  reproduction  exacte^  mais 

~     QQe  approximation.  Les  sons  du  langage  ont  certaines  qnalitéa, 
ie«  brnits  de  la  nature  en  ont  d^autres,  et  les  uns  ne  peuvent 
pis  recouvrir  strictement  tes  autres.   Un  musicien  qui   vou- 
drait reproduire  le  bruit  du  tambour  au   moyen  d*un   piano, 
luv.  —  Mar»-ATrd  tyOL  î 


98 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


n'arriTerait  jamais  qu'à  l'imiter,  qu'à  faire  quelque  cbose  qui 
en  don  Gérait  ridéê;  son  oeuvre  ne  serait  qu'une  adaptation 
et  à  proprement  parler  une  traduction.  De  même  lorsque 
nous  reudoBS  par  une  onomatopée  un  son  extérieur  nous 
le  traduisons  en  notre  Iiuigage*  On  peut  même  dire  qu'il  i  a 
une  double  traduction;  non  seulement  nos  organes  émet- 
teurs de  soES  traduieent  à  leur  manière  les  données  que  leur 
fournit  notre  oreille,  mais  déjà  Toreille  avait  iîiterprété  et 
traduit  les  impressions  qui  lui  parvenaieut.  Le  mot  coucou 
reproduit  assez  bien  le  eri  de  Toîseau  qu'il  désigne.  Ud  soir 
que  j'entendais  un  coucou  répéter  son  ehant  monotone,  j« 
priai  un  de  mes  amis  de  IV coûter  avec  attention  et  de  me 
dire  si  c'était  bien  coucou  qu'il  entendait  ou  quelque  autre  son.  M 
»  Alors,  me  dit- il,  tu  voudraU  que  le  coucou  ne  fasse  pas  cou- 
coul  —  Je  ne  veux  rien  du  tout  ;  écoute  et  dis-moi  ce  que  tu 
entends  ».  Au  bout  d'un  instant  il  me  répondit  qu*ilentexidaitfl 
bien  coucou  *  à  n'en  pas  douter  n  et  qu'il  trouvait  d^ailleurs 
ma  question  assez  saugrenue.  «  Saug^reuue  tant  que  tu  voti- 
dras  ;  je  prétends  que  tu  n'entends  que  ou-ôu^  c'est-à-dire  la 
même  vojelie  ou  repétée  deux  fois  avec  une  légère  différence 
d'intonation,  mais  aucune  occlusive,  aucuu  €  devant  elle  «  u 
Après  quelques  minutes  il  était  convaincu  que  j'avais  raison. 
Mais  pourquoi  avaît-il  cru  entendre  ro^f^or^  jusqu'au  moment  m 
oin  je  l'ai  averti  qu'il  ni  avait  pas  de  c  ?  Parce  qu'il  avait  des  f 
abitudes,  comme  nous  en  avons  tous;  purce  que  dès  sa  plus 
tendre  enfance  on  lui  avait  appris  que  le  cri  de  cet  oiseau 
était  coucou  f  et  que  son  oreille  prévenue  n'avait  jamais 
entendu  autre  cbose  ;  parce  que  d'autre  part  il  u"* était 
guère  accoutumé  à  prononcer  deux  fois  de  suite  la  même 
vojelle  sans  consonnes  et  que  coucou  était  d'après  nos  abi^ 
tudes  rinlerprétaUon  et  la  traduction  presque  obligatoires 
de  ce  qu'il  entendait.  En  e£fet  si  quelqu'un  imite  à  quelque 
distance  au  moyen  du  mot  coucou  Je  cri  du  coucou,  son  imi- 
tation se  confondra  absolument  avec  le  vrai  cri  de  l'oi- 
seau^ parce  qu'à  un  certain  éloiguement  nous  confondons  les 
occlusives  ou  même  noue  ne  les  percevons  pas  du  tout  ;  de 
là  notre  abitude  de  les  restituer  dans  les  mots  que  nous  re- 
connaissons et  d'en  supposer  dans  les  autres.  Dans  ces  sortes 
de  suppositions  ce  n'est  pas  le  asard  qui  nous  guide  ;  ainsi 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


99 


I 


lieri  d'un  oiseau  que  Too  entend  om-oii,  c'est-à'*lire  à  pôti 
prèi  le  nom  tlu  grand-duc  et]  alieniHDd  ùhu,  na  saurait  être 
Irdtiit  poupûu^  boubou,  toutou^  doudou^  ni  même  gougou;  ee 
HTimiX  ée  mauvaises  tradactions.  Le$  seules  ocelusives  que 
oouisdpposioDS  naturellement  devant  une  voyelle  sont  celles 
quioBt  le  même  point  d'articulation  qu'elle.  Les  introduc- 
trices normales  de  la  \oyeile  vëlaire  011  sont  les  occlusives 
vékires  j  et  g^  ;  mais  cette  dernière  comporte  une  sonorité 
qai  eit  eicellente  pour  rendre  la  réso nuance  prolongée  d'une 
cioebe  dans  Tonomaiopée  ding-dong^  mais  qui  serait  ici  une 
tUi»*irféiaLiofl.  La  sourde  €  [q]  convient  donc  seule  absolu- 
ment»  et  coucou  est  une  traduction  irréprochable. 

Le  mot  ikt(w^  désignant  le  bruit  que  fait  le  balancier 
d'oût  pendule,  mi  un  autre  exemple  fort  instructif.  Si  Ton  se 
Dieteti  face  d'un  balancier  et  qu'on  Técoute  en  commençaut 
iu  moment  ou  il  bat  à  gauche  oe  entend  tk  tac^  tic-tac  ;  ii 
l'OQ  cesse  d'écouter,  et  que  Ton  recommence  au  moment  où 
il  kt  à  droite,  il  semble  que  Ton  doit  entendre  tm^ik^  tac-tic. 
B  û-®ïï  est  rien:  le  balancier  fait  toiiyours  tic^tac^  tic-tae^  ce 
qm  montre  bien  que  par  i^e  mot  (tc-tac  nous  ne  reproduisons 
]>»* exactement  le  bruit  du  balancier;  nouâ  crojons  entendre 
tit-îQc  parée  que  c'est  là  ee  que  nous  nous  attendons  à  en- 
tendre, et  si  nous  essayons  de  changer  Tordre  pour  entendre 
iQC-tiç  nous  entendons  encore  tic*lac  parce  que  ïa  force  de 
ribitude  domine  les  impressions  de  notre  oreille.  Et  pourtant 
Ikim  est  une  excellente  onomatopée;  le  balancier  fait  en- 
l^Qdre  en  réalité  deux  petits  bruits  sec  h  qui  forcément 
diffèrent  un  peu  F  un  de  Tautre;  c'est  cette  différence  qui  est 
niirf|née  par  la  modulation  que  produisent  les  deux  vojelles 
têts.  La  répétition  de  ct'S  deux  aillabes  analogues  qui  com- 
meûc^nt  et  ânissent  de  même  marque  que  le  bruit  est  répété. 
Ui  deux  voyelles.  extrêmenieiH  brèves  et  sèches,  peignent 
bien  un  bruit  bref  et  sec.  Celte  qualité  est  encore  accentuée 
par  les  deux  occhisives  sourdes  qui  ouvrent  et  ferment  chaque 
^llabe»  C'est  donc  une  onomatopée  parfaite^  mais  ce  n'est 
pat  une  reproduction  exacte  des  bruits  qu'elle  imite. 

Si  c'est  Tabitude  qui  nous  contraint  à  entendre  tk-tac^ 
fQ*eft*ce  qui  a  déterminé  ceux  qui  ont  créé  le  mot  à  ranger 
ftos  deux    sillabes  dans  cet  ordre    plutôt  que   dans   Tordre 


leo 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


ÎDversef  C'est  uu6  autre  abîtudê  beaucoup  plus  générale  qui 
domine  tous  les  mots  à  redoublement  de  formation  purement 
onomatopéique.  Quand  ilâ  ne  sont  pas  eonstituês  par  larépé-__ 
tition  pure  et  simple  d^une  même  sitlabe.,  comme  coucou^  rôn^M 
roUf  ijkiughu,  cri a^î,  Ih  ont  une  apofotiie  spéciale  (ct\  Grum- 
mont,  La  dtssimiialimi,  p,  HO),  absolument  indëpendHiite  de 
l'apofonie  ordinaire  dei  langues  indo-européennes,  et  qui  veut 
que  leurs  vojelles  toniques  soient  toujours  /,  a^  oi*,  sans  que 
cet  ordre  puisie  être  interverti.  Queli|Ut;fois,  mais  rarement. 
Va  est  remplacé  par  o  ouvert,  vojelle  de  valeur  à  peu  près 
équivalente ,  comme  nous  le  verrons  plug  loin.  En  voici  quel- 
ques exemples:  ir^  pif'paf,  pif  paf-}muf^  —  Inm-boum^  èim- 
ùam-knum^  —  flic- fine,  flic- fine  ^  —  cnc-cmc,  cric-croû, —  cH>ciac  ; 
-*  ail.  pmpfiMfimHy  —  pi(fpa(fpuff,  —  flickftack,  —  ktippklapp, 
—  kiii^chklfîfsch^  —  npsrufs^  -*  s  kwippscfiwapp^  —  îirum- 
iàrum,  —  klimperkldmpef\  —  kiingklang^  —  singmng; 
angl.  critidù-tTaddier  —  widdle-waddie. 


II 


Lorsque  Victor  Hugo  a  écrit  ùnn^  i\'apuicon  !!  : 

Le  fiùt  sur  le  flot  se  replie» 

il  n'a  pa-i  voulu  il  ire  qu'un  flot  se  replie  sur  un  autre  une  fois 
pour  touteSf  mais  il  a  fait  sentir  trcii  nettement  que  les  flot^ 
desuccèdL'Qtet  se  replient  les  uns  sur  le^  autres  continuelle-  fl 
ment  etd*une  manière  indéfinie.  De  même  dans  lus  onomatopées 
leredoublement  à  la  propriété  de  su|^^géier  Tid^H!  if  un  bruit  qui 
se  reproduit  d'une  façon  continue  et  un  nombre  de  fois  indé- 
terminé (cf,  La  dimm  fiât  ion  ^  p,  164   ^qq.).   Ou  bien   le  bruit 
qui  se  répète  est  toujours  à  peu   près  identique  comme   celui 
que  dèHïgtient  lea   mots   fr*    gloughuj  ronron^   murmure^  gr.  M 
^a^â^ùi  M  je  bé^iùea,  ou  bien  il  présente  une  certaine  modu»  " 
iittiou  comme  ceux  qui  sont  traduits  par  lea onomatopées  cric- 
crac.  pifpaf'pouft  him-èam-ùoum. 


I 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS  ÎOÎ 

lU'est  d'ailleurs  Dullement,  iiuiifipeuâable  que  la  répétition 
pûfte  sur  one  sillabe  tout  entière  ou  stir  un  gï'QU[^e  de  eon». 
Dmscei  émiatiche  de  la  fable  Lt  coche  et  la  mùuekn  : 

Ta,  vient,  fait  Fêmprêâsée, 

rallîtéraliôn  du  v  qui  commence le^  deux  premiers  motu  a  suffî 
à  Lst  Fontaine  pour  rendre  en  quelque  soi  te  maïérielîementsen- 
sïbleâragîtation  ©t  \e9  allées  et  venues  continueliea  de  la  mou - 
eli6*  Il  n'en  faut  pas  darantaga  à  un  mot  qur  désigne  un  bruit 
pour  devenir  onomatopéique  et  (aire  sentir  que  ce  bruit  «ti 
reflète.  Tels  sont  la  plupart  des  motî*  a  réduplkatimi  f/risée 
[Dmimiiûtwn^  p*  168  sqq.}^  comme  lit  Ifamàéti  a  grommeler  », 
burèéti  <[  bégayer  »,  lat*  Mbm  <i  bègue»,  ^t,  jSopÇi&i  h  je 
boupdûûne  »,  v.  irl*  bahléïr  u bavard», lit,  biaùûris  u  bavard  »»» 
tfjiûrm  tt  dindon  »,  gr.  tirap^ç  a  faiiïan  «,  fr.  caqueter,  tinte- 
mmt,  haràoter,  gargomi/êr.  Le  fouème  dont  îa  répétition  fait 
onomatopée  n'est  pas  nécessatrement  une  consonne  ;  il  peut 
aaiii  hlen  être  une  vojeUe  comme  dans  ce  vers  de  M.  de 
Heredii  ; 

Et  Pfln,  raîentisBÉïfî^  ou  précisant  la  cadence. 

C*t9t  le  cas  pour  le  mot  moiiotone  dont  les  trois  ù  semblables 
peignent  si  bien  ua  bruit  identique  répété  indéfiniment;  dans  le 
^^IrHquetii  les  deux  i  jouent  un  rôleé^aiement  suggestifpour 
(tu  bruit  d* une  nature  précise,  celui  qui  résulte  de  Tentre- 
ohoquement  des  armes  &  ceux  qui  sont  analogues  à  celui-là. 

IHaut  ajouter  qu*  un  mot  peut  dé^i^ner  uu  bru  il  répété, 
«omroe  ail.  plaudern  «  bavarder^  caqueter  n,  kHrren  «  clique- 
tii  Vf  sans  faire  aucunement  sentir  '|ue  ce  bruit  est  répété; 
nXvai]tt?n  lui  aucun  fonèrae  répété,  il  ne  présente  H  en  qui  puisse 
suggérer  l'idée  de  la  répétiuoo,  D^autre  part  un  mot  peut 
pûfséiler  plusieurs  fois  le  même  ^on,  voire  la  même  sillabe, 
>tai  exprimer  en  rien  la  répétition  si  T  objet  désigné  ne  com- 
porte pat  cette  idée.  Tels  sont  lat*  teter  n  noir  »,  att,  Tcrr^rûtç 
•  ^^&tre  »,  fr,  bourbar^  encens ^  angl .  pickpùçkef  «  filou  n  *  La 
r«^péûiiou  des  fonèmes  n*est  donc  expressive  qu'an  puissance 
«l  Bs  valeur  ne  vient  en  lumière  que  si  Tidée  ciprimée  la 
compart«« 


IÙ2 


ONOMATOPÉES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


m 


Noua  aîons   vu   qu'une  onoEnatopée  comme  pif^paf-pouf 
Contient  una  moduîatioa  produite  par  son  aftofonie  vocalii^uê. 
Chacune  dessillabea  de  ce  mot  constitue  ausii  une  onomatopée 
monosillabique  servant  âdésig^ner  un  brait  unique;  mais  ellâs 
ne  s'emploient  pas  indifféremment  pour  o*importe  quel  bruit- 
Ainsi /îi/ peut  désigner  celui   que  fait  un  cbien  de  fusil   en 
s*âbattant  sur  la  cheminée,  paf  celui  d'ua  coup  de  fusil,  pouf 
celui  de  la  chute  d'un  oname   qui  tombe  sur  ion  derrière*  Si 
Ton  nous  disait  'lu'un  ^ac  de  farine  en  torabanh  par  terre  a 
fait  pif,   nouâ  demanderions  Immédiatement  comment  il  a 
bien  pu  produire  un  bruit  aussi  insolite.  C'est  donc  que   lea 
différentes  vojelles  ont  pour  nous  des  valeurs  spéciales.  En 
effet  lea  voyelles  sont  des  notes  variées  qui  impressionnent 
diversement  notre  oreille.  Les  unes  sont  des  notea  aiguës,  la» 
autres  des  notes  graves,  les  unes  sont  des  notes  clairest  les 
autres  des  notes  sombres»  les   unes  sont  voilées,  les  autres 
éclatantes*  C^estla  disposition  des  organaâ  buccaux  né^iessaire 
pour  leur  émission  qui  détermine   leur  qualité.  Totites  celles 
qui  ont  leur  point  d'articuiation  sur  la  partie  antérieure  du 
palaii  sont  des  vojeUes  dairûs^  à  savoir  i,  û,  ^,  é,  eu  fermé  [o^ 
comme  dans  le  mot  feu}.  Parmi  ces  ?oyelids  claires,  les  deux 
qui  sont  te  plus  fermées  et  qui  se  prononcentle  plus  en  avrant, 
ri  et  Tû,  peuvent  être  mises  à  part  sous  le  nom  de  voyelles 
aiguës*  Toutes  celles  qui  se  prononcent  sur  la  partie  posté- 
rieure du   palais*  ou  au  niveau  du  voile  du  palais,  ou  même 
plus  en  arrière,  sont  des  voyelles  graves.  Il  i  a  aussi  lieu  de 
ranger  ces  dernières  en  deux  catégories,  et  de  désigner  par 
le  nom  d'édafantes  Va»  \'o{o  ouvert,  comme  dans  le  mot  eorpg)^ 
Veu  ouvert  (é,   comme  dans  le  moi  peur)*,  et  par  le  nom   de 


>  TI  ne  fflîil  pas  s'étonner  de  trûuTcr  dans  deux  classes  différentes  Vtu 
fermé  (o)  &  Vftn  ouvert  (é},  C'est  par  suilo  d'abiludes  dues  à  la  pauTreté 
de  noire  âiriib<!L  que  Ton  a  ana  tendance  à  considérer  Vé  &  Vé  d'une 
part,  Va  ik  Vé  d'i^ulr^  part  comme  de»  TojeUea  à  peu  firès   semblables. 


ONOMATOPÉES  ET  MOTS  EXPRESSIFS  )0a 

simibres  Vu  {ou)  et  Vu  {o  fermé,  comme  dans  le  mot  clos).  Les 
TOjrellea  nasaïes  «ont  toutes  camme  voilées  par  la  nasalité, 
maîi  appartiennent  d^ailleurs  chacuQê  à  la  même  classe  que 
la  vojelle  orale  qu'elles  ont  pour  aubstratum  :  i " ,  û*  sont 
aigus,  ^°  est  clair,  a^^  d°,  e"  iont  éclatautB,  o*  ,  u"  iont 
lombres. 


Let  voyelles  aiguéei,  i  &  û,  sont  uaturellemeDt  propres  à 
exprimer  des  bruits  aigus,  comme  noua  Tavona  vu  tont  à 
l'euro  dans  ronomatopëe  pif;  il  en  est  de  rréme  de  Tonoma- 
tôpée  pim  ^ui  désigne  le  bruit  du  marteau  frappant  sur 
i*eûcîome.  Le  crùcri  ou  grillon  domestique,  que  les  Lituaniens 
Appellent  czyçzys^  fait  un  bruit  aigu  et  strident  ;  il  en  est  de 
même  du  tri-tri  ou  bec-ôgue*  Aîgu^  appli<]ué  à  un  son, 
possède  une  voyelle  claire,   puis    une   voyelle  aîguë  qui  le 

Ir#udenx  très  expressif;  lat*  aculun,  d'où  il  aort^  était  iuex- 
pressif.  Si  ce  que  désigne  le  mot  cri  ^e  distingue  avec  tant  de 
précision  des  éclats  de  voix  de  la  colèrei  des  clameurs  de 
la  fouie,  du  grondement  de  la  mer  en  courroux,  c^est  que  la 
voyelle  aiguë  de  ce  vocable  iui  assigne  exclusivement  des 
bruits  aigus  pour  domaine.  Celte  qualité  a  été  parfaitement 
fejitîe  et  renforcée  par  M.  cîe  Heredia  dans  ce  vers  : 


Avec  un  ûri  sinistre,  il  tournoie,  emporté 

{La  mort  de  Vaiffle). 


En  lit.  kifkii  signifie  t  jeter  des  cris  aigus  »  ;  krykszti  a  & 
peu  près  le  même  sens  ;  il  en  est  de  même  de  mha,  krisehen  à. 
krizen  i  mais  alL  moderne  kreischen  ne  peint  pas  ausai  bien 


Eu  réalité  iJ  i  a  plus  de  djfîérenco  eatre  rattkmîation  de  IV  à  e*Ue  du 
IV  qu'entre  celle  de  IV  ^coJle  de  Tr,  entre  rartkulationde  Va  &  cellede 
l'd  ipi^entre  celle  del'«  &  c^elle  de  Và^  qu*entTe  ceUe  de  Vé  &  celle  de  Vu 
iou].  Si  dans  notre  classification  Vé  &  Ve  ac  troiiTent  dans  la  méine 
eatégorîfi,  c'est  qu'ils  se  prononcent  tous  deux  sur  la  partie  antérieure 
da  palais  ;  si  Va  &  Vé  sont  dans  une  même  catégonSf  quf^jq^e  dans  deui 
foMÎTi^iona  différentes,  c'est  qae  tous  deux  s^ftrticulent  dan^  la  partie 
|M>stér]aiiP«  de  la  bouche.  Lu  domaine  des  deux  eu  est  intermédiaire 
ealre  celui  daâ  d«uï  e  éc  celui  des  deux  a,  mais  de  telle  sorte  que  l'un 
i  ion  point  d'articulatiûu  d'un  côté  et  l'autre  de  Tautre  côté  de  UlimjU 
<im  %ùi^are  le5  claire'?  d&s  grai-es. 


104  ONOMATGPÊKS  ET  MOTS  EXPRESSIFS 

Taouité  an  bod  que  mha.  krîscken  à'oh  il  sort.  Parmi  \m 
lûstrumeEits  à  vent,  noua  avûns  le  fifre,  le  ii/pel  &  la  flûte  qui 
soufflent  des  aous  aigus  : 

Le  fifre  aux  cris  aigat.... 

dît  Lamartine  dans  Jùceîyn,  Quand  Â.  à%  Vigny  écrirait  daoa 
l^  bal  : 

,...  et  \^flûU  soupire, 

il  ne  faisait  que  renforcer  Vu  du  mot  «  Adte  i»  et  mettre  en 
lumière  sa  valeur  expressive.  V,  Hugo  de  son  côté  rend  sen 
sible  Tacuité  du  sifflement  dans  ce  vers  des  Burgrmes  ; 


1 


Semer^  dans  les  débris  où  sifflera  la  bise,... 


d 


VéwvAutlùn  fonétique  a  été  au  mot  alL  pfêife  u  skffôt,  ûîee  » 
rexpression  de  Tacuité  ;  mais  elle  était  bien  nette  dans  les 
formes  antérieures  mha.  pfife^  vha*  /J/l/a  &.  aussi  dans  leur 
point  de  départ  lat*  pipa.  AIL  zirpen  a  pépier,  en  parlant  dei 
l>€:tLts  oiseaux  »  est  un  peu  moins  expressif  que  fr.  pépier^ 
parce  qu'il  M'a  pas  de  redoublement  ;  lat.  pipilare  était  une 
onomatopt^e  plus  exacte.  AIL  ucitschern  a  gazouiller  »  ne  vaut 
ptis  mha.  zwitzern  qui  a  deux  z,  ni  surtout  vha.  zwizzirân  qui  ■ 
présente  z  et  i  dans  deux  siliabes  consécutives  ;  les  formes  des  f 
dialectes  qui  n*ont  pas  subi  la  seconde  tautvûrscbiebung  ne 
donnent  pas  tout  à  fait  la  même  impression^  car  leur  f  convient 
plutôt  au  pépiement  et  le  «  au  gazomtiis  ;  tels  sont  moj,  angl. 
fwjteren,  angL  timtter  ;  la  forme  germanique  à' oh  sortent 
celles  du  aut  allemand  et  de  V anglais  est  supérieure  aux 
unes  et  aux  autres  parce  qu'elle  réunit  tous  leurs  éléments 
imitatifs  et  n'est  qu'une  copie  immédiate  du  bruit  qu'elle 
exprime:  * /tci-^t(7Ù-^n.  Le  mot  fr.  bise  que  nous  venons  de 
rencontrer  dans  uu  vers  de  V.  Hugo  convient  admirablement 
au  vent  sifflant  et  mordant  qu'il  désigne,  La  Fontaine  Ta  biati^ 
senti  lorsqu'il  écrivait: 

Quand  la  hiie  îm%  venae. 
Ali.   kiirren  s'applique  au  cliquetis  des  armes,  au  bruit  dêti 


ONOMATOPEES   ET   MOTS  EXPRESSIFS 


105 


oh&lMs.au  choc  des  verres,  c'eat  à-dire  toujotirs  à  des  bruits 
iipjs.  AJK  knùiem  «  crépiter,  pétiller  »  désigne  aussi  des 
peiitH  bruiu  aigus,  AlU  kichern  veut  dire  «  faire  de  petits  crîe, 
mmèv  a,  Gr,  liyùç  h  clair^  aigu»  perçant  en  parlant  d'un  son  n 
it  passe  de  commentaire. 

Quand  une  vojelle  aiguë  se  trouve  eu  contact  immédiat  avec 
Dne  consonne  nasale,  la  moUease  de  cette  dernière  (cf.  infra 
loi  Fojelles  nasales  p.  145  elles  consonnes  nasales  p.  146)  fait 
perdre  a  la  vojelle  ses  qualités  d'acuité  par  une  sorte  de  réac- 
tion qu'elle  exerce  sur  elle  et  cette  vojelle  aiguë  ne  fait  plus 
iurûooaune  impression  plus  violante  qu'une  vojelle  claire 
flou  aiguë,  un  é  par  eiemple.  Coraparez  à  ce  fénomèoe  l'évo- 
lution fonéiique  qui  a  transformé  ïn  latin  en  la  voyelle  na^^âle 
in,  ein  (é*)  du  français.  C'est  ce  qui  explique  que  murmuré^  ffiur- 
WKTier  n'expriment  pas  une  répétition  de  bruits  aigus,  juiiis 
de  bruits  clairs.  Victor  Hugo  nous  a  donné  un  exemple  mer- 
veilleux de  cet  effet  dans  ce  passage  de  Petit  Faut: 


iraient  Thyi 


les  Mlds 

le  obscvr  de  ceux  qui  sont  bémis , 


I 
I 


titi  presque  toutes  le3  Tojelles  algues  rcçoiveût  du  contact 
d'une  consonne  nasale  une  douceur  inûnie,  AlL  klmget, 
ktm^fln  s^empl  oient  pour  la  sonnette  ou  la  olochetle  et  î^ori 
^ruit  argentin;  klingen  peut  s'appliquer  au  son  d'une  cloche^ 
Qiais  presque  uniquement  lorsqu'il  s'agit  d'un  tintement;  dans 
le»  nutres  cas  on  a  le  substantif  A /any  et  les  formes  verbales 
klung,  gektungen;  il  serait  absolument  choquant  d'emplojer 
une  forme  de  ce  verbe  contenant  un  i'  pour  désigner  le  s* m 
du  bourdon^  de  la  àrummgiocke;  au  contraire  geklungen  fait 
I  merveille  dans  cette  circonstance.  Lat,  iinnire  qui  signifie 
«rendre  un  son  métallique,  un  son  olairi  tinteriî,  tinnitm  qui 
(lliigne  ce  son,  Hntinnabutum  qui  s'applique  à  diflférentes 
cipèces  de  clochettes,  sk.  kinkinii  •  clochette i^possé^l en t  des 
([Q&tités  semblables. 

Les  vojeUes  claires  e,  è,  #»,  o  produisent  un  effet  analogue. 
OQle  sent  dans  alL  hell^  fr.  daiV,  léger  appliqués  à  un  son  : 

a«rin«re  Ugm^  d«s  abeilles  fldèlea 

(LiCQNTE  DE  Li9LB,  Poémts  antiques)^ 


JO*^  ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 

OU  dans  fr.  tintet*: 

.,.....,  tmii  tinter  âB,ns  B3^  main 
L«s  deoleva  d'argeat  clair  quVil  rapporte  de  Home 

Â)L  $âuseln  conTÎent  bien  aussi  an  doux  murmure  qu'il  dési- 
gne: 

la  darren  blftttern  sëusûlt  dcr  wind, 

dît  Goethe  danB  VErikônig,  et  si  vous  voulez  savoir  quelle  est 
la  note  de  oe  bruiasement  du  vent  dans  les  aunes,  voyez  lea 
paroles  que  croit  i  entendre  Tenfant  malade  et  combien  leur 
vocalisme  clair  les  rend  légères,  mielleuseâ^  doucea  et  char- 
mantes : 

Du  llebes  kiMd,  komm,  geh  init  mlr! 
Gar  âeh«eae  spiele  splel*  Ich  mit  dlr. 

Les  Tojellea  éolatanteâ  a,  d,  ê,  d\  è*  sont  par  déflnîtiou 

même  propres  à  exprimer  les  bruits  éclatants.  Ce  sont  elles 
qui  donnent  la  meilleure  part  de  leur  valeur  onomatopéique 
aux  mots  éctai  et  éclatant  enx-mémes^  puis  au  mot  fraeoi  qui 
déaigni^  le  bruit  de  quelque  chose  qui  vole  eu  éclats,  au  mot 
fanfare  qui  s'applique  a  une  certaine  musique  éclatante  : 

La  victoire  aux  cent  t«Ix  sonnera  sa  fanfare 

La  liste  des  mots  qui  désignent  un  bruit  éclatant  est  assez 
variée  dans  chaque  laQgue;  sans  parler  des  exclamations  ail. 
pa/f,  f/alsch^  klacks,  kiaps^  knack,  hnackê,  sehtoapp,  Échwappi^ 
fr.  paf,  pan^  vian^  flac^  crac^  dac^  on  peut  citer  tout  d*abord 
fr.  craquer^  alL  krachen  «  craquer  t),  U\  claquer^  ail.  klatschen 
Ci claq u e r I* ,  kiappen  «claquer»,  hiappern  k  c î aq u e r ,  c raqu en», 
knalkn  <<  éclaterai  knarren  «craquer  \\^  knacken  a  craquer  ik 
!.e  mot  fr*  croquer  a  un  sens  analogue  et  peint  le  bruit  de 
quelque  cbose  qui  craque  sous  la  dent«  Ses  éléments,  sauf  la 
voyelle,  sont  les  mêmes  que  ceux  de  craquer*  Cotte  voyelle 
aussi  est  éclatante,  brève  et  sèche;  pourtant  elle  difTère  nsses 
sensiblement  d'un  a  pour  qu'une  ûuancc  d'expression  puisse 


ONOMATOPEES  ET   MOTS  EXPRESSIFS 


Î07 


I 

I 


«xisier.  Elle  est  moina  ouverte  et  un  peu  moins  éclatante,  et 
par  suite  elle  eat  plus  propre  à  peindre  un  son  qui  se  produit 
à  rintérieur  de  la  bouche,  à  Teudroit  marne  où  elle  a  son  point 
d'articulation,  ou  d'uDe  manière  plus  générale  un  bruit  que 
Qoos  n'entendons  pas  directement^  mais  à  travers  un  obstacle 
ou  une  paroi.  Tel  est  celui  que  no  us  percevons  lorsque  quel  qu'un 
frappe  ànolre  porte  et  que  nous  désignons  en  disant  qu*ïl  fait/oc- 
loe,et  non  pas  loc-iaç.  Noua  retrouvons  en  effet  cette  vojeiie  o 
dans  alL  kiopfen  «  eurter  à  une  porte  »,  vha.  kiapfôn  et 
kfockân  m mém^  Ben&n^  alL  pochén  qui  s^applique  à  ce  même 
bruit  et  aussi  à  celui  des  battements  du  cœur  ;  enfin  nous  disons 
en  français  cogner  à  une  porte.  Gr.  p^à^t^  âvi^pûc^t»  qui  siguiâe 
a  craquer,  éclater  i*,  contient  des  éléments  aasez  voisina  de 
eeux  de  cfaquet-;  jj  peut  aussi  s'appliquer  au  tonnerre^  non  pas 
quand  iî  produit  un  souï'd  grondement,  mais  seulement  lors- 
qu'il éclate  soudain.  Le  mot  cataracte  s'applique  bien  à  une 
chuta  d'eau  au  bruit  éclatant  et  répété;  cascade  désigne  une 
chute  analogue,  mais  plus  faible  h  cause  de  son  $  et  de  son  dt 
et  sans  grondenieut  (c*est  Vr  qui  rend  cette  dernière  nuance, 
cf.  p  11:^).  Sonore,  quoiqu'il  ait  un  emploi  assez  général^  ii*h 
toute  sa  valeur  expressive  que  lorsqu'il  est  appliqué  à  des  bruits 
éclatants  : 


^  èciB 

^M  Une  ciameur  n'est  ni  un  grondement  ni  un   murmure  ;  c'est 
H^      UQ  ea^emble  décris  tumulteui  et  éclatants  : 

^      qui 


Ouvrait  les  deux  bfttta^ta  de  sa  psrte  sonore 

{H  tfoô,  le  Satyre)^ 


Une  brusque  clameur  épouvante  le  Gange 

(HsaiDu). 


N 


^pmota^o|/a' désigne  d'une  manière  générale  les  cris  des  chiens 
qnnDd  ils  ne  urlent  ni  ne  grognent  ;  il  n*a  pas  d'expression 
lorsqu'on  rapplique  à  la  voir  aiguë  des  tout  petits  chiens  ou 
i  i&  voix  rauque  des  chiens  de  grande  taille  ;  mais  ses  sont 
«otrent  en  pleine  valeur  lorsqu^il  s'agit  de  cbîens  d^  taille 
moyenne.  Surtout  certaines  formes  de  sa  conjugaison  sont 
particulièrement  onomato]ïéiques  ♦  tel  ce  prétérit  qu*Hugo 
a  employé  et  renforcé  dans  ce  vers  du  Salyrê  : 


lOS  ONOMATOPEES  ET  MOTS  ErPRESSlFS 

La  meute  de  Dinîie  ahotja  sur  rOet«. 

Le  mot  japper  qui  eontient  aussi  Ta  s'applique  égâlûmûni 
aux  aboiements  des  chiens  de  taille  médiocre.  Les  éclats  de 
rire  sont  des  bruits  de  même  nature,  auasi  trouvons- noua 
ordinairement  Va  dans  les  mots  qui  les  désignent  :  ak.  kàkhati^ 
kakkaii,  kdkkhati\  gr.  ï'.«y;^à>,  ^^yx^^f  ^xyyjxUiu,  lat.  cachinnus^ 
et  atissi  ail,  iachen  =  mha,  iacften,  viia.  lakhèn^  (akhan^  hhh- 
han,  got.  hlahjan. 

Les  vojelles  claires  servant  à  peindre   un  bruit  clair,  let.j 
vojellea   éeiataiites  un    bruit  ôclataDt,  les  vojelles  sombre»^ 
peindront  bien  un  bruit  sourd,  comme  dans  le  moiêourd  lui- 
même  ; 

Elle  éc««te.  —  Un  bruit  sourd  frappe  les  iourds  éch^s 

(Huao,  Orienta  Us)  ^ 

ou  dans  les  exclamations  fr.  poti/,  poum^  bnum^  alLpw^,  bufm^ 
piumps.Lt  bruit  exprimé  par  le  mot  gioughut  qu'il  s'applique 
à  celui  d'uE  liquide  qui  s'échappe  d'une  bouteille  ou  au  cri 
du  dindon,  est  un  bruit  sourd  peint  par  k  voyelle  ou  ;  ta  même 
vojelle  apparatt  dans  les  verbes  alï.glucken^  glvckten  qui  désj-  S 
gnent  aussi  ce  glouglou  ou  ce  gloussement*  Lit»  bubenti  signifie 
(f  gronder  sourdement  ».  AIL  munkeln  s'applique  à  une  sourde 
rumeur I  puffen  à  un  bruit  sourd  comme  oeiui  d'un  objet  qui  fl 
fait  pouf  en  tombant.  Le  urlement  a  pour  essence  une 
vojelle  sombre  ;  nouâ  la  trouvons  daus  sk*  ulûius^  uluUi  a  ur- 
lant  »,  lit.  uiûtit  ululéti  a  urler  m,  lat.  ululare^  gr*  oIdIO^oé 
«  je  me  lamente  s.  Tandis  que  la  yoix  du  renard  ou  du  petit 
chien  qui  glapit  est  aiguë  et  celle  du  chien  moyen  éclatante 
comme  nous  Tavons  vu  plus  aut,  celle  du  g^ros  chien  est  sourde  ; 
c'est  ce  que  rend  le  fioiùCaù  du  grec,  le  wautvau  de  TalleinaDd^  ^ 
le  bauàati  du  latin,  le  bukkaii  du  sanskrit.  f 

Lorsqu'une  voyelle  nasale  éclatante  se  trouve  dnns  un  mot 
qui  contient  une  voyelle  sombre ^  elle  prend  elle-même,  grâce 
à  raasourdiî^âement  que  lui  dunne  la  nasalité^  la  valeur  de 
voyelle  sombre.  C'est  le  cas  pour  les  mots  grondani,  gronde^ 
ment  et  quelques  autres  que  nous  verrons  plus  loin.  Ce  féno- 
mène  est  particulièrement  net  dans  ces  deux  vers  de  V,  Hugo  : 


ONOMATOPÉES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


109 


I 


Le  Won  qui  jadis  au  bord  des  flots  r^d^nt^ 
Rugissait  âussî  haut  que  rOcéttii  grondant 

'[Lss  Ihni). 

Il  va  de  9oi  que  si  Tobjet,  la  qualité  ou  raetlon  qu'un  mot 
désipe  ne  OOTD porte  aucun  bruit^  il  aura  beau  posséder  une 
on  plusieurs  fois  nHmpôrte  quelle  vojelle,  elle  n'entrera  pas 
eTiYslêur.  Les  voyelles  que  nous  yenons  d'étudier  ne  sont 
paionomatopéiques  par  uature;  elles  ne  devienuÊnt  exprès- 
iLTeflque  si  la  signiâcation  des  mots  où  elles  se  trouvent  les 
met  &n  relief.  Qu'il  suffise  de  considérer  les  mot$  fr.  pli^  bh^ 
mt.fihuie,  fruit,  (iiuàer,  figure^  ciguës  crime^  Hme^cime^  dune, 
bitume ^  légume,  métier,  erélm^  ébreu  ,  péchés  impair^  eff^eî, 
déekti^  iimple^  vin,  pim bêche,  ro€^  sŒur^  peur^  bloc,  irappe^ 
pkque,  enfant,  tour,  cour,  fOur,  rond^  dçn/on,  dôme,  trône, 
manchon f  brandon ^  tombeau. 


IV 


Les  consonnes  demandent  à  être  examinéds  à  deux  points 
<^^TUâp  II  faut  considérer  d'une  part  la  nature  de  leur  arti- 
«tlitiori  et  d'autre  part  leur  point  d'articulation. 

La  nature  de  l'articulation  tes  répartit  en  occlusives,  na- 
^ale§,  liquides  ^  spirantes.  Les  occlusives  ou  explosives, 
frapjï&Dt  Tair  d'un  coup  sec,  contribuent  à  lexpression  d'un 
bfttitsee  dout  ies  voj^elles  indiquent  le  timbre*  Si  elles  sont 
répétées r  elles  saccadent  le  mot  t^  fout  sentir  par  là  même 
lue  le  brait  est  répété*  Nous  avons  vu  plus  aut  tictac  qui 
^  un  eiemple  excellent;  cliquetis  n'est  pas  moins  retnar- 
^aible.  Les  vojelles  de  tinter  indiquent  un  bruit  clair  ;  ses 
deux  t  font  sentir  qu'il  est  sec  et  répété  : 

Et  faisant  à  les  bras  qu'eau  tour  de  Lui  lu  jettes, 
Sonner  tes  bracelets  où  ttnUnt  des  olocbetteâ 

^Lbcoïitig  us  Lislb}. 


112 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


¥.  al.  lèjajijati  u  ¥erser  j*,  danalat*  lin^e  a  oindre  ^ ,  gr.  «Xt^fH» 
(t  frotter  d*uile  w,  v,  norr»  fjéta  «  couler  w,  flaumr  «  courant  i», 
vba.  fïawen  a  laver  »»  lit.p/âîin'a  laver  iî,  v.  sL  plutt  n  couler  \^^ 
piavitii*  laver»,  ak.  plâvate  œ  il  nage  »»  alL  fUessen  t\  couler  », 
gr.  xXuvM  u  je  lave  •.  Enôn  le  bruit  d'un  objet  qui  giùse  dans 
Taîr  ou  d'un  souffle  qui  passe  possède  un  élément  de  tiquîdjté 
analogue  ;  c'est  ce  qui  met  en  valeur  17  des  mota  fr.  voier^ 
àlL  fliegËfif  fr,  flotter: 

E^es  Bouffies  de  la  nuit  floiiaknt  sur  Galgala 

(HucHï,  Booz), 

lat.  fiarê  u  souffler  »,  alL  àîasen  «  souffler  t,  fr*  souffler^ 
si0e$\  ail.  flûstem,  flùpem  «  murmurer  eii  parlant  du  vent  »• 
L'autre  liquide,  r,  est  une  vibrante  qui  se  prononce  avec  un 
roulement  plus  ou  moins  net  et  plus  ou  moins  fort  ^  Sa  valeur 
n'est  pas  exactement  la  même  selon  qu'elle  s'appuie  sur  dea 
voj^elles  claires  ou  aiguës  ou  bien  sur  des  voyelles  éclatantes 
ou  sombres.  Dans  le  premier  cas  elle  exprime  un  grincement 
comme  dans  le  mot  grincer  lui-même,  dans  cri-cri  «nom  du 
grillon  »,  dans  alL  krttzein  a  écrire  avec  une  épingle  sur  un 
carreau»  cracher  en  parlant  d^uce  plume  »,  fr.  erùser^  frire^ 
ÇriUeTf  alh  ztrpen  >  chanter  en  parlant  de  la  cigale,  grésil- 
lonner  en  parlant  du  grillon,  gringotter  »»  fr,  tri- (ri  «  nom  d'un 
petit  oiseau  »,  lit*  kirkii  ci  jeter  des  cria  aigus^  perçants  >,  v»  si* 
kreâetû  u  cigale  »,  ak,  tûtinà  «  perdrix  »,  fr.  criquet,  gr<  rpiÇi» 
M  pousser  un  cri  aigu,  siffler,  grincer  a,  alL  kntrschen  «  grincer 
des  dents,  crisser»,  v.  norr.  krikta  <i  pouaser  des  cris  aigus  »>, 
v,  sL  kriku  «cri  »,  lit.  hykBzii  «  jeter  des  cris  aigus»,  aga. 
grimetûfi  u  grincer  »,  lat.  frendo  n  grincer  des  dents»,  frin- 
gilia  M  pinson  »,  fritinnire  «  gazouiller,  chanter  en  parlant  de  la 
cigaJe  »,  Ht.  grénti  a  grincer  »,  cûrszkinu  a  je  tire  un  son  aigre 
d'un  violon  »,  lat.  stridor  cr  son  aigre  ou  perçant  »,  fr.  iiri- 
ikni^  itrùiulanî^  enfin  dans  les  mots  qui  signifient  faire  un  hmit 


I 


ï  Nous  atons  aurtout  en  vue  ici  Vf  lin^aJ  ;  !>  grasseyé  ne  s*arikulâ 
|>â3  de  la  même  mamère,  maia  lea  différentes  impressions  qu'il  produit 
au  poinl  de  ru«  espressif  suivant  la  Qature  de  la  vojelie  sur  laquelle  il 
a^appuie,  sont  tcllemenL  analogues  à  celles  q\ie  produit  IV  lingual  dans 
les  mêmes  conditions,  qu'il  ni  a  pas  Ueu  de  le  considérer  à  pari. 


ONOMATOPEES  ET   MOTS    EXPRESSIFS 


(13 


atui  d' 


vitre 


I  fiûl< 


aigT0  en  ae  cassatii,  anaJogue 

cûaame  gr* xpfÇw,  î^p%nov,  fr.  brher,  got.  brikan,  v.  irl*  ttriisim* 

Quand  IV  s*appuie  atir  une  voyelle  grave,  son  vibrêment 
doaae  l'impression  d*uii  craquement^  d*ua  7'âclement  si  la 
fojellô  est  éeJataate  et  d'un  ijrondement  ai  elle  est  sombre.  Oa 
euad'eïcelleiits  exemples  dans  fr*  craquer^  râûlet\  râper ^  lat. 
Ifogor^  fp,  fraûûs,  lit,  braszkêii  n  craquer  i»,  brakszmas  n  cra- 
^uemeût  »,  ail.  krachen  u  craquer,  oroqtier  (aous  la  dent), 
éelattr,  tomber  avec  fracas  «,  fr,  gratter,  nlL  kratzen  «  gratter^ 
fiûler  i*i  fr.  croquer,  jff^^îter,  grommeler  : 

Laa  lions  héFisséa  dorment  en  grommelant 


gr*  p&^popvy/*<iç,  fr.  écrmtr^  broyer  quB  son  vocalisme  distingue 
linettemeat  de  briser  et  dont  tous  les  éléments  détaillent  si 
bieD  toutes  les  fases  successives  du  broiement.  La  note  sombre 
noua  1* avons  dans  fr,  rompre  comparé  à  briser^  craquer  et 

IWyer;  Racine  Ta  mise  en  relief  en  Topposant  à  la  note  aiguë 
At  grinçante  dans  cet  émistiche  célèbre  : 


L'easiflu  crie  et  se  rompt, 
^t*  gronder^  grondant  y  grondement  sont  de  véritables  tîpes  : 
Et  le  peuple  en  rumeur  gronde  autour  du  prétoire 

Àu-deasus  du  torrent  qui  dans  le  ravin  gronde 

(Hnadf  Burgraves }, 

ÀTec  des  grondements  que  prolonge  un  long  râle 


ffé  tonron  se  passe  de  Gommen taire  ;  fr*  rauque  s'applique  à 
iû  bruit  âpre  et  sourd  : 


Un  rauçue  grondement  monte,  roule  et  grandit 

(Lecokts  I>IS  LtlLl). 


De  même  fr,  ronfler^  Ut.  nmntiw,  niurnétt  ^<  groudero,  lit.  kra- 
kih  «je  râle  »,  v,  norr.  kura  «  gronder  w,  v,  si.  grukati  «  rou- 
couler j»,  aU,  murren  t  gronder  »>,  fr.  bourdon^  bôurdonnen^nt^ 


114  ONOMATOPEES  ET  M0T3  EXPRESSIFS 

ail.  brummûn  «  gronder  en  parlant  de  Toura,  du  tonnerre^ 
bourdonner  an  parlant  des  mouchas,  d^une  toupie,  ou  de  la 
cloche  appelée  bourdon  ik 

Les  spiranies,  comme  leur  nom  Tindique,  août  louCes  propres 
à  exprimer  un  souffle;  mais  les  diverses  spirantea  ne  donnent 
pas  la  même  impression.  Ainsi  les  chuintantes  ch  et 7  (c'est-à- 
dire  i  4^  i)  cou  viennent  pour  un  souffle  accompagné  de  chu- 
chotement* Ouïe  sent  d'une  manière  intense  en  écoutant  dans 
0©  vers  de  Goethe  le  chuchotement  de  VErikonig  : 

Gar  «elione  spiele  «piel  ich  mit  dir. 

Le  mot  chuchoter  e^i  évidemment  le  modèle  dti  genre  ;  Musset 
en  a  savamment  relevé  les  éléments  expressifs  au  moyen 
d*autres  apirantes  dans  Ralkt  : 

C'est  toi  qui,  cAuchotant  dans  le  soulTle  du  vent 

Lm  langues  slaves  &  germaniques  sont  particulièrement 
riches  en  mots  de  cette  catégorie:  lit.  szvilpiu  n  siffler  avec 
les  lèvres  m,  ail.  zûcfien  a  sifûer  en  parlant  de  Teau  dans 
laquelle  on  plonge  un  fer  rouge,  d  une  flèche^  d*un  serpent», 
lit,  çziarszkiu  «<  même  sens  ».  L'idée  de  souffle  est  d'ailleurs 
très  secondaire  ;  ressentie  i  c'est  le  bruit  chuintant  et  nos  spi- 
rantes  ne  Tex priment  pas  moins  bien  lorsqu'il  est  produit  par 
un  léger  frottement  comme  dans  lit*  apcziunczyju  f(  je  tr^Sud 
quelque  chose  en  le  faisant  glisser  i»,  alL  schiekhen  a  se  glis* 
ser,  ae  traîner  »  «  schkifen  a  glisser  »  »  hmcken  «  se  glisser  a . 
Ëa  outre  les  chuintantea  sont  propres  à  peindre  par  onoma-^ 
topée  les^  gémissements  comme  dans  fr*  gànir,  geindre  ;  cer- 
tains poètes  Tont  parfaitement  senti  et  ont  abilemeut  entre- 
mêlé les  chuintantes  aux  labiales  et  aux  sifflantes  dane  les 
paroles  qu'ils  ont  voulu  empreindre  d'une  profonde  tristesaa  ; 

J'en  ai  fait  pénitence;  et^  le  0enou  plié, 
J'ai  vingt  ans  au  désert  pleuré,  ffémi,  prié 


Feut-âtref  ô  mon  enfant,  seuli  sans  nom,  sans  patrie^ 

Qémia-tu,  Tâgabond»  par  la  pluie  et  le  veut. 


OKOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS  U5 

Sur  la  lerre  barbare  ùh  aor  U  flot  mouvant  ; 

Ou,  pour  toujoars,  le  long  des  trois  Fleuvea  funèbreSi 

CIftèrâ  âme,  habiteg-tu  les  muettes  ténèbres. 

Tandis  qu'un  plus  heureui,  qui  n'est  pas  de  mon  sang, 

Prea<i  ton  sceptre  et  Jouît  du  Jour  éblouissant* 

(Lbcoi«ts  de  Liut,  VAppoUùnide). 

L«i  spirantes  lablo-deutalea  /*  et  y  ne  peuvent  exprimer 
([Q^Qnaouffle  moUt  presque  muet,  ou  du  moins  accompagné 

tà'm  bruit  très  sourd.  Toi  est  Le  u  de  différenis  mots  qui  dési- 
gQAQt  le  vml  : 
.11  .. 


Voilà  le  vent  qui  s' élève 


(LAMARTIIfE), 


^ 


ilLKJfïirf  a  vent  M,  tùeken  «  souffler  »,  lat*  ven(us,  goL  vinâi 
«  veot  n,  vaian  «  souffler  d.  Ut»  véfas  «  vent  »,  v,  sK  î?é/a  «  ja 
«aie  w.  Dans  le  naot  fr*  voier  on  sent  un  effet  analogue  qu'a 
pirfttjtement rendu  M«  de  Heredia  dans  ce  vers; 

Flottait, crêpe TiTant  \%vol  mou  des  vaoïplres. 

Lmpression  de  Vf  n'est  pas  tout  à  fait  la  marne  parce  que 
t*ni  un  fonème  sourd  tandis  que  le  v  est  une  sonore.  On  trouve 
d*iilliiifa  assez  rarement  1 Y  isolé  ;  le  plus  souvent  il  est  com- 
Moé  avec  nue  liquide  et  forme  avec  elle  un  groupe  que  nous 
^difirona  plus  loin.  On  peut  néanmoins,  même  dans  les  grou- 
pait aentir  sa  valeur  de  soufAe  pur  et  simple,  par  exemple 
(i&Di  au  pfuicher  «  bruit  de  la  poudre  qui  s'enflamme  m,  vha. 
Mhan  li  souMer  »,  lat.  flare  «  souffler  u^  ail,  ftûstern  «  mur  mu-* 
^fèn  parlant  du  vent  »,  fp.  zéphyr: 


L*an<fleD  zéphyr  fïibuleux 
Souffle  avec  sa  joue  enflée 
An  fbnd  des  nuages  bleus 

(He700,  Contemplât ions)^ 


tiffliT^  iouffîir  : 

Un  êouffUment  de  forge  emplît  le  firmament 

(Huoo,  Suprématû). 


ll«  ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPEESSIFS 

De  Tk  flspifé  iioiti  n'irons  pat  gT»ihd*e]io«6  à  àm.  Ou  uàum 
Mes  •&  rabor  ri  Tûa  compare  aîl.  ibii/eii  à  fr.  immer;  Uudia 
qtie  daua  oa  deriuer  mot  la  TOjétle  sombre  #st  précédée  d*UDe 
«xplf>st0]i  deoule,  duna  le  mot  allemaiid  elle  l'esl  d'ya  souffle 
qtti  ioft  libremeot  de  la  gorge,  la  lïoiiche  n'étant  p)«s  ooeludée 
nulle  part  aa  momeot  oci  commeDce  la  tom.Noas  retrourons 
à  l'A  la  même  valear  dans  alL  fmach  «  soufâe  ». 

Les  spiraûtei  de û taies  oa  siMante^  auppo^ent  nn  souffle 
accompagné  d'nn  aîMement  léger  ou  violent,  ou  inverse  me  ut 
an  sifflement  accompagné  de  souffle.  Le  z,  étant  sonore,  eit 
plus  doux  que  Vi  et  plus  propre  à  peindre  un  léger  bruisse- 
ment comme  dans  ce  vers  de  M>  de  Haredia: 


Et  les  venta  altsé»  inclinaient  lenr«  antennes. 


Cest  la  qualité  du    premier  élément  dn    mot    zéphi/r  qn^ 

nous  citions  tout  à  Teure  pour  son  /: 

D'un  léphyr  éloigné  gîimiaiit  eur  des  ro»eanx 

(MtfssET,  Luciey. 

Comparez    cèq*  àzikatî  u  fredonner  n  ,    angh  àuzz  «   bour- 
donnement ». 

Quaût  à  la  note  du  sifflement  elle  eat  déterminée  par  la 
YOjelle  sur  laquelle  s'appuie  la  sifflante  ;  le  simple  rappro- 
chement de  siffler  et  souffler  vaut  mieux  qu'un  commentaire. 
Certains  poètes  semblent  avoir  nettement  senti  cette  différence 
lorsqu'ils  ont  rapproché  de  vojeUes  claires  les  sifflantes  qui 
devaient  relever  dans  leurs  vers  celle  du  mot  siffler: 

Dans  les  bui*«ons  «échés  la  bi«e  wd^  sifflant 

et  de  voyelles  graves  celles   qui   renforçaient   Vs  du    mot 
souffler  : 

«...•  Mais  il  n'a  pas  prévn 

Que  je  saurai  souffler  de  «arte.,.« 

{La  Fo^TAiifs). 

Nous  retrouvons  ces  deux   notas   dans  ail,  lispçtn  (t  siffler 


i 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


ÎIT 


«i  parlant  »  d'une  part  ùt  summeUr  s^umsen  «  fredooner  » 
d'âQlrô  part,  ou  bien  encore  dans  fr,  ctgaie  ; 

Ainsi  la  ctgaie  innoeente^ 
Sur  un  arbunte  avaittô,  et  se  console  et  chaate 

(A.  GRxNtsft,  VaveugkX 

"et  imipiV  : 

Jamais  rien  de  leur  sein  ne  sonlèvô  un  soupir 

(LAMAJiTiNa*  Jocdyn), 


NûUB  arona  eaaajé  dans  ce  qui  précède  d'isoler  chacun 
desfôDêmes  pour  déterminer  sa  valeur  propre  et  spéciale» 
Uolément  et  détermination  parfois  difûcilea;  it  est  rare  en 
eff«t  qu^une  onomatopée  produise  une  impresision  absolu- 
maat  simple  et  ne  contienne  qu'un  ieul  fonème  expressif,  en 
sorte  que  la  valeur  de  ce  fonème  aoit  exactement  déânie  par 
i impreasioD  même  qiie  produit  cette  onomatopée.  Le  plus 
B<>ùvent  rimpression  d'une  onomatopée  est  eomplesce  et  les 
diT^ri  éléments  qui  concourent  à  la  produire  se  combinent 
^^ir^  eux,  réagissent  les  uns  sur  les  autres,  se  renforcent, 
*'Ut4nueut,  de  telle  sorte  que  nous  avons  dû  parfois  pour 
dégiger  la  valeur  de  Tun  d'eux  nous  appuyer  sur  les 
donnée»  de  la  fonologie  générale.  Quel  qu^aît  été  le  mojen 
employé,  nous  sommes  aptes  maintonaut  a  analiser  Velïet 
produit  par  leur  emploi  eombîué  et  à  déterminer  sÈricteoient 
i&pirt  qui  revient  à  chacuQ  dans  Teffet  total. 

Ainsi  nous  avons  déjà  vu  que  le  vibrement  de  Vr  donne 
Que  impression  de  grincement  si  ce  fonème  est  en  contact 
Mec  une  voyelle  claire,  et  au  contraire  do  râclement  ou  de 
grondement  s'il  s'appuie  sur  une  voyelle  grave.  LV  peut  en 
ûQtfi  être  combiné  soit  avec  une  occlusive»  soit  avec  une 
ipirante.  Si  c'est  avec  une  occlusive,  l'impression  est  que  le 
son  vibrant  retentit  brusquement  et  qu'il  rompt  1©  silence 


118 


OXOMATÔPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


sans  tratiBition  en  explodant  soudain.  Maia  râxploaioQ  est 
beaiîcoQp  plus  douce  si  rocclusive  est  sonore^  beaucoup 
plus  sèche  si  elle  est  sourde;  û  suffît  pour  s'en  rendra  compta 
de  comparer  craquer  et  gratter*  Cette  nuance  est  généralement 
très  bien  observée  dans  les  diverses  Ungue.^.  Lit.  iraszkêti 
signifie  u  craquer  n  tandis  que  grâmzii  siguifie  «  ronger  »; 
un  rat  qui  ronge  une  porte  fait  un  bruit  analogue  à  un  gratta" 
ment,  Fr.  crépiter  et  grignoter  se  distinguent  par  une  diffé- 
rence de  sens  et  irirapression  analogue.  Les  cm  débutent 
généralement  par  une  explosiou  brusque  et  lèche,  bien  quHls 
puissent  retentir  dans  des  notes  dififérentes:  mha.  krîzen 
«  crier  «^  lit,  kifkti  «  pousser  des  cris  aigus  n,  véd.  krùçati 
a  il  crie  1),  gr.  x^au^^  tt  cri  n.  Les  cris  ou  chants  de  certains 
animaux  semblent  souvent  débuter  par  une  explosion  du 
même  genre,  affirmée  pour  le  coq  et  ta  poule  par  lat.  cococaco^ 
fr.  cog^  cocotte^  v.  si*  AoAofû&  que  Toa  trouve  en  combinaison 
avec  IV,  par  exemple  dans  gr*  x{Kippo<  o  coq  n^  lat,  cucurire 
fit  chanter  en  parlant  du  coq  n^  lit.  kakartjku  «chant  du  coq  », 
ail*  kràhen  «  chanter  en  parlant  du  coq  »,  alK  kikeriki  ft  chant 
du  coq  A,  sk.  krka-vâkid  a  coq  n,  lit.  kifkti  ^  créteter  t»,  gr. 
jc^pxsç  «  coq  tt,  V,  îrK  cerc  a  gallinacé  »,  Cette  même  initiale 
nous  est  attestée  pour  la  corneille  et  quelques  autres  oiseaux 
par  sk.  kàkas  a  corneille  »,  lett.  kakis  <t  choucas  »|  gr,  xhÇ 
«  sorte  de  mouette  »,  lit.  kovâ  «  choucas  »,  sk,  kukkubhcts 
a  faisan  »  ;  on  la  trouve  combinée  avec  IV  dans  gr.  ledpx^ 
il  corbeau  n^  yt^pèim  u  corneille  »,  lat.  coruos  <c  corbeau  »,  ak* 
kàravas  «  corneille  »,  gr.  xp^Ç*»,  xjo«;<iu  u  croasser  »,  lit» 
krànkli^  kraukli  *  croasser  »,  v,  si*  krukû  œ  corbeau  »,  kra^ 
kati  «(  croasser  i,  alL  kràchzm  u  croasser  »«  sk.  karkaras, 
krkaras,  krkanas,  krakaras  a  perdrix  »,  v.prusa.^erA-o  a  plon- 
geon >^  gr,  xipxtOaif<;  {(  héron  »,  lat*  quergueduia  a  sarcelle  », 
erocireu  croasser»,  Bk^tittirii  u  perdriz»,v.  aL  tétrja  «  faisan 
femelle»,  gr  fira^oç,  tittipaç  «  faisan»,  v,  sL  ietrévt  ^  faisan», 
lit,  tetervas  v  coq  de  bruyère  »»  v*  pruss.  tatarwii^  gelinotte  », 
gp,  TÏTpïï,  Tftpilwv  M  coq  de  brujère  »,  lat.  tetrinnire  «  crier 
comme  un  canard  »* 

Ces  exemples  suggèrent  trois  observations  qu^il  est  bon  de 
noter  avant  de  nous  engager  plus  avant:  1*  U  nU  a  pas  de 
difi'érence  entre  c  et  (  pour  Teffet  produit,  quand  la  seule 


^ 


ONOMATOPÉES  ET  MOTS  EXPRESSIFS  110 

qualité  qai  vienne  en  lumière  est,  comme  ici,  TexplosioE  sourde. 
2*  L*impres8ioii  n*eat  paa  la  même  seïôa  que  IV  est   ou  non 
en   contact  immédiat  avec  Toceltisive,  comme  dans  coj^uos^ 
x^p^Çen  face  de  crociV,  «pi^ej.  L>  qui  suit  une  vû>^elle  débute 
pir  des  éléments  sonores,  tandis  que  celui  qui  est  précédé 
d*utte  occlusive  aourde  commence  en  sourde  ;  d'autre  part  les 
tmpresgîous  que  noua  éprouvons  se  produisent  dans  Tordre 
où  lea  fonèmes  frappent  notre  oreille,  et  si  dans  coruos  nous 
ftTons  TimpresBion    d*une   note  vocalique  ouverte  brusque- 
ment par  une  explosion  et  prolongée  par  une  sorte  de  roule- 
mant,  dans  croeh  le  roulement  suit  immédiatement  Tesplosion 
et  aboutit  à  une  vojeile  où  Ton  ne  sent  plus  aucun  vlbremeut. 
Ce  u*est  là  qu'une  nuance,  mais  très  nette,  quoique  souvent 
Veffet   résultant    de  la   somme    des    impressions    produites 
ptr  les   divers  éléments  d'un    mot   soit   dans  les   deux   cas 
équivalent*    3°    La    signification    d'un    mot   onomatopéique 
m  f&it  que  mettre  en  lumière  la  valeur  que  les  sons  ont  en 
puie$anee,  elle  ne  saurait  jamais  leur  en  donner  une   diâTé- 
Fiate:  alK  ^'raUen  ne  fait  pas  la  même   impression    que  fr, 
^fûtteTf  ni  esp,  grida  la  même  que  fr«  il  crie  ;  les  signîûca- 
tioDS  de  ces  mots  sont  les  mêmes,  leur  valeur  onomatopéique 
diffère. 

Quand  Tocelusive  est  sonore^  rattaque  est  plus  douce,  et^ 
bieû  que  nous  ne  percevions  de  sonorités  qu*au  moment  de 
l^tsplosioiif  nous  sentons  qu'elles  ont  commencé  avant  et  que 
le  mot  ne  figure  à  notre  oreille  que  quelques  moments  du 
brait;  de  là  naît  facilement  l'impression  que  ce  bruit  est 
continu.  Nous  en  avons  de  beaux  exemples  dans  fr.  gra* 
Snfr^  grognement^  ail .  grunzen^  la  t.  grannire^  îv,  grommeler^ 
gronder i  gv.  ^pi^t**  «  frémir  »,  ^pd^toç  «  bourdonnement  j^  alL 
l^rummen  «  gronder,  bourdonner  ï^  aîL  drôkmn  «  gronder  », 
*gi.<fra«  ti  bourdon  i>,  alL  rfroÂne  a  bourdon»,  fr.  bùurdùuner^ 
hmrâonnemimtyîv,  grincer,  lit.  grêszti  «  grincer»,  aga,  gri- 
meian  a  grincer  w,  vha,  gramizzôn  a  gronder  >^  fr,  àroger^  v, 
au,  grmdan  «  brojer  »,  fr.  àriserf  got,  àrikan  «  briser  », 
Pas»,  ùortitotat  a  murmurer  »,  gr,  ^^pÊù^vy^^^^  fr,  gargouiiler^ 
p^milier,  gr.  ypau  «je  ronge  »,  lit,  gréfmzti  a  gratter  bru}'am- 
meat  »,  ^r^Jlnt  frotter»,  griàuszti  o  ronger  û,  grnkszêtaxgim- 
eer  sourdement  comme  du  sable  sur  lequel  on  marche  ■, 


IfO 


ONOMATOPEES  ET  MOTS    EXPRESSIFS 


Nous  pouvons  coîDprendre  mainteûnat  la  difEérence  quil  i 
entre  v.  irl,  torann  «  tonoerre  w,  fr,  tonnerre  et  alL  donn^r^ 
gr*  ^povTw,  V.  si  grnmû;  daus  lea  mots  irL  &  fr,  (le  mot  fr, 
eat  très  médiocre  comme  onomatopée)  le  bruit  du  tonnerre 
éclate  soud&in  et  se  prolongée  en  grondant;  dans  \&  mot  &IL 
la  sonorité  précède  rexplosion  ;  dans  les  mots  gr.  et  v.  sL  le 
grondement  et  l'explosion  sont  simultanés.  Vlia.  karm  s^appli- 
que  à  un  bruit  ou  à  une  clameur  que  Ton  conaldàre  au 
moment  de  son  explosion,  corn,  garm  à  une  clameur  déjà 
commencée  et  qui  continue;  même  différence  entre  agH.cirm* 
cyrm  «  bruit  »  d  v.  sL  yrimati  «  sonare  m  ,  entre  gr*  xpwÇw  & 
¥-  sL  groja  «  je  croasse  »,  k  même  entre  v.  sL  krukû  éc  v. 
irl,  6ran  qui  désignent  tous  deux  le  corbeau  ;  ces  deux  noms 
imitent  Tuu  et  l'autre  le  cri  de  ToiseaUf  mais  le  mot  slave 
saisit  rinstantmémeoù  le  silence  eatrompu,  tandis  que  Tirlan- 
dais  peint  Tespèce  de  râclemetit  qui  semble  accompagner  ce 
cri  au  moment  où  il  est  déjà  pleinement  sonore.  h 

Ajoutons  qu'au  point  de  vue  où  nous  nous  plaçons  ici,  il  n'î^ 
a  pas  lie  différence  de  valeur  entre  d,  g  éib:  comparez  alL 
drôhnen  <Sl  fr.  gronder ,  v.  si.  gromû  k  gr,  ^povTîâ.  H 

Lorsque  Télément  qui  entre  enjeu  avec  une  occlusivô  est^ 
un  /  au  lieu  d'être  un  ï%  Tim pression  de  vibrement  ou  de 
ràclement  est  remplacée  par  une  impression  de  liquidité  ; 
rien  d*autre  n  est  changé.  Nous  venons  d* étudier  la  valeur  des 
occlusives  en  combinaison  avec  r^  nous  avons  détaillé  plus 
aut  (  p<  111  ]  celle  de  /  ;  noua  pourrons  donc  passer  très 
vile*  Lorsqu'^un  /  est  précédé  d'une  occlusive  sourde  Timpres- 
sion  produite  est  que  Je  son,  dont  la  note  est  donnée  par  la 
vojelle,  se  produit  aussitôt  après  Te xplosion  sans  rien  de  rude 
ni  de  raboteux,  mais  au  contraire  avec  une  limpidité  et  une 
égalité  parfaites.  Rappelons  le  son  limpide  des  cloches  que 
IValL  exprime  si  bien  par  son  verbe  klingen;  rappelons  les 
claquements  qui  ne  sont  accompagnés  d'aucun  craquement, 
comme  celui  d'un  fouet,  comme  le  bruit  des  claguets  et  des 
cliquets f  comme  celui  des  vagues  qui  ciapotent.  U  est  des  rires 
limpides  comme  celui  qu'exprime  lit,  klegù;  il  est  des  cris 
tellement  éclatants  et  tellement  et  liquides  n  que  roreille  n*i 
trouve  aucun  point  de  repère  et  qu'on  ne  saurait  dire  s'ils 
sont  réellement  dans  la  note  éclatante  ou  dans  la  note  aiguë; 


lêl 


ONOMATOPÉES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


i&fi 


Ul 


I 
I 
I 


l  clair  des  trompettes»  tel»  sont 
l»i  cris  que  les  Grecs  désignaient  par  îeÀiÇûi,  stXat'/yii  &  les  Latina 
par  ciango,  clangor.  Les  raot^  Ut.  calare,  ciamare,  le  tu  kalada 
MQfit»  êupposent  aussi  des  ^ons  pénétrantâ  et  limpides. 

Rotre  lat-  giocîret  fr.  glousser  ai  gr,  Kltùitro-fti,  kXùjÇ»,  il  i  a  la 
même  différence  qu^entre  v.  ^{.  gmja  »Jc  \^\\  %ù^^m;  les  formas 
lûOûltiîive  floarde  peignent  le  bruit  au  moment  où  il  rompt 
iesilenee,  et  les  autres  au  moment  où  il  e^t  déjà  une  suite. 
Nous  avons  déjà  eu  roecasion  de  noter  corabieii  nous  per- 
cavons  mal  les  sous  étrangers  à  notre  langage,  &  combien 
aoo»  les  traduisons  de  façon  défeetueuse*  Il  vaut  la  peine 
de  remarquer  toi  que  certains  peuples  ont  senti  comm^ 
tmhni%  des  bruits  ou  des  cris  que  d'autres  ont  perçus  comme 
mkitux^  Sans  parler  de  l'opposition  entre  gr*  x*^<*C^  t grêle» 
fit  V,  §i,  gradû^  lat*  grandOf  où  les  uns  ont  pu  être  plutôt 
frappés  par  le  glissement  à.  les  autres  par  le  crépitement,  il 
Alt  certainement  instructif  de  comparer  v.  norr.  hlakka 
«CFOftsser  »  àjepûdî&i,  crocio^  &:c*,  ou  v*  irl*  caiiech  «  coi^  »  à 
krûk$n^  ieipxûç^  &c*,  ou  gr,  xX^^ffeiv  «  crier  cottime  un  geai  n  au 
aom  latin  de  Toiseau  qui  pousse  ce  cri,  gracuim,  &  au  cri  qu'il 
pousse, /n^w/a^  ou  encore  n*  si,  krkelati  tt  crier  comme  un 
dindûii  11  à.  lit,  (g taras  u  dindon  n  au  glomBemeni  que  fait 
cet  oiseau  à  notre  sien ti  ment.  Qu'on  ne  vienne  pas  nous  objec- 
l«r  que  ces  mots  sont  d^^rivés  de  racines  différentes  à  que 
l«l  bis  fonétîques  ne  permettaient  pas  de  modifier  tel  ou  tel 
fonème  de  la  forme  originaire  ;  nous  répondrions  en  deman- 
dant pourquoi  de  deux  langues  poasé^iant  nn  jeu  de  racines 
î^peu  près  également  ricbe  et  variée  Tune  a  choisi  précisé- 
iHêQt  lea  formes  qui  la  choquaient,  Nous  verrons  d^ailleufs 
^n  peu  plus  loin  le  cas  que  font  les  langues  des  mots  qui  ne 
l«tir  conviennent  pas  et  comment  elles  se  procurent  ceux 
dont  elles  croient  avoir  besoin. 

La  combinaison  de  la  spirante  f  avec  r,  c^est-à-dire  du 
louAe  avec  îe  grattement  produit  Ti  m  pression  du  frùU€- 
mmt^  au  frôiemsfttyâii  frou-frou,  FrtUer  désigne  une  action 
plus  douce  que  frotter^  parce  que  ce  dernier  marque  avec 
acn  î  uno  explosion  après  la  voyelle,  tandis  que  ftôier  donne 
Lia  même  place,  avec  sa  liquide,  Timpression  d'un  glisse- 
mtnt;  aussi  M.  de  Heredia   a  cru   bon  dans  ce  vers  oti  U 


Ift  OKOMATOPÉES  ET  MOTS  EIPHESSIFS 

emploie  ia  mot  frôle  d'âE  FeLever  au  molna  autaat  IV  que  Vf 
et  IV  ; 


Ij^  viole  que  frâlê  encor  sa  frêle  main. 


d 


Froisser  commence  par  an  frottement  dont  la  note,  d'abord 
sombre,  pui^  éclatante^  eât  détaillée  par  le  vocalisme  wa^  è. 
qui  se  termine  par  un  léger  sifflement  indiqué  par  IV.  Lat. 
fritinnire  i  chanter  en  parlant  de  ia  cigale  *  exprime  un 
frottement  grinçant  et  saccadé^  les  saccades  étant  marquées 
par  l'oecluaive  dentale  (qui  sépare  leâ  deux  vojetles  ai^'tiës, 
Lat.  frmdere  a  broyer  avec  les  dents,  écraser,  froisser, 
grincer  des  dents  n  exprime  un  frottement  à  note  claire, 
Fr<  fraeai^t  lat.  fragùr^  frango  peignent  par  leur  première 
sillabe  un  frottement  à  note  éclatante,  analogue  au  son  rendu 
par  un  objet  dur  qu*on  écrase  ou  qu*on  broie  ;  mais  le  plui 
expressif  de  ces  trois  mots  est  fracm  avec  son  occlusive  qui 
arrête  la  voyelle  éclatante  pour  exploder  sur  la  même  note. 
Combiner  lyavec  17,  c'est  réunir  le  souffle  avec  la  liqui- 
dité et  obtenir  comme  réaultaute  une  impression  de  fluidùé^ 
Nous  Tavona  dans  floUer  ; 


Ëtla  wùïië  fioUait  aux  wents  abandonnée 


dans  laL /îdre  tt  souffler»,  ait.  fliegen  «  voler  »,  fv.  /laluosité, 
lB.i  *  fluere  «couler  w,  dans  le  nom  de  la  flûte  qui  souffle  des 
sons  limpirlea  et  aigus,  &i  même  dans  fr.  renifler  dont  Vn  in- 
dique que  le  soufâe  est  nasal.  Souder  est  un  peu  plus  com- 
pliqué, car,  outre  la  spirante  /"qui  indique  le  soufflement  &  l  / 
qui  en  marque  le  glisêement,  il  possède  une  autre  spirante  t 
qui  eiprime  le  sifflement  possible  de  ce  souffle,  tandii  que  la 
vojelle  ou  prévient  que  ce  bruit  sera  sourd  s'il  se  produit. 
Siffler  possèile  exactement  les  mêmes  éléments,  sauf  un,  ï'i* 
qui  suffit  a  différencier  radicalement  le  sifflement  du  souffle- 
ment^  un  sifflement  c'est  un  souffle  accompagné  d'un  bruit 
aigu  qu'exprime  cette  vojelle  i 

Et  voit  sous  les  sifflets  «'enfuir  dans  la  couIIsbj 
Cet  éeujer  de  Franconi  ! 

(Huoo,  Chàtimenis}, 


\ 


I 


ONOMATOPÉES  ET  MOTS  EXPRESSIFS  1Î5 

Lei  autres    combinai  âout  de  âpirantes  aT€0  des  liquides 

■ont  rarement  repré se ntéaâ.   On  doit  pourtant  une  mentioa 

kHLickliefen  et    ^chiêichen  «  glisser  ïj  pour  la  bruissemeot 

qu'ils  font  sentir*  Fr.  glisser  était  en  r.  fr*  g  lier  de  vha.  glitan  ; 

^lier  ne  faisait  pas  onomatopée,  c'était  aimplement  un  mot 

eipressif    ayant  une   valenr  analogue  à  celle  de  ail.  çiatt 

*lî83fl,  poli  i,  cf.  p.  147-  Si  plus  tard  on  a  fait  giisier  de  glier^ 

sftQS  doate  en  mélangeant  ce  mot  avec  glacer  qui  signifie 

lûuvent    «  glisser  n    en   vieui  français»  c'est  probablement 

({ïï'ùû  éprouvait  le  besoin  d'avoir  dans  ce  vocable  un  fonème, 

Il  sifflante  â,  qui  pût  donner  Timpreâsion  du  bruit   que  pro- 

dQis«Qt  beaucoup    de  glissements*   En  allemand  gleitm  ne 

ftJt  pa^  plus  onomatopée  que  ^ /ter,  mais  la  forme  populaire 

jfti^Aeii  exprime  un  bruissement  qui  vaut  le  sifflement  de 

flitw,  Fr.  ruisseler  présente   une   spirante   avec  les   deui 

liquideB  /  et  r  ;  cet  ensemble  donna  Timpreiâion  d'un  bruis^ 

lemeot  produit  par  un  liquide.  Y*  Hugo  a  mis  en  relief  tous 

B«8  éléments,  mais  en  donnant  la  prééminence  à  17,  c'est 4 

^ire  à  la  liquidité,  dans  ce  vers  des  Burgraves  : 

li'huile  et  le  plomb  fondu  rumeier  sur  leu^s  caa(|ues. 

AIL  ichtmrren  «  siffler  an  parlant  d'une  flèohe,  vibrer  x»  unît 
rimpression  d*un  souffle  cbuintant  produit  par  le  t;  et  la  s  à 
ctlle  d'un  vibrement  aigu  due  au  groupe  tr,  Pr.  fuser ^  fu^ée 
o*ODt  que  deux  spirantes  sans  liquide,  Vf  qui  exprime  un 
souffle  &  le  I  qui  fait  sentir  le  sifflement  sonore  de  ce  souffle* 
A  côté  de  cette  combinaison  des  effets  de  deux  spirantes 
OQ  d'une  spirante  avec  une  liquide^  il  faut  noter  celle  d^une 
occlusive  avec  une  spirante,  comme  dans  (fèq.  biikaii  «  fre- 
(îontier  >>t  qui  fait  entendre  un  bruissement  labial  par  sa  sif- 
flante sonore  î  appujée  sur  une  occlusive  sonore  labiale.  Le 
mot  anglais  buzz  «  bourdonnement  s  contient  les  mêmes  élé* 
meuts,  mais  la  voyelle  nous  indique  un  bruissement  sombre 
Undîi  qua  celui  du  mot  cèque  est  clair*  ÈiW.pfmchen  n  produire 
sn  bruissement  léger  k»  n'a  pas  tout  à  fait  la  même  nuance  ; 
c'est  un  souffle  labial  qui  produit  une  note  sombre  et  se  termina 
fQ  chuintant,  La  bise  et  la  brise  sont  deux  souffles  qui  sem- 
blent sortir  d'une  boucha,  mais  tandis  que  le  premier  se  con- 


124  ONOMATOPÉES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 

tente  de  produire  un  aiffletneDi  aigu  et  sonore,  le  second 
commence  par  un  bruisaementqui  réagit  sur  le  sifflement  pour 
en  atténuer  racuitë.  Dans  Ut.  hreiéti  «  bruire  «  on  a  presque 
les  mêmes  éléments  que  dans  îi\  hrise,  mais  la  spirante  den- 
tale est  remplacée  par  une  chuintante  qui  donne  l'idée  d'un 
chuchotement.  Fr.  bouffer  ti  manger  gloutonnement  ji  exprime 
un  bruit  labial  et  le  soufflement  de  quelqu'un  qui  mange  trop 
vite  î  bâfrer  nuance  la  même  expression  en  indiquant  que  le 
souffle  produit  un  bruit  de  frottement,  AIL  paffen  «  fumer  en 
faisant  entendre  un  certain  bruit  d^s  lèvres  n  présente  une 
explosion  labiale  qui  donne  passage  à  un  souffle  également 
labial  ;  fr.  àouffée^  um  bouffée  de  fumée,  contient  à  peu  près 
les  mémea  éléments,  maisTexplosion  labiale  étant  sonore  est 
beaucoup  plus  douce^  et  le  bruit  qui  la  suit  est  dans  la  note 
sourde,  comme  l'indique  la  vojelle  eu  ;  fr.  pouffer  retrouve 
le  p  de  paffen  et  ne  diffère  de  bouffée  que  par  la  viole iica  plus 
grande  de  son  explosion. 

Ce  que  nous  avons  dit  à  propos  des  Toyelles»  nous  le  répé- 
terons pour  les  consonnes:  la  valeur  que  nous  leur  attribuonifl 
ici  et  qu'elles  ont  en  puissance  ne  devient  une  réalité  que  si 
la  signiûcation  du  mot  où  elles  se  trouvent  a'i  prête ,  Voici 
pour  chacun  des  cas  que  nous  avons  examinés  et  dans  lofll 
même  ordre  un  exemple  où  les  consonnes  considérées  res- 
tent inertes:  pinter,  clapier ,  erotler^  catafaiquCi  tout,  bébé, 
papUt  bourbier,  pourpier^  naissance,  minimum,  mai^  minèique^ 
mctûhine^  mécanique^  moucher,  manier,  marbrier^  moriier^  mar- 
mite, lat,  cincinnus,  ail.  bang,  kund,  fr.  plaquer^  (raquer,  cliché^ 
c tasser,  larder,  flirter^  plier,  fléchir ,  souplesse ,  safran ,  grin- 
galet ^  grimaud,  crilder,  créer,  trier,  ffriser,  frégate t  fripon^ 
brimer,  raccommoder,  frai^e^  framboise^  braquer^  crapaud^ 
crottin,  gorgotte^  broder ,  éerémer,  rondeau^  grondin,  robinet^ 
courtier,  chiper^  cbou,  villa ^  voler,  fougère,  défi,  al!,  haus^ 
fr.  liste ^  cigare,  soupière^  crépu ^  critérium,  courir,  carrière, 
cortège,  iarière,  f  rident,  drapeau ,  garçim,  cief^  clôture,  calot  le  ^ 
glose,  grâce^frf''v,frênt\  froc,  fleur ^  ficeler,  fltmc,  ftsique^  bouse ^ 
é  ts  e  (  no  m  de  c  o  u  le  u  r)  »  pa  ué,  café. 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


i^5 


VI 


Dire  que  la  valeur  expressive  des  sons  ne  vieiiten  lumière 
(lae  poasgée  en  avant  par  la  signification  ûbs  mots,  c'est 
éiK^Dcer  nne  proposition  juste  en  somme,  mais  qni  ne  rend  pas 
compte  de  tout©  la  vérité*  Il  faut  ajouter  qu'un  mot  n'est  une 
onomatopée  qu'à  cooditlon  d'être  senti  comme  te).  Sans  doute 
il  ea  est.  comme  frôu-frou,  ronron,  qu'il  a'eât  pas  permis  de 
a«  ^as  sentir  ;  mais  d'autres,  qui  sont  peut-être  moins  adé- 
i^u&tt 9,  seront  saisies  comme  onomatopées  par  l'un  et  point 
pir  r&utre*  Le  fait  pour  un  mot  d*étre  onomatopéjque  est 
d«Dc  subjectif  Cette  subjectivité  apparaît  plus  nettement 
encore  si  Toa  entre  dans  le  détail  et  que  Ton  recLerche  dans 
m  mrrt  dont  la  signiâcation  permet  la  mise  en  valeur  de  fonè- 
mtB  expressifs,  quelij  sont  ceux  qui  entrent  enjeu  pour  l'ouo-» 
m&topée.  Le  téorîcien  vous  dira  exactement  lesquels  sont 
iu&c«ptjb1es  de  le  faire,  quelle  est  la  valeur  propre  de  chacun 
tt  quelle  est  celle  de  l'ensemble  ;  mais  souvent  il  n'i  en  aura 
que  quelques-uns  qui  a^^iront  réellement  sur  Tesprit  du  sujet 
pirt&nt  ou  du  sujet  écoutant,  &  ce  ne  sera  pas  toujours  les 
uèoaes.  De  là  les  changements  de  nuance  dans  la  signification 
an  oiots  ooomatopéiques  ;  si  le  sujet  parlant  emploie  un  de 
Àctmots  en  lui  attribuant  telle  nuance  qu'il  eioit  sentir  expri- 
aée  par  quelques-uns  de  ses  fonèmes,  il  peut  se  faire  que  le 
iCfjet  écoutant  j  sente  une  autre  nuance  parce  que  ce  sont 
4'autrM  fonèmes  du  même  mot  qui  Tout  surtout  frappé.  Dès 
lors  il  sera  tenté  d'employer  ce  mot  avec  cette  nouvelle 
^uaQce,  qui  pourra  s'établir  à  côté  de  la  première  ou  même 
«iiibstituer  à  elle. 

Prenons  qu  elq  ues  exemples .  Le  mot  sk.  àkramaras  m  abei  lie  ^ 
débute  par  an  bh  qui  annonce  un  bruit  labial,  à.  ce  AA  est 
combiné  avec  un  r,  ce  qui  constitue  le  groupe  le  plus  propre 
à  eiprîmer  le  èôurdonnernent ^  Mais  nous  savons  que  ce  n^eat 
pis  ce  groupe  qui  frappait  le  plus  les  Indous  dans  ce  mot  ; 
^  qu'ils  i  sentaient  avant  tout  ce  sont  les  deux  r,  puisqu'ils 
ippeiâient  fréquemment  cet  insecte  dotrephaif  c'est- à-dtre 


1£6 


ONOMATOPÉES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


I 


c  qui  a  deux  repka  daiiB  âon  nom  »,  11  i  a  beaucoup  d^autres 
mots  sanskrits  qui  contiennent  deux  r,  maia  on  ne  les  i 
remarquait  pas* 

Lat.vulg,  *frmtiar€,  dérivé  de  fruUum  «  morceau»,  sîgnl- 
Ûait  a  mettre  en  morceaux  n  et  ne  pouvait  avoir  d'expressif 
avec  cette  sîgniâcation  que  son  groupe  ru,  le  même  que  celui 
de  alL  bruch  «  ruptures;  c'est-à-dire  que  son  /",  sa  combinai- 
son f)r  et  son  i,  propres  à  peindre  respectivement  le  souffle, 
le  froltement  et  le  sifflemeot  restaient  inertes*  *  Frmiiare 
devient  en  fr,  froiner  qui  a  anciennement  le  mémo  aeni 
Dc  mettra  en  morceaux  »  et  dont  le  groupe  roi  a  la  mdme 
valeur  que  dans  broyer.  Mais  peu  à  peu  les  éléments  négligés 
viennent  en  lumière  et  influent  sur  l'évolution  sémantique 
du  mot.  Par  des  dégradations  insensibles  il  arrive,  grâce  an 
groupe  /r,  à  désigner  Taction  de  mettre  en  pièces  par  un 
frottement  dur,  puis  de  broyer  ou  simplement  d'écrasâr  par 
le  même  frottement,  c'est-à-dire  que  l'idée  de  mise  en  mor- 
ceaux disparaît*  Nous  disons  par  exemple  que  quelqu'un  s'est 
fromé  un  muscle.  Jusque  là  l't  est  resté  dans  l'ombre;  quand 
son  sifflement  apparaît,  la  nature  du  frottement  change  à 
cause  du  bruissement  qui  raccompagne.  Dès  lors  tous  les 
éléments  de  ce  mot  sont  en  relief  et  rimpreasion  résultante 
produite  par  les  valeurs  combinées  de  son  consonantisrae  et 
de  son  vocalisme  est  apte  à  rendre  de  façon  très  eureuse  le 
bruit  du  papier,  du  satin  que  Ton  fripe  brusquement.  M 

ind.eur.  *  bhrem-  (vha.  érêman,  alL  h^ummen^  lat.  f réméré) 
commençait  par  un  groupe  propre  à  exprimer  un  bourdon- 
nement, lequel  pouvait  être  plus  ou  moins  clair  ou  plus  ou 
moins  sombre  selon  Papofûnie  (*Mreni-,  *Mrom-)i  En  Jatin 
le  àh  devient  f,  ce  qui  accroît  notablement  Veiïei  vibrant  de 
IV  è.  rend  le  mot  inapte  à  exprimer  un  bourdonnement  léger 
comme  celui  des  abeilles.  Les  bruits  violents  seront  son 
domaine  ;  &  comme  il  n'a  plus  d'apofonîe,  que  sa  vojelle  ost 
toujours  €f  parmi  les  bruits  qui  donnent  Tim pression  d'un 
frottement,  ceux  qui  sont  grinçants  et  de  note  aiguë  lui  con- 
viendront particulièrement: /ï^emrï  sonipes  Yïrg.  h  le  cheval 
ennit  m,  fremunt  uenti  0?*  »  les  vents  sifflent  ».  Mais  ce  mot 
a  conservé  par  éritage  la  faculté  d'exprimer  des  bruits  sourds. 
Il  n'i  a  donc  rien  de  surprenant  à  le  voir  s'appliquer  à  des 


N 


ONOMATOPÉES  ET  MOTS  EXPRESSIFS  1£7 

ifuita  non  moine  violants»  mais  dans  Jatiote  sombre*  U  suffit 
pour  cela  qne  la  voyelle  ne  vienne  pas  en  lumière  :  fremti  iea 
lie  lion  rugît  »,  frémit  tigrU  w  le  tigre  gronde  »  (flan  esaen- 
tiellemeDtrauque). 

LiU  hirbiu  qui  désigne  songent  un  bruit  strident  ou  aigu 
grSiee  aux  éléments  qui  sont  dans  bruiî^  ôrwiVe,  s'appiique  fort 
bieo  au  fredonnement  et  au  àourdonnement  grâce  au  é  4  à  !>, 
bieo  que  IV  soit  palataU 

Ut  birùinu  qni  é&t  formé  des  mémea  éléments,  s'applique 
luisiaa  bourdoûoement  d'un  rouet,  d'un  insecte,  à  un  ron- 
ûemetit,  mais  peut  désigner  non  moins  bien,  grâce  à  Taculté 
diitiTôyeUes,  le  bruit  de  Ja  clarioette  ou  de  la  crécelle, 

klLmmmenéisumstn  sont  à  peu  près  équivalents  et  signifient 
«liiedoaner  ».  Ils  possèdeût  un  s  qui  indique  un  bruissement 
(le  second  en  possède  deui  et  est  de  ce  fait  plus  expressif), 
uu  qui  parque  que  ce  bruissement  est  dans  la  note  sombre 
et  la  DODSOune  m  qui  est  à  la  fois  nasale  et  labiale  ;  suivant 
^m  c  est  Tune  ou  Tautre  de  ces  deux  qualités  qui  entre  en 
Tàlfiar,  le  mot  exprime  un  fredonnement  nasal  ou  un  fredon- 
nemânt  labial,  d'où  le  sens  de  <t  bourdonner  n  qu'il  possède 
aaui. 

âr,^pvKitv{c croquer, ronger»  a  des  éléments  communsaveo 

€rùquêr,  mais  à  i'époque  où  son  v  se  prononce  û  sod  initiale 

le  rapproche  davantage  de  celle  de  grignoîer^  d'où  le  sens  de 

<  foustller  *.  Il  peut  même  lorsque  son  û  entre  particulière* 

msat  en  lumière  signiâer  a  grincer  des  dents  u  (sens  rare) 

grâce  aux  éléments  qui  fout  impression  dsns  ùriser,  grincer* 

C'est  pour  des  raisons  analogues  que  des  mots  tirés  d'une 

même  racine   prennent  souvent  des  sens  di^Téreuts  suivant 

les  asards  de  leur  apofonie  ou  la  forme  de  leur  suffixe.  Ainsi 

de  la  racine  (en-  le  lann  tire  tinnire  qui  yeut  dire  »  rendre  un 

ton  clair  et  métallique  \>  à  côté  de  tonare  qui  s'applique  au 

bruit  éclatant  du  tonnerre,  et  le  vieux  slave  iatmû  qui  s'ap- 

plique  à  un  bruit  sourd.  Lit.  gréuziu  u  je  ronge  »  n'a  pas  le 

même  sens  que  gr.  jSpx"^  *'  grincer  des  dents  »  auquel  il  est 

apparenté  parée  qu'il  contient  pîutdt  les  éléments  de  gratter  \ 

mais  got*  kriiAstan  qui  appartient  â  la  même  racine  signiôe 

m  grincer  n  parce  qu'il  a  comme  |9pvx'^  ^^  ^  appujé  sur  une 

TOjelle  aiguë. 


lÈÈ 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


Gr.  j^pfftttv  désigne  eâseûtiellemêDtle  frémissementi  le  mur- 
mure, ©t  il  enestdemémede  /Spo^oç  parce  qtie  c'estle  substantif 
correspondant  ;  mais  le  vocalisme  de  ce  dernier  hiî  permet  de 
désigoer  aussi  le  bourdonnement  et  même  le  grondenient,  e%m 
cette  aigniflcation  pourra  être  aussi  attribuée  par  réaction  au  ■ 
verbe,  dont  la  vojelle  restera  alors  inerte  par  !e  fénomène 
que  nous  oonsiatîons  plus  aut  à  propos  de  /réméré.  Quant  à 
pptivrri  qui  est  dérivé  de  la  même  racine,  il  ne  pourra  s'appli- 
quer qu'au  brait  du  tonnerre  parce  que  sa  formation  l'isole  du 
verbe* 

C'est  ce  sentiment  du  rapport  entre  le  timbre  de  la  vojella 
et  la  nuance  sémantique  qui  a  donné  naissance  à  une  apûfoQie 
spéciale,  que  nous  avons  déjà  signalée  (p*  100)  à  que  Ton  peut 
appeler  rapofouie  onomatopéique.  Elle  a  trois  degrés  :  vojellô 
claire  i  (é)»  vojelle  éclatante  a  {à}  &  voyelle  sombre  ou  (é). 
Elle  n*a  Heu  de  commun  istoriquement  avec  rapofouie  indo- 
européenne,  bien  que  cette  dernière  loi  ait  dans  un©  certaine 
mesure  servi  de  modèle.  A  û6té  de  Ir^  GÎûçuei  n  petite  latte 
de  bois  qui  frappe  continuellement  sur  la  trémie  d'un  moulin  m  , 
ciiçuet  n'a  pas  d^autre  origine  que  les  besoins  onomatopëiquea 
pour  désigner  un  objet  analogue  en  métal  et  dont  le  son  est 
par  conséquent  aigu*  Les  trois  mots  allemands  de  formation 
récente,  knirren  «  faire  un  bruit  aigre  fu  knairen  *<  craquer», 
knurren  a  gronder  i>  sont  un  bel  exemple  dVpofonie  onoma- 
topéique.  On  en  peut  dire  autant  de  UU  treszkéti  «  crépiter  i», 
traszkéti  ii  craquer  ii,  irmzkéli  u  faire  entendre  un  craquement 
sourd»  comme  celui  d'un  arbre  qui  se  rompt  p.  Considérez 
encore  alL  klippem  tx  cliqueter  »  et  kiappem  «claquer  n^  klit- 
scheti  et  kiatsc/ien  «  mêmes  sens  respectifs  »,  knistern  "  cré- 
piter »  et  kna^tem  w  craqueter  »,  kniHern  et  knaitem  «  mêmôi 
sens  respectifs»,  kntzen  «  griffer  »  et  kraizen  «  gratter»^  &o. 

EnâUj  il  faut  constater  que  dans  des  mots  à  modulation 
vocalique  comme  fr.  (intamafre,  ciapotage^  ciapotis,  ee  qui  &  fl 
déterminé  le  choîi  du  sufiS^e,  c'est  uniquement  le  sens  ono- 
matopéiquei  c^'est-i-dire  te  besoin  de  peindre  dans  le  premier 
cas  un  bruit  qui,  après  être  passé  de  la  note  claire  à  la  note 
éclatante,  continue  à  retentir  dans  cette  dernière  ;  dans  la 
second  cas  un  bruit  saccadé  (par  les  occlusives}  dont  lea 
modulations  ne  sortent  paâ  des  notes  éctatantea;  et  dans  cla- 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


129 


pùiis   un   bruit  varié   de  notes  éclatantes  entremêlées   par 
I       ândroîts  de  notas  algues, 

^      Sinfdan 


VII 


Siîifdans  ces  dernières  lignes,  nous  n'avons  encore  presque 
^         nea  dit  de  la  formation,  de  Torigine,  de  rétimolûgia  et  de 
réTelûtion  des  motJa  onomatopéiquea-  Nous  en  avons  rappro- 
cbéi  qui  n'ont  aucun  lien  de  parenté,  nouâ  en  avons  séparés 
«iWtOût  frères.  C'est  que  pour  les  questions  que  nous  avons 
étudiées  Jusqu'à  présent,  il  û'i  avait  pas  lieu  de  faire  autre- 
ment; j{  fallait  constater  Tétat  et  la  valeur  des  différents  mots 
que  nous  signalions  dans  diverses  langues,  et  toute  autre  con- 
lidération  eût  été  dégressive  « 
l^      (Test  cependant  sur  ces  points  que  nous  avons  négligés  que 
^fe  Ton  4  le  plus  écrit  jusqu'à  maintenant.  On  a  prétendu  que  les 
^m  moU  onomâtopéiques  échappaient  aux  lois  ordinaires  de  Tévo* 
V  kUùn  ;  on  a  dit  aussi  que  les  langues  possédaient  d'autant 
fim  d'onomatopées  qu'elles  étaient  plus  jeunes,  plus  sauvages 
Même,  qu'elles  en  semaient  tout  le  long  de  la  route   qu'elles 
éiaient  obligées  de  suivre  pour  s' affiner,  et  que  les  langues 
Jm  plus  perfectionnées,  celles  qui  correspondaient  au  degré 
de   aivilisation   le    plus   avancé,  n'en  présentaient   plus  que 
quelques  vagues  débris.  Aucune  de  ces  opinions  ne  repose 
tar  une  étude    attentive  des  langues  et  de  leur  évolution, 
Yojons  les  faits. 


Les  mots  onomatopéiques  obéiasent  servi  îement  aux  lois 
fonétiques  qui  dominent  les  autres  mots  de  la  langue  à  laquelle 
ils  appartiennent,  même  si  les  transformations  que  leur  impo* 
tent  û€8  lois  doivent  leur  ôter  toute  valeur  expressive.  Lat. 
ifwerqmdula^  qui  fait  onomatopée  par  la  combinaison  de  ses 
daox occlusives  sourdes  avec  la  vibrante  r,  eatdevenuen  fran- 
igiàMmrceiiey  mot  absolument  inexpressif.  L'indo-européeii  em- 
ployait pour  désigner  réternuement  une  racine  *  pi  ter-  dont 
la  forme  insolite  décèle  au  premier  coup  d'oeil  une  création 


110 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


puremeot  onomatopéique  et  qui  est  en  effet  bien  remarquabla 
avec  son  explosion  labiale  guivie  d'un  siffienient  que  vient 
interrompre  utie  occlusive  dentale  explorant  sur  un  ¥ruit  que 
prolonge  le  vîbrement  d'un  r.  Le  grec  en  a  tire  trrapwp 
k  qui  i'évolution  fonétique  a  fait  perdre  la  spirante,  c'est-à- 
dire  Télément  essentiêlj  celui  qui  donnait  la  vie  à  tous  lei 
autres,  si  bien  que  ce  mot  n*ast  eo  définitive  guère  plus  digne 
du  nom  d^onomatopée  que  uripa  «  le  talon  n.  Le  latin,  qui 
obéit  à  des  lois  différentes,  en  fait  siemuo  ;  il  n'a  perdti  que 
le  p^  et  la  perte  est  petite,  car  tous  les  éléments  eâsentiels 
aubsiitent,  et  Tonomatopée  reste  excellente.  Mais  siemuere 
devient  en  français  éitrnuer^  qui  est  aussi  inerte  comme  ono- 
matopée que  éiemiier.  Les  langues  germaniques  possèdent 
pour  désigner  la  même  idée  diverses  formes  qui  semblent  pou- 
voir être  toutes  ramenées  à  une  sorte  de  racine  *  qmeus-;  elle 
nVst  pas  moins  expressiire  que  * pster^  mais  elle  ne  désigne 
pas  le  même  éternuement;  * psier-  exprime  un  de  ces  éier- 
nuements  dus  à  un  picotement  dans  le  nez  comme  en  produit 
le  soleil  du  printemps,  6i  qui  vous  surprennent  au  moment  où 
vous  vous  i  attendez  le  moins  &  où  voua  avez  par  conséquent 
la  bouche  fermée,  comme  le  montre  l'explosion  labiale  du 
début  ;  la  racine  germanique  ^gmeus-  peint  an  contraire  Féter- 
nuement  de  quelqu'un  qui  a  contracté  un  bon  rume  de  cerveau 
elqui  ne  pouvant  plus  respirer  par  le  nez  a  d'avance  la  boucha 
ouverte  ;  pas  d'occlusion  labiale  en  effet«pas  même  d'occlusion 
dentale;  les  muscles  en  se  contractant  ne  peuvent  produire 
d* occlusion  qu'au  fond  de  la  bouche,  au  niveau  du  voile  du 
palais,  comme  le  marque  le  q;  cette  explosion  est  immédiatement 
suivie  d'une  sortie  violente  de  souffie  exprimée  par  la  sifflantes 
et  dont  le  trop  plein  passe  par  le  nez  qu'il  dégage  momentané - 
tnênt(n)  en  produisant  un  bruit  que  marque  la  voyelle  éi  qui  se 
termine  par  un  nouveau  siffiement.  Ajoutons  que  les  langues 
baltico-slaves  ont  une  troisième  formation, lit,  cziûsti,  €zidudèti„ 
rusâ.  èixàf  dontrélément  essentiel  estcelui  de  notre  onomatopée 
atsché^  atichî^  qui  suppose  aussi  l'occiusion  des  fosses  nasales.  I] 
serait  puéril  de  rattacher  des  t;  onsidé  rations  etnograflqu  es  à  ces 
trois  expressions  différentes  de  réternuement  ;  lorsqu'on 
cherche  à  imiter  un  bruit  complexe  et  variable,  il  est  tout 
naturel  qu'on  le  reproduise  de  façon  plus  ou  moins  inexacte 


I 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS  131 

ûi  tÀELlôi  d'une  manière  tantôt  d'une  autre.  La  seule  chose 
^q!  noua  importe  ici,  c'eât  de  constater  que  si  l'évolution  foné- 
tique  aôté  à  iûd.-eur**^5fer-  toute  valeur  expresBive  en  le  fai- 
sant aboutir  à  fr*  eteniuer^  elle  n'a  pas  plus  respecté  germ* 
'qineus-.  Ce  der^iier  est  en  effet  devenu  d'une  part  ags.  fnèO' 
lOJi,  m.  angh  ffiésen,  ho  IL  fniezen  qui  ne  peignent  qu'un 
soofâe  mt-labiâl  et  mi-nasal,  d'autre  part  m,  angl.tn/im^  angL 
tosneeze  qui  marqtient  un  sifflement  dental  suïvî  d'un  souffle 
nasal,  enûn  w  norr.  htyôsa  qui  indique  bien  encore  un  souffle 
nasal,  mais  dans  les  dialectes  ou  i'A  est  tombé  on  avha.fita*an, 
m*  angL  nésen^  alL  niesen  qui  ne  font  pas  plus  onomatopée 
(|ae  all>  ndhcn  9  coudre  »,  Les  cor resp^ ridants  de  sk.  kroças 
n  cri  n^  gr.  ^^ifjn  i(  cri  »,  si  expressifâ  avec  leur  groupe 
cr,  sont  en  got,  hruh  h  ciiant  du  coq»^  hrukjan  k  chanter 
Comme  un  coq  h  que  la  lautverschiebung  a  rendus  presque 
inertes  en  détruisant  l'occlusive  sourde  initiale^  Môme  obser- 
vation pour  aU.  rufen  «  appeler  »  qaî  sort  d'un  prégerma- 
lique  * krùb-  ou  *  krâù-,  pour  alU  tachen  <<  rire  »  qui  sort  de 
*klak-  {ùL  gr.  ^XàÇm,  TÛmfsrsu)^  pour  ags.  Punjan  &  tonner  d 
qui  correspond  à  véd.  tànyati\  lai.  tonare^  pour  v*  norr* 
pidurr  qui  correspond  à  gr,  TirpaJ  et  coq  de  bruyère  »,  pour 
gr,  ÎT!5t,  œ^p,  aiîp«,  tât,  aura^  V.  irh  mai  «  souffle,  vent  »  à  oôté 
de  racine  *tcé-,  v.  ah  véja  tt  je  soufflet»,  lit.  vêias  «  vent  «, 
got^  vaian  <<  souffler  u,  vindt  u  vent  )),  alL  wehen  <(  souffler  n, 
mnd  41  vent  1»,  lat.  uenitAs, 

Puisque  révolution  agit  impitoyablement,  sans  souci  de 
Tonomatopée,  il  est  évident  que  si  elle  la  détruit  parfois  elle 
doit  tont  aussi  souvent  et  avec  la  même  inconscience,  la 
créer.  Ainsi  ind-eur.  *AA/â-ou  *hhlê-  «  soufflera  donne  au  vha. 
pléen^  blâen  qui  est  Jnexproasif,  mais  au  hxLfîare  qui  vaut  vha. 
fnëhan  examiné  plus  atitj  p,  97,  Vfr.  a  fan  a  effort  11,  it,  a/fa- 
nar€  «  chagriner  h ,  prov.,  esp  ,  port,  afanar  a  se  donner  de  la 
peine,  travailler  avec  effort  »  supposent  une  forme  romane 
d*origine  inconnue  *affànarê.  Tous  ces  mots  sont  inexpressifs. 
k  côté  de  cette  forme  ii  i  en  avait  probablement  une  autre 
avec  un  seul  f,  *afanQre,  sortie  de  celle-là  par  simplification 
de  la  consonne  double  dans  les  formes  oCl  elle  se  trouvait 
devant  Tacceutt  comme  dans  mamilia  de  mamma^  curuhs  de 
currus^  mciiiare  de  uacdilare^  farina  de/arn's,  ùfelia  de  offa^ 


132 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


ëmitto,  Messalina  de  Mesml/a.  *Afanare  aurait  donné  fr.  ahaner 
commô  deforis  est  dôVêou  dehùn.  Or  âAane  fait  onomatopée 
par  son  iatus,  comme  ce  ^ers  dd  M.  de  Heradia: 


Et  bondis  à  traders  1«  baletante  orgie, 


j 


et  ahan  d'autre  part  par  sa  nasalisation  qui  le  fait  coïncider 
pour  sa  deuxième  silJabe  avec  IMnterjectioii  dea  gens  qui  font 
effort»  han  ! 

Il  est  inutile  de  citer  ici  un  plus  grand  nombre  d^exemples 
de  ce  genre.  On  en  pourra  glaner  plusieurs  dans  les  cbapitres 
qui  précèdent  et  on  ea  rencontrera  beaucoup  dans  ce  qui 
nous  reste  à  exposer.  Qu'il  nous  suffîse  pour  le  moment  de 
constater  que  ce  que  révolution  fonétique  fait  perdre  d^uii 
côté  à  une  langue  au  point  de  vue  de  ronomatopée^  elle  le  lui 
rend  d*un  autre  oôté<  Les  pertes  et  les  gains  se  balancent  à 
peu  près.  , 


Les  langues  subisaent-eUes  passivement  cet  état?  On  ne  lei 
voit  guère  rejeter  un  mot  parce  qu*il  fait  onomatopée.  Mai» 
lorsque  révolution  fonétique  leur  fait  perdre  une  onomatopée, 
on  coaHtate  souvent  qu'elles  la  refont  ou  la  remplacent.  Quand 
il  s'agit  simplement  d'imiter  un  bruit  bien  déterminé,  on  le 
recopie  de  son  mieux  en  abandonnant  le  mot  éréditaire  devenu 
tnexpressif.  L'istoire  des  noms  du  coucou  dans  les  langues 
judo-européennes  est  fort  instructive  à.  cet  égard.  Ils  ont  tous 
quelque  élément  commun,  mais  la  question  est  de  savoir 
dans  quelle  mesure  ils  le  doivent  à  Térédité  et  à  leur  parenté. 
Il  convient  d'abord  de  signaltr  sk,  kûkas  «  coucou  (RV,  vui 
104,  22)1  —  loup,  sorte  d'oie  (class.]  »  avec  son  dérivé  îoAi^fl 
im  M  coucou  n,  latp  cucu$  (7),  v.  irL  ciiach,  galU  câg  qui 
remontent  aux  formes  parallèles  'geugoSf  *qôuqoif  ^quqoSf 
'quqât  *  qouqà.  Ce  sont  des  mots  à  rédupiication  l/nsée  que  Ton 
peut  rapporter  à  une  racine  anomatopéique  *qeU'^  attestée 
par  sk.  kâuHi  kunàti\  kmate  «  retentir»  faire  entendre  un  son, 
gémir  »ï ,  v«  sL  tufati  «  murmurer ,  gronder  d  ,  gr,  xb»ieûa» 
«  je  pousse  des  cris  de  douleur  i^,  lit*  kaûkti  »  urler  «>,  etc.  A 
la  même  racine  peuvent  se  rattacber  lat,  cuculuSt  v,  si.  kuka- 
vka  m  coucou  »f  lit.  kukûti  <  faire  le  cri  du  coucou  ■  ;  mais 


ONOMATOPEES  ET  MOTS   EXPRESSIFS 


133 


N 


\ 


N 


rito  ae  prouve  que  toi  do  ces  mots  n'a  pas  été  refait  directe- 
ment &ar  le  cri  du  coacou. 

En  grec  on  a  ^Ixm^  qui  nû  correspond  êxactemeut  à  auouD 
des  mots  cités  jusqu'à  présent.  Faut-il ,  à  catiae  de  sort 
occluâive  redoublée  ,  i  voir  une  formation  grecque  tirée 
d^une  DouYelle  imitation  du  cri  du  cqucou^  à  savoir  îto^xu? 
Ce  n^êst  nullement  nécessaire  ;  sans  doute,  si  k6vxu|  était  un 
moi  JneEpressif  sa  dérivation  de  la  racine  signalée  plui  ant 
serait  anomale  ;  mais  lorsqu'il  s'agit  d'un  mot  onomatopéi- 
que,soa  lot  n'a  rien  de  plus  surprenant  que  le  tttt  de  mwfti^ùi  à 
côté  de  îTÉffiC**  ou  le  x^  ^^  itox^iÇa»  à  ûàté  de  xa^a^"-  L^  redou- 
blement d'une  occlusive  dans  les  cas  de  ce  genre  est  un  pro- 
cédé qui  a  pour  effet  d*accantuer  la  redoublement,  de  le 
rendre  plus  sensible,  à  qui  plonge  par  ses  origines  jusque 
dans  rindo-européen;  qu'il  nous  suffise  de  rappeler  ici  en  face 
de  irt7nrt^«»  âk.  pippakd  t  nom  d'un  oiseau  »,  en  face  de  xax;£iC("i 
iutxà^^  sk.  kakkhati,  kakhait\  Est-il  permis  de  sup poser  que 
notre  forme  xoxxv^  remonte  aussi  autT  Go  a  certainement 
le  droit  d*en  rapprocher  sk.  kukkubhm  a  faisan  ■,  kukkikt>âc 
i  espèce  d'antilope  i»,  tant  qu'il  ne  sera  pat  démontré  que  ces 
mots  sont  des  formes  pràkrites  sanskritisées.  La  différence 
de  signiâcation  ne  saurait  être  un  obstacle  ;  U  racine  dont 
nous  avons  parlé  a  un  sens  assez  large  pour  que  ses  dérivés 
poissent  s'appliquer  à  des  animaux  divers  pourvu  que  leurs 
eris  aient  entre  eux  quelque  vague  analogie*  Nous  avons  déjà 
vu  sk.  kokiu  désigner  u  le  loup  »  et  ■  une  sorte  d'oie  «  ;  v«  sL 
kuaka  signifie  «  le  cbien  »|  lat.  çucubarç  veut  dire  «  faire 
entendre  le  cri  du  ibou  ■,  enfin  gr,  ^o>tJtti(^ûi  lui-même  con- 
vient aussi  bien  au  chant  du  coq  qu'à  celui  du  coucou. 

Dans  les  langues  germaniques  la  forme  la  plus  ancienne 
qui  noua  soit  connue  est  vha,  gnuh  ^^  ags.  géac  ■=-  r.  norr. 
gmkr  t4  coucou  m  ,  représentée  encore  aujourdui  par  ail. 
gauch  «  coucou,  —  niais  w.  Elle  ne  peut  en  aucune  façon 
être  rapprochée  fonéttquement  des  formes  que  nous  avons 
signalées  dans  les  autres  langues  ;  elle  est  Eiaus  doute  ap pa- 
re Dtée  à  sk*/iâ't;a'^,  ^uâ^a^i«  il  crie,  il  appelle  ù^hdvas  <i  cri  >^ 
JékamU  «  il  appelle  >,  v.  si.  zovç  h  je  crie,  j'appelle  ••  Au 
point  de  vue  expressif  ce  mot  est  très  défectueux  à  différents 
égards  et  en  particulier  paroe  qu'il  n'indique  paâ  de  redou- 


131 


ONOMATOPEKS    ET   MOTS    EXPRESSIFS 


blemant  alors  que  \e  cri  du  coucou  est  toujours  répété.  Aussi 
Tort-on  surgir  au  XVI'  aiècle  à  côté  de  gouch  des  formés  telles 
que  guckgauch,  gutzgauch.  Mais  longtemps  auparairant  le 
néerlandais  a?ait  recopié  directement  le  cri  de  l'oLseau  dans 
son  mot  koekùek,  qui  pénétra  en  AUemagne  dès  le  XV*  siècle 
sows  la  forme  kuckuck,  aujourdai  très  répandue*  L  anglais  a 
ctickoùqu'il  ne  doit  sans  doute  nia  un  éritage  ûi  àun  emprunt, 
maia  qu'il  a  calqué  sur  le  cri  du  coucou*  De  même  en  russe 
kukùska  n*eat  pas  le  représentant  de  v.  si.  kukavfca^  mais  une 
imitation  du  cri  du  coucou  suivie  d'un  suâîxe  très  usité,  _ 

Le  cûçus  de  nos  diotioanaireâ  latins  n'est  livré  nulle  part  ■ 
d'une  façoD  certaine,  pas  même  dans  Isidore  (Ori^,,12,7)*  C*est 
asses^  dire  que  si  un  pareil  mot  a  réellemenl  existé  en  latin, 
nous  ignorons  sa  forme  exacte  et  eu  particulier  la  quantité 
de  sa  première  voyelle.  Rien  ne  saurait  donc  faire  obstacle 
au  *€Û€tm  que  demandent  itaU  cticco,  roum.  eue, port»  euro. 
Ce  ^cucru^  serait  à  ^cUçm  ce  que  câppa  est  à  ^pa.  Le  mot 
ordinaire  en  latin  pour  désigner  le  coucou  est  bien  connu 
iouB  la  forme  cucUtus  et  son  doublet  cwmiius.  Dans  les  languea 
romanes  prov.  cogul-$  répond  bien  a  cikuiut,  mais  en  italien 
au  lieu  du  *cugûlo  attendu  on  a  cueuîo  qui  demande  fonétique- 
ment  ^c^cUlus.  En  français  il  n'i  a  pas  Heu  de  séparer  les  mots 
désignant  l'oiseau  coitcou  de  ceux  qui  s'appliquent  au  mari 
cocu^  à  celui  dont  la  femme,  comme  la  femelle  du  coucou, 
ante  des  nids  étrangers,  Vfr.  *couru,  attesté  par  Oodef. 
coucuauit,  peut  sortir  comme  ital.  cuaUo  d'une  forme  *cuc€Uiu*^^ 
de  même  langued*  conçut  suppose  ^cuccûtu,  et  franc-comt. 
coucue  «  Terbe  au  coucou  »,  *cûcmta.  Ces  formes  cucûio^ 
*coucUy  conçut^  coucue  peuvent  recevoir  deux  explications  :  fl 
1*  le  texte  de  Plante,  JWn*,  245  paraît  exiger  la  longueur  de 
la  première  sillabe  dans  le  mot  cucuius^  c'est-à-dire  cùc-  ou 
cucc-  &  tous  les  autres  passages  où  ce  mot  se  trouve  dans  le 
même  auteur  peuvent  s'accommoder  de  cette  scansion  (cf.  éd* 
Brû:).  Cûcûlm  serait  â  ciicndm  comme  uaciiiatk  uacciUat  et  la 
coexistence  de  ces  deux  formes  en  romau  ne  serait  pas  plus 
surprenante  que  celle  de  cuppa  à  côté  de  cupa  ou  celle  de 
putiicinu  it  poussin  >i  à  cété  de  puiwinu  «  pussin  »  (Revue  da 
langues  romanes,  1898»  p.  287}  ;  *4*  *Cugûlo^  *cougut^  àc^ 
pouvaient  devenir  d'une  façon  normale  cucûlo,  coucut^  etc. 


ONOMATOPEES  ET  MOTS   EXPRESSIFS 


135 


I 


par  le  sentiment  du  redoubLement,  comme  fr.  verveine  de  uer- 
èena^  laL  ?tilg,  cocina  de  coquma^  v*  esp,  biermn  àû  uermi- 
fifîii,  éic.  (cf.  Grammont,  Ladissimilalion,  ^.  169). 

Fr.  coucou  est  probablement  une  nouvelle  imitation  directe 
é\i  cri  de  Tûiseati,  mais  il  pourrait  aussi  être  sorti  de  *coucu 
par  une  asaimilatioa  vocaUque  progressive  due  à  Tiofluence 
de   Tonomatopëe.   Enfîn  côcu^   coqu^  au   lieu  d'avoir  subi, 
<omaie  le  peose  le  Dkt,  gén,f  ritiduence  de  coquart^  coquin , 
^Cm  n'est  autre  chose  que  vfr.  cucu  diss^îmilé  normaleitient 
eomme  devin  de  diumu,  voisin  de    uicinu,   fenir  de    /niire, 
<luant  àce  eucu^  e*est  ou  bien  Voucij  assimilé  régressivemeut 
par  le  sentiment    que  ce  mot    fait  onomatopée  et  exige  le 
redoublement  de  la  même  sillabe,  ou  bien  une  reproduction 
directe  et  approximative  du  cri  de  L'oiseau*  Comme  nous 
Tavons  déjà  indiqué  (p,  98  },  leâ  deujt  notes  du  cri  du  coucou 
ne  piont  pas  absolument  identiques;  la  première  est  pluâ  claire 
qoe  la  seconde,  et  si  couûùu  est  une  imitation  plus  exacte  que 
ctt^u,    ce  dernier  présente  pourtant  une  approîcimation  très 
sufÛsante.  Seulement  ii  fait  l'impression  d'un  cri  plus  aigu 
qae  coucou.  On  trouve  la  même  différence  entre  les  ii;ots  dési- 
gnant le  urlement  que  nous  avons  signâtes  à  la  p.  108  e(  le 
mot  fr*    urier  (àurier),  La  voyelle  essentielle  des  premiers 
eit  un  ou,  ce  qui  ne  (es  empêche  pas  de  servir  à  Toccasiou 
pour   les   urlements    ai^us  ;    au  contraire   fr,   uriêr  donne 
rimpression   d'un    urlement  aigu   et  par  extension  désigne 
iusei  les  autres.   Mais  d'où  vient  son  û  et  aussi  son  h  qui 
s'est  prononcé  assez  tard  puisque  nous  disons  encore  aujour- 
dtii  le  urlement  sans  élision?  Le  point  de  départ  de  ce  mot 
est  évidemment  latin  lï/u/arequi  n*ani  n  ni  A  ;  ce  uluiare  bien 
P'il  s'applique  essentiellement  au  urlement  des  chiens  et  des 
bups  est  un  dérivé  de  ulula  a  chaUuant  n.  Le  rapport  qui 
txiste   entre  le  urlement  et  le  cri  du  ibou  ou  du  chat*uant 
f^araît  avoir   été   saisi    de  différents    côtés,  car  ail.  heulen 
i  urler  u  de  mha.   hiulen^    hiuwein  est  apparenté  à  mha. 
hiuwei^  vha.  hiuwiîa  n  ibou,  chat-uaat  n.  C'est  ne  qui  permet 
de  supposer  que  le  mot  fr*  a  subi  une  induence  germanique 
et  qu'il  s'est  mélangé  avec  vba.  huwila  a  ibou,  chat*uaut  »k  ^ 

i  Hûwila  -|-  ûlûtare  p«ut  donner  soit  *hûîûiareà^Qik  hurltr^  soit  *fiûwiiare 


136 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPllESSIFS 


Le  mot  uer  {huer),  que  Toa  perâiste  à  tirer  de  ririterjectioû 
Au,  appartient  à  la  vaèm&  famille  ;  û  signiâe  eDcore  en  terme  fl 
de  faucoDnerie  a  crier  comme  le  ibou  »  ik  n^Qsi  autre  ctioae 
qu'un  dérivé  de  vha.  kûwô  u  ibou,  chat-uaut  w. 

Lorsqu'il  s'agit  de  bruits  moins  précis  et  moins  bien  déter- 
minés,  les  langues  ont  d'autres  ressources  pour  réparer  laurfl 
pertes.  Elles  ont  toujours  en  magasin,  si  Ton  peut  s'eipnmer 
ainsi^  les  fonèmes  qui  sont  propres  à  en  peindre  les  carac- 
tères essentiels,  par  exemple  rapofonie  onomatopéique  qui 
suffit,  comme  dûus  ravôDS  vu  plus  ant,  à  en  exprimer  la  note 
dominante,  puis  les  occlusiires  qui  marquent  les  sons  à  explo- 
sion brusque,  puis  les  combinaisons  d*oocluaives  avec  des 
liquides  ou  des  spirantes,  dont  la  valeur  nous  est  aueai 
connue.  Ainsi  la  lautverschiebung  6te  au  correspondant  ger- 
manique (vha,  huoht  que  nous  retrouverons  plus  loin)  de  gr* 
îia;ÇflEÇ«v  «  rire  aux  éclats  m,  lat  cachinnuSy  sk.  kàkhati  tout 
ce  qui  rendait  ces  mots  ai  eipressif^;  mais  le  vieux  aut  alle- 
mand retrouve  dans  son  propre  fonda  les  éléments  qui  avaient 
servi  à  former  ces  mots  en  indo-européen,  &  il  en  fait  kichai- 
sen,  kachazzen.  Le  «geaiii  se  dit  en  vha.  AeAara  (qui  ne  fait 
pas  onomatopée]  et  en  gr«  xiV<7!x^  en  sanikrït  on  trouve  kikii, 
mot  refait  qui  éveille  bien  le  sentiment  des  cris  aigus  et  sac- 
cadés de  cet  oiseau  ;  mais  la  forme  attendue  *a>ri  n'avait  pas 
les  mêmes  qualités.  Indo-eur.  *^fa^-  devient  en  germanique 
par  la  lautverschiebung  Â/ciA-^i  même  en  alL  lah-  qui  n*ant  plus 


d'où  rfr.  huler;  U  dérivé  normal  de  hûwila^  sans  mélange  atûc  ulvto^^ 
ne  pourrait  d^aillears  avriir  une  autre  forme  que  *huwilare.  M,  Mejer- 
Liibke  a  donné  {Giôber's  Zeitschr.^  XX  II,  fi  aqq,)  une  eiplication  fort 
ingénieuse  de  Vu  fermé  de  la  silLftljch  inHiale  ;  mais  elle  ne  parait  pas 
pouToir  être  acceptéi^  parce  qu'elle  n'est  pus  indispensable  pour  eiplî- 
quer  obw.  urlar  &  surtout  qu'elle  ne  rend  pas  compte  de  Vh.  Déjà  en  1894 
M,  Th.  Braune  aTait  songé  a  une  origine  germanique  (G roier**  Zd/icAr*, 
XV^Illi  527),  mais  il  n'avait  pai*  touché  juste  parce  que  hurreln  aurait 
donné  fr.  *  fiourier,  parccs  que  plusieurs  formes  mmanes  ne  permettent 
pas  d*écarier  ulutar^^  enfln  parce  que  sard*  ut^iare  &  mum*  upI  prou- 
vent surabondamment  que  iV  n'est  pas  d^origine  germanique,  maiit  est 
le  produit  d'un©  dissîmilation  tout  comme  le  d  de  cat*  udotar  qui  nâ 
iortpi»  de  hurdetn  (cf  ,  Grammont,  La  tiissimilation^  p,  50,  55,  81,  84K 


^ 

k 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS  137 

du  tout  la  valeur  onomatopéiqae  de  gv,  xlzyyh^  lat.  cîangar; 
mm  on  refait  klingen,  klang. 

Au  lieu  de  fabriquer  un  mot  de  toutes  plèoea  pour  combler 
Que  iacaoe,  les  laDgaes  peuvent  l'emprunter  à  un  idiome 
Tûiiin  ou  le  tirer  d'uue  racine  qui  n*a  pas  le  même  sens* 
L*ijido-européen  se  servait  des  deux  racioea  onomatopéiques 
*pird'  k  'pezd'  pour  exprimer    deux  nuances   nettement 
diitJnctes.  La  première  avec  aon  explosion  labiale,  son  vocâr 
Iî8me?&né(*/?errf  -,  *prd-^  ^pord-),  le  léger  roulement  de  son 
rat  rocclusion  anale, est  une  merveille.  Elle  e:^t  attestée  par 
ik-   pérdate  j   gr*  iripifirau,  Iwpaiîov,   sirap^ev  ,  irfrropffa,  Tfoplit , 
liUpérdzïU^  pérsti^  cèq.  prdèti^  ail*  furzen^  farzen^  &c.  La  laut- 
r«rB€hiebung  a  modiâé  Texpreasion  dans  les  mots  germaniijues, 
mais  ii  n'i  a  pas  lieu  d'insister  sur  oe  changement*  La  seconde 
racine,  *pêzd'y  remplace  excellemment  la  vibrante  r  par  la 
i[^îrante  sonore  t,  mais  on  peut  trouver  que  l'explosion  mar- 
quëe  par  la  labiaîe  du  début  est  trop  violente.  Quoi  qu'il  en 
BOit  elle  donna   naissance  dans   le  domaine  ellenique  a  un 
v^rbe  *  ùzdeyo  qui  serait  parfait  ^i  iea  lois  fonétiques  grecques 
M  le  rendaient  ineipresaif  en  lui  fai.^ant  perdre  sou  z  ;  gr* 
^4^  garde  la  signification  de  *pezd-  parce  que  Trtptî-  sub- 
Biate  en  face  de  luit  mais  il  ne  l'exprime  plus.  En  baltico-slave 
et  ei  germanique  */}ei<f- apparaît  dans  slav.  pezdèn  qui  garde 
toutes  les  qualités  dePindo-européen»dana  pet.  rusa,  bii'itij  et 
lit,  htidèfi{i^d,n^  doute  emprunté  au  russe)  qui  sont  plus  par- 
faits, et  dans  mha.  vht^  alh  fi&îen  qui  sont  irréprochables.  En 
\tM^^ ptzdû  devient  normalement  p^if}  ;  il  reste  la  labiale, 
Jnaia  plus  rien   de    caractérisant.  C^est  désormais  un  mot  à 
peu  près  quelconque,  plus  propre  pourtant  avec  son  explosive 
tibiale  sourde  à  remplir  les  fonctions  de  *  perd-  que  celles  de 
'pezd-,  et  comme  il  n'i  a  pas  à  côté,  comme  en  grec,  un  repré- 
sentant  de  *  p€td-^\e  domaine  de  ce  dernier  lui  échoit  ;  mais  il  s'i 
comporte  i^imalabilement,  qu'on  éprouve  souvent  le  besoin  de 
k  remplacer  par  crepare^  Quoi  qu'il  en  soit»  la  place  de  •  pezd- 
reste  vacante  ;  on  a  recours  alors  à  uisire^  qui  est  fort  juste 
comme  expression,  mats  qui  trouve  là  un  emploi  nouveiiU, 
car, bien  que  son  origine  ne  soit  pas  certaine,  il  semble  se  ratta* 
cher  a  une   racine  ^veis-  signifiant   <*  couler,  exprimer  un 
liquide  1».  En  vieux  français  pèdtre  donne  potre  qui  n'est  paa 


198 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


beaucoup  plaa  expreâsifqye  le  fruit  dont  le  nom  se  prononce  de 
même  ;  mais  du  substantif /^ef  on  tire  un  dérivé /ïê^er  qui  doit  à 
son  occlusive  dentale  sourde  un  regain  d'expression*  L'autre 
nuance  est  rendue  par  veiser^  vfr.  venir ^  qui  a  toutes  lei 
qualités  désirables  et  sort  de  *  umlre,  doublet  de  tôsïre.         fl 

Non  seulement  les  langues  réparent  souvent,  soit  en  créant, 

soit  en  empruntant,  les  pertes  que  leur  a  causées  révolutiou 
fonétique,  mats  U  n'est  pas  rare,  lorqu'un  mot  vient  mal  ou  ne 
présente  pa^  leâ  qualités  requises,  qu'elles  le  réduisent  à  un 
rôle  secondaire,  ou  le  rejettent  complètement  et  le  remplacent 
par  des  mots  plus  expressifs  qu'elles  prennent  où  elles  les 
trouvent,  soit  qu'elles  les  forgent,  soit  qu'elles  les  empruntent 

Ainsi  lat,  vulg*  meiare  (class,  meierê)  donne  sard.  mmrt^ 
esp.  tmm\  port,  mijar,  mots  ineipresaifs.  Dans  les  autres  lan- 
gues romanes  on  emploie  les  représentauts  de  *  pisUarê,  à 
savoir  \Lpisciare,  rétor*  pischar^  prov*pmar,  ft*, /y mer,  picard 
pkher^  cat.  pitxar,  roum.  pi§,  0  est  probable  que  si  F  on  a  en 
recours  à  ce  mot  de  signification  si  éloignée  (sur  son  origine 
et  son  évolution  sémantique  ,  cf.  Ulrich ,  A ,  IX ,  117  et 
Korting,  Lat.-  roni.  wurt*^  o*  7195),  c'est  parce  qu'il  est 
expressif  &.  rappelle  le  bruit  d^un  filet  d*eau  qui  coule  par 
terre  (  cf,  le  mot  des  nourrices  qui  veulent  faire  uriner 
leurs  nourrissons,  ;^Sj  ps^  avec  s  palatal),  tandis  que  meiare , 
Si  ses  représentants  sont  totalemeut  inertes.  ÉH 

Le  latin  rendait  Tidée  de  crier  par  clamare^^on  en  a  fait  en  vfr. 
c^amer^  je  cinim^  qui  signifiait  <t  appeler  à  aute  voixii  éi  qui  n'est 
pins  guère  vivant  aujourdui  que  dant  les  composés  prociamer^ 
acclamer i  réclamer  ;  mais  pour  reudre  Tacuité  d'un  cri  qui 
vibre  soudain,  le  latin  ne  fournissait  rien;  le  lat*  v  ul  g.  a  *cn/are 
qui  est  excellent.  Oii  ra-t-il  trouvé?  On  le  voit  généralement 
dans  lat.  quiritare  h  appeler  le  peuple  au  secours  »»,  à  il  n'i  a 
en  e0et  pasgraod  chose  à  dire  contre  cette  étimologie;  mais 
il  noua  a  toujours  semblé  qu'il  i  avait  tout  autant  de  chances 
pour  que  ce  mot  vînt  de  go  t.  *  kreitan  **  crier  »»  attesté  par 
mha*  krizen.  Et  ce  got.  *  kreitan  d'où  sort-il  lui-même  t  Pas  de 
Tin  do-européen,  qui  ne  connaît  pas  *  ^^rer^f- ;  il  est  vrai  que  l'on 
pourrait  songer  à  un  élargissement  de  la  racine  *  ^^er-,  attestée 
par  sk>  féraie  u  il  fait  du  bruit  i»,  lit*  gârsas  u  voix  w,  v.  irl. 


^ 
^ 


^ 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 

gm  R  appel,  voix  i,  v.  norr,  kura  u  gro:îder  »,  vha.  Aarwi 

a  hmU  clameurs  m,  &c.  ;  mais  il  est  beaucoup  pias  probable 
qoe  krett*  est  une  fabrication  germaniquâ  apparentée  onoma- 
topéi<}ueineut(à  noa  pas  istorîquemeut)  avec  iûdo-eur.  *  çreiif- 
•  pOttMW  des  cris  aigus  »  que  i'oii  vovt  représenté  dans  gr. 
yifafi»,v.  al,  krîku  n  eri  »,  lit.  knkséti*  crier  »,  v.  ûopp,  Arikia 
«poQsaer  des  cris  aigus  ï>,  y  ha.  hreigir  <(  héron  ». 

Lektitinediapogaitguôreqaede  crepare  pour  rendre  lea  trois 
su&DCâa cr^ifuei^  croquer f  c/a^tier;  les  langues  romanes  gardent 
Cftïûotàcauaede  ses  qualités (i t. crt*pare^  roam.  crep^  prov, cr*- 
krjt.crever^  esp.,  port* ^«eArar),  mais  ei les  limitent  sa  slgnîfi- 
catiûûet  suppléent  à  sort  insuffifaDceen  recourant  qui  au  ger- 
manique comme  Tespagnol  qui  en:  tire  crujir^  qui  aux  forma- 
tloûioQomatopéiques  comoae  le  français,  qui  a  tiré  des  verbes 
dei  îûterjectioiis  a^ac^  croc^  clac;  aïK  klatsckm  est  dérivé  de  la 
même  manière  de  kiaisch  et  krachen  de  krak  ;  il  ii*i  a  évidem- 
meat  aucun  rapport  tstorîque  entre  ces  mots  et  ceux  qui  leur 
correspondent  eu  français.   Pour   désigner  le   cliquetis   dei 
armea,  le  latin  se  servait  d'un    dérivé  du  même  crepare^  à 
•Avoir  erepitus;  Fespagnol  Ta  remplace  par  chîsckas  et  le  tràu- 
çtis  par  c%iieO'*  qu'il  a  tiré  de  cliquet  au  mo^en  du  même 
loffiie  qui   lui  a  serd  à  distinguer  le  clapotis  du  clapotage^ 
k  di^uet  lui-même  n*a  pas  d*autres  aïeux  que  rinterjectian 
cik.  Ces  nuances  ne  suffisaient  pas  encore  aux  langues  moder- 
Desîpourne  cousidérerque  le  franc ais^  decraguer  il  a  tirécra- 
yweïff»  craqueler;  il  a  même  repria  hu  latin  par  voie  savante 
^ficrepitare  qui  était  excellent  et  qui  ne  lui  était  pas  venu  par 
î<>îe  populaire.il  s'est  encore  tourné  d*ua  autre  côté,  &  ajou- 
tant à  un  substantif  tnexpressif  qu*il  possédait  le  suffire  -iV/er, 
il  a  fait  pétiUer  dont  tous  les  éléments  sont  en  valeur;  car  Id 
M  spirante  palatale  souore,  est  propre  à  exprimer  un  léger 
bruissement,  bruissement  aigu  si  la  voyelle  qui  précède  est 
uguë  comme  dans  le  cas  présent,  bruissement  sourd  si  elle 
$si  sombre  comme  dans  gurgouiller,  grouiller  que  le  français 
ajoute  à  ïa  lîste  en  tirant  l'un  d*un  élément  onoraîitopéîquô  à 
redoublement  garg-  à  Tautre  de  Tinitiale  de  grogmr^  gron- 
éêr.  Tous  ces  mots,  et  d'autres  que  Ton  pourrait  citer  encore 
remplacent  Tunique  creparê  du  latin  et  son  dérivé  crepitare. 
On  ne  trouvera  pas  sans  doute  qu'il  i  uit  eu  apiiauvriasement 
du  TooabuUire  onomatopéique» 


140 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


11  serait  facile  de  multiplier  les  exemples;  mais  ce  serait 
nous  écarter  de  notre  sujet  à  écrire  un  chapitre  de  la  a  Vi« 
des  mots  j>.  11  nous  suffira  d*avoir  indiqué  ces  faits,  car  noas 
avons  âte  d'aborder  une  dernière  question  que  nous  avoni^ 
fait  pressentir  dèa  le  cona  menée  ment. 


VÎIT 


Nous  n'aTons  ^aêre  étudié  jusqu'ici  que  des  mots  désignant' 
une  action  ou  un  objet  susceptibles  de  produire  un  son  et  nous 
avons  vu  dans  quelle  mesure  cea  mots  imitent  C6  son  ou  en 
suscitent  Tidée,  c'est  à-dire  constituent,  d*après  la  définition 
donnée  au  début,  des  onomatopées. 

A  c6té  des  onomatopées  il  i  a  dans  les  langues  quantité 
de  mots,  désignant  non  plus  un  son,  mais  un  mouvement,  un 
sentiment^  une  qualité  matérielle  ou  morale,  une  action  ou 
un  état  quelconques,  dont  les  fonèmes  entrent  enjeu  pour 
peindre  Tidée  ;  e*est  ce  qu'on  peut  appeler  les  mots  ej^pressifs^ 
Comment  donc  des  sons  peuvent^ils  peindre  une  idée  abstraite 
ou  un  sentiment?  Grâce  à  une  faculté  de  notre  cerveau  qui 
coutinudllemeni  associe  et  compare  ;  il  classe  les  idées,  les 
met  par  groupes  et  range  dans  le  même  groupe  des  concepts 
purement  intellectuels  avec  des  impressions  qui  lui  sont  four- 
nies par  Touïe,  par  la  vue,  par  le  goût,  par  Todorat,  par  le 
toucher.  Il  en  résulte  que  les  idées  tes  plus  abstraites  sont 
constamment  associées  à  des  idées  de  couleur,  de  son,  d^odeur, 
de  séclieï  esse,  de  dureté,  de  mollesse*  On  dit  tous  les  jours, 
dans  le  langage  le  plus  ordinaire,  des  idées  graves,  légères,  des 
idées  sombres^  troubles,  noires,  grises  ou  au  contraire  des  idées 
lumineuses,  claires,  étincelantes,  des  idées  larges,  étroites, 
des  idées  élevées, profondes,  des  pensées  douces lamères, insi- 
pides, on  dit  de  q  uelqu'u  n  qu'il  broie  du  noir,  qu'il  a  le  cœur  léger. 
Lorsqu'on  emploie  cette  expression  u  des  idées  sombres  », 
on  fait  une  comparaison  ;  il  est  évident  que  les  idées  n'ont  pas 
de  couleur  par  elles-mêmes,  mais  cette  comparaison  est  par- 
faitement claire  et  intelligible  grâce  à  une  série  d'associations. 


I 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS  141 

Ènûoeér  cette  comparaiBon  Bans  dire  que  l'on  fait  une  compa^ 
rii8on,c*êattfaduiFe;  nous  traduisons  une  impressioQ  intellee- 
taellâ  en  une  irapreaaion  Yisuetle,  Si  ïa  traduction  eat  biôû  faite^ 
Fsdée  n'aura  en  rien  perdu  de  sa  clarté,  pas  plus  qu*une  fraaa 
fr&D^iie  traduite  en  allemand.  Une  fois  notre  fraae  française 
triduita  an  allemand,  nous  pouvons  la  traduire  en  russe  ou  en 
toute  autre  langue  sans  que  l'idée  soit  an  rien  modifiée^  pourvu 
qûfl  notre  traduction  soit  eiacta.  On  peut  da  même  traduire  «ne 
impreision  visuella  en  une  impression  audible.  Le  langage  ordi- 
naire nous  fournit  les  premiers  éléments  d^une  traduction  en 
impressions  audibles  de  celles  qui  nous  sont  données  par  les 
iutressens  :  iî  distingue  des  sons  clairs^  des  sons  graves,  des 
sons  aigus^  des  sons  éclatants,  des  sons  secs,  des  sons  mous, 
dasjoûsdoux,  dessous  aigres,  des  sons  durs»  &c.  Nous  avons 
VQ  Doui-mémes  qu^il  i  avait  lieu  de  distinguer  des  vojellas 
cUurôs,  aiguës,  graves  ,  sombres,  éclatantes,  des  consonnea 
lèûbtg,  dures ,  doue  t^  s,  molles.  Il  eat  donc  évident  qu'une 
Tûjtlle sombre  pourra  traduire  une  idée  sombre,  et nne  voyelle 
graviune  idée  grave. 

Ce  sont  les  traductions  da  ce  genre  que  nous  alions  étudier, 
caqui  nous  sera  facile  maintenant  que  les  principales  valeurs 
diiic^D»  du  langage  nous  sont  connues  parles  onomatopées, 
Pour  celles  quMl  nous  resta  à  déterminer  nous  procédarona 
comme  nous  Tavons  fait  plus  aut,  c'est-à-dire  que  nous  nous 
appâterons  sur  des  considérations  étrangères  aux:  mots  dans 
leiquels  apparaissent  les  fonèmes  îi  examiner,  et  relatives  à  la 
nature  mémo  de  ces  fonèmes.  Les  mots  ne  viendront  qu'après 
eomme  des  examples  destinés  à  illustrer  la  téoria.  Noua 
^cbipperoos  ainsi  au  danger  d'attribuer  à  tel  son  telle  valeur 
expressive,  telle  signiÛcatton  parce  qu'il  apparaît  dans  un 
on  plusieurs  mots  qui  contiennent  cette  signlûcation. 


NoDs  avons  vu  que  la  répétition  d'une  ^iliabe  comme  dans 
^9tmUf  d'une  voyelle  comme  daLtié  cliquetis  ou  d'une  consonne 
eomme  dans  imier"  donne  Timpression  d'un  bruit  répété.  Elle 
peut  aussi  exprimer  la  répétition  d'un  mouvement  ou  d'une 
sotion  quelconque  ;  ainsi  quand  on  dit  que  la  chair  des  victimes 
pil^ite,  on  n'entend  pas  par  là  qu'elle  faaaele  moindre  bruit^ 


142  OîfOMATOPÉES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 

Mais  les  deux  p  qui  L^ommeneent  les  deux  premières  dllabea 
du  moi  palpùêr  donnent  Fimpresaion  des  mouvements  répété» 
de  celte  chair  : 

A  rappel  du  plaisir  lorsque  ton  sein  palpite 


! 

I 


On  â  de  même  rexpression  de  mouvements  répétés  dans  les 
mots  tituber^  tiiUler,  tortilier^  iâter,  tâiomter  : 

Ces  mains  vides,  ces  mains  qui  labouraient  la  teiTe« 

Il  fallaii  les  étendre  en  rentrant  au  hameau, 
Four  trouver  à  tâtons  les  murs  de  la  chaumière 

(MUS3ET,  Une  tonne  f&rtune)^ 

dans  gv.  itvêùlti^  t<  regarder  taotôt  d'un  côté,  tantôt  de  l'autre  t», 
mha.  zwinzen^  iwinzetu  «  cligner,  clignotera.  Le  mot  répéter 
lui-méme«  avec  ses  trois  f,  est  bien  propre  à  faire  sentir  nne 

répétition  quelconque. 

Les  voyelles  aiguës  lorsqu'elles  expriment  des  sons  aigus  ne 
traduisent  pas,  elles  imitent  ;  mais  par  traduction  elles  peuvent 
donner  Timpression  de  Tacuité  matérielle  d'un  objet,  cûmina 
dans  le  mot  aign  lui-même,  dïrns  a  IL  spitztg,  fr»  piquer^  épine^ 
al  h  iicken  a  picoter  o,  ou  de  T  acuité  morale  ou  intellectuelle 
comme  dans  le  mot  fr,  ironie  lorsqu'il  s'agit  d'aue  ironie  aiguë, 
sarcastique,  mordante,  dans  Venvie^  \^  jalousie^  dans  ta  malice^ 
la  ruse,  Vâstuce^  la  itsi  allemande,  Ve&prit  français  lorsqu'il  est 
vif  et  piquant,  ie  teitz  allemand  lorsqu'il  est  un  ou  mordant. 
Enûn  comme  les  voyelles  aiguës  pénétrent  dat^s  notre  oreille 
ainsi  qu'une  pointe  acérée  et  nous  font  parfois  un t3  impression 
voisine  de  ladouleur,  elles  mettent  en  valeur  un  certain  nombre 
de  mots  (savants  pour  la  plupart^  mats  dont  les  poètes  ont  fait 
grand  usage  à  cause  de  leurs  qualités),  qui  eipriment  la  tris- 
tesse ou  Torreur  et  qui  sont  comme  un  cri  :  sinistré^  livide^  tu- 
guùre,  terrible,  hùrrihle, 

Les  vojelles  aiguës,  nous  te  savons,  ne  sont  qu'une  espèce 
dans  le  genre  vojelies  claires,  et  il  se  produit  souvent  telle 
circonstance,  ne  fiit-ce  que  lasiguiâoation  du  mot,  on,  comme 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


14S 


^ 


fioui  TaTOos  Ttiy  le  contact  avec  une  conaoniiô  uasale,  qai 
empêche  leur  qualité  spécifique^  Tacuité,  de  venir  eu  lumière. 

Dès  lors  la  valeur  eipressive  d'un  i  se  confond  à  peu  près  avec 
celle  d'nn  é^  par  exemple.  Toutes  ces  voyelles  palatales»  que 
l'oû  appelle  dans  certaines  langues  YOj elles  minces  par  oppo- 
litioa  avec  les  voyelles /ar^es  qui  sont  les  graves,  s* expriment 
aficune  ouverture  buccale  moindre  que  les  graves,  et  sont 
pîûi  ténues,  plus  douces,  plus  légèreB.  Elles  sont  donc  partî- 
eatièrement  aptes  à  éiprimer  la  ténuité,  lalégèreté,  la  douceur 
et  lea idées  qui  se  rattachent  à  celles-là.  Dans  les  onomatopées 
ellei  expriment  les  bruits  ténus,  clairs,  les  murmures  doux  et 
légers;  parmi  les  objets  qui  ne  rsndent  pas  de  son,  ceux  dont 
l'idéipeut  être  suggérée  par  les  voyelles  claires  sont  ceux  qui, 
l'ilâ  rendaient  un  son,  feraient  entendre,  semble-t-il^  un  petit 
bniitckir,  ténu,  doux  et  léger.  Cest-à-dire  que  d'une  manière 
générale  les  voyelles  claires  peuvent  peindre  à  Toreille  tout 
Ci  qui  est  ténu,  petit»  léger,  mignon.  C*est  le  cas  pour  les  ad- 

Ijectifa  iénu^  petit ^  iéger,  menu^  /?«,  luA/iï,  déèiie^  frêle: 
J'ftlme  iros  pieds,  pêtiti  à  tenir  dans  la  main 
et  pour  les  substantifs  M'nee//e,  gazelle^  plumé* 


, elle  a  passé  sans  brnlr., 

B«lle, candide, ainsi  qu'une  plmne  de  cjgne 


ikm: 


(Huoo)t 


Rt  le  clair  Ill^sos  d'un  flot  mélodienx 
a  baigné  le  duvet  de  vos  ailes  légères 

(LaCOKTB  BS  LlBLS). 

Citons  enfin  iitfe  avec  cette  description  de  V*  Hugo  qui  est 
nu  vrai  commentaire  linguistique  : 


Je  anls  Tenfant  de  Talr»  un  sylphç^  moins  qu*un  rêve, 
Fils  dn  printemps  qui  naît,  dn  matin  qui  se  lève. 
L'hôte  dn  clair  foyer  durant  le*  nnlts  d'hiver, 
L^espril  qud  la  Inmiére  à  la  rosée  enlève, 
Diaphane  habitant  de  Ttn  visible  éther, 

k  ridée  de  légèreté  se  rattache  immédiatement^  comme  étant 


144 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


de  même  n&tvkte,  celle  de  rapidité  et  de  iriraeité 
Je  les  tirai  bleM  i>ite  et  je  !«a  1«1  donnai 


vif,  suait. 


(Mussst). 

Les  idées  ^aies»  riantci^  douces,  gracieuses,  idilliquea  aont 
continuellement  associées  dans  notre  esprit  à  celle  de  la  légè- 
reté. De  là  Texpression  des  mots  gat\  joyeux ^  jùli^  atL  lind^ 
geiinde  «  doux  en  parlant  delà  peau,  de  la  voix,  du  caractère  u, 
alL  sûêsu  doux  au  goût,  suave,  charmant»^  gn  yliuxvç  <i  doux  }i , 
La  lumière  aussi  est  gale,  tandis qae  les  ténèbres  sont  tristes: 

Uéther  pl«s  par  luisait  dans  les  clenx  plas  SMbllmes 

Aussi  les  mots  fr.  clair,  alh  keU  ne  sont-ils  pas  moins  expres- 
sifs appliqués  à  la  lumière  qu'au  son.  Il  convient  d'ajouter  que 
les  diminutifs  français  en  -eilet  dont  quelques-uns  sont  si  gra- 
cieui^  ne  doivent  souvent  leur  charme  qu'à  la  vojelle  de  letir 
suffixe  :  fauvette,  bergeronnette ,  chansùnnettef  viûlette^  fleurette. 


Les  vojellea  éclatantes  (conviennent  i  Viciât  de  la  lumière 
que  la  langue  même  compare  à  celui  du  son,  à  celui  de  la 
beauté,  (k  à  tout  oe  qui  semble  comporter  quelque  éclat,  à 
tout  ce  qui  est  grand,  puissant,  fort  ou  majestueux.  De  là 
r impression  que  font  des  mots  abstraits  comme  splendeur ^ 
orgueil  : 

Yaix  de  VOrgueilr  un  cri  puissant  comme  d'un  o»r. 
Des  étalles  de  sang  sur  des  cuirasses  d'ar 

(YBALàiiri), 

courage,  vaillance^  ghire^  amplem\  grandeur  : 

Qu'est-ce  que  le  Seigneur  va  donner  à  cet  hamme 
Qui  plus  grand  que  Césnr,  piua  grand  même  que  Rame, 
Âbsarbe  dans  son  sart  le  sart  du  genre  humain  7 


1 


des  noms  concrets  comme  coloue  : 


I 


ONOMATOPÉES  ET  MOTS   EXPHRSSIFS  145 

M«lf  je  suiâ  Bébém»t»  rélëph»«t,  le  colosse 

(Th.  Gautœe), 

ûndas  titras  onorifiqtiôa  comme  empereur: 

Ainsi  Charlei  de  France  appelé  Cbnrle magne, 
Exarque  de  Eavennêi  empereur  d'Ail emagae, 
Parlait  datia  la  montagne  avec  sa  grande  vaix 

L'autre  catégorie  de  voyelles  graves,  les  sombres  eon^iôo- 
iteat  à  Texpression  de  tout  ce  qui  est  sombre  dans  Tordre 
flsiqtie  ou  moral,  comme  dana  les  rooti*  somàre,  ail,  dumpf^ 
dmkel  «sombre  u,  es  munkeli  «  il  fait  sombre»,  v,  irh  dub 
«noir*,  fr.  omàre  : 

Qaêlle  est  Vomôn  qui  rend  plus  sombre  encor  mon  antre  ? 

Lalégèreté  s'exprimant  par  des  voyelles  claires,  les  vojelles 
ioabr«s  rendront  bien  la  lourdeur,  comme  dans  les  mots 
iôurd^  lourdaud;  Topposition  de  ces  deux  valeurs  est  bien 
Biirqaée  dans  oe  vers  de  La  Fontaine  : 

Un  raltelet  f  ponr  vona  est  tan  pesant  fardean* 

P&TEoi  les  vojelles  nisales  il  en  est  de  claires^  d'éclatantes, 
de  iQmbres,  et  elles  jouent  le  même  rôle  que  les  voyelles 
oralea  do  même  ordre  qu'elles; seulement  leur  note  est  moins 
Qttte  parce  que  la  nasalité  la  voile.  11  peut  arriver  que  Je 
îailemeat  du  son  par  la  nasalité  devienne  la  qualité  domi- 
naatei  celle  qui  fait  particulièrement  impression  sur  nous,  le 
timbre  passant  au  second  plaa  :  dès  lors  les  vojelles  nasales 
iont  propreSi  mémo  si  leur  substratum  oral  est  clair  et  surtout 
a'ii  est  grave,  à  exprimer  la  lenteur^  la  langueur^  la  mollesse^ 
li  mnchalance^  comme  dans  les  mots  que  uous  écrivons  en 
tUHque  dans  les  vers  suivants  : 


Elles  tournent 


cependant 

d  lentement^  à.  s'attendent 
(MuasftTj, 
10 


145  ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 

Et  du  fond  des  boudoirs  les  beilog  indotenteM^ 
Balttttçaiit  mollement  leura  tailles  nonchaîanieM^ 
Sous  Ida  vieux  marronniers  commencent  à  venir 

(MoaasT), 

Où  la  Mort  avait  dos  ses  leags  jeux  languissants 

Dans  r*uibre  transparente  ituiùlemmeni  11  rôdo 

(Herkdia). 

Enfin  la  même  apofonie  vocalique  que  nous  avons  reconnue 

dana  les  onomatopées  existe  aussi  dans  les  mots  simplement 
expressifs^  éi  tandis  que  dans  les  premières  elle  peignait  les 
modulations  des  bruits',  elle  marque  dans  les  seconds  la 
variété,  la  diveraité  ou  Tirrégularité  des  mouvements^  Noua 
nous  coutéûterons  de  signaler  les  mots  :  fr.  tigzag^  micmac^ 
caïn-caa^  ali,  mmhma&ck^  imrrtoarr  ;  1©  fénomène  est  trop  clair 
pour  qu'on  s'i  appesantisse*  J 

Le  r61e  des  consonnes  dans  les  mots  expressifs  est  plus  eon- 
sidérable  que  celui  des  voyelles.  Nous  avons  vu  les  occluaivea 
peindre  dans  les  onomatopées  des  bruits  secs;  elles  peuvent 
aussi  donner  rimpression  de  mouvements  secs,  sacoadés, 
comme  des  coups ,  ou  au  contraire  de  mouvements  assez 
doux,  mais  toujours  sacoadés,  comme  dans  les  mots  palpUer^ 
bar ^0 ter f  tâtonner ^  tùuùer: 

Que  ne  Tétouffais-tu  ^  cette  flamme  brûlante 
^ue  Ion  sein  palpitant  oe  pouvait  «ontenir? 

(MuââBT), 

Que  Taugure,  appuyé  sur  son  sceptre  d'érable, 
Interrog^e  le  foie  et  le  cœur  des  moutons 
Et  tende  dans  la  nuit  ses  deux  mains  à  tâtons 

(Huoo), 

<  C'est  la  même  apofonie  qui  domiiie  nombre  de  Fofrains  poptilaires  : 
fr.  tontaine^  tonton,  —  ta  faridondaine,  ta  faridondon^  —  ira  déridera^ 
—  girofle,  tjby^fln^  —  lirelirelire^  tiretin^lar  —  t,  *,  a*  a,  —  turlurettet 
turturon,  —  rt^uingueiie^  reguingOf  —  riquandainet  riquando;  —  ail, 
jiàjchlmdif  jmhheida^  ^  vuittHt  vatkrat  &g. 


Les 


ONOMA  TOPÉ  EST»  UrOTS  EXPRESSIFS 
Bonoes  DaBaleSf  grâce 


U7 


» 


k 


mollesse  de  leur  ariicti* 
latioû,  sont  propres  à  exprimer,  comme  Jes  rojelles  oasales, 
ia  douceur,  la  mollesse.  C'est  one  impression  que  Ton  éproEve 
par  ej^emple  dans  les  mots  fr.  moa,  mo/Zesse,  ail,  mitd^  Undf 
gelinde  «  doux  »,  lat.  miiù  «  doux  t»,  ail,  $anft  w  doux  ». 

Ut,  qoe  nous  avons  vu  plus  aut  exprimer  le  bruit  du  glisse- 
menton  d'une  manière  plus  générale  la  liquidité  en  tant  qu'elle 
comporte  un  bruit^  peut  convenir  aussi  bieu  à  un  glissement 
maetf  et  même  à  Tétat  de  liquidité.  C^est  le  cas  pour  les  mota 
touier,  laver ^  mier^  lit.  iêti  «  verser  »,  lat.  fîitere  «  oindre  n 
qui  désigDent  des  actions  muettes,  pour  le  mol  liquide  lui- 
même,  pour  ^.lauge  a  lessive  »,  Ce  Tonème  peut  aussi  pein- 
dre l'état  de  ce  qui  est  glissant  comme  dans  lat.  Uuu  <t  poli  », 
fr,  pùli^  ih^^  gfp  liï&ç  a  lisse  »,  IntiZv  a  lisser  iî,  ou  de  ce  qui 
est  visqueux,  autre  manière  d^étre  gltssaût,    comme  dans 
fr*  colte^  waïe,  aïK  îeim  «  colle  »,  khm  «  argile  »,  lat.  iuium 
n  boae  i>j  limtis  «  limon  »,  lit,  lutynas  «  bourbier  »,  v,  irl.  ioih 
fl  saleté  gluante  »,v,iiorr, /a wdr  «  savon,  écume  n,  ags.  kâàor 
Il  même  sens  jk 

Si  la  liquide  est  combinée  avec  une  occlusive,  celle-ci  ne 
fait  que  l'appuyer  et  la  mettre  eu  lumière,  loin  d*en  effacer 
1&  valeur.  Cet  effet  est  surtout  sensible  quand  rocclusive  est 
BOiore,  c'est-à-dire  douce,  comme  dans  fr*  giisser,  alL  g  tait 
ttliese,  glissant  n^  v.  norr,  giaài\  vha,  ijlat^  lit.  giodas,  v,  sL 
Skdûku  «  mime  sens  u,  fr.  ghtj  gr*  ylla  a  glu  m»  lett.  giiwe 
i  iDQcositér  vase,  fange  »,  lit.  glitks  u  glissant,  gluant  »,  lat. 
f'ui,  gluten  <^  colle,  gomme,  glu  j),  fr.  gkice^  lat*  glacies 
i^kce  »s  gr*  yK^xp**^  *'  visqueux  »,  lit.  gtepti  a  être  glissant  i>, 
^^Lgimm  a  glissant,  visqueux»,  glemas  a  mucosité»,  gr« 
f^it^  tt  morve  a ,  y^a^M^éç  m  chassieux  >».  Si  Tocclusive  est 
flc^urde,  l'effet  produit  est  analogue,  mais  une  explosion  vio- 
lente  convient  moins  bien  à  Tidée  exprimée  que  rexplosion 
plDB  douce  d'une  sonore;  vha.  clat  «  lisse,  glissant  »,  vha* 
kiman  (I  coller,  adérer  »,  alL  klehen  it  coller  (ntrO,  poisser  », 
Eafin  la  liquide  /  peut,  comme  les  nasales,  grâce  à  la  dou- 
côor  de  son  articulation ,  contribuer  à  Texpression  de  la 
douceur,  de  la  mollesse,  soit  seule  comme  dans  gr.  l^yv^éç 
f  mou  n ,  soit  en  combinaison  avec  une  occlusive  comme 


148  ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 

dams  l&t.  bhndm  «  carâssant  o,  blandiri  a  careaser  ?»,  soit 
surtout  en  concurrânca  avec  une  nasale  co  m  ma  dans  gr.  \%y*fwjç<ta 
•  je  languis  »>,  alU  mtic/p  /ind  a  doux  »,  lat,  /eni^  (t  doux  u^ 
ic»3fuj  »  souple  n,  ou  avec  une  âplranis  comme  dans  go  t. 
slepan,  al),  schlafen  a  dormir  ï>^  $chlaff  a  mou  »,  lit,  dygti 
«  somoieiller  a*  Nous  ëtudieronâ  plus  loin  le  groupe  fL  , 

LV»  lorsqu'il  s'appuie  sur  une  voyelle  claire,  est  grinçâot 
commo  nous  Tavong  vu  plue  aut  (p.  112  )  &  convient,  parmi 
les  mots  expressifs,  à  eeiii  qui  désignent  une  action  analogue, 
quoique  muette^  à  celles  qui  produisent  un  son  grinçant.  Il 
peut  être  seul  comme  daas  alL  riUen  a  égratigner  «^  ou  com- 
biné avec  une  occlusive  comme  dans  fr,  griffer^  alL  kriuein 
«  égraiigner  »,  lit«  brêszti  u  griffer^  en  parlant  d'un  chat  par 
exemple  ». 

Appujé  sur  une  voyelle  grave,  IV  donne  T  impression  d'un 
eraquemênti  d^unrâclement  si  la  voyelle  est  éclatante  et  d'un 
grondement  si  elle  est  sombre  (p*  113),  On  ne  peut  guère 
dire  que  le  mot  orage  est  une  onomatopée,  mais  son  r,  plaoé 
antre  deux  voyelles  éclatantes  de  note  variée,  suscite  Tidée 
des  craquements  du  tonnerre  qui  accompagnent  générale  ment 
un  orage,  et  rend  ce  mot  expressif: 

Boulaient  et  redoublaient  les  foudres  de  l'orage 

(ViONY,  MôUe], 

Ouragan  appelle    une  obBervâtion  analogue  ;  il  fait  songdfl 
au  craquement  de  tout  ce  qu'un  ouragan  brise    sur  son  pai 
sage  : 

Au  bruit  âeVouragan  courbant  les  branches  d*arbrefl 

(Hudo,  BurgravÉ$}, 

Mordre  est  en  général  une  action  sans  bruit,  mais  ce  mot 
contient  Vo  et  Vr  de  croquer  et  nous  fait  sentir  par  là  quelle 
serait  la  nature  du  bruit  qui  pourrait  se  produire.  Vorreur 
donne  parfois  une  sorte  d^angoisse  qui  fait  frémir  le  corps  el  ■ 
contractant  les  poumons  en  expulse  un  courant  d'air  qui  passe 

entre  les  dents  avec  un  vibrement  analogue  à  celui  d'un  r 

appuyé  sur  une  voyalle  grave  : 


» 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS  149 

Tu  &émlrag  d* horreur  ai  je  romps  le  silence 

(Racinb^  Phèdre)^ 

Ce  qui  est  dur,  rude,  rabotôiii  produirait  un  râolemeiit  au 
coîîtact  d'un  autre  corps  ;  c'est  ce  qa*exprime  alK  hart  qui 
remoûte  à  prégerm,  *kartûs.  Le  même  mot  kartus  sigïîifle 
ea  lituanien  «  amer  )>  et  produit  une  impression  analogue 
transportée  par  une  nouvelle  traduction  dans  le  domaine  du 
goât;ce  qui  eat  amer,  âpre  racle  la  gorge  et  fait  craquer  les 
denU  lorsqu'elles  frottent  les  unes  contre  les  autres,  L*amer- 
ttiEQâ  eiiste  aussi  dans  le  domaine  moral,  d'où  la  valeur  du 
mot  ail,  gram  a  le  deuil,  la  douleur  w*  Fr.  courroux  suppose 
utt sourd  grondement  et  de  même  lit,  yrumoti  a  menacer», 
&11  drùhen  ^  menacer  »  ;  enân  un  homme  tourru  est  toujourg 
pî^tà  gronder, 

l^  tremblement  d*mie  personne  ou  d'une  matière  molle  est 

SB  général  un  mouvement  sileucieux,  mais  il  peut  être  accom- 

pape  chez  une  personne  d'un  claquement  des  dents  ou  d*un 

fiiwoanemeïit  d*atr  sortant  de  la  bouche,  et  en  tout  cas  il  est 

toujours  comparable  au  tremblement  d'un  objet  sonore  ;  c'est 

pourquoi  la  combinaison  dVpe  occlusive  sourde  avec  un  r 

convient  à  rezpressLon  de  tous  les  tremblements,  Tocclusive 

mrquant  les  mouvements  saccadés  et  1>  les  vibre ments  :  gr. 

Tffp*  «  je  tremble  »,  lat.  tremo,  lit.  trimu,  triszu,  v.  sh  trêm 

*?f  je  tremble  »,  sk.   trûsaii  «  il  tremble  a,  aJL   schlotlèfii 

«branler,  trembloter  »,  t.  irL  criik  a  tremblement,  fièvre  », 

ill*  ûttern  «  trembler»  vibrer  »»  Cette  dernière  forme  remonte 

i *ft'-ft"&î«ï  qui  est  fort  remarquable,  parce  que  son  redouhle- 

EtientMeo  net  accuse  davantage  ia répétition  des  mouvements  ; 

ce«i  précisément  sans  doute  le  sentiment  de  la  valeur  exprès- 

iiïflde  ce  redoublement  qui  Ta  fait  conserver,  car  les  redou- 

Ntments  au  présent  sont  tout  à  fait  eiceptionnels  en  germa- 

mque  ;  on  ne  pourrait  guère  citer  comme  autre  exemple  que 

èeiai  qui  algarfie  aussi  a  trembler  d,  mais  surtout  «  trembler 

dé  peur  >,  èc  où  par  conséquent  le  redoublement  indique  aussi 

des  mouvements  répétés.  Dans  ùeben  Tidée  d'un  vibre  ment 

n'apparaît  pas  ;  la  double  labiale  sonore  fait  plutôt  songer  au 

également  de  celui  qui  a  peur^  La  peur  et  le  tremblement 

■ont  d'&illeurs  pas  choses  séparables^  puisque  la  première 


150  ONOMATOPÉES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 

est  iouvênt  cause  de  la  seconde  ;  aussi  les  moyens  d'expressm? 
convenables  pour  le  tremblementsoat  excellents  pour  la  peur: 
gr.  TpQf/iîv  signifie  a  trembler  »,  mais  eurtoui  c  trembler  de 
peur,  avoir  peur  d  ,  Tpeu^ai  *  avoir  peur  a ,  IrpiTroc  ,  ek. 
ùtrastas  *  qui  ne  tremble  pas,  qui  n'a  pas  peur.,  intrépide  »« 
V*  pers.  tarçatîy  «  il  a  peur  »,  lett.  tramdii  "  effrayer  a,  lat. 
ierreo  «  j'effraie  »,  ierrorjr.  terreur^  lett.  tremju  a  je  chasae, 
c'est-à-dire  j'effraie,  je  fais  trembler  de  peur  pu 

Les  ohuiatantes  sont  des  souffles  chuchotants.  Dans  les  mots 
qui  désignent  des  actions  muettes  elles  ne  peuvent  être 
expressives  que  grâce  à  une  traduction*  Lit»  simzinu  <<  fendre 
Tair  en  sifflant,  comme  un  éclair  )>  est  un  excellent  exemple , 
car  il  n'i  a  rien  au  monde  de  plus  muet  qu'un  éclair;  mais 
nous  comparons  malgré  nous  cette  lueur  qui  fend  Tespaco  à 
celle  d'une  fusée  par  exemple  et  nous  lui  attribuons  le  bruit 
de  Tobjet  auquel  nous  la  comparons.  Ce  mot  lituanien  est 
rendu  expressif  par  le  même  fonême  que  Texclamation  alle^ 
mande  husck  qui  s'emploie  pour  marquer  un  mouvement  très 
rapide  et  souvent  muet.  AIL  blitz  «  éclair  »  est  expressif 
gr&ce  à  une  traduction  semblable  ;  avec  son  i  aigu,  son  t  soo 
et  son  sifflement  final,  il  suacito  tout  h  fait  Tidée  d'une  fusée. 

Les  spirantes  labio- dentales  sont  des  soufflas  mous  et  pres- 
que sans  bruit.  Elles  peuvent  contribuer  à  Texpreâsion  de  la 
mollesse,  comme  le  m  de  alL  wekh  «  mou  r^.wdk  a  fané,  mou  *>, 
fr.  iumt^  ou  susciter  l'idée  d'un  flottement  comme  dans  fr« 
voguer^  ou  dans  aîL  feder  «  plume  »,  ags.  fiéet'  «  aile  ».  Ces 
deux  derniers  sortent  de  la  racine  *  p^t'  qui  est  absolument 
inexpressive  :  gr ,  mtt&O^t^  lat.  penna,  Bk,  pàiati .Ds^m  Id^Lfuimen, 
fulgur  nous  retrouvons  la  comparaison  de  la  foudre  avec  une 
fusée. 


Les  combinaisons  de  spîrantes  avec  des  liquides  ou  dea 

occlusives  produisent  des  effets  plus  complexes,  parce  que 
chaque  fojiëme  garde  sa  valeur  propre  et  ajoute  une  nuance 
à  Teffet  total*  La  combinaison  de  /"avec  /  réunit  le  souffle 
à  la  liquidité  ,  ce  qui  donne  rimpression  de  la  flmdité  , 
comme  dans  fr.  fluide  t  lat*  fluere  n  couler  »,  fluctm  h  âot  n^ 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


151 


t 


I 


fr,  ftQitet\  potltment.  Fr.  flatter  exprime  une  caresse  sana 
s«eous3e8  (cf..  ail.  flat  «  plat,  uni  »>),  douce  comme  un  souMe 
OQ  comme  fattouchemeut  d'un  liquide.  On  dit  d'un  tableau 
qu'il  est  flou  iorsqu'U  ne  présente  aucune  teinte  dure  on  crue, 
mais  que  les  couleurs  se  fondent,  se  noient  les  unes  dans  les 
autres.  La  flamme  est  aussi  quelque  chose  de  fluide  et  dont 
les  mouTements  peuvent  être  dans  une  certaine  mesure  com- 
parés à  un  souffle  ;  cette  impression,  nous  î*avons  non  seule- 
ment dans  le  mot  flamme ,  mais  dans  le  verbe  flami/eï\  dans 
#t*ï?e,  dans  alL  fiackern  u  flamber  »,  flammen  h  flamber  «  à 
^mmm  «  scintiller,  vaciller  en  parlant  de  la  flamme  jj  ;  ce 
Qttifiit  U  différence  de  sens  et  d'eipreasiou  de  ces  deux  der» 
niera  roots,  c*est  uniquement  leur  vojelle,  et  cette  apofonie 
est  purement  artificielle,  c'est-à-dire  créée  pour  les  besoins 
fume  de  Texpression. 

Il  suffit  de  comparer  froUer  à  flotier  pour  sentir  qu'elle 
Mérenee  d'expression  il  i  a  entre  fr  et  fl,*  fr  c'est  le  frot- 
tement, le  frôlement,  le  froissement  et  dans  Tordre  des  mots 
eiprassift,  c'est-à-dire  de  ceux  qui  ne  désignent  rien  de 
bruyant,  c'est  le  frémissement^  c'est  le  frisson^  surtout  si  le 
mol  contient  en  outre  la  spirante  dentale  «  ; 


Jusqu'au  frémissimient  de  la  feuille  froi«»ée 

(Hooo), 

la  Lombardie 

Trembla^  quand  elle  vit,  à  ton  souITte  d'enfer, 
Frissmner  dans  Milan  l^arbre  aux  feuilles  de  fbr 

(HucHj,  Burgravei). 

Viffroi  donne  le  frisson  et  son  groupe  fr  l'exprime  ^  ce  mot 

eat  apparenté  à  ail.  friede  «  paix  n  dont  le  groupe  fr  reste 

inerte  parce  que  la  signification  ne  lui  permet  pas  d*entrer 

CD  jeu.  Le  mot  souffrir  a  une  expression  analogue  ;  c'est  le 

frisson  de  la  douleur  et  le  frémissement  qu'il  suscite.  Dans 

alL  furchien  Vf  et  Vr  ne  sont  pas  en  cou  tact  immédiat,  mais 

Hmprefsion  résultante  est  à  peu   près  la  même*  Fr.  affres, 

affreux^  qui  sortent  des  formes  inexpresaives  asfteras^  aspt'rosu 

e0mme  nèfle  de  me$piiUj  suppose  nt  aussi  frémissement  et  frisson. 


15? 


ONOMATUFEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


Le  mot  froid  est  le  plus  aoavent  employé  saûs  la  moindra 
exprossion,  c'est-à-dire  saoa  la  mise  ea  œuvre  de  ses  moyens  ;  fl 
mais  il  i  a  des  manières  de  dire  u  il  fait  froid  u  qui  donneut  le 
friason  et  ré  veillent  le  groupe  fr: 


Proie  d'un  pied  craintif  !*eau  frùide  du  bassia 


Noua  avons  vu  plus  aut  qua  le  gliBsement  peut  produire  an 
bruiasement  quia'eiprime  bien  par  la  combinaison  d*uii/avôo 
une  chuintante.  Le  même  moyen  d'expression  peut  entrer  en 
valeur  même  si  le  glissement, ^&  à  îjIus  forte  raison  le  bruisse- 
ment qîii  en  résulterait,  n'est  qu'une  possibilité  eomme  dans 
ail*  schiicht  «  lisse,  plat  »>»  schlûpfrig  «  glissant  », 

L'emploi  combiné  de  Tocclusive  dentale  i  avec  la  spirante 
sourde  set  un  r  produit  rimpression  d'une  sorte  d'affriquée  ti, 
tr  reproduisant  par  onomatopée  Texplosion  ïnterdentale  qui 
précède  les  sanglots.  Cette  combinaison  est  par  conséquent 
propre  à  peindre  la  tristesse,  la  douleur.  Dans  le  mot  tristB 
il  faut  remarquer,  outre  ces  trois  éléments,  Vi  aign  qui  rendlV 
grinçant  et  Vs  sifflant  et  renforce  Texpression  ; 


\ 


Et  qu'à  «e  triite  prix  tout  doit  élipe  aclieié 

(Mu3SET,  Nuit  d^ octobre)* 


Jusqu'à  présent  nous  avons  surtout  considéré  dans  1 
consonnes  la  nature  de  leur  articulatiou,  et  nous  ne  noua 
sommes  occupé  que  rarement  du  point  de  la  bouche  où  sâ 
forme  cette  articulation,  des  organes  qui  entrent  en  jeu  etdeiS 
mouvements  qu'ils  font  dans  ce  jeu*  Or  il  nous  reste  à  examiner 
une  catégorie  de  mots  expressifs  dans  lesquels  certains  fonèmes 
prennent  leur  valeur  dans  les  mouvements  de  flsionomie  que 
nécessite  leur  prononciation.  Cette  sorte  de  grimace  qu'ils 
nous  obligent  à  faire  se  confond  parfois  avec  des  jeux  de 
âisionomie  muets  dont  la  signification  nous  est  connue  par 
ailleurs^  et  cette  signifloation  se  reporte  par  une  traduction 
sur  le  fonème  qui  a  engendré  ce  mouvement  du  visage,  ni  bien 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


153 


I 


^Q€noug  pouvoQS  iutarprétar  ce  son  aussi  aisément  at  aussi 
lùrement  qu'un  geste  fait  avec  (a  main*  Les  labiales  at  avac 
eJkg  leskbÎD-dâatalas^  axigaant  pour  leur  proDOQciation  uo 
gDafiemant  des  lèvres,  sont  propres  à  exprimer  le  mépris  et 
ifi  défoût.  Qai  a  vu  Jas  baâ-relîefs  de  Raims  se  souviant  du 
gonflement  da  la  lèvre  infériaura  des  viergas  sagas  regardant 
aî^ec  mépris  les  viergas  folles.  On  pourrait  citer  bien  dea  pas- 
^«ges  où  nos  écrivains  ont  noté  ce  jeu  de  ûsionomie  et  sa 
îaieûr  ;  celui-ci  nous  suffira  : 


t 


L'anga  sans  dire  un  mot  regarda  la  fantôme 
Fixemant,  at  gonfla  sa  lèvre  avec  dédain 

(Hïjoo,  La  fin  de  Satan). 


^oa  eielamations  da  dégoût  at  da  mépris  exigent  presque 

toutes  un  mouvametii  des  lèvres  analogue  ;  las  nuanças  qui 

ûiarquent  leur  valeur  partieulièra  sont  données  par  les  autres 

f^ttémes  qu*ellaa  contiennent:  yî/avec  son  i  pour  seule  vojaîle 

^3tprima  toute  la  sécheresse  et  toute  la  auteur  d'un  mépris 

*t*Î8tocratiqua  ;  angL  fie  est  moins  sec  ;  alL  pfui  exprime  plutôt 

le  dégoût  que  le  mépris,  ou  plus  exactemeut  c'est  un  mélange 

dos  deux  ;  franc-comt,  pouij  d'origine  germanique,  n'exprime 

que  le  dégoût  ;  fr.  pouah  est  plus  gras,  si  Ton  peut  dire^  & 

Ç<ïfDmunique  le  dégoût,  La  différence  d'impression  produite  par 

ITetle  w  est  très  considérable  parce  que  Tfêé  prononce  du 

bom  des  lèvres  et  par  conséquent  aat  plus  apte  à  exprimer  le 

mépriâ,  tandis  que  le  w^  partant  du  voila  du  palais,  communiqua 

k  sentiment  du  dégoût  parce  qu'il  imite  la  nausée.  Fr,  fétide 

cofitieiii  les  éléments  da  fi;  bête  est  généralement  inexpressif^ 

ausflon  b  devient  méprisant  si  Ton  dit  par  exemple  ;  «  paut-on 

4trB  assez  héte  pour...  »  ;  le  t;  du  mot  vU  est  le  plus  souvent 

Ml  en  relief  ;t;i/am  est  inexpressif  lorsqu*on  cita  la  proverbe  : 

tOignes  vilain^  il  vous  poindra  ;  poignet  vjiai-n,  il  vous  oindra», 

mais  il  devient  expressif  si  Ton  dit  :  «r  Fi  !  la  vilain  monsieur  ï  » 

De  même  fiéfrir  peut  être  méprisant  par  sou  f^  vain  par  son  u\ 

le  p  da  puêr^  puant  peut  exprimer  le  dégoût  comme  le  6  de 

Jit.  bmtiB  a  éprouver  du  dégoût  pour  quelque  chose  n.  Il  i  a 

docis  nos  langues  piusieurs  autres  mots  dont  las  labiales  ou 

labio-dentalas  peuvent  entrer  en  valeur  pour  exprimer  le 


154 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 


dégoût  ou  le  mépriâ  ;  Y,  Hugo  en  a  réuni  quelques-uns  dans 
les  troia  vers  suivants  ; 


Ce  n*est  paa  même  un  juif  1  C'eat  un  païen  ii 
Un  renégat»  Vopproàre  et  le  rebut  du  ittonde, 
Un  fétide  apostat,  un  oblique  étranger. 


londd, 


éêifl 

j ■ 


SMl  est  ^rai  que  tes  labiales  et  labio* dentales  ne  sont  aptes 
à  exprimer  le  mépris  et  le  dégoût  qu*à  cause  de  la  grimace 
que  produit  leur  pronoûoiatîon,  un  autre  fonème  qui  obligerait 
à  faire  une  grimace  analogue  devrait  être  susceptible  de  la 
même  valeur.  Or  les  chuintantes  sourdes  obligent  à  rc-lever  la 
lèvre  supérieure  à  peu  près  comme  Vf  et  même  d'une  façon 
plus  nette  ;  aussi  ne  devons-nous  pas  nous  étonner  de  trouver 
en  lituanien  pour  exprimer  le  mépris,  sans  parler  de  fut  qui 
est  emprunté  à  raHemand,rinterjectionC3îui.  C'est  une  chuin- 
tante analogue^  îE,  qui  lorsqu'on  la  prononce  avec  une  intensité 
particulière  peut  rendre  méprisants  des  mots  tels  que  ail.  âcA^u 
«aversion,  orreur  i^sckuft  a  gueux,  fripon  n^schurke  a  coquin^ 
pendard  ». 

Les  Jeux  de  Ûsionomio  dus  essentiellement  à  un  mouve 
ment  des  lèvres  sont  nombreux  et  correspondent  à  des  idéêi 
diverses.  Ainsi  le  baiser  est  produit  par  un  mouvement  des 
lèvres  qu'accompagne  le  plus  souvent  un  bruit  caractéristi^ 
que  ;  le  mot  français  ifaiser^  avec  sa  labiale  et  sa  spir&nte 
sonore,  produit  un  mouvement  et  nu  bruit  qui  suggèrent 
ridée  du  baiser  ;  il  eu  est  de  même  de  Tinterjection  litua- 
nienne i^ucZj  qui  sert  à  demander  un  baiser. 

La  moue  est  un  autre  mouvement  labial  ;  le  mot  moue  par 
son  m  en  reproduit  le  jeu,  et  le  mot  bouder  par  son  b  nous 
oblige  à  ébaucher  un  mouvement  de  moue.  A 

Un  sourire  ironique  et  moqueur  relève  le  coin  des  ailes  dn  ™ 
nés;  si  le  rire  raccompagnCf  c'est  un  rire  spécial  essentielle- 
ment nasal  et  dont  la  note  est  donnée  par  le  timbre  delà  vojelle 
0,  c'est-à*dire  d'une  vojelle  dont  le  point  d'articulation  se 
produit  dans  la  région  du  voile  du  palais.  Cette  voyelle  est  si 
bien  caractéristique  de  ce  genre  de  rire  que  lorsqu*eile 
H[»para!t  pui-  évolution  fonétique  dans  les  correspondants 
germaniques  de  sk,  kdkhatif  gr.  xa;^i^w,  lat.   cachinnut^   à 


ONOMATOPEES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 

savoir  vha.,  mha.  huùh^  Yha.  huohénf  mha>  huohen^  ces  der- 
merscesient  de  pouvoir  s'appliquer  à  Féolat  de  rire  et  pren- 
nent le  sects  de  «  raiiïerie,  railler  «s  parce  qtx'ïh  coBtiennent 
k?oyeIïedu  rire  moqueur.  Aussi  tout  mot  exprimant  Tironie, 
liraiïlepie,  la  moquerie,  qui  contient  une  nasale,  devient  par 
là  expressif,  parce  qu'il  nous  force  à  ébaucher  un  sourire 
ironique  :  sk.  ganjanas  t  méprisant,  railleur»,  gr,  ytiyj%vtùtvt 
«  mépriter,  railler  >) ,  ags.  cunc^  gecane  ^  raillerie  »,  S'il  contient 
en  outre  la  voyelle  o,  il  fait  presque  onomatopée  ;  tels  sont  fr, 
mie,  jnequerie^  alL  hohn,  gr.  paxaa^gup 


IX 


U  deniâine  de  l'onomatopée  est  beaucoup  plus  vaste,  nous 

pftûiMg  l'avoir  montré,  qu'on  ne  paraît  le  croire  en  général  ; 

celui  des  mots  eipresaifs,  qu'il  convient  d*i  ajouter,  n'est  pas 

ïïi<>ïii«  considérable*  Entre  les  deux  il  n*i  a  pas  de  frontière 

^i^n  nette  ;  la  ligne  de  démarcation  est  un  peu  flottante,  et 

^^  tnéme  qu'on  ne  peut  pas  dire  exactement  où  finit  tel  dia- 

^^cte  et  où  commence  tel  autre^  il  est  quantité  de  mots  que 

ûotis  devons  considérer  tantôt  comme  des  onomatopées,  tantôt 

^^nime  des  mots  expressifs,  suivant  l'idée  qui  nous  domioe 

I   ^"  Hioment  même  oii  nous  les  employons.  Ainsi  le  mot  gitsser 

^^K  comme  nous  l'avons  vu,  parfaitement  propre  à  exprimer  le 

"^'^ifsement  que  fait  entendre  an  objet  en  glissant  doucement 

^^^  un  autre  ;  s'il  s'agit  d'un  glissement  de  ce  genre  et  surtout 

^^  oruitquienrësulte,^/iw^rest  uoe  onomatopée  sans  le  moin- 

^^^  doute.  Mais  si  nous  parlons  d'un  glissement  mnet^  comme 

**^*tii  d'une  étoile  filante  par  exemple  »  notre  mot  franchit  la 

^^^Utière  et  entre  dans  le  domaine  des  mots  expressifs,  parce 

1^  il  o'est  plus  que  stisceptible  d'exprimer  le  bruit  que  ferait 

^^  glissement  en  question  s'il  en  faisait  un. 

^ous  avons  vu  les  mêmes  fonémes  servant  à  exprimer  dea 
^**^es  diverses;  c'est  qtïê  leur  valeur  expressive  n'est  due  q^u'à 


156 


ONOMATOPEES  !ÎT  MOTS  EXPRESSIFS 


dâs  traductiotiâ,et  qQelô  nombre  des  naanceâ  d'idées  à  expri- 
mer étant  illimité  tandb  que  celui  des  moyens  d'expressioE 
est  très  restreint»  chacun  d*euï  sert  forcément  à  tous  les 
usages  auxquels  quelqu^un  de  ses  éléments  peut  tui  permettre 
de  convenir  d'une  façon  approximative.  Il  n'est  pas  moins 
vrai  que  les  diverses  valeurs  d'un  son  dépendent  striotement 
de  sa  nature,  et  qu'il  lui  est  impossible  d'avoir  jamais  une 
expression  qui  soit  contraire  à  cette  nature.  Si  biefi  qu^en 
anaiisant  dans  tous  ses  dëtaiîs  la  nature  d'un  fonème  donné, 
on  peut  déterminer  d'avance  et  a  prion  toutes  les  valeurs 
qu'il  pourra  posséder  au  point  de  vue  expressif.  C'est  mémâ 
la  métode  la  plus  sûre,  la  plus  exempte  d'erreur,  et  nous 
Tavons  employée  à  plusieurs  reprises  dans  ce  qui  précède.  Il  i 
a  en  effet  un  écueil  et  un  danger  à  partir  des  mots  dans 
lesquels  un  fonème  apparaltt  pour  déterminer  sa  valeur  ex  - 
pressive  ;  il  suffit  qu'on  le  trouve  dans  plusieurs  mots  qui 
rendent  une  idée  analogue  pour  que  Ton  croie  que  ee  fonème 
exprime  cette  idée.  C'est  souvent  faux.  Ainsi  M,  Polie  dans  un 
petit  Uêre  intitulé  Was  denkt  das  mik  ûàer  die  sprache  &  qui 
est  d'ailleurs  nourri  d'observations  ânes  et  ingénieuses,  touche 
un  instant  (p.  81  et  82]  aux  questions  qui  font  l'objet  de  cet 
article^  &  il  dit  p.  81  ;  «  Die  lautverbindung  gr  kîingt  wie  dat 
dureheinanderrolien  kleiner  runder  steine  oder  wie  das  achar^V 
ren  mit  dem  fusse  auf  solcben  steînen  ik  C'est  vrai  danscer^ 
tains  cas^  mais  la  question  est  beaucoup  plus  complexe  et 
plus  nuancée.  U  cite  gries^  grust  ajoutons-i  gravier;  il  ai  te 
graupe,  grûtze^  ajoutons-i  gruau,  grain;  mais  ces  mots  ne 
sont  pas  à  proprement  parler  expressifs.  Us  peuvent  seule-^ 
ment  le  devenir  si  leurs  éléments  susceptibles  d'expression^ 
gr^  sont  mis  en  relief  par  la  répétition  de  ces  mêmes  élé- 
ments dans  d'autres  mots  de  ta  frase  et  s'il  est  question  du 
roulement  des  grains  les  uns  sur  les  autres  à  du  bruit  qui  eu 
résulte.  Mais  à  ce  taux  tous  les  mots  seraient  expressifs: 
ainsi  le  moi  peupie  ne  Test  nullement^  mais  si  Ton  en  relève 
Télément  essentiel  p  qui  est  susceptible  d'expression  mépri* 
santé,  il  le  deviendra,  comme  dans  ces  deux  vers  de  La  Fon* 
taîne  où  le  à  du  mot  imhèctle  a  suffi  au  poète  pour  obtenir  oe 
résultat  : 


ONOMATOPÉES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 

Quoi  I  toajours  il  me  manquera 
Quelqn'un  de  ce  peuple  iml>écile  ! 


157 


^ 
^ 


M.  Polie  cite  ensuite  grmpêl  «  petit  grêlon  i»,  et  ici  nous 
Dâ ferons  pas  d'observation;  puis  grolf^  auquel  nous  pouvons 
ajouter  grm^  grm^ier,  11  est  évident  que  grob  et  ^rossiVr  quand 
onmsigte  sur  cette  idée  que  quelque  chose  est  ?*urfe,  raboteux^ 
pe a ^efit  devenir  expressifa  ;  mais  lorsque  le  mot  grob  stgtiiûe 
^fm,  il  ne  Test  pas  plus  que  ce  mot  français.  II  cite 
ïï^<iùTB granat  \  sans  doute  la  grenade  est  un  fruit  esaentiâlle- 
meDt  composé  de  petits  grains;  mais  en  quoi  cela  rend-il  le 
mot  eipressif?  et  en  quoi  peut  bien  Tétre  granat  désignant  la 
couleur  ^rena/ ?  L*auteur  est  évidemment  tombé  dans  cette 
erreur  qui  consiste  à  eroire  que  parce  qu'un  mot  sigoiûe 
t«llo  chose,  il  l'exprime  par  ses  sons,  On  ne  voit  d'ailleurs 
pag  comment  il  retrouve  même  Tidée  dont  il  parle  dans 
ïl'autres  mots  qu'il  cite  aous  le  même  chef,  tels  que  grdte  qui 
désigne  a  Taré  te  »  d'une  pierre  de  taille,  un  angle,  ou  aussi 
^oen  arête  de  poisson  9. 

Us  valeurs  d'un  son  au  point  de  vue  expressif  résultant 

uniquement  de  sa  nature^  il  ne  dépend  pas  de  nous  de  lui  en 

Attribuer  telle  ou  telle,  qui  serait  contraire  à  cette  nature, 

Noua  eommettrions  une  erreur  aussi  grossière  qu'au  cas  où 

flûtts  dirions  que   le  mot  ténèbres  signifie  lumière.  Tout  ce 

4tie  nous  sommes  en  droit  de  faire  c^est  de  sentir  ou  de  ne  pas 

^^ni]|<  dans  un  cas  donné  la  valeur  expressive  que  tel  fonème 

possède  en  puissance;  voilà  où  se  borne  l'ék^ment  subjectif 

^^  Oes  questions.  Le  jour  où  an  groupe  d'individus  perçoit 

^&ii8  un  Q}ot  une  valeur  qui  i  était  j  usque-là  restée  latente,  ce 

^^^  change  de  sens;  nous  en  avons  vu  des  exemples.  Le  jour 

^^  ^tie  valeur  cesse  d'être  perçue  le  mot  change  encore  de 

**_°s  ;  ainsi  noua  avons  reconnu  que  le  mot  ail.  pfui  était  con- 

ititu^  à  sou  ait  pour  exprimer  le  dégoût  ;  mais  si  cette  valeur 

ce&BQ  d*être  sentie»   si   les  fonèmea    de  oe   mot  demeurent 

Iû®»*te8,  il  ne  lui  reste  qu'une  chose,  sa  qualité  d'exclamation, 

Quittant    le    domaine    du   dégoût,   cette    exclamation   peut 

*«oaparer   du  premier  qu'elle  trouvera  vacanti  fût-ce  celui 

^^  i* admiration.  Aussi  ne  devra-t-on  pas  s'étonner  d'entendre 


IBB  ONOMATOPÉES  ET  MOTS  EXPRESSIFS 

dans  certaÎDS  dialectei  allemand  a  des  frases  comme  celle- 
ci  :  Pfui!  wie  schôn  /  «  a  !  qae  c'est  beau  ï  n 

C'est  là  un  dôfl  faits  qui  montrent  combien  les  onomatopéei  _ 
et  lea  mots  expressifs  soBt  uti  terrain  changeant.  Pour  pâi» 
qu'on  suive  leur  istotre,  qu'on  voie  révolution  fonéUque  en 
anéantir  et  en  créer  sans  relâche,  les  langues  rejeter  le  mot 
dont  l'expression  ne  les  satisfaitplus  et  s'en  procurer  un  rneil* 
leur  en  l'empruntant  ou  en  le  forgeant,  on  éprouvera  eonti- 
nuellement  la  surprise  du  voyageur  qui,  traversant  les  sables 
du  désert,  s'étonne  de  trouver  une  vaUée  à  l'endroit  même  où 
la  veille  une  montagne  s'élevait. 

Maurlcâ  Geahmont. 


RESTITUTION  D'UNE  CHANSON 

DE  PEIRE  FâUVERNHE  OU  DE  RAJMBAUT 
DE  VAQDEIRAS. 


^ 
^ 

P 
^ 


11  s'agit  ici  delà  pièce  323,10  (C.  180.  M  G.  226)  attribuée 
par  1©  recueil  de  Bernart  Amoros  (a  *,  340)  à  Raimbaut  de 

Eue  a  été  publiée  tout  récemment  par  M<  R.  Zenker,  qui 
vient  de  donner  dans  les  Romanùche  Fùrschungen  {1900)  de 
^'  VolmoUer,  une  bonue  édition  critique  de  Peire  d'Au- 
Teruhe  *. 

Fort  méthodiquement  composé,  ce  travail  est  rédigé  avec 
^^  grand  soin.  Néanmoinsjia  biographie  de  ce  troubadour 
^9t6  BDcare  à  peu  près  inconnue;  M.  Zenker  a  pourtant 
^*U<:idé  un  certain  nombre  de  questions  quelque  peu  obscurci 
^^  (>lmeuri  des  principauit  points  qu'il  a  ainsi  mis  en  lumière 
**^tittout  à  fait  sùra*  L*anteur  a  eu^  de  plus,  la  très  henreu&e 
^^^€de  traduire  lea  pièces  et  d'y  ajouter  un  bon  lexique, 

Une  étude  de  ce  travail  n'est  pas  dans  notre  intentiou  ;  nous 
^^uioQB  seulement  relever  les  variaûtes  très  importantes  de  a  ' 
***  l^xte  :  Be  tnes  plazen ,  et  ensuite  établir  une  nouvelle 
^^îticn  critique  de  cette  pièce, 

lia  chanson  se  compose  de  onze  strophes  et  d'une  tomada, 
^.  Zenker  en  relève  les  exemples  à  p.  209^  mais  il  oublie  de 
*^iter,àproposde  ia  pièce  293, 20,  lapnbJicationde  M.Ë.Monaci  : 
^^iiiant.  prcmenz*  Roma,  Forzani,  1889^  p»  37* 

Nous  donnons  intégralement  la  chanson  d'après  les  deU3C 
t&anuscrits  qui  Tout  conservée*  Les  deux  textes  présenteritdeB 

I  Die  Lleder  Peiroi  von  Auvergne  ktîtiseh  herausgegeben  mit  Einlei- 
tauf,  Uebersetzun^f  Kommontar  uQd  Glossar  von  R.  Zbnkke.  —  Etlan- 
Jffl,  1900,  n»  XIV  r  (eitr.  de  265  pages). 


160 


RESTITUTION    DUNE   CHANSON 


différôncas  tréB  notables:  lee  vers 6  et  18  â%  G  ne  ressemblent 
point  aux  vers  correspondants  de  aS  Tordre  des  strophes  H 
et  III  est  interverti,  les  simples  variaiîtes  de  mots  sont  nom- 
breuses, etc.  Le  manuscrit  C,  qui  ne  donne  que  8  stropbeS| 
représente  une  tradiUon  corrompue,  et  les  leçons  fautivea  fl 
qu'il  contient  le  rendent  inférieur  à  aS  par  exemple  :  dans  C  " 
le  vers  Z  est  trop  courte  et  c'est  à  tort  que  M.  Zenker  Ta  con- 
servé tel  qnel  dans  son  édition  ;  le  verB  ô  est  inintelligible  et 
les  efforts  de  M.  Zenker^pourrinterpréter,  sont  trop  évidents; 
van  du  vers  13  est  sans  doute  un  mot  fautif  du  mse.,  et  il 
valait  mieux  le  corriger  que  ïe  traduire  par  haitlùi^  etc* 

Ou  ne  peut  pas  considérer  le  texte  de  C  et  celui  de  a  ^  comme 
remontant  à  une  même  source.  Depuis  les  recherches  de 
M.  Gràb^T  {Hom.  Studien,  II,  504),  une  étude  des  sources  do 
Bernart  Âmoros  serait  des  plus  intéressantes  ;  nous  n'avons 
pas  crUf  cependant,  devoir  établir,  pour  cette  pièce,  les  rap- 
ports des  deux  leçons, 

ar.  323,10. 
C,  180.  ~  a  *,  340  \  ZsNKBR*  n«  XIV, 

L  Be  m'es  plazen 

e  cossezen 
que  hom  s'aione  de  chantar 
ab  motz  acus 
5  cubertz  e  dus 

c^om  no*ts  tengna  de  rer  .... 

H*  Ben  es  anranz 

totz  orestianz 
qui  en  van  si  vol  encombrer 
10  ni  sobre  <1  cais 


L  T.  3.  ZsHx:  qui  s^aîzinâ  de  chantartC),  tt^xtrop  eout't.  —  4.  sens] 
aiquuâ  C.  Zbnk,  cub.]  a^rraU  G.  Zrmk.^  6.  a  *  :  . , ,  *}  diïar*  (lire  ditarf) 
qiiom  lem  ja  de  Terganliar  C.  et  Zbnk,  que  om]  Zenk.  quora  C. 

IL  (  ==C,  Zkîjk.  III,) 7-3,  anranz^crestiani]  C.  Zekk*  auraa^restiag  -^  i 
9,  qui  en  van]  Ç,  Zbnk.  qu'el  mezeb.  — IL  cargar]  levaC.  Zstik. —  12, 
non  poaca]  no^l  puesca  G.  Zohk. 


DE  PEIRE   d'aUVERNHE  161 

cargar  tal  fais 
que  corren  noD  posca  portar. 

III.  D'aut  chai  em  bas 

qui  per  compas 
15    beu  no  sap  lo  segle  menar  ; 
aquelh  i  falh 
que  tan  trassalh 
que  non  puesca  atras  tornar. 

ly.  Qu*eu  sai  e  sen 

20  mon  escien 

—  e  vuelh  vos  a  totz  chastiar  — 
per  trop  captens 
val  om  trop  mens 
e  ten  om  plus  vil  son  afar. 

V.  25  Mais  am  un  ort 

serrât  e  fort 
c*om  ren  no  m'en  puesca  emblar 
que  cent  parranz 
sobre  puegz  pianz 
30    qu'autre  los  preng(a)'  e  ieu  los  gar. 

VI.  Que'l  reprochiers 
es  vertadiers 

que  dels  antics  dire  auzic 
<(  lo  rie  al  rie 
e  Tom  mendie 
35  que  d*eis  semblan  troba  son  par  ». 

VIL  De  tôt  can  suelh 

amar  me  tuelb 
e  so  qu'ei  amat  desampar  ; 

J^^  .  (  =C.  e  Zbnk.  II.)  13.  D'aut]  Van  G  et  Zbnk.  —  15.  ben,  etc.]  no 
*   •  *-  demenar.  16  aq.]  alques.  a*  —17.  tan]  nemps  a*.  — 18.  que  non  etc.] 
Vemps  non  pot  tornar,  a*  ;  vers  trop  court. 
^^*  19.  sai]  cug  G.  et  Zenk.  e]  un  a  *.  —  21.  e]  ieu  G.  et  Zbnk.  —  23.  trop] 
^^^  C  et  Zbnk.  —  24.  e  ten  om]  e-n  G.  Zbnk.  tenen  a  *. 
y  •  27.  G.  et  Zbnk  :  on  om  no*m  puesca  ren  e.  —  30.  los  preng*e  i.  los]  las 
^^lia  ez  i.  Us  G.  Zenk. 
VI.-VII.  Seulement  dans  a  *.  13.  auzic]  auzics  a*. 

11 


Î6B  RESTITUTION    HUNE   CHANSON 

qu'eu  non  am  re 
40  ni  AQtr'e  me 

a  Yuelb  me  totz  d'amor  luinhar, 

VJIL  Qu'el  reire  temps 

ai  amat  nemps 
e  vuelh  m-en  atresai  laigsar  : 
45  qui  m'a  amat 

non  aura  grat 
ni  m'avia  en  cor  d'anar. 


IX. 


Car  ai  un  cor 
et  un  demor 
50  et  un  talan  et  un  pensar 
et  un  amie 
Yaê  Guim'abrio 
et  a  Gui  me  ruelh  autreJar. 


X. 


55 


Si  mal  m'en  pren, 

per  eis  moo  sen 
vuêih  a  n^a  vida  fatleiar; 

après  ma  mort 

no 'm  fass'^om  tort 
d^aquo  m'es  obs  ad  oblidar. 

XL  60  Dans  maintas  pars 

me  for*  afars 
en  prandre  o  en  ga^^anhar  ; 
fers  e  parvenz 
es  mos  taleoz 
65  vas  m'amiga  qui 'm  te  plue  ear* 

XIL  Àmorif  de  loin, 

tan  gran  besoin 
qu'ai  de  temps  e  de  bailiâr  ! 

Giuliô  BsRTom. 

yin.  42  &1  r,]  arreire  Q  et  Zeîtk*  —  44.  atressi]  âtTâï^oh  Q  H  Zsnk..  — 
47,m'a,en  cor]  encor  m.  C.  Z, 

IX.  4!^.  car]  Quieu  Q.  el  Zbnk.  — 50.  talan]  ardit  C  H  Zsni^^  »  52.  vas 
e^m'a,]  et  nn  a*  C^  et  Z.  —  5S.  na^m]  no  C.  no'm  Zink, 

XL-Xn.  Seulement dana^ ,  v.fîO.  Dauj]  <îuia  a  *.  >— 65.  qui'm  te]  cm 
iem  a^  —  l^.  baUiai-j  haaljar  a^. 


i^ 


BIBLIOGRAPHIE 


^itaehrilt  fur  romanische  Philologie  hgg.  von  G.  Orober,  i899> 
^^in,  1-2  (Ces  deux  cahiers  ont  paru  à  la  fois  sous  la  même  couver- 
tore.) 

P-  1-47.  G.  Mann.  La  langue  des  poésies  de  Froissart,  [L'auteur 
P^eod  comme  texte  l'édition  Scheler  (Poë«ie«  de  Froissart,  Bruxelles, 
1870-72,  2  vol.)  M.  M.  n'a  pu  utiliser  le  Méliador  (Société  des  an- 
ciens textes  français)  qu'après  avoir  terminé  son  travail.  11  étudie  la 
P^^^'f^étique  et  la  morphologie  de  la  langue  des  poésies  de  Froissart.  ] 

'^^  47-79.  J.  MuLLER.  Les  poésies  de  Guillem  Augier  Novella, 
[Bartsch  indique  dans  le  Grundriss  trois  troubadours  du  nom  ô*Au- 
9^  ;  M.  J.  Mûller  nous  démontre  que  ces  trois  (déjà  réduits  à  deux 
P*"*  Bl.  Lévy)  ne  font  qu'un.  Les  différents  noms  qui  nous  sont  donnés 
Pw  les  mss.  [Guilhem  Augier^  Guilhem  de  Bezers^etc,)  représentent 
^^  «eole  personne  :  le  jongleur  Augier  de  Saint-Donat.  Cet  Augier 
'^^^t  entre  1185  et  1235  ;  il  vécut  d'abord  à  Béziers,  après  1209  il 
*^*  en  Italie  où  il  reçut  le  surnom  de  Novella.  M.  M.  donne  à  la 
wite  une  édition  critique  des  neuf  pièces  de  ce  poète  ;  malheureuse- 
^^^t  les  notes  sont  beaucoup  trop  rares  :à  peine  une  douzaine  en  tout. 
Pourquoi  s'astreindre  aussi  à  nous  donner  dans  une  édition  criti- 
^«®»   la  graphe  ae  de  C.  ?  (Cf.  n«  3,  v.  2-4.)  ] 

^^  79-116.  WiLHELM  Mann.  Les  chansons  du  poète  Robert  de 
'*"•«•«,  surnommé  La  Chievre,  [La  Chievre  et  Robert  de  Rains  sont 
^^  Beule  et  même  personne.  M.  M.  étudie  le  contenu  de  ces  poésies 
v^i^Ues,  groupe  les  manuscrits  qui  les  contiennent  et  en  donne  le 
^*'^-  L'étude  des  rimes,  la  comparaison  de  sa  langue  avec  celle 
^  •'^tres  auteurs  rémois  permet  de  conclure  que  l'auteur  appartient  à 
*^  du  XII«  siècle.  La  Chievre  est  aussi  l'auteur  d'un  poème  célèbre 
'^  "X^ristan  et  Isolde  qui  est  perdu,  mais  auquel  font  allusion  le 
^'''^«•n  de  Renart  et  Tauteur  d'un  miracle  du  XII"  siècle.] 

|^«  118-134.  V.  DE  Bartholomaeis.  La  lïngua  di  un  rifacimento 
^^^**»«o  ddla  Fiorita  d'Armannino  da  Bologna.  [Ce  rifacimento  se 
^^Ve  dans  un  manuscrit  de  la  B.  Nat.  de  Paris  et  est  le  seul  docu- 
™^*^^  en  langue   vulgaire    de  la  ville  de  Chieti   (1418).  Mais  il  est 


164 


BIBLIOGEAPHIE 


écrie  dans  une  langue  bien  mêlée  dont  M.  6.  essaie  da  ixer  lea 
traits.  L'étude  campreod  une  phonétique  aasez  détaillée,  quelquea 
notes  de  morptialogie  et  un  court  vocabulaire] 

E.  Wbchsslsr.  Réchtrckm  mr  h$  romans  du  Graal.  [M.  W*  cûm^ 
plèteaur  quelques  points  son  livre  :  La  légende  du  Saint-Graal  dans 
9fm  dévéhppemêni  juitiuau  Fardfal  de  Richard  Wagner^  Le  point 
traité  ici  est  une  étude  âur  VEsioirê  dd  Graal  de  Robert  de  Borron 
(p.  VSô)  sur  les  manuscrits  qni  nous  Font  rapportée  *  sur  les  quatre 
bruucbes  de  ce  eycle^  sur  les  sourcee  du  cycle  du  Graal  de  Ro- 
bert, etc-l 

P.  174-200.  H.  ScHUCHARDT,  C^niributian  à  Vàbériqut,  au  romano* 
buëque^  è  l'ibêro-roman,  [Suite  —  un  peu  tardive  —  des  études  sur 
h  romam-basquè,  commencées  dans  Isl  Zeitschri/t  Rom.  PhiL  (XI ^ 
474-512).  M.  Sûh.  étudie  toute  une  série  <ie  formes  rapportées  à 
ribérlque  pur  M^  Giacomino  et  qui  ne  sont,  le  plus  souventp  que  des 
déformations  de  mots  romans.  P.  IBl,  dernière  ligne,  antre  forme 
du  provençal  moderne  momU^  moustis.  Parmi  les  dérivée  denatra,  il 
faut  encore  citer  Nû^acelle$,  dans  l'Hérault,  qui  répond  À  Na^eUeê 
{p.  1B4)  d'Indre-et-Loire.  Nave,  si  fréquent  en  espagnol  dans  les 
noms  propres  (NatHtrre)  est  nauit  et  n'est  pas  d'oiigine  ibérique 
comme  Je  pensait  Meyer-Lubke.  Auï:  dérivée  de  gartdîa  {p.  192J 
ajouter  langued.  deskriilhado,  aubst.  tiré  de  deikmlha  (peler,  surtout 
en  pariant  d'amandes).  P.  196  ;  ajouter  le  languedocien ^faiçAar,  dans 
le  «eus  àe pousser,  regrilier  eu  parlant  d*herbe,  P»  200  :  ajouter  le 
catrUaa-roussillonais  eskèr(la  ma  *9kèra  =  la  main  gauche).] 

P.  201-248.  0*  SoLTAU,  Les  oeuvres  du  troubadour  Blacatz.  [Cet 
article  est  la  deuxième  partie  d'un  travail  complet  sur  Blacatss,  dont 
la  première  partie  a  paru  comme  thèse  de  doctorat  à  Berlin  eoue  ce 
titre  L  BlacatSt  ^*«  Dithter  iitid  Dïchterfrtund  rf*r  Pro^enct*  L*édi- 
tion  (Critique  des  ceuvres  de  Blui^atz  âst  précédée  d'une  étude  en  cinq 
ehupitres  sui'  les  interîocuiRUTs  des  tensons,  sur  le  aaraclâre  de  ses 
poésies,  eur  leur  date^  sur  leur  métrique;  enfin,  un  dernier  ebapltr#fl 
traite  des  poésies  faussement  attribuées  à  Blacatî-  P»  237,  VU,  v»  11^  ^ 
lire  :  al  meu  v^aire  ?  P.  243,  v,  12^  lisez  i  rmua  de  coindia  (au  lien 
de  m^vu),] 

W  249-287«  R.  Ze^tlBE,  Additions  à  Tétude  sur  hembarî  et  Gpr* 
vmnt^  (Flalle^  1896),  [Réponse  an^  objeetiona  faites  À  la  thèse  de  M.  Z., 
par  PL  Au;^.  Beoker  (Zeitêchr,  f.  rom.  Fhiî.  20,  p,  549)  et  suiid 
diairement  aux  critiques  de  M.  Pb«  Lauer  et  F.  Lot,  dans  le  Romama 
(1897-181ÎW),  P.  271,  argumenta  nouveau3c  produits  par  M.  Z.,  pour 
défendre  sa  théorie  sur  rorigine  d'iëmibard  et  Gormond,] 
P.  288-312.  0    Dittrich.  Sur  !a  comp<f$itim  des  mots  (  d'après  le 


I 


BIBLIOGRAPHIE  103 

ftra.tiçûm  moderne  écritjf  Suite  du  long  articïe  cotisacré  [\nr  M.  D.  f 
c^ t te  question  dacB  le  lorae  XXÏl  de  [&  Zeitêchn/L 

MjtyiKGEa,  — L  Grammaire.  —  L  P.  313-320^  F,  d'Ovidio.  Eucore 

Aur  let  (ûTtneB  ii^heauûû amano^  dicono  (Lettre  au  prof*  W.  Foerater)* 

^ft.   d'O.  ii*adiiiet  pas  U  ihéorie  exposée  par  M.  F*  sur  rori^ne  dei 

formes  verbales  italiann^a  ea  ^âno   P.  317,  ligue  3  :  quelle  difficulté 

y   A-  t-îl  4  admettre  un  changement  de  auffis.©  pour  expliquer  le  sarde 

i^frww,  «ieilien  êtrina  à  oôtô  de  es|iagnol  estrêna,  fr,  étrmm'^  2.  — 

t*.  331-325  Ake  Wison  Muutlie,  Nouvelle  contribution  k  la  conriaÎB- 

^a.iice  àê  dlalectea  asturieus,  [Il  i'agit  d^uu  lexique  publié  par  uq 

joamal  ftfiturien  (La  opinion  de  Villaviciosa)  et  dû  à  Don  Branlio 

Vigôa.   M.  A    W.  Munlhe  eiqui&se  uoe  phonétique  de  ce  dialecte], 

II,  —  Histoire   des   mots.   L  325-33 1,    H*   Schuchardt^   Ambul<ire, 

IM.  Sch,  est  d*accord  avec  M,  W.  Foerater  pour  dériver  a^arc  -anare 

de  ambutare;  seulement  il  admet  une  seconde  forme  ambiUire  (dérivée 

uaiuivlkineût  de  ambulare)  pour  expliquer  and<tre]  2.  P,  23l*33|  îd, 

Toeeare,  eaporaU,  cmlir.  [Défend  contre  Aseoli  son  opinion  sur  Tori- 

fioe  de  ces  trois  idoIs  déjà  exprimée  dans  U  Zeitachrift,  XXlî^  394, 

E^Qoe  troia  exemples  nouveaux  de  métathèse  pour  expliquer  cachUa- 

rimm  >  Gikilêt.]  3,  H,  &;huciiardt,  It  a  <  lat.  oc  (Se  retrouva  datu 

Ittelquea  expressions  italiennes,  M.  Schucbardt  voudrait  auaai  voir 

tïû  reste  de  œ  en  fr.  En  écrivant  quonm{dQ)a€  M.  Sch,  songe   sans 

tlïjiite  a  fr»  comiml]  4.  P.  334,  Id,  Le  gônoia  caitmllu  <  arabe  /lawi- 

^ài^  5.  P«  334,  Id.  Catilmm.  [Ajoute  d'autres  représentants  romana 

en  mot  aux  innombrables  exemples  qu'il  an  a  déjà  donnée  p,  192  et 

iuîvintes].  6.  ^    P.  334r^36,    0.  SchulU-Gorra,    A.  fr.  Sartaigné, 

[tntéreitante  êtjmologie  :  viendrait  de  CkTriUmkt  (fr.  Certiagm,  éé^* 

^^. -Orientales.)  Vùr  de  Bartagnt  n'aurait  rien  d'étonnant  et  u'Hurait 

pu  besoin  pour  «'expliquer  du  voLsinage  de  la  ricbe  Cartage  :  plii- 

^ieuri  rivières  venant  du  massif  Pjrénéen  ont  roulé  ém  paîllettefl 

^*ûr:  ou  en   trouve  encore  d»  tr»ces  dans  le*  sables  de  TAriège  et 

jujut-èue  même  de  UAude  :  pour  l'Aude  c'e^t  en  loutca^  unecro/iince 

tn^  répsjidue  parmi  le^  poptitations  de  la  haute  vallée.  Dans  la  ^  édi- 

bn  des  £b4r»il«  de  la  €h,  de  RùL  (189^;  cest  sans  doute  la  $•  que 

<Jéiif*ne  M.  Scb.  Q.  en  ajoutant  189$)  ae  trouve  le  même  point  d*in- 

terfogation  ;  la  2^  édition  de  Li  ChrtêL  de  V&nc.  fr,  contient  anaii  U 

même  note], 

CoMFm  MUCDiri  (parus  avec  la  3«  livra^iaon)*  P.  339-447.  Ghrmk 
Siùricùd^lA  UiÊepaimra  ii&iiana,  vol.  31,  fasc,  2,  3  ;  iuppL  n*  I ,  voL  32, 
faac.  1,  2,  3  (B.  Wieae).  -^  P.  347-^0,  Be^me  du  Lun^ueM  Btritaneê, 
Mie  m,  39  fO,  ScbdU-Gorra),  — P.  350-351,  Bomonis,  n»  100 (avril 
lâ9§),  (G.  Orôber,  W.  Hejer.Uibke;.—  F.  352  :  Hàpotm  di5  M,  Urdber 


166  BIBLIOGRAPHIE 

aux  cî'itiquea  de  M.  Grammoiit  (Cf.  Eëiiue  des  LatiguM  Rormneê,  1898,| 
p,  2HT,  4330 

E.  Herzog»  Hiatoires  dea  forraea  de  Pinfinitif  français,  p,  353-381. 

[Premîùre  partie  d'uaimportant  travail  dont  lea  principaux  chapitres 
Hont  les  auivEintB  ;  Es  tension  géographique  des  formes  en  -are,  t^arû 
avec  lonrs  uuancea  ;  conditiona  qui  déterminent  lea  fondes  en  ^yare  ; 
passage  de  ia  première  eonjugaÎBon  a  la  seconde  et  réciproquement  ; 
nouveaux  verbes  en  -are.] 

P,  382-409,  A.  PfiLLKGRiNi,  B  Picetm.  [Poème  en  «ept  chants,  en 
octûftylïabea  par  Alexandro  Stre^hi  (milieu  da  XV«  aiècle  ;)  n'a  jaraaiB 
été  publié  en  entier.  Il  en  existe  trois  manuscrits  à  la  bibliotlièque 
de  Lucquea,  M.  A.  P.  donne  ici  les  deux  premiers  chants  (à  suivre).] 

MÊLJINGE3.  ^  I.  Histoire  littéraire.  P.  410.  H,  Suchier,  L  ori- 
ginal latin  du  Mirouéf  de  Véglm  de  Vignay.  [Se  trouve  dans  plusieurs 
manuscrits  de  k  bibliothèque  nationale^  mais  lea  catalogues  Tattri- 
buent  à  un  autre  auteur].  H.  Grammaire.  —  P.  41 1-412.  M.  W.  Meyer- 
Lûbke*  Lea  adverbes  latins  de  lieu  en  -ormiê  en  roman.  [S'occupe  des 
adverbes  suivants;  aliorëHin  fr,  mod.  atlUurB.  N'admet  pas  l'explica- 
tion proposée  par  M.  G,  Paris,  diaprés  laquelle  ailkurs  est  dû  à 
^analogie  des  nombreux  mota  en  -0ur«.  M,  M.  L.  abandonne  auaai 
la  théorie  quil  avait  soutenue  (Rom.  Gram.  l,g.  141,  Rem.)  et  pense 
que  le  latin  vulgaire  avait  remplaces  -ôsu  par-ôr;  d*où  alUùur^îr. 
mod.  ailkmX»]:  autres  adverbes  étudiéa  :  Shtiâtromm,  aufjrmm^i 
P.  413-415,  M,  A.  Horning,  Passage  de  j  devant  consonne  à  y  en 
France.  [S  ^occupe  des  cas  d^amuï  s  sèment  de  s  signalés  par  M.  A« 
Devaux,  M.  Clmbaneau  et  par  moi.  M.  H.  ajoute  quelques  autres  oas 
empruntés  au  picard,  au  wallon  et  aussi  à  Tancien  français.  Le  fr. 
poêk  de  /jflfffZe  rexpliqtiemit  de  la  même  manière.]  3,  P.  415-416, 
F.  Martîbot,  FUient  eipéifm^sient  du  Jonaa  [L*î  représente  une  téêùn* 
nanùê  de  z  qui  s'est  ét^inU^  si  Von  pmt  dire,  peUt  à  peliL  L*explicatiou 
paraît  bien  invraisemblable.] 

II L  —  Histoire  des  mots,  l,  P.  417*  W.  Mejer-LUbket  it,  eorhtit- 
ffûh.  [N'est  pas  un  dérivé  ÛQCorum  :coTh^za  pourrait  venir  de  *cucur' 
hiUa.]  2.  P.  417  J.  Ulrich,  fr.  bîunchei  paroles.  [Btaitche$  provient 
d'une  confusion  ;  hlanduê  avait  donné  bhmii  flatteur,  confondu  avec 
&&t«c.]  3.  P.  418,  J.  Ulrich,  fr.  desver.  [Vieodrail  de  dhaequurer  qui 
a  donné  les  deux  formes  dusiver  'de*eer].  4,  P.  418-422.  H.  Schu- 
cbardt,  Contribution  &  l'histoire  des  mots  en  roman,  [liasque  zertjfi  ^ 
impôt  ;  se  rattache  au  béarnais  cercarj  chercher  (cf.  quèile  en  béar- 
nais) ;  basque  dtmgef  mauvais,  compoié  de  donum  et  de  ^e,  suDQxe 
privatif;  eaHUum  (ajoute  de  nombreux  dérivés  à  la  longue  liste  déjà 
donnée)].  5,  P,  422^429,  W,  Foerstcr,  Eitfmolùgim  fran^ûu,  [Fr» 


BÏRLÏOGRAPOIE 


lôT 


I 


I 


Kod.  latidier  ;  composé  âe  V ArÛ^]^  -{-  andier^  l^i.  eu  inojen  tg^ande- 
rim,  I envoyant  â  un  amitarium  formé  sur  auiei,  iih.  Il  faut  ajouter 
que  iè  oarbonnaia  anciffr  (^^^  cbenèt)  n'est  s^ioa  doute  p&s  un  emprunt 
fruçaia,  car  Ve  on  vert  n'a  pa^  suhi  la  diphtoDgalaon,  Fr.  permaitiâ 
(poflimt),  d'après  Littré  du  permugria.  La  phs  ancieune  forme  fran- 
çijie  (lUl'aiècle)  est  ^iurmam.  Le  mot  viendrait  de  parmanuë  (pomme 
de  Parme)» 

CûMFTls  REKDOS.  P.  430-454,  Obras  de  Lope  de  Vtga VoL  V* 

VI.  (Suite  de  l'important  compte  rendu  de  A.  Reaton).  —  P.  454-459, 

QmsùnB  et  dits  arléBÎeiiâ  du  XllI*  aifecle p  par  A.  Jeauroy  et 

H.  Guy.  (F.  Ed,  Se  h  née  ga  os).  —  P.  459461,  D^  J,  Subak,  Die 
Conjagation  iai  Neapolîtanischen*..  (P.  Savj-Lopez).  —  P,  462-465, 
W.  CloeUa,  Die  Enfances  Vivien  (Ph,  Aug.  Becker),  —  P.  46ri-466, 
J.  Voigt,  Daa  Naturgefuhl  in  der  Literatur  der  franzùâischen  Renais- 
ime«  (Pb*  Aug,  Beeker).  —  P.  466-469,  Rydberg,  Histoire  du 
français  «  (E.  Herzog),—  P.  409.  Périodiques,  —  P.409-48Q,  ArcU- 
ti'j  tjhiîoiogieo  îtalianot  tome  KIV  (W»  Meyer-Lubke). 

4,  ^  P,  481490,  A,  HoRMNG,  Passage  de  wè  (venant  de  oi)  kèen 
françaii,  [M.  H.  prend  pom-  point  de  départ  l'élude  sur  le  patois  d'Ezy 
f^itepar  M,  P.  f^aasj  dans  la  Eevi^  de  PhiL/r,  t.  VIIL  Le  passage 
^^wèkè  dans  les  mots  où  cette  diphtongue  est  précédée  d'un  groupe 
CsKi,  -;^  f  a  été  déterminé  par  ce  groupe,  La  série  frein,  veine,  peines 
A  c&té  de  avoim,  foin  reste  obscure,  P-  485  Gt  a^q.  explicition 
^  formeâ  en  oi^  et  en  ak  (lamproie,  Jrajiçaië).  P.  4^,  noter  une 
*^ïre  réduction  de  tte  après  le  groupe/*^  dans  prov*  mod.  pl^o  'plëjo 
^plago^  plnâfo.  Pour  tes  noms  propt^es  \^  vraie  explication  reste 
éûcore  à  trouver  La  dernière  partie  de  Tartiçle  (487-490)  traite  de  wè 
dans  les  patois  franc-comtois,] 

h  491-513*  Tb,  KiLEPïti,  Zur  fransôsischên  Stjntax  (Cf,  Eettêchri/t 
fiffoin.  PhiL  XX,  277),  [VIL  Mélange  da  style  direct  et  indirect? 
^*  Mgit  d^expressîons  comme  têi-ee  que  dans  des  pbrases  comme  la 
«uîviote  :  ElU  n  était  pm  venue  .*  C'eH  donc  queile  tm  pouvait  pan 
"'«««*♦*  M,  Tobler  avait  observé  que  le  présent  esi'Ce  quê  se  trouve 
lo^jmIrs  dans  ce  casdà  au  lieu  de  rimpnrf^it,  mais  M.  Th.  K.  cite 
F'iUïeurs  exemples  de  Zola  Ronte  avec  étaii-ce  qm  (Etuii-ce  donc  que 
^ul  allait  crouler  avec  eux,  Zola  Borne  p,  107).  M.  K.  ue  veut  pas 
lo'ily  ait  là  méïiioge  de  discours  direct  ou  iidirect,  il  propose  une 
•îpfassion  nouvelle^  peiï  traduisiblii  en  français  d*ailleura  :  v,  r. 
(* «ff Wet(iefe,  verhuUtË  Rede,  discours  caché,] 

f  i  514-532.  C.  Salviopïî,  Appunti  efimolùgid  e  UMÎcaU  (2*  série), 
jïots  principaux  :  aiandler  <^  Hmitariu,  fr,  hauBiière^  non  de  germ. 
^^tiniiade  lat,  hetciaritit  la  base  rnalaUnus  dans  les  dialectes  ladins, 


168 


BIBLIOGRAPHIE 


fr*  Êuh  (M.  S.  n'admet  pas  êûdica;  I0  prov.  raod.  n^o  poitule  *$odia 
*iodkai  comme  pî^'o  *plauia)^  vigjtohU  <^  uineuê  'qpulu,] 

MÊLANGag.  —  1.  Giatïimttire.  —  P.  533-535,  G.  BiiST»  A.  fr./îw. 
[11  ne  faut  pas  voir  dans  ce  Diot  «n  caa  do  diaaimilation  de  ê  -s  mai» 
un  cas  d'anologie,  aur  veïs].  —  IK  —  Hittoire  des  iiiots,  P.  535-536, 
A.  fr.  frait£  (G.  Baiat).  Vient  de  fracUi,  2,  P.  535-537.  Fv.Jiente, 
roman.  rUmU,  (J .  Ulnch)»  le  s'expliquerait  dans  le  premier  mot  par 
un  croise  ment  de/mt  et  de/oei»r«.  Pour  mmte  M.  U,  propose  n*  -hiiniU, 
bi&a  invràiaernblable.)  3.  537,  A.  fr,  gagnons  tuagnoti  (P.  Marchot), 
Se  rattache  au  verbe  gaahjnier;  \&gvi^n(m  est  à  Torigme  le  chien  qui 
gaaigm  (fait  paître). 

CoMpTBS  ftENDca.  —  P,  538*553.  H.  Paul,  Primipien  der  Spraeh- 
getchiehU  (0.  Dittnch).  —  P.  354-358,  Le  troubadour  G.  Montanha^ 
gol  p.  J.  Coulet  (C.  Appel),  —  P,  559-5G6,  G.  KÔrtiog,  Dk  Formetk*  ^ 
lehre  der/r.  Sprache  (J,  Subak).  —  P.  566-5Ô7,  V,  RoBii,  H  ÇtàoUro^ 
cento  (B.  Wiese). 

PsRiODiQURS,  —  GiomaU  Slorieo  délia  Leiteratura  Italiana,  voL 
XXXUI,  fasc.  1,  2,  3{B.  Wiese}.  -  P.  572-574,  iî^wu^  dm  Langim 
Rt>mmw9t  tome   XL  {O.   Schult:t-GoraJ,   —  P,  574-575,  lÏQjiêania, 
n"  107  [W.  Mejer-Lubke,  G.  Groeber).  —  P.  576-583,  Archh,  /  d.1 
Stndiuvi  d.  mutrm  Sprachen  und  Litt  Tome  86-95  (W.  Cloëtta),  -^\ 
P,  584-587,  Livres  nouveaux  (G.  Grûeber)*  —  Index. 

J.  Akglaub. 


fliiiojro  de  Magneloue,  par  Frédéric  PABE^aa.  T.  I,  t-CIV,  U511  ; 
T.  11,  1-59S  ;  in-4",  Paris,  Alphonse  Picarp  ;  MonlpelUor,  Baumkvisll»  ; 
1894-1900. 

Il  est  des  monumentis  vénérëa  sur  lesquels  rien  d'abord  n'appelle 
Tattention,  qui  semblent  se  eaeher  dans  Tombre  et  qu*il  faut  chercher 
le  it  Guide  du  Voyageurs  à  là  main*  comme  cette  petite  chapelle,  ■ 
Sania*Maria-âelk  -  PiwnU ,  qui  a  été  éievée  dans  la  banlieue  dcrf 
Rome,  au  point  de  rencontre  des  voies  Ardéatine  et  Appienne,  à 
Tendroit  où  Jésus  apparut  k  Pierre  fuyant  de  Rome  :  ^<  Qtio  vadis  f 
Où  allex-vous?  rv  demanda  l'apàtre.  <iJe  vais,  répondît  le  Sauveur, 
à  Rome  subir  une  seconde  fois  le  martyre,  »  Pierre  comprit  la  leçon, 
rentra  dans  là  ville  et  fut  martyrisé  peu  de  temps  a[irès.  De  là  le 
nom  de  €  Quo  vadis  h^  par  lequel  est  désignée  d^ordinaire  la  petite 
église.  L'on  y  montrait  autiofoia  la  pierre  d'un  tuf  veidâtre  où  Toa 
distingue  en   un  dessin  léger    l'empreinte  des    pieds  du   Sauveur, 


BIBLIOGRAPHIE 


Ut 


s;  mais  eetto  relique  aujourd'hui  y  est  représentée  pnr  un  fao 
ftiniib,  et,  pour  1&  retrouver,  il  faut  aller  plus  loin,  auivre  la  voieAp- 
piaSDè  et  entrer  dans  la  basilique  Saiot-Sébastien»  ou  elle  est  canaer- 
?é6«T^]a  colonoe  où  fut  attaché  Sëbastten^  et  nombre  d^aiilres  i^eli- 
(]iii0e  moins  illustres.  Saiot-Sébasden  est  tui-méme  placé  en  coutre-baB, 
a'tttire  aucunement  le  regard.  Bien  des  touristes  n'en  feraient  point 
k  terme  dVme  excaréion,  s'ils  ne  savaient  que  là  est  rentrée  des 
Êtticombes  les  plue  intéressantes  au  point  de  vue  de  r&rchéologie  et 
d«r&rt  chtétien  primitifs. 

Coinrae  les  origines  mêmes  du  ebriatianisine  furent  bunibles  et 
Câdiéei,  de  même  les  monuments  qui  en  gardent  les  souvenirs  les 
pbi  précieux  se  dérobent  souvent  &  Tœil  indifférent  et  réclament 
d'ètPô  l'objet  d'un  pèlerioage  qui  leur  aoit  vraiment  consacré.  Bien 
de*  gens  n* auraient  jamais  connu  le  nom  de  Qao  vadU^  s'il  ne  fût 
àfinti  le  titre  d'un  roman,  dont  Tauteur,  s'inspirant  des  sentiments 
qui  liaient  dicté  les  ifûrfyr*  à  Chateaubriand  et  les  Derjiieri  jours 
éPçmpH  à  Bulwer,  a  su  faire  vibrer  des  cordes  endormies  et  inté- 
reiftsr  de«  âmes  que  les  crudités  matérîaliites  récemment  en  vogue 
tuieot  lassées  jusqu'au  dégoût. 

Uiguelone  appartient  à  Tàge  triomphant  où  la  foi  chrétienne 
^irtiiait  vera  le  ciel  les  hautes  voûtes  des  cathédrales.  Dominant  les 
flou  bleui  delà  Méditerranée,  les  étangs  et  les  p  laines  ^  il  est  vu  de 
tOQtet  parts,  et  Ton  ne  saurait  venir  à  Montpellier  sans  être  tenté 
^  faire  une  visite  à  ce  monument,  d*où  l'oeil  embrasse  tout  le  Lan- 
S^aCf  d^oû  la  pensée  a  comme  une  vision  des  siècles  écoutés. 

L'asûée  dernière,  les  Félibres  ont  tenu  leur  fête  annuelle  aupieddea 
tson  dû  TégUse  féodale,  à  Tombre  des  pins  dont  le  feuillage,  agité 
pirb  souffle  delà  mer»  bruissail  légèrement  aur  nos  tètes.  Le  regretté 
Féliï  Gras  nous  présidait.  Mistral  était  des  nâtre;^.  Quand  les  maîtres 
'^dfrnes  du  Gai  Savoir  entonnèrent  des  chanta  où  revivent  la 
i»BpeA&nore  et  Tâme  ardente  de  nos  pères,  au  milieu  de  ce  paysage 
^oebanté,  dans  Téblonissement  de  la  resplendissante  lumière  qui  en- 
v^oppait  Tile,  il  y  eut  un  moment  d'illusion  puissante  ;  nous  nous 
fêtions  au  pavB  de  Féerie  î  et  si  Pierre  de  Provence  et  la  belle 
Mifuebne  fussent  venus  s'asseoir  au  banquet  de  Sainte-Estelle,  à 
*^lé  de  Tanteur  de  Mireille,  leur  présence  n^eût  point  surpria. 

Mgr  Dupanloup  a  donné  eu  quelques  lignes  éloquentes  Tim pression 
pt^ée  et  religieuse  qu'il  avait  ressentie  :  tr  Maguelone,  beau  lieu, 
AMère,  paisible  ;  une  petite  (le,  et  dont  les  pentes  douces  descendent 
^^fi  te«  flots  bleus,  au  delà  desquels  se  déroulent  les  montagnes  de 
u  Provence,  dont  les  lignes  se  perdent  dans  la  brume.  Désert  dominé 
par  tt  ^éant  (la  cathédrale)  et  par  la  croix.  Cette  basilique  canon  ic  aie  « 
F>^ les  formes  flévèreB,  s'harmonise  avec  ce  paysage,  cette  solitude, 


170 


BIBLIOGRAPHIE 


Cet  bQrizoQf  cette  graodeur.  C'est  un  de  ees  lieux  qui  otit  une  âme  el 
que  doivent  chercher  les  âmes  ptaeéet  dans  certaines  conditions  mora* 
les.  Là  on  doit  contempler,  prîer^  pleurer.  C'est  un  lieu  consacré 
par  les  grands  souvenirs,  saisissant  par  ce  qui  est  mort  et  par  ce  qui 
survit  :  une  ruine  et  une  croU,  au  mïUeu  de  quelques  pins^  voilà  ce 
qui  reste  de  la  vilïe  romaine,  refuge  des  Sarrasins  au  VII*  siècle» 
détruite  au  VI II*  par  Charles -Martel,  rebâtie  au  XI*  et  devenue  ville 
papale  et  épiscopale,  berceau  de  Montpellier  et  capitale  ecc  lé  si  ai tique 
du  pajs  K  " 

M,  Fabrôge  a  pour  le  monument  qu'il  a  restauré  avec  un  soin 
pieux,  une  admiration  et  un  amour  qu'il  tient  à  faire  partager.  Il  a 
donc  entrepris  de  raconter  Thiatoire  de  Tîle  légendaire  où  réglise 
seule  subsiste,  île  qui  fut  grande  dans  la  pensée  des  hommes,  bien 
que  la  nature  en  eût  parcimonieusement  limité  l'étendue  :  «  Il  faut  le 
dire,  cette  île  a  eu,  pendant  le  mojen  âge,  une  vie  toute  spirituelle, 
nne  influence  seulement  morale.  Jamais  le  nombre  et  la  splendeur  de 
aes  édifices  n'a  répondu  à  ce  que  son  nom,  si  connu  et  ai  vénéré, 
semblerait  indiquer  ^.  » 

En  deux  forts  volumes  iu-4'  nous  passons   des   origines  au   XIV* 
siècle.  Le  tome  III,  dont  la  préparation  est  fort  avancée,  aura  pour 
titre  général  :   tt  L'Université  à  Montpellier.   Translation    dti   si^g^^^ 
épîscopal  à  Montpellier.  Ruine  de  Maguelone.  »  ^^M 

Dans  la  Préfuce  (p.  i  —  vin),  M.  Fabrège  indique  lea  source» 
qu*il  a  dû  consulter,  énumére,  en  les  appréciant,  les  travaux  au.  il  a 
été  question  deMaguelone,  11  répond  à  t'avance  à  ceui  qui  pourraient 
lui  reprocher  de  s'être  laissé  entraîner  par  llmportance  du  sujet: 
w  Nous  ne  pouvions  cependant,  dit- il,  négliger  des  événements  d'un 
intérêt  capital,  unique  même,  puisque  Maguelone  fut,  au  mojen  âge, 
un  fief  pontifical,  refuge  des  souverains  pontifes,  le  seul  point  d'accès, 
avant  saint  Louis,  de  la  France  sur  la  Méditerranée,  centre  privilé- 
gié de  l'orthodoxie  et  de  la  liberté  dans  le  Midi^  Sur  toutes  ces  quea  ^ 
lions,  il  fallait  mettre  en  lumière  les  trésors  de  la  critique  et  de 
Térudition  contemporaine,  dispersés  dans  une  série  d'ouvrages  ou  de 
recueils  aussi  précieux  que  peu  connus.  En  ne  dédaignant  d'ailleurs 
îiucun  détail,  noua  avons  pu  saisir  sur  le  vif  les  traits  et  les  mœiira 
de  nos  ancêtres,  suivre  dans  leur  existence,  à  travers  les  siècles,  nos 
évéques  et  nos  seigneurs^  apprécier,  en  toute  justice,  Taction  du 
Saint-Siège,  les  bienfaits  de  répiscopatet  lerdledes  Ouillems,  admirer 
la  formation  et  les  développements  de  la  nationalité  française,  carac- 

>  Cité  par  M.  Fahrége,  T.  I^  Introduction^  p.  C.noto. 

*  Ronouvier,  Magueione^  p  tO^  cité  par  M,  F.,  1, 192,  note. 


BIBLIOGRAPHIE 


171 


iémùt  les  traditions  et  lea  services  de  rUaiversité  de  Mûtilp^lUer,  n 
L*  Introduction  (p*  ix  — civ)  a  pour  titre  «  Le  site  et  lea  souvenirs  i», 
et  comprend  quatre  parties:  h  L'horizottde  la  terre,  rhomon  de  la  mer, 
la  Belle  Maguelone^  la  cathédrale.  »  Trois  planches,  à  la  an  du  tome 
1*^^  dues  au  crayon  de  M.  Maràal,  donnent  rApH^on  de  ta  terre,,  tel 
qti'm  le  voit  d«  haut  de  la  cathédrale^  vaate  demi-cercle  où  du  rivage 
maxffiontagDes  lointaines:  le  Cantgou,  le  Larsac,  la  Sérane,  le  Mont* 
Loïére,  le  Yen  toux,  depuis  le  cap  Bear  jus  qu'eaux  Saintes-Marie^e* 
Ift-Mer  a'étagent  les  étangs,  les  plaines  et  les  collines* 

Siûi  aonger  à  faire  l'analyse  d'un  ouvjage  si  étendu^  et  où  sont 
tTBiléea  des  questioua  très  divet'sea^  noua  crojous  utile  de  marquer 
da  moina  un  des  points  de  vue  auxquels  on  peut  se  placer  en  le  lisant. 
llD&ia  semble  que  Ton  aura  ainsi  quelque  impression  du  vif  intérêt 
qu'il  j^résente. 
I  Maguetone  vaut  dans  Thistoire  par  son  évêché  dont  la  deatinée 
kl  liée  ai  Étroitement  à  celle  de  Montpellier.  Les  Guillenis^  la  Muni- 
cipalité Montpelliéraioe,  les  roia  d'Aragon  et  de  Majorque  ont  des 
ripport»  constants  avec  Tévêque,  dont  Tautorité  religieuse  et  morale 
était  fort  augmentée  par  rimportance  de  fiefs  qa'il  devait  à  une 
«mte  de  libéralités  dont  la  principale  est  assurément  Taote  du  27 
ivril  1085,  par  lequel  Pierre  de  Melgueil  faisait  hommage  au  Saint- 
Biège  du  comté  de  Substantion  et  de  ses  droits  sur  ^laguelone^ 
Ploi  tard,  à  la  suite  de  la  guerre  des  Albigeois,  le  pape  Intioceutlll, 
^jmi  retenu  pour  fief  le  comté  de  Melgueil,  la  ville  de  Montpellier» 
^QÎ  l'était  d^Jà  placée  sous  la  tutelle  du  Saint-Siège^  obtint  en  1215 
qockpape  inféodât  le  comté  à  Té  vaque  de  Maguelone  et  à  ses  suc^ 
OMilDrt.  La  décision  du  pape,  qui  fut  suivie  de  plein  eflet,  reposait 
>^  h  droit  reconnu  alors  au  suzerain  de  punir  un  vassal  révoltép  c# 
litî  était  le  cas  de  la  maison  de  Toulouse  K 

uh  les  premiers  temps  les  évéquea  avaient  eu  une  juriâlction  spé- 
^fisur  Montpelliéret,  partie  méridionale  de  la  ville  de  Montpellier, 
Utte  bulle  pontiJicale  du  12  juillet  1228  détermine  les  possessions  de 
l'Eglise  de  Maguelone  à  cette  époque  ;  elles  cotn^iren aient  :  n  111e  de 
^gaelone,  Tétang,  le  grau,  la  |ilagti  entre  la  mer  et  Té  tan  g,  dans 
totiteleur  étendue  et  avec  leurs  pêcheries ,  Tile  d'isolion  ou  Esclavon, 
^tm  t*étang  de  TArnel,  Tégliae  Saint-Ëtiénne  de  Villeneuve,  réglite 


to 


^  Par  une  inité  d'b^ritages,  le  comté  de  Malgtieil  était  pas^â  en  1172 
iiu  mains  de»  comtes  de  Toulouse.  V,  t,  I^  p.  336,  suiv.  Maia  le  pape 
pfft»»it  sans  doute  pouvoir  se  prévaloir  encore  de  Tacte  antirieur  de 
Pi^e  de  MelgueiL  Pour  les  revendications  de  la  maison  d'Alai»  sur  le 
cootié  de  Melgueil,  et  Taccord  qui  intervint*  V.  l*  II,  p,  I31j  suiv» 


Î7t 


BÏBLIOGBAPHIE 


et  la  métairie  de  MâuiÎD,  régLisé  Saiat-Sauveur  de  Rouet,  le  Câpi- 
toiil  au  maisan  et  domaioe  de  la  communauté  à  ViUêieuve,  TégUse 
Sainte-Marie  d'E^indre,  les  tours  sur  le  Lez  et  la  Motsan,  le»  mon- 
tague»  de  Montceau  et  de  Saint-BauziUe,  la  bois  d'Amaquier,  3e  châi- 
teau  de  Maureillau,  la  villa  de  la  Mossoni  l'ilo  de  Fleix,  les  dotuai- 
nea  daas  les  |ïaroiaaea  de  Saint*JeanHle-Cocoa,  de  Saiot-Micbel  de 
MoQtels,  de  Saint-Mieliel  de  Sauleyrargues,  de  Saïut^ Pierre  de  Mon- 
taubéroQ,  de  Saiut- André  de  Novigeua,  de  Notre-Dame  de  Ca«teluau, 
dé  Saint'Jean  de  Substantion,  de  Saiat-Etienne  ^e  Sorlechi  de  S^int- 
Drézéry,  de  Jacou,  de  Clapiers  :  la  ville  de  Lauret,  le  mas  avec  la 
baume  ou  grotte  de  Londres;  les  villas  de  Satnt-Brèe  et  de  Saint- 
Sauveur  de  PérolSj  avec  leurs  dépendances,  terres,  boU,  prés^  droits 
de  justice;  le  château  de  Laites,  les  propriétés  dans  Tin  teneur  de 
Montpellier»  TUe  et  Tégliae  de  Niout,  les  églises  d'Ai^  ou  de  Balaruc, 
de  Froniignan,  de  Sainte-Kulalici  les  biens  de  la  sacristie  de  Mague- 
lone,  les  églises  de  La  Vérone,  de  Pignan,  de  Fabrègues,  la  métai- 
rie d'Agnac  ;  lea  église  de  Ï>amt-Firmiu,  de  Nctre  Dame  des  Tablea, 
de  Sainte- Foy  de  Montpellier,  de  Saint- Denis  de  Montpelliéret,  de 
Saint-Brès,  de  Pérols,  de  Novig^ens,  de  Soriech,  de  Sauteyrargues» 
de  Caaielnau^  de  Saint-Vinceut,  de  SaintJeaû  de  Buègea,  de  Saint- 
Dréïéry,  d'Auroux»  de  Sainte-Marie  de  Melgueil,  de  Sainte -Marie  de 
LuDôl,  toutes  ces  possessions,  avec  leurs  appartenances,  dîmes  et 
droits  d'usage ,  enfînTéglise  etVbopital  du  Saiot-Sépulcro  à  Marseille. 
•^  Le  pape  a  bien  soin  de  rappeler  que  si  le  chapitre  a  droit  à  la 
dîme  sur  tous  ces  points,  il  ne  la  doit  au  eontraire  à  personne;  il 
n'eiige  pour  cette  protection  spéciale  du  Saint-Siège  qu^ua  tribut 
anauel  de  trois  oboles  d^or^  ii  ■ 

Maia  Tau  leur  le  reconnaît  lui-même^  radministration  de  droit? 
temporels  proprement  dita  n*était  point  sans  ofl'rir  des  difficultés  : 
n  L'élévation  des  évêques  de  Montpellier  ne  fut  pas  utile  à  leur 
Eglise.  Comtes  de  Melgueil^  ils  se  trouvent  distraits  par  les  préoccu- 
pations temporelles  et  perdent  dans  les  soucia  des  affaires  la  ferveur 
qui  avait  assuré  leur  prestige  contre  les  Albigeois.  Us  sont  obligés 
de  suffire  aux  charges  du  gouvernement,  et  comme  ils  imposent  leurs 
sujets^  ils  ébranleat  leur  fidélité  traditionnelle*.  » 

L'action  bienveiiiante  de  la  Papauté  sur  les  affaires  de  Tévèché  de 
Magueloue,  et  même  sur  celles  de  la  ville  de  Montpellier,  ne  saurait 
être  contestée;  la  démonstration  que  présente  M.  Fabrège  est  docu^ 
mentée  de  la  façon  la  plus  complète  et  la  plus  concluante.  Maia  on 


t  T.  U,  p.  49-5L 
«T.  IL  p.  34. 


BIBLIOGRAPHIE 


irs 


^ 


t  fl^empêehfr  de  remarquer  qu'à  côté  de  la  Buzerametë  du 
SiinUSiège,  IVd  recherchait  égaletneiit  celle  du  rot  de  France,  aux 
é|îO<|ues  elles-mêmes  où  sod  autorité  dans  le  Midi  paraît  le  plus 
réduite  :  «  Dès  ï  !63,  Jean  de  Motitlaur  et  son  chapitre  reconnaiaiaient 
Lottis  le  Jeune  pour  leur  seigneur^  et  le  remerciaient  de  rat^cueil 
fcfûnble  fait  à  leurs  envoyés.  En  1208,  Guillaume  d'Autignac  avait 
obtioi  de  Philippe- Auguste  d'être  confirmé  dans  toutes  aea  poaaea- 
lions,  aurtout  dans  celle  de  Tlle  de  Maguelone,  civitaîU  Magalone  €t 
ahorujn  lôcorum  temporaîium  ;  * . ..  et^  en  1230,  aaînt  Louii  étend  lea 
prérogatives  de»  évéquea  eu  leur  donnant  juridiction  aur  les  sujets 
rojiox  et  sur  les  écoles  de  Montpellier  * ,  >i 

Aiiiî  peraîstait  dans  les  esprits  la  pensée  que  le  roi  de  France 
Itiil  k  suzerain  légitime^  qui  avait  toujours  le  droit,  sinon  le  pouvoir, 
dmtér^enir  dans  radministraiion  d'une  région  qui,  depuis  des  siècleB, 
n'était  plus  sous  son  autorité  réelle. 

A  Is  fia  du  XII  !•  siècle,  renchevêtrement  des  pouvoirs  et  de  leurs 
prérofstives  fut  au  comble.  Le  seigneur  de  Montpellier  dépendait  d© 
Tévèque,  seigneur  de  Montpelliéret,  «  Le  roi  do  Mayort^ue,  Jajme  II, 
était  de  plus  vassal  des  roja  d'Aragon  ;  Tévèque  de  Montpellier, 
nwerain  du  roi  de  May  orque,  s'était  à  aon  tour  reconnu  vassal  du  roi 
fl*  France*.  i>  De  leur  côté,  les  consuls  de  Montpallier,  mettant  à 
pmfltles  conflits  de  leurs  divers  suzerains  de  tout  degré,  recourent  au 
m  de  France  contre  rOfficial  de  Maguelone,  et  obtiennent  que  le 
roi  de  Majorque,  malgré  les  plaintes  de  Tévèque,  refuse  d^întervenir. 
Le  17  juillet  1291,  Bernard  de  Viviers,  ofâci^il  de  Maguelonê,  lance 
Vi  tiùm  de  Tévéque  un  interdit  général  contre  la  ville  et  les  consuls 
dt  Montpellier.  Le  sénéciial  de  Beaucaire,  représentant  le  roi  de 
France^  agit  en  faveur  de  la  Ville  et  saisit  le  temporel  de  Tévêque. 
SrËq  l'arcbevéque  de  Narbonne  lève  llnterdit  et  fait  promettre  aux 
QSi  tt  anse  autres  de  s'en  rapporter  à  lit  décision  du  roi  :  Et  eti  nquel 
as,  utei  mh'edig  MfintjîeUier  jyer  VII  mmes  o  di  prop  ;  el  êenêstalc  dt 
Bai^c^e  |w*es  la.  terra  de  lavf»que,  e  In  tene  20  jm^n»  quar  noii  voUa 
fWi&ôart  rmtredig  ;  e  pueiê  larcevesque  de  Ifarbona  mtrame^  mu,  ê 
rmquei  la*  êenienth*  t  Venir edig  e  w>lc  que  iauetque  eh  console  se 
«smpnmmMifBon  en  la  eonedl  del  m  de  Frama^. 

Oit  eonflils  ne  sont  plus  de  notre  temps.  Formés  à  l'exacte  disei- 
plît^  de  la  centralisation  administrative,  nous  serions  même  portés  à 
jettr  un  regard  dédaigneux  sur  cette  dispersion  de  privilèges  et  de 


'T.  Il,  p.  296. 

^P^it-Thalamm,  cbron.  rom.,  p.  340;  cité  par  M.  P.,  II,  p.  305. 


174 


BIBLIOGRAPHIE 


prérogativeB  qui  surexcitait  les  pasaiona  loealeâ,  et  nom  la  jugeriontj 
voloDtiers  une  sorte  dVoàrchie.  Mftia  il  n&  fâut  point  mécotitiaître  quoi 
les  iotérêts  particuliers  étaient  armés  pour  se  défeQ^^ra^  que  la  liberté  1 
a  sou  prix  et  façonne  les  caractères  autrement  que  la  sujétion  la 
mieux   réglée,  que   la  vie  proviuciale  était  intense,   et  qu'en   fin   de  ^ 
compte  on  arrivait  à  a  entendre,  qu'il  fallût  s'en   référer  au  pape  on  H 
au  roi,  La  prospérité  de  Montpellier  et  la  dignité  du  siège  épiscopaï 
traversèrent  sans   dommage   cette  crise,    et    nous  ne    voyons    paa 
qu'après    la  réconciliation    on   ait   gardé   des   souvenira  amers    du 
désaccord  qui  avait  troublé  les  rapports  de  Tévêque  et  de  ceuï  gui  ^ 
étaient  à  la  fois  ses  vassaux  et  ses  fidèles.  ■ 

D'ailleurs  Tévéque  de  Maguelone  prit  le  moyen  le  plus  sûr  d'éclair- 
cir  une  situation  confuse.  Avec  une  sagesse  qu'il  est  juste  de  louer, 
il  abandonna  en  1292  à  la  couronne  de  France  le  fief  de  Montpelliéret, 
la  suzeraineté  sur  Montpelîîer  et  le  château  de  Lattes  en  échange 
d'une  rente  de  50<)  livres  melgoriennes,  environ  50.000  franc»  de 
notre  monnaie  actuelle. 

On  lira  dans  M,  Fabrège  Texposé intéressant  des  procédés,  biJjilet 
plus  que  scrupuleux  i  par  lesquels  Philippe  le  Bel  sut  faire  valoir  lem;B 
droit*  qui  lui  étaient  reconnus.  " 

On  peut  ne  point  partager  l'avis  de  M.  Fabrège  sur  toutes  lea 
questions  qu'il  est  amené  à  traiter.  Uhiatoire  du  moyen  âge  est  le 
domaine  oà  la  controverse  trouve  le  plus  d'occasions  de  s'exercer* 
Mais  l'ampleur  elle-même  qu'il  donne  â  ses  développementa,  la  variété 
des  faits  apportés^  la  richesse  de  la.  documentation  et  Tindication 
constante  des  sources,  rendent  Tœuvre  instructive  au  plus  haut  deg^ré 
et  mettent  le  lecteur  à  même  de  se  faire  une  opinion  personnelle. 

Comme  il  en  avertit  dans  sa  Préface,  Tauteur  a  tenté,  à  propos  dé 
chacun  des  événements  importants  qu'il  rencontre,  de  reconstituer  le 
milieu  et  le  moment  précis.  Ainsi  nous  expose-t-il,  ou  peu  s'en  faut, 
nne  histoire  complète  du  moyen  àge^  éclairant  son  sujet  particulier 
de  toutes  les  lumières  qui!  emprunte  à  Thistoire  générale.  On  peut 
juger,  et  il  l'a  prévu  lui-même,  qu'il  s'étend  parfois  au-delà  du  cadre 
exact  où  a  été  enfermée  la  destinée  de  Maguelone  et  de  son  évéché  ; 
mais  il  était  difficile  de  ne  pas  entrer  dans  quelques  détails  sur  la 
guerre  des  Albigeois,  étant  donuée  la  situation  géographique  et  féo- 
dale de  Montpellier;  et,  quand  on  rencontre  un  Nogaret  pour  instru- 
ment de  Fhilippe-le-Bel  dans  la  querelle  de  ce  roi  avec  Boniface,  l'on 
n'est  pas  mécontent  de  connaître  de  près  le  personnage  et  de  savoir  ce 
que  sa  famille  est  devenue.  ^ 

M,  Fabrège  aime  le  moyen  âge  et  l'Eglise  catholique,  et  se  platt  à  H 
réfuter  des  préjugés  que  la  science  moderne  a  rejetée^  sans  pouvoir 


BIBLIOGRAPHIE 


ns 


déraciner   complètement.  Bien   des   gens  ne   s'imaginent  point 
tf^Q^îl  aoit  démontré  et  reconnu  aujourd'hui  que  dans  rerercke  an  ses 
iJroits,  r  Eglise  fut  d'ordinaire  plus  modérée  et  phi  a  Libérale  que   te 
^»oi]voir  civil,  que  Varbitrage  des    papes    s'employait  dans  Tintérét 
dles  mœurs  et  de  la  justice;  qn^ainsi  s*est  faite  Véducation  de  reapnt 
j>tibUc  en  Europe  ;  que  de  bonne  heure  le  servage  n*était  plus  qu'un 
ouvenir  dnns  beaucoup  de   nos   provinces  ;  que  Vindustriei  le  com- 
©rce,  lea  sciences  et  les  arts  florisaaient  dès   le  XllI*  aiècle;  qut 
.<ii  bourgeûia  du  moyen  âge  étaient  des  administratËUfs  ëcoDOmes  et 
liabiki,  dont  Teiemple  peut  être  proposé  à  limitation  de  nos  muni- 
cipalités du   XX"  siècle.  Je  recommande  la  lecture  du  chapitre  XI, 
«  TEglise  de  Maguelone  à  Montpellier  jp,  à  tous  ceux  qui  s'intéres- 
êênt  k  l'hialoire  des  œuvres  de  charité.  Il  était  utile  et  équitable  de 
nppeler  qu'au  siècle  dernier,  la  k  Miaéricorde  n  de  Montpellier  a  été 
prise  par  les  Anglais  comme  modèle  pour  la  création  d*un  dispen- 
tairt  deitiné  à  secourir  les  malades  indigents  *  ;  de  mentionner  cette 
iMtitution   admirable,  le  n  Prêt  gratuit  «,  qui  continue  à   venir  en 
lideaùî  beaoigneux:  de  toute  condition,  sans  rémunération  aucune^, 
Qos  savons -nous,  pour  la  plupart,  du  passé  de  notre  pays?  Une 
sûrtfi  de  résumé  sommaire  de  l'histoire  des  rois  qui  se  sont  succédé 
îir  le  trône.  Les  provinces  nous   sont  connues   au   fur  et  à  mesure 
di  leur  entrée  dans  le  domaine  royal,  au  moment  où  elles  disparais- 
«ot  dsns  ce  grand  tout,  y  perdant  leur  vie  propre  et  leur  origina- 
lité. Qu'étaient  devenus  jusque-li  rAquîtainet  le  Languedoc, la  Pro- 
vence? Quels    étaient  d*aLord   les  usages,  les  mœurs,  lea  inatitu*' 
tlQû<,le  degré  do  culture  et  de  prospérité  de  ces  Etats,  qui  s^ étaient 
%tfés  d'eu^^mèmes,  par  une  heureuse  H  riche   spontanéité,   des 
niinea  de  lempire  de  Charlemagoe  ?  L'on  sait  quelques  généralités 
m  If  rdlê  de  TEglise,  sur  la  féodalité^   sur  les  communes,  et  c'est 
tâUtpoDr  le  plus  grand  nombre.   Cette  indifférence  est  regrettable, 
€aî  il  est  mauvais  et  dangereux  d'ignorer  par  quelle  vole  ont  passé 
^"générations  qui  nous  ont  précédés,  quels  efforts  elles  ont  dû  s'îm- 
poier^  queb  résultats  elles  avaient  atteints,  et  comment  les  petites 
Patries  provinciales  ont  contribué  au  progrès  commun  de  la  grande 
pttric. 

Ui  ouvrages  tels  que  celui  de  M.  Fabrège  produisent  Teflet 
fuse  sorte  de  révélation,  d'une  évocation  de  la  vie  ancienne  de  notre 
Midi. 


'T.  ILp,2",  note. 

*  T.  It,  p,  29,  Cf.  Histoire  du  Prêt  Graittii  fU  Monipeîlier,  1684-1891, 
F^  L  Mandon,  docteur  êa  lettres,  Montpeliisr,  1392* 


!»« 


BIBLIOORAPHIR 


J 


(r«ftt  i1lftit4  «M  bai^iie  ptiénicietuiê  ou  cartfaftginois^,  montée  par 
irv,  demï-coraairee,  demi-mârehandÂ^  qui  prend 
[  4»  IHt,  H  611  fait  nn  comptoir  que  les  Gaulois  des  plages 
la  aêeo«te»tot  à  fréquenter.  Puis  c'est  1r  guerre  de  deux  grands 
i:  Tiniké*  d'AiMiïbali  les  légions  l'omaineâ  occupent  tour  à  tour 
f  éIokI  l«iM>rt  attire  les  trirème  s  aussi  bieo  qtie  les  vaisseaux 
I  Rome  a  vaincu,  la  Narbonuaise  est  la  province  Utîna 
pr«l«»lfede«;  la  grande  paix  des  rivage»  de  la  Méditerranée  va  durer 
ait  ém  sièclei  :  le  Chris tianitme  fait  la  conquête  des  âmes.   Des 
I  stèles,  des  monnaies  sont  les  témoins  de  cette  époque 


SoikIud  Ttuvasion  des  Huns  pousse  vers  Toccideot  les  peuples  de 
rBuroptlkarbare:  sous  la  pression  de  cei  nations  guemèrea,  leeâ-on- 
lièMa  et  la  Eoinanie,  mal  défendues,  s'écrouleîit.  Voici  qu^après  avoir 
ravagé  rEmpire,  lei  hordes  se  pressant  sur  la  roule  de  T  Es  pagne.  A 
Havtfft  la  Naibonoaise  passent,  saccageant  le  pays,  Alain  s,  Suêves, 
Vandales.  Puis  viennent  les  Wisigotbs  qui  asseoient  leur  domination 
sur  la  Gaule  méridionale  et  TEspagne  et  rétablissent  Tordre  à  leur 
profit.  L©  premier  évoque  deMaguelone  dont  nous  coonaissiona  le  nom, 
Bodo«,  eat  représenté  en  589  au  Concile  de  Tolède  qui  consacra  la 
ûonveraion  du  roz  Wisigotb  et  de  son  peuple.  Son  successeur  Ûenièa 
tst  représenté  au  IV'  Concile  de  Tolède  qui  interdit  de  tourmenter  lea 
Juils  pour  leur  croyance  et  ^ui  prescrit  l'étude  du  grec, 

fin  penpk  nouveau  descend  dans  le  Midi  de  la  Gaule  et  tenta  de 
ramicber  aux  Wisigoths:  Tbéodebert,  puis  Gontran,  envahissent  la 
S«plimanie  qu'ils  ne  peuvent  garder.  La  paix  est  bientôt  après  troublée 
par  rinsurrectioo  du  comte  Paul  qui  veut  créer  un  Ëtat  indépendaoti 
^opraDant  la  Tarraconaise  et  la  Septimanie,  provinces  qui  dés  lors 
iMâaîiDt  à  s* unir.  L'évêque  de  Idaguelone,  Gunbild,  s  associe  Â  la 
fivoltA  qui  est  réprimée  par  Ténergique  roi  Wamba,  Maguelone  fut 
aftatégétrdutserendrefetGuQhLLd  qui  s'était  réfugié  à  Ntmea avec  Paul , 
iubit  sana  doute  le  même  châtiment  que  le  malheureux  comte. 

Un  siècle  s'écoule.  Les  Gotha,  amollis  par  une  longue  paix,  ne 
peuvent  résister  à  i  assaut  fanMique  do  Tlslarn.  La  Septimanie  est 
■nhm^rgée  par  îe  torrent,  séparée  uu  moment  de  la  chrétienté.  Maisi 
après  Iflur  victoire  À  Poitiers^  les  Franea  continuent  à  refouler  le  fîoL 
musulman.  C'est  d'abord  Charles-Martel,  qui,  sans  distinguer  entre 
Iti  habitants  du  pays,  ruine  et  incendie  Maguelone  comme  Béziers, 
Afd«t  Nimei,  Avignon ,  Les  habitau  ta  de  Ule  sont  contraints  de  chercher 
un  isile  f  ur  la  terre-^ferme,  à  Substantton^  Des  tombeaux  trouvés  à  Ma- 
guelone semblent  provenir  des  occupations  successives  des  Sarraaina 
et  dea  Francs, 


BIBLIOGRAPHIE 


17? 


Mogueionû  n'existera  plus  comme  cité.  Sqb  évèqueti  néaurooios  ne 
rabftiidûnfiÊat  qu^à  âem'u  et  ^*étabïtitent  à  Villeneuve  d'où  îU  eotitem- 
[iliru^nt  ce  qui  aabs'stait  de  leur  cathédrale,  La  parlie  tragique  de  aon 
UL>-:.Hn^  est  terminée:  soua  Charlemagaei  les  nmra cavaliers  de  P islam 
ûtittr>^ni3é  pour  to^îjout'i  les  PjiéaéeB.  L'ère  de  la  paix  chrétienne 
commence. 

Aa  XI»  BÎécle  ou  n'a  plus  àreduuter  le  retour  des  Sarrasins.  L*évê<|Uâ 

Âroaiid  va  rebâtir  TëgU^e  de  Maguelone^  et  le  pape  Jean  XX  Ty  en- 

CDU,rig«.  La  cathédrale  s'élève  rapidement,  château -fort  s^utaot  qu'é- 

(tïJké  consacré  au  culte,  car  celte  mer  si  belle  sera  encore  longtemps 

ioleitée  de  piralea  musulmans.  Un  pont  la  rattache  au  continent^  où 

l'èrèt^ae  a  son  domaine  religieux  et  aes  poasesiions  féodales,  Du  haut 

i&fnin«t  du  monument  roman,  des  hommes  souvent  émiDejita,  pour  la 

pkfiart  d'une  piété  exemplaire,   veilleut  aux  intérêts  de  toute  nature 

^lïuite  diocèse  que  leur  regard  embrassait  tout  entier,  s'arrâtant  de 

préférence  sur  k  ville  où  les  habitants  anciens  de  Maguelone  étaient 

mesyt  s'établir  d'une  façon  définitive,  sur  Montpellier.  Un  lien  na,- 

timgl  rattiichait  la  cité  nouvelle  au  lieu  de  sa  première  origine  et  main- 

tenait  entre  révéque  elles  Montpelliérains  une  sorte  de  parenté.  Mais 

L    Montjiellier»  avec  les  QuiUema  d'abord,  puis  grâce  aux  privilèges  qu'ils 

t    lui  Avaient  reconnus^  grandisBait,  s'enricbissai  t^  illustre  par  ses  écoles, 

c^  cotnmercép  sas  industries.  Le  jour  n*est  pas  loin  où  le  siège  upis- 

€ô(kal  I  sera  tr&nsféré.  Avec  le  mo^en  âge,  ta  destinée  de  Maguelone 

iiticcvinpUe. 

MioMf  pour  I  liiâtoîre  et  le  poète,  Maguelone,  ainsi  abandonnée  et 
^n«,  n'est  que  pins  attm jante  : 

La  vieillesse  couronne  et  la  ruine  achève, 
11  faut  à  l'édifiée  un  passé  dont  on  réve^ 


Yonles-vons  qu'une  touf ,  voules^vous  qu*une  égliM 
Soient  de  ces  monuments  dont  Tànie  idéalise 

La  forme  et  la  haulenf  ? 
Attendes  que  de  mousse  elles  soient  revêtues. 
Et  laissez  travailler  k  toutes  les  statues 

Le  temps,  ce  grand  sculpteur!  ' 


Ainii  la  cathédrale,  deux  fois  vénéraj^le  par  les  rertns  qu'elle  ft 
entées  et  par  cette  empreinte  ineffaçable  que  les  âgée  varquenl  sur 
1^  pierre,  raine  chrétienne^  riune  antique,  est  nn  lien  de  pèlerinage  où 


Victor  Hugo,  r  ■  Âfe  de  triomphe. 


il 


178 


BIBLIOGRAPHIE 


Von  sa  complaît  à  repasser  dans  sa  pensés  les  époques  évanooies,  en 
considérant  le  vâstc  théâtre  où  ie  «ont  déroulés  les  événements  de 
rhistôire  du  Languedoc.  ^^ 

Yera  le  Midi,  c'est  Narbonne,  décbtie  aujourd'hui  de  s&  gloire,  ^^^Ê 
ville  forte  qu'il  fut  si  raalaiaé  d'enlever  aux  Sarrasins,  souveair  con-^^ 
sacré  {^slt  A^menlloL  Vers  le  couebaot^  c*est  Saint-Guillem-du- Désert, 
où  se  retira  Guillaumef  duc  d'Aquilsioe,  vainqueur  des  Musulmans 
à  Villedaigne,  dont  le  souvenir  h  est  confondu  avec  celui  da  Ouil* 
laume  de  Provence,  de  sortô  qu'il  est  devenu  dans  rÊpopée  naît  ion  aie 
la  i-bainpion  le  plus  célèbre  de  la  chrétienté  avec  Roland,  Tin  vin  cible 
Guillaume  au  Court-uez,  le  héros  d'Aliscans»  l'un  des  huit  guerriers 
saints,  que  Dante  voit  se  mouvoir,  flammes  étincelantea,  sur  les  bra:; 
de  la  croix  où  resplendit  le  Christ.  '  Vers  TEst  nous  apercevons  le 
Grau  dVAigues- Mortes  d'où  saint  Louis  partit  pour  la  croisade. 
Et  en  ramenant  notre  regard  sur  MontpellierT  nous  vojons  apparaître 
la  grande  et  chevaiereaque  figure  de  Jacques  le  Conquérant  qui  con- 
quît trois  royaumes,  gagna  trente-troia  batailles,  fonda  deux  mille 
églises,  monastères  ou  h6pitaux.  Il  mourut  à  Valence,  et  demanda 
que  son  corps  fût  transporté  au  monastère  de  Poblet,  Il  y  a  reposé 
de  127B  à  1835.  »  Le  tombeau  ayant  alors  été  violet  la  dépouille  du 
conquisiador  fut  recueillie  dans  le  village  de  la  Espluga  de  FraDcoU, 
où,  le  18  janvier  1843,  un  négociant  catalan  vint  officiellerneat  la 
retirer  pour  Tinbumer  dans  la  cathédrale  de  Tarragone,  dont  la  pro- 
vince et  celle  de  Harcelone  lui  érigèrent  un  moDument,  style  Reaaia^^| 
sance.  ^i  *  L'inscription  latine  mentionne  que  Tarragone  obtint  Ift^" 
bienveillante  autorisation  de  la  reine  Isabelle:  Bénigne  annuente 
EUiabêtk  II,  £Ii»paniarum  regitia  ** 

On  ne  sait  ce  que  Ton  doit  admirer  le  [»Ius,  de  la  brutale  ignorance 


1  Paradisùi  c  XVII 1,  t.  46,  Les  autres  guorners  sont  Josué,  Judas, 
Macchabée,  Cbarlemayno,  Roland»  Renouart  (la  gcaril  Rontmart  au 
Tinel  de  nos  chaasons  de  geste),  Godeft-oy  de  Bouillon  et  Robert  Guis- 
card.  C'est  dans  ce  chant  que  Béatrii,  pour  rappeler  son  amant  à 
contemplation  du  spectacle  dJvin^  lui  dit:  u  Tourne- toi  et  écoute,  cai* 
n'est  pas  dans  mes  jéutl  qu'est  1^  paradis,  tt.  Mais  Béatrii  n*est  autrs 
que  la  théologie  persoanillùCf  et  jl  faut  entendre^  parait-il:  cura  non 
solum  in  conterripiatione  thEùloyiuè  est  feimtas  et  healUudOj  sed  efiam  in 
exemptii  valeniium  virorum;  Scartamnî  en  est  convaincu.  Le  doute  est 
permis.  j 

*  T.  IL  p,  198,  i 

1  iéid.  note  5.  —  Dans  ces  demi  Ères  années,  Ton  a  apposée  fur  1a 
façsde  de  la  Tour  des  Fins  une  plsquâ  de  marbre^  qui  donne  les  dates 
de  la  naissance  et  de  la  mort  du  coTiquisiador^ 


m 


BIBLIOGRAPHIE 


17t 


I 


ilhtareux:  qoi  outrageaient  ]&  sépulture  du  Ubémtear  àû  leurs 
pkm,  de  la  nécessité  d^abtemr  i'autonsation  administrative  pour 
réparer  cet  oatrage,  de  l'indifiereDce  de  Th entière  du  grand  homme. 
tl  ^1  beau  d'maoire  au  fronton  d'un  monument  ^  aux  grandi 
hùuiiiitâ.  Ift  Patne  recoaDaîssautel  )>  et  Vi^^tor  Hugo  a  eu  raisoû  de 
Cùûiacrer,  en  vers  barmoaieu:^,  b  Panthéon  à 

I  Geox  qui  pieusement  sont  taorti  pour  la  patrie  ; 

siiii  de  SésQstris  à  Jaunes,  que  de  héros  ont  été  arrachée  à  Tétemel 
Ttpâi  par  l'avidité,  la  haine  ou  simplement  par  une  curioBitë  niaise  î 
Q»  de  tombes  saintes  ont  été  insultées  dans  nos  églises,  simp les  pierres 
portait  un  nom  et  one  date,  ou  leuvres  de  Fart  te  plus  exquis  I  Mague- 
1oDes«usa  pari  de  ces  profanations  aucrîl^ges.  Heureuse  TlUlie  où, 
mà^é  les  révolutions  sanglaotee  de  ses  républiques^  les  monuments  ont 
toujoti)^  été  reepeetés,  patrimoine  que  les  générations  se  transmettent 
'  ivec  une  admiration  pieuse;  où  il  paraît  absurde  de  défigurer  la 
it&tuÊ,  pour  se  vengEF  de  celui  doDt  elle  conserve  Timage  ;  de  sorte 
que  les  chefs-4'csuvre  n'y  ont  souffert  que  des  injures  du  temps  qui 
vieillit  b  marbre  et  le  bronze,  mais  ne  les  détruit  pas,  ks  embellit 
^hiài  en  les  revêtant  de  Tinimi  table  patine  qui  en  fait  valoir  le 
Uîûiàé  I  Toute  ville  italienne  est  ainsi  un  musée. 

Kq  |.teusant  aun  ëvêcjues  et  aux  selgueurs  de  la  région  qui  reçurent 
ïtaéjMjUure  à  Maguelone,  nous  nous  rappelons  aussitâl  les  noms  de 
tout  «et  papes  que  M.  Fabrège  nous  montre  honorant  la  cathédrale 
da  leur  visite  pâte  ru  elïe.  Urbain  11,  après  avoir  prêché  à  Glermont  la 
ptCŒièrt  croisade^  s'arrête  à  Maguelone  en  juin  1096  S  bénit  Hle, 
^cdébre  la  fête  de  saint  Pierre^  patron  de  Téglise;  Tévêque  Qodfrid 
qui  r&vait  accueilli  part  lui-même  peu  de  temps  après  pour  la  Terre- 
Siûiie^  j  tombe  malade  et  meurt  pii^s  de  Trïpoli  :  son  dernier  acte 
fut  d'envoyer  sa  bénédiction  à  ses  fidèles. 

Nombreux  furent^  pendant  les  croisades,  les  personnages  illustres 
p.  ftvant  de  partir,  léguèrent  une  partie  de  leurs  biens  à  T Eglise  de 
îta|tiilone. 

Les  temps  étaient  durs  pour  la  Papauté  qui  soutenait  avec  TEmpire 
l*  pierre  des  investiturea.  Gëlase  lljdèe  le  premier  jour  de  son  ponti- 
icii,  est  frappé,  jeté  en  prison.  L'empereur  Henri  V  approchait 
^il&fe  et  quelques-uns  de  ses  partisans  s'enfuient  sous  les  flèches 
dli  Allemands  et  ne  rentrent  â  Home  que  lorsque  l'empereur  en  est 
pftrti.  Mais  les  Frangîpani  assaillent  encore  lo  malheureux  pape  qui 
i4  résout  à  quitter  Rome  une  seconde  fois.  Après  avoir  touché  à  Pise 

^  Qfeaaitde  Tonlouie,  où  11  avait  consacra  la  célébra  basilique  de  Saint^ 

Sflniin. 


180 


BIBLIOGRAPHIE 


el  À  Gèii6B,  il  débarque  à  Saiot-Gillâs  où  il  est  accueilli  par  la  noblesad 
de  la  contrée,  puis  il  se  rend  à  Maguelone.  C'est  là  que  le  trouva  an 
envoyé  du  roi  de  France,  le  célèbre  Suger  K  Le  pape  prend  quelque 
repos  et  repart  pour  Clunjr»  où  il  tueurt  après  un  pontificat  d^un  an  et 
quatre  jours,  martyr  des  devoirs  que  lui  imposait  sa  haute  d»  gai  té. 

Sou  successeur,  Callxte  U,  allant  an  concile  de  Toulouse,  s^arréte 
également  à  Maguelone,  en  1119. 

LeO  février  1155,  c'est  le  roi  de  France^  Louis  VU,  qui  assiste  à 
Maguelone  aux  céril^nionîes  du  cbapitre  et  dë<;lare  à  Févèque  et  â  la 
communauté  qu'il  prend  sous  ^a  protection  tous  les  biens  présents  et 
futura  de  celte  église. 

Mais  voici  uq  Angiaîs.  Nicolas  Brake^peare,  plus  tard  Adrien  IV  : 
il  est  simple  clerc  à  Mauguio,  et  c'est  à  titre  d'hôte  étranger  qu'il  est 
reçu  à  Ma  g  ue  loue.  Un  grand  nom  clôt  cette  liste  authentique  de 
visiteurs  illtistrea.  —  Alexandre  III,  chassé  d*ltalie  par  Frédéric 
Barberousse  et  l'antipape  Victor  II,  aborde  à  Magueloue,  le  11  avril 
1162,  avec  une  auite  de  <;ardinaux  et  d'évôquea,  consacre  le  maître- 
autelf  est  reçu  triomphalement  à  MonCpellier  par  Guillem  VIL  II 
tient  un  concile  à  MontpelUor,  et  demeure  eu  France  jusqu*à  ce  que 
la  mort  de  Tantipape  le  décide  à  revenir  en  Italie,  C^ent  à  Maguelone 
qu'il  sVmbarquu  dans  des  circonstancea  dramatiques  :  peu  s'en  fallut 
qu'une  flottille  impériale  ne  s'emparât  de  sa  personne  *, 

H  est  à  présumer  que  d'autres  papes  vinrent  aussi  à  Magucîlone, 
bien  que  noua  nW  ayons  pas  de  sûr  témoigaagé  i  Nicolas  IV,  qui 
érigeâtes  Fn^cultës  de  Montpellier  en  Studium  gênerais;  Clément  V, 
qui  séjourna  deux  fois  à  Montpellier,  D'autres  avaieut  appartenu  au 
clergé  ou  aux  écoles  de  Montpellier:  Clément  IV,  qui,  comme  légat 
du  pape,  conféra  la  licence  en  droit  à  la  Saîle*l'Evéque,  Jean  XXI, 
ancien  élève  de  T Ecole  de  médecine:,  Urbain  V,  profeasaur  pendant 
vingt  ans  de  droit  canon  à  l'Ecole  de  droit  ^ 

Les  papes  aimaient    cette   petite   Ile,    sentinelle    avancée   sur   Uvfl 
Méditerranée  de  la  France  catholique,  de  la  France  en  qui  ila  voyaient 
un  point  d'appui  contre  les  prétentions  germaniques  au  gouvernemenl 
de  l'Eglise  et  de  l'Italie»  lia  âe  plaisaient  à  cotifirmer  et  à  augmenter 


*  Cû  voyage  ûg  Sugcr  noui  a  valu  une  description  de  Msgnelone  :  ûppli-^ 
cuit  Mttgatonam,  (itxtam  in  petat/o  insulam^  eut  stiper  est^  solo  episcùpo^ 
ciericis  et  tara  famitia^  contempta,  iingularis  ft  priimta^  muro  iamcn^ 
pr opter  mar&  cùmmeantium  Sarrecenorum  impetim^  munitiisima  civitas, 
Sugerii  ab  bâtis  vlia.  Ludovici  Grossi^  ap.  Do  m  Bouquet^  Historiens  de  i 
France,  t.  XII,  p,  46  ;  Fairège,  1,  p.  ^15, 

«  Fahrège,  I,  p.  ^83. 


BlBriOGRAPHIE 

ht  pitfîlègeB  û\n  é?ê€hé  et  d'un  chapitre  dont  rorthodoxie  et  U 
iiéitlé  au  S«int-Siëge  ne  se  démentirent  jamais.  Par  les  noms 
Hioromes  tels  qu'Urbain  II,  C:ilixte  II  et  A^leiandre  lïl,  Thistoira  de 
Higoebnô  m  raltache  à  Thiâtoire  universeUe,  et  je  ne  saia  [jaa  de 
liea  où  l'oa  éprouve  nn  senti  nie  ot  plus  intense  de  ce  que  fut  TE*  i  tope 
duétietine  au  moyeu  âge:  riuvasion  barbare^  la  lutte  avec  TUlam, 
In  croiiades,  t'effort  de  la  Papauté  pour  recouvrer  son  indépendauce^ 
cette  écloBioQ  d* Universités  à  laquelle  ont  une  part  û  belle  les  Ecoles 
U  Moatpellier}  sous  le  patronage  ds  Tévâque  de  Maguelone;  et^  à 
c^ti  de  Tcenvre  de  TEpiscopat,  celle  des  Gui  lie  ma  et  de  la  bourgeoisie 
UMeaae  et  intelligente  de  Montpellier  Dans  le  lointain  d'abord,  puis 
9*  rt^iprocbant  loua  les  jours  davantage  ;  le  roi  de  France. 

L'biitoire  de  Maguelooe  est  bieu  un  chapitre  de  notre  histoire 
jiâtwiiaie,  et  il  orientait  d'être  écrit. 

Tout  eu  emplojaDt  ses  loisirs  à  composer  Vliistoire  de  Maguetoue, 
M,  Fàbrège  a  voulu  faire  encore  davantage  pour  Nautique  évêché  et 
pour  MoatpelUer.  Il  a  décidé  la  publication  du  Cartniatre  de  Mague* 
boEf  recueil  d'aune  valeur  inestimable^  comprenant  des  documeots  de 
tflate  origine,  qui  a  été  constitué  au  XlV"  siècle.  Cette  publication, 
Mofiée  à  la  scieuce  et  au  dévouement  de  M.  Berthelé,  comprendra 
^utorse  ou  quinze  volumes  iu-4^  Le  nom  de  M,  Berthelé  nous  est 
UM  garantie  que  Tod  trouvera  dans  cette  oeuvre  de  bénédictins  le 
|Jm  ppikîeoï  instrumeut  de  recherches  et  de  travail. 

Ppopriétaîre  de  Maguelonei  M,  Fabrêge  croit  qu'il  a  une  dette 
pv^ciilière  envers  ce  lieu  vénérable;  il  ue  pouvait  l'acquitter  avec 
UA  plus  généreux  désintéressement  ni  douoer  uu  plus  bel  ei^emple 
<i1ntfiiligent  patrintiame, 

Ferdinand  Cj^steti  . 


ïditieliardt  {M*)*  —  Romàmiscuis  errifOLooinN,  II,  Wien,  1999,  in-B* 
[îîîp.j.  (Eitrait  des  Sitzttng§6i;iichie  der  kaU,  akûdrmie  der  wissen- 
ahs/tm  in  Wien^  PhitosophUch-hiitûrùche  e£ix««e,  t^nâ  CXLI), 

Kepreoant  dans  lit  Grober*  ZeiUchr,^  XX.V,  p,  244  sqq,  un  des 
polnU  de  détnil  qu'il  avait  esquissés  dans  Totivrage  dont  nous  allons 
nendre  com{»tef  M.  Scbucbardtse  plaint  de  n'avoir  pas  reneoutré  Tac- 
caeil  qu'il  méritait,  et  noua  pensons  en  effet  que  eertaina  ont  traité  son 
étude  avec  trop  de  légèreté  ou  de  désinvolture, 

fji  métoile  employée  dans  ce  second  fascicule  est  la  même  que 
daDii  le  premier  {voje£  Hemm  des  langues  rouMme^p  1899,  p,  564)> 
L*Aubenr  eommence  par  revenir  sur  cette  raétode  pour  la  justifier,  & 


Ifil 


BIBLIOGRAPHIE 


montre  surtout  combien  il  faut  ae  défier  des  coachiaîoiiH  qm  Ton  peut 
être  tenté  de  tirer  dos  mot»  relativement  aux  choses,  et  qu*il  est 
indispensable  de  bien  connaître  las  objets  désignés  par  lea  meta  et 
ristoîre  de  Tapplication  de  ces  mots  à  tels  ou  tels  objeta-  C'e«t  uoe 
vérité  que  personne  n'ignore,  maia  il  faut  bien  avouer  que  la  plupart 
dea  chercheurs  d*étimoJogîes  n'en  ont  qu'un  médiocre  âôuci« 

A  Tappui  de  ea  téorie^  M.  Schuchardt  revient  tout  d'abord  sur 
quelques  étitnologie»  dont  il  s'était  occupé  autrefois ^  et  entre  autres 
sur  celle  du  mot  gilet,  dont  il  rend  l'orig-ine,  turcjeM,  désormais 
indiscutable;  puis  il  essaie  d^ëtnbiir  celle  du  mot  cloche,  ou  plus  exac- 
tement de  lat.  vulg*  *ehcca.  C'est  ici,  à  nos  teux»  la  pièce  de  résis- 
tance,  et  nous  i  reviendrons  tout  à  Teure  avec  quelque  détail* 

Après  cette  première  partie  (53  pa^es),  l'auteur  étudie  comme 
application  de  la  métodc  quHÎ  vient  d'illustrer  ainsi  qu'il  a  été  dit^ 
rorigine  du  mot  fr.  itouver  et  de  ses  frères  romans.  Il  montre  que 
turbare  pouvait  devenir  "truhare,  que  *trubar€  pouvait  devenir  *trofeard 
&  même  qu'un  *lrobare  sortant  de  turharé  pouvait  devenir  prov,  ^o- 
har;  il  montre  an  point  de  vue  sémantique  comment  tous  les  sens  de 
fr,  trouver i  it.  tromire^  prov,  trohar^  lad.  truvar  ont  pu  sortir  du  sens 
latin  de  turhart  \  maia  ce  ne  sont  \k  que  des  poaêibiUtés  et  ron  ne  peut 
pas  dire  que  rétimologie  turbare  est  démontrée.  Puisj  il  reste  une 
ombre  à  Porizon,  c'est  Uroijare^  qui  au  point  de  vue  fonétique  est 
indiscutable.  Sans  doute  cette  forme  icbématîque  a  contre  elle  que 
son  origine  et  par  suite  aa  signification  primitive  seraient  fort  obacureSi 
et  d'autre  part  qu'on  ne  voit  pas  bien  quel  besoin  le  roman  aurait 
éprouvé  d'aller  chercher  dans  un  domaine  étranger  au  latin  un  mot 
pour  exprimer  Tidée  de  ci  trouver  ».  Mnis  ces  arguments  ne  suffisent 
pas  pour  écarter  définitivement  *troiynrt.  Certainement  tout  ce  qu'on 
ponvait  dire  en  faveur  de  turbare  se  trouve  dans  le  travail  de 
M,  Scbudiardt  ;  mais  il  n'aboutit  pa^s  à  démontrer  réellement  sou 
ipotèae  parce  qu'elle  n'est  pas  démontrable.  Notre  connaissance  dn 
vocabulaire  latin  vulgaire  a  de  grandes  lacunes  &  "impars  n'est  pas 
condamnable  par  défaut.  La  conclusion  à  tirer  de  celte  étude  est,  à 
notre  avis^  la  suivante:  trimrer  sort  de  iurhitr^^  à  moins  que  'trofMtre 
n'ait  existé.  Il  conviendra  de  s'en  tenir  là  jusqu'au  jour  où  surgira 
quelque  argument  nouveau  en  faveur  de  Tim  des  deux  concurrenta, 
^  mais  on  ne  voit  pas  ti'op  d'où  cet  argument  pourrait  sortir. 

Revenons  à  'chcca,  C'eal  une  recherche  tout  à  fait  analogiie  à  la 
plupart  de  celles  que  noua  avons  faites  dans  la  troisième  partie  de 
notre  Hvre  sur  La  diêtimiliitiaR^  et  nous  sommes  très  eurenx  de  voir 
que  SQD  auteur  aboutît  d'une  manière  générale  aux  marnes  résultats 
que   nous,  bien  qu'il  n*ajt  pas  connu  notre  travail  (cf.  p,  210}  au 


BIBLIOGRAPHIE 


183 


I 


mocneat  où  il  a  fait  le  niea.  Soq  champ  d'études  n'^st  pâs  auâsi  vaate 
<jae  le  a^tre  eQ  ce  sens  qu'il  ne  remonte  pas  aussi  aiit  à  ne  s  étend 
f»A4  auâii  loin,  mâiB  il  est  moins  limite  par&e  que  M.  Schachardt 
«[otite  &n%,  fénoménes  de  disâimliaiionj  ceux  d'assîmiEaiton  et  de 
tuétatése.  Il  n'expose  aucune  tûorie,  mais  de  l'ordre  même  dans  lequel 
il  présente  lee  exemples,  il  leraît  facile  de  déduire  celle  qu'il  possède 
éiridemment  par  devers  lui. 

H  lignais  tout  d'abord  la  possibiliié  de  tirer  'chccm  du  verbe  ouo- 
matopéique  *cioceartt  en  coEStatant  à  bon  droit  que  cette  explica- 
Ùm  est  en  somme  sutisfaisante;  mais  il  s'empreese  d'ajouter  qu'elle 
n'eit  pas  la  seule  pos&ible^  et  il  va  s^efforcer  do  démontrer  que  "  docca 
mti  de  coehUa,  11  commence  par  dresser  un  tableau  des  formes 
waqiieïles  pouvait  donner  naissance  cachtm,  e'est-â-dire  litt.  vtilg, 
«eittii  çoç^wi  .  Trois  formes  pouv^iient  en  sortir  directement  :  coda, 
mhik,  doda.  De  la  première  eocla  peuvent  sortir  directement  cœula 
à  ekm;  de  cùcuia  on  peut  tirer  eœa;  du  mélange  de  claca  avec  cùcîa 
idtXckclai  ^^  mélange  de  e^enkt  avec  coeîa  sort  eoclula;  du  œé- 
lûgeda  cùduta  avec  cloca  sort  cloeula;  du  mélange  de  ûoclula  avec 
efocal«  sort  chchikk,  Di>  la  seconde  forme  cakda ,  sort  directement 
M^iiii  de  coc*^»  âort  €ocula  ;  de  eocula  on  peut  tirer  cof!a;  d'autre 
pin  mc^la  peul  devenir  par  simple  métatèse  c^^ula  ;  enlin  le  même 
eoMiense  méUngeant  avec  ta  troiaiètne  forme  clocia  peut  donner 
clorifia.  Ce  ubleau  est  irréprochable  et  nous  pouvons  le  sigo&ler 
c^mifie  an  modéte,  mais  un  modèle  qui  no  peut  servir  que  pour 
m  mots  à  redoublementi  réel  oa  apparent.  11  repose  sur  une  »érie 
^  déductions  rigoureuses  qui  répondent  bien  au  développement 
ôrèn&ire  de«  Un  gués,  quoiqu'elles  paraissent  légèrement  eu  con- 
t^itlictaon  avec  ce  que  prétend  démontrer  M.  Scbucbardt:  «  wie 
^Aaig  aile  QtsiiM  de«  Laut-  und  des  Bedeutungswandela  fur  die 
leicbielitlichâ  Erkl&mng  der  Wôrter  ausreicben  »  (p.  13 )<  Ces 
^fieilei  discussions  sur  les  îms  du  langage  sont  surtout  s  flaire 
^  mots  et  de  définitions.  La  métatèse  et  rassimUatiou  obéissent 
^  des  lois,  tout  comme  la  dîsstmilatîon  ;  seulement,  ces  loii,  i 
lOQtes  celles  du  langage,  sont  fies  poMibilitéë;  nous  nous 
BuFfisamment  étendu  sur  ce  point  dans  notre  Di^dmilediam^  p<>iir 
^u  J  ui  ait  psa  Heu  d*i  revenir  ici« 

Voilà  donc  les  diverses  formes  auxq^uetles  eotMm  pouvait  dtïttner 
t^Uiiaiice.  On  voudra  bien  remarquer  tout  d  abord  que  ^clocea  De 
«fm  pas  dans  le  tiible^iu^  |tuis  se  poser  cette  question  ;  ceis  for» 
Bli«  t\m  pouvaient  sortir  de  codUesi  en  i»ont*elle«  eflecdiemeDl 
*i>nieh?  M.  ScUudiardt  croit  répoadfe  suffisamment  en  montrant, 
ivec  lu  profonde  érudition  et  La  richiesae  d  exemples  qu'on  lui  conuail, 


iê4 


BIBLIOGRAPHIE 


que  chfieiiiia  de  ces  formea  est  repréeentëe  dans  b»  languit  romane» 
par  des  mots  dont  la  sigoiâcation  n'est  nullement  mcompatible  ave<^ 
celle  de  cochku.  Le  fait  qu*un  mot  pourrait  remonter  à  telle  fonce  ne 
prouve  pas  qu'il  en  descende  réel  1  émeut  ;  fr.  foin  aurait  pn  sortir  dé 
yoMÎu»  si  *foniu  avait  eïisté^  mais  il  sort  de/êmt.  Il  i  a  donc  une 
lacune  dang  le  raisonnement  de  notrt  auteur  ;  il  en  doit  résulter 
une  certaine  défiancei  que  Textimen  du  détail  peut  seul  anéantir  ou 
confirmer. 

La  première  forme  examinée  est  *  cacla,  avec  aon  doublet  '  ctteeîa^ 
qui  n'en  diffère  que  par  la  coupe  dea  sillabes.  Il  est  incontestable 
que  "  e&ela  pouvait  sortir  de  eochlm^  maia  le  grec  possédait  Jtdx^ûç* 
Qu'est-ce  qui  noua  prouve  que  le  lutin  vulgaire  ^  dont  le  vocabulaire 
nous  est  en  grande  partie  inconnu,  rèpétona-le,  n'avait  pas  emprutîté 
ce  mot  au  grec,  et  n'en  avait  pas  tiré  ud  fémmiu  *€Of:lii  ?  A  côté  de 
de  '  mcla  nous  avons  un  autre  doublet  "  caciu,  *  cticla,  qui  noua  amène 
au  point  repris  dans  la  Gri)!/ër^  Zeitschr.^  K  l.  Cet  échaDge  d*a  avec  ù 
est  une  simple  apofonie  que  M,   Schuchardt   signale   avec    raison  à 
plusieurs  reprises^  au  grand  açandalop  paraît-îl,  de  quelques-uns  de 
ses  lecteurs.  Nous  i  avions  déjà  fait  allusion  en  1895   dans  noire 
DiMimilaiion ,    p,   170  sqq*   et  nous    pouvons   aujourdui    renvoyer  _ 
pour  ce  qui  la  cou  cerne  à  nos  Onùtnaiopées  el  rnoU  exprtsiifs^  ci-  fl 
deisufl  pp.  100,  128,  146.  Il  s'agit  d'établir  Tùrigine  defr.  ehutl ,  cailhnt 
&  de  leurs  congénères.  On  a  l'abitude  do  ne  pas  séparer  ces  dfiUi  riiota, 
et  M.  Schuchardt  ne  veut  pas  les  séparer  non  plus,  tout  en  concé- 
dant qu'il  n'i  a  rien  qui  empâche  absolument  de  le  faire.  Mais    il  _ 
les  tire  tous   deuï:  de  eockleu^  et  ici  nous    avons  des  do^ites.  Oiifl 
rapporte    d'ordinaire    chail  à  cakidus  ,   devenu    par    dissimiiatioii 
*C€i€tu  {La  diêiimitation^  p.  60  sqqj  et  chailie  à  son  féminin  ^ccteta 
pourquoi  paa?  Pour  tirer  de  'cuclti  ou  "  cacla,  qtiellu  qu'en  soit  lori 
gine,  la  forme  caillou^  il  faut  arriver  à  un  dérivé  '  caclaeu  ou  *eaclagu  ; 
mais  où  est  le  modèle  de  ce  dérivé?  Où  ko  latin  avait^ll  un  auf]Ox# 
-acu  ou  -affu  ?  Le  grec  possède  dans  le  même  sens  ni^àyt^^  c'est-à-dire 
îté^ïïj;  qu'est-ce  qui  prouve  que  le  latin  vulgaire  n'avait  pas  pure- 
tnent  et  simplement  emprunté  ce  mot  ?  ■ 

La  plupart  des  formes  considérées  par  M.  Schucbardt  pourraient 
donner  lieu  a  des  observatiiïus  du  morue  genre.  Nous  nous  contenta- 
rons  de  les  avoir  signalées  pour  la  piemii^re  forme. 

A  la  troisième  forme  *cl(}eiiit  rautcur  rattache  vfr.  cruche  «  coquille 
de  noix  »,  vruiée^  &c.fet  ail.  kraum  <'  pot  à  boire  s ^  krëumlf^Cj  puia 
à  la  cinquième  forme,  'cloca,  fr.  cruche  tt  vase  de  terre  ou  de  grè« 
d'une  certaine  f^rme  n,  ags.  crég^  &e.  Il  i  a  là  dûMX  difiicultes,  Tune 
relative  au  consonanUsme,  Tautre  an  vocalisme.  On  ne  voit  pas  paur- 


1 


BÏBMOGRAPHIE 


JS8 


quoi  de»  langue»  romanei  auxquelled  le  groupe  d  est  très  fumilior 
Vauraieot  dans  ces  mots  remplacé  par  cr.  S'ils  D'étaient  ecttrés  dana 
les  kDgues  roniaDes  où  on  Jet  trouve  que  par  ]*ititertnêdiaire  du  ger- 
manique, ce  qui  ti'eit  |>aa  Topimon  de  M.  Sehuchardt,  leur  groupt 
(T  ce  deojflDderajt  pas  d'eïpli cation;  mais  il  faudrait  alors  montrer 
pourquoi  et  commeut  les  langues  germaniques  qui  sont  abituéea  au 
jpup£  kl  [tar  leurs  mots  indigènes  &  qm  le  canacrvcnt  intact  (iana 
sem  quelles  empruntent  au  latin  (cf.  p.  es,  alL  khuse]^  Tauraient 
okiitgéea  kr  dans  cea  mots.  D'autre  part  vfr.  ûntûhe  u  coquille  de 
ma.  Q  paratt  accuser  un  u  bien  net  que  l'on  ne  peut  pas  rapporter 
sanj  juitificiition  k  Vo  de  'cîocia.  Quant  à  Vu  de  l'uutre  mot  cruche 
a  fiM  Ji,  qui  ne  fait  aucune dllictiUé  lorsqu'on  tire  ce  tnot  de  franeiq. , 
t.  tsx.  krûka^  il  surprend  étrangement  quand  on  veut  remonter  à 
*ekcû,  Ail,  krug^  c'est-à-dire  vha,  hmog,  chru^  et  aga.  crég  supposent 
uûe  fonne  *krôffu*  dont  Vo  m  peut  pas  être  lire  de  celui  de  "c/oea,  car  un 
*  eioca  sortant  de  tmhlea  ne  peut  ôtre  que  *cl^ca.  Sans  doute  ce  *hrùtju- 
tttea  germanique  un  emprunt  ;  mais  on  ne  voit  p/is  bien  ce  qui  peut 
indmw  k  s'adresser  à  Ut.  wûg.  *c/ç)c-  alors  qu'on  a  la  forme  deman- 
^hûk-  dana  gr,  nfu^oi^  €  vase,  orne  ■>  ^  *  xpûj)c-eK.  Non  que 
Dom  luppoaîons  que  l 'emprunt  ait  été  fait  par  le  germanique  an  grée  ; 
mijg  p Iliaque  ce  krûk-  existe  en  grec  avec  cetie  signîficalvon,  iî  n'est 
pu  impossible  qu'il  ait  été  ^aeédé  auaal  par  quelquii  autre  langue 
Uïdû-earopéemie  où  U  tradition  ne  noua  Ta  pas  livré,  mais  ou  le  ger- 
JûMiqûe  Faurait  pris. 

Ced  nous  ramène  a  *€li}cca.  De  cockka  pouvait  sortir  *^ipeaf  mata 
AOfi  *tlçôca*  Si  devant  un  I  la  duplication  du  c  s'explique  sans  diffi' 
collé,  comme  nous  Tavon»  vn  tout  i  Teore  à  propos  de  'cocfo,  *eoe- 
c^i  û  Q  en  est  pas  de  méine  quand  le  t  e«t  tntervocaliqoe,  t^raqcill 
I  Igjt  de  VocKi,  *eoeu  dev^&ant  '«occa,  *eoceVy  le  voisinage  de  toetumf 
|f- xQme^,  x^ït3éaJ.s{,  ^c>  suifflt  à  jitati£er  la  Beooiide  forma;  m^ia 
*dom  est  isolé,  Nous  n^avona  d*exeaip!ps  mûn  de  raltenuoee  d^ime 
"i^^lative  simple  avec  une  o^closive  double*  entre  voyellea  et  tpffei 
l'iccMil,  ^ue  cetix  du  cipe  €ipa^  emppa  \  €*eet  dm  4|tie  Uhyem  poor» 
i^tâorrv^lKmdn;  à  tin  pi oa  ancien  VXfe».  Of  oeoi  av«Mis  'ÎMk^^  arec 
tuie  iipificati^a  très  aatialaîeaaie  poor  le  e^  paitie<ilier«  da»a  k 
roop«  gr.  iÀ^9»,  sol.  ilatfi^  Jllâlk,«9a.  Afaaillflr, 
Cft  qne  tto<ta  qppeeeaa  i»s  lOJicfawniia  de  IL  8cfcaebafdt«  on 
l'Heot  de  le  rolr,  et  «dnl  pl«l6t  dee  dMl»  ^«e  des  faïU.  IJ  «W  fi«e 
[tm^à  me  déoMNMtniiM,  et  «Ma  se  pMtoae  ^«e  la  ofipoeer  uni 
pitooMlstioii  4 


ise 


BîtiLIOGRAPHlE 


*ehcea  que  des  iodicea  plus  ou  moina  îpûtétiquea  et  aoiis  sommei 
ûbligés  de  combler  pai'  des  suppositiOEia  lea  lâcuneB  d'ua  vocabulaire 
en  ruines.  Le»  réserves  que  noua  avons  faites  et  les  doute»  que  nous 
avons  émii,  n'ôtent  ritm  liii  mente  du  livre  de  M,  Sebucbardt»  Tun  des 
plus  originatis  qui  aient  paru  depuis  plusieurs  années.  Ln  aoliitioii 
des  problèmes  qu'il  a  posés  est  à  proprement  parler  irréalisable,  mai* 
à  la  poursuivre  il  a  semé  sa  route  d^observatiûns  utiles  et  de  rappro- 
chements siîj^geatifs*  Sans  doute  son  étude  sur  tfoumr  tourne  à 
certain  moment  à  un  article  sur  ristoire  de  la  pèclie;  il  n'est  ji 
nécessaire  que  l'étimologiste  expose  à  son  lecteur  tous  les  détails  de 
ses  recherche^!  quand  leurs  résultats  pourraient  suffire  à  Téclairer  ; 
mais  M.  Scbucbardt  a  moutré  comment  on  doit  fouiller  les  questions 
de  sémantique.  Il  faut  donc  reconnaître^  tnàma  eu  n'acceptant  pas 
ses  conduaions,  que  son  livre  est  très  remarquable;  aussi  n*en  eau- 
rions  nous  trop  recommander  la  leotura:  tous  i  pourront  profî ter» 

Maurice  Grammûnt, 


Paris  (G.).  —  Ficatom  en  roman^  23  p.  (Eatratto  dalla  MkceUanea 
guistica  in  onoredi  O.  Ascolî,  Torino,  E.  LQUchs}\  IWl). 

La  dernièi-e  fois  qu'il  m'a  été  doané  d'assister  à  nue  séaQce  d 
SméU  dû  Lingtiktiqu^,  le  U  mars  1S96,  j'ai  eu  la  bonne  fortune  d'î 
entendre  uue  communicatioa  de  M.  G,  Paris  sur  les  différentes  formes 
qui  ont  donné  naissance  au  mot/>i«  et  à  ses  frères  romans.  Frappés 
de  la  netteté  et  de  la  logique  avec  laquelle  venait  d'être  exposée  cette 
question  si  difficile  et  si  embrouillée,  plusieurs  d'antre  noua  engagèrent 
vivement  le  maître  en  le  quittant  k  publier  les  résultats  de  son  étude« 
Notre  désir  vient  d'être  satisfait.  L'article  que  j'extrais  des  MiiceUanem^ 
Uni^tihHca  en   Tonoeur  de  M.   Âscoll  est  bien  ce  que  nous  avioo 
entendu,  augmenté  des  développements  et  des  justifications  que  i 
comportait  pas  une  simple  causerie* 

M.  Paris  commence  par  établir  les  diverses  formes  qui  sont  repré-" 
sentées  dans  les  langues  romanes,  à,  savoir  :  1  flcùtum^  2  /icàtutn, 
à'oû  fidlum  (non  représentéj^  â^oà  ficidum,  iVoû  fulicum,  3/êcdéum, 
éfëcàtum,  d^ohfëcîlum  (non  représenté),  d'où  fêiicum  &/ecidum  (naît  g 
représenté),  d'otfèdtcum.  tl  explique  avec  une  grande  rigueur  i'^n^H 
gine  de  chacuoe  de  ces  formes  en  particulieri  et  le  point  capital  et 
véritablement  neuf  est  ici  l'étude  de  ce  que  devient  Tac  cent  grec 
d  ins  les  mot^  empruntés  par  le  latin.  Les  proparoxiioas  de  la  liste 
précédente,  où  roii  avait  ti^ouvé  jusqu'à  présent  une  difficulté  insur^ 
muutable,  sont  désormais  clairement  expliqués. 


1 


h 


BIBLIOGRAPHIE 


187 


Après  avoir  ëtudië  les  for  m  es  ^  M.  Paria   cherche  à  établir   leur 

fîlifttioD^  C*e:^l  iino  de  ces  qu^istioiiaf  comme  la  plupart  de  ceUm  qu'a 

traitées  M*  Schuchardt  dans  le  livre  dont  je  rendais  compte  tout  à 

_      Teure,  où  les  poinls  de  repère  aous  cn^iiiiquent  et  oii  rîaaoDnu  tient 

H     tant  de  place^  qu^on  ne  peut  en  déHnitive  aboutir  qu^à  une  ipoté^e , 

ou  4  diverses  ipotèaea.  La  meilleure,  c'est  la  plu»  vraisemblable.  Voici 

celle  de  rauteur:  OTnc&rroy  aurajtdonn^  en  latin  par  traduction  fîcâtiimt 

mab  Êy'çotum  existait  à  cdté  de  lui  par  emprunt  pur  et  simple^  et  ^etta 

dernière  forme  aurait  réagi  huï"  f\câtîtm  k  diverses  reprises  de  façon 

a  le  transformer  en  fëmtum  d'une  part,  et  d'autre  part  en  ficâtum  et 

fUàium.  Acdté  de  cette  ipotôaeM.  G.  Paris  noua  en  offre  une  autre, 

BOte  94  ;  M.  L  Havet,  qui  a  lu  cette  étude  en  épreuvea,  se  représente 

USliation  d'une  autre  mamêre.  f^our  lui  o^xut^^v  aurait  donné  ficâtum 

piTïimple  mélange  avec  ftmtSt  et  ce/\côitm%  serait  devenu  par  la  suite 

ficoium  et  fîcïitim  k  cause  de  l'impression  étrange  que  devait  faire 

4  tui  Latin  la  finale  -tilitm.  Fieûtum  serait  postérieur  et  dû  à  une  in- 

fltiiQce  plus  ou  moins  savante.  Enfin  lea  formes  qui  eommencent  par 

Jfe'iMilieudeyk-t  pourraient  être  dues  à  un  vague  rapprochement  avec 

/ow,  à  eause  de  la  couleur  lie  de  mn  du  foie  »> 

D  ma  semble  qu*entre  ces  deux  ipotèsea  il  i  a  plae#  pour  une  troi- 
•iérae  qui  le»  combine  dans  une  certaine  mesure,  mata  en  diffère  nota- 
blement Elles  ae  distinguent  surtout  V\xue  de  Tautre  en  résumé  en 
câqMdani  la  première  ûcâtum  est  un  point  de  départ  et  dans  la 
i^nde  un  aboutissement.  La  première  n^est  pas  vraisemblable,  parce 
que  du  jour  où  ftcâhim  ex  t  Et  te  en  latin,  il  a  un  caractère  telle  me  ni 
litinet  il  est  tellement  transparent  pour  un  Latin^  qu'il  reste  inatta- 
liikble^  jamais  une  forme  aussi  singulière  et  d'aapect  aussi  étranger 
qne  êfcohtm  ne   pourra  agir  sur  lui  de  façon  à  faire  remonter  aon 
««cent,  a  abréger  sa  seconde  sillabe  et  même  ii  cbrinf^er  aon  î  en  ë. 
àplm  forte  raiaon  cejteâlum  ne  pourra  pas  devenir  fkôtim  (p,  ll)| 
sett'à*dire  sans  doute  ftcotum,  qui  est  une  forme  absolument  barbare 
jtQur  im  LatÎD.  Il  est  probable  que  ces  diffîcultés  ont  été  senties  par 
M,  Hivet  el  que  ce  sont  elles  qui  Font  déterminé  à  renverser  Tordre 
^  ficteurs  ;  mais  dans  rÉp^>tèae  de  ce  dernier,  il  faut  rejeter  Tin- 
flueace  clé/a«K^  qui  est  peu  vraisemblable  au  point  de  vue  sémantique 
tt  ioâdimaaible  au  point  de  vue  fonétique,  ae  latin  devenant  è  et  non 
pli  i  en  roman.  Cet  i  [ef  est   un   représentant   normal   de  gr.  u; 
K  Paria  Fa  démontré,  p*  Il  4  12,  Dès  lors  ce  second  échafaudage 
«écroule»  parce  que  les  formes  avec  ë  restent  sans  explication  &  que 
flpilïMi  on/îeDfiiiDiiiWt  pas  de  raisons  sérieuses  de  devenir /l^^lum, 
A  moQ  avis,  il  faut  séparer  nettement  fïcûium  des  autres  formes , 
Ce  ficâtum   n  <rat  qu'une  LraducliuEi  elénjunt  à  éléiu^fut  du  (sv3(SMté^f 


lÈB 


BIBLIOGRAPHIE 


tout  h  fait  comparable,  quai  que  populaire  sans  doute  dans  une  cer- 
tELintà  mesure,  à  ceile  qui  a  fait  du  l&tîn  pronomen  VâWemSind/ilrwort. 
Les  autres  formes  cous tituent  udo  sérbi  dont  dous  ne  saurions  dire  si 
elle  est  antérieure  ou  postérieure,  mais  qui  est  à  part.  i:>jxaiTfiv  lïcvait 
deveuir  en  latin,  iodépendamEiont  de  toute  influeuçe,  *  ëëcÔium;  grâce 
kjicm  ce  "  sëcûtum  devient  iostan  tan  «meut  "  fëcotum  comme  crassm 
devient  ffrasiUM  en  se  mél  au  géant  avec  ^rontUM  ;  de  ce  '  fëcëtum  sor- 
tent tout  oatureUeraent  fëcàtum^fécUiim^  &c,  C*était  là  une  mamère 
d'éviter  ce  '  iicùîum  qu*iï  fallait  écarter  à  tout  piix  à  cause  de  son 
aspect  extraordinaire  ;  mais  on  pouvait  eu  sortir  autrement.  En  effet, 
dans  d'autres  régions,  le  même  fîc^i»  vient  ae  mélanger  avec  lui 
d'une  façon  plus  profonde,  et  loi  donne  auaai  sa  première  voyelle 
comme  en  italien  porco  a  donné  la  sienoo  à  sporco  de  spureut.  De  là 
ficottim  qui  évolue  de  son  côté  comme  ^fëcnhtm  pour  deveuir^o/Éim, 
fteiturriy  àc.  11  ne  manque  au  tableau  que  fëcàtiim,  forme  peu  aune 
(cf*  p.  3,  ^  notée  31,  32,  33),  et  à  laquelle,  pourras  part,  je  ne  crois 
pas.  Il  etjt  invraisemblable  qu*un  'fccàtum  ne  soit  pas  devenu  instan- 
tanément ftcàiwïh.  Selon  toute  appareoce  c'eat  à  une  époque  tardive 
que/^rtto  est  devenu  fecàtù  aous  Tinfluence  dei  nombreux  mots  ea 
-étoj  comme  l'indique  M.  Pans,  note  33. 

Maurice  GfuMMoNT. 


M  a  ri  us  Sepet*  Oriffinfis  catholiques  du  théâtre  moderne.  Pans,  Lethiel- 
leux,  11*01,8. 

Le  nouvel  ouvrage  de  M.  Marina  Sepet:  Ortffînes  catlmliques  du 
théâtre  modern^^  est  un  recueil  d'articles  qui  s*étagent  depuis  1901 
jusqu^en  1878^  date  où  avait  paru  un  recueil  du  même  genre  publié 
par  le  même  auteur:  le  Drame  chrétien  au  moyen  âge.  Ce  mode  de 
publication  a  des  inconvénients  facilea  à  conatater:  répétitions,  la- 
cuneSt  manque  de  proportion,  contradictions  tùèrùe  parfois;  mais  cea 
défauts  iODt  fort  atténué»  lorsque  Tauteur,  au  lieu  de  réunir  tardi- 
vement sous  un  titre  commun  des  études  qui  dans  sa  pensée  avaient 
été  d'abord  bien  diatinctea,  8*est  au  contraire  toujours  proposé  de  faire 
un  livre,  eu  a  patiemment  et  dans  toutes  les  occasions  amassé  tea 
matériaux,  et  ne  manque  guère  qu  à  foudre  en  un  tout  parfaitetnetit 
auîvi  ce  qu'il  a  ainsi  accumulé.  Or  tel  est  le  caa  d#  M.  Sepet,  quit 
depuis  son  Drame  chrétien,  et  auparavant  môme,  depuis  son  remar- 
quable mémoire  sur  les  Prophète,^  du  Christ  dans  le  théâtre  du  mojen 
ÙL^e,  était  ré^iolu  à  écrire,  sous  une  forme  on  aoua  une  autre,  le  livre 
qu^il  nous  donne  actuellement. 

Et  ce  livre^  en  effet,  s'il  ti^est  pas  auiii  complet  que  Teût  pu  faire 


* 


BIBLIOGRAPHIE 


189 


I 


I 


Mivàiit  auteur,  forme  du  moi  as  un  ensemble  très  ûét  et  très  ioté* 
ts&nt  La  première  partie  nous  montre  le  théâtre  du  mojen  âge 
preD&nt  naisiïance  dans  les  dmmea  liturgiques  et  les  jeu£  àcolaîreB, 
dont  certaios  spécimeus  caractéristiques  soQt  ici  étudiés  avec  un  soin 
tïtrèrae,  —  Daas  là  deuxième /m  ttie,  nous  voyoDs  le  tnjatère  s'étendrCt 
ea  prenant  de  plui  en  plus  la  forme  cyclique,  depuis  les  premiers 
drameo,  courts  et  raideS|  en  langue  vulgaire  jusqu'à  laFa$8ian,  longue 
en  trente  quatre  mille  vers,  d'Arnoul  Gréban.  Deux  chapitres  sont 
cotisacrës  aux  jeux  dramatiques  de  la  Fête* Dieu  et  aux  origines  du 
tbéàtre  en  Italie*  —  La  Comédie  est  étudiée  de  façon  plus  brève.  Mais 
let  origines  en  sont  ingénieusement  démêlées,  et  les  destinées  indi- 
t^nées,  dans  trois  chapitres  sur  la  moralité,  la  sotie  et  la  farce,  —  Et 
«Bfiû  voici  la  Renaissance,  à  peine  sensible  dans  les  comédies  chré- 
tieftoÊs  de  Marguerite  de  Navarre»  puis  ne  faisant  plus  qu'une  bien 
fiibk  part  à  Tart  du  mojen  âge  dans  une  tragédie  latine  de  Jeanne 
d'Arc  et  daas  nos  premières  tragédies  françaises, 

C#{jQJ  contribue  à  runité  de  Touvrage,  ce  sont  les  idées  directrices 
cllei  préoccupations  constantes  de  l'auteur. 

Pour  M*  Marius  Sepet»  l'étude  littéraire  des  oeuvres  dramatiques  ne 
•ftiépare  jamais  d'une  soigneuse  enquête  sur  les  eouditions  où  elles 
«  duût  produites,  les  acteura  —  clercs  ou  laïques,  bourgeois  ou  baao- 
cbitciB  —  qui  les  ont  reprësentéeSp  la  mise  en  scène  qui  les  a  enca- 
àfkK  L'étude  ti*en  devient  p*a  seulement  plus  vivante  ;  c'est  à  cette 
condition  seulement  qu^eile  a  chance  d*être  exacte. 

Puii^  à  regarder  ainsi,  de  tous  les  points  de  vuei  les  origines  et  le 
^eloppement  de  notre  ancien  théâtre,  on  gagne  de  aaii^ir  sans  cesae 
*î«i  reaiemb lances  curieuses  avec  les  origines  et  le  développement  du 
tltéàtre  grec,  qui  lui  a  d'ailleurs  été  si  supérieur  et  qui  eo  dii^re  à 
^t  d'égards, 

U  eâractère  essentiellement  catholique  de  notre  théâtre  sérieux,  et 
ûéme,  à  Torigine  du  moins,  de  notre  tliéâtre  comique  a  aussi  coos- 
btDment  préoccupé  M.  Sepet,  qui  Ta  voulu  marquer  daas  son  titre.  Et 
peut*élre  Ta-t-il  trop  préoccupé  en  un  endroit,  s'il  est  vrai  que  Tétude 
des  pages  243  et  suivantes  sur  un  miracle  de  Notre-Dame  intéresse 
l^stoire  du  rosaire  beaucoup  plus  que  celle  do  Fart  dramatique.  Mais 
en  général  le  livre  gagne  au  zèle  avec  lequel  l'auteur  soutient  une 
thèse  qui  Aatte  aussi  bien  en  lui  le  croyant  que  Pérudit. 

Enfin,  une  autre  thèse  est  chère  à  M.  Se  pet,  qui  j  revient  avec 

prMlection  :    '  Pour  se  délivrer  de  ses  défauts,  et  pour  développer 

|ti6lques>unes  de  ses  aptitudes  les  plus  hautes,  le  génie  français  avait 

irtaînement  besoin  de  l'étude  des  modèles  de  l*anttqmté  classique, 

wà»  il  ne  suit  paa  de  là  que  la  France,  ooutumière  de  pareili  ercèa, 


190 


CHRONIQUE 


ftit  du  raÎ90E  de  pasiei-f  au  XVI*  siècle^  d'une  regrettable  igooraiieê 
de  ces  modèleii  à  iiue  imitation  servi  le,   et  de  délaisser  une  traditioa  ^ 
dont  la  fécoudité  est  suf^sammeut  démontrés  par  rexempLe  âf*  Sha^  ^| 
keipeare.  Les  excès  ûu  mouvement  de  retour  aux  Lettres  aiïtiquaa  ae 
doivent  pas  Doua  conduire  à  en  nier  Tutilité^  mais  cette  utilité,  le 
besoin  même  qu'on  avait  de  ce  retour,  ne  doit  pas  nous  amener  non 
plus  à  en  justifier  Texagération,  à  eu  glorifier  les  foUes,  Lea  défauts 
de  Gréban  peuvent  excuser,  mais  non  justifier  Jodelle.  «  Si  le  livre 
se  teimioe  par  une  étude  sur  les  représentations  d'Oberammergau  et 
sur  lie  récents  essais  de  théâtre  populaire  cbrétien,  c'est  parce  que  ^ 
M.  Sepet  ne  peut  s'empêcher  de  ràver  à  ce  qu'aurait  dû  devenir,  sani  S 
la  brusqua  solution  de  continuité  qui  s^eat  pi'oduite  au  milieu  du 
XVI'  siècle  dans  ^ou  bîatoire,  notre  art  dramatique  national,  à  ce  que 
peut-être  il  pourrait  devenir  encore.  Et  quant  à  notre  ancienne  comé- 
die, si  elle  du  moins  s*eat  enfin  épanouie  dans  Tcouvre  éternellement 
admirable  de  Molière^  était-il  besoin  pour  cela  d'une  aussi  longue  et  ■ 
aussi  indiscrète  in  ter  ven  lion  de  l'Italie  comme  de  Fantiquitè? 

On  voit  sans  doute  par  ce  rapide  aperçu,  quel  est  Tintérêt  du  livra 
de  M*  Sepet.  Nous  T aurions  voulu  un  peu  différent,  plus  complet, 
plus  serré  et  plus  méthodique  i  mais,  t<  puisqu'il  fallait  qu'il  fût  tel  ou 
quHl  ne  fût  pas  i»,  remercions  Fauteur  de  ne  nous  en  avoir  pas  prîvé«« 

EUGBxNfi   BiGAL. 


CHRONIQUE 


Notre  savant  confrère^  M,  Maurice  Grammont,  vient  de  réunir 
en  un  volume,  récemmeut  paru  chez  rédlteur  Bouillon  (67,  rue  de 
Richelieu,  Paris),  sob  études  sur  k  Pakdê  de  la  Fra^iche-Monia^ie 
et  en  particulier  de  Darnprichard  (Doubs),  précédemment  communiquées 
à  la  Société  de  linguistique  et  inaérées  dans  ses  Mémoireêf  tomes 
VIUXÏ. 


Uns  collection  tKTSRE^A.NT£.  —  Une  collection  de  volumes  de 
Philologie  Romane  paraîtra  incessamment  à  la  Ebrairie  Cari  W^in- 
ter,  k  HeideJherg^  La  collection  est  publiée  sous  la  direction  de  ^Ê 
M  *  W,  Mejer-Lîibke.  Elle  sera  divisée  en  trois  séries  :  Qî^ammatreSt 
MunueU  d'hÎ9io'ir6  IHiéraire^  Lexique.  Dana  la  première  série  sont 
annoncés  les  volumes  suivants  : 


I 


CHEONÎQUE  ISI 

InirodueHon  n  Véiude  dé  la  Phiîohgk  R&mam,  par  Meyer-Lûbke. 

Mamml  ^ancien  frarïçau,  par  W,  Cloëtta. 

Mtmiàêl  d^anckn  provmçaL  par  0.  ScbulU  Gora. 

Grammaire  de  Vandm  français ^  par  Mej?er-Lubke,  ©te. 

Dans  la  diîUîîème  séné  paraîtront  : 

Mamiêl  d'hiik'ire  tittéralre  de   l'andefi  françaùj  par  Phi  lippe- A  ug. 
Becker 

Manuel  d'kigioire  littéraire  du   XV*   mèck,  avec   grammaire    et 
ÊWâtômathie,  par  M.  F.  Ed,  Schneegana. 

àtanufl  d*hittotrê  de    iamiienne  linérature  provençale,  par  M.  V, 
Cresciaip  etc. 

Dana  la  troiaièfïie  série  enfio  paraîtront  : 

Lemqm  et  l'uncien  français,  par  M.  K.  Warnke. 

LeaeîfiM!    «l'oncùm  provençal  (différent  au  Suppletnent-Wàrierbnch 

sctoellement    en   cours    de    ptibUcation),    par    notre    collaborateur 

ïd.  Emil  Levy. 

o 

9    0 

M.  Sâlvêrda  de  Grave  eat  nommé  lecteur  de  Philologie  Romane  à 

lUmvertitê  âe  Leyde. 

o 

U  gorîvérnemÊDt  allemand  a  décidé  de  créer  dans  les  troia  Uni- 
vertttéft  de  Berlin,  Bonn,  Marbourg»  des  ehairea  de  prc/useurê 
^^^fWirdiitutres  {professeurs  adjointa)  de  fj-aoçais  moderne.  Le  cours 
*^fcfait  eu  françaia  par  des  professeuris  nés  dans  dss  pajs  de  langue 
tniDç&iie.  M.  Bouvier,  professeur  à  T  Université  de  Genève,  and  en 
ttttêtirà  rUniversité  de  BeHîni  a  refusé  le  poste  de  professeur  qu'on 
hi  ofrsït  dans  cette  dernière  ville* 

e 

Le  premier  dimanche  de  mai,  ont  eu  lieu^  à  Cologne,  sous  les  aas- 
pseeidelsi  LHterarischf  Gendhchaft^  les  Jeux  floraux  annuels.  M,  le 
^  FAeTEi^CRATH  présidait  la  cérémonie  où  se  sont  fait  entendre, 
Coiïtoie  les  années  précédepte.'^^  do  nombreux  Mianesinger.  Nous  em» 
pronlûnsau  Kolner  Tageblait  du  6  et  du  7  mai  quelques  détails  sur 
^tte  fête.  Im  reiue  d'honneur  âea  Jeux  floraux  ét^it  Tlnfante  Don^ 
**'h  épouse  du  prince  Louis  Ferdinand  de  Bavière;  la  reine  effec- 
*iv«  Atail  Mil»  Ml 4  HgosKH^  apparcntéa  paraa  mère  avec  Comélia,  la 
lœiîr  de  Goethe.  Le  Préaident  des  Jeux  floraux  a  annoncé  que  le 
^^ihn§e  limûtimn  avait  fondé  un  prix  à  décerner  Tannée  prochaine 
fHHjf  les  village*  de  la  Souabe  où  ae  parle  un  dialecte  provençal.  Le 
Pf^iideûl  du  Félihrîgt  limoujuin^  M.  J,  Houx,  avait  envoyé  utie 
i  en  vers  limousins.  D'autres  adresses  du  même  genre  avaient 


I9£ 


CHRONTQUR 


été  envoyées  |jar  les  fëlibres  Roqub-Fkrrîhr,  Juucg  Ronjat, 
Od  aura  une  idée  de  la  vogue  des  Jeux  â oraux  rlxéaans  quand  on 
saurii  que  le  tiOfubî  e  dea  t  QVois^  qui  était  de  300  la  yromtère  année 
et  de  500  la  secondet  est  montée  cette  anuée  à  2,000.  La  Saiûte 
Estelle  gerniantquâ  a  entendu  le  voeu  cUafilque  erescani,  fioreoM  ! 


Nous  signalons  à  nos  lecteurs  de  la  Catalogne  une  sérié  d'articles 
publiéa  daûs  le  Temps^  sous  la  signature  de  M.  Kavier  de  Ricard^ 
sur  le  Catalanism^  et  le  mouvement  CaktlanitU. 


Le  Ooniistmre  féUhrému  réuni  en  Arles  le  21  avril,  a  donné  nu 
successeur  nu  regretté  cupouUé  Félix  Gras,  Les  compétiteurs  étaîenl 
assez  nombreux.  Punui  les  vétérans  du  fMibriffe,  A_  Tavan  a  refusé 
de  laisser  porter  sb  eantiidature.  Qnelcjues  félibres  languedociens 
ont  compté  leurs  voix  sur  te  nom  d'un  des  plus  sympathiques  félibres 
du  Languedoc,  M.  A.  Amavielïe,  coUaboratenr  de  notre  Eê^ue  ;  ils 
estimaient,  peut-être  avec  quelque  raison,  que  le  Languedoc  a  assez 
fait  pour  la  renaissance  des  lettres  raéndionales,  pour  avoir  au  moini 
une  fois  son  capouUé,  La  majorité  du  Consistoire  n'a  pas  partagé  ces 
vues  et  son  lîhoix  s'est  porté  sur  M*  Pierre  Dëvoluy,  auteur  de 
pûéâies  ffançaiBts,  publiées  dan^  h  R6r^uê  Blanehê,  de  nombre iisea 
poésies  provençalest  les  unos  et  les  autres  d'une  très  belle  allure,  <ït 
d*une  Bhtoire  de  Provence  encore  manuscrite.  Le  nouveau  capouliê 
fera  ses  premières  déclarations  aux  fêtes  de  Pau  { 27-28  mai)  où  la 
Société  des  Langue»  tornunên  sera  représentée  pm'  son  préaidetlt| 
M.  Paul  Chassary, 


I 

I 

I 


ErriTUM,  —  Tome  XLlll,  p.  473,  lig,  12  (dans  l'article  de  M,  RM 
gai,  sur  tt  Le  Glaive  n  de  Victor  Hugo,  lire  :  «  Ce  qui  semble  bieii 
indiquer  que  la  légende  de  rascension  dans  les  airs  ne  s'est  pa 
formée..,,,  c'est  que..^.  ji 


Le  Gérant  responsable  r  F,  HâMKj^ik, 


VOLTAIRE  ET  L'ABBÉ  ASSELIN 

UHB   «  PEEMIÈEE  »  CSLàBEB  Atl   COLLÂOB  d'HAECOURT 

hm  Hopt  de  César,  représentée  le  M  août  1755 


I 


ï 


ÀOaillauoie  Da^outner  %  qni  avait  habilement  admiûïstré 
peadant  dix-sept  ans  le  collège  d'Harcourt  S  en  qualité  de 

'  û.  Dagoumer  ae  retira,  en  1730^  à  Courbe  voie,  oà'û  mourat  à  qaft- 
Ift-fiûgt-cinq  aïis^  le  15  avril  174^.  Oa  lit  dan»  son  ôpitapbe  (voir 
UÈwif,  Bist.  du  Dioc.  df  Paris,  tome  Vil,  p,  110):  €  Nati^ine  Norman- 
>iM  jîi  éUit,  dit- on,  de  Pont-Audém«r)  professione  et  iugenio  noMU 
^ûiophua,..  UniTersitaiis  Paris  le  naiii  non  semel  E«ator  et  Vmdai 
*c«iTÎinus,  Colle gîi  Harcuriani  proFisor  beneftcus,,.  v  Grandement 
*ïïppécié  dans  l^UniTersité,  nouB  dit  Tliistorien  du  Collège  d'Harcourl, 
^*  DagoDmer  n'avail  qu'un  petit  défaut,  t  II  ne  se  contentait  pas  d'adim- 
^^  Ici  vers  latina  de  son  professeur  de  rhétorique^  Bénigne  Grenan, 
'^^  t*  Mira  de  Bourgogne ^  il  appréciait  un  peu  trop^  dit-on ,  le  crû  lui- 
^^^t.  \Jn  soir,  en  rentrant  chez  lui  après  un  bon  diner^  il  fut  obligé  da 
'i^r^ter  auprôâ  de  la  fontaine  Saint- Séverine  qui  portait  alors  ce  dis* 
%8  de  Santeul  ; 

Dum  Acandunt  juga  monti^  anhelo  pectore  Nymphes  » 
Bic  una  e  socii^i  Tailla  amoref  aedet. 

l^'goUfflor,  croyant  que  Teau  qm  ne  cessait  de  couler  de  la  fontaine 
èUil  s^^Q  fait^  ne  quittait  plus  la  place,  en  sorte  qu'un  amî  dut  Tavertir 
^*  non  «srreur*  i  Voir  Mgr  Bouquet  :  L'anckn  GoUige  d^Har court  et  te 
^^^€  S4iHi'Louii,  Paris  1891,  p.  358.  Cf.  Dtct  de  Laûmmt\  Le  Sage: 
'^'^  liiat^  Ut.  IV,  ch,  6,  et  la  Biographie  générale^  tome  XI L 

^  Le  cojiège  d'Uarcourt,  fondé  en  1230,  par  Raoul  d'Harcourt,  était 
^tiiïé  tout  particulièrement  aui  pauvres  étudiants  normands.  Sur 
^'^tft-hwil  écolier.*!  pauTrea,  étudiants  en  Arts  et  en  Philosophie,  il  deTait 
J  ca  atoir  quatre  du  diocèse  de  Coutances^  quatre  du  diocèse  de  Bayeux, 
îttati^  du  diocèse  d'Evreui  et  quatre  du  diocèse  de  Bouen.  El  aur  les 
^tii4s  pauTres  écoUem,  aeit  déjà  gradué s^  aoit  aimplemont  étudiants  de 
^  i^acuitè  de  Théologie,  deux  devaient  être  du  diocèse  de  Cou  tan  ce  s, 
iLVi.  ^  Mai-Juin  imi.  là 


194  VOLTAIRE   ET   l'aBBÉ   ASSELïN 

proviseur,  succédait,  en  1730,  Thomas  Gilles  Âeaelin  \  né  à 
Vîfdf  au  diocèse  de  Bayeuî,  le  21  décembre  1684,  L'abbé 
Aâselin,  docteur  en  Sorboane,  était  connu  des  lettrés  de  son 
temps  par  les  auccés  poétiques  qu'il  avait  obtenus  au  PalLûod 
de  Caen,  aux  Jeux  Floraux,  à  T Académie  Française^  et  sur- 
tout par  Tamitié  dont  favait  honoré  Thomai  Conseille. 

En  1701,  encore  étudiaat,  Asselin  remporta  le  prix  de  la 
Baîladeau  Palinod  de  Gaen.  Aux  Jeux  Floraux,  il  oe  fut  pas 
couronné  moins  de  cinq  fois  en  trois  ans,  la  première  fois  en 
1710,  pour  un  poème  sur  ia  Venté,  en  1711,  pour  un  poème 
sur  Cétat  de  PHamme^  et  surtout  pour  une  idylle  assez  tou- 
chante sur  la  tnori  de  Palém^n  (traduisez  sur  la  mori  de  The- 
mm  Comûillé),  et,  en  1713,  deux  fois  également  pour  une  ode 
$ur  le  méprts  de  la  Fortune  et  pour  une  F  pitre  au  roi  Louis 
X/ F,  A  TAcadémie  Française»  il  avait  obtenu,  en  1709,  le 
prix  de  poésie  pour  une  ode  sur  le  roi  Louis  XIV  protecteur 
des  ifcaux-arts  au  milieu  de  la  guerre. 

Toutes  ces  pièces  «  couronnées  »  ont  été  réunies  par 
Âsselin,  en  1725»  à  la  suite  de  son  Poème  sur  la  Religion  et 
dm  son  Discours  {en  prose)  pour  disposer  les  déistes  à  texamen 
de  la  vérité  ** 


■ 


I 


deuï  du  diocèse  de  Bay^uit  deux  dudiocèsâ  d'Evretix  et  deux  du  diocèse 
de  Rouen,  —  Ajoutons  qu©  beaucoup  de  pr<?fesseurs  de  ce  collège 
étaient  Normands»  et  que,  dans  la  liste  des  pPOTiseura  du  coUège  d'Har- 
court,  liste  qui  va  de  1280  à  1793,  trente  sur  trente-trois  sont  Nor- 
mands. Les  trois  autres^  dont  le  lieu  d'origine  n*esl  pas  indiqué»  devaient 
être  Normands,  eux  aussi.  (Voir  Mgr  Bouquet,  op.  d/.»  p.  592.) 

*  La  plupart  des  Dictionnaires  biogt'iJiihiqiieseiMgr  Bouquet  [Qp.  cit.) 
font  naître  AsaeUn  le  31  décembre  1682.  Nous  avons  releré  son  acte  de 
baptême^  à  Vire.  Thomas-Gilles  (et  non  pas  OiHes-Tbotnas)  Asselin  a 
Été  baplLsét  en  Téglise  de  Notre-Dame^  le  22  décembre  lt>â4,  et  dans 
Tacte  de  baptême  on  litr  ^  no  le  jour  d'hier.»  ^  C^éLait  le  âls  d'un 
maiU'e  apothicaire.  —  Sur  uue  attestation  de  prix  de  thème  latin, 
décerné  par  Aaselm  en  1740^  {penés  nos)  on  Lit  ;  Thomâs-Mgidius  Âsse- 
tin.  —  M.  Jules  Finot  {Voir  les  \Umoires  de  F  Académie  de  6  afn,  18S3) 
attribue^  à  tort  selon  nous*  à  Tabbé  Asadin  une  assez  longue  corres- 
pondance (de  1752  à  1754)  avec  Stanislas»  roi  de  Pologne.  Certains 
détails  que  nous  avons  relevés  datis  ces  lettres  nous  empêchent  do  ^m 
croire  que  le  correspondant  du  roi  Stamslas  fût  Thomai  Asselin.  ^Ê 

*  Paria,  ches  F.  G,  L*Herndtte  M,  BGC.  XXV,  sans   nom  d'auteur. 
ln-8o,  151  pages. 


VOLTAIRE    ET   i/ABBÉ   ASSELIN 


195 


Le  Poème  sur  la  Religinn  ^  est  dédid  à  son  Altesse  sarénis- 
sime  le  comte  de  Cïermont.  «  C'était  moins,  nous  dira  Asse- 
lin,  une  apologie  expresse  de  la  Religion  qu'une  exposition 
simple  de  son  établissement,  »  L'auteurdu  l^okmê  sur  ta  Heb- 
gion  n'était  pas  de  taille  à  lutter  contre  u  les  incrédules  du 
temps,  t?  IJ  avait  beau  leur  dire,  dans  une  assez  belle  compa- 
raison: 

Tel  qu^im  arbre  planté  sur  la  rive  des  eaux 

Elève  vera  le  Ciel  ses  superbea  rameaur  ; 

11  porte  en  BA  fraicbeur  des  feuîUea  toujours  vertes  ; 

De  fruUs  d nus  la  aaiaou  ses  bmneheB  sont  couvertes, 

Et  aa  cime  immobile,  ombrageant  les  vallons, 

Brave  les  vains  assauts  des  fougueux  Aquilons, 

Telle  TEgUse  croit,  s'étend,  se  multiplie. 

le  poète  en  était  réduit  à  sa  lamenter: 

«  Qu'une  Religion  qui  ne  peut  être  que  divine  et  qui  est  en  même 
tenpa  si  consolante,  si  conforme  à  Tétat  présent  de  Thomme  et  si 
proportionnée  à  ses  vêritablea  besoins,  trouvât  si  peu  de  créance  parmi 
^B  prétendus  philosophes,  qu'an  nomme  Déistes.  » 

Si,  comme  il  est  probable,  Àsselin  n'a  converti  aucun  déiste, 
noQg  croyons  qu'il  a  conquis  tous  les  suffrages  par  ses  plaintes 
touchantes  sur  la  mort  de  Thomas  Corneille*  a  Lhùnneur  qu'il 
^tfmait,  nous  dira-l-il,  en  parlant  dti  frère  de  l'auteur  du  Cm, 
^me  regarder  comme  son  élève^  m'a  toujours  laissé  un  tendre 
Rouvetiir  de  ses  bontés  pour  moi,  et  je  satisfais  les  plus  sincères 
sftotimeDts  de  mon  cœur  en  donnant  cette  marque  de  recon- 
Qiisgânce  à  sa  mémoire,  n  En  lisant  avec  attention  ia  Mort  de 
^fîiêmôn,  nous  voyons  qu'Asselîn,  jeune  encore,  avait  trouvé 
^11  Thomas  Corneille  le  guide  le  plus  sûr  pour  son  esprit  et 
P^T  son  cOBtir, 

Quelques  passages  de  nette  idylle  sont  à  citer  : 

,Le  berger  Lycidas  dit  à  son  ami  Tircis  (Aseelin): 

De  P&lémon  (Th.  Corneille)  pour  toi  J'ai  connu  la  tendresse; 
Ses  leçons  dans  son  art  ont  formé  ta  jeunesse  : 

^  Celiu  de  Louifl  HscLae,  beaucoup  pluâ  important,  est  de  1742. 


m 


VOLTAIRE  ET  L*ABBÉ  ASSELIN 


De  Qm  appas  si  doux  Tlmage  fugitive 
Périt  au  sein  des  flots. 

Là|  dei  f&iblea  hum  ai  d  a  vous  voyez  un  exemple 
Qu'une  épreuve  seDaible  a  toujours  confirme  : 
Aisémeiit  lliomme  en  soi  Boi-môme  se  contemple, 
QuAnd  son  ctBur  est  calmé. 

Mais  lorsque]  perd  la  paix,  la  paix,  ce  don  suprême, 
Sans  qui  les  autres  biens  sont  pour  lui  superflue, 
Vainement  il  se  cherche,  et  «et  jeux  en  lui-même 
Ne  se  retrouvent  plus. 


0  Sophie^  à  jamais  ignorer  cesallarmes, 
Et,  pour  que  voa  beaux  jours  ne  soient  point  combattus, 
Egales^  s'il  so  peut,  à  réclat  de  vus  eharmea 
Celui  de  vos  vertus. 

Ces  stances  ne  sont  pas  sans  agrément  :  toutafois,  j'iticlme 
à  penser  que  c'est  moins  à  ses  talents  poétiques  qu'à  ses 
qualités  d'humaniste  et  à  aes  aptitudes  pédagogiques  qu'Ai- 
selin  dut  d'être  élu,  en  1730,  proviseur  du  Collège  d'Harcoiirl, 
fonctions  importantes  qu'il  garda  jusqu'en  1702,  époque  où 
il  fut  remplacé  par  Nicolas  Louvel,  de  GranviUe  '• 

Tout  ce  que  noua  savons  de  son  long  provisorat  *  (trente- 
deuï  ans  I),  c'est  qu*au  moment  où  àsselin  entraft  en  fonctions, 
le  jeune  Diderot  quittait  le  Collège  d'Harcourt,  très  regretté 
de  ses  camarades,  dont  il  faisait  complatsamment  les  devoirs, 
surtout  les  vers  latins^  et  particulièrement  du  jeune  de  Bernis 
{depuis  cardinal)  qui,  aussi  pauvre  que  le  fils  du  coutelier  de 
Langres,  allait  dîner  avec  lui,  les  jours  de  congé,  à  six  sous  par 
tête,  dans  un  méchant  cabaret  de  la  rue  de  laHarpe^  nous 
savons  encore  qu'Asselin  dut  un  jour  intervenir,  pour  faire 
rétahlir  les  feux  d*artiÛce  que  M"  Pourchot  ,  procureur- 
^jniiic  de  la  Faculté  des  Arts,  avait  fait  interdire  dans  les 
collèges  de  Paris  ;  —  qu'il  vit  établir,  en  1747,  le  con- 
cours général   entre   les   élèves  de  rhétorique,   de  seconde 

i  Âsielîn  se  retira  à  Issj,  oà  il  mournt  le  f  t  octobre,  en  1767,  à  Tâge 
de  cpiatT«-Tingt-troia  ans. 
*  Voir  Mgr  Bouquet,  o/u*  cit.t  P*  376  et  siUT* 


4 


i 


VOLTAIRE   ET   L'aBBÉ   ASSELIN  199 

et  de  troisième  des  grands  collèges  ;  —  qu'en  1750,  ce  fut  un 
élàvô  du  collège  d'Harcourt,  Louis  Ame,  de  Coutanees,  qui 
obliot  le  prix  d'honneur;  qu'enfin,  ce  prix  fut  trois  fois 
iftoore  remporté,  sous  le  provisorat  d'Asselin,  eu  1753,  par 
SêigneJay-Coîbert,  de  Castle-Hiil;  en  1756,  par  La  Harpe, 
fit  eu  1757,  de  nouveau  par  La  Harpe,  eu  qualité  de  vété- 


n 


L'érénemeat  le  plus  considérable  du  provisorat  d'Asselin 
eut  lieu  en  1735. 

Jusque-là^  au  Collège  d'Hareourt,  comme  dans  les  autres 
g'i-ânds  collèges  de  Paris,  Féclat  des  distributions  de  prir 
êt-ait  rehaussé  par  une  représentation  dramatiquô,  souvent 
■i^Cïcompagnée  d'un  ballet*  Bieu  entendu,  aucune  danseuse  ne 
^gfurait  dans  les  ballets,  et,  dans  les  tragédies,  les  person- 
ta^ges  de  femmes,  —  quand  il  j  en  avait  —  étaient,  jusqu'à 
cî^  qu'on  les  supprimât  tout  à  fait  ^  tenus  par  les  coilégieua. 


^  En  1748*  Seconde,  l»>'prii  de  thème  U lin:  de  Mac-Mahf>n,Trlândsîa. 

£q  1153^  Troiâiàme,  1''  prix  de  thème  latin  :  Li  Harpe, 

£n  175S,  Seconde,  1*'  pm  de  rers  latins  :  Lq  Harpe. 
—      l^^pm  dé  version  LaÊine  :  t^  Harpe» 

Eu  1756,  Rhétorique,  2*  prii  de  yers  latins  :  La  Harpe. 

—  —  1**  prii  de  TGrsion  grecque  :  La  Harpe« 

'En  1157,  Rhétorique,  i'f  ppii  de  diac.  fr*  (Tétdrans)  :  La  Harpe. 
^  ^  2*  prii  de  version  grecque  {wèL}  :  La  Harpe* 

En  1760,  Troisiênae,  1""  prir  de  veraion  latine  :  Dupuia  (le  futur  auteur 
de  rOtigine  des  Cuties.) 
^  _  2*  prix  de  version  grecque  :  Dupuis. 

(Buptîi*  devait  obteairle  priii  d'honneur  en  1763.) 

*  Bans  Boèce  (1682,  le  per,^onnagtô  d'Amaleîontbe,  ftlîe  de  Théo  do  rie, 
*tait  tenu  par  Bernard  Jciisel  <3e  Mouy,  de  Pari^;  celui  de  Rustîcienne, 
ffcmme  de  Boèce,  par  Jacques  de  Viennois,  de  Grenoble  -  —  Dans  Sédé* 
^oï  (irtyT)  pas  de  personnages  de  fennnes.  ^  Dans  Joas  (1716)  Atbalie 
*»t  rémpiact'i*  par  son  frère  Achab  —  Dana  Atsalon  (1723)  pas  de 
f  eittme. 


^ 


?00 


VOLTAIRE   ET   l'aBBE  ASSELlN 


En  1680|  aouslô  proviaorat  de  Jean  Le  François  ',  on  repré- 
senta Poiyeucte,  qui  fut  suivi  d'un  ballet^  dont  Je  sujet  était: 
Ac  combat  de  t  Amour  divin  ei  de  t Amour  profane*  «  U  fallait, 
a  dît  juitemeot  Fauteur  de  ia  Comédie  au  Collège  %  une  cer- 
taine imaginatiop  pour  trouver  là  des  môtifa  de  danse*  ■ 

En  1682,  Boèce  martyr  (auteur  inconnu),  suivi  d*an  ballet 
en  quatre  parties  ; 

En  \QHi^  Thomas  MoruB  (auteur  inconnu), 

En  1685,  Homultii  fauteur  inconnu).  Parmi  les  acteur»,  on 
remarque  les  jeunes  Orner  Taloî»,  Jolj  de  Fleurj  et  Charlea 
Perrauitf.  Un  baîlet  —  Le  Triomphe  de  la  Modération  — suivit 
cette  pièce,  q  II  paraît  que  le  jeune  Omer  Talon  était  uo  dan- 
seur distingué,  car  le  programme  a  b:en  soin  de  mettre  en 
vedette  ces  mots:  Omer  Talon  dansera  *  ;  » 

En  1688,  Àmalius  (auteur  inconnu)  ; 

En  1689,  Afâri^e-^^iiflrrf  (auteur  inconnu)  ; 

En  1697  Sédécim  (auteur  inconnu),  tragédie  en  trois  actes, 
avec  des  choeurs  mis  en  musique  par  le  compositeur  Bousset  ; 

En  1712,  Saûl,  ou  fomùr^  de  Samuel^  par  le  professeur 
Josset,  avec  chœurs  mis  en  musique  par  le  compositeur  Boua- 
eard  ; 

En  1713,  Alhalte^  avec  prologue  en  vers  latins  par  Bénigne 
Qrenan,  Fauteur  fameui  de  VOde  en  rhonneur  du  vin  de  Bour^ 
gogne  \  ' 


1  Jean  Le  Françobi  né  à  Samte-Mâne-Laumont^  près  Vire;  il  rem- 
plAca  Thomas  ForUn,  grâce  à  qui  les  Lettre^  provineiaies  furent  impri- 
mées clan  destine  ment  au  Collège  d'HarcouH.  C'e^t  aussi  sous  l'admînîs- 
iration  d<â  Fortin  que  fui  inaugurée^  au  Collège  d'Harcourt,  la  premidrû 
fête  unÎTor^itaire  consacrée  à  Saint-Gharlemagne.  (Voir  Mgr  Bouquet, 
op.  cit.,  p.  310.) 

•  M,  Boysse. 

'  Le  Jeune  Perrault  d'Armancourt,  à  qui  Tca  attribue  les  Contes  de 
ma  mers  t^Oye, 

^  Mgr  Bouquet,  op.  cit.,  p»  318. 

*  En  voici  lei  primiers  vers  : 

Testa,  Burgundo  graridam  liquore, 
Quam  Jncus  clrcumvolat  et  uitenti 
S  a  ni  ta  s  rultu  rubicunda,  et  maons 

Risus^  Amorque, 
Te  canam«,.t*  > 


VOLTAIRE   ET    L*ADBÉ   ASSEUN 


901 


Eti  17l6f  /oos  (auteur  inconnu),  adaptation  de  VAihaiie  é^ 
Racîn^,  M  [>oar  sa  conformer  aux  lois  de  1* Université  qui 
eiclnftit  de  ses  théâtres  les  pereonnag^es  de  femmes  ;  i» 

En  1723,  Aàsalonf  iJe  Duché.  Parmi  les  acteurs  se  fit  re* 
marquer  le  jeune  de  Pardiiilhan  de  Gondrin. 

Comment  Tabbé  Asâelin  fut-il  amené,  en  1735,  à  corres- 
pondre avec  Voltaire  et  à  lui  demander  rautorisation  de  faire 
jouer  par  le»  élèves  du  Collège  d*Harcourt  ia  Mort  fie  César ^ 
tragédie  imitée  de  Shakespeare,  que  Tauteur  de  Zaïre  avait 
esquissée  pendant  son  séjour  en  Ang^leterre,  et  qu'il  avait 
terminée  en  France  en  1731?  Aaselin  avait,  très  vraisembla- 
blementi  fait  hommage  de  son  Poème  sur  ia  Religion  à  Vol- 
taire, et  Voltaire,  quoique  déiste  et  déjà  irèa  fervent  apôtre 
delà  religion  naturelle,  aurait  répondu  à  Tabbé  poète  par  un 
coiii[>timent  banal  ne  l'engageant  à  rien.  Quoi  qu*il  en  soit, 
au  commencement  du  mois  de  mai  i7;ii5,  A^selin  a  dû  écrire 
à.  Toltaire^  pour  lui  demander  une  tragédie  qui  pàt  être  jouée 
par  aes  élèves-  Voltaire,  en  efiet,  lui  répondit: 

A  Monsieur  Aistlint  prfmismr  du  Collège  d'ifareouri 

Mai, 

En  me  parlant  de  tragédie,  Monsieur,  vous  réveilles  en  moi  tiue 
idé«  que  j'ai  depuis  longtemps  de  voua  présenter  ;<i  3tori  dé  C^tar, 
piéc«  de  ma  façon,  toute  propre  pour  un  Collège  où  Ton  n'admet 
point  de  femmes  sur  le  théâtre.  La  pièce  n*a  que  trois  actes,  mais 
^  €st  de  tous  mes  ouvrîige^  celui  dont  j'ai  le  plus  travaillé  la  versi- 
fication. Je  m  y  suis  proposé  pour  modèle  votre  illustre  compalriote, 
^tj'ai  fait  ce  que  j'ai  pu  pour  imiter  de  loin 

La  main  qui  crajonna 
L*âme  du  grand  Pompée  et  T esprit  de  Cimia* 

11  ett  vrai  que  c'est  un  peu  la  grenouille  qui  s'enlle  pour  être  aa»ei 
^'rfïiae  que  le  bœuf;  maiii  enlîn  je  vous  offre  ce  que  f'aî.  Il  j  a  uue 
^^mière  scène  à  rt-foodre^  et^  sans  cela,  il  j  a  longtemps  que  je  vous 
totnii  fait  la  propositîoD.*„* 

Adieu,  Monsieur,  comptez  sur  Tamitié,  sur  Teatime,  sur  la  recon- 
ii*i*»aMe  de  V.  Point  de  cérémouie  ;  je  suis  quaker  avec  mes  amis, 
^igneK-moi  un  A. 


^  Voilure  était  alors  k  Girej,  che£  la  uiarquise  du  Ghâtelet 


ÎOS  VOLTAIRE  ET  L'ABBÉ  AS8EL1K 

Asselin  et  le  professeur  de  rhétoriqae  durent  mettre  Immé- 
diatement la  pièce  en  répétition.  Impatient,  Voltaire  écrivait 
au  proviseur  d'Harcourt  dès  le  24  mat  : 


Que  devient  Jules  César ^  Monaîeur?  Je  vous  réitère  me» 
déments  de  Tbouneur  que  vous  voulez  bien  l^ii  faire,  et  mes  pnérei 
d*empêeber  qu'on  n'ea  prenne  copia  et  que  Fonvrage  ne  devienne 
publia..,. 

La  pièce  fut  représentée  le  11  août  1735,  à  la  diitribntîan 
aolennelle  dès  prix.  KUe  obtint  le  plus  grand  succès^  et  fut 
accueillie  parles  applaudissementgrépétéa  des  grands  eeigneura 
de  la  Cour  et  des  personnages  les  plus  distingués  delà  sooîété 
parisienne. 

Noue  n'avons  pas  ici  à  faire  Fanalyse  de  cette  pièce  bien 
connue  ;  nous  D'avons  pas  non  plus  à  la  juger.  Aux  éloges 
dithyrambiques  de  La  Harpe  (Une  foule  de  scènes  de  premier 

ordre style  proportionné  au  sujet  et  aux  personnages, 

presque  toujours  sublime  ou  par  la  pensée  ou  par  ï'ei- 
pression*..*.),  contentons-nous  d'opposer  les  dernières  lignes 
de  la  comparaison  que  Villetnain,  dans  j*on  Tableau  de  la  lAtté- 
rature  au  AT///' siéc/e,  a  établie  entre  Toeuvre  de  Shakespeare 
et  celle  de  Voltaire  : 

«  Ce  n'est  donc  pas  un  diamant  brut  que  Voltaire  a  taillé, 
un  essai  barbare  dont  il  a  fait  sortir  un  chef-d'œuvre.  Il  a  sans 
doute  igouté  quelques  traits  éclatants  à  son  modèle  ;  mais  il 
n'égala  point,  dans  cette  scène  (la  dernière)  la  gradation 
habile  et  véhémente  de  Shakespeare,  ni  surtout  ce  dialogue 
de  Porateur  (Antoine)  et  de  la  foule,  ce  concert  admirable  des 
ruses  de  fart  et  du  tumulte  des  passions  populaires. 

Qu'après  ce  beau  mouvement  : 

Dieux  !  son  aang  coule  encore  \ 

Antoine  s'écrie: 

11  demande  veogeance 
11  Tattend  de  vos  maîna  et  de  votre  vaillance* 
En  tendez*  vous  %^  voix?  Èveillest-vous  Romaina  ! 
Marchez»  suivex-moi  tous  contre  aes  astassins  : 
Ce  sont  là  les  honneurs  qu'à  César  on  doit  rendre. 
Des  brandons  du  bûcher  qui  va  le  mettre  en  cendre 


VOLTAIRE   ET    L  ABt3E   ÂSSELÏN  fOS 

Embrasoufi  les  palaiB  de  ces  fiers  conjtiréa  : 
EnfonçoBiJ  dans  leur  sein  nos  bras  désespérés. 

Ce  aûDt  là  d'assez  beaux  vers,  mais  un  diaeours  comme  tant 
d'autres.  Combien  plua  originale,  dans  Shakespeare ^  cette 
ijpocrite  modératioD  d'Antoine,  qui  fait  éclater  des  cris  de 
mort  sans  en  proférer  auetin,  et  qui  précipite  ce  peuple  qu'elle 
a  Pair  de  retenir  1 

Voltaire  n'a  donc  pas  corrigé  Shakespeare  comme  on  le 
disait  Peut-être  même,  dans  rimpatience  de  son  goût  délicat 
et  moqueur,  n'en  a-t-il  pas  senti  toutes  les  beautés,  du  moins 
oeiesa-t-il  pas  reproduites.  Toutefois  cette  étude  fortifia  son 
géme.  lïy  puisa  quelque  chose  de  ces  grands  effets  du  théâtre, 
de  cette  manière  éloquente  et  passion  née  qui  animent  ses 
drames  et  en  font  un  grand  poète  après  Racine,  n 
I  Ce  jugement  de  Villemainnous  semble  définitif,  aujourd'hui 
que  noua  connaissons  Shakespeare,  En  1735,  on  savait  gré  à 
Voltaire  d'avoir  «  nettoyé  »,  j'allais  dire  o  décrassé  w  le  grand 
l^oéte  anglais  qu'on  ne  connaissait  pas,  mais  qu'on  traitait 
sâm  façon  de  «barbare  de  génie  »•  a  Shakespeare,  disait 
Tabbé  de  Lamare,  dans  VAveriissemenl  de  t édition  de  la  Mort 
di  Cimr  de  1736,  père  de  la  tragédie  anglaise,  est  aussi  le 
f**r«  delà  barbarie  qui  y  règne.  Son  génie  sublime,  jans  culture 
tiw^i  goût^  a  fait  un  eahos  du  théâtre  qu'il  a  créé»  >> 

Voltaire,  lui- même,  dans  B^  Pré  face,  qu'on  a  attribuée  à  tort 
i^  Fahbé  de  Lamare,  nous  dira  :  u  Shakespeare  était  un  grand 
f^nie^  mais  il  vivait  dans  un  temps  grossier  i  et  Ton  retrouve 
daasies  pièces  la  grossièreté  de  ce  temps  beaucoup  plus  que 
1«  génie  de  l'auteur.  M,  de  Voltaire,  au  lieu  de  traduire  Tou- 
vfa^e  woNSTRUEUX  de  Shak6a[ieare,  composa,  dans  le  goût 
AtLglaiâ^  ce  Jules  César^  que  nous  donnons  au  public  ^*  » 

Il  est  vraisemblable,  ou  plutôt  il  est  certain  que  le  public 
^^hoisi  du  Collège  d'Harcourt  pensait  comme  Voltaire,  et 
tmnvait  que  le  poète  français  avait  corrigé  et  perfectionné 
«OD  modèle. 

'  ïa  enroyant  à  CideTille  la  dernière  scène  do  U  Mort  de  César  ^ 
voliâire  ne  se  gênait  pas  pour  dire  :  •  Shakespeare,  L«  Coraeiile  de 
l^ndtes,  finaud /on  efaillems  *t  i^^ssemblant  idu^  à  Giité'H  tfiià  Corneille.  >* 
Il  ui  rr^i  qul[  ajoulait  auaii  :  «  Maii  il  a  des  morceaas  admirable»,  » 


SÙi  VOLTAIRE    ET   L  ABBE   ASSÊLIN 

Mais  ce  que  noua  de vonssurtout  retenir  de  IMyeHmemaîidi 
l'abbé  de  Lamare  et  de  la  Pré/ace  de  Voltaire,  eesU^ ne  si  réel 
lemeiit  lu  }hrt  de  César  fut  refirt^entêe  jusur  la  première  foîi 
en  pubtio  au  Collège  d'Harcourt,  ^îette  pièce  avait  été  jauéo 
quelques  années  auparavant^  maîi  en  petit  comité,  à  l'hôtel 
de  Sassenag-e,   et   a  très   bien   exécutée»,  paraît*îL    Nous 
apprenons  également  que  a  la  scène  imitée  de  Shakespeare, 
dans  laquelle  Antoine  monte  à  la  tribune  aux  harangues  pour 
faii'o  voir  au  peuple  la  robe  sanglante  de  César,  ne  put  erre 
représentée,  à  Thôtel  de  Saesenage,  a  cause  du  petit  os p ace 
du  ihé&tre,  qui  su^sait  à  peine  au  petit  nombre  d'aetaurs 
qui  jouent  dana  cette  pièce,  n 

Cette  magnifique  scène  fut-elle  jouée  au  Collège  d*Hnf- 
court?  Dans  sa  lettre  â  Tabbé  Âsselin,  datée  de  Cirej,  le  24 
octobre  1735,  Volr.aire  lui  dira  ; 


8 

4 


M.  Demoalin,  Monsieur,  a  dû   vôub  remettre   un  papier  qui  cou 
tïcQt  la  dernière  scène  de  Jules   César,  telle  que  je  Tai  traduite 
Shakespeare.  Je  n$  vtm»  ^  d(mnai  qu'um  /xtrft«,  parce  que  fmvak 
s^ftppriTné  pour  i^ûlre  théàtte  i'asta9»ifmt  de  Bruim.  Je  navai*  oâé  i 
m  Uomain,  m  dnglaii  à  Fmiê. 


D'après  cette  lettre,  ka  dernière  scène  de  la  Mort  de  César 
n^aurait  pas  et  '  donnée^  du  moins  en  entier,  au  Ckjliè^e  d'Har 
court 

Ce|>eudant  le  Mercure  d*octobre  1735,  après  avoir  aniily* 
la  pièce,    cite  quelques  vers  du   discours    d'Antoine,   entre 
autres  les  quatre  derniers  de  la  tragédie  : 

.,,Ne  lai 8 sons  pas  leur  fureur  inutile, 
Précipitons  ce  peuple  inconstant  et  facile, 
Que  U  guerre  commence  ^  et.  Bans  rien  ménager, 
Succédons  àk  César,  en  courant  le  venger. 


M 


Fuis  il  dit  : 

C'est  min^i  que  finit   cette  pièce,  digue  des  applaudissements 
qu'elle  a  eus  sur  le  théâtre  et  qu'elle  aura  dans  le  public.  » 


4 


>  On  lit  dans  Un  éditiout  de  Yoltaii*e  :  Entraînons-h  à  la  guerre. 


VOLTAIBE   ET  L  ABBÉ   ASSELIN  205 

Comment  accorder  Voltaire  et  le  rédacteur  du  Mercure  *  ï 
Qaoî  qii*il  en  soit,  la  Mort  de  César  obtint,  comme  nous 
l'arons  dit^  ie  pïua  grand  succès  sur  le  théâtre  du  Coltège 
€i*fiarconrt.  «  Cette  pièce,  dit  Tabbé  de  Lamare,  fut  donnée 
par  les  pensionnairea  de  ce  collège  avec  une  intelligence  et 
«iiie  dignité  peu  ordinaire  à  Tàge  des  acteura.  » 

Le  Mercure  de  France^  fut  très  élogieux  ; 

«  Le  jeudj  II   du  mois  d'août  dcitûei^  ou  ^ïrésenU  hwv  ie  théâtre 

*Ju  Collège  d'Hareourt,  pour  la  dietribuiion  des  pris,  îu  Mm-i  th  Cémn 

^^^fmgédie  nouvelle  de  M,  de  Voltaire.  Il  jr  eut  à  cette  repréientatiou 

«^Aii  gmod  concours  de  peraooues  de  la  première  distinction,  attirées 

Ê»^f  la  nouveau  té  de  la  pièce,  et  plus  eucore  par  la  réputation  de  aon 

^^^utheur.  On  peut  dire  que  Tasa emblée  fut  également  sa ti «faite  et  de 

M^  beauté  de  cet  ouvrage  et  de  la  manière  dout  le»  acteurs  a*acquittè- 

v-^Dtde  leurs  personnagea.  Les  pnnc^paux  iGles  étaient  au  nombre  de 

«».mi,  M,  Bernard  fuiaoit  celui  de  Cémrt  M.  de  Léria  de  Barwjck  celui 

^M^^AnUfin^;  Bmttis  f\xl  représenté  par  M.   de  la   Itîvière,  Oa$9m8  par 

Ail.  4e  Paria,  Cimber  par  M,  S.  Simoti  de  Sandricourt,  et  Dokibdln 

y^srM.  âii  Bérulle.  Ou  fut  extrêmement  conteQt  de  tous  caa,  measieurB; 

KKïiisMM.   Beruard  et  de  la  Rivière  bj  distinguèrent  d'une  niijuière 

^firijciilïére,  et  tout  le  monde  conTieat  qu'ils  y  aiteignirent  la  perfec- 

tâ«D  de  Vart,  non  comme  des  écolierB)  mais  comme  les  acteurs  lea 

plui  parfaits,  » 

Voltaire  n'assista  pas  à  cette  belle  «  première  i>.  «  L'auteur, 
dit  Tabbé  de  Lamaren,  aurait  sam  doute  été  très  satisfait ^  a'il 
^ûU  pu  voir  cette  représentation,  n  Mais,  dès  qu*il  eut  été 
iûforuié  du  succès  de  sa  pièce,  il  s'empressa  d^écrire  à  Tabbé 
^atlin  : 

Vaasjf  en  Champagne,  ce  24  auguste  1735. 

Jfl  ?oudfaia  bien,  Monsieufi  que  h  A\fort  de  Jules  César  eût  été 
tUpe  de  llionueur  que  voua  lui  avess  fait  et  de  la  manière  dont  elle  a 
été  représentée  Je  voua  prie  de  vouloir  bien  faire  mes  compliments 
ittî  deux  acteui^  dont  on  a  été  ai  content.  Le  talent  de  bien  réciter 


I  Le  Mercure  neus  cipprend  encore  qu'on  joua  comme  petite  piêçe  los 
Piatéeurt  de  Racine.  Le  Jeune  de  la  Ririèrû  m  n'excella  paâ  maina  dans 
U  comique  qu'il  avait  excellé  dans  la  tragédie,  i 

tOct.  t13&,p,  2-2^'J. 


S06 


VOLTAIRE  ET  L  ABBE   ÂSSELIN 


ne  saurait  âtre  parfdt  aaits  aupposer  de  1  esprit  et  âm  quàUtéfi  auna- 
bles  qui  doivent  réussir  dans  le  monde.  Des  jeunes  gens  qui  ont  ud 
pareil  talent  uiëritent  qu'on  s'iotéresBe  à  ûux.  Au  reste»  j'ai  beaucoup 
retouché  cet  ouvrage,  depuis  que  rhonneur  qu*il  a  reçu  de  vous  me 
l*a  rendu  plus  cher  ;  mais  il  ne  sera  jamais  autant  embelli  par  mon 
travail  qu'il  Ta  été  par  vos  soins  dana  la  représentation  qui  s'en  eat 
faite. 


Je  suis  bien  sincèrement, 
obéissant  serviteur. 


monsieur j  votre  très   humble  et  tréa 


VOLTAÏRK* 


Je  voua  remereie»  moDsieur,  de  la  bonté  et  de  la  politesse  avec 
laquelle  vous  avez  fait  placer  les  personnes  qui  demeuraient  à  Pans 
avec  moi  ^ 

Le  même  jour,  Voltaire  était  heureux  d'anaoncer  le  succès 
de  m  pièce  à  son  cher  maître^  son  ancien  préfet  des  Jésuites^ 
rabbë  d*01ivet  : 

Savez-vous  que  j*ai  fait  jouer  depuis  peu,  au  collège  d'Har- 

courtf  une  certaine  Mort  (h  Cé^ar^  tragédie  de  ma  façon,  où  il  n'y  a 
point  de  femmes  ;  mais  il  j  a  quelques  vers  tels  qu'on  en  fesait  il  j  a 
solEante  ans.  J'ai  grande  eu  vie  que  vous  vojies  cet  ouvrage.  Il  j  a  de 
ta  férocité  romaine.  Nos  jeunes  femmes  trouveraient  cela  horrible  ;  on 
ne  reconnaîtrait  pas  Tauteui-  delà  tendre  Zaïre,  mais  Hidetur chorda 
qui  semper  ob&rrai  eadefn.  (Hoh,) 


I 


111 


La  joie  de  Voltaire  fut  de  courte  durée.  Dès  le  P'  septem- 
bre, tl  écrivait  au  <c  iidèle  n  Thieriot:  a  Mon  bien  cher  ami,  il 
faut  toujours  que  de  prèâ  ou  de  loin  je  reçoive  quelque  talo- 
che de  Ja  fortune.  » 


i  Le  15  mai  1736,  Voltaire  disait  à  Tabbé  Âsselin  :  «  Je  pourrai  bien 
TOUS  donner  un  jour  une  pièce  encore  sans  femmest  Je  »eraî  le  poète 
d*Hat*cotirif  mais  je  serai  sûrement  votre  ami  :  e'eat  un  titre  dont  je  me 
flatte  pour  la  vie.  »  —  Maia  pour  des  raiâoos  ^e  nous  no  connaisâona 
paa^  c'ûât  ici  que  èù  termine  la  correspondance  de  Voltaire  êTec  Tabbé 
Âaseiin. 


TOLTAIRE  ET  L  ABBE   A9SELIN 


2Ù7 


^: 


Pourquoi  ces  plaintes?  C'est  qu'il  vient  d'apprendre  que 
slgté  a  les  prièrea  qu'il  avait  adressées  à  t'abbé  Asseliti  ^ 
d'empêcher  qu'on  ne  prît  copie  de  sa  pièce,  et  que  l'ouvrage 
ne  devint  public  lï,  on  a  imprimé  la  Mort  de  César,  et  i<  qu'on 
Fa  honorée  de  plusieurs  additions  et  corrections  qu'un  régent 
dû  Collège  y  a  faites  ■*  jj  «  Je  sais  persuadé,  ajoute  Voltaire, 
qa'onne  manquera  pas  encore  de  dire  que  c*est  moi  qui  l'ai 
fait  imprimer  :  ainsi  me  voilà  calomnié  et  ridicule.  * 

le  4  octobre,  nouvelle  lettre  à  Thieriol  ;  Voltairtî  est  f^jpjeux 
contre  Tabbé  Desfontaines,  et  non  sans  motif.  Il  avait  écrit  à 
Beafontaines  pour  le  prier  d'avertir  le  public,  dans  le  journal 
dont  il  était  le  directeur  ',  que  la  pièce  de  Jutes  César,  telle 
qu'elle  était  imprimée,  n'était  point  son  ouvrage  à  lui»  Vol- 
taire. Que  ûi  Desfoutaines?  Au  lieu  de  chercher  à  être  agréa- 
ble à  Voltaire,  il  ût  «  une  satire  infâme  »  de  sa  pièce,  et  »  au 
ÏKïut  de  sa  satire,  il  fit  imprimer  la  lettre  de  Voltaire,  avec 
Tindi cation  du  lieu  ou  il  étalt^  et  qu'il  voulait  qu'il  fût  ignoré 
<iu  public.  » 

Voltaire  a  raison  d'écrire  à  Tabbé  Âsselin  *  que  Detfon- 
t&ÎQes  aurait  dû  s'attacher  à  faire  voir,  en  critique  sage,  iea 
différences  qui  se  trouvent  entre  le  goiit  des  nations  ;  »  et  il 
ajonte  : 

Il  aurait  mnda  un  aerylce  aux  lettres  et  ne  m'aurait  point  offeuaé. 


«  2àïDâl  1735. 

^  Le  1  septembre  17^^  Yoîtaîre  écrivait  à  l'abbé  Desfontainââ  ;  «  L^abbé 

^AieLîn,  qtie  j^aime  et  j'estimai  n'a  pu,  malgré  96s  ^oins  empêcher  que 

^l^itqu'un  d*  son  coltèffe  n'en   ait   tiré  copie.  Voilà   la  tragédie  aujour- 

à'km  yopriiiiée^  à  ce  que  j 'apprends ^  pleine  de  faut^i^^,  de  transposUiona 

U  CoiniasioiiM  coïisidérâbLeâ.  On  dit  même  qaa  le  professeur  de  rhétori- 

pe  d'Harcoart^  qui  était  chargé  de  la  représentation,  y  a  changé  plu- 

JÎûttraTers,  Ce  u'eât  plus  mon  ouvrage.  »  —  i  Je  aaiSi    écrira-t-il  plus 

**«i  à  Tabbé  Asselin  [29  janvier  173ti|,  que  c'est  un  précepteur  dts  Jé^ui- 

'«»  qui  a   fait   Imprimer  Juhs    C^sar.  C'est  un  homme  de  mauvaîaei 

Atiltiti,  qui  est,  dit-on,  à  Bicùtre.  Est-U  possibk  que  la  Uitéfitaro  soil 

•ûtttent  ^  loin  de  la  morale?  » 

Qud  était  le  coupable  t  »  Etait-ce  un  professeur  du  (collège  d'Har^ 
^iirtî  était-ce  un  précepteur  des  Jésuites  7  Voltaire^  comme  on  le  voit, 
^i  le  4ait  pas  lui-mérne. 
*  Obierraliens  sur  les  éeritâ  modernes. 


20S 


VOLTAIRE   ET  L  ABBE  ASSELIN 


J@  Rie  coimais  asaez  en  vêts,  quoique  je  n^'en  fasse  plua  ■ ,  pour  miiu- 
rer  que  cette  tragédie,  telle  qu'on  riraprime  k  présent  en  Hollande, 
eat  Touvrage  le  plus  fortement  versifié  que  j'aie  fait*,  » 

DeBfontainea  e'étant  retracté  daûâ  sa  feuille  34,  envojée  par 
lui  à  Voltaire,  celui-ci  désarmé, ou  feignaïut  de  fétre,  lui  indi- 
que f  14  nov.)  dans  quel  âens  il  doit  orienter  sa  critique,  s'il 
s'occupe  encore  de  la  Mort  de  César: 


A  la  fin  de  janvier  1736,  Voltaire  ayant  appris  que  DeBfolH' 
tairies  eat  malheureui,  écrit  {29  janvier)  à  Tabbé  Aaselin 
ces  lignes  qui  lui  font  honneur  : 


I 


t£  U  imperte  peu  au  public  que  la  Mort  de  César  soit  uue  bonne  ou 
une  méchante  pièce  ;  mais  il  me  semble  que  les  amateur»  de  lettres 
auraient  été  bien  aises  de  voir  quelques  disaertatiooH  instructive»  sur 
cette  espèce  de  tragédie  qui  est  ai  étrangère  à  notre  théâtre  ;  nous  en 
avons  parié  et  jugé  comme  si  elle  avait  été  destinée  aux  comédiens 
français.  Je  ne  crois  pas  que  vous  ayez  voQia  en  cela  flatter  Tenvie  et 
la  maliguité  de  ceux  qui  travaillent  dans  ce  genre  :  je  crois  plutût  que,  ■ 
rempli  de  Tidée  de  notre  théâtre,  vous  m*iivêï  jugé  sur  les  modèles 
que  vous  con naissez.  Je  suis  persuadé  que  vous  auriez  rendu  un  service 
aux  belîeadettres,  bi  mi  lieu  de  parler  eu  peu  de  m^^ts  de  cette  tragédie 
comme  d*uoe  pièce  ordiaaiifï  vous  aviez  saisi  roccaaion  d'examiner  le 
théàtreanglaÎBetmèmele  tbéàti*e  d'Italie,  dont  elle  peut  donner  quelque 
idée,  La  dernière  scène  et  quelques  morceaux  traduits  mot  pour  mot 
de  Shakespeare  ouvraient  une  assez  grande  carrière  à  votre  érudition 
et  A  votre  goût.  ...  La  France  n'eat  pas  le  seul  (>rjs  où  ron  fasse  des 
tragédies;  et  notre  goàij  ou  plutôt  notre  habitude  de  ne  mettre  sur 
le  théâtre  que  de  longues  conversations  d^amour  ne  plait  pas  chess  les 
autres  nations.  Notre  théâtre  est  vide  d'action  et  do  grands  intérêts, 
pour  Tordjuaire.  Ce  qui  fHit  qu'il  manque  dWlioUi  c  est  que  le  théâtre 
eut  offusqué  par  nos  petits-maUreSi  etci^  qui  fait  que  les  grands  inté- 
rêts en  sont  bannis,  c^est  que  notre  nation  ne  les  connait  point,  La 
politique  plaisait  du  tempa  de  Corneillei  parue  qu'on  était  tout  rempli 
des  guerres  de  la  F  rondo  ;  mais  aujourd'hui  o^  ne  va  plus  à  ces 
pièces.  Si  vous  aviex  vu  jouer  la  scène  entière  de  Shakespeare,  telle 
que  je  l'ai  vue,  et  telle  que  je  l'ai  a  peu  près  traduite,  nos  déclarations 
d'aiJiour  et  nos  contiJencea  voua  paraîtraient  de  pauvres  choses 
auprès  .,,***> 


I 


1  Voltaire  oublie  iju'il  travaille  à  sa  pièce  des  Améticfiîni  (autremeat 
dit  AUtre).  * 


VOLTAIBE    IT   l'aûBÉ   ASSELIN 


^Ù9 


«  Si  voua  savez  où  il  e&t,  mandez-le  moi.  Je  pourrai  lui  rendre 
«emcêp  et  lui  faire  voir  par  cette  vengeaace  qu'il  ne  devait  pas  m'ou* 
trmgar.  n  * 

4*  Tùui  est  bien  qui  finit  bim^  »   comme   dit  Shakespeare, 
"Voltaire  recouvra  pleinement  sa  tranquilité   d*eapnt,  après 
le  auceèâ  éclatant  à'Alzire,  représentée  pour  la  première  fois 
le  27  janvier  1736,  et  qoi  fut  jouée   vingt  foi&  de  suite-  La 
recette  totale  se  monta  à  53.640  livres,  que  le  poète  abandonna 
anï  comédiens  «  pour  leur  témoigner  sa  satisfaction  etrécom- 
petiaerleur  zèle  et  leur  talent.  »>*  Cette  fois,  Voltaire  ne  son- 
geait guère  â  dire  :  «  Je  ne  suis  plus  qu'un  poète  de  collège  : 
j'ai  abandonné  deux  théâtres  qïii  sont  trop  remplis  de  cabales, 
eelni  de  la  Comédie  française  et  celai  du  Monde,  n  • 


APPENDICE 


La  Mort  de  César  fut  Jouée  le  29  aoôt  1743  sur  le  Théâtre 
bftQÇais  ;  mais  elle  n'arriva  que  très  péniblement  à  sept 
^^présentations.  C'était  un  échec.  Voltaire  s'en  consoïa-t-il 
Qa  constatant  que,  depuis  la  représentation  du  Collège  d'Har- 
*îûtirt,  la  Mort  de  César  était  devenue  la  tragédie  à  la  mode 

dans  les  collèges et  même  dans  les  couvents  de  jeunes 

%8?  Qui  le  croirait,  en  efîet  ?  En  1748,  la  Mort  de  Cémr  fut 
jOQée  par  les  pensionnaires  du  Couvent  des  Visitandines  de 
Q^unOi  le  jour  de  la  fête  de  leur  supérieure!..*  Et,  chose 


'  TctutêfoiA  ces  beaux  sentiments  ne  devaiânt  pas  longtemps  perjiiaUr. 
Ca  mois  après^  VolUire  écrivait  k  M.  Berger,  en  parlant  de  Tabbé 
^^ifnntaines  :  <  Dan^  quelle  loge  a-t-on  mis  ce  cbîen  qui  mordait  des 
litres  ?  j»  ^*  Et  il  Cideviik-  (2&  mars)  :  <  L'abbé  Deaf on toinei  est  un 
i&oiiitm  qu'il  faudrait  étouîler.  » 

'  Mtrcuf^  <ie  mars  1736,  p.  53S)-5iS,  et  d^avril,  p.  G61  et  auiv» 

*  Volt*  Ed.  Beuchot,  t.  LU,  p.  56,  Lettre  à  Tbieriot, 


£10 


VOLTAIRE  ET  L  ABBE  ASSELÏN 


plus  surprenante  encore,  se  souvenant  que  Kaeîûâ  âT&ît 
composé  MU  prologue  pour  son  Esthm\  ces  jeunes  filles  priè- 
rent leur  supérieure  d'écrire  à  Veltaire  pour  lui  (ie mander 
un  prologue  qui  devait  être  récité  par  Tune  d'elles*  Le  pre- 
mier mouvement  de  Voltairej  dit  M,  Alexis  Pierron  \  fut  de 
froisser  la  lettre  et  de  la  déchirer.  Comment,  s'écria- t-il,  c*eat 
bien  à  des  filles  de  représenter  une  conjuration  de  fiers 
républicains!  Après  réfleiion,  il  s©  calma  et  ditî  «  Ce  sont 
pourtant  de  botines  filles  1  Elles  ne  sont  pas  trop  raisonnables 
de  vouloir  un  prologue  pour  cette  tragédie  ;  mais  je  le  suis 
encore  moins  de  me  fâcher  pour  un  prologue,  »  —  Et  le  bon 
apôtre  trempa  sa  plume  dans  la  plus  pure  eau  bénite  pour 
composer  le  prologue  demandé^  qu'il  envoya,  avec  la  lettre 
suivante,  à  M"*  de  Truchis  de  La  Grange,  religieuse  de  la 
Visltatiau  Sainte-MarJe,  à  Beaune  : 


à  Paris,  7  juin  1748. 

Voilà,  Madame,  ce  que  voua  m'avez  ordonné.  J'auniis  plus  tôt 
exé<^uté  cet  ordre^  si  ma  santé  et  des  occupations  fort  diffëreotafi  de 
la  poésie  ravalent  permis.  Je  voudrais  que  ce  prologue  fut  plus  digne 
de  vouâj  et  répondit  mieur  à  rhonneur  que  voua  me  faites  ;  niai$  que 
dii*e  de  Jules  César  dans  un  couvent?  J'ai  tâclië  au  moina  de  rapporter, 
auUnt  que  j'ai  pu,  les  iHées  de  cette  catEistrophe  aux  idées  de  religion 
et  dti  soumisaioD  à  DieUi  qui  sont  les  principf^s  de  votre  vie  et  de  votre 
re traite.  Je  vous  prie,  Madame,  de  vouloir  bien  intercéder  pour  moi 
au|>r^s  du  maitre  de  toutes  nos  pensées.  Vous  me  rendrez  par  là  moins 
iHdvy;ii(ï  de  voir  mea  ouvrages  représentés  dans  votre  samte  maison» 

J'ai  rhonneur  d'âtre  avec  respect,  Madame,  votre  très  humble  et 
très  obéissant  serviteur. 

VoLTAIBS, 

Qe^lilhommt  ordinaire  du  roi 


% 


VirB  récité»  par  une  petitiumiaire  du  Couvent  de  Beatt^ne,  e^ani  2it 
reprvseHluUon  de  k  Là  Mokt  ok  CÉëAE  i»  pour  la  fête  de  ia  prUurêt 
Î74S. 

ÛBona^noui  retracer  de  féroces  vertui 

Devant  des  vertus  si  paisibles? 
Osous-noua  préseuter  ces  spectacle:^  teiriblés 


I 


1   VùUiêtre  vi  ges  maiireUf  p*  UL 


VOLTAIRE  ET  L  ABBE   ASSELÎN  SU 

A  ces  regardi  iî  doux,  à  nous  pkire  assidus  ? 
Cétar,  ce  roi  de  Rome,  et  &ï  digoe  de  rétre. 
Tout  héros  qu1l  était,  fut  un  iajuate  maître^ 
Et  vous  régnez  sur  naui  par  le  [>lus  BULDt  des  droits  ; 
On  détestait  a  on  joug,  nous  adorons  vos  lois. 
Pour  nous  et  pour  ces  lieux  quelle  scène  étrangère, 
Que  cet  troubles,  ces  cris,  ce  iénat  sEoguinaire, 
C6  vainqueur  de  Pharsale,  au  temple  assassiné, 
Ces  meurtriers  aanglauts,  cq  peupla  forcené  l 
Toutefois  des  Romains  on  aime  encor  Thistoire  ; 
Leur  grandeur,  leurs  forfaits,  vivent  dans  la  mémoire» 
La  jeunesse  s'instruit  dans  ces  faits  éclatauta  ; 
Dieu  lui-Eaême  a  conduil  ces  grands  événements  ; 
Adorons  de  sa  main  les  coups  épouvantables, 
Et  jouissons  eu  paix  de  ces  jours  favorables 
Qu'il  fait  luire  aujourd'hui  sur  les  peuples  soumis, 
Éclairés  par  sa  grâce,  et  sauvés  par  aon  Fils. 

Voltaire, 


I 


Il  êst  vraiment  fâcheuï  que  la  Gazette  de  Beaune  —,  sHl  y 
^Q  avait  une  — ^  n*ai  pas  rendu  compte  de  cette  repréaeûtation 
pour  le  moins  étrange,  ou  de  «  timidea  colombes  «  enâèrent 
leurs  voix  pour  déclamer  comme  it  convenait  les  rôles  du  dieta- 
lâiir  Jules  César,  du  consul  Marc-Antoine,  du  préteur  Brutuâ 
€t  dea  fénateuré  Dolabella,  Oassitis,  etc,,  etc. 


U 


La  Mort  de  César  fut  reprise  sur  le  théâtre  delà  République 

en  1792  et  1793  -,  mais  cf  le  dénouement,  dit  Bcuchot^  blessait 
quelques  têtes  ardentes,  Gohier,  ministre  de  lajuatioe,  et  qui 
depuis  a  été  membre  du  directoire  exécutif,  fit  un  nouveau 
dénouement,  qui  fut  joué  sur  le  théâtre  de  la  Hépublique*  >) 

Ed  volai  ta  dernière  scène  : 

(N.  B.  — L$  fond  du  théâirê  g'ouvraiL  On  voyait  la  tiatu^  de  la 
Libéria  mttjurée  d^un  cercle  de  peuple.  Dont  l<x  nalîé^  tout  le  monde  se 
iemtii,  parlmrf.  et  logea,  ) 


^\2 


VOLTAIRE  ET   L  ABBi;   ASSELIN 


BEUTOB 

Daigne  entendre  mee  vœux,  DiiTinité  cberîe  ; 

Veille  swr  non  destina,  veille  sur  raa  patrie, 

Granda  Dïeiis  !  m  cette  roiiin,  en  s^armant  d*mi  poigaard, 

Neûteem  qu'aux  dessins  des  rivaux  de  César  ï,.. 

Eloigne  des  terreurs  qui  rouvrent  ma  blessure  I 

Je  pouvais  pour  toi  seule  oublier  la  natar©  ; 

Pour  toi  seule  à  César  j'ai  pu  donner  la  mort  ; 

Pour  toi  seule  aujourd'hui  Bratys  peut  vivre  eneor. 

S'il  faut»  par  d'autre  satjg,  aflermir  ton  etnpire, 

Ah  [  que  Home  soit  libre  et  que  Bru  tus  expire  ! 

Càââtus 

Formons  lea  même»  vœux  an  pied  de  cet  autel  ; 
Mourir  pour  son  pays,  c*est  se  rendre  immortaL 


ROMMNS 

Nous  jurons  d*imiter  son  courage  béroïqae  : 
Vive  la  liberté  I  vive  la  République. 

Voltaire,  s'il  aTait  lu  ces  vers,  aurait  eu  le  droit  de  répéter 

ce  qu'il  écrivait  à  M*  de  Formont  (22  sept,  1735)  :  k  César 
n'a  Jamais  été  plus  massacré  par  Brutus  et  par  Caisius  que 
par  Tabominâble  éditeur  qui  m'a  joué  ce  tour.  Lea  entrailles 
paternellea  s'émeuvent  à  la  vue  de  mes  enfants  ainsi  mutilés  : 
ciila  est  déplorable  î  n 

Armand  Gastb* 


^^LE   CHANSONNIER  DE 

BERNART  AMOROS       ^^Ê 

^^^_                                                  ^H 

^^^î            [108(0-17)1 

De  lauseDger  cui  deus  adir^^                ^H 

^^^  FOLCHET  DE  MARSEILLA 

Aqi  lor  '*  uoill  del  tôt  maldir                ^H 

^^^_                 (g  /^  ii 

Ni  ia  deuB  noea'^  lur  pordoa                 ^H 

5  Qar  sn  diz  so  qan  uer  non                ^H 

^^^P            (  ^  B.  Gt.  155,  23) 

[fou  *î           ^^H 

^^Ê         I  *   Taiit  mou  de  corteea  raioti 

Fer  t«  e€la  eui  obedis                    ^^^| 

^^^^1          Mon  ehaDtar  ■  qey  nois  pois  ^ 

Me  relinqia                                      ^^^| 

^^B 

E  cuia  qal  ior  ^^  aia  iia                        ^^M 

^^^^B        EDnaiijs  men  dm  meill  ^  aue- 

Mon  penaameD                                        ^^M 

^^^^H 

10  Beo  modon^'*  per  gran  fal-                ^H 

^^W              Qe  mais  nô  fe^  &  Bûbez  cô  ' 

[limenz                ^H 

^H            5  Qe  kiiip«raris  ^  me  aomon 

Qan  perço  qeu  am  linameii                ^H 

^^■^         E  pregaEû'  fort  qeu   m  eu 

Per  sel  qel  dison  qe  ='  nlGz.                 ^H 

^^^                                        [ieqia 

IIL  Amemila  donc  alairon                      ^H 

^^^^P        Sil  rooH  Bufris 

PoLB  ueiqi!  nO  degna  sufrir                   ^^M 

^^^H         Mais  qar  il  «i  cim  &  raU  " 

Qien£  '^  en  mon  cor  la  désir               ^H 

^^^^^          DeQaeg-Qam^ti 

E  sai  qe  far  mer^^  uoill  o  non                 ^H 

^^V           10  Nâ  seachai  qal  seu  manda- 

5  Qel    cor   ten    to    eors    en                 ^H 

^^^^ft 

[preson^*                ^H 

^^^^V        Sia  mon  aaber  ^^  Une  ni  lerix 

Et  al  ai  destre^  ^^  £t  eonqîa                ^H 

^^^^v         ÂDE  taiag   qe  Ûobhn  moa 

Qeno  me'f^uia                                    ^H 

^^^^^                                   [e  menz**. 

Cai  a  ^  ^  poder  qe  u  men  p  arti  b                 ^H 

^^^^^    IL  E   Bam  *'  per  lei  en  ^*  ma 

Âban^^^  aten                                      ^H 

^^^^K                                       [clianBoii 

10  Qanqer  la  uencba  '»  ^urren                ^H 

^H           X.  ij,  :  Vordine  délie  stanse  in  quHh  é  secondo  i  numeri  ai  qui:l:                 ^H 

^M      *»  U  :  '2,  m  ;  5,  IV  :  3,  V  :  4  —  t  Mos  cbantan?  -  «  pueic  ^  *  mi  d.  miels                 ^H 

^H        /^4iri  mais  no  Si  —  *  con  —  '  lemperaiHU  —  ^  pla^rram  —  »  mo  —                 ^H 

^H     '  Han  jins  tl  es  cime  ram  —  i*  moFt  ^uWi'^  ^  ^^  qes  doble  m.  engienï —                  ^^| 

^P     '*sanc—  la  e  —  HaLr  —  isAiasiloii  — 

i(^  E  la  diens  noqa  —  ^f  dits  ao                  ^H 

P           *ï*Hc  u.  nn  fo  —  "*  Perqe  —  ^*  caîUors 

—   *>   muer  donc  —   **   qes  ^                  ^^| 

1                 Qe  inï  —  «  qa  f.  mes  —  **  preiion  — 

ïi  destreg  —  »•  mes  —  *»  Qém                  ^H 

^.....-..c„....„..„                                          1 

B[__^ 

_   1 

^^^r              214           LE   CHâNSONNIEB   DE 

BERNA ftT  AMOROS 

^^^^^H               Qe  merca  ah  Itmg    lufrir  ^ 

Chaacun  cui  amar  plus  for- 

^^^^^B 

[mauM^K 

^^^^^V               Laî    u  *   DOD   ual   força  ni 

^^^H               lY.  Ë  âû  merca^  non  me  tê  prou 

[109  (c*  IB)] 

^^^^^                 Qe  faraî,  porai  men  partir 

FOLCHET  DE  MÂRSEILLA 

^^^^^^               Nô  eu  qe  <  prêt  aoi  a  *  mo- 

^^H 

{cf.  lll?*) 

^^^^^H                De  giiisa  qi  ^  mer  sobre  bon 

(B.  Or,  155,  8) 

^^^^^H            5  Qeû  penaan*  remîr  sa  fai- 

^^^^^H 

1 .  En  ehantan  ma  u  en  a  mem- 

^^^^^H                E  remirand  en'*  languia 

[brap 

^^^^H                QareUamdk'^ 

Zo  qea  cuid  chantaû  obli- 

^^^^H                Qe  nom  dara  ço  qm 

[dar 

^^^^^H 

Mas "  per  ço  cbant  qoblidea 

^^^^^H               Tau 

[la  dolor 

^^^^^H           lÔ  Hî  '■  pcv  ftiço  Qo  mateu 

Del  **  mal  damor 

^^^^^^H                ÂD£  dobl  aijes  mon  ^^  pensa- 

5  Mafl  '"  on  plus  cbant  mais** 

^^^^^H 

[me  aoue 

^^^^^H                Ë  mo rai  m  *^  meecl adamen z . 

Qa  J*  la   booba   nulla  »a   |^ 

^^^^^H           V.  Ni  ler  aiço^^  no  mabadon 

[nom  aue 

^^^^^^B                 Qar  eu  ai  aenipre  atidi  dir*^ 

Mas  swî  merce 

^^^^^H                Qe  mensogna  ne  pod  '^  du- 

Per  qes  uertaz  &  sembla  be 

^^^H 

Qinz  el  cor  port  dôna  uoatra 

^^^^^H                 Qe  non  mora  '*  qalqe  sas  on 

[faiçoû 

^^^^^H             5  Ë  poia  dre£  uenz  fak  occhai* 

10  Qem  castia  qeu  no  uir  ma 

^^^^^H                                                                           [9011 

[raçoD. 

^^^^^^f                 Anqer  aJBBi  plus  »  e  deuis 

U .   Ë  pos  amore  mi  uot  ondrar 

Com  eu  fui  "  fis 

Tant  qen  cor    uot  tne  faî 

Qar  Bi  fui  suiez  ^^  et  acita 

[portât 

De  bon  taleo 

P«r  merce  us  preg  qeus  gar- 

'                               10  De  lai  amar après**  conten 

[des  del  ardor 

Mon  fin  eo ragea  &  mon  ** 

Qeus  ai  paor 

[senz 

5  De  uos  moli  maior  que  de  me 

*  QtP  lône  *nfrir  e  mercea  —  *  on  - 

-  *  gicin»  —   *  il  men;o»  —  *  len 

non  qar  —  «  sui  del  —  '  qe  —  •  Qins  el  CMsr  —  *  faiason  —  *'  &  eu  ^ 

i  »  diu  —  li  qis  —  13  E  ies  —  ^*  mos  — 

i*  moir  assï  —  J'  Ma»  ies  per  tal 

—  lï  ai   be   aempres  autïi  —  **  menaoingha   nos  pot    —  **   tneira  — 

**  dreigï  u.  falï  ochaison  ^  =*'  Eucar 

cr  pvoal  —  '*  C»  li  sui  —  '*  CaiasiJ 

sui  liges —  **  Qûïi  leis  a.  an  près  —  *' 

Mos  ferma  coratge»  &    mo»  — 

**  Cuaqocs  cuja   u.  p.  forLineng. 

L.S.:   ^  E  -  «*  El  -  «•  Car  - 

30  miels  —  3*  Qe^  _  »  uiyUa        JE 

^^H           LE  CHÀNSONNÏÊB  DE  BERNAET  AMÛROS                               ^^| 

^^^m    Doûc  p08  ma  cors  danauoB 

Qel  intrel  cor  tât  qen  log            ^^^^| 

^^^^                                     [a  eo  m 

[du                        ^^^^1 

^H           Si  mais  Un  ue 

10  Deing  eacoltar  ma   ueraia            ^^^H 

^B          Pùb  ditjz  es  atifnr  letjs  coue 

^^^H 

^H           E  p^r  ço  fais  del  cors  so  qi 

V,  Qar  Billam  degnaz  escolUr             ^^^H 

H                                          [les  b<^ 

DOna  mercêi  denria  trobar            ^^^^| 

^M      10  El  eor  gardazsi  corn  uostra 

Fero  oba  mes  qoblides  la  ^            ^^^^Ê 

^H                                           [maîaûD, 

^^^1 

^H   IIL  Qel  garda  uob  &  ^  teu  tant 

Mas         laudor                               ^^^H 

^H                                                 [car 

5  Qeu  nai  dit  c^n  dirai  iase                 ^^^^H 

^H           Qil  en  fa  ^  nesci  semblar 

Pero  ben  sai   mos  laudars             ^^^^H 

^H           Qel  set]  i  met  lêgein  &  la 

n&  te            ^^^1 

^H                                                [ualor 

Cum  "  qem  mal  me                        ^^^^| 

^V           Siqenerror 

Qar  ^  lardors  me  '**  creis  em            ^^^^H 

^B         5  Laissai  cors  per  &tn  qeu  ^ 

^^^^H 

^H           Corn  mi  parla  matitas   uez 

El  focs  qil  mou  sai  qe  ^  ^  creis            ^^^^H 

^H                                      [aen  deue  ^ 

^^^^^ 

^B            Qeu  nO  aai  qe 

10  Eqomnoltoc^^morenpauc            ^^^^| 

^H            Qem   salud   boro.  qeu  non 

^^^H 

^B                                           [augre 

VI.  MoHr  pusc  be                                   ^^^H 

^H            6  ia  perço   nuls  hom  nom 

Naîmnn  pcr  mia  boca  ^^  fe                ^^^H 

^H                                          [oehaison 

Ni^*  sim  dûblaual  mali  dai-            ^^^H 

^B      l€  Sim  salnda  &  eu  niot  no  li 

[tal  faîçon             ^^^^| 

^m                                                [son. 

Qom  *^  doblal  poinz  del  (au-           ^^^^| 

^M  IV.  perol   cors   nous   deiis   ges 

[1er  par  raçon.             ^^^^| 

^^                                        [blasmar  ^ 

VIL  Gansons                                              ^^H 

^B            Del  cors  per  mal  qel  sapcha 

^^^1 

■                                                  [far 

^^^^1 

^H            Qar  tof  nad  la  al  plus  on d rat 

[110  (cM  9)]                        ^^M 

^H                                                 [seinor 

^^^^^1 

^B            E  toit  dallor 

FOLCHET  {c  f.  îS  t-^}                    ^^H 

^H         5  On  trobaiia  en  tan  &  nû  Te 

(B.  Gr.  155,                                  ^^H 

^H             Mais    dreis:    torna    uas    sô 

^^^^H 

^H                               [aegnor  anc  se 

l ,   Uns  uoler  oltracuidaz  *^                      ^^^H 

^1            Pero  n5  cre 

Ses  m  z  en  ^  "  m  0  n  eor  a  d  ars  ^*                   ^H 

^H             QêCi   deing  si   merces   non 

Pero  non  dis  *'>  mos  espars                   ^H 

^^^M                                      [mante 

Ja  pousc  '■  esser  accabaz  "            ^^^^Ê 

^^^^1  mis  _  1  Qel  eor»  —  ^  prei  en  i                                                                          ^^^^ 

qel  *-  ^  soâdeutî  —  ^  no  si  deu  clumar             ^^^^H 

^m      —  •  Si  —  t  E  —  «  Cora  —  *  Qe  —  î«  mî  —  ' *  qel  —  ^*  qi  nol  mou  —  ï'  Aïi-             ^^^B 

^H       min  qtf.ti  notïj  clain  de  re  —  t^  Neis  — 

1^  Con  —  1*  C,  du  â0.  Vas  monpoUiei'             ^^^H 

^H       twidçjjurl  me.*.. 

^^^H 

^M          l^  s,  :  t'  u^lcrs  oltracuidaLz  —  lb  «  _  i»  o^rs  ^  ^0  Tal  qe  nom  dlt£^             ^^^B 

^1      '*pow-i»acabaU 

1 

^^^^        215            LE  GHÂNSONNtEa  DE 

BERNA KT  ÂMOROS             *^| 

^^^^^H           5  Tant  aut  ses  es  peaz  ^ 

Qe  sol  dâîtât  me  sofraz  ^^    f 

^^^^^^1                Ni  ^  Qo  mautreîa  moa  mnq 

E  poi  ^*  serai  gêt  pagaz  ^* 

^^^^H                 Qeu     sis  deaperai  ^ 

Qem  laissez  >*  uoler 

^^^^^H                Ë  Boi  aissi  meriadaz 

1 0  Lo  gauç^^  queua  deairauer'*-  fl 
IV,   Ben  pareç  neacietaîi!"             ' 

^^^^^H               Qeut!  non  desper'^ 

^^^^^H           10  Ni  &uh  esperanç"  auer. 

E  trop  sobrardiz**  uoîers 

^^^^H         II.  Qânropn]eBoi<»haQtpoiazi« 

Qarsolamenl  uns  uedera'* 

^^^^^H                Ves  ^^  qeâ  petit  ^^  mos  poders 

Ma^"  decebut  tant  uiaz'* 

^^^^^H                 Per  qem  castia^^  teiïierB 

5  Qea  coîgdetatnenz"              fl 
Me  uencalcor  uns**  taleai" 

^^^^^^H                Qar  ^*  aital  ardlmenï 

^^^^^H            5  Fac^^  UQZ  a  mantaa^»  genz 

Taie  don  eu  soi  enamoraE  *^ 

^^^^^H                Mas  dun  conhort  soi  *^  iau- 

Mas  poB*5  mes  tant  *«  fort^ 

^^^^^H                                                     [aenz 

[doblai  «7  ■ 

^^^^^H                 Qlcd  mn  ^*  de  ues^^  autrelatz 

Qe  rnaitin  ^*  &  ser                 1 

^^^^^^B                  E  moalram  qumîlitats  ^^ 

10  Me  fai  dolçament  ^*  doler,     ™ 

^^^^^H                 La  tant  eti^^  poder 

V.   Maa  pero  chaotar  n5  plaz*^* 

^^^^^^            10  Qebeo  me  pol  escader  *^ 

Slmen  ua Ignés  estener^=^' 

^^^^^^          Il  h  Tant  si  es  mon  cor  fermât 

Anz  me  fora  *=*  nô  calei'a 

^^^^K                                       [{aP: 

Laisaar  déport  "  &  solaz       M 

^^^^^H                Qe    m  en  s  Oui  am  ^^    sembla 

b  Oi**  mais  pos  nea  mainz        ■ 

^^^^^H 

Léperariz  ^^  cni  iouenz          H 

^^^^^H                 Qe  ^^    ai  tal   maltraieb  mes 

A  poi  az  50  en  lançor  graz^i 

^^^^^H 

Esel**^  cors  noilH*  foa  for- 

^^^^^H                Pero  beii  *^  sai  qea  uert&z 

[cbaz<« 

^^^^^H            5  Qe  long  atur*^  uetiz 

Ilferaû^eaber 

^^^^^^H                 P^r   qaus*^  prsc  dOna  ua- 

10  Com  fol  se»"  sap  de  cha- 

^^^H 

tder,<*« 
7.  —  B  meitadsï  -  *  Qîeu  —  f  désos- 

^^^^r                 ïpomz— 'E      'Qieu—  'désespéra 

^^^H                 per —  "  espersnza  —  *  Car  moût  mi  ! 

sent —  ï*  poiati  —  *i  Vers —  '^petitï 

^^^1                —  *3  chastia  —  »*  Car  —  ï^  faU  —  »•  maintas  —   i'  conhorU  sut  —  *«  Qent 

^^^H                sail —  ^'  uas  —  1"  Em  mosira  cumilitatz—  *^  sm^  '^  bos  mon  pol  escha^ 

^^^1                tQF  —  *»  mo3  cors  fermatz  *   a*  tiieMoingnham  —  î"  &  —  s'  maltraig 

^^^H                le^^epi  ^  1'   <si  -   u  bas  alurs  —  S' 

qieus  —  ^  uaillenz  —  3*  sufratx  — 

^^^H                 ï>  pois  —  ^^  pa^atz  —  ^*  laïasetz  - 

a"  gaug—  ai  deïir  ueïer  —  *^  paret 

^^^H                 neacietaU  —  »*  aobrardîU  —  3«  Gant 

solamen  us  ueaerîi  — *»  Mac  —  *»  tan 

^^^H                 uiatz  —  ^*  condudamenz  —  '^  us  * 

-  **  qeu  sui  enamoraU  *-  **  pois  — 

^^^B                  ^«  tan  —  *'f  dnbLitiS    —  ^  mâUii  — 

**  doucamen  —  ^"  M»  ara  cbantars 

^^^H                  nom  plslï  —  *<  ell'reners  —  «^  Fera  laissât  —  «^  Men  fart  inis   -  "  Hoi  — 

^^^H                  *B  Lcmperairitîï  —  s^  Apobt^  —  *'  gratz —  ^s  sîl  —  *"non  —  *«  forsati  — 

^^^H                  M  Eu  faira  —  "^  toh  si  —  "^  cbaser 

—  L.  S.  ha  i  due  canzoncini  ùû}tiaii 

^^^1                  qui 

M 

^^^^^_^          YL    Ai  duuza  reâ  cciainanz 

Pos  nuh  autre  ioîs  n^  platî    H 

^^^^^B                  Uenza  uo»  bumilîlat^ 

Ni  dauire  noler                       H 

^^H           LE   CHANSONNIEft    DE 

HKRNAHT   AMOROS           SI  7               ^^^| 

^H    [111 

Qar  Bo  preç  sabia"  lauçador.              ^^^B 
IL  (0./'.  I2y^.)  Per  qa  no  par  qe             ^^^B 

^^B            FOLCHËT 

[podes  dtuenir^^             ^^^^B 

Son  prez  cor  tes  qer  tant^^             ^^^^| 

^^^r          (-=  B.  Gr.  155,6) 

^^^B 

Ir           1  *  Cantao  uolgra  moîi  franc  ' 

Qara  nô   dei   en   aer  aem-             ^^^^| 

^^m                                 [cors  deacobrlr 

^^^1 

^B            Lft*   o    tnagrobs  ^   que   fus 

Qar  qeu  chant  en  leu  de  bon             ^^^^^ 

^B                          [«aupaz  ^  mon  iiers 

^^^B 

^B           Mi4   per   dreit"    gang   me 

5  Qe   Bon  bel  ria  &  sa  bella             ^^^^| 

^B                           [fallit  *  mon  Bûbêts 

[aeniblanaa^^             ^^^^^ 

^B           Fer  qaî  paur  ^  qe  doî  puoac^ 

Me  pan  ses  oils  tan  garda             ^^^B 

^B                                              [aueair 

^^^^B 

^H        5  Quna  *   noael  bi  ôû  eai  ai 

Per  qeu    pogbes^^  retraira             ^^^B 

^B                               [ma  speransa^^ 

^^^^1 

^B            Vol  que  md  chant  ^*  p^r  lei 

E  >^  dô  6  on  prez  ^^  triar  b             ^^^^^ 

^B                                      [BÏa  adrers  ^^ 

^^^^B 

^B            Ëda'3  lei  plaz  qen  ^*  mnanz 

E  delà  aman  >«   lo  plus  Bn             ^^^^| 

^B                                      [sa  laudor^^ 

^^^^B 

^B            En  ^<  ûj5  chûtar  don  ai  gaug 

UP^  Car   anc  iioL   dis  tan   tdm            ^^^B 

^B                                              [&  paor 

[uaa  lui  faillir             ^^^^^| 

^^         5  Nfïn  ai  eDgeing  ni  poder. 

F^-  qïïl  iorn  el  ser                               ^^^^B 

L          ^  II,  Qe  taiî3E  suspir*  nai  ietaU 

Prec  gui$i>ii'an  mon  poder,                   ^^^^B 

^P     £*•£.  :  1 : 1,11  : 2,  III  :  5,  IV  r  3,V  :4  - 

-  1  mû  fenn  ^  ^  ^at—  ^  magropB  —             ^^^^| 

^■^  *»«ïibu^  —  »  dreg:  —  ,*  moa  fallitz  - 

-  ^  cal  paor  -^  *  poacba  —  ■  Qun              ^^^^H 

*^"  mesperaosa  —  *i  môs  chani—  i^ 

aders  —  '>  E  car  —  **  qieu  —  *^  uaior                     ^^| 

^    !•  E  ^  ^'  a03  pretz  uol  trop  satii  —  *«  qeu  pogues  deuestir  —  ^'  S.                      ^^| 

j          WirUs  prelz  qe  tan  —  '"  es  atr&  — 

i^  Com    n.    ditz  lier  qe  non  semble                       ^^1 

pUiers  —  *«  E  trob  aitan  en  llejs  de  ben  a  dir  —  ^^  Qe  aofracbos  men                      ^^| 

Ï*A  trop  dflondanM  —  '*   PepqiÊU  lueti  laij    qieu  n<in  dk  raos   espers  —                    ^^| 

^  Gon  ja  poguea^  '«î  lauzor  —  *i  Qe 

^  **  pretî  a  ^  '9  amanz^  3^  Qucsifi             ^^^^H 

''anin  non  det-ê  ei^ber  con^ttla  cosï 

{cest*à-dirf'  :  comme  elîe  a  été  tOrH^              ^^^^^H 

S^  dam  ç*\nm  mutato  Vordine  di  lu 

tte  per  numerî.  Fm^o  non  ci  ensenda             ^^^^B 

^_^     a/f»'o  rimedw  di  correggeiia   seconda  L.  À\  la  copiera  qui  attalo  :                 ^^^^B 

^H        Ane  re  non  àh  dan  noti  temple  s 

Don  nu  ni  iea  pro  soîornar  nî  la*             ^^^^B 

^P                                                   [faîllir 

^^^^B 

^B         Viulëi  tan  las  aturaUmoâ  uùlers 

Anst  de  sa  m  par  p^r   mî  donx  cui             ^^^^B 

^H         Mosdorénan  noTirnitouratemers 

^^^^^1 

^B          Oeti  sai  qel  fuecs  ^abrazn  per  cu- 

Tal  q&  Ttia  fag   ^an  be  e  grani            ^^^^^ 

^1 

[bonof             ^^^^B 

^B       ^  El  dieu»  damoE'  ma  nâfratde  tal 

Mas  ben  deu    hom  cambîar  bon             ^^^^B 

^B                                                       [iarua 

[per                          ^^^^B 

^^^ 

^^viM 

^^^^^       5?ïS            LE  CHANSONNIEII  DE 

GERNÂRT   AMOROS          ^^H 

^^^^^H                QuQ  B«s  en  lei  aturat  moa 

Qadea  mes  uis   qem  uulba 

^^^^^B 

[dar  aamor 

^^^^^1                Mas   der^aant  no   me    cal 

Qan  uoilb  ues  mi  ses  oils  plea 

^^^^^H 

[de  doua  or. 

^^^^^H                Qeu   aai    qel  focs  aabrasa 

V,   E  dotiç  dôna  qeu   mais   nô 

^^^^^H 

[puoac  flufrir 

^^^^^H           5  E   dieuB    damor    am  nafrut 

Lo   mal  qeu   trag   per    uoa 

^^^^^^H                                        [de 

[maitin  &  aéra 

^^^^^H                 Don    nô   ten   pro  «oioniar 

Mereea  naîaï  qel  mond  non 

^^^^^H 

[a^  aiiera^ 
Qisenea  uoa  me  podea  en- H 

^^^^^H               Qau  ai  lascad  perieis  cui  eu 

^^^^H 

[i-iqir 

^^^^^1                Taie  q6  ma  fait  gv&n  hm  & 

5  E  qant  uoa*  uei  souen   nai 

^^^^^H                                           [grand 

[tal*doplanfta 

^^^^^V                MaB  beu  dei  bom  câbiar  per 

Qab    uoa   me    faça   oblidar 

^^^H                                                         [œeillûr. 

[mon  *  calera 

^^^H              IV^  E  doses  pos  eu  non  ai  mais 

Mas  eu    qe  aeut  la  pena  & 

^^^^^^                                               [1o 

[la  dolor 

^^^^^^H                Non  ai   donc   pro  moût  es 

No  uoa  oblit^geaanz  i  teiogS 
[noitT  &  iorV 

^^^^^H                                 [gran  mon  podera 

^^^^^H                 Seuals  daitant  mena  douât 

Lea^  01  la   e1  cor  ai  qt   qoI» 

^^^^^H 

[uh-  ail l or. 

^^^^^H                Ë  donca  per  qem  uailh  de 

^^^^^H                                       [pLuaânardir 
^^^^^B         5  Qar  seî  beil  oill  &  as  gala 

^H 

[ti»(o*ai)]      ^^m 

^^^^^H                                                       sa 

FOLCHET           ^^M 

^^^^^H                 Don  paac  mot  oiU  tau  ma- 

^^^^B 

^^^^^H                                          [grada) 

(=   B.  Gr.  155,  7}             ^M 

^^^^^H               Man  dat  conort  tal  qe   meu 

I .  Cbantar  *°  mi  tora  ad  ^^  afanB 

^^^^^H 

Qant  mi  ^^  aouen  del  barai  ^*jl 

1 

^^^^^H             )  Pero  ren  ala  non  ai  mâs  lo 

Mapaia  mos  oils  tan  magra- 

^^^^v 

[dal  uezers 

^^^^V                       Non    ai   donc    pro   niout   es 

Mas  un  conort    nai  qem  mou 

^^^H                                            [gran^  mos  podera 

[de  follor 

^^^H                       Si  neis  daJLan  mi  donaua  lèvera 

Qadea  mas  uis  qemuoîlJa  dar 

^^^^^^^                 E  donc  p&r  qem  uoîl  de  plua 

[samor 

^^^^^^k 

Sol  uk  uaa  me  soi  ûUs  plenz 

^^^^^^B           5    Car  son  hùl  riâ  ab    sa  donza 

[de  douzor,  ^^ 

^^^^^^P 

■ 

^                   t  es  —  »  car  nnu^  _  4  ai  gran  —  *  Qû 

U09  mî  faitï  oblidar  non—  >  Nouafl 

^^^H                ublli  —  '  ivïnc  noig  —  *  Lr>ïs   -  ^  noH.                                                     ^M 

^^H                L.  S.  :  >«  Chanturs—  ii  az— l'Cant  me  —  i*  den  barrai                           ^M 

^^^         LE  CHANSONXTER  DE 

BEHNÂtlT  AMOHOS           219                ^^H 

^H          E  poU  *   damar  plus  qod  * 

Qi  '^  ueni  bom  '"^  plun  deU              ^^^H 

H                                                [cal 

^^^H 

^m          NoQ    dâi   corn  ^   ni   de   qe 

LIL  Ben  fora  som  prêtes  tan                   ^^^^B 

^^1                                            [cb&Ei 

Dieuâ  coDi  si  "  tii  ben  cQ  >*               ^^^H 

^m    5  Mai  %ex  ^  demanda   chan- 

^^H 

^H                                                  [bqq 

Mas   ço  pre?  bom  qi  ^^  nô               ^^^^B 

^H           E  Qoil  cal  de  la  raison  * 

^^H 

^H           Qa  a  très  si  "  mes  obs  la  faça 

K  son  pro  ten  bom  a  dan                  ^^^H 

^H           Dé  DUO  cum  los  moz  >  el 

5  Per  qeu  ^^  non  ans'^  nostre               ^^^H 

^m                                                 [aon 

^^H 

^H          Ë  poa  for«a£  fes  *  amor 

Dir"  cbantan  qe  ^^  nô  sap               ^^^H 

H     10  Cliftii  '^  pcr  depte  de  folor  *' 

^^H 

^H          Proer  eDon  '^  châtia  cabal- 

Al  segle  ni  cre  qil  pbcba  ^^              ^^^H 

■ 

Qiï  dircQ  si  son  ^*  mal  no                  ^^^^| 

^B          Si  aO  ta  auols  ni  bos. 

Mas  pero  ^^  la  deisbonor  ^*               ^^^H 

^m  n.  (c  /.  il  r»)  Amador  soi**  dtio 

10  Puo9  dir  sill  truc  ^^  entre  lor               ^^^H 

^K                                       [gemblau 

85  uencut  ni  bassat  ^^>  ioa                   ^^^H 

^H          El  rie  cube  datitretal  ■< 

Paois  tuicb  uenout  *^  uêçon              ^^^^B 

^H          Cadts  ab  dolor  corat 

^^^^B 

^H          Merman  lor  loîs  ^^  oq  mais 

IV«  Ben  nenz    hom  pois  nul  '*               ^^^^B 

^B                                               [nan 

[deman                ^^^^B 

^M      5  Qeetiîaûc^^dcfenestraaoni* 

Noi  fan  delà  uinta^^  mortal               ^^^H 

^K          Qe  mernia  som  ia  pon  1^ 

Mas^*  iinosfossam  leialP^               ^^^H 

^H          On  '^pks  preû  qex  ^'  so  qe 

Tornera  anU  ^1  ad    bon  or               ^^^H 

^H                                          [ehasa 

[gran              ^^H 

^B         Plus  a  de  segre  ochaison  ** 

5  QHs  *^  cortea  genz  de  dieua              ^^^H 

^H          Per  qt  a  ^^  tain  g  ce  1  pef  meil- 

^^H 

■ 

Qal  rica  trobos  son  perdo  ^^              ^^^H 

^B  ^O  Qe  rei  Di  emperador 

Qie  Tan  plus  frcuol  qe  gla-               ^^^H 

^B          Qî  3^  cel  mais  cubs  ^^  ueaz 

^^H 

^^^                                   {fimdos 

Qi  dab  atrenençal  somo  ^^                ^^^H 

^1     ^   paeis  —  a  nom—  »don  —  '  qecs- 

—  ^  chanso  —  «  raiso  —  ^  Qeiisa-               ^^^H 

^H  jnen  _  t  Denou  con  L  molz  —  '  pueia 

l^ornaU  se»-  i*  Chant  —  n  foUor               ^^^H 

^H   —  **  moiï  —  ^*  cabales  —  ^*  son  ^ 

i^  riïiB  cobes  datretal  ^  t*  Mermon                ^^^^B 

^P     Itir  ^ug  —  lî  iuec  ~  î"  Bo  -^  t«  po 

^  "*  Con  —  *i  qeca  —  **   ochaizo                ^^^^B 

H    -  ta  qieu—  **  Qç  ^  «^  aibs^  »•  Qe  ^ 

-  ^  uaniol  —  «se  —  *  con  —  »* qe                ^^^^B 

^1    *  «  qieu  ^  a*  d[c  —  ïi  En  —  3*  car 

—  ^s  crei  qoil  plassa  —  ^*  Qï  ro  b                ^^^^B 

^     dittii«  47  sinal-!  —  ai  de^btmor  — 

3^  Ptie^^c  d.  gels  turcs  —  "  uancutz                ^^^^B 

njbasaatï  —  *t  E  tolz  uencuU  —  *i 

>  OÏL  pueis  nuU  —  *>  Noil  fain  de                ^^^^B 

■           lauu»  •*  E  — Ai  fûiiHiim  loiat  --    **                                                                                ^^^ 

Tomeranjf  —  *^  Cu»  --  **  dieu  Tm                ^^^H 

^B    —  **  perdon  —  >A  glaza  —  ^i  Qe  dcstrecba  iur  semo                                            ^^^H 

^^^ 

.  .- J 

^^^^^          S?0           LE  CHANSOIWIF.R  DE 

BERNART  AMOROS          ^^B 

^^^^^^H                   Mas  côbntten  ^    ab    laiiçor 

VIIL  E  toç  'i  têpE  &  eu  ««  A  ao^l 

^^^^^^H             10  Nà   d€U3  '  prea  eu  son  U- 

E  Inna  "  per  lantr©  loio^^H 

^^^^H 

^^^Ê 

^^^^^^1                  Mai&i  *  qe  ia  confeaslos 

^^^H 

^^^^^^1                  Noill  *  plagTft  sa  qi    hq 

[113  (c*  22)]       ^W 

^^^^^H 

^^1 

^^^^^^1            V,  Donc  QQBtré  baron  qô  '  fan 

FOLCHET  DE  MARSEILLA  H 

^^^^^^B                 Nil  rei    englea  cui  deus 

^^1 

^^^H 

(o/.jii^)            H 

^^^^^^H                  Cuiçâ  ^  aner  fais;  <^  son  ior- 

(=Ë.Ûr.  i5&,tl)            H 

^^^^H 

^^ 

^^^^^^1                   MoU     lanra  l&ri  ^^  entan 

t.   Si  tôt  mi  soi  a  tard  apor- 

^^^^^H               5  SlL  a  faÎK      la  messio 

[ceubu£ 

^^^^^^H                   Kn  autrâ  fan  *Ma  preiio 

Aiai  cum  cel  qa  tôt  perd  ut 

^^^^^^H                  Qe  bmpôralres  perchaza  ^^ 

[&  iura 

^^^^^^1                   Cum  dem  cûbres  '^  aa  r^iço 

Qô  ûon  iog  mais^*  a  gran  bon 

^^^^^^1                   Qo  primera  cre  '^  qe  aocïor 

[aueotura 

^^^^^^B             10  Si  dens  li  reat  so  **  hoDor 

Me  3*  dei  tener  qar  me  ^^  soi 

^^^^^H                  Ees  taïQg  taat   ea 

[conogiii 

^^^^1 

5  Del   gmna   ê  ni  an  a   qamor« 

^^^^^^1                   Qe  tal  aial  ghiardoa 

[uas  me  façia 

^^^^^^H            VI .  *'  Al  reî  fraDCs  taure  fackal 

Qab  beU  gi^mblanz  ma  len- 

^^^^^^^H                  Tomar  com  qoI  tenga  ho 

[giid  en  fadîa 

^^^^^^^H                   Per  qeu  die  serai  socor 

Maia  de  dex  ana  a  lei  de 

^^^^^^H                  Qes  ops  qe  non  don  paor 

[mal  dentor" 

^^^^^^H               5  K  sar  noi  tiai  qes  Baiaoa 

Qadoa^*  promet  maa  re  non 

^^^^^^H                   Die  eau  ni  des  per  un  dos. 

[pagana. 

^^^^^^^           Vil*  Kaiman  molt  mi  lap  ^^  bo 

II.  Qab  bêla  aemblans  qe  fais 

^^^^H                          E  molt  en  prez^^  mal^  valor 

[amor  aduï 

^^^^^1                          Cab    6tu    baral     tnoii    nei- 

Sa  irai  uaa  lei  fola  amâz  e 

^^^^ 

[tatura 

^^^^1                        Ë  monos  *'  pvez  é  metaioi 

Qol  parpalUon"  qa  tan  folla 

^^^^B                         AÎS9Î  cum**  aanc  re*"^  a5  fus. 

[natur^J 

^^^^^^B             ^  Qes  eombaton  ^  ^  An  dieu  -^  * 

laor  —  '  Per  —  '  Noll  —  *  quf^l 

^^^^^^          non  —  7  Donca  nostrei  baros  —  *  dieus  —  »  Cuda  —  ^^  fait  —  ^'  Moul 

^^^V                _  Il  lait^  u  SI  lai  fai—  t^  E  altrû  fai 

—  I»  lemperair*  perchasaa  —  '  *  Cnn 

^^^^H                 dielis  aobre  -^  t?  I^  prns  e  cre  —  >< 

idioua  li  r(?n  sa  —  »•  E  ni   tan   e» 

^^^^B                 ii^n^  —  *'  Ric^    sera    tô    ^uiardos  - 

—  ■»  L.  5*  no  hà  qttesta  aianza  — 

^^^^^m                 ti  HitiunSQ  mont  nit  ïab  —  '^  moût 

en  près  —  **  en  harral  rao  iegnO|^H 

^^^^K                —  "  Es  moil/.    -  *■  cou  —  *'  res  — 

*•  lin  toti  —  «»  ieu  —  ^«  Em  ïm.  ^U 

^^^^^^H              L.5;3'Qe  m^U  n on  ioa<:  ^  ^'  Mn  ~ 

13  men  —  '*  deptor  —  â«  Gassali^i 

^^^^^^H           — stâQoi  parpailtOtt 

4 

LE  CHANSONNIER  DE  BERNART  AMOROS 


22i 


Qés*  fer  el  fgc  per  la.  clarUI 

[qm  liiz 

ï  Mas  éu  tûêa  part  &  segrai 

[aiîtra  uta 

Qom  *  mal  paga^  qee tiers 

[no  m  en  par  tria 

Ë   segrai   laib    de    tôt   bô 

[aeruidor  (aV:  aufridor) 

Qe   airais   fort  si  cum  fort 

(suiuelja, 

Noû   muderai*   ei   ben    soi 

[îraacuç 

1^1  faz  de  le  la  en  chantan* 

[ma  raneura 

Ki*  diga  ren  qe  aoi  semble 

[mesura 

lias   ben   sapclia^    qa    bûs 

[obB  soi  perduz 

Qaoc  sobre  fjre  Dom  uolg^ 

[meaar  un  dia 

Ade  mi  fe3E  far   mO    poder 

[tota  nia 

Et  aac   aempré  cauals    de 

[gran  ualor 

QinbaordatropaoeD  f^lnia^. 

Eei'  for  eu  trop'^  mas  so- 

[meii  reteogu£ 

Qar  qab  plus  fort  de  si  ae 

[des  mura** 

Fai  gran  foldazneia  a  gran** 

[auentura 

E  de  son  par  qeaser  en  pot 

[uencuç  ** 


5  E  de  ^*  plus  freoi**  de  si  ês 

[uiltania 

Rerqanc  Dom  plagnina  plaz 

[aobransnria 

Pero  ea  sen  deuoc  garda r 

[bon  or 

Qar  aeûz  au  nid  preç    trop 

[mena  ^*  qe  follia. 

V,  Araors   per  ço  mcn  soi  eu 

[ rec resaua  {al'i  re lea g u z ) 

Û6  nos  aernir  qe*^  mais  nô 

[araî^if  cura 

Qaiai  coin  mais   preç  bom 

[laida  peutura" 

De  long  no  fai  qaat  es  de 

[près  ueuguz  ^^ 

5  Preaau  eu  nos  mais  qaa  ^* 

[noua  coinossia 

E  sanc  ren  uoig  mais    nai 

[qer  oô  uoldria  ** 

Qaisi  mes  près  cum  **  at  fol 

[qeridor  ** 

Qe  dis  3^  qaurs  foa  tôt  qant 

[eP^tocaria, 

VL  Bel  ûaLmao  samors  uos  des- 

[tregoia 

Vos  nin  ^'  toç  têps  eu  non 

[  cou  seiil  aria 

(C  /-  24  t*)  Sol  membres^* 

[uos  qant  eu  naî  de 

[dolor 

C  qant  de  ioi^^  la  plus  nù 

[uon  caidria  ■^ 


*Qel  —  *Sui  —  JPdro  noa  aug —  '  cbanUEt—  *Qeiï  —  ^Am  lapclia  bs 
—  ■*  aolc  -^  •  Qil  liaurda  trop  souen  cuail  felonia  —  *  Fes  —  i*  qr  be  — 
*^  qii  plas  fort  de  si  tlesmesura—  is  e  nés  en  —  ^^  Qe  dun  seu  pot  be 
enfif  nencutï  —  '*&:  ab  —  *^freuol  —  '*  auniti  non  pretï  mais  ^  ''  cui 
^  '*  ai  ^ —  *'  Car  ii  con  Jiom  preza  laia  pencbura  —  *•  Cant  Ueis  loing 
îûikqecaiil  lies  pretx  uenguti  —  'ï  Presaua  u,  plus  cant  —  ^Ea^uos 
ttôk  meina  nai  queu  no  uoiria  —  ^'  con  —  **  qeredor  —  3i  tliti  ^  *<  zo 
qel  —  31  en  — *  **  Si  uos  membres  ^  *"  Ni  —  ai  be  ^  *^  mais  nous  en 


^^H                222          LE  CHANSONNIER   DE 

BERNART   AMOROS          ^^^ 

^^^L^        VIL   Ed  pluH  leial  sab*  loâ  oill  > 

EL  Maa  er^*  uei  ço  qanc"  nO 

^^^^H 

fcmgei**qefos 

^^^^^^H                 AW\  cum  fâz  *   ab  to   cor 

Qe  soi  tomaz  ^*  de  mt  me- 

^^^^^H 

[theis**  geloa 

^^^^^H                 Zo  qeu  fti  diç  ^  porla  auer 

Contra  mi  don**  qeu  no"  U 

^^^^^H 

[correïera" 

^^^^^^1                Qâu8  qier  conBeil  &  conBeîll 

Maa  tôt  conseil  qa  damor  ai 

^^^^^H 

[esHboB 

5  Nai  aaâaîatz  &   poia    re  »" 

[oomaoança 

^^^B                      [114  (g*  23)1 

Tôt  li  faraî  de  desamaf  sem- 

[Hança 

^^^H 

Ai   lais*^  qai   dit   iam    oui 

[deueu  cobrir» 

^^^^H 

E  donc  oïtnais  ^*  la  aab  ** 

[tôt  mon  albir. 

^^^^^^H              L  Ja  au  cuit'*  hom  qeu  chan- 

111.  Dôna   sperança  &  paur  ^^ 

^^^^^H                                 [ge^  rnaa  chansos^ 

[ai  de^«  QOB 

^^^^^H                  Poia  QÔ  caogia  >  moi  cor 

Ar^'  raen  couort  &  eratn  soi 

^^^^^^H                                          [Di 

[doptoa  •• 

^^^^^H                Qar  ^m  iaçis^^  damor  eu 

Peropaors'*  te  m  qe  mapode- 

^^^^^H                                         [men  lauçera 

[rera  (aV:  ço  apoderera 

^^^^^H                 Mas  qe  a  ^^  mentis  qô  '^  séria 

[qeilroapodera) 

^^^^^^H                                            [nuils  ^*  proa 

Maa  un  conort  ai  damor  a 

^^^^^^1              5  Qautreasim  ^^  ten  cum  »e  "^ 

[aa^s 

^^^^^H                                       [boI  eQ  bakûçha 

5  Qab    tal   poder  mi  moatra 

^^^^^H                 Défiesper&t  ^  ^  ab  alqu  e  a  des  - 

[sa  coatança*^ 

^^^^^V                                                iperaaça 

Qe  pluB  nû  pot  moatrar  de 

^^^V                      Fero  non  nol  ^*  del  tôt  laia- 

[m  aies  tança  *' 

^^^H                                                  [Barmoriri^ 

E  f ai  e  sf orç  qî  po  t  en  se»  o  f ri  r^* 

^^^H                        Pérço  qem  puoBca  plus  ao- 

Ire  (ul  :  Qinaire)  poder  de 

^^^H                                               [  uen  '  >> 

[cel  qi  nol  deltr^fl 

^^^H                   i  »ap  ~  *  oilb  ^  s  Aisa  con  fats  — 

.  *  dig  --  *  donna*                           ^ 

^^^H                    *  no»  cm^  —  ^  camje  —  "  chamoà  - 

-  *  camia  —  J»  cora  —  n  Cat  sieum 

^^^H                 ituufl  —  1  >  Ë  aieu  -^  ^^  nô  —  ^  ^  nuls  — 

»*  Qatresaim— ««conill  —  iî  Deses- 

^^^H                 peratz  —  ï«  uoiJ  —  '•  morir  —  a» suuan  - 

^  IL  ara  ^  "  qe  -  «^  eujm  - 1*  Q^M 
no  —  "  copleîera  —  •*  lolx  ccmseil^H 

^^^H                 aiu  tornatz  —  ^  meleia  —  ^  donz  *-  ^' 

^^^H                 cazamor  uon  —  ^^  assalat  a  ran  ^  ^^  laz  --  3*d%  ia  tif>men  puesc  eubrir 

^^^H                _  33  donca  hoimaia  —  ^*  aap  —  «  Donne  speranzo  paors—  a^per  —  »'  Cap 

^^^H                 _  3t  ©r   ao  suiduptofl  -^  3>  Perel  pûùt  —  *•  Per  qa  lo  cor  loi  mainla 

^^^^H                malananza  —  *^  Qeu   uei  taliir  mouiz  pei'  qieu  nai  dupianza  —  *^  Qu^n 

^^^H                 faUlIma»  dauLrui  laiiig  conn  ai  mir  —  *^ 

Fer  20  corn  gart  se  me  teis  de  faillir 

^^^              LE  CHANSONNIER  DE  BERNART  AM0R09           ^33            ^^| 

^H       IV.  MâBbettconoscqegranmeU- 

El  bruç  uenget  ^*  de  lai  on           ^^^^| 

^1                                            [lorftsoB* 

^^^^1 

^M            Eb  de  eort  fait  qanl  ^  hom 

VL  A  3»  na  ponça  cals  esforç  *3            ^^^H 

^H                                       [UBE  oblidoH 

[fass  per  nos            ^^^^| 

^H             Ja  mûifl  amors   a  *  tat  tort 

Qar  era  cb&n  en  ^*  ai  duIU            ^^^H 

^H                                   [tio  mènera  * 

[allegrsDça            ^^^^| 

^M            Si    ia    poguea  tomar   des- 

Qe  mo  rç  ^^  de  mon  s  ei  gnor  **            ^^^^H 

^M                                           [amoros 

[mi  desenança            ^^^^| 

^1         &  P#fo  Uufl  cors  toi  maiota 

Qar>7  nos  aabeç  qe  il  aabia            ^^^H 

^H                                        [beneaàça  > 

^^^^1 

^H             QeQ    ueg   faillir   mmç  per 

5,  Ciiideuiom"onrarQietiân-            ^^^^| 

^H                          (qeu  nai  dop tança  ^ 

^^H 

^M             Qel   faUimeii  dauLrm  tain  g 

Vil,  A  naiiïian^^    y  ai  cbanson  ^*             ^^^^| 

^H                                    ['P^  l'emir^ 

[&  enança            ^^^^| 

^H             Fâr  ço  qom  gard  se  meçei& 

E   an  toç  tËpa  &   di  loi-  **            ^^^^| 

■                                       [de  faillir  «, 

[aes  doptança  ^^             ^^^^| 

^1    Vi».  Doua   ben   uet  qe  nd   ud 

Qe  totz'^  ai  tala  aoî  corn  eis             ^^^^| 

^H                                    [ochaiBos  1^ 

^^^^1 

^V            Qanior  "  ii6  uol  qeu  tan  '^ 

E  Qo  mô  pot  niutç  faiç  ^^  en-             ^^^^| 

^V                                       [sia  gigûoa 

[fadeçir.             ^^H 

^H            Merce   aos  clam  '*   qe  nr* 

^^^1 

^B                              [cDen  lais  enqera 

^^^^^1 

^B          Tan  es  mot)  '*  cars  d^  uos- 

AHGUMENTO                          ^^H 

^H                              [tramor  coitos  '^ 

^^^H 

^V        5  Voillaç  '•  aius  plag  *^  complir 

Peire  uidals  si  fo  de  toloza  fila             ^^^^| 

^H                                 [la  deuinança^B 

diim  pellider  ^>  e  cbaata  mieli             ^^^^| 

^B           Coin  dis**  qeo  ai  dautramor 

corne ^*  del  mon.  e  fo  de) s  plus             ^^^^| 

^V                                     [benenança 

fois   homea  qe  mais    foseen.  ^ue\             ^^^^| 

^H           E  qeus  pogeâ  e^bertamen  ^° 

crezia  qud  tôt  fos  vera  aco  qe  a              ^^^^| 

^^^K^ 

lui  plazia,  ni  qt<al   nolia.  e  pks             ^^^^| 

^H      ^   granz  meUiurazos  —  '  Lort  fag  i 

[vant  ^  s  ab  —  «  meneira  ^  ^  ftah              ^^^^H 

^H  **1  poder  mi  doaet  sa  coindania  — 

*  Qe  pieitz  nom  pot  donar  de  ma-               ^^^^| 

^r  ^««lâiiia  —    '   E  fai  osforU   qi   sap 

ensems   gtiJTrir   ^  »  Ir  ab    poder              ^^^^H 

^^kel  qll   uol  delir  —  *L.  5.  yite^^a 

stanza  è  ht   3'   —    *o  ucbaijtoa  —                      ^^| 

^^   QaiDors  —    **  qe  ian  ^  *'  Per  merceui  prec  —  i*  Tant  es  ntos  —                ^^^^| 

**  cochos  —  ^»  VoilljatE—  »'  platz                                                                            ^^^^ 

—   <"  diuinança  ^  i>  ditx  —  '  qem               ^^^^H 

pôgne»  cubcrtamen         "  brtiigï   uenra  —  ^*  Al  ^    «3  cal  esfortï  —               ^^^^| 

Car  iam  conorl  ni  —  *■  Qeil  morlï 

^  ^^  seigDJer  —  ^^  Car  —  's  ^âbria               ^^^^H 

^^tiiir  —    "  deurîom  —    i'   e  car  ' 

Lenir  —  31   nazimanx  —  ^'  palais  —               ^^^^H 

^         *»  lot   ^  M  duplanïa  ^  a»  lot  -  ï 

>*  su!  com  ei  eis  ^  ^^  nuJs  faigï.                   ^^^^H 

_  ^^ianUê  du  second  texte   à  In  H. 

ri  du  ms,  au  l\  Whi  3'  peMcier  —              ^^^^| 

*^nw 

_3 

22i           LE  CHANSONNIER  DE 

ÔERNABT  AMOROS           ^^^B 

leu   li  auenia   trobar  qe  a  nuil 

Qem  dona  amors    dont  leu 

home   del  mon.    &  &qe\   qe    plus 

fnon  pueae  défendre 

ries  8oa  ïez.  e  mftiera  foUaB  ditz* 

Farai  chanzon  tal  qer  lieaa 

darmaa  ê  damor  e  de  mal  dir  dal- 

[per  apenre 

trui  ê  fo  uer*  cuna  caudiere  de 

D€  motz  eortea.  et  ab   aui- 

sain  gili U  tailla  la len g^u ^.perzQ 

(nen  chant 

qel  daaa    ad    entendre  qel  era 

&  E  f az  eifora.  car  nvd  cor  ni 

drutsa  de  sa  moiller'  e  nue  *  de 

[tôlant 

bauail  lo  fez  garir  e  medegar  e 

De  far  ehanzoït  cades  plaîng 

cant  fo  guérit?*  el  a  en  aaet  outra 

[e  sospire 

niar  de  lai  â  ameç    una   grega 

Car   non  vei  lei  a  don    mos 

qeil  fo  donada  per  muiller  en  thi- 

[cors  non  saire 

pn^.eilfo  dat  ad  entendre  qîl  era 

Car  tan  mes  loin  g  la  terrel 

newm  del'  emp^rador  de  conatan- 

[donz  paîfl 

tiaofjle  e  qe  per  lei  deuiaauer^ 

On  es  cella  vaa  cui  ieu  lui 

lemperi  per  razon.    dont  el    mes 

[acliuf 

tôt  qant   pot*   gazagniar  a   far 

10  Perçai  perdnt  loi  e  aolaU 

nauiU   qel    ereiia    auar   lemperi 

{e  rire. 

coDqiatar  ô  portaua   armaa  em- 

IL   A  leii  mautrei  ab  ain  *■  con 

^^^v               peri/ila  e  fazia  se  clamar  empe- 

[ses  enjan 

^^^H              raire  e  la  muiller  ^  empemiritz  e 

Car  tata  ani  aiens  aes  donar 

^^^H              ai  entendia  en    totas    la^   bonas 

[e  aea  vendr* 

^^^H               domnas  qel  ue^ia  e  totat  las  pre- 

E  voil  trop  mais  en  bon  ea^ 

^^^H              gana  damôr  e  totas  U  dim  d@  far 

[per  atandro 

^^^B              e   de  dir  tôt   zo  qel  ^°    uolgues. 

Leie  cui  toplei  don  ioia  mi 

^^^1               dont  el  crezîa  easer  drutz  de  totaa 

[vai  tarzan 

^^^H               e  qe  cascuna  moria  per  eLE  totaa 

5  Qe  dautrauer»  bel  fag  ni  bel 

^^^H               uetz  me  □  au  a  rica  des  triera  à  por- 

[aemblan 

^^^H               taua  rïcae  armaa.  e  caidera  ^^  e 

Qinz  e    mon    cor    ma    fag 

^^^H               campoilet  emperial.  e  delà  meil- 

[amors  eacttire  *^ 

^^^H              lers   eauallera  del  mon  erezia  ^^ 

Sa  gran  beutat  don  rea  non 

^^H              éstre  el  plua  amatz  de  dompnaa. 

jl[ea  a  dire 

^^^K^ 

E  son   gtn   cors   ben  fag  e 

^^^H 

[gen  asila 

^^^H                 EN  PËIRE  VIDÂLS 

Perqieu  li  aicu  hom  francs 

^^^H                               Or.  364,  33) 

[fîzels  e  ûz 

^^^^H            K  iff,  ÎÎS)  Per  miela  aufï-ir  lo 

10  E  per  iamor  a  las   autraa 

^^^^H                                    [malti-ag  e  lafan 

[aernire. 

^^^V                   1  4b  ^*  Hngua  —  «moUlk^r  — « 

[Hinc—  >çliiprî  —  fl  de  —  ^iiauer  — 

^^^H                 iipog^"  muUlii^  —1'  qe  —  *^  cadeirât  —  ^^  credia.                                        | 

^^^1                    l'i  L  :  un  ^i*  l:  aacriro 

^^^           LE  CHANSONNIER    DE 

BKHNALlT  AMOBOS           225              ^^H 

^Ê     IIL  Dieus  qan  veirai  \q  ïoru  mï 

V.  Al  proz  marqes  qa  pretz  6              ^^^H 

^m                                 [mei  yî  '  Ua 

[valor  gran             ^^^H 

^B            Qetlam  voiU&  del  ma!  gui^ 

Mante  e  aap  ge^t  donar  e            ^^^| 

^H                                 [ardon  rendre 

[des  pendre              ^^^H 

^Ê           Qieu   nûn  lais*  dir*  mieb 

E   «os    ries    pretz    fai    lo»              ^^^H 

^H                             [maiizaria  pendre 

[autres  diaceodre              ^^^H 

^m          Mon  coratgei  caot  leu  U  biù 

Vas  monferrai  chaDKoneta             ^^^H 

^B                                           [deQan 

man             ^^^H 

^B         5  Mu    asB&U   pot  conoiaser 

5  Qeil   sieu  rie  fait  son  delà             ^^^H 

^K                                 [mon  fiemblaa 

[autres  trian            ^^^| 

^H           QUI  ea  la   res  ê1  mon  qieu 

E  pel  meillor  lo  pot  hom             ^^^H 

^K                                    [pi as  dezire 

[bOQ                       ^^^1 

^m           Ë  per  samor  saffri  tan  grisu 

Qel  ea  la  fiors  de  totx  a  cui             ^^^H 

^K                                          [martire 

^^^H 

^K          Qe  la  dctlors  ma  ia  del  tôt 

Qe'  toU  bens  comen^amena            ^^^| 

^H                                          [çoDqîs 

^^H 

^K           El  dezirerâ   qe    maura  tost 

E  saïasi  foa  cou  îeu  voil  ni             ^^^H 

^"                                             [aueis 

^^^H 

lO^  EaD  grau  tort  maa  ieu  non 

IQ  Corona  dauf  11  vireî  ^  el  cap             ^^^| 

[lo  aaz  dire. 

^^^H 

IV.  E  si  merces  ab  leia  mi  val- 

^^^H 

^K                                       [gués  tan 

^^^1 

^K           Qelam  volguea  lu  âîeu  bel 

^^H 

^K                               [braz  es  tendre 

^B           Ja  del  tîrar  nô  feira  escoi- 

EN  PEIRE  DE  VIDALS                   ^^H 

^M                                           [aeDdre 

^^^H 

^H            De   tost    venir    bumilment 

(=  B,  Qf.  3G4,  36)                           ^^H 

^V                                           [merceian 

^^^H 

^H         &  Vas  Ueis  qi  ma  trastot  en 

L   ip-  IIS)  Si  col  paubres  qe            ^^^H 

^B                                      [son  coman 

[tai  al  rie  ostal            ^^^H 

^M            Qem  pot  douar  ioî  o  del  tôt 

Qe  nonquaa  plaing  ai  tôt  aa            ^^^^^ 

^m                                           (aucvre 

[gran  dolor            ^^^H 

^M            Qeu  non  ai  gea  poder  cail- 

Tan  tem  qe  torn  a  eaueg  al            ^^^H 

^H                                   [lors  me  vire 

^^M 

^B            Ë  fill  pbgues  qe  prea  de  %i 

No  maus  pt&igner   de  ma           ^^^H 

^B                                            [cnai^is 

[dolor  mortal            ^^^H 

^K             Bem    leDC    per   aieua    raaa 

5  Bem  deî  doler  can  selam  fai           ^^^H 

^B                         [miels  magra  coDqis 

^^^H 

H       'Û    E  feiram  ne  de  grant  ioia 

Qe  nulla  rem  tati  non  dezir            ^^^H 

^B                                          [iau^ire. 

^^^H 

H      *^-    ^:  fii^«  r  :  raus--  >/.  ;Ede— «/.:Tir.                                               ^^| 

■ 

^^M 

^^^^^^9S? 

^LBCHANSONrnER  DE  b"rNART  AM^^^^^^ 

^^^^^ , 

Car  si  val  ro  son  îaus  ck- 

Com    de   guerra    ïiono   po^ 

^^^^^M 

[mar  merce 

[bauer  bon  or 

^^^^H 

Tal  p»or  ai  cadea  senaeg 

Poa  el*  senz  grat  faiditz  de 

^^^^^H 

[de  me. 

[son  logal 

^^^H 

Ais«i  COQ  cel  qe  bad  al  veinai 

5  Ben  son  faidite  ai  de  samor 

^^^^^H 

Qeil  sembla  bel  cotitra  b 

[non  toil 

^^^^H 

[reaplandor 

Nom  en  partrai  anz  lam  mais 

^^^^^1 

Caût  ieu  lésgart  nai  al  cor 

[qe  non  sneil 

^^^^^H 

[tal  douzor 

Tenram  ia  vil  poa  ab  mal 

^^^^^1 

Qieu  mi  vbUt  per  leia  qe  tei 

[mi  rece^ 

^^^^H 

[aital 

Non  0  de  a  far  qe  per  aroor 

^^^^^H               5  Hem  bat  amara  ab  las  ver- 

[me  ve. 

^^^^H 

[gaa  qea  coil 

V.  Qaiaai  ma  tôt  ma  donae  son 

^^^^^H 

Car  una  vetz  en  aoa  roi  al 

[cabal 

^^^^H 

[cap  do  il 

Qe  aim  fai  mal  ia  ii5  naara 

^^^^^H 

Lémbîei  un  bail,  dou  eraa 

[peior 

^^^^^1 

[mi  aoue 

Qel  sieua  plazera.    ma  Lan 

^^^^H 

Aj  tan  mal  viu  qi  ïo  cama 

[doQza  aabor 

^^^^^H 

[aa  ve. 

Qe  gea  del  mieu  nom  remem- 

^^^H 

Si  maiut  dieus  pechat  sai  * 

[bra  nim  cal 

^^^^H 

[criraitial 

5  Non  el  *  nul  îoru  qe  aamora 

^^^^^^1 

Una*  bella  dona  car  miela 

[al  cor  non  broil 

^^^^H 

[nom  socor 

Per  cao^  tal  gang   can  la 

^^^^H 

QU  aap  qen  lieis  ai  mon  eo  ^ 

[veson  mei  oLU 

^^^^H 

[ô  mamor 

E  can  moa  cors  penza  de 

^^^^^H 

Si  qe  non  penz  de  nul  autre 

[son  grau  ben 

^^^^^H 

[ionial 

El  mon   non    vol    ni   deair 

^^^H 

Ûieui  perqemsona  tau  getit 

[autra  ren. 

^^^^^H 

[mm  acoil 

VI .  Jeu  dtc  b  ver  aifisi  com  dir 

^^^^H 

Foa  pra  nom  te  daisso  dont 

[lom  aoil 

^^^^H 

[plus  mi  dùil 

Qi  ben  comenza  e    poieaas 

^^^^^1 

E  ci^am  donc  aiasi  loignar 

[aen  recre 

^^^^^H 

[de  se 

Miela  11  foia  qe  non  comen- 

^^^^H 

An  aufrirai  ko  cai  suffert  anc 

[aea  re. 

^^^^^H 

[.e. 

^H 

^^^H 

Car  suffrira  tain  g  a  aeg nior 
[natural 

Lo  tûri  ea  dreg  e  la>  aen  a 
[ia  folor 

i 

^^^^i 

f7i:  rai  — ti.^Ma  —  M.:  el- 

*  c*  «I  :  ea  —  »(?.  en  :  rote  —  «L  :e9 

^^^^^ 

.  :  c'ai, 

k 

1 

LE  CHANSONNIER    DHÎ   BERNARr  AMOROS 


121 


117* 

EN  PEIRE  VIDALS 

(=  B,  Or.  10,  28) 

L    [p.  117)  Loa  douz  tempt 
[de  pascor 
Ab  aa  freacû  verdor 
Woa  aduiti  faeille  flop 
De  diuersas  colors 
S    Per  qe  t  u  i  1 1  ai  m  ad  ors 
Son  gui  e  cbaotadora 
^jis  eu  qi  plaing  e  plor 
Cuî  lots  Qûn  a  sabûr. 
'1-      A  totz  me  ekm  aegniars 
I>e  mi  do  HZ  e  damara 
^qil  dm'  traidors 
Car  mi  Ûz&  vendops* 
S     Hi  fan  viare  a  dolora 
Per  bes  e  per  honora 
Qai  fag  a  ta  genzor» 
fle  non  val  nim  aocof, 
Laa  e  niure'  qem  val 
Car  non  vei  a  lornal 
Mon  fui  *  ioî  nntural 
Ekia  al  feneatral 
^      BJanche  freach  autretal 
Com  par  neufi  a  nadal 
Bi  camdui  cominal 
Méflutassem  en|2^aK 
^' •      Kotj  uist  dmt  tan  1@îal 
Qe  pens^  qaia  ^  aal 
Qieu  port  amor  coral 
A  leis  de  mi  non  cal 
^    Enanz  die  qe  per  al 
Nom  a  ira  mortal 
E  ai  per  som  fai  mal 


tiL 


Pecliftt  fai  criminal. 
V,  Poa  foram*  amdui  enfatn 
Lai  amade  la  blan 
Eii^  vai  mamor  doblan 
A  chaBcun  jorn  del  an 
5  E  ai  vos  *  irai  enao 
Amora  e  bel  aernblsn 
Pos  er  veiUam  deman 
Qe  m  ai  a  bon  ta)  an, 
Vî.  Pêne  dolor  e  dan 
Nai  agute  lai  gran 
Mas  suffert  o  ai  tan 
No  mo  teae  ad  afan 
5  Aûç  bom  non  vi  aman 
Miela  amea  aea  enian 
Qieu  uom  vau  gea  cancan 
Si  con  la^i  dùtias  fan, 
VIL   Ben  for  oimaia  sazoa 
Bell  a  donna  e  pros 
Qem  foB  datz  guiardos 
Dan  iazer  a  reecos 
5  Car  non  suî  enojoa 
E  ia  per  als  non  foa 
Cu»  bea  val  dautre  doa 
Qant  per  Bora  *  ee  datz  doa. 
VllLQant  veivoa traa  fai zos 
El  gent  cors  amoroa 
Bem  merauil  de  voa 
Corn  ea  de  brau  reapoa 
5  Car  ben  ea  tracioa 
Cant  on  p^r  franea  e  boa 
E  poia  ea  orguilloa 
Lai  on  ea  poderoa* 
IX.  Bel  veser  ai  nom  foa 
Mondauantotz  '^  e  uoa 
leu  laiaaera  chanzea 
Pef  mal  dea  enoioa. 


^oye»  ni^ 6Î  ^  *  t.:  dni  ^  *L:  fizâua  en lor  —  ^  c,  «î :  uiura  —  * c, 
^  *     Uq  —  I  ^  :  menz  o  aia  ~  *  J.  :  fom  ^-^  '  L  :  Kis  —  •  r.  en:  noa  — 
*'   for»  —  **  Li  datian  tolz. 


m 

228 

LE  CHANSONNIER  DE  BERNART  ÂM0R03             ^^ 

Per  qieu  de  vous  gîree  mon 

1 

118 

[cor  aillor, 
ÎV,  Ja  nous  senon  laa  mei  oill 

EN  PEIRE  UI  DALS 

Deagardar  leia  nil  sien  sem- 

(  =;l  B  ÛT.  47,  8) 

[blan 
Neîa  si  dur  au  al  i  orna  un  an 

1, 

Plaa  ai  de  telan   qe  non 

Tant  mes  bel  tôt  can  dia  ni 

1 

[^aml 

[fei 

Com  pogues  hr  auzir  chan- 

5  Qe  de  nuil  maltrag  n&  soue 

[tan 

Qe  son  bel  cors  e  sa  freaca 

Com  teïi  amora  en  son  eoman 

[colof 

E  com  fai  de  me  so  qeil  plai 

Mal  naal  cor  en  gaug  et  en 

1 

5 

Qerara  sa^  chanur.  ai  tam 

[douzor. 

[ben 

V.   Lo  mal  traditi  don  eu  plua 

Ab  lo  laig  tempe   et  ab   la 

[mi  dueil 

[g l'an  freidor 

Es  car  adeanoil  son  denant 

1 

Con  degra  far  lai  el  temps 

Mas  adea  i  son  en   pensan 

[de  pascor. 

Qea  oils  del  cor  tein  adea  lai 

11, 

0,  1Î3)  Oq  plus  vauc  plai 
[am  e  plus  veill 
Ab  fiti  cor  e  de  bon  telan 
La  bella  që  compret  baian 
Era  iam  tan  qe  non  pueac 
[mais 

5  Mas  )o  denr  qieu  ai  ab  me 

Magra  be  mort  lonc  tempa 

[a  de  dolor 

Sil    doutz  baisrti's  non  foa 

[qemê  flocors. 

5 

E  non  sai  per  qe  roes  deneu  ^ 

Qe  ean  11  plat£  qem  fai  ben 

[ni  honor 

Et  ieu  Iam  maii  non  aai  con 

[aesdamor. 

lie 

EN  PEIRE  VI DALS          i 
(  =  B.  Or.  30,  6)          fl 

lU. 

E  cm  rai  fai  aemblaa  dor- 

[gueil 

Gea  lamon  nos  laissa   per 

[tan 

Anz  ea  vers  e  nom  torn  a 

[dan 

Ma  d6nft  qÛB  voua  "  pueac 

[oiusBai 

L  Aiaai  con  mes  cori  ea           ' 
Fpanca  e  iiE  vaa  ara  or 
Amail  ^  dtimilitat 
Ma  loia^  a  aa  paît  près 
5  Qe  maltrag  ni  dolor 

Non  plaing  tan  mea  conola- 
[cenz  ■ 

5 

Desamar  per  neguna  ren 
Ni  vol  esser  en  luec  àèper- 
[ador 

Qan  i  eonoac  amor 
Mais  beua  die  sen  clamor 
Bona  do  II  nu  valenss 

1  l 

.  :  fa  —  »  r,  Ç7Ï  :  m*eadetieii  —  *e 

.  en  :  nouâ.                                 ^^H 

.  en  :  A  maia  -  *  c.  en:  lois  - 

'  L  :  ooi&nz                               ^H 

^^^^V          LE  CHÂNSONNIEB  DE 

BEBNART  AMQEOS           ^?9               ^M 

^^^^        10  Tant  mî  vezetz  cocliatz 

Ni  eria  soi  peneat.                     ^^^B 

^^^^^            Si  merces  doq  socor 

V,   E  «ius  adui  merces                    ^^^H 

^^^V            TeiD  qe  naurea  peehât 

Qem  fasBatz  tan  damor              ^^^H 

^H           II.  E  f^i  lam  vengrua  bea 

A  leî  daim  ont*  aumat                ^^^H 

^^^w           Ni  gaugz  de  vo8tr  amor 

Ai  dou2e  franoha  res                  ^^^H 

^^^y           Tan  sin  a  ^  V  0  )  untat 

5  E  ai  dig  gran  folor                    ^^^H 

^                 NtïD  crei  raei  com  aguep 

Car  me  près  ardïmeuz               ^^^^B 

^^^^         5  Vat  dompDa  ni  segnior 

Qeua  qezes  tan  donor                ^^^^B 

^^^M          Cab  bels  d]t2  aujoanï 

Maa  aa  6n  amador                    ^^^H 

^^^H            Enanz  voatra  buzor 

Dm  venir  chaydmena                ^^^H 

^^^^P           &  am  tant  de  dou^or 

lÛ  ûenc^  ioi  e  donrat                      ^^^H 

^^^^            Lo  vostre  DQsntemeïitï  * 

Eu  son  el  gra  dauzor                ^^^H 

^^^^       iû  E  bel  parlar  per  grat 

E  fliam  perdonat.                        ^^^^B 

^^^H            Labacham  na  sabor 

Vl ,  Oen  conquis  la  lau^or                 ^^^H 

^^^"             Qaut  ai  daatras  parlar^. 

El  boB  enaegnamen^                   ^^^B 

^^       -K  IL  Domna  ab  car  eortes 

Qe  dieuB  vos  a  douât                 ^^^H 

^H                  Flore  de  toi  c  dam  or 

En  un  10 m  de  paaeor                  ^^^^| 

^B                  Ë  mirails  de  beuut 

5  No  aeriao  contât.                         ^^^H 

^H                  Frea  ni  ries  nom  tenguea 

^^^1 

^H               5  Contra  vostra  valor 

^^^H 

^H                  Man  proshom  conoia^enz 

^^M 

^^^^           Qim*  fai   (p.  11$)   hen   ni 

^^^^^                                            pionor 

EN  PEIRE  YIDALS               ^^H 

^^^B           Et  en  lu  ee  dencor 

(=  6.  Ûr.  364,16)                     ^^H 

^^^^           Soi  nos  »  obedieoz 

^^^H 

IQ  De  tan  finamistat 

Cades  en  truep  raeîllor 

Per  tra  *  e  per  dolor                   ^^^^B 

Mon  fin  cor  esmerat. 

Del  pro  comte  mon  aegnior              ^^| 

'^  ^1  Amora  qelfin  cor  uena 

E  poa  vei  cal  bon  rei  platz                ^^U 

Sil  non  ea  vers  clamora 

5  Voil  faire  una  chanzon                ^^^^B 

Merce  û  pietaË 

Qen  porte  tù  aragon                   ^^^^B 

A  lei  corne  conqes 

An  naacol  '  ronieua                       ^^^^B 

5  Oui  ion  oba  vaJedor 

Sel  sona    H    par   booB    ni              ^^M 

Te  clam  ge  la  turmen^ 

[brena,              ^^M 

1                          QÊtn  faasat^  t^nt  donor 

1  i ,   Qai  tal  domn&m  fui  '  i  tornatï              ^^Ê 

Cab  leivaa  eu  î  ad  or 

Qe  mude  ^^  loi  e  damor                    ^^B 

Met  alcunt  cKaazimeuz 

E  de  pretz  é  âe  valor                  ^^^^B 

in  gel  cor  i  ai  pauzal 

On  satina  aisi  beutalz                 ^^^^B 

Si  qe  nol  vlr  ail) or 

5  Com  laura  en  iafden  charbon             ^^M 

^  €.  ''u  :  iina  —  ^  c,  en  :  mintinenlï 

—  W.  :  parlai  —  M.:  Qïm  —  ■  c.         ^^^B 

*»  :  Doa  —  *  e.  en  :  dalmont^  '  c.  f« 

:  De  rie.                                                  ^^^^^1 

■  C4  tfîi  :  ira  —  *  e,  en:  nasool  —  l' c 

>  en  :  aul  ^  ^^  L  :  tda  de                     ^^^^B 

^ 

^^^^        2%Q           LE  CHANSONNIER  DE  BEENART  AMOROS           ^^| 

^^^^^^               E  ^  moa  preefi  li  aap  bon 

Et  am  dat  maia  de  ncor        H 

^^^^^B               Bem    part   qel    segles    es 

Qe  se  foa  rei  de  valerria  *.    B 

^^^^^F 

IIL   I^  lausEet  el  rosainol              B 

^^^V                      E  qeU  cm  tenon  mos  BeuB. 

Am  mais  de  nuilk  autre  au- 

^^^H                m.    Qeu  Boi  rîcs e  coronatz 

[Ml 

^^^■^                 Sobre  iotz  enperador 

Cano*  pel  gang  del    temps 

^^^^^L               Car  de  filha  de  eomtor 

[ttouel 

^^^^^^1                Me  flui  tant  eoamoratz 

Mûuon  tng  primeitaD  ■  lor 

^^^^^^1          5     Qe  mais  &i   don  pauc  cor- 

[chan 

^^^^^B 

5  E  tôt  par  aital  semblan        ^ 
Co  fan  1  autre  trobador           ■ 
Mo»    ieu    mon    cban     per 

^^^^^H                Qê  na  raembaudam  >  don 

^^^^H                Qel    reis    richarU   at>    pei- 

^^^^H_ 

[amor 

^^^^^^^B          Et  ab  tors  et  ab  angieuB. 

De  ma  dona  na  uierna.        J 

IV .  Aragones  fan  grau  dol         H 

Catalaa  e  cel  duaael              B 

^^^^^ 

Qé  non  trobon  qila  capdel 

Maa  un  ^  Hegnior  fat  e  gran 

^^^H               EN  PEIRE  VIDALS 

5  Tal  qea  vana  en  cban  tan        M 

^^^^             f=  B.  Gr.  304,  25  et  80,  Ï8) 

E  vol  maia  dînera  qonor       B 

E  pendec  son  ancessor         ■ 

^^^1              I,  {p.  1$0}  Aram  va  mieU  qe  no 

Don  Ëi  deatruis  e  serafema. 

^H                                                           [aol 

V.  Pos  lo  coma  ricbartz  mais 

^^H                      Cant  lau  remlr  moa  anel 

[vol| 

^^^^^_                  No  vei  ciutatni  caatel 

Beiruies  "  aai  près  bordel      B 

^^^^^B                 Tug  non  fasson  mon  coman 

Qe  conbat  ni  mlrabel              B 

^^^^^^Ê             5  E  U  rei  e  lamjran 

Ni  Chartres  ni  asiin  ioan         B 

^^^^^H                Me  tenon  hig  per  segnior 

5  Grieiï  cobrera  botennn          H 

^^^^^H                 Pel  gaug  e  per  la  douzor 

Ni  fcira  a  son  aegnior           B 

^^^^^V                 Qero  ven  danaa  nauierna. 

Bi  atas  *  nioiUar  per  paor      ■ 

^^^V                11.   Qeu  Hflt  nn  auator  tertol 

Per  qieu   creie  merlia  les- 

^^^^^H                  Mudat  cane  non  prez  auzel 

[qema. 

^^^^^H                Coiadet  e  gai  e  ianel 

VI.  Qtiil  aguza  e!  esmol 

^^^^^M                Abeui  ieu  mapel  tristao 

EL  trencha  corne  eoma  eol- 

^^^^^V             5  E  tôt  per  aîtal  iemblaa 

[tel 

^^^V                       Ma  prea  a  entendedor^ 

Lo  aegnior  qe  ten  bordel      B 

^^^P                 U.  E  car  »  ^  c.  é?i  :  ia  embaudam. 

1 

^^^H                  Vôffez  /p  tej^te  imprima  par  M.  €.  Cha&aneati  dam  la  Revue  d.  Lr  HT. 

^^H               s.,  t.  XII  p.  23tî  ^s.  (/rtfif  couplets  1  et  3  appartimnmt  à  Peire  Vidal,  les 

^^^B               autres  à  Beftran  de  Bùrn) —  ^  Vhab. 

:  emendedor  ^   *  Chah.  :  Palerna 

^^^B              —  s  Cl^f^'  '  Car  —  ^  c.  en  :  pz-iiDeii-ani 

Cfuiù.:  priaioir(atj}—  f  Chah.  :  aa    ■ 

^^^1              —  <  c.  en:  Btirmùi  —  »  c,  en:  Braiai 

à 

■ 

^HHi 

HPIR^H 

p 

LE  GHâNSONNIKE  DE  BEBNART  AM0E05            211            ^^^ 

H 

Mas  trop  aon  espea  denan 

5  Per  bona  fe  qe  de  re  noU  aa           ^^^^^ 

^H         5  E  mol  dauas  Lo  trenehan 

^^^^^ 

^1 

Ë  plus  le  i&u  dtin  prior 

Ga&a;  e  aadâa  moa  plus  co-           ^^^^^ 

^H 

Mériïd  a  lea  molêdor 

[choH  affara           ^^^^| 

^V 

Ben  viurai  a  viterna*. 

Seniîr  a  leia  os  mas  cors  aea           ^^^^| 

■  nr. 

Poa  la  reiaa  damor 

^^H 

^ft 

Ma  (ir«s  a  eDtendedor 

IIL  So  ea  aqil  pros  domn  ab  lo           ^^^^| 

R. 

BeQ  pose  f&r  V  G  el  tema. 

^^^^^ 

■      Vlll 

Trifitan  per  la  vostra  amor 

Cuî  eu  mi  don  al  meil  qel  a           ^^^H 

Mî  veiram  tarneiador 

^^^^^ 

A  peitau  qi  qes  nôsqema. 

E  ai  tal  puesc  semir  a  eon           ^^^^| 
Ben  son  guérite  et  enders  e           ^^^H 

P         122 

^^H 

KN  PEIRE  UIDALS 

5  Qeil  genzera  ea  é%l  mon  aea           ^^^^| 
[totz  gabars            ^^^^| 

(=  B.  Qr.  135,  5) 

E  ea  aaubut  e  proat  et  es-           ^^^^| 

^Vl 

(p.   121)     Lo    roBsigTiols 

Et  en  maintz  lueca  b  aieua           ^^^^^ 

[chanta  tan  douzamen 

[boa  prêts  ^.            ^^^^Ê 

Qe  neguns  chaos  dauzel  al 

IV,  De  la  beautat  qea  en  lieta           ^^^^^ 

[seu  DOB  prezi 

^^^^H 

Ë  qant  teu  aug  da  lui  matin 

An  non    pro    dautraa    proa            ^^^^| 

[c  aer 

[donae  een           ^^^^| 

Chaa^  e  retiûtz.  dou:ïas  voua 

Qaat  albrar  ^  ceunom  *  ao&           ^^^^| 

[è  refraitz 

^^^^H 

^H       ^^  Adancoblit  totz  mo'ï  ùutree 

Tra  qe  leia  via  qe  dautra  ea            ^^^^H 

[pessars 

[mai  traits            ^^^^H 

B  peû2  damer  car  col  peuB 

5  Car  gee  en  tan  nô  ea  la  aoa            ^^^^H 

[mes  plus  cara 

^^H 

Ë  metabra  me  da  maioU  bes 

Qan  eobre  cela  da  ^  tarra  ni           ^^^^| 

[qa  ma  fattz. 

[clau                    ^^^^H 

[         ^l. 

.  Loa  guiardos  e  la&  inerces 

Ni  nul  a  boa  pretz  a5  les  en           ^^^^| 

[lao  tan  > 

[re  aofraitz*           ^^^^H 

Ëm  teiic  p«r  aieu  ea  tôt  bon 

V.   Perqieu   son   Uaua^   en  far            ^^^^H 

[coumeti 

[ton  mandamen            ^^^^H 

Ë  ïâ  n5  voîl  isaÎF  dal  aieu 

Cautra  noia  de  m  an  ni  tene-            ^^^^H 

[voler 

^^^^H 

Car  maut  men  lau  per  qieu 

Ni  part  ni  dreg  ni  reapeig  ni            ^^^^H 

[mi  soEL  &ffraît^ 

^^^^H 

1          ' 

^hnh.  :  i3Î[d  e]t«FQa.  —  ^  c^  en:  ren  ^  ^  2.  ;  pretz  ratraitz  —  '  l.  ;  Qcat-             ^^^^H 

^H      «Ibitp  —  *  c,  en  :  deariom  —  *  c*  en: 

ta  ^  ^  c.en:  sieus                                      ^^^^H 

23£           LE  CHANSONNIER  DE  BERNART  AMOROS          ^^ 

So  sab  il  ben  qieu  èoh  a  totz 

Qel  es  mage  aasaiz              f 

[traçai  tfi 

QmgE  cant  ea  car  comprata! 

5  Soa  fina  afûica  v&rt  et  hu- 

10  Caicel  don  ee  viutati. 

[mans  e  dara 

IL   Ënqier  aui  plus  imtz             S 

Feracs  *  e  aegura,  e  d5  èe  re 

Deî  cordon  cai  perdnti        M 

[ftuara 

Qe  daiaso  qe  mauenc     ^^Ê 

Em  ion  pêr  leis  dautra  «mar 

E  pero  gea  nom  fenc     ^^H 

[entrait. 

5  Ans  aui  pins  vert&dîer  ^^H 

VI.  E  poa  il  «ap  caissî  tna  bob 

Qe  DO  magra  mestîer           H 

[conten 

Qenqer  par  ala  costatz        M 

Ben  dei  trobarmerce  e  chau- 

Con  ien  bqI  *  lai  g  menatz       1 

{zimËn 

E  puis  raea  tôt  deintatz         1 

Ab  leis  oc  be  les  ne  men 

10  Pois  cama  donaplatz,        1 

[de*e&per 

IIL   Don  pueifl  mo  castrats*       ■ 

CAbgentBerulrai  uistmaiDtz 

Amutz  *  ni  rauba  drutz         " 

[  aturs  fraitz 

Noil  penz  iieu  len  reprenc 

5  For  qe  de  lei»  nom  taitig 

Car  qï  fa  qi  bUstenc            M 

[assegurars 

5  Auzit  de  repropcher            fl 

De  nuUa  re  ai  fai  qe  deape- 

E  car  per  pauc  damor         ■ 

^^^^^m                                                      [rare 

Fni  en  a  a  cort  raubati         ■ 

^^^^^B                  Ea  falia  fea  e  plus  doblea 

Le  blainea  lieia  ressatz        ^ 

^^^H 

E  fora  plufl  bonratz 

^^^^H          VIL  Sapchatz  mlrailt  car   ai  ea 

10  Sel  fosdel  re  venjatz. 

^^^^^H 

IV.  Cel  nés  plus  emanat^fi 

^^^^^B                   En  leiB  qe  tatz  née  failli tz 

Qil  es  damor  téngutz 

^^^^^1                                           [moe  agaitz. 

Qel  eegnïer  de  be  renc 

^^^^M 

S  ai  ben  cô  les  denene 

^^^M 

5  B  pueis  b  pog  nautier 

Car  fîo  errai  et  premier 

^^^M                  EN  PEIRE  UIDAL 

Fon  per  el  deirocatz 

^^^^^^^^^^^^^^^^^^B                                                                     -a-^       j^           ji  d^  «          é  1^  t. 

E  ia  totz  temps  gaidatz 

^^^^^^1                         (rr  B.  Or.  Wl,  45) 

Sos  bos  amîcfi  priuatz 

^^^^^1         1.  (p.  î$^}.  Son  ben  apoderatz 

10  Si  cou  lescaranaitz. 

^^^^^H                  Per  amor  e  uencul^ 

V .   Per  KO  nés  sos  comtatz 

^^^^^Ê                   Car  Bitalvia  tenc 

Enreebitz  e  cregutz 

^^^^H                    Qe  lai  on  teu  plus  prenc 

Mas  meins  val  duna  rené 

^^^^H                5  Dan  cra'  ni  demcotnbrier 

Zù  qe  per  fora  a  renc  • 

^^^^^B                     Torni  plus  volontier 

5  Qel  près  mooge  claustier 

^^^^^H                  Perqîeu  aai  qea  vertatz 

A  cni  tok  lo  mouetier 

^^^^^K              1  /.  :  Fcnns*  —  ^  c.  eni  cla  — *  *  c. 

efi:  fni-'  •  l\  en:  castiau  —  *  c.  «t; 

^^^^H           ÂunitK  ~  <  c.   mi  tanc 

LE  CHANSONNIER  DE  BKimART  AMOROS  23^ 


Pero  si  na  rauhftU 
Sumleits  e  momatz 
Mat  tnpol  so  aapchatz 
10  So'  gen  del  coiiqiatatz* 
Vï ,    El  portai  els  foHBatx 
De  ton  *  chau  foûduU 
E  pwm  OAU  ^  mea  souenc 
Qe  de  plus  no  m  es  ton  c 
5  Qe  za  ne  for  ciiaiier  * 
Ënêmic  e  gerrier 
Si  qe  moa  gazaignhat£ 
Ten  opida  em  patss 
E  si  ea  perdonaU 
1 0  Si  na  tort  lo  pechatz. 
I  ^Jl  *    Domna  nostras  ^  beau  ta  tz 
El  Rnz  preU  mentraubutz 
Mi  fai  eemblar  aabenc 
Tôt  autre  ioi  cane  venc 
5  De  voa  un  alegrier 
Meetauc  a  cor  entier 
Don  nai  mager  aolatz 
Ai  don  h  u  mi  11  ta  U 
E  pret2  e  pietatz 
E  O  Voa  met  entre  moa  brata. 


YIj 


l  (jî,  JJSJ),  Naraeina  * 


l 


pOfl   ' 
[vila£ 


Mal  enseignât^ 
Es  qi  voa  abignatz 
De  Doatraa  amietabs. 
Perqe  mos  chastiat^ 
Ses  proma  cermatz* 
Sil  fai  mas  ea  péchais 
PoB  totznoi  estabatz^. 


124 

EN  PEIRE  UIDALS 

(=  B.  Or.  âS4,  3) 

I ,   Amors  prop  »ui  de  la  bera 
Car  mes  tant  de  m  al  a  guisa 
Qen  cuiei  magnes  conqi^a 
La  gencer  e  la  plua  gai  a 
5  D amors  niaa    noil  qal  qeu 
(laia 
Per  qeu  morai  dâaesperatz 
Amore  et  en  '"  tort»  e  pe- 
[châtz 
Si  daqeet  voatre  ben  voillen 
Non  auea  qalqe  ohauzimeo. 
U<  Ja  sieu  saubes  non  antera 
Qe  meu  prezes  daital  guîza 
Qera  ma  voî notât  priza 
Cil  qes  orgoilloaa  et  gaia 
5  Vas  mi  e  per  mal  qen  traia 
Nom  qal  qan  ma  mes  en  tal 
[latz 
Qe  chanz  ni  déports  ni  ao- 
[latz 
Dautra  nom  doua  eabaudi- 
[ment 
Ne  de  leia  nul  loi  non  aten, 
1 II ,    Per  qiea  a   mon  grat    nea- 
[tera 
Fe  qena  dei  «nz  de  ma  guiza 
Qêcar  non  lagi'a  enqisa 
Ë  pero  non  es  tan  gain 
5  Qeu  de  lei  ma)  non  retraia 
E  dirai  enuoig^  e  viutatz 
Si  tôt  aea  menaonge  foudatz 
Car  cors  qes  pieu  daztramen 
Fal  ben  faillir  boca  aoneo* 


*  c.  en:  Fo  —  *e.  ffn  :  fon—  »  f*<?n:  can  —  '  c.  cti  :  cbacier  —  ■  U 
'fatras  —  •  t\  en  :  Natiierna  ~  t  c.  en  t  poitz  —  •  é.  en:  cremaU  — 
*  ^-  m:  eataratz.  —  i»  /.  :  or 


?34  LE  CHANSONNIER  DE 

IV.  Tost  temps  bÎto  lègues  bîas- 

[tnem 

Leis  qu««  taa  da  boon  gmza 

Matnta  raj^o  nài  aasi^a 

Em  blasmar  la  domna  gala 

5  Per  qes  ben  àreitz  qem  ne»- 

[traia 

Boa  partirai  de  samor  for- 

[«atz 

i 1 

Si  val  partraî  tnen  booafnea 

Et.  irai  mon  mie  1b  enqereii* 

V.  {p.  124)  Qi    ifl   vi   bra  qil 

[mera 
PUzens  e  de  bel! a  guiza 
E  sa  bocha  geot  apriza 
Em  parlar  paraula  gala 
5  Mais  bon  pretz  fînz  e  veraîa 
Sos  CQVB  adreit^  a  gentfor- 

(maU 

DasegDamenz    e    de  beau- 

[tatz 

GiQC  aoc  hom  non    vi  tan 

[valen 
Ni  ab  tan  bel  eba^Ktaneman. 
VI ,  Maa  ar  mes  aaqiua  e  fera 
Torsada  de  m  al  a  guîza 
Si  qe  la[s]peraûza  briïa 
Don  fon  ma  voIuntaU  gaîa 
5  Po8  UQxm  plas  bes  mi^n  as- 

[chaîa 
Paigz  trai  da  mort  Ud  vif 

[iratz 
Ar  eanosc  a  aai  qea  vertaU 
Qe  diabk  aon  seu  paren 
Qal  aieuâ  doEia  peior  Itirmen. 


BERNART  AMOROS 

[125.  (C  80)] 
Pg|REUIDAL{c/^.«Or* 

(=B,  Gr.364,  48) 

1.  Tant  mi  plai 

J  oia  &  solaz 

D  hom  es  bondras 

Per  qieu  faz 
5  Tal  chanson  uiaz 

Bon  rai»  qe  uoill  qapran 

E  aim  domâda^  ^ 

Tan  souen  p«r  qe  cbâtax 

Par  far  enug'  aU  malua 
tO  E  gauz  a  nos  enudiaz  ' . 
IL  Ban  sapcliaz 

Seu  foa  amaz 

Qe  *  auskaz 

Esmaraz 
5  Chaoteratz  *  pr«ia» 

Qar  on   plus   son*  mali 


[\ 

Fait  meranelUaï 
Motz  ab  nn  aonat  daura 
Qatni  nc>  ^  ual  amistaz 
10  Ni  n^  chuit  mas   de 
[chat 
lit.  Plu*  hondraz' 
Fora  choni  na^  "* 
Sil  bais  amblaç  ** 
Mi  fos  duz 
5  0  '*  aol  auLreiaa 

E  no  uoilh  qen  qe  iraz  ^^ 
On  ea  tok  m  os  graz 
Qe  ben  leu  mal  me  farai 
Qar  Bouen  fai  cobeîtaz 
10  Fallir  los^^  plus  enseohj 
IV,  ^ s  Cors  dolgaz  »«  i 


L,  S.  i^  demandai  —  •  Car  es  enaegi  —  *  nos  enueialï  ^  '  Qaos 
•  Gbantarebe  —  *  soi  —  ^  1^1  no  mt'in  —  *  perchatz  —  *  Meila  paiati 
10  corn  nat»—  i  embiaU:  _  n  ^  _  n  qe  menqeiralz  —  <*  als  —  <*  I^ 
h(t  quff»ta    ffftnzfi   ■^—**  déliai 


^^^^^       LE  CHANSONNIER  DE  BERNA RT  AM0R03            21T.           ^^^ 

^H               Fai«oDaz  * 

0  eu  son  gelas  ^^  proaz                  ^^^H 

^H               Merce  umnz 

10  0  del  tôt  euamoraz.                       ^^^H 

^m               Piataz  * 

VIL  ''  Neus  &  glaz                             ^^H 

^H       S  «     Vos  lan  ^  COGaeilh&x 

Qar                                                   ^^^H 

^H              Qe  deatreîte  son  &  eoîta^  ^ 

Ja                                                      ^^^H 

^H              Ha  '  dôûa  gardatz 

E                                                     ^^H 

^H              MoD  car  e  *  d5  lauçtaç 

5  Qe  tion  uerdeiaK                              ^^^H 

^m              Qe  mans  ^&  tûrtz  â  pechaz 

Qeu  acii  plus  ânamoras                   ^^^^B 

^H       LO   Er  aeu  mor  ^  dçaesperaz. 

Fer  Wi  cui  embraz                          ^^^H 

^U     y  .     Àb  un  daz  * 

Qa  noatr  einperaira  faz                   ^^^H 

^B               MetLut  plombaz  ^* 

Qe  la  perd  ut  so  sapcbaz                 ^^^^^ 

^H              NoH  a  trit^haz 

10  Sec    seotz    sal    caocb   nâ           ^^^^^ 

^m               Mailles  taz 

ftenbdadz.           ^^^^^ 

^^        S   Et  es  caasetax  ^' 

^^^M 

^B             E  nos  raman  non  '*  gîta? 
^H             Qades  nô  faaiaz 

[126(0*93)]                       ^^H 

^H             De  ben  ^*  aîtanz.  qant  pua* 

PËIRE  UIDAL                        ^^H 

■                                                  [caz'' 
^H             Qe  hom    mmêç  cobes    ae- 

Gr.  364,  4)                             ^^H 

H                                               [riaz  i« 

1.  Aqc  no  mon  par  amor  ni           ^^^^B 

^H      l  O   Val  meni  q«  mort  *"  soter- 

^^H 

■  ..                                           [^^^' 

Mâ«  m  *^  uida  pod  ^^  hen           ^^^H 

■  VI.    iTpobbeutai 

[ualer  morir           ^^^H 

^H             Fat  plufl  aenhaz  '* 

Qant  uei  la  ren  qe  plus  ani             ^^^H 

^m           OUraeuîaz 

^^^H 

^H             Fer  ^^  qes  fa/. 

E  ren  nô  f^z  -^  maa  qe  dolor           ^^^^B 

^B        ^  Qi  noi  ien  aolaz  ^'^ 

^^H 

^^B            Mas  eu  Buî  ben  *^  enchâQ- 

5  Nô  ual    ben  mort  maa  an-            ^^^^B 

^K^                                           [taz 

[qar^^  mes  plus  greu            ^^^H 

^^^K      Sftb  mi  doQç  parlaz 

Qen   breu   sarem    ia   ueils            ^^^^B 

^^^^K     Qe  d6  poa  partir  de  laz  ^' 

[ella  &  eu                ^^H 

^B^^  Gbq  faisonaz  —   '  Pieta?  —  *  lam 

^  ^  cocbatz  —    ^   Ai  —  *  qs  —             ^^^^B 

^P       Q^njans  **  'muer  --  ^  dat^  —  ^o  plombatz —  i>  DonI  ieis  e^carsetalz             ^^^^| 

f          ^  '■  Mas  en  rainer»  no  — -  '*  Qa  pros  *- 

-  ^*  uitiatz  —  1*  Qe  ries  bam  iaue^             ^^^^B 

'*Pt*aU  _  is  piegz  ciins  mortz  ^  ^^  pntfict  (c.-à-di**e:  stansaï  —  ^*  Falz             ^^^^B 

P'  ïftembralz  —  i^Ben^  **c<îa  eelaz  - 

_  IL  ^i  —  13  Qieu  ooil  pueâc  moure             ^^^^^H 

^^     ^^Uau  — >  t>  gilos  — ^*  L.  S.  non  hn  queUa  stanza  tna  ha  il  canzonciuù             ^^^^^| 

H    ^^appié: 

^^H 

^H           Naoîenui  pai;c 

Qen  pr^enr.a  $ui  tornatz                       ^^^^B 

^^Ê           Volgram  fe^mos  cbasliaU 

Morîr  cnn  h  lebrûl  jati.                       ^^^^B 

^1        L  Sr.   ^«ma  —   "6  pot  —  »î  fs)  ^ 

enqer  —                                                        ^^^^^| 

^^^^^^^^^^^^^^^^^  -_                 --;=: — 

—   —     — 1=-«-,_-^  ->       '""^^^^^^^^l 

^^^^^^^^^ 

^^^^H 

^^^^H          f2ê           LE  CHANâONNIER  DE  DEENART  AMOâOS          ^^| 

^^^^^H                   Ë  HOÎ  si  perd^  lo 

E  Uttl  ben  '*  pane  riûs  tion^^ 

^^^^^^1 

[qan  pert  sa  gen 

^^^^^^H                  Mil  mes  dôl  meo^  mas  det 

E***  dairal  rei  de  paras '^  fo 

^^^^^^H 

[p&rnâti. 

^^^^^H            lî.  Et   ane  no  ui^  plait  tant        IV.  Esters  "  mon  ^rat  am  totz 

^^^^^^^ 

[aola  per  cabal 

^^^^^^H                  Qe  qtnt  êù  pois  nul^    r«n 

Leii  qi  nom   deigna   ueçer 

^^^^^^^P 

[niançir 

^^^^^^H                 Qa  iei  deignes  placer  oia  be- 

Qen   ferai  donca  s>  pois  nO 

^^^H 

[men  poia  *^  partir 

^^^^^^1                  Ja  mais  *  d5   uoil  far 

Ni  iftuaîrafit*''  ni  merçes  tio 

^^^^^^1                                                    iomat 

[mi  ual 

^^^^^^1              ô  Mai  *  tôt  qaD  hiz  par  a  Iei 

5  Tenrai  ^*  mal  us  del  enoîos 

^^^^^^H 

[romeii^T 

^^^^^V                   Qe^  per  merçe  ni  per  amor 

Qi  qer  &  qer**    qar  de  U 

^^^^^^^ 

[freida^  nei^i 

^^^^^^1                  Nois  puâEC  trobar  merça  ni 

Nais   lo   criatala   don   hon^B 

^^^^^^1 

[irai  fog  arde^^ 

^^^^^H                 Tort  a  de  mi  **  e  pecbat  ses 

Qe  per  ^o  esforz   uençon  Vt 

^^^^^^1 

[bon  Bofren* 

^^^^^^1           UL  Bona  domna^^  QOBtr  hûm*> 

V.  Ësforsar    mai    enqar  dons 

^^^^^^H 

[per  aitaP" 

^^^^^^H                  Podez  seos  ^^  plaz  leugera- 

Qel  ben  et  mal  me  uoil  en 

^^^^^^H 

[paia  sôfrîr^' 

^^^^^^H                   Mas    a   ta    gent  uot  farez 

Mae  ben   sabreu   honrada- 

^^^^^^H 

[men  graçir  ®^ 

^^^^^^H                  Ë  poia  nauree  un  ^^  pechat 

Sen    ses    secors    &    a    Iei 

^^^^^^^H 

[damic  eoral  ** 

^^^^^^H               5  Voatr  hom  aoi  ben  qe  ges 

5  Qe  aeu^*  uolgues  dcina  segre 

^^^^^^^                            [nom  teiug  "^  per  meii 

[autretreu" 

^^^^1                          Maa  ben   laîi  hom  a^^  mal 

Onrat  placer  agra  en  con- 

^^^^H                                       [lei^nor  aon  fen  ^* 

[qiat  un  *''  bren 

^^^^^                    1  saissi  part  —  >meu  ^  ^sleu  —  ^uîs 

— ^  eu  cug  nulïa  —  •  E  ia  ~~ 

^^^^H                  'peïisar  daltre  — -  *Car  —  ''Ganc  —  >•  Noq  qoI  suer  de  mi  nui  chauzimen 

^^^^^^^^            —  H  K  un  gràn  tort  —  ^'domnal  —  **  home  —  '*aiu3  —  ï*aurezea  — 

^^^^^^^H           '<  Ben  soi  uoslrfi  qe  ren  nom  ienc  — 

ïî  per  —  i>  »o  fleu  —  **  E  pois 

^^^^^^H          ual  ^^Qa  —  *^  perss  —  ^^  Ëstiers  — 

*3  Don  es  qe  farai  —  '*  puesc  — 

^^^^^^^H           ■*  chanaimenz  —  ^*  Penrai  —  ^  romieu  —  *•  Qe  qet  e  qier  —  *>  frej^ 

^^^^^^^H          —  ïi^  E  ab  —  ^'  Donca  qen  farai  sufrirai 

per  ailal  —  ^^Col  pros  destret^HH 

^^^^^^^^H           cui  aueE  a  suH'nr  —  '^  S^m  H   fai  mal 

mas  be  saura  grazir  —    ^*  Ou^^l 

^^^^^^^H           fe^ea  ben  en  Itiee   damic   leul    —    9B  ^ 

»ieu  —  ^<*    penr  autrui  lieu  "^^ 

^^^^^^H                       cug  tîm 

4 

LE  CHANSONNIER  DE  UERNART  AMOROS 


2Z1 


Mas  B«nefl^  tio»  no»  paesc* 

[#«9er  (c/,  62  P"")  plaçea 

Ni  d«  ren  aU  gauç^  entier 

^1.  Per  ço  mea  aoi  *  gitaz  e  n& 

[meû  cal 

Con  hom  uolpilz  ^  qi  aobli- 

[da  «  fugir 

QiDos'  auaa  tomar  m  sab 

[gaodir 

Qaat  leacàueaDt^  aei  êuemic 

[mortal 

5  Nô  ai  eonort  maa  a  qel  del 

[iudeu 

Qe  »im  fai*  mal  fac  adea 

[lo'ûseii 

Aisi  Gom   cel  qa  orba  aa  >i 

[deferi 

Ai  tot  perd  ut  La  força  e  lar- 

[dtdien. 

VII-   Lai   uir   r&Qû   chaa  al   r©i 

|[ce]estiai 
Oui  detien  tuit  onrar  ^  abe  ■ 
\dit  '* 
Et  ea  maater  qe  laoë  lât  '^ 
[se  fuir 
On  cc^querrêm  "la  uide  ape- 
[riÉalt> 
^    Queiliaracia   deeleial  ^^  ca- 
[uitieu 
Laa  tolt^^  Bon  règne   des- 
[truîta  aa  plâu 
Qe    aaçitan^^    la    cro^    al 
[monuman 
F       Don  dâuflo   tuit  auer  f^ran 


VII L  "Cons  de  piteua  de  uos  mi 

[clam  adeu 

E  deuH  a  mi  per  aqel  eis 

[côaen 

Qamdoa    aoei    tratz    moût 

[malamen 

Lui  de  sa  eroz  e  mi  de  mO 

[argen. 

(127  (c"  96)] 
PEIRE  UIDAL 
(B.  On3S4,42) 

],  Sîeu  foa  en  cort  on  hom  ton* 

[guea  dreîtura 

De  ma  dSna  aîtot  aea^^  bona 

[e  beila 

Me  "  claniejra  qa  tan  graa 

[tort  me  mena 

Qe  nom  aten  pleui  '^  ni  c5- 

[uença 

5  E  donc  per  <jem  promet  ço 

(qe  nom  dona 

Non  tem  pecbat  ni  aap  qe 

[aea  uergogna. 

IL   E  valgram  mais  qem  foa  al 

[prim  esqiua 

Qe  qem  tenguea  en  al  tan 

[greu*^  rancura 

Maa  illo  faj  ai  ctim  '*  cel  qe 

[cerobela  "* 

Qab  bêla  aemblanz  mi  té'^ 

[en  mortal  pena 


.  *^?  ses  —  *nom  pot  —  ^  gang  —  *  P.  alsso  iui  —  '  Gan  lo  nnlpîlz  — 
'^blîàa^^non—  '  lencauEon  —  *  sel  fa—  '•  m.  fa  le  ei  &  al  —  Jï  qi  ad 

^™  9t  n  obezir—  ^^  lanem  a—  '*  hom  conqer  -  **  uer  ^aug  esperitaJ 
""  **aerracin  del  maluatz  —  '"^  An  mort  —  ^t  g  ^n  ne  tout  —  ^^  msrvi- 
ïïien  ^  «>L.  5.  nùn  ha  questo  çanzQneinù*—  I*.  S.  :  '*  es —  *'  Mi—  ^^  piéiii* 
'  **  Qii  ia  magues  mea  en  aital  ^  ^*  con  —  **qi  cembella  —  ^^  ma  mua 


^^H              ^38            LE  CHANSONNIER  DE  BEHKaHT  àMOROS                    ^| 

^^^^K^            5  On  ja  ses  leia  ûO  cre  auer  ^ 

5  Donc  **  po8  tan  lam  bén  fai         J 

^^^^^K                                               [giûrlïça 

[plus  foletura  ^*   ^H 

^^^^^V               (G  /.  ffJt?<>)  Qanc^  ma.1a  fûa 

Qel  fols  pastre  qal  bel  pog   H 

^^^^V                               [taû  belia  ni  tan  bon  a. 

[caramela  ". 

^^^^B               UL  Dautres   afars  mes  cûftesa 

VL  Mas   uencoK  es  cui   amors         j 

^^^^K                                                 [&  chausida 

[apodera 

^^^^^^^               Maa   mal  o  fai  qar  a  mon 

Apoderaz  aui  qan  '*  madlïna         ' 

^^^^^^H                                        [dan 

[aig  uÎBta          , 

^^^^^H               Qe  peiz  mi  fal  e        no  sdn^ 

Qarndl  *»  antra  ab  leis^ 

^^^^^^H 

[noa  aparella 

^^^^^^H              Qe  *  maU  de  detit  qan  dol  en 

De  gaug  enUr  al>  proeisa 

^^^^^^H 

[côplida 

^^^^^^H           5  QaP  CQT  me  bat  ades  e  ûom 

5  Par  qeu  soi  aena  ê  aérai  tant 

^^^^^^H 

[qant  niua 

^^^^^B               Samors  ab  leis  &  ab  tota 

E  si  nom  ual  **  er  torlz  e  des- 

^^^^^ 

[  mesura. 

^^^^^^          IV.  E   qar  '  nô  uei   mon  rainer 

VII .  Cbanaons  uai  te n  a  la  ualen          , 

^^^^^^^                                        [de*  marâeiUa 

[reina** 

^^^^^^H               Si  lot  ma  tiîu  moa  uiures  nn 

En  aragon  qar  mais   rein  a         1 

^^^^^^H 

[nara 

^^^^^^H               E  m  alau  des  '  qan  so  neti  reca- 

Nô  aai'*  el  mon  e  ei  n&î 

^^^^H 

[maiota  uista 

^^^^^^H               Quaria  moU  greii  anz  mor 

Ni  nô  trob  '*  mais  ses  tort  e 

^^^^^H                                               [si  BÛ& 

[ses  qerella         1 

^^^^^^H            5  Dams  eerat  tnortz  senaisim 

5  QilP^  es  trancha  e  cortesa  e          i 

^^^^^^^1 

[grasida  *»          [ 

^^^^^^H                A  qel^'  désir  qim  ^'  toi  souen 

Vaa  tota  gen  &   uas   deu 

^^^^^^H 

[agradiiia. 

^^^^^^H          V .   Âl  maa  aemblan  mont  lauraî 

Vîll  E  qar  lo  reia  aobraatrea  reia 

^^^^^^^1                                                tard  CôqiBta 

[senansa         ' 

^^^^^^1               Qar  nalla  dôpDa  piez  uô  sa 

Ad    ai  ta!  rei  conuen  ai  tais         | 

^^^^^^1 

(  rein  a. 

^^^^^^1                Vaa  aon  amie  qe  qati  plus  lai 

IX*  Bêla  castiaç  "^  nostre   prei 

^^^^^^H                                                 se     da 

[aegnoreia 

^^^^^^^               De  mon  poder  eu  la  trob  ^* 

Sobr autres*»  preç  qab  plna  ^J 

^^^^H                                              [pluB  umbnua 

[nx  faiz  ^^  senaaaa.  ^H 

^^^B                «trobar—  *Aî  ~  "mî  _  'iQel  — 

'Qel  —  •  proença—  '  car  —  t  da  —         | 

^^^^^              *Qeï  malaute»  —  i^muâr  —  h  mab 

—  "  Aqeat  ^  ^'  (jein  —  '*  truep  —          1 

^^^^1              î>Ûon—  I*  foilâtura— ^^cabelpoig 

chalamoUû  —  '•  etnt  —  "*  negun  — 

^^^^B             »  lej  ^  a*  non  o  uol  —  "  regina  —  **  trop  —  »*  trobi  —  «*  Car  lU  —  »•  leiaU  a          II 

r 

^^^             LE  CHANSONNIER  DE  BERNAIlT  AMOBOS           239 

^^^^^^lon  gauçâgnfit  sal  deus  en 

Qe  oom  aol  far  ben  ni  ho-                          j 

^^^^Hb 

[nor.                          ; 

^^^^^^lar  hom  tan  gent  *  cô  don  a 

111.  E  ren  nô  degra  hom  meill                        | 

^^^^                               [ni  gnerreia. 

[fugjr 

^^^H 

Com  mal  segnoriu  qi  pogueB 

^^^H 

Mas  fngir  doI  pueac  eu  gea 

^^P         [138  (c«  08)] 

Coltra  la  mar  manet  ferir 

^^^^ 

5  Amorfl  ues  lo  Benestre  laz 

■^  PElREUlDAL(c/*.Ô5i?«^) 

Tal    colp    per    qeu    soi   ça                           i 

^^^^B 

[tornaz 

^^^         t=B.  6f.3G4,31) 

Don  morria  dira  &  de  dolor 

^ 

Segaug  enleruo  mea  tocor. 

^ft       1 ,  Nuls  hd  Dd  pot  damor  gan- 

IV.  Mas  ab  gaug  me  pora  gaiir                          i 

■ 

Dira  ma  dôna   ail  uolgueB 

^B             Poe   qel  leu  aegQodu  ses 

Q  ar  'per  ma  fe  sa  Uh  pla- 

^H                                                 [mes 

[guea 

^H              0  tôt  li  plaça  o  tôt  li  pas 

Nol  degra  ma  morï  ^  abelir                          ' 

^P             Soa  taleoz  lauên  a  aeguii-  ^ 

5  Qe  toi  Boi  «euB  en  dameniax                          | 

^1          ^  E  aapçhaz  ehocn  enamoraz 

Ane  no  o  die  ïes  ço  flapchai 

^ft             Nô  poUegre  autra  uoluntaz 

Per  ço  qem  faça  *^  mort  paor 

^H             Maa  lai   oq   uol  amors   hl 

Mas  qar  i  perd  ^'  aon  ama- 

^H                                                  [^^^ 

[dar.                           ' 

^^             R  ooi  garda  sea  ni  folor. 

V.  Daltre  '»  mal  mi  sabreo*> 

1 1  >  Adonc   laup  eu   pane  dei- 

[cobrir 

^H                                                  [cremir 

Ma  daqeet  ^*  mi  destreiug  *^           ^^^H 

^H              QanCBom  gardei  tro  kea  fui 

^^H 

H 

Q&^^  ma  bella  dûna  ^^  promea            ^^^H 

^H             Col  fola    atieelB  qant   aud 

Ça    don   ma  dat  m  cor   a            ^^^H 

B                                         [loa'brei 

[mentir                ^^^H 

^■^              Qei  uai  coitoi  am  et  aiiç  i  r  * 

5  El  BeruiB  mal  guaerdonaz  ^*           ^^^H 

5  Me  mes  *  eu  Côitoa  *  en  ta! 

Acet   qil  prendes  gran   pe-           ^^^H 

[laz' 

^^^H 

Don  eram  tesg  per  engi- 

Qe  per  mal  guierdonar  *^              ^^^H 

[gnaz» 

Son  patibre  maint  bon  ser-            ^^^H 

Qen  pûder  ioi  de  lal  seinor 

^^^H 

•Com  mieis  de  ïuu  —  L,  S.  .<  '  complir  —  »  au  lo  —  *  cûctûiament            ^^^| 

•ticir^tmis  — •cochoa  — nati-^» 

enjanat^  —  *  morU  i  ^  f asaa  —  ^  >  peil            ^^^^H 

■   **   Daqesl  —  *^  sabreu  ^  M  «donca 

—  lE  trenchet—  ^*  Can  ^  Udûnsm            ^^^H 

^B       ^  *»  magramors  ses  faJlir  —  *»  0« 

%.  m.  guierdonaz  —  "  goiardonador            ^^^^| 

^m          11  ^    g    ^^  ^^.^  çuc^fa  sfa*i5^,   »iff  non  ha  poile  seifuenti  :                            ^^^H 

^i»  Doua  poa  nô  men  pu  esc  au- 

Cbautimen^    o    dtuu»    luen             ^^^^^ 

ittit 

[uaigaea            ^^^H 

A  ab  to^ 
0„an.«'°^,'.8:.^aV'''l^r; 


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i  lauta 

j  epâdon 
a  plagna. 

à  elaa 

enz 

fl  — 'X.  5.  non 

'  Qe  c.  un  oamol 

pechûdors 
a  qç  nm  reuella 
ue^la  gent  fmd«lU 
sembla  damel 
igfiii  de^lvms  a.  bel 

Ë   a  uoa  enuial   fel  ~* 

*  amesural  —  ^*  inusjaa 
16 


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^^H                S40            LE  CHANSONNIER  DE  OEliNÂEiT  AMOROS          ^^| 

^^^^^^           VL  BeQdegrama4oDmachausir 

Joi  à  louent  e  ualors          ^^| 

^^^^^B                  Com  Bûi  tûrtiai£  en  aas  merces 

E  qar  ar  *  dftna  nouella 

^^^^^H                 Qar  p«r  raçon  ual  bona  fes 

Sobraiiineat  e  plna  bella 

^^^^^H                 Od  failt  Lo  pûder  de  seruir 

Qera  par  toças  *  eti  Irel  gel 

^^^^^H              5  Qeu  las  rîcaa  corz  pîêtaz 

10  E  clar  tÊpa  a  trebocel.  ^ 

^^^^^H                De  eea  colpals  plua  en  col- 

II,  Ma  domnamprea  sot  lo  riu« 

^^^^1 

D  en  uni;  mil  combaledors     fl 

^^^^^F                 Per  qumiUtajE  ab  riûor 

E  contrai  fais  fîgnedors        H 

^^^V                       D  Q  m  na  to£  al  tre  s  ioia  sabor , 

Ab  aoLaz  tant  agradiu  ^       ^Ê 

^^^H               VIL  OentiU  coni  de  petiu  hem 

Qal   partir   queca   iuro   & 

^^^L 

[plm« 

^^^^^^                 Qar  ea  en   lausor  6  prez 

5  Qe  dûna  es  de  laa  meillors  '* 

^^^^^H 

Qe  iois  ^^  &  prez  la  capdell* 
E  qU  reapont  ni  appella      ■ 
Sei  dit  man  sabor  de  nael    ^ 

^^^^^H                (o  /".  lïtf  i^J  Qe  gent  uos  aei 

^^^^^H                                       [cûbrar  donor 

^^^^^^                  Qe  perdiroQ  aostre  aticeaâor. 

10  Don  sembla  aan  gabrieL 

^^^^^^         YIll  Se  tôt  ses  mal  moDs  ca^tiax 

UL   E  faa  temer  plus  do  »»  griu 

^^^^^^                  Dobr  roen  preo  e  pietaz 

Als  uilans  domnemdora 

^^^^^^B                  QhT  uic  ueils  ab  doahonor 

Et  ala  âna  oonoissedora       ^Ê 

^^^^^H                  En  tor  DE  uierna  en  samor. 

A  solaz  tan  agradiu             H 

5  Qal  partir  qes  '*  iure  pliu    W^ 

^^^B                                (c^  100)1 

Qedomnaes  de  las  meiUors 

Per  qem  **  train   en    cem- 

^^^H 

[btUa** 

^^^^1                                Qr,  364,  11] 

Em  trail  cor  da  soz  laissel- 

[lai« 

^^^^^H             î ,  Ben  paug  *  diuern  &  deatiù 

Domna  *•  leial  et  fiçel 

^^^^^M                  E  de  freg  &  de  calors 

10  E  plua  itiat  quo  deua  abeL 

^^^^^^H                  Et  am  neus  aitan  cum  flora 

IV,  Dondrat  ^^  prex  nomenatiu 

^^^^^^H                  E  pros^  iDoi't  mais  cauol 

Creis  tant  la  sua  ualora 

^^^^^H 

Qe  no  {cf.  €7r°)  pot  sofrir 

^^^^^H              5  Qar  aiaim  ten  esforçiu 

[laudors 

^^^^^^H                    Qem   ualgnes  de   nos  cals^ 

Qom  (Li  Qen)  uaiiti  mais 

^^^^H                                                              es 

[ûilx  e  passa  U 

^^^^^H                   Pos  non  ai  poder  eala  désir 

Si  eal  deatrai  dai  reaplandor 

^^^^^H                5  Sim  deatrein   uoatra    granz 

Qem  toi  lo  aen  e  la   nigor- 

^^^^H 

^^^^^H             L.  S.-  t  pac  —  ^  pron  —  *  qaram 

—  *  Parom  rtixas  —    '  a  Irebol  ùvl 

^^^^^^H          —  ■  domn  pretz   honoriu  —  ^  Ten  esUblil  mon  lï^qiu  ^   '  Per  Aon  rîc 

^^^^^^H          aegooriu  —  ^  Laa^^ngÎHrs  î^i  ôin  pot 

far  cors  —  ^*^  Car  senï  —    >*  de  — 

^^^^^^H          >^  qdgz  —  li  sem  —  >^  êcp  sembeiila 

—  issolî  laisaeilla  —  **  Don  ma— 

^^^^H 

J 

M 

^P^F             LE  CHANSONNIER  DE 

BERl^fART  AMQROS           £  t  i              ^^^| 

^K              La  gr&D  fofça  del  uer  briu 

Qa  aeua  daua^*  deacUuolta             ^^^^| 

^H           5  S€L  eDemic  son  çâitiu  < 

E  geataua  k  cera  ''  el  m€l             ^^^^| 

^H              Ë  461  amie  ri€3  &  sors 

E  aai  tramet  uoa  to  fal.  **              ^^^^M 

^H              Oîla    fronl^    naa    bocha   e 

VI IL  Par  lapoBtol  qem  ^^  appella            ^^^^| 

^H                                           [maiaella 

San  iauie  ^^  de  cùpoatalla                ^^^^H 

^H              BliDC  peix  >   âb   dura  ma- 

En  lÏQçi  a  ^^  tal  niiqel                      ^^^^| 

^M                                               [mella 

Qani  ual  maia  qaicell  dat           ^^^^| 

■              Dôi  taiU  delà  flU  diar&el  ' 

H         10  Et  es  cofôba^  aea  feU 

^^        V'  Pôr  çom  ten  morn  e  pans  m 

^^^1 

^H              AdêB  qsD  me  uîr  allars 

[130  (c  1051]                       ^^M 

^H             PoU  creis    m  en  gaugs   & 

^^^^^M 

^H                                               [dolçore 

PEIREUIDAL                         ^^H 

^H              Qar  del  atu  bel  cora  maÎBiu 

(^  B.  Qr.  364,  U}                         ^^H 

^1         5  Âiai  en  de  m  catm 

^H              Ar  nai  caud  ar  nai  freidor 

I ,  Gaa  pel  têpa  fer  &  hrau                 ^^^^| 

^H              E  qai'  ea  gala  &  isitella 

Qadua  tempîar  **  &  mnz                 ^^^H 

^B             E  de  loz  mak  aibs  puicâlla 

Don  torhals  '^  élément                    ^^^H 

^Ê               Àm  la  mais  par  sant  rafel 

E  fal  *«  ce!  brun  &  blau                  ^^^| 

^K        10  Qâiaoob  no  fa  racbeL 

b  Noc  '^  camja  moa  talent                 ^^^H 

^H   Vl.  Uera  uai  teo  uas  mantoliu 

Am  es  moa  pêaarnenz                     ^^^^H 

^H              E  dira  alaâ  très  âerors 

En  iois  &  en  chanUr                      ^^^^| 

^H              Qe  lan  ml  ptaz  lor  amoroa  "^ 

Em  uoitl  mais  '=>  allegrar               ^^^^| 

^H             Qînz  en  ^  m&  cor  las  etcriu 

Qantim  la  nm  bub  en  Jauta          ^^^H 

^H         5  Vaa  totas  Eraa  m^ineliu^ 

[m^tagna            ^^^^| 

^^ft              En  faz  dôaas  &  aeguora 

10  Qe  qant  k  flora  se  spadon            ^^^^| 

^B             B  plagraai  mais  de  ca^tella 

[per  k  plagna.           ^^^H 

^H              U  n  a  freacb  a  'm  uençe  1 1  a 

IL  Amors  à  iois  men  clan                 ^^^^| 

^H              Qe  daur  mil  cargat  eamel  '^ 

Et  amasuran  ^^  aen^                        ^^^^| 

1^»         10  Ab  lempeiri  manuel  *'  ^ 

E  btutaz  &  iouenz                         ^^^H 

1         Vil  Franc  reis  preenaauB  apella 

Maliegra  &  meagau  ^^                    ^^^^| 

^P          *  cîiaitia  —  *  Front  cils  —  a  peitz  - 

-  «  îsrael  «  ■  colnba  —  "  L.  À\  non           ^^^H 

f          ^<*  ^U^sfa  ^(anza  —  ^  amors  —  »  e 

-^  *  mumeliu   —  io  Qe  c.  un  camol           ^^^^| 

^          —  ^^  L,S.  hà  di  più  questu  $tama  : 

^^^H 

^B              Qen  fr«n^a  e  ea  bârîu 

On  ananoil  pechâdora                        ^^^^| 

^H              Ë  a  peiieu  e  a  tors 

E  tot^  hom  (i^  nos  renella                  ^^^^| 

^H              Qût  no»tre  iegner  socora 

Contra  qufata  geni  fradeQa                      ^^B 

^H               Pfils  turcs  qel  tenon  faidiu 

Mat  ne  sembla  daniâk                        ^^^^H 

^H          ^1  Gax  tout  Tan  los  uauâ  el  riu 

10«  Qel  dragon  destpuls  a  bel                  ^^^^| 

^H          *^  En  sapcho  laus  ^  i>  Qei  «n  trai  la  cer  ^  i*  Ë  a  uoi»  anuial  fol  —           ^^^^| 

^H        *Vj3in  —  tfi  Sain  iacme  —  »'  lui  un.  - 

-L.  ^.  :  J*  Qadui  tempier^  — liooT-           ^^^^M 

^B        b^ls^  ift  f,]]  _  ai  Uos  ^  ^-'  Era  daî  mials  —  t»  amâsurai  —  t^  rncï^jau             ^^^^ 

h 

^^H 

^^^L              24 £           LE  CHANSONNIER  DE  fiEHNÀRT  AMOHOS          ^^| 

^^^^^B            5  E  cor  gaîa  corteg  &  gmz  ^ 

Tant  mabelb  uostm  fin»  '* 

^^^^H                Mes  de  toU  mais  guiretix  ■ 

[compagaa 

^^^^^H                 Bel  ris  &  douç  eagar 

10  Qe  daultrea  mes  ëaluag^^  & 

^^^^^H                Me  fal  rire  &  iogar 

[eatragoa.  '^ 

^^^^^H                Cartes    aolaz    mi  reien   eu 

V,  De  kt  on  creia  oP"  fau 

^^^^^m                                      [guadagnû  ^ 

Mi  uen  eabaudimen^              fl 

^^^^^B           10  El  gâuç  enter  rne  toi  trebaUl 

Dca  aoi  gai  &  ïauaenz           H 

^^^^H                                               [i^  Ingna. 

Cunal  nom  de  pie  tau  *"         H 

^^^^^          11 L   Domna  de  uob  me  *  lau 

5  E  ial  fala  recreaenz               H 

^^^^^                 Qar  es  douça  &  placée 

Cobea  mal  deapeudeni***       H 

^^^^^K                 E  la  plu» 

No  poira  conqtit&r  ^^            H 

^^^^^H                Qe  negua  hom  mentau 

Per  Esûuen  pethenar  **          ^ 

^^^^^H            5  Qe  ^  tiostro  enseguaméÈiz 

Sitôt  ae  peinçh  nis  mira  m  ** 

^^^^^H                Vos  ^  fat  aïs  conoUecs^  ^ 

[eaplagna 

^^^^^H                Ben  dir  &  tetier 

10  Totz  soQaffarnO  preç^*  una 

^^^^^H                 Et  a  mî  taDt  amar 

[eaatagoa.  " 

^^^^^H                 Qêl  cor  el  sens  me  diz  qab 

VL  Qelcorariac&  eau 

^^^^^H                                       [uoâ  remagna 

Et  ea  mejuï  qe  ûiensfi 

^^^^^1           10  E  aim  fai  *  mal  ad  *  autra 

Qe  per  mil  *"»  aagramenz 

^^^^^H                                    [  nomen  plagua . 

Nol  creiriahom  dun  clau 

^^^^^H          IV.  Qar  qi  uos 

5  E  dolon  me  3^  ïaa  denz          B 

^^^^^K                 Nd  ped^*^  enfler  dolenç 

Qaii  parli  daitah  genz         ^| 

^^^^^^H                 D  e  ^  '  aeg  uns  m  ar  rime  az 

Per  <|eu  mo  lais  eatar         fl| 

^^^^^m                 E  d5na  tant  suau 

Duû  aajc  filb  dalbar 

^^^^^^H              5  M  apode  r  a  em  ueoz 

Qeo    malueBta^   se  aoiorna 

^^^^^^M                  Vostra  eaira  ridenz  '^ 

[ei  bagma 

^^^^^1                 Qa  qant  uos  au  ^^'  parUr 

10  E  aoa  preç  es  aitat^«  com 

^^^^^H                 Nô  pueac  mes  oilt  *^  uirar 

[fîlâ  de  ragna. 

^^^^^^^            1  E  francs  cors  eissamenz  —  *  maiep  benz  —  ^  gazagna  —  *  mi  --  •  El 

^^^H                _  »  Se  —  "^  plus  ualeas  —  *  faitz  — 

■  çai  —  10 pot  —  >i  Per  —  *^  rizenz 

^^^H                —  '^  \m  —  *'  oils  —  >*doQia  —  ï«  daultra  me  sealuag—  ^'i*  S.  kà  qui 

^^^^^^          ^/  fd^t  ta  seguente  slansa  : 

^^^^^^m                 De  Ui  on  uèing  ni  uau 

Noti  dei  oimai»  tartar 

^^^^^^B                  Soi  uostre  ben  ùûlent 

Zq  qem  fai  esperar 

^^^^^^H                E  séria  obôdi^ru 

Qe  pois  at4[i3  a  cobrat  en  bre- 

^^^^^^1                  Con  çei  ca  buo  des  lait 

[taigna 

^^^^^^B             f)  Fer  far  uo9tte«  talenE 

10  Non  es  raïona  qe  mon  ioi  me 

^^^^^H                Ë  ia  fraacs  chatiiîmem 

[sofraigna. 

^                ''*cfûtssoil  —  *•  Contrai  nom  peitau 

—  »o  reial  de^penst  —  *'  Noi  pol  ga- 

^^^H                dagnar  <—  ^i  pencbenar  —  *^  poing 

e»  m.  e  —    **  so»  alTari  non  tiai  -^ 

u  aitala                                                 M 

^»             LE  CHANSONNIER  HE 

BERNA RT  ÀMOBOS            24$             ^^M 

Vil  Aï  m  ualeût  &  car 

Par  1o   meillor»  deairaz  &            ^^^| 

VoU  mon  uêra  enuiar 

^^H 

Qt   se    ça  ^  perd    proensa 

De  lei  qea  tan  complida  de            ^^^| 

[pane  gadagna 

^^^H 

Pel  ^  bel   soiora  qe  preu  ^ 

5  Qe^^  sap  ferir  al   cçr  dun            ^^^| 

[laî  en  eipagiia. 
Vlll  Praire  rire  &  iogar 

[douç  eagar             ^^^H 

De  m  nom  noIU  départir  ni            ^^^| 

Si  nuîh  *  per  lîoa  &  chantar 

^^^H 

1           Mae  er  ai  dreit  qe  soapii-  & 

Qarge3nôesddnatuernifon             ^^^| 

►                                        [qe  plagna 

Da   tan   bona   aibs   ab   tal            ^^^H 

,           0  ar  u  oa  tramam  me  a  aal  ua  g  = 

[gentil  faiçon.             ^^^| 

^^^^                            [&  eatra  gn  a . 

111.  Ane  mais  a  nul  aman  tan             ^^^| 

^^H 

^^M 

^H      [lai  (c'  108}} 

Nita&nôfodefinioienqeriz^^            ^^^^ 

^^^^1 

Com    eu    qel  iom  qe   moa             ^^^H 

^^B          PËIEE  UIDAL 

[chanz  fo  ausiz             ^^^H 

^^P         (=  B.  Or.  242,  50) 

Per  U08  dOna  eua  plac  qe            ^^^^ 

F 

[retraisses            ^^^| 

Non  ee  sama  ni  gaire  ben 

5  VoBtra  lauçor  el  preç  com-            ^^^| 

[après 

[pUt  &  car            ^^^H 

^^^^1  qea  blasma  dam  or  ni 

Ë  sien   s  ai  ren  daninen  dir             ^^^| 

[mal  en  dix 

^^^H 

"^^■Qamori  sap  gân  dûnar  gauç 

Vostra  hûltat  el  honor  non             ^^^^ 

[iâU  marriis 

^^^H 

-^  fai  toraar  Ig  mal  as  truc  » 

Qîeu  teng  engual  dun  com-             ^^^H 

[cortea 

[plit  guiardon.             ^^^H 

KJhaacun  '  fai  de  failliment 

IV.  Tant    inaueç   dat   pois    qe             ^^^H 

[guardar 

[maguea  conqes            ^^^| 

Qigen  la  sap  car  tener  e 

Per  qautre  *^  dons  per  me             ^^^| 

[celar 

[nous  er  qerii             ^^^| 

E  als  failliz   torn*   amDeo 

Ma  uoatre  cora  per  lo  tnell-             ^^^H 

[perdon 

[lor  cbausibs             ^^^H 

E!  fin  aman  son  per  lei  car 

Sap   qe  conuen  gardar  en            ^^^| 

[&bon. 

[totaa  rea             ^^^| 

■"          B«n  aial  têpi  el  iorn  el  ann 

5  Pero  cel  qi  aene  qerre   nol             ^^^H 

[el  mes 

^^^1 

Qel  douç  cors  gaia  pîaçen- 

(cf.  7$  r°)  Ben  fai  h  dons  mais             ^^^^| 

^^^_                        [liera  gen  noiriz 

[mil  tanç  apreçar             ^^^H 

^^  '^^rpta-  t  El  —  *pre«  —  *  SutU  — 
^     '^  ciiaiictiiv  —«don  —  *loa  muUi^ 

K  salaatja.  —  X.  jS.  :  *  malsadant£              ^^^| 

>ffi  —  t«  Me  ^  t  ■   bon  nom  près  —              ^^^H 

B^  ^^rctiuiU  —  ti  Qe  autre 

1 

244 


LE  CHANSONNIER  DE  BERNART  AMOROS 


Qeu  ai  ben  nist  sens  qerre 

[far  rie  don 

E  don    qeriz  mermar  *    lo 

[miels  del  pron. 

V.  Mon  ferm  uolerdOna  ai  tan 

[en  nos  mes 

Qe  ia  non  er  delognatz  ni 

[partiz 

E  qar  damor  soi  eu  si  >  con- 

[qeriz 

Ben  dei  rendre  desta  preison 

[merçes 

5  Ben  fui   astruc  qi  prtmier 

[sap  ^  amar 


Chom  qe  *  cortes  en  sa  meil 

[esquiar' 

Enag  *  uillanie  &  faillison 

Per  qeu  estac  en  bona  sos- 

[peison. 

VI.  Seinher     guilP     malaspina 

[deus  gar 

Vostra  nalor  el  preç  cOplit 

[&car 

Qen  nos  trob  hom  ioi  &  solaz 

[e  don 

Per  qeu  nos  uoill  presentar 

[ma  chanson. 


1  mtrma  —  ^  sui  près  e  —  >  saup  —  ^  Gom  nés  —  b  eschiuar  —  *  Enueig* 


Ë .  Stbngbl. 


(il  suivre.) 


I  DODICI  CANTI 


EPOPEE  lïOMANESQUE  DU  XVI**  SIÈCLE 


CANTO  NONO 


(Suite} 


63,     El  volto  at  coderon  atzaU«pada 
Et  con  la  usâta  possa  un  gran  fendenle 
Mena,  et  la  coda  salta  în  ii)  la  slrada. 
Onde  Aleramo  il  sir  forte  et  prudente 
Tutto  si  scuote  per  non  star  più  a  bada, 
Et,  aciô  de!  dragon  le  forte  s  pente 
Rettùo,  con  prestczza  quanlo  puote 
La  aneisfi  coda  dalle  gambe  scuote. 

64»     Ma  quel  la  coda  ai  dimena  m  guisa 
Più  che  se  giuota  al  corpo  fuBse  atata, 
Ati£i  ptû  aaaai  dx  pria  cbe  fusse  ancîaa, 
Et  al  guerrier  fa  gueira  più  spietata^ 
Che  ^â  dî  aangue  gH  ha  la  faccla  intrisaf 
Ma  noD  che  la  forza  habia  aDichilata. 
Non  dà  alla  coda  più  né  al  drago  ancora, 
Percliè  il  saDgueîl  vederle  diacoldra. 

65,     Et  CDD  la  bocea  che  ha  in  le  parti  estreme 
La  coda  al  sir  la  destra  gamba  aflerra. 
Et  tanto  forte  quella  atringe  et  pricme 
Che  aforzato  è  cûstui  cadere  in  terra. 
11  drago  eon  la  coda  mosao  insiemc 
Sopra  il  caduto  sir  tutto  si  serra 
Con  ÏTOpeto  crudeli  con  grau  furorct 
Da  dar  a  Marte  non  eh'  a  un  hnom  terrore. 


tiê  1  DODICI   CANTI 

66.     Ma  AleramOj  cbe  sol  d'houor  è  vago^ 
Pur  si  rincora  et  di  rizzarsi  pruova 
Come  âélla.  vettorîa  sua  preaagOy 
Uflundo  uaa  de&trezza  alliera  et  Quova. 
Tuttû  si  caccia  sotto  TaïKpjo  drago 
Con  el  nudi)  pugnal,  et  ciô  le  gluova, 
Percha  m  un  Saneû  ovo  la  pelle  é  molle 
Tutto  lo  caccia  et  la  vite  le  toile. 

[F"  105  r*]67.     Poi  mené  un  colpo  aile  tre  teste  un  tratto 
Cou  la  aua  spada  el  quelle  tagliô  tietto, 
Et  con  la  coda  riaïaae  disfatto 
Di  vita  un  a  altra  vol  ta  il  maladetto 
Brutto  animal  ;  et  fe  la  coda  un  atto 
Che  fu  miiacoioso  in  prîino  ai  petto, 
Chep  morto  il  drago,  tutta  si  distese, 
La  bocca  aperie  e  il  air  libero  reae  ; 

68*     Corne  dieesse  :  «  Poicb'  è  roorto  il  resto, 
Vivèr  noD  poste  più  ;  perô  ti  lasso,  » 
El  sir,  cha  '1  drago  non  ha  più  molestOp 
Lieto  et  cotiteilto  ritifato  il  passo 
Per  accoBtani  av*  ê  il  bel  viso  houoeto 
Di  Sjlvana  gentil,  pensando  al  pas  no 
DelU  icumensa  vettoria  esaer  già  giunto^ 
Niiûva  cosa  apparir  vidde  in  quel  punto. 

Che  vidde  dalla  bocc^  certo  orrenda 
Del  drago  morto  uacîr  con  sette  teate 
Una  bjdra  di  brute^za  si  stupenda 
Ch*  avria  impaurito  il  forsenato  Oreate. 
Come  contra  Aleramo  ella  s'aceenda, 
Indïtto  fan  ne  Topre  sue  moleste^ 
Ch*  un  assalto  le  fe  ch'avria  îa^paurito 
Ogni  altro  boom  di  forti  armi  ancor  guemito. 

,     Astoifo  cbe  è  Ion  tan,  non  si  aftaieur[a] 
Quasi  ivi  starsi  ;  iu  tre  pi  do  sol  resta 
Aleracno,  che  sol  senza  paura 
Spera  qiiello,  cb'  [hja  fatto  îiI  drago  ^  a  queata 
H jdra  far  auco,  et  pero  ben  procura 
Tener  con  1  ochio  si  la  mente  desta, 
Che  ovunche  lliydra  si  rivolge^  altersi 
Non  ûffeao  il  guerrier  poasa  tenersi. 


CANTO  FONO 

71 .     Ha  set  te  teste,  conie  è  detto,  e  ogDiaiia 
Ha  un  corno  in  fronta  [>ieii  di  tosco  amaro* 
Non  è  persona  cfcie  la  veg^gia  alcuna 
Ght  di  fuggirk  assai  non  habia  caro, 
Eccetto  quel  la  d'Ateran  digiuna 
D'ogni  timoT,  d'ogni  auap^ttô  rarOi 
Ch'utio  dei  set  te  capt  con  k  spada 
Fa  il  Bir  che  BanguinoBO  in  terra  cada* 

72,     Ne  prima  fu  quel  teschio  aociao  lo  terra 
Che  Ere  oe  turaer  nel  sangtiigno  colïo, 
Più  brutti  et  più  superbi  et  alla  guerra 
Fiù  agtl  €ontra  il  Bir^  che  mai  satollo 
Non  si  ritruova  fiochu  non  atterra 
Queatô  aDimal  cou  raltro  duro  erollo 
Oeir  flspra  morte ,  che  vettoria  attende 
Ciii  eol  drixza  il  penaier,  eui  soi  intende. 

[y*105T*]73.     0  generoso  cor,  animo  invitto 
Ch%  iiulla  teme  del  naovo  caao  ! 
Astolfo  ha  per  paura  il  cor  trafîtiô. 
Et  Bcolorito  è  nel  voUo  rimaao^ 
Dnbbiando  et  egU  a  almiU^  conBîtto 
Succeiaor  fa  rai  per  ruUimo  oeeaao 
Che  penaa  del  compagrio  et  fernio  spera 
Fer  La  preatez^a  délia  strana  fera. 

74.  Dice  fra  se  lo  Ingleae  :  h  Di  duQ  eoae 
Una  convien  che  a» a  per  quanto  i'  veggio  : 
Se  ogni  testa  che'  taglia  tre  orgogliose 
Ne  fa,  coine  le  tre  eh^haa  preso  il  seggio, 
Pian  le  lutte  infinité  et  perîglioBc 
B  noBtra  morte  Ba  ptr  noatro  peggio, 
E  cobI  havremo  un  atrano  guidardone, 
lu  del  gi  gante  et  ei  del  no  dracone.  n 

75,  Mentre  che  aeco  ciè  rKnglôae  volve. 
Il  Diedeamo  Aleramo  an  cor  a  penta, 
Et  dentro  el  cor  penaando  si  rissolve 
Mostrar  ranimo  auo»  la  forza  immensa. 
Onde  li  aetle  coUi  in  au  la  polve 
Face  a  eol^>o  cader  con  quel! a  accenaa 
Preatezzai  et  Thjdra  par  la  coda  preae 
Et  quel  la  con  if  drago  in  fuoco  acceae. 


fA7 


248  1   DODICI   CANTI 

76.  Non  mea  fu  Ueto  Astoifo  che  Âlaraffîo 
Ûella  vettoria  che  la  atrana  laiXa. 
Vidde  finir,  che  prima  û*era  gramo, 
DubbtaDdô  châ  conversa  m  easo  tiiUa 
Ella  non  fu  sue,  et,  corne  û  pe«ce  a  V  bamo, 
Havervi  a  riraaûer  et  dalEa  brutta 
Hydra  eafl^r  col  compagao  divorato, 

Hor  che  ella  è  moria,  lieto  è  litornato. 

77.  Et  bayaDio^amente  alla  regîiia 
Rivolto  diâie  ;  t*  0  generoaa  divap 
Cul  tan  ta  gratia  il  ciel  largo  destina, 
Che  Anchè  '1  mondo  dura,  aempre  viva 
Tua  persona  gentil^  c\ï  ogùnn  ae  închina 
Per  la  virtù  ehe  mai  îd  to  sempre  è  viva  ; 
Hoggi  mai  faccian  triegua  con  li  m  os  tri 
Et  c^ntempliamo  qumt\  luoghi  voitri  ; 

78.  Che  UQ  paradiso,  un  luogo  di  beati 
Certû  mi  pare  queata  voatra  a[t]anza, 
E  voi  angeli  pur  dal  ciel  mandati 
Quïvi  habitar  :  se  non  tracolan^a 

Il  mio  parer  et  a'  i  giudicii  usati 
Ho  meco  interi,  et  ae  la  nuova  uaanza 
Del  luogo  non  mi  toile  lo  intelletto, 
Il  caatal  voatro  èuneterno  diletto.  n 

[F°l06r<']79.     Onde  la  fata  aerridendo  a  lui 

DÎBBÊ  :  u  Un  buoD  cavallier  non  brama  posa; 
Pur,  perehè  lassi  sete  bor  amendui» 
Ëâaervi  vogUo  în  queito  gratiosa 
Che  gratioai  an  cor  comprendo  vui 
Begni  da  me  impetrar  più  horevol  cosa^  i* 
Et  detto  questo  per  la  man  li  prende 
Et  veno  il  bel  pallagio  il  pasao  atende. 

80.     Coal  coi  cibi  vatino  a  rittorare 
1  corpi  dalle  |î^ravi  faïiche  aflVanti, 
Et  contra  un  cboro  délie  fate  audare 
Videro  a  ae  con  doici  e  ameni  oanti, 
La  lor  regina  vera  acompagnare 
Et  honorar  i  dua  guerrier  errauti 
Dentro  un  giardin  d'una  bellezza  talo 
Quanto  veder  mai  poaaa  ochi[o]  mortalo. 


CANTO  NONO 

81 ,  Uo  (TiezÊO  miglio  da  ogni  lato  il  tîene 
Poeto  ÎD  quadrato,et  un  colle tto  in  memo^ 
Sul  qtial  di  manni  un  fonte  con  amené 
Acque  vi  spaadej  e  intorDO  un  grato  rezzo, 
Qlùdcî  habluroD  già  Talme  Ghaïnene> 
Mai  si  ritornarono  at  dagaezzo 
Previsto  havendo  di  Sylvana  il  caeo 
Nel  bifforcato  ïh  otite  di  PamaHO, 

82.  EMb  memoria  deHa  lor  partita 
Fu  da  Sylva n a  da  quei  marmi  oniato 
Et  d^ognuDa  HEnaglnt  scolpita 
Col  nome  lofp  col  tor  «igniflicato. 
L'opra  è  et  degna^  st  tersaet  pollita 
Che  ciascun  che  la  vede  sta  ammirato. 
Son  tto  era  il  uome  an  cor  di  chi  oroâ  il  fonte 
Che  fu  de  reccellenle  Zenofoute. 

83*     LHma(rio  prima  che  a  V  îmtrar  de!  fonte 
Si  vedea,  havea  due  facc[i]e  e  in  ogni  mauo 
Un  tîbro  grande  at  sotto  i  piedi  un  monte. 
Un  volto  tîa  divino  et  l'aJtro  humano, 
Una  corona  l'una  et  l'altra  fronte 
D'oro  cingeva»  çui  poco  Jontano 
Sfldeva  a  piedi  an  vecbio  al  destro  lato, 
Et  d  ri  tto  a  Taltro  un  giovinetto  omato. 

84.      Disotlo  al  monlîcel,  ch'  ivl  era  e^olto, 
laceva  un  corpo  human  con  quatro  leâte, 
Et  era  différente  ciascun  volto 
Di  quellt  qualtrO}  et  parte  senza  veato 
Era  del  corpo^  et  una  parte  niolto 
Non  vestita  era  ben;  et  sotto  queste 
Cose  era  acntto  il  nome  délia  musa 
Che  in  Oreco  et  in  Lntin  Clio  ogn'uno  accui^a. 

[F<»lCI6ir»]85.     I /imagine  ieconda  diraoetrava 
Una  donna  gentil  saggîa  et  omata 
D'ogni  bellfîZEa^  che  a  ciascon  prestava 
Diletto  grandie  et  la  chïoma  ba  dorata, 
Un  ilauLo  (ênea  in  mano,  ot  chi  mirava 
în  lei  la  menti^  havea  quaai  boa  ta. 
El  piifitor  Pno  da  lato  U  sedcva 
Che  flauli  et  ïianipogDette  li  porgeva. 


?49 


ÏÏ50  î    DODICI  CAHTl 

86.  Ove  iûh  i  piè  firmava,  \m  praticoUo 
Anieno  altresî  icuUo  vi  ai  vede, 

Cou  herbe  et  fiori  da  qualch*  arboscello 
AecompagDato,  che  fa  ferma  fede 
Délia  éccellt'ntia  del  maestro  isnello. 
Oui  forai  Pr[a]*itele  in  quetto  cède, 
Ove  è  appiccato  un  epitaphio  a  uo  sterpe 
Cûtt  la  scHtïura  che  diceva  Kuterpe* 

87.  L'imftgiii  tersîa.  che  1  bel  foute  honora, 
Di  vam  vaste  una  legiadra  donna 
Veatita,  cuï  la  bel  la  trecia  infiora 

Una  ghjrlanda  d'hedra,  a  una  colloanaf 
Che  U  fa  sopra  un  a  scona  décora, 
Tûtta.  8^»ppogg-ia,  i?t  la  auprema  gonna 
Ha  de  diverti  Ûor  tutta  dipinUf 
Et  d'una  vite  pampiûoaa  è  cinta, 

86.     A  pîè  doL  fftuni  cou  aanore  ca&ne 
Segono  délia  diva  ai  gesÈî  lïeti  ; 
Et  «Otto  i  piè  pastor  con  le  cappaone, 
Con  slrîdolî  capri^ttî  et  agnei  qoieti 
Et  cani  Colohî  cbt^  moatran  le  zanne 
A  certi  lupi  ù  lor  greggi  iaquioti, 
Veran  acolpid  con  grau  maeetria, 
Et  acritto  iufra  ;  U  eomiGa  Thalia. 

89.     La  quarta  un  a  mestisaima  ^natroaa 
Che  di  sardonio  bavea  la  aopraveata 
E  in  cnan  teneva  unarotta  corona, 
Et  HCiiii  veli  sopra  delïa  testa, 
Et  aopra  un  tronco  tutta  a'ablandonav 
Su  la  iinistra  tieD  la  guancia  meeta, 
Et  ne]  la  destra  u[îi]  gran  col  tel  sangaigno, 
Et  Botti  i  piedt  un  lamentevol  cigno. 

[po  I07roj9o^     Phjlle  auapesa  al  tronco  vi  ai  acorge, 
Ove  la  niuaa  il  eubito  auo  appoggia  ; 
Dalla  aitra  partf^  nna  gran  pie  ta  sorge 
Et  inaudita  et  paventoâa  foggia, 
Pjramo  et  Thyabe,  alli  quai  aola  porge 
Una  apada  la  morte  che  ognun  poggla 
Volo[n]tariû  aovrn  t^aaa  ;  îvi  è  Medea 
Col  figU^  et  acritto  vi  è  :  Melpomona. 


CâNTO  NONO 

9i.     La  quîïita  uaa  danieUa  vag'a  ^  hutnile, 
GiocoDda  et  lie  ta  m  m  an  tieiie  una  cetra. 
Porpora  bianca  veflte  La  gentile 
FanciDlla^  el  vivû  par,  non  s  eu!  ta  pittra, 
Una  girlanda  tu  capo  ^tpiùnle 
Di  gemme  porter  et  sol  da  lei  »*impetra 
Soavità,  dolcezza,  Ugiadria, 
Gratta,  honesti  piacier,  dolce  harmûnia. 

92.  Siede  a  plé  della  muaa  al  destro  lato 
Ud  pastordlû  Bebreo  gu  un  capo  humano 
D'an  bel  diadema  d'oro  incoroaato. 

Et  at  Biniatro  il  Tratio  che  la  mano 
Môvendo  adolcia  ogni  cor  efTeirato^ 
Et  fuor  deî  fiumi  et  fuor  de  rOeeeano 
1  peacî  il  saoQO  tira,  et  sotto  il  piede 
Terpsicbore  eaaer  aeritto  vi  ei  vede. 

93.  El  aeeto  kogo  d*uD  pura  alabastro 
Una  îiiîagîne  tien  cbe  par  çbe  spiri 

Et  moatra  La  eecetlentia  del  «no  maatro, 

Cd  par  che  im[m]<ïrtal  gratia  intoma  agiiî, 

Iv)  diacesa  dal  più  benigno  aatro 

Cbe  fu  ne!  ciel»  sia  iie"^  perpetui  giri. 

Di  rose  ba  il  capo  ornato  iDanzî  et  djetro, 

E  in  una  man  La  Lyra  e[in]  l'aLtra  ïL  pletro. 

94.  Di  myrtbl  ha  âotto  i  piedi  un  bel  boachetto 
Fra  quai  damme,  ^onigli  et  capnuoli 

Van  laacîvendof  et  Cyprigna  ivi  il  letto 
Haver  si  vede  infia  aua  dtio  '  fi^liuoLi 
Ch*  uoo  detto  Dteio,  Taltro  Diletto, 
Qqai  aenza  Lei  mai  non  si  veggion  soli^ 
E  UD  epitapbio  tien  dove  &  notato 
A  Lettre  d  oro  i  nV  son  la  muaa  Erato.  n 

95 «     In  el  aettimo  luogo  tina  seultura 
Sentbra  uoa  giovînetta  hooeata  et  gravt 
Cbe  ne  Lia  deatra  tiene  una  scrillura, 
Et  negLi  ocbi  ba  uq  guardar  moLlo  BOare. 
Neila  éloquent] a  eccede  Ja  Dnianra 
Ei  ngnardanti  in  lei  unipia  non  pave. 
In  Greoo  la  ftcrîttiira  Sf^ntla  estoUe: 
'«  Muove  ogni  cor  da  V  ira  iL  padar  molle,  i» 


tSl 


[F''107ir'*J96. 


l    DOOIGI   CANTl 


Infrm  i  «uavi  fior  dêl  grato  amomo 
Tiene  ella  i  piedt,  e  un  Greco  ba  de  lia  dealra 
Asaiso  a  un  arboacôl  di  cytiamomo 
El  un  grave  Latin  dalla  âLoestra 
Di  gratto  aepetto,  H  tieae  io  mano  un  porno 
Soare  agli  ochii  e  un  artneîlm  e'adeatra 
Di  morder  quêllo,  ^1  aotto  i  pîè  alla  diva 
Ua  caotto  è  scritto  ;  m  Qui  Polinaûia  viva.  » 

97,     Ne  Tottavo  è  una  donna  che  li  paiafti 

Squar^iati  porta  et  povefella  pare^ 
Et  nioatra  per  ettà  piû  di  ottanta  auni  ; 
Nude  ha  le  biaccia  et  par  che  tnisurare 
La  terra,  il  mar  e  il  ciel  lutta  s'afTanui. 
Con  uua  aphera  io  maUf  quai  fii  girare 
Un  veuticel  soavê  che  ivi  ipira^ 
Un  ôchio  in  aJto  et  l'altro  in  baâio  mira. 

98*     Sopra  d'un  uionticel  d*alberi  et  fronde 
Privo,  la  muaa  ferma  ambe  te  piante. 
Siede  ivi  ud  vecchio  ch'  amendue  le  sponde 
Del  monte  abraccia,  et  quinci  è  scritto  Alhlaûte. 
Di  aotto  il  monte  natcon  limpide  o&de 
Che  dan  no  sete  ad  ogai  circons  tante. 
Ma  chi  troppo  ne  bee  viene  in  insania, 
Ll  motta  ivi  notato  dice  :  Uraiùa. 

99.     Âdempie  il  nonoluog-o  uua  Camenn 
Con  lungfl  chioma  simile  a)  pnroroi 
Vaga  in  aspetto  et  di  froute  fieL^na, 
Cui  le  tempie  circonda  un  ver^de  aloro^ 
Et  Tuna  et  Taltra  man  di  pletri  ha  piena. 
Et  ricamate  di  aottil  lavoro 
Le  vtste  varie,  di  bei  ûqt  orna  te, 
A  riguardantï  aopra  modn  grate. 

109.     Di  hedre^di  lauri,  di  gesmini  et  myrlhi 
Solto  i  piè  délia  diva  é  un  bel  hoichetto, 
Cui  dalli  kti  seggono  dui  spitti 
D'uno  elevato  et  diviuo  intelletto, 
Li  aeoai  al  ci[e]L.Kt  levati  et  irtif 
Ua  Cfprio,  un  MantuaQ  con  vario  afTetto. 
Coronati  de  aloro  ognun  tenova 
Ua  brève  quai  CalUopea  diceva. 


CANTO   NONO 

lOU     Intonio  al  fonte  di  bel  inarroo  bianoo 
Ligiadrî  se^gt  et  aiti  al  ripoaarsi 
CmactiD  cbe  »ia  o  per  fatica  ataaco 
0  per  voler  qualche  diletto  darsi, 
Dove  giongendo  col  Thedesco  iî  franco 
Inglese  con  Sylvaaa  prepararai 
Vidder  la  menaa  âï  soavi  cibi 
Gbe  par  ehe  dichi  n  ognue  :  ec  Perché  qqh  libi  ?» 

,  [f*  108 r*]  102.     Quivi  di  canti  et  iuon  l'aura  ristuona. 
Et  Taccjua  alla  regîna  e  ai  cavallieH 
Allé  inaa  dasei,  et  rincl^ta  persoûii 
Pria  di  Sjlvana  et  puoi  i  g-uerrieri 
Si  pongoDO  alla  meosa,  ê  una  corona 
Si  puoneiD  capo  deî  campioni  altien^ 
Di  quOTcia  verde  et  di  edera  coq  tenta 
Fer  le  tnMï  aol  délia  regina  boQéHta, 

103.  VeogOQ  11  cibi  delîcati  et  tant! 
Et  i\  diverel  et  di  al  grati  odori 
Che  perdon  gli  gesniini  et  glj  aruaranti. 
Et  di  cedri  et  hmoni  i  vagbi  fiori 
Di  Narciio  et  Hyaciotho  et  de  gli  sceau  tl, 
Et  «overebiaDo  i  vin  gli  al  tri  liquori  ; 
SovercbîaDO  li  vasi  ogni  gran  regno 
Di  prezEOf  di  mateha  et  di  diââegjxo, 

104.  Struono  a  l'ai  ta  meoaa  alctiiie  fa  te 
Fiû  cbe  d'htimao  d'an  gel  ici  sembianti, 
El  C0&  loro  accogUenze  boneete  et  grate 
HoQorano  altameute  i  tiri  erraciti. 
Ma  perché  le  regine  già  laaciate 
Cûi  régi  et  gli  al  tri  dui  guerner  preat&nti, 
Che  di  Rinaldo  il  bel  triompbo  i^  aiegua^ 
QuAOto  ptù  TuEia  et  l'altro  puo^  mi  adogua, 

105.  Bitorno  a  quella  menaa  ov'  io  laeciai 
Li  régi,  le  rfîgio[ej,  i  cavalUtri 
Coû  Dorai] ce f  che  piena  di  lai 
Va  rameutando  i  suo'  t«mjji  prirnieri. 
Ne  satiaAi  mirar  costor  giamai 
Yedendoli  ne  Tarmi  eiâer  si  fîari  ; 
Ma  di  Rynaldo  s'è  fîammata  tanto 
Che  par  cb'  abia  net  petto  il  cor  alTranto* 


2^B 


t54  1    DÛDICI   CANTl 

106.     Da  un  carro  è  lie  ta  di  vedersi  inaûte 

I  air  pregiaLi  quetita  danna  altidra  ; 

Da  1*  al  Ira  parte  du[o]Ue  esieme  aman  le, 

Perù  che  passe  derii  unqua  non  spera, 

Che,  l'uno  et  VaMvo  di  eisi  etsendo  erraate, 

Non  ba  notitia  di  lor  stirpe  vera 

Ella  né  il  padre,  e  in  queato  penaier  moko 

Guarda  hora  queata  et  horquel  altro  ïn  voUo, 

!07»     Et  talhor  se  aroeciava  et  scoloriva 
Talhor  in  faceia,  del  che  la  regiDa 
Vechiâ  si  aocorse,  onde  di  anior  non  priva 
La  figUuola  coDobbe  ;  et  Fiordiapina 
Sta  lutta  lie  ta  d'animo  et  gioliva 
Vôdendosi  honorar  et  che  a  1  ne  bina 
Ciaacuoa  a  lei,  et  li  henigm  régi 
Honi:>rano  i  guerrier  di  Iode  et  fregi. 

[F<*tOÔv**]l08.     DisïoBo  ftvnaldo  di  aapere 

Chi  aia  oolui  con  chi  la  pugua  haveva, 
La  bocca  âpre  doppo  uq  lungo  tacere; 
Del  nome  et  délia  patrîà  il  ricbiedeva. 

II  bon  Guerin,  che  non  ei  puô  tenere 
Del  auepirare,  coal  riapondeva  : 
i%  Signor,  non  ti  bo  dir  dov'  io  ai  a  naki, 
Ma  80^  certo  in  Bi^antio  nadiicato. 


109.  El  mio  ûome  Meacbino  ivi  fu  detto^ 
Et  da  faociul  fui  prûao  da  coraari 
Et  da  un  mej xantef  cb'  io  auggevo  a  patto, 
Comprato  fai  eon  robbe  et  eon  denari, 

Et  alla  maglie  aenza  al  G  un  riapetto 
Mi  presexitd  ;  fra  preaenti  più  rari 
Rarisaîmo  fui  io,  a  ciaacun  grato 
Di  lor  «t  da  flgiiuoi  nutrïto  e  amato. 

110.  Un  altro  figliuoUn  mio  eoetano 
Havaa  coatui  che  mio  padre  io  credeva, 
Cre^^cendo  nui  alla  acuola  andavano 

Et  ambi  por  figlinoli  eî  ne  teneva; 
Un  veâtir^  un  cabar,  nu  viao  humano 
  me  corne  al  figltuol  proprîo  faceva. 
Né  schiavo  tni  couobbii  ^^^  giorno  eccolto 
Cb'  io  fui  al  âacro  imperador  accetto  ; 


GANTO  NÛNO 

HL     Che  s'accotlô  al  iîgliaol  del  mbpadrone, 
Quai  seinpre  i'  cresi  a  me  fusse  fratelïo^ 
Et  disse  a  lui,  présenta  più  pereoue  ; 
«  Doaann  quel  tuo  acbiavo  meachiuello*  n 
Ma  qQâJ  &i  divo  imperatore  eapoQC 
Suo  me  non  easer,  ma  del  |>adreT  et  che  ello 
Farà  col  padre  se  poBsibil  6a 
€h'  alla  sua  M  aies  ta  coDcesso  io  sia. 

U2é     Bt  cosi  fu  ohB  ad  Âbasandi-o  poi 
Iraperador  et  al  suo  yeehio  padre 
Fui  earû  «ervo  quanto  ad  al  tri  beroi 
Ahra  mai  fussi,  et  qqb\  la  ftua  madré 
Fortoumù  amor,  et  alii  tempi  iuoi 
Viusi  una  giostia  et  poi  più  armate  squadre. 
Et  libérai  ConatanlitiQpol,  ch'tii  a 
Da  Turchi  oppresso*  per  baltaglia  fera, 

U3,     Et  poi  deliberaimi  ritruovare 
La  stirpe  mm  onde  Tongine  hebbe, 
EagU  alberi  cîel  soie  investi  gare. 
Di  qnanto  oel  di^io  iiensier  mi  crebbe, 
1  genitori  roiei  tanto  ce  Pc  are 
Giurai^et  giurato  havcir  forte  me  îïicrebbe» 
Quaado  truovaimi  al  fium  diThenuodonte^ 
Che  f&  abbassar  a  ogaun  faltiera  fronte* 

*  iOBt*]  I  H.     Agli  alberi  del  sole  i'  ritruovai 
Un  aacerdote  cuï  la  barba  veita 
Et  li  capei  facevano  che  mai 
Tal  De  fu  viato^  et  atial^o  sempre  resta, 
Areo  dal  sol  et  erespo  d'aimi  aaaal^ 
Et  da  ridolo  suo  mt  porté  questa 
RiBposta  ch'  io  n^andasaî  ael  pQiieiite 
Dovd  10  ritmovarei  mia  stirpe  et  gente  ; 

1 15»     Et  cbe  io  era  ancor  due  volte  battezato 
Mi  aottogiuDse  il  venerabîl  vecchio, 
Etnello  primo  fui  Guerrin  cbiamato^ 
Meschin  ne  L'altro,  et  coâl  mi  ttpparechio 
Venir  verso  il  Ponente,  et  il  spietato 
Fiume  mi  toUe  dj  baldanza  il  speccbiOf 
Per6  che  nu  vento  di?pettoso  che  bave 
Ivi  conduaae  la  mia  trista  nave. 


255 


tèe  I   DODICl  CANTl 

Itô.     Gom  riitû  prigioné  iu  quel  noT«^Op 
M  poMuta  ho  ieguim  il  mto  viftggio 
Cbe  nti  roppe  fortima  il  tni*  diaiegQo.  »' 

Cui  Hjaaldo  d'Amon,  cavaliier  saggio, 
Di  fregic  ornato  et  di  gran  loda  degao, 
Bisse:  u  Pev  certo  aei  di  gran  Lignaggio 
Che  quel  eh'è  nata  d*una  slirpe  vile. 
Mai  DOD  puô  fare  un  atto  siguorUe. 

m.     Ma  ben  mî  duol»  suggiunBeil  palladinOp 
Ch^habi  giurato  veodicar  colei, 
Percbè  morendo  iod  sarai  Guerrina^ 
Ne  riportarai  più  tanti  trophei, 
Anzi  prevalerà  il  nome  Me&chino, 
pQiché  Mesckiu  ribattiiato  seii 
Eesendo  tu  advato  in  Taspra  cnano 
Del  fer  Rynatdo,  aLr  di  Monte-Albano.  ii 

118.     Quando  li  régi  entesero  il  parlare 
Del  sir  di  MoDtalban^  bebber  aaspetto, 
Onde  li  fecer  pr^ato  acompagaare 
Coi  lumi  acceai  deûtro  al  ricco  letto, 
Ne  si  vuplae  aicuD  di  esai  disarmarâ , 
Non  perù  che  sapesiero  il  concetto 
Ûi  questi  rôj  ma  perché  loro  uaanza 
Ëra  d'armati  star  nella  altrui  stauxa. 


119,     Reatano  i  régi  et  le  regitie  ancora, 
Cacciati  i  servi  fuarï,  a  parlaEneato  . 
Ëi  veccbiû  Stordilau  cou  sua  décora 
Favella  dice  :  «.<  1*  fui  molto  cqq lento 
Ché  '1  (^avallier^  che  û  da  nui  s'hotiora, 
Trabesse  Piordispiaa  a  salvatnento , 
Ma  ben  mi  duol  che  queato  aia  Hjualdo 
Che  inrarmi  è  tî  poiaente»  ardito  e  baldo* 

[F"^  109  v^]  120*     E  qef  altroanco  che  la  pugna  ha  aeco. 
Pur  è  Christiano  et  4  ne  rarmi  eaperto  , 
Onde  una  opinione  at  cor  mi  areco 
Che  habia  da  lor  mio  regno  ester  deserto.  » 
îiispuose  Zenodor  cou  Tochio  bieco  : 
vL  Potrebbê  il  parer  iuo  succéder  certo. 
Se  délia  spota  niia  il  iLberatore 
Fusae  ataico  di  (iano  il  tradUore, 


CÂNTO   NONO 

12L     Ma  DÔ  Taspettû  suo  dimoetra,  et  meno 
L'altro  cambattitor^  di  delâttarae 
Oprar  efletto  che  11  renda  meno 
Di  boQor  et  gloria,  et  a  me  eempre  par«e 
Eoteso  ha  ver  quel  air  ne  più  bè  meno 
Cbiaro  del  sol|  ne  cupidigia  Tarse 
Già  mai  se  non  d'honor,  di  etema  fama, 
Perehè  regno  o  thâBor  aûQ  stîma  o  brama. 

122.     Se  regQo  desïâsseil  pata^^iQo, 

N'bavrebbe  più  di  dtece  al  auû  comando  ; 

Queîlo  di  Chianeï,  quel  di  Mambrino 

Sarebbon  stîoi  o  del  cugino  Orlaiida. 

Né  re  sarebbe  il  figliuol  di  Pipino, 

S^  regno  aléuuo  acdeaae  hora  cercando 

L'ammoso  aignor  di  Monte-Albana, 

Si  cbe  ac|ueta  il  penaier  ttio  perché  é  vaoo,  » 

1^.     Lavaga  FiQrdispîaa,  che  ai  sente 
Obligû  haver  al  palladin  corteae^ 
A  tal  parlar  truovandoii  présente, 
La  sua  protettian  bemgna  prese 
Et  disse  al  suocer  suo  modestameiite  ; 
<t  So  ehe  Rjnaldo,  o  sir,  mai  qûq  ti  offese, 
Ma  secoatecapli  bene  il  suo  valore, 
So  ebfi  li  rendarai  parpetuo  honore.  «^ 

124 .     Oôlla  la  testa  il  vecchio  Stordillano, , 
Et  ciô  vede  la  bella  Doraliee 
Cb*ama  di  cor  iî  ser  di  MonLalbano 
Et  denesi  m  amarlo  esaer  fêliez. 
CoDoscendo  del  padre  il  pensier  strano 
Cbetamenie  in  V  îstesso  animOf  dîce  : 
('  Noo  ti  rinscirài  padre,  il  pensiero, 
S'offeoder  peusi  questo  cavaltero  » 

125,     Et  cerca  con  astutia  feminile 

Del  padre  saper  cbiaro  il  né  concetto, 
Dicendo:  h  0  signor^  mio  padre  gentile^ 
Di  Doralice  tua  ferma  diletlo, 
Qnesto  Rjnaldo  sotto  spetie  humile 
Ti  vuol  forsi  gabbar,  ma  poi  ch*  in  letta 
Ei    si  riiniûva  et  fore i  diearmato» 
Fotrai  pigliarlo  e  aticorai-ti  îl  stato.  »» 


fat 


Iî 


5  58  1   DODICI   CANTl 

[F°110r«]  1^.     Ne  &  Zenodoro  ne  a  Fiordispina  aiauco 
Piacô  ai  Doralice  U  pr« posta, 
SWosaa  il  viso  a  Tun,  a  l*altra  bianco 
Diventa  per  pietade  ;  e  il  dir  s^ac^sta 
Di  DoraUce  al  vecchiOp  ma  H  cor  franco 
Délia  figliuok  fa  ferma  propoata 
Nottifficar  ai  cavallier  il  tutto, 
Che  per  beti  far  nan  habîna  mal  frutto. 

127 .     Et  coal  da  li  régi  la  Lioeatia 
PigUa  Gon  dire  cheli  duol  la  testa. 
Parte  ella  adouque,  et,  poich'  è  in  loro  absêotia^ 
Seeo  una  camenera  ardita  et  preata 
Mêiiaiido  âove  i  eavatlierl  senza 
Timor  ri  posao,  chiaro  manifesta 
Del  padre  la  parole  e  il  penaier  strauoi 
Aci6  fii  guai'diû  dal  noveilo  grano. 

123*     Ringratian  Dûraliee  î  eavallieri, 
Ë  poi  propos  ta  fan  di  starsî  a  Terta^ 
Dorme  uno,  Taltro  veglia  volentieri» 
Sperandg  che  la  cosa  a  lor  Ba  eerta. 
Fan  le  guardle  a  vicenda  i  buon  guerrieri 
Con  la  meute  ferigna  la  Uarmi  esperta  î 
Et  iû  li  lasso  in  flo  ch*io  torno  a  dire 
Di  lor,  cbe  '1  caûto  mio  qui  vno*  Haire. 

Ferdinand  Castets. 
(A  suiwre.) 


CONTES  LENGAD0UCIAN9 
Dau  ploch  de  Sant-L.oup  au  piocsh  dô  Sant-Cla 


S.  —  à.  Cdtôrl,  Getdrl  6  miècli 

A^queles  mouatres  dô  Côtôris  se  plasoun  pas  mai  qu'à  eountà 
de  tsiônnadaa,  E,  zou  !  au  pus  fort  la  pelha  ! 

Un  jour  dounc,  T6ni  e  Clousquet  ae  reicouatrèroun  à  la 
Marina, 

—  Hèuî  T6Qi,  coucna  aièû? 

—  Maiîaco's  Ctousquet,  Chavat!  quaat  i'â  qua  t'aviëu  pas 

—  Ere  à  la  baraqueta.  Contes  pas  res  deûôu? 

—  No  ;  franc  que  te  diguèsse  ce  que  m'amvèt  dimàa  pas- 
sai... Mes  lou  dèves  saupre, 

«•  léu?..,  Sabe  pas  Boujacnen  dequé  me  dises. 


Sr  —  Â,  Cet  tais»  Oâttols  et  dainl 

Cei  monstrôa  de  Cet  toi  a  ne  se  plaisent  qu'&ux  gatcennade*.   Bt, 
en  avant  l  gascon  no  d  s  à  qui  mieux  mieux  I 

lia  jour  donc  Toine  et  Cloequet  Berencantrèreût  à  la  Marine  *. 

-^  Ohe  !  Toine,  coratneat  ça  va  ? 

-^  Tiens?  voilà  Closquet,  Ce  qu*il  j  a  longtemps  qu'on  ne  t'avait 

—  J'étais  à  k  baraquette*  Tu  ne  eontes  rien  de  neuf, 

—  Non;  à  moitii  que  je  ne  te  dise  ce  qui  m'arriva  mardi  dernier.,, 
Mais  tu  dois  le  savoir. 

—  Moi?.*.  Je  ne  sais  mâme  pat  de  quoi  tu  me  parles  « 

*  Marché  aux  poissons. 


260 


CONTES   LANCtUEDOCIENS 


—  Te  lou  vau  countà.  Imagina4û  que  quand  faguêt  î 
taat  gros  curage,  sabes?  pescaven  toutes  dous  amé  Pitota,  à 
l'estang.  Acha!  i*èren  talameu  afeciounats  que  sb  maufiâaven 
pas  de  res.  De  maniera  que,  quand  s'avisèren  dau  tems,  èra 
un  pauc  tard.  Agantèren  he  chacun  uïi  rem,  e  voga  que  vou- 
garàa!  mes,  m  per  aquelaL^  Tourage  erevèt  qu^èren  encara 
lionlsdau  Bourdigou.Ed'iglauaî.,.  e  de  troBsL^.ede  idoja!.-* 
e  de  ?ent]...  te  lou  pode  pas  dire.  Tout  d'un  cop,  —  flie-flac- 
flacl  —  untron  eapaventable  nous  ensourdis,  un  iglau  noua 
avugla,  la  barra  de  fioc  nous  raseja  bu  nas,  e  toutes  dons, 
flau  !  de  mourres  au  founa  de  la  bèta,  Am  aco  mai  de  peu  que 
de  mau.  Se  matan  d'ausida  e...  oi  î  de  ma  v^ida  e  de  moun 
jours!*.*  s'aî  jamaî  eresegut  d'avedretoucatlaboumba,  se  guet 
bô  quand  vegère  ounte  se  capitaven...  Devigna? 

—  La  bèta  9*èra  pas  devjrada? 

—  Aube,  deviradïi!*..  Se  capitaven  entre  lôu  Mol  e  lou 
Brisa-lamas*  Sembla  pas  poussïble  couma  marcha,  aquela 
eleitricitut  1  Avièn  facb  un  saut  dau  mens  dous  kiloumè^tras 
sans  mètre  mai  de  teuas  que  per  cridà  ;  secoua  I 

—  Loucrese. 


I 
I 


—  Je  vaia  te  narrer  ça.  Iraagîne-toi  que  le  jour  où  il  fît  ce  fameux 
ûrage,  tu  nais  bien?  noua  péchions  à  Tëtang,  Pltota  et  moi.  Nous 
étions  tellemeM  absorbât  dans  notre  pâcheque  nous  en  avions  oublié 
tout  le  reste.  De  sorte  que  nous  prîmes  garde  au  tempâ  uu  peu  trop 
tard.  Saisir  chacun  ua  ayiron  et  r^mer  vigouieuaement?  c'est  bien  là 
ce  qiiH  itoua  fîmes;  mais,  va- te  faire  fiche  ï.,*  Torage  éclata  ii«e  noua 
étions  encore  assez  loin  de  la  Bordigue,  Et  des  éclairs  j*„  et  des  coups 
de  tonnerre  L..  et  de  Ispluiel»  et  du  venti.**nonJenep«i6  paa  te  dire 
çn.  Tout  à  coup,  —  flic-flac-flac  l  —  un  coup  de  tonnerre  épouvîi^n  table 
noiH  nsflonrditp  un  éclair  nous  aveugle,  la  barre  de  feu  nous  friee  le 
nez,  et  toim  If^a  deux^  patatras!  museau  premier  au  fond  de  la  barque. 
Avec  ça  plus  de  peur  que  de  mal.  Nous  nous  reîevona  vitement  et.-* 
oh  !  de  ma  vie!  ob  1  de  mes  jours  L,^  Si  J'ai  Jamais  cru  avoir  perdu  la 
boule,  ce  fut  bien  quand  je  vii  en  quel  endroit  nous  nous  trouvions^.. 
Devine? 

—  La  barque  n* avait  pas  chaviré  î 

^— >  Ab!  bien,  oui,  chaviré  f...  Nous  étiona  entre  Je  Mêle  et  le  Bri^e- 
lames.  Ça  ne  semble  pas  possible  ce  qu*elle  va  vite,  cette  électricité  1 


I 


CONTES  LANGUEDOCIENS  2 ni 

—  D'abord,  lou  pod^s  demanilà  à  Pilota. 

—  Lou  crese,  t'ai  dieh...  Me   n*es  b'aprivat  una»   à  léu 

iambeijf  que  vau  la  tieuna  I 

—  Oi?,*.  Dequé  t'es  arrivât? 

—  Sabesbe  Finèta? 

—  Ta  china  roussèla? 

—  Oi. 

Ehîbe? 

Eh?  be,  la  sentoana  pae^sada  cadelèt,  E  sus  cinq  cadèls 

'en  faguèt  dous^  un  nègre  e  un  blanc,  de  per  Faurelha 
^o  cha. 

Aco,  presemple,  lou  crêBe  pas, 

—  Dequé?...  lou  crei^es  pas? 
■^— *  No^  cranta  cops  ao  ;  aquela  es  trop  groasa, 
Terré  !  trop  grosse  !.*.   léu  te  Taî  cresegnt  per  dons 

loumèatrea,  e  tus  lou  ereses  pas  perdous  pans  iiouîameû  I,.. 
ohaJ  voa  que  te  loti  digue:  sièa  una  mloIaL.. 


^Hà  avions  fmirnt  un  s&ui  dû  deux  kilomètrea  au  moins,  sans  mettre 
P*»iA^  de  temps  que  pour  mer:  nu  secoura  î 
— ^  Je  le  eroia. 

-^^  D*abofd,  tu  petJï  le  deninndei'  à  Pîtote. 

" —  Je  le  cfois^  t*ai-je  dit..,  U  m*en  est  bien  arrivé  une,  à  moi  aussi, 
H^i  vaut  la  tienne  I 

—  Oui?.,.  Que  t'est-il  arrivé  ? 
"^Tu  connais  bien  Finette? 
-^  Tji  chienne  rousse  ? 

—  Oui. 

—  Eh!  bien? 

—  Rbt  bien,  la  semaine  dernière  elle  mit  bas.  Et,  aur  cinq  petits, 
elle  eu  fit  deux,  un  noîr  et  un  blanc^  par  roreille  gauche, 

—  Ça,  j>ur  exemple,  je  ne  le  crois  pas, 
^~  FIsît-il?.,,  tu  ne  le  erois  pas? 

^Nôn,  quarante  fois  nou  ;  elle  est  tcop  forte,  celle-là* 

—  Ouï-dàl  trop  forte?...  Moi  je  te  Vni  cru  pour  deux  kilomètres, 
et  toi  tu  ne  le  crois  pas  pour  deux   empans  seulement  î...   Tiens 
?eoi-tn  que  je  te  le  dise  :  tu  u  es  qu'une  mule  I . . . . 


f«t 


COKTES  LANGUEDOCIENS 


d.  —  Lon  Fenjat  qae  ris 

Los  Alié  p«stèt  d*aque]  tems  quVlo^a  <ie  aegà  lou  col  as 
kÎFM,  litiMtalps  e  autr&s  bonas  gran&s,  ta  loti  âftrrairoun«  au 
««iiftlràrl,  emb'una  soulîda  caraTata  de  cambê.  P6r  aco  faire 
TaYtè  de  pouténciaa  seoiônadas  un  pauc  partout  e  mai-que* 
vai  à  rintrada  àai^  bosses*  £  diaoun  que  la  dan  boac  de 
Yaiaîia,  à  très  ou  qoatre  ou  ras  de  Mountpaliê,  èra  pas  la 
qu'avîè  lûu  meni  de  pratica^p 

Veja-t-aqui  qu*un  jour  dous  pastoarèls.  Privât  e  Bertou- 
lateiii  arrivât»  de  fresc  dins  lou  Pais -Bas,  gfardavouii  saa 
fédas  à  Valeua,  Era  paa  loa  prumîè  cop  que  vesiéu  una  pou- 
téneia,  mésjamai,  de  sa  vida  e  de  sous  jours,  û'avièn  paa 
«trouvât  an-lioc  ges  dâ  tant  bon  anzangadas*  Atabé,  plantata 
davaos,  chifravoun  e  faaiènde  comtes  qu'aco  n'en  flnissjè  pas 
pus. 

—  T4  î  veses:  fan  antau  per  Ioub  penjà. 

*^  An  !  botïi^  ie  siès  pas:  as  antau  que  fan. 


9,  —  I»a  Pasdn  qui  rit 


En  ca  tempi-li^  au  lieu  de  couper  le  cou  aux  larrons,  a«saaaîiis  et 

autres  honnêtei  gens,  on  le  leur  a  errait  BoUdetneat^  au  contraire,  avec 
une  boone  cravate  de  chanvre,  A  cet  effet,  il  y  avait  des  gibets,  de  ci» 
de  là,  un  peu  partout  dans  notre  beau  pay»  de  France,  le  plus  souveut 
k  l'orée  des  boL^,  Et  l'on  dit  que  le  gibet  du  bois  de  Valeinep  à  trois 
ou  quatre  ïieues  de  Montpellier,  n'était  pa^  celui  qui  recevait  le  moiua 
de  pratiques. 

Voilà  doue  qu'un  beau  jour,  deux  jeunes  pastoureaux/Privat  et  Ber* 
tbomieu,  nouvellement  descendus  de  leurs  Ce  venues  en  Bas  -  Languedoc , 
gnrdaient  leurs  brebis  à  Valeine.  Ce  n'était  pas  la  première  fois  qu'ils 
voyaient  une  potence,  mais  jamais ,  au  grand  jamais,  ils  n'eu  avtiieut 
trouvé  nulle  piirt  aucune  d'aussi  bien  agencée  que  celle  qu'ils  admi- 
raient là.  Aussi,  plantés  devant  te  gibet,  ils  émettaient  des  réBexioua 
et  des  suppositions  à  langue  que  veux-tu, 

^  Ti«ns  I  vois-tti;  on  s  j  prend  de  cette  façon  pour  les  pendre. 

-^  Tais* toi  donc,  tu  n  ;  es  pas  :  c'est  couima  ceci  qu'on  s'y  prend. 


CONTES   LANGUEDOCIENS  2^^ 

£  patin,  e  coufln,  e  gnl^  e  gnn,  eotimalas  fennag  aulavadou, 
D*aquel  tema,  de  fadas  ititravôun  liins  un  blat  e  vous  laisse 
à  peDsà  se  lou  paure  el  aviè  la  broda. 

Seguèt  Privât  que  lou  prumîè  s*eu  avisèt. 
—  Oi,  moustre  de  sorti  cridèt:  veja  mas  fedas?...Ëh! 
ï>e  ,  sièi  poulit  ara  !  Quau  sap  quant  me  Ion  far&û  pagà?:**  Au 
âis^hlé  ta  pouténcia  amai  ta  pouténcia  L*. 
Se  i*acous3étper  las  vira, 
EutrameUi  Bertoamieu,  per  ben    s'assegurà  couma  aco  se 
fa^-^iè,  eacarlimpa  sus  la  poutéucia,  aganta  una  côrda  que  pen- 
do^jiava,  se  la  passa  autour  dau  col,  vira,  revira,  e.**  loupèd 
i*      x*asquilha»  Veja  Faqui  peujat,  mes  peojat  per  de  bon. 

<3uaûd  Privât  revenguèÈ,  en  sacpejant  couma  un  deganaud, 
^<^t>.  deviatèt  que  èb  bigoursava  e  se  debigoursava,  e  rega- 
^c^^iva  las  dents, 

Ahl  bougre-dô-bougreî  aco  te  fai  rire,  tus?,*.  îe  cridèt, 

P^fc^aràs  couma  iéu,  camarada;  n'i'aviè  tant  de  laa  tteunas 
co  m^ina  de  las  mieupas  !... 

-B  sacrejant  que  mai,  vous  lou  quitèt  eu  pl&n. 


-t^t  pàtatij  et  patata,  et  gni,  et  gna,  ainii  que  femmes  au  laveîr. 
F*eiidani  ce  temps^  des  brebis  entraient  dans  un  cbamp  de  jeune 
b^^Y  et  je  vous  iaiise  à  penser  si  la  pauvre  herbe  était  tondue. 
<^  fut  Privât  qui  le  premier  H^eu  aperçut 

Oh  î  monstre  de  sort  î  avia-t-il  ;   voia  mes  brebis.  Eh  bien  l  je 

i^^^ajoli,  moi^  maiutenant  î  Qui   sait    ce   qu'où  me   fera  payert  Au 
a^^l^le  tes  potences  et  toutes  tes  potences  ! 

^I  «e  précipita  vers  le  chamji  pour  en  chasser  ses  bétes. 
demeure  tout   eeuli  Berthomieu   voulut  en    avoir  le  cœur  net.  Il 
Çt^iik|ia  sur  uue  potence,  saisit  une  corde  qui  batunçaîc,   se  la  paaaa 
«ititour  du  cou,  tourna,  retourna,   et...    le  [ued  lui   manqua.   Si  bien 
%ii!îl  fut  pendu.  Et  pendu  pour  tout  de  bon. 

Quand  Privât  revint,  jurant  comme  un  huguenot»  il  aperçut  son 
compsïgiiou  qui  se  trémoussai t^  et  se  tordait,  et  tirait  la  langue,  et 
"nontrnit  k^  dents- 

—  AUI  brigand-de-brigand  î  ça  te  fait  rirei  toi  ?..*  lui  cria-t-îï.  Tu 
fi  lierai  comme  moi,  camarade:  il  y  en   avait  autant  dés  tiennes  que 
tltiinieonea  1*.. 
£t,  jurant  de  plus  en  plus  fort,  il  vous  le  planta  là. 


264 


CONTES   LANGUEDOCIENS 


10.  —  Lou  Penjat  que  ris  pas 

Un  pauc  pus  tard,  à  !a  mèma  pouténcia  de  Val  en  a,  nTen 
arrivèt  una  autra  que  vous  vole  dire  per  acabâ* 


* 


4 


Avîèn  counciannat  à  la  pouténcia  lou  paur©  coulas  Jan  Ka- 
pîàmus,  un  mèstre  laire  d%ilâdounc.  De  bon  mati,  de  grand 
mati,  el,  lou  bourrèl  erabé  sous  ajulaireB  èroun  part  Us  dû 
MouDtpeliè,  Quand  arrivèroun  à  Valeoa  èra  pancara  soarel 
levant,  qu'aco^s»  couma  sabès,  lou  imyameu  ounte  se  fasièn  las 
penjadissas.  Oe  mai,  nos  très  bourrèls  3*avUéroiiii  qu^avlôti 
pas  près  soun  tuga-verme,  e  que,  Tei'  dau  mati,  lou  cami,  e 
patati,  i*avièn  rend  ut  re^toumati  tèu  :  «  S*anavian  prumiè 
dejuuà?  diguèi  un.  —  Farian  pas  pua  mau,  ujuatèt  tia  autre.» 

De  maniera  que,  estaquèpoun  Jan  Rapiàmus  à  la  potiténçîa, 
ben  flcelat  côuma  se  deu,  e  a'agandiguèrouû  à  la  Baraca.  Acos 
èrauna  auberja,  à  dous  cops  de  fusil  d*aqui,  ounte,  de  cous- 
tuma,  se  ie  fasiè  bon  a  vidasia. 


10.  —  Le  Pondu  qui  ne  rit  pas 

Quelque  temps  après,  au  même  gibet   de    Valeine, 
autre  aventure  que  je  veux  vous  conter  pour  finir. 


On  avait  condamné  à  la  potence  le  mauvais  ga s  Jean  Rapine,  un 
maître*larron  il<*  ce  temps- là.  De  bon  matin,  de  graûd  matin,  le  pauvre 
sire,  le  bourreau  et  len  aide»  <ie  ce  dernier,  étaient  partis  de  Mont* 
pellier»  Quand  ila  arrivèrent  k  Valcine  ce  n'était  pas  encore  le  lever 
du  âoleiLOr,  à  soleil  levant  âeulement  devait  se  faire  la  pendaison. 
De  plus,  nos  bourreaux:  s'avisèrent  qu'ils  n'avaient  pas  tué  le  ver  et 
que,  Tair  du  matin,  le  chemin,  et  patata n  et  palatin ,  avaient  creusé 
leurs  entomaca  :  «  Si  nous  allions  d'jibord  déjeuner  ?  dit  Tun  d'eux  — » 
Noua  ne  ferions  pas  plus  mal,  ajouta  un  autre,  » 

Si  bien  qu'ils  attachèrent  Jenn  Rtïpïne  au  pied  du  gibet,  solide- 
ment garroté,  et  qiilts  ve  dirigèrent  vers  la  Baraque  C'était  le  nom 
d'une  auberge,  à  deui  portées  du  fuail  de  là.  L*on  y  faisait,  d*babitude, 
de  bonnes  et  franches  ripailles^ 


I 


COUTES   LANGUEDOCIENS  2rt:i 

TûBt  etcàB  dau  darniè  s  avalissiè  resqulna^  tiuaini  pâsièt 
coQtra  la  pouténcia  Tôni  îou  Gros-Bardot^  un  jouioe  gava- 
choti  qu'èm  pas  el  l'ancausa  $e  las  granotiihas  au  pas  de  coue- 
tas,  Per  quîcon  i'avièn  dounat  l'êscai-noum  de  bardot* 

—  Outre  I...  dequé  faaès,  voua^  aqui,  moussu  ? 

—  Ah  !  ah  !..*  joui  ne  ome,  gagne  très  francs  per  oura? 

—  Ob  !  que,  moussu,  badinas!.., 

—  Noun  pas,  moua  ome.  Loa  mèstre  d*aioos  es  un  famous 
aaBdeci  que  v6a  saupr^  quand  se  pot  demourà  d^ouras  estacats. 
Pren  toutes  lou^  que  ae  voloun  èatre.  lêu,  V^i  déjà  gaguat 
eeut  escuta,  Lou  mestiè  a  dau  bon»  aouma  veaès.  Pameus  ou 
fîniaper  navedre  un  prou, 

—  Bougri  de  bougri  I...  e  iéu  que  cerque  de  traval  L  .  Di- 
g-às,  moussu^  cresè*-ti  que  lou  mèstre  d'aici  me  prenguèsse? 

—  Souiide,  d'abord  que  iéu  me  vole  enanà. 

—  Ohi  rooustre...  le  parlariàs  pas  per  iéu,  digàa^  mouesu! 
^  Mes   si,    moun  ome,*.   Mjlhou   qu*aco.    Vous   quite   ma 

plaça  d'ausida.  se  voulés.  Avès  pas  mai  qu'à  desfaire  las 
«cordas... 


A  peine,  du  dernier  d'entre  eux»  le  dos  dis  p  a  rai  »«  ail- il  dans  Tau- 
t*'BTge|  (qu'auprès  du  gibet  vint  k  passer  Toiue  le  Groa- Butor,  jeune 
S^avac^h  de  qui  ce  n'était  point  lu  faute  ai  les  greaouilîea  n  giit  pas  tle 
"«^neue.  Ce  p 'était  pas  pour  des  prunes,  d'ailleurs,  qu  on  TaTaîl  sur* 
^*=*.omraé  Groi-Butor, 

—  MorguienoelÉ.»  que  faites- vous  là.  Monsieur  ! 

^  Ha  î  ha!..^  jeune  bomme,  je  gagne  trois  francs  par  beure, 

—  Oh  \  que,  Mopsieujv  vous  badinez?... 

—  Non  pas,  mon  ami.  Lt  maître  de  eëans  est  un  fameux  médecin 
^oi  veut  savoir  combien  de  temps  un  homme  j>eut  demeurer  attaché.  Il 
^Find  tous  ceux  qui  ae  [»réaeutept.  Mul,  j'ai  déjà  gagné  cent  écua.  L0 
'^iïétîer  est  bon,  comme  vous  voyez.  On  finît  cependant  par  en  a  voir  assez, 

—  Bigre  de  bigreL..  Kt  moi  qui  chi^rche  de  Vouvragel..*  Dites, 
^îoiisieur,  croyez^vou^  qu'il  voudmit  de  moi,  votre mattre? 

^»  CerlainemL*nt,  puisque  je  vais  la  quitter. 

—  Ob  !  bigre.  Ne  lut  pu  do  riez- vous  pas  un  peu  pour  mol,  dite», 
^oasîeur  ? 

—  Maïs  volûntierg,  mou  garçon*..  Mieux  que  ça^  Jevousaban' 
donno  ma  plac"?,  sur*le-champi  si  vous  voulez.  Vous  u'avez  qu*à  déïier 
Iss  cordes,,. 


f66  CONTES   LANGUEDOCIENS 

Tant  y  a  que  Tôni  destaquèt  Rapiàmus  e  qa^aqueste  Jlcelèi 
ûûstrâ  Gros- Bardot  à  la  lèata  a  se  ^aurètsansâounàraû^èlus. 


La  fartalha  de  la  Baraca  deviè  pas  èstrê  trop  marrida, 

d'abord  que  ïîôBtrea  bourrèls  ie  dejunèroun  aaa  dos  ou  ras. 
Quand  s'en  revengoèroun  lou  Gros-Bardot  vous  ie  cridèt  : 

—  Eh  I  moussus,  fai  dos  ouras  que  çai  sièi  !  Me  bailarés 
aquelesdouseacutsque  voua  ai^agoat?Se-qua-de-non  demore 
pas  mai. 

Lôu9  bourrèls  s'arregardèroun,  embabouchits. 
--  Moiistrôde  gort  !  as  pas  nostre  ome  î  Eh!  ba.preiiaffîpla, 
sîan  poulitsl... 

—  H6q  I  pioi,  faguèt  bu  mèitre,  que  siègue  aqual,  que 
siègue  Tautra,  su  fis  que  nM'ago  un  de  [jenjat.  Degiis  la  cou- 
nouitrà  pas  res.  Ânen  î  £0U,  à  l'obra. 

E  ae  sarrant  dau  Gros-Bardot: 

*-  Anàs  toucà  vostre  argent,  ia  diguèt.  Quitàs  aici  vostrea 
esolops  e  mountàs  ambé  îéu  sus  Tescala.  Vous  reglaren. 


Tant  il  y  a  que  Toine  délia  les  cordes,  qua  Jean  Rapine  ficela  notre 
Butor  très  sûmmâiremeiit  et  puis  â'enfuit,  sana  sonner  la  cloche 
d'alarme,  comme  bien  voua  pânaaz. 

*   • 

La  cuisine  de  lu  Baraque  ne  devait  pas  être  m&uvaisa  :  lea 
bourreaux  déjeunèrent  durant  deux  longues  heuies.  Qtmnd  tU 
revinrent  aa  gibet,  le  Groâ-Bittor  voua  îour  cria  : 

—  Hél   Messieurs,  voilà  deux   heure»  que  jo   suis  là!  Vous   me 
donnerez  les  deux   écus  que  j'ai  gagnés?  Sinon,  je   ne   resta    pas  ' 
davantage - 

Lea  bourreaux  a^eatre- regardèrent,  interloqués  * 

—  Dieu  me  damne  1  ça  n^est   pas  notre  houune  ?  Eh  bien  !  noua  ^ 
voilà  dans  de  heaux  drapsi.,. 

—  Bah  !  fît  le  chef,  qu'on  pende  celui-là  ou  qu'on  en  pende  un  autre, 
suffît  qu'il  y  en  ait  un  de  pendu.  Personne  n'y  connaîtra  rien.  Allons  î 
preste,  à  rouvrage. 

Il  s'approcha  du  Groa-Butor  : 

—  Vous  allez  toucher  votre  argenti  lai  dit-îL  Laisser  vos  aabota 
dans  un  coin  et  montez  avec  moi|  à  réobeile.  Nous  vous  règlerotia* 


CONTES   LANGUEDOCIENS 


Hl 


—  Se  perdran  î>as  mous  eaciaps  au  metiSi  bravô  mouasu  ? 

—  Nàni,  tiàni  ;  n'agés  pas  làguL 

Tdni  escarlimpèt  sua  Tescala.  le  passèroun  loti  nous  autour 
dan  col,  en  ie  dî^ueot  qu'èra  d'acoustutnauça  de  faire  antau 
ô  tout  d'uu  cop,  sac  I  ae  trapèt  panlevat  en  Ter. 

Fer  bounur  aviè  plou*ut»  La  corda  èra  mîèja-pourrida.  Se 
ooiipèt.  T6ni,  per  tant  tôni  que  seguèsse,  empougnèt  vite 
S<:*»js  esclopa  e  ae  7ouètd*au9ida  àNostra-Dama  de  las  Carabas. 
ï^^^noeaa,  quand  aeguèt  prou  liont,  s'arrestèt  e  bramèt: 

—  Michanta  sugètsî  voulurs!,.-  Vau  lous  querre  ïous  gen- 
^^^^wmnê.  Me  lous  racaréa  aquelea  dous  escuta  (..«  Moustres  L>. 
â^ït^^rouina-paurea  !  assassins  L-,  Se  la  corda  se  copa  paa  m'es- 
^ï^-^^-ngoulbavoun  L.. 


IKsperàs  !  L'afaire  ânia  pas  aqnL 

XJn  parel  de  meses  après,  moussu  de  Mountpeliè,  preniè 
'  wr,  un  bèu  dimenchef  as  entours  de  la  vita,  perquinaqui  vers 
^=m.  Plan  das  Qoatre-Segnous.  Caminava  sans  pensa  mau,  rode 


On  n'égarera  pa«  meâ  sabota,  au  moins,  mon  bon  Monaieur  T 

Non,  non  î  n*aye^  nulle  crainte. 

"  Joine  gnmpa  lur  Téchelle.  On  hn  paaea  la  corde  au  cou.  C/dtGiît 
t  ^u.ge,  lui  dit-on.    Et  puiSi  soudain^  zblcï  il  se  trouva  lancé  danH 

^idle. 
^Baureuse  ment,  iï  avait  plu.  La  corde  était  à  demi  pourrie.  Ëllo 
'K:%pit  Toine,  pour  si  gros -butor  qu'il  fut,  se  précipita  sur  sas 
*^^"fcût8,  les  prit,  le*  mit  en  un  clin  d'oeil,  et  se  recommanda  anr-le- 
^*^^unp  à  Notre- Dame-de- Prends- tes- Jambes.  Quand  il  fut  assez  loin, 
'^    «arrêta  : 

-*—  Mauv^aia  sujets!*.,  voleurs!  cria- 1- il  tant  qu*il  put,. 
I^**^tidfe  les  gendarmes»  Vous  les  cracherez  ces  deux  éc us  L 
^^^.tiriens!  Assassina!,..  Si  la  corde  n'eût  point  cassé, 
Braient!.,. 


*îo  vais  les 

.  Monatreâ  i 

ils  m'étran- 


Minute!  L^afTaire  ne  finit  pas  là. 

Uae  oouple  de  mois  plus  tard.  M,  de  Montpellier,  prenait  la  bon  air, 
^dimanche,  dans  les  environs  de  la  ville,  prùs  du  Plan  des  Quatre- 


^HR 


COKTES   LANGUEDOCIENS 


fach 


n 


Paaeas,  quand,  tout  d'un  co| 
erousadou,  un  bèu  droulàs  se  quîiha  da^ana  eh  Ë  nosire  ga- 
vach,  —  car  èra  un  gavach,  *-  Tagacha,  Taspia,  loti  bada, 
sembîa  que  ae  vôu  miralhà  dina  el, 

—  Siàs  paa^  ié  dis,  lou  baurrèl  de  Mountpôliè. 

—  NànL 

—  Achàa,  pamena,  moussu,  que  le  Sâmblàa  fosaa. 

—  Tous  dise  qu*es  pas  iéu, 

—  Oh!  be,  Ijôugri  de  bougri I  que  lou  siagués  ou  que  Ion 
siagués  pas.  eau  que  vou'n  fique  una  bona  desbourreladah.* 

E  vous  paiiaèt  sous  e^^clops;  e  n'a^autèt  un  de  ohaca  mau  ; 
e  voua  toumbètsus  lou  (lasaqum  de  moun  bourrèi  ;  e  vous  i'es- 
poussèt  las  amas  ;  e  voua  l'acivadèt  d'auo  pua  bàu  en  bramant: 

—  MeloQs  pagaréa  aquelea  dous  escuts,me  touspagaréi*!,., 
Urousamen  per  îou  iïourrèl  que  so  vegèt  vtsjii  de  mouude, 

ce  qua  faguét  encoupi  Toni.  Saua  aco  l*auriè  quitat  frech. 

Es  égal,  de  Tacivadage  mou.-îsn  de  Mountpeliè  s'an  aouYao- 
guet,  se  dis,  mai  de  quatre  matis. 


i 


Seigneurs.  H  alLail,  s^nn  penser  h  mal,  raide  cdmme  s1l  fiU  venu  de 
faire  ses  Pâques,  lorsque,  tout  à  coup^  à  un  carrefour^  im  garçon  for- 
tetneut  râblé  se  dressa  devant  Itii.  Kt  notre  ffavach,  —  car  c'était  on 
gavach,  --  voua  le  dévisageait  curieusement^  ob'^tinément. 

—  N'étes'Vûua  paS|  lui  dit-il,  le  bourreau  de  Montpellier t 

—  Non. 

—  Sais  pas!...  Vous  vous  ressemble?  beaucoup  tous  les  deux 

—  Je  vous  dis  que  ce  n'e*t  pas  moi. 

—  Ohl  bien^  bigre  de  bigre  !  que  vous  le  lojez  ou  que  vous  ne  l 
sojez  paa,  il  faut  que  je  voua  donne  une  bonne  bourrelée!. 

Et  il  posa  âea  sabots;  et  il  en  prît  un  dans  chaque  main;  et  il  voo 
tooiba  atir  le  casaquin  de  mous  bourreau  ;  et  il  vous  Îul  secoua  lt*s 
puces  ;  et  il  voua  lui  en  administra  une  maîtresse  raclée  tout  en  criant; 

—  Vous  me  les  paierez  eea  deux  écus,  voua  me  les  jiftierex!*.. 
Heureusement  pour  le  battu^  des  gens  ae  montrèrent,  pas  bien  loin, 

ce  qui  fit  enfuir  maître  Toiue,  Sans  cela  il  l'eût  étendu  sur  le  chemin. 
Tout  de  mémCf  ditron,  M«  du  Montpellier  garda  do  cette  aventure 
un  cuisant  souvenir^  plus  de  quatre  matios. 


I 

*0^" 


CONTES   LANGUEDOGIEN^S 


269 


IX 


UN  YIAGE  EN  ANFER 

AU  BEAVË  AMIC  F.  DOtïUBa&UE. 

Au  Boupdlgou,  autr«  tems,  Taviè  'n  ciipelan  e  an  inedeci 
qu'oa  vesiè  souvent  ensemble  e  que  pamtïua  se  cai'Cii|4iuivoun 
tie-longa.  Ou,  quand  se  carcagnavoun  pas,  èra  que  l*iin  débi- 
ta va  à  l'autre  quauca  grossa  inessourgasm^  en  espérant 
"îu'aqneste,  quand  vendriè  &onn  tour,  n*en  faguèsse  fil  il  una 
pus  groâsa  encara.  Gaiv^us  aquel  chapitre,  tasîèn  mai^que-mei 
3^ti  pus  fort  la  pelha- 

Or,  uu  divendres  au  vèispre,  Moussu  Sîïïii  (es  lou  noum  dau 
capelan),  qu'intrava  eiico  de  MotiSiSU  lïaniôl  (es  lou  noura  dau 
medecij  per  îe  passa  la  velhada,  Tatrouvèt  mm  que  ben  atau- 
^^t  davans  un  capounàa»  amai  qu'a  vie  paa  l'er  de  ie  faire  la 

f^toumacat,  &e  âinnèt  d'abord,  e  pioi^  is^ant  las  mans  ; 


UNE  VISITE  EN  ENFER 

A  L*AHt  W.  nOIÎMEaSUB. 

U  Bôrdigue,  antrefolsi  il  y  avnit  un  curé  et  un  médecin  qu'on 
_  K.U  tréâ  souvent  ensemble.  Et  cependant  c'était  antre  eux  un 
^aAmâiltiâ  contiouel.  Ou  bien  si,  par  husaid,  ils  cessaient  de  ae  cha* 
^^^iller,  on  pouviijt  être  sûr  qu* alors  l'un  contait  à  Tautre  quelque 
^^irifique  aveutuit%  en  attendant  que  celui-ci,  son  tour  venu,  débUàt 
^*^* «orne ttea  plu»  mil  ifiques  ûQCore.Surce  chapitre,  ils  faisaient  à  qui 
^^connefa  le  plus. 

Or  donc,  un  vendredi  soir,  M.  Silhol  (c'était  li  le  nom  du  curéj 
^traît  cbe^  M.  Duniel  (c'était  le  nom  du  médecin)  pour  passer  la 
^^illée.  11  trouva  le  compère  béatement  attablé,  tête  à  tête  ayec  uu 
iu^erbe chapon É  Et  l'homme  n'avait  im^  1  air  de  bouder  l'animal* 

Très  surpris,  estomaqué,  notre  curé  se  signa   premièrement  ;  puis 
ievatit  les  mains  au  ciel  : 

—  Sei§fneurî  Grand  Dieul  Miséricorde  !..,  un  vendredi  manger  dii. 
la  viatiily !...  Maiïi  l'enfer,  malheureux  !  Tenfer  qui  vous  attend?*** 


( 


270 


GOfCTfîS   LANGUEDOClEfîS 


—  Secousl  faguèt,  un  divendres  manjà  de  oarL..  Mes 
]  anfer,  mslurousî  l'aofer  que  vous  espéra?. .« 

—  M'espéra  pas  iéu,  mouagu  lou  Curât;  n'agés  pas  pôu 
d'aquela. 

—  Preaempla,  E*agé8  pas  p6a  d'aquekf,..  Vendredi  chair 
ne  mangeras.^* 

—  Ni  Samedi  mémement.  Tout  aco  sabèn*  Mes  couDveadrés 
be  pamens  que,  par  aaâ  dia^  Fanfer,  caudriè  que  fagàsse  de 
pla^a.  E  per  îéu  i'a  pas  ges  de  plaça* 

—  Per  voua  Ta  pas  ges  de  plaça?... 

'  Nàni,  n'i'apasgeâ...  Oh  !  bouLàa,  faguéa  pas  vostre  Sant- 
Toutuàs  :  m  voua  hou  Jisa  en  que  n^easièi  souiîde.  E  n'eu  mèi 
Boulide  d'abord  que  Tère  ioi  e  qu*liou  ai  vist  couma  vous  veae, 

^  Âoen  1  anen  I  es  pas  lou  cas  de  farcejà.  Sera  pas  emb'a- 
quetas  couiounadaa  que  voua  tirarés  das  arpieus  de  Satan. 

—  Couioune  pas,  moussu  Lou  Curât  ;  voug  assegure,  couma 
ai  cinq  deta  à  la  maa,  que  sièi  anat  à  Tau  fer,  paa  pus  tard 
que  ioi. 

—  Ah]  voulèa  pas  n'avedre  lou  dementitl...  Ëhi  be,  per 
veire,  couotàs  uu  pauo  couma  aco  se  i'entoulha  en  aval?  E 
avisas- voua  que  cadre  beu. 


—  Il  ne  m'attend  pas  moi.  Monsieur  le  Curé  ;  soyez  sans  crainle. 

—  Comment  I  soyez  sans  crainte  î*.*  Vmdridi  chair  ne  mangeras^., 

—  Ni  êaniedi  mêmemeni.  Noua  savons  ceU.  Mais  voua  conviendra 
bien  cependant  que,  pour  aller  dans  Te n fer,  il  faudrait  tout  d'abord 
qu'il  y  eût  de  la  place*  Et  pour  moi  il  n'j  a  point  de  place, 

—  Pour  voua  il  n'y  a  poiût  de  place?,.. 

—  Nenni,  qu'il  u  j  en  a  point...  Oh  I  voyons^  Monsieur  le  Caré,  afi 
faites  pas  le  Saint-Thomas  :  si  je  vous  le  dis  c^est  que  j*en  soie  sdr. 
Et  j*eD  suis  sûr,  puisque  j'y  étais  aiyourd'hui  :  j*ai  vu  la  chose 
comme  je  vous  vois. 

—  Allons  l  allons  r.„  ce  ne  sont  pas  là  matières  à  bouffonnenea. 
Et  toutes  ces  fariboles  ne  voua  tireront  pas  des  griSea  de  Satan, 

—  Je  ue  badine  pas.  Monsieur  le  Curé.  Je  suis  allé  en  enfer  aujour- 
d'hui méme^  aussi  vrai  que  j'ai  cinq  doigts  à  chaque  mairt. 

—  Ah  !  vous  ne  voulez  pas  en  avoir  le  démenti?...  Eh  bien!  vojona  : 
contez  uu  peu  comment  vont  les  choses  pai'  là-bas  t  Kt  attention  qua 
cela  cadre  comme  il  fautl 


CONTES  LANGUEDOCIENS 


271 


—  Vous  hou  va  11  countà  d'ausida,  0  se  vous  dise  una 
messor^a,  vole  que  la  lesta  me  sauta  I...  Esciiaàg  se  me  decope 
p&a  de  moun  sou^à,  mêa  Bièî  afaniat  couma  tin  loup  de  tant 
que  lou  Tiage  m*a  eurat,  e  plot  aco  m'empacharà  pas  de  bar- 
jacà,  Q*agé3  paalàgui. 

Dounc,  coiapen  court.  S'intra  en  anfer  per  un  grand  pourtau 
que  i'es  alandat  tiioûh  e  jour.  E  Feo  a'ancapîtadiue  unaeapèça 
de  ûourredoUi  long,  long  cou  ma  tout  iûi,  e  negre,  rie^re.*. 
coumadiànaiâ  dirai  f«,t  cou  tua  vous,  moussu  lou  CuraL. 

Badiûage  à  despart,  se  ie  vei  pas  mai  que  a'on  èra  dius  un 
four.  M'embrouncava  d'aï  ci,  retusia%e  d*aiaï,  belèu  me  flquère 
de  costas  mai  da  dècb  cops.  Â  la  jjerân,  pamens,  m'avisère 
que  Ta  vie  très  portas  :  uua  de  QÎiaca  man  e  i'autra  au  fin- fo  uns. 

léu,  peeaire  I  couma  un  ase  c&rgat  de  latas,  t'anère  picà 
tout  drecb   à   la   prumièira   qu^^    s'enileveiiguèt  :   èra  la  de 

luchâ^ 

—  Oi  ï  bougre  de  bastard  de  sort  1,*.  mai.  vendraa  me  êegh 
las  aurelhas  ?...  faguèt  un  lourdaguàs  que  sourtiguèt  d'au  aida 
cûuma  un  obi  caïn,  loti  mourra  autant  risent  que  las  portas 
d*una  prison*.,  Quau  ses  vous? 


-i*  Je  vais  voub  narrer  l'affaire,  aur-Ie-charap.  Et,  si  je  vous  dis  le 
pluâ  petit  metiâonge,  qu'où  tue  coupe  la  tête  I..-  Vous  m  ^excuserez  de 
ne  pas  interrompre  mou  repas  t  c*est  que,  voyez'vous,  je  suis  plus 
affamé  qu'un  loup,  tellement  la  vojage  m*a  creusé  r&Bioruac.  Et  puiSp 
ça  ne  m'empêchera  paa  de  jouer  de  la  Langue. 

Donc,  coupons  court*  Ou  eotre  dans  Tenfer  par  tm  grand  portail, 
ouvert  nuit  et  jour.  El  Ton  ae  trouve  tout  de  suite  dans  uue  «espèce  de 
eoulûir,  long,  long  comme  tout  aujourd'huif  et  noir,  noir..*  comment 
dirai-je?...  eomme  vous,  Monsieur  le  Curé. 

Mais,  trèva  de  badineriea*  Od  y  voit  clair  là  dedans  à  peu  près 
eomme  dans  \in  four.  Je  trébuchais  par  ci,  je  me  cognais  par  là  ;  je 
tombai  Loutde  mou  long  peut-être  plus  de  dix:  fais*  A  la  an  des  fins, 
pas  moins  «  je  parvins  à  distinguer  trois  portes  :  une  de  chaque  côté 
et  La  troisième  tout  au  fond. 

Moi,  pauvre  ionoceut,  comme  un  âne  chargé  de  bois,  j'allai  tout 
de  go  frapper  à  Tune  d'elles  p  au  petit  bonheur.  C'était  à  la  porte  de 
gauche, 

—  Oh  l  canaille  de  bâtard  de  SortL.*  encore,  on  viendra  ne  uh  asaas- 


2  72 


CONTES    LANGUEDOCIENS 


—  Sièi  moussa  Daniel»  dau  Boardlgou, 
— ^  E  que  nouK  ie  deraouràs  à  vmtve  salle  Bourdigou^  Ipôh- 

de-noum-cle-noum  d'un  goi?  ...  Ae  l  per  veire,  deqiié  Teoès 
fairô  ai  ci? 

—  Vouiièi  voua  demanda,  moun  brave  mousiu,  s'auHàa  pas 
uuâ  plaça  per  iéu,.» 

—  Ah!  ça,  mè?,  dîgâs  :  prandriàspas  un  ûv  de  doui  ers,  peiHI 
hasard?*..  Vous  couparièi  pulèu  lou  mourre*..  Pétard  de- 
noum-de-noum  !  hou  sabès  pas  que  çai  sèn  quicbata  couma  de 
sardas?  L*on  se  creva  de  l'hou  dire  à-n-aqueles  bougres 
d'abestits^  e  vous  agachoun,  pioï,  en  badant  una  maissa 
qu'envalariè  doua  faisses  de  palhai.,.  Anàs  vouafuire  enfourcà 
pus  liont,  sîeupièt,  ou  gara  de  mas  eostasL*.  ■ 

Chaval  î  coussi   pet  a  vostre  fouet,  camarada  I   me  pensera* 
Mes  gardère  aquelaa  refleeiouna  per  iéu.  Quand  lou  mounde 
BOun  tant  ouuestes,  ce  milhou  es  de  Ions  quitààaoao  adressa. 
Acampère  dounc  un  graiil  chut  e,  sans  mal  d*alôngiiis,  anèrem 
picà  àTautra  porta,  la  de  drecha.  V 

—  Dequ'es  encam  tout  aquel  varaH;.*  faguèt  un  &utr« 


ailier  lesoreltles?...  fît  un  monatre  de  laideur  qui  sortît  impëtueuse- 
meiit,  ainsi  qu\m   chiea    hargneux,  le    museau    aussi    riant   que  tea 
po  r  tes  d^un  e  pri  a  o  u . , .  Qui  ètea-  vo  us  ? 
^  Je  suis  M.  Dauiel,  de  hi  Bordigue. 

—  Et  pourquoi  n'y  reatez-voua  pas  à  votre  sale  Bordigue,  ton* 
nerre-de-Dom-d'uD  buiteux?.*.  Alloua!  pour  voir,  que  veuez-voua 
faire  ici? 

—  Je  voulais  vous  demander,  mon  bon  cûotiBÎtur,  ai,  dea  foli, 
vous  ti'iiums!  pa&  uue  phice  pour  moi  .. 

—  Ah  !  ça,  inaiSf  dite;?  donc:  :  vous  n'aune2  pas  un  air  de  deuji 
atra,  parliasard?.,.  Je  voua  cas^erma  plutôt  la  gueule  ,.  r^om-de-nom-fl 
dhm  pétard  I  ne  le  savez- voua  paa  que  noua  aomniea  ieî  eueaquéâ^ 
comme  des  hareugs?.,.  Ou  aa  tue  à  le  leur  dire  à  ce»  espt^ces  de  cru- 
chea,  et  puis  il  vous  regardent  ahuri3,ouvraut  uuehouche  qui  aemble 
vouloir  avaler  deux  bottea  de  [laiUeL,.  Allez  voua  faire  enfourcher 
plua  loiQ,  s'il  vouâ  plalt^  ou  ^ioon  gara  de  nieti  câtoslp,*  ^Ê 

PeaieE  penaai-je,  comme  il  claque  voUefouety camarade  !..«  Mais  je^' 
gftrdai  cette  rëOexinn  pour  iiioL  Quand  lea  gens  aont  ai  afTabk^a,  je 
mieux  est  de  lea  laisser  à  leui'  enaeig^ne*  Je  reatuidonc  bouche  cousue 
et,  aauB  pluii  lanierner,  j'allai  frapper  à  Tautre  porte,  celle  de  droite. 


CONTES  LAKGUEDOCÎENS 


t?3 


§iou)ît  mourrê  qu'eâpinchèt  emb'ua  er  rjaoutiè  aouma  lou  de 
mDftbèla-œaire.,.  Voua  manca  quicon?,*. 

—  Nàoi,  moussu.  Sièi  moussu  Danièi^  dau  Bourdlgou,  e 
^ûudrièi  saupre  9  auriàs  pa»  una  plaça  per  iéu. 
H  —  Âco'fl  aco  t  Quand  tous  dise  que  caudrà  prene  un  bon 
tiilhot  ?,.,  Fai  belèu  mai  de  oent  que  vènouni  ioL,.  Mes,  sacre- 
oiila-ûûums  d*un  fou..*trêl  que  tD6  fariàs  dire,  sabèa  dounc 
paaleg],  bougre  d'ase?  Dequé  Fa  aqui  dessus  ?,*• 

De-fèt,  nae  faguèt  veire  en-dessua  de  la  porta,  —  quau  tron 
â'eii  èra  avisât  !  —  una  maniez  a  de  pancarta  pas  trop  linda, 
^Ud  pourtava  d'escricb  : 


a  C0UM0UL1BUB    îï 


H  —  Escusà»,  Moussu^  ie  diguère,  sièi  un  pauc  de  Courtesoun 
P»ï*  la  TÎita,  â  per  lou  latî*..  sièi  de  Sant-Jan-das-Âses:  ai  pas 
jaixi  ai  aacbut  ^^ï^amoulèn  rapiàmm. 

B  AnÀB-Toii  'n  au  diable,  e  pas  tant  d'armanacs  I 

f^ardieu!  de  manda  ve  pa^  que  de  mai  que  d'anà  au  diable  ; 
m^&^  iacrapéta  t  ounte  tron  se  deviè  'neapità?  Achàa  que 


I 


Qu*eat-cé  que  c*e3t  que  tout  ce  vacarme  ?..  fit   ud   autre  joli- 

ccetxr  qui  montra  un  vieage  gracieux  comme  celui  de  ma  belle-mâre..« 
'Oti«  manque-t-il  quelque  chose?.»» 

^ —  NoD^  monsieur*  Je  suis  M.  Daniel»  de  la  Bordigue,  et  je  vou- 
drais savoir  si  voub  n'auriez  pas  une  place  peur  moi. 

—  Encore  un  autre  T.. .  Quand  je  vous  dia  qu'il  faudra  prendre  un 

Wq   gourdin?.».  Ça  fait  peut-être   plus  de  cent,  aujourd'hui...  Mais, 

•acFé-milIe-noma  d'tm  fou„.  treï  —  car  vous  ma  feriez  mal  parler,  — 

^tta  ne  «a  vas  donc  paa  lire,  espèce  d'à  ne?.,.  Q^V  ^~t-il  là  detsua?,  . 

U  me  fît  voir,  en  effet,  au-deseue  de  la  porte,  —  du  diable  ai  j 'y 

i^T^ji  pris  garde  1  —  une   manière  de  pancarte   pas  trop   limpide, 

<^ui  portait  en  écriteau  : 

OOHPLKTtBUS    » 

~-  Faites  excuse,  monaieurj  luidia-je,  je  suis  un  peu  de  Courte* 
«ûn  quant  à  la  vue,  et  pour  ce  qui  est  du  latin...  je  suis  de  Saiat- 
JeBû-les*Bourriquea  :  je  n'ai  jamaia  au  que  rapmmuê, 
^  AUei  voua  en  au  diable,  et  pas  tant  de  aoruettee  \ 
Pirdieul  je  ne  demandais  pas  mieux  que  daller  au  diable;  mala, 

IS 


274  CONTES  LANGUE DOCIENS 

âàbièi  pas  trop  ooussi  faire  de  picà  ou  de  pleà  paa  â  la  porta 
dau  fotiûs,  H 

PamenSf  me  diguère,  ie  dès,  J6  siès  :  te  ie  cati  faire  à  la 
carrela  i...  As  adejà  envalat  doua  afrounts,  un  de  mai  pot  pas 
eatoufà  'n  orne  e  o'aurâa  au  mens  la  councteoça  neta.  hI 

Embé  tout  accise  vous  disièi  que  tramblave  pas  un  pauquet, 
âariô  'û  gro9âa  mesdorga  :  Ion  cor  me  faslè  tnoa- traça. 

—  Quau  L'a  "val?,,,  me  cndèt  una  voués  que  aemblava  pas 
tant  rufa  coamalas  autras.De-fètlou  que  doubriguèt  aqueste 
cop,  sansèstre  un  astre,  pamens,  èrapasd'à-founa  taût  lourd 
conma  loua  dons  qu'avièi  vhU 

—  Sièi  moussu  Daniel,  dau  Bourdigou,  tournère  mai  dir« 

—  Ah  I  tant  milhou,*.  E  dequé  çai  venès  faire  ? 

—  Vesèa,  paa  grand-causa  r  tant  soulamen  per  saupra  ae 
ranriè  pas  una  plaça  per  iéu. 

—  Ai  moun  Dieu  l  taisas-vous,  qu'aiço  s  pie  cou  ma  ud  iôu  : 
sèn  loua  uuB  sua  louaautrea. 

—  Mes.*,  anûn,  quand  seguèsae  paa  qu'un  pichot  recanlou?.. . 

—  Vous  torae  à  dire  que  i'auriè  pas  per  cabi'a  joh,,  E 


saperlipopette!  où  donc  se  trouvait-il  ÎM.Voje»-vûUfl,  j'étais  bien  indé- 
cis :  heurterai-je,  ne  heurte  rai -je  paa  à  la  porte  du  fond  ?*,. 

Cepeadaût  je  me  tins  ce  discours  :  «  Tu  y  es,  tu  j  es:  paBsea-y 
jusqu'au  bout  loue  les  fourcbes  caudiDeât...  Tu  as  déjà  essuyé  deux 
affronts,  un  de  plus  ça  ne  peut  pas  tuer  un  homme,  et  lu  en  aurmij 
au  mûûis  le  cœur  net.  »  I 

Tout  de  mécae,  si  je  vous  disais  que  je  ne  tremblais  pas  un  peu, 
je  mentirais  effrontéaiont.  Mod  coeur  battait  la  générale, 

—  Qui  va  là?...  demanda  uue  voix  qui  me  parut  moins  rude  que 
les  deux  pri^côdentes»  En  e0*et,  celui  qui  ouvrit  cette  fois,  sans  être 
un  ustre  à  la  vérité,  n'avait  pas  le  museau  rébarbatif  des  deux  cer- 
bères déjà  vus. 

—  Je  suis  M,  Danielp  de  la  Bordiguetrecommençai-je. 

—  Ahl  vraiment?*,,  et  que  venez-vous  faire  par  ici? 

—  Une  misèrer  mon  bon  monsieur,  une  misère  :  savoirr  tout  simple 
ment,  ai  vous  u^auriez  pas  une  place  pour  moi. 

—  Mod  Dieu!  taisea-vous  donc  [,»  c'est  plein  comme  un  œuf  chea 
nous»  Nous  sommes  les  uns  sur  les  autres. 

—  Mais...  enfin.*,  ne  serait-ce  qu'un  petit  coin? 


p 


CONTES   LANGUEDOCIENS  S75 

tenèe:  de  pôu  que  cresôgnèsBes  que  vous  badine,  voua  hou 
vole  faire  veire. 

M*aJandèt  k  porta  e,  iéu,  intrôre,  Pa,.,uhî  la  marpida 
pudissÈtia  quê  i'aviè  aqui  deditial  Creseguère  de  m'estavanî. 
E  de  mouQde  ?»..  Tout  n'èra 

Tant-fa  qu^agèren  bèu  ôntà  de  draeha^  refîntà  de  gaucha, 
trapèren  pas  res>  Si,  à  la  Û,  m'anère  avisa  d'uD  traça  de 
pichot  bane,  airecantouDati  deâtrech  couma  sabe  pas  dequé, 
e  que»  se  i'aviè  de  large  per  plaça  un  bout  d'una  anca,  èra  be, 
tron-de-mîola  1  tout  ce  que  ae  poudiè  faire. 

—  E  aqui?  faguère;  tamben  me  counteutarièi  d'aiço* 

—  Ah  î  nàni*  Tai  pas  pensât  de  vous  hou  dire  pus  lèu,  mes 
tout  juste  avèn  paa  qu'aqucl  âoc  de  plaça  e  poudèn  pas  tous 
loQ  bailà 

—  Diànsis  1  qu^aco'a  foutent  )...  E  perdequé  poudès  pas  me 
loa  bailà,  se  aièi  pas  trop  curious  ? 

—  Perdequ^aco's  la  plaça  que  gardan  per  lou  capelan  dau 
Ôoardigou... 

Qustàvi  Thmround, 


—  Je  foufl  répète  qu'où  ne  trouverait  pajî  à  caser  un  goujon»,, 
Et  fceneïl  voua  croiriez  peuMtre  que  j a  VOUA  badine:  je  m'en  vais 
v^^ui  le  faire  voir. 

Il  m'ouvrit  auiait^t  la  perte,  toute  grande.  Moi  J^eatrai  bravement. 
F*otiah  L,*  l'iofecte  puanteur  L*,  Je  faillis  m^évanQQirî  Et  du  monde?... 
Cï'^taitboDdé. 

Si  biea  que  aoua  eùraee  beau  fureter  de  ci,  refureter  de  là,  noua 
°^  tPouvâraea  rien,  rien,  rien.  Si,  cependant.  A  la  Un  des  fiaâ,  j'allai 
*^^<2ûuvrir,  dans  une  encoignure,  un  mauvais  petit  î>ane,  étroit  comme 
J^  hê  saia  quoi.  S'il  était  assez  large  pour  qu'on  put  asaeeir  dessua 
l^    i>g^i  d'une  fesse,  c'est  bien,  saprelotte  I  le  plus  qu'on  en  puiase 


—  Et  là?..,  demandai-je.  Au  besoin,  je  me  conteateraiB  de  ceci* 

—  àh!  fichtre,  nûn.  Faut-il  que|esois  étourdi?.,.  J^auraia  dû  voua 
l^x^Tenir^p.  Nous  n'avona  tout  juate  que  ce  bout  de  banc,  et  il  noua 
••t  impossible  de  voua  le  donner. 

—  [iiaatrel  que  c'est  désespérant!...  Et  pourquoi  ne  pouvez*voua 
i^e  Le  donner,  si  je  ne  auia  pas  trop  curieux:  ? 

^  Maia,*„  parce  que  c'est  la  place  qu'où  garde  pour  le  curé  de  la 
^ordigue... 

(Amwre).  0.  T. 


BIBLIOGRAPHIE 


Fleîffer  (G,î*  —   Ein  probleïn  der  romanischen  worlfor«chungt  I*  1899 
[40  p.]  et  îl,  1900  [20  p.],  Stuttgart,  GrHner  éPffiffer. 

Cette  étude  a  partie  al  ièrement  pour  but  d*  établir  rétimologia  du 
mot  fr.  outil.  L'auteur  en  rapproche  vfr.  étrille,  stùnlk  et  remonte 
par  là  à  une  forme  '  uAiiahilia.  Mais  tteeilîe,  ttoeilhf  qui  ie^ble  signifier 
c(  cbaiae  »  et  que  M.  Behren^  {Btitrâgt  zur  romani sckm  pkih^hgk 
dédiés  à  M.  G.  GrÔber)  nipporte  avec  beaucoup  de  vraiaernbUoce 
à  fliirijtiflei,  stùd^û,  dV  rien  k  voir  avec  ouUL  *  UùlahUia  croule  paf^ 
le  fait.  m 

De  ee  prétendu  ^mitahilia  M.  Ffeiifer  6re  atifseU^n  qui  ne  veut  cer- 
tainemeut  pas  dire  tf  outils  »  et  qui  est  sans  doute  apparenté  avec 
fr.  attifa  \  dea  aiivtUm  ce  aont  dea  objets  d'attif-emeot,  comme  Tindique 
Cotgrave  qui  traduit  ce  mot  par  «  triaki:*ta,  tyres,  or  attjres  ». 

Puiadu  même  *u^iahUia  aortiratt  ««towoir,  qui  ue  convient  ni  pour 
le  sens  ni  pour  la  forme,  ~  puis  êtmyu  qui  serait  le  même  mot  qu'eilè- 
^ùiTj  —  puis  atùivre  qui  aérait  encore  le  même  mot^  —  puia  êUlU^ 

—  puis  eniowe,  -^  puii  t-oeilliûr,  — »  puia  atiller,  iaUmillcTf  iantouiller, 

—  puis  ariilliêr. 

Le  aiogulier  *  ttgiÈaliile  n'aurait  pas  eu  une  postérité  moins  inatten- 
due :  ce  serait  walU  itafe,  puis  waJL  êcoffe^  scafe,  Htofe^  et  en  défini- 
tive fr.  étoffe  qni  sortirait  du  wallon. 

Cette  énumératiou  bq  passe  de  commentaire  ;  mais  nous  ne  crojona 
pas  inutile  de  relater  cette  liste  de  mots  parce  qu'elle  est  présentéfi 
chez  fauteur  avec  une  érudition  incontestable  et  ime  certaine  virtuo- 
sité à  laquelle  quelquea>uns  pourraient  se  laisser  prendre. 

Dans  le  second  fascicule  destiné  à  renft>rcer  le  premier,  M*  Pfeiffei 
construit  un  *uiabUia^  qui  doit  confirmer  le  *  usikibilia  du  premier 
article.  A  ce  *  umibilia  remonterait,  entre  autres  formesi  fr.  usêîeiUe  ; 
inutile  d'inaister. 

Si  r&uteur  a  obtenu  dea  résultats  aussi  surprenants,  c  est  quM  mei 
en  œuvre  une  sémantique  dont  l'ébistlcité  n'a  pas  de  limites  et  une 
fonétique  fondée  uniquement  sur  ie^  cns  particuliers,  les  faita  d'ana- 
lo^e,  lea  croisements  de  mots,  lea  exccptiouâ.   Pourtant  son  tmvïti 
dénote  dea  qualités  qui  pourraient  être  un  jour  titilisées  de  façon  ylnn 


r 


BIBLIOGRAPHIE 


E77 


/ru<^lueus@  ;  mait  ce  qui  e»t  inquiéUot  pour  le  moment,  c^eat  que  la 
«sc^cade  brochure  aettriome  par  cei  moU  <>  Wirtî  fort^esetzt  >». 

Maurice  Drammont. 


^Wilmolie.  -  La  naixianee  de  Véiémmt  comique  dans  le  théâtre  reîi- 
Sm^rrn^,  Congrès  d'histoire  comparée  de  ISÛOv  Macan,  ProUl  frères,  1901j 
n.^^"»  de  23  p. 

Ï5ii  aiiBonçunt  aux  lecteurs  de  k  Jîft?«e  dt^  tangue*  romaneê  un 
r#^<^^nt  volume  4e  M.  Sepet,  je  les  ai  entretenus  dei  «  origioea  cathô- 
li«^%jes  du  théâtre  moderne  ».  C'est  au  même  sujet  que  se  rattache 
ttcrm^  remarquable  communication  faite  i>ar  M.  Wilmotta  au  Congrèt 
d*>^iâtoire  comparée  dti  1900. 

^3n  a  lé  plus  souvent  admis  et  professé  que  Télémeut  comique  de» 
n»^3r«lêre$  l«ur  venait  du  dehors  :  les  fablinui  avaient  donné  nais- 
se Kmce  à  des  farcat,  et  de  ces  farces  certains  ^verson nagea  et  certain» 
iim<!S:îdenLs  sont  passé»  dans  les  mystères.  Mais  où  «out  ces  farces 
et:  <e6  fabliau^i  dont  on  veut  que  les  auteurs  de  mjstèrea  se  soient 
»e?^--¥iiî 

^u  on  observe  attentivement  lea  faits,  qu'on  étudie  Tun  après  l'au- 
t^^^  les  documenta,  et  l'on  se  convaincra  que  les  mystères  n'ont  rien 
er«^  pninté;  mais»  au  contraire,  que  «  l'élément  comique  est  çn  g^crme 
à'wm  wis  lea  premiers  développements  icéniquet  qu'a  connus  TEglise, 
c<>  rxime  ces  développements  sont,  an  quelque  sorte,  latents  dans  la 
li%T^i^gie  „^ 

£ien  plus,  Télément  comique  né  au  sein  du  mjatère  en  est  sorti,  a 
^o^né  naissance  à  son  tour  à  des  scènes  et  à  des  divertissementa 
P»^ofanea;  nous  le  retrouvons  dans  Eobîn  ei  Marion^  d'Adam  de 
l^  Hsle,  dans  la  Gi^^élidi»  de  13%^  dans  le  dialogue  des  voleurs 
t^^"«*  de  *aini  Nkolas),  de  Jean  Bodel  :  <*  Lea  sujet»  d'ordre  comique  dû 
l^OO  à  1400  sont  tous  pris  dans  les  mystères,  ou  du  moins  s*j  re- 
tï^ouvenl  ou  peuvent  légitimement  s^j  retrouver  ». 

Telle  est  la  thèse  qu'avec  beaucoup  de  clarté  et  de  logique  expose 

l^    «avant  professeur  de  Liège*  Çà  et  là  dea  vues  ingénieuses  viennent 

«^core  augmenter  le  prix   de  sa  démonstration.  <^  Il  serait  întérea- 

ii&st  m,  litron,  p.  17,  uoteB,  «  de  poursuivre  ailleurs  une  enquête  sur 

Wb  h  Bergeries  I»  et  de  se  demander  si  le  goût  n'en  pnssa  point  les 

tnoBts  au  XVI ■  siècle  (j^fti  nommé  tantôt  Guarini,   qui  aurait  pu  se 

^clarer  Tauteur  de  Tenire-jeux  du  miracle  de  GriêéUâh]^  pour  noua 

'"avenir  légèrement  métamorphosé  au  siècle  suivant  ;  il  y  a  là,  j'en  ai 

la  ceriitude,  tout  un  champ  d'exploration  pour  de  nouveaux  cher- 

chsurs  lî, 

Eugène  RiOàL. 


21È 


BIBLIOGRAPHIE 


vre 
lelM 


Rolm^troiit  (0).  —  Etude  sur  Jehan  Bodeh  Thèse  pour  Je  doctoral,  — 
Uppmia,  Imprimerie  Almqvist  et   Wiksell,  1900,  in-8".  [XVI-  2m  p.] 

M.  RohnstfoiD,  qui,  dans  Iêb  Mélange  de  philologie  roTîian^ 
dédiés  à  Cari  Wahhmd[lS96)t^yRit  déjàpréHminairetnentpublié  de» 
Remarques  sur  quelques  Tiomê  prcpres  dans  la  Chansùn  des  Saa^<>n$ 
(pp.  123-J36),  vient  de  coDiacrer  une  étude  approfondie  à  )*œuvre 
complète  du  poète  arrageois  Jean  BodeL  Après  une  IntraductwHf^A 
où  il  rend  compte  des  faita  se  rapportant  à  la  vie  de  Jean  Bode^ 
routeur  soumet  à  un  examen  consciencieuXf  en  cinq  chapitres  eonaé-j 
eu  tifs,  îes  Pailùurdk»  attribuées  àJeanBodel,  see  Congés,  le  Jeu 
saint  Nicolas^  la  Chanson  dtê  Saxons  et,  enfin ,  la  langue  du  poèteJ 
telle  qu'elle  resiort  de  ses  œuvres,  L*exposé  est  clair  et  facile  à  lire, 
et  l'auteur  nous  renseigne  partout^  d'une  n^aniére  ayatématique  et 
intelligente,  sur  les  opiniona  diTergentes  concernant  les  questtoaa  en 
litige  Je  ne  saurais  dire,  ii«  pour  chaque  fait  spécial,  M.  Rolrn- 
BtKîEn  eit  arrivé  à  un  résultat  dé&nitif  et  assuré  ;  dans  tous  les  caa^ 
son  argumentation  est  toujoura  très  solide  et  mérite  d'être  prise  en 
sérieuse  considération.  Je  doii  me  borner  ici  à  signaler  brièvement 
quelques  conclusions  importantes  de  cette  oeuvre  très  méritoire. 

Pour  la  date  de  la  mort  de  Jean  Bodel,  l'auteur  approuve  Topinion 
selon  laquelle  le  poète  est  mort  vers  la  fin  de  1209  ou  au  commence- 
ment de  12UL  Quant  aux  pastourelleSi  M.  Rohnstrom,  d'accord  avec 
M,  Cloetta,  croit  que  Jean  Bodel  est  également  Fauteur  de  la  pas- 
tourelle N^  1702  de  la  Bibliographie  de  M*  Raynaud  {Uautner  ms 
chet^auchoie  Lés  une  sapinoie)f  laquelle  est  anonyme  dans  les  troia 
m  sa,  qui  la  donnent.  Les  Congés  dateraient,  comme  Tout  admis 
MM,  Cloetta  et  G^  Paris^  de  Tannée  1^2,  Four  la  Chansùn  des 
Saxonê^  il  faudrait  prendre  comme  base  de  la  reatitation  du  texte  le 
nia.  Paris,  Arsenal,  f.  fr,  3142  (A),  dont  la  langue  est  nettement  pic^arde. 
Quant  à  la  langue  du  poète,  M.  Rohnstrôm  prouve,  entre  autres,  que 
Jean  Bodel  rimait  îe  <^  -  Ita  avee  *ie  ^  -iee,  réfutant  ainsi  l 'opinion 
contraire  de  M,  liajnaud,  que  j'avais  adoptée^  avec  trop  peu  de  cri^^^ 
tique,  dans  mon  (édition  de  Cofton  de  Bèthune.  ^M 

Voici,  pour  finir,  quelques  petitea  erreurs  de  fait  que  j*aî  observée». 
P.  9:  La  ni*  pastourelle  (Raynaud,  n°  1702)  se  trouve  dans  Mon- 
raerqué- Michel,  Théâtre  Jrç.t  page  37,  et  non  pas  p.  77,  —  P,  12  ^  Par 
une  erreur  d'impression  il  n'estpasditquela  IV*  pastourelle  (Rajsaud 
D*>  367]  a  aussi  été  publiée  par  Dinaux^  Trouiî,  ArL^  p.  206,  ^  aous  le 

i  La  Bihliogruphie  de  M.  Raynaud  indit^ue  à  tort  p.  190.  ce  i^ij^l 
s'BipUquc  par  le  fait  que  la  p*  207  porte,  par  erreur  typographique,  lé^^ 
numéro  191. 


BIBLIOGRAPHIE 


27© 


nom  dfi  Gillebert  de  Berneville.  —  P,  22  ;    Les   Qmffés  ae   trouvent 

tDcnre  dans  le  ms.  Paria,  Arsenal ,  3313  (B.  L.  fn  170)^  qui  est  une 

eopie  (du  XVI II'  siècle)  du  ms.  Paris,  B.  N.  fr   375  (voj.  ZêiUchr.f, 

f^w9^,  FhiloL  ÎV.  p.  477,  note  2),  —  P,  70:   La  strophe   176J-22  du 

/iTM^  ^«ainl  iVîcoio*  (éd.  Monraerqué'Michel)ales  rimes  :  ababccdde- 

^^^^gcCf  et  lion  pas  :  abebccddefefgg<iâ. 

Heliiàgforg,  A.  Wallenskôld. 


G^^i«Ull  Jonrdamie.  —  Carc^sfonne.  Un  toL  ïnAI,  VI-174,  pp.  et  irn 
pi£i  rx.  Carcassonney  Gaùeîle^  1900. 

^^ien  qae  ce  petit  volume  soit  une  oeuvre  de  ci reons tanche,  (écrite^ 

fi     m:i  ous  ne  nous  trompons,  à  l'occftsion  d'une  fôle  félibréenne)  et  c^ue 

rama^ieur  y  ait  évité  avec  beaucoup  de  boime  grâco  toute  prétention 

icm^mlifique,  il   mérite  d^étre  aig-nalë^  tant  à  eause  de  Pautonté  de 

Vé<2irivain  si  compétent  en  naatiére  d'histoire  et  d'archéoîogie  langue- 

d&€^ennet  que  pour  les  services  qu'il  pourra  rendre  aux  archéologues 

de   ï^rofessïon  comme  aux  simples  touristes.  Apih^  Cros-Mayrevieille, 

après  Viol  le  t- le -Duc,  après  Foncin,  après  G,  Boyer^  M.  Jourdanne  a 

p^nsé  quil  7  avait  place  encore  pour  un    guide   à    la   Cité  de  Car- 

c&a  sonne,  et  son  entrepriie  se  justifie  par  Ta  bon  dan  ce  et  la  précision 

de»  détails,  comme  par  la  clarté  et  la  méthode  de  l'exploration  de  la 

Cttê  telle  que  son  itinéraire  la  présente»  C^est,  comme  de  juste,  à  la 

Cité  qu'est  consacrée  la  plus  grande  partie  (et  la  plus  intéressante) 

d^    volnme*  Après  quelques  indications    générales  sur  Thistoire   et 

1  ftiHïKéologte  de  la  vieille  Cité,  Jourdanne  décrit  eu  détail  la  basilique 

de  SS.-Naïaire  et  Celse,  puis  l'enceinte  intérieure  r  1"  de  la  tour  de 

JoaUce  à  la  tour  Saînt-Na2aire;  2^*  le  Cloître;  3**  de   la  tour  Saint- 

ï^^xaire  à   la    Porte    Narbonnaise  ;   4*  de  la  Porte  Narbonnaise  au 

Châ^teau;  Teneeinte  extérieure,  qui  se  divise  en  liée»  haute»  de  la 

Porte  d'Aude  à  la  Porte  Narbonnaise  et  en  Ike»  fnjtisei  de  la  Porte 

Narbonnaise  au  Château.    L'étude  des  entrées:  Porte  d'Aude,  Porte 

Harbonnaise,  Grande  Caponuière  et  avant-porte  du  Château,  complète, 

ivec  celle  du  Château,  la  description  très  approfondie  de  la  Cïté,  On 

M   pourrait  trouver  de  guide  mieux  renseigné  et  plus  indépendant  k 

^' égard  des   légendes  et  des  traditions  locales.   M.  Jotirdanne  n'en 

ignoré  aucune,  mais  il  est  loin  de  les  accepter  toutes.  Cette  partie  du 

Tî>lun\e  se  termine  par  quelques  notes  sur  les  sénéchaux  royaux,  les 

prévois  des  mortes-payes,  la  statue  de  Dame  Careas  et  la  légende 

deCarcai  et  de  ChaHemagne,  et  les  anciens  faubourgs.  Une  vingtaine 

àt  i^a^eB  contient  ensuite  des  renseigne  m  en  Ls  plus  que  suffisants  sur 

U  Ville  Basse,  et  peut-être  un  peu  maigres  sur  le  Musée-Bibliothèque 


5^0 


BIBLÎOGBAPHIE 


qui  contient  dea  œuvres  et  des  collectiona  intérestantes,  surtout  sut 
les  ChéDier,  sur  FejruHse  et  sur  Mahul.  Le  volume  est  eu  rie  u  sèment 
illustre  de  photogravures  d'apréa  lea  clicbéa  de  rauCeur,  qui  a  même 
donné  un  hors  ire  photographique  qui  sera  précieux  pour  les  aroa- 
leurs.  Je  me  permets  de  réel  a  mer  pour  les  amateurs  bibliographes 
une  bibliographie  sommaire  de  OarcasHonoe,  qu'il  ne  iera  pas  difficile 
à  M.  Jouidanne  de  nous  donner  dans  ea  seconde  édition,  et  que,  selon 
toute  apparence,  noua  n'attendrons  paa  longtemps. 

L.-a  P, 

Goatantino  Nigra.  —  Uno  d^gll  Edoardi  in  Itslia,  FaTola  o  storia  f 
(Extrait  de  la  Nuova  antoiogia,  i"  BTril  1901.  Rome  1901.  25  pp.) 


I 


La  tradition  des  chroniqueurs  anglais  veut  que  le  roi  Edouard  II 
d* Angleterre  ait  été  mie  à  mort,  d*une   façon  barbare,  par  ordre  de 
sa  femme  Isabelle  et  de   l'amant  de  celle-ci^  Mortimer^  au  Château 
de  Berkeley,  à  une  date  généralement  fiï:ëe  au   21   septembre  1327. 
Manuel  da  Fiesoo,  chanoine  d^York,  puis  évêque  de  Vertvelli  de  1343 
à  sa  rnort  en  1348)  a  donné,  dans  une  lettre  adressée  au  roi  Edouard 
111,  une  version  tout  à  fait  différente  des  deniières    années  de  ce 
prince:  d'après  Fiesco,  Edouard  11  aurait  rénssi  à  a'évader  de  Ber- 
keley, et  à  gagner  le  continent;  il  aurait  traversé  la  France  jusqu^en 
Languedoc,  reçu  quelque temjis  l'hospitalité  de  Jean  XXI 1  à  Avignon, 
puis,  après  un  pèlerinage  à  Cologne^  serait  revenu  se  fixer  en  Lom- 
bardie,  à  Milan  dVbord,  puis  dans   les  ermitages  de  Melaz^o  et    de 
Geçima.  C'eat  là  que  la  mort  serait  venu  le  prendre*  Ce  récit  aurait 
été  fait  par  lui-même  à  Manuel  da  Fiesco,  i*-  ea  quae  audivi  ex.  eon- 
fusiimê  ptiirh  vas  tri  >ï,  phrase  où  k  confesË^ion  *>  vevit  dire  sans  douti? 
confîdenco,ou  bien  implique  un  singulier  manquement  de  Fiesque  à  ses 
devoirs  ecclésiastiques.  —  Malheureusement  cette  lettre  de  Piesque 
n'est  pas  datéo,  et  le  plus  ancien  tiaxte  qu'on  en  ait  est  une  copie 
insérée    par  Arnaud    de   Yerdale  dans   le   cartulaire  épiscopal   de 
Maguelone:  or  Fiesque  est  mort  en   1348,  le  cartulaire  a  été  rédigé 
en  1368  ;  cet  écurt  de  vingt  ans  diminue  quelque  peu  l'autorité  de  ce 
témoignage,  fort  surprenant  et  qiii  n est  confumé   par  aucun  auti-e 
document  contemporain.  —  ^'e  docsument  fut  publié  pour  la  première 
fois  en  1877,  par  M.  Alexandre  Germain^  qui  accepta  pleinement  aon 
authenticité,  c  sans  vouloir  imposer  cette  conviction  a ,  mais  qui  récla- 
ma la  révision  de  cette  question  historique,  et  discuta  savamment 
les  divers  problèmes  et  hypothèses  qui  ae  posent  et  se  suggèrent  à  son 
endroit.  Il  conclut  à  lauthenticité,  pour  ce  motif  que   la  fahrit^atitin 
d*un  tel  document  n*aurait  eu   aucun  but  utile  et  aucun  avantage 


BIBrJOGRAPHîE 


28  1 


I 


pratique  poarle  faufiiaire.  Comme  on  ne  posj^à^e  pas  roriginal  de  La 
leUfe,  cette  question  d'autbeûticité  est  double:  L'original  était-il 
authentique?  On  ne  peut  Heu  en  savoir  et  il  n'a  peut-être  jamais 
exiaté.  La  copie  reat-elle'?  It  efit  poâsibla,  comme  Ta  supposé  Oermain, 
que  la  copie  elle*mâme  a.it  été  nu  apocrvpbo  destiué  à  tromper 
Arnaud  de  Verdalâ,  grand  coilecteur  de  chartes  et  de  documenta 
anciens.  U  eat  possible  enfin,  et  Germain  et  Nigra  n'ont  paa  envisagé 
cette  hypothèse,  que  nous  ayons  affaire  ici  a  un  simple  jeu  d'esprit, 
à  un  document  purement  littéraire  et  fabriqué  de  toutes  piéoee^ 
comme  le  mojeu  âge  et  le  XV«  siècle  on  ont  tant  produit  ;  lequel 
4ocu[nent  aura  été  recueilli  dans  le  c^irtubiire  par  un  clerc  trop  naïL 
On  retrouve  en  effet  dans  cette  lettre  plusieurs  éléments  ordmnires 
des  récits  analogues  de  Folk-lore,  les  détails  de  révasion,la  substitu- 
tion du  eadavre,  la  réception  par  le  pape,  Le  pèlerinage  à  Cologne, 
qui  paraît  un  épisode  tout  à  fait  arbitraire.  Jusqu'à  nuuvel  ordre,  il 
»y  a  pas  lieu,aemble-t-iïj  de  substituer  k  la  version  romanesque  de 
l^astassinat  la  version  encore  plus  romanesque  de  l'évasiou.  A  vrai 
dire  Tune  et  l'autre  sont  également  peu  certaines  et  impossibles  à 
prouver.  11  faut  appeler,  comme  Nigia,  rattenlion  des  cberubeurs  sur 
ce  petit  mystère  et  souhaiter  la  découverte  de  nouveaux,  documents, 

1^  prochaine  publication  du  cartulaire  âù  Maguiïlone  donnera 
|.keut-ètre  à  notre  savant  confrère  M.  Bertbelé  Toccasion  de  revenir 
^ur  cette  question,  de  compléter  la  découverte  de  Germain,  de  déci- 
der Tauthenticité  du  document,  et  provoquera  peut-être  la  découverte 
«Renouveaux  textes  relatifs  à  ce  o^ystère.  Si  Edouard  11  a  vécu  une 
«^{uinzaine  de  Jours  à  la  cour  pontîfîcab*^  il  est  impossible  qu*:^  les 
v-egistres  Introitus  et  Eûtus  de  la  curie  de  Jeun  XXU  u\'u  aient 
^^^nservé  aucune  trace. 

Dans   le  prêtent  article,  M.  C,  Nigra  ne  fait  guère  que  résumer 

^^  mémoire  de  Germain,  il  donne  le  Lente  et  la  traduction  italienne 

«ie  la  lettre  de  Fiesque,  conclut  à  lu  vraisemblance  de   révasionj 

CJermain  était  peut-étro  conduit  à  cette  conclusion  par  Tamour-pro- 

M^re  du  trouveur,  Nigra  y  est  amené  par  ramour-propre  louai  de  l'itM- 

«^teni  heureux,  de  voir  son  pajs  mêlé    à    un  i^roblème  historique,  ^ 

C^eit  du  reste  le  caractère  d'à  propos  que  rtivénement  d  Edouard  VU 

^onne  a  Thistoire  de  ses  prédécesseurs   hotuouymKa  qui  l'a  décidé  à 

advenir  sur  cette  question.  Peut-Ôtre  Edouard  Vil  trouvera-t-il  cetto 

^ictualité  de   mauvais  augure. 


2$2 


BIBLIOGRAPHIE 


JoQrdânae.  —  Contribution  au  folk-lor©  de  l'Aude.  Usages,  cotttum©! , 
litlératurc  pripuîaire,  traditmn»  léj^endaîres.  Un  yoL  in-8e,  243  p|>, 
PaHg,,  Mat  onneuve;  Cart:axsonne,  André  Gnhelk,  1S99'19(X), 

M.  Jûurdanne  a  eu  une  escellente  idée  en  réuniaaant  daiiâ  un 
tirage  à  part,  ro&ireint  H  par  là-mème  appeié  à  devenir  rare  et  pré- 
cieuï^  dea  études  publiées  daoa  le  Momieur  de  VAude  et  daûs  ks 
Mémo'ir€$  de  la  Société  de»  arts  et  science»  de  Garcae»onm  sur  le  folk- 
lore dt>  ce  département  de  l*Aude  qu'il  connaît  si  bien  et  dont  il  veut 
être  l'hialorien  attitré.  LVnflemble  de  ces  études  comprend  uaturelle- 
Dûânt  trois  divisions:  Usages  et  coutumes,  littérature  populaire,  tra- 
ditioDi  légendaires.  Dans  la  première,  Tauteur  examine  succesaive- 
ment  les  fêtes  populaire!  (à  noter  un  incident  singulier  arrivé  en  1785 
à  la  fête  du  Roitelet),  les  crojauces  aux  êtres  surnaturels,  la  fëe  Bia- 
tande,  la  Dame  blanche  de  Puylaui  ensile  Drac,  la  ino^o,  lea  sinag^rîea 
les  breichiiê^  les  peurg^  le  messager  des  âmes  (il  observe  justement 
que  ce^  atiperatî lions  ont  un  caractère  plus  âpre  et  pins  triste  en 
Languedoc  qu'en  Provence),  les  proverbes  et  dictons,  les  jeux  des 
enfanta,  les  coutumes  nuptiales  et  funéraires,  les  formules  de  con- 
veraatioD,  les  uaages  adraiui^li'atifs,  les  usages  résultant  dei  rivalités 
de  quartier,  les  métiers  de  la  rue  [gitano,  panier airct  pendulaire^  bru* 
ta-bitestamahef  gevtmmire  et«ûn/î^^/t),  les  usages  culinaires  et  médi- 
cfius:,  chapitre  toujours  abondant  en  étrange  tés  et  en  très  ancieanes 
survivances,  enfin  les  uaagea  pôpupulaires  religieux  réunis  seua  le  nom 
4e  liturgie  romane. 

La  deuxième  parti e^  —  poésie  et  prose  populaires  — ^  est  peut-être 
moins  nouvelle,  et  moins  spéciale  àTAude:  les  chants  enfantins,  les 
danses,  les  chansons  d'amour  et  de  maiîagc,  les  pastourelles,  les 
chants  religieux,  se  retrouvent  avec  <lés  variantes  hors  du  dépar- 
tement. Signalons  cependant  les  chants  languedodeus  appliqués  à 
rhjtmer  la  polka  et  le  quadrille,  certains  chants  boudons,  et  les 
chants  de  métier,  dont  il  est  étonnant  que  M.  J.  n'ait  pas  fait  un 
chapitm  spécial  (Cf.  chant  du  bouvier»  p.  97; chanson  des  tisserands, 
p.  51). Tout  à  fait  intéressant^^  et  locaux  par  contre  sont  leAcbapitres 
dequd^uÉs  chamoninerê  poptilaireu  (  Combe  lies  ^  Vidal,  Taurret,  Jala- 
bert,  Rigaudel,  Rirat,  Achille  Mir)  et  sut  les  ûhamons  pùlitiqites  popu- 
laires dont  la  plupart  sont  du  XlX'^sièele,  dirigées  contre  Napoléon, 
contre  Déjean,  Mahul^  Legoux,  etc.  CVst  en  effet  un  ehapitre 
essentiel  pour  constituer  le  folk-lore  des  temps  contemporains. 

I^  troisième  partie  consacrée  aux  traditions  légendaires  est  eelïe 
qui  intéressera  le  plus  les  historiena  et  les  archéologues  :  rantiquîte 
a  I  lissé  quelques  traces  dans  la  région  ;  on  attribue  des  origines 
fabuleuses  à  certaines  villes  de  TAude,  notamment  à  Carcassonne,  à 
Narbonne;  les  Wisigoths,  les  Sarrasiûs  ont  fortement  impressionaé 


BIBLIOGRAPHIE 


S83 


P 


Hisagin&tioti   pop tila ire  {trésor  dea  Gotha^  châleaux  d'Alaric  H,  la 

tour  pi  nie  de  Carcas^onûe,  1a  tour  maureatjne  de  NarboTiQe,  les  sept 

staloes  dVgeot  enlevéei  k  Narbonne,  les  sept  colonnei    d'argent 

enlevées  à  Carcassonne,  les   murailles  de   ^îarbonne   transportées  à 

Cordoue,  la  «tatue  de  Mahûmet).—  Uoe  aatre  série  de  traditions  date 

4u  cyele  earolingien  et  de  Tépoque  féodale:  c'est  la  geste  Darbot)- 

nftise,  Philo  mena,  le  poème  dXimery   de    Narbonne,   ât  toutes    le» 

légendes  qùieti  dériveot.  Charle magne  en  personne  (par  Dame  Carcas 

«t  le  siège  de  Narbonne)  et  Roland,  ont  ewnocpopalaritc  remarquable 

dans  ces  régions, —  Autour  de  ia  guerre  des  Albigeois  s'est  formé  tout 

QD  cjcle  de  traditions  ;  Roger  Trencavel,  Amftiirf,Sîmonde  Montfortt 

Saint-Domiaique,  sont  autant  de  noms  autour  desquels  devaient  cris- 

lallîaef  les  légendes  et  les  anecdotes,  —  l/b  agio  graphie  chrétienne 

s>st  aussi  propagée  dam  le  domaine  du  merveilleut^  avec  saint  Pau) 

Serge,  saint  Gîmer,  saint  Stiipiû,  saint  Papoul,   sainte  Gamelle,  le» 

saiotta    Quelles,  et  autres  analogues*  M.  Jourdaune  a  groupé  dan» 

in  intéressant  chapitre  les  légendes  formées  pour  expliquer  certains 

fnoouments  antiques  on  curieui,  ou  pittoresque  :  les  pierres  de  Nau* 

ronse«  les  souterrains  et  le  grand  puits  de  la  Cité  de  Carcassonne,  la 

Vierge  de  la  Porte  Narboonaise,  la  pierre    tombale  de  Simon   de 

Montfortf  U  giienouiUe  de  saint  Paul  et  la  lampe  de  saint  Just,    à 

Narbonne,  etc.,   etc.).  —  Un  dernier  chapitre  est  consacré  à  des 

légendea  d'origine  suspecte  sorties  purement  de  la  fantaisie  indivi- 

dutUe  de  quelques  nouvellistes  du  XIX*  siècle,  plus  épris  de  roman* 

liime  macabre  que  de  tradition  méridionale-   Il  n^est  pas  intitiïe  de 

1» réciter  l'origine  purement  livresque  de  ces  légendes  (dont  aucune, 

*u  reste,  ne  paraît  avoir  dépassé  le  magamne  origînel)^  tandis  qu'on 

[«ttt  encore  la  retrouver  sûrement.  —  Il  manque  un  chapitre  à  ce  très 

iiiléressaût  volume  :  c*est  une  revue  du  folk-lore  d'origine  historique 

^atonjporaLne.  M.  J,,  qui  a  cité  tme  chanson  contre  Napoléon,  ne 

|>eaw-t*îl  pas  qu*on  pourrait  retrouver  dans  les  traditions  populaires 

■^4  tnecdoles  sur  Napoléon,  Kléber  et  autres?  Plusieurs  carcasson- 

^loat  fait  lexpédition  d'Egypte;  li  petite  BellilletU   élait  compa- 

^ot«  de  Peyrusse   11  serait  invrai^iemblable  que  Tétrange  fortune  de 

-&tla  petite  bourgeoise,  devenue  maîtresse  de  Bonaparte,   n'ait  pas 

'^^M  lieu  à  quelques  traditions.  Je  crois  que  Napoléon  et  la  Révo- 

lubatt  dans  les  traditions  populairea  sont  des  sujets  dignes  de  Tatten- 

tiOûdeB  folk-loristesj 

UG.  PKuasiKR* 

Il  faudra  aussi  9'in<^tét«r  dint  quelques  a nneos  des  légendes  et  tra- 
•jJliotu  ïuii]uelH  auront  donné  naissance  dans  les  villages  ks  récits  des 
îoldars  coloniaux  ou  qui  auront  fait  la  guerre  outre  mer.  L'instrucUon 
pniQSLro  n'tfmpéçhe  pa:»,  bien  au  contraire,  la  déformation  de  rbiatoiro 
^nidti  cerreaux  primitifs  ou  débiles. 


CHRONIQUE 


Nûa  deux  colkbdffttaurs  MM.  EuoKNi  Kigàl^  professeur  de  litté- 
rature française  à  Irt  FiicuUé  t\m  lettres,  él  M4RTï?iK>îOHa,  ^ii*of©aaear 
de  rhétorique  au  Ijcée  de  Montpellier,  vieûaeot  d*êlre  honorés  par 
l'Académie  fraoçaise  d'un  prix  de  500  franes  chacun,  le  (iremief*  pour 
son  volume  intitulé  Victor  Hugo,  poêle  èpiquê  (Paris,  Lecêae  et  Oudin^ 
éditeurs),  le  second^  pour  sa  thèse  françmoe  la  Gom^ia  eâpofjnah  tn 
Fraticedû  Hardy  à  Raeim  (Paria,  Hachette  et  Cie,  1001), 

M.  RiGAL  u^^uit  déjà  obteQU  un  prix  de  rAaadémie  pour  ^a  ihèae  sur 
Alexandre  Hartiv.  Nos  plus  vives  félicitations  aux  deux  lauréats. 


Le  D'  Stkffe>îs  3*e^t  hahllHé  à  VUniversité  de  Bonn,  comme  Pri~ 
mtt'Dûseni  de  Philologie  romane. 

Le  D"^  O^uFiî^KZ,  leotéur  de  français  s'est  habilité  i  la  mérne  Uni- 
versité, corn  tue  Pihat'lhnmi  de  Philolope  française. 


Les  thèses  de  notre  colUborateur,  M.  J.  Roue  a  ut  r^  m  té  res  seront 
vivement  ceux  tie  nos  lecteura  qui  s'occupent  d'histoire  langtiedo- 
cienne,  La  th<>9e  françmae*  expose  rhiatoirc  du  (Jévaudan  de  1585 
à  1506.  Grâee  éiux  nombreux  documents  inédits  qull  a  consultéaaux 
archives  de  Mende,  M,  Roueaute  a  pu  douner  un  récit  vivant  et 
animé  en  mémo  teniita  que  sincère  de  cette  période  troublée. 

La  thèse  latine',  quoique  trnîtant  d*un  sujet  apécîslement  bistorî* 
que,  pourra  avoir  quelque  utilité  pour  les  philologues.  Les  pages  87- 
1 14  contienne  ut  mi  effet  un  înâtg^  des  propriétés  rojates  dans  le  Qé* 
vaudan  en  1307.  Les  nums  sont  donnés  sous  la  forme  latine  quHU 
ont  dans  les  charteiî  et  sous  la  forme  officielle  quHls  ont  aujourd'huU 
Si  l'auteur  avsnt  pu  nous  donner  en  môme  temps  la  formes  langue» 
doeienne  de  ces  liev^  dits,  mei^  et  Unemeniii  l'intérêt  de  cet  indem 


'  Le  pay^  de  Givaudan  au  tttmps  de  Ifî  Ligut^  par  J.  RoncAPTS» 
Paris,  A.  Picard,  1900. 

^  Qutt  ratio  ne  et  f^uihta  tempùHbas  fints  domimi  resii  in  Gahatiiano 
consiituia  sini  (anno  MCLXLMCOCVII),  Hânde,  lilirairie  A.  Privât. 


CHRONIOUE 


Ul 


VoQi  pregan  de  m  and  a  au  k  Seereiario  del  ^cêlmiitmù  AywUa- 
mêmiù  âe  Zaragom  >»  vÔstis  gbro  noiin  âîgnado,  porUnt  uno  deviso 
reprodueho  panerâmen  a  resteriour  d'im  pie  ferma  que  dedin»  1'  aura 
eacri  lou  uoumee  TadrèiBBo  de  l'autour. 

Pèr  v68ti  coumposiciouu  lou  couûcours  sera  duberteajuaquo  au  15 
«le  setèEubre  de  1901  à  cinq  ûuro  d6a  tautoat.  Pèr  vous^  Bui-a  toujour 
daberto  la  Ciéata  de  Saragoaso,  e  pèr  voato  amiitanço  lou  cor  dii 
Aragotmés. 

Demandan  pas  mai,  senoun  que  Dieu  vous  alumioe  e  nous  gard^ 
Èouti  souto  aquelo  lèi  de  pas  e  d'autour  qu'es  un  doui)  ûàu  Cèu. 

Douoa  en  Saragausso  lou  jour  de  nûsta  prouuiîerû  Fêsto,  dès  e  noù 
<i*  oàCobre  de  V  an  de  Nos  te  Seignour,  mib  aÔu  cent 


Veuillez  enTojer  aa  <  Secreiario  del  Eœceieniuima  âi^unÈamiento  du 
^wagoia  v  tos  obuttas  non  signées  portant  une  devise  reproduite  éga- 
lement à  reïlérieur  d'une  enveloppe  fcrniiic  qui  conlïfmlra  le  nom  et 
J'idresse  de  Tauteur. 

Pour  Tos  compositions,  le  Concours  sera  ouvert  jusqu'&u  15  septembre 
*9ùl  à  cinij  heures  du  soir;  pour  tous  âera  toujours  ouverte  la  Cité  de 
^aragosse,  et  pour  TOtre  amitié  les  cœuri  des  aragonaiâ. 

Nous   ne  demandons  pas  autre  chose  sinon  que  Dieu  tous  illumine  et 
:^Diu  garde  tous  »ous  cette  ioi  de  paix  et  d'amour  qui  estie  don  du  Ciel. 
Donné  à  S  ara  gosse  le  jour  de  notre  première  Féto,  dix-neuf  octobre 
^^t  Tan  du  Seigneur, m  il  neuf  cent. 


Un  des  deitiiera  numéros  de  la  Revue  C^lUque  (avril  190),  p,  216, 

^qq.)  contient  un  intéressant  article   de  M.   A.  Thûii\s  intitulé  De 

•^qudqueif  nomade  lievx  françau.  Citons  parmi  ces  noms  ceux  à'Abeiltun 

^  *  ApiUanum)^Adiâëan  (<^  ^  Atîcianum],  noms  de  deux  communes 

^e  FHéraultf  Indroiê^  nom  d^un  petit  affluent  de  Tlndre,  /n^roi i  serait 

^anné  avt^c  un  diminutif  gaulois  kcm,  îmcùm. 


Notice  collabora  leur  f  M.  Eugène  Rigai,  dont  do  us  annonçons  ci' 
dnauB  le  succès  académique,  vient  de  publier  une  nouvelle  étu4e 
d'histoire  littéraire,  à.  laquelle  nous  soubaitona  volontiera  la  même 
fortune  ;  c'est  le  Théâtre  fran^ak  arant  la  pénod&  elamque  (fin  du 
XYl*  et  commencement  du  XV ÎI^  aièclêj.  M.  Rigal,  dont  on  connaît 
h  profonde  érudition  et  ïa  compétence  spéciale  sur  t^es  matièrea,  a 
refoodu  dans  ce  volume,  en  les  complétant  et  en  les  mettant  au  cou- 
rant des  dernière^»  découvertes,  —  on  dirait  mieux  de  sefs  dernières 
découvertes  —  son  EêquitM  de  VhUtcire  fhê  théâtrei  de  Paru  et  les 
ciiapitrea  d'intérêt  général  de  sa  tbôse  sur  Hardj*  C'eat  désormais  le 


?SP  CHRONIQUE 

livre  elaftsique  et  indtspenBftbïe  pour  Tétude  de  Cette  période  si  iaté- 
reisante  el  si  complexe  de  oatre  hiatoire  dramatique. 

ir 
•         I 

M,  Franeeaco  Flamiai^  professe  tir  de  letti^s  italiennes  à  i*Umver- 
aîté  de  Padoue,  a  publié  daDB  la  ReisM  de  la  Rmausancê  (rëeemment 

fondée  [mv  M.  Séehé)  une  curieuse  étude  sur  le  RAle  de  Pontus  de 
Tjard  diiîis  le  PétrarquUme  français^  où  il  montre  co  m  osent  ce  poèie^ 
tout  en  imitant  Maurice  Scève  et  Cariteo^  n  s*éloignûit  bien  plua  que 
w  Melin  de  Saint- Gelats  dans  ses  vers  alambiqué^  et  guindéB^  qui 
»  visent  à  reproduire  tout  ce  que  Pétrarque  a  de  plus  étrange  el  de 
>i  plus  fade,  tl  se  rattache  à  Meïin  et  ouvre  la  voie  à  Desporles  p».  — 
L'étude  de  M.  Flammi  sera  lue  avec  intérêt  par  tous  ceux  qui  étudient 
tes  relations  littéraires  de  la  France  et  de  Tltalie. 

11  est  question  depuis  quelque  tempa  de  ta  création  d'un  enseigne- 
ment de  littérature  et  de  langue  eapagnole  à  la  Faculté  dea  lettrea 
de  Montpellier  ;  des  subveotions  s  élevant  ensemble  à  3,000  franca 
ont  été,  nous  as8ure-t*onf  votées  par  le  Conseil  municipal  de  Mont- 
pellier et  le  Conseil  général  de  THéranlt.  Bien  que  notre  Faeullé  des 
lettre*»  ait  des  besoins  plus  urgents,  nul  ne  pourrait  s'étonner  d'y 
voir  instaurer  cet  enseignemeut.  Fa  ce  nesi  assurécneut  pas  la  Rmue 
du  ktn^ueë  t&manu  qui  voudrait  j  contredire. 

Parmi  les  mémoires  récemment  soumis  à  la  Faculté  des  lettres  de 
Montpellier^  comme  épreuvea  de  la  licence  es  lettres,  nous  devons 
signaler,  i?n  raison  de  son  intér-êt  pour  llilstoire  provinciale  de  Lan- 
guedoc, celui  de  M,  Heort  Chaber,  étudiant  en  histoire,  licencié  è% 
lettres,  sur  r^tm^ofwe  paUique  m  Langutdoc  a  a  XVIII*  §ièele.  Le 
jeune  auteur»  traité  ^  diapré  s  les  documents  inédits  d  ^archives,  uoeques* 
tien  nouvelle  et  mal  connue,  et  son  mémoire  apporte  des  résulta ti 
intéressants  et  curioiiXi  sinon  définitifs.  Il  sera  probablement  imprimée 


Au  moment  de  terminer  cette  chrouiquei  nous  recevons  et  nous 
nous  empressons  de  signaler  le  Librû  Nouviolj  consacré  par  M.  (la- 
mille  Laforgue  à  commémorer  le  manage  de  Mademoiselle  Laforgue^ 
SH  flile,  sivec  M.  le  vicomte  d'Armagnac.  Nous  reviendrons  sur  ce 
volume  auquel  ont  collaboré  presque  tous  les  félibres  et  les  (loètds 
méridionaux,  et  qui  imite  brillamment  Tus  âge  délicat  des  Per  nùzzt 
itnliêus.  Bornons-nous  sujonrd'hui  k  dire  qu'il  fait  le  plus  grand 
bouncur  aux  presses  do  la  mn^isort  Hamelin,  et  à  M.  Koque-Ferrier 
qui  en  a  dirigé  la  cornposiLion  liitéraire  et  typographique. 

Le  Gèrani  respomabU :  P.  Hamklin, 


LA  cm  DO  DE  BIARN 


Aft  *lom  de  Dieu  vivant*,  —  ftti  nom  de  sainte  Estelle  ^  ^  au  nom 
îU^u  vivant,  faisons  notre  devoir, 

Vft  t4t,  chant  des  bergtra,  —  chaat  des  bergcra,  va  tôt,  —  va  tôt^ 
ehfi^^  <les  bergers,  de  soleil  en  soleiK 

*  Criée  ^e  font  le»  pâtres  pour  se  héler  entr*oux,  dam  les  monta gnos 
^ir  Oascogne  :  espèce  de  tjroUenne. 
1  Andenne  formule  de  serment  uaitM  en  Béarn. 

ILIV.  —  jQillet-Aûûl  1901 .  19 


^^^^^f¥^^^^             LA   CRt  DO 

^^^^^^H 

^^^H              E  vnei  criden:  Oussau, 

Yenèn  pèr  caligna           ^^^H 

^^^H               Ouâsau,  vivo  la  Vaco! 

Lou  Biarn  e  la  Bigorro,       ^H 

^^^H              E  vue!  cridet)  :  Ousaau, 

Yenèn  pèr  caligna                 ^H 

^^^^^H        Yeiûi  H  Prûuvençau. 

Lu  11  Biarn  e  rArmagna.        ^H 

^^^^^          Yai  lèu,  bailèro,  etc. 

Vai  lèu,  bailèro,  etc.         ^M 

^^^H              Ë  vivo  Despourrins 

Lou  vin  de  Jurançon  n            ^H 

^^^H               AmouDt  en  terro  d'Aâpo, 

Fai  canta  la  cigalo,                ^| 

^^^H              E  vivo  Despourrins 

Lou  vin  de  Jurançoun           ^H 

^^^^^H         Que  jogo  dôu  clarin  I 

Fai  parti  11  caiiflouii.       ^^^H 

^^^^            Vai  léu,  bailèro,  otc. 

Yai  lèu,  bailèro,  etc.    ^^H 

^^^H              Ë  vivo  JaussemîQ 

Ë  diren  90un  coublet              ^H 

^^^H               Àvau  dins  la  Qascougno, 

Au  blu  berret  de  lano,           ^| 

^^^H              Ë  vivo  JaugsemiD 

E  diren  aoun  coublet             ^H 

^^^^^H         Qu'&  Ûonrî  lou  ûamiu. 

Au  rouge  capulet.                 ^| 

^^^^B           Vai  lèu,  bailèro,  etc. 

Vai  lèu,  bailèro,  etc.         ^H 

^^^^H                El  aujourd'hui  crions  :  —  Ossau, 

vive  la  Vache  M  —  Cnons  î  Dssau^    ^H 

^^^^H            OBBiiiii  —  voici  l@a  Provençaux  ! 

H 

^^^^H                Va  tôt,  ehaût  des  bergers,  etc. 

^1 

^^^^H               Et  vive  Despourriaif  —  là* haut 

en  terre  d'Aspe,  —  et  vive  Dea*  ^H 

^^^^B            pourrlua  —  qui  J  joue  du  haut-boia 

^H 

^^^^H               Va  tàt,  chant  dei  bergerii,  etc. 

^^ 

^^^^1               Et  vive  aussi  Jasmin,  —  tà-bai  daos  la  Gaicogne,  —  et  vive  anaai         J 

^^^^H            Jasiïiin  ^  qui  &  fleuri  la  voie! 

m 

^^^^H                Va  tôt,  chant  des  bergers,  etc. 

■ 

^^^^1               Nous  venons  courtiser —  te  Béarn,  la  Bigorre, —  noas  venons         ] 

^^^^H           courtiser  —  le  Béarn,  l'Armagiiac. 

^ 

^^^^H               Va  tôtf  chaut  des  bergers,  etc. 

■ 

^^^^H               Le  vin  de  Jurançon  ^  —  fait  chanter  In  cigale  S  —    l^  vin  de  Ju-    ^| 

^^^^H            rançon  —  (&h  partir  Les  chanBons. 

■ 

^^^^H               Va  t6t,  chant  det  bergers,  etc. 

■ 

^^^^H                i  Oussau  e  Biam^  titce  la  Vucq!  devise  héraldique  de  la  râllèe  d*Otsatti   ^H 

^^^^B                ^  Gjpripn  Deapourrins,  poète  héarnBis  (169^-1755)^   né  à  Aceous  dans    ^| 

^^^^H            ia  vaiiéo  d  '  As  p  (^ . 

m 

^^^^1                1  Cru  célèbre  dû  Béarn. 

M 

^^^^^               ^  Agania  ta  ciyalOf  si 'enivrer,  i?n  provengaL                                        ^^^^H 

^^^                                   LA  CEI  DÛ 

DE   BTÂEN                               d^l         ^^H 

^H         Ti  gave  plên  d'enoèDS, 

En  passant  pér  Nera                   ^^^H 

^H         0  Biara,  fan  de  miracle^ 

Salndaren  Floureto^                   ^^^| 

^H         Ti  gave  plen  d'eDcèns 

En  passant  pér  Nera                  ^^^H 

^B         An  couva  saut  Vin  cens. 

Fioureto  nous  rira,                     ^^^H 

^M            Val  lèu,  bailèro,  etc. 

Val  lèUf  baîlèro,  etc.              ^^^H 

^B         Ti  pourtaire  d'egclop 

Plantarea  loa  rampau                 ^^^H 

^B          Vènon  grand  eapitàni, 

(H  toeo-ié»  se  Tauses],                ^^^H 

^H         Ti  pourtaire  d'esclop 

Flaûtaren  ion  rampau                 ^^^H 

^H          Vènon  rèi  qua^cjua-cop. 

Sus  iou  cas^tèu  de  Pau.               ^^^H 

^m            Vaj  lèu^  bailéro,  eic. 

Val  lèu,  baîlèro,  etc.              ^^H 

^M         Pèr  Jane  de  Labrit 

Au  cabiscôu  d'Ourtës                 ^^^H 

^H         Que  faguè'n  tant  bèo  drûle. 

Âro  ponrten  un  brinde,                ^^^H 

^1         Fer  Jane  de  Labrit 

Au  cabisci>u  d'Ourtés                  ^^^| 

^H         Ënaurân  iioste  crid. 

Qu*es  valent  e  courtég.                ^^^H 

^^L            Vaî  lèu,  bailèrû,  ete. 

Vai  lôu,  bailèro,  ete,               ^^| 

^V         NoiiB  dîroDB  son  coupteÈ  ^^  au  bleu  berreE  de  laine,  —  noue  diron»         ^^^| 

^H       son  couplet  —  au  rouge  capuhl  ' . 

^^^M 

^H         Va  tôt,  chant  des  bergers,  etc. 

^^^M 

^V         Tes  gaves  pleins  d'en  cens,  —  Béarn.  font  dea  miraclee,  --teâ  gaves         ^^^^H 

^H       pleiQ^  d^enceuH  —  ont  couvé  Saint  Vinceut  ^.                                                ^^^^| 

^K         Va  tôt,  ehâDt  des  bergers,  etc. 

^^^M 

^H         Tes  porteuri  de  sabots  — devii^nnerit  grinds  capitaines, —  tespor-         ^^^^| 

^H       leurs  de  sabots  —  deviennent  rok. 

parfois.                                                   ^^^^| 

^1          Va  tût,  chant  dss  bergers,  etc. 

^^^M 

^H          Pour  Jehan  ne  d'ALbret  ^  qui  fit 

nn  si  beau  gars,  —  pour  Jehan  ne         ^^^H 

^H       d'Albret  —  élevons  notre  cri. 

^^^M 

^H          Va  Lût,  chant  des  bergers,  etc. 

^^^M 

^H          ËQ  passant  par  Nérac  —  qous  saluerons  Fbrette,  —  en  passant  par         ^^^^| 

^H       Nérac  ^ —  Florettenous  rira^. 

^^^^M 

^H          Va  tût,  chant  des  bergers,  etc» 

^H 

^^B         1  Cupuletj  capote  ea  drap  portée  psr  les  femmes,  dans  bs  Pjrénée").            ^^^^| 

^H         ^  Saint  Vincent  de  Paul,  né  à  Pouji 

F,  prés  Dax.                                                     ^^^^^f 

^H          *  Flûurelû^  jeune  paysanne  aimée  par  Henn  JV,                                              ^^^^H 

292 


Là   cm  DO   DE   BÎARN 


E  garden  Ion  simbèu 
Qu'es  Doâto  TJèiD  lengo^ 
Garden  nost6  Bimbéu 
Quô  t'a  vén  de  plus  bèu> 

Vaî  lèUt  bailèro,  etc, 

E  zùu  I  Fèùus  amnt^ 
Cûume  an  crida  li  paire. 


E  z6n\  Fèbui  avant. 
Que  cri  don  lia  enfatLl. 

Yai  lèu,  bailèro,  ièu, 
Bailèro,  lèu,  bailéro^ 
Val  ièo»  baUèrOi  lèu 
De  30ulèu  en  loulèu. 

F*  Mistral. 


Kdua  pUtittrûns  la  palme  —  (touches-y,  ti  tu  Vgoes)  \    «  aoiii 
plaoterona  la  pAtme  —  sur  le  chÂtêau  de  Paii« 

Va  tôt,  chûDt  des  berg-ora^  etc> 

Au  capiacôl  ^rOrtlie^  —  i^uûa  portona  utt  tûaat^  —  au  capiscol  d'Or- 
thez  —  valeureux  et  courtois  *, 

Va  tùtt  chant  dea  bergers ,  elc. 

Et  gardoiia  le  sjmboîe  —  qu^est  notre  vieille  langue,  —  gardona  ] 
notre  symbole:  —  il  a'est  rien  de  plus  beau. 

Va  t6t,  cUatjt  de^  bergers,  etc. 

Btsuel  Phéhunf  uvunif  —  comme  oui  crié  les  pêree»  —  et  sus  I 
Phéhas  avatift  —  que  les  eufaate  le  crient ^ 

Va  lût,  cbauc  dea  berge i-a,  —  chant  des  bargers,  va  t6t,  —  va  tôt,  j 
chant  des  bergers,  —  de  soleil  en  BoletL 

F.  MlSTRAl.. 


*  Tùco-i^  si  gauiesj  de  vis  a  que  Gaston  de  Foîi  avait  fait  gNiver  aur  la  < 
porte  d'une  forteresse. 

*  Adrien   Planté,   d'Ortliez,    félibre  majorai  ^   préaident  do  VEscoio 
Gtutou-Fèffta  et  de  T Académie  de  Pau. 

^  Cri  dn  guerre  de  Gaston  Phosbus  et  de  ses  succeaseurs* 


.A  FEMME 
DANS  L  ŒUVRE  DU  POÈTE  THÉODORE  AUBANEL 


C'est  avec  le  plusgmncl  plaisir  que  j'ai  accepté  Toffre  qui 

m'a  été  faite  de  venir  parler  aa  milieu  de  voua  âa  notre  grand 
poète  provenç.il  Tliéodore  Aubanel,  Celui  qui  fut  esseiitiel- 
lementle  poète  de  l'amour  et  de  la  beauté  doit  être  aimé  de 
ceux-là  surtûut  pour  qui  T amour  et  la  beauté  sont  encore  les 
choses  essentielles  de  la  vie,  et,  en  vérité,  vous  aimez  tant 
Aubanel  et  vous  le  connaisses  si  bien  que  Je  auis  bien  sÛe"  de 
ne  rien  vous  iipprendre  au  cours  de  celte  causerie  ;  j'ëvcî!- 
lerai  sealement  vos  souvenirs  et  ensemble  nous  nous  li*  re- 
rona*  ce  soir  encore,  au  charme  infini  que  nous  éprouvâmes 
ai  aouvent  devant  tant  d^images  élégantes  et  tant  de  beau\ 
vers  passionnés  que  nous  offre  le  poèt  ■  de  la  MiougranOf  de» 
Fiho(fAvignoun  et  du  Hèire-Soulèu, 

Mais,  avant  to'jt.  Messieurs,  je  ne  voudrais  pas  paraître 
avancer  qu\Vubanel  vécut  toute  sa  vîe  sous  Tobsession  fémi- 
aine.  Il  fui«  lui  aussi,  comme  tous  les  grands  poètes,  la  Ijre 
qui  vibre  au  vent  qui  passe;  je  veux  dire  que  son  esprit  fut 
ouvert  aur  choses  de  Textérieur  et  que  les  événements  du 
dehors  trouvèrent  eu  lui  des  échos  parfois  même  reten tissante. 

Français  et  bon  Français,  Aubanel,  comme  tous  ses  frères 
m  Félibri^e,  sentit  sou  coeur  saigner  devant  les  blessures 
'jae  la  guerre  de  1870  û%  à  la  patne  française,  et  la  douleur 

1  Loâ  page*!  ^ui  suivent  ne  soni  qa^  la  reconstltutloa  d*une  causerie 
fajle  par  M*  Jules  Vôrau  aui  ôludianlsde  Montpellier, en  l'hôtel  de  letjr 
Associa  tion* 

On  a  adopté  les  abrcTiations  saiTantes  r 

M  =  la  Miûugrano. 

F.  A.  =  it  ^ihQ  d'Àmgnùun. 


£94  LA  FEMME   DANS   L  (EUVRE 

et  rirritation  des  vaincus  éclatèrent    chez   lui  en  strophes 

admirables  d'émotion  et  d'éDergie. 

Catholique  et  ultramontain,  les  événements  de  Rome  d# 
1869  lui  inspirèrent  un  sirventèâ  enflammé,  ou  Ton  reconnut 
un  écho  prolongé  des  conseils  violeDis  de  Fapôtre  Pierre  au 
Christ  insulté. 

Provençal  enfin  et  féltbre,  que  de  fois  ne  prjt-il  pas  la 
parole  ou  la  plume  pour  exalter  sa  patrie  d'origine  dont  Im 
destinées  semblaient  prendre  contre  toute  espérance  un  cours 
nouveau,  et  pour  affirmer  sa  foi  dans  Toauvre  entreprise  par 
son  illustre  ami, le  grand  Mistral? 

Qu'il  ait  su  encore  s'intéresser  aux  magnifiques  spectacles 
delà  nature,  l'admirable  pièce  It  Fahre^  qu'Alphonse  Daudet 
considérait  comme  un  de  ses  chefs- d^œuvre,  suffirait,  entre 
autres^  à  en  témoigner,  et  des  poèmes  parfaits  comme  rEsea- 
lié  di  Gt'gant  sont  là  pour  montrer  quel  vif  et  profond  senti- 
ment et  quelle  pénétrante  compréhension  il  eut  des  merveil- 
les artistiques  et  historiques  qu'il  lui  fut  donné  d'approcher, 

11  n'en  est  pas  moins  vrai,  Messieurs,  f]U*on  peut  bien  dire 
que  la  Femme  emplit  Toeuvre  d'Âubanel;  le  poète  peut  inter- 
rompre un  moment  Thymne  d'amour  et  d'adoration  qu'il 
élève  verseile  pour  écouter  les  voix  du  dehors  ou  [JOur  con- 
templer le  décor  qu'il  a  derant  les  jeux,  mais  il  revient  vite  à 
Tobjet  de  son  culte,  et,  se  dérobant  aux  distractions  passagè- 
res, son  cœur  reprend  sans  se  lasser,  sans  faiblir,  §on  amou- 
reuse cantilène. 

Vous  comprendrez  bîen^  Messieurs ,  que  je  n'essaie  pas  de 
vous  parler  des  femmes  qu'Aubanel  chanta:  ce  serait  vous 
parler  des  femmes  qu'il  aima,  et  le  sujet  serait  singulièrement 
délicat:  à  Dieu  ne  plaise  que  j'encourre  de  gaieté  de  cœur  les 
sévérités  des  cours  d* amour  ressusciiéeal  Pour  l'une  d'entre 
elles  cependant  le  voile  est  levé  depuis  longtemps  et  il  pou- 
vait l'être  sans  danger ,  car  il  cachait  le  plus  pur  des  vidages 
et  la  plus  chaste  des  âmes.  Tous  avez  nommé  Zani,  la  douce 
jeune  fille  qui  se  déroba  à  l'amour  du  poète  pour  se  consa- 
crer dans  ies  paj's  lointains  au  soulagement  des  misères 
humaines  sous  le  costume  des  sœurs  de  charité,  Zani  à  qui 
Âubanel  éleva,  avec  les  premiers  désirs  et  les  premières  dou- 
leurs de  son  cœur,  un  monument  impérissable» 


DU  POETE  THEODORE  AUBANEL 


Î95 


Maiâ  à  quoi  noua  âërvimit,  Messie urs,  de  mettre  un  nom  sur 
lesdîveraea  Usures  de  fammes  qui  passent  dans  Tceuvre  d'Au- 
baoel?  ATO0â-nouâ  bêdom  pour  jôdr  du  parfum  d'une  fleur 
ùu  pour  an  admirer  les  couleurs  de  savoir  commô  aile  se 
nomme,  et  rétoile  qui  brille  au  firmament  nous  paraîtra- 1- 
elle  plus  belle  ai  noua  connaissona  Tappellaiion  qu*il  a  plu 
auï  hommea  de  lui  donner?  C*est  toujours.  Messieurs,  Téter- 
nelle  fleur,  réiernelle  étoile,  et  e^est  aussi    l^éteruel  féminin. 

Je  na  suis  pas  bien  sÛr,  d*ai Heurs,  qu'Auhanel  ait  toujours 
connu  par  le<ip  nom  cellea  dont  la  beautë  l'arrêta  sur  Fa 
route:  eiles  passaient,  il  les  aimait,  il  les  chantait;  ce  qu'il 
gardait  d'elles,  quand  leur  robe  avait  disparu  au  détour 
du  cbemja,  c'était,  avec  leur  gracieuse  image,  un  parfum 
d'amour  :  leur  nom,  ail  l'avait  jamais  su,  avait  fui. 

Mais  ce  qui  eat  bien  certam,  MaasJaura,  c'est  que  la  poëaia 
d'Aubanel  était  trop  aincère,  dirai-je  trop  réaliste?  eomme 
d^ailleura  toute  la  poésie  provençale,  pour  noua  offirir  daa 
peintures  idéales,  de  pures  créations  d^me  imagination  eroti- 
que :  les  figures  de  femmea  que  nous  présaute  Tœuvra  d'Au* 
brinal  sont  toutes  des  figures  que  la  vie  anima,  des  flgures  de 
chair  aur  qui  dea  yeux  et  des  lèvres  se  poaérent  et  qui,  par 
la  magie  de  révocation  poétique»  appellent  enoore  dea  jeux 
et  dea  lèvres. 

La  preuve  en  est  facile  à  faire  ;  laiaaes^moi  vite  ajouter 
qu'elle  est  agréable,  Tournons,  ai  voua  voulez,  les  feuil- 
leta brûlants  de  l'incomparable  Livre  d'amour  que  formant  les 
diversasœuvresd'Aubanelf  et  nous  verrons  avec  quelle  amou- 
reuse solliaituda  il  décrit,  ue  s' arrêtant  que  là  où  le  bon  gotti  lui 
défend  d'aller  plus  loin,  las  rîcheaaea  du  corps  féminin,  les 
jeux,  les  cheveux,  lea  sains*.* 

Les  grands  yeux  l'attirèrent  : 

Ëméaoun  froni  tant  lise  e  si  grands  iue  Èant  bèiu., 

{M„  Lit,  de  VÂmour,  IV.) 


Perqué,  Unt  bono,  un  jour  d*estiéu 
M'enmaBca,  bruno  viergineïlo, 
Emé  tl  grands  iue  peuiatiéu  I 

(M.,  Uè.  de  r Amour  XXV.) 


0t  Ttiri talion    't 

un 
Chr 
1 


aiA3S  LCEirras 

ripa  ti  ^ 


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MMib,  eaataû  pca  r«r. 


[F,  JU  £«  rc^  rj 


(F-. 


lot  J€<^ 


(F.  A^^lMtt 


XIT.I 


DU  POETE  THEODORE  AUBANEL        297 

Dao8  le  second  passage,  les  jeux  fémiDios  De  sont  que  le 
ifLei  des  étoiles  : 

D^UDO  estranjo  flamo, 

Ao  foons  de  la  niae. 

Dis  estello  Tamo 

Atubo  lis  iue. 

(F.  A.,  Palinello.) 

Mais  plas  que  les  jeax  encore,  Aabanel  a  aimé  la  chevelure 
M  femmes. 

''  ne  parle  jamais  des  cheveux  sans  les  montrer  abondants 
àénoaés  : 

Coum  *un  enfant,  urouso  e  lèsto, 

Dansavo  en  cantant  ;  de  sa  tèsto, 

Qu'aviéu  courouoado  de  âour. 

Si  peu  prefiima,  si  peu  nègre, 

A  Va»ard  voulavon,  alegre, 
E  moun  cor  èro  gounfle,  èro  gounfle  damour. 

(M.,  Lib.  de  V Amour,  V.) 

A  la  fin  pamens,  las  de  courre, 
Las  de  rire,  las  de  dansa, 
S'assetavian  souto  li  roure, 
Un  moumenet,  pèr  se  pausa  ; 
Toun  loîig  peu,  que  se  destrenavoy 
Moun  amourouso  man  amavo 
De  lou  rejougne,  e  tu,  tant  bravo. 
Me  leissaves  faire,  plan-plan, 
Coumo  une  maire  soun  enfant. 

M.,  Lib.  de  f  Amour,  XIX.) 

Eilalin  passe  un  veissèu 

Que  fasié  lou  tour  dôu  mounilc  ; 

Alor,  pèr  que  rèn  Tescounde, 

Jiio  à  rèire  dins  lou  côu 

Sa  fiôro  como  e  s'amuso 

A  foulastreja  touto  nuso 

La  sereno  sus  lou  clar. 

(F.  \.,La  Sereno.) 

Que  sa  tèsto  èro  bello,  aqui,  sus  moun  espalo, 
Dins  si  long  peu  negado  e  penjant  touto  palo... 

(M.,  Lib.  de  C Amour,  V.) 


I 


?î*«  LA    FEMME   DANS   l'CEUVRE 

Qu*èro  iBôocènto  e  qu'éro  urouso  I 
LeisaùDt  ioumba,  touto  crentoiîBO, 
Sus  BJB  espalo,  au  mendre  brutn, 
Sous  long  pài  coume  utj  long  fîchir. 

(M  ,  Lié.  4it  {"Amour,  XH.) 

ÂDen,  dafjaaB  mé  li  jouvènt, 
LoQ  peu  au  vèDt  1 

(M,,  Lih.  de  C Amour,  XV*) 

Arrage,  aoun  peu  Degrinèu 
S'eitroupo  à  tretietlo,  eu  aiièu... 

(F.  A.,  La  Venus  (tÂvignoun.) 

Enterîn^  sus  vôsto  man  blaneo 
Voate  bèu  front  se  clîno  un  pau. 
Vosto  mftn  trempo,  blanc o  e  leno, 
DiDB  vèstt  peu  ;  Taufo  s'esoidu, 
Tendramen  Taure  to  qu*aleno 
U  demauto  sua  voite  côu. 

(F.  A.,  À  MadamiseUo  Sofia  tU  i 

Tomi  peu  âês^ma  do  valu 
De  la  pienche  à  long  trachèii  : 
TouQ  hchuj  de  ûb  espab, 
S^esqutho,  e  vai  de-caDtèu. 

(M,,  Li  Tirarello  tU  ««de».) 

Vous  potirriess  croire,  d'aprèâ  ces  cîtattotiâ,  qu'Aubanc 
n'aima  que  ies  cheveux  noirs  :  je  crois  bien  qu*il  les  aim 
tous.  Voici  des  vers  où  il  chante  les  chevelures  blotides 

Es  amado,  la  jouTëntOf 
Dis  aucflouH  dàu  paîa  ; 
Car,  pèr  tdutî  benfasènto^ 
N'a  jamai  d  avéra  'n  ni  s, 
Ve-1'aqui  roso  e  serena, 
ïioso  coume  lou  raatîn^ 
Emé  lou  bk^  de  si  treno, 
E  aoatt  Jougne  souple  e  piim. 

(M.,ZiPtÂoti/o.J 
Lèu,  sua  ti  long  peu  dW 
Met  la  courouDo. 

(P.  A*,  Canmun  pèr  Dàuflm.} 


0U    POETE  THEODORE  AUBANEL 


l>99 


A  aoun  en  tour  ae  reeotiquiho 
Touû  peu  d'or  en  antm  galant, 

(F.  A.,  La  Perio,) 

Vole  te  canta,  caro  Felibre&so, 
CaaU  tîâ  iuQ  blu^  canta  tl  peu  d'or. 

(F.  A.,  Abriéu.) 

En  vérité,  c*e8t  toute  La  gamme  des  chevelures  qa'Aubanel 
&  cimntèe.  Lisez,  dans  les  Fiho  d'Avignoun^  Tadmirabla  pièce 
A    iamitfo  quai  famai  visto  et  vous  y  verrez  comme  il  célèbre 

La  tre&o  caatagtio 
Di  cbato  que  vau>  lou  mntie, 
Mena  li  eabro  à  U  mouutagno..^ 

ot   les  cheveux  n  pleins  de  lune  w  d'Oidiélia,  et  les  boucles 

»    pleines  de  soleil  n: 


I 


Oufelio  à  pén  plen  de  kno; 
L'autro,  t  frîsounplen  de  loulèu... 

les  ebeveux  de  feu  de  la  Madeleine  : 

SouI  viè«ti  de  la  Madaleno, 
0  fourèet  de  si  peu  de  66  î 


et  les chevenx noirs  de  sa  Zanî,  de  la reÎDe  Jeanne,  de  Madame 
Marcabrun,  et  les  cheveux  roux  de  Ea  Deademona. 

"Toute  cette  pièces  d'ailleurs,  est  un  hymne  Èi  la  chevelure 
^^ciîiiine  : 

Car  di  chata  que  lou  cer  héu 

Ço  que  lou  mai  me  bouto  en  aio, 

Noun  ea  pèd  pncn^  man  fîno,  taïo 

EncantarellOf  iue  que  dardaio, 

Gràçi,  tendreaaa.   :  ea  lou  long  peu  I 

Lou  peu  !  ion  peu  î  aquelo  glèri 
Gisclado  di  man  déu  bon  Dieu  ; 
Lou  peu  1  aquéu  eap-d  obro  flÔPi , 
Aquëli  rai  paupable,  viéu  î 
De  U  mira*n  toutojouvènto 


Acd  m'enebuaclo  e  fai  freai. 
Voudriéu  èstre  Taure  que  vente 


30i  LA   FEMME  DANS   l'cEUVRE 

Es  poQge  coume  uûq  gÎDJourlo 
Qu*aurié  toumba  atibre  la  nèu. 

(F,  A.,  Jaquet  Arîtavielh,) 

Mais  laisaez-moi  vous  citer  tout  entier  le  sonnet  qui  a  pour 
titre  :La  Man^  un  des  bijoux  de  cet  inoompapable  recueil 
que  forme  Jea  Fiho  d'Âuignoun, 

Je  ne  sais  trop  si  vous  pourrez  trouver,  je  ne  dia  pas  aeule- 
ment  chez  Aubanel  tui-méme,  mais  chez  un  autro  poète,  et 
je  n'oublie  ni  Racine,  nî  André  Chénier,  tant  de  hardiesse 
unie  à  tant  de  grâce  et  à  tant  de  délicatoese.  Ëoouiez  : 


LAMAN 

L'enfant  sou  in  o»  la  maire  eapincho  uno  lagremo; 
Si  de t  an  cercon.  praumte,  t  dentello  medcla, 
L'év6ri  dou  njaméu  que  sort  gounâe  de  la. 
Veae  encaro  la  man  ounte  tiiaussou  U  gemo 

De  si  bago,  A  quel  o  ouro  èro  tant  casto  e  aemo 
Qu'esoiougu  de  respèt,  paurous  de  treboula, 
M'envau.  w  Tant  lèu  I  »  me  dia.  E,  aèneo  mai  parla, 

Me  trais  sa  bello  man^  la  aîavo  jouino  femo; 
léu  la  porto  à  mi  botico  e  ié  fau  un  poutouo, 
Dlilb  la  ratibo  duberto,  ebria^  reuftiûlouQ 
Au  blanc  mamÈu  bevîé  coume  à-n-un  pur  calice. 

0  man,  pichoto  man,  au  touca  frea,  rouseni.» 
Me  aouvc^adrai  toujour  d'aquéu  bais  de  délice, 
Que  iébeisaut  li  dat»  creaiéu  beisa  lou  sen. 

Quelquefois  Aubanel  s'est  plu  à  donner  des  portraits  de 
femmes  achevés,  je  veux  dire  oè  rien  âe  qq  qui  paraît  de 
leur  personne  n'est  laissé  dans  Tombre.  Et  quelle  vie  toujours 
rlans  ces  portraits!  Quelle  richesse  de  couleurs!  Et  quelle 
grâce  exquise  dans  les  détails  I 

Voici  d'abord  la  Vénitienne  : 

Sis  èr  rieèut  e  maUncôui 
Avien  de  Fange  e  dûu  demùni  ; 
Noun  se  poudiê  vèire  lou  founs 
De  sia  iue  prefound  coume  Fouado  ; 


DU   POETE  THEODORE   àUBAKEL 


301 


La  taîo,  en  fèu  que  âouii  ramiro 
De  la  ceaturo  à  soub  cautet  ; 
La  ligna  puro  dôu  boumbet, 
Quand  se  tounao,  bèa  niiéa  a^amiro, 
Leiâsant  aa  mtèi  qq  blanc  relargj 
La  mousseliuo  en  crous  se  plego  ; 
Lan  BeUi  une  r^doun,  bouLega 
En  Ire  U  pie  dau  âchu  claiv 

(F-  A.^  In  Ark.) 

Pèr  un  soulet  regnrd,  pèr  la  mendro  babibo 
Toua  sang  auperbe  e  vîéu  cour  sooto  tou  satiD 
De  U  peu  Tom  auiaut  t|ue  la  ruso  au  luatiu  ; 
Dins  Iqu  boumbet  redouu  taun  sen  tâii  plus  aesibo. 

iF.  A..  Cmd^imo,) 

Autant  souple  qae  rauiaiiuo. 
Une  dâDso  d'un  bîaia  afdît  ; 
^1  fîèr  télé  sus  la  peilrkio 
De  souD  friDgaiie  an  reboutidL 

D6u  de«ir  grandis  la  fangalo 
Li  mignele  n'an  plua  d'alen  ; 
Lùu  sen  fai  lou  mouDtf^-davalo 
Diai  bu  boum  bel  jouine  e  tmp  plen. 

{F,  A^  Lou  BaL\ 

Soui  la  bariti8e  de  la  beauté,  Atibanel  la  recherchait 
fiartout^  et,  qy#l  que  fût  le  voite  qui  aemblât  la  défendre  des 
regarda  du  patsanti  H  n'béeîtait  pas  aie  soulev^er  pour  arriver 
jmqu'k  elle. 

Cest  ainsi  qu^il   ne  paasa  point  saut  s'arrêter  dev&nt  U 
'emme  qui  donne  le  min  à  son  enfant: 


De  aa  bouco,  au  teté^  f  enfant  «e  pendoutavo» 
E  sonto  ioun  Ëchu^  plèi,  quand  vouliéfi  jougA, 
Touu  teté  reacouadiéf,  e  l'enfant  leacalavo, 
Eoié  si  picbot  det  veuiè  lou  descata  ! 
Ë,  trefoulida,  alar,  dins  ti  grandi  brasaa^o, 
Lou  sarravea,  0  Euairef  uuo  longo  pa«tadoï 

l(M.^  Lié.  de  ta  Mot  t.  Au  fdibrt  I<m  Bf^nei^ 

Hegardas-loDi  vè«  l  çQume  chourlo 
Km*  afeciouo  au  blanc  ma^èu  : 


1 


304  LA   FKMME    DANS    l/OEUVRE 

noble  et  léguer  qui  emporte  les  alexandrins,  de  la  grâce  ou  de 
la  beauté  des  inaageB,  deTéclat  et  du  relief  de  la  peinture;  —  I 
mais  je  ne  veux  pas  sortir  de  mon  dessein  qui  est,  non  d'aoa- 
ïyëer  leâ  beautés  littérairea  d'Aubanel,  mais  d'étudier Âubanel 
comme  peintre  de  la  femme  ;  et  nous  roîci  devant  le  portrait 
de  la  femme  idéale,  telle  que  la  lui  révéla  un  descliefs-d'oeuvrô 
de  la  statuaire  antique  :  la  Vénus  d'Arles, 

Le  poète^  en  présence  de  cette  imi^ge  splendîde  de  la 
Beauté,  pouâse  d'abord  un  cri  d'admiration  : 

Siés  bello,  6  Venue  d'Arle,  à  faire  veni  f(!>a{ 

H  se  reprend  ensuite,  il  ose  s'approcher  de  la  déesae/ 
regarder  longuement,  l'examiner  en  détail  et  miDutîeuseinent. 

Ses  yeux  s'arrêtent  d'abord  sur  la  tête  de  la  VénuË  dont  il 
retient  rexpression  générale  ;  puis  il  voit  le  cou,  la  bouche, 
les  cheveux: 

Ta  teste  êi  fiéro  e  douço,  e  teodramen  toun  côu 

Se  clino.  Respirant  U  poutounelrni  rire, 

Ta  freaco  bouco  en  flour  de  qu'èi  que  vai  noua  dite  f 

Lia  Aniour,  d'uno  veto,  etné  grici  an  nouaa 

Ti  long  peu  auB  toun  front  pèr  ûiindado  frisa. 

Les  jreux  du    poète  ^iescendent   au-dessous   da   cou;   les' 
opaules  nues  delà  Vénus  lui  arfBchent  un  long  cri  de  joie  : 

0  blanct)  VeauB  d'Arle!  Û  rèino  protivençalo  ! 
Dea  da  mantéu  n'escound  û  aup&rbia  espalo  1 
Se  vèi  que  eiéa  dîvesao  e  &ho  ddu  cèu  blu  I 

A  mesure  cependant  que  le  poète  découvre  les  beautés  de 
la  déesse,  son  enthousiasme  s'accroît  :  le  voici  arrêté  devant 
les  seins;  ce&  seins,  d'une  ligne  si  pure,  le  fascinent  ;  et  tandis 
que  jusqu'alors  il  n  a  fait  que  s'adresser  à  Tobjet  de  son  admi- 
ration, impuissant  maintenant  à  se  contenir,  il  veut  faire 
partager  sa  joie  à  tout  ranivers,  et  il  convie  les  peuples 
devant  Vénui  : 

Tounbèu  pitre  nous  bâdo,  e  riueplen  de  belu 

S'ospantû  de  pleai  davana  tajotiitio  auturo 

Di  pûumo  de  touti  sen  tani  redotino  e  tant  puro. 


BU  POÈTE  THÉODOHE  AUBANEL        305 

Qtie  aies  beUo  î...  Venés,  pople,  veûès  te  ta 
A  ii  bèu  sen  besiouD  T amour  e  ta  bèuta  ! 

VoîlÈt  pourquoi  le  poète  aime  et  adore  Véna^  :  c*est  qu'elle 
eât  1%  source  de  toute  beauté  et  que  le  monde  ne  serait  riea 
î*il  était  vide  de  beauté  : 

Ob  l  flènso  la  bèuta  de  que  sarié  lou  moîiode  î 

Luae  tout  ço  qa'ea  bâu,  tout  ço  qu'ea  laid  a'eBcouade  t 

Et,  dana  ce  violent  appétit  du  beau,  le  poète  ne  supporte  pas 
qu'aucun  voile  le  cache  :  il  le  veutrajonnant  comme  Le  soleil. 
Les  bras  nua,  le  sein  nu,  lea  âanci  nus  de  la  déesse  le  trana- 
[lorient  d'enthouBiaame^  mais  pourquoi  cette  draperie  qui 
s'enroule  à  sea  hanchea?  Il  s'emporte  contre  cette  étoâ'e  qui 
dérobe  à  ses  yeux  dea  merveilles,  et  aon  déaeapoir  est  si  vio- 
lent que  les  vers  par  lesquels  il  s'exprime  en  perdeuttoat 
rythme --jusqu'au  cri  aplendide  qui  termine  ces  objurgatious, 
eri  de  passion  débordante  et  d'une  magnifique  impudeur, 
s'exbalant  dans  un  vers  bien  frappé,  elair  et  reteutissaut  : 

Fd  vèire  tî  braa  nu9,  tous  sen  nus,  ti  flanc  nos  ; 
Mostro  te  touto  uuao,  o  divine  Venus  ! 
La  bèuta  te  veetîs  mi  es  que  ta  raubo  blaneo  ; 
LaiBao  à  ti  pèd  toumba  la  raubo  qu'à  tis  sdco 
S  eDvertûuio,  njudant  tout  ço  qu*as  de  plus  bèu  : 
AbandûUQO  toun  ventre  î  poutoua  d<!»u  soulèu  ! 

Voua  connaiasez  la  an  de  cet  admirable  poème  ; 

Coiime  Tèurre  s'aganto  à  ïarnsco  d^un  aubre» 
Laits D  dinH  mi  braaaado  estregae  en  pieu  toun  m^ubre  ; 
Laissû  ma  bouco  ardèoto  e  mi  det  tre moulant 
Cgurre  amourous»  pertout,  sus  touu  cadabœ  blnac! 

0  douço  Venus  d'AHe  1  é  Fado  de  Jouvéuço  ! 
T*a  bèuta  queclarejo  en  touto  la  Prouvènço 
F'ai  bello  nôsti  âbo  et  uôsti  drôle  san. 
Bouto  aquulo  car  bruuo,  à  Veuus,  i'a  toun  sang 
^èmpre  caud,  eèeupre  viéu  ;  e  nûati  cbato  alerto, 
^aqui  pefqué  a^en  van  lapaitrino  duberto, 
^  nûati  gai  jouvènt,  vaqui  perqné  soun  fort 

1  lucbû  de  l'amour,  dl  brau  et  de  la  mort  I 

tu 


306  LA   FEMME  DANS  l'ûëDVRE 

E  vaquî  perqué  t'amâ,  e  ta  bèuta  m^engaso, 

E  perqué  iëu»  creatiai];  ta  eante,  6  grand  pagano  ! 

Arrêtons-nous  sur  I0  derniôp  vers  :  Âubanel  s'y  peint  toiil 
entier  et  le  dualiâme  qui  partagea  son  è.me  8')r  définit  magni 
flquement.  Âubanel  fut,  en  effet,  le  plus   païen  peut-être   d 
nos  jioèies,  et  il  ne  cessa  jamais  pourtant  d^étre  chrétien  et 
catholique. 

Son  paganisme  éclate  à  toutes  les  pages  de  son  œuvre^ 
soit  qu*il  donne  une  âme  aux  rochera^  aux  nuages,  aux  arbres, 
â  tout  ce  qui  vit  dans  Ja  nature,  soit  qu'il  se  prosterne  en 
adorateur  devant  toutes  les  images  de  la  Beauté  et  qu'il 
proclame  en  quelque  sorte  le  Beau  comme  la  raison  d'être 
du  monde.  Pourquoi  insisteraia-je?  N'avez-voua  pas  senti 
passer  sur  vous,  à  la  lecture  de  tant  de  beaux  vers^  le  souffle 
le  plua  pur  de  Tantiquité  ?  fl 

11  n'en  est  pas  moins  vrai  qu' Aubanel,  ainsi  quMl  l'affirme  ™ 
avec  tant  d'éclat  dans  le  vers  final  de  la  Venm  (TAric^   était 
chrétien  et  catholique*  fl 

U  Tétait  d*abord  de  tradition.  On  sait  que,  bien  avant  la  ^ 
réunion  du  Comtat-Yenaissin  à  la  France,  la  maison  Aubanel, 
à  Avignon^  avait  reçu  du  gouvernement   papal  la   qualité 
d'  {:  imprimeur  du  Saint-Siège  u  ;  et  ce  qui  se  perpétua  dans^ 
cette  maison,  avec  sou  industrie  et  son  beau  privilège,  ce  fuifl 
la  foi  religieuse. 

Théodore  Aubanel  fut  aussi  catholique  par  conviction ^ 
Mille  faits  en  témoignent:  ses  pièces  religieuses,  ses  lettresifl 
son  pèlerinage  à  la  Salette  après  uue  maladie  de  sa  femme, 
sa  présence  dans  la  confrérie  des  Pénitents  Blancs,  dans  le 
Tiers-Ordre  de  Saint-François,  l'appui  qu*il  prêta  aux  Récoîleta  ■ 
d'Avignon  au  moment  de  rexécution  des  décrets,  enfin,  et  en 
dehors  de  sa  mort  chrétienne,  toute  une  ?Ie  passée,  en  dépit 
de  ce  qu*il  eut  à  subir  de  ta  part  de  certains  catholiques  qui 
le  traitèrent  comme  un  simple  Albigeois,  dans  les  preserip- 
tion  de  rËglisc  catholique. 

Cecathoticiîime  sincère  d'Aubanei,  j'ai  dit  déjà  que  maintes 
poésies  religieuses  en  portaient  te  témoignage.  Mais  il  se 
montre  ailleurs  encore»  N'est-ce  pas  déjà  un  mal  religieux 
que  de  sentir  bu  soi,  alors  qu'on  est  cependant  occupé  par 


I 


DU  POETE  THEODORE   AUBANEL  307 

mille  distractions  charmantes,  un  vide  immense  et  inexpri- 
mable? N'est-il  pas  prêt  à  se  tourner  vers  les  croyances  reli- 
gieuses celui  qui  trouve  de  Tamertume  au  fond  des  cou- 
pes de  la  joie  ?  N'est-ce  pas  enfin  d'un  cœur  chrétien  de 
rester  assoiffé  d'amour  après  avoir  bu  à  Tamour  jusqu'à 
l'ivresse  et  de  se  sentir  «  bourrelé  par  Téternel  désir  »  d'un 
idéal  qu'on  a  en  vain  poursuivi  sur  terre? 

Aubanel  a  souffert  tout  ce  mal. 

L'amour  et  la  beauté  n'ont  point  rempli  son  cœur: 

De-qu'èi  que  te  lagnes  encaro  ? 
Ah  I  86  rameur  e  la  bèuta 
Noun  donon  la  félicita, 
Moun  Dieu  I  que  noun  moun  cor  se  barre? 
De-que  ves,  moun  cor,  de  qu'as  fam  ? 
Oh!  de-qu'as,  que  teujour  crides  ceume  un  enfant? 

(M.,  Hb.  de  V Amour,  XXII.) 

Ses  lèvres  sont  restées  amères  en  quittant  la  coupe  d'amour: 

Vai,  li  caresse  de  la  femo 
Soun  bono  que  pèr  lis  enfant  ; 
Quand  sias  orne,  que  mau  vous  fan  I 
Dins  si  peutoun,  que  de  lagremo  t 

(M.,  lib.  de  VAmoury  XXII, 

Ecoutez  enfin  les  plaintes  désespérées  de  son  cœur  en  souf- 
france d'idéal  : 

Quand  poudriés,  à  toungrat,  culi,  pourpale  o  blanco, 
Toute  fieur  espandido  au  miejour  coume  au  Nord  ; 
Quand  poudriés,  à  ta  fam,  dôu  frut  de  toute  branco 
Manja,  s'aviés  fa  pache  emé  lou  traite  sort  ; 

Dins  ti  bras  quand  poudriés  encentura  lis  anco 
De  tôuti  li  jouvènto,  ome,  stères  proun  fort, 
Te  dise  qu*à  la  fin  em'  un  tèdi  qu*escranco 
Taplantarïés  en  route,  e  sounariés  la  Mort  ! 

Car  chourlariés  per  vin  li  rai  pur  dis  estello, 
L'enebriadure  es  pas  dins  li  fianc  dôu  boucan  ; 
Calignariés  la  feme  enca  mai  amarello. 

Une  fado  à  peutoun  mai  que  fôu,  subre-caud, 


30  s  LA  FEMME  0ANS  l'œOVHB 

N'fttroubarââ  jamai  l*amotif  bloas,  «ternaa... 
E  Te  terne  deair,  ô  moim  oor,  le  boorrelloL^ 

{P.  A..  Paiimm.ll^) 

Mai9  le  christianisme  d'àub&nel  n'est  pas  resté  à  cet  étal 
latent  :  son  impitojable  besoin  d'amour,  il  Ta  prosterné 
devant  Dieu,  et  cet  éternel  désir  qui  faisait  son  tourment,  il 

Ta  satisfait  en  la  divinité  : 


Rintro  à  roust&a  e  toumbo  à  geînoim,  miaerable! 
Davan»  Dieu,  paare  îà%  plouro  e  deigoucflû-te! 

(F.  A*,  FaiimenJ.) 

Et  encore  : 

E  vàtie  maigre,  e  me  tranaisBe, 

E  ma  fiorré  me  dis  :  —  De  qu'ait  — 

Kea  p6u  aaupre  ça  qtie  soufrisse... 

O  Segnour,  baias-me  la  paaî 

Un  pau  de  pas  que  me  restaure, 

La  pas  y  la  pas  que  m'a  qutta  I 

Coume  un  vèire  d'aigo  à-ti-im  paure, 

Faaèi  me  n'en  la  canta  I 

Ta  qu'uno  joio  vertadiero 

En  aqueat  oiounde  tant  catiéu. 

Mai  aqueio  èl  sènao  partero  : 

La  joio  de  t'ama^  moun  Dieu  î 

J'ai  insisté  sur  le  cdté  chrétien  d*Ànbanel,  parce  que  Ti 
physionomie  du  poète  de^Fiào  ^AL'i^no^^n  me  paraît  y  gagner 
un  intérêt  considérahle.  Sans  cette  mélancolie,  sans  ces 
remordSf  sans  ces  retours,  ou^  si  vous  préfères,  cet  aboutis- 
eement  à  la  divinité^  Âiibanel  serait  reste,  sans  doute,  un 
ailmirahie  poète  deTamour  et  de  la  beauté,  mais  il  n'aurait  ét^ 
qae  cela.  Païen  et  chrétien  à  la  fois,  etTun  combattant  l'autre 
en  lui|  il  me  aemhle  résumer  toute  une  race  et  incarner  deux 
mondes,  detiK  civilimtions.  De  combien  n'en  est-il  pas  grandi  1 

Du  moi k de  et  de  la  civilisation  antique^j  personne  n^ignore 
les  prolongements  dans  les  temps  modernes.  L'Evangile  ni 
la  science  n*ont  réussi  à  extirper  tout  à  fait  les  racines  du 
paganisme,  et  Tesprit  païen  souffle  encore  par  intervalles 
Bur  le  mou  de» 


DU  POETE  THEODOBE  ÂUBANEL 


309 


I 


Mais  B*ï\  est  quelque  part  une  terre  où  le  rameau  païen 
a  Gominué  de  vivre  et  de  fleurir,  n'est-ce  pas  la  terre  proven- 
çale? Les  débris  de  marbre  des  déesses  j  dorment  sôus  le  aol 
(foù,  parfois,  la  eharrue  du  paysan  les  ramène  à  la  lumière; 
la  beauté  grecque  y  revit,  noble,  élégante,  d'une  pureté  par- 
faite, lïans  les  filles  d^Ârles  ;  le  profil  de  médaille  des  empereurs 
romains  s'y  retrouve  dans  les  traits  des  gardians  de  Camargue  ; 
les  danses  euryilimiquôs  des  Panathénées  y  sont  rassuscitées 
dans  les  farandoles  des  Maillanaise.H  ;  et,  dans  lasereine  douceur 
des  soirs  d'été,  les  filles  des  champs*  en  retournant  au  village, 
suspeudeDt  encore,  d'un  geste  adorablement  païen,  les  gerbes 
d'or  des  épis  ou  les  grappes  violettes  de  la  vigne  aux  eroii 
des  chemins  ^  toiles  tes  moissonneuses  des  temps  antiques 
chargeant  des  prémices  de  la  récolte  les  bras  de  la  bonne  Cérès, 

Ainsi  vivent  dans  Aubanel  la  poésie  du  passé  et  la  poésie 
du  présent.  Et  voilà  bien  ce  qui  fait  son  originalité  et  son 
charme.  Dâos  son  ceuvre  si  profondément  humaine  et  d'une 
personnalité  si  puissante,  passe  tour  à  tour  Técbo  des  voix 
qui,  sa  vie  durant,  se  battirent  dans  son  cœur:  la  mx 
sévère  des  cloches  sacrées  disant  la  fragilité  de  toutes  choses 
et  le  néant  des  jouissances  terrestres  et  la  voix  de  Pan  procla- 
mant le  règne  éternel  de  la  Beautéet  Tenivrante  Joie  de  vivre  — 
de  Pan  qui,  ee  riant  des  menteuses  clameurs  du  vieux  Thamus 
qu^aissaillirent  justement  les  riverains  du  fleuve  ou  passait 
sa  barque  lugubre,  vint  se  réfugier  dans  un  bosquet  parfumé 
de  la  grecque  Provence  d'oiif  la  nuit  venue,  sous  le  regard 
capessant  de  Phcsbé^  sa  sœur  immortelle,  il  module  des  airs 
divins  que  les  poètes  provençaux  redisent  k  leur  réveil, 

Jules  Vbhan. 


LE  SIEGE  DE  BEAUCAIRE  DE  1632 

(Arlei,  Bibl,  Mtuûc,  cod,  207). 


[P.  2ÔI]  Dijcotir*  ei  fidèle  rapport  de  t(fui  eé  qui  à^eat  pasU  de  phis 
considérable  dan»  la  pr&mnce  du  Languedoc  en  l'année  Î632^  ensmiU 
de  la  descente  fmie  en  ieetle  par  Monseigneur  le  duc  d'Orléans^  frère 
unique  du  Ro\j.  Ei  principalement  du  iiège  et  prime  du  choëUam  éU 
Beaiteaire  par  Monmeur  de  Fifr^i  mareêchaî  de  France^  gouvêmoÊF  «f 
lieuteneni  ^éméral  pour  h  Ro^  en  Provence .  Et  [des  fidellêâ  mrmee» 
reitdu9  ert  csste  occasion  par  Ut  ville  d^Arle$. 

MoDseîgneur  le  duc  d'OrLéans  ',  frère  unique  du  raj,  aprez 
environ  une  année  d* absence  de  la  cour  et  du  royaume  pour 
quelques  tneaconteutenients,  J  estant  revenu  et  rentré  à  main 
armée,  parcouru  la  BourgongneJ'Auvergue  et  autres  proviD- 
eeâ  pour  taacher  à  ae  saisir  des  pîus  importantes  places,  des- 
cendit enfin  dans  la  province  du  Languedoc^  où  il  creut  que 
Monsieur  de  Montmorency,  quy  en  estoit  le  goiiTerneur  et 
quj  luj  a  voit  donné  sa  foy  de  Tassistef  en  toutes  ses  excé- 
outioris,  auroit  le  pouvoir  de  [introduire  dans  les  meilldures 
places  de  son  gouvernement,  et  les  mettre  à  »a  dévotion,  au 
moyen  de  rauthorité  et  assendence  qu'il  avoit  sur  les  affec* 
tiona  et  ies  volontés  de  toute  la  noblesse  et  des  capitènes  dei 
plus  conaidérableâ  villes  et  forteresses  de  ceste  province. 

[P*  202]  Le  marquis  de  Péraulten  estoit  Tun,  lequel  comme 
seneachal  et  vîguier  de  la  villa  de  Beaucaire,oapitène  et  gou- 
verneur du  chasteau,  sorty  d'une  flUe  naturelle  de  feu  Henry 
de  Montmorency,  connestable  de  France,  père  de  cestuy  cy,  ei 
par  ainsy  estroietem^ent  obligé  et  attaché  aux  intérêts  de  ce 
seigneur  I  [et  comme  emporté  par  la  considération  de  taot  de 


I  Son  nom  du  babtesme:  Gastr^n  Jean-BapUste;  fut  pr«mi6rément  duc 
d'Anjou  comme  troisiûme  HI»  de  France,  pui^  duc  d'Orlâans  par  le  déc^s 
du  duc  d'Orléans  son  frère  ptiisné.  (Note  marginale. J 


I 
I 


I 


LE    SIÈGE   DE   BMADCAIRE  DE    I63t  311 

^tanfaîta  dont  il  luy  estoît  redevable]  *,  luj  avoit  âsseuré  entre 
autres  et  donné  paroUe  de  Iny  livrer  et  à  Monseigneur  le  duc 
d'Ofiëana  mon  tant  seulement  le  cbasteau,  mais  encore  la 
^ile,  soubs  Tappuy  de  pluateurs  gentils  hommes,  habltans 
d'icellô,  quj  estoientde  tout  temps  esgaJementamisde  Tun  et 
serviteurs  de  Fantref  et  tout  de  suite  la  ville  de  Tharascon, 
dans  laquelle  il  asaeuroit  encor  avoir  des  très  puissantes  in- 
telligences. 

La  créance  asseurée  que  toutes  ces  pro messes "produiroient 
quant  et  quant  leur  effect»  flata  tellement  les  espérances  de 
M.  de  Montmorencj  qu'elle  le  porta  de  persuader  vivement 
Monseigneur  de  venir  promptement  à  la  ville  de  Beaucaire 
et  de  commencer  par  là  ses  conquestes. 

0  j  vint  donc,  accompagné  de  Monsieur  le  comte  de  Moret^ 
ûbM*  le  duc  d'Elbeuf,  dudit  sieur  de  Montmorency  et  plusieurs 
Mires  de  considération  «  avec  environ  mil  à  douze  cents 
CDaisires,  partie  croates,  quMl  avoit  amenez  quant  et  soy  de 
la  Flandre  d'où  il  estoit  party  ;  vînt  prendre  logement  à  Mont- 
frin  et  autres  petits  lieux  circon voisins  pour  donner  temps 
au  marquis  d'achever  son  ouvrage,  disposer  les  habitans  à 
le  recevoir  aveuglement,  ainsy  qu'il  avoit  promis,  et  surmon- 
ter les  dlMcultez  que  les  âdêles  serviteurs  du  Boy  luy  pour- 
roieni  opposer. 

La  nouvelle  de  son  arrivée  au  pays  et  approche  de  Beau- 
eaire  cy  [p^  208]  fustbientost  apportée,  dont  le  peuplesVsmeut; 
et  les  consuls  résolus  de  luy  fermer  les  portes, commencent  à 
fortifier  las  couragiis  de  ceux  qu'ils  avoient  de  longue  main 
reconnu  vrais  serviteurs  du  Roy,  font  d* ailleurs  tous  les  prépa- 
ratifs nécessères  pour  résister  aux  attaques  qu'ils  pourroient 
avoir  de  caste  part^  et  jurent  entre  eux  irrévocablement  de  se 
|>erdre  ou  conserver  leur  ville  en  Tobéyssance  du  Hoy, 

On  reconnut  en  mesme  temps  l'esprit  de  divîsio^ï  glisser 
frarmy  les  habitans,  et  les  vrais  serviteurs  du  Roy  se  retirer  de 
la  Gooversation  de  leurs  plus  grands  amis  qu'ils  jugeoîent 
restredu  marquis  et  de  Monsieur  de  Montmorency,  de  manière 

1  Addition  marginale, 

t  Bn  marge  :  «  U  eitoît  nommé  Antoine  dû  Bourbon,  frère  naturel  d« 
Sa  Majesté  et  de  lu;« 


312 


LE   SIEGE   DE  BEAUCAIPE   DE    16S2 


que  telzPéffroidiSBementa  et  aliénations  d'affeetions  produiBi- 
rent  plusieurs  querelles  entre  eux. 

Le  marquis,  quj,  dans  ses  plus  résolues  actions  en  l'observa- 
tion  de  ses  irrésolues  promesses,  avoit  tousjours  devant  les 
jeux  rimage  de  son  proehaîn  malheur,  que  l'horreur  du  crime 
et  de  sa  félonie  iu^^  alloit  représentaiiti  et  duquel  enÛn  il  ne 
sceut  se  desveloper ,  s'estani  aperceu  des  deffiâûces  et  des 
querelles  de  ses  compatriotes,  et  jugeant  que  leur  division 
pourroit  grandement  nuire  à  ses  project^  s'il  ne  les  esionâfoit 
en  leur  naissance,  et  ne  remettoit  tous  ses  secretz  amis  dans 
la  bonne  odeur  des  consuls  et  du  peuple  pour  s'en  servir  avec 
plus  de  sceureté  et  moins  de  soupçon,  pria  et  conjura  le& 
consuls  et  toute  la  noblesse  ainsy  divisée  de  se  trouver  unA 
jour  assig^néau  devant  de  la  jurande  esglise,  où, (n'osant  encor 
desoûuvrir  ses  desseins),  il  leur  fît  à  tous  une  assez  vébécoente 
eiortation  d'oublier  mutuelement  leur  injure,  de  a^entr'em" 
brasBer  et  demeurer  désormais  bons  amis  et  unis  avec  \uj  et 
une  sj  importante  occasi  o  n ,  où  î l  s^agissoi  i  de  Fespre  u  ve  [p .  204] 
de  leur  fidélité  envers  le  Roy  et  de  l'avantage  et  tranquiUt 
perpétuelle  de  leur  patrie;  accompagnée  d'une  iuâuité  d'im- 
précations contre  ceun  quj^  par  quelque  oeasionque  ce  fuutj  j 
feroient  banqueroute.  fl 

It  n'eut  pas  graniie  peine  à  tirer  d'euï  l'effect  de  sa  prière^ 
puisqu'ils  j  estoient  tous  portez,  les  uns  pour  le  zelle  qu'ils 
a  voient  au  service  dnKoy,  etle^  autres  pour  avoir  les  moyenû 
plus  libres  de  fortifier  secrètement  leur  partj,  quils  voy oient 
en  péril  par  rineâgalité  des  actions  du  marquis  :  ain^y  ils 
s'entr'embrassèrenttous,  soubs  ces  différentes  intentions,  et  fut 
crié  Vive  ie  Roy  ou  de  bouche  ou  de  cœur,  d'un  aplaudisee*^ 
ment  universel,  avec  le  peuple  quy  y  eatoit  concouru,  H 

Cest  artifice  estoit  plausible  vraiment  pour  desguiser  ses 
doubles  intentions,  mais  aussy  estoit-ce  mettre  des  impres- 
sions en  l'esprit  et  des  armes  entre  les  mains  du  peuple,  dont 
il  couroit  le  hazard,  non  tant  seulement  de  ne  pouvoir  efi'acer 
ny  fere  tomber  des  mains,  mais  d'en  estre  bientost  assaillj. 
Aussy  la  justice  divine,  quy  ne  manque  jamais  de  récompense 
aux  bons  non  plus  que  de  ebastiments  aux  pervers,  rétorquera 
bientost  sur  luy  et  sa  famille  les  désolations  qn'il  avoit  procu^ 
rées  à  sa  chère  patrie» 


en^ 
ii« 


LE  SIEGE  DE  BEÂUCAÏRE  DE    1532 


^\% 


Le  combat  pourtant  estoit  ©ncorbien  grand  en  âon  âme, 
âotantô  entre  ces  deux  puissantes  considérations  de  la  perâdje 
et  de  la  fidélité:  reîle-cj,  souslenue   des  s«ge^  et  vertueui 
&dnionesLements  de  sa  fa  m  me,  celle-ia  fomentée  des  malheu- 
reuses suggestions  de  ses  deux  enfants  et  de  son  frère,  éresque 
d'Uaéz,  [P*  205]  Mais  enfin  il  s'abandonne  aveuglement  à  son 
malheur,  et  propose  de  suivre  irrévocablement  les  volontés  de 
Monsieur  de  Montmoreaej,  estimant  que  la  honte  de  s'en  retirer 
souïUeroit  plus  son  honneur  et  aa  réputation  que  tous  le^ser^ 
vîces  qu*îl  pourroit  reudre  à  son  Roy»  à  se*   parens  et  à  sa 
{latrie^  ne  luj  pourroient  acquérir  de  gloire  et  de  louauges. 
IJ  bande  donc  alors  tous  ses  desaeius  à  cet  effect:  et  pour 
mieux  les  fere  réussir,  il  demeure  tounjours  et  d*apparenue 
et  de  discours,  fidèle  serviteur  du  Roj,  uiij  avec  les  consuls^  et 
leur  en  produit  quelques  légers  teemoignages.  Néanmoins , 
^omme  il  est  malaisé  que  le  puissant  venim  qu'on  a  une  fois 
*i*allé  ne  produise  promjitement   des  convultions  violantes, 
^tnsj  le  marquis  ne  peut  longuement  desguiser  ses  résolutions 
9&J18  estre    quant  et  quant  soupçonnées  des   consuls   et  du 
Peuple:  lesquels,    dans   la  deflSance  qu'ils  en   eurent   et  de 
piusieurs  gentilshommes  leurs  habitans,  ses  inthimes  amis  et 
Serviteurs  de  M.  de  Montmorency,  appréhendant  leur  autho- 
i^îtc  dans  la  ville,  et  de  n'y  pouvoir  estre  assez  puissants  pour 
'^siater  à  la  fois  et  aux  domestiques  et  aux  étrangers  s'ils 
^i^lreprenoient  de  Tenlevei',  ils  en  donnèrent  promptement 
**^viB  à  Monsieur  le  Mareschal  de  Vitry,  gouverneur  et  lien- 
tenent  général  pour  le  Roy  en  Provence,  quy  e'estoitja  porté 
^^ik&  la  ville  de  Tharaseon,  dèz  qu'il  apprînt  que  Monseigneur 
^^u  estoit  aproebé,  et  réclamèrent  son  as^iëtance. 

[t*.  206]  Cependant  le  marquis»  muguetant  tousjoursquelque 
oifcbi tant,  sça voit  encor  se  feindre  avec  telle  justesse  et  dexté- 
nté,  qu'à  tout  moment  les  consuls  rappelloient  en  doute  s'ils 
davoient  a'arrester  en  leur  doute,  et  luy,  ayant  aprins  l'assis- 
^£)Qe  qu'ils  avoient  implorée  et  jugé  quelle  ne  pourroitleur  être 
envoyée  qu'à  ta  ruyne  entière  de  ses  entreprises,  leur  jouant 
enoor  un  nouveau  tour  de  souplesse^  lescajeolla  si  bien  qu'eu 
leur  fesant  plusieurs  belles  et  nouvelles  protestations  de  aa  fidé- 
lité^ et  leur  représentant  uleur  commun  péril  en  la  résistance  où 
ils  s'étaient  résolus  ensemblement,  [et  qu'j  ils  ne  pourroient  trou- 


311 


LE  SmGE   DE  BEAnCAIRR  DE   18SÏ 


Ter  de  refuge,  au  cas  qoe  la  ville  fiiâtforûéd  de  succomber,  qai 

dans  Fon  chasteaOj  quj  dô  tout  temps  avoît  esté  et  seroit  encore 
en  ceste  extrémité  Tazlle  de  tous  leurs  ha,bitaus,mais  que  n'| 
ûjant  assez  de  munition  de  bouche  pour  y  soustenir  un  lon^ 
sièD^â,  il  etoit  nécessaire  de  Ven  fournir  avec  abondance  ^  ; 
les  consuls,  qu^  ne  sçavoient  bonnement  quelle  créance  ils 
dévoient  prendre  de  \uj,  inclinant  néanmoins  ingénument  k 
sa  demande,  la  luy  accordèrent.  Àinsj  il  tira  d'eux  abondam- 
ment et  leur  extorqua  tout  ce  qu'il  ju^ea  nécessère  pour  son 
utilité  et  pour  en  affoibltr  la  ville. 

Ses  desseins  prospérant  ainsj,  selon  son  jugement,  il  n'ar- 
resta  pas  en  sy  beau  chemin,  car  il  pourveut»  sependant,  avec 
tout  le  secret  et  diligence  requise  son  chasteau  de  tous  les  bons 
soldats  des  environs  quHl  avoit  de  longue  main  reconnus 
ses  amis. 

[P.  207]  La  Roche  Sainct-Angel ,  premier  consul ,  estolt  absent 
durant  toutes  ces  menées,  et  ajant  trouvé  à  son  retour  que  les 
bons  ordres  que  ses  collègues  avoient  estabïj  dans  leur  ville 
estoîcnt  très  avantageui,  en  fut  ertrêmement  resjouj  et  leur 
en  donna  de  grandes  louanges.  ■ 

Le  marquis  donc  aînsj  pourveu  de  tout  et  en  estât  de  ne 
rien  craindre,  selon  son  jugement  aveuglé,  osta  le  masque  et 
se  déclara  ouvertement  pour  Monseigneur,  soubs  la  créance 
que  Monsieur  de  Vitrj  n*os©roit  entreprendre  dans  le  gouver- 
nement de  Monsieur  de  Montmorenoj.  Mais,  peu  après,  ayant 
apprins  que  la  ville  d*Ârles  armoit,  de  son  commandement,  et 
jugé  que  sy  Beaueaire  en  estoit  secouru,  il  n'y  seroit  plus  à 
temps  pour  le  surprendre,  ainsj  qu'il  avoit  de  longue  main 
projecté  (ne  luy  ayant  tousiours  esté  que  trop  aisé,  pois  qu'il 
avoit  à  sa  dévotion  le  capitène  de  la  ville  qny  gardoit  les  clefs 
des  portes)  ;  de  manière  que,  slmaginant  que  les  menaces 
pourroient  enfin  emporter  et  vaincre  le  courage  et  résolution 
des  consuls;  leur  déclara  et  représenta  ouvertement  rîTindigna- 
tion  que  Mgr  avoit  conceue  contre  d*eux,  par  le  refus  qu'ils 
faisoien^  à  Tintroduire  dans  leur  ville;  les  maux,  dont,  en  leur 
particulierjls  se  fendroienteoulpables  eu  lui  résistant etdemeu* 
rant  force?;  ;  le^  malheurs  quy  accueilliroient  leurs  habitans  ;  et 
rinévïtable  désolation  de  leur  patrie  i, les  conjura  d^assembler 
promptement  leur  conseil  général,  et  prendre  en  iceluy  uni 


LE   SIEGE  DE  BEAUGAIRB  DE   lG3e 


315 


Fésûlutioii  irrévocable  [p,  208]  de  le  recevoir  et  le  recon- 
noiitre;  eoubs  ceâte  asseurance  que,  comme  vîguîer  j  préai- 
dent à  son  accoustuméô,ii  auroit  des  persuasioîîs  assez  fortes, 
joîncts  a  luy  les  suffrages  de  tous  aes  amis,  pour  emporter  la 
délibération  selon  sas  in  tant  ions,  et  les  fère  déclarer  rebelles 
aree  lui. 

Les  consnlSf  eseandalisez  de  ee  discourB,  luj  respondirent, 
par  la  booche  du  premier,»  que  la  vllh  n'entreroit  jamais  aux 
termes  de  consulter  quel  party  elle  devoit  eslire,  tant  que  Tau- 
tborîté  seroU  en  leurs  mains  ;  mais  bien  par  quei  moyens  elle 
pourroit  repou sser  les  efforts  des  ennemis  d u  Roy ^et  fere  chastier 
la  desîoyauté  de  tant  de  mauvais  citoyens  »  et  plasieura  autres 
îiotnblablcs  discours;  desquels  le  marquis,  se  sentant  vivement 
piqué,  eut  des  reâsentimens  ëi  cuis  ans  qu'il  ne  peut  se  con- 
lenir  de  lui  Uscher,  avec  Tun  de  ses  fils  quy  estoit  avec  luy, 
r(Qelque8  injures  quy  leur  furent  soudain  bien  hardiment 
rétorquées, 

On  vit  à  rinstaot  le  peuple  résolu  et  tellemerit  animé  et 
conârmé  en  robéissance  do  roy  et  soustien  des  consuls,  qu'il 
courut  généralement  n,uj  armes  et  comraença  à  dresser  des 
retranchemens  et  barricades,  à  chasqne  bout  de  rue  proche 
la  porte  du  chaste  au. 

Cependant  Monsieur  le  mareschal  de  Vitry,  quy  tout  k  point 
s'eatoit  porté  dans  la  ville  de  Tharascon,  ainsy  qu*eat  touché 
cy-devant,  et  où  sa  présence  a  voit  estouffé  plusieurs  secrettes 
menées,  et  empesché  que  le  mal  contagieux  de  Beaucaire  ny 
communîquât[p»  209]  plus  avant  son  venin  ;  prévoyant  bien  que 
de  la  révolte  ou  prise  de  caste  ville  dépendott  le  repos  et  la  tran* 
quiUité  de  son  gouvernement,  despescba  promptement  divers 
courriers  en  trois différeutes  partsàlafois  ;scavolrà  Monsieur 
le  mareschal  de  La  Force  quy  estoit  dans  le  Bas  Languedoc, 
tallonnant  Monseigneur  de  la  part  de  Sa  Maje^jté  avec  une 
armée  volante  pour  Tempesaher  d'y  fère  progrès,  auquel  il 
donna  avis  de  tout  ce  quy  s'estoît  passé  en  ceste  occasion  ; 
aux  sieut^s  consuls  d*Arles (par  Tun de  sescarrabins  quy  arriva 
à  eux  la  dimenche  premier  aoust,siir  les  trois  heures  au  matin}, 
pour  les  suplier  et  enjoindre  de  la  part  du  roy,  de  luy  envoyer 
proniptement  trois  cents  hommes,  et,  eu  dernier  lieu^  aux  Com- 
munautés d'ÂyrargueS)  Saint  Rémy  et  autres  lieux  du  vl- 
guerat,  pour  en  avoir  autant. 


3in 


LE  SIEGE    DE   BEAUCAIRr^    DE    163S 


L€S  citoyens  d'Ârlea,  quy  vivent  dez  tousjours  danfl  ceaie 
haiir>rable  ambition  de  te8moig"ner  en  toutes  oocurraoces  à  Sa 
Majesté  qu'elle  o'a  ville  en  tout  aon  royaume  eu  laquelle  ses 
mandemetitâ  et  de  »es  ministres  soient  exécutés  avec  plus 
d'ardeur  et  d*affecUon,  et  qu'ils  ne  pourroient  jamais  estre 
ingrats  ny  meâconnaisiants  à  tant  de  bieuâ-faiots  qu'ils  reqoi- 
vôût  de  ses  mains  libérales  ;  oultre  le  devoir  de  la  â délité  natu- 
relle quy  les  oblige  sy  estroitement  à  une  sy  douice  et  débon- 
nère  servitude,  recevant  incontinent  ceste  agréable  semonce 
de  la  bouche  de  leurs  consuls,  furent  [p.  210]  soudain  en 
armes,  d'entre  tous  tesquels  en  furent  par  eux  choisis  trois 
cents,  dont  la  plus  grande  partie  estoit  de  noblesse  ou  aultres 
gent3  d'estitte  et  de  considération  ;  tous  lesquelz  eu  sortirent 
le  mesme  jour  dimenche  premier  aoust  sur  les  deuï  heures 
après-midy,  conduits  parle  sieur  Philîpe  Beuf,run  des  consuls 
de  Testât  des  bourgeois,  sage,  expérimenté  et  courageux 
capitène. 

Les  Communautés  du  Yiguerat,  s'estant  assemblées  atissy  le 
meame  jour,  avec  extrême  diligence^ûrent  levée  d'environ  cent 
cinquante  hommes  et  partirent  avec  telle  aeélerîté  quMls  n'eu* 
reiitmesmei,  presque  tous,  le  loisir  de  se  pourvoirdes  munitions 
necessères  ;  lioubs  fespéranee  néanmoins  que  Monsieur  la 
mareschal  leur  enfôroit  destribuer  àTharascon  à  leur  arrivée; 
ou  s' estant  randus  et  ne  luy  ayant  peu  offrir  que  leura  per- 
sonnes et  leurs  armes,ainsv  presque  inutiles,  il  leur  commania 
pourtant  de  passer  promptement  sur  Tisle  pour  ne  perdre  le 
temps»  avec  promesse  de  leur  en  fera  tenir  incontinent,  esti- 
mant que  les  consuls  de  Tharascon  luy  en  présenteroiant, 
atendant  qu'il  en  eust  fait  venir  de  la  ville  d'Arles.  Et  pria  le 
sieur  d'Alein,  gentil-homme  d'Aries^pourlors  viguier  da  Mar> 
seille,  quy  l'avoit  suivy  et  ne  Fabandonna  jamais  durant  Toca- 
sion,  d  aller  à  eux  de  sa  part  et  leur  en  demander,  avec  pro- 
messe de  leur  en  rendre  autant  ;  ce  qu'ayant  promptement 
exécuté^  et  n*y  ayant  trouvé  que  des  refus,  s*excusants  sur 
r impuissance,  Monsieur  le  mareschal  en  receut  des  extrômes 
desplaidirs  et  leur  en  fit  de  vives  et  picquantes  reproches,      ■ 

[P.  211]  Tandis,  la  troupe  d'Arles  arrivée  immédiatement 
après  et  en  queiie  des  autres,  environ  les  cinq  heures  du  acir^ 
Monsieur  le  mareschal  la  faict  de  mesmes  tout  d'un  train  paaser 


LE  SIEGE  DE   BEAUCAIRE   DE    163t 


317 


BUT  )*Me»  ayant  apprins  que  Monâeigneur  devoit  dans  peu 
d'heures  entrer  au  ohasteau  de  Beaucaire. 

On  observa  ce  soir  là  plasieurâ  circonstances  de  ceux  de 
TharaâcoQ,  iesquelleâ  donnèrent  an  trèa-é?id6iit  esclairotsse- 
ment  à.  la  proposition  que  le  marquis  de  Perault  a  voit  faite  à 
Monsieur  de  Montmorencj  de  luy  livrer  eucor  ces  te  vilie  au 
mojen  des  intelligences  qu'il  yavoit:  car  premièrement,  par 
la  lettre  que  Monsieur  le  mareschal  de  Yitrj  escrivit  aux  con- 
suis  d'Arles,  il  leur  raarquoit  que  les  gents  qu'il  ïeur  demandoit 
apitoient  pour  ramplir  la  place  de  ceux  de  Tharascon,  qu'il 
allait  dèa  ceste  heure  \k  faire  entrer  danâ  Beaucaire  ;  néan- 
moins tant  s'en  fault  qu'ils  y  deussent  estre  desjà  à  leur  arrivée 
qu'au  eontrère  lorsque  le  consul  y  aborda  avec  sa  troupe  et 
receut  son  commandement  de  passer  promptement  sur  Tisle, 
il  le  vid  sur  le  bord  de  la  rivière  sans  autre  compagnie  que 
ries  siens,  fors  un  ou  deux  gentilBhacntnea  de  La  ville,  appriut 
qu'il  n'y  estoit  passé  que  la  troupe  du  viguerat  qu'il  y  voyoit 
encores  descendre,  pour  laquelle  eocor  on  luj  avoii  refusé 
des  munitions  de  guerre  ;  et  ce  quy  augmenta  plus  encor  Tes- 
candale  à  ceux  d'Arles  fut  den'avoir  receu  d'eux  àleurarrivée 
ou  passage  aucune  gratification  de  rafraischissements ,  en 
récompense  de  ceux  qu'où  leur  avoit  largement  fournis  puis 
naguèresà  Arles  (dont  ilsavoient  grand  besoing)  à  leur  retour 
d'Algues  Mortes  en  semblable  occurrence*  Toutes  ces  circon* 
staBceSt  dis-je,  donnèrent  argument  que  dans  ceate  ville  le 
serrice  du  Roy  uy  avoît  pas  pour  lors  grande  vigueur*  Tant 
estque  ces  troupes ainsy  assommées  [p,  212]  delaplus  ardente 
et  insuportable  chaleur  quy  fut  jamais,  elles  passèrent  toutes 
gayement  sur  Tisle  ;  mais  la  saison  pour  estre  introduites  darin 
Beaucaire  n'estoit  pas  encor  arrivée  pourtant,  les  afferes  n'y 
e?<tant  point  entièrement  disposées  par  les  artiâoes  que  le 
marquis  et  la  noblesse  delà  ville  y  apportoient  à  tout  moment, 
ainsy  que  nous  verrous  cy  aprèz,  Etfalut  qu^elles  campassent 
là  tout  le  reste  du  jour  et  toute  la  nuict  suivante. 

Or  ceux  d^Arleâ  n'y  furent  plustost  descendus  qu'il  fut  in^ 
coutîneut  déclaré  à  leur  consul  par  les  premiers,  qu'ayant 
esté  constraifitiâ  de  se  lever  et  de  sortir  ainsy  de  leur  maison, 
à  ia  haste,  sans  munition  de  guerre,  souba  l'espérance  de 
i*en  fournir  à  Tharascon  ,  et  ne  l'ayant  peu  fere  pour  ne 


STÔ 


LE   SIEGE   DE   BEAUCATRE   DE   Uât 


I 


retarder  leur  descente.  Us  en  estoient  en  des  extreooeê  des- 
plaisirs, k  quoi  le  conBul,  pourvoyant  sur  le  champ,  leur  Ûii 
despartir  quant  et  quant  du  plomb»  de  la  msache,  éi  daujc 
aartouches  de  plomb    à  chaaqun,  que  ses  propres  soldats 
arrachèrent  de  leurs  bandollièrea  et  leur  donnèrent,  W 

La  descente  de  ces  troupes  sur  Tiale  donna  des  estraoges 
appréhetitions  au  marquis  et  à  la  noblesse  de  Boaucaîre  quy 
auivoit  son  partj  Jugeant  que  leur  introduction  dans  la  ville 
estoit  le  coup  mortel  de  leur  espérance.  Âussj  dès  lors  ne 
bâtirent 'ils  plus  que  d'une  aisle  et  le  marquis  s'estant  retiré 
au  chasteau,  toute  la  resaource  des  autres  se  réduisit  à  ce 
point  de  courir  ouvertement  les  rues,  déclamer  cootre  leurs 
consuls,  et  imprimer  en  Tesprit  du  peuple  mille  terreura 
paniques  et  toute  sorte  d'appréhentiott  de  Tinsolence  que  les 
soldats  exerceroient  en  leurs  biens,  en  leurs  maisons  et  lenrd 
famiUes,  et  en  leurs  propres  personnes  s'ils  estoient  intro- 
duits. ^ 

[P.  213]  Ce  fut  une  rude  attainte  à  rauthoritédes  consuls,  de' 
laquelle  ils  virent  soudain  naistre  mille  murmures  et  soublève- 
mens  du  peuple,  violemment  a^ité  et  effarousché  de  telles  appro- 
licntions  qu'y  porta  aucuns  des  plus  mutins  à  leur  reprocher  îe^ 
peu  de  confiance  qulls  avoienten  eux  de  ne  les  avoir  estiméfl 
capables  de  garder   et   deffendre  courageusement  leurs  mu- 
railles et  leurs  maisons,  souhs  leur  authorité,  sans  rassistance 
d'autruy  ;  et  que  rintroduction  de  ces  troupes  ne  leur  pour* 
roit  estre  que  dommageable  et  funeste.  B 

Les  consuh,  estonnés  de  telz  mouvemens  et  taachant  âfl 
ramener  le  peuple  de  son  desvojement,se  fortifièrent  de  Tau- 
thorilé  des  magistrats  de  justice  et  principalement  de  Dupny, 
procureur  du  Eoj,  homme  très-résolu.  Tous  lesquels  ensem- 
blement,  après  des  hardies  et  puissantes  menaces  de  cestu j*cj^V 
pariant  au  nom  du  roy,  et  des  vives  et  pressantes  persuasiûMS 
de  ceux-là  comme  pères  de  la  patrie^  Tajant  par  ce  moyen 
aucunement  ramené,  ils  résolurent,  an  An,  de  donner  FentréëS 
à  leur  secours  à  quelque  prix  que  ce  fdt,  vojant  que  d'iceiuj 
dépendoit  et  le  gain  de  leur  partie  et  la  tranquilité  de  leur 
patrie,  amsj  que  la  suite  le  fera  voir.  ^ 

Toute  ceste  nuit  s'étioulà  en  telles  consternations  domestï» 
ques  qui  les  empeschèrent  non    seulement  de  riutrpduire 


IM  SIEGE   DE   BEAUCAIBE  DE   1638 


319 


{appréhendant  quelque  mésaventure),  mais  encor  de  pour- 
Tair  à  aes  nécessites* 

Ce  long  retardement  d'ailJeurs  et  ce  peu  de  conte  qu'on 
tenoitdeces  troupes  laur  donnoit  cependant  de  très-puisâaats 
mouvements  de  [p.  214]  cholère  et  de  trèa-violentâ  soupçons 
de  quelques  mauvais  jeu.  Si  bien  que  le  consul  Beuf,  pour  ne 
recevoir  quelque  affront,  logea  quant  et  quant  à  la  plus  haulte 
poincte  de  Tisle,  le  sieur  deMandoû(rurj  des  cinq  capiiènes  des 
cartiera  d'Arles)  avec  toute  sa  troupe  pour  en  deffeudre  l'en- 
trée du  eosté  de  la  terre.  Et  luj,  aveu  tout  Je  reste,  se  tint 
préparé  à  recevoir  et  repousser  courageusement  de  tous  les 
autres  endroits  ceux  quj?  Vy  voudroient  mettre  en  eschec. 

Le  marquis,  cependant,  qui  avait  comme  abandonné  ou 
quitté  la  partie  dès  la  défense  de  ces  troupes  sur  risïe,  eta'estoit 
retiré  en  soii  chasteau,  en  donna  promptement  ad  vis  à  Mon- 
seigneur, Jttj  représentant  ce  secours  beaucoup  plus  consi- 
dérable et  plus  grand  qu'il  n'estoit  ;  lequel  fesaut  promptement 
Kassembler  ses  troupes  quy  s^étoient  dispersées  et  relascbées 
dans  tes  villages  circonToisins,  vint  quant  et  quant  à  Beau- 
caire,  accompagné  de  tous  ces  seigneurs  qui  le  sui voient,  se 
présenta  tout  de  uuict  a  la  porte  du  cïiasteau  qui  regarde  la 
prerye^^  et  j  fut  introduit  avec  tous  les  sieus. 

Tandis,  les  consuls  qui  n'estoient  bonnement  encore  bien 
conûrmés  en  ïa  résolution  de  recevoir  leur  secours,  ayant  eu 
advis  que  Monseigneur  esloît  au  cbasteau  et  que  toutes  se^ 
troupes  j  rentroient  à  la  ÔUOt  ârent  soudain  donner  Tallarme 
au  peuple  par  le  tocsin,  afin  qu'un  cbascun  se  rendit  sur  les 
murs  de  la  ville  ou  au  corps  de  garde  de  leur  cartier,  et 
cependant  envoyèrent  promptement  une  troupe  de  leurs  plus 
[p.  215]  hardis  babitans  ranforcer  ceux  quj  s'estoient  jà  saisis 
de  toutes  les  avenues  de  la  porte  du  chaste  au  quj  est  dans  la 
ville;  atteudant  d'y  loger  leur  secours,  commandèrent  au 
capitaine  de  ta  ville  de  iuj  aller  ouvrir  la  porte  de  Cadenet 
quj  luy  estoit  la  plus  prochaine»  et  à  Dions,  fils  du  premier 
consul,  de  Taller  introduire  promptement 

Ce  fut  à  ce  point  que  le  peuple  »  reconnoissant  Terreur  où 
la  suggestion  de  tous  ces  mauvais  serviteurs  du  Roj  Tavoit 


'  La  pt'airie  ou  cbanip  de  foire. 


3^0 


JM    SIEGE   DE   BEADCAIRE  Ï>E    !63i 


voulu  précipiter,  courut  comme  désespéré  à  la  deffenae  de 
leur  muraille,  loua  les  vertueuses  intentions  de  leurs  consulsj 
commencea  à  bien  espérer  de  leur  résolution,  et  à  se  pro-J 
poser  qu'iofaiUiblement  leur  courageuse  résistance  seroiii 
largement  récompensée  de  la  débonnèreté  du  Roy,  et  que  le 
moins  qu'il  pourroit  espérer  de  sa  libéralité  ce  seroit  leur 
affranchissement  de  la  tyrannie  du  marquis;  aînaj  en  par- 
loîent*Us.  H 

Le  capHène  de  la  ville^  quoique  des  intimes  amîs  du  marquis 
et  serviteur  de  M.  de  Montmorency,  feaaot  violence  à  ses 
voloiîtéSi  fut  conatraÎDCt  d'aller  ouvrir  ceste  porte,  aprèzquel- 
ques  sourdes  paroles  de  refus  qu'il  laschea  aux  consuls,  les- h 
quelles  furent  suivies  de  menaces  de  luj  oster  les  clefs*  Dtffl 
manière  que  le  sieur  de  Dions,  quy  s'estoit  jà  suffliemraent 
pour  vende  batteliers,  montantpromptement  sur  leurs  bat  te^ux 
passa  sur  Tlsle  (laissant  le  sieur  de  laRoohe,  son  père,  à  la 
porte},  pria  le  consul  Beuf,  au  nom  de  son  dit  père,  de  ses 
collègues  et  de  tout  le  peuple,  de  vouloir  [p*  21d]  prompte- 
ment  entrer  dans  leur  ville  et  luy  ût  des  excuses  de  ce  long 
retardement. 

Le  sieur  consul  Beuf,  cependant,  quy  avoit reconnu,  avant 
Tarrivée  du  sieur  de  Dions  à  luy,  que  toute  la  cavallerie  de  Mon- 
seigneur  estoit  sur  le  pied,  et  ouyt  en  même  temps  le  tocsin 
sans  savoir  sy  c'eatoit  pour  Monseigneur  ou  pour  soy  (n'ayant 
jiMooresveu  personne  de  la  part  des  consuls),  despeschapromp- 
ttîfïient  le  sieur  Peinct,  l'un  de  ses  volontères^  son  înthimo 
amy,  et  lieutenant  en  ceste  expédition,  devers  M.  le  Marescbal 
de  Vîtry  pour  apprendre  ses  intentions  sur  ceste  occurrence  i 
et  consulta  d'ailleurs  le  sieur  de  Rousset^  gentilhomme  de 
Provence  (auquel  M.  le  MM'escbal  avait  donné  la  conduite 
de  la  troupe  du  Yiguerat)  avec  les  plus  expérimentés  de  leurs 
volontères,  pour  les  formes  de  leur  subsistance  ou  de  leur 
introduction  au  cas  qu'ils  feussent  enfin  appeliez,  reconnois- 
sant  leur  entreprise  grandement  hazardeuse  et  tonte  remplie 
de  péril  ;  mais,  durant  leur  consulte,  Dions  arriva  à  eux  ;  non- 
obstani  la  prière  duquel ^  et  les  asseurances  quil  leur  donna 
que  son  père  les  attendoit  à  la  porte,  et  ses  collègues  aux 
autres  endroits  de  la  ville  pour  ordonner  de  leurs  postes,  ils 
délibérèrent  pourtant  d'envoyer  tout  premier  dans  la  nUe 


4 


LE  SIEOB   DE   BEAUC^mE   DE   16di 


3^1 


LaBr68eh«,raii  de  leurs  sergenta,  pour  reconnoistraet  juger 
ûê  la  conteoance  dea  habitante  et  prièrent  Dions  de  demeurer 
avec  eux^  en  hostage  pour  l'asâeuraDce  d'icalu^  et  ju^ques  à 
son  retour. 

[P.  217]  Ce  aergenti  passant  promptement  le  bac  et  entrant 
dans  la  vILle  environ  les  deux  heurei  aprèz  ia  minuict,  donria 
ienl  jusques  dans  la  place  du  marché,  et  n*eut  autre  rencontre 
que  dudit  sieur  de  Laroche  à  sa  porte  ai  du  capitène  de  Ea  ville - 
laquelle  ayant  ouverte  contre  son  cœur,  ne  sceut  sy  bien 
retenir  ses  ressenti  mens  qu'il  ne  luy  usât  de  quelques  sourdes 
tuenaees,  «r  que  tout  autant  d^estrangers  quj  entreroient  dans 
la  ville  y  seroient  taillés  en  pièces.  » 

Tandis,  ces  compagnies  de  Croates  quy  suivoient  Monsei- 
gneur, estant  sur  le  pied  pourentrerau  chasteau  et  ayant  apprin^ 
ijue  ces  troupes  estoient  surl'isîe»  firent  tout  leur  effort  pour 
avoir  congé  de  les  y  alïer  attaquer  et  d'y  pa^^ser  à  ^itny  du 
costé  où  estoit  assis  en  garda  le  sieur  de  Mandon,  Mais  ils  en 
furent  divertis  par  quelques-uns,  lesquels  représentèrent  à 
Mgr  y  avoir  trop  de  péril  et  en  ce  guay  et  en  rincertitude 
du  nombre  des  soldats^  etque  la  vïile  estant  une  fois  saisie,  on 
auroit  bien  moyen  de  les  dei^re. 

La  Bresche  cependant^  sa  descouverte  faite,  reviut  à  la 
porte  d*une  part,  à  mesure  que  le  sieur  Peinet,  de  l'autre, 
redescendôit  sur  Ftsleavec  ordre  de  Monsieur  le  Mareschal  de 
fère  entrer  prompteraent  ces  troupes  à  quelque  prix  que  ce 
fut,  et  tous  deux  furent  estonnés  d'en  voir  desja  une  bonne 
partie  dans  la  ville  avec  le  sieur  de  Dions  et  le  eousni  Beuf 
ou  teste  d*icelle.  Auquel  néanmoins  le  sergent  rapporta  le 
iliseours  qu'il  avoit  ouy  du  eapîtène  de  la  ville,  mais  il  n'ar- 
resta  pourtant^  le  Rubicon  estant  jà  passé,  et  tous  les  soitp- 
çons  vuidez  et  surmonter  par  son  courage  et  par  la  confiance 
qu^il  avoit  en  la  franchise  du  sieur  de  Dions  quy  le  guidoit 
et  de  son  père  quy  le  [p.  218]  recevoît.  De  manière  que  le  sieur 
Peioct  fut  grandement  joyeux  de  treuver  qtje  Tobey séance 
avoît  prévenu  le  mandement  que  M,  le  Mareschal  luy  avott 
donné  et  que  tout  le  reste  passoit  à  la  haste. 

Le  sieur  de  la  Roche  donc,  ayant  accueilly  le  sieur  consul 
Beuf  avec  les  plus  tendres  remerciemens  que  mérltoit  un  sy 
important  et  signalé  service,  et  que  la  briefveté  du  temps  luy 


3^2 


LE  SIEGE   DE   BEAUCAIEE    DE    1632 


peut  permetre,  le  conduisit  de  ce  pas  avec  touteâ  les  troupes 
jusque  dans  la  place  du  marahé  où  eîles  se  mireot  promp- 
tement  en  bataille.  Et  de  là,  aans  arresterp  allèrent  se  loger 
tout  contre  les  jardina  joignant  les  murailles  et  la  porte  du 
chaateau  quy  descend  à  la  ville,  où  les  habitans  avoîent  ja 
mis  quelques  charretes  et  commencé  à  se  barricader.  Le 
consul  Beuf  y  choisit  la  porte  la  plus  procLaîne  et  la  plus 
dangereu^ie,  en  laquelle  il  s'arresta  avec  reslitte  de  ses  volon- 
tères,  lui^sant  les  autres  plus  esloignées  au  reste  dea  troup^a^ 
et  aux  habitants.  H 

Ces  barriccvdes  n'eatoient  k  peine  alors  bien  commencéea 
qu'un  chasqun  d'eux  mit  promptement  la  main  à  1  œuvre  pour 
se  reiraoclier  et  mettre  en  defience,  et  leur  fut  donné  par 
les  consuls  lout  ee  qu  ils  leur  demandèrent  pour  cest  «ifecl, 

Le  jour  venu  (lundydeuxiesmeaoustj^le  marquiâ^qujs'estoit 
iujaginé  que  l'arrivée  de  Monseigneurdans  son  cLasteau  auroit 
donné  telle  apprébention  aux  consuls  et  au  peuple  [p. 219]  que, 
lesai'meji  leur  tombant  des  mains,  ils  n'auroient  le  courage  de 
fere  entrer  leur  secours  et  le  ranvojeroîent  en  désordre,  fut 
bien   estonné   de    les   veoir  tout  contre  les    murs   d'icelujr, 
retranclji^K,  barricadez,  et  en  estât  de  luj  disputer  courageu- 
sement l'entrée  de  leur  ville.   Et  ceste  noblesse,  d'aitleurâf 
qay  suivoit  ébb  mouvemens  avec  tant  de  passion  et  d*aveu- 
glementf  remplie  de  mesme  estonnement  que  \uy  et  hors  de 
toute  espérance  d'entreprendre  désormais  auQUEe  cbose  à  leur 
avantage,  reconnoissant  qu'il  j  alloit  de  la  honte  et  des  uns  et 
des  autres  d'avoir  eu  tant  de    belles  intentions  pour  Monsei- 
gneur, tant  de  courage  d'excécuter,  et  néanmoins  perdre  des  aj 
belles  ocasions  de  se  rendre  maistres  de  leur  ville,  et  priaci^ 
paiement  celle  que  la  iiuiet  précédente  leur  avoit  sj  favora- 
blement produite,  lorsque  ce  peu  d'habitanSj  quy  ne  commen- 
çoient  qu'à  desseigner  encore  leurs  retrancbemens^  n*eussent 
peu  rendre  à  Mgr  aucune  considérable  résistance,  s'ils  l'eus- 
sent fait  descendre  en  armes  prompte  me  ut  dans  la   ville.|  se 
réduisirent  tout  enfin  à  ee  dernier  remède  de  fère  quelques 
abouohemens  et  conférances  avec  les  consuls^  pour  taseher  de 
se  mettre  à  couvert  des  reproches  et  des  iodignations  de  Mon- 
seigneur, qui  avoit  ignoré  toutes  ces  contradictions  et  résis- 
tances  et  creu  que  le  tout  luj  eatoit  asseuré.  Quelquôs-ims 


UE  SIÈGE    DE   BËAUCAmE  DK    Ï63!l 


zn 


P 


dVntre  eux  obtmdrent  des  consuls  de  pouvoir  monter  au  chas- 
teau  et  proposer  à  Mgr  etau  marquis  quelque  accommodement 
[p.  220]  quy  leur  douuast  de  la  âatUfactiori  à  tous.  Âiijsy  ces  te 
matinée  a'escoula  en  allées  et  venues  d'une  part  à  Tautre  sans 
fruict  ;  et  Varie,  Tun  d'eux, s'j estant eutreraeilé de  la  pandas 
consuls,  fut  porté  par  terre,  descendant  du  chasteatif  par  une 
moiquetade,  que  luj  tira  un  soldat  de  la  garnison»  quy  luy 
entra  par  le  col  et  sortit  par  Tespaulle* 

Ce  coup  contre  le  droit  des  ^ens,  mit  sel  en  bouche  aux 
consuls^  les  ôt  aller  plus  retenus,  et  le  marquis  ea  reoeut  un 
grand  dasplaisir.  Néanmoins,  s'imaginant  de  pouvoir  avancer 
liij  meamea  ce  que  aes  amis  n'avolent  peu  le  matin,  il  demanda 
encore  de  parler  aux  consula  et  permission  de  descendre 
josqu'à  la  prochaine  barricade.  Son  intention  estoit  double, 
car  il  déâiroit  voir  le  retranchement  et  la  contenance  des 
loldata.  Les  consuls^  néanmoins^  quoique  très  résolus  en  leur 
première  délibération  de  servir  le  Roj  k  quelque  prix  que  ce 
fût,  estimant  que  s^  de  telles  conférancea  pouvoit  sortir 
cjueique  aecommodemeni,  leur  honneur  sauve  et  la  ville 
demeuraat  tôusjoura  dans  les  termes  de  Tobé^ssauce,  elle  en 
seroit  d'autint  plus  soulagée  et  exempte  dea  fouUes  que  \q^ 
gens  de  guerre  j  produisent  communément,  lu^  accordèreRt 
en0o  ses  demaodea. 

Il  deicendit  donc  à  la  ville  avec  lea  aieurs  d'Elbene,  le  baron 
[p.  231]  de  Ledenon  et  Laroche  d'AgouIt,  eacujer  de  M.  de 
Montmorency,  Et  rencontrant  à  la  première  barricade  le  con- 
sul Beuf  en  teste  de  l'eslitte  de  ses  volontères^  et  eu  eatat  da 
la  bien  dépendre,  s*y  arrestatit  un  peu  et  femnt  bonne  mine* 
loua  fort  leur  coutenauc^e  et  leur  résolution,  leur  laschant  en 
passant  ce  petit  traict  de  vanité,  ■  qu'ails  estoleat  tous  dignes  de 
commander  dea  régimeiis.  »  Lequel  ayant  été  soudain  recueilly 
par  un  gentil  esprit  de  la  troupe,  le  luy  couvrit  avec  grâce 
par  ses  paroles  :  a  Ou  j,  certainement,  Monsieur^  luy  dit-il,  mais 
ce  nous  est  beaucoup  de  gloire  et  de  satisfa^^tion  de  n'estre 
en  cette  occasion  que  simples  soldats  soubs  notre  cousul  et  y 
Sôrvif  le  Roy.  » 

Le  sieur  de  La  Roche  doncs'approohantde  lui, tirant  quant 
et  soy  hors  de  la  barrieaiie  le  sieur  consul  Beuf  pour  estra 
tej<tiJOiug  de  tous  leurs  discours,  la  première  parole  dn  mar- 


.^3  1 


LE   SIEGE    DE   BEAUCAIRE   HK   1632 


quis  au  consul  fat  d'avoir  Tiolé  aa  foj  en  ta  mutuelle  promessa 
qu'ils  s'estoiéiit  faite  de  n'iutroduire  aucune  jiersonn©  estran* 
gère  dans  la  ville  dj  dans  le  cliasteau,  Â  quoj  il  respondit 
qu'elle  avoit  ainsy  véritablement  esté  faite  eotretix,  mais 
BQubs  cette  ûoadition  de  servir  le  Roy  et  les  uua  et  les  autres, 
et  qu'ayant  vu  lanuictprécédéTite  entrer  Monseigneur  dansson 
chasteau,  il  avait  de  mesmes  introduit  dans  la  ville  le  coosul 
d^Arleset  satroupe;aiii8j»  n'ayant  fait  en  eelaque  [p.  222]  Ten- 
suivre,  il  en  estoit  le  premier  coulpable.  Le  sieurd'Elbene  et  le 
baron  ddLedenoniapprehendautquecesparollestL'enproduisis- 
!^ent  d'autres  plus  fascheuses^  interrompantlediseoursdu  mar- 
quis, pressèrent  fort  alors  le  sieur  de  laRocfae  de  congédier  les 
messieurs  d'Arles  et  laisser  la  ville  entre  les  mains  des  habi- 
tants. Mais  au  contraire  la  connoîssanoe  et  rappréheutlon 
qu'il  avoit  de  ceuz  quy  suivoient  le  party  du  marquii*,  dans  la 
ville,  et  du  peu  d'assurance  du  peuple,  luy  fît  rejetter  bien 
loing  telles  propositions  et  demeurer  ferme  en  son  proeédé, 
reeonnoissant  très  bien  que,  ceux  d'Arles  estant  son  j)i  in- 
cipal  apuy,  la  partie  demeureroit  fort  inesgale  et  leur  efière 
seroit  bientost  vuidée  à  la  confusion  et  au  grand  détriment 
du  service  du  Roy. 

Durant  ce  pourparler,  tous  les  soldats  des  barricades  obaer* 
vant  diligemment  les  actions  et  les  mouvemeDS  du  marquis 
demeuroient  sur  pied,  et  en  estât  de  repousser  vivement  sa 
violence  au  cas  qu*il  en  eust  voulu  user  contre  leurs  oonsuls« 
Et  sur  ce  poinct  il  arriva  qu'un  soldat  du  chasteau  lasehea 
une  oaosquetade  dans  la  barricade  du  consul  Beuf,  quy  porta 
contre  un  mur,  où  estoit  appuyé  un  de  ses  volouteres,  auquel 
ayant  rampSy  le  visage  et  le  chapeau  du  desbris  de  la  pierre, 
s'adressant  au  marquis  :  u  Voyez,  Monsieur,  luy  dit-il  *,  comme 
vos  soldats  nous  traitent  dans  vos  tresves  et  vos  abbouche* 
ments*  )>  [p.  223]  De  quoy  il  lui  fît  ses  excuses,  et  menaceant 
rudementlesoldut,  a^seuratoutfvautce  voient  ère  qu'il  u'enten- 
doit  point  que  lafoy  publique  fut  ainsy  violée.  Lequel  luy  répli- 
qua avec  une  contenence  gentille  a  que  les  mosquetades 
estoient  trop  peu  de  cas  pour  les  fere  desmouvoir  de  leurs 
postes^  et  qu'il  y  fallolt  joindre  le  canon ^  n 


*  Mn  marge  en  regard  :  M.  Peinet* 


LE    SIEGE    DE    BEÂUGÂIHE  DE   l^Zt 


3»5 


Cet  excès  porta  aoudaîn  Je  deair  de  deux  aoldata,  habitans 
de  fieaiicaîra  meslës  parmjr  oettx  d'Àr]eB\d'en  Urer  sa 
rârôDche.  Et,  s'estaDtavaûcez,  s'appoinctèrentconjoiQctaEnent 
pour  tirer  ati  marquis,  mais  le  volontère  s*en  estant  aperceu 
s'&v&ncoa  à  eux,  leur  donna  tout  à  poin&tde  la  main  sur 
rharquebtise  qu'ils  avoient  enjouée,  les  en  destourna  et  leur 
ût  le  hola,  ne  voulant  permettre  de  venger  une  laacheté  par 
une  autre. 

Tandis,  Monsieur  le  mareachal,  sçacbant  que  eea  troupes 
de  Beaucaire  ne  poudroient  avoir  de  muuition  de  g'uerre  que 
ce  qu^un  chasquades  soldats  pou  voit  avoir  sur  soy,  et  jugeant 
que  les  consuh  ainsj  troublez;  n'auroieut  pu  avoir  le  soing  de 
lenr  en  fère  fournir,  despechea.  promptement  aux  sieurs 
consuls  d*Arlos  pour  les  prier  de  fere  encor  ce  bon  service 
au  Roy  de  luy  en  envoyer  prompte  ment*  A  quoy  ils  furent 
très  diligents,  etluy  eu  envoyèrent  quatre  muletzcbargez  qny 
Joy  furent  [p.  224]  présentés  de  leur  part  par  un  gentiîbomme 
de  la  ville  qu'ils  hïy  députèrent  (ce  fut  le  sieur  Despins)»  A.  quoj 
il  receut  une  incroyable  satisfaction  et  leur  en  ât  des  grands 
remerciements,  ne  pouvant  se  contenir  d'exagérer  à  tous 
coups  la  grandeur  de  leur  affection  et  la  promptitude  de 
leurs  serTicea  aux  choses  concernantes  Tinterest  de  Sa 
Majesté. 

La  conférance  du  marquis  demeurant  vaine  enfin  et  sans 
eiect,  et  les  consub  rentrés  dans  la  barricadé ,  on  ouyt  à 
rinstant  de  tous  les  soldats  quy  y  estoient  une  acclamation 
univerBelle  de  Vive  le  Roy^  quy  donna  un  très  rude  coup  d'as- 
tonnement  au  marquis  et  le  plongea  dana  une  grande  confu- 
:  mon,  ne  sçachant  treuver  à  Monseigneur  excuse  val  labié  et 
[légitime  pour  coUorer  tant  de  manquements*  De  mittiicre  c^u'il 
fut  sur  les  termes  de  demeurer  dans  la  barricade  nvec  tes 
consuls  pour  éviter  ses  indignations. 

Monseigneur  estoit  pour  lors,  avec  MM.  de  Moret.  d*Sibeuf, 

ide  Montmorency  et  autres  de  considération  à  la  porte  du  chas- 

teau  par  k  dedans  sans  y  estre  aperceus,  attendant  Tissue  de 

eeste  conférance  pour  donner  tous,  Tespée  à  la  main,  contre 

les  bairioades  au  cas  qu'elle  ne  terminast  selon  ses  intentions  : 


*  Sn  marge  m  regard:  Scève  en  estait  l'un. 


SS6  LE    SIÈGE  DE    BEAUCATEE  DE  1632 

et  ayaat  ouy  le  bruit  des  soldats  et  demandé  la  cause  d 

on  \\}y  dît  que  c'eatoit  un  crj  de  Yive  le  Roy  :  «  Ouy,   repli- 

quat-il  soudain,  tirant  son  chapeau  ,  Vive  le  Roy  !n  ^M 

[P.  225]  Tous  ces  Messieurs  donc  rentrez  au  château  et^ 
Monseigneur  ayant  appHna  la  ferme  délibération  des  consale, 
entra  en  une  sj  grande  fureur  contre  le  marquis  qu'il  proposa 
de  le  fere  aaulter  des  créneaux  ;  lequel,  ïe  sçachant,  n'osa  se 
présenter  devant  luy  que  son  esprit  n*eust  esté  radoucy  avec 
beaucoup  de  peine  par  tous  ces  seigneurs,  Auasy,  à  vraj  dire, 
il  ne  aceut  jamais  en  ceste  action  obliger  entièrement  ses  anii^_ 
ny  désobliger  ses  ennemis,  ^M 

L'ardeur  de  la  cholère  de  M^r  luy  tit  incontinent  demander 
ses  armes  ^  délibéré  d'aller  enfoncer  ces  barricades»  disant 
que  puisque  la  querelle  estait  pour  aoy  il  vouloit  estro  le  pre- 
mier à  les  franchir;  mais  Dieu  en  ayant  disposé  autrement  et 
ne  voulant  permettre  qu'il  s'exposast  avec  tant  de  noblesse 
en  unsy  éminent  péril,  sussita  sur  le  cbamp  le  sieur  d'Elbene, 
qoy  avoit  veu  la  contenance  de  ceux  des  barricadea,  lequel 
luy  représenta  «qu'ily  avoit  reconnu  un  sigranH  courageaux 
soldats  et  un  sy  ferme  propos  et  délibération  d*y  mourirtres- 
tous  pïustost  que  d*en  démordre  et  rabantîonner,  estant  tous 
gents  de  condition,  commandés  par  leur  consul^  homme  très- 
réaolu,  quHnfalliblement  se  seroit  s'exposer  et  toute  sa 
noblesse  à  la  boucherie  de  gayeté  de  cœur,  et  que  le  moindre 
d*eux  quy  s'y  pourroit  perdre  valloit  mieux  que  toute  la  ville 
ensemble» ,  avec  plusieurs  autres  véhéments  discours  ea|H 
ce  sujet.  ^ 

[P. 226]  Le  sentiment  du  sieur  d'Elbene  eatoit  très-bon  pour 
n'exposer  la  personne  deMgrqu*onn*eust  peu  que  malaisément 
retenir,  aussy  prévalut-il  et  fit  changer  ceate  résolution; mais 
à  vray  d  ire ,  sy  M  onseî  gn  eu  r  eu  st  fait  attaquer  v  i  vement  ces  bar^ 
ricadoâ  d'une  part,  et  tous  les  gentilshommes  de  la  ville  araÏB 
du  marquis  eussent  à  mesme  temps  saisy  Tune  des  portes  de 
la  ville  pour  Ty  introduire  par  le  dehors  comme  il  leur  estoit 
très-aisé,  sans  doute  la  ville  estoit  enlevée; car  les  barricades 
n*estoient  pas  encore  en  très-bon  estât  ny  capables  de  trop 
grandes  réf^i stances^  ny  mesmes  le  nombre  des  tenants  assez 
grand  quoy  que  très- vertueux,  et  d'ailleurs  la  plus  grande* 
partie  du  peuple  quy  suivoit  les  consuls  vagoit  encor  dan 


LE   SIEGE  DE  BEAUCAIRE  DE   1632  327 

rirrésolation,  dans  la  crainte  et  dans  la  confusion.  Enfin, 
ceste  parolle  eustsj  grand  poids  que  ceux  de  Beaacaire  peu- 
vent désormais  la  marquer  dans  leurs  fastes  pour  Tune  des 
choses  les  plus  essentielles  de  leur  bonne  aventure  et  de  leur 
tranquilité  publique,  puisque,  sans  avoir  plus  grand  soing  ou 
perte  des  leurs,  ils  ont  vertueusement  monstre  le  front  au 
frère  du  plus  grand  et  redoutable  prince  de  la  terre  armé  pour 
les  subjuguer,  et  se  sont  glorieusement  conservés  dans  la 
légitime  obéjssance,  malgré,  s'il  faut  ainsjdire»d*eux  mesmes. 

Pierre  Dblacrau. 

(A  suivre.) 


LE  CHANSONNIER  DE  BERNART  AM0R03, 

(SuOe) 


[130  (c*  112)]  KL  Ben  UirH  qeu  sia  ardiu 

r^r«,«^r^  •^*c^.*  ,     ^            .  Q^  ^^^  doiiiiia  0168  guiz '* 

^    -'              '  Qes  la  genatr  qanc  foa 

(=  B.  Gr.  364,  17 J  Qab  aas  beUfta  Taisos 

b  El  bels  aîU  orgoiUoa 

L   Dieuaeti  eaa  graçiU  An  luaDtz  ""^cors  enuaîz  *^ 

Qel  franc  reis  es  guerbi  Per  qe  mas  esperiz 

E  aana&  deleltos  *  Ea  ab  leia  remasuz  *' 

Per  qeu  *  cobri  cansos  Don  rni  senc  '*  reuenguz 

5  Gaias  &  sh  gai  a  aos  10  De  tôt  moû  m^nimen 

Qe  •  mera  giquitz  Qai  aofert  loniainen. 

Corroçoa  *  &  mamç  IV.  Jauenz  es  mal  hfdliz 

Mas  la  aaa  saluç  E  prêtas  ce*  '*  per  traiz 

Noi  a  totz  erembuz  ^  Per  colpa  deU  barQs 

10  E  tornat  en  ioueu  Queruenaon*"  los  guaraoi^^ 

Mon  cor  &  mon  talen»  5  Manfiz  et  orgoillos 

IL   Qar  de  bona  rak  El"  cortei  escamiz 

Ea  bos  arbres  ichiz  "  E  domna«  triciiairiz 

E  fructï  ea  car  &  bos  Regaon  centra  noi  df  uss 

E  ries  "^  &  saboros *  * 

5  Et  en  s  torn  arnoron  10  ♦  Trop  deachauaidanien 

Vaia  dornaaa  &^  chausitz  Ab  doble  faillimen. 

Tant  qe  noia'*  als  îiiarriz  V.  A  bel  cora  genÈ  bastïz 

De  cui  son  plus  remsutz  ^^  De  totz  boa  aiba  compliz 

Qe  foca  ni  fers  agut^  ,  »  *  • ^i 

10  Qar  doEi  men  uulb  ^*  men- ^M 

Qua  no  '^  las  mi  defeD.  [pren  5 ^H 

L,  S,:  J  deleicbos  —  '  qem  —  *  Do  qe  —  *  Corrossos  —  *  ereubutz  — 
*  ûisliâ  *—  '  Ê  douK  —  '  ieu  —  *  cai  ^  i**  ntiig  —  î*  tcmsutî  —  **  lioil  — 
1"  Qom  nO  —  '*  guilz  —  **  mon  —  '*  enaiHis  —  "  romanautsE  —  '*  au»  ^^ 
>*  tenc  —  '*  Car  uezon  ~  '*  garzos  —  S2  Los  ^  **  Dona  sim  ronl  â  ui^ 
Humjl  e   uolantos  E  deatregz  e  cocboji 


^^^^  LE   CHANSONNIER   Dî: 

BERNART   AMOROS          3sf5 

n 

^Ê          Si  eom  cel  qes  fertz 

133 

^B^^     Damor  & '  cor  qem  àh 

^^^K    Qtm  reoda  uas  uénctiz 

PEIRE  DALUERGNE 

^^B    Doues  si  mm  î£z  aiuz 

^1   XO   Mort  aurez  chauBÎmen 

(=  B.  Or.  ^3, 13) 

^            E  Boa»  eaUra  gea. 

I .   (p,  125)  Cui  boi  vera  agrada 

V I .    Per  flftc  rei  apostiï 

[auzii 

^L            Ea  boa  regaea  deliz 

De  mi  aconseilb.  qe  leacolt 

^1            QârplaDh  ^  las  measioa 

Aqest  qera  comenz  a  dir 

H            E  ploi'als  autrui  doe 

Qe  poa  li  er  aoa  cora  assis 

1       5  E  fug  Bolaz  delà  pi  os 

5  Em  ben  eolendrels  aoa  els 

H             E  reia  pos  uîu  autiiz 

[raoU 

^L           Vâl  mens  q%  aebelii 

Ja  aô  dira  qel  anc  auzia 

V            Maa  eu  eoQ  car  teaguz 

Meillors  digz  tiobar  loiû  ni 

H            Pela  raeillors  à  creatiz 

[prop. 

H      lO  Per  la  corteaa  gen 

11.   De  be  no  fdi  adeacarnir 

H             Qes  conlradig  nomen  », 

Qi  lau  anz  deu  agradarmoït 

H    VU^persomBongeniguarmz 

Se  tôt  îoutracuiat  albir 

H             Contrais  oaga  acapix  ^ 

Ab  lor  nea^i  feble  fat  ria 

H           Qe  ab  mi  iof^.  74  rf")  ea  ara- 

5  Torno  zo  qoa  d  a  mont  deioa 

^K                                                        [go  a 

El  bes  vezer  qe  aen  ands 

H            Et  caBtelia  &  leos 

El  eaqerns  reata  de  galop. 

H         5  E  ^  ualent  rei  nanfos 

lll,  E  per  tal  aai  *  son  bon  aofrir 

H            Ele  ^  eaitela  eatabilis  ^ 

Cane  eaqern  ni  corage  es- 

^P            Oq  preç  ea  geot  seruiz 

[tolt 

^Ê            Et  ondraz  &  tenauz 

Si  broillet  no  sa»  vim  florir 

^^^J 

H              Si  qe  deb  abatuç 

E  par  dflUûl  respeg  iardis 

^^H 

H         10  Flaca  auara  cor  de  uen 

5  Cant  ve  qe  la  aima  nil  brotz 

^^^H 

f              Non  ai  nul  peuftamen". 

Nô  iota  frucha  requis  *». 

^^H 

Vlîl,  Aitant  corn  plua  ardisB 

Elintradorneisaoti  tuigclop. 

^^^1 

Es  leoB  qe  crapitz 

IV_  Eraiis  vueil  ul  res  deue^âr 

^^H 

Et  ors  qebous  coraux 

Qi  dauer  a  ai  a  gran  comolt 

^^^H 

E  bps  qe  b«c  barbuz 

Ben  aen  deuriii  far  seruir 

^^H 

5  Ai  en  taut  ardtment 

Qe  mil  muegsî  dé  marabotia 

^^H 

[ ] 

5  Nô  donaria  doaz  notz 

^^^1 

IK.  E  qt  moB  àxz  aguz 

Poa  a  la  bocbail  venrail  flz 

^^^H 

Eb  conlraai  enten 

Nil  preatre  secodra  Uîop. 

^^H 

En  li  don  franchamen. 

V,  A  q€C  deiiria  aouemr 

^^Ê 

»  ol  ^  •  plain  —  3  contra drog  non 

raen  —  *  A  mon  cor  e  cabitt  —  *  El 

^H 

^     Ges  —  '  ostabUlz  -  »  L.  S.  non 

ha  U  fiegumti  ittmseiU. 

^^^H 

Vatiei  i't^iftv^if  de  M.  lenk^r  Erlangen  19U0  p    iU  m.  '  c.  éif.  fal    - 

^^^1 

!•    *«i:  Irucba  Lequia;  Li  t  nicha  n 

i  lequia 

■ 

^^ 

i  4 

^^H                San           LE  CHANSONNIER  DE 

BEENABT  AMOROS          ^^H 

^^^^^^                  Qe  no  ti  a  gue  i  cor^tge  e  b  toi  t 

134                 ^^M 

^^^^^^h                 Del  be  an  vos  deuem  aiuir 

^^^^^^^                 Qen  oraizon  fossom  conqU 

PEIHE  DALUERGNE        ■ 

^^^^^^1            5  K  CEDt  ve  a]  derrier  jsanglot 

1 

^^^^^H                 NoD  ii  val  oncle  ni  cozis 

[^  B.  Gr.  323,  ir)             ■ 

^^^^^H                 Ni  ïQeli^€sab  son  iiairop. 

^1 

^^^^^H          V!.  Ben  deuiia  pensar  moiir 

I  »  fp.  JJÏflJ  Gent  es  mentrom 

^^^^^H                  Qi  dr^itz  oUa  garda  sas  lo 

[va  ®  le^er 

^^^H 

Senanz  le  someil  a  faire       fl 

^^^^^^H                 CoBsi  dieuB  per  nos  a  ^uarir 

Qea  caK  saiïinal.  cuiaire     ^ 

^^^^^^H                 Reoeup  mort  ù  pots  movtz 

Tal  ora  es  lares  do  voler 

^^^^^H 

5  E  qi  enanz  esauertitz          ^B 
Qe  tagaitz  li  sia  issit^         ^| 

^^^^^^H            5  SeJui  qi  per  noa  vene  en 

^^^^^H 

Non  es  ges  del  tôt  musaire. 

^^^^^H                Tuîg   mortem*    cauers   nô 

IL  GontraiBBodru**aparer 

^^^^^H 

En  cui  senz  es  albergaire 

^^^^^H                Negu  al  tempe  plus  qe  fes 

Qe  acienza  non  pret2  gaire 

^^^^P 

Sa  lueca  non  la  vei  parer 

^^^V             VIL  Mont   ion  întrat   en   bnc 

5  Doncs  on  er  de  mi  aentitz 

^^^^^^ 

Lo  aabers  don  soi  reqit^ 

^^^^^H                 Tu  g   cil  qi  fion  al  detlr^ 

Cor  fî^  0  mescîatz  ab  vaire. 

^^^^^H 

ÏIL  Qel  aegle  ai  fag  mon  plazer 

^^^^^H                 Oa  la  mort  nos  pot  esc  rem  ir 

Tant  qen  soi   de  trop  pe- 

^^^^^H               Coma  ni  ma   ni  duce   ni 

[ehfl^re 

^^^^^H                                                        s 

Et  er  agradam  nestraire 

^^^^^H             5  E  eenanz  nos  nedein  totz 

Pos  dieua  prom  na  dat  lezer 

^^^^^H                 Qe  la  mortz  li  serre  lo  uis 

5  Pot  hom  easer  descanzita 

^^^^^^f                 Be  si   pot  diP   vol   tarzar 

E  n5  mes  obs  mai  "  délit* 

^^V^ 

Per  outracuial  iutgair^. 

^^^^^^        VIII  Tôt  iom  ^  porria  ligtr 

IV,  Poa  dieua  som  laissa  vezer 

^^^^^B                Mas  preguem  dieu  per  sa 

En  qe  poest  "  esser  mirai  re 

^^^^^H 

De   mo   miela   e    aordeigî 

^^H         [ 

[raire      1 

^^^^^H                 QenB  T  meta  el  eieu  paradis 

On  om  plui  a  de  laber         fl 

^^^^^H                Oa  me  ^  isaac  e  iaoop. 

5  On  mager  senz  les  qaaib;      H 

E  aqel  par  plus  faillit?;         H 

C  a  eos  ob  s  ne  s  enganai  ro .     ^ 

V,  Mas  si  îeu  en  aaiibes  lo  uor      , 

« 

^^^^^^^            t  c.eni  moirem  —  'c.  en  :  dereb  — 

*  c*  CTi  :  sis  —  *  /,  :  ioro  nos  ^  *i.  i 

^^^H               mercîs  —  *  f.  :  Qens  jcardo  del  eofemaî  potst  —  '  /,  r  E  qms  —  »  f.  :  mes.  — 

^^^^1                    Voyez  Véditiofi  de  M^  Appel  dans;  . 

Prou.  Inédit  a  p.  201  i^ê.  ei  celU  d^ 

^^^^^        M.  Zmkerp.  121  m.-*»  /..-  na  —  i»  /. 

:  deu  —  *  *  c.en:  nan  —  *•  L  :  poesc. 

^^V              LE  CHANSONNIER  DE 

BERNART  AMOBOS           1:^1            ^^H 

^H              Be  «ai  foreoqers  cofrairô 

Qez  et  vol  engnit  auer                   ^^^^^ 

^H              De  louent  e  entjmiaire 

Peir5  daluergDt  so  ditz                 ^^^^^ 

^H              Set  rîa  q&  dfigra  chaer 

Non  de  us  foj-  anqers  parti  tz           ^^^^B 

^1          5  Ëa  graL  sa  ioa  eRbàuditz 

5  Ni  per  autra  amor  cbiam-          ^^^H 

^M             Maa  »il  Ma  segles  mestitz 

^^M 

^B              Qeil  fag  son  paiic  contrai 

^H                                               [braire. 

^^^M 

^M       VI.  Mentre  chaicuspotqerer 

PEIRE  DALUERGNE                  ^^H 

^M              Lui  qes  vers  dieua  e  aal- 

^H                                               [uaire 

(  =  B.Ûr.323, 14)                       ^^H 

^H             Moat  es  endroit  se  bauzaire 

^^^H 

^H              Fos  0  met  e  ndcbaler 

K  Do  dieu  non  puesc  pauc^          ^^^H 

^H          5  Qe  maiers  gratz  nea  cobitz 

^^^^^ 

^H             Qi  aer  set  oalp  qe  feritz 

Ni  moûtnoua  en  sai  deueseir          ^^^^^ 

^H              DaitâQ  mn  ben  eaproaire. 

Qô  gra lire» ^  ères tariadir              ^^^H 

^H      VIÏ,  So  feîra  plua  a  praier' 

El  pauca  el*  plus  qe  non           ^^^H 

^B              Perqe  son  meraueillare 

^^H 

^H               Com  tiou  ea  leu  reguardaire 

5  E  poa  ilb  nianteno  valor               ^^^^| 

^H              Tro  qea  aproLamaU  ^  aJ  aer 

Degra  sou  seuz  contraparer          ^^^H 

^H          5  Qel  îomaU  loa^  escurzit^ 

Ben    laing    dir    adreg  per          ^^^H 

^B              Esadonca  vo  ^  va  coraplitz 

^^^H 

^H             Non  cug  qe  pueia  a  en  ea- 

So  cal  aieu  |joble  ua  meater^           ^^^^B 

^H                                              [claire . 

IL  DoQcdiccomaldegragai'dar          ^^^^^ 

^m      YIIK  Amora  bem  degra  doler 

Cala  es  ni  que  deu  dauenlr          ^^^^^ 

^H              Si  ûei^una  aiitrégiiaûnaire 

E  si  ae  mena^^  cossir                     ^^^H 

^H              Mae  lo  drnchurera  iatgaire 

Ja  megz  nô  aabria  prezar                     ^^M 

^H              De  vos  am^  poguea  mouer 

5  M  as  los  oils  te  en  tanebror                 ^^^ 

^H          5  Qe  per  vos  er  enriqitz 

Eu  lesgart  gloto  obezirier  ^^           ^^^^B 

^H              E  saluatz  etenaotitz 

El  cor«  consent  en  la  flor^^            ^^^^B 

^^Ê              E  pel  fiegDor  de  belcaira. 

Guida  1  arma  a  mal  dûstor-^           ^^^^^| 

^M       IX.  (p,   J^^')  Maa   ao  non  pot 

^^^^B 

^^1                                             [remaner 

111,  De  qem  pueae  pro  merauil-           ^^^^^| 

^H              Gorteza  amora  de  boo  aire 

^^^1 

^H              Don  nie  lais  esser  amaire 

Tau  *^  per  ai  nô  pren  en          ^^^^B 

^H              Tan  magrada  lai  tener 

^^H 

^H          5  On  vol  lo  aaintz  eaperitz 

Qe  qant  qeil  trie  1er  a  morir          ^^^^B 

^H              K  poi  el  cnezois  mes  goîtz 

E  pela  pas  aucessora  pasaar           ^^^^^| 

^H              Noua  pea  aauoa  non  repaire. 

5  Et  en  tan  estraigna  Aaîfor          ^^^^B 

^M       X .  Qeu  en  sai  tal  goue maire 

Reuertir  lo  plus  bobander          ^^^^B 

^M        *  c.  CTï  ;  temei?—  *  L  :  aproiamatz  — 

^  i,  :  Tes  —  *L:no"^L:  lam.              ^^^^B 

■         Vmfez  PM.  de  M.  Ztmker  p.  128  gs.  ^ 

^*t.  :  pauc  ban  —"^L:  gran  ras  —           ^^^^B 

^M     *  L:m~»  L:  metîa e  -  î« /. :  décider  -  ti  (,  :  fobp  —  i« i,  :  Can                ^^^H 

^^r^         ^^^           LE  CHANSONNIER  DE  BERNART  AMOROS        ^^| 

^^^^^K                 Co  nauzem  a  graiï  feror^ 

E  de  tan  ta  rîchesaa  tisar     S 

^^^^^H                M  as  veti  <  soblido  daco r di er . 

5  Bea  deu  eaaer  sonenidor 

^^^^H         IV<  Qeater  e  fo  fort  amar 

Car  tort  te  qi  dautrui  tener' 

^^^^^^1                 Al  temps  passam  êêl  giierpÏT 

Deue  rica  e  del  frug  meîUor 

^^^^^H                 Daqo  de  qea   degrom  aizir 

Nés  eaeag  a  dieu  a  aobrier. 

^^^^^^H                 An::  qell  sobrauengues  afar 

VIll.  Per  qer  eacur  so  qar  es  clar 

^^^^^H             5  Qeu  sni  catar^  se  coûtracor 

Lai  oti  dieua  moatral  *  martir 

^^^^^H                Qi  nés  cobraui   be  ûqI  ar- 

Cons^^len  per  nos  a  auffrir 

^^^H 

De  qens  auenra  tota  trenx- 

^^^^^1                Qe  del  cop  aetita  k  vigoi- 

[blar 

^^^^H                Car  moût  val  garda  de  pn- 

5  Al  iorn  del  iotzamen  maîor 

^^^^H 

On  non  aura  ren  dufaner 

^^^^H          V,  Mas  grietia  es  hom  a  cas- 

Cab  gran  gaug  et  ab  non 

^^^^H 

[pauc  pler 

^^^^^^H                Qo  mai  B  am  a  son  d  an  ch  aazir 

Et  on  desebrara  dui  sem- 

^^^^^H                Car  ses  votguâs  tact  enantir 

[dier. 

^^^^^Ê                Val  '  be  com  contrai    mal 

IX.  Od   cbascuaa  ae    degra  a 

^^^^^H 

[aêïibar 

^^^^^H             5  Ja  non  perderal  regae  ans  or 

Et  esser  aoen  en  aospir 

^^^^^H                 Pel  gaug  daqcet  mon  men- 

Com  dîeus  se  degnec  huma- 

^^^^H 

[nar» 

^^^^^H                 De  qel  cams  ^  caitiua  sabor 

E  qe  prea  per  loa  siens  sal- 

^^^^^^1                 Lesperit    prea   en    encom- 

[uar 

^^^^^H 

5  E  can  pauc  porto   tug  del^ 

^^^^^H          VI.  En   (|eus  pueic    per   peior 

^^^^H 

Seguen  tre  lo  sanglot  deHer 

^^^^^H                  Homo  ^eu  ¥oil  ver  espandir 

Car  rnoot  mes  deatreita  la- 

^^^^^H                 De  ren  qanja  e]  aegle  issir 

[bor 

^^^^^1                 PoB  a  deu  noâ  sup  aceordar 

Qe  no   lai  a  sol  aaer  parer  '" 

^^^^^^B             5  Que  las  ee  tôt  desenador 

Ce!    qe  trop  a  en   saî  »^  par- 

^^^^^H                 Et  es  reaorzént  ^  e  coreîer 

[aonier. 

^^^^^H                 Et  hom  deti  a  son   criator 

X*  E  Gom  lo   blanc  el  vert  sl« 
[vaff 

^^^^^^P                Delà  falfi  poa  mort  réipood 

^^^^^^ 

Ses    te  ges  far  del    mega 

^^^^^^         VU,   (p,   127}  E  pOB  dieua  noiis 

[aeruir 

^^^^^H                                         [dêgna  donar 

Don  uoil  platï  alciw  bel  '* 

^^^^^^                Ve^r  et  entendre  et  auzir 

[iifrir 

^^^^^^1                  E  paHar  e  aeo  e  aonCir 

Per  aquel  eui  ner  a  penar 
catal  —  *  L:  Vasi       ^c.mi:  caius,™ 

^^^^^"             ^Icen  :  fetor  —  ^L:  uei  ~^c.  ett: 

^^^M              L  :  carns  —  *  c.  en -.  tesorent  -  ">  / 

.  :  terîer  ^^  l.i  moatraraL  —  *  /.  r 

^^^1                biimanîr  »  t(>  Cette  ttgne  doit  être  omise  ~  ii  c.  en  :  iai  —  ^^  c.  tn  :  he^ 

^^^1 

LE  CHANSONNIER  DE 

5  E  totz  tenis  reuiura  dolor 

Tôt  so  qel  segles  dalegrier 

Car   auer   vas    nostre   se- 

[gnior 

Ni   qan  quers    no    val   vn 

[diner. 

XI.  E  C08  pot  pauc  chascus  fi- 

[zar 

En  can  qe  sai  laissar  transir 

Sel  eis  non  se  sap  deuezir 

Tan  gent  queïl  pogues  pro- 

[sechar  * 

5  Qe  tan  breu  [  .idaj  an  li  plu- 

[zor 
Vilan  e  clergue  e  caualler 
Qe  tan  tost  toma  en  amaror 
Lo   iois  daqest   segle  leu- 

fger. 

XII.  Mas  dieas  per  sa  granda 

[douzor 

Nos  dom  qe  siam  tal  obrier 

Qens  acueilha   en   la  res- 

[plendor 

Don   li  sieu  saint  son  eri- 

[tier.  Amen. 

136 

PEIRE  DALUERGNE 

(=  B.  Or.  323,  11) 

I .  Chantarai  daqels  trobadors 
Qe  chanton  de  tropas  co- 
[lors 
El  piéger  cuia  o  dir  gent 
E  a  trobar  es  aillons 
5  Qentremetrenaug  cent  pas - 
[tors 


BERNART  AMOHOS  333 

Cus  non  sap  qes  pueg  ni 

[dessent. 

II.  {p.  128)   Daisso   mer   mal 

[peire  rotgier 

Per  so  ner  encolpatz  pri- 

[mer 

Car  chanta  damor  a  prezent 

E  valriail  mais  un  sautier 

5  Drnz  la  glera  *  ab  un  can  - 

[délier 

On  portes  gran  candela  ar- 

[dent. 

III.  Lautre  es  6.  de  borneil 
Qe  par  loira  sec  a  soleil 
Ab  son  chantar  maigre  do- 

[lent 
Qe  chanto  veillas  portaseil 
5  E  sis  vezia  en  espeil 
Nos  prezaria  un  aiguilent. 

IV.  El  ters  bernartz  del  venta- 

[dom 

Qes  m^nre  de  borneil  en- 

[dom 

£  son  paire  al  '  moût  bel 

[siruent 

Per  traire   ab   arc   manal 

[d'alborn 

5  E  sa  maire  calfaual  fom 

El  gars  amassaual  sirment. 

V.  El  quartz  don  ugo  lemozis 
Us  ioglars  qes  plus  qeren- 

[tis 

Non  a  tal  tro  ab  nauent.  ^ 

E  cui  aratz  ^  fos  pelegris 

5  Malautes  cant  chantai  mes- 

[quis 

A  pauc  pietatz  no  mê  prent. 

VI .  Guillenz  de  ribas  es  lo  qinz 


*  L  :  profechar. 

Voyez  les  éditions  de  M.  Appel  dans  la  Zeitschr.  f.  r.  Phil.  XIV  p.  162 
85.  et  de  M,  Zenker  p.  111  w.  —  »  c.  «i  :  gleia  —  •  c.  en.  :  ai  —  '  /.  :  a 
benauent  —  * c.  en:  cuiaiatz 


^H              334           LE  CHANSONNIER    DE  BEBNART  AMOHOS            ^^ 

^^^^^^              QeP   maluatz  deforâe    de- 

5  E   forail   weila   pesqea   ab 

1 

^^^^^fe 

[ret 

1 

^^^^H              E  dUz  totz  aos  verû  raue&- 

En  mar  can  nô  la  moao  lo 

^^^^^^1 

[vent. 

^^^^^H                E  nori  e  ges  bos  iûs  latins 

XL  El  dezes  gosalao  roiU 

1 

^^^^^B           5  Cautrelan  aen  fariuB  china 

Qee  fai  trop  de  ion  trobar 

^^^^H               El  ûUl  sembb  de  vout  d  ar- 

[fomutï 

^^^^ 

En  cui  caualalriaa  feing 

^^K^         VU,  El  .VI,  es  gramoart  gaas- 

&  anc  boa  colpa  u^  fo  ferîtz 

^^^^K 

5  Pct"  lui  tam  be  no  fo  garni tz 

^^^^^B               Qu«B  cauaUers  e  va  iogbr 

Si  nom  lac  trobat  enfugenL 

1 

^^^^H               E  fai  0  mal  qe  o  conaâni 

XIL  El  onzee  ea  en  raimbaut        | 

^^^^^H              Nil    don  a    v  es  tir   vert    ni 

Qes  fai  trop  de  son  trobar 

^^^^^H 

[baut 

^^^^^1            5  Qe  tat  er  adobat  mm  par 

E  non  ea  mia  auinent 

1 

^^^^^V               Qen  îoglarit  ne  aeran  cent 

Dôme  qe  a  gran  pez  caot 

1 

^^^            VÎIL  Ab  p.  de  monzo  bo  VU 

5  E  Ben  geraua  ni  a  faut          | 

1 

^^^^^H                 PoB  lo  eoms  de  tolosau  dec 

En  negun  ni  *  a  jauziroent. 

m 

^^^^^^H                Chanta  n  nu  sonet  aninan 

XllL  Etdot2  6aua  clergatz  pei- 

^^^^^m               ^  c^l  ^^^  cortes  qel  raubec 

[roU 

^^^^^H            5  E  maP  o  fes  cai^   noil  tren- 

Ab  cara  maigra  aees  raur- 

^^^H 

[eolaï 

1 

^^^^^"                   A  quel  pe  qtte  porta  pendent 

E  can  vol  chantar  va   toa- 

1 

^^^[               IX .  E  loîlee  bertranz  de  eai&aac 

[aent 

1 

^^^^^K               Qe  anc  un  bon  mestier  û5 

Caissi  net  eacïarzitz  lo  sqLb 

^^H                           [ac 

5  Ca  totî  vos  en  penria  cJola 

^^^^^1                Maa    danar  menus    de  qe- 

Tan  aa  A  lag  aon  captene- 

^^^H 

[ment. 

■ 

^^^^^H               Et  anc  *  pueie  doI  prezei  un 

XIV.  Eltretzeavs  veilslumbartas 

1 

^^^^^H 

Gapela  sos  vezis  coart?. 

1 

^^^^H            5  Pos  den  heriraa  de  cardail- 

E  laiâal  del  easerniment 

1 

^^^H                                                      [Uc 

Pero  UB  aonetz  fai  galliartz 

1 

^^^^^^               Prez  un  veill  m  autel  buzq- 

5  Ab  motz  maribût^  et    gri- 

m 

^^M 

[martx 

^^H               X,  {p.  189}  E  lai  de  maraeillan 

Et  apelal  bom  consezent,     , 

^^^^ 

XV,  En  0.  faidîtz  fai  chanzoe     | 

^^^^^^                 Qe  chanta  de  fotre  e  *  folét 

De  ai  dôz  no  podetz  ^  peloa 

^^^^^^               F^  nna  buta  ^  cui  eaten 

E  ditz  qe  ai  derel  desment 

^^^^^^               Ca  plus  ample  con  dun  oabea 

Ni  la  pot  teaef  en  eacoa 

i 

^^^^^           s  e.  ei?  :  Qe»  —  '  i4;ïpd  :  mat  —  - 

1 
*  A.  :  cinc  —  *  A.  :  fol  re  —  «  on:  ' 

^^^^^       bala,  Â.  :  busta  ~  *A  :  non  ~  ^  A*  i 

mufloii  "^c.  en:  fa—  *.'l.:  poteti 

^^K              LE  CHANSONNIEE  DB 

BEEKART  ÂMÛEtDS          335         ^^^| 

^H          5  Qê  tantas  dara  dels  dos 

Et  enfers  fugz  enfemals             ^^^^| 

^H               Ca^es  a  mal  po«  *  pliia  non 

5  Âb  rodîU  dêstrains  atrus             ^^^^| 

^H                                              [prent. 

Et  entantz  talsDz  tafurs              ^^^^^ 

H      XVL  ElXVeap.  vidaU 

Mins  ten  ^  oolpablea  petie-         ^^^^^ 

^B               Qabalrea  meaaûQgiers  e  tala 

^^^^^ 

^H               E  noi  qeiraU  ^ota  de  sen 

UL  De  tôt  20  qe  eu  fezi  ane             ^^^H 

^M              Fer  Bû  a  près  .c.  colpa  de  ^ 

Si  n5  ai  cor  ferm  fraac                 ^^^H 

H                                                  [p^îe 

De  dir  si  eom  agra  obs                 ^^^^H 

^1           5  Que  amie  QoiacnuîlscoratB 

Prec  a  vos  cui  me  plaac              ^^^^| 

^V              De  lai  sa  foiidatx  îi&  dirent 

5  F«f  cai  aon  *  tan  ûzeU  iob          ^^^^| 

^^      XVII.  Feîra  daluergne  a  tal  votz 

Qe  DOQ   gardes  moa  tortz         ^^^^^ 

^H              Qe  chanta  con  granoîll  en 

^^^H 

H                                                  [potz 

Mas  gmeiam  sia  suffrenz.         ^^^^^ 

^B                E    î^    lauzar    a    maintae 

IV.  Qieu  no  sen  si  saui^ai                   ^^^H 

^H                                                    [geti£ 

Qe  pueeca  conqerer  sai                 ^^^^Ê 

^H^        Pero  ma^atrei  es  de  totz 

Lo  reg  un  mil  ^  set  ni  fam             ^^^^^ 

^^^K         Ab  \m  paue  qêHelarzis  eïos 

Koo  han  n\  freg  ni  esmai              ^^^^H 

^H             Gapenaa  om  negiin  nenteat. 

5  Bil  vostra  vertu t^  cvii  clam         ^^^^| 

Nri  dûD  esfortz  qieu  desara         ^^^^| 

^^^^ 

Lqs  iois,  daq^est  legle  gi-         ^^^^| 

^^^m 

^^^1 

^^^■L 

V,  Qem  sa  "  faillir  vas  vos  sol         ^^^H 

Pei-quehçors  me  trentrem  o  l         ^^^H 

^^^^PEIRE  DALVERGNE 

Ë   si  m   sernatK   mos   forU         ^^^^| 

^^^^ 

^H 

^^^           (-  B,  Or.  3^,  16] 

Tro  lui  al  derr^r  trebol               ^^^^^ 

^^^" 

5  Qabanz    nols     maiatz    far         ^^^^^| 

^V         I*  (l?*   110)  Ûîeiia  Tdîa  vide 

^^^H 

^H                                               [verais 

Segner  ges  boa  nom   ner         ^^^^H 

^H             Dé  dreg  en  dreg  clera  e  laîa 

^^^H 

^H               E  non  anz  sabant  crist 

Si  merces  noi  sobreuentz»         ^^^^H 

^H               En  lati.  e  sobra  baîtx 

VL  De  uoB  qestorsetz  sidrac             ^^^^H 

^^M           5  E  aabs,  ce  pois  morU.  vius 

Darden  la  flame  inizac                 ^^^^H 

^H                                                      [vist 

Eusems  et  ab  deuago                   ^^^^H 

^H               E  forses^.doD  laisse»  criât ^ 

Et  dauiel  dinz  del  lac                   ^^^^H 

^^1               Aqels  qe  puis  fexet£  iauzeoz. 

5  EJonas  del  pelsao                        ^^^^H 

^H         fl.  Segnî^r  ncs.  eu  fmtli  fais 

El  s  très  t'ai  s  contra  hero              ^^^^H 

^^1               Dont  ia^ic  dans  e  granz  mais 

E  ausanDentrelsfalagaren^,          ^^^^H 

^^^^L         Eu  cossir  ^  en  digz  dura 

VIL  E  pagueat  segnors  sobranz         ^^^H 

^m         *A.  :  pas  —  *A,  :  le  K  r<^.  de  M.  Zenket^  /i.  ISl  ts.  -  «  /.  :  tsoraes  ~          ^^^| 

^H      *  /,  :  trial  —  *  ;.  :  ren  —  "/,  :  foa  —  ' 

fa                                       ^^H 

Jm  è»  pÊÀB  e  emq 


m  w 


[CurmeQU. 
t  do  Uîi&  vin 
«ri^ticliii 
ii  miraclus'  moltz 
IB  cftimaiB  non  sap 
[aiû^ 
ittoln  mêf  éstolu 
^gr  ro«  Jo  voltz 
tiwi'  reift  reaphl- 

^   ^  W)  £  fexest  la  t^rrel 

[troo 
£|iit  ^iitfnt  ea  ni  a.h^  fou 
0^  sol  ItgTDdl  ^  ius  es  ^  cel 
ISeoslîm  àmV  pharthon 
^  S4IM  ai«  fîlz  disrael 
Lig  iebt«ch  e  mann€  mel 
B  dÉmptieât  p^r    serpent 
[&*aerpenz. 
%^  Ô^  vofitret  foa  requiea 
Q^  voa  plac  qe  mojses 
EmviK'U  Ui  ê1  dezert 
^  iobetilasmEirts  e  lea  pBa 
5,  l}«i&  va  an  gel  a  lac  eapert 
fy&ts  *  iJt.'ire  €  len  hiz  c^rt 
Q^  vûâtr0fl   dâfitrics  dos* 
[trajo 
Quiua  q  es  troc  la  lor  pleba 


d 


XI 


BEBNâET  amûbûs 

Tro  ki  on  ea  mous  oreba 
Aoeieii  dintz  bethéleetn 

Qan  nos  eft  fugi  ioa^ph^ 
5.  Eï]  egypte  zo  cr^^m 
E  pueia  en  kruaalem 
Veoguest  entre  voatre   pa- 
[rentz. 
XIL  A  nazaret  reia  iheaut 
Pairen  trea  peraonae  vi 
E  ailit  ^^  e  aainz  etp«riU 
Âdoren  trlûîtal.  aua 
5,  Qe  aaîn  era  va  v&  ^^  aditz 
E  dieua  e  de  qant  qea  guits 
Nom  aiatz  aius  platz  defên- 
[den/< 
XIIL  Que  zai  obrar  e  bon  ta)an 
Mi  detz  clar  entre  tan 
Qe  qiiau  venret2eu  îaâuîiia 
Jutgar  la  seglel  iorn  grau 
5*  Douz  dteui  nom  aîaU  eaqms 
E  qieu  clars  reia  regurn  pms 
Menan  ab  loa  iauzeri£, 
XIV.  E  aîgnier  nom  oblidea  gea 
Qe  ses  vos  no  gui  ioatenênz 
E  aegnemen  voatre  nom  cre> 
[zen 
Ln  oie.  p. et  f,  et  S.  S.  Amen. 

ARÔUtfSNTO  DS  SAUCE  LMS  PAtDtTX* 

Gaucelmai^  faiditxsi  fa  dtin  bôfc 
qe  a  nom  userca  qe  ea  el  iieaeat  ^^ 
de  lemozï  e  fo  fiîa  dun  borgea  e 
chantaua  peigz  ^^  dôme  del  mont 
0  faa  inolt  boe  aoa  e  bos  metz  ^^  e 


IL:  ^ïest  —  '  c.  en:  iniratlu»,  ^miraclas  ^  ^  /.  :  a, la  fin  —  *c,  €«: 
tfctt  —  •  1. 1  spgnel  —  "i  ^.  :  el  —  f  t.  :  confundea!  —  •  e.  «w  :  1  —  •  e. 
ta  ;  SaïnU  —  ^°  '*  *  deslreignena  —  *i  c.  e«  ;  Hh  —  <*  c,  en:  e. 

•  d»,  1S1)  :  Qm^to  argument 0  de  fjaucdnu  faiditi  e  ncrito  a  TulUmo 
Mia  d*  <|u*sto  libro  {ti.-é-dire  à  la  page  iù&  *).  7^  ext  t^té  danxla  dm'* 
niéf^  IHtrtit  du  fm>  nu  f.  31  v°.  Ce  second  texte  ùffre  les  varifxntFf?  qui 
lllgtoL#ti<*  ^^0a«icoUna  —  *<  uaschat  —  **  peigtï  —  *&  inoU 


^^^f              LE  GHANSONNIEB  DE 

BERNA  ET  AMÛROS           337          ^^H 

^m       fea  ae  iûgkr  per  ocaizo  ^  <]el  per- 

Dauer  ioi  plazent                           ^^^^H 

^H       det  a  ioer  tôt  sod  &u6f  aioc  de  daU, 

Ni  de  lei  non  atetlt                         ^^^^| 

^H       hoED  fo  que  âc  malt  grâ  largesA  ' 

Mas  lenvei  el  délire                      ^^^^^ 

^H      e  fo   tnoU  gloU  de  maûiar  e  de 

15  Qeti  ai  de  son  corgent                 ^^^^| 

^M      beure.  p^r  so  uenc  el  gros  oltra  ^ 

Sea  autre  iauzîroent.                      ^^^H 

^m       mesura*  molt  fo  longa  aaizo  des  as- 

il,   E  peraital  lim  tent  ^                    ^^^^| 

^M       tmce  d«  doz  e  don  or  apeadre  qu^ 

A  far  son  m  an  d  am  e  n  t                     ^^^^H 

^1       pluï  de  XX  aiîz  aoet  a  pe  p^  lo 

K  ail  plaz  pot  mauctre                    ^^^^| 

^        mon  qwtfl  ni  »ai  *  chanïo»  no  €fâ 

Qiu  nô  lun  *i  defent                       ^^^H 

^             giaxiduB ^ ni  uolgada» e  si  tolc mu* 

5  Pero  be  mes  pâment                    ^^^^| 

^B       lier  txnaaoudadeira.qei  menet  loue 

Qe  foa  plnE}  anluent                       ^^^^^ 

^M      temps  ab  »e  per  cortz,  Sl  auia  nom 

Car  li  aoi  francs  suSrire               ^^^^^ 

^H       Guielma  môija.  ■>  fort  fo  betla  e 

Ë  lam  Ënament                              ^^^^^ 

^H      ba  enstgnada,  ^  e  si  uenc  si  gros  a  a 

Se  fos  a  a  votuntatz                        ^^^H 

^1      cun  era  el,  &  ela  si  fo  dun  rie  *  qe 

10  Qeil  plages  mamiatalz                    ^^^^B 

[             a  Qô  (p.  laô*)  ftleat  de  la  marcha 

Si  cab  douza  parueoaa                  ^^^H 

^_       de  proenza  de   la  ftegnoha  den 

Mi  fos  ioia  donate                          ^^^^H 

^H       bernait*  daadusa.  e   miaaers  lo 

An2  qe  fos  enr  compratz               ^^^^H 

^M       marqea    bonifacb    de    monferrat 

Ënaiasi  ses  fai  il  en  h  a                     ^^^^^ 

^H       mes  lo  en  auer  &  en  rouba  &  en 

15  Forai  dos  el  gratz                        ^^^H 

^1       tSD  grau  pretz  lui  e  a  as  changes. 

Ë  cent  dobles  doblatz.                  ^^^^| 

III,  E  pueiaaas  auziratz                      ^^^^| 

^m                 laa 

Gais  son  eaamaratz                      ^^^^| 

De  fina  beneuolenaa.                      ^^^^B 

^■^       OAUCELMS  FAIDITZ 

Seu  en  fotz  ben  pagabi                 ^^^^^ 

^^H            (~  B.  Or,  167,  32) 

5  Mâs  peli  vilans  baratz               ^^^H 

Delà  falz  pregadora  fatz               ^^^^H 

^H       L  (p.  1S2)  Lo  gpentï  cora  onratz 

An  mes  en  nieacreaêz»                ^^^^H 

^H                Cuniplitî  de  granîs  beautatz 

Ë  mal  eneolpatz                             ^^^^^| 

^^m                Dt  leis  qe  plus  maienza 

Cela  camant  finement                  ^^^^H 

^H                E  qe  mais  mi  platz 

10  ¥er  qeu  prcc  don7>ament                ^^^^H 

^^m           5  Ont  es  plazens  soiatz 

Mi  donz  eu!  soi  aeruire                 ^^^^| 

^^1               B  frane  humilitatz 

Damaf  leialment                           ^^^^| 

^^^H          R  dansa  benenolenia 

Cantrui  galîameut                        ^^^^H 

^^^B          E  gâta  prez  prezatz 

En  dampnatge  nom  vire              ^^^^^| 

^               Me  fai  chaatar  souen 

15  Q  '  adreit  virament  ^'                   ^^^^H 

^H          10  Sea  ao  qiil  nom  çonseot 

Er  tortz  ai  mal  men  [ireut*           ^^^^^| 

^H^              Qeu  ian  si  a  iauzim 

1  V.  E  dautre  faiUiment                     ^^^| 

^^^^     ^  0€liai&o  —  *  largheza  ^  *  outra 

—  ^  fd^  —  ^  grazaoaa  —  >  Quilel.         ^^^^| 

^H        ma  morja  —  ^  c  fort  enseignadi  —  »  i 

rie  bnrc  —  '  bernât,                                     ^^^^^| 

^H           ■*>  f  ;  renl  ^  i*  ^  :  llm  —  ^*  t.  i  iujament                                                       ^^^^| 

^^^^H^^^^^BHhdnnier                                                 ^I 

^^^H                     l^^^idiBftiBeDt 

J  auïir  fi  eacodire                       ^H 

^^^H                   H^H»   |iai    r T 

Qea  Imt  per  vu  cent                 ^H 

^^^H                    S^^iifMi 

Valgaea  mentir  aa^az                ^H 

^^^V                ^^jwaAvtmlaal 

10  Maisqe  fo  ta  vertatz                ^H 

^^^H                   aifcifcmuwiiwwiiiil 

É  mais  genla  auffrensa              ^H 

^^^^1                   Sitt  pMit  hem  g»n    ben 

Qe  ergoilB  ea  laiasaU                 ^H 

^^H 

Qeu  nai  vist  ao  aspciias 

^^^^H                         ^^IK  «  ÉAg9fiA&t 

Venir  maitit  escazenaa 

^^^H                 iâr«af«ii  «>  <uiia^ 

15  De  ries  dons  onratz 

^^^H              t9|i  )ii»Mi  Mii  ^mgûatz 

Fer  gent  aofrir  em  pat^. 

^^^^1                    li^#nB  èisCQûotâetisa 

VIL   Donab  fiaaâ  beutatz 

^^^^1                    1^  m^pÊÊÊt  cUtuaU 

Proa  e  de  graa  valensa 

^^^H                   «tw  «ai  étries  mAluat^ 

Na  maria  gratz 

^^^^B                    :ï^«ift  Mte  temeasa 

Vaa  ea  ai  tais  donatz 

^^^H             d^  fii  »ft  hm  poial2 

5  Qe  aegô  ma  crezensa 

^^^^1                  ISi  «ft  MMiltfiin  pinuatz 

Voa  véi  acurdalz 

^^^H         l^A^  W)  lÉttt  Ma  pKE  bats- 

Tots  loa  proa  els  maluâtz 

^H 

^^^H                  ^m  Cm  i^lui  îrab 

^^^^B                   Mm  f^  iîit  nai  temensct 

139 

^^^^1                   te  Ihm  â  freuaU 

^^^^1               ^  A  «Ui  ion  piâU  foutlaz 

GAUGELINS  FAIDITZ 

^^^P                  Ki  ^j«i  4«mesuratg 

(=  B.  Gr.  167,  51) 

^^^V                  Kl  HMilwtx  enteDdenia 

^^^H                  1^  moU  |)#rchaU 

J ,  RasoD  e  m  an  dament 

^^^H                 Tiill«sr&l«iilqem  ueapau- 

Ai  de  leisoD  mentent 

^^^H                                                      [ent 

De  far  gaia  chanson 

^^^H            M  1  lytf  «BMi  dardimeDt 

Don<^  pois  qil  men  f^oman 

^^^H                  tVr  l«L»  cant  ben  t^ossire 

5  Ben  couen  derenant 

^^^H                 ï^  Kforitment 

Qeu  malegren  chantant 

^^^H                 $1  itt««v««  noi  descent 

Meils  qe  far  non  aolja 

^^^H                 Vf»  «i  lit  <|0  fiospire 

Qei-aa  coQOSC  e  «ai                       ^H 

^^^H            ^  Q«ii  «ta  QOti  eoteni 

Po&  moseûanz  li  plai                 ^H 

^^^H                 ^ui^  tôt  ail  ten. 

)  Q  QeQ  frant^ba  segninria                ^^M 

^^H         Vt  ïVr^  »  ^<^«»t 

Ai  mes  mon  cor  e  me                   ^H 

^^^^1                  l'vubrv  uii:>ti  marri  m  eut 

Perotaiigei[coue]                          V 

^^^^B                  E  ««i  ^i<9  iiioQiko 

Poia  cunâ  segnier  f ai  be                  H 

r _  J 

L*  "  •  *  ■  ■  * *J 

15  Qel  ae  meillur  e  cresca    sa 

^^^B                 t^^hmi  cdbdarneût 

[valor. 

^^H           t^«p:T«cntir 

^^^Ê 

^H^            LE  CHANSONNIER  DE 

BERNÂllT  AMOROS           ,^39                     ^^ 

^H  ^V  .    Qaî  don  de  segnior  preu 

10  Ja  r«n  plus  nô  qwerrîa                                    J 

^K           Non  es  ges  âiilûen 

Qe  daitan  bona  fe                                    ^^fl 

^^H            Qeil  fassa  me^iprisoii 

Con  aoc  hom  amet  re                             ^^M 

^^P            Vad  lui  ses  ucbaisûû 

Voa  am  e  nom  recre                              ^H 

^H        5  Ni  DO  a  es  benistan 

Per  mal  ni  p^  dolor                             ^^ 

^^M           S«  poU  U  qcr  mn  daa 

15  Tan  roa  ai  cor  de  leial  ama*                        J 

^H            Ni  ao  qe  aoti  deuna 

^m 

^^V            E  pos  doEDiià  tant  fai 

V,  Domna  lo  cor  eï  aen                             ^H 

^H             Qa  son  ainic  atrai 

Ela  oils  el  pêasament                           ^H 

^1        10  E  lus  &a  kkltres  fia 

Ai  en  voatra  preizon                               ^^Ê 

^H             Non  aai.  c.  don  poa  lur  ve 

E  non  trob  garizoQ                                  ^^| 

^H            Qe  pluB  laltTie  cnalme 

5  Maa  aolarnen  daitan                               ^^M 

^^P             Ma?  tant  sai  eu  e  cre 

Can  voa  eatau  dôran  ^                            ^H 

^H             Qe  cel  a  mais  damor 

Âdonc  taê  par  qeu  aia                            ^H 

^H        15  Qi  tnïeh  ama  e  ret6   mais 

Lomel  mont  cul  meils  vai                       ^H 

^H                                                [dODor, 

E  qdt  mi  part  de  lai                                 ^H 

^H     tu.  (p.  ÎS4)  En  aisao  fan  no  hod 

10  Yen  mi  ira  et  feu  ni  a                               ^H 

^^1             Li  dmt  mon  essien 

Qem  laEsaal  eoreoi  té                              ^H 

^H            Ë  quiD  iuCga  ra2û 

Maa  pois  qant  mi  a  nue                          ^H 

^H            E  1  Arnica  senea  pro 

De  voa  oni  iois  mainte                             ^H 

^H        &  Cades  on  mmn  auran 

Oblitltra  maior                                       ^H 

^H             Dâmor  meils  preiaran 

15  E  tom  mon  cor  en  loi  et  en             i^^^Ê 

^^1            Saî  e  lai  chaacun  dia 

[douzor               ^^^1 

^H           E  pêr  aqeet  easai 

VI.  Bel  dezirmoUmi  plai                        ^^| 

^H            Baissa  mors  e  dechai 

Del  vostre  gent  cor  gai                           ^H 

^H        10  B  biaU  drudaria 

C&r  poia  chaacun  dia                             ^H 

^H            Car  per  vn  qea  capte 

En  honor  e  em  be                                 ^H 

^H            Vaa  amor  ni  vas  m 

5  Qe  chascus  hom  ^en  ve                           ^H 

^H             LÊialment  dI  rete 

Vos  enauaaeua  manta                              ^H 

^^Ê             Daqeù;  aiba  lo  meillnr 

Qe  de  gaug  e  damor                                ^H 

^H        t5  En  vezQm  roaioa  qe  nan  la 

Son  voatreil  d^g  eit  fag  son                   ^H 

^H                                         [aordeinr. 

[de  lauior.                  ^^Ê 

^H      EV.  Drutx  cama  follament 

^^M 

^B             Déu  p^r  dreïl  iutjament 

^H 

^H            Auerfals  guiardoit 

^M 

^^m            Mm  a  uQs  me  razon 

^^^1 

^H        5  Bona  ddpoa  daitan 

GÂUCELINâ    PAIDÏTZ                         ^M 

^H            Qê  mi  non  a  engan 

i=  B.  Or.  167,  fê)                                  ^^ 

^H            Ck^Dtra  vos  ni  bausia 

1 

^^1             h  flim  danauaz  iai 

I-  Per  îoi  del  tempa  qBB  flnriti                    ^J 

^H            Segon  lo  cors  qeus  aï 

Salegra  e  leabaudeia                            ^H 

^H      *  e.  en  :  ditnan. 

^^^^^^^^^^^■H           ^  ^^^g|^0^^,,,^^_  ^     ^P                            H 

ÂHÛROS 


J^éà%à^ 


WMtftfb  qetîb 


^^m^nmvtm. 


VK 


gr»»tz 
mum  et  pro* 

%^Milpi^  el  coraige 


141 

ÛAUCËLMS  FAIDITZ 
(^  E.  Gr.  ICI,  1^ 
[.  MotttmeiiiiietofiiaiiioooiD- 

Dont  kscort  lempâ  sadoma 

[e  seacUraâ 

El  ro^ignob  qe  aol  euer 

Ceonts 

Mes  Un  vîluiB  CÀ  pane  Qû 

[maucîa 

5  Qeu  &Qg  ftoa  châiis  e  vei  qel 

[moni  ^erdeia 

E  tôt  qaiit  e«  poigoia  ên  iûi 

[auer 

Ë  moB  6z  core  fen  amor  e 

[feuneia 

Car  DO  ton  lai  o  nai  mon 

[bûn  eaper 


:  itoerdeiiu  ^  ^  cm:  vea--  *  L:  wl  —  *  /»  :  daH^. 


^^^             LE  CHANSONNIER  DE 

BERNARD  AM0R03          rt  U      ^^^^| 

^m            Car  lenes  kU  nom  pot  nuls 

IV.  Ja  nom  agrobs  tan  de  beii-            ^^^H 

^B                                     [iols  p!a3ser. 

[tat  aguea            ^^^H 

^B       tl«  Pero  do  sâi  ioplei  lai  on  il 

Qe  can  esgarl  loi  oila  ab  lo           ^^^H 

■                                                  [es 

^^^H 

^H            Do  genoitloa,  mas  iaintas  e 

El  bel  sembtan  don  ma  «1            ^^^H 

^H                                                   [âclis 

[entr«pres           ^^^| 

^H             E  soi  aiBBi  dêl  faec  dacnor 

Qe  ren  non  faz  maa  sospir  e            ^^^H 

^B                                           [empres 

^^^H 

^B            Cam  mi  bou#  la  ioi  ftb  q^ 

5  Tremble  trasBail  e  mor  de           ^^^H 

^H                                          [conqiiLB 

^^^H 

^B        5  Qâ  ben  sapehatz  (p.  1S6)  qe 

Car  n^  soi  la  seruir.  al  sien            ^^^H 

^B                            [la  on  qeii  estra  * 

^^^H 

^B           Nô  vir  âillors  ni  als  n^  pneac 

On  son  gai  cora  iai  ab  ioi  e            ^^^H 

^B                                             [voler 

[corn  pueia'            ^^^H 

^B           Ni  ia  m  crei  që  aatra  dona 

Qe  do  talaa  qe  non  lana  far            ^^^H 

^B                                              [veia 

^^H 

^B            Qem  dest  t'e  gaa  io  m  ûi  ma  tin . 

Mï  lais   mil  velz  pla^matz            ^^^H 

^M                                            [ni  SÛT 

^^^H 

^P            Tau  qe  dé  leta  pueeca  mon 

Vp  Souen  recort  las  granz  ho-            ^^^^^ 

'                                           [cor  mouer. 

[aors  <b1s  bes            ^^^^B 

\^^   lll-  E  ai  no  foB  mosegnel  coma 

El  bel  plazer.  quen  sospiran            ^^^1 

^b                                            [iaufrea 

[me  dis            ^^^H 

^M            Qâ  reta    s  ai   en  sô  corteH 

El  douz  conjat  que  reta  m&            ^^^1 

H                         fp^^» 

[cor                    ^^^H 

^1           Ja  p«r  honor  ni  per  b«n.  qi5 

  do  nos  magrobs  que  a  de-            ^^^H 

^B                                           [venguea 

[uant  lei  moris            ^^^H 

^B           N^y  estera  qeu  adei  non  lavis 

5  Caire àsi  muer  per  grau  a mor            ^^^H 

^B       ^  Qen  antra  part  moa  finz  cors 

^^^B 

^H                                    [non  melria^ 

No  Bui  dite  morU  cane  lei  n5            ^^^B 

^H          El  coma  sa  ben.  eom  dô  pol 

^^^H 

^B                                            [re  aab€r 

Si  aiii^  camors  polg  ves mi  e            ^^^| 

^B          De  fîn  amor  qi  amador  guer- 

^^^H 

^B                                                [réia 

Si   qe  ses  lei    nîS  pot  vida             ^^^H 

^K            Kt  drutz  nf^  deu  ad  amie 

^^^H 

^B                                         [dan  tener 

Ni  res  mas  lei  ub  a  e  mi            ^^^H 

^B            Per  qeu  nô  penz  qel  maiizoa 

^^M 

^fl                                      [rtténer. 

^H 

^fl        *  «»  en  :  estia  —  *  c.  f;ï  :  merceia  —  ^ 

^  /.  :  0  dompneia  ^^  L:  sui,                       ^^^^B 

^^^L           (<i  niiVre). 

^H 

B 

K,  Stenorl.                  ^^^I 

IV 

DOCUMENTS  SUR  LES  RELATIONS 

DE 

L^EMPEREUK  MAXIMHJEN  ET  DE  LUDOVIC  SFORZA 

EN  l'annék  1490 


C^est  dans  sei  relations  B^ec  rempereor  MâiimîUen  qu*U 
faut  chercher  la  clef  de  la  politique  ^îe  Ludovic  Sforza,  en  1499. 
On  sait  quelle  itïipoptatice  avaient  eue  pour  ce  prince  ses 
tentatives  âe  rapprochement  étroit  avi'c  TErapire,  en  1498, 
et  ses  démarches  pour  faire  admettre  par  les  princes  d'Allema- 
gne saconûeption(qut^[que  peu  dueàlanécessité)que  le  duché 
de  Milan  était  un  dïiehé  impérial,  au  même  titre  que  ceux  de 
Saxe  oude  Bavière,  On  sait  comment*  firialement,  avait  échoué 
cette  politique  d'alliance,  malgré  la  sagesse  et  Tadreâse  diplo- 
matiques d'Herasmo  Brasca.  Ces  tentatives  furent  r*^prises  en 
1499,  par  MaiiœUien,  après  que  Ludovic  Sforza  eût  semblé 
dispo-^é  à  se  rapproclier  de  la  France  ;  elles  furent  conduites 
avec  habileté  par  plusieurs  ambassadeurs  :  ÂgostinoSometiza, 
Marchesino  Stan^a,  Gale  a/.  Visconti  ;  elles  parurent  aboutir 
en  mai-juin  1499  à  Tinclusion  de  Ludovic  Sforïa  parmi  les 
princes  confédérés,  \fais  les  actes  ne  répondirent  pas  aux 
promesses,  et  Maximilien  tarda  trop,  lors  de  l'invasion  fran- 
çaise, à  envoyer  à  son  roaUteureux  parent  et  altiéles  secours 
nécessaires^  si  longuement  sollicités  et  achetés  si  cher-  Les 
documents  ici  réunis,  oUoisis  parmi  un  très  grand  nombre  de 
pièces  înéditaSi  éclairent  quelques  points  de  cet  épisode  d'his- 
toire diplomatique,  que  je  me  propose  de  raconter  quelque 
jour  '. 


>  t.*hîstoire    en    a  été    esqixisséG.    par    le    sarant   hii^lonen   miJânAis 
M.  Emiijo  Motta,  danf^  son  étud^  lur  «  La  Battaglia  ûi  CalTen  e  Mais 


MAXIMn.IEN  ET  LUDOVIC  3F0RZA 


343 


L'impéfatHce  Bla^ca  Maria  à.  Lado^c  Sforza  ^ 

{PrO>ourg-©Ti-Briaga«,  ifî  fémw  t499) 

HLme  princeps,  patrueôt  pator  carisBime,  Crediamô  chêla  Sig^*V™ 
prima  de  la  receputa  de  questa,  bavera  inteso  li  temerarii  movimenti 
de  Suizeri  coitra  questo  paaae  del  Ser^^  Re,  Continaaûdû  quelli 
ne  la  gtierra  comen^ata  coq  tulte  le  lor  forze,  non  senza  periculo  del 
paes6  noatro,  parene  conveniente  che  pereôser  la  Sig.V.  colligata  al 
ggj.iïio  Sig.  ReetaQQJjiiiatrectiiBÎmo  grado  de  coujunctiotie  e  bentvo- 
lentia,  debia  easer  advertita  dd  aucceaso,  adcîoche  m  tal  caao  pû^ai 
sapereeoma  govemarsi  a  beiîeficio  et  honore,  ai  del  prefato  Ser^*  Ree 
nostro  ai  de  la  Sig.V-,  el  benê  dô  laquale  ha  pur  dependentia  in  parte 
da  SuaMaeatà.Coaai  advitamola  Stg.V.  che,  havuta  la  nova  de  la  pace 
fatta  per  li  noatri  con  qûelli  delà  Liga  Grisât  mandate  avanti  le  robe 
de  la  corte  noatra»  eramo  per  partirse  el  lanedi  de  Carnevale,  per 
iavîarei  al  Sermo  Sjg.  He.  B  la  dorneniça  de  aéra  avanti,  vene  aova  de 
la  acâramuza  fatîta  apreaao  Rienfeld  per  le  uoatre  zente  con  Suiceri,  ne 
liiquale  furno  morti  de  Suiiceri  circa  400  e  de  li  noatri  ne  rnancborno 
Otto  :peri]ehe  fù  ueceaaario  reatare,  per  uonlassareelpaese  abandonato 
io  queata  absent! a  del  aer"**  Sig.  Re, 

Dopi>o  aucceaaîvaraeiiÉe  sono  venuti  li  adviai  :  prima,  che  otto  millia 
SuLzeri  erano  venuti  verso  Valckirchi  e  daseveno  grande  dan  no  al 
paeae  ;  secandariamente >  che  tutte  le  bandere  d*easi  erano  levate  ad 
uno  trato  con  grande  perforeo,  e  divise  in  tre  parte^  Tima  de  lequale 
»e  drissava  verso Vakkirch,  Taltra  verso  Constantin,  e  la  terxa  verso  el 
Rheno  e  terre  nostre  di  AUatia  posie  sopra  el  ëurne,  cioé  Rienfcld, 
Seekingen  e  Walabut,  qiiale  sono  di  grande  imporlantia. 

[Il  y  a  ici  plusieurs  ÏJgnes  en  parties  déiruilcs  par  ITiumidîté.  Tl  faut 
romprondre,  aTant  la  suûte  du  laite,  Le  roi  a  ordonné  que  :] 

Dndasaemo  a  Broyâaeh,  dove,  convocati  tutti  li  pHiêipali  d^^L  paese» 
dettemo  ordîne  de  quelb  se  havera  a  Tare  in  defensione  desso*  Ne  di 


socondo  1«  raladoni  dogU  ambaseiatori  Miian&sL  Fel  quarto  centanario 
diïUa  deria  batta^Lia  n  (en  collaboration  bvhc  E.  TagUahne).  Rr»veredo 
(Cantontï  Gri^^âone)  G,  Bravo,  i899»  îii-8^,  ISO  pp,).  —  Mais  J*auteur, 
c(»E^tme  le  fait  pi-essentlr  son  titre,  s'est  occupé  surtout  de  la  question 
militaire^  et  surtout  au  point  du  rue  Suiâse. 
I  Milan,  Arehivio  di  Stato,  CuHeggio  générale.  OriglnaL.  Fragments, 


314 


MAXIMILIEN  ET  LUDOVIC  SFORZA 


coQtÎDUo  cessamo  a  far  tu(te  le  aUre  bone  provisioae  se  pono  fare^. 
Avantî  se  lavassemo  de  la,  per  tnitc  fu  sonato  a  le  arnae,  e  H  pa^aanj, 
COQ  tanto  bono  aniiina  ae  leveno  per  andar  verso  questi  Sutteri,  «oi 
naturali  inimicÎT  quauto  ae  poria  dire. 

Questî  Buccesaî  havemo  volulo  sieno  manîfesti  a  la  Sig.V.,  quai 
preglamo  ahe,  exammandoli  cod  la  aolîtaaua  sapîeoda,  sevogliade- 
monatrar  verao  el  p^  aet'°>^sig.  Re  quetla  gU  è  senipre  stata,  cou  uaar 
m  questo  €&ao  versQ  de  S,  M.  ta  quelli  termiai  che  aieno  par  accreseere 
Taffetto  ed  amore  de  que  lia  oe  la  Sig*V.,  che  aiamo  cette,  per  eihi- 
birli  in  tempo  oeceasano^aeraEioacceptisaimi  a  S,  Maes.  ta.  La  Sîg.V. 
po  conaider  are  che  haveado  el  pL"  aet  ""  ai  g.  noatro  co  a  sorte  tnale,  an- 
ehora  easa  non  aerici  aenza  periculo,  Ë  pero  de  dovû  la  exhortiamc»  & 
far  quelle  che  la  prudentia  gli  dictara  esaer  per  lo  rneglio  de  S.  Maestà 
e  del  atato  de  la  Sig.  Y. 


Pl9r  Bonoml  d«  THeste,  conseiller  de  MamimUlea, 
à  Ludovic  Sforz&  ^ 

(ArïTorâ,  26  témev  1199)* 
[Il  y  a  âûux  dépêches  do  Pierre  Bono  mi,  dit  Pierre  de  Tries  te,  à  Ludoric 
Sforsa,  sous  la  date  du  26  fémor<  Dans  Ttine,  il  signale  tine  co (iversation 
quil  a  eue  sur  les  afTairi^s  de  Milin  avec  MaximlUen  ot  son  eollègae 
Mathieu  Lang^  et  annonce  le  prochain  retour  d'Agostino  Somenta  à 
Milan.  Il  dil  encore'.] 

La  natura  de  la  Ceserea  Maeatà  è  taie  che,  con  rationabile  per- 
Buasione,  sempre  si  po  rnutare  in  meglio  ;  ne  dubitamo  esser  gia 
mutata  e  perseverarej  pur  che  conoaca  coq  e^ecti  che  li  se  habi  gratitu- 
dine,  e  che  V.  E.  ben  se  fidi  dj  baver  in  bi  vero  refugio  e  fermo  pro- 
teetore^  senza  ricercar  d'altro  canto  sua  salute. 

lo  mi  persuado  cbe  11  25  milia  ducati  aaranno  pagati,  si  coma  tni 
promease  V.  Bx«,  maxime  havendoU  lo  per  altre  mie  dechiarito  quatito 
erano  nece^aari  a  ridrizar  tutto  a  bene,  6  coasi  ho  coafortato  la  Gen, 


I 


1  Milan,  Ad.  S.,  Poterne  Egîere,  Germania,  Originaux.  Fragmenta. 
Suscription  r  c  lll"^"  prineipi  D"o  Duel  MediolanL  w 

»  Ludovic  Sforta  avait  été  averti,  dés  le  début  de  fémer,  da  TeaToi  de 
Pier  BrïTîomi  «  in  Holanda  N,p8r  lo  frère  do  ceim-ci  ;  le  trésorier  Bon* 
temps  ttviit  été  envoyé  en  mémo  temps  à  Anvorîî  «  per  iina  certa  prati- 
cha  n.  Ces  pratiques  de  Bontemps  paraisr^aiont  au  frér<î  do  Borjomi  être 
4  molto  fan  ta  9  tic  ho  *  (Lettre  de  ce  personnage,  Mae  strie  ht^  3  février 
1499.  Milan,  A.  D.  S,  Put.  E&U,  Gtrmania,  1499.) 


MAXIMILTEN  ET  LUDOVIC  SFORZA  34 !î 

Ma€ittà  mandi  alcurio  de  li.  Ë  ata  data  la  commtatione  ad  uno  fmctore 
de  Me^ter  BaUlaïa&re  Bolf  che  lui  li  rieeva,  non  havendo  poBsuto  al 
présente  venire  M,  hmm  Bon  temps. 

M,  Miitheo  Lang.et  coasi  el  coate  d#  Faratembergo,  el  quai  habiamo 
dduto  ad  oplima  inclioatioDe  di  V.  Ex:.,  haûo  facta  iaî  diligentia  in 
tule  le  coflse  di  queUa,  che  îneritano  digna  mereade,  e  perché  li  ho 
promesso  che  non  saranno  ôbliti  da  V,  E-,  quella  se  degnera  iû  parte 
riconosaerli  aecuDdo  cbe  di  tuto  ho  parlato  con  Augualiao. 

[DâDs  Fautre  dépêche,  P.  de  Trie  s  te  accuse  réception  au  duc  da  ses 
lettres,  récemment  reçues  par  Mathieu  Laug  et  par  lui-même.  Il  renûu- 
Tella  Tassurance  que  tous  sea  secrets  et  ses  moindres  pensées  lui  sont 
communs  avec  Mathieu  Lan  g.  !1  commue  ainsi  :  ] 

De  la  rîaposta  facta  per  Y.  Ex*  a  lî  Borgognoni,  la  Cesarea  Maeatà 
noaha  pigliata moLestiaakuna, mabendesidâia, ai  corne hogihaacripto 
per  altre  mie,  che  li  KKV  milia  ducati  se  satisfazano»  et  acio  non  para  che 
vadano  a  Borgogaoni,  ha  dato  ordine  che  uno  factore  di  M.  Baldassare 
Bolfi  »uo  theaoriero  de  lî,  li  habîa  a  ncevere,  ai  corne  etiani  AugustiDo 
Somenzio(*ît)referiPâ,  e  perbeneecommodo  di  V.  Ex., rai  parnecea- 
sariochet  qnanto  pîù  presto  sia  possibilep  siano  exborsnti. 

Circa  el  raandare  desuoDunGio,  over  oratore,  a  ïi  electori  delimpario 
a  la  dieta^iterum  ho  cousultata  la  Ces.  Mtà,  taqual  peiaiate  ne  la  aua 
prima  opinionâf  ai  come  io  ho  già  scriptû,  e  per  M.  Herui^mo  pet-  inante 
ha  &igiïificato  a  V.  Ex,  PerÔ  non  mi  parc  ^m  DecesBario  gU  ii  debia 
mandare  oratore,  jior  non  contra  venir  û  a  S.  M.,  ma,  sec  on  do  el  veder 
mÏQf  non  aaria  fuora  di  proposito  V,  E.  mandasse  de  li  Augustin o,  el 
quale  aaria  idoneo  a  fare  apraaso  dicti  electori  aua  excaaationer 
aèCûEido  el  couseglio  de  la  Ce»,  Mtà,  laquai  noie  pigliare  tal  carico 
sopra  dl  ae  ;  e  coasi  epsa  V.  Ex*  ai  absolvena  di  tal  peso,  et  dimons- 
Iraria  non  esnev  contumace  de  la  promessa,  laquai  fece,  dî  mandarli 
uuo.  Potria  anoora  easo  Augustino,  el  quala  per  &ua  dexterita  aesaî  ô 
piacîuto  n  la  Ces,  Mtài  al  tempo  di  epsa  dieta  attendere  ad  altre  cosse 
di  V.  E,i  se  fin  quel  tempo  non  fuisse  richieato  altro  oratore  da  quella: 
in  modo  che  la  spesa  sus  non  saria  inutile, 

Ûe  le  Qovê  de  Italia^  la  Gea.  Mtàba  recevutoaummo  apiaceret  maxime 
intendendo  che  le  cosse  di  V  E.  e  Fiorentini  prosperano;  e  del  summo 
pontifîce  resta  in  bono  animo  di  exeguire  et  propoaito  de  li  Reali  de 
Hiipania  e  He  de  Portugal,  ma  tuto  si  expedira  ne  la  dieta  a  Colonia, 
ado  si  faza  con  mazor  auctoritaeeonsentimento  de'  principi  del  împeiio, 
i  quall  non  sono  a  eiû  maneo  inclinati  che  S.  KL 

Le  cosse  di  Getdre  vauno  ogni  zorno  meglio,  et  heri  sera  a  la  cola- 
tione  del  Re,  venerolettere  che  erano  tali  v  che  per  le  geote  Régie  fnmo 
tikgUati  ape^iepreai  mille  cinquacento  Geldreai,  quelli  erano  ntiti  da 


ET  LUnOVir.  SFORZA 

il  ia  Hômain  li  goyeniatori,  qnàli  vôkvâno,  per 
M  «baem  M  Geldre,  far  use  ire  gente  de  la  terra,  erano 
•  çàiuBe  le  porte  ;  donde  il  bavea  optimâ  aperanza 
s  la  Cetarea  Maestà.  » 

iiuieiDQ  COQ  \o  archlduca  sono  <^iil  cougregati, 
4  Uj^  tutto  queUo  11  CQmaada  la  Catarea  Mtà^  e 
#1  4)ual  COQ  ttitlo  el  oonaeglio  iuo  si   ditndalra 
^  te  cûsse  di  Fraûza  corne  ne  te  altre,  aieoifie  a 
ilitfiifttîao.el  (juate  lia  di  tuto  iiotiem. 

»  die  26  februarii  1499. 

FsTEtJ3  DE  Tergesto,  HagLua  ConBÎUarius. 


3 

Snea  Crtreltl  à  Ludovic  Sfarza  ' 

(Lugano,  24  mars  1409) 

UhisIriaBimo  et  excetleatissîtno  sigtior  mjo» 

|«  ^«islo  puncto  m'è  veuuto  a  trovare  qua  Bernardino  Mofiâ^ 
t^l^tmélia  dieto  chotno  è  gionto  in  Cias  uno  Jorio  ChodtB  da  J>vit 
^wntfcwlilltr,'  pare  a^aanchorapiocuratore^quâle  diisitshoQio  rambas- 
^*èk}fft^  INmooao  ë  audato  da  la  M  ta  dit  Re  per  ritorDaraeon  certa  rîi- 
IMNfttait  4"  vTht  ogî  a  Suit  se  fa  \i  coniiglio  gônêratâi  quale  fara  di  sorle 
^à«  »«tlU  p«f  ort  se  concliidera^  ma  che  r>gniimo  reporta ra  a  caxa,  ^ 
olit  ta  Mla  dîl  Rê  obtiE^oara  que^ïto  suo  intento  ;  e  cbe  în  quêatOi 
«^antlo  \a  Mx*  V.  vogtia  dan}  rtieote  atle  sua  parole,  operaru  cbe  In 
M  ltnip«)  do  rabaentia  de  queato  frant^exe,  ioli  desfara  ùgnl  designo. 
K  JMirt  labia  di<3to  a  Dno  Bernardino  cbel  verra  a  Mîlano  da  quella, 
lMt4ign*ndo,  o  ebel  fara  lateadere  cossa  che  li  sara  grata. 

K  parc  dieha  che  questo  ambas^atoro  fraacexo  vadacon  chantatta 
in  iwdiedôre  coUigatione  con  Svîzeri,  con  dire  vol  ôolamenteal  bmo* 
ipio,  qiiando  acti  idi3ssa  cbe  altri  volesseno  tnoverc  gnerra  a  ta  Franxa, 
«  ebi  quoito  il  fa  aolto  per  cou  du  ri  i  fuor  a,  perche  quaado  li  ha  ftiora 
m  oonduxeoo  poi  b  ogni  loco.  Me  parto  scnver  qiieste  pocho 
jmrotOi  t  k  Ë.  V.  detiberaio  avra  quanto  li  piace  dil  vetnie  di  queato 
iorîO| quale  è  in  Cia^i  daqnelta.  AUuqiialc  de  cûntinuo  me  racomando. 

Ex  Lugaao,  24  maids  1490. 
Ili^meac  Bx.me  Dominationiâ  aenritor, 
Eneas  CfUBBLLUt. 

I  Hlltfn,  A.  d,H.,  PoL  Eittt^  Si>izzfra,  Ori^nnaJ.  SuscnpUon:  Bsc^*  pr%n' 
^iH^iÊitmtno  noiiîHt  iihm-^*  Bomino  Uuct  Mediotani, 


MAXIMTLÏEN  ET  LUDOVIC  SFORZA 


317 


LHmpératrlce  Bianca-Marla  &  Ludovic  Sforza  * 

(Briaach,  24  mars  1499) 

m.  me  princepSi  patrae  et  pater  caria  si  me,  Heri  recêveaaemo  più 
lettcre  de  la  Signoria  veatra,  4e'  4  del  pres^înte,  in  respoata  de  le 
nofitre  ad  eaia  per  nui  scritte  questi  proximi  £orni,  m  in  dimocstrarli 
liprogreBsi  deqaeata  gaeiTa  e  recercarU  âubsîdio  in  esia,  como  in  farli 
întendere  la  dispoeitione  del  aer.mo  Re^  nostro  obser"**  coti sorte,  verso 
de  quella  ;  circa  laquai  cosa,  benche  habianao  iflrgameiite  quello  è 
ailegato  per  Tuna  parte  e  raltra,  nleatedimanchot  percha  a  nui  non 
apartiene  far  judicio  tm  la  Mae^tà  sna  e  la  Sig.  Y,  circa  cîû,  diremo 
qiiosto  eolaanente  <îhe,  eaa^ndosi  goveniata  la  Siff.  V,  tiel  mado  che  ne 
scrive,  Ibavenio  aentilo  valontera,  e  se  quella  ha  ffttto  supîentemente, 
da  lei  medesinia  lo  potra  judicare  che,mediauto  tali  deportam^nti,  hora 
ae  vede  realituta  ne  la  pristina  gratia,amore  benivoleatîa,  de  Sua  M. ta; 
del  che  se  persuadiamo  che  ogni  zorno  la  Signorîa  V.  ne  bavera  a  restar 
pitt  contenta  di  baver /atto  quello  cbe  ha  fatto-  E  ntii,  per  questa  réin- 
tégra tio  ne  de  i^nmv  e  gratia,  se  vediamo  in  quelïa  inazor  alegreza 
che  aape  rien;  0  eap  ri  mère  :  exiitim  and  0  el  betie  de  la  Sr^.  V.  nostro 
proprio.  Cos*i,  perche  quella  babia  a  remaner  «tabiîe  e  ferma,  non  li 
aîamo  per  mancbar  de  ogai  nostro  studio.  E  quantunche  alamo  advi- 
tati  che  le  eose  de  la  Sig.  V,  eieno  in  bono  termine^como  de  sopra 
è  dittOf  e  meglio  quella  bavera  noticia  da  M>  Petro,  quai  è  in  via  pi^r 
venir  li,  nondimeno  a  magior  conflrmatione  de  quelb  è  fatto,  havemo 
voluto  che  S.  M. ta  »ia  da  niù  advertUa  de  la  bona  di-^positione^  alfecto, 
e  voliiQta  de  Y,  S»  verao  de  qiiella,  anchoi'a  che  da  altri  la  nome  de  la 
Sig.  Y.  ne  fusse  înforniata  Cosei  ad  S.  M, ta  havemo  acrîtto  el  tutto  con 
farli  le  promesse  recercate  perlaSig.  V,j  agiongeadoli  apreaso  quello 
nà  parso  per  oriî<]io  nostro  da  esaer  agionto  a  hen(>Jieio  ai  honore  de 
V*  Signoria,  Laquai  debe  baver  queato  per  fermo,  che  dovp  senttrerao 
■#  agiti  del  honore  e  commodo  bug,  sf^empre  aeremo  prompte  per  far 
iiaçllo  convcne  al  grado  da  la  conjunctlonet  et  a  li  obligi  havemo  con 
V.Signonu  ;  le  letterenostre  havemo  drizats*al  Lang.con  recîommandar- 
giold  l  a  coasi  al  aer.mo  aîgnor  noatro  conaortc  in  spécial! ta  havemo 
acrîtto  che  ae  degni  tener  occulto  el  prestito  de  li  dinari  failo  a  quelli 
de  Inspruch  per  bene  de  la  Sig.  Y. 

Li   Inizeri    a  questhora  de  queato  canlo  atano  quieti*    De  verso 
Inaprnck  como  fazemo  nou  havemo  veruna  aoticia.  El  prôfato  Rêf*'^ 

1  Milan,  A.  d.  S.,  Carttggiû  Gênerait.  Original. 


MAÎIMn,ÏÊN  ET  LUDOiriC  SF0R2A 


âltï 


L^emparetir  Maximillen  à  Pierre  Bonomi 
aecrôtaire  impérial  &  Milan  ^ 

(Pribour^,  20  avril  141?9) 

Vidimus  et  inteleximus  que  ill.  afHnU  et  conQaQgumeuB  noster 
Domlnus  Dujt  Madiolani  de  pace  tractanda  eu  m  Frantiûrurn  rege 
^t  Helvetiis  simxit;  iibi  etiam  operam  suam  im^artiri  policetur^  Ageii 
illi  nostro  DOiïtine  gratias^  qui  offîcium  boni  prineipia  et  atuici  faciU 
Cupivimus  nos  aemper  paceûi,  neque  uncjuamj  niii  laceasiti^  quera- 
C|aam  molestavimuai  cuoi  uoatro  desideril  [sic]  aemper  faerit^  non 
coatra  fidem  nos  tram  sed  pro  Me  piignare.  Sciuttt  oinuea  quain  inique 
nc^i  Helvetii  lace  suive  ri  ut,  et  eu  m  Franc  orum  rege  uullum  bellutn 
bbemus  niai  cauaa  aua,  quia  ipae  quîu  uotitra  et  illuBtri^i  g  LU  noâtii 
^imt  contra  equiLaiecû  occupât.  Aquieaeefenrus  Ubeuter  damiui  Ducïa 
monitis,  ubi  cuui  honore  uoatro  id  fieri  posaet.  Et  si  fortaaae  uorit 
i^ae  médium  aliquod,  quod  et  nabis  et  eibi  eommodam  ac  hanoriÔ- 
cam  ait,  quJcquid  aget  ipae  bouo  auîma  accipiemua,  Nos  tameu 
injuste  ab  Helvetiia  laceisiti,  ita  expedictionem  baacDeiMaximi  aua- 
picio  et  aacn  imperii  virïbus  consequetniir  ut  speremiis  vel  koneata 
paoQ,  vel  acerrimo  bello  de  temerariia  hostibus  laudem  cousequî  et 
¥ictonam.  Datum  Frîburgil,  die  xx  aprilia  1499. 


* 


LHmpératrïee  Blanea  Maria  à  Ltidovic  Sforsa  * 

(Fnbourg,  21  âTrii  1499) 

Doppoî  ta  gîonta  del  aer™^  Renoâtro  conaorto  noa  aa  icordaaHemQ 
la  Sig^^^  V.,  ma  aubito  cbe  hebemo  la  commodita  di  parlarLi  reposata^ 

ente,  gli  faceaaâmo  veder  el  aummarîo  uiaudato  incluse  ne  Le  tettere 
de  que  lia  de  3  del  pre&eute^  eontineute  lo  Mvi^o  de  la  lega  dei  Re 
ée  Fran^a  eon  Suicari  cea  altri  adWaî,  e  pregaaaeino  molto  caJda- 
mente  S.  M.  de  tutto  quello  sapevemn  deaiderava  la  Sig.  V.,  oon  re- 
plicaiii  moite  altre  parole,  quale  avautigli  havevemo  aurittoa  beuefîcio 

*  Hedéne.  Idid.  Copie  :  Eïemplum  llteranim  B^renieslmi  Damlni 
Romanorum  Régis  ad  Magnificum  Dominum  PotrumTrigeatum^  Maief- 
tmtîs  sue  oratorem,  Mediolanl  a  génie  m,  etc. 

*  Hilan.  A,  D.  S.  Cfirtv^^gio  i/enemle,  Onginal,  fragment. 


350 


MAXIMILIEN  ET  LODOVJC  âF0R2A 


di  quelJa,  Trovagaetno  S,  M,  taoto  ben  diaposta  verao  la  Sig,  V. 
quanta  vedeaaemo  mai.  Fra  le  al  Ire  cose,  ne  rispose  che  era  per 
haver  la  Sig.  V.  ad  una  medesima  fartutia  eon  S*  M.^^ne  aeria  par  far 
aecordio  over  tregua,  do  laquale  non  voleasa  fusse  hen  CQmpreaa  V. 
Sig*  na  et  bavuto  particular  riipetto  de  queUa. 


Franceaco  de  liMonti,  ambassadeur  napolitain 
en  Allemagne,  à  Ludovic  Sforza  ' 

(PrilXïnrg,  Ï4  aTiil  1499) 

ilLme  princeps  et  ex.me  Domiiie,  data  eomendatione  plarîma  et 
deditiBsirnït^ 

la  ta  prcBBïite  di,  ho  receputo  una  lettera  de  V.  E^i.Cia  de  viîî  de  la 
pasaaio,  e  tardata  por  lo  messo  [per]  haverla  retornata  da  Coloniaaiil 
bora  tarda.  Ho  expoato  a  la  Maestà  Cesarea  la  Kx,Éia  V.  ofierîrlî  le 
facultate,  c\  àtato  e  la  peraoQa,  exhûrtandola  ad  declarare  qaella  foate 
Bua  vt>luuta  se havesae  da fare  circa  la  liga, ec. Nehebe  aua  M. ta  moU(j  i 
piacei  e,  et  reapose  al  présente  se  ritrova  in  quesli  tumulti  de  Suiï^rî  • 
Don  possere  fare  pensieri  in  altro  ne  deliberatione*  e  reatare  tDolto 
satiafacta  V.  111.  ma  Si  g,  ri  a  11  habîa  scripto  h  avère  aerrate  levictualiead 
Suizari,  e  che  mandava  Auguatîtio  Someaza  beoe  expedtta.  Non  h> 
voluLa  pretermectare  date  qiveato  brève  aviso  ad  V,  llLaia  Sig,ria,  et  in 
lo  ad  V  en  ire  non  m&ncaro  fare  ogni  cosa  possibilc  li  sti  grata   et  ad 
suo  aervLcio  e  stato. 

LaM.tàCesafeaf  fÎDtti  li  aopraaeripti  rasonamenti^èpartita  per  pro- 
vedere  de  réprimera  li  âuccessi  de  Saizarî^  jucerto  dequello  bavera  dn 
seguire,  e  ma  ha  affennato  me  avisera  dn  continente  de  la  délibéra^ 
tioaefara.  Certo  se  trova  sua  M.  ta  Ces  are  a  ia  afiani^et  li  animi  de  popult 
viciai  ad  SiilEan  molto  aviUti  per  alcime  victorie  prospère  conaequteJ 
da  Suizari.  Spera  pcro  atia  M*tà  Ceaaraa  con  invicto  animo  exuperare^ 
tucte  le  difâcultale.  Et  in  lo  liceacîai-e  fi  (me)  da  sua  M. ta,  ma  ordeno 
scrivasse  ad  V.  Ex.tiain  tali  biaoguî  noû  li  mancasseï  che  aoa  victu^ 
ria  tucta  redundanain  atato  e  dignlta  da  V.  111. ma  Sig.ria.  Certo  ogB 
démons tr a tioue  quella  fara  verao  la  M;t  Cesarea  la  obligara  nioltoJ 


1  Milan,  A.  D.  S.>  fotense  Eêtere,  Gejiffiania.  Original.  Suid-iptloii  :  lUma 
principi  et  eï.mo  domino  D.  Ltidovico  Maria  Sf.  Anglo  Saçri  Eomanî 
Impepii  principi,  dnci  Mediolanî  et  âuo  domino  [tf  ùen]  efac^t4>ri  collen- 
digalmop 


MAXIMILÏEJN  El  LUDOVIC  SÏ*0ïl2A 


â5l 


A  Ia  ExMb.  V.ra  quanto  posso  e  de  continua  me  ancomiinda.  Ex 
Freiburga  die  iitiiij  aprilii  U99-  De  V.  lH.roa  Sigooria  deditisaimus 
servitor  FrancUcuB  de  li  Muî»ïti, 


9 

L^emperear  Maximllten  à  Ludovic  Bforsa  * 

(UelierUDiren  28  ami  1499) 
Maxiuilunub  div,,  efc*  illustrib.,  etc. 

Accepfmus  hiis  diebas  plurea  Utteras  tuas,  que  nobis  grate  fue- 
ruBt.  Super  quas  respausum  honoraJbili  devoto  nobis  dilecto  FeÊro 
Bçnomo,  oratori  nostro  apud  te  degeûti,  scripsimui  :  ab  illo  igîtur 
dîlectÎQ  tua  mentem  nostram  super  ea  omniaque  ad  nos  acribii  clari' 
um  întellige»*  Quapropter  te  hortamur  ut  ea  quï»  ipse  Peti  ub  tîbï  nostrû 
Bomine  referet  cordi  Buscipias.  Faciea  eûim  in  illo  uobis  rem  gratam 
el  tîbi  proûeuam* 

Datuiii  tu  oppido  nostro  imperiali  UberlÎDg  die  XXVI II  apnlta 
A.  D.  1499.  R,  N.  IXom,  XlV.mo. 


10 

Li^auLbassadeur  Agostlno  Somenza  à  I»uiîovic  Sfarssa  > 

(du  29  ayril  au  8  mai  1499) 

(UeberUngen,  29  aTril  1499) 

lUusirïssiiDO  et  ezcelletitisaimû  aiguor  mio  unico. 

Fer  altrn  mie  date  a  Marraa^  TE,  V«  havera  inteso  corne  alla 
gionta  del  cavâïlaro  con  la  Qommhmoue  andasse  avanti,  che  fu  a 
Biixino,  a  lî  18  del  présent e^  ad  hore  circa  22,  montai  la  matlna 
seguente  a  cavallo  andando  verso  ispracb.  Hora  Tavieo  che  ali  20 
gionae  ad  Ispruch  la  matioa  dove  feee  rùcapito  a  M.  Quattero,  al 
f|ualeï  fattù  intendere  la  cauaa  de  mia  veniita,  subito  mise  iasieme 
quelli  magnifici  regenti,  aliquali  preseutaj  te  iettere  e  propoata  quanto 
TË  me  dette  m  commis  a  ione  et  inatructioue,  ei  tende  ndo  mi  al  quanto 
piu  tiUra  che  non  haveva  in  eommisâionei  in  exeuaatione  de  quella 
p«r  le  victualie  et  ali  menti  dati  a  Suicerî  e   Grîsanii  per  es  sera  in 

1  Milan,  A»  d.  S^  Pot^nze  E^terçt  Ger-mania*  OrîginsL 
*  Blilaii^  A.  d.  S.,  Potenz^  Eitei*ê^  Gei*m*tniii.  ToutAs  ces  Jottres  saut 
ongioaies. 


S5I  MAXIMIUEN  ET  LUDOVIC  SFORZA 

mâche  la  fltesse  de  bon  animo»  perche  la  non  li  ïtiâi]chaH&  conk 
peraaaa  tutte  le  forze  sua  e  del  sacro  imperio  per  aiutark  non 
manaho  quanto  al  atato  iuo  proprio  ;  certifîcandola  che  la  non  era 
per  fare  pace^  tregua  ne  apuoctamento  aenza  la  aalveza  aua,  e 
che,  corne  la  poteva  eapere,  gîà  haveva  poa&uto  havere  pace  con 
Franza,  coq  la  resUtutioQ  de  le  terre  sue^  ma  non  Iha  voluta  accep- 
tare  ne  Faceeptara^  aenza  la  salvatione  de  quella,  per  laquale  voleva 
mettere  la  |i^raoQa  e  quanto  ha  al  mondo* 

Alla  predicia  Maesta  è  a  ta  ta  moltn  ^ata  Ja  provisione  f&tta  per 
TE.  V.  che  Sniceri  non  habino  victualie  ne  eiano  alîmentati  dal 
Dominio  suo,  ne  potria  havere  facto  coaa  piû  grata  a  tutlî  li  si  gnon 
û  populo  ûi  c^ueâti  paeai,  perehedicono  et  reteoir  le  vtelualie  fara  la 
Signona  V.  fara  una  grandiaaima  guerra^  ma  la  predicta  Maeatà  m'h^_ 
dtcto  apresflucheper  cosa  alcuna  la  non  voglia  deviare  da  dicte  provi^f 
tione^anzi  perseverare  e  far  faie  bon  a  guardia^adcio  non  li  vadi  n^lcuna 
sorte  de  victuaiie  dal  buo  do  min  b.  E  siLniîmente  M,  Langh  m  ha 
replicato  in  nome  de  la  predicta  Maestà  e  faotomi  grandis  aima  tnstaneia 
che  avisa  V.  E.  non  voglia  per  alcuna  cosa  mntarai  da  questo  pi-opoaito, 
perche,  quaDd<>  la  Sua  Mae»tà  e  questî  aignori  e  populi  intendeasbo 
altramente,  li  ne  seguira  grandiaaima  indignatione  che  saria  cauaa 
de  rQmpere  l'alln  diasegni  ^Sîmi(mente  ho  si gnificato  alla  predicta 
Maeâtà  quanta  la  E.  V.  m'ha  scripto  delà  richeata  fa  el  Ee  de  Franiui 
a  Veneciani  de  li  cento  miha  ducati  Sua  Maestànon  po  quasi  credem 
cha  aiano  atati  de  tanta  legereza  che  habino  faeto  tal  promessa,  e 
ae  pur  rbauo  facta,  âin  openione  non  la  obtervârano^  e  che^  quanto 
alla  Bpecialita  depai,  ne  parlai  a  al  tongo  cuui  M.  Marcheaino. 

t  De  âcrivert!  al  aignor  duca  de  Savoia  lettere  de  quella  medeanm 
lententia  e  acritto  per  S.  M  .tÀ  a  V .  E\ .  tia^  con  la  additione  che  non  accepci 
in  auo  paeae  dadi  ^asao  ne  victualie  a  gente  franzeae.  S,  M>tà  lu'ha 
respoito  havere  ordinato  de  mandarlt  ambaaciatori  per  queato  e  per 
altre  occorentie.  M,  Langh  mba  dicto  eaaerU  députa to  M.  Petro  da 
TrieaC  e  M,  Ludovico  Bruno,  aUquali  le  instructione  aono  fatle  e  ae 
rnandaraiic»  Buhito,  adcio  vadino  praato  a  dicta  legatione  i  et  in  eaae  ina- 
tructione  [aè  fatta  la  gî  un  la  de  queato  altro  capitulo]  chel  non  accepti 
gante  franzate  negli  dagbi  pasao  ne  victualiei  ne  facia  alcuna  coaa  a 
damno  [de  V.  E],  e  coasi  credo  ae  mandata  in  brève  a  M.  Petro  dicta 

■  Ce  paragraphe  est  copié,  mais  aprèa  non  ta  otservaranû  iï  y  a  une 
JégèrH  varia  Q  té.  La  copie  porte:  e  qimndù  pur  io  facino  li  êara  rtnie^ 
dîû  tii  tuUû, 

i  La  i^opjti  a  remplacé  Id  le  leste  de  la  lettre  par  un  résumé  qm  en 
demiQ  aaaez  fldûlement  lo  sens,  avec  qnelqutsa  varia  ntea  san3  impor- 
Unca* 


MAXIM I LIEN  ET  LUDOVIC  SPOEZi 


9d5 


I 


instruction e  e  M.  Ludodco  se  pArtir&,  lauoti  mxDcharo  dâ  eoUicitare 

l'effecto, 

*  SimiliiieDté  àl  sîgnor  marches^  de  Motiferratô  e  «iguor  ConitanUiïO 
a'è  BCfipto  per  dicte  viclualie  avanti  che  venesse  ;  ma  ho  parlato  alla 
prdlieU  Maestàper  farlî  replieare,  com  la  gionlacbel  Don  accepti  ue 
daghi  {ias«o  ne  victualie  a  Fraazeii  ne  faxi  alctiûa  coaa  a  damûo  dd 
V.  E,  ;  e  cûisi  «olicitarci  a  farla  fare,  e  dotna&e  apero  eipedira  uno 
de  TaltH  eavalLari  sodo  qua,  p#r  respondere  e  aupplira  a  quiiUd  parte 
ûbe  hora  dod  poaaù  per  non  haver  poaauto  expedirla  coo  la  p. La  M. ta 
per  breviU  de  Umpo. 

La  predieta  M.ti  lia  havuto  grau  cont^nto  e  grandissimo  piACere  del 
biiii  suecesso  de  le  eose  de  Piaa,  et  ma^^ime  esBeado  con  honore  de 
TE.  V, 

De  le  ]elter#  de  la  Cesarea  Maestà  me  commisse  ¥.  E.  voler  havere, 
(^Tiajido  ae  dilong-asse  la  pratica  de  la  lega  per  mottatrare  a  li  magoifiei 
oratori  e  toi  zentilliomeni*  M,  LaDgh  m%&  dicto  haverglile  mandate 
in  qatlla  Torma  che  quella  glî  ha  r€che£to.  Pur  non  resUrû  de  farle 
f^plicare  per  Taltra  cavaleata. 

Sabato  a  ti  27  ad  hore  21,  gionae  qna.  el  cavallaro  de  V^  Ex.  cou  lo 
letlere  sue  de  20  ad  hore  5  de  tiocte.  Dove  visto  et  inteso  el  tutto, 
aubito  andai  a  M.  Langh^  alquale  dette  Ig  lettere  a  lui  dirt^etive,  ma 
fin  hora  non  ê  itato  possibile  parlare  alla  Ceiarea  Maestà  perli  graii- 
diasicni  impedimenti  ha  de  qucsta  guerraper  esser  coadunato  qua  el 
dttcft  Alberto  de  liaviera,  capitano  générale  de  rimperio,  molli  aui 
capitanei,  geote  de  guerra^e  quaul  tutti  li  agenti  per  li  partidpanti  de 
(juesta  ificUta  liga  de  Suevia,  ma  ho  parlato  al  p.to  M.  Matheo,  qiiale 
4ice  h  avère  refferto  alla  predieta  Maeatà. 

B  quanto  alla  excuâatiorie  fa  deli  25  miïia  ducati  e  de  li  4,000  non 
pagati  a  Nicolo  Gravier,  S*  Maestà  ne  resta  beu  contenta  e  âatisfacta» 
àttento  che  M»  Petro  gli  ha  setitto  esaere  pagata  tutta  la  uutniiia  a 
quello  factore  de  Volf.  Per  una  altra  rniUf  per  la  prima  cavalcata,  li 
significaro  le  cause  perche  li  fu  scritta  quella  Itttera  de  ahe  la  ,*«  ' 
cbe  fu  per  deS'ecto  depso  factore. 

B^l  p.to  M,  Langb  me  dice  cbe,  avanti  el  zonzer  mio  qua,  eri  stato 
flcritto  alaignor  roarcbeae  de  Monferrato  aauffîcientia,  per  la  dïfTerentia 
lia  Exeria  et  Cari  £  an  o  con  el  marcheae  del  Finale»  et  e^aere  drizate  le 
lâttere  in  manc  del  pLo  M.  Petro,  Ma  îo  me  sforzaro  farla  replicar^in 
bon  a  forma  e  commet  tare  a  questi  R.di  oratorî  che  vano  in  Savoia 


'  Les   paragraphes  suivants  jusqu'A  Heri  matinal  la  Cemrea  Mnufà 
manquent  dans  la  copie. 
'Un  mol  iUiiîbU. 


3ïe 


MAXIMItJEN  ET  f.lîDOTtC  Sïï'OR^Â 


chauel  transita  vadino  dtd  predicto  sîgnore  marcheiïe  ê  dgnoreCoii- 
sUnlinOf  et  a  bocha  significano  la  votonta  de  la  predicta  MaesEà  tanto 
vivameDte  quauto  la  Ei  Jja  V.tru  defiidera. 

*  Hen  matina  la  Cei^area  Maestà^  însiemecol  duca  de  Bavera,  capî- 
tano  gf^nerale  dej  imperio,  e  eu  m  gran  numéro  de  signari  e  popalo, 
and  oroo  alla  E  ce  le  si  a  Mazore,  qua  dove  fô  cantata  la  measa  solenne: 
apresio  laquale  cum  grandissima  cerimoiiia  Tu  spiegato  â  dnsato  \o 
atetidardo  inqjenalede  J  aquila  ;<:ol  qualeritoLuorDo  aca»aco»i  spiegato 
avanti  :  coeache  ad  oguiuno  fece  commovere  et  accadere  li  animi,  per 
eaaere  qupsto  s  pie  gare  e  d  riz  are  de  stendardo  de  tan  ta  grande  i  Qip  or- 
tan  tîa,  ehe  ogiiîuDo  aîa  soUopoato  a  rimpêno,  aenza  alcuna  eicusatione, 
debia  per  la  sua  portione  andare  o  nmndare  alla  guerra  oseguire  dkto 
stendardo^  fosse  contra  el  padre,  figliolo  o  fratello  ;  como  credo  la 
Ex.tîa  V.ra  ne  debia  espère  meglio  informata  che  me^  aviiandola  cbe 
horaè  la  prima  fiata  che  la  Ceaarea  Maestà  [rhab]ia  ipiegato. 

La  venuta  delà  iiradicta  Maeatà  de  quae  ïo  spiegare  de  questa  sten- 
dardo  ha  tanto  aceeso  el  c<vre  de  ttiti  queatî  aignon  epopuli  cheogniuno 
è  inclina to  andare  a  questa  guerra,  e  lî  pare  vera  gloî'îa  andare  a 
mettere  la  vita  jier  diffesa  dea«o.  Ne  credo  che  la  predicta  Maeatà 
mai  per  alcuno  tempo  fos»^  tanto  teneramente  amata  e  havuta  in 
graiidiaaima  rivereoiîada  tutti  questiaignorie  populi^piccolie  grijudi» 
de  qua,quauto  e  hora,  e  ael  piatrera  ai  noatro  Siguore  Dioe  sua  Glorioa» 
Matrede  douare  alla  S  tia  Maeatà  Victoria  in  questa  impreaacomo  apero, 
rEi^tiaV.ra  vedera  tanta  eialtatione  in  eaaa  dal  canto  de  qua  che 
aara  obedito  e  reverito  codio  Dioin  terra.  R  &pero  chel  fumo  de  questa 
exaltatione  passara  anche  per  de  la  ultra  li  monti,  ad  perpétua  glona 
e  contento  de  VE%.  V.^  de  li  îklnd  aignori  soi  figUolî,  et  inelito  atato 
suo,  perche,  per  quantolo  conoaco,  credo  S.  M.  non  havere  persona  al 
mondOf  ei^cludendo  lo  iU.mo  aignore  archiduca  chel  habii  più  a  core 
ne  ami  più  cordialmente  quanto  fa  TEx.tia  V.ra,  como  apero  vedere 
eu  m  verî  e  boni  effectif 

El  proceaso  di  questa  guerra  si  è  stato  fin  qui  fredo  e  lento,  p@rche 
ogniuno  ha  atteso  mandare  la  âua  portione  de  gente  aile  confine  qua, 
a^pectandu  lu  venuta  de  la  predicta  Maeità,  et  coal  de  giornoin gîomo 
arîvano  le  gente,  alogiando  per  queati  castelli  et  terre  qua  vicine  ;  che 
fin  hora  non  se  puo  vedere  cl  numéro,  ma  dove  io  aono  passato,  per 
qua  lûntano  4ll  miglia  italiani,  b  tnto  pieno  degentedarme  e  fantarie, 
tJinto  ben  in  ordine  che  è  una  bella  coaa  a  vederli,  E  la  Sua  Maeatà 
rue  ha  dicto  che  larnetre  horaineampo  qua  circa  30  milia  peraone  da 


^  Tout  ce  qui  suit  est  dans  la  copie  jusqu'à  la  phrase  ehe  tt  puo  andart 
fino  Zurich^ 


MAXlMÏLlÈiN  CT  LUDOVIC  SFOUZA 


S57 


fttti  heu  m  ordLne,  ulÈra  che  gli  sono  dut  al  tri  campi,  cioa  uno  vôrto 
Ferreto,  e  î'altro  verso  Valle  Agaelina.  Se  spera  che  fra  tre  o  quattro 
giorni  le  gente  ae  aviaraoû  verao  li  înimici. 

Gli  eratio  alcuni  si^nori  e  ten*@  franche  che  non  Yolevano  coudes- 
ceDdere  a  qu^&ta  gtierra  per  alcune  loro  colligatidne  o  BpeciaUtft,quali 
erano  el  signor  conte  Palaliao,  le  terre  de  Basilea  et  Argentina  euro 
aJcuai  altrif  ma  hora^  al  dd^rede  questo  stendardoi  ogniuDO  ha  con- 
«entito  e  manda  la  portioDe  sua  alla  guerra. 

Gredo  ael  Ee  dl  Franza  ha  facto  promaase  assai  a  Sukerî  per  le- 
varli  da  T Ex. lia  V.,coiiamtnodefare  tractare  la  pace  de  queale  guerre, 
el  penaero  Ii  venera  falito,  perche  de  qua  hora  non  gli  è  une  pensero 
al  mondo  aasi  chi  ne  p^irla^ae  faria  grandiaairnn  injuria  ;  ma  oguiuno  è 
inclin  a  to  seguire  llmpreia  alla  galiarda,  ne  credo  foaae  Ion  go  tempo 
(û  la  pin  voliiQ  taroaa  el  inanimata  guerra  de  que  a  la,  ae  sa  puo  aperare 
altro  che  felica  Victoria  de  la  Maestâ  Ceaarea, 

Suiceri,  por  quantû  se  puo  inteudere,  aouo  più  groasi  de  qna  che 
m  altra  parie,  percha  tamêDo  più  da  questo  canto  per  esaere  el  suo 
paeae  piano  taloiente  *  che  ai  pno  andare  £  no  a  Zurich  senza  troppo 
impedimento  E  hano  in  questo  a  no  campo  de  qua  cîrca  d^ÛOO  peraone 
da  fanti,  ma  uou  hano  cavalli,  e  la  C&aarea  Maeatà  li  havera  circa 
30,OQÛ  peraone  da  fauti,  ho  mini  d'arrne  e  baliatari  assai  ben  a  cavallo, 
leliopeteri  e  fanti  ben  in  ordine,  e  tuta  bona  gente  î  e  li  cavalli,  ba- 
liatêfif  achopeterif  sono  quel  h  che  fano  stare  Snjceri  al  aigno. 

Heri,  dopo  el  disuare,  veae  a  me  uno  canzelere  de  la  Maesta  de! 
Be  de  Napoli  e  manstromi  una  instructione  de  TEx,  V,  lo  procurai 
aobito  de  farli  havere  audientia,  ma  non  fn  posaibile  heri  per  li  longi 
couailiie  grandissiuia  occupatione  de  la  Maeatâ^  ma  è  data  speranza 
âe  farlo  expcdire  îu  questa  matina,  et  io  non  li  mancharo  in  cosa  al- 
cana. 

Se  10  non  raapondo  particu larme n te  a  V.Ë,  a  tutte  le  commiaiione, 
inatructione  e  lettere  m^  ha  data  e  scripte,  pragola  a  perdonarmi  et 
bavermi  porexcusato^  non  perche  sia  détecta  ne  imo  neglif^eotin,  ma 
lmCes*Maeat&  è  tanto  occupata  in  questi  processi  de  guerm  che  non 
ha  tempo  da  man3sare,e  con  grandiaaima  difficulta  li  poi>o  pàilare, 
non  che  la  3.  M.  non  aia  ban  dispoiiiaf  ma  pcressere  troppo  uecupata. 
Par  me  sfoneafo  et  naaro  ogni  dilUgentia  per  aupplire  al  tutto. 

De  novo  Dun  ce  altro  per  hora.  Alla  E.  V.  humilmeote  me  raco- 
tniLQdo,  e  iîmelmeule  pregola  hfibi  racomandato  Panlo    mio  fratallOt 

Ex  Uberlingh,  29  aptilis  1490. 
Auguatiûua  SoMRNTiua  ^ 

i  La  copie  s'arrête  à  ce  mot,  h  la  Un  de  la  quatrième  page,  il  est  pro 
babk  qtiQ  lu  An  dé  la  copie  est  perdue^ 
^  CgHv   lettre  fut  jugée  ai  importante  par  la  cUancellerie  milanaise, 


158 


MAXlMtLllN  ET  l.UDOVIC  SFOBZA 


.ta 

1 


(Ueberliiigh,  30  aTrU). 
ni""*  et  ei°**  aîgoor  mio  imico, 

Doppo  seritte  Taltre  tnie»  ha  vend  o  io  fatte  havere  andienda  al  can- 
nelé re  de  la  M. ta  dal  Rê  de  Hapoli  dopo  ta  mesia,  niâ  parae  havêre  el 
tempo  de  pari  are,  et  ctisai  me  acustai  alla  M,  ta  Cesarew,  face  o  do  U 
intendere  distinctamente  quanto  TE.  V.  me  écrive  per  l'ultime  sue 
de  20  del  présente. 

Priiuo  fece  TexcusatioDa  de  V.  E.  perla  snmma  de  li  2^^  jnilia  ducati, 
narrandoU  cotne  è  passato  el  tuto,  e  quanto  è  Heguito  per  ]a  venuta  de 
Nicolo  Granierj  e  conclusive  quauto  lia  fatto  per  el  compito  paga- 
Diento  de  B  si,  second  o  cbeaaa  me  scrive.  D#  che  S.  M. ta  è  resta  ta  optim® 
contenta  e  ben  aatisfacta,  ne  circa  queata  particulanta  me  eitendero 
più  volte  per  brevita  de  tempo,  ma  per  t'altre  prime  avisaro  chi  è  atat^^f 
causa  de  farscrivere  le  lettere  de  le  quale  quella  se  dole.  ^" 

De  la  riposta  data  per  TEx-tia  V.  al  niesBo  de  Mgr  de  Vergi,  Sua  M. ta 
n'è  resta ta  contenta.  Io  la  pregai  a  far  aerîvere  a!  predicto  Mouaîgtior 
corne  V*  E.  haveva  satisfacto  a  S.  M.,  adcio  noa  li  desse  più  fastidifl 
per  questo.  Respose  eaaer  contesta  impoiieridomi  a  fargUlo  r^c^rdan 
de  M.  Laugh,  perche  li  commettera  k  iettera. 

Del  pagameuto  de  li  500  dncati  ha  fatto  a  quelli  de  Svitx 
Underval,  per  meio  de  lettere  deqiielli  de  Berua,  aimilifer  S.  M. ta  è^ 
reatata  contée  ta  che  la  S.  V.  h«bi  nsato  quello  termine  per  compia- 
cere  a  Bernesi  ;  parendoïi  chel  sli  b^n  facto  itd  intertenirli  per  amici  per 
molti  rispectif  et  credo  quando  le  coase  de  qua  vadtao  avaati  a  damna 
de  Sujcerî  che  S,  M  ta  bavera  grau  re»peclo  a  Bernesi,  per  amor  auo. 
A  quello  de  la  Liga  Grisa,  che  TE.  V.  non  habi  volute  concédera  la 
licentia  de  conduresale  e  victualie  S.  M.  dtce  piaeerli  inolto^  et  anche 
mba  commisBo  scriva  caldamente  alla  E.  V,  che  la  facia  usare  ogni 
dilligentia  adcio  che  dal  dam  no  .-^uo  noti  habi  no  vîctnalie  ne  ^ubaidi^ï 
aieuno,  et  che  quella  non  habî  respeeto  ne  timoré  desai  Grisani  percb|^| 
questa  guerra  non  ê  per  mancare  che  aiano  al  tutto  abassati  e  dea- 
tructi  o  che  facino  acordo  ;  che  aeguendo  la  destructione  non  li  biao- 


qu^elle  en  Ût  eipMier  des  copies  à  ses  agents  à  Télranger.  C'est  ce  qu 
clique  la  note:  Fiant  eiempla  Ro  +,  Plo  -hïMonferr  -j-,  Genua  +,  His 
4-,  Sen  +,  M'  Orf  -|-,  Tbrio  Sab.  +»  Luce  +.  Les  croix  qui  accom- 
pagnent cp^  noms,  disposés  &n  colonnu  dans  Toriginal^  indiquont  quA 
r-Ë!i  coptes  ont  été  faites  et  envoyées.  Ces  noms  s'expliquent  d'eux-mêmes. 
Orf»  est  Orfeo  Orfei*  agent  ducid  à  Forli  ;  «  Tbrjo  »  le  trésorier  de 
Savoie,  Sébastien  Ferrier,  qui  fut  un  deu  fauteurs  de  TallianL  e  milanaise 
à  la  Cour  de  Turin,  avant  de  devenir  trésorier  général  des  finances  di 
Louifl  Xn. 


MAXLMÏLIEN  ET   LUDOVIC  8F0RZA 


359 


gtta  fare  altro  penBiere  de  loro,  seguendo  anche  acordo  ehe  TEi.  V, 
iia  aeciira  chel  non  se  fara  sênza  secure^a  de  le  coae  iue,  taie  cte  la 
sera  preaervata  eome  Taltri  de  queuta  lega. 

De  ti  capitand  de  la  p.ta  MtÀ  Cesarea^  ehe  hano  mandato  M,  Gabrîete 
da  TE*  V.,dice  ehe  Thano  fattû  per  beneficio  de  Tirapresa,  boq  inten- 
dendo  più  ultra  ^  ma  che  esseodo  mo  certifie  a  ti  de  îi  boni  effecti  e  pro- 
^abue  faite  per  TE,  V.,  non  li  sera  più  ditto  altro,  e  che  S.  M.tà,betiche 
quella  habia  dato  victuaUe  perel  paasato  apredicti  Smcen^perquesto 
non  ha  preso  umbra  akuna^  perche  sa  beiie  quello  ad  e  lie  era  oblig-ata, 
e  qoello  U  biaog^nava  fare  per  la  vîcmità  deaai  e  per  la  loro  mala 
natura. 

De  la  parte  scriveTE.  V.,chelsignor  Conslantino  facia  veoire  trente 
de  PraiïBaper  fare  guerra  al  marcheae  de!  Finale  per  quelle  due  terre  e 
de  la  resposta  ha  dato  lapta  M,tÂf  dice  essere  aasai  inforipata  del  animo 
desao  s,  Coostatîtino  verao  Fraoïa^  et  haverli  acritto  ad  plénum^  e 
drizato  la  lettere  a  M.  Petro,  eome  quella  mtendera  da  esso,  ma 
haveodôli  io  mosaoel  partito  de  fare  cbe  li  R,di  oratori  vanoin  Savoja, 
vadino  ancbora  in  Monferrato  per  queato^  e  par  ad  mon  ère  eeso 
ilgnore  Gonatantîno  che  noa  preauma  dare  logiamento,  paaao  ueatcuiîo 
iubiidîo  a  gente  Fmntene  de  alcuna  sorte,  S.  M.  è  reatata  contenta 
de  farlo  e  commisso  aia  agiente  questa  al  ira  commis  a  loue  ne  la 
in  8  truc  ti  une  des  si  oratori ,  quale  ae  mandera  per  la  prima  cavalcata  cba 
hora  non  ae  posauta  expedire  per  le  infinité  facende  hano  queati  canze- 
leri  e  aecretarii . 

^  Apreaao  bavendo  io  viato  quanto  la  E.  V.  ha  dato  per  matruû- 
tione  al  canzélaro  de  la  Maestà  del  Re  de  Napoli,  e  maiime  cire  a 
1%  pratîcade  Veneti^mT  Io  dlstealla  pta  Maeatà  che,  attento  eaai,  aenza 
alcuAo  reapecto,  havevano  f^cto  queata  confederatione  cum  Franza^ 
tutto  in  prejudicio  de  S*  Maeatà  e  sacro  iroperio,  e  preaumito  volerai 
t  naignonre  de  parte  del  atato  de  V.  S.ria  che  era  pur  membre  del  sacro 
1  mperio,  a  me  pareva  cbe  la  S.  M  ta,  a  nome  del  predicto,  per  oraÊore  o 
f\ps  altro,  mandaaae  a  fare  intendere  a  predicd  Venitlimi  che  hnveva 
iûteao  do  queate  sue  pratiche  facte  inPranza.e  che  ael  pote  va  cogno- 
^cerene  trovare  che  easi  faceasino  alcuno  eflfecto  ne  cosa  alcuna  fosse 
î  n  prejudïcio  a  V.  Ex., principe  e  membre  de  rimperio^in  favore  del  lie 
<ic  Pranza,  cbol  p^°  imperio  eu  m  le  forze  sue  li  farîa  recognoacere  de 
«oi  erroÈi  e  proteatarli  de  la  guerra,  La  aua  Maestà  me  riBpoâe,dîcendo 
c:henon  solurn  aono  atùti  presumptiioai  de  fare  questo  contra  Y^  E», 
aua  che  ancora  S,  M.  ha  trovato  che  bano  dato  dinari  al  duca  ZorzOf 
che  fo  fîgliolo  del   Re  Matbia,  per  farlo  movere  guerra  contra  S, 

1  Ce  qui  suit  est  chiâré  avec  déchiffrement  de  répo<pe. 


360 


MAXÎMILIEN  ET   LUDOVIC   SFORZA 


Maestà,  et  càfi  date  principid  de   ia«cltare  aleune  parte  e  movere 

âleune  differentie  per  deln.  Similuiente  ba  mËeao  cbe  h&no  dato  M 
Quecorso  de  ciînarî  a  Grisaul,  e  cbe  so^ra  queato  lî  faria  pênsiero  e  ■ 
poi  me  par] aria,  e  dirla  qudlo  eJ  a  a  fare.  1q  hqu  mancaro  de  soUici- 
tare  de  farli  Ure  qimlche  opportmaa  proviaioDé  ;  sel  pîace  a  Dio  che 
lu  predicLa  Maestà  habîi  vicloria  caalra  qtieêtï  Suicori,  spero  ebe 
S.  M.  fara  Eale  provUioae  che  la  E,  V.  sara  asaburata  da  ogm 
canto* 

^  El  caDzelere  de  la  Maeatà  det  Re  di  Napoli,  per  comtoifisione  de  la 
Cesarea  Maeatà,  parte  subito  e  va  a  Filiborgo,  doveae  trova  M,  Frao- 
ciaco  de  Mûtitibiiaeraltri  oraton,e  mba  sol  amen  te  detto  havere  Imvuto 
bons  resposta  dalla  predicta  MaeaiÀ  cirea  el  particulai^e  del  aignor  Re 
iuo,  et  an  cbe  bavere  beae  exeguito  quanto  qaella  gli  ha  dato  par 
inatructïone,  alla  quale  mba  pregato  lo  raocommandi, 

^  De  la  commissione  me  dete  rEx.tia  V.  de  faie  opei*a  presao  la  pre- 
dicta  Maeatà  cbe  la  face  s  se  in  tr^re  iti  queatamcUta  llga  de  Sue  via,  Taviao 
cbel  è  ben  piaeitito  a  S,  M.,  e  me  ha  fado  Tare  una  iarormiitîoQe^  non  a 
nome  de  V.  £.  ne  de  alcaaa  altra  peraotta,  ma  eomo  amîco  secreto 
d{?  essa  liga,  narrando  m  epsa  quanto  proBctio  e  ben  faeto  aaria  alla 
predicta  lîgaad  ïncldderli  la  E,  V.  Quale  infurmatiûiie  bo  data  a  S.  M*, 
percbe  vole  vedere  do  fare  opéra  cbe  l'Ë.  V*  sta  ricercata  per  lafl 
Liga  per  rajizore  sue  bonore  e  secureza,  e  cossi  ancora  bogi  mba 
facto  dire  per  M,  Langb  cbe  laasi  fare  a  S.  M.  que» ta  pratica,  cbe 
apera  eotidurb  talmeûie  cbe  VE.  V.  eara  ben  contenta* 

^  Hozî,  circa  le  11  bore  è  partito  quetla  cavalaro  va  incQatra 
M.  Marcbesino^e  la  predicta  Maeatà,berl  aera,andinâo  a  lecto,  mut^l 
el  peosiere  de  farlo  venire  qua,  ma  lofa  andare  ad  Ulma,  dové  etara 
meîio  assai  et  bavera  melior  cammo^  e  cosbî  se  glih  scrîpto  demorera 
fid  Ulmafincbe  la  predicta  Maeatà  li  scrivera  dove  dovera  venire  aley, 
ebo  s  ara  in  bono  laco  e  aecuro  et  an  cbe  subito  la  es:pedira  percbe  Sua 
Maeatà  è  informata  cbe  TEx.  V.  ne  ba  graudiasimo  biaogno.  H 

De  novo  altro  non  accade,  salve  cbe  tuLta  bora  gionge  gente  qua,  et 
in  li  loci  circonstanti,  e  se  spera  che  fia  tri  zomi  se  andara  verao  li 
nimici,  qnali,  per  quanto  se  iniende,  sono  p06ti  all^i  campagna  per 
a^petare  de  fare  bataglia  per  ester  quaai  corne  desperati* 

La  E.  V.noD  poteria  fare  cosa  più  grata  alla  Ce&area  Maeatà  ne 
aqulstare  majore  crédite  e  benivolentia  da  tutti  questi  aignori  e  populi^ 
corne  dare  quaîcbe  avvîao  de  le  occorrentie  de  Franza,  de  Suiceri  e  de 


ne 


t  Paragraphe  non  chiffré* 
'  paragraphe  en  chiflre. 
*  paragraphe  non  chifiré* 


MAIIMILIEN   ET   LQDOTIC  SFORiS  V 


3C>i 


al  Ire  pardeolarità  che  lendano  e  tochano  a  questa  guerra  ;  %  qudli 
kpituli,  reporti,  e  avisi  che  ho  por&to,  la  predicta  Maestà  me  li  ha 
ï&cii  mettere  in  latiûOf  poi  li  ha  fatti  metCere  in  alemaDO^  e  li  ha  fatlt 
ved^rfî  n  tutti  qiieatl  Sï^aori  e  particjpaati  de  la  lega;  e  anche  credo 
ne  habia  mandato  copie  a  U  Signori  ellectori»  remetteadomi  paro  al 
parère  de  VE.  V.  .Alla  quale  humelmente  aempre  me  racomando* 

Ex:  Uberliogh,  ultima  aprilii  1439. 
HLrae  et  Ex. me  Dommatiomâ  Vestre  servulua 
Aug,  SoMENTîua. 


(Uebflriing,  î"  mai,) 

lll,ino  et  ex.mo  signer  mio  uni  ce, 
^  lu  noD  ho  pDBSuto  eoiaî  ordinariameate  i^spondere  a  quaato 
î  lix*  V,  me  commisse,  datto  per  inatructiotie  e  poi  scritlo,  cemo  era 
«débite  mio  e  deaiderio  auo,  pregola ad  haveriui  [>er  esctisatû,  faceadoli 
intenderc  nonesaere  mio  deffecto,  ma  procédera  per  ossm-e  laCeaarea 
Maestà  tanto  ot^cupaU  e  continue  circotidata  da  quesEi  aîgaori  e  gente 
'1^  gvïerra,  che  me  binogna,  con  gran  fatii^a,  a  pezo  a  pezo  exponerli 
<j4ai]to  ho  in  commiasionee  se  non  fosse  la  grandia^irna  dilligentia  usa 
'^l*  MatttiO  Langh  in  latte  le  occorrentie  e  apeci alita  di  V  E,,  io  non 
l^vena  poaauto  respondere  alla  târcva parte,  corne  son  certoche  quella 
^bia  considéra re,  et  maxime  eaaendo  hora  el  tempo  che  besogna 
isocïltare  soîdati^  et  con  qualchi  aegoi  esteriorî  farli  bona  demona- 
tr^tione,  non  re»ta  pero  che  la  bona  dispoaitionô  de  la  predicta  Maestà 
^"ïfBo  VE.  V.  non  li  sia  iotegramente, 

A.  lia  parte  me  âcriase  TE,  Y.,  de  quelle  ha  ve  va  p  radie  toel  magnifico 
maestro  Ambrosio  de  Roiato  in  le  coie  de  Piia  et  in  moite  altre  occo- 
^titia  sue,  e  de  quelle  poi  coDcludeva  de  la  gloriosa  vîctorta  havarïa 
a  cTOQaeguîre  la  Maeatà  Ceaarea  contra  li  Suieeri  o  maxime  fin  ali  22 
M  preseate^  io  lo  notîHcai  alla  pta  Maestà  con  le  parole  che  la  me 
v^rive;  laqualô  ne  riae  et  hehe  grandiasimo  piacere  înteDderlo, 
detuoDaU'aado  ben  Don  dare  troppo  fede  ad  astronomi;  pur  ho  inteio 
da  alctini  che  la  sua  Maestà,  a  tavola  più  fin  te  et  altramente,  a  molti 
d&  questi  signori  e  zeûtilhomenîi  ha  dicto  con  grandi  saima  alegreza 
*  ^X.Ai^  V,  havcrlî  dato  aviso  chel  auo  aatroaomo  ha  dicto  che  S.  M. 
•**"&  victoriosa  in  queata  irapresa,  talinente  che  ho  conoaeiuto  la  S,  M, 
ï^Vcrne  havuto  piacere;  e  cossi  nel  adveuire  t|uando  VIL  V.  ne  scriva 
(|^3^1cbe  cosa.  de  siimle  naluraf  credo  li  a  ara  piacere  e  grato, 

Simitoientef  de  U  capituU  fatti  tra  el  re  de  Ftaoza  e  SuIceH,  et  altri 
AVi«i  e  i^portii  corne  per  altre  mie  ho  scntto,  la  pta  Maestà  ne  volae 
l^vere  copia,  e  credo  le  habia  commumcati  con  tutti  questi  Stg.ri  nel 
tuo  consiUo,  e  ultra  ne  habia  mandato  c«pia  a  U  Signori  ellectori  et 


9fiî  MAXIMILIEN  ET  LODOVIC  SFOBZA 

al  tri  de  queetA  încliU  liga  ;  eerMcando  TEx.  V*  che  non  sûlom  1 
fatto  cosa  j^raU  a  S.  M-,  ma  etiatn  a  tutti  ^li  altri  aigDon  de  qu 
laquale  mhe  ditto  vogiîa  aviaare  e  pregare  quella  a  utare  dillîgeatiS 
per  havere  cou  tin  ue  aviso  e  maxime  délie  occoreatie  dessî  Saiceri  n 
de  Fraûza,  drizandoli  poî  «iibïta  qua  :  che  ïi  fara  sîagolar  place re,  e 
cûssi  la  prego  ha  fare,  perche,  ultra  gratîBcara  la  pta  Maesià,  acquit^ 
tara  ancora  gran  benivoleotia  da  tutti  qoesti  ligoori  e  populi.  ^ 

Ho  significato  alla  predîcta  Macs  ta  quello  è  eiïccetso  deU  ilLiiff 
Gasparo  da  Saacto  Se  vérin  o  ;  deche  esta  ce  hebe  dia  place  re^  e  me  la 
feca  replicare  per  due  flate,  Tunaseparata  de  Taïtra;  iaterrogandome 
se  TE.  V*  era  beo  certa  de  quella  imputatione  U  dava,  et  a  di  che  mado 
h  ave  va  riirovato  queata  fraude,  e  quelb  chel  pto  M.  Oasparc»  era  per 
fare  ?  lo  11  rispose  che  non  aapeva  ad  che  modo  ne  per  quale  via  TE,  V, 
haveva  inteao  taie  coaa  ;  che  me  rende  va  ben  certo  che  quella  non  H 
haveri»  dato  taie  iraputatione,  se  la  non  fusse  s  ta  ta  ben  cêrta,  ne 
bapeva  quello  chel  per  M.  Oaaparo  fosie  per  fare.  Me  domandô  ancora 
ne  îo  ânpeva  chel  itlmo  M.  Antonio  Maria  fosse  acouEo  al  aoido  de 
Venetiani  ?  lo  U  reapo&e  che  da  V.  Ex.  non  aapeva  coaa  alouna,  ma 
che  nel  transîtomio  a  venîro  in  qua^  haveva  tnteso  che  era  a  Citadella, 
et  era  per  aconzarsî  con  predicti  Venetiani* 

De  quello  canzelere  delpredicto  M.  Gasparo^  del  quale  mio  frateUo 
flcrisae  easeregionto  In  An  versa  6tha^'ere  havuto  andiontia  dalla  Ces. 
Mtà^  come  TE.  V.  me  scrive,  aviso  quella  chel  gionse  în  Anverta  fin 
quel  In  proprio  sorno  chio  me  parti  te  per  venir  e  H  aqnella  ;  et  era  tt&to 
prima  per  molti  xorni  dalla  Maeatà  délia  regina,  e  pcro  credo  che  de 
questo  cato  non  havesse  noticia  ne  comission  alcuna.  El  predicto  can- 
zelere  si  ë  uno  de  VoltoUna  quale  se  appellaEl  Commissarioto  preaao 
la  ptta  M. ta  de  la  Regina.  Se  altro  intendero  areano,  cxeguiro  qu 
quella  me  se  rive. 

Ho  notificato  alla  predîcta  Maeatâ  qnanto  l'E.  V.  me  scrïve 
guerra  intende  movere  M,  Jo,  Jacomo  de  Trivultio  ad  îustantia  de 
Asteaani  nel  officie  de  San^orzo  de  Zenua^  e  la  provisions  che  quella 
ha  fatto  adciô  non  vûdi  avant!.  S.  M.  ha  risposto  qnestl  esaerû  tutti 
tucitanienti  del  Ke  de  Franza  per  venîre  a  soi  diasegni  de  turbare  Italia, 
^  maxime  VE.  Y,  nel  stato  stio. 

I0  ho  aollicitato  chû  quelle  lettere  acrîaaerE.  V.  alLn  Cesarea  Mnealà 
in  respostû  iFaltre  !iue,circala  provisione  fatia  per  non  lassare  andare 
vietnalie  ne  altro  soccorsodelsuo  dominiô  aSui^eri,  foaaeno  mandate 
a  li  signori  t*îlectori  ;  per  il  respecto  che  la  me  acrisse,  M.  Langfa  nnn 
hîi  mandato  esse  lettere,  ma  ha  scritto  in  nome  de  U  predieta  Maeatâ 
a  li  predicti  aignori  ellectoii  in  optima  formai  e  drizatola  al  Hp* 
M.  Archiepiscopo  Maguntinen&ii 


ï  de  la 


M\X1M1UEN  ET  LUiXiViC  SFORZA 


363 


^ 

k 


I 


Ali  ilhmi  sigDor  duca  de  SavoyA,  signor  marçhese  de  Monferrato 
$  îignor  ConatantiûOj  s«  H  m^nda  peroftiton  e\  R,  M.  Petro  Bonomo 
e  M,  hudovico  Bruno ^  aliqufdij  saïtem  a  M.  Petro^  se  manda  hora 
pff  ^ueiilo  cavallaro  le  instractiane,  lettere  e  quaeto  bisogna  per 
uidAfe  a  dicta  legatione  ;  e  per  qiianto  a  me  ê  fatto  iotendere,  iiï 
este  instructione  e  lettere,  se  cootene  con  solam  de  le  prohiba 
Ûane  de  victualie  a  Sujceri.  ma  ancora  che  noa  daghino  passo,  vîc- 
tualie  ne  soceorso  aîcuDo  a  gente  de  Franza  che  volesaino  passare  ïq 
llaîia,  corne  mn  certo  che  TEs,  V.  intendera  ad  plmum  dal  predicto 
M.  Hetro,  De  M.  Ludovicf»  noa  bo  dire  altro,  ma  m*è  fatto  intendere 
chél  «ara  li  in  brève. 

Ad  Mgr  de  Vergi  ho  opemto  cbe  la  pta  M  a  esta  ha  fatto  acrivere 
ehel  aon  mandi  più  a  domandare  deaan  a  V,  E.^  sîgDÎficaudoli  S.  M. 
éiBflre  del  tutto  satiafacta,  e  coasi  credo  coo  \ï  mandara  pïù. 

Lu  *!au,^a  cho  moaae  la  Cesai-ea  M  ta  a  scHvere  a  l'K.  V.  quelle 
lettere  de  lequale  ne  ha  havuto  diapiacere  per  la  aiirnma  de  li 
S5  railla  ducati^  fti  [lerche  el  correro  vene  Ii,avaïiti  la  mîa  venuta^  coiî 
I'* lettere  che  dicta  smntna  ae  dovesse  dare  al  faetore  de  Wolf,  haveva 
commi&aioué  aon  partirai  do  li,  flacbe  non  foâBC  fatto  la  iiitcgro 
ï>«garaeoto,  e  VK.  V.  fece  chel  predicto  fa c tore  avMrni  Paacha  scritae 
alla  jiredicLa  Maesta  havere  ricevuto  13  raiUa  ducnti»  et  aimiliter  io 
tcmseet  che  del  reato»  venuta  lat^ommiaaîoae  de  Sua  Mae  a  ta  ad  chi  ae 
liaveiaboa  dare,5tibito  V.  E.  li  esborsariaecon  queato  fu  expedtto  esao 
oorrero,  ma  dicto  factore  duptic6  le  lettere  alla  p. ta  M. ta,  cbe  per  nna 
*Urii  iétlera  li  acrîsso,  pur  per  el  fuedesimo  correro,  che  non  haveva 
liavulo  denaro  akuno,  ma  che  TE,  V*  l'havevaaatrecio  a  scrivere  chel 
havev^a  recevuto  djcti  13  milia  duçati^  ultra  che  dopo  ad  al  tri  otto  stomi 
ot  icriBae  un  altra,  che  fin  a  quello  ïoruo  non  haveva  bavuto  alcuuo 
denaro  da  V*  Ex.tia,  e  per  questo  la  p. ta  M.  ta  ^e  sdegnô  molto  e  fece 
icrivere  quelle  lettere  de  quello  teoore  ha  visto^  e  queato  nie  Iha 
'eifeno  M,  Matheo  Langb,  ma  poi  quaado  la  S*  M  là  ka  visto  TefTecto 
^l  CQuirario.  e  che  M.  Petro  gli  ha  scritto  eaaere  pagata  tutta  la 
suttima,  t?  resta  ta  ben  conteata  e  aatiafacta  :  îieiopracio  me  pare  ti  aiti 
'1'*  fare  altra  exenaatione» 

Alla  predjcta  Macs  ta  è  stato  ultramodum  grato  che  TEx.  V.in  abaen< 
^  deS,  M-,  fu  i[ueatû  urgente  bisognOjhabiaaarvïto  aquelli  soi  regenti 
"^  lifiruch  de  ([Uelhi  j^unatna^  e  me  commisse  ne  ringratiasse  TEx,  V., 
^^rlificandiih*  ea*ieHi  titato  psù  grata  hora  qiiesta  poca  au  nina  che 
^n  uhm  fiata  de  dua  tanta;  ultra  che  ha  acquii^trito  grandissima  béni- 
valfQtia  préaaa  êsai  magnifîci  regeuti,.  quali  a  tempo  ne  farano  teslî- 
inoiiio« 

A  1j  zonii  pasa&ti,  c&valeaado  algitiUcat  alla  p. ta  M. ta  la  siagular 


964 


MAXIMÎLÎEN  ET  LUDOVIC  8F0RZ\ 


contentera  haveva  havuto  \'E%.  V.  quandoiotesequella  demonstratioi] 
hûveva  fatta  bi  suaM^tà,  quando  in  Fiandrii  vene  la  nova  de  la  i 
Bua;  perche  haveiido  VE%.  Y,  collocato  in  esaa  ogni  fede  e  aperanza 
corne  in  auo  uuico  BÎgnore^  patrono  e  pmtectore  a  lei,  a  1i  ai^ori  soi 
6gîîoli  état  statu  aiiOi  e  che  haveva conoaciuto  per  queata  aecîdtntia 
non  vera  la  S.  Mtà  havere  quelîa  amore  ebona  dispoaitiaio  verso  lei 
e  coae  sue  corne  la  sperava  e  desiderava»  che  la  non  poteriahavere  ha- 
vuto  mazore  con  tentez  a  al  m  on  do  ne  h  avère  înteso  cosa  che  Ihavesse 
più  aatisfacta  ehe  queata;  S.  Mta  riapose  e  disae:  tt  AUora  io  non 
difise  cosa  che  non  havea#e  facto  con  effecto  e  che  de  nova  non  Io 
faeesa^f  quando  caao  adveniase,  cha  Dio  non  Io  voglîa,  e  tanto  fana 
perelaigûor  ilnca,  EgHoli  e  atato  sno  qnaoto  perei  fig^lioloe  atato  raio,  » 
Con  molta  altre  amorevole  parolei  quanto  le  l'Ex,  V.  li  foaae  atata  non 
inferiore,  raa  fratello, 

Le  lettere  del  ilLaif^norconte  6gUoIo  de  VE%.  V,  io  le  présentai  alla 
pta  Mtà  e  II  refFerite  quanto  aua  S.  M- ta  tne  eomjnîase  a  hocha,  con  le 
humile  raccomandatioûi  j  de  che  S,  M, ta  ne  prese  graiidisaimo  jnacere, 
domandando  comê  era  ben  con  diction  a  ta:  et  io  li  respoâe  qnello  me 
parse  conveniente  e  debito  ;  alche  S.  M. ta  ne  reatô  ben  aatisfacta  et 
oi-din6  a  M.  î.angh  che  H  reapondesae.  ■ 

La  p. ta  M, ta  haveva  dicto  voler  acriver  de  suamano  a  TEx.  V*  îli' 
rispoata  FU!a,^ua  de  m%ûo,  ma  per  le  grande  et  infinité  oûcnpazioni  non 
ha  potuto  Bcnvefe,  ma  hadilTerito  fin  alla  vennta  del  magnïfico  M*  l 
chiiiao,  Altro  non  occorre  à  VE%.  V.  Etc. 

E%  UeUei'ling'h,  prima  maii  1 499. 

Auâ.  SoME>TIUS. 


(Ueberîing,  l*'  mai) 

III»^  et  eît""  aig,  roio  onico, 

A  li  zorai  paaaati,  c!  R.  M.  Petro  de  Trieat  me  scrisse  de  li  ester© 
molto  cariotito  de  speaa  et  has^ere  havuto  poca  aubventione  dalla 
Cesaroa  Maeatà  per  easer  m  a  la  fornïta  de  denari  per  le  présente 
giieri'é»  pregandomi  che  Io  voleaae  racomandare  coa  bon  modo  a  TEx. 
V.  adcio  li  porgesse  q  y  alche  adinto  per  potere  aupportare  la  3  pesa  e 
coâai,  havendolo  io  seinpre  conoscinto  molto  affectionato  a  TE,  V,*  el 
in  le  coae  sue  haverli  itaato  gran  dlLligetitia  como  «uo  bon  servitore^ 
m'èparso  per  questa  mia  pregarla  chel  ge  sîa  recornmandato  come 
aono  certo  che  la  fara  ;  perche  so  havere  inteao  de  esso  nel  passato 
esaere  stato  ben  gratificato. 

Al  magnifîco  M,  Matheo  Langh,  m  dete  li  200  fiorini,  come  TE.  V, 
me  C 003 mis ae^  quai,  dopo  molto  excuBatione,  ne  rendete  incite  gratie 


MAÎIMIUEN  ET  LÛDOVTG  SPOBZA 


â6B 


a  <juelU,  C0E  moite  gmndiaaime  offerte,  certificaniîola  che  ogni  giomo 
ïo  lu  trovo  {m  caMa  e  ^oïlicito  al  bénéficia  e  apecialita  de  V.  E.  ;  e 
crédit  che  atiçora  lui  gLi  ue  acn\rera  e  la  tingratiara. 

El  coQte  dé  Fual«mbergîi  non  è  comparao  qua  con  la  p. ta  Maeatà, 
e  pe«-  quanto  ho  in  te  so  remaae  a  PEiiliborgo  ;  quamprimum  me  rîtt  o- 
v&ra  dove  aia,  li  preaeniaro  la  lettera  de  TE,  V,,  et  eiequiro  quanto 
quella  mha  commisso. 

Similmente  el  tbesorere  de  Berg-ogna  è  rimasto  m  Fiandra  per 
ritmre  carta  aumma  âû  dmari  se  erano  ofiTertî  pagare  qudli  iiaeai  t 
popuU,  secondo  ho  inteso  per  aeguire  la  gueria  de  Geidre  e  se  dicô 
nom  venim  fin  a  molti  zorni  ;  qua)  venuto  exequiro  quanto  quella  mha 
commtaao. 

La  Cesarea  Mae«tà,  corae  TE.  V.  sa»  manza  volontiera  el  forraaio 
plaaentmo  ;  hora  la  Maestà  sua  n'è  m  tutto  vacua  ;  m*è  parao  mgni- 
:fi£arlo  a  quella^  adcio  cbe  quando  la  voleaae  maûdarli  qtialche  cosa 
^rata,  gli  mandi  deaso  formagio  ;  uhe  son  certo  de  coae  maQzatîve  non 
li  poteria  hora  mandare  cosa  più  grata;  ma  mandando,  biaogna  mau- 
^ame  una  forma  per  M,  Matbea  Lang,  et  uûa  alCi^a  per  divideie  ad 
alouni  che  fano  de  li  servitii  in  quaata  corte  a  beneficio  de  quella 

Lunedi  peQulÇimo  del  paaaato,  vene  qua  uno  ÂntoQÎo  de  Vicenza, 
servi  tore  del  ilh  conte  de  la  Mirandula,  per  fare  confirmare  li  privi- 
legii  conoesii  al  quoûdam  aignor  Gateotto  ;  quai  veua  adcio  gli  prea- 
taase  favore  e  indmo  per  eaaem  #^pedito  ;  e  perche  non  me  portù  lettera 
alcuna  de  V.  Ex.,  aapendo  io  cbel  predbto  quoiidani  siguor  Gateutto 
haveva  bavuto  dicti  prïviïegii  et  aUri  favori  de  lapredmLa  Mnesta  per 
lalêrceBalone  dî  quella,  me  parae  noti  lûtromettormi  in  coia  alôtiiia 
in  auû  favore  ;  anïci  pratichatoon  M.  Langb  oheï  non  li  fada  alcuna 
expeditioDe  ûti  alla  venuta  del  magniiico  M.  Marcbesino,  perche  io 
aoû  iuteudd  quello  importi  dicta  expedîtione  e  quntito  è  grata  a  Y.  E. 
Ke  credo  bavera  ouslb  ricercaise  non  tanto  quaoto  a  quello  placera* 
Alla  quale  «empre  b u me  1  mente  me  raccomando. 

Ex  lieberlingL  prima  mali  1499. 


Ueherlingf  3  mai  1499. 

111. mo  et  er.mo  aig.  min  tmîco,  havendo  boglparlato  alla  Ceaarea> 
Maestà,  présente  M.  Matteo  Langh,  aopra  moite  particularità,  S.Ma- 
e«ià  me  rispOi^e  coma  quella  vedera  qua  apreaso. 

Primo  aopra  la  particularità  de  scrivert^  e  maodare  udo  araldo  a 
Venetiaui  in  quetla  forma  cbe  la  E£«tla  V.ra  mi  acnve,  adcio  cbeeaBÎ 
vadlno  alquanto  piCa  retenue  contra  TEx.  V.,  advertando  a  Folfeaa 
fano  alla  pretata  Maeata  e  aacro  imper  io ,  parlé  in  todeaco  a  longo 


uè 


MAXIMILIEN  ET  LUDOVIC  9FOB2A 


col  pre^îcto  roe^ser  Langh ,  quale  pôi  me  respote  :  che  per  non 
serli  araldo^  qniiie  foaaeiufficientô  de  exequire  taie  impresa  cum  quel 
eircucfispectioiie  biaognûna  e  respondere  secundo  fgase  neceasuri* 
et  anche  per  esaere  eaaî  araldt  per  de  la  in  poca  eatimatione,  li  pare 
de  lassare  cosîqueata  uesa  pt^r  hora,  ne  doverlifare  altro»  ma  vedi 
como  se  depoitavano  e  corne  paasavena  le  cose  ;  ehe  per  hora  doq 
te  va  vedore  como  el  Re  de  Fraaza  potesse  fare  quella  impreea,  per 
niolti  respecti,  como  inieodeni  ijua  apresso:  ma  S.  Mae^tà,  ultra  queLk»^^ 
gli  è  aignlticato  per  li  avisi  e  instructione  de  V.  Ei:«tjaf  ae  teae  hd^^Ê 
forte  offeaa  daessij  como  credo  lo  tempo  li  demoaatrara.  ^^ 

De  fare  activere  al  Re  de  Franza  che  voglia  abâtenerai  de  dare 
socct^rao  ne  favore  a  Suiceri  contia  S.  Maestâ  e  aîicro  Iniperio  e  pro- 
testaHi  de  la  guerra,  S.  M.  ha  l'espoato  che  hora  ad  questa  die  ta  far  a 
scrivere  secundo  el  bbogao  a  nome  del  imperiOf  ma  che  a  auo  oope 
non  1j  vole  va  fare  a  c  ri  v  ère. 

De  acrivere  a  M,  Philiberto,  in  nemô  de  S*  Maeatà,  che  seguesj 
el  atiïo  haj30  fatto  li  oratori  de  lî  catolicî  reali  de  Spag-na  e  iigni 
Re  de  Portugallo  ver^o  la  aantità  del  Papa,  facendoli  inteodere 
quanta  impurtantîa  «ia  a  farlo  con  ceUeriiai  fînche  poi  li  fusse  m 
dato  altri  oratori  a  nome  del  sacro  iraperio,  S*  Maeatà  ha  reapost 
non   vole  ri  0  fare  per  modo  al  eu  no,   perche  la  Santila  predicta,  coq 
quanti  ne  sono  a  Homa  tengono  poco  conte  de  S.  Maestà,  e  àh 
ridendo  d'uno  mol  tu  ilranci  aopraoome  che  gli  daDo»  che  maïadatK 
lejt   mancho  ta  exlimariano;  ma  che  se  la  dieta,  quale  hora  se  h 
veva  a  fare  o  qua  o  in  loco  oircumstante,  omnino  voleva  fare  mandai 
a  nomo  del  imperio  al  predîcto  pontefice,  in  quelb  megliore  modu 
forma  ae  {jotesHe,  e  che  la  aua  Maeatà  del  predîcto  pontifice  teneVA 
poco  contOf  e  che  lo  conoBceva  esaer  lutte  fran^ese  et  instabilet  ma 
cbe  poteria  veaire  tempo  che  da  se  stessa  se  reconouceria. 

Alla  parte  che  VEx,    V.    me  scrive  voglia  ncercaie  lu  predic 
Mae» ta  a  fare  pi-oviaione,  che  accadeodo  el  Re  de  Franza  lifacej^ae 
guerr;i^  che  lapotessehavere  doj  o  ireimilLia  (ne)  hominl  de  quelli  4e 
S.  Maoata  pagandoli  ;  me  ha  respûato  che,  quando  purel  Re  de  Fr&nza 
Bia  de  questo  animo  voïerli  fare  guerra  per  le  condictione  li  nccorreno 
de  présente,  non  potra  esaer  tanto  potente  che  TEx.tia  Y^ranon  ata 
baBtante  a  reaponderli   e  deifenderBÎ  galiardamente|  et  maxime  per 
esaer  el  predicto  Re  privo  del  aiuto  de  Sniceri  et  Alemani  durando 
que  a  ta  guerra,  Simelmente  non  potera  h  avère  aoccorso  da   Bretonl, 
quali  ullo  modù  non  li  voleno  dare  alcano  soceorao,  e  questo  essere 
proceduto  per  alcune  pratiche  de  Sua  predicta  MaestÂ,  come  a  longo 
m'ba  faito  narrare  da  M.  Langh,  Foi,  de  quelle  gente  ha  el  predici 
Re  de  Frauza,  esser  neceasitato  dividerla  altnanco  intrei  parte  :  Vnnm' 
laaaarla  ia  Fichardia,  per  diffeaa  de  quelle  paeae  a  le  confine  del 


igûi 


MAXIMILIEN  ET  LUDOVIC  SF0R2A 


U7 


* 


MtgttQt  arciducA,  qaale  &1  hiUo  se  rï&ollo  essere  disposto  alU  toIuuU 
délia  pU  Cesarea  Màestà^  de  paôe,  guerta.  q  tregua,  corne  ad  eaaq 
place  ;  J^iàlçra  dame  m  aîuto  da  Sui^^ri  durante  queata  gaerra,  o 
qû&néô  fuiae  fînita  la^sark  alla  frontere  de  Bergogna  per  Don  esaere 
elptoRe  senza  graD  suspecto  de  la  guerra  giàpdûcipiata  l'anuo  pas- 
aato;e  cum  Taltra  poteria  venire  m  Italia»  Coticiudenda  SM.  credere 
fermamente  che  aenza  Suiceri  o  Alamani,  el  p.to  Re  oon  dobia  fare 
qaella  gaerra  de  Italia,  e  se  pur  la  fara,  che  senza  altro  aiato  FEi* 
tia  V.ra  «ara  aaaai  auffîcieote  a  deffendersi  e»  se  pur  bisoguera,  che 
Jft  atia  M.Êà  eoD  le  forze  sue  e  dei  sacro  imperio  la  iuccorrera  e  uon 
H  maachara  quanto  al  elato  suo  proprio. 

Ho  ffttio  lEtendere  alla  p. ta  M,  ta  secoodo  che  TEx,  V.  me  com- 
mîaae  ehe  accadeodo  ae  facease  dteta,  io  bavevacocamiasiaae  da  quella 
de  propooere  e  dire.  «eçotid<}  me  foBae  comîaao  per  la  sua  MaestA, 
et  maxime  ctrea  el  paganient^  recbieato  per  U  aîgnoh  ellecteri  perle 
pnvilegii  de  la  conôrrni^tioiie  del  stato,  e  per  la  provi^ione  fat  te  de 
non  lasaar  andare  victualie  ne  alcuno  succorso  del  atio  domloio  a 
Saiceri.  La  aua  Maestà  mha  reapôato  cbe,  eaaeado  elbiaogno,  me  avi^ 
aarîa  a  fare  intend^re  qaaiilo  havera  a  fare^  e  cosaî  exeguiro  ;  eaaa 
ilîetafu  prorogala  a  essere  fatla  de  qua,  doveae  trovava  S.  M.  iaco- 
mensando  al  pricno  de  mazo^  ma  finhora  oon  sono  gioati  alcuni  ellectori. 
M,  Langh  dice  cbe  omnîno  venlrano. 

De  ûovo  non  ê  altro,  perche  U  campi  finbora  non  se  aoDO  aproxî- 
mati;  ne  qoeati  de  la  Cesarea  Maeatà  lî  voleDO  andare  avanti  fin  che 
tton  aia  gionto  ano  bono  outnero  a  pede  e  a  cavallo,  in  modo  cbe  cou 
avantaggio  poaaîûo  affrootare  li  Suieeri,  Se  fa  beu  quatche  correria, 
dore  ae  ne  amaza  qoalchuno,  pero  se  trovano,  et  anche  se  hriiaa 
qaalcbe  villa,  ma  non  c osa  de  conto. 

Ë  veotitu  nova  qua  che  nel  caunpo  deverao  el  paeae  de  Intpruchi 
essendo  atidati  es  si  de  la  Ceiarea  Maeâtà  a  bruiare  e  dare  el  gnasto  ad 
abune  ville  de  Suiceri,  che  nel  ritorno  se  sconCrorno  coa  e^sî  Suiceri 
m  U  r^maasino  circa  lô^K)  bomini,  tanto  de  Tuno  quanto  de  Taltro* 
Altro  non  occorre  de  novo.  Alla  Ex*tia  V.ra  aempre  humelmetite  me 
racommando. 

Ëx  Ueberlingh,  S  maii  1499. 


Hau»purg,  B  mu 

îltnstriaaifno  et  excelteatissimo  signor  mio, 

Benche  xo  haveasi  acritto  Taltre  mie  e  fosm  per  mandare  el  caval- 
laro,  tum  m'é  bisiagaato  aapoctaj-e  che  M.  Langh  babia  facto  la  sua 
expédition  e.  Qu  aie  ha  tenuto  da  heri^e  credo  L'habia  cnutatatrei  âate: 


MAÎtMH.lEH  ET  LtFOOVIC  SFOHZà 

cioè  la  comf1  âssjone  a  M,   Peîro  e  M.  Ludovico  Bruno,  per  la  loroj 
legadone  iû  Savoja  e  Monferrato,  e  peropregorKx.tîa  Vra.uon  vaglii 
fare  coDcei)lo  cliel  resti  per  mio  deffecto  a  iib  are  tan  ta  tardita  aï  acrî* 
yere^  e  avîaarla  délie  occoreDtie  de  qua,  —  .... —  ' 

La  Câaarea  Maeatà  parti  te  a  li  4  de  questo  da  Ueberlingbp  andû  i 
Martof  aprôBBo  due  leghe  ;  poi  a  li  5  ad  hore  24  partite,  andd  più  d^iinil 
Uga  che  persana  non  aapeva  dove  andasse,  poi  se  voUô  ad  uoo  caiteUiJ 
se  apella  Tedugam  ;  e  molti  altri  e  io  interne  andassimo  a  Puochorao,! 
dove  eiano  andati  !i   forreri  e   famigli*  El  sequente  zorno,  aodai  m 
S.  Maestà,  ma  noD  fu  possibile  poterli  parlare,  per  le  infiDÎtie  e  vaHi 
faeende   e   eoncorreDtie   de    signori  e  loldati.   Glî    feci   pari  are  di 
M.  I^tighjdal  quai  mefece  respoodere  l'îtornaBae  a  Puochorno,  chaUl 
me  maûdena  el  zQrQO  fleqnente  1^  expeditbiie  per  spazare  el  cavaJlaro, 
aen^a  laqtiale  non  Io  spazasie. 

Me  diaae  an  c  ara  me  manda  ri  a  lettere  directive  al  magnifico  M<  Mar- 
chisino,  quai  doveva  easere  partilo  da  Isprach,  adcio  non  andasee  a 
Ulma,dove  prima  bave  va  ordinato^tna  cbel  veneâne  in  questa  cil»  éoYû 
avisasse  S,  M.  e  aapetasse,  finehe  li  facesae  intendere  quello  baveria 
a  fare  ;  laquaie  è  bntarta  de  qua  leghe  nove  e  maia  ;  et  aneora  io  venease 
qua  incontra  al  predicto  M.  Marchîsino,  bavuto  dicU  expeditione  e 
lettera.  Heri  dopo  meZû  £omo  M.  Langh  me  tnand6  cbè  andaase  at 
pto  M.  Marchiaino,  qnale,  aecondo  il  acrivere  auo,  dove  va  giongere 
hoïi  a  disoure  a  Ulmai  betichû  io  tioû  Io  oredo* 

El  pJo  Lnngb  me  ha  acritto  de  due  specialita:  runaiCbelaCeaarea 
Maestà  bave  va  date  ordine  al  iU.  duea  Alberto  de  Bavera  cbet  qnando 
aTEx.  V.  hiaagnaiie  doy  o  tre  milia  aoldati  a  aoî  servïtii,  li  poteaae 
bavere;e  coad  me  aerive  cbe  ad  ogai  aua  recheata  U  potera  havere; 
IVltra,  de  quelli  trenta  homini  rechiesti  per  IWtegliarie,  me  scrive  cbe 
la  S^  M,  ha  ditto  che  in  questo  tempo  la  non  po  aervireTEx.  V.  per  non 
baverli,  ma  col  tempo  procurara  cbe  quella  oe  sera  proviata. 

De  aovo  ho  ricordato  a  M.  Laagh  la  pralica  de  la  lega  de  Suevia, 
quale  mha  reepûato  la  predicta  Maeatà  havere  date  quellainstructtone 
chîo  feci  a  U  agenti  per  la  predicta  lega  de  cbe  aapectava  reapoita 
quale  apera  aara  ad  vota* 

!□  qnesU  aéra  è  gioncto  in  queata  terra  Io  dh  duea  Alberto  de 
Bavera,  capitano  impériale^  eum  250  cavali  ;  quai  è  stato  molti  somi 
ad  Uberlingbe.Nooaadove  vada^maa'è  dicto  qua  cbel  ritorna  a  casa 
aua,  cbe  non  credo;  alla  partita  mia  de  la  corte,  non  ho  inteao  alcuna 
eoaa  de  queata  aiia  partita.  Che  quando  pure  sia  chel  vadi  a  eaaa,  non 
aara  troppo  a  propûaiio  de  Timpresa  di  quêata  guerra  per  eaaer  toauto 

1  Je  lupprime  quelqnea  Lignes  tans  intérêt. 


MAXIMILIEN  ET  LUDOVIC  SFORZA  369 

ano  de  li  più  savii  signori  de  Alemagna,  et  essere  capitano  impé- 
riale. 

D60eldria,M.  Langhm*ha  dicte  che  quelli  quattro  duchi  sono  restati 
a  limpresa,  cioè  duca  Alberto  de  Saxonia,  duca  Zorzo  de  Bavera,  daca 
de  Jaliere  e  ducadeCleves,  facevano  ana  dieta  insieme  con  alcuni  inter- 
venevano  a  nome  del  duca  de  Geldre,  e  che  predicti  sigaori  duchi 
haTevano  scrittoche  speravano  redure  la  cosa  a  bon  porto,  a  contenteza 
e  beneficio  de  la  Cesarea  Maestà.  alîcu  procederiano  alla  guerra,  ne 
laquale  speravano  havere  felice  victorîa,  e  che  non  li  era  comparse 
alcuno  soccorso  al  predicto  duca  de  alcuno  canto. 

Dietro  a  me  a  Brixino  vene  Cristoforo  del  Azale,  cavallaro  de  TEx.tia 
V.ra,  laqaale  mandai  inantia  me,  con  lelettere  directive  alla  Cesarea 
Ifaestà,  e  M.  Langh  come  quella  me  scrisse,  ma  dopo  non  Iho  mai 
Tisto.  Porté  le  lettere  e  rimasse  a  Philiborgo,  ne  mai  più  ho  inteso  de 
loi,  in  modo  non  so  se  sia  vivo  o  morto.  Etc 

Ex  Raospurgh,  8  maii  1499. 
(il  suivre.)  L.-G.  Pblissisr. 


VARIÉTÉS 


Pour  rhlslolre  du  Calembour 

A   M.    B.    MAfiTinENCHE 

Ce  peraonnagê  de  Molière  qui  dit  k  une  dame  :  «  Madame, 

vous  êtes  dftus  la  place  Royale,  et  cependant  roii  vous  voit  à 
quatre  lieues  d'ici  »,  ot  qui  explique  u  k  cause  que   chacun 
voua  voie  de  boa  œil^  et  que  Bonneuil  est  un  vltta^e  à  quatre 
lieues  de  Paria  li,  est  le  premier^  dit-on,   qui   ait  introduit  le 
caiembour,  sous  sa  forme  moderne,  dans  rhîetoire  littéraire. 
Le  long  et  lourd  commentaire  qu'il  est  obligé  d'ajouter  à  m 
délicieuse  facétie  montre  au  moins  que  T  esprit  français  n'était 
pus  encore  déformé  par  Thabitude  de  ces  basses  plais  ad  te  ri  e^, 
et  que  \m  Parisiens  eux-mêmes  ne  les  saisissaient  pas  sans 
difÛculté.  Ce   ne  fut  qu'un  siècle  et  demi  plus  tard   que  le 
cal  >mbour  fat  mis  à  k  mode  par  le  marquis  de  Bièvre,  etfl 
qu'avec  u  papa  Doliban  w,  il  devint  populaire  dans  k  Sourfi  ou^ 
r Auberge  pleine,  M&h  le  calembour.,  avant  de  voir  oe  dernier 
nom  consacré  par  f usage  et  préféré  à  celui  de  biévrade»  eut 
une  existence  obscure  et  quasi  anonyme,    sans  disparaître  ^ 
complètement  des  régions  inférieures  de  Tesprit  français»  Vers  H 
la  fin  du  XVil*  siècie,  il  semble  avoir  porté  le  nom  de  grelot^ 
et  nous  savons  qu'il  y  eut  à  Aii-en-Provence,  vers  le  milieu 
du  XVllP  siècle,  une  Société  littéraire  et  badine  (iticonnue 
du  reste  à  A,  Dinauï)  qui  s'appelait  le  Royaume  des  Grelots, 
et  dont  les  membres  étaient  lei;  greîotins.  C'est  sous  le  nom  de 
maître  grelot  qu*un   correspondant  du  poète  mm  fard^   de 
GacoD,  lui   parîe   calembours  en   1696,  et  fécoNère  de  maitre 
g7'eloiySamnte  en  saence  grehtique.  est  évidemment  une  Jeune 
personne  habile  à  ce  genre  de  turlupinades.  Le  calembour  est 
encore,  on  le  voit  dans  cette  lettre,  dans  l'enfance  de  Part. 
L'écrivain  croit  devoir  joindre  l'eipli  cation  à  la  facétie  «  6t 


I 


VARIÉTÉS 


371 


(Hâsertef  quelque  peu  sur  Tune  et  ëixt  Tautr©*.  Et  Bes  calem- 
bours sont  cependant  bien  inoffensifs  et  bien  faciles.  Les 
Alphonse  Allais  et  les  Willj  ont  fait  faire  des  progrès  au  genrep 
Mais  il  convient»  dans  Thistoire  obsoure  encore  de  son  éirolti- 
tion,  de  retenir  le  nom  inconnu  de  Montenoy,  comme  celui 
d'un  précurseur. 

Pierre  D^âceao. 


^ 


A  Paris,  ce  29-  may  1696, 

A  mon  retour,  Monsieur,  j*ay  trauvé  une  escoliôre  de  maistre 
Grelot,  sçavaDte  en  Bcience  grelo tique,  que  Fod  m'a  dit  éilre  à  la 
mode  parmj  les  g-ena  de  gouat  sérieux ,  qu'ilâ  aut  néantmoins  Mntée 
de  ceux  de  puhiki  iaporî^.  Il  ne  aeroit  pas  jujste  qu'estant  sectateur 
de  ce  bon  maistre»  je  ne  vous  fisse  pas  part  de  cette  jolie  scieuce,  ou 
du  moins  de  quelques  échantilloDs;je  commence  parle  plus  émiuent, 
et  je  vous  demande  pour  nostre  maEtre  i«  ce  que  c'est  qu'un  arbre  qu^on 
plante  le  matin  et  qui  porte  son  fruiet  vers  le  Bolr?*»  Devinez:  une 
potanca,  et  vous  aurez  tronvé  la  pie  au  nid,  L'écolière  n'a  pas  passé 
celuy-là  à  son  maistre,  et  si  elle  savoit  eçeu  du  lattn,  elle  auroit  dit; 
Accerse  correctoreml  >>  —  ê<  Lequel  est  le  plus  ancien  évesque  du 
monde?»  Le  sçavaot raaistre répond  pour  ses  escoliera volontiers ^ que 
c'est  celuy  de  milieaus.  S'entend  de  la  ville  de  Milan.  —  <♦  Dans  quel 
diocèse  est  la  plus  ancienne  de  toutes  les  reliques  ?n  Dans  celuy  de 
Lodève  :  l'os  d'Eve.  La  bonne  femme  d*Âdam  ne  manquoit  point  d'os^ 
puisque  le  bon  m  bistre  de  nostre  science  nouvelle  fait  de  belles  morales 
sur  celuy  que  son  bon  niarj  fut  obligé  de  lui  donner,  u  Quel  est  un 
évesque  miraculeux  dan?  nos  temps,  et  qui  fait  un  miracle  perpétuel  de 
sa  personne?  »  C'est  celui  do  Liège.  Rien  n'est  plus  miraculeux  que 
de  passer  sur  la  surface  de  l'eaûe  sans  enfoncer  de* dans»  —  u  D'où 
vient  que  le  Pape  n'est  tout  entier  ou  entièrement  à  Romef»!  Nouvelle 
découverte:  c'est  qu'il  y  a  un  nonce  à  Paris,  un  à  M  ad  ri  d^  un  autre 
ailleurs,  etc,  en  sorte  que  j'ay  bien  peur  que  le  poids  de  marc 
ne  s'estende  trop  et  trop  loin.  Mais  nos  libertés  de  l^égUse  gallicanue 
les  feront  ét^ilonner  à  notre  poids,  pas  ta  ut  néanmoins  que  bien 
d'houes  tes  gens  qui  ne  mettent  pas  de  vermillon  souhaîttcroiont. 
i*  Quelle  difiTérence  il  y  a  entre  un  prédicateur  et  un  faiseur  de  chape- 
lets? rt  Le  grelot  (qui  vaut  bien  un  pater)  vient  4  vostre  secours  et  voua 


t  Cette  lettre  est  la  première  d'un  rtcuell  de  correspondances  de 
Oacoa,  conservé  à  Ljon^  Biblioth.  mufucipalef  cod.  773  Deavernsy^ 
Moliiuer^  suc,  C92  Delandiuù. 


37Î 


TARÏÉTia 


apprend  que  le  premier  en  dît  beaucoup  pi  a  s  qti^il  a'ea  faict,  %t  que 
le  aecond  en  faîct  beatïc^^up  plus  qu'il  n'en  dîct.  Il  faut  fîuir  pa 
quelque  ohoae  da  grand  et  de  uobïe  pour  courooDer  Pœuvre  et  ré^ 
jjoiidre  à  son  comniencômeat.  Répondez-moy,  Monsieur:  m  Quelli 
différence  y  a-t-il  entre  un  médecin  et  un  gueuï?»  —  C'est  que  Tua 
taste  le  poux  et  Fautre  le  tue,  —  C'est  en  effet  la  différence  qu'on  eef 
obligé  d'y  mettre  dani  la  valise  de  cuir  où  voua  m 'avec  vu  conrir 
la  poste,  Halte4àl 

Lea  chevaux  aopt-ils  britléï?  L^  grelot  eet  desjà  partj*  U  dort  le 
long  d'une  allée  de  Chantilly,  en  voua  y  attendant  de  pied  fennec  il  y  a 
déjà  quelques  jours  ;  nous  voua  attendrons  ensuite  À  Paris.  C'eat  le  plu  4 
beau  chemin  pour  retourner  à  Rheims,  Je  remets  à  ce  temps-là  Ira 
remercîementa  que  j'ay  à  vous  faire  à  tous  les  deui,  à  voua^  Monsieur,  , 
de  toutes  vos  koneatetez,  et  à  luy,  de  m'avoir  procuré  d'estre  contiq 
d'un  m  honneate  borame  et  4e  nostre  goust.  Faites  donc  en  sorti 
à  vestre  retour  de  Chantilïy  où  je  vous  crois  desjà>  de  venir  fair 
à  Paria  une  agap^e.  J'attends  cet  honneur  et  je  suis  très  parfaite 
ment,  Monsieur,  votre  très  humble  et  très  obéîsBant  serviteur. 

MONTEKOY. 

Mon  adresse  est  rue   Neuve-dea- Petits-Champs ,   vis-à-vis  THôtel 
di  La  Meillereye. 


Un  moyen  d*être  Ucenolé  en  droit 


é 


Les  preuves  aboDdent  de  U  décadence  où  étaient  tombées 
à  la  fin  de  rancien  régime  les  vieilles  Universités  proviDcialei. 
Elles  ne  croyaient  plus  ni  à  l'efâcacité  de  leur  enseignement, 
ni  à  la  valeur  de  leurs  diplômes.  L'Université  pontiâcaJe 
d'Avignon,  entre  toutes,  était  légendaire  pour  aa  prodigalité 
scandaleuse  en  matière  de  diplômes,  et  pour  les  diverses  façona 
qu'on  y  connaissait,  qu'on  y  pratiquait,  de  les  obtenir.  C'était 
une  notion  si  généralement  admise,  que  dee  professeurs  même 
d'autres  Universités  ne  se  faisaient  pas  scrupule  de  commettre, 
sous  le  couvert  de  celle  d'Avignon,  de  véritahles  indélicatesses. 
11  semblait,  par  exemple,  tout  naturel  au  naturaliste  Brous- 
sonei,  deMontpellier^qu'un  candidat  aux  fonctions  judiciaires 
en  1808,  lequel  avait  besoin  d'un  dipldme  de  licencié  en  fJroit 
en  achetât  un^  au  lieu  de  faire  ses  études  juridiques  ;  et  pour 
Taobeteri  il  trouvait  non  moins  facile  de  radresser  à  te  quelque 


4 


TARIÉTÉS  373 

enaplojê  de  rancienne  Université  d^Avignon  n,  lequel  rempli- 
rait un  diplôme  en  blanc  ou  gratterait  sur  un  diplôme  ajant 
déjà  servi,  le  nom  de  son  légitime  propriétaire  pour  le  remplacer 
par  celui  du  nouvel  «  impétrant».  Et  TeiceUent  Broussonnet 
parlait.  M  fort  tranquillement  w,  de  cette  fabrieation  de  faux, 
Maîa  il  faut  i'écouter  lui-même  : 


Montpellier,  19  novembre  1808, 
Monsieur  et  cher  ami, 

Je  viena  vous  prier  de  vous  charger  d'uae  commistîon  qui  voua 
(paraîtra  peut-être  sioguliâre,  c'est  de  faire  liceutier  en  droit  mon  ami 
Hoitatter  (Marie-Kavier),  D'après  les  coo&eils  de  quelques  amis,  il 
s^at  décidé  à  tenter  la  carrière  de  la  magistrature.  Mais  à  présent 
il  faut  être  avocat  pour  y  entrer,  et  il  ne  l'est  pus.  Si  vous  cônuoisaés 
quelque  ancien  employé  à  rUmveraité  d'Avignon,  il  serait  très -aisé 
de  remplir  nne  lettre  de  licentié  eu  droit  avec  le  nom  et  prénoms  de 
Ho»talier.  Cette  pièce  lui  suffiroit  pour  être  admis  au  serment  d'avocat. 
Supposé  que  ron  ne  trouvât  pas  de  pareilles  lettres  en  blaoc,  ne 
pourrait-oQ  pas  s'en  procurer  qui  appartinssent  i  quelque  autre  ? 
Avec  des  ratures,  on  subatîturait  encore  le  nom  de  mon  ami  i  celui  du 
licencié.  Hoatalier  a  trente- quatre  ans:  ainsi  il  pouvait  fort  bien  prendre 
tes  grades  en  1790  à  1793,  Vous  voyés  que  je  vous  entretiens  fort 
tranquillement  de  fabrication  de  faux.  Cela  vous  est  une  preuve  que 
je  n'attache  pas  à  la  possession  de  ces  titres,  plus  d'importance 
que  ren  n'est  dans  l'usage  de  leur  en  attribuer.  Il  ne  serai  pas  moins 
recoouoiasaut  des  soios  que  votre  bonne  amitié  voudra  bien  ae  donner 
pour  la  réussite  de  cette  afTaire,  qui,  quoique  petite,  peut  devenir  la 
biae  de  TéUt  de  mon  ami  qui  est  désœuvré,.,  * 

Il  est  vraiment  fâcheux  ^ue  nous  ignorion**  si  le  corres- 
pondant  de  Brôusâonnet,  Bouohet,  a  pu  découviir  quelque 
n  offîcier  du  deuxième  bureau  »  de  FUniversité  dWvignon 
pour  lui  rendre  ce  service,  et  si  ce  candidat  aux  fonctions 
judiciaires  a  obtenu  son  diplôme  de  licencié  en  droit  et  un 

*  Celle  lettre  e^^t  adresiée  par  le  naturaliste  Broossonnet,  à  Bouchott 
son  compère  et  ami*  Elle  est  conservée  à  la  Bibï.  Nat.  P.  Pr.  Nouv,  Acq, 
Fr.  6512,  l.  m  dos  papiers  d*Am^îrôUï,  corresp.  de  Bouchet,  fdl,  5S.  — 
A  la  fin  de  cette  même  lettrB^  Brousse  net  dit;  «i  Nous  atlendons  de  Can- 
doUe  qiu  u'â  pa^  voulu  de  rinstitutaux  dépens  de  sa  place  de  professauF*  > 


3T4 


VARIETES 


past«  d&us  la  mafistrâture.  Si,  en  effet,  il  e&t  de?enii  pro- 
i:ur«tir  impérial,  il  faut  souhaiter  poarlabeaaté  de  son  geet®  I 
qu'il  ait  eu  à  requérir  d*abord  daug  une  araire  de  fatix  en 
écriÊtirê  publique  ou  en  usurpation  de  fonetion  publique.  La 
pks  coupable  ^  le  plus  dépourvu  de  sens  moral  en  cette 
affaire,  est  d'ailleurs  Brouasonnet»  dont  ta  tacon  de  jouer 
avec  les  diplômes  univerâltaires  était  au  moina  singulière,  — 
Il  était  tempe  que  sur  le^  ruiues  de  ces  vieilles  écoles  provin- 
oialei  ,  écroulées  au  grand  ëouffîe  de  la  Convention  dans 
leur  médiocrité,  leur  ignorance  et  leurs  intrigues,  rEmpire 
fondât  une  Univeraité  dégagée  du  népotisme  et  des  querelles 
de  clocher,  animée  d'un  esprit  scîentiûque  et  patriotique  «  boa-i 
néte  et  laborleuge. 

L.-Q,  P. 


BIBLIOGRAPHIE 


abeille  tL.)<  —  I<ii<ïnia  nâcional  de  los  Argentinos,  Parist 
Bùuillon,  1900»  in  8-  [XXIV,  434  p.], 

Dn  n'est  pas  d'ftccord  A  Bueûoa^Aïrea  sur  le  caractère  et  la  nature 
do  la  langue  pncIëE?  dans  la  République  argeotitie.  Pour  lea  uus  c'est 
Bimplemenl  l'espagnol;  d^utres  affirmant  que  ce  n'est  qu'un  dialecte; 
certaina  prétendent  que  c'eat  une  langue  purement  srgeûtine;  enfin 
quelqueâ^uni  voudraient  qu'on  l'épurât  de  tout  ce  qui  la  distingue  dncaa- 
tillan  pour  I»  rainener  en  défini  tive  atrictemeut  à  ce  dernier*  Go  sont 
là  des  opiuious  de  gen9  du  moude  fuodéos  sur  des  raisonnameiïta  qu  i 
n'ont  évidemment  aucune  baie  scientifique.  Pour  un  linguiste  laques* 
tion  ne  saurait  présenter  la  moindre  dif acuité,  et  peut  même  être 
résolue  avant  tout  examen  de  la  langue.  Ce  n'est  pas  simplement 
respagneli  puisque  c'est  l'espagnol  dépajsé,  c'est-à-dire  transporté 
datis  uo  climat  diffëf'ûnt  auquel  il  a  dû  forcément  s'adapter^  et  dans 
une  région  où  Ton  pariait,  avant  ï^a  venue*  d'autres  langues  avec 
lesquellei  il  s'est  obligatoirement  méhingé.  Ce  n'est  pas  un  dialecte 
espagnol  parée  que  ce  n'est  le  frère  d'aucun  des  dialectes  espagnols* 
Si  nous  considérons  l'andalou  et  le  castillan  par  exemple,  iU  ne  sont 
ni  issus  ni  dérivés  l'un  de  l'autre;  ce  sont  deux  fila  du  même  père» 
Le  parler  du  Rio  de  la  Plata  n'est  pas  leur  frère  puisqu'il  n'est  pas 
àh  de  leur  père.  C'esl  un  rameau  détaché  du  tronc  espagnol  et trans- 
plMtté  dans  un  antre  terrain  où  il  e'est  développé  d'une  manière 
indépendante  et  où  il  est  devenu  sous  dos  influences  diverses  un  arbre 
véritablement  nouveau,  que  Von  ne  peut  plus  appeler  l'espagnol  et 
que  l'on  doit  nommer  Varge^din, 

Si  la  chose  est  claire  pour  les  spécialistes  en  matière  de  langage 
elle  ne  Test  évidemment  p»s  pour  les  profanes,  et  comme  les  per^ 
«onnes  qui  s'intéressent  aux  questions  scientifiques  méritent  par  là 
môme  qu'on  les  éclaire,  on  ne  peut  qu'approuver  M.  Abeille  d^avoir 
entrepria  un  livre  qui  pût  les  instruire  et  les  mettre  d'accord. 

C'est  ftriseK  dire  que  son  ouvrage,  malgré  Tintérôt  qu'il  peut  avoir 
pour  les  linguistes,  ne  leur  est  pas  spécialement  destinéi  et  quMl  & 
[dutôt  la  forme  des  œuvres  de  vulgarisation. 

L'auteur  envisage  succès  si  vero  en  t  lee  différentes  questions  géné- 
rales de  linguistique  qu'il  considère  comme  ajant  trait  à  son  si^jet* 


376 


BlBLlOGRàPHlH 


I 


Il  COQ  a  acre  k  chacun  e  an  chapitre  particulier  où  il  les  développe  de 
la  manière  suivante  :  il  réiume  ce  que  Ton  sait  sur  la  question  par  c« 
qu'en  ont  dit  pu  démontré  ses  devanciers  à  propos  d'autres  langues, 
puis  il  applique  le  résultat  obttsny  au  langage  de  ïa  fiépublique 
argeDtme.  Il  parle  donc  surtout  d'après  les  antres  et  cite  fréquem- 
rneiit  des  linguislea  bien  conniis  ;  dans  un  livre  de  vulgariftatioa  il  ni 
a  rien  là  qne  de  naturel.  Les  citations  aont  d'ailleurs  en  gé aérai  bien 
choisies. 

Les  deux  premier»  chapitres  :  Léngutta  y  muntmeë  et  Lengtioê  y 
ratOA  aont  pîut^ât  filoaofiques.  M,  Abeille  cherche  à  montrer  qu'une 
langue  est  en  même  temps  lexpression  de  Tâme  d'une  nation  et  une 
production  de  Tactivité  de  cette  âme,  qu'il  i  a  une  connexion  étroite 
entre  les  qualités  d'un  peuple  et  celles  de  sa  langue^  que  toute  nation, 
et  par  coniëquent  aussi  U  République  argentine,  a  droit  à  parler  un 
idiome  spécial,  et  que  tout  le»  efforts  que  Ton  pourrait  tenter  con- 
tre Tévolutïûîi  naturelle  de  Tesp^gnol  dana  cette  répubïique  seront 
vains.  Les  langues  se  mélangent  entre  ijlles  et  évoluent  comme  les 
races;  or  il  se  forcneen  Argentine  une  race  nouvellef  pour  leâbesoîna 
de  laquelle  Tespagnol  a  évolué  et  doit  continuera  le  faiie  de  manière 
à  devenir  une  langue  nouvelle^  h 

L'ant^tur  nous   montre  en    efTet  dans  Les  chapitres   suivants  qo^^l 
l'espagnol  s'est  mélangé  en  Argentine  avec  les  dialecieâ  américains 
qui  occupaient  le  domaine  avant  lui  ou  qui  vivent  encore    auteur  de 
lui;  que  la  forme  des  mots  a  subi  des  modifications  fonétiques  imper- 
tan  teS|  que  le  vocabulaire  s'agrandit  continuellement  soit  par  déri- 
vation soit  par  emprunt,  que  cette  langue   subit   actuellement   de  la 
part  du  français  une  action  tout  à  fait  comparable  à  celle  qu'exerça 
le  grec  sur  le  latin  à  l'époque  classique,  que  la  morfologie  et  La  sia* 
ta^e  tout  comme  le    vocabulaire  d tarèrent  déjà  notablement   de   li^| 
morfologie  et  de  la  aintaxe  espagnoles,  qu'elles  sont   devenufïS  plur^ 
anaiitiques;   conformément  à   la    nature   e-^ienttellemeat   claire     di 
Tesprit  argentin. 

Là-dessus  M.  Abeille  termine  par  uae  esquisse  du  caractère  argen- 
tin, qui  devient  en  définitive ^  grâce  k  Tadmiration  que  Vauteur 
éprouve  pour  la  République  argentine^  une  sorte  de  manifeste  enton* 
aiastc  en  Tonneur  de  la  nation  argentine  et  de  son  îdiome  national. 

On  peut  aignnler  çà  et  là  dans  Touvrage  quelques  faits  erronés, 
soit  qu'ils  appartiennent  en  propre  k  Fauteur,  soit  qu'il  lea  emprunte  à 
quelque  autre.  Telle  est  l'étimologie  de  esp.  harrtï  qu'il  rapproche  de 
cèq.  btihtyOt  telle  est  celle  du  suffixe  go  t.  ^up»  qui  ne  correspond 
pas  à  lat.  4ûd0j  mais  à  'tùti'^  sans  que  rien  indique  d'ailleurs  que  ce 
ttuffixe  ait  été  emprunté  au  latin.  Telle  encore  rénuméiation  doi 
aux  p>  13  et  auiv.   dea  représentants  dans  diverses  langues  ïnàQ^ 


BIBUOGHàPHIE 


377 


eurapéenneB  d'tiûe  prétendue  tkcme  éû-  ;  cette  énumératioD  ti'eat  pai 
&u  courant  ck  la  acieQce  ;  on  ne  peut  plus  atijourdui  rcuair  ces  diffe^ 
Fi^itLa  oiotB  aous  tô  même  chef.  L 'iD te rp relation  de  plusieurs  chAnge- 
metit»  fùdéticjues  est  douteuse  ;  a,inêi  jmlpena^  p.  145,  de  j^wi^weria, 
est  évidemment  le  produit  d'uae  aBsimiUtîoti  due  au  aentiment  du 
r€  do  11  bit;  me  ut  comme  'cocina  do  coquiiui  et  non  pas  d'une  évotutiou 
cbaugeant  qu  en  p;  cette  évolutiou  aasâ  doute  s^eit  produite  daua 
d^autrea  langues,  mais  les  condition  a  notaient  pas  les  mêmes.  Si  lea 
pftjr«anB  ditent  aicion  pour  oceiofi,  c'est  probablement  en  vertu  du 
nième  fénomène  qui  a  ehangé  lat./ocfu  eu  îr.  fait,  c'est-à-dire  tout 
tniire  chose  que  TexplicatioD  proposée.  Nous  ne  pouvoua  d'ailleurs 
;Hta  nout  prononcer  en  toute  assurance  sur  cc^s  faits  et  quelques 
autres  analogues»  étant  donné  le  petit  nombre  d'exemples  que  Tautenr 
a  cités.  Il  faut  attendre  pour  lea  examiner  sérieusemeut  l'on v rage 
autioucé  |iflr  M.  Abeille  comme  devant  fairo  suite  à  celui-L'i  :  a  Cambhë 
ft)nético8  en  ël  îdioma  Naeional  di  loa  Argentinos  »,  Pour  ce  nouveau 
travail  qui  ue  pourra  plus  avoir  le  même  caractère  général,  nous 
nppellerous  particulièrement  l'atteution  de  Tauteur  sur  nu  point  qu'il 
il  entrevu,  p,  387,  mais  qui  nous  semble  avoir  une  grande  importance 
et  un  intérêt  capital:  éviter  d'attribuer  à  l'argentio  comme  formes 
refaites  par  lui  ou  retrouvées  par  évolution  foué tique,  des  formes 
espagnoles  anciennes  que  rargentin  a  sin^plement  conservées,  ^  et 
par  suite  essayer  de  déterminer  quel  était  l'dtst  du  dialecte  espa- 
gnol qui  est  venu  s'implanter  au  Rio  de  la  Plata. 

Ce?i  points  de  détail  que  nous  venons  de  relever  ne  touchent  nulle 
pitrt  au  fond  même  des  questions  traitées  et  ne  portent  aueuueinent 
atteinte  aux  conclusions  de  l'auteur,  11  nous  a  donné  sous  une  forme 
agréable  et  dans  une  langue  claire,  aisée,  parfois  même  poétique,  un 
bâQ  livre  de  vulgarisation  linguistique* 

Maurice  Geaumont. 


Higra  (CJ-  —  Il  dialetto  di  Viverone,  Tùrinot  E.  Lmiiçher^  1901  [ISp^l» 
(Estratto  dalla  Miiceilan^a  iin^uislica  in  onore  di  Gp  Aacoli). 

Viverone  est  un  village  situé  sur  le  lac  «lu  même  nom,  dans  Va 
même  tégion  que  Piverone,  patrie  de  G*  Flechia.  Sa  langue  est  un 
de  ces  patois  du  Piémont,  si  intéreasanta  pour  la  plupart.  La  fonéti- 
qae  et  la  juorfologîe  de  ee  parler  eoiocident  d'une  maniâre  générale 
avec  celtes  dea  idiomea  voiains  :  mais  elles  s'ea  distinguent  par  cer- 
Ltins  caractères,  dont  M.  Kigra  signale  les  plus  importants. 

Ce  n'est  donc  pas  une  étude  complète  de  ce  patois  que  nous  donne 
l'auteur;  il  s'abstient  de  toute  considération  aur  l'istoire  et  révolution 
de  la  langue,  et  laisse  de  côté  lea  faits  qull  ne  jage  pas  suaeeptiblei 


8Tft  BTBUOGBAPFIE 

d'ajouter  quelque  chose  à  ce  que  Ton  sait  déjà.  Il  ne  bont^  à  coiiBÎgneri  I 
au  mojeD  d'une  formule  empirique  illustrée  par  ^e  nombreux  eiem-l 
pleB|  ceux  qui  lui  ont  paru  le  plus  întéressFiuU,  Dans  ce  choix  xioa»! 
signalerons,  entre  toua,  les  fénomèoes  dus  à  l'aecâDt»  tels  que  chuta! 
de  Ift  voyelle  protonique:  kôvl  fmâ,  changemerit  de  timbre  d*mj«j 
¥oyelîe  tonique  devenue  proton îque  :  àndorj  Sndurâ,  fêrmj  farmâf 
seîjl  si^â,  imt/rj  mujré^  changement  èerâ  toniquo  en  ar  atone:  tràml 
tarmtma .  H 

[/article  se  termine  par  un  tableau  dee  principales   rormes  ver«^ 
b^le8;il  constitue  dans  l'ea^emble  une  bonne  et  utile  contributioii  à 
Tétiide  des  dialectes  du  Piémont  et  du  Canave^e. 

Maurice  Grammoîït. 

Les  Œuvres  de  TAbbé  Favre 

ï/édition  des  œuvres  complètes,  languednciennea  et  françaises,  da 
Tabbé  Favre  ',  entrepnse  îl  y  a  plusieurs  p-nnées  par  la  librairie  C,^ 
Coule t,  BOUS  les  auspices  de  la  Sùdétê  dêê  Languéi  Eomane»,  vient  de 
paraître*  MM.  Gaudin  et  ftOQUit-PKRïlîBR  s'étaient  chargés  de  colla- 
Lionner  le  teitte  de  Favre,  M.  Gaudin,  pris  par  ses  occupations  dofl 
bibliothécaire,  ne  put  pas  collaborer,  comme  il  Taurait  voulu,  à  Tédi-™ 
tbn  nouvelle;  M.  Roque-Ferrier  mena  seul  la  tâche  entreprise  & 
btmae  fin.  Grâce  à  lui  il  sera  permis  fUix  nombreux  «dmirateurs  d^ 
Favre  de  lire  ses  poésies  dans  un  te^ite  sûr'  et  imprijoé  avec  soin.  Vnû 
longue  notice  Ke  trou^^e  en  tête  du  volume,  Uéditeury  sig^nale  toutes 
qui  intéroase  ta  vie  de  l'abbé  Favre,  Il  rectifie,  grâee  à  des  dccou- 
vertes  récentes,  faites  en  partie  par  Im-mème,  quelques  points  impor- 
tants de  la  vie  de  notre  auteur.  Il  arrive  à  préciser  avec  beaucoup 
d'eiRCtitude  la  date  de  composition  de  ses  jiièces.  KuÀn,  il  en  a  dé- 
couvert de  nouvelles  et  ce  n'eat  point  le  moindre  intérêt  de  cette 
édition. 

Ou  sait  quelle  vogue  ont  eue  les  poésies  du  gai  eu  ré*  poète,  qui  rap- 
pelle par  plus  d'un  trait  le  sotivouir  de  son  pseudo-confr&re  de  Meudon. 
t /imitation  en  vers  burlesques  de  VOdt^Mée  et  de  VEnéUe,  le  Siège  de 
Caderou^sé  et  le  S(^rmoun  de  Momm  SUtre  sont  vite  devenus  popu- 
laires. Cette  vogue  était  bien  méritée  et  à  plus  d'un  titro,  La  verve  et 
la  gaieté  qui  régnent  dans  ses  vei^â  lexpliquent  en  partie.  De  plus, 
aynut  habité  d'humbles  villages^  y  .lyant  exercé  de  modestes  faoc- 
tioDs^  Pavre  connaissait  Tâme  populaire  et  savait  comment  on  Tinté* 
resse.  11  avilit  appris  aussi  la  langue  francbe  et  savoureuse  des  petites 


I 
I 


4  volumes  in-B*«  Montpellier,  librairie  C.  Coulet  et  filSf 


BIBLIOGRAPHIE 


aî@ 


geni  au  milieu  desquels  il  vécut  une  gratide  partie  de  sa  vie  :  quel- 
ques crudiléa  même  —  daps  le  Sermoun  th  Siouim  Sis^e  —  nous  mon- 
trer «urii  ue  reculait  pas  devant  Temploi  du  mot  propre,  si  loti  peut 
ainsi  parler. 

Cette  popularité  ne  s'est  pas  affaiblie  avec  le  tempa  :  lea  nombreuses 
édïtiuns»  illustrées  ou  nou,  données  dana  ce  aiécle  le  prouvent  bien. 
M  ai  heureusement  beaucoup  d*  entre  elles  étaient  fautivea  et  aucune 
n'était  eornpUte-  Les  admirateurs  du  poète  languedocien  pourront 
main  te Q an  t  lire  aes  oeuvres  à  leur  aiae  et  dans  une  même  édition. 

N 'on b lions  pas  de  signaler"  dans  cette  Re^uc  Tintérêt  que  présentent 
lea  œuvre»  de  Favre  pour  la  connaïaaaiiçe  du  dialecte  mûntpelîîdraiu 
au  siècle  dernier.  Le  savant  éditeur  noua  promet  une  étude  ^  &m-  la 
langue  et  la  graphie  de  notre  poète  qm  oscillèrentconsâtaniment  entre 
le  langage  de  Sommièma  et  celui  de  Montpellier,  maia  qui,  grâce  aux 
dernières  découvertes,  sont  désormais  assises  sur  des  baies  indiscu- 
taUiea  ïK  Une  étude  de  ce  genre  complétera  dignement  cette  belle 
édition. 


Lon  Libre  Keuvial  de  Miidoumaiiicla  Roso  Laforguo  e)  da)  Viscomte 
Bernât  d'Arinagnac:,  Montpellier,  Hamelin»  iyOl. 

La  Menue  des  Lantjneê  Romunei  a  annoncé  brièvement  dan  a  une  de 
ses  dernières  chroniques  le  Libre  Noumaî,  composé  par  M,  Camille 
LAFoaGUKf  en  souvenir  du  maris ge  de  sa  fille,  MademoîseUe  Rose 
LàFOttGtJE,  avec  le  Vicomte  Bhrnabij  d'Armagnac.  Ce  magnifiqne 
volume  eat,  avant  tout,  destiné  à  comméniorer  une  date  heureuse  dans 
la  famille  Laforgue,  Il  n'est  destiné  ni  aux  philologues  ni  aux  his' 
toriena  ;  il  est  véservé  ^nx  deux  époux  et  à  leurs  arnis.  Nous  nous  en 
vouilnona  ciîpendant  denepaa  le  aignalerdans  une  Revue  que  M.  La- 
forgue, ancien  syndic  de  la  Maiotenaoce  du  t^anguedoc,  membre  de 
la  première  heure  de  la  Société  des  Langues  Romanes,  a  toujours  ho* 
norée  de  sa  plus  vive  aympathie.  Ce  ii*est  presque  pas  sortir  du  cercle 
de  la  famille  que  d^en  parler  ici. 

Le  volume  s^ouvie  par  le  récit  des  BançaiUea  et  du  mariage  des 
deux  époux.  Viennent  ensuite  les  divorsea  compositions  —  textes 
anciens,  poéaîea  modernes,  essais  hiatoriquea  -^  par  lesquelles  les 
amis  de  la  famille  Laforgue  lui  ont  exprimé  leur  aympathie.  Parmi 
ces  auteurs  les  poètea,  comme  ou  pouvait  s  j  attendre,  dofuinent-  H 
suffit  de  feuilleter  le  livre  pour  y  trouver  les  noms  les  jdus  célèbres 
dâ  la  littérature  provençale  contemporaine  :  Félix  Gras»  A«  Arnavielle^ 
Langlade,  Antonio  G  laize,  A,  Ta  van,  Sextius  Michel,  A.  Koque-Fer- 
rier.  Bastide  de  Clauzel,  Joseph  Roux^  etc.  Cette  magnifique  Horaison 


ssn 


BIBLIOGRAPHIE 


poétique  comprend  tous  les  georea  :  qualquefoit  an  qu&tfâiîi  a  suffi  &a 
poète  pour  sertir  une  délicate  pensée;  d^autrea  ont  emprunté  la  forme 
du  sonnet  ou  même  de  Tode;  de  là^  uDe  remarquable  variété  qui  soti- 
lient  rintérÔt  des  premî ères  pages  aux  dernières.  Les  poètes  étran^ra 
ii*ont  paa  dédaigné  dVpporter  aussi  leur  tribut;  c'est  ainai  que  le 
roumain  et  le  catalan  sont  représentés  à  cÔté  des  dialetîtea  d'oc> 

D'autres  auteurs  ont  payé  lenr  tribut  de  iympstbie  en  prose  ;  il  j  ^H 
aÏQâî,  çà  etlÀ,  de  jolis  coutea,  de  belles  légendes.  Les  historié  os  euz-^^ 
mêmes  ont  apporté  leur  contribatiou.  M.  Castbts  a  extrait  d'un  ma- 
nuscrit de  la  Faculté  de  médecine  de"  Montpellier  de  curieuses  ré- 
ilexiona  d'un  sculpteur  italien  du  milieu  du  XVll'  siècle  sur  la  vie  et 
sa  signification,  M.  L.-G.  Pèussikr   a  fait,  nvec  sa  compétence  bien 
connue,  ua  tableau  vivant  de  Venise  au  XVI"  siècle-  Hisloriena  et 
poètes,  conteurs  en  prose  ou  en  vers^  ont  ainsi  contribué  à  faire  de  ce 
ïivre,  écrit,  selon  le  joli  mot  de  Tue  d*eui,  pour  vnjtmr  de  joré  et  AH 
poéêU^  une  œuvre  vivaute,  pleine  de  variété  et  d'intérêt.  ^| 

La  Revue  des  Langues  Ronianes  a  déjà  dit  avec  quel  luie  le  livre 
était  édité  et  queUe  part  re venai  t  à  M .  H  amelix  et  à  M.  Rôqur-Ferri bh, 
dans  reîécution  de  <îe  magnifique  volume.  Nous  n  j  reviendrons  jias» 
nous  contentant  d'avoir  signalé  ans  amis  des  lettres  provençalna  un 
Livre  qui,  d'abord  destiné  à  rappeler  simplement  une  fôte  de  farnillei 
est  devenu,  par  la  suite,  une  belle  œnvre  littéraire. 

J.  AKGLaUB. 


LIVRES  ANNONCÉS  SOMMAIRRMENT 


J 


3*  Mi&BT  V  3mi8.  ^  Lo»  Veicûintei  de  Bas  en  la  IIU  ds  Sard#iif  a, 

Barcslona,  Kstamps  «  La  Catalsna  »  d'Kn  Janmes  Pm^ventés^  1901, 
în-d*  de  Î44psge9. 

La  question  traitée  dans  ce  volume  intéresse,  comme  le  dit  fauteur 
(page  lll),  les  érudits  de  Catalogne^  de  Provence  et  de  SardAign#,^H 
Le  ïivre  est  écrit  ponr  démontrer  —  contrairement  â  î^opinion  dd^| 
MM.  Blanchard  [Revue  de»  Socîétég  savantes  des  départ^mtnU,  1875) 
et  Barthélémy  (Inventaire  deë  Charade  la  Mai$mi  de  Baux^  1892)  ^ 
qu'une  confusion  de  noms  a  porté  ces  auteurs  à  prendre  pour  les  faits 
et  gestes  de  la  famille  provençale  de  Baux^  les  fsits  et  gestes  ûù  Isi 
maison  oatalana  des  vicomtes  de  Bas.  Le  chapitre  II,  tout  entier^  est 
consacré  à  la  célèbre  famille  de  Baux  en  Provence  :  c'est  dire  l'intérêt 
que  piéïientc  ce  travail  historique  pour  les  études  provençalea.  Page  8, 
tableau  généalogique  des  vicomtes  de  Bas  ;  page  50,  table&u  généa- 
logique de  la  famille  de  Baux, 

J.  A. 


K 


BIBLIOGRAPHIE  581 

l>«  Campe ndil  pour  la  dduleur  «t  mâlft«tia  des  jouU  qui  a  eaté  otûonné 
psr  BmT^vsNU  GaAFPfi,  édîlion  frangaisâ  d'aprâa  la  ms.  de  la  Bittlio- 
thôifue  Nationale  de  Paria  (XV*  siècle)  rsTu©  et  colladonnée  par  les 
Docteurs  PANama  et  Labori>b,  âni^je  de  la  version  provençale  d'après 
le  manuscrit  de  Bâle  (Xlli<  siècle)  avec  deux  plancLea  êîi  phototjpief 
edilée  pnf  Henri  Tiutiâ.  Paria,  Librairie  A.  A/a/om*,  1901, 1-119  p*  iaS*. 

Cette  édition  est,  aumoioB  en  partie^  la  reproduction  d'un  manuacrît 
de  la  Bibliothèque  Nationale  {fond§/r.  ISBîr  XV*  aiècle).  Les  auteurs 
ont  coltationQë  lea  paaeages  obacuri  avec  les  éditions  an  Compendil 
données  par  Albertotti  et  Auffacher,  L'œuvre  de  Bienvenu  de  Jéru- 
sal«m  noua  est  parvenue  tous  plusieurs  fortnei  :  en  ladn,  en  français, 
en  provençal  et  même  en  hébreu.  Ces  divers  et  rédactions  prouvent 
Mea  quelle  vogue  les  traités  d^oculiatiquc  dâ  Bienvenu  ont  eue  au 

o^eD  âge.  Les  trois  éditeurs  étalent  bieD  désignés  pour  mener  à  bien 
ïa  tâcbe  quMIs  s *étai en  t  imposée.  Le  docteur  Panaier  a  écrit  lui-mémt 
jkkiajeura  traités  d'ocalistique  ;  M.  Laborde  —  devenu  depuis  à  sou 
tour  le  docteur  Laborde  —  s'est  intéressé  pendant  aes  études  médicales 
à  rhiatoire  de  la  médecine  et  a  présenté  pour  son  doctorat  une  édition 
d'un  traite  d'ocuUstique  écrit  en  latin,  tiré  d'un  manuscrit  de  la  Biblio* 
thèque  de  Metz. 

Quant  à  notre  collaborateur,  M.  Henri  Teulié,  sa  connaisaance  pro- 
fonde de  rhiatoire  de  la  médecine  lui  a  permis  d'aider  largement  ses 
caéditeurs  dans  la  première  partie  de  leur  tâche. 

Dans  la  partie  provençale,  les  roman  m  te  s  reconuaîtroat  vite  lâs 
mêmes  qualités  de  méthode  et  de  sagacité  qui  caractérisent  le  colla- 
t)orateur  de  M*  Je^inroy,  dans  rédition  des  Mtf stères  Ffomtiçau^, 


.  OBL  Mas.  —  Monn  nonviaii  Bau(|uetoi],  Montpellier^  Imprimerie 
Delord-Boehm,  1901,  in-8*,  6@  pages. 

Voici  encore  un  F«r  mzzB^  plein  de  musique  et  de  vers.  Noua  y 

retrouvons  les  noms  connus  de  Â,  Arua  vielle,  J.  Castelnau,  Félix  Gras, 
Â.  de  Gagnaud,  etc.  Mistral  envoie  de  Maillane  un  de  ces  courts 
impromptus  poétiques  dont  il  semble  avoir  le  secret.  Les  uns  et  tes 
autres  rivalisent  de  poésie  pour  dire  leurs  sympathies  au  jeune  félibre 
Delmas:  la  lecture  de  cet  élégant  volume  dit  assez  éloquemment 
combien  il  a  au  en  gagner  dans  le  monde  des  poètes  provençaux  et 
plus  particulièrement  des  poètes  montpelliérains. 

^SxBHTii  Sahtt*  ~   Du   Fnrena  an  GaTO,   Saint-Etienne,    Imprimerie 
S.  Thomas  et  Cie,  1901,  in-^»  de  m  pages,  [Extrait  de  la  Bevut  Fùré- 

G«tte  élégante  brochure  eat  le  récit  des  fétea  de  Pau  ?    le  félihre 


38S  CHRONIQUE 

Sernin  Sfiiity  y  conte  les  ImprêssioDs  reasentiêB  durant  la  long'Uê  route 
qui  mène  àe  Saint-EtieQae  à  Pau  et  peadant  son  séjour  ftu  paji 
d'Henri  IV.  Le  tout  écrit  d'une  plume  alerte  et  légère  produit  une 
vive  impreBBioD  de  choies  vues  et  vécues.  A  noter  sur  la  couverture 
l'annonce  d'une  étude  £ur  Marîe  âe  Ventadour  :  la  Douvetle  oeuvre  èm_ 
raiiteur  de  la  Comksêe  de  Dk  sera  la  bienvenue. 

J.  A, 

Hbneii  TauLii.  —  Las  curas  de  las  ©nfermetati  delà  ueibs  faitas  per  Ben- 
vengut  de  Salern»  Pana,  A,  Picard  el  fils»  1900,  in-S"»,  23  pp. 

Cette  brochure  est  un  tirage  à  part  extrait  du  volume  que  nous  va 
non 8  d'annoncer  ci-detsus.   Il  ne  contient  que  le  texte  provençal  du 
uianuscrit  de  Bàle  i>,  IL  II*  À  la  fin  deui  phototvpie s  représentant 
Tuoe  une  niimature  d^un  manuscrit  du  XI (h  siècle  de  la  Bibliothèque 
Universitaire  de  Montpellier,  Fautre  une  page  du  manuscrit  de  Bâle. 

â.  A. 


I 


CHRONIQUE 


Notre  collaborateur  M.  F.  Castets  a  pnbliéf  dans  les  mémoirtfa  de 
rAcadémie  ties  st-iences  et  des  lettres  de  Montpeliier,  nue  intéreBaûnt<3 
utude  liiir  Bonrdaiotte.  —  [Afémoirea  de  fa  ëeetion  de$  Letiret,  2*  «éri^ 
tome  IV,  n"  l,  pp.  1-SG8).  ^  Ceat  la  première  partie  d'un©  étud« 
complète^  pleine  de  citations  et  de  faits,  sur  la  vie  et  les  œuvres  du 
i;élébre  prédit-ateur,  h&  Retme  Univm'êikiire  du  15  juin  publie  (pp.  5tJ 
IK»)  un  compte  rendu  éîogieuï  de  ce  volume,  soua  la  signature  Qj 
Lanson. 


M.  A.  Thomas  a  communiqué  à  V Académie  âts  Inscrip^am  et  Beiie 
Itetire  une  curieuse  note  sir  le  mois  deïoir  fde  Voir,  mois  de  TAé'tfiérlJ 
uom  siius  leqnei  on  désignait  au  moyen  âge  le  mois  de  Dêeemltre^ 


Achhtmv  ï>ns  ISî^rRirr^o  s  et  Iîkij.ks  LKrTEK><,  —  PnnK  m  vnunte^ 
dti  1 4  jni»  1 1M»1,  M  •  L*»i  at  u  un  non  ce  que  le  Prix  du  Budf/êt  (Question 
uriipcTSL'^  I  Drr*«ii'  Itt  ihtiti  ai [thithétiq^tf  d^g  nfni^Jf  f/t'tfjti*îH  fié  ttnth-  tmfttr 
qui  fi  fur f Ht   f!itu^    I^M  ChaHttntin  th  Gvste  fi'ttrK^nh**  imprhittViit.   unté\ 
HéûteH  au  règm  de  CliUths  V)  est  *léci-'î"nC*  à  1  auteur  do  Tunique  mé-» 


CHRONIQUE 


383 


hoirie  dépoaé.  L*ûuteur  est  M.  Ernest  L&nqlois,  doyen  de  la  raculté 
4«e  lettrée  de  Lille. 


A  Hignaler  dans  la  Revm  Umv^Ailuire  du  16  juin  (pp.  51-68J  une 
étude  de  M*  Mario  Roques,  but  le  BrouîUmi  d^  r Aigle  du  Caisque  de 
Victor  Hugo. 


W 


Dans  la  Eevue  des  Études  Grecques  (marfl-avril  1901)  M.  Micebl 
Bbéâl  étudie  loa  verbes  &igmûo.nt  parler  en  grec  et  en  latin  et  à  Tocca* 
flîoD  dans  les  langues  romaDes.  «^  En  tout  pays,  tl  arrive  quo  celui  qui 
parle  soït  exposé  t  s'exagérer  Fimportance  de  sa  parole.  Dès  lora,  les 
termes  «impies  ot  courants  devit;DueQt  ponr  lui  insuffisanti.  Il  faut 
recourir  à  ceux  qu'on  a  vu  employer  aux  grandes  occasions,  par  exe ru- 
pl0  ceux  de  l'orateur^  du  juge  ou  du  prêtre,  d  Les  exemple  d'ay^ipi- 
ûiiif  et  deparaboktrt  ^  parler  viennent  illustrer  heureusement  cette 
remarque* 


La  lÎEvgE  MèaioiOKALBde  juillet-août  1901  publie  sous  la  signa- 
ture lie  notre  collaborateur  JDLSa  Véran  une  remarquable  lettre  sur 
VttcHon  féUhréenne  ^âTQméG  i  M.  G.  Jourdanne,  rinstorien  du  féli* 
t»riget  M,  J.  V-  montre  éloquemment  que  le  félibrigo  a  été  itcUf  dès 
in&s  origines  et  que  son  action  a  été  vivante  et  féconde é 

Le  mémo  numéro  contient  le  discoure  prononcé  par  M.  G.  Jour- 
daune  à  la  Sainte-Estelle  de  Pau  du  27  mai  l^L 


r     On  sait  que  l'Uni versité  de  Marbourg  orgauiso    tons  les  ans  des 

cours  de  vacances  qui  eont  faits  en  français,  en  allemand  et  en  anglais, 

LfCS  cours  ont  lieu  en  deux  séries  :  du  8   au  26  juillet^  du   5  au   23 

août.  Voici  le  programme  de  lenseiguement   du   françaid   pour   ces 

deux  séries  : 

,  l''  Série: 

I  Les  auteure  comiques  du  XVIII*  siècle  en  France  (12  leçone)  ; 
professeur  r  Mous.  E.  Qatîïo^  officier  de  rAcadémie  française.  \sic\ 
le  rubiin  violet  a  encore  de  la  valeur,...  à  rétranger,] 

Emile  Zola  et  Alphonse  Daudet  (4  leçons)  :  Professeur  ;  Monsieur  René 
DelboiL 

Lecture  expressive.  Hécitatîon,  déclamation  (4  leçous)  :  Professeur  : 
Monsieur  Rimé  DelboêU 


dB4  CHHONIOXJE 

2*"*  Série: 

Prédeux  et  précieUBee  âu  X71I*  siècle  {12  leçons).    Professeur: 
do€tei3r  Doutrepont^  professeur  à.  T École  royale  des  Oadeta,  Namur. 
Littérature  ou  bistoîre  française» 
Oon^ersatian  (12  conférenceB). 


A  THAVEBS  LËi  Eevqks.  —  Dans  ï&Rsvti^de  Farii  du  15  juillet  1901 . 
M.  Michel  Br^al  publie  un  article  sur  le  choim  d'vm  hmgue  interna- 

timak.  C'est  un  a  voyage  de  circum  niivigation  linguistique  ^,  sui- 
vaut  une  pittoresque  expressian  de  Tauteur,  fait  put  lu  savant 
professeur  autour  des  diverses  laogueti  artifieiellea  {e^éranto^  langue 
bUttê)  créées  récemment. 

Dans  la  Nouvdk  Eêvue  du  l*""  Juillet  1901,  M.  Xavieb  oï  HioifiD 
publie  BUi-  le  Môuvêmmtt  CaialaniêU  un  article  plein  de  reneeignementa 
puisés  à  bonne  source. 

A  signaler  dans  la  même  Revue  (même  ûtitnéaro)  ao  article  de 
BoYEU  D'A Q EN  sur  Josmin  et  MistraL 

Pour  eu  revenir  à  k  lingui^que,  signalons,  dans  la  Nouvelle  Bevus 
du  15  jtuUit  1901,  un  artide  de  M<  Paul  Mkloh  sur  le  Français  dam 
la  vaUée  d'Aoèie  et  rattachement  des  Valdotains  à  leur  langue  mater- 
nelle. 


I 


M.  J.  Cornu,  professeur  de  philologie  romane  à  TUniversitè  aile* 
mande  de  Prague  est  nommé  professeur  de  philologie  romane  4 
r Université  de  Gratz,  en  remplacement  de  Mi  H*  Schuchardt. 


Fai3t  Thires.  —  Les  journaux  méridionaux  annoncent  qu'un  prix 
indivisible  de  3,000  francs  vient  d'être  fondé  par  M^*  Dosne^  belle- 
sœur  de  Thiers,  à  l'Académie  d^AÏK-en-Provence,  pour  l'auteur  du 
meilleur  ouvrage,  imprimé  on  mannscnt,  sur  un  sujet  intéreâB&nt 
la  Provence, 

Ce  prix  de  9.000  avance  sera  décerné  tons  les  cinq  auSi 


Le  Gérant  rupf>nâfthle  :  1\  EfAKEtCK. 


LE  BRINDE  DE  M.  CHASSARY 

PRÂSÎDBNT  nu    LA    SOCIÉTÉ    DES    LANODES    RÛMAKSS 
lîRLSOUK  DE  LA  SOCIÉTÉ    DE   LA   &AHTO   MTKLLO   0K  PAU 

{^  mai  1901) 


La  fête  aDaualle  du  Félibri^e,  la  Sanio-Estelio,  a  été  célé- 
brée cette anoée  avec  ua  graod  éclat,  en  une  réaDlan  d^noe 
joiporLaiice  réelle  pour  rhiitoire  de  «on  développement  litté- 
raire et  régional.  Pour  la  première  foiâ.  en  eïïel,  c'est  â  Pau 
que  les  féiibres  tenaient  leurs  aselsei.  Id viles  par  l'Escolo 
Gaatou  Fébus,  û'Orthez^  sur  T initiative  du  a  valent  e  cortea  > 
eapiachol  Âdriaii  Planté^  loâ  poètes  provençaux  et  langue* 
dociene  sont  alïéa  iier  connaisaance  avec  leurs  confrères  de 
Béarn  et  de  Bigorre  et  rattacber  ainsi,  par  dea  liens  per- 
fioniielg,  r école  lointaine  au  grand  foyer  poétique  de  MalUane 
et  d'À^ignoo.  Pour  la  première  fois,  le  capoulié  nouveau, 
Pierre  Dévolu  y,  successeur  encore  peu  connu  du  regretté 
Félii  Gras,  allait  prendre  réellement  contact  ayee  son  peuple, 
allait  faire  connaître  aui  féiibres  ses  idées  littërairea  et  lin- 
guistiques^  dire  quel  rôle  il  voulait  attribuer  au  félibrige 
daDs  la  Ti#  régionale  du  MidJ.  Pour  la  première  fois.  Mistral 
allait  chanter  son  nouveau  sirventês,  la  Crido  de  Biom^  et 
PoD  attendait,  avec  impatience  et  non  sans  curiosité,  le  salut 
du  poète  à  Jasmin  et  à  Despourrios, 

La  Société  des  Langues  romanes  avait  donc  tenu  à  hou- 
neor  d'être  représentée  à  cette  fête  littéraire  et  méridionale, 
et  avait  délégué  à  Pau  son  président,  M.  le  professeur  Chas- 
sarj  qui,  en  un  très  intéressant  discours^  avec  une  juste 
ûerté,  a  levé  la,  coupo  santo  «  aux  instituteurs  primaires,  aux 
m  Rejents  ».  main  teneurs-nés  des  traditions  locales  et  de  la 
langue  populaire.  Sans  attendre  le  compte  rendu  que  nous 
ïjjv.  —  Septcmlïre-Octobr*î  19Û1.  25 


3S5 


LE  BRÏNDE  DE  M,  CHASSARY 


donnapotis  de  caUe  Santo-Ëstello,  nous  croyons  devoir  pu* 
bîier  en  tête  de  ce  numéro^  comme  nous  avons  fait  dans  le 
dernkf  de  la  Crido  de  Hiarn^  le  brinda  de   notre  président^ 
M*  Ohassary* 

La  Redactxok. 


DopïAs  E  Ames, 

B*ère  ^engut  aîcl  soulameo  an  titre  de  majourau  dau 
Felibrige,  me  âarièi  conntentât  de  mesclà  ma  vos  à  las  ybsirm 
pèr  canta  lourefrin  de  la  Coupû^  e,  es  de  cor  e  ûoun  de  boiica, 
que  me  sarièi  assouctatas^brindes  de  nôste  Capouliè  e  de  vôetô 
Cabïscôu  ;  mai  atabé,  m'atrobe  à  la  fèsta  de  Santa  ~  Es  tell  a 
pèr  représenta  la  Soueietat  d«  las  Lengas  Roumanas^  de 
Mount-Peliè,  e^  amor  d*acô,  m'es  ag^radiéu  de  saltidà  *n  sonn 
noun^  i'Esoola  de  Gaston  Febus  que  noua  couvida,  la  vila  de 
Pau  que  nous  oufrU  tant  alarganta  ouspitalitat»  e  lou  Biarn 
tout  entîè  que  nonblamen  nous  festeja  en  feâtejant  au  jour^ 
de  ioi  sa  vièlha  leuga  e  soun  passât  tant  gtourious.  ' 

LaSoueietat  dessoubiida  pas  que  T  a  tout  just  un  an,  lou 
Felibrige  a'assouciava  à  las  fèatas  de  soun  Trentenàri  en 
célébrant^  à  Magalouna^  la  darrièira  Santa-Estella  dau  siècle 
dèë-e-i!ouvenc;6  pèrlou  gramecia  d*aquela  marca tant  presada 
de  miejournala  frairessa,  m^a  cargat  de  faire  au  mage  à  Mis- 
tral d'una  edicioun  especiala  de  ta  RespeiMo,  la  cansou  qu6 
joutions  pina  de  Magalouna,  davaus  uèsta  bella  mar  latîna, 
restountiguètran  passât,  conma  la  Crido  de  Biarn  onngan  vèn 
de  resclantl  à  la  fàcia  das  mounts  giganta  de  vdstes  Pire- 
nèus. 

E  fier  de  ce  que  nosta  Soucietat,  que  corata  au  nonmbre  de 
BOUS  membres  tant  de  saberuts  universitàris,  a  causît  pèr  la 
présida,  eouma  pèr  la  représenta  dins  vôstas  fèatas  esbdhau- 
dantas,  un  moudèste  membre  de  rensegnamen  primàri, 
ausse  la  Coupa  en  Tounou  das  enfants  de  las  eseolas  pri- 
marias  dan  Biarn  e  de  ta  Bigorra,  en  Tau  non  de  toutes  sons  fl 
mèstres^  sous  reyents,  cou  ma  dises  aîcL  Souvèta  qu^aquel#a 
reymtSy  autant  afougats  de  la  ienga  mairala  e  de  las  gl6rîas 
de  la  pichota  patrlà  que  la  valbenta  cola  das  qu^an  Iriounfiat 


LE  BRINDE  DE  M.  CHAS8ARY  387 

dins  las  poueticas  luchas  de  vestes  Jocs  Flooraas,  agoun  loa 
bon  voulé  de  se  servi  dau  paraulis  poupulàri  pèr  rendre  l*en- 
segnamen  das  enfants  dau  pople  sabourous  e  pie  de  vida,  e 
désire  qu^aici,  toutes  lous  mèstrcs  d*escola  sachoan  pousà, 
couma  fossa  do  sous  counfraires  de  Lengadoc,  dins  lous 
eisemples  glouriouses  dau  passât,  las  licous  que  faran  das 
enfants  de  ioi  lous  ornes  de  deman. 

Souvète  qu*aquel  ensegnamen  arribe  à  rendre  toutes  lous 
que  parloun  nôsta  bella  lenga  d*Oc  amoureuses  enûoucats  de 
xiôste  s6u  benesit,  souvète  que  fague  toumbà  la  trop  granda 
ignourencia  ounte  sèn  lous  uns  das  autres^  Toublit  das  liams 
^rairenaus  que  devoun  jougne  toutas  lous  prouvencias  de 
XEmpèri  dau  sourel,  abaissant  ansin 

Las  soûlas  mountagnas 
Que  trop  nautas  soun, 
Empachant  de  veire 
Lous  fraires  ount  soun. 


P.  Chassart. 


Pau,  lou  27  de  mai  1901. 


i 


AU  SIECLE  SEGENC 


LOU  BÈO  TETi 


Teti  roundet,  pus  blanc  qu'itû  i6u, 

Tetl  de  satin  blanc  toot  nôu, 

Ta  qu*à  la  roaa  faâ  vergougna 

Talament  que  souvent  ne  fougna; 

Tu  que  nés  pas  sac  de  reprm 

Mai  ferme  boulet  evourin. 

Au  mitan  de  quau  vôn  ae  sièire 

Fruch  de  majoufla  ou  de  eerièi»  ; 

Que  dîgus  vei  ni  pot  toucà, 

Que  ioi  pamens  voie  cantà; 

TeU  qu*à  mouti  desi  fax  lega, 

Tetl  que  jatnai  se  baulega 

Ni  pèr  venl,  ni  pèr  anà, 

Ni  pér  oourrl,  ni  pèr  daiiaà  ; 

Teti  qu'ardit  aussa  la  tèata 

Couma  un  jouvent  qu'a  fach  trop  fèata  ; 

Tetl  gauche^  tetl  mignoun, 

Sempre  lion  de  0oun  coumpagnoun  ; 

Tetl  que  portes  testimôni 

Que  Baril  bon  lou  matrimôni; 

Vèn  à  mai  d*un,  en  t^esplant, 

Una  enveja  dedins  la  man 

De  te  tastà  e  de  te  tène  ; 

Mai,  eau  pèr  força  se  countène 

De  B*en  sarra,  car  vé,  tnoun  bèu« 

Una  autra  enveja  viendriè  lèu  ; 

0  tetl  qu*à  pount  a'amadura» 

TeU  que  crida  à  la  natura, 

Vèspre  e  mail,  6  niocU  e  jour  : 


AU  SEIZIEME  SIECLE 


DU  BEAU  TETIN 

Tetin  refait,  plus  blanc  qu'un  œuf, 
Tetin  de  satin  blanc  tout  neuf, 
Tetin  qui  fais  honte  à  la  Rose, 
Tetin  plus  beau  que  nulle  chose, 
Tetin  dur,  non  pas  Tetin,  voire, 
Mais  petite  boule  d'Ivoire, 
Au  milieu  duquel  est  assise 
Une  freze,  ou  une  cerise, 
Que  nul  ne  veoit,  ne  touche  aussi. 
Mais  je  gaige  qu'il  est  ainsi  ; 
Tetin  donc  au  petit  bout  rouge, 
Tetin  qui  jamais  ne  se  bouge, 
Soit  pour  venir,  soit  pour  aller. 
Soit  pour  courir,  soit  pour  baller  : 
Tetin  gauche,  tetin  mignon, 
Toujours  loin  de  son  compagnon, 
Tetin  qui  portes  tesmoignage 
Du  demeurant  du  personnage  ; 
Quand  on  te  voit  il  vient  à  maints 
Une  envie  dedans  les  mains 
De  te  taster,  de  te  tenir  : 
Mais  il  se  faut  bien  contenir 
D'en  approcher,  bon  gré  ma  vie, 
Car  il  viendroit  une  autre  envie. 

0  Tetin,  ne  grand,  ne  petit, 
Tetin  meur,  Tetin  d'appétit, 
Tetin  qui  nuict  et  jour  criez, 


390  AU  SIECLE  SEGFJÎC 

M  Maridàs-me  lèu,  qu'es  maaa  tour^» 

Teti  que  moDtos  e  daval^â 

Ë  qu'aosm  mouâ  dous  ïoLs  regales  ; 

A.  bon  drôcb  urôus  Foû  dira 

Lou  quo  de  laah  te  remplira, 

Paguent  d*un  ieti  dô  piéucèla 

Tetl  de  femna  en  lie  ira  e  bêla* 


fDEA 


«a  8&rôu 
mm  uis,  iaren 

Liuus  durais,  negoand  resemple 

Das  umbles  que,  pèr  pregà, 

Un  canton  s'en  van  cercà, 

Lou  pus  rescoundut  dau  temple. 

Mai  quand  au  liech  istareu, 
Araourouses  nous  faren 
De  poutous  e  de  poutounas, 
Couma  lous  fringaires  fous 
Que  se  fan  jout  lous  lençôus 
Cent  e  mila  carancbounas. 

Perqué  donne  quand  me  pren  goust 
De  mordre  toun  peu  sedous, 
Baisà  tas  boucas  flouradas, 
Ou  toucà  toun  sen  redoun 
Vos  degaugnà  las  que  soun 
Dedins  la  clastra  embarradas  ? 


Pèr  quau  gardes  toun  loi  viéu 
E  toun  sen  tant  agradiéu, 
Toun  front^  ta  labra  bessouna  ? 


AU  SEIZIEME   SIECLE  391 

Mariez  moj  tost,  mariez, 

Tetin  qui  Venues  et  repousses 

Ton  gorgias  de  deux  bons  poulses, 

A  bon  droict  heureux  on  dira 

Celuy  qui  de  laict  t^emplira. 

Faisant  d*un  Tetin  de  pucelle 

Tetin  de  femme  entière  et  belle. 

Cl.  Marot. 

(1534). 


A  CASSANDRE 

STANCES 

Quand  au  temple  nous  serons 
Agenouillez,  nous  ferons 
Les  dévots,  selon  la  guise 
De  ceux  qui  pour  louer  Dieu, 
Humbles,  se  courbent  au  lieu 
Le  plus  secret  de  Teglise. 

Mais  quand  au  lict  nous  serons 
Entrelacez,  nous  ferons 
Les  lascifs,  selon  les  guises 
Des  amants,  qui  librement 
Pratiquent  folastrement 
Dans  les  draps  cent  mignardises. 

Pourquoi  doncque,  quand  je  veux 
Ou  mordre  tes  beaux  cheveux. 
Ou  baiser  ta  bouche  aimée. 
Ou  toucher  à  ton  beau  sein, 
Contrefais-tu  la  nonnain, 
Dedans  un  cloistre  enfermée  ? 

Pour  qui  gardes-tu  tes  yeux. 

Et  ton  sein  délicieux^ 

Tes  yeux  et  ta  bouche  belle  ? 


892  AU  SIËCt.E   SKCjENG 

N*en  vos-ti  becà  Plutoun, 

Aval,  après  que  Caroun 

T'aura  tracha  *n  soun  androunaf 

Après  toun  darriè  badal, 
Magra,  n'auras  gaire  aval, 
Qu'una  bouqueta  passida  ; 
Ë  quand  mort  te  le  veirièi, 
Jamai  à  degus  dirièi 
Qu'ères,  tus,  moun  escarrida. 

Pioi  que  la  vida  te  ris, 
Cambia,  mignota,  d*avls. 
Laissa-me  ta  bouca  estenoa  ; 
Car  tant  ièu  trespassaràs, 
Qu'aladounc  regretaràs, 
Dèstre  estada  trop  oumbrenca. 

Ai  !  mourisse  quand  t'en  vas, 
Sarra-te,  fugigues  pas 
Couma  la  bicha  esfraiada  ! 
Que  ma  man,  à  tout  iou  mens, 
Furgue  un  pauc  dedins  toun  sen, 
Ou  pus  bas,  s'acô  t'agrada. 


VOT  D'UN  PAGES 

A   CEKÉS 

Cerès,  o  grand  diva,  agacha 
Dansa  la  cola  gavacha 
Das  lauraires  assemblats 
Pèr  la  semença  das  blads. 

Fai  que  Iou  gran  noun  pourrigue 
De  la  ploja,  e  noun  perigue 


AU   SEIZIÈME   SIÈCLE  S93 

En  veux-tu  baiser  Pluton 
Là-baSy  après  que  Gharon 
Taura  mise  en  sa  naceiie  ? 

Après  ton  dernier  trespas, 
Gresle,  tu  n*auras  là-bas 
Qu'une  bouchette  blesmie, 
Et  quand,  mort,  je  te  verrois, 
Aux  ombres  je  n*avou'rois 
Que  jadis  tu  fus  m'amie. 

Doncques,  tandis  que  tu  vis, 
Change,  maistresse,  d*advis, 
Et  ne  m'espargne  ta  bouche  ; 
incontinent  tu  mourras  : 
Lors  tu  te  repentiras 
De  m'avoir  esté  farouche. 

Ah!  je  meurs!  ah!  baise-moy  ! 
Ah!  mestresse,  approche-toy  ! 
Tu  fuis  comme  fan  qui  trembie  ; 
Au  moins  souffre  que  ma  main 
S'esbate  un  peu  dans  ton  sein, 
Ou  plus  bas,  si  bon  te  semble. 

P.  de  lloNbA&D. 


VŒUZ  RUSTIQUES 

A   GÉRÉS 

Regarde,  ô  Cérès  la  grande. 
Danser  la  rustique  bande 
Des  laboureurs  assemblez 
A  la  semence  des  bledz, 

Fay  que  le  grain  ne  pourrisse 
Par  la  pluie,  et  ne  périsse 


loj  XV  SIECLE   SEGENG 

Pèr  river  trop  avançât 
Loa  9elhou  qu'ai  semenat, 

Qu3  la  ûougtieula  clvada 
Noun  se  mostre  es^ampllhada. 

Que  lou  jol,  nîmai  Teng^rani, 
Eatoùtoun  pas  lou  bon  gran. 

Qoe  grella  ni  mi  chanta  aura 
Quand  la  plana  vendra  saura 
Nous  laissoun  pas  maehugats 
Lou8  paulîts  blads  espigats. 

Que  lous  aucelous  raubaires 
Dau  fourment  siègouu  pas  laires, 
Nimai  ges  d'autre  feruD 
Une  noua  met  la  renda  eu  fran. 

Pèr  contra,  qu'embé  creissança 
Lou  aamp  rende  la  semença 
Que  ralaire  a'  nterrat 
Dejout  lou  seLhou  laurat. 

Ansin  aar^.  Que  ân  vouje 
Un  picbè  de  vièl  vl  rouge. 
Un  toupl  dé  lach  cremouâ, 
Una  oulada  de  mèu  roua. 

Qu'avans  d'èstre  sagatada 
Kagnôla  à  tus  inniouladaf 
Pèr  esvartà  Ions  maîans 
Très  cops  rode  ûèstes  camps* 

Prou  pèr  ioî>  Finidas  sègas 
Vendren  embé  lous  coullôgas 
Tournamai  te  f^stejà 
Ë  d'espigas  te  cenchà. 


AU  SEIZIEME  SIECLE  395 

Par  Thyver  trop  avancé 
Le  sillon  ensemencé. 

Que  la  malheureuse  avéne 
Ne  foisonne  sur  la  plaine, 
Ny  toute  autre  herbe  qui  nuict 
Au  grain  dont  vient  le  bon  fruict. 

Qu'un  fort  vent  meslé  de  gresle 
Ne  renverse  pesle  mesle 
Le  blé  sur  terre  haulsé 
De  telle  fureur  blessé. 

Que  les  oyseaux  qui  ravissent 
Du  froument  ne  se  nourrissent  ; 
Ny  ces  monstres  d'animaulx 
Qui  font  par  tout  tant  de  maulx. 

Mais  faj  que  le  champ  nous  rende, 
Avec  une  usure  grande, 
Les  grains  par  nous  enserrez 
Soubs  les  sillons  labourez. 

Ainsi  sera.  Qu'on  espanche 
Un  plein  pot  de  crème  blanche, 
Et  du  miel  délicieux, 
Coulant  avecques  vin  vieux. 

Que  Thostie  inviolée 
Avant  que  d'estre  immolée. 
Par  trois  fois  d*un  heureux  tour 
Cerne  ces  bledz  à  Tentour. 

C'est  assez.  Moissons  parfaictes, 
Autre  festes  seront  faictes. 
Et  seront  tes  cheveux  saincts 
D'espics  couronnez  et  ceincts. 

J.  DU  Bellay. 

(Jeux  Rustiques). 


396 


AU  SIECLE  SEGENC 


* 
<  # 


Se  pèr  agué  passât  sans  crime  sa  jouveoça, 
Pèr  n'agu6  pas  d^usura  endrudit  âoun  ouatau^ 
Se  pèr  n'èstre  pa  'stat  ai  traite  ni  brutati, 
Se  pèr  agué  toujour  parlât  couma  l'on  pensa, 

3e  pèr  s'èstre  moustrat  tio  orne  de  fisença 
On  déu  Bé  rajouvi  davana  lou  jour  fatau, 
Aipoadé  d'ara-en-lai,  mai  qu'un  autre  mourtau, 
D'esperà  un  dous  vielbun  pèr  aima  recoumpenaa. 

MouQc  counsûie  anda  moun  preaent  despiohous;^ 
Demande  pas  a§  Diétis  que  me  rèndoun  urous, 
Mai  que  fagoun  dura  quauquea  aos  ma  paciença. 

O  Diéua,  a'avés  aouoit  de  nautres  pèr  amount^ 
  iéu  que  lou  désire,  alargàsi  aquel  dûu&, 
Ë  pèr  vdsta  pletat,  a  pèr  moun  iûûucença. 


A  SOUS  PÈUS8ES 


Pèuaaes  friaats  en  milanta  anelous, 
E  mignoutats  de  gracia  tant  eoumplida 
Qu'Amour  n'a  paâ  couifura  pus  poulida. 
Ni  lou  Zeâr  ventau  mai  laugetrous* 

Couma  Ton  vei  lous  banuts  parp&lbous 
Voulaatrejà  bus  Terbeta  Ûourida  ; 
Ansin,  de  gaud  vouguent  faire  ciilidai 
Viroula,  Amour,  sua  vestes  tourtilhous* 

Pè  usses  mignota,  ûna  cabeladura, 
Ounte'n  prison  soufHs  lou  mau  d' endura 
Mo  un  paure  cor  ligat  e  pestelat. 


AU   SEIZIEME    SIECLE 


ao7 


Si  pour  avoir  paasë  sana  crima  sa  jeunesse, 
Si  pour  n'avoir  d'usure  enrichi  sa  maison, 
Si  pour  n'avoir  commis  homicide  ou  traison, 
Si  pour  n'avoir  usé  de  mauvaise  Ônease» 

Si  pour  n*avôir  jamais  violé  sa  promesse. 
On  se  doit  resjouir  en  l'arrière  saison, 
Je  dois  à  Tadvenir,  si  j'aj  quelque  raison, 
D*un  grand  contentement  ûousoler  ma  vieillesae. 

Je  me  console  donc  en  mon  adversité. 

Ne  requérant  aui  Dieux  plus  grand  félicité, 

Que  de  pouvoir  durer  en  eeste  patience. 

ODteuXi  81  vous  avez  quelque  souci  de  nous, 
Ottroyez  moy  ce  don,  que  j'eipère  de  vous. 
Et  pour  vostre  pitié,  et  pour  mon  innocence. 

J.  du  Bellay. 

{Les  Begrcts.  —  Sonnet  XLIl  II.  J 


AUX  CHEVEUX 

Chevaux  frisez  en  mille  crespillona 
Ëtmignotez  d'une  tant  bonne  grâces 
Qu'Amour  n'a  point  une  plus  belle  nasse 
Ni  les  Zephirs  plus  beaux  éventillons. 

Ainsj  qu'on  void  les  cornus  papillons 
Voler  joyeux  sur  quelque  verde  place, 
Ainsj  ce  Dieu  d'une  joyeuse  face 
Vole  dessus  vos  crespes  tortillons. 

0  beaux  cheveux  î  o  perruque  menue 
Où  est  mon  ame  an  prison  détenue 
Et  mille  cœurs  attacher  e  liez, 


1 


398  AU   SIECLE  SEGENC 

S'avés  desl  que  raoun  lahut  vous  lause, 
Que  soun  ressoun  sus  terra  e  mar  se  pause, 
De  vôste  or  fl,  que  siègue  encourdelat. 


Pioi  que  moan  amistat  te  vèn  à  desplesl, 
Pioî  que  toun  iol  divenc  de  iéu  gaire  3*en  chaata, 
Que  fas  res  pèr  garl  moun  ama  tant  malauta. 
Que  pèr  toun  serviciau  m^as  pas  yougut  causl  ; 

Pioi  qu'à  me  tourmenta  emplègues  toun  lesi. 
Qu'à  ma  cauda  passioun  touta  pietat  desfauta, 
Que  me  vejent  soufri,  de  gaud  rousls  ta  gauta, 
Pioi  que  pèr  toun  amour  la  mort  me  vèn  sasl  ; 

Pioi  que  de  ma  doulou  se  trufa  toun  traitige. 

Que  mai  soumés  te  soui,  mai  creis  toun  michantige, 

Pioi  que  pèr  te  servi  n'auriès  pas  prou  d'un  Dieu  ; 

Pioi  que  m'as  cresegut  e  nèsci  e  sounja-fèsta 
Pioi  que  garde  pamens  un  pauquet  d'ime  en  testa, 
Pioi  que  m'aimes  pas  pus,  vole  te  dire  adieu. 

P.  Chassart. 


AU  SEIZIEME  SIECLE  399 

Si  VOUS  voulez  que  par  toute  la  terre 
On  vous  louenge  au  son  de  ma  guiterre, 
Encordez-la  de  vos  brins  déliez. 

GuT  DE  Tours. 

(Souspirs  Amoureux,  —  Pourtrait  de 
son  Bnto.  —  Sonnet  I.) 


Puisque  moun  amitié  te  vient  à  desplaisir, 
Puisque  ton  œil  divin  ne  m'est  point  favorable, 
Puisque  tu  n*es  en  rien  à  mon  mal  secourable, 
Puisque  pour  ton  servant  tu  ne  me  veux  choisir; 

Puisqu'à  me  tourmenter  tu  mets  tout  ton  plaisir, 
Puisqu*à  mes  passions  tu  n'es  point  pitoyable, 
Puisque  tu  t'esjoujs  de  me  voir  misérable, 
Puisque  pour  ton  amour  la  mort  me  vient  saisir  ; 

Puisque  de  ma  douleur  ta  cruauté  s'augmente, 
Puisque  plus  j'obéis  et  plus  tu  me  tourmente. 
Puisque  pour  te  servir  il  te  faudrait  un  Dieu  ; 

Puisque  je  ne  suis  pas  un  sot  ny  une  beste. 
Puisque  j'aj  quelque  peu  de  raison  en  ma  leste, 
Puisque  tu  n*ajmes  point,  je  te  veux  dire  adieu. 

Guy  de  Tours. 

Souspirs  Amoureux,  —  Deuxième  livre  en  fa  tout 

de  son  Anne.  —  SoDûet  XXVII.) 


VICTOR  HUGO  ET  SES  SOURCES 


AYMERILLOT,  —   LE  MARIAGE  DE   ROLAND,  — 
LES  PAUVRES   GENS 


Oo  sait  avec  quai  tapag'e  les  enExemU  de  aoa  poètêa  classiques 
leur  ont  reproclié  leurs  nombreusôs  icnitations.  Mais  oq  sait 
aussi  avec  quel  succès,  si  Ton  preul  la  peine  de  comparer  à 
aes  modèles  un  de  leurs  chefa-d'eeuvre,  il  triomphe  de  cette 
épreuve.  Jamais  Molière  et  Racine  ne  nous  apparaissent  pluâ 
vraiment  créateurs  que  là  oh  ils  ont  cru  devoir  mettre  à  profit 
ce  qui  était  enfoui  entre  cent  fadaiseiâ  dans  l'œuvre  médiocre 
de  quel  prédécesseur  estimable, 

La  même  épreuve  commence  à  s'imposer  pour  les  œuvres 
de  Hugo  :  car  on  a  découvert  qne  plusieurs  de  ses  plus  beaux 
poëmca  avaient  une  source.  Comme  on  ne  supposait  pas 
qu'une  imagination  aussi  féconde  eût  pu  avoir,  elleauasi^  besoin 
d'imiter^  on  a  été  tout  d*abord  un  peu  contrarié  d'apprendre 
qu'elle  n'avait  pas  toujours  tout  tiré  d'elle-même,  et  peu  9*en 
estfallu  qu'on  n'ait  contesté  au  poète  la  paternité  dM^Fîiei'iY/of, 
du  Mariage  de  Roland  et  des  Pauvres  Gem^  Mais  il  n'est  que 
d^j  regarder  de  près  :  loin  de  s'évanouir  dans  cet  examen* 
roriginalité  de  Hugo  en  sort  plutôt  grandie  ;  car  il  est  chez  lui^ 
comme  chez  nos  classiques^des  beautés  de  premier  ordre  dont 
on  sentmaUe  prix  jusqu'au  jour  où  elles  noua  sont  pour  atnai 
dire  révélées  par  Tétude  de  ses  modèles. 


I 


n 


Gr&ee  anr  recherches  de  MM,  Louis  ûemaiaon,  Raoul  Ro* 
sières  et  Eugène  Rigaî,  nous  savons  maintenant  où  Hugo  a 
puisé  le  sujet  à" AymeriUot :  ce  poème  n'a  pas  eu  diantre  source 


VTCTOfl   HUGO    ET    SES    FOLTRnES  401 

qu*iaii  article  publié  par  Aohilie  Jabiûal,  le  1*'  novembre  1846, 
dans  te  Journal  du  Dimanche  \ 

Li'^Hrticle  est  intitulé  ;  Quelques  romans  chez  nos  aieujc  et  Tau- 
teur  s*j  propose  de  donoerau  grand  public  une  idée  sommaire 
de  la  mâgciiûqae  épopée  française  du  moyen  âge.  Après  quel- 
ques consîdéfatîo?>s  g'^nérales,  il  traduit  ou  résume,  au  vers 
1S5  au  vers  771  environ,  k  chanson  d'Aijmen  de  Narùanne* 
CTêst  ce  récit  que  Hugo  a  eu  sous  lâs  yeux,  sans  qu'il  ait 
connu  ni  le  poème  du  XI fl*  siècle,  ni  un  article  publié  par 
Jubinal,  en  1S43,  dana  k  Mu&ée  des  FanulkSt  et  où  le  même 
fragment  de  la  vieille  chanson  était  cité,  maia  avec  un  certain 
nombre  de  variantes. 

Comment  Hugo  a-t^tl  utilisé  aon  modèle?  La  publication 
<|Uô  MM.  Glacbant  ont  faiteide  plusieurs  manuscrits  du  poète 
a  permis  de  constater  qu* Aymeriltot  avait  pas^é  au  moins 
pa^r  deux  états  successifs  ^. 

Dans  une  première  rédaction,  Hugo  avait  suivi  Jubtnal  paa 
à-  pas,  et  te  traduisant,  le  reproduisant,  pourrait-on  dire,  gar- 
dwLnt  tout  ce  qui  pouvait  se  garder,  modifiant  surtout  e  .r  les 
Sollicitations   de   la  rime  ^   i»  Dans  cette    version   les  cor- 
rections uo  peu  importantes  faites  au  texte  du  modèle  se  ré-^ 
^  ^i^ent,  en  effet,  à  ceci  :  le  discourg  de  Gérard  de  Roussillon, 
'^^ Jà,  très  bref,  a  été  coodensé  en  un  seul  vers  ;  le  rôle  du  comte 
^^  Qand  a  été  ajouté  :  le  discours  du  comte  a  été  fait,  d'ail - 
*^Urâ|  en  partie   avec   quelques   mots  qui  n'avaient  pas  pu 
*  l'Oliver  place  dans  la  répoose  d*un  autre  pzeux;  la  liste  des 
t*^ï*s  on  nages  qui  refusent  rbonneur  de  prendre  Narbonne  sans 
4^*oii  lea  fasse  parler  a  été  allongée  et  chacun  d'eux    a  été 
*^^ra.ctérisé  en  deux  mots  ;rattitude  de  Charlemagne  au  cours 
^s  divers  interrogatoires  a  été  complètement  changée,  et  de 
*^ti    discours  final  on  doit  reconnaître  que  Jubinal  a  fourni 
®i  ttipiement  le  canevas. 

..     *    ^oirdanâ  La  Rei*ue  d'hi^Qire  iitiéraife  de  laFrance^  ISjatiYÎer  1900, 
^^^Icle  do  M,  Rigal  :  Comment  oné  été  compifséx  Ai/meriltùf  el  te  Marittt/e 
'■^^    ^iColmd. 

^eime  univerniaire,  15  mal  i^'^X  (Note^  crilifiues  mr  trois  poèmes 
^^  ^««  Légende  des  siècles:  Àtptiùriitot^  Èviradnus^  La  confiance  du  mat» 
*****    Fabri:e^ 

*    B.  Rigal.  Âriide  cUé, 


m 


40i 


VICTOR  HUGO  ET  SES  SOORCES 


Dans  la  deuxième  rédaction  quelques  modifications  nàti- 
velles  se  sont  ajoutées  aux  précédentes  ;  la  description  de  la 
Tilla  a  été  uo  peu  développée  ;  les  dicours  du  due  Naymes  et 
du  ûomto  de  Oand  ont  été  enrichis  de  plusieurs  vera  ;  Je  por- 
trait d'Âjmerillot  a  été  imaginé  ;  enfîn  tout  un  épisode  a  été 
introduit,  celui  qui  met  en  scène  Eustache  de  Nancy,  vaillant 
soldat  que  Charlemagne  essaie  de  séduire^lui,  par  les  difgeuUés 
de  l'entre  prise. 

Malgré  ces  corrections  et  ces  additions  successives,  on  Toit 
que  le  texte  déûnliif  ô*  A  y  mer  îiioC  s'éloigne  très  peu  du  texte 
de  Jubinal.  On  s'en  rendra  mieux  compte  en  lisant  la  très 
une  étude  oii  M,  Rigal  a  rapproché  d'un  bout  à  l'autre  rimi- 
tation  du  modèle.  On  sera  tenté  en  Tache  van  t  de  dire  que 
Hugo  n'a  pas  imaginé  autre  chose  que  des  détails.  Et  on  peut 
bien  le  dire»  en  effet,  si  on  le  veut  :  seulement  la  question  se 
pose  de  savoir  si  ce  ne  sont  pas  ces  détails  qui  donnent  au 
poème  toute  sa  valenr  et  tout  son  intérêt. 

Qu'j  a-t-il  donc  dans  Aymerttlût  ? 

D'abord  le  tableau  très  pittoresque  d'une  armée  qui  bat 

en  retraite  après  une  longue  campagne.  Et  telle  est  la 
généralité  de  ce  tableau  que  nous  ne  pouvons  relire  le  poèJOie 
sans  songer  aussitôt  à  Tannée  terrible.  Ces  bannières  trouées^ 
ces  chevaux  boiteux,  ces  soldats  qui  marchent  tristement 
devant  eux^  ces  visages  tout  noirs  et  tout  brûlés,  ce  capitaine 
qui  a  un  ulcère  aux  jambes,  ce  cavalier  qui  n'a  plus  à  sa  selle 
une  boucle  qui  tienne,  ces  fantassins  qui  se  plaignent  d'avoir 
<<  la  goutte  aux  reins,  Ten torse  aux  pieds»  aux  mains  T am- 
poule n,  comme  nous  les  connaissons!  Nous  les  avons  vus  de 
nos  jeux  et  nous  les  avons  revus  dans  les  tableaux  d^'Alphonse 
de  Neuville*  Beaucoup  d'entre  nous  ont  été  eux-mêmes  ces 
personnages.  Ce  sont  nos  propres  souffrances  quMls  nous  rap- 
pellent, ou  celles  de  nos  pères.  Ce  sont  aussi  celles  de  nos 
grands-pèrea,  les  béroïques  survivants  des  dernières  guerres 
de  TEmpire,  Et  Ton  sent  bien  que  si  le  poète  n'avait  pas 
entendu  conter  cent  fois  dans  sa  jeunesse  la  retraite  de  Russie 
et  la  campagne  de  France,  il  n'aurait  pas  donné  à  cette  pein- 
ture d'une  armée  harassée  par  les  combats  et  par  les  marches 
an  caractère  d'une  aussi  éternelle  vérité. 


I 


I 


VICTOR  HUGO  KT  SES   SOURCES  4  03 

Je  dîa  ti  donné  i>;  car  oQni  bien  à  Hugo  que  le  tableau  doit 
sft  généralité.  Sans  doate,  il  avait  trouvé  dana  son  modèle 
quelques  indications.  Mais  c^est  lui  qui  a  ajouté  les  mots  les 
plus  heureux: 


Jen^'aî  plus  à  ma  seil*?  une  bande  qm  tienne».. 

La  gouUe  aux  leinaj  1  ontorso  aux  pieds,  aux  mains  Tampoule. 

Et  û'eât  lui  qui  a  vu  qu'il  fallait,  sans  multiplier  ces  détails 
à  rexcés,  les  (iissémin^^r  dans  les  discours  de  tous  les  peraoo- 
nages. 

Très  générale  par  certains  traits,  la  peinture  est  par  dian- 
tre s  traits  tout  à  fait  particulière.  Cette  armée  qui  descend 
des  Pjrrénées  est  une  armée  du  mo^en  âge.  Hugo  insiste  sur- 
toutf  et  avec  raison,  sur  un  caractère  :  c'est  une  armée  com- 
tuandée  par  des  cavaliers  tout  habillés  de  fer.  <*  Foin  du 
cimier!  «  dit  Tun.  «  J'ai  trop  porté  haubert,  maillot,  casque 
et  salade  t>,  gémit  un  autre.  Un  troisième  se  plaint  que  «  par 
le  chaud,  par  le  froid  »,    il  soit  «  vêtu  de  fer  »k  Uo  quatrième 
t^e^arde  d'un  œil  sombre  «  son  vieux  gilet  de  fer  rouillé,  »  Et 
aajis  doute  Jubinalavait  dit  d'un  des  héros  qu'il  était  las  d'avoir 
^té  «  par  tous  les  temps  vêtu  de  fer,  u  Mais  il  n'avait  ])as 
compris  que  pour  évoquer  la  vision  de  l'armée  du  moyen  âge 
il  devait  remettra  sous  uos  yeux,  à  diverses  reprises,  le  fer 
flés  armures,  le  fer  coEvrant  les  tètes,  les  bras  et  les  poi- 
t;rioes. 

Il  n'avait  pas  su  davantage  agrasdir  son  sujet,  Hugo,  lui, 
y  a  BÎ  heureusement  réussi  —  et  il  n'a  point  eu  besoin  pour 
oela  d'accumuler  les  détaila,  les  ayant  bien  choisis  —  qu'on 
^etit  affirmer  que  dans  son  poàme  revit  toute  la  guerre  du 
itioyen  âge  :  la  vie  des  campa,  les  noirs  clairons  sonnant  au 
point  du  jour,  le  cliquetis  confus  des  lances  ennemies  entendu 
^e  loin,  les  machines  de  guerre  «  les  villes  munies  de  tours 
a.Tec  des  toits  d'étain  et  des  mâchicoulis  ruisselants  de  poix  et 
cie  réaine,  Encore  n'est*ce  pas  assez  dire,  et  Toq  doit  ajouter 
c|a# l'auteur  d'/lymm//oi  a  ressuscité  toute  la  poésie  des  moeurs 
ûu  moyen  âge,  surtout  celle  des  noms  propres,  des  titres 
sonores,  des  légendes  fabulenses.  Et  par  quel  artifice?  Tou- 
jours par  le  même  moyen  ;  à  raide  de  quelques  détails  d'une 


404 


VICTOR   HUGO    ET   SES   SOURCES 


puissante  vertu  pittoresque,  qui  ont  été  dissémmée  dans  les 
différentes  parties  da  poème  ou  condensés  dans  certains  pas- 
sages, et  dont  la  plupart  ont  été  mventéâ  par  Hugo  Itii-même 
ou  n^ont  pris  toute  leur  valeur  qu'en  recevant  de  lut  une  nou- 
velle place* 

Mais  le  tableau  de  Hugo  o'est  pas  seulement  pittoresque;  il 
est  aussi  moral.  Le  poète,  qui  s'est  intéressé  aux  blessures  des 
jambes^  au  pas  boiteux  des  chevaux,  à  la  rouille  des  armes, 
s'est  intéressé  davantage  encore  aux  tristesses  des  cœurs  et  à 
la  dépression  des  volontés.  Et  comme  cetta  peinture  des  âmes 
est  dramatique!  Elle  est  toute  en  action*  Aucune  aualjse* 
Rien  que  des  discours,  et  combien  vrais  I  combien  significa- 
tifs ï  Tous  les  mot«  qui  traduiront  toujours  le  regret  du  foyer 
depuis  trop  longtemps  quitté  et  le  dégoût  des  armes  trop 
longtemps  portées,  nous  les  avons  là.  Familiers^  crus,  imagés, 
ce  sont  de  vrais  mots  de  soldats:  «  J'ai  besoin  de  mon  Ut,  — 
Voilà  plus  d'un  an  que  je  n'ai  couché  nu.  —  J'en  ai  asseï  de 
m'endormir  fort  tard  pour  me  lever  matin*  -~  Je  désire  un 
bonnet  de  nuit.  —  Jf*ai  des  terres  ailleurs,  —  Ma  femme  va« 
t-elle  seulement  me  reconnaître?  —  Nous  voulons  nos  lûgt8, 
nos  fojers,  nos  amours,  m  Mais  de  ces  mots,  où  se  trahît  ai 
énergique  ment  Tesprit  qui  anime  cette  armée  découragée,  qui 
donc  a  imaginé  les  uns  et  mis  les  autres  en  relief?  On  n'aura 
pas  de  peine  à  croire  que  ce  n'est  point  Jubinal,  ni  le  viens 
trouvère. 

C*est  Hugo  encore,  et  c'est  lui  seul  cette  fois,  sans  que  son 
modèle  la  lui  ait  suggérée  d'aucune  façon,  qui  a  eu  Tidée  de 
donner  aux  différents  héros  une  physionomie  individuelle. 

Sans  doute,  les  personïiages  d'j4ymeîT7/ôf  ne  sont  point  aussi 
distincts  que  le  sont  ceux  d'une  fable  de  La  Fontaine,  par 
exemple  ceux  du  Meunier,  $on  fiis  et  l'une.  Ceux- ci  parlent 
beaucoup  moins  que  ceux-là.  Chacun  d'eux  ne  dit  guère  quo; 
quelques  mots^  mais  il  se  met  tout  entier  dans  son  bref 
dîscoursi  et  si  parfaitement  qu'à Tentendre  on  devine  aussitôt 
et  son  âge,  et  son  caractère^  et  ses  occupations.  Tous  sont 
du  peuple  et  tous  s'accordent  à  proclamer  que  le  Meunier  est 
un  sot  ;  mais  leurs  raisons  ne  sauraient  être  plus  différentes, 
ni  leurs  paroles  moins  semblables.  C'est  que  tel  est  jeune  et 
q^e  tel  est  vieux  ;  que  les  uns  sont  des  marchands  et  que  les 


VICTOR   HUGO   ET   SES   SOURCES  405 

autres  sont  des  paysans  ;  que  celui-ci  prend  la  vie  au  sérieux 
et  que  celui-là  la  prend  en  badinant.  Par  exemple,  quel  est 
donc  ce  quidam  qui  invoque,  non  la  raison,  mais  la  mode,  et 
qui  donne  comme  argument  un  refrain  de  chanson  ?  Et  quels 
sont  ces  hommes  sensibles  qui  reprochent  aux  meuniers  de 
n'avoir  «point de  pitié  de  leur  vieuxdomestique»?  A  leur  lan- 
gage je  les  reconnais  sans  peine.  Ce  quidam  est  un  jeune 
homme,  le  coq  de  son  village  :  jojeux  drôle,  qui  s'en  va  à  la 
foire  pour  boire  du  cidre  bouché,  consulter  les  pythonisses  et 
faire  danser  les  filles.  Que  lui  importe,  à  lui,  de  lasser  sa 
monture!  La  vie  n'estelle  pas  faite  pour  qu'on  en  jouisse,  et 
les  baudets  pour  qu'on  aille  «  à  Taise  s,  et  les  foires  pour  qu'on 
remplace  les  bêtes  crevées  ?  Ces  gens  sensibles  sont  de  braves 
fermiers,  qui  se  rendent  à  la  foire  pour  vendre  leurs  légumes 
et  leurs  œufs:  hommes  pratiques,  qui  portent  à  leur  vieille 
bourrique  une  affection  proportionnée  à  Targent  qu'il  faudrait 
débourser  pour  en  acheter  une  autre.  Il  est  impossible  de 
donner  plus  nettement  en  moins  de  mots  l'impression  de  la 
diversité  des  âmes. 

L'auteur  d'Aymerillot  ne  la  donne  pas  aussi  bien  avec  de 
plus  longs  discours.  Et  il  est  douteux  que  l'idée  de  prêter  un 
caractère  à  ses  personnages  soit  la  première  qui  se  soit 
présentée  à  son  esprit.  Ou  plutôt,  on  peut  soutenir  qu'elle  ne 
lui  est  venue  qu'accidentellement.  C'est  ce  que  M.  Rigal  a 
bien  montré.  Le  poète,  dit-il  en  substance,  voulut  faire,  si 
l'on  peut  dire,  un  sort  à  un  joli  mot  qui  n'avait  pu  être  utilisé 
dans  le  discours  de  Hue  de  Cotentin  :  «  Vous  m'offririez  tout 
l'or  de  Pépin  pour  prendre  Narbonne  que  je  ne  la  prendrais 
jamais.  »  Il  désirait  mettre  Pépin  à  la  rime  avec  pain  comme 
rime  correspondante.  Un  des  contradicteurs  de  Charlemagne 
allait  donc  regretter  d'avoir  manqué  de  pain.  Qui  serait  cet 
homme  pratique?  Un  Flamand,  le  comte  de  Gand. 

Et  voilà  introduit  dans  l'histoire  un  personnage  qui  a  une 
physionomie  originale.  Mais  voilà  Hugo  tenté  d'en  donner 
une  à  chacun  des  autres.  Naymesestun  vieillard:  le  poète  en 
fera  un  sermonneur.  Gérard  de  Roussillon,  dans  le  texte  de 
Jubinal,  prononce  seulement  quelques  mots  :  son  discours 
sera  encore  abrégé  :  il  sera  réduit  à  un  seul  vers;  et,  comme 


406 


Vie  L'y  H    HUGO    ET   SES  SOURCES 


ceux-là  qui  sont  silencieux   aoot  gônérabmoîifc  tristtîs,  on 
imposera  à  ce  capitaine  un  regard  sombre  : 

Gérard  de  RouasilloiL  regarda  d*un  oeil  aombrc 
Son  vieux  gilet  tie  fer  rouillé,  le  petit  nombre 
De  ses  soldats  marchant  tristement  devant  eux. 
Sa  bannière  trouée  et  ion  cheval  boitetix. 

ti  Tu  rêves,  dit  le  roi,  comme  uu  clerc  en  Sorbonne, 
Fautril  donc  tant  songer  pi)ur  accepter  Narbonne  ? 

—  Roi,  dit  Gérard,  merci,  j*ai  des  terre»  ailleurH.  w 

Au  soldat  taciturne  s'oppose  naturellement  le  »oldat  ba?&rd  ' 
et  gai.  Hugo,  pourtant,  ne  s'est  pas  avisé  tout  de  suite  de  co  I 
contraste»  Mais  il  l'a  introduit  danâ  sa  deuxième  rédaction, 
et  i^  a  créé  le    personnage  d'Eustache^  verbeux,  spirituel, 
fécond  en  mots  de  caserne,  aimaût  le  danger  pour  lui-même^ 
si  bien  que  Gharlemagne  essaie  de  le  séduire  par  la  difâculté 
de  Tentreprise,  Vrai  tjpt^  de  troupier  français,  d^'oa  conve- 
nait-il de  faire  venir  cet  Eustache?  La  chose  était  indiquée  :J 
il  devait  être  né  en  terre  lorraine  \  i)  devait  être  le  oomtê  dd 
Nancy* 

En  même  tomps  qu*elle  imaginait  le  rôle  d*Ëuâtachef  là^ 
deuxième  rédaction  accentuait  le  caractère  aermoaneur  du^ 
discotirs  de  Naymes  et  le  caractère  prati^^ue  du  discours  ditJ 
flamand.  Et  ainsî^  dans  le  texte  déânitif,  leâ  personnages,  sana  i 
être  marqués  d'une  enftpreinte  ansai  individuelle  que  le  aontJ 
les  héros  d*une  fable   de  La  Fontaine,  ont  revêtu  cependant^ 
chacun  une  physionomie  :  tous  refusent  Thonneur  de  prendre 
Narbonne  ;  mais  ce  n*e3t  pas  sous  le  nié  me  prétexte,  et  avec 
les  sentiments  varient  les  éloquences*   £i  le  poème  d^4l/nté- 
i-iV/a/fait  songer  à  ce  fïimcux  tableau  de  Meissounier  qui  porte 
comme  titre  la  date  de  1814,  où  derrière  le  nouveau  Charles* 
magne,  dont  la  figure  trahit  la  résolution  de  continuer  encore^ 
et  toujours   la  lutte^  on    voit   se  dérouîer   une   lougae   ûlû 
d'officiers  généraux,  dont  aucun  —  toute  leur  attitude  le  dit 
clairement  —  ne  veut  plus  se  battre  :  mais  s'ils  sont  tous  las 
de  la  guerre,  on  lit  sur  leur*^  visages  que  c'est  pour  des  raisons 
bien  diflé rentes. 

Hugo,  qui  a  créé  de  toutes  pièces  les  caractères  de  NajEnes, 


VICTOR   HUGO  ET  SES   SOUBCES 


40t 


dâ  GérBrd,  d'EasUche,  du  comte  de  Gattd»  a  dû  refaire  presque 
eûtjèrement  le  rôle  de  Charlem&gne.  Il  n'a  pa»  iûvetité  son 
indignation!  ni  le  thème  do  son  discours  ;  mais  à  cette  rojale 
colère  li  a  donné  Téclat,  Tabondance,  ia  majesté  qu'elle  corn- 
portÉtît:  n'était-ce  pas  ce  qu'il  y  ft?ait  de  vraiment  dîificile  à 
trouver? 

Ce  qui  n'offrait  paSi  peut-être»  moins  de  difficulté,  c'était  de 
prêter  à  Tempereup  jusqu'à  Téxplôsion  finale  une  attitude 
convenable*  Ici  le  poète  s'est  presque  (?f>inplètement  séparé  de 
son  modèle.  Chez  Jubiual,  comme  sanâ  doute  chez  le  vieux 
trouvère,  Charleraagne,  après  le  discours  de  Naymea,  jette  un 
grand  rire;  après  la  réponse  de  Dreus^  il  rougit  et  s'enflamme  j 
après  celle  de  Hue»  il  éclate  en  saiifïlotâ.  Le  trouvère  s'est  dtt^ 
je  pense,  que  tout  chez  le  grand  empereur  devait  être  violent. 
Il  a  pensé  aussi  que  la  colère  de  Charles  paraîtrait  plus  natu- 
relle si  elle  était  précédée  de  quelques  éclats.  C'était  mal  rai- 
sonné. Peut-être  Hugo,  de  son  c6té,  o'a-t-il  pas  tant  songé  à 
la  vérité  du  caractère  qu'à  l'effet  du  récit.  Je  le  soupçonne 
d-'avoirfait  simplement  ce  raisonnement:  moins  le  lecteur  aura 
prévu  le  rugissement  du  lion  et  plus  il  en  sera  saisi.  Maia 
quelle  qu'ait  été  l'origine  de  sa  correction,  sa  correction  ce 
pouvait  être  plus  heureuse  ;  elle  donne  è.  Charlemagne  la  seule 
attitude  qui  soit  conforme  à  la  vérité:  le  prince  se  contient 
tant  qu*il  conserve  des  illusions. 

On  sent,  d'ailleurs,  à  des  signes  non  équivoques^  qu'il  perd 
peu  à  peu  sa  confiance,  11  interroge  le  deuxième  preux  avec 
moins  d'assurance  que  le  premier  et  ie  troisième  avec  moins 
d'assurance  que  le  second  [  encore  après  la  réponse  de  celui-ci 
est-il  demeuré  un  moment  pensif.  Auprès  du  quatrième  il 
plaide  longuement  sa  cause»  Avec  le  cinquième  et  le  sixième 
il  change  de  tactique  et^  comme  s'il  était  sûr  du  succès  de  sa 
demande,  il  étale  les  dangers  de  Tentreprlse. 

Rien  n'est  plus  naturel  que  toute  cette  conduite  de  Charle- 
magne;  et  l'on  remarquera  que  tout  en  a^^ant  le  mérite  d'ac- 
corder Tattitude  du  héros  avec  son  caractère,  la  correction 
de  Hugo  a  Favantage  dMmprimer  au  récit  un  véritable  mou- 
vement et  de  préparer  le  dénouement  sans  cependant  en  do- 
fiorer  l'effet,  Or,  quelles  sont  les  qualités  esseutielles  d'une 
narration,  si  ce  n'est  d'avoir  du  mouvement  et  de  préparer  le 
dénouement  I 


40Ç  VI  CTO  H    HUr,0    ET  SES   SOUHCES 

A  Goi  qualités  eapitales  lo  recîi  de  Yictor-Hugo  en  ajoû! 
d*autre9,  moins  nécessaires,   mais  bien  intéressantes.   Âveo] 
quel  art,  par  exemple,  le  conteur  souligne  les  moments  déel-^ 
aifs  de  raction  1  Tantôt,  c'est  par  une  coupe  : 

Ub  refuaérent  tous. 
Tantôt,  c'est  par  un  vers  i^iein  : 

Hugo  de  Cotentin  salua  TEmpereur. 
L'Empereur  se  tourna  vers  te  comte  de  Gand, 
Cfaarle  en  vojant  ces  tours  tre^eiiUîe  sur  les  moats. 
Le  vieux  HtLymes  frisa onne  à  m  qu'il  vietlt  d*6£i tendre. 

Tantôt,  c'est  par  un  distique; 

L'Empereur  répondit  au  duc  avec  bonté  : 
»  Duc^  tu  ne  m'as  pas  dit  le  nom  de  la  ctté^  # 

L'Empereur  souriant  reprît  tî'uu  air  trauquille: 
w  Duc,  tu  DC  m'as  pas  dit  le  nom  de  cette  ville.  » 

Avec  quel  bonheur  encore  il  remet  eà  et  là  sous  les  yetii  d 
lecteur  le  théâtre  de  Taction:  la  montagne! 

Le  bon  cheval  du  Roi  frappait  du  pîed  la  terre 
Comme  s'il  comprenait  :  sur  le  mont  solitaire 
Les  nuages  passaient. 

Voilà  comme  parlaient  tous  ces  fîers  batailletirâ 
Fendaat  que  les  torrents  mugissaient  sous  les  cbèues. 

Il  n'est  pas  néoeasaire  d'insister  davantage.  Car,  ou  le  voit 
claireraent:  Hiigo  asuivi  Jubîtial  pas  à  pas;  et  cependant  tout 
ce  qu'il  j  a  ^lans  le  pitèmc  de  psychologie,  presque  tout  ce^ 
qu'il  y  a  de  qualités  pittoresques  et  narratives,  c'est  lui  qu^| 
Ty  a  mis,  A  *jmeHiht  est  donc  bien  à  lui,  A  moins  que  les  fables 
du  Meumer  et  de  VAioueffe  n'appiirtiennent  pas  à  La  Fontaine, 
Car  La  Fontaine  n'a  pas  modifié  les  récits  de  Malherbe  et 
d'Âulu'Gelie  plas  que  Hugo  ii^a  modîâé  celui  de  JubînaL  Son 
génie  créateur  ne  s'est  exercé»  semble-t-il,  que  dans  les  détails. 
Mais,  en  y  regardant  de  près^  on  s'aperçoit  vite  que  des  idées 


VI CTO K    HUGO    ET   SES  SOOftCES  109 

générâtes  qui  ont  prt^sitlé  à  riDY&ntioii  de  ces  détails,  que  d'elles 
seules  les  deui  fables  reçoivent  leur  sens  et  leur  beauté. 


Il 


DdDs  rarticle  raéme  où  il  citait  un  fragment  d'^yw^n^  Jubi- 
nal  analysait  aus^i  un  épissode  de  Girard  de  Viane,  a  Cet  épi- 
sode  nous  montre  Chariemagne  mettant  le  «iè^e  devant 
Vienne,  Roland  provoqué  par  Olivier,  Olivier  et  Roland  une 
seconde  fois  sur  le  point  de  se  battre  et  dérangés  par  Aude, 
enfin  le  combat  singulier  des  deux:  preux  dans  une  tle  du 
Rhône',  i}  Cette  dernière  partie  du  récit,  tel  que  le  résume 
JubJnal,  a  été  la  seule  source  du  Marltge  de  Roland, 

Ici  encore  le  poète  a  suivi  son  modèle  de  prés.  Il  lui  a 
emprunté  la  marche  générale  de  sa  narration,  ses  principaux 
épisodes  et  souvent  dea  phrases  aniièresjl  me  snfârade  citer^ 
pour  qu'on  s'en  rende  compte,  un  fragment  du  texte  He  Ju- 
binai  : 

Une  fois  afrivés  dans  Tîle,  les  deux  héros  marchent  droit  Vnn  h 
TauÈre,  et  le  combat  comiiience.  Ils  n*ciQt  pour  témoiûs  que  Im  bate- 
liers qm  les  ont  coudiûts.  Après  une  lutte  qui  dure  uo  temps  consi- 
dérable, Kolancl  tue  le  cheval  d'OlivitH%  fait  tomber  son  c^asque,  et 
bme  Tépée  de  sou  vaillant  adversaire.  —  Celui-ci  recommande  son 
ime  À  Dieu  et  i'apprôte  &  mourir.  Roland  devine  sa  pensée  :  u  Oli- 
vier, lui  dit- il,  je  ^uia  le  ne  voit  <iu  roi  de  F^âl1I^^  et  je  dois  agir 
comme  uu  franc  neveu  du  l'oi  ;  je  ne  puis  frapper  un  ennemi  ilësarmë  ; 
va  donc  chercher  une  autre  épée  qui  soit  de  meilleure  trempe,  et  fais- 
mot  en  même  temps  apporter  à  boire,  car  j'ai  soif. 

«  —  Merci,  Roland,  dit  Olivier^  je  vous  sais  bon  gré  de  votre 
parole.  »  Il  va  trouver  alors  le  miiriuier  qui  i^avait  atnené  et  lui 
donne  Tordre  d'aller  â  Vienne  chercher  du  vin  et  des  armes.  Celni-ci 
revint  bientôt  avec  du  meilleur  vin  do  Gémrd  contenu  dans  un  vase 
d'or,  et  deux  épées^  dont  Tune  était  la  fameuse  Clos  amont,  nommée 
mmï  Hautecbire,  qui  avait^  selon  la  légende,  appartenu  à  Tempereur 
Constantin, Obvier  donne  À  boire  t  Roland*  et  le  comb^it  recoiuuuence, 
n  Le  bruit  eu  était  sî  fort,  dit  le  poête^  qu'on  Tenteudait  de  Vienne 


f  l'emprunte  Fa  nal  j  se  de  M.  Elgai,  article  ciié. 


410 


VICTOR   HUGO    ET   SES   SOOBCES 


grondant  comme  un  orago  et  qwe  àeê  éclairs  sorUdeut  des  épém.  n 
Le  jour  tout  eutter  sa  passe  mUBÏ.  Enûn  le  soleil  baisée  à  rbomon  et 
la  nuit  arrive* 

u  Olivier,  dit  Roland, je  me  lens  malade.  Je  voudrais  me  reposer; 
oar  je  ne  puii  plus  tne  soutenir.  —  Soit,  dit  Olivier,  je  veux  vous 
vaincre  avec  mon  (glaive,  non  avec  la  maladie*  Dormez  sur  l'iierbe 
verte,  je  vou-s  éventerai  de  mon  casque»  afin  de  vous  donner  de  Fair, — 
Vasaalp  répond  Roland,  je  ne  voulais  que  vous  éprouver,  mais  je  puis 
combattre  encore  quatre  jours  et  quatre  nuits  sans  me  reposer.  » 

Aussitôt  le  terrible  duel  recommence, 

Cependant  rimitationaété  cette  foi»  beaueoup  moins  fidèle, 
et,  pour  ne  pm  signaler  quelques  déiaila  sang  grande  impor- 
tanoe,  Hugo  n'a  paa  héaité  à  retrancher  deux  épisodes.  Le 
premier  est  celui  des  émotions  de  la  belle  Aude,  que  Jubioal 
analysait  ainsi  : 

De  son  cdté,  la  belle  Aude  se  trouve  dans  une  singulière  situation. 
Son  frère  est- il  vainqueur,  c*est  son  amant  qui  pérît.  Son  amant  estnl 
victoriem,  il  Test  par  le  trépas  de  son  frère.  Cette  position  n'est  pas 
sans  analogie  avec  celle  de  Cblmène  et  du  Cid.  Ce  sont  à  peu  près 
les  vers  de  Corneille  : 

. , .  Û  Dieu  l  l'étrange  peine  l 

En  cet  affront  mon  père  est  1* offensé 

Et  l 'offenseur  le  père  de  Ghimène. 

Aussi  la  belle  Aude  fait-elle  entendre  des  gémissements  :  —  a  Ab! 
beau  frère  Olivier!  que  dur  est  mon  destin!  Si  je  vous  perds^  jamaii 
je  ne  serai  épousée  par  Roland,  et  l'on  fera  de  moi  une  nonno  voilée,  n 

L'autre  épisode  qui  a  disparu  est  celui  de  l'^interventioti 
divine,  dont  Edgard  Quinot  avait  parlé  avec  enthausiaâme  ', 
et  que  je  cite  encore  dans  le  texte  de  Jubinal  : 

Le  jour  trouve  les  deux  guerriers  toujours  combattant,  et,  à  la  fin  de 


i  «  Tout  cola  n*C53t"il  patjjsinguliêremont  grand,  fier,  énergique?  »  écrit 
QuîneL  après  avoir  résumé  cct'éplâode.  <  Le  tremhiament  do  ces  deuï 
bommea  inrincihlefl  d^svant  le  séraphin  désarmé,  n'est-ce  pas  là  une 
invention  dans  lo  vrai  ROùt  dy  rantiquitc,  non  romaine,  mais  grecque; 
non  ^}  ^.Jintine,  mais  homérique  ?  v  Quineti  Bintoire  de  iu  poéiie^  eité  par 
Hi^ai,  mèm&  article. 


VICTOR   HUGO   ET   SES   SOURCES  411 

cette  secoDde  journée,  ils  allaient  peut-être  périr  chacun  de  fatigue, 
quand  le  poète,  par  une  hardiesse  bien  rare  en  ce  temps  et  tout  épi- 
que du  reste,  fait  intervenir  la  puissance  suprême  :  un  nuage  couleur 
de  pourpre  vient  s'arrêter  au-dessus  des  deux  guerriers  ;  un  ange  en 
descend,  le  signe  de  la  rédemption  à  la  main,  et,  se  plaçant  entre 
eux,  il  leur  ditqu^ils  ne  doivent  point  périr  ainsi  par  la  main  Tun  de 
I  .iiiti'c,  mais  on  combattant^contre  les  infidèles.  Et  il  les  ajourne  à 
Ronce vaux. 

  cette  vue  et  à  ces  paroles,  les  deux  héros  se  prennent  à  trembler. 
Bientôt  ils  se  jettent  dans  les  bras  Tun  de  l'autre,  délacent  mutuelle- 
ment leurs  capuchons  de  maille  et  vont  s'asseoir  en  causant  sous 
un  arbre,  les  pleurs  aux  yeux,  comme  deux  frères  longtemps  séparés 
qui  se  retrouvent.  <(  Olivier,  dit  Roland,  vous  êtes,  après  mon  oncle 
Charlemagne,  Thomme  que  j'aime  le  plus  au  monde.  —  Pour  vous 
prouver  que  vous  ne  m'êtes  pas  moins  cher,  reprend  Olivier,  je  vous 
donne  ma  sœur  Aude.  » 

Faut-il  regretter  que  Victor  Hugo  n'ait  point  conservé  ces 
deux  incidents?  Je  ne  le  pense  pas.  La  principale  beauté  du 
poème  uie  paraît  dériver,  au  contraire,  de  leur  suppression. 

Dans  la  version  imaginée  par  Hugo,  Roland  connaît  proba- 
blement de  réputation  la  beauté  d*Âude  aux  bras  blancs  ;  mais 
il  n'est  pas  fiancé  à  la  sœur  de  son  adversaire;  il  n'en  est  pas 
aimé,  et  Ton  ignore  le  motif  de  la  rencontre.  L'histoire  du 
duel  se  résume,  dès  lors,  ainsi  : 

Deux  jeunes  gens  se  battent.  Pourquoi?  On  ne  sait  au  juste. 
Tout  simplement  sans  doute  pour  mesurer  leurs  forces.  En  se 
battant,  ils  s'aperçoivent  qu'ils  sont  égaux  en  vigueur,  en 
souplesse,  cnbeauté,  en  courage,  en  généroa.té,  en  délicatesse; 
et  à  la  haine  se  substituent  insensiblement  dans  leurs  cœurs 
la  sympathie,  Testime,  Paffection  ;  bref,  ils  reconnaissent  qu'ils 
sont  dignes  d'être  frères;  le  seul  dénouement  logique  de  leur 
combat  c'est  qu'on  effet  ils  deviennent  frères. 

—  Mais  ce  dénouement  ne  se  fait-il  pas  attendre  bien  long- 
temps et  n'est-il  pas  trop  brusque?  —  C'est  que  la  haine  a  des 
retours.  Tel  est  l'efi'et  naturel  de  la  lutte.  Tout  à  l'heure  les 
deux  ennemis  causaient  sans  colère  au  pied  d'un  arbre  ;  mais 
ils  sont  de  nouveau  aux  prises,  et 

Voilà  que  par  degrés  de  sa  sombre  démence 

Le  combat  les  enivre  :  il  leur  revient  au  cœur 

Ce  je  ne  sais  quel  dieu  qui  veut  qu'on  soit  vainqueur. 


4U 


VIGTOH    HLUiO    ET   SES   SOURCES 


Ëi  puiSf  ils  sont  dôs  m  m  pies»  étant  det  enfants  et  étaof;  de@ 
héros*  Ils  D^otit  pas  appria  à  s^analyset  et  révolution  qui  trans- 
forme chez  eux  l'aversion  en  amour  se  fait  à  leur  insu.  Â  ces 
&m6S  naïves  la  vërite  ne  peut  apparaître  que  «  tout  à  coup  «, 
et  c'est  le  plus  jeune  des  deux,  le  plus  doux,  le  plus  aimant, 
«  aigle  aux  yeux  de  colombe  »»  qui  doit  le  preroier  voir  clair 
dans  sou  cœur;  mais  aussitôt  que  Tautre  auraeuteudu  ïe  mot 
révélateur,  le  mot  qui  lui  expliquera  ce  qui  s'est  passé  coiifu- 
sément  en  lui,  il  acceptera  avec  enthousiasme  la  seule  saîu- 
tioD  qui  s'accorde  avec  ses  nouveaux  seuttoientâ* 

Il  n'y  a  pas  de  dénouement  qui  soit  plus  nature^  quoique  à 
preraière  vue  moins  préparé,  que  celui  du  Mariage  de  Roland^ 
ni  de  [^oèuie  qui  soit»  en  dépit  des  apparences,  d'une  psycho- 
logie plus  sûre.  Comme  dans  une  oeuvre  classique,  c*est  rime 
des  personnages  qui  est  le  théâtre  de  l'action  et  le  mouvement 
du  drame  vient  du  dedans^  non  du  dehors. 

Par  îa  suppression  du  rôle  de  la  belle  Aude  et  de  Tapparition 
céleste,  Tiatérêt  psychologique,  qui  était  faible,  ou,  pour  mieux 
dire^  à  peu  près  nul,  dans  le  poàme  du  XIIP  siècle,  a  donc  été 
introduit  dans  le  sujet  et  j  est  devenu  le  principal 

—  Les  deux  épisodes  sujjprimés  n'avaient-ils  pas  leur  in- 
térétl  —  Oui,  sans  doute.  Mais  comme  Hugo  a  su  compenser 
ce  qu'il  perdait! 

Jubinal  notait  rian^  son  article  que  la  situation  de  la  belle 
Aude  nMtaJr.  pas  sans  analogie  avec  celle  de  Chimène.  Cette 
comparaison  a  été  pour  Hugo  un  trait  de  lumière  :  puisqu'il 
était  obligé  de  sacrifier  le  personnage  de  Chimène,  il  donnerait 
un  rôle  à  don  f>lègue» 

  chaque  tournant  de  Inaction  le  poôtCp  en  cifet,  fait  appa- 
raître le  vieux  GéranL  C'est  lui  qui  a  habillé  Olivier  pour  le 
combat  : 

11  fut  pour  ce  combat  habillé  par  son  père. 


Quand  Tentant  est  désarmé,  chez  Jubinal,  il  se  recommande 
h  Dieu  ;  chez  Hu^o,  il  songe  d^abord  à  son  père  et  «  se  tourne  » 
ensuite  a  vers  Dieu  s.  Quand  Roland  demande  une  autre  épée, 
Olivier,  chez  Jubinal,  donne  au  marinier  ^  Tordre  d'aller  à 
Yienne  chercher  du  vin  et  des  armes  »  ;  chez  Hugo,  il  enjoint 


VICTOR  HUGO   ET  SES   SOURCES  41S 

au  batelier  «  dt  dû-e  à  son  fjèr*^  qti*ii  faut  une  autre  épée  à  Tun 
d'eux  et  qu1i  fait  chaud  n  ;  et  c'efit  le  viôux  comto  qui  choisit 
Tépée,  qui  choisit  le  vin  : 

I/homme  a  vu  le  vieux  coniLe  :  il  rapporte  une  épëe 
Et  du  vin. 

Le  quatrième  jour,  ïe  vieux  Gérard  envoie  un  devin  regarder 
girr  les  tours  où  eu  est  le  combat:  tant  II  est  impatient  que 
n  son  enfant  revienne  »  I 

Par  la  part  que  le  vieillard  prenrl  k  Taction,  Tintérêt  du 
drame  est  doubla  Tant  que  Ton  tremble  pour  la  vie  d^Olivier, 
on  trembîe  aussi  pour  celle  de  Gérard  :  car  il  mourrait  du  coup 
qui  frapperait  son  enfant.  Mais  quand  on  voit  le  jeune  homme 
vivre^  et  vivre  pour  devenir  le  frère  de  Roland,  avec  quelle 
joîe  n*applaudit-on  pas  à  un  dénouement  qui  donne  un  fila  de 
plus  (et  quel  fils!)  à  ce  vieux  père  aimant  î 

Si  Tépisode  des  émotiona  de  la  belle  Aude  a  été  remplacé, 
et  avec  avantage,  par  le  rôle  de  Gérard,  de  répisode  de  l'ap- 
paritîon  angélique  Hugo  a  retenu  quelque  chose: 

L@a  béroâ  achèvent  sans  colère 
Ce  quHls  disaient»  Le  ciel  rafjonne  au-dessus  d*eu0. 

Mais  ce  n'est  [dus  ici  un  rajon  miraculeux;  c'est  Tëclat 
naturel  d'un  jour  de  soleiL  Qu'est-ce  k  dire,  sinon  f|U*à  Tin- 
fluence  divine  est  substiLuée  rinliuence  de  la  nature?  Tandis 
que  Tardeur  de  la  lutte  entretient  dans  les  cœurs  Le  désir  de 
vaincre,  la  beauté  de  la  lumière  y  inspire  le  désir  de  vivre. 

Ceux  qui  regretteront  comme  plus  épique  Tintervention 
directe  du  messager  ccleate  î^ongeront,  d'ailleurs^  que  dans  la 
pensée  de  Hugo  la  nature  est  rinstrument  de  Dieu  :  il  y  a  donc 
bien  encore  ici  du  merveilleux,  quoique  le  merveilleux  soit 
très  discret. 

Ils  considéreront  aussi  que  Hugo  n'a  jamais  fait  peut  être 
de  récit  qui  fût  davantage  dans  le  vrai  goût  de  Tépopôô 
homérique* 

Semblables  aux  Sarpédon  et  aux  Patrocle,  les  deux  héros 
ont  une  force  surhumaine;  déraciner  un  ehéue  ou  un  orme, 
lutter  à  grandi  coups  de  troncs  d'arbre,  combattre  pendant 


414 


VICTOR    HUTtO   KT   ses   SOURCES 


I 


ciûq  jours  et  cinq  nuits  sans  prendre  ni  sommeil  ni  nourri- 
ttire  eat  uq  jeu   paar  ces  géants:  et  nous  voilà  en   pleine  ■ 
légende,  Mais  le  poète  nous  fait  voir  les  morceaux  de  heaume 
et  de  haubert  qui  sautent  dans  Tlierbe  ei  dans  le  ûeuve^  les 
longs  fliets  de  sang  qui   rayent  les  brassards,  coulent  des 
crâinî*  et  descendent  dans  les  jeux  »  les   souffles   âpres  et 
chauds  qui  s'empreignent  sur  les  armures;  il  nous  fait  enten- 
dre le  tressaillement  de  Tîle,  le  bruit  des  ronces  remuées,  Ift 
sifâot  du  vent  qui  trempe  les  brins  d'herbe  dans  Peau;  et 
nou^  voilà  en  plein  réalisme.  Or,  y  a-t-il  rien  de  plus  cou- 
forme  aux  habitudes  des  poètes  primitifs  que  ce  mélange  per- 
pétuel de  légende  et  de  vérité,  d*  ^igantet^que  et  de  réel  ?        h 
Et  quelle  force  oratoire  I  Un  début  qui  nous  jette  en  pleine  ^ 
action,  qui  prend  le  combat  au  moment  où  le  dénouement 
coramencep  sinon  à  poindre,  du  moins  à  se  préparer,  c'est- 
à-dire  au  corps  à  corps,  qui  avant  de  nous  nommer  les  héros, 
excite  vivement  notre  curiosité  ;  une  fin  qui  a  quelque  chose 
de  piquant,  d'inattendu,  de  paradoxal  ;  des  pauses  heureufte- 
ment  placées  comme  pour  ménager  la  voix  de  Foratenr  et 
l'attention  de  Tauditoiro  :  tout  dans  ce  récit  le  rend  merveil- 
leusement propre  à  être  déclamé  devant  un  nombreux  publie.  ^ 
C'est  donc  un  vrai  récit  d'aède,  et  Ton  ne  saurait  trop  ad  mi  rerfl 
Hugo  d^avoir»  tout  en  donïiant  à  l'histoire  de  ce  duel  rintérêt 
psychologique  qui  lui  faisait  défaut,  conservé  à  la  narration  _^ 
du  vieux  trouvère  ses  caratéres  épiques,  ou  plutôt  d'aYoipfl 
retrouvé  ces  caractères  par  la  force  de  son  imagination  en 
lisant  entre  les  lignes  d'une  p&le  analyse. 


m 


Quand  Hugo  écrivit  ies  Pauvres  Gens,  connaissait* il  tet 
Enfants  de  la  Morte  de  Charles  Lafont,  publiés,  pour  la  pre- 
mière fois,  en  1851?  Ou  bien  avait-il  lu  dans  quelque  journal 
un  récit  dont  ce  poème  aurait  été  inspiré  ou  qu'il  aurait,  au 
contraire,  inspiré?  La  première  hypothèao  est  la  plus  vrai- 


VICTOR  HUGO   ET   SES   SOORCES 


115 


8«IDblabie^  Mam  il  n'importe:  quelle  qu'ait  été  la  saurez  du 
poète,  le  texte  qui  lui  a  servi  de  modèle  ressemblait  cârtaiDo* 
ment  de  très  prèâ  à  celui  de  Lafont,  ai  ce  n'était  pas  ce  texte 
laî-oiéme,  et,  pour  mesurer  Toriginalité  de  son  imitation,  il 
est  légitime  de  comparer  tes  Paumées  Gem  aux  Enfants  de  la 

Lafont  nous  iatrodutt  Immédiatement  dans  la  mansarde  où 
les  deux  orphelins  dorment  d'un  profond  sommeil  près  du 
cadavre  de  leur  mère.  Un  métier  à  broder  nous  dit  comment 
«Ile gagnait  <<  le  pain  de  la  jourûée  i},  et  c'est  le  seul  détail 
précis  du  tableau* 

Tout  à  coup  entre  une  femme.  Qui  est-elle?  de  quoi  lïi- 
elle?  combien  &-t-elle  d'enfants?  quelles  relations  avait-elle 
avec  la  veuve?  Noua  Tignorons.  L'auteur  nous  dit  uniquement 
qu'elle  entre^  et  dans  quelques  vers  du  réalisme  le  plus  banal 
il  nous  fait  assister  aux  efforts  tentés  par  elle  pour  reconnaître 
si  la  mort  est  certaine  : 

Elle  prend  dans  un  coîn  un  débris  de  mirair 
Bt,  demandaDt  au  ciel  d'en  ternir  la  surface, 
Des  lèvres  de  la  mort*!  elle  approcbe  la  glace. 
Rien  n'y  mante  ;  la  mort,  révélant  son  secret, 
Sur  le  verre  sans  tache  a  tracé  son  arrêt. 

Après  avoir  fermé  las  yeux  de  la  morte,  tt  Tétrangère  », 
«entant  «  tressaillir  la  fibre  maternelle  n  et  n  ne  prenant  con- 
seil que  de  la  loi  céleste  i,  emporte  les  enfants.  Dieu,  songe- 
t-elle,  fera  le  reste,  a  Le  reste  >;,  fait  observ^er  le  poète, 
d  c^ était  tout,  )) 

Il  faut,  en  effet,  que  le  mari  accepte  de  voir  <(  ces  nouveaux 
appétits  mordre  au  pain  sacré  dont  vivent  ses  petits,  n  Mais 
«  la  femme  au  cœur  d'or  n  n'a  pas  eu  tort  d'avoir  confiance. 
L*homme  rentre,  «  aerre  avec  ivresse  contre  son  coeur  les 
fruits  de  leur  tendresse,  n  remarque  l'air  triste  de  sa  femme ^ 


*  Voir  dans  la  Retîm  cThûloirê  HUérairt  de  la  Frana,  15  aTrtl  1898, 
aQe  noté  de  M.  Bigal  {Chfonique),  aL  dans  la  même  rcfUR,  15  juillet 
1898,  une  note  de  M.  Berret  {Métange&).  Ces  deux  note*  rêaument  teut« 
l'y^toirû  de  la  boiicc&  des  Pum^reê  Gem. 


un  VICTOR    HUGO   ET  SES  SOURCES 

l'interroge^  apprend  la  mort  de  la  vauve^  a'apitoïô  sur  les 
orpheliDSt  propose  de  [es  adopter.  Â  cette  demandei  la  femme 
répond  comme  la  Jeannie  de  Hugo  : 

('  Morte,  dit  le  mari,  c'est  un  bonheur  potir  elle. 

Mais  pour  ses  deux  eafanta  quelle  perte  cruelle  !,„ 

Adoptons  les  enfjinta  de  cette  pauvre  tnorte, 

Et  chojons-les  si  bien,  qii 'oublieux  et  trompée, 

lis  ne  ionpçonneut  pas  quel  coup  les  a  frappée. 

Tu  ne  me  réponds  pas  ?  Parle  ;  tu  m  em  barrasse  a  : 

Blâmes^ tu  mou  desseiu?  Noa,  puisque  tu  m'embrasses. 

N'est-ce  pas  que  c'est  Dieu  qui  me  le  conseilla? 

Va  chercher  les  enfauts.  »  —  «  Tîeus,  flit^elle,  ils   sont  là, 

Qu^eat'Ce  que  Hugo  doit  à  son  modèle?  La  conduite  du 
récit  dans  aa  seconde  moitié,  le  canevas  du  discoura  de 
l'homme,  le  mot  de  la  fin.  Ce  quH  ne  lui  a  pas  emprunté, 
c'est-.*  le  reste.  Maisie  reste,  comme  dit  Lafont,  c'était  tout, 

Qtmnd  Taule  ur  des  Enfantt  de  la  Morte  nous  a  cooté^  ei^_ 
effet,  qu'une  femme  emporte  chez  elle  deux  orphelins  «*  poct^f 
obéir  à  la  loi  céleste  it  et  <i  parce  qu'elle  a  senti  vibrer  bd  elle 
la  fibre  maternelle  lî,  quand  il  a  ajouté  que  le  mari  (dont  nous 
ignorons  la  profession)  a  l'idée  du  même  dévouement,  que 
nous  a-t-îl  appris  d'intéressant?  Rien  du  tout,  on  peut  Ta^r- 
mer.  Car  c'est  ne  rien  dire  que  de  dire  des  choses  aussi 
vagueSf  et  autant  vaudrait  ne  pas  expliquer  un  acte  que  de 
Fexpliquer  uniquement  par  des  motifs  aussi  généraux*  L'art, 
écrit  avec  raison  le  délicat  auteur  de  la  Ûéiicat€ii$€  dans  tart^ 
vit  de  nuances;  v\  c'est  à  distinguer  les  sentiments  les  plus 
voisins  qu'il  doit  surtout  s'appliquer,  u  11  est  trop  clair,  en 
effet,  que  «  la  douleur  physique  ne  ressemble  pas  à  la  douleur 
morale f  ni  Laoeoon  à  Niobé  »,  ni  Tégoisme  à  la  charité.  IJ 
n'importe  donc  pas  de  savoir  que  deux  pauvres  gens  ont  et 
poussés  par  la  charité  à  recueillir  des  orphelins,  sî  foi 
ignore  quels  éléments  entrent,  pour  ainsi  dire,  dans  leur 
charité, 

Hugo  ne  nous  laisse  ignorer  aucun  de  ces  éléments*  Deg| 
fantoches  de  Lafont,  il  a  fait  des  créatures  de  ohair  et  de 
sang. 

Et  la  méthode  qui  Ta  dirigé  dans  ses  corrections  a  été  oelli 


i 


VICTOR    HUGU    ET  SES  làOUilCEiS  417 

même  des  cksaiqties  :  il  a  localisé  aoti  histoire  dans  le  milieu 
où  il  était  le  plus  vraisemblable  qu'elle  â'accompltt.  Si  Racine 
croyait  tlevoir  étudier  Tambition  de  préférence  daua  les  âmeâ 
Qh  elle  est  libre  d*exercer  tous  ses  ravages^  c^e&t-à-dire  celles 
des  pHncea  et  de^  impératrices,  si  Molière  estimait  que  Ta  va- 
riée atteindrait  seulement  son  paroxysme  dans  le  cœur,  non 
d'un  pauvre  homme  comme  Euclion^  maïs  d'un  riche  bourgeois, 
Hugo  a  pensé  que  la  scène  de  son  drame  sublime  ne  pouvait 
paa  être  mieux  placée  que  dans  une  cabane  de  pêcheurs. 

Dans  la  classe  des  pauvres  gens,  qu'est-ce  qui  doit  sentir, 
en  effet,  le  prix  du  foyer,  sinon  le  pêcheur,  parce  que  chaque 
jour  il  est  exposé  à  n'y  point  rentrer?  Qu'est-ce  qui  doit 
s'apitoyer  sur  le  sort  des  orphelins,  sinon  la  femme  du  pèchâur^ 
parce  que  chaque  jour  ses  enfants  sont  en  danger  de  perdre 
leur  père?  Et  puisque  la  touchante  histoire  du  poète  a  surtout 
ceci  d'original  que  les  deux  héros  ont  la  inêmaidée  généreuse 
sans  3*en  être  ouverts  Tun  à  Tautre,  qu'est-ce  que  suppose 
cette  admirable  rencontre,  sinon  qu'ils  n*ont  plus  besoin  des 
paroles  pour  échanger  leurs  pensées  ?  Mais  quand  est-ce  donc 
qu'un  mari  et  une  femme  ont  pris  Thabitude  de  cette  mysté* 
rieuse  entente  ?  N'est-ce  pas  quand  tous  les  jours  ils  se  votent 
et  que  tous  les  jours  ils  se  séparent  pour  de  longues  heures 
avec  la  crainte  de  ne  m  revoir  jamais?  Dans  un  ménage  de 
pécheurs,  tl  n'est  point  étonnant  qu'on  ait,  sans  s*en  être 
expliqué  d'avance,  las  mêmes  inspirations  ;  c'est  le  contraire 
qui  étonnerait: 

Lui,  songe  à  sa  Jeannie  au  sein  des  mère  glacées, 
Et  JasQuie  en  pleurant  Tappella  ;  et  leurs  peuséeâ 
Se  croiaent  dans  la  nuit,  divins  oiseaux  du  cceur« 

Il  était  donc  utile  à  la  vraisemblance  de  Thistoire  que  les 
héros  en  fussent  des  pêcheurs.  Et  Ton  sait  avec  quel  relief  la 
|ioète  les  a  parti cularisés*  Comme  dans  Aymeî'iKot  revit  toute 
la  guerre  du  moyen  âge,  ici  nous  est  peinte  toute  la  vie  du 
pécheur  :  son  costume  et  son  mobilier,  son  départ  et  son 
retour^  ses  joies  et  ses  angoisses;  le  tableau  est  d'une  ampleur, 
d*une  précision,  d'une  couleur  sans  égaleSi 

Nous  y  trouvons  aussi  toute  la  vie  de  la  mer,  et  Ton  peut 

±1 


118  TICTOR    HUGO   ET  SES  SOURCES 

même  dire  que  la  mer  joue  dans  le  drame  ïe  premier  rôle. 

Mais  oa  ne  songe  point  à  s'en  étOâûêF.  L^axistence  du  pécheur 
n*est-elle  pas  Toeuvre  de  la  mer?  La  mer  n'e&t-elie  pas  le 
principal  instigateur  de  tous  ses  sentiments?  Quelle  n'est  pas 
sa  part  dans  cet  acte  de  sublime  déTouemeat  I  C'est  par  elle 
que  les  personnages  sont  pauvres  :  c^est  donc  elle  qui  met 
obstacle  à  leur  charité  et  qui,  en  la  rendant  difficile^  la  rend 
héroïque*  C'est  elle,  en  revanche,  qoi  ea  leur  faisant  sentir  la 
douceur  du  foyer  chaud  et  de  la  maison  close^  plaide  auprès 
d'eux  la  cause  dcâ  enfants  sans  toit;  c'est  eîle  qui  en  mettant 
leurs  cœurs  à  TépreuTe  les  aguerrit.  11  était  donc  légitime 
que  ce  grand  acteur  fit  partout  entendre  sa  voix,  partout 
apparaître  ses  flots. 

Mais  sll  y  a  tant  de  couleur  locale  dans  les  Pauvres  Gens^ 

ai  le  dénoueMentj  est  expliqué  en  grande  partie  par  les  sen- 
timents qui  sont  propres  à  une  certaine  espèce  d'hommes,  si 
ces  sentiments  sont  expliqués  à  leur  tour  par  le  décor  où 
vivent  les  personnages  et  qui  crée  leur  vie  Je  poème  ne  man- 
que ^t-il  pas  de  cet  intérêt  largement  humain  qui  est  le  vrai 
signe  distinctif  des  chefs-d'œuvre!  Nullement,  Hugo  a  eu 
ramhition  de  faire  une  œuvre  très  générale.  wM 

Il  a  intitulé  son  poème^  non  ks  Pauvres  Pêcheurs^  mais  m 
Pauvres  Ge^^t  comme  pour  dire  d'abord  que  tous  les  hommet 
du  peuple  j  pourraient  trouver  leur  portrait.  ^| 

Ils  se  reconnaîtront  sans  peine,  en  effet,  dans  les  héros  on 
poète  à  diverses  façons  de  penser  et  de  réfléchir^  de  parler  et 
de  rire,  qui  sont,  non  paâ  particulières  à  la  profession  de 
pêcheur,  mais  communes  à  t^ute  la  cîaase  populaire.  Il  n'est 
pas  un  ouvrier  ni  un  paysan,  par  exemple^  qui  ne  comprenne 
aussitôt  la  gaieté  du  marin  volé  par  Tocéan  et  se  ven- 
geant par  un  bon  mot  du  malfaiteur  qui  a  troué  son  àlet  ei 
cassé  soD  amarre  :  c'est  qu'il  y  a^  en  France  au  moitis,  cUes 
tous  les  hommes  du  peuple,  une  certaine  manière  joyeuse  et 
brave  de  prendre  les  cKoses  tristes,  et  que  les  pauvres  hûclie- 
rons  eux^^mémes  trouvent  des  mots  drôles  pour  qualifier  la 
terra  où  ils  sont  si  misérables*  Il  n'y  a  pas  non  plus  une 
Quvriore  ni  une  paysanne  qui  puisse  demeurer  étrangère  a  m 
angoisses  de  Jeannie  :  c'est  que  non  seulement  la  généreuse 


VICTOR   HUGO    ET  SIS   SUUKCES  ii^ 

femme  a  les  îtléeg  du  peupla,  maiâ  qu'elles  prennent  pour  se 
manire^ter  le  langage  du  peuple  :  pour  elle,  la  pauvreté,  c^est 
Ib  pain  dWge  sur  la  lable  et  les  enfantg  allant  pieds  nus  ;  le 
ger,  e*eat  tt  le  rocher  monstrueux  apparu  brusquement  n  ; 
la  défense  du  matelot»  c'eat  «  un  bout  de  planche  avec  un 
bout  de  toile  t  ;  la  joie  du  retour,  c*eat  d'apercevoir  «  le  vieil 
anneau  de  fer  du  quai  plein  de  soleil  ».  Ainsi,  dans  l'esprit  du 
pauvre  bAcheron,  la  pauvreté»  c'est  la  corvée^  les  soldats,  la 
femme  elles  enfanta.  Ainsi*  dans  toûs  les  cerveaux  populaires, 
toutes  les  pensées  sont  immédiatement  converties  en  images. 
Aux  caractères  qui  localisent  ses  héros  dans  leur  profession, 
à  ceux  qui  les  rattachent  à  toute  une  classe  sociale,  le  poète 
a  BU  enjoindre  d'autres  par  où  ils  appartiennent  à  rhumanité 
tout  entière»  Parmi  les  mobiles  qtii  les  sollicitent,  Il  en  est. 
en  eûùU  d'extrêmement  généraux:  par  exemple  rémotion 
dont  nul  ne  peut  se  défendre  devant  ce  spectacle  si  gracieux, 
le  sourire  d'un  enfant  endormi  ;  on  bien  encore  le  sentiment 
de  solidarité  dont  chacun  de  nous  est  aussitôt  pénétré  en 
face  de  ce  malheur  qui  nous  menace  tous,  la  mort;  et  de  là 
ces  longues  réûexioos  sur  Tinévîtable  terme  de  toutes  les 
choses  humaines  : 

Hélaa  !  aiment  vivez,  cueilles^  les  primevères, 
Danaez,  riez,  brûlez  vos  cœurs,  videz  vos  verrez. 
Cûmme  au  sombre  Océan  arrive  tout  ruisaetiu, 
Le  sort  donne  pour  but  au  festm,  au  berceau, 
Aux  mèrea  adorant  renfance  épanouie, 
Aux  baisers  dû  la  chair  dont  Tâme  est  éblouie. 
Aux  cbaasonSf  au  sourire,  à  Famour  frai^  et  beaui 
Le  refroidi  SBC  ment  lugubre  du  tombeau  I 

Dans  ces  personnages  si  riches  de  vie,  qui,  comme  les  héros 
des  tragédies  classiques  les  plus  fameuses^  sont  de  leur  milieu 
mi  de  tous  les  milieux,  d'un  temps  et  de  tous  les  temps,  qui 
«ont  des  individus  et  qui  sont  des  types,  est-il  possible  de 
retrouver  les  fantômes  sans  consistance  de  Charles  Lafont? 
Et  n'a-t-il  pas  fallu  au  moins  autant  de  génie  créateur  pour 
tirer  ceux-là  de  ceux-ci  qu'il  en  avait  falïu  à  Molière  pour 
transformer  en  Harpagon  le  Sévérin  de  Larrivej  et  rEuclion 
de  Pl&ute? 


4?9  TICTOR   HUGO  ET  SES   SOURCES 

Eacore  n'avona-noua  pas  toot  dit  ni  prétendu  épuiser 
Fétudô  psychologique  des  Pauvres  Gens.  Afoo  quelle  délica- 
tesfie,  pour  signaler  encore  utie  beauté  de  premier  ordre,  te 
poète  n^a-t-il  pas  montré  dans  quelle  mesure  le  dénouement 
est  le  résultat  de  Fooeasion  et  dans  quelle  mesure  il  est  le 
produit  des  caractères]  Si  la  veuve  n'était  point  morte  par 
une  nuit  d'affreuse  tempête!  si  Torage  n'avait  pas  éloigné  toute 
&me  vive  du  lit  de  la  malade,  si  Jeannie  n'avait  pas  senti  si 
fortement,  en  pénétrant  dans  la  pauvre  cabane^  l'iiorreur  de 
Tobscurité  et  le  frisson  du  froid ^  la  pitié  serait-elle  entrée 
aussi  vite  en  son  cœuri  II  est  permis  d'en  douter.  Si  la  pêche 
avait  été  bonne,  l*hommû  aurait-il  aussi  bien  compris  quelle 
misère  attendait  les  orpîieHna  privés  de  pain  ?  On  peut  bien 
afârmer  le  contraire.  La  tempête,  la  terrible  tempête  a  donc 
été  rocaasion  bénie,  le  hasard  providentieî  auquel  les  enfants 
doivent  leur  salut^  —  et  j'emploie  à  dessein  le  mot  «  provi- 
dentiel lî,  parce  qu1ci  encore  la  nature  parait  être  dans  la 
pensée  de  Hugo  rinstrumeut  de  Dieu,  —  Oui,  mais  si  les  deux 
braves  gens  n'avaient  pas  vécu  toute  une  vie  d'honneur  et 
d'affection,  Toccasion  se  serait  présentée  en  vain  pour  eux 
d'accomplir  un  acte  sublime  :  elle  ne  les  aurait  pas  improvisés 
héros.  Ainsi  en  est-il  dans  les  drames  de  Corneille  :  Toccasioû 
y  est  nécessaire  pour  faire  éclore  les  pensées  héroïques  ; 
mais  elles  germent  seulement  dans  les  coaurs  qui  sont  née  avec 
des  aspirations  à  Théroïsme*  Et  cbe:^  les  deux  poètes  c'est  le 
même  art  de  nuus  faire  entendre  de  quelle  fauon  coucou rrent 
au  dénouement  l'occasion  fortuite  et  le  caractère  natureh 


Qu'il  n'y  ait  rien  de  semblable  chezLafont,  on  n'a  pas  fidée' 
d'en  être  supris.  Il  est  plus  singulier  que  la  conduite  du  récit 
soit  chez  lui  si  maladroite.  L'honneur  lui  revient  sans  don 
d'avoir  imaginé  le  mot  anal  et  compris  qu'après  ce  trait  admî^ 
rable  il  ne  fallait  rien  ajouter.  Mais  l'art  de  s'arrêter  à  lera 
est  la  moindre  partie  de  Part  do  conter^  et  il  est  plus  faeil 
do  trouver  une  balle  an  que  de  bien  l'amener.  En  mauvais 
écolier  qui  applique  sans  intelligence  le  mot  d'Horace:  »  Con- 
duiae^^noiis  au  milieu  des  événements  »,  Lafont  n'a  qu'un 
souci:  tout  dramatiser,  toujours  surprendre;  et  de  là  que 
d'erreurs]  Quelle  faute  surtout  d'introduire  d'abord  le  lec- 


cit 

1 


■ 


VICTOH   HUGO   ET   SES   SOURCES  42 1 

teur  dans  le  logia  des  orphelins,  qui  joueut  dans  l^histoire  un 
rôle  iJUPement  passif!  Et  quelle  maladresse  d'attendre»  pour 
nous  intéresser  à  l'ouvrière,  qu'elle  ait  emporté  les  enfants  I 

Hugo  s'est,  ici^  complètement  séparé  de  son  modèle*  Ce 
sont  lea  vrais  acteurs  qu'oïl  nous  présente  les  premiers  : 
Jean  nie,  son  mari*,  Tocéan,  C'est  dans  le  véritable  théâtre  du 
drame  qu*il  nous  fait  aussitôt  pénétrer  :  dans  la  cabane  où  les 
généreux  époux  ont  appris  à  supporter  vaillamment  la  misère 
et  ou  sont  appelés  à  vivre  les  enfants  adoptés.  Et  les  princi- 
paux ressorts  de  Taction  nous  sont  indiqués  sans  retard  :  cette 
humble  vaisselle  qui  étincelle  aux  planches  d'un  bahut  et  ce 
matelas  posé  sur  de  vieux  bancs  nous  disent  combien  on  est 
pauvre  ici  et  combien  il  est  difficile  d  y  amener  encore  deux 
bouches  à  nourrir  ;  ces  longs  rideaux  qui  tombant  et  cette 
âamme  qui  veille  dans  Tâtre  nous  disent,  en  revanche,  que 
si  le  logis  est  misérable,  du  moins  on  y  a  chaud  et  qu*on  y 
aime  ;  et  voilà  les  cinq  petits  enfants  qui  sont  le  grand  obstacle 
à  l'acte  charitable,  mais  qui  en  sont  aussi  le  grand  stimulant. 
Dans  ce  tableau  initial  il  ny  a  pas  un  trait  qui  soit  destiné 
simplement  à  Tamusement  des  yeux,  qui  ne  contribue»  pour 
sa  parti  à  l'intelligence  de  Thiatoire  et  à  la  pr^^^^^^^^^^  ^^ 
dénouement. 

Depuis  ce  début,  qui  contient  en  germes  toute  la  suite  du 
récit,  jusqu'au  mot  de  la  an,  la  narration  poursuit  son  cours 
logique,  toujours  claire,  quoique  tenant  toujours  rattention 
en  éveïLCliaque  épisode  vient  en  son  lieu:  quand  i)  est  amené 
par  le  développement  naturel  de  Taction  et  que  le  lecteur  est 
préparé  à  s'y  intéresser.  C'est  avec  Jeanuie  seulement  que 
nous  pénétrons  chez  la  veuve  ;et  alors  rien  ne  nous  est  décrit, 
sauf  ce  qui  doit  susciter  dans  le  cœur  de  la  visiteuse  Tidée  de 
Tadoption:  la  fraîcheur,  le  silence,  Tobscurité  du  triste  logis; 
la  main  qui  pond  hors  du  lit,  inactive  pour  jamais,  pour 
jamais  incapable  de  soigner  les  enfants,  et  qui  est  déjà  verte, 
signe  que  la  mort  remonte  déjà  loin,  que  Tabandon  des 
orphelins  est  complet  et  que  personne  ne  viendra  à  leur 
secours;  la  bouche  ouverte,  qui  semble  appeler  à  Taido;  ut  le 
sourire  des  deux  innocents  ;  et  enûn,  dernière  invitation  à  la 


i  On  ne  lo  Toit  pas  «ncor^,  mais  il  esl  julâsaniment  désigné. 


i_ 


4f? 


VICTOR   HUGO   ET  SES   SOURCES 


charité,  le  manteau  que  la  veuve,  &n  mourant,  a  héroïqae* 
ment  rejeté  dû  mn  lit  iur  le  berceau,  pour  que  Sds  petiti 
<(  aient  chaud  pendant  qu'elle  aurait  froid,  »  Ainsi,  tout  ce 
qui  est  peint  ici,  c'est  ce  que  voit  Jeaunie^  ce  qui  agit  sur 
elle,  ce  qui  éveille  sa  compassion,  ce  qui  sauve  làk  enfants.  M 

De  cette  subordination  des  détails  à  renstmblei  de  cette 
logique  dans  la  marche  de  ractiou,  Hugo  n^est  redevable  qti^à 
lui-inéme.  Si  dans  Âi/meriHùt  al  dans  ie  Mariage  de  Rùland  on  H 
peut  admettre  qu'il  a  emprunté  à  ses  modèles  au  mains  les 
grandes  lignes  de  sou  plan,  diins  ks  Pauvres  Gêna  on  voit  qu*à 
part  la  donnée  du  poème  et  le  dénouement  tout  lui  appartient^ 
en  proprci  les  caractères  comme  le  cadre,  et  le  plan  tout 
autant  que  le  style. 

Joseph  ViAWET. 


LE  CHANSONNIER  DE  BERNART  AMOROS 

(Suite) 


142 

GAUCELMS  FAIDITZ 

(=B.  Gr.l67,  30) 

I .  Jamais  nuls  temps  nom  pot 

[ren  far  amors 

Qem  sia  greus  ni  maltrags 

[ni  afans 

Qeras  ma  fag  un  tant  valent 

[socors 

Qe  las  perdas  me  restaura. 

[els  dans 

5  Gauia  près,  adreig  per  mo 

[folatge 

[E  se  anc  iorn  me  fez  dô  ' 

[re  marrir 

Er  li   perdo .  le   destric  el 

[dampnatge] 

Qe  tais   domna  fai  '  mos 

[precs  acuUir 

Qe  memenda.  tôt  can  ma 

[fag  suffrir. 

Xl.  Molt  me  saub  gen   de  las 

autras  partir 

&  aiostar  ab  leis  totz  mos 

[telans 

Amors  lo  iorn  qem  fes  dop- 

[tan  venir 

Ab  la  bêla  don  vs   certes 

[semblanz 


5  Dels  sens  bels  oilz  intret  e 

[mon  coratge 

Si  qe  anc   pois    nol  puec 

[virar  allors 

Adoncs  saub    ieu  qeil    oill 

[mero  messatge 

Damor  qal  cor  men  ve  cautz 

[e  freidors 

Temens  e  iois  &  ^  ardimens 

[e  paors. 

m.  (jf.  137)  Aqel    esguartz  et 

[aqela  douzors 

Afinet  si  mon  cor  de  totz 

[enians 

Cad  pois  vezer.  dautra  nom 

[fo  sabors 

Ni   tôt  qant   eu  auia   uist 

[enanz 

5  Tant  la  trobei  franch  e  de 

[bel  estatge 

Humil  en  tôt  cant  li  ui  far 

[ni  dir 

Caissi  ma  fait  de  las  autras 

[saluatge 

Qeu  mais  el  mon  non  cobei 

[ni  dezir 

Mas  sola    leis  camors  ma 

[fait  chauzir. 

IV.  Pero  per  leis  voilh  a  totas 

[seruir 


»  /.  :  de  —  «  c.  ew  :  sai  —  •  /.  :  iois 


^^^L               4ÏI            LE  CHANSONNIER  JïK 

BERNAllT  AMOROS          ^^H 

^^^^^H                &  eftier  hom  ea  amies  & 

Qe  seitee  mai  qe  nom  aper-^H 

^^^^H 

[cctibea  H 

^^^^^H                Et  lor  boa  pratz  eiasausar 

Morir  pogra  toat  e  leu  film  V 

^^^^^H 

[volgues 

^^^^^H                Et  razoûar  6  bea  dir  6d  nioe 

Qe  la  boltt  non  j^resara  *  ia 

^^^^^H 

[dolora 

^^^^^H            5  Salua   foudat  leis   cam  |>pr 

5  En  cm  mata  fos   beautatz. 

^^^^^H                                            [aegnoratge 

[e  ualor» 

^^^^^H                  Gui    clam   merc^    qel    belfi 

Don   regard  au  t.   part  fora- 

^^^^^H                              [plas&ers  qem  a  ers' 

[atz  mon  coratge 

^^^^^1                 Nom  ai  estraigz   ca  aegoa 

E  poa  nom  vol  aegrai  autre 

^^^^^H 

[viatge 

^^^^H                 Deu  béa  ?«mr  e  IqU  de  la 

Ca  leï   nom  *  cal  aem  part 

^^^^^H 

[nîs  ten  a  dan 

^^^^^H                E  do  kl  OQt  es   finz  prez 

De  pordee  ^  ni  *  nil  bel  dir 

^^^^^H 

[de  mon  chan« 

^^^^^H           V,  Ben  ea    razotis   de   coraU 

li»   Porc  tal  re  t«n  hom  vil  qes 

^^^^^H 

rpreaaD 

^^^^^H                Malgrat  delt  rie  h  enueîoa. 

E  tal  re  pert.  cgm  te  qel  nea 

^^^^^H 

[be  preu 

^^^^^H               Qen  br  amor  ad  pot  ttozer 

Q@  poia   fai  gran    aofracba 

^^^^^H 

[manre  bea 

^^^^^H                De  pou  vi  cori  >  en  doe  fis 

Mai  de  mi  donz  ea  tan  gran  a 

^^^^^H 

[aa  valors 

^^^^^H             5  La  fîaa  aaiora  segua  ab  lo 

,  5  Qeu    re    voa  ^  U  aon   pert 

^^^^H 

[  nun  *  uir  alliora 

^^^^^H                 El  parattges  non  deu  amour 

Donc*  be  fiz  ^  ontracuiat  fo* 

^^^H 

[latge 

^^^^^H                 Non  tang  corgoils  i  aia  po- 

Qant    perchacei    ma    mort. 

^^^^^H 

[e  mon  dampoatgd 

^^^^^H                  Mas  lutiâ  iê  guart  uea  ku- 

Ab    (p.  ÎSS)    mon    fol  cor 

^^^^^^^                                           [ira  de  faillir 

[qemfeïs  dir  en  ehantan 

^^^^^H                 Qaksîs  podon  de  lor  amor 

So  don  degra  gent    cubrir 

^^^^^H 

[mon  t>tlttû. 

^^^^H 

111    E  poa  moB  cora  e  mei  oilh 

[trait  miin 

^^^H               GAUCËLMS  FAIÛITZ 

E    m  H    mala    dûpna   e  ma 

^^^^B                                 m) 

[bon  a  fes 

^^^^^H           1.  Tant    ai    snfFert    loniamen 

Si  qe  chascuna  magra  mort 

^^^^^H                                                         afan 

si  pognea^_ 

^^^^^^             1  /.  :  aons  —  ^  l.  i  cors  a  —^î,:  preira  —  ^  L:  non  —  *  c,  en  :  perdra  -^^ 

^^^K^          «i.:  mi  —  '  L,  *?i  Qcn  rc  nos  —  » 

i 

^^^L_Ji^ 

J 

^^^^             LE  CHANSONNIER   DE 

BFHNAHT  AMOHUS            45f.                              | 

^H             Glamar   rnen    dei    com  do 

&  aoi  mamlat  per  iin  eortea                         i 

^H                                [mais  bàilbidors 

[mewatge 

^H        5  J^  '  moE  oKs  verta^erâ  trai- 

Cun  paiîc  au 55e l  en  mon  poîg 

^H                                                  {dore 

[qo  nos  nan 

^H            Non  crtirai  tDftÎB  uî  fîansfi 

Am  mai  qal  ce!   mia  grua 

^1                                        [s«e  gatge 

[voli. 

^H            Qâ  Cêl  es   fols  q%  \hi  fol 

^B                                     [aassallatgo 

144                                             1 

^H            E  fols  qî   cre  auer   a  son 

^H                                             [coman 

OAUCELMS   FAIDITZ 

^H            Tôt  Bo  qe  ve  places  dI  beneg- 

(=  B.  Gr,  167,  02) 

H                                                 [taD^l 

^H      IV.  Be»  oiËramlh  pos  e  mi  donz 

1 .  Tug  cU  qe  amo  valor                                    1 

^m                                              [e%  tan 

Deuo  saber  qe  damor 

^k            Pretz  e  utibrs  e  îois  e  b€b 

Mou  largeza.  e  (^ais  solatz 

^H                                              [eortes 

OrgQÎls  e  bumUitatï 

^H            Corn  ^ot  êsaer  qe  Doi  esttî 

5  Fr.::tzdarmttssermrs  honora 

^H                                            [merces 

Gens  toners  îoia  cor  te  i  a 

^H            £m  mtrauilb  de  leis  en  qes 

Donca   pos  son  muou  ban 

^H                                               [bonors 

[deuria 

^H         5  Com  pot  easer.  qe  Doi  aîa 

Chatcus  pombîar  qibon  preï 

^H                                              [atnor^ 

[vol  auer 

^H             Eni  ïneruuilb  coot  doua  daut 

E  fin  amor  leialmeût  inan- 

^M                                           [paratge 

[tener. 

^H             Bes  ^  B  gentil    es    de    Dial 

II,    Esja  fan  lo  11  meillor                        ^^^H 

^H                                    [segoiorâtge 

Cui  pretz  complitE  a  aabor            ^^^H 

^H             Nï  corn  pot  far[ > . . .  ] 

Maa  li  tegnedor  maluatz                 ^^^^B 

^T                  son  franc  hvimil  aernblan. 

An  ab  falsas  amis  ta tz                      ^^^H 

V.  Ab  tôt  aital  mal  e  brau  e 

5  Veut  pretz  en  anol  cobr                  ^^^H 

[tiran 

E  qil  ver  dir  en  vo)ia                       ^^^H 

Volgreu  easerenqera  eilpla- 

Aqela  mezeisa  vta        [tener            ^^^^^^^H 

[gUOB 

Vezem  al  p  1  u  a  el  e  1  as  domn  as           ^^^^Ê 

Maïs   caiitiB^   qe   mais  de 

Pcr  qe   tneg  greu.   car  en            ^^^^| 

[bom  feïos 

[pneac  dire!  ver,             ^^^^B 

E  masnoil  plaz  irai*  natal 

IIL  As^  falsas  ejl  aegnhedor  ^              ^^^^| 

[per  Bocors 

Fan  tant  qeil  fin  amador                  ^^^^| 

5  Do  cm  mi  vo  al  cor  ptazens 

An  pois  dan  en  lor  barabï              ^^^H 

[duusors 

Çaitalfi  ea  pieiars  tornatz                 ^^^^| 

Bel  ee  e  pi  as  fraocb  e  de 

5  Tôt  per  doplaûiia  de  lor                  ^^^H 

[bonusatge 

Qe  lus  en  kutre  nos  ôa                  ^^^H 

i  /.  r  E  ji  -  «  /,  :  Bel  -  ^  /.  :  etb  iotr*.  —  M.  :  vau,  -  •  L:  U%  ^             ^^H 

*  c.  CT1  ;  fegBhedor 

J 

yjfc . 

Bfl 

^H 

LE  GHANSONNIEK  DE  BEHNABT  AMOROS            ^^| 

^^^^ 

Mas  qi  p^  eos  recreiria 

"•    n 

^^^^ft 

Non  a  fin  cor  damar  ni  ferm 

^^^^1 

[voler 

GAUCELMS  FAIDITZ         ■ 

^^^^p 

Qamors  no   vol  camica  so 

(^B.Gr,  167,31)                V 

^^^^^ 

[deaesper. 

^^^^ 

{p.   139)  Mas  fil  vais  segoa 

L  OaMzetis  a  gran  benanansa 

^^^^^L 

[lerror 

Ab  fin  cor  partit  derror          m 
Franc  fiael  durail  aemblanaa   ■ 

^^^^1 

Laa  falaas  el  tiichador 

^^^^H 

Volgra  fosaoti  ad  ua  lalz 

Ren  mil  mercea  ab  dousaor 

^^^^H 

E  ehiiacui*  fos  galiatï 

&  Ad  anior                                 M 

^^^H 

Eii  fifl  leial  preiador 

Diin  rie  ioi  on  bes  mi  veîgna  1 

^^^^^1 

E  laa  do  muas  ses  bauKÎu 

Qem  dea  ab  giea                     ■ 

^^^^H 

M  an  te  n  guess  o  a  d  ruda  ri  a 

Son  cora  valen                       ■ 

^^^^1 

Qanuigs  es  gracz  en  amor 

Vos  dOna  en  m\  pretx  rei- 

^^^^H 

[a  uezer 

[gaha 

^^^^^ 

Qe  fais  amans  i  puesc  ab  fio 

10  Cam  ma  traia  ses  panent  ^ 

^^^^ 

[caber. 

IL    La   doncs  ab  douss  enti^e 

^^^^ 

Damor  agreu  cor  imnlhop 

[senbia 

^^^^H 

Qe  de  ra  roat  la  dolor 

Qem  fea  al  comësament 

^^^^H 

Me  «en  dun  firi  *  enganatz 

De  fin  amor  qem  essenha 

^^^^1 

E  ges  par  eo  nom  dcaplatz 

Ad  amar  celadament 

^^^^^1          5  Lo  maltragK  fins  nia  iabor 

5  Aninent 

^^^^B 

E  sapcbaU  heu  qamaria 

VoB  en  oui   boa  prêta  aen- 

^^^^H 

Port  volontiera  si  sabîa 

Eus  ereis  lauzor          [anaa 

^^^^B 

Chanzir  bon  luec  on  pognea 

Car  la  meilhor 

^^^^1 

[reinaner 

Vos  cbausi  aea  doptanaa 

^^^^^H 

Ni    trobatra  *    qim    a  aube  a 

10  Cant  miens  dei  a  seruidor. 

^^^^F 

[retener. 

ill.  Eqan  daiasom  prent  mem- 

^H 

Maa  nn  ai  tais  sa^os  cor 

[branssa 

^^^^H 

Qe    grien    trob    bom   bon 

Ai  gaug  et  aprea  paor 

^^^^H 

[segûior 

De  vos  ont  ai  mesp<*j*an8a 

^^^^^1 

Ni  dona  don  ai  amfiU 

Qe  gardetz  vottra  ricof         fl 
5  E  cailhors                              w 

^^^^^1 

Tôt  sol  es  autre  per  caa 

^^^H 

E  sien  ab  franc  a  douzor 

Ametz  tan  qeus  desoueinha 

^^^^B 

Atrobos  ^  leîal  segnioria 

De  mi  qeus  tem                      m 
A  tôt  bon  sen                        f 

^^^^1 

Beni    plagra    caissia  taiag 

^^^^1 

[qe  *  si  a 

^  faitz  so  qeu  aouengntiâ 

^^^^^p 

Camdut  amie  aacordon  dun 

10  Qe  data  non  ai  pe»  sa  ment. 
IV.  {p.léù)  Domna  tôt  cantrade  ■ 
[coradegnha  * 

^^^V^ 

[voler 

^^^^^L 

So  cal  lin  plaz  dcu  a  lautrs 

^^V 

fplazer* 

Mou  dezir  *  mou  talent 

^^M 

:  flui  -  Mi  ;  trohaua.  —  ^  i.:* 

îr&bes  —  *  /.  :  Taing.  —  •  1.  :  l:m,„    ■ 

^^^M            paraen.  ^  '  L  :  d.  e 

à 

^^^            LE  ClîANSONNlIiR  DE 

BEHI'fABT  AMOHOâ            4S7            ^^^ 

^H          Yoitre  loues  prea  ean  nom 

Agra                                                 ^^^^1 

^M                                       [teigûha 

Pela  autres  eabaudjr                       ^^^^| 

^m           Pel  loi  qezn  fezâs  p^rueut 

5 

E  pela  preca  qil  men  fan                 ^^^^^ 

^B        5  FraEchament 

Con  can  del  mal  coBslr                    ^^^H 

^M            Laujceugi^r  tni  demanda 

Qe  maucia  en  chantan                      ^^^^| 

^M           Qem  port  kuzor 

Sobre  feunia  dir                                ^^^^| 

^B           Dé  vostre  honor 

AEneontra  amor,  ca  paue            ^^^^| 

^M           E  sis  de  mi  Uansa 

[totz  nom  reore            ^^^H 

^1       10  E  lei  de  fin  amador. 

10 

Mais  poÎB  meffora    car   dis             ^^^^| 

^M      Y.  Tant  vaa'  qe  voslm  aniansa 

[om  qe  coue             ^^^H 

^^           Can  no  uei  voa  cui  ador 

E  chant  forsaCz.  e  faa  de  ioi             ^^^H 

^B          Mi  fieslreing^  ai  embalanaa 

[semblanaa             ^^^^H 

^B           Qel  COFÈ  mart  ^  delà  oils  plor 

Ad  autrui  oba,  qe  beua  die            ^^^H 

^H       5  De  èoloT 

[qeadreit  me            ^^^H 

^B          Eîteament  con  la  uertz  lei- 

Noi  ti^ob  razû  mas  de  de  se  s-            ^^^H 

^H          Qel  fceca  ardent          [guha 

[peransa.            ^^^H 

^H           Flores  en  prent 

lU 

E  pero  rnenor  dan                             ^^^H 

^V           E  t§p  qel  dola  Eûeateigoha 

Meu  degra  far  suffrir                       ^^^H 

^1      iO  Si  Dous  vau  vezer  breutneot. 

A  mors  e  meina  dafan                        ^^^^1 

^1    Vt ,  Ab  soi  qe  de  re  nom  feignha 

Qaj-  ira  m  fea  failhir                          ^^^H 

^M            Ou  pergna  mon  l&nzïmGX 

5 

à  car  anc  tan  ni  qan                         ^^^| 

^H          Dreiz  en  ma  dôDa  reteignha 

No  volco^  dar  ni  aizir                      ^^^H 

^V           Qela  ma  irait  de  nmnt 

Diin  a  gept  eors  tniati                     ^^^H 

^B        5  Siâ  senpren 

De  qem  poguea  i  au  sir                       ^^^^| 

^B          Noî  fa  tort  ai  malestanaa 

Donca  a^  teing  mais  son  iau>            ^^^H 

^B          Dnna  ad  autor 

[zimen  en  re             ^^^H 

^H          Trac  mo  segnbor 

hO  Auz    laaz   cailhora   prend  a             ^^^| 

^^          De  pi  tien  g  cui  otranaa  ' 

[coaaeil  de  ^             ^^^H 

10  E  pretz  chapdele  son  cor. 

Qenqer  aurai  del  aieu  dur  cor             ^^^^| 

^JL  Moa  beÏ3  eobrara*  aenansa 

[ve^jansa             ^^^H 

1                 Gent  ab  lauzor 

On  anc  non  ac  franche  a  a  ni             ^^^H 

^M          E  ?ol  amor 

^^^H 

^P          Auer  a  for  de  franaa 

Ni  vole  amor  ni  bel  dir  ni             ^^^H 

^Ê       5  Qe  loncs  près  li  fai  paor. 

^^^H 

^H 

m. 

[p.  14Î  )  Partitz  men  sui  cla,            ^^^H 

■                      146 

&  ai  dreg  q€  nair          [man              ^^^H 

H         GAUCELMS  PAID1T2 

Qar  mauentura  gran                         ^^^H 

H              (=  B.  Gr.  167,20) 

Perdei  alsaieu  serutr                          ^^^^M 

^ 

Cane  pois  per  nul  aembîan              ^^^H 

^m     1 .  De  solatï  e  de  ebant 

No  pogui  auenir                                ^^^H 

^M          Mi*  cugei  partir 

En  plazer  ben  es  tan                           ^^^H 

^M      ^  I,  r  am  —  *  /.  :  cors  m,  e  —  *  c.  #ïi  ; 

^  oneansa.  —  M.  :  sobeiras.  ^^L:                ^^^H 

^Ê  l>fm  mi  —  •  /.  :  A,  coro  —  M.  :  toIc  - 

-  •(. 

^^^^H 

^^H            4Sn          LE   CHANSONNCER   im    BEUNAHT  AMOHOS           ^^H 

^^^^^^              Foa  deâim  foi  fugîr 

Qem   des  train  g  tôt  e  mard  ^| 

^^^^^K             ÂEi«  oom  hom  fois  dest^ap- 

[en  desbalansa 

^^^^^*^                                [dektx  sen  b  fre 

&  a  tôt  îorn  creis  caisi  mes- 

^^^1^         10  Dêsconoguidamor  cane  nom 

[dene 

^^^^^K                                                     hen 

Cane  pos  la  ui  nô  a  gnidala 

^^^^^H              Eo  ditsi  *  qer&Q  siu  ^  ea^  er- 

[membraia- 
VL  Ni  dorment  ni  veilbant          fl 
Non  pueac   mon   cor  gran-  ^ 

^^^^^H                                                 [n 

^^^^^H              Qe  p#f  omor  mo  destreii  ig  ai 

^^^^^H 

[dir» 

^^^^^H               Qeu  nô  ^utBC  plus  cobiùi^  ma 

De  lieis  cades  pensam          ^Ê 

^^^^^^r                                       [nialana  nsa* 

Sa  bautat  non  remir             H 

^^^H             IV.  Cor tex amen t  veniant 

5  Ladreit  gent  cors  presan       H 

^^^^^^B                Ma  geni  saubut  aucir 

Els  beU  oils  don  malbir        H 

^^^^^^H               Aoiors  car  maucl  ta& 

Qe  sa  noia  *  eaian                ^ 

^^^^^H              Vilanameti*  marrir 

Tant  i  podon  chauitir 

^^^^^^H           5  C^oram  fai  aman 

^^^^^^1              l^er  tal  doinna  mortr 

[p«f  iasae 

^^^^^^B               Oui  Qon  prec  cL  demaa 

10  Fospérduda.  eii  lîeia  conosc 

^^^^^^1               Nil  moatrel  gran  deair 

[e  CTé 

^^^^^H              Qe  del  aîeu  cars  franc,  ci  mi- 

Qe  degresser  laut  a  do  usa 

^^^^^H                                                       ve 

[coindaasa 

^^^^^H         10  Mas  una  vez  no  «ai  ai  \  ien 

E  poa   vers   en  prec  la  qe 

^^^^^^H 

Im  mal  me 

^^^^^^H             Lanei  pregar  humil  ab  gr  an 

Car  011  nù  ai  plus  gatge  ni 

^^^^^H                                                      sa 

[flansa. 

^^^^^H              A  leÎH  non  pk<^  qe  vis  ï  ua 

^^^^1                                                           fe 

■ 

^^^^^1               Nim   reteugues   nivolg-iies 

147                      ■ 

^^^^^1                                      [macordana 

■ 

^^^^^^1          V.  Per  sû  Dai  pois  pLoraa 

GAUCELMS  FAIDITZ        M 

^^^^^H                Fait  [irnint  destreit  aospir 

^^  B,  Gr.  167,  43)               fl 

^^^^^H               Caa  cossir  desiran 

^^^^^^1                Con  elam  fai  languir 

L   (p^  Î4S)  Nom  alegra  chaatï 

^^^^^^M            5  E  cai'  noil  aus  denan 

[ni  critx 

^^^^^^B               TofDar      enardir 

Dauxel  mon  fei  *  cor  engrea 

^^^^^^1                Per  dire  Tïiereeîna 

Ni  nfj  sai,  per  qeu  cbantet 

^^^^^^B                Tan  fort  mt  vcn  ferir 

Nim  fierdes 

^^^^^H               A  mors  el  cor  per  iem    qe 

5  Bos  raotz  car  be  los  perdria 
Seu  dida                               fl 
Qem  nalgnes                        ^ 

^^^^^H 

^^^^^^B          10  On   nia  en  cl  aus  on  deiir. 

^^^^^H                                                                           DQ 

A  mi  do  ne  precs  ni  merces 

^^^^^H            L  :  diiti  tau  ~  ^  J«  :  aui  ^ 

m 

guandir.  —  *  i.  :  naia  —  *  /*  :  fel  ^^B 

^^^              LE  CHÂXSONmEB  DE  BERNAHT  ÂMOBQg           42Q          ^^| 

^H             Car  nà  ta.ing  ge^ 

Merces  qegz  fi>ra  telitz  ^.              ^^^^| 

^H        10  Qd  per  meii  aia  qeritz 

V,  Mas  tôt  serai  tant  ardiz                ^^^H 

^H                 Per<Joa  tau  U  soi  faliUtz . 

Quinilz  m r^siQU  Las  confis              ^^^^| 

^H        II.  Doncfi  per  qer  tiios  ebantz 

Lbirai  pregar  a  bos  pe?                ^^^^| 

^^^^                                          [auzitz 

Qem  doues                                      ^^^^H 

^^^^P        Mas  nô   Utg  qem  ^crâo- 

5  Don  qem  perdon  ou  maucia          ^^^^| 

^H 

Ja                                                    ^^^H 

^H             Per  qe  per  so  qeil  pregues 

Maucies                                         ^^^| 

^H              Qeâ  vengea 

Mas  eu  non  cre  qe  il  fezes           ^^^^| 

^H         5  Dâ  nil  '  car  auc  mauenc  dia 

Re  qeu  volgues                             ^^^^^ 

^H              Qe  bau^a 

10  Anz  aai  quai  aieu  )o  cbau>          ^^^| 

^H             Ki  no  fes 

^^H 

^H             Ni  preiartz  dalaram  ^   pk- 

Qieu  viua  tostena  auniz.                ^^^H 

H                                                [g<iËa 

VL  Pero  non  son  tan  ardiz                  ^^^H 

^V              Tan  qeu  disses 

De  ioi  m  dira  son  près                  ^^^^| 

^Ê         10  So  don  dei  easer  aunitz 

Qeu  no  sofreis  e  eeleg                    ^^^^H 

^1              Car  mal  li  soi  donc  graiitz. 

Slm  mostres                                   ^^^^H 

^B       UL  Cab  aitan  for  eu  gariU 

5  Son  :^en  e  sa  cortezla                    ^^^^| 

^M             Sel  a  tan  t  su  mi  liea 

Go  m                                                 ^^^^H 

^H             Qe  veniamë  natendei 

Sobre  près                                      ^^^^| 

^H              PoU  adeB 

Sel  «eus  cors  gentils  coites          ^^^| 

^H         5  Vis  com  moB  dans  me  ch^s- 

Gais  e  hcn  après                              ^^^^| 

■ 

10  De  ioi  e  damor  noiritz                    ^^^^| 

^H              Sil  plairia 

Mer  a  de  perd  ou  aiûtz.                  ^^^^M 

^H             Caiaai  es 

^^^^H 

^B              E  car  anc  li  re  qeil  pes 

^^^1 

^V              Mqh  tan  mal  près 

^^H 

^1         )0  Qe  (ai  es  mainte  bea  com- 

■                                                    [plitz 

OAUGELMS   FAIDÏTZ                  ^^H 

^V             Per  autz  3  e  sai  soi  traiu. 

(=  B.  Or.  167,                               ^^H 

^m       IV,  Ë  car  un  enianairitz 

^M             On  beautas  mab  nasqes 

L  {p.  14^)  Tût  so  qe  pert  dois           ^^^| 

^H              Me  fea  faillir,  tan  cades 

[tL'uaus  amadora           ^^^^| 

^H             Mi  pendes 

Car  ma  trobat  franc  e  du  m  il           ^^^H 

^H         5  Cal  qï  de  nîen  mauia 

[paruensaa           ^^^^| 

^1              Mes  ûQ  uLâ 

Torna  de  m  î  ao  b  redo  ^  so  b  ra-           ^^^^^ 

^1             De  lotz  bes 

[tnar                       ^^^^^ 

^m             Pero  qi  totz  cela  agnea 

Caoram  fai  aobramar  a  le-            ^^^H 

^H             Mortz  qan  mespres 

^^^H 

^V        10  Qe   noî  aos  *    chapdeU  ni 

5  Tal   cui    non    platz    dones            ^^^^H 

H                                                [guitz 

[amei  folamen           ^^^^^ 

H        U.  imi~*Li  diltram  *-  *L  z  perdotz  ^  H*  ;  (os  -  «  c.  «n  :  delitz,           ^^^| 

■    -iJ,;â^ 

§ 

^^M                4  30           Lfc;  CHANSONNttJi  DE  BEHNAHT  ^ MORDS          ^^| 

^^^^^                  No  faz  per  qts  la  foudat  tenc 

Qe   saisi   fos     coïi  es    ma" 

^^^^^H                                                    [a  seti 

[vûluntatz 

^^^^^H                Qe  daoïor  t&ing  qe  lai  Qilb 

Poâ  eu  ben  ara  antmasi  fos 

^^^^^H                                        [plaira 

[amalz. 

^^^^^B                E  qe  0ia   aensL  e   placera  g 

I V.  Ja  nom  aroe  sol  carlam  mes 

^^^M 

[onors 

^^^^^B                Si3  qa   sazoH  t>i^r   eii    ^ï^e 

Tant  es  en  Yme   aabers  e 

^^^^^1 

[eonoisenaa 

^^^^^H          11 .  Âb  ailal  geig  na  bom  maint 

Gens   acuîUirs   ^   aolatz   e 

^^^^^B 

[vidon 

^^^^^1                 Mas  les  e  mï  caDt  be  mi  ^ 

E  grana   beutabî  dont    el 

^^^^^H                                             [aouinenËa 

[moDt  non  a  tenaa 

^^^^^^R                Nom  par  ma  rnas   destrier 

5  Cortesia.   e  gaiez  e  iouenï 

^^^^^^1                                               [e 

Maa   oba    magra   qem  fos 

^^^^^H                Datnar  de  Itaîa  on  non  trob 

[daQtre  paniên 

^^^^^^1                                        [manteneDaa 

Lo  iorn  camors  rae  près  e 

^^^^^H            5  Donce  p^r  qê  km,  qe  nom 

1  sa  tenensa 

^^^^^H                                  [part  mon  taleti 

Qera  non  voï  qem  sia  ena- 

^^^^^^1                Ndq  pu  esc  qe    ui  *  eûd    ai 

[moratz 

^^^^H 

Ni  en  nom  pueic  Tirar  vaa 

^^^^^H                Camor  m l î a  q @m  mo sira  fa  * 

[autre  latK, 

^^^^^H 

V.  (fK  Î44)  Qen  farai  donc  tôt 

^^^^^H               Eil  gent  parlar  e  lae  Jinat 

[aiBso  mes  errors 

^^^^^H 

Qela  nom  vol  ni  autra  nom 

^^^^^H               Ai  qem  forsa  pero   la  for- 

[agensa^ 
Non  sai  conseil  maa  aeu  anc  ■ 

^^^^^f                                          [aam 

^^^V               m,  Bem  te  plazer  car  eobratas 

[fui  ailhoit 

^^^^^^                                               [genaûrâ 

Dorgoithoa    cor   aran    fax 

^^^^^H                 E  ma  ries  cors  àa  simpla 

[penedenaa 

^^^^^H 

5  Qeilbellan  près  "^pren  per 

^^^^^1                B  um i la  t  francs  e  son  vezer 

][totas  veniamen 

^^^^^^H                                                 [douaors 

Qem  pause t  saera  bon  esper 

^^^^^1                Cades   ou  *  mais  la  vei  e 

iauxen 

^^^^^H                                  [plus  m  âge  nia 

Mas  una  ves  la  prea  *  en 

^^^^^B           5  Sol  aitant  nai  el  desGir  ets- 

[cûuinensa 

^^^^^B                                               [samen 

Qil   mautreiet  samor  e  son 

^^^^^^1               Non  ai  donca  prû  îa  aux  sens 

[solat^ 

^^^^^B 

Mas  eram  dl  que  anc  no  fo 

^^^^^B               Ben   volgra    mais   car  iai 

[vertatï. 

^^^^H                                    [m^ntendenaa 

VL  Ab  tôt  aiso  men  pren  lan  m 

^^^^^f          M.  :  nai  —  «  r,  m  :  mi  '  ^  c.  if»  ; 

sa  —  *  c,  tffl  ;  on  —  ■  L  ;  bîjlkn   1 

^^^^^       —  <  c.  m  ;  prit. 

J 

^^B 

^    J 

LE  CHANSONNIEH  DE  BERNART  AMGROS           4  31                  ^| 

[granï  tepors 

IL   E  poH  tam  bem  vai                               ^^Ê 

De  lîds  oelar  qe  beus   die 

Qe  parti  tz  soi  de  lai                              ^^M 

[ses  failheiisa 

Ben  cQueû  e  »eschai                            ^^Ê 

Qe    maiûtaa    vez    mon    to^ 

Qeu  griizisc  e  retraia                         ^H 

[durmir  paors 

5     Lonor  en  qe  matrai                               ^H 

Tant  mes  el  cor  fiamors  «^e 

Ab  francbesta  veraîa                            ^H 

[â  presensa 

Vea  ial  dona  amors                             ^H 

5  Dobt  qei  dises  son  bel  nom 

Ont  ea  pretz  e  valors                           ^^Ê 

[eu  durmen 

Per  qes  fols  qi  «eatnaia                       ^H 

Qem  gard  de  mi  en  gard  de 

10  Qi  vegues  las  errora                             ^H 

[lautra  gen 

Ela  dans  cai  près  aillora                      ^^Ê 

gegûier  dalfin  e  eaui  enten- 

Ez  ar  ve  ooq  aoi  aora.                         ^^Ê 

[dtinsa 

IIL  Donca  die  qea  follora                          ^^Ê 

Qe  ia  nuil  temps  li  plagues 

Qi  regni  ab  mais  aeigniors                 ^H 

[mamiatatz 

Dont  ben  fa  g  z  mi  socora                      ^^Ê 

Tôt  lo  raaltrag  volgra  auf. 

Noiï  vegnia  nil  neacbaiâ                     ^^Ê 

[frirem  patss. 

5  An£  eagranxhonors.                             ^^M 

VU,  Na  meil   de  ben    es  flors 

B  granz  bes  corn  aatraia                      ^^M 

[deasenjameil 

Lai  ont  aap  e  ve                                    ^^M 

1                       Donna   de    ioi    regina    de 

Qa  francheza  e  merce                         ^^Ê 

[vailhensa 

{p.   145}  Qel    boa  segnior                ^H 

Segojoreaea  donor  e  de  beu- 

[eessaîa                 ^H 

[taU 

10  Ades  de  far  be                                   ^M 

Pcr  qeu  non    poeac  partir 

El  maliiats  non  val  re                        ^H 

[maB  vûluntatz. 

An2  deehai  ao  qe  te.                             ^H 

IV.  Aias)  aai  e  cre                                     ^H 

149 

Qe  ctidet  far  de  me                               ^H 

Cel  qe  nb  ha  alise                                ^^M 

GAUCELMS  FAIDITZ 

Maa  poder  qem  deebaia                      ^^Ê 

b  Qe  tais  mi  rete                                    ^^M 

f=   B.  Gr.  iffï,18) 

De  sa  preizo  sauaia                             ^^M 

1-    De  faire  chanao 

Qea  plus  bella  aaaatz                            ^H 

Ai  eatat  gran  aazo 

E  aoa  prea  plus  prezatz                      ^H 

Per  atendre  razo 

Sol  lo  don  nom  eaCraia                        ^H 

Qe  fos  plaîenB  e  gaia 

10  Qem  maodet  empatz                            ^H 

S  Don  ma  fag  rie  do 

Sos  valent^  cora  honratz                    ^H 

Amors  e  tain  g  qem  plaia 

Don  chant  à  ai  solatz.                         ^H 

Car  eonosc  e  sai 

Y ,  E  veiram  viaz                                      ^H 

Qe  lion  atendre  fai 

Sa  mom  bel  tezaur  platz                   ^H 

Qem  malgrat  qe  naia 

De  cui  es  m  enferra  tz                           ^H 

10  Céladon  onn  ai 

On  ioîs  e  près  aapaia                          ^H 

Cor  qe  ia  la  prec  mai 

5  E  sim  soi  tardatz                                   ^^M 

1                     Âitrobatqim  tengai. 

l 

De  lui  vezer  noil  chai  a                       ^H 

^^^^^      4^2           LE   CHANSONNIICH 

DE    BI^HNAHT  AMOBOS          ^^H 

^^^^^^1               En  tan  pe^sar 

Hû  leîal  fomania           ^^^H 

^^^^^^H               Qein  voUb  ocbaiaooar 

Lo  tôt  11  gratis                      ^H 

^^^^^^B              Qe  la  paoï's  mesglaia 

P^o  m  an  a  toina  aciîa           ^^M 

^^^^^H         10  Tafit  teta  eon 

Pree  vea  sîi  segnjorîa    ^^^H 

^^^^^^H              Qorn  non  pot  l>en  amar 

15  QâU  porU  ela  cbamia    ^^H 

^^^^^^H             LekImcnË  senz  dciptar. 

Nos  adreis  vtis  furîa^.     ^^^^| 

IIL  On  rats  ea  e  grazit^                ^| 

^^^^B 

-  Qi  a  deu  non  fail  vit£*         ^M 

Car  dieus  vol  e  esaia       ^^^H 

^^^^H            GhVŒLUB  FAIDITZ 

Los  proa  ait  ardUs         ^^^Ê 

5    E  aqeZz  a  cbauiitz           ^^^| 

^^^^P 

E  laissa  los  auniti           ^^^H 

E  lauol  getit  aanaia         ^^^| 

^^^^1               1 .  Oi  ia  maii  *  nas  sia  guitz 

Per  qi  es  traits                 ^^H 

^^^^^^^L             Lo  vers  dena  iesus  christ^! 

A  *  mal  asia                       ^^H 

^^^^^^r            Car  de  fransa  gent  gaîa 

10  (p,  Hê)  Con   vos    6a    tiig   H 

^^^^f                    Soi  per  lai  pnrtiU 

[aucîa        1 

^^^H              5    Ont  ai  estât  Doirîtî 

Caaer»  ^  manentia.                ^k 

^^^^^                   Et  onrrats  e  ter  ni  U 

Vos  toi  paradis                        ^^ 

^^^^^^L             Per  aoil  {irec  nolh  d^aptala 

Cauara  es  c  ^  re^u                  ^^k 

^^^^^^f            Se  a  m  en  part  marri  tz 

Tant  qua  far  no  d  poîHa          ^^k 

^^^^V                  Ai  gentils  lanao^îs 

15  Cadieu  abelta                           ^H 

^^^H              10  El  vostre  douss  paît 

Per  qe  diens  vos  dasfia.          ^H 

^^^^^                   l^in  âé  donaa  compaigoia 

IV,  Oi  iamais  ^  ea  aatecriatz         ^| 

^^^^^^L            SegQiora 

Al  dan  4e1  mon  aissit^              ^H 

^^^^^^P            E  donnas  ab  prez  fin 

Qe  totx  loa  <  bes  seamaia        ^| 

^^^^V                   Proâ  de  gran  ^ortesia 

Ei^  mais  es  aailbjtz                 ^H 

^^^H             15  Dont  plane  e  languis 

S     Qela  fala  ries  a  saixitz               ^H 

^^^H                    Ë  aospir  Doit  6  dia. 

à  près  &  endormitE                  ^H 

^^^H           IL  E  qala  qe  tial  cniz 

Estac;hatz  (|els  es  g  lai  a              ^H 

^^^^K^^            De  renmner  auzitz 

Ela  ten  rnortz  e  trislz                ^| 

^^^^^^K           Ja  nuls  bens   qam  aaschaia 

Qel  reia  cui  es  paris                   ^| 

^^^^^^r           Ni  ries  loci  atzitz 

10  Vol  mai  a  sain  daimia  «            ^^k 

^^^^T            5    Nom  tenra  nîl  cûnqïtz 

0  lai  e  normandÎA                    ^H 

^^^^H^H            Saulaie  voi  complitz 

Conqerro  esterlia                ^^^| 

^^^^^^1          Câpres  calenda  maîa 

Qe  tôt  cant  safadins           ^^^H 

^^^^^^1          Non  sia  garnitz 

Anz  e  te  en  balia              ^^^^^ 

^^^^^^m           Del  tom  se  die  as  mai^ÎB 

15  DoQ  pot  be  saber  ^             ^^^H 

^^^V            10  0  salai  platz  ma  ûz 

Qaîssi  com  deura  sia,         ^^^^| 

^^^^m            '  /.  :  Oimais  —  ^  e.en:  suriâ  ^  ^  c 

.  en.  :  failUtE  —  *  /.  :  A  caïUa  -  ■  r^^^B 

^^H         m-m—  *L:hi~U.'.m^*c,  m:  t 

leniâ  ~  «  /,  ;  esser  fls                              ^H 

LE  CHANSONNIER  HE  BEKNAHT  AMUKOS           iU                     ^| 

V*  Erl&iflsetD  loa  qiqitz 

Qar  mauzei  enardir  tan                        ^^| 

RGni?ïîutz  eicarniu 

Pois  vi  mon  bnmil  semblau              ^^^^ 

à  ab  lob  m  veraia 

E  receup  mon  omenatge                     ^^^| 

De  bOtid  araiti 

Car  mi  conoc  ma  enian.                       ^^H 

5     Sia  p^  vos  '  seniitz 

111.  Amtcs  can  ae  vol  partir                      ^^H 

Lo  venB^  Baintz  espeiitz 

De  si  donz  fai  gran  enfanz^^i                 ^^^H 

Qi  pre^em  nos  atraia 

Si  tôt  nom  vol  aauiUir                             ^^M 

Als  fais  afortitz 

Son  pree  a  lencomenaaDza                  ^^Ê 

A  dan  de!  s  aarrazins 

5    Catnors  aâbnu  e  senanza                         ^H 

10  Si  qeû  sia  conqifi 

Ab  onrar  e  ab  aeruir                               ^H 

Lo  fainfi  *  locs  e  t&  via 

E  qiâ  vol  de  leia  iauzir                           ^H 

Passa  als  peJegrie 

Si  al  de  bel  la  semblan^a                          ^^M 

Qe  nés  ^  tolc  saladla 

E  sapela*  amer  e  suffrir,                        ^H 

Don  la  vergena  pia 

lY.  {p.  Î4r)  Mi  doii2  am  tant  e                    ^H 

15  Qe  dieu  a  benezis 

Qe  qi  metoa  en  eg^za  [dezir                   ^^Ê 

Nos  aifl  guareûtia. 

Vas  leia  tôt  cant  on  pot  dir                 ^^H 

Nol  pearï  en  acordanzia                     ^^^| 

ISl 

5  Qieu   tan  vire  a  rneaperaDia                ^^^| 

Nin  cangeBson  mei  c  os  sir                      ^^M 

GAUCELMS  FAIDÏTZ 

Ni  no  voil  esdeuenîr                                ^^M 

f=  B.  Gr,  167,  53) 

Senos  li  aenier  de  frâsa                         ^^Ê 

Qardatz  con  voil  qil  ma^ir.                    ^^Ê 

1 .  Si  tôt  ai  taraat  raon  chan 

V.  Main  tas  sazos  aesdene                             ^^Ê 

Ë  Bai  fag  trop  Iodc  estatge 

Qem  pes  tant  fori  em  cos-                   ^H 

Efas  aï  cor  8  talau 

^H 

Qe  EL  toril  la  perdes  *  damp- 

Qiêu  non  aug  qi  pari  ab  me                    ^H 

[DaLge 

Kl  fax  mas  tremblar  e  frire                   ^H 

5    Qeil  bellam  dreiz  el  matge' 

5  E  pus  dieua  non  vole  esire                   ^^^^Ê 

Ëm  ait  qeil  moatren  ehan^ 

Ane  en  una  aola  re                           ^^^H 

Lo  îoi  e  la  valor  grau    [tan 

La  boutât  qil  a  en  ie                            ^^H 

Qem  donet  e  lalegratge 

El  dou3^  ï>arlar  el  gen  rir^                        ^^Ê 

Lo  iorn  qem  retenc  bai^an. 

Ab  qe  ma  mort  etn  rete.                         ^H 

U,  AdoDca  liatei  tao  deuan' 

Yl.  Tût  ai  par  ma  bona  fe                            ^H 

Mae  iointas  de  bon  coratge 

Canqis  zû  don  siu  iauzire                        ^H 

De  gftïoillos  em  pi  or  an 

E  ï>rec  mi  donz  per  merce                       ^^Ê 

Trom   près  eri  son   aegno- 

Qe  son  cor  de  me  non  vire                       ^^M 

[ratge 

5  Car  ips  om  e  sob  servira                         ^H 

5     Mais  al  prim  li  sou  ^  saU 

Soi  eu  iai  ^^  âstat  ane  se                           ^^Ê 

[natge 

E  ades  pueia  e  ve                                 ^H 

i  c.en  :  no$,  —  *  l%  en  :  vora  —  *  c.  en:  aainâ  —  *  t.  :  no$,  ~  >  £.  ;  perdi;l  —                     ^^| 

•  /,  ;  mat§:e  -  '^e.  en;  denan  —**L: 

fon  —^L:  âftpcïiâ  —  i*  f.  :  a.  et  ai,                     ^H 

^M 

4  34  LE  CHANSONNIER  DE 

]  or  a  doblat  dezire 

C  t  plus  ffîi  fai  de  be. 

VII.  I  lira  Lai  vir  mon  fre 

\  ^mg  tdnglQT  cui  de  aire 

î  >îl  iamor  e  bùù.  he. 


163 

:ELMS  FAIDIT2 


a 

I.  A 

1 
( 

( 

5  D 


Ben  saubra  far  gaug  a  la 

[bona  gen 

Pos  tan  gen  sai  cubrir  mon 

[pensamen. 

II.   E  pois  tan  gen   sai   cubrir 

[mon  afan 

Ja    non  esfors   lauzengiers 

[mal  après 

Qem  tengon  dan  ni  conoscon 

[los  bes 

Qeu  damor  ai  ni  la  i^ran  be- 

(nananza 

5  E  aab  midonz   puesc  trobar 

[acordanza 

Tan  ai  estât  de  vezer  son 

[cors  gen 

Para  merce.  qautre  ici   nô 

[aten. 

111.    E  vos  amor  qe  maues  pro- 

[mes  tan 


BEUNART  AMOROS 

Vostre  socors  eraui  en   ao- 

lueoguea 

Aoatz  Yas  leis  em  vaîl  ab 

[vos  iûerç€fl 

ft   fia   nai^    lai   eu   vofttra 

[ftanxa 

5  B   sekoa   fai   amistat   nim 

[eoansa 

Vofi  e  mercea  naure»  grat 

Âprea    midonz  qa  en    yqs 

(mandamoa, 

IV*  (p-  I4i)  Autre   «ocors    non 

[aten  ni  demao 

Mai  sol  de  lieia  sen  atier  to 

[poguea 

Car  auc  no  vi  donna  tam  bem 

[plagues 

E    ai   eatat  en   oogrie  en 

[franza 

5  E  sem  dones  damisella  con- 

[stanza 

Totz  mos  volers  nom  passe- 

[ral  talen 

Qieu  ai  de  leis  cui  am  tan 

[finamen. 

V.  Qar  miels  me  vai  qe  al  pres- 

[tre  ioan 

Cant  me  mëbra  de  leis  qi  ma 

[conqes 

Cab  près  onrat  eab  belsdigz 

[cortes 

Mi  dona  ioi  em  promet  ben- 

[ananza 

5  Per  tal  qe  fos  cm  pretz  e  en 

[onranza 

Câpres    io   iois   mauengues 

[loniamen  ' 

Tuitpoiran  dirneus  lamador 

[iauzen. 


*  /.  :  desconort  —  *  /.  :  irai  —  '  /.  :  lonramen 


LE  CHANSONNIKK  DE  BEHNAUT  AMOROS 


4  35 


VI.  ChanzoDz  vai  ten  dreit  per 

[mon  elian 

En  monferrat.e  dira  al  pros 

[marqes 

Qem  breu  veirai  lui  el  comte 

[de  blos  * 

Qar   totz  lor  faigz  son  de 

[bella  semblanza 

5  E  digatz  len   leialmen  ses 

[doptanza 

Qe  mos  conortz  me  ten  ^  sai 

[tan  gen 

Per  qeu  estau  qe  nols  vei 

[plus  souen. 

153 

GAUCELMS  FAIDITZ 
(=  B.  Or.  167,  44*  •) 

I.  Oi  mais  taing  qe  fassa  pa- 

[rer 

Jauzens  e  desliures  desmai 

Mon  rie  ioi  ab  ioios  voler 

En  un  vers  pos  a  mi  donz 

[plai 

5  Qahora  sai 

Qe  col   qe  a  bon  segnjor 
[sattrai 
Es  de  rie  don  iauzire 
Si  sap  esser  bos  sufrire 
Francs  adreitz  de  tôt  be 
10  Aitals  cun  ad  amor  coue. 
II.  Ja  finz  amies  nos  dcsesper 
De  si  donz  si  tôt  mal  entrai 
Qe  zo  cane  nô  cuidci  vezcr 
Vei   per  domno  al  cor  tan 
5  Qa  penas  sai  [iai 

Qi  fui  ni  quez  soi  tan  bem 
[vai 


Qe  qant  e  mon  cor  cossire 

Jeu  nom  cug  ni  cre  nim  al- 

[bire 

Sieu   foz   cel   qe  sueil  qai 

[en  me 

10  Lo  iois  qi  damor  me  ven. 

III.  Qar  amar  ab  sobretemer 

E  genz  seruir.  ab  cor  verai 
Man  aduit  e  man  fait  auer 
Un  rie  ioi   iauzion  queu  ai 
5  De  lei  don  sai 

Quel  mon  tam  bella   nom 
Qitar  qi  fazia  assire    [estai 
La  gensor  dautra  qes  mire 
Près  de  leis  non  parria  re 
10  Qil  anc  beutat  agues  ab  se. 

IV.  (p,   149)  Daiso  trai  garent 

[qieu  die  uer 
Son  bel  ris  g  son  bol  cors 

[gai 
Ladreit  parlar.  el  rie  saber 
El  esgart  e  sos  bels  oils  rai 
5  De  uer  o  sai 

Plus  non  aus  dir  ni  nô  dirai 
De  sol  aitan  cre  qeslire 
Poscom  de  tal  o  voil  dire 
Qa  sauer  es  lieu  qi  la  ue 
10  Qe  iois  tan  bella  nô  mante. 
V,  Aram  sforz  pauc  qar  ai  po- 
[der 
Pos  tan  ries  iauzimôz  mes- 
[chai 
De  mon  ioi  celar  ni  tener 
Qar  ades  a  totz  nol  rctrai 
5  Mas  car  ieu  sai 

Camors  p^r  descelar  dechai 
E  qaissiz  pot  bom  iauzire 
Sai  si  mô  cor  escondire 
Qe  ia  lauzenjer  denjan  pie 
10  Nonsabrauconplusmisoue. 


«  /.  :  blés.—  ^  /.  ;  vcteii.  -  *  Voyez  Zeitschr.  f,  r.  Ph.  //». 388  note 


^^m               436                  LE  CHANSONNIER  DE   BERNA RT  ÀMOROS          ^ 

^^^^^^          VI.  Domna  moB  îoîb  e  moa  pla- 

Vezen  Ja  roda  virar            ^ 

^^^^^K 

El  sers  ploraual  maniar 

^^^^^H                 Mos  dczirs  don  îa  nom  par* 

Cbant  on  plus  ai  malanansa 

^^^H 

Qar  consir  qen  alegranza 

^^^^^^H                  Tan  coœ  vidam  voîlla  valer 

10  Mi  pot  mon  maltrag  tornar 

^^^^^H                 Do  YOB  cui  am  &  amarai 

E  plor  can  vei  ioî  ni  be 

^^^^^H             5  Tan  qun  viurai 

Als  autres  e  mi  sou«            M 

^^^^^H                 Totz  temps  e  ia  ren  noua 

Qiou  naîe  pro  ar  n^  ai  re,     H 

^^^^^H 

IL  Qen  aital  r^baîUam  •  te       ^ 

^^^^^H                 Doû  vogtre  nc«  coi-a  sazire 

Preaamors  en  grieu  batanïta 

^^^^^H                 Mas  prec  voâ  qala  nouz  auz 

E  n&  sai  dîr  ren  per  qe 

^^^^^M                 QeuB  aiaa  auineti  merce 
^^^^1                   10  De  mi  qeus  am  pei'  bona  le. 
^^^H               VtU   Nuls   hom  àaDiar  nos  deu 

^^^^^^                Qe  plus  qe  nuil»  ioaz  ^  non 

^^^^^^1                Emeudanxora  en  sol  un  ser 
^^^^^H                 Fer  tiïm  ia  nom  deap^rarai 
^^^^^H            5  Pos 
^^^^^H                Ans£  prec  mù  vers  cami  doti^ 

^^^^^H               Si  de  mon  vezer  grazire 
^^^^^^^                E  daqi  qaiHoi'fi  nofl  vire 

Mas  car  atent  aa  raerce         ■ 
5  Vêncntz  ses  deaperanza  *    1 
E  car  nom  recre  damar        f 
Qe  dais  nom  {p,  Uù)  pot 
(em col  par 
Tant  11  aui  ficela  amaire 

A  leia  tui  non  aui  retraire 

10  Ni  descubrir  mon  penaar 
Prosdomnabgericorscortes 
Tant  tem  lo  preiï  qen  vos  es 
E  las  granz  val  ors  ela  bea. 
IlL  Pero  nom  desesper  ges 
Ni  mes  sembkntï  ^   ni  ve- 

^^^^^H                ËDuers  mon   y\m    atiineEi 

[iaire 

^^^H 

Qen  vos  non  aia  mercea 

^^^^^1          10  An  bon  près  enaQz  e  reue. 

Qel  voatre  cors  ben  aprea 
5  Humil  francs  e  debonaire 

Vei  el  rie  preU  valent  car 

^^^H 

El  gent  ris  ©l  douz  p%rlar 

^^^H              GAUCELMS  FAIDITZ 

Joioa  ab  gaia  semblanza 
E  car  non  trobatt  eganza 

^^^^H                                 Or, 

10  De  beutat  el  mon  ai  par       ^ 
Aisorn  tira  aï  el  îre                H 
Em  toi  ardir  em  rtte 

^^^^^1         1.  Â  iemblan  del  rei  tjbena  ^ 

^^^^^H                Can  lac  venant  lemperalre 

^^^^^H                El  fes  tjrar  can  kt  *  pref 

Qen  nfuis  ^  auz  preiar  de  re. 

^^^^^H              Sa  cbaret  e  son  amei 

IV.  Qar  maintaa  aazos  maue 

^^^^^H           5  Dont  el  ehantauab  maltraire 

Cab  tota  sach  •  acordanKa   ^_ 

^^^^^H           1  1.  :  qen  mil  iom£  —  *  c.en  :  foi'l'ai 

1 

^^^^^■^           ^  €,  en:  tyheta  —  */,  :  lac  —  H*  :  IréhaUlam  —  *  /.  :  deaeaperanïa  —  ▼  r.^| 

^^^^^              fTi  :  semblaitz  —*  L  :  nous  ^  ^  /,  :  i 

rach                                                       H 

LE  CHANSONNIER  DE  BERNÂRT  ÂMOROS 


437 


DOpnaas  cuig  preiar  de  me 
E  puis  cant  mos  cors  vos  ve 
5  Mespent  *  e  non  ai  mem- 
[branza 
Mas  sol  de  vos  esgardar 
E  nous  sai  nius  aus  pmar 
Ni  lamor  nos  puesc  estraire 
Donc   gran   merce   pogras 
[faire 
10  Sim   dassetz  sentz  deman- 
[dar 
Qe  nô  es  tan  pauca  res 
Que  del  vostre  don  agues 
Qieu  a  gran  non  la  tengues. 
V.  Perqenanz  qel  bruid   uen- 
[gues 
Nil    fais    lauzengiers    tri- 
[cbaire 
Lamor  qieus  ai  conogues 
Fora  gent  sa  vos  pi  agues 
5  De  conoisser  mon  afaire 
PoB  ieu  noi  vos  auz  mos- 
[trar 
Cun   honrat  don  progras 

[far 
Si  ses  tota  mal  estanza 
Suffrises   ca  vostr  onranza 
10  Fosson  mais  tuig  mei  cban- 
[Ur 
El  plus  lais  qe  bes  coue 
Mai  daisso  nô  cuig  ni  cre 
Sieu    lenqier   qe  men   mal 
[me. 
VI.  E  pos  de  vos  nom  recre 
Ni  de  la  vostr  a  fiâza 
Don  eu  autrei  per  iasse 
Mos  cbanz.  e  malleial  fe 
5  Si  vostra  valors  menanza 
Honor  vos  er  senz  doptar 
Vos  sabetz  cous  fai  afar 


Qeu  non  die  plus  pauc   n^ 
[gaire 
Mas  tan  cumils  merceiaire 
10  Vos  soi  ab  cor  fin  e  clar 
E  si  esmes  ni  saupes 
Cauzes  mais  dir  ni  degues 
De  mais  mi  for  entrâmes. 
Vil.  A  uentadorn  uoil  rctraire 
Qe  la  dompna  non  a  par 
De  beutatz  ab  complitz  bes 
R  sil  mas  razons  saubes 
5  So  qieu  sai  beil  fora  près. 

155 

GAUCELMS  FAI 

(=  B.  Or.  167,  15) 

I.  (p.  151).  Chant  e  déport  ioi 

[dompuei  e  solatz 

Enseignamen     larguess    e 

[cortesia 

Honor  e  pretz  e  leial  dru- 

[daria 

An  si  baissât  enianz  e  mal- 

[uastatz 

5  Ca  pauc  dira  nom   son  de- 

[sesperatz 

Car   entre  .c.   dompnas  ni 

[preiadors 

Non  vei  una  ni  un  qe  bes 

[capteigna 

En  ben  amar  ni  enuer  qe 

[nos  fegnia 

Jam   sapchom  dir  qcs  de- 

[uengut  damors 

10  Gardatz  con   es   abaissada 

[valors. 

II.  Quar  drutz  i  a  e  dOnas  sin 

[parlatz 


1  L  :  mespert. 


^^^^^        ISP            LE  nHANSONNIER   DE  BlHNART  AftlÛROS 

^^^^^H               Qe  fegnorEn  e    dima  tota 

Qô  fâtenc  gent  e  làial  ae- 

^^^^^H 

[gnona 

^^^^^H                Qml  aon  leial  e  amon  sei 

Safranqïa  tant  poa    eu    ai 

^^^^^^^1 

[aumelia 

^^^^^^^H          Ë  pos  ohaicfls  es  ûubÊrtz  e 

Qem   p«rdijnes    aï  Bit    fora 

^^^^^^r 

[têâmU* 

^^^^^H            5  Ë  tricbariui  sia  e  lui  va»  toU 

5  Vas  lels  coa  Laus  *  «afin  en 

^^^H 

[la  fornatz 

^^^^^^H                 Ë   Las  dodnaa  on  plui  an 

E  nom  no  gués  paratgea  ai 

^^^^^H 

[rieora 

^^^^^H                E  mai  a  ouioQ  eom  u  prêts 

Qe  sera  LU  tôt  deJ  mal  ni  far 

^^^^^H                                                 0 

[o  deigna 

^^^^^^H                Ma«  ai  ta  Le  bes    €oa  coueu 

Aîisi  serai  fis  ses  fala  en- 

^^^^^H                                     [kr       veigAft 

[treaaeigBA 

^^^^^H               Ca   ciiaBcuna 

Con  lo  leom*  ang^lfisr  de 

^^^^^H 

[Laa  tora 

^^^^^H           10  Poa  .L  drut£*  qo  pois  dem 

10  Cati  lac  eatûrt  de  Los  guer- 

^^^^^V 

[riera  peiors. 

^^^^^H          in.  Ai«âi  cùm  mlâh  ea  eu  don- 

V.  Ë    saqeat    tort2     dôna    foi 

^^^^^H 

[perdoaatz 

^^^^^H                 UetiB    acuUlira    e    auineofi 

FaaaAt    agra    la  mar    part 

^^^^^H 

lombardia 

^^^^^H               E  beli  parLana  preu  e  douza 

M  as  ûon  eiiig  far  leial  ruon 

^^^H 

[foinania 

^^^^^H                Âieaî  deu  meiU  gardar  sm 

Si  uon  era  uas  uqs    adre- 

^^^^^H 

[churati 

^^^^^f             5  Qe  reu  m  val  cort  de  dùa£ 

5  Sol  per  aisao  deuetz  voler 

[meilalz 

[La  pat£ 

Ni  non  ea  fins  pos  i  veim 

E  car  luerees  os  en   vos  e 

1  cobra 

(honore 

Cuna  sala  atnora  Uimg  los 

An  uia  c^antos*  qe  res  Don 

[deatreigaa 

[la  reteigna 

Non  die  eu  gea  ca  domna 

Freiar  voi   ai   francliamen 

[dascouetgna 

[qeus  aoueigua 

Soni  La  preia  ni  a  en  tonde* 

Ca  gentils  cora  taing  fran> 

[dora 

[cbea  e  douzors. 

10  Mas   ges  mn   deu  en  dos 

10  E   dieu  perdonaLa  boa  per- 

[luecs  far  se  cors, 

[  don  adora. 

IV.  E  ait  plftgues  qel  bels  pia- 

VL  (^.  iSi}  Tant   coa  reguiet 

[aéra  honrabî 

[leialment  amiatatx 

'  1.  ;  an  ta  —  *  c.   en   :    desén^r» 

<—   «  c,  CTI  :  dautx  —    *  t,  :  c«mdii. 

•  €.  en     laiaU,  i.  :  ûnat*  —  •L: 

laurs.                                                   ^M 

LK  CHANSONNIER  DE  BERNART  AMOROS  439 


Fol  segles  bons  e  senes  vi- 

[lania 

Mas  pois  qamors  tornet  en 

[tricharia 

Es  dechazutzeiouens  abais- 

[satz 

5  Et  ieu  meteus  pos  dir  voll 

[las  vertatz 

Ai  tant  après  de  fais  dnitz 

[trichadors 

Qe  nô  es  dreitz  qieu  iamais 

[i  reueignia 

Qe   leis  on   iois   e  pretz  e 

[beutatz  régna 

Si  con  magues  mal  fag  fug 

[de  cors 

10  Qant  mac  garit.  et  enansat 

e  sors. 

156 

GAUCELMS  FAIDITZ 

(=B.  Gr.  167,39) 

I.  Moût  a  poignat  amors  en  mj 

[delir 

Longas  sazons.  per  qieu  en 

[son  clamanz 

Qen  breu  aura  envirô  de  set 

[anz 

Qemfes  amar.  tant  fort  senes 

[mesura 

5  Lei  on  perdei  mon  ioi  e  ma 

[uentura 

Cane  pois  del  cor  nom  poc 

[partir  lafanz 

E    sauia    maint  ben    agut 

[enanz 

E  main  plazer  don  plaing 

[plus  ma  rancura 


Qar  moût  es  greus  mala- 

[nansa  suffrir 

10  Celui  qe  a  maint  ben  veizat 

[iauzir. 

II.  Forsatz   sufri  car  no  men 

[pueisc  partir 

Ni  non   fora   razos   qe   fîz 

[amanz 

Fos  bas  damor  mentre  ire 

[malananz 

Mas  amors  vol  so  per  qamors 

[peiura 

5  [Qe  '  dreitz  es  com  noi  sega 

[dreitura] 

E  dreitz  qel  son  apoderalz 

[talanz 

Mas  ieu  nô  soi  al  seu  dreit 

[contrastanz 

Qen  autrafar  semblera  granz 

[tortura 

Qc  cil  qeu  am  pogues  ma- 

•  [dreg  aucir 

10  &  eu  amcs  cella  qem  fai  lan- 

[guir. 

III.  Damor  fora    mezura    sens 

[faillir 

Qe    no    règnes   maleza   ni 

[enianz 

Anz  couengra  pQs  lo  noms 

[es  tan  granz 

Qamors  [a  nom  qamors]  fos 

[fes  '  falsura 

5  Mas  endreig  mi  es  tan  mal 

[e  tan  dura 

Car  li  soi  finz  humils  e  mer- 

[ceianz 

Qel  nom  damor  es  perdutz 

[al  meu  danz 

Qaissi  nestai  qe   re  nom* 

[meillura 


*  /.  :  Perge  —  •  c.  «n  ;  ses  —  •  i.  :  no  mi. 


^^B                4  40            r.i^  CHANSONNIEE    t>E 

BERNA RT  AMOROS          ^^" 

^^^^^_                 Co  u  cel  qti  e&  UG i  c  D  miei  g  d  el 

10  E  *  ieu  meteuô.  qe   pain  e 

^^^^^B                                              [mar 

[men  trair. 

^^^^^H           10  E  noi  pot   ai   remaner  ai 

^^^^^H         IV.  Non  ai  poder  puesca  mon 

167                         - 

^^^^^^H                                                    fugir 

GAUCELMS   FAIDITZ          ■ 

^^^^^H                T&n  fori  éBUuc        saiiade 

(—B.  Or.  167,  49)              f 

^^^^^H 

^^^^^H                E  ma  damna  car  es  belle 

L  Qan  la  fueilla  sobre  larbre 

i^^^^^H 

[ sespan 

^^^^^H                E  S6US  mercû  non  a  do  ma 

E  del  aoleil  boh  es  élargit  lî 

^^^^^^H 

[rais 

^^^^^H             5  Ânz  can  la  prec  nti  aoinoti 

E  11  auïel  m   van  enamoraa 

^^^^^^H                                         [en 

Lnn  pela  autres  e  fan  von  tas 

^^^^^^H                 Qem  laia  de  leîs  e  pois  rea 

[elaia 

^^^^^H 

5  Ë  lot  caat  m  sopleia   vas 

^^^^^H                  Mielz  mî  fora  qe  aeguea  ses 

[amors 

^^^^^^H 

Mai  soi  a  vos  qea  griena  per 

^^^^^H                 Mais  non  puesc  gee  qe  vo- 

[conuertir 

^^^^^H                                                        satura 

Bona  domna  per  qeu  plain 

^^^^^^H                  E  mon  feim  ^or  e  kmoroa 

[c  suapir 

^^^^^H 

E  vauc  mîeg  mortz  entre 

^^^^^H            10  On  piets  me  fai  lam  fan  plus 

[rire  ploran. 

^^^^^^H 

IL  Ane  maïs  n nia  hom  non  traJB 

^^^^^H           Y ,  {p.   Î53)  DoncB  par  qo  fatz 

[tan  grieu  afan 

^^^^^H                           [car                   ttuz  dïr 

Con  îeu  perltïia  mais  leugier 

^^^^^H                 Poe                non  vol 

1  lo  mi  fais 

^^^^^^H                                           [tno8 

Qe  (jant  eagart  son  cora  e 

^^^^^H                 Vai  mî  meteia  son  traire  e 

[son  semblan 

^^^^^H 

El  douE  parlar  qe  tîtn  auîiu 

^^^^^H                 Gârdatx  si  aui  ben  de  falla 

[matrais 

^^^^^H 

fi  E   II  bel  oil  ab  la  fresc«.^ 

^^^^^H              5  A  ecten  qe  noi  ai  cobortura 

[Coloi-arfl 

^^^^^^1                  Me  faU  trop  pietz  qe  la  nom 

Molt  ai  saup  gent  beuUlxfl 

^^^^^H                                                          ikùt 

[en  lem  assir 

^^^^^H                  E  «il  atette  cors  he  faiU  e 

Cant  plus  lasgart,    plus  la 

^^^^^^H                                                         iatanz 

[ueî  embellir 

^^^^^H                 Nom  vol  amar  ïm  tan  gran 

Dieiia  men  don  ben  cane  re 

^^^^^H                                              [forfaitura 

[non  amei  tan« 

^^^^^H                Ni  tan  ^ran  tort  non  sai^  ean 

111.  Toi  iorn  la   vauc   «intrôla 

^^^^^H 

[meillora  blaaauui 

^^^^^1              Li  em  —  *^.en :  fai  —  U.i  cmn. 

1 

LE   CHANSONNIEK   DE 

Et  e  moe  ditz  tôt  son  afar 

[abais 

Per  esproar  de  chascun  sieu 

[semblan 

E  per  saber  lo  seu  fia  pretz 

[verais 

5  Sel  68  tengutz  per  tan  bon 

I  entrellors 

Mas  trop  en  puesc  deman- 

[dar.  et  auzir 

Cadoncs  naug  tan  a  chascun 

[de  ben  dir 

Perqieu  nai    piegz  de   leis 

[muer  desiran. 

IV.  Âqest  inan  mort  fais  ama- 

[dors  truan 

Qi  per  un  don  damor  si  fon  * 

[truep  gais 

£  car   ades    tôt  lur  voler 

[non  an 

11   van    disen.  camors   torn 

[em  biais 

5  E  dautres  iois  si  fan  deuina- 

[dors 

E  car  son  mort  cudou  autre 

[aucir 

De  mi  vos  die  qeu  non  men 

[puesc  partir 

Qel  genser  am  ia. . .  . 

168 

GAUCELMS  FAIDITZ 

(=  B.  Gr.  167,37) 

1 .  Q>.  Ib4)  Mon  cor  e  mi  e  ma^ 

[bonas  chanzos 

E  tôt  cant  sai  dauinen  dir  ni 

[far 

Conosc  qe  tenc  bona  dona 

[de  vos 


BliRNAHT   AMOROS  441 

A  cui  non  auz  descubrir  ni 

[mostrar 

5  Lo  ben   qeus  ai   don   lan- 

[guise  e  sospire 

E  pos  lamor  nous  auz  mos- 

[trar  ni  dire 

Nil  ben  qeus  voil  greu  auser 

[enardir 

Sens  uolgues  mal  de  mo  mal 

[cor  a  dire. 

II.  Al  prim  qieus  vi  domna  ma- 

[grobs  qe  fos 

Per  qamors  tan  no  meus  fe- 

[zes  amar 

Qe  nom  fosses  tam  bella  n^ 

[tam  pros 

Ni    saubesses   tan  auinent 

[parlar 

5  Caissim  pasmei  cant  vos  vi 

[dels  oils  rire 

Cuna  douzors  damor  mi  venc 

[ferir 

Al  cor  qem  fai  si  trfiblare 

[frémir 

Ca  pauc  den&  nous  mori  de 

[désire. 

m.  Adoacs  parti  destreitz  e  en- 

[ueios 

De  vos  dOna  cui  dezir  e  tenc 

[car 

Siqe  anc  pois  sognier*  ni 

[poderos 

No  fui  demi  mas  de  mon  cor 

[celar 

5  P^rzo  conosc  camors  mi  vol 

[aucire 

E  sieu  p«rvos  muer  bes  mes 

[per  vos  a  suffrir 

Qcn  autre  gien  non  poira  ' 

[morir 


1  L  :  fan.  —  •  /.  :  segnier  —  *  /.  :  poiria. 


^^^_™.._   % 

Tan  doue  amen  ni  ab  tan  bel 

5  Tant  can  vos  ym  soi  del  ve- 

[martire. 

[zer  iauzire 

IV.  Ai  coma  traig  moB  fiuz  cors 

E  can  mm  part  ion  en  aital 

[amoros 

[eonaire 

Cftcc  mais  non  fon  leua  a 

Qe  re  non  pueac  la  nueig  el 

i                                                                [enamorar 

[leig  darmir 

Ëûtro  qens  vi  domna  doti  la 

Ni  aai  ala  far  maa  plajgneu 

[eazoni 

[vola  em  vire* 

Non  cug  si  a  qiene  ans  nierce 

VI ,   Domna  lafani  el  coasira  mes 

[clamar 

[tau  boa 

5  Ni  VOB  tkù  plat2  conoieser 

Coq  plus  en  pena  e  mais  en 

[roon  conBira 

[voil  pensar 

Pcro  aaber  podetz  leu  mon 

Ë  ai  ab  me  mamtaa  ves  cù* 

[de^ir 

[paignos 

Qieu  ai  de   voa.  ub  naaint 

Qeu  vûlria  maîa  tôt  soleU 

[cortea  sospir 

[eatar 

Qôm  ve^et  far.  can  vos  vei 

5  Aitan  mi  platz  cant  mi  penx 

ni  us  r«mire. 

[ni  malbire 

,w                           V.  Tôt  cant  macort  en  un  roes 

La  gran  val  or.  mai  aqi  eoa 

^^^^^^Hr                                              [o 

[roadir 

^^^^^B               De  cal  gui^aui  venguea  gen- 

En  ver  car  aai  qe  noua  aua 

^^^^H 

[dfiscubrir 

^^^^^B               Mublit  can  vei  voatraa  bel- 

So  don  mer  mais  toti  tetnpa 

^^^^^^H                                           [las 

[eaaer  anffrire. 

^^^^^H               Qe  no  men 

^^^^^H 

E.  Stbngel, 

^^^^H 

fa 

[ 

I  DODICI  CANTI 

ÉPOPÉE   ROMANESQUE  DU   XVI*  SIÈCLE 

(Stdte) 


CANTO  DECIMO 


P^llOv*']!.     La  gelosia  c  uaa  spietata  rabbia 

Che  consuma  altruiTossa  et  nervi  et  polpa, 
Et  convien  ch'un  gelloso  mai  sempre  habbia 
Una  febre  che  '1  scarna,  sinembra  et  spolpa. 
Non  fu  mai  mollosta  acuta  scabbia 
Qiianto  è  la  gelosia,  che  senza  colpa 
D'infamia  un  huom  non  lascia  ne  mai  lieto 
Lo  rende,  anzi  lo  fa  sempre  inquiète. 

2.  Âmorda  gelosia  è  différente, 
Perô  ch'  Amor  è  passion  naturale 

E  una  virtù  che  vien  nel  cor  sovente, 
Non  come  il  vulgo  da  pungente  strule  ; 
Ma  chi  la  gelosia  dentro  al  cor  sente, 
Sente  espressa  pazzia  perpétue  maie, 
Ne  vien  da  Amor  la  troppa  gelosia. 
Ma  da  humor  malinconico  et  pazzia. 

3.  Ciô  che  Thuom  fa  che  sia  fuor  di  ragione 
E  U'è  infamia,  disnor,  danno  et  vergogna, 
Perché  la  gelosia  è  openione 

Ch'  al  tri  se  arecan  più  che  non  bisogna. 
Et  non  è  ragionevole  passione 
Ch'occide  la  ragione  et  sempre  agogna 
Super  quel  che  non  lece,  et  saper  crede 
Quello  che  la  ragion  non  le  concède. 


I  DODICI  CANTI 

4.  La  geloBia  di  due  Gone  fa  guerm 
Nel  [ietti>  human,  ciù  è  di  donna  et  regiio  : 
Se  que  lia  prima  in  hum  an  cor  ai  aerra. 
D'una  eatrema  pazzia  é  vero  aegoo  ; 
In  qualcbe  cona  mea  la  seconda  erra, 
Maaaimo  quaado  ha  di  ragioii  diaaegnoj 
Corne  hor  dî  StordiUuno  ekla  il  cor  prietnt» 
Ghe  non  aerno,  caglon  del  reguo  tema* 

5 .  Sa  questo  re  che  U  air  di  Montalbano 
É  paît  ad  in  di  Carb,  et  che  nimîco 
Qnello  é  di  Moro,  di  Tiirco  et  Marauo, 
Et  queste  in  casa  hor  se  le  montra  amiGOj 
Né  ben  si  pu[ô]  scruttar  il  cor  humane 
Che  non  ai  vede  ae  egli  è  retto  o  oblico  ; 
Perô  non  aenza  gra[n]  cagion  si  muove, 
Per  quantoparli  baver  anapition  nuova. 

(f*lllr*]6.     Et  cosl  manda  per  soi  capîtani 
Et  per  gli  amici  consij^'^lier  aua  fldi| 
Et  âpre  a  loro  i  suoi  pensier  cfitranî, 
Dicendoli:  a  Non  ao  com'  io  rai  Hdi. 
In  caea  ho  dut  più  valeuti  chriatiani 
Che  la  Fortuna  sopra  terra  guidi  ; 
Uûû  è  Rynaldo  et  quel  altro  è  Guerrine, 
Che  è  eonosciuto  in  Gretia  par  Mesehino. 

7,     Noto  é  liinaldo  a  (ojgnunper  sua  prude^za, 
Di  chi  più  dir  chi  el  aîa  non  è  mestierî  ; 
Ma  quel  Guerin^  châinfra  i  Greci  a'apprezza, 
Magnanimo  è  fra  tutti  i  c  aval  lie  ri, 
Et  Finidaro  e  i  ^uoi  Hglioli  sprescza) 
Che  aoQ  di  |)agania  questi  guen  ieri 
I  primi  et  pîù  potenti  ch*habia  il  mo[ii]do, 
Et  pur  (ruerin  gli  ba  potti  tutti  al  fonde. 

S'     Vinae  la  gîoatra  grande  et  vitiae,  pûl 
Che  di  queir  bebbe  iî  pregio  pt^r  battaglla, 
Di  Pitiadoro  i  figli^  grandi  heroi, 
E  in  Siria  poi  U  diede  altra  travaglia. 
Et  li  scherui  di  modo  che  a  di  auoi 
Non  rilevar  pii^  teata,  e  hor  ai  travaglia 
Con  KinaldOp  o  iignor,  eo  me  va  de  te, 
Si  vaioroBamente,  et  vïsto  bavete. 


CANTO  DECIMO 

9,     Vorrei  mi  conBegUîisti,  che  1  timoré 
Sovente  lieva  altrui  *îi  buon  conaiglio; 
Et  ben  mirate  al  inio  regale  honore 
Sopra  del  quai  sol  vosco  mi  cotisïglio. 
Perché  1&  fe  eh'  è  iti  voi  col  grande  amor© 
Fa  cti'iovi  manifesto  il  mio  periglio. 
Dabbio  ho  del  regno  mio,  diibblo  ho  di  %'i]if 
Eftasndo  questî  daa  guerrier  fra  nui. 

10.     Ppr^  perché  Fun  dei  dua  chefu  Rynaldo 
LiberÔ  la  mia  nuora  Fiordiepma 
Dalle  rie  riiBni  di  quel  rio  rubaldo, 
Degno  è  d'honor  da  mâf  non  dl  ruina  ; 
Vorrei  poaaéudo  dimoatrarmi  caldo 
lu  honorarlo,  fioch' eglî  camina» 
Ma  ben  vofrei  che  presto  la  aua  via 
Prendesae  et  Taltro  seco  îq  compagnia.  n 

[Iî"6  { 1 1  yo]  1 1 ,      Benchè  'I  figlîuoi  del  re  non  sia  chiatnato 
Ch'egli  habia  a  dir  in  queaio  concistoro 
Il  8110  parer,  quel  che  *l  padre  ha  narrato 
Aperla meute  eute^o  ha  Zenodoro, 
Perché  non  a*©ra  in  ïetto  aneor  corcatOT 
Come  pentava  il  padre  baihasoro : 
Perch*  havea  dnbbîo,  stava  moUo  attento 
Che  Rjnaldo  non  pata  de  tri  m  eu  to. 

12.  Per6  iu  la  aaU,  ov'  erau  ragunati 
Il  re^  h  çapitani  et  conaiglieri, 
Entrato  Zenodoro,  et,  ^alutati 
Che  gU  hebbe  ttitti,  disae  :  t^  0  euTutlierif 
Et  vo'  ait  ri  veehi  da  padri  houorati, 
Non  couatgliate  contra  î  dua  guerriêH 
Ooaa  che  ai  a  contraria  a  Thonor  regio^ 
Gh*  io  in  faccia  eomportar  non  vue'  tal  fregio, 

13.  Non  puè  Rvualdô  et,  «e  potetse  ancora. 
Non  è  per  far  al  ooatro  regno  oltraggio, 
Che  la  preeontia  sua  d^iigna  et  décora 
Dimostra  lui  non  baver  personaggio^ 
Se  non  far  co&a  degna,  perché  honora 
Questi  ciaacun  come  prudente  et  auggio^ 
Tal  cho  mérita  h  on  or  perpetuo  et  deguo, 
Perch'  egli  é  gratia  pur  del  noatro  regno* 


44S 


44Ô  1   DODIGI  CANTl 

14.     E  s€  qiiAloh*iiûo  ardisee  eoatr&dîre» 
Fiiom  che  il  padre  mio^  vuo*  aoateitere 
Che  Eynaldo  d'Amone  6  nobU  aire 
Sopra  ogûi  altro  campion  chê  habia  potere 
Di  armî  et  di  stato  o  di  supremo  ardire. 
Et  raanterô  le  mie  parole  vere 
k  ogaun,  beochè  Flynaldo  è  hijjmo  taie 
Ch*a  nepoadere  a  ogoan  coti  Tartni  vale* 

15 1     Et  vûleaae  Msccon  che  de'  sua  pari 
Faaae  fra  nui  qualche  legiadra  coppia, 
Ch*  oggidl  son  nel  mon  do  lanti  i-an 
Perché  Graiiata  in  ain'  a  TEtioppia 
Potrebbe  il  regno  cou  pochr  danari 
Forai  ampliar,  ma  di  taiti'è  b)  inoppi» 
Fra  nui,  che  sempre  havrem  pavîdo  il  eofê 
Quaîido  huoino  ariva  qui  d'alto  valore. 

[F«  1  ISr^jiô.     Que^U  h  la  c^ausa  che^l  mio  padre  teine, 

Non  già  che  di  lezner  habia  cagione. 
Se  geloaïa  del  regoo  il  cor  le  preme, 
Se  coûtra  questi  hft  mala  openione, 
Altro  non  é  ae  îion  che  vobco  insieme 
Non  vede  a  lor  simile  alcuix  campione, 
Alcun  campion  che  forai  ei  libérasse 
Quando  contra  di  lui  si  machinasse. 

17,  So  che  Rinaldo  ad  una  sol  richieita 
Nostra  sareUbe  aempre  diffenaore 

Di  questo  regnoi  et  empisi  la  teata 

Ohi  vuol  di  sogui,  perché  î  suo  gentil  core 

Non  piiô  pensar  a  coaa  disbonesta, 

Hynaldo  che  sol  prezza  fama  g  honore. 

Pur  cotise gïi  cltâcun  qaanto  li  piace. 

Ma  non  con  gu^rra,  possendo  haver  paee.  n 

18.  Turbosai  Stordilan  délia  propos  ta 
Che  Tece  Zenodoro  a  quei  baroni, 
Perô  ch'  alcun  non  vuolse  far  Hapoata 
Né  coQsigliar  contra  li  dnoî  campionj^ 
Ma  nno  al  dir  Zenodoro  s^accoata 
Prornînpendo  la  lingua  in  tai  aermoni  : 
«  Sacra  Corona,  non  ai  vnoî  cercare 
Qaello  ch*  altrui  non  brama  di  tmovafe. 


CANTÛ  DICIMO 

19.  Chi  cerca  il  mal  ne  truovain  abondânza 
SpesBo  più  cht}  dod  vuDle^  et  perû  dico  : 
Doppo  che  1  air  Rynaldo  in  vostra  stanza 
Eicolto  b  a  vête  enme  caro  aouco, 
MaDcarle  de  V  honor  fia  traçotait^a 
Et  di  benevûl  far  crudel  nemico^ 
Massiniamante  ch@  obrîgo  Thavemo 
VoBco  an  cor  nui  corne  çhiaro  gapamo» 

20.  Ârgeste  gxà  turbava  tutto  U  regnâ 
Et  coDftuni&va  nui  con  ipesae  predê. 
Ma  solo  4|neBta  cav allier  fu  degno 
Fermade  il  cru  do  et  formidabil  piede. 
Abbaaaato  bàlb  et  fatto  »târ  al  segnOf 
Corne  dî  cïù  fa  Fiordispina  fede 
Et  n'  bave  m  vîsto  esperien^a  chiara 
Che  questo  huorao  è  d*una  virtù  preclara. 

[  W^  11 3^**  121,     Perù,  sacra  Copona,  non  ê  honesto 
Non  seguir  il  trioinfo  cominciato. 
Perché  non  cominciarlo  coaî  presto 
Meglio  as  Bai  fora  çK  hor  aia  intralaaciato  ; 
E,  quandû  che  1  re  Carlo  intend  a  questo, 
Forai  cbe  et  egli  ne  aerâ  turbato, 
Et  lecita  cagione  havrà  di  farvi 
OltraggiOf  et  forsi  non  poCrete  aîtarvi. 

22,     Che  non  potrete  vo*  allegar  ragione 
Per  qtial  deviate  al  cavallicr  mancarc, 
Etf  ae  ail  ag  as  ta  la  suapitiouet 
Biaogna  cbe  sia  gîuato  il  auspattare  ; 
Et  chi  si  muove  per  openione, 
Non  la  poaaendo  in  pûblico  pruovaro, 
Sempre  havrà  toi  to  et  ^m'rh  condannato 
Fer  indiaereto,  neghitoao  e  iograto.  n 

23^     VuoI  Stordilan  che  parla  Zenodoro 
tjhe  più  nel  consigliar  libero  sia 
Ciaacun.  Pa[r]teai  et  lascia  il  concistoro 
Tutto  in  bisbiglio  e  alcun  non  é  che  dia 
Parer  qnal  voria  il  re,  di  tutti  loro, 
Taie  ch'  egli  n'  ba  al  cor  malenconia, 
Et  dice  i  it  Hor  dichi  ognun  seo^a  rispetto 
Tut  ta  la  op6nio[tie]  che  chiude  in  petto,  » 


447 


1 


441  1    l)OJ>ÎCI  CANTI 

24 ,     Parti to  Xenodor  îie  va  a  Rynaliiû 
Et  fi  Giierritio  et  fa  qiiegli  uscir  fïioro, 
Môstramioai  jn  amaHi  tanto  caido 
Quanto  altri  mai  chiudease  in  petto  amore. 
Sta  Stordilano  nel  peosier  suo  saldo, 
Voria  il  parer  d'altnii  corn'  ha  nel  cor«t 
Et  pur  comanda  ai  consigli,  et  dice 
El  parer  ohé  gii  ha  dato  Doratiç«, 

25,     Sta  qiiam  ognun  inseaaato  û  folle^ 
Temon  del  vechio  re,  temon  del  figlio* 
Mal  volontier  raltrui  pesa  ai  toile 
Alcun,  che  porinrlo  a  talhor  periglio. 
Fa  il  miito  ogQun,  il  re  hx  voceeatolte, 
El  dimoatra  turbato  haver  il  cigito. 
Nisciiin  fa  mottOi  il  re  di  dir  non  cala, 
Et  Zenoder  coi  duoi  ne  viene  in  aala. 

i[P^  1  i  8r*l26,     Era  il  figliuol  d'Amon  tanto  éloquente 
Che  un  Demoatene  pare  o  un  Cioerone, 
Et  Guerin  altresï  saggîo  et  prudente 
In  la  favella,  injog^ni  aua  aetîone. 
Si  ammira  il  re  del  loro  enlrar  repente. 
Pur  a  dir  vioininciâ  il  figlmol  d*Amone, 
pria  aalutanda  il  re,  poi  gli  altii  iuaieme  : 
w  Discaeciate  il  timor  che  '1  cor  vi  prieme. 

27.     Cupidigîa  di  regno  et  meti  d'impero 

Non  mi  tormeota  et  non  mi  afHigge  il  pettOâ 
Combattu  per  il  giusto  et  per  il  vero, 
Che  de  aquistar  Taltrui  non  mi  diletto. 
Non  so  mostrare  il  bianco  per  il  nero, 
Ne  mitovi  che  a  Carlo  i*  si  a  aoggetto 
Over  chriatiano,  perché  V  non  farei 
Ad  altri  quel  che  per  me  non  vorrei. 

28  p     Per  trarvi  fuor  d^ogni  suspetto  rio^ 
Corne  finito  havrû  Tabbattimento 
Conqueato  altro  campion,  corne  dero  b, 
Se  1  mio  Jeaù  vorrà,  con  aalvamento, 
Deliberato  ho  di  seguire  il  mio 
Viaggio  et  S  tord  il  an  lasciar  eontento 
In  el  auo  regno  et  favori  Ho  ogni  hora 
Ch'  10  siirà  cbieFito  et  contra  Carlo  ancora» 


CANTO    DECIMO 

29.  El  questo  dico,  quaodQ  ei  inovc^âe 
0  Carlo  o  àILtû  te  ietixa.  ragîone 
Contra  dî  yoî,  o  aesediu  vi  panesse, 
Noû  havendo  ei  più  cbe  giusta  cagionet 
NoQ  Fi  pensftte  cbe  le  mao  teoesse 
Sâozft  oprark  per  voi  il  fîglikj[ojl  d'Amone, 
Ch'  10  vi  farrei  veder  cti'lo  porto  amore 
A  voi  e  &  ZenodorcoD  lutto  il  c<»re.  »» 

30,  SlmUenieiite  il  bon  Gnerrin  si  offerte 

Che  pQBâeodû  truovar  il  buo  legaîaggio. 
Se  bea  fu[«]»e  dî  là  dove  il  re  Xer«e 
Teane  rimpero,  aneorcbè  qualche  oUraggiû 
Gle  D-aveiïesse  el  Zêûodoro  per  se 
Maada^^e,  premier  subito  il  viaggio 
PeP  vaairle  in  favor,  per  darle  aïts, 
Kt  bîaognanda  poi  puorvi  la  vita^ 

|[F*  1 13^"] 31 ,     Sodisfeceto  al  re  tanto  i  guerrierî 

Col  aaggio  dir,  çou  le  krgrate  oflV*rte* 
Che  ne  reatè  ammirato,  e  i  consiglieri 
Di  Zenodoro  le  pu  rôle  eâperta 
Cognobbero  effîcaci^  e  i  c  aval  lien 
Lodoron  tutti,  e  tl  re  le  sue  co perte 
Oppenjon  disse  et  che  deliberatû 
}\  fivea  r&rli  pngion  ienza  peceat^ï. 

32 ,     Pqï  perdu n  cbiese  lor  con  grande  tnsianza 
Ingenocbiato  ai  piè  delli  campioni^ 
Et  lî  prego  ohe  aecô  in  la  aoa  s  tan  z  a 
StciBÊro  sempre  et  gran  proviâioni 
OlTerse  laro  et  de!  far  amistsinza 
Il  priega,  et  montra  lor  par  pm  rpgionl 
Che  1  tb^bbon  far,  essendo  lor  cbristiam 
Hidotti  nelle  forze  de'  pagani^ 

33»     Bt  percbé  eran  dui  ca  val  lier  che  para 
Nel  mon  do  non  bavean  ne  baver  m  en  ponno, 
Compagni  eâteodo  Tuno  et  l'altro  caro 
Di  o[gni]  gra[n]  regoo  di  esser  degno  donno, 
Kou  vuolle  S  tord  il  an  0  essore  avaro 
Del  bon  consiglio  a  lor;  ma,  percha  aonno 
Haveva  quasi  tutta  que  Ha  tonna. 
Le  dà  licenlia  aci^  che  ogrîim  se  adorma. 


44f 


45Ô  I  DODICI  CàNTI 

34 .  Cû  a  î  par  ti  ti  t  u  tli  i  ter  razstanî , 
ResUuo  sopra  modo  i  re  contentij 
Et  Doralice  delU  dua  chdatiaai 
Che  odito  h  ave  va  tatti  i  parla  menti, 
No  resta  Heta,  che  i  penaier  eatranî 
Del  padre  vede  tutti  esser  gîà  apentL 
VanQosi  tutti  quanti  a  ripOBaro 

Per  ûa  chè  *1  cbiaro  giorao  io  terra  appare. 

35.  Dorme  ciaacimo,  ma  Riaaldo  aob 
Del  la  fade  campion  seco  ri  volve 
Corne  trar  posaa  da  Tetertio  daolo 

il  gentil  ZenoâorOf  et  ei  rissolve, 
Pritna  ch'  ei  parta  del  GraDatin  euolo, 
ScuoteHi  la  inaligoa  infida  polvê 
Di  quella  setta  et  ridrizzarb  al  cielû, 
Levandogli  dagll  ochl  il  s  euro  vôlo. 

[F*l  I4r'*]36*    Et  cou  queetô  penaier  lasaa  le  pîumo 
Sovra  le  quai  si  ripoaava  armato  ; 
Gli  oehi  et  la  mentt^  ahando  a!  aaero  numc*^ 
Col  cor  divoto  iù  terra  ingenochiatOj 
Priega  Je  su  che  de  Tet^srao  lumt 
Hubia  al  suo  Zenodor  tatito  danato 
Quanto  bas  ta  alaatrar  la  oecura  mante 
Ad6  ei  conosca  quaiito  è  Idio  poasente. 

37*     Et  poi  Bugg[i]uDsé  oraudo  :  «  0  Redenlore, 
Cli6  per  Hàivar  il  peccator  voleatt 
P  rond  ère  h  aman  a  carne,  per  Tamore 
Ch'  a  l'huon  fatto  a  tua  imagln  sempre  baveati, 
Non  îndarar  di  Zeûodoro  il  core; 
Pâtcbê  la  propria  tua  vit  a  pouesti 
Sûl  per  salvare  la  natura  hnmana, 
NoQ  sia  per  Zcnador  tua  morte  van  a.  » 

38,     StavA  Guerrin  sul  leito,  {•otna  huon  lasso, 
Alq*lAîitoaonolento,  ot  pur  a*accofge 
Del  bon  tijnaldo  ingenocchiato  al  basso^ 
Ch*  al  Salvator  per  ZeDodoro  porge 
lî  II  mi  le  prect%  che  non  era  casso 
In  kl  Famor  che  dal  ciel  icmpre  soî'ge 
In  chi  ha  timor  di  Dio,  in  cbi  li  crede^ 
Sernpre  opeiando in  bea  corne  ha  la  fede* 


CANTO  DECIMO  451 

39 .  Se  con  Rynaido  la  quistione  incetta 
Puô  terminar  con  qualche  sua  salute, 
Et  che  la  vita  non  le  sia  intercetta 

A  vante  Thore  dal  ciel  constitut[e] , 
Et  liberarsi  da  la  maladetta 
Amazzonica  accerba  servitute, 
Di  Galitia  Guerin  pensa  la  strada 
Dai  ladrî  liberar  con  la  sua  spada. 

40.  Non  si  odiano  i  guerrier  ma  da  fratelli 
S*amano,  bench'  habin  la  pugna  insieme  ; 
Li  statuti  Amazzonici  aspre  et  felli 
Sforzan  G[u]erino  et  di  Rjnaldo  prieme 
H  cor  debito  honor,  perô  che  dèUi 
Materia  il  giganteo  malvagio  semé 

Di  questo  pugna,  et  perô  si  levoro 

Che  1  giorno  è  chiaro  et  chiaman  Zenodoro. 

41 .  Per  diffinire  la  lor  lite  orrenda 
Fanno  presto  insellar  ambi  i  destrieri, 
Et  i  publichi  araldi  fan  se  intenda 
Per  tutta  la  città  corne  i  dui  fieri 
Campion  terminar  voglion  la  stupenda 
Battaglia  lor;  ma  Zenodor  gli  altieri 
Combattitori  di  pace  richiede 

Fra  loro,  ma  nisc[i]un  cîô  le  concède. 

F*114v®]42.     Dicea  Rynaido:  «  il  mio  devuto  honore 
Questo  non  vuol  »,  e  il  simile  Guerino, 
Perche  «  il  pergiuro  è  troppo  grave  [ejrrore, 
Dovech*  io  caderei  col  capo  chino.  » 
Liovasi  il  vecchio  re,  che  ode  il  romore 
Che  fan  gli  araldi,  et  con  alto  latino 
Cerca  sedar  questa  battaglia  loro 
Insien  con  Doralice  et  Zenodoro. 

43.     Di[c]eva  il  re  :  <c  Qualunche  di  voi  père, 
Un  dei  forti  campion  di  vostra  fede 
Morrà,  lasciando  le  sue  forze  altiere 
Per  man  pur  di  christiauo,  et  nol  concède 
Questo  la  vostra  legge,  se  son  vere 
Vostre  Scritture,  et  perô  vi  si  chiede 
Il  far  pace  fra  vui,  che  grande  aquislo 
Voi  ne  farete  apresso  il  vostro  Christo. 


4^2  l  DODICI  GAKTI 

44,  S^  È  vero  quel  che  è  scntto  iû  ïo  Ev&ogela 
Cbe  per  legge  lenote  voî,  cbiUtiaûi, 
U  vostro  Chrislo  sol  proniietÈe  il  citlo 
A  chi  iierdotia  et  delli  error  suoi  vani 
Si  peuie  et  toïiiu  a  lui  cou  puio  zeb, 
Ma  quel  che  cootra  fan  corne  propham 
Son  rlfiutati;  et  îo  pcrù  vi  chieggio 
Non  vi  perdiale  1q  céleste  âogglo  ; 

45,  Non  vi  perdiate  lo  céleste  aeggio 
Per  un  fumo  di  honov  ch'  à  pur  mortale, 
EgU  è  grande  pazzîa,  s'io  noD  vaneggjo, 
Perdere  il  ben  celoate  et  immoitale. 
Un  ben  che  dura  semprie]  et  aeiopre  è  egreggio» 
Per  un  error  caduco  vero  et  fraie  ; 
E  una  espreâia  pa/zia,  un  duoto  eternu 
E  un  acquis  tarai  d'un  perpetuo  inferno, 

46,  Et  tu,  GueriQ,  per  dlrche  U  gliirametita 
Del  vendicar  uiiaper^ona  morta 
Te  as trîn  go  de  fmif  Pabbattîmeato, 
Questo  la  vostra  legge  tiou  comporta, 
Et  non  è  buon  né  efficace  argumento 
Di  non  far  pace,  perché  non  supporla 
EUgion  eh'uD  gîuri  contra  la  aaii  legge, 
Ansci  ella  lo  condanna  et  la  eoregge.  a 

Al .     Non  paô  riposta  dare  a  Stordilano 

Fiynaldo  etnien  Gaeriu^  perché  il  ver  dicei 

Onde  se  alegra  il  sir  de  Monlaibano, 

Cb<*  cid  coaosca  il  re  dalla  felice 

Et  diva  gloria^  et  cbe  esecodo  pagano 

Sa  [lia  ii  Van  gel  si  ben  di  Dorabce 

Il  vecchio  padre,  iraperù  ch'eglî  spera 

Farlo  cap  ace  délia  feda  vera. 

[F*  1 16r^J43,    Ma  non  per6  le  code  nel  far  pace 

Col  pro  Giierin»  dicendo  r  «  V  non  vi  niego 
Ch*  a  r[e]teroo  mottor  vian  contumace 
Cbi  non  dà  pace,  elio  il  Vangelio  allego 
Ch'  al  siiperno  signor  assai  diipiace 
Cbi  non  snguita  Topra,  et  paru  st^go 
Combatter  per  il  vero  et  par  il  dritto 
Quai  si  deve  sagair,  si  como  è  acritto.  « 


CAKTO  DECmO  ^^3 

40.     GueniQ  dîce  anco  :  «  Poîcliè  uno  ha  giurato, 
Non  dee  mancar,  che  1  gturaraento  è  uu  voto, 
0  che  lia  Tureo  o  Moro  o  batte^^ato, 
pur  che  le  sm  1o  eterno  nume  ooÉo, 
Quaato  ha  promesso  servar  à  obrigato  * 

Le  quai  parole  ôdendo  Dûralke 
Con  liceotîft  del  padr^  cosl  dice  : 

50.  <r  Son  SI  dtibbioae  le  battaglie  In  terra 
Et  iDcerto  il  mo  ttti,  ch'  T  lodarei 
Che  COQ  pace  terminaste  la  b^uerra, 
Cosa  più  grata  alU  [iin]mortati  Deî- 
Se  spesBO  adegno  îo  rbainan  cor  ai  aerra, 
Non  ai  portan  pei  ô  tutti  i  trophei 
Ne  gbrieeterne  delU  abattîmenti, 
Che  speaao  ambi  i  guerrier  ai  veggon  apeati, 

51 .  Yùi  aete  bomin  da  beû  aroendui  in  laruii, 
Voi  fort!  cavallier,  voi  saggî  hei'oi, 
Ma  chî  aa  quai  di  voi  Taltm  dîsarmî. 
Pari  esaoDdo  iq  fortezïn  ?  ï  favor  aoi 
Cui  presta  il  ciel,  chi  vuol  hoggi  acertarmi, 
Essendg  iocerta  la  fortuaa?  ct^  poi 
Cbô  ua  cûi'po  niorto  havrete  combattu to, 
Chî  cnerto  vi  darà  ?  qualûa  il  tribu  to? 

53.     Se  combatte  un  per  generoaa  Diva, 
0  che  perda  o  che  viaca  per  ragioûL^, 
Quella  è  tenuta  atnarlo  Haché  viva  ; 
Ma  se  un  pei  morti  fa  qualche  quiâtiono, 
Chi  Tamara?  0  chi  uoa  loda  viva 
Mai  le  darà  condegna  fraperaone 
D'alto  valor  ?  per  certa  è  gran  pajsKÎa 
Oombattere  per  un  che  morto  iia. 

53,     Se  guidardor.e  alctm  se  n'aapettaiie 
Û  da  figli  o  parenli  di  eolei, 
Che  per  la  sua  superbia  morta  âtasseï 
Che  combaleste,  ancorvi  essortareî, 
Si  efficace  ragioti  me  B^'assegnaase 
Che  far  ci6  si  devesso,  i*  tacerei  \ 
Ma  il  vostro  giuramento  et  vostro  honore 
Voler  in  cî6  servar  mi  pare  [errorej, 

*  L'octave  n*a  qae  sept  Tors^  et  rime  et  sens  îndiqaflni  (jue  C'est  le 

lîxiËme  qui  a  été  omk. 


454 


I   DODÏCl  CANTI 


[F*  llSV'jo^    Gii  çûtne  il  padre  mio  vi  disae  diand, 
Ua  giuranieato  contra  legge  falto 
Kon  dee  set  vàrai  né  maadârâi  lûanzi, 
Easendo  contra  el  dobito  contra tto* 
Più  preaso  è  da  cassarsi  vi  dico,  aiizi 
Far  devesi  che  si'  al  iutto  disfutto^ 
Ch'  è  romper  quel  ch*  è  d'huomo,  minor  maie 
As  s  ai,  che  quel  che  vien  da  ûla  immorUte. 

55.  Da  Dio  vies  vottra  legge  et  pur  Dto 
Il  voatro  Chris to  corne  coofeasate; 

El  giuramcnto  vicn  da  l'huom  ch*é  rioi 
Ne  ai  vuol  far  per  coae  disperate, 
Perché  aervar  non  puosai  al  parer  mio, 
Ma  ss  imam  en  le  con  persoD'  ingrate* 
Servar  volendo  questo  giuramento 
Farete  a  vostra  legge  detiimento, 

56.  Se  1  Turco,  it  Moro,  TArabo,  îl  pagapo 
Che  la  legge  ha  del  Dôatro  Macometto^ 
Offende  in  qiialche  cosa  TAlcoratio, 
Non  lo  tenemo  in  la  legge  perfetto* 

Cq£î  credo  che  faccia  del  chrlatiauo 
tl  vostro  Chri&t0|  che  di  Dio  dtletto 
Figliuol  tenate,  et  imperè,  vi  dîco, 
Chî  legge  rompe  ai  mo  Dio  noti  ê  amico. 

57,  Corne  poâsete  vol  Christian  chianiarvi, 
Se  non  lervate  voatra  legge  intera, 
B  voleté  ne  Tarmi  ripruovarvi 
Con  battaglia  erudel^  apietata  et  fera, 
Ricercando  a  voi  iateaai  morte  darvi. 
Contra  quel  chô  da  voi  la  legge  apera, 
Comprender  pur  devreati  che  ai  offende 
Da  vo'il  ben  aommo  che  da  voi  ai  attende, 

58,  lo  vi  dar6  un  i^onsiglîo,  ae  ?i  pare, 
Bench'  io  femina  sia,  chû  aarà  buono.  » 
Cuî  diese[ro];  k  Seguita  il  tuo  pari  are.  »» 
Ella  seguendo  disae  :  «  A  voi  perdono 
Chieggio  ae  troppo  lungo  il  ragionare 
Mio  vi  moleata,  che  farvi  altro  duono 
Non  tïo  che  nsvegliarvi  delta  pace 
Che  in  cielo  a  Dio  e  ïq  t^rra  a  Thuoino  place* 


CANTO  DECIMO 

59*     Armîan  dur  altri  noatri  cavallieri 
Con  le  vostre  armî  et  coi  cavalli  vos  tri 
Segretamentc  etpartnaente  altièri, 
Et  un  nimîco  a  l*altro  si  dimostri. 
Quel  cliê  ai  Gueriu  porta  i  aegni  veri 
AI  daaiezzo  si  reDdà»  etpoi  dai  nastn 
ConBu  ai  parla n  corne  perdîtori 
l  eanto  cavaUier  càe  son  di  fuori.  » 

[F''llÔf^]60*     Sorndêûdo  Rynaido  le  reapuseï 
a  Questo  Qûu  é  di  cavallier  costume. 
Trojipo  brutte  sariaa  le  aostro  acuse. 
Et  vôleudo  oflTuacare  il  nostro  lume, 
Non  veggîû  che  lo  error  doppoi  ci  BCtia© 
Dalla  vergogna  et  nostra  tama  al  urne. 
NoI  non  combatteren  cooie  nemici. 
Ma  si  hen  corne  [di]  vîrtude  aroici.  » 

61 ,     Et  cosi  ancor  Guerrino  afferma;  e  ai  regi 
Chiegon  licetitia  di  stguir  la  impresa^ 
Qud  non  diadicono  ai  campionî  egregî, 
Banchè  tal  coaa  a  ciascun  di  lor  peaa  ; 
Et  certi  via  aoavi  di  grati  pregi 
Et  €onfetîofi  vengono  alla  diatesa, 
Etfatino  cotation  ambî  dua  insiemo^ 
Ma  Flordispma  dî  tat  cosa  geme» 

%Z.     Et  quanto  puote  al  socer  che  lor  vteti 
Tal  cosa  suppUecando  fa  gran  prece, 
Con  dir  che  non  saranno  mat  più  lioti 
I  r^i  se  muor  R^naldo  a  quella  voce  ; 
Et  che  coDoscan  cocne  sîr  discrcti 
Di  quanto  a  loro  inverso  el  campion  lece. 
Ou*  il  aûc^fo  naponde  l  a  Non  con  vie  ne 
At  re  disdir  che  honor  non  glteae  advieme.  » 

63 ,     Si  manda  a  dîr  aï  cento  thé  son  fuon 
Ch0  al  riiruovîn  ne! la  piazza,  dove 
Truovar  ai  debbon  H  combattitori 
A  dimoatrar  le  loro  ardite  pruove, 
Fannosi  palchî  intorno  ot  corridorif 
Ch^  la  ^cnïe  vcder  posaa  (e  nuova 
Contese  et  luUo,  et  son  per  le  regîne 
Luogbi  altî  e  i  bas  si  per  le  Granatine. 


-155 


450  I  UOUlCt  CANTI 

64.  Afmasi  Zenodor  di  tutto  puoto 
Et  aeeo  vuol  dugento  cavallieri 

Stmial  armati,  â  in  quel  tnedestno  puiito 
Quatmcento  pedon  con  li  suoï  alfion 
Fa  in  piaz^a  comjiarir,  che  dûû  fia  pimlo 
Rynaldo  forai  dai  cento  gaerrieri 
A  rîmproviso,  che  non  sa  Kor  mente 
Né  U  cosLuml  délia  eaterna  gente, 

65.  Fasfiî  la  piazzao  vrTamente  il  campa 
Fuori  délia  cita  m\  mQZZ<y  tniglîg, 

Et  acompagna  Zenodgro  al  campu 
Ambi  i  gueiTier  ;  e  il  padre  doppo  il  fîgUo 
Ne  va  con  1«  Regiae  in  verso  el  campo^ 
El  seco  huamiai  mena  dî  consiglio. 
Entiano  in  campa  i  dua  guerrier  in  sic  aie 
Pt3T  coire  ifrutti  del  suû  antico  aeoie. 

[F"  H6v'*]i36.     Et  se  avale  ati  ameoduo  in  pîana  terra 
IngenocMati  dmzan  gU  octii  al  cîelo, 
Disse  Bjnaldû:  m  0  Dio,  che  cielo  t't  lerra 
Fondas lî  et  Thuorao  con  pictoso  zeilu 
A  tua  imagin  facesti  et  pur  di  terra, 
L'aima  coprende  col  corporeo  vélo, 
Deh,  f»!  Signor,  rabbatimetito  uostio 
Non  privî  nui  del  céleste  clilostro  ! 

67,     Se  la  pie  ta  li  astiînse  il  tuu  figUuolo 
Quà  giù  m  and  are  per  redimer  Thuoino, 
Cb'  m  piTpeioo  devea  eon  stenlo  el  duolo 
Pagar  la  pena  del  vietato  pomo, 
0  pïasmator  în  cîtd  Irino  et  un  solo, 
Habïi  quià  giù  pietà  di  nui,  «î  como 
Oi^l  ladro  havcsti  et  oon  per  aua  virLute, 
Et  près  ta  a  Talme  nostre  al  ûû  salute, 

08*     Tu  sol,  Signor,  eonosci  il  cor  immano^ 
Né  altro  che  tu  di  quel  puo  dar  giudilio. 
Peccâtoï*  son,  tii  1  sai,  st^îlo  io  cîiln  vano 
Ho  «peso  il  tempo  fuor  del  tiio  «tirvitio, 
Et  quai  fedel  et  perfetto  christiano 
lo  non  ho  usato  il  mio  debito  uffîtio. 
Perù,  Sîgnorj  perdonaiiii  ogoi  errore, 
Ch'i*  ton  coDlrito  et  humile  nel  core.  i» 


'ÎTO  DECIMO 

t.î9*     DiceaGuerna  :  «  Sigoor  dcl  paradiso 
Cho  '1  ciel  créas ti  et  ciaaeum  eleroeEto» 
Per  tua  pietà  noû  fur  ch'  îo  sia  diviso 
Dal  tuo  céleste  et  santo  pavimeuto, 
Qiïaado  iarà  il  mio  mortal  corpo  uccisiî, 
Presta  a  questa  aima  nscir  del  gran  lormcnto, 
Onde  U3ÇÎ  g^ià  lo  impcrador Traiano 
Pi3r  Talta  prece  del  Pastor  Eomano, 

70.     Tu  sai  che  non  conibatto  hora  per  borîa, 
Ma  Bol  combatto  par  servar  la  fede. 
Per6  non  mi  primr  del  La  tua  gloria, 
Non  mi  far  de  Teterno  danno  h^irude, 
Habii  del  tuo  fij^'liuol  fcrinn  lïicmorîa 
Che  col  auo  sângue  vnol  ialvar  chi  crede* 
Ta  sai  ch''  îo  credo  et  cb'  lo  son  battesîato, 
SI  che  non  mi  prîvar  del  tuo  bel  stato.  i> 

[W^illp^pi,     Surser  doppo  la  bneve  oration  loro, 
Chiedendosi  Tun  l'altro  humîl  perdono. 
Et  quai  fraCeili  in  bocca  si  bascioro, 
Di  che  s'ammira  Zenodoro  il  buono; 
Ef,  poich' iu  sella  ambi  saUti  fuoro» 
Gli  araldi  con  le  trombe  diero  il  suono, 
E  i  eavaliier  si  vcnnero  aiscontrare 
Cou  due  graa  lance  ch*  ivi  fer  portare. 

72.     Ëran  le  I&nca  il  nervute  et  grosse 
Che  nulla  se  ne  ruppe  a)  primo  tratto, 
Ma  furon  si  crudeli  le  percosst 
Ch'ambi  i  corsier  si  affîsero  di  fatto* 
Nullodei  cavallier  punto  si  scosse 
Dj  aeliai  maa'amiran  di  questo  atto 
L'uno  de  Taltro  et  maasime  Rynatdu 
Che  stia  quel  giovinetto  in  gli  arcion  saldo, 

73»     S'amzzano  i  cavai,  tornaao  al  segno 
A  riifenraj  Tudo  et  Taltro  aire, 
Et  ciascheduno  fa  ferma  dissegDo 
Uuno  in  la  testa  de  Taltro  ferire. 
Fa  lu  ett'umento  auo  Taralda  pregtio 
Di  fiato  aciô  che  \  auoo  si  habia  ad  odiie, 
L'uno  et  Tallro  campion  punge  il  favhlla 
Et  vanosi  &  acontrar  sen^a  intervaUo, 


4-1? 


458  I  DODICI  CANTI 

74.  Si  ferero  i  guerrier  ambi  aile  te i te. 
Ma  ciasâhedan  loro  elmo  é  tanto  ëno 
Che  Begno  non  le  fanno  ambedue  queste 
Lancâ,  né  il  iir  Rynaldo  ne  Guerrino 
Puntû  ai  piega  û  crrolla,  et  par  che  vesiQ 
Ciascut]  quai  sasso  immota  ;  e  U  palladino 
Si  ammira  for  ta  ehe  ua  ai  gioviaetto 
Sia  aï  gagltardo  et  l'elmo  ai  perfetto. 

75,  Sa  quanto  val  qud  eimo  cb*  egli  porta, 
Che  già  fu  di  Mambrin,  ma  non  sa  quanto 
Vaglia  quel  di  GuerriD,  ne  che  Taccorla 
Sefferra  già  il  face  s  se  per  iocanto 
Far  aVuIcan,  et  poich*  alla  fu  morta 
Corne  odirete  forae  a  un  altro  canto, 
Aile  man  pervcmsse  di  Guerrino 
Nel  tempo  ch'  êgli  fu  dêtto  Mesqulno, 

[P*  1 17  v"]76,     Ruper  negli  elmi  î  cavallier  le  lance. 
A  Tuno  et  a  Taltro  in  xnan  raltreai  dauno 
Et  van  ai  uguali  etgluste  le  billance 
Oh'  a  tutti  i  spettator  gran  âtuppor  dauno  ; 
Et  tornansi  a  ferrîrambi  nlle  pance, 
Et  quai  le  prime  le  seconde  fanno 
Ch'  in  pe^zi  vanno  et  fu  veduto  ixn  stelo 
Che  per  iudicio  altrui  eall  nel  cielo* 

77.  Fu  lo  itelo  osaervato  da  un  che  Ivanto 
Di  veder  lungi  a  l'aquila  ba  sîmile. 

Né  in  giuao  ntornâ  quel  fine  a  tanto 

Che  la  gioatra  durô  aempre  vinlef 

Et  doppo  vîato  fu  venir  con  quanto 

Nel  corso  ha  di  preatezza  il  Gange  o  il  Nyle, 

Et,  quando  cade  giù^  tutto  ai  aerra 

Per  gran  furor  dentro  la  dura  terra^ 

78.  In  queeto  mezzo  che  i  tronçon  glb  m  alto» 
Più  de  altre  dieci  lance  furon  rotte. 

Et  accreaeeva  ognt  h  or  fra  lor  rassalto. 
Sentiansi  ogn^  hora  ribombar  le  botte. 
Non  fu  mai  fera  ia  quai  che  alpeatro  s  alto 
Col  caccîatior  da  dîrupate  grotte 
Cacciataf  ne  con  itnpeto  et  furore 
Quai  queati  oraa  voltofiae  al  cacciatore. 


CINTO  DKCIMO 

79.  Kan  poteau  più  i  camfiaa,  non  plùideitrî«r 
Lmncia  p^J^ta^  ne  correr  per  U  poire. 
Sudano  aotto  Târmi  î  câvallieri, 
lu  siidor  il  cavallo  ai  rissolve 
Di  Gueriiio  etdi  V^tto,  et  i  régi  altieri 
Voglion  che  faccian  triegaa,  et  j>oi  «i  «olve 
La  qoistîaa  lor  dopoî  cerio  intérymllo, 
El  die  ai  muti  ogtiuii  di  lor  eavallo* 

80.  Si  fa  triegua  fra  lor  sol  per  inesa  hor*, 
F  resta  lor  Zeoodor  du*  al  tri  cavalU 
£t  quaQto  puote  i  cavstUeri  honora  : 
Con  coûfetiono  et  ber  di  buh  m&n  dàlli. 
Il  T6cMo  padre  sitn  il  mente  ancora 
Honor  et  riverenza  immenaa  fàlli, 
£t  Doralice  mostra  gentilesza 
Che  1  volto  asciuga  lor  con  tenerwza, 

81  *     Rifreacatj  i  guerrier,  senza  staffare 
Il  pièj  fiai  ta  Guerrin  sopra  gll  arcioni 
Del  dato  a  Im  destrier,  poi  al  fa  dare 
La  mazï:a  ai  suoi  legata,  et  coti  i  spronl 
PuDge  il  de  a  trière  et  fallo  maDiggiaro 
Fer  pruovar  s'è  del  numéro  de*  buoni. 
CoDchiudon  con  le  spade  in  m  an  pruovarai 
Et  eon  le  mazze  po^  al  da^sezzo  darai. 

[F*  118  r"]82.    La  spada  di  Guerino  era  incantata, 
lucautato  ha  Tuabergo  et  la  corazza 
Et  ne  Tacqua  di  Stige  temperata. 
Similemeute  il  bel  elmo  et  la  mazza 
Et  tutta  la  sua  persona  era  fatata^ 
Eccetto  il  maneo  pie  de,  et  fu  di  ra^za 
Regia  come  udirete  ia  altro  luoco, 
Cb*  or  Bon  sforzato  di  lassarlo  un  poco. 

B3.     Vuo*  lasKarvi  Gaerrb^  lascîar  Rynaldo» 
Che  faecian  con  le  epade  il  lor  de  ver  e 
Et  mosirarsï  clascuQ  negli  arcian  saldo. 
Et  ritornare  aile  prudezze  altiere 
Dei  re  Cjrcasso  che  quel  atuol  ribaldo 
Di  Sarpedonte  con  sua  forza  fore 
Quaatopiù  puote,  et  dà  lor  tanta  briga; 
Pur  yincer  aenza  aiuto  in  van  fatiga. 


4S9 


i$(i 


I   DODICÎ  CANTr 


S4,     Vi  àhu  glh  ebe'l  cûnte  havca  promesso 
A  tui  ooQ  aiutarb^  che  harea  chiestâ 
Chê  sol  combatter  le  fuaae  coneet so 
CoD  tutto  il  atiïol,  bêtîchè  ci6  malhone»to 
Al  conte  par,  et  per6  non  se  è  meaao 
Alutarlo,  per  bea  che  assai  molesto 
Le  atft  vederquet  re  combatter  aolo 
Coq  quel  malig^no  e  esoi-bitante  ttuob. 

85,  Parle  vergogna  ai  tener  a  mente 

Et  vergogne  d'entrar  nella  batt[a]glia, 

Ma  quando  ve<îe  scender  quella  gente» 

Cho  già  disâicopcrta  a  piastra  et  maglîa^ 

Manda  il  fiatîro  ardlto  près  lamente 

A  dir  al  re  cho  tanto  se  travaglia» 

Se  vuoi  ch^egli  entri  a  darle  ormai  aoceerao. 

Risponde  :  n  Non  n,  et  fa  quai  ferito  orio. 

86.  Fa  corne  un  orao  contra  a  quel  latroai 
Tagllando  manîf  garabe,  braccîa  et  teate, 
Et  quai  atordito  gît  ta  fuor  dVcbnl 
Tanto  ba  !e  tnanî  poderose  et  preste, 
Dîetro  II  scappan  di  certi  burroni 
Âleune  gentt  cbe  H  fur  moleste, 

Et  f»nli  tan  ta  guerra  et  dietro  e  InaQzt 
Che  soco  par  che  1  re  poco  pîù  avanai, 

B7«     Se  aecardaroQo  al  corao  quattro  înaîeme 
Con  quattro  lance  adoaao  a  Sacnpaûte, 
Et  quanto  ognun  plù.  pu6  tanto  più  prien^e 
Contra qnel  re;  per6  il  signor  d'Anglante 
Délia  promesaa  cbe  le  fece  geme 
Dubbiando  detla  niorte  dVn  prestjtnte 
Et  genero[9o]  re  grau  cavallîerOf 
Ch'  a  auo  dispetto  è  fatto  prîgiûdero, 

[F»  1  iS  v*>;  88.     Vedendo  il  conte  il  re  dellî  Cjrcaaai 
Esaer  prigione  da  color  menato 
In  verso  RtQcastellot  più  non  stassl 
Cbeto,  ma  suona  il  auo  corno  pregiatOi 
Che  fa  a^retare  a  f^riglîadero  i  paasi, 
In  man  prend  en  do  il  bran  do  iûruriato. 
Fa  che  'l  Fauno  3tla  in  gardia^  et  pot  rlchlede 
Tutti  quegli  a  battaglia  ch*egli  vede. 


Cà3iTÙ  DECIMO 

Cb'ft  loro  erm  vieinû,  et  d^ppa  ned« 
La  tof bft  it  iiîc«  a  questû  duotû  ftûgelb  : 
«  Qmal  «e  appmfeclù&  dv^î  îa  xiove  pretié 
E&  fftito  cou  qael  como  on  su^ju  si  beilo 
Ch«  fft  deU&  boQtà  del  como  fede. 
HaTreii  il  como  et  chi  1  suonè  cou  esso» 
Poi  pcr  pUceré  U  aoiiareo  nui  speM4ï.  >» 

90.  Qu&Qiiô  OrUndo  toruar  vôde  cosUm 
S'alêgra,  eUtrengd  in  pugno  Durrind^â, 
Et  doppo  pimge  il  fîuico  a  Briglîadoro, 
El  dice  :  <'  Or  quâ  vetiite,  g«nte  Atnin&.  «* 
Al  sir  SI  ra présenta  un  bruUo  Mc^ro 

Che  cavakava  una  mordla  alfana  ; 
Era  coatui  dei  più  gagliardi  che  iii 
Rimaso  fussi  mfra  quegU  altri  vivi. 

91 .  Di  c^Dto  ben  quaranta  occiai  taveva 
Con  la  sua  mano  il  re  ûi  Circasaia, 
EtattaquesUcompagQia  teneva 
Quel  Mo ro  m  capitaa  ebe  stguoria 
Haveva  et  egU,  ma  non  pûsseileva 

U  statOf  che  comesaa  havea  fol  lia 
Cootra  Agramante,  da  chi  fu  privato 
Essendo  al  suo  gran  re  maligao  e  mgrnto. 

9Z.     S'era  ndolto  poi  cou  Sarpedonte 
Ch'accettava  aasasaia,  ladrî  cl  sbam1jtî| 
Ma  quando  alla  praad&tia  fu  del  coate 
Et  vjdde  i  terâî  ameai  et  U  pollitl 
Guarnimenti  del  airi  con  la  au  a  fronto 
Sfacciatamante  disae  :  f<  I  toi  forbitî 
Ai'aesi  mi  darai  con  il  cavallo^ 
Qui  dlsmontando  giù  lenxa  alcun  fallo.  * 

93.     Cui  disse  il  coato:  s  II  mjo  caval  non  porta 
Villau  Bopra  di  ee»  ne  le  mie  arml 
Veâiono  alctia  polti'one,  et  non  comporta 
Mio  houor  che  per  te  scanda  et  rni  dlsarmî, 
Ma  laaciarmi  le  tue  Li  ncûJifortfli 
Over  per  furza  o  \)er  araar  pur  daruii 
Quésta  giumeuLa  per  le  mie  bagagliCi 
Che  non  ti  salvarà  in  que  s  te  battaglie. 


461 


i. 


46*  I  DODTCI  CANTl 

[F"  119  r"^  j94.    Tu  aei  venutû  cert«  a  un  certo  ienapo 
Chc  ntruovar  non  ei  potrà  il  migliore, 
Ma  forsi  ti  par  ta  troppo  per*  tempo 
Easer  qui  gUmto,  che  Û'ognl  tuo  evrote 
Ti  [ïurghi  coa  mia  mano  adéiso  fe  il  tempo  ; 
n  tempo  è  trarti  hoggi  di  vita  fuore 
Et  di  tua  mille  error  purgarti  a  un  tratto, 
Ma&Ëiuiamente  di  quel  cb  'oggi  hai  fatlo, 

OG.     Rendetcmi  U  prigloD  d*hoggî  et  la  dama 
Che  g]à  piû  giornî  fa  prïgîoD  tenete 
Su  oel  caatel^  b6  vostra  vita  brauia 
Starsi  nel  montîo,  o  delcastello  lia  vête 
Sempre  a  gtoir  voi  tutti  con  più  fama, 
Dêsidêrate,  over  le  pur  voleté 
Nofitraamicîtia^  chê  vï  pu6  giovare, 
Et  il  contrario  ïmmieitia  fare.  » 

96,     Pari  a  va  il  lire  a  tutti  che  sessanta 
Ëran  quei  eavalHer,  atizi  a&saseinî, 
Ivi  tomati  senza  U  quaraota 
[Ch^juccisi  havea  quel  tù  fra  quel  confloi  ; 
Etquaudo  il  conte  vidde  tutta  quanU 
Ivi  la  geute  ch'  alli  pellegrini 
Faceva  ingiuria  et  che  menar  non  vuole 
La  dama  e  il  rCj  disse  queute  parole  : 

97  «     V  Se  battaglîa  voleté  ad  imo  ad  uuo 
r  son  contonto,  et  se  voleté  tutti 
Meco  insieme  provarvî,  akun  digiuno 
NoQ  partira  lenza  gustar  miei  frutti. 
Ma  fi  an  si  accerbi  cb^  iacrescerà  a  ognuno 
Di  quei  ch'alle  man  meco  fian  condutti^  » 
Il  Mor  sol  vuol  provarsi  col  gaerriero 
Fer  haver  sol  quel  armi  et  quel  destrîero. 

dS .     Aci6  se  accoata  taato  sotto  il  conte 
Che  U  apezz6  la  lanza  e  cou  laspada 
Per  fîuo  al  uiento  le  spaccô  la  fronte^ 
Et  cosî  raorto  cadde  iu  su  la  strada. 
Dopjioi  si  a  venta  a  quei  ch*a  piê  del  monte 
ErauD  sceaî  per  nou  atar  a  bada. 
Tutti  gli  afHigge  et  tutti  H  martel  la 
Con  Durrindaua  et  fa  cader  di  sella^ 


CANTO  DECIMO 

99 ,     Tanto  Eubitamente  il  sir  li  striosâ 
Cou  gran  furor  che  1  capitan^  vedendo 
Lor  al  presto  morlr,  il  cor  gli  aymae 
Tanto  timor^  tanto  suapetto  horrendo, 
Che  morte  in  la  lor  anima  dipinso 
M  entre  eran  vivi  U  caao  aapro  et  tremeodo, 
Vedeno  i  colpi  grandi  et  amisurati 
Che  uBcivun  lor  di  man  crudi  et  epietati^ 

[F^  119  v^[  100,    Scrisse  Turpiiit  Lencbô  imposaibil  pare, 
Che  dîeci  a  un  colpo  ne  tagliâ  a  traverso 
Armalî  tuUi  a  un  seinplice  vol  tare 
Di  Durriodana  coti  uman  riverao, 
Cbinol  vol  creder^  vadalo  a  cercari'^ 
Ch'  io  80D  ebriatiaD  di  buona  fede  asperso, 
Et  credo  queato  et  pîù  âe  più  mi  lice, 
MEiaimamonte  a  quel  cbe  Turpin  dice» 

lui ,     Dice  Turpin  ebe  Don  vi  stelte  un'  botta 
Che  tutti  quei  sessanta  Orlaodo  uϔae, 
Et  doppo  sonè  il  corno  uua  altra  botta 
Si  forte  che  crudel  paura  mise 
A  quei  di  Rio-Caatelj  ebe  tutti  in  frotta 
Preiero  Tarmii  et  Sarpedon  diviae 
U  cento  che  teneva  et  mandù  fuore 
Sol  per  v€der  chi  fa  tanlo  romore. 

102,     Andava  Orlando  per  qoella  foreata 
Molto  aBsentito,  et  fa  la  guardia  buona 
H  Fanno,  et  II  corner  vede  la  Testa 
Et  di  tal  pruovê  al  compagoo  ragiona* 
Rivolge  et  qninci  et  qniadi  U  sir  la  teita 
Per  veder  se  ntniova  più  penonaf 
Et  «ente  il  Fauno  che  grî^lando  dic«  : 
«  Ecco  génie  de)  monte  alla  peudiee,  n 

t03,     Efge  alla  piaggia  gli  oociii  il  lir  et  ved# 
Ci 0 quanta  cavallîer  tutti  coperti 
Di  lucide  armi,  cbe  fan  càwa  fede 
Qiiâstï  tte  i'  anoi  ea«er  franchi  el  ^ap«rtj» 
Jl  sir  d'Ânglai^  râti  lor  li  crr-rj^ 
Hâmr  mco  tatlaglia  ;  e«ti  ic^perti 
Vâdendoci  ai  foiDaiio  alla  cmU 
E  in  dietro  inaaJaaa  mn  cos  ta  riapoiti. 


iÛB 


Ui  l  DOmCI  CANTÏ 

104«    Non  eran  ladti  queati»  &  dîr  il  vero| 
Bctichè  vivesser  délie  toi  te  prede. 
Era  ciascun  ûl  lor  bon  euvAliero 
Tal  che  J^e  V  arm  nulLo  a  i'altro  cède  ; 
OgQUïi  di  lor  brama  csaer  iî  primiem, 
Ma  A  nullo  Sarpedoute  cid  concède 
Ch*  un  capo  delU  buon  che  vuol  pruovarBÎ, 
Quai  cot)  glL  al  tri  cosi  spera  satvarai* 

105*     E  al  conte  gentîlezsa  usa  eu  s  tu  u 
Vedoûdol  seDza  lancia,  due  ae  IqUq 
Fà  pianamente  poi  ai  accosLa  a  lut 
Con  parlai-  bello,  gratïoao  et  mûlle, 
Dicendo  :  u  Poiclié  gloatrar  aïoonduî 
Habian,  prendi  una  lancia  et  non  ni  croUo 
D'ammo  alcun,  ma.  chi  pria  casca  m  ientt^ 
Si  a  perditor  ne  possu  hoggi  far  guerra.  n 

[W^12Qt^]\Q^*    Al  mnïé  place  il  patto  et  per6  prende 
Lalauûia  cb'egU  giudica  piÇi  Ëacca, 
Et  d*araor  verso  il  capltan  si  accende^ 
Cuicoiî  parla  prima  che  sL  attacca: 
«  Voî  rei  saper  chi  aeî,  se  non  ti  oiïende 
Forsï  il  niio  dire,  innaozi  che  si  siracûa 
Mecô  la  tua  persona  in  gioatra  iodarno^ 
Cbe  a  te  slmîl  dl  qui  neu  vidi  a  rArao.  » 

107,  et  Signor,  i  son  Christiano,  et  fui  qui  preio 
Con  una  dtva  mia  fra  Taltre  belle  , 
Belitsimaf  rispose^  et  queato  peao 

h\\  diede  Sarpendonte  dette  felle 
ÎJtanze  pndre  ;  che  quando  fui  resa 
Qui  a  lui  promisî^  per  chi  fe  le  stelle, 
Combat  ter  sempre  ad  ogni  jsua  richieata 
Et  nacqui  già  di  caaa  Mata  testa, 

108,  Aciû  che  sa  pi  il  mio  gentil  paeae, 
In  Italia  è,  fra  il  Hubiconee  laauro. 
Da  Cadmo  già  la  mia  stirpe  discese, 
Nota  per  sua  virtù  dat  bel  Pô  al  Mauro, 
La  donna  mm  per  sue  divote  impreso 
Volendo  ir  al  Loreto  oltra  il  Methauro, 
Da  certe  fus  te  il  nostro  pi  ce  loi  legoo 
Fu  preso  di  nui  carco  et  d^oro  pregno. 


j4K  CANTQ  DECIMO 

109*     Et  poi  fammo  condotti  la  Barbêrim, 
Et  Sarpedonte  a  ^|uei  nochior  ci  toise, 
Ciie  1  mar  basaûdo  presero  la  via 
Per  terra,  corne  il  mal  destia  mio  voltô. 
Cosi  prigione  cou  la  donna  mis 
Con  giurameiiti  eaaer  fedel  îni  avolae, 
Et  io  ûbrigaimî  per  poter  gio[i]re 
Dalla  doQuâ,  cagion  del  mio  martire,  v 

110,     Hebbe  il  conte  pie  ta  di  qtiel  ^eûtile 
CampioD  et  délia  sua  cradel  dbgratia 
Per  VMo  usatoa  lui  Eanto  virile. 
Et  aquistô  cou  seco  buoua  gratta, 
l'oi  diraandolîe  con  p&rlar  hutnile, 
Se  quelln  doQnu  che  lo  atrugge  et  itraiia 
Si  ritniûva  prigioue  in  Rio-  Caatello, 
Figlia  de  Galkfron  epietato  et  fello. 

1 1 L     lioberlo,  che  coal  quel  nomato  era, 
Disae  che  una  regïua  del  Calhaio 
Era  di  Sarpedoiite  prîgionera, 
Che  al  mondo  di  bel  ta  non  truovâ  paio. 
Angeliea  nomatft,  et  quasi  vera 
Angelctta  dal  cïel  coq  Tochio  gaio, 
Intiitta  riservata,  perché  spene 
Di  premio  grande  Sarpedon  ne  tiene* 

[F"130y^]1I2,     Suapira  il  conte  et  seûza  far  proenaio 

Disie  :  a  Hor  au,  ueccesaaria  hoggi  la  giostra, 

Del  riacatto  di  Angeliea  lioggi  il  premio. 

lûtendo  portarle  io  per  quèj^ta  io  tiostra 

Fedscbristiana  et  con  mia  m  an  nel  gremio 

Porlodi  cbi  tien  queata  gente  vostr» 

Sol  data  per  far  malf  et  farle  peggio 

Se  Êa  da  preaao  quel  ch'  io  luDgl  veggto.  >f 

113,     Poi  pigliano  del  catnpoquanto  basta 

Ambi  i  guerrier,  e  i  apron  pongODO  al  flanc  ho 
Deî  destrier^  arreatata  hâve n do  Thaeta, 
Quai  ciaseun  rnppe  corne  ardito  et  franco. 
Foi  con  il  brando  TunoTaltro  taata, 
Cercando  ai  far  roaao  il  cuoio  bianco. 
Ma  quanto  puote  il  coQte  con  riipetto 
Mena  di  piatto  speaso  in  au  Telmetto» 


( 


ÀÙ6  ï  DODICI  CANTI 

1 14.     Pur  fu  si  poderoao  il  colpo  et  eerto 

Ch'  usci  del  forte  hraccio,  ch*  in  au  Therba 
Per  ben  che  Telmo  fasse  diiro  ©t  erto, 
Con  pena  cruda^  dolorosa  et  acerba 
Cadde  il  gentil  magoanimo  Roberto. 
Doppo,  con  ira,  alla  torma  superbu 
S  i  V  tio  1  ge  r  a  t  to  l 'orgog  1  i  o  &o  0  ri  an  do 
Col  niidOj  forte  e  ancor  sao  guigna  bran  do. 

115,     «  0  vi  rendete  &  me,  diase,  o  la  morte 
Hiivrete  tutti  hoggi  per  la  mia  matio, 
fia  reatàrà  di  voi  chi  a  pena  porte 
La  nuova  al  vosLro  air  malvaglo  et  atrano. 
Perché  vorrà  ginatitia  et  vostra  aorte 
E  il  viver  del  air  voatro  rio  et  villano 
Ch*  oggi  cadiate  sotto  i\  braado  mio, 
FerclLè  il  giuditio  a  voi  ne  vien  da  DiQ« 

11G«     Doppo  il  peccato  rien  la  peiia  atroce 
Che  dû  Teterno  Idîo  coal  procède. 
Il  giuditio  irûEDortali  Tira  feroee, 
S*un  tempo  aapetta,  et  queto  un  tempo  siede, 
L*ii'a  i}  piu  grave  qoantoè  nien  velooe 
Et  tanto  più  mortal  il  colpo  fie  de* 
Maggior  suppticio  aapûttaehi  pïù  tardo 
Dî  Giove  agluDge  il  fulmînoao  dardo, 

tlî^     Nîsciiim  naponde  al  conte,  anzi  in  battagUa 
Si  pongon  tutti,  et  et  vedendo  adtra. 
Si  comuove  con  impeto  et  trav[a]glîa 
Dà  a  lor  crudeï  peî  colpi  ch*  a  lor  tira. 
Quai  ferito  orao  Brigttador  si  acaglia 
Con  morai  et  calci,  et  il  bon  conte  mira 
Non  si  lasciar  di  dictro  alcun  venîre 
Che  a  tradimento  non  Tbabia  a  ferrire. 

^Fûi21r*]ll8.     Ma  tanto  ben  con Thonorata  spada 

Lî  sirenge  iti^iemet  che  niacinn  ae  arlachia 
Uscir  di  schîera  over  prendcr  la  strada 
Vcrao  il  caatcllo,  perchii  li  cimîacîiia 
SI  beu  coatiti  et  si  11  ticne  a  bada, 
Che  tutti  stretti  îtiaien  fanao  unu  mischia  ; 
Ma  il  conte  questo  fer,  quel  ultro  uccide 
Et  a  chî  spalla,  a  chi  una  coacîa  *ncidd. 


CA.KTÛ   DECIMO 

119,     Mentre  chô  il  conte  i  cavalUer  martelïa. 
Va  Saei'ipaote  ael  caste  !ïo  intonio, 
Vedendol  tutto  ^uaotû  in  tjuesta  e  ia  quella 
Pïifte^  sol  per  veder  quel  visa  adomo 
Desîato  d'Angelica  !a  bella, 
Mû  lei  noû  vidde  \n  tutto  quantû  il  giorno 
Cbe  veder  non  si  lascia  la  reginii, 
Se  Don  da  Sjlvia  bella  et  da  Faustina^ 

12U.     Porta  va  quello  annello  iempre  in  bocca, 
L*anél  cbe  le  lovisibile  reodeva* 
Alcun  la  iua  persona  mai  non  tocca, 
Se  iioa  FauBtiaa,  che  lî  co[i[ce]deva 
In  ^evvB.  chi  la  chiuse  eûtro  la  roeca} 
Di  la  quai  ella  uscir  certo  pote  va. 
Non  vuoî  perché  aapea^  a 'ella  vi  stava, 
Che  Eio-Castellû  un  dl  ai  rovinava; 

121.  Et  che  qualcbe  campion  di  fama  degno 
Havria  per  lei  mostrato  il  auo  valore^ 
La  forza,  Tarte,  la  virtù,  ringegooî 

CiLi  le  pronosticava  il  pmprio  core. 
Vidde  ella  Sacnpante  et  fê  dissegûû  i 
PailarlCï  et  poi  dabbîo  bebbe  cbo  *1  peggiore 
Fusse  per  lut,  perd  mostrar  non  voile 
A  lui  raapetto  chs  lu  anel  IL  toile. 

122.  Privo  è  de  Tarrai  il  re  delll  Cyrcassi 
Né  pu6  per  modo  uacir  di  Rio-Castello^ 
Perché  alla  porta  grande  guardia  faaai. 
Ma  iu  dolor  ha  del  destrier  atio  auello 
Cbe  io  podeatà  d^altrui  vede  che  dassi, 
Onde  basterni  il  luogo  inico  et  fellOi 

Et  auBpîraiido  va  in  questo  e  in  quel  Inogo, 
Tutto  avampato  d'ïnviaiUil  fuoco, 

123.  Anco  ha  piû  pena,  che  non  vede  mai 
Ângelica  per  cbi  fatto  ë  prigiono, 

Del  truovato  corrier  ai  duol  aasai 

El  chiamaL  traditofr]  empio  et  ladrone, 

Et  fra  se  dice  :  u  Aîtro  huomo  ancor  più  mai 

Non  mi  gabbo^  se  non  queato  ghiottone, 

Dato  adintender  m'ha  quel  che  non  era 

Per  prigion  farmi  in  questa  rocca  altiera.  h 


iûl 


4GS 


ï    DÔD!CI   CANTI 


[F*'llSlv<^]lE4,     Ne  val  se  queati  dic^  a  SarpedaQté: 
et  V  lono  rep  dammi  la  libertade  », 
CUe  *1  tjrapni>  crudel  unqua  là.  froute 
Non  vuol  mostrarli  con  bsolgaitade  ; 
S'egU  nel  core  di  diatnBnte  un  nionte 
Haveiie,  non  bavria  piû  CL'udeltade. 
Vuûl  che  U  re  giuri  di  egaerli  vassallo 
0  cbe  fra  tre  di  muoia  ten^sa  fallo. 

125,  In  queato  m€z£o  il  coraggioio  Orlando 

Et  teste  et  spalle  et  braccia  et  gambe  tronca, 
Col  tiero  orgoUo  %i  çot  quel  forte  brando 
Qiieato  et  quel  mand^  nella  Stl^la  conca. 
EûbértOi  cbe  caacô,  si  nzzb  quauda 
Sua  g  en  te  fa  più  ehe  la  mexza  tronc  a» 
Ne  più  combatte,  perché  non  posseva 
QueJ  giorno  piû,  corne  piomesso  hâve  va. 

126,  Pero  ii  lira  in  parte  ove  k  via  ta 
Alla  baltflglia  piiè  tiner  dirilta, 
Et  vede  ïïrigUador  corne  calpîsta 
L:i  turbalaaaaf  mtacbinella,  afflilta, 
El  vedL>  come  beoe  il  guern[e]r  pista 
Queataet  quolla  altra  te^ta  et  faaoanfitta 
Di  quelli  cavallJer  ehe  paion  î^ebe 

Da  più  lupi  assalitî  m  sier^i  M  glèbe, 

127,  In  pQCQ  spatio  tutti  ii  sîr  pregiato 
Manda  a  trtiovarla  lora  antica  madré, 
Cbe  un  non  lïmase  al  ineno  cbe  atroppiaio 
Non  fuB^e  et  tt>rnarpoa«a  a  Taltre  squadre, 
Come  pria  si  parti  ;  del  cbe  admirato 
Roherto  resta»  étal  sitperno  padre 

Gratie  rende  sfînite,  ehe  ri  maso 
Egli  aiâ  vivo  in  tanto  estremo  caao* 

128,  Ptigion  BL  rende  al  valoroso  site, 
Ne  vnol  pîù  eob  nel  caatel  tomare. 

Le  duol  di  Sylvia  più  ch'io  non  so  dire, 

Ma  31  vergogna  al  conte  appalesare. 

Ai  conte,  et  dnbbia  per  dolof  morîre 

Non  poaaendo  au  a  cliva  aeco  trare^ 

M  El  qufîl  cbe  ne  segul,  aignormlo  oaro, 

Vi  fmin  qnoato  aïtro  CRuto  aperto  et  chiaro. 

[A  sukn.)  Ferdinand  Castets, 


CONTES  LENGADOUCIANS 
Dau  pioch  de  Sant-Loup  an  pioch  de  Sant-GIa 

(Suite) 


SISSOURLET 
(Soumela  per  l(ms  enfants,,,  pichotê) 

A  MADBLOUNET. 

Un  joar,  un  jonr,  Tavic  *n  agnelet  qae  s^apelava  Sissourlet. 
Era  mai  que  poulit  embé  sa  lana  sedousa,  soun  mourre  escar- 
rabilhat  e  soun  biais  magnac  que-tout-pie.  E  Ton  Tauriè  vou- 
gat  de-longa  s'èra  pa  *stat  lou  gros  défaut  que  le  manjava 
sas  qualitats. 

Mes,  tabé, mous  enfants,  quante  gros  defautàs  !...  Imaginàs- 
Yous  qu*aquel  moussu  de  Sissourlet  vous  aviè  *na  testeta 
verda  qu'es  pas  pousslble,  e  que  vouliè  pas  jamai  escoutà  que 
sa  testa. 


X 

SISSOURLET 
[Sontette  pour  les  enfants,,,  jeunes) 

A  Petite  Madblbinb. 

Un  jour,  un  jour,  il  y  avait  un  petit  agneau  qui  s'appelait  Sissourlet. 
Ce  petit  agneau  était  bien  joli  avec  sa  laine  soyeuse,  son  museau 
éveillé  et  ses  airs  si  mignons.  Et  sûrement  on  l'aurait  voulu  sans  cesse 
à  côté  de  soi  si  ce  n'avait  été  le  gros  défaut  qui  détruisait  ses  qualités. 

Mais,  aussi,  mes  enfants,  quel  vilain  défaut!...  Imaginez-vous  que 
ce  Monsieur  de  Sissourlet  vous  avait  une  petite  tête,  volontaire  comme 
pas  une,  et  qu*il  ne  voulait  jamais  obéir  qu'à  sa  tête. 


410 


CONTES   LANGUEDOCIENS 


De  maniera  qu'un  Tèspre  lou  sowrel  inâinava,  mainava, 
mainava^  e  lou  troupèl^  —  p astre  davanâ»  ch issus  lous  Aancs  e 
bèstias  en  renguetas, —  trepavaper  carraus  afina  de  sê  sourtî 
dau  bosc  e  dâ  gandi  de-vâFâsa  jassa,  Slssourkt  seguîssiè,  mes 
pas  sans  faire  las  trougnas.  Disiè  qu'èra  eneara  trop  lèu  per 
a'eiDbarrà.  E  quand  chis  ou  pastre  lou  vesièn  pas,  tambeû 
s^escartava  deçai,  s'ascartava  délai,  jougava  à  rescoundetas^ 
Je  jûuguèt  tâlamen  qu'à  la  fin  se  perdèt, 

E  ara,  raoun  paure  Sissourlet,  cerca,  cerca  toun  camï  !,,, 
Dati  mat  CÊfcava,  dau  mai  dins  lou  bosc  s'enfounzaira  e  dau 
mai  se  perdîé. 

Â-ti-unmoumen,  pameris^  devistèt  sus  un  truc,  una  espèca 
de  mas  que  recounousquèt.  Dîna  lou  païa  ie  disièn  la  Jas- 
seta.  Ë  de-fèt  èra  una  anctèna  jassa^  loi  d'à-founs  abandou- 
nada,  miôch  engrunada,  sans  portas  nî  fatièatras,  sans  teules 
atabé, 

MèSf  couma  se  faslè  déjà  tardi  que  la  niûcli  arrivava  au 
galop,  e  que»  la  nioch,  loua  loups  \aralhoun,  Sisaourlet  soa- 
diguèt  : 


De  aorte  qu*aû  boIp  lo  soleil  déclioait,  déclinai tj  déclinait,  et  le 
tro!i[icaUj —  pâtre  devant,  chien®  sur  les  fiança  et  les  ouailles  en  qucue- 
W-leu,  —  trottinait  dans  le»  sentes  étroites  afin  de  sortir  tôt  du  bom 
et  de  gagner  U  bergerie.  Smsourlct  âitivsit,  mais  non  paa  sans  fjiîre 
des  mines.  C  était  bien  trop  de  bonne  heure  ponr  s*aller  enfermer, 
dîsait-il.  Etf  lorsque  les  chiens  on  le  berger  n  y  prenaient  point  garde. 
Il  s'écartait  de  çà^  il  sMeartait  de  làj  il  jouait  à  cache-cache.  Il  j  joua 
si  bien  qu'à  la  fin  il  se  perdit. 

Ht  maiûtenanti  mon  pauvre  Sîaaourlett  cherche,  cherche  lou  che« 
minî...  Plus  il  cherchai  t|  plus  dans  le  bois  iE  a'enfonçaît,  et  plue  Usa 
perdait* 

A  un  moment,  cependant,  il  aperçut  sur  un  monticule  une  espèce 
de  maison  qu'il  reconnut.  Dans  le  pays,  on  rappelait  la  Jasseite. 
n'avait  été  une  berg^erie,  dans  le  temps.  Ce  notait  plus,  aujourd*huîj 
qu'une  mas  Lire  abuudonnée,  mi-démolie,  sans  portes  ni  fenétrea.  Et 
pas  de  toit,  non  plus. 

Mais,  comme  il  se  faisait  tard,  que  la  nuit  arrivait  à  grandes  enjam- 
béént  et  <^ue,  la  nuit,  tes  loups  sortent  de  leiirH  tnnièrf^s»  Sisaourletae 
dit  à  lui-même: 


CONTES   LANGUEDOCIENS 


4îl 


—  Moon  pus  quîte  es  encara  d'anà  dms  la  Jasaeta,  le  trou- 
varaî  beièu  quauque  bon  traue  par  m'amagà. 

Tant  de  dicb,  tant  de  fach.  le  gandiguèt  d'ausida.  E  vejaqui 
qu'en  CârEinaïît  rescountrèt,  tout  d'un  cop,lou  galicliou  Caca» 
racà. 

—  Tè!  dequé  fas  aici?  diguèt  lou  galichou. 
~  Mûun  ome^  me  aièi  perd  ut. 

—  Araaî  iéu,  atabé,  E  ara,  ounte  vas? 

--  Yau  veire  de  trouva  *a  amagadôu,  dina  la  Jasseta. 

—  Ma  ^OB  prene  ? 

—  Vèni, 

le  gandiguèroun  toutes  dous.  E  vejaqui  qu'eu  caminaut 
rcacountrè rotin,  tout  d'un  cop,  Couacouac,  low  canardât, 

—  Tel  dequé  çai  fasès?  diguèt  lou  oanardet. 

—  Moun  orne,  nous  sien  perduta, 

—  Amai  iéu,  atabé,  E  ara,  ouute  an  as  ? 

—  Ànan  à  la  Jasseta,  veire  se  i'a  'q  amagadoti. 

—  Me  voulès  prene? 

—  Venu 


—  Ce  que  j'ai  de  mieux  à  faire,  c'est  de  m'en  aller  àla  Jassette,  J*y 
trouverai  peut-être  quelque  bon  trou  pour  me  cacher. 

Sitôt  dit,  sitôt  fait.  Il  s'y  achemina  aur-le-champ.  Et  voilà  qu'en  che- 
minant il  rencootra,  soudain,  le  jeune  coq  Cacaraca* 

—  Tiens  !  que  fais- tu  par  ici?  demanda  le  jeune  coq, 

—  Mon  amij  je  me  auis  perdu. 

—  Et  moi  aussi.  Où  vas- tu,  maintenant? 

—  Je  vais  voir  àf)  trouver  quelque  bon  trou,  dana  la  Jassette, 

—  Veux 'tu  me  prendre  avec  toi? 

—  Viens, 

Ils  s'y  acheminèrent  tous  les  deuî.   Et  voilà  qu^en  cheminant  ila 
rencontrèrent,  soudain,  Couacouac,  le  petit  canard. 

—  Tiens!  que  faites-voua  par  ici?  demanda  le  petit  canard. 
^  Mou  ami,  noua  nous  sommes  perdus, 

—  Et  moi  aussi.  Ûù  alîez-vous  donc,  maintenant? 

— *  Nous  allons  à  la  Jassette^  voir  s^il  y  a  quelque  bon  trou, 
■*-  Voulez* vous  rae  prendre  avec  vous  ? 
^  Viens, 


472 


CONTES  LANGUEDOClExVS 


I 


le  gandigaèroun  toutes  très,  E  pas  pus  !èu  qaô  le  siguèroun 
chacun  cerquèt  un  rôdou  per  se  poudre  amag^à. 

—  Aici  ce  que  me  eau,  faguèt  Couacouac  îou  bèu  prumiè. 
La  pèirade  rièiraespaocara  engrunada.  Espéras  un  pauquet.*. 
Chaval  l  sièi  mai  que  ben  1 

—  Ai  trouvât  I  tra-lala,  canlêt  Cacaracà  Iou  segound. 
LaUsàs>me  voulà  sus  aquela  fustat  Bon!  cfù  sièi,..DJgàa-îe  que 
vengoun  t  fl 

—  MoulUn  !  Moullan  !  cridourlegèt  Siasourlet  à  soun  tour» 
escarlinapat  sus  un  vièl  escaliè  que  braulava  pas  trop.  Me  vau 
achoura  dessus  aicesta  aireta.  D'en  bas  semblarai  una  pèira. 

Dau  tetûs  qu'antau  se  cabissïèD,  la  rJÎocb  ë'èra  d*à-founa 
ennegreaida*  Ë  nostres  très  gandards  barjaquùroun  pas  mai 
car  Iou  Ëoun  de  sas  vouèsses  soulet  ie  pourtava  esfrai. 

Or  vejaqui  que  tout-d'un-cop  s'ausiguèt  aval  iiont,  lient, 
lient  : 

—  HoU'hou'houl,*-  Hou-liOu-liouL„ 

—  Meun  Dieu  !  marmurèt  Sissourlet,  aco'^s  uq  luup.  Calàs^ 
vous,  au  menç,  camaradas. 

Mes  lèti  après  iou  crid  gkclèt,  proche,  proche: 


llfl  fi*j  acheminèrent  tous  les  trois.  El  dès  qu'il*  furent  arrivé*  Us  se 
mirent  en  quête  d'iuje  cachette  pour  chacun* 

—  Je  vols  ce  qu'il  me  faut,  litCaiiacouaCi  le  premier.  La  pierre  de 
révîer  tient  encore  au  mur.  AUendez,  ta'y  voità...  Bigre!  qac  je  euîa 
bienf 

—  J'ai  trouvé  !  tra- la-la,  chanta  Cacaraça^  te  socond*  Laissez-moi 
m^cn  voler  sur  cette  poutre.  Bon!  j  jsuis,..  Dites-leur  qu'ils  viennent. 

—  Quelle  veine  !  quelle  veine  1  s'écria  à  son  tour  Sisiourletj  grimpé 
sur  le  haut  d*un  vieil  eacslier  qui  ne  branlait  pas  trop.  Je  vais  tan<i~ 
croupir,  tci,  sur  ce  palier,  D*cn  bas  ou  me  prendra  povir  une  pierre. 

Pendant  qu'ils  s'arrangeaient  ainsi,  la  nuit  était  venue,  trèa  noire 
Et  nos  trots  maraudeurs  ne  jaBèrent  plus  guère  car  le  seul  bruit  de  leura 
voix  les  faisait  tressaillir^ 

Or  voici  que  tout  à  coup  ils  ouïrent  là-bas  loio^  loin,  loin: 

—  Hou-hou*hou!...  Hou-hou-hou  I.,. 

—  Mon  Dieu  I  murmura  Sissourlet,  c*est  un  loup.  Talae^-vous,  ao 
moins,  camaratle^. 

Mais  bientût  après»  le  cri  retentit  tout  proche,  tout  proche  ; 


I 


COMTES  LANGUEDOCIENS 


478 


—  Uou-bûu-bûu  !.-.  Hou-hou-hou  !*,. 

—  Lou  vêie,  bufèt  Sissoiirlet  que  las  tramblantas  Tagan- 
iavoun.  Vèn  vers  aici.  BoulegueE  pas! 

—  Hou-hôul  HQii-hoiil  fagiièt  lou  Loup  e a  passant  sou n 
HA*  per  la  porta. 

Degua,  boulas,  quincava  pas,  Âhl  couma  Uû  picbot  gra  de 
mu..* 

E  lôu  Loup,  nîâejantt  digoèt: 

—  Secablariè  que  çai  î*a  de  mounde. 

Adounc  intrèt  dins  ia  Jasâetâ-  Roudèt,  roudèt,  e  ie  sarrèt 
lèti  da  rièira.  Ai!  lou  vejaqui  qu'aussa  soun  mourre  L,, 
Paure  Couacouac  ! 

Mes  Couacouac  qu*èra  faeb  à  rescureBina,  ^ac  i  tous  îe 
fourré t  un  eop  de  bec  que  i  empourtèt  un  floc  dau  naa, 

—  Mouâtre!  quîalèt  loti  Loup  en  recueuEant^  çai  Fa  de 
tai-hurs!.,,  Quautes  cops  do  clsèu^  ma  maire!,,* 

E  se  tenguèt  escartat  d'aqui.  E  couma  creaeguèt  de  veire 
quîcoîi  sus  una  fusta  lavèt  lou  cap  en  Ter,  Cacaracà,  qu^èra 
juste  au-dessîia  e  que  i^escapava.*,  de  la  pou,  lachèt  eouû 
roubinet*  Floue  î  dmsla  maissa  de  mèstre  Loup, 


—  Hou-bou-boul,,.  Hou-hou-houL*. 

—  Je  le  vois,  çouffta  SisBourlet,  saisi  d*effroi,  claquant  des  dents. 
Il  vient  de  ce  côté-d.  Ne  boageons  pas  l 

—  Hou-bou  !  Hou-houl  ûi  le  Loup  en  passant  le  net  dans  la  porte. 
Personne  ne  boiigealt,  allez  I  Ah  !  comme  un  petit  grain  de  niiL., 
Et  le  Loup,  flairant  et  reflair^nt,  dit  : 

—  Il  semblerait  qn*il  y  a  du  monde. 

Alors  il  ontra  dans  la  Jassette.  Il  tourna,  il  tourna,  et  finalement  il 
s*approcha  de  Tévier!  Aie  î  aiel  le  voici  qui  avance  son  museau  i,.* 
Pauvre  Couacouac  l 

Maïs  Couaconao  donÉ  les  jeu3t  s'étaient  déjà  un  peu  accoutumés 
à  Fobscurité,  pafî  vous  lui  douna  un  coup  de  bec  qui  emporta  un 
lambeau  de  nez. 

—  Monstre  I  cria  le  Loup  en  reculant,  il  j  a  dea  tailloura,  ici  1.** 
Quels  coup  de  cii»eaui^  Messeigncurs  ! 

Et  il  se  tint  éloigné  de  là.  Et  comme  il  lui  sembla  voir  quelque 
cbose  sur  une  poutre,  il  leva  la  iéte  en  Tair*  Cacaraca,  qui  était  juste 
ftu- dessus  et  cbez  qui  un  besoin  pressant.,,  de  la  peur  qu'il  eut,  i| 
t4cba  aon  robinet.  Floue  !  dans  la  gueule  de  aire  Loup, 


474 


CONTES    LANGUEDOCIENS 


—  Bèh!  prrL*.  dequ'esaiço:  çai  fa  de  maçotiâ?,..  Ml 

dicioun  I  m'a  'mpouiBounat  embé  goun  mourtiè!... 
Se  sauvèt  d'un  autre  caire,  Paasèt  contra  Teacaliè  : 

—  Tel  se  mounlave  veire  dequé  fan  lous  maçou^?.,. 
Se  ftquèt  à  mountà,  à  paupas*  Pauaava  totit-eacàs   una 

pata  dessus  Taireta,  quand  Sissonrîet  que  Tesperavat  bam  î 
i'empeguèt  un  cop  de  closca  que  Tentnandèt  petà  d^esquina^p 

«^  Au  secûus  î  bramèt  nostre  Loup  en  acampaat  sous  osses, 
Çai  fade  tounalhêa,  atabé*  M'an  engriisat  embé  sas  massas. 
Sauva  î  sauva,  que  me  tugarièn!.,. 

E  travalhèt  daa  artels  qu'èra  un  plesi  d'boti  veire, 

  toutes  loua  Loups  que  trouYava^  ie  vâQiè: 

—  Vûu  'n  anés  pas  à  la  Jasseta,  Ta  de  toutes  lous  cors 
d' estât.  Ai  agut  pena  â  m'en  tira,,* 

Talamen  que  ges  d^autres  loupa  Tanèroun  pas  e  que  Sis- 
souFlet  e  las  autraa  dos  boûas  closcas  s'en  eacapèroun  d'una 
bêla,  I 

Es  egalj  boutas,  euguêroun  pas  Tiol  de  la  nrocU,  e  la  peu 
qu'en  darèrouQ  ie  se  guet  uoa  bona  liçou,  Cresa  pas  que  î# 


—  Bfeh  î  prr  L,,  qu'eat-ce  que  c^est  que  çâi  il  y  a  des  maçons?. 
Malédiction  !  il  m'a  empoisonoô  avec  son  mortier!... 

Il  ie  gara  d'un  autre  côté.  Se  trouvant  près  du  vieil  escalier  : 

—  Tieusl  dit-il,  si  j'allais  voir  ce  que  font  là-haut  Je*  maçons  f, 
11  se  mit  à  monter,  k  tâtons.  Il  posait  à  peine  une  patio  sur  1«  I 

palier^  lorsque  SissouHet  qui  l'attendait,  bam  i  lui  asséna  un  coup  dal 
tâte  qui  renvoya  rouler  par  terre»  échine  première. 

—  Au  «ecours  l  hurla  notre  Loup  en  ramassant  ses  os.  11  y  a  dea 
tonneliers,  euisi.  Ils  m'ont  démoli  avec  leurs  masses.  Sauve  qui 
petit!...  On  finirait  par  ra'avoîr  la  peaul... 

Et  il  travailla  des  orteils  que  c^était  un  plaisir. 
A  tous  les  loups  qu'il  rencontrait,  il  disait: 

—  N'allez  pas  à  la  Jassette.  Il  y  a  de  tous  les  corps  de  métiers. 
J*ai  eu  grand'pcine  à  me  tirer  de  là. 

Si  bien  qu*aucan  autre  loup  ne  s'aventura  à  y  aller.  Et  Sissourleti 
ainsi  que   les  deu^c  bonnes  tétca,  ses  compagnons,  en  réchappèrent 
d*ime  belle. 

C'est  égal,  vous  penser  bien  qu'ils  oe  fermèrent  pas  l'oeil  de  la 
nuit.  Bt  la  peur  qu'ils  endurèrent  leur  fut  une  bonne  leçon.  Je  ne  crois 


BIBLIOGRAPHIE  4  75 

tômoun  se  perdre  dins  bus  bosses  e£k  faguent  sous  mourres 
I        en  Ter!.,. 
^K       Tant-i'^  qvio,  quand  seguèt  jour ,  retrotiyèroaQ  soati  cami* 

1^. 


Lou  gai  cantèt 
E  iéu  m'enanère. 


Gustàvi  Theiound. 


pas  qu'ils  y  revienneni  de  stlôt  se  perdre  dans  les  bois  m  faisant  ka 
petits  éventée  !.,. 

Tant  il  y  a  que,  lorsqu'il  fut  jour,  ils  retrouvèrent  leur  chemin. 

Le  coq  chauta. 
Et  moi  je  m'en  fui* 

G.  T. 


BIBLIOGRAPHIE 


Une  édition  classique  de  t;  Mireille  » 

Mistral  [Frédéric)  :  MiEâio,  poème  proven^iaL  Edition  publiée  pour  les 
totirs  imiT<;rsitaLrei,  par  Eduard  Koschwitz,  Avec  un  glossaire  pir 
Oskar  HKN>rrcitE  et  le  portrait  du  poète*  Marburgj  N,  G«  Elw^bt,  — 
1900,  gr.  in-fi*  (3Liiii-436  pigei). 

L'honneur  d*étre  traduit  à  l^étranger  Tut  longtemps  le  critère  des 
ce  livres  génialcâ.  Cet  bonne  ur^  Miistral  Ta  depuis  loogtemps  obtenu, 
et  je  ne  sais  s'U  est  uoe  seule  Uugue  en  Enropij  dans  laquelle  on  ne 
puisse  lire  MirmiU,  Mais  co  signe  d'élection  u'e^t  plus  su  fusant  de 
DOS  jours.  Plus  d'un  livre  parisien  a  triomphalement  passé  la  fron- 
tière et  trouvé  des  traducteurs,  qui  ne  doit  cet  avantage  qu^à  des 
mérites  nég^atif^^  :  Taudace  du  thème,  Timmoralité  des  peintures^ 
rétr&ngeté  de  la  forme,  A  coup  sûr,  une  réaction  viendra,  qui  fera 
justice  de  ces  vogues  scandaleuses;  mais,  en  attendant,  il  faut  bien 
reconnaître  ce  fait  matéiiel,  que  nombre  d  écrivains,  tenus»  Dîeu 
mercif  en  médiocre  estime  dans  nos  provinees  françalaes,  ont  été  lar* 
gement  vulgarisés  dans  les  capitales  étrangères. 

Il  estj  pour  les  grandï}  etprits,  une  consécration  pins  rare  et  plus 
durable,  et  que  n'obtiendront  jamais  les  productions  douteuses  do  la 


4  7IÎ 


BIBLIOGBÂPHIE 


décadence,  C*est  la  gloire  de  se  voir,  vlvanU,  rangés  parmi  les  classi- 
ques. MlBÈml,  parvenu  au  seuil  de  son  éclatante  vieillesse,  vieot  û'slU 
teitidre  ce  superlie  couroDnemenL  Aux  nombreuses  éditions  de  Mtrèio 
deatiufiea  au  grand  public,  e'efit  récenament  superposée  une  édîtioti 
critique^  à  l'uaage  deg  étudiants» 

Il  est  presque  ieutl le  de  dire  que  Tmitiative  de  cette  publieatîoii 
appartient  au  docteur  Ed.  Koachwitz.  Pirmi  les  maîtres  actuel»  de 
!a  philologie  qui  ont  fait  du  provençal  moderne  l'objet  principal  de 
leurs  études,  il  en  est  peu  qui  aient  suivi  d'aussi  prC^s  révolutioii  féli- 
bréenne.  M,  Koachwitz  n'eat  pas  seulement  familier  avec  tout  ce 
qu'a  produit,  d<?puia  bientôt  un  demi-eiècle,  la  pléiade  dont  Mistral 
est  te  chef;  plusieurs  fols  il  a  séjourné  dans  h  Haute  et  dans  la  Baji;$e 
Provence,  recherchant  les  anciens  tejttaa,  recueillant  de  village  ea 
village,  sur  En  bouche  des  vieitlards^  les  formes  les  plus  authentiques 
des  divers  dialectes  de  cette  région,  C*e  s  £  dire  quelle  autoritt*  ex  cep- 
tienne  lie  s'attache  à  tout  ce  qui  noua  vient  de  lui,  en  ce  qui  touche 
les  pari  ers  d'Oc. 

Déjà,  il  y  a  quelques  années,  il  nous  a  donné  une  Grammaire  hû- 
torique  tk  la  kingut  dtè  FéUbre^.  Ce  volume  est  le  premier  qui  ait  irîaé 
h  rechercher  scientifiquement  la  structure  et  les  source.?  de  l'idiome 
de  Mireille.  Ce  n'est  guère  nu  sein  du  FéUbrige  que  pareil  travail  pou- 
vait éclorc;  car,  il  faut  bien  le  confesser,  la  plupart  des  écnvaios  de 
la  renaissance  méridionale  sont  des  chanteura  inatînctifs,  qui  riment 
comme  Toiseau  gazouille»  sans  a'@tre  jamais  demandé  quels  prineipea 
peuvent  bien  présider  au  langage  quils  ont  empiriquement  appris  sur 
les  genoux  de  leur  mère  et  à  la  lecture  de  Mistral,  Le  grand  Aubanel 
lui-même,  au  verbe  si  riche  et  si  puissant,  eut  été  bien  embarnissé 
de  se  justifîer  théojiquement  les  formes  splendidea  jaillies  de  sa 
plume.  Un  féîtbre  cependant,  le  F,  Savimen,  avait  compris  combien 
un  manuel  élémentaire  serait  indispensable  aux  écoliersi  pour  leur 
apprendre  les  lois  du  langage  uiaternel  «  avec  la  précision  des  for* 
mules  législative».  •  Sa  Gramvmire  provmrale  a  permis  d'introduire 
dans  renseignement  primaire  Tétude  comparée  des  langues  d'Oil  et 
d'Oc,  L'entreprise  que  Savinieu  a  ai  heureusement  conçue  pour  les 
apprentis  félibres,  le  D^  Koscbwitz  !'a,  à  son  tour,  réalisée  pour  lea 
étudiants  romanistes.  Sa  Grammaire  hktoriqui  est  rindispensable 
guide  que  devra  prendre  quiconque,  français  ou  étranger,  sera  dési- 
reu:E  de  connattrev  dans  son  mécanisme  intime  et  dans  ses  orig'iûeflp 
la  splendide  langue  mistralienne.  G  est  un  traité  définitif,  que  per- 
sonne ne  sera  jamais  tenté  de  reprendre  en  sous-ceuvre,  et  qui,  tout 
au  plus  pourra  être  eomplétéf  quelque  jour,  par  Tauteur  kû~mâme. 

L'accueil  fait  à  cet  excellent  volume  et  à  d'autres  études  néo- pro- 
vençales du  D''  Kûschwits  a  inspiré  k  l'éminent  linguiste   Tidée  de 


BIBLIOGBÂPHIE 


477 


publier  un  autre  livre  majeur,  cette  éditîûu  classiqne  de  Mirèio,  qui 
est  tout  îiu  évétiemeot  pour  le  monde  universitaira. 

Jaloux:  tout  fl'abord  de  n*attucher  son  nom  qu'à  un  texte  irrépro*' 
ch.ible,  M,  KoscbwUz  s'est  fait  un  devoir  de  réviser,  vers  par  vers, 
ces  stjkadideg  chants  de  Miréto  que  tuul  de  milïîera  d*admirateurs 
lisent  et  relisent.  Or^  le  croirait-on!  ce  texte,  si  fréquemment  réî«- 
primé  en  France  et  au  dehors,  n*était  point  encore  parvenu  à  la  cor- 
rection idéale.  D'accord  avec  Mistral,  qui,  distrait  comme  Homère 
{quandûqm  honux  dormïtai)^  avait  laissé  passer  plu^ï  d^une  coquille 
dans  les  tirages  le  jiIjs  minutieusement  surveillés,  il  a  pu  établir 
enfin  une  Mirèio  à  Tabri  de  tout  reproche  typog-raphlque.  Ce  premier 
avaiitag-e  a  bien  sa  valeur,  et  ce  n'est  pas  sans  quelque  confusion 
qu'un  Provençal  et  un  Français  est  obligé  de  reconnaître,  k  cet  égard, 
U  Hupêriorité  <îe  réditiou  allemande  sur  ses  devancières. 

On  serait  tenté,  à  première  vue,  de  «accorder  à  ce  mérite  qu'une 
importance  médiocre.  11  est  de  fait  que,  parmi  les  lecteurs  sans  nom- 
bre de  la  Mirèh  de  Charpentier  et  des  réimpressions  qui  ont  suivi, 
quelques-uns  à  peine  ont  pu  être  arrêtés  par  les  fautes  qui  s*y  étaient 
gliBsées  ;  mais  ces  incorrections  —  indifférentes  au  public  mondain, 
qui  cbercbe,  dans  la  lecture  du  poème,  une  délectation  littéraire,  sans 
nulle  prëoccupution  philologique,   —  seraient  pour  des  élèves  à  la 
recherche  du  sens  H  Itérai  de  chaque  mot,  d'insurmontables  difficui- 
téSi  Un  jeune  savant  allemand,  étudiant,  il   j  a  quelques   années, 
ridiome  des  Daases-Alpea  dans  le  Cagjtard  et  le  Dmmant  d'Eugène 
Plauchud,  s'est  heurté  asse;;  fréquemment  à  cet  obstacle,  et  plua 
d*une  fois,  victime  des  erreurs  d'impression  semées  dans  ces  ouvrages, 
il  a  pris  pour  une  forme  dialectale  co  qui  u*était  qu'une  distraction  de 
l'ouvrier.  Grâce  au   D'  Kosehwitz,  ce  péril  est  soigneusement  con- 
juré pour  les  jeunes  linguistes  qui  auront  en  main  la  nouvelle  MirUo* 
Le  savant  éditeur  ne  s'est  pas  borné  à  épurer  le  texte,  il  l'a  éclairé 
iiliusircj  dirait  un  italien)  par  d'abond tîntes  notes.  Il  n'est  pas  un  nom 
de  personnage  ou  de  lieu,  une  allusion  à  un  fait  historique  ou  à  une 
coutume  locale,  une  locution  sentant  le  terroir,  qui  ne  soit  expliqué 
en  quelques  lignes  sobres  et  précises.  Celui  qui  aura  lu  concurrem- 
ment les  strophes  du  gi*and  poète  et  les  commentaires  de  réminent 
professeur,  connaîtra,   non  seulement  l'œuvre  de  Mistral,  mais  la 
Provence  elle*même,  djnt  M'irèto  est  comme  l* abrégé. 

Mais  ce  qui  initiera  mieux  encore  te  lecteur  à  l'intime  connaissance 
du  renouveau  provençal  et  de  son  chef,  c'est  la  magistrale  introduction 
qui  ouvre  le  volume.  M.  Koschwitz  y  raconte  par  le  menu  les  orî^ 
gines  et  le  développement  de  ce  mouvement  littéraire  que  Roumanille 
et  Gaut  provoquèrent,  il  y  a  prés  d'un  denii-siècïe,  et  qui  a  fait  éclore, 
dans  tous  les  genres,  des  productions  de  premier  ordre*  Il  fait  <ïoii* 


478 


BIBLIOGRAPHIE 


ïiMtb  rorganUatbiL  du  Félîbtige,  dont  lei  écoka  s'étendent  tujour* 
d*but  deNicê  àBordeauï  et  eoTnptent  plusieurs  mille  adhérents,  tons 
vouéa,  Binon  à  k  culture  de  la  tangue^  du  moins  à  la  propagation  des 
idées  régianalisteâj  au  maintient  dee  tradîtlons  localei,  et  à  la  reven* 
dlcatioti  des  lihertéâ  de  la  Provlace.  Puîa  il  nous  donue  hur  Mîitra], 
sa  viei  son  rôle  dans  le  réveil  ethnique  du  Midi  Français,  son  œuvre 
àé  patriote  et  d  ecnvaln,  de  précieux  détails^  puisés  aux  source»  les 
pltia  art  res.  Avec  cette  modestie  qui  est  la  caractéristique  de»  vrais  talenU, 
il  a  voulu  emprunter  la  majeure  partie  de  ce  travail  â  deux  écrivains 
français,  MM.  Paal  Marléton  et  Gaston  Paria,  auteurs,  Je  premier 
d'un  beau  livre  sur  le  Féllbri^e,  le  second  d'une  étude  approfondie  sur 
Mistral.  Koschwîtz  s*ést  borné  à  coordonner,  encadrer  et  compléter 
pnr  quelques  vues  personnelles  les  pages  de  cee  maîtres  de  la  pi  urne  « 
De  cette  triple  coltaborutioa  est  sortie  une  histoire,  complète  etatta* 
chante,  de  ïa  palingéuésie  méridionale,  un  tableau  plein  de  couleur 
de  la  jeune  littérature  d'oc,  tableau  que  domine  la  haute  physionomie 
du  «  Subre  Ciï poulie  **,  et  qu'orne  de  sa  grâce  la  douce  figure  de  aon 
héroïne.  Il  était  impossible,  ce  me  semblCi  de  souhaiter^  pour  Tim- 
mortel  poème,  une  préface  mieux  comprise. 

Désireux  de  mettre  sous  la  main  des  travailleurs  tous  les  instru- 
ments qui  leur  sont  nécesaairesi  Téditeur  a  demandé  à  son  collabo- 
rateur, M.  Oscar  Heunike,  uu  glossaire  qui  les  dispensât  de  manier 
de  lourds  in-quarto.  Rédigé  avec  un  grsnd  soin,  ce  glossaire  donue 
tous  les  mots  dti  poëme,  tivec  renvoi  aux  vers  qui  les  contiennent. 
A  c&té  de  chaque  mot  se  trouv^ent  sa  traduction  et  son  étymologie. 
Cette  dernière  indication  est  singulièrement  méritoire;  car  la  langue 
de  Mitèio,  bien  que  se  rattachant  par  une  filiation  directe  à  celle  des 
troubadours,  ne  s  j  relie  qu*à  travers  plusieurs  siècles,  durant  les- 
qviels  le  Midi  n'a  compté  que  fort  peu  d'écrivains.  Sï  bien  qu'il  est 
difficile  do  saisir  les  étapes  successives  de  son  évolution i  et  de  souder 
bon  nombre  de  vocables  actuels  à  leurs  lointains  ancêtres  du  moyen 
âge*  Aussi  faut-il  grandement  louer  M.  llennike  du  savoir  et  du  Hair 
avoc  lesquels  il  a  pu  reconstituer  Tëtat  civil  de  tant  do  mots,  dont  1a 
forme,  bien  souvent,  s*est  profoudément  altérée  à  travers  les  âges. 
Que  si,  parfois,  il  a  dû  hésiter  entre  deux  étymologies,  ou  s'est  pro- 
noncé pour  une  étymologie  incertaine,  on  ne  saurait  pas  plus  blâmer 
sa  prudence  que  condamner  sa  hardiesse.  La  science  du  néo-pro- 
vençal en  est  encore  à  la  période  des  débuts  et  des  tâtonnements. 
A  mesure  que  seront  publiés  nos  vieux  documents  en  langue  vulgaire, 
  mesure  que  les  provinces  sœurs  apporteront,  à  Teiemple  de  la  Pro- 
vence, leur  large  contribution  de  prose  et  de  vers  à  Tentre prise  féli- 
bréenne,  il  deviendra  possible  de  retrouver  la  parenté  de  bien  des 
tnotsp  et  dWfirmer,  avec  quelque  sâreté,  leur  provenance.   D'ici  là, 


I 


CBHONÎQUE 


47t 


sachons  gré  &qx  maîtres  qui,  eomiBe  Beimîk«g  ottvrtnt  %rtc  autorité 

Ja  voie  aui  chercheurs,  et  bonoropi  leur  iuitiative. 
QuaiKJ  uous  auroDs  dit  que  la  Mirèio  claisiqtie  coiitieat  an  artii- 

tique  portrait  de  F.  Mistrali  nous  aarona  doQDé  un  aperçu  complet 

de  ce  beau  et  bon  livre,  qui  va  faciliter  Tétude  d'uo  chef-dœuvre  H 
la  conaaissaoce  d'uae  admirable  langue  *»  La  Provence  qui  devait 
beaucoup  déjà  à  M.  KoBcbwit2,  lui  sera  reconnaiaaaute  de  cette  ptihli- 
cation  hors  pair,  et  le  FéHbrige,  dont  je  me  fais  d©  grand  cœur  l  m- 
terprètei  le  remercie  chaudement  du  vrai  monument  philologique  qu*il 
vient  d'élever  à  la  gloire  du  paya  d'oc, 

L.  de  BsALDC-Péituâsiâ. 


CHRONIQUE 


Totta  no»  lecteurs  connaissent  l'usage  italien  des  publicaiione  anp- 
lî&loB, —  Fernoz^f  — qui  commence  à  ae  répandre  en  FrancCi  témoin 
ce  Libre  Nouvial,  dont  il  à  été  rendu  compte  ici-même.  En  Italie, 
les  publications  de  ce  genre  en  Thonneur  de  quelques  jeunes  érudita 
oui  donné  naissance  à  de  véritables  volumes  :  par  e^eruple  les  Mé- 
langée Cian-Sappa,,  les  Mélanges  Vittorio  Rossî-Pia  Telss,  quî  Ont 
nue  importance  réelle  pour  les  études  philologiques  et  liltéraires* 
Voici  que  les  Italiens,  à  l'imitation  de  rÂlIemague  et  de  la  France, 
étendent  t^et  usage  à  la  célébration  des  anniversaires^  des  jubilés  de 
savants  et  de  professeurs  îUuetres,  Nous  avonii  en  France  les  Mélan- 
ges GruuXf  les  Mélanges  Weil,  ks  deux  volumes  de  Mélanges  Gaston 
paris ^  les  M él auges  Gabriel  Monod.  On  prépare  les  Mélanges  Paul 
Fabre  en  rbouneur  de  ce  jeune  savant^  éditeur  du  Liber  ccttsuumt 
mort  si  pré  mature  ment  ;  on  organise  des  Mélangea  Georges  Perrot. 
pour  le  LXX*  anniversaire  de  Fil  I  astre  auteur  de  Vlliêlotre  de  T^irf  tJariê 
raniiquiU;  on  devrait  penser  à  des  Mélangea  Chabaneau.  Les  Italiens 
nous  donnent  un  bon  exemple  en  publiaut  un  volume  de  Mélanges 
de  LingitïBtiqne  et  de  Philologie  en  Thonneur  de  Gra^iiadio  ÂscolL 
Trente-quatre  Sitvants,  allemuuds,  anglais,  belges^  espagnole,  français, 
italiens,  —  parmi  lesquels  il  faut  citer  nos  compatriotes  MM,  G.  Parts 
et  V.  Henrj^  —  ont  tenu  à  honneur  de  collaborer  k  ce  beau  reeueil, 


)  N^omettoni  pas  en  effet  de  dire  que  l'introduction ,  les  eiplicdtlons 
et  le  glossairtï  sont  en  français. 


4SD 


CHROJtlQUE 


où  ils  ont  pu  représenter  ton  tes  les  étude  s  lingnîstlques,  sanacrît^  luslie 
^rec,  latiD,  français,  iUîiea,  dialçctee  italien 8,  tic.  Comme  le  voltimt 
a  pen  pénétré  en  Fniace,  il  nous  semble  otile  d'en  donner  ci-deasous 
le  sommaire  dètaïUé  : 


ïarl  Brngmannt  Zum  fiaingcseiz  von  Lucetia  QIL,  IX,  7^2.  &iaeoiilo 
Ulnchf  //  Fai^oUllo  del  geiofo.  Paul  Hârcbot,  Deux  éîymologU$, 
Mâuriee  BloomÛeMi  On  ihe  Sanskrit  original  of  the  Pranou  ÛHpnekhut 
[Pranavn  Vpfmimt)  in  thi  Periian  iranslation  of  the  Upanhads.  Rudolf 
Thurnsysen.  AUlris^he  Adverhien.  Galion  PaHsi  Ficatum  en  rommi* 
Hermann  Snchier,  Kleine  B titrage  ztir  tomfmiaehen  SprQ€hffeschù:Me* 
Carlo  Salvlonij  Kiimolugie.  J,  Cornu,  Eatoria  Trof^âa  acahada  ti^  de 
phH  et  tfuatrocefitos  et  t^fize  annos  {i'STè}.  Claudio  Gtacomino  Sag^iuoti 
neo  itidiani.  G.  F,  Fumi.  Sut  naminativo  sint^olare  deî  nome  artano. 
H.  Kerbakor,  liuc  teggcnde  del  Mahûhhârata  (ToUale  in  oltava  riina)» 
?»  Henrj,  Êtgmohgies  f^retonneÈ,  PierEnea  Guarnerio,  Snoie  postilie 
Âul  tessico  sat^o.  C.  Nigrat  U  dialetto  di  Vkei'one.  G.  Grobor,  Eine 
Tendenz  der  fi^fjnzosischeJt  Sprache.  Gesare  de  Lollli,  DelV  Â  in  quatehe 
dialetto  abruzzese.  Pio  Hajna,  ta  lingua  œrtigiana,  P.  E.  PaTOlinl* 
Vna  Sûkidvalî  giainka  anonimit.  1  Guidi,  Una  sùmigiianiu  fra  ta  ftioria 
detr  araào  e  det  ïatino.  Federico  Garlauda,  Sut  dialetto  btelle$e  netia 
valiedi  StroHà.J.  Djfnele;  Prince^  The  m^der^n  Dialecl  of  the  Cana- 
dian  A/jûnakis.  Whltley  Slokai.  Tfts  Lehar  Bre<:c  Tractai e  on  the  Con- 
Éeerution  of  a  Chun-h^  John  SoliiDit,  'i*t^ix6v  risko.  P.  G.  Gûidanlcht 
Intoj-no  at  dtateito  di  Campolfusso  W*  BJeyer-Litbke,  Etjfmotogischef. 
Silvio  PUri.  Appunli  etimologici.  G>  de  Gregorio,  EtimohgU.  E,  0.  Pa^ 
rodi.  Il  tipo  italiano^Mve^  al*i|rgia.  E.  Gorra»  L'Aîha  Lilingut  det  cùdice 
vatictino  Rrgina  1462.  C.  Hichaèlis  de  VaBConcelloi;  Yengo  (Engù)  ^ 
Enguettat  —  Engar.  V*  Cr«acîuit  Deirantkù  frommento  epivo  l^eitunes^* 
t.  Biadeut,  Kcdedimolotfidie.  F.li.  PuUt,  Po»tiiia^  a  Otazimlio  Ascùié. 

L'un  des  collabomtenrsi  Carlo  Salvionî,  n'a  pas  jugé  indigne  ûb 
lui  de  rédiger  lea  îudex  analytiques  de  cette  Mkcellmua  Unguiêûoa 
in  ofîoredi  Gtasiadio  Atfcolfr  dont  il  convenait  de  mêntionoeraumoizia 
!e  titre  et  la  table  des  matières  iutï  lecteurs  de  la  Revue  det  Langues 
rtimanei.  Elle  a  paru  à  Turin,  chez  l'éditeur  Lœacber  (in- 4*  VIII- 
626  p|>.],  avec  portrait  de  0.  AscoVu 


i 


Le  Gérant  reêpomabk  :  P.  Qam KLm, 


COSTUMAS 
DEL  PONT  DE  TARN  D  ALBI 


Nous  airaons  mieux  l'avouer  tout  de  suite  :  le  document 
qu'on  va  lire  n'est  pa«  inédit.  Il  a  été  publié  par  Émila  Joliboii 
dans  une  plaquette  qui  porte  pour  titre  :  AWi  au  moyen  âge 
(1871),  et  reproduit,  la  même  année,  dans  V Annuaire  du  Tartu 
La  plaquette  n'est  pas  en  librairie  et  dans  quelle  bibliothèque 
se  trouve  TaîmanacU  administratif  î  Première  ûirconatanca 
atténuante. 

Nous  pouvons  en  invoquer  d'autres  pour  légitimer  la  réédi- 
tion des  Costumai.  JoDboîs,  le  toujours  regretté  arcbiviste 
du  Taro^  un  paléographe  presque  impeccable,  a  quelquefois 
mal  lu  Mon  texte  qui,  pourtant,  n'offre  guère  de  difficultés 
de  lecture.  Une  nouvelle  édition  s'impose  d'autant  plus  que 
rautorité  du  premier  éditeur  est  plus  grande.  D'autre  part 
toutes  les  règles  admises  pour  la  transcription  des  vieux 
documents  n'ont  pas  toujours  été  respectées;  le  travail  de 
Jolibois  est,  pour  ainsi  dire,  une  photographia  ;  il  a  reproduit 
les  mots  tels  qu'ils  sont  tombés  de  la  plume  du  scribe.  Ainsi, 
il  écrit  nossia  enhobra  pour  no  uia  en  hoàra^  emie^,  equartmro^ 
fiêstanht  deneoias,  queitengo^  etc*,  etCi, pour  e nmg^ e  quartairo^ 
(tesianh^  de  neolas^  ques  tengo*  Ce  respect  exagéré  du  texte, 
qui  pourrait  finir  par  le  rendre  iuintelligiblef  ne  peut  s'ad- 
mettre ;  il  appartient  à  Tédîteur  d'une  oeuvre  de  la  nature  de 
celle  qui  nous  occupe  d'en  faire  disparaître  les  verrues  ;  le 
respect  de  la  langue  doit  passer  avant  le  respect  du  texte. 

Enfin,  troisième  circonstance  atténuante,  ce  textË  est  un 
document  si  précieux,  qu'il  ne  peut  avoir  sa  pleine  valeur 
que  dans  un  périodique  spécial,  tel  que  la  Revue  des  Langues 


romanes. 
La  rééd 


[  de  iaî  costumât 
îîoTfl mbre-  dûco  tTvbre  190  L 


del  pont  de  Tarn  dAtbi  est 


ai 


4B2 


COSTUMAS    DEL  PONT  DE  TARN  d'aLBI 


donc  jastiflée.  Résumons  leur  Mstoire*  Le  pont  d'Abi^  cou* 
struitj  dann  les  environs  de  1035  S  sur  un  allôu  da  chapitre 
collégial  de  Saint- Salvi,  appartint  d'abord  aux  vicomtes  et 
devint  bientôt  propriété  des  évéques,  seignenrg  temporels  de 
ta  ville.  Mais  ceux-ci  trouvèrent  un  peu  lourde  la  charge  de 
l'entretenir  et  en  firent  cadeau  à  la  ville  d'AJbi*  Il  est  œrtain 
que  lea  vicomtes  établirent  un  droil  de  péage  pour  pouvoir 
subvenir  aux  frais  d'entretien,  bien  que  le  chapitre  eât  mis 
à  sa  donation  cette  condition  que  si  Ton  voulait,  une  fois  le 
pont  construit,  exiger  quelque  chose  des  passants^  le  produit 
en  reviendrait  aux  cbanoines  ;  lei  évéqaes  maintinrent  ce 
droit  qui  passa  a  la  ville. 

Un  extrait  des  registres  du  Conseil  d'Etat  de  1745,  conservé 
aux  Archiver  d'Àlbi,  nous  fait  connaître  que  les  consuls  le 
percevaient  dès  1245*, On  j  Ut:  «  Scavoir, copie  collationnée 
»  d'un  tarif  intitulé  :  C'est  ies  coutumes  du  pont  d*AihP^  tirées 
»  du  Livre  des  Libertés,  privilèges,  franchises,  coutumes  et 
»  préfogatîves  des  consuls  et  habitans  de  la  ville  et  juridiction 
«  d*Albj,  portant  autorisation  des  dits  privilèges  et  coutumes; 
})  en  suitte  est  un  acte  du  trois  des  ides  de  maj  de  Fani^ée 
»  mil  deux  cent  quarante-cinq  consenti  par  Durand^  évêque 
»  d'AJby»  portant  autorisation  des  dits  privilèges  et  cou- 
»  tûmes,  il 

Dans  un  acte  de  notoriété  du  21  janviâr  1533,  rédigé  par 
le  viguier  d'Âlbî  Carcj^nous,  nous  lisons  :  «  Supplient  humble* 
M  mant  les  consuls  de  la  présent  cité  d'Alby  que  vous  plaise 
»  leur  octroyer  et  fêre  espédier  attestation,  pour  leur  servir 
»  à  temps  et  lieu,  de  ce  que  les  d.  supplians  ont  [trou  dans  le 
}>  parchemin)  de  tant  de  temps  que  n'est  mémoire  du  contraire, 
u  pour  entretenir  le  pont  de  la  rivière  du  Tarn,  murailles, 
4  fontaines  et  chemins  {trou)^  le  pontanage  duquel  Monseî- 
)ï  gneur  Tévesque  d'Albj,  seigneur  temporel  de  la  cité,  prend 
»  et  liève  certaine  portion  **  w)  L*évêque  en  effet  s'était  ré- 
servé, an  moment  de  la  concession^  le  droit  de  péage  à  per- 


*  Cf.  Bistoire  di  Languedoc ^  édition  PriTat,  V»  p*  414,  coK  t, 
■  DD.  % 

3  On  voit  que  c'est  la  trad action  du  titre  de  notre  document. 

*  Arch.de  la  Tille,  DD  9. 


COSTUMAS   OEL  PONT   DE  TARN  d'âLBI  4SS 

oftTuir  ]«  TelUe  ei  le  jour  de  la  fête  patromiale  de  Saint-S&lvi 
qui  attirait  à  Albi  an  ^raad  coaeoars  de  ûdèlea  *. 

Ënâii  un  compromis,  ménagé  par  rarcherèque  de  Bourges, 
entre  ré?éqïiê  Bemard  de  Combret  et  le^  consuls,  et  qui  est 
daté  da  mercredi  aprèa  la  fête  de  saint  Mattuea,  apôtre,  du 
mois  de  teptembre  I2d8,  nous  fournit  sur  le  pontanage  les 
détails  qui  inivent  :  «  &e  la  renda  del  pont  dd  Taro,  Li  co- 
i  boI[b]  eligirau  dos  prohomes  a  gardar  las  obvetitios  del  pool, 
n  e,  se  DO  t  sso  cossols«  autres  XI 1  prohomeâ  de  la  ciutat, 
9  iiqual[s],  davant  1  avesque  o  d avant  son  baite,  e  datant  los 
u  cœaola  que  presenU  serau,  o  datant  loa  prohomes  davant 
n  dîcbs,  liqaal[â]  presentz  seran^  juraran  que  ûxelmeai  gar« 
n  daran  las  obventîoâ  davant  dichas  a  despeudre  en  los  uses 
»  del  pont  et  en  los  autres  naes  eomunals  de  la  vila  ;  e  que 
n  contra  Tavesque  o  contra  la  Giieia  d'Albi  aleuna  causa  de 
a  las  dicbas  obventios  non  despendrau  ;  liquais  dos  baro^^  a 
»  la  â  de  eascun  an,  redrau  comte  o  raso  davanl  les  cossols, 
»  e  se  no  i  b$o  cossola»  davant  XII  que  presens  seran  pro- 
M  homes,  e  davant  lo  baile  del  avesque,  loqual  U  cossols  o  li 
»  probomes  seran  tengatz  apeiar  ad  aquo,  se  el  i  voliaesaer^.  > 

De  ces  citations  il  résulte  donc  que  le  tarif  du  pontanage 
qu'on  va  lire  est  antérieur  à  11^5.  Il  n'est  pas  même  impro- 
bable, bien  que  cette  hjpothèse  ne  soit  étajée  d'aucun  docu* 
ment,  que  les  consuls  aient  conservé  le  tarif  élaboré  par  les 
évéques  ou  les  vicomtes;  et  dès  lors,  il  remonterait  au  moins 
an  XII*  Biècle  ;  mais  ne  dateraitrîl  que  de  1245^  qull  serait 
d*âge  très  respectable* 

Ce  n'est  pas  son  meilleur  titre  à  la  vénération  des  érudits  ; 
les  coutumes  du  pontd'Albi,  dans  la  simple  nomenclature  des 
noms  qui  s'j  déroulent,  sont,  en  quelque  sorte,  le  vivant  ta* 
bleau  de  TAIbigeois  à  ces  époques  reculées*  Grâce  à  ce  véné- 
rable document,  qui  semble  si  aride  au  premier  abord,  nous 
revoyons  ses  plaines  et  ses  coteaux  aux  multiples  culturel; 
nous  pénétrons  les  secrets  de  son  industrie  et  de  sou  oom* 
merce  ;  nous  surprenons  nos  ancêtres  dans  Tiutimité  de  leur 

'  Cf.  Intrùduciion  à  tlnventait^e  stymtnaif^  d'Albin  par  Emile  JoliboLs, 
p,  30. 
*  Gartulaire  de  lu  viUe  d'Albi,  AA  1, 


484  COSTUMAS  DEL   PONT   DE  TARN   D*AL&I 

vie:  à  tabJe,  d&na  leur  lit,  avec  leurs  véteuûents  v^arlé?, N'est-ce 
pas  UÎ16  véritabla  résurrection  f 

E?oquons  Thomme  du  XIM*  siècle  dans  son  intérieur. 
Il  est  revêtu  d*UD  gonei  ou  robe  qm  lui  descend  aux  talons 
et  quHl  eerre  autour  de  la  taille  par  une  parce  vermeik  ou  cein* 
ture  rouge;  par  dessus,  il  porte,  suivant  la  rigueur  de  la  tem- 
pérature, un  mantel  ou  une  gannacha,  sorte  de  nianteau, 

k  la  robe,  au  manteau  devait  être  adapté  une  espèce  de  ca- 
puchon, le  capairo,  ou  chaperon,  si  commun  au  XIV*  iiècle, 
n'étant  pas  mentionné  dans  le  tarif. 

Gannacha,  mantel  et  gonei  sont  ornés  de  foîraduras  plus  ou 
moins  riches,  fournie»  par  les  peaux  de  lapin  ou  de  lièvre^  par 
des  peaux  de  volp  (renard)  ou  de  fama  (fouine)* 

Les  habits  sont  faits  de  toile  de  lin  ou  de  chanvre,  de  dr&ps 
de  diverses  couleurs  qu'a  teints  le  teinturier. 

Il  chausse  ses  pieds  de  sadaim  ou  depaiisses;  la  race  bovine, 
la  race  chevaline,  la  race  asine,  le  cerf,  le  chevrenil,  le  daim 
lui  fournissent  le  cuir  néces^^aire  ;  s'il  est  pauvre  il  se  contente 
de  la  chaussure  en  boia^  les  esciops* 

On  remarquera  que  le  tarif  du  pontanage  ne  prévoit  pas  le 
linge  de  dessoun,  chemises,  etc. 

De  la  présence  du  razor  dans  la  pancarte,  on  peut  tirer  la 
conclusion  que  le  port  de  la  barbe  n*était  pas  obligatoire. 

Le  costume  da  la  femme  ne  se  distingue  de  celui  de  Thomme 
que  par  un  gardicor  (corsage)  qui  serre  1©  goneL 

Pénétrons  dans  la  cuisine  de  ce  contemporain  de  Philippe- 
Auguste-  A  son  fogairo  (fojer)  où  briSile  un  feu  clair  de  hnha 
(bûche)  ou  de  $Qcm,  ou  bien  encore  de  carbo  fag  a  fum  ou  a 
flama*  nous  trouverons  :  le  crama Ih^  le  cap  foguier^  Vejkdât^  la 
Wsiîû,  Vastier  dans  lequel  Vamte  s'emmanche»  Au  cramalh  esl 
pendue  ïoîa  que  lèche  la  Ûamme  des  casBadas.  Au  centre  de  la 
pièce  se  dresse  la  iauta  ;  dans  uu  angle,  sur  ses  quatre /^eco^f, 
tarcha  repose.  Tout  autour  reluit  Tinnombrabie  batterie  de 
cuisine;  pairotas  et  pairoh  de  cuivre  de  tout  calibre,  bîechis^ 
àmctSf  àa»sina$,  canquas,  coberioîras,  holaê  de  coyre^  Sous  le 
mil  liteau  de  la  cheminée  pend  le  caleilh  à  trois  becs,  copie  de 
la  lampe  romaine.  Au  plancher  se  balancent  les  camàafos  et 
les  says.  Dans  un  réduit  les  padenos^  les  padenaâ^  les  oim  de 
terre  cachent  leurs  Ûancs  noircis  par  le  feu. 


I 

■ 

I 

I 


COSTUMAS  DEL   PONT  DE  TARN   d'aLBI  4  85 

La  table  de  ce  lointain  ancêtre  du  XII*  on  du  XI U"  sièule, 
qu'on  traite  de  barbare,  est  copiensetnent  et  délicate  me  ni 
servie,  Le  bœuf,  le  mouton,  1#  veau,  rag-neau,  le  chevreau  frais 
j  figurent  à  côté  du  porc,  du  mouton,  du  bœuf,  conservés  dans 
le  say  fhndut  et  le  seL  Aux  jourg  de  festivitê,  la  chôra  est  plus 
délicate  :  cùtnîhij  ieùres^  dam^  cabrolt  emplissent  la  salle  à 
manger  de  leur  odontnt  fumet  *.  Le  poisson  sale  iibond©  :  *ar- 
dina^  angmia^  mujoi,  arenc,  merlus,  sepia,  saimotualfi.  Les  lé- 
gumes ne  sont  pas  moins  variés  ;  on  n'a  que  l'embarras  du  choix 
tuire  fams,  peze»,  gmssas^  sezeros,  lenU'lkas  Le  iles^ert  com- 
prend les  from^içes^,  les  fruits:  raisii^  figue,  pomme,  poire 
d'uniToisse»  châtaigne,  noix,  noisettes  ;  \m  gâteaux,  neolm  et 
cormh. 

Le  [lain  est  servi  dana  des  êscudelas  panieiras^  et  le  vin  dans 
des  bouteilles  de  verre,  dans  *ïéi  picfuers  et  des  pMueiras 
de  terre  ou  d  etain.  Sur  la  table,  garnie  d*nne  lupa  (nappe}, 
se  pressent  les  escudelùâ,  les  ueireSt  les  enapi^  les  cotêk^  les 
cuihieis. 

Au  XIII' siècle,  le  lit  est  aussi  confortable  que  de  nos  jours; 
il  comprend  le  chaio  que  garnissaiÊnl  la  cossera  de  plume,  le 
lamoly  la  flessada^la.  uanoa^  le  coissL  Un  aicasii  recouvre  le 
€QÙ»i  et  la  cossera. 

Au  point  de  vue  agricole,  TAlbigeois  était,  au  XIII*"  siècle, 
un  raccourci,  une  iijnthèse  de  la  France  presque  entière, 
Tous  les  genres  de  culture  a' adaptai  eut  à  son  sof  d'une  iné- 
putiable  fëcoudîtéÉ  La  vigne  grimpait  aux  fiancs  de  ses 
coteaux,  et  il  3*honorait  de  crus  qui  n'ont  pas  encore  perdu 
toute  faveur:  Gaillac^,  Lisle,  Rabastena  et,  dana  les  environs 
d*Albi  même,  Cuuac,  CahuzagueL  Dans  sa  large  plaine  i^ue 
coupe  le  Tarn,  on  récoltait  toutes  les  céréales  connues  sous 
le  nom  générique  de  blé  :  le  froment,  la  mmmin^  la  seguiai^ 


1  On  remarquera  qoele  tarif  ne  fait  sacufie  allusion  an  gibier  è  plume 
pa»  plus  qa^aui  poolâs,  uies^  canards,  dïndûna* 

*  Il  esl  refretlable  que  le  tarif  ne  nous  fusse  pas  connaître  les  variétés  de 
fromag*i3  alors  en  honneur.  Les  coniptes  consulaires  de  1 393-9 i  nous  ré?è 
leni  le  fromage  dQgleuo,  Per  IIl  parels  d^i  perllcx  que  co^tero  YH  a.  VI  d.,, 
a  per  X  Ibr.  de  fromatge  ^e  gleuo  que  cr>BtaTn  Vlll  s.  lîU  d. 

3  Sur  cette  question  du  tîu»  cf*  nos  Deux  iivr^i  df  raison  (l&t7-155f)) 
ciiap.  15,  pp.  333^360. 


4  86  COSTUMAS   DEL    PONT  DE   TÂHN   d'ALBI 

Tordi,  la  paimola^  Vespettta,  Ja  cwada.  Le  tarif  ne  mentionne 
pas  te  milh,  mais  nous  ravoos  rencontré  dans  uo  dacument 
de  la  fin  du  XIP  siècle  *  et  les  registres  des  délibérations  de 
la  communauté  d'Albi  de  1372  à  1388  nous  apprennent  qae 
les  milhieiras  étaient  nombreusOB  aux  environs  de  la  ville.  Ces 
mêmes  registres  nous  révèlent  Texistence  du  partis  qne  lô 
miik  finit  par  détrôner'* 

Ces  champs  de  céréales  ou  d'avoine  étaient  coupés  de 
cbamps  de  favm^  de  pezes^  de  gxeismiy  de  cezeros  dont  on  con- 
naissait peut-être  ïea  propriétés  tinctorialea  *. 

Le  long  des  cours  d'eau,  dans  les  canaèimms  ou  cambos* 
—  les  deux  termes  sôut  synonymes  --  on  récoltait  le  ti  et  le 
mmùet  pour  leur  tige  et  leur  graine,  le  Unon  et  le  canaèos  ;  la 
rota  pour  sa  graine  at  sa  feuille,  le  paslei  pour  sa  feuille  aussi 
et  sa  pmlmra^ 

Les  essences  d'arbres  nommés  dans  le  tarif  sont  assez 
rares  ;  TAlbigeoi^  cultivait  pour  son  fruit  et  pour  son  bois  : 
le  pommier,  le  poirier,  le  chîltaignîer,  le  chêne,  dont  Vaglan 
était  Tobjet  d'un  commerce  régulier  ;  à  cette  trop  courte 
nomenclature  il  faut  certainement  joindre  Vùlm  et  le  piAo/, 
que  nous  trotiTons  dans  les  comptes  consulaires* 

Si  nous  pénétrons  dans  une  de  ces  fermes  qui  sa  dressent 
dans  la  plaine  ou  sur  les  coteaux»  nous  y  rencontrerons  tous 
les  animaux  des  espèces  bovine,  chevaline,  ovine  et  porcine  : 
le  àeu  et  la  vam^  le  vedei  et  la  màeia^  le  cavai^  le  rosn^t 
Vegua^  les  poih  azinis,  les  poUs  cavalis  et  les  poiinas^Vaze  et  la 
saumUt  le  moio^  la  feda  et  Vanhei^  ie  bac  et  la  cabra,  le  parc^ 
la  trueja  et  le  porcei.  Avec  un  peu  d*imagtnation  même  on 


i 


(  Cf.  notre  traTall  :  La  vultufc  du  maïs  en  Franœ^  CompL^a  rendus 
dit  r.fvngrèa  des  Sociétés  savantùs  en  France,  19(X). 

^  On  Jit  dans  le  Tt'ésor  du  Félièri^e  :  Paais,  pains,  (g.)  (rom.  panic, 
cal*  pâniâf  es  p.  ponko,  jt.  panico,  lât.  panicum)  subj,  masc.  Panie 
genre  de  planter  J  graminées.  Voje^x  Mibauco,  petit  millet^  millel  à 
grappeB. 

s  LlntrûduÊtion  de  Vanis^  cultivé  aujourd*huî  dans  certainoft  partit* 
de  TAlbigaciis,  e^t  pcstérieure  au  XHI*  aigrie,  puîaqull  ne  ûgure  pas  au 

*  On  Toit  Tair  do  famille  entre  cambos  et  atmàet.  Le  camhùt  eêl  un 
champ  pïanté  de  chanTï-o. 


COSTtlMAS  HKL  PONT  DE  TARN  d'aLBI  4S7 

ponrrmit  voir  le«  hmmh  ol  l#â  rachaa  qai  ^sseiit  Tlierbe  du 
pré  YQJnii,  let  pieds  entraréi  dmiti  leurs  ètamt  ;  on  poarnut 
eot^ndre  U  son  dea  mquUm  qui  imUmimkmitmi  à  leur  eou. 

La  ehamte  da  ^IIl'  siècle  dtlEère  à  peine  de  celle  d'an^ 
jourdliui.  L«  tarif  nom  fait  ooaQtltre  quelques -v nés  des 
pièces  qui  compos&îeQt  ïara^rt  :  la  rêîka  itnraite^  ïe  eisp^ 
TmÊOfa,  le  dmtal^  le  ^u^t^ni,  forârt^a*  La  charrue  d'aojoar* 
d*lial  oOEiprend  :  les  aurmihxts^  lame  de  fer  qui  défend  le  cep, 
la  camèetùt  partie  courbée  de  la  charrue,  le  comiei,  eeutre 
qui  fend  le  sol,  ledentol^  cep,  soupeau,  boif  qui  une  le  soc; 
tes  entrefiUoi^  elaTettes  que  l'on  passe  dans  TeuTerture  des 
arc^-houtaots  ;  Vmtêbù  ou  maucheron  ;  le  gah^n  ou  soa  ;  les 
tunetm^  fer  eu  3  ;  la  plaio^  lame  de  fer  qui  protège  le  eep  ;  la 
paUe  fie  muiâ^o^  planchette  qui  sert  à  renverser  la  terre  ;  la 
reMo,  soc  Large  ;  les  (emUllos^  verges  en  aro-boutant  qui 
assujettissent  le  cep  au  corps  de  la  charrfie  ;  le  leseou^  ooin 
qui  assujettit  le  manchon  à  la  quene  du  soc;  le  lir nii^vJ  ou 
timon,  Varariga  du  texte;  le  trazegat,  support  portaut  Tan- 
iieau  dans  lequel  ou  introduit  le  timou  *. 

Les  outil»  aratoires  tout  peu  variés  :  la  4aih^  les  /aiwitSt 
Vacha*  des  palas  diverses,  la  palaàesm.  Et  comme  le  labou* 
reur  se  doabte  d^uu  tonnelier  et  même  d'un  charpentier,  à 
côté  de  Vacka  on  trouve  U  dùiadoira  et  le  étzagut. 

La  valiselle  v  inaire  comprend  :  te  tonei^  le  eornuit  le  fïmi^ 
Vagrassier,  les  êemals. 

Enfin,  dans  {a  ferme,  on  trouve  certainement  les  nombreuses 
variétés  de  panien  et  de  descs^  les  cruveis  ponr  cribler  les 
grains  et  les  iedauu  pour  tamiser  la  farine,  le  mm^lier  de  petfrû 
et  le  tnenestier  pour  aiguiser. 

  la  lumière  de  ta  pancarte  que  noua  étudions,  T Albigeois 
nous  apparaît  aussi  intéressant  au  point  de  vue  industriel 
qu'au  point  rie  vue  agricole*  Pour  l'éclairage,  il  utitise  To/i 
de  noix,  et  cela  suppose  T existence  de  tfueîhs  ou  moulins  à 
huile  ;  lacera  de  ses  abeilles  pour  sei  entnrcm  et  ses  dt^hîns,  dont 
les  consuls  font  cadeau  à  tous  les  personnages  importants  qui 
traversent  leur  ville  :  ils  sont  même  tenus  de  servir  à  Tévéque 


•  Cf.  Dktitmnuiri^  de  la  langue  romnnf^-raAimhc^  par  J,-P.  Couiinié, 
âti  mot  alayrc.  Gantié  «t  A.  Rey,  impr.  à  Castres,  1S5Û. 


iOD  COSTUMAS  DEL  PONT  DE   TARN  d'ALBI 

po^^Me  d'apprécier  la  paîsi&nce  économique  de  TÂlbigeois 
au  XIIP  siècle.  ■ 

Quelques  mots  du  document  lui*méme  pour  terminer  notre ^ 
trop  longue  étude*  Les  Archives  d'Albi  ne  possèdent  pas  ropi- 
g  in  al  de  /of  co^titmaf  dei  poni  de  Tarn  ;  nous  avons  reproduit 
la  copie  qui  se  trouve  an  cartulaire  AÂ  1.  Bien  qu'elle  ne  soit 
pâs  datée,  elfe  est  incootestablement  de  la  première  moitié 
du  XIV*  siècle.  L'écriture,  qiri  est  très  soignée,  n*offre  aucune 
difficulté  de  lecture  ;  seule  $  peut  facilement  se  confondre  ^ 
avec  f.  Les  lettres  ont  3  millimètres  de  haut.  H 

Tous  les  titres  sont  àTencre  rouge,  La  lettre  S  de  Se  pasma 
de  Tart,  1  est  rou^e  dHus  la  partie  supérieure  et  bleue  dana 
la  partie  inférieure*  L*intérieur  des  boucles  est  ornée  de  traits 
forts  délicats»  bleus  dans  le  Kaatf  rouges  dans  te  bas;  chaque  P 
âe  PtreiBsa  manieiraest  alternativementroage  et  bleu  avec  uuo 
orDementatlon  semblable,  en  plus  petit,  à  celle  de  S,  bleuefl 
quand  la  lettre  e^t  roug'e,  et  rouvre  quand  la  lettre  est  bleue. 

Ajoutons  que  le  tarif  est  écrit  sur  deui  colonnes,  qu'il 
occupe  20  pages  du  cnrtulaire  et  que  le  parchemin  mesure 
21  centimètres  de  haut  sur  16,5  de  targue,  ^m 

Nous  avons  traduit  ou  essayé  de  traduire  tous  les  mots^  af^l 
ils  ^ont  astiez  nombreux,  qui  ne  figurent  pas  dans  Raynouard. 
C'est  donc  un  apport  nouveau  au  Dictionnaire  de  la  langue 
romane  ;  de  telle  sorte  que  /a?s  Costumas  que  nous  rééditons 
sont  aussi  intéressantes  au  point  de  vue  philologique  qu^au 
point  de  ^ue  économique. 


AYSSO    [SO]    LAS   COSTUMAS   DEL  PONT   DR  TARN   d'aLBI 

(h^rê  e  laio  êplujfi 

Se  paiia  pel  pont  de  Tarn  iiua  peaaa  de  coire  que  peze 
Ijura  que  no  saia  an  hobra,  deu  pagar  meatba  ;  i^  se  peza  mieg 
qaârtaii'û,   [  dcuier^  et  I  quartatro,  l  denier,  e    mie  g  quinte 
n  dealers,  e  la  aaumada  vi  d, 

Per  eiBBa  manieira,  i*  caisa  de  ferrât  *  de  coire  deu  mealha^ 


*  Cette  mànîôre  de  puiser  de  Tcau  dans  le  seau  avec  une  casse  ii*^ 
ps»  disparu  de  TAlbi^eois. 


COSTUMAS  DEL   PONT    ïïE   TARN  d'aLBI  491 

I  blechi,  ï  deDier  ',  et  una  pairola  pauca  o  granda^t  denier,  et 
I  paîrol  pauc  o  gran,  dos  dcnieis  ;  \&  aaumada  dô  qt)alq[uê] 
beâtia  aia,  vid. 

Lato  q[ue]  no  tia  en  obra 

3.  Fer  eîasa  martieira,  una  peeea  de  latbo  que  no  aeia  en  hobra, 

que  peze  mieja  liura,  deu  meaiha,  e  le  peza  m'i&g  cartaîra, 
I  denier,  e  se  peza  i  quartaîro,  ii  déniera^  ai  una  saumadap 
vin  deoiers» 

Lato  m  obra 

4.  Pereidsainanieira,  t  basci  de  lai  ho  deu  mealha^  et  uua  bassina, 

I  dénier^  el  una  conqua  ^,  i  denier,  et  t  bocal,  i  denier^  et 
una  iaaarapa  *,  i  denier. 

Fîum  que  no  gia  m  ohra 

5«  Fer  eiaaa  manîeira,  una  peaea  de  plom  que  no  ssia  en  obra,  que 
péze  m  Uuraa,  deu  mealha  ;  e  se  pesea  mieg  quartairo,  i  denîer, 
0  quartairo f  u  déniera,  %  la  aaumada,  vi  déniera^ 

^atainh 

6.  Fer  eissa  manieim,  una  pecbieira  ^  d'estainb,  que  peze  doae 
liums»  deu  i  denier,  @t  i  lavâdor,  i  dauier,  et  i  fais  de  borne, 
n  déniera,  e  la  aaumada,  vnt  deniers. 

Eiquirmîs  de  buou 

1 ,  Fer  eiâsa  nianietra,  xii  eaquitasde  buou  o  de  motbo  devo  t  de- 
nier, e  k  saumada»  yoi  deniers  ;  et  una  bola  de  metalli, 
t  denier. 

F^  m  ohra  «  que  no  nia  m  dtra 

8i  Fer  eissa  manieira,vi  eas&ola&'^,  ho  vi  cobertoiraa,  bo  vr  rispaa, 
ho  VI  caleilha,  i»  mealha,  o  la  dozeoa,  i  denier;  e  S€  us  hom 
ne  porta  ao  fais,  t  denier,  e  la  saumada,  vi  deniers. 


1  Aujourd'hui  le  bkcki  est  ïe  seau  en  métal,  coyrf  o  laio^  le  ferrai  est 
le  seau  an  bois  garni  de  bandes  dé  fer. 

*  Cuvette.  Cf,  Du  Cange  Concha* 

^  G<iqucTnar»  Gf.  Du  Gang*  Eschirapa. 

*  Pinte    Cf.  Du  Can.  Pechet-itim . 

*  Cuilher  à  pst^  Du  Can.  en  fait  un  dimmutti  de  cassa. 


A9f  COSTUMAS  DEL   PONT  DK  TARN  d'ALBI 

Eadsn 

9,   Fer  elasa  manleira,  t  ender  ^^  me&lha  et  i  cap  roguier,  i  denier  ; 
et  I  aate  ab  aoa  attier  *,  ï  denier;  et  i  cramalH,  i  denier, 

Eelkm 

10.   Per  aissa  manieira,  uaa  relha  d'aratie  ^  ha  i  clap  *  deu  mealhd 
etT  guavent^  mealha. 

Cadenta 

IL   Per  eiisa  [manîeiia],   uaa  cadena   dé  mieja  caua,  ineuttia»    e 
d*iiiii  eana  i  deoier,  e  per  tant  q[ue]  sia  loDga  do  deu  pagj 


Acf^  0  he::aQni£  o  dûiadùîra 

IZ.   Per  erisa  manieiru,  un  a  acha  ^  o  i  bezagnt*  o  i»  doladoira'', 
que  hom  aja  cumprada  o  ane  vendre,  deu  p&gar  t  denier, 

Dalhë 

13.  Per  eiiia  numieira,  i  dalh,  una  mealhi,  et  i  fab  i  denier,  e  i 

asiUtnada,  Ti  deniers. 

Fawaeë 

14.  Per    eiasa    manieira^   vi    fauaaeai    meftlhai    e    dotse    fauS 

]  denier,  et  i  fabp  i  deniei\  et  una  saumada,  mi  demer», 

Forf^ 

15.  Par  eiasa  mauieim,  unfli  forfetz  "i  t  denieTf  e  la  Baumada 


I 


deniers. 


Ciavdê 


16.   Per  eîiaamanielra,  c  ciavels,  de  canha  mojao  que  sio,   me  a!  h 
e  ce,  1  denieri  e  la  saumada  v  deniers. 


*  Trépied*  Cf.  DuCang.  Ender. 

'  Hàlier. 

'  Jolibois  niï  doritiG  pas  ce  mot  dont  la  lecture  est  a9s«£  dilBcile. 
retha  iCaratté^  il  faut  entendre  soc  de  charrue»  \h  ttika  d'aujourd'hn 

*  Clapet. 

*  Hache.  Cf,  Du  Can.  Atha^  achia* 

*  Bfttaiguç,  hache  à  double  tranchant»  Cf.  Du  Can.  Dimcttin. 
'  Jolibob  écvh  colùdûira,  Dciloirc.  Cf.  Du  Can.  Dolcfia, 

*  Ciseauï;:  Cf.  Du  Caa^*  FûrftJE. 


COSTUMAS  DEL  PONT  DE  TARN  d'aLBI 
Fer$ 


49a 


17,  Per  eissa  manie  ira,  vi  fers  de  bestia^  mealha,  e  xiî  fetB,  i 
demer,  e  i  faii,  i  denier,  e  la  iaumada^  v  deniâre. 

Fers  de  nêola» 

18»  Per  eiasa  manieira,  us  fers  de  neolaa'»  [  denier,  et  i  fera  de 
corbels  ^,  i  denier^  et  iiâ  fera  de  gatifrea,  i  denier. 

Oademt 

19.  Per  êbsa  mameîra,   i  cadenat^  i  denier,  et  unaa  baelaa  ^  de 

bestia^  i  denier. 

Manguaë 

20.  Per  eîaaa  manieira,  unasmangiias  *,  un  déniera. 

Borna  de  pnriêira 

21 .  Per  eiaaa  manieira,  una  boJi-a  de  peineira  ^,  i  denier. 

Fadena 

SS.  Per  laissa  manieira,  i  padeno  ho  una  padena  ho  !"  trapa  ^  de 
fer  denpagar  t  denîert  e  la  dotzena^  ll  demers»  e  la  saumada 
vm  déniera. 

Fer 

23.  Per  eiaaa  manieira^  i  raieja  verga  de  fer  estrag  ^,  mealha  et 

una  verga,  mealha.  e  mieg  quintal,  mealha,  et  [  quiutul  que  ane 
iobre  beatia,  i  denier,  e  la  aatimada,  eans  que  qumtalB  porte, 
1  denier,  que  sia  d^un  aenhor  ;  e  sel  homep  qual[aj  que  aia 
quen  porte  de  dos  senhors  o  de  très  o  de  plus,  que  page  per 
cadim  aenhor  mealha. 

Tohirajs 

24.  Per  eiaaa  naameira,  vi  parelha  de  to(loJloiraB  ■»  meaiha,  e  xii 

p a rel hs,  i  denier,  et  i  faia,  ii  deniers»  elasanmada^vm  deniorB. 


*  Fera  à  oublies. 

*  Fera  à  currelets, 

^  EntraTea  pour  anîmauz, 

'  Instrument  do  lorturo  ou  des  guerre.  Gf.  Du  Cang.  àtangnnum. 

•*  Masse  de  carrier:  Aujourd'hui:  boufro  et  Jctïirra. 

'  Gaâserola  à  faire  cbaufiTer  le  lait.  Trad.  de  Joliboîa. 

^  Ray.  Esiranif  et  estmnh. 

*  Jaiiboia  Iraduit  par /ùrces. 


494  COSTUMAS    DEL  PONT   DE  TARN  D^ÀLBI 

RtMÙtt 

25 .   Per  etesa  maQieira,  vi  razors  que  ano  per  veum^  mealha,  e  xHp 
1  denier,  ût  i  faia,  ti  déniera,  %  la  saura ada,  vrn  deniers. 


CoMs 


26.  Per  elasa  manbira,  vi  cotek  queano  per  vendre,  mealha,  e  xli 

cotelSy  1  d[emerj»  e  la  saumada^  vm  demers. 

Eipamê 

27 .  Per  elsea  inanieira,  vi  espasas^  môalha^  e  ïii,  i  denier,  et  i 

II  déniera,  e  la  saumada,  vm  deniere. 

AëCkr 

2S,  Fer  eLssa  manie  ira,  m  Huraâ  d^asder,  mealha,  e   mieg  qn 
taira»  i   dénier,  c  t  cartalro,  ii  dénierai  et  i  fais   de  home,  ii 
deniers,  e  la  ?aumada,  vi  déniera. 


I 


Eticluge 

29.  Per  eiasa  nianieipai  una  enduge  ^  que  peze  mieg  cartaîro^ 
I  denier,  et  [  cartairo,  n  déniera,  et  una  que  peze  u  quiutala  ho 
tresf  VI  dénie rs. 


Carho 


30.  Per  eiasa  manîeira,  earbo  quea  fagta  a  fum,  lo  faiô   d*un  home, 

mealha,  e  sel  carbo  era  fag  a  tlaina,  que  no  pague  ré  ;  e  la  aau- 
mada  del  earbe  del  fum^  que  pague  i  denier;  e  oarbo  de  peira, 
que  pague  atr étant  *  ae  passa  pel  pont, 

Banec  ronut 

31 .  Per  eisBa  manieira,  t  banéé  roma  ^,  t  denier. 

Thimo 

32.  Pér  elssa  manieira,  i  thimo  ^  en  que  pueeca  hom  pezar   mieg 

quartaire,  t  denier;  é  quant  sera  ^an(a),  quei  i  pueseahnm, 
pezar  i  quintal,  dos  déniera. 


I 

I 


t  Ray,  EnçlugH  et  tmdutge, 
ï  E.  JoUbois  a  écrit  aeirtant. 
^  Romain^^  machine  à  peaer. 
*  Grande!  b«^  la  ne  es  dont  les  pUleaux  en  bob  aoitt  reUùM  ^u  leviar  |>tf 
des  cb  ai  nés.  Anjourd'hui  timon. 


COSTUMAS  DEL  PONT  DE  TARN  D  ALBl  495 

SarUMoê  * 

33.  Per  eissa  manieira,  una  sarralha  am  verolh,  mealha,  et  i  fais 

I  denier,  e  la  saumada,  v  deniers. 

Be$ti<u  vivas  (porcels)  ^ 

34 .  Per  eissa  manieira,  i  porsel  petit,  que  hom  porte  en  sac  o  en 

marga,  que  hom  Taja  '  comprat  o  ane  per  vendre  o  per  donar, 
paga  meala. 

Porc 

35.  Per  eissa  manieira,  i  porc  que  ane  a  mercat  o  n'  venga,  paga 

mealha  ;  e  se  retorna,  le  dia  raeteis  S  lo  dig  porc,  ses  cambiar 
de  senhor,  que  pasce  quitis  tôt  aquel  dia;  e  s'en  passava  Ten- 
dema,  que  pague  mealba;  e  lo  dig  porc  o  autra  bestia,  canha 
que  sia,  cambian  de  senhor,  o  pci  veuda  '  o  escambi,  pague 
atretant^  coma  a  pagat  a  rint[r]ar  ^. 

Moto 

36.  Per  eissa  manieira,  i  moto  o  una  feda,  mealha. 

Boc 

37.  Per  eissa  manieira,  i  boc  o  una  cabra,  mealha. 

Ane 

38.  Per  eissa  manieira,  i  ase  o  una  sauma  *  xii  deniers,  que  vengua 

a  mercat  o  n*  vengua  a  fieira  *. 

Egua 

39.  Per  eissa  manieira,  una  egua  o  un  rossi,  xii  deniers,  que  ane  a 

mercat  o  n*  vengua,  o  de  fieira. 


*  Gonec:  tarralhas. 

*  Le  mot  porcdlSf  écrit  à  l'encre  noire  et  en  plus  petits  caractôres,  a 
été  ajouté  postérieurement. 

*  Jolibois  écrit  laia. 

^  Jolibois  a  écrit  :  métis. 

t  Jolibois  a  écrit  :  vendra, 

>  Arrêtant  dans  la  copie  de  Jolibois. 

'  Alintrat  dans  la  copie  de  Jolibois. 

s  Famna  dans  la  copie  de  Jolibois. 

'  Dans  la  copie  de  Jolibois  :  on  vengiuiy 


i^6  COSTUMAS  DEL   PONT  liE  TARN  D*ÂLBt 

4Ù,  Fer  aÎ8»a  manieira^  i  vedel  o  una  vedela  o  i  buou  o  tiiia  vaca» 
I  denier, 

PoU  mini 

41 ,  Pôr  eîBaa  manieira,  i  poli  AunV  o  i  poli  cavaJi,  i''  polma  ai  mitlat  ' 

0  una  mulata,  xn  déniera. 

Camlê  ^ 

42,  Per  eîsaa  manieira,  ï  caval  que  ane  per  vendre*  que  aia  cubeî-t, 

V  ioli,  e  XII  dealers  ie  do  va  çub8rt[2)' 

Fel  de  mùio 

43 ,  Pôr  eisaa  manieira,  una  pel  de  moto  o  de  feda  ara  lana,  mealhaf  j 

e  VI  pels,  I  denier^  i  faia,  i  demeiv  e  la  aaiimadap  t  denier  ^. 

Codent  de  moio9 

44 ,  Per  eiasa  manieira,  iiii  codens  *  de  moto»  o  de  fedaa,  mealhm,  ' 

e  xih  i  denier,  e  la  saumada,  v  denierB. 

Pet  de  hùe  o  d&  mhra  1 

45,  Per  eitaa  manieira,  i'  pel  d#  boc  o  de  cabra  am  pel,  mealha,  e 

VI,  t  denier,  e  la  aaumâdai  VT  deniers. 

Peh  d'anheh 

46-    Per  oissa  manieira,  xu  pela  d'anhela  o  de  cabriti,  mealha, 

1  faia  d^ome,  r  denierp  e  la  tanmada,  v]  deniers, 

PeU  de  amilkt 

47.   Per  eisia  manieira^  £ii  peli  de  conilha  *  o  de  lebrea»  mealba^  et 
I  faia,  I  denier^  e  la  saumada,  vi  deDiera. 

Peh  de  volpi  o  fama 

4H.  Per  eiaaa  manietra,  t*  pel  de  vûlp^  meallia,  et  una  pel  de 
mealha,  et  i  faia,  i  denier,  e  la  sauna  ad  a^  vni  deniers» 


^  Dana  la  copk  de  Joliboia  :  nzini. 

>  Manuâ.  vend^y  arec  nn  tilde  sur  Ve.  Jolibois  n'indique  pas  ce  détaU 
et  écrit  :  vmde. 
*  jolibois  écrit  :  v  deniers. 

*■  Peau  ddpouiiiée  de  aa  laine,  A  rapprocbcir  de  cûdena^ 
^  Riy.  ConiL 


COSTUMAS  DEL  PONT  DE  TARN  d'ALBI  407 

Cuer  de  hucu 

49.  Per  eissa  manieira,  i  cuer  de  buou  o  de  vaca,  i  d[eiiier],  e  la 

saumada,  vi  deniers. 

Ouer  de  cavcU 

50.  Per  eissa  manieira,  i  cuer  de  caval  o  d*ega  *  o  de  rossi  o  de  poli, 

I  denier,  e  la  saumada,  vi  deniers. 

Cuer  (Taze 

51.  Per  eissa  manieira,  i  cuer  d*aze  o  de  sauma  o  de  poli,  i  denier, 

e  la  saumada,  vi  deniers. 

Ouer  dé  cer 

52.  Per  eissa  manieira,  i  cuer  de  cer  o  de  cabrol  o  de  dam,  ii  deniers, 

e  la  saumada,  xii  deniers. 

Pel  de  moto  o  de  Cordoa 

53.  Per  eissa  manieira,  una  pel  de  moto  o  de  Cordoa  que  sia  ado- 

batz,  mealha,  et  i  fais  d'orne,  ii  deniers,  e  la  saumada,  xii 
deniers. 

(hter  d'equa 

54.  Per  eissa  manieira,  i  cuer  d*equa  *  adobai,  mealha. 

Ouer^ 

55 .  Per  eissa  manieira,  una  pessa  de  cuer  que  aja  costat  xii  deniers 

deu  pagar  mealha,  et  una  faissa,  i  denier,  et  una  cota,  i  denier, 
et  I  esquinal,  i  denier  ;  et  i  cuer  adobat  en  tan  o  en  rodor  *  o 
en  rabassa  "  e  tôt  cuer  de  bestia  grossa,  i  denier,  que  adobat 
sia,  e  la  saumada,  xii  deniers. 


t  Jolibois  écrit  :  degua. 
^  Jolibois  écrit  degua. 

*  D'une  écriture  bien  postérieure  :  de  salvatge. 

*  Rodoul,  coriaria  myrtifolia^  plante  qui  remplaçait  le  tan  dans  les 
tanneries.  Note  d'Ë.  Jolibois. 

On  cultivait  cette  plante  à  Albi,  et  les  rodoriers^  ou  champs  plantés 
en  rodoul,  étaient  assez  communs  au  XIV*  siècle. 

*  Jolibois,  qui  écrit  ce  mot  rahaxsp,  déûmt  cette 'plinie:  ResedaluteolOt 
gaude,  plante  dont  les  feuilles  fournissent  une  teinture  jaune.  Cf.  Du 
Can.  Rabascia. 


49S 


GÛSTOMàS  DEL  PONT  DE  TARN   D  ALBI 


Parg3  tiêrmeîh 

56«  Per  eiesa  manieiraf  i  parg«  veiirtelli  ',  mealha,  et  i  faia,  i 
a  la  Baumada,  un  detiierH« 

57 .  Per  eiaaa  manîeira,  una  aluda,  mealha,  et  i  fala,  i  danîér,  û 

samuadft,  vi  déniera. 

Sabatas 

58 .  Per  eis»a  manieira,  vi  parelha  de  aabbatas,  que  mereadiiir  laa 

porte  per  revendre,  mealha,  e  xii  parethe,  t  d[enïer]»  a  la  sau- 
lûada,  VI  deniers. 

PaUuces  1 

59.  P«r  eÎBsa  manielra,  vi  pardha  depatiscea,iiiealha,esa  parôUie^ 

t  denier,  e  la  sauiïiada,  vi  deniers  ♦  - 

Lana  m 

60-  Per  eiasa  manieirap  una  Uura  de  tana,  mealha,  e  tnieja  p^m  * 
mealha  ^  et  una  pe%a  i  denier,  e  la  aaumada  xn  denierst  et 
I  troscel,  X.»  d[enierB],  que  lana  aia  iavada  ù  a  lavar. 

TramoM  ^ 

61 .  Per  eisaa  mameîra,  t  escatiot  ^  de  traroaa  o  d^e^taoïj  que  peze 
una  liara,  mealha^  emieja  peza,  mealha  et  una  pesa,  i  denier, 
et  nnaïaucnada  o  i  troaael  S  xn  denierH» 


Drap  cru 


62.  Per  eiBsa  manieira,   i  drap  em  que  vengua  per  parar  deu  t; 
denier. 

63.  Per  ebiamanieira,  nna  fleeaada  que  vcngueperparar,i  denier. 

1  Large  ceinture  rouge  en  usage  dant  le  KUdi.NotodeJoEboisi,  Cf.  Bu 
Gang.  Pargia^ 

'  Peza,  pensa,  pe^um,  poîds,  poids  dont  la  Taleur  variait  suirant  lu 
localité  ci  mémâ  suivant  1b$  objels.  Le  pezon  de  lâîne,  à  Garcassonne, 
était  un  ballot  <ltî  3  Uvrca.  Cf.  Du  Gan.  Pesa  cl  pensa  et  note  de  Joli- 
bois.  Ci,  aussi  Deux  livres  de  raîMon,  1517-1550,  par  Lotna  na  HAtrrt  et 
A0O.  Vidal,  p.  Wi}, 

>  Kchï^v^eau.  Atijourdiiui,  escatUidou. 

*  Joliboifl  écrit  froicci. 


I 


I 


COSTUMAS  DEL  PONT  DE  TARN  D*ALBI  4£9 

Drap  qu6  venga  per  ordir 

64.  Pereiasa  manieira,  i  drap  canhs  que  sia,  que  vénga  per  ordi 

0  per  teisser,  i  d[enier]. 

Drap  entier 

65.  Per  eissa  manieira,  de  *  drap  entier  que  passa    al  pont  dcu 

1  denier^  se  no  va  p[er]  talhar  ad  Albi. 

Drap  blanc 

66.  Per  eissa   manieira,  i  drap   blanc   que  ane   per   tenher    deu 

I  denier,  e  la  saumada,  xn  deniers,  o  i  troscel,  xii  deniers. 

Flessada  granda  o  pauoa 

67.  Per  eissa   manieira,   i*  flessada,    i   denier,   e  la   saumada , 

VI  deniers. 

Chah 

68.  Per  eissa  manieira,  i  chalo  *,  i  denier,  e  la  saumada,  vi  deniers 

Vanoa 

69.  Per  eissa  manieira ,   una   vanoa  ^,  i    denier ,  e  la   saumada, 

xu  deniers. 

Oardos 

70.  Per  eissa  manieira,  mieja  peza  de  cardos,  mealha,  e  la  peza, 

I  denier,  e  la  saumada,  vm  de[n]iers. 

Péiha'^ 

71 .  Per  eissa  manieira,  i  gonel  d'ome  o  de  femna,  i  denier,  et  i  gar- 

dicor,  I  denier,  et  una  gannacha'^,!  denier,  et  i  mantel,  i  denier, 
que  ane  per  vendre.  Et  i  faish  *  de  pelha,  ii  deniers,  et  una 
saumada,  vi  deniers,  cant  sera  de  pelha. 

Ghrana  de  roia 

72.  Per  eissa  manieira,  mieija  cartieira  de  grana  de  roia',  mealha, 

*  Jolibois  écrit  :  i. 

«  ChâUt.  Cf.  Du  Gang.  Chalo. 

ï  Courte-pointe.  Cf.  Du  Gan.  Vanoa, 

*  Il  faut  traduire  ce  mot  par  bardes,  habits. 

*  Garnache,  sorte  de  manteau  long.  Note  de  Jolibois.  Cf.  du  Gan.  Gan- 
nacha  et  Gamachia. 

*  Jolibois  écrit  fais. 

'  Garance.  Ray.  Hayrt.  Cf.  Du  Can.  Hoja. 


SOO  COSTUMAS  DEL  PONT  DE  TARN  d'aIBI 

e  la  cartteira,  mealha,  e  la  emina,  i  denier,  e  la  iaumadai 
u  deniers. 


Grana  de  padietm 

73 ,    Per  eîssa  manieira,  mieja  cartiaira  de  grana  de  paalieira  ^  meallift, 
e   la    cartîeira   mealha^  e  la  êmiDà  mealba,    ê   la  saumada 


I 


Rcia 

74 .  Per  eiasa   maoieij'a,    mieja  peza  de  roia,  mealha ^  e  la  peza,^ 

I  dénier,  e  la  aaumada,  xu  deniers. 

75.  Per  eiata  manieira,  mieja  pe^sa  de  pastel,  mealha,  e  la 

1  denier,  e  la  aaumada,  xii  deniers. 

7ô.  Per  eisea  manieira,  vi  Lîuras  de  peirela^,  meaiba,  e  ]ai  liu 
I  denier,  e  la  aaumada,  xtt  deniers. 

Faeîh 

77,   Per   eiaaa  manieira,  vi   Ibr.  de   fuelh*,  mealha,  e  xii  tinrai;* 
I  denier,  e  U  aaajuada,  xu  d[emers]. 


Sanref  claveitxdaê 


7B«  Per  eisea  manieira ^  mieg  earuiro  de  aenrea  claveladaj  * 
i  cartairo^   mealha,  a  mieg  quintal  ?   i   denier,  e   la  aaumada, 
un  deniers. 

Mo»iola  f 

79.  Per  eîssa  manieira^  iD[i]eja  quardeira  de  mossola,  meallia,  e  la 
saumada,  mealha^cant  sera  d*un  aenbor,  e  se  era  de  doa  aen- 
hors  0  de  trea,  que  a  la  intrada  del  pent  aguessQ  mea  de  doaa 


j 


*  Pastel.  Cf.  Du  Can.  PaiteUaria. 

«  Lecanora  parelUi,  espèce  de  lichen  employé  par  les  lemturiera  et  qui 
fournit  des  tons  d'un  rouge  amaranle.  Note  de  Joliboia. 

*  JoUbois  écrit  fridh^  sana  pouvoir  traduire  ce  mot  i|ue  par  fï'iei  atec 
un  point  int«rrogatif.  La  leçon  ïuelli  n  est  pas  douteuse.  Est-ce  fenillo 
de  papier'? 

*  Cendres  provenant  de  la  lie  de  vin  desséchée  et  brûlée .  Les  tûintu- 
(icrs  on  tMiBnient  usa|;e.  Note  de  Jolibois,  Cf.  Du  Can,  Cintrm  cim?ati  a 
eiîrtiV. 


COSTUMAS  DEL  PONT    DE  TARN  D'ALBI  501 

bestias  o  de  très  sobre  una,  deu  pagar  mealha  per  cada  se- 
nhor. 

Fromen 

80.  Per  eissa  manieira,  mieja  quarticira  de  froment,  mealha,  e   la 

saumada,  mealha. 

Seguial 

81.  Par  eissa  manieira,  1*  quartieira  de  seguial,  mealha,  e  la  sau- 

mada,  mealha. 

dwida 

82.  Per  eissa  manieira,  mieja  quartieira  de  civada,  mealha,  e  la  sau- 

mada,  mealha. 

Ordi 

83.  Per  eissa  manieira,  mieja  quartieira  de  ordi,  mealha,  e  la  saumada^ 

mealha. 

Palmoîa 

84.  Per  eissa  manieira,  mieja  quartieira  'de   palmola,    mealha,  e  la 

saumada,  mealha. 

Eipeuia 

85.  Per  eissa  manieira,  mieja  cartieyra  d'espeuta,  mealha,  saum  ada 

mealha 

FavM 

86.  Per  eissa  manieira,  m[i]eja  cartieyra  de  favas,  mealha^  saumada, 

mealha. 

Pestes 

87.  Per  eissa  manieira,  mieja  cartieira  de  pezes,  mealha,  e  la  sau- 

mada, mealha. 

G^ieieeae 

88.  Per  eissa  manieira,  mieja  cartieira  do  gieissas,  mealha,  e  la  sau- 

mada, mealha. 

Sexeroe 

89.  Per  eissa  manieira,  mieja  cartieira  de  sezeros,  mealha,  c  la  sau- 

mada, mealha. 

LeniUhae 

90.  Per  eissa  manieira,  mieja   cartieira  de  lentilhas,  mealha,   e  la 

saumada,  mealha. 


502  COSTUMAS   DEL  PONT  DE  TABN  D  ALBI 

Noze8 

91 .  Per  eissa  manieira,  mieja  cartieira  de  nozes,  mealha,  e  la  saa- 

mada,  mealha. 

n 

92.  Per  eissa  manieira,  nii  liais  de  vi*  mealha,  e  la  saamada,  mealha. 

Sal 

93.  Per  eissa  manieira,  mieja  cartieyra  de  sal,  me[a]lha  eti*  emina, 

I  d[eiiier],  e  la  saumada,  i  d[enier]. 

OH 

94 .  Per  eissa  manieira,  p  setzena  d'oli,  mealha,  et  i  pegai%  i  d[enier], 

et  I*  emina,  i  d[enier],  e  la  saumada,  ii  d[eniers]. 

Porc  salât 

95.  Per  eissa  manieira,  cartier  de  porc  salât,  mealha,  et  i*  fîeuza, 

I  d[enier]  et  i  baco,  i  d[enier],  e  la  saumada,  m  d[enier8]. 

Moto  salcU 

90.   Per  eissa  manieira,  i  cartier  de  moto  salât,  mealha,  et  i  mieig, 
mealha,  et  i  moto,  i  d[enier],  e  la  saumada,  ii  d[eniers]. 

Cartier  de  heu 

97.  Per  eissa  manieira,  i  cartier  de  beu^  salât,  mealha,  e  mieg  beu 

I  d[enier],  e  la  saumada,  ii  d[enier8]. 

Cabritz 

98 .  Per  eissa  manieira,  i  cabrit  o  i  anhel',  mealha,  e  i  fais,  i  d[enier], 

e  la  saumada,  ii  d[eniers]. 

Gambas  de  porc 

99.  Per  eissa  manieira,  xii  cambas  de  porc  saladas,  mealha,  e  la 

saumada,  un  d[eniers]. 

Says 
100.   Per  eissa  manieira,  i  say  *  que  peze  m  Ibr.  ',  mealha,  et  i  say 

1  La  liai  est  la  seizième  partie  du  setier. 

*  Sans  doute  pour  /mou.  C'est  buou  qu'écrit  Jolibois. 
^  Jolibois  écrit  :  aniel. 

*  Panne. 

*  Jolibois  écrit  ;  lievras. 


COSTCXIS  :^EL  POXT   OK   TARX  D'ALBI  >*1ï 

101.  P<r  «Ma  =.iai«ri.  m  Rsr.  «le  **▼  riavJat,  zîsmIKjl  *  ku^*  f*«k 
ffwalht.  e  U  ^ex^  i  d  ecLjer\  e  U  »*:sTit.U>  m  vî^iM«  « 

1012.  Per  «isjA  r^ir.i^irfc,  ni  Ibr.  iW  seo,  me^lui,  «  mieJA  (^j»«iikmIImi% 
e  hk  pexa,  i  d'eiù«r\  e  la  saornada,  un  X^«r9*  *« 

U 

103.  Per  eissa  minieiri,  i  lorso  d'estopas  *  ^l^»  li  o  de   v\Ambet»,  wh^» 

aOui,  e  I  terso  ie  H  o  de  cambe,  mealha«  e  U  ^v^ia*  i  d  enier\ 
eU  saamida,  xii  d[emers\ 

Qtmhfts 

104.  Per  eissa  manieira^  il  Ibr.  de  fiai  de  U  o  do  oambeu,  moalha.  e 

I  terzo,inealha.  e  la  peza,  i  d  emer],e  la  s;iumada«  Xii  d  oiiier«!« 

Fllatz  d'obra 
IQ6.  Per  eissa    manieira,  si  bus  boms  o  una  femna  a|)v^ria  fiai  |u(»r 
far  tela,  q[ue]  pagae  per  mieg  terso  o  per   terso  o  por  poia 
coma  faria  sel  vendia. 

Telas 

106.  Per  eissa  manieira,  i*  tela,  sia  prima   o  grossa,  o  pauoa  o 

granda,  i  d[enier],  e  se  va  p[er]  candc^jar,  vi  d[oniors]. 

Oordaê 

107.  Per  eissa  munieira.i  tersode  cordas,  mealha,  e  i«  poza,  i  d[onior|, 

e  la  saumada.  vi  d[eniers]. 

Alcams 

108.  Per  eissa  manieira,  alcassi  ^  de  coissi,  moalha,  et  i  do  cossora, 

I  d.  e  la  saumada,  viii  d. 

Lansol 
101).  Per  eissa  manieira,  i  lansol  mealha,  e  la  saumada,  vi  d. 

*  Partout  où,  dans  ces  derniers  articles,  nous  avons  écrit  Ihr.  Jolilioi» 
traduit  ce  sigle  par  lievras.  Ija  vcritahlo  ortogra]»ho  est  Huras. 

*  Jolibois  ixriiestopag.  Terso  :=ticrson.  Cf.  Hu  Can.  Tergonutn, 
3  taie. 


->*)4  COSTUMAS  DEL   PONT  DE  TARN  D'ALBI 

VeU 

\  l*\  ?9r  Ââsa  maniera,  II  vels  quos  tengoen  i«  pessa,  paga*  mealha, 
^nittt  iran  per  vendre,  e  la  saumada,  vi  d. 

Jupa 

\  \  :.  F«r  eissa  manieira,  i*  jupa,  mealha,  e  saumada,  vui  d. 

CosseroB 

\  \t^  Per  eissa  manieira,  i«  cossera  am  pluma,  ii  d.  o  i  coissi,  i  d* 
e  la  earga,  viii  d. 

Linos 

113«  Per  eissa  manieira,  mieja  cartieira  de  linos,  mealha^  e  la  sau- 
mada, I  d. 

Canahos 

\\\.  Per  eissa  manieira,  mieja   cartieira  de  canabos  '  mealha,  e  la 
saumada,  i  d. 

Sera 

1 15«  Per  eissa  manieira,  u  tortela  de  sera  que  peze  mieja  Ibr.,  mealha, 
e  VII  Ibr.  I  d.  e  la  saumada,  zii  d. 

âtoeter 

I  U>,  Per  eissa  manieira,  m  Ibr.  d'acier  de  Levan,  i  d.  e  la  saumada, 
xii  d. 

Esporti  defigas 

1 17.  Per  eissa  manieira,  i  esporti  ^  de  figas,  ii  d.  e  la  saumada  vi  d. 

Esporti  de  razims 

118.  Per  eissa  manieira,  i    esporti  de  razims  ^  i  d.  e  la  saumada, 

VI  d. 

Meraaria 

110.  Per  eissa  manieira,  i  mercier  que  porte  la  mersaria  al  col,  paga 
I  d.  e  la  saumada,  viii  d. 


»  Gorrec.  :  pago. 

*  Graine  de  chanvre. 

»  Panier,  panorée.  Cf.  Du  Can.  Sporta, 

^  Jolibois  écrit  razinis. 


COSTUMAS  DEL  PONT  DE  TARN  D  ALBI  505 

J/traoria 

130.  Fer  eissa  manieira,  tot(z)  mercières)  que  porte  la  mersaria  lies- 
plegada  non  dea  re  pagar. 

MUgrama» 

121.  Per  eîssa  manieira,  i  fais  de  milgranas,  i«  milgrana  '^de  las 

très  la  ona,  e  la  saomada,  ti  d. 

OutanAos 

122.  Per  eîssa  manieira,  mieja  cartieira  de  castanhas,  mealha,  e  la 

saomada,  n  d. 

Feras 

123.  Per  eîssa  manieîra,  c  peras  d^Engojssa,  mealha,  e  la  saumada, 

id. 

Pomas 

124.  Per  eissa  manieîra,  i  fais  de  pomas,  mealha,  e  la  saumada.  i  d., 

des  quais  ',  passatz  la  Totz  S[aQh8|  que  enans  pomas  non 
devon  pagar  re. 

Avdanas 

125.  Per  eissa  manieira,  mieja  cartieira  d*avelanas  ^,  mealha,  e  la 

saumada,  i  denier. 

Aglama 

126.  Per  eissa  manieira,  mieja  cartieira  d'eglan,  mealha,  e  la  sau- 

mada, I  denier. 

Culhers  manjadars 

127.  Per  eissa  manieira,  un  dotzenas  de  culhers  ma^jadors,  mealha, 

e  la  saumada,  vi  deniers. 

Boysscis 

128.  Per  eissa  manieira,  iiii  dotzenas  de  boyssas,  mealha.  ela  sau- 

mada, VI  deniers. 

Vertelhs 

129.  Per  eissa  manieira,  xxiiii  vertelhs*  de  boys,  mealha,  o  la  sau- 

mada, VI  deniers. 

*  Jolibois  écrit  milgrano. 

*  Manus.  des  qs. 

*  Manus.  d'avelas,  sans  tilde. 

*  Le  verteil  ou  vertay^  était  une  sorte  do  poids  ou  dts  bouton  qu'on 
adaptait  au  fuseau  pour  le  faire  tourner  plus  facilement. 

Note  de  Jolibois.  —  Aujourd'hui  berteL  Cf.  Du  Can.  Vertebrum. 


50»^  COSTUMAS  DEL  PONT  DE  TARN  d'ALBI 

Fuzes 

130.  Per  eissa  manieira,  viii  dotzenas  de  fuzes,  mealha,  et  i  fais, 

mealha,  e  la  saumada,  vi  deniers. 

Penches 

131 .  Per  eissa  manieira,  xxnii  penches,  mealha,  et  i  fais,  i*  penche, 

e  la  saumada,  un  penches. 

Balestas 

132.  Per  eissa  manieira,  i*  carga  de  balestas,  vi  deniers,  que  ano 

per  vendre. 

Areœa 
133    Per  eissa  manieira,  xii  arcxs,  mealha,  e  la  saumada,  v  deniers. 

Matrasses 
]  34 .   Per  eissa  manieira,  xii  matrasses  ^  mealha,  que  ano  per  vendre* 
e  la  saumada,  v  deniers. 

Ctdhiers 

135.  Per  eissa  manieira,  xii  culhiers  d'ola  >,  pago  al  pontanier  la  i, 

et  a  fais  i  culhier,  c  la  saumada,  un  culhiers. 

Latas 

136.  Per  eissa  manieira,  i  fais  de  latas,   mealha,   e   la  saumada, 

mealha. 

Cabiros 
137»   Per  eissa  manieira,  i  cabiro   cayrat,    mealha,  e  la  saumada, 
mealha. 

Comuda 

138.  Per  eissa  manieira,  i>  comuda,  mealha,  e  la  saumada,  mealha. 

Trait 

139.  Per  eissa  manieira,  i  trau  que  i  home  puesca  portar  o  i*  bestia, 

mealha. 

Trau  o  claupoinh 

140.  Per  eissa  manieira,  i  trau  o  i  claupoinh  ^  o  i  estan  que  pague 

mealha  per  cada  fayssia  *  que  i  *  aura  obs  a  passar  lo  pont. 

'  Traits,  javelots.  Cf.  Très  du  Félib.,  à  rnatras. 

^  Dans  la  copie  de  Jolibois  :  do  la. 

^  Palis. 

*  Jolibois  :  fayxsier, 

>  Jolibois  :  qui.  La  vraie  lecture  est  q  avec  un  tilde  et  i. 


COSTUMAS  DEL  PONT  DE  TARN  d'aLBI  507 

Pkmea 

141.  Per  eissa  manieira,   i  fais  de  planca,  mealha,  e  la  saumada, 
mealha. 

Oaista 

142.  Per  eissa  manieira,  caissa,  i  denier,  e  la  saumada,  ii  deniers. 

Tatdaa 

143.  Per  eissa  manieira,  i*  taula,  mealha,  la  saumada,  i  denier. 

Postz 

144.  Per  eissa  manieira,   i  fais  de  postz,  mealha  e  la  saumada, 

mealha. 

Escalas 

145.  Per  eissa  manieira,  i*  escala,  mealha  e  la  saumada,  ii  deniers 

Palas 

146.  Per  eissa  manieira,  m  palas,  mealha  c  la  saumada,  ii  deniers. 

Palas 

147.  Per  eissa  manieira,  m  palas  de  palabessa^  mealha. 

Esclops 

148.  Per  eissa  manieira,   xii  pareilhs  d'esclops,  mealha  e  la  sau- 

mada, II  deniers. 

Enaps 

149.  Per  eissa  manieira,    xxini  enaps  de  fus!',  mealha  e  la  sau- 

mada, V  deniers. 

E^scudelas 

150.  Per  eissa  manieira,  xxiiii  escudclas  manjadoir&s,  moalha  e  la 

saumada,  i  denier,  et  i  enapier^,  i  denier.. 

Escttdelas 

151 .  Per  eissa  manieira,  xii  escudelas  panieiras  ^,  i  d.,  la  saumada, 

V.  d. 


•  Bêche.  Aujourd'hui  :  palabes. 

•  Ecuelles  en  bois  pour  boire. 
•^  Dressoir. 

•  Corbeilles  à  pain. 


5  08  COSTUMAS  DEL  PONT  DE  TARN  D'âLBI 

Fuêta  de  lieig 

152.  Pereissa  manieira,  la  fusta  i  lieig,  mealha,  e  la  saumada,  ii  d. 

Archa 

153.  Per  eissa  manieira,  i*  archa  ab  un  pecols^  i  d. 

Ettevas 

154.  Per  eissa  manieira,  ii**  estevas  ',  mealha  e  la  saumada,  i  d. 

Dmtah 

155.  Per  eissa  manieira,  ii  dentals  3,  mealha  e  la  saumada,  i  d. 

Arariga 

156.  Per  eissa  manieira,  i*  arariga*,  mealha,  e  la  saumada,  i  d. 

Lofust  de  mi^a  carti^ira 

157    Per  eissa  manieira,  lo  fust    de  mieja  cartieira,  o  i*  cartiera, 

0  I  eminal,  mealha,  et  i  fais,  i  d.  e  la  saumada,  m  d. 

Paniern 

158.  Fer  eissa  manieira,  m  paniers  o  m  descs,  mealha,  e  la  sau- 

mada, I  d. 

Cravels 

159.  Per  eissa  manieira,  m  cruvels  *  o  m  sedasses  •,  mealha,  et  fais, 

1  d.  e  la  saumada  iiii  d. 

Orazal 

160.  Per  eissa  manieira,  i  grazaP  de  fusta,  i  d. 

SemaU 

161 .  Per  eissa  manieira,  i  pareilh  de  semais,  mealha  e  la  saumada, 

II  d. 


1  A  4  pieds.  Le  mot  existe  encore;  on  dit:  pecoul  de  ieyt. 

*  Mancheron  de  charrue. 

J  Cep.  soupeau  de  charrue,  Ray.  traduit  par  araire, 

^  Manche  de  charrue. 

'i  Crible.  Aujourd'hui:  curbel. 

•  Tamis.  Racine  seda^  soie. 
^  Grande  jatte. 


COSTUMAS  DEL  PONT  DE  TARN  d'aLBI  509 

CorwU 

162.  Per  eissa  manieira,  i  cornut^  id. 

Agrcasier  e  tonel  * 

163.  Per  eissa  manieira,  i  agrassier^,  mealha  et  i  tonel.  i  d. 

Selcles  de  toneîs 

164.  Per  eissa  ir.anieira,  ii  selcles  de  tonels  o  de  corn  ut,  mealha  e  la 

saumada,  ti  d. 

Selclea 

165.  Per  eissa  manieira,  vi  selcles  de  semais,  mealha  e  la  saumada, 

II  d. 

Or[é\lhieira8  de  cernais 

106.  Per  eissa  manieira,  vi  orelhieiras  de  cernais  o  vi  funces,  mealha 
e  la  saumada,  ii  d. 

Seilha  de  ferrât 

167.  Per  eissa  manieira,  ii  seylhs  *  de  ferrât,  mealha  e  la  saumada, 

II  d. 

Pega 

168 .  Per  eissa  manieira,  iiii  Ibr.  de  pega  ^,  mealha  et  i  fais,  i  d.  e  la 

saumada,  m  d. 


>  Cuve  en  bois  armée  d'une  double  corne.  La  cuve  dont  se  servent 
aujourd'hui  les  égorgeurs  de  cochons  s'appelle  coimudo, 

2  E  tonel  ont  été  ajoutés  après  coup  ;  ces  deux  mots,  qui  sont  à  l'encre 
noire,  sont  d'une  autre  main. 

'  Jolibois  traduit  agrassier  par  agras,  panier  à  vendange.  Il  existait 
une  sorte  de  vin  agras,  ainsi  appelé  parce  qu'il  était  fait  avec  le  raisin 
ngras  —  le  mot  n'a  pas  disparu  et  signifie  verjus,  raisin  cueilli  avant  sa 
l>leine  maturité.  —  L'agrassier  était  donc  une  futaille  destinée  à  contenir 
le  vin  agras.  Cf.  nos  Comptes  consuiaires  d'Albi.  (1359-1360),  gloss.  au 
mot  agras  et  Du  Gan.  agrascora. 

^  Jolibois  écrit  selcles.  La  lecture  s'eilhs  et  seylhs  n'est  pourtant  pas 
douteuse.  Dans  Ray.  selh  est  traduit  par  seau.  Ce  n'est  qu'une  partie 
du  seau.  Est-ce  l'anse?  Est-ce  le  cercle  en  fer?  Selio  est,  aujourd'hui, 
synonyme  de  ferrât. 

»  Poix.  Ray.  traduit  par  résine.  Dans  les  comptes  consulaires  d'Albi 
résine  se  (lit  pet*oyna,  aujourd'hui  perouzino. 


51t 


COSTDMAS  DEL  PONT  DE  TARN  DALBl 


Gapeku  o  ûlergtteê 

193.  Per  eissa  manieira,  totzcapelas  e  ebrgues,  o  totz  priera  o  &ba«» 
quale  que  fia[£i],  se  dins  la  aiiitat  non  egtava^  que  ^e  la  lar 
caaaa  passa  pel  pont,  &ia*  teagatxde  tïftgaî"  enaisbicoma  Tautra 
gent  a  acostumat. 

Donzeh  o  natKtlièrâ 
194^   Pereîs&a  maniaira^  donzeL  o  cavalier  o  veseomte  o  comte  o  toi 
autra  senhor  de  paratge,  ne  U  lor  causa  pasaa  peï   pont,  que 
jiague  cotna|a]  acostumatrautra  geu,  que  sis  faria  se  pasawa 
a  la  iiau  *, 

De  doas  mêfcadaric^ 

1Q5.  Per  eiaaa  tuanieira,  sL  i  lioma  o  una  femna  o  una  bestîa  porta 
doaa  mercadarias  o  de  très  o  de  quatre  qe  la  una  non  sembla 
Tautraf  lasquala  ajo  acot tumat  de  paga  ca8cuua  et  per  ai,  que 
pague  per  eaHeuna  so  que  acos tumat  es  ht  de  pagan 

Mêrçadariofi 

19^5.  Per  eissa  manieira  ^,  s[e  alcu^J  homs  o  aleuna  femoa  p[assa] 
pe]  pont  et  porta  o  Tiie[ua  tiljcuna  causa  que  issi  qû  ssi  [trot^] 
eacrig  *  ni  uominada,  per  que  [sbj  o  aéra  queatio  e  coQtroveraia, 
entre  aquel  o  aquek  el  pontamer  que  tenra  lo  pont^  d'aquo  que 
porta  o  mena  e  per  lo  pont  paaaa,  se  deu  re  pagar,  ni  quant 
deu  pagar,  la  dicha  cdntrov[er Jaia  ^  ù  questiô  deu  esaar  diffinida 
e  det[er]menada^  per  loacoasoU  d'Aibio  per  dospromea  de  la 
vila  eligitz  per  loa  ditz  cossoIb  ;  e  la  diffinicb  d'aquela  deii 
esaer  gardada  e  teoguda. 

Jusieuë 

197*   Per  eîssa  manieira  ^  se  negus  yujsieua  ni  neguna  judeua,  [tia 


t  Correc.  :  esiaiîù. 

*  Correc*  r  sian. 

^  Joliiioii  trnduit  ainsi  le  dernier  |  ^  et  il  en  âerait  de  même  s*il  patiall 
ô  la  barque. 

*  Le  ntanuscrît  est  décliUx^  à  eu  points  de  tftllê  sorte  que  la  fin  de  4 
li^'nes  a  di^p.iru.  Il  est  aisé  de  rétablir  les  lettrei  enlcTéâs  ;  mms  Ici 
plj)c-ons  entre  crocliDta. 

*  Gorpéc*  r  eacnoha, 

*  Tilde  wur  le  «* 
^Tiidc  sur  le^ 

''Les  eifcls  do  la  dé^biriare  se  font  également  sentir  au  verso*  Nous 
plaçooiï  entru  crocheta  les  lattreB  disparue  s . 


COSTUMAS  DEL  PONT  DE  TAKN  d'aLBI  513 

pau]c  o  gran,  passa  pel  pont,  [sia  a  pe]  o  a  caval,  sia  mortz  o 
sia  [vieu],  deu  al  pontanier  xii  [d.  per  tjesta. 

Qui  non  paga  [lo  poH]tanier 

198.  [Per]  eissa  maDieira,  se  negus  [homs]  o  neguna  femna  passa 
[per  lo]  pont  deguna  m[er]cadaria  *  [o  c]au8a  que  deia  pagar 
al  pont  e  non  pagava  lo  pontanier,  e  s'en  va,  lo  pontanier  lo 
poc  segre  e  far  tornar,  el  e  la  meroadaria,  entro  sus  lo  pont, 
davant  l*us  de  la  ganiela  *.  Apres  deu  pagar  lo  doble  ses  tota 
m[erlce'.  E  noy  i  a  plus  encorsa  de  negun  home  ques  n*anea 
ses  pagar. 

Aug.  Vidal. 


1  TUde  sur  m. 

*  Jolibois  écrit  gamela.  Nous  ayons,  quantité  de  fois,  trouvé  ce  mot 
dans  les  comptes  consulaires  d'Albi,  avec  Ti  nettement  marqué.  Nous 
devons  avouer  cependant  que,  souvent,  il  ne  peut  avoir,  comme  ici,  le 
sens  de  bureau  de  péage.  Ganiela  est  un  mot  générique  qui  doit  désigner 
une  sorte  de  maison  de  forme  ou  à  destination  particulière. 

'  Tilde  sur  m. 


38 


LE   CHANSONNIER  DE  BERNAFiT  AMOROS 

\(SuiU) 


159 

GAUCELMS  FAIDITZ 
(=B.  Gr.  107,22) 

1.     (p,  155)  Fortz  causa  es  qe 
[tôt  lo  maier  dan 
El  maier  dol  las  qicu  anc 
[mais  agueâ 
E  80  don  dei  totz  temp.s  pla- 
[gnier  ploran 
Mauen  a  dir  en  chantan  e 
[retraire 
5  Car  cel  qera  de  valor  caps  e 
[paire 
Lo  rie  valenrichartreis  dels 
[engles 
Es  mortz  ai  dieus  cals  parde 
[cals  es  *.  danz  es 
Can  estrains  motz  qan  saU 
[uaties  a  dir 
Beii  a  dur  cor  totz  hom  co 
[pot  suffrir. 
1 1 .   Mortz  es  lo  reis  e  son  passât 
[mil  an 
Cane  tan  prodom  nô  fon  ni 
[vol  '  vi  res 
Ni  anc  mais  hom  no  fo  del 
[sieu  semblan 
Tan  lares,  tan  pros  tan  a- 
[dreitz.  tais  donaire 


5  Qalizandres  lo  rejs  qe  ven- 

[qet  daire 

Non  cre  qe  tantdones  ni  tant 

[mezes 

Ni  anc  charles  ni  artus  plus 

[valguea 

Qa  tôt  lo  mon  si  fe  qin  vol 

[ver  dir 

Als  uns  doptar  e  als  autres 

[grazir. 

III.  Ai  valen  reis  segiyer  e  qe 

[faran 

'  Richas  armas  ni  bels  tomei 

[eapea 

Ni  richas  cortz  ni  bel  don 

[aut  ni  gran 

Pos  vos  noi  es  qen  iratz  > 

[cabdelaire 

5  Ni  qe  farft  tan  liurat  a.mal* 

[traire 

Al  ^  qu6  seron  en  vostre  ser- 

[uir  mes 

Qatendion  qelguiardos  ven- 

[gues 

Ni  qe  faran  cil  qes  degran 

[aucir 

Qauratz  ^  fag  en  grant  ricor 

[venir. 

IV.  Longa  ira  e  gran  pena  trai- 

[ran 


ï  /.  :  perde  cals  —  •  c.  en  :  nol  —  ^  i.  :  eratz  —  ♦  /.  :  Cil    —  *  c.  en  : 
Qauiatz 


f              LE  CllANSÛNNlEK  DE 

liEHNAHT  ÂMGBUS           51B                    ^^Ê 

1       E  toB  temps  dol  (]U«naissl 

5  Qeranos  a  mustrat  morts                  ^^H 

[lor  es  prea 

\p,lS0)  qe  pot  faire                 ^^H 

E  aerraziii  turc  paiap  e  per- 

Qa  UD   flol   colp  al    meillor                  ^^H 

[StLU 

[did  mont  près                  ^^H 

Qi    vos    desplaQin  ^    mais 

Totalonortotlosentùtlobe!)                  ^^H 

[coma  nait  de  matre 

E  pois  ve  hom   qe  ren  uul                  ^^M 

5  Creiseran  tant  lur   ergueil 

[pot  gandir                       ^Ê 

leur  afaire 

Ben   deuriom  meins  doptar                 ^^M 

Qel    i«pulcrea  ner  beQ  plus 

[de  morir.                 ^^H 

[tard  conques 

^^Ê 

Mas  dians  o  vol  qe  eel  non 
[o  voigues 

^^H 

E  V  05  se  gn  ier  v  isq  esses .  se  ri  ^ 

GAUCELMS  FAlDLTZ                   ^^H 

[Faillir 

(=  B,  Gr,  ItJT,  2^}                       ^^^1 

De  fluria  b  aueûgra  fugir. 

t^^^^l 

V,  Oi  mais    doÎ    ai    esperaaza 

1.  6ea  nom  tueil  nim  recre                 ^^^^1 

[<[ei  an 

De  s olatj^  ni  de  chan                        l^^^l 

Reifl  ni  princepe  qe  cobrar 

Nim  dcsconort  en  re                        ^^^^1 

[lo  saubea 

Per  perdas  ni  per  dan                      ^^^H 

Fero  tuit  cil  qtn  luec  de  vos 

5  Ni  caut  auer  mi  ve                           ^^^^| 

[aeran 

No  m  en  don  ioi  trop  grau                    ^^^| 

DeuQD  guardar  con   fost  de 

Qeaaiasi  aeadeue                                   ^^H 

[près  amaire 

Pero  dire  desniai  a                                  ^^| 

5  E  cal  forô  vûstre  dui  vale 

SuL  isaitz  eu  us  rica  iaia                        ^^H 

[frairé 

10  De  mi  dunz  cui  adbor                           ^^H 

Lo  reia  enrica  el  bon  comte 

M 4  ven  &I  cor  em  nai»                          ^^H 

[i  autres 

Entiers  pleuz  de  dousor                       ^^^| 

E  cels  qen  luec  reinaarâ  de 

Finz  valent  e  verais.                             ^^^| 

[vtîs  très 

11.  Ai  ean  ^ent  mi  rete                              ^^H 

Beû  deu  auar  a  ut  cùt  e  ferni 

I^  bellacui  rc'blau                                ^^H 

[cosBir 

Cau  del  cor  mi  soue                              ^^H 

De  far  bos  faits  e  do  secors 

Qil  memblet  auspiran                           ^^H 

[chauzir. 

5  Gant  aleoet  vb^s  m                                ^^H 

Vl.  Merauil  me  del  fais   aegle 

E  ma  bocha  baisan                                ^^H 

[truan 

El  cor  segnet  laie                               ^^H 

Uom  L   pat   star  aauU  hoin 

Oab  aital  gten  len  trais                        ^^H 

[ai  cortes 

E  qav  aqel  dou£  baia                            ^^H 

Pas  Tén  noî  val  bel  dig  ni 

10  Mac  tau  d^u^a  aabor                         ^^H 

[fait  près  an 

La  bella  qi  mapais                             ^^B 

E   donc   perque   «esfor^om 

Feim  après  tau  dongr                            ^^H 

pauc  ni  j^aire 

Cane  pois  iois  nom  a  os  Iris  *                  ^^H 

1  /.  :  Qius  duptaman.  —  *  l\  en  ;  soti&âis                                                                    ^^H 

1        -1 

^^H            516           LE  CtiANSONmEA  OF, 

b!i:h]vart  àmûbûs                ^M 

^^^^1             lU.  Aqeâtiois  mi  reue 

Yl  Uns  auinens  Hcs  laîs               ^^M 

^^^^H                      E  ma  gitat  didan 

Fiz  valenz  e  veraia                  ^H 

^^^^M                    Em  renoueli  eiii  te 

A  n;iguout  mon  segoîor          ^H 

^^^^1                     Don  meâbaudei  eh  ah  tan 

Sobratretan  e  mais                   ^^| 

^^^^H                  5  La  betia  aap  e  ve 

5  Con  ft  mais  de  valor                ^^M 

^^^^H                     Qe  mi  ni  mon  talmi 

De  veirs  us  rica  balais.           ^H 

^^^^1                     Nô  loing  de  sa  merce 

^H 

^^^^H                      Nim  caQige  nini  biais 

^1 

^^^^H                      Aaz  car  amorâ  Distrais 

^^^^1                10  Ab  tan  onrat  segnior 

GAUCKLMS  FAIDITZ          ^M 

^^^^H                      Li  fatz  fjû  del  pântaia 

(=B.  Or.  167,  Si)                 ^M 

^^^^H                     Don  ma  fag  auifridut- 

[natge 

^^^^V                     MtuHB  iornz  e  maïm  asâais. 

l.  {/>,  157)  Lo  rosaignolet  sal- 

^^^^               \y,  Pôr  leU  am  lois  e  nie 

Ai  auzit  q©  seabaudeiM 

^^r                           Qeil  soi  fîz  meroeian 

Per  amore  son  lengatge 

^H                            Car  ônii ment  e  be 

K  (nm  si  mourir  denneia 

^H                           Vaî  mm  pret^  adecan 

&  Qar  leis  uni  de?;  ^                     ^^Ê 

^H                        5  E  lûuor  (|ill  mante 

Non  vei  ni  remir                      ^^ 

^H                           El  gaiâ  ci^Mlés  sembla  ti 

E  nol  uolgran  ^  ugan  auxir 

^H                             San  de  ioi:;  e  coué 

Pem  pel  douz  ciian 

^^m                             Qaiiiaf  e  hÀs  lapais 

Qel  e  sa  par  fan 

^H                             h"  eâ  tan  sos  cor»  gai$ 

10  EffortJK  nn   pane   mon   co- 

^H                       10  Qell  aus^eli  chantador 

En  vtiuc  conortan       [ratge 

^H                            Sen  alegKï  per  plais 

Mon  cor  en  chantaiî 

^H                              E  nan  gaug  entre  lors 

2o  qieu  non  cndei  far  ogan. 

^H                              E  fan  voutns  e  lais. 

II.   E  sien  tolplaJng  mon  dam- 

^^1                       V.  E  ))ueis  aissi  «ane 

Ipnatge     H 

^H                            Qeil  pUi  qe  mute  Un 

Mon  cor  acUn  e  sopleia          ^H 

^H                              Gonquist  mn  per  i;i?se 

Ver  leis  ia  segnioratge                 1 

^H                             Pér  far  tôt  son  com^ni 

En  me  e  l&ing  qeaaer  dtia             1 

^H                         5  Car  de  cor  e  de  fe 

5  Car  non  poc  plus  dîr                      J 

^H                               Lam  fi  ^  qe  tan  ne  qan 

Car  venc  al  partir                     ^H 

^H                              Non  vir  aiUors  mu  fre 

Mas  m  charml  vi  cubrir          ^H 

^H                           Nim  derene  ni  mesLais 

Em  dis  suspîran                       ^H 

^H                             E  si  pel^^  fais  brais 

A  deu  vos  coman                      ^H 

^H                        JO  Qe  fan  lanzeniador 

10  Ecan  puia  »  e   mou  co ratge     ^H 

^H                               Nos  cania  ni  s î rais 

Lamoroi  sensblnn                           1 

^H                              Pro  mcstai  miels  damor 

Per  pano  emploran     [ran  ^           1 

^H                            Qa  floris  e1  palais. 

Nom  auci  quar  noil  «on  àm-          1 

^^Ê                        i  L:  M  ^  *i.i  per  los*  —   ^  l.  :  deûr  —  *  L  :  volgra  —  ^  L:  pens  —            | 

^^1                    ■  ^^denan 

1 

LE  CHANSONNIER  DE  BERNART  AMOROS 


517 


III.  Mi  doDz  qi  ten  mon  coratge 
Prec  con  *  cel  qi  merceia 
Qe  no  maia  cor  volatge 

Ni  fais  lauzengiers  non  creia 
5  De  mi  ni  salbir 
Qe  ver  autram  vir 
Mas  per  bôa  fe  sospir 
E  lam  SCS  enian 
E  sens  cor  truan 
10  Qieu  non  ai  ges  tal  coratge 
Qon  li  fais  drut  an 
Qi  van  galian 
Per  qe  amors  torn  e  soan. 

IV.  E  pero  nul  alegratge 
Nom  dona  res  qeu  •  veia 
Per  qieu  conosc  mon  folatge 
E  es  dreitz  caissi  mesteia 

5  Em  deiavenir 
Can  p«r  fol  consir 
Laissei  mon  ioi  a  iauzir 
Don  ai*  vauc  doptan 
E  ai  ire  dan 
JO  E  conosc  3  mon  coratge 
Qai  per  dutz  estatz  ^ 
Qieu  nô  ai  ioi  grao 
Ni   reir*    qim    vengues    a 
[talan- 
V.  Chanzon  de  te  faz  messatgc 
E  vai  ades  e  espleia 
Lai  on  ioi  a  son  estatgc 
A  mi  donz  qi  tan  guerreia 

5  K  potz  lai  tan  dir 
Qieu  muer  de  dczir 
E  sill  te  dcMii  acuillir 
Vai  ladcs  membrain 
E  non  tanz  tarzan 


162 

GAUCELMS  FAIDITZ 
(  =  B.  Gr.  167,  12  ) 

1 .  Bem  platz  e  mes  gen 
Damic  qen  ioi  sapren 
Gai  fin  cor  clar  valen 
Calqe  bon  mestier  aia 
5  Faza  lui  paruen 
Sa  bon  obre  son  sen 
Sol  qe  em  be  seschaia 
Gaugz  e  bes  luiuen  ^ 
Fer  qes  taing  es  coue 

10  Cuna  chanzon  retraia 
Cuinda  ab  ditz  pratz  ^ 
Qar  moût  sui  gcu  prciatz 
(^ou  chant  e  masolatz. 

II.   [j).  158)  E  qar  plus  souen 
Non  chan  fas  fallimen 
Qe  tais  mi  ten  iauzen 
P]  malegre  mapaia 
5  Don  die  qieu  noi  men 
Qu^fl  tnieu  conoissemen 
VA  mon  non  es  tan  gaia 
Per  qe  en  sa  mcrce 
Me  sui  mes  per  iassc 

10  Ab  cor  qe  nom  ncstraia 
E  rendutz  e  datz  * 
E  sieu  rcn  die  ni  fatz 
De  bon  sious  sial  gratz. 
111.    Per  aital  coueut 
Li  fiz  de  me  prozent 
Car  mi  des  douzament 
Baizan  samor  veraia 
5  Em  dis  en  rien 
Amies  mon  cors  vos  ren 
E  faitz  en  so  qeus  plaia 
Va  eant  men  souen 


1  /.  :  sicon  —  *  /.  :  qe  eu  —   ^  /.  :  c.  •   —  *  /.  ;  est  an  —   ■  /. 
^  c,  en  :  lin  uen  —''/.:  prezatz  —   *  L  :  donalx 


^^^             LE  CHANSONNIER  DE 

DEENABT  AMOaOâ           519              ^^H 

^M            E    U  valor   el    ^veit^    si 

>Steua  ea  To  tortz  &  eicu  en             ^^^^| 

^m        S  Fan  a  dotz^  parer     [aura' 

[die  vilanaÈge              ^^^H 

^1            Cajnor»  laLa  ^  poder 

Car  seiiea   geiï  e  aetie»  co-              ^^^H 

^1             Car  lit  oa  es  amor  gaîa 

5  Fai  atoU  veser       [bertiuvi                    ^H 

^H            Deurïa  merce  cuber 

Com  jioin  esser'^  lîechiuer                      ^H 

^1             Veut  1 0  éo  n  0  r  t  qem  nap[  a]  i  a 

R  dOna  eab  aitanï  Besfîiii!  ^'               ^^^B 

H        10  Oeh  toi  qâ  nom  dâseapûr. 

Nqq  pea  gea  qem  va  *'  Ic^or            ^^^H 

H      iV.  \p,  ÎBB]  A  im  qe  cal  aieu  non 

Qieu  ia  dé  leîs  bon  roIruitH  ^^            ^^^H 

^M                                      [ai  vaaaslntge 

10  Ni  vuil  qeni  puesca  «lacaer.              ^^^^|| 

^K            Hi  ardimen  qel  au2  dir  msi 

VIL  Nil  maria  dotm  gHiM                         ^^^^1 

^B                                           I  i-iinciini 

VoM  non  ea  dait^tl  vohv                   ^^^^M 

^m            Qar  U»   dopte  sonor  e  «on 

Qe  rou  na  faitx  qe  diîi^i^Uiia              ^^^H 

H                                               [paratgo 

Anz  faiU  ko  qo  dieu  plii«er.             ^^^H 

^l           Son  bel  semblait  e  m  bella 

^^^B 

^^^b5  QttÎKom  fal  temer     [faitum 

^^M 

^^^y    Caleia  nom  degniacatiîr 

^M           De  mal  ni  dafan  qoni  Imia 

QAUCBLMB  PAIUIT/.                   ^^^ 

^H            E  sem  uolgnci  retencr 
^M           Nom  volgreaser  reîa  di 

(^  0.  Or.  ir>7.  fT)                         ^^1 

^M                                            [maia  * 

1 .  Geïi  Cara  eontra  lêfËtn                      ^^^H 

^B       10  Tan  am  ab  leia  remancr. 

Qe  ma  dat  una  douza  anmm             ^^^B 

^1      V,  Qeu    ai   auzit  de   saul  «es 

Pos  a  leia  mu   trut^p  tuai            ^^^H 

^H                                             [folaCg4? 

^^H 

^B           Câi  ora^  mal  celui  d5  a5  a 

Qe  doneB  dautra  part  «i>cort            ^^^H 

^B                                                  [cura 

5  Ab^'  i»n douces  ma  dcdorB                 ^^^| 

^M             Qeil  dîtz    queil    don    dïens 

Qeil  di8  de  non  do^pliritoii                ^^^^| 

^K                             [ioue  aegnioratge 

De  leia  on  pi  un  tiom  ontea              ^^^^| 

^^^^      Aqt4e8t  orar  '    ai  a    tort^  o 

Maû                                                 ^^^1 

^^^B^  la  damor  p^ril  *    [dreitura 

^^^1 

^^^H     E  aien  lai  nom  dei  doler 

10  Lo  tîorelaeii                                  ^^^B 

^^^H     Car  de  proB  domna  veraU 

Del  grion  fais                                  ^^^^| 

^^^^      A  m  raaia  sol  lo  boin  esper 

Fer                                                 ^^^^1 

^B            Qe  nul  dorn  dauol  âaM[a]i  i 

I^ntendenten.                                  ^^^H 

H        ÎO  Com  t»on  den  en  grat  taner. 

IL  Tantqaa  h  pitiim  chuntan            ^^^H 

H      VI.  Qtieu   aai  una  qe»  de   Caii 

No  fo  to  preiar;»  maa  fùlari             ^^^H 

^M                                    [fi-finc  tisatge 

Fer  qem  vir  deaerenan                    ^^^1 

^H            Cane  nri  gardet  honor  uîa  * 

Loprêc  el  c^hau,  el  colliorH             ^^^| 

^^^^                                 [aa  eeinlura 

5  Vers  ial  on  beutatz  e  valora             ^^^H 

^m       1  Lip.  qen  Ida    -  ^  e.  cm  alura  - 

*  û.  m:  tetz  ^*  e.  en  laia  —  le.              ^^^H 

^^   **i)  :  inaia  —  *  /.  :  onra  ^  ^  Li  onral 

—  *  1,1  per  mr  —  "r.  tn:  iui  *              ^^^H 

H    10  r.  «n  :  eisi—  *  ^  c.  «w  :  aessaïA  —  i'  r.  r/i  :  na  —  i^  /*  :  relrnia .—  »  *  l.  :  Ab  ^e,              ^^^H 

r\j 

^^^K             520          LE  GHANâONNlEE  DK 

BEHNAHT  AMÛROS                     ^M 

^^^^1                     Son  e  tuî(^  bon  faîg  valen 

Douz  cognât                            ^H 

^^^^P                     B  sil  de  cor  mi  consen 

10  Don  parti  len                         ^H 

^^^^1                      Ni  mes  dat 

Adoncs  frais                           ^H 

^^^^1                      De  bon  grat 

Lo  dùm.  bais                         ^H 

^^^^1                 10  Ab  farin  coueû 

Mon  marrimen. 

^^^^H                        CiÊs  oimata 

V,  Tant  son  sei  faig  beneatan 

^^^^H                       Nom 

Qe  tôt  las  qô  ve  ea  çrrora 

^^^^B                      Ni  n^é8|itauen^ 

Masdemen»  cooj  les  denan 

^^^^1               IlL  E  pérolî  bel  semblea 

E  vet  los  bes  *  honora 

^^^^1                      Eil   gent  acuillir  eîl    dou- 

5  El  a    |>!a2erB   chaacun  iorn 

^^^^H 

[maiors 

^^^^B                     Del  sieu  bel   cors  nou  pre- 

Ei  «ieu  do  HZ  eagart  rien                " 

^^^^P 

Qem  fai  *  amorosamen                   i 

^^^V                      Eil  beutatz  eil  fresea  colora 

Ma  lôgnat                                    J 

^^r^                      5  Qes     sobre     toUa    au  Iras 

De  foudat                                 ^J 

^^M                                                                i  t^or» 

lÛ  Pêr  qieu  lim  ten  »                  ^H 

^H                              Lam  fan  nmar  tan  teiuen 

Don  mj  nais                            ^^Ê 

^^1                               Ceac  non    lau^ei    far    par- 

El  cor  iaia                                   1 

^H                              Mon  pensar  ^                 [iieo 

Qun  •*  ten  iauzea.                        J 

^H                              A  cordât 

Vï.   Ves'  die  âOfi  pfe<?  e  sesman  ^J 

^H                       10  Nil  i\n  talen 

Qanc   noil  àa  tan  mes   gran  ^^Ê 

^^1                               Don  matraia 

[paon  ^M 

^^Ê                               Moa  cors  gais 

Lautreï   mon    cor  e    mon  ^H 

^H                             Grao  ardimen. 

[chan          , 

^H                        IV.  f|),   îâO)   Ardimen    m  a  trais 

A  re  traire   sas  granz  lau*          j 

^H                                                           [truep  gran 

[Kon          1 

^H                               E   doptei    qe    non  sia   da- 

5  E  qar  vai  sobre  las  meUlois          1 

^H                                                                     [  mors 

Ai  an  sil  plaz  chauRimen         ^J 

^H                               Mas  la  bel  la  m  su  fera  tan 

Tal  qem  don  san  6  gdn          ^H 

^H                                Qeûqer  sont  las  douzas  sa- 

Un  emblan  ^                          ^W 

^^1 

Don  prezat                                   1 

^^m                          5  Qo  de  grA  malananzam  aor^ 

1 0  De  bet  pressen                              1 

^^M                             Qan  U  baizai  doui^amen 

Contrais  b  rais                          ^J 

^^Ê                              Son  hù\  blanc  col  coulneu 

Delà  aanaÎB                           ^H 

^^Ê                               Al  onrat 

Celadamen,                           ^H 

^H                          '  ^  :  mêiipanen  —  ^  L  ;  peniat  — 

■   *  L  :  bas  e  ks  —  *  e.  ^  :  fei  -          1 

^B                      M,  :  ren  —  M:  :  Qim  —  ^  /,  :  Ses 

—  *  Z.  ■  emhlat.                                           1 

H 

Ë.  Stihghl                   ^M 

^H                                  {À  suivre,) 

] 

LA  TKADUCTION  DU  NOUVEAU  TKSTAMKNT 

EN  ÂNCIë:N   KAUT   ENGAUINOIS 
PEtr  BIFRUN 


L'G  CUDESTH  DBLS  FATS  DAL9  APOSTELS 


(l)Mt) 


l'i 


CAP.  XII. 
irai  g  HeroJes 


I 
I 
I 


mattét  roauD  parap- 

paachîunér  alchmns  de  la  baselgia,  (2)  Et  atnazô  ciin  [4S4] 

la  spéda  lacobum  frêr  da  lobannis  :  (3)  <k  uezîand  ulie  que  era 

ad  aehiér  als  liideaua,  achi  scberchiêu' el  da  pigliêr  er  Pe- 

trura.  Mu  elg  eran  Ts  dis  dels  a^ijuis*  (4)  Quaal  l'g  hauland  er 

appigliÔ,  âchi  Tg  mattét  el  jd  praschun,  à  Vg  det  in  mîiun  da 

quater  qiiailrias  da  .sudôa  cbi   Vg  parchiûrassêru   l'g  uu liant 

daieuala  pasthqtia  mnér  oura  agli  pœueU  (5)  Et  Petrus  gniua 

bain  parehiurô  in  la  praschun.  Et  duantêua  arœf  â  dieu  aainza 

intermi^chiun  da  la  baselgia  par  el*  (â)  Et  cura  che  Herodes 

fiit  par  r^  mnêr  oura»  in  aq  trellH  prœpia  not  durmiua  Pâtr us 

trauntôr   duo^  sudôa ,  &  era  lîô  cuti  duos  ehiadaiûaa  èi  laa 

guardgias  auaant  Tg  hûstb  parcbîiîréaan  lapraschun.  (7)  Et 

iihé  Tg  aungel  del^  HÎgnfr  a^'apraBchantô^  &  la  liuatb  fasehét 

clér  aint  îlg  gîédem  :  ùi  hauiand  el  dô  illas  costas  da  Pétri, 

3ohJ  l'gastdasidû  b1,  dschant  ;  Sto  m  praiat.  Et  laa  chiadainas 

tumauri  pu  da  ses  mauns*  (8)  Et  Tg  aungel  dis  ad  el  :  Schin* 

tat  aint  ix  trê  aint  las  uckiarpas.  Et  el   fasehét  u&ohia.  Et  el 

dis  agli  :   Mettat  dintuora  la  tia  arassa  <&.  uitten  dsieua  me* 

(9)  Et  gland  oura   V^s;  giaua  sieua  :  &  el  nu  fauaiua  cbô  fûa 

ualra  aqué  cbi  duantêua  trè?  Taungel^  dimperse  el  pisséua  da 

uair  lina  uisiun.  (10)  Et   cura   che   fiitten  passôs  la  [435] 

priimma  «k   la   aeeuonda  guardgia,  schl   uennen  é  â  la  porta 

d*fier,  qusela  chi  ïuaiua  in  la  citléd,  qnn?!a  chi  s'aurît  da  se 

sueaaa.  Mu  giant  oura  schi  uennen  é  sii  la  ^tréda,  à  adiin- 

trat  l'aungel  g>artit  dad  eh  (11)  Athiira  Petrus  Biand  turnô 

iti  se^  dis  :  Huosaa  Bm  eau  uai  ramai  ng,  cba  Tg  aigner  bo  ira- 


5S2 


L  G  CUDESTH  DEJ.B  FATS  DALS  APOSTELS 


mis  èiéu  aungel,  à  m'ho  a^ckiampantô  our  delg  maun  da 
HerôdiSj  k  da  tuotta  î^aspetta  dalg  pœuel  dais  Tiideau3.(12j  à 
hauîand  pisso  la  ohidsaf  schi  nen  ei  4  ta  ohiésa  da  Maria 
Mamma  da  loaunis^  quael  ebi  es  anumnô  Marcua,  innua  chi 
eraii  bgiers  araspôs  chi  urêuaii*(l3)  Et  hauiand  Petrus  picclud 
alla  poi*£a  dalg  pœrti,  aciù  giet  oura  îina  fanschella  cun  nuru 
Hode,  par  atadlêr,  (14)  Et  sco  ella  hauét  cimsi^hieu  1a  uusth 
da  Pétri,  schi  nun  aurît  ella  1*^  pcBrti  par  algrezchia,  mu 
curiand  aint  purto  che  Petrus  ara  auauntl'g  pœrti,  (Î5)  Mu 
aqucls  diijSt^n  ad  ella  :  Tti  iâl  immaUda.  Et  ella  aifârmèiia  elie 
fus  itschia.  Et  aquels  dsûhaiuen  :  E)g  ea  sîeu  aungeh  (16)  Ma 
Petrus  cuntinuêua  â  picchiôr.  Et  hauiand  miiert,  schi  Vg 
uezetteu  é  éL  a'instlinuitten*  (17)  Mu  haaiand  fat  ad  eh  scliitig 
eu  Tg  mauu  cha  taschessau^  schi  arestdô  el  ad  aquela  în  cha 
mœd  che  Tg  signer  Tg  hauéa  rmi6  our  de  la  [436]  praschur. 
Et  dis  î  Purrô  â  liioobo  &  aU  frars  aquaistas  chiôses*.  Et  siaod 
jeu  oura,  tiro  el  uia  in  iir  ôter  lœ,  (IS)  El  Q(b)ura  che  uen  di, 
schi  era  brîchia  fin  pistchen  sth^uardin  traunter  Ts  snd^s*  co 
che  nia  dchiappô  â  Petro  (19),  Et  cura  che  Herodes  l'g'  uulét 
hauair  Dé  Tg  acchîattô,  hauiand  examinô  las  guardgias,  achi 
cumandô  el  che  gnisseu  mnédas  uia  :  &  es  ieu  ^iu  da  la  îudea 
â  Cœsarcam  et  es  dmurô  allô*  (20)  Et  Herodes  era  flck  ird  m* 
cutiter  aquels  da  Tyrîa^  da  Sidone*  Etaquels  pïir  una  uenncn 
tiers  cls,  ikhauidnd  surpUdo  Blasto,  qas5l  chi  era  chiambrir 
delg  iLtaig,  aggiauiidchéuan  la  pâBSth  ;  tréâ  aqué  ehe  lur  paias 
li'aiidriéua  cud  la  uitqaergia  delgaraig.  (2ijEt  hauaiuamis  su 
lin  di  Herodes  trat  aint  uun  iiria  ara^sa  dad  araig  es  sas^ieu  in 
bautichia,  éi  faschét  tin  pléd  ad  aquels.  (22)  Et  Vg  po&uel  cla- 
mètia  :  ha  uusth  da  dieu  &  nun  ri  al  g  huju,  (23)  Fa  jidiîntrat  Tg 
auDgel  da  dieu  Tg  battit,  irés  a(|ué  i^hel  nun  hauês  dô  glûar 
gia  â  dieu  :  4  es  arus  dali  uerois,  et  ho  dô  sti  Vg  it^piert,  (24) 
Mu  l'g  pkVl  dalg  si^nier  creschaïua  é»;  â*in  grand  ma*  (25)  Et 
Barnahas  ùi  er  Saahts  sua  turaôs  da  HierusaleEu  hauiand 
cîumpiieu  lur  uffîei»  haulatid  prais  ouu  els  er  lohaniic,  qusel 
chi  hauaiua  (num)  surnum  Marcus. 

ANNOTATT0PIS 

Par  tg  mnér  oura]  par  Tg  dsthfér*  Ifafla  aspeda  dais 
lîideaus]  chels  aspettéuau  cun  algrezcbia  oh§  Petrus  gnit 
dBtbfat* 


4 


L*G  CUOESTH   DELS  FATS    DALS  APOSTELS  5^3 


CAP.  XIIL 


mtkm 


(1)  Mu  elg  erj^n  in  la  basaglia,  iiumVà  chî  ôra  ad  Aniiochife, 
profets  &  ductuors.  Barnabas  à  er  Simon,  quel  chi  gnîua 
auumnô  Nigrer^  à.  Lucius  da  Cj^rene»  &  Manaben,  quîBl  chi 
ern  îiifô  nudrîÔ  m  cun  Heroiie  tetrarcha,  k  Saulus,  [2j  Mu  cursi 
oh^aqueis  bauaiun  suruieu  agit  siîgner  à.  g]i)ti6,  sclu  rlla  Tg 
gpiert  ^^rie  :  Zaurô  oura  à  mi  Barnabam  &  Satilum  in  la  lauur, 
ad  aqusela  oh*eau  Fd  hse  clamô»  (3)  Et  cura  chels  hauetten 
giÛDÔ  4!k  urô  &  bauetian  mis  sii  ad  aqsels  Ta  matins,  achi  Ts 
tramtetten  é  daueiid.  (4)  Et  eU  à\mè  tramia  dalg  saine  apiert 
tiraun  uta  â  Seieuciam^  éi  daiondâr  naatgaun  é  In  Cyprum. 
(5)  Et  tîura  cbe  fùtten  â  Salami  ne,  scbi  predgiauîî  é  Tg  plêil 
da  dieu  tu  las  sjnagogls  dais  ludeaua.  Et  biiuaiuen  er  lohaiw 
neïTi  seruiaïnt,  (6j  Et  sîand  ieus  da  par  tuot  Tisla  infina  â 
Paphura,  achj  acchîataun  é  nn  striun  fuosprofet  liideaii,  f]«a3l 
cbi  batïaiua  num  Banesu,  (7)  qua^l  cbi  stéua  cun  l'g  ^uuer- 
natiur  Seigio  Paiilo  îio  hum  pardert  A  quai  bauiand  fat  cl  amer 
Enruaba  ^  Saulo  aggiauascbèua  dad  udir  Fg  plêd  da  dieu. 
(8)  Et  Eljuias  j^  tri  un  (usobia  gniua  mm  [438]  oura  aieu  num) 
stèua  8û(h)ynter  adâU,  scberebiand  da  etbuiêr  rgguuernadur 
de  îafo.  (9)  Mu  Saulus  qu£Dl  pjœpî  er  Paulus,  plain  deSg  âainc 
BpieH,  Fg  guardant  cun  Fs  o&itgs  Lais  dis  :  (10)0  piain  d'îtiginïî 
da  tuotta  chiatiuiorgia,  ai?  dalg  diauêt,  mimîeb  da  tuolta 
atia,  oun  t*interhii*i!bas  tii  da  storscber  \m  uias  drettas  deig 
[gtier?  (H)  El  uhii  buoH^a  Vg  mauri  delg  signer  sur  Us  éi 
uabist  ad  esser  orf  Dun  ueziand  Fg  suUailg  infina  ad  iiri  tîjmp. 
Et  adtititrat  tummo  sur  aquel  la  schiera  èc  la  ^ckitirezza,  6l 
giaiua  dintuorn  scbercbiand  iXn  obi  Fg  mnas  a  maun.  (12) 
Alliiira  Tg  guuernadur  hauiand  uis  aqut?  chel  era  dchlappô, 
craiét,  AU  stbmiirafgliand  de  la  dattrina  del  signer.  (13)  Et 
cura  cbe  da  Papho  Paul  us  muet,  ^  aquels  lihi  eran  cuo  el 
luiiemmel»  scbi  aeiiDen  é  â  Pergen  da  Pampbiliie,  Et  loannes 
tiro  uia  onr  dad  ela  &  turnô  â  Hîerusatem,  (14)  Et  els  siand 
iau^  iutuorn  îlg  paias  uenoên  da  Perga  ad  Antiûcbiam  da 
Pis  [dise,  ai  in  iio  di  del  g  sabath  sun  els  ieun  aint  in  la  ejna- 
goga  éi  s'a«cbaiitaun  giu,  (15j  Et  d^ieua  la  lo/xhia  de  la  le^eha 
&  dais  profetâ  tramtetten  Fs  parzura^  de  la  âjnagoga  tiers  ele. 


.h^-L 


524 


L  G  CUDKSTH  DELS  FATS  DALS  APOSTELS 


dschant:  Hummetis  frars,  schVlg  es  in  uus  qualch  pied  dad 
iatraguidamalnt  alg  pœael,  schl  dâché.  (13)  Et  altiand  su 
Paulus  ik  hauiand  muf^s^è  cun  Vg  nmuii  che  s'taschés,  àÏB  * 
Hummeos,  iBraellters  [439]  c^  aqiiele  chi  temman  dieu,  udi  : 

(17)  L^g  deus  da  quaist  pœuel  ho  scharniêu  aos  babana,  à 
ho  aduzô  m  liôt  Vg  pœuel,  aiand  els  fuUastîjra  in  la  terra 
da  ^Egijpti  :  Et  Fs  ho  mnôs  otir  da  quella,  cun  im  bot  bratj«h  : 

(18)  &  intiîorn  tijmp  da  quarayma  ans  ko  el  cumpurtô  \m 
eostiims  î!g  deaerd,  (19)  Et  hauïand  mis  auot  «et  pœuels  in  la 
terra  da  Cbaiiaan,  sebi  ho  el  cumpartiou  giu  oud  la  suort  ad 
aquôla  la  terra,  (20)  Et  cîsieua  aqaé  intuorn  quateracbient  ans 
&  schinquaota,  schi  det  el  ad  ela  giudistbâ  influa  alg  profet 
SamueL  (21)  Et  dalonder  inuia  a-^Tagiaun  é  nn  araig:  li;  de  us 
det  ad  ela  Saul  fîlg  da  Cis»  (In  hum  da  la  selatta  da  Beniiituin 
par  ans  qnataunta.  (22)  Et  bauiand  prais  aqnel  dauent,  schi 
ho  el  aitdastdô  &u  ad  ela  Dauid,  p«r  chel  fiis  araig:  ad  aquegli 
dant  el  testimuniaunza  dis:  Eau  hee  acchiattô  Dauid  Ûïg  da 
lesBe,  iin  hum  snfiinter  œîeu  cour,  quael  chi  wain  kfév  tuottai 
las  mîas  uoiant^ed^.  (23]  Dal^  sem  da  quaîât  dans,  da  co  chêl 
hanalua  impromis,  ^chî  ho  el  rond  ad  Isracli  Vg  saluéder 
Iô8am,  (24)  haciand  uiuauot  loaunes  predgtô  atiauntla  fatfcha 
da  la  sia  antri^dgia  Vg  battaisem  de  Variifltju^cba  ad  laradi. 
(25)  M<i  cura  che  ïoannes  haaétfurnieu  sieu  cuor^^  schi  disel: 
cbi  pi»saes  ch'eau  pai;i  ?  Eau  nu  snn  eaa  aquei«  mu  ubê 
[440]  é  uaîn  iin  dsieua  me,  da  quasi  ch'eau  nu  sun  deng  da 
sthhriisagfiér  iin  a  sckiarpa  da  sea  pas,  (26)  Huraeas  frarâ, 
û\gê  da  la  sclatta  da  Abraham,  éi  aquels  chi  traunier  uus  tem* 
man  dieUj  â  uus  es  tramis  Vg  pléd  d'aquaiat  saliid,(27}  Fer 
che  quelle  ehi  atéuati  à  Hierusalem  àL  lur  parzuras,  nun  cuu- 
âchiand  aquel  <^  las  uuslbs  dais  profet^,  qusotaH  cbi  uignaa 
in  imtiiichia  ^abarh  ligijdaât  Vg  hauiand  cundamuô  laâ  haun 
cumplidas,  {28)  Et  nun  hauiand  acchiattô  in  el  iingiiina  chia- 
schun  délia  mort,  hann  agragîô  da  Pilato^beî  Vg  auiazâs.  (^) 
Et  cura  cheU  hauetten  tuotlas  chîô^es  cumplieu,  qu83las  chi 
eranscriitas  dadel,  Vg  hauiand  praîji  gta  delg  lain,  schi  Vg 
mattéten  é  in  iin  miilimaint,  (30 j  Mu  deua  ho  a^dastbdô  m 
dala  muorts  aqnel ,  qniel  chi  es  uaia  par  b^iers  dis  (31)  ad 
aquels  eht  eran  '^nieus  sîi  da  Galilea  â  Hterusalem  cud  el 
iDsammel:  quais  chi  sun  slas  pardiittas  tiers  Vg  pœueU  (32) 


L'a  CUDISTH   DELS  FATS  DALS  A  POSTE  J. S         5  £5 

Et  nus  predgiîiia  à  uus  cîi6  attuella  imprombcliian,  qu^la  cht 
es  duaDtéda  â  nos  babnns^  (33)  cUe  deus  Thégia  cumplida  à 
lur  infauns,  eu  num  a  nus^  hauiand  areaiistô  lesu,  da  co  che 
sto  ar  îlg  prûm  paalm  âcrit.  :  Tu  ist  mm  ûig,  aau  hfe  haoz 
genuiea  te,  QiA)  Mu  chel  hêgia  aquel  astdastdôsu  dais  muorU 
èiGhelnu  tuorna  huo^saplii  in  la  cosumacium,  sclii  ho  el  dit 
U8chia:  Eau  uœlg  dêr  a  uua  la»  ahiôsea  da  Dauid  sfnchiaa  et 
ûdélas,  (35)  [441]  Très  aqtié  djsih  et  erin  ûû  ôter  loe:  Tu  nu 
nainit  â  laschêr  tihe  tes  sseiic  uigna  â  uair  la  oosiimaciun* 
{3ê)  Per  che  Dauid  cura  chel  hauét  Vg  lijmp  de  la  sia  uiUa 
aeruieu  alg  ausï^elg  da  dien,  sahi  daroiit  el,  lieâ  m\%  tiers  ses 
babuas,  &.  ho  uia  la  ûosumaciun.  (3?)  Mu  aqu*?!^  quœl  che 
deus  ho  astdastiiû  su,  nu  bo  ui3  la  coëlimaclun.  (38j  Saia 
dimé  â  uus  liummeiiâ  frars  â  gauair,  che  tréa  aquaisi  uain  â 
uns  predg]6  Taremischiun  dais  pubio^,  éi  ria  tiiôU  aquels,  da 
quarts  che  uns  nun  hauaia  pu  dieu  gniv  giûatlûchiôs  tréa  la 
Leaeha  da  Mosi,  (39)  très  aquaist  eeodun  quœl  chi  eraiu  uain 
â  ^nir  giustiûchiô.  (40j  Guardo  dimé  che  nu  suruigna  â  uus 
aqué  chi  es  dit  îl^  profets  r  (41)  Guardô  uua  sLhgiaingiaduors^^k 
's  aathtniirafgliô  à  's  pardé  uia,  per  che  eau  uing  à  (èr  ma. 
huo[u]ra  îla  nos  dis«  queela^  ^ch^in  uain  â  dir  â  uus^  che  uus 
nu  craias.  (42)  Et  siand  Ts  ludeauâ  ieus  cura  de  la  ajuagoga, 
s  chi  aruèuati  l'a  paiauns,  che  predgiassen  aqué  ad  ela  er  ilg 
sabath  dsieua,  i43)  Et  gniand  oura  l'g  pœuel,  schi  suu  ieus 
dsieuaPaulum  tic  Baniabiim  bgiera  lûdeaus  <!ideuôta  prose lijts. 
Quâ^is  faâand  cun  els  i'a  acua^lièuan  che  uuleâ^en  continuer 
in  la  gracia  da  dieu*  (44)  Et  U^  seguaint  sabath  bunamang 
tuntta  la  cittêd  uen  isemel  ad  udir  Tg  plêd  da  dîeu<  (45)  Et  Vb 
liïdeaus  ves'Jand  Tg  bgier  pœuel  uaimen  plaina  d'inullgia  k 
cunterdachaiuen  ad  aquel  -[442]-  las  cbiôaaa,  quœlas  chi 
gniuan  ditias  da  Fauio,  cunterdechaut  ôl  blastmant*  (40) 
AUiura  FauLua  èi  Barnabaa  hauiaud  pig'liÔ  ardhuatDt,  disseo; 

»À  uus  !«*ai<tuLiatua  Vg  prum  predgiér  Tg  uierf  da  dieu,  mu 
dimé  che  uuaarfiidfes  Rquel,  6l  GBstmaa  uus  suessa  mél  denga 
de    la  uitta  seterna,  uhé  schi    d'b  uulains  uuoiuer  nia  als 

•paiauns,  (47)  per  che  uachia  ho  cumandô  â  nu^  Pg  signer: 
Eau  hm  mis  te  par  una  lidsth  ala  paiauns,  par  che  tii  saias  j'g 
salud  per  an  ouradima  la  terra.  (48)  Et  udiant  aqué  Ta 
paiauns  schi  s'hauu  é  allegro  <k  iudéuan  Vg  pléd  dalg  signer 


526  f.  G  nUDESTH   UEKS  FATS  DÂLS  APÛSTËLS 

èi  haim  craieu^  taunta  seo  els  eran  hurden^s  â  la  uitln 
iBiârna.  (41^)  Et  Vg  pied  dalg  âîgner  B*arasêua  par  tuot  aqaé 
paiaa.  (5<))  Mu  Vs  ludeaua  atizûUia[u]n  su  deuottai  6:  hutidré^ias 
dunauua,  6i  ïs  pruois  de  la  cittéd^  é.  amueataun  sii  la  perse- 
cutiun  in  Fauluin  (kBarnabam,  ai  Vn  dsthcblatschaua  our  da 
\uT  cuâûs.  (51)  Mu  eEïJ  Uauiatid  sthbattieu  giu  la  puûluera  dais 
]ur  \ie&  ia  aqueb,  uêanen  ad  Iconium.  (52)  Et  l'a  diôcipuls 
gniuan  pkina  d'algrezcliia  à  d'spiert  asettc, 

ANNOTATIONS 

i\run  (éd.  num)  ^aea  /a  fâj<»//mciii/ff]  nu  uain  â  gnir  coâûmô, 
nu  uain  â  dlijr,  nu  uain  â  athmafscbir,  /'rùsedjts]  paîauna  chl 
eraii  ^uiDuertieus  â  la  lâscha  de  Mosi, 


CàP,  XIUI 

[443](1)  Eteaduantô  ad  Iconych'ekgiatten  aintiosemeliA 
ta  Hynagoga  dais  liideaus,  éi  faûèuan  în  aquella  guisa  ùUe 
craietten  bgierra  Ueud  dais  lûdeaus  à  Hab  Urecs  isseiitel, 
('i)  Mu  aqueis  liiieaus  cht  nu  cralauçn  aihuantaun  su  oi 
^uastaun  l's  sens  delà  paiauns  inounier  Yt  frari.  {3}  Et  par 
aqu«^  ^un  eis  dmurôs  alio  bgier  Ujmpf  sMaportiancJ  gîagliar- 
darnang  cun  aiiid  delg  signer,  qua^l  obi  déua  testimunîauaza 
agli  plêd  délia  sla  gracia^  et  déua  che  duauta&sen  baiuas  de 
miraqtieh  très  lur  mauns.  (4)  Mu  la  Ueud  de  la  cîuéd  uau  m 
parts^alchiiinsâtèauncu  ïs  ludeauH  et  alcbiùns  eu  Vé  apostela. 
^5]  El  Êinnd  fn%  ûri  sthfora  dais  païauDS  &  dais  liideaus  isem- 
mel  cun  lur  parjuras  in^emniel,  par  Ts  fer  fuorza  éi  par  Vê 
îict^rappêr,  (6)  hauiaiuJ  inclijt  la  t:hiôsa,  schi  î'u^ntïeii  ela  â  i 
Lytitram  éi  â  Derben,  ias  cittéds  da  Lycaoniœ  it  da  par  liiot^H 
intuorn  îlg  prusmaunt  paia^  *Sc  allé  pretlgiêuan  é  fg  euangeii.  ^^ 
(7)  Et  un  schert  lium  â  Lijsiris  aezaiua,  qinel  chi  era  debil  eu 
Ps  pe*,  clii  era  zop  dalg  uainter  de  la  aia  matnma^  qua^l  cbi 
mm  nun  hanaiua  chiaminô  ;  (8)  aqoel  itdit  faflant  Paulum  : 
Quail  Tg  hauiandguardô  âc  ueziand  eliel  bauaiua  cretta  chel 
gnis  guarieu*  (9)  dis  cun  bôta  uuâth  :  Sto  m  dret  in  tss  pes. 
Et  aquel  saglitsû  ài  cbiaminèua.  (10)  Etbauiaud  uis  la  Heud 
aqué  cbi  hauaiva  fat  [444]  Paulus,achi  hu7.au n  é  la  uustbllg 


^™  L'G  CUDBSTH  BELS   fats   DAS  APOSTEL»  527 

launguaick  Ljcaonick,  d^chant  :  L's  dîêls  lu  fuorma  dlieud 
sun  guieuê  gm  tiers  nus.  (  11}  Et  anumnéuân  Barnabatn 
loudm  et  Paulam  MercuriuiUi  per  che  chel  era  la  guida 
dalg  pied.  (12)  Et  Tg  sacerdot  da  louis  qu^l  chi  stêua  ou- 
rauaunt  lur  citléd,  mnand  ujut  â  la  porta  tôr»  t^  curunas, 
uulaiua  cul  pœuel  sacrifichiêr.  (13)  Qusel  cura  chels  apostals 
Barnabas  à  Paulus  h^uietten  uileu,  hauiand  dstramô  lur 
ufisokîmaintasp  saglijuen  aint  il  g  pœuel  ^  clHtnant  è:  dscliatit  : 
(14)  Humens,  per  che  faicliais  uus  aquaistas  chiôses?  Nua 
isehen  er  nus  bumens  subg-iets  ad  aqué  prœpi  mêl,  ehe  uua 
lâches  er  uus,  predgiarvfi  che  uua  'û  miidasda  quaistas  uaunas 
chiôses  uia  aîg  uif  dieu,  qumi  chi  ho  fat  Tg  schil  ai  la  terra  d 
Tg  mèr  éL  tuot  a  jué  chi  es  în  aquels,  (15)  qurnl  ehl  par  etéds 
pEkssèdas  ÎSdichéua  ir  luots  paîauna  par  ki  Lur  uîas.  (I6)Cuiii' 
bain  ehel  nun  laschêua  se  $ue^  ^aiuza  leâiimuniaimza,  cura 
chel  n'a  faschaiua  dalg  bain  giu  da  schil,  dunt  â  nus  la  pliif- 
glla  &  ta  tu'Dipuraunza  rrîîtlaitlaf  assHdulânt  noa  cour  cun 
ipisa  ai  cun  algrezk^hla.  (17)  Et  dschaut  ai]ué,  sclii  hauu  é  cuu 
egra  hustô  Tg  pœuôl,  che  au  sacriûchitissen  ad  els.  (18)  Ln 
aquella  survegnitteti  alchiuns  liidcaua  iU  AnHochia  &  da 
IconiO,qu£el8  hauiaud  fat  acra;ij)dantô  Tg  pœuel,  âfhaumndfat 
Rcerappép Paulum,  l'g  traietten  oura  de  la [446]  eitrét,  pi^siand 
chel  fus  muort,  (19,i  Et  Tg  stand  întuorn  Ts  dtscipuls,  schi 
aluô  ei  sii  &  gict  aiui  în  ta  cittéd.  Et  Hg  di  dsieua  ea  el  ieu 
cun  Barnaba  à  Derben.  (^0)  Ef.  cura  chah  hauetten  predgiu 
Tgeuangeliad  aquegli  cittét^é:  hauatten  ainuaaô  bgiers,  schi 
k  sun  els  turnôs  â  Lyatram  éi  ad  Iconium  6l  ad  Antiochiam,  (21) 
dabijnœf  cumârmand  Vs  sens  dais  didcipula  k  Ta  ititraguidant 
chô  continuassen  ia  Jh  fe  :  e  ohe  très  bgiers  astijnt^  nus 
stuain  antre r  îlg  ariginam  da  dieu.  (22)  Et  cura  cheU  hauetten 
cun  ias  pltis  uusths  acharnien  ad  e!s  preers  in  inmiinchia  ba- 
selgia,  iX  chels  hauetteu  cud  gigiiins  fat  aroef,  achi  arcuman- 
daun  é  aquels  agit  signer,  in  aquasl  cheis  hauaitien  craie ik 
(^j  Et  hauiand  passô  très  la  Pisidia  uennen  é  in  Pamphy- 
liam,  (24)  cura  chela  hauetten  (iredgiô  Vg  plêd  â  Yergœ, 
flchi  uenuen  é  giu  in  la  cittéd  Attaliam,  (^5)  à  dalonder  naui- 
giaun  é  ad  Ântiochiam^  innua  obéis  eran  st6s  arcumandôa  â 
la  gracia  da  dieu,  in  aqaella  lauur  ehcls  hauaiueu  cumplicu. 
(2ij)  Mu  cura  chek  fiitten  arriuôs  &  chela  hauetten  fat  araa- 


5£8 


LG  CODESTH   DELS    FATS  DALS  APOSTELS 


t 


|>èr  Ja  baiâlgli&4  scfai  purtaim  é  tuot  aqué  che  deua  haiiaiua 
fat  aun  ùh  :  èichei  baués  auiert  ta  porta  délia  fe  &h  paiaurta. 
(27)  Et  «un  doiurôi  atlo  bgier  tijmp  cun  l*â  discîpuls 


CAP.  XV. 


é 


4 

ial^ 


(1)  Etqualahmasqti^lsehîerangnieusdôlaliideaiamuuêiiaii 
Ta  frars  :  Upœia  che  uixa  nu  s'armuondas  suainter  1^  custiin) 
da  Mosi,  3clïi  nu  pudais  esser  salfa.  (t)  Et  siand  par  aqiié  alud 
fiu  un  athguardin,  <k  fiit  un  Flhguarditt  tk  \in  dabat  bricbia 
pitstlien  da  Paulo  6i  fiarDabam  i  no  un  ter  aqualâ.  achi  htirdenaun 
é  Pau  Lu  m  à  Barnabam  é.  qualchiûnâ  dters  da  quels  chi  gieaaeii 
SU  â  HieruBalem  tîerâ  Vb  apagtéls  <k  tier^  Tg  preers,  da  uard 
aquaiât  dabat.  (3)  Els  dîmé  îduîôs  de  la  basielgia  passéus 
très  Pb<Bntcen  àt  Samari»m,  arasebunand,  da  ao  obtls  [»aiaui 
s*ounuertînaii,  *&  purtêuari  ijna  (éd.  uua)  granda  algreicbiai 
tuota  fntrs.  ^4)  Mu  siaud  aiTiuôà  â  Hieruaulem,  sobi  «un  eli 
artschiauâ  de  La  baselgia  ùi  dais  aposteU  éi  daLs  prtei*^  à  ela 
baun  arôfitdo  tuot  aqué  cbe  deua  bauét  fat  ou  a  ela.  (5)  Et 
aiuauu  su  alohiÛQs  da  la  part  dais  phariseérâ  d'aquels  obî^ 
bauainen  craidu,  dscbant,  che  i'astuuaiua  armundér  aquelij 
&  Vé  eu  mander  cUe  aaïuaasen  îa  lescba  da  Mosi.  (6)  AlhuriT 
ueiHien  insetuei  Vb  apostel^  àL  Vê  prêôt's  par  guariiér  da  quaist 
fat  (?)  Et  aiand  una  frauda  dispùtaciun,  sclii  aluo  sii  Petrus 
éi  dis  ad  aquls  ;  Hupàeua  frars,  uuaâauaiâ,  cbe  dais  priima  dijj 
inno  deu8  scharnét  îraunter  nus,  che  trêa  la  mia  btiocbia  1*8 
paiauns  gniâseu  ad  udir  l'g  uL6rf  delg  evaugeli  6:gD(Sâen^H 
crair*  (8)  Et  deus  qu^l  cbi  cugniouscba  Ta  co-[447j-ur8  ho  d^^ 
ad  eis  iesttiBUuiauusia  daut  ad  aquelâ  ]'g  (éd.  Ta)  spiert  ea&ne 
SCO  er  â  nua,  (9)  6i  nun  bo  fat  ungîùna  differijntia  traunter  nus 
à  aqueLs,  cura  cbel  ho  ûun  la  fe  natâgiô  lur  coure.  (10) 
buosaa  cbe  uulais  apruêr  dieu,  parube  uigoa  mis  L*g  gîuf  su 
Vg  culœz  daLs  discipuls,  quml  chi  nuti  bauii  pudieu  purtèr  i 
nos  babutis  né  titia?  (L I)  Dim perse  nua  eraiain  cbe  très  lagr 
cia  delg  Signer  lesu  Chrîsti,  cbe  nus  uignen  à  gnir  salfa  seo 
er  ela.  (L2j  Et  tuotta  la  lîeud  tascbét  à  atadlêuan  Baruabam 
à  Pau  lu  m  ara^ebunanif  cbe  isainas  ù.  miracquela  cbe  deui 
baués  fat  très  ela  trauuter  l'a  paiauua.  (13J  Mu  dsieua  cïieU 


nus 

i 


I 


l'g  CODESTH  DELS  fats  DALS  APOSTELS  5ï9 

tasehâtteti,  schi   arespundét  lacobus,  dsobânt  :    Hummons 
frara,  udi  me.  (14)  Sjmeon  ho  araschunô  da  co  che  deua  Vg 
priim  lio  uistd6  par  prender  iin   pœuel  our  daUpaiaunsin 
sieu  num  (15)  à  ad  aquaîst  s'  eauain  la  uerua  dais  profita 
iuaînter  chi  sto  acrit  :  (16)  Dsieua  aquaistas  chiôsas  uœtg  eau 
lurnériàc  darchiô  aœlg  eau  edifichî^r  1'^  tabernaquel  da  Dauid, 
quel  chi  es  aruinô  gin,  et  eati  ucelg  arnuér  aqué  chi  es  araot, 
&  Bœlg  adrizêr  sii  aquel,  {17)  par  che  l'g  areat  délia  lie  ad 
scherehian  Tg  signer,   «i   tuots  Ti  paiatina,  âur  qtiida  uain 
clamm6  in  agiiid  mieu  num:  dislh  Tg  signer,  quîïM(s)  chlfo 
tuottes  aquaiâtes  chiôses.  (1S)  A.  dieu  sun  cunschldas  tuotiaa 
aquaistas  sias  houres  da  saimpermê  înno.  (10)  Très  aqué  aun 
eau  ci'aquaist  aeti,  che  nu  saia  da  dér  impack  ad  aquels  chl 
snn  dais  paîauna  [448]  cunuertieua  uia  â  dieu  :  {:2Û)  dimpersa 
che   sala  da  scriuer  ad  aquek,  chôlâ   a^artignan   our   dalg 
brydgîiing  délias  imêginas  à  dalg  pittanung  6l  dalg  astan- 
Bchantô  êi  dalg  saung.  (^21)   Per  che  Moses  da  tijmp  uijl;» 
Inno  m  inDaùnchia  cittét  ho  aqueîs  chi  Vg  prerîgian  in  las 
sjnagogis,    innua  uain  inmiinchia  Sabath  Ujt*   (22)    AIhura 
plaichét  als  apostels  èi  aïs  seniourâ  cun  tuotta  la  balaegîa,  da 
trammeter  our  dad  els  humens  acharnieua  ad  Ântiochîani  cun 
Faulo  ^   Barnaba,  ludam  cun  suriium  Barsabam,  t^  Silam, 
tiumena  dais  priiuis  traunter  Ts  frara,  (23)  hauîand  tramis 
chiaitas  da  lur  maun  în  aqaaiât  tenur:  L^a  apostelsj  Vu  preera 
&  Ta  frara  ad  aquela  frars  chi  sua  dala  païauns  ad  Antiochia 
éi  in  Syria  ^  in  Cilicia,  salild*  (24)  Par  che  che  nua  hauain  y  dieu 
che  saien  aicbiuas  ieus  our  da  nus,  cîii'stiauQ  turblô  cun  pieds 
mettant  «uoi  sura  uos  sens,  cumandiant  che  iiuâ  daiaa  gnir 
armundÔa  ^  saluer  la  leschai  ad  aquélz  che  nua  nun  hauaiuôB 
cumandô>  (25)  Sehi  ho  é  aumgiô  à  nua  araâpôa  par   11  na,  da 
traraettcr  tiers  uus  hummena  scharnieua,  cun  Vs  nos  chiérs 
Barnaba  éi  Paulo,  (26)  hummena  qiimls  chi  haun  mis  lur  uittaa 
par  Tg  num  da  noa  signer  lesu  Chriati,  (27)  Nua  hauain  par 
aqué  tramis  ludam  éi  Silam,  qua^Ia   er  els  uignen  cun  plêda  â 
purtêr  afjué  prœpi.  (28)  Per  che  elg  ho  sumgiô  agli  [449] 
SRinc  apiert  ai  er  à  nu?,  che  nu  uigna  mis  plii  inchiarg  â  uus 
co  aquaistas  chi6sea  chi  sun  bsiigniuaas:  (29)  iiumnédamaing, 
che  uus  ^a  artignas  de  quellas  chidseâ  chl  aun  hu^ertdas  iïi 
allas  immêgina?^  à  dalg  aaung  tk  dalg  astanschantô,  <k  dalg 

31 


530 


LG  CUDESTH  DELS  FATS  DALS  AFOSTELS 


pittaDung.Daqi3iolasachiau8Suesga'aïnguardy33,«chifascliaia 
bain  ;  stéd  launs.  (30)  Et  aquels  dimé  siand  tramiâ  datent 
uenrien  ad  ÂnUocïiianij  c^:  hauiand  araspô  la  iieud,  schi  detten 
é  la  chiarta.  (31)  La  qua'la  cura  cheU  hauetten  liji,  schi  suïi 
eis  allégros  d'aqué  cufœrt.  (32)  Ma  ludaa  t^  Silas  aiand  er  êls 
profeta  cufurtaun  cun  bgiers  plêds  Ts  frara  éi  Ta  cunfarmaun. 
(33)  Et  sun  stÔB  dmiirôs  allo  un  pà  d'im  tiJQip  &  sun  tramii 
cun  la  passth  dais  frars  tier^  Ts  aposteîs,  (34)  Et  ho  aumgiô  à 
Bila  da  stér  allô.  (35)  Mu  Paulu9  <k  Barnabas  dmuréyaïi  ad 
Antiocliiam  amussand  ^ii;  predg:iaad  er  Gua  ôters  bgîerâ  Tg  plêd" 
dal g  signer.  (36)  Et  dsieua  yerzequanta  dija  dis  Paulus  ad 
Barnabam  :  Turnain  huossa  iX  uîstdaiu  nos  frars  par  tuottas 
las  cîttêds,  in  aquétas  nua  hauain  predgîô  rgplèd  delg  signer, 
da  ao  che  s^  daportan.  (37)  Mu  Barnabas  acusglîeua,  ûhs 
praadesseû  etan  ela  er  loanoem  cun  âurnum  Mafcuin,  (38)  ôi 
Pauks  nu  uulalua  ch'aquel,  chi  fiis  iina  uuotta  amanchiô  dad 
elsour  da  Pamphjiia  né  fiis  ieu  cun  eîa  in  la  lauur,  s'aeura- 
pagnâs  cun  ela.  [450]  [39]  Et  fiit  taunt  grand  dabat  trauntcr 
els,  che  se  parti iten  lîûn  our  da  Hâtera  et  che  Barnabas, 
hauiand  prais  in  cumpagnia  Marco,  nauigiô  in  C^^prum*  (40) 
Et  Paulua  hauiand  scharnieu  Si! a  es  tira  ula,  (3c  të  arcum- 
mandè  dais  frara  alla  gracia  da  dieu,  (41)  Et  ehtaminéua  ivèn 
laSyria  éi  Cilicia  cuafermandtas  baselgias. 


annota[cednb] 

Ûelg  astansckantê  6i  dalg  mung.]  El  g  eran  aiiméris  astan- 
achantôs  <k  sckiannos,  qua:d3  chels  paîauna  hufîeriuen  sii  à  lar 
diable,  da  qua^las  chîôâes  aquôla  chi  craiaue»  in  dieu  daiuen  ir 
laachaiQs,  k  in  aquella  gulaa  cumandéuan  er  Vb  apostels. 

Jacques  Ulrich. 


I  DODICI  CANTI 

ÉPOPÉE   ROMANESQUE  DU  XVI*  SIÈCLE 

(Suite) 


CANTO  UNDECIMO 


23r^J  1.    Ogni  peccato  penitentia  aspetta 
Ne  puô  Tira  divina  alcun  fuggire. 
Zoppa  non  è,  se  ben  non  corre  in  fretta, 
Ne  si  toile  perô  per  differire, 
Anzi  è  più  grave  poi  ;  se  non  assetta 
Da  l'error  suo  il  peccator  fuggire 
Etinalzarsi  al  ciel  con  Tintelletto, 
Del  gastigo  ne  vien  più  grave  effetto. 

2.  Ma,  se  '1  proposto  rio  muta  il  mortale, 
Muta  il  monarca  eterno  la  sentenza, 

Et,  se  pur  segue  il  suo  sfrenato  maie, 
Manda  col  tempo  quel  la  penitenza 
Et  commette  il  punir  in  man  di  taie 
Che  spesso  non  se  n*  ha  la  conoscenza. 
Ninive  grande  ne  puô  dar  Tesempio 
Et  del  contr[ar]io  Egitto  il  duro  scempio. 

3.  Nabucodonosor,  dopo  i  sette  anni 

Che  1  fien  raangiô,  pentito  del  suo  errore, 
Meritô  gratia  dai  supemi  scanni  ; 
Ma,  perché  Faraone  indurô  il  core, 
Hebbe  dal  sommo  Idio  doppoi  più  affanni 
La  morte,  ai  corpi  nostri  ultimo  orrore. 
Col  popul  suo  dentro  el  Sanguigno  Mare, 
Che  un  sol  da  quello  non  puotte  il  piô  trare. 


;32  .  I  DODICl  GÂNTl 

4.  Tal  bor  per  un  peccato  d'un  huon  solo 
Putjisce  wn^  provintiâ  et  tulto  un  regno 
La  dîvina  ira,  et  presta  eatremo  diiolo, 
Tanto  prende  spiacer,  tanto  ha  grau  sdegao 
Del  peceato;  et  di  cid  rHebmco  stuolo 
No  vidde  il  cîiiaro  et  inauîfesto  segno, 
Quando  la  donna  toUe  il  râ  di  Uria 
Cbe  nVbbe  il  popul  poi  la  peua  ria. 

5.  Hor  tûtervien  che  Sarpêdoate  il  lîo 
Fatlo  ha  il  peccato  et  li  soi  cavallieri 
Per  man  del  conle  n'barf  pagnto  il  fio, 
Ne  lorgiovô  ne  Tarmi  esaere  altieri; 
Ma  non  fia  ancor  dato  el  tyraona  a  obïio, 
Chc  gli  error  »uoi  doii  boh  tanto  leggien 
Ch*  uscir  «e  ne  bûbîa  ei  »ol  con  raltnii  daom, 
^f  a  morte  è  per  havarne  oltra  gli  aifanai, 

6.  Se  Dio  aerv6  Davit  infm  gli  Hebrei, 
Ftt  lu  mereè  di  )ui  clie  'i  cor  le  punae, 
Percbè  era  buono,  et  per  contrario  rei 
Tatti  color  cbe  lialla  vitasgiEicse. 
Al  re  nou  perdonà  di  Jebusei, 
Che  par  inau  delli  Hebrei  tulli  consiinseï 
PU  CQil  i  Fere^ei,  i  Gabaouiti, 
Çho  eoi  populi  furo  i  re  puniti. 

iF**122¥*]  7*     Restava  atupefatto  il  bon  Roberto, 
U  Fauno  col  corner  era  stordito 
Vedendo  U  eciatâ  cavaliicr  il  esperlo 
Péril  frHeas3[o]  diatia  mano  ufcita  j 
Ne  le  pare  va  ancor  tal  caso  certo, 
Benchtî  hanûo  vislo  cb'an  guerrier  si  ainlilo 
Sol  comeaso  babia  in  coal  tempo  biieve 
Eâddio  tal  a  ceato  alid  non  [levé, 

8.     Haveva  Orlandû  già,  corne  i*  narrai 
Ne  l'attro  cantùf  quel  la  cotnpagnia 
Delli  sessanta  et  poi  di  ceato  assai 
Traita  ta  mal  ;  ma  Tait  a  corteain, 
Ch*in  degûtj  cavallier  non  munca  mai^ 
Fa  che  Roberto  libero  hoggi  aia 
Da  quel  furor  di  morte,  dal  maeello 
Che  facea  Orlando  a  quei  di  llio^Ca^tello. 


GAKTO  UNDKCIMO 

9.     Lâssà  i)  corner  la  tuft  fiaroeiiU  et  prenne 
Un  hom  coreier  che  francaoïeûte  el  poni. 
Il  Fan  no  aneor  il  pîê  cmprinoa  sUnde 
Qv9  ju^Qo  iQ  terra  i  corpi  morU, 
E,  «e  eatl^ena  d'oro  o  anel  comprend, 
A  «fl  la  aroggiAi  tt  tempre  tîeno  ftcorti 
Glt  oehi  fedeli  isiôrno  riguardindo 
Ch^A  llmproviso  non  si  assald  Orlaado  ; 

10«     Cbe  non  si  aa«alli  Orlando,  che  va  ratio. 
Et  qtîâ&io  ptiot#  Brigliador  di  Irotta 
Spfooa,  COQ  désider  giunger  ûï  faUa 
Siiao  al  cailello  par  pQsser  far  inotto 
A  SarpedoQte  et  per  purgario  a  un  tratto 
Di  mille  errori  et  farle  dnr  tal  botio 
Qua!  Boa  ai  crede,  et  cod  ferro  el  con  fuoco 
Raviaar  ttitto  quel  maligoo  Iuqcô, 

1 1 .  Giunto  alla  porta  fortemeate  s  non  a 
Il  eoûle  U  eorooe  a  Sarpedonte  chiede 
Fiera  baltaglia,  cui  Torecchta  intrut^na 
Quel  alto  auon,  et  fuor  gnardando  vede 
Sarpedoato  coluî  che  *1  como  in  tu  on  a 
Col  fialo,  eicbe  akOrlmdû  non  si  crede, 
Ma  bene  il  erede  Angelica  la  âitîera 
Et  SacripaûLe  che  ir  libero  tpern. 

12.  Se  era  la  uotte  rîposato  11  conte 
Et  da  Roberto  d^l  luogo  informais 
EtdolU  geotecbe  ïvi  Saipedorjte 

Seoo  bave  aeppe^  il  che  le  fu  asini  grato. 
Sot  ceoto  cnvallier  con  forze  p  l'on  le 
Baverai  quel  tyran qo  rlserbato 
lotêndendo»  fu  lieto,  et  lamattinat 
Comme  ho  detto,  trotta mïo  il  air  eamîna. 

[F^123r«j  13.     E'  auona,  invita  alla  batbglia  et  sfida 
L'eoipîo  tjranno  che  au  da  fllto  mira. 
Già  nel  caatello  «i  molesta  et  gnân 
A  l'arme^,  et  celle  trombe  il  fiato  spira. 
Pli,  che  ai  pet  ta  di  Tuor,  ode  le  stml^, 
Et  ioverao  la  porta  ai  ntira 
Cal  brando  in  tnjin  ne  r^iUriu  fiangtie  tioto, 
Da  j^elo  ardente  et  sdegnosn.  ira  sploto. 


il9 


534  1  DODICI  nÂNTI 

14.  Stava  la  porta  ehiusa,  quandû  il  suono 
S*iidl  dol  corno  rimbombar,  ch#  1  iûle 
Non  ai  era  moaio  al  formidevol  tuono 

0  ad  sflCoUardi  Orkiido  le  parole, 
Ma  di  Tython  cou  la  fiinciulla  il  buono 
Phebo  potava  corne  spesso  Buole, 
Ne  suoi  callarsi  imprima  il  forte  ponte 
Cbâ  lievîn  hoI,  cbc^non  vuol  SarpedoDte. 

15.  Cbtama  il  tjr.inno  i  suoi  tutti  a  cotiaigUo 
Et  cbiecie  lor  parer  quel  cho  far  debbe. 
Certi  ch'oscir  ferili  del  perig-îio, 

Disser  come  il  guernor  maltrattato  hebbe 
Tutta  ta  compagnia  oui  molto  inerebbe. 
Et  fra  tutti  costor  puoae  scompiglio 
Delli  feriti  il  dîr  massimamente 
Che  da  quel  aol  dae  compagnie  fur  spentâ. 

16.  Queati  altri  cavallier  di  Sarpedonte 
Eran  (îdati  amici  et  servitori, 

Et  quando  inteser  tanti  fitratîi  et  oute 
Fatti  a  quegli  aîtri  et  prima  ai  rubbatorî, 
NoD  mostrano  più  Hetn  l'ai  ta  fronte 
Perché  paura  premeloro  i  cori. 
Non  sRn  ebe  consegliar  contra  un  lai  aire 
Gbe  aol  fe  tanti  eon  tiia  m  an  morire. 

17;     Pur  ae  ritmova  in  corte  di  1  tyran  no 
D[n]  che  per  tempo  e  eaperientia  saggio 
ErAf  a  cui  dispiaceva  îl  grave  danno 
Che  ai  viatorfacovasi  et  Tollraggio, 
Yedonrfo  îl  aignor  suo  posto  in  affanno 
E  aï  cavntlier  nurncar  tons.  H  coraggio, 
Del  fiuo  aignor  ne  ranimo  ii  duole. 
Foi  consegliando  dlsso  tai  parole  : 

18 .     ^  lo  aon  gîà  vechio  et  ho  la  barba  hianca, 
Et  iDvechiato  in  que» ta  vostra  corte 
L*ammo  è  bon,  se  ben  la  farîïa  manca, 
Né  temerei  per  voi  ogtii  cnida  morte* 
Fra  nui  nonveggio,  ai  mè  î  peraona  franca 
Cbe  contra  quel  guerrier  escîi  le  porte, 
11  che  vien  dalla  vos  ira  cou  scient  m 
Che  *1  tempo  vede  di  sua  pemtentia* 


coxTo  rxoKcmo  53> 

Chi  ttcii  coEtoso?  Iv?  sus»?  dfiaav^  njuv* 

Cott-MO<  poco,  et  chi  Tira  iivia* 

N:a  sdms  îji  brieve  il  »iv>  $U(o  roviiM. 

2»"».     Q'iol  AI?3saadro  ohe  del  mar  prv.»fs>av!v» 
Le  Twliiîe  ^^îfv^^,  le  c*.»ad  perw, 
I>3m«>  gli  Anbi,  i  Gneci  et  più  del  mon Jo 
Paesi  soggîogo  Tiaceado  Xer»e 
Et  l'Asii  quasi  tuttai  pose  al  foadv\ 
Se  medesmo  esaltando  al  basso  (>eive» 
Che  chi  non  stima  Dio,  non  «>  stîiuato. 
Ma  vien  panito  come  a  quello  ingrato. 

21 .  La  ingratitù  tanto  dispiace  a  Idio 
Che  ne  dimostra  a  tem|K>  aspra  vendetU. 
Sdrpedonte,  il  tno  avo,  o  siguor  mio, 
Signor  non  nacque  et  poi  fu  fatto  in  fretta 
Principe  a  qnesto  castello  aspro  et  rio, 
Che  ai  dicea  pria  Rocca  Renedetta, 

Et,  doppo  il  rio  costume  del  tuo  padrt', 
Mutato  ha  il  nome  per  le  genti  ladre. 

22.  Fu  tristo  Tavo  tuo,  mafu  più  tristo 
11  padre  tuo,  et  tu  in  tristitia  avniui 
Amendua  loro,  et  Tuno  et  rultro  ho  visto, 
E  Oldrado  sai  che  morto  fu  pur  dian/i 
Per  le  tristitie  sue,  do*  quali  nquiato 
Maggior  hai  fatto  tu  per  dinnnzi. 

Tho  detto  il  ver,  tu  l'hai  havuto  a  malo 
Et  portatomene  odio  aspro  et  mortalo. 

23.  Tu  sai  che  tu  occidesti  quoi  bon  vcrohio, 
Quel  bon  vecchio  Soran,  padro  d*honoro, 
Ch'era  d'ogui  virtù  lucido  specchio, 
Specchio  di  fama  la  quai  mai  non  muoro, 
Délia  cui  morte  ognun  ha  pion  rorcchio. 
Senza  cagion  ma  pel  lascivo  anioro 

Che  portasti  a  Lita,  non  ella  volendo 
Consentir,  festi  lo  homiddio  horrendo. 


536  1  DODIGI  CANTI 

24»     S1o  VDgIïoe'  La»  peecatl  ad  uno  ad  nuo 
Hagnagliar  tnttî,  non  ci  basta  il  giorno. 
Ëastâ  cha  di  virtt>  tu  bol  digiano 
Et  d'ogûi  vitio  glorioao  e  adomo, 
Tti  sel  vcniitQ  iti  pu27.a  a  claschedunOp 
Che  è  ta  tua  fama  a  o^ni  contorno 
Nota  e  i  tuoi  bnitti  et  rîbaldeaclil  eierapii, 
Chê  alll  ÎQûoceittl  daî  spietati  ace  m  pli  « 

[F"l24r*']25.     Quel  cavaîlier,  ehe  là  difuori  aspetta^ 
Sa  pli  che  h  meaaaggier  da  Did  manikt^^ 
Cho  vieu  pcr  far  contra  di  [te]  veudetti 
Dl  ciaschedun  tuo  oniLiile  peccato, 
Ch*  un  non  posâevR  ttitta  quella  setta 
Uccider  solo,  se  non  gîi  era  âiiio 
Di  sôpra^  perché  el  langue  sparso  iu  terra 
Da  te  contra  di  [te]  chiede  Dio  guerra. 

20.     Ma  voîendo  Ibà  guena  tu  fuggire, 
Vedi  di  darti  in  mano  al  cîvv.'^Uiero^ 
Con  patto  pria  di  non  tî  far  morîre, 
Che  cio  impetrar  forei  ti  lia  bggiero. 
Cas!  potrai  tua  mort^  dîderire 
Et  di  cjuesti  al  tri  tuoi,  se  quel  guerricfO 
Ê  huon  genlil^  maguanimo  dl  core, 
Come  è  ne  Tarml  grande  il  &uo  valoré.  » 

27.      VoltâfiL  Sarpedonte  a  un  gioviTtetto, 
Cnî  la  prima  lanngine  iufîorava 
Il  cKiaro  viso  di  leggladro  aspetto, 
Et  cuel  che  iacîè  le  pFire  adimandava. 
Non  bavendo  del  vechio  alcun  riapelto, 
Preâontuoâarneut  &I  i^arlava  : 
u  Ua  che  vien  vecehio  perde  il  sentimento 
Et  seco  la  ragione  in  un  momento 

28*     Al  vechio  manca  il  natviral  calore 
Mancando  il  sangue»  et  m;incaii  la  forssaf 
Et  aen^a  forj^a  non  ha  più  valore 
L*animo  usato,  et  ii^qicnV  si  fifor^a 
El  veccliio  eonâegliar,  iicrehù  net  core 
La  f^amma  del  poss^ei  tutta  si  smouAt 
Qoel  cL*  a  V  homo  è  uisnor^  quel  ch'  è  viltadef 
Sotto  color  et  apttie  di  pietadi». 


CANTO  UNDECIMO 

19,     Li  kdri  som|ire  mai  etsnno  in  paura. 
Et  la.  paiifH  gêner»  viUade, 
Et  la  vîltà  di  ue  la  poca  cura, 
La  poca  cura  a  se  la  cnukltade. 
ViEce  lu  ingignio  poi  fuor  di  iniiiiira 
Dove  orditie  non  Iruova  o  aicuitad© 
D'aDimo  ardito  et  forte^  et  para  queatî 
Tant]  n^  httLtcciflo  et  tatitî  ha  fatti  mciiti, 

30.     Quei  che  ladri  non  furo,  et  furon  ventl 
Fîù  dal  tiraor  che  dalla  crudcl  apada, 
Etperô  in  ]>oco  tempo  fiirou  spentl  ; 
Ch'  è  beu  ragioD  che  coû  paura  cada 
La  viltà  estrema^  ne  val  argument! 
Far  cbe  tal  cosa  da  Dio  iolo  aaeada, 
Che  vil  sarebbe  il  divino  inlelletto 
ïlavendo  curadi  al  poco  effetto. 

[F'*lJMv«]31.     Convien  se  aiuti  Thuon  da  at^  se  vuola 
Che  Dio  Taiutij  cbe  Taïuti  il  cielo^ 
Perô^  sigDod,  se  le  mie  parole 
TtMTeteviji,  corne  dico  io,  con  tela^ 
Uaciiem  tutti  pria  cbe  lievi  il  sole, 
Cou  Tatiimo  gagtiardo  et  coa  il  telo 
Che  rnorte  preatfti  et  to  di  <|uel  cbe  é  faoie 
Vantonii  con  rnia  maa  cavarli  el  core. 


537 


32,     Et  polchè  te,  âignor»  afida  a  battagba, 
Se  mandi  mo  far 6  lo  eff<^tio  aolo* 
Se  questi  à  morta  quella  vil  oanaglia 
Cbe  la  più  vil  da  Tiiuo  a  l'altro  pnolo 
Mai  non  fu  via  ta,  tau  ta  gr^n  travaglia 
l)ar6  a  colui  che  morto  âopra  il  ^uulo 
FaroUottï  veder,  ae  *1  brando  niio 
Me  aiutai  o  voglia,  o  pur  non  voglia.  » 

33*     *t  Non  piaccia  al  ciel,  riapoaeSarpedonte 
Cir  io  mandi  te  per  niio  scainblo  alla  morte, 
Che,  ae  pateati  îagiuriej  stiatti  et  on  te, 
Sarebbo  il  iniu  morir  più  ticcerbo  et  forte  ; 
Et,  s'jo  ecampaaai  mille  anni  la  fronte 
Non  havrei  mai  pîù  lieta.  et»  ae  per  aorte 
Vol  es  se  aîtrui  pigliar  qu«3sla  cou  te  sa, 
Da  me  havrà  premio  grande  délia  impreaa,  m 


Ii38  1  DODICI  CANTÎ 

34.  Lievafii  ub  altro  ardîto  cavallierô 

Et  dica  :  K  É  detto  assm,  ma  detto  è  nu  11  a. 

SapeÉe  ch'eii  fu  preso  un  guenicro 

Che  pBT  il  caste!  nostro  ai  trastulla 

Et  per  tutto  ricnrca  qiiello  altiero, 

Mirando  lior  queata,  hor  qiieila  altra  faociulla, 

HencHanglî  rarmi  et  il  cavalïa  ancora^ 

Se  vuol  combat  ter  con  quel  ch*  è  di  fuora.  » 

35.     Non  era  conoaeiuto  Sacrîpante 
Per  nome  ne  i>er  re  nô  per  quai  ei  a^ 
Ma  aolatnente  per  guerrier  errante, 
Che  ciô  moitrava  in  tutta  sua  marnera, 
Et  Bua  peraonE  dal  capo  aile  plante 
Si  mofitrava  magnanima  e  altiera, 
Fu  da  ciascun  guerrier  ben  gîudîcato 
Biser  valenie,  tît  per6  fn  chîamato. 

36.     C  4  disie  Sarpedocte  :  <<  0  ti  eonviene 
Con  quel  camp  ion  di  faor  battaglia  huvere» 
0  guâtar  mortô  con  aceerbe  pêne^ 
Quando  manchî  hoggi  far  il  tuo  devere; 
Et,  a  ciè  poaai  adoperarti  bene^ 
Ti  fil  darrnn  tne  nvim  et  tuo  destrierei 
Ma  primainenta  ti  cou  vie  o  giurare, 
Havendo  la  vcttoria,  ritornar©.  « 

[F*  125  r»]  37,     Rispoae  il  re:  ia  Noo  ao  per  quai  cagîone 
Vûi  mi  vogliatô  a  tal  Impresa  porre  ; 
Non  tii  ô  nisciun  di  voi  che  gran  campione 
Non  aia  da  esser  opposto  al  grande  Hottorfî. 
Quando  voi  m\  dire  te  la  ragione 
Ch'id  poasa  sopra  ma  tal  peso  tuorre, 
Il  pigliarù  per  voatro  salvamento, 
Kssendoci  il  mio  honor  col  gîuranieuto. 

3H.     Ma  non  veggio  b  eh*  io  pos^a  in  alauu  modo 
Prender  sopra  di  me  questo  alto  peao« 
Fofsi  cbe  nel  consiglio  é  qualcbe  frodo, 
Se  fia  ben  da  cia»eïm  di  voi  eompreio» 
Vefo  è  che  del  combatter  sempre  i'  godo 
Quando  di  guerra  V  veggio  il  fuoco  acccso. 
Ma  hor  combatter  non  posso  con  mio  honore 
Che  mi  h  compagne  quel  che  sta  di  fuore* 


CANTO  i:ndectmo 

39.  Vi  giuro  ben  che,  se  voi  tutti  inaiem© 
Vaïete  [iscif,  non  easervi  molesto. 

Ne  far  che  di  me  possa  preûder  speme 
Vostro  nimico,  né  giovarle  in  questo, 
S'io  ben  potessi,  che  U  pensier  mi  preme 
Sempra  di  quanta  è  aol  gîusto  et  hooesto, 
Ne  £Di  vedrete  mai  âe  non  pigUare 
Guerra  che  con  ragîon  si  poèsa  fare,  >* 

40,  ii  Donque  per  te  si  fa  per  fï^arito  i'  veg^gio 
Qu6Bta  batta^lia»  w  Sa rpe doute  disse. 

Cu)  il  re  rispoae  :  i*  Sol  per  tuorti  il  seggîo, 

Per  levar  îi  furacci  et  tante  risse 

Che  qui  si  fanno,  a  cïà  non  ategua  peggio 

Ai  cavallier  che  paasan,  eoatui  fisse 

Sol  nella  meute  quêsta  impresa  forte, 

Ardér  questo  cast^Uo  e  a  te  dar  morte,  h 

4h     i'  Quel  che  destinato  è,  convîen  che  sia, 
Disse  il  tjrranno,  et  imperà  mi  pare 
Che  B^arml  tut  ta  questa  compagnia 
Et  vadisï  cosEui  fuor  a  truovare. 
Et  questo  cavallier  în  prigîoD  stia 
Fin  che  lo  veDgbi  quelîo  a  libcrare.  » 
Cosi  pongon  prîgione  Sacripantcs 
Per  uscir  fuora  contra  el  sird'Anglante, 

42 ,     Ma  laacianU  costl  fin  che  leviamc 
Dalla  mensa^  dal  fonte  et  dal  giardiao 
I/Ënglese  Astolfo  et  Tardito  Aleraaio, 
Et  fiûîsca  la  ptigna  il  pro*  Guerrino 
Col  bon  Rynaido,  a  eiô,  quando  torniamo. 
Non  ci  diano  più  impaecio  pel  camjno 
Fi  H  che  non  è  dÎBtnitto  Rio- Cas  tell  o, 
Dispetto  ai  mondo  e  a  l'alto  ciel  i  ibella. 

[F°125v^]43,    Già  vi  lassai  quei  primi  a  rampiamensa 

Hefocilar  le  membra  e  i  lassi  spirti, 
A'  quair  largamente  sidispr  nsa 
Il  grato  cibo  iafra  gli  alori  e  i  mjrtii 
Sottû  hei  pini  d'una  alte^Kaimmensa 
Et  di  ciprèssi  bei  fine  al  ciel  irti, 
Con  snôtii  oicanii  jneo  di  harn>onia 
Che  fau  Taura  inti'oaar  di  melodia^ 


53^ 


^^H 

1  DODICI  CANTI                             ^^^^H 

44.     ÂDcho  gli  augsl  che  i  bqÎ  caatl  ivi  fanno                ^^^^| 

Fra  gli  aj-ancl,  li  cedri  et  1i  limoQÎ,                              ^^^H 

.   I  venticei  cha  la  freâca  aura  dmu\y                            ^^^^^Ê 

RlcroRn  molto  le  dama  et  i  campionu                       ^^^H 

Quivi  non  perde  froada  in  tutto  lanao                       ^^^H 

0  per  le  fredde  o  per  calde  ata^ioni,                           ^^^H 

Ad  o^Eii  tempo  et  ûorî  ei  frutti  quivi                                  ^^M 

Si  veggoQ  bel  sugU  alberi  luscivL                               ^^^H 

45.     Nù  ardor  nâ  gelo  al  bel  giardiQ  molesti                   ^^^^H 

Mai  son  per  tempo  a  le  un,  né  grave  pîoggia                ^^^^| 

Mai  tie  i*  truova  che  H  bel  ïuogo  infeati  ;                     ^^^H 

Ma,  ae  vi  vien  cou  nou  usata  foggia^                           ^^^H 

Soave  é  b!^  se  mai  forai  vedestl                                  ^^^^| 

Âeque  laore  oador  da  qtialcha  loggia,                        ^^^^H 

0  da  balcon  di  fiovi  un  grato  nembo,                         .^^^1 

Sparao  COQ  arte  iû  qualche  amato  grembo.              ^^^H 

46.     Coai  ve  imagina  te  cbe  dal  cîelo                             ^^^H 

Qrata  roaata  il  bel  giardino  afJiari,                             ^^^^| 

Ne  vedreste  ivi  im  pur  soietto  atelo                         ^^^H 

Di  coLor  aeeco^  et  gli  alberi  !^oti  ^mti                           ^^^^H 

Secondo  il  lor  ligne gglo,  perché  el  gielo                    ^^^^H 

0  il  sol  nop  oflfende  ivi  i  bei  npaji                             ^^^^| 

Fatli  con  magîater,  failli  coq  arte                               ^^^^^ 

Tal  che  «cri ver  non  posao  in  le  mie  carte.                 ^^^H 

47.     Delte  torte  bedreintoruo  Tampie  aponde               ^^^^^ 

Coû  le  fogiie  si  tig'ual  che  paion  piate,                       ^^^^H 

Li  a  p  es  si  lauri  con  le  a  ma  te  f rondo                               ^^^^^ 

Vi  faa  grate  ombre  di  bei  fior  di^stmtc,                       ^^^^^ 

Et  dol  già  detto  fonte  le  obiare  oiKle                           ^^^^| 

Inaffîano  le  viol  dî  roasor  a  tinte,                                  ^^^^H 

1  nareisi,  i  byacintbi.  gli  amaranti,                             ^^^^| 

Le  roae,  li  ligoBtrj,  i  belli  acuntî.                                ^^^^| 

4S,     Perdono  di  Damaaehi  i  profctmieii                          ^^^^| 

Coi  lor  gratî,  soavl,  ameni  odûrt,                               ^^^^| 

Ivi  son  li  genevri  acuti  et  feri,                                    ^^^^| 

1  mîrti  et  li  gel  rai  d  coi  vaghi  fi^>ri,                               ^^^^| 

li  cedri  biimdi  coq  gli  aranoi  allieri,                           ^^^^H 

■       L'alber  d'Adone  ivi  è  coi  auo'  licori  ;                           ^^^^| 

Gli  bnbeti,  i  faggi  et  le  patent!  palme                        ^^^^| 

Vi  faQQo  rezjcpet  deleltevot  calme*                           ^^^^| 

CANTO  UNDEClMb 

[F«*iaer*']49.     Querce  nodoae,  suvre,  fargae  et  ûlmi 
Fanno  ivi  ombre  gratis  si  me  selvagge, 
EMi  nidi  d'au  gel  son  gli  alber  colml 
Tortore,  torcîi,  merle,  piche  et  gàgge  ; 
Ma  non  potervi  heu  dise  river  duolml 
CoîTifi  ne  Tombra  il  aol  per  ben  cbe  aragge 
Noti  vie  n'era,  e  il  luoga  fatto  con  tant«  arte 
NoD  S)  puô  hme  dimostiarvi  in  carte, 

50.  Poich*  han  manghito  i  cavallieri  et  dame, 
Van  paiaeggiûndo  m  quel  giardin  Boave. 
Là  veggon  cnpt  iuo),  quh.  Tuggir  dame. 

Qui  cervia  ieinella,  ivi  tin  a  lenra  grave, 
Quinci  conîgli  et  quîndi  lèpre  grame, 
lA  al  tien  pardi  et  quà  pauterf  prave; 
Schirattoli,  musteUe  et  atmellini 
Scappan  dlnaDEi  al  piâ  dei  palladini. 

51 .  Mufari  veggion  cou  camôssze  lU  zebe 
Selvagge,  tassi  et  listrict  spiuose, 
Volpt,  eimie  et  mamon  per  dumî  et  glèbe. 
Et  gli  unicorni  fere  più  famose^ 

Le  hjene  crude  mal  note  alla  plèbe, 
Di  (util  ultri  animai  più  insidioso, 
Con  iî  cas  tore  et  la  fugace  tygre 
^lacbiata  quai  p  a  citera  a  machîe  nlgre. 

52.  Pa&f^eggiundo  pel  luogo  dolee  et  amcno 
Giunaero  dove  un  cbiaro  cutnul  d'acque 
Fanno  i  rivi  del  fonte,  ove  il  sereno 
CûUegio  detle  sacre  Muse  gi[a]cque, 

Et  quivi  fanno  tm  al  Umpicio  sieno 
Che  buûn  spatio  lû  campion  mirarvl  pïacqne, 
Cbe  vi  veiievan  dalla  cima  al  fondo 
Gettato  un  soldo  ancor  cbe  aiu  profondo. 

53  «     Ben  Ireota  palmo  eraalto,  in  quadro  beUo 
Di  cento  et  venti  pîedi  era  iî  la  ghetto» 
Veggoû  dentro  mirando  in  corso  iajiello 
Nntarvj  il  peace  con  molto  diletto^ 
Il  carpion  ricco  et  seco  il  poverello 
Roviglione,  et  il  roz^o  porceletto^ 
La  lampreda  regale,  il  aturione, 
La  laccia  et  cou  l'angulllii  il  maraione  ; 


5n 


MS  1  DODIGI  CANTI 

54 .     La  trotta  che  trottando  per  le  Ijmphe 
Et  quinci  et  qumdi  impetuosamente 
Dîjcorre  grata  agti  huomitiî  e  aile  Nymphe, 
Quaûdo  dà  San  Doaato  viea  aûvetile  ; 
Il  fiero  luecÎD,  et  le  medesme  lymphe 
Segue  la  tioca  faribondameBte  ; 
Il  cepbalû,  la  scardafa  et  U  equale 
Cou  il  barbuto  barbo  har  acende,  hot  acîale. 

[F°  126  v^]  55,     Indi  partiti  ne'  froodosî  rami 

Veggon  gli  augei  formar  nidi  diverii. 
La  memla  col  tordo  par  che  cbiapii 
D*altrui  Tamto.  Coi  cou  for  mi  ver  si 
Mormoiano  i  palombi  et  tortor  g:raiiii, 
Che  par  che  ogni  un  aiti  tuâpiri  versi. 
Et  Phyloniena  ancora  gli  acompagna, 
Che  del  cognato  ai  lamenta  et  lagna. 

56.  fnfra  gli  iapîdi  durai  et  aterpi  umbrosi, 
Il  raaiito  di  Pi'ocne  si  coûduole 

Che  i  cari  niâmbri  dei  figliuol  pietosi 

MaHgiando  oppresse;  et  <lel  figUaol  del  sole 

11  biancQ  cigao  i  eanti  dolorosi, 

Ittfra  Pheoisa  et  L^impetea  et  Phebea  aole, 

Si  udivari  far  dove  cadevon  Tacque 

Del  fonte  già  ehe  fiî  a  Narciso  pijajcque. 

57.  In  un  ceapuglio  ei  vedea  iifagiano 
Cgprîr  la  testa  et  dimoitrar  il  reito 
Tutto  acopertOf  et  quîndi  il  pavûti  vano 
Cbe  ad  Argo  tolae  gli  ochi,  eut  moles to 
E  il  proprio  piê  veder:  bor  sopra  il  piatio 
Terreuo,  hor  «opra  un  albcr  manifesto 
Cantando  atride  ;  et  di  sua  morte  ati'oee 
Si  lagna  la  perdiee  m  rauca  voce, 


58 ,     D  al  1  a  cy  cala  d  î  s  c  a  cci  ar  a  i  vede 
L*augêl  che  fêta  Tuova  in  Paltrui  mdO| 
Et  le  figlie  ch*  Anippe  chiaro  vede 
Diventar  plche,  quai  col  atrano  atrido. 
Che  vineano  le  Muae^  ella  si  crede. 
Fan  au  que  gli  alber  lor  loquace  grido» 
Cosi  Coron  e,  ancor  cbe  mai  non  tacCp 
Ivi  ai  moatra  stridulu  et  loquace. 


CiNTO  UNDECIMO  ^t^ 

50.     Da  uaa  aonora  valle  ai  vaghl  a^gelU 
Sent  on  che  Echo  naponde  in  vive  voci. 
Et  aqiiile  (»t  falcoa  iigiadri  et  sneUi 
A  lepn^  a  atarni  et  a  fagglaui  atroci 
Si  monstran  coa  le  pi'ede,  e  i  miscbinelli 
Ne'  feri  artigli  aegnoDO  velocL 
Lor  voio  m  alto  per  <îar  loro  il  pasto 
Col  propno  corpo  lacerato  et  guasto, 

GOr     De  molti  piû  animai  cli'  io  non  vi  narro 
Era  tl  gkrdîn  belitssimo  riierbo. 
Et  disotto  hâvea  un  barco  più  bizarro 
Da  un  lignaggiû  di  fere  crudo  ê  acerbo  ; 
Quai  viveva  di  carne  et  quai  di  farro, 
Quai  era  humil  d^uapettOf  quai  aaperbo, 
Ivi  era  il  stellion,  che  Cerere  dea 
Cercando  la  ggliuola  fatto  bavea, 

F*  lOTr^.ÔÏ .     Di  Pasyphe  era  il  desiato  fîglio 
Quivi,  con  quel  che  vuoise  Deianira 
Tuor  al  maritô  per  proprioconsigUo, 
E  in  tauro  Acheloo  qulvj  auapira 
Superbatnente,  et  pare  ohe  di  piglto 
Col  corno  dare  etcaïpeatar  con  ira 
Voglia  ciaacuno  et  piû  mutabil  faaal 
Che  Metra,  et  pur  ael  barco  cMuan  ataaai, 

62,     Quivi  il  cignal  di  Meleagro  il  dente 
Fero  dimoatra,  et  délia  Arcadia  il  re 
Odiato  dalle  fere  et  dalla  gente 
Ch  a  Giove  humana  carne  a  mangîar  dièf 
Ivi  è,  et  Calisto  misera  et  dolente 
ChHn  Dr«a  la  gran  dea  rimutar  fe. 
Et  aatiri  et  eentaorî  %i  elefîknti 
Et  di  Cjbelle  11  lioii  fiammanti. 

63 «     Stannovi  queate  et  assai  altre  fera 
Tolte  alla  terra  parte^  «jt  parte  al  cielo, 
Per  le  virtuti  magïche  et  alttere 
Délia  Erinea  S/billa,  et  con  un  vclo 
Di  aeta  ivi  riehiuae,  che  po'  io  vere 
Mura  ai  co[n]verU,  ae  quai  Vangelo 
E  vora  la  aerittura  di  Turpiao. 
DuU1>io  non  ho  ch'  6  vero  il  min  latinn« 


5  41  1  DODIGI  GANT! 

ûi ,     QuandQ  hebbero  cercato  il  giardm  tutto, 
Vhlo  j-lag^o  fecondo  et  visto  eî  barco, 
Queato  et  quel  alber  di  dâsctio  suo  frutto 
Côî  rami  quasi  in  terra  pieno  et  carco, 
Et  panmeûte  i  fior,  cUicun  produtto 
Tenca  coi  porai,  di  quai  nuUo  scarco 
Si  vede  mai  per  autumo  o  per  verno 
Cûiïie  fra  nui  qui,  par  voler  superno  ; 

65 ,     Gua t ava n  o  Tun  1  *al  tro  co n  s tup ore 
I  campioni  amirati  di  quel  Inaco, 
Et  la  regioâ  a  lor  fa  grande  bonare. 
Ragionaidù  con  aeco  a  [loco  a  poco 
Gli  adnce  ne!  pallag-îo  eoa  amore, 
Dove  è  ordinato  ua  bello  et  vago  giaoeo 
Del  quai  ai  din'à  poi^  percht*  Gueiino 
Mi  aspetia  cou  Rynaldû  palkdino« 

66»     Ve  11  lasciai  ch^  cou  le  apade  in  mano 
Cercaû,  doppoi  che  rotte  havêan  più  lance, 
DifRnlr  la  lor  lite  et  sopra  il  piano 
Paner  Tun  TalCro  aen^ia  far  più  ciance. 
Pcrcuote  l'olmo  el  sir  di  MonUIbano 
Al  bon  Guerrin,  ma  vanno  le  bilance 
SI  gi  liste  che  vantaggio  non  si  vede 
Fra  lor,  qiiatito  una  moaca  ha  largo  il  piede* 

[F°  127 ¥*•] 67.     Su  lelmo  di  Mambrin  forte  martella 
Cou  l'incantata  spada  il  buon  Guerrino, 
Ma  ata  si  saldo  ogunn  sopra  la  sella 
Che  ae  ae  meravigUa  il  palladino. 
Si  stancan  ^\  che  Doralice  bel  la 
N'ha  pena  al  core  **t  maoda  11  suo  hâtnbino 
Che  secû  havea,  rigliuol  di  MandricardOt 
A  dimandar  il  suo  fra  tel  gagliardû  ; 

68.     Et  dice  a  lui  :  <t  Non  vedî,  q  Zenodoro 
Cho  queinon  ponno  h  or  mai  piùaharle  braecia? 
Oui  guerrier  non  fur  mai  simili  a  loro. 
Deh,  fa  cbe  fra  lor  triegua  almeo  al  faccia! 
QuLvi  non  gl  combatte  il  vello  d'oro. 
Perû  fra  lor,  fi  atel,  pace  proeaccia, 
Cbe,  chî  di  lor  morissc,  foria  male^ 
Cb*a  lor  non  bcbbe  mai  la  terra  ugualê.  m 


CÂNTO  UNDECIMO 

»     Si  vedeano  le  spade  m  aria  a  uq  tempo 
Et  a  un  terupo  ÎQ  «u  gU  elmi  giù  calare. 
Se  si  offre t ta  un,  l*aUra  non  perde  il  tempo. 
Et  veggoasî  gU  elmetti  sfavillare 
Faville  accese,  et  non  aspetta  terapo 
Cotuj  chcipaù  al  compagno  il  eolpo  dare« 
S'infegano  i  campion,  s'infogano  anco 
I  cavai^  ch'[K]aiiiio  i  du  ri  aproni  al  âanco. 

70  «     Sudano  i  cavallier,  sudano  ancora 

I  cavai,  che  non  hanno  un  peto  aaciutto, 
Da  au  eolpo  a  Taltro  non  \i  entra  dimora, 
Né  di  vettoria  alonn  cava  construtto. 

CiiG  combattouo  in  siéra  già  Tottava  hora 
Pasaava,  aenza  trar  di  glona  un  frutto, 
Perché  le  incantate  arme  di  Guerrino, 
Toile  an  di  gloria  motto  al  palladino. 

71  *     Et  perché  hor  rai  ricordo  haver  proraesto 

Già  dirvi  di  qu^ste  armi  et  corne  et  qiiando 
Fur  faite  e  inciintate  et  poi  coneeaso 
Loro  uso  al  buon  Guerrin,  che  s  us  pi  r  and  o 
And  a  va  lempre  et  de  gran  pena  opreâso, 
Qhe  DOQ  truovava  quel  cbo  iva  cereando, 

II  padre,  dlco,  et  la  gctteratione, 

Onde  l'oringin  tratta  bave  a  il  campione  ; 

72,     Dico  che  quaudo  partorl  Fenice 
11  bel  bambino  e  iuclito,  Sefferra, 
Ch'era  già  a  ta  ta  di  costci  nudriee, 
Conoscêndo  il  bambino  atto  alla  n^ueffa, 
Parch'elïa  era  solo  une  ÎDcantatriee, 
Se  cht  la  hystoria  scrisse  qui  non  erra, 
Feee  far  tutte  Tarmi  di  Guerrîno 
Quai  pïùche  Bglio  amâ-da  fanciuUino, 

[T*  ld8r^]73«     Hebbe  un  marito  queata  che  Zanone 
Già  fu  appel latOf  povero  et  mendice^ 
Disprezzato  da  totte  le  pergone 
Delïa  aua  patria  ;  benchù  fusse  amico 
Ûelle  scientie  et  grau  profesâione 
Facesse  in  quelle,  hebbe  per  gran  nimico 
11  scLocco  vol  go  al  quai  ei  predicava 
SûveEitâ  quel  che  poco  le  pi  ace  va. 

35 


515 


i. 


54  0  I  DODICT  CANTI 

74 ,  Ei-a  cûBtui  perfetto  nîgromanU 
Nellfl  cita  del  magno  Goataotmo, 
E  iD  ivLÏ  adectia  fu  co»l  presUnta 
Che  venue  perfettiasimo  iûfîoviDôj 
Cosa.  non  cresa  âik\  vulgo  ignorante. 
Perché  diceva  il  spirto  di  Merlino 
Eflsere  in  lui  corne  ne!  Saniig  ËuforbOp 
Coaa  propriû  da  vulgoignaro  et  orbo, 

75.  Quefita  ârte  enscgnû  queato  alla  sua  donna 
Che  éra  fi'ingegno  facile  et  capace» 

E  tnnLo  prontamente  in  lei  a'indoiwa 
Quanto  l'ardente  fiamma  îa  ^ecca  face. 
Furon  chriatian,  né  dalla  Tana  a  Sonna 
ICran  tai  maghi,  bench*^  non  si  tace 
Di  Malagigi,  et  fu  del  vecchio  Atblante 
Dîacepolo  Eenon,  nato  in  Binante. 

76,  Per  la  gran  povertà  la  patria  loro 
Greca  lassando  TaUrui  ricarcaro, 

E  fra  Epi  rôti  a  Durazzo  ne  andoro, 
ÛTe  col  du  ça  gratia  ritrnovaro, 
Che  gravida  SeflTerrai  al  rio  martora 
Del  parto  giunta,  ud  ûgliolim  praclaro 
Di  a»pctto  |>artun^  ma  tnori  proâto 
Laacîando  î  geuhor  lu  pianto  meato» 

77.  Et  in  quel  ptmto  la  ducbeiaa  quasi 
Partorl  et  fece  una  inclita  iîgliuola. 
Vedi,  aignor,  came  divers!  casi 
N  a  SCO  DO  alli  mortai  ;  rimane  au  la 
La  fanciulettai  ch'ai  perpetui  occasi 
L'horrida  morcela  ducheaaa  invola. 
Selferra  èlli  nudrice  et  vece-matre 
Per  coQsotare  al  quanto  i)  meato  padre. 

[F»128v^i7B.     El  ducaMustafât  cbe  leggo  tiene 
Di  Macometto,  la  conaorte  honora 
Di  pompa  fanerai  cou  gravi  pêne 
Secondo  il  lor  costome;  et  da  queirhora 
Seferra  coq  le  mamme  dolei  e  amené 
NudH  Fenice,  et  fu  nudrice  aacora 
Et,  non  col  latte  già^  del  gran  Gueriuo, 
Ma  flopra  le  nudrici  hebbe  il  dimioo* 


CÂNTO  UNDECÎMO 

79.  Infra  dui  Rtini  il  duca  lalnia  rose, 
Secondo  it  corso  usaÊo  di  natura, 
Las  ci  an  do  a  duisiio'figliralte  imprese 
Délia  duchta  a  a  Seferra  la  cura 
Délia  fanciulla,  Nobiîe  et  cortese 
Divenne  il  ch'  eecesse  la  raisura 

Di  cortesia,  di  geniWezza.  iinmensa. 
Ne  Sefferra  altra  cosa  cura  o  pensa, 

80.  Di  venue  in  tanta  et  ai  estrema  bellezzg 
Queâta  faaeiulla,  cbe  lollea  la  fama 
Alla  Ciprigaa  Dea»  et  dî  lotietz-A 
Haveva  il  Dome  grande  ;  et  da  più  s'ama 
Ch'  eran  congionle  con  ia  gentlle/za 

In  le*  honestade  et  ligiadria,  ne  dama 

Erane'  tempi  soi  tanto  lodata 

D'ogoi  virtù  quanto  ella  ad  ogtmn  grata, 

81.     Per  questa  quel  M  lion,  che  di  Tarento 
Duca  era,  di  Gerardo  di  Borg'Ogoit, 
PasBando  il  mar  non  fu  jpegro  ne  lento, 
Ch*  altra  che  lei  non  pvezza  et  non  agogna. 
Sol  ha  per  quesla  denlro  el  cor  Eùrmenlo, 
Et  non  videudo  lai  veder  si  sogna, 
Et  ha  deliberato  haverla  in  moglio 
O  lassarvi  la  vita  con  gran  doglie. 

82  «     Go  si  In  brjeve  «cacclà  délia  duchea 
Di  Duiaz2Q  Napparro  e  il  fratello^ 
Et  haltejtzô  Fenïce  clie  volea 
Ella  anco  a  nostra  fe  rîdura'i  ond'ella 
Prcae  il  dncato  cbe  pigUar  hav«a 
Deliberalo  già»  dette  l'anello 
A  quelkt  et  fatta  gradda  poi  n'  heUbe 
G  ne  ri  n  che  poi  in  virtù  cotanto  crebbe. 

[F"129r"]83,    SeifeiTa,  come  io  dtisi,  incantfitrice, 
EsBcndo  morto  il  etio  coasorte,  pose 
Si  grande  amore  alla  bel  lu  Fenice 
Che  mai  da  lei  partir  nel  cor  dbpoae, 
E  alla  fanciulla  gravida  predicâ 
Che  farà  un  figiiualin  di  poderoae 
Forze  et  si  grandi  che  sarà  Thonore 
DelU  saa  easa  et  délia  altnii  timoré. 


547 


1 


548  1  DODICI  CÂNTl 

84,  Havea  fat  ta  eoateL  un  ampk  tomba 
Sotto  il  palazxo  inverao  la  marma^ 
Dove  trabeva  dalla  ioferoa  tomba 
Gli  aDgeli  ne  ri  detla  gran  Cama. 

Nato  Guerriuo,  entra  queata  îû  la  tomba 
Kl  ai  auo*  famiilan  una  f  uciDa 
Vi  feci  fare  et  del  lago  di  Stige 
Portar  dell*  acque  turbulente  et  bîge* 

85,  Poi  fe  venirvi  dî  Scie  il  ia  il  fabro 
Zoppo,  cha  «olea  far  i  dardia  Giove, 
Quai  discendeBdo  dal  auo  monte  scabro 
Veûiio  correodo  eome  un  vento  do  va 
Vuûhâ  là  maga,  cul  apreado  il  labra 

Diiîfte  ella  :  f^  Hor  vuo'  veder  quai  fian  toe  pruov#, 
Quai  sia  tua  arte  et  qital  tuo  magtatero 
^^•'  Et  quai  ringegno  tuo  Bublîm'  e  altiero. 

86,  Mi  ê  nato  un  faticiuUin  che  în  terra  un  Marte 

Sarà  per  fama  et  per  viriû  etninente, 
Et  cercarà  del  mon  do  la  più  parte, 
Ch*ancor  dî  lui  non  nacque  il  più  ecceltônte 
Guerrier  a  queati  giomî,  et  moUe  cnrte 
Si  scnviran  corne  del  aua  parente 
OrlandOf  et  corne  quel  sarà  famoao, 
Ne  Aa  quel  pin  di  queato  generoËO» 

87,  Diapontî  donque,  pria  che  parti  quînci. 
Far  a  coatui  di  tntto  punto  rarmi 

Ctra  cavaliîer  convienai,  et  vedi  liocî 

L'acqua  che  per  temprale  con  mieî  carmi 

Veçl  venir  da  Stigi,  et  ae  tu  vinci 

In  farle  quel  da  chi  Achille  bebbe^  in  marmi 

1*  ti  farô  sculpir  con  molto  honore 

Et  adorarti  quivi  a  tutte  Thore. 

[P*ia9v<*]88,     Voglio  ehe  Tarmi  *ian  di  tal  bontade 
Che  ne  ferro  ne  fuoco  otTeuder  poaaa 
Cbîuncbû  Ee  porta,  o  se  aopra  U  cade 
Fuîgur  dal  del  con  rigida  percoBîia 
Sen^aofleaa  partendo  ae  ne  vade 
Altronde,  et,  Giove  havendo  Tira  moasR^ 
Habin  di  Dapbne  il  pHvilegio  întero, 
Perché  lo  merta  il  fancinlJino  altiero. 


f 


CANTÛ   UNDECIMO 

89,     Et  perché  non  si  puô  ben  la  mîsura 
Per  easer  quello  in  faace  haver  de  larmi, 
Vuq'  che  fii  faccin  di  qu^sta  natura 
Ch'allro   buocL   che'l  mio   Guerrin    mai    non  se 
Elf  croBcendû  ello  (queata  aia  tua  cura.]^    [n'aroiîf 
Che  creschin  Tarmi,  et  io,  con  miel  carmi, 
Ti  dard  tanto  a  queato  di  favor@ 
Ch*  a  vrai  ia  Poptra  tua  perpetuo  honore. 

90*     Ualbor  di  Giove  vhq*  chô  vi  si  scolpa. 
Et  di  Guerrino  îl  Dome  vi  si  scriva  ; 
Ma  fa  che  non  si  possa  darti  cotpa 
Che  dï  àua  proportiao  Topra  »ia  priva, 
Perché  l'igoaro  vulgo  apesso  incolpa 
Per  la  aua  openion  Iriata  et  bsciva 
Un  che  non  erra,  et  perù  error  non  fare 
Ch'a  ragion  aulio  ti  possa  biasmarei 

91 .  CobI  ti  pHego  et  cosi  ti  scotiguiio 
Per  Zoroaatro,  per  Gjrce  et  por  Modea^ 
Pel  chiaro  eîelo  et  per  l'infenio  s  euro, 
Per  Salomou,  per  la  donna  Cumea 
Che  per  luogo  aspro  faticoeo  et  duro 
CooduBse  ancor  yi  vente  il  pio  Enea 
Giù  aelTartareo  speco  dt  Plutone, 

Per  Proterpina  et  per  la  ria  Erittoae  ; 

92,  Ti  aggiuro  aDCor  per  la  Stigia  pallude 
Et  per  l'oblivioso  eterno  Letha, 

Per  Talme  tutte  acelerate  et  crude, 
Û^ogni  pietade  prive,  et  per  tua  rete 
CoD  la  quai  già  prendesti  eBaendo  ignude 
Nel  letto  le  persone  mal  discrète 
Délia  tua  donna  et  del  auperbo  Marte, 
Mostrando  il  stupro  lor  per  ogoi  parte  ; 

[F^i30p^]9B.     Per  tutti  i  dei  che  au  ne!  eîel  ai  atanno 
Et  per  le  estreme  posBe  del  gran  Giove, 

IPel  gran  Vertuûno  che  scorrendo  l'anno 
Mostra  due  facce  inusitate  et  nuove. 
Se  brami  tiscir  mai  de  TeterDO  dauao 
Et  pîù  gloiosamente  and  an  do  altrovû 
Cerchi  posarti^  et  per  la  bianca  luna. 
Non  mancarmi  di  questo  m  cosa  alcuna  1  a 


91 1 


1S50  I  DODICI  CANTI 

94.  Pregato  et  aggiarato  il  fâbro  Ethneo 
Non  puû  diadir  alla  maga  Sêfferra, 
Nb  riÈornar  al  suo  vicin  Tîpheo» 
Ne  di  Epicioa  alla  famosa  terra  : 
Havendo  di  la  figlia  di  Peneo 
Col  privilcgio  a  far  Tarmi  di  guerni^ 
Supplica  a  Phebo  ch#  col  raggio  d'ora 
I^  dia  la  gratia  de  Tamato  aloroi 

95 .  Doppo  a  sua  prece,  dalla  inferna  foce 
SûflTnrra  trahe  duo*degli  angeli  neri 
D^uti  cerchio  più  auperbcv  et  piu  fdroe#. 
Et  eglino,  al  très  i  superbi  e  altierî, 
Nîentedimeno  ad  una  aola  voce 
Délia  maga  son  pronti  i  démon  (m^ 
Et  vengon  oella  groUa,  elletto  luoco 
Da  Sefferra,  con  zqïÎq  et  eaca  et  faoeo, 

96.     Linciidine  e  i  martel,  coi  quai  Vulcaio 
Contra  i  Tjtaiii  aï  Dei  gtà  rarmi  fece 
E  i  atrali  a  Giove  di  sna  propria  raaoo, 
Ch'ai  tre  fratei  machiati  d'una  pece 
Dettero  raorle,  che  dal  ciel  sovrauo 
Trar  vuolaer  Giove,  bea  ch*a  lor  non  ïece, 
Che  di^i  raortfti  non  é  por  bocca  in  cielo, 
Fer  quanto  n'amaeatra  TEvangelo» 

07,     Ai  mb  1  ch*  io  veggio  î  figK  doïla  terra 
Già  ribiiUarsi  al  suo  aupremo  padre, 
Movendo  contra,  el  ciel  epielata  gucrra 
Con  le  loro  de  vitii  ai  mate  ar^nadre  ! 
Deh|  quanta  ïnsania  rhuman  cor  affcrra  ! 
Deh^quanto  ion  le  genti  OBcure  et  aire 
Et  povcre  di  mento  et  di  cousigLio, 
Non  coiiûicetido  il  auo  eterno  periglio  l 


[Â  Èuinre^y 


Fcrdinaûd  Castkts. 


CONTES  LENGADOUCIANS 
Dau  pioch  de  Sant-Loup  au  pioch  de  Sant*Cla 

{Suite) 


XI 

LOU  MARIDAGE  DE  LA  PRINCE3SA 
{Sourneta  per  tous  mfants,,,  grands) 

A  MAROARIDA. 

—  Ma  Grand,  ma  Grand  :  countàs-nous,  sieuplèt,  una  sour- 
neta?...  Se  sabiàs  couma  sian  estats  sages,  ioi  !... 

—  Ben  sages,  ben  sages? 

—  Couma  d*images,  ma  Grand. 

—  Vai  ben,  mous  enfants.  Aladounc,  doubrissès  Tausidou. 

I 

Un  cop,  —  Ta  d'aco  mila  e  mila  ans  e  passa,  —  i'aviè  'n  rei 
de  Pampalibournas  que  iedisiônlou  rei  Reiniè.  Sounreiaume 

XI 

LE  MARIAGE  DE  LA  PRINCESSE 

(Sornette  pour  les  enfants.,,  grands) 

A    MAROUBBITB. 

—  Mère-Grand,  Mère-Grand  :  contez-nous  une  sornetle,  s'il  vous 
plait?...  Si  vous  saviez  combien  nous  avons  été  sages,  aujour- 
d'hui !... 

—  Bien  sages,  bien  sages? 

—  Comme  des  images,  Grand-mère. 

—  Très  bien,  mes  enfants.  Or  donc,  prêtez-moi  vos  ouïes. 

I 
Il  était  une  fois,  —  il  y  a  de  cela  mille  et  mille  ans  et  plus,   —  il 
était  un  roi  de  Pampélibournes  qu'on  appelait  le  roi  René.  Son  royaume 


552 


COUTES  LANGUEDOCIENS 


poudé 


èra  pas  un  înméasi  reiaume  ;  de  soun 

pae  per  crîdà  secoua  ;  e  quant  à  aoun  palaie  tant  aimplamen  éra 

uua  bùrîa.  Se  pot  dounc  que  lous  libres  iou  mencîoiinouQ  pas. 

E  patûôEB  aquel  rei  aviè*n  trésor.  E  loa  trésor  dau  rei 
Reiûîè  èra  quioon  de  talamen  bèu,  de  talamen  meravelhoaa, 
que  fossa  d"" autres  reîa,  mai  amounedata  e  mai  peuderousea 
qu  el,  aurièn  bailat,  per  TaTedre,  aoua  palata,  sous  reiaumea, 
sous  moiiloua  d'argent  amai  sous  clapasses  d'or, 

Dequ'èra  tant  aquel  trésor?.,*  Sa  filha,  pas  ni  mai  ni  mena. 
Mèa  quanta  poulida  manida,  quante  bel  astre,  qaanta  sonbei^ 
ranabèutat  que  la  princeasa  D6ucînàla!.,. 

Aviè  tout  per  èla.  Se  dis  que  soun  front  Imde  èra  mai  bîane 
qa'un  mati  de  printema  quoura  Tauba  pouncheja;  que  aous 
iols  èroan  dos  grandas  mars  ounte  Iou  firmamen  tout  entiè  se 
negava  ;  sas  gautas,  dos  rosetas  fresquetaa  qu'apalliasiè 
Taigage  matiniè;  sa  bouca»  doua  dégoûts  de  rubis  perlejant 
d*una  mieugranafendasclada,  Epareis,  mèmamen,  que  quand 
trepava  Iou  campèstre,  laugètra  eouma  un  cabr[det,  se  aeriè 
presa  per  quauça  aparicioun  celestiala,  de  tant  que  Iou  rebat 
de  sous  pèusaes  d'or  Taurioulaya  d'un  rai  de  glèria* 


ti*étût  pas  un  immense  royaume  ;  la  {missance  ne  fâîââit  pas  cner  : 
miracle  ;  et  pour  pnlais  il  n  uvaît  simplement  qu*ane  ferme»  Je  croîs 
que,  de  ce  roi,  les  livres  ne  parlent  guère. 

Et  pourtant  il  possédait  ud  trésor.  Et  ion  trésor  était  chose  si 
beltei  si  merveilleuse^  que  beaucoup  d^âutres  pnnct^a,  des  plus  riches 
et  des  plus  puîssauts,  auraient  doneé  pourTavoir^  leurs  palais,  leurs 
rojaumes,  leurs  tas  d'argent,  leurs  monceaux  d'or. 

Et  ce  trésor  c'était  sa  OHe,  rien  de  plus.  Mais  quelle  joli©  enfant, 
quelle  superbe  jouvencellêi  quelle  souveraine  beauté  que  la  princesse 
Doucin@lle  l 

Elle  avait  tout  pour  elle.  On  dit  que  soq  front  candide  et  pur 
remportait  eu  elarté  sur  les  matins  de  printemps,  alors  que  Taube 
vient  de  poîadre  ;  que  ses  yûu%  étaieut  deux  mers  infinies  où  le  ôrma- 
mc^ot  tout  entier  se  noyait  ;  ses  joues,  deux  roses  fraîches  édoses 
qu'a  palissait  la  rosée  matinale  ;  sa  bouche»  deux  gouttes  dt?  rubis 
perlant  d'une  grenade  mi-ouverte,  Et  il  paraît  môme  que  lorsqu  elle 
ee  jouait  dans  les  champs,  leste  comme  im  jeune  chevreau,  il  n'ëUtt 
poiut  rare  qu'on  la  prit  pour  quelque  apparllion  divine,  teUement  le 
reflet  de  ses  cheveux  d'or  I  auréolait  de  raiiî  de  gloire. 


I 


CONTES  LANGUEDOCIENS 


553 


^ 


DûunCf  la  prince ssa  avîè  aege  ads.  E  déjà  dona  Renoumada^ 
la  parlant! na  Rênoutnada  que  s'enmèla  de  tout  e  que  pot  pas 
rea  tène,  ea  traficant  per  earrairous,  camia  0  cairefourca,  aviè 
cantat  epublioat  que  de  jouvença  e  de  bèutat  D6aciaèla  n'èra 
Ja  reina, 

Atabé,  ehaca  joorj  dina  Pampalibournas  arrivavoun  eti 
grandas  colag,  àbèlaa  manadas,  de  galants,  e  de  galants,  e  de 
galants,  N'eo  vente  de  pertont,  n>n  venlè  de  tout  te  ma,  de 
tout  biais  e  de  tout  calibre  :  de  ricbes  lauraïres^  de  marchands 
Goumoulsd'or,  desegnouit  de  princes,  dereis^  de  guerrejaires. 
Fins  qu'à  de  troubaires  qu'avièn  per  tout  biblot  sous  esturmons 
e  sas  cansoos, 

E  toutes,  entre  que  veaîèn  Dôucinèla,  n'en  demouravoun 
meravilhat^,  embalausit»,  enfadata.  D*ausidan'en  toumbavoun 
amourouses»  amourouBes  que- tout- pie,  ecridavoun  fort-e*mort 
que  Youlièn  la  princesia^  que  la  vouîiêu  e  que  la  voulièn,  e 
que  a*enanarièn  pas  d'aqui  tant  que  q «aucun  l'agcsse, 

Pt?r  que  ie  La  dounèsse  pus  lèu,  cFuneâ  s*aviaêroun  de  faire 
flectèmus  au  reî,  d 'autres ^  pus  lutraU  eneara»  s*entanchèroun 
de  ie  pour  ta  présents  bèus  e  pua  bèus.  Loua  ricbes  lauraires 


Donc  la  princesse  avait  &6i2â  ans.  Et  déjà  dame  Renommée,  la 
babilkrde  Renommée  qui  se  mêle  de  ton  (os  cboees  et  ne  sait  rien 
tenir  caché,  en  vaguant  par  een tiers,  cheniins  et  carrefours,  avait 
chanté  et  publié  que,  de  Jouveûce  et  de  Beauté,  c'était  DouciDelIe 
la  reine- 

Si  bien  que  dans  Pampéliboumea  il  arrivait  tous  les  jours^  par 
grandes  bandes,  eu  nombreuses  troupes,  das  galauts,  et  des  galâuts, 
et  des  galants.  It  en  venait  de  tout  pays,  de  tout  Age,  de  toute  tour- 
nure, de  toute  condition  :  des  riches  laboureurs,  des  murchi^nds 
cousus  d*or,  des  seigneurs,  des  princes,  des  roi^,  des  guerriers.  Jus- 
qu'à dea  troubadours  qui  n'avaient,  pour  tout  bagage,  que  leurs  violes 
et  leurs  chanaons. 

Et  tous,  dès  qu'ils  voyaient  Doucinelle,  demeuraient  émerveillés, 
fascinés,  ravis.  Ils  se  sentaient  soudain  éperdumont  mnoureux.  Et 
ils  criaient,  dans  leurs  transports,  qu'ils  voulaient  la  princesse,  qu'ils 
lu  voulaient  et  qu'ils  la  voulaient.  Et  ils  ne  sW  imient  point,  ajou- 
taieDt-llSf  qu'elle  ne  fiU  à  Tun  d'eu^c. 

D 'aucuns,  |9our  gagner  la  faveur  dti  roi,  se  mirent  à  le  combler  de 


556 


CONTES   LANGUEDOCIENS 


que  se  Jevà.  Tuguèroun  lou  verma  enaemblo  e,  d'aquet  temSj 
lou  rei  escuUèt  soun  cas  e  remboul  ounte  se  eapîUva, 

—  E  ara,  dequé  soui  per  faire  ? 

—  Dequé  ses  per  faire  ?  rebequèt  Ârmiûda  ;  voulès  que  ?oui 
hou  digue? 

—  Soui  vengïit  per  aco. 

—  Ohl  be,  aladounc,  escouUs. 
E^  por  moia!  ce  que  diguèt  la  fada  devtè  éstre  famous,  dV 

bord  qu'un  parai  d  ouradaa  après  lou  rai  Reiniè  s'eniourEiava 
galoi,  de  Ter  de  quauQUu  que  i*an  ievat  una  poulida  eapigna  e 
mai  couEtent  qu'un  rat  qu'auriè  raubat  très  noses. 


m 

tf  —  Touroutoutou  l  Taratatàî 
Lous  fîue  voudran  se  raaridà 
Embë  la  prin cessa,  que  vèngoun 
De  dîtnenche  en  îoch  au  Grand-Prat, 
Dav&ns  tout  lou  pople  acampat: 


déjeunèrent  incontinent  et,  pendant  le  repas,  le  roî  eiposa  son  cas  et 
rembarras  qui  était  le  !iien, 

—  Que  dois*je  faire?  conctut-il. 

—  Ce  que  vous  devez  faire?  répartit  Emaelinde;  voules-Touâ  quejt  j 
voua  le  diie  ? 

—  Je  Huia  venu  pour  cela. 

—  Eh  bîeûT  alors,  écouter-mou 
Et  ce  que  dit  la  fée  devait  être  excellent  puisqu'une  couple  d*heureii 

après  son  arrivée  le  roi  s^eQ  retournait  guilleret,  radieuï.  Il  avuit  Tair 
d'un  homme  à  qui  Ton  vient  de  tirer  une  fâche  iiae  épine.  Il  parais  sait 
plua  content  qu'un  rat  qui  eût  pu  dérober  trois  uolii. 


m 

H  Touroutoutou  I  Tarat^ttat 
Faisons  savoir  à  qui  voudra 
Avoir  la  princesse,  qu^il  vienne 
De  flimantîhe  en  huit  au  Grand^Pré, 
Devant  tout  le  peuple  asseuiblé: 


CONTES  LANGUEDOCIENS  5!S7 

Quau  pua  bèla  obra  coumplirà 
Per  el  Dôueiiièla  aerà, 
Touroutoutou  I  Taratatà  ï  » 

Aqui  ce  que  mati  e  vèapre»  e  très  jours  a-derré,  îous  troum- 
petaires  publiquèroun. 

Se  seguèt  un  varal,  tiu  revaladis,  un  trevîrameo  ding  toat 
Pampalibourna3|  aco  se  demanda  pas.  Jamai  s'érapas  Tes  vist 
de  parié.  Lous  galanta,  de-longa^  tavanejavouu  d'un  biais, 
tarrabastelejavoun  d*iiij  autre,  afairaU  que-de-talamen,  en  vanc 
de  s'aisiDà  e  d'aleati  soun  pus  bèu  saupre-faire«  Lou  moundô 
èroun  en  refoulucioun:  au  four»  à  la  font,  as  cabarets,  dîna 
Ious  oustaua  e  per  carrîèiras,  tout  lou  sautclamen  dau  Jour, 
lenguetaa  e  len^assas  qaita?oun  pas  d'aqut  dessua.  Talamcn 
qu'à  laâ,  toutes,  en  grand  trefoulimen,  vesièn  pas  Toura  e  lou 
moumeD  d'èstre  au  jour  de  la  lucba. 

Fin-flnala  aquel  jour  venguèt. 

Ah  I  n'aurîàs  vist  de  moundc,  e  de  mounde,  bon  mati,  as 
entoufs  dau  Grand-Prat  I  Fasiè  tramblà.  Loua  camis  n'eu 
regourgavoun  de  partout:  semblaya  que  toutas  las  fourni- 


Quî  pluâ  belle  œuvre  accomplira, 
Pour  lui  Doucinelle  aéra.,, 
Touroutôutou!  Taratatà  ï  '* 

Voilà  ce  que  soir  et  matin,  et  trois  jours  de  suite,  les  hérauts  publiè- 
rentt 

Pensez  donc  ail  y  m  eut  du  mouvement,  du  remue-mënage,  du 
bouleversement  dans  tout  Pajïipéliboiimesî»-  On  n*avait  jamais  vu 
rien  de  tel*  Les  galants  étaient  sur  les  dents,  courant  par  ci,  se  pré- 
cipitSDt  parla,  fl'ftgitant  saus  cesse,  afin  de  s'équiper  et  de  se  pré' 
parer  pour  bkn  montrer,  au  jour  dit,  leur  meilleur  savoir-faire.  Les 
gens  vivaient  en  continuelle  effervea<!euce  ;  au  four^  à  la  fontaine,  aux 
cabarets,  dans  les  rues  et  dans  les  demeures,  tout  le  long  du  jour, 
petites  et  gramîes  laîigues  ne  se  donnaient  aucun  répit  Si  bien  qu'à 
Ja  tin^  tous,  au  comble  de  rimpatieace,  se  consumaient  d'une  unique 
fièvre:  voir  se  lever  enfin  le  grand  jour  du  tournoi. 

Et,  finalement,  ce  jour  se  leva* 

Ah  î  mes  enfants,  qu*i!  y  en  avait  du  monde,  et  du  monde,  de  grand 
matin,  dans  les  alentours  du  Grand- Pré,  C'était  un  vrai  prodige.  Les 


5i8  CONTES  LANGUEDOCIENS 

guièiras  de  la  târra  seguèBSOun  vêDgudaa  aqtii  da  tant  que 
n'èrouti  nègres,  Taviè  tout  Pamparigousta,  tout  Pampali- 
bourneta,  tout  Chiiïotou»  tout  Cercatrova»  e  \m  gens  de  Vat- 
flouveiret  e  las  gens  daii  diable  amai  belèu  de  pus  lient 
encara- 

Per  quant  as  galants,  se  i*èroun  pas  mai  de  dous  eent^^ 
embé  d'oustiases  de  tout  biais,  vole  que  la  testa  me  saute. 

Sus  las  Dell  ouras,  eûtre  sourit  de  la  messa  granda  qu'èra 
estada,  aquel  dimenche,  avauçada  e  caotada  à  la  lèsta^  tou 
rei,  la  prînceasa,  embé  touta  sa  eour  se  rendèroufi  au  Prat» 
Qu*éra  poulida  la  princessa  embé  sa  rauba  blanca  e  sa  cou* 
rouBa  de  flous!  Entre  que  parosquèt  tout  bousin  se  caléte 
chacun  la  badava  estasiat.  E  mai  d^un  galant,  pecaîre  !  mitât 
quioch  dau  reboulimen,  pousquêt  pas^se  retène  de  sousoà  en 
ponsant  que  toutara  caudriè  dire:  <ï  adieu  Tesper!  n 

IV 

«  Touroutoutou  1  taratatàî  u  Lous  troumpetaires  sounèroun 
per  l'acoumettçança- 


chemins  regorgeAieut  de  tous  lea  côtés  t  en  eût  dit  que  toutes  lei 
fourmilières  de  la  terre  s*étaicnt  donaë  rendez^vous  là^  tant  ces  che- 
mins paraiBiaient  noirs.  Il  y  avait  tant  Pampérigouste^  tout  Fampé* 
libûurnettei  tout  Chipetout,  tout  CherchetroavGi  et  les  gêna  de  Vateu- 
voir,  et  les  gens  du  diable,  et  d'^aiUreâ  de  plus  bin  encore. 

Quaot  aiiï  gaLuits,  slle  ii'étâii^nt  pas  plus  de  deux  ceuts,  muuis 
ij^ouiils  de  toute  soriej  qu'oD  me  fasse  sauter  la  tète. 

Sai'  le  cou^  da  neuf  heures,  au  sortir  de  la  grand  messe,  qui  avait 
été,  ce  dimanche-l&i  avancée  et  près  te  tue  ut  chantée,  le  roi,  la  pnn- 
cesse  et  leur  cour  se  rendirent  au  Pré,  Ce  qu*elle  était  jolie  la  pnn* 
cesse  dans  sa  robe  toute  blanche  et  si^ua  sa  couronoe  d^)  fleurs  L*«  Dès 
qu'elle  parut,  tout  bruit  et?ssa  et  cbaciiu  la  contempla  avec  ravisse-'' 
ment.  Et  plus  d  uo,  parmi  les  galants  que  Tangoisse  étreignait,  ! 
put  étouffer  un  sanglot,  héUs  I  eu  pensant  qu'il  faudrait  tout  à  Theur 
dire  :  u  Plus  n'est  d'espoir.  « 

IV 

K  Touroutoutou  1  Tarutata  I  »  Les  trompettes  sonnèrent  et  le»  joutes 
s'ouvrirent. 


CONTES  LANGUEDOCIENS 


559 


E  rejaqui  que  d'eti  mièoh  das  galants  saliguèt  ua  jouyent 
artapat  e  garrut,  reblat  coumaun  bpau,  e  paa  trop  vilêa  araai 
qu'agèsge  la  pêl  un  pauc  mauresca  e  la  tignassa  ramboulliada. 
Fouriava,  bus  una  espalla,  un  enclume  de  mai  d'un  parel  de 
quintaasj  e,  sua  l*aïitra,  un  martelas  emb'uïia  groasa  barra  de 
ferre,  D'omea,  toutes  maacarats,  menant  dos  carrelas,  carga- 
daa,  Tuna  embé  de  earbou,  Tautra  d'un  feutrau  de  bufet  que 
la  rampljsiiè  toula,  aeguUsièn  lou  jouventp 

La  dicba  s'espandiguèt  lèu  qu'acos  èra  Ferragut,  l'aînat 
dan  rei  de  Forjas  Grand aa  ounte  i*avlè  de  carbou  couma 
d*aiga  à  la  mar,  de  ferre  autant  que  de  rocs  sus  loua  Causses, 
emb'un  pople  de  maneacaus,  aarralbès  e  fourjaires  que  tra- 
valkavoun  nicch  e  jour,  e  sans  relàmbi,  a  de  ferramentas 
eapetaclousas. 

Lotis  omes  nègres  agèroun  lèti  carat  un  trauc  ;  lou  caâguè- 
roun  de  carbou,  ie  boutèroun  êoc  e,  bufa  que  bufaràs  l  u*en 
faguèroun  un  grand  braaàa.  Kniramen  que  la  barra  de  ferre 
se  caufava,  Ferragut  calèt  soun  enclume  ben  couma  se  deu. 
Pioi,  quand  la  barra  seguèt  d'un  blanc  qu*eneigalava,  ragantèt 
embé  las  teDalhaa,  de  la  man  gaucha,  la  poustèt  sus  l'enclume 


Et  voici  qne  d'emmî  les  gaUots  isaît  uo  gars  robuste  et  muscaleuX} 
riblê  comme  un  jeune  Èflurenu  et  pni  trop  vilaia  tle  figure^  bien  que  ^a 
pQHU  îûi  un  ^en  noite  et  sph  cheveus  embroiissaillëa.  Il  portait,  sur 
l'cpaule  gauche,  uue  enclume  de  pluâleura  couples  de  quintaux i  et,  sur 
ré|ijiu|e  droite,  un  énorme  marteau  ainst  qu^uoe  grosse  barre  de  fer, 
Dea  hommes f  à  face  noircie,  traînant  deux:  charrettes  chargées  Tune 
de  houille  et  l'autre  d*un  grand  aoufilet  de  forge  qui  la  rempHâBait 
toute,  suivaient  le  gars  robuste  et  uiuBculeux. 

Le  bruit  se  répandu  tr<^s  vite  dans  la  foule  que  c*élait  là  Ferragut, 
lo  fila  aîné  du  roi  de  ForgcîS-Grandeâ,  Et  nul  n'ignorait  qu^à  Forges- 
Grandes  il  y  avait  du  charbon  autant  qu'il  y  a  de  Veau  dans  la  mer, 
plu3  de  fer  qu'il  n'cat  de  rochers  sur  tes  Causses,  et  tout  un  peuple 
de  forgerons  et  d'ajusteurs,  travaillant  nuit  et  jour,  et  sans  relâche, 
à  des  ferre  ries  gigaaiesquea. 

Les  honuues  à  face  noircie  eurent  bientôt  creusé  un  trou*  Ils  le 
comblèrent  avec  du  charbon  qulls  allumiTent  et  zou!  souffles  que 
eouffleras!  û&  en  firent  un  grand  brasier^  Cepeudaût  que  la  barro  de 
|er  chaufiait^  Ferragut  assit  solîdijment  son  enclume»  Puis,  quand  la 


5eo 


CONTES  LANGUEDOCIENS 


e,  de  la  man  drecba,  as  grands  cops  de  martel,  «-  pin  l  pan  l 
pan  î  pin  !  panl  pan!  —  tabasa  que  tabasaràsî  Las  bôlugns- 
regiselavoun^  de  floes  de  ferre  aantavoun,  Ion  brucb  ensour- 
dissiè,  e  !ou  martel  fasîê  de-longa  tomba-lèva,  sans  quejaniai 
lau  bras  dau  que  lou  lenlè  s'ataasèsse,  E  quand  lou  martel  aire 
quitèt  de  picài  la  barra  de  ferre  èra  pas  pus  una  barra  de 
ferre,  mais  si  be  una  espasa  de  mai  de  dèch  pans,  lusenta 
CDuma  d'argent. 

Seguèt  paalôu  tout.  Après  avedre  trempatscunespasadios 
d*aiga  freaca,  Ferragut»  rempougoant  de  sas  dos  mans,  de  sa 
pus  reda  farça  n*empeguèt  un  grand  cop  sus  renclume.  E 
Tenclume  se  dessapartîguèt  en  doua  floca  qu'an èroun  reboumbt 
à  mai  de  quatre  passes,  entramen  que  Tespasa  se  margava 
dins  la  terra  fins  qu'à  la  pougnada- 

—  Oi^  boudieu  î  qu*aco*s  ben  travalbat!.,.  cridèroun  lou 
mounde  espantats  que -tout-pie. 

E  de  galants  n'i'agèt  un  bon  prou  que  a'enanèroun,  aar  se 
sentîssièn  pas  de  poudre  milbou  faire. 


barre  fut  d'un  blanc  éblûmaaa.n£,  il  la  aaiait  avee  ses  tenaîU^i,  de  1a  I 
rnaio  gauche  j  la  posa  aur  rend  urne  et,  de  le  main  droitet  k  granda 
coups  de  marteuu,  ^  pin-pan-pan  î  pio^pan-pnn  !  —  martelle  que 
martelleraa  !  Les  étincelles  rejailliasaicDt,  des  éclats  de  fer  volaient, 
le  bruit  était  assourdissant  et  le  marteau  allait  sans  cesse,  totnbe-lève, 
tombe- lève^  sans  que  jamais  le  braa  du  marteleur  fut  la».  Et  quand 
le  marteleur  cessa  de  marteler,  la  bane  de  fer  n'était  plus  une  barre 
de  fer,  mais  bien  une  ôpée,  longue  de  plus  de  dis  pieds  et  é  tin  celante 
comme  de  Targent. 

Et  ce  ne  fut  pas  tout.  Après  avoir  trempé  son  épée  dans  de  Veau 
bien  froide,  Ferragut,  Tempoignant  à  deux  mainSf  en  assena  sur  Ten- 
clume  un  coup  retentissant.  Et  Teuclume  fut  psirtagée  en  deux  tron^ 
COQS.  Et  cet  tronçons  sautèrent  à  plua  de  quatre  pas^  deçà,  delà, 
cependant  que  Vè^ée  s'enfonçait  dans  le  soi  jusqu'à  la  garde. 

—  Grands  dieux  !  comme  c'est  bien  travaillé  1  cria  la  foule  au 
comble  de  l'étonnement* 

Et  d'emmi  les  galants^  un  grand  nombre  se  retirèrent^  car  ils  ne 
sentaioDt  point  capables  de  faire  un  plua  bel  ouvrage* 


CONTES   LANGUEDOCIENS 


'*Ùi 


Lôu  que  vÊïîguèt  ^prhê  èra  un  rouajelou»  frisât  couraa  una 
en  dévia,  la  gaiigna  frcsqueta  e  flourada,  Ter  esearraljîîîiat, 
lou  biais  degajadet  c  Fana  leste  d'un  esquirou,  le  dîsïèn  Fuur- 
tunet,  E  soun  paire,  lou  rei  de  BèusTerraireSi  aviê  talamen 
de  terras  e  de  bes  que  s'en  perdîè  lou  cooQte:  ^randas  vî^nas 
embé  de  foutratis  dâ  soucassas  que  chacuna  fasiè  soun 
panièirat;  oulivedas  ounte  d'oulieug,  pu»  grosses  que  de 
chain*!ïï,  de-longa  cargavoun  à  i*espa1ftucà  ;  blads  que  jamai 
s'en  Tesiè  pas  îa  fi;  pradas  que  caliè  mai  d*un  jour  per  n*eu 
faire  lou  tour  ;  bosses  raïautâ  e  erbagieus  à-n-ounte  lou  bes- 
tiau  de  lana  sedelar^araà  miliassadas, 

Lou  JDuvent  menava  un  grand  càrri  atalat  de  douscoubles; 
80UI1  Tarlet,  un  arairô  embé  sièis  cavalasses;  e  darries, 
segtiiasièn  un  lôu  de  fennas  de  la  terra.  Tout  aco  ae  sarrèt 
d*an  camp  de  blat,  aqui  toucant,  un  Mat  madu  d*un  paroi hat 
de  sestêirada^,  E  Fourtnnet  adounc,  alarmant  d'una  dalha 
qu'aviè  pourtat  dinssoun  càrri,  sacouss<^t  ditis  lou  camt*,  e 


Calaî  qui  vint  eniuite  était  an  petit  blond,  aux  cheveux  frisés, 
au;t  jouoa  fraîches  et  fleurie»,  a  Pair  alerte  et  jojeux,  la  tournure 
gracieuse  et  rallnre  leste  d*un  ëctireuil.  On  Tappeliiit  Furtunet.  Son 
pârL«,  le  roi  do  Beau  s -Terroirs,  avait  tant  de  terres  et  tant  de  biens 
qu'on  en  perdait  le  compte  :  grandes  vigne»  avec  des  ceps  vigoureux 
donnant  ehaeiin  leur  paoerée  de  raisins  ;  olivettes  où  des  oliviers, 
gros  comme  des  iîhêDe»,  ployaient  tous  les  ans  sous  leurs  fruits  ; 
blés  dont  on  ne  voyait  jamais  le  bout;  prairies  si  étendues  qu'il 
fallait  plus  d'un  ]t>uf  pour  en  faire  le  iour  ;  bois  touffus  et  herbeux 
où  les  bètes  à  lainic^  paissaient  par  cents  et  par  milliers. 

Le  jouvenceau  menait  une  grande  charrette  attelée  de  donx  couples 
de  bœufa  ;  son  valet  conduisait  une  charrue  que  tiraient  six  superbes 
chevmuK  ;  et  derrière  suivaient  toute  une  troupe  de  campagnardes. 
lU  s'approcbèreni  tous  d'un  champ  de  blê,  tout  près  de  là,  un  blé 
mûr  d*  environ  deu3L  séterées.  Et  Fort  une  t  alors,  s' armant  d'une  faux 
qa'il  prît  sur  sa  charrette,  se  précipita  dimn  le  chamj),  ut^  Hgl  de 

m 


562  COXTES  LANGUEDOCIENS 

zieti  î  de  drecha,  zeu  !  ôe  gaucha,  au  grand  galop,  '^  loa 
tema  de  dire  ud  paler  tout-eâcàSi  —  lou  blat  seguèt  daJliat. 
Las  ligairagf  qti'èrounun  csEtenat  pef  lou  mens  e  pas  ges  de 
manciiotair  aviè  pas  caugut  que  musèssoun  &q  voulièii  ie 
tène  las  gatbaa  de  lîgadaa.  Lèu-lèu,  dins  mens  d'un  a  ail  » 
aquêlas  garbas  aêguèrûun  eargadas  aus  loa  càrri,  las  toiirtou- 
jbèirâs  eatacadas  e  bilbadafife^àrrl  !  fai  tîrà!..«  louabièus^Ioy 
varlet  e  laa  fennas  s'adralhèroua  de  vers  una  aira. 

Mèa  déjà  Fourtunet  aviè  agantat  Teisteba  de  Taraire,  fur- 
galhat  sous  cbivals,  e,  zou  I  au  brulle  per  lou  rastoul.  Il  Ja  ! 
Bio  î  II  lia  quart  d'ûureta  s'ausi^uèt  pas  mal  qu'aquela  crî^ 
dadissa,  m  vegèt  pas  qu*an  vai-e-vèn  de  Tatalage  qu'aoriàs 
dich  campejat  per  quauque  fantastic-  Ë  quand,  toutes  fu mou- 
ses,  lousûluvaisrarreatèroun,  lou  camp  apareiguèttout  entiô 
laurat  à  miracle^  embé  de  regas  drecLas  couma  d7^  e  pas 
uua  mouta  que  Iroumpassèsse  l'autra, 

AcoB  èra  estât  tal amen  vieu,  talamen  prounte,  que  fossa 
mounde  ae  demandèroun  se  seus  iols  i^avièn  pas  fach  pan- 
tetna,  ou  s'un  abilla  enmascaTre  loua  veniè  pas  d'enluernà. 


droite,  et,  zng  !  de  gauche,  au  grand  trot,  —  le  temps  de  dire  unpakr^ 
à  peine,  —  et  le  h\é  fut  fauché.  Les  lieuses,  une  centaîoe  pour  le 
moins  et  point  manchoUcs,  avaient  dû  tif^  point  muser  pour  lier  toutes 
les  gerbes  en  si  peu  d^  temps.  Et  tûut  de  suUei  dans  ihoïds  d'uti 
il  ah  î..,  rt,  ces  gerbes  fureut  chargées  sur  la  charre4le>  aastijeuies 
solidement aa  moyen  d'uu  double  cable  et  du  ganoti  puis,  en  avant! 
faites  tirer  li**  les  bœufs,  le  valet  et  les  pfljaannei  se  dirigèrent  vers 
une  aire  voisine. 

Mais  déjà  Fortunet  avait  empoigné  le  mancheron  de  la  cbamie, 
fouetté  ses  chevaux,  et,  zouî  ventre  à  terre  flan^  le  champ  si  preste* 
ment  Fauebé.  1  î  dia  !  huhau  !  i  !,..  Durant  un  petit  qu^irt  d'heure  ou 
n'entendit  que  ces  cns-tà.  Et  l'on  ne  vit  qu'un  vertigri"«^ux  va*el-vient 
de  Tattelago  qui  semblait  aiguillonné  par  quelque  farfiidet  invisible. 
Mais  enfin,  tout  fumants,  les  chevaux  «'arrêtèrent.  On  put  constater 
alors  que  le  cbautp  était  entiôreuieut  labouré,  labouré  â  miracle,  avec 
des  sillons  droits  comme  des  1,  l't  pas  une  seule  mi>tte  de  terre  plus 
haute  que  les  autres. 

Cela  avait  été  aï  vivement,  sj  rapidement  fait  qtio  beaucoup  de  geiia 
ee  deixiandèrcnl  s'ils  n'avaient  paa  eu  la  berlue,  ou  si  quelque  habile 


CONTES   LANGUEDOCIENS 


563 


Se  iarréroun  dau  eamp,  trepilhèroiiii  îas  regas,  eatadièroaii 
Taraire^  faguèroya  trepà  lotis  chinais.  Ë  qa&od  segiièrouQ 
aouUdêi  que  i*ariè  pas  gas  dô  mlcss*macas  diabouMcas  : 
—  Sa  pot  pas  mîlhoti  faire  !,..  cridèrouti. 

D'âflire  laus  galaota,  lourQamai,  D'i'agèt  mai  d&â  très  quarts 
que  quitèrouQ  la  lucha. 

VI 

Ep&mens  lou  treaieDie  cop»  seguèt  pas  un  soulet^  mm  doua 
quô  s'avaReèroun  en  mîtan  dau  Grand-Prat.  Ûous  bèu9 
omes^  preaemple,  âèramêa  eâcambarlatâ  âus  douâ  grafidj 
auferaûs,  embé  càacoys,  cambauâ  e  eouirassas  d'acte^  paire* 
B6S  d*argent,  lantias  lougoulud^s,  espasas  e  destraus  que,  pas 
que  de  \m  veire,  fasièa  estreoaenti* 

Era  loua  doua  pus  terribLeâ  guârrej aires  dau  tems  e  tûtit 
lou  mouode^  paun  ou  prou,  avîè  auslt  couutà  de  saâ  Yattienças. 
hQUf  lou  dau  peu  rous,  lou  ferouge  Ârtaban^  lou  ûèu  das 
ÛuEigreaeSt  arlô  *n  joar,  toutaoulet,  fach  un  orre  chapladis 


magicten  ae  venait  paa  de  fasdaer  leurs  yeux.  Ils  entr^i'ent  dans  le 
cbamp,  îb  piétin^reût  les  sillous,  iU  examinèrent  la  charrue,  iIb  lirent 
avancer  les  chevaux.  Et  quand  îli  m  furent  biea  assurés  qu'il  ny 
avait  pas  eu  de  pratiques  diaboliques,  ila  b Vénèrent  : 

—  On  ue  pourra  j ara aii  mieux  faire. 

D'emint  les  gai  an  ta,  encore,  plus  des  trota  quarts  abandouQtjrent 
la  partie. 

VI 

Et  pourtant,  la  troisième  fois,  ce  ne  fut  pas  un  seuljmiis  bien  deux 
qui  s'avancèrent  ensemble  jusqu'au  milieu  du  Grand*Rré.  Deu^t  beaux 
hommes,  par  exemple^  fièrement  dressés  sur  deux  supeihes  deatrters. 
Us  avaient  revêtu  leurs  plus  lourde»  armures  :  heaumes,  cuissar  ts  et 
cuirasses  d  acier,  avec  reçu  dWgcntp  Et  Ih  portaient  de  longs  épi  eux, 
des  épéea  et  des  haches  d'arme  qui  faisaient  venir  la  chair  de  poule. 

Cétaieut  les  deux  plus  terribles  guerriers  de  ce  temps  et  tout  le 
monde  avait»  peu  ou  prou,  ouï  narrer  de  leurs  exploits.  Celui*cî,  aux 
cheveux  roux,  le  farouche  Artaban,  le  6éau  des  Hongrois,  avait  un 
jour]  à  lui  seut^  fait  un  horrible  carnage  de  virigt  cbevalit'rB  ennemis 


504 


CONTE&    LANGUEDOCIENS 


dd  vînt  chivaliès  enemics  que  ravièïi  desHaat.  L'autre,  èm 
pèusses  nègres^  lou  famous  Oaulezar,  qu'aviè  déjà  tugat  mai 
de  milanla  Maus:rBbina,  liins  las  courridaa  dû  bious  agantava 
Jous  brau9  lous  pu^  fbrtâ  per  uoa  batiae  ioU3  fasiè  cambiroalâ 
cûuma  de  baudufaa. 

Se  saludèroun*   Pioi   prengcèroun   vanc  e  a'acousséroun 
Tua   de-vera  Tautre,   enl'urounata.  E  talatnen  de  sas  laneas 
tuatèroun  rede  cootra  sous  pavésea  que,  dan  reasabroan,  loua 
cshivals  s*4igînoul!tèroun^  entramen  que  las  lanças  voalavoun^ 
en  mai  de  mila  flocs.  Âdounc  ie  mandèroun  à  grands  cops  del 
deatraus:  eiè  !  tus^  tè  1  iéu,  la  batadiaia  segyèt  espaventabla. 
Quand  agèroun  bercat  saa  destraus,  agantèroun  sas  espaças., 
E  eouma  gous  chivals^  arreduta,  flaqobsièn,  zou  I  davalêfouiifl 
e  countunièronn  mai  que  mai  aâ^au^  agita.  Ardit  !   Artabati, 
arJit  î  Bautezar  :  las  espasai  soun  brîgoaladas  ?  —  as  pou- 
gnaus  ;  loua  pougnuua  soun  gîmblati?  —  a  la  rebalada^  à  Tes* 
peltJrage,  à  laluGlia^  à  la  luchal  Oau  que  n'I'agd  un  que  crére 
ou  que  demande  :  seba  î 

l'aviè  *n  bonbrieu  qu'aûo  durava  :  lous  pavéses  toumbayoun 


qui  Tav aient  défié.  Celui-là,  à  la  chevelure  iioiiei  le  fameux  Balthaisr^  ' 
avait  dï'j.^  mis  k  mort  des  uiiUiera  de  Maugi-abiuB  ;  et,  dans  les  céufBe» 
(U  taurefïiix,  il  auîaissait  la  bête  la  plus  forte  et  îa  plus  fnrieiîse  par 
lus  coine.H  et  il  la  faisait  pimuett-r  dans  l'arène  cumme  nn  enfanl' 
ferait  loarner  une  toupie. 

Us  s'adreasèreat  un  salut.  Puia  iU  prirent  du  champ  et  soudain  se 
ruèrent  l'un  contre  l'autre.  Et  le  heurt  de  leurs  dpieux  sur  leuit  écus 
fut  si  rtulû  que,  dès  ce  premier  choc,  ka  chevaux  tambôrerit  sur  leurs 
genoux  et  les  épieux  volèrent  eu  éclats.  Ils  empoijîuèrent  alora 
leurs  haches  d^armea  :  h  toi  î,..  à  moiL„  ils  s'en  ikorti^rout  drs  coup»  i 
terribles*  Quelle  lutte  épouvantable  !  Et  quanti  ils  eurent  ébréché  leur» 
liaehi^s,  iU  briindircnt  leura  épées.  Kt  comme  leur*  cbevauï,  fonrbu», 
fléchissaient  à  tous  coups,  vite!  ila  mirent  pied  à  lerreet  continuaient 
leur  dur  combat  avec  une  fureur  croissante,  ïîardv  1  Artaban,  hardi  ! 
Bidlha7.rtr  :  lesépiiotî  font  brîsdes?  —  à  vos  poignards;  le$  poignarda, 
sont  tordus?  —  au  corps  à  corps,  au  pugilat,  à  la  lutte!  à  h  lutte! 
Il  fnut  que  l'un  des  deux  périsse  ou  demande  merci» 

11  y  avait  aasez  longtemps  que  le  combat  durait  ainsi, âpre  et  sau- 
vage. Les  écua  étaient  en  piùcea,  les  casques  arrachés  et  fracaiaés^ 


CONTES  LANGUEDOCIENS 


565 


à  âoes,  lous  càsûoua  èroari  demargata,  las  couirassas  englou- 
tidas,  lous  batalhaires  afa]enats,dnsaniious[td  e  poussièirouseï 
semblavoun  de  Djoustrôs,  û  se  poudiô  paa  aaupre  encara  quaii 
gagaariè  vitèria.  Mè3  vejaqui  qu'Artaban,  en  mandant  à  sôUïi 
adveraàriuû  cop  de  flac  depavéa  que  ie  demantibuîèt  Tespalîa, 
resquillèt  e  â'espatèt  de  tout  soQn  long  ;  Bautezar,  aladounc, 
agautant  una  gros^a  lausa,  i'espoutiguèt  la  testa* 

Quante  escaufèâire,  mous  enfants  1  De  fennas  s'estavani- 
^uèroun,  d*enfants  buamêroun  au  secoua,  d*OGaea,  carravirats 
G  las  dents  ciavadaâ,  f^i^ièn  mina  de  voudre  acabà  tabé  Bau- 
tezar  qi ravie  peaa  à  sa  tène  drecb,  E  quand  lou  viimeira,  utt 
loi  curât»  un  bras  derrabat  à.  raièjas,  tout  regoulant  de  sang 
6  tirassant  la  camba,  sa  s  arrêt  de  la  princcssai  un  crit  d'our- 
rou  giscièt  de  tentas  las  garganta^. 

De  galants  n'en  demourot  pai  pus  que  dous« 

VII 

Lou  ppumîè  d  is  dons  que  se  sarr^'ît  per  monstra  sonn  ou- 
brança  èra  poultdet  oouma  un  sôu  e  jouiiiet  que  tout-pie* 


leu  cuirasses  en  lambenux*  Los  combattants  haletants,  ensanglantés, 
couverts  de  poussière^  ressemblaient  à  des  mori^stros  liorribleB,  Et  Von 
ne  pouvait  prévoîr  encore  lequel  des  deux  remporterait.  Mnia  voilà 
qu'Artaban^  ayaot  trop  violemment  lanc^  à  son  adversaire  un  tronçon 
de  bouclier  qui  lui  démantibula  Tépaule,  glîijHa  en  avant  et  s'abattit 
de  tout  son  long.  BultUaxar  fondit  sur  lui^  snisit  une  éuorme  pierre  et 
lui  broya  la  t^te. 

Quel  spectacle!  mes  enfants.  Des  femmes  s  evanouîrent,  des  enfants 
crièreat  au  secours  et  des  hommes»  blêmes,  les  dL'nt^  serrées,  fai- 
laient  mine  de  vouloir  acbe ver  au^sî  Balthizar  qui  se  soutenait  à  jifîinn, 
Bt  quand  on  vit  le  vainqueur,  un  reil  crevé,  un  bras  à  ftcmi-arriiché. 
tout  ruisselant  de  sang  et  traînant  \n  jambe,  s'approcher  de  la  priu- 
eeasfif  UQ  cri  d'horreur  jaillit  de  toulcvs  le^  poitrines. 

De  galants,  il  n'en  resta  plus  que  deux. 


Le  pfemier  dos  deui  qui  s'approcb^  de  la  Cour  pour  montrer  son 
«avoir-fairô,  ëtaîtjoUj  joli  à  miracle,  i>t  tout  jeune,  presque  unenfanr. 


srjQ 


CONTES   LANGUEDOCIENS 


Tout-escàsse  quatiqaesbûurriljs  sedouses  roumbrejavoun  »& 
boiica  6  êm  gautas.  Dô  loogaâ  âoias  de  pèusses  btaundms, 
(1  avalant  sus  saâ  espal las,  tant  poutidamen  i'encadravoyn  soun 
moiarrou  ûnei  e  bîanquinèl  qaefafilè  gan  de  veire.  Sono  biais 
èra  galant,  soun  er  gracious,  sa  deguèina  laugèîra.  Mes, 
pecâire  l  semblava  pas  que  palegèsse  loaslouvidors:  pourtava 
un  capèl  rafalat.»  un  abilhage  que  saiquâ  i'aviè  pas  toumbat 
la  prumièira  bourra  e  de  souliès  badaat  dau  taloa. 

Quau  èra?  d^ouote  venîè  ?  e  couasi  s'apelava?  ^  Degus 
noun  hou  sablè,  Teniè  à  la  maa  una  espèça  de  caiaseta  loun- 
gouluda  que  tout  loo  moundei  curiousamen,  se  demandava 
dequé  poudiè  ben  caupre»  Mes  quand,  d'aquela  caisseta,  las 
gens  vegèrounque  tiravaun  viôuloun»  s'agachéroun,trurafèk, 
e  quauquea  galejaipea  cpidèroun  raêmaraen. 

—  Saîque  vai  faire  dan^à  de  mouninas  ?... 

Lou  jouvent  se  vîrèt  pas.  Mespresous  da  las  galojadas,  en- 
Bagèi  soun  viouloun,  pîoi^  ion  boutant  contra  sa  petrîna, 
cranamen  plantât  davans  lou  rei  e  la  princessa,  sans  se  laissa 
destourbà  per  res,faguèt  varallià  soun  arquet.  Ë  de  Testurmen, 
dûuça,  sjava,  mellcousa,  una  musîca  s'aubourèt  que  dintrava 


C'6st  à  peine  ai  tin  léger  duvet  soyeux  estompait  sa  lèvi'e  et  ses  joues. 
De  loagutca  boudes  de  cbFiveu?^  blonds,  Hottanisur  ses  dpaules,  enca- 
draient un  visage  8Î  fîn.  si  blanc»  si  dëiicieuXf  qu'on  ne  se  lassait  pas 
de  le  cootempler.  Et  le  jeune  homme  avait  de  jdus  raîr  gracieux,  la 
démarche  aisée^  la  touroure  gentille.  Mais,  hélas!  il  ne  devait  point 
remuer  les  louis  à  la  pelle!  Il  portait  un  chapeau  démodé  et  fané,  un 
habit  qu'il  n'avait  pas  délustré  lui-même^  sans  doute*  et  des  souliers 
baillant  du  talon. 

Qui  était-ce?  d'où  venait -il?  Quel  était  son  nom?  —  Nul  ne  le 
gavait.  11  tenait  à  la  main  une  espèce  de  boite  longue  qui  intrigua  fort 
tout  le  monde*  €  Que  peut^élle  bien  contenir?  »  se  demandai t-ou.  Mais 
lorsque  les  gens  virent  tirer  do  cette  boîte  un  vjolon,  tout  simplement, 
îts  â^entre-rËgsrdèroDt,  goguenards,  et  quelques  plaisantins  crièrent 
m^me  à  tiês  haute  votx  ; 

—  11  va  faire  danser  des  singes. 

Le  jouvenceau  ne  s*êmut  poiat.  Dédaignant  brocards  et  quolibets, 
il  accorda  son  violon,  Tappuya  sur  sa  poitrine  et  puis,  superbement 
planté  devant  le  roi  et  la  princesse^  sans  se  laisser  en  rien  distraire^ 


CONTES  LANGUEDOCIENS 


567 


dins  Tama  pcr  ie  pourtà  soijIà9tde1îee3,eitasïamen,Âhl  degua 
risiè  paâ  pus,  preserople  !  Fins  qu'as  auceloua  que  s'èroun  arres- 
tate  de  cantà  e  loa  vent  de  bufà*  Loa  maunde,  ravits,  tîbavoun 
rauFôlha  e  tenièn  soua  aie  per  pas  perdre  un  moussèlî  e^ 
saique,  dÎQS  lou  silënci,  se  s^riè  ausît  ¥oulà*n  parpalbou,  sa 
\o\is  parpalhous^eles  atabé,  â'èroun  pas  apausati  per  escoutà 
Jou  vioulouaaire, 

Piôî  lou  jouvent  oantèL  Canièi  aoun  acnour  per  Dôucînèta, 
E  diguèt  dins  sa  cansou  que  tou  pus  grand  saupre^raire  dau 
marît  de  la  prlncessa  devîè  èstre  simplamen  de  Tadourà,  de 
la  belà,  de  la  cantà. 

Talamen  cremanta  èra  sa  canUdissa  que  toutes  lous  jou- 
vents,  venguts  a^jui  'mbé  sas  amîgas,  se  io  boutèroun  d'à- 
gitioulhous  davans  elas  per  iê  devourï  las  mans  de  poutounaa  ; 
lous  mandats  de  longa  passada,  que  belèu  mai  d^un  cop  avièn 
aguttantara,  s'enibraâsèroun  couraa  de  cadèla  de  vînt  ans  ; 
e  lowg  vielbets  enibé  sas  vielhetas,  s'e^pinchant  d'à-galU, 
mièch  rîsouliès  e  mièch  plourouses,  se  marmurèroun  don- 
çamenet  :  a  T'en  souvèues  ?,..  *» 

Atabé  quand  Jou  vîÔLilounaire^  agent  acabat  sa  cansou,  anèt 


il  fît  aller  ada  archet,  El  de  l'instrument,  douce,  suave»  mélodieuse, 
une  musique  s'éleva  qui  pénétrait  dans  lésâmes  pour  les  emplir  de  joie, 
do  délice  et  d*extase.  Ah  f  personne  ne  n<iU  plus^  par  eitemple!  Jus- 
qu'aux oiseaux  qui  s^arrètètânt  de  chanter  et  le  veut  de  sonfHer.  Les 
gens,  ravis,  tendaient  Toreille  et  retenaient  leur  respiration.  Et  sans 
doute,  dauB  le  silence,  on  eût  ouï  voler  un  papillou,  si  les  papiïloni 
eux  aussi  ne  se  fusieot  posés  pour  écouter  la  divine  harmome. 

Puis  le  jeune  homme  chanta.  Il  chanta  son  amour  pour  Doucinelle. 
Et  il  disait  dans  sa  chanson  que  te  meitleurf  Tunique  savoir-faîre  de 
Tépoui  de  la  princesse  devait  èim  tout  slmptemeut  de  l^ndorcr,  de  ta 
contempler,  de  la  chanter. 

Et  sa  cban^on  était  ai  brûlante  que  tous  les  jouvenceaux,  venus  là 
avec  leurs  mies,  tombèrent  soudain  aux  genouï  d'îcelles  pour  couvrir 
leurs  mains  de  baisers;  }es  mariés  de  longue  dfitequl,  plus  d'une  foia^ 
peut-être,  avaient  eu  noise  et  chamaiîlis.  s'enibrj^ssèrent  comme  des 
amouri?ux  de  vingt  ans  ;et  les  petits  vieux  avec  les  petites  vieilles,  se 
regardant  du  coin  de  rœil,  mi-aounant  et  mî-pleuïant,  se  murmurè- 
rent :  a  Ten  aouvietit-il?»„  » 

Aussi  quand  le  chanteur,  ayant  achevé  son  chant,  vint  sIncUner 


•.6« 


CONTES   LANGUEDOCIENS 


Sa  clînà  davan^  la  princiessa  e  ie  pausà  souri  vièuloun  à  mnn 
pèds,  aco  seguèt  de  pertoat  un  picamen  de  mana  espeta- 
eloug. 

VIII 

AnJîu  vânguèiloQ  tour  dau  darniè  galaatÉ  Se  loti  de  damans 
èra  estât  lûu  pus  poulidet  e  lou  pus  jouîne,  aqueate,  preaem- 
pie,  segtiôt  be  loa  pus  vièl  6  lou  pus  lourdàs.  Pourtava  una 
espèçadô  lopga  roupassa  que  îa  davalava  ans  qu'aa  taloua, 
de  maniera  ^u*ûn  ie  veâièpas  que  la  testa  Mèa  tiuanta  testa 
lourdagnassa,  moun  Dieu!  grava  la  de  la  picota,  emb'  un  naa 
couma  una  ceba  e  d*iolâ  qu'un  anara  à  ja  quand  l'autre  tîrava 
àbio* 

Pautudamen,  tout  debiloriàtiSj  s'avancèten  testa  d'tina  dou- 
gena  de  serviciaua^  vestits  de  grands  mù^ntous  couma  eL 
Meaavoun  un  grand  càrri  acatat  d'unabaeha  ravalant  lou  $ôu 
e  tirassat  per  iôoh  chivals  qu'una  ilaââada  agouloupava- 
Dequé  trou  vouliô  dire  tout  aquel  acontrage  de  Carnaval  '?.>. 

Lûu  galant  se  sarret  dau  reï  e  ie  digtiêt  quîcon  que  loti 
mounde  auâlguèroun  pa8<  Mes  lou  rei  faguèt  uu  sinne  e^ 


devant  la  pnucease  o.i  déposer  le  violon  à  âedpledsi  des  applaudkse- 
menU  fréQéttques  tidatèreet^ih  de  toutes  parts. 

VllI 

Ce  fut  enfin  Le  tour  du  deruifr  galant.  Si  le  préciîdeat  avait  été  le 
pliia  joli  et  le  plus  jeune,  calui-cif  par  exemple,  était  bien  lo  plu^  laid 
et  le  plus  vieux.  Il  y  tait  reviUu  d^une  espèce  de  long  manteau  qui  lui 
tombait  juaqifaux  tabns.  On  ne  voyait  là-dessua  qu'une  twte.  Et 
quelle  tête  hideuse,  mon  Uieut  Une  face  mjirqiiée  de  petite  vérol^^,  ua 
noz  gros  eomtne  un  oignonf  et  dos  yeux  doot  Tuu  tirait  à  iJ/a  et  l'autre 

l/ourdement,  tout  de  g^uîn^oîs,  il  s*avaDça  à  U  tête  d'une  douzaine 
de  Berviteurs,  revêtus  de  manteaux  somblaUtea  au  sien.  Oea  servîteurs 
conduisaient  un  char  recouvert  d*une  grande  bâche  dont  les  borda 
balayaient  le  sol.  Et  ce  char  était  traîné  par  huit  chevaux  qu^une 
ample  couverture  cachait  presque  entièrement.  Qifdtait^ce  ûquù  que 
ces  accoutrements  earnavalesqueB?... 

Le  galaat  s'approcha  du  roi  et  lui  dit  quelque  ehose  que  les  gens 


CO^'TES  LANGUEOOniENS  5(S9 

d'aasidaf  loua  troumpetâires  tronmpetèroun  b  loti  crid&îre 
crîdèi  : 

n  Brave  mounde,  zou  !  se  vous  pi  ai, 

Mitât  d*aîcij  mitât  d'alai, 

Boutas  TOUS  sus  de  longas  rengas  ; 

Laissas  un  cami  qu'au  mîtan 

Passe  bu  càrri  dau  galant. 

Ad  ou  no  quand  chacun  ie  sarà 

Lèu  Coamouldor  coumeuçarà.u 

VUe  lou  pople  s'enzeoguèt  cou  ma  venîè  d'èstre  dicU  :  lous 
mai  coussuts  lous  pus  proche  dau  rei,  lou  rafatun  e  la  racalha 
lous  pus  lionts,  E.  toutes  èroun  dins  Tôli  boulUent  de  saupre 
ce  qu'an  a  va  arriva- 

Quand  vegot  lou  mounda  arrengueirats  uouma  se  deu, 
CoumouMor  ,  qu'enûbé  souu  cirri  aviè  gngnat  Tcn-naut  dau 
Grand-Prat,  zac!  escampèt  sa  roupassa  au  diable  ;  lo. s  ser- 
viciaus  n'eu  faguèroun  autktnt  ;  d'uu  vira  dâ  m  au  la  bâcha 
teguèt  Icvada  &  las  Hassadas  atabé, 

Adoimc  paresquèt  ce  que  jamai  de  la  vida  s'eâ  pas  pus  viat 
ui  se  vcirà.  Lou  càrri  èraun  càrri  d*âv6ii  embéde  rodas  argon- 


nVti te u dirent  point.   Le  roi  fit  un  aigoe  et,  soudain,  les  trompettes 
lODDèrcntet  le  héraut  cria: 

a  Braves  gens^  ^dlons  !  il  faudra^ 

Moitié  de  ci,  moitié  de  là, 

Vous  rauger  iur  de  longtms  hgnes, 

Afîii  quaii  milieu  librement 

I^uiBSti  aller  le  cliardu  galant. 

Or  donc  quaad  chacun  y  sem, 

Tôt  Couâudor  commencera,  n 

Vite  la  foule  se  rangea  comme  il  venait  d'êtro  dit  :  lei  notahlea, 
tout  prùa  du  l'oi,  la  pupulasëû  et  la  racaille  à  Tuotre  bout.  Et  tous 
étaient  dans  nue  tièvteuse  impatience  de  s^ivoir  ce  qui  uilaît  advenir. 

Le  gulant  et  s9  suite  avaient  gagné  le  haut  du  Grand-Pré>  Quand 
il  vit  tout  la  momie  placé  ainsi quil  Tavait  demandé»  Cousudoiv  ^^^^  ^ 
jotn  son  manteau  nuit  oiti^'s.  Les  âervlteura  rimitL'.rent.  Puis^  daua  un 
tour  de  main,  la  grande  bÂche  fut  enlevée  et  Taraude  couverture  eu&su 

Alors  apparut  ce  qu'on  n'a  jamais  plus  vu  nî  ne  verra  plua  jamaîs. 
Le  char  était  un  char  d'ivoire  aux  rouea  d'argent  ;  h&  ehevaus  portaient 


S70 


CONTES  LANGOEbOCÎENS 


talas,  Iou3  chI?alB  pourtavoun  d'arnèssea  de  sâtîn  clavelats 
d'or,  tous  abilhagêâ  dau  mëstre  couma  lous  das  sôrvidaus 
èronn  de  eeda  aunpelada  embé  eoitleta  de  perlas  ûnas  g 
tatholas  de  dianaanti, 

Lous  serviciaua  eacarlimpèroun  dins  Ion  càrrî,  Coumaaldor 
ius  lou  âêtî,  e  —  clic  1  eiacî  —  au  trot,  lous  cbl^alg  Uûdè^ 
roon  vers  loa  rei*  Semblara  un  sourel  bilugnejant  qae  cami- 
nèaae,  E  aquel  sourel,  en  mai  que  souâ  rais  lumenouseft» 
dardalhava  de  pèças  de  vint,  de  pèça«  de  craata,  d'escuts,  de 
louvîdorSj  de  pampalhetas,  de  belôias,  de  pendelotas,  d'anèls» 
de  bagas,  de  brassalet^  e  de  cadenas  que  lotis  serviciaua 
eseampilhavouD  à  bèïes  plan-poungs,  de  tout  caire* 

N'en  aeguèi  un  d'escafarnèll,,.  Âunàs  viat  las  gêna  couasi 
se  butavoun,  coussi  s'eapeltiravourit  cousai  i'aloun^àvoun, 
aici  8èn,tè!  tus,  tèî  léti,  à  quau  n'acatnpara  lou  mai?.,.  Mes 
eouma  toutes,  paue  ou  prou,  agèroun  tastatdau  regiscle,  una 
inménsia  chamada  resclaniiguèi  lèu  : 

—  Viva!  Viva  Coumouldorl.,. 

En  abitant  davatia  lou  rei,  Coumouldor  davalèt  de  soun 
sèti  seguitdas  servîciaus  que  chacun  pourtava  un  grand  eac. 
Bougèroun  aqueles  sacs  as  pèdsde  la  princessa  e  n'en  Bourli- 


des  harmais  de  iatîn  étoiles  d*or;  les  vètemenU  dvi  maître,  fiinsi  que 
ceux  des  fiei  viteurs,  étaient  U^sus  de  soie  pailletée,  avec  colleta  de 
perlefl  fineu  et  ceintures  de  diamants. 

Le  sernteurs  grimpèrent  sur  le  char,  Couaudor  prit  place  sur  )e 
&ïège,  eu  en  avant!  —  clic!  clac  !  —  au  trot:  les  chevaux  coururent 
vers  le  roi.  On  eût  dît  un  aoleit  étincelaut  qui  avançFiît,  Et  ce  ioleil, 
outre  ses  ra?oDa  lumineux,  dardait  des  pièeea  d'argent,  des  écus  d*or, 
des  potidetoques,  des  bagiiea,  des  aune^ux,  des  bracelets,  des  coUiers, 
des  chaînes^  et  des  parures,  et  des  bijoux,  et  des  joyaux  que  les  ser- 
viteurs jetaieut  sans  cesse,  de(.-i,  delà,  à  pleines  poignées. 

Quelle  confusion  l  quel  désordre  1  mes  amis.  Ah  I  vous  les  a  tiriez 
vu,  les  gens,  se  bousculer,  se  tirailler,  se  débattre  :  à  toi  1  à  moi  !  à  qui 
ramassera  le  pluai...  Mais  comme  tous,  qui  plus,  qui  moins,  eurent 
leur  part  de  la  pro vende,  une  immense  acclamation  reteutît  bientôt: 

—  Vive  î  vive  Couuudor  !..* 

Arrivé  devant  le  roi,  Cousudor  desceodit  de  son  aiégi.  Ses  aervi- 
leurs  le  suivirent*  Chacim  d'eux  portait  un  grand  sac  sur  1  épaule, 
lia  vidèrent  ces  sacs  aux  pieds  de  la  princesse*  Et  il  en  sortît  des  amé* 


CONTES   LâKGUEDOCIENS 


571 


guet  d^arûeUataii  de  calcedonia,  de  safirs,  e  de  rubis,  e 
d'esmeraudaBf  couma  jamai  orne  vieu  n'a  tant  viat.  Lou 
reî,  tout  eatrambourdat,  cridèt  adounc  :  h  Eâ  voua  que  etas 
tuoun  gendre!  j^  E  la  pHncessa,  entrefoulida^  saulèt  emb'arde- 
ressa  au  col  de  «oun  galant^  entramen  que  s'aubourava 
vers  lousnlvousiabramadhaa  mai  que  mai  espetaclousa, 

^  Nûus  eau  Goumoutdor!  Voulèn  Coumouldor  î  Yiva, 
Tiva  Coumouldor  L*. 

Lou   gai  cautèt 
E  la  sourneta  fîniguèt, 

«     * 

—  Mes,  ma  Grand»  faguère  iéu,  quau  es  qu'agèt  Doucinèla? 

—  Ehl  grand  abeatit  ;  Coumouldor,  pardieu  î 

—  Ohl  nàni,  adounc  rebequét  Liseta,  ma  Grand  aeo's  pas 
poussible  ee  que  veuès  de  dire.  Coussi  ?  voulès  qu'una  princegâa 
tantbèla  que  la  prïncessa  Dôueînêla  prenguèsse  aquel  gros 
lourdasîEiàs  de,*,  mes  jamai  de  lavidam^hou  faréa  pas  creire. 

—  Chut!  chutlpiehota,  anen  dourmi  que  se  fai  tard.  Veses 
pas  qu'es  una  sourueta?..,  Ûustàvi  Theboupîû- 


I 


thystes,  de0  calcédoiueSf  des  saphîrsi  et  des  rubîs,  et  dea  émeraudes, 
comme  janaaîs  Homme  vivant  tj^eu  a  tant  vu.  l^e  roi^  transportéi 
»*écrià  :  »  —  Ceat  vous  qui  aérez  mon  gondre  1  t*  Et  la  princesse, 
folle  de  joie,  sauta  paasionnémeDl  au  cou  de  son  galant^  cependant 
que,  vers  les  nues,  montait  la  clameur  de  plua  eu  plus  re te u tissante  : 
—  il  nous  faut  Cousudor  î  Nous  voulons  Cousudorl  Vive,  vive 
Cousudor Im , 

Le  coq  chsntâf 

Et  la  sornette  flnit  lÀ. 


—  Mais  alors,  Mére-Grand,  demsadai-je  nalvemetit,  qui  eut  Dou- 
cincHe  ? 

—  Eh  !  gr<*ind  bâta  :  Cousudor,  pardi  î 

—  Oh  !  noUj  se  récria  Lisette^  ce  n'est  pas  possible  ce  que  voua 
venez  do  dire,  Grand-mére.  Comment?  Vous  voulez  qu'une  princesse 
aussi  belle  que  la  princesse  Doucinelle  eût  épousé  ce  gros  lourdaud 
de. «.jamais  delà  vie  vous  De  me  le  ferez  accroire. 

—  Cbutl  chut  1  £llette,  allons  dormir,  tl  se  fait  tard.  Ne  vois-tu 
pas  que  c'est  un  eonte  1„  Gustave  ThIrond. 

(A  stuîifre.) 


VARIÉTÉS 


Le  Provençal  en  Soaabe 

Pendant  la  séance  des  Jeux  Fiora'iK,  qui  ont  en  ïieu  à 
Cologne,  au  mois  de  mai  1901,  M.  le  Docteur  FAsraMi/LTE  a 
annoncé  que  lé  Félièn^e  Latin  '  de  Montpellier  avait  fond^ 
un  prix  à  décerner,  en  190^^  aux  poètes  dea  vUla^oa  de  la 
Souabe  où  se  parle  un  diaïecte  provençal.  Plusieurs  de  nos 
lecteui's  ignoraient  sans  doute  Inexistence  de^  dits  villages^ 
et  ont  aceneilli  cette  infornaation  avec  quelque  incrédulité. 
M,  le  Doctoar  Fastenrath  a  voulu  se  rendre  cgrapte  de  amUtu 
de  r^tat  de  ce  proveneiil  transplanté  an  niitieu  dea  Alpeâ  de 
Souabe,  et  dans  le  Zdfgetst'^  du  VZ  et  du  19  août  1901,  il 
nous  raconte  son  excursion  linguistique. 

Voici  j  d'après  son  article,  quelquea  ren^eig'neinents  sur  cette 
curieuse  colonie  provençale,  perdue  au  milieu  do  la  Souabe. 


Ces  Provençaux  sont  ti  des  Vaudois  qui,  avec  leur  ténacité 
de  montag-nards,  se  sont  attachés  aux  croyances  de  leurs  pères 
et  qui  ont  été  chasses  par  leurs  propres  princes  des  vallées  du 
Piémont,  n 

Le  duc  Amédée  11  de  Savoie  fît  paraître,  le  P^  juillet  ICVJg, 
un  ûdit  qui  détendait  aux  habitants  des  valEées  do  Lucerne, 
Pérouae  et  Saint-Martin,  d^avoir  des  relations  avee  tessujetâ 
du  roi  de  France  et  qui  ordonnait  en  même  tom;is  aux  sujets 
français  d'évacuer  les  vallées  dansFespaoe  de  deuxmoi^»  En- 
viron trois  mille  paysans  s'exilèrenL  Ils  étaient  divisés  en  six 
colonnes,  dirigées  par  six  pasteurs  d'origine  française.  Ils  trou- 

*  C'est  par  erreur  qu'il  a  été  imprimé  FéW/riffU  Limomin  dans  la 
Hmue  dei  Langues  Homams,  1901,  p»  191- 

•  C  est  Je  supplément  tUtémifc  du  BepHner  TûffeMaii* 


VARIETES 


b1\ 


vérent  protection  auprès  du  duc  Looîs  de  Wurtemberg,  qui 
leur  assigna  comme  lieux  de  résidence  les  localités  suivantes  î 
Durrmenz,  Wurnaberg,  etc.  C'était  un  pays  dévasté  par  la 
guerre  de  Trente  ans*  Les  Yaudois  habitèrent  d*abord  des 
maisons  en  planches  et  encore  aujourd'hui  ils  emploient  les 
expressions  :  d'arreira  la  èarakka,  desubte  la  ùarakka. 

Les  villog^es  qu'ils  fondèrent  et  qu'ils  appelèrent:  la  colonie 
de  Villars^  la  coltmie  de  Pinacke,  ta  coiome  de  LapérousCf  etc., 
formèrent  pendant  longtemps  de  petites  républiques  dans  le 
duché  de  Wurtemberg, 

Le  français  fut,  jusqu'en  1823,  la  langue  usitée  au  temple  et 
à  [*éco]c  :  ils  parlaient  en  mcme  temps  le  provençal  et  compre- 
naient naturellement  rallemand. 

Aujourd'hui,  parmi  les  dix  villages  vaudois,  le  provençal  est 
connu  dans  trois  villages  seulement:  Neu/iengsteiU  Pinache^ 
Serres, 

Le  provençal  n'y  est  plus  parlé  que  par  les  personnes  qui 
ont  soixante  ans  et  plus;  la  génération  actuelle  parle  exclusi- 
vement allemand.  ANenhengstelt* —  qui  auparavant  s'appelait 
ihurstt  —  il  y  a  environ  quarante  personnes  qui  parlent  la 
langue  fîe  leurs  pères;  il  y  en  a  vingt  à  Pinache  et  vingt  à 
Serres*  Dans  les  trente  premières  années  du  XIX"  siècle  beau- 
coup de  personnes  àgëeS|  parmi  les  femm es  surtout,  ne  savaient 
pas  Tallemand, 


Le  Docteur  Fastenrath  a  interrogé  plusieurs  habitants,  entre 
autres  une  vieille  dame  de  Neuhengst^tt»  Elle  appelle  Vmu 
(îfjage  et  le  pain  pan.  Mais  elle  ne  connaît  ni  proverbes  ni 
chansons  et  ne  comprend  pas  le  provençal  moderne.  Un  vieil- 
lard de  la  me  me  locaUté  ne  comprit  pas  davantage, 

A  Serres,  le  Docteur  Fastenrath' fut  plus  heureux*  Il  trouva 

*  D*3prôs  le  Docteur  Rosa^K»,  qui  a  étudlt)  lu  question  dans  Qîia  dis- 
serUtion  de  doctorat  de  Grcifawald:  NeuhengsttU  {Jiui'itet}^  1S83,  Le 
Docteur  Rûssger  est  actiicllcment  membre  du  Bureau  de  Statistique  de 
BtutlgarL 

>  Le  Docteur  Fastenaatu  stHait  muni  pour  %C9  Techerches  d'un  exem- 
plaire de  VAlmanachtiionipeltiéraiTi  publié  j>ar  le  F(*ltlrige  LatiHj  mms 
la  direction  de  M.  Roque- Ferrieu. 


57  r  CHRONIQUE 

unô  famille  entîèra  —  la  famille  Giu.k  —  oà  1@  proveoçal  étajt 

encore  connu  et  parlé.  Un  membre  de  la  famille  put  même  lui 
dire  le  n^frain  populaire  auÈvant  : 

L*ûrevùts  Uûnto^ 

I  sâu  pu  so  h'  tf  dît; 

I  ve  Je  lu  3or  a  de  peita  — 

T  tau  ps^  %  fa  sun  nid. 

(L'alouette  chante  ^  elle  ne  sait  pas  ce  qu^elte  dit  —  elle 
Toit  que  le  sol  a  des  pierres  ~  et  ne  sait  où  faire  son  nid«) 

CVat  la  seule  famille  qui  ait  des  chances  de  fournir  un  lauréat. 
  Pinache,  enân,  une  vieille  fomme  parlait  on  patois  pro« 
vençal  qui  fut  assez  intelligible  au  Docteur  Fastenrath, 


Comme  an  le  voit,  le  provençal  des  villages  de  Souabe  se 
meurt  ;  il  est  même  mort  dans  la  plupart  d^entre  i^ui.  Il  n'était 
que  plus  întëressant  de  reaueUHr  les  débris  de  ce  dialecte  qni 
s*é teint.  Le  prochain  concours  des  Jeux  Floraux  de  Cologne 
neus  dira  s'il  y  a  encore  chez,  les  descendants  des  Vaudois, 
quelque  poète  capable  de  trùumr  en  provençal  *. 

J.   ÂKOLADB. 


CHRONIQUE 


Une  thèsk  de  MÉnECiN»,  —  Nous  avoDH  annoncé,  dans  an  de  nos 
derniers  ntiinêros,  la  publication  faîte  pur  les  docteurs  Ptnsîer  et 
Laborde  **  Le  docteur  Laborde  vient  de  présenter  comme  thèse,  à  la 
Faculté  de  médecine  de  Montpellier,  nue  édition  d'uo  manuscrit  de 
k  Bibliothèque  de  Mebt  contenant  le  teste  ïatm  de  l'oDavre  de  Bic^n- 
venu  de  Jéruealem.  La  docte  Faculté  n'est  pas  habituée  à  des  travaux 
de  ce  genre  i  sauf  erreur,  on  ne  lui  en  avait  pas  présenté  depuis  pitia 
de  dix  ans  ;  à  cette  époque,  le  docteur  Dubouchet  étudia  dans  ane 
curîetiee  brochure  quelques  usages  untverâitairefi  du  moyeu  âge.  Le 


t  Le  Frores^etir  Docteur  Karl  Haao^  de  Stuttgart,  est  en  train  d'étu- 
dier rinduence  de  TaUemand  sur  le  patois  Vaudûis. 

^  Be  Compemiil  de  Bienmnu  de  Jémmtem.,.  ef,  lïevue  dei  Langue* 
fiûmane^,  1901,  p.  3SL     . 


CHRONIQUE 


575 


manuserît  publié  par  le  diKteiir  Charles  Laborde  est  de  ]&  fîn  do 
XIV"  siècle  ;  c'est  ud  traité  complet  d'ocitlîstique,  avec  les  tmlte- 
meota  extraordinaires  de  ré[>oque  *»  Le  manuBcrit  de  Metis^  cora  paré  aux 
autres  manuscnta  de  la  même  famille»  amène  ie  docteur  Ch.  Laborde 
à  émettre  cette  hypothèse  que  ces  divers  manuscrils  «  De  sont  que  des 
variantes  d'un  cours  professé  peut-être  à  Montpellier.  » 

• 

#     m 

H.  le  docteur  Gaufihez,  lecteur  de  français  A  TUnî vers îté  d«  Bonn, 
est  nommé  pro/esieur  e^iraordhtaire  (profesieur- adjoint)  de  tangue 
et  littérature  française  moderne  à  la  même  Université.  M.  le  docteur 
QauHnei^i  qui  est  Françaie  et  qui  a  pas^é  sa  licence  es  lettres  à  la 
Sorbonnei  est  en  mf^me  temps  docteur  eu  philoBophie  de  rtf Diversité 
de  Bonn.  Il  y  passa  brilUmmeut  sa  tl^èse,  il  y  a  quelques  années,  avec 
une  étude  sur  la  syntaxe  de  Zola  dans  Le  docteur  Pmcal.  Nous  souhai- 
tons à  notre  compatriote  le  plus  vif  succès  dans  son  Douvel  ensei- 
gnement. 

»   • 

La  Société  de  Linguistiqui  de  Parie  vient  de  décerner^  pour  la  pre- 
mière foif ,  le  prix  fondé  par  le  prince  Alexandre  Bibesco^  en  faveur 
lin  meilleur  ouvrage  relatif  à  Thistoire  des  langues  romanes  en  géné- 
ral, et,  préfcrablement^  de  la  langue  roumaine  en  parlicuticr. 

Le  laurè&ti  M,  Lazare  Saixeaku,  ancien  professeur  suppléant  à 
l'Uni  versité  de  Bucarest,  est  Tauteur  d'un  important  ouvrage,  en  trois 
volumeSj  oyant  pour  titre  ;  Inflnçncu  orleniales  sur  la  langue  H  la 
emlkation  roumaîneit.  Six  autres  onvragtîs,  tous  d'un  réel  mérite  et 
quelquea-uus  de  très  grande  valeur,  avaient  été  préseutés  au  concours 
par  cinq  auteurs  différeuts. 

(Bulktin  rHf /gtw,  5  septembre  190L) 


PBOGBAMifEsiTKiVËRSJTÀJRBS.  —  Le  Bulkim  odmïniitmtif  du  Mitùi- 
tère  de  Vin&trucUon  puMiqué  a  publié  (n^  li78)  la  liste  dsa  atiteurs  qui 
seront  expliqués  à  la  licence  es  lettres  pendant  une  période  de  deux 
ans,  à  partir  de  19Q2«  Voici  pour  chaque  université  uu  relevé  des 
auteurs  français  indiqués  aotérieura  au  XV  II*  siècle  ou*  du  moins^  à 
la  période  dite  ctautque, 

Aix  :  Du  Bèliaif  ^  Rahtlaii.  —  Besançon  :  iîc^tuanl#  Satire  Méntp* 
pie,  —  Bordeaux  :  Muntahjm.  —  Caen  :  Rabêlaiê,  Marùt,  Régnier, 
—  Clermont  :  Du  Btllay.  —  Dijon  :  Maroî^  La  BùMU,  —  Grenoble  ; 

<  Docteur  Charles  Laborde,  Bienvenu  de  Jérusalem  et  son  œun^.  —  Le 
manuscrit  de  ta  BiUiotkéque  de  Metz,  MoulpeîUer,  Impr.  Hûmcbn^ 
Vm,  ia-â%  70  p. 


576 


CHRONIQUE 


Bùn^ard,  Le  hiyal  Serviteur.  —  Lille  ;  EaMah^  Monsard,  ÂltiUierhe. 

—  LyoD  :  Hahelaist  Du  Beilai/.  —  Montpellier;  Du  Bdknj,  Raheluh, 
Malherbe^  —  Nancy  :  Ronmrd,  —  Paria  :  Mnrùt,  RaMah^  MtmUtignf. 

—  Pûitieri  :  Bu  Bdla^i  Homard,  Montaigne,  Malherbe,  —  Ilcoûe»  : 
Riihelaiëj  Romard.  —  Toulouse  ;  Da  Btlkiy, 


Le  même  numéro  publia  la  Ibte  àm  auteurs  espagnols  et  ttalkos 
portés  comnio  textes  d^esplicatioQ  du  progrummo  de  la  Uceiic# 
ès-leitreB. 

Les  DnivorBitês  snî^anto  mut  les  Beules  qui  puisseut  dêlîvreî  le 
dîplûmede  Hceneiê  avec  raeulion  «j/ja*;nol  :  Pann,  Bordeaux,  Tf>nlons<^. 

Lti  licence  d'italien  ne  peut  être  passée  quo  devant  les  IfnivefSïtéa 
suivantes  :  Parisj  Aix,  Mûrseille,  Bordcaus:,  Grenoble,  Montpellier. 

Es^wons  que  MontpclHer  sera  ajouté  l'un  née  proçlmine  à  k  pre- 
mière de  ces  deux  lUtes. 

«   « 

Lu  conférence  de  langue  et  littérature  espagaole,  dont  nous  avions 
prété'IeuiïTiïîut  faït  pressentir  Iti  fondation,  vient  d'être  créée  à  \fi 
Faculté  des  lettres  de  T Université  de  Montpellier,  et  confiée  k  M.  lo 
professeur  Martinenehe,  agrégé  àm  lettres,  précédemment  professeur 
do  rhétorique  au  Lycée  de  Montpellier.  M.  Martînenche,  docteur  es 
lettres,  estlunteur  d'une  thèse  reuiarqaée  ^ui  La  CommeiHa  estjïagrmïé  ' 
€n  France  iivml  Molière.  Toiia  nos  iouhaits  saloent  le  nouveau  cours 
et  le  brillant  profeseeuri  qui  a  eat  pas  un  étranger  à  la  Revue  des  Lan- 
f/it&s  Romanes. 

On  sait  que  les  épreuves  orulea  de  Tagrégration  des  lettres  et  de 
l'agrégation  de  grammaire  comportent  une  explication  d'un  texte 
d'ancien  français,  Les  textes  dé^jiîgnés  pour  le  concours  de  1SK)2  sont 
les  extrait»  dt)  la  Chamoit  d^  IMund  et  du  Onironnemcnt  de  Lnuiê^  ' 
publics  dan»  la  Chreftomuthie  du  moyen  %e  do  MM.  G.  Tmia  vi 
E.  LanglotH. 

Au  programme  d^agrégation  de  gjammaire  se  trouvent  —  pour  la 
première  foie,  si  nous  ne  nous  trompi:>n8  —  les  Juives^  de  Robert 
Garnien  An  même  programme  figurent  quelques  cxtraita  de  Donavea- 
ture  des  Pérjers. 


Distinction  honnrilique,  — ÂfÎÊum  naui  iard. ,  .,  M.  Tabbé  RoussELûT, 
directeur  diî  laboratoire  de  phonétique  au  CoUègo  do  Franee,  a  été 
nommé  olïicier  d'Acadcuitc* 


Le  Gérard  rettjjonêabie  -r  P,  Hamklik. 


TABLE  DES  MATIERES 


TOME  XLIV 


ARTICLES   DE   FOND 

Page». 

Brrtoni  (Prof.  G.).  —  Restitution  d'une  chanson  de  Peire  d'Au- 

vernhe 159 

BouRRiLLY  (Prof.  V.-L.).  —  Les  Français  en  Piémont.  Guil- 
laume du  Bellay  et  le  maréchal  de  Montejehan  (1538)..       10 

Gastbts  (Prof.  Ferd.)  Description  d'un  manuscrit  des  Quatre 

Fils  Aymon  et  Légende  de  Saint  Renaud 32 

Gasté  (Prof.  Armand).  —  Voltaire  et  Tabbé  Asselin.  Une  pre- 
mière célèbre  au  Collège  d'Harcourt  :  La  mort  de 
César  (11  août  1755) 193 

Grammont  (Prof.  M.). —  Onomatopées  et  mots  expressifs 97 

VÉRAN.  —  La  Femme  dans  Tœuvre  d*Aubanel 293 

ViANEY(Prof.  J.).  —  Victor  Hugo  et  ses  sources  :  Aymerillot.  — 

Le  mariage  de  Roland.  —  Les  pauvres  gens 400 


TEXTES   PROVENÇAUX   ANCIENS   ET   MODERNES 

Chassary  (Prof.  Paul).  —  Brinde  prononcé  à  la  Santo  Estello 

de  Pau 385 

—  Au  siècle  segenc 388 

Mistral.  —  La  Respelido 5 

—  La  Crido  de  Biarn 289 

Stbnobl  (Prof.  Ed.).  —  Le  Chansonnier  de  Bemart  Amoros. 

(suite  et  à  suivre) 213,  328,  423,  514 

37 


576  ..rs 

Son  ,    ■/>''^'"  ï*^s«- 

,^T  /'  .  :;/i5 (suite  et  à  suivre) .      54, 

M  .  .V'-'"  259,469,551 

:.i  Marché  à  Montagnac. .       70 


yV  DOCUMENTS   DIVERS 

/  Doilici  Canti.  Épopée  romauesque  du 

..,  r     '..;   #aite).  Chant  IX 245 

,.'-*'\r;-^    '  Chant    X(à8uivre) 443,531 

.^.    —  Relation  du  siège  de  Beaucaire  en  1632 

,^..  ..-*.-"   V 310 

V    L.-(j-)*  —     Pièces  justificatives  du  texte  de 
rvi  '>'^"^  ,, .  1  ^suite)  :  —  IV.  Relations  de  Maximilien  et  de 

.,  ..^  10  Sforza  (à  suivre) 342 

'.,.■.■  .hicques). —  BiFRL'N  :  La  traduction  des  Actes  des 
'''     i^.-.Urcs  en  dialecte  haut  engadinois  (publié  par)  (suite 

/;  À  suivre) 521 


VARIETES 

iNOi.ADE  (Prof.  J.).  —  Le  provonçal  en  Souabe 572 

»Ki.\CRAU  (Pierre).  —  Pour  Thistoire  du  Calembour. 370 

lJhïot  (Prof.  Franc.).  —  Trois  lettres  inédites 79 

L.-G.  P.  —  Pour  devenir  licencié  en  droit 37 1 

Teulié  (H.).  —  La  Santo  Estelh  à  Magahuno  (mai  1900) 72 


BIBLIOGRAPHIE 

Abeille.  —  Idioma  nacional  de  îos  Argentinos  (c.  r.  Grammont).  375 
Blanc  (A.).  —  Le  livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier,  marchand 

narbonnais  du  XI V«  siècle  (c.  r.  Jeanroy) 81 

Deligmères.  —  Nouvelles  recherches  sur  le  lieu  d'origine  de 

Raoul  de  Houdenc  (c.  r.  Jeanroy) 82 

Farrège.  —  Histoire  do  Maguelone,  I  et  II.  (c.  r.  Castets).  ..  163 

Favre  (L'abbé).  —  Œuvres.  (Kdit.  C.  Coulet)  (c.  r.  Anglade).  378 


TABLE   DES   MATIERES  579 

Page». 

JouRDANNK.  —  Carcassonne  (c.  r.  L.-G.  P.) 279 

—          Folk  Lore  de  l'Aude  (c.  r.  Pélissiek) 282 

L'ihrp  Nouvial  de  Maihinnaiselo  lioso  Laforgo  e  dal  Viscomte 

Bornât  d'Amuignac  (c.  r.  Angladk) 379 

MEYKR-LiïBKE  —  Die  Betoiiung  im  GaUischen(c,  r.  Angladë).  87 
^IiSTRAL.  —  Mirèioy  édition  Koschwitz  (c.  r.  L.  do  Bkrluc-Pk- 

RL'ssis) 475 

NiGRA.  —  Uno  degli  Edoardi  in  Italia,  FavoUi  o  storia  ?  (c.  r. 

Pélissier) 280 

//  dialeito  di  Viverone  (c.  r.  Grammont) 377 

Paris  (G.)  —  Ficatum  en  roman  (c.  r.  Grammont) 186 

Pkkikfkr.  —  «  Outil  ».  FAn  probleiu  der  romanischen  toori/ora- 

chung  (c.  r.  Grammont) 276 

KoHNSTRoM.  —  Jean  Hodel  (c.  r.  Wali.knskiôld) 278 

Rortuima,  XXIX,  3.  (c.  r.  Constans) 89 

ScHUCHARDT.  —  Rumanische  Etgmoîogien  11  (c.  r.  Grammont)..  181 
Sf.pet.  —  Origines  catholiques  du  théâtre  moderne  (c.  r.  Rigal).  188 
Wilmotte.  —  La  naissance  de  Télément  comique  dans  le  théâ- 
tre religieux  (c.  r.  Rigal) 277 

WuLFF  (F.).  —  La  rhytniicité  de  Talexandrin   français  (c.   r. 

Grammont) 84 

Zeitachrift  O'ir  romanische  Philologie  (1899),  XXllI,  1.  2.  (c.  r. 

Anglade), 163 

Livres  annoncés  sommairement  (Anglade) 380 


CHRONIQUE 

Nouvelles  diverses 94,  190,  284,  382,  470,  574 

Krratum 192 

T.vMLR  DES  Matières 577 


5.78  TABLE   DES   MATIERES 

Flagei. 
Thérond  (Prof.  G.).  —  Contée  lengadoucians  (suite  et  à  suivre).      54, 

259,  469,  551 

Vidal  (Auguste).  —  Établissement  du  Marché  à  Montagnac. .       70 

—  Costumas  del  pont  de  Tarn  d'A  Ibi 481 


TEXTES    ET   DOCUMENTS   DIVERS 

Gastbts  (Prof.  F.).  —  /  Dodici  Canti,  Épopée  romanesque  du 

XV1«  siècle  (suite).  Chant  IX 245 

Chant    X  (à  suivre) 443,531 

Dblacrau  (Pierre).  —  Relation  du  siège  de  Beaucaire  en  1632 

(à  suivre) 310 

PÉussiER  (Prof.  L.-G.).  —  Pièces  justificatives  du  texte  de 
Gohory  (suite)  :  —  IV.  Relations  de  Maximilien  et  de 
Ludovic  Sforza  (à  suivre) 342 

Ulrich  (Prof.  Jacques). —  Bifkun  :  La  traduction  des  Actes  des 
apôtres  en  dialecte  haut  engadinois  (publié  par)  (suite 
et  à  suivre) 521 


VARIETES 

Anolade  (Prof.  J.).  —  Le  provençal  en  Souabe 572 

Drlacrau  (Pierre).  —  Pour  l'histoire  du  Calembour. 370 

GuuoT  (Prof.  Franc.).  —  Trois  lettres  inédites 79 

L.-G.  P.  ^  Pour  devenir  licencié  en  droit 37 1 

Teulié  (H.).  ^  La  Santo  Estello  à  Magahuno  (mai  1900) 72 


BIBLIOGRAPHIE 

Abeille.  —  Idioma  nacionaî  de  les  ArgenUnos  (c.  r.  Grammont).  375 
Blanc  (A.).  —  Le  livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier,  marchand 

narbonnais  du  XIV»  siècle  (c.  r.  Jeanroy) 81 

Deliomères.  —  Nouvelles  recherches  sur  le  lieu  d'origine  de 

Raoul  de  Houdenc  (c.  r.  Jeanroy). 82 

Fabrèor.  —  Histoire  de  Maguelone,  I  et  II.  (c.  r.  Castbts).  . .  163 

Favre  (L*abbô).  —  Œuvres.  (Édit.  C.  Coulet)  (c.  r.  Anglade).  378 


TABLE   DES   MATIERES  579 

Paees. 

JoLRUAN.NK.  —  Carc.issonne  (c.  r.  L.-G.  P.) 279 

—  Folk  Lore  de  TAude  (c.  r.  Pklissikr) 282 

lÂhre  Ninivial  île  Maihumaixelo  lîoso  Laforgo  e  dal  Viscomte 

Brrnat  d'Armagnac  (c.  r.  Angladk) 379 

MEYER-LiÏBKE  —  D'te  Betonung  im  GallUchen  {c,  r.  Axgladk).  87 
Mistral.  —  Mirèh^  cditioQ  Koschwitz  (c.  r.  L.  do  Bkrluc-Pk- 

RL'ssis) 475 

NiGRA.  —  Uno  degli  Edoardi  in  Italia,  Favola  o  storia  ?  (c.  r. 

I*élissier) 280 

—  Il  dialeito  di  Viverotie  (c.  r.  Grammont) 377 

Paris  (G.)  —  Ficatum  en  roman  (c.  r.  Grammont) 186 

Pfkikfkr.  —  «  Outil  ».  Ein  prohlem  der  romanischen  wortforê- 

chung  (c.  r.  Grammont) 276 

KonxsTRnM.  —  Jean  Bodel  (c.  r.  \VALi.KXSKirtLD) 278 

Homama,  XXIX,  3.  (c.  r.  Constans) 89 

j>CHt;cHARDT.  —  Ruinanische  Etgnwlogien  H  (c.  r.  Grammont)..  181 
Sepet.  —  Origines  catholiques  du  théâtre  moderne  (c.  r.  Rigal).  188 
Wilmotte.  —  La  naissance  de  rélémeut  comique  <lans  le  théâ- 
tre religieux  (c.  r.  Higal) 277 

Wl'lfk  (F.).  —  La  rhytmicité  de  l'alexandrin   français  (c.   r. 

Grammont) 84 

Zc/Uchrift  ftir  rotnanUche  Philologie  (1899),  XXII 1,  1.  2.  (c.  r. 

Anglade), 163 

Livres  annoncés  sommairement  (Anglade) 380 


CHRONigUB 

Nouvelles  diverses 94,  190,  284,  382,  479,  574 

Krratum 192 

T  vni.K  DES  Matières 577 


5.78  TABLE   DES   MATIERES 

Flagei. 
Thârond  (Prof.  G.).  —  Contée  lengadouciam  (suite  et  à  suivre).      54, 

259,  469,  551 

Vidal  (Auguste).  —  Établissement  du  Marché  à  Montagnac. .       70 

—  Costumas  del  pont  de  Tarn  d'A  Ihi 481 


TEXTES    ET   DOCUMENTS   DIVERS 

Gastbts  (Prof.  F.).  —  /  Dodlci  Canti.  Épopée  romanesque  du 

XV1«  siècle  (suite).  Chant  IX 245 

Chant    X  (à  suivre) 443,  531 

Dblacrau  (Pierre).  —  Relation  du  siège  de  Beaucaire  en  1632 

(à  suivre) 310 

PÉLiSBiER  (Prof.  L.-G.).  —  Pièces  justificatives  du  texte  de 
Gohory  (suite)  :  —  IV.  Relations  de  Mazimilien  et  de 
Ludovic  Sforza  (à  suivre) 342 

Ulrich  (Prof.  Jacques). —  Bifrun  :  La  traduction  des  Actes  des 
apôtres  en  dialecte  haut  engadinois  (publié  par)  (suite 
et  à  suivre) 521 


VARIETES 

An'oladb  (Prof.  J.).  —  Le  provençal  en  Souabe 572 

Drlacrau  (Pierre).  —  Pour  l'histoire  du  Calembour. 370 

GuuoT  (Prof.  Franc.).  —  Trois  lettres  inédites 79 

L.-G.  P.  —  Pour  devenir  licencié  en  droit 371 

Tbulib  (H.).  —  La  Santo  Estdlo  à  Magahuno  (mai  1900) 72 


BIBUOGRAPHIE 

Abeille.  —  Idioma  nacionaî  de  las  Argentinos  (c.  r.  Grammont).  375 
Blanc  (A.).  —  Le  livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier,  marchand 

narbonnais  du  XIV»  siècle  (c.  r,  Jbanrot) 81 

Deliomères.  —  Nouvelles  recherches  sur  le  lieu  d'origine  do 

Raoul  de  Houdenc  (c.  r.  Jeanroy). 82 

Fabrèoe.  —  Histoire  de  Maguelone,  I  et  II.  (c.  r.  Castbts).  ..  163 

Favre  (L'abbé).  —  Œuvres.  (Édit.  C.  Coulet)  (c.  r.  Axglade).  378 


TABLE    DES   MATIERES  579 

Pages. 

JouRDAN.NK.  —  Carc.'issonne  (c.  r.  L.-G.  P.) 279 

—  Folk  Lore  de  TAude  (c.  r.  Félissikr) 282 

Libre  Niturial  th  Madoumaùelo  Roso  Laforgo  e  dal  Viscomte 

Bernât  d'Armagnac  (c.  r.  Anglade) 379 

MEYER-LiÎBKE  —  Die  Betotiung  im  Gallischen(c.  r.  Anglade).  87 
Mistral.  —  Mirèio^  cditioQ  Koschwitz  (c.  r.  L.  de  Berluc-Pé- 

Russis) 475 

NiGRA.  —  Uno  degli  Edoardi  in  Italia,  Favoîa  o  stor'xa?  (c.  r. 

Fèussier) 280 

—  Il  dialetto  di  Viverone  (c.  r.  Grammont) 377 

Paris  (G.)  —  Ficatum  en  roman  (c.  r.  Grammont) 186 

Pfkiffer.  —  «  Outil  ».  Ein  problem  der  romanischen  wortfors- 

chung  (c.  r.  (jrammont) 276 

KoiiNSTRoM.  —  Jcau  Bodel  (c.  r.  Wallrnskiôld) 278 

Homanxa,  XXIX,  3.  (c.  r.  Coxstans) 89 

ScHLCHARDT.  —  Romauische  Etymologlen  H  (c.  r.  Grammont)..  181 
Sepet.  —  Ongines  catholiques  du  théâtre  moderne  (c.  r.  Higal).  188 
Wilmotte.  —  La  naissance  de  rélément  comique  dans  le  théâ- 
tre religieux  (c.  r.  Rigal) 277 

WuLKF  (F.).  —  La  rhytmicité  de  Talcxandrin   français  (c.   r. 

Grammont) 84 

Zeitschrift  fiir  romanische  Philologie  (1809),  XXIII,  1.  2.  (c.  r. 

Anglade), 163 

Livres  annoncés  sommairement  (Anglade) 380 


CHRONIQUE 

Nouvelles  diverses 94,  190,  284,  382,  479,  574 

Krratum 192 

Table  des  Matières 577 


5.78  TABLE   DES   MATIERES 

Flagei. 
Thârond  (Prof.  G.).  —  Contée  îengadoucians  (suite  et  à  suivre).      54, 

259,  469,  551 

Vidal  (Auguste).  —  Établissement  du  Marché  à  Montagnac. .       70 

—  Costumtis  del  pont  de  Tarn  d'A  Ihi 481 


TEXTES    ET   DOCUMENTS   DIVERS 

Gastbts  (Prof.  F.).  —  /  Dodlci  Canti,  Épopée  romanesque  du 

XV1«  siècle  (suite).  Chant  IX 245 

Chant    X  (à  suivre) 443,  531 

Dblacrau  (Pierre).  -»  Relation  du  siège  de  Beaucaire  en  1632 

(à  suivre) 310 

PÉLissiER  (Prof.  L.-G.).  —  Pièces  justificatives  du  texte  de 
Gohory  (suite)  :  —  IV.  Relations  de  Mazimilien  et  de 
Ludovic  Sforza  (à  suivre) 342 

Ulrich  (Prof.  Jacques). —  Bifrun  :  La  traduction  des  Actes  des 
apôtres  en  dialecte  haut  engadinois  (publié  par)  (suite 
et  à  suivre) 521 


VARIETES 

Anglade  (Prof.  J.).  —  Le  provençal  en  Souabe 572 

Drlacrau  (Pierre).  —  Pour  Thistoire  du  Calembour. 370 

GuizoT  (Prof.  Franc.).  —  Trois  lettres  inédites 79 

L.-G.  P.  —  Pour  devenir  licencié  en  droit 371 

Tbulié  (H.).  -^  La  Sant?  Estello  à  Magahuno  (mai  1900) 72 


BIBLIOGRAPHIE 

Abeille.  —  Idioma  nacionaî  de  los  Argentinos  (c.  r.  Grammont).  375 
Blanc  (A.).  —  Le  livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier,  marchand 

narbonnais  du  XI V«  siècle  (c.  r.  Jeanrot) 81 

Deligmères.  —  Nouvelles  recherches  sur  le  lieu  d*origine  de 

Raoul  de  Houdenc  (c.  r.  Jeanrot) 82 

Fabrège.  —  Histoire  do  Maguelone,  I  et  II.  (c.  r.  Castets).  . .  163 

Favre  (L'abbé).  —  Œuvres.  (Êdit.  C.  Coulet)  (c.  r.  Anglade).  378 


TABLE    DES   MATIERES  579 

Pages. 

JouRDA.NNK.  —  Carcîissonne  (c.  r.  L.-G.  P.) 279 

—  Folk  Lore  do  TAude  (c.  r.  Fkussikr) 282 

Libre  Notn'ial  de  Mathmnaiaelo  Roso  Laforgo  e  dal  Viscomte 

IWnat  (TArnuifimic  (o.  r.  Angladk) 379 

MEYKR-LiiBKE  —  D'ic  Betotiung  im  GaUiscken(c.  r.  Anglade).  87 
Mistral.  —  Mirèio^  cditioQ  Koschwitz  (c.  r.  L.  de  Bkrluc-Pk- 

Russis) 475 

NiGRA.  —  Uno  degli  Edoardi  in  lialia.  Favola  o  storia  ?  (c.  r. 

Pélissier) 280 

—  //  dialetlo  di  Viverone  (o.  r.  Grammont) 377 

Paris  (G.)  —  Ficatum  en  roman  (c.  r.  Grammont) 186 

Pfkiffer.  —  <c  Outil  ».  Ein  problem  der  romanischen  wortfors- 

chung  (c.  r.  Grammont) 276 

KoiiN.sTRuM.  —  Jean  Rodel  (c.  r.  Wallenskiôld) 278 

Romanhi,  XXIX,  3.  (c.  r.  Coxstans) 89 

ScHL'CHARDT.  —  Rouianische  Etyinologlen  II  (c.  r.  Grammont)..  181 
Sf.prt.  —  Origines  catholiques  du  théâtre  moderne  (c.  r.  Rigal).  188 
Wilmotte.  —  La  naissance  de  rélément  comique  dans  le  théâ- 
tre religieux  (c.  r.  Rigal) 277 

WuLFF  (F.).  —  La  rhytmicité  de  l'alexandrin   français  (c.   r. 

Grammont) 84 

ZeitBchrift  fiir  romanische  Philologie  (1899),  XXIII,  1.  2.  (c.  r. 

Anglade), 163 

Livres  annoncés  sommairement  (Anglade) 380 


CHRONIQUE 

Nouvelles  diverses 94,  190,  284,  382,  470,  574 

Erratum 292 

T  vm.E  DES  Matières 577 


5.78  TABLE   DES  MATIERES 

Faget. 

Thkrond  (Prof.  G.).  —  Contée  îengadoucians  (suite  et  à  suivre).      54, 

259,  469,  551 

Vidal  (Auguste).  —  Établissement  du  Marché  à  Montagnac. .       70 

^~  Costumcts  del pont  de  Tarn  d'Albi 481 


TEXTES   ET   DOCUMENTS   DIVERS 

Gastbts  (Prof.  F.).  —  /  Dodici  Canti.  Épopée  romanesque  du 

XV1«  siècle  (suite).  Chant  IX 245 

Chant    X  (à  suivre) 443,  531 

Dblacrau  (Pierre).  —  Relation  du  siège  de  Beaucaire  en  1632 

(à  suivre) 310 

PÉLissiER  (Prof.  L.-G.).  —  Pièces  justificatives  du  texte  de 
Gohory  (suite)  :  —  IV.  Relations  de  Maximilien  et  de 
Ludovic  Sforza  (à  suivre) 342 

Ulrich  (Prof.  Jacques). —  Bifrux  :  La  traduction  des  Actes  des 
apôtres  en  dialecte  haut  engadinois  (publié  par)  (suite 
et  à  suivre) 521 


VARIETES 

Anglade  (Prof.  J.).  —  Le  provençal  en  Souabe 572 

Dp.lacrau  (Pierre).  —  Pour  Thistoire  du  Calembour. 370 

GuuoT  (Prof.  Franc.).  —  Trois  lettres  inédites 79 

L.-G.  P.  ^  Pour  devenir  licencié  en  droit 371 

Teulié  (H.).  ^  La  Santo  Eatello  à  Magaluuno  (mai  1900) 72 


BIBLIOGRAPHIE 

Abeille.  ^  Idioma  naciotial  de  los  Argentinos  (c.  r.  Grammont).  375 
Blanc  (A.).  —  Le  livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier,  marchand 

narbonnais  du  XIV*  siècle  (c.  r.  Jbanrot) 81 

Deligmères.  —  Nouvelles  recherches  sur  le  lieu  d'origine  de 

Raoul  de  Houdenc  (c.  r.  Jeanrot) 82 

Fabrège.  —  Histoire  de  Maguelone,  I  et  II.  (c.  r.  Castbts).  . .  163 

Favre  (L'abbé).  —  Œuvres.  (Édit.  C.  Coulet)  (c.  r.  Anglade).  378 


TABLE    DES   MATIERES  579 

JouRDANNK.  —  Carcussonnc  (c.  r.  L.-G.  P.) 279 

—  Folk  Lore  de  TAude  (c.  r.  Pélissikr) 282 

Libre.  Nnuvial  (h  Madoumainelo  Roso  Laforgo  e  dal  Viicomte 

IWnat  d'Amuignac  (c.  r.  Axgiadk) 379 

MEVKR-LiÏBKE  —  D'ie  Betonung  im  Gallischen  (c.  r.  Angladk).  87 
Mistral.  —  Mirèin,  édition  Koschwitz  (c.  r.  L.  de  Berluc-Fk- 

Russis) 475 

NiGRA.  —  Uno  degli  Edoardi  in  Italia.  Favola  o  storia  ?  (c.  r. 

Pélissier) 280 

—  Il  dialeito  di  Viverone  (c.  r.  Grammont) 377 

Paris  (ti.)  —  Ficatum  eu  roman  (c.  r.  Grammont) 186 

Pfkiffkr.  —  (C  Outil  ».  Ein  probleui  der  roinanischen  wortfors- 

chung  (c.  r.  Grammont) 276 

KohxstrOm.  —  Jean  Bodel  (c.  r.  Wallenskiôld) 278 

Romama,  XXIX,  3.  (c.  r.  Constans) 89 

ScHucHARUT.  —  Rotuanische  Etyniologieii  11  (c.  r.  Grammont)..  181 
Sepkt.  —  Origines  catholiques  du  théâtre  moderne  (c.  r.  Rigal).  188 
Wilmotte.  —  La  naissance  de  l'élénient  comique  dans  le  théâ- 
tre religieux  (c.  r.  Rigal) 277 

WuLFF  (F.).  —  La  rhytmicitc  de  ralexamirin   français  (c.   r. 

Grammont) 84 

Zeitschrift  fiir  romanische  Philologie  (1899),  XXIII,  1.  2.  (c.  r. 

Anglade), 163 

Livres  annoncés  sommairement  (Anglade) 380 


CHRONIQUE 

Nouvelles  diverses 94,  190,  284,  382,  479,  574 

Krratum 192 

Table  des  Matières 577 


^78  TABLE   DES   MATIÈRES 

Flagei. 
Thbrond  (Prof.  G.).  —  Contée  lengadouciam  (suite  et  à  suivre).      54, 

259,  469,  551 

Vidal  (Auguste).  —  Établissement  du  Marché  à  Montagnac. .       70 

—  Costumas  del  pont  de  Tarn  d'A  Ibi 481 


TEXTES    ET   DOCUMENTS   DIVERS 

Gastbts  (Prof.  F.).  —  /  Dodici  Canti,  Épopée  romanesque  du 

XVI«  siècle  (suite).  Chant  IX 245 

Chant    X  (à  suivre) 443,  531 

Dblacrau  (Pierre).  —  Relation  du  siège  de  Beaucaire  en  1632 

(à  suivre) 310 

PÉussiER  (Prof.  L.-G.).  —  Pièces  justificatives  du  texte  de 
Gohory  (suite)  :  —  IV.  Relations  de  Maximilien  et  de 
Ludovic  Sforza  (à  suivre) 342 

Ulrich  (Prof.  Jacques). —  Bifrun  :  La  traduction  des  Actes  des 
apôtres  en  dialecte  haut  engadinois  (publié  par)  (suite 
et  à  suivre) 521 


VARIETES 

Anglade  (Prof.  J.).  —  Le  provençal  en  Souabe 572 

Drlacrau  (Pierre).  —  Pour  l'histoire  du  Calembour. 370 

GuuoT  (Prof.  Franc.).  —  Trois  lettres  inédites 79 

L.-G.  P.  —  Pour  devenir  licencié  en  droit 37 1 

Tbulié  (H.).  -^  La  Santo  Estello  à  Magahuno  (mai  1900) 72 


bibliographie 

Abeille.  ^  Idioma  nacional  dé  los  Argentinos  (c.  r.  Grammont).  375 
Blanc  (A.).  —  Le  livre  do  comptes  de  Jacme  Olivier,  marchand 

narbonnais  du  XI V«  siècle  (c.  r.  Jbanrot) 81 

Deligmbres.  —  Nouvelles  recherches  sur  le  lieu  d'origine  de 

Raoul  de  Houdenc  (c.  r.  Jeanroy). 82 

Fabrègr.  —  Histoire  de  Maguelone,  I  et  II.  (c.  r.  Castets).  ..  163 

Favre  (L  abbé).  —  Œuvres.  (Édit.  C.  Coulet)  (c.  r.  Anglade).  378 


TABLE    DES   MATIERES  579 

JouRDA.NNE.  —  Carcassonne  (c.  r.  L.-G.  P.) 279 

—  Folk  Lore  de  l'Aude  (c.  r.  Pklissier) 282 

Lihre  Nomnal  de  MatJmntuiiselo  Roso  Laforgo  e  dal  Viscomte 

Bernai  d' Armagnac  {c.  r.  Anola.de) 379 

MKYER-LiiBKE  —  Die  Betonung  im  Gaîlischen  (c.  r.  Anglade).  87 
Mistral.  —  Mirèio,  édition  Koschwitz  (c.  r.  L.  do  Berluc-Pé- 

Russis) 475 

NiGRA.  —  Uno  degli  Edoardi  in  Italia,  Favola  o  storia  ?  (c.  r. 

Pélissier) 280 

—  //  dialetto  di  Viverone  (c.  r.  Grammont) 377 

Paris  (G.)  —  Ficatum  en  roman  (c.  r.  Grammont) 186 

Pfkiffer.  —  <(  Outd  ».  Ein  problem  der  romaniachen  wort/ora- 

chung  (c.  r.  Grammont) 276 

KoHNSTRoM.  —  Jean  Hodel  (c.  r.  Wallenskiôld) 278 

Romanki,  XXIX,  3.  (c.  r.  Constans) 89 

ScHUCHARDT.  —  Romaniache  Etyniologien  11  (c.  r.  Grammont)..  181 
Skpet.  —  Oritîines  catholiques  du  théâtre  moderne  (c.  r.  Rigal).  188 
WiLMOTTK.  —  La  naissance  de  l'élément  comique  dans  le  théâ- 
tre religieux  (c.  r.  Rigal) 277 

Wulff  (F.).  —  La  rhytmicité  de  l'alexandrin   français  (c.   r. 

Grammont) 84 

Zeitachrift  fl'tr  romanische  Philologie  (1899),  XXllI,  1.  2.  (c.  r. 

Anglade), 163 

Livres  annoncés  sommairement  (Anglade) 380 


CHRONIQUE 

N..uvelles  diverses 94,  190,  284,  382,  479,  574 

Krratum 192 

TvuLK  des  Matières 577