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Full text of "Revue des études juives"

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REVUE 


DES 


ÉTUDES  JUIVES 


VERSAILLES.   —   IMHRLMERIES  CERF,   59     RUE   DUPLESSIS, 


^^  REVUE 


DES 


ÉTUDES  JUIVES 

PUBLICATION    TRIMESTRIELLE 
DE    LA    SOCIÉTÉ    DES    ÉTUDES    JUIVES 


TOME  SOIXANTE-DEUXIÈME 


PAHIS 
A    LA    LIBRAIRIE    DURLACHER 

142,  RUE   DU  FAUBOURG-SAINT-DENIS  ^2>^ 

1911  6-^* 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  20l0  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


loi 


http://www.archive.org/details/revuedestudesj62soci 


ETUDE 

SUR 

U  CONDITION  DES  JUIFS  DE  NARBONNE 

DU  V«  AU  XIV''  SIÈCLE 

(suite  ') 

CHAPITRE  X 

JUIFS     ALLEU  TIERS. 


1.  Ancienneté  de  la  propriété  allodiale  juive;  tènements  Villa  Juzau/a  et  de  Prat 
durriix.  —  II.  Les  alleux  d'Astruc  et  de  Blanche,  tille  de  Vidal  Bondavin.  de 
Tauros,  fils  de  Judas  d'en  Abomar  ;  tènements  du  «  Fief  des  Juifs  »  et  de 
Moranegva,  de  1'  «  Alleu  judaïque  »  et  de  Terrisse.  —  III.  Juifs  propriétaires 
de  maisons  :  Dieulosal  de  Florensac,  Bondia  de  Surgères,  les  <<  Rois  Juifs  ». 
—  IV.  Les  Kalonyme  :  leur  pays  d'origine.  —  V.  Formation  de  leur  fortune  ; 
persistance  de  leur  droit  de  propriété  sous  le  régime  féodal;  ni  vassaux,  ni 
suzerains,  ni  souverains,  mais  alleutiers  libres.  —  VI.  Les  successeurs  de 
Makhir  :  Todros  1*^  (10H4),  Ralonymos  I'^,  Todros  II  (vers  H34).  —  VII.  Kalo- 
nymos  II  :  concessions  de  tenures  sous  réser\-e  du  domaine  direct;  baux  à 
tasque;  propriétés  indivises  entre  Kalonymos  et  Bondia  de  Surgères;  maisons 
aliodiales  de  Kalonymos,  sa  mort  entre  i2lti  et  1246.  —  VIII.  Todros  III;  alié- 
nations de  droits  directs  121(3-1261).  —  IX.  Kalonymos  III  uniquement  pro- 
priétaire de  maisons  (juscju'en  1306)  ;  son  sceau  héraldique.  —  X.  La  dispa- 
rition de  la  propriété  foncière  juive,  résultat  de  la  politique  capétienne. 

1.  —  C'est  un  fait  très  remarquable  qu'à  Narbonne  les  Juifs  aient 
eu  le  droit,  dès  une  époque  fort  reculée,  de  posséder  des  biens 
immeubles  en  toute  propriété.  Cette  prérogative  importante  n'a 
pas  manqué  de  frapper  les  esprits,  et  nous  en  trouvons  un  écho 
jusque   dans  les  œuvres  d'imagination    D'après  le  Philomena  ^ 

1.  Voy.  Revue,  t.  LV,  pp.  \  et  221  ;   t.  LVIll,  pp.  75  et  200:   t.  LIX,  p.  59  it  t.  LXI 
p.  228, 

2.  Gesta  Karoli  Maqni  ad    Carcassonaru  et  Sarbonani,  >'d.   Sclineei-'ans,   Halle 
1898,  pet.  in-8*,  p.  176. 

T.  LXIl.  :s<'  123.  i 


2  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

les  Juifs  de  Narbonne  ne  tenaient  aucun  bien  du  roi  sarrazin.  Ils 
se  bornaient  à  lui  payer  un  tribut  en  retour  de  la  protection  qu  il 
leur  accordait.  Il  est  probable  que.  dès  l'époque  gallo-romaine', 
les  Juifs  possédaient  à  IS'arbonne  des  biens  dont  ils  avaient  la 
libre  et  entière  propriété.  Cette  situation  se  perpétua  à  l'époque 
carolingienne.  Au  viii«  siècle,  on  voit  les  Juifs  posséder  bérédilai- 
renient  des  biens  allodiaux  dans  les  faubourgs  et  à  lintérieur 
même  de  la  ville  -.  Dans  la  seconde  moitié  du  x^  quatre  frères 
juifs  demeurèrent  quelque  temps  propriétaires  de  moulins  situés 
sous  le  Pont- Vieux  de  iSarbonne  ^. 

La  communauté  juive  était,  elle  aussi,  propriétaire  d'immeubles. 
Dans  le  tènement  de  Villajuzaiga  '  se  trouvait  r«  alleu  judaïque  » 

1.  Voy.  ce  que  nous  disons  plus  bas,  eu  note,  sur  l'origine  gallo-romaine  île  Villa- 
juzaiga. 

2.  Voy.  plus  haut,  cliap.  ii,  S  ix,  lettre  du  pape  Etienne  lU  de  768. 

3.  Voy.  plus  haut,  chap.  m,  §  xii,  actes  du  19  décembre  9oo-9b6  et  du  26  janvier 
976-977. 

4.  La  Villa  judaica  existait  sûrement  à  l'époque  gallo-romaine.  Le  changement  de 
c  en  ^  dans  Villajuzaiga  s'étant  produit  antérieurement  au  vu'  siècle  (A.  Thomas, 
Essais  de  philolor/ie  française,  Paris,  1897,  pèt.  in-8",  p.  113),  la  Villa  judaïque 
existait  sûrement  au  vi«  siècle  et  peut-être  même  au  v*.  Il  est  souvent  question  de 
cette  villa  dans  les  actes  naibonnais.  Un  document  du  23  avril  1048  (voy.  plus  haut, 
chap.  VI,  §  I")  en  place  le  tènement  près  de  celui  du  Fesc.  Un  autre,  du  26  novembre 
1112,  mentionne  le  chemin  qui  reliait  la  «  villa  judaïque  »  à  la  ville  de  Narbonne 
(Invent.  ms.  des  arch.  de  l'archevêché  de  Narb.,  t.  I,  f»  119  (analyse)  ;  Hist.  de  Long., 
t.  V  Preuves,  n°  44.5  (publication)  et  col.  15oS  (analyse).  Or,  en  1213,  le  Fesc  s'éten- 
dait jusqu'aux  jardins  de  Moujan  et  de  Villajuzaiga  (lavent,  ms.  des  arch.  de  l'archev. 
de  !Sarb.,  t.  I,  f  ""  298  et  299).  Un  acte  du  8  janvier  1224  indique  nettement  que  le  pre- 
mier tènement  s'étendait  à  l'ouest  des  deux  seconds  .Ibid.,  f"'  273  v"-274i.  Le  Fesc, 
comme  son  nom  l'indique,  était  une  terre  d'origine  domaniale  (Fisciis).  11  est  vraisem- 
blable que  Villajuzaiga  avait  une  origine  semblable.  De  plus,  comme  la  propriété  de  la 
plaine  orientale  de  Narbonne  se  partageait  entre  l'archevêque,  le  vicomte  et  les  Juifs, 
il  est  fort  possible  que  ce  soit  cette  répartition  qui  ait  donné  naissance  à  la  légende 
sur  le  partage  de  la  cité  entre  l'archevêque,  le  comte  et  la  communauté  juive  (Voy. 
plus  haut,  chap.  ii,  §  viii). 

Il  est  encore  question  du  tènement  de  Villajuzaiga  le  27  février  1301  (Mouynès, 
Inventaire  des  archives  communales  de  Narbonne,  série  AA,  pp.  90-92).  En  1343. 
les  consuls  de  Narbonne  prétendaient  avoir  le  droit  de  ban  ou  de  garde  sur  Villaju- 
zaiga et  Craboules  ^luvent.  ms.  des  arch.  de  l'archev.  de  Narb.,  t.  I.  f"  352  v°).  La 
forme  provençale  de  Villajuzaiga  nous  est  fournie  par  un  acte  de  vente  du  9  août  1343 
(Mouynès,  învent.  des  arch.  de  Narb..  Annexes  de  la  série  AA,  p.  195  :  «  . .  .peciam 
terre  nostrain...  scilam  ia  terminio  Civilatis  Narhone  loco  vocato  ad  Villaiu  Jusaygas...). 
On  trouve  la  forme  Viela  Jiisai/gas  dans  un  acte  du  27  août  do  la  même  anuée 
{Ibid). 

De  ces  différentes  mentions  il  résulte  ((ue  le  tènement  de  Villajuzaiga  était  situé 
entre  les  terroirs  ic  Moujan,  de  Ricardelle,  —  il  est  question  de  Ricardolle  à  la  date  du 
31  déciiiibri'  1318  :  Mouynès,  Inient.  de  la  série  AA,  p.  92,  —  et  du  Fesc  ou  Vesc. 
Les  bâtiments  d'exploitation  rurale  de  la  villa  judaïque  devaient  s'élever  sur  le  mame- 
lon, non  loin  de  l'emplacement  occupé  aujourd'hui  par  les  deux  constructions  de  Petit 


ÉTUDE  SUR   LA   CûiNDITION   DES  JUIFS   DE   NARBONNE  3 

et  des  salines  dont  le  sel  servait  exclusivement  aux  besoins  des 
familles  Israélites  '.  Les  salines  situées  dans  le  terroir  de  Villaju- 
zaiga  devaient  être  importantes,  puisqu'elles  étaient  exploitées  par 
plusieurs  propriétaires.  Avant  de  partir  pour  la  croisade,  le  :2  juillet 
1129,  Guillaume  de  Béziers  légua,  par  testament,  à  son  frère  le  sel 
qu'il  possédai!  dans  ce  terroir  -. 

Dans  le  territoire  de  la  Cité,  au  lieu  dit  Al  Piadel  ^,  se  trouvaient 
aussi  d'autres  salines,  que  le  saunier  Bonisaac  possédait  en  franc 
alleu  et  dont  il  vendit  la  moitié,  le  !20  octobre  Hoo,  au  prix  de 
:200  sous  melgoriens  et  de  :200  sous  narbounais  '•. 

II.  —  La  propriété  allodiale  des  .Tuifs  narbonnais  ne  comprenait 
pas  seulement  des  moulins  et  des  salines,  mais  aussi  des  terres 
à  semence  et  des  vignes.  Le  !22  janvier  1:2!20,  Blanche,  fille  du  Juif 
Vidal  Bondavin,  vend  à  Gentiane,  veuve  de  Guillaume  Fabre,  au 
prix  de  :îioO  sous  melgoriens,  la  moitié  d'une  pièce  allodiale  qu'elle 
possède  par  indivis  avec  son  oncle  Astruc  dans  le  terroir  de  la  Cité, 
au  bout  du  Vivier  de  l'Aiguë,  confrontant  à  l'est  la  rue,  au  midi 
la  vigne  des  Hospitaliers  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  à  l'ouest  les 
vignes  de  Pons  Talabos,  au  nord  le  mailleul  dudit  Bondavin  ■'. 


Ricardelle.  La  famille  de  l'auteur  de  la  présente  étude  possède  une  partie  de  ce  tène- 
meut,  doTit  la  terre  sablonneuse  produit  un  ^in  très  estimé.  L'eau  de  source  y  est  lég-ère 
et  abondante,  ce  qui  a  permis  de  tout  temps  au\  grangers  d'y  pratiquer  avec  succès 
la  culture  maraîchère.  Il  n'y  aurait  rien  d'étonnant  que  les  défonçages  à  la  vapeur  mis- 
sent à  découvert  des  restes  de  l'ancienne  exploitation  juive,  aliénée  de  bonne  heure  au 
profit  de  propriétaires  chrétiens. 

1.  Voy.  plus  haut,  cliap.  vi,  §  i. 

2.  îlisl.  de  Latig.,  t.  V  Preuves,  ce.  9o3-9o4  :  «  Et  la\o  ei  et  dono  totum  illiim 
meum  salem  quem  habeo  in  terminio  Narbone  et  in  terminio  de  Villa  Judaica.  prêter 
Csaumatas,  quod  donet,  si  ego  morior,  sorori  nostre  Marie.  » 

3.  Il  est  probable  que  le  lieu  dit  Al  Pvadel  se  trouvait  dans  le  tènemcnt  connu  sous 
l'appellation  de  Pralum  judaicum  Ce  tèneinent  doit  être  identifié  d'après  M.  k.  Blanc 
{I.es  transformations  du  latin  judaicus  à  Sarbonne.  dans  Annules  du  Midi,  anme 
1896,  p.  197i  avec  celui  de  Prat  durai2-,  qui  a  fait  partie  de  la  commune  de  Narbonnc 
jusqu'en  1846,  date  à  laquelle  il  a  été  rattaché  eu  presque  totalité  à  la  commune  de 
Cuxac  et  en  partie  seulement  à  celle  de  Coursan.  Prat  judaic  était  donc  situé  sur  les 
confins  actuels  des  communes  de  Coiu-san,  Cuiac  et  Narbonne. 

Il  y  avait  aussi  un  tènement  du  nom  de  t  Pré  judaic  »  dans  le  terroir  de  Brugay- 
roles,  près  de  La  Vernède,  au  S.-E.  de  Saint-.André  et  à  l'orée  du  Bois-du-Vicomte 
(Arch.  de  l'Aude,  H  211,  Invent,  des  titres  de  l'abbaye  de  Fontfroide.  «  La  Vernède,  A  n 
acte  du  23  avril  1894).  Ce  Prat  judaic  était  plus  exactement  situé  dans  le  terroir  de 
Montséret  (Acte  du  6  juillet  1135  :  Ibid.,  «  Montseré  B  »  ;  acte  du  14  mai  1240  :  Ibid., 
«  Montseré  2  A  »). 

4.  Invent,  de  la  nnense  capitulaire  de  Saint-Just.  copie  de  M.  A.  Bories,  «  Des  pos- 
sessions de  la  Cité,  2'  caisson,  n»  20  ». 

o.  Arch.  de  l'Aude,  H  211,  «  Fief  de  Narboune   cote  3  0». 


4  hEVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

De  bonne  heure,  quelques  alleutiers  juifs,  renonçant  à  Texploi- 
tation  immédiate  qu'ils  trouvaient  sans  doute  peu  lucrative  et  trop 
absorbante,  aliénèrent  le  domaine  utile  de  leurs  propriétés,  tout 
en  s'y  réservant  le  domaine  direct.  C'est  ainsi  qu'un  Juif  de  Béziers 
Tauros,  fils  de  Judas  d'en  Abomar,  jouissait  du  domaine  direct, 
en  même  temps  que  Pierre  Sabatier,  clerc  de  Saint-Just,  et  Pierre- 
Raimond  de  Montpellier,  aumônier  de  la  cathédrale,  sur  quelques 
vignes  sises  au  terroir  de  Levrettes,  dans  le  «  vignier  »  de  Lebras- 
sons  '. 

Ce  Juif  bitterrois  Tauros  disposait  de  grandes  propriétés  foncières 
dans  le  territoire  de  Narbonne.  Le  30  mai  l'279,  il  vendit  au 
chapitre  de  Saint-Just,  pour  la  somme  de  75  livres,  le  quart  du 
domaine  direct  dont  il  jouissait  sur  deux  pièces  de  terre,  l'une,  la 
tenure  de  Jean  de  la  Voûte,  située  à  La  Maillole,  au  centre  de 
r  «  honneur  »  du  monastère  de  Quarante,  la  seconde,  tenure  de 
Jean  Inard,  sise  à  Moi'anégra  -,  plus  la  huitième  partie  du  domaine 
direct  d'une  pièce  de  terre  tenue  par  l'Hôpital  des  Pauvres  dans  le 
même  tènement,  sous  la  réserve  au  profit  de  Bérenger  Azalbert 
de  la  huitième  partie,  ladite  parcelle  confrontant  à  l'autan  et  au 
midi  l'honneur  des  Lépreux,  bref  tous  les  droits  et  usages  quil 
exerçait  dans  les  terroii's  de  Morarena,  Terrus^  Ramejan  et  Saint- 


1.  Inventaire  ms.  de  la  mense  capitulaire  de  Saint-Just,  copie  de  M.  A.  Bories. 
«  n°  19  au  caisson  11'  des  fondations,  fêtes  et  anniversaires  »,  acte  du  2  novembre 
1274. 

2.  L'ensemble  îles  alk'ux  possédés  par  Tauros  et  (i"autres  Juifs  dans  la  région  de 
Moranegra  ou  Moranera,  ou  bien  encore  Morarena  par  transposition  de  Vn  et  de  ïr. 
était  in]])ropremeiit  désigné  par  les  chrétiens  sous  le  nom  de  <<  Fief  des  Juifs  ».  Le 
2  août  121  i,  le  vicomte  Aimeri  IV  reconnaît  avoir  reçu  en  fief  df  larclievèque  Arnaud 
tout  lé  fief  de  la  plaine  de  la  Cité  :  la  Ixtslide  dite  de  Gaschet  avec  toutes  les  conda- 
mines.  prés,  pâturages,  etc.,  confrontant  à  l'autan  le  chemin  de  Béziers,  au  midi  le 
fief  de  Géraud  de  Narbonne,  au  cers  le  Fief  des  Juifs,  à  l'aquilon  les  vignes  de  Mora- 
nera (Invent.  ms.  des  arch.  de  larchev.  de  Narb.,  t.  L  f"  124  r"  et  v").  La  bastide  de 
Gaschet  doit  être  identiliée  avec  la  métairie  de  La  Bastide,  que  Cassini  (pi.  58)  place 
sur  l'ancienne  route  de  Narbonne  à  Coursan,  à  peu  près  à  remplacement  où  s'élève 
aujourd'hui  la  grange  de  Fidèle.  A  noter  que  c'est  probablement  de  la  présence  de 
condamines  dans  le  tènement  de  la  Bastide  que  viennent  les  noms  des  domaines 
actuels  du  Grand-Condom  et  du  Petit-Condom,  situés  un  peu  au  sud-ouest. 

Il  faut  certainement  placer  dans  le  tènement  de  Moranegra  et  dans  le  terroir  du 
«  Fief  des  Juifs  »  la  Baslida  Juduica  mentionnée  dans  une  sentence  arbitrale  de 
l'année  1232  entre  l'archevêque  et  le  chapitre  métropolitain  (Saige,  Juifs  du  Lati;/., 
p.  69,  d'après  Bibl.  nat..  collection  Doal,  t.  55,  f°  362).  La  Bastide  Judaïque  devait 
s'opposer  à  la  Bastide  de  Gaschet. 

3.  Un  peu  au  sud  de  Moranegra  et  du  Fief  des  Juifs,  se  trouvait  le  tènement  de 
Terrus,  aujourd'hui  Terrisse  (à  l'ouest  de  la  route  de  Narbonne  à  ArmissaiO.  C'est  à 
l'est  de  Terrissi'  que  les  Juifs  narbonnais  possédaient  un  certain  nombre  d'alleux.  Le 
1"  mai  1159,  Guillaume  Kaimond  et  sa  femme  Burette  vendent  à  Brice  de  Saint-Georges 


ÉTUDE   SUR   LA   CONDITION    DES  JUIFS   DE   NARBONNE  5 

Bauzély'.  En  qualité  de  propriétaire  direct  de  ces  biens  fonds, 
Taiiros  y  percevait  ciiaque  année  une  portion  de  la  récolte. 

Le  8  juin  l'279,  le  même  Tauros,  au  nom  de  son  neveu  Vidal, 
fils  d'Abraham,  vendit  à  Martin  Pascal,  prêtre,  la  huitième  partie 
des  tasques  et  autres  agriers  qu'il  prélevait  par  indivis  avec  son 
neveu  et  Pierre  Raimond  de  Montpellier  sur  les  champs,  honneurs, 
vignes  et  possessions  sises  dans  le  vignier  de  Lehrassous,  au  tène- 
ment  de  Lapidet-,  aujourd'hui  Levrettes. 

in.  —  Outre  des  fonds  de  terre,  les  Juifs  narbonnais  possédaient 
aussi  à  titre  allodial  des  maisons  et  des  boutiques  ;  mais  c'était 
seulement  le  cas  de  quelques  rares  privilégiés,  la  presque  totalité 
des  immeubles  de  la  grande  et  de  la  petite  juiverie  faisant  partie 
du  domaine  vicomtal  ou  du  temporel  archiépiscopal.  Nous  avons  vu 
plus  haut  que  le  Juif  le  plus  fortuné  de  la  petite  juiverie,  Dieuiosal 
de  Florensac.  possédait  en  toute  propriété  la  maison  qu'il  habitait 
dans  le  quartier  de  Belvézé  et  qu'il  percevait  à  titre  de  propriétaire 
direct  deux  livres  de  cens  annuel  sur  la  maison  que  le  fustier 
Pierre  de  Cuxac  tenait  de  lui  dans  la  juiverie  vicomtale  ^. 

Dans  cette  dernière  juiverie,  au  même  titre  que  Dieuiosal  de 
Florensac,  Bondia  de  Surgères  possédait  deux  boutiques,  sises 
dans  la  Parerie  Vieille  de  la  Cité,  confrontant  à  l'autan  et  à 
l'aquilon  Jean   de  Portai,  murs  mitoyens  entre  eux,  au  midi  la 

deux  pièces  de  terres  allodiaies,  sises  au  terroir  de  Saint-Georires  ;  l'une  située  dans  le 
ténement  de  «  Las  Faysscs  de  Terruce  »,  confrontait  à  l'autan  1'  «  Allodial  des  Juifs  » 
(Arcli.  de  l'Aude,  H  211,  «  Fief  de  jNarbonne,  coté  H  »).  Le  domaine  de  Saiut-Georçes 
existe  encore  aujourd'hui  :  il  s'étend  en  face  de  Terrisse,  à  l'ouest  de  la  route  de  Nar- 
bonne  à  Coursan.  Cet  Allodial  des  Juifs  est  certainement  le  même  que  1'  «  Alleu 
Judaïfiue  <>  dont  il  est  question  dans  un  acte  du  23  avril  1048,  qui  porte  reconnais- 
sance en  faveur  de  la  communauté  juive  du  droit  d'y  recueillir  le  sel  nécessaire  à  sa 
consommation  (Voy.  plus  haut,  chap.  vi,  §  i). 

Nous  ne  saurions  dire  si  le  ténement  de  1'  «  Honneur  des  Juifs  »  mentionné  dans  un 
acte  du  29  octobre  1229  (Invent.  ms.  de  la  mense  capitulaire  de  Saint-Just,  copie  de 
M.  A.  Bories,  «  Possessions  de  la  Cité,  n°.  24  »)  doit  être  identifié  soit  avec  le  Fief  des 
Juifs,  soit  avec  l'Alleu  Judaïque.  L'honneur  n'est  autre  quelquefois  (|u'un  fief;  c'est 
plus  souvent  un  alleu,  presfiue  toujours  un  fonds  de  terre  urbain  ou  suburbain;  mais 
dans  le  cas  où  il  est  l'équivalent  du  fief,  l'honneur,  appelé  alors  «  fief  honoré  »,  est 
dispensé  des  charges  les  plus  onéreuses  qui  pèsent  sur  le  fief  ordinaire.  Il  comporte 
l'exemption  de  toute  redevance  et  la  limitation  des  services  à  un  seul  :  l'hommage  (Cf 
J.-A.  Brutails,  Élude  stir  la  condition  des  populations  rurales  du  Roussil/on  arc 
moijen  drje,  Paris,  1891,  in-8",  p.  120,  note  9;  F.  Chénon,  Élude  sur  l'histoire  des 
alleux  en  France,  Paris,  1888,  in-S",  p.  89). 

1.  Invent.  ms.  de  la  mense  cnpit.  de  Saint-Just,  copie  de  M.  A.  Bories,  «  Possessions 
de  la  Cité,  n°  51  ». 

2.  Ibid..  «  Possessions  de  la  Cité,  n"  52  ». 

3.  Chap.  V,  §  IX. 


6  RKVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

boutique  de  l'Aumône  de  Bonnet  de  Capestang,  au  cers  la  rue. 
Ces  deux  boutiques  furent  vendues,  le  8  décenmbre  1259,  à  Pierre 
Rougé,  au  prix  de  3,800  sous  melgoriens.  A  titre  de  propriétaire 
direct.  Bondia  y  prélevait  un  usage  allodial  de  10  livres  par  an.  Le 
fils  de  Pierre  Rougé,  Guillaume,  revendit  le  tout  pour  semblable 
somme,  190  livres  melgoriens  ^  On  voit  que  le  droit  d'usage 
constituait  un  revenu  un  peu  inférieur  à  o  0/0.  Mais  le  plus  fort 
lot  de  maisons  allodiales  resta  toujours  la  propriété  de  la  famille 
des  «  Rois  Juifs  ». 

IV.  —  De  tout  temps,  en  effet,  la  majeure  partie  de  la  propriété 
allodiale  juive  demeura  l'apanage  d'une  vieille  famille,  dont  les 
chefs  furent  également  ceux  de  la  communauté. 

11  est  difficile  de  faire  la  lumière  complète  sur  l'origine  familiale 
des  «  Rois  Juifs  w  et  sur  la  formation  de  leur  singulière  fortune. 
L'imagination  populaire  s'est  donné  libre  cours  à  ce  sujet  aussi 
bien  chez  les  Juifs  que  chez  les  chrétiens,  au  point  qu'il  est  très 
malaisé  de  dégager  la  vérité  du  réseau  emmêlé  de  fables  et  de 
légendes.  Dans  la  famille  des  «  Rois  Juifs  »  une  tradition  s'était 
perpétuée  sur  leur  double  origine  babylonienne  et  davidique  -.  Le 
fondateur  de  la  dynastie,  un  savant  réputé  de  Babylone,  R.  Makhir, 
aurait  été  mandé  à  Narbonne  par  Gharlemagne  pour  y  fonder 
une  école  d'études  talmudiques  analogue  aux  académies  babylo- 
niennes. On  sait,  d'autre  part,  que  les  «  princes  de  la  captivité  » 
ou  exilarques  des  Juifs  babyloniens  croyaient  descendre  du  sang 
royal  de  David  ^.  C'est  donc  à  celte  famille  d'exilarques  que  les 
«  Rois  Juifs  »  de  Narbonne  prétendaient  rattacher  leur  généa- 
logie. 

Chose  curieuse,  on  retrouve  comme  un  écho  lointain  de  cette 
origine  davidique  des  nacis  narbonnais  dans  une  autre  tradition 
juive,  suivant  laquelle  le  roi  David  aurait  envoyé  deux  nobles 
ambassadeurs  à  Narbonne  avec  mission  de  conclure  un  traité 
d'alliance  avec  cette  ville  ^ 

\.  Vente  de  Bondia  de  Surgères  à  Pierre  Rougé,  le  3  décembre  1259  (Arch.  de 
l'Aude,  H  2M,  «  fief  de  Narbonne,  coté  4  V  »).  —  Vente  de  Guillaume  Rougé,  fils  de 
Pierre  et  do  dame  Algaye,  sa  mère,  à  Arnaud  de  la  Dent,  le  7  juin  1292  {Ihid.,  «  Fief 
de  Narbonne,  coté  6  J  »).  —  Bail  à  nouvel  acapt  consenti  par  Arnaud  de  la  Dent  en 
faveur  du  tailleur  Pierre  de  Séret  de  l'une  des  deux  boutiques  allodirales,  le  28  sep- 
tembre 1297  Jbid.,  «  Fief  de  Narbonne,  coté  6  Y  »). 

2.  Voy.  plus  haut,  chap.  ii,  §  vi. 

3.  Th.  Reinacli,  Ihsloir-e  des  Israélites,  p.  44. 

4.  Arch.  niun.  de  Narb.,  3'  Thalamus,  f«  130  v*  :  «  Aysso  son  las  antiquetatz  e  las 
noblesat  antiquas  de  la  vila  de  Marbona.   ...Item  se  troba  que  eu  lo  temps  de)  rey 


ÉTUDE  SUR   LA   CONDITION   DES  JUIFS   DE   NARBONNE  7 

Cette  assertion,  difficile  à  vérifier,  puisqu'elle  s'applique  à  une 
époque  singulièrement  reculée  de  riiistoire  narbonnaise,  montre 
avec  quelle  force  le  souvenir  du  grand  roi  d'Israël  s'était  enraciné 
dans  les  esprits  et  perpétué  dans  la  suite  des  siècles.  Il  ne  faut  voir, 
sans  doute,  dans  cette  tradition  sur  les  rapports  de  Narbonne  avec 
le  roi  David  qu'une  aimable  légende  éclose  dans  la  communauté 
juive  de  Narbonne  et  destinée,  tout  autant  qu'à  fortifier  les  pré- 
tentions généalogiques  des  nacis,  à  flatter  l'amour-propre  local  de 
la  population  narbonnaise. 

V.  —  Si  nous  essayons  maintenant  d'expliquer  la  formation  du 
patrimoine  considérable  que  se  constituèrent  les  premiers  «  Rois 
Juifs  »  de  Narbonne,  nous  arriverons  à  des  résultats  un  peu  plus 
précis,  bien  que  vagues  encore. 

D'après  le  Séfer  Hakkabala,  Charlemagne  aurait  récompensé  le 
savant  babylonien  R.  Makliir,  de  sa  venue  à  Narbonne,  en  lui 
concédant  un  grand  territoire  qu'il  venait  de  reconquérir  sur  les 
Maures.  Makbir  aurait  même  épousé  la  fille  d'un  grand  de  la  ville. 
Justiciable  immédiat  du  roi,  Makhir  aurait  gouverné  la  communauté 
comme  les  exilarques  de  Babylone  '.  Rien  ne  prouve  que  les 
monarques  carolingiens  aient  fait  au  cbef  de  la  juiverie  narbon- 
naise une  situation  privilégiée.  Il  est  probable,  toutefois,  que  les 
«  Rois  Juifs  »  ont  bénéficié  de  la  part  des  souverains  francs  de 
véritables  concessions  territoriales  faites  en  toute  propriété,  c'est- 
à  dire,  non  à  titre  de  bénéfice,  mais  à  titre  d'alleu.  M.  Cbénon  fait 
remarquer,  en  effet,  que,  sous  Charles  le  Chauve,  le  fisc  était 
coutumier  de  ces  sortes  de  concessions  -. 

Il  est  également  possible  que  les  «  Rois  Juifs  »,  disposant  de  forts 
capitaux,  aient  profité  du  droit  reconnu  par  la  royauté  à  leurs 
coreligionnaires  de  posséder  des  immeubles  en  toute  propriété 
pour  acheter  de  nombreux  alleux  à  une  époque  où  ce  mode 
d'appropriation  du  sol  était  le  régime  dominant. 

C'est  assurément  le  fait  le  plus  remarquable  de  l'histoire  des 
a  Rois  Juifs  »  que  leur  persistance  comme  propriétaires  alleutiers 
jusqu'à  la  veille  de   leur  expulsion.  Alors   que,  par  suite  de  la 

Daviil  la  ciutat  de  Narbona  era  eminurada  o  quR  en  aquel  temps  lo  rey  David  trames  ij 
cavalies  a  Narbona  per  far  liaiisa  ame  la  dita  ciutat;  et  aysso  s'es  trobat  ais  archids 
dels  Jusiens  en  Avinhon.  »  Cavalies  a  ici  le  sens  de  chevaliers,  nobles  qui  dans  le 
Narbonnais  occupaient  le  plus  haut  rantj  de  la  société  féodale. 

1.  Sur  Makliir,  cf.  Neubauer,  Documents  sur  NarLonne,  dans  /{.  Ê.  J.,  t.  X  (1885), 
pp.  103-104  ;  Saige,  Les  Juifs  du  Languedoc,  p.  1  ;  Gross,  Gallia  judaica,  p.  406. 

2.  Chénon,  Etude  sur  l'histoire  des  alleux  en  France,  p.  24. 


8  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

disparition  de  l'autorité  royale,  les  petits  alleutiers  juifs,  obligés  de 
chercher  un  protecteur  en  la  personne  de  l'un  des  deux  grands 
fonctionnaires  de  Narljonne,  l'archevêque  ou  le  vicomte,  se  sont 
engagés  à  leur  fournir  en  retour  des  redevances  et  des  services, 
toutes  choses  entraînant  à  la  fois  un  assujettissement  de  leur 
personne  et  une  diminution  de  leur  droit  de  propriété,  seuls  les 
grands  alleutiers  se  sont  maintenus  en  dehors  du  vasselage  et  de 
la  féodalité. 

Mais  au  prix  de  combien  d'efforts  les  «  Rois  Juifs  »  ont-ils  dû  de 
ne  pas  être  entraînés  par  le  courant  général  !  En  qualité  d'allo- 
diaires,  n'étaient-ils  pas  abandonnés  à  leurs  seules  forces  pour 
défendre  leur  famille  et  leurs  terres  contre  une  tentative  d'usur- 
pation? Il  a  fallu  que  leur  droit  fût  solidement  établi  et  expres- 
sément reconnu  i)our  que  ni  l'archevêque,  ni  le  vicomte,  ni  tout 
autre  seigneur,  n  aient  jamais  tenté  de  le  confisquer  ou  même 
simplement  de  l'amoindrir.  La.  velaLlionda  Se  fer  Hakkabala  déclare 
que  le  «Roi  Juif»  relevait  immédiatement  de  la  justice  royale. 
Mais  ui;rés  l'anéantissement  du  pouvoir  monarchique,  quelle 
autorité  pouvait-il  bien  invoquer  ? 

Par  le  fait  môme  que  le  «  Roi  Juif  »  vit  en  dehors  de  la  hiérarchie 
des  feudataires,  ses  , biens  fonciers  échappent  entièrement  au 
régime  des  terres  féodales,  Saige  a  tort  de  le  considérer  comme  un 
suzerain.  Nous  ne  voyons  nulle  part  que  les  tenanciers  du  «  Roi 
Juif»  lui  prêtent  l'hommage  et  lui  fournissent  des  prestations  d'une 
nature  spéciale,  telles  que  le  service  militaire.  Nous  avons  vu  plus 
haut  qu'il  n'avait  pas  droit  aux  qualifications  honorifiques  portées 
par  les  nobles  narbonnais. 

D'autre  part,  s'il  est  vrai  que  le  «Roi  Juif»  ne  doit  aucun  hom- 
mage ou  aucune  redevance  seigneuriale  d'un  caractère  privé,  sa 
situation  ne  peut  en  rien  être  assimilée  à  celle  d'un  prince 
souverain.  Ce  n'est  pas  un  roi  d'Yvetot.  Nous  ne  le  voyons  pas 
investi  de  privilèges  régaliens  ;  il  n'a  pas  le  droit  de  rendre  la 
justice,  ni  de  lever  des  impôts.  Son  grand  privilège  consiste  à  ne 
relever  que  de  l'autorité  royale  ;  mais  c'est  aussi  là  un  lien  de 
dépendance  à  l'égard  de  cette  autorité. 

Il  est  probable,  toutefois,  que,  bénéficiant  des  exemptions 
reconnues  à  tous  ses  coreligionnaires,  le  «  Roi  Juif»  ne  fut  jamais 
soumis,  comme  les  autres  alleutiers,  au  service  militaire  et  à 
l'impôt  royal,  en  un  mot  aux  contributions  et  services  d'un  carac- 
tère public.  Il  dut  être  assimilé  sur  ce  point  aux  Juifs  du  vicomte, 
tout  en  n'étant  pas  vassal  de  ce  seigneur,  de  telle  façon  que  sa 
situation  foncière  était  bien  supérieure  à  celle  d'un   propriétaire 


ÉTUDE  SUR   LA  CONDITION   DES  JUIFS   DE  NARBONNE  9 

actuel,  qui  est  tenu  de  payer  à  l'État  des  droits  de  mutation  et 
autres  impôts  publics. 

En  somme,  le  titre  de  roi  juif  ne  correspond  pas  exactement  à  la 
condition  politique  et  civile  de  celui  qui  le  porte.  Ce  n"est  pas  non 
plus  un  sobriquet  donné  par  les  cbrétiens,  mais  bien  la  traduction 
maladroite  et  approximative  du  mot  hébreu  naci,  dont  la  sij,aii- 
fication  exacte  est  :  prince  de  la  communauté.  Cette  fonction  étant 
devenue  héréditaire  dans  la  même  famille',  il  ny  a  rien  de 
surprenant  que  des  fidèles  d'une  autre  confession  aient  considéré 
la  personne  de  celui  qui  l'exerçait  comme  revêtue  des  attributs 
essentiels  de  la  royauté. 

Ni  vassal,  ni  suzerain,  ni  souverain,  mais  alleutier  libre,  voilà 
caractérisée  en  quelques  mots  la  condition  sociale  du  «Roi  Juif»; 
de  Narbonne. 

VI.  —  Passons  maintenant  en  revue  les  actes  qui  se  rapportent 
aux  successeurs  de  R.  Makhir. 

C'est  probablement  de  R.  Todros  I'=^  le  nassi  ou  le  gaon,  le  plus 
ancien  des  descendants  connus  de  R.  Makhir,  qu'il  est  question 
dans  un  acte  du  17  février  1064.  A  cette  date,  Bérenger,  vicomte 
de  Narbonne,  et  Garsinde,  «sa  chère  femme»,  donnent  au 
monastère  de  3Iontlaurés  leur  condamine  sise  dans  le  terroir  de 
Saint-Georges,  au  lieu  dit  «  Aux  Quatre-Colonnes  »,  confrontant  au 
levant  le  chemin  de  Béziers  et  les  anciennes  parcelles  de  Tauros, 
Hébreu  ;  plus  une  vigne  tenue  dans  le  terroir  de  Rapalpe  par 
Raimond  Estève,  monnayeur,  et  confrontant  à  l'orient  les  vignes 
des  Juifs,  à  l'occident  le  chemin  de  Ramian,  à  l'aquilon  et  au  midi 
les  vignes  du  vicomie  ;  plus  une  deuxième  vigne  sise  dans  le  même 
terroir  de  Rapalp»'.  au  lieu  dit  Cabanil,  et  tenue  par  Raimond 
Gaubert,  confrontant  à  l'orient  la  terre  d'Abraham,  Hébreu,  et  sur 
ses  trois  autres  faces  l'alleu  du  vicomte  -. 

Nous  n'avons  rien  relevé  dans  les  actes  qui  paraisse  se  rapporter 
au  naci  Kalonymos  I"  le  Grand,  lequel,  selon  le  Séfer  Hakkabala, 
mourut  à  làge  dt'  90  ans  ^,  après  avoir  vécu  probablement  à  la 
fin  du  xi«  et  au  commencement  du  xu«  siècle. 

1.  Il  est  curieux  de  remarquer  que  la  dignité  de  naci  ou  de  gaon  se  conférait  à  une 
famille  ayant  fourni  un  savant  de  grande  réputation.  C'est  ainsi  que  la  dignité  de 
prince  (nagid  des  Juifs  d'I.gypte  demeura  héréditaire  dans  la  famille  de  Maimonide 
après  sa  mort  (Tli.  Reinacli,  Histoire  des  Israélites,  p.  80). 

2.  Archives  de  TAude.  H  211  ^Inventaire  ms.  dos  titres  «le  P'ontfroide),  «  Papiers  de 
la  mense  abbatiale,  coté  A  ». 

3.  Neubauer,  Documeiits  sur  Sarbonne,  dans  R.  É.  J..  t.  X  (1885;,  p.  104;  Gross, 
Gallia  judaica,  p.  lOG. 


10  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

A  Kalonymos  I^""  succéda  son  fils  R.  Todros  II,  "  qui  composa  des 
pièces  liturgiques  ».  Ai)rahain  ibn  Daud  insiste  sur  le  rôle  joué 
par  R.  Todros  lors  des  troubles  qui  surgirent  à  Narhonne  pendant 
la  minorité  de  la  vicomtesse  Ei'mengardeH34-ll48j.  Le  régent 
Alphonse-Jourdain,  comte  de  Toulouse,  imposa  de  lourds  impôts  à 
la  communauté  juive  ;  mais  Todros  et  sa  famille  les  garantirent  *. 
C'est  probablement  de  R.  Todros  II  qu'il  s'agit  dans  le  passage  du 
traité  de  Pierre  le  Vénérable  contre  les  Juifs,  où  cet  auteur  fail  une 
allusion  ironique  au  «  Roi  Juif»  de  Narbonne  et  au  «  Roi  Juif  »  de 
Rouen  -. 

• 

VII.  —  Les  renseignements  sont  beaucoup  plus  abondants  en  ce 
qui  concerne  Kalonymos  ben  Todros  II.  Les  textes  latins  l'appellent 
Ciarimoscius.  En  provençal,  ce  «  Roi  Juif»  devait  être  connu  sous 
le  nom  de  Glarimos,  qui  n'est  qu'une  déformation  de  l'appellation 
grecque  Kalonymos.  Riche  propriétaire  alleutier,  Kalonymos  ben 
Todros  II  ne  s'est  pas  laissé  assujettir  par  la  recommandation. 
Toutefois,  ce  n'a  pas  été  sans  subir,  dans  une  certaine  mesure, 
l'influence  du  mouvement  féodal.  Si  l'on  admet  que  l'une  des 
caractéristiques  de  ce  régime  réside  dans  le  morcellement  du  droit 
de  propriété,  on  sera 'contraint  de  reconnaître  que  les  «  Rois  Juifs  » 
n'ont  pas  échappé  sur  ce  point  à  l'influence  de  la  féodalité. 

Nous  voyons  dans  un  acte  du  13  mai  1103  que  Kalonymos  était 
propriétaire  direct  de  deux  moujades  de  vignes  sises  dans  le 
«  vignier  »  de  la  Lega,  confrontant  à  l'autan  la  vigne  de  Mosse, 
Hébreu,  au  midi  celle  des  enfants  de  Guillaume  Raimond,  pareur, 
au  cers  celle  de  Guillaume  Alquier  et  à  l'aquilon,  celle  d'Arnaud 
Ermengau.  Faisait  également  partie  de  son  domaine  direct  une 
autre  moujade  de  vigne  située  dans  le  «  vignier»  de  Ramian,  entre 
les  vignes  de  l'hôpital  de  Saint-Just,  de  Clément  de  Saint-Cosme  et 
d'Ameil  de  Saint-Sébastien.  Les  tenanciers  de  ces  trois  moujades 
de  vigne  restèrent  jusqu'au  13  mai  1103  Raimond  Roanel  et  sa 
mère  Marie.  Mais  pressée  par  des  besoins  d'argent,  la  famille 
Roanel  ^  avait  engagé  les  deux  moujades  de  la  Lega  à  Bernard 

1.  Ihiil. 

2.  Is.  Loeb,  Pûlémisies  chrétiens  el  Juifs  en  France  el  en  Esptigne,  dans  li.  E.  J., 
t.  XVIU  (1889),  p.  43  :  «  Procluc  igitur  niihi  ilo  inojjauiue  Jud;r  rrg^rin,  aut  si  hoc  non 
potes,  saltem  ostende  duceni.  Sedjiioii  eiro,  ut  aliqiiid  ridendilni  piuiam,  retrera  lUuin 
suscipiam,  quem  (iiiiilam  tuoruni  ajmd  Narboiiani,  Gallia'  utliem.  alii  apud  Rolhoma- 
guin  se  habcie  fati-ntur.  »  (D'ajurs  Migne,  Patr.  hit.,  t.  189,  col.  3C0). 

3.  Cest  apparemment  cette  famille  qui  a  donné  son  nom  au  tènement  de  Roanel.  Il 
est  donc  probable  que  le  «  viyiiier  »  de  Ramian  se  trouvait  aussi  dans  ces  parages,  au 
nord  et  dans  la  commune  de  ISaibonne,  non  loin  de  la  Robiue. 


ÉTUDE   SUR   LA   CONDITION   DES  JUIFS   DE  NARBONNE  11 

de  Talabos  en  garantie  d'nn  emprunt  de  200  sous  melgoriens.  Pour 
se  libérer  de  sa  dette,  Raimond  Roanel  fut  obligé  de  vendre  le  tout 
à  l'hôpital  de  Saint-Jean  de  Jérusalem  de  Narbonne  au  prix  de 
230  sous,  dont  200  payables  à  Tengagiste. 

Cette  vente  fut  faite  sur  Tavis  et  avec  le  consentement  de 
Clarimos,  Hébreu,  propriétaire  direct  des  trois  moujades  de  vigne. 
En  cette  qualité,  ce  dernier  prélevait  le  tiers  de  la  vendange  sur  la 
moujade  de  Ramian  ;  il  ne  recevait  que  le  quart  des  raisins  produits 
par  les  deux  moujades  de  la  Lega;  mais  son  tenancier  était  tenu 
de  le  lui  faire  transporter  à  son  treuil  '.  La  teneur  de  cet  acte 
n'indique  pas  que  le  «  Roi  Juif  »  se  soit  fait  payer  son  consentement  ; 
mais  il  est  plus  que  probable  qu'à  la  faveur  de  cette  vente,  des 
droits  de  mutation  lui  ont  été  versés. 

Quand  Benjamin  de  Tudèle  passa  par  Narbonne,  vers  1173,  il  y 
rencontra,  entre  autres  grands  personnages  renommés  pour  leur 
sagesse  et  leur  honorabilité,  «  en  premier  lieu  ben  Zaconimos  (sic), 
fils  de  grand  et  vénérable  personne  Théodore  de  bonne  mémoire, 
de  la  race  de  David  par  droite  généalogie,  lequel  a  des  terres  et 
champs  des  princes  de  cette  région,  n'étant  sujets  à  personne, 
c'est-à-dire  ne  rendant  aucun  tribut  ni  taille^».  Le  passage  de 
Benjamin  de  Tudéle  renferme  une  contradiction  :  si  Kalonymos 
avait  tenu  des  immeubles  des  seigneurs  du  pays,  vicomte  ou 
archevêque,  ces  immeubles  n'auraient  pas  été  exempts  de  toute 
taille  ou  tribut.  C'est  précisément  parce  qu'il  ne  tenait  ses  proprié- 
tés de  personne  que  Kalonymos  n'était  assujetti  à  aucune  rede- 
vance seigneuriale. 

Probablement  absorbé  par  des  recherches  intellectuelles,  Kalo- 
nymos renonçait  de  plus  en  plus  à  l'exploitation  directe  de  ses  pro- 
priétés. C'est  ainsi  qu'en  avril  1193  il  concède  par  acapt  —  c'est-à- 
dire  à  titre  de  bail  à  tascjue  -^  —  en  faveur  de  Pierre  iMir,  maître  de 
l'hôpital  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  à  Gérald  Fabre,  prêtre,  à 
Bernard  de  Tourouzelle,  à  Pons  Bouvier  et  à  tous  les  autres  frères 
de  l'hôpital,  avec  le  droit  de  possession  perpétuelle  et  la  faculté 
d'en  disposer  de  toute  façon,  par  donation,  cession,  vente,  enga- 
gement, à  la  réserve,  toutefois,  du  consentement  et  des  droits  du 
bailleur  et  de  ses  successeurs,  la  moitié  d'une  pièce  de  terre  qu'il 
possède  par  indivis  avec  Bondia,  dans  le  terroir  de  Saint-Jour,  au 

1.  Saige,  Juifs  du  Lanrj.^  pp.  70  et  132-133. 

2.  Cf.  Célestiii  Port,  Essai  sur  le  commerce  maritime  de  Narhoiine,  p.  170;  Ilist. 
de  Lang.,  éd.  Privât,  t.  HI,  p.  864  ;  Israi-l  Lévi,  Le  roi  juif  de  Sarhonne  et  le  Philo- 
mène,  dans  H.  É.  J.,  t.  XLVIII  (1904),  p.  203, 

3.  Saige  te  sert  à  tort  de  l'expression  bail  à  fief  [Juifs  de  Lang  ,  p.  65), 


12  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Clos  Juif,  confrontant  à  l'autan  la  terre  propre  de  Bondia.  au  midi 
la  terre  de  Lombarde  et  de  ses  enfants,  au  cers  la  voie  publique,  à 
l'aquilon  la  terre  de  Bondia  et  la  parcelle  que  Raimond  de  Saint- 
Jour  tient  dudit  Kaionymos  ;  plus  une  pièce  de  terre  lui  apparte- 
nant en  toute  propriété  dans  le  terroir  de  Narbonne,  au  bout  du 
tènement  de  Moranera,  au  lieudit  «  AU  ïerruz  »,  confrontant  à  l'au- 
tan la  terre  que  Bernard  de  Rivière  y  lient  du  «  Roi  Juif  »,  au  midi 
la  vigne  dont  Guillaume  Montenier  est  le  tenancier,  au  cers  le  mail- 
leul  de  Guillaume  Figueire  et  la  terre  de  Pierre  Hue,  à  l'aquilon  la 
voie  publique. 

Ce  bail  à  tasque  est  consenti  à  cliarge  dune  redevance  s'élevant 
pour  la  pièce  du  Clos  Juif  au  quart,  pour  celle  de  Terruz  au  quint, 
moyennant  le  prix  d'entrée  en  possession  de  140  sous  melgoriens 
payés  comptant.  Le  tenancier  aura  la  faculté,  si  les  terres  qui  lui 
viennent  d'être  concédées  se  révèlent  impropres  à  la  culture  des 
céréales,  de  les  transformer  en  prés  ou  en  vignes.  Kaionymos  se 
réserve  les  agriers  et  le  droit  direct  ^ 

Dans  le  document  que  nous  venons  d'examiner,  il  est  question 
d'un  Juif  Bondia,  copropriétaire  alleutier  avec  Kaionymos.  Ce  Bon- 
dia n'est  autre  que  Bondia  de  Surgères,  dont  le  nom  bébreu  est 
Lévi  ben  R.  Moïse  -:  Il  est  probable  que  Bondia  toiicbait  de  près  à 
la  famille  des  «  Rois  Juifs  »  de  Narbonne.  i)uisquil  possédait  des 
terres  par  indivis  avec  Kaionymos.  Bondia  est  même  qualifié  de 
naci,  en  môme  temps  que  Kaionymos,  par  un  .luif  de  Saragosse, 
Scbescbet  ben  Isaac  ben  Josepb  Benveniste.  Ce  dernier  adressa  plu- 
sieurs lettres  aux  nacis  de  Narbonne,  R.  Calonymos  ben  Toderos 
et  R.  Lévi,  fils  du  naci  R.  Moïse  ^. 

Nous  rencontrons  encore  le  nom  de  Bondia  à  côté  de  celui 
de  Clarimos  dans  un  acte  du  lo  novembre  1190.  A  cette  daté, 
Pons  de  Coursan,  Esclarmonde,  sa  femme,  et  Bérenger,  leur  fils, 
engagent  à  Bernard  de  Saragosse,  à  Ermengarde,  sa  femme,  et  à 
leurs  enfants,  en  garantie  d'un  emprunt  de  40  sous  melgoriens, 
une  pièce  de  terre  sise  dans  le  terroir  du  «  Pré  judaïque  »,  sous  le 
domaine  direct  de  Clarimos  et  de  Bondia.  Le  créancier  engagiste 

1.  Saige,  Jvifs  du  Lmvj.,  pp.  65,  70-11  et  137-139. 

2.  Voy.  iliid.y  p.  74,  la  souscription  htbraique  de  Bondia  de  Surgèles.  Bondia  a 
souscrit  également  de  son  nom  hébreu  un  acte  du  1j  novembre  1199  {Pièces  justifica- 
tives, n°  V).  . 

3.  Is.  l.(iri),  .Joseph  Iliiccohen  et  les  chroniqueurs  juifs,  dans  R.  K.  J.,  t.  XVlv 
(1888\  pp.  33-34;  David  Kaufmanu  (/{.  È.  J.,  t.  XXXIX  (18991,  pp.  62-7o)  piact'  ces 
documents  en  1194-1195.  Les  lettres  de  Scheschet  ben  Isaac  nont  pas  d'intérêt  pour 
rhistoire  ]iolitiquc  ou  sociale  des  Juifs  narbonnais;  elles  ont  un  caractère  exclusivement 
familial  et  prive. 


ÉTUDE  SUR  LA   CONDITION   DES  JUIFS   DE   NARBONNE  13 

pourra  sous-engager  la  pièce  de  terre  pour  la  valeur  de  sa  créance, 
mais  avec  rautorisation  des  propriétaires  directs,  auxquels  il  sera 
tenu  de  fournir  le  quart  de  la  récolte.  L'acte  d'engagement  est 
dressé  de  l'assentiment  de  Bondia,  de  Bérenger  de  Moussan,  son 
créancier  engagiste,  et  de  Guillaume  de  Rien  qui  détient  en  gage 
la  part  de  Clarimos  '.  A  la  faveur  de  l'acte  d'engagement,  les  pro- 
priétaires directs  perçoivent  les  droits  de  foriscap,  à  l'exclusion  de 
l'emprunteur  et  de  sa  femme  qui  n'ont  rien  à  en  distraire  -. 

On  voit  par  les  actes  que  nous  venons  d'examiner  que  Kalony- 
mos  avait  une  prédilection  pour  les  baux  à  portion  de  fruit.  11 
devait  donc  avoir  des  celliers  pour  y  faire  cuver  sa  part  de  ven- 
dange et  des  greniers  pour  y  emmagasiner  sa  part  de  grain  et  de 
fourrage.  Mais  nous  voyons  aussi  qu'il  engageait  son  droit  de  pro- 
priétaire direct  pour  se  procurer  de  l'argent.  Dans  ce  cas,  il  cessait 
de  récolter  jusqu'au  remboursement  complet  de  la  dette. 

Il  semble,  au  reste,  que  les  Rois  Juifs  se  soient  désintéressés  de 
bonne  heure  de  l'exploitation  agricole,  directe  ou  indirecte.  Ils 
étaient,  d'ailleurs,  grands  propriétaires  alleutiers  de  maisons  et  de 
boutiques  dans  l'enceinte  de  la  grande  juiverie.  La  charte  de  fran- 
chises vicomtale  du  8  mars  I'2l7  réserve  expressément  le  droit 
de  propriété  du  «Roi  Juif»  sur  l'honneur  qu'il  possède  dans  la 
juiverie  du  vicomte  par  succession  héréditaire  et  sans  obligation 
d'aucune  redevance  ^. 

Le  «  Roi  Juif  »  dont  il  est  question  dans  la  charte  d'Aimeri  IV 
n'est  autre  sans  doute  que  Kalonymos  ben  Todros  II.  En  tout  cas. 
Kalonymos  vivait  encore  à  la  fin  de  1216.  Le  5  octobre  de  cette 
année,  un  habitant  de  Narbonne,  Bernard  de  Cortone,  lègue  à  Bon- 
macip,  fils  du  Roi  des  Juifs,  22  deniers  et  sa  cape  de  «  caparesce^  ». 

VIII.  —  Mais  Kalonymos  ben  Todros  II  ne  dut  pas  vivre  bien 
longtemps  postérieurement  à  l'année  4216.  Il  mourut  certainement 
avant  le  11  octobre  1246.  A  cette  date,  nous  voyons  Bonmacip,  fils 
de  feu  Clarimos,  vendre  à  la  maison  des  lépreux  de  la  Cité  de  Nar- 
bonne,  à  Ajalbert,  commandeur,  et  aux  autres  frères  et  sœurs  de 
cet  hospice,  les  trois  quarts  de  ses  droits  de  propriétaire  direci, 

1.  Clarimos  ayant  eagà.:é  sa  part  de  propriété,  Tacte  du  lo  novembre  1199  ne  porte 
pas  sa  souscription  hébraïque.  On  n'y  voit  que  celle  de  Bondia  (Lévi  lils  de  Moïse). 

2.  Pièces  justificatives,  n»  V. 

3.  Saige,  Juifs  du  Lançj.,  p.  156  :  «  ...excepte  solummodo  honore  Régis  Judci 
quem  habet  et  tenet  ex  successione  pHtrimunii  sui...  » 

4.  Arch.  mun.  deNarb.,  5» Thalamus,  f"  13  :  «  .  ..et  Bonomancipio,  filio  régis  Judeo- 
rum,  xxij  denarios  et  capam  de  caparescio.. .  »  Cf.  Mouyoès,  Invenl.  des  arch.  mun. 
de  Narb.,  série  AA,  p.  95,  1"  col. 


H  REVUE   DES   ÉTUDES   JUIVES 

quart  et  foriscap,  dont,  il  jouit  sur  trois  sétérées  de  terre  qui  font 
partie  des  six  sétérées  que  la  léproserie  possède  à  deux  endroits 
dans  le  terroir  de  la  Cité,  au  tènement  de  Ramian  ;  les  deux  tiei-s 
de  ses  droits  de  quart,  lo4s  et  foriscaps  sur  une  pièce  de  terre 
tenue  par  la  léproserie  dans  le  terroir  de  Saint-Georges  et  confron- 
tant les  c<  honneurs  »  de  plusieurs  chrétiens.  La  cession  des  droits 
directs  est  faite  au  prix  de  140  sous  melgoriens  '. 

Ce  Bonmacip  fils  de  feu  Clarimos  n'est  autre  que  Todros  ben 
Kalonymos  III.  Non  content  d'aliéner  le  domaine  utile  ou  d'engager 
pour  un  certain  laps  de  temps  le  domaine  direct  de  ses  propriétés, 
Bonmacip  aliène  purement  et  simplement  tous  ses  droits  fonciers, 
ne  conservant  en  fait  d'immeubles  que  ses  maisons  aliodiales  de  la 
grande  juiverie.  Après  le  démembrement  ou  décomposition  de  son 
droit  de  propriété,  nous  assistons  à  l'aliénation  totale  de  son  plein 
droit  d'alleutier. 

Il  conserve  encore,  il  est  vrai,  son  droit  direct  sur  la  moitié  d"une 
vigne  sise  à  Lebrassous,  confrontant  à  l'autan  la  terre  de  dame 
Bernarde  Drudone,  à  l'aquilon  le  chemin  ;  partie  de  vigne  que, 
d'accord  avec  le  Juif  Judas,  il  donne  à  nouvel  acapt,  le  3  juin  l!2o:2, 
à  Raimond  de  Quillan,  à  charge  d'un  usage  annuel  de  6  sous 
payable  à  la  N.-D.  de,  septembre  et  moyennant  le  prix  d'entrée  en 
possession  de  100  sous  melgoriens  -. 

Dans  ce  bail,  le  nom  de  Bonmacip  est  accompagné  de  la  quali- 
fication de  «Roi  Juif».  Il  s'agit  donc  bien  de  Todros  ben  Kalo- 
nymos III.  D'autre  part,  dans  un  acte  du  46  juin  d2o7,  il  est 
question  de  Tauros  fils  de  Clarimos,  surnommé  Astruc  fils  de 
Bonmacip,  «  Roi  Juif».  Cette  multiplicité  de  noms  appliquée  à  une 
seule  personne  n'a  rien  pour  nous  étonner.  Elle  résulte  de 
l'babitude,  chère  aux  Juifs,  comme  aux  Arabes,  d'énumérer  à  la 
suite  de  leur  nom  principal  la  série  des  noms  de  leurs  ancêtres,  au 
point  que  l'appellation  d'un  personnage  unique  constitue  à  elle 
seule  une  véritable  généalogie.  Si  Ion  ajoute  encore  que  les  noms 
sous  lesquels  les  Juifs  étaient  connus  dans  leur  communauté 
variaient  de  ceux  que  leur  donnaient  les  chrétiens,  on  ne  s'éton- 
nera pas  de  la  polynomie  de  Tauros  ben  Kalonymos  III. 

Ce  dernier,  poursuivant  la  liquidation  de  ses  propriétés,  vend  à 
l'Aumône,  le  16  juin  1^57,  les  trois  huitièmes  de  ses  droits  de 
lasque,  usage,  directe,  pur  et  franc  alleu  dont  il  jouit  sur  des  vignes 

1.  Pièces  juslificafives,  n"  VU.  Cf.  Saige,  Juifs  du  Lung..  p.  74:  Mouynès. /nue;*/. 
de  lu  série  AA,  p.  00,  2*  col. 

■2.  Iiivent.  ms.  des  litres  de  la  niense  capitulaire  de  Saint-Just,  copie  de  M.  A.  Bories, 
«  Possessions  de  la  Cité,  u"  59  ». 


ETUDE   SUR   LA  CONDITION   DES  JUIFS   DE   NARBONNE  Jb 

et  terres  sises  dans  le  terroir  de  Lapidet  (Levrettes)  et  de  Legrassols 
(Lebrassous),  possédées  en  commun,  les  trois  huitièmes  par  le 
Roi  Juif  et  Guillaume-Raiinond  de  Montpellier,  un  huitième  par 
Reine,  femme  de  Judas,  Juif  de  Réziers',  moyennant  le  prix  de 
1,800  sous  melgoriens  à  prélever  sur  le  legs  constitué  par  Élie, 
archidiacre  de  Razès,  pour  la  fondation  de  son  anniversaire  et 
la  célébration  de  la  fête  quia  lieu  dans  l'octave  de  la  Madeleine  -. 
Le  9  juin  l-2o9,  le  même  Tauros  vend  à  la  dite  Aumône  son  droit 
direct  sur  la  cinquième  partie  de  la  vigne  de  Guillaume  d'Aux  et 
Bérenger  de  Lastours,  sise  dans  le  terroir  de  la  Cité,  à  la  «  Leyne  », 
et  sur  le  mailleul  de  Bondavin,  «  décimaire»  de  Cuxac,  confrontant 
à  lautan  la  rue,  au  midi  la  vigne  de  l'hôpital  de  Saint-Jean- 
de-Goiran.  moyennant  la  somme  de  19  livres  melgoriens  ^.  Enfin, 
le  12  avril  1261,  Tauros  vend  encore  à  l'Aumône,  au  prix  de 
68  sous  melgoriens,  un  droit  de  sIn:  deniers  dont  il  jouit  sur  le 
champ  des  héritiers  de  Jean  Inard  '. 

IX.  —  En  somme,  les  «Rois  Juifs  >>  aliénèrent  toutes  leurs  terres 
dans  les  deuxième  et  troisième  quarts  du  xiii^  siècle.  Voilà  pourquoi 
les  actes  de  vente  qui  suivirent  la  grande  confiscation  de  1306  ne 
s'appliquent  exclusivement  qu'aux  maisons  du  «  Roi  Juif  ».  11  n'y 
est  fait  mention  daucune  terre  lui  appartenant  ou  lui  ayant  appar- 
tenu. A  la  veille  de  l'expulsion  de  1306,  le  «  Roi  Juif  »  possédait  une 
trentaine  de  maisons  ou  parties  de  maisons,  dont  une  douzaine  à 
titre  allodial  ■'.  Ce  «  Roi  Juif»,  connu  vulgairement  sous  les  noms 
de  Momet  Tauros,  doit  être  identifié  avecKalonymosben  Todros  III, 
fils  de  Todros  ben  Kalonymos  III.  Il  intervint  activement  dans  les 
controverses  religieuses  soulevées  en  1303-1306  à  propos  des 
tbéories  de  Maïmonide.  Il  se  déclara  l'adversaire,  toutefois,  en 
termes  modérés  et  courtois,  de  la  philosophie  et  de  l'hétérodoxie  ''. 

Momet  Tauros  avait  un  sceau  du  type  armoriai  ou  héraldique'. 

1.  il  s'ai:it  ilo  Juflas  d'en  Abomar,  pi-re  de  Tauros.  Juif  de  Béziers  dont  il  a  été 
question  plus  liaus  iiaut  (§  ii). 

2.  Inveut,  de  la  inense  cai)it.  de  Saiut-Just,  copie  de  M.  Bories,  \<  Des  possessions  de 
la  Cité,  i;ai<;son  62,  n"  36  ». 

3.  Ibid.,  «  ir  37  ». 

4.  Ibui.,  «  II"  39  ,). 

o.  Voy.  plus  haut,  chap.  iv,  i^  xii  ;  cliap.  vu,  s?  vu. 

6.  His/oiie  lillrraire  de  la  France,  t.  XWll,  pp.  (ilO,  G82,  68;j,  OS";  et  692;  Saige, 
Juifs  du  Lançf.,  pp.  H4,  Mo,  H9  et  suiv.  :  Gross,  GaLliu  judaica.  pp.  408  et  427. 

7.  J.  Carvailo,  Inscriplimi  hé/ira'ique  à  Xarbonne,  dans  L'Univers  israélite,  t.  VUl, 
p.  509;  Ad.  de  I.migpérier,  Les  nasti  de  Narboiine  au  moyen  âge,  dans  Kevue  israé- 
lite.  t.  m  (1872),  pp.  ,^38-540  (Extrait  des  Comptes  rendus  de  V Académie  des  Inscrip- 
tions, aimée  1872.  p.  233);  llist.  litt.  de  la  France,  t.  XXVH.  p.  753;  Saige,JM//A  du 
Lang.,  p.  60;  Gross,  Gallia  judaica.  p.  408. 


16  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

La  matrice  qui  nous  en  a  été  conservée  ^  porte  sur  une  face  un  écu 
chargé  d'un  lion  rampant  et  en  exerguela  transcription  provençale 
du  nom  de  Momet  :  MOVMET  IVDEV  DNERBO.  I/autre  face  de  la 
matrice  porte  aussi  reçu  et  le  lion  avec  la  légende  hébraïque  de 
Calonymos  fils  de  R.  Todros.  Le  lion,  type  traditionnel  de  la  maison 
de  Tuda,  rappelle  les  prétentions  généalogiques  des  «  Rois  Juifs  », 
qui  se  disaient  descendants  directs  de  David.  D'après  Joseph 
Derenbourg-,  le  style  de  l'écu  et  la  forme  des  lettres  indiquent  la 
fin  du  xiii^  ou  le  commencement  du  xive  siècle. 

Le  savant  hébraïsant,  se  fondant  sur  la  coutume  pratiquée  chez 
les  Juifs  de  donner  au  petit  fils  le  nom  de  l'aïeuP,  déclare  que 
Momet  était  le  petit-fils  du  naci  dont  parle  Benjamin  de  Tudèle. 
Nous  ajouterons  que  cet  usage  était  aussi  en  honneur  dans  les 
familles  chrétiennes.  La  série  généalogique  des  vicomtes  de 
Narhonne  nous  montre  les  Amauri  alternant  régulièrement  avec 
les  Aimeri  :  ainsi  Amauri  II  est  le  fils  d'Aimeri  V  et  le  petit-fils 
d"Amauri  I^'".  Comme  les  «Rois  Juifs»  de  Narhonne  se  succédaient 
héréditairement,  le  fils  aîné,  héritier  présomptif  du  titre  de  nasi, 
devait  prendre  invariablement  le  nom  de  son  grand-père.  Cette 
particularité  nous  a  été  d'un  grand  secours  pour  établir  la  généa- 
logie des  «  Rois  Juifs  »  de  Narhonne. 

Il  serait  téméraire  d'avancer  que  la  face  provençale  de  la  matrice 
servait  à  sceller  les  actes  conclus  avec  des  chrétiens  et  rédigés  en 
latin  ou  en  langue  vulgaire,  la  face  hébraïque  les  actes  conclus 
avec  des  cor:!;jionnaires  et  dressés  en  hébreu.  Il  n'y  a  pas 
d'exemple  d'acte  la  lin  ou  provençal  muni  du  sceau  de  Kalonymos 
ben  Todros  III.  Il  est  probable  que  ce  dernier  se  servait  exclu- 
sivement de  son  sceau  dans  ses  rapports  avec  ses  coreligionnaires, 
la  face  à  la  légende  hébraïque  constituant  le  sceau  proprement  dit, 
la  face  à  la  légende  provençale,  le  contre-sceau. 

Saige  considère  le  sceau  de  Kalonymos  comme  un  emblème 
eigueurial  réservé  aux  seuls  nobles  et  dignitaires.  Or,  les  sceaux 
ndividuels  ne  restèrent  pas  longtemps  un  privilège  de  la  noblesse 
et  des  dignitaires  laïques  ou  ecclésiastiques.  A  partir  des  dernières 
années  du  xine  siècle,  mais  surtout  à  partir  du  commencement  du 
XIV^  l'usage  du  sceau  tomba  dans  le  domaine  public  *.  Cette 
diffusion  est  surtout  frappante  à  Narbonne.  Bourgeois,  marchands, 

1.  Musée  de  Narbonne,  vitrine  15,  n"  520, 

2.  Revue  israélite,  t.  lll  (1812  ,  p.  ."ilO. 

3.  Le  nouveau-né  recevait  le  nom  du  plus  proche  parent  recenunent  décédé,  c'cst-à- 
dirc,  dans  la  plupart  des  cas,  du  grand-pore. 

4.  Giry,  Manuel  de  diplomatique,  pp.  645,  648. 


ÉTUDE   SUR   LA   CONDITION   DES   JUIFS   DE   NAKBONNE  17 

artisans,  tout  le  monde  voulut  y  avoir  son  sceau.  V Armoriai  des 
consuls  de  Narbonne  '\oi%-\'6~',i  '  nous  offre  une  belle  collection 
de  blasons  et  d'armes  parlantes.  Dans  beaucoup  de  ces  blasons  le 
champ  est  occupé  par  un  lion  rampant. 

Au  surplus,  nous  ferons  observer  que  dans  le  Midi  et  spécia- 
lement à  Narbonne,  les  sceaux  n'avaient  pas  de  valeur  authentique 
dans  les  contrats.  L'apposition  du  sceau  y  équivalait  à  une 
signature.  L'acte  était  authentiqué  par  l'apposition  du  seing- 
manuel  du  notaire.  Il  y  a,  en  somme,  beaucoup  de  chances  pour 
que  le  sceau  du  «  Roi  Juif  »  n'ait  servi  qu'à  clore  des  lettres 
missives,  tout  comme  les  cachets  ou  les  signets  -. 

Cela  dit  pour  ne  rien  laisser  subsister  de  l'argumentation 
développée  par  Saige  à  lappui  de  sa  théorie  sur  l'assimilation  des 
alleutiers  juifs  aux  seigneurs  chrétiens. 

Dans  la  liste  des  Juifs  narbonnais,  dressée  par  les  consuls  à  la  fin 
de  l'année  1305^,  nous  relevons  les  noms  de  Bonmacip,  Momet, 
Nassem  Tauros.  Il  s'agit  là  sûrement  de  membres  de  la  famille 
des  nasis.  Nassem  Tauros  doit  s'identifier  peut-être  avec  Momet 
Tauros  et,  par  suite,  avec  Kalonymos  ben  Todros  III  ''.  Il  est  question 
d'un  Momet  de  Narbonne  dans  les  registres  de  notaires  de  la  ville 
de  Montpellier  correspondant  aux  années  l:293-l"294.  Une  procura- 
tion donnée  en  1:293  parBonetde  Borrian,  habitant  d'Arles,  à  Bona- 
fos  de  Melgueil,  mentionne  la  sentence  arbitrale  rendue  par  Momet 
de  Narbonne  et  Tauros  de  Beaucaire  entre  Bonet  et  Salamias  ■*. 

On  relève  aussi  les  noms  de  Bonmacip  de  Narbonne  et  de  Blanche, 
sa  femme,  dans  ces  mômes  registres  *'.  Gomme  ses  homonymes 
de  Narbonne,  Bonmacip  était  à  Montpellier  propriétaire  direct 
d'immeubles.  Le  10  mars  l'203/4,  Astrugue,  Juive,  fille  et  héritière 
universelle  de  feu  Salamias  de  Lunel  et  de  feu  Blanche,  femme  du 
Juif  Bonmacip  de  Narbonne,  concède  pour  six  ans  l'usage  et  l'habi- 

1.  E.  Roschach,  Histoire  graphique  de  l'ancienne  province,  t.  XVI  de  L'Histoire 
fjénérale  de  Languedoc,  texte  et  dessins,  éd.  Privai,  Toulouse,  1903,  iii-4",  pp.  693-704. 

2.  Les  sceaux  plaqués  employés  à  clore  les  lettres  se  rencontrent  depuis  le  xm*  siècle 
(Giry,  Manuel  de  diplomatique,  p.  630). 

3.  Voy.  plus  haut,  chap.  vu,  §  v,  en  note. 

4.  A  moins  que  Nassem  Tauros  ne  soit  le  propre  lils  de  Momet  Tauros,  ainsi  que  le 
laisse  supposer  un  mandement  d'Alfnnse  III,  roi  d'Aragon,  portant  injonction  an 
viguier  de  Barcelone,  le  13  décembre  1287,  d'abandonner  les  poursuites  enijairées 
contre  Toros  lils  de  Mamet,  Juif  de  Narbonne,  ipii  était  venu  à  Barcelone,  en  conipa- 
snie  de  son  mailre  Jucef,  pour  s'y  marier  avec  l.i  lille  d'Aslruirue,  veuve  de  Joseph 
Ravaya    Pièces  justif..  n"  IX). 

5.  S.  Kahn.  Juifs  de  Montpellier,  dans  H.  É.  ./.,  t.  XXII  (1891).  p.  267,  et  XXUI, 
(1891),  pp.  270-2V1.  Voy.  aussi  t.  XXU,  pp.  263  et  272. 

6.  Ibid.,  t.  XXU,  pp.  26o  et  273. 

T.  LXII,  N»  123.  2 


18  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

talion  d'une  maison  et  d'un  oiivroir  sis  à  Montpellier,  près  de  la  rue 
Française  ' . 

Nous  nous  bornons  à  mentionner  les  noms  de  Momet  et  de 
Bonmacip  de  Narbonne  sans  tenter  de  les  identifier  avec  des  nacis 
de  Narbonne,  les  éléments  d'identification  fournis  par  les  actes  ne 
nous  paraissant  pas  suffisants. 

X.  —  L'histoire  des  Juifs  alleutiers  et,  en  particulier,  celle  des 
«  Rois  Juifs  »  nous  fait  donc  assister  à  une  réalisation  continue  de 
leurs  propriétés  terriennes,  La  période  de  liquidation  la  plus  active 
coïncide  à  peu  près  exactement  avec  le  règne  de  saint  Louis.  D'où 
il  résulte  que,  si  le  démembrement  de  la  propriété  allodiale  juive 
en  domaine  direct  et  en  domaine  utile  a  été  le  résultat  du  mou- 
vement féodal,  la  disparition  totale  de  la  classe  des  Juifs 
propriétaires  terriens  a  été  la  conséquence  de  l'hostilité  marquée 
à  leur  égard  par  le  plus  intègre  des  rois  capétiens.  La  liquidation 
royale  de  4306  ne  comporte  presque  exclusivement  que  la  vente  de 
maisons.  A  cette  date,  en  effet,  la  propriété  foncière  juive  n'existait 
pour  ainsi  dire  plus.  Sous  la  menace  des  représailles  royales, 
l'alleutier  juif  s'était  résigné  à  disparaître,  et  devant  que  d'avoir 
ses  terres  confisquées,  il  s'était  empressé  de  les  convertir  en 
bonnes  espèces  sonnantes. 


LIVRE  II 

CONDITION    ÉCONOMIQUE 

CHAPITRE  XI 

VIK     MCKALE     ET     PROFESSIONS     URBAINES. 

I.  .luils  ciillivaleurs,  sauniers,  vij,'nci'uns,  jardiniers.  —  II.  Los  .liiifs  v\  les 
roncUons  i)uhli(|ue.s  ;  prise  à  ferme  d'impôts.  —  III.  Professions  libérales  et 
métiers:  Juifs  mcdeeins,  notaires,  boulangers,  meuniers,  orfèvres.  —  IV.  Juifs 
com  nerçants  :  la  boutique  cl  le  petit  commerce,  le  courtage,  l'importation. 

L  —  Nous  venons  de  voir  que  jusqu'au  milieu  du  xm^  siècle 
environ,  les  Juifs  de  Narbonne  ont  marqué  certaine  prédileclion 
pour  la  propriété  foncière.  On  a  pu  remarquer  que  les  chefs  de  la 

1.    Iliid.,  t.  XXU,  p.  -ifiti.  it  t.  XXllI.  pp.  L'r.o-266. 


ETUDE   SUK   L\   CONDITION   DES  JUIFS    DE   NARBONNE  19 

communauté  avaient  eux-mêmes  donné  l'exemple  jusqu'au  jour 
où  des  circonstances  impérieuses  les  avaient  obligés  à  y  renoncer. 

Il  est  curieux  de  rechercher  quel  était  le  genre  de  vie  que 
menaient  les  Juifs  à  la  cam[)agne  et  à  quelles  occupations  ils  s'y 
livraient  de  préférence.  Les  actes  ne  sont  pas  toujours  très  expli- 
cites sur  ce  point.  La  terre,  lorsqu'elle  fait  l'objet  du  contrat,  n'est 
pas  toujours  définie  dune  façon  précise,  quant  à  la  nature  du  sol 
et  surtout  quant  au  genre  de  culture  qu'on  y  pratiquait.  Les  actes 
se  bornent  le  plus  souvent  à  la  désignation  vague  de  pièce  de 
terre.  On  rencontre  quelquefois  l'appellation  de  manse,  qui,  tout 
en  évoquant  à  l'esprit  une  maisonnette  avec  son  enclos,  ne  nous 
éclaire  pas  davantage  sur  le  genre  de  travaux  qui  y  étaient  prati- 
qués. Nous  sommes  un  peu  mieux  fixés  quand  il  s'agit  de  champs, 
c'est-à-dire  de  terres  labourables.  Mais  quelles  céréales  récoltait- 
on  dans  ces  champs,  voilà  ce  que  les  actes  ne  nous  précisent  que 
trop  rarement.  Il  est  probable,  néanmoins,  que  la  plupart  des 
terres  labourables  étaient  aménagées  en  emblavures. 

Le  Juif  Isaac  ben  Lévi  devait  récolter  du  blé,  puisque,  pour  un 
patu  tenu  à  cens  du  vicomte,  il  devait  en  fournir  chaque  année 
une  coupe  *. 

Les  basses-plaines  de  Narbonne  étaient  loin  d'avoir  au  moyen 
âge  la  fertilité  qu'elles  présentent  aujourd'hui  et  qui  est  le  résultat 
de  l'œuvre  de  dessèchement  méthodique  accomplie  seulement  au 
siècle  dernier.  Par  suite  des  atterrissements  de  la  rivière  d'Aude, 
l'ancien  lac  Rubresus  ou  étang  salin  s'était  morcelé  en  une  infi- 
mité  de  petits  étangs  ou  «  estagnols  ».  Le  sel  contenu  en  solution 
dans  l'eau  saumàtre  de  ces  étangs  ou  déposé  en  couche  fine  à  la 
surface  des  terres,  récemment  abandonnées  par  les  eaux,  était 
recueilli  par  les  habitants  de  Narbonne  et,  en  particulier,  par  les 
Juifs.  Ces  derniers  exploitaient  des  salines  dès  l'époque  carolin- 
gienne-. Leur  communauté  avait  le  droit  de  recueillir  le  sel  néces- 
saire à  sa  consommation  dans  le  tènement  de  l'Alleu  judaïque  -^ 

Un  acte  du  ^7  octobre  Ho4  '  nous  montre  que  le  saunier  juif 
Bonisaac  exploitait  deux  salines,  dont  l'une  s'étendait  sur  une 
superficie  de  150  aires,  dans  le  tènement  du  Pradel,  à  l'ouest  de 
l'étang  (salin),  probablement  sur  les  confins  actuels  des  communes 
de  Narbonne,  Cuxac  et  Coursan.  Au  midi  de  la  saline  de  Bonisaac, 
se  trouvait  celle  du  Juif  Jacob.  Bonisaac  était  muni  de  tous  les 

1.  Voy.  plus  haut,  cliap.  iv,  g  vi. 

2.  Ihid.,  cliap.  m,  §  ii. 

3.  IhUL,  cliap.  VI,  §  I,  acte  liti  i")  avril  1048. 
i.  Pièces  justificatives^  u  "  IV. 


20  KEVUË  DES   ÉTUPËS  JUIVES 

appareils  nécessaires  au  traitement  par  évaporalion  de  l'eau  salée 
contenue  dans  les  étangs  ou  de  la  couche  de  sel  formée  à  la  surface 
des  terres  desséchées. 

Dans  le  premier  cas,  lévaporation  s'obtenait  par  le  moyen  de 
marais  salants,  munis  de  vannes  pour  Técouiement  des  eaux  iosh'e- 
miis  et  marcjatoribus).  Bans  le  second  cas,  lévaporation  se  fai- 
sait artificiellement  dans  de  grands  chaudrons  chauffés  à  une 
haute  température  icoctorm).  Bonisaac  était  un  grand  propriétaire 
de  salines,  puisque,  jusqu'au  !20  octobre  Hoo,  il  posséda  en  alleu 
la  moitié  de  tous  les  salins  du  Pradel  ^ 

Mais  la  grande  culture  pratiquée  de  préférence  par  les  Juifs  agri- 
culteurs était  celle  de  la  vigne.  Ils  possédaient  déjà  des  vignobles 
à  l'époque  carolingienne  -.  Il  y  avait  même  un  tènement,  du  côté 
de  la  route  de  Narbonne  à  Coursan,  qui  était  connu  sous  l'appella- 
tion caractéristique  de  «  Vignes  des  Juifs^  ».  C'est  dans  ces  parages, 
au  lieu  dit  la  Lega,  que  le  Juif  Moïse  possédait  une  pièce  de  vigne  '*. 

Il  faut  placer  probablement  dans  cette  région  viticole  le  lieu  dit 
«  Vivier  de  l'Aiguë  »,  où  se  trouvait  le  mailleul  de  Vidal  Bondavin'\ 
Un  peu  plus  à  l'ouest,  dans  les  tènements  de  Levrettes  et  Lebras- 
sous,  la  famille  des  «  Rois  Juifs  »>  possédait  des  vignes  allodiales  ^. 

Tous  ces  vignobles  étaient  situés  non  loin  de  Narbonne.  Mais  les 
vignerons  juifs  qui  ne  possédaient  pas  des  vignes  en  toute  propriété 
dans  la  banlieue  de  la  ville  ne  craignaient  pas  d'en  prendre  à  cens 
aux  alentours  des  villages  voisins. 

C'est  ainsi  que,  l'un  après  l'autre,  Vidal  Secal  et  Abraham  Secal 
furent  tenanciers  censitaires  de  l'abbaye  de  Fontfroide,  pour  une 
vigne  située  dans  le  terroir  de  Fontcalvi,  au  sud-est  d'Ouveillan  '. 

Quand  se  produisit  la  grande  expulsion  de  1306,  il  y  avait  encore 
à  Narbonne  quelques  Juifs  viticulteurs,  mais  c'étaient  tous  des 
habitants  du  quartier  archiépiscopal  de  Belvézé.  Joseph  Sasala 
avait  une  quarterée  de  vigne  aux  «  Glauzels  »  de  Lamourguier, 
dans  le  terroir  du  Bourg  *.  Moïse  Sagrassa  possédait  une  vigne  à 

1.  Voy.  i>lus  haut,  cliap.  .\,  §  i.  • 

2.  Ibkl.,  chap.  ii,  g  ix;  chap.  m,  §§  ii,  m,  vi. 

3.  Ihid.,  chap.  x,  §  vi,  acte  du  17  février  1064. 

4.  Saige,  Jm(/s  du  Lanr/.,  pp.  132-133,  acte  du  13  mai  M63. 

u.  Voy.  plus  haut,  chap.  x,  S  n,  actes  du  22  jaiivior  1220  et  du  ?•  Juiu  1259. 

6.  Ihid.,  S  vm,  acte  du  16  juiu  1257. 

7.  Chap.  ix,  g  III,  actes  du  20  septembre  1241  et  du  IS  août  12li0.-  Il  v  avait  une 
jietite  colonie  juive  à  Ouveillan  ;  en  125()  un  Juif  y  fui  mis  en  possession  dune  terre 
(Archives  de  IHérault,  B9,  f'  43). 

8.  A.  Blanc,  Livre  de  comptes  de  -lue me  Olivier,  pp.  551-565,  vente  du  22  sep- 
tembre 1307. 


ÉTUDE  SUR    LA   CONDITION   DES  JUIFS   DE   NARBONNE  21 

Gasanhapas  ',  tènement  situé  à  Test  el  non  loin  de  la  route  de 
Narbonne  à  Coursau.  Enfin,  Astruc  Bonafos  du  Caylar  en  avait 
aussi  une  au  midi  du  cimetière  de  Saint-Félix  -,  c'est-à-dire  dans 
le  quartier  de  l'avenue  de  THérault  actuelle. 

Mais  les  quelques  vignes  cultivées  par  les  Juifs  à  la  fin  du  mif 
siècle  et  au  commencement  du  xiv  étaient  bien  peu  de  chose  eu 
égard  aux  grands  vignobles  des  m«,  xii"  siècles  et  de  la  première 
moitié  du  xiii".  Peu  à  peu,  les  Juifs  narbonnais  s'étaient  débarrassés 
de  leurs  vignes  excentriques,  ne  conservant,  sans  doute  pour  leur 
consommation,  que  les  parcelles  suburbaines. 

Sous  les  murs  de  la  ville,  aux  barrières,  et  même  à  l'intérieur  de 
l'enceinte,  quelques  Juifs  s'adonnaient  aux  cultures  maraîchères. 
La  famille  Secal  possédait  un  jardin  dans  le  quartier  du  BroiP. 
Le  plus  riche  des  Juifs  de  Belzévé,  Dieulosal  de  Florensac.  avait 
aussi  un  jardin  au  «  Bar  des  Sœurs  Minorettes  '•  ».  Ces  deux  jardins 
devaient  se  trouver  comme  nos  «  hortes  »  actuelles,  non  loin  de 
la  rivière  d'Aude,  qui  leur  oflVait  toutes  facilités  pour  les  prises 
d'eau  et  l'arrosage. 

On  voit,  par  ce  qui  précède,  qu'après  avoir  été  semi-rurale  et 
semi-urbaine,  l'existence  des  Juifs  narbonnais  avait  fini  par  n'être 
plus  que  citadine. 

IL  —  Il  serait  exagéré  de  prétendre  qu'à  Narbonne  les  Juifs  ont 
exercé  des  fonctions  publiques  en  dehors  de  celles  qui  pouvaient 
leur  être  confiées  par  leurs  coreligionnaires,  dans  la  limite  des 
juiveries.  Remplir  une  fonction  publique  au  moyen  âge,  c'était 
détenir  un  pouvoir  de  juridiction.  Or,  nous  ne  voyons  pas  de  Juif 
investi  de  fonctions  judiciaires. 

Nous  avons  bien  rencontré  un  Juif  arbitre  dans  un  différend 
entre  chrétiens  et  juifs;  mais  il  ne  s'agissait  là  que  de  pouvoirs 
temporaires,  que  d'une  concession  faite  à  la  procédure  juive  qui 
proscrivait  l'assujettissement  d'un  Juif  à  l'arbitrage  d'un  chré- 
tien, et  non  pas  d'attributions  permanentes.  En  un  mot,  il  s'agis- 
sait là  d'une  commission  et  non  pas  d'une  fonction  ■'. 

Si,  en  apparence,  les  Juifs  narbonnais  ont  réussi  à  se  faire 
admettre  à  une  fonction  publique,  les  investissant  de  quelque  autorité 
sur  les  chrétiens,  cela  n'a  pu  se  produire  qu'à  la  faveur  de  leurs 

1.  Saiire,  Juifs  du  f.ang.,  pp.  281-280,  acti^  du  3  janvier  1308. 

2.  Ifiid.,  pp.  289-290,  acte  du  3  janvier  1308. 

3.  Voy.  plus  haut,  chap.  ix,  §  iv,  acte  du  2  avril  1246. 

4    Saige,  Juifs  du  Long.,  pp.  287-288,  acte  du  3  janvier  1307/8. 
5.  Voy.  plus  liaut,  chap.  iv,  §  vu,  et  chap.  viii.  §  vi. 


22  REVUE   DES  ÉTUDES  JUIVES 

opérations  financières  cl  généralement  sous  forme  de  prise  en 
gage.  Deux  Juifs,  Momet  et  Matofias,  restèrent  pendant  douze  ans 
leudiers  de  rarchevêque.  Mais  il  ne  faut  voii-  là  que  la  conséquence 
d'un  emprunt  sur  nantissement  *. 

C'étaient  également  des  Juifs  qui  percevaient  les  petites  leudes 
de  la  Cité  et  du  Bourg  sous  l'archiépiscopat  d'Arnaud  II  Amalric 
(I'212-i'2'2o-).  Le  Juif  Bondavin  était,  en  1259,  collecteur  de  la  dîme 
à  Cuxac^.  A  Narbonne,  les  Juifs  Astruc  de  Boujan  et  Bonfil  de 
Montpellier  s'étaient  fait  bailler  à  ferme  par  les  consuls  le  treuil 
de  Ibuile  et  les  revenus  du  mesurage  y  afférent.  Mais,  la  vente 
du  treuil  faite  peu  de  temps  auparavant  par  le  vicomte  aux  consuls 
avait  été  considérée  par  le  roi,  suzerain  du  vicomte,  comme  un 
abrègement  de  fief;  le  baile  de  Narbonne,  en  exécution  des  lettres 
de  Simon  Brisetête,  sénécbal  de  Carcassonne,  du  6  juin  1292,  fit 
saisir  le  treuil  et  les  mesures,  avec  injonction  aux  Juifs  fermiers  de 
rendre  compte,  à  dater  du  jour  de  la  saisie,  des  revenus  de  leurs 
fermes,  non  plus  aux  consuls,  mais  à  lui-même,  baile  du  roi^. 

III.  —  L'accès  des  Juifs  aux  fonctions  publiques,  en  plaçant  les 
cbrétiens  sous  leur  autorité,  aurait  paru  une  bumiliation  à  ces  der- 
niers. Mais  il  était  des  professions  qui,  tout  en  présentant  un  carac- 
tère privé,  mettaient  en  relation  étroite  les  Juifs  qui  les  exerçaient 
avec  leur  clientèle  chrétienne.  Au  moyen  âge,  à  Narbonne,  l'exer- 
cice de  la  médecine  était  presque  l'apanage  exclusif  de  praticiens 
juifs,  formés  sans  doute  pour  la  plupart  aux  écoles  de  Montpellier 
ou  de  Lunel  •\  Cet  art  était  encore  un  peu  confondu  avec  la  sorcel- 
lerie et  la  magie,  pratiques  déjà  attribuées  aux  Juifs  par  Juvénal^'. 
L'opinion  que  le  satirique  latin  se  faisait  des  Juifs  se  perpétua  au 
moyen  âge  et  nous  en  trouvons  un  écbo  dans  les  œuvres  d'ima- 
gination du  xiH«  siècle  relatives  à  la  maison  vicomtale  de  Narbonne. 
C'est  ainsi  que  le  Philomena  rapporte  que  la  prise  de  Narbonne 

i.  Chap.  V,  §  m. 

2.  Chap.  V,  §  V. 

3.  Invent,  des  titres  de  la  mense  capitulaire  de  Saint-Just,  ins.  Bories,  «  Possessions 
de  la  Cité,  n"'37  ». 

4.  Arch.  mun.  de  Narb.,  pièce  non  inventoriée  :  «  ...Mandans  diotus  Itajulus  auc- 
toiitate  dictarum  litterarum  Astruc  de  Bojano  et  Bonililio  de  Montepesstdano,  Judeis 
Narbone,  emptoribus,  ut  dicitur,  ol)venti<inuni  dicli  troiii  et  mensurajrii  pertinenciuin 
ad  dictes  consules,  ut  ab  isto  die  in  antca  dictis  consuiibus  non  habeant  de  obventio- 
nibus  respondere. . .  [sedjbajuio  soli  noniine  domini  régis...  » 

tj.  Cf.  sur  l'école  juive  de  Lunel,  A.   l'.onet,   Étude   sur   l'école  juive  de   Lunel, 
Montpellier  et  Paris,  1878  (Notice  sur  lu  ville  de  Lunel). 
6.  Juvénal,  satire  VI. 


ÉTUDE  SUR   LA  CONDITION   DES  JUIFS  DE  NARBONNE  23 

par  Charlemagne  lut  présagée  aux  Juifs  de  la  ville  dans  leurs  sor- 
tilèges'. Une  chanson  de  gestes,  La  Mort  Aymeri  de  Narbonne, 
nous  représente  un  médecin  juif  devin  et  sorcier^.  Les  textes  histo- 
riques ne  nous  ont  conservé  que  peu  de  chose  sur  les  Juifs  ayant 
pratiqué  la  médecine  à  Narhonne.  Le  médecin  juif  M<=  Davin 
Bonsenior  vivait  dans  cette  ville  à  la  fin  du  xiif  et  au  commence- 
ment du  xiv»  siècle^.  C'est  également  à  Narhonne  que  M«  Bonse- 
nior Salomon  i  Yekoutiel  de  Salomon)  traduisit  en  1887  ilu  latin  en 
hébreu  le  Liliinn  incdicinae  de  M»  Bernard  de  Gordon  '. 

A  la  différence  de  la  profession  de  médecin,  celle  de  notaire 
juif  n'avait  pas  l'inconvénient  de  mettre  trop  souvent  en  présence 
des  contractants  juifs  et  chrétiens.  Le  notaire  juif  ne  rédigeait 
presque  exclusivement  que  des  actes  hébraïques  intéressant  seu- 
lement des  coreligionnaires.  Comme  notaire  juif,  nous  relevons 
dans  les  actes  le  nom  de  M«  Salomon  ^  et  comme  clerc  de  notaire, 
celui  du  scribe  David  ". 

Il  est  certains  métiers  que  l'Eglise  voyait  avec  déplaisir  exercés 
par  des  Juifs.  Ne  pouvant  en  interdire  l'exercice  aux  Juifs,  elle  se 
bornait  à  défendre  aux  fidèles  d'en  consommer  les  produits.  Il  est 
clair,  en  effet,  étant  donné  les  procédés  spéciaux  de  panification 
observés  parles  boulangers  juifs,  que  les  chrétiens  ne  pouvaient 
s'approvisionner  chez  ces  derniers  et  réciproquement  que  les  Juifs 
ne  pouvaient  acheter  du  pain  confectionné  suivant  un  système 
contraire  à  leur  goût  et  à  leur  rite.  Il  semble,  toutefois,  que  les 
Juifs   narbonnais  aient  eu  recours  aux  fours  chrétiens  pour  la 

1.  Ges/rt    Karoli  Mar/ni  ad  Carca/monam  et  Narbonum,   éd.   Schneegans,    Halle, 
1898,  pet.  in-8%  p.  176. 

2.  La  mort  Aymeri  de  Narhoîine,  t'-d.  Couraye  du   Parc,  Paris,   1884,  in-S",   vers 
380-460  et  521-5-22: 

En  la  cort  ot  un  jui  Saolin  : 
Sajes  hom  fu  et  de  arrant  sens  pnrpris, 
Il  ot  un  livre  paré  de  toz  latins 
Ou  li  art  sont  et  li  sonje  descrit  ; 
Lo  livre  prent,  s'entra  en  un  jardin 
Et  se  cocha  dcsoz  l'oubro  d'un  pin  ; 
Totes  les  arz  reversa  et  enquist, 
Iluec  voit  toz  les  sonjes  Aymeri 
Et  lo  urant  mal  qui  li  doit  avenir; 


Car  il  (Aymeris)  se  muert,  eu  li  a  deviné 
Uns  siens  juis  qui  est  des  arz  parez. 

3.  A.  Blanc,  Livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier,  t.  Il,  1'"  partie,  p.  545. 

4.  Gross,  Gallia  judaica,  p.  429. 

5.  Saige,  Juifs  du  Lang.,  p.  198. 

6.  Ibid.,  p.  200. 


24  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

cuisson  (le  leurs  plais  de  viande.  Les  statuts  des  bouiangej's  dressés 
le  4"  juin  18(16  interdisent  à  tous  les  membres  de  la  corporation  de 
faire  cuire  les  viandes  des  Juifs  en  temps  de  carême  ou  de  jeûne  '. 
C'est  donc  qu'ils  avaient  l'habitude  de  le  faire  aux  autres  époques 
de  l'année. 

Par  extension,  il  semble  que  la  meunerie  juive  ait  été  atteinte 
par  la  même  prohibition  que  la  boulangerie.  Nous  voyons  des 
meuniers  juifs  à  Narbonne  dans  la  première  moitié  du  x"  siècle  ^  ; 
mais  nous  n'en  rencontrons  plus  un  seul  dans  la  suite. 

Il  ne  paraît  pas  que  les  Juifs  narbonnais  aient  eu  beaucoup  de 
prédilection  pour  le  métier  d'artisan.  Il  devait  y  avoir  des  orfèvres 
juifs  à  Narbonne  vers  4057,  puisqu'à  cette  date,  l'archevêque  était 
accusé  par  le  vicomte  Bérenger  de  leur  avoir  livré  des  patènes 
d'or  et  dargent  destinées,  une  fois  fondues,  à  être  vendues  en 
Espagne  ^. 

IV.  —  Mais  il  est  souvent  question  dans  les  actes  d'une  catégorie 
de  petits  commerçants  juifs  dont  les  scribes  ne  prennent  pas  la 
peine  de  nous  indiquer  la  profession.  Sur  la  place  de  la  Cité, 
—  aujourd'hui  place  de  l'Hôtel-de-Ville  —  se  tenait  le  marché  quo- 
tidien ;  une  section  était  consacrée  à  la  vente  des  légumes  (place 
de  la  Caulerie),  une  autre  à  la  vente  de  la  viande  (Macel  ou  Bouche- 
rie), une  troisième  était  occupée  par  la  Poissonnerie.  Tout  autour 
de  la  place  de  la  Cité,  en  bordure,  s'élevaient  de  nombreuses 
boutiques  ;  établis  dans  quelques-unes,  les  Juifs  s'y  livraient  à  la 
vente  au  détail,  ou  mieux  encore  au  commerce  du  change. 

C'est  sur  la  place  de  la  Cité,  du  côté  d'autan,  qu'Abraham,  fils  de 
feu  David  de  Montpellier,  possédait  une  boutique  à  un  étage.  Un 
de  ses  ancêtres  s'était  fait  concéder  le  droit  par  la  vicomtesse 
Ermengarde  (1443-1493),  et  un  autre  se  l'était  fait  confirmer  par  le 
vicomte  Aimeri  IV  (4494-1239),  d'aménager  des  tables,  constructions, 
courette,  entrée  ou  sortie  sur  un  patu  situé  |)rès  de  sa  boutique, 
côté  du  midi.  Le  20  décembre  4244,  Abraham  fit  abandon  de  son 
droit  à  la  communauté  et  aux  consuls  de  la  Cité.  Il  se  réserva, 
pourtant,  la  faculté  d'élever  avec  l'assentiment  des  consuls  sur 
l'emplacement  dudit  patu  un  mur  de  trois  palmes  et  demie  de 

1.  A.  Blanc,  Livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier,  t.  11,  l'-  partie,  p.  551  :  «  ..  .Itom 
voliinus,  ordinamus  et  statuimus  ac  eliarn  proinitimus,  nominibus  qiiibus  supra,  quoil 
nulliis  uostruin  aiuleat  quonuei'o  carnes  JndeDruni  in  t'urno  vol  ;tlioiio  de  catiairesi- 
niali  vel  jejunii. ..   » 

2.  Vo>'.  plus  haut,  cliap.  m,  §§  ix  à  xii. 

3.  Voy.  plus  liaut,  cliap.  vi,  §  i". 


ÉTUDE  SUR    LA   CONDITION    DHS  JUIFS  DE   NAHBONNE  2b 

canne,  de  percer  dn  côté  tie  loiivioir-  de  Jean  Laurent  une  ouver- 
ture de  quatre  palmes  de  large  destinée  à  donner  accès  par  l'inter- 
médiaire d'un  escalier  à  l'étage  supérieur  de  la  boutique,  moyennant 
quoi  Abraham  s'interdisait  le  droit  de  pratiquer  à  l'avenir  tout 
œuvre  de  maçonnerie,  table,  banc,  ouverture,  du  côté  du  Macel 
(Boucherie)  et  de  la  Poissonnerie.  Il  se  réservait  pourtant  le  droit,  en 
prévision  d'un  surcroît  d'élévation  à  donnera  son  ouvroir,  de  prati- 
quer dans  le  mur  neuf  un  auvent  Abannum),  convenable, des  portes 
et  fenêtres,  de  surélever  l'escalier  de  trois  marches.  Les  mesures 
du  mur  furent  fixées  par  des  experts  de  cers  à  autan  à  deux  cannes 
et  sept  palmes,  deux  cannes  d'un  angle  à  l'autre  et  cinq  palmes  de 
l'angle  supérieur  à  la  cloison  de  l'ouvroir  de  Jean  Laurent'. 

Le  rapprochement  de  la  précédente  transaction  avec  les  actes  de 
ventes  des  immeubles  confisqués  en  1307  et  1308  nous  permet  de 
concevoir  ce  qu'était  une  boutique  juive  à  Narbonne  au  moyen  âge. 
En  général,  la  boutique  n'avait  qu'un  seul  étage;  on  y  accédait  par 
un  escalier  extérieur,  situé  le  plus  souvent  à  l'autan,  sans  doute 
pour  éviter  la  violence  du  vent  de  cers.  Le  boutiquier  qui  prospérait 
dans  son  commerce  ajoutait  un  nouvel  étage  à  son  ouvroir  et,  pour  y 
accéder,  surélevait  de  quelques  marches  l'escalier  extérieur.  C'est 
peut-être  aux  appartements  du  premier  étage  que  s'applique  la 
dénomination  de  solerium  ou  solarium.  Cet  étage  pourvu  d'une 
entrée  absolument  indépendante  de  la  porte  du  rez-de-chaussée 
était  loué  fréquemment  par  le  boutiquier.  L'ouvi'oir  proprement 
dit  se  trouvait  généralement  au  rez-de-chaussée,  «  entre  seuil  et 
plafond-  ».  L'entrée  de  la  boutique  était  un  portail  portalium, 
portalia,  jKjrlalaria\  rarement  en  tiers-point,  presque  toujours  en 
plein-cintre,  comme  on  peut  en  voir  encore  dans  la  rue  de  l'An- 
cien-Courrier,  en  pleine  juiverie  vicomlale.  Le  portail  étant  la  carac- 
téristique de  la  boutique  et  la  boutique  se  trouvant  de  préférence 
au  rez-de-chaussée,  il  n'est  pas  étonnant  que  les  trois  dénomina- 
tions de  portail,  de  boutique  et  di^  rez-de-chaussée  se  présentent 
dans  les  textes  comme  synonymes  {dotnus,  portalia,  porlaleria, 
atagia  intei'  sotulo.s  et  solerios).  Les  étages,  ne  communiquant  pas 
avec  le  rez-de-chaussée  par  un  escalier  intérieur,  pouvaient 
appartenir  à  des  propriétaires  différents.  Ainsi  Samuel  Vidal  et 
Samuel  Bonmacip  de  Lescaleta  possédaient  une  dizaine  de  rez- 
de-chaussée  ^.  Le  «  Roi  Juif  »  en  avait   seize  %  Moïse   Bonafous 

1.  Pièces  ju.tlificatives,  n"  VI. 

2.  «  Iiiter  sotulos  et  solerios.  » 

3.  Saige,  Juifs  du  Lauf/.,  pii.  :iS2  ut  28o. 
3.  Ibid.,  PII.  278  et  284. 


26  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

neuf.  Un  certain  nombre  de  maisons  juives  s'agrémentaient  de 
cours  intérieures,  de  basses-cours  ou  de  simples  courettes.  C'était 
le  cas  de  la  cortada  du  «  Roi  Juif  »,  dont  les  dimensions  devaient 
être  assez  considérables  ^  II  en  était  de  même,  avec  toutefois  des 
proportions  plus  modestes,  des  maisons  de  la  Juive  Françoise  ^ 
de  Moïse  Bonafous  '•,  de  David  Cohen  ^,  et  de  Samuel  Bonmacip  de 
Lescaleta^. 

Le  Juif  Bondia  de  Surgères  possédait  deux  boutiques  dans  le 
quartier  de  la  Parerie  de  Cité,  confrontant  au  midi  Touvroir  de 
Bonnet  de  Capeslang  et  au  cers  la  rue  ;  mais  il  les  vendit,  le 
3  décembre  1239, à  Pierre  Bougé'.  Ces  deux  boutiques  étaient  l'en- 
tière propriété  de  Bondia,  puisque,  le  7  juin  i292,  Guillaume  Rougé, 
fils  de  Pierre  et  de  dame  Algaye,  en  vendit  à  Armand  Deladent 
lusage  allodial  de  dix  livres  «  en  toute  directe  ».  Les  deux  boutiques, 
tenues  alors  par  Jourdain  de  Corrigol,  étaient  situées  exactement 
sur  le  côté  oriental  de  la  rue  Parerie-Vieille-de-Cité,  au  nord  de  la 
boutique  de  l'aumône  de  Bonnet  de  Capestang.  Le  prix  de  vente 
en  resta  le  même  à  trente-trois  ans  d'intervalle,  soit  190  livres  ^. 

Après  l'acquisition  par  Arnaud  Deladent  du  domaine  direct  des 
deux  boutiques  allpdiales,  le  tenancier  de  l'une  céda  la  place  à  un 
nouveau  possesseur.  Le  28  septembre  1297,  la  boutique  qui  con- 
frontait au  midi  celle  du  Juif  Davin  de  Capestang  fut  l'objet  d'un 
bail  «  à  nouvel  acapt  »,  c'est-à-dire  à  nouveau  cens,  au  profit  de 
Pierre  de  Séret,  tailleur  ^. 

Ville  de  commerce  maritime  et  de  trafic  cosmopolite,  Narbonne 
voyait  fleurir  sur  sa  place  toutes  les  catégories  de  commission- 
naires. 

Le  courtier,  en  langue  du  pays  «  encantayre  »,  vendait  à  l'encan 
les  articles  dont  un  marchand  lui  confiait  la  liquidation  '".  Il  devait 
fournir  caution,  procéder  à  la  vente  sur  la  voie  publique,  adjuger  la 
marchandise  au  plus  offrant,  faire  lui-même  le  pesage  ou  mesurage 

\.  Saif^e,  Juifft  du  Lrinçf.,  p.  283. 
■2.  Ihid.,  p.  278. 

3.  Ibid.,  p.  281. 

4.  Ibid.,  p.  283. 
3.  Ibid.,  p.  285. 

6.  Ihid.,  p.  284. 

7.  Archives  de  l'Aiule,  H  211,  Inventaire  des  titres  de  Tabbaye'de  Fontfroide,  «  Fief 
de  Narbonne,  coté  4V  ». 

8.  Ibih.,  «  coté  6J  ». 

9.  Ihid.,  «  coté  6Y  ». 

10.  A.  nianc,  Livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier,  t,  II.  p.  6")\,  acte  du  31  juillet 
1310. 


ÉTUDE   SUR   LA   CONDITION    DES  JUIFS   DE   NARBONNE  27 

et  remettre  au  propi-iétaire  le  produit  intégral  de  la  vente  '.  L'ad- 
mission à  l'exercice  du  courtage  exigeait  de  nombreuses  garanties. 
On  a  lu  plus  haut-  la  longue  litanie  d'imprécations  dont  s'agré- 
mentait la  formule  de  serment  imposée  aux  candidats  juifs. 

Le  courtier  était  l'intermédiaire  obligé  entre  le  marchand  et  le 
consommateur.  A  Narbonne,  l'appellation  de  marchand  était  syno 
nyme  de  commerçant  en  gros.  Dans  la  hiérarchie  municipale  le 
titre  de  marchand  était  l'équivalent  de  celui  de  bourgeois  et  peut- 
être  même  quelque  chose  de  plus^.  Parmi  les  Juifs  narbonnais  qui 
pratiquaient  la  "  marchandise  »,  nous  rencontrons  un  marchand 
d'alun,  Salomon  de  Montpellier.  Les  consuls  du  Bourg  lui  en  ache- 
tèrent trois  charges  dans  le  courant  de  l'année  1303  '*.  Astruc 
Bonafos  du  Caviar,  Sabron  Vivas  et  Bondia  Mossé  étaient  de  gros 
importateurs  d'épices.  Quelque  temps  avant  le  IG  juillet  1303,  nous 
voyons  les  consuls  du  Bourg  s'approvisionner  chez  eux  de  trois 
charges  et  demie  de  poivre^. 

A  la  lin  du  xiv»  siècle,  le  marchand  narbonnais  Jacme  Olivier  se 
faisait  fournir  du  blé  par  le  Juif  Crescas  de  Lunel  '^. 

Si  l'on  examine  d'un  peu  près  les  actes  relatifs  à  ces  transactions 
commerciales,  on  s'apercevra  très  vite  qu'ils  recouvrent  bien  autre 
chose  quune  simple  opération  mercantile.  Il  s'agit  là,  sans  aucun 
doute,  devantes  à  terme  comportant  une  échéance  fixe  et  un  peu 
éloignée  du  jour  de  la  livraison. 

Ces  ventes  à  terme  devaient  se  faire  naturellement  à  un  prix  plus 
élevé  que  les  marchés  au  comptant  et  donner  lieu  par  conséquent 
au  paiement  d'un  escompte  dont  le  taux  n'était  autre  que  la  difTé- 
rence  de  prix  entre  la  vente  au  comptant  et  la  vente  à  terme.  Or, 
la  vente  à  terme  constituant  avec  le  prêt  à  intérêt  les  deux  formes 
essentielles  du  crédit,  cela  nous  amène  tout  naturellement  à  nous 
occuper  du  principal  rôle  joué  par  les  Juifs  narbonnais  au  moyen 
âge,  le  rôle  de  banquiers,  c'est-à-dire  de  commerçants  opérant,  non 
plus  sur  des  marchandises,  mais  sur  de  l'argent. 

(A  suivre.) 

Jean  Régné. 


i.  Voy.  le  statut  arrêté  par  les  consuls  Je  la  Cité  en  avril  1278  (Mouynès,  Inveitt. 
des  arch.  mun.  de  Narh.,  série  AA,  p.  150). 

2.  Cliap.  VIII,  §  IV. 

3.  Voy.  notre  étude  sur  Amauri  II,  vicomte  de  \arhoniie,  ji.  ^o'2. 

4.  Pièces  justificatives,  n"  XII. 
u.  Ibid.,  n°  XI. 

6.  A.  Blanc,  Livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier,  p.  100,  opération  du  10  avril  1386, 


FRAIiïlENTS  ARAMÉENS  DU  TOLDOT  VÉSCHOl 


M.  E.-N.  Adler  a  eu  ramabilité  de  me  prêter  l'original  du  texte 
qu'il  a  tout  récemment  publié  ^  En  même  temps  il  a  mis  à  ma 
disposition  les  originaux  des  autres  fragments  de  la  Gueniza  que 
j'avais  déjà  édités  dans  mon  Leben  Jesn  -.  J'ai  pu  ainsi  procéder  à 
un  nouvel  examen,  qui  n'a  pas  été  entièrement  stérile.  Les  lectures 
de  M.  Adler  sont  en  général  exactes  ;  néanmoins  ces  lambeaux  de 
feuillets  jaunis  ont  encore  livré  quelques  uns  de  leurs  secrets,  des 
lacunes  ont  pu  être  comblées  et  des  erreurs  rectifiées. 

Comme  ces  deux,  fragments  sont  apparentés  l'un  à  l'autre  et  se 
complètent  mutuellement,  je  vais  les  reproduire  ici^.  J'appelle  A 
le  texte  antérieurement  connu,  B  le  second;  les  variantes  des 
premiers  décbilTremenls  sont  désignées  pour  le  fragment  A  par  K 
(Krauss,  Leben  Jesu)  et  pour  le  fragment  B  par  B  [Revue)''. 

Fragment  A. 

Est  divise  par  les  4  petits  feuillets  du  manuscrit 
en  4  morceaux  :  a,  b,  c,  d. 

«"i-iiSa  [733  .  .  .  •'Dia]     i  a 

^-n70T73  -l'-n  -173N  'i'?V  rrb  -i«N   irnn     2 
n73N  "j'^by   r!::no  n^b   '72N  rmn's     3 

1.  Revue,  LXI,  126-130. 

2.  Krauss,  Dus  Lehen  Jesu  nac/i  jiid.  Quellen,  Berlin,  1902,  p.  31  et  14i. 

3.  Le  fragment  A  a  éti'-  traduit  eu  hébreu  par  moi,  op.  cit.,  14i.-146;  le  fra^Mnent  B 
l'a  été  en  français  par  M.  Adler,  Revue,  I.  c. 

4.  Les  lettres  incertaines,  etl'aeées  ou  à  demi-conservées  sont  indiquées  par  des 
points. 

5.  Ce  mot  est  à  moitié  conservé  et  comme  le  passa^'e  est  analogue  à  b.  Sanfi.,  43  a 
(v.  Strack,  .lesus,  die  Hdretiker  und  die  C/iristen  uach  den  iilfeslen  jiid.  Angnben, 
Leipzig,  1910,  part,  hébr.,  p.  19^.  on  peut  restituer  pres«|ue  toute  la  ligne. 

6.  K  :  ...»yD. 


FRAGMENTS   ARAMÉEiNS   DU   TOLDOT   YESCHOU  29 

*ip3ÔT  Ni'n  [a-^n]    lo  A 

n:"i7:   ■'ya-i  NmoN  bn   rr^b  ti73N  13 

r-nb"-  Nbi   N-i-'pyn   NnrN  sint  14 

N-133  Nba   ibT   nb   ';n''7ib    I'"'b3-'^  lo 

lin-iby  ']-'Nn73  mn  no-^p  yToï^iDn  ii> 

Nnbina  ■'b  rr^N   ^  Nrnn    iinb    '72N  n  . 

—133  îïbn  T^;3   r73  ■jn-'wb   "jin-^bDi  is 

*['':'a]Nn  ■'ïîrN?   -!»[{<] 19  c 

Nbi    -in72b   inN  "jinN   cn  [llinn-^  20 

iT'p-ibD   N-'«\rbn    «"inrnn   vn  -^-i^d    '"|ir[nD]Ti5N  21 

n\-ii  ^-l■'7o   n:{î   N;j<n73   ■'3i:   dn  «n'cr:  22 

rrrr^  p-^sN  b-'TN   n-'b   'wn  n-'-i^o    '-n-  " ''in72i  2:j 

HT"'  n[-i](73)5i    ^^-1■<  p-^sNi  rîNsa  mirr^  bTNT  24 

t**!:r:  i^  -i7:ni  t—idmi   n-^-isa  "'pi^3  25 

N3-1  j<-bi<3   n-172-i    '^nmiD  'li:)   p  r:;-^  26 

1.  S*c;  K  :  •>::n33"';  Ps.,  L,  2.j,  a  •^nsD"'. 

2.  L.  Oia^^DN  "  Pilatus  ».  Le  copiste  a  peut-être  pensé  à  ^IZÛ^ÏSN,  qui  se  trouve 
ilans  le  Talniud  et  le  Midiaseli,  voir  Lehnwurler,  II,  10. 

3.  K,  iiiexacterneiit  :  nCTûb. 

4.  Cf.  1.  19,  puis  frai.'^mciit  B,  1.  Ui,  ainsi  (|ue  NJ-'UT;  p  pm"'  «laiis  la  Pierre  de 
louche  de  Schetntob  ibii  Scliaprout  {Leben  Jesii,  p.  147;  Revue,  XVUI,  222).  Cf. 
Jean,  vu,  12  :  7t),avà  to  ôx).ov  [Leben  Jesu,  p.  193). 

o.  K: -{-.37^73. 

6.  Lire  peut-être  ipOT.  Faut-il  restituer  :  p-^b  p:''î<  V^"'»""^  "l^nblD'  IpDUJT 
N;V3  lN3nn:'  —  a  la  ligne  12,  lire  113)3  piuir  11713. 

7.  K  restitue  à  tort  [QN  D"13]  ;  mais  Nm3  est  presque  siu'.  Cf.  aussi  Sclicnilob 
ibn  Scliaprout  dans  Leben  Jesu,  p.  147. 

8.  Cf.  liirne  8  et  la  note. 

9.  Cf.  Fraf,mient  B,  ligne  1. 

10.  Les  mots  ll^HD  VN  sont  difliciles  à  lire  à  cause  d'une  décbiruie.  K  :  "iD-i"'J<. 
ce  qui  lie  donne  aucun  sens. 

H.  K  :  ■'•^71731.  Cf.  Fray:nient  B,  I.  19  :  ■^TIT'NT. 

12.  J'ai  remarqué  dans  Leben  Jesu,  [i.  144,  que  ccfti'  paiticuie  est  tort  surprenante, 
parce  que  nous  ne  la  connaissons  que  dans  le  Taryouin  Dalman,  Gninini.  des  ji/d.- 
paliist.  Aramdiscli,  Leipzii.^  1.S94,  p.  79)  ;  je  renvoie  maintenant  encore  à  Levias, 
Aramaic  Idiom,  Cincinnati,  1900,  p.  .5t. 

13.  K  :  HT'TÏE;  mais  le  manuscrit  a  ÎT^TT3E,  forme  certainement  originale. 


30  KEVUE   DES   EïUUES  JUIVES 

•  N-ipi  N3b7:   cnpb  n^bm^i   r^-'-û'::3T    21 

"^  3i"5     NX-^*     .   .    .  T    «■'TOT    N^iÎT    133    ...   .     :i8  r/ 

'.  .  .  .  DT   p-'33   ^;Dy   n:?3-iN  ar  1;^"»   1"13[pj  :i9 

i-i-ina   -i-isp    mm    '*isd^d  V^  irnpoN  id  :{0 

nm  T^T^DJ»   DT"  r-i"i-i3L3  ""pTOs   mn-'  .'ii 

«  n3i   ■■'  Ny«ci"i   iu:-'3  ND-iT   n3yn  p-^:3  32 

1^2515  7  ^,5^^  p,55^   Ni«u)  inbD    34 
""iDWn-'T   p-«bD   Ni720b  -iTCNT  p    531    Nyta-)    3.3 

Fragment  B. 
Un  petit  feuillet  écrit  des  deux  côtés  (a,  b). 

"if  N3-»bi:  b^'  "«-iro  Nbn   -^n-»   innTiDTiî?^  «b    '^  Nb-'N  i  « 

i3bitT  Ti"^  '"  iin-inD^aTs  «bn  ^'^nx:i  Ni^-^p-ib  N3N  n-'pbo  2 

r«<3"^bi:  by   n^Tj-i  ni^;3N3  n-ri^  i7::im  t;  ^^  ^tii  3 

iïînn"'  '-)  iinb  '7ûn  N3ib::  p  rrrr^  Nnnxb  "  "j^s}:  iin  wsbi  i 

>^n-'i-nNT  N7:Nip  1:^3  N;n3N   '-[--^n  n^mc  p]  0 

'-)  n»î<  'l'an  N3-'b:£   bV  'Mn'nb-'3:  n-'3n  «b  3^-l^^]  6 

'*Nan-i3    ■^nTi3pi   N3-'bs:  \û  mn"^  Nnlnxb  yonn-']  7 

']:n  '»^-^K•^   '\^^^z,^  nd3:\  rmrr'  '-n  Nnsi   [i:;3  N-^rn]  s 

î<3-'bi:  by   n\-T'  nn3i"::N   ndt   pnni  vaî<n  ■'0[rj<]  0 

t>«ia\aip  iinb  TiTjN   '">  [3:an^]  v^  [nliocm   i-nriN  10 

1.  •'i  :  Mlp^,  ilépourvu  de  sens.  La  leslituliuii  peut  se  faire  grâce  au  nis.  de  Stras- 
bourg (Leben  Jesu,  p.  46):  ^310  mi">:;3   Dnb   TlTi^Nl;  <Ie  même  ms.  Adler  [ib., 

121)  :  Nin  n-nu:3  ût»  173x1. 

2.  La  restitution  est  tout  à  fait  incertaine;  dans  le  ms.  on  ne  distingue  bien,  après 
133<  que  T,  puis  N^  avecles  voyelles  comme  dessus.  Pour  l'expiiration,  voir  plus  loin. 

3.  Quelque  chose  d'illisible  dans  la  marge. 

4.  Lapsus  du  copiste,  pour  N3"^3. 

5.  Ponctué  dans  le  manuscrit. 

6.  A  lire  avec  la  ligne  suivante. 
T-  K  :  "iro,  superliciellement. 

f<.  K  :  -lonn-in. 

9.  En  un  mot.  A  :  xb  "'N. 

10.  A  :  ';'>72"^n73,  par  erreur. 

11.  Le  mot  se  lit  très  distinctement  :  A,  inexactement  :  piîl". 

12.  Restitué  d'après  le  sens. 

13.  D'aines  Onkelos  sur  Deutér.,  xxi,  23.  Cf.  San/i.,  vi,  J. 

It.  NlOÎTI  ne  signifie  pas  «  en  liAte  »,  mais  "  lanal,  conduit'»  (Levy,  Taiff.  W'b., 
II,  410;  \enhebr.  W/>.,  IV,  431). 

lo.  A  :  MnNl,  inexact. 

16.  Cf.  ms.  Strasbourg  dans  Leben  Jesu,  46  :  b'^SUÎS  1»-iiJ<  Ti3:a  "'rt*  "'D 
imnp"'  NbU3  D"^3t""1D!l  (je  remarque  à  ce  propos  que  les  lacunes  de  ce  manuscrit 
peuvent    étrr  conitiléts   à    l'aide    d'un   manuscrit    identique,  ipii    m'a   été    confié    par 


FRAGMENTS  ARAMÉENS  DU  TOLDOT   YÉSCHOU  31 

DN  l^p^^y  N-ip-'C3  ■'Niir:"'  n:-i73  r>::i^  id?   "KiH    n 

t-»:3i7:a-   oicûbo    rr'-'-ipT  p-ibo   î^-iTii^àb    '[«b  \^]    13 
n^-iSD   Nn3"'5]i:T   Nina   n-ib   '7:j<-i   n33:i    rînrfb    u 

"'ïîî'Nb  pnn-' "'yaî<T   ^'n^'Dnb 'N3 'pdt   ^i;b  [n3]y[in]  ifi 

"'n-'   pnnDOM   «bn  lirrrii*  ac<  "jinb    '73Ni    v'^''^  '"^ 

■"Ds:   aN   Nrcm   ^np-^bo  N-'Ts'Cîb  nd"»?!:  by  18 

["^bj   rt^'-ias  n-^  ■'Tn-'NT   n-ri"'   tin  N2N   n3-iw  19 

bîNT  NI-   n:'-'"::-!  t^ij^-'T  ii^T'-'t    "^  ';i:72T!-'i    iinbi  20  h 

Kbnn  N73T1  n-'-iap   i?-2    "''poi<T  î<2;>   rnin-'  'n  21 

ir-iri<T  rr'nn::  ■'P*.;::  bD3  r!\"i^  nai  n-^r-iDn  22 

'  n-!73"'T  ay^'o^  NT^nro  -13   im-«  iinn  ■^mbj'  23 

"  n'''b'[mNn]   *["'mT'»]bri  •j-'b-^Ni  N"'73u:t  «an  Nnbxn  2-i 

"•rlUNT  "^rtiT'îabn  bsb  l^inpi  N;i72:in   oi::bD    mb  23 

'"■]]£ nrTo-'n  Nbi  -im  irTjTn  nm  linn-»  26 

•'  \nzr>   ny'pén   n:;5  min^5  '?:î<i   i<:i7:;n  cnab^  27 

c^nN  Nncm    "«\::n   n-^yo   p^d  rrr\-^    Nn-iapn  ;i8 

min-'  bîx  N\-i"'7û  rT^[3]  T^i^p-i  5<-irN3  r:\-i"'    ■'.npi  29 

D-ibi^sr-^NT   N72T'T    N'WT  N-^Tina   nTT'  nnpT   n;35  30 

^inT^b  NTor  -iD"'3iN  n:'-'^-)  ■^-iirsn   n^a-^  n-^a  3i 

[«"«■"-ijap  113   rT^n[i    'MpiD]NT   ^70")  nsi   p-'n  32 

■jX-iujy   ai-i   rr'naa-i  "^picn  n'^n"'  "'•ihhaT  33 

[•?V"']  T«^[''3j  NrT  na^'T    p":^  xn-ca  "im  3i 

[•.']  i:?3n"'  n-m::^-nDi  ^«ri   ^"'3^"^   Nir;  î<3'"'"0-i  35 

pb-'N   inbiD   p''3cn  "jt:   bsT  -^72:?   "'Nie  ay  36 

t-<i"'0-i    nO'^'^T  rriT^ob  tsdt   nbsT    '^^f^j^^j  :î7 

M.  D.  Kaliaiia,  d'Oilessa).  De  même  ms.  Viciiiie,  ilans  Lehen  Jesu,  80  :   tdi;   3T;jb 
Vu)""  b'tl)  ;  ms.  Adler,  ihid.,  p.  121  :  ■>3a3  vmspT  lin3D5  "»3N. 

1.  A  :  13^52£,  fautivement. 

2.  Cf.  ligne  1. 

3.  A  :  1^3'.  ce  qui  n'a  pas  de  sens  ;  de  plus,  *i:b  mamiue. 

4.  Dans  le  ms.  ces  mots,  comme  toutes  les  alirùviaticjiis,  sont  surmontés  de  points; 

lire  :  yyr,  by  inb32  "j-^bn  «b  Nn"i'>mN3  3"^n3T. 

li.  Vocalisé  dans  le  ms. 

6.  A,  inexactement  ';"'73n"'T.  Cf.  ';"'73">n  à  la  liirm'  26. 

7.  Scriptio  plena  (A:  "1"|73T). 

8.  Le  5  se  voit  distinctement. 

9.  Cf.  Fraî,'meut  A,  I.  27. 

10.  On  pourrait  lire  aussi  p73. 

11.  Cf.  Fragment  A,  1.  25. 

12.  Manque  dans  A. 

13.  Mauvaise  lecture  dans  A. 

14.  L'auteur  a  écrit  fautivement  T15T  ;  c,!'.  Fraginiiil  A,  I.  2i. 

15.  Cf.  FniL'ment  A,  I.  23. 


32  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Il  na  fallu  ni  violences  ni  conjectures  pour  combler  la  plupart 
des  lacunes,  corriger  les  mauvaises  lectures  et  tirer  d'utiles  ren- 
seignements de  ces  textes  en  si  mauvais  état.  Nous  avons  sûre- 
ment dans  ces  textes  deux  recensions  étroitement  apparentées 
du  Toldot  Yéschoii.  Mais  je  ne  puis  admettre,  avec  M.  Adler,  que 
«  notre  texte  est  évidemment  le  reste  de  l'opuscule  que  l'apostat 
Âbner  Alfonso  désignait  par  ces  mots  ■'«V^jn-i-'  pïjba  nan-::  -iss 
n"i'^*7;d  "13  iWT  «naiya  '<  livre  qui  a  été  composé  en  langue  palesti- 
nienne sur  l'bisloire  de  Jésus  fils  de  Pandéra'  ».  En  effet,  les  his- 
toires ne  se  recouvrent  pas.  Dans  le  fragment  A,  ce  sont  les 
disciples  de  Jésus  qui  prétendent  qu'ils  peuvent  faire  des  miracles, 
entre  autres  celui  par  lequel  une  femme  peut  enfanter  sans  être 
touchée  par  le  mari;  dans  le  texte  dAbner  Alfonso,  c'est  Jésus 
seul  qui  affiche  cette  prétention.  De  plus,  il  est  question  dans  ce 
dernier  texte  du  miracle  de  la  résurrection,  sur  lequel  le  fragment 
A  est  muet,  bien  que  l'occasion  s'offrît  d'en  parler.  Dans  les  frag- 
ments —  aussi  bien  dans  A  que  dans  B  —  le  suprême  inquisiteur 
romain  est  Pilate  seul,  tandis  que  dans  le  texte  d'Abner  Alfonso  le 
procès  est  porté  devant  l'empereur  Tabrinus  (c'est-à-dire  Tibère). 
Il  est  vrai  qu'un  empereur  figure  aussi  dans  le  fragment  A  2,  et  on 
ne  peut  savoir  si  cet  empereur  n'était  pas  nominativement  désigné 
dans  la  partie  perdue  ;  mais  l'état  actuel  des  textes  suffit  à  mon- 
trer que,  dans  le  fragment  A  comme  dans  B,  le  personnage  princi- 
pal est  Pilate.  tandis  que  dans  le  texte  d'Abner  Alfonso,  l'affaire  est 
portée  immédiatement,  et  par  Pilate  lui-même,  devant  l'empereur. 
Ce  qui  est  important  aussi,  c'est  que  le  texte  d'Abner  Alfonso, 
outre  R.  Josué  b.  Perahya,  qui  ne  manque  dans  aucun  Toldot 
Véschou,  mentionne  d'autres  chefs  juifs  ^,  dont  nos  fragments 
n'offrent  aucune  trace;  on  ne  peut  se  contenter  d'expliquer  cette 
différence  par  l'état  incomplet  de  nos  textes,  mais  il  faut  admettre 
que  ceux-ci  sont  différents  de  par  le  plan  et  la  tendance.  Nous 
devons  donc  conclure  que  le  Toldot  araméen  cité  par  l'apostat 
Abner  ne  nous  est  pas  rendu  par  les  nouveaux  fragments  de  la 
Gueniza.  Je  ne  puis  accorder  non  plus  à  M.  Adler  que  le  frag- 
ment B  «  représente  une  forme  de  la  légende  qui  semble  la 
première  en  date  »,  car  le  texte  d'Abner  présente  quelques  traits 
d'une  originalité  bien  marquée  \  qui  attestent  donr  une  ancienneté 

1.  l'uldit'  «l'aïufs  le  iiis.  ilii  'in'Z  pN  'l-ms  Lehen  .Ifati.  \k  1  itt-T. 

2.  Liïiiu  11  :  nO^p  3Ti:2. 

4.  Ainsi  .lésus  vdlo  sur  le  mont  Caniiol  et  |it'iiitn'  daii!,  la  caverne  tl'Élie,  ce  tiui  ne 
se  trouve  ilans  aucun  autre  Tiddot. 


FRAGMENTS   ARAMÉENS   DU   TOLDOT  YESCIIOU  33 

respectable.  Par  contre,  les  deux  textes  de  la  Giieniza,  dont  je  prise 
d'ailleurs  grandement  la  valeur,  n'offre  guère  de  traits  qui  ne 
se  retrouvent  dans  d'autres  recensions  du  Toldot. 

M.  Adler  trouve  dans  le  nouveau  fragment  B  un  détail  qui  lui 
paraît  intéressant  à  cause  des  prescriptions  rabbiniques  surTen- 
terrement  des  criminels'.  Il  s'agit  des  lignes  '21  et  2i2,  où  il  est 
raconté  que  le  jardinier  Juda  retira  du  tombeau  Jésus  exécuté,  lui 
attacha  des  cordes  aux  pieds  pour  le  traîner  nia)  dans  les  rues  de 
Tibériade.  Mais  ce  traitement  doit  être  considéré  comme  une  mani- 
festation particulière,  comme  un  outrage  spécial  et  ne  peut  se 
comparer  à  l'usage  de  traîner  un  criminel  au  tombeau  avec  des 
cordes.  On  conle,  en  elTel.  qu'un  pécheur  fut  tiré  par  des  cordes 
au  tombeau^  et  une  tradition  talmudique  veut  que  le  roi  Ezéchias 
ait  traîné  [tù  les  ossements  de  son  père  jusqu'au  tombeau  sur 
une  claie  de  cordes  (D-^ban  b^  nu»)-'.  Dans  les  deux  cas  il  s'agit 
d'une  mise  au  tombeau  outrageante  :  au  lieu  d'emporter  le  corps, 
comme  de  coutume,  sur  une  civière  ma»)  portée  sur  les  épaules  ^ 
on  le  tire  par  des  cordes,  traînant  sur  le  sol,  au  milieu  de  la  pous- 
sière et  de  l'ordure  des  rues.  C'est  «  l'enterrement  d'un  âne  »,  dont 
fut  menacé  Yoyakim  :  être  traîné  (ano'i  et  jeté  loin  des  portes  de 
Jérusalem  ^Jér.,  xxu,  19).  Il  est  évident  que  c'est  de  cette  manière 
qu'on  éloignait  de  la  ville  les  charognes  des  animaux.  Dans  le  cas 
du  pécheur,  cet  outrage  lui  fut  infligé  lors  de  la  première  inhuma- 
tion, tandis  que  le  roi  Achaz,  le  père  d'Ezéchias,  subit  ce  trai- 
tement au  moment  de  la  seconde  inhumation,  car  les  ossements 
étaient  enterrés  une  seconde  fois  au  bout  de  douze  mois  environ, 
quand  la  chair  avait  pourri.  Or,  pour  Jésus,  au  moins  d'après  la 
tradition  évangélique  iv.  Jean,  xix,  41),  on  n'a  pu  agir  de  même,  ne 
fût-ce  que  parce  qu'il  fut  enterré  par  ses  discipies  dans  le  jardin 
de  Joseph  d'Arimathie-'.  Le  Tnldot,  il  est  vrai,  le  fait  enterrer  par 
Juda  le  jardinier,  mais  il  ne  dit  pas  que  ce  fut  en  traînant  son 
corps  au  moyen  de  cordes;  d'après  lui,  ce  traitement  fut  un  acte 
particulier,  qui  voulait  être  une  démonstration  :  il  s'agissait  d'éta- 

1.  Voir  A.  Biichler,  L'enterrement  des  criminels  d'après  le  Talmud  et  le 
Midrasch,  Revue,  XLVl,  74  et  s. 

2.  Kohélet  r.  sur  i,  lo  :  inp'?  "^ITia  a'^'3Dn3T  (dans  Rulh  r.   sur  m,  4,  altéré 

eu  û'^bana  n'^i-. 

3.  Baraita  clans  b.  Pesahim,  o6a  ;  b.  Sanh.,  47  a  ;  j.  Nedar.,  vi,  40  a,  1.  7. 

4.  D"^2nD,  nt372n  ■'NUJl^,  voir  ma  Talmudische  Archàologie,  II,  64. 

5.  M.  Biichler,  l.  c,  p.  87,  croit  que  la  mention  du  jardin  n'est  pas  faite  «  pour 
indiquer  un  tombeau  tailb-  dans  le  roc  ».  Je  ne  comprends  pas  l'objection,  car  chacun 
sait  qu'un  jardin,  un  jardin  d'oliviers  par  exemjjle,  peut  fort  bien  se  trouver  sur  un 
terrain  rocheux  et  (ju'il  n'y  en  a  mcme  pas  d'autres  près  de  Jérusalem. 

T.  L\l[.  N"  12;j.  :i 


34  REVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

blir  aux  yeux  de  tout  le  monde  que  Jésus  ivétait  pas  monté  vivant 
au  ciel.  Mais  en  cela  le  détail  n'est  nullement  nouveau;  il  figure 
plus  ou  moins  dans  toutes  les  recensions  du  Toldot.  Ainsi,  d'après 
le  manuscrit  de  Strasbourg,  le  corps  de  Jésus  n'avait  été  retrouvé 
nulle  part  et  les  Juifs  en  étaient  très  affligés  lorsque  le  propriétaire 
du  jardin  ^  se  présenta  et  raconta  qu'il  avait  volé  (nis)  le  cadavre, 
afin  que  les  chrétiens  ne  le  prissent  pas  pour  soutenir  que  Jésus 
avait  fait  un  miracle  pour  tous  les  temps  (en  montant  au  ciel).  Le 
peuple  suivit  alors  le  propriétaire  du  jardin,  attacha  des  cordes  à 
ses  pieds^,  et,  le  traînant  (nnc)  ainsi  à  travers  les  rues  de  Jérusa- 
lem, l'amenèrent  devant  la  reine  (Hélène)  en  disant:  voilà  comme 
il  est  monté  au  cieP.  Le  même  épisode  se  retrouve  dans  le  manus- 
crit de  Vienne'  et  dans  le  manuscrit  yéménite  de  M.  Adler  \ 
comme  dans  toutes  les  versions  en  général,  avec  cette  seule  diflé- 
rence  que  les  versions  connues  auparavant  le  placent  à  Jérusalem, 
tandis  que  les  nouveaux  fragments  de  la  Gueniza  le  transportent  à 
Tibériade''. 

Comme  il  est  établi  que  toutes  les  versions  du  Toldot  racontent 
que  le  corps  de  Jésus  fut  ainsi  traîné  et  que,  d'autre  part,  ce  détail 
ne  peut  être  expliqué  par  la  procédure  criminelle  des  Juifs,  j'ai  été 
amené,  dans  mon  ouvrage,  à  en  chercher  la  source,  étant  convaincu 
que  les  auteurs  du  Toldot,  à  la  satire  près,  qui  leur  est  propre, 
racontent  seulement  des  faits  qu'ils  ont  trouvés  dans  une  source 
quelconque,  en  les  dénaturant  et  en  les  parodiant  à  leur  manière. 
Or,  le  trait  du  cadavre  traîné  ne  se  trouve  ni  dans  le  Talmud,  ni 
dans  les  Evangiles,  ni  même  dans  les  Apocryphes  ;  par  contre,  je 
l'ai  rencontré  dans  des  ouvrages  islamiques  ;  aussi  ai-je  été  tenté 
de  l'attribuera  une  influence  musulmane  "  et  je  n'aperçois  pas  que, 
comme  l'affirme  M.  Adler,  cette  hypothèse  soit  réfutée  par  le  frag- 
ment B.  Du  reste,  j'avais  déjà  remarqué  précédemment  que  cet 
épisode  complète  si  bien  le  récit  qu'il  a  pu  facilement  y  être  ajouté 
sans  l'aide  d'une  source  déterminée. 

Ce  qui,  à  mon  avis,  mérite  d'être  retenu,  dans  les  nouveaux  frag- 
ments, c'est  la  détermination  du  lieu  où  Jésus  fut  provisoirement 

1.  Ici  il  n'est  pas  nommé  Juda;  il  est  simplement  désigné  comme  "jars  bya. 

2.  T>ba~)3  D'^ban  TT.23pT  correspond  exactement  à  ce  qui  est  dit  en  araméen  dans 
e  fragment  B,  ligne  21  :  n^S'ISa  Nban  NÎOII- 

3.  Lebeii  Jesii,  46, 

4.  //>.,  82:  mnOI»  bD3  im-nJT  a-'bDna  l-'b;-)  ncpr  a  noter  «lue  le  terme 
employé  ici  (*T15)  s'accorde  lui-même  avec  les  fragments  de  la  Gneniza. 

5.  ib.,  121  :  a"'bv:in'^3  imx  pano  ttîi  i'55-i2  ban  iTcpn. 

6.  Voir  à  ce  sujet  ib.,  p.  lii'J  et  2^. 

7.  Ib.,  196. 


FRAGMENTS  ARAMÉENS   DU  TOLDOT   YÉSCFIOU  3b 

enterré.  D'après  le  fragment  A,  ligue  ;28  (cette  ligne  est  malheureu- 
sement en  mauvais  état;,  Jésus,  après  avoir  été  inhumé  dabord 
en  un  endroit  qui  n'est  pas  nommé,  le  fut  en  dernier  lieu  à  «"«mna 
N"»»*!  \  ce  qui  ne  peut  guère  être  autre  chose  que  l'a/^ruNTina  "ini«  - 
dans  le  Targoum  du  Pseudo-Jonathan  sur  Nombres,  xxv,8.  «  endroit 
de  la  percée  ».  C'est  ce  mot  si  rare  que  nous  rend  notre  texte  ara- 
méen.  Et  «"^tti  «""Tia  dans  le  fragments,  ligne  30^,  doit  certainement 
vouloir  dire  la  même  cliose.  ce  qui  nous  donne  le  droit  de  corriger 
ce  mot  inintelligible  '  en  î«n-i2.  Ici  encore,  l'expression  employée 
est  seule  nouvelle,  non  l'idée  exprimée.  Car  toutes  les  recensions 
du  Toldot  racontent  que  Jésus  fut  enterré  provisoirement,  non 
définitivement,  dans  une  conduite  d'eau  :  ms.  de  Strasbourg  %  ms. 
Adler  "^  et  ms.  de  Leyde  '.  On  reconnaît  facilement  dans  ce  tombeau 
provisoire  les  fosses  (m-nwn»)  qui  formaient,  d'après  la  loi  rabbi- 
nique,la  tombe  momentanée  des  condamnés  exécutés*,  et  nos  textes 
du  Toldot  se  prêtent  du  même  coup  à  l'élucidation  du  terme  obscur 
mmttwj  :  ce  sont  des  fosses  fraîchement  creusées  qui,  sises  à 
proximité  de  conduites  d'eau,  contenaient  aussi  un  peu  deau.  Voilà 
donc  un  c^s  où  le  fait  raconté  dans  le  Toldot  paraît  être  une  rémi- 
niscence talmudique,  ce  qui  est  d'ailleurs  naturel  vu  le  caractère 
de  cet  ouvrage^.  Mais  je  ne  puis,  comme  je  lai  expliqué,  recon- 
naître cette  inspiration  dans  le  motif  du  traînement  du  cadavre. 
Un  terme  intéressant  du  fragment  B  \\.  î28)  est  NUjan  ^■'■'po  rr^a 

1.  133  et  N'^IIT  <loivent  évidetnment  être  lus  eu  uii  seul  mot,  ce  que  l'état  «lu 
manuscrit  autorise,  «iailleurs.  parfaitement. 

2.  Les  éditions  ont  NTITID,  que  Levy,  Turr].  1V7>.,  I,  114,  corrige  en  N1TTT2  : 
l'éd.  Ginsbur^jer  a  î<TTT^3.  On  jiourrait  en  rapprocher  S'w2n  f'TD  dans  le  Targoum 
sur  I  Sam.,  xiv.  26,  pour  ",13 m  T-^  î^*  J^ist™^^'»  Diclionary,  p.  lilo).  mais  Koliut,  H, 
189,  a  des  scrupules  contre  ce  rapprochement  jtarce  que  D.  Kimlii  et  Elia  Levita  ren- 
dent ce  mut  T^"i2  par  riMiy  "  parterre  ».  En  tout  cas.  Kohut  j)arait  avoir  raison  en 
expliquant  PT3  par  canal,  ce  qu'on  pourrait  appuyer  par  2T":73  ainsi  i|ue  par  des 
formes  syriaques  et  arabes. 

3.  La  lecture  est  sfire  ici,  le  manuscrit  étant  bien  conservé  en  cet  endroit.  Néan- 
moins nous  avons  été  obligé  de  corriger  aus.si  ND"^0  à  la  1.  30  en  «D'^a  :  cf.  NUm 
dans  le  fragment  B,  1.  7. 

4.  M.  Adlcr  laisse  passer  le  mot  N^T^a  sans  remar(iue  aucune  et  le  traduit  [lar 
«  citerne  ». 

5.  Leben  Je.su,  p.  46  :  nnpi  '^ina  ncm  lïjb  I^D'^in  "ITI^U  D'^'Kir,  *7rm 
nap  by  l^llb  ^-^izr,  "T«Tnm  im».  Le  verbe  "^rin  (-inn  ■.')  correspond  exacte- 
ment à  la  racine  Tia. 

6.  ih.,  p.  120  :  m'î-'Uîr;  •^•fzb  ai-ip. 

7.  76.,  p.  129  :  a-'Tar;  onr  rr:i?  -i"::n  np-i""Dn3. 

8.  Bùchler,  Revue,  XLVL  1.5  et  87;  ma  Talmud.  Arckiiologie,  IL  73. 

9.  Dans  mon  Leben  Jesu,  p.  283,  j'ai  cité  comme  parallèles  d'autres  textes  hala- 
chiques,  mais  je  crois  aujourd'hui  que  les  TTIITOriTa  fournissent  le  meilleur  terme  de 
comparaison. 


36  HEVUE  DES   ETUDES  JUIVES 

«  champ  d'irrigalion  des  gens  «,  par  quoi  il  faut  évidemment 
entendre  que  Jésus  fut  d'al)ord  enterré  dans  un  clianip  en  usage 
ou  dans  un  champ  ensemencé  et  qu'il  ne  fut  définitivement  enterré 
dans  la  fosse  humide  dont  il  vient  d'être  question  que  sur  Tordre 
de  Pilate,  qui  désira  le  voir  enterré  dans  le  cimetière  ordinaire,  ce 
qui  était  contraire  à  la  loi  juive  {Sanh.,  vi,  5), 

M.  Adler  a  été  surpris  avec  raison  de  ce  que,  d'après  le  fragment 
B,  1.  3,  Jésus  aurait  d'abord  été  crucifié,  puis  lapidé,  alors  que, 
d'après  le  principe  «  tous  les  lapidés  sont  pendus  »,  on  aurait  dû 
suivre  l'ordre  inverse.  Je  crois  cependant  que  les  mots  en  question 
peuvent  être  expliqués  différemment  :  les  mois  "^n  ns  rrri"^  lab^n 
disent  d'abord  sommairement  que  Jésus  a  été  crucifié  étant  vivant, 
puis  vient  le  délail  :  N'«-'23î<2  rrr"'  n7::i-,T  «  et  ils  le  lapidèrent  à  coups 
de  pierres  «,  Na-'bi:  by  D-^Jzt  c  et  il  mourut  sur  la  croix  ».  Au  surplus 
le  détail  de  la  lapidation,  i)récédant  môme  la  crucifixion,  n'est  pas 
nouveau  :  il  figure  dans  la  version  judéo-allemande  et  dans  le 
manuscrit  de  Leyde  du  Toldot  Yéschou  ^ 

Les  rapports  mutuels  entre  les  deux  fragments  araméens  ont 
déjà  été  marqués  avec  justesse  par  M.  Adler  :  Le  fragment  A,  1.  10- 
:27,  est  une  variante  de  fragmentB,  1. 18-:24;  A,  1.  28-31  =B,1.  27-3!2 
etA,l.  32-3o  =  B,'l.  32-36.  En  particulier,  les  derniers  mots  des 
deux  fragments  iTa"^2  nî-it  na^'T  etc.  sont  presque  littéralement  iden- 
tiques :  ils  font  partie  de  l'élément  stéréotypé  des  versions  du 
Toldot-  et  quoique,  à  en  juger  par  le  fond,  ils  auraient  parfaite- 
ment pu  former  la  fin  d'un  livre,  il  n'en  est  néanmoins  douteux 
dans  le  cas  présent  si  ces  lignes  terminent  le  Toldot  araméen,  par- 
ce que  les  autres  Toldot  contiennent  les  mêmes  mots  alors  que  le 
récit  se  poursuit  encore  assez  longuement. 

11  est  donc  difficile  de  se  prononcer  sur  l'étendue  et  le  contenu 
de  notre  Toldot  araméen.  Voici  l'analyse  des  deui  fragments  : 

A,  l.  l-o,  condamnation  des  cinq  disciples  de  Jésus  ^  ; 

o-lO,  jugement  de  Pilate,  qui  veut  connaître  la  cause  de  la 
mise  à  mort  de  Jésus  et  de  Jean  (Baptiste)  '*  ; 

11-18,  jugement  de  l'empereur,  miracle  de  la  naissance  vir- 
ginale ^  ; 

1.  Leben  Jesu,  p.  283.  Voir  aussi  Toldot,  éd.  Wagenseil,  \\.  l'Jj. 

2.  Voir  ms.  de  Vienne  (<7).,  p.  83)  :  nn"^ï372  lO"*  iaN>  lUJNp  n3î<"«;  plus  siin- 
blableinent  encore  dans  le  ms.  yéménite  de  M.  .\iller  («A.,  p.  121;  :  nN  r!"3pr!  y^n 
mp73   bD3  in. 

3.  D'après  Sanh.,  43  a. 

4.  La  mention  de  Jean  est  bien  singulière. 

b.  On  se  rappelle  que  cette  épreuve  ne  se  retrouve  que  dans  le  fragment  B  et  dans 
le  texte  d'Abuer  Alfonso. 


FRAGMENTS  ARAMÉENS   DU   TOLDOT   YÉSCHOU  37 

19-31,  mise  au  tombeau,  traînement  à  travers  les  rues  de 

Tibériade  ; 
•29  61  31,  date  de  la  mise  au  tombeau  et  du  traînement  ; 
3:2-33,  invocation  de  la  vengeance  divine. 
B,  1.  1-6,  crucifixion  de  Jésus  ; 

7-12,  mise  au  tombeau  provisoire  ; 

13-30,  jugement  de  Pilate  ;  traînement  à  travers  les  rues  ; 

mise  au  tombeau  définitive  par  Juda  le  jardinier  ; 
32,  date  du  traînement  ; 
33-36,  invocation  de  la  vengeance  divine  '. 

Nos  fragments  ne  contiennent  rien  qui  se  rapporte  à  l'bistoire 
des  apôtres  ou  même  de  celle  des  sectes  inestoriens,  etc,),  comme 
dans  les  autres  Tolclot,  ce  qui  permettrait  de  les  dater.  Mais  le  seul 
fait  qu'ils  sont  écrits  en  araméen  les  situe  à  l'époque  des  Gueonim, 
c'est-à-dire  à  une  époque  relativement  ancienne,  ce  qui  suffit  à 
déterminer  leur  valeur. 

Vienne. 

S.  Krauss. 


1.  Se  termine  dans  le  fragment  A  par  TOT^rT^T,  qu'il  faut  compk-ti'r  par  quelqui 
chose  comme  oarT^iT  N2^nb. 


CATALOGUE    DES    ACTES 

DE 

JAIME  r,  PEDRO  III  ET  ALFONSO  III 

ROIS  D'ARAGON 

CONCERNANT  LES  JUIFS 

(1213-1291) 

ACTES  DE  JAIME  I"  (1213-1276)  [suite  et  /in  '). 

472.  —  D.  Pedro  ajoute  à  la  rémission  précédente  que,  si  une  action 
est  introduite  contre  les  Juifs  de  Girone  et  de  Besali'i  au  sujet  des  contrats 
de  prêt,  elle  devra  être  rejetée  par  les  bailes  et  autres  ol'liciers.  — 
Girone,  13  aoiit  1271. 

Reg.  37,  f°  22  v°.  —  Inpio.  :  Jacobs,  ii°  719. 

473.  —  D.  Pedro  accorde  sa  rémission  aux  Juifs  de  Girone  et  de 
Besalù  qui  se  sont  servis  pour  payement  dans  leurs  contrats  de  monnaie 
melgorienne  au  lieu  de  monnaie  barcelonaise.  —  Même  date. 

Reg.  37,  î"  22  v°-23. 

474.  —  D.  Pedro,  considérant  les  grands  dommages  subis  par  les 
Juifs  de  Girone  et  Besali'i  do  la  part  des  chrétiens  qu'ils  sont  obligés  de 
loger,  et  surtout  de  la  part  dos  gens  de  sa  suite,  aux(|uels  les  Juifs  doi- 
vent prêter  leurs  ustensiles  (suppellictUia)  et  leurs  draps  de  lit,  dispense 
les  dits  Juifs  de  l'obligation  de  loger  les  gens  de  sa  maison  et  leurs  mon- 
tures, et  de  leur  fournir  des  draps.  —  Même  date. 

Reg.  37,  f"  23. 

1.  Voyez  Hevue  des  Ëludts  juives,  t.  LX,  p.  161  et  t.  LXI,  p.  1, 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  V\  PEDRO  III  ET  ALFONSO  III  39 

475.  —  D.  Pedro  autorise  les  Juifs  de  raljama  de  Ciione  et  Besalfi 
à  recouvrer  ou  à  solder  en  monnaie  barcelonaise,  an  cours  du  change, 
les  sommes  qu'ils  ont  prêtées  en  monnaie  molgorienne  ou  autre  monnaie 
d'or  et  d'argent,  et  les  dettes  qu'ils  ont  souscrites  enx-inèines  en  mon- 
naie de  Melgueil.  —  Même  date. 

Reg.  37.  fo  23. 

476.  —  Jaime  F""  approuve  l'ouverture  faite  par  l'aljama  juive  d'Egea 
d'une  poterne  {postigwn  ')  dans  le  quartier  nouvellement  peuplé  du 
château  d'Egea,  en  face  de  1'  «  arba  »  et  des  aires  do  Santa  Maria.  — 
Saragosse,  13  aoiit  1271. 

Reg.  21,f°6  v°.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  I.ndiq.  :  Jnrobs,  u»  627. 

477.  —  D.  Pedro  donne  à  ferme  pour  une  durée  de  dix  ans,  à  partir 
de  la  Saint-Jean,  à  deux  habitants  de  Girone  et  à  Astrug  Salves,  Juif  de 
cette  ville,  tous  les  droits  qu'il  a  sur  les  moulins  de  «  Mercadal»  ,  à 
charge  d'une  redevance  annuelle  de  1.150  sous  barcelonais  de  tern.  — 
Girone,  18  août  1271. 

Reg.  37,  f"'  23  v-24  v°. 

478.  —  D.  Pedro  notifie  au  baile  de  Besali'i  la  décision  qu'il  vient  de 
prendre  dans  lafTaire  suivante  :Jucef  fils  d'Abraham,  de  Barcelone,  ayant 
acheté  à  Besalù  une  maison  exempte  du  droit  de  «  fornage  »  ou  de 
«  puja  '  »  {pugia)  et  du  paiement  du  loyer,  a  prié  1  infant  de  lui  con- 
server ces  privilèges;  à  l'appui  de  sa  demande,  l'intéressé  a  produit  des 
témoins,  mais  aucun  acte  écrit  ;  l'infant  concède  audit  Jucef,  pendant  sa 
vie  seulement,  la  faculté  de  faire  cuire  le  pain  nécessaire  à  sa  famille  et 
à  ses  hôtes  au  four  de  Besali'i,  sans  être  tenu  de  payer  quelque  droit  au 
seigneur  du  lieu.  —  Même  date. 

Reg.  37,  f°  24  v°.  —  Inoiq.  :  .liirobs,  n''721. 

479.  —  Jaime  Is""  accorde  sa  rémission  au  Juif  Jucef  Ferrer,  inculpé 
d'avoir  réalisé  certaine  quantité  de  morabotins  d"or  en  vendant  une 
«  eau  (aga)  de  vie  »  de  Remolus  de  Mpnzon.  —  Saragosse,  23  août  1271. 

Reg.  21,  f°  11. 

480.  —  D.  Pedro  procède  à  un  règlement  de  comptes  atec  les  Juifs 
de  Girone  et  Besali'i.  —  Girone,  26  août  1271. 

Reg.  28,  f»  39  v". 

481.  —  D.  Pedro,  ayant  appris  que,  sous  prétexte  de  la  défense  faite 
par  le  roi  de  saisir  pour  dettes  les  récoltes  {expleta),  le  pain,  le  vin  et 

1.  En  latin  classique,  posticum  di^signe  une  porte  do  derrière,  une  porte  dérobée. 
•  2.  En  catalan,  puja  :  droit  qui  se  paie  en  pain  au  four  commun. 


40  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

autres  produits  qui  se  trouvent  dans  les  channps,  vignes  et  antres  posses- 
sions tenues  d'un  seigneur,  certains  débiteurs  des  Juifs  rassemblent  leurs 
biens  dans  des  tenures  seigneuriales  et  les  mettent  ainsi  à  l'abri  de  toute 
contrainte,  mande  aux  viguiers  et  baile  de  Besalû  de  procéder,  sur  plainte 
des  Juifs,  à  la  saisie  de  tous  les  biens  de  leurs  débiteurs  en  quelque 
endroit  quils  se  trouvent.  -^  Même  date. 
Reg.  37,  f  26. 

482.  —  Jaime  I^r  mande  à  l'aljama  des  Juifs  de  Calatayud  d'envoyer 
à  Saragosse,  dans  le  délai  de  quinze  jours,  quatre  délégués,  pour  y  tran- 
siger au  sujet  de  la  demande  que  le  roi  fait  présentement  aux  Juifs  du 
royaume  d'Aragon.  —  La  Almolda,  !«'  septembre  1271. 

Nombre  de  délégués  que  devront  envoyer  les  juiveries  des  villes 
suivantes  :  Daroca  4,  Téruel  3,  Tarazona  4,  Borja  3,  Âlagôn  3,  Egea  4, 
Uncastillo  3,  Luna  2,  Tauste  2,  Jaca  4,  Barbastro  4,  Montclus  2,  Huesca  2, 
Monzôn  4,  Tortose  4,  Valence  4,  Jâtiva  2,  Murviedro  2. 

Reff.  18,  f"  63  V».  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  Publ.  :  Jacobs,  p.  131. 
—  Indiq.  :  Jacobs,  n°  500. 

483.  —  Taille  du  subside  de  52.100  sous  octroyé  à  Jaime  I^r  pour  son 
voyage  de  Lyon  par  les  Juifs  de  la  couronne,  savoir  25.000  par  les  Juifs 
du  royaume  d'Aragon  (Saragosse,  Huesca,  Calatayud,  Daroca,  Téruel, 
Barbastro,  Jaca,  Luna,  Egea.  Tauste,  Borja,  Tarazona,  Alagôn,  Montclus, 
Uncastillo),  25.000  également  par  les  Juifs  catalans,  majorquins,  perpi- 
gnanais  et  montpelliérains  (Barcelone,  Girone  et  Besalû,  Perpignan, 
Lérida,  Majorque,  Montpellier),  enfin,  2.100  seulement  par  les  Juifs  du 
royaume  de  Valence  (Valence,  Jâtiva,  Murviedro,  Alcira,  Gandia).  — 
[1271]. 

Reg.   18,    f"   64  r°  et  v".  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  Plbl.  :  Jacobs. 
pp.  132  133. 

484.  —  Compte  des  impositions  payées  par  les  aljamas  des  Juifs  de 
Valence,  Murviedro,  Alcira,  Gandia,  Jâtiva,  Luna,  Uncastillo,  Tauste, 
Majorque,  Téruel,  Borja,  Saragosse,  Alagôn,  Calatayud,  Tarazona,  Daroca, 
Tortose,  Monzôn,  Ruesta,  Jaca,  Lérida,  Barbastro,  Montclus,  Huesca, 
Perpignan,  Girone  et  Besalû,  Barcelone.  —  [1271]. 

Reg.  18,  f" "  81  v»-82.  —  Pibl.  :  Jacobs,  pp.  133-134.   —  Indiq.   :  Jacobs. 
n°  501. 

485.  —  Compte  des  taxes  imposées  aux  Juifs  de  Valence  (6.500  sous', 
d'Aragon  et  de  Catalogne  (100.000).  —  [1271]. 

Reg.  18,  f"  96.  —  PuBi,.  :  Jacobs,  p.  134.  ~  Indiq.  :  Jacobs,  n»  502. 

486.  —  L'infant  don  Pedro  mande  aux  officiers  de  Girone  et  Besalû 
que  les  clercs  qui  s'offrent  à  faire  complément  de  justice  à  leurs  créan- 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  1",  PEDRO  111  ET  ALFONSO  111  U 

ciers  juifs  devant  la  cour  ecclésiastique  doivent  s'adresser  à  la  cour 
royale,  sauf  pour  les  immeubles  relevant  de  celle-là.  —  Girone,  4  sep- 
tembre 1271. 

Reg.  37,  fo  26. 

487.  —  D.  Pedro  autorise  les  Juifs  de  Girone  et  Besalù  à  faire  dresser 
pour  leurs  contrats  de  mariage  des  actes  «  christianiques  »  ou  hébraïques 
en  ce  qui  concerne  les  morabotins  de  la  dot,  le  douaire,  la  donalio  propter 
nupcias,  la  part  qui  revient  au  père  et  à  la  mère  de  la  femme  qui  meurt 
sans  enfants;  pour  les  immeubles  achetés  ou  vendus  à  des  chrétiens,  les 
Juifs  pourront  faire  spécifier  que  le  paiement  sera  effectué  en  morabotins; 
l'infant  mande  à  ce  sujet  aux  notaires  de  Girone  et  Besalû  qu'il  leur 
permet  de  dresser  des  actes  de  ce  genre  et  qu'il  absout  les  cautions  et 
témoins  y  mentionnés,  —  Même  date. 

Reg.  37,  f»  26  V». 

488.  —  D.  Pedro,  en  récompense  des  services  rendus  et  des  prêts  con- 
sentis par  Astruch  Ravaya  et  Jucef,  son  fils,  baile  de  Girone,  leur  assigne, 
jusqu'à  complet  remboursement,  les  revenus  de  la  bailie  et  de  la  cour 
de  Girone,  les  tributs  des  Juifs  de  Girone  et  Besalù.  —  Girone,  7  septembre 
1271. 

Reg.  37,  f>  30.  —  Indiq.  :  Jacobs.  n°  723. 

489.  —  U.  Pedro  accorde  son  guidage  à  Gauxo.  Juif  de  Barcelone,  sous 
peine  pour  tout  contrevenant  de  200  morabotins  d'amende.  —  Barcelone, 
19  septembre  1271. 

Re?.  37.  f  29. 

490.  —  Jaime  l*""  accorde  sa  rémission  à  l'aljama  des  Juifs  de  Monzôn 
pour  les  usures  et  barates  indues,  les  autorise  à  barater  le  drap,  le 
bétail,  le  froment,  l'orge,  etc.,  leur  promet  de  ne  pas  accorder  de  proro- 
gation d'échéance  à  leurs  débiteurs,  et  prescrit  que  dans  les  procès  pour 
dettes  la  preuve  doit  être  faite  par  le  témoignage  concordant  d'un  chré- 
tien et  d  im  Juif.  —  Saragosse,  l'''  octobre  1271. 

•  Mêmes  concessions  aux  Juifs  de  Calatayud,  Daroca,  Téruel,  Tarazona, 
Barbastro  et  autres  lieux  d'Aragon. 

Reg.  16.  f"  2o2.  —  Indiq.  :  J.icobs,  n°  478. 

491.  —  Jaime  1*''  concède  aux  Juifs  de  Monzon,  à  la  prière  du  maître 
de  la  milice  du  Temple,  que  les  Juifs  de  Barbastro  soient  temis  de  pcitor 
avec  eux  pour  les  biens  qu'ils  possèdent  à  .Monzon  et  réciproquement.  — 
Même  date. 

Reg.  16.  f  2.">2  v°.  —  iMniQ.  :  Jacobs,  n»  479. 

492.  —  L'infant  don  Pedro,  confirmant  la  vente  ou  obligation  consentie 


42  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

par  noble  R.  de  Cabrera  pour  sept  ans,  à  l'expiration  des  deux  ans  pmir 
la  durée  desquels  l'infant  a  fait  la  même  concession  à  Issach  Jaffies,  Juif 
de  Girone,  assigne  à  ce  dernier,  sa  vie  durant,  1.000  sous  barcelonais 
sur  les  revenus  de  Girone  et  le  tribut  des  Juifs  de  cette  ville;  D.  Pedro 
mande  à  Jucef  Ravaya,  baile  de  Girone,  de  faire  observer  la  présente 
assignation.  —  Barcelone,  7  octobre  1271. 

Ree.  37,  f"  30  v".  —  Indiq.  :  Jacobs,  n"  724. 

493.  —  Jaime  I»'  concède  aux  Juifs  de  Monzôn,  sur  les  instances  du 
maître  do  la  milice  du  Temple,  que  dans  les  causes  civiles  ou  criminelles 
quelque  chrétien  ne  puisse  faire  la  preuve  contre  un  Juif  qu'avec  le  témoi- 
gnage d'un  chrétien  et  d'un  Juif.  —  Saragosse,  11  octobre  1271. 

Reg.  16,  fo  252  v°. 

494.  —  Jaime  I"""  fait  aux  Juifs  de  Murviedro  les  mêmes  concessions 
qu'aux  Juifs  de  Monzôn  (voy.  n°  490).  —  [Saragosse],  20  octobre  1271. 

Reir.  16,  f  239  v.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n°  473. 

495.  —  L'infant  don  Pedro  confirme  le  guidage  accordé  par  le  roi,  son 
père,  aux  frères  Junis,  Jahuda  et  Jucef  Avinceit,  sous  peine  pour  tout 
contrevenant  de  100  inorabotins;  il  défend  à  l'aljama  [de  Lérida],  aux 
adénantades  et  à  tout  Juif  de  les  excommunier,  de  suspendre  à  leur 
approche  l'oraison  à  l'intérieur  ou  hors  de  la  synagogue.  —  Lérida, 
6  novembre  1271. 

Refï.  37,  f  31  yo.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n"  725. 

496.  —  Jaime  I®""  notifie  aux  Juifs  de  Harcelone,  Villafranca,  Tarra- 
gone,  Montblanch  et  Cervera  que  les  créanciers  juifs  ne  pourront  faire 
exécuter  les  cautions  de  leurs  débiteurs  si  les  dits  répondants  ont  béné- 
ficie dune  grâce  royale;  les  créanciers  devront  auparavant  exiger  le 
remboursement  du  débiteur  principal;  k  l'égard  de  ce  dernier,  ils  ne 
pourront  faire  appel  à  la  contrainte  des  offiiciers  royaux  qu'après  une 
année  révolue;  il  leur  sera  loisible,  ensuite,  de  faire  exécuter  les  répon- 
dants. —  Saragosse,  7  décembre  1271. 

Reg.  14,  ("  127  T°.  —  Gop.  ;  Collection  Bol'arull.  —  Imdiq.  :  Jacobs,  n"  395. 

497.  —  Jaime  I*""  mande  à  ses  officiers  de  faire  observer  les  privilèges 
concédés  aux  Juifs  de  Girone  et  de  Resalû  et  de  contraindre  les  débiteurs 
des  dits  Juifs  à  rembourser  leurs  dettes  incontinent,  à  l'exception  des 
bénéficiaires  de  sursis.  —  Même  date. 

Reg.  14,  f  127  V.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n»  396. 

498.  —  Jaime  I®""  prend  les  mêmes  dispositions  à  l'égard  des  Juifs  de 
Barcelone,  Villafranca  et  Tarragone.  —  Même  date. 

Reg.  14,  f  127  T». 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  I"'',  PEDRO  III  ET  ALFONSO  III  43 

499.  —  Jaime  I«''  concède  aux  Juifs  de  Girone  et  Besali'i  le  droit  de 
jouir  des  mêmes  privilèges  que  les  Juifs  de  Barcelone.  —  Même  date. 

Reg.  14,  f"  128. 

500.  —  Jaime  I"  confirme  la  donation  faite  par  le  baile  de  Barcelone 
à  Perfeit,  fils  de  Bonaslrug  Saltel,  du  terrain  compris  entre  le  mur  du 
jardin  que  le  dit  Perfeit  possède  à  titre  allodial  près  de  la  maison  de 
S*  Eulalia  de  Barcelone,  appelée  la  Treille  judaïque,  et  le  mur  du  ruis- 
seau qui  arrose  le  jardin  de  Mari,  avec  la  permission  d'ouvrir  à  nouveau 
des  portes  ou  portails  sous  les  arches  du  moulin  de  Pedro  de  Medayla, 
si  la  concession  faite  par  le  baile  est  antérieure  à  la  construction  des  dites 
arches.  —  Même  date. 

Reg.  14.  f  127  v°.   ~  Cop.  ;  Collection  Bofcirull. 

501.  —  Jaime  l'^"'  accorde  sa  'rémission  aux  Juifs  de  Barcelone,  Villa- 
franca,  Tarragone  et  Montblanch,  coupables  d'infraction  au  taux  légal 
de  l'intérêt;  il  confirme  leurs  créances,  les  autorise  à  barater  aux  chré- 
tiens le  drap,  le  froment,  le  blé,  l'huile,  le  chanvre,  le  lin,  le  safran  et 
autres  denrées,  à  acheter  les  récoltes  à  terme  ;  il  leur  promet  de  ne 
pas  accorder  plus  d'un  sursis  à  leurs  débiteurs;  il  décide,  enfin,  que  dans 
les  procès  entre  chrétiens  et  Juifs  la  preuve  doit  être  faite  par  un  chrétien 
et  un  Juif,  sauf  en  ce  qui  concerne  les  contrats  de  prêt,  pour  lesquels  le 
témoignage  de  deux  chrétiens  suffit.  —  Même  date. 

Reg.  14,  f°  128.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  iNniQ.  :  Jacobs,  n»  391. 

502.  —  Jaime  I*""  fait  les  mêmes  conces.sions  aux  Juifs  do  Ciiroue  et 

Besalû. 

Reg.  14.  f  128.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull. 

503.  —  Jaime  I",  voulant  récompenser  Salamon,  fils  de  Samuel  Anju- 
lopiel,  Juif  d'Alagon,  d'être  bon  clerc  dans  la  Loi  dos  Juifs,  lui  assigne 
une  pension  viagère  de  30  sous  de  Jaca  sur  le  tribut  des  Juifs  d'Alagon.  — 
Saragosse,  7  janvier  1271/2. 

Reg.  14,  f»  146  v".  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  hnio.  :  Jacobs.  ii°  403. 

504.  —  L'infant  don  Pedro  confirme  la  concession  faite  par  son  père 
aux  Juifs  de  Huesca  et  portant  que  pour  les  rixes  et  coups  échangés 
entre  eux,  ils  ne  soient  pas  tenus  de  donner  quelque  chalonge  au  baile 
ou  au  çalmédino,  mais  de  comparaître  devant  le  tribunal  des  adénantadcs. 
—  Lérida,  12  janvier  1271/2. 

Reg.  37,  f»  34  v°.  —  Im.iq.  :  Jacobs,  n"  726. 

505.  —  Jaime  1*'  assigne  à  son  médecin  Jucef  Abencredi.  Juif  de  Sara- 
gosse, une  rente  viagère  de  rlOO  sous  de  Jaca  sur  1'  «  almudin'  »  royal, 

1.  En  caitilUn,  almudtn  ;  halle  au  blé. 


44  REVUE  DES   ETUDES  JUIVES 

r  «  Obarit  »  de  Saragosse,  et  le  dispense  de  contribuer  pour  cette  pension 
avec  raljama  de  Saragosse  aux  tribut,  peite  et  autres  exactions  royales; 
le  roi  mande  à  Jahuda  de  Cavalleria,  baile  de  Saragosse,  de  faire  solder 
la  dite  rente  en  trois  versements.  —  13  janvier  1271  2. 

ReL'.  14,  f"  143.  —  Cop.  :  Collection  Bolanill.  —  Inoio.  :  Toiirtoulon,  t.  II. 
p.  377  ;  .iHCobs,  n"  400. 

506.  —  Jaime  P''  concède  à  Abayhuc  Avenrodricli  que  sa  personne  ne 
puisse  être  appréhendée  pour  non  paiement  du  tribut,  tant  que  la  répar- 
tition n'en  aura  pas  été  faite;  il  le  dispense,  en  outre,  de  l'obligation  de 
répondre,  une  fois  sa  quote-part  versée,  pour  les  contribuables  récalci- 
trants, le  mettant  ainsi  h  Tabri  de  la  contrainte  par  corps,  de  la  fermeture 
de  son  ouvroir  et  de  la  saisie  des  biens.  —  Daroca,  21  janvier  1271/2. 

Reg.  14,  i°  14i  v».  —  Cop.  :  Collection  BofaruU.  —  Indiq.  :  Jacobs.  n°  401. 

507.  —  .laime  !«''  dispense  Jucef  Avenxaprut,  Juif  de  Murviedro,  sa  vie 
durant,  de  l'obligation  de  peiter  pour  la  pension  de  120  sous  qu'il  lui  a 
assignée.  —  Daroca,  29  janvier  1271/2. 

Reg.  14,  P  145  \°.  —  Cop.  :  Collection  Bofaiull.  —  I.muq.  :  Jacobs,  n"  402. 

508.  —  L'infant  don  Pedro  assigne  au  Juif  David  Mascaram  1.000  sous 
réaux  qu'il  lui  a  prêtée  sur  les  revenus  de  la  bailie  de  Carcer,  de  Suma- 
carcel,  et  le  raal  de  Beniamira,  avec  le  pouvoir  d'en  recueillir  la  totalité. — 
Valence,  3  février  1271/2. 

Reg.  37,  fo  66  v". 

509.  —  D.  Pedro  affranchit  Samuel  Zareyal,  Juif  de  Borriana,  pour 
trois  ans,  à  partir  du  jour  où  il  y  a  fixé  son  domicile,  de  toute  quête,  peite 
et  autre  exaction  royale.  —  Lérida,  6  février  1271/2. 

Reg.  37,  f  3r,  V". 

510.  —  D.  Pedro  accorde  sa  rémission,  au  nom  du  roi,  son  père, 
moyennant  3.000  sous  barcelonais,  à  Belshom,  fils  de  Momet,  Juif  de 
Besali'i,  inculpé  «  d'avoir  tenté  ou  perpétré  la  chose  »  avec  une  chrétienne, 
l'enquête  n'ayant  relevé  aucune  preuve  formelle  de  sa  culpabilité.  — 
Girone,  4  mars  1271/2. 

Reg.  .'H,  f  38  V». 

511.  —  D.  Pedro  confirme  la  sous-assignation  faite  à  Aslrucb  Ravayle 
par  Geraldo,  vicomte  de  Cabrera,  de  12,400  sous  barcelonais,  payables  en 
quatre  annuités,  sur  les  revenus  do  (iirone  et  le  tribut  dos  Juifs  de  Girone 
et  Besalii,  la  sous-assignation  faite  au  mêtue  par  Haimundo  de  Cabrera 
et  Izach  Jaftia,  Juif  de  Girone,  de  4,000  sous  sur  les  mêmes  revenus  ; 
l'infant  mande  à  Juccff  Ravayle,  fils  d'Astruch  et  baile  royal,  de  faire 
observer  les  présentes  assignations.  —  Girone,  29  mars  1271. 

Reg.  37,  f"'  39  v«-40.  —  Indiq.  :  Jacob»,  n"  727. 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  1",  PEDRO  III  ET  ALFONSO  III  45 

512.  —  D.  Pedro  donne  procuration  à  Aslrug  Ravaya.  Juif  de  Gironc, 
et  à  son  tils  Jucef,  baile,  de  recueillir  tous  les  droits  qui  lui  reviennent 
sur  le  château  et  la  villa  de  Torroella  Ide  Fluviâ]  et  dy  bailler  à  cens  les 
maisons  et  autres  possessions.  —  Girone,  i^'  avril  1272. 

Reg.  37,  f  45  v».  —  Indiq.  :  Jacobs,  n«  728. 

513.  —  Jaime  I^""  fait  à  laljaina  des  Juifs  de  [Palma  dej  Majorque  les 
mêmes  concessions  qu'aux  Juifs  de  Barcelone  (voy.  n»  501).  —  Lérida, 
12  avril  1272. 

Re|,^  21.  f°  19  v°.  —  Inoiq.  :  Jacobs,  u"  631. 

514.  —  L'infant  don  Pedro  reconnaît  devoir  à  .Salauion  de  Pruts,  Juif 
de  Tarazona,  828  sous  barcelonais.  —  Tarazona,  30  avril  1272 

Reg.  28,  f»  60.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n°  697. 

515.  —  Jaime  I"''  accorde  sa  rémission,  moyennant  500  sous  barcelo- 
nais de  tern,  au  tils  de  Salamon  dt;  Adret,  Abraham,  inculpé  d'avoir 
connu  charnellement  une  chrétienne,  le  viguier  de  Barcelone  n'ayant 
relevé  dans  son  enquête  aucune  charge  contre  l'accusé.  —  Barcelone, 
7  mai  1272. 

Reg.  21,  f  31  r"  et  \^  —  Indiq.  :  Jacobs,  ii°  632. 

516.  —  Jaimt!  I<"'  donne  quittance  aux  secrétaires  et  à  l'aljamades  Juifs 
de  Barcelone  et  de  Villafranca  de  100  morabotins  par  eux  versés  à  sa 
décharge  et  à  son  ordre  à  Vidal,  fils  d'Astruc  de  Porta,  de  Villafranca,  à 
qui  le  roi  a  fait  remise  de  sa  quote-part  d'impôt.  —  Barcelone,  8  mai  1272. 

Reg.  21,  f"  32.  —  INDIQ.  :  Jacobs,  n"  633. 

517.  —  Jaime  l®""  ayant  appris  qu'une  plainte  a  été  portée  au  baile  de 
Barcelone  contre  plusieurs  Juifs  irréfléchis  [stulli],  qui  de  jour  et  de  nuit 
injurient  et  outragent,  dans  le  call  judaïque,  les  prud'hommes  juifs, 
autorise  la  communauté  à  choisir  dans  son  sein  doux  ou  plusieurs 
prudhommes  chargés  de  mettre  un  ternie  aux  insanités  {sutzures  ')  des 
mauvais  garnements,  en  leur  infligeant  des  amendes  et,  au  besoin,  en 
les  chassant  du  call  et  même  de  la  cité  par  le  moyen  de  l'excommu- 
nication (a/a/T/wj  et  autre  empêchement  (/na/icuz).  —Barcelone,  9  mai  1272. 

Reg.  21,  f»  32  V.  —  Cop.  :  Collecliou  Bofarull.  —  Indio.  :   Jacobs,    n'  C34. 

518.  —  Jaime  I"'  concède  k  tous  les  Juifs  de  Barcelone  que  jamais  a 
l'avenir  quelque  Juif  ne  puisse  être  soumis  à  la  (juestion  ou  torture  par 
le  baile  de  la  ville  avant  que  le  juge  ne  lait  déclaré  absolument  indis- 
pensable et  avant  qu'il  n'ait  assigné  à  l'accusé  un  avoué  pour  sa  défense. 
—  Même  date. 

Reg.  21,  f-  33  v°  :  Carias  reaies,  u"  38.  petit   registre  de  papier,  f"  1.  — 
Cop.  :  Collecliou  Bofarull.  —  Inukj.  :  Jacobs,  ii"  635. 

1.  ËQ  catalan,  sutzura  :  saleté,  obscéaité. 


46  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

519.  —  Jaimc  !«■■  donne  quillancc  aux  secrétaires  et  k  laljama  des 
Juifs  de  Girone  et  Besaliï  de  2.000  sous  barcelonais  de  tern  pour  le  tribut 
de  la  Saint-Jean  suivante  qu'ils  devaient  d'abord  payer  à  l'infant  don 
Pedro.  —  Girone,  15  mai  1272. 

Reg.  21,  f"  37.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  Indiq.  :  Jacobâ,  n"  636. 

520.  —  Jaiiiie  !«'"  concède  à  l'aljama  des  Juifs  de  Girone  et  Besalii  que, 
dans  les  procès  relatifs  à  des  biens  meubles  ou  immeubles  qui  s'élèvent 
entre  eux,  le  défendeur  ne  puisse  être  cité  que  devant  un  tribunal  juif 
jugeant  conformément  au  droit  juif  et  infligeant  aux  contrevenants  soit 
une  amende,  soit  l'excommunication  ou  alatma,  en  hébreu  «  herem  »  et 
«  nitduy  ».  —  Même  date. 

Reg.  21,  f  37.  —  Coi».  :  Collection  Bofarull.  —  Indiq.  :  Jacot)s.  n"  637. 

521.  —  Jaiine  1"^',  ayant  appris  que  le  prieur  du  monastère  de  Corneilla 
a  consenti  un  premier  bail  des  revenus  du  prieuré  pour  tiois  ans  en 
faveur  d  un  habitant  de  Villefranche  et  de  jMayro  Massolam,  Juif  dudit 
lieu,  à  charge  de  9.600  sous  melgoriens  par  an,  sans  le  consentement  du 
chapitre,  puis  un  second  bail  pour  sept  ans  en  faveur  de  Mayro  Masso- 
lam, Salomon  de  Soals,  de  Perpignan,  et  autres,  moyennant  la  redevance 
annuelle  de  10.200  sous,  avec  l'assentiment  du  chapitre,  confirme  cette 
dernière  adjudication  dans  l'intérêt  du  monastère.  —  Perpignan,  12  mai 

1272. 

Reg.  21,  PS"  v°.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  1.\diq.  :  Jacobs,  n°  638. 

522.  —  Jaime  l"  accorde  son  guidage  à  Jacob  Salamon,  inculpé  de  la 
mort  d'un  tisserand  de  Narbonne,  pourvu  qu'il  prenne  l'engagement  de 
faire  aux  plaignants  complément  de  justice.  —  Montpellier,  24  juin  1272. 

Reg.  21,  f"  43.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n°  639. 

523.  —  Jaiiue  1«'  dispense  sa  juiverie  de  Montpellier  et  les  Juifs  de 
lévèque  de  Maguelonne  de  l'obligation  de  contribuer  à  la  taille  imposée 
par  les  consuls  et  les  prud'hommes  aux  habitants  do  Montpellier,  ces  der- 
niers ne  lui  ayant  rien  fourni  pour  son  passage  aux  parties  doutre-mer, 
au  lieu  que  ses  Juifs  lui  ont  octroyé  30.000  sous  —  Montpellier,  l*^""  juillet 

1272. 

Reg.  21,  P  45  T°.  —  iNDin.  :  Jacobs,  n"  640. 

524.  —  Jaime  I^r  concède  à  un  chrétien  sa  vie  durant  le  jardin  ayant 
appartenu  à  feu  Mayr,  Juif  de  Lérida,  sis  dans  I'  u  aijafaria  »  de  Jâtiva, 
près  du  grand  château  et  de  la  juiverie.  —  Montpellier,  6  juillet  1272. 

Reg.  21,  P  46  v". 

525.  —  Jaime  I*' comprend  les  Juifs  dans  la  défense  qu'il  fait  d'exercer 
la  nu'deciuc  dans  sa  ville  de  Montpellier  sans  avoir  subi  un  examen 
préalable.    -  Montpellier,  20  juillet  1272. 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  1"%  PEDRO  111  ET  ALFONSO  111  47 

PuBL.  :  Jean  Astruc,  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  de  la  Faculté  de 
médecine  de  Montpellier,  édition  Lorry,  Paris,  1767,  10-4°,  p.  35;  Cartu- 
laire  de  l'Université  de  Montpellier,  t.  I  (1181-1400),  Montpellier,  1890, 
in-4°,  pp.  20:2-203  (d'après  Arch.  de  la  Fac.  de  méd.  de  Montp..  Inventaire 
général,  sac  5,  lettre  E.  et  Arch.de  l'Hérault,  Privilégia  Universiiatis  medicse 
Monspeliensis,  f""  25  et  26  :  acte  confirmé  plusieurs  fois  dans  la  suite).  — 
iNniQ.  :  Germain,  Histoire  de  la  commune  de  Montpellier,  t.  î.  p.  lxviii  : 
t.  III,  p.  107  (d'après  Astruc  et  Privilégia,  f  25). 

526.  —  Jainie  I*'  confirme  le  testament  de  fou  Salomon  Samuel,  Juif, 
alias  Bonisac  Samiel  de  Carcassonne.  —  Montpellier,  8  août  1272. 

Reg.  21,  f°  54.  —  Cop.  :  Collection  BofaruU.  —  Ixdiq.  :  Jacobs,  n"  641. 

527.  —  Jaime  I^""  donne  quittance  à  Botina,  veuve  du  .luif  Salomon 
Samiel,  alias  Bonisach  Samiel  de  Carcassonne,  à  Astrug  de  Beaucaire,  à 
Vives  Vidal,  tuteurs  testamentaires  de  Mose,  fils  impubère  dudit  Salomon, 
à  Bonafos  Mose  et  à  Samiel,  fils  de  feu  Cresques  de  Béziers,  tuteurs  nommés 
par  le  roi,  de  la  somme  de  6.000  sous  melgoriens  pour  la  rémission  qu'il 
a  accordée  au  jeune  pupille,  et  les  autorise  à  déduire  la  dite  somme  des 
biens  de  ce  dernier.  —  Montpellier,  13  août  1272. 

Reg.  21.  f°  54.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  Iniuq.:  Jacobs.  n"  642. 

528.  —  Jaime  I^""  concède  à  Mosse,  fils  et  héritier  de  feu  Salomon 
Samiel,  alias  Bonisac  Samiel  de  Carcassonne,  Juif,  que  toute  personne 
qui  l'accusera  par  devant  le  roi  ou  ses  officiers  soit  tenu  de  l'indemniser 
des  frais  de  procédure  et  autres.  —  Montpellier,  16  août  1272. 

Reg.  21.  f»  55.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull. 

529  —  Jaime  I'=r  accorde  sa  rémission  à  Botina,  Juive,  à  Vives  Vidal 
et  à  Astrug  de  Beaucaire,  Juifs,  tuteurs  testamentaires  de  Mosse,  fils  de 
feu  Salomon  Samiel  et  de  Botina,  à  Samiel  de  Béziers  et  à  Bonafos  Mosse 
de  Narbonne,  tuteurs  d'ordre  royal,  de  toute  peine  qu'ils  pourront 
encourir  pour  mauvaise  gestion  de  tutelle.  —  Même  date. 
Reg.  21,  f°  55  v".  —  Indiq.  :  Jacobs,  n"  644. 

530.  —  JaiiiK'  lof  accorde  sa  rémission  au  jeune  .Mosse  pour  toute 
peine  qu'il  pourrait  encourir  en  raison  des  délits  publics  ou  privés  com- 
mis par  feu  son  père.  —  Même  date. 

l'x'g.  21,  f°  55  v°.  —  I>t)iO-  :  Jacobs,  n"  643. 

531.  —  Jaime  l",  considérant  l'importance  de  la  succession  laissée  par 
feu  Salomon  Samiel,  Juif  de  Perpignan,  adjoint  aux  tuteurs  institués  par 
le  défunt  deux  tuteurs  supplémentaires  :  Samiel,  fils  de  feu  Creschas  de 
Béziers,  et  Bonafos  Mosse  de  Xarbonne,  Juif  de  Perpignan,  chargés  de 
vérifier  les  comptes  des  tuteurs  testamentaires  une  fois  l'an  et  d'en  exiger 
le  serment  de  bien  administrer  les  biens  du  pupille  jusqu'à  ce  que  ce 


48  REVUE   nES  ÉTUDES  JUIVES 

dernier  ait  atteint  dix-huit  ans,  selon  la  volonté   dn   testateur.  —  Même 

date. 

Reg.  21,  f"  56.  —  Pl'bl.  :  Pièces  justif'.,  ii°  VI.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n"  646. 

532.  —  Jaiine  l"  concède  à  un  liabitant  de  Montpellier  et  au  Juif  Sala- 
nion  Cohen,  fils  de  feu  Mosse  Cohen  :  1°  à  charge  d'un  cens  annuel  de 
10  sous  melgoriens,  une  voûte  de  pierre  située  sous  le  Macel  vieux  ;  2°  k 
charge  d'un  cens  de  50  sous,  payable  à  la  Saint-Michel,  les  tables  du 
macel  dressées  sur  ladite  voûte,  ainsi  que  l'étage  construit  sur  cotte 
voûte  ;  le  roi  confirme  ces  deux  concessions  nonobstant  la  sentence 
rendue  par  le  baile  et  le  juge  de  la  cour  royale  de  Montpellier  contre  le 
cotenancier  de  Salamon  au  sujet  de  la  voûte,  et  donne  quittance  aux 
concessionnaires  de  20  livres  melgoriens  pourl'  »  acapte  '  »  de  la  voûte  et 
de  52  livres  et  demie  pour  l'acapte  des  tables.  —  Montpellier,  19  août  1272. 

Reg.  21.  f  fiO  r"  et  v». 

533.  —  Jaime  I*^  concède  à  Castollà,  portier  royal,  la  bailie  des  Juifs 
de  la  ville  de  Barbaslro.  —  Montpellier,  9  septembre  1272. 

Reg.  21,  f°  61. 

534.  —  Jaiinc  I'^''  accorde  sa  rémission  à  Izach  Suyllam  et  à  son  frère, 
Juifs  de  Villafranca  del  Panades,  pour  certains  crimes  par  eux  commis,  à 
l'exception  du  crime' de  lèse-majesté.  —  Agde,  29  septembre  1272. 

Reg   21,  f"  63  v°.  -  Indiq.  :  Jacobs,  n»  647. 

535.  —  Jaiine  P''  accorde  semblable  rémission  à  Vidal  de  Suau,  à  sa 
femme  Bonfat  et  à  son  père  Habraam  de  Suau,  leur  confirmant  la  charte 
de  rémission  à  eux  octroyée  par  le  baile  de  Perpignan.  —  Même  date. 

Reg.  21,  f°  63  V".  —  Indio-  :  Jacobs,  ii"  648. 

536.  —  Jaime  P'  concède  à  tous  les  Juifs  de  Villafranca  del  Panades 
(ju'ils  ne  puissent  être  appréhendés  par  corps  et  détenus  que  sous  l'incul- 
pation de  crime,  de  mort  ou  de  sang  versé,  pourvu  (jifils  fournissent  des 
répondants  solvables  ot  fassent  aux  plaignants  complément  de  justice.  — 
Même  date. 

Reg.  21,  f  63  V.  —  Cor.  :  Collection  HolaniU.  —  Im.iq.  :  Jacobs,  n°  64'J. 

537.  —  Jaime  !«' confirme  la  vente  faite  par  un  habitant  de  Montpel- 
lier au  Juif  Astrug,  fils  de  feu  Vidal  de  Carcassonne,  et  à  son  procureur 
Vives  Bedoz  de  plusieurs  maisons  sises  sur  le  plan  de  Valmagne  au  prix 
de  230  livres  melgoriens  par  charte  publique  de  Cuillaume  Arnald, 
notaire  à  Montpellier;  le  roi  donne  quittance  à  Astrug  do' 18  livres  pour 
droit  de  lods.  —  Montpellier,  12  octobre  1272. 

Reg.  21,  P  66.  —  lM)iQ.  :  Jacobs.  n"  630. 

1.  Droit  d'entrée  en  possession. 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  I",  PEDRO  111  ET  ALFONSO  III  49 

538.  —  Jaime  1"^  concède  à  Mosse  El  Neyto,  Juif  de  Jaca,  sa  vie  durant, 
la  scribanie  de  la  halle  au  blé  {almudin)  et  l'office  de  la  mesure  rase 
(rasove)  de  ladite  halle,  avec  le  droit  d'égaliser  (radas)  les  mesures  à  blé 
ou  autres  et  de  prélever,  chaque  jour,  pour  sa  peine  sur  le  produit  du 
mesurage  4  deniers  de  Jaca.  —  Montpellier,  5  novembre  1272. 

Reg.  21.  f"  71  \°.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n"  631. 

539.  — Jaime  l^f  autorise  les  tuteurs  testamentaires  de  Mosse,  tils  de 
l'eu  Salomon  Samiel,  à  acheter  k  Perpignan  ou  eu  Roussillon  dans  l'in- 
térêt de  leur  pupille  pour  10,000  sous  melgoriens  d'immeubles  avec 
l'assentiment  des  tuteurs  royaux  Samuel  Gresches  et  Bonafos  Mosse  de 
Narbonne;  mais  il  leur  défend,  sous  peine  de  1.000  sous  d'amende,  de 
procéder  à  des  achats  en  dehors  du  Roussillon  et  sans  l'accord  unanime 
de  tous  les  tuteurs.  —  Montpellier,  15  novembre  1272. 

Reg.  21,  f"  14.  —  Inoiq.  :  Jacobs,  ii"  6o"2. 

540.  —  Jaime  l«^  en  vertu  do  l'article  de  loi  qui  impose  k  la  veuve 
l'alimentation  de  son  tils  impubère,  décide  que  Botina,  mère  et  cotutricc 
de  Mosse,  nourrira  ce  dernier  jusqu'à  l'âge  de  dix-huit  ans,  à  moins 
qu'elle  ne  se  marie  dans  l'intervalle.  —  Même  date. 

Reg.  21,  f"  14  v°.  —  Indiq.  :  Jacobs,  u»  653. 

541.  —  Jaime  l^"  interdit  le  transfert  hors  du  Roussillon,  sans  le  con- 
sentement des  tuteurs,  des  biens  du  jeune  Mosse  jusqu'à  ce  que  ce  der- 
nier ait  atteint  dix-huit  ans,  sous  peine  de  1.000  sous,  melgoriens 
d'amende.  —  Même  date. 

Reg.  21,  f"  74  V.  —  Inuio.  :  Jacubs,  u°  6o4. 

542.  —  Jaime  I*""  défend  qu'on  marie  le  jeune  Mosse  avant  dix-huit 
ans,  sous  peine  de  1.000  sous  melgoriens.  —  Même  date. 

Reg.  21,  f'  74  \°.  —  IxruQ!.  :  Jacobs,  n"  6oo. 

543.  — Jaime  1°'  défend,  sous  la  même  peine  et  jus(|u'au  même  terme, 
de  faire  sortir  le  jeune  Musse  du  Roussillon  sans  l'assentiment  des 
tuteurs.  —  Même  date. 

Reg.  21.  P74  v°. 

544.  —  Jaime  l<^f  contirmc  le  testament  dressé  pai-  feu  Vidal  Asliiic, 
Juif  de  Perpignan,  «  ali  pouvoir  »  de  l'infant  don  Jaime  et  la  reddition 
de  comptes  faite  au  dit  infant  par  Bondia  de  Lunel,  tuteur  et  procureur 
testamentaire  dos  enfants  do  Vidal  Aslruc,  k  l'issue  d'un  procès  entre  les 
pupilles  et  le  tuteur,  —  Montpellier,  10  janvier  1272  3. 

Reg.  21,  V  81  v.  -   I.Miin.  :  J.icol.s,  n"  (i.jT. 

545.  —  Jaiino  l^""  accorde  sa  romissi(ui  aux  Juifs  royaux  r(  opiscopau.v 
de  Montpelliei'.  —  MontpelHer,  26  janvier  1272/3. 

Reg.  21,  f  88  V».  —  IxoiQ.  :  Jacobs,  ii°  660. 
T.  LXll,  s»  12;).  4 


50  REVUK   DKS   ÉTUDES  JUIVES 

546.  —  Jaime  I*""  concède  à  M"  Benjuade  Melgueil,  Juif  de  Montpellier, 
une  pension  viagère  de  100  sous  melgoriens,  à  percevoir  sur  le  tribut  de 
20  sous  que  les  Juifs  royaux  de  la  ville  sont  tenus  de  payer  ciiaque 
année.  —  Montpellier,  27  janvier  1272^ 3. 

Rei:.  21,  f  88.  —  Indu,..  :  Jacobs,  n"  6.^9. 

547.  —  Jaime  I""'  considérant  qu'il  a  reçu  de  laljama  des  Juifs  royaux 
et  épiscopaux  de  Montpellier  10.000  sous  melgoriens,  la  dispense  de  la 
contribution  de  130.000  sous  que  les  consuls  et  la  communauté  de  Mont- 
pellier ont  octroyée  au  roi  pour  la  taille  ou  collecte.  —  Montpellier, 
28  janvier  1272/3. 

Reg.  21,  {"  88  v°.  —  I.xdiq.  :  Jacobs,  ii°  661. 

548.  —  Jaime  !«'  reconnaît  devoir  au  Juif  Muça  de  la  Porlella,  baile 
royal  de  Tarazona,  2.000  sous  de  Jaca,  qu'il  lui  assigne  sur  les  revenus  de 
la  morerie  de  Tarazona.  —  Lérida,  1'=''  avril  1273. 

Reg.  21,  r  118. 

549.  —  Jaime  l^""  mande  aux  Juifs  de  Monzôn  de  contribuer  à  toutes 
les  peites.  —  Lérida,  5  avril  1273. 

Reg.  21,  f°  120  v».  —  L\DiQ.  :  Jacobs,  u»  663. 

550.  —  Jaime  I"""  concède  aux  prud'hommes  et  à  toute  la  communauté 
d'Agramunt  qu'à  l'avenir,  les  Juifs  habitant  ou  devant  habiter  celte  ville 
soient  tenus  de  contribuer  aux  exactions  et  services  communaux,  excepté 
au  tribut  ou  peite,  pour  lesquels  les  dits  Juifs  contribuent  avec  leurs 
coreligionnaires  de  Lérida.  —  Lérida,  6  avril  1273. 

Reg.  21,  f  122. 

551.  —  Jaimcl'^''  ;u:cordc  sa  rémission  à  Caym  Amocacil,  Juif  de  Lérida, 
inculpé  de  quelques  délits.  —  Lérida,  12  avril  1273. 

Reg.  21,  f"  122  V". 

552.  —  Jaime  I""^  concède  à  laljama  des  Juifs  de  Harbastro  que  les 
Juifs  qui  seront  nommés  à  l'avenir  aux  fonctions  d'adénantade  puissent 
s'adjoindre  des  assesseurs  juifs  jusqu'à  concurrence  de  dix;  ces  derniers 
pourront  citer  devant  le  baile  local  tout  Juif  de  mauvaise  vie  ou  fréquen- 
tation, flétri  en  hébreu  de  l'appcllalion  de  «  malsin  »,  et  passible  même 
de  la  peine  de  mort;  les  assesseurs  ayant  exposé  l'accusation  sous  la  foi 
du  serment  prêté  sur  la  Loi  de  Moïse,  le  baile  royal  sera'  tenu  de  juger 
les  accusés  et,  au  besoin,  de  les  condamuor  à  moil,  à  charge  pour 
l'aljama  d'une  taxe  de  "MO  sous  de  Jaca  par  Juif  condamné.  —  Lérida, 
19  avril  1273. 

lî.'i:.  21.  t     l;!(i  \  .        (",(.!•.  :  ('.nllfclion  Itolanill.  —  Im.iu.  :  Jacobs,  ii"  665. 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  T'',  PEDRO  111  ET  ALFONSO  III  ni 

553.  —  Linfant  don  Pedro,  accorde  son  guidage  à  Jncef,  tils  de  don 
Torroz  Levi,  et  a  tous  ceux  qui  viendront  s'établir  à  sa  suite  dans  le 
royaume,  sous  peine  poiu*  tout  contrevenant  de  bOO  morabolins  d'amende. 
—  [Valence],  limai  1273. 

Reg.  3:,  1"64. 

554.  —  D.  Pedro  exempte  pour  cinq  ans  de  tout  impôt  Jncef,  fils  de 
don  Torroz  Levi,  et  tous  les  autres  Juifs  qui  viendront  de  l'étranger  fixer 
leurs  domiciles  dans  les  domaines  de  l'infant.  —  Même  date. 

Reg.  37,  r  64  r"  et  v".  —  Indiq.  :  Jacobs,  ii°  736. 

555.  —  D.  Pedro  reconnaît  devoir  à  Mosse,  Juif  d'Alcira,  380  sous 
réaux.  —  Valence,  18  mai  1273. 

Reg.  28,  f  44  v". 

556.  —  Jaime  I*'"  concède  à  Jucef  Avinxaprut,  Juif  de  Murviedro,  les 
bains  royaux  de  la  villa  de  Murviedro  avec  la  chaufferie  [caldaria]  et  ses 
dépendances,  à  charge  d'un  cens  annuel,  payable  à  la  Saint-Jean,  de 
200  sous.  —  Alcira,  16  juin  1273. 

Reg.  19,  f°  19.  —  Plbl.  :  Pièces  justif..  ii"  VII.  —  Indih.  :  Jacobs.  n"  oU. 

557.  —  Mention  dans  un  compte  d'agent  fiscal  de  10.000  sous  payés 
par  les  Juifs  de  Saragosse  et  de  500  payés  par  ceux  de  Daroca.  —  Valence, 
29  juillet  1273. 

Reg.  22,  fo  2. 

558.  —  Jaime  \^<^  remet  aux  habitants  de  Perpignan,  tant  Juifs  que 
cliréliens,  toute  peine  encourue  au  sujet  du  cours  de  la  monnaie  de  Mcl- 
gueil.  —  3  août  1273. 

IXDin.  :  Vidal,  Juifs  de  Roussillon,  p.  12  (d'après  Arch.  mun.  «le  Pei|i., 
l-ivre  vert  mineur.  P  24). 

559.  —  Jaime  I«^  k  la  prière  de  son  fils  Sancho,  archevêque  de  Tolède, 
affranchit  Acach  El  Calvo,  Juif  de  Calalayud,  sa  vie  durant,  de  tout  tribut, 
peite,  quête,  cène,  etc.  —  Valence,  llaotit  1273. 

Reg.  19,  r  40. 

560.  —  Jaime  !'='■  ordonne  (|ue  les  clirétiens  et  les  Juifs  de  Majonjuc 
condamnés  k  la  prison  ne  soient  pas  délcmis  ensemble,  mais  dans  deux 
nuiisons  séparées.  —  Valence,  18  août  i2'i3. 

Plbl.  :  Villanueva,  t.  XXII,  p.  312:  Fidel  Fita  et  LIabrés,  Judios  mallor- 
(juines,  dans  Bolelin  de  Madrid,  t.  XXXVI  (1900),  p.  26  (d'après  Villa- 
iiiii'Na  . —  I.NDiu.  :  Morel-Fatii),  Juifs  des  Jitileures,  dans  R.E.  J.,  t.  IV (1882), 
[i.  34,  11'  7  (d'après  Villanueva). 

561.  —  Jaime   1"   auloiisc  les  Juifs  de  Majorque  à  égorger  (decollare' 


52  HEVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

les  animaux  de  boucherie  et  à  préparer  les  viandes  selon  leurs  usages 
sur  l'étal  {maceUo)  des  chrétiens.  —  Valence,  25  août  1273. 

Plbl.   :   Fidel  Fita  et  Llabrés,   ul  supra.,    pp.  26-27,   n°  10  (d'après  ms. 
Pueyo,  r  33). 

562.  —  Jainie  I'^'  confirme  les  privilèges  octroyés  à  l'aljama  des  Juifs 
de  Majorque  et,  notamment,  la  possession  des  maisons  qu'ils  ont  acquises 
dans  la  cité  de  Majorque;  il  les  autorise,  en  outre,  à  acheter  de  nouvelles 
maisons  aux  chrétiens,  mais  leur  intei'dit  d'habiter  avec  ces  derniers  au 
même  portail  ou  à  la  même  porte;  il  leur  renouvelle  le  privilège  relatif 
à  regorgement  des  animaux;  il  décide,  enfin,  que  leurs  esclaves  sarra- 
sins qui  recevront  le  baptême  resteront  la  propriété  du  roi.  —  Même  date- 

Réf.   19,  1"  47  V".  —  Cop.  :  Collection  Bolarull.  —  I.ndiq.  :   Amadur  de  lus 
Rios,  t.  I,  pp.  398-399,  ii.  2;  Jacobs,  n"  516. 

563.  —  .laime  I^r  accorde  sa  rémission,  faute  de  preuves  formelles,  à 
.lacob  Avenrodrich,  Juif  de  Téruel,  à  ses  enfants  et  à  son  frère  Abrayhm, 
inculpés  du  meurtre  du  fils  de  Jucef  de  Faro.  —  Valence,  27  août  1273. 

Reij.  19,  P  47.  —  I.M)rQ.  :  Jacobs,  ii°  blîj. 

564.  —  Jaime  1«''  concède  à  tous  les  Juifs  de  Barcelone,  Villafranca, 
Tarragone  et  Montblanch  le  droit  d'en  appeler  k  lui  dans  un  procès  civil 
ou  criminel,  si  le  viguier,  le  baile  ou  un  autre  officier  s'avisent  de  pro- 
céder contre  lesdits  Juifs  avant  ou  après  la  sentence  et  d'aggraver  leurs 
peines;  l'appel  interjeté,  les  officiers  royaux  devront  suspendre  la  procé- 
dure et  le  roi  les  citera  à  comparaître  par  devant  lui  en  compagnie  des 
appelants,  àla  réserve,  toutefois,  que  l'accusé  poursuivi  au  criminel  devra 
être  retenu  en  prison  jus(ju'au  prononcé  de  la  sentence  et  l'accusé  pour- 
suivi au  civil  mis  en  liberté  provisoire  moyennant  une  caution.  —  Valence, 
31  août  1273. 

Reg.  19,  {"  30;    Carias  reaies,  u°  38,  petit  registre  de  papier,  f"  1  v".  — 
Cor.  :  Collection  BofaruU. 

565.  —  L'infant  don  Pedro  concède  à  son  cher  Juif  Maalux  Alcoqui, 
sa  vie  durant,  une  livre  de  viande  de  bélier  à  prélever  chaque  jour  sur 
l'étal  des  Juifs  de  Huesca.  —  Huesca,  11  septembre  1273. 

Reg.  37,  f  67. 

566.  —  Jaime  l»'' confii-me  en  faveur  des  Juifs  de  Valence  la  possession 
du  call  et  des  maisons  judaïques,  depuis  la  porte  d'  «  Exatea  »  jusqu'aux 
maisons  de  Haimundo  Castellà,  leur  promettant  de  ne  jamais  changer  le 
call  de  place;  2»  il  les  autorise  ii  acheter  les  maisons  des  clirétiens  com- 
prises dans  les  limites  susdites,  avec  défense  aux  chrétiens  de  vendre 
leurs  maisons  à  d'autres  qu'aux  Juifs;  3°  il  leur  peiinet  de  fermer  les 
portes  du  call  et  de  les  tenir  closes,  de  manière  que  personne  n'y  entre 
coiilrc  leur  volonté;  4"  il  défend  à  ses  l)ailes,  justices,  porliers  et  autres 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  I",  PEDRO  III  ET  ALFONSO  III  S3 

officiers  de  fermer  l;i  synagogue  et  d'y  enfermer  les  Juifs  pour  non  paie- 
ment de  peite,  quête,  etc.;  îi°  aucun  Juif  ne  sera  tenu  d'aller  prêter  ser- 
ment à  la  cour,  mais  dans  sa  propre  maison  ;  G"  aucun  chrétien  ne  devra 
être  logé  chez  les  Juifs,  ni  en  exiger  des  draps  ou  autre  cliose  si  ce  n'est 
de  leur  pleine  volonté  ;  7"  le  roi  autorise  les  Juifs  de  Valence  à  vendre 
des  marchandises  à  terme  ou  à  barate  (ad  speram  vel  ad  haratam),  ainsi 
que  le  pratiquent  leurs  coreligionnaires  d'Aragon;  8°  il  leur  confirme, 
enfin,  tout  le  droit  qu'ils  ont  sur  le  four  royal  du  call,  et  leur  donne 
quittance  de  3.000  sous  réaux  do  Valence,  versés  pour  prix  des  précédentes 
concessions.  —  Alcira,  19  septembre  1273. 

Reg.  19,  fo'  36  v-oT  :  confirmation  du  privilège  du  29  janvier  1256/7  (voj'. 
n°  311.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  Plbl.  :  Danvila,  Clausura  y  delimi- 
facion  de  la  Juderia  de  Valencia  en  1390  a  91,  dans  Boletin  de  Madrid, 
t.  XVIII  ;;i89I),  p.  143,  n.  2.  —  Indiq.  :  Amador  «le  los  Rios,  t.  1,  p.  404,  n.  1; 
Jacobs,  n°  518. 

567.  —  Jaime  l<^'  dispense  Çecrino  Halleu,  Juif  de  Saragosse,  fils  de 
Jucef,  de  l'obligation  de  payer  les  tributs  de  ses  coreligionnaires  insol- 
vables, sous  peine  de  saisie  et  de  fermeture  de  boutique  ou  maison, 
pourvu  qu'il  s'acquitte  lui-même  de  sa  quote-part.  —  Valence,  21  octobre 

1273. 

Reg.  19,  ni  v'\  —  Cop.:  Collectiou  Bofainll.  —  Ixdiq.  :  Jacobs,  n°  521. 

568.  —  Jaime  l^'  concède  à  Jucef  Avinxaprut,  Juif  de  Murviedro,  en 
toute  propriété,  trois  jovades  de  terre  confrontant  le  chemin  de  Buriana 
et  le  remblai  (rambla)  du  Hiu,  avec  le  droit  de  les  aliéner  sauf  en  faveur 
d'ecclésiastiques,  de  nobles  et  de  communautés.  —  Valence,  4  novembre 

1273. 

Reg.  19,  f"  65  r"  et  v".  —  Inpio.  :  Jacobs,  n"  521. 

569.  —  Jaime  l"""  proroge  de  deux  ans  l'échéance  des  dettes  souscrites 
par  l'aljama  des  Juifs  de  Lérida,  à  la  réserve  qu'elle  paiera  régulièrement 
les  intérêts.  —  Même  date. 

Reg.  19,  P  65  v».  —  Cop.  :  Collection  Bot'arnli.  —  Indiq.  :  Jacdbs,  n"  522. 

570.  —  Jaime  \"  dispense  les  Juifs  de  Lérida  de  l'obligation  de  prêter 
serment,  dans  les  procès  avec  les  chnHiens,  sur  le  Livre  des  malédictions, 
les  astreignant  seulement  à  jurer  sur  les  Dix  préceptes  de  la  Loi,  à  l'inté- 
rieur de  la  synagogue,  en  présence  du  baile  de  Lérida  ou  de  son  délégué. 
—  Même  date. 

Reg.  19,  f"»  65  v".  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  Indiu.  :  Anrulor  de  los 
Rios,  t.  I,  p.  419,  n.  1  ;  Jacobs,  n°  523. 

571.  Jaime  l»'  mande  à  ses  fidèles  zalmédine,  justice  et  jurés  de 
Huesca  d'empêcher  les  drapiers  juifs  de  la  ville  de  vendre  des  draps  dans 
leurs  maisons  ou  quelque  autre  lieu,  en  secret,  mais  dans  des  boutiques 
de  draperie  en  public,  et  de  veiller  à  ce  qu'aucun  drapier  ne  commette 


54  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

de  fraude  soit  en  trompant  l'acheteur  sur  l'origine  et  le  lieu  de  fabrication 
des  draps  mis  en  vente  dans  sa  boutique,  soit  en  payant  quelque  courtage 
[corecturam]  pour  les  draps  vendus  <>  à  la  taille  ».  —  Alcira,  13  novembre 
1273. 

Reg.  19,  f  H8.  —  Cop.  :  Collection  Borarull. 

572.  —  Jaime  1"'' concède  à  Jacob  Albala,  Juif  d'Alagôn,  le  privilège  de 
ne  contribuer  au  tribut  pendant  dix  ans  que  pour  la  quinzième  partie.  — 
Alcira,  20  novembre  1273. 

Reg.  19,  f»  70.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  Inoiq.  :  Jacohs,  n'  524. 

573.  —  Jaime  1«'  accorde  aux  Juifs  de  raljama  de  Saragosse  le  droit 
de  lui  interjeter  appel  dans  le  délai  tixé  par  le  for  d'Aragon  de  toute 
sentence  capitale  rendue  contre  un  Juif  par  le  zalmédine  de  Saragosse  ou 
quelque  autre  officier  royal.  —  Alcira,  1«'  décembre  1273. 

Reg.  19,  f"  11  V".  —  Cop.  :  Collection  BofHrull.  —  Imuq.  :  Jacobs,  n"  5-29. 

574.  —  Jaime  I^""  concède  à  un  de  ses  scribes,  pour  son  tils,  les  deux 
jovades  de  terre  qu'il  a  déjà  données  à  Abraham  Mascharan,  Juif,  et  à 
David,  son  fils,  près  de  la  cuisine  neuve  d'Alcira,  mais  qu'il  leur  a 
enlevées  en  raison  de  leur  départ  à  l'étranger.  — Valence,  13  décembre  1273. 

Reg.  19,  f»  83. 

575.  —  Jaime  l»""  concède  aux  frères  David  et  Jacob,  Juifs  de  Camp- 
rodôn,  de  faire  partie  à  l'avenir  de  la  collecte  des  Juifs  de  Besali'i.  — 
Jâtiva,  21  décembre  1273. 

Reg.  19,  r  89.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n"  530. 

576.  —  Jaime  I^""  ratifie  le  règlement  de  comptes  arrêté  entre  Vives, 
fils  de  Jucef  Abenvives,  Juif  de  Valence,  et  l'infant  don  Pedro,  au  sujet 
des  dettes  souscrites  par  celui-ci  à  l'égard  de  celui-là  ;  Vives  demeure 
créancier  de  l'infant  au  !«'•  janvier  pour  64.700  sous  réaux  de  Valence, 
en  garantie  desquels  il  tient  en  gage  les  revenus  du  val  de  Pego,  du  val 
d'Alfandeche  et  de  Marines.  —  Dénia,  8  janvier  1273/4. 

Reg.  19,  f°  90.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n"  531. 

577.  —  Jaime  I^""  reçoit  la  plainte  du  conseil  de  Carthagène  et  du 
mérine  de  Murcie  au  sujet  de  la  capture  dans  le  port  de  Carthagène  par 
un  navire  et  une  galée  de  Tortose  de  Juifs  d'Alicante  et  de  Murcie  qui  se 
trouvaient  à  bord  du  bateau  de  Pedro  Salino,  ainsi  que  de  deux  autres 
Juifs  embarqués  sur  un  autre  bateau  ;  l'enquête  révèle  que  les  bateaux 
après  avoir  pris  la  fuite  ont  touché  terre  et  que  la  galée 'a  capturé  les 
Juifs  qui  s'y  trouvaient,  au  moment  précis  où  une  barcasse  '  [burchata) 
se  détachait  desdits  bateaux  ;  le  roi  décide  que  les   armateurs  ne  sont 

1.  Eu  rastillan,  barcaza  :  bateau  servant  à  charger  et  à  décharger  les  gros  naTires. 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  I'^'',  PEDRO  III  ET  ALFONSO  III  55 

tenus  de  restituer  que  les  Juifs  de  Muccie  ou  d'Alicante  par  déférence 
pour  le  roi  de  Castille  ;  les  armateurs,  après  la  promulgation  de  la 
sentence  royale,  rendent  la  liberté  à  trois  Juifs  et  à  un  Sarrasin.  —  Murcie, 
24  janvier  12734. 

Reï.  19,  ^'  93  vo-96. 

578.  —  Jaime  I*"^  concède  à  Salomon  Vidal,  Juif  de  Burriana,  quatre 
jovades  de  terres  aans  le  «  regadiu  ^  »,  un  patu  pour  le  besoin  de  sa 
maison,  une  jovade  et  demie  de  terre  en  bordure  du  grand  canal  {cequinm 
majorem)  pour  le  besoin  de  sa  vigne  et  une  autre  parcelle  pour  le  besoin 
de  son  jardin.  —  Alclra,  16  février  1273/4. 

Reg.  19,  f"  102.  —  lN-i)io.  :  Jacobs,  ii°  334. 

579.  —  Jaime  I"  accorde  son  guidage,  sous  peine  pour  tout  contre- 
venant de  200  morabotins,  à  .\zach  Alfaza  et  à  ses  fils,  Juifs  deCalatayud. 
—  Alcira,  17  février  1273/4. 

Reg.  19,  f"  102.  —  iNDin.  :   Jacobs,  n»  535. 

580.  —  Jaime  \"  concède  une  charte  de  peuplement  à  Taljama  des 
Juifs  de  Jâtiva:  il  promet  d'affranchir  d'impôt  pendant  cinq  ans  tout  Juif 
qui  viendra  habiter  Jâtiva  ;  si  après  huit  ans  de  résidence,  le  Juif  quitte 
la  ville,  il  sera  tenu  de  s'acquitter  envers  l'aljama  de  sa  quote-part  de 
peite  ;  les  nouveaux  venus  devront  jurer  dans  les  trois  mois  de  leur 
établissement,  sous  peine  de  100  morabotins,  de  contribuer  aux  dépenses 
de  la  communauté   —  Alcira,  23  février  1273  4. 

Refî.  19,  f»  101  v».  —  Cop.  :  Coilt'ctioii  Bofaiull.  —  1m>io.  :  Jacobs,  n"  533. 

581.  —  Jaime  I*;"^  mande  à  toutes  les  aljamas  de  Juifs  de  déléguer  par 
devers  lui  à  Barcelone,  le  dimanche  avant  la  fête  des  Rameaux,  deux 
mandataires  par  communauté  ;  envoi  de  ce  mandement  aux  aljamas  de 
Jâtiva,  Valence,  Murviedro,  Tortose,  Téruel,  Daroca,  Galatayud,  Tarazona, 
Egea,  Ruesta,  Saragosse,  Alagôn,  Huesca,  Jaca,  Barbastro,  Montclus, 
Lérida,  Barcelone,  Girone  et  Besali'i,  Perpignan.  —Valence,  25 février  1273/4. 

Roir.  18.  f"  103.  —  Cop.  :  Collection  Hofaritll.  —  Inihh.  :  Jacobs,  n"  305. 

582.  —  Jaime  I^r  Affranchit  de  tout  impôt  pendant  cinq  ans  les  Juifs 
qui  viendront  peupler  Jâtiva  et,  notamment,  Açach  Abenjanah,  Juif  de 
Tolède,  établi  depuis  peu  à  Jâtiva.  —  Même  date. 

Reg.  19,  P  108.  —  Cop.  :  Collection  Bofaiull.  —  Indio.  :  Jacobs,  n"  536. 

583.  —  Jaime  I*""  accorde  sa  rémission,  après  enquête  du  baile  de 
Montpellier,  à  Taures  de  Beaucaire  et  à  Bondia  de  Beaucaire,  gendres  et 
héritiers  du  Juif  Astrug,  fils  de  feu  Vidal  de  Carcassonne,  lequel  Astrug 

1.  En  catalan,  regadiu  :  terrain  arrosable. 


S6  REVUE   DES   ÉTUOES  JUIVES 

s'est  suicidé  après  avoir  prol'éro  de  son  vivant  des  pai'oles  injurieuses 
pour  la  niajesté  royale.   —  Barcelone,  19  mars  1273/4. 

Reg.  19,  t'°  115  \o  —  Gop.  :  Cc.llectiun  Bofanill.  —  Ixdiq.  :  Jacobs,  n"  537. 

584.  —  Jaime  I*""  renouvelle  la  reniission  précédente  en  y  ajoutant 
Salamas  de  Lunel,  troisième  gendre  d'Astrug.  —  Barcelone,  20  mars  1273  4. 

Reg.  19,  f»  115  vo.  —  Cop.  :  Collection  Bofaruil. 

585.  —  Jaime  I*""  accorde  sa  rémission  au  tils  d'Astrug  de  Barcelone, 
Izach  Astruch,  inculpé  du  meurtre  de  son  beau-père  Caravida,  Juif  de 
Manresa.  —  Barcelone,  23  mars  1273/4. 

Reg.  19,  f"  Wlx".  -  Cop.  :  Collection  Bofaruil. 

586.  —  Jaime  !«''  accorde  sa  rémission,  moyennant  le  versement  au 
bail  de  Perpignan  de  .3.000  sous  melgoriens,  à  Vivones  de  Castellnou, 
Juif  de  Perpignan,  inculpé  de  s'être  enfui  du  royaume  en  emportant  avec 
lui  un  trésor  reçu  en  dépôt  de  feu  Bonanasq,  Juif  de  Besalû.  —  Perpignan, 
9  avril  1274. 

Reg.  19,  f'  121  ^-122.  —  Indtq.  :  Jacobs,  n-  539. 

587.  —  Jaime  I»""  dispense  les  Juifs  Astrug  deBeaucaire  et  Vives  Vidal, 

tuteurs  testamentaires  de  Mosse,  fils  et  héritier  universel  de  Salamon 
Samiel,  alias  Bonisach  Samiel  de  Carcassonne,  de  l'obligation  qui  leur 
incombe  par  suite  du  décès  de  Botina,  mère  et  tutrice  du  jeune  Mosse, 
de  s'adjoindre  un  troisième  tuteur,  à  moins,  toutefois,  qu'ils  ne  soient 
convaincus  de  mauvaise  gestion.  —  Même  date. 
Reg.  19,  f°  122.  —  IxDio.  :  Jacobs,  n°  540. 

588.  —  Jaime  l^'  autorise  les  Juifs  de  Villafranca  del  Panades,  sous 

peine  pour  tout  contrevenant  de  10  morabotins,  à  acheter  deux  quarterécs 
de  terre  pour  y  édifier  un  cimetière  juif,  et  comme  ils  ont  déjà  fait  dioix 
d'une  tenure  assujettie  au  cens  royal,  il  leur  conseille  de  choisir  un  autre 
emplacement,  non  plus  censitaire,  mais  allodial.  —  Même  date. 

Reg.  19,  fo  12.'!.  —  Cop.  :  Collection  Bofaruil.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n*  541. 

589.  —  Jaime  I^""  prend  l'engagement  à  l'égard  des  Juifs  de  l'aljama 
de  Perpignan,  de  Roussillon,  Cerdagne  et  Gonflent  de  ne  pas  accorder  de 
sursis  pendant  trois  ans  à  leurs  débiteurs.  —  Montpellier,  15  avril  1274. 

Reg.  19,  f°  127.  —  Cop.  :  Collection  Bofaruil.  —  Imik...  :  Jacobs.  n<  514. 

590.  —  Jaime  I"  autorise  les  Juifs  de  Perpignan  à  faire  contraindre 
leurs  débiteurs,  à  l'exception,  toutefois,  des  bénéficiaires  de  sursis  royaux, 
par  la  saisie  des  meubles,  sauf  bètes  de  somme,  instruments  aratoires, 
vases  vinaires  et  étoffes.  —  Même  date. 

Reg.  19,  f»  127  V.  —  Cop.  :  Collection  Bofaruil.  —  Ixdiq.  :  Jacobs,  n°  545, 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAlME  V\  PEDRO  111  ET  ALFONSO  III  r.7 

591.  —  Jaiiiie  I'^'' concède  à  l'aljama  des  Juifs  de  Perpignan,  Roussillon, 
Cerdagne  et  Gonflent  que  tontes  les  fois  qu'un  Juif  portera  plainte  contre 
son  débiteur  devant  le  viguier,  le  baile  ou  autre  officier  royal,  ces  agents 
devront  s'enquérir  des  ressources  du  débiteur  et  de  son  répondant,  qui  ne 
pourront  rien  en  aliéner  jusqu'au  prononcé  de  la  sentence.  —  Montpellier. 
17  avril  1274. 

Rei:.  19,  f°  127  v".   -  Cop.  :  Coliectidu  P.ofaruli.  —  Ini>iq.  :  .lacobs,  n°  .oUi. 

592.  —  Jaiine  l*""  concède  à  la  même  aljama  ([u'un  procès  pendant 
entre  un  Juif  et  tout  autre  personne  pour  fait  de  dettes,  ne  puisse  être 
différé  par  sentence  interlocutoire,  —  Même  date. 

P.eir.  19,  f"  12"  v".  -  Cor.  :  Collection  Bofaruli.  ~  Indiq.  :  Jarohs,  ri°  547. 

593.  —  Jaime  P""  concède  à  la  même  aljama  que  les  débiteurs  bénéfi- 
ciant d'un  sursis  royal  pour  la  seconde  fois,  ne  puissent  en  exciper  à 
l'égard  de  leurs  créanciers  juifs.  —  Même  date. 

P.eg.  19,  f°  127  V".  —  Cop.  :  Collection  Bufaïuil.  -  Inhiu.  :  Jaoljs,  ii»  548. 

594.  —  Jaime  I-^""  décide  que  tout  Juif  qui  aura  passé  en  fraude  par 
Lérida  ou  par  tout  autre  lieu  dans  lequel  se  perçoit  la  leude,  ne  subira 
d'autre  peine  que  l'obligation  de  payer  double  taxe,  à  la  réserve  que,  s'il 
transporte  des  mai'chandises,  il  s'en  verra  confisquer  la  totalité  selon  la 
coutume.  —  Même  date. 

Reg.  19,  f^  128.  —  Gop.  :  Collection  Bofaruli.  —  Indiq.  :  Jacobs.  w  550. 

595.  —  Jaime  1"  concède  à  l'aljama  de  Juifs  de  Perpignan,  Uoussillon, 
Cerdagne  et  Gonflent  que,  pour  les  dettes  qu'elle  a  souscrites  en  vue  du 
paiement  du  tribut  royal,  elle  ne  soit  pas  tenue,  sur  la  plainte  de  ses 
créanciers,  de  payer  quelque  amende,  pourvu  que  ses  secrétaires  déclarent 
sous  serment  que  ces  dettes  ont  bien  été  contractées  pour  acquitter  le 
tribut.  —  Même  date. 

Reg.  19,  f"  128.  —  Cop.  :  Collection  Bofaruli.  —  Inoiq.  :  Jacobs,  n'  5.j1. 

596.  —  Jaime  l*^  ayant  appris  que  certains  clercs  ou  laïques  citaient 
des  Juifs  de  .Montpellier,  en  vertu  de  lettres  de  commitlinius,  devant  une 
autre  juridiction  que  celle  de  la  cour  royale  de  ladite  ville,  et  cela  non 
pour  se  faire  rendre  justice,  mais  pour  leur  imposer  de  plus  fortes 
dépenses,  mande  au  baile  de  la  cour  de  Montpellier  d'user  à  l'égard  des 
plaignants  qui  auront  bénéficié  de  semblables  lettres  de  la  contrainte 
par  corps  et  de  la  saisie  des  biens  s'il  s'agit  de  laïques,  ou  de  la  saisie 
seulement  s'il  s'agit  d'ecclésiastiques,  jusqu'à  ce  qu  ils  aient  renoncé  à 
leurs  lettres  de  contniittiinus  et  indemnisé  les  défendeurs  des  frais  de 
justice.  —  Montpellier,  20  avril  1274. 

Reg.  19,  f  126  v°.  —  Cop.  :  Collection  Bofaruli. 

597.  —  Jaime  I^f  accorde  sa   rémission  au  Juif  Abrabam  de  l.unel. 


58  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

coupable  d'avoir  transféra  son  domicile  h  Montpellier,  dans  la  juiverie 
royale.  —  Même  date. 

Reg.  19,  f»  126  y".  —  Ixnio.  :  Jacobs,  n"  343. 

598.  —  Jaiine  I»'"  autorise  les  Juifs  de  Perpignan,  Roussillon,  Cerdagne 
et  Confient  h  faire  dresser  dans  n'importe  quel  lieu  du  Houssillon  les 
contrats  de  dettes  conclus  entre  Roussillonais,  pourvu,  toutefois,  qu'ils 
s'adressent  à  un  notaire  royal  établissant  ses  actes  conformément  au  tarif 
royal.  —  Même  date. 

Reg.  19,  f  12S.  —  IxDiQ.  :  Jacobs,  n"  549. 

599.  —  L'infant  don  Pedro  donne  décharge  à  Belshom,  Fonen  Cabril, 
Bonet  Avinax  et  Yzach  Jafia,  secrétaires  de  l'aljama  des  Juifs  de  Girone 
et  Besali'i,  à  Levi  et  à  Cresquas  Perfeit,  secrétaires  de  Besalù,  des  paie- 
ments qu'ils  ont  effectués  à  son  ordre.  —  Torroella,  26  mai  1274. 

Reg.  37,  î°  61  v°. 

600.  —  Jaime  I^""  autorise  les  consuls  de  ses  Juifs  de  Montpellier  à 
saisir,  au  profit  des  aumônes  juives,  toutes  les  tailles  qui  seront  faites 
dans  la  communauté  pour  la  répartition  des  tributs,  quêtes  et  autres 
exactions  royales.  —  Perpignan,  17  juin  1274. 

Reg.  19,  f°  133  v°.  —  Cop.  :  Cullection  Bofanill.  —  îndiu.  :  Jacobs,  n"  552. 

601.  —  Jaime  F' confirme  la  concession  faite  le  l^r  février  1206/7  (voy. 
no  3oG)  aux  Juifs  royaux  de  Montpellier  relativement  à  la  procédure  qui 
doit  être  observée  à  leur  égard.  —  Même  date. 

Reg.  19,  f<"  134.  —  Cop.  :  Collection  Bofanill.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n°  oo3. 

602.  —  Jaime  l^""  reconnaît  devoir  à  Isaach,  fils  de  feu  Bonet  d'en 
Abraham,  Juif  de  Montpellier,  pour  rémunération  de  l'office  de  la  collecte 
des  revenus  royaux  de  la  ville,  300  sous  melgoriens,  à  valoir  sur  les 

20  sous  de  redevance  annuelle  que  le  dit  Isaach  fournit  pour  sa  maison. 
—  Même  date. 

Reg.  19,  f°  134.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n»  554. 

603.  —  Jaime  ]"  confirme  la  rémission  accordée  par  le  baile  de  Per- 
pignan à  Abrac  Mosse  de  Montpellier,  alias  Abram  de  .Sala,  —  Perpignan, 

21  juin  1274. 

Reg.  19,  r  138  v°.  —  Indio.  :  Jacobs,  n»  555. 

604.  —  Jaime  l"  ratifie  l'accord  conclu  sous  l'arbitrage  de  Salamon 
SuUa  de  Porta,  Vidal  Provensal,  Salamon  Cohta,  Astrug  Salamon,  arbitres 
juifs  nommés  par  le  juge  de  Perpignan  et  Roussillon,  entre  Astrug  Vidal» 
tils  de  feu  Vidal  Astrug,  Juif  do  Perpignan,  et  Abraham,  son  frère,  dune 
part,  Calasana,  veuve  dudit  Vidal  Astrug,  Perfeyt  Garcia,  Toroz  Garcia  et 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  ^^  PEDRO  III  ET  ALFONSO  111  S9 

Viiial,  fiires  de  Calasana,  au  nom  de  Nina  et  Petifa,  filles  de  Vidal  Asfriig, 
d'autre  part,  au  sujet  de  la  part  d'héritage  revenant  à  ces  dernières.  — 
Perpignan,  fin  juin  1274. 

Reg.  19,  r  141  r"  et  v".  —  Indio,  :  Jacobs,  n°  556. 

605.  —  Jaime  I^r  voulant  éviter  aux  Juifs  de  Perpignan  les  désagré- 
ments qu'ils  subissent  de  la  part  de  ses  officiers,  concède  à  l'aljama  des 
Juifs  de  Perpignan,  Puigccrdà  et  Villefranche  de  Confient  les  garanties  de 
procédure  suivantes  :  1'^  avant  que  le  Juif  accusé  d'un  crime  public  ou 
privé  soit  tenu  de  répondre  à  l'enquête,  on  doit  lui  présenter  les  chapitres 
de  l'accusation  ;  ■2"  le  dénonciateur  est  tenu  avant  l'ouverture  de  l'enquête 
de  prendre  l'engagement  de  se  soumettre  à  la  peine  du  talion,  de  payer  à 
l'accusé  des  dommages-intérêts  et  de  fournir  des  répondants  solvables  ; 
3°  l'accusé  doit  être  assisté  d'un  avoué,  pourvu  qu'il  jure  auparavant 
qu'il  ne  peut  le  faire  sans  la  permission  de  la  cour  ;  4"  l'accusé  ne  pourra 
être  arrêté  et  ses  biens  saisis  si  le  dénonciateur  ne  s'assujettit  à  la  peine 
du  talion  ;  3°  l'accusé  ne  devra  être  soumis  à  la  torture. . .  etc.  (voy.  plus 
haut  n°  3o6).  —  Perpignan,  28  juin  1274. 

Reg.  19,  l'°  145.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  I>dii,i.  :  Jacobs,  n"  557. 

606.  —  L'infant  don  Pedro  confirme  la  concession  viagère  faite  par  le 
roi,  son  père,  à  Mahalux  Alcoqui,  son  Juif,  de  l'office  du  poids  de  l.érida. 
—  Barcelone,  6  juillet  1274. 

Reg.  Ti,  f ■  12  V. 

607.  —  Jaime  I^r  reconnaît  devoir  à  Vidalon  Çaporta,  fils  de  feu 
Benvenist  de  Porta,  4.000  sous  barcelonais,  qu'il  a  empruntés  an  père  et 
qu'il  assigne  au  fils,  3.000  sur  les  tributs  de  l'aljama  des  Juifs  de  Villa- 
franca  et  1.000  sur  les  biens  d'Astrug  de  Porta,  son  oncle,  notamment 
sur  les  sommes  que  ledit  Astrug  peut  réclamer  en  justice  de  son  neveu 
à  l'issue  du  procès  qu'il  lui  a  intenté.  ^  Barcelone,  23  juillet  1274. 

Reg.  19,  f°  149. 

608.  —  Jaime  I^r  donne  quittance  aux  secrétaires  et  à  l'aljama  des 
Juifs  de  Barcelone,  Villafranca  del  Panades  et  Tarragone  de  la  somme 
qu'ils  lui  ont  versée  à  Barcelone  pour  leur  part  de  tribut.  —  Barcelone, 
5  août  1274. 

Reg.  19,  f»  155.  —  I.MJiij.  :  Amailor  de  los  Rios,  t.  I.  p.  424,  n.  2  ;   Jacobs, 
n»  539. 

609.  —  Jaime  I^""  mande  à  ses  officiers  de  Barcelone,  Villafranca  et 
Tarragone  de  f:iire  observer  la  concession  qu'il  a  faite  aux  Juifs  de 
Barcelone,  Villafranca,  Tarragone  et  Montblanch  relativement  aux  prêts 
sur  cautionnement  (voy.  plus  haut  n°  496).  —  tJarcelone,  6  août  1274. 

Reg.  19,  f"  155  r»  et  v». 


60  REVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

610.  —  Jaime  h'^  accorde  sa  rémission  an  Juif  Vives,  baile  d'Alfandeche 
et  de  Marines,  fils  de  Jiicof  Abenvives,  accnsé  par  Azach  Barbnt,  Zalema 
Barbnt,  Abraliim  Saniarian,  Abrahim  de  dirone,  Juifs,  et  par  un  Sarrasin 
d'Alfandeche,  d'avoir  perçn  chaque  année  sur  les  Sarrasins  de  la 
ville  une  redevance  de  4  à  6  sous,  de  leur  avoir  consenti  des  prêts 
usuraires  et  d'avoir  commis  des  actes  de  sodomie.  —Barcelone,  9  août  1274. 

Reg.  19,  f"  l.'i6.  —  I.NDiQ.  :  Jacobs,  n°  538. 

611.  —  Jaime  W  mande  à  l'aljama  des  Juifs  deCalatayud  de  répondre 
pour  les  8.000  sous  de  Jaca  du  tribut  au  justice  royal  de  Calatayud  et  lui 
promet  de  ne  pas  augmenter  ce  chiffre  dans  la  répartition  des  50.000  sous 
que  doivent  payer  chaque  année  les  aljamas  juives  d'Aragon.  —  Barcelone, 
31  août  1274. 

Re?.  19,  f°  168  v°.  —  Cop.   :  Collection  Bofarull.  -  Indiq.  :  Jacobs,  n"  360. 

612.  —  Jaime  !«■"  arrête  à  600  sous  réaux  de  Valence  la  part  de  contri- 
bution que  doit  verser  l'aljama  des  Juifs  de  Jâtiva  pour  le  tribut  annuel. 
—  Barcelone,  5  septembre  1274. 

Reg.  19,  r  169  v°.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  Indiq.  :  Jacobs.  n"  .361. 

613.  —  Jaime  I*^""  accorde  son  guidage  à  Azach  Barbut,  Çalema  Barbut, 
Abraham  Saniarian,  Abraham  de  Gironc,  Juifs  de  Valence  ;  Vives,  fils  de 
Jucef  Abenvives,  Juif  de  Valence,  ou  quelque  autre  Juif  ne  pourront  les 
poursuivre  au  criminel,  à  moins  qu'ils  ne  se  soumettent  à  la  peine  du 
talion  ;  il  leur  sera  loisible,  toutefois,  de  les  poursuivre  au  civil.  — 
Barcelone,  6  septembre  1274. 

Reg.  19,  f"  172. 

614.  —  Jaime  !'='■  limite  à  8.000  sous  de  Jaca  la  contribution  imposée 
à  l'aljama  juive  de  Saragosse  pour  sa  part  de  tribut.  —  [Barcelone], 
26  novembre  1274. 

R.-g.  19,  f"  190.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —    Ixdiq.  :  Jacobs,  n"  563. 

615.  —  Répartition  du  tribut  entre  les  juiveries  de  la  couronne 
d'Aragon  : 

.lUIFS    DU    ROYAUME    d'.^R.\G0N. 

Juifs  francs  de  Saragosse.  2.000  sous  Juifs  d'Alagon 2.000  sous 

—  (leïarazona  ....  3.000  —  —  de  Barbastro  .    .    .  3.000  — 

—  d'Egea 2.500  —  —  de  Montclus.  .    .   .  500  — 

—  de  Borja 1.000  — 

.lUIFS    DU    R0Y.\UME    DE    V.ALENCE,    EN    DEÇA    DU    .lUCHAR. 

Juifs  de  Valence 5,000  sous 

—  Murviedro,  Onda,  Borriana  et  Segorbe  .   .      2.000  — 

—  Alcira 400  — 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  !«',  PEDRO  III  ET  ALFONSO  III  61 

JUIFS    DU    ROYAUJIE    DE    VALENCE,   AU    DELA    DU    JUCHAR. 

Juifs  de  Jàtiva.    .   .   .  lO.OOOsous  Juifs  de  Cocentaina  .   .  2.000soqs 

—  Corbera.    .   .  3.000  —            —  Alcoy  ....  3.OOO  — 

—  C.andia  ...  4.000  —            —  Albaida    ...  I.OOO  — 

—  Mayrineu  .    .  3.000  —            —  Luchente.   .    .  1.000  — 

—  Bocairente    .  500  —            —  Orembloy  ?)  .  100  — 

JUIFS    DE    CATALOGNE. 

Juifs  de  la   ville  et  collecte  de  Barcelone  :    paiement  déjà  effectué  à 
Barcelone. 

—  la  ville  et  collecte  de  Perpignan  :  b.OOO  sous  inelgoriens. 

—  Lérida  :  3.000  sous.  (1274.) 
Keu.  2;i.  P'  3  V",  4  v°.  7  v",  8  v°,  9. 

616.  —  Jaime  I*^""  contirnie,  sous  peine  pour  tout  contrevenant  de 
10  morabotins,  au  profit  de  Richa,  mariée  en  premières  noces  au  Juif 
Abrahim  de  Avincoyll,  puis  en  secondes  à  Açach  Timoch,  la  possession 
d'une  vigne  que  Riclia  et  Abrahim  avaient  achetée  au  justice  d'Aragon 
dans  le  terroir  de  Barbastro,  au  lieu  dit  «  Ramiella»,  et  qui,  dans  le 
partage  entre  Richa  et  son  premier  mari,  avait  été  dévolue  à  celle-là.  — 
Lérida,  6  mars  1274  5. 

Roir.  20,  f-  218. 

617.  —  Jaime  !«''  concède  aux  prud'hommes  et  à  la  communauté  de 
Majorque  que  les  Juifs  de  la  cité  et  de  l'île  de  Majorque  ne  puissent  prêter 
sur  gage  à  des  esclaves  sous  peine  de  perdre  le  capital  et  d'avoir  à  resti- 
tuer les  gages  aux  captifs.  —  Lérida,  12  mars  1274  5. 

Rcg.  20.  f"  221  et  26,  f°  144.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  Plbl.  :  Villa- 
nueva,  t.  XXII,  p.  314  ;  Lecoy  de  la  Maiclie,  Relations  du  royaume  de 
Majorque  avec  la  France,  t.  I,  p.  439.  —  Indiq.  :  Morel-Fatio,  Juifs  des 
Baléares,  dans  R.E.J.,  t.  IV  (1882),  p.  34,  n"  8. 

618.  —  Jaime  I*""  accorde  son  guidage  à  Comparât  de  Creces,  Juif  de 
Marseille,  et  à  tous  les  autres  Juifs  de  la  même  ville  qui  viendront 
s'établir  dans  la  juiverie  royale  de  Montpellier  avec  leurs  familles  et 
leurs  biens,  leur  promettant  de  ne  pas  les  poursuivre  en  raison  de  la 
conversion  au  christianisme  et  de  la  disparition  mystérieuse  de  Gain 
Caufeta,  frère  dudit  Comparât,  à  la  réserve  (ju'ils  paieront  au  fisc  pour 
chaque  maison  une  redevance  annuelle  d'un  morabotin,  et  contribueront 
régulièrement  aux  quêtes  royales.  —  Lérida,  20  mars  1274  5. 

Reg.  20,  ï"  225.  —  Cop.  :  Collection  Bufarull.  —  Inoi.j.  :  .lacobs,  w  ,'i66. 

619.  —  Jaime  le""  confirme  la  rémission  accordée  par  le  baile  de  Mont- 
blanch  au  Juif  Vidal,  lils  de  feu  Jucef  de  Bcsalii,  inculpe  d'avoir  eu  des 
relations  coupables  avec  une  chrétienne.  —  Lérida,  21  mars  1274/5. 

Reg.  20,  P  226. 


62  HEVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

620.  —  Jaime  I^r  concède  à  l'aljama  des  Juifs  de  Valence  en  matière  de 
procédure  les  garanties  suivantes  :  1°  Les  Juifs  de  Valence  ne  seront  pas 
justiciables  du  justice  de  Valence,  mais  du  baile  ;  2°  les  Juifs  qui  vien- 
dront s'établir  à  Valence  seront  à  l'abri  de  toute  poursuite  ;  3°  ceux  qui 
se  sont  enfuis  du  royaume  avant  le  prononcé  du  jugement  et  sans  que 
les  preuves  relevées  contre  eux  soient  suffisantes  peuvent  venir  en  sûreté, 
pourvu  qu'ils  fassent  aux  plaignants  complément  de  justice  et  fournissent 
des  répondants  solvables  ;  4°  les  Sarrasins  esclaves  de  Juifs  ne  devront 
pas  être  appréhendés  pour  dettes,  peite,  etc.,  à  moins  que  leurs  maîtres 
ne  manquent  de  biens  saisissables.  —  Lérida,  17  avril  1275. 

Reg,  20,  f  242.  —  Cop.  :  Cullectioa  Bofarull.  —  I.mjiq.  :  Jacobs,  n"  573. 

621.  —  .Jaime  I«r  confirme  la  nomination  à  vie  du  Juif  Mahaluxio 
Alcoquini  à  Toffice  de  peseur  royal  de  Lérida,  qui  d'abord  conféré  à  Mosse 
Abinvag,  Juif  de  la  même  ville,  lui  a  été  retiré  après  enquête.  —  Lérida, 
23  avril  1275. 

Reg.  20,  f°  243.  —  Ixwq.  :  Jacobs,  n"  375. 

622.  —  Jaime  !«■■  procède  à  un  règlement  de  comptes  avec  Astrug 
Jacob  Xixo,  Juif,  dont  il  reste  le  débiteur  pour  8i.o34  sous  réaux  de 
Valence.  —  Lérida,  2  mai  1275. 

Reg.  20,  1  ■  247  i"  et  v°.  —  Isin.j.  :  Jacobs,  n»  579. 

623.  —  Jaime  l*""  confirme  la  vente  faite  par  Mateo  de  Montréal, 
chevalier,  Dolsa,  sa  femme,  et  Guarin  de  Montréal,  son  frère,  au  Juif 
Astrug  Jacob  Xixô,  d'un  four,  d'une  maison  de  bains,  d'un  cellier  et  de 
plusieurs  n)oulins,  sis  dans  la  cité  de  Valence,  au  prix  de  30.000  sous 
réaux  de  Valence.  —  Lérida,  6  mai  1275. 

Pvcg.  20,  f°  2:j2  r"  et  v=>.  —  Im.iu.  :  Jacobs,  ii"  382. 

624.  —  Jaime  I"  concède  à  Honjuses,  fils  d'Aliezar  Mahir,  Juif  de  Per- 
pignan, a  litre  de  franc-alleu,  au  prix  de  200  sous  melgoriens,  un  terrain 
k  bâtir,  situé  dans  le  call  de  Perpignan,  près  des  maisons  dudit  Aliezar 
et  de  celles  de  Léon  d'en  Vides.  —  Perpignan,  23  juin  1275. 

Reg.  20,  f"  266.  -  Ci-.:  Collection  Bofarull. 

625.  —  Jaime  V^  mande  à  ses  officiers  de  contraindre  par  la  saisie  des 
biens  au  paiement  d'une  amende  de  100  morabofins  fout  ceux  qui  citent 
les  Juifs  de  Perpignan,  Cerdagne  et  Confient  devant  une  juridiction 
ecclésiastique,  pourvu  que  les  dits  Juifs  se  préparent  à  comparaître  devant 
la  cour  royale  ;  si  un  clerc  cite  un  Juif,  les  fonctionnaires  devront 
s'opposer  à  ce  qu'un  laïque  participe  à  la  citation,  achète,  vende  ou  loue 
au  demandeur,  en  reçoive  un  logement,  cultive  ses  teri-es,  lui  fournisse 
quelque  sei'vice  ou  aide,  jusqu'à  ce  que  la  cour  ecclésiastique  abandonne 
les  poursuites,  et  cela  sous  peine  de  20  morabotins  ;  les  officiers  feront 


GATALOGCE  DES  ACTES  DE  JAIME  T",  PEDRO  111  ET  ALFONSO  111  63 

porter  le  présent  règlement  a  la  connaissance  des  intéressés  par  voie  de 
criée  publique.  —  Même  date. 

Reï.  20,  f"  266  v.  —Coi».  :  Collection  BoiVuiiU. 

626.  —  Jaime  I-''  accorde  sa  rémission  k  tous  les  Juifs  de  Perpignan, 
Cerdagne  et  Gonflent.  —  Même  date. 

Reg.  20,  1*  266  v".  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  Imuq.  :  Jacobs,  n»  584. 

627.  —  Jaime  I^^  déclare  francs  et  libres  de  tous  droits  de  censives  et 
delodsles  terrains  acquis  par  les  Juifs  de  Perpignan  pour  y  construire  des 
maisons,  sauf  le  cas  où  l'aliénation  en  a  été  faite  au  protit  de  clirétiens. 
—  Même  date. 

Refe^  20,  t«  267.  —  Cor.  :  Collection  Bofarull.  —  Plbl.  :  Alart,  Privilèges 
et  litres  du  RoussiUon,  p.  337  (d'après  Arcli.  des  Pyr.  —  Orient.,  Procuracio 
real,  rei.^  X.  f  1,  reg.  XllI,  l"  92).  —  I.ndiq.  :  Vidal,  Juifs  de  Roussillun, 
p.  12  :  Brutails,  Populations  rurales  du  Roussillon,  p.  7o,  n.  4  (d'apiLS 
Alart  ;  Jacobs,  n°  587, 

628.  —  Jaime  1<='  mande  aux  officiers  du  Roussillon,  Cerdai;ne  et 
Gonflent  de  faire  observer  les  privilèges  octroyés  aux  Juifs  concernant  la 
peine  du  talion  et  autres  prérogatives.  —  Même  date. 

Reg.  20,  r  267.  —  Cor.  :  CoUectiou  Bofarull.  —  I^DIQ.  :  Jacobs,  n»  583. 

629.  —  Jaime  I«r  promet  de  ne  pas  réclamer  de  quête  à  l'aljama  des 
Juifs  de  Perpignan,  Gerdagne  et  Gonflent  jusqu'à  complet  remboursement 
des  30.000  sous  liarcelonais  qu'elle  lui  a  prêtés  à  Perpignan.  —  Même  date. 

Reg.  20,  f  267.   -  Cop.  :  Collection  Bofarull. 

630.  —  Jaime  le""  ayant  appris  que  ses  fidèles  Juifs  de  Perpignan, 
Gerdagne  et  Gonflent  sont  exposés  à  être  cliassés  de  leur  résidence  par 
excommunication  ou  interdit  de  l'Eglise,  leur  concède  qu'à  l'avenir  ils  ne 
soient  pas  tenus  de  s'exiler  en  raison  de  quelque  interdit,  à  moins  que  le 
baile  ou  un  autre  officier  royal  ne  les  y  contraigne  et  pourvu  qu'ils 
s'engagent  à  faire  justice  au  plaignant  devant  la  cour  royale.  — Perpignan, 
24  juin  1275. 

Reg.  20,  P  267.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  hoin.  :  Jacobs,  n»  586. 

631.  —  Jaime  I".  ayant  appris  que  ses  fidèles  Juifs  de  Perpignan, 
Gerdagne  et  Gonflent  soulVrent  beaucoup  de  ne  pouvoir  recouvrer  leurs 
créances  de  leurs  débiteurs  non  encore  émancipés,  les  autorise  k  les  y 
faire  contraindre  par  la  saisie  des  biens.  —  Même  date. 

Reg.  20,  ï"  267  v°.  —  Cop.  :  CoUectiou  Bofarull. 

632.  —  Jaime  P'",  considérant  les  dommages  qui  pourraient  résulter 
pour  ses  fidèles  Juifs  de  Perpignan,  etc.  du  bris  des  sceaux,  de  la  détério- 
ralioii  ou  perte  de  leurs  privilèges  royaux,  déclare  que  toutes  les  copies 


64  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

qui  en  seront  faites  par  un  notaire  de  Perpignan  ou  de  la  cour  royale 
sous  le  sceau  de  cette  cour  auront  même  valeur  que  les  originaux.  — 
Même  date. 

Keu.  20,  r  267  v".  -  Cop.  :  Collection  BofaruU.  —  Inoio.  :  Jacubs,  n°  389. 

633.  —  Jaime  I"^""  mande  à  tous  ses  officiers  de  contraindre  tous  ceux 
qui  sont  obligés  pour  dettes  à  l'égard  de  l'aljama  des  Juifs  de  Perpignan, 
etc.,  et  qui  ont  déjà  bénéficié  d'un  sursis  royal,  à  s'acquitter  de  leurs 
obligations  par  la  saisie  des  meubles,  excepté  bêtes,  inslrunients  ara- 
toires, vases  vinaires,  vêtements,  draps  de  lit,  ustensiles  de  ménage.  — 
Même  date. 

Rf^'.  20,  i»  267  v°.  —  Coi'.  :  Collection  Bofarull.  —  lNr>io.  :  Jacohs,  n»  o90. 

634.  —  Jaime  I*^""  concède  à  Taljama  des  Juifs  de  Perpignan,   etc.  que 

tout  Juif  surpris  en  train  de  jouer  ne  soit  pas  contraint  à  payer  aux 

fonctionnaires  royaux  l'amende  édictée  par  l'infant  don  Jaime.  —  Même 

date. 

Re;.'.  20,  f"  268.  —  Cop,  :  Collection  Bofarull.  —  Indiq.  :  Jacobs  :  n"  o91. 

635.  —  Jaime  P""  fait  dresser  un  statut  relatif  aux  dommages  qui 
peuvent  résulter  pour  les  Juifs  du  Roussillon,  Cerdagne  et  Confient,  de 
la  levée  par  les  chevaliers  sur  leurs  sujets  des  droits  de  mutation  falica). 
—  Perpignan,  25  juin  1275. 

Rej.-^.  20,  f  267  v°.  —  Clop.  :  Collection  Bofaiull.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n"  587. 

636.  —  Jaime  I*""  reconnaît  devoir  k  l'aljama  des  Juifs  de  Perpignan, 
Cerdagne  et  Confient  30.000  sous  barcelonais  qu'il  lui  a  assignés  k  partir 
de  la  St-Jean  passée  sur  les  revenus  de  CoUioure.  —  Même  date. 

Rey.  20,  fo268.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull.  —  Imuo.  :  Jacobs,  n''592. 

637.  —  Jaime  P'"  vend  k  Jafias  Maymo,  Juif  de  Mora,  au  prix  de 
30.000  sous  barcelonais,  tout  le  droit  qui  lui  revient  sur  les  créances 
confisquées  k  Çalema  Eclien,  Bonet  Avincaries,  Mosse  Avinecarc  et  autres 
Juifs  de  Tortose,  pour  infraction  au  statut  royal,  les  contrats  y  relatifs 
ne  mentionnant  pas  les  serments  que  doivent  prêter  Juifs  et  chrétiens; 
en  outre,  le  roi  emprunte  au  dit  Jalias  20.000  sous  barcelonais  et  lui 
donne  pour  caution  Hugo  de  Mataplana,  ai-chidiacre  d'Urgol.  —  Au  siège 
de  Rosas,  18  juillet  1275. 

Rcif.  20,  f»"  272  v-273. 

638.  -  Jaime  I"""  notifie  à  tous  ses  ufliclcrs  qu'il  a  cnvuNC  un  purlier 
à  Tortose  leciMivri'r  les  prêts  usuraircs  coiisenlis  pai'  les  Juifs  do  celte 
ville.  —  Au  siège  de  Rosas,  21  juillet  1275. 

Reg.  20,  f"  273. 

639.  —   laimo  I"'  accorde  sa  i-émissiou  à  l'aljaMia  des  Juifs  do  Tortose, 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  I«S  PEDRO  III  ET  ALFOiNSO  III  65 

inculpée  d'avoir  consenti  des  prêts  et  des  barates  au-dessus  du  taux  légal 
et  d'avoir  négligé  de  prêter  le  serment  exigé  par  le  statut  royal  y  relatif. 
—  Barcelone,  24  août  1275. 

Reï.  20,  f  281.  —  Cop.  :  Collection  Bofarull    -  Indiq.  :  Jacobs,  W  593. 

640.  —  Jaiine  I"'  confirme  au  profit  de  Bondion,  Juif  de  Montpellier,  et 
de  ses  associés  la  cession  que  leur  a  consentie  pour  un  an,  a  partir  de  la 
St-Michel,  Jaime  évêquede  Huesca,  au  nom  du  roi  et  en  raison  du  service 
que  doit  lui  fournir  le  feudataire  royal  B.  P.  de  Montolieu,  de  tous  les 
droits  que  prélève  celui  ci  à  Montpellier  sur  les  mesures  'cuppis)  de  blé 
et  de  farine  et  sur  le  pesage  du  fer.  —  Barcelone,  4  septembre  1275. 

Re^.  20,  f°  2S4  v".  —  Indkj.  :  Jacobs,  n»  394. 

641.  —  Jaime  l'^'^  ratifie  la  reddition  de  comptes  ([ue  lui  ont  fait  à 
Barcelone  les  secrétaires  et  les  aljamas  des  Juifs  de  Barcelone,  Villafranca 
del  Panades  et  Tarragone  pour  la  quête  du  tribut  de  sept  ans  et  demi,  à 
raison  des  21.250  sous  melgoriens  par  an  ;  le  roi  reste  débiteur  auxdites 
aljamas  de  890  sous  moins  2  deniers  barcelonais,  qu'il  leur  assigne  sur  le 
tribut  de  la  St-Jean.  —  Barcelone,  4  octobre  1275. 

Reg.  20,  f°  294  r°  et  v».  —  Indiq.  :  Jacobs,  n"  593. 

642.  —  Jaime  I^r  donne  quittance  aux  mêmes  de  21.230  sous  melgoriens 
pour  le  tribut  de  l'année  1276.  —  Même  date. 

Reg.  20,  fo  294  v°.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n"  596. 

643.  —  Jaime  I"^""  reconnaît  devoir  aux  mêmes  3.900  sous  barcelonais, 
par  suite  du  versement  du  tribut  en  monnaie  melgorienne,  dont  la  livre 
vaut  5  sous  de  plus  que  la  livre  barcelonaise  ;  il  avoue  qu'il  ne  leur  a  pas 
encore  donné  satisfaction  au  sujet  des  draps  qu'ils  ont  prêtés  sur  son 
ordre  aux  ambassadeurs  des  Tarlares  et  qui  ne  leur  ont  pas  été  rendus, 
ni  au  sujet  de  ceux  qui  ont  été  perdus  dans  le  palais  royal.  —  Barcelone, 
5  octobre  1275. 

Reg.  20,  f°  294  V.  —  Publ.  :  Pièces  justificatives,  m"  Mil. 

644.  —  Jaime  I"^^^  accorde  sa  rémission,  moyennant  200  sous  de  Jaca, 
à  Açach  Alcahen,  Juif  de  Saragosse,  inculpé  du  meurtre  d'Açach  Albala, 
Juif  du  même  lieu.  —  Lérida,  9  novembre  1275. 

Reg.  20,  f"  297  v».  —  Cop.  :  Collection  Bofarull. 

645.  —  Jaime  h'  concède  à  tous  les  scribes  d'Egea  que  les  Juifs  de 
cette  ville  puissent  faire  dresser  leurs  contrats  de  dettes  par  l'un  quel- 
conque des  scribes  locaux  et  non  par  un  scribe  déterminé,  a  charge  pour 
les  dits  scribes  d'une  redevance  annuelle  de  iiO  sous  de  Jaca,  payable  à  la 
St-Michel.  —  Lérida,  14  novembre  1275. 

Reg.  20,  r  298.  —  Cop.  :   Collection  Bofarull.  —  I.ndiq.  :  Jacobs,  n»  599. 
T.  LXII,  N«  123.  '■> 


66  RKVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

646.  —  Jaime  I^"^  accorde  sa  rémission  a  David,  fils  de  feu  Çalema 
Avençaciach,  inculpé,  entre  autres  choses,  d'avoir  entretenu  des  relations 
coupables  avec  des  chrétiennes.  —  Lérida,  21  novembre  1275. 

Reç.  20,  f»  302.  —  Indiq.  :  Jacobs,  u"  ti03. 

647.  —  Jaime  !«•■  autorise  le  Juif  Vidal  Xicatella  à  couvrir  la  rue  qui 
sépare  ses  maisons  de  celles  qu'il  vient  d'acheter  et  à  construire  sur 
ladite  couverture.  —  Même  date. 

Rpg.  20,  P  303.  acte  en  douille.  —  I\nio.  :  Jacobs,  ii"  604. 

648.  —  Jaime  !«'  concède  au  Juif  Muça  de  Portella,  à  titre  d'héritage 
propre,  un  champ  situé  dans  la  partie  royale  de  Torrellas,  près  du  cime- 
tière sarrasin,  avec  le  droit  d'y  construire  des  maisons  et  la  liberté  d'en 
disposer,  sauf  au  profit  de  chevaliers,  clercs  et  communautés.  —  Valence, 
30  décembre  1275. 

Reg.  20,  i"  308  v".  —  IxDiy.  :  Jacobs.  ii"  607. 

649.  —  Jaime  I^"^  accorde  sa  rémission  à  laljama  des  Juifs  de  Cala- 
tayud,  inculpée  de  prêts  ou  harates  usuraires,  et  lui  concède  que  la  preuve 
ne  sera  acquise  dans  un  procès  entre  Juif  et  chrétien  qu'à  la  suite  d'un 
témoignage  fourni  par  un  chrétien  et  un  Juif.  —Valence,  30  janvier  1275/6. 

Keg.  20,  f"  314.  —  Indiq.  :  Jacobs,  u°  609. 

650.  —  Jaime  I*""  confirme  les  tacanes  et  «  vetos  »  que  raljama  des 
Juifs  de  Lérida  ou  ses  adénantades  ont  lancés  ou  lanceront  contre  les 
contribuables  récalcitrants  et  mande  qu'ils  soient  observés  sous  peine  de 
200  morabotins  d'or.  —  Valence,  31  janvier  1275/6. 

Reg.  20,  1°  312  v°.  —  Cop.  :  CoUeclioii  Bofarull.  —  Imjiu.  :  Jacobs,  u"  608. 

651.  —  Jaime  I-""  promet  à  l'aljama  des  Juifs  de  Calalayud  de  ne  pas 
accorder  de  proroi^ation  d'échéance  à  leurs  débiteurs  pendant  trois  ans, 
à  partir  de  la  St-Jean.  —  Gandia,  21  février  1275/6. 

Reg.  20,  f°  321.  -  Ixdiq.  :  Jacobs,  u"  612. 

652.  —  Jaime  l"'  autorise  Haraon  AUateffi,  Juif  de  Valence,  à  faire 
jeter  par-dessus  la  voie  qui  passe  entre  ses  maisons  un  pont  large  de  cinq 
palmes  pouvant  laisser  passage  a  un  liouniie,  mais  ne  devant  pas  entraver 
la  circulation  dans  la  rue.  —  Alcira,  2  mars  1275/6. 

Reg.  20,  1°  325  v». 

653.  —  Jaime  i*"^  accoi'de  sa  rémission  à  Jucef  Fiaiioh,  Juif  de  (iirone, 
et  à  Vidal,  (ils  d'en  Fares,  alias  Aymcl,  poursuivis  en  raison  des  bles- 
sures portées  par  Jucef  Francii  a  Curador,  fils  de  Maymo  de  Juyhan, 
blessures  ayant  entraîné  la  mort.  —  Valence,  22  mars  1275/6. 

Reg.  20,  ï"  333  v".  —  Piitt.  :  Pièces  justificatives,  n°  1\.  —  Indiq.  :  Jacobs, 
11"  616. 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  1",  PEDRO  !ll  ET  ALFONSO  III  67 

654.  —  Jaime  W,  a  la  prière  de  l'envoyé  du  roi  de  Tunis,  concède  à 
Abrahim  Avingabell,  Juif  de  Valence,  à  charge  d'un  cens  annuel  de 
40  sous  réaux  de  Valence  payable  à  la  N.-D.  de  février,  un  ouvroir  situé  à 
l'entrée  de  la  juiverie,  au  lieu  dit  •■  Lasoé  »,  avec  le  droit  d'en  liisposer, 
sauf  au  profit  de  chevaliers,  clercs  et  religieux.  —  Jàtiva,  20  avril  1276. 

Reg.  19,  fo  13.  —  Cop.  :  Collection  Bofamll. 

655.  —  Jaime  l'^'"  arrête  avec  Jacob  Avenrodrig,  Juif  de  Tcruel,  le 
compte  de  la  somme  dont  ce  dernier  lui  reste  débiteur.   —  25  avril  1276. 

Reg.  19,  f°  15  V".  —  Indiq.  :  Jacobs,  ii°  509. 

656.  -  Jaime  h<^  ratiHe  la  reddition  de  comptes  présentée  par  le  Juif 
Vives,  fils  de  Jucef  Abenvives,  pour  les  revenus  du  ciiàteau  et  val  de  Pego, 
du  château  et  val  d'Alfandeche,  et  de  la  villa  de  Sullana.  —  Jàtiva, 
17  mai  1276. 

Reg.  20,  P'  344  V-Sio.  —  Indiq.  :  .lacobs,  ii°  621. 

657.  —  Jaime  I^""  règle  avec  le  même  semblable  compte,  qu'il  soumet 
à  l'examen  de  son  Juif  Jucef.  —  Même  date. 

Reyr.  20.  f»  345.  —  Indiq.  :  Jacobs,  n"  622. 


APPENDICE 

AC  C.VrALOGUE  DES  ACTliS  UE  JAIME  !«■•  (1213-1276) 


Ce  catalogue  était  entièrement  iuipi-imé,  quand  nous  avons  reçu  com- 
munication de  deux  études  de  M.  F.  de  Bofarull,  archiviste  de  la  couronne 
d'Aragon,  lune  sur  les  Juifs  établis  dans  le  territoire  de  Harcelone  du 
x*  au  ww  siècle  et  particulièrement  a  l'époque  du  règne  de  Jaime  I*"' 
(1213-1276)  •;  la  seconde  sur  les  Juifs  de  .Montpellier  sous  ce  même  règne'. 
Dans  ces  deux  publications,  M.  de  B.  a  mis  en  œuvre  une  collection  de 
500  copies  de  documents  concernant  les  Juifs  d'Ai-agon  formée  par  son 
père  et  prédécesseur  Manuel  de  Bofarull,  mort  le  25  novembre  1892.  M.  F. 
de   B.  avait  eu  l'obligeance,  lurs  de  notre  séjour  a  Barcelone,  de  nous 

1  Los  Judios  en  el  terrilorio  de  Barcelona  {sifjlos  X  al  XIII).  Reinado  de 
Jaime  I,  12 13-1276,  Barcelona,  191!,  in-8"  [Kxtrait  des  Memori(v<  de  his/oria  de  la 
corona  de  Aragôn\. 

2.  Jaime  le  Conquistador  ij  la  coinunidad  judia  de  Monlpeller,  dans  Bolelin  de 
la  R.  Academia  de  Buenas  lelras  de  Barcelona.  n"  40,  octiibre-diciembre  1910, 
pp.  484-492. 


68  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

comiminiquer  les  copies  de  pièces  relatives  au  règne  de  Jaime  I''.  Ce 
sont  ces  copies  qui,  dans  notre  catalogue  des  actes  de  Jaime  I''',  sont 
citées  sous  cette  formule  abrégée.  Cop.  :  «  Collection  BofaruU  ». 

M.  F.  de  B  ayant  publié  ou  utilisé  un  très  grand  nombre  de  documents 
dont  nous  avons  nous- même  donné  l'analyse,  il  nous  a  paru  néces- 
saire de  dresser  en  appendice,  le  tableau  de  concordance  des  numéros  de 
notre  catalogue  avecles  passages  et  les  documents  qui  y  correspondent 
dans  les  deux  publications  de  M.  de  B. 

Mais  on  voudra  bien  nous  permettre,  avan  de  procéder  à  ce  rapproche- 
ment',  de  présenter  à  propos  des  deux  études  de  M  de  B.,  quelques 
observations  préliminaires.  La  brochure  de  M.  de  B.  sui'  les  Juifs  du  ter- 
ritoire de  Barcelone  est  déparée  par  d'innombrables  fautes  d'impres- 
sion qu'on  relève  surtout,  soit  dans  les  dates,  soit  dans  les  références  ; 
et  à  ce  sujet,  il  est  regrettable  que  M.  de  B.  n'ait  pas  dressé  Yerralum  de 
ces  défaillances  typographiques. 

Malgré  ces  légères  imperfections,  le  travail  de  M.  de  B.  sur  les  Juifs 
catalans,  grâce  surtout  à  la  publication  de  168  pièces  justificatives,  sera 
d'un  grand  secours  pour  l'étude  de  la  condition  des  Juifs  de  la  couronne 
d'Aragon  sous  le  règne  de  Jaime  1*='.  M.  de  B.  a  eu  l'excellente  idée  de 
présenter,  en  tète  de  son  étude,  les  principaux  renseignements  que  l'on 
peut  recueillir  sur  les  Juifs  catalans  antérieurement  au  xiir  siècle.  Nous 
avons,  de  notre  côté,  rassemblé  pour  la  même  période  semblables  ren- 
seignements, et,  nous  serons  heureux,  quand  l'occasion  se  présentera  de 
les  mettre  en  œuvre,  de  rendre  justice  a  l'excellente  contribution  appor- 
tée sur  ce  point  par  le  très  obligeant  directeur  des  Archives  de  la  cou- 
ronne d'Aragon. 

Enfin,  les  brèves  notices  consacrées  par  M.  de  B.  à  quelques  auxiliaires 
juifs  de  Jaime  !''■',  nous  obligent  à  quelques  explications.  Le  lecteur  ne 
trouvera  pas  dans  notre  catalogue  tous  les  actes  des  rois  d'Aragon  con- 
cernant leurs  auxiliaires  juifs.  Ces  actes  sont  innombrables;  ils  auraient 
donc  par  trop  grossi  notre  publication.  Il  faut  noter,  de  plus,  que  les 
actes  concernant  des  agents  juifs  ne  ditïèrent  en  rien  des  actes  concer-. 
nant  des  fonctionnaires  chrétiens,  et  par  suite,  ne  nous  apprennent  rien 
de  nouveau  sur  la  condition  générale  des  communautés  juives.  Toute- 
fois, nous  avons  pris  soin  de  noter  les  principaux  de  ces  actes  qui  se 
réfèrent  à  des  «  fidèles  »  juifs'.  Les  notes  recueillies  à  ce  sujet  nous 
permettront  d'écrire  la  biographie  sommaire  des  nombreux  notables  juifs 

1.  La  collection  de  pièces  justificatives  publit-r  par  M.  de  15.  aurait  jragné  à  être 
|>résentée  dans  un  ordre  chronologi(|ue  absolument  iigoureu\.  Cet  ordre  n'est  |ias 
observé  pp.  60,  101,  lOo,  119-1:>0. 

2.  Baitoloiné  de  Porta,  scribe  royal,  bien  que  portant  le  nièuie  iioo»  ((ue  les  Juifs 
Benvenist  et  Astrucli  de  Porta,  n'était  pas  leur  coreligionnaire.  C'est  donc  à  tort  que 
.M.  de  B.  l'a  rangé  parmi  les  auxiliaires  juifs  de  Jaime  V"  [Juil.  Uavc,  pp.  20  et  118, 
n"  CXLlXi.  I/acte  publie  par  .M.  de  B.  relativement  à  Bartolomé  de  Porta  est  daté  du 
S  des  calendes  d'a*ril  1274  (25  mars  1214^.  L'.Aniionciation  (25  mars)  étant  le  point  de 
départ  de  l'année  aragonaise.  c'est  par  erreur  que   M.  de  B.  a  converti  1274  en  1275. 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  I",  PEDRO  111  ET  ALFONSO  111  69 

qui  ont  collaboré  à  l'administration  royale  sons  les  règnes  de  Jainie  I", 
Pedro  111  et  Alfonso  III. 

Dans  notre  tableau  de  concordance,  nous  désignons  la  première  publi- 
cation de  M.  de  B.  parle  titre  abrégé  de  Jud.  Barc  ,  la  seconde  par  celui 
de  Jud.  Montp.  Le  chiffre  placé  entre  parenthèses,  après  l'indication  de 
la  page,  reproduit  l'appel  de  note  des  Jud.  Barc  Nous  le  mentionnons 
pour  faciliter  les  recherches  et  les  rapprochements. 


Numéros 

Jud. 

Barc 

Jud.  Montp. 

de  nuire 

-                   ' 

-      ^"■»_ — '        - 

Catalogue. 

Plbl. : 

iNDIQ.  : 

PiBi..  :               Inoiq. 

4.... 

P.  36  (2) 

5 . . . . 

p.  36  (2) 

28.... 

P.  36  (3) 

18.... 

P.  484 

49.... 

PP.  484- 

37.... 

P.  42,  11"  VI 

69.    .. 

P.  42,  n»  VIT 

71.... 

P.  41.  ir'V 

P.  24  (2) 

72..,. 

P.  485 

73.... 

1>.  42,  n"  VIII 

74 .... 

P.  43,  II"  IX 

PP.  24  et  23  (1) 

73.... 

PP.  43-44,  11°  X 

P.  24  (6) 

76.... 

P.  44,  a°  XP 

SO.... 

PP.  44-43,  n"  XU 

91.... 

P.  43,  II"  XIV  ■ 

P.  23  (2) 

92.... 

P.  43,  n"  XIII 

94.... 

P.  46,  n"  XV 

108.... 

P.  46,  II"  XVI  ' 

112.... 

P.  47,  n"  XVII 

P.  36  (3) 

113.... 

PP.  47-48,  11"  XVIII 

P.  23(1) 

114.... 

PP.  48-49,  11"  XIX  * 

P.  485 

115.... 

P.  483 

130.... 

P.  49,  11"  XX  » 

P.  25  (3) 

136.... 

P.  50,  n"  XXII 

P.  21  (7) 

144.... 

P.  31,  noXXIII» 

1.  L'acte  publié  par  M.  de  B.  porte  la  date  du  17  des  calendes  de  septembre.  C'est 
certainement  décembre  qu'il  faut  lire.  A  la  date  du  16  août  1237,  Jaime  !""■  n  était  pas 
à  Barcelone,  mais  à  Lérida,  où  il  séjourna' au  moins  du  6  août  au  31  octobre  1237 
(Voy.  dans  notre  Catalogue  les  n<"  3i  à  67).  La  date  du  13  novembre  est  donc  préférable 
à  celle  du  16  août.  D'ailleurs,  il  suffit  de  remarquer  la  place  qu'occupe  le  document 
dans  le  reg.  9  pour  n'avoir  aucun  doute  au  sujet  de  sa  date. 

2.  M.  de  B.  a  converti  par  erreur  le  14  des  calendes  de  janvier  en  17  décembre,  au 
lieu  du  19. 

3.  La  publication  de  cet  acte  est  faite  d'après  le  reg.  2,  f°  130  v". 

4.  La  date  du  26  janvier  donnée  pour  cet  acte  est  le  résultat  dune  faute  d'impres- 
sion. La  vraie  date,  celle  du  21  janvier  (12  des  calendes  de  février),  a  été  rétablie  par 
M.  de  B.  dans  son  élude  sur  la  juiverie  de  Montpellier  {Bolelin  de  Bnrcelona,  p.  483, 
n.  1). 

5.  Au  lieu  de  17  juin,  lire  27  juin    3  des  calendes  de  juillet). 

6.  Lire  28  juillet  (3  des  calendes  d'août)  au  lieu  de  18. 


70 


RLVUK   DES    ETUUKS  JUIVES 


Numéros 

de  notre 

Catalogue. 

151... 

152.., 

159.., 

162... 

186... 

193... 

196... 

197... 

198.. 

206... 

208.. 

217.. 

232... 

237.. 

243   .. 

262   .. 

277    .. 

278... 

279.. 

280.. 

281... 

282... 

284... 

287 .. . 

289. .  . 

293... 

294.    . 

29.5... 

296... 

315... 

316... 

317... 

318... 

321 .  .  . 

323... 

326... 

330... 

345... 

346  .. 

33i. . . 

356... 


Jud.  Barc. 


PUBL.  : 


P.  52,  n"  XXV 

PP.  52-33,  n"  XXVI 

P.  53,  II»  XXVII 

P.  58,  n"  XXXV 

P.  60,  II"  XL  > 

P.  56,  n"  XXX 

PP.  36-57,  n"  XXXI 

P.  57,  II"  XXXII 

P.  57,  n"  XXXIII 

P.  58,  11"  XXXIV 

P.  59,  11»  XXXVI 

P.  59,  II"  XXXVIl 

PP.  59-60,  n"  XXXVIll  ^ 

P.  60.  11°  XXXIX 

P.  61,  11"  XLI 

P.  62,  11"  XMII 

PP.  61-62,  11"  XLIl 


P.  62,  II"  XLIV  3 
P.  63,  II"  XLV 
PP.  63-64,  11"  XL VI 
P.  64,  II"  XLVII  * 

P.  64,  11"  XLVIII 5 
PP.  64-65,  n»  XLVIII 
P.  65,  n»XLIX 
P.  63,  II"  XLIX 
P.  66,  ii"LI 
P.  66,  11"  L 
PP.  66-67,  11"  LU 
PP.  67-68,  n"  LUI 
P.  68,  n°  LIV 
P.  68,  u"  LV 
P.  69,  n"  LVm 
P.  70,  II"  LIX 
P.  70,  II"  LX 


lNr)iQ. 


P.  21  (2) 

P.  25  (6) 
P.  21  (3) 
P.  21  (4) 
P.  23  (2) 
P.  24  (3) 
P.  25  (4) 
P.  20  (3) 
P.  18  (5) 
P.  23  (5) 
P.  20  (5) 
P.  28  (3) 
P.  25  (7) 
P.  23  (8) 


P.  28  (4) 
P.  27  (8) 

P.  25  (9) 

PP.  23  et  26  (1) 


P.  20  (4) 
P.  20  (4) 
P.  26  (2) 
P.  26  (3) 
P.  26  (4) 
P.  20  (6) 


P.  30  (2) 


P.  18  (8) 


PuBL.  : 
PP.  483-486 
P.  486 


Jud.  Montp. 

Indiq. 


PP.  486-487 
P.  487 
P.  487 


PP.  487-488 


1.  Lire  1263,  a»  lieu  de  1262. 

2.  Cet  acte  est  daté  du  14  des  calendes  de  mars  1263  aiicieu  sl.vie).  .M.  .le  U., 
oubliant  sans  doute  que  lanuée  1261  (nouveau  style)  est  bissextile.  ,i  converti,  a  tort, 
le  14  des  calendes  de  mars  126.3/4  en  16  lévrier,  au  lieu  de  17. 

3.  Lire  M  se|)tembre  (3  des  ides  de  septembre;  au  lieu  <le  30. 

4.  Lire  13  octobre  (18  des  calendes  de  novembre)  au  lieu  de  16 

5.  Ibid. 


CATALOGUE  DES  ACTES  HE  .lAlME  1  ^  l'EDHO  III  ET  ALFO.NSO  III 


Numéros 

Jud.  Bai 

■'■ . 

Jud. 

de  notre 

^-— i*.^_- 

Catalogue. 

PUBL.  : 

Lndiq.  : 

Plbl.  : 

337..    . 

P.  71,  u-LXI 

P.  24  (4) 

3o9.... 

P.  71,  1.^  LXII 

P.  23  (3) 

364.... 

PP.  488-489 

363.... 

P.  72,  ri"  LXllI 

366.... 

P.  489 

378.... 

P.  73,  n"  LXV  ' 

P.  31  (1) 

379.... 

P.  73,  11°  LXVI 

380.... 

PP.  73-74,  ri"  LWII 

P.  33  (3) 

381..    . 

PP.  74-73,  Il  ■  L.WIU 

382..    . 

P.  21  (8) 

383.... 

P.  31  (2) 

386.... 

PP.  76-77,  u»  LXXIU 

P.  26  (6) 

387.... 

P.  78,  0"  LXXV 

P.  26  (3) 

388    ... 

P.  75,  11"  LXIX 

P.  23  (4) 

389.... 

P.  73,  n°  LXX 

P.  24  (o) 

390.... 

P.  76,  11»  LXXI 

P.  34  (4) 

393.... 

P.  77.  Il"  LXXIV 

P.  22  (1) 

397.... 

P.  489 

398.... 

P.  489 

399.... 

PP.  78-80,  11»  LXXVP 

P.  26  (7) 

403 .... 

P.  80,  11°  LXXVU 

406.... 

P.  81,  n"  LXXVllI 

P.  26  (8) 

409.... 

PP.  489-490 

410.  .  .. 

P.  81,  ir  LXXIX 

413.... 

P.  82,  11"  LXXX 

P.  28  (2} 

414.... 

P.  82.  n°  LXXX 

413.    .. 

PP.  82-83.  Il"  LXXXl 

P.  28  (6) 

416.... 

P.  83,  11"  LXXXII 

P.  29  (1) 

417 

PP.  83-84,  u"  LXXXIll 

P.  29  (2) 

419.    .. 

P.  72,  n"  LXIV  » 

P.  29  (8) 

i20.... 

P.  84,  II"  LXXXl  V 

P.  29  (3) 

421.... 

PP.  84-83.  n"  lAXXV 

P.  29  (4) 

42-2... 

P.  83,  n"  LXXXVi 

P.  29  (3| 

423.... 

PP.  85-86,  II"  LXXXVIl 

424.    .. 

P.  87,  11°  XG 

425 ...  . 

P.  87,  n"  LXXXIX 

P.  29  |7) 

426... 

P.  88,  11°  XGI 

P.  28  (31 

427.. 

P.  88.  Il"  XCIl 

430.... 

P.  89,  n"  XCllI 

P.  22  (6) 

438..    . 

P.  490 

443.... 

PI».  89-90.  Il'   XCIV 

P.  31  (4| 

446... 

P.  90,  n°  XCV 

P.  31  (3) 

447.... 

PP.  90-91,  II"  XCVI 

PP.  26  (9)  et  36  (3) 

437.... 

PP.  92-93,  n°  Cl 

P.  31  (3) 

iMiln. 


1.  Lire  1"  mai  (caleudes  de  inai)  au  lieu  de  2. 

2.  M.  de  B.  a  lu  7  des  calendes  de  novembre    2fi  orlobrei  au  lii^u  île  8  i23i.   Pi-ul- 
ètie  a-t-il  raison. 

3.  Lire  1269  au  lieu  rie  126S. 


72  KEVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 


Numéros 
de  notre 

Jud.  Barc. 

'■■           ■ — 

— ^                      ■ 

Catalogue. 

PUBL. : 

Indiq.  : 

458.... 

P.  93,  n°  Cil 

P.  18  (10) 

461.... 

PP.  93-94,  n°  cm 

P.  19  (1) 

467.    .. 

P.  95,  n"  CIV 

PP.  26  et  27  (1) 

470... 

PP.  93-96,  n»  CVI 

P.  32  (2) 

483.... 

PP.  118-119,  n"  CL' 

496...  . 

P.  96,  n"  CVII 

PP.  27  (21  et  36  5) 

500.... 

PP.  96-97,  n»  CVIII 

P.  23  (5) 

501 .... 

PP.  97-98,  n»  CIX 

P.  36  (4) 

505.... 

P.  98,  n"  CXI 

PP.  16  (2)  et  22  (7) 

517.... 

PP.  98-99,  n"  CXII 

P.  27  (3) 

518.... 

PP.  99-100,  n"  CXIII 

P.  27  (4) 

519.... 

PP.  101-102,  n°  CXVI 

P.  28  (4) 

520.... 

P.  100,  n"  CXIV 

521.... 

P.  101,  n»  CXV 

P.  33  (4) 

526.... 

P.  102,  a"  CXVII 

527.... 

P.  102,  11°  CXVIIl 

P.  23  (7)     ■ 

528.... 

P.  103,  n°  CXIX 

P.  23  (6) 

536   ... 

P.  103,  11°  CXX 

P.  27  (5) 

562.... 

P.   104,  n"  CXXII 

PP.  32  et  33  (1) 

564.... 

PP.  104-105,  n°  CXXIII 

P.  27  (6) 

567.... 

P.   106,  u°  CXXVI 

P.  23  (8) 

569.... 

P.  105,  n°  CXXIV 

P.  31  (6) 

570.... 

P.  105,  n"  CXXIV 

P.  31  (6) 

575.... 

P.  107,  n-  CXXIX 

P.  28  (4) 

581.,.. 

PP.  108-109,  n"  CXXXI  « 

P.  27  (7) 

583.... 

P.  109,  n»  CXXXII 

584.... 

PP.  109-110,  n"  CXXXIII 

585.... 

PP.  UO-111,  n"  GXXXV 

588.... 

P.  111,  n"  CXXXVI 

389.... 

P.  m,  n"  CXXXVII 

590.... 

PP.  111-112,  n»  CXXXVII 

.591 .... 

P.   112.  irCXXXVIII 

592.... 

P.  112,  II"  CXXXIX 

593.... 

PP.  112-113,  n"  CXL 

594.... 

P.  113,  n°  GXLII 

595.... 

P.  113,  n"  CXLI 

596.    .. 

597.... 

598 .... 

P.   113,  11"  CXLIU 

600.... 

601.... 

Jud.  Montp. 

PUBL.  :  I.NDIQ. 


PP.  490-491 
P.  491 

P.  491 
PP.  491-492 

1.  Cet  acte  porte  répartition  entre  les  juiveries  de  la  couronne  d'Araïon  du  subside 
octroyé  à  Jaime  I"  pour  lui  permettre  de  se  rendre  au  concile  de  Lyon.  Ce  concile 
ayant  eu  lieu  en  1274,  il  paraît  plus  naturel  d'assiimer  à  la  répartition  la  date  de 
1274,  bien  que  dans  le  registre  18,  elle  vienne  immédiatement  après  un  acte  de  1271. 

2.  M.  de  B.  a  lu  à  la  date  de  cet  acte  X  des  calendes  de  mars.  Nous  avons  lu  V  des 
calendes.  Il  est  assez  difficile  de  distinguer  dans  l'écriture,  à  la  fin  du  iiii*  siècle  et 
au  iiv*.  un  V  d'un  x, 


CATALOGUE  DES  ACTES  DE  JAIME  I"',  PEDRO  111  ET  ALFONSO  III 


73 


Numéros 
de  notre 
Catalogue. 

GUo.. 
617  . 
618.. 
624.. 
625.. 
626.. 
627.. 
628.. 
629.. 
630.. 
631.. 
632.. 
633.. 
634.. 
635.. 
636  . 
639.. 
649.. 
650.. 


Jud.  Barc. 


Jud.  Montp. 


PiKL.  : 
PP.    114-115.  Il'  CXLIV 
PP.  116-117,  n'  CXLVll' 
P.  H  7,  n"  G.\LVIII 
P.  120,  n"  CLII 
PP.  120-121,  u"  CLIIl 
P.  121,  11"  GLIV 
PP.  121-122,  u-CLV 
P.  122,  II"  CLVl 
P.  122,  n"  CLVII 
PP.  122-123,  n"  CLVlll 
PP.  123-124,  n"  CLX 
P.  124,  n"  CLXI 
P.  124,  11»  CLXII 
PP.  124-125,  u°  CLXIU 
P.  123,  n^  eux 
P.  125,  n'^  CLXIV 
PP.  119-120,  n»CLl 

P.  126,  u"  GLXV 


Indu. 


P.  33  (2) 

P.  29  (9) 
P.  30  (1) 

P.  30  (1) 
P.  30  (1) 


P.  30  (1) 

P.  30  (1) 

P.  120,  II'  CLP 
P.  31  (7) 


PiBi..  : 


l.NDII. 


Jea.N    RÉ6.NK. 


1.  Lire  12  mars  1274/5  ^4  des  ides  de  mars  1274,  ancien  style)  au  lieu  de   19  mais 
1274. 

2.  Lire  30  janvier  (3  des  calendes  de  février)  au  lieu  de  29. 


UN 

NOUVKAU  RECUEIL  POÉTIQUE  Dt;  BAGDAD 


Les  collections  de  poèmes  hébreux^  que  j'ai  éludiées  tout 
récemment  dans  mon  article  sur  les  poésie^  int^dites  d'Israël 
Nadjara  '  et  qui  attestent  chez  les  Israélites  d'Orient  le  besoin  de 
faire  une  place  à  la  poésie  religieuse  en  dehors  du  cadre  fourni 
par  la  poésie  liturgique  et  synagogale^,  se  sont  enrichies  il  y  a 
quelques  années  d'un  recueil  fort  copieux  qui  a  paru  à  Bagdad  et 
répond  évidemment  à  un  vif  besoin  des  membres  de  la  communauté 
juive  de  cette  ville.  Le  titre  de  ce  volume  bien  imprimé  —  un  petit 
in-8Mle  :2  feuillets  non  paginés  et  de  182  feuillets  paginés  —  est 
D"'-i''u:n  -ISO,  Livre  des  chants.  L'année  de  la  publication  est  désignée 
par  le  mot  ■'D'iujuî,  soit  5666  (1906)  L'imprimeur  se  nomme  Ezra 
Dangour. 

C'est  lui  qui  signe  un  court  «Avis  au  lecteui-  «  en  hébreu,  ou  il 
indique  le  but  et  la  disposition  du  recueil.  Parmi  les  poètes  qui  y 
sont  représentés  il  cite  Juda  Halévi,  Salomon  Ihn  Gabirol  et  Israèl 
Nadjara  (D''3::"'"'Dn "iaNi)  :  il  mentionne,  sans  les  nommer,  les  «rai)bins 
antérieurs  de  Bagdad  »  et  nomme  «parmi  les  rabbins  de  notre  temps» 
Réah  Tob^  et  Sasson  Israël.  11  prie  les  lecteurs  que  chacun  ait 
le  livre  chez  lui,  afin  que  lui  et  ses  enfants  y  lisent  les  sabbats  jours 
de  fêtes  et  à  d'autres  occasions  analogues,  célèbrent  le  Créateur  et 
se  réjouissent  '.  Suit  une  table  des  matières  (II,  a-b]  et.  ouvrant  la 

1.  Voir  Revue  des  Éludes  Juives,  LVUl,  241-269;  l.l\,  9li-105,  231-238;  LX.  221- 
234. 

2.  Ce  besoin  a  trouvé  surtout  son  e\|iiession  ciicz  les  .Inifs  du  Yt-nien.  Voir  mon 
ouvrage  Die  kebrdische  und  arahische  Poésie  der  Juden  Jemens  (Strashouri:,  1910*. 

3.  l""n:  mC3  n"''1  'in  —  n"''"l  est  formé  di's  initiales  du  nom  □"'""n  fl^T'  0''T3n-l. 
Voir  plus  loin. 

'^■  ^^'^2^  NT-  13  m-ipb  ■i»-t'3   ^wX  inx  N'^n-'  'nt  'n  "::3  ncpaa  n;  io't 


UN   NOUVKAU  RECUEIL   POÉTIQUE   UE   BAGDAD  75 

collection,  une  table  alphabétique  des  commencements  despoJ^mes 
(la-4ô). 

Ceux-ci  sont  groupés  d'après  leur  fond  et  leur  destination,  dans 
l'ordre  des  époques  auxquelles  ils  sont  destinés  ;  de  plus,  ils  sont 
numérotés  d  un  bout  à  l'autre:  au  total  4lo  numéros. 

D'abord  viennent  les  poésies  pour  le  lever  du  jour  (mnaiD 
*-ipnan  f-n^'^Nb  ,  notamment  pour  chacun  des  six  jours  de  la 
semaine  (n"^  l-l!23  ;  puis  pour  le  sabbat  (raiiîb  d-'STOtî,  n°*  l'24-147), 
pour  la  fin  du  sabbat  (n"*  148-162,  dont  trois  en  arabe),  pour  la 
néoménie  (n°*  1()3  166  .  Hanoucca  (n"'  167-I73i,  Sabbat  Schekalim 
, nos  474-176),  Pourim  n^^  177-196)',  Sal)l)at  Para  n*"^  197-198), 
Sabbat  ha-Hodesch  et  Nissan  in^  199-!20o),  Pàque  (n^^  206-215),  la 
schira  péricope  du  septième  jour  de  Pàque  n°*  216  223;,  le  33'^  jour 
de  l'Omer  (n"'  224-227)-.  Les  groupes  qui  suivent  ont  pour  les  Juifs 
de  Bagdad  un  intérêt  local  :  éloge  du  prophète  Ezéchiel  (n»*  228- 
229),  d'Ezra  le  scribe  in"^  230-234\  du  grand-prètre  Josué  (n°  235. 
Le  tombeau  d'Ezéchiel  est  visité  pai'  les  Juifs  de  Bagdad  au  mois 
d'Ab  (voir  Jeicish  Encyclopedia,  II,  437  b]  ;  celui  d'Ezra  est  égale- 
ment un  but  de  pèlerinage  pour  les  Juifs  de  Babvionie;  mais 
j'ignore  à  quoi  se  rattache  le  poème  en  l'honneur  du  grand-prètre 
Josué  b.  Yehoçadak.  —  Puis  viennent  des  chants  à  la  gloire  de 
Jérusalem  et  de  la  Terre  sainte  (n"'  236-241,  les  deux  derniers  en 
arabej.  —  Suivent  les  chants  pour  la  Pentecôte  {i\°'  242-250)-*,  pour 
le  Nouvel  An  et  les  jours  de  pénitence  n"'  251-258)  de  la  fête  de 
Souccot  (n°«  259-286,  la  nuit  de  Hoschana  rabba  '  (n"*  287-295), 
Simhat  Tora  f296-35l!  "v  Le  cycle  des  fêtes  ainsi  achevé,  nous  avons 
ensuite  des  chants  pour  la  cérémonie  de  la  circoncision  in"'  352- 
366)  et  en  l'honneur  du  liancé  (n»»  367-382),  deux  désignés  comme 
"fbDnb  D-'rTOTD  0°^  383-384  et  un  groupe  intitulé  n:-i  ^t-q  'n°'  385- 
400;,  puis,  sous  le  titre  de  rN?:î<p'2  (piinze  petites  poésies  avec  un 
mode   pour  chaque  ^400  é/s-414).   Le  volume  se  termine  |)ar  un 


1.  Ce  groupe  contient  aussi  de  iraies  cliansoiis  ;i  boiie. 

i.  Le  premier  numéro  de  ce  yi'oupe  est  consacré  à  l'éloge  de  R.  Meir  Ilaai-Hanes, 
les  antres  à  celui  de  Simon  b.  Voliai.  On  sait  que  la  mémoire  de  ce  dernier  est  solen- 
nellement fétee  en  Palestine  le  33"^  jour  de  lOmer. 

3.  TJybl  mTT3'iZ5r:  anb  0^;17;T2.  Le  ilemier  mot  désigne  le  Décalogue  ;  c'est 
peut  être  l'arabe  [PNTabo]  "iCr. 

4.  P"»-13  TiniD  'ïb  n"0"in  a"'"17aTD.  Ceux  qui  «  nouent  l'alliance  »  sont  nommés 
en  tète  de  chaque  poème  :  Abraham.  Isaac,  Jacob,  Moïse,  Aaron,  Joseph,  Piulias  \bis], 
David,  soit  huit  au  lieu  de  sept. 

5.  Il  y  en    a   plusieurs  i^roupes  :  n"C  D'1^3  p"cb  CÎT??  2"":T-TD    Kolien.  Levi 

[bis],  Joseph,  Zabuion.  Ascher,  n:iy?a  inn.  7•n^^  \Tr,.   p'^wN^^  ";nn,  T'acT: 

[bis];   puis,  à  paitii-  du  n"  30.x  mopm    n^XTCn   PHT^'Cb   a'^riT^TD. 


76  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

appendice  qui  contient  le  poème  parénétique  de  Joseph  Ezobi,  le 
Kaarat  Késef[\).  1(^8  6-172  b). 

Parmi  les  poètes,  dont  les  œuvres  sont  réunies  dans  ce  recueil  — 
il  y  en  a  près  de  cent  —  Israël  Nadjara  est  au  premier  rang  pour  le 
nombre  des  poèmes.  Cest  une  nouvelle  preuve  du  profond  attrait 
exercé  sur  les  Juifs  d'Orient  par  les  poésies  du  grand  épigone  des 
poètes  classiques  du  moyen  âge  juif.  Des  poèmes  de  Nadjara  qui 
figurent  dans  notre  recueil,  beaucoup  se  trouvent  dans  son  premier 
receuil  imprimé,  le  Zemirot  hrai'-l  [Z.  7.),  d'autres  dans  le  recueil 
moins  considérable  des  Pizmonim,  édité  par  Friedlander  {P.), 
d'autres  enfin  dans  le  manuscrit  Kaufmann  du  Scheérit  Israël  que 
j'ai  décrit  dans  cette  Revue  [S.  /.).  Voici,  pour  ces  trois  groupes,  la 
liste  des  morceaux  de  Nadjara  qui  font  partie  du  recueil  de  Bagdad 
(les  numéros  qu'ils  portent  dans  ces  groupes  sont  indiqués  entre 
parenthèses)  : 

/.  Z.I.:  9  (âo),  10  (4j,  11  168j,  13  (8o),  21  '135),  23  (125),  24  (97), 
25  (50),  28  (62],  31  (75).  33  (49),  41  (51),  42  26  ,  43  (35),  47  (19),  62 
(124  ,  68  :88),  79  (215),  81  (23;,  82  (112),  84  (109),  89  (122),  90  (186), 
97  ;152),  101  (141),  119(64),  122  (52),  130  (27),  131  (13tj,  134  (104), 
257  (180),  258  (123),  275  (194),  312  (72  ,  331  (55),  345  (197).  Total  : 
36  numéros. 

//.  P.  :  4  (35),  6  (61),  52  (46),  72  (25j,  86  (44),  9o  (12),  102  (11),  167 
(53j,  249^34),  271  (102j,  402  (29).  Total  :  11  numéros. 

///.  S.  I.  :  26  (VI,  6),  29  (VIII,  23),  37  (XIII,  6),  49  (VIII,  37),  51 
(VIII,  6),  94  (VII,  28j,  98  (IX,  15),  106  (XI,  10),  110  (VIII,  22),  120 
(X,  33j,  171  (X,  42  ,  255  (X,  30),  261  (XIII,  5),  270. XI,  29),  332  (VIII, 
21),  340  (III,  13j,  346  (VIII, 4),  376  (IX,  6),  405(VI,1),  406  (VIII,  19). 
Total:  20  numéros. 

IV.  Quelques  numéros  ont  été  pris  aux  deuxième  et  troisième 
parties  des  Z.  7.  {Olat  Schabbat  et  Olat  Hodesch]  :  0.  S  ,  21  (175); 
O.H.,  1(164),  14  (216;,  21  (175,,  39  .121),  67  1  llj.  Total  :  5  numéros*. 

V.  Les  numéros  suivants  du  Recueil  de  Bagdad  se  retrouvent 
dans  celui  de  Calcutta  :  64  (Calcutta,  209),  85  (222),  183  ^63).  Total  ; 
3  numéros. 

F7.  Les  autres  poèmes  de  Nadjara,  imprimés  pour  la  première 
fois  dans  notre  recueil  sont,  dans  l'ordre  alphabétique  des  premiers 

1.  Dont  2  [0.  H-,  1  et  39  se  retrouvent  dans  le  recui'il  de  Cakulla  (n"'  ob  et  7).  Dans 
H.  È.  J.,  LX,  223,  j'ai  indiqué  par  erreur  ces  deux  numéros  comme  inédits  :  à  tort 
également  j"ai  signalé  comme  inédits  les  n»»  5  et  18  du  recueil  de  Calcutta,  alors  qu'ils 
viennent  de  Z.  /.,  25  et  27.  Ihid.,  p.  222,  rectifier  comme  suit  :  Calcutta,  200  =  0.  //., 
C)7  et  Calcutta,  57  =  S.  /.,  29. 


UN    NOUVEAU    RECUEIL   PÛÉTIgUE   DE    BAGDAD  77 

vers,  les   suivanis   là    moins  d'autre  indication,   la   [)aternilé   du 
morceau  est  indiquée  par  l'acrostiche  bî<TO^i  : 

(243)  mn-.b  "^y::  b"  D'^p^pn  z^'Z  Ti-ia-i     nnn'CJnn  Nirt  b'-y-irrz  m  r'rnx 

Acrostiche  :    "pm  rfCHZ  13  ^J^TJ"'  ""LN 

■]Ti  '?i:::i  -f'rî*  ^730  ninx     n--.s  ']-':d?3  ws:wS  "^n'-?:  "j^x  wX:wS 
(204)  mj<'5D:-!  2— ii:7:3  mm.x  ac'r     mN^^^:^  nao  i:p  bx  ■''riN:; 

Acrostiche  :    pTn  nC"Û  13  HrwSTw"'  ""r^X 

(48)  i-iin  Tiri  -"'"'rT':;     ■'"n^  nr"'  ■'-n;  "'-1:. 

(117)   n?:;  *]m3'??3  -i33T     'i--  i^t  -r:i  nr:; 

(i02)  n'rnn  mN2  a"'^':  "^r     -im'^N  rmzt  ni::  ■'D  rfi'r'rn 

(313)  intN  Nbn     n:23wS  \-rT:;'  "?s  -:- 

Acrosticiie  :   pm  noTj  "13  '""îst:;^  "r^N 

(203)  -12:  T^73  L]b}<a  -i\:;n  'n  ^'nss  i-î73î<'' 

Acrostiche  :    nw72  ~I3  '^N'HC 

(2i'i)  '  37!':?  n32:n7:n  «■•n  riwS     ■'"nr  -^n  "?n  rinTi  i-i 

(o4)   p'5m  y-ip  D"*:"»:;?  ■'3b     ■'3::3  0-13-»  ■•T'T'  nii    10 

(98)  --in  -^s-ip  ■^ir  "{N     ';73  abys  "^îins  t^-i^ 

(411)   yan  ay  bs^  d-31     T;n33  bxb  d-it^t^ 

(iiO)   nj-'3  "'r-:"'b  wvrnm     l'^Tc-'snb  Nn7:3n  3r;i 

(107)   m3Dr!  Y'?::  bx  ■^mr:;:3  it33wS     -n3D  "j-,7:t"«  \-id'0  s-»;  Y'*'""" 

(1851  N'ON  myT::-'  012  •>:»<     ncd  1737  inp  bwS  dt'    lii 
'(38)-ji-n3;:  T'y  'pT'^3  "'3-cm  -^r^-^  ■'•^:i-p     a"'n3:  V^  ""^s-in  "j-ixt  r>zi^ 
ïJ-n  T^C3  33in  bip3  yi'^ab     -t:3T272  ■^Cîd  r;-;D  Dnbw3  d~i  ""'n'^ 

(141)    m73T7:i 

"'D  riwS-n  nrn  ■;■';:"'  35 w  "'m3"'3D  "'3-'tn  bD  br  nny  ■'•cni  □:-!- 
(60)   ■'n-'7:i:73  ikïj 

Acrostiche  :    nc::  p  ''~ÎN"',C"' 

(205)  ■'Tsy  b-'DCT  ns73  r!35  no:t  aTi"" 
(83)  aïJ  T^j3  PwX  poc-'"!     a-py-j  bx  n3D  prc-»    20 

Acrosticiie  :    rTC73  p  '"^S~lC 

wsb  -nTz  zrb  ycTjT  p'3     ^fzaz  Y-'^  yci-b  3-,  nyr:;-'  n"?:!:?: 
163)    ■;73îwS 

poiT  Tii-i'jin  "^m  ■'t:^  iiDcb  ws:  ^nns  -«mnbT  pon-  ■'tii  bip 
(44)  nsïJ''  "^Tiri 

Total  :  "2-2  luiinéros-'. 

1.  Lire  3"-!. 

2.  Lire  p"i]C3. 

3.  Sur  ces  22  numéros,  deux  2  et  13  ont  déju  OU-  im|)riinés  dans  !■■  recueil  poétique 
judéo-persan  dlsraél  Yezdi  pN-lw""  n7:0'',  Jérusalem,  1901),  que  j'ai  .lécrit  en  détail 
dans  /.  0.  R.,  XIV,  116  et  s.  ;  voir  p.  118. 


78  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Tandis  que  le  recueil  de  Bagdad  contient  en  lout  97  poèmes 
d'Israël  Nadjara,  les  deux  poètes  classiques  nommés  dans  la  préface 
ne  sont  représentés  que  par  un  petit  nombre  de  pièc^es,  Juda  Halévi 
par  quatre  numéros  '  :  269  (Z.,  207;,  285  (Z..  203),  286,  330  les  deux 
derniers  se  retrouvent  dans  les  recueils  poétiques  du  Yémen-), 
Salomon  Ibn  Gabirol  par  huit  numéros  :  1  (Z.,188,  n"21),  3,  12  (Z., 
n°16),  17  (Z.,  n"  26),  193  (le  célèbre  poème  sur  le  vin  ■^r"«  mb^s  , 
270  (Z.,  n«  9),  292  (Z.,  n"  4),  293  (Z.,  n"  8),  dont  cinq  (12,  17,  270, 
292,  293,  (igurent  aussi  dans  les  recueils  yéménites. 

Un  autre  grand  poète  espagnol  se  joint  aux  deux  déjà  nommés, 
c'est  Abraham  Ibn  Ezra,  qui  est  représenté  par  quatre  numéros,  18 
(Z..  210;  m,  1),  124.  136,  290,  sur  lesquels  trois  se  trouvent  égale- 
ment dans  les  recueils  yéménites^. 

Dans  la  foule  des  autres  poètes  qui  figurent  dans  notre  lecueil, 
beaucoup  appartiennent  déjà,  grâce  à  Zunz,  à  l'histoire  littéraire 
de  la  poésie  synagogale  : 

Abraham  :  130  (Z.,  340  ;  poème  pour  habdala). 

Abraham  Hayoun  b.  Salomon  :  180  (Z.,  344). 

Dounasch:123(Z.,  484). 

Eléazar:  134  (Z..  546,  n^  1),  287  (Z.,  347,  n«  13)  ',  289  (Z.,  547, 

no  17),  356. 
Eliakim:46(Z.,349)''. 
Hayyim  :  253  (Z.,  546),  264  [ibid]. 
Isaac  :  146  (Z.,  557)  ^  149  (Z.,  554). 
Jacob  :  165  (Z.,562),  248  (Z.,  559).    • 
Jacobins»:  152  (Z.,  485). 
Joab  [b.  Yehiel]  :  135  (Z.,  709). 
Joseph  Ezobi  :  415  (voir  plus  haut). 
Juda:  163  (Z.,  567). 
Mansoùr:  143  (Z.,  579)'. 
Moïse:  234 (Z.,  371)». 

1.  Ici  et  dar)s  ce  fjiii  suit  j'ajoute,  eiitie  parenthèses,  au  numéro  (in  |ioèine  dans  le 
recueil,  la  paire  de  Zunz,  Lileraturgeschiclile  der  Si/nayoï/dlen  Poésie  \Z.)  où  ce 
puénie  est  mentionné. 

2.  Die  liehrdiscke  und  arahisclie  Poésie  der  Jitden  Jeniens.  part,  héhr.,  p.  48, 
n""  16  et  20. 

3.  Op.  cit.,  p.  46,  n-"  2,  16  et  25. 

4.  Ainsi  que  dans  les  Pizmonini,  éd.  Calcutta,  n"  233. 
o.  .\iiisi  que  dans  CalcuUa,  n°l."). 

6.  Dans  Calcutta,  u"  lo7. 

7.  Dans  Calcutta,  n"  47.  (]'est  un  poème  pour  le  sabbat  (in'nn  lit  aussi  dans  des 
recueils  yéménites. 

8.  Zunz  uientionue  ici  seulement  le  cnmmeuccmeut  du  poème  («  imité  du  "inc 
"rb  rminb),  mais  non  l'auteur. 


UN   NOUVKAU    RECUEIL   POÉTIQUE   DE   BAGDAD  79 

Salomon  [b.  Mazallob]  :  291    Z.,  o^^S),  294  iibid). 
Simon  Labi  :  223  Z.,  o3o). 

Le  l'ecueil  de  Calculta,  soiivenl  inenlionné  déjà,  a  des  poésif-s 
des  [)oètes  suivants  en  commun  avec  celui  de  Bagdad  le  cbiiïie 
entre  parenthèses  indique  le  numéro  de  l'édition  de  Calcutta*  : 

Abraham  :  128  (45),  12^  (44),  262  185),  306  (136). 

Abraham  Salàma:  239  (16i. 

Benjamin  :  252  (24/. 

David  h.  Aaron  b.  Housseïn  :  131,  236  (138)  '. 

Ebiatar  :  309  et  370  (216,  21")  -. 

Eléazar  Hacohen  :  364  (30)  ^ 

Eliyahou  Haj  yim  :  1 18  (229). 

Isaac:  242  il95;. 

Isaac  nan:  93  (218)  '*. 

Isaie  :  173  142'. 

Jacob:  66  (81). 

Joseph  :  353  (96),  367  (132). 

Joseph  b.  Saul:  73  (80)  •*. 

Menahem:  305  (1^5). 

Menahem  hd^  :  19(219). 

Moïse:  268(178),  278  (141). 

Moïse  Halévi  :  69  (79). 

Moïse  Housseïn  :  266  (177). 

Mordechaï  :  36  ^225)  «,  144  (  1 34; . 

Nissim  :  284  (78),  378  (192). 

Sàlih  (nbst±j  :  5  (77).  278  {m^,  279  (66) ',280 (67),  281  (131),  362  (76), 

363  (82),  368(161). 
Salomon  :  57  (152),  177  (71). 
Samuel  :  217  (72). 
Schemaya  :  45  (22)*. 

1.  Ainsi  que  dans  bxT,:)-'  no'iJ"',  n"  25  [J.  Q.  fl.,  XIV,  120j. 

2  Le  premier  de  ces  deii\  poèmes,  qui  simt  des  épitli.iLimes,  se  retrouve  dans  des 
recueils  yéménites    op    cit..  p.  loi. 

3.  Le  même  dans  bNTC;"'  n73'>:3^,  ""  27. 

4  Le  nnhne  poète  est  représenté  jiar  un  autre  poème  dans  rî"17;T  ""'w  (Ali-'er,  1892), 
p.  89. 

5.  Le  même  dans  bs^Tw'  nT^w"*- 

6.  Ibidem,  n"  39. 

7.  Ibidem,  n°  21. 

8.  Dans  le  recueil  île  Ba!5'dad  I  acrosticlie  est  llClp  r-,'yiZ'C  ;  dans  celui  de  Calcutta 
les  strophes  qui  commencent  par  Olp  man(|ueut.  pOlp  est  peul-tMre  un  imm  de 
famille. 


80  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Souleïman  :  273  (190). 
Zerahya:  374  (21o). 

La  liste  qui  suit  contient  les  noms  des  poètes  qui  paraissent  pour 
la  première  fois  dans  le  recueil  de  Bagdad,  mais  dont  quelques-uns 
sont  peut-être  identiques  à  ceux  de  la  liste  précédente  : 

Aaron:3o,  109,210. 

Aaron  Azriel  :  272. 

Abdallah  :  174  ^accrostiche:  pm  bi<  iny),  180  (acrost.  :  rtbbnay),  213 

(acrost.  bî<  ^3y/  \  339  (acrost.  :  na^i,  372  (acrost.  ;  nb^nay 

pTn).  —   Ce  poète   est  peut-être    identique  à   celui   qui 

était  rabbin  à  Bagdad  en  1847  [Jew.  Encycl.,  II,  436). 
Abraham  :  7, 13,  7o,  138,  233,  234,  283,  355,  358,  379,  400  bis. 
Abraham  Miyyamin  :  2  2. 

Abraham  Salomon  Ezra  Obadia  :  231  ^poème  sur  Ezra). 
Addir:  375  (acrostiche:  pTn-i"<ni«).  C'est  une  prière  pour  le  sultan 

Abd-ul-Hamid  (ttoh  bN  nay  iDDbw). 
David:  237  (poème  sur  Jérusalem). 
David  b.  Jacob  Fardous  :  56  (en  araméen  ;  acrostiche  :  npr-'  -13  tit 

ditind). 
Eléazar  :  356. 
Eliyahou  :  365. 

Eliyahou  Haï  :  328  (acrostiche  :  pm  -^n  in-^bs). 
Elischa  b.  Gabriel  :  347. 
Ezéchiel  Ezra  :  333. 
Ezra:  104,  239,  351,360. 
Ezra  Eliya  :  80  (acrostiche  :  pTn  N-^bi^  NiT^y  •'. 
Ezra  Sasson  :  20,  132,  198;  179  (acrost.  :  pm  li«io  p  nit^  . 
Ezra  Sasson  Ruben  :  187,  200. 
Ezra  Sofer  :  32  (sans  acrostiche,   mais  le  titi'e  porte  ;  îî-it^  'nb 

b";  "1Q10). 
Faradji  ''  :  226  (poème  en  araméen  sur  Bar  Yoliaï;  acrostiche  :  ■•rwS 

pm  -^n-is). 
Hayyim  :  166. 
Hizkia  :  115'. 

\.  La  dernière  stiuplie  coininencc  pai'  "^UJ"".  ce  qui  i)onnait   ilésiuiier  le  père  ifAh- 
dallali. 

2.  Acn.sliclie  :  pTn  'ji73"'73  □""inX-   Le  aeiixième  nom  ^=  ';"'5:"^373)  est  tiré  d'Ezra 
X,  25. 

3.  Le  inùinc  dans  bN-i"v:;">  JT'J'»:;"',  ""  lt>. 

4.  Sur  ce  nom  voir  ./.  Q.  H.,  XI,  595. 

5.  Le  munie  dans  bN"!^"»  H^Û^"',  n"  23. 


UN   NOUVEAU   RECUEIL   POÉTIQUE   DE   BAGDAD  81 

Isaac  :  8,  40,  91,  212,  304,  307,  375. 

Jacob  :  442,  172,  349,  366. 

Jacob  b.  Jona  :  326. 

Joab  :  373  acrostiche  :  i&"Ta  axT»  '. 

Jona  b.  Sasson  :  403  (acrost.  :  "[rau)  -i"nD3  rr:')'^)  '^. 

Joseph  :  39,  76,  109,  232. 

Joseph  b.  Or  ÎNissan^  :  210   acrost.  :  -la  p  lo-^s  mx  13  t)OT«]. 

Joseph  Bourla  :  267  (acrostiche  :  Cjov;  titi'e  :  V't  xb-na  Ejov  ainb  . 

Joseph  Schalom  :  1 12. 

Josué  Siriro  :  207  (acrost.  :  yxon  tt'T'D  3>ain"'). 

Jiida  :  170. 

Jiida  b.  Haï  :  184. 

Juda  b.  Jacob  :  233. 

Kohen  :  300. 

Lévi  :  297  (acrostiche  :  "«ibb  . 

Masoùd  Arwàh  b.  Joseph  :  229  (acrostiche  :  "12  n^iTix  nVD73  ■'dn 

Méir  :  308,  399. 

Méirnyn  :  140  acrostiche  :  pm  nra  "v^iz). 

Menahem  Jacob  :  278. 

3Ioïse  :  259,  274,  33(5. 

Moïse  Djidji  :  139  (acrostiche  :  pm  "'S'^i  rtviTz). 

Moïse  Halévi  :  60,  74,  87,  105,  127,  133,  186,  220. 

Moïse  Hayyim  :  15. 

Moïse  Housseïii  :  190  'acrostiche  :  "pm  i">xin  rnio»  "«sn  ,  191  (nu)« 
pm  iDin),  206  (...v^tin...),  218  (...i-'s:in.  .),  377  (...v^cnn...'. 

Moïse  Samuel  Halévi  :  88. 

Mordechaï  :  7 1 ,  301 ,  361 . 

Nissim  :  147.  200.  244. 

Obadia  *  :  77,  247,  354. 

Perahya  :  299. 

Rahamim  Joseph  Hayyim  :  161  d'auteur  est  nommé  dans  le  titre 
i'-^i-,  ai::  n"-n  'nnb  :  le  poème,  se  rapportant  à  la  Hab- 
dala,  a  en  acrostiche  nn"«bê«),  162  (l'auteur  est  indiqué  par 

1.  L'rditeur,  (|ui  indique  partout  racrostiihe  ("(WO)  eu  tùtc  de  cliaqui-  |ioème,  l'a 
umis  ici. 

2.  Même  oiisei\atioii  i|iic  dans  la  note  précédente. 

'.i.  Le  nom  ID"^^  "IIN  est  un  dévelopjiement  de  Nissan  (Nissan  est  le  mois  de  la 
lumière,  de  la  déii\iaiice).  Sur  les  noms  de  mois  employés  comme  noms  de  per- 
sonnes voir  Die  Aijuda  der  pal.  Ainorder,  II,  69i,  n.  7,  où  je  mentionne  Nissan,  nom 
d'un  juif  persan  cjui  s'appelait  en  persan  Navrouz  (nom  du  nouvel  an  persan,  qui  tombe 
au  printemps). 

4.  l'eut-étrc  identique  avec  le  Al'd.ilUili  précité. 

T.  L\ll,  yo  12:i.  li 


82  REVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

le  titre  ;  le  poème  a  en  acrostiche  an-ax.  ce  qui  est 
expliqué  dans  le  titre  :  nonn  «■'N  li'y  i2"'3i<  dmas  n\a  by 
p"ï52  'n  dt^2  ::biTan^,  M~  (titre  :  i'-ù  m::  n"">-i  '-\rm)  '. 

Saadia  :  !296. 

Saadia  b.  Sedaka  :  !260. 

Sàlih  :  78  (répété  dans  28-2),  382. 

Samuel  :  390,391,  392,  398. 

Samuel  Simon  :  393.  Acrostiche  :  iiyM^a  bNTc;a  ;  les  trois  derniers 
vers  commencent  par  bxb  û-'D3"iw  "im,  d'où  l'on  pourrait 
inférer  que  le  poème  se  présente  comme  une  composition 
commune  à  Samuel  et  à  Simon. 

Sasson  :  22,  136,  201,  251,  253. 

Sasson  b.  Eliyahou  b.  Moïse  Halévi  :  384. 

Sasson  Hazzan  :  176,  192. 

Sasson  Israël  :  137,  222.  C'est  l'un  des  deux  rabbins  contemporains 
de  Bagdad  nommés  dans  la  préface. 

Salll,  341. 

SatU  Halévi,  194  (poème  hébreu-arabe  pour  Pourim). 

Simon  :  387,  396,  397. 

Simon  b.  Nissim  :  389. 

Tobia  ;  359. 

Zerahya  :  67. 

Parmi  les  morceaux  anonymes  du  recueil  de  Bagdad,  qui  sont 
au  nombre  de  soixante-dix  environ,  les  suivants  méritent  d'être 
signalés.  N"  61  :  apostrophe  à  l'âme  ;  poème  alphabétique  dans 
lequel  chaque  strophe  commence  par  "^my  (précédant  la  lettre  de 
l'alphabet)  et  se  termine  par  un  texte  biblique  finissant  par  le 
tétragramme. —  Dans  le  n°  114  un  hémistiche  est  ainsi  conçu: 
rv'OQy  DD73  inpb  ;  le  mot  arabe  signifie  quelque  chose  comme 
«  soldats  ».  —  Le  n"  123  est  le  ûbiy  Ittn  de  nos  rituels,  mais  avec 
des  variantes-  et  des  additions^.  —  Le  n"  81,  poésie  sur  Aman,  a 

1.  Ce  rabhiii  de  Ba!.ntad  nommé  aussi  dans  la  préfaco,  rst  repréSLMitc  par  une  petite 
poésie  (anostiche:  ri''"l)  dans  m73T  "'T^UÎ  (Alger,  1892',  p.  116,  on  l'abréviation, 
devenue  nom  et  complétée  jiar  3ia,  est  expli<iuée  dans  le  litre  par  CjOT»  a'^72n~'. 
D'^'^ri-  l'U  même  poème  se  trouve  (dus  complet  (acrostiche  :  pTJl  3*1^  JT'n)  dans  le 
petit  recueil  m23"l  "IDD  (,Constantiiiople,  1908),  p.  17. 

2.  A  la  ligne  5,  nbi^TTOnb  pour  lb  "?■'".:: 70 "b,  ligne  7,  nii:  rr3  pour  m^  aT'n. 

3.  Après  la  ligne  Tj,  entre  parenthèses.  '-\',2^^\.  b^b  p-iriN  Nl~l  ITCN"!  Nim 
miit  '?Db;  après  la  ligne  ti,  les  deux  ligues  qui  se  lisent  dans  les  rituels  sefardis 
cités  par  Baer,  (bN")w"*  miny,  p.  3o);  une  ligne  après  ligne  8  dans  Baer  :  avant 
cette  ligne  .  A  la  lin  deux  lignes,  au  mètre  défectueux  ; 

m-73  nbc  iDn"''i573  "'Od:  bsp  i;anp723 

N-llDn    1»0    *;73N    V2N  "''«^îlp    n-«33    -1^12):    TNT. 


UN    NOUVEAU    KECUEIL    POETIUUE   DE   BAGDAD  83 

eu  acrostiche  :  033''  n'^t  Donn-^.  —  N''  246,  sur  les  dix  commande- 
ments, acrostiche  :  pm  Tn''  bsn  ittx.  —  Le  n"  196,  poésie  contre 
le  jeu  de  dés,  termine  le  groupe  de  Pourim.  —  Le  n-  809,  litanie 
pour  Simlial  Tora,  figure  aifssi  dans  les  recueils  yéménites  (Ano- 
nyme, \r  106,  dans  pTi  -"T^uj,  p.  35).  —  Le  \\°  'M\  est  le  poème 
pour  Simhat  Tora  étudié  par  moi  dans  les  Mitteilungen  der 
Geselhchaft  fin-  jûfJhche  Volkskundc  [\\\,  1901.  p.  68-75;  VIII, 
I U-1 13).  —  D'autres  litanies  alpliahétiques  pour  la  même  fête  dans 
les  n°*  310,  315,  3i6,  320-323,  330,  334,  335.  —  Le  n»  337,  poème 
pour  la  délivrance  où  on  invoque  le  mérite  de  Hachel  Jérémie, 
XXXI,  I4i,  acrostiche  :  nbi^a  i;»»  hvn.  —  Le  n°  371,  épithalame,  se 
retrouve  dans  les  recueils  yéménites  (Anonyme  92,  "j^ti  ■«-i"«o,  p.  35). 

C'est  seulement  pour  quelques  poèmes  de  notre  recueil  que  le 
titre  indique  la  mélodie  d'après  laquelle  ils  doivent  être  chantés. 
Pour  trois  poèmes  (n"*  185,  214,  229),  dont  les  deux  premiers  sont 
d'Israël  Nadjara,  le  titre  porte  :  pWD  rrr^  \rh  ;  le  poème  qui  com- 
mence ainsi  a  également  Israël  Nadjara  pour  auteur,  il  figure  dans 
notre  recueil  (no  6)  ainsi  que  dans  S'.  /.,  IV.  32  (/?.  É.  /.,  LVIII, 
251).  Le  n"  198  a  cette  indication  :  y^y  -^hy  inb  ;  ii'^  208  :  nisiia  inb 
rrT3:r\,  ce  (jui  désigne  un  poème  de  Salomon  Ihn  Gabirol  (n°  270  de 
notre  recueil);  n°  209  :  ain  T'UJ  inb  (Nadjara,  Z,  /.,  134)  ;  n»  351  : 
■'bN  riT  inb  (un  poème  commençant  ainsi,  d'Kléazar,  occupe  le 
n°287  du  recueil  ;  n"  363  :  Dib\û  "^Tr  "inb  poème  de  Josué,  n*'  352  de 
notre  recueil)  ;  enfin,  n«  388  :  Np-^TO  inb  ;  ce  mot  qui  ne  désigne  pas 
le  début  d'un  poème,  mais  sans  doute  une  sorte  d'accompagne- 
ment musical,  doit  être  lu,  en  tout  état  de  cause,  ^'p'^'^yr^.  Dans  le 
recueil  algérois  mTûT  ■^T'U),  que  j'ai  déjà  souvent  mentionné  et  qui 
indique  pour  chaque  poème  une  mélodie  arabe,  celte  indication 
est  remplacée  une  fois  (p.  87)  exception nelkMnent  par  le  mot  ^p'^n» 
(sans  inb).  «  Musique  »  se  dit  en  arabe  ■«p'^oiTo,  mais  Dozy  {Snpplc- 
ment,  II,  624''/  note  la  prononciation  vulgaire  i^D-'n». 

Il  me  reste  à  parler  du  groupe  400  6/.N-4I4,  déjà  mentionne  au 
début  de  cette  étude,  et  dont  le  litre  est  nNWNp»  ;  ce  mot  (pluriel  de 
DNp»  signifie  «  mode  musical  »  et  est  usité  dans  le  recueil  jérusa- 
lémite  bs-iuj"^  toû^D"'  (voir  R.  E.  ./.,  LX,  225).  Les  noms  des  modes 
sont  ici  les  suivants  :  1°  Toin.  2"  ns-'-'a.  3"  mx3,  4°  ::s:n-i,  5"  Tî«in, 
6"  î«3::.  7-'  ^djoto  siin,  8°  a^ài^y,  9"  î<5"«o,  10"  n^ikj.  Il»  -"iNnocN, 
12°  nds5:t,  13"  '{«''"'sii:,  14'  inwS-j  ioa.  15"  na^r:?.  Sept  de  ces  modes 
sont  identiques  avec  les  modes  suivants  du  ^■.  /.  H.  E.  J.,  LVIII, 
24a et  s.)  :  I  (4),  VI  (6),  VU    9),  IX  (7)  ',  X  (3),  XI  (8)  -'.  Le  n"  2  de 

I-  t)bMD73  ,eii  arabe  «  opimM-  ..  ■,  h'  (Jeuxii'im-  imiii  >I«'  ce  mode,  ne  revient  pas 
ailleurs  dans  ce  sens. 

2.  Ti-m:  ==  D^y,  v"ii-  h.  e.  ./.,  i.viii.  26'»,  n.  •;. 


84  REVUE  DES    ÉTUDES  JUIVES 

uolre  liste  est  le  n°  1  du  recueil  manuscrit  d'Alep  (/?.  É.  ./.,  LX, 
î226),  \e  n"  3  du  bN-itt}""  rm^^  (ibid.,  p.  225;  ;  le  n°  5  est  le  n<*  19 
d'Alep.  le  n°  12  du  bvii^''  'ïî''  ;  le  n"  10  est  le  n°  lo  d'Âlep  ;  le  n"  13 
est  le  n"  13  du  bNiffi-"  '«■»  ;  le  n'  15  figure  comme  mode  -ptoki  dans  le 
ms.  d'Âlep  (ibid.,  p.  227,  1.  7  d'en  bas).  Quant  aux  trois  autres 
modes  du  recueil  de  Bagdad,  je  ne  les  ai  pas  rencontrés  ailleurs. 
En  ce  qui  concerne  le  n°  12,  Vullers  (II,  151  b)  donne  nswîiT 
«  nomen  rnodorum  canendi  »  ;  pour  le  n^  13,  il  donne  (II,  521  b) 
n:N"'Diiï  (à  la  manière  des  çoufis)  dans  le  sens  de  «  modi  quidam 
musici  »i.  Le  dernier  numéro,  qu'il  faut  peut-être  lire  ïT^aNny, 
pourrait  avoir  une  signification  locale  :  Attâbiya  est  le  nom  d'un 
quartier  de  Bagdad  voir  Dozy,  Supplément,  II,  93«),  qui  a  donné 
son  nom  à  un  tafletas  grossier  qu'on  y  fabrique  ;  il  est  donc  pos- 
sible qu'un  mode  usité  à  Bagdad  lui  doive  son  nom. 

La  foule  des  noms  de  poètes  que  contient  le  recueil  poétique  de 
Bagdad  et  dont  la  plupart  semblent  être  originaires  de  Bagdad, 
montre  que  l'amour  de  la  poésie  hébraïque  et  l'art  de  la  versifica- 
tion n'ont  rien  perdu  de  leur  force  chez  les  Juifs  d'Orient.  Le  trait 
le  plus  remarquable  de  cette  liste  de  noms  est  la  place  prépondé- 
rante qu'y  occupe  Israël  Nadjara.  Le  lecueil  de  Bagdad,  comme  les 
autres,  contient  de  lui  une  longue  série  de  poèmes  jusqu'à  pré- 
sent inconnus.  L'œuvre  posthume  de  Nadjara  paraît  inépuisable. 
M.  Davidson,  de  New-York,  qui  s'occupe  de  réunir  toutes  ses 
poésies,  aura  bien  mérité  de  Tbistoire  de  la  poésie  hébraïque,  en 
réalisant  son  projet. 

Budaitest. 

\V.  Bâcher. 


NOTES  SUR  I;ARTICLE  de  m.  BACHER 

«  LES  POÉSIES  INÉDITES  D'ISRAËL  NADJARA  » 


L'étude  si  fouillée  de  M.  Bâcher  sur  les  poèmes  iuédits  de 
Nadjara,  qui  a  paru  dans  cette  Revue  (t.  LVIII-LX ),  n'a  certaine- 
ment intéressé  personne  plus  que  l'auteur  des  présentes  lignes, 
qui  s'occupe  depuis  deux  ans  d'une  édition  de  ces  poèmes.  Mais 
précisément  parce  que  la  question  m'intéresse  vivement,  je  désire 
compléter  et  rectifier  certains  passages  de  l'important  travail  de 
M.  Bâcher.  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  A.  Marx  et  à  la  générosité  de 
M.  le  conseiller  Sulzberger,  la  bibliothèque  du  Jewish  Theological 
Seminary  of  America  a  mis  à  ma  disposition  six  manuscrits  consi- 
dérables de  poèmes  de  Nadjara,  et  les  remarques  qui  suivent 
sont  basées  sur  une  étude  attentive  de  ces  textes. 

Et  d'abord,  je  me  permets  de  contester  une  assertion  de 
M.  Bâcher,  sur  laquelle  il  insiste  à  plusieurs  reprises,  à  savoir  que 
le  manuscrit  438  du  fonds  Kaufmann  est  un  autographe  de  Nadjara. 
Il  se  base  sur  ce  que  ce  manuscrit  contient  une  courte  préface 
commençant  par  amon  -i»n  (7?. £"./.,  LVIII,  p.  :2i8-'244  ;  cf.  LIX,  96 
et  238  .  Mais  outre  que  ce  manuscrit  contient  un  certain  nombre  de 
poèmes  défectueux,  comme  l'indique  M.  Bâcher  lui-même  (LVIII, 
247,  n.  3-6  ;  p.  2o0,  n.  4  ;  p.  251,  n.  3),  la  même  préface  se  retrouve 
dans  l'un  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  du  Jeuish  Theological 
Seminary.  Jacob  Moïse  Toledano,  de  Tibériade,  dans  une  lettre 
adressée  à  M.  Marx  et  accompagnant  l'envoi  de  quatre  de  ces 
manuscrits  de  Nadjaia,  suggère  l'idée  «  que  Nadjara  lui-môme  ou 
son  copiste  a  fait  plusieurs  copies  de  ses  poèmes  pour  les  distribuer 
entre  les  poètes  de  Damas  ».  Cette  hypothèse  peut  être  acceptée 
avec  quelques  modifications.  Il  est  très  [trobable  que  Nadjara  a 


86  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

employé  un  secrétaire  à  la  copie  de  ses  poèmes,  non  pour  les 
poètes  de  Damas,  mais  pour  les  membres  de  la  société  M/drasc/t 
ha-Schi)',  fondée  à  Salonique  par  Guedalia  ibn  Yahya  '.  Je  me 
propose  de  faire  connaître  dans  un  avenir  prochain  le  caractère  de 
cette  société,  ses  membres  et  ses  productions  littéraires.  11  suffira 
de  rappeler  ici  que  chaque  membre  devait  envoyer  ses  poésies  aux 
réunions  de  la  société,  et  Nadjara  était  certainement  le  plus  fécond 
d'entre  eux.  Il  est  remarquable  que  c'est  à  Salonique  que  parut 
une  édition  indépendante  de  ses  Zemirot  Israël. 

La  supposition  d'un  secrétaire  de  Nadjara  suffit  à  expliquer  les 
nombreuses  fautes  de  texte  qu'on  trouve  dans  les  manuscrits.  Mais 
une  question  subsiste  :  d'où  vient  qu'il  n'y  ait  pas  deux  manuscrits 
qui  s'accordent  pour  l'ordre  des  rmars  et  que,  dans  chaque  uran, 
il  n'y  ait  pas  deux  manuscrits  qui  s'accordent  pour  l'ordre  des 
poèmes,  bien  que  presque  tous  les  manuscrits  soient  d'accord  sur  le 
yrh  de  chaque  poème?  Si  Nadjara  lui-même  avait  copié  ou  surveillé 
la  copie  de  ces  manuscrits,  il  n'y  aurait  aucune  raison  à  une  aussi 
grande  variété.  Il  me  semble  que  la  solution  la  plus  plausible 
de  ce  problème  est  la  supposition  suivante.  De  temps  en  temps, 
lorsque  Nadjara  composait  ses  poèmes,  il  les  faisait  copier  pour  les 
envoyer  à  la  société  des  poètes  de  Salonique  pour  qu'ils  y  fussent 
lus  et  admirés.  Peut-être  envoyait-il  tous  les  poèmes  d'une  man  en 
même  temps.  Quelques  membres,  désireux  de  posséder  ces  poèmes, 
les  copiaient  vraisemblablement  pour  leur  propre  usage.  Dans  la 
copie  que  Nadjara  envoyait  à  Salonique,  la  mart  était,  selon  toutes 
les  probabilités,  indiquée  seulement  dans  le  poème  introductif 
(nriTiD),  tandis  que  le  inV>  était  inscrit  eu  tète  de  chaque  poème. 
Dans  ces  circonstances,  il  est  facile  de  voir  comment,  en  passant 
de  main  en  main,  la  confusion  a  pu  naître  dans  l'ordre  des  mnan 
comme  dans  celui  des  poèmes,  tandis  qu'il  fallait  une  grande 
négligence  chez  le  copiste  pour  commettre  une  erreur  sur  le  inb. 
Cette  transmission  de  main  en  main  explique  aussi  le  caractère 
incomplet  de  tel  poème  dans  les  manuscrits.  Même  dans  l'édition 
de  Salonique  des  Zemirot  Israël  il  y  a  un  certain  nombre  de 
poèmes  incomplets,  parce  que,  comme  le  dit  l'éditeur  lui-même,  il 
n'avait  pas  alors  assez  de  copies  (voir  plus  bas). 

M.  Bâcher  trouve  une  confirmation  de  son  opinion  sui'  le  carac- 
tère d'autographe  du  manuscrit  de  Budapest  dans  le  fait  qu'il 
contient  tous  les  j)oèmes  iniroductils  de  toutes  les  mnart  [ibid,  Ll\, 
238),  mais  on  peut  en  dire  autant  de  tel  manuscrit  de  la  bibliothèque 

1.  Voir  Carraoly,  «■'•'n''  '^33^  D^tt'TJ  ^131,  p.  39, 


.5? 

.73 

.3 

.11 

.T 

.111 

.^-i 

.rji 

.IV 

.nb 

iNOTES  SUR   L'ARTICLE  DE  M.    BACHER  87 

du  Jewish  Theological  Seminary.  D'autre  part,  les  nombreuses 
fautes  du  manuscrit,  on  en  jugera  par  les  corrections  qui  vont  être 
présentées,  indiquent  plutôt  un  copiste  négligent. 

Les  rectifications  qui  suivent  sont  faites  d'après  un  ou  plusieurs 
des  six  manuscrits  examinés  par  moi.  Je  suis  l'ordre  de  M.  Bâcher 
pour  la  liste  des  poèmes,  indiquant  les  man  par  des  chiffres 
romains  et  le  numéro  des  poèmes  par  des  lettres  hébraïques.  Les 
corrections  sont  les  mots  espacés  : 

"'— l-'ïJa     T«DT3    im?N    n\a      i:"'3"C;    (vers  t]         .N     .1 

(Juges,  is,  29)    NiiT  i^ni:     n  3  1    (V.  •;) 

'\^t'p  -\Mt    n  -I  î  n    ^b  mp  ■^D-'r   n':;x   *]b  nm  rtz'^ 

"^  b  b  T  n  73     ib    t;tn     n  a  ■> 

nb-'j     oip733   myn   rjb  mD  ny;   riDi"- 

1 7:  b  T  r<    3-^-inr;  nro  'cin  ay  bN  ain  dt'n  uv 

ib    T  n  73  T  "<    mrDm  bnn733   bwX  ibbrr^ 

nnn     t  n  d    m^p    mma   b"cn:    nb   tibi'n-^ 

3b  in73ii:73    c:  -^  -1  o  -^ 

£Din"^3Tn    a  y   '^  s    ^  y    imiN  iit  mp-"    .ht: 

(Gen.,  XXXVI,  .■;;    "«ÎS'^       S  b  3*  "^      .33 

i:"'3'    — 1  "i  N  73    -iiT   nin:    ""  3  ■<  o    yi:n3   o-i^"»     .n3 
"'t-1^3    ""bx    rr-no   3b  i-'V      .ns 

n73i:J-l      71-^73    TTIDI    ....    (v.   2)         .N     .V 
(Ps.,  cxxxix,  2)    iy-)b     1  3      TwN    "»TT"i    (v.   4) 

rjb-^n    r^  3  -1    id   ■'ï5D3   nd-i   ■'"o:73'>::   ms  nys"»      .t' 
(Juges,  VII,  3)  n  y    "^  ■>  a     — .  n  b    -ir:3''  nri:''     .::^ 

*  (Deut.,  XXXII,  4)    DFir!      "^  T  X      rf  "\     .VI 

t^3T;25     T2:i3-'     r!33    013-'        .3"" 

■«  j-1  î<  3  p     biN^rr)  rrcij}  n-'     .ij"» 
3Nb     T  wN  D    "'b   "^nin  riTî''     .id 

in  73  "Cl      TJ-^'C"^     (V.   3)         .î<     .VII 

■>  — I  m  •:;     -ip3b    a"'n73iu3   (v.  4) 

1.  Cette  correction,  qui  n'est  basée  sur  aucun  manuscrit,  demande  une  hrève 
explication.  La  plupart  des  manuscrits  lisent  Dm  "llî  "T^  et  dans  l'un  d'eux  le  dernier 
mot  est  même  piinctué  Dm.  L'((rii:ine  de  cette  erreur  peut  être  expliquée  de  la 
manière  suivante.  Certains  copistes,  lorsqu'ils  écrivent  le  nom  de  Dieu,  en  modilient 
l'orthoffraphe,  de  sorte  que  It^  mut  n^  est  très  souvent  écrit  "i"»,  de  même  qu'on  écrit 
l"C3  pour  15,  D'^pbs  pour  D^nbx.  Dans  la  copie  nritrinale  ce  poème  doit  donc  avoir 
débuté  ainsi  :  DPri  "m:  '^^.  Les  copistes  postérieurs,  prenant  par  irieur  le  piemier 
mot  dans  le  sens  de  «  main  >•,  ont  été  choqués  par  ce  grossier  anthropomorphisme  et 
ont  changé  "m:  en  -|X  et  Dnn  en  Dm.  Le  conte.xte  du  poème  est  aussi  favorable  à 
ma  correction. 


88  REVUK   DKS   ÉTUORS  JUIVES 

^""■^lîp"'      ■»  y  TC  b    ^  s     fv.  6) 

■'"iD    r-T  "«  .n"> 

û^y3    tDS'n     Sn    n-'W'  «b  Qiynn  Dn^t»   inw  .td 

n  i:    -nN  ain»   a^5   bit»   uîmn   birn  .ib 

n  D  ;i3  n    bx  .M    .  vm 

-mr>    m  D 1  :  î:    \-nmn  by  %-n3i:y  -is-i"»  .T" 

'];"^w     12   NribN  rr^b  .33 

la-^riT'    "'DT   "^nDC    laairT   T'y:  lya"'  .::b 

irr^N  TN    "^3    ■»33b   rT^rr»  .i    .ix 

la'^OTa     n  D  ;s     nn  npicnb  -^ab  asian*'  .32 

a  ■"  b  n  b  r  ?:    ■»  3    «JNn  •ty''^  ns03   n-i-'iuc"'  .t 

!-I  3  y  73  3  T    ....  pin»    "TTI    "|b  .U 

^  "^  N     ■'poT    "ipcn   nby  .N'' 

n-'bs:»    r;"«r:     -^  n  b  ?:     ï-i  -^  .u" 

-nD    S  3  r:  »     -jy»:^  .td 

•ju^n    V-     p  T  0  "T*    nin""  t^;:;   n?   ■'3b    -i  y  -i  -^  .xb 

nzya    b-im"  ....  ■'d   31:   -inr   yn-"  .nb 

nr     b  -^  3    iw   "1^1311   -«33   ■'»■«  n73n"'   n"'  .Tb 

in3  ny3\2:  ^  t  -n    ■'bx   ,l'\'^'^   "1:3   "ni-;   ,-n-n    N-ip"'  .N73 

s-iîT     i^sna  ...  VTin»    -ip"'  bx   mmnb    [\.i)  .n    .\i 
T  rf'»::  y  WD     aTi   ar    ....   (v.  2) 
nr;3Ty    xb     rs  n    r;:pT   iy    ûai    ....    (v.  .'i! 
Tnnîjia -^    i-ni:   ....   (v.  4) 

yi-lD     TN73      nffiN    ....     inb3n     ^W3     ....     (v.  5) 

-ip-      "iblST      D''3"'3S    3-n    3nT    U5"'  .13) 

rt33"'   a-i:3  -i;    S  n    c  i  n    m  "  .riD 

Tnwn    T 1 T     onp   30-I''  .3b 

•^  3     p-'bn     "m:     ■'3    ^biab::T   Tnbj    3-i   p    (v.  i)  .«    xii. 
p^bo    ■'3  1    rrin: 

■'D-'y     1 1 73  n  "    (v.  2) 

T  73  1  p      1 73      P^«DD    ■'DU5     b"^^y    "'CO     (v.  4) 

1.  Cette  correction  résulte  d'une  combinaison  des  lectures  de  deux  de  mes  manus- 
crits ;  l'un  lit  •'n  aa  B"'pT2:n73  n7a  et  l'autre  ■*n"'  aa  "^n^"  ba  ipwn73  n73.  Le  sens 
du  verset,  d'après  ma  lecture  rectiliée,  est  que  les  yeux  de  sa  bien-aimée  sont  si 
beaux  que  celui  qui  meurt  d'amour  pourrait  ressusciter  {.'race  à  leur  éclat. 


NOTES   SUR    I/aUTICF.E    HE    M.    BACHER  89 

br  ^'TJT     ii^'i'    ,-'-:y     nui    ■'ri?:    (v.  i)       .n    .xiv 

-:-nD7ûn    -i  t  i  d  72   —   (v,  2) 

ÎTN      T'5  3  73      Dnbn     DS    (v.  3) 

m-1  "jS-iby  ï-r  -1  y  "<  .3 
rsny  m  \r  3  ipcn73  ib  rjy-i"'  r:;D3  "«nie  a?  .t' 
Titor:  -!■'':;     r-i  n  :  73    n^o   "s'^p-i  oi-ia   3cv      .t» 

Remarquons  aussi  que  les  poèmes  Nin-'-'D  xini  13 ,  vi,  41 1  ehT»  a-'tti 
(VI,  46),  qui  sont  sans  acrostiche  dans  le  manuscrit  de  Budapest, 
présentent  dans  ceux  du  Seminary,  les  acrostiches  respectifs  pns"»  et 
■«nnTtt  pns:"«.  Le  poème  rr^  ■jnyiï5''b  (XIV,  2)  a  en  acrostiche  bï^-ic'  p  ■'ib, 
et  le  dernier  poème  de  cette  section,  commençant  par  b-^rr^  m"",  a 
en  acrostiche  bît-iw. 

En  plus  des  80  poèmes  que  M.  Bâcher  signale  comme  publiés 
dans  les  Pizmonim,  il  y  a  encore  les  suivants  :  I,  7,  18,  20,  29,  se 
retrouvent  dans  les  Pizmonitn  (P)  sous  les  numéros  respectifs  o, 
24,  liO,  2a  ;  IV,  0,  9,  14,  24  =  P.,  40,  43,  04,  oO  ;  V,  7  =:  P.,  101  ; 
VI,  2  =  P.,  70  ;  VII,  34  =  P.,  91  ;  VIII,  11  =  P.,  22  ;  XI,  11  à  20 
=  P.,  107  à  I  la  et  Mo,  1 14,  110,  dans  cet  ordre. 

Le  poème  "it^dd  mn'',  cité  par  M.  Bâcher  (LIX,  p.  98),  se  ti-ouve 
dans  les  Zemirot  hraël,  première  partie,  n»  36.  L'autre  poème, 
mentionné  au  même  endroit,  doit  peut-être  être  lu  D'^naj  ip-'bT  ; 
il  se  trouve  dans  deux  des  manuscrits  du  Seminary. 

D'autre  part,  la  liste  des  mélodies  dressée  par  M.  Bâcher  dans 
l'Appendice  A  iLlX,  p.  102)  esta  compléter  par  la  suivante.  Comme 
lui,  j'indique  les  parties  du  Zetnirot  hrarl  par  des  chiffres  romains 
et  les  numéros  des  poèmes  par  des  chiffi-es  arabes. 

1.         Il^by  ^35^73  '^-^N  m,  27;  2.  niDïN    nbx  UI,  2-5; 

3.         nnN  ■»?«  DTrbx  m,  is,  22,  42  :     4.  Tny  -«bN  m,  33,  3.j  ; 

5.  -p-i  n-i7:N  in,  29;  •  6.        ^3iy  bxr  cirN  ni,  .-.2  ; 

1.        ^pm  'n  ■;7272T1N  m,  44  ;  8.  r-l7:wS  1"'"'T  HI,  32; 

9.  1-11373:1  ni,  35  ;  10.  S-'S^N  yiNT  Hl,  48  ; 

11.          TnTTb  nonn  m,  o4  ;  12.  ■'3'73":2  Q'^^ainn  m,  36,  50  ; 

13.                 CI"»}*  m"»  ni,  51  ;  14.  r-Tiruj  S"»:  '^brr^  11,  26  ; 

13.  n''73Ti7a3  -n  ht  ar  m,  43  ;  i6.  ■«33b  a-ic'*  n,  15  ; 

n.                 '-îNn  ii:-«  m,  33, 35;  is.  113-in  n3y3  a?  3b  in,  21  ; 

1.  Le  mot  i;i5  ne  vient  ni  de  SIC,  ni  île  m\U  «  cligne  »,  mais  est  l'ini|iiratif  de 
mï)  «  placer  »  et  le  sens  est  :  «  place  les  fondations  de  mes  pierres  afin  ((u'illes  ne 
puissent  pas  dire  i|ue  les  constructeurs  ont  travaillé  en  vain  <>. 


90  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

19.   -iri'  "ry  D'^r>:;TT'5  m.  -^'i:  20.  Sn  d:?  nns'r  m,  32: 

21.    nnaï^T  -i^c;  m?3T7j  m,  2,  4;  22.  -^■i^y  '^^p')2  11.  33; 

23.  ^53-1-  ^-j  ni,  2i,  34;  24.         yN373  Ci:!  -72  by  Hl,  49; 

ï-iw  b3>  7172  ry 
23.        iii:-!  1-iyu;  ny  in,  46;  26.  — ino  by  — it^î  m,  28. 

La  mélodie  txtd  -m  "«"ûn")  "^ibxp,  citée  par  M.  Bâcher  sous  le  n°  32, 
me  paraît  être,  non  hébraïque,  mais  turque.  Les  mélodies  pour  le 
deuxième  et  le  troisième  jours  iàid.,  p.  108;  doivent  se  lire  i»3  ■«n-'-'ïn 
n72nD  yy  et  -«ïjpn?:  nb  n  t:  ^  ■>. 

M.  Bâcher  a  omis  d'indiquer  au  début  de  son  étude  que  le  Zemi- 
rot  hrai'l  a  été  publié  également  à  Salonique  en  lo99.  Zedner, 
dans  son  catalogue  (p  890),  indique  l'exemplaire  du  British  Muséum 
comme  un  unicum,  mais  M.  J.  Last,  qui  a  copié  pour  moi  les 
premières  lignes  des  éditions  de  Safed  et  de  Salonique,  m'a  appris 
que  celle-ci  se  trouve  également  à  la  Bibliothèque  de  Francfort. 
Sur  la  foi  de  ce  renseignement,  mon  ami  M.  Marx  a  obtenu  pour 
moi  de  M.  A.  Freimann  communication  de  cet  exemplaire  et  j'ai 
pu  l'étudier  à  loisir. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d'insister  sur  le  contenu  de  ces  deux 
éditions,  qui,  soit  dit  en  i)assant,  nont  pas  encore  été  examinées 
avec  soin,  mais  il  faut  dire  que  toutes  deux  contiennent  un  certain 
nombre  de  poèmes  qui  n'ont  pas  été  retrouvés  jusqu'à  présent  dans 
aucune  autre  source,  imprimée  ou  manuscrite;  tels  sont  les  sui- 
vants :  m-i;i5"'  n'T'ffi  mtJT  mio  t^t^,  acrostiche  :  bj^nc  (éd.  Salonique, 
1  b),  Tiîon  m-i73N  in]i-ib  rn"',  acrostiche  :  bx-n»"'  {ihkl .) ,^'\'^'Si  "'Ot:  's^s^ 
b:3D  br  nai  acrostiche  :  r;iN52  nï)73  -i3  bi«-na">  (/A/V/.,  :2  a  et  35mj31  T^n-» 
miaaa,  acrostiche  :  pm  bN-i©-'  [ib'id.,  8«  ,  -^DODri  "ip^ir^  dn  rrx^vr^  riDr, 
acrostiche  :  n\zJ72  -o  bs-nai  [ibiiL,  (îé,  n"  H),  nn72  û-^ainD  aiar 
y-'îin,  acrostiche  :  bNiTO"'  (/6/V/.,  88  6,  n°  97)  Gela  prouve  que  les 
auteurs  des  éditions  de  Safed  et  de  Salonique  avaient  sous  les 
yeux  des  manuscrits  dont  l'existence  nous  est  encore  inconnue. 
De  plus,  comme  l'édition  de  Salonique,  faite  parMenahem  b.  Moïse 
Lévy,  a  été  imprimée  la  même  année  que  celle  de  Venise,  faite  par 
l'auteur  lui-même,  nous  pouvons  inférer  de  l'étendue  limitée  de  la 
première  qu'elle  a  paru  sans  l'autorisation  de  l'auteur.  Du  reste, 
l'apparition  de  deux  éditions  dans  la  même  année  atteste  la  grande 
popularité  des  poésies  de  Nadjara,  et  la  courte  préfajce  de  l'éditeur 
de  Salonique  confirme  l'hypothèse  émise  plus  baut,  à  savoir  que  les 
poètes  de  l'école  de  Salonique  prenaient  de  temps  en  temps  pour 
eux-mêmes  des  copies  des  poèmes  de  Nadjara.  Celte  préface  dit  : 

n:C73  n-T^yi   ■'a   -.m   ''  mn   r;"nbT  "'"ib   nu;73   n"33  on:?:  —17:» 


NOTES   SUR    L'ARTICLE   DE   M.    BACHER  91 

•rpnb  DCo;  nn'Tr  2;t  ncoD;  a?n  bs  •«»-!"^j<-i  ■'s  Ty-r*  loim  TibiN 
TiTCJTin  Dznn  m-nnLî  m-iTCNai  m-n?:'CN2  irnbN  'n  ^dc  r-.K 
.a'';i73-  D-^siTcn  D-'3"''.a"'  "imy  -i-n^a-'  bip  cbipa  nsns  ,Tbn  -i3n7:rî 
b^T  ,t:~~  r^3iD  n:3rr  ■'ba  r;D"C3  D"'-i"'aD73n  r!:y7:\an  ^;tnt  ti-'n-i  ■'21 
,2n'E::  ^N-^iii-'O  rr^:  v^"'"'  P'"^  -idd  dt'3  NiTTon  "«nbab  y^o  -im  bs 
niyi    .s=:^3-in  nx  niotb  oisnr:   rr^a  bx   is^nrib    -^ab    "^Dyrr;   p   H:> 


sp::p    vi"in    ?=    sr-r-^    wx::    S'-inx    :"':iî:tdi   z^ii'.^e    rrr-r; 


"•T- 

mi:p  i::p    dni 

.  =^-.nwS 

2"';u"'"'D73    cn^pi    n72i:r    ~.3r';n   it: 

t<b 

^r    ■""'Cr;    'j^'^o 

rr    pno 

ir    r-ir3''b':;3    aN"«3nb    zr>i2    n^Na 

a'^nanm    2?n    ■'ca    ni:?::    •;i:."':n    m"'n5i     .— im-i    ■^n-a    rr-a     "Ni:?:: 

rn73   T.xan  p    br  naa    -rûix   r,ti   naa   "i73ii<   ht   a"'opy    S""oaT::73 

.t=3"«w:;b  Tiia  -"a   ,y«ic   •':-iDn'<   b.si  ^n^  nranœ 

Comme  tous  les  poèmes  de  l'édition  de  Safed  sont  contenus,  et 
la  plupart  dans  le  même  ordre,  dans  celle  de  Salonique,  on  peut 
alTirmer  que  l'éditeur  de  la  seconde  avait  la  première  sous  les 
yeux.  D'autre  part,  il  n'est  pas  douteux  qu'il  employait  aussi  des 
textes  manuscrits,  d'après  lesquels  il  a  publié  de  nouvelles  poésies 
('D"«3173Tdi  euro  DrT'by  "^nDoin  m^i  .  (^ar  les  38  poèmes  que  l'édition 
de  Salonique  a  en  plus  de  celle  de  Safed  ne  sont  pas  tous  d'autres 
poètes,  comme  le  croyait  Zedner  {Catalogue,  p.  390),  mais  appar- 
tiennent en  partie  à  Nadjara,  en  partie  à  d'autres  poètes,  comme  le 
dit  l'éditeur  lui-même  in-'-inN  O'^Da'^'^DtJ  nnitpi  in^y  -lan»?:  p  Dnsrp).  En 
réalité,  le  nombre  de  38  est  inexact,  car  le  poème  n"  16  est  en  lait 
la  suite  du  n'»13  Cet  appendice  contient  donc  léellement  43  poèmes 
d'autres  poètes  et  l;2  de  Nadjara.  Ces  derniers,  qui  sf  trouvent 
tous  dans  l'édition  de  Venise,  sont  les  suivants  : 

{Zemifol  Israël, 

partie  I,  ii»  59)  -iii  '^"«nnîb   ab   by  bi7oni   "0?  nn  "'?:n"i  i-iwa">       .2 

(/7;/V/.,  nM90)  ■jr^'^N  m^a   "^b   tdo   nri-ira  ps   ia">:;"'      .14 

{ihid.,  n"  6)  p'îm   ?-:p    c^wb   ""35  '31:3  ma  •^t'T'  m-»  .i>i6 

lihui.,  n' i9)  ■'-iT?  Na"»  i^n'n  "':'^y  ncn  a-'-inn  '^n     .im 

(16»/.,  n"  31)  r-î-iî:?3b  ib  ac   -ab  yrr  ^\'::-p  vi:n  ■ji-it'     .h 

{ibid.,  n»  61)  llC-in""    33    "ÎT'J'n    ^b    p'wTlT'    DV    &V       .22 

iUiid.,  n"  188)      ic  rrrin  "[N  n?  rt-,iy  lo  -''îdt;  su  -"nn  ï-raip     .2; 

{ihid.,  ïi"  12)  f-jppiO    -"023    ^b""    "'ÎT'yi    ^b    'jlQNO''       .2S 

{ihid.,  u"  16)  ■'Dn-in   p  bx  p7:   n-ni3   ^b  n-':  tst'  .29 

(/■6ù/.,  n»  30)  ■'33pn  niûN  ^in   nwb   a-'m;  r-i2r  .38 

(«Aie/.,  n»  147)  t^fi  T*  ■'b?  naDP  nb^bi  carjT'  .06 

(tiid.,  n"  113)  07331   "«ab  oni  "sip  nin:  «m  ^3«^  .58 


92  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

Je  remarque,  enfin,  que  le  colophon  de  l'édition  de  Saled  induit 
quelque  peu  en  erreur  touchant  le  nombre  de  poésies  qu'elle 
contient.  Il  est  ainsi  conçu:  Q"^:i»td  Qb^y  î^-na  b^b  nno  abo3n  Can 
■'ro  inN  '1  Di""  Dvn  iT^'^yr:  b"«baD  3"ain  msi:  no  b^-ia-'b  p"n  Vî'^d 
p"Eb  T"73tt5.  Se  basant  sur  le  signe  mnémonique  b^no-'b  p"n,  Stein- 
schneider  C«/fl/.  BodL,co\.\\10)  et  M.  Bâcher /?.£'. 7.,  LVIII,  p.  241) 
disent  que  cette  édition  contient  10H  poèmes,  alors  qu'elle  en  con- 
tient en  réalité  114: 109  avant  le  colophon  et  o  après.  Le  total  indiqué 
est  de  108,  parce  que  le  n°  107  est  répété  deux  fois  et  que  les 
5  poèmes  qui  suivent  le  colophon  ne  sont  pas  comptés.  L'éditeur 
s'est  peut-être  arrêté  à  ce  chiffre  à  cause  du  signe  mnémonique. 

INew-York. 

Israël  Davidson. 


LE  BUREAU  DU  COMMERCE 

ET  LUS  lŒCLAM.AÏlONS 

CONTRE  LES  COMMERÇANTS  JUIFS 

(1726-1746) 


FIN 


PIECES    JUSTIFICATIVES 


A  M.  Li;  Guerrliois,  du  .'iO  dereinbie  17  16  *. 

Voicy  M.  lin  mémoire  présenté  au  Conseil  de  Commerrc  par  les  mar- 
chands de  Dôle,  qui  se  plaignent  du  tort  que  les  Juifs  font  à  leur  com- 
merce. Vous  êtes  prié  dexaminer  si  ces  plaintes  sont  bien  fondées,  et  de 
m'en  faire  savoir  ensuite  votre  avis  pour  en  rendre  compte  au  Conseil 
de  Commerce. 

II 

A  M.  Le  Guère fiois,  du  i  février  tl  tl  *. 

Sur  le  compte  M"^  que  jay  rendu  au  Conseil  de  Commerce  de  votre 
réponse,  au  sujet  des  Juifs  qui  vendent  des  marchandises  à  Dole.  j"ay 
esté  chargé  d'avoir  l'honneur  de  vous  écrire  que  l'intention  du  Conseil 
n'est  nullement  de  permettre  plus  longtemps  la  continuation  de  ce  com- 
merce dont  les  marchands  se  plaignent  avec  raison,  et  qu  il  convient  que 

i.  Voyei  Revue  des  Éludes  jui ces,  t.  LX,  p.  73  et  t.  LXI,  p.  88  et  2o5. 

2.  F12H6. 

3.  F12/117. 


94  REVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

vous  le  fassiés  savoir  incessamment  aux  magistrats  de  la  mesinc  ville 
afin  (ju'ils  ayent  soin  de  s'y  conformer. 

III 

A  M.  Le  Guerchois  du  mesme  jour  {13  février)  '. 

J'ay  l'honneur  M.  de  vous  envoyer  une  lettre  qui  m'a  esté  écrite  par 
les  marchands  de  Salines  contre  les  Juifs  qui  y  font  commerce.  Il  y  a  peu 
de  jours  que  les  marchands  de  Dole  ont  porté  de  semblables  plaintes,  et 
que  sur  votre  avis  le  Conseil  de  Commerce  a  jugé  à  propos  d'empêcher 
la  continuation  de  cet  abus.  Comme  les  règles  doivent  être  les  mesmts 
dans  toutes  les  villes  de  Franchecomté,  le  Conseil  estime  ([u'il  en  faut 
user  pour  Salins  comme  pour  Dole,  et  se  remet  à  vous  des  mesures  qu  il 
convient  de  prendre  pour  cela. 

Je  suis,  etc. 

IV 

Sur  une  lettre  de  M.  l'intendant  de  Bourgogne  et  une  autre  lettre  de 
Vinspeiteur  des  manufactures  qui  demandent  ce  que  le  Conseil  veut 
ordonner  au  sujet  des  Juifs  qui  viennent  vendre  et  acheter  des  mar- 
chandises en  Bourgogne  dans  les  temps  des  foires^. 

Les  marchands  de  Bourgogne  ayant  porté  des  plaintes  au  Conseil  il  y 
a  (|uelques  mois  contre  la  quantité  des  Juifs  qui  se  répandirent  dans 
cette  province  et  en  faisaient  tout  le  commerce  Le  Conseil  ordonna  à 
M.  l'intendant  de  reprimer  cet  abus  et  de  faire  exécuter  seuerement  les 
Edits  ([ui  les  ont  chassez  du  Royaume. 

M.  L'intendant  de  Bourgogne  donna  des  ordres  en  conséquence  de  ceux 
du  Conseil  à  toutes  les  villes  de  la  province  de  ne  plus  soutïrirc  que  les 
Juifs  y  fissent  aucun  commerce,  cependant  les  maires  et  escheuins  de 
Chaalons  sur  Saône  leur  ont  permis  pendant  la  tenue  d'une  de  leurs 
foires  d'y  vendre  et  aciiepter  soubs  prétexte  que  leurs  foires  sont  fi-anohes, 
et  (jue  par  conseijuent  il  est  permis  à  touttes  sortes  des  marchands  d'y 
venir  negotier. 

L'Inspecteur  remarque  dans  sa  lettre  que  la  prétention  des  maires  et 
echeuins  de  Chalons  est  très  mal  fondée,  que  leurs  foires  ne  sont  point 
franches,  et  qu'il  n'y  eut  aucune  de  cette  espèce  en  Bourgogne.  Il  ajouste 
que  sy  on  tolère  le  commerce  des  Juifs  en  cette  ville  mi  dans  la  pro- 
uince  dans  les  tenjps  de  foire  qu'ils  s'en  empareront  entieren)ent  y  ayant 
quatre  foires  par  an  à  Chaalons  lesquelles  durent  ciiacïine  im  mois  et 
plusieurs  autres  dans  les  différentes  villes  de  son  département.  Us'estend 

1.  F12/H7. 

2.  2«  may  1717.  M.  (Je  Macluuill.  F12/6i»  . 


LE  BUREAU  DU  COMMERCE  CONTRE  LES  COMMERÇANTS  JUIFS  95 

aiissy  sur  le  mal  que  les  Juifs  font  au  Royaume  et  en  fait  un  portiait 
très  propre  à  faire  renouveller  les  anciennes  ordonnances  rendues 
contre  eux. 

Les  députes  au  Conseil  de  Commerce  après  avoir  examiné  attentive- 
ment la  lettre  de  M.  l'intendant  et  celle  de  l'inspecteur  des  manufac- 
tures estiment  que  la  permission  donnée  par  les  maires  et  escheuins 
de  Chaalons  sur  Saône  aux  marchands  juifs  qui  y  sont  venus  negotier 
en  temps  de  foire  est  dans  les  règles  pourvu  que  leurs  foires  soyent 
franches,  mais  comme  l'inspecteur  nye  ce  fait  le  Conseil  pourra  donner 
s'il  le  juge  à  propos  les  ordres  nécessaires  à  M.  l'Intendant  pour  sen 
informer,  et  en  cas  que  les  foires  se  trouvent  franches  de  tenir  la  main 
k  ce  qu'il  ne  soit  fait  aucunes  empêchements  aux  Juifs  qui  y  viendront 
negotier  lesquels  on  ne  doibt  pas  regarder  dans  ce  temps  la  comme 
Juifs  mais  comme  Allemands,  Hollandais,  etc.  Sy  au  contraire  les  foires 
de  Chaalons  n'ont  aucunes  franchises,  les  députez  pensent  qu'on  doiht 
observer  exactement  les  ordonnances  Royaux  rendues  contre  les  Juifs 
et  faire  une  seuere  réprimande  aux  maires  et  echeuins  de  Chaalons  sur 
Saône  de  leur  permis  de  negotier  dans  leur  ville  contre  les  ordres  qu'ils 
avoient  eu  de  M.  l'intendant  de  les  v  recevoir. 


3  juin  1717  '. 
Monsieur, 
J'ai  rendu  compte  au  Conseil  de  commerce  de  ce  que  vous  m'aué  fait 
l'honneur  de  me  mander  par  vostre  lettre  du  20  février,  sur  la  question 
de  scauoir,  si  les  maire  et  Echeuins  de  la  ville  de  Chaalons  pouuoient 
sous  prétexte  de  la  franchise  de  leurs  foires  souffrir  que  les  marchands 
Juifs  y  vinssent  trafiquer.  Le  Conseil  de  Commerce  n'a  pas  esté  touché  de 
cette  raison,  il  est  certain  que  dans  toutes  les  prouinces  qui  dépendent 
des  fermes  générales  jl  ne  se  tient  aucune  foii-e  franche,  et  quand  ji  y  en 
auroit  cette  franchise  ne  concerneroit  que  la  marchandise  qui  est  affran- 
chie de  droits  et  non  point  les  personnes,  la  liberté  naturelle  accordée  à 
toutes  les  nations  de  venir  achetter  et  vendre  dans  les  foires  ne  peut 
faire  cesser  l'effet  de  la  prohibition  pontée  par  les  loix  du  Royaume  aux 
Juifs  d'y  entrer  et  d'y  faire  aucun  commerce.  Vous  en  connoissez  les 
motifs  et  vous  n'ignorez  point  que  les  marchands  regnicols  en  souffrent 
du  préjudice,  que  ce  sont  ces  Juifs  (jui  achettent  toutes  les  bardes 
volées  et  «lu'jls  emportent  hors  du  Royaume  beaucoup  d'argent,  c'est  pour- 
quoi jl  est  très  avantageux  à  l'Estat  et  aux  particuliers  qu'jls  ne  soient 
pas  tolérez  dans  aucun  tems  et  sous  (luebiue  prétexte  que  ce  puisse 
estre,  je  suis  avec  respect, 

1.  F12/662-670.  Cette  lettre  ]iuite  sur  le  dos  l'inscription  suivante  :  M.  Je  Marliaull 
à  M.  de  la  Brisse,  Intendant  en  Bouif^'Oirne  sur  le  rommeire  des  .luifs. 


96  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

VI 

Manufarlure  de  Bourgogne.  Foire  franche  de  Chalon  sur  Sone^. 

A  l'Egard  du  détail  il  sest  presque  entièrement  fait  par  les  marchands 
juifs,  qui  ont  tenu  cette  foire,  au  nombre  de  huit,  vendant  dans  deux 
magasins  différents  quoi  quen  même  logis,  sous  prétexte  d'une  permis- 
sion qu'ils  disent  avoir  obtenue  du  Roy.  Celte  permission  a  été  examinée 
par  M.  le  Maire  de  Chalon,  lieutenant  gênerai  de  police. 

Sur  la  contestation  que  les  nv  gardes  des  marchands  de  Chalon,  ont 
eu  avec  ces  Juifs,  plus  d'un  mois  auant  la  foire,  j'ai  inuité  ces  premiers 
d'envoyer  leurs  mémoires  k  votre  (Irandeur,  pour  être  examinés  au  Con- 
seil de  commerce,  plutost  que  de  s'engager  a  un  procès  qui  pouuoit  les 
déranger  ;  ces  marchands  auoient  d'abord  porté  leurs  plaintes  à  M.  le 
Procureur  gênerai  du  Parlement  de  Dijon,  qui  leur  a  donne  le  même 
conseil  de  se  pouruoir  a  Votre  Grandeur. 

Il  est  certain,  Monseigneur,  sans  vouloir  aprofondir,  que  les  différentes 
troupes  des  Juifs  qui  restent  un  mois  entier  de  chaque  saison,  dans 
toutes  ces  villes  de  la  province  de  Bourgogne  que  bon  leur  semble,  se 
succédant  de  mois  en  mois,  de  troupes,  en  troupes,  en  ruinent  tout  le 
commerce  particulièrement  pour  le  détail  :  ces  gens  la  ne  font  jamais 
d'emplettes  dans  ces  manufactures,  oti  les  pièces  sont  entières  et  toutes 
années,  mais  au  contraire  ils  achètent  tous  les  rébus  et  pièces  tarrées 
desquelles  on  leur  fait  bonne  composition,  ce  qui  leur  facilite  la  vente  à 
un  prix  bien  plus  modique  que  celuy  que  les  marchands  penuent  faire 
de  i)onnes  etofes  qu'ils  tirent  des  manufactures  de  la  province  et  autres 
du  Royaume,  ce  qui  non  seulement  abuse  le  public,  mais  luy  fait  un  tort 
considérable,  car  croyant  acheter  de  bonnes  marchandises,  il  se  trouve 
qu'il  n'en  a  que  de  mauvaises  et  défectueuses. 

Ils  achettent  souvent  des  parties  considérables  des  banqueroutiers, 
receleurs,  domestiques  et  enfans  de  famille,  et  ont  l'adresse  de  cacher 
les  deffauts  des  étofes,  en  reprenant  finement  les  rompures,  étant  presque 
tous  fripiers,  et  fripons  en  même  tems. 

L'argent  que  ces  gens  la  portent  dans  les  provinces  étrangères,  prove- 
nant de  leur  gain  sordide,  ne  contribue  pas  peu  au  dérangement  du 
commerce  du  Royaume,  car  pendant  qu'ils  enlèvent  tout  le  comtant,  les 
marchands  des  villes  et  bourgs,  ont  tous  les  crédits,  dont  ils  ne  peuuent 
être  payés  de  la  noblesse,  ny  de  bourgeois  ([ui  tlattés  de  voir  qu'ils  ont 
quelques  sols  par  aune  de  meilleur  marché,  aciietloiil  des  élofes  défec- 
tueuses, qui  leur  l'ont  toujours  un  mauuais  usage. 

11  n'y  a  que  vous,  Monseigneur,  qui  puissiés  connue  chef  du  Conseil 
de  Commerce,  mettre  ordre  à  ces  abus,  en  jmposant  la  loy  à  ces  pertur- 
bateurs. 

1.  F12/1231.  Ces  «  observations  »  sont  <hi  "20  juillet  nziO. 


LE  BUREAU  DU  COMMERCE  CONTRE  LES  COMMERÇANTS  JUIFS  97 


VII 

Sur  les  Observations  de  l'Inspecteur  des  Manufactures  de  Bouryogne 
par  rapport  à  la  foire  de  Chalon  sur  Saône  tenue  au  mois  de  juin*. 

Les  Députés  du  commerce  qui  ont  vu  ces  observations  pensent  que  le 
privilège  de  cette  foire  ainsi  que  des  autres,  veut  que  les  Juifs  comme 
les  Chrétiens  puissent  y  venir  librement  faire  commerce;  comme  il  ne 
leur  est  accordé  qu'un  mois  pour  faire  leurs  affaires  dans  chaque  ville, 
s'ils  y  restent  plus  longtemps,  les  marchands  peuvent  en  porter  leurs 
plaintes  aux  ofticiers  municipaux  qui  doivent  employer  leur  autorité 
pour  les  faire  sortir. 

Si  les  Juifs  exposent  en  vente  des  marchandises  défectueuses,  c'est  aux 
Gardes  Jurés  et  à  l'Inspecteur  à  les  saisir  quand  ils  les  surprennent  ayant 
ces  sortes  de  marchandises  et  à  en  poursuivre  la  confiscation  avec 
condamnation  en  l'amende  portée  par  les  reglemens.  C'est  le  moyen  de 
contenir  les  Juifs  sur  l'abus  dont  il  s'agit. 

Quant  aux  usures,  et  autres  dclicts  que  peuvent  commettre  les  Juifs.  Il 
y  a  bonne  justice  pour  ceux  qui  leur  porteraient  des  plaintes  k  cet  égard. 

VII I 

Sur  la  resijucte  des  nonunrs  Joseph  et  Jacuh  Ikilpiujid  père  et  fils,  Xaian 
Astruc,  Salon  Dalpuget,  Daniel  et  Léon  Petit,  frères,  Juifs  de 
Bordeaux^ 

Les  députes  non  point  de  connaissance  que  personne  trouble  lElablis- 
senient  de  ces  Juifs  à  Bordeaux.  L'on  veul  croire  ([u'ils  y  contiiluienl  aux 
charges  du  Koyaunie  ; 

En  qualité  de  sujet  du  Hoy  que  personne  ne  leur  dispute  ils  peuvent 
aller  eux  mêmes  toutes  les  années  dans  les  différentes  villes  du  Itovaume 
pour  y  acheter  des  marchandises  et  venir  les  revendre  à  Bordeaux,  lieu 
de  leur  domicile  ; 

11  ny  a  nul  jnconveniant  de  leur  permettre,  comme  à  tous  les  autres 
sujets  du  Roy,  de  vendre  des  marchandises  dans  des  différentes  villes, 
bourgs  et  villages  ou  ils  sont  obligés  de  passer,  pourvu  que  dans  ces  mêmes 
villes  et  lieux  il  n'y  ait  nul  Etablissement  de  Maitrise  ou  Jurande, 
autrement  cette  permission  serait  très  préjudiciable  à  ceux  qui  y  ont 
fixé  leur  commerce  après  y  avoir  fait  appiM'ntissage  et  avoir  fait  les  frais 
de  leur  réception  à  la  maitrise; 

En  accordant  à  ces  Juifs  la  permission  qu'ils  dem;indent  l'on  oteroil 
jnfailliblernenl  aux  marcliands  établis  les  muyens  de  payer  les  charges  de 
l'Etat  et  l'on  pense  que  les  habitans  n'y  Irouveroienl  daulic  a\antage  que 

1.  29  juillet  n-ifj,  M.  de  Léviiriieii,  145,  V,  F12/6'J6. 

2.  15  novembre  1728,  M.  Foi-'on,  245,  v%  F12/697. 

T.  LXU,  N»  123.  7 


98  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

celuy  d'avoir  des  mains  de  ces  Juifs  des  marchandises  défectueuses  dont 
la  pliispart  font  une  recherche  très  exacte  pour  en  avoir  meilleur  marche''. 
Ils  Irouvcroient  encor  souvent  des  marchandises  prohibées  dont  ces 
mêmes  Juifs  et  colporteurs  sont  soubçonnés  défaire  un  grand  commerce. 

Les  d.  Juifs  ont  joint  à  leur  requeste  deux  passeports,  l'un  du 
28  sept.  1719,  l'autre  du  27  mars  1720  par  lesquels  jl  paroist  que  le  liov 
■A  permis  aux  nommés  Natan,  Salon,  Astruc,  Juifs  orriginaires  d'Avignon 
daller  en  longuedoc  d'y  séjourner,  par  le  premier  passeport  pendant 
six  mois,  par  le  second  pendant  un  an,  pour  y  faire  le  recouvrement 
des  sommes  qui  leurs  étoient  dues  et  y  continuer  leur  commerce, 
Nonobstant  les  Deffenses  cy  devant  faites. 

Cette  dernière  clause  prouve  a  n'en  pouvoir  douter  qu'il  a  cy  devant 
été  fait  deffenses  aux  Juifs  de  faire  leur  commerce  ailleurs  que  dans  le 
lieu  de  leur  residance,  deux  particuliers  de  cette  Nation  sur  un  exposé 
dont  on  n'a  point  connaissance  ont  obtenu  une  exception  de  la  Règle 
precedamant  faite.  Ils  demandent  aujourd'hny  ; 

Qu'il  leur  soit  permis  de  vendre  dans  l'elandue  du  ressort  du  parlement 
de  Paris  et  des  autres  parlements  du  Royaume  les  marchandises  qu'ils 
achètent  dans  les  foires  et  qu'il  leur  soit  permis  de  séjourner  par  toute 
la  France  pendant  un  mois  de  chaque  saison. 

Les  Députes  ne  prevoyent  aucun  motif  d'accorder  à  celte  Nation  un 
privilège  d'aussy  grande  Etandue,  et  jls  estiment  que  leur  requeste  doit 
èstre  rejeltée. 

IX 

Avis  des  Députez  du  Commerce  sur  la  lettre  de  M^l'fnlendanl  d'Auvergne, 
par  laquelle  il  informe  M.  le  Controlleur  gênerai  qu'on  se  plaint  que 
les  Juifs  et  colporteurs  tiennent  dans  son  Département  pendant  toute 
l'année  des  boutiques  et  maqusins  ouverts  sous  prétexte  des  privilèges 
tjuils  disent  avoir  :  comme  jls  luy  sont  inconnus,  jl  demande  des  ordres 
précis  à  cet  egard^. 

Les  Députez  ne  connaissent  aucuns  privilèges  qui  autorisent  les  Juifs  et 
Colporteurs  àvondrt'  des  Marchandises,  tenirHouti(iuos  et  Magasins  ouverts 
dans  les  villes  du  royaume  k  lexception  des  temps  et  jours  de  foires. 

11  y  a  déjà  longtemps  (jue  differens  inspecteurs  font  les  mêmes  plaintes 
que  celles  qui  sont  portées  par  le  s'  Foufrcde  contre  les  Juifs  et  colpor- 
teurs qui  dans  la  province  d'Auvergne  s'jmmiscent,  sous  prétexte  dos 
privilèges  qu'ils  ont,  de  tenir  des  boutiques  et  Magasins  tout  le  temps  de 
l'année.  On  a  aussy  remarqué  (pic  ces  sortes  de  gens  n-e  font  presque 
commerce  que  de  marchandises  défectueuses  et  prohibées,  ce  qui  déter- 
mine les  Députez  à  penser  qu'jl  scroit  très  convenable  de  faire  un  Hegle- 
menl  p,ir  lequel  jl  scroit  clil,  ipie  dans  toutes  les  villes  du  Hoyaume  les 

1.     1"    imllcl   ITJ'.I,  M.  (Ir  Lr>i:;liru.   m. 


LE  HUHEAU  DU  GOMMERCIi  COiNTKE  LES  COMMEKr.AiNTS  JUIFS  99 

Mai-cli;in(Ls  .luils  et  Colporteurs  ne  pounonl  a  l'avenir  vendre  et  tenir 
boutiques  et  Magasins  ouverts  que  pendant  le  temps  des  foires,  passé 
lequel,  jl  ne  leur  sera  pas  permis  de  rien  exposer  en  vente,  estant  juste 
(juc  les  Marchands  qui  sont  en  jurande  et  qui  par  de  différentes  taxes 
qu'on  leur  demande,  fournissent  aux  besoins  de  l'Ktat,  soient  préférez  k 
des  Marchands  forains  qui  font  leur  unique  soin  de  vendre  des  marclian- 
dises  de  contrebande  et  défectueuses. 


X 

Sur  It's  arresls  du  Parlement  île  Dijon  du  22  Juin  I72i  et  29juillel  I7.'i0 
et  sur  la  lettre  de  M''  le  p''  Président  de  ce  Parlement,  contenant  les 
motifs  de  ces  arrests  '. 

Avis    DES    DkI'UTÉS. 

Les  Députés  avoient  compris  par  le  mémoire  dos  marchands,  que  l'arrest 
du  22  juin  1724  avoit  été  rendu  par  le  Parlement  de  Bordeaux  ;  mais  par 
la  copie  qu'en  a  envoyée  M.  le  premier  Président  du  Parlement  de  Dijon, 
ils  reconnaissent  que  c'est  ce  dernier  Parlement  qui  a  rendu  cet  arrest. 

On  voit  par  la  lettre  du  30  décembre  que  les  motifs  des  deux  arrests 
accordés  aux  Juifs,  sont  les  lettres  patentes  du  mois  de  juin  1723,  et  deux 
arrests  des  Parlemens  de  Bordeau  et  de  ïhoulouze.  Les  Députés  ne  scau- 
roient  parler  de  ces  deux  derniers  arrests,  parce  qu'ils  ne  sont  point 
joints;  mais,  ainsi  qu'ils  l'ont  déjà  observé  dans  leur  mémoire  de 
27  novembre,  les  lettres  patentes  accordées  en  1723  aux  Juifs  portugais 
établis  dans  les  Généralités  de  Bordeaux  et  d'Auch  n'autorisoient  point 
le  Parlement  de  Dijon  à  permettre  k  ces  Juifs  de  négocier  dans  l'étendue 
de  son  ressort  pendant  un  ujois  de  chaque  saison  :  ces  lettres  patentes 
ne  portent  rien  de  semblable.  C'est  donc  gratuitement  que  ce  Parlement 
leur  a  accordé  cette  permission;  et  comme  on  ne  peut  la  regarder  que 
comme  une  extension  de  leurs  privilèges, très  préjudiciable  au  commert-e 
des  sujets  du  lioy,  les  députés  estiment  (|ue  les  arrests  du  Parlement  de 
Dijon  des  22  juin  1724  et  29  juillet  1730  doivent  être  cassés,  et  qu'il  doit 
être  sévèrement  défendu  aux  Juifs  de  négocier  (juc  dans  les  lieux  où  ils 
sont  domiciliés. 

XI 

.\rri''l  du  Conseil  d'Etal  du  20  fcrrier   I7.'H  *. 

Le  lloy  s'eslant  fait  représenter  en  son  Conseil  les  lettres  patentes 
données  au  uujis  de  juin  1723  par  lesquelles,  pour  les  causes  y  conte- 
nues, il  a  entre  autres  choses  eslé  permis  aux  Juifs  |iorliigais  residens, 
établis,    el   domiciliés    dans   retendue   des    (lénéralilés    de    Bordeaux,  et 

1.  19  jaiiv.  niil,  .M.  de  Hautnoilir,  .!■.".),  v. 

2.  F12/7N,  i».  149-150. 


100  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

d'Auch,  d'y  demeurer,  vivre,  trafiquer  et  négocier  ainsi  que  font  les 
sujets  naturels  du  Roy  :  Et  S.  M.  estant  informée  que  sous  prétextes 
desd.  lettres  patentes,  il  a  esté  rendu  au  Parlement  de  Dijon,  le  22  juin 
J724  et  29  juillet  1730  deux  arrests,  par  le  premier  desquels  il  a  esté  per- 
mis aux  nommés  Joseph  Raphaël  de  Lazia,  père  et  fils.  Saine  Roger, 
David  Ranez  et  Joseph  de  St.  Paul,  marchands  Juifs  résidents  à  Rordeaux, 
de  trafiquer,  vendre  et  négocier  pendant  un  mois  de  chaque  Saison  de 
l'année  dans  toutes  les  villes,  bourgs  et  lieux  du  ressort  dud.  Pai-le- 
ment  ;  et  par  le  second,  pareille  permission  a  esté  accordée  aux  nommés 
Lange  Mosse,  David  Petit  et  Jacob  Dalpugé,  aussi  marchands  juifs  établis 
à  Rordeaux.  Et  attendu  que  les  dispositions  portées  par  ces  deux  arrests 
sont  contraires  auxd.  lettres  patentes,  en  accordant  aux  Juifs  domiciliés 
dans  l'étendue  des  Généralités  de  Rordeaux  et  d'Auch  des  privilèges  plus 
étendues  que  ceux  qui  y  sont  contenues  ;  et  que  si  ces  dispositions  sub- 
sistoient,  elles  causeroient  un  préjudice  au  commerce,  non  seulement 
des  marchands  des  différentes  villes  et  lieux  de  la  province  de  Rour- 
gogne,  mais  encore  de  ceux  établis  dans  les  autres  villes  et  lieux  du 
royaume,  où  lesd.  Juifs  pourroient  prétendre  de  jouir  des  mesmes  privi- 
lèges ;  à  quoy  s.  M.  désirant  pourvoir  et  expliquer  plus  précisément  ses 
intentions,  Vu  les  mémoires  présentés  par  les  marchands  de  lad^  ville  de 
Dijon,  lesd.  lettres  patentes  du  mois  de  juin  1723  et  lesd.  arrests  du 
Parlement  de  Dijon,  du  22  juin  1724  et  29  juillet  1730,  ensemble  l'avis 
des  Députés  du  Commerce,  Oiii  le  raport  du  s''  Orry,  Con"  d'Etat,  et  au 
Con'  Royal  controlleur  gênerai  des  finances,  Le  Koy  estant  en  son  Con'  a 
oi'donné  et  ordonne  que  lesd.  lettres  du  mois  de  juin  1723  seront 
exécutées  selon  leur  forme  et  teneur,  en  conséquence  a  cassé  et  annuUé, 
casse  et  annulle  lesd.  deux  arrests  du  Parlement  de  Dijon  du  22  juin  1724 
et  29  juillet  1730.  Fait  s.  M.  deft'enses  aud.  Parlement  d'en  rendre  de 
semblables  à  l'avenir,  et  aux  Juifs  de  trafiquer,  vendre  et  débiter  des 
marchandises  dans  aucunes  villes  et  lieux  du  Royaume  autres  que  celles 
où  ils  sont  domiciliés,  conformément  auxd.  lettres  patentes.  Enjoint  s.  M. 
aux  s'*  Intendans  et  Commissaires  départis  pour  rexoculion  de  ses 
ordres  dans  les  Provinces  et  Généralités  du  Royaume,  de  tenir  la  main  à 
l'exécution  du  présent,  qui  sera  lu,  publié  et  affiché  partout  ou  besoin 
sera,  et  sur  lequel  seront  toutes  lettres  nécessaires  expédiées.  Fait  au 
Coni  d'État  du  Roy,  s.  M.  y  estant,  tenu  à  Versailles,  le  20  jour  de 
février  1731.  Signé  :  Phelvi>e.vlx. 

XII 

Avis  des  Députés  au  Conseil  de  Commerce  sur  une  Requesle  du  nommé 
Vidal,  Juif  d'Avi{jnou\ 

La  demande  de  ce  Juif  est  contraire  à  l'arrest  du  Conseil  du  20  février 

1.  \irh.  liât.,  F12/701,  i:J  juillrl  173{i. 


LR  BUREAU  DU  COMMERCE  CONTRE  LES  COMMERÇANTS  JUIFS         101 

1731,  qui  lait  deffenses  aux  Juifs  de  trafiquer,  vendre  et  débiter  des  niar- 
chaiidises  dans  aucunes  villes  et  lieux  du  Royaume  autres  que  celles  où 
ils  sont  domiciliés.  Vidal  peut  aller  aux  foires  de  la  Province  de  Bour- 
gogne pour  y  recevoir  ce  qui  lui  est  deu  mais  il  est  exclu  d'y  vendre  des 
marchandises. 


XIII 


Sur  la  Requête  présentée  au  Roy  en  son  Conseil  par  Antoine  Martinien, 
Jean   Bonnardet,  Joseph  et  Augustin  Mefre,   marchands  de  la  ville  de 
Gien,  tendante  à  ce  que  pour  les  causes  y  contenues  il  plut  à  S.  M'" 
ordonner  que  l'arrêt  du  Conseil  d'Elat  rendu  au  sujet  des  Juifs  de  Bor- 
deaux, le  20  février  1731  sera  exécuté  selon  sa  forme  et  teneur,  ce  faisant 
en  expliquant  et  tant  que  de  besoin  led.  arrêt  faire  très  expresses  inhibi- 
tions et  defïenses  aux  sieurs  David  et  Raphaël,  marchands  Juifs  de  Avi- 
gnon, et  à  tous  autres  Juifs  de  tiafiquer,  vendre  et  débiter  aucune  sorte 
de  marchandises  dans  la  ville  de  Cien,  ni  dans  aucune  autre  ville  et  lieux 
de  la  généralité  dOrleans  dans  les  tems  et  aux  jours  des  foires  et  mar- 
chez, ni  en  aucun  autre  tems,  à  peine  de  saisie  et  confiscation  des  mar- 
chandises, et  pour  l'avoir  fait  à  la  foire  du  cours  de  Gien,  commencée  le 
23  février  1739,  les  condamner  à  trois  mil  Livres  des  dommages  et  inté- 
rêts envers  les  supliants  et  aux  dépens.  Veu  lad.  requête  et  les  pièces  y 
jointes,  ouy  le  raport  du  S.  Orry,  Conseiller  d'Etat  et  ordinaire  au  Conseil 
Royal,  Contrôleur  General  des  finances.  Le  Roy  en  son  Conseil  ayant 
aucunement  égard  k  lad.  requête  a  ordonné  et  ordonne  que  l'arrêt  du 
Conseil  du  20  février  1731  sera  exécuté  suivant  sa  forme  et  teneur,  et  en 
interprétant  en  tant  que  de  besoin  led.  arrêt,  a  fait  et  fait  très  expresses 
inhibitions  et  deffenses  auxd.  David  et  Raphaël,  marchands  Juifs  d'Avi- 
gnon et  à  tous  autres  Juifs  de  vendre,  trafiquer  et  débiter  aucunes  sortes 
de  marchandises  dans  la  ville  de  Gien  ni  dans  aucunes  autres  villes  e 
lieux  de  la  Généralité  d'Orléans  en   aucun    tems,    même  aux  jours  de 
foires  et  marchez,  à  peine  de  saisie  et  confiscation  de  telle  amende  qu'il 
apartiendroit,  et  de  tous  dépens,  domages  intérêts.  Enjoint  au  S.  Inten- 
dant et  commissaire  départi    en    lad.   Généralité  d'Orléans   de  tenir   la 
main  à  l'exécution  du  présent  arrêt,  qui  sera  lu,  publié  et  afficbé  par  tout 
ou  besoin  sera,  et  exécuté,  nonobstant  opositions  et  autres  empechemens 
quelconques,  pour  lesquels  ne  sera  différé. 

1.  Inséré  ilans  le  procès-verbal  de  la  séance  dti  Run>au  'lu  CommiMvo  du  17  décenibn^ 
1139.  Arch.  nat.,  F12/86,  p.  619-021. 


j02  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

XIV 

Du  22  janvier  1742. 

A  M.  de  S.  Contesi,  Inlendanl  à  Dijon. 

Monsieur  ', 
La  liberté  que  les  Juifs  ont  eu  de  fréquenter  les  foires  du  Royaume 
comme  les  autres  Etrangers  et  Regnicols  n'étant  qu'une  tolérance,  le 
Conseil  sest  contenté  de  la  laisser  subsister  et  c'est  par  cette  raison  qu'il 
n'a  jugé  nécessaire  de  les  y  authoriser  par  un  arrêt.  Par  cette  même 
raison  il  ne  juge  pas  qu'il  convienne  que  vous  rendiez  d'ordonnance 
comme  vous  le  proposez  par  la  lettre  que  vous  avez  pris  la  peine  de 
m'écrire  le  9  S*""  d".  Il  suffit  que  vous  fassiez  informer  les  marchands  et 
les  inspecteurs  de  votre  département  des  intentions  du  Conseil  à  cet 
égard  et  que  relativement  à  sa  décision  vous  leur  ordonniez  de  visitter 
exactement  à  leur  arrivé  les  marchandises  que  les  Juifs  apporteront  aux 
foires.  Mais  si  sous  prétexte  de  l'arrêt  du  Pari,  de  Dijon  *  du  20  février 
1731  qui  ne  contient  qu'une  exclusion  tacite  des  foires,  les  marchands 
apportaient  quelque  trouble  à  ces  Juifs,  on  verra  par  lors  le  parti  qu'il 
y  aura  à  prendre.  Vous  aurés  agréable  d'en  informer  le  Conseil  et  d'or- 
donner à  l'inspecteur  de  m'informer  aussi  de  la  conduitte  que  tiendront 
les  Juifs  dans  les  foires.  Je  suis,  etc. 

XV 

A  Berey,  le  1.^»  juillet  t744. 

A  M.  de  Sauvigny,  Intendant  à  Grenoble^. 

Monsieur, 
M.  Jomaron  ''  m'a  envoyé,  le  28  may  dernier,  un  Procès-verbal  de  saisie 
faite  il  Valence  en  Dauphiné  d'une  quantité  assés  considérable  de  pièces  ou 
coupons  d'étoffes  de  soye  sur  le  nommé  Joseph  St.  Paul,  Juif  de  la  ville 
d'Avignon,  il  m'a  observé  que  cette  saisie  était  fondée  sur  deux  contra- 
ventions, la  première  sur  ce  que  ces  marchandises  avoient  été  mises  en 
vente  2  jours  avant  l'ouverture  de  la  foire,  et  la  seconde  sur  ce  qu'elles 
n'ont  pas  été  portées  au  Bureau  de  visite  avant  d'être  exposées  en  vente, 

1.  Anh.  nat.,  F12/32,  T'  :n-58. 

2.  C'est  par  erreur  (luil  attribue  cet  arn'l  au  Parlement  île  Dijon.  Il  fut  rendu, 
comme  on  le  sait,  par  le  Conseil  sur  requiHe  des  marchands  de  Dijon  et  contre  ce  Par- 
lement. 

3.  F12/145. 

4.  Subdélégué  général  à  Grenoble. 


LE  BUREAU  DU  COMMERCE  CONTRE  LES  COMMERÇANTS  JUIFS  lOS 

et  il  m'a  demandé  des  ordres  sur  ce  <iiiil  devait  faire  sur  cette  saisie. 
Cette  affaire  a  été  examinée  au  Bureau  du  Commerce,  et  sur  le  compte 
qui  m'en  a  été  rendu,  il  paroit  qu'il  y  a  plus  d'animosité  de  la  part  du 
garde  juré  des  marchands  drapiers  de  Valence  et  de  ceux  qui  ont  signé 
avec  luy  le  procès  verbal  que  d'objets  réels  de  contravention;  Le  procès 
verbal  ne  fait  aucune  mention  que  ces  marchandises  ayent  élé  exposées 
en  vente  deux  jours  avant  l'ouverture  de  la  foire,  et  il  paroit  par  des  cer- 
tificats des  commandant  et  des  officiers  inunicipaux  de  Valence  que  ce 
Juif  y  est  arrivé  le  13  may,  jour  de  Vouverture  de  la  foire,  et  qu'il  n'a 
mis  ses  marchandises  en  vente  qu'après  en  avoir  obtenu  leur  permission; 
à  l'égard  de  la  contravention  résultante  de  ce  qu'elles  n'ont  pas  été 
portées  au  Bureau,  il  est  de  fait  que  dans  toutes  les  foires  tant  soit  peu 
considérables  les  gardes  jurés,  ou  les  inspecteurs  vont  faire  leurs  visites 
dans  les  magasins,  boutiques  et  etaux  des  marchands  forains  pour  éviter 
l'affluence  des  marchandises  qui  se  trouveroient  en  même  tems  au 
Bureau,  et  n'en  pas  retarder  l'expédition,  et  ce  n'est  pas  ici  la  contraven- 
tion au  Règlement  du  11  mars  1732.  Outre  qu'il  paroit  par  les  certificats 
en  question  que  les  étoffes  saisies  sont  revetiies  des  plombes  de  fabrique 
et  delà  douane  de  Lyon,  ce  qui  n'est  point  contredit  par  le  procès-verbal, 
Le  commerce  des  Juifs  étant  d'ailleurs  permis  ou  toléré  dans  les  foires 
franches  qui  se  tiennent  dans  l'intérieur  du  Royaume,  je  crois  qu'il  y  a 
lieu  d'accorder  au  nommé  St.  Paul  la  mainlevée  des  étoffes  saisies  sur 
luy,  et  je  vous  prie  de  vouloir  bien  donner  les  ordres  nécessaires  en 
conformité.  //  seroit  même  fondé  à  demander  des  dommaqes  et  interests 
contre  ceux  qui  ont  mal  a  propos  troublé  son  commerce  dans  cette  occa- 
sion. Je  suis,  etc. 

XVI 

.1  M.  Le  Nain,  Intendant  à  Montpellier^ 

29  janvier  174"). 

J'ai  cru  devoir  communiquer  au  Bureau  du  Commerce  la  lettre  que 
vous  avez  pris  la  peine  de  m'ecrire,  le  2  novembre  dernier,  sur  la  con- 
testation qui  s'est  élevée  devant  vous  entre  les  fripiers  de  la  ville  de 
Montpellier  et  quelques  Juifs  qui  y  achètent  et  revendent  de  vieilles 
hardes,  sur  le  compte  qui  m'en  a  été  rendu.  Je  pense  comme  M"  les 
commissaires,  qu'on  ne  peut  sans  inconvénient  et  sans  s'écarter  de  l'usage 
suivi  dans  le  Royaume  et  do  la  Jurisprudence  des  arrests  de  Règlement 
concernant  les  Juii's,  autoriser  même  pour  un  temps  limité,  ceux  dont  il 
s'agit  à  faire  ouvertement  à  Montpellier  le  commerce  des  vieux  habits. 
1°  Les  fripiers  ont  des  statuts  en  bonne  forme  qui  leur  donnent  le  droit 
de  faire  ce  commerce  exclusivement  aux  autres  marchands  de  la  ville,  à 
plus  forte  raison  aux  Juifs.  20  La  ville  de  Montpellier  n'est  pas  du  nombre 

1.  Arcli.  nat.,  FI2/143. 


104  lŒVrK    DKS    rninES   JUIVES 

de  celles  un  il  est  permis  aux  Juifs  de  setablir,  cl  de  demeurer,  et 
l'arrest  du  Conseil  du  20  février  1731  est  positif  sur  cela,  il  fait  deffenses 
aux  Juifs  de  trafiquer,  vendre  et  débiter  des  marchandises  dans  aucunes 
villes  et  lieux  du  Royaume  autres  que  celles  ou  ils  sont  domiciliés.  Le 
commerce  des  vieilles  bardes  n'est  pas  moins  intéressant  pour  les  fri- 
piers que  celuy  des  marchandises  neuves  pour  les  marchands,  et  si  les 
Juifs  dont  il  s'agit  qui  viennent  de  tems  en  tems  ou  ils  n'ont  et  ne  peu- 
vent avoir  de  domicile  sont  depuis  longtems  en  possession  d'y  acheter  de 
vieilles  hardes,  et  de  les  y  revendre,  c'est  un  abus  dont  les  fripiers  sont 
d'autant  plus  en  droit  de  se  plaindre  qu'il  est  directement  contraire  à 
leurs  statuts,  outre  que  ces  Juifs  ne  participent  en  aucune  manière  aux 
charges  de  la  communauté  des  fripiers.  Je  ne  pense  donc  point  qu'il 
convienne  d'accorder  aux  Juifs  en  question  des  permissions  particulières 
comme  on  en  a  donné  depuis  quelques  années  à  ceux  qui  viennent 
vendre  en  Languedoc  des  chevaux,  mules,  mulets  et  autres  bêtes  de  trait 
qui  sont  dans  un  cas  tout  différent,  et  favorable  par  l'objet  de  leur  com- 
merce, et  par  l'utilité  dont  il  est  pour  les  habitants  de  la  campagne; 
mais  pour  que  les  fripiers  n'abusent  pas  de  la  faculté  exclusive  qui  leur 
est  acquise  par  leurs  statuts  vous  pouvez  envoyer  chercher  les  Jurés  de 
leur  communauté  pour  les  avertir  que  s'ils  donnent  lieu  à  des  plaintes 
de  la  part  du  public,  on  révoquera  les  lettres-patentes  qui  établissent 
leur  Jurande;  à  l'égard  du  commerce  des  foires,  les  Juifs  ayant  la  liberté 
d'y  venir,  ils  pcuven't  y  vendre  et  débiter,  »;omme  les  autres  marchands 
forains,  toutes  les  denrées  et  marchandises,  permises  et  non  prohibées, 
et  leur  commerce  ne  doit  point  y  être  borné  aux  seules  marchandises  et 
étoffes  du  cru  et  fabrique  du  Royaume.  Je  suis,  etc. 


XVII 

24  mars  1732'. 

Avis  des  Députés  du  Commerce  sur  la  lettre  de  3/.  Fontnnieu,  au  sujet 
des  Juifs  qui  font  leur  demeure  et  résidence  dans  la  ville  et  principaidé 
d'Orange. 

ïl  paroit  aux  Députez  du  Commerce  que  les  plaintes  portées  contre  les 
Juifs  qui  sont  établis  dans  la  ville  et  principauté  d'Orange,  méritent  toute 
l'attention  du  Conseil,  puisque  dans  tous  les  diflferens  Endroits  des  Païs 
Etrangers  où  l'on  souffre  que  les  Juifs  s'établissent  et  qu'jls  y  fassent 
leur  résidence,  jls  n'y  ont  aucun  privilège,  estant  réduits  à  la  seule  qua- 
lité des  courtiers  à  la  faveur  de  laquelle  jls  font  le  commerce  de  la 
Banque,  de  la  jouaillerie,  et  des  marchandises  en  gros,  jls  y  ont  aussy  le 
pouvoir  de  faire  des  Entreprises  pour  la  fourniture  des  chevaux  et  des 
Bestiaux  pour  les  différentes  Puissances  qui  ont  recours  à  eux. 

1.  Arch.  nal.,  F12/699. 


LE  BUREAU  DU  COMMF.UCE  CONTKIÎ  LES  CÛMMEKÇANTS  JUIFS  105 

Si  les  Juifs  établis  dans  la  ville  et  Principauté  d'Orange  n'avoient  point 
d'autres  prérogatives,  d'abord  que  le  Gouvernement  a  permis  qu'jlyen 
eût  à  Bordeaux,  à  Rayonne  et  a  Metz,  on  ne  voit  aucune  raison  qui  puisse 
déterminer  à  les  traiter  différemment,  surtout  lorsqu'ils  se  trouuent  auto- 
risez k  faire  leur  Uesidence  dans  la  ville  et  prineipauté  d'Orange  par  les 
Brevets  qui  leur  ont  esté  accordez  par  les  Souverains  de  cette  principauté. 
Dans  cet  esprit  les  Députez  du  Commerce  sont  d'auis  qu'jl  faut  déclarer  k 
tous  les.Iuifs  qui  font  leur  résidence  dans  la  ville  et  principaut*^  dOrange 
qu'on  leur  donne  six  mois  pour  ramasser  leurs  effets  et  pour  liquider  les 
commerces  particuliers  qu'jlsy  ont  faits,  pour  ensuite  sortir  de  la  ville  et 
principauté,  à  moins  qu'jls  ne  se  soumettent  de  renoncera  tous  les  privi- 
lèges et  prérogatives  qui  leur  ont  esté  accordez  parles  Breuets  dont  jls 
sont  porteurs  pour  sen  tenir  comme  font  les  Juifs  établis  a  Bordeaux, 
Bayonne  et  Metz  à  faire  le  commerce  de  la  banque,  de  la  jouaillerie,  de 
la  friperie  et  des  marchandises  en  gros,  comme  aussy  des  entreprises 
pour  l'achapt  des  chevaux  et  des  Bestiaux,  en  renonçant  expressément  h 
la  faculté  de  faire  fabriquer  des  étoffes  et  dos  loilles,  à  auoir  des  Estocs 
et  des  boutiques,  et  a  faire  en  détail  (lucbjMe  rommorce  que  ce  soit. 

XVllP 

J'ai  reçeu  avec  voire  lettre  du  4  mars  dernier  lexemplaire  de  rOr«l"  (jue 
vous  avez  rendu  le  28  févr.  dernier  pour  parvenir  à  lentière  exécution  de 
l'arrêt  du  Conseil  du  21  janvier  1734  rendu  contre  les  Juifs  avignonnais 
qui  étaient  établis  k  Bordeaux.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  les  marchands  de 
boutique  de  cette  ville  tranquils  k  cet  égard  n'inïportuneront  plus  le 
Conseil  de  leurs  plaintes.  C'est  k  présent  k  eux  k  faire  en  sorte  que  le 
public  ne  regrette  plus  ces  gens  la  en  ne  vendant  que  des  marchandises 
de  bonne  qualité  et  conforme  aux  règlements  et  en  ne  tirant  point  avan- 
tage de  ces  événements  pour  les  augmenter.  S'il  en  était  autrement,  le 
Conseil  trouverait  les  moyens  de  leur  faire  sentir  qu'il  n'a  eu  d'autre 
objet  que  le  véritable  intérêt  du  public  et  celui  des  manufactures  du 
Royaume  en  les  soutenant  dans  la  pureté  et  la  perfection  qu'il  s'efforce 
de  leur  donner.  C'est  ce  que  vous  aurez  agréable  de  faire  entendre  k  ces 
marchands.  Je  vous  prie  aussi  de  me. faire  mander  l'effet  ([ue  votre  der- 
nier ord.  eut  produit  et  de  quelle  manière  ces  maroliands  se  comportent 
à  l'avenir. 

XIX* 

Le  roy  étant  informé  que  plusieurs  Juifs  .\vignonais  du  nombre  de 
ceux  que  S,  M.  a  jugé  k  propos  par  arrêt  de  son  Conseil  d'Ktat  du  21  jan- 
vier 1734  de  faire  sortir  de  la  ville  de  Bordeaux,  et  de  la  province  de 

1.  Lettre  à  M.  Boucher  du  1-  avril  1:40,  Ar.h.  nal.,  F12/32,  t"  4. 

2.  Arcli.  nal.,  F12/82,  p.  364-366. 


d06  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

Guyenne,  se  sont  répandus  dans  les  villes  de  Saintes,  Rochcfort,  Cognac 
et  autres  lieux  de  la  généralité  de  la  Rochelle  dans  l'intention  et  de  s'y 
établir  et  d'y  faire  commerce.  Que  même  les  nommés  Joseph,  et  Jacob 
Dalpuget  père  et  fils.  Lange  Mossé  et  ses  enfants,  Nathan  Astruc  père  et 
fils,  Emanuel  et  Jacob  Dalpuget  et  leurs  familles,  ont  obtenu  le  9  déc. 
1734  une  sentence  du  Juge  de  Police  de  la  ville  de  Saintes  qui  contre  les 
conclusions  expresses  du  procureur  de  S.  M.  en  ce  siège,  leur  permet  de 
s'y  établir,  et  d'y  tenir  entr'eux  une  boutique  ouverte  ;  et  comme  une 
pareille  entreprise  est  directement  contraire  aux  différentes  ordonnances 
de  S.  M.  et  arrêts  de  son  Conseil  qui  ont  expressément  deffendu  à  tous 
Juifs  de  s'établir  dans  le  Royaume  sans  en  avoir  obtenu  des  lettres 
patentes,  S.  M.  par  les  mêmes  motifs  qui  ont  donné  lieu  à  ces  differens 
reglemens,  et  ceux  qui  l'ont  déterminé  à  rendre  l'arrêt  du  21  janvier 
1734,  Voulant  prévenir  par  l'expulsion  de  ces  Juifs  le  préjudice  et  les 
desordres  que  leur  établissement  dans  la  généralité  de  la  Rochelle  et  pais 
d'Aunix  pourroit  y  causer,  Oiiy  le  rapport  du  S""  Orry,  etc.  Le  Roy  étant 
en  son  Conseil  a  ordonné,  et  ordonne  que  les  différentes  ordonnances  et 
arrêts  de  son  Conseil  concernant  les  deffenses  faites  à  tous  Juifs  de  s'éta- 
blir, et  faire  commerce  dans  le  Royaume  sans  la  permission  expresse  de 
S.  M.  seront  exécutés  selon  leur  forme  et  teneur;  et  en  conséquence  sans 
avoir  égard  à  la  sentence  du  juge  de  Police  de  Saintes  du  9  décembre 
1734  que  S.  M.  a  cassée  et  annullée,  ordonne  que  les  Juifs  Avignonois  et 
leurs  familles  actuellement  établis  dans  lad^  ville  de  Saintes,  et  dans 
celles  de  Rochefort,  Cognac  et  autres  villes  et  lieux  de  la  généralité  de 
la  Rochelle,  et  pais  d'Aunix  seront  tenus  d'en  sortir  sans  aucun  delay, 
leur  fait  deffenses  d'y  séjourner  ni  d'y  rentrer  sous  les  peines  portées 
par  les  ordonnances  rendues  contre  les  Juifs.  Fait  pareillement  S.  M. 
deffenses  k  tous  les  Juifs  Avignonois,  Tudesques  ou  Allemands,  expulsés 
de  la  province  de  Guyenne,  et  à  tous  autres  de  venir  s'établir  dans 
lade  généralité  de  la  Rochelle,  et  pais  d'Aunix  sous  les  mêmes  peines, 
et  à  ses  juges  de  police  et  à  tous  autres  de  les  y  admettre  sans  per- 
mission sous  quelque  prétexte  et  condition  que  ce  soit  à  peine  de  déso- 
béissance. Enjoint  S.  M.  au  S.  Bignon,  commissaire  départi,  etc.  Fait 
au  Conseil  d'Etat  du  Roy  tenu  à  Versailles  le  31e  jour  de  mai  1735. 
Signé  Phelypeaux. 


LES  MANUSCRITS  DU  CONSISTOIRE  ISRAÉLITE 

DE   PARIS 
PROVENANT  DE  LA  GUENIZA  DU  CAIRE 


I.  liihle.  A:  Textes  sur  papier,  182  numéros;  sur  parchemin,  200  :  B  :  Massora 
et  transcription  en  03  PN,  24  ;  C:  Versions,  70.  Total  :  476  ;  1)  :  Ecrlé- 
siastique  de  Jésus  ben  Sira. 

H.  Commentaires  bibliques.  A:  Textes  de  plusieurs  feuillets,  134;  B:  Feuillets 
simples,  311  =:  445. 

III.  Mbbinisme.     A  :  Talmud,  100  ;    B  :  Règles  et  usaijres,  302  ;    C  :  Halakhot,  61  . 

D  :  Consultations,  50  =  503. 

IV.  Liturgie.     A  :  Textes  de  Rituel,  302  :    B  :  Rèsles,  65  ;    C  :  Pioutim  et  poésies 

diverses,  485  =  832. 
V.   Théologie,     k:  Philosophie  religieuse,  83:  B  :  Morale.  Saadia,  Maimonide,  83; 

C  :  Sentences.  26  =  191. 
VI.  Mystique.     A  :  Zohar,  43  ;  B  :  Kabbale,  184  ;  C  :  Segoulut  (amulettes).  23  =  250. 
VII.   Histoire.     A  :  Récits,  44  ;    B:   Romans,  10  :    C:   Légendes.  22  ;    D:  Contrats, 

117  :    E  :  Lettres,  244  ;   F  :  Comptes,  99  =  536. 
VIII.   Sciences.     A  :  Physique,  Chimie,  3  ;  B  :  Médecine,  77  ;  C  :  Mathématiques,  7  ; 

D:  Astronomie,  astrologie,   16;  E:  Calendrier,  79=  182. 
IX.  Linguistique.    A  :  Grammaire,  alphabet,  traité  d'accentuation,  dictionnaires,  53; 

B  :  Textes  judéo-espagnols,  28  =  83. 
Une  centaine  de  pièces,  en  caractères  arabes,  ne  sont  pas  classées. 

I.  Bible. 

A.   1-382,  Textes  .sur  papier  (182)  et  sur  parchemin  (200)  de  provenances 

diverses  et  de  tous  formats. 
R.  1-21.  Textes  avec  Massora  en   marge  et  sur  les  bords  supérieurs; 

papier  et  parchemin.  Formats  divers. 

22.  Idem  sur  Zacharie,  xi  et  suiv.  1  f.  in-i2;  parchemin. 

23.  Fragment  de  Bible  écrit  en  abrégé:   Jérémie,  xliii.  3-xliv,  9,  avec 

accents  ordinaires.  Le  daguesch  n'est  pas  marqué.  1  f.  in-S"  large. 

24.  Bible  écrite  en  U3"a  n"N.  Écriture  carrée  moderne,  29  flF.  in-4*,  en  3 

cahiers,  dont  le  dernier  est  complété  par  1  f.  restauré. 


108  HEVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 


Versious. 


C.  1.  Genèse,  x.w,  19-12,  avec  Onkelos  et  version  arabe  de  Saadia.  Texte 

en  lettres  carrées  avec  vocalisation  ;    versions  en  écriture  demi- 

cnrsive.  1/2  f.  in-4". 
2.  Onkelos,  Genèse,  xxxi,  10,  35;  vocalisation  intermittente.  Parchemin. 

Ecriture  carrée.  1  f.  in-4''  endommagé. 
3-34.  Morceaux  divers  de  la  même  version  (papier  et  parchemin),  en  tous 

formats,  y  compris  un  fort  cahier  in-4''  très  mutilé. 
35.  Fragment  de  cette  version  :   Ezéchiel,  i,  10-19.  Écriture  rabbinique  ; 

texte  vocalisé.  1  f.  in-S". 
36-9.   Version  arabe  de  Genèse,  xviii  (notables  variantes  avec  l'édition  de 

Saadia),  xxiv,  xxxv,  xlix.  Le  3*  morceau  mutilé. 
40.  Exode,  XIV,  et  suiv.  4  col.  à  la  page  de  1  i  lignes.  1  f.  in-4°,  parchem. 
41-70.  Morceaux  divers  de  traductions  en  arabe  (pas  de  Saadia). 

D.  1.  Ecclésiastique  de  Jésus  ben  Sira,  ch.  xxxvi,  24(29)  à  xxxvm,  1. 

1  f.  papier  (0,16X0,12).  Avec  versets  et  mots  isolés  pourvus 
d'accents  et  de  signes  de  ponctuation.  Feuillet  unique  d'un 
exemplaire  différent  des  deux  autres  retrouvés  également  dans 
la  Gueniza.  Edit(''  et  reproduit  en  fac-similé,  entre  autres,  dans 
cette  Revue,  t.  XL,  p.  1  et  s.  Voir  aussi  Israël  Lévi,  L'Ecclr- 
siaslique,  t.  II,  p.  vui  et  s. 
2.  Extraits  de  l'Ecclésiastique  de  Jésus  ben  Sira.  1  f.  petit  format  (0,143 
X0,100).  Contient  les  versets  suivants  :  vi,  18-19,  28,  35;  vu,  1, 
4,  6,  17,  20-21,  23-25.   \oir  ibid. 

II.   Commentaires  homilétioues,  Midrasch. 

A.  1.  Généralités  midraschiques,  en  arabe  ;  longues  citations  en  hébreu. 
Écriture  rabbinique  égyptienne.  Rubriques  en  lettres  carrées. 

Début:   tsxDîTN  NiDN  DNopx  rtDîûD  "''rN  =2p:n  m-a  -«dt 

...NnD«  biNbx  aoprN  "j^d  hood"::»  ma-nbN.  Fin  :  rjn7303  03D3 
Tfoy  r>i2  Vn-i7ir:  n-'a"?.  Papier.  2  ff.  in-4V 

2.  fdt'in,   id.    Écriture   africaine.     Gha(iue    alinéa    commence    par    lVî»p 

nttbnybx.  2  ïï.  in-8». 

3.  Explications  philologiques  sur  Genèse,  Exode  et  Lévit.  ;  citations  de 

Maïmonide,  comparaisons  de  l'hébreu  avec  l'arabe  et  le  grec. 
Écriture  rabbinique  orientale.  23  ft".  in-8*. 

4.  Fin  de  préface  à  un  commentaire  sur  la  (ienèse.   Ecriture  africaine, 

peu  lisible.  1  f.  in-4". 

5.  Autre  préface  d'un  commentaire  arabe  sur  la  Genèse.  En  tété  n73ipn. 

Ire  ligne  nnbws  ■'d  o"y  nrm  n'>:i»  nrin  N73b2.    Fin  :  NnnaN  ""z 
^<-l3  n-^TUNna  b^pi  min  b^.   l  f.  in-4". 

6.  Préface  et  première  p.  d'un  commentaire  homilétique  sur  la  Genèse. 

Écriture  africaine.  Début:  myib  w^n-^yrt  iNl->n  D"^:TNn  inncn*' 


LES   MANUSCRITS  DU  CONSISTOIRE   ISRAÉLITE  DE   PARIS  109 

■n-T»  ayb  n'*7:by;n  ^':^2y  ^z''H■^^:l  r\Zi^r\yz  "«s  ^•'■n-bT.  Fin  :  ^'::u 
"n  rimcnn  an^:7an  r.t  n'::^y  my-is  r,KO  riN-in.  2  ff.  in  4» 
Mouillures. 

7.  Introduction  à  un  comment,  cabbalistique  de  la  Genèse,  avec  ~Opa 

sur  lair  (^nb)  sofiam  nova,  signée  Abraham  Az.  Ruben  Cohen. 
Elle  cite  Isaac  de  Lattes  ;  à  la  fin.  un  poème  en  tercets.  Écriture 
africaine.  3  lï.  fol.,  encadrés  de  textes  en  lettres  carrées. 

8.  Commentaire  homilétique  sur  Genèse  et  Exode  de  rr^CNia  à  xn^n. 

Écriture  analogue.  Début:  n»  r!"«bN  T'a"'  '[v:?^  nbDUJnr:  ■'N'::t: 
b-'oar.  TNi  "iN-io.  Fin  :  ^y  a"'";"i^yn  n-iajTîa  cjt:  'c^-^-^.r,  p^bc 
""TN  -im  '72N  nsn.  6  ff.  in-4'. 

9 .  Explication  de  la  Genèse,  ui  à  viii,  selon  le  système  de  Raschi.  Écriture 

rabbinique.  S  ff.  in-S",  mutilés  en  haut  et  en  marge. 

10.  Commentaire  delaGenèse,  sections  nD  et  "jb  '^b.  Écriture  et  formats 

analogues  au  précédent.  2  ft".  in-4''  dans  le  même  état. 

11.  /(/.  sur  Genèse,  vi  à  xv.  Écriture  analogue.  8  ff.  in-i". 

12.  /</.  sur  la  Genèse,  via.  Début:    tî-'T   T173N1    Dipwm   pTD   n^Di^r; 

m-inar!  ■'»"«  bx  ran  nrc  cs-'oboa.  Fin  :  b7:cnn  i-^yr.  noin^i 

'-55'>arî  Nim  ...r,  my:i:7:N"i  -nnsn  «nm.  Écriture  analogue.  2  ff. 
in-4''. 

13.  Midrasch,  en  arabe,  sur  la  Genèse,  depuis  les  histoires  d'Abraliam  et 

d'Eliézcr  jusqu'à  celles  des  femmes  de  .lacob.  Écriture  rabbinique 
égyptienne,   13  ff.  in-8". 

14.  Commentaire   homilétique  sur  Genèse,   sections  NiT'^T  jus(|u"à   'C^^i. 

Lacune.  Puis  D"'ac"«D72.  Début:  y-\'>nx  r,:2  bs  '::n  b"T  'ne  nvrrb 
mbib  '■'D  '■'3N  sn-inx  i^iv::  nrx:  "i;wS  qx  o^sab  •jto-'O  r-n3t<b 
S"'n::7:.  Fin  :  ib  riT!  Nb  ..."^ina  nns-in'ij  m-^Ta  r,^n  on  d"ni 
nnb  n"'3D.  Écrit,  africaine  serrée.  Notes  niarginales  serrt'es.  8  ff. 
in-4''.  Comp.  34  (33)  ci-après. 

lo.  M.,  sur  le  Pentateuque,  depuis  nt'T  jusqu'à  onrs.  Début  :  "'3Ti73  nzn 
n-nnn  voitj  v^  n;i"iDT  htip'::  -^in";  rrr,  nv  mp"?!  nnby. 
Fin:  onzs  TQ?"'!  3^^D^  -«ktj  nT^bx  -i"x.  Écrit,  orientale.  22  ff". 
in-4*,  dont  le  1^''  mutilé. 

16-17.  .Midraschim  en  arabe  relatifs  à  Jacob  et  à  ses  fils.  Écrit,  africaine. 
Citations  'wbiybN  •\''oii'p.  1°  9  ff".  in-8*,  2°  8  ff".  in-S". 

18.  Comment,  homilétique.  fin  7P73  et  commencement  de  ï5;"«i.  Début: 

ï-T:r:  •^■'xr!M:  rtcpi  'isi  S'^so  'd  rbx  qoin"*;  -imsTm  ■'smsT 
-I721N.  Fin  :  •]D"'Db  mb2  riNTi  "^rN  3'ZV  •':n'OD  b3N.  Écriture 
orientale.  2  IT.  in-8"   f.  ii4  et  37  d'un  cahier  . 

19.  Midrasch  en  arabe,  sur  DC-'i.  Début:    imî<bnN  vy•pn^  3202  n:acb 

inanxi  pcbwS  'yr\  pnbx  Y'"'*"'-  f"'"  =  SN^bN  ■'ps3  "^b  3-)a;T 
n^-ijc  "!:y  inrx  bz  icnr  an^f?:.  Écrit,  orientale.  2  ff".  in-4*. 

20.  Commentaire  sur  les  sections  nO""!  et  ypK.   i:crit.  rabbinique.  0  ff. 

in-4*.  Ecornés.  Notes  en  marge. 

21.  Id.  en  arabe,  Genèse,  xlvui  et  xlix.  Écriture  carrée.    Début:  "ii:"i-i'T 


110  KEVUh   UKS   b;TUlJb;&  JUIVES 

ma-  n-'33  t^n  p  p3at:bî<  man  "ir:inp"'"i.  Fin  :  ■'3K-;.  ir  rrbtSD 
p-ini:  in3>-i».  3  ir.  in-12. 

22.  Commentaire  midraschiqiie  sur  Exode.    Ecriture  judéo-allemande. 

Début  :  D*.wa-inn  n-i?aNO  ■n>:N  ns-ian  '-^o  ms-iDT  mx  Sî«iai 
nriD?.  Fin  :  riDia  a">r)bnn  a"'p''iirnï5  u^-p^2  5d  ibnb  ni:»'::  Nim 
nnbn^w.  6  ff.  in -4». 

23.  Commentaire  midraschiquc  sur  le   Cantique  de  Moïse,  Exode,  xv. 

Ecrit,  carrée  égypt.  14  fragments  in-i". 

24.  Commentaire  midraschique  sur  Exode,  xix,  avec  référence  au  Talmud, 

au  Midrasch  Rabba,  au  Zohar.  Début  :  Nin  mTO^C  "^nD  ly^nim 
arfby  D"'72m  "^jpnDT  lîtnw  "«ïni  nbonn  û'Iî».  Fin  :  ^y  t\'^ov  ""D 
is-^bi'  p-iD*::»  rnnN  ps'»::-'  ns-'ra  ^^Cd  in^an.  Écriture  rabbinique 
orientale.  6  fl".  in-4*,  endommagés. 

25.  Paraphrase  arabe  du  Décalogue.   Incomplet  au  commencement  et  à 

la  fin.  Lacune  au  milieu.  Début  :  a-^-mbî*  Ninb  D-^b  TiDina  ""ïJWN. 
Fin  :  (dans  le  8""^  commaritlement)  ^""irnbwXT  NsbnbNa  SinbxT 
bnw  '^ODS  n3NT.  Écrit,  carrée.  6  ff  in-16. 

26.  Midr.  en  arabe,  1"  sur  les  3»,  4^  et  5«  commandements:   2°  sur  les 

sections  NÏ53  et  "^mbyria.  Écriture  orientale.  Début:  ^nabî* 
p-^ia  uau;  biDb  p-'-,::  ^Mjy  "'inN  aby  irrrr^pu::.  Fin  du  2"  : 
n"'\::7:n  "^bwn  -^7^3  î<i3b  n'^ryb  •'inoD  -nxbN  i-nî<r;3T.  3  tï'. 
encadrés  de  rouge. 

27.  Commentaire  arabe  sur  Exode,  xxii  et  Lévitique,  xx.   V'ersets   en 

rouge.  Écrit,  carrée  égypt.  Début:  pnitnbN  p  T^bx  y'3p  "jy  t:;! 
"•DyibN  ■'by.  Fin  :  DnDn»-iDro73  xb  arr^aiîjnîo  'ïb  iz3rT^i3iyD. 

5  ff".  in-4'*,  parfois  abîmés, 

28.  Midr.  sur  la  fin  de  la  section  Tnri"',  sur  les  sections  D"'UDUJ»  et  HTOTin, 

P.  I  au  bas,  citation  en  petite  écriture,  d'une  autre  main.  Écrit. 
africaine,  encre  rouge,  peu  lisible  dans  les  prismières  pages.  Fin  : 

m73"'nNnuj  —  D"»»^»»  ....  nnon  -isaN  nN"'3r!  D\x''"r:nb  snnsD. 
Cahier  de  8  ff.  in-4''. 
2').  Midr.  sur  l'Exode,  section  Û"'l:dU)7D  au  complet.  Feuillets  164-160  de 
l'ouvrage  entier,  écriture  rabbinique  pour  les  a  premiers  ft".  et  la 
tète  du  dernier.  Le  reste  en  écrit,  africaine.  Début:  Ti^»  IND 
n''-i3n  DT  N'OlDn  nb^wb  'TSn  'cb  -inN  Wi-n.  A  la  tin,  on  marge  : 
û-'"'3ny73  bï;  onp  bnp3,  puis  cette  signature  ^N3-i"«a  srr'.aN. 

6  tf.  in-4». 

30.  J]x[)licalion  d'Exode,    xxi   à  xxx,  et   Lévitique,   vr.    Références  aux 

autorités  religieuses,  p.  ex.  iTûlir  b"«DO"'  "jv^N-irr  DDnn  ^rxi, 
puis  au  verso  du  i*"'  f.  après  la  rubri(|ue  NCn  ■'D,  ces  mois  : 
bx-i'c*^  by  avn  Nin  abiyb  n-'-nDD  C)DD  ""d  17on  iixam.  Écrituro 
carrée  égypt.  2.  H",  i  l*r  et  dernier  d'un  cahier)  iii-i". 

31.  Midr.  sur  3  sections  de  l'Exode,  xxiv  à  xxvui.   Chaciue  tin  do  section 

est  signée,  en  ligature  :  tij'D»  r-mrf.  .Notes  marginales. 
Allusions  mystiques  k  la  formation  de  Ihommo.  2  fi".  (43  et  t6 
d'un  cahier)  in-4''.   Ecriture  orientale. 


LES   MANUSCRITS   DU   CONSISTOIRE   ISRAÉLITE   DE   PARIS  111 

32.  [d.  sur  les  sections  r;72Tin   et  m^n.    Rélerences  au  Talnnui  et  à 

Raschi.  Au  dernier  v°  une  date:  Samedi  11  adar  I  o451  (tOfévr. 
1691).  Écriture  africaine.  Fin:  amb-i  "iby  as  n3p  T'T"'  nc:=n 
P"i^?33  a3''î<  tin")">  :3m:::pT.  Écriture  africaine.  2  tï.  i  l^r  et 
dernier  d'un  cahier  ,  in- 12. 

33.  Commentaire  en  arabe  sur  les  derniers  chap.   de  lExode.    Début  : 

"jN  "inï:-'  DSTrbN  '"■'b  nnN  d"^;3  n'i'3*5N  'rn  "^  nnN  npin  ^xp 
"jiDn.  Fin  :  EprrN  ....  p  —  "iNnwNVNi  3N13N  rx  n^briToNT. 
Écrit,  orientale  Première  et  dernière  page  presque  illisibles. 
16  ff.  in-4"  se  suivant. 

34.  Sur '"rrnp-'T  et  "]?   nr*c:.   Écriture  africaine.  Début:    p   nmnr:  yiz 

ri73r.  Fin  :  an^r-  ar:;b  niPDr;  nncm  nnsî^b  &:ik  i-'a  pb"«n  «b. 
2  ft'.  détachés  (in-4"  d'un  Midr.  complet.  Petite  écrit,  africaine. 
Note  marginale  en  lettres  microscopiques.  Cf.  n°  14  ci-dessus. 

35.  Commentaire  midraschique  sur  les   sections  "(S:  et  r^'irn.   Écriture 

rabbinique.  Début  :  -nr  Nin*,::  n-'-^rn  "jicb  '^d  b"T  i^na. 
Fin  :  r,ro  aN  in  n?:::?:  ....  p"i::y  r:wsn73  v^*"'  ^''^^nt  nt:::):  as-:; 
rt'tTD  îîbi  ^'Sin.  2  tï".  fol.  très  abîmés. 

36.  Id.  sur  Lévitique.  vi  tin,  puis  nï  et  a"i'iai";p.  Même  écriture.  Début: 

r:::inï;-  -nsin  a^a  nb-^a:::!?:  -Tcin  -d  by  r;mb'::n  -iiD^n  pn. 
::"wEn  "^-t  by  3-1-  rj-i-'s  -i3D  onn  "nr  ■'los  vbr  i;n:"i.  2  ft'.  in-4°. 

37.  /(/.  en  arabe  sur  Lévitique,  xxi.   Écriture  carrée  égypt.    Début:  IND 

aN-isbN  n"'is:n  ""d  aN"i3î<  anb  oîtsbN  I73  eriTiri.  Fin  :  V^  1»  î<'-N 
■'as;'^  D'^b  bsn  rr'pbo  b^Tii;"'  \a  Nn~  bys*».  4  tf.  in-4*. 

38.  Id.  sur  la  section -n^wN.  Même  écriture.  Début:  .— anb^a   Nnn*:;  "«s 

nb-Ticn  by  it'  mn*«rr!b  "^-«ni:':;  '-"d  b"-  aN-in  n-^bN::  nbiy. 
Fin:  nnsn  l»  nm"«  rDiicb  naiîûO  nt:c  n'ab^j.  Nombreuses 
ratures.  Corrections  et  additions.  Indices  d'autographie.  8  fi",  in-4». 
30.  Commentaire  arabe  sur  Nombres,  i.  et  Deutér.,  xxu.  Début  version 
chaldéenne  :  «b^n  1,^1  ba  5<by7:bT  yv::  V"icy  l»  N-,-ian  ba- 
Au  verso  du  f.  2  :  a'siNsbN  y-ya  T^an  Nnan.  Puis  :  m7jbnbN  ys 
"OTT«D  ba.  Écrit,  carrée  égypt.  4  Ô".  in-4". 

40.  Commentaire  midraschique,    tin  de  la  section    t*<c:    et   "^m^yna. 

Début  :  p-'byi  an  a^ibins  cr:  aa  -7:V:?  an  a:i  "•la-^-ir;  inTi  "'3-172 
r-inp  "^rsa  -i^dc  -■'"'a.  Fin  :  ■J7:nb  '^72nb  aibab  niiiy  ax  ^<b^ 
tna  anb  -173N  i<bT  T'd  "^tp-:*^  073'3.  Petite  écriture  orientale. 
2  tf.    f.  278  et  2H!  dun  cahier   in-4°. 

41.  Commentaire  sur  Nombres,  xi,  6  et  suiv.  Kcrit.  rabbinique.   Dri)ul  : 

'-5""'T  ax'CT:  «■:;"'";;  rr:  n""'cr!  "ipix  nan  Nbc  E"yî<\a  n-^r,  '^vr^ 
...r-n:V5P  banane  y^^•'  n3T  n;nu5.  Fin  :  ^.rxp  NnbwT  î<::cnp 
n3in  N"ip3  *]a"'DbT.  ln-4",  mouillures,  i"  f.  écorné  du  bas. 

42.  Commentaire  midr.  sur  Deutér.,  iv  et  v.   Écriture  analogue.  Début  : 

s-»':;'^  nT  yi:--LS3"w  r-iibaai  pibbin  pynb  pbaaiT^i  r\iai<'n  y^\r\) 
...•jryn  nT  uvq  TiyT'i  iTsnn.  Fin  (encre  etfacée).  Notes  mar- 
ginales d'une  autre  main.  4  ft".  (paginés  64  à  67",  in-4',  trous. 


H2  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

43.  Id.  en  arabe  sur  les  sections  pba,  n-p,  "^b  rÎTCj,   "^mîrnD,  indi(juées 

en  tête  des  pages.  Début  :  ïJnp^jbN  ■'d  V'ti^i»  V"i''^3DbN  i3iO  N73 
£3"«N'n  ....  lîo.  Fin  :  cnp  'yn  pnrN  nb  rsp  nt:  Tir  n"y  r-t:v 
ïTir:  5X  Y'-  Écrit,  rabbinique  égypt..  sauf  2  ff.  décrit,  orien- 
tale. 15  ff.  in-4",  les  uns  numérotés  (entre  262  et  284),  en  partie 
mutilés. 

44.  Commentaire   midrasch.    sur  les  sections  NC"   et  "^mbyrîa.    Notes 

marginales.  Petite  écrit,  orientale.  Premier  r"  pâli,  peu  lisible. 
Premier  v°  :  lïb  rn-innc  mnN  n;yu  -i»î<b  nm  c;"'DNb:2n  "n-jN 
. . .  riNnN -"D  N-im .  Fin:  Tinn  Nbn  a'^nnira  nTn  abira  nvnb 
.tzin  .^-T^7:Nr:  n^nn  «nn  abiyb  dni3  ny  C7373  2  fî".  in-4''  ift".  277 
et  282  d'un  cahier). 

45.  M.  sur  les  sections  npinet  pba,  outre  la  fin  de  mp.  Écrit,  rabbinique. 

Début  :  f'^-i^n^i  nnN  p2-i"j7:  r-7-nyu:  issn  nx  mn:ûic  r-ins 
C=!by;n  -iy'>ab  T73i.  Fin  :  "'Nibon  ?  ''3  bnm  'n-^  ao  ci-iDim  ■':o  i" 
..û^n  "^3.  (trou).  Notes  marginales  d'une  autre  écriture  (alle- 
mande), quelques  notes  renfermant  des  noms  propres.  8  ff.  in-4*. 

46.  W.,  sections  np^^,  pbn  et  onïD,  Chaque  homélie  contient  une  partie 

intitulée  m-'TjS":;»  nnTD.  Écrit,  orientale.  Au  f.  2,  au  milieu: 
b^n^u-'b  r|nu5  ;an3D  Trr^-Q  i^n  ht  p-io  ^b  rv::>'j  b-^yb  •^''v:;  rtT 
LÛ^y  ,^"C:y  nriN  ûn^,  ou  explication  par  Ccmatria.  Puis,  en 
lettres  carrées,'  le  nom  SL'^nDN  '"i,  précédant  la  section  pbn.  A  la 
fin,  parallèle  entre  les  sacrifices  du  Temple  et  les  divisions  de 
l'année.  6  ff.  in-4",  abîmés. 

47.  Id.,  pour  les  sections  "^yO^ûT  mau.  Petite  écrit,  orientale,  devenue 

presque  illisible.  Trous  et  déchirures.  4  If.  in-4''  (ff.  :jOt)  9  d'un 
cahier). 

48.  Id.  sur  lini-ij^T  c't  3py.  Extraits  du  Talmud,  traité  il/atvc/,  SanhiUlrin, 

et  Berakhôt,  relatifs  à  ces  deux  sections.  Écrit,  cursive  judéo- 
allemande.  Titres  en  lettres  carrées.  Marge  intérieure  endom- 
magée. 4  ff.  in-4". 

49.  Id.  sections  !nN-i  et  &"'aDïî73.    Écrit,  africaine.  Début:  V^*'"^   l'^Ta 

S"':3  a-<NTip  aPN  ';"'n  a^m-ip  srîïTon  sbN  a-'is  sn:?:  a-'sma  anx 
a';3  5r;:7:  ribr  ppn^i.  Fin  :  '"^nn-:  myi  pni:-'  mbsD  piOD3 
...naiy:  as  ...•^"?:a-  Intercalation  d'un  comment,  sur  Ps.,.  cxv 
et  du  Yalkout  sur  Isaïe,  xl,  1 .  2  ff.  in-8". 

50.  Commentaire  midrasch.  sur  les  sections  a^^oio  et  t<i:n  "^d.  puis  sur 

les  Ps.,  XV  et  XVI.  Kcrit.  rabbin,  égypt.  Le  haut  des  pages  en 
mauvais  état.  Début:  —  UJnJttI  .m3Uî3  bx'C;  b^O'"!  iD-nD 
nbin3  by  N3m  y-icsn  rîba?^.  Dernière  page,;  au  milieu  :  anp7D3T 
m73\::5  nwiN  nsno*».  Uff.  in-4»  fendillés. 

51.  /(/.,  sur  f  3s:d  et  ir-TNn.  Écrit,  africaine.  Début  :  r-'^  rrr:c  a-^-ll'^ 

nD-i3y  -iCN  PN  aaT  a''-ii:?3  7"^^  . . .  127:73  wNs:t^  nny  'j\n">:j  a-'-isy 
f'isn  3-ip3.  Fin  :  T'3  "«3  nyiEb  nujyN  nu;»  rt^iP  nry  pnocs 
Canbus-'  npm.  6  ff.  in-4''  en  mauvais  état. 


LES   MA.NUSi:iUTS   DU   CONSISTOIRE   ISRAÉLITE   DE   PARIS  113 

:j2.  Homélies,  dont  luné  pour  le  Sabbat  nanc.  Mémo  écrit.  î  ÏÏ.  in-4" 
coupés  en  haut. 

b3.  /rf.,  sur  Isaïe  et  Jércmio.  Éi-vii.  rabbinique .  Ltébiit  :  "TSIC  "^rd-: 
-\^:t'p  i"i7  "y  i-'Csr:  c^p^-iiino  irxr:^.  Fin  :  s-'pic^n  rnsina 
'^■«-ims  nrN'O  ns-iP  roytzb  a-ainsn.  6  ff.  in-4''  fendilles. 

54.  Commentaire  arabe  sur  Isaïe,  xl.  Écrit,  carrée  égypt.  Début  :  niipi 
m-c'z  m<y-i  b-^M  3on  ■>■»?  vrzi  isn-i2N  ■^în  -s-inn  -îNi  nx  rry-i 
riz-'xy  '3.  Fin  :  rnN-:yrN  ■'d  Nn:?3  rîî<T'  "jn  d?^"'  pb  -incN  rr^c 
ptt""  "îN.  2  ff.  in-4''.  Le  deuxième  f.  écorné  en  haut. 

b5.  M.,  sur  Zacharie,  iv,  10.  et  Proverbes,  xv,  8.  Écrit,  africaine.  Début  : 
"':-n2C2"'  17!  173  5ipn  Nb  DNbi  ap"'  rf-'s  112  nbznn  ■'s  prn  Vrn. 
Fin  ;  S3N72bN  V-  ^''^  "-D  rT'ST  nxTCTsbN  ::N72i2:bN  rn?::  n-nnbNs 
2  11'.  in-4*   dont  un  blanc). 

56.  kl.,  sur  les  Psaumes.  Écrit,  rabbinique  peu  lisible,  versets  en  lettres 

carrées.  14  ff.  in-4"',  dont  plusieurs  endommagés. 

57.  /(/.,  Ps.,  Li-Lv  et  LX-Lxiii.  Écrit,  africaine.  Début    fin  de  Ps.,  l  :  ^''Z 

"iaiN   Y'»""2  "[13^  "'2S  DPNrN  Nn-^N  mri:"'.  Fin:  mpisn  "j?-"' 
q-'"«bî<3  ainmobN  "i;o  pnb^n  .abmbx  ';-'i::NyrN.   4  ff.  in-4" 
(déchirures, . 
08.   Double  comment,  des  Proverbe^.  mr::-  -nî<"'3  et  a^'iair;  -nN'^a,  par 
Lévi  ben  Gerson,  1  à  vi.  Ecrit,  rabbiniiiue.  12  ff.  in^V 

59.  Commentaire  philologique  et  philosoph.  sur  Job,  xii  el  xv,  nomme  : 

t~ijyi2rt  mb?:  -niN"»3  par  le  même.  2  ff,  in-4°  dun  incunable 
(impression  de  Ferrare,  1477  j.  Trous. 

60.  Commentaire  sur  Daniel  en  arabe.  Écrit,  orientale.  Début  :  3Nno?i!«'i 

r!3-'-i5  -bii  DN'iîbNb  3-,c  -',n3  -.::::>N3  mxci.  Fin  :  "jîo  ixt 
D'^NnobNi  HNCîanbN  n-imo  br  bxi  "^:snbx  -\'::y  ■'2.  6  ff.  in-4". 
Trous. 

61.  Comment,  midrasch.  di\ers.    Petite  cursive  rabbinique.    itcbut  de  la 

première  col.  ou  longue  note  marginale  :  n"?:  '""  't  vnii  "nN"'3 
nmn3  3mNT  "'DNb?:^  rrrrc  bin:  b-ijiM:  brr:  inxc  'tzh.  Fin  : 
VD  pi-i3  Vrj  (?  'î«  'a  ^-wiJz:!  =«  a-^ny  ncnyo  ï>ibN.  4  ff.  fol., 
délabrés  à  la  marge  extérieure. 

62.  Homélies,  dont  une  de  Hiisdaï  Crescas.   Ecrit,  orientale.    Au  f.  4  est 

cité  Yehiel  de  Paris.  8  ff.  in-'4*,  coupés  el  écornés. 
ty.\     f(l.,  2"'")»N73,  dont  un  noon:'.  Citations  du  Talmud.  Écrit,  analogue. 

12  ff.  in-4"  délabrés. 
ri4.   Commentaire  sur  des  Agadot  du  Talmud   et    du   Midrasch.  Début  : 

bNi:;*.:;  -i73N"'i  id3  Nip  ""xnb  ^ij::  mn  no  -iTrbN  '-1  r!3"';n3  «n-'N 

'"-51N"::  b».  Fin  :  ■':"'0  'd  «■'srîb  Txxir:!  T"3'b  rz'^y  -i3n7:D  t»^bi<. 

Petite  écriture  africaine  serrée.    An  niilifu  du  caliier,  H  ff.  d"un(^ 

autre  écriture,  plus  nette,  soit  14  H.    cumijlel  . 
60.  D'^Cj  'nb  m^iT  «  Sermons  de  U.  Nissim  »  en  titre  au  cummciicctni'iit. 

En  marge  de  la    p.    1.   lenimiéraHun    suivante  :     .  ""isri   y-:73i 

-icD  rz'o  nr  'r^yi-^  «b  'idt  -ico  mr  .~iT:brn  ni3-:t  ':r2-i  on-i2i 

T.   LXII,   N"  1-2:!.  S 


114  REVUE   DES   ETUbES  JUIVES 

Belle  écrit,  rabbiniqiie.  1  f    10-4". 
60.   Homélies.  Écrit,  orientale  devenue  illisible.  4  fi".  in-4\ 

67.  Fd.  Début  :    r-ioriSi  -.-iinrîî  -^ixc  nb-bm  p  nmn  vt'^  "l'^x  P' 

ï~TNT3:b  mbDrt.  Milieu  du  premier  f.,  paginé  79  :  r-nac    N"n   IT 

Au  f.  87a  :  bmsn  'd.  F.  87  6  :  ""O-i.  F.  88a,  un  renvoi  au  f.  184. 
En  tète,  ces  mots  judéo-espagnols  :  t-id  in  nrrn^  nain,  «dû 
soixante-seize  ».   3  fi".  1(1-4". 

68.  Extrait  de  Midraschin)   Sifre  v,  passage  sur  le  schofar)     Écrit,  afric. 

Début:  ...ir;::3  na-'py  '-i  rr^n  t";'ti  •^Tnn?:^  piDD-  niiD  Nim. 
'Fin  :  an72   'î*  uia  tn  ':>  nncNi  rpibnn  as  "j^a-'  dt  srr^rwi 
mijbnn  n^7û:.  6  If.  in-4",  dont  plusieurs  en  mauvais  état. 

69.  Explications  homilotiques  en  réponse  à  des  (}uestions.    Au  début: 

!-i:pT  T'by  y^^-p^  n'O^nm  rropm.  Au  bas  du  vingtième  f.,  v», 
on  lit  la  signature  onPTobsD  ibNC")  nn-^bN-  Fin  :  TT'y  n?:?»  ■'C 
D"y  r!-i33  ■>73p73  nin;.  4ff.  in-4". 

70.  Commentaire  midrascb.  sur  divers  versets,  Ps.,  cxii,  '.i-7,  et  Prov., 

XXII,  2,  précédés  chacun  des  mots  b"^  niy.  Le  deuxième  comprend 
des  citations  du  Yalkout.  Début:  rm2  •'T'b  iNin-'  t<bo  v-inN 
npii:  bapb  nT.  Fin  :  cmnN  b-o  inn-a'vT  by  n«nb  mnon  sa"»::  by 
-i^Npns.  Écrit,  africaine.  2  fi",  in-4*. 

71 .  1(1.,  i(l.  Même  écriture,  mais  plus  ancienne  et  plus  claire.  Notes  mar- 

ginales en  lettres  minuscules.  7  ff.  in-*". 

72.  Jd.,  partie  relative  à  Ruth.  Notes  marginales.  Additions  et  correct. 

Indice  d'autographie.  6  tf.  in-4''. 
l'.i.  Oraisons  funèbres.  Ecrit,  orientale.  En  tète  de  la  première  page  : 
3"5:72  D-'"'nr!  -lOin  by  «bx.  Au  fol.  2,  v,  en  5  longues  lignes 
arabes,  un  reçu  pour  règlement  de  compte,  ni  signé  ni  daté.  Au 
dernier  v»,  règle  pour  le  divorce  d'une  fenme  stérile.  3  ff.  en 
col.  8». 

74.  fd.  Écrit,  africaine.  Épigraphe  :    "«n5'3'j:  -)w\N  r-iTûiNn  bit  irs-'aN  "'D 

TrnnNb.  Fin  :  mb  "jN-N  N^sn^a  n">-ûO  "zbiD  îîsinn  -ic:^  ty  ^ir>. 
Au  v»,  commencement  de  Hagada  pascale  en  arabe.  Lettres 
carrées.  2  ff.  en  longues  col. 

75.  Paraplirase  du   Midrascb  Uabba  sur  la  section  "jb    "^b.   Même  écrit. 

Début  :  csbnrt  it;  niby  Nbuî  nr  ar;-i3N  -t:n  ."ib  "^b  mo  —("a 
""bi:»  a-'Nn  a-'nïîT.  Fin  :  "«n  •'as  m^n  it  nbx'cb  i3''':;n  «bi.  4  col. 
pareilles. 

76.  Notes  midrascbiques.   Première  épigraphe  :    '^sri   a"'?3TZ3n  in^"«:3^ 

y-iNn.  On  trouve  cilé  It.  liayim  ben  Acer.,  le  S""':!-!?  pab,  etc. 
Même  écrit.  6î>  tf.  en  col.  formant  32  cahiers.  Le  deuxième  et  le 
troisiènie  très  endommagé  et  troué. 

77.  Notes  pour  la  section  ni73N  tirées  du  12)"N1.   EcriL  (»rit'iilale.  Dclml: 

r-iTim-û  c  p-iD3  pm^  137372  ■j-'S  y-in  m.  4  ft".  in-4''  dont 
1  blanc  . 


LES   MANUSCRITS   DU  CONSISTOIRE   ISRAÉLITE   DE   PARIS  11b 

78.  Extraits  divers,   intitulés  Yy  ■'B2  'OTinb  ■'-5"t-i  "^nm^:  a-'noNTo  mxp 

"û^nii  i"CD.  Écrit,  africaine.  2  ù'.  petit  in-4",  dont  1  blanc. 

79.  r-i-nnn  poy.  derniers  feuillets.    .Même  écrit.   Début:    r-tninn   -)30 

'i3T  '^mwX  -n:n  ^sbnn-n  •:j"73Dt  vd-:.  Fin  :  b*:;  ir-'o  r.-^  by  bnx 
-IDT3  in-i-'bNO  nra  *]-n  nmN.  4  fï".,  dont  l  blanc. 

80.  Leçons  pédagogiques.  Même  écrit.  Début  :    my  V\')j~  -«"nbnaï:  T2D 

1)2^  Nnm  ninbrî73  ":y:nnb"i  m-im^jn  npnnb  nm-'W  pTT  3?i3p 
n-^Dxn  Fin  :  nrr'O  m»n  n^utûd  D"'-ir!T3  nnso  ...n-isT?:  •'Nn  'n 
— !a-i  by  'D3T...  4  ft".  in-4''. 

81.  Extraits  dun  long  commentaire  midrasch.,  commençant  au  milieu 

du  ^  144.  Au  commencement  du  .^  145  est  cité  '"Ii3  V^iNnoia  '"i 
sur  Nombres,  x,  26.  Lauteur  doit  être  un  disciple  d'Alcheik. 
Avant  la  tin,  un  renvoi  à  Obadia  de  Berlinoro.  Ecrit,  africaine. 
4  ft".  in-4». 

82.  Pages  d'un  long  commentaire  midrascli.  sui'  lEcclésiaste,  xi,  2,  et 

sur  les  derniers  versets  du  même  livre.  Ecrit,  carrc'-e.  8  ft".  in  4". 

Troués. 
8;i.   Fragments  d'un  commentaire  midr.  Écrit,  carrée  égypt.  b  morceaux 

fendillés  il'un  feuille!. 
84.   Pages  éparses  de  Midrasch.   ImiU.   alVicaine.    8  ft".  fol.  tombant  en 

poussièi'e. 
8i»,   (ii-and  répertoire  de  dictons  rabbiniques.   Complel  en  (114  n°*.   I^cril. 

rabltinifjue.  10  ft'.  in-4"  à  2  col. 

86.  Extrait  de  la  Pesikta  de  H.  Calma,  correspondant  à  la  p.  131jrt  et  i;j7  6 

de  l'édition  imprimée,  commençant  (3"  ligncj  aux  mots  t^np"^Oî 
onrs  '-n  pv  'i  ^ST'Da  .a"'-i^so3  ']^-no■'^.  Fin  :  *^ip  na  r;n::i 
...-«bnb-'N  mrDNT.   1  f.  in-4'' délabrés. 

87.  Massera  («b;:  et  "îon),  alinéas,   Lettres  grandes  ou  renversées,   pour 

'  Genèse,  i   à  xxvni,   sauf  longues  lacunes.  Écrit,  africaine,  a  ft". 
in-4%  dont  i  blanc,  abîmé  en  haut  à  droite. 

88.  Id.,  Exode,  i-xxx,  plus  concise.  Écrit,  analogue.   2  ft".  in-4*. 

81).  Halachot  tjuedolot  de  IL  Perahia  "jTnn  Halfon.  Ecrit,  carrée.  Début  : 
n'^y':r,  -j-nn  r^m-î  -iTo  piD  aàb  mbn^  ib-N.  Fin  :  n^N-in;-:;  n;:b» 
nya-iNT  D''3'3^T  mNïï  îiwn].  d  f.  in-4". 

90.  Midraschim.  Feuillets  pulvérisés.  Écrit,  africaine. 

91.  Midrasch.  Textes  relatifs  au   patriarche  Jacob.    Début:    ï^3na"J   î<"*r: 

...":-:m'>:;3  rryiz'::'":  -■'■:n:  -\:zi<  r,-;  mwN-inbi.  Fin  :  'tddid  Nb  "^o 
va  -i3in  -«D  nb  -itont  na  nos  nnm  nujy  pïj  137273  :«nn.  Ecrit, 
rabbinique.  Notes  marginales  en  écrit,   africaine.   2  ft".  délabrés. 

92.  M.,  devenu  illisible.  2  ft".  fol. 

93.  Comment,  cabbalistiques  sur  la  Bible.   Délnit  :   '"^bn^   abiDi   onvm 

■'in  TZ'*  nrb  &"»n  bbra  bbssi  ép  Nin  xino  itcni  amN.  Fin  : 
'^•^•z  p^TwNnr:  rj<  V"'"'  '^^  '^'^'^  riTibin  nbt<  bnxa  rfCNn  rT;m 
...'^m.    JM'ril.  rabbinique.   'J  ft".  in-4''  fendilles. 

94.  Comment,  sur  les  Haflarot  de  rcOiî-ia  cl  de  ns  .   Début  :  n^iac  iNb 

riria-:;  "jn  p  nyiac  ixb  isbnTiT.    Fin  :    Sna?:  -l^y  n^rr  tsbn 


U6  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

n^ûbi  b"T  irmnn  iïJ-id  p  y-iNn  nniub.  Cite  Saadia  gaon.  Ixrit. 
orientale.  4  ff.  in-40,  mouillures. 
93.  Id.,  sur  Exode.  Même  écrit.  Début  :  !-i:'"'T>r!  Nnn  'T^'C  n\:;-»î<n  nrjT 
..."';:;;  by  -«d  irs'-'-nrîb.  A  la  dernière  page  :  n-nna  n^os'S  niD  ""D 
d":'3"::  n-nn  y^'^Di  nnaa^a.  0  tï".  in-4»,  délabrés. 

96.  Courtes  notes  mrdraschiques  sur  la  fin  de  la  Genèse  et  sur  l'Exode, 

depuis t-nn^  jusqu'à  cs-'Iûdu:?:.  Début  :  bs;  nr\T\  «"^ïîipn  nrN  it 
n»y  bT  î-<-ip  T,-2  3inD  i-^nu:.  Fin:  imt<nb  ...  b-^aïja  r-n-ncw 
..."iTaN.   M«ime  écrit.  2  ff.  in-4",  abîmés. 

97.  Comment,  relatif  à  Moïse.  Ecriture  carrée  égypt.  Premièi-es  lignes 

complètes  :  Gm-inb  noinsa  TN72  iNiaD  "^D  nijpnnyn  r-nmyo3 
DDn33  ibN  mmyon  ■iDnyn-'  T^nyb  n-ip^nsib  -12c  in».  Vers  la  fin  : 
^rcn  -inob  niN73  1:^  niani::'  mb^n  a"'bDN»"  nbi'Tjn.  i  ïï.  in-4% 
délabrés  et  troués. 

98.  hl.,   sur  les  sections  Tin"*  et  Q">aD«72.    Petite  écrit,  rabbinique. 

Début  :  n\-^yn  br  niiTT»::  1^73^^"^  -loxr  -i7jno  'pn  -^^b  'wb^aauj  ib. 
Fin  :  "'7211:  -n^ya  3>"n  snwDna  "137:1  rr^n  ■'O  a"**::::  nïb  -inx  t^ibn 
ï-TPS-'.  6  tï".  gr.  in-8",  coupés. 

99.  Id.,  sur  Lévitique.  Écrit,  orientale,  première  ligne  complète  :  "117: 

^3Trî  ynî3  pTn73T  dn3  r!N"'3  -1735  riy>r3  TioNP-'c  anin  un  ^y. 
Vers  la  tin  :  C33-n733  irrr  ^^D  r-nmc  '173  ï=:^3D-n733  nosnm 
D-^TiC^n  •'iïJa.nbNn.  A  la  dernière  page  on  lit  :  an-.SN  '-1  \'-~ 
"{"13"'  nb/ja.  8  tï".  in-4",  en  mauvais  état. 

100.  /rf.,  sur  Isaïe,  \ .  Écrit,  rabbinique.  Début:   l-iNT    TCiT   •\^y^    iN-, 

rT'snj»!  rr^-in'::  ibbenn  Nb;a  r^-^i^^  Nb  '!-r  bys.  Fin  :  3N  iba  tn 
...p-'7:ann70  D:;r;:7ûD  Di3nD  "cîti^di  r73-'3  bNnïJ-'.  2  tt".  in-12. 

101.  Midrasch  sur  Lamentations.   Après  les  premières  lignes,  trouées  et 

mouillées,  la  cinquième  ligne  dit  :  "«rNC  "'•^n  1133  inTOSTO  D"y"Ni 
■'a  pN  n^;::  ir  r-iNïb  ds  a3b  in^  xb  iDin7:  mbyb  ^id"«.  Fin  : 
anï<n  n3n  nym  ban  bc  -m  io^d  am  nan  ban  riT  cai-  iM-rit. 
carrée  égypt,  2  tï.  in-4°. 

102  'I"^D"'DOn  "nN3.  Mesures  des  meubles  sacrés  du  sanctuaire.  Ecriture 
rabbinique.  Début  :  "«D  ri  "iilt-'pa  3::t;  Vs"'"!3~  "nî<3  *]b  rns- 
ri73N  DT172N  T3  31^3  Inbon.  Fragu)ents  des  2  dernières  ligiu's 
(coupées:  :  '^-n  D"nî<  ...  n3i3br;  Nbx  n:i3b  n-37:i  anb  Na"^bn 
tonbb   S-trT^m.  14  tV.  in-4",  déchiquetés. 

IO;i.  Midrasch,  en  arabe,  sur  la  (icnèse.  fin.  Ecriture  égypt.  Déluil  :  "m 
^■'bn  D72":;bN"i  073cbN  r:r"i3")  "•-n:  naNbxi  lasbxs  r-ij-.n  in 
']b73bN.  Fin  :  l72"i  b^ybN  Nib73y  IN  •'b«  nmxbwS  mn  -^br  xipai 
-ira.  2  H',  in-4". 

10k   .Midrasch  sur  la  création.   Ilcriluri' carrée  égypt.  Première  ligne  en 

tète  :  a">"!r:rT  "l'^aNn  ib-'CNT  bbD  nuîs-'n  mx-ib  bia"»  irN'-  Fin  :  n"t 

r-t"3"pr;  bc  T'pn?:  ibs  rin''3  r:r:3  r-*i>ûrn.   2  11'.  111-4".  coupes 

d'(Mi  liaul. 

lo:;.    Du  pjirdou  des  fautes,    t'.crit.  africaine.    Début  :  HTT  1-^113-173  p  £25 

.      (• . 

V3rn  n7;Dn  m3NT  ind  i:3NU5  n73.  Fin  :   '-3  rm-i'C  rroz  nttDn 


LES   MANUSCRITS   DU   CONSISTOIRE   ISRAÉLITE   DE  PARIS  HT 

rittnrt  r;s::n  N-rn  r.-pi-^r,  a-^rrc  cr-'nbx.  +  ïï.  in-4\  abîmés 
du  bas. 

106.  Commentaire  midrasch.  sur  Deut.,  xxx,  3.   Ce  verset  est  suivi  des 

.      .  .  (^ 

mots:  'D  'ijim  "^n  ':;-n?23  -nnr:  n??»?.  Fin  :  .r-nDT5  ûy  noDO 

1-1172?  Nir:  r\iO  ainr,  bs  riT.  Écrit,  africaine.  2  ÏÏ.  in-8". 

107.  Notes  diverses.   L'une  d'elles  porte  à  la  fin  du  ^  i  les  mots  :  '\''^y^ 

S"pi  '::"y  its  t^h  «""art'::  '^■''crN  rr^Tj  •'Tona  ;  du  jj  2  les  mots  : 

'n"rt"y2  -«nn,  puis  un  alinéa  commence  V^  '^''^1  nTiiD-  -i?2N 

HT  n'::-iD2  D"'n«N?3  nijs  «•«nr:':;  "«nN  m-i-^n-a.  Écriture  africaine. 

Mouillures.  5  if'-  in-8«. 
iOS,  Fragment  de  Midrasch,  genre  "nnT,  devenu  presque  illisible  par  les 

mouillures.  A  la  première  p.  on  lit  :    """Ta  'n  "xb?:  ÛN  "17:î<t  pi: 

C|bN.  Écrit,  rabbiniquo.  2  tf.  en  lambeaux. 
100.   Fragment  de  Midrascb,  en  mauvais  état.  Écrit,  analogue.  2  ff.  gr, 

in-4''  déchiquetés. 
110- 1.   fd.,  l'un  sur  la  section  mp,  l'autre  sur  Exode,  i,  17.   Ilcrit.  afric. 

1°  :  f)  ff.  in-4'',  coupés  du  bas  ;  2°  :  2  ff.  semblables. 

112.  Suite  semblable.  13  tf.  in-8»,  collés. 

113.  Midrasch  en  arabe,  explique  entre  autres  cette  citation  talmudique: 

o:mp3  nD-iia  ty  -1-:1N  —l-'NJa  '-|  nb-is»  Tiï-'S  iTossefta  sur  Ahûdn 
zara,  VI).  Écrit,  orientale.  2  ff.  in-8". 
114-5.  Commentaires  bibliques  en  arabe.  .Même  écriture.  L'un  avec  de 
longues  lacunes  sur  les  sections  yp72  à  nN"i,  un  f.  pour  le  Sabbat 
de  Hanoucca  ;  l'autre  sur  la  section  nm733.  A  la  dernière  page,  le 
nom  nPNnO  Poutas  N.  Obadia,  3  lyar  3437  (7  mai  1677  .  13  et 
22  ff.  in-4». 

1 16.  Midrasch  en  arabe  sur  la  section  D"^33t3.  Même  écrit.  Début  :  T'n?2n 

nniibM  "^d  ypn  t^pd  n^ypsi  -ii:3  irei  bN-i'::'^?.  Fin  :  qd:n  -^zy» 
D2n"b  DDpbNi  nbbN  T'T'  yn  Y'^:ivzi2    4  ff.  in-4». 

117.  Id.  id.,  de  n-'\::N-.3  a  T-'i,  sauf  lacunes.   Même  écrit.  Début:  e^3b 

'n"»  "•pan  u:c<n3  n^D-i  «n^  "jiN  niONna  "«d.  Fin  :  o-'inD  d-in  "bs 
arm  xpcT  ns  -^d  "^azn  'pa.  9  If.  in-4» 

118.  Fd.  id.,  fragment  sur  r^OwSia,  npn,  n-:272.   Début:  Y-^-  V-  ">-'  Y- 

mbcn  T^br  im  Mioa.  Fin:  aaoai  .Qa:Ni:b  mmsi  "^bn  rrrai 
aian7a  "ind  onbN^a  "jn.  3  tf.  ih-4'*  ;  cadre  rouge. 

119.  De  l'importance    de  la   r-iD-ia    (bénédiction  liturgique),  en  arabe. 

Début  :  HKHS  nrN  ''byi  ...iz"»  yi:Nn7:bwS  ■'■:  ^b^^i-  V\n  :  yHfzrin 
Nâbî<3  NbpN3>  Y'""  ^"^  r^»"*  1^"'  ''Ti~"'bN  "'c  PNDitbN  mn.  Grande 
écrit,  carrée  égypt.  1  f.  in  4°. 

120.  Du  messianisme,  en  arabe.  Même  écrit.,  mais  plus  petite.   Début: 

nbb  nbs bx  iincy-^  n'C73  bx  cn-«n  idt.  Fin  :  h:»  ']^z)r,6<  tn 

v-  0^3  nbiD  —  n-ii-ia  r,z^  q-'t:?.  l  f.  in-4»  délabré. 

121 .  Fragment  de  Midrasch  en  arabe.  Premiers  mots  lisibles  :  NnnN  p'^US 

DT^liN  ""S  NT'S  -T^O  INT  ■«73N3"' .    Fin  :    N-I3N  ytlO^  p-^"»  Ob  TlZHt. 

1  f.  final  ^blanc  au  v")  in-8". 


118  REVUE    DES   ÉTUDES  JUIVES 

l-2i.  ftl.  1(1.,  iclalif  aux  patiiarclies.  Explique  le  verset  de  Genèse, 
XXXII,  9.    Kcril.  carrée  «'gypt.  ~  ff-  iii-S",  troués. 

123.  Fragment  de   Midrasch   sur  la  section   NU:n  "^D,   en   arabe.    Début: 

bnp  nn-s  TSiiîm  pnNJcbi*  rno-ibN  ri"r-i'7j  T^-'cbN  cipi  N73bî 
rînyNDia.  Fin  .-  onN^'ic  —  nns  ban  ncx:  bx  '\^\■^^  bxp  Y-^"^' 
ar:3y  Nn^T;  N73.  Écrit,  rabbinique  orientale.  1  f.  in-4%  coupé 
de  2  3  en  bas. 

124.  Explication  en   arabe  du   Lévit.   ■?  i   ou  iv  et  xi).   Premiers  mots 

lisibles:  ny^-iMJ  mn  \nmyi  —  m*»::  ■^t'  I'^d  na-ip"^:  la'^npm 
-iNS'NbN.  Fin  :  y""'NâbN  ""îy  •^'ibN  0"Nr53bN.  Écrit,  carrée  égypt. 
2  ft".  gr.  fol.  délabrés,  et  un  fragment. 

12b.  Ici.  id.,  sur  Deutéron.,  xiv.  Premiers  mots  lisibles  :  "'.riNabN  !-ib3N 
b'^NbNT  DNibN  brN"'  ...  sasbNi.  Même  écrit.  3  ff.  in  4°,  coupés 
du  haut. 

120.  Id.,  id.,  sur  Genèse  vm  et  ix.  Indication  des  versets  en  grandes  lettres 
carrées,  le  reste  en  écrit,  carrée  égypt.  Premiers  mots  (lig.  4): 
y-iNbN  "'S  ansbN  nia  "ià"iD  np  in  -bb»  -ini  NwbD  'bx  n-pt.  Fin  : 
hs-'ibs  ...  "!"'D  "'T^  r^  NnbNi:  '^rr'M-i  -^rNo.  2  morceaux  in-4* 
abîmés. 

127.  Id.,  id.,  sur  Proverbes,  m,  14  (?).  Écrit,  orientale.  2  tt'.  in-4",  coupés 

du  bas. 

128.  Id.,id.,  de  la  création,  en  arabe.  Belle  écriture  carrée.  2  tt".  in-4", 

écornés. 

129.  /(/.,  <V/.,  sur  Jérusalem  et  son  importance.  Début:    \n23N  n-nWNybN 

:»"'"in3  -innbN  nJNb  ^3i  "b  ....  Fin  (3  demi-lignes)  :  nb-ixT 
p-'DNb  nbbN  ...  pND  v**  "'biNn  ■'rm  rr^pn  ...  oriNn-i  va  "'biNriT 
£l573NbN  "'bN.  Ecrit,  carrée  égypt.  2  ff.  in-4°,  le  2^  coupé  en  long. 

130.  Midr.  sur  les  sections  de  lExode  et  du  Lévit.   Écrit,  rabbinique, 

rubriques  en  lettres  carrées.  Début:  anT^T»  nros  ninriS  ni:? 
mb^n  a-'"'pn"''j  ^k^  ^i^'O'^^  Nb  nnr  amN  5TinN  bn  -i?:n  a-nsrwb. 
Fin  :  rrcîm  xb  ryi'Z'û  by  a-'n^irn  'cz^y  ..•  a^ST  -^b  lyjz'cr  sb  asi. 
20  tT.  in-4",  tous  mutilés  de  langle  inférieur. 

131.  Midr.  sur  Gen.,  xlii,  Bereschit  Uabba.  Début:  t^-îin-^   a"'i:i3   ^'Djn; 

r-TT  T'a  bis"!  riT.  Fin:  ^aiT  T^nbN  '^b73  p-'iib  -iTjix  "^a  — ihn 
...ny  T\y  ^•^ii^^Z  by.  Écrit,  carrée  égypt. 

132.  Midr,  sur  les  sections  f'^lip   el  ""nTiN.    Ilcril.  rabbin,  soignée. 

Début  :  bpo3  pw  nna  nujii'm  mx  -^c:*?:  ibN  ba  la-'^am.  Fin  : 
r,'0»n  n7:Nm  nbs'a  "■'na  n:?2a:T  rramN  n-'a^  N-'n'c;  n'iJNb  n^oin 
■^b  nb^N  "^73  nx.  6  tt".  in  4*. 

133.  Midr.  sur  les  rmaïa.  Écrit,  africaine.   Début:  T^^a^î:    n-,73N   r-irwSi 

r-nayn  -na  Nina  a'^a  nbnn  ma  Nin  tcn  nynn  -,72iba  tiacb. 
Fin  :  3^:73  vbr  "cm  n;yE  ddd::  -icaa  nT3  niN'an  i^mn  naai. 
2  ïï.  in-4",  troués. 

134.  Du  repentir  et  dos  faux  serments.   Belle  écrit,  rabbinique.  Début  : 

ams  TariwST  bx-ic-'  ^naan  -^rN  n73iba  bsic  TNiTTs.  Fin  :  "17:n 
...om72a  "iTûNT  np-israi  LiooTsm  n73N3  •'""'  -«n  TiyaTa:-!  ï>i"'3:n. 
tr.  in-4". 


LES   MAiNUSCRlTS   DU   CONSISTOIRE   ISRAÉLITE  DE  PARIS  119 

11.  B.    I.  Utilité  dôliidior  la  Bible.    Ilpigrapiie  en  lettres  carrées  :    nnD"> 

CW'^n  PN  ::rj:r.  i-.icnwS  pn  "]?  "n.   Écrit,    africaine.   1  f.  in-f", 
abîmé  du  bas. 

2.  Préface  d'une  traduction  de  la  Bible  en  arabe.  Kcrit.  rabbin,  égvpt. 

Morceau  de  f.  in-i"  décliiré. 

3.  Première  page  du  comment.  deRaschi  sur  la  Bible.  Écrit,  rabbinique. 

Titre  en  lettres  carrées  :  pni:''  'i  -)»«  rrrb'O  'i  laiTS. 

4.  Sur  Rascbi.  tT.  1  et  4  d'un  cahier.  En  titre  :  n^'UJNiab  5"t  ">"Olb  -nN'^a. 

Rubriques  en  lettres  carrées  ;  le  reste  en  rabbinique.  2  ÏÏ.  in-i", 
troués. 

5.  Midr.  sur  la  Genèse,  fin,  en  3  longues  col.  et  13  ;  petite  écrit,  orient. 

serrée,    se  terminant  par  les   mots  :    "bc"?  i::r*«::;c  r~na73"jn 
n"?  '3  51T  rr^'CNia,  en  l  col. 

6.  SurGen.,  ii,  20.  Écrit,  rabbin.  I  f.  in-4',  troué. 

7.  Sur(Jen.,  m.  Même  écriture.  1  f.  in-4*'. 

8.  /(/.  en  arabe.  Kcrit.  orientale.  2  tï".  in-4''  large,  très  écornés. 

9.  Midr.  cabbalistique  sur  la  section  n3.  Même  écrit.  1  f.  petit  in-4''. 
10.   Commentaire  sur  Gen.,  ix.  Écrit,  carrée  égypt.  Angle  super,  gauciie 

cassé.    1  f.  in-4''. 
il.  Abraham   et  la  Révélation,  en  arabe.    Kcrit.   africaine.    2  ïï.   in-f", 
coupés  du  haut. 

12.  Comment,  sur  Gen.,  xiv,  13-24,  en  arabe.  2  fragments  in-4''.  Ecrit. 

carrée  égypt. 

13.  SurGen.,  xvii,  en  arabe.  Écrit,  carrée  égypt.   1  f,  petit  in-4'',  abîmé. 

14.  SurGen.,  xvui,  en  arabe.  Même  écrit.  2  fragments  sur  parchemin, 

déchirés. 

15.  Midr.  relatif  à  Abraham,  en  arabe.  2  ff.  longues  colonnes,  fol. 

16.  Midr.  sur  Gen.,  xu-xn.  Écrit,  orientale.  3  flf.  in-4''. 

17.  Morceau  du  Midr.  û'^TODn  nî"'DX,  sur  Gen.,  xvni  et  xxi  à  xxn,  5.  Éciit. 

africaine.  1  f.  in-4''. 

18.  Morceau  du  Midr.  relatif  à  la  m^py,  Gen.,  xxii.  Belle  écrit,  carrée. 

1  f.  in-4'',  déchiré. 

19.  Commentaire  sur  Gen.,  xxiv,   en  arabe.   Écrit,  rabbin,  égypt.    l  f. 

petit  in-4".  troué. 

20.  /</.,  en  hébreu.   Kcrit.  rabbin.   2  f.   in-S". 

21.  Sur  Abraham  et  Ismaël,    en   arabe.    Kcrit.    africaine.    Rubriques   à 

l'encre  rouge.  1  f.  in^". 

22.  Midr.  section  ïTiu;  ""'U.  Kcrit.  rabbinique.   1  f.  in-i",  troué. 

23.  Comment,  arabe  sur  Gen.,  xxv,  12  et  xxvii.  Kcrit.  rabbinitjue  t'gypt. 

2  ïï.  in-4. 

24.  Midr.  sur  la  section  rrnrin,  Gen..  xxvi-xxvii.   Kcrit.  ral>bin.  Trous 

et  mouillures.  1  f.  in-i". 
2").    f(t.,  en  arabe.   Écrit,  africaine.    I  f.   in-i'.  déchire  en  haut  à  gauche. 

[A  suivre.) 

Moïse  Schw.ab, 


NOTES  ET  MÉLANGES 


ISRAËL  GAON 

On  lit  dans  le  S^t'fer  Jm-Itthn  de  Juda  b.  Barzillaï,  p.  40  :  -ikkt 

b^»  rî'C^np  n7ûiî«"i  "^''^n  nno  buî  an»  bbEn7a  ■n?:^;^  D"yN  bït-r:;"'  m 
r!"3pr:  n-i-'n"::  mirpi  yinp  pT  nbcm  nbon  bsb  cïj  ^vd  ...ciDr: 
r;n5"03  nbnn  m-'Ht:  -iudd  i^ni  ...r;::jT  cnp  nbsn  N-iin  ...bbcnrib 
a^~3nn  bD;:;  panw  "^b  it^n  -"bT  ■'^n  T'^sr:  nrsi  ...bb^nm  anp-c  r;7:3 
b'^j  niDD  Ni:-"'»:)  Nbx  p-'DTnb  irb:?  n-r:  Nbi  p  m^c  ■^nm  ibbrr 
NT^-c:  'iJinb  uj-^i  ibbn  17:d  [?  m-^y::]  nwD  t2  ï5"'t  ûbnya  mbsn  [?Tio] 
'•I3T  bxn^''  p3  ny::"*.  Cet  Israël,  réfuté  par  Samuel  Hannaguid, 
vivait  donc  au  plus  tard  au  xi«  siècle  et  appartient  encore  à 
Tépoque  des  Gueonim.  Il  paraît  avoir  rédigé  un  livre  sur  les 
prières'.  Il  est  sans  doute  identique  avec  un  certain  Israël,  ou 
Israël  ha-Cohen,  qui  est  cité  quelquefois  par  Isaac  ibn  Gayyath 
dans  ses  Halachot  et  par  Abraham  b.  Isaac  dans  VEschkol.  Le 
premier  le  mentionne  quatre  fois  :  1°  I,  3(1  :  lans  nTOipw  «r... 
T-inN  TiTDyb  -1131:  csiDn?:!  nn-'Dsb  -n3s:  rr^b^::  n-i"'?  r;:ï;r:  ;dn-i3 
ï-rbon  bD3  p  nT:;yb  r-i-nn  bNic  'n  znrvc  Nbx  -ipyn  riT  •;•'*<'' 
r-i3T  b:?  D'^TODH  iDtto  Nbi  nbcm  ;  ^o  /A/r/.,  70  :  3n  '>vhz)  aan  nDœsn, . . 
\ar\:  3-id  nb  poon  ""Dn  "«7:3  ci^  p^r:  bNTC"'  3-ii  ...pn;  3-n  N2in-: 
3o  ii/û?.,  78  :  rrïjbttja  boiD  T'in  NnDbm  3inD  mDbn3  «poo  l"^3ybv . . 
...nsiûp  r!2i03  'n3  bois  biOD  "[so  nîtjp  nso  i-is  nbnna  nro  yi 
mwN  'n3  -iWNT  3-iD  npDs  "^«3  inDn  bN-iO""  a-n^;  4°  ibid.,  83  :  •'■'13. . . 

\.  Si  mon  ailditioii  est  exacte  ;  cette  page  du  Se  fer  ka-Illhn  est  très  oblitérée  dans 
le  manuscrit,  voir  la  note  de  l'éditeur,  n.  220. 

2.  Voir  Sowrca,  4  /).    Ce   jiassage   est  cité  dans  le   Màggid  Mhihiié  sur  Hilchof 
Soucca,  IV,  M. 

3.  Voir  Halachol  Gueclolol,  éd.  Varsovie,  64  a  ;  éd.  Hildesheimer,  60. 


.NOTES   ET   MÉLANGES  121 

3-1  -13  n3-n  Nnon  3-;  mujs  t:î<  "it^n;  3-1  nznn  y^'rz^fir^  noir 
nprD  ^jzj  -«Dm  rj^iwcr  "'xpn  irno  a"iD  nrbm  ...nbioc  "'-,"':n  î<;"ir; 
irjDn  bx-io-»  an  '.  Dans  VEschkol,  il  est  cité  deux  fois  :  1°  I.  oO  : 
Tnn  nb^n  v  nbsnb  n«N  bwSn-û^  mi  ...nbcnbn  ...bssb-  ;  ^2°  /6/f/.,  o3  : 
nbin  yp-ip3  bbcnrib  \^ï3n  onx  l"**  ^«"i^"*  a"i  "^'^nt.  Tous  ces  passages 
peuvent  être  empruntés  au  même  livre  sur  les  prières. 

D'autre  part,  on  lit  dans  le  commentaire  de  Samuel  b.  Méir  sur 
Babri  bâfra,  o'2ô  :  b^^n'::  htono  ^t  "D  pt^ri  o"-"-)?:  3pd  n'-sa  pi 
imTSD  nsbn  v*  îf'N"!  K-isrib  pn^n  by  nw  dnc  N3N  ^b  ^tiwt. 
A  la  place  de  l'abréviation  ïï""«-i73,  l'édition  de  Pesaro  porte  -iw  ans 
inx:  -lO""^  ;  mais  -!«■«  est  un  raccourcissement  de  bî«-.C'',  comme  on 
le  voit  par  Or  Zaroua  sur  Baba  Kamma.  i  70,  où  la  même  phrase 
est  introduite  par  liio  bN-nD"»  an  nn  ans,  et  par  les  Consultations 
de  iVIéir  b.  Baruch.  éd.  Berlin,  p.  \\%  où  on  lit  :  bî<nt:^  anw  ^"y^^ 
b^nuffiD  NPDbn  n-^bn  ipoD  b^nw::  '"lam  pi*:»  '.  11  est  naturel  d'identifier 
cet  Israël,  déjà  cité  par  R.  Hananel  et  appartenant  par  conséquent 
au  [dus  tard  au  w"  siècle,  avec  le  nôtre,  ne  fût-ce  que  parce  que 
le  nom  disraël  n"est  pas  des  plus  fréquents  à  cette  époque  'voir 
plus  loin).  Le  titre  de  gaon  qui  lui  est  donné  ici  ne  prouve  rien, 
car  on  sait  qu'il  est  décerné  à  des  rabbins  qui  n'ont  pas  exercé  le 
gaonat,  par  exemple  à  Dosa,  fils  de  Saadia,  à  Mssim  de  Rairouan, 
etc.,  et  même  à  des  rabbins  qui  ont  vécu  après  la  période  des 
Gueonim,  par  exemple  à  Daniel,  père  de  Nalan  b.  YehieP.  Israël 
se  serait  donc  occupé  non  seulement  de  liturgie,  mais  aussi  de 
droit  civil. 

Mais  qui  est  cet  Israël?  Steinscbneider,  dans  sa  recension  d'Ibn 
Gayyath",  voudrait  corriger  simplement  Israël  en  Samuel  et 
y  reconnaître  Samuel  b.  Hofni,  entre  autres  raisons  parce  que  le 
nom  d'Israël  n'était  pas  usité  à  cette  époque  si  ancienne'.  Mais 
d'abord,  il  n'est  pas  raisonnable  d'admettre  que  le  nom  d'Israël 

1.  Voir  ^oiicca,  10  6.  Cité  d.ins  .\sclieii,  Soticca,  i.  18,  et  Scliihhnlé  ha-Lékel, 
S  332  /.  /■.  C'est  peut-être  de  ce  dernier  passage  que  Conforte  (A'o/e,  éd.  Berlin,  19 «^ 
a  tiré  le  nom  d'Israël  Cohen  ;  mais,  ne  sachant  pas  de  qui  il  sa^'issait,  il  l'a  ransre 
parmi  les  tossafistes  du  xii'  siècle. 

2.  Voir  Pesahhn,  46  a. 

3.  V.  Dikdoukê  Soferim,  ad  loc, 

i.  Cf.  Albek,  dans  Mélanges  Israël  Le^w  bxnC^  nnSDn),  partie  hét.raïque,  p.  IOj. 
•;.  Cf.  Harkavy,  ./.  Q.  fi.,  XII,  707,  et  Ginzberg,  Geonica,  I.  179,  n.  1.  Je  me  réserve 
de  réunir  les  titulaires  de  ce  titre  qui  sont  dans  ce  cas. 

6.  H.  B.,  IV,  60.  Cf.  Marx.  Z.  f.  H.  B.,  \1II,  174. 

7.  Zunz,  par  exemple  [Ges.  Schr..  III,  251,  connaît  comme  les  titulaires  les  plus 
anciens  de  ce  nom  à  Tépoque  postbiblique  ceux  qui  sont  nommés  par  Benjamin  de 
Tudèle,  soit  au  xii*  siècle  seulement.  Au  même  temps  appartient  Jacob  Israël,  disciple 
de  Jacob  Tam  (Michael,  D"'"'nn  niN.  p.  192). 


122  REVUr:   DES   ÉTUDES  JUIVES 

est  corrompu  dans  tant  dt;  passajj^es.  D'aiilre  part,  il  est  vrai  que 
ce  nom  n'est  pas  fié(|uent  à  lépoque  des  Gueouim,  mais  nous  n'en 
trouvons  pas  moins  drs  ÎK'JG  un  Israël  h.  Isaac  à  Damas  (ms.  Bodl., 
:2S77'"'),  puis  un  Israël  b.  Jacol)  à  Hormschir  Chouzistaii;  en  10:21 
[ibid.,  2875-''),  un  Israël,  probablement  au  Caire,  vers  1030  [ibid., 
2874-")'  et  un  Israël  b.  ^atan  à  Kairouan  à  la  fin  du  \io  siècle-, 
enfin  Israël  b.  Daniel,  auteur  caraïte,  en  10(52 ^.  Mûller,  de  son 
côté,  voudrait  lire,  dans  le  passage  visé  par  lui,  Scberira  au  lieu 
d'Israël,  parce  que  ce  gaon  est  de  l'avis  indiqué^,  mais  les  pas- 
sages parallèles  s'y  opposent.  La  patrie  d'Israël  est  également 
inconnue  et  l'hypothèse  de  Ginzberg,  qui  le  place  dans  l'Afrique 
du  nord,  est  dépouvue  de  fondement. 

Or,  nous  lisons  dans  une  lettre  de  Samuel  b.  Hofni  à  la  commu- 
nauté de  Fez"'  :  -Tiwn  mina  ot:  -idic  'b"^  '\•):i^  i3?2»  x:  nrns  inc 
'iDi  mj'-'om  ■;"«72T^cr:T  D^p-cm  a-^'C-n::::  n-ii  û-^-non  î<-i  V-i  "'■'  "i»~'=>- 
Ces  formules  de  saints  sont  fréquentes  dans  les  lettres  des  Gueo- 
nim  et  le  gaon  y  est  ordinairement  suivi  de  l'Ab—Bêt-Din.  Aussi 
M.  Marx"  voudrait-il  restituer  ce  texte  ainsi:  •i-'  [3N]  pi  i:':» 
nsninn  rtn-^cn  -ieid  [pi]  (na-'io-^  =)  ;  mais  le  Ab-Bêt-Din  manque 
aussi,  par  exemple,  dans  une  lettre  de  Schei'ira  et  de  Haï  à  Fez'  ; 
en  outie,  le  titre  de  na-'C'^ri  3i«  ne  paraît  avoir  été  en  usage  qu'après 
l'époque  des  Gueonim  ^.  Il  est  donc  plus  naturel  de  voir  dans  ibi 
une  abréviation  de  bxnû"''*  :  Samuel  b.  Hofni  avait  un  fils  nommé 
Israël,  qui  exerçait  dans  l'académie  de  son  père  les  fonctions  de 
secrétaire,  fonctions  qui  étaient  occupées  parfois  par  des  parents 
des  Gueonim.  Le  terme  de  i3"nnn,  au  lieu  de  i3Da,  est  employé,  du 
reste,  par  Scberira  en  parlant  de  Haï  "\  Israël,  ou  Israël  ba-Coben, 

1.  Le  personnage  du  nom  d'Épliraim  cité  ici  est  sans  doute  Epliraïm  h.  Schemaiia 
(le  Fostàt  et  le  gaon  nest  autre  que  Salomon  b.  Juda. 

2.  Voir  sur  lui  mou  'jNTT'p  "''DjN,  n"  30.  Le  Salirai  h.  Mssini  nuMitionnt-  avec  lui 
est  de  la  fin  du  xi«  siècle,  voir  Hevue,  LV,  318. 

3.  Voir  mon  Kuraile  Literanj  Opponenls,  p.  60. 

4.  Mafléah,  p.  178,  n.  19.  Cf.  Ginzberg  et  Albek,  /.  c. 

5.  Editée  par  Cowley,  ./.  Q.  l\.,  Wlll,  401. 

6.  Ibid.,  771. 

7.  Voir  mon  c;!"!:;  D'^Î'^^S*.  I.  ^8.  on  je  me  range  à  l'avis  di>  Marx.  Cf.  liiv.  hr., 
V,  434. 

8.  Voir  mon  W*yO  D'^S'^Sr,  /.  c,  61. 

9.  C'est  l'opinion  de  (iinzberg,  op.  cil.,  13,  n.  L'abréviation  ib"'  pour  b^NC  se 
retrouve  encore,  par  exen)ple,  dans  une  lettre  de  Ben  Mtir,  voir  Harkavy,  S/ia/.  w. 
j»/i7/.,  V,  215. 

10.  Voir   Safithjanri.  éd.  Scbe.-hter,  p.  US  :    ■>D    i:"«C5inp    "Id"?    yiT""!    "'l'rai... 

'•\^^  Dn-'Ca  DTC:'5T  U-f^bb  -ipiO  lîi-nnn  •'"•«n  Dai  ...NbDI.  Ginzberg  (op.  cil.. 
p   8,  n.  1)  nest  du  reste  pas  fondé  à  iléduire  de  ce  passade  que  Haï  a  été  Ttb'2  "^Nn. 


NOTES   ET   MELANGES  123 

était  donc  fils  du  dei'nier  gaon  de  Soia  et  on  lui  décerna  le  titre 
de  gaon,  comme  on  lavait  d»*cerné  au  (ils  du  prédécesseui"  de 
Samuel,  à  Dosa  b.  Saadia. 

Varsovie. 

Samuel  Poznanskt. 


LE  COMMENTAIRE  OU  PENTATEUQl  E  D'EPÏIRAIM  R.  SlMSO\ 

Les  données  essentielles  sur  ce  commentaire  ont  été  réunies  par 
Steinsclmeider,  daprès  le  manuscrit  de  Munich  13'  '.  Il  en  résulte 
qu'Ephraïm  vivait  au  \iii«  siècle,  probablement  en  France.  Son 
commenlaire,  qui  se  compose  principalement  de  calculs  alpba- 
bétiques  gueniatria)  et  de  combinaisons  d'initiales  notaricon),  est 
cité  par  Lonzano  dans  son  Or  Tora  (section  Pinhas)  et  il  a  été 
copieusement  utilisé  par  Azoulaï  dans  ses  trois  commentaires  du 
Penlateuque,  Pr/if^  David,  Naluil  Kpdoumim  et  Homat  A/iac/t. 
Outre  le  manuscrit  de  Munich,  on  en  connaît  deux  autres  :  ms. 
BodI.  ^21032  Michael  1S8,  détectif  et  Montefiore  Library  8^23' 
(Halberstam  83  ,  mais  on  n'en  connaissait  pas  d'édition  jusqu'ici. 
L'article  de  la  Jeirish  Encyclopaedia,  s.  v.,  dit  à  la  véiité  que  le 
commentaire  d'Ephraïm  a  paru  dans  le  Pentateuque  Tora  Or-, 
mais  celui-ci  ne  contient  que  l'édition  princeps  du  Xa/tal  Kcdoii- 
mim  d'Azoulaï  et  il  est  dit  au  fronlispice  que  cet  auteur  a  utilisé, 
entre  autres  commenlaires.  celui,  manuscrit,  d'Ephraïm  ■'. 

Il  existe  pourtant  une  édition,  qui  paraît  être  totalement  incon- 
nue et  que  j'ai  maintenant  entre  les  mains.  Ce  sont  44  feuillets 
petit  in-4",  sans  frontispice,  avec  cette  suscription  :  ■'"wy  V'ra  l'on 
rj"nbT  DncN  ira-)  "iixarrb  nmnn 'îs»  '■'s  •vQ"y.  Les  caractères  dimpii- 
merie  paraissent  être  ceux  des  impressions  de  Livourne.  L'édilion 
s'arrête  au  commencement  de  la  section  Terawr,  au  milieu  d'une 
phrase.  Il  est  facile  de  montrer  par  l'examen  des  citations  connues 

1.  Hebr.  Biblior/r.,  XIV,  llfl.  Biblioïiaiiliif»  complémontaire  dans  Jciv.  Enctfcl., 
s.  V.  (V,  192a),  où  manque  justement  cit  imfiortatit  article  de  Steinsclmeider. 

2.  Cette  édition  a  !>atii    i   Livmiine,   non  en  1800    [Jew.  Encycl.),    mais   en  1795 

(5"d"5    in72'>::-«1    &  "  -n  -C    IwX-'   nr^a):   cf.  Henjacr)b,  p.  636,  n'agi. 

3.  riDT'  w^'Ti  '^Ts-^aa  ?n3  nrmxi  m3--nn  zy  n-'Tanp  '"rn:  na  ^r,  -n^-i 
■^Nno"»  ■''Dnn37j  d"''::tt^dt  Ty-  -^irp  n-nr"?  cv^in  D-^pn?::  p"-i  \s''3"itî«  nn 

"131  nr  ■«■'n"':'  ohz  -;3t  d-^'^t;;  n?:3T  ...("rn  '•Zfz, 


124  HKVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

jusqu'ici  que  ce  commentaire  est  véritablement  celui  dEphraïm. 
Le  texte  de  l'auteur  est  partout  émaillé  de  gloses  de  l'éditeur, 
placées  entre  parenthèses.  Cet  éditeur,  qui  se  nomme  une  fois 
Hayyim  (f»  40a,  sur  Ex.,  xxiii,  20),  disposait  d'un  manuscrit  qui 
présentait  des  lacunes.  C'est  ainsi  qu'il  remarque  f°  260,  sur  Gen., 
x.wiv,  ;^0  :  -ion  nujnDrt  (cino  n3»i  — )  o"y^  i^ow^a  n'^y^ition  •;»  v  n"» 
n"nbT  -lanttn  irn-i  {-nw-i^-i  iTttn  pT^'nb  ti-ibni  an»  inbœ  «bn  i3"«3Db 
b"T  î*«i"T^n  mn  •'-iroa  t:"^i<an72n.  Une  lacune  plus  considérable 
s'étendait  depuis  la  fin  de  la  section  Vai/i/igascJi  jusqu'à  la  fin  de 
celle  de  Vitro  ;  il  l'a  comblée  à  l'aide  de  citations  des  trois  com- 
mentaires précités  d'Azoulaï  :  nn"'  'ns  d"?  isott"!  ^y^  ;:3"d  "i"3r:  nt:^ 
pbn  iwS-'i:"inb  mh-^  pb  Cj-^nsmuTo  Nbi  'j-'n^NT  \)S  bam  =)  73"bn  Y'^^m  nn^î 
(-mn  nsn73  =  )  n"m72  û-'Hûc^îTon  xno  in^sn  "«"lEDa  D"'"ittiN3  ns  n::pbi<  ^miz^ 
b'nsn  rso  b^  b"pii£T  n3'»3-i  ûï)t:  N"'3rni:  n»  V'itT  N"T'm  rr^-iNTû  i-inm 
*^DN  ï-)»in'oi  m  -^SD  'on  (d-^tsttp  bn3  =).  D'autre  part,  il  nous  aj^prend 
en  trois  endroits  ff'29«  sur  VayyêschebiZ'^a  sur  Mikkèr  et  34rt 
sur  Vayyiyascli'  qu'il  a  trouvé  en  marge  des  notaricon.  qu'il 
reproduit.  Ils  se  distinguent  de  ceux  d'Ephraïm  par  le  style  aussi 
bien  que  par  le  caractère;  les  suivants  sont  particulièrement 
intéressants  :  .riDiinb  lip-'nrûiî  y^'D  'o  b"T  d-^idn  lï-^ai  irbj^a  n^iti  n^n 
l-^WT»  îî"^''3»n  t-n-i3  p-'bnîu:  nsni:  nrusnp  n-inTo  d"»;!""  T«nDn  pm-»  nj'ai  -^  n  ■»  t 
t:-'3'^'^n  -n::n  nïîs'  d-'di  rimnc  -12m  )-inD72  N::r  \'^iy^i2  op-^bi-'  riDisn?: 
'i3T  nnp-^bn  rrciiz  "oy  ■•îîmtDnnn  ■'n«i3  mTnn  mym  '^ï:nn'::»  p"«bnnb. 

L'auteur  était  très  probablement  un  Français,  ce  qui  résulte  de 
ce  passage  (P  26  A,  sur  Gen.,  xx.xiv,  4)  :  (ifio  ny  =  »  d''^  {-inth  mb-^n 
pi  rn-^b  ii;ob  1i'v^.''^  '{"■'•^a  T^b  i^bT  nonria  mb-^  b"3  ms-:  nm^  N-inp 
t;d;2JN  iTOba  '.  Aux  auteurs  cités  par  Ephraïm  et  que  Slelnschneider 
a  réunis  on  peut  ajouter  les  suivants,  d'après  l'édition  :  Hananel 
(f°  436,  sur  Ex.,  xxv,  33,  où  sont  cités  également  Maïmonide  et  ses 
ouvrages:  (bwsn  la-ian  ïîm"^D  =  n"-iEn),  Raschi  (f^lOrt,  surGen.,xiii,  7) 
et.luda  Hassid  i'f"40rt,  sur  Ex.,  xxiii,  23  :  ^"t  T^on  rmn"'  3-1  "n?:»! 
Nim  D-'isn  -i^a  itilû^to  mb^ab  n"3pn  riirn  nbnn»  -^d  bio-^To  r-iT«mN  "«Di«b» 
nbc^^a  r-!"3prt  ■'icb  nuj»  '::p3T  ^■^nrr\  Y^^  nb^wb  b^s-iuî-'  ■'33  bD  ::Ei\î3n 
';-:  bN  rhy  nï:?ûb  -,ttiî<rt  Nnn  Sio^w  turmy  n'^ïJT  D-^wm  bo  ^vhtz  anToy  i. 
Les  mon  ■'brs  sont  cités  ici  f"  15 «  :  •'bTs  mwN  .b^n  nmaî*  pn  ^-13  'm 
liTDn  D''bu:nb  (? D'issu  û"'33rr  -iïj  ib^j -iowïj  Tiorr,  le  païlan  à  trois  reprises 
(3a,  sur  Gen.,  i,  16:  mttJi  pmrb  D"'"'E3i  T'i:"'  r-i-issm  ::•'■•£«  no"»  pi  ; 
o  b  en  bas  :  yipi  [a-^-iDrij  no"''^»  rjTT  t^mrn  '1  i»n  ht  m-m  yipi  k't 
Q1N  -nnb  Dr  m-m  ;  44a,  sur  Ex.,  xxvi,  24  :   briN  p'^-'En  iO"';a  iriTi 


1.   Bîen  vue?  On  sait  que  la  mention  île  rallemand  ne  prouve  rien  contre  l'origine 
française  de  l'auteur. 


NOTES   ET   MÉLANGES  125 

nona  nmusb  "itit^^.  Le  Targouni,   appelé  quelquefois  Onkelos,  est 
assez  souvent  menlionué. 

Je  ne  sais  si  c'est  seulement  mon  exemplaire  qui  est  incomplet  ' 
ou  si  rien  de  plus  n'en  a  été  imprimé. 

Samuel  Poznanski. 


PIZMONIM   POUR    LES   JOURS    DE   LÀ    SEMAINE 

UN  PETIT  RECUEIL  POÉTIQUE  DE  BAGDAD 

En  même  temps  que  du  nouveau  recueil  poétique  de  Bagdad,  le 
D-iT^ïJn  "!QD,  que  j'ai  décrit  précédemment,  j'ai  pris  connaissance 
d'une  de  ses  sources.  C'est  un  opuscule  de  44  feuillets  petit  in-8, 
du  même  genre  que  les  pelits  livres  populaires  imprimés  à  Bagdad 
que  j'ai  décrits  au  cours  de  mon  étude  sur  la  récente  littérature 
judéo-arabe  dans  la  Zeitschrift  fiïr  Hebràische  Bibliographie,  XIÏ, 
p.  180,  n"  94-99.  Le  volume  n'a  pas  de  iVonlispice  et  commence 
p.  1  a  par  le  litre  :  'î<  ûrb  n''3n52TD  :  à  chaque  page  les  colonnes  portent 
en  titre  n-'SiMTD.  Il  y  a  là  en  tout  84  poésies  qui  se  divisent  en  six 
sections  d'après  les  jours  de  la  semaine  auxquels  ils  sont  deslinés. 
Ce  petit  recueil  a  donc  la  même  destination  que  la  première  partie, 
riche  de  123  numéros,  du  D"'-i"^ian  'o  de  Bagdad.  La  comparaison  des 
deux  ouvrages  montre  que  le  recueil  des  Pizmonim  a  servi  de 
source  au  grand  recueil.  L'auteur  et  l'éditeur  de  ce  dernier,  Ezra 
Dangoùr,  a  emprunté  une  partie  considérable  des  Pizmonim  des 
jours  de  la  semaine,  de  sorte  que  ceux-ci  forment  le  fond  de  sa 
première  section.  Il  a  même  conservé  en  partie  l'ordre  des  poèmes 
et  il  a  notamment  pris  les  premiers  poèmes  de  chaque  jour  pour 
les  mettre  en  tête  dans  son  recueil-,  à  l'exception  du  mercredi,  ou 
le  dernier  poème  du  petit  recueil  est  devenu  le  |)remier  du  sien. 

Voici  la  liste  des  numéros  du  petit  recueil  qui  sont  identiques  a 
des  numéros  du  D"'n"';a" 'o  ;  les  derniers  sont  ajoulés  entre  paren- 
thèses aux  premiers  ;  la  uuméiotation  des  a-'3i7:TD  est  de  moi. 

Dimanche  (\a-lb)  :  1 ,  2  (  l .  2),  3  (10),  4  (9),  5  (7),  6  (4),  7  (o),  8  (6), 
9  (I3i.  Le  M"  10  est  devenu  le  n"  88  du  û'^-i-'ffin'D  parmi  les  poèmes 
du  jeudi. 

Lundi  <-h-\ïl>]  :  13-17   22-20),  18  ^281,  19  (30),  20  32i,  21  (33). 

1.   Cet  i;xeniitlain'  a  étf  aci|uis  par  le  libraire  Liiisrliilz  de  Lomlres. 


126  REVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

Mai'tii  (146-2-26)  :  -24-27  {41-44),  28-29  (47-48j,  30  (52  ,  31  (45),  32 
(46),  3o  (49).  Le  n°  33  figure  dans  le  grand  recueil  comme  n°  254 
parmi  les  poésies  des  dix  jours  de  pénitence  ;  le  n"  34  y  ligure 
comme  n"  108  parmi  les  poésies  du  vendredi. 

Mercredi  (22é-28«)  :  39-41  (62-64),  42  i68),  43  (69),  44(74j,  48  (61). 
Le  n°  46  a  pris  place  comme  n"  40  parmi  les  poèmes  du  lundi  ;  le 
n°47  comme  no  54  parmi  ceux  du  mardi. 

Jeudi  (28a-37rt)  :  49  (81j,  50  (82),  51  (85).  52  (84j,  53  (86;,  54  (87), 
53  (93),  56  (961,  58  i'97),  60  (94),  61  r90,,  62  (92i,  67  '98).  Le  n°  57  est 
devenu  chez  Ezra  Dangoùr  le  n'  109,  un  des  poèmes  du  vendredi. 

Vendredi  (37a-446):  69-72  (101-104),  77-79  (105-107).  Les  n'-  74-76 
sont  chez  Ezra  Dangoùr  les  numéros  18,  17,  19,  pour  le  dimanche. 

Les  numéros  suivants  du  petit  recueil  nontpas  trouvé  place  dans 
le  grand.  Ce  sont  pour  la  plupart  de  ceux  dont  je  n'ai  pas  constaté 
la  présence  ailleurs. 

Le  n°  11,  le  dernier  de  ceux  du  dimanche,  est  un  assez  long 
poème  sans  nom  d'auteur  et  contient  une  veision  poétique  des  béné  - 
dictions  qui  ouvrent  la  prière  du  malin. 

Des  deux  derniers  poèmes  du  lundi,  le  n"  22  a  en  acrostiche 
pm  -^ibn  y-nm  et  commence  par  ces  mots  :  -n^  bî<b  ■'nT'O  ■'Tva  T"03K 
■'n:>i\ai  ;  le  n^  23  in;"i  iniro"'  npa  -^nDiD  in""!  est  d'Israël  NadjaraZc/;?/- 
rot  Israël,  n°  182*. 

Parmi  les  poèmes  du  mardi,  le  n»  36  commence  ainsi  :  nx  -in?: 
rr»  ib  -ina  uy  yap  o-^m  rc  -^nbiNa  ;  acrostiche  :  pm  iibn  -ViXKi.  Les  n''*37 
et  38  sont  des  poèmes  alphabétiques  anonymes.  Le  premier  a  un 
vers  qui  doit  se  répéter  après  chaque  strophe  :  ib  nsn»  ri7:n7:n-'  dn, 
nb  ■'SNT'b  Nin  -^Tin  et  la  première  strophe  est  ainsi  conçue  :  "^nariN 
nbita  rTDHN  cionnDN  nnsN  in  "»d  -"ab  *{ira  n3>an  ujf^D.  L'alphabet  ne  va 
que  jusqu'à  la  lettie  f/od.  Le  poème  n°  38,  d'une  structure  analogue, 
mais  sans  refrain,  commence  en  ces  termes  : 

n'îiao  D?  mbr!p7:D     -br:  -n  "j-cnn  pno     -bnn  bxb  iti?n 

Parmi  les  poèmes  du  mercredi,  le  n""  45  a  en  acrostiche  «  Isaac  » 
et  la  première  strophe  en  est  la  suivante  : 

nb-ibr    N-n2   ";cip   do  '7"ian''   '^-iDn-'    ■j-iarr» 

nbrw   ai-i    -Il   nbrs    'n   bit  "^^nn    -;mr;   ']'^-,r, 

et  ainsi  de  suite  :  dans  chacun»'  di's  (]nalr('  slroplifs  le  premier  et 
le  lioisièine  hémistiches  consistent  dans  la  repi'lition  i\n  niénïe 
mot.  Chaque  strophe  est  suivie  de  ces  verslormanl  rrlVain  : 


NOTES   ET   MÉLANGES  127 

Parmi  les  poèmes  ciii  jeudi,  le  n°  59  a  également  un  Isaac  pour 
auteur.  Il  commence  par  les  mots  •'^p'C^y  "ij:  T73  "^ns  î<;  ■'bi^ns  inv  — 
Le  n°  63  a  en  acrostiche  le  nom  d'Isaïe  comp.  les  n°^  142  et  106  des 
Pizmonim  de  Calcutta);  en  voici  le  début  :  ■^ds'TO"'  bx  a-'m-isn  aov 
■'rm2C?:T  ■'chto.  Le  n"  64  est  anonyme  ;  je  le  reproduis  ici  à  cause  de 
son  contenu  et  de  son  heureuse  forme;  c'est  un  appel  au  dormeur: 

abwsm   -ipin   -nx  ly  -jc-^p  ab^n   'OT3p   xbr:   "::i:n 

nz>iD  aba  bsb   a"^::nn72       w^izv  npri:  bip  ytz'cn   -j^rT.xn 

obin    nNi   n7:073  "by    □">n»iy         oi-it  nî<m   mi:    -jb   -jz    aip 

absTi-b   ibsT^  n-iay   t^nt  nmiay  imr-i"'  xb  -IwN   dn 

Db'ij   mTtbT   "^n    DTrbN-   rx  Tinrb   bsin   ^n  "^iira   «bn 

n73"ir    -PN  "'73    -«rcb   yi   a-^nbïîr;   -^rcb   '^Tizy   py 

Cet  appel  fait  allusion,  à  n'en  pas  douter,  à  l'exemple  des  musul- 
mans faisant  leurs  dévotions  de  bon  malin. 

Le  n°6o  commence  par  •^2ram  ■'-iwt  rs^m  ""snya  hni  bx  n:n  et  a  en 
acrostiche  le  nom  d'Abraham.  Peut-être  est-ce  Abraham  Ibn  Ezra  : 
dans  la  seconde  liste  qui  se  trouve  à  la  fin  de  son  Diwan,  dans 
l'édition  Egers,  est  mentionné  un  numéio  commençant  par  b»  n3N. 
—  Le  n°  i'A)  "iwrr"'  •^s'toi  -^ab)  est  d'Israël  Nadjara  Z.  /..  I4()  .  —  Le 
n°  6S  a  en  acrostiche  pm  ""-.br:  pn::-»  et  le  commencement  en  est  :  îT" 
mon  •jT'irbn  "«Dnc  -inr  ai;-»  "vvi  ■'s  *jb  ■•3'iTy  m::. 

Parmi  les  poèmes  du  vendredi,  le  n»  73,  qui  a  en  acrostiche 
nwbo,  commence  par  "^b  ']i-i5'i<  npia  ■>"■>.  —  L'acrostiche  du  n^cSO  est 
■^ibn  pni:"'  T'st:  fpeut  êlrc  identique  avec  le  Méir  Halévi  du  n»  36  et 
le  Isaac  Halévi  du  n"  68  .    La  première  strophe  est  ainsi  conçue  : 

mi-^r,r\    rr:^    m-i73i  r^izir,    n:T'    -"-^li:   -«p?: 

(Au  lieu  de  ""nii:  lire  mi:  et  prendre  "^nT:  dans  le  sens  de  "^nw  iy. 
«  Les  iils  de  la  servante  »,  c'est-à-dire  d'Agar,  sont  les  arabes,  les 
musulmansi.  Les  n""*  81-83  ont  pour  auteur  Eliyahou  ;  en  voici  les 
commencements  l'espectifs  :  ^-T1N  rr^^n»  nPNT  ■'pbrrn  "«ny  ^riba  ;  t^ûn 
tnD''i  aia  "ôy  non  no  arira  bsb  ;  -mas  abiyn  Nb?^  inab  ■«"'«b  rrnN. 
La  mélodie  n'est  indiquée  que  pour  un  seul  numéro.  Le 
n'^  68  a  pour  titre  :  "«ssin  t^t"  "[nb  "^ibn  pn^-^  itû-'d  ;  c'est  la  mélodie  du 
poème  qui  figure  dans  le  giand  recueil  de  Bagdad  parmi  ceux  du 
mardi  n"oO,  p.  ^2Aù).  Il  a  deux  strophes  (acrostiche  rr'  .  mais  était 
peut-être  plus  long  à  l'origine  (acrostiche  primitif  :  T:':^'^'^  ?;  ;  ces 
deu.x  strophes  ont  les  mêmes  genres  d'hémistiches  et  les  mêmes 
rimes  que  notre  n''68(voir  plus  haut).  En  voici  le  commencement: 

ainb  -^ab  -«d     -airTs  -"îi:?):  av::  airiN  "«b  npx     '::n  "-ran  T'T' 

Budapest.  W.    BacHEK. 


BIBLIOGRAPHIE 


liEYUE  BIBLIOGliAPHIQUE 

ANNÉES  1909  ET  1910  ' 


(Les  indications  en  françnis  qui  siciceiH  les  tilri's  hébreux  ne  sont  pas  de  l'auteur  du  livre, 
mais  de  l'auteur  de  la  hiblioijraphii',  à  moins  i/u'elles  ne  soient  entre  guillemets.) 


1.  Ouvrages  fn'breux. 

I^n-j,  NT^nu:  "ira-n  ni:;»  'o  Igereth  Rav  Scherira  Gao.n  (The  Lelter  ol"  H. 
Sherira,  Gaon).  Collated  from  varions  texts  and  edited  wilh  a  crilical 
Commentary  «  Pathshegen  Hakethab  >>  by  Aaron  Hvman.  Londres,  ini- 
primorie  «  Express»,  1910  (5671);  in-S"  de  110  p.  :j  fr, 

Aiiv  observations  de  M.  Poznanski,  Revue,  LXI,  154,  ajoutons  que  lediteur 
lia  pas  reproduit  lidèletnent  léditioti  princeps,  comme  nous  nous  en  sommes 
assuré  en  collationnant  iiueliiues  pages.  A  la  fin  (p.  106-109)  est  reproduite 
la  consultation  de  Sclierira  sur  les  titres  des  docteurs  du  Talmud,  citée  par 
l'Aroucli,  s.  V.  ^^3N. 

C3''br>:;-|iT  irs:  rariN  'o  Varianten  iind  Erganzungen  des  Textes  des 
Jerusalemischen  Talmuds  nach  alten  Quellen  iind  handschriftliclien 
Fragmenten  edierl  iind  mit  kritisclien  >'oten  iind  Erliiiileniiigen  ver- 
sehen  von  B.  Hatnek.  Traktat  Joina.  Wihia,  chez  railleur,  l'JO'J  ;  in-S" 
de  118  p. 

Compte  rendu  de  M.  Hacher,  Heviie,  LX,  lol-l"i4. 

pns  "'bnN  54  consultations,  précédées  de  mNtt?  n",  dix  sermons  Mir 
Israël  parmi  les  nations,  par  El.  A.  Mileikowski.  Grajewo  Pologne  russe;, 
chez  l'auteur,  190U  ;  in-S"  de  168  p. 

1.  L'abondance  des  matières  ne  nous  a  permis  de  retenir  de  la  littérature  néo- 
hébraïi|ue  que  les  productions  ayant  ou  paraissant  avoir  un  caractère  scientifique  ou 
histori(|ue,  à  l'exclusion  des  (lublications  littéraires,  politiques,  etc.  Nous  lenvojons 
jiour  le  sur]dus;i  Ia  Zeitschri/'l  fi'ir  hebriiische  Diblioyiap/tie,  où  M.  \V.  Zeitliu  siirnale 
depuis  ipiiliiue  trmps  avec  beaucoup  df  soin  toutes  les  nouveautés  di'  celli'  iiltéralure. 


BIBLIOGRAPHIE  129 

'^N-iu:"'  — ,X"!S  Ozar  Yisrael.  An  Encyclopedia  of  ail  nialters  concerning 
Jews  and  Judaism,  in  Hebrew,  complète  in  10  volumes,  J.  D.  Eisenstkin 
editor.  Volume  III  :  na-Nîia.  Volume  IV  :  ^nn-aXT.  New-York,  chez 
l'éditeur,  1909  et  1910  ;  2  vol.  in-4«  de  iii4-320  el  v+320  p.  à  2  col.,  ill. 
Compte  rendu  des  ileux  premiers  volumes  Revue,  LVIU.  130-132.  La 
publication  de  cette  Encsclopédie  avance  assez  vite  pour  que  l'éditeur  puisse 
en  annoncer  la  fin  prochaine.  Il  continue  à  compiler,  avec  ses  aides,  des 
articles  L'rands  et  petits,  justes  dans  l'ensemble  et  inexacts  dans  le  détail,  à 
peu  près  uniformément  dépourvus  d'originalité  et  de  hardiesse  ;  il  méprise  la 
critique  biblique,  détend  l'authenticité  du  Zohar  en  gros  et  s'excuse  auprès  de 
ses  lecteurs  de  se  servir  de  l'ère  vulgaire.  Dresser  la  liste  de  quelques  articles 
importants,  confiés  à  des  collaborateurs  de  choix,  c'est  l'aire  le  bilan  scien- 
tifique de  l'entreprise:  Bosnie  Rosanès  ,  Byzantin,  empire  (Cassuto).  Oeuf 
(M.  Friedmaim).  "n"nm72D3,  famille.  Belgrade  Rosanès',  Ben  Zoula. 
caraïte  fPozuanski),  Ben  Méir  (Z.  H.  Jafé\  Ben  Sira  (l'éditeur),  descendants  de 
Moïse  Lazar),  Benjamin  Nahawendi  Poznanski),  Baal  Schem,  divers  (Giinzig), 
Breslau  (Wiernikl,  Gallico.  famille  (Cassuto  ,  Gabbaï,  famille  (Cassuto,  Wet- 
stein),  Goi  (l'éditeur  .  Djilibi,  titre  (Rosauèsl,  Guematria  (Bâcher),  Gènes 
(Cassuto),  Giron,  famille  (Rosanés),  Germanie  «u  Allemagne  (G.  Deutsch. 
plus  étendu  dans  Uakedetn,  11).  Dob  Béer  de  Miziricz  (Giinzig),  Diinmeh 
(D.  Benjacob,  de  Salonique  ,  Damas  (Rosanés).  Afrique  du  sud  (Landau,  rabbin 
à  .lohaunesburg),  Haï  (Harkavy),  Inde  (Ezéchiel,  rabbin  à  Bombay  ,  Hollande 
(Deutsch),  Horovitz,  famjlle  (Friedbergi,  Isaïc  Horovilz  (Rosanès).  Hoschana 
rabba  (Marmorstein),  Widdin.  Vital,  cabbaliste.  Ibu  Verga  (Rosanès), 
Hazzanout  iMinkowskii,  Hayyoudj  (Bâcher),  Hivi  ha-Balkhi  Héfer.  h.  Ya.;liali 
(l'ozuaiiskii. 

Hd  -liTiN  'o  Uépertoii-0  alphabéliiiue  des  maximes  et  sentences  talmu- 
diqucs.  parK.  W.  Perl.  Tome  1.  I.ublin,  impr.  A.  Feder  ;  in  8"  de 
3H— 36  p.  R.  1,  50. 

Beaucoup  plus  complet  que  le  D"<7ûDn  p"jb  "liTlN  du  même  auteur  (Revue, 
XLIII,  218).  ce  répertoire  contient  pour  ainsi  dire  toutes  les  phrases  qu'on 
peut  détacher  du  Talmud  :  il  pourra  servir  d'aide-mémoire  ;  le  premier  vol. 
va  jusqu'à  la  fin  de  la  lettre  3.  Dans  l'appendice,  l'auteur  explique  (juelques 
sentences  du  Talmud.  puis  veut  montrer  que  Hyman  l'a  pillé  dans  son    f~l^a 

^B^.HfZ  m-,-is  Oi-ot  Meolel.  Gelegenheitsgedichte  von  .M.  On.  Luzzatto, 
heiausgegeben  vonB.  Friedberg.  Francfort-s.-M  ,  Siinger  et  Fricdberg, 
1910;   in-S"  de  8  p. 

V"i»7a  ri72X  'z  Tiaducliun  abrégée  de  F.  Vigocroux,  La  Bible  el  les  décon- 
certes modernes,  par  Elia  K.v/.v/..  Odessa,  1908  (5669  ;  pet.  in-S»  de 
vni-fl32(4-l)p. 

Voir  le  compte  rendu  de  .M.  Poznanski,  /{ef«e,LVlll,31o-;il8,  et  cf.  Z.f.  II.  II., 
Mil  (1909),  m. 

ynxr  r-i7:x  Décisions  du  rabbin  T'iiT  d'Alep.  Jérusalem,  imprimerie 
Azriel,  1910;  in-4". 

r-,T«7û'C"':::Nr!  L'Aidisémilisme,  par  Bernard  Laz.are,  traduction  abrégée 
de  M.  ll.sBiNSuii.N.  Wilna,  1909  ;  in-S"  de  IsO  p.  (Bibli(illi.'.|ue  du  jour- 
nal pTH  nn,  I). 

T.   I.Ml.  N»  12.!.  i> 


130  REVUE   DES   ÉTULlES  JUIVES 

INTT'p  "^OSN  «  Esquisse  historique  sur  les  Juifs  de  Kairouan,  par  Sanniel 
PozNANSKF  ».  Varsovie,  1909;  in-8"  de  47  p.  (tirage  à  part  de  la  Fesl- 
schrifl  Harkavy) . 

Voir  Revue,  LXI,  297  et  s.,   iiiit.ininiciit  p.  :îl4-5. 

ïTT'NWrî  N"'-ibpDDN  '0  Histoire  des  !at)liius  depuis  la  construction  du 
second  Temple  jusqu'à  la  clôture  du  Talmud,  leur  vie  et  leurs  mœurs, 
les  halachot  et  les  aggadot  de  cliacun  deux  citées  dans  le  Babli  et  les 
Midraschim,  par  Ch.  Sliwrin.  Première  partie.  Londres,  imprimerie 
H.  (iinzburg,  1907;  in-S"  de  vii+8+80  p 

Cette  première   partie    est  consacrée  aux  rabbins  depuis   Siméon   le  .lu<tP 

jusqu'à  Isniaël  b.  Elischa  et  réunit  pour  chacun  d'eux  les  passages  du  Taiinuil 

de  Babyloue  (dans  l'ordre  des  traités)  et  du  Midrascli  Rabba  où  ils  sont  cités. 

L'ouvraj^e,    s'il  est  jamais  terminé,   sera  utile  à  ceux  qui  n'ont  pas  le  Séder 

Hadorol. 

J3''-iC"'  mN  Commentaire  des  aggadot  talmudiques,  par  M.  H.  Taksin. 
Pétrokow,  1909  ;  2  vol.  in-8»  de  225  et  214  p. 

'^iD^aNn  Haeschkol.  Hebraisches  Sammelbuch  fiir  Wissenschalt  und 
Literatur,  herausgegeben  von  I.  Gûnzig.  Band  VI.  Cracovie,  imprimerie 
J.  Fischer  (chez  Téditeur,  à  Loschitz),  1909  ;  in-S»  de  iv+270  p.  K.  2,  60. 

Les  annuaires  littéraires  et  scientifiques  sont  souvent  négligés  des  savants, 
qui  ne  les  trouvent  pas  assez  sérieux.   Celui-ci  est  pris  en  majeure  partie  par 
la  science  et  par  J'érudition  ;   il  est  remarquable  qu'un  recueil  rédigé  pour  te 
grand  public  offre  tant  d'intérêt  pour  les  spécialistes.  Ils  trouveront  peu  à 
glaner,  il  est  vrai,  dans  l'article  de  M.  Bernfeld,  le  maître  de  la  vulgarisation 
historique,  sur  l'époque  du  retour  de  l'exil  (p.  12-33)  et  dans  celui  de  S.  Kubin. 
le  maître  de  la  vulgarisation  scientifique,  sur  l'astronomie  de  la  Bible    p.  tiO- 
79).  Mais  les  textes  publiés  et  des  articles  de  fond  leur  donneront  satisfaction. 
L'édition  du  Machkim  par  M.  J.  Freiniann,  avec  une  introfluction  savante,  on 
de  nombreux  [loints  sont  élucidés,  sauf  la  personnalité  et  la  patrie  de  l'auteur 
(p.  94-162),  a  été  appréciée  par  M.  Wellesz  [Revue,  LXI.  154-1601  :    notons 
que  la  bibliothèque  de  Nîmes  possède  un  ms.  de  cet  ouvrage  [Revue.  111,  2;>2  . 
M.  Davidson  publie  une  imprécation  en   prose  et  en  vers  du  poète  |>arodiste 
Juda  ibn  Sabbatai  (xnr  s.i,  dirigée  contre  des  Juifs  saragossais  (p.  16;j-17."ii, 
et  M.  Lewinski  un  règleiuLMit  de  la  communauté  de  Hildesheim  jnépaié  en  17(16 
par  le  rabbin  David  Oppenlieim  de  Prague  (p.  236-240).  M.  S.  Hurwilz  détache 
un  chapitre  (le  4*)  dune  étude  sur  le  hassidisnie  et  la  liashala  (p.  41it8:  voir 
plus  loin  à  Tryn).   M.  1.  Steiner  tente  une  nouvelle  explication,  plus  invrai- 
semblable que  les  autres,  du  terme  mblDU^N,  par  <|uoi  il  entend  les  dépots 
d'argent  (nbl-'O)  "l'Uis  le  temple  de  Jérusalem  (p.  2o3-2.j6),  et  M.  N.-S.  Libowilz 
lirétend  explitiuer  les  aggadot  sur   Akiba   et   la  femme  de    <(  ïurnus  Bul'us  • 
(p.  257-2uS).  Le  même,  rendant  eom|itc  de   l'édition  des  lettres  de  Léon  di' 
Modéne  par  M.  Blau  (p.  246-251),  rectilie  quelques  détails  et  se  plaint  natu- 
reil'jment  d'avoir  été  plagié.    M.  S.  Funk  essaie  d'identiiicr  les  fêtes  baby- 
loniennes citées  dans  .16.  z.,  1 1  />  (p.  259-260  ;  cf.  Revue,  X.VIV,  2:i6  et  s  I.  — 
Mais  nous  avons  h;\te  d'en  venir   aux   deux  études  vraiment  im|»orlantes  (|ue 
ce    recueil   contient.    L'une,   de  M.  A.  Epstein,  est  consacrée  aux   éditions  du 
Vaikoul  (p.  183-210).    Développant   sa  lettre  à   M.  Criiidiut   [Haeschkol,  IV. 
21.!)    i'(    lérniant    les   assertions  contraires  de    ce  dernier    \ihid.,    V,   259),    il 
elablit   torti'nieiil  que  Méir  l'riii/.  l'iMliti'ur  de  ViiiIm'   mue   taule  d'impression 


ItlBLlUGHAPHlt  131 

lui  tait  iliri'  plusieurs  fuis  .<  ileViciiUf  »),  uièine  s'il  a  eu  à  sa  dispusitiou  îles 
niss.  du  V.tlkout,  a  pris  pour  hase  de  sou  l'ditiou  celle  de  Saloni(|ue.  mais  e» 
eu  modiliaut  trop  souvent  les  références,  uotammeiit  dans  les  renvois  aux 
Miilrascliini.  11  importe  de  savoir  que  par  «  Midrascli  »  fout  court,  l'auteur  du 
Yalkout  ou  le  piemier  éditeur  désignait  (sauf  pour  les  Proverlies)  les  petits 
Midruseliim  de  basse  époque  [Otiot  de  H.  Akiba.  M.  Viujoscka,  M.  Abchir, 
etc.).  Cliemiu  faisant.  M.  E.  nous  renseigne  sur  Tordre  des  livres  bibliques  et 
la  numérotation  des  Psaumes  dans  le  Valkout,  signale  de  nouvelles  citations 
du  M.  A/ichir  et  tire  au  clair  les  renvois  au  Yelamdénou.  La  conclusion  de 
tout  cela,  c'est  que  nous  aurions  grand  besoin,  en  attendant  une  édition 
critique  du  Yalkout,  d'une  réimpression  de  celle  de  Salonique.  —  L'autre 
étude,  de  M.  Wetstein,  fournit  des  contributions  importantes  à  lliistoire  des 
Juifs  en  Pologne,  d'après  la  littérature  rabbini<jue,  des  documents  d'archives 
et  des  inscriptions  tombales  :  1°  c'est  déjà  en  1499  (|ue  le  roi  de  Pologne 
chargea  un  Juif  de  répartir  l'impôt,  et  c'était  R.  Fischel  de  Cracovie.  ([ui 
mourut  martyr  :  2°  R.  Jacob  Pollak  ne  fut  pas  rabbin  à  Lubliu,  mais  à  Cracovie, 
où  il  s'établit  après  avoir  été  obligé  de  quitter  Prague,  dont  il  lit  un  centre 
d'études  rabbiniques  et  qu'il  «lut  fuir  trente  ans  après  ivers  1492-i.'i22' ;  IJ"  il 
avait  ditl'amé  Samuel,  chirurgien  de  Bona.  femme  de  Sigismond  1,  et  dont  le 
petit-fils,  Ascher,  mourut  martyr  en  1631  ;  4"  en  1564.  les  Juifs  de  Cracovie 
célébrèrent  une  fête,  sans  doute  parce  que  le  rtii  Sigismond-Auguste  rapporta 
une  mesure  hostile  de  la  municipalité  :  il  défendait  d'ailleurs  les  Juifs  contre 
les  excitations  des  jésuites  et  les  désordres  de  leurs  étudiants  ;  o"  Moïse 
Isserlès  avait  près  de  40  ans  (non  oO)  quand  il  mourut;  la  synagogue  qui 
porte  son  nom  a'  été  édifiée  par  son  père  ^p.  211  et  s.). 

~i3'wJ<r;  ""120  Séfer  Ha-Eschkol  des  R.  Abraham  b.  Isak  ans  .Xarboiiiio 
(xi.  Jahihiindertj,  auf  Griind  von  zwei  Handschrirten  ediert  und  kom- 
mentieit  von  Schulein  Albeck.  I.  Lieferung.  Berlin,  imprim.  Itzkowski, 
l'.UO  ;  in-S»  de  80  p. 

B.  H.  Auerba.h,  rabbin  de  Ualburstadt.  a  édite  .'ii  1867-lS6y  la  majeure 
partie  du  S.  ha-Eschkol  du  rabbin  narbonnais  Abiaham  b.  Isaac  (xii'  siècle, 
et  non  xi'l.  Dans  son  introduction,  il  dit  s'être  servi  d'un  vieux  manuscrit 
espagnol  en  mauvais  état.  Cette  édition  avait  à  peine  paru  que  R.  Kirchheim, 
d.ins  la  Zeilschrift  de  Geiger  (VI,  47  et  s.l  et,  sur  ses  indications,  Schorr 
dans  son  Halouç  (VllI,  168  ;  cf.  XI,  6o)  accusèrent  Auerbach  d'avitir  copié 
autrefois  le  manuscrit  de  Carmoly  à  Francfort  sur-le-Mein  et  d'y  avoir  intro- 
duit piistérieuremeut  la  miMition  d'un  manuscrit  du  rabbin  .Moïse  de  Merzig 
Iprès  de  Trèvesl  pour  masijuer  sa  fraude  et  les  falsitications  de  son  édition. 
Kirchheim  était  une  mauvaisi-  langue,  (ieiger  un  réfoiinatenr  et  Silioir  un  . 
i-maucipi'.  AuiTliach,  (|ui  était  un  par'angon  d'orthodoxie,  lit  la  sourde  oreille; 
seulement,  a  la  mort  de  Carmoly,  il  acheta  son  manuscrit.  De  toute  cette  affaire 
il  ne  restait  ((u'un  vai^ue  sou|)i;on  ilans  la  mémoiri'  des  initii'S  lors(ju'à  la  lin 
de  1908.  un  savant  de  Varsovie,  S.  Albeik,  a  (pii  l'on  doit  une  idition  partielle 
du  Hahon,  lança  un  prospectus  (3  p.  in-4")  on  il  annonçait  une  réédition  du 
S.  Itn-Esckliol,  rendue  nécessaire  par  les  larunes  et  les  altérations  du  pniniei- 
éditeur.  Grand  émoi  dans  certain  parti,  qui  chargea  MM.  Ehrentreu  et 
J.  Schorr  de  défendre  la  mémoire  «l'Auerbach  et  de  prouvei  l'authenticité  de 
son  édition  ;  cette  apologie,  intitulée  p^nstn  npllt,  fut  renforcée  d  une 
consultation  de  M.  I).  Hotlïnami  et  d'une  «déclaration»  de  M.  Berlioer. 
A  ipioi  .M.  A.  riposta  par  un  pamphlet  incisif,  ^12'ONn  ~1D13. 

La  comparaison   de   l'édition  .Auerbacli  avec  le   [iremiei    fascicule  de  celle 
d'Albeck,  basée  sur  le  ms .  Carmoly,  et  avec  le  ms.  de  r.\lliance  Israélite  (v. 


132  BEVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

Revue,  XLIX,  79  ;  écriture  espagnole,  copiste  Juda  b.  Aarou  nous  a 
convaincu  que  le  S.  Ua-Escldol  édité  par  Anerliach  est  altéié,  sans  quou 
puisse  toujours  accuser  l'éditeur.  Les  arguments  échangés  dans  la  polémique 
n'emportent  pas  la  ciinviction,  mais  M.  Albeck  doit  avoir  raison  dans  le  fond. 
Du  reste,  les  pièces  du  procès  sont  entre  le  mains  des  lecteurs  :  ce  sont  les 
deu\  éditions.  Prenons  le  commencement.  Le  ms.  Carmoly  a  perdu  sa  pre- 
mière page  :  elle  est  remplacée  dans  l'édition  ,\uprbarli  par  trois  lignes  et 
demie  (jusqu'à  ■>~|"*3'T  NPN  "'3)  qui  sont  une  citation  talmudi(|Ue  rapportée 
(replâtrage  analogue  dans  Tédition  des  Consultations  de  Hayyim  Or  Zaroua  : 
V.  fieviie,  LUI.  267;  et  par  deux  lignes  (jusqu'à  min  "^n^lb'  qui  sont  une 
restitution  de  la  citation  d'Alfasi.  Un  peu  plus  loin  un  long  passage  (p.  1.  1.  8 
—  p.  2,  1.  10)  qui  ne  figure  dans  aucun  des  deux  manuscrits  et  (|ui  sent 
l'interpolation.  Et  ainsi  de  suite.  Mais  d'autre  part,  le  texte  de  l'édition 
.^uerbacli  s'accorde  souvent  juscjue  dans  des  détails  d'orthographe  avec  le  ms. 
de  Paris  (inconnu  d'.\uerbacli)  contre  celui  de  Carmoly  :  nous  avons  noté  une 
dizaine  de  lectures  en  quelques  pages.  Il  nous  paraît  certain  :  1°  qu'Auerbacli 
s'est  servi,  en  outre  du  ms.  Carmoly,  d'une  autre  copie,  quoi  qu'on  pense  de 
l'histoire  assez  invraisemblable  du  ms.  de  Moise  de  Merzig:  2»  qu'il  n'a  repro- 
duit fidèlement  aucun  des  deux  manuscrits. 

C'en  est  assez  jtour  justifier  la  nouvelle  édition  de  M.  .Albeck.  que  M.  HoH'- 
maim  lui-même  juge  «fort  désirable»,  d'autant  plus  que  .M.  \.  possède  une 
immense  érudition  dans  la  littérature  rabbinique  et  est  doue,  je  ne  dirai 
pas  d'un  esprit,  mais  d'un  flair  critique  étonnant.  Il  a  pris  pour  base  le  ms. 
Carmoly  et  a  noté  les  variantes  (mais  pas  toutes)  de  celui  de  Paris  :  celui-ci  a 
naturellement  fourni  le  début  (pas  très  exactement  non  plus).  Une  plus  grande 
fidélité  aux  manuscrits  serait  nécessaire.  Le  commentaire  est  précieux  :  il  ue 
pèche  parfois  (jue  par  excès  de  longueur  :  de  grandes  notes  sont  de  pures 
digressions,  d'ailleurs  fort  instructives.  Les  renvois  à  l'Introduction  font 
entrevoir  de  nombreuses  trouvailles  ([ui  renouvelleront  en  partie  l'histoire  de 
la  littérature  rabbinique,  depuis  le  Séder  de  R.  Amram  et  les  Consultations 
des  Gueonim  jusqu'aux  codes  halachiques  de  France  et  d'Espagne,  et  dont  on 
a  dès  maintenant  un  aperçu  dans  l'étude  sur  Juda  b.  Barzillai,  qui  vient  de 
paraître  dans  les  .Mélanges  Israël  Lewy  ;  il  y  est  prouvé  que  le  Se/'er  ha-Ittim 
a  alimenté  le  .S.  ha-Eschkol,  le  S.  ha-Ora  (ou  ha-Oré  ;  les  deux  doiveut  être 
justes,  c'est  un  jeu  de  mots)  et  le  recueil  Schaàré  Teschotiba.  Cette  introduc- 
tion promise  et  les  notes,  même  réduites  au  strict  nécessaire,  vaudront  à  elles 
seules  l'édition, 

D'^Tybrî  1003  D'^NiîîJin  amN^nn  «Gloses hébraïques  du  Glossaire  hébreu- 
français  du  xiie  siècle  »,  par  M.  L.\.mbert.  Paris  (Berlin,  impr. 
Itzkowski),  1909  ;  in-S»  de  24  p.  (tirage  à  part  de  la  Fslschrift  Harkavy). 

Le  ms.  302  de  la  Bibliothèque  Nationale  ne  contient  pas  seulement  les 
gloses  françaises  éditées  par  MM.  Lambert  et  Brandin  sous  le  titre  de  Glos- 
saire hébreu-franiuis  du  XIII'  siècle  (Paris,  19051,  mais  encore  des  gloses 
hébraïques,  que  M.  L.  publie  ici  pour  la  partie  qui  porte  sur  le  Pentateuque 
et  les  Meguillot.  Ce  sont  des  explications  très  brèves  qui  donnent  soit  un 
équivalent  du  mot  glosé,  soit, un  autre  verset  où  ce  mot  revient,  (|uelquefois 
un  renvoi  au  Targouin  ou  même  à  un  exégète.  .M.  L.  a  réuni,  en  outre,  tnHS  les 
passages  où  ces  exégètes  sont  cités.  Menahem  b.  Saiduk  occupe  la  pre- 
mière place  (quelques  citations  nouvelles),  puis  vient  Uasclii  ;  il  est  remar- 
quable que  les  autres  représentants  de  l'école  française  soient  si  rarement 
mentioimés  :  une  fois  Samuel  b.  Méir  et  une  fois  Joseph  Kara;  les  mentions, 
uniques  aussi,  d'Elié/.er  de  Beausrency  et  de    Joseph   Beclior-Schor  sont  sans 


BIBLIOGRAPHIE  «33 

doute  il  rayer.  Cntte  puhlicatioii  aidera  à  retrouver  les  sources  de  l'auteur  du 
irlossaire. 

rnTTsr;  y~:X3  En  Orient.  Pi-emiére  et  deuxième  parties  :  dans  les  colonies 
juives  de  Galilée  et  de  Judée,  par  A.  S.  Herschueri;.  Wilna,  1910; 
in-S"  de  ix  +  344  p.  (^Bildiothèque  du  journal  "jT^Tn  iri  . 

■'ibn  îT'n  Gloses  cabbalistiques  sur  le  PentateiKjue,  par  R.  Frae.nkel. 
Lemberg,  chez  Tauteui',  l'.HO;  in-8°de  (4  -f   32  ff. 

■«ns  tlOT»  n"'3  'o  Reth  .ïosef  Zebi  zum  Traktat  Sukka,  von  S.  Carlebach. 
Berlin,  éditions  «  Hausireund  »,  1910;  in-S"  de  530  p. 

Le  titre  hébreu  complet  e.vplicjue  l'utilité  et  la  valeur  de  ce  gros  volume  : 
«  y  sont  réunis  tous  les  textes  indiqués  par  la  Massoret  lia-Schass,  les  Notes 
d'Isaie  Berlin  et  d'Aliba  Eger,  Rasclii  et  les  Tossafot.  de  manière  qu'il 
devient  inutile  de  les  cherctier  sur  place,  —  travail  et  non  science  ». 

'^NT^J"'  r'^3  Dix  dissertations  sur  les  sabbats,  les  fêtes,  etc.,  par  Méir 
Yoël  WiGADER,  de  Dublin.  Jérusalem,  inipr.  Luncz,  1910;  in-8". 

apy^  ■'T'Da    Consultations  de  Jacob  Haï  'jrT'iT   de  Tibériade.  Jérusalem, 

impr.  Azriel,  1909. 
i3Tn32T  iro:  mpa  mn  m-i  nx  d"^~i;  "7:3  Wip  heben  icir  den  reliuU'tsen 

Sinn   unserer  Mâdchen    und  Frauen  ?  par  D.   Kaufmann,   traduit    par 

M.  Kamionski.  Jitomir,  1909;  in-8°  de  1(3  p. 
C^brcrs  '^:"»:3  'O  Les  formes   verbales  du  Pontateuque,   par  Aryé   Leïb 

Gordon,  édité  par  Eliahou  Landau.  Jérusalem,  impr.  Luncz,  1910  ;  in-S". 

rT'CNia  Liber  Genesis,  capitula  selecta  (i-iv  et  xn-xv),  sine  punctis; 
«uravit  G.  Wilrins.  Dublin,  Hodges  Figgis,  1909  ;  in-8°  de  22  p. 

C3Tj'?N  nnriN  ■'Cj-in  nTirsc  liin  Benedicti  de  Spinosa  Anior  Dei 
inlellertualis  in  sechs  Dialogen  bildlich  dargestellt  von  S.  Rlbin.  Pod- 
gorze,  impr.  Deutsolier,  1910;  in-8^  de  31  p. 

a"'5®")"i"'i  mi""'  "liNS  L'habillement  et  le  costume  à  l'époque  biblique,  par 
Salomon  Uubin,  avec  introduction  et  notes  par  A.  S.  Hkrschberc  i faux- 
titre  :  T^ai-i  riTibo  -i"i  "lar^  b:,  II).  Varsovie,  éditions  «Tuschijah», 
1910;  in-8o  de  xu  +  124  p.  ,r:b"n3  r!p%-ivb3"'3,  première  année, n"s  2-3). 

R.  1. 

Les  notes  de  l'éditeur  et  la  table  des  matières  se  trouvent  dans  le  ii°  14   de 
la  même  collection,  «pii  contient  la  Morale  lm'i:2n  'O'  de  Rubin. 
r-|?n  ■'Vd'^S  Gloses  sur  Yoré  Déa,  .ïS  60-G9,  par  S.  M.  Schwadson.  Szatmar, 

impr.  de  Klausner,  1910;  in-l'^de  14  tT. 
173T^3  DT*  "I3n  '0  Ephémérides  ou  mélanges  talmudiques,  midraschiques 
et  rabbiniques  pour  les  différentes  circonstances  de  lanu'ée  religieuse, 
par  Hayvim  Knoller,   impr,   Knoller.  Deuxième  partie  :   de  Rosch  lia- 
Schana  à  Nissan.  Przemysl,   1909  ^5670i;  in-8o  de    1  -^  118  flf.). 
Première  partie  annoncée  Revue,  LV'L  133. 

C»3inD  "«-isi  Anthologie  des  Hagiographes  (Psaumes,  Proverbes.  Job)  à 
l'usage    de  la  jeunesse,    ordonnée  et  expliquée  par  J.  Ch.  Rumnt/.kv, 


134  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

Ch.  N.   BiALit  et  S.    Bkn-Tzion.   Odessa,  éditions   «  Moriah  »     Cracovic, 
impr.  Fischer),  1908  ;  in-S»  de  137  p.  R.  0,50. 

CN'^s;  "^"i^n    Anthologie    des   Prophètes,    à   l'usage  de  la  jeunessse, 

ordonnée  ete\plii[né(^  par  J.  Ch.  Raw.nitzky,  Ch.  N.  Bialik  et  S  Ben-ï/ion. 

Tomes  1  fisaïe,  .léréniie   et  II  (Ezéchiel,  Petits   Prophètes).  Odessa,  éd. 

»  Moriah»    /Cracovie,    impr.   Fischer),   1907-1908;  2  vol.  in-8<' B.  0,50 

chaque. 
!-nu:n  ^3T  Récits  de  rabbins  de  Hassidim,  par  Dob  Bef.r  Bylgoray,  1909; 

in-4'^  de  80  p. 
Tin-i  N33n  Histoire  de  la  communauté  de  Dubno,  extraits  de  ses  actes 

fyjm/a'5)etépitaphes,  parCh.  W.Mar(;olies.  Varsovie,  impr.  «  Hazefirah  », 

1910  (5671);  in-B"  de  192  p.,  2  fig.  R.  1,50. 

Dubno  est  une  petite  ville  de  l'ancienne  Wolhynie  (8.000  habitants , 
."),000  .juifs),  qui  fut  assez  florissante  au  xviii«  siècle,  sous  les  Lubomirski.  Deux 
juifs  de  Dubno  simt  mentionnés  en  1607;  la  communauté  fut  éprouvée  pen- 
dant la  révolte  des  Cosa(|ues  (p.  9).  Des  autorités  ial)l)iniques  de  moyenne 
grandeur  s'v  sont  succédé  ip.  13  et  s.)  ;  elle  est  la  iiatrie  de  la  famille 
Marsclialkowitz  et  de  Saiomou  Dubno;  Senior  Saehs  y  connut  l'emprisonne- 
nient  et  Ihospitalité  (p.  23)  ;  une  imprimerie  y  fut  ouverte  en  1794.  La 
synagog:ue,  dont  la  vue  d'ensemble  et  l'entrée  sont  reproduites,  a  été  bâtie 
de  1782  à  1794.  La  communauté  entretient  diverses  institutions  éducatives  et 
philanthropiques  (p.  32  et  s.).  La  majeure  partie  du  volume  (p.  40-182)  con- 
tient des  extraits  du  pinkès  de  la  communauté  (depuis  1715),  divers  actes  dont 
les  originaux  appartiennent  à  l'auteur  ou  lui  ont  été  communiqués  par  la 
châtelaine  de  la  ville;  la  plu»  importante,  de  1766,  sur  la  réi>artitiou  de 
l'impôt  entre  les  communautés  juives  de  la  Wolhynie  (p.  97  et  s.),  a  déjà  été 
publiée  par  Harkavy  :  quelques  pièces  sont  en  judéo-allemand:  serment  des 
contribuables  (p.  88  ,  serment  du  scheladlan  à  son  entrée  en  charge  (p.  121). 
Dommage  que  l'auteur  n'ait  pas  essayé  de  reconstituer,  à  l'aide  de  ces  docu- 
ments, l'activité  commerciale,  l'organisation  financière  et  la  vie  religieuse  de 
la  communauté.  A  la  tin,  copies  de  72  épitaphes  de  rabbins,  notables,  etc. 
(p.  183  et  s.).  Monographie  utile. 

"mN3bî<0  INO  bNiD73  y[^  Don  Manoël  San  Salvador,  récit  de  l'époque  de 
l'expulsion  des  .luifs  d'Espagne,  traduit  de  l'hébreu  par  H.  Ben-Attar. 
Jérusalem,  impr.  Azriel,  1910. 

rr^Dina  rrbD^rnn  -m  La  période  de  la  «  renaissance  »  en  Russie,  par 
M.  Marguues,  traduit  du  russe  par  C— "'.  VSilna,  1910;  in-S"  de  109  p. 
(Bibliothèque  du  journal  "j^Tn  in). 

Q-i-iO"'  mn  'o  Réfutation  des  arguments  de  J.  H.  Weiss.  dans  son  ouvrage 
«  Dor  Dor  ve-Oorschav  »,  contre  la  loi  orale  et  contre  la  divinité  de  la 
loi  en  général,  par  Juda  ha-Lévi  Lipschitz, édité  par  le  neveu  de  l'auteur 
NoTEL  Lu'scHiTz,  de  Kowno.  Deuxième  partie.  Pétrokow,  impr.  Zeder- 
baum,  1910;  in-8»  de  124  p. 

La  première  partie  a  été  signalée  Revue,  LVI,  133.  Cette  deuxième  ^et  der- 
nière) partie  critique  dans  le  même  ton  différents  passages  du  premier  volume 
de  l'ouvrage  de  Weiss  et,  eu  appendice,  quelques  passages  du  deuiième 
vulume. 


BIBLIOGRAPHIE  13h 

!z:"':T',nNr;  m-im  Xeuesle  Geschichle  des  Jùdisclien  Volkes,  par  M.  Phi- 
Lippso.v,  traduction  hébraïque.  Tome  I.  Wilna,  1909;  in-8°  de  384  p. 
(Bibliothèque  du  journal  ITSTH  in''. 

'\H^^'1  Dîwàn'des  Abù-l-Hasàn  Jehuda  ha-Levi,  nach  Handschriften  und 
Druckwerken  bearbeitet  und  mit  erklarenden  Anmei-kungen  versehen 
von  H.  Brody.  Zweiter  Band  :  Nichtgottesdienstliche  Poésie  (Hot'l  V). 
Berlin,  inipr.  Itzkowski,  1909  [1910;;  in-8»  de  xi  —  137-330  p.  (Srhriften 
dos  Vereins  Mekize  .Nirdamim,  3.  Folge,  Nr.  2\ 
Contient  les  notes  du  tonie  II  (iioésies  profanes  . 

•jinon":  l'^i  Procès-verbaux  de  la  Conférence  tenue  à  Berlin  par  la  Orga- 
nisation fur  hebrâischr  Sprachr  nnd  Knlhir.  Varsovie,  éditions 
«  Achiasaf  »,  1910;  in-S»  de  82  p. 

rmnn  b3>  'OTT'SI  pnpT  Commentaire  du  Pentateuque,  par  Elia  de  Wilw, 
édité  par  Eliahou  I.andau.  Jérusalem,  impr.  Luncz,  1910;  in-8°. 

noin  'Tii  Voie  nouvelle.  Contributions  à  l'exégèse  biblique,  par  U.  El. 
Baranowitz.  Wilna,  1910;  in-8°  de  32  p. 

noD  b"ij  m^in  moHaggada  de  Pàque,  avec  commentaire  intitulé  pnii:"^  JT^'J, 
par  Isaac  INirbNTO.  Jérusalem,  impr.  Azriel,  1909. 

nos  bo  rman  Haggada  de  Pàque,  avec  commentaire  intitulé  "j'^ban 
ms:7jb  par  A.  A.  Pkac.  Jérusalem,  1910;  in-S"  de  (2-|-)  53  11'. 

rr'a-iyn  n-i2D3  3"'î<"'3:r:  i-'n7j  miJin  Uas  Lebeii  der  Propheten  nach  der 
arabischen  Légende,  ins  Hebraïsche  iibertragen  von  J.  Eise.nbkbg. 
I.  Lieferung  :  Hiob  und  Moses.  Podgorze,  impr.  Deutscher  (Leipzig, 
M.  \V.  Kaut'mann),  1910;  in-8°  de  39  p. 

M.  E.,  qni  édite  et  traduit  en  allemand  les  <«  Histoires  des  vies  des  pro- 
pliètes  »  d'Alkisai  (mort  en  199  de  lliégire),  en  a  déjà  publié  des  extraits  en 
hébreu  dans  ditt'érents  périodiques;  il  se  propose  de  faire  passer  tout  l'ouvrage 
en  hébreu  dans  des  brochures  successives.  Celle-ci  contient  les  textes  relatifs 
à  Job,  Jélhro  (Schoëib),  Moise  fils  de  .Manassé  (parait  être  une  hauruada 
«  massorétique  »,  tirée  de  Juges,  xviii,  30),  Pharaon,  Moïse,  l'Exode,  la  pro- 
mulgation du  Décalogue,  Balaam,  Goré,  Og,  la  mort  d'Aaron  et  de  Moïse.  Une 
annotation  inégale  signale  les  divergences  de  Talàbi  ;  la  première  note  affirme 
que  les  deux  auteurs  arabes  ont  puisé  à  une  source  commune,  qui  émane 
dun  Juif;  mais  qui?  la  mention  de  Ka'b  dans  le  texte  (p.  14  n'est  accompa- 
gné d'aucun  éclaircissement.  Le  Séf'er  ha-Yaschnr  se  ressent,  comme  on 
sait,  dr  l'influence  arabe:  M.  E.  jiromet  de  prouver  qu'il  a  subi  celle  d'Alkisaï. 

ï^nDOim  •'bna  mn"^"iDT  Y^:^^,  roo73  by  mnar:  Adnotationes  criticae  ad 
duos  Talmudis  Babylonici  Tosephtaeque  tractatus  Chulin  et  Kerithoth. 
Textum  constituit,  res  explicavit,  historiamqiie  originem  ex  fontibus 
investigavit  J.  H.  DCinner.  Francfort-s.-M.,  Siinger  et  Friedberg,  1910; 
in-40  de  (4  +)  67  +  27  ft.  M.  5. 

ai3"*0  "15"  Explication  de  passages  difficiles  de  la  Bible,  par  M.  Besredka, 
Drohobycz,  impr.  Zupnik  (chez  lauteur,  à  Odessa,  Bazarnaja,  82),  1909; 
in-S"  de  v  14- 137  p. 


\M  HEVUE   DES   ÉTUFtES  JUIVES 

Laulcur  a  pul)lit;-  ru  190o  une  l)nicliiire  fnOD  l'pX  'CV  (Dioliohjcz, 
76  p.),  où  il  a  proi)(jsé  des  corrections  au  texte  biblique.  Mis  eu  goût,  il  s'est 
mis  à  lire  les  exégètes  critiques  et  cette  fuis  la  moisson  est  plus  abondante. 
A  ses  conjectures  personnelles  il  a  ajouté  celles  de  ses  devanciers.  Si  le  bon  nesl 
pas  toujours  neuf,  le  neuf  n'est  pas  toujours  bon.  On  est  cliarmé  par  des 
trouvailles  dont  seraient  incapables  les  liébraïsants  à  coup  de  dictiotuiaires  et 
qui  attestent  à  tout  le  moins  un  sens  très  affiné  de  l'iiébreu,  et  linstant  apns 
on  est  agacé  par  des  fantaisies  qui  ressemblent  à  des  gageures  ou  à  de  mau- 
vaises plaisanteries.  Qu'on  lise  dans  Job,  m,  3,  nnn  "'7SÎJ  particijie;  ou  .lans 
1  Rois,  XVIII,  21,  D''53n,  soit;  mais  que  dire  de  bMiTan  NI"  TT'a  bl^Tj  pT 
■ly-lT  Nb  dans  Genèse,  xv,  2,  ou  de  nnD3  ib  "«S  ïnNT  dans  xx,  16  ?  Ce 
contre  quoi  nous  devons  protester,  c'est  contre  l'attribution  de  prétendues 
diTergences  au  Targoum,  comme  n\j2  "^70  dans  Gen.,  xxi,  7,  ou  ^;a  rT^CNI 
dans  XLix,  3.  M.  B.  est  si  spirituel  qu'il  prête  de  son  esprit  aux  autres,  à 
commencer  par  les  auteurs  bibli(jues. 

m'^bNniB'^  rT'IinOT!  L'histoire  juive  en  vingt-quatre  leçons,  par  J.  Klau?- 
NER.  Tome  I  :  Dos  origines  à  l'époque  des  Maccabées.  Odessa,  1909; 
in-8"  de  300  p. 

*~isiDr;  '»n2;a  'n  mT'Ob  rr^bbon  n^aipr;  Abhandlung  iiber  den  Siddur  des 
ScHABTAi  HA-SoFER  aus  Przemysl,  auf  Griind  der  einzigen  Handschrift  in 
der  Bibliothek  des  Bel  ha-Midrasch  in  London  (par  A.  Berliner).  (Faux- 
titre  nu;-!*!  □"nn  û"^  'O  Blatter  aus  dem  Bet  ha-Midrasch  in  London). 
Francfort-s.-M.,  .1.  Kauftmann,  1909  ;  in-8°  de  .xvui  +  82  p. 

L'auteur,  grammairien  polonais  du  commencement  du  xvii*  siècle  cf.  11.  IL, 
XIII,  116),  avait  préparé  pour  limpression  un  Livre  de  prières  correct  avec  un 
commentaire  très  étendu;  malgré  les  approbations  des  rabbins  contempo- 
rains, son  travail  ne  vit  pas  le  jour  et  seul  le  Livre  de  prières  parut  à  Prague  (?) 
en  1617,  puis  à  Lublin  en  1625  (frontispice  reproduit  p.  78).  M.  B.  publie 
l'Introduction  générale  du  commentaire  inédit  ;  elle  ne  contient  nullement  des 
généralités,  mais  des  observations  sur  la  vocalisation  correcte  de  certains 
passages  du  rituel.  La  citation  d'anciens  siddourim  et  de  différentes  autorités 
rabbiniques  donne  a  l'ouvrage  un  intérêt  historique.  Beaucoup  de  fautes 
d'impression. 

ï-i72bu:nn  'o  Gloses  d'Alfasi  sur  Xezil>in,  par  Meschoullam  b.  Moïse  de 
Béziers,  éditées  d'après  le  manuscrit  (liinzburg  avec  un  commentaire 
intitulé  n?3b",iîr:n  nmn,  de  Juda  Lubetzky.  3»  partie  :  Aboda  zarn,  suivi 
de  a"^3p3pT  "-bbo.  Pétrokow,  1910  ;  in-f"  de  72  ft". 

2'  partie  :  Revue,  LVI,  136.  L'auteur  est  décédé  à  Paris,  le  18  septem- 
bre 1910. 

...m"'mao"'rin  mb^bnortn  Développement  historique  de  l'idée  de  la 
renaissance  de  la  langue  hébraïque,  par  A. -S.  Herscmberg.  Odessa, 
éditions  «  Ibriah  »,  1909;  in-S"  de  16  p. 

a^annsn  nTam  Aus  dem  schriftlichen  Nachlasse  der  Briïder  Jolles  aus 
Lemberg  [herausg,  von  A.  Berlinerj.  Berlin,  L.  Lamm,  1909:  in-8»  de 
su  -|-  48  p. 

Deux  parties  bien  distinctes  :  1"  neuf  lettres  de  rabbins  allemands,  polonais 
et  hongrois  sur  les  ouvrages  bNmp"'  nOi:73  et  ï:^-)  D"^7aa3  de  Saul  Berlin; 


BIBLIOGRAPHIK  137 

l'histoire  de  ces  deux  scandales  littéraires  est  bien  exposée  par  S.  Klein,  dans 
la  Israelitische  Monalsschrifl  (supplément  de  la  Judisclie  Presse),  1909,  n"' 
4  et  siiiv.  ;  -  2"  une  dizaine  de  lettres  de  Zacharie-Isaie  Jolies  et  de  son 
frère  Baroucli,  deux  muskilim  de  Lemberg,  et  de  lliistorien  M.  Jost  ;  cette 
correspondance,  échangée  en  1840-1841,  n"est  pas  sans  intérêt  pour  l'histoire 
politique  et  littéraire  du  temps:  Lilienthal,  dont  Z.  Jolies  fut  le  collaborateur 
;i  Minsk,  ([uerelle  de  Rapoport  et  de  Luzzatto,  Meblsack,  l'auteur  du  liahialt 
contre  Zunz  et  Rapaport  ;  noter  li's  jugements  sévères  sur  Crémieux  et  les 
Rothschild  d».  29,  30.  48  . 

•^ibr,  na^T  Ueber  ilen  ursprunglichcn  Inhalt  von  600.000  Buchstaben  inti 
Biiche  Moses  cntsprcchend  der  Zahl  der  Miinner,  welche  am  Berge  Sinai 
bei  der  Offenbariing  anwesend  waren...  von  J.  HoaowiTz.  Miinkacs,  chez 
l'auteur,  1910;  in-S"  de  20  ff. 

■nsoa  ITIDT  Autobiographie,  par  L.  Lewin  (b"'rrT''.  Jitomir,  impr.  Choro- 
janski,  1910;  in-8°  de  61  p.,  portrait  de  l'auteur. 

t3''3iU5N")b  iTiriT  Histoire  des  rabbins  de  hi  communauté  de  Szigel,  par  L. 
Grïj.nwald.  Szatmar,  M.  Klausner,  1909;  in-S"  de  o2  p.  M.  1. 

Q^jTiriNbT  a"'jTC;N~'.b  "ji-iDT  Editions  d'ouvrages  anciens  et  modernes. Tome 
I,  contenant  :  1^^  le  ^ii^i:n  'D  de  Maimonide  ;?),  2'  le  ynrs  Y^  "i"t<'3  de 
H.  M.  b.  Eléazar,  3»  des  pioutim  de  Juda  Halévi,  Abraham  Ibn  Ezra, 
etc.,  4°  des  pioutim  d'un  mahzor  manuscrit,  5^  ime  tossefta  du  Targoum 
du  commencement  du  livre  d'Ez(''chiel,  avec  des  notes  et  l'ouvrage 
nD"i2  "piZT,  de  Joseph  ibn  Plat,  sur  les  bénédictions,  par  S. -A.  Werthki- 
MER.  Jérusalem,  chez  l'éditeur,  1909;  in-4°  de  (1+)  26  tf.  3  l'v. 

x"2^-^b  "jin^T  'o  .Novelles  sur  la  Mischna,  traités  Berachot  et  liosch  Ha- 
schana,  par  Joseph  Messi.ng.  Berlin,  L.Lamm,  1909;  in-8°  de  (l-f)~2p., 
portr.  de  l'auteur. 

now  "jinDT  Homélies,  par  Moïse  ITZHJZ  de  Safed.  Jérusalem,  imprimerie 
Azriel,  1909. 

nDno  riDOT:  bv  ■«-i-«N72r:  "«oiT^n  Novelles  de  Menaiif.m  Meïri  sur  Sourcn, 
éditées  d"apiés  le  manuscrit  de  Parme,  par  J.-M.  Alteh,  avec  des  notes 
de  M.  Lu'szvc.  Gôra  Kalwarja  Pologne  russe),  chez  l'éditeur,  1910  ;  in-4° 
de  138  p 

î~rN;  mn  Sur  le  Penlateuque,  par  Moïse  Meïr  Haï  Eliamm,  de  'i'ii)ériade. 
Jérusalem,  imprimerie  Azriel,  1910. 

'\"i<^  mn  'd  Explications  homilétiques  de  passages  bibliques  et  midra- 
schiques.  par  J.  Rosenfeld.  Pacs,  imprimerie  Hosenbaum  ^chez  l'auteur, 
à  Galatzi,  1909;  in-4°  de  (6-f  )  295  ff.  M.  6. 

CTnsnm  a-'^'b^b^n  D-'-n-T;  ^t,  Sozial-  und  Wirlschaftsueschichte  der 
Juden,  par  G.  Caro,  traducton  de  M.  P.  Seidemann.  Wilna,  1910;  in-S"  de 
377  p.    Bibliothèque  du  journal  173Tn  nn,  VI). 

npibnn  La  Hnloucca,  son  origine,  son  histoire  et  son  organisation,  de- 
puis les  temps   les  plus  anciens  jusqu'à  nos  jours,  par  A -M.  Luncz. 


1.18  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVE? 

Jérusalem,  imprimerie  Luncz,  1910    tirage  à  part  de  TAnnuaire  Jéru- 
salem). 

imba:;  uJWn  Die  fiinf  Megilloth  iiberselzt  iind  erlautert  von  II.  Breuer.  3. 
Teil  :  Klagelieder.   5.  Teil  :  Esther.  Francfort-s.-Mein.  A.-.I.  Hofmann, 
1009-1910  ;  2  vol.  in-8°  de  viii4-96  et  viii-|-102  p.  M.  1.85  chaque. 
P.uth  a  paru  en  190S  :  Revue.  LVIII,  140. 

J~n^ïJiDNT  mn*' Judentiim  nnd  Menschentiim.  Anfsiitze  von  J.  Klau?ner. 
Tome  1.  Varsovie,  éditions  «  Tuschijah  »,  1910;  in-8°  de  240  p.   R.  1,50 

(nVins  npinvbn^s,  n°»  30-32). 

C'est  une  2«  édition,  la  1"  ayant  paru  en  1905.  A  noter  un  article  sur  S.-D. 
Luzzatto  [ce  fut  surtout  un  graml  cœur)  et  un  autre  sur  Ki  iiest  Renan  et  l'an- 
tisémitisine  intellectuel  exagérations). 

Q— i3n  bwS-r::"'  bs  mam  n-nn-^n  Le  Judaïsme  et  l'Alliance  Israélite  Uni- 
verselle, conférence  de  Léon  Modiano,  traduite  en  hébreu  par  M.-I). 
ScHouB.  Jérusalem,  imprimerie  Luncz,  1910. 

N"'D"n2  n-ininT!  Histoire  des  Juifs  en  Russie  de  1880  à  1908,  par  M.  Maoaz- 
NiK.  Varsovie,  1910;  in-8»  de  138  p. 

S-iyT-ij^w  ib""  'D  Poésies  de  E.  Kazaz.  Odessa,  1910  :  in-8»  de  vin  ^  1 18  p. 
H.  0,70. 

Sur  l'auteur,  \., Revue,  LVIII,  315  ;  sur  l'ouvrage,  Z. /'.//./)'.,  XIII.  IH,  180: 
XIV,  114. 

î'Ci-  -iDD  br  •'T'Drr:  Zii'pb''  The  Jalkut  of  R.  Machir  bar  Abba  Machir  on 
Ilosea,  edited  l)y  A.-W.  (".reenup.  Londres,  1909;  in-8<'  de  16  p. 

rr'-OT  ■^DO  ?:?  "'-i"'D7j~  Cûipr-»  Tlie  Jalkut  of  R.  Machir  bar  Abba  .Mari  on 
Zechariah.  The  Jalkut  ..  on  Amos,  Obadjah.  Jonah,  Micah,  Nahum  and 
Habakkuk.  Edited  for  the  first  time  Irom  [he  unique  .Ms.(Harley,5704)  in 
the  British  Muséum  by  A.-W.  (Jreenup.  Londres,  1909-1910  ;  2  vol.  de 
148  et  de  81+22  4-28+66-1-21+56  p. 

Recensions  de  M.  Poznanski  dans  Z.  f.  H  /'••  Mil.  131-134:  XIV. 
131-134. 

Ssbci"!"*  Jérusalem.  Jahrbuch  zur  Befôrdcrung  einer  ^vissenschaftlich 
genauen  Kennlniss  des  jetztigen  und  des  alten  Paliistinas,  herausge- 
geben  unter  MitNvirkung  von  Fachmannern...  von  A, -M.  Luncz.  Rand 
VlII.  Heft  3,  4.  Jérusalem,  chez  l'éditeur,  1910;  in-i2o  de  p.  179  — 
360. 

Sommaire  de  cette  livraison,  qui  termine  le  tome  VIII,  H.  Hirsclieusnhn  : 
Ribla,  r.et'on,  Bet  Bara  (Juges,  vu,  24),  Baré  (Ezécliiel,  ixi,  24!  ,  Babel  au 
nord  de  la  Palestine;  J.-D.  Blumberg  ;  Sur  la  scbemitta  de  nos  jours;  S. 
Raffal'ivitch  :  Les  luttes  des  Fellalis  en  Palestine  dans  les  deux  derniers  siècles 
(d'après  Macalister  et  autres);  "i3"n^  :  sur  les  middot  exégétiques  ;  Luncz  : 
'pn:C  'IT  NrmON  Guiltin,  56  h);  S.  RafTalovitch  :  La  Palestine  avant  la 
lonquète  de  Josué  (d'après  les  explorateurs  anglais;  à  nuivre):  '0"n^  :  sur  la 
niétiiode  d'enseignement  de  lamora  Samuel;  J.-M.  Toledano  :  Elégie  sur  la 
mort  du  rabbin  Baruch  Toledano  ^rabbin  marocain  îles  xvn-xviii'  s.);  Luncz  : 
la  bénédiction  d'Isaac  ,Geuèsc,  xxvii);   yj"n^  :  esplicalioni  de  passaçes  bibli- 


BIBLIOGHAPHIK  139 

(jups  et  taliiuiiliques  :  NV.  Rabbiiiovitch  :  sur  la  rédaction  «lu  Yerouschalmi  à 
Tihériade.  jiar  des  rabbins  anonymes  :  le  Babli  et  le  Yerousclmlini  siirnoreiit 
récipruquenient  ;  le  Y.  de  Kodaschin  a  existi'  au  moins  sur  les  traités  de 
Zebahim.  Menakot  et  Keri/ol)  ;  nouvelles  palestiniennes  ;  \V.  Rabbinovilch  : 
notes  sur  le  Yerousehalmi. 

n7:b\:5  mr-'T'  Homi'lies,  morale  et  poésies,  par  Salomon  R.  Samtiel 
N3"":N"'7:.  Jérusalem,  imprimerie  Azriel,  1909. 

l'^Ntt  O"'  Consultations  de  Eliahoii  nb"^,  rabhin  à  Tibf'riade.  .lériisalem. 
imprimerie  Azriel,  1909. 

rr'ruji  Isaias,  diligenter  revisiis  jiixta  Massorah  atqiie  editiones  principes 
cum  variis  lectionibiis. . .  collectisa  C.  D.  Ginsburg.  Londres,  British  and 
Foreign  Bible  Society,  1909;  in-i»  de  93  p. 

L'éditeur  a  reproduit  le  texte  de  l'édition  de  Venise  1524,  mais  il  a  noté  les 
variantes  de  plus  de  Ib  manuscrits  et  de  20  éditions  anciennes,  non  seulement 
pour  la  vocalisation,  mais  aussi  pour  l'accentuation.  Il  a  compté  les  variantes 
sans  les  peser.  Le  seul  effort  critique  qu'il  se  soit  permis  nous  parait  malheu- 
reux. Les  Keré-Ketil)  ne  sont  pas  ponctués  par  lui  dans  le  texte,  mais  en  note 
il  indique  la  ponctuation  et  du  Keré,  ce  qui  est  bien,  et  du  Ke/ih,  ce  qui  est 
illégitime,  cai-  la  ponctuation  massorétique  suit  toujours  le  Kerr.  Ainsi  dans 
IX,  6,  il  donne  en  note  non  seulement  r;a~l7ob,  mais  aussi  r;21  ob,  —  qu'est- 

■     :  -  :  T   -        T 

ce  qu'il  en  sait?  —  L'impression  est  fort  belle  et  fait  tionneur  a  la  Bible 
Society,  qui  éditera  dans  la  même  forme  toute  la  Bible. 

'v:3""'Nb  •^^2^D  Sermons  de  R.  .J.acol)  Saiil  Elyaschar,  avec  des  oraisons  funè- 
bres par  le  même  et  des  sermons  de  son  tils,  Hayyirn  Moïse  Elyaschak. 
Jérusalem,  imprimerie  Ziickermann,  1909  :  in-f"  de  I6H  p. 

'^iDCsn  -1D1D  Kofer  Ha-Eschkol.  Die  Wahrheit  iiber  die  Esclikol  Aiisgabe 
des  Dr.  B.  H.  Anerbach  von  Schiilem  Albeck.  Varsovie,  imprimerie 
«  Hazefirah»,  1910;  in-8»  de  18  p. 
Voir  àbiSCNn  'o. 
T'Sîn  bsTOïî  '"1  ""T^C  bo.  Poésies  complètes  de  R.  Samuel  ha-Xacuid,  éditées 
et  commentées  par  H.  Brody.  Fascicules  I-II.  (Faux-titre  :  T'^ar!  niriN 
ni:''b7ûr!i,  éditions  des  poètes  juifs  du  moyen  âge.  Première  partie). 
Varsovie,  éditions  «  Tuschijab  »,  1910;  in-H»  de  160  p.  R.  1  (-p"'nvb3"'3 
nbliJ,  première  année,  n's  1  et  36). 

Sur  les  41  numéros  —  pour  la  plupart  dos  poésies  de  circonstance  dont  les 
destinataires  sont  connus  —  qui  remplissent  ces  deux  fascicules,  2  seulement 
sont  inédits  (n"'  3-4);  mais  pour  tous  le  texte  et  le  commentaire  représentent 
un  progrès  sur  l'édition  Harkavy.  En  outre,  M.  B.  publiera  en  appendice  les 
poèmes  adressés  au  Nairuid  et  une  biograjihie  de  celui-ci  cumplètera  le 
Diwan. 

a'':3n  C|;d.  Explications  sur  le  Pentateu(jue  de  .Moïse  iain~"'3,  éditées 
par  Jacob  Haï  i^iTT'a.  Jérusalem,  imprimerie  Luncz,  1909  ;  in-S". 

^N-iUJ"'  y.»  mb  A.  M.  Llncz.  Lilterarischer  Paliistina  .\lmanach  fiïr  das 
Jahr  a6T0,  1909/1910.  XV.  Jahrgang...  fiïr  das  Jahr  5671,  1910/1911, 
XVI.  Jahrgang.  Jérusalem,  cbez l'auteur,  1909,1910;  2  vol.  in-16  de  72-|- 
174-1-48  et  08-^-1 02 -fUi  p. 


140  REVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

Tome  \V.  Luricz  :  Jérusalem  dans  les  quarante  ileinii-ros  années  suite  t. 
XVI;  développement  considérable  de  la  communauté,  dû  surtout  ;i  l'afflux  des 
AsclikenaziteS;  ;  A.-Z.  llabhinovitcli  :  Guiliral  ;  S.  RaHalovilcli  :  histoire  des 
Fellahs  d"a[)rés  Baldensi)erger  (dans  le  /'.  E.  F.)\  Bentzion  Tragan  :  la  commu- 
nauté d'Alexandrie;  bihlioiçraphie  palestinienne:  la  ferme-érole  Or  Jchoud.i. 
près  de  Smyrne;  l'année  en  Palestine.  —  Tome  XVI,  S.  Raflalovitch  :  Ephraim 
et  la  secte  samaritaine  ;  A.-Z.  Rabbinovitch  :  le  pays  de  Samson  et  de  David, 
d'après  Ebers  et  Guthe  ;  bibliographie  palestinienne;  A.  Idelsohn  :  la  commu- 
nauté de  Damas  ;  E.  R.  Engelmann  :  les  ])ériodi(iues  iéiusalemites  :  Tannée 
en  Palestine. 

rmmb  Calendrier  caraïte  pour  5671-5675,  par  S.vmuel  Neeman.  Eupatoria, 
imprimerie  M. -L.Miirowansky,  1910;  in-12''  de  79  p. 
Voir  Z. /".  H.  B.  XIV,  114. 

cb^Di  nra'^:;?  ■••a:  mmb  Tableaux  des  flexions  des  noms  et  des  verbes, 
par  Ch.-S.  Neuhausen.  New-York,  librairie  S.  Druckerman,  1910;  in-S" 
de  31  p. 

r~nD5r;  "^liipb  Collection  des  halachot  des  traités  Pesahùn,  Haguiga, 
Tamid,  Keritoi,  Bechorot,  par  Israël  Méir  B.  Aryk  Zeeb.  Pétrokow,  1900; 
in-4o  de  824-32-|-85+38-|-24  p. 

t*»mn"'  ■'aipb  'o  Explications  des  treize  articles  de  foi,  par  Ch-I.  Schi.esin- 
GER.  Première  partie.  Vacz,  1909;  in-H"  de  118  p. 

rT'^"'b'53  a'N-'^pr;  m-npb  Contribtilions  à  r.histoii'c  des  Caraïtes  en  Ga- 
licie,  par  H.  Fahn.  Berlin,  1910  ;  in-8o  de  18  p.  Tirage  à  part  de  Hake- 
clem,  III). 

rriannr!  minpb  Lekoroth  Harabonoth  {sic).  Zur  Geschichte  des  Rab- 
binismiis.  Aufsatze  von  S. -A.  Horodetzky,  Fascicules  I-II.  Varsovie, 
éditions  «  Tuschijah  »,  1910;  in-8o  de  223  p. R. 1,50  (ribnns  np"'nvb3"'3, 
ire  année,  n°^  33-34,  35). 

Isaac  Aboab  1  (l'auteur  du  Menorat-lia-Maor  ,  Israid  de  Hriinn,  Joseph 
Colon,  Moïse  Alaskar,  Moïse  Isserlès  (avec  un  appendice  sur  le  Minhag],  Salo- 
mon  Louria,  Mardochée  Yafé,  Méir  de  Lublin,  Samuel  Edels,  Méir  Schiff, 
.Menahem  Krochmal,  Gerson  Aschkenazi.  —  Réimpression  textuelle  d'articles 
de  revue  [Har/oren),  sauf  pour  S.  Louria  et  S.  Edels,  dont  les  biographies, 
publiées  d'abord  en  volumes  in7ûb;a  D~lD,  Drohobycz,  189"  :  bN173U3?3  DU5. 
1893),  ont  été  remaniées  dans  la  forme. 

3ia  npb.  Voir  ^^'r'Z). 

1-<biD3  T'TûSm  bx-iï:"^  mbmb    Contributions   a    l'histoire  des  Juifs  en 

Pologne  et  de  leurs  rabbins,  par  F. -H.  Wetstein.  Cracovie,  1909;   in-8  ■ 

de  28  p.  (Tirage  à  part  de  Haeschkol,  VI  j. 
Voir  à  biDÏJNn. 
NB3  ynm  -nTnw  mn»  bm  n^js»    Etude  sur  le  Malizor  du  rite  de  Kaffa. 

par  J.  Marko.n.  Saint-Pétersbourg,  1909;  in-8'  de  21  p.  (Tirage  h  part  de 

la  Festsrhrift  Harkavy). 
■^nON  nbaw  «  1-e  livre  d'Esthor.  traduit  du  texte  original  par  Zadoc  Kahn 


BIBLIOGRAPHIE  141 

cxlrait  de  la    Bible  du  rabbinat  français)  ».   Paris,  librairie  Diirlacher 
Hœdeliieim,  impr.  M.  Lehrberger),  1909;  in-S^de  68  p.,  illustré. 

Texte  liéhieu  et  traduction   de   la    Mei-'uilla,  avec    l'otlice  du  soir  (pour  la 
veille  de  Pourimh 

PT»;?:!  nb-'STO  Meguillat  Taanit,  avec  le  comtnenlaire  de  Jacob  Emden,  un 
noiivean  conuncntaire  d'AKRAHAM  ha-Levi  de  Cracovicet  un  aiilre,  inti- 
tulé VuîKn  "Cîn-PD,  dABRAHAM  Eliahoc  b.  Yehieu  Michel.  Jérusalem,  im- 
primerie Schônbaum-Weiss,  1908;  in-8'. 
t~n2N  p72  Magen  Aboth.  24  talmudische  Abhandlungen  des  Meiui    Mf.na- 
CHE.\  b.  Salomo     nacli  der  einzigen   Handschrift  edirt  und  commentirt 
von  I.  I.AST.   Londres,    Imprimerie  Narodiczky   (en   commission   chez 
Kauftmann,  kFrancfort-s.-M.),  1909;  in-8o  de  x-f-nS+n  p.,  2  fac-similés. 
Cet    ouvrage   est    une   mine   de   reuseigiiements     sur    l'histoire    littéraire, 
rituelle  et  «  culturelle  »  des  Juifs  du  midi  de  la  France.  Voir   provisoirement 
Marx,  Revue,  LIX,  203,  223-224. 

î»*t3-i  rriaN-in  "C-nw  Bereschit  Habba  mit  krilisohom  Apparale  und  Kom- 
mcntare  von  J.  Theodor.  I.ieferung  iv,  Lieferung  v.  Berlin,  imprimerie 
ltzl<o\Nski,  1908-1909;  in-4°  de  p.  241-400. 

a"'S3n  cm»    Voira  Hoffmann. 

""nmw  Prières  des  fêtes  d'après  le  ritesefardi,  avec  commentaire  intitulé 
ripv  """thn,  par  Jacob  Yiçhaki.  2  parties  (Rosch  Hascliana  et  Kippour  , 
Jérusalem,  chez  l'auteur,  1908-1910. 

Voir  sur  lauteur  Z.  /".  //.  D..  XIV,  130. 

^■•3:173  "ISO  Maclikim,  von  R.  Nathan  ben  Jehuda.  Cod.  hebr.  Xr.  I2ff  der 
Hofbibliothek  zii  Wien  und  Xr.  187'  der  Statbiblioteek  zu  Hamburg.  Mit 
Anmerkungen    und   Einleilimg   von   J.  Freimann.  Cracovie,  impr.    J, 
Fischer,  1909  ;  in-8''  de  xxiu-f-UO  p.  (Tirage  à  part  de  Haeschkol,  VI). 
Voirie  compte  rendu  de  M.  Wellesz,  Revue,  lAl,  154-100. 

irmaN  "^"IN  "<-ipn73  déographie  et  histoire  de  la  Palestine,  d'après  les 
meilleurs  auteurs,  par  Israël  Wolf  Horovit/..  Première  partie,  fasci- 
cule I.  Jérusaleu),  impi-imerie  Lipschutz,  191    ;  in-8". 

nT'D  "^72  Règles  de  l'ablution  des  mains,  rattachées  aux  initiales  du  cha- 
pitre sur  le  bassin  d'airain,  par  .Nephtali  Herz  •^nMU"'"i7:,  édité  par 
Samuel  b.  Abraham,  fils  de  l'auteur.  Jérusalen),  imprimerie  Luncz, 
1910. 

CNm  WTjn  Die  Elemente  Wasser  und  Feuer  in  der  symbolisch-  mysli- 
schen  Literatur,  von  S.  Rlbin.  Podgorze  (Cracovie,  Wetstein),  1909: 
in-4''  de  26  -f  2  p. 

"!3?n  nm  ■'72rn73  D''3Pr73  Lettres  de  Nahman  Krociimal  cl  Moïse  Landat, 
éditées  par  B.  Friedberc.  Krancforl-s.-M.,  Siingei-  et  Friedberg,  1910; 
in-8o  de  8  p. 

mnNT  ■''?73  Commcnlaire  du  Peutaletuiue  en  judéo-espagnol,  par  Isaac 
"•pN'C  de  Constautiuople.  Jérusalem,  imprimerie  Luncz,  1909. 


i42  REVUE   DES.  ÉTUDES  JUIVES 

ITi'DT'i  nrijW  Consultations  de  Joskph  Hayvi.m  iia-Cohen,  du  Jériisaletn.  Jéru- 
salem, imprimerie  Luncz,  1910;  in-f^. 

rrpTtyrr  i:m-iDD73  Aus  nnserer  alten  l>iteratur.  Drei  Beitragc  zur  Entstc- 
hung  und  Gescliichte  :  1)  der  Pentateuch-Uebersetzung  «  Onkelos  », 
2)  des  Midrasch  «  Tanna  dbc  Eliahii  »,  3)  der  Bethiiuser  in  den  Zeiten 
des  Talmuds,  von  NVolf  Markon.  Wilna,  impr.  Pirojinkow,  1910;  in-S» 
de  IV  -p  56  p. 

L'autour  voudrait  monlnM'  :  \"  »|u"Uiiivelos  traduit  d'après  les  o|iiiiiiMis 
de  sou  maître  R.  Akil)a,  —  mais  il  faudrait  ])r()uver  (|ue  le  Tarirouui  a  un 
auteui',  et  que  c'est  Onkelos;  '2"  que  le  Tanna  dehé  EliaUou  [)olémise  contir 
les  Sadducéeus  —  mais  il  est  prouvé  que  ce  Midrasch  n'est  pas  si  ancien  : 
'i"  M.  Eiistein  établit  pour  lui  ([ue  les  synagogues  n'étaient  pas  situées  a 
répot|ue  talmudi(}ue  dans  les  champs,  comme  on  l'admet  communémeut  sur 
la  toi  de  Raschi.  ^ 

■'ibn  N3'3'd  "'3~iyw  Gloses  sur  le  Talmud,  par  J.  Hokowhz.  Première 
partie  :  Berachoi  et  Mui'd.  Londres  (chez  l'auteur,  à  Anvers),  1910; 
in-8"  de  20"d  p. 

a'^DiN^r;  ri'iJyTû  'o  Ma-aseh  ha-Geonim  (cod.  Goldschmidt-Frankfurl  a.  M.i, 
mit  Einleilung  und  Anmerkungen  von  A.  Epstein,  erganzt  und  redi- 
giert  von  J.  Freimann.  Berlin,  impr.  Uzkowski,  1909  [1910]  ;  in-S"   de 
xxiv  -j-  99  p.  (Schriften  des  Vereins  Mekize  ^'irdamim,  3.  Folge,  Nr.  3). 
Parmi  les  publications  de  la  société  Mekize  Nirdamim,  récemment  recon- 
stituée, l'édition  du  Maassek  ha-Geonlm  (désigné  dans  la  suite  par  .V.  G.   par 
A.  Epstein  mérite  une  attention  particulièi'e.  Cette  compilation,  qui   contient 
des  consultations  et  des  décisions  du  xi*  siècle,  nous  l'ournit  des  renseigne- 
ments de    toute  sorte,    surtout  au  point  de   vue  de  l'histoire  littéraire.  Elle 
nous  introduit  dans  les  écoles   talmudiques  de  l'Allemagne,  où  enseiiruerent 
les  maîtres  de  Raschi,  nous  montre  les  quatre  fils  de  Macliir.  contemporains 
(lu  grand  commentateur,  nous  rapporte  les  us  et  coutumes  des  pays  rhénans, 
des  trois  communautés  de  Spire,  Worms  et  .Mayeuce,  «ju'on  peut  en  un  certain 
sens  appeler  autonomes,  car  les  usages   rituels  et  liturgiques  s'y  sont  déve- 
loppés d'une  manière  indépendante  :  elle   nous  décrit  la  situation  matérielle 
et  intellectuelle  des  Juifs  allemands  avant  la  première  Croisade  et  nous  offre, 
enfin,   une   foule  de   matériaux  halachicjues  qui,  quoiqu'ils  se  trouvent  pour 
la  plupart  dans  les  recueils  déjà  connus  de  l'école  de  Raschi,  sont  propres  à 
éclairer  plus  d'un   point  obscur.  Les  textes  i)aialléles  du    Mahzoï-  Vilnj,  du 
Pardès,  du  .S.  ha-Ora,  de  VIssunr  l'eheller  se  complètent  et  se  rectifient  les 
uns  les  autres  et.  comme  ces  ouviages  n'ont  pas  de  plan   sidide   ni    d'ordre 
systématique,   tel    paragraphe    isolé    a  été    corromiiu    a   force   d'être   copié, 
comme    les  monnaies  jetées   dans  la  circulation  gém-ralo   s'usent   et   peident 
leur  frappe  ;  ainsi  les   citations  conservées  dans  différents  ouvrages  forment 
une  contribution    notable  à    la   critique   comparée    des  textes.    1,'éditioii    du 
Farilèn,  par  exemple,  fut  faite  d'après  un  manuscrit  incimiplet  et  alten',  de 
sorte  que  le  M.  G.,  qui  renferme  de  numbreuv  passages  coniniuiis,  nnus  met 
en  état  de  restituer  les  vraies  leçons. 

Dans  une  Introduction  instructive  et  pleine  de  faits,  M.  Kpstein  nous  ren- 
seigne sur  le  M.  G.  Il  y  cite  trois  passages  pour  prouver  (|ue  le  manusirit 
Ooldschmidt  (ju'il  édite  est  identique  avec  le  Muasse  /la-Gueoniin  mentionne 
par  Éléazar  de  Worms  et  Cidkia  h.  .\braham.  Mais  en  même  temps  il  indi(iue 
six  passa^jes  qui  ne  se  trouvent  pas  ilans  l'ouvrage,  ce  qu'il  explique  en  admet- 


BlBLIOGhÂPIllE  143 

taut  (4ue  les  anciens  auteurs  connaissaient  une  recensiun  plus  complète  ipie 
celle  fie  son  édition.  Il  expose,  d'autre  part,  que  le  M.  G.  se  composait  de 
différents  cahiers,  d'où  vient  qu'il  est  cité  sous  didérents  titres  :  1°  mS^r! 
"IPm  ITD^ÎÎ  naiwïïP  un  titre  bien  singulier,  qu'on  lit  en  tête  du  Rokéa/i, 
303;  ne  pourrait  on  pas  corriger  en  "no-^N  mDbnn  mSTCn  -^rNiTTa 
"inm  ■?)  ;  —  2°  □■'rTNin  mai'^n  :  Or  Zarouu,  1,  §  423  non  421),  à  quoi 
il  faut  ajouter  :  a)  0.  Z.,  I,  Hil,  (=  M.  G..  88):  -  b)  0.  Z.,  II,  1096,  232 
{=  M.  G.,  p.  22,  n»  33),  Tn31  D'^jlNSH  m31"«rn,  plus  complet  dans  0.  Z. 
que  dans  Af.  G,,  on  manque  la  citation  du  Yerouschalnii  :  cf.  Schibholé  lui- 
Léket  [S.  L.).  200,  où  la  source  est  noD  mnbna  ri":CT  n72r'C  '-)  3nD  : 
S.ha-Orn,  p.  194,  n"  47;  Monlecliaï,  Pesahim.  942:  —  c)  0.  Z..  II.  1G2«. 
393  —M.  G.,  p.  45,  n»  55;,  imai  mSTCna  3"IPD  :  —  d''  0.  Z..  Ah.  z.. 
S  256,  D^DINan  maTOna  N^CîID  pi,  où  on  cite  R.  Siméon  et  R.  Juda 
ha-Colien  Sire  Léontiu.  appartient  viaiseniblalilement  au  même  irronpe. 
manque  dans  M.  G.  :  —  e.  8.  L..  9,  ■'70'^a  "Tî  n«i'?3  a'';iN:in  maicr 
rriin^  "13  priit^  '~.  cf.  Mahzor  Vitri/,  51:  Moi'derhai.  Derachof,  \'-2: 
manque  dans  3/.  G.:  —  f  Bel  Uadasch  sur  Yoré  Dëa,  89,  d'après  Mord.. 
Uoullin,  1148  manque  dans  notre  édition)  :  NîT^N  D'^aiNSn  nmCPa  D^T 
a"^5ï3T373  a''5T  inX  3bn  biSNb  -ion  ■'"-I  b"n  =M.  /;.,  n»  15)  : — 
3"  m31U5ri,  à  ajouter  les  textes  suivants  :  0.  Z.,  I,  133  6,  §  462.  cf.  Heca- 
tiali,  190:  manque  dans  3/.  G.;  0.  Z..  II.  49  6,  §  95,  m3TCP3  3nr3 
•^"lab  DIN  blD"^  ON  OITO'inbp  'nb  ibsu;.  man(iue  dans  iV.  G.\  0.  Z.,  11, 
1616,  §  392;  163«.  §  401.  uianiiue  dans  .1/.  G.:  1836,  §464,  manque; 
II,  179«.  S  436  (=  M.  G..  50  .  1796,  §  440  (=  M.  G.,  50,  51^;  171  6.  §  422«  : 
û'ipibN  '-1  a"«03  m3'T«0n3  [M.  G.,  51  :  Kaionymos^  :  —  4"  D'^riNin  "'"13T, 
textes  à  ajouter  :  8.  /..,  73  (=  M.  G.,  p.  60,  n<-  64);  36  (?)  ;  218,  p.  202  : 
253  ;  266  (—  M.  G.,  p.  34,  n»  49);  270;  364  et  à  la  Hn  p.  408.  Un  -^-lal 
a"";"INan  est  cité  dans  0.  Z.,  Ibla,  §  392:  168a,  §  416  ;  —  5°  mSHjTj 
2'';iN5r;,  textes  à  ajouter  :  8.  L.,  290,  mnTjia  'H.  n"  15  (=  M.  G.,  50  , 
21  [^  M.  G.,  48,  n»38i,  37  (:=  .V.  G.,  51  ;  —  6°  N-T'C'JN  n-i:ir;:7:.  >'.  /-., 
372,  manque  dans  M.  G.;  —  1°  NS:j573  manjTJ,  >'.  L..  194,  199,  286. 
p.  267;  de  plus  TMiri''  "13  pniC"»  'l  irOT  aC3  Tî<".w»,  8.  L.,  23,  30 
-—  M.  G.,  60,  n»  64),  133  =  .V.  G.,  56.  n"  62  :  0173'^:nbp  '"1  a'03.  S.  /... 
140  (=  M.  G.,  58,  n»  63).  149.  177,  202    .U.  G..  40:  Ta.schheç,  n»  179,  0C3 

a-'-iDs  'ii. 

Il  reste  singulier  que  les  divers  recueils  contiennent  beaucoup  de  clioses  qui 
ne  se  trouvent  pas  dans  le  M.  G.  Il  pourrait  en  résulter  que  ces  a^O'^lUIlp 
étaient  des  compendiums  indépendants  aux(juels  sont  empruntées  les  citations 
qu'on  trouve  dans  le  .)/.  G.  On  peut  bien  admettre  à  la  ri^^ueur,  lorsqu'on 
trouve  par  exemple  un  passaire  commun  aux  0173"';i?p  '"1  a''3r!:7j  et  au 
M.  G.,  que  le  preniiei'  est  une  partie  du  second.  Mais  comment  croire 
qu'Eléazar  de  Worms  cite  notre  ouvraire  une  fois  sous  le  titre  rie  M.  <;.,  une 
autre  fois  sous  celui  de  nnrîl  mo^'N  n3i;aP  m35rî,  ou  (|ne  C.lilkia  b. 
.\braliam  le  nomme  tantôt  M.  '#'..  tantôt  Tesihtittlinl  ha-Gi/eonim,  Te»i-kouf>ttl, 
.Miuh(i;/ol.  etc.  ?  Il  n'est  guère  raisonnable  d'admettre  <|ue  le  roérne  auteiu'. 
dans  le  même  ouvrage,  intitule  la  même  source  de  maniéro  djlférenles.  (tu 
bien  le  .1/.  G.  était  plus  petit  et  ne  contenait  pas  tout  ce  qui  se  tmuve  dans 
les  autres  a''0'^"lt32"lp,  ou  bien  noire  édition,  qui  ne  nous  rend  (tas  toutes  les 
citations  du  M.  G.,  est  une  compilation  faite  à  l'aide  du  M.  G.  et  des  autres 
opuscules.  Il  ne  suffit  naturellement  pas  de  prendre  ce  qui  ressemble  et 
rie  laisser  ce  qui  est  différent  ou  qui  manque.  Quand  le  savant  éditeur  nous 
apprend  que  les  trois  .citations  présentes  dans  l'érlition  en  établissent  l'irleii- 
tité  avec  le  .M.   (i.  et  rpie  celles  rpii    n'y   sont  p.^,s  prouvent  seulement  ipie  li' 


144  REVUE   DES  ÉTUDES  JUIVES 

M.  G.  était  p:iaiitivenienl  plus  complet,  on  pourrait,  avec  une  logique  si 
comiiioiie.  établir  de  même  que  le  Pardès,  par  exemple,  n'est  |)as  autre  chose 
que  le  M.  G.  :  ce  qui  s'y  trouve  —  et  les  passages  parallèles  sont  nombreux  — 
confirme  l'identité  et  ce  qui  ne  s'y  trouve  plus  maintenant  y  était  autrefois. 
On  ne  saurait  prouver  davantage  que  le  M.  G.  édité  est  une  source  du 
Pardès  :  lun  et  l'autre  sont  des  compilations.  Ce  que  nous  reconnaissons 
volontiers,  parce  que  les  faits  favorisent  cette  opiniun,  c'est  que  le  M.  G  coor- 
donne mieux  les  matériaux  communs.  Les  autorités  citées  sont  plus  nom- 
breuses (jue  celles  du  Pardès  (voir  le  chapitre  m  de  llntroduction).  Le 
Maassê  he-Gueonim  est  à  la  base  des  deux  con)pilatlons.  ainsi  <|ue  les 
recueils  d'  «  usages  »  et  de  consultations  des  savants  rhénans.  Le  compilateur 
de  notre  M.  G.  n'a  pas  toujours  respecté  la  forme  de  ses  emprunts,  d'où 
vient  que  le  même  personnage  est  désigné  diSéremmeut  (p.  ex.  p.  13  :  SISÏ721 
■jnD  '"1,  p.  13,  40  :  1ri3  "'jNT).  Nous  avons  affaire  à  un  copiste  qui  vivait 
probablement  en  Bohême.  Le  passage  de  la  p.  53,  13^731p733  D"'5m;ï) 
Drî32  (ajouter  1733)  est  peut-être  interpolé  :  il  est  douteux  que  le  consul- 
tant de  Rasclii  ait  été  de  Bohème.  Quant  aux  trois  gloses  bohémiennes,  ce 
sont  des  additions  postérieures,  qui  attestent  les  migi'ations  de  l'ouvi-age. 

Le  M.  G.  contient  trois  gloses  maiginales  d'un  certain  R.Abraham,  qui  nomme 
comme  son  maître  R.  Samuel  b.  Baruch  (celui-ci  n'est  pas  le  maître,  mais 
seulement  le  parent  de  R.  Méir  de  Rothenbouig,  voir  Heviie,  LVIII,  234).  On  ne 
sait  qui  est  cet  Abraham,  car  nous  connaissons  plusieuis  savants  de  ce  nom 
au  xiii^'  siècle:  Abraham  de  Boppard;  Abraham  b.  Baruch,  frère  de  R.  Méir; 
.\braham  b.  IsraiM,  frère  de  R.  Vedidia  de  Nuremberg  :  .\braham  b.  Joseph 
de  Nuremberg:  Abraham  d'.\schafrenburg  [Oçar  Nelunad,U,  10);  .Vbraham 
b.  .Manoali  ;  .\brt\ham  b.  Mordechai  (Tossafot,  Soin,  3  6);  Abraham  «  le 
saint  »,  père  de  R.  Meiiahem  (Consultations  de  Havyim  Or  Zaroua,  n»  127;; 
Abraham  b.  Simha  {ibidem,  n<"  49,  120,  124-3i;  Abraham  HIadik  (Kohn, 
Mardochai  b.  Hillel,  p.  98).  Peut-être  est-ce  dernier,  qui  a  encore  compilé 
des  Minhaguim  pour  toute  l'année  (Kohn,  ibidem). 

Obseivations  de  détail  sur  l'édition.  P.  3,  n.  1,  cf.  Likkmité  Amerkol 
(l\a"l^D  D'^:iNam)  ;  Sckaarê  Douni,  2o  b  :  p.  4.  lire  3?"3  (py  imD)  pour 
'^y\    p.    3,  11"    6.   lire    mnbî^l    pour    EinbwO,    aiH"";::    pour  •J'^îrnî  et 

b"j3n:ï:  pour  nbïjnnr^a  ;  p.  8,  lire  mac;T  pour  n-isoT  ;  p.  3i,  ',rnu3 
na*::"!  nn^  ni?,  Bokéah,  303  :  •c"y^  naï:a:  p.  32,  n"  48,  lire  nb'^nnDb 
pour  nb-^nn,  "-idd"'  "ossa  Nin  ann  -^d  pour  "«asin  Nin  mn  •'D 

(cf.  Rokéah,  304;,  -|î?'>:;3T  iiour  b"':£m  :  pour 'j-'npDT:.  fiu/céali  a  inexacte- 
ment pspsw;  p-  33,  naxn  -ian  n^^tos-id,  Hohéah  -.  niaxH  nani  ;  pour 

"ipina  lire  na;  effacer  T^T,  dittographie  de  C^ST  qui  suit:  p.  34,  n"  49.  d'après 

Rokéah  :  •\viz,b  Nai  ni::7ûb  nbTin  "^z  -inxi  ;  p.  35,  i.  i  :  •[■'w^-'o?: 

lainp,  d'après  Rokéah  :  rO^H  ;  pour  "i^CTa  Nb  ';"'bD1D  «b  lire  l-^N  :  le 
passage  de  S.  L.  cité  i).  39,  n.  322,  se  rapporte  à  la  p.  40.  n.  324:  p.  i3, 
n-  53,  cf.  0.  Z.,  II,  162  o,  i?  393,  où  le  texte  est  meilleur  :  pour  nN-<ar;  lire 
T^n  ;  ■12'«mai  D"«im2  pi  se  rajiporte  a  ybp"«73T  îO"<n  qui  suit  jion 
ND'^m);  p.  45,  n.  36,  cf.  Ha;/.  Muïm.,  Meguilla,  ii,  1  :  Q'C;a  N^TW:  pT 
pnS"^  na  rmrr^  'l;  p-  47,  n"  57,  cf.  0.  Z.,  U,  1626,  §  394,  où  ion  a  un 
meilleur  texte;  ligne  3  :  nby73b  ÏJ'inDW»^  1733,  référence  à  la  consultation 
de  R.  Juda  ha-Cohen,  qui  manque  ici:  dans  0.  Z.  elle  se  lit  auparavant: 
j).  48,  I.  4,  DnbNTIJOl,  mieux  ribî<ï3"«131  ;  de  même  I.  16;  pour  abl'v^,  liie 
abl^"»  ;  pour  -nST,  lire  -\^Z'!^  ;  l.  19  ajouter  -nanc  rr'b'Jan  après  ■'sb 
ninUî;  p.  49,  'iDT  Dnp73a  l-^ims  V^  baX  ne  donne  pas  un  sens  satis- 
faisant ;    le    texte   s'éclaire    par    Rokéah,     316  ;    lire   :     'j'^sm;    1''N     ?ai< 

a-'-n  Ninï:  pin-i   mp-toa  ib-^oN  anp  ib  c-'C  mpra  ;Nbî<  •;«=] 


BIBLIOGRAPHIE  145 

a-<;or;bT  Tmb"^3î<2  TiT'b  :  i/>.,  n"  S'J,  d'après  Hokéah.  '.ill  :  't  msti 
"17315  a''P"'5N  et  '{■'aTOT»  'j-'N  ;  P-  50,  av.-<l.  1.,  0.  Z.,  II,  \T3  b,  §  4i0  ;  ibiiL, 
"O'fp  DT^O  in^b,  0.  z.  d'après  Eliakim,  dans  .V.  G.  au  nom  de  R.  Kalo- 
nymos  ;  cf.  Haban,  n"  H;  p.  32,  n"  61,  cf.  S.  /..,  éd.  Buber,  Introduction, 
n.  84  ;  variantes  :  N>,::n  ''3  'ïJ-|C3  et  bïî  T^nmb  ^730  pTOt"»  "1  NS»^  IV 

pDn  -)Tyrî<  '1  t^3n;  p-  56.  n"  62,  pm:"»  'n  rs-nn,  cf.  s.  l.,  133  ;  p.  60, 

consultation  d'Isaac  b.  Juda,  variantes  dans  0.  Z.,  II,  34  6,  §  109;  ibid.,  a.  90, 
«  ce  sont  les  paroles  de  l'auteur  «,  le  texte  prouve  que  ce  passage  est  aussi 
une  consultation. 

Bien  des  endroits  qui  paraissent  siniruliers  sont  à  mettre  au  compte  du 
copiste.  Une  collation  plus  attentive  des  textes  parallèles  connus  aurait  été 
nécessaire.  Les  notes  savantes  de  M.  J.  Freimann,  qui  témoignent  comme 
toujours  de  son  application  et  de  son  attachement  au  sujet,  ne  sont  pour  la 
plupart  que  des  références.  .Nous  sortirions  du  cadre  d'un  compte  rendu  en 
réunissant  les  innombrables  variantes  des  passages  parallèles.  C'est  un  travail 
mécanique  et  long,  mais  l'édition  n'aurait  pu  qu'y  gagner,  car  le  te\le  auriiit 
pu  être  corrigé  aux  endroits  difficiles,  non  par  voie  de  conjectures  critiques, 
mais  grâce  à  la  simple  indication  des  divergences. 

M.  Epstein  s'est  acquitté  d'une  œuvre  qui  mérite  toute  notre  considération 
en  éditant  le  manuscrit  Goldsclimidt.  Nous  possédons  grâce  à  lui  un  nouveau 
recueil  de  valeur,  qui  nous  fait  mieux  comprendre  l'activité  littéraire  de  l'école 
de  Raschi.  Si  ce  n'est  pas,  comme  nous  le  croyons,  le  Maassé  ha-Gueonim 
primitif,  cette  constatation  ne  diminue  ni  le  mérite  de  l'éditeur,  ni  la  valeur 
de  l'ouvrage  lui-même.  Les  rapports  de  ces  textes  sont  si  embrouillés  que  nous 
devons  de  la  reconnaissance  à  tout  effort  qui  tend  à  mettre  de  l'ordre  parmi 
ces  disjecta  membra.  —  J.  Wellesz. 

3'win  n^nyiD  -ied  Sefer  Maassei  Choscheb.  Die  Praxis  des  Rechners.  Ein 
hebràisch-arithmetisches  Werk  des  Levi  ben  Gerschom  aus  dem  Jahre 
1321.  Zum  ersten  Maie  herausgegeben  und  ins  Deutsche  iïbertragen  von 
G.  [-ANGE.  Francfort-s.-Mein,  imprimerie  Golde,  1009;  in-8°  de  100  + 
139+  XIV  p.  M.  3,50. 

L'arithmétique  deOersonide  se  divise  en  deux  parties,  une  partie  théorique, 
qui  se  compose  de  théorèmes  avec  leurs  démonstrations  ,  et  une  partie 
pratique,  qui  donne  la  manière  de  résoudre  les  divers  problèmes;  la  jjremière 
partie  sert  comme  d'introduction  à  la  seconde,  car,  dit  l'auteur  tout  au  com- 
mencement, on  n'arrive  à  la  perfection  dans  la  pratique  qu'en  en  coimaissant 
les  principes  ;  de  là  aussi  le  titre  (à  double  sens)  de  l'ouvrage.  Dans  son 
Introduction,  l'éditeur  analyse  la  deuxième,  puis  la  première  section  en  fai- 
sant ressortir  les  parties  originales  ;  il  nstrouve  là  des  procédés  qu'on  ne 
signale  qu'un  ou  deux  siècles  plus  tard  chez  des  arithméticiens  chrétiens.  Il 
aurait  été  intéressant  de  déterminer  la  place  de  Gersonide  dans  l'histoire  des 
mathématiques,  ses  sources  (Ibn  Ezra)  et  son  influence  :  peut-être  M.  L.  nous 
donnera-t-il  une  histoire  des  mathématiques  chez  les  Juifs.  —  L'édition  est 
faite  d'après  les  mss.  33  et  67  de  Munich  et  d'après  un  manuscrit  de  Vienne . 
La  traduction,  dont  nous  avons  examiné  quelques  pages,  nous  a  paru  exacte  ; 
mais  elle  aurait  dû  être  uniforme  :  il  faut  ou  respecter  constamment  la  ter- 
minologie de  l'auteur  ou  la  remplacer  partout  par  la  nôtre  ;  la  seconde 
méthode  est  épineuse,  car  elle  risque  d'égarer  celui  qui  ne  peut  recourir  à 
l'original  sur  l'état  d'avancement  de  la  terminologie  au  xiv*  siècle  ;  puisque 
Gersonide  ne  connaît  pas  encore  tie  symbole  pour  marquer  l'absence  du 
nombre,  il  ne  faut  pas  introduire  de  zéros,  surtout  dans  le  texte  hébreu. 
Notons,  à  ce  propos,  que  M.  L.  a  réuni  et  traduit  les  termes  techniques 
T.  LXll,  N"  123.  III 


iiè  REVUE   DES    ETUDES  JUIVES 

r:.  ;  hébreux  (p.  97-100).  —  P.  m,  Philippe  le  Bel  était  déjà  mort  quand  Gerso- 
nide  arriva  àr<àge  d'homme  ;  sur  la  date  de  la  mort  de  G.,  v.  H.  B.,\ll,  83-84,  et 
Revue,  XVII,  82.  —  Compte  rendu  de  0.  Treitel,  dans  Monalsachrifl,  LIV, 
625-629. 

n''3lû3  î^ïJi';o  Encyclopédie  scientifique  et  médicale  de  Tobia  Cohen.  Pre- 
mière partie.  Podgorze,  impr.  Joseph  Plessner,  1008;  in-S"  de  32  + 
136  ff. 

^^»rn^;  nncTo  Glavis  Talmiidis,  sive  EncyclopiL'dia  rerum  quie  in 
Mischna,  utroque  Talmude,  Tosifta,  Mechilta,  Sifra,  Sifre  Talmudi- 
cisque  libris  occurrunt,  alphabetico  ordine  disposita.  Auctore  Michael 
GuTTMANN.  Livraisons  v-viii.  Budapest,  chez  Tauteur  (Vàcz,  impr. 
M.  Kohn),  1908-1910;  in-g»  de  320-648  p.  Le  volume  de  8  livraisons  : 
12  couronnes. 

Premières  livraisons  annoncées  Revue,  LVlll,  142.  Celles-ci  contiennent 
principalement  la  fin  de  larticle  Abraham,  les  articles  Agada,  Edom,  Adam 
(l'homme,  le  premier  homme).  Compte  rendu  de  M.  Aptowitzer,  dans  la 
Muuutsschri/f,  LIV,  172-3,  419  et  s.  ;  533  et  s. 

^''^^nn  m^Stt  Sur  le  précepte  d'écrire  soi-même  un  exemplaire  du  Penta- 
teuque,  par  Ch.  L.  Ehre.nreich.  Vâcs,  1910  ;  in-S'  de  14  p. 

mDnnrr  mp?:  Die  Liturgie  des  Siddur  und  ihre  Entstehung  nach  den 
Urquellen  untersucht  und  systematisch  geordnet  von  W.  Jawitz.  Ber- 
lin, chez  l'auteur,  1910  ;  in-8°  de  (2  -f)  97  p.  M.  3,2b. 

V'3"':3  nN'ôîW  'o  Gloses  bibliques,  midraschiques  et  talmudiques  par 
E.  llEiCH.  III-IV.  Vâcz,  M.  Kohn,  1910;  in-4°  de  47  et  32  S. 

ïTTnn  Ïi3^7a  Extraits  de  la  Mischna  ponctués  et  accompagnés  d'un  com- 
mentaire, à  lusage  des  classes,  par  Ch.  D.  Rose.xstein.  Varsovie,  éditions 
«  Tuschijah  »,  1910;  in-S»  de  141  p. 

3bi:n  iTia'CJ  n3ï573  Les  pogromes,  par  L.  Scuapiro,  traduit  par  I.-S.  Bohus- 
LAwsKi.  Jitomir,  1910;  in-8°  de  16  p. 

nv;C7û    Mischnaiot.  Exemplar  hebraicum   distinxit,   annotavit,  in  itali- 
cum  sermoncm  convertit  V.  Gastiguoni.  Moëd  Kalan.  Haguiga.  Kome, 
Casa  éditrice  italiana,  1909;  in-S"  de  335-362  p. 
Parties  précédentes  :  Revue,  LVI,  139. 

riV3T25tt  Mischnaiot.  Hebraischer  Texl  mit  Punklation  nebst  deutscher 
llebcrsetzung  und  Erklarung.  II.  Teil  :  Seder  Moed.  Von  E.  Baneth. 
Berlin,  impr.  Itzkowski,  [1909];  in-S»  de  257-320  (livraisons  38  et  39). 
M.  0,75  chaque. 

'jTON'^n  "jT^Oîn  Eléments  de  la  langue  hébra'ique,  par  H.  Malachowsky, 
New-York,  1909  ;  in-8»  de  96  p. 

0^*73»  ûi'lj  (jloses  sur  le  Schoulhan  Arouch,  par  Josei'h  Teomim,  avec  des 
explications  intitulées  "^ibn  rr'D,  par  B.  Ki.m.\iel.  Munkacs  (chez  l'au- 
teur, k  Kniliynic.e,  (ialicio),  1010:  in-4''  de  (14  ~)  50  (-f-  2)  ff. 


BIBLIOGRAPHIE  147 

n'^yi2T~t  "iD,  Histoire  des  Juifs  au  Maroc  depuis  l'épocjue  de  leur  établis- 
sement jusqu'à  nos  jours,  par  J.  M.  Toledano.  Jérusalem,  impr.  Luncz, 
1910  de  (x+1248  p.  6  fr.  ;  in-S»  (5671). 

nben  bip  -mo  Prières  du  rite  sefardi  avec  traduction  en  dialecte  tut,  par 
A.  PiNCHAssow.  [Derbent  (Caucase)],  M.  Bogatyrew  et  S.  Mordchajew 
(Wilna,  imprimerie  de  I.  Piroschnikow),  1909  ;  pet.  in-S"  de  xxxii  + 
487  p. 

Vuir  Z.  f.  H.  U.,  XIV,  98. 

mona  mo  Jechiel  Morawczik  b.  Jeduha.  Seder  DerachoUi  (Ordo  bene- 
diclionuin)  denuo  edidit,  introductionem  adiecit  L.  Ph.  Pri.ns.  Franc- 
fort-s.-M.,  Siinger  et  Friedberg,  1910;  in-S"  de  \\\  -j-  46  p. 

mrpn  "ino  Die  Trauergesiinge  fur  Tischah  beab  nebst  allen  duzu  gehô- 
rigen  Gebeten.  Aufs  genaueste  nach  Handschriften  korrigiert  und  mit 
deutschcr  Uebersetzung  begleitet  von  S.  Baer.  4.  Auflage  mit  vôUig 
neu  bearbeileter  Uebersetzung  von  S.  BAsiBEacER.  Deutscher  Rilus. 
Rôdelheim,  M.  Lehrberger,  1910  ;  in-S"  de  iv  +  320  p.  M.  1,70. 

ûbïjn  D"'i<-n7:NT  û">i<:n  nio  d^  n::it  abiy  -ne  Seder  Olam  Zuta  and 
complète  Seder  Tannaim  v'Amoraim  with  introduction  and  notes  by 
M.  Grosberg.  Londres,  chez  l'auteur,  36,  Rutland  Str.,  Stepney,  E.  (impr. 
Narodiczky),  1910;  in-S»  de  16  -f-  112  p. 

L'Introiluclioii  ne  parle  que  du  S.  0.  Z.  (et  du  .S.  0.  R.)  ;  réditeur  [jarait 
avoir  pris  puur  base  l'éd.  d'Amsterdam,  1717,  ou  une  réimpression.  Pour  le 
S.  T.  A.,  il  a  vu  des  manuscrits,  mais  il  ne  s'en  est  pas  servi  (sauf  2  ou  3 
fois  de  celui  de  Munich). 

mD».  1i"n^'^  Voir  Strack.. 

nnsN"  -isD  Choix  d'aggadot  du  Talmud  et  du  Midrasch,  classées  d'après 
les  sujets  et  expliquées  par  I.-Ch.  Uawnitzky  et  Ch.-N.  Bialik, 
Volume  m,  livres  V  et  VI.  Odessa,  impr.  Bialik  et  Burischkin,  1910 
(5670,  5671);  2  vol.  iii-so  de  (2  +)  236  et  de  vu  +  215  p. 

Compte  rendu  de  la  première' partie  Revue,  LVill,  lia.  Le  livre  V  con- 
tient les  agL'adot  sur  l'iiomme  et  la  morale,  le  VI"  sur  le  monde,  la  majiie  et 
la  médecine,  et  en  outre  des  proverbes,  des  varia,  des  (iihlitainenta  el  un 
Index  des  noms  de  personnes  et  de  choses.  Même  sans  l'Introduction  promise, 
cette  chrestomathie  reste  précieuse. 

-biîî:iri  -DD  The  Book  of  Ucdemption  of  Moses  be.n  Nacuma.n.  Edited  from 
a  manuscript  of  tlie  Brilish  Muséum  by  Jacob  Lipscimtz.  Londres, 
chez  l'éditeur,  1909;  in-S"  de  34  p. 

Û"'T'Tjr;  "IDO  Histoire  desNaziréeus  par  Bar  Tobia  [V .  FKAE.\KEr.,.  VarsoNie, 
1910  ;  in  8"  de  68  p. 

ainD  "'.EC  Dissertations  rabbini(|ues,   par  A.-A.  Bun.iamo\vitz.  Jérusalem, 
chez  l'auteur.  1909  ;  in-S"  de  110  p. 
Voir  Z.  f.  H.  H.,  XIV,  34. 
rm  mnny  Voir  Strack. 


148  RKVUE   DES   ÉTUDES   JUIVES 

n7''')2r,  by  Sur  la  circoncision,  par  L.  Szper.  Lublin,  chez  l'auteur.  1909; 
in-12'  de  (2  +)  18  p. 

^.s-iCT  a-pTiyn  uvzyr,  Les  peuples  anciens  et  les  Juifs  (lantisénii- 
tisme  dans  l'antiquité  .  par  M.  Mieses.  Podgorze,  1909  ;  in-12»  de  160  p. 

a-isiNsn  nsipnb  a"'3>5i:n  u^:r:i  a^r:y  Studien  zur  gaonaischen  Epoche 
von  S.  PozNANSKi.  I.  Heft.  Varsovie,  1909;  in-8»  de  70  p.  (tirage  à  part  de 
Hakedem,  I-Il), 

Voir  Revue,  LXI,  297. 

T^r^yr-,  He'Atid  (Die  Zukiinft).  Hebriiische  Zeitschrift  fiir  Literalur  und 
Wissenschaft  desJudentums.  Band  II.  Berlin,  éditions  «  Sinaï  ».  1909; 
in-8°  de  196 -f-  33-70  p. 

Compte  rendu  du  premier  volume  Revice,  LVIII,  137.  Les  tendances  de  cette 
revue  continuent  h  ne  pas  apparaître,  sinon  qu'elles  sont  négatives  et  contra- 
dictoires. Nous  mettons  à  part,  bien  entendu,  l'étude  de  M.  D.  Neumark  sur 
Crescas  et  Spinoza  {p.  1-28):  le  Tractatus,  non  moins  que  l'E/hique,  serait 
inspiré  du  Or  Adonaï  et  là  ou  Spinoza  quitte  son  maître,  c'est  pour  rejoindre 
le  christianisme.  M.  S.  Hurwitz,  dans  un  lonir  article  sur  le  hassidisme  et  la 
haskala  (p.  29-99),  s'élève  vigouieusemcnt  contre  les  apologistes  modernes 
du  hassidisme.  s'efforraiit  de  montrer  que  le  hassidisme  n'est  ni  une  révolte 
rontre  l'autorité  du  rabbinisme,  ni  une  revanche  du  sentiment  sur  le  rationa- 
lisme, enfin  qu'il  n'est  pas  un  mouvement  populaire,  mais  savant  et  artificiel. 
11  y  a  beaucoup  d'excès  dans  cette  polémique  mordante  et  provocante  (voir  le 
parallèle  de  Sabbataï  Cevifet  de  Herzl  ,  mais  aussi  une  grande  part  de  vérité. 
^'ous  y  reviendrons,  ainsi  qu'à  la  monographie  d'Israël  Baal  Schem  par 
M.  Horodezky  [suite  et  fin),  qui  ne  craint  pas  le  voisinage  de  cette  critique 
(p.  14o-196).  —  Bar  Tobia  réfute  les  thèses  de  Chamberlain  (Die  Grundlagen 
(les  XIX.  Jahrlï.).  —  Dans  l'annexe  à  pagination  distincte,  M.  J.  Klausuer 
continue  son  étude  diligente  sur  Jésus  ;  l'examen  des  écrivains  grecs  et 
romains,  de  Paul,  des  Pères  apostoliques  et  des  Évangiles  apocryphes  prouve 
seulement  que  Jésus  a  existé,  outre  qu'ils  nous  renseignent  sur  son  milieu  : 
c'est  aux  Évangiles  qu'il  faut  s'adresser  pour  en  savoir  davantage,  et  M.  K., 
passe  en  revue  l'histoire  de  la  critique  évangélique  jusqu'à  nos  jours  ;  pour- 
quoi Loisy  est-il  omis  ? 

n3"'n:"i72  "^Torin  "^in:  'o  Peere  Chachnie  Medinuseni  [sic),  (ieschichte  und 
Biographie  sammtlicher  Isr.  Grossen,  circa  1000  an  der  Zabi,  die  in 
Ungarn  fungiert  haben  vom  Jahre  4820  bis  zur  gegenwiirtigen  Zeit.  Nebst 
Anhang  zur  Geschichte  der  Juden  in  l'ngarn  :  als  Einwanderung,  Lage 
und  Verfolgung  der  Juden  in  liigarn,  und  iiberliaupt  samnilliche  den 
Juden  betreffenden  Begebenheiten  [sk),  ailes  klar  und  deutlich  darge- 
legt.  Verfasser  L.  Gnii.NWALD.  M.  Sziget,  impr.  Kaufman,  1010  ;  in-ST 
de  120  p.  K.  2. 

Le  chap.  ii  de  llnlioducliou  réunit  les  textes  de  la  littiraluro  rabbiniquc 
qui  mentionnent  la  Hoiiirrie  [Haçiar),  le  chap.  m  groupe  (|uelques  événe- 
ments historiques  et  raconte  la  destruction  d'Ofen  (d'après  la  Meguilla).  La 
piété  de  l'auteur  l'a  empêché  d'utiliser  ou  de  citer  les  travaux  do  Kohn  et  de 
Kaufmann.  Le  chap.  v,  sur  le  hassidisme  en  Hongrie,  a  2  pages.  Les  célébrités 
dont  la  liste  suit  sont  pour  la  plupart  inconnues  ;  l'auteur  se  borne  à  indiquer 
U  Mège  de  leur  rabbinat,  la  date  de  leur  mort  et,  le  cas  échéant,  les  titres  de 


BIBLIOGRAPHIE  149 

leurs  ouvrages,  en  outre  parfois  une  anecdote  merveilleuse.  Aucun  détail  sur 
Moïse  Sofer,  Ezéchiel  Baneth,  etc.  —  L'auteur  de  ce  î  Schem  ha-Guedolini  » 
honirrois,  comme  il  l'appelle,  a  publié  un  ouvrage  analogue,  D^2T>ï3N^b  11"",;; 
(v.  plus  haut  . 

ï^î'CTûn  "CTi^D  MosE  BEN  Maimu.n's  Commentai*  zur  Mischnah.  Tractât  Mak- 
koth  und  Trartat  Schebuoth,  in  nenei*  hebriiisclier  Uebersotzung  ans 
dem  arabischen  Lrtcxt  mit  pri'ifenden  und  erlauternden  Anmorkiin- 
gen  von  Manuel  (Manni)  Gottlieb.  Hanovre,  1909  ;  in-8»  de  74  p. 

û-^Vûr:  T"*:;  nba?^  by  nrji  npb  •^Ji-i-'d  The  Commentarv  of  Rahbi  Tobia 
BEN  Elie/.er  on  Canticles.  Edited  for  the  first  time  from  the  Mss.  in 
Cambridge  and  Munich  by  A.-W.  Greenup.  Londres,  1909  ;  in-8°  de 
108  p. 

Compte  rendu  do  M.  S.  Poznaiiski  dans  Z.  f.  //.  G.,  XIU,  "y-sO. 

"{""Pw?:  nD07a  OTT'î;  Salomo  ben  Ha-jathom's  Kommentar  zu  Masqin  (Mo'ed 
qatan),  auf  Grund  der  einzigen  bekannten  Handschrift  (Codex  Castelbo- 
lognesi)  herausgegeben  und  mit  Einleitung  und  Noten  versehen  von 
H.  P.  Chajes.  Berlin,  impr.  Itzkowski,  1909  [1910  ;  in-S"  de  xxxiv  + 
140  p.  (Schriften  des  Vereins  Mekize  Nirdamim,  3.  Folge,  Nr.  1). 

La  société  Mekize  Nirdamim,  reconstituée  en  1908  sous  la  présidence  de 
M.  Simonsen,  ne  pouvait  mieux  commencer,  ou  recommencer,  que  par  la  publi- 
cation d'un  ouvrage  dont  l'existence  même  était  insoupçonnée  et  qui  émane 
d'une  école  assez  mal  représentée  dans  la  littérature  rabbinique.  L'auteui' 
vivait  dans  l'Italie  méridionale,  où  Ton  parlait  l'italien  et  l'arabe,  mais  on 
l'on  ne  comprenait  plus  guère  le  grec  ;  on  peut  se  demander  s'il  n'est  pas 
identique  avec  un  Salomon  ha-Sefardi  cité  par  Isaïe  de  Trani  et  originaire 
par  conséquent  d'Espagne.  M.  Cb.  croit  que  sa  patrie  pourrait  être  l'Orient 
ou  au  moins  qu'il  y  a  \oyagé,  mais  ses  renseignements  sur  la  Palestine  ne 
sont  pas  forcément  d'un  témoin  oculaire  et  les  usages  musulmans  devaient 
être  connus  dans  le  sud  de  l'Italie.  Son  nom  (cf.  Revue,  V,  20")  ne  prouve  pas 
davantage  son  origine  orientale,  en  admettant  même  l'ingénieuse  hypothèse 
de  M.  Cil.,  qui  y  voit  une  forme  hébraisée  du  nom  arabe  Haïtliam  ou 
Al-Haitham  (cf.  ÛTn"^bî<  "ja  pnit"',  Festschrifl  Harkavi/,  p.  134).  11  cite 
Guerschom,  l'Arouch,  P»aschi,  il  est  cité  par  Isaïe  de  Trani  l'Ancien;  il  a  donc 
vécu  au  XII*  siècle  :  toute  autre  précision  manque  de  base.  Ce  qu'il  dit  des 
gens  de  son  temps  p.  xv),  ce  sont  des  généralités  qui  ne  se  rapportent  pas 
spécialement  à  ses  contemporains.  Ses  maîtres  sont  inconnus.  —  Il  a  com-. 
menté  divers  traités  talmudiques  ;  lui-même  cite  ceux  de  Berachof,  Sabbat 
et  Erouliin  donc  Moi'd).  Celui  <1('  Masc/iki»,  autre  nom  de  Moëd  Katan 
(v.  Revue,  XX,  13G  ,  qui  pourrait  être  incomplet  (v,  p.  xi,  n.  11  ,  utilise 
R.  Hananel  (dont  les  coinnientains  étaient  connus  en  Italie,  d'où  ils  ont  passé 
en  France)  et  suit,  surtout  dans  les  premières  pages,  le  commentaire  qui  est 
imprimé  sous  le  nom  de  Rasclii  et  (|ui  parait  atliibue  à  Guerschom  (p.  103). 
11  est  exi'cssif  de  dii'c  (jue  l'auteur  se  distingue  des  anciens  commentateurs  du 
Talniud  :  il  est  moins  adroit  que  l\aschi,  voilà  tout;  il  a  des  répétitions,  des 
contradictions  et  certaines  explications  au  moins  étranges  (p.  xviii).  Son  style 
est  clair  et  vise  à  l'élégance  liste  des  teimes  particuliers  p.  xix-xx  ;  Simhat 
Tara  est  appelée  nsian  rNTI)  ;  sa  grammaire  de  l'hébreu  est  assez  rudi- 
mentaire  et  il  juge  que  la  prosodie  gâte  le  style  (p.  I18i  :  c'est  un  Italien 
avant  Ibn-Ezra.  Il  se  livre  à  des  dicressions,  explifiue  la  Bible  en  passant  (le 
mot  mezouza,  p.  97;  immérotation  des  Psaumes,  p.  81 1,  fixe  la  chronologie 


ibO  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

des  rabbins,  où  il  erre  parfois,  explique  l'araméen  du  Talmud  à  l'aide  ilu 
Targoum  et,  ce  qui  est  plus  curieux,  do  l'arabe.  Il  sait  un  peu  de  physiciue  et 
de  médecine  et  ne  se  fie  pas  aux  recettes  du  Talmud  (p.  47;  cf.  la  petite 
consultation  de  Sclieiira  publiée  par  B.  Lewin,  dans  l'annuaire  Tacfi/cemoni, 
I,  41).  II  a  25  gloses  italiennes  et  30  arabes  (deux  fois  des  phases  entières).  H 
mentionne  le  Targoum  Onkelos  et  le  Targoum  Yerou.schalmi  sur  le  Penta- 
teuque,  le  Targoum  .lonathan  sur  les  Prophètes,  la  Mecliilta  de  Pi.  Ismaël  et 
celle  de  R.  Simon  (celle-ci  appelée  Ni^DT  Nn5"'373,  parce  qu'elle  commençait 
par  l'épisode  du  buisson  ardent),  le  Sifra  et  le  Sifrè  (trois  citations  nou- 
velles), le  Talmud  palestinien,  généralement  d'après  R.  Hanan«l,  et  différents 
Midraschim.  Les  citations  d'Alfasi  et  d'Isaac  Giàt  ne  nous  paraissent  pas 
sûres.  Le  commentaire  ne  brille  pas  par  l'originalité  ni  la  profondeur,  niais  il 
nous  a  conservé  un  très  grand  nombre  de  variantes  du  texte  talmudique, 
dont  beaucoup  méritent  considération. 

L'édition  de  M.  Cli.  est  des  plus  soignées;  il  a  tiré  le  meilleur  parti  du 
manuscrit,  qui  est  unique  et  assez  incorrect  (noter  l'orthographe  '^ttj'^èl  eu 
un  mot,  blU  uni  au  mot  suivant).  Ses  notes  expliquent  tout  ce  qu'il  fallait 
expliquer  et  quelquefois  davantage  ;  son  introduction  est  complète,  érudite  et 
précise.  Le  commentaire  de  Salomon  ha-Yathom,  élucidé  par  M.  Chajes,  est 
d'un  grand  prix  pour  la  diorthose  du  texte  du  Talmud  et  pour  l'histoire  de 
ses  commentaires. 

Tw^'  ■^-im  rNpTri"'  by  'JTT^d  Kommentar  zu  Ezechiel  nnd  den  XII  kleinen 
Prophcten  von  Eliezf.r  ans  Beangency,  znm  ersten  Mal  herausi^^egeben 
iind  mit  ciner  Abhandlung  iiber  die  nordfranzôsischen  Bibelexegeten 
eingcleitet  von  S.  Po^znanski.  Lieferung  I  :  Ezechiel.  Varsovie,  impri- 
merie de  la  «  Hazefirah  »,  1909  [1910]  ;  in-S"  de  H3  p.  (Schriften  des 
Vereins  Mekize  Nirdamim,  3.  Folge,  Nr.  4). 

Nous  rendrons  compte  de  cette  édition  aussi  soignée  qu'utile  quand  elle 
sera  achevée.  Le  2°  fascicule  a  paru  au  début  de  1911  et  nous  attendons 
encore  une  Introduction  sur  les  exégètes  bibliques  de  l'école  française. 

•^ijTia  niT'  i;3~ib  "bOTO  by  ■ott'd  R.  .Io.na  Gerundi  und  sein  eUiischer 
Kommentar  zu  den  Proverbien,  von  A.  Lô\venth.\l.  Berlin,  M.  Poppe- 
laner,  1910  ;  in-8**  de  146  impartie  hébr.)  +  36  p.  (partie  allem.). 

Yona  b.  Abraham,  originaire  de  Girone,  enseigna  à  Barcelone  et  à  Tolède, 
où  il  mourut  en  1263.  .\  son  enseignement  nous  devcins  quelques  commen- 
taires talniudiques  ;  sa  piété  ou  sa  mort  extraordinaire  (lettre  de  Hillel  de 
Vérone)  ou  plutôt  encore  ses  ouvrages  de  morale  lui  ont  valu  le  titre  de 
«  pieux  »  et  de  a  saint  ».  Disciple  de  Salomon  de  Montpellier,  il  assista  son 
maître  dans  sa  lutte  contre  Maimonide.  M.  L.  part  de  là  pour  justifier  la 
conduite  de  Yona  et  pour  le  comparer  à...  Maimonide  (p.  6-19).  L'apologie 
est  aussi  fausse  de  ton  que  le  parallèle  dépourvu  de  base.  Il  a  raison  de  dire 
>  que  les  adversaires  de  Maimonide  n'étaient  j)as  tous  des  «  obscurants  »,  mais 
t'i  il  ne  s'agit  pas  d'excuser  l'attitude   des  talmudistes,   il   s'agit   de   la   com- 

;,.  >  prendre,  et  de  la  juger  d'après  les  faits  authentiques.  Quand  Hillel  de  Vérone 

i'  raconte  que  Yona  se  repentit  d'avoir  pris  part  à  la  lutte,  fit  vœu  d'aller  en 

l)èlerinage  sur  la  tombe  de  Maimonide  (ces  vœux  sont  du  reste  courants  au 
moyen  ;ige  chez  les  chrétiens  aussi)  et  mourut  subitement  pour  ne  pas  avoir 
.  tenu  parole,  il  se  fait   l'écho  de  traditions  tendancieuses,  tout  de  même  t\\io 

■.?>(■.'  lorsfpi'il  rapproche  l'autodafé  des  ouvrages  de  Maimonide  de  celui  du  Talmud 

(p.  8,^1).  3,  les  indications^lsur  cet  autodafé  sont  confuses  ;  Nicolaus  do  Rn|)ella 
cm  l'aponut  Moola«  Doniti  dojLtt  Hochelle  f  pi  0,  la  polygamie  n'était  pa«  rarr 


BIBLIOGRAPHIE  î^l 

en  Espagne  et  le  liérem  de  R.  Guerschom  n'y  était  pas  appliqué,  voir  Revue, 
XIV,  166.  n.  4;  LXI,  26).  —  M.  L.,  qui  a  déjà  étudié  et  édité  le  ilayyê  Olam 
(le  Yona  (v.  Revue,  LVf,  281,  313),  publie  cette  fois  son  Commentaire  des  Pro- 
verbes, qui  relève  également  de  la  littérature  morale  plutôt  que  de  la  littéra- 
ture exégétique  :  pour  l'auteur,  les  Proverbes  ont  généralement  en  vue  «  le 
perfectionnement  des  farultés  de  l'àme  »  (p.  17  h.).  Les  sources  sont  le  Tal- 
mud  (quelques  leçons  divergentes)  et  les  moralistes  {Mihkar  hci-Peninhn), 
qu'il  confond  parfois  innocemment  (p.  129,  n.  1)  et  l'éditeur  à  sa  suite 
(p.  35  a);  c'est  s'Illusionner  que  d'espérer  enrichir  par  quelques  références 
non  vérifiables  le  trésor  des  midraschim  perdus  (ibid.).  Le  commentaire 
est  utilisé  surtout  par  Behaï  b.  Ascher  (non  b.  Joseph,  p.  27)  et  Joseph 
Nahmias  (p.  31,  citations  de  son  commentaire  inédit  des  Proverbes).  L'exé- 
gèse ne  profitera  pas  plus  de  ce  commentaire  que  l'histoire  de  l'exégèse.  Un 
procédé  familier  à  l'auteur  est  de  tirer  une  moralité  du  rapprochement  de 
deux  versets  ;  les  explications  grammaticales  servent  aussi  à  la  morale,  la 
morale  des  sermons  d'un  talmudiste.  Ce  commentaire  peut  servir  de  contre- 
poison à  celui  de  Gersonide.  —  L'édition  est  faite  d'après  le  ms.  334  de  la 
Bodléienne  ;  un  ms.  de  Husiatyn,  qui  en  contient  des  extraits,  a  fourni 
quelques  variantes.  Le  texte,  s'il  est  incomplet,  est  d'ailleurs  clair  ;  l'annota- 
tion est  sobre  et  contient  principalement  des  références  au  Schaarê 
Teschouha  de  l'auteur  et  au  Kad  ha-Kémah  de  Behaï,  ce  qui  achève  de 
faire  de  cette  puhlicatinn  une  contribution  utile  à  la  littérature  des  mora- 
listes juifs. 

ï~T"'73"i"^  "I3D  br  'C^'yz>  Commentaire  de  Jlda  ibn  Bal'aji  sur  Jérémie,  édité 
par  I.  IsRAELsoH.N.  Kiew,  1909;  in-8°  de  3G  p.  (Tirage  à  part  de  la 
Festschrift  Barkavi/). 

MîTiiabs  La  Palestine,  de  S.  Munk,  traduction  abrégée  faite  sur  la 
traduction  allemande  de  M.  A.  Levy  par  M.  Rabi.nsohn.  Wilna,  1909; 
in-S"  de  124  p.  [Bibliothèque  du  journal  V^'"  ^n,  III). 

Mi'^bn  ■^mc  '0  Etudes  et  consultations  rabbiniqiies  et  aggadiques,  par 
E.  M.  I.iincz.  Jérusalem,  impr.  Luncz,  1909;  in-i". 

ÎT'iirî'^l  0"1D  Parsismus  u.  Judaismus,  iiber  den  Einfliis  altpersischer 
Religionsschriften  auf  die  biblische  und  talmudische  Literatur,  von 
S.  RuBiN.  Podgorze,  impr.  Deutscher,  1909;  large  in-S"  de  106  p. 

n^snb  m^-iEns  Première  partie  :  trente-six  novelles  sur  la  (lenèse,  par 
t^STin  n"Tn,  de  Dublin,  .lérusalem,  impr.  Luncz,  1910;  in-S". 

rr^an  nno  Gloses  sur  le  traité  Pesa/î/m,  sur  les  Hilrhot  Prsah  du 
Schoulhan  Arouch  et  sur  les  Hilchol  Kovban  Pésah  de  Maimonide,  par 
Abraham  Tiktin,  éditées  par  Ch.  J.  N.  Silberberg.  Varsovie,  .M.  Lipschiitz, 
1910;  in-P  de  208  p. 

p'^nsï^:  îipii:  Zidkath  Ha-Zaddik.  Eine  IJntersnchnng  iiber  die  Echtheit 
des  im  .lahre  1868  u.  1«69  von  Dr.    B.  H.  .\uerbacb  s.  A.  herausgege- 
benen  Sefer  Ha-Eschkol,  von  H.  Eiirentreu  [und]  J.  Scfior.  Berlin,  impr. 
Itzkowski,  1910  ;  in-8»  de  xii  +  16  p. 
Voir  à  blSa^n  '0. 

Û'^'iniS  Zohoraïm.  Hebniische  Gedichte,  von  A.  Kaminka.  Vienne, 
(Drohobycz,  impr.  Zupnik),  1909;  in«8»  de  iv  4-  76  p.  \\.  1,80., 


152  RRVUR   DES   ÉTUDRS  JUIVRS 

TiSï'^ï  Biographie  de  Cicéron,  par  Eiia  b.  Ella  Kazaz.  Odessa,  1908 
(^''^in)  ;  pet.  in-P  de  41  (+  2)  pp. 

\ou- lîeviœ,  LVm,  315,  et  Z.  /.  //•  B.,  XIII,  117. 

f  "172N73  nirinp  Abraham  Geiger's  gesammelte  AbhandUingen  in  heltrai- 
scher  Sprache  zu  dessen  luindertstem  Geburlstage  heraiisgegeben  und 
bearbeitet  von  S.  Poznanski.  Fascicule  I.  Varsovie,  éditions  «  Tiischijah  », 
1910;  in-S"  de  (ii  -{-)  168  p.,  portr.  (nbn:.  rtp-^m-'bn-'a,  n-^»  24-2d). 

Dans  l'i-dition  des  œuvres  diverses  d'Aliraham  Geiger,  donnée  par  son  lils 
L.  Geiger  [Nac/irjelassene  Schriflen,  5  vol.,  Berlin,  1875-1878),  R.  Kin-hlieim 
a  réuni  les  études  en  hébreu,  sous  le  titre  de  ^n^  nDU53  a'^HTjNTj  rii:i2p 
(1"  pai'tie  du  3'  vol.i:  mais  elles  se  suivent  sans  ordi'e  et  il  en  manque 
quelques-unes.  A  l'occasion  du  centenaire  de  la  naissance  de  Geiger,  M.  Poz- 
nanski publie  une  édition  complète  de  ces  travaux,  qui  sont  des  articles  de 
revues.  Il  les  a  groupés  dans  un  ordre  méthodique,  ce  qui  a  l'inconvénient 
de  couper  tel  article  en  deux  parties;  il  aurait  mieux  valu  reproduire  tout  Tar- 
ticle  la  première  lois  et  y  renvoyer  ensuite.  Du  reste,  ce  classement  n'est  i)as 
toujours  observé  dans  le  détail.  Mais  l'Index  promis  facilitera  les  recherciies. 
Le  premier  fascicule  contient  des  études  grammaticales  et  lexicographiques,  un 
article  sur  Symmaque,un  autre  sur  les  divergences  entre  Sadducéens  et  Pha- 
risiens et  la  distinction  entre  l'ancienne  et  la  nouvelle  halacha,  des  supplé- 
ments àiVUrschrifl,  des  études  talmudiques  et  midraschiques.  Le  tout,  on  le 
voit,  est  comme  des  annexes  à  l'œuvre  de  Geiger.  L'éditeur  a  ajouté  des  notes 
substantielles,  qui  rectifient  les  résultats  de  l'auteur  à  l'aide  des  travaux  pos- 
térieurs ou  soulignent  ses  hypothèses  les  plus  hasardées.  Une  Introduction 
annoncée  sur  les  travaux  et  les  idées  de  Geiger  nous  permettra  de  revenir  sur 
cette  publication.  Assez  de  fautes  d'impression. 

Le  2*  fascicule,  paru  en  mars  1911,  contient  surtout  les  biographies  des 
Kimhides. 

nbnpn  La  Kabbale  de  A.  Franck,  traduction  de  M.  Kabinsohn.  Wilna,  1909; 
in-8°  (Bibliothèque  du  journal  173Tn  in,  IV). 

t~i'''5N'T0"'^t  rtbnpn  La  communauté  Israélite.  Rapport  présenté  aux  délé- 
gués des  communautés  juives  à  Kowno,  parCh.  D.  Riwri.v.  Wilna,  1909; 
in-8o  de  38  p. 

tn"5"p '0  L'Ecclésiaste,  avec  un  commentaire  intitulé  n^obo  ■'-iTîN,  par 
M.  S.  Lauenburg.  Varsovie  (chez  l'auteur,  k  Pinsk),  1910;  in-8''  de  36  p. 

ma'^730n  ';'>13  onasip  Les  règles  de  là  schemitta  de  nos  jours,  par  Arié 
Leib  Raschrès,  édité  par  A.   L.  Gordon.  Jérusalem,  imp.   Luncz,  1910; 
in-8'. 
imnvon  \::buj  oiio^ip  Trois  consultations  sur  la  question  de  l'^OSiît  "«"nî, 
par  R.  Hayyim  Kapoussi  et  R.  Abraham  Gavison,  éditées  d'après  un 
manuscrit  ancien  et  annotées  par  J.   M.   Toledano.   Husiatyn,    éditions 
a  Dobhebhe  Sifthé  Jeschenim  »  (impr.  F.  Kawalek  .  1908  ;  in-8'>  de  44  p. 
Un  fermier  d'impôts  du  Caire,  Abraham    Schalom,  obtint   des   prêts  d'ar- 
gent en  s'engageant,  lui  et  ses  garants,  à  s'abstenir  de   viande  et  de    vin    s'il 
ne  s'acquittait  pas.  Ne  pouvant  pas  payer,  est-il  délié   de  son  vœu?   Le  rab- 
bin  Hayyim    Kapoussi  (vers  1500    répondit    affirmativement.    On   croit  qu'il 
était  un  des  garants  et,   comme   il  devint  aveugle,  on  le  soupçonna  d'avoir 


BIBLIOGRAPEirE  lo!^ 

touché  (les  pots-de-viii  (voir  Azoulaii.  Sou  confrère  Beçalel  Aschkenazi  sou- 
tint la  thèse  contraire:  une  âpre  polémique  s'engagea,  où  l'on  sent  derrière 
l'accumulation  des  textes  des  antipathies  de  tempéraments  et  des  rivalités 
de  collègues.  M.  T.  publie  la  consultation  de  Kapoussi,  la  critique  de  Beçalel 
(déjà  éditée  et  la  réplique  de  Kapoussi,  enfin  les  observations  d'A.  Gavison 
sur  une  consultation  déjà  éditée  de  Salomon  Duran,  qui  avait  pris  parti 
pour  Beçalel.  Dans  llntroduction.  il  énunure  les  autres  consultations  dont 
celte  affaire  fut  l'objet. 

rr'na^'r;  miBor;  m-nnp  Histoire  de  la  littérature  juive  depuis  les  origines 
jusqu'à  l'époque  de  Saboraïm,  par  S.  Ber.mann.  Varsovie.  IIHO;  in-8"  de 
V1I+  103  p. 

C^nayn  m-np  Histoire  des  .Juifs  à  l'usage  des  écoles,  par  S.  Dubnow,  tra- 
duit du  russe  par  A.  Luboschitzry.  2^  partie  :  depuis  Alexandre  jusqu'à 
la  fin  de  l'époque  des  Gueonim.  Varsovie,  éditions  «  Avive  »,  rue 
Nowolipie,  i5,  1909  ;  in-8°  de  142  p.,  ill.  R.  0,70. 

nan  mbsDTST  "^"iNb»  n-irr  Der  Rabh  von  Ladi,  sein  Leben,  Werke  und 
System  sowie  die  Geschichte  der  Sekte  Chabad,  von  M.  TErrELB.\uM. 
Erster  Teil.  Varsovie,  éditions  «  Tuschijah  »,  1910;  in-8o  de  xii  +  182  p., 
portrait,  fac-similé.  R.  1,80   nbiTi  r!p\mv3''n,  1'=  année,  n"»  15-17). 

:2"'ry3  bxTw"'  "'3-|  Rabbi  Israël  Baal-Schem,  sein  Leben  und  seine  Lehrc, 
von  S.  A.  HoRODEZKY.  Berlin,  inipr.  Itzkowski,  1909  ;  in-8°  de  70  p.  tirage 
ù  part  de  Hé'Atid,  I-II). 

Nous  consacrerons   un  compte  rendu  collectif  aux  publications  récentes  sur 
le  hassidisme  et  son  histoire. 

::"Cr2  bN-iïïJ"^  "»3-i  R.  Israël  Bescht,  fondateur  du  hassidisme ,  par 
H.  Zeitlin.  Pétrokow  Varsovie,  éditions  «  Mikra»),  1910;  in-12''  de  27  p. 

abo-1273  "jTDn;  ■^an  R.  Nahman  de  Braslaw  (rabbin  de  Uassidim),  par 
H.  Zeitlin.  Varsovie,  éditions  «  Sifrut  »,  1910;  in-8»  de  48  p. 

Gbn:?  ■'Ti  Mystische  und  freigeistige  Geheimbïmdo  bei  allen  Vôlkern  zu 
allen  Zeiten,  von  S.  Rcbin.  Podgarze,  impr.  Deutscher,  1909  ;  largo 
in-S"  de  68  p. 

Tiwbn-  mJT'yi  'o  «  Les  idées  du  Talmud  elle  contenu  du  savoir  humain  », 
par  J.  S.  ScHÉz.\K.  Paris,  imp.  Danzig  [1909]  ;  in-8*'. 

Sur  la  logique  dans  la  halarha  talmudique.  Sans  valeur. 

S^'^'^m  rjNlsn  S'egoullol  du  ralibin  Falatui  de  Smyrno.  Jérusalem., impr. 

Azriel,  1909. 
■'NVb  -13  n"T«    Consultatations    sur    Orah    Hayyim    et    Yoré    Déa,    par 

M.  J.  HoRowiTz.  Munkacs,  1910;  in-f»  do  31  ff. 

a"'-,'^-:3  -;cx  -T'::!-  p  a''3iN3r;  maiwm  mrNO  Voir  (MNzitKHr.. 

N"*2n  "'î^i  C"''Xr:  b^C  n"ic  Consultations  de  R.  Jacob  Saiil  Elv.\sch.\r, 
réunies  dans  l'ordre  des  quatre  Tourim,  avec  des  consultations  de  son 
fils  Hayyim  Moïse  Ely.asch.\r.  Jérusalem,  imprimerie  Zuckermann, 
1909;  in-f-  de  250. 


154  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

Voir  Z.f.H.IÎ.,  XIV,  2.  L'auteur  était  hakliam  baschi  de  Jérupalem,  où 
son  fils  est  rabbin.  Cf.  'lï5"'iNb  TiaD- 

l'IN"  nsu)  Sur  l'année  sabbatique,  par  A.  J.  Kuk.  Jérusalem  (Jaffa,  S.  Ch. 
Kuk),  1909  ;  in-8»  de  (9-j-)  78+H0-|-34  p. 
\oir  Z.f.  H.  B.,  XIV,  3. 

t«»i)3iaTn2  bNTC  '^^i'^'û  Chants  des  Juifs  de  Turquie,  réunis  par  Benjamin 
B.  Joseph,  de  Constanlinople.  Jérusalem,  imprimerie  Azriel,  1910;  in  8°. 

3'iy  l73ia  I.  Poems  of  Mordechai  Dato.  II.  Two  poems  of  Immanuel 
Fhances.  Edited  for  the  first  time  from  MSS.  in  the  British  Muséum  by 
A.-W.  Greenup.  Londres,  1910;  in-8°  de  50  p. 

•"imu  TiyVi  Homélies,  par  le  rabbin  "'INDS'  de  Tibériade.  Jérusalem, 
imprimerie  Azriel,  1909. 

riTl3"'D\D  Spinoza,  sein  Leben  und  seine  Lehre,  par  J.  Fheudenthal,  traduc- 
tion de  M.  Rabinsohn.  VS-ilna,  1909;  in-8»  de  221  p.  (Bibliothèque  du 
journal  ';7:Tn  nn,  II). 

■>»buJTi"'n  ■'T^n^ZJ  Yerushalmi  Fragments  from  the  Genizah.  Volume  I. 
Text  with  varions  readings  from  the  editio  princeps,  edited  by  Louis 
GiNZBEHG.  New-York,  The  Jewish  Theological  Seminary  of  America, 
1909  ;  in-4''  de  vi+372-f  ix  p.  (Texts  and  Studies  of  the  Jewish  Theologi- 
cal Seminary  of  America,  vol.  III). 

Matériaux  utiles  pour  l'établissement  du  texte  si  délabré  du  Yerouschalmi. 
M.  G.  promet  une  Introduction  au  Yerouschalmi,  qui  nous  fourniia  l'occasion 
de  revenir  sur  celte  publication. 

r~nit»n  "^Tania  'O  Les  Racines  des  préceptes,  livre  de  méthodologie  rabbi- 
nique,  par  Joseph  b.|Abraham  Almosnino  (rabbin  à  Fez  vers  1S90),  publié 
d'après  un  manuscrit, Vavec|introduction  et  notes,  par  J.  M.  Toledano. 
Tibériade,  chez  l'éditeur  (Jérusalem,  imprimerie  Luncz),  1909  ;  in-8''  de 
11-1-35  p.  M   1. 

'^NlTû*'  mbnn  Poésiesjsynagogales  inédites  des  Caraïtes,  éditées  par  Juda 
BiziKowiTSGH  et  IsaacBoaz  Firkowitsch.  Berditchew,  imprimerie  Schefftel, 
1909;  in-8»  de  80  p. 

\o\v  Z.  f.  H.  B.,  XIV,  60. 

•^N"»;!)"'  mibin  O  Die  Geschichte  Israels  nach  den  Urquellen  neu  und 
selbstsliindig  bearbeitet  von  W. Jawitz.  Siebenter  Band  :  vom  Anfang  der 
Amoriierzcit  bis  zu  ihi-er  Bli'itc  in  Babylonien  und  ihrem  îs'iedergang  in 
Paiiistina.   Berlin,  chez  l'auteur,  1909  ;  in-8»  de  207-|-22  p.  M.  7. 

ï~i73bu5  min  Commentaire  du  Pcntateuque,  où  il  est  prouvé  que  la  Tora 
est  divine,  que  les  points- voyelles  et  les  accents  remontent  au  Sinaï  et 
qu'il  est  faux  que  les  rabbins  du  Talmud  soient  en  désaccord  avec  lu 
Massora,  par  S.  Scni)CK.  Tome  ;II  :  Exode  et  Lévitique.  Tome  III: 
Nombres  et  Deutéronome.  Szatmar,  imprimeries  Schwartz,  Klausner, 
1909  et|19IO];  2  vol.  in-8»  de  147  et  171  ff. 

■{lînn   r~i"nn  Eléments  de   la  langue  hébraïque  pour  les  enfanta,   par 


BIBLIOGRAPHIE  155 

Salomon   Prik.    Première  partie.   Odessa,  imprimerie  Abba  Doiichna, 
1910;  in-go  de  (4-|-)  35  p. 

L'auteur  est  caraïte.  Voir  Z.  /.  //.  /?.,  XIV,  114. 
!~itt~Nrr  mi3y  nmn  'o  Manuel  d'agronomie,  par  I.  Einhorn.  Londres, 
imprimerie  Narodizky,  1910;    in-8"  de  xi-|-212  p.,  illustré  (Faux-titre: 

A  noter  j'i  la  tin,  p.  203-213.  une  liste  de  noms  de  plantes  en  hébreu,  avec 
traduction  en  allemand  et  en  français,   intéressante  au  point  de  vue  linguis- 
tique et  même  scientifique  :  elle  est  dressée  en  partie  d'après  les  Aramdisc/ie 
Pflanzennamen  de  I.   Luw  et  contient  quelques  néologismes.   Tout  l'ouvrage 
se  distingue  des  travaux  de  vulgarisation  scientilique  publiés  en  hébreu  par 
son  caractère  scientiûtiue  ;  l'auteur  est  ingénieur-agronome, 
""sasnn    Tachkeraoni.     Literarisches  -  wissenschaftliches    Jahrbuch    des 
Vereines  jiidischer  gesetzestreuer  Studenten   «  Tachkemoni  »   in  Bern, 
redigiert  von  B.  Lewin.  I.  Berne  (Jérusalem,  imprimerie  Lewy),   1910; 
in-8"  de  72  p.  2  fr. 

Gràco  au  savoir  et  au  dévouement  du  rédacteur,  le  prochain  éditeur  de  la 
Lettre  de  Scherira,  cet  annuaire  dépasse  le  niveau  des  publications  analogues. 
Le  meilleur  travail  est  de  lui  (p.  23-38)  et  a  paru  moins  complètement  en 
allemand  dans  le  Jahrbuch  der  Jild.-Liler.  Gesellschaft,  VI.  Il  est  consacré 
à  ce  que  l'auteur  appelle  l'appariement  des  mots  tmbH~  J^T)  dans  la  Bible, 
c'est-à-dire  les  formes  irrégulières  d'un  mot  provoquées  par  la  proximité  d'un 
autre  mot,  p.  ex.  T^iOiT:^  T'Î^JiiTOn  dans  Ez.,  xliii,  11.  Ce  phénomène  a 
déjà  été  constaté  par  les  grammairiens  anciens  et  modernes  (v.  p.  ex.  Z.A.W., 
XXVm,  183-7)  ;  M.  L.  l'illustre  par  de  nouveaux  et  curieux  exemples,  mais 
confond  les  assimilations  de  formes  et  les  fautes  d'entraînement  et  ainsi  son 
travail,  (|ui  doit  dérober  le  terrain  à  la  critique  biblique,  lui  fournit  de  la 
matière.  Le  même  auteur  publie  un  fragment  du  commentaire  de  Hananel 
sur  lierachol  et  une  courte  consultation  de  Scherira  sur  la  médecine  du 
Talmnd  (p.  39-41)  ;  il  veut  encore  expliquer  "[Db^Un  dans  la  stèle  de  Mesa  par 
.  «  les  voisins  »  d'après  Eroub.,  53 è,  où  "^nDlbU)  est  employé  dans  le  dialecte 
galilécn  dans  le  sens  île  «  ma  commère  »  ;  mais  outre  la  singularité  du 
rapprochement,  le  voisinage  n'implique  pas  l'hostilité  (p.  66-67).  —  Un  autre 
collaborateur  explique  la  division  de  l'heure  en  1080  parties  par  le  fait  que  les 
aspirations  sont  en  moyenne  de  18  à  la  minute  :  or  18X60  =  1080.  Nous  pré- 
férons l'explication  dis.  Loeb  [Revue,  XIX,  214'i  M.  Berliner  a  confié  à  l'éditeur 
5  lettres  de  J.  Reifniann  (p.  59-63);  on  y  trouve  comme  toujours  du  fin  et  de 
l'ingénieux  (corrections  aux  Pi.skê  Tossaf'ol,  au  Targoum,  au  Sédev  Tannaim). 

■'2"n?3  nban  Novelles  sur  le  Tour  Yoré  Déa,  ^§  1-39,  et  index  des  principes 
halachiques,  par  Mardochée  Minkes,  suivi  de  bn:  ■'3n3',  études  hala- 
chiques  et  aggadiques,  par  son  fils  B.  Minkes.  .léi'usalem,  1909;  in-f 
de  14+25  flf. 

■"^an  Ti735n  Talmud  Babylonicum  ad  codices  manu  scriptos  editionesque 
vcterrimas  corrertum  ot  complotum  odidil  N.  I'ereferkowitsch.  Saint- 
Pctersburg,  imprimerie  Lurie   éditions  «  Esro»),  1909  ;  in-4*'  de  (viu-|-) 

136  p. 

Édition  du  traité  Berachot  à  l'usage  des  étudiants,  avec  ponctuation 
modei'ne,  utilisation  de  manuscrits  (6  fac-similés),  mais  sans  commentaire. 
Pas  assez  pratique  pour  lusage  scolaire,  pas  assez  critique  pour  les  savants < 
—  Compte  rendu  de  M.  Chaje»^  dans  la  Z.  /".  //.  ».,  XIII,  101, 


IKê  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

■^»bu:Ti'<  m737n  ïalmiul  Hierosolymitaniim  ad  exemplar  editionis  prin- 

cipis  additis  lectionibus  codicum  manuscriptorum,  cum  commentario, 

locis  parallelis  et  indicibns  copiosis  adjiivantibiis  viris  doctissimis  edidit 

A.  M.  LuNCz.  Fasciciilus  II  :  Tractatus  Berachoth,  Cap.  v-ix  et  Traclatiis 

Pea,  Cap.  i.  Jérusalem,  chez  l'éditeiir,  1909  ;    in-f"  de  (24-)  49-92-f  4  ïï. 

Compte   rendu    du   premier   fascicule    Revue,    LVl,    259-260.    Celui-ci    va 

jusqu'au  quart  de  la  première  halacha  de  Féa  (15 A  en  bas).   Un  feuillet  non 

paginé  contient  l'explication  de  certaines  expressions  propres  au  Yerousclialmi 

et  des  extraits  des  introductions  des  deux  éditions  modernes  de  j.  Berachot 

(éd.  Lehmann  et  Frankel). 

•'nbuîTT»  m7ûbn   Der  V.  Theil  des  Jerusalemischen  Talmuds  Kodaschim), 

herausgegeben  von  S.  Friedl^nder.  Sebachim  u.  Arachin.  Szinérvâralja, 

imprimerie  J.  Wider  (chez  l'auteur,  à  Szatmârhegy),  1909  ;  in-f"  de  100  f. 

Sur  la  première  partie  de  cette  œuvre  forgée  voir  Revue,  LUI,  122  ;    LVI, 

141  ;  sur  celle-ci  voir  Aptowitzer,  dans  Monatsschrift,  LIV,  o64-o10. 

ÏH^innc  .Vfc<"i;a''  nrcn  nso  «  SepherTephiloth  Israël.  Prières  journalières 
traduites  de  l'hébreu  par  Joseph  Cohe.n.  Tome  II.  Schahrith  ».  Tunis, 
Librairie  des  écoles,  1908  ;  10-24»  de  19-f480-|-16+28  p.  1  fr.  75. 

A  la  fin  quelques  airsjorientaux  notés.  Compte  rendu  du  1. 1,  Revue,  LVI,  260. 

'^■y-\y  ûi:*^n  Xiy  m'Cy  nDi»0  nbcn  Das  Achtzehngebet  mit  arab.  Ueber- 
setzung  nach  eincr  jemenitischen  Hschr.  herausgegeben  von  D.  Kunst- 
LiNGER.  Gracovie,  chez  Tauleur  (imprimerie  M.  Lenkowicz),  1910;  in-8"* 
de  18  p.  K.  1. 

M.  K.  a  extrait  d'un  siddour  yéménile  appartenant  à  S.  Rappoport  de 
Lemberg  les  «  Dix-neuf  bénédictions  »  (comme  dit  le  texte),  dont  chacune  est 
suivie  de  la  traduction  arabe.  Il  montre  que  cette  traduction  n'est  pas  de 
Saadia,  ce  que  personne  ne  supposerait,  et  qu'elle  est  apparentée  à  la  version 
araméenne  publiée  par  Gaster.  MS.,  XXXIX,  S4-90.  Comme  elle  ne  corres- 
pond pas  littéralement  à  l'original,  il  croit  qu'elle  a  été  faite  sur  un  autre 
texte,  à  une  épo(]uc  où  la  teneur  de  la  Tefilla  n'était  pas  encore  fixée.  Mais  les 
divergences  sont  minimes  i^dans  le  §  3,  «  saints  »  est  rendu  par  «ancres  saints»! 
elles  concordances  frapiiantes  (p.  ex.  §17  :  "^DVCn  IT*^  N1N72  TN  "^yiST 
=  "IT'SCb  'lINSb  "Tm'iUS)  ;  du  reste,  la  prière  n'a  jamais  été  invariable.  Les 
divergences  de  l'hébreu  sont  peu  importantes  ;  ,ï  12  :  Tfn  TN  Cj''"i;35?:b 
...fi"101"3m  D"^;**?;"  bD  mpn  ;  à  la  fi»:  «  en  (luelques  endroits  les 
fidèles  ajoutent  avant  •j'ililb  T^n"»  ce  texte:  ...miID  TîbN».  M.  K.  a 
retraduit  en  hébreu  la  version  arabe. 

^Diu:  ypn  '0  Factum  de  Hézékia  Josuk  Feuvel  Teomim,  réédité  avec  intro- 
duction et  notes  par  A.  Freimann.  Franctort-s.-M.   (Berlin,  imprimerie 
Itzkowski),  1909  ;  in-8"  de  30  p.  (tirage  à  part  de  la  Festschrift  Harkavy). 
L'auteur,    fils   de   Jona  Teomim,     avait  été    nommé    rabbin   de    Przemysl 
(Calicie)  en   1102   à  la  place  de   son  frère,  mais  on  lui  opposa  un  concurrent 
et  il  ne  put  prendre  possession  de  son  poste,  malgré  l'interventiiin  du  synode 
des  .luifs  de  Pologne.  Retiré  à  Breslau,  il  y  publia  en  H 19  le  factum  que  M.  F. 
a  réimprimé  avec  une   introduction   érudite.   Voir  des  corrections  au  texte  et 
des  renseignements  généalogiques  dans  Z.  f.  U.  B.,  XIII.  67-68. 

(A  suivre.) 

M.  Liber. 


BIBLIOGRAPHIE  1S7 


Ratner  (B.).  a"<b'>aTT'"1  IVSt  narîN  nsO-  Varianten  und  Ergânzungen  des  Textes 
des  Jerusalemischen  Talmuds  nach  alten  Quellen  und  handschriftlichen 
Fragmenten  ediert.  mit  kritischen  Xoten  und  Erlàuterungen  versehen.  Tiak- 
tate  Rosoh-Hasohana  und  Sukka.  Wilna,  1911  ;   in-8°  de  148  p.  ». 

Le  premier  volume  de  cette  collection  de  notes  critiques  sur  le  texte  du 
Yerouschalmi  a  paru  en  1901.  M.  Ratner  célèbre  le  premier  jubilé  décen- 
nal de  la  publication  de  cette  œuvre  considérable,  poursuivie  avec  une 
persévérance  infatigable,  en  nous  offrant  le  huitième  tome,  qui  porte 
sur  deux  traités  :  celui  de  Rosch  Haschana  (56  a-59rf),  p.  i-62,  et  celui  de 
Soucca  ('.ilc-55rf),  p.  62-145  (les  pp.  145-148  contiennent  des  additions  et 
rectifications).  Dans  ce  volume,  l'auteur  utilise  déjà  la  publication  des 
fragments  de  la  Gueniza  par  Ginzberg  {Yerushalmi  Fragments)  et,  en 
outre,  les  variantes  —  d'ailleurs  insignifiantes  —  du  manuscrit  de  Leyde, 
collationné  pour  lui  par  M.  Seeligmann.  Mais  les  matériaux  fournis  par 
ces  textes  disparaissent  dans  la  masse  des  variantes  recueillies  dans  le 
vaste  champ  de  l'ancienne  littérature  rabbinique,  exploré  dans  tous  ses 
coins  avec  autant  de  zèle  que  de  soin.  On  doit  toujours  se  rappeler  que 
des  variantes  même  légères,  recueillies  dans  des  citations  qui  sont  des 
témoignages  anciens  de  manuscrits  perdus,  ont  de  la  valeur  pour  l'éta- 
blissement du  texte  du  Yerouschalmi.  Il  est  particulièrement  intéressant 
de  retrouver  des  citations  qui  manquent  tout  à  fait  dans  nos  éditions,  — 
lesquelles  reposent  à  proprement  parler  sur  une  seule  édition.  M.  Ratner 
en  a  réuni  dix-sept  pour  le  traité  de  Hosch  Haschana  (p.  56-60),  en  y  joi- 
gnant une  liste  de  passages  d'autres  traités  du  Yerouschalmi  qui,  d'après 
leur  contenu,  auraient  dû  trouver  place  dans  celui-ci  (p.  61-62).  De  même,  il 
a  colligé  plus  de  dix  citations  du  Yerouschalmi  qui  appartiennent  au  traité 
de  Soucca,  mais  qui  ne  se  retrouvent  pas  dans  notre  texte  (p.  141-145);  à 
ces  restitutions  on  peut  ajouter  celles  qui  sont  indiquées  sur  Soucca, 
52  b,  1.  75  (p.  75)  ;  53  c,  1.  16  (p.  93  ;  daprès  Lévilkjue  rabba,  ch.  30)  ;  54  6, 
1.  69  (p.  119). 

De  petites  lacunes  du  texte  sont  comblées  à  l'aide  de  citations  dans 
les  passages  suivants:  Rosch  Haschana,  56  b,  1.  18  ip.  4  ;  ib.,  1.  33  ip.  5); 
57  b,  1.  7  (p.  13)  ;  58  b,  1.  2  (p.  25)  ;  ib.,  1.  67  p.  29)  ;  58  d,  1.  3  (p.  31)  ;  59  a, 
1.  7  (p.  39)  ;  59  a,  1.  12  (p.  40;  ;  59  b,  1.  35  (p.  43);  59  c,  1.  49  (p.  48)  ;  ib., 
1.  70  (p.  52)  ;  —  Soucca,  52  a,  1.  11  (p.  65)  ;  52  b,  1.  23  (p.  68)  ;  ib.,  1.  30 
(p.  69);  ib.,  1.  66  (p.  73);  53  rf,  1.  33  (p.  105)  ;  54  6, 1.  57  p.  118);  54rf,  1.  52 
(p.  130). 

Parmi  les  passages  qui  présentent  des  corrections  au  texte  ou  des 
variantes  intéressantes,  je  signale  les  suivants  :  Pour  Rosch  Haschana, 
pp.  3  (56  b,  1.  40),  13  (57  a,  1.  74),  14  (57  b,  1.  10),  19  (57  b,  1.  45),  30  (58  b, 
1.  36),  51  (59  c,  1.  68^  ;  —  pour  Soucca,  p.  62  i51  c,  1.  56),  74  (526,  1.  75), 

1.  Comptes  rendus  des  volumes  piocédents  :  Revue.  XLIII.  310-317:  XMV.  l.'il-1.59; 
L,  140-141  ;  LU,  311-314;  LUI,  217-280;  LVIL  308-311:  LX,  lol-i:j4. 


158  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

97  (53  c,  1.  36),  d20  (54  c,  1.  6),  121  (54c,  1.  26j,  125  (54  c,  1.  56 1,  128  1 54  ri, 
1.  21),  139  (5od,  ].  27;. 

Sur  Soucca,u],  4  (53 ri,  1.  5j,  lauteur  suppose  excellemment  que  l'anec- 
dote de  R.  Zeïra,  dont  la  place  est  dans  m,  12  (54  a),  a  été  par  erreur 
transportée  à  cette  place. 

11  lève  plus  d'une  difficulté  en  admettant  qu'une  abréviation  a  été  mal 
résolue.  Ainsi  dans  R.  H.,  B7  b,  1.  68,  le  premier  mot  de  rNi723  Nr  pro- 
viendrait de  N"5,  initiales  de  Nj'^nriN  N5w">5  (p.  17,.  Mais  M.  Rainer 
affaiblit  lui-même  cette  hypothèse  en  signalant  d'autres  exemples  de 
l'expression  nNi:»;  Nb  prise  interrogativement.  —  P.  33,  sur  R.  H.,  58ri, 
1.  11  :  dans  "I72"iî<  "iH',  le  premier  mot  vient  de  'NT,  abréviation  de 
Nî'^nnNn.  —  P.  45,  sur  R.  H.,  59c,  1.  14  :  les  mots  ÛipB  bsa  (qui  man- 
quent dans  une  source)  pourraient  être  considérés  comme  une  fausse 
résolution  de  l'abréviation  7û"3.  qui  désigne  le  père  du  rabbin  nT^bx  '"! 
nommé  auparavant,  soit  m"i73  p,  soit  N7:n:73  p.  Mais  cette  hypothèse 
est  inadmissible  ;  car  c'est  R.  Abahou  qui  rapporte  ici  le  dire  de  R.  Éléa- 
zar,  et  ce  ne  peut  être  que  le  grand  Amora  de  ce  nom,  généralement  cité 
sans  l'indication  du  nom  de  son  père  (b.  Pedath  ;  or,  Éléazar  b  Mérom 
aussi  bien  quÉléazar  b.  Menahma  sont  plus  jeunes  qu'Abahou  (v.  Die 
Agada  der  paldsl.  Amorder,  III,  698,  697).  —  M.  Ratner  se  débarrasse  des 
mots  inintelligibles  bDr:  "'"lan  dans  Soucca,  54  d,  1.  46,  en  supposant 
qu'ils  sont  dus  à  l'abbréviation  ~"i,  corruption  de  ri""i,  c'est-à-dire 
■^sn  '1  ;  R.  Haggaï  rapporte  au  nom  de  R.  Pedath  l'enseignement  de 
R.  Hoschaya  (p.  129). 

Comme  on  le  voit  par  cet  exemple,  l'auteur  met  beaucoup  de  soin  à 
déterminer  les  noms  des  auteurs.  Sur  R.  H.,  57  ri,  1.  64,  il  a  une  conjec- 
ture excellente  :  que  les  deux  mots  "■^"'iC  "jND,  que  pi-écède  l'indication 
■^tmris  'n  n73N,  doivent  être  corrigés  en  N"":!"»:;  p  :  l'auteur  est  alors 
Nehorai  b.  Schounia  (ou  Schounaï),  qui  rapporte  un  enseignement  de 
R.  Simon  b.  Yoha'i  dans  la  Tosscfta  [Maasserot,  ii,  2,  cité  dans  '].Maasserot, 

I,  4  ;  49  a,  1.  19  .  Mais  quand  il  ajoute  que  R.  Nehoraï,  le  tannaïte  souvent 
cité  sans  l'adjonction  du  nom  de  son  père  (voir  Die  Agada  drr  Tannaiten, 

II,  377-383),  est  identique  à  Nehoraï  b.  Schounia,  nous  ne  pouvons  le 
suivre,  car  ce  dernier  rapporte  une  opinion  de  Simon  b.  Yoha'i,  tandis 
que  le  tannaïte  R.  Nehoraï  doit  être  considéré  comme  le  contemporain  et 
collègue  de  Simon  b.  Yohaï  et  des  autres  disciples  d'Akiba.  —  D'autres 
observations  du  même  ordre  se  lisent  p.  16  (sur  R.  H.,  57  b,  1.  62),  p.  34 
sur  58  d,  1.  27  ,  p.  64  (sur  Soucca,  51  ri,  1.  62),  p.  66  (sur  52  b,  1.  15),  p.  75 
((sur  52  c,  1.  10),  ib.  (sur  52  c,  1.  11),  p.  106  (sur  53  ri,  1.  35),  p.  138  (sur  55ri, 
1.  10),  etc. 

P.  2,  sur  ]{.  H.,  56  6,  1.  19,  .M.  R.  cite  un  passage  des  consultations  de 
R.  L.  b.  Habib  (éd.  Venise,  1565,  p.  2546)  où  est  mentionné  un  ouvrage 
arabe  du  gaon  Saadia  sur  la  chronologie  ('D'c:  11X5  myo  I3"^an  puib  htt 
■•any  licba  -la-n^  T'i^d^'j  nnx  -ido3).  Cet  ouvrage  est  évidemjiient  le 
Kitdb  al-7\a'ikh;  voir  mon  article  R.  É.J.,  XLIX,  298. 

P.  7   (sur  56  ri,  1.  24).   La  remarque  de  l'auteur  sur  l'existence  d'un 


BIBLIOGRAPHIE  159 

amora  du  nom  de  ^H'y  est  inexacte  et  ses  arguments  ne  sont  pas  pro- 
bants. Si,  dans  Pirké  R.  Eliézer,  ch.  34,  Ben  Azzaï  cite  Simon  h.  Lakisch 
comme  exemple  de  la  repentance,  c'est  un  anachronisme  pseudépigra- 
phique  de  cet  ouvrage  (voir  Die  Agada  der  Tannailen,  I,  2^  éd.,  422).  La 
citation  du  Yorouschalmi  dans  Or  Zaroua  -OT^  '"i  D">:J3  ""tST"  p  m'\r,''  '"1 
ND"^3n  13)  doit  être  corrigée.  L'amora  rapporteur  est  en  réalité  min*»  'n 
■«TD  p  ou  "^TD  p  ■'DT^  '-I  {sic  dans  j.  Sabbat,  iv,  1  ;  6  rf,  1.  4t\  voir  l'ou- 
vrage de  Ratner  sui'  Sabbat,  p.  60.  Enfin,  ^Jy  p  ^^V  '">  dans  j  Scheka- 
lini,  vu,  7,  éd.  Zitomir,  est  évidemment  une  faute  d'impression  pour 
■'T3  p  "^ov  'n. 

P.  29  (sur  58  6,  1.  03;.  La  restitution  du  nom  de  pni"'  après  'n  D'Ca  est 
juste;  mais  la  remarque  'n  D\253  pn  *T'73n  n:3X''  Nn-iwn  -iddt  isb-^o  'm 
pm"'  est  mal  placée,  car  Schéla  de  Kefar  Tamartha  n'est  cité  que  dans 
ce  seul  cas  répété  dans  Gen.  r.,  6  comme  rapportant  une  opinion  de 
Yohanan. 

P.  49  (sur  59  r,  1.  55).  La  variante  ■'V?  p  i"-|  "iWN  "^-nîODbN  '-\  "i^N,  au 
lieu  de  "^mDDDbN  'n  n73X  b'''3"»-i  m^a,  confirme  mon  opinion  (4gaf/a  der 
palcist.  Amoràer,  I,  194,  n.  3  ,  d'après  laquelle  c'est  toujours  Alexandre 
qu'il  faut  placer  comme  rapportant  les  enseignements  de  Josué  b.  Lévi,  là 
même  où  l'ordre  inverse  est  indiqué  par  erreur. 

P.  103  (sur  53  d,  1.  20\  Sur  les  opinions  rapportées  par  lamora  palesti- 
nien Houna  au  nom  de  l'amora  babylonien  Joseph,  voir  D/t'  Agada  der 
palàst.  Amoràer,  III,  298-302  ;  cet  amora  palestinien  plus  jeune  rapporte 
aussi  des  opinions  de  Houna,  l'amora  babylonien  plus  ancien,  voir  ibid., 
III,  274,  n.  9,  où  il  aurait  fallu  citer  encore  j.  Guittin,  43c,  1.  30. 

P.  125  (sur  54  c,  1.  d4j.  La  chaîne  <(  Aha  au  nom  de  Hinena,  au  nom  de 
Hoschaya  »  se  trouve  aussi  dans  Eroubin,  18  c,  1.  23. 

P.  126  (sur  54  c,  1.  60j.  Dans  l'indication  DnDTa  nï53  N:"';n  p  "'OV 
rtKDm"',  il  n'y  a  aucune  raison  d'effacer  le  rapporteur;  il  faut  plutôt  faire 
précéder  son  nom  du  litre  de  "'3"i.  Yosé  b.  Hanina  pouvait  tout  aussi  bien 
que  Yohanan  rapporter  des  opinions  de  Menaliem  de  Jotapat.  —  Ibid. 
nb'^an  est  une  faute  d'impression  pour  rib-^ 3^73. 

P.  129  en  haut  (sur  54rf,  1.  2J).  L'observation  Nb""-  'i  -i73X'^  Nb  nbij'?:! 
■'X;''  '")  D«3  est  inexacte.  M.  R,  lui-même,  dans  les  Additions  (p.  148), 
renvoie  à  j.  Aboda  zara,  iv,  i.  f.  (44  6,  1.  68),  tout  en  supposant  qu'il 
s'agit  ici,  non  de  Yannaï  l'ancien,  ma:is  de  l'amora  plus  jeune  de  ce  nom 
iNT'JT  "'n;""  '■);.  Mais  c'est  là  une  hypothèse  sans  fondement  et,  de  plus, 
l'indication  «  R.  Héla  au  nom  de  R.  Yannaï  »  se  retrouve  assez  souvent 
dans  le  Yerouschalmi  :  Sabbat,  11  c,  1.  8  ;  Eroubin,  24  a,  1.  30;  Keloubot, 
25  d,  1,  43  ;  ib.,  33  a,  1.  55  (=r  Kidduuschin,  (iO  b,  1.  53,  66)  ;  Baba  Kamma, 
5  b,  1.  29;  Baba  Mecia,  9a,  1.  55  ;  Sanh.,  226,  1.  7  ;  .16.  zara,  44  6,  1.  73. 
Une  fois  Héla  rapporte  un  enseignement  de  l'école  de  R  Yannaï  ("i  ''3T 
■'ND"»)  :  i^a6a  Batra,  14  6,  1.  10. 

Budapest. 

\V.  Bâcher. 


ADDITIONS   ET   RECTIFICATIONS 


T.  LXl,  p.  222.  —  &i2a"'n  est  Hïittenheim  en  Bavière;  4nrTi  est 
Windcn  dans  le  Palatinat  bavarois.  —  P.  223:  C»bc  se  trouve  aussi 
sous  la  forme  '0^>35T»::  dans  le  livre  des  Minhagim  de  Worms.  Dans  celui 
de  Jusfa  Schamasch,  on  lit  :  ^«î■^73T-I  "•piDs"::  1''N"np  rn  D"^:i/2np  a"'5n2733 
C73biï:.  Cf.  Kaufmann-Gedenkbuch,  p.  294.  Giidemann  (I,  279  et  non 
III,  279,  comme  on  lit,  Revue,  p.  223,  note  2)  a  déjà  donné  la  bonne  expli- 
cation. —  L.  LiJwenstein. 

T.  LXI,  p.  318,  —  Mon  article,  Revue,  1908,  LV,  p.  64  et  ss.,  a  pris 
justement  l'hypothèse  de  P.  Cassel  pour  point  de  départ  et  a  également 
essayé  de  rendre  compte  des  autres  tentatives  d'explication.  Signalons,  à  ce 
propos,  que  le  livre  de  M.  A.  Berliner,  Randbemerkungen  zum  tàglichen 
Gebetbuch  {Siddur.),  Berlin,  1901,  s'applique  aussi  à  démontrer  les  élé- 
ments cabbalistiques  entrés  dans  nos  recueils  de  prières.  M.  Berliner 
croit  qu'il  faut  renoncer  à  expliquer  le  nom  divin  de  vingt-deux  lettres. 
Il  s'oppose  surtout  à  rid(''e  de  l'expliquer  par  la  prière  du  "[T^i:  """lyc,  qui 
est  justement  produite  par  le  nom  (pp.  41,  42).  Ouant  à  lange  de  loubli, 
M.  Berliner,  d'après  les  recherches  de  M.  Marx,  considère  l'invocation  de 
cet  ange  comme  une  interpolation  dans  le  Siddour  du  Gaon  Amram  ;  il 
accepte  la  leçon  nme  et  regrette  celle  de  nmo   p.  38,.  —  Bernard  Hellcr. 


Le   irùraiit  : 

Israël  Lévi. 


VERSAILLES.    -       IMIMILMEIUES    CERF,    59,    KUE    DUI'LESSIS. 


LE  ROLE  DES  JUIFS 

DANS    LA    VIE    ÉCONOMIQUE 


M.  Werner  Sombart,  réconomisle  allemand  bien  connu,  vient 
de  publier  un  ouvrage  qu'il  a  intitulé  :  Les  Juifs  et  la  vie  écono- 
mique. Dans  une  préface  des  plus  intéressantes,  il  raconte  la 
genèse  de  son  livre.  Depuis  longtemps,  il  était,  nous  dit-il,  préoc- 
cupé de  trouver  l'explication  des  brusques  déplacements  du 
centre  de  la  vie  économique  qui  se  sont  produits  en  Europe  au 
cours  des  derniers  siècles.  Les  raisons  qu'on  en  donne  commu- 
nément ne  le  satisfaisaient  nullement,  lorsqu'il  s'avisa  un  jour  du 
parallélisme  de  ces  mouvements  avec  ceux  de  certaines  migrations 
uives.  Ce  fut  un  trait  de  lumière  pour  l'auteur,  qui  s'attacha 
dès  lors  à  vérifier  l'exactitude  de  son  hypothèse  et  pensa  en  trouver 
l'éclatante  confirmation  dans  l'histoire,  qu'il  examina  à  nouveau, 
de  nombreuses  communautés.  Il  avait  déjà  été  amené  à  rechercher 
l'influence  de  la  religion  en  ces  matières  par  les  études  de  Max 
Weber  sur  les  relations  du  «  Puritanisme  »  avec  le  «  capitalisme  ". 
et  il  avait  cru  constater  que  les  idées  des  Puritains,  en  ce  qui 
concerne  l'argent,  sont  une  émanation  directe  du  judaïsme. 

Sombart  s'est  appliqué  à  rechercher  les  motifs  de  l'aptitude 
économique  des  Juifs,  qu'il  ne  considère  pas  comme  due  aux  persé- 
cutions dont  ils  ont  été  si  longtemps  et  si  souvent  les  victimes, 
ni  à  une  disposition  spéciale  pour  le  négoce.  Il  l'attribue  à 
un  concours  particulier  de  circonstances  et  de  qualités  innées, 
au  fait  qu'un  peuple  à  sang  chaud  a  essaimé  parmi  d'autres 
populations  à  tempérament  plus  lourd.  Il  va  jusqu'à  dire  que,  sans 
les  Juifs,  ni  le  capitalisme,  ni  môme  la  culture  moderne  ne  se 
seraitMil  dévelo[)pés  comme  ils  lont  fait.  Le  fait(jne  cette  influence 
des  Juifs  va  en  diminiuuit.  que,  par  exemple,  il  s'en  trouve  moins 

T.   lAll,  N"  1-24,  Il 


162  KEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

qu'autrefois  parmi  les  directeurs  elles  administrateurs  des  sociétés 
de  crédit,  lui  paraît  provenir  de  cette  circonstance  que  ces  établis- 
sements prennent  une  allure  de  moins  en  moins  commerciale  et 
tournent  à  la  bureaucratie.  Cette  diminution  aiderait  alors  à  expli- 
quer l'origine  du  phénomène. 

L'ouvrage  se  divise  en  trois  livres  :  la  part  prise  par  les  Juifs  à 
l'édification  de  l'économie  contemporaine  ;  leur  aptitude  au  capita- 
lisme ;  leur  histoire.  L'auteur  insiste  sur  ce  point  qu'il  a  uniquement 
voulu  faire  œuvre  de  savant.  Il  s'est  placé  à  un  point  de  vue 
spécial,  puisqu'il  a  voulu  montrer  l'action  des  Juifs  sur  le  monde 
moderne.  Il  ne  nie  pas  pour  cela  toutes  les  autres  influences 
qui  se  sont  exercées  et  s'exercent  :  mais  il  n'en  étudie  qu'une.  Il 
assure  n'avoir  pas  voulu  soutenir  de  thèse,  et  s'être  efforcé  de  réunir 
et  de  présenter  au  lecteur  des  faits,  dont  chacun  pourra  tirer  la 
conclusion  qu'il  voudra.  Il  s'est  abstenu  de  formuler  aucune  appré- 
ciation ;  il  a  évité  toute  discussion  sur  la  supériorité  ou  l'infériorité 
de  telle  ou  telle  race  ;  il  se  montre  d'ailleurs  sceptique  au  snjet  des 
théories  raciales. 


I 


Deux  méthodes  s'offrent  à  celui  qui  veut  étudier  la  part  prise 
par  un  groupe  d'hommes  à  des  phénomènes  économiques,  la 
statistique  et  la  génétique. 

Au  moyen  de  la  première,  on  cherchera  à  établir  le  nombre 
des  «sujets»  qui  prennent  part  à  une  action  économique,  de 
ceux  qui,  par  exemple,  à  un  moment  donné  organisent  un 
commerce  ou  créent  une  industiie,  et  à  déterminer  leur  pro- 
portion par  rapport  à  l'ensemble  de  la  population.  On  mettra 
en  lumière  la  somme  de  capital  investi  par  eux,  la  masse  des 
produits,  le  chiffre  des  transactions.  Mais  ces  statistiques  ne 
formeront  jamais  un  tableau  complet;  en  dehors  des  résultats 
directs  obtenus,  il  faudrait  faire  entrer  en  ligne  de  compte  l'effet 
de  l'exemple  :  l'initiative  prise  en  telle  ou  telle  matière  par  une 
maison  de  commerce  ou  de  banque  pourra  avoir  des  répercussions 
eflicaces.  La  méthode  génétique  supplée  à  ces  lacunes.  S'agit- 
il  de  déterminer  l'influence  qu'a  eue  un  groupe  de  population 
sur  la  direction  prise  par  la  vie  économique  ?  Il  y  aura  lieu  df 
rechercher  si  cei'tains  traits  de  cette  vie  sont  dus  originairement 
à  une  intervention,  si  certains  |)rinci|)es  (|iii  la  gouvernent  sont 
dérivés   d'une  tendance   d'esprit  particulière.   Pour  cela    il    faut 


LE   BOLE   DES  JUIFS   DANS   LA    VIE   ÉCONOMIQUE  163 

examiner  les  premiers  temps  du  capitalisme  moderne  et  en  suivie 
riiistoire  de  façon  à  dégager  le  facteur  déterminant  de  chaque 
évolution. 

Sombart  croit  que  l'influence  des  Juifs  a  été  encore  plus  grande 
qu'elle  n'apparaît  dans  l'histoire,  parce  qu'elle  ne  saurait  être 
établie  par  des  preuves  directes  et  que,  dans  bien  des  cas,  elle 
échappe  à  notre  connaissance.  Beaucoup  de  Juifs  en  Allemagne  se 
font  baptiser,  ce  qui  les  retranche  du  nombre  de  ceux  que  l'on 
range  sons  ce  nom.  Jacob  Fromer  assure  que,  vers  l'an  d820,  la 
moitié  des  Juifs  berlinois  se  sont  convertis  au  protestantisme  '.  Mais 
il  n'y  a  pas  que  les  Juifs  baptisés  qui  échappent  au  recensement  : 
les  jeunes  filles  juives  qui  épousent  des  chrétiens  disparaissent 
aussi  des  listes  qui  servent  de  base  aux  statistiques.  En  consé- 
quence, leur  chiffre  réel  est  bien  supérieur  à  celui  que  les  dénom- 
brements peuvent  enregistrer"^. 

A  maintes  reprises  le  centre  économique  de  l'Europe  s'est 
déplacé  :  d'Italie,  d'Espagne,  de  Portugal  et  de  quelques 
régions  du  sud  de  l'Allemagne,  il  s'est  transporté  vers  les  pays 
européens  du  Nord-Ouest,  en  premier  lieu  les  Pays-Bas,  puis  la 
France,  l'Angleterre,  l'Allemagne  du  Noi'd.  La  Hollande  a  été, 
pendant  tout  le  xvii«  siècle,  la  puissance  dominante  en  matière  de 
commerce, d'industrie,  de  navigation  et  de  développement  colonial. 
Dans  les  dernières  années  du  xv»  siècle,  les  Juifs  avaient  été 
expulsés  d'Espagne  :  la  veille  du  jour  où  Christophe-Colomb  mit 
à  la  voile  pour  découvrir  l'Amérique,  trois  cent  mille  Israélites 
quittèrent  la  péninsule  pour  se  répandre  en  Navarre,  en  France, 
en  Portugal  et  dans  les  pays  de  l'Europe  orientale.  Au  cours  des 
mêmes  années,  ils  étaient  expulsés  de  Cologne,  d'Augsbourg,  de 
Strasbourg,  d'Erfurt,  de  Nuremberg,  d'L'lm,  de  Ratisbonne  ; 
au  siècle  suivant,  le  même  sort  les  atteignit  dans  plusieurs 
villes  italiennes.  C'est  alors  qu'on  voit  prospérer  celles  qui  les 
accueillent,  telles  que  Livourne,  Francfort,  Hambourg.  Au  xvni« 
siècle,  de  toutes  les  anciennes  villes  impériales  allemandes, 
deux  seulement  avaient  gardé  leur  rang,  Francfort  et  Hambourg  : 
c'étaient  celles  qui  avaient  conservé  les  Juifs. 

En  France,  au  xvn»  et  au  xvni*  siècle,  Marseille,  Bordeaux, 
Rouen  prospèrent  :  ce  sont  les  cités  qui  les  ont  accueillis. 
Amsterdam  est  alors  peuplé  de  Juifs  portugais  (marranes),  qui  non 
seulement  exercent  une  influence  économique,  mais  dont  les  idées 

1 .  Cette  proportiuii  (Kirait  tout  à  fait  iiivfaisemtilabie. 

2.  il  couvieiidrait  alors  de  (ictcniiiiicr  ceux  que  Sombart  range  sous  le  vocable 
«  Juifs  ».  A  quel  moment  les  ilescendants  de  Juifs  convertis  cessèrent-ils  de  euni|iter 
[lour  lui  comme  tels  ? 


164  REVUE   DES   ETUDES  JUIVES 

politiques  et  philosophiques  se  répandent  et  s'imposent.  Anvers 
occupe  pendant  quelques  années,  vers  la  môme  époque,  une 
situation  prépondérante  comme  place  commerciale  et  financière, 
et  la  perd  dès  que  les  marranes  sont  expulsés  ^  Cromwell  favorisa 
les  Juifs,  parce  qu'il  voyait  en  eux  des  hommes  capables  de  faire 
prospérer  le  commerce  des  marchandises  et  celui  de  l'argent. 
Golbert  était  dans  les  mêmes  dispositions.  Une  ordonnance  adressée 
à  l'intendant  du  Languedoc  énumère  les  avantages  que  Marseille 
a  retirés  de  l'habileté  commerciale  des  Juifs.  Sans  eux,  écrivait 
un  sous-intendant,  le  commerce  de  Bordeaux  et  de  la  Provence 
périrait  infailliblement. 

Les  Hollandais  du  xvii«  siècle  craignaient  de  voir  les  Juifs  quitter 
leur  territoire.  Lorsque  Manasseh-ben-Israël  alla  remplir  en  Angle- 
terre sa  mission  demeurée  célèbre,  le  gouvernement  néerlandais 
pria  son  ministre  en  Angleterre  de  s'enquérir  des  intentions  de 
Manasseh,  de  peur  que  son  action  ne  tendît  à  faire  émigrer  ses  core- 
ligionnaires hollandais.  A  Hambourg  le  sénat  les  considère  comme 
indispensables.  Tous  les  témoignages  contemporains  s'accordent 
sur  ce  point.  C'est  ainsi  que,  dans  la  première  moitié  du  xvii«  siècle, 
on  assure  que  le  douzième  du  commerce  anglais  passait  par  les 
mains  des  Juifs.  Leur  participation  à  la  foire  de  Leipzig  était  consi- 
dérable :  ils  y  allaient  au  nombre  de  quatre  cents  environ  vers  1675  ; 
eu  1839,  ils  y  étaient  plus  de  six  mille,  et  représentaient  le  tiers 
des  négociants  présents.  Au  xvii«  siècle,  presque  tout  le  com- 
merce de  Hambourg  avec  la  Hollande,  l'Espagne  et  le  Portugal  était 
entre  leurs  mains.  Celui  du  Levant,  si  actif  et  brillant  en  France  au 
\viii«  siècle,  était  presque  entièrement  fait  par  eux  2.  Déjà  autrefois 
ils  avaient  de  nombreux  comptoirs  dans  la  Méditerranée  :  une 
partie  de  ceux  qui  avaient  été  chassés  d'Espagne  allèrent  s'établir 
en  Orient  et  entretinrent  dès  lors  des  relations  suivies  avec  leurs 
coreligionnaires  qui  s'étaient  fixés  dans  les  pays  du  Nord.  Ils 
s'occupent  surtout  du  négoce  des  objets  de  luxe,  bijouterie,  pierres 
précieuses,  perles,  soie  et  soieries.  Ils  traitent  aussi  les  articles  de 
première  nécessité,  les  céréales,  le  chanvre,  la  laine,  les  produits 

1.  La  commission  nommée  en  1653  pour  examint'i-  s'il  y  avait  lii'U  de  rappeler  les 
lois  (l'exil  déclarait  :  «  Quant  aux  autres  iuconvi'iiients  que  l'on  pourrait  craindre 
et  appréheniler  au  regard  de  l'inténH  puhlic,  à  savoir  qu'ils  attireront  à  eux  tout  le 
commerce...  .  il  nous  semble  au  contraire  que,  par  le  commerce  qu'ils  remlront  plus 
(,'rand  qu'il  n'est  à  présent,  le  bénéfice  sera  commun  à  tout  le  pays  et  ipie  lor  et 
l'arijeut  seront  en  plus  grande  abondance  pour  les  besoins  de  l'Etat.  » 

2.  Il  est  bien  entendu  que  nous  analysons  le  livre  de  M.  Somhart,  et  que  nous 
ne  nous  portons  irarant  d'aucune  de  ses  assertions.  Nous  croyons  (jue  tout  ce  qu'il  dit 
de  la  part  des  Juifs  dans  le  cummercu  maritime  de  celte  époque  est  très  exagère. 


LE   ROLE  DES  JUIFS   DANS   LA   VIE   ÉCONOMIQUE  165 

de  filatures,  les  denrées  coloniales,  le  tabac  et  le  sucre,  le  coton  et 
les  cotonnades.  Ils  se  distinguent  par  l'abondance  et  la  variété  de 
leurs  approvisionnements.  Aux  négociants  de  Montpellier  qui  se 
plaignaient  en  1740  de  la  concurrence  juive,  l'intendant  répondait  : 
«  Ayez  des  magasins  aussi  bien  assortis  que  les  leurs,  et  la 
clientèle  vous  viendra  comme  à  eux.  » 

Les  Juifs  commerçaient  surtout  avec  les  pays  riches  en  métaux 
précieux,  particulièrement  l'Amérique  centrale  et  méridionale  :  ils 
en  importaient  de  grandes  quantités  et  participaient  ainsi  à  l'orga- 
nisation du  système  colonial  moderne.  Dès  la  fin  du  xvii«  siècle,  ils 
s'établiient  aux  Indes  orientales.  Beaucoup  d'entre  eux  s'embar- 
quèrent sur  les  navires  hollandais  et  portugais:  ils  possédaient 
une  partie  du  capital  de  la  compagnie  batave  des  Indes  orien- 
tales. Celle-ci  eut  comme  gouverneur  un  Cohn,  qui  contribua 
plus  que  personne  à  asseoir  la  puissance  hollandaise  à  Java.  Des 
Juifs  furent  également  à  la  tète  de  la  compagnie  anglaise  des  Indes 
orientales.  Ils  prirent  une  part  prépondérante  à  la  fondation  de  la 
colonie  anglaise  du  Gap,  entre  18"20  et  1880,  ainsi  qu'à  celles  du 
ïransvaal  et  de  l'Australie. 

Mais  c'est  en  Amérique  que  leur  rôle  a  été  le  plus  grand.  Non 
seulement  c'est  eux  qui  commanditèrent  en  partie  la  première 
expédition  de  Cliristo[)he  Colomb,  non  seulement  ce  fut  un  Juif, 
Luis  de  Torres,  qui,  le  premier,  mit  le  pied  sur  la  terre  nouvelle, 
mais,  dès  149'2,  ils  avaient  établi  l'industrie  sucrière  à  San-Tome  : 
de  là  et  de  Madère  ils  la  transportent  au  Brésil.  Sous  leur  influence, 
le  pays  se  développe  ;  en  16^4,  il  reçoit  une  immigration  importante 
de  Juifs  hollandais.  Expulsés  du  Brésil  en  1634  par  les  Portugais 
nuiîtres  du  pays,  ils  se  portent  vers  d'autres  terres  américaines: 
ils  font  prospérer  les  plantations  de  canne  à  sucre  à  Barbados, 
puis  à  la  Jamaïque,  que  les  Anglais  enlevèrent  définitivement 
aux  Espagnols  en  1630  :  au  xvui^  siècle,  c'est  eux  qui  y  paient 
la  presque  totalité  des  impôts.  De  même  à  Surinam,  dans  la  Guyane 
hollandaise,  à  la  Martinique,  à  Saint-Domingue.  Toute  la  puissance 
productive  des  colonies,  en  dehors  des  pierres  et  des  métaux 
pi'écieux,  résidait  alors  dans  la  culture  de  la  canne.  C'était  l'époque 
1701  oïl  une  délibération  du  Conseil  du  commerce  parisien  déclarait 
que  la  navigation  française  doit  son  éclata  ses  îles  sucrières,  et  que 
seul,  le  trafic  avec  ces  îles  est  susceptible  de  la  maintenir  et  de  la 
développer.  Les  Juifs  ont  contribué  à  la  fondation  des  États-Unis 
d'Amérique,  bien  que  l'opinion  vulgaire  ne  l'admette  guère. 
Lorsqu'ils  célébrèrent  au  début  du  xx'  siècle  le  deux  cent  cin- 
quantième anniversaire  de  leur  arrivée  sur  ce  continent, le  président 


166  REVUE   DES    ÉTUDES  JUIVES 

Roosevelt,  leur  adressant  ses  félicitations,  déclara  quils  avaient 
participé  à  la  formation  du  pays,  et  l'ex-président  Grover  Cleveland 
affirma,  à  la  même  occasion,  que  peu  de  nationalités,  parmi  celles 
qui  ont  contribué  à  créer  rAmériqae,  avaient  eu  une  influence 
directe  ou  indirecte  plus  considérable.  S'ils  ne  flgurent  pas  parmi 
les  milliardaires  et  directeurs  de  trusts  dont  les  noms  sont  dans 
toutes  les  bouclies,  ils  sont  à  la  tète  daffaires  industrielles  et  de 
maisons  de  banque  importantes.  En  Californie,  ils  ont  joué  un 
rôle  prépondérant,  non  seulement  comme  hommes  daffaires,  mais 
comme  juges,  députés,  maires,  gouverneurs.  M.  Sombart  pense  que, 
d'ici  à  un  siècle,  la  population  des  États-Unis  se  composera  essen- 
tiellement de  Juifs,  de  Slaves  et  de  nègres. 

Dès  i6oo,  les  Juifs  expulsés  du  Brésil  étaient  venus  s'installer  à 
Newamsterdam,  Long-Island,  Albany,  Rbode-Island,  Philadelpbie. 
Lorsque  le  système  anglais  imposait  à  la  colonie  l'obligation 
d'acheter  nombre  de  produits  exclusivement  en  Grande-Bretagne, 
le  bilan  de  son  commerce  extérieur  se  soldait  par  un  déficit. 
Celui-ci  n'était  couvert  que  grâce  aux  exportations  que  les  Juifs 
dirigeaient  vers  les  pays  de  l'Amérique  du  Sud,  avec  lesquels 
ils  avaient  conservé,  des  relations.  Plus  de  sept  mille  d'entre  eux 
ont  d'ailleurs  servi  comme  soldats  dans  la  guerre  de  Sécession  ' . 

Sombart  considère  que  les  Juifs  ont  pris  une  part  essentielle 
à  l'organisation  des  États  modernes,  notamment  comme  muni- 
tionnaires  des  guerres  et  pourvoyeurs  des  Trésors  publics.  En 
Angleterre,  sous  Cromwell,  le  principal  fournisseur  des  armées 
est  Ant-Fern  Carvajal  ;  en  1649,  il  figure  au  nombre  des  cinq 
personnes  chargées  de  procurer  aux  troupes  les  céréales  dont  elles 
ont  besoin.  Sous  Guillaume  111,  le  célèbre  Médina  fut  anobli  pour 
les  services  qu'il  avait  rendus  :  on  l'appelait  le  grand  traitant  ■<  tlie 
great  contractor  ».  En  France,  à  Metz,  à  Strasbourg,  les  Juifs  se 
rendent  utiles.  Le  maréchal  de  Saxe  déclare  que  jamais  les  années 
ne  sont  mieux  approvisionnées  que  par  eux.  Lorsque  Cerf  Béer  fut 
naturalisé  sous  Louis  XVI,   les  lettres  patentes  publiées  à   cet 

1.  Qu'il  soit  permis  à  raiiUnir  du  piôsent  article  il'ivoiiuor  ici  le  souvenir  de  son 
oncle  Simon  Lévy  qui  avait  émiirré  d'Alsace  en  Améiiiiue  vers  l'an  18.'i0  et  qui  s'était 
d'abord  créé  àNew-York  une  situation  comme  avocat.  Quand  la  guerre  éclata,  il  (juitla  son 
cabinet  pour  s'enrôler  dans  les  troupes  fédérales.  Son  énergie  lui  valut  un  avancement 
rapide.  Un  jour  qu'une  mutinerie  furieuse  avait  éclaté  dans  son  camp,  on  vint  le 
chercher  comme  l'officier  capable  de  dompter  les  révoltés.  Il  s'avança  seul  au 
milieu  d'eux,  son  revolver  à  la  main,  et  lit  tout  rentrer  dans  l'ordre.  l\  reçut  ensuite  le 
commandement  d'un  régiment.  11  reprit,  après  la  guerre,  ses  occupations  civiles.  11  est 
mort  il  y  a  peu  d'aimées,  plus  (juoctdgénaire,  entouré  de  l'estime  et  de  l'afTertion  de 
tous,  et  est  resté  populaire  sous  le  nom  du  colonel  Simon. 


LE   ROLE   DES  JUIFS   DANS   LA   VIE   ÉCONOMIQUE  10"? 

effet  déclarent  «  que  la  dernitre  guerre,  ainsi  que  la  disette  qui 
s'est  fait  sentir  en  Alsace  pendant  les  années  177()-177l.  lui  ont 
donné  l'occasion  de  fournir  des  preuves  du  zèle  dont  il  est  animé 
pour  notre  service  et  celui  de  l'État  ».  Les  Gradis  de  Bordeaux 
établissent  à  Québec  des  magasins  pour  l'armée  française  qui 
combat  au  Canada. 

On  est  assez  bien  documenté  sur  le  rôle  joué  par  les  Juifs  au 
point  de  vue  des  transactions  financières.  Déjà  au  moyen  âge.  on 
les  voit  fermiers  d'impôts,  de  salines,  de  domaines,  trésoriers, 
receveurs  et  payeurs.  Les  Juifs  hollandais  interviennent  non  seule- 
ment dans  leur  pays,  mais  font  des  avances  aux  princes  dEurope 
en  quête  de  capitaux.  En  Angleterre,  ils  sont  au  premier  rang  des 
financiers  sous  Gromwell,  Charles  H,  Guillaume  IIL  Au  moment 
des  folies  de  la  Sont/t  Sen  Bubble,  ils  se  tiennent  à  l'écart  des 
spéculations  qui  sévissent  dans  Londres,  et  le  sage  Gideon,  l'ami 
de  Walpole,  rend  à  l'État  de  signalés  services.  En  France,  on 
connaît  la  situation  de  Samuel  Bernard  '  sous  LouisXIVetLouisXV. 
Le  chancelier  autrichien  Ludewig  déclare  qu'à  Vienne  les  affaires 
les  plus  importantes  dépendent  du  travail  et  de  la  bonne  foi  des 
Juifs  :  «  praesertim  Viennae  ab  opéra  etfide  Judaeorum  res  saepius 
pendent  maximi  momenti». 

Mais  peu  à  peu  ils  cessent  d'èlre  les  coadjuteurs  indispensables 
des  princes  à  qui  ils  fournissaient  jadis  de  l'argent.  Ils  créent  les 
appels  publics  et  directs  au  crédit,  qui  tendent  à  diminuer  leur 
propre  rôle,  puisque  leur  intermédiaire  devient  inutile  du  jour  où 
les  moindres  détenteurs  de  capitaux  souscrivent  les  emprunts. 
Leur  activité  se  transforme  alors  :  ils  prennent  une  part  active  à 
ce  que  certains  auteurs  ont  appelé  la  commercialisation  de  la  vie 
économique,  c'est-à-dire  l'organisation  des  bourses  où  s'échangent 
les  papiers  représentatifs  des  valeurs. 

Les  caractéristiques  de  cette  organisation  moderne  sont  les  for- 
mes impersonnelles  de  contrats,  conclus  entre  gens  qui  ne  se 
connaissent  pas  et  entre  qui  la  simple  possession  d'une  action, 
d'une  obligation,  d'une  lettre  de  change,  d'un  billet  de  banque, 
crée  des  liens  de  droit  d'une  nature  particulière.  Il  esl  difficile 
d'établir  historiquement  l'origine  de  ces  divers  instruments  : 
comment  étudier  la  genèse  de  la  lettre  de  change  à  l'aide  des 
rai'es  exemplaires  remontant  au  moyen  âge,  que  le  liasard  a  mis 
entre  nos  mains  ?    Nul    ne   sait  combien'  de   milliers  en  étaient 


1.   C'est  à  tort  que  M.  Sombart  range  Samuel  6ernarfl  parmi  les  fin.inoiers  juifs.  Il 
est  aujourd'hui  démontré  qu'il  n'appartenait  pas  à  cette  religion* 


16S  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

en  circLilalion  à  Piso  ou  à  Bruges,  ou  dans  telle  autre  cité.  Il  faut 
apporter  une  prudence  extrême  dans  les  conclusions  qu'on  pour- 
rait tirer  des  recherches  de  ce  genre. 

On  admet  généralement  que  la  lettre  de  change,  transmissible 
par  endos,  n'a  été  couramment  en  usage  quau  xvii«  siècle.  C'est 
en  Hollande  qu'elle  était  surtout  employée.  Quant  à  l'action,  on 
en  trouve  l'embryon  à  Gênes  dans  les  parts  de  la  Maison  de 
Saint-Georges  au  xiv«  siècle  et  dans  les  grandes  compagnies  de 
commerce  du  xvlI^  L'origine  du  billet  de  banque  doit  être  fixée  au 
moment  où  le  billet  au  porteur  a  cessé  de  se  référer  directement  à  un 
dépôt  fait  par  le  créancier  entre  les  mains  de  l'établissement  dépo- 
sitaire. Les  fonds  d'État  au  porteur  n'ont  fait  leur  apparition  qu'à 
une  époque  relativement  récente.  Pendant  longtemps  ces  fonds 
avaient  le  caractère  d'une  obligation  personnelle,  émanant  du 
Souverain  ou  du  Trésor,  vis-à-vis  d'un  créancier  déterminé  :  les 
intérêts  n'étaient  payables  que  contre  quittance  dûment  signée  par 
le  bénéficiaire.  La  lettre  de  gage  est  née  en  Hollande  au  xviii«  siècle. 
Elle  apparut  sous  la  forme  d'obligations  souscrites  par  les  plan- 
teurs de  Surinam  et  d'autres  colonies,  qui  hypothéquèrent  leurs 
terres  en  faveur  des  prêteurs  :  des  maisons  juives  organisèrent  ce 
mécanisme. 

D'une  façon  générale,  le  titre  au  porteur  constitue  l'évolution  de 
la  créance  personnelle  vers  une  obligation  réelle.  La  clause  au 
porteur  figurait  déjà  fréquemment  dans  des  actes  du  moyen  âge,  en 
France  et  en  Allemagne.  Mais,  au  xvi^  siècle,  sous  linfluence  de 
Cujas  et  de  Dumoulin,  l'usage  s'en  perdit  de  plus  en  plus.  On  la 
remplaça  en  partie  par  des  endossements  en  blanc.  Puis  elle  reparut 
au  xvii"  siècle.  La  Bible  la  connaissait  :  Dans  le  livre  de  Tobie,  il  est 
dit:  «Je  te  montre  dix  talents  d'argent,  que  j'ai  déposés  chez  Gabael 
à  Rages  en  Médie.  »  —  Ce  à  quoi  Tobie  répond  :  «  Mais  comment 
pourrai-je  toucher  l'argent,  si  je  ne  le  connais  pas  ?»  —  Son 
père  lui  dit  :  «  Voici  l'écrit.  Cherche  quelqu'un  qui  aille  le 
retirer  >.  Tobie  appela  Raphaël  et  lui  dit:  Va  à  Rages  et  cherche  moi 
l'argent.  Raphaël  se  rendit  alors  chez  Gabael  et  lui  remit  l'écrit, 
en  échange  duquel  la  bourse  contenant  l'argent  lui  fut  délivrée  ». 
Beaucoup  de  rabbins,  dans  leurs  commentaires  du  Talmud,  men- 
tionnent le  titre  au  porteur.  Au  xvi"  siècle,  les  Juifs  créèrent 
le  Mamre,  obligation  dans  laquelle  le  nom  du  bénéticiaire  était 
laissé  en  blanc.  En  cas  de  perte,  on  afticliait  a  la  porte  de  la 
synagogue  un  avis  par  lequel  le  détenteur  actuel  était  invité  à  se 
présenter  :  faute  de  quoi  le  véritable  propriétaire  reprenait  ses 
droits.  D'une  façon  générale,  la  clause  «  au  porteur  »  permettait  aux 


LE   ROLE  DES  JUIFS    DANS   LA   VIE   ÉCONOMIQUE  169 

Juifs  d'échapper  à  la  confiscation  dont  leurs  marchandises  et  lenrs 
hiens  étaient  constamment  menacés.  Le  connaissement  dune  car- 
gaison était  dressé  au  nom  dun  tiers  «  ou  au  porteur  »,  ce  qui 
empêchait  les  corsaires  de  la  saisir.  Le  droit  talmudiqne  permet 
de  créei-  des  ohligalions  indépendantes  de  la  considération  de  la 
personne.  Le  possesseur  d'un  titre  au  porteur  n'a  de  droit  que 
celui  que  lui  confère  la  détention  même  du  titre. 

La  qualité  principale  des  valeurs  mobilières  est  l'aisance  avec 
laquelle  la  propriété  s'en  transmet.  La  conception  moderne 
«  possession  vaut  titre  »  paraît  à  M.  Sombart  être  due  aux  idées 
juives,  qui  étaient  de  faciliter  le  plus  possible  les  échanges  :  d'où 
la  suppression  de  l'antique  principe  du  droit  romain  et  germanique, 
d'après  lequel  le  propriétaire  pouvait  toujours  revendiquer  son 
bien,  même  entre  les  mains  d'un  tiers  détenteur  de  bonne  foi.  Une 
fois  la  nouvelle  conception  admise,  il  y  a  lieu  de  créer  un  marché 
pour  ces  valeurs  mobilières,  dont  la  transmission  s'opère  abstrac- 
tion faite  de  la  considération  des  personnes  qui  les  possèdent, 
contrairement  à  ce  qui  se  passe  dans  les  autres  contrats  d'achat  et 
de  vente.  Isaac  de  IMnto  remarquait  déjà  que  c'est  à  la  facilité  que 
les  particuliers  ont  de  se  défaire  des  fonds  publics  «  que  l'Angle- 
terre est  redevable  en  partie  de  celle  quelle  a  eue  de  faire  ses 
énormes  emprunts  ». 

L'histoire  des  bourses  se  divise  en  deux  périodes  :  depuis  leurs 
débuts  au  xvi«  siècle  jusqu'au  commencement  du  xix«,  ces  institu- 
tions ne  jouent  pas  le  rôle  considérable  qui  est  devenu  le  leur 
après  18U0  et  qui  n'a  cessé  de  grandir  jusqu'à  nos  jours.  La 
seconde  phase  est  au  contraire  celle  d'un  développement  rapide  et 
continu.  C'est  dans  les  villes  où  existait  déjà  un  commerce  actif  de 
lettres  de  change  que  les  bourses  ont  tout  d'abord  grandi  :  or 
ce  commerce  était  en  majeure  partie  aux  mains  de  Juifs  :  on  en 
trouve  des  preuves  dans  l'histoire  de  Venise,  d'Amsterdam,  de 
Francfort,  de  Hambourg.  Le  Sépat  de  cette  dernière  ville  déclare 
en  1733  que  les  Juifs  dominent  le  commerce  du  change  Ceux  de 
Bordeaux  ont  pour  principale  occupation  «  de  prendre  les  lettres 
de  change  et  d'introduire  l'or  et  l'argent  dans  le  royaume  ».  Le 
député  suédois  Wegelin  dit  la  même  chose  d'eux  à  Stockholm  en 
1815.  C'est  à  eux  que  l'on  dut  l'organisation  des  marchés  à  terme, 
dont  certains  historiens  font  remonter  l'oiigine  à  Gènes  au 
xui"  siècle  :  les  échanges  de  titres  de  rente  qui  s'y  opéraient,  sous 
forme  de  contrats  à  échéance,  donnaient  lieu  à  des  paiements  de 
différences.  Mais  c'est  plutôt  à  .\msterdam  au  .\vn«  siècle  qu'il 
convient  de  fixer  les  débuts  de  la  spéculation  boursière  moderne; 


170  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

elle  s'appliquait  alors  aux  actions  de  la  Compagnie  des  Indes  orien- 
tales. Les  transactions  devinrent  rapidement  si  importantes  que  les 
États  généraux,  par  un  arrêt  de  1610,  défendirent  à  quiconque  de 
vendre  plus  d'actions  quil  n'en  possédait.  Les  Juifs  étaient  titulaires 
d'un  grand  nombre  d'actions  des  Compagnies  des  Indes  orientales 
et  occidentales.  Un  Juif  porlugais,  José  de  la  Vegas,  écrivit,  à 
la  fin  du  xvii»  siècle,  un  traité  complet  des  opérations  de  bourse, 
dont  un  connaisseur  a  pu  dire  que  c'était  le  meilleur  ouvrage  qui 
ait  jamais  paru  sur  la  matière.  Un  rapport  adressé  par  un  envoyé 
de  France  à  la  Haye  en  1698  expose  que  «  dans  cet  État,  les 
Juifs  font  une  grosse  partie,  et  c'est  sur  les  pronostics  de  ces  pré- 
tendus spéculateurs  politiques,  travaillant  eux-mêmes,  que  les 
prix  de  ces  actions  sont  dans  dos  variations  si  conlinuelles  qu'elles 
donnent  lieu,  plus  d'une  fois  le  jour,  à  des  négociations  qui  méri- 
teraient mieux  le  nom  de  jeu  ou  de  pari.  » 

A  Londres,  vers  la  fin  du  xvn<=  siècle,  la  bourse,  qui  est  alors 
connue  sous  le  nom  de  Chanqe  Alley,  est  fréquentée  par  un  grand 
nombre  de  Juifs.  Le  célèbre  Médina  y  fut  considéré  comme  le  fon- 
dateur de  la  spéculation  en  fonds  publics.  Ce  furent  aussi  les  Juifs 
qui  créèrent  les  premiers  le  Jobber,  c'est-à-dire  ce  négociant  en 
fonds  publics  qui  forme  encore  aujourd'hui  un  des  éléments  carac- 
téristiques de  la  Bourse  de  Londres  :  il  se  tient  à  la  disposition  de 
l'agent  de  change  (s^ocA-Z'roA-^r),  qui  reçoit  les  ordres  de  la  clientèle, 
et  lui  fournit  le  moyen  d'exécuter  les  ordres  d'achat  ou  de  vente. 
Sombart  ajoute  que  c'est  eux  aussi  qui  instituèrent  les  premiers 
les  opérations  d'arbitrage  sur  la  même  place,  et  il  incline  à 
admettre,  que  c'est  aux  Juifs  que  Londres  a  dû  sa  situation  de 
principal  marché  international  de  capitaux.  En  Allemagne,  les 
seules  bourses  qui  eurent  alors  quelque  importance  furent  celles 
de  Hambourg  et  de  Francfort.  En  1817,  à  Augsbourg,  nous  trou- 
vons un  jugement  qui  écarte  une  action  tendant  à  faire  payer  une 
«  ditiérence  ». 

Avant  le  xix«  siècle,  la  Bourse  n'était  pas  considérée  comme  un 
facteur  désirable  de  la  vie  économique.  En  1778,  le  Parlement 
anglais  flétrissait  la  «  pratique  infâme  du  tratic  des  actions  ».  La 
dette  publique  était  elle-même  tenue  en  médiocre  estime  et  était 
considérée  comme  peu  honorable  pour  la  nation  qui  l'avait 
contractée.  David  Hume  l'appelait  une  pratique  ruineuse,  et  Adam 
Smith,  un  expédient  déplorable  :  ce  dernier  ne  consacre  d'ailleurs 
aucune  partie  de  son  œuvre  à  l'étude  des  valeurs  mobilières  ni  de  la 
Bourse.  Mais  à  l'heure  où  le  grand  économiste  portait  ce  jugement. 
Joseph  de  Pinto  écrivait  un  livre  qui  parut  en  1771  et  qui  prévoyait 


LE    ROLE   DES  JUIFS  DANS   LA   VIE   ÉCONOMIQUE  iH 

Tavenir  réservé  à  ces  valeurs  et  au  crédit  public,  dont  elles  sont  en 
partie  l'expression,  De  1800  à  1850,  les  émissions  de  fonds  d'État  ont 
pris  une  importance  inconnue  jusque-là.  Les  maisons  Rothschild  y 
participèrent  largement.  C'est  par  elles  (jue  furent  inaugurées  les 
transactions  internationales,  qui  attiraient  et  transportaient  les 
capitaux  sur  les  divers  marchés.  Lorsque  Nathan  Rothschild 
entreprit  en  1808  d'efTectuer  en  Espagne,  pour  le  compte  du  gou- 
vernement anglais,  les  paiements  de  la  solde  de  ses  troupes, 
ce  fut  considéré  comme  un  événement  extraordinaire.  C'est 
l'émission  d'emprunts  publics  faite  simultanément  sur  diverses 
places  qui  donna  au  public  l'habitude  de  s'intéresser  aux 
fonds  étrangers,  dont  l'intérêt  et  l'amortissement  lui  étaient  payés 
en  monnaie  indigène.  Les  publicistes  du  début  du  xix^  siècle 
signalent  comme  une  nouveauté  importante  le  fait  que  des  cou- 
pons de  titres  autrichiens,  napolitains,  sont  payés  aux  détenteurs 
français,  à  Paris,  en  francs. 

L'origine  des  émissions  publiques  n'a  pas  été  déterminée  d'une 
façon  précise.  Dans  une  première  période,  les  capitalistes  prêtaient 
directement  aux  gouvernements;  dans  une  seconde,  les  banquiers 
se  chargeaient,  pour  le  compte  de  l'État,  du  placement  de  ses  titres 
moyennant  commission,  et  lui  consentaient  au  besoin  des  avances 
à  valoir  sur  le  produit  de  la  réalisation;  plus  tard,  des  syndicats  se 
formèrent  qui  achetaient  les  titres  au  gouvernement  et  les  reven- 
daient ensuite  au  public  pour  leur  compte;  enfin,  les  gouvernements 
dont  le  crédit  est  le  mieux  assis  s'adressent  aujourd'hui  direc- 
tement au  public.  Mais  l'activité  ne  se  borna  pas  aux  seuls  fonds 
d'État.  Des  sociétés  particulières  se  fondèrent,  dont  les  titres 
furent  l'objet  d'échanges  et  de  spéculations  nombreuses  :  c'est 
vers  1880  qu'elles  commencèrent  à  se  développer  rapidement.  Elles 
eurent  d'abord  pour  objet  les  constructions  de  chemins  de  fer. 
Les  Rothschild  y  prirent  une  part  notable.  D'autres  de  leurs 
coreligionnaires,  tels  que  Strousberg,  en  Russie  et  en  Roumanie, 
le  baron  de  Hirsch,  en  Turquie,  furent  aussi  de  grands  entre- 
preneurs de  voies  ferrées.  A  l'origine  de  mainte  entreprise  indus- 
trielle, nous  trouvons  des  noms  juifs.  En  Angleterre,  en  lOOi,  sur 
soixante-trois  maisons  de  banque  s'occupant  d'affaires  financières 
{merchants),  trente-trois  étaient  juives,  et,  dans  le  nombre,  treize 
étaient  de  tout  premier  ordre.  Mais  les  maisons  particulières,  quelle 
que  fût  leur  puissance,  n'auraient  pas  suffi  aux  émissions,  avec  les 
proportions  qu'elles  prirent  depuis  le  milieu  du  xix''  siècle.  Il  fallut 
le  concours  de  sociétés  par  actions. 

Le  type  de  ces  sociétés  fut  le  Crédit  mobilier,  fondé  par  les  frères 


172  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

Pereire.  dont  le  rôle  en  nialièi'e  de  créations  d'aiïaires  est 
connu.  La  Creditanstalt  de  Vienne,  la  Darmstwdterbank,  plus 
tard  la  Deutsche  Bank  comptèrent  des  Juifs  parmi  leurs  fondateurs 
et  premiers  souscripteurs  '.  Du  domaine  des  emprunts,  ces  sociétés 
passèrent  à  celui  de  l'industrie.  C'est  elles  qui  fournirent  aux 
manufacturiers  les  capitaux  dont  ils  ont  besoin.  Plus  tard  les 
industries  elles-mêmes  ont  évolué  et  se  sont  organisées  de  façon  à 
être  moins  dépendantes  des  banquiers.  Sombart  cite  comme  type  de 
la  nouvelle  forme  la  célèbre  Société  générale  d'électricité  de  Berlin, 
qui  s'occupe  autant  de  trouver  et  d'étendre  une  clientèle  que  de 
perfectionner  son  outillage.  Dans  celte  évolution,  les  Juifs  jouent 
un  rôle,  comme  fondateurs  de  l'industrie  du  tabac  au  Mecklembourg 
et  en  Autriche  ;  comme  distillateurs  en  Pologne  et  en  Bohême; 
comme  fabricants  de  soie  en  Prusse,  en  Italie,  en  Autriche,  de 
cotonnades  eu  Moravie.  Cette  commercialisation  de  l'industrie  a 
eu  pour  résultat  que  les  mêmes  hommes  ont  pu  réussir  dans  des 
branches  très  différentes,  du  moment  où  il  s'agissait  d'y  déployer 
des  aptitudes  analogues,  le  côté  technique  restant  confié  à  des 
spécialistes. 

On  sait  combien  les  négociants  de  divers  pays  se  plaignirent  à 
diverses  époques  dé  la  concurrence  des  Juifs.  Ceux-ci  représen- 
taient une  conception  de  la  vie  économique  différente  de  celle  qui 
régnait  et  qui  se  rattachait  au  système  féodal.  L'individu  restait 
soumis  à  une  foule  de  règles  desquelles  il  ne  pouvait  s'écarter. 
La  religion  intervenait  dans  le  négoce  et  interdisait  un  certain 
nombre  d'actes  qui  découlent  cependant  des  lois  économiques.  La 
sphère  d'action  de  chacun  était  limitée.  Toute  la  politique  mercan- 
tile et  coloniale  reposait  sur  cet  axiome  qu'à  l'intérieur  des  fron- 
tières, il  ne  doit  pas  y  avoir  de  concurrence.  De  même  que  l'agri- 
culteur recevait  la  terre  nécessaire  à  sa  subsistance  et  à  celle  des 
siens,  de  môme  le  fabricant  et  le  commerçant  se  voyaient  assigner 
une  certaine  tâche  dont  l'accomplissement  devait  assurer  leur 
existence.  Les  corporations  veillaient  à  ce  qu'aucune  d'elles  n'em- 
piétât sur  le  domaine  des  autres.  La  morale  des  allaires  consistait 
alors  à  s'asseoii-  dans  sa  boutique  et  à  y  attendre  la  clientèle.  Il 
était  défendu  de  chercher  à  enlever  un  client  à  un  concurrent;  on 
critiquait  le  marchand  qui  enjolive  son  magasin  de  façon  à  y 
allirer  l'acheteur,  et  celui  qui  fait  connaître  par  des  afiiches  les 
marchandises  qu'il  offre,  surtout  s'il  le  lait  à  un  i)ri\  inférieur  à 

1,  M.  Sombart  (p.  128;  fait  erreur  en  rangeant  les  Mallet  parmi  les  actionnaires  juifs 
du  Crédit  mobilier. 


LE   ROLE   DES  JUIFS  DANS  L\  VIE   ÉCONOMIQUE  173 

celui  du  voisin.  L'État  surveille  la  fabrication  et  prescrit  des  règles 
sévères  pour  la  confection  des  divers  objets;  le  juste  prix  est 
considéré  comme  devant  être  la  règle  par  des  hommes  qui 
ignorent  la  loi  naturelle  de  Tofire  et  de  la  demande. 

En  présence  de  cette  réglementation  universelle,  la  concurrence 
juive  devait  soulever  des  protestations  :  on  lui  reprochait  de  ne 
pas  respecter  les  bornes  mises  à  l'activité  de  chacun,  dempiéter 
sur  le  domaine  des  corporations,  d'accaparer  divers  ordres 
de  production  et  d'échange,  en  attirant  à  soi  tout  le  com- 
merce by  drawuif/  ail  trade  towards  themselves,  comme  le  dit 
un  rapport  anglais  de  I600.  Ils  vendent  toutes  sortes  d'objets  sur 
lesquels  ils  ont  fait  des  avances,  et  se  trouvent  ainsi  être  les 
précurseurs  des  grands  magasins  modernes.  On  les  blâme  aussi 
de  se  livrer  au  commerce  d'importation,  contraire  aux  idées 
mercantiles,  de  retirer  aux  ouvriers  indigènes  les  occasions  de 
travailler  en  faisant  venir  du  dehors  les  objets  demandés  par  les 
consommateurs,  d'exporter  les  matières  premières.  D'une  façon 
générale,  on  les  trouve  trop  remuants,  trop  actifs,  trop  empressés 
à  saisir  toute  occasion  de  trafiquer,  de  devancer  les  autres,  d'atti- 
rer les  acheteurs.  La  Chancellerie  impériale  de  Vienne,  en  176^2, 
ayant  une  commande  de  fournitures  militaires  à  donner,  s'adresse 
aux  Juifs  dans  l'espoir  «  d'obtenir  des  prix  inférieurs  ».  On 
peut  aussi  les  considérer  comme  les  pères  de  la  réclame  modej-ne  : 
dans  la  Gazette  de  Voss  du  28  mai  1711,  se  trouve  l'annonce  de 
l'arrivée  à  Berlin  d'un  négociant  hollandais  porteur  a  du  meilleur 
thé  à  un  prix  très  modéré  ». 

Parmi  les  nombreuses  raisons  qui  permettaient  aux  .luifs  de 
vendre  meilleur  marché  que  les  autres,  il  faut  citer  avant  tout  le 
fait  qu'ils  se  contentaient  d'un  bénéfice  moindre.  Leur  genre  de 
vie,  beaucoup  plus  modeste,  leur  imposait  moins  de  dépenses.  En 
outre,  ils  activaient  la  circulation  de  leurs  marchandises,  et  par  ce 
moyen,  tout  en  réalisant  sur  chaque  opération  un  |)i-ofit  plus  faible, 
ils  en  obtenaient  un  égal  au  bout  de  l'année  par  le  fait  qu'ils  le  renou- 
velaient plus  souvent  :  c  Petit  profit,  grandes  aiïaires  •>,  telle  était 
leur  devise,  qui  est  celle  de  mainte  entreprise  contemporaine.  De 
plus,  ils  s'ingéniaient  à  attirer  la  clientèle  par  de  nouvelles  méthodes 
commerciales.  C'est  eux  qui,  les  premiers,  vendirent  des  objets 
payables  en  plusieurs  termes.  En  un  mot,  ils  incarnent  la  conception 
moderne  des  échanges  :  la  plupart  des  reproches  qu'on  leur  adres- 
sait jadis  ne  font  que  constater  cet  esprit  actif,  celte  ardeur  à  la 
tâche,  qui  sont  le  trait  dominant  de  la  plupart  des  négociants 
d'aujourd'hui.  Ils  étaient  alors  les  représentants  de  la  liberté  de 


l'/4  RliVUJi    DES   ETUDES   JUIVES 

négoce,  de  la  libre  concurrence,  du  rationalisme  économique.  Cette 
constatation  amène  Sombart  à  l'examen  d'un  autre  problème,  celui 
de  savoir  quelles  qualités  avaient  prédisposé  les  Juifs  à  ce  «  capita- 
lisme »,  alors  que  celui-ci  n'existait  pas  encore,  et  expliquent  Tin- 
fluence  exercée  par  eux. 


II 


Le  capitalisme  est  l'organisation  à  laquelle  concourent  deux 
groupes  de  population,  les  possesseurs  des  instruments  de  pro- 
duction et  les  travailleurs  qui  en  sont  dépourvus  :  les  premiers 
sont  ce  qu'on  appelle  les  sujets  économiques  \Virtschaflssubjekte\ 
L'idée  qui  domine  ce  système  est  celle  de  l'acquisition  [Erwerbs- 
idee).  Une  bonne  conduite  des  affaires,  au  sens  capitaliste, 
est  celle  qui,  au  bout  d'une  période  déterminée,  a  conservé  le 
capital  initial  et  l'a  augmenté  d'une  certaine  somme  appelée 
profit.  L'entrepreneur  a  un  devoir  à  remplir  et  y  consacrera 
sa  vie;  pour  cela  il  a  besoin  du  concours  d'autres  hommes.  L'entre- 
preneur devient  capitaliste  par  son  entente  avec  un  négociant. 
Celui-ci  veut  faire  des  aiïaires  lucratives  :  il  représente  la  variable, 
tandis  que  l'entrepreneur  représente  la  constante.  Dans  un  cha- 
pitre intitulé  :  «  La  qualification  objective  des  Juifs  au  capita- 
lisme »,  Sombart  étudie  les  raisons  qui  les  ont  préparés  à  ce  rôle. 
Il  les  classe  sous  quatre  rubriques  :  leur  dispersion,  leur  qualité 
d'étrangers,  leur  demi-civisme,  leur  richesse. 

Leur  dispersion  a  permis  aux  membres  d'une  même  famille  de 
s'installer  dans  plusieurs  pays  et  de  communiquer  entre  eux  avec 
une  facilité  peu  commune  dans  les  siècles  passés.  Le  gouverneur 
de  la  Jamaïque  écrivait  en  1671  à  Londres  «  qu'il  était  d'avis 
que  le  Roi  ne  pouvait  avoir  de  sujets  plus  utiles  que  les  Juifs,  qui 
avaient  de  si  nombreux  correspondants  ».  Ils  (It'veloppèreni  le 
commerce  dans  les  pays  qui  les  avaient  accueillis,  établirent  des 
liens  entre  l'ouest  et  l'est  de  l'Europe,  enire  l'Amérique  du  Sud  et 
l'Amérique  du  Nord.  "  Ils  sont  si  répandus  dans  le  monde,  disait 
un  correspondant  du  Sppctateur  en  171:2,  ([u'ils  sont  devenus  les 
instruments  au  moyen  desquels  les  nations  les  plus  t'Ioignées 
sont  mises  en  rapport  les  unes  avec  les  aulres,  et  riiiiina;iilt'  esl 
assemblée  :  ils  sont  comme  les  boulons  el  les  ri\ets  d'un  grand 
bâiimeni,  (|iii,  bien  (pie  peu  impnrianis  |)ai' eux-mêmes,  sont  indis- 
pensables au  maintien  de  l'enseuible.   » 

Leur  connaissance  des  langues  et  des   civilisations  étrangères 


LE    KOLE   DES  JUIFS   DANS  LA   VIE   ÉCONOMIQUE  175 

leur  attira  à  maintes  reprises  la  faveur  des  souverains,  qui  leur 
confiaient  des  missions,  faisaient  d'eux  leurs  trésoriers  et  les 
chargeaient  de  gérer  leur  fortune.  Charlemagne  envoyait  Isaac 
à  la  cour  dHaroun  Al  Raschid.  Lempereur  Othon  II  avait  pour 
favori  Kalonymos.  Le  célèbre  Chasdai  Ibii  Schaprut  9 15-970  fut  le 
représentant  diplomatique  du  khalife  Abdul  Rahman  III  lors  de  ses 
négociations  avec  les  cours  de  l'Espagne  du  Nord.  Au  xi''  siècle,  le 
roi  Alphonse  VI  de  Gastille  se  servait  de  Juifs  pour  ses  ambassades 
auprès  des  souverains  qui  régnaient  à  Tolède,  Séville  et  Grenade. 
Richelieu,  plus  tard,  envoyait  Ildefouso  Lopez  en  mission  secrète 
dans  les  Pays-Bas. 

Là  où  ils  arrivaient,  les  Juifs  étaient  d'abord  une  manière 
de  colons.  En  leur  qualité  de  nouveaux  venus,  ils  avaient  à 
lutter  avec  toutes  sortes  de  difficultés,  et  à  substituer  le  rationa- 
lisme à  la  tradition  économique.  Leur  condition  n'était  pas  en 
général  celle  des  autres  habitants;  elle  variait  d'un  pays  à  l'autre, 
telle  profession  leur  étant  interdite  ici,  permise  ailleurs.  Dans 
un  même  Etat,  les  réglementations  différaient  de  province  à 
province,  de  ville  à  ville.  La  minutie  des  prescriptions  était  telle  qu'à 
quelques  lieues  de  distance  on  les  autorisait  à  trafiquer  dans  telle 
marchandise,  ou  bien  on  le  leur  défendait.  Dans  l'intérieur  dune 
même  cité,  on  distinguait  des  catégories  de  Juifs,  privilégiés 
d'une  façon  générale,  privilégiés  d'une  façon  spéciale,  tolérés, 
temporairement  admis.  Ils  ne  pouvaient  faire  partie  des  corpo- 
rations, qui  avaient  alors  un  caractère  religieux,  à  côté  du  carac- 
tère professionnel.  Ce  n'est  qu'à  la  fin  du  xYin"  et  au  couiant 
du  XIX'  siècle  que  les  barrières  tombèrent  les  unes  après  les  autres. 
Aussi  l'activité  des  Juifs  se  portait-elle  alors  vers  certaines  car- 
rières commerciales,  qui  seules  leur  restaient  ouvertes,  et  encore 
avec  bien  des  restrictions. 

Les  Juifs  ont  conservé  à  travers  les  siècles,  dans  (juelques 
familles,  des  richesses  importantes.  Ceux  de  Hollande  possé- 
daient des  palais  connus,  et  le  livre  de  Gluckel  von  Hameln,  une 
femme  qui  nous  a  laissé  de  très  curieux  mémoires,  donne  des 
détails  sur  le  luxe  déployé  lors  dun  mariage  juif  à  Amsterdam. 
Sombart  cite  des  statistiques  concernant  les  fortunes  à  Londres,  à 
Hambourg,  à  Francfort,  dans  le  passé,  et  des  statistiques  contem- 
poraines de  villes  allemandes.  Ces  dernières  indi<|uent  la  propor- 
tion des  Juifs  pai"  rapport  à  la  population  totale  et  celle  des  taxes 
qu'ils  paient  par  rapport  au  total  perçu  par  le  fisc.  A  Berlin,  ils 
représentent  le  vingtième  de  la  population  et  paient  presque  le 
tiers  des  impositions-  A  Francfort  ils  représentent  7  0  U  du  chiffre 


176  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

des  habitants,  et  ont  20  0/0  des  revenus.  Ils  ont  été,  depuis  lon?;- 
temps,  les  grands  prêteurs  d'argent  des  souverains  :  ils  ont  déve- 
loppé ainsi  le  capitalisme. 

La  religion  juive,  dans  l'opinion  de  l'auteur,  a  exercé  une  grande 
influence  en  la  matière;  d'une  part,  elle  a  agi  sur  l'esprit  de  ceux 
qui  la  pratiquaient;  d'autre  part,  elle  peut, dans  une  certaine  mesure, 
avoir  été  l'expression  des  idées  de  ses  adeptes.  Il  n'y  a  pas  long- 
temps que  MaxWeber  a  mis  en  lumière  l'importance  des  croyances 
religieuses   des   Puritains   au   point  de  vue  de  leurs  tendances 
capitalistes  ;    or,  il   semble   que  des   r.ilations    étroites  existent 
entre  le  Puritanisme  et  le  judaïsme.  Celui-ci  constitue  la  religion 
la  plus   sévère  qui  soit  :    elle    pénètre   les    moindres  actes  de  la 
vie,  accompagne   l'homme    pour    ainsi    dire  à   chaque  pas,    ne 
règle  pas  seulement  les  rapports  de  la  créature  avec  Dieu,  mais 
ceux  des  humains  entre  eux,  et  même  avec  la  nature.    Le  droit  et 
la  morale   en   font  partie  intégrante.    Chez   aucun  peuple  l'édu- 
cation religieuse  n'est  aussi  complète.  Déjà  Josèphe  remarquait 
que  l'homme  de  condition  la  plus  humble  connaît  les  commande- 
ments de  Dieu  «mieux  que  son  propre  nom  ».  Les  offices  se  passent 
en  partie  à  lire  et  à  commenter  les  textes  sacrés.  Le  Deutéronome 
prescrit  ceci  :  «  Tu  parleras  des  commandements  de  Dieu  lorsque 
tu  es  assis  dans  ta  demeure,  lorsque  tu  voyages,  lorsque  tu  te 
couches  et  lorsque  tu  te  lèves.  »  Le  Talmud,  à  travers  les  siècles  de 
persécutions  et  d'exils,  a  été  le  rempart  derrière  lequel  les  Juifs  se 
sont  abrités,  pour  vivre  d'une  vie  intérieure  intense,  conserver 
leurs  traditions,  trouver  des  sujets  de  consolation  et  d'espérance. 
L'esprit  religieux  était  si  fort  que  ceux-là  même  qui  s'étaient  osten- 
siblement convertis    marranes,  en  Espagne  et  en  Portugal,  conti- 
nuaient à  observer  les  préceptes  de  leur  ancien   culte,   ne  tra- 
vaillaient pas   le   samedi,   ne  consommaient  d'autre   viande  que 
celle  provenant  d'animaux  tués  selon  le  rite,  faisaient  circoncire 
leurs  fils.  Les  plus  grands  parmi  les  financiers  et  les  médecins  se 
faisaient  gloire  de  consacrer  à  l'étude  des  livres  saints  non  seu- 
lement le  samedi,  mais  deux  autres  soirées  par  semaine.  Ce  n'est 
pas  sans  raison  que  Mahomet  appelait  les  Juifs  «  le  peuple  du 
livre  ». 

Leur  littérature  sainte  se  divise  eu  deux  parlies  :  les  révélations 
et  l'œuvre  des  sages.  Les  révélations  comprennent  une  partie 
écrite  et  une  i)artie  orale.  Les  livres  sainis  sont  :  1"  la  ïora  ou 
Penlaleiique.  2°  les  Prophètes.  8°  les  autres  livres.  La  Tora 
émane  de  Moïse,  qui  la  cominuni(juée  au  peuple  d'Israël  après 
l'avoir  reçue  de  Dieu  sur  le   mont  Sinaï  :  aussi   constitue-t-elle 


LE   ROLE   DES  JUIFS   DANS    LA   VIE   ÉCONOMIQUE  177 

la  partie  sacrée  par  excellence,  celle  dont  il  n'est  permis  de  s'écarter 
sous  aucun  prétexte.  La  Tora  «  orale  »  en  l'orme  le  commentaire: 
elle  n'a  été  écrite  en  mischna  et  gemara  qu'après  la  deuxième 
destruction  du  Temple  ;  jusque-là  elle  avait  été  conservée  par 
tradition.  Le  Talmud  est,  pour  la  plus  grande  partie,  une  réunion 
de  controverses  entre  rabbins.  Les  Juifs  pieux  ont  vécu  depuis 
des  siècles  d'après  les  ordres  et  les  défenses  contenus  dans  ces 
écrits.  Il  s'agit  de  voir  quels  rapports  ces  prescriptions  peuvent 
avoir  avec  le  capitalisme. 

Tout  d'abord  il  convient  d'avoir  présente  à  l'esprit  la  façon  dont 
la  religion  a  été  formée.  Les  préceptes  en  ont  été  en  partie  rédigés 
par  des  savants  :  la  raison  est  à  sa  base  comme  à  celle  du 
capitalisme.  Elle  ne  connaît  pas  de  mystères  :  rien  qui  rappelle 
l'encens  des  Hindous,  les  oracles  de  la  Grèce  et  des  sibylles 
romaines,  les  baccbantes,  en  un  mot  ces  exaltations  qui  ont  paru 
à  tant  de  peuples  une  émanation  de  la  divinité;  rien  non 
plus  qui  ressemble  aux  mystères  du  christianisme.  Les  temples 
juifs  s'appellent  des  écoles  :  on  y  lit  la  Tora,  la  Loi  et  les  Pro- 
phètes. La  religion  est  une  sorte  de  pacte  intervenu  entre  Dieu 
et  son  peuple,  tenu  d'observer  étroitement  les  préceptes  du  Sei- 
gneur. Un  livre  est  ouvert  à  chaque  humain,  sur  lequel  sont 
inscrites  ses  bonnes  et  ses  mauvaises  actions,  et,  à  chaque 
minute  de  son  existence,  la  balance  est  faite  entre  les  unes  et  les 
autres.  Cette  comptabiUté  est  compliquée  :  une  partie  des  peines 
et  des  récompenses  est  donnée  sur  terre,  l'autre  est  réservée  pour 
la  vie  future.  Des  passages  nombreux  prescrivent  de  réfréner  les 
passions  et  de  consacrer  la  vie  à  amasser  les  biens  nécessaires  à 
l'accomplissement  de  la  volonté  divine.  Les  offices  de  la  Tora 
sont  mis  aux  enchères,  afin  que  lé  produit  en  soit  distribué  aux 
pauvres.  Les  sentences  des  rabbins  contiennent  parfois  des 
règles  pratiques.  C'est  ainsi  que  Jizchak  remarque  que  l'homme 
doit  faire  valoir  son  argent;  en  avoir  un  tiers  en  immeubles,  un 
tiers  en  marchandises,  un  tiers  disponible.  Rabh  dit  à  son  fils 
Ajba  :  «  Je  veux  tinstruire  des  choses  terrestres  :  vends  ta  mar- 
chandise tandis  que  tes  pieds  sont  encore  couverts  de  la  poussière 
de  la  route  »,  ce  qui  revient  à  recommander  un  rapide  mouvement 
d'affaires. 

Lorsque  l'idée  de  la  vie  future  entra  dans  la  religion  juive, 
les  rabbins  enseignèrent  que,  seuls,  les  justes  survivront,  et 
se  servirent  de  cette  croyance  pour  mieux  encore  inculquer  les 
préceptes  des  livres  saints.  D'ailleurs  la  récompense  ne  se  fait  pas 
toujours  attendre  jusque  dans  l'autre  monde  :  Dieu  favorise  aussi 

T.  LXU,  N»  124.  12 


178  HEVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

ses  serviteurs  dans  celui-ci.  i^a  religion  juive  ne  condamne  pas 
la  richesse.  Elle  reconnaît  qu'elle  est  un  danger  pour  celui  qtii  en 
fait  un  méchant  usage,  mais  ne  la  déclare  pas  mauvaise  en  soi. 
Les  prophètes  eux-mêmes  promettaient  au  peuple  d'Israël  les 
biens  terrestres,  s'il  rentrait  dans  la  bonne  voie. 

Il  y  a  bien  eu  dans  le  judaïsme  des  tendances  à  Tascélisme, 
au  renoncement;  mais  elles  n'ont  jamais  été  dominantes  chez  un 
peuple  épris  de  la  vie.  C'est  dans  le  Nouveau,  et  non  dans  l'Ancien 
Testament,  que  se  trouve  la  condamnation  des  biens  terrestres  et 
l'éloge  de,  la  pauvreté.  Dieu  ne  cesse  de  dire  à  ses  fidèles  :  «  Vivez 

saintement  et  observez  mes  commandements et,  lorsque  les 

autres  peuples  les  connaîtront,  ils  diront  :  «  Quels  gens  sages  et 
raisonnables,  quel  peuple  excellent  vous  êtes!  »  C'est  l'obéis- 
sance qu'il  exige  avant  tout;  c'est  elle  qui  guide  les  destinées 
d'Israël.  L'observance  des  commandements  devient  de  plus  en 
plus  étroite.  Elle  s'est  perpétuée  jusqu'à  nos  jours  dans  les  com- 
munautés pieuses,  restées  fidèles  à  la  tradition.  La  Tora,  telle 
que  Moïse  l'a  reçue  sur  le  Sinaï,  est  toujours  la  règle  invariable  : 
c'est  en  la  suivant  que  l'homme  se  conduit  comme  il  doit  le  faire. 
Le  peuple  élu  doit  observer  à  la  lettre  les  lois  de  sou  Dieu.  Pour 
sanctifier  sa  vie,  il  doit  la  mener  selon  les  maximes  de  la  loi  reli- 
gieuse. La  nature  renferme  tous  les  éléments  du  péché.  La  vie  de 
l'homme  doit  être  un  combat  contre  ces  puissances  ennemies.  La 
loi  sert  à  les  dompter.  Le  Talmud  a  établi  365  défenses  et 
248  commandements.  La  religion  a  traduit  ses  vérités  et  ses  ensei- 
gnements en  prescriptions  posilives,  en  coutumes  et  usages,  qui 
pénètrent  la  pensée  et  les  sentiments  de  l'homme,  de  façon  à  n'y 
point  laisser  de  place  pour  le  mal. 

Deiun  respire  et  cura, 

est  la  devise  de  tout  Israélite  resté  tidèle  à  sa  religion  :  elle  lui 
ordonne  de  lout  rapporter  à  Dieu,  et  lui  fournit  des  préceptes  pour 
toutes  les  circonstances  de  la  vie.  L'admiration  de  la  nature  doit 
ramener  au  culte  de  Dieu,  qui  l'a  créée.  Les  vertus  cardinales  sont  : 
la  maîtrise  de  soi-même,  la  modestie,  l'ordre,  l'activité,  la  modé- 
ration, la  continence,  la  sobriété.  «  Ne  parle  pas  à  la  légère  »  est 
le  précepte  qui  revient  souvent.  «  La  parole  a  été  donnée  à  l'homme 
pour  (juil  s'en  serve  en  vue  d'un  but  sacré.  »  «  Le  fort  des  forts  est 
celui  qui  dompte  ses  passions.  »  «  La  réflexion  conduitle  sage  à  l'ai- 
sance; celui  qui  s'emporte  va  à  la  misère.  «  «  Il  faut  réveiller  le 
jour,  et  non  pas  être  réveillé  par  lui.  »  «  Celui  (|ui  néglige  ses 
occupations  est  le  frère  du  dissipateur.  » 


LE    ROLE   DES  JUIFS  DANS   LA  VIE   ÉCONOMIQUE  1:9 

Les  innombrables  prescriptions  relatives  à  la  nourriture  partent 
de  cette  idée  que  le  sage  doit  se  nourrir  pour  conserver  ses  forces 
et  les  consacrer  au  service  de  Dieu,  et  non  pour  y  trouver  une 
source  de  volupté  «  Heureux  les  peuples  dont  les  princes  mangent 
à  riieure  convenable  pour  se  fortifier,  et  non  pour  se  divertir.  » 
«  C'est  à  ton  Dieu,  qui  seul  te  permet  de  te  nourrir  de  créatures 
faites  par  lui,  que  tu  dois  consacrer  ton  manger  et  ton  boire.  » 
Chaque  repas  est  précédé  et  suivi  d'une  prière. 

Les  règles  ordonnant  la  modération  au  point  de  vue  des  rapports 
sexuels  sont  d'une  grande  sévérité.  «  Garde-toi  de  tout  ce  qui 
peut  dérégler  ton  imagination,  ne  regarde  rien,  n'écoute  rien,  ne 
lis  rien,  ne  pense  à  rien  qui  souille  ta  pensée,  ne  permets 
pas  à  ton  œil  de  s'égarer  sur  des  femmes  ;  de  pécher  en  les  regar- 
dant. Afin  de  se  garder  d'idées  lascives,  il  faut  avoir  les  lettres 
du  nom  de  Jéhovah  toujours  présentes  devant  les  yeux.  »  Le 
mariage  doit  être  sanctifié  par  la  présence  constante  de  l'idée 
divine.  «  Que  le  mari  ne  vive  pas  sans  la  femme,  que  la  femme  ne 
vive  pas  sans  le  mari,  mais  que  l'esprit  de  Dieu  soit  toujours  dans 
leur  union.  »  Il  est  prescrit  de  ne  pas  afl'aiblir  son  corps  par  la 
débauche,  de  ménager  ses  forces,  de  ne  les  employer  que  dans  le 
but  de  maintenir  la  famille  et  de  procréer  les  enfants.  «  Dieu  te 
demandera  compte  de  chacun  de  tes  actes.  » 

M.  Sombart  considère  que  cette  morale,  qui  donne  à  la  vie  un 
caractère  de  rationalisme,  a  eu  la  plus  grande  influence  sur  l'acti- 
vité économique  des  Juifs  :  c'est  à  cause  de  cette  idée  qu'il  est 
entré  dans  autant  de  détails.  11  insiste  sur  la  constitution  de  la 
famille  juive,  à  laquelle  il  attache  une  importance  extrême.  Il 
montre  que,  de  nos  jours  encore,  la  proportion  des  enfants  natu- 
rels est  plus  faible  en  Russie  parmi  les  juifs  que  chez  les  autres 
habitants  :  en  1901,  sur  cent  naissances   il  y  en  avait  : 

2,49  illégitimes  chez  les  orthodoxes, 

3,57               —  catholiques, 

3,76               —  protestants, 

0,46               —  juifs. 

Sombart  suppose  que  les  nombreuses  règles  d'abstinence  im- 
posées aux  juifs  par  la  religion  ont  contribué  à  porter  leur  énergie 
vers  la  conquête  de  la  richesse.  Nous  avouons,  pour  notre  pari,  que 
l'auteur  nous  semble  ici  se  lancer  dans  le  domaine  d'hypothèses 
fragiles.  En  tout  cas,  fùt-il  démontré  que  la  religion  a  été  assez  puis- 
sante pour  imposer  une  continence  relative  aux  hommes,  il  reste 
à  expliquer  pourquoi  des  forces  ainsi  économisées  se  sont  portées 


180  REVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

vers  uu  certain  genre  de  travail  plutôt  qu'un  autre.  Le  point  sur 
lequel  on  peut  se  déclarer  d'accord  avec  l'auteur  est  le  suivant  : 
une  religion  qui  impose  à  Ihomme  une  contrainte  continuelle, 
qui  dirige  à  chaque  minute  l'exercice  de  ses  facultés,  le  rend  apte 
à  l'efïort  qu'exige  le  «  capitalisme  »  c'est-à-dire  l'accumulation  de 
richesses,  qui  ne  s'obtient  tout  d'abord  que  par  une  vie  de  privation, 
ou  tout  au  moins  de  sévère  économie,  hliomo  capitalisticus  est 
sorti  tout  armé  de  cette  discipline  incessante. 

La  croyance  enracinée  chez  les  Juifs  quils  étaient  le  peuple 
élu  de  Dieu  les  a  empêchés  de  se  mêler  aux  autres  nations  : 
même  aux  époques  et  dans  les  pays  où  ils  n'étaient  pas  persécutés, 
ils  vivaient  entre  eux  et  songeaient  à  Sion.  L'un  des  plus  grands 
poètes  hébraïques,  Juda  Halévy,  a  chanté  dans  sa  Sionide  le 
retour  à  Jérusalem.  Dans  les  anciens  temps  il  leur  était  défendu 
d'exiger  des  intérêts  de  leurs  coreligionnaires,  mais  permis  de  les 
recevoir  des  autres.  Ceci  constituait  pour  eux,  au  moyen  âge,  une 
supériorité  sur  les  chrétiens,  à  qui  l'Église  interdisait  au  contraire 
le  prêt  à  intérêt.  Le  commerce  avec  les  étrangers  n'était  pas  sou- 
mis aux  mêmes  principes  que  lorsque  les  échanges  s'opèrent  avec 
des  coreligionnaires';  dans  ce  dernier  cas,  ce  n'était  que  le  juste 
prix  qu'il  élait  permis  d'exiger  ;  dans  le  premier,  la  base  de  l'ofiFre 
et  de  la  demande  était  seule  à  observer. 

De  nombreux  passages  des  livres  saints  indiquent  que  la  concep- 
tion de  la  liberté  du  travail  des  échanges  et  de  la  concurrence, 
était  familière  aux  Juifs.  Le  Schulchan  Aruch  déclare  que,  si  un  arti- 
san vient  s'établir  dans  la  maison  où  un  autre  exerce  déjà  la  même 
profession,  ce  dernier  ne  pourra  y  faire  aucune  objection.  Celte 
conception  est  remarquable,  à  une  époque  où  presque  tous  les 
peuples  ne  connaissaient  d'autre  organisation  industrielle  que 
celle  qui  limite  sévèrement  l'activité  de  chacun. 

Sombart  trouve  des  analogies  frappantes  entre  les  Puritains  et 
les  Juifs,  jusque  dans  les  moindres  détails.  C'est  ainsi  que,  dans 
un  des  hôtels  de  Philadelphie,  l'avis  suivant  est  afliché  :  «  Les 
voyageurs  qui  ont  alfaire  à  des  femmes  sont  priés  délaisser  la  porte 
de  leur  chambre  ouverte  pendant  qu'ils  reçoivent  leur  visite.  »  Le 
Talmud  ordonne  à  celui  qui  a  affaire  à  une  femme  de  ne  pas 
rester  seul  avec  elle.  Rien  ne  ressemble  au  dimanche  anglais 
comme  le  sabbat  juif,  durant  lequel  aucune  occupation  n'est 
permise.  Henri  Heine  appelait  déjà  les  Puritains  des  u  Hébreux  qui 
mangent  du  porc  ».  Au  xvii«  siècle,  un  rapprochement  étroit  s'opéra 
en  Angleterre  entre  Juifs  et  Puritains.  Cromwell  songeait  à 
réconcilier  l'Ancien  elle  Nouveau  Testament.  Le  prédicateur  puri- 


LE    ROLE   DES  JUIFS   DANS   LA   VIE   ÉCONOMIQUE    '  181 

tain  Holmes  souhaitait  servir  le  Dieu  d'Israël,  selon  le  vœu  des 
prophètes.  «  Les  «  Niveleurs  »  demandaient  que  la  Constitution  de 
l'État  fût  rédigée  d'après  la  Tora.  Les  ministres  de  Cromwell  lui 
suggéraient  de  créer  un  Conseil  d'État  de  soixanle-dix  membres, 
«  d'après  le  chifTre  de  ceux  qui  composent  le  Sanhédrin  ».  En 
1649.  on  proposa  au  Parlement  de  faire  du  dimanche  le  samedi. 
Les  ecclésiastiques  chrétiens  ne  lisaient  pas  seulement  l'Ancien 
Testament,  mais  les  livres  rabbiniques.  Un  ouvrage  paru 
en  1608  établit  un  curieux  parallèle  entre  le  judaïsme  et  le  cal- 
vinisme. 

L'influence  des  Juifs  a  été  d'autant  plus  considérable  que  les 
nations  au  milieu  desquelles  ils  se  sont  trouvés  dispersés  étaient 
plus  différentes  d'eux  :  en  Hollande,  en  Angleterre,  en  Allemagne, 
en  Autriche,  leur  action  a  été  beaucoup  plus  profonde  qu'en  Espa- 
gne, en  Italie,  en  Grèce,  en  Turquie.  On  a  souvent  répété  que  la 
persécution  les  avait  rendus  meilleurs  :  il  fallait  cependant  que 
des  qualités  natives  existassent  chez  eux  pour  qu'ils  aient  pu 
réussir  comme  ils  l'ont  fait.  Il  convient  donc  d'étudier  l'âme  du 
peuple,  sa  psychologie  collective.  Sombart  rappelle  que  la  plupart 
des  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  la  matière  sont  d'accord  pour 
lui  reconnaître  des  traits  distinctifs,  parmi  lesquels  celui  qui 
domine  est  l'intellectualité.  Personne  n'a  plus  honoré  les  savants. 
«  Le  savant  passe  avant  le  roi  »,  dit  le  Talmud  :  science  et 
religion  ne  font  qu'un.  L'ignorance  est  un  péché  mortel.  Un  pro- 
verbe roumain  dit  :  «  un  Grec  galant,  un  Juif  sot,  un  Bohémien 
honnête  sont  des  impossibilités.  »  Il  y  a  bien  des  siècles  (ju'un 
espagnol  les  appelait  -<  agudos  y  de  grande  ingenio  para  las  cosas  de 
este  siglo  »,  fins  et  de  grande  intelligence  pour  les  choses  du  siècle. 
Grâce  à  leur  imagination  constructive,  ils  ont  une  disposition  spéciale 
pour  le  jeu  d'échecs,  les  mathématiques,  les  sciences  numéri(iues; 
ils  sont  de  remarquables  médecins,  célèbres  pour  la  justesse  de 
leur  diagnostic.  En  même  temps  ils  sont  individualistes,  et  ils 
considèrent  le  monde  à  un  point  de  vue  «  libéral  ».  A  ces  traits, 
intellectualité,  téléologisme,  énergie,  mobilité,  s'ajoutent  le  besoin 
de  nouveauté  et  la  faculté  d'adaptation.  Ils  sont  les  agents  les 
plus  actifs  du  progrès  :  ils  sont  à  la  tète  de  toutes  les  entre- 
prises qui  innovent.  Ils  sont  de  merveilleux  journalistes,  vifs, 
prompts,  enthousiastes;  d'excellents  jurisconsultes.  Toute  leur 
mentalité  les  prépare  au  capitalisme,  c'est-à-dire  au  régime  dans 
lequel  la  plus  grande  œuvre  s'accomplit  par  un  seul  cerveau  qui 
met  des  milliers  de  bras  en  mouvement.  De  plus,  capitalisme  est 
synonyme  de  prévoyance,  de  sacrifice  de  la  jouissance  présente 


182  REVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

en   vue  de  l'avenir;  il  suppose  cette  organisation   rationnelle  à 
laquelle  les  Juifs  sont  particulièrement  aptes. 


III 


Après  avoir  expliqué  le  rôle  rempli  par  les  Juifs  dans  la  vie 
économique  et  ce  qui  les  y  avait  préparés,  Tailleur  veut  encore 
répondre  aux  questions  suivantes  :  quelle  est  la  portée  des  apti- 
tudes qu'il  leur  a  reconnues?  Sont-elles  individuelles,  extérieures 
pour  ainsi  dire,  invétérées,  transmissibles  de  père  en  fils?  Sont- 
elles,  depuis  l'origine,  l'apanage  de  la  race,  ou  ne  les  a-t-elle 
acquises  qu'au  cours  des  siècles? 

On  admet  généralement  aujourd'hui  qu'Israël  a  été  formé  par  le 
mélange  de  certains  peuples  orientaux.  Lors  de  l'exil  à  Babylone, 
de  nombreux  mariages  mixtes  eurent  lieu.  Renan  disait  que  les 
Juifs  modernes  sont  issus  d'unions  entre  les  descendants  des  Juifs 
de  Palestine  et  diverses  peuplades  européennes,  slaves  ou  germa- 
niques. D'autres  auteurs  au  contraire  pensent  que  le  mélange  n'a 
pas  eu  lieu  et  que  la  plupart  des  Juifs  d'aujourd'hui  descendent 
directement  des  anciens.  L'incident  du  slave  Chagone.  qui  se 
convertit  au  viii*  siècle  au  judaïsme,  paraît  avoir  été  isolé.  Les  con- 
versions d'alors  n'ont  pas  dépassé  le  territoire  de  Crimée  :  l'Rtat 
juif  des  Chazares  disparut  au  xi"  siècle,  et  il  ne  subsiste  à  Kiew 
qu'un  petit  nombre  de  ces  Juifs  chazaristes^  Qu'est-ce  d'ailleurs 
qu'une  race?  Bien  des  discussions  ont  eu  lieu  sur  la  question  de 
savoir  comment  les  Juifs  se  sont  comportés  à  travers  les  âges  et 
les  nombreuses  épreuves  qui  leur  ont  été  infligées  à  diverses 
époques,  depuis  les  pogromes  d'Alexandrie  au  F""  siècle  de  l'ère 
chrétienne,  les  persécutions  sous  les  empereurs  romains,  sous 
Théodoric,  sous  les  rois  lombards  au  vu»  siècle,  jusqu'aux  terreurs 
de  l'Inquisition  en  Espagne  et  celles  de  la  Russie  moderne.  Leur 
force  de  résistance  n'est  pas  moins  remarquable  :  en  dépit  des 
efforts  des  empereurs  romains  pour  les  anéantir,  ils  subsistèrent  à 
Jérusalem,  et,  au  in«  siècle  après  Jésus-Christ,  leur  patriarche  y 
exerçait  son  autorité.  Que  de  fois,  contrjiints  sous  la  menace  de 
mort  d'embrasser  une  autre  religion,  ont-ils  gardé  intactes,  au 
fond  du  cœur,  leurs  croyances.  Leur  dispersion  n'a  d'ailleurs  pas 
toujours  été  motivée  par  la  persécution.  Ptolémée  Lagos  envoya 
une  colonie  juive  en  Cyrénaïque  pour  fortifier  les  liens  qui  lui 

1.  CeUe  assertiou  (le  l'auteur  nous  parait  loposer  sur  une  hy[iotlicse  hien  fragile. 


LE   ROLE   DES  JUIFS   DANS  LA   VIE    ÉCONOMIQUE  183 

attachaient  ce  pays.  Leurs  migrations  ont  souvent  été  volontaires  : 
elles  les  dirigeaient  de  préférence  vers  les  villes,  et  particulièrement 
vers  celles  où  le  commerce  était  actif. 

L'économie  juive,  depuis  les  rois  jusqu'à  la  fin  de  l'indépendance 
et  la  codification  duTalmud  se  suffisait  à  elle-même  :  elle  vendait 
au  dehors  l'excédent  de  ses  productions  agricoles  :  les  autres  étaient 
absorhées  dans  l'intérieur  du  pays.  11  ne  faut  pas  conclure  de  cer- 
tains passages  des  Écritures  à  la  présence  de  nombreux  commer- 
çants. Le  roi  agissait  comme  Charlemagne  dans  ses  villes  et  avait 
des  employés  qui  achetaient  pour  lui,  à  l'intérieur  et  au  dehors, 
ce  dont  il  avait  besoin.  Toutefois  il  est  probable  qu'il  y  eut  de 
bonne  heure  un  commerce  étranger.  Certains  passages  nous  indi- 
quent que  la  Palestine  exportait  à  Tyr  des  produits  agricoles,  blé, 
miel,  huile  ;  mais,  chose  curieuse,  il  semble  que  ce  négoce  ne  fût 
pas  entre  les  mains  de  Juifs;  des  Syriens  étaient  importateurs  à 
Jérusalem.  Les  caravanes  qui  traversaient  la  Palestine  ne  sont  pas 
conduites  par  des  Juifs.  Les  grands  marchands  d'alors  étaient  plu- 
tôt des  Phéniciens  et  des  Grecs.  Josèphe  le  déclare  :  «  Nous  n'avons 
pas  de  côtes  maritimes  et  ne  faisons  point  de  commerce  maritime 
ni  aucun  autre.  » 

Mais  Sombart  considère  que,  si  l'activité  commerciale  en  général 
était  alors  peu  développée,  le  trafic  de  l'argent  l'était  déjà  :  les 
Juifs  étaient  des  prêteurs.  LeDeutéronomefio  6)  dit  :  «Ta  prêteras 
à  beaucoup  de  peuples  et  tu  n'emprunteras  d'aucun.  »  Mais,  à 
l'intérieur  du  pays  beaucoup  de  terres  étaient  hypothéquées,  comme 
en  témoigne  l'enseignement  talmudique,  dans  lequel  ce  sujet 
revient  fréquemment.  Le  papyrus  d'Oxford  nous  donne  les  détails 
et  les  calculs  d'un  prêt  à  intérêt  fait  au  v«  siècle  avant  Jésus-Christ. 
Dans  le  monde  gréco-romain  aussi  bien  que  chez  les  .\rabes 
avant  Mahomet,  les  Juifs  étaient  les  grands  prêteurs  d'argent, 
comme  ils  le  furent  sous  les  rois  Mérovingiens  et  en  Espagne.  Ce 
n'est  donc  pas.  d'après  Sombart;  le  moyen  âge  et  ses  persécuteurs 
qui  ont  déterminé  chez  eux  cette  vocation.  Ce  prêt  a  d'ailleurs 
existé  dans  toutes  les  civilisations  :  en  Grèce,  où  il  était  pratiqué 
par  les  temples,  à  Rome,  où  on  connaît  la  dureté  de  la  législation 
qui  faisait  du  débiteur  l'esclave,  la  chose  du  créancier.  On  trouve 
des  exemples  fréquents  de  traités  conclus  entre  des  villes  ou  des 
États  et  des  Juifs,  à  qui  les  premiers  demandaient  de  venir  établir 
chez  e\ix  des  banques  de  prêt.  Le  fait  qu'on  s'adressait  ainsi 
à  eux  indique  qu'on  avait  une  confiance  particulière  dans  leur 
aptitude  à  cet  égard. 

Un  certain  nombre  de  passages  du  Taltnud,  dénotent  une  connais- 


184  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

sance  merveilleuse  des  lois  de  l'échange  moderne.  Les  rabbins  défi- 
nissent la  monnaie  «  l'équivalent  de  toutes  les  marchandises  »:  ils 
distinguent  le  crédit  fait  au  producteur  de  celui  qui  est  consenti  au 
consommateur,  avec  les  avantages  du  premier  et  les  inconvénients 
du  second.  Ils  analysent  dans  ses  détails  le  mécanisme  du  prêt  et 
des  dépôts.  D'autre  part,  en  recherchant  les  motifs  de  la  richesse 
des  Juifs,  Sombart  en  rappelle  un  qu'il  a  déjà  mentionné  :  menant 
autrefois  une  vie  très  retirée,  confinés  souvent  dans  leur  Ghetto, 
ils  n'avaient  pas  les  mêmes  occasions  de  dépenser  que  d'autres 
et  pouvaient  épargner  davantage.  Un  proverbe  allemand  disait 
que  sept  choses  sont  rares  :  «  une  nonne  qui  ne  chante  pas, 
une  jeune  fille  qui  n'aime  pas,  une  foire  sans  voleurs,  un  bouc 
sans  barbe,  un  grenier  sans  souris,  un  cosaque  sans  poux,  et  un 
Juif  qui  n'économise  pas  ».  D'après  une  statistique  récente  du 
Grand-Duché  de  Bade,  de  1895  à  1908,  le  revenu  des  protestants 
s'y  est  élevé  dans  la  proportion  de  100  à  146  et  celui  des  Juifs  de 
100  à  144  seulement.  Mais  le  capital  des  premiers  a  passé  de  100  à 
128,  tandis  que  celui  des  seconds  s'élevait  de  100  à  138  :  la  force 
d'épargne  a  donc  été  plus  grande  chez  eux  \ 

Sombart  croit  que  le  caractère  anthropologique  et  l'état 
intellectuel  des  Juifs  sont  restés  les  mêmes  depuis  plusieurs  milliers 
d'années.  Mais  il  ne  trouve  pas  que  ceci  suffise  à  justifier  la  théorie 
de  la  «  race  ».  Chez  des  hommes  aussi  religieux,  aussi  attachés 
aux  traditions  de  famille,  l'éducation  a  contribué  plus  que  tout 
autre  facteur  au  maintien  de  certains  traits  de  caractère.  D'autre 
part,  le  fait  que  le  même  peuple  s'est  livré  jadis  à  des  occupations 
très  ditîérentes  de  celles  d'aujourd'hui,  que,  de  soldat  et  agricul- 
teur, il  est  devenu  commerçant,  ne  prouve  pas  non  plus  qu'il  n'ait 
pas,  en  dehors  de  ses  aptitudes  générales,  une  aptitude  spéciale. 

L'auteur  se  livre  à  de  longues  dissertations  sur  la  question  de 
savoir  comment  ont  pu  se  développer  les  facultés  spéciales  de  tel 
ou  tel  groupe  d'hommes.  Il  rappelle  que  des  découvertes  récentes 
tendent  à  démontrer  qu'il  a  existé  un  homme  tertiaire;  mais,  alors 
même  qu'on  s'en  tiendrait  au  quaternaire,  cela  fait  remonter 
l'origine  de  l'humanité  à  plusieurs  centaines  de  milliers  d'années. 
A  la  fin  de  la  période  glaciaire  diluvienne,  il  devait  exister  sur  la 
terre  divers  groupes  d'hommes  qui  ont  pu  constituer  l'origine  de 
ce  qu'on  appelle  les  races.  Les  Juifs  étaient  un  peuple  oriental  qui 
s'est  mêlé  aux  peuples    septentrionaux,   après   s'être  développé 

1.  I, 'écart  pst  faible,  et  le  |)hénomène  peut  être  i<olé.  Beaucoup  de  Juifs  moilernes 
sont  très  dépensiers. 


LE   ROLE  DES  JUIFS   DANS   Lk  VIE   ÉCONOMIQUE  185 

SOUS  un  climat  chaud  et  sec,  dans  une  de  ces  oasis  qui  ont,  comme 
l'Egypte,  été  le  centre  d'une  civilisation  grandiose,  sur  un  territoire 
extraordinairement  réduit,  puisque  la  Judée  représente  une  sur- 
face de  moins  de  4.000  kilomètres  carrés. 

Sombart  considère  que  les  écrits  religieux  qui  contiennent  les 
éléments  de  la  croyance  juive,  principalement  le  Pentateuque, 
conviennent  essentiellement  à  un  peuple  nomade  :  Jéhovah,  selon 
lui,  est  le  dieu  des  pâtres  et  du  désert  :  Ezra  et  Néhémie  restent 
fidèles  à  cette  tradition  et  ne  tiennent  pas  compte  de  la 
période  pendant  laquelle  le  peuple  juif  s'est  livré  à  l'agriculture. 
La  plupart  des  prophètes  et  le  psalmiste  font  des  allusions  cons- 
tantes à  la  vie  pastorale,  et  lui  empruntent  des  images  et  des  méta- 
phores. L'exil  a  de  nouveau  développé  ces  instincts,  ce  «  saharisme  » 
pour  employer  l'expression  de  Sombart.  Lors  des  deux  captivités, 
ceux  qui  furent  emmenés  à  Babylone  n'étaient  pas  les  cultivateurs, 
mais  les  habitants  de  la  ville  et  les  artisans,  c'est-à-dire  les  classes 
supérieures.  La  Palestine  cesse  d'être  une  patrie  pour  les  Juifs, 
dispersés  dans  la  Diaspora.  Lors  de  la  seconde  destruction  du 
temple  (70  ans  après  J.-C.i  il  y  avait  déjà  moins  de  Juifs  en 
Palestine  qu'au  dehors.  Dans  l'Egypte  de  Ptolémée,  un  huitième 
de  la  population  totale,  qui  s'élevait  à  environ  8  millions  d'habi- 
tants, était  juive. 

Au  cours  des  nombreuses  migrations  qui  ont  suivi  l'exil  à 
Babylone,  ils  ne  se  sont  adonnés  avec  quelque  suite  à  l'agricul- 
ture qu'en  Pologne  au  xvi=  siècle.  Ils  se  sont  répandus  au  milieu 
des  peuples  du  Nord,  aux  cheveux  blonds  et  aux  yeux  bleus,  de 
ceux  qu'on  appelle  des  Ariens,  quoique  leur  ressemblance  avec  les 
Indiens  soit  bien  lointaine,  en  dépit  de  la  similitude  du  langage. 
Sombart  insiste  sur  le  contraste  entre  la  forêt  et  le  désert,  entre 
l'atmosphère  humide  et  brumeuse  du  Nord  et  le  ciel  lumineux 
du  Midi. 

Juan  Huarte  de  San  Juan,  célèbre  médecin  espagnol  du  \vi« 
siècle,  s'était  occupé  de  rechercher  les  origines  du  caractère  des 
Juifs  et  les  attribuait  au  climat  chaud,  aux  contrées  de  soleil  dans 
lesquelles  ils  avaient  vécu,  à  la  nourriture  particulière  qu'ils 
avaient  mangée  pendant  40  ans  dans  le  désert.  En  général,  ils  ont 
peu  travaillé  de  leurs  mains  et  beaucoup  par  la  pensée  :  le  métier 
pastoral,  parmi  tous  ceux  de  la  terre,  est  celui  qui  eiige  le 
moindre  effort  physique  et  la  plus  grande  somme  de  combinaisons. 
Ils  ont  le  goût  de  la  logique,  de  l'abstraction  ;  c'est  dans  les  pays 
dont  l'atmosphère  est  claire  que  sont  nées  l'astronomie  et  la 
science  des  nombres.  Comme  les  nomades,  les  Juifs  sont  mobiles  et 


186  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

s'acclimatent  aisément.  La  vie  pastorale  paraît  d'ailleurs  à  Somhart 
une  préparation  au  capitalisme,  parce  que,  dit-il,  les  bergei's 
comptent  leurs  troupeaux  et  que  le  nombre  de  têtes  y  joue  un  rôle 
essentiel!!);  la  multiplication  peut  y  être  rapide;  n'a-t-on  pas 
donné  le  croît  des  animaux  comme  un  argument  qui  justifie  la 
perception  d'un  intérêt  pour  un  capital  prêté?  Des  quantités  de 
métaux  précieux  s'étaient  accumulés  en  Palestine  à  l'époque  des 
rois.  David  l'apportait  de  ses  expéditions  de  grosses  sommes  d'or  et 
d'argent;  les  pi'inces  étrangers  lui  payaient  des  tributs  qui 
consistaient  en  monnaies.  «  Le  roi  fit  que  l'or  et  l'argent  étaient 
aussi  abondants  à  Jérusalem  que  les  pierres.  »  (II  Chr.,  i,  15). 
Cicéron  se  plaint  que  de  l'or  s'exporte  tous  les  ans  d'Italie  et  des 
provinces  vers  Jérusalem  [Pro  Flacco,  c.  28). 

Les  Juifs  ont-ils  été  les  inventeurs  du  prêt  à  intérêt  ou  bien 
l'ont-ils appris  de  Babylone,oùse  faisait  certainement  un  commerce 
d'argent  très  actif?  La  question  n'est  pas  primordiale.  Ce  qui 
est  certain,  c'est  qu'au  cours  de  leurs  migrations,  ils  durent 
s'efforcer  de  transformer  leur  foi'tune  en  argent,  cet  argent  qu'ils 
pouvaient  emporter  dans  leur  exil  et  qui  leur  servait  parfois 
à  mettre  leurs  ennemis  ou  leurs  maîtres  à  leur  discrétion.  Parmi 
les  Juifs  d'ailleurs,  une  séparation  se  fit;  les  Sépbardim  se  consi- 
dérèrent comme  très  supérieurs  aux  Aschkenazim,  d'extraction  plus 
humble, et  dont  ils  surveillèrent  sévèrement  la  conduite,  craignant 
toujours  de  les  voir  ne  pas  agir  avec  la  même  délicatesse  et  éléva- 
tion de  sentiments  que  les  Séphardim.  Les  Juifs  espagnols  et  por- 
tugais, qui  se  vantaient  de  descendre  de  la  tribu  de  Juda.  ne 
connurent  jamais  la  vie  du  Ghetto. 


IV 


«  La  religion  et  la  concentration  ont  été  les  deux  cercles  de  fer 
qui  ont  enserré  le  peuple  juif  et  Tont  conservé  comme  une  masse 
compacte  cà  travers  des  milliers  d'années.  Que  se  passera-t'l  si  ces 
liens  se  relâchent?  Nous  l'ignorons.  Mais  ils  ont  tenu  bon  aussi  long- 
temps que  les  Juifs  ont  exercé  le  rôle  que  nous  avons  exposé  dans 
la  vie  économique. Il  ne  s'agissait  ici  que  d'expliquer  cette  influence 
et  d'exposer  la  genèse  de  la  nature  juive,  dont  nous  avons  expliqué 
l'aclion  merveilleuse  sur  l'ensemble  de  la  civilisation.  »  Telle  est 
la  conclusion  de  l'ouvrage  dont  nous  avons  essayé  de  donner  au 
lecteur  un  résumé  aussi  lidèle  que  possible,  sans  entrer  dans  les 


LE    ROLE   DES  JUIFS   DANS   LA    VIE  ÉCONOMIQUE  187 

innombrables  détails   ou  dans  les  discussions  souvent  subtiles 
de  l'auteur. 

Il  nous  a  semblé  que  ses  études  sur  le  rôle  des  Juifs  dans  les 
communautés  commerciales  européennes,  au  cours  des  derniers 
siècles,  étaient  particulièrement  pénétrantes.  Ce  qu'il  dit  de  l'in- 
fluence de  la  religion  sur  le  caractère  nous  a  frappé  également 
comme  étant  de  nature  à  expliquer  certains  traits  dislinctifs.  Mais 
cette  aptitude  au  «  capitalisme  »  résultait  d'un  ensemble  de  qua- 
lités intellectuelles  et  surtout  morales  qui  rendaient  ceux:  qui 
en  étaient  doués  aptes  à  beaucoup  d'autres  carrières,  si  elles 
leur  eussent  élé  ouvertes.  Il  suffît  de  rappeler  les  médecins,  les 
légistes,  les  poètes  qui  sont  restés  célèbres  dans  les  annales  juives 
et  dans  l'histoire  de  plus  d'un  peuple  européen.  La  sévérité  du 
Décalogue  et  des  prescri|)lions  rituelles  observées  fidèlement  a 
eu  des  conséquences  profondes  pour  le  maintien  de  la  pureté  de 
la  race  et  de  l'intégrité  de  la  famille.  Nous  ferons  plus  de  réserves 
sur  la  dernière  partie  de  l'ouvrage,  celle  dans  laquelle  l'auteur 
insiste  sur  l'influence  de  la  vie  nomade  menée  à  un  moment  par 
les  Hébreux  :  il  nous  paraît  difficile  d'admettre  que  les  quelques 
années  passées  par  eux  dans  le  désert  et  la  manière  dont  la 
légende  nous  dit  qu'ils  furent  alors  nourris,  aient  eu  à  jamais  sur 
leur  constitution  physique  un  effet  aussi  déterminant  que  le  pense 
M.  Sombart.  N'est-ce  pas  œuvre  d'imagination  pure  que  de  se 
complaire  dans  les  effets  de  l'opposition  sur  laquelle  il  ne  cesse 
de  revenir  entre  le  ciel  du  Midi  et  celui  du  Nord,  le  désert  et  la 
forêt,  l'oasis  et  les  brumes,  le  saharisme  et  le  silvanisme,  comme 
il  les  appelle  ?  Et  pouvons-nous  dégager  une  idée  claire  d'une 
phrase  où  il  nous  parle  de  «  l'argent  qui  n'est  qu'une  masse,  une 
multitude  comparable  à  celle  des  troupeaux  ;  mobile  comme  la  vie 
nomade,  ne  prenant  pas  racine  dans  un  sol  fertile,  ainsi  que  la 
plante  ou  l'arbre  ?  » 

Le  problème  des  origines  est  un  des  plus  compliqués  à  résoudre. 
La  rechercht^  de  la  filiation,  à  travers  do  longs  siècles,  des  familles 
qui  peuplent  le  globe  est  une  des  tâches  les  plus  malaisées  de 
l'historien  II  doit  se  garder  de  se  laisser  séduire  par  des  hypo- 
thèses spécieuses  ou  des  apparences  logiques.  Quand  nous  voyons 
avec  quelle  rapidité  se  modifient,  en  peu  de  générations,  les 
qualités  des  hommes,  nous  demeurons  quelque  peu  sceptiques  au 
regard  des  certitudes  que  l'on  veut  nous  donner  à  ])ropos  de  la 
permanence  de  leurs  dispositions  à  des  milliers  d'années  de 
distance.  Il  paraît  toutefois  vraisemblable  que  l'isolement  relatif 
des  Juifs  et  la  force  extraordinaire  de  leur  culture  religieuse  ont 


188  RKVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

maintenu  chez  eux,  plus  que  chez  d'autres  hommes,  certains 
caractères  distinctifs.  Mais  ces  caractères  étaient  dus  à  des  cir- 
constances extérieures  et  non  pas  à  une  ditîérence  d'aptitudes 
originelles.  La  preuve  en  est  qu'aussitôt  mêlés  à  d'autres  peuples, 
non  seulement  ils  cessent  très  vite  de  se  distinguer  d'eux  physi- 
quement, mais  ils  ne  tardent  pas  à  perdre  les  facultés  spéciales 
dont  ils  témoignaient  auparavant,  ou  tout  au  moins  à  en  manifester 
d'autres,  qui  leur  permettent  de  se  mesurer,  sur  tous  les  terrains, 
avec  des  hommes  qui  ne  sont  pas  leurs  coreligionnaires. 

Nous  employons  d'ailleurs  à  regret  ce  mot  peuple,  qui  ne  corres- 
pond pas  à  une  idée  juste,  lorsqu'on  veut  lui  faire  désigner 
l'ensemble  des  hommes  qui,  dans  les  diverses  parties  du  monde, 
professent  la  môme  religion.  Pas  plus  qu'il  n'y  a  de  «  peuple 
catholique  «,  ni  de  «  peuple  protestant  »,  il  n'y  a  de  «  peuple  juif». 
Il  y  a  des  Juifs  anglais,  des  Juifs  allemands,  des  Juifs  italiens,  des 
Juifs  américains,  et  bien  d'autres  encore,  il  y  a  surtout  des  Juifs 
français,  profondément  attachés  à  leur  pays  et  qui  se  sentent  unis 
par  les  liens  les  plus  étroits  à  leurs  compatriotes,  avec  la  vie 
desquels  la  leur  propre  est  entièrement  confondue. 

Des  livres,  comme  celui  que  nous  venons  d'analyser  peuvent 
donc  avoir  un  intérêt  scientifique,  mais  n'ont  aucune  portée  pra- 
tique. Bien  plus,  s'il  devait  s'en  dégager  l'idée  que  les  juifs  sont 
plus  aptes  à  certaines  carrières  qu'à  d'autres,  nous  le  considére- 
rions comme  dangereux.  Nous  sommes  embarrassé  pour  porter 
un  jugement  d'ensemble  sur  l'œuvre  de  M.  Sombart.  Il  nous  semble 
avoir  péché  par  le  défaut  commun  à  plus  d'un  historien,  qui  con- 
siste à  détacher,  dans  une  immensité  de  faits,  un  certain  nombre 
de  ceux  qui  viennent  à  l'appui  de  la  thèse  de  l'auteur.  Seul,  un 
érudit  qui  connaîtrait  de  la  façon  la  plus  complète  la  littérature 
talmudique,  pourrait  nous  dire  quelle  valeur  dans  l'ensemble,  ont 
les  citations,  soigneusement  découpées,  sur  lesquelles  s'écha- 
faudent  plusieurs  des  idées  développées  dans  l'ouvrage.  C'est  un 
reproche  général  que  nous  lui  adressons  et  qui  s'applique  aussi 
bien  à  l'importance,  à  notre  sens,  excessive,  donnée  par  lui  au  rôle 
des  Juifs  à  mainte  époque  et  dans  mainte  communauté,  qu'à  l'exa- 
gération de  certains  aperçus  sur  leur  mentalité.  Quand  M.  Sombart 
nous  a'ûrme  que  sous  les  Mérovingiens  les  Juifs  étaient  de  grands 
prêteurs  d'argent,  nous  restons  sceptiques,  car  parmi  tous  les 
reproches  que  leurs  ennemis  leur  adressaient  alors,  ne  figurait  pas 
celui  de  pratiquer  l'usure,  tandis  qu'après  le  xiv  siècle,  ils  sont 
constamment  l'objet  d'accusations  de  ce  genre. 

Nous   avons    peine   à  croire   qu'en  quelques   années    la   ville 


LE    ROLE   DES  JUIFS   DANS   LA  VIE   ÉCONOMIQUE  189 

d'Anvers  ait  passé  de  la  prospérité  à  la  décadence,  parce  que  les 
Juifs  l'avaient  quittée.  Le  papyrus  d'Oxford  se  référait  à  une  famille 
de  colons  militaires  qui  pratiquaient  entre  eux  le  prêt  à  intérêt, 
suivant  des  règles  qu'on  croit  remonter  aux  temps  babyloniens. 

D'une  façon  générale,  M.  Sombart  n'a  peut-être  pas  exercé  avec 
assez  de  sévérité  la  critique  des  sources,  si  utile  cependant  dans 
tout  travail  historique,  absolument  nécessaire  dans  une  œuvre 
conjecturale.  Quand  il  cite  par  exemple  l'assertion  d'un  certain  Jacob 
Frommer  au  sujet  de  la  soi-disant  conversion,  en  1820,  de  la  moitié 
des  juifs  berlinois,  il  oublie  que  Frommer,  débarqué  du  fond 
de  la  Pologne,  nourrit  lui-même  beaucoup  de  préjugés  contre  ses 
coreligionnaires  allemands,  établis  depuis  longtemps  dans  la  capi- 
tale, mêlés  à  la  vie  commune,  très  civilisés,  et  dont  le  «modernisme» 
effaroucha  si  singulièrement  le  nouveau  venu.  Les  passages  des 
discours  de  Cleveland  et  de  Roosevelt  glorifiant  la  part  prise  par 
les  Juifs  à  la  fondation  des  États-Unis  doivent  êlre  pris  cinn 
yrano  salis  et  en  se  souvenant  que  c'étaient  des  hommes  poli- 
tiques qui  parlaient  à  des  électeurs. 

Nous  sortons  de  cette  lecture  avec  des  doutes  sur  le  mérite  de 
l'ordonnance  du  livre  :  nous  craignons  que  le  développement 
donné  à  certaines  idées  soit  hors  de  proportion  avec  l'influence 
qu'elles  ont  exercée  réellement  et  dans  l'histoire  d'Israël  et  dans 
celle  du  monde.  Nous  remarquons  d'ailleurs  que  l'auteur  s'est 
efforcé  d'être  impartial,  qu'il  a  accumulé  avec  patience  un  grand 
nombre  de  faits;  mais  quand  il  s'agit  d'un  travail  aussi  compliqué, 
aussi  difficile,  que  celui  qui  consiste  d'abord  à  déterminer  la  soi- 
disant  race  qu'on  veut  étudier,  d'en  démêler  les  origines,  d'en 
comprendre  l'esprit,  d'en  dégager  l'action  ou  l'histoire  universelle, 
il  n'est  pas  surprenant  qu'on  n'arrive  pas  à  la  perfection  et  qu'on 
laisse  le  lecteur  plus  disposé  à  entamer  mainte  discussion  avec 
l'auteur  qu'à  adopter  ses  conclusions. 

Rapiiael-Georges  Lévy. 


OBSERVATIONS 


SUR    LES 


FIUOMKNTS  OF  A  ZADOKIFE  AVOHK 

ÉDITÉS    PAR    SCHRCHTER 


Les  fragments  d'une  œuvre  sadokite  édités  par  M.  Schecliter 
méritent  d'attirer  au  plus  liaut  degré  l'attention  des  savants,  de 
ceux  surtout  qui  s'attachent  à  l'histoire  religieuse.  Il  est  certain 
que  ces  fragments  vont  changer  du  tout  au  tout  nos  idées  sur  le 
caractère  du  parti  sadducéen  ou  leur  donner  une  base  plus  solide. 
Les  problèmes  que  ce  texte  soulève  sont  mis  en  pleine  lumière 
par  M.  Israël  Lévi  dans  l'étude  qu'il  lui  consacre  dans  cette 
Revue  '.  Comme  je  me  propose  d'exposer  prochainement  l'en- 
semble de  la  question,  je  voudrais  présenter  ici,  touchant  l'établis- 
sement et  l'explication  du  texte,  un  certain  nombre  d'observations 
de  détail  que  justilie  peut-être  l'importance  de  l'ouvrage.  Il  va 
sans  dire  (lu'on  ne  peut  ai'river  à  une  certitude  absolue  dans  ces 
sortes  de  conjectures  et  que  telle  d'entre  elles  devi-a  être  suivie 
d'un  point  d'intei'rogation.  Quel(|ues-unes  ont  été  avancées  depuis 
par  M.  Israël  Lévi;  je  ne  les  reproduirai  pas. 

Il  n'est  pas  toujours  facile  d'identilier  les  personnes  visées  par 
l'auteur.  On  en  trouve  un  exemple  remarquable  dès  la  p.  :2,  1.  "2', 
où  les  n"»"ia  ■'«a  paraissent  être,  non  les  membres  de  la  secte,  mais 
quelque  chose  d'autre  qui  s'oppose  à  eux.  C'est  à  quoi  on  est 
amené   par  l'examen   comparatif  des   passages   où  ce  terme   se 

1.  Revue,  LW,  p.  161  et  suiv. 

2.  Pages  et  lignes  de  l'édition  Scheciiler. 


OBSERVATIONS  SUR  LES  «  FRAGMENTS  OF  A  ZADOKITE  WORK  »        191 

trouve.  Déjà  ici  lauteur  représente  aux  rr^na  -"i^a  les  chemins  des 
coupables,  tandis  qu'aux  «  enfants  »,  cest-à-dire  aux  membres 
de  la  secte  (1.  14  et  siiiv.),  il  parle  des  actions  de  Dieu.  P.  3,  1.  10, 
il  reproche  aux  n"<"i3  \X3  de  s'être  rendus  coupables  et  d'avoir 
abandonné  l'alliance  de  Dieu.  Ils  figurent  dans  un  contexte  ana- 
logue p.  8,  1.  1  (=  p.  10,  1.  13).  Aux  infidèles,  p.  8,  1.  4,  corres- 
pondent, p.  19,  1.  IG,  «  ceux  qui  sont  entrés  dans  l'alliance  de  la 
pénitence'  ».  De  même,  ceux  qui  sont  entrés  dans  la  nouvelle 
alliance  dans  le  pays  de  Damas  sont  redevenus  infidèles  (p.  8, 
1.  21  ;  p.  19,  1.  33);  comp.  encore  p.  20,  1.  2o,  et  p.  20,  1.  2.  Le 
caractère  des  rr^nn  ■'N2  nous  apparaît  probablement  dans  le  pas- 
sage de  la  p.  12,  1.  Il,  où  il  est  question  des  esclaves  qui  sont 
entrés  dans  l'alliance  d'Abraham.  Que  si  nous  admettons  que 
rr^na  -«i^a  désigne  des  prosélytes,  on  obtient  un  sens  prégnant 
pour  le  passage  de  la  p.  9, 1.  1  et  suiv.  :  «  Quiconque  met  au  ban  un 
de  ses  frères  ilire  vmu'a  au  lieu  de  DTc^t:)  à  la  manière  des  païens 
doit  être  mis  à  mort,  ainsi  qu'il  est  dit  :  tu  ne  te  vengeras  pas  et 
tu  ne  garderas  pas  rancune  aux  fils  de  ton  peuple.  »  Mais  comme 
cette  dernière  expression  dispenserait  de  la  prescription  les  pro- 
sélytes, qui  ne  sont  pas  des  «  fils  du  peuple  »,  l'auteur  poursuit  : 
«  Quiconque  des  man  "^i^a  qui  allègue  quelque  chose  d'injuste 
contre  son  prochain...  est  aussi  de  ceux  qui  se  vengent  et  gar- 
dent rancune.  La  preuve  en  est  le  verset  de  Nahuin,  i,  2  ;  il  se 
venge  de  ses  ennemis  et  garde  rancune  à  ses  adversaires.  »  Avec 
des  ennemis  la  vengeance  est  permise,  mais  non  avec  d'autres,  ne 
fussent-ils  pas  du  même  peuple.  Même  dans  le  passage  corrompu 
de  la  p.  15,  1.  o,  les  mots  rr^na  «an  ^mieux  peut-être  nnaa  \san,  à 
cause  de  ûrr^ia  qui  suit)  peuvent  marquer  un  certain  rai)port  entre 
le  prosélyte  et  tout  Israël.  Enfin,  le  passage  de  la  p.  G,  1.  II,  pour- 
rait également  s'accorder  avec  cette  explication.  Par  contre,  je  ne 
comprends  pas  celui  de  la  p.  G,  1.  19,  où  les  rr^na  ""«a  paraissent 
tout  à  coup  ou  ne  sait  dans  quel  contexte.  Peut-être  les  mots 
"pvitzi  y-ixa  r!"::inn  n-'-ian  ■'i<a  ^pnV  sont-ils  remontés,  par  suite 
d'une  erreur  de  copiste,  de  la  fin  de  la  1.  20,  où  ils  seraient  à  leur 
place,  à  la  fin  de  la  1.  19;  de  la  sorte  on  opposerait  ici  le  prosélyte 
au  «  frère  ».  P.  13, 1.  14,  on  défend  à  tous  les  n"<-ia  \sa  le  commerce 
avec  les  païens.  Kn  tout  cas  on  n'est  nullement  fondé  à  identifier 
les  n-'-ia  ■'«a  avec  les  sectaires. 

Ce  sont  sans  doute  les  Pharisiens  qui  sont  visés  p.  8,  1.  12,  par 

1.  Ou  bien  man(iiie-t-il  ici  un  NT',  d*^  sorte  qu'il  faille  lire  ...r"'"i2a  1N3  N5  ^3? 
Car  ailleurs  les  ^3'D,  les  pénitents,  sont  toujours  pieux  (p.  2,  I.  5:  p.  4,  1.  !2;  p.  6, 
1.  5;  p.  8,  1.  16,  etc.). 


192  KEVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

les  mots  bsnn  "'nai  y^nn  ^':^^2  (cf.  p.  4,  I.  I9j.  Mais  quant  à  penser 
à  la  maxime  attribuée  aux  membres  de  la  Grande  Synagogue 
(non  aux  Pharisiens,  qu'on  le  note  bien)  :  «  laites  une  haie 
autour  de  la  loi  »,  l'auteur  y  a  aussi  peu  pensé  qu  Ezéchiel,  à  qui 
l'expression  est  empruntée.  Comparer  Actes,  xxiii,  3,  où  Paul 
s'adresse  à  Ananias,  qui  n'était  pas  un  Pharisien,  par  les  mots 
Tot/£  x£xovia[X£V£.  Icl,  comnic  dans  Ezéchiel,  l'expression  désigne  des 
gens  qui  trompent  les  autres  par  des  discours  mensongers. 

On  a  en  vain  cherché  dans  notre  texte  des  allusions  historiques, 
qui  n'étaient  pas  dans  la  pensée  de  l'auteur.  A  la  p.  2,  1.  9  et  s.,  il 
faut  peut-être  faire  ainsi  le  mot-à-mot  :  «  et  il  (Dieu)  connaît  {y'r^i, 
non  ytv^)  les  années  de  l'existence  et  le  nombre  et  le  détail  de 
leur  fin  pour  tous  les  êtres  des  éternités  et  (il  connaît)  les  événe- 
ments jusqu'à  ce  qui  arrive  à  leur  fin,  pour  toutes  les  années  de 
l'éternité.  Et  dans  toutes  (les  générations,  ou  époques)  il  a  fait 
paraître  pour  lui-même  des  hommes  qui  étaient  appelés  par  des 
noms  pour  laisser  un  reste  à  la  terre  et  remplir  de  leur  semence 
la  surface  de  la  terre  ».  Le  sens  de  cette  phrase  est  simple  :  Dieu 
mène  l'histoire,  qu'il  connaît  d'avance.  Le  meilleur  exemple,  et 
c'est  sans  doute  celui  auquel  l'auteur  pense,  en  est  Noé  L'auteur 
se  tient  dans  les  généralités  et  n'a  rien  à  faire  avec  le  passage  de 
la  p.  4,  1.  4  et  s.,  où  il  s'agit  de  l'histoire  de  la  secte.  Les  mêmes 
idées  se  retrouvent,  par  exemple,  dans  l'Apocalypse  syriaque  de 
Baruch,  xlviii,  3  et  suiv.  :  Toi  seul  connais  la  duiée  des  généra- 
lions.  . .  tu  ordonnes  le  nombre. .  .  ;  cf.  liv,  1  ;  lxix,  2. 

Dieu  donc,  qui  a  prévu  lui-même  la  fin,  fait  apparaître  son  esprit 
saint  aux  pécheurs  par  ses  oints  (l.  12,  lire  rn"'U5?2  au  lieu  de 
in-'ï:?:),  les  nu3  ■'«■^np  qui  viennent  d'être  nommés.  Une  autre  source 
de  la  révélation  de  la  volonté  divine  est  «  l'indication  détaillée  des 
noms  ».  Ainsi  les  noms  de  Noé  ou  de  Péleg  contenaient  une  véri- 
table prophétie,  d'après  laquelle  les  générations  en  question 
auraient  pu  se  diiiger,  mais  à  laquelle  elles  ne  prirent  point  garde, 
car  quos  vult  perdere  Jupiter  dementat. 

Une  autre  indication  détaillée  du  nom,  sur  laquelle  on  peut  se 
régler,  est  fournie  par  la  citation  d'Ezéchiel,  p.  3,  1.  21  et  suiv.  Les 
fils  de  Sadoc  sont  les  oints  nominativement  promis.  C'est  ce  que 
signifient  les  mots  omibinb  Drr^mttœ  -crro  Ti':r\,  p.  4,  1.  4  et  s.  dans 
la  suite  lire  mmam  pour  c-mann  ;  cf.  Michée,  iv,  14).  Outre  leur 
nom,  nous  avons  l'indication  formelle  du  temps  de  leur  existence, 
du  nombre  de  leurs  oppressions,  des  années  de  leur  compression. 
Malheureusement  cette  dernière  indication  manque.  Toutefois  on 
doit  satteudre,  non  à  une  histoire  de  la  secte,  mais  seulement  à  une 


OBSERVATIONS  SUR  LES  «  FRAGMENTS  OF  A  ZADOKITE  WORK  »        193 

citation  biblique.  Je  crois  que  la  clef  de  lintelligence  de  ce  passage 
corrompu  doit  être  cbercliée  dans  les  chapitres  iv  et  v  dEzéchiel. 
Le  nombre  des  années  a  déjà  été  indiqué  p.  1.  1.  o  :  ce  sont  les 
390  années  d'Ezécli.,  v,  o;  c'est  à  ce  nombre  qu'on  fait  encore 
allusion  ici  par  deux  fois  1.  9  et  1.  lUi.  Les  40  années  d  Ezéchiel, 
V,  6  paraissent  aussi  jouer  un  rôle  p.  "20,  1.  13.  Dans  Ezéchiel,  v,  1 
et  suiv.,  ce  prophète  reçoit  l'ordre  de  se  raser  les  cheveux,  sym- 
bole de  l'anéantissement  de  la  plus  grande  partie  de  la  maison  de 
Juda.  On  s'explique  ainsi  le  passage  de  la  p.  4,  l.  11  :  lis»  V 
rmrp  (?m33b)  n-'ab  nonujnb,  «  à  l'avenir  on  ne  se  rasera  plus  les 
cheveux  pour  la  maison  de  Juda  »  (cf.  Isaïe,  m,  17).  Dans  Ezéchiel, 
IV,  le  prophète  reçoit  l'ordre  de  se  coucher  à  terre  pour  figurer  le 
siège  et  la  destruction  de  Jérusalem,  et  à  ce  propos  le  mot  -n::73 
revient  à  plusieurs  reprises  (iv,  2,  3,  7;  cf.  Michée,  iv,  14,  que 
l'auteur  a  toujours  dans  l'esprit  ici)  ;  or,  dans  notre  texte  (p.  4, 
1.  11-12)  on  lit  :  tiiàT,  nP333  n-ni:»  by  o-'N  m7:3>b.  L'antithèse  est 
indéniable.  Puis  vient  ici  un  jeu  de  mots  entre  rrns:?:,  «  piège  ».  et 
■ni:»,  «  retranchement  ».  L'indication  détaillée  des  actions  des  lils 
de  Sadoc,  promise  p.  4,  1.  6,  se  trouve  dans  Ezéchiel,  xliv,  9  et 
suiv.  Notre  texte  présente  ici  une  lacune.  Au  lieu  de  a"'*T:3  il  faut 
lire  D'^sv  ;  auparavant  il  y  avait  quelque  chose  comme  nx  i.s*::''  nm 
(cf.  Ezéchiel,  xliv,  10,  12  :  grâce  à  leur  service  dans  le  sanctuaire 
ils  portent  la  faute  des  enfants  d'Israël,  c'est-à-dire  ils  obtiennent 
leur  pardon.  —  De  cet  exposé  il  résulte  que  le  nombre  de  390 
(p.  1,  I.  0-6  ne  doit  pas  être  changé  en  490  et  qu'il  ne  peut  entrer 
en  ligne  pour  la  datation  de  notre  document. 

Les  idées  religieuses  ou  morales  de  notre  texte  demandent  aussi 
quelques  éclaircissements. 

Les  trois  péchés  que,  d'après  p.  4.  1.  10.  Lévi  a  transformés  en 
trois  espèces  de  justice  sont  :  1°  la  débauche.  Se  rappeler  l'acte  de 
Pinhas,  peut-être  aussi  la  conduite  de  Lévi  lorsque  Dina  fut  désho- 
norée; 2°  la  richesse.  Le  lévite  ne  possède  aucune  terre  et  est 
donc  toujours  pareil  au  pauvre  ;  3°  le  fait  de  souiller  le  sanctuaire. 
La  tribu  de  Lévi  est  chargée  de  veiller  à  la  pureté  du  sanctuaire. 
Il  est  caractéristique  de  voir  qu'on  ne  reproche  pas  aux  adver- 
saires pharisiens  leur  richesse  (p.  4,  1.  20);  c'est  qu'en  effet,  ils 
n'étaient  pas  riches.  —  Sur  ces  trois  péchés,  voir  encore  Jubilés, 
VII,  21-22.  —  P.  4.  1.  15.  -173Î*,  lire  ps  [iv^a). 

P.  7,  l.  1,  on  lit  :  inaa  "ii<oa  o-'N  bs'W  sbi.  ce  (|ui  devient  p.  8, 

l.  6  :  TiTca  ~ixo3  O"'»  TsbrniT  (de  même  p.    19,   1.    18).   Les  deux 

expiessions  sont  également  bonnes.  Le  sens  est  :  on  ne  doit  pas 

être  intidèle  à  sa  chair  ou  se  dérober  à  elle.  La  seule  question  qui 

T.  L.\1I.  N»  1-24.  i.; 


194  HËVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

se  pose  est  de  savoir  de  qui  il  sagit.  C'est  sans  doute  des 
parentes,  ou  des  Juives  en  général,  qu'on  doit  épouser.  Mais  on 
pourrait  penser  aussi  à  la  propre  femme,  qu'on  ne  doit  pas  aban- 
donner pour  les  prostituées.  Il  est  intéressant  de  comparer  ce  pas- 
sage au  Livre  des  Jubilés,  vu,  20  :  Noé  exhorta  ses  fils  à  pratiquer 
la  justice,  à  couvrir  la  honte  de  leur  chair,  à  bénir  celui  qui  les 
avait  créés,  à  honorer  père  et  mère,  à  aimer  chacun  son  prochain 
et  à  se  garder  de  la  prostitution,  de  l'impureté  et  de  toute  injustice. 
Quoique  le  devoir  de  couvrir  la  nudité  figure  dans  Jubilés,  m,  31, 
comme  un  commandement  de  Dieu,  il  y  a  plutôt  lieu  d'admettre 
que  le  traducteur  grec  du  Livre  des  Jubilés  hébreu  a  fait  ici  une 
faute,  en  Usant  ûbyrîb  au  lieu  de  nbynnb  et,  comme  ce  ne  pouvait 
être  une  obligation  de  ne  pas  couvrir  la  honte,  il  a  tout  simple- 
ment effacé  la  négation. 

P.  8, 1.  8  :  ûy»  inTî  «bi  (comp.  p.  8,  1.  16  ;  p.  19,  i.  20,  29).  Il  est 
au  moins  douteux  que  le  mot  dy  désigne  ici  les  Juifs,  et  non  les 
païens.  Cette  dernière  explication  pourrait  s'autoriser  de  ce  qu'il 
est  question  dans  la  suite  des  rois  des  peuples  notamment  de  la 
Grèce,  ainsi  que  des  Cananéens.  En  tout  cas,  les  iiommes  qualifiés 
ici  (le  ny  sont  les  mêmes  que  ceux  qui  sont  appelés  nn;:5n  ■'sa  p.  0, 
1.  15,  et  p.  13,  1.  14,  et  dont  les  ni-a  \><a  doivent  se  séparer.  Appli- 
quée à  des  Juifs,  l'expression  serait  trop  forte.  Les  rapports  avec 
les  païens  sont  aussi  restreints  p.  11,  1.  15  et  p.  12,  1.  9,  où  ils  sont 
appelés  D-^na  (de  même  p.  11, 1.  3  et  p.  12,  1.  Oi- 

P.  11,  1.  4  :  n3«3  n3i::-iw  td"'N  aiyrr^  bx.  M.  I.  Lévi  propose  33>-in"< 
et  renvoie  au  Livre  des  Jubilés,  l,  12.  Mais  justement  là  la 
défense  est  extrêmement  singulière.  Elle  figure  au  milieu  de 
prescriptions  toutes  différentes.  Celui  qui  tue,  égorge  ou  prend  des 
animaux,  celiii  qui  jeûne  le  Sabbat,  celui  qui  fait  la  guerre  doit 
mourir.  Il  serait  d'une  incroyable  sévérité  de  punir  de  mort  un 
péché  d'omission  (le  ri'^yn  hy^  3ï5  des  rabbins),  et  ce  serait  un 
exemple  unique  dans  la  législation  sabbatique,  si  sévère  d'ailleurs, 
du  Livre  des  Jubilés.  Le  texte  des  Jubilés  est  probablement  fautif  : 
au  lieu  de  ûn^C"^,  il  y  avait  iis'^,  celui  qui  prend  ou  chasse  des  ani- 
maux mourra.  Ou  bien  il  y  avait  deux  synonymes  pour  «  chasser  » 
ou  bien  une  dittogi-aphie  a  l'ait  qu'on  a  transformé  le  second 
*7iif^  en  msf'.  —  Dans  notre  texte  aussi  la  défense  du  jeûne  serai! 
assez  déplacée,  alors  qu'il  avait  été  question  quehpies  lignes  plus 
haut  de  manger;  en  outre,  le  mot  i:ii:-iw  seiait  (lillicile  à  expli- 
quer. Peut-être  s'agit-il  de  la  (h'-l'ense  de  Vrroiih  :  nul  ne  doit  se 
mélanger,  c'est-à-dire  mettre  un  rroiib  \)o\\\'  son  pi'opi'e  compte 
(ou  "nitna?;.  Comme  on  défend  immédiatement  après  d'aller  plus 


OBSERVATIONS  SUR  LES  «  FRAGMENTS  OF  A  ZADOKITE  WORK  »        195 

loin  que  :2,000  coudées  et  de  porter  d'un  domaine  à  l'autre,  l'in- 
terdiction est  bien  à  sa  place  ici.  Il  est  à  peu  près  certain  que  les 
Sadducéens  et  notre  secte  avec  eux  rejetaient  Yéroub  comme  une 
invention  des  Pharisiens. 

P.  M,  1.  16-17.  Le  substantif  qui  manque  après  ûip»  doit  se 
trouver  dans  bx;  c'est  probablement  bsN.  Il  nest  donc  pas  défendu 
de  sauver  une  vie  humaine,  mais  c'est  au  contraire  permis  par 
tous  les  moyens  possibles  :  •'bai  Sam  tsbiDn.  Noter  la  belle 
antithèse  :  On  ne  doit  pas  profaner  le  sabbat  pour  des  biens 
matériels  (lif^ne  lo),  mais  si  une  personne  humaine  tombe  dans 
Peau  ou  dans  un  endroit  sombre  (une  fosse  ,  on  doit  l'en  retirer. 

P.  H,  1.  ^4  :  onao  ^rn'û  ^'sr  bx  rnnncn  n-ia  bx  «an  boi.  Le  lieu  où 
Ion  s'incline  n'est  pas  un  temple  juif,  c'est. . .  un  lieu  d'aisances  ; 
et  ce  nom  peu  aimable  a  été  décerné  aux  temples  païens. 
Notre  passage  veut  donc  dire  :  celui  qui  va  au  cabinet  ne  doit 
pas  venir  impur  (comme  il  est),  sans  s'être  lavé,  suppléez  : 
dans  la  communauté,  dans  le  camp  ou  à  l'autel.  Mais  peut-être 
faut-il  corriger  ns""  en  Ni:^  :  il  ne  sortira  pas  impur,  sans  s'être 
lavé.  Le  texte  poursuit  :  Et  lorsque  les  trompettes  sonnent,  la 
communauté  doit  Pavoir  fait  avant  ou  le  faire  après.  Un  euphé- 
misme a  fait  éviter  l'expression  «  satisfaire  ses  besoins  ».  Nous 
retrouvons  ainsi  chez  notre  secte  la  défense,  connue  par  ailleurs, 
de  satisfaire  les  besoins  naturels  le  samedi.  L'interdiction  des  rap- 
ports conjugaux  suit  avec  beaucoup  d'à-propos.  Au  lieu  de  "vy 
lanprn  (p.  1:2, 1.  l-:2  ,  il  faut  lire  les  deux  fois  ttTpn  (ri)Ty  ou  peut- 
être  plus  simplement  encore  :  wipxn  ^yMd  icf.  Esr.,  ni,  o)  ;  c'est 
une  bévue  du  scribe. 

Je  prouverai  ailleurs  par  le  menu  que  les  Sadducéens  défen- 
daient l'usage  du  miel.  Le  passage  de  la  p.  H.  1.  P2.  n'a  été  qu'une 
contirmation  de  ma  théorie. 

P.  1^,  1.  lo-l().  Tous  les  vases  de  bois,  de  pierre  ou  de  poussière 
(de  verre;  cf.  Ezéch.,  xxvi,  12  ;  peut-être  faut-il  ajouter  ■'bo  après 
bs)  qui  deviennent  souillés  par  l'impureté  d'un  honune,  de  sorte 
que  ce  qui  y  est  déposé  fnsitttts  pour  to«  est  souillé,  —  celui  qui 
les  touche  devient  impur  comme  eux. 

Voici  encore  (juelques  remarques  de  détail  : 

P.  l,  1.  I"2  :  p-inN  nma,  lire  "ji-inn  nma.  La  faute  a  été  amenée 
par  les  mots  a-^iTini»  mmnb,  qui  précèdent  immédiatement.  L'époque 
présente  est  une  époque  de  courroux  ;  cf.  p.  1,  1.  5  ;  p.  "20,  I.  \i). 
—  P.  "2,  1.  7  :  Dbiy  mp».  Le  sens  d'  «  éternité  »  pour  obi:»  suffit 
partout  dans   notre  texte;  ici  «depuis  la  plus  haute  antiquité  w. 


196  REVUIi   l)b:S    ÉTUDKS   JUIVES 

Comme  le  sens  de  «  monde  «  pour  abi?  est  d'origine  tardive  ',  ce 
point  ne  marque  pas  d'importation  pour  la  fixation  de  la  date  de 
notie  texte  (cf.  p.  -2,  1  10  ;  p.  3,  l.  13;  p.  13.  1.  8;  p.  lo,  l.  5).  — 
Ibid.  :  ^^c^:  an^Dm,  mieux:  peut-être  non:  û"»"ir;  a-i::2i  ;  —  1.  8  :  rx 
u-m  m-m,  lire  :  anx.  —  P.  3,  1.  7,  lire  :  -imo  lanra  amat  ma-«i 
am-i  DN  Tjp'i  i^iNH  ni<  lom  nby  -ci-p'z  anb.  M.  Israël  Lévi  a  une 
conjecture  analogue.  —  L.  14  et  suiv.  '•o^  mnau;  dépend  peut-être 
de  arr'îsb  nns.  11  leiu'  a  révélé  ce  qui  est  un  secret  imnnaai 
pour  les  autres.  —  P.  4,  1.  9  :  n^vzir^  ypn.  lire  wrch  ou  "loawb  y^.n 
a''r::i.  —  P.  o,  1.  4  :  nay  -i^ax.  Ces  mots  ne  signifient  pas  que  Josué 
et  les  anciens  adorèrent  des  idoles:  ils  se  rapportent  à  Israël  : 
«  parce  qu'ils  adorèrent  ».  —  L.  o  :  rr^mj»  an  nabTo  mn  ■'Cï'tû  ^\)y^^. 
Kf's  actions  de  David  étaient  mauvaises  (môme  en  dehors  du  sang 
d'Ouria  ;  Vd:?"'  de  bby  nb-''53' ;  cl',  p.  19,  l.  17  :  ibb^rfi)  ou  de  biy.  En 
tout  cas.  iby-'T  contient  le  sens  d'  «  être  mauvais  ».  comme  on  le 
voit  par  la  suite  :  bi<  nb  aaTyi.  «  Dieu  les  lui  pardonna  ».  —  L.  15  : 
an-'bx  an-ipi  sei-ait-il  Dieu?  cf.  Miellée,  m,  11-1^.  Au  lieu  d'un  Dx  "«a 
I.  peut-être  ai<nD.  —  P.  6,  1.  1  :  x:-r\-pr\  in-'O»  désigne  Aaron  ou,  si 
on  lit,  comme  plus  haut.  rn-'ï:73,  ce  sont  les  prêtres  en  général, 
considérés  comme  éducateurs  du  peuple.  —  Le  7  :  Dmi«D.  lire 
an-iNsn? —  P.  7,  1.  17  :  a"'?3bi:ri  ivai  B"'73b2:n  ■'irai.  Apparemment 
•^irD  doit  expliquer  ^ra  et  le  mot.  dérivé  de  pa,  signifierait  «<  cou- 
verture »,  correspondant  à  naia  ;  peut-être  même  faut-il  lire  "•la^'^  a 
poui-  "«ira.  —  P.  10,  1.  16  :  1^1573  est  l'accusatif  qui  marque  la 
mesure.  Le  travail  est  interdit  à  partir  du  moment  où  le  soleil 
est  éloigné  de  l'horizon  d'un  isib73,  c'est-à-dire  d'un  soleil.  — 
P.  16,  1.  il.  A  restituer  peut-être  :  r\y-b  ib  ion  rrriao  •j-'N  s"'r  bw\ 
NI-  a""pnb  ans.  Il  serait  donc  défendu  d'annuler  le  vœu  dune 
femme,  à  moins  que  le  vœu  ait  été  fait  au  détriment  de  quelqu'un.  — 
L.  15.  Il  y  avait  peut-être  au  commencement  de  la  ligne  a^aban. 

H.  Leszy.nsuy. 

1.   Voir  Dalmaii,  Die  Worle  Jeuu. 


NOTES  SIR  LES  OBSERVATIONS  PE  M.  LESZVNSKV 


Qu'il  me  soit  permis  d'exprimer  tout  de  suite  mon  sentiment  sur 
les  observations  qu'on  vient  de  lire  et  qui  sont,  en  l'ait,  des  correc- 
tions à  la  ti-aduction  que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  aux 
lecteurs  de  cette  Revue.  Je  n'ai  pas  besoin  de  dire  que  j'eusse  été 
le  premier  à  me  ranger  à  l'opinion  de  mon  savant  confrère,  si  elle 
avait  été  toujours  justifiée. 

\.  M.  Leszynsky  veut  que  l'auteur  de  l'opuscule  s'adresse  tour  à 
tour  à  deux  catégories  de  personnes,  aux  membres  de  la  secte  et 
aux  prosélytes  dénommés  n-'-ia  -«Na.  Auctm  des  arguments  produits 
ne  résiste  à  un  examen  sérieux,  comme  je  vais  le  montrer. 

a)  P.  2,  1.  !2.  «  L'auteur  repi'ésente  aux  p*-a  ■'i^a  les  chemins  des 
coupables,  tandis  qu'aux  membres  de  la  secte  il  parle  des  actions 
de  Dieu.  »  Cette  opposition  aurait  quelque  valeur,  si  les  deux  mor- 
ceaux, soi-disant  différents  de  contenu,  ne  traitaient  pas  le  même 
sujet,  à  savoir  les  chemins  coupables,  les  mauvaises  actions  des 
méchants,  si,  dans  l'un  comme  dans  l'autre,  l'auteur  ne  se  pro- 
posait pas  d'instruire  ses  contemporains  par  l'exemple  du  passé.  Il 
n'y  a  aucun  contraste  entre  les  rr^-ia  ■'«d  du  premier  paragraphe  et 
les  Dna  '  du  second,  pas  plus  qu'il  n'y  en  a  entre  les  mots  «  je  vais 
révéler  à  vos  oreilles  »,  du  premier,  et  ".je  vais  révéler  à  vos 
yeux  »  du  second  ;  il  y  a  simplement  recherche  de  la  synonymie. 

ô  L'auteur  p.  3,  1.  10)  reproche  aux  n"«-ia  "Na  de  s'être  rendus 
coupables  et  d'avoir  abandonné  l'alliance  de  Dieu.  »  La  méprise  est 
ici  étrange,  car  il  ne  s'agit  aucunement  des  gens  de  Damas  —  pro- 
sélytes ou  non  —  mais  des  Israélites  d'autrefois;  il  y  a  même  les 
mots  û"':iï5N"in  n"«-i3  \S3  a  les  premiers  contractants  de  l'alliance  ».— 
M.  Leszynsky  semble  tenir  pour  établi  que  les  membi-es  de  la  secle 

1.  Remarquer,  d'ailleurs,  que  ce  mot  est  employé  couramment  dans  les  discours  ou 
leçons  de  morale  des  Proverbes,  comme  de  l'Ecclésiastique,  de  Tobit,  etc. 


198  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ne  peuvent  pas  être  accusés  d'infidélité.  Sur  quoi  se  fonde  une 
pareille  présomption  ?  Le  fait  contraire  est  tellement  vrai,  que  le 
but  de  notre  opuscule  est  précisément  d'arrêter  les  défections 
encouragées  par  des  exemples  liop  nombreux.  Une  fois  le  postulat 
de  M.  Leszynsky  écarté,  aucun  des  textes  allégués  ne  confirme  la 
conjecture.  Celui  qui  semble  le  plus  probant  est  celui  de  la  p.  12, 
l.  il,  qui  parle  «  d'esclaves  entrés  avec  lui  dans  l'alliance 
d'Abraham».  Maître  et  esclaves  sont  donc  des  prosélytes.  Mais 
s'appuyer  sur  ce  passage,  c'est  déclarer  du  même  coup  que  toute  la 
législation  à  laquelle  appartient  cette  ligne  se  rapporte  unique- 
ment aux  prosélytes,  ce  qui  est  absurde.  A  la  vérité,  la  phrase 
peut  et  doit  s'interpréter  autrement.  Au  lieu  de  :  «  qui  sont  entrés 
avec  lui  dans  l'alliance  d'Abraham  «,  il  faut  traduire  :  «  qui  sont 
entrés,  étant  chez  lui,  dans  l'alliance  d'Abraham  ».  La  preuve 
d'ailleurs  que  ir^nn  "«Nn  ne  désigne  pas  des  prosélytes,  c'est  que  là 
où  il  est  sûrement  question  de  prosélytes,  comme  ici,  on  ne  parle 
pas  de  l'alliance  de  Damas,  ou  de  la  nouvelle  alliance,  mais  de 
V alliance  d'Abraham,  expression  consacrée.  —  C'est  en  s'ap- 
puyant  sur  cette  fausse  identification  que  M.  Leszynsky  croit 
pouvoir  élucider  un  passage  quelque  peu  obscur,  p.  9,  1.  1  et  s.  :  il 
serait  d'abord  question  des  Israélites  pur  sang,  puis  des  prosélytes 
entrés  dans  l'alliance.  Mais,  cette  répétition  aurait  un  tort,  c'est  de 
n'en  être  pas  une,  car  le  deuxième  paragraphe  ne  vise  pas  la  mise 
en  anathème,  mais  la  dénonciation  calomnieuse  faite  sous  l'empire 
de  la  colère  ou  rapportée  aux  anciens  avec  l'intention  de  ternir  la 
réputation  de  l'accusé  '.  Si  l'auteur  avait  voulu  défendre  l'anatbème 
aux  prosélytes  au  même  titre  qu'aux  membres  de  la  secte,  il  aurai I 
reproduit  le  même  délit.  Il  s'agit  donc,  dans  la  première  loi  comme 
dans  la  seconde,  qui  parle  de  tout  autre  chose,  de  la  même  caté- 
gorie de  membres  de  la  secte. 

c)  «  Dans  le  passage  corrompu  de  la  p.  lo,  1.  5,  les  mots  n-nn  N2n 
peuvent  marquer  un  certain  rapport  entre  le  prosélyte  et  tout 
Israël  ».  Il  ne  faut  pas  dire  seulement  que  le  passage  est  corrompu, 
mais  qu'il  est  incompréhensible.  Comment  donc  peut-on  l'utiliser? 

d]  «  Enfin,  le  passage  de  la  p.  (>,  l.  Il,  pourrait  également  s'ac- 
corder avec  cette  explication  »  (qui  fait  des  n-'ia  -^sa  des  prosé- 
lytes). Ce  passage  est  celui  que  j'ai  mis  en  relief  dans  mon  étiule- 
etqui  raconte  les  motifs  de  l'exode  des  prêtres.  Où  sont  donc  les 
prosélytes  parmi  ceux  qui  ont  pris  l'engagement  de  ne  plus  entrer 


1.  Voir  iiûtii'  tniiliiclioii,  Revue,  LXI,  ji.  194. 

2.  l\evne,  LXI,  p.  164. 


NOTES   SUR   LES  OBSERVATIONS   DE   M.    LESZYNSKY  199 

dans  le  Temple,  etc.?  Si  j'avais  été  le  seul  à  donner  du  morceau 
cette  interprétation,  je  ne  l'opposerais  pas  à  M.  Leszynsky,  mais  il 
s'est  trouvé  que,  sans  se  concerter,  MM.  Bâcher'  et  Chajes-  l'ont 
publiée  en  même  temps  que  moi,  ce  qui  n'est  pas  pour  en  aflfaiblir 
la  valeur. 

Quand  donc  M.  Leszynsky  termine  par  ces  mots  :  «  En  tout  cas, 
on  n'est  nullement  fondé  à  identitier  lesn-^na-^Na  avec  les  sectaires  », 
il  faut  retourner  la  proposition  et  dire  :  «  En  tout  cas.  on  n'est 
nullement  fondé  à  identifier  les  n-i^a  ■'i«  avec  d'autres  que  les 
membres  de  la  secte  ». 

P.  8.,  1. 12.  Personne  n'a  prétendu  qu'en  désignant  les  Pharisiens 
par  les  mots  «  bâtisseurs  de  murailles  »,  l'auteur  avait  sûrement 
en  vue  la  sentence  attribuée  aux  plus  anciens  Pharisiens  :  «  Faites 
une  haie  autour  de  la  Loi  ».  On  a  seulement  signalé  la  coïncidence. 
Est-il  plus  sage  d'affirmer  que  l'auteur  n'y  a  certainement  pas 
pensé? 

L'interprétation  des  trois  péchés  dont  il  est  question,  p.  4.,  1.  16 
et  s.  me  paraît  un  véritable  contre-sens.  D'abord,  comment  la 
débauche  est-elle  transformée  en  mérite  par  le  fait  que  Lévi,  à  la 
suite  du  délit  conmiis  par  le  ravisseur  de  Dina,  a  mis  à  mort  le 
coupable;  comment  la  richesse  —  de  qui?  —  devient-elle  une 
vertu  parce  que  les  Lévites  étaient  voués  à  la  pauvreté:  enfin, 
comment  la  profanation  du  sanctuaire  se  métamorphose-t-elle  en 
justice,  parce  que  les  Lévites  veillent  sur  la  pureté  du  Temple?  En 
outre,  pour  arriver  à  cette  explication  étrange,  il  faut  corriger 
^"am  en  pN,  qui  n'est  aucunement  en  situation.  Enfin,  pourquoi 
l'auteur,  s'il  voulait  parler  des  Lévites,  dirait-il  :  Lévi,  fils  de  Jacob? 
Ces  mots,  sans  le  moindre  doute,  sont  destinés  à  écai'ter  toute 
confusion  et  à  bien  marquer  qu'il  s'agit  de  Lévi,  fils  de  Jacob. 
Cette  précision  se  comprend  s'il  s'agit,  comme  tout  le  monde  l'a 
cru  jusqu'ici,  du  Testament  de  Lévi,  fils  de  Jacob.  Pour  ne  pas 
admettre  que  les  mots  :  ><  Comme  l'a  dit  Lévi,  fils  de  Jacob  »,  font 
allusion  à  cet  apocryphe,  il  faudrait  que  cet  ouvrage  n'insistât  pas 
sur  les  péchés  ici  mentionnés  et  que  notre  auteur  sadokite  ignorât 
cet  écrit;  or,  justement  ce  sont  bien  là  les  sujets  qui  reviennent  le 
plus  souvent  dans  les  Testaments  des  Patriarches  et  notre  opuscule 
montre  une  connaissance  approfondie  de  ce  pseudépigraphe, 
comme  du  Livre  des  Jubilés,  auquel  il  est  apparenté.  Il  faut  donc 
s'en   tenir  à  la  traduction  courante,  qui  fait  de  Belial  le  sujet  du 

1.  Zeilschrifl  f.  hehr.  Bibliof/raphie,  XV,  p.   15. 

2.  Rivista  israelitica,  VII,  p.  iO', 


200  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

verbe  :  Belial  leur  a  fait  ac(-i'oire  que  ces  trois  péchés  sont  des 
vertus. 

Si,  p.  S,  1,  8,  D^»  devait  désigner  les  païens,  il  faudrait  supposer 
une  lacune  après  ce  mot. 

P.  11,  1.  14.  La  correction  de  a-i3>n  en  3yin"«  a  été  proposée  simul- 
tanément par  MM.  Bâcher',  K.  Kohler-  et  par  moi.  La  rencontre 
montre  assez  que  la  conjecture  n'est  pas  incongrue.  Nous  avons 
été  guidés  par  l'étrangeté  du  terme,  qui  serait  autrement  incom- 
préhensible, et  par  la  constatation  d'une  pareille  défense  dans  le 
ch.  oO  des  Jubilés,  que  notre  écrit  copie  presque  textuellement. 
M.  Leszynsky  propose  de  donner  à  aiyp"'  le  sens  de  «  mettre  un 
éroub  »,  sans  chercher  à  expliquer  la  forme  pronominale  du  verbe. 
Peut-être  croit-il  se  tirer  d'affaire  en  traduisant  :  «  Nul  ne  doit  se 
mélanger  ».  Malheureusement,  c'est  oublier  que,  si  mélange  il  y  a, 
ce  n'est  pas  de  la  personne,  mais  des  mets. 

P.  11,  1.  16-17.  M.  Leszynsky,  qui  ne  veut  pas  imputer  à  ces  sec- 
taires une  sévérité  excessive,  comme  la  condamnation  à  mort  de 
ceux  qui  jeûnent  le  samedi,  cherche  aussi  à  les  défendre  contre 
le  reproche  d'une  intransigeance  inhumaine  comme  celle  qui  leur 
fait  défendre  de  sauver,  le  samedi,  au  moyen  d'une  échelle  ou  de 
tout  autre  objet,  les  personnes  tombées  à  l'eau.  Comme  il  manque 
un  mot  après  le  deuxième  mp»,  il  suppose  que  ce  mot  s'est  conservé 
partiellement  dans  bî«,  qui  suit,  et  qu'alors,  au  lieu  de  défendre 
de  porter  secours,  on  prescrit  de  le  faire  par  tous  les  moyens 
possibles.  Il  n'y  a  qu'un  malheur  à  cela  :  avant  ce  paragraphe,  il  y 
a  vingt-sept  articles  de  loi,  et  tous  sont  des  défenses  commençant 
par  la  particule  bx,  et  après  ce  paragraphe  tous  sont  également  des 
prohibitions.  Il  n'y  aurait  qu'une  exception  et  ce  serait  justement 
ce  paragraphe! 

P.  11,  1.  ^\.  L'explication  est  ingénieuse. 

Israël  Lkvi. 

1.  Loco  cit. 

2.  Aiuevicim  Joiirtial  tif  Theolof)>i,  XV,  p.  424. 


LA    PURETÉ    LÉVITIOIE   DE    JÉRUSALEM 

ET  LKS  TOMBEÂIX  DES  PROPHÈTES 


On  s'est  souventétonné  que,  dans  les  si  nombreuses  prescriptions 
de  la  littérature  talmudique  sur  la  pureté  lévitique,  Jérusalem  ne 
soit  que  très  rarement  envisagée,  alors  que  la  ville  du  Temple 
devait  avoir  cette  pureté  plus  que  toute  autre  et  être  traitée  consé- 
quemment  par  les  textes  avec  un  soin  particulière  cet  égard.  Sans 
doute,  toutes  les  règles  sur  la  pureté  lévitique  des  sacrifices  et  des 
sacrifiants,  des  prêtres  et  des  lévites  en  service,  des  vases  et  des 
objets  tant  du  Temple  que  de  la  maison,  des  visiteurs  de  la  ville  et 
du  Sanctuaire,  de  la  deuxième  dîme  et  des  repas  sacrificiels,  ne 
se  rapportent  qu'à  Jérusalem  et  au  Temple,  même  quand  on  ne 
nomme  pas  ceux-ci  formellement.  Mais  ces  règles  ne  concernent 
pas  la  pureté  de  Jérusalem  même,  de  ses  maisons  et  de  ses  rues, 
de  son  sol,  tant  à  la  surface  qu'en  profondeur,  pureté  qui  méritait 
d'être  prise  en  considération,  même  abstraction  faite  du  culte 
du  Temple,  en  tenant  compte,  comme  pour  Tibériade  et  d'autres 
villes  de  la  Palestine,  des  prêtres  et  des  prélèvements  sacerdotaux 
[terouma).  Ne  devait-on  pas.  dans  la  Ville  sainte,  prendre  des  pré- 
cautions à  l'égard  des  morts  et  des  tombeaux,  des  charognes  et 
des  insectes  impurs,  afin  que  les  prêtres  et  les  prélèvements,  les 
pèlerins  et  les  naziréens  ne  devinssent  pas  impurs  à  leur  insu  ? 

Tous  ces  points  sont  traités  dans  une  baraïta,  qui  s'est  conservée 
en  plusieurs  versions  et  {\m  est  bien  connue,  mais  sans  avoir  été 
appréciée  suffisamment.  Ses  indications  me  paraissent  présenter  un 
certain  intérêt  et  mériter  pour  cette  raison  un  examen  particulier 
et  étendu.  Elle  a  déjà  été  étudiée  il  y  a  quelques  années  par 
M.  S.Krauss  dans  cette  Revue  ^  Mais  la  prévention  avec  laquelle  le 

1.  Revue,  LUI  (1907),  p.  28  et  »uiv. 


202  REVUE   DES   ETUDES  JUIVES 

savant  auteur  a  abordé  la  question  et  la  singulière  rapidité  qu'il  a 
mise  à  laisser  de  côté  de  grosses  difficultés  et  d'importantes  données 
de  ces  vieilles  sources  ou  à  les  introduire  de  force  dans  sa  théorie 
préconçue,  ont  altéré,  me  semble-t-il,  le  jugement  qu'il  a  porté  sur 
ces  relations  si  complexes,  notamment  sur  les  détails  relatifs  à  la 
pureté  lévitique.  Ces  considérations  me  justifieront  sans  doute  de 
reprendre  un  sujet  difficile,  mais  fort  instructif,  d'autant  plus  que 
cette  étude  projettera  des  lumières  toutes  nouvelles  sur  Jérusalem 
envisagée  comme  ville  suspecte  de  recouvrir  des  tombeaux. 


LA   DEFENSE    D  ENTERRER    A    L  INTERIEUR    DE    JERUSALEM 

D'après  une  prescription  biblique^les  tombeaux  sont  une  source 
constante  d'impureté,  et  l'on  sait  qu'on  les  marquait  -  ou  qu'on  les 
blanchissait  pour  préserver  prêtres  et  pèlerins  de  l'impureté.  On 
s'attendrait  donc,  comme  à  une  chose  évidente,  à  ce  qu'on  ne  souffrît 
à  Jérusalem,  la  ville  du  Temple,  aucun  tombeau  et  à  ce  que  per- 
sonne ne  fût  inhumé  à  l'intérieur  des  murailles.  Laïossefta^  pres- 
crit, en  effet  :  1"  A  Jérusalem  on  ne  laisse  pas  les  morts  passer  la 
nuit,  lâ"  on  n'y  place  pas  d'ossements  ;  3"  on  n'y  loue  pas  de  maison  ; 
4"  on  n'y  donne  pas  de  place  à  un  niain  ij  ;  5°  on  n'y  laisse  pas  de 
tombeaux,  à  l'exception  des  tombeaux  de  la  maison  de  David  et 
du  tombeau  de  la  prophétesse  Houlda,  qui  y  étaient  depuis  les 
jours  des  premiers  prophètes  ;  6"  Jérusalem  ne  peut  être  ni  plantée, 
ni  seiiîée,  ni  labourée  ;  7°  on  n'y  laisse  pas  de  tas  de  fumier 
(7  bis  :  à  cause  de  l'impureté)  ;  S'^  on  n'y  laisse  pas  d'arbres,  à 
l'exception  de  la  roseraie  qui  y  était  depuis  les  jours  des  premiers 
prophètes  ;  9°  on  n'y  bâtit  pas  de  balcons  ni  de  corniches  sur  la 

1 .  Nombres,  xix,  16. 

2.  Outre  les  textes  communément  cités,  voir  II  Rzra  (nu  IV  Ezra),  ii,  23  :  «  Là  où  tu 
trouves  (les  morts,  enleire-les  et  marque  le  tombeau  ;  et  je  te  donnerai  le  premier 
siège  à  ma  résurrection  ». 

3.  T.  .Veyaïm,  VI,  2:    n^inn  'j-'T';:^?:  "j-NT  (:?'   J-im  TN  rî3  l'^rr:  r^  (1) 


LA    PURETÉ   LÉVITIQUE  DE  JÉRUSALEM  20T 

rue,  à  cause  de  l'impureté  lévitique  qui  se  transmet  par  la  cou- 
verture. 

Le  n°  5  de  cette  baraïta  dit  formellement  que  nul  tombeau 
existant  n'était  souffert  à  Jérusalem',  d'où  il  résulte  sans  plus 
qu'aucun  tombeau  nouveau  n'y  pouvait  être  érigé.  C'est  ce  qui 
est  explicitement  interdit  par  le  passage  parallèle  des  Abot  de  R. 
A^«//m/? 2,  qui  énumére  différemment  les  privilèges  de  Jérusalem  ; 
1"  on  ne  doit  pas  louer  de  maison  à  l'intérieur  de  la  ville  ;  4°  on  n'y 
rachète  pas  la  seconde  dîme  ;  3°  on  peut  y  prendre  les  repas  des 
sacrifices  :  4°  on  ne  doit  pas  y  construire  de  balcons  ni  de  cor- 
nicbes  donnant  sur  la  rue  ;  ^^  on  ne  doit  pas  y  jeter  de  l'engrais  ; 
6°  on  ne  doit  pas  former  des  tas  de  fumier  dans  la  rue  ;  7°  on  ne 
doit  pas  y  élever  de  poules  ni,  à  plus  forte  raison,  de  menu  bétail; 
8"  on  ne  doit  pas  y  enterrer  de  mort;  O''  on  ne  doit  pas  y  laisser  de 
morts  pendant  une  nuit,  à  l'exception  des  tombeaux  des  rois  de  la 
maison  de  David,  du  tombeau  d'isaïe  et  de  celui  deHoulda  ;  10°  on 
n'y  fait  aucune  plantation,  en  dehors  de  la  roseraie,  qui  était 
plantée  depuis  les  jours  des  premiers  prophètes;  11°  du  bétail 
trouvé  depuis  la  Tour  du  Troupeau  jusqu'aux  murs  de  Jérusalem 
est  profane  sur  l'indication  du  vendeur;  dans  toutes  les  autres 
parties  de  la  Palestine,  le  bétail  trouvé  est  profane  sur  l'indication 
de  l'acheteur.  Le  n°  8  de  ce  texte  nous  apprend  en  toutes  lettres 
que  personne  ne  pouvait  être  enterré  à  Jérusalem. 

Cette  interdiction  était-elle  purement  théorique  ou  a-t-elle  été 
observée  à  une  certaine  époque?  M.  Krauss  s'est  donné  beau  jeu  en 
répondant^  :  «  Ce  point  et  d'autres  déjà  mentionnés  étaient  d'une 

1.  De  même  dans  le  passage  parallèle  Abot  de  R.  Nathan,  xxxv,  52/). 

2.  Alwt  de  H.  \athan,-2''\eis,ion,\xxi\,:')ia  :  nnaioîTû  D'^bwJTT'  D''"13T  711^5^3 

nv-;s:i;cD  •j-'t-'t  i-«N"'i:i73  v^''  '^''  S'^'^P  a"'">;3ip  nainn  v--"'^'*'!  ■^'  "'"'"^ 
yais  KbT  i6  nain'?  n'r'nT  T'î<-'i:i7:  i"»!  o.  Q-^a-in  rr^a-::  nsino 
"{■«ni:  r^i  HDinn  "p'riarnn  T^b-iiiTa  TwSt  -J}  C2"'3-in  mon'?  nsirDj  mns'CJN 
nwn  PK  l'^r'DTo  i""»!  ,9j  nDinn  nrn  n'x  r^^ip  T^i  l^.'  ^^P'^  n^onn  •^\^2^'^:> 
^NT  (10)  mb-in  -i3pT  m-^yci-^  -lapi  mT  n-'s  •^3573  "«-lapT:  yin  nsirn 
D''î<"'3;rî  mTs-'To  rtyr^-2  nn^no  ::^-'.'-\'\'i  n:573  y^n  y^':  '53  -::ir3  i-^s-j^i: 

-i73i"3  npib'D  r;\x-i  '?n-iu5"'  y-iN  'îd  -inu;t  n-ri-iD^j  y'^in  -iTjVs  •^z^7z'r>  rr^x-i 

ÎT^nnpS  ysini.  Comme  l'intitulé  de  cette  énumératiou  ii'aniioïK'e  que  dix  articles, 
il  doit  y  eu  avoir  un  ajouté  après  coup  ;  c'est  sans  doute  le  dernier,  d'ahord  parce 
qu'il  ne  se  rapporte  nullement  à  Jérusalem  même,  mais  aux  enviions  immédiats  en 
dehors  de  la  ville,  ensuite  parce  qu'il  n'est  pas  formulé  comme  les  aulrus.  Mais  on 
pourrait  aussi  compter  les  n""  5  et  6  pour  un  seul  article,  comme  dans  toutes  les 
relations  parallèles.  La  deuxième  partie  de  n"  9  doit  avoir  été  la  suite  de  8.  comme 
dans  tous  les  textes  parallèfès. 
3.   t.  c,  p.  32,  n.  6. 


204  REVUE   DES   ÉTUDES   JUIVES 

réalisation  difficile  et  ne  pouvaient  ètie  mis  en  pratique...  :  dans  le 
passé  il  y  avait  des  tombeaux  à  Jérusalem,  mais,  disaient  les  doc- 
teurs, nous  prescriions  une  loi  pour  l'avenir,  ou,  en  d'autres  termes, 
l'idéal  et  la  réalité  sont  deux  choses  distinctes  ».  S'il  avait  entrepris 
de  constater  cette  réalité,  il  se  serait  rendu  compte  que  la  source 
précitée  est  entièrement  digne  de  foi.  Deux  relations  complètement 
indépendantes  du  siège  de  Jérusalem  en  l'an  70  montrent  que. 
même  pendantl'investissementde  la  ville,  on  n'yirjliiimait  personne. 
Josèphe'  raconte  ce  qui  suit  :  «  Au  début  les  révoltés  veillèrent 
encore  à  ce  que  les  morts  fussent  enterrés  aux  frais  de  l'Etat,  parce 
qu'ils  ne  pouvaient  supporter  l'odeur  qui  s'en  dégageait.  Mais  plus 
tard,  quand  les  cadavres  devinrent  trop  nombreux,  on  les  jeta  sim- 
plement du  haut  des  murailles  dans  les  gorges.  Mennaeus,  fils  de 
Lazare,  poursuit  Josèphe^,  qui  se  réfugia  auprès  de  Titus  en  ce 
temps,  assura  que,  par  une  seule  porte  qu'il  avait  à  garder,  on 
avait,  depuis  le  jour  où  le  camp  avait  été  dressé  devant  la  ville, 
c'est-à-dire  depuis  le  14  du  mois  de  Xanthikos,  jusqu'à  la  néo- 
ménie  de  Panémos,  sorti  115.880  cadavres  :  il  avait  reçu  olficiel- 
loment  l'ordre  particulier  de  compter  les  morts,  parce  qu'il  devait 
payer  les  frais  d'inhumation  de  la  caisse  de  l'Etat.  Les  autres 
étaient  enterrés  par  les  leurs.  L'enteri-ement  (^insistait  à  transpor- 
ter les  morts  hors  de  la  ville  et  à  les  précipiter  dans  le  fond.  Beau- 
coup de  transfuges  considérés,  qui  vinrent  après  lui,  donnèrent 
le  chiffre  de  600,000  comme  nombre  total  des  corps  de  pauvres  jetés 
dehors  aux  portes.  Quand  la  force  des  gens  ne  suflit  plus  à  porter 
les  pauvres  devant  la  porte,  on  traîna,  disent-ils,  les  cadavres  dans 
les  grandes  maisons  et  on  les  y  enferma.  »  Si  l'on  voulait  expliquer 
cette  opération  comme  une  précaution  destinée  à  préserver  la  ville 
as.siégée  de  l'infection,  on  apprendrait  ce  qu'il  en  est  par  le  récit 
de  la  fuite  de  R.  Yohanan  b.  Zacca'i  pendant  le  siège  ^.  Quand  ses 
deux  disciples,  portant  la  bière  où  il  était  enfermé,  arrivèrent  à  la 
porte,  les  gardiens  demandèrent  qui  ils  transportaient.  Ils  répon- 
dirent :  «  Ne  savez  vous  donc  pas  qu'on  ne  laisse  pas  de  mort  passer 
la  nuità  Jériusalem  ?  »  lis  laissèrent  alors  passerle  cercueil.  On  peut 

1 .  Guerre,  V,  xir.  3. 

2.  IbiiL,  V,  XIII,  7. 

3.  Aboi    R.    \ulhaii,    iv,    iia    :     "'3-11    HTyr:*    "«D"!'?    T'T'Tirnr    N-.pi    nro 

nyp'j  ty  imN  ';"'D"''5"i73  ttit  T'rs-is  rn.x  yc^irr  ^^n  TwN-'3  thn  -iTr-rs 
.-T  N17J  -i?:  a-'-iJ'Tcr;  anb  i-,?:}*  .a-'r\a"i-i-'  •'-\y'C  bxN  ir-'inc:  iy  r,7inr, 
□"'b-.ïTTa  riTon  pn  T'^"'"?^  y»vi  D"'yiv  anx  •j-'N  'st  xin  r::  "j-'?  ti-x 


L\   PURETÉ   LÉVITIQUE   DE  JÉRUSALEM  205 

rapproclierde  ce  détail  un  passage  daSifra*  qui  dit  que  beaucoup, 
ne  voulant  pas  laisser  leurs  morts  passer  la  nuit  à  Jérusalem 
conformément  à  la  loi,  tombèrent  entre  les  mains  des  ennemis 
pendant  qu'ils  portaient  les  cadavres  au  debors  et  leur  donnaient 
linliumation.  Ces  deux  textes  reflètent  des  incidents  de  la  guerre 
de  Tan  70  et  montrent  que  la  règle  en  question  existait  alors  et 
était  observée. 

Cette  conclusion  est  confirmée  par  des  passages  on  il  est  fait 
allusion  en  passant  aux  tombeaux  de  certains  grands  personnages 
à  Jérusalem.  Tandis  que  le  tombeau  de  David-  se  trouvait,  d'après 
Néhémie,  m,  15,  16,  au  sud  de  la  ville,  non  loin  du  Siloé,  là  où 
étaient  enterrés  aussi  ses  successeurs,  ainsi  que  quelques  pro- 
pbètes^.  les  rois  basmonéens  et  plusieurs  grands  prêtres  étaient 
inbumés  en  debors  de  l'enceinte  de  la  ville  ancienne.  Ainsi  Josèpbe 
dit^  :  «  Les  Juifs,  qui  s'étaient  répartis  sur  la  (seconde)  muraille, 
opposèrent  une  résistance  opiniâtre;  c'étaient  les  soldats  de  Jean 
du  côté  de  TAntonia,  du  portique  nord  du  Temple  et  du  tombeau  du 
roi  Alexandre.  Quant  aux  troupes  de  Simon,  elles  occupèrent  l'en- 
trée près  du  tombeau  de  Jean.  »  Et  ailleurs^  :  «  Titus  résolut  de 
tenter  un  assaut  près  du  tombeau  du  grand  prêtre  Jean,  l'enceinte 
foi'tifiée  extérieure  étant  plus  basse  à  cet  endroit.  »  Il  s'agit  du 
lumbeau  de  Jean  Hyi'can  *"',  situé  entre  la  première  et  la  deuxième 
muraille  ",  en  un  point  d'où  Titus  croyait  prendre  la  ville  supé- 
rieure^. Dans  un  autre  passage''  Josèplie  décrit  le  mur  d'investis- 
sement construit  par  Titus  autour  de  Jérusalem  :  «  Puis  il  s'étend 
auprès  du  tombeau  du  gi'and  prêtre  Anan»  ;  il  était  donc  situé 
liors  de  la  ville.  Il  est  vrai  qu'ailleurs  il  mentionne  le  tombeau 
d'Hérode  à  Jérusalem  '".  Mais  comme  Hérode  fut  enterré  dans  le 
Hérodéion,  Scburer  "  croit  que  c'était  seulement  un  monument  et 
non  un  lombeaii,  tandis  que  Schick  suppose  que  c'étaient  les 
femmes  d'Hérode  qui  pouvaient  y  être  inbumées.  Peut-être  était-il 

I.  .s'<7/Y/,  sur  Lévi/..  xxvi.  2o.cii.  vi.  [i.  \\2a.  i,  1  :  'j-'N  n^'^rr  .a-inN  T^n  amii 
a""!}»  ^3  ■|"';p:. 

■2.  .iii/i(/uités.  vu.  V,  -i  :  Xlll,  vin.   i:  XVl,  vu.  1. 

.'!.  Voit-  plus  loin. 

4.  Guerre,  V,  vu,  3. 
;j  i />/</..  V,  VI.  2. 

ti.   Cf.  Ibid.,  V,  I.V,  2;   xi,  4;    VI,  ii,  10. 
■/.   Ihid.,  V,  IX,  2. 

5.  La  niLMUi;  chose  ressuit  iK-  VI,  n,   10. 
9.  Ihid.,  V.  xn.  2. 

10.   Ibid..  V.  m.  2  :    xii.  2. 

II.  Geschichte,  1,  418.  u.  108. 


206  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

quelque  peu  analogue  au  monument  de  marbre  blanc  éUivé  par 
Hérode  à  l'entrée  du  caveau  de  David  '. 

C'est  ici  le  lieu  d'examiner  une  miscbna  difficile-  :  «  Les  villes 
entourées  de  murs  sont  plus  saintes  que  le  reste  de  la  Palestine 
en  ce  qu'on  est  obligé  d'en  renvoyer  les  lépreux  et  qu'on  peut  y 
promener  un  mort  jusqu'à  (?)  ce  qu'on  veuille  ;  si  le  mort  a  été 
transporté  au  dehors,  on  ne  peut  pas  l'y  ramener.  »  Maïmonide 
explique  ainsi  ce  texte  incompréhensible  :  aussi  longtemps  que  tous 
les  gens  de  la  ville  ou  ses  sept  représentants  y  consentent,  s'ils 
permettent  d'entei'rer  le  mort  à  l'intérieur  (sur  la  place)  de  la  ville, 
on  peut  ly  enterrer.  Mais  si  le  corps  a  été  porté  hors  de  la  ville,  on 
ne  peut  pas  le  rapporter  à  fin  d'inhumation,  même  si  tout  le  monde 
y  consent  ;  car  une  chose  impure  qui  a  été  écartée  de  la  ville  ne 
doit  pas  y  revenir.  La  miscbna  ainsi  interprétée  a  été  incorporée 
par  Maïmonide  dans  son  code-"*;  et,  si  cette  explication,  qui  en  fait 
dire  long  à  une  phrase  obscure,  est  exacte,  elle  prouve  qu'on  enter- 
rait des  morts  à  l'intérieur  de  l'enceinte  des  villes  entourées  de 
murs,  donc  probablement  aussi  à  Jérusalem.  Mais  R.  Abraham  b. 
David  attaque  déjà  l'explication  de  Maïmonide  ;  lui-même  explique 
ainsi  ce  passage  :-  un  mort  ne  peut  en  aucun  cas  être  enterré  dans 
une  ville  entourée  de  murs  ;  si  tous  les  habitants  de  la  ville  per- 
mettent, pour  augmenter  le  deuil  et  honorer  le  défunt,  de  promener 
le  corps  dans  la  ville  jusqu'à  ce  que  les  parents  enterrent  le  mort, 
ils  peuvent  le  promener.  L'explication  singulièrement  différente  de 
Maïmonide  repose,  suivant  la  remarque  de  Joseph  Karo,  sur  la 
lecture  l-^niDiiîTo  au  lieu  de  û'inaoTo  ;  ce  n'est  donc  pas  une  preuve 
contre  la  défense  d'inhumer  les  morts  à  Jérusalem.  Quant  à  l'an- 
cienneté de  la  miscbna,  son  caractère  anonyme  la  ferait  attribuera 
K.  Méir.  Mais  labaraïta  parallèle  est  ainsi  conçue  '  :  «  R.  Menahem 

1,   AnliquiU's,  XVI,  vu,  1. 

■>.  M.  Kéiitti,  1,  7  :   vn-w^M;   nriûT:   mcmp?o   rî7:'in  m^pT::-  mn"»"'? 

'■^.  riT'nnr;  rT'3  'n,  vu,  \'i. 

4.  T.  Kéiim  I,  1,  li  :    H-jin  m^pi?:  mii-'y   ")7:iN  ■'C,''  "«3-13  an:7o  *3n 
B3in3  niToi:  rT'3m  D''y-n^7or;  tn  pTn?3  X'rh-::'n.'z  "7wN-,'c;"'  y-s-:  nTc:'nip7û 

misp-  -1C3  imx  T-i3p-'i  iTn^N  2?  i-'Tir  ^rc-'T  --i-n  ni-  pT  in-x 

NI"  y"","lXr  TlTiX  'D  DT^TÛ'Î  TCN-  D;iiis  le  Si/W  Zoii/a  sur  Ndinlircs.  v,  :>.  >'//"/•« 
surLi'vit.,  XIV,  i0.i).73r,  vi.  ?;  4  ;  on  lit  :   ";-<r-nj:7:'0  "^"IN—  ";■;  PTwlipT:  HîJin  '17 

nrin  ""-lys  ';"'3'rir:  ar^vi  y^.a-  '■r33  •j-'D'rir:,  puis  :   irN-.w""'  ■^;3  '?i<  -i3T 

ri/ûin  "^Tr  m3''i':'  r;;n73r;  1?^  nnr'CT.  Ias  villes  entniiives  du  mius  iiaraissem  èlre 
déiluites  eileclivemciit,  du  mot  r;;n7j  (non  de  VntC"^  ■';3  comme  le  croit  Horovitz.  sur 
le  passage  du  S.  -.),  la  ville  entourée  d'un  mur  étant  assimilée  à  un  camp.  —  Signa- 
lons ici  un  renseignement  fort  curieux  de  Marcus  Diaconus.  Vi/a  Porj>hi/rii.  p.  '21. 
Ji  23  :  les  habitants  païens  di;  (îaza  disent  iiue  c'est  un  crime  d'apporter  un  cadavre 
dans  la  ville  ;  d'après  p.  23,  §  2o.  c'est  contiaiie  aux  lois  de  la  iiatrie. 


LA   PURETÉ   LÉVlTIQUt:   DE  JÉRUSALEM  207 

b.  R.  Yosé  dit  :  Les  villes  entourées  de  murs  sont  plus  saintes  que 
le  resté  de  la  Palestine,  car  on  doit  en  renvoyer  les  lépreux;  une 
maison  qui  y  a  été  vendue  ne  peut  plus  être  rachetée  après  douze 
mois,  et  un  mort  peut  aussi  longtemps  que  les  gens  le  permettent 
être  promené  dans  ces  villes;  mais  s'il  a  été  transporté  hors  de  la 
ville,  il  ne  peut  y  être  ramené.  »  La  mischna,  sous  sa  forme  actuelle, 
appartient  donc  au  plus  tard  à  la  seconde  moitié  du  second  siècle, 
mais  chacune  de  ses  dispositions  pourrait  remonter  à  une  époque 
plus  ancienne,  comme  l'indique  la  défense,  attestée  par  ailleurs, 
d'enterrer  les  morts  à  Jérusalem.  Le  contexte  de  la  mischna  et  de 
la  baraïta  citées  montre  clairement  que  leur  auteur,  en  parlant  de 
villes  entourées  de  murs,  pensait  en  premier  lieu  à  Jérusalem,  qui 
était  effectivement  une  des  rares  villes  auxquelles  on  appliquait  la 
loi  biblique  /Lévitique.  \\v,  '29  et  s.  sur  les  localités  entourées 
d'un  mur  '.  Assurément  il  n'est  pas  prouvé  par  là  que  la  phrase 
sur  le  convoi  d'un  mort  dans  la  ville  entourée  dun  mur  vise  aussi 
Jérusalem.  Mais  nous  savons,  d'autre  part,  que  le  renvoi  des 
lépreux,  en  conformité  avec  Nombres,  v.  2,  3,  se  rapportait  princi- 
palement à  Jérusalem,  considérée  comme  camp  de  Dieu  -.  Il  est 
donc  plus  que  probable  que  la  troisième  phrase  de  la  mischna  et 
de  la  baraïta  ont  en  vue,  comme  les  deux  premières,  Jérusalem.  Et 
cette  conclusion  va  être  conlirmée  par  d'autres  constatations,  qui 
établiront  qu'à  l'époque  envisagée  par  la  halacha  on  n'enterrait 
personne  à  Jérusalem. 


II 

Li:s  tmmi!i:al"x  sii{  la  montacnk  m    temimj:  i:r  hans  jkiu  sale.m 


Nous  avons  vu  que  la  Tossefta  prescrit  de  ne  laisser  subsister 

J^ucun  tombeau  a  Jérusalem,  à  l'exception  des  tombeaux  des  rois  de 

îa  maison  de  David  et  de  la  prophétesse  Houlda.  Il  en  ivsuUe  (luil 

1 .  Arachin.  ix,  0. 

2.  D'apn'-s  Lévitique,  xiii.  46,  le  lépreux  doit  demeurer  on  dehors  du  eamp  '.y^TOZ 
T3CT73  nrnTsV  .  ce  (jui  siguilie,  d'après  le  Sif'ra,  ad  loc,  p.  68  n,  S  14,  en  dehors 
des  trois  caniiis  du  Tabemaele,  des  lévites  et  des  Israélites  dans  h'S  désert  TSî'CÎ^  y^TI 
T2wi?j  m;n73N  Or,  ces  trois  camps  sont  appliqués  à  Jérusalem  seulement  dans  Sifre, 
sur  Nomlires,  i,  et  parallèles;  le  camp  des  Israélites  s'étend  de  la  porte  de  Jérusalem 

à  la  Montagne  du  Temple  (...'îNic  mmz  r\^nn  "in  HT  c'rcTj-'  nnD?: ,  et 

dans  T.  Kélim.  i,  8,  Pesahim,  61  «,  on  dit  que  les  lépreux  qui  entrent  à  l'intérieur  du 
mur   de  Jérusalem  reçoivent   la    bastonnade   (rî^ainn    V^    D"':d5    D'^yilX"    10323 

D'^yanN"  rs  V?^- '•  ^■'^-  J'^'''  -^«^^0/,  n.  fin,  :?2  «,  28. 


208  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

doit  y  avoir  eu  là  d'autres  tombeaux  que  ceux-ci.  Les  Abot  de  R. 
Nathan  ajoutent,  nous  l'avons  également  vu,  le  tombeau  du  pro- 
phète Isaïe,  sans  être  confirmés  d'ailleurs,  sur  ce  point,  par  les 
textes  parallèles.  Remarquons  tout  de  suite  que  des  sources  non- 
juives  attestent  l'exactitude  de  cette  addition.  On  sait  que  le 
Midrasch,  rx\scension  d'Isaïe  et  des  Pères  de  l'Eglise  assurent  que 
le  prophète  Isaïe  lut  scié  par  des  Jérusalémites.  sur  l'ordre  du  roi 
Manassé,  dans  un  arbre  à  l'intérieur  duquel  il  s'était  réfugié.  Tliéo- 
doret  (ivo  siècle),  le  Chronicon  Pascale  '  et  Epiphane  ^  savent  de 
plus  qu'Isaïe  fut  enterré  près  de  la  source  du  Siloé  sous  le  chêne 
Itoguel.  La  deuxième  recension,  assez  tardive,  des  Abot  de  H. 
7Y«^/m/i  pourrait  donc  avoir  [)ri s  son  addition  à  la  source  qui  a  servi 
aux  Pères  de  l'Église,  et  nous  avons  ici  un  nouvel  et  intéressant 
exemple  de  l'ancienneté  de  midraschim  inconnus  par  ailleurs. 

Ainsi  donc,  les  lombeanx  ne  devaient  pas  être  laissés  à  Jérusa- 
lem ;  autant  dire,  sans  doute,  qu'ils  devaient  être  enlevés  et  placés 
autre  part.  On  serait  tenté  de  considérer  cette  prescription  comme 
une  Ihéorie  décole  des  rabbins  du  second  siècle  et  telle  est,  en 
dépit  des  renseignements  positifs  sur  la  pratique  réelle,  l'opinion 
de  M.  Krauss.  Or, , voici  d'après  les  Abot  de  R.  Nathan  ^  la  liste 

1.  VA.  nindorf,   ]..  291,  v.  Yeham..  49  h. 

2.  VUa  Prophelaruin,  o/)Uf/ Nestlé,  Marf/inaiien  uncl  Malerialien,  p.  16,  l.o-20; 
cf.  Schermaiiii,  Texte  und  Unlersuc/mnpen,  éd.  Hariiack.  XXXl'j,  p.  76,  80  et  suiv. 

3.  Cil.,  XXXV.  p.  52/>:    □-''d'c^i— '   "j-N    1)    s-'boTi'n  "n?:»;  a^-im  r;— ^'7 

-3  "[-^'Oty  TNT  (6)    E21N  n7ji:y  rtsmn  'j-'-i'aj??^  I'îîi  Ji}    r-iTsn  pn  nn 

r.i2  ^:£i2  m-inpr;  pn  h-'D'Cdi  .  D-incNn-  a\s"'3:  pii:-73  D'O  vric  -N-a:™ 
"Tnp  bnjb  r;>î7:i:3r:  nwS-^jiiT^  "pt!*,:;  au;  nPTr  nb^n?:  i-":s  .airs  xb 
D-'T-ni  p;5o  ym  û"'DT'iDi  pi;:»  nn  i^'Oty  i-^i  rnr'^;  rti  ■;"'r::"i:  -('Ni  ,s 

nN-oi::r;  ■'337Û  p-ipd'c:k  -n  ';'7:"<'p?3  i\s  'U)  t=5'^-."'Tn  -rcir  ■]-'-ii:  "j-ni 
i^DN  13  rûspi  -i72x:o  .ip:  13-1  •^-i3t  ,71-117:1  -i-no  p  r!3  V'2"'''P'J  r**"!  ^'l) 
r,-  i^a-i  i-i-^i'  riT  'j-'X  ,i7ûip73  -^ya  '^:n^  -i-fr  ■'jpT  r^s  ipin  nx-'iiim  itoni 
l-"»!  i1:î)  nbz'Tzbi  pi;*p-ipn  V-  ^tn  3^13  n3  ■;"'-iDn72  ^î^  '-•-'  I7:ip73 
■'3-1  ,vro'û  i^'O  713  i-'npi'?  T'îî'i  (i-i)  is-i'iu  3"''  -.n^b  7!3  pnp"'7ji:  P"<3n 
r^i—iy  7Î3  V"?"'"'  1"'"  '^"'^  ''•*  ^"iiyitT:  pi::?:  ~i-"C5  n'^  qx  -i7:in  n-t'ir,'' 
SPiN  "i-'rpi;  -,73iN  ■7N"'"r72:i  p  '['\yi2'::  p-i  ,um2  r">^i-  i""'  ""-  '3"l"-"'p 
Vin3-:  T'T''s^iwS  ■'■?;'3i  a":D373  vi-io  t'h  Vî^^^rx  .-("'t-dcix  ■'"rya"? 
"c:?ûn3T   73-1X3  i^B^  ';7:''Pi-n3'o  a-^ii:?:    ■'C3D  r"'^i;'i   'I"'7û"'-iy73  ^''-^^k 

1"'"î3P'>:373  S"'b",:3T-|'>  '«CJîX  ^Ti  DTIST  D"'3'bo.  Quinze  points  sont  énuniéics  ici. 
alors  que  l'auteur  de  l'intitulé  n'en  connaissait  (|ue  dix  :  cin(i  doivent  donc  avoir  éic 
ajoutés  après  coup.  Comme  tous  les  autres  passages  parallèles  u'ènumèrent  que  des 
articles  anonymes  et  incontestés  et  que  même  celui-ci  en  compte  onze  de  tels,  il  est 
très  probalile  ((ue  ceux  ipii  font  l'objet  de  diverj-aMices  et  qui  ont  des  auteurs  sont  les 
plus  r.icents.    Tel  est  en    premier  lieu  celui    du  tils  rebelle,  qui   se   retrouve  dans  la 


La  pureté  lévitique  de  Jérusalem  209 

des  privilèges  de  Jérusalem  :  Dix  choses  ont  été  dites  de  Jérusalem  : 
1°  elle  n'est  pas  rendue  impure  par  la  lèpre  ;  '2"  elle  n'est  pas  jugée 
comme  ville  idolàtrique  ;  3°  on  n'y  construit  ni  balcons,  ni  cor- 
niches, ni  tuyaux  sur  la  rue  à  cause  de  la  couverture  de  l'impureté 
d'un  mort;  4°  on  n'y  laisse  pas  les  morts  passer  la  nuit;  on  n'y 
laisse  pas  passer  des  ossements  humains;  6°  on  n'y  lait  pas 
de  place  pour  un  niann  na  ;  T-*  on  n'y  laisse  pas  de  tombeaux,  à 
l'exception  des  tombeaux  de  la  maison  de  David  et  de  la  prophé- 
tesse  Houlda,  qui  y  étaient  depuis  les  jours  des  premiers  prophètes. 
Et  quand  on  a  enlevé  les  tombeaux,  pourquoi  n'a-t-on  pas  enlevé 
ceux-ci?  On  dit  qu'il  y  avait  là  une  caverne  qui  entraînait  1  impu- 
reté dans  la  vallée  du  Cédron  ;  8°  on  ne  fait  à  Jérusalem  aucune 
plantation,  on  n'y  plante  aucun  jardin  à  l'exception  du  jardin  de 
roses  qui  y  était  depuis  les  jours  des  premiers  prophètes  ;  9"  on 
n'y  élève  pas  d'oies  ni  de  poules,  à  plus  forte  raison  de  porcs; 
lO^on  n'y  laisse  aucun  tas  de  fumier,  à  cause  de  l'impureté  lévitique; 
H*  on  n'exécute  pas  la  loi  du  fds  rebelle,  dit  R.  Nathan,  parce  que 
Jérusalem  n'est  pas  sa  ville  et  son  endroit,  comme  l'exige  Deuté- 
ronome,  xxi,  19  ;  12»  on  n'y  vend  de  maisons  qu'à  partir  du  sol  et 
au-dessus  ;  13"  une  maison  vendue,  si  elle  n'a  pas  été  rachetée  dans 
l'intervalle  de  la  première  année,  ne  reste  pas  pour  toujours  à 
l'acheteur  ;  14°  on  n'y  prend  pas  de  loyer  pour  les  lits  ;  R.  Juda  dit  : 
pas  même  pour  les  lits  garnis  ;  lo°  on  n'y  achetait  pas  de  peaux 
de  sacrifices  ;  et  qu'en  faisait-on  ?  R.  Simon  b.  Gamaliel  dit  :  on 
les  donnait  aux  aubergistes.  Les  hôtes  demeuraient  à  l'intérieur  et 
les  aubergistes  au  dehors.  Les  hôtes  avaient  recours  à  une  ruse: 
ils  achetaient  pour  les  sacrifices  des  brebis  égyptiennes,  dont  les 
peaux  valaient  quatre  à  cinq  séla,  et  les  habitants  de  Jérusalem  y 
gagnaient. 

Au  n»  7  on  demande  ;  pourquoi  n'a-t-on  pas  enlevé  les  tombeaux 
de  la  maison  de  David  et  de  la  prophétesse  Houlda  quand  on  les  a 
tous  enlevés  ?  Nous  apprenons  par  là  qu'à  une  époque  qui  n'est 

baraila  de  Baba  Kamma,  82  6,  ainsi  que  dans  l'autre  passage  des  Aboi  île  R.  Nathan, 
mais  que  la  Tossefta  de  Negaim,  vi,  2.  cite  au  nom  de  R.  Nathan.  Une  autre  preuve 
de  l'interpolation  est  le  singulier  emploi  de  "J'^TS^'^pTO  "["^  A&ns  ci-tte  phrase  :  dans  les 
n"'  1  et  10,  ces  mots  signifient  «on  no  laisse  pas  subsister»,  dans  le  n"  Il  «on 
n'exécute  pas  »  ;  il  est  peu  probable  que  le  même  auteur  ait  employé  un  mot  si  simple 
avec  des  significations  si  différentes.  Le  n"  14,  sur  la  location  des  lits,  avec  une  opinion 
divergente  de  R.  Juda,  est  aussi  interpolé  ;  il  ne  se  trouve  dans  aucun  des  textes 
parallèles.  Le  n"  lo,  sur  l'achat  des  peaux  des  bêtes,  n'est  que  la  suite  du  n°  14, 
comme  on  le  voit  par  les  parallèles,  et  l'explication  de  R.  Simon  b.  Gamaliel  décèle 
l'addition.  Nous  avons  écarté  ainsi  les  n"'  11,  14  et  lo  ;  or,  il  est  remarquable  que 
tous  trois  se  trouvent  à  la  fin  de  l'énumération  :  on  est  ainsi  amené  à  supposer  que  les 
deux  autres  additions  sont  les  n"*  12  et  13. 

T.  LXll.  V  12'..  14 


2^0  REVUE  DES   ETUDES  JUIVES 

pas  autrement  désignée,  tous  les  tombeaux  de  Jérusalem  furent 
enlevés.  On  pourrait,  il  est  vrai,  considérer  ce  renseignement 
comme  une  assertion  ou  une  invention  tardive,  dérivée  de  consi- 
dérations halachiques,  d'autant  plus  que  les  deux  texles  parallèles  * 
n'en  soufflent  mot.  Mais  nous  trouvons  à  ce  sujet  la  baraïta  sui- 
vante ^  :  «  Tous  les  tombeaux  (à  l'intérieur  de  la  ville;  doivent 
être  enlevés,  sauf  le  tombeau  d'un  roi  ou  celui  d'un  prophète. 
R.  Akiba  ajouta  :  même  le  tombeau  d'uu  roi  et  celui  d'un  pro- 
phète doivent  être  enlevés.  Sur  quoi  (ses  collègues)  lui  dirent  : 
Mais  les  tombeaux  de  la  maison  de  David  et  celui  de  la  prophé- 
lesse  Houlda  se  trouvaient  à  Jérusalem  sans  que  personne  les  eût 
jamais  touchés.  11  répliqua  :  C'est  justement  une  preuve  de  mon 
affirmation  :  il  y  avait  près  de  ces  tombeaux  un  canal  qui  en  empor- 
tait l'impureté  dans  la  vallée  du  Gédron.  »  L'adversaire  anonyme 
de  R.  Akiba  ne  conteste  pas  que  des  tombeaux  aient  été  enlevés  de 
Jérusalem  à  une  certaine  époque  ;  seulement  il  prétend  que  l'opé- 
ration fut  épargnée  aux  tombeaux  des  rois  et  des  prophètes.  A 
cette  discussion  prennent  part  des  docteurs  de  l'époque  antérieure 
à  la  guerre  d'Adrien  et  ils  parlent  de  l'enlèvement  des  tombeaux  de 
Jérusalem  comme  d'un  fait  connu,  qui  se  place  naturellement  avant 
la  destruction  de  la  ville  sainte.  Quand  donc,  dans  la  liste  des 

1.  Baraïta  dans  Baba  Kamma,  82 i  ;  T.  Neçjaim,  vi,  '1. 

2.  V.  Baba  Batra,  i,  H;  j.  Nazir,  ix.  3  (oTd,  1.  61)  ;   Semahot,  xiv  ;    Sifrê,  cité 
par  Friedmann,  sur  Sifrê  DeuL,  188,  et  Midrasch  Tannàim,  éd.  Hotlmann,  p.  115, 

n.  70  :  -«m  N-^23r!  nnp^jn  ']b73n  -lapn  '^in  ,v:ori7a  ninapn  bs 
i-i3p  N5m  nb  T173N  .r^sn»  N'^nsn  inpi  ■|b7ûn  -i3p  qx  -itoin  xa-'py 
.Doi5'73  anN  Dn3  ynî  Nbi  a-'b;Di-i-'3  tti  nx-'n:-  n-ibin  -inpi  -in  n"»3 
bffib  riNJûian  n^'^iri^a  nn-'m  pb  nnn  nir-'nTa    rT«N-i   auj73  nnb  -itsn 

'^^-l^p.    Le   texte  d'Hofrinaun  est  ainsi  conçu  :    1->3  r::U3733    ,'^^V^^    bn35    a'^OP   Nb 

iTinn  n-i2iy73  N"::i3d  -itûin  nn-'py  ■'ni  .-i^n?:  '2^^^■2^,  N-^n:  -inpb  -jbT:  -.ap 

-13-173  3inDn  T1^3n  rpî^'T^T.  Le  commandement  «ne  recule  pas  la  limite  de  ton 
prochain  »  (Deutér.,  xix,  14)  se  rapporte  a  celui  (pii  cliange  le  tombeau  d'un  roi  ou  d'un 
prophète.  11  est  reuiarquahle  que  ce  soit  un  collèi-'ue  de  R,  Akiba  i|ui  enseigne  Tiippli- 
cation  de  ce  verset  à  cette  défense,  ce.  qui  convient  bien  à  la  discussion  entre  R.  Akiba 
et  son  contemporain  inconnu.  Friedmann  donne  ce  texte  du  passage  perdu  du  Sifrê 
d'après  R.  Hillei  :  -I3n73  31P3r;  î^-'Oj  "I3p"l  *]b73  -|3.p  n3v7a3.  et  l'on  ne  peut 
guère  douter  qu'il  ue  faille  lire  aussi  chez  Holl'mann  (ce  (]uc  celui-ci  n'a  pas  v*) 
n3D733  au  lieu  de  n3U5733-  Dans  Ebel  rahbali,  apiul  Briill,  Jahrbuc/ier,  l,  22, 
d'après   Ibn    Guiyat,    Û"^"!""»^   riXTJ,    H,  73,   et  Nabinanide,    Tarai   ha-Ailam,   38  A, 

nous  lisons  :  n^b  -\:^-pn  -j-inTD  Nbi  "iTiNH  ^^^^^2  Nb  m^asy  vp'-^'^  T^* 
mujyb  xb'^a  iAn;;D  mp73  V"^"i"  P  m^^b  lanrc  cip-j  .-ins  n?,  ac  "Ti3pb 

Obiy  bl3a  aon  bt*  -|73N3  ht  'd^T  l'^^^y  T»^  P-  "  *-'*^  également  digne  de 
remarque  qu'un  contemporain  de  R.  .\kiba  examine  et  que  d'autres  tannaites  inconnus 
reprennent  la  question  de  l'eidèvement  des  tombeaux  de  guerriers  tombes  dans  une 
guerre  non  obligatoire,  j.  Eroiib.,  i,  i.  f.  {19(1,  I.  13^  :  qx   -i'3"iN  N?ÛT   p  rmrr» 

■>a-nnD  noy  -iijxn  «bc  ^"i^P^  D'J  D"«j"in3  ona  n"ip^:3T  a^p?:  brs  D-':"in 


LA   PURETÉ  LÉVITIQUE   DE  JÉRUSALEM  2H 

privilèges  de  Jérusalem  avant  l'an  70  que  nous  ont  conservée  les 
Abot  de  R.  Xalhan,  on  demande  pourquoi  les  tombeaux  des  rois 
et  des  prophètes  n'ont  pas  été  enlevés  comme  les  autres,  la  ques- 
tion comme  la  réponse  ne  font  que  reproduire  l'ancienne  discussion 
de  la  baràïla  et  elles  sont  entièrement  dignes  de  foi,  puisqu'elles 
répètent  seulement  des  faits  réels. 

Gomme  le  canal  des  tombeaux  des  rois  et  des  prophètes  menait 
à  la  vallée  du  Gédron,  ces  tombeaux  doivent  avoir  été  situés  soit 
8ur  la  Montagne  du  Temple,  soit  sur  la  colline  du  sud-est,  soit  en 
face,  sur  le  Mont  des  Oliviers.  Nous  savons  que  les  tombeaux  des 
rois  de  la  maison  de  David  se  trouvaient  sur  la  colline  de  Sion,  non 
loin  du  Temple  '.  On  arrive  au  même  résultat  pour  le  tombeau  du 
prophète  Isaïe  en  rapprochant  le  renseignement  donné  en  passant 
par  les  Abot  de  H.  Nathan,  disant  qu'on  ne  touche  pas  à  ce  tom- 
beau, de  l'indication  fournie  par  les  Pères  de  l'Église,  qui  situent 
ce  tombeau  dans  le  voisinage  du  Siloé.  C'est  là  aussi  que  doit  s'être 
trouvé  le  tombeau  de  la  prophétesse  Houlda  ^. 

Ce  qui  prouve  clairement  que  les  rabbins  du  premier  siècle  con- 
naissaient parfaitement  ou  supposaient  des  tombeaux  sur  la  Mon- 
tagne du  Temple,  sur  le  chemin  du  Temple  au  Siloé  et  du  Temple 
au  Mont  des  Oliviers,  c'est  la  description  minutieuse  des  prépara- 
tifs de  la  combustion  de  la  vache  rousse  dont  les  cendres  servaient 
à  la  piuitication  lévitique.  Nous  lisons,  en  effet,  dans  la  Mischna^: 
«  Sous  le  plateau  de  la  Montagne  du  Temple  et  sous  les  cours  inté- 
rieures il  y  avait  des  espaces  creux  à  cause  des  tombeaux  souter- 
rains »;  et  plus  loin  :  «  A  Jérusalem  il  y  avait  des  cours  qui  étaient 
bâties  sur  des  rochers  et  minées  à  cause  des  tombeaux  souterrains  »; 
puis  :  «  On  faisait  une  rampe  de  la  Montagne  du  Temple  au  Mont 
des  Oliviers  voûte  sur  voûte  et  voûte  contre  colonne  à  cause  des 
tombeaux  souterrains  '  ».  On  admettait  donc  l'existence  de  tom- 

1 .  Voir  les  commentaires  sur  Eztcliiel,  slui,  ~l. 

2.  V.  von  Alten,  Z.  D.  P.  V..  1880,  lli.'p.  108  etsiiiv.,  174. 

3.  l'ara,  m.  3:  Dirtrin  "inp  ''iZi^  'Di'r^n  DnTinn  m-iT^r;!  v-:ir,  -in; 
m,  2  :  nnp  i:e73  '5n'5n  an'nnm  rrorr  -i^a  by  m-'iîn  n^'^ciT^n  t'h  mnxn 
ainnn;  m.  6  :  itD-»3  -«na  "Ty  i-^d-^s  nncrn  nn'?  n-'an  -in^a  X'^^y  m  xi•yz^ 

4.  Cf.  T.  Para,  m,  7,  où  R.  Eliézcr  donne  une  description  ditlereiite  de  cette  instal- 
lation. Il  en  résulte  que  celle  qui  sert  de  base  a  la  Misclina  remonte  au  plus  tard  à 
un  contemporain  de  R.  Eliézer.  H.  Simson  de  Sens,  sur  Para,  m,  7.  lit  K.  Juda  au 
lieu  de  R.  Eliézer  ;  mais  il  y  avait  évidemment  :  R.  Juda  au  nom  de  R.  Eliéier.  De 
la  rampe,  une  liaraita  (j.  Si/iekaliin,  iv,  2.-i8<(-4S)  dit  :  'j""NiteT'  ITT  D'^'îPDT  'J"'T''T  "^rp 
INra""!  D'^rnDn  ni:"'!:''  N"::0  ■'"ID  INSTîT  1î072  ;  des  saillies  et  des  murs  sortaient 
de  chaque  côté  (de  la  rampe),  afin  que  les  prêtres  ne  regardassent  pas  au  dehors  et  ne 
devinssent  pas  impurs  'voir  l'expiicalian  du  Penê Mosché'. 


2J2  REVUE   DES    ETUDES  JUIVES 

beaux  uniformément  dans  la  ville  et  dans  la  vallée  du  Cédron^ 
D'autre  part,  nous  apprenons  que  les  enfants  purifiés  qui  doivent 
apporter  de  l'eau  du  Siloé  pour  les  purifications  préparatoires 
sont  montés  sur  des  bœufs  portant  des  planches,  etR.  Jiida  indique 
le  motif  de  cette  précaution  :  on  amène  des  bœufs  avec  un  large 
ventre  afin  que  les  pieds  des  garçons  qui  les  montent  ne  passent 
pas  au  dehors  et  ne  soient  pas  souillés  par  des  tombeaux  sou- 
terrains 2.  Les  enfants  ne  descendent  pas  dans  la  vallée  du  Cédron, 
mais  chevauchent  de  la  Montagne  du  Temple  à  l'autre  colline 
de  la  ville  pour  arriver  au  Siloé,  et,  sur  ce  parcours,  on  a  égard 
à  des  tombeaux  souterrains.  Sans  doute  il  ne  s'agit  ici  que  de 
tombeaux  dont  l'existence  est  regardée  comme  possible,  mais 
sans  avoir  été  sûrement  établie.  Mais  enfin  cette  hypothèse 
doit  avoir  été  provoquée  par  la  découverte  de  tombeaux  sur  la 
Montagne  du  Temple  ou  dans  la  ville  ;  ces  tombeaux  avaient  natu- 
rellement été  enlevés,  mais  on  continua  à  soupçonner  que  le  sol 
en  cachait  dans  ses  profondeurs  inaccessibles.  Quand  on  observait 
les  précautions  en  question  lors  de  la  combustion  de  la  vache 
rousse,  les  tombeaux  découverts  avaient  déjà  été  enlevés,  ce  qui 
confirme  l'indication  de  R.  Akiba  et  de  ses  collègues,  quand  ils 
rappellent  que  des  tombeaux  ont  été  enlevés  à  Jérusalem  et  que 
seuls  ceux  des  rois  et  de  la  propbétesse  Houlda  ont  été  conservés. 
11  me  paraît  intéressant  d'examiner  ici  le  reproche  mis  dans  la 
bouche  de  Jésus  contre  les  Pharisiens,  qui  construisent  et  ornent 
les  tombeaux  des  Prophètes.  D'après  Mathieu  (xxiii,  ;29  30  ,  Jésus 
aurait  dit  à  Jérusalem  :  «  Malheur  à  vous,  scribes  et  Pharisiens, 
hypocrites  !  car  vous  bâtissez  les  tombeaux  des  prophètes  et  ornez 

1 .  Il  en  était  de  même  du  Mont  des  Oliviers,  où  le  grand-prêtre  qui  préparait  la 
vache  rousse  prenait  le  bain  de  purification  et  où  la  vache  était  brùléo,  T.  Para,  m,  9  : 

mnnn  -lap  •^^stj  v''"'''"  ''"'•"t  r;"::-«3:jn  rr^m  nns-i?»!  nn"':»  ûip::-  .■\.  la  place 

de  quoi  le  Sifré  zou/a,  sur  Nombres,  xix,  9,  éd.  Hiirovitz,  p.  132,  lit  :  1"^;  HTl  "ITST 

nDDi73  HT  '5u;  r:7o:jin  mbibn  mbibn  ■'"iï:^  tstpd  pidio;  nriTi*^  pxn  nnn 
Dinnn  lap  ■'dsto  it  bu:  n73L3in  1333.  tandis  ipic  le  Mitirasc/i  /la-iiadoi  d  :  m:nbn 
iT  bu;  m-nn  njsD  it  b-::  n^juim  it  bc  m-nn  -isdd  m  buj  n?2L:in  mn'Dn. 

La  référence  de  Horovitz  à  Para,  m,  11  ;  T.  Para,  m,  9.  et  ses  équations  m"Tin  = 
riD^D  et  DtJin  =  DL2^N,  sont  pour  moi  incompréhensibles,  car  le  Sifré  zoutu  parle 
du  lieu  où  la  vache  était  brûlée  et  la  Mischna  du  pont  qui  reliait  la  Montagne  du 
Temple  au  Mont  des  Oliviers. 

2.  Para,  m,  2:  T.  Para,  m,  2  :    mpimi  Pinbl  p-'aa  byi  l-'-mUJ  ■;"'N'n?2T 

irT'  Nbo   "«nD  nnm  p-'-iso  a-^mT,:;  -irnx  m^r>•^  ■'3-1  ^irr-na  b?  vnu:T« 

mnnn  napn  mN7;:373T  mpiîTin  ■'bs-r  mNlTT».  Le  passage  parallèle  de 
Soucca,  2\  h  en  haut,  est  un  peu  différent  :  n73TN  miT!"'  ""2"",  .N3"n  n^mS  N'^rr 

N"^i£T^  N7JUJ  vby  noa  p^2^-1  bu:  nnrnu:  -^îd-:  -ip-'y  b^  mnbn  •j-'N-'a?:  vn  wsb 


LA   PURETÉ  LÉVITIQUE  DE   JÉRUSALEM  213 

les  tombeaux  des  justes;  et  vous  dites  :  Si  nous  avions  vécu  du 
temps  de  nos  pères,  nous  n'aurions  pas  été  leurs  complices  dans  le 
sang  des  prophètes.  «  D'après  Luc  (\i,  47),  c"est  en  Galilée,  proba- 
blement à  Capbarnaiim,  que  Jésus  dit  :  «  Vous  bâtissez  les  tom- 
beaux des  prophètes,  tandis  que  vos  pères  les  ont  tués.  »  Quoique 
le  propos  ne  soit  pas  authenti({ue,  il  est  pour  ainsi  dire  certain  que 
la  phrase  elle-même  a  été  occasionnée  par  la  rénovation  et  l'orne- 
mentation des  tombeaux  d'un  ou  de  plusieurs  prophètes  et  que  l'un 
de  ces  prophètes  a  été  martyr.   Autant  que  nous  sachions  par  la 
tradition,  il  n'y  a  eu  que  trois   prophètes  auxquels   la  prétendue 
observation  de  Jésus  ait  pu  s'appliquer  [et  encore  devons-nous  ne 
pas  tenir  compte  d'une  circonstance  importante,  c'est  que  même 
ces  trois  prophètes  ont  été  tués  à  l'instigation  de  rois  coupables  : 
les  ouvrages  de  polémique  religieuse  du  caractère  des   Evangiles 
ne  sont  pas  si  difûciles  pour  des  détails  de  ce  genre).  D'après  les 
Chroniques  II,  xxiv,  21  ,  Zacharie,  lils  de  Joyada,  prophète  et  prê- 
tre, fut  tué  dans  le  Temple  par  le  peuple  de  Jérusalem  sur  l'ordre 
de  Joas,  roi  de  Juda  ;  d'après  Jérémie  (xxvi,  22),  Ouria,  fils  de  Sche- 
maya,  fut  tué  par   le  roi  Joyakim.   D'après  l'Agada,   l'Ascension 
d'Isaïe  et  les  Pères  de  l'Église,  le  prophète  Isaïe  fut  scié,  sur  l'ordre 
du  roi  Manassé,  dans  un  arbre  dans  le  creux  duquel  il  avait  cher- 
ché refuge.  Les  commentateurs  des  Evangiles   se  réfèrent,  pour 
expliquer  notre  passage,  tantôt  à  l'un,  tantôt  à  l'autre  de  ces  trois 
prophètes.  Beaucoup  songent  à  Zacharie,  parce  qu'il  est  formelle - 
ment  cité  dans  la  suite  du  texte  évangélique  (Mathieu,  wiu.  8o  ; 
Luc,  XI,  50).  Or,  Ouria  fut  enterré  parmi  les  gens  du  peuple  i  Jéi-émie, 
xxvi,  23;  et  il  n'est  guère  vraisemblable  que  son  tombeau  ait  été 
connu.  Des  deux  autres  prophètes,  la  tradition  ne  s'est  occupée  que 
du  tombeau  dlsaïe,  bien  que  la  Bible  ne  dise  rien  ni  de  sa  mort,  ni 
de  son  inhumation  ;   il  se  pourrait  qu'en  éloignant  d'autres    tom- 
beaux, on  ait  rénové  et  orné  celui  d'Isaïe.  Mais  il  est  non  moins 
possible  que  ce  soit  le  tombeau  de  Zacharie,  plus  gênant  peut-être 
pour  le  culte  des  sacrifices,  qui  ait  été  déplacé,   par  exemple  au 
penchant  occidental  du  Mont  des  Oliviers,  où  l'on  montre  mainte- 
nant les  tombeaux  des  prophètes;  et  c'est  alors  qu'on  auia  bâti 
et  orné  le  nouveau  tombeau  '. 


1.  V.  cette  Revue,  L\1I,  p.  35,  uute  6,  et  la  relation   d'Ht^'ésipiie    sur   la  mort  de 
saint  Jac(|ues,  Eusèbe,  Hisloria  eccles.,  II,  2:5. 


214  REVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

III 

l'Époque  et  les  circonstances  de  la  découverte  des  tombeaux 

L'époque  de  l'enlèvement  des  tombeaux  du  côté  occidental  de 
la  vallée  du  Cédron,  fait  mentionné  par  R.  Âkiba,  pourrait,  jusqu'à 
un  certain  point,  être  déterminée  en  un  sens  par  l'allusion  aux  tom- 
beaux souterrains  dans  la  description  des  préparatifs  de  la  com- 
bustion de  la  vacbe  rousse.  Dune  manière  générale,  depuis  quand 
a-t-on  tenu  compte  de  cette  impureté  lévitique  de  caractère  incer- 
tain ?  La  Mischna  reproduit  les  rites  et  les  usages  des  Pharisiens; 
ce  qui  suffit  à  le  prouver,  c'est  qu'elle  a  soin  de  noter  les  cas  où  on 
rejetait  à  dessein  les  exigences  des  Sadducéens  concernant  la 
pureté.  Mais  nous  ne  savons  pas  si  les  Sadducéens,  eux  aussi, 
tenant  sévèrement  à  la  pureté  lévitique  du  grand-prêtre  lorsqu'il 
brûlait  la  vache  rousse,  ne  déclaraient  pas  que  des  tombeaux 
inconnus  et  simplement  supposés  pouvaient  le  rendre  impur  ;  il  est 
probable,  étant  donné  leur  littéralité  dans  l'interprétation  de 
l'Ecriture,  qu'ils  ne  le  faisaient  pas.  La  minutieuse  observation  des 
précautions  si  étendues  et  la  singularité  du  cérémonial  ne  s'expli- 
quent que  comme  une  démonstration  voulue  contre  l'assertion  des 
Sadducéens,  qui  prétendaient  que  les  Pharisiens  ne  pouvaient  pas 
préparer  les  cendres  lustrales  en  observant  les  règles  de  la  pureté 
lévitique.  Ce  dut  être  la  première  fois  que  les  Pharisiens  eurent  à 
assurer  l'accomplissement  de  ce  rite  si  rare  et  si  solennel,  de  là 
cette  attention  soigneuse  jusqu'à  l'anxiété  du  premier  pas  au  der- 
nier. Deux  personnalités  connues  des  dix  dernières  années  qui  ont 
précédé  ladeslruction  du  secondTemplesontfoiniellement mises  en 
rapport  avec  le  sacrifice  d'une  vache  rousse,  et  par  là  nous  acqué- 
rons la  certitude  que  la  célébration  de  ce  rite  par  les  Pharisiens 
tombe  entre  les  années  60  et()3.  D'après  laTossefta,  le  grand  prêtre 
Ismaei  b.  Fiabi  (39-61)  fut  amené  par  une  corporation  pharisienne  à 
brûler  une  vache  rousse  d'après  l'application  pharisienne  des  lois 
de  pureté,  alors  qu'il  avait  appliqué  immédiatement  avant  l'inter- 
prétation sadducéenne  '.  D'après  une  autre  indication  de  la  Tos- 
sefta  ^,  R.  Yohanan  b.  Zaccaï  était  présent  lorsqu'un  grand-prêtre 

1.  T.  Para,  m,  6.  Les  rocliorclies  si  solides  et  si  ingi-nimises  «ie  N.  Rriill,  Bel 
Tulmud,  I  (1880),  238  et  suiv.,  n'ont  fourni,  a  mon  avis,  aucune  iireuve  i)oreniploire 
qu'il  ne  B'agit  pas  d'Uinaël  b.  Fiabi  \l. 

«.  T.  /'cfa,  nt,  8. 


LA   PURETÉ  LÉVITIQUE   DE  JÉRUSALEM  21$ 

sapprètait  à  brûler  une  vache  rousse  d'après  les  lois  sadducéenues 
sur  la  pureté  et  il  rempècha  de  le  faire  de  la  manière  qui  est  pres- 
crite comme  règle  par  la  Mischna  {Pnra,iu\  Toujours  d'après  la 
Tossefta,  et  daprès  des  textes  parallèles  ',  il  prit  part  à  la  combus- 
tion d'une  vache  rousse,  opération  qui  se  fit  probablement  d'après 
la  doctrine  pharisienne.  Or,  nous  savons  par  la  liste  des  grands- 
prêtres  qui  ont  brûlé  des  vaches  rousses^  que  les  derniers  furent 
Elyoénaï,  fils  de  Ha-Kayaf,  Hananel  l'Egyptien  et  Ismaël,  fils  de 
Fiabiià  moins  d'admettre  que  la  mischna  qui  nous  a  conservé  cette 
liste  ait  été  close  avant  que  des  grands-prêtres  plus  récents  aient 
également  procédé  à  cette  opération,  hypothèse  totalement  invrai- 
semblable, attendu  que  la  Mischna  indique  les  divergences  deR.Méir 
et  de  R.  Juda  touchant  le  nombre  des  grands-prêtres  en  question  . 
Quoi  qu'il  en  soit  de  l'identité  de  ces  trois  grands-prêtres^,  la  com- 
bustion d'une  vache  rousse,  telle  que  la  Mischna  la  décrit  en  détail, 
se  place  dans  les  années  o9-6t,  et  c'est  déjà  à  cette  époque  qu'on  a 
dû  prendre  en  considération  l'existence  de  tombeaux  cachés  ou 
seulement  supposés.  Est-ce  à  la  même  occasion  et  dans  la  même 
année  qu'on  a  enlevé  tous  les  tombeaux  situés  dans  les  parages  du 
Siloé,  afin  que  la  grande  procession  du  puisement  de  l'eau  en  vue 
de  la  combustion  de  la  vache  rousse  et  du  culte  de  la  fête  des 
Tabernacles  pût  se  faire  avec  la  plus  grande  pureté  lévitique?  C'est 
probable,  mais  nos  textes  ne  le  prouvent  pas. 

{A  suivre.)  A.  BOchler. 

1.  Ibid.,  IV,  7;  Sifrê,  Nombres,  123,  p.  41  6  ;  Sifrê  zoufa,  sur  Nombres,  xix,  3, 
éd.  Horovitz,  p.  126  ;  Briill,  /.  c.  240  et  s. 

2.  Para,  m,  5. 

3.  Il  est  difficile  d'identifier  les  grands-prêtres  nommés  dans  la  Mischna.  Noos 
connaissons  Elionaios  fils  de  Kantliéras  par  Josèphe,  Antiquités,  XIX,  viii,  1  :  it  fut 
nunimé  par  Agrippa  1,  entre  41  et  44  ;  c'est  une  indication  pour  placer  l'époque 
probable  des  deux  autres  entre  44  et  70.  Comme  Ismaël  b.  Fiabi  a  été  en  fonctions 
entre  59  et  61,  Hananel  ne  pourrait  être  identique  qu'avec  Joseph  b.  Kabi  ou  Ananias 
fils  de  Nédébaios,  ce  qui  est  impossible.  Nous  sommes  donc  obliiiés  d'admettre  que 
!a  Mischna  ne  cite  pas  les  grànds-pfêtres  dans  l'ordre  chronologique  Schiirer, 
GesrIUckte,  II,  4'  éd.,  p.  269,  n.  5).  Pour  Schiirer,  Hananel  est  .'Vnanel  le  Babylonien 
(v.  aussi  Halévy,  DoroL  ka-Rischonim,\,  3*  partie,  p.  114  et  sutv.i,  le  premier  des  grands- 
prêtres  nommés  par  Hérode,  et  qui  a  été  en  fonctions  en  37-36  avant  l'ère  chr.  .Mais  le 
saut  serait  trop  grand  d'Elionaios  à  cet  AiianeT.  On  remarquera  que  tous  les  grands- 
prêtres  énumérés  i)ar  Josèfihe  depuis  l'époque  d'Hérode  jusqu'à  la  destruction  du 
Temple  sont  ajipelés  par  leurs  n<ims  hébreux,  à  l'exception  de  Théophile  fils  d'Anaii, 
qui  exerça  ses  fonctions  de  37  à  41  (Antiquités,  XVIII,  v,  3).  Il  paraît  avoir  été 
originaire  d'Alexandrie,  comme  Boéthos,  père  du  grand-prêtre  Simon  ou  grand-prêtre 
hii-môme,  et  probablement  comme  le  successeur  de  celui-ci,  Mathias  fils  de  Théophile. 
Or,  Théophile,  traduit  en  hébreu,  serait  "7î<72Dn,  et  Théophile  b.  Anan  pourrait  être 
■''"ilïTar!  5N?3în.  Le»  cendres  lustrales  auraient  donc  été  préparées  tout  de  suite  au 
début  du  fdgfne  d'Agrlppa  I  et  peut*étre  dam  ta  dernlàre  annéei  oe  qui  oonvitodrail 
bioB  Kui  tiDdnnoii  rallgltuai*  do  ion  fouvernementt 


LA    FIGUE    EN    PALESTINE 
A  L'ÉPOQUE  DE  LA  MISCHNA' 

1.  —  L'arbre  et  le  champ  ;  la  racine,  les  branches  et  le  bois. 

Le  figuier,  dont  on  doit  chercher  la  patrie  dans  les  pays  sémiti- 
ques de  l'Asie  antérieure^,  est  une  des  productions  les  plus  carac- 
téristiques du  pays  d'IsraëP.  Avec  la  vigne  et  l'olivier,  il  compte 
parmi  les  arbres  les  plus  importants  \  dont  la  destruction  équivaut 

i.   Avec  des  notes  de  I\ÎI.  Immanuel  Low  [placées  entre  crochets]. 

2.  V.  Hehn,  Cullurp/lanzen  und  Haustiere,  6'  édition  p.  94.  D'après  de  Can- 
dolle,  la  Syi'ie  est  encore  aujourd'hui  à  peu  près  le  centre  de  l'aire  de  propagation  du 
figuier.  Il  est  vrai  que  Lagarde  (Mitleihniqen,  I,  p.  58  et  s.)  et  Guidi  {Délia  sede  pr., 
p.  3u-36)  arrivent  tous  deux,  (iiioique  pour  des  raisons  toutes  différentes,  à  l'opinion 
que  les  figues  étaient  inconnues  des  Sémites  primitifs.  Parmi  les  pays  sémitiques, 
Babyione  ne  connaît  pas  la  figue  iHérodote,  I,  193)  ;  pour  l'Arabie,  voir  Lagarde,  ibid. 
—  Eu  Grèce,  le  figuier  cultivé  n'existe  pas  encore  à  l'époque  de  l'Iliade;  il  n'est  cité 
que  dans  des  passages  tardifs  de  l'Odyssée.  Le  figuier  sauvage  n'en  est  pas  moins 
indigène  dans  toute  l'Europe.  Voir  Hehn,  loc.  cil.,  où  il  est  prouvé  que  la  ficus  carica 
existait  déjà  en  Europe  à  l'époque  quaternaire  et  diluvienne.  Originaire  d'Orient,  il 
s'est  répandu  vers  l'Occident  dès  l'époque  historique.  H  en  a  été  de  même,  à  l'époque 
historique,  de  la  culture  de  l'arhro. 

3.  Cité  à  côté  du  raisin  et  des  grenades  dans  Nombres,  xcii,  23  ;  xx,  5.  Les  mêmes 
fruits  sont  réunis  dans  lier.,  vi,  8;  Bicc,  m.  1,  la  figue  en  tétc.  Cf.  T.  Bei-.,  ii,  p.  4, 
l.  8  et  s.,  où  aux  figuiers  et  aux  oliviers,  ijrincipaux  arbres  fruitiers,  sont  opposés  les 
autres  arbres.  V.  aussi  Livre  des  .lubilés,  xiii,  6  [Kaiifzsch,  II,  j).  t(3j. 

4.  Deut.,  VIII,  8  :  il  fait  jtartie  des  «  sept  espèces»  qui  sont  1"  «  éloge  »  de  la  Terre 
sainte.  Il  est  naturel,  néanmoins,  que  la  figue  n'ait  pas  eu  autant  d'importance  pour 
la  Palestine,  riche  en  céréales,  que  pour  l'Attique,  si  pauvre  en  blé  ^comp.  le  «  syco- 
pbante  »  ;  voir  Magerstedt,  p.  144).  —  Le  figuier  est  souvent  cité  surtout  à  côté  de  la 
vigne:  Psaumes,  cv,  133  ;  Cantique,  ii,  13  ;  Osée,  ix,  1,0  :  Juges,  ix,  10,  Il  ;  — 
T.  Ter.,  v,  p.  26,  1.  22  ;  j.  Bicc,  i,  63</,  l.  72  ;  T.  Soucca,  ii,  p.  193,  I.  20  ;  T.  Ned., 
IV,  p.  219,  l.  13  ;  T.  Sota,  xv,  p.  322,  1.  19  ;  j.  Sanh.,  vu,  24  6,  1.  13  d'en  bas.  «  La 
figue  sœur  de  la  vigne»,  dit  Hehn,  /.  c.  Josèphe  nomme  la  figue  à  côté  du  raisin 
«  fruit  royal  »  [Guerre,  III,  i,  8).  —  Sur  l'importance  et  l'utilité  de  l'arbre,  v.  Gen.  r.. 
xxxvi,  où  la  figue  et  l'olive,  considérées  comme  aliments,  sont  opposées  au  vin.  objet  de 
jouissance. 


LA   FIGUE    EN   PALESTINE   A   L'ÉPOQUE   DE  LA    MÎSCHNA  217 

à  la  disparition  de  la  culture  dans  le  pays'.  Les  figues  de  Syrie 
jouissaient  dune  excellente  réputation  au  loin  2. 

Comme  pour  dautres  espèces  fruitières,  larbre  et  le  fruit  portent 
le  même  nom  :  rjî'^Nn^.  La  culture  du  figuier  en  Palestine  doit  être 
extrêmement  ancienne  ',  ce  qui  n'empêche  pas  qu'on  le  trouve 
encore  à  l'état  sauvage  à  l'époque  de  la  Mischna  '  ;  mais  peut-être 
faut-il  entendre  par  figues  «  sauvages  ».  non  pas  des  figues  non 
cultivées,  mais  des  arbres  à  fleurs  mâles  ^. 

Le  champ  sur  lequel  poussent,  à  côté  de  la  figue,  d'autres  fruits 
(le  plus  souvent  des  grenades)  sappelle  mia  ".  Celui  qui  porte  le 


1.  Osée,  II,  14  ;  Joël,  i,  7;  cf.  Habac,  m.  17. 

2.  Voir  tout  au  Ion?  Magerstedt,  p.  183.  Des  flguiers  de  Syrie  furent  transplantés 
en  Albanie,  où  ils  devinrent  un  objet  de  culture  (Pline,  XV,  21  f.  On  cite  surtout  la 
petite  espèce  nommée  «  Kottanae  »,  dont  on  dérive  le  nom  hébreu  pïûp.  Pour 
l'étymologie  voir  Weise,  Griechische  Wôrler  im  Laleinischen,  p,  139  ;  Keller,  Latei- 
nische  VoUcselymologie,  p.  65  ;  cf.  Lewy,  Die  semitischen  Fvemdwôrler  im  Griechi- 
schen,  p.  22  ;  d'après  une  communication  de  .M.  Yahuda,  c'est  l'arabe  ^-^lâs?  'lui 
désigne  encore  aujourd'hui  une  espèce  de  figues  en  Palestine  [KôxTavov  =  ^Ja5  i 
Frankel,  Aramàische  Fremdwôrter,  148  ;  Hai  sur  Oukcin,  i,  6  ;  Bel  Talmud,  V, 
221  ;  Kaflor  va-Férah,  Ma,  1.  28  ; ';'^"':3pbN  glose  de  mnaiia)  ;  Joret,  Les  plantes 
dans  l'anliqiiilé,  I,  U6  ;  Hehn,  op.  cit.,  99.  Chirbet  Qotlein,  Z.D.P.  V.,  XXXl,  206.1 

3.  V.  T.  Maaser.,  n,  p.  82,  1.  29  :  r!D*iNnr!  pj  D'^j'^Nn  Upb.  —  U  faut  chercher 
un  nom  du  figuier  dans  le  mot  NIIN  du  Targoum  Schèni  sur  Esther,  vu,  9.  [Le 
Targoum  vise  le  figuier  en  disant  :  «  on  en  prélève  des  prémices  et  c'est  avec  ses 
feuilles  que  le  premier  couple  se  vêtit  ».  P.  Cassel  (p.  67),  avec  son  arbitraire  habituel, 
veut  lire  N3"1î<,  ôpvo;,  ôpvso;  «figue  sauvage  ».  Le  .Midrasch  Abba  Gorion,  p.  21, 
Esther  r.,  le  Yalkout  sur  Esther,  1054,  1059,  ont  nSKD  ;  le  Midrasch  Panim  Ahérim, 
p.  77,  a  T"1N.  U  doit  y  avoir  là  une  méprise  de  l'auteur.] 

4.  Comp.  la  fable  de  Jotham,  Juges,  ix,  8  et  suiv.  D'après  Gen.  r.,  xxxi,  xxxvi, 
Noé  enipiirta  dans  l'arche  des  pousses  pour  replanter  les  figuiers.  Le  proverbe 
m~lD  bDX'^  rï:î<n  l^n;  (Prov..  xxvn,  18)  suppose  également  une  culture  ancienne. 
—  D'après  Gen.,  m,  7,  le?-  feuilles  de  fi;ruier  se  seraient  trouvées  dans  le  paradis 
terrestre.  U  est  vrai  que,  d'après  l'exégèse  apologétique,  il  ne  s'agirait  pas  de  la  ficus 
carica,  mais  de  la  Musa  Pavadisiaca  de  l'Inde.  Seulement  celle-ci  n'est  pas  une 
espèce  de  figuiei-,  et  ses  feuilles  sont  si  grandes  qu'on  n'aurait  pas  eu  besoin  de  les 
coudre.  [Elle  ne  peut  pas  figurer  dans  la  Gehèse  pour  des  raisons  tirées  «le  l'iiistoiie  de 
la  botanique.]  Voir  Lovv,  Aramàische  Pflanzennamen,  p.  336  ;  cf.  Dillmann  et 
Delitzsch,  ad  loc.  —  Les  Israélites  trouvèrent  sûrement  le  (iguler  cultivé  en  Palestine 
quand  ils  conquirent  le  pays  ;  le  fait  est  formellement  mentionné  pour  l'olivier  et  le 
figuier  dans  Deut.,  vi,  11  ;  viii,  8;  Jos.,  xxiv,  13. 

5.  T.  Detnaï,  i,  p.  45,  I.  12,  où  les  figues  croissant  dans  un  jardin,  donc  cultivées, 
sont  opposées  à  celles  qui  poussent  dans  la  vallée  |n7p33).  —  Dans  T.  Dem.,  i,  p,  45, 
I.  8  ;  j.  Dem.,  i,  21  c,  I.  22  d'en  bas,  il  est  dit  formellement  d'une  espèces  de  figues, 
les  1^rT"«23,  qu'elles  sont  a  gardées  >>  ;  elles  ne  sont  donc  pas  sauvages  ;  ailleurs  les 
■{^n^'iD  sont  considérés  comme  étant  sans  maîtres  [Maimonide  sur  Demai,  i,  1). 

6.  Voir  ch.  ii.  —  Cf.  Plut.,  Rom.  29,  et  l'expose,  d'ailleurs  entièrement  inexact,  de 
Magerstedt,  p.  181-2. 

7.  Bicc,  m,  1  ;  j.  Dem.,  i,  21  c,  1.  20  d'en  bas. 


218  REVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

nom  de  «sf^p  !mia  ^  nest  pas  non  plus  exclusivement  planté  de 
figuiers  ^.  Le  champ  réservé  à  la  figue  est  désigné  par  D''rNn  nna  ■*. 
Il  est  considéré  comme  1^»  rr^a  lorsque  trois  arbres  au  moins 
couvrent  la  surface  d'une  mkd  ^  Quelquefois  le  figuier  est  dans  un 
vignoble  ^,  on  laisse  alors  les  sarments  grimper  autour  du  tronc  ^. 
Le  champ  qui  porte  des  figuiers  est  parfois  aussi  un  pâturage  ^ 
Souvent  les  arbres  s'élevaient,  comme  aujourd'hui  encore,  tout 
près  des  murs.  Plantés  dans  la  cour^  ou  dans  le  jardin  ^,  ils  étendent 
parfois  leurs  branches  jusque  dans  les  ouvertures  des  fenêtres  des 
maisons  "•.  Dans  les  champs  se  trouve  quelquefois  une  cabane  '*, 
qui  sert  de  demeure  au  cueilleur  de  figues  '-  pendant  la  cueil- 
laison.  D'ordinaire  on  emploie  toujours  les  figues  d'un  champ  au 
même  usage  '^. 

Le  figuier  est  d'une  grandeur  assez  considérable  ;  il  porte  une 
couronne  de  feuillage  touffu  ''',  qui  projette  une  ombre  épaisse'^, 

i.  Sur  le  rapport  de  NlS^p  avec  les  figues,  voir  cli.  m,  p.  227,  notes  2  et  5.  Dans  T. 
B.  M.,  V,  391,  1.  15,  il  y  pousse  des  pommiers  et  des  grenadiers.  —  Peut-être  faut-il 
en  rapprocher  mif^p  mUJ,  dans  Maas.,  m,  4,  d'après  d'anciennes  éditions  et  l'éd. 
Lo-we.  M.  a  my^îCp.  Sur  le  sens,  v.  cliap.  vu,  s.  v.  ny^SCp. 

2.  Le  sens  est  «  champ  (de  fruits)  d'été  ».  Voir  la  note  précédente  et  ch.  ni, 
p.  227,  n.  2  et  5. 

3.  T.  B.M.,  IX,  p.  392,  1.  21. 

4.  2500  coudées  carrées  (Samter,  traduction  de  Zeraïm,  p.  81).  —  Ils  doivent  pro- 
duire au  moins  autant  de  figues  qu'il  en  faut  pour  faire  un  gâteau  de  figues  ("1D3 
nb^3T)  du  poids  de  soixante  mines  italiques,  pour  qu'on  retourne  à  cause  d'eux  tout  le 
champ  ;  s'ils  produisent  moins,  on  se  borne  à  creuser  sous  chaque  tronc  [Scheb.,\,  1, 3). 

5.  Luc,  xm,  6.  Cf.  Bauer,  Volksleben  im  Lande  der  Bihel,  p.  139.  On  a  vu  que 
la  figue  et  le  vin  sont  souvent  réunis  rians  la  Bible  (p.  216,  n.  4. 

6.  Kil.,  VI,  4  :  rîD"'Nn  n^p73  b>'  rjbT173  "jDJ  ;  de  même  pour  le  sycomore  iibid.], 
le  plD  l'ï'^N  (A'(7  ,  VI,  3)  et  le  «  feuillage  »  [ibid.  :  riT'.D^DN,  v.  Krauss,  Lehnuorter. 
Il,  106).   T.  Kil.,  IV,  p.  78,   1.    30.    —    T.  Dem.,  m,    p.  49,   1.  17:    n"'2"^Nn    "'ip"'y 

D"'n:3'  m'bnT. 

7.  j.  R.  II.,  II,  58/;,  1.  23  (pour  des  bœufs). 

8.  Maaser.,  m,  8,  10  (-i}:n).   Cf.  j.  Maaser.,  ii,  49  (/,  I.  11  :    rtUIÎ  Nirrtî  lin"^ 

nxnb. 

9.  Maaser.,  m,  10  ;  T.  Maaser. ,  ii,  p.  84,  1.  12. 

10.  T.  Maaser.,  ibid. 

11.  T.  Erotib.,  m,  p.  142,  1.  19-20;  T.  Soucca,  i,  p.  192,  I,  15  ("j^Sf-^prl  r310~. 

12.  Y'^-'-p,  v.  ch.  m  (p.  229,  n.  6)  ;  y:L^•;i  {Ber.,  4ia,  I.  23).   j?l. 

13.  Chaque  espèce  de  figue  ne  se  prête  qu'à  un  emploi  (T.  H.  M.,  ix,  ]>.  392,  I.  22 
et  s. t.  On  l'emploie  soit  à  des  my^lïp  (v.  chap.  vu),  soit  à  des  nnaT13  (ibid.),  soit 
à  une  n5'^3T  (ch.  viii).  Il  semble  que  des  usages  fixes  régnaient  à  ce  sujet  dans  les 
différentes  localités,  ce  qui  s'explique  sans  doute  par  les  difTéTences  des  espèces. 

14.  Il  est  étroit  en  bas  et  large  en  haut  :  nami  rT:27a"?73  niSTp'i)  1T  n3"^Nnr: 
nbyn'57:  (Canl.  r.,  30,  sur  n,  13  . 

15.  j.  R.  II.,  n,  586,  I.  23.  Cf.  le  récit  de  Pes.,  11W>  en  haut.  Dans  j.  Rer.,  ii,  5c, 
1.  11,  11'?  docteur?  sont  as(»ii  soub  un  llirnier.  On  s'asseoit  couramment  sou»  le  Ryuief 
h  pM9i>  rie  «on  ombre  (Zaoh.,  m,  lo)i 


LA   FIGUE   EN   PALESTINE   A    L'ÉPOQUE   DE  LA   MISCHNA  219 

dans  laquelle  on  peut  se  dérober  aux  regards  '.  Dès  le  mois  d'Adar 
(mars),  la  couronne  atteint  son  plein  développement  2.  La  produc- 
tion de  chaque  arbre  est  naturellement  variable':  néanmoins  la 
grosseur  et  le  nombre  des  fruits  qu'un  arbre  produit  en  moyenne 
sont  un  objet  d'admiration  '.  Comme  tous  les  arbres  fruitiers^,  il 
ne  doit  pas  être  abattu  aussi  longtemps  qu'il  est  productif*'.  Il  est 
mauvais  pour  larbre  d'en  cueillir  les  fruits  à  contre-temps''. 

La  reproduction  du  figuier  se  fait  au  moyen  de  plants*^.  Le  jeune 
plant,  comme  pour  tous  les  arbres,  s'appelle  î^:'■'a^^  nom  qu'il 
conserve  jusqu'à  la  sixième  année'".  Le  jeune  arbre  est  traité 
avec  soin 'S  jusqu'à  ce  qu'il  pousse  de  grandes  racines'-.  Celles-ci, 
tout  en  étant  tendres  '•\  s'enfoncent  profondément,  même  dans  un 
sol  pierreux^'.  La jeunepousse  s'appelle, comme labouture,  mm-^'^ 

1.  Nathanaël  st-tonne  qu'on  le  voie  du  pied  du  figuier  (Jean,  i,  49,  51). 

2.  Sanh.,  18  è  en  bas  :  quand  le  bœuf  se  réfugie  à  midi  à  l'ombre  du  figuier  contre 
la  chaleur,  on  est  en  Adar. 

3.  V.  Scheb.,  i,  4  :  avec  les  fruits  d'un  seul  arbre  on  fait  un  gâteau  de  soixante 
mines  italiques  ;  on  envisage  aussi  le  cas  où  un  arbre  produit  beaucoup  plus  ou  beau- 
coup moins. 

4.  j.  Scheb.,  i,  33  6,  1.  33  :  rîa"in  n'*i3iy.  Sur  la  quantité  immense  (fort  exagérée 
d'ailleurs)  des  figues  en  Palestine,  v.  Be/-.,  44a,  1.  22  et  s.  :  rr^lU  "''îDO  î^lDI  Û"'Oï5, 
soixante  myriades  d'écuelles  de  thon  [non  de  thon,  mais  d'alose,  clupea  alosa.  Voir  mes 
Fiscknamen,  n"  51]  pour  les  cueilleurs  de  figues.  —  Cf.  Pline,  XV,  19  :  en  Hyrcanie  un 
arbre  produit  270  myriades,  soit  2360  litres  ;  idem,  VII,  2  :  dans  l'Inde  il  y  a  des 
arbres  qui  nourrissent  tout  un  escadron. 

5.  Voir  Monaisschrifl,  1906,  p.  579. 

6.  B.  K.,   91  b  en  bas:  un  homme  meurt  à  cause  de  ce  péché  (N53  NrDNn  "j^pl 

nsat). 

7.  Cant.  r.,  sar  \i,  -2:  ns"'!  nb  nc  nn3i3'3  nap'53u:  1WT3  HT  nrNnn 
n3"«Nnb  r-n  nb  yn  nnsiya  ntapbs  nrNu:  itstst  nrxnb. 

8.  KiL,  I,  8  ;  Orla,  i,  9.   Cf.  Gen.  r.,  xxxi.  (éd.  Theodor,  p.  284,  I.  10).  xvxvi. 

9.  T.  Scheb.,  i,  p.  61,  1.  16.  Il  parait  produire  de  très  bonne  heure  (Magerstedt, 
p.  193). 

10.  Ibid.  (U5'*5  nn)  ;  baraïta  dans  j.  Scheb.,  i,  33c,  1.  14  (u:ï)  nsa)  ;  j.  Orla,  i, 
61a,  1.  45. 

11.  Sur  l'entretien  des  arbres  en  général,  yoir  Monatsschrifl,  1906,  p.  574-578.  — 
On  arrose  le  jeune  arbre  par  en  haut  (T.  Scheb.,  i,  p.  61,  1.  19).  Le  figuier  adulte 
demande  moins  de  soins,  v.  Bauer,  op.  cit.,  p.  143,  qui  cite  à  ce  propos  un  proverbe 
des  Arabes  de  nos  jours,  p.  138  :  la  vigne  est  une  noble  dame  et  le  figuier  une  pay- 
sanne endurcie. 

12.  T.  B.  .M.,  IX,  p.  392,  1.  18  (jusqu'à  ce  qu'il  arrête  le  soc,  c'est-à-dire  qu'il  ait 
de  fortes  racines). 

13.  j.  Ab.  z.,iiï,  43a,  I.  20  ;  j.  fie/.,  ix.  14a,  1.  29.  [Gen.  r.,  iiir,  /.  f.,  p.  126 
Theodor.] 

14.  j.  Taan.,i,  646,  1.  13  ;  j.  Ab.  :.,  ibid.  ;  Yalkout,  II,  15  6.  Le  figuier  pousse 
souvent  sur  un  terrain  pierreux  (Palladius,  IV,  10  ;  Coluraelle,  V,  10  ;  Schneller, 
Kennsl  du  das  Land  ?  p.  95)i 

*8i  mn^-  »eol  :  J.  iWrtd*.,  tr.  BOrf.  1.  43,  4-5 1  ■^î'^xn  l^;»  ■nn*'^;  A^i/.,  t,  8;  Orlût 
)  9  i   Oukuin^  111,  8  I   »ou<^i  tS8  H  rn  haut,  180  6  |   T.  Kil.  /,  l,  071,  li  I»  (  n'^n^ 


220  REVUE    DES   ÉTUDES  JUIVES 

On  connaissait  l'art  défaire  reprendre  de  jeunes  pousses  arrachées  ', 
pourvu  qu'elles  adhérassent  encore  à  l'arhre  par  Técorce  ^.  Les 
branches  s'appellent  nmo^,  une  branche  porte  aussi  quelquefois 
le  nom  de  n-'aitt  '.  Le  bois  du  hguier,  plein  de  sève,  n'est  géné- 
ralement pas  employé  à  être  brûlé,  comme  provenant  d'un  arbre 
fruitier  -^  L'arbre  est  abattu  quand  il  nejproduit  plus  de  fruits  ^. 

Les  fruits  poussent  directement  sur  les  branches  '  aux  coins  des 
feuilles.  Leur  queue  s'appelle  yp-^y^,  plus  rarement  n'n:ûi::D^  son 
épaisseur  varie  suivant  les  espèces  ^^. 

rT'T  b'iO  :  j-  Ye/).,  v,  \5d,  1.  40  ;  b.  Yeh.,  i22b.  Appliqué  seul  à  TT3N  :  Orla,  i,  9  ; 
j.  Oda,  61c,  ].  5  ;  T.  Orla,  i,  p.  44,  1.  19  ;  j.  Kil.,  i,  27a,  1.  48.  Pluriel  ''•"lU'^'' 
D'iINn  :  T.  B.  A'.,  vi,  p.  356,  1.  13  ;  j.  B.  Â'.,  oh,  1.  66  ;  b.  B.  h.,  '69a,  parallèlement 
à  D''jD3  "^abl'D  et  par  opposition  à  l^iz  et  à  1013  [Surculus  (Varron,  De  re  rustica, 
I,  41,  4)  —  Le  mot  est  conservé  dans  Taraméen  chrétien  de  Palestine  ^Scliultliess,  s.  v. 
eiw~a<  avec  suflixe,  sur  Matth.,  xxiv,  32  x).â5o;  ;  Scliulthess,  Lex.  Syrop,  82). 
L'étymologie  reste  obscure;  la  racine  iriN,  proposée  par  Jastrow,  celle  de  ;^,  indiquée 
par  Levy,  et  celle  de  mn  sont  également  inacceptables.]  i.e  passage  de  Sanh.,  41a, 
en  bas,  «il  le  transperça  avec  une  branche  de  figuier»,  doit  s'expliquer,  d'après 
LOw,  par  une  impropriété  d'expression. 

1.  Sur  l'emplâtre  et  d'autres  remèdes,  v.  Monalssc/irifl,  1906,   p.  578. 

2.  Oukcin,  m,  8  ;  T.  Kél.  /,  i,  p.  570,  1.  15  ;  IhiilL,  128 i  en  haut,  129  6. 

3.  T.  Yoinlob,  iv,  p.  270,  1.9  (a"":"':<n  ^DIO)  ;  baraita  dans  j.  Beça,  iv,  62c,  1.25 
(D*'3''Nn  mDIO)  :  baraita  dans  Soitcca,  13  6,  1.  22  ;  T.  Maasser.,  m,  p.  84,  1.  23  ("<DTD 
m'^Xn).  Cf.  Lament.  r.,  s.  v.  □''"nn3  ;  Luw,  op.  cit.,  p.  390.  [Mattb.,  xxiv,  32  : 
OM.sa«c>.   Delitzsch  traduit  par  Ï^D'y,   mais  TT^DID  aurait  été  plus  exact,] 

4.  Tarn.,  ii,  3  :  r;;"'î<n  ?'û  nT^3~l73  d'après  la  leçon  de  l'Aroucb  (éd.  Lowe  : 
riTi3~n7:3  ;  la  même  leçon  [et  moins  bonne]  dans  Soucca.  iv,  5  ;  b.  Sottcca,  45  a  : 
Sifra,  76,  1.  20  ;  —  forme  araméenne  dans  j.  Scheb.,  i,  33c,  1.  15:  NP"'3~l73  N"^n 
■^T^Dn  N^nN  Nnj"'i<n,  «  une  branche  du  figuier  qui  porte  vite  des  fruits  »,  =  j.  Orla, 
I,  61a,  1.  45,  1.  :  NîT'TIW  (avec  a  adouci  comme  souvent  en  araméen  d'après  Levy). 
Dans  T.  Men.,  ix,  526,  1.  25,  passage  parallèle  à  Taan.,  ii,  3,  r;:"»i<n  blD  nv~l31?3 
est  à  corriger  en  m''3~l73.  [Levy.  a  rapproché  avec  raison  de  ce  mot  le  syriaque 
|£<.«dUo,  dans  Ez..  xvii,  4,  hébreu  mp*;"*,  Targoum  Nn«3;:3  ;  le  sens  doit  être 
celui  de  o  branche  »,  non  une  pousse  nouvelle,  mais  un  rejeton  ligniGé,  ce  <iufi  le 
Targoum  exprime  par  NP'OQO,  (Pseudo)  Saadia  sur  Rerach..  56,  éd.  Wertheimer, 
par  j.^1  v^^  .  glose  de  Nn'^n'd:.] 

5.  Tarn.,  ii,  3  ;  T.  Men.,  ix,  p.  526,  1.  23  ;  Sifra.  'h,  I.  20.  Il  s'agit  seulement  de 
certaines  brandies  qui  tombent  ou  qu'il  faut  tailler. 

6.  Luc,  XIII,  7. 

7.  Voir  le  passage  cité  n.  3  :  □■»3"'i<n  nnm  "^NH  ■'D10.  et  j.  Maasser.,  50a. 
1.  43,  45  mn^^). 

8.  Sanh.,  v,  2:  Cï'^iin  "'i^pTS-' :  Ou/icin,  i,  6.  Se  dit  aussi  des  figues  séchées 
n">-iaT-l5  et  de  l'esiièce  appelée  'j'^O'^b'D  (Oufccin.  ib.  ;  Ter.,  xi,  4). 

9.  Se  dit  seulement  des  nTO  m33  :  .-16.  z..  i.  5  :  j.  Ah.  z..  39c.  1.  35  (b.  Ab.  z., 
136  en  bas  :  mnuiaci  ;  14a  en  haut,  corrige  130  inTI-miUDI).  Krauss,  M,  441, 
veut  rattacher  n  tort  le  mol  à  "'T^U'^D.  uÉTaupov,  «  perciio  ».  L'étymologie  et  la  signi- 
licatiou  restent  douteuses.   Cf.  plus  loin,  ch.  v. 

10.  C'était,  parait-il,  un  critérium  {Sanh.,  41a,  en  bas  :   Y?"^  ÎT^Îtpi:»  IT  nS'^Nn 


LA   FIGUE   EN  PALESTINE  A   L'ÉPOQUE  DE   LA   MISCHNA  221 

L'arbre  peut  être  endommagé  par  les  oiseaux,  qui  picorent  les 
fruits  doux'.  Le  tronc  et  les  feuilles  doivent  être  débarrassés  des 
chenilles-  pour  que  les  figues  ne  deviennent  pas  véreuses^.  On  doit 
enlever  les  fortes  sécrétions  de  la  figue'*,  parce  qu'elles  peuvent 
faire  pourrir  le  tronc  'K  Une  maladie  propre  aux  figuiei-s  paraît  être 
récorcemenl  ^  ;  on  y  remédie  en  enduisant  les  parties  malades  de 
terre  glaise  '.  A  certaines  années  les  figuiers  produisent  peu  de 
fruits  ou  même  n'en  produisent  pas  du  tout,  ce  qui  peut  être  attri- 
bué aux  causes  les  plus  diverses,  par  exemple  au  défaut  de  féconda- 
tion par  les  insectes. 


IL  —  Le  fruit  et  les  soins  qu'il  réclami:. 

Il  est  défendu  de  greffer  une  espèce  de  figuier  sur  une  autre". 
Mais  il  est  permis  d'améliorer  une  espèce  en  greffant  des  branches 
meilleures  sur  des  arbres  sauvages  '.  De  la  greffe  il  faut  distinguer 
l'opération  appelée  fécondation  par  la  guêpe  du  chêne  à  galles. 
Comme  la  figue  fait  partie  des  plantes  unisexuelles,  dont  la  fécon- 
dation dépend  du  vent  et  des  insectes,  on  peut  en  augmenter  le 


1.  t.  Ter.,  vu,  p.  38,  L  26  :  rî^'^Nna  "ip^w  ~;1S"^^  HN"!  ;  Je  môme  pour  la  datte 
(ib.).  Cf.  Magerstedt,  p.  194.  Les  oiseaux  s'atta((uent  surtout  aux  extrémités  des  fruits, 
qui  sont  douces. 

2.  i.Ber.,  ii.  5c,  \.  15. 

3.  Baba  Batva,  vi,  2:  rirbinM.  Cf.  Pline,  XVII.  37.  C'est  sans  doute  duri 
insecte   de   ce  genre  (ju'il  saisit  dans  Sabb.,  90  a  en  bas  :    ■'3'^Nm  HD  ;    on  exairèrp 

d'ailleurs  son  action  :  5"'2Np  7! "in  i:nT^  13-n  rr^rp  ^TT'  mm  Ni^w'rn  Ninn 
W?  no  rr^bap  rrb  n7:x  a-'rxrn  •«::■'  V^^ip  ""2-.  n-'b  -irN  ■'r^n    Gi^'op..  x, 

46.  La  figue  ne  reçoit  pas  de  vers  [uxw/rXi  si  on  enfonce  la  pousse  xXdôo;)  qu'on  veut 
planter  dans  une  scille  (irxtXXa)  ;  Tlicopliraste,  II,  7;  Lenz,  293;  Pline,  XVII,  H; 
Atliéuée,  m,  p.  77  ;  —  Kilaïm,  i,  8.  J'examine  ce  passage  dans  mon  travail  sur  32£n, 
Levy-Feslschrifl,  47  et  s.] 

4.  Chez  les  Grecs  et  les  Romains  on  les  em|)lo.\ait  comnn'  présure  pour  faire  du 
fromage  (Iliade,  V,  902;  Pline,  XVI.  70). 

5.  T.  Scheb.,i,  p.  61,  l.  29:  1D">-in?:'^  ■':S73. 

6.  Ib.  :  nsbpn:^  nî'^iSr.  —  Sur  les  uunihreuses  maladies  du  figuier,  v.  Mager- 
stedt,  p.  194. 

7.  //<..  1.  30  :  Z''Vi:i  Y^'^- 

8.  j.  KU.,  27  6,  1.  8  :  nsn'î  r!;\Nn  -^aa  'z>y  n-nn'O  nD-^xn  n-'s-inb  -noN- 

Cette  défense  excluait  les  fantaisies  horticoles  en  usage  chez  les  autres  peuples. 

9.  On  le  défendait  seulement  pendant  l'année  sabbatique  (T.  Scheb.,  l.  c).  C'est 
ainsi  qu'il  faut  entendre  'J^3''1D~;73 .  Cela  n'a  rien  de  commun  avec  l'opération  dont  il 
va  être  question.  Par  arbres  sauvaires  on  entend  ici  réellement  des  plantes  non  culti- 
vées, femelles  et  non  mâles.   Cf.   .Hagerstedt,  p.  140. 


822  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

rendement  en  fécondant  artiûciellement  le  plus  grand  nombre 
possible  de  fleurs'.  A  cet  effet,  on  se  sert  des  branches  du  figuier 
sauvage  (mâle)  dit  caprin  {caprificusi,  qui  portent  les  œufs  du 
cynips  {Ci/nips  psenes  ou  Blastophaga  sycomori  Westi'^).  On 
suspend  ces  branches  ou  couronnes)  aux  branches  en  fleurs  des 
arbres  meilleurs  (capriûcation)  ^.  La  branche  qui  sert  à  l'opération 
s'appelle  mnn'.  Quand  les  insectes  surviennent,  ils  transportent 
le  pollen  sur  le  pistil  de  la  fleur  femelle  et  produisent  ainsi  la 
fécondation  '^. 
Les  figues  jeunes  (D''as)  sont  ointes  dhuile  pour  mûrir  plus  vite*, 


1 .  Un  arbre  ordinaire  qui  produisait  25  livres  avant  la  caprification  peut  en 
produire  ensuite  de  250  à  280  livres. 

2.  V.  Magerstedt,  p.  181-182,  où  l'insecte  est  nommé  ']/tîv,  culex  ficarius  (Pline, 
XI,  41).  La  littérature  talniudique  n'en  fait  pas  mention  et  il  est  invraisemblable  que, 
comme  le  veut  Lewysohn,  Zoologie  des  Talmud,  p.  305,  cet  insecte  soit  identique 
avec  celui  qui  est  nommé  rîD  dans  Sabbat,  90  a  en  bas,  attendu  qu'il  s'agit  cviilem- 
ment  dans  ce  passage  de  ligues  inûres 

3.  Elle  est  interdite  pendant  l'année  sabbatique,  T.  Scheb.,  i,  p.  61,  1.  30:  'J"<t< 
'J'^Jinn  'J'^bin  (pour  ainn  on  a  les  lectures  'J''?3inP,  1''31P  dans  le  Yerousclialmi 
[lire  '[■'Dirij,  T^ain  (Lijw,  p.  391,,  iTIin^.  La  branche  du  figuier  sauvage  (mâle) 
s'appelle  mnn  ;  cf.  i.,Scheb..  iv,  35/!>,  t,  3  :  n3"^5m  (?)  ~\'^'Z  n^Nm  -iirr"  Ti""» 
[pour  naC  il  faut  lire  nUTJ  lî^rT^LÛTD),  «  figuier  sauvage  »,  cf.  nurcjn  E]!?.  l'flan- 
zennamen,  109.] 

4.  V.  note  précédente  et  Low,  ji.  391-392.  En  syriaque  le  caprificus  s'appelle  JLsoL 
[Payne  Smitb,  4403).  —  Il  est  probable  que  mnn  a  pris  un  sens  dérivé  de  l'emploi 
de  la  biauclie  et  est  devenu  le  nom  de  l'arbre  niàle  en  général.  Low,  Jev: .  Encyclop., 
X,  80  (« 'J"'Dinn  M,  I^DTn  :  Caprificus,  ivild  varieties  of  ficus  carica  »],  paraît  y 
voir  aussi  le  nom  d'un  arbre  [Non  :  le  caprificus  est  la  plante  mâle,  la  figue  comestible, 
la  plante  femelle,  Helin,  6"  éd.,  p.  99]. 

5.  C'est  ainsi  qu'il  faut  entendre  la  question  tant  controversée  de  la  caprification. 
V.  les  travaux  du  comte  Solms  Laubach  et  l'addition  importante  dans  la  Botanische 
Zeilung,  1885,  n"  33,  36  («  Die  Geschlechtsdifferenzierung  des  Feigenbaums  »)  : 
a  11  est  vrai  qu'il  se  forme  aussi  assez  rarement  du  pollen  chez  le  caprificus,  mais  le 
plus  souvent  il  a  des  fleurs  mâles.  Cette  caprification.  qui  a  été  inventée  par  les  Sémites 
de  la  Syrie  et  de  l'Arabie,  est  la  condition  préalable  d'une  culture  rationnelle.  »  Cette 
théorie  de  la  nature  du  figuier,  qui  dislingue  des  arbres  mâles  et  des  arbres  femelles, 
ne  s'est  imposée  que  tout  récemment  ;  elle  constitue  un  retour  à  Linné  (Hehn,  p.  99). 
[La  capiificatioii  était  peut-être  indisiiensable  primitivement,  mais  aujourd'hui  elle 
n'est  pas  pratiquée  partout  et  il  semble  que  le  figuier  cultivé  ait  acquis  la  capacité 
de  produire  des  fruits  savoureux  et  dou\  même  sans  sauiioudrement  d€s  tleurs  et  sans 
formation  de  semences  i-'orniinatricrs  (Meyer,  Konversnlions-Le.vicon,  s.  v.  ficus). 
Z.D.P.  y.,  XI,  79] 

6.  Scheb.,  II,  5  :  DmX  a"'3p;73T  -"^^Dn  rî<  'j'^DO  ;  T.  Sckeb..  i,  p.  61.  1.  25. 
Cf.  Baucr,  op.  cit.,  p.  142  :  «  Pour  li;\ter  la  maturité  des  figues  en  juillet  et  pour 
pouvoir  apporter  le  plus  tôt  possible  au  marché  des  fruits  mi^rs,  les  fellahs  ont  cou- 
tume d'humecter  l'extrémité  des  figues,  lorsqu'elles  pendent  encore  à  l'arbre,  avec  une 
goutte  d'huile.  » 


LA   FIGUE   EN   PALESTINE   A   L'ÉPOQUE   DE  LA   MISCHNA  223 

et,  pour  mieux  faire  pénétrer  l'huile,  on  transperce  les  fruits  * .  Ce 
procédé  nétait  d'ailleurs  pas  en  usage  partout  ^. 


III.  —  La  cueillette. 

Les  «  fleurs  >>  ^  du  figuier,  si  l'on  peut  appeler  ainsi  les  ovaires  qui 
s'épanouissent,  sont  imperceptibles:  au  même  moment  où  il  a  ses 
ovaires,  ses  branches  se  remplissent  de  sève^  Les  bulbes,  d'abord 
vertes,  prennent  peu  à  peu  une  teinte  rougeàtre  (^n-i-iTH)";  elles  reçoi- 
vent alors  le  nom  denjD^  La  maturité  est  désignée  parle  verbe  'Dnn". 

1.  Ibid.,  T.  Scheh.,  l.  c.  \.  27,  où  il  faut  adopter  la  variante  ';-»3pD73  pour '{■'napT:. 
Ces  figues  s'appellent  mapir:  mDTO  D'^j^NP  j-  Bicc,  i,  63d,  1.  71).  —  Il  paraît 
que  les  Qgues  acquièrent  en  même  temps  de  cette  manière  un  goût  agréable  (baraita 
dans  Ah.  :.,  50/):  'J'^TsasT;;.  —  Peut-être  Palladius,  IV,  10,  songe-t-il  à  cette 
opération.  Cf.  Magerstedt,  p.  195.  [On  accélère  de  beaucoup  la  maturité  des  fruits 
lorsqu'on  leur  verse  dans  1'  «  œil  »  une  goutte  d'huile,  dès  qu'elles  ont  pris  toute  leur 
croissance  et  qu'elles  commencent  à  se  colorer.  Ce  procédé  est  tout-à-fait  infaillible  ; 
les  fruits  ainsi  traités  sont  mûrs  en  huit  jours,  les  autres  quinze  jours  plus  tard 
(Meyer,  Konversations-Lexicon,  s.  v.  ficus).] 

2.  Scheb..  L  c. 

3.  j.  Scheb..  V,  3:i(/,  1.  26  d'en  bas  :  Din,  qui  signifie  ici  «  avoir  des  ovaires  »  ; 
d'après  Fleischer  apud  Levy,  Neuh.  Wh.,  II.  260,  t  avoir  des  fruits  mûrissants  et  rou- 
gissants ))  (Cantique,  ii,  3).  [Il  ne  saurait  être  question,  à  proprement  parier,  de  fleurs, 
mais  seulement  de  l'apparition  des  embryons  des  fruits,  c'est-a-dire  des  bourgeons 
latéraux  en  forme  de  massue  ou  de  poire,  à  la  paroi  intérieure  desquels  sortent  les 
pédicules  en  fleurs,  dernières  ramilles  du  bourgeon  (Kerner,  P/hinzenleben.  1"  éd., 
II,  p.  143).  Voir  une  description  du  Uguier  fleurissant  dans  Bâcher,  A.b.A.,  134, 
partie  allemande.] 

4.  Matth.,  XXIV.  32,  et  Marc,  xui,  28;  cf.  Luc,  ixi,  29-30.  De  même  Maimonide 
expliquant  ITT^lT",  Scheb.,  iv,  7.  —  Cf.  Bauer,  p.  141. 

5.  Scheb.,  IV, 1  :  "in"<-iTrî  ;  M.  id-'-it"'.  Comment.  :  "l'îiOD  n'rnn  irJTT  ir"'!»". 
Simson  de  Sens  :  ttJncn  nb  mv\  ";tcV72  b^nb  n3^nn"'C/J. 

6.  Ibid.  ;  Cantique,  ii,  3.  Sur  le  mot  n5D,  voir  lAppendice  de  Low  à  la  lin  du 
chap. IV. 

7.  Scheb..  IV,  7  fbna  désigne  le  début  de  la  maturation]  ;  Maas.,  i,  2  (R.  Simson  : 
bma  ^Tip  abTJ3  nbnn  .  Dan»  j.  Muas..  I,  4SJ,  1.  32,  nbn-'n  est  expliqué  par 
m73"'~N73  nrr'D  Cj-'Xnn  b^2^  an"»;:  n72"^~î<"*",:;:c-  —  Dans  Sidda,  v,  7,  le  déve- 
loppement de  la  vierge  est  comparé  à  celui  de  la  ligue  :  la  [letite  enfant  correspond  à 
J13D,  la  jeune  lille  à  bm3.  la  vierge  formée  à  bl2'£  f'uit  à  terme)  ;  cf.  T.  Sidda,  vi, 
p.  647,  I.  24  (b''73X)  et  b.  Sidda,  47a  [sur  bnn,  syriaque  l^ova,  v.  Pflanzen- 
namen,  391  ;  Bar  Bahlûl,  Lexicon  si/riacuin,  413,  Duval  ;  arabe  Jo,  v.  Geiger, 
Jiid  Zeilaçhr.,  IX,  16,  n.  ;  Z.D.M.G..  f.,  291.  Déjà  bm3  dans  la  Miscliua  et  la 
Tossefta  de  Sidda  Haï  seul  a  bn2l  était,  des  Itpoque  talmudique.  un  mot  assez  rare 
et  qu'il  fallait  expliquer  ;  quant  au  mot  b72^,  il  était  alors  tout  à  fait  tombé  en 
désuétude  ;  c'est  sans  doute  un  terme  authentique  de  l'ancien  hébreu  pour  désigner  la 
figue  mute  (ou  le  fruit  mûr  eu  général),  mais  ou  ne  le  retrouve  pas  non  plus  dans 
les  autres  langues  sémitiques.]  —  llag.,  oa  :  ^^'Z  NbT  b^pO  TNP  ;  ~'s2'Z  est  uue 
expression  pour  «  mûrir  •  (v.  Levy,  n.  v..  III,  84(J.  734a),  au  propre  «arriver  au 
terme  ».    Bâcher,  Terminologie  II,  110  ;  syriaque  ï^ao,  «  mûrir  ».] 


224  REVUE  DÉS  ÉTUDES  JUIVES 

La    maturation    des    fruits    se    prolonge   jusqu'en    septembre'. 

La  durée  de  la  croissance  de  la  figue  est  ainsi  calculée  -  :  cin- 
quante jours  depuis  l'apparition  des  feuilles  jusqu'à  la  formation 
des  ligues  hàlives  (rudiments  des  fruits)  ^  ;  cinquante  autres  jours 
depuis  ce  moment  jusqu'à  ce  que  les  ciÀ'jvOo-.,  arrêtés  dans  leur 
développement  et  ne  mûrissant  pas,  commencent  à  tomber,  jusqu'à 
ce  qu'ils  deviennent  mbaiDn  iTT^uîn  '•  ;  cinquante  jours  encore  depuis 
ce  moment  jusqu'à  ce  qu'ils  puissent  recevoir  le  nom  deû"'3''Nn^;  la 
croissance  tout  entière  dure  donc  cinq  mois  ^. 

Ce  ne  sont  pas  seulement  ces  derniers  fruits,  les  figues  proprement 
dites,  qu'on  cueille,  on  fait  aussi  auparavant  la  cueillette  des  figues 
hâtives,  de  sorte  qu'on  peut  récolter  deux  '  et  même  de  temps  en 
temps  trois  fois^  en  un  an.  Ce  fait  a  valu  à  l'arbre  le  nom  de  «-is"'n'. 


1.  T.  Soucca.  II,  p.  193,  1.  20  :  à  lï-poque  de  la  fête  des  Tabernacles,  car  on  mange 
alors  des  ligues  et  du  raisin. 

2.  T.  Scheb.,ix,  p.  67, 1.  16  et  s.,  baraita  dans  j.  Scheh.,  v,  35 r/,  1.49.  Rechor.,Sa. 

3.  ihid.  :  Y^'sr,  ny  ]-^by  nî^^ir,r}. 

i.  /ètrf.,  m"52"i:  ITT';::  iy  n'^jan^û  ;  ms.  devienne:  m'?m:i  itt^o,  et 

baraïta  du  Yerouscii.  m2313  'j'^n'^C,  ce  qui  donne  au  moins  un  sens.  Sur  les  mots 
"JTT'O  et  mbDi:,  V.  ch.  V.  [La  seule  leçon  possible  est  n"l"32i;n  'jTI'^ïîrT  IV  ", 
T^rf'iD  est  une  corrufition  inadmissible.  Les  ô),uv6oi  qui  tombent  sans  être  mûrs 
s'appellent  en  syriaque  (Bar  BahliM,  64  Duvali  l^..-.  jj)L.  en  arabe  j^Jw  i)  ^^ÔJ!  ^j,^'.] 
3.  Ibid.  :  D-'D"'î<nn  IS  mrm:  T^rf',::?:,  lire  d'après  Liiw  (v.  la  note  précédente), 
avec  la  baraïta  du  Yerouscii.  "jT^'ûriTa. 

6.  Rabbi  réduit  chacune  de  ces  périodes  à  quarante  jours  {ibid.}.  —  Mais  comp. 
ce  qui  va  être  dit  du  nombre  des  récoltes  et  des  figues  à  maturation  difficile. 

7.  R.  H..  136.  I.  13  :  TîD-^n  mD''-|3  "^nu:  -UîiyO  l'2"^i«.  T.  Péa.  i,  18,  1.  28  et 
s.  :  nriND  "îriy^p?  'j''N  :  Prâ,  i,  4,  par  opposition  à  d'autres  arbres,  qui  n'ont  qu'une 
récolte  :  dattes,  caroubes,  olives  [Yahuda  :  Pour  les  dattes  les  botanistes  arabes 
indiquent  aussi  deux  à  trois  récoltes  ;  v.  Ibn  Sida  ou  Lisâti,   s.  v.  *j"  et     ../.  ] 

8.  Comp.  le  figuier  de  Chypre  (Magerstedt,  p.  181;  Pline,  XV,  16),  les  figues  de 
Chacis  en  Gœlésyrie  (Pline,  XV,  19). 

9.  Peut-être  aussi  est-ce  une  variété.  On  trouve  en  effet  chez  les  Grecs  une  espèce 
de  figues  nommée  ôiçopoi  (Magerstedt,  p.  186.  —  Variantes  :  NIST'1.  N~ID1T,  grec 
Siçopo;  (Krauss,  II,  p.  201.  oii  sont  réunies  toutes  les  leçons),  NIDT  iDemaï,  i,  1 
[Maimonide,  éd.  Zivi]  ;  Sclieb.,  ix,  4  [M.:  N"lD"^b]  :  j.  Scheb.,  ii,  39a,  L  45  ; 
T.  Scheh..,  VII.  p.  71,  1.  32;  p,  72,  I.  1  ;  pluriel  ■|">nDT'T  (j.  Scheb.,  ibid.  [éditions  : 
'}'^"1D*7,  D"^"1i:"îl:.  —  Etymologie  populaire  dans  Eroub.,  18a,  1.  32  :  n'-Uiy  'jb"'N 
m"l"'D  l"'"!  ;  de  même  dans  j.  Scheh.  Le  mot  se  dit  en  liébreu  d'autres  arbres,  v.  T. 
Scheb.  et  Eroub.,  IL  ce.  [Fr.fcnkel,  Z.D.M.G.,  LX,  369  :  JUj,>  (JU^J).  Dozy,  s.  v., 
indique  les  deux  formes  de  ce  mot  dans  le  manuscrit  de  Leyde  d'Ibn  al-Awwàm 
comme  nom  de  figue.  Du  passage  cité  par  lui  il  résulte  que  c'est  une  espèce  de  figues 
qui  mûrissent  avec  une  précocité  particulière.  Or.  l'arabe  moderne  a  un  mot  défiir 
qui  signifie  «  figue  précoce  •  (Lohr,  Der  vul;/ârarabische  Dialekt  von  Jérusalem). 
C'est  certainement  le  même  mot,  et  le  f  au  commencement  de  la  seconde  syllabe  est 
ainsi  assuré.  Naturellement  nous  avons  affaire  à  un  mot  emprunté  ;  il  vient  du  grec 
Sîtpopo;  (<7ux^  Siipopo;  est  attesté  maintes  fois)  ;  la  transition  est  faite  par  laraméen 
N"1D"«T  (Krauss.  II.  p.  201).] 


L\  FIGUE   EN   PALESTINE  A   L'ÉPOQUE   DE  LA   MISCHNA  225 

qui  primitivement  ne  désignait  sans  doute  qu'un  arbre  à  deux 
récoltes  par  an.  Il  existe  certaines  espèces  dont  les  fruits  ont 
besoin  de  deux^  ou  trois  ans-  pour|mùrir^. 

On  considère  comme  figues  de  la  première  cueillette  les  figues 
non  mûres,  q-^jd^.  Les  premières  figues  de  la  récolte  principale  s'ap- 
pellent m-i-^33^  ;  elles  tombent  facilement  des  arbres^  et  mûrissent 
d'avril  à  juin  ^.  Les  nTiDn  sont  très  estimées^.  Les  figues  de  la 
cueillette  principale  sont  les  D"'3''î<n.   Ensuite  viennent  les  figues 

1.  Schelj.,  V,  1  :  les  mNDIE  ne  mûrissent  qu'au  bout  de  deux  ans  ;  comment.  : 
a-'3"'«n  T^n.  Cf.  t.  Scheb.,  IV,  65,  L  20. 

2.  Scheb.,  v,  1  ;  c'est  l'espèce  nommée  mï3  P"1j2  (▼oir  ch.  v).  Cf.  Ah.  :.,  i,  5. 
Le  fait  pour  ces  arbres  de  ne  faire  mûrir  leurs  fruits  que  tous  les  trois  ans  est  consi- 
déré par  le  Midrasch  comme  un  mal  que  Dieu  guérira  un  jour  {Gen.  r.,  10). 

3.  D'après  nos  sources,  le  figuier  produit  une  récolte  au  moins  chaque  année, 
tandis  que   d'autres  arbres  sont  improductifs  à  certaines  années    (j.  Scheb.,   i,  336, 

1.35:  r::u5  bs  may  Nns-Nn  »ir,-\  hdo  n-id  TtT<D  v^î*  n35"'N  5=).    [En 

dépit  des  commentateurs,  je  tiens  cette  explication  pour  inexacte,  car  on  ne  peut  pas 
dire  des  autres  arbres  fruitiers  qu'ils  portent  des  fruits  une  année  sur  deux.  Le  sens 
est  plutôt  :  d'autres  arbres  |>ortent  des  fruits  année  par  année,  mais  le  figuier  toute 
l'année,  c'est-à-dire  constamment.  Dans  certains  cas,  les  ligues  sont  presque 
toute  l'année  sur  l'arbre  ;  voir  plus  loin,  p.  226,  n.  6.  —  «  Vers  la  fin  de  l'hiver  appa- 
raissent à  la  partie  supérieure  des  branches  de  l'année  précédente,  les  grossi  ;  toutes 
les  autres  flgues  naissent  des  coins  de  feuilles  des  branches  qui  se  sont  développées 
dans  la  même  année  ;  à  la  partie  inférieure  sont  les  forniti,  qui  mûrissent  avant  la 
chute  de  feuilles  ...  à  la  partie  supérieure  les  cralh-i,  qui  restent  après  la  rhûte  des 
feuilles  à  travers  l'hiver  »  (Meyer,  Konversalions-Lexicon,  s.  v.  Ficus).] 

4.  T.  Scheb.,  m,  p.  65,  1.  16;  Cantique,  ii,  13.  Cf.  chap.  v.  —  D''5D  désigne 
toujours  des  figues  que  ne  sont  pas  mûres.  Dans  T.  Schabb.,  xvi,  p.  135,  1.  18,  nSD 
est  mise  dans  la  paille,  ce  qui  ne  peut  avoir  d'autre  but  que  de  lui  donner  le  degré 
voulu  de  maturité;  de  même  j.  Pes.,  ii,  296,  1.  26  et  j.  Kil.,  i,  27  6,  1.  44  (où  bau 
doit  être  corrigé  en  l3n).  Cf.  aussi  Lév.  r.,  25,  où  "j^3d  est  employé  adjectivement  : 
«  dis  à  ta  mère  que  les  figues  sont  mûres  et  non  vertes  •  (p'^as  Nbl  1"'3"''iî33  'J'nm;. 
[Le  texte  ne  doit  pas  être  correct.] 

5.  T.  Dem.,  i,  p.  45,  1.  12  (on  les  appelle  ainsi  '\12^^0  173"'\a"«U5  ny)  ;  j-  Dem.,  i, 
21  c,  1.26  d'en  bas  ;  j.  Sota,  m,  19a,  1.  16  (nT>D3  nrt<n)  ;  pluriel  j.  fi.  //.,  i,  56ti, 
1.  19.  —  On  trouve  aussi  miD3  (Low,  Aram.  l'flanzeiinamen,  391  ;  Barth,  Nomi- 
nalbildunff,  .§37c;  en  arabe  SspiS,  qui  a  passé  en  espagnol  sous  la  forme 
albacora).  Dans  la  Bible  on  trouve  n:Kn3  miDS,  Os.,  ix,  10  :  Is.,xxvni,  4; 
Mi.,  VII,  1  ;  cf.  Jér.,  xxiv,  2  [Ter.,  iv,  6).  A  ce  nom  se  rattache  le  verbe  1D3  •  mûrir 
de  bonne  heure  »  [Bicc,  m,  1  [où  M.  a  d'ailleurs  n"nD3  rtî^Nn  >  :  j-  Scheb.,  ix,  39  a, 
1.  5,  qui  s'emploie  aussi  d'autres  fruits  {liicc.,  m,  1  :  llTOT  biD'CN)  ;  il  est  du  reste 
vraisemblable  que  rîmD3  désigne  primitivement  un  fruit  liàtif  en  général  (Sanh.,  916, 
en  haut».  —  Schnellcr,  Kennst  du  dus  Lundi  p.  241  et  s.,  dit  que  cette  ligue  est 
déjà  mûre  en  juin  et  qu'elle  est  alors  très  recherchée,  tandis  que  les  figues  ordinaires 
ne  peuvent  se  manger  qu'en  août. 

6.  Apocalypse,  vi,  13;  —  Nahum,  m,  12. 

7.  Résulte  de  l'histoire  de  la  malédiction  du  figuier,  Matth..  ixi,  18-20,  et  Marc,  xi, 
11-14  (d'après  l'explication  de  Schnillcr,  op.  cil.,  271-273\ 

8.  Gen.  r..  22  in  in.  ;  b.  Sanh.,  916,  1.  1.  Cf.  j.  Dem.,  u  2lc,  L  25  d'en  bas: 

-ittnuj  •y^'::i^T,  «bu:  ny  m-i"«33n  in  ib"'xi. 

T.  LXll,  N"  121.  l'' 


226  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tardives,  appelées  mo-^D  '  et  mDi'''iD7D  ^  ;  on  les  trouve  encore  aux 
arbres  en  octobre  et  novembre^.  Comme  elles  sont  souvent  appré- 
ciées avec  dédain,  il  est  certain  qu'elles  ne  proviennent  pas  de  la 
seconde  cueillette,  mais  qu'elles  mûrissent  après  la  cueillette  pro- 
prement dite^.  La  cueillette  principale  a  donc  lieu  au  milieu  de 
Tété  ^.  Il  se  peut  ainsi  qu'on  n'exagère  pas  en  disant  des  figuiers  du 
lac  de  Génésareth  qu'ils  fournissent  des  fruits  pendant  dix  mois 
sans  interruption  ^. 

L'époque  de  la  cueillette  est  déterminée  pour  chaque  arbre  et  elle 
doit  être  respectée  pour  que  l'arbre  n'éprouve  pas  de  dommage  '^. 


1.  T.  Scheb.,  m,  p.  6.j,  1.  16  (ms-'iO)  :  dans  Ter.,  iv,6;  T.  Ter.,  x,  p.  42,  1.  19, 
les  m"niD2  et  les  nTS'^'^D  sont  opposées  comme  étant  les  premières  et  les  dernières 
figues  de  la  récolte  principale  :    y^'^p  3>Ï»N-  —  T.  Oukcin,  III,   p.  684,  1.  8  :    "^as 

moion.  —  T.  Dem.,  I,  p.  43,  1.  12,  13  :  mD-<iDm  mTïDDr;  ('].  :  ms'^ino^o), 

avec  cette  explication  :  m^'iïpTan  n"5Dp"'T073  mQ"<"<or»  • . -"XTi  ibNT  [Dans  Gen.  r., 
22,  5,  p.  207,1a  leçon  ms"^"^0  est,  outre  l'Arouch  et  des  manuscrits,  celle  de  Bahya  et 
du  Lékah  Toi),  voir  Theodor,  adloc.  :  mais  ms^D  est  enraiement  attesté  par  des 
manuscrits.  Avec  deux  yod  dans  T.  Scheb.,  T.  Ter.  et  T.  Dem..  II.  ce] 

2.  j.  Dem.,  I,  21c,  1.  51  ;  opposé  à  Yj^'ù;  j.  Scheb.,  IV,  3oc,  1.  10.  —  De  la 
même  racine  dérivent  quelques  termes  isolés.  T.  Maas.,  III,  p.  85,  1.  13  :  nD'^ON 
D''5"'Nn,  les  fruits  qui  çestent  encore  à  l'arbre  à  la  fin  (se  dit  aussi  des  raisins,  ihid.). 
V.  Schwarz,  T  ose  fia  Seraim,  p.  333.  Le  texte  est  difficile.  Les  mss.  de  Vienne  et 
d'Erfurt,  comme  les  éditions,  ont  nOTD  [c'est  la  leçon  exacte].  La  baraita  de  j.  Dem., 
I,  21c,  I.  21  d'en  bas,  remplace  PDIO  par  un  verbe  :  D"'3''iSnn  nD'^TiDj  «  quand  les 
figues  tardives  ont  miiri».  La  baraita  de  b.  Ves.,  66,  1.  41,  a  ^DID  (ElTO),  ce  qui  vaut 
mieux;  la  même  forme  se  trouve  dans  j.  Yeb.,  xii,  12rf,  1.  43:  13132  OT'p 
■jifjno  b\2)  (1. 1D133)  [?].  Citons  enfin  tllOD^O,  j-  l'éa,  vu,  20  a,  1.  69  ;  j.So/a,  i.  Hft, 

1.  24;  IX,  246, 1. 33:  iD'»m:pT3  lï'^iDNC  'j-'pDnDTa  i:%-iinbi3  ns'îDwSO  qiODD  ns-». 

3.  Il  en  est  ainsi  aujourd'hui.  Comp.  le  proverbe  arabe  cité  par  Bauer,  p.  118. 

4.  Ces  appréciations  se  trouvent  dans  les  passages  de  j.  Péa,  j.  Sala  cités  dans 
l'av.-dern.  note,  dans  j.  Yeb.  aussi,  où  les  'J"'DTD  sont  représentés  comme  étant  sans 
valeur.  Voir  encore  Gen.  ?•.,  sur  xxii,  3  (p.  204Tlieodor)  :  rî<  bDlN  ^"^HW  3'n  0''"lit 
mCD  nN  ']b7ob  TDD^JT  mmaan.  Le  passage  qui  montre  bien  qu'outre  les  figues 
hâtives  et  celles  de  la  récolte  principale,  il  y  en  avait  aussi  do  tardives,  est  Ter.,  iv,  6  : 

Y^-çiri  ys£ttN3i  m^-iiom  m-nD-^na  nb^b^rt  nx  □•^-lyc;»  □■'p-12  rr^abuja  ;  de 

même  I.Ter.,  x,  p.  42,  1. 19  :  y2ï73M3  mmON  mD"'"'Om  m-nD33  -1731N  apy^  '"J 

m-iniT:  X^'pr\. 

5.  Ter.,  iv,  fi  ;  T.  Ter.,  x,  p.  42,  1.  19  :  Y'''?'^  yi:):^^. 

6.  Jos.,  Bell.  Jud.,  III,  x,  8.  La  comj^araison  faite  dans  h.  Éronh.,  54a-6  (?ia 
D-'rNn  n3  N1:17D  na  UJUJW?^  m^nu;  pT  bs  1T  rrr^n)  indique  la  richesse  et  la 
durée  de  la  récolte.  Cf.  Bauer,  p.  142  et  plus  haut,  p.  223,  n.  3.  [Yahuda  :  Même 
dans  la  contrée  de  Uébron  les  figues  sont  très  estimées  et  on  les  récolte  depuis  l'été 
jusqu'en  plein  automne  (fiu  novembre).] 

7.  Cant.  r.,  sur  vi,  2  (voir  plus  haut  p.  230,  n.  3);    j.   Ber.,  ii,   5c,  1.  16  :   b^S 

ncûpib  Nim  anpbb  nr^n  b\a  rsnïiy  ^-!7û■'N  riT*  rrr^nn  [ii  fallait  cueillir 

les  fruits  mûrs  avant  le  lever  du  soleil,  sans  quoi  ils  devenaient  véreux,  v.  j.  lier.,  \\, 
3c  :  □-)■(  ^33  nb  a">pb  V"'"'P  [Gen.  r.,  i.xii,  2  (D'^DOTS'  =  Canl.  r.,  vi,  2:  Koh.  r.. 
V,  11.  L'auteur  du  Matnol  heliouna.  sur  Lam.  r.,  m,  3,  croit  qu'il  s'agit  «les  fruits 
tombés);  j.  Maas.schéni,  v,36a,  1.  15  [Lam.r.,m,  3  ;  Crt/ii.r..  vi,  2)  :  «"'Dî^nb  >''"ip- 


LA   FIGUE   EN   PALESTINE   A   L  ÉPOQUE   DE  LA   MISCHNA  227 

Cependant  les  fruits  ne  mûrissent  pas  tous  simullanément  et  le 
même  arbre  porte  à  la  fois  des  figues  mûres  et  non  mûres  ^ . 
L'époque  de  la  cueillette  principale,  au  cœur  de  l'été,  se  nomme 
y-p^  ;  elle  embrasse  l'intervalle  qui  va  du  15  sivan  au  15  ab  (juin- 
août)  ^.  Sur  les  montagnes  de  la  Galilée  la  récolte  se  fait  naturel- 
lement plus  tard  que  dans  les  plaines  ^  Le  mot  y-p  se  dit  aussi  au 
figuré  des  fruits  récoltés^. 

Le  terme  le  plus  général  pour  désigner  l'action  de  recueillir  les 
figues  est  le  verbe  d:d  ''.  Le  verbe  :2pb  «  cueillir  »  '  désigne  l'action 

i.  Hag.,  o«,  L16  et  s.  :  lau  NDI  '^m  yp",an  rj^'^l  ^ZTI  p-'aUJ.  0>n.  r.,  XLVi 
in.  (d'abord  deux,  puis  trois,  etc.)  montre  aussi  que  les  Ggues  ne  mûrissent  pas  à  la 
fois,  comme  il  est  d'ailleurs  facile  de  le  voir. 

2.  Jastrow,  s.  v.,  le  dériTe  de  yip  ;  l'étymologie  est  douteuse.  —  Isaïe,  xxviii.  4: 
—  Ter.,  IV.  6:  Ned.,  vm,  4  ;  T.  Naz.,  i,  p.  284,  1.  7  ;  B.  B.,  m,  1  ;  T.  Xed.,  iv, 
p.  279,  1  12.  25  ;  —  araméen  NU^'^p  :  Yoma,  29  a,  1.  2  ;  j.  Maas.  r.,  i,  49a,  1.  10: 
j.  Tan.,  II,  63/),  1.  9.  —  j.  Scheh.,  v,  36a,  1.  9  explication  de  Scheb.,  v,  4)  n'a  rien 
à  faire  ici  :  il  faut  lire  "iNa^^ûp,  explication  de  a"^;is:"<p;^  n"^'D2C3.  —  V"*p  peut  avoir 
signiQé  primitivement   <<  cueillette  des  fruit?  v  en  irénéral. 

3.  D'après  B.  M.,  106  h,  1.  16  et  s.;  Gen.  r.,  xxxiv  ;  —  T.  Taon.,  i,  p.  21.";,  1.  13 
et  s.  D'après  une  autre  opinion,  du  l''  Tanimouz  au  1»'  Eloul.  Eu  Italie  ou  cueillait 
les  premières  figues  au  moment  de  la  moisson,  les  dernières  à  celui  de  la  vendange 
(Magerstedt,  p.  183). 

4.  T.  Ned.,  IV,  p.  279,  1.  23. 

5.  R.  B.,  m.  1  :  li:'>'«p  PN  023  ;  T.A'a:.,  i,  p.  284,  1.  7  :  y^p  ■^Ijpb'^nD,  à  lire, 
d'après  i.Naz.,  i,  51/;,  1.  23  d'en  bas,   V'^'^p  ■'C3pb73D. 

6.  Baraita  dans  Ned.,  61  h,  I.  23  :  B.  B.,  m,  1. 

7.  j.  Srrnh.,  V,  22  (/,  I.  18  ;  Kerl/.,  iv,  3  :  T.  Kev.,  ii.  p.  364,  I.  24  ;  T.  Ter.,  28, 
1.27  :  j.  Maas.,  iv,  31/;,  U  22  et  s.  ;  T.  Maas.  r..  n,  p.  82.  1.  29  {Kidd.,  n,  7)  ;  m. 
p.  83,  1.  18  ;  p.  84,  1.  12,  20  (T.  Edouy.,  ii.  p.  4.37,  1.  30)  ;  T.  B.  M.,  xt,  p.  397,  1.  12, 
13  ;  Gen.  r.,  xii,  4  (p.  100  Theodor)  ;  —  T.  /¥«.  i,  p.  18,  1.  27  :  iru^p'^  "l'^N  D'':-'Nn 
nriND  ;  —  araméen  l^-^pb  :  j.  Ber..  ii,  5c,  1.  12. 

[ïûpb  (biblique)  s'em[doie  avec 

31TN     T.  Para,    xi,    p.  640,  I.  7,  8; 
31-inN    T.  Ter.,  ii,  p.  27,  1. 10  ;  T.  Scheb.,  iv,  p.  67,  1.  19.  22,  25  ;  T.  Ouhrin. 
i,  p.  687,    \.  4  ;   Bicc,  ii,  6  ; 
-im    J.  Dem.,  2id.  1.  36  ; 
pybT     T.  Ter.,  v,  p.  32,  1.  78  ;    ' 
^Unp  ';■<■'     T.  Siiucca,  m,  p.  197,  1.  19;  T.  .Ueïla,  i,  p.  33S,  1.  12. 

pn-i     T.  Ter.,  m,  p.  29,  1.  12  ;  ii,  p.  27,  1.  8,  9  ;   T.  R.  II.,  p.  209,  I.  17  : 
T.  Scheb.,  vi,  p.  70,  1.  10,  11  ;  —  mpT^  :    T.  Scheb.,  v,  p.  68, 
1.  12,  23  :  VI,  p.  70,  1.  9  ; 
mn^     T.  Dem.,  iv,  p.  51,  1.  7; 
(m"'''n73  C*5C      j.  .Maaser.,  iv,  51  6,  1.  61  ; 
■jr     Mechilla,  47/;  ; 
myr     T.  Maas.  Sche'ni,  ii,  p.  88,  I.  17.  19;   T.  .1.  Z.,  vi,  p.  469,  1.  26,  27  ; 
•{■''C'îiy     T.  Oukcin,  m,  p.  688,  1.  29  ; 
rr^T'y     t.  Scheb.,  v,  p.  68,  1.  25  ; 

m73i:>'  j-  Nazir,  m.  32 1/,  I.  L"!  ;  T.  Sanh.,  ix.  p.  429,  I.  l'i.  ;  j.  Saiih.,  l-id. 
1.  54,  58,  60,  60  et  s.  ;  j.  Ves,  36/;,  1.  23  ;  T.  Meç).,  iv,  p.  226, 
1.  15; 


228  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

d'enlever  soigneusement  chaque  fruit  de  Tarbi-e.  Le  terme  spécial 
qui  indique  la  cueillette  des  figues  est  n"iî<'.  On  trouve  encore  "ns 
dans  le  même  sens'. 


3-ipy  yp-\y    j.  A.  Z.,  II,  40  f/,  1.  21  ; 
m"iT12C1  "icy     T.  Schal)b.,x\i,  p    135,  1.  17  ; 

Din^3>     T.  Scheh.,  ii,  p.  63,  1.  17;    T.   Voma,  n,  p.  189.  I.  23  ;    j.  B.  B., 
15  «,  1.11,  35  ; 

D"'nwyT  a"»i:y   t.  m.  k.,  i,  p.  230, 1.  2  : 

m-l-'ï:  T.  Schabb.,  ii,  p.  113,  1.  10  ;  xvi,  p.  135.  I.  15  ; 

';-'-n"l"iD  T.  Bec,  VI,  p.  13,  1.  18  ; 

D"'naNT    m-'bp  j.  Ket.,  II,  26r/,  l.  71;  j.  Kidd.,  i,  60c,  1.  30  : 

•jiNI^P  T.  Sanh.,  xi,  431,  1.  25  ; 

nl;D1U3-'P  T.  Scheh.,  ii,  p.  63,  1.  18  ; 

-I3DD-1  nnu:  Ibid.,  p.  62,  1.  29  ; 

a-^-nrC  T.  Ket.,  V,  p.  267,  1.  9  ; 

D"^j^î<n  voir  plus  liaut.] 

1.  Scheb.,  I,  2  et  j.  Scfieb..  i,  33  6,  1.  8,  1!)  :  ^hO'\  mi^n  :  —  T.  Schabb.,  ix, 
p.  123,  1.  3  ;  baraita  dans  j.  Schabb.,  vu,  9  c-,  1.  6,  10a,  1.  35   :    "iJlinm  HSilprî 

liiip  mu:»  pribis  n-iiNm  ^nbnm  -niai  ponri  ;  bar.  dans  Schabb.,  12  b, 

I,  29;  B.  M.,  89  b,  l.  12  (variante  :  li-my)  :  T.  B.  B  ,  iv.  p.  403.  1.  26-27  ;  j.  B.  B., 
V,  loa,  1.  58-59;  B.  B.,  82/v,  1.  i.  Gen.  r.,  xlvi  in.,  montre  qu'il  s'agit  là  aussi  de 
cueillir  les  Ogues  une,  à  une.  —  Dans  Npmbr.  r.,  xx,  7,  le  mot  niN  (Nombres, 
XXII,  7)  est  interprété  rj;"'Nnn  TN  miN  NinC  D^ND-  [Yelamdénoxi,  R.  É.  J., 
XIV,  94  ;  Tanhouma,  éd.  Buber,  Bahik,  6;  TanJiouma,  Balak,  4;  Midr.  Agada, 
ad  loc,  p.  113  Buber.] 

2.  [.Non.]  A'ejf.,  11,  4,  à  côté  de  D"'P^T  pD173  [signifie  ici  a  piocher  «,  v.  Maïmonide 
et  R.  Simson,  ad  loc]  ;  —  T.  Scheb.,  viii,  p.  72,  1.  15  et  s.,  avec  "I2t3  et  pD73i 
T.  Maas.  11,  p.  83,  1.  22,  avec  -n^  et  'POW,  indiquent  clairement  une  cueillette 
de  figues.  De  même  T.  Scheb.,  via,  p.  72,  1.  17,  où  la  récolte  et  la  préparation  des 
figues  sont  décrites  brièvement  :  on  loue  des  travailleurs,  on  cueille  (my)  les  figues, 
etc.,    B.  M  ,   89  6,   1.  12  (dans  les  éditions  on  a  aussi  'j'^mN  ;  Sifra.  636  ;  T.  Maas., 

II,  p.  83,  1.  19,  22  ;  T.  Ber.,  iv,  p.  12,  1.  18.  Ailleurs  ce  verbe  signifie  sarcler  :  B.  K.. 
119  6,  l.  3  d'en  bas   ^rnpT'n  "n^');   Scheb.,  11,  2  (mxCpT^n)  :  de  même  j.  B.  B., 

III,  14  a,  1.  21.  ["ny  ne  signifie  jamais  sarcler,  arracher  (avec  la  main)  les  mauvaises 
herbes  (U33"'j).  mais  piocher  avec  la  pioche  (Vogelstein,  Landwirtxchaft.  37,  où  l'on 
trouvera  les  textes;  ajouter  j.  Maas.,  11,  50a,  1.  12  (miyn),  T.  Scheb.,  11,  p.  63, 
1.  19  (-imy);  T.  B.  M.,  VII,  p.  386,  l.  4,  13;  B.  M.,  896  (miyb)  ;  Mechilla,  416, 
1.  33:  j.  Schabb.,  vu,  9r/,  d.  l.  ("nj'Ta'..]  Mais  c'est  surtout  l'expression  •yiy 
mp"T^3  qu'il  est  difficile  d'exiiliqucr  ainsi  :  on  ne  peut  pas  soigner  les  légumes  avec 
la  pioche. 

[L'exposé  présenté  dans  les  deux  notes  qui  précèdent  est  inexact.  Le  terme  tech- 
nique pour  la  lécolte  des  figues  est  mN  (Biicliler,  Am  ha-Aies,  217,  n.),  qui,  d'après 
l'ingénieuse  conjecture  du  Gesenius,  14'  éd.,  se  rencontre  déjà  dans  Isaie.  xxviii,  4, 
dissimulé  dans  nN"in  (Saadia  voulait  le  retrouver  dans  mT'NTS,  Isaie,  xxvii,  11. 
voir  Gciger,  Wissensch.  Zeilschr.,  V,  284).  Les  termes  tochnlques  pour  la  récolte  des 
ditl'ércntes  espèces  de  fruits  sont  :  mN  pour  les  figues,  na  (■^^5)  pour  les  dattes, 
"1ÎÏ3  pour  les  raisins,  pD7J  pour  les  olives.  Là  où  nos  textes  portent  ")iy  ipiand  il 
s'agit  de  la  récolte  des  ligues,  il  faut,  avec  R.  Elia  Wilna.  restituer  ms  :  T-  Ber., 
iv,  p.  11,  1.  18  (où  la  remarque  de  R.  Klia  manque):  T.  Maas.,  11,  83,  1.  22; 
Maaser.,  896  (l'Arouch  et  un  ms.  apud  Rabbinowicz  ont  conservé  "J^IIN);  T.  Schabh., 


LA   FIGUE   EN    PALESTINE  A   L'ÉPOQUE  DE   LA  MISCHNA  229 

Le  verbe  n^p  '  ou  y^p-,  «  couper  »,  peut  aussi  comprendre  le  fait 
de  couper  les  figues  de  l'arbre.  On  ne  peut  dire  si,  par  y^:i.p'>z^,  le 
couteau  à  figues,  il  faut  entendre  aussi  un  outil  servant  à  couper 
les  figues  ou  à  tailler  l'arbre.  La  fin  de  l'été  est,  dit-on.  marquée 
par  le  fait  de  replier  le  y^^£'p'a^. 

Dans  les  plantations  étendues  il  était  naturel  qu'on  louât  des  tra- 
vailleurs pourla  cueillette '.  Celui  qui  cueille  les  figues  s'appelle  y^]?*^. 
Il  semble  avoir  porté  pendant  son  travail  une  sorte  de  jambières  ' 


IX,  p.  123,  1.  .3  (mi3>m  est  une  mauvaise  lenon]  ;  j.  Schuh/).,  vu,  9c,  1.  1,  10a, 
1.36;  Schafib.,  73  A  (R.  Hananel,  sur  74  «,  lit  nilN");  T.  Scheh.,  vni,  p.  72,  1.  17; 
Nahmanide,  Behai\  108  6,  lire  ■{-■"lIN  pour  "["^miy  (la  correction  de  R.  Llia  indiquée 
dans  l't'd.  Romm  est  une  faute  d'impression  :  lire  ^i^îî  pour  l'^^Tn)  ;  —  nV373 
ibOT  rn-nxr:  :  Scheh.,  i,  2  ;  j.  Sclieh.,  33  6,  1.  8,  19  ;  T.  B.  B.,  iv,  p.  403,  1.  26-27  ; 
j.  B.  B.,  v,  loo,  1.  o8-ba  ;  B.  B.,  82Z»,  1.  1  (Rabbinow.  :  TTlN,  c.niino  Mafîen. 
Kehounna  sur  Nombres  r.,  xx.  7,  quoique  le  niùiiie  auteur,  sur  Gen.  r.,  xlvi  in., 
cite  miN'  :  PT^TIN.  nom  d'action  de  rT"lN  (Bâcher,  Tanchum,  140  ;  Levy,  s.  v.)  — 
Malgré  Levv.  111.  238,  et  Jastrow,  834,  1439,  il  faut  rattacher  à  notre  terme  le  passage 

de  j.  Maasser.,  i,  49a.  1.  11  :  nirpi^jnc  r:''"';c  m-m?:  1-n"<'i:73.] 

1.  Scheb.,  VIII,  6;  Sifra,  106a.,  I.  3:  r!:i:pn733  imx  )'''Z^•p  '\''H  (pour  riiipi^û 
lire  yi^piû  :  on  ne  doit  pas  couper  avec  le  couteau  à  figues  [mais  ;ivec  l'épée  ; 
usage  archaïque  à  cause  de  l'année  sabbatique).  Vu  le  contexte,  il  est  vraisemblable 
qu'ilsagitde  couper  les  figues;  mais  comp.  ce  qui  est  dit  de  "^"^rip  :  —  j-  Sc/ieb., 
vm,  38  6,  1.  2.Ï  :  Para,  vu,  12;  Maas.,  m,  1  :  mirp'^  1"i^n2  DTNn  "l^D^Tan 
signifie  probablement  "  pour  en  faire  des  m3'"^2ip  (cf.  ch.  vu)  et  il  faut  lire  yiltp?  ; 

—  Maas.,  II,  7  :  r,-j:-''i^';>r,  r^yo,  lire  rty:ij>rt;  mjcp'î,  hre  mirp'?.  Dans  y-py 

nnoa  "S'^XP  ibaraïta  dans  B.  A'.,  70  b,  1.  21  ;  San/i.,  Ha  en  bas)  le  sens  de  vpy 
est  douteux.  —  T.  Teb.  Yom.,  ii,  p.  686.  1.  3,  un  texte  a  '5C3i;,  un  autre  rtmp  (ici 
«  couper  »). 

2.  T.  .Maas.  r..  ii,  i».  84,  1.  1  ;  Ber.,  44a,  1.  23  ('n  •'illTipl  ;  R.  M.,  21  h,  1.  13 
d'en  bas.  même  sens  que  nilp- 

3.  T.  Dem.,  i,  4.5,  1.  13  ;  j.  Dem.,  i,  21c,  1.  24  d'en  bas  ;  Scheb.,  viii,  6  (éd.  Lowe  : 
rîXpi72)  ;  j.  Scheb  ,  viii,  38  6.  1.  25;  Men.,  oib  en  haut,  35  a,  1.  5;  Ned.,  viii,  4; 
Sed.,  61  b  en  bas,  62  a  en  haut.  Cf.  ch.  vu  pour  la  véritable  signification. 

4.  Cf.  dans  la  note  précédente  les  passages  de  j.  Demai  (explication  de  mD''"'073), 
\ed.  et  T.  Déniai.  —  On  trouve  la  variante  rîiîp173  dans  Scheb.,  vm,  6;  j.  Scheb. 
viii.  38  b.  1.  25. 

5.  a'>b3>lD  :  B.  .)/.,  VII,  4;  7?.  M.,  896,  i.  12;  Maas.,  ii,  7  ;  m.  12  ;  T.  Maas.  r., 
Il,  p.  83,  1.  19;  T.  Scheh.,  vm,  p.  72,  1.  17  ;  —  T.  Ber..  ii,  p.  4,  1.  3  et  s. 

6.  Dénominatif  de  y^p.  «  récolte  des  fitrues  »;  T.  Eronb.,ui,  p.l42, 1. 19  ;  T.  Soucc,' 
I,  p.  192,  1.  15;  j.  Kidd.,  iv,  66(Z,  1.  8;  Kidd.,  82  6,  1.  13;  j.  Ber.,  iv.  8  c,  1.  36;  — 
araméen  îo^'^p  :  j.  Schabb.,  vt,  8c,  1.  15  d'en  bas:  —  on  trouve  aussi  V^lp  .'  Ber., 
41  a.  1.  23  cf.  p.  218,  n.  12).  [y-^p  "D::,  Midr.  Tunnaim,  p.  22  Hoffmann;  T.  Kidd.. 
V,  p,  343,  note  sur  1.  13  =  j.  Kidd.,  iv,  66  rf,  1.  8:  Kidd.,  82  6;  Z.  S.  T.  VV. , 
\I,  168.] 

7.  Kél.,  XXIV,  13  :  'j''SÏ''p  1"^rp"ID  (D'après  R.  Simson,  il  s'agit  de  celui  qui 
ramasse  les  épines)  ;  Frànkel,  apitd  Krauss,  II,  496  [7:£p'.y.viG!i.'.ov,  «jambière  »]; 
T.  Kél.,   II,  II.  p.   592,   1.  27  :  p-^'j^-is;  —    Ke'l.,  xxvi,  3  :  br  myaaSNn  -•'n  53 


230  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

et  un  tablier  ^  A  l'époque  de  la  récolte  il  dormait  dans  le  champ  *. 
Pour  le  transport  des  figues  du  champ  à  la  maison  on  employait 
parfois  des  ânes  ^.  Le  travail  relatif  aux  figues  (recueillir,  etc.)  est 
rendu  par  l'expression  D"^ri»nn  ne:?  '. 


IV.  —  Données   gi':ographioles. 

Gomme  pour  les  olives,  il  peut  y  avoir  eu  pour  les  figues  des 
endroits  qui  se  distinguaient  par  la  qualité  particulière  de  leurs 
fruits  et,  si  nos  sources  en  ont  moins  conservé  les  noms,  c'est  sans 
doute  parce  que  les  figues  n'étaient  pas  utilisées  dans  le  cuite, 
sauf  qu'on  offrait,  comme  pour  les  autres  sortes  de  fruits,  les 
prémices. 

On  semble  avoir  cultivé  le  figuier  dans  le  pays  tout  entier,  aussi 
bien  en  plaine  qu'en  montagne.  La  plaine  fertile  du  lac  de  Génésa- 
reth  produisait  des  fruits  particulièrement  beaux"'  ;  on  loue  surtout 
Tibériade  ^  et  la  région  de  Sepphoris".  Dans  la  première  ville  on 
trouvait;  principalement  l'espèce  dite  mî«o"iD*;  de  la  seconde  on 
vante  beaucoup  lés  l'^n'^o''.  On  devait  aussi  cultiver  les  figues  en 
grande  quantité  dans  la  région  des  villes  de  Lydda,  Ono  et  Benê 
Berak*». 

Si  l'on  fait  abstraction  de  certaines  localités  citées  occasionnel- 
lement et  dont  les  figues  ne  doivent  pas  nécessairement  avoir  été 

1.  Mikv.,  IX,  7  :  Vif"'?  ^^  nnc::». 

2.  T.  Eroub.,  m,  p.  142,  1.  19;  T.  Soucca,  i,  p.  192,  1.  15. 

3.  B.  M.,  VII,  4. 

4.  j.  Maas.  schéni,  50a,  I.  27  d'en  bas  ;  /i.  .V.,  vu,  4.  —  Ned.,  50  6,  1.  29  :  rt^^y 
"[•^DonbaD.  Voir  ch.  v. 

5.  Josèphe,  Bellum,  III,  i,  8;  —  j.  Bicc,  i,  64  6,  I,  44  noi3"'a  nypa). 

6.  j.  Scheh.,  v,  35  (/,  1.  24  d'en  bas. 

7.  j.  Scheb.,  ibid.  Sur  la  quantité  immense  de  fruits  qui  s'y  trouvaient  v.  Ket., 
111  b  en  bas,  et  Meg.,  6  a,  1.  34  et  s.  (où  le  mot  ûijiNn  manque,  mais  doit  être  resti- 
tu,é).  Cf.  iNeubauer,  La  Géographie  du  Talmud,  p.  191.  —  De  mùme  j.  Bicc,  i,  64  6, 
1.42.  —  Aujourd'hui  on  remarque  surtout,  d'après  Bauer,  op.  cit.,  p.  142,  «  la  con- 
trée de  Bethléem,  Bét  Zàhoûr,  Béthanie,  Béthel,  Ain  Yabroud  jusqu'au  commencement 
de  la  plaine  deîîablous  ». 

8.  T.  Scheb.,  iv,  p.  65,  1.  21,  si  du  moins  il  s'agit  bien  de  ligues.  Voir  plus  loin, 
ch.  V,  la  note  de  Liiw. 

9.  T.  Dem.,  i,  p.  45,  1.  9;  J.  Dem.,  i,  21  c,  1.  22  d'en  bas. 

10.  C'est  le  texte  de  Keloub.,  1116,  en  bas;  même  les  chèvres  y  en  mangeaient, 
dit-on,  et  on  ajoute  qu'on  y  marchait  jusqu'aux  chevillos  dans  le  miel  de  Jisrue.-;  (non 
de  dattes,  l'omnie  le  veut  Neiibauer,  up.  cit.,  78).  Cf.  .Neubauer,  p.  86. 


LÀ  FIGUE   E.\   PALESTINE   A   LÉPOQUE   DE   LA   MISCIINA  231 

(l'une  qualité  particulière',  on  trouve  encore  à  relever  les  figues 
hâtives  de  Maron^  et  de  Bêthyàn  ^. 

Les  localités  de  Keïla  et  de  Boçra  fournissaient  des  gâteaux  de 
figues  (nb"«m)  de  qualité  supérieure^;  ceux  de  Keïla  avaient  une 
vertu  enivrante"'. 

Les  noms  de  lieux  qui  ont  quelque  rapport  avec  la  figue  sont  peu 


1.  Par  exemple  Barberit,  j.  M.  A'.,  m,  SI  //,  I.  30  d'en  bas  ;  M.  A'.,  \1  a  :  b"aï)1 
rr^iaina  ("["^rrii  1"':in  "'^■'■'yTÛ  mn-  f^f.  Neubauer,  op.  cit.,  p.  300.  D'après  Rapa- 
port,  Erech  Millin,  p.  29,  i-'est  P.arbalismus  dans  la  région  d'Alep  (!). 

2.  Ex.  )•.,  V,  2  :  inTa  "^a^,  corruption  de  'JTlW.  V.  Jastrow,  p.  839. 

3.  T.  Scheh.,  vu,  p.  71,  1.  30  :  i:Ni  rT'a  "^33  (variantes  :  ■^:'i  îT^a  et  ■'3nN)  ;  dans 
la  baraita  de  Pes.,  53  â,  I.  13,  on  lit  ■'3'^rî  n"^3  "'3D  (var.  "^siTri  n"'3,  M.  :  ■»3n'^"'3). 
L'identification  traditionnelle  avec  la  Béthanie  des  Évangiles  est  contestée  par  Fenner, 
Z.  D.  P.  r.,  1906.  p.  154  et  s.;  il  fait  remarquer  que  la  legon  ^jT!  est  fort  incertaine 
et  qu'à  Béthanie,  contrairement  à  Pes.  et  parallèles,  les  figues  mûrissent  plus  tôt 
qu'ailleurs.  La  seconde  objection  n'est  pas  péreniptoire,  car  le  texte  talmudique  ne  dit 
pas  que  lus  figues  mûrissent  tard,  mais  qu'elles  restent  plus  lonïlemps.  L'identifica- 
tion de  Bethphagé  (voir  plus  loin)  est  également  fausse,  d'après  lui.  [La  véritable  leçon, 
qui  est  ■'3T"'3  "^32,  résulte  de  T.  SckeO.,  vu  ("^SN^rT'n,  ■^D'^Tl"'3,  ■'j^'<n">'i3,  ainsi 
vocalisé  dans  les  manuscrits  et  en  un  seul  mot),  Pes.,  33  «  (ms.  M.  :  iDn"''^3  ;  H.  Ha- 
nanel  :  ■'Din"'3)  et  Erouh.,  28  6  CjTTT^a;  R.  Han.  :  -^INT  rT'n  ;  ms.  M.,  mss.  et 
Kaftor  wa-Férah,  p.  291  Luncz).  Distinct  est  pn  rr^n  bu3  nT'Sn  dans  Sifrê  II, 
103-106,  93 /j  en  bas;  j.  Péa,  i,  16  c,  1.  36  (où  il  faut  lire,  avec  Benveniste  et  Fulda, 
n'3  et,  avec  Fulda,  pn,  non  pn  ^33);  B.  M.,  88  a,  dans  un  ms.  upud  Rabbinowicz, 
mais  changé  en  l3n  (ms.  M.  et  éd.  :  I3"^n).  C'est  dans  ce  dernier  mot  qu'on  a  voulu 
voir  Béthanie  (p.  ex.  Otho,  Lex.  rabb.,  84)  ;  mais  il  n'est  pas  sûr  que  ce  soit  un  nom 
de  lieu  et  ce  pourrait  [être  un  nom  de  famille.  Quant  à  *]"'n''3  (difficilement  Bètîn, 
pour  Bèthél,  comme  le  croit  Socin,  p.  243),  cette  localité  ne  doit  pas  être  située  prés 
de  Jérusalem  ;  les  termes  même  du  texte  empêchent  de  la  rapprocher  de  Béthanie  et  il 
semble  (ju'il  faille  la  chercher  en  (jalilée,  car  c'est  à  la  limite  méridionale  de  cette  pro- 
vince qu'est  sise  la  localité  nommée  à  côté  :  {S"':3i:3,  Tuubauia  (au  nord  de  Belh 
Schean,  Kaftor  va-Féra/i,  p.  291  Luncz  :  î<'^j31C3]  =  Ain  Tabaûn  (sur  la  carte  de 
Fischer-Guthe),  ailleurs  Ain  Gàloûd,  source  de  Toubania  (Sepp,  II,  61;  Robinson,  III, 
400).  Fenner  a  donc  raison  de  mettre  en  doute  l'identification.] 

4.  j.  Bicc,  m,  63  c,  1.  19  :  n"»"li'13,  nbvp.  —  nb^^'p  (Josèphe,  Aitliq.,  XV' 
44  :  xeïXâ,  xc£i),â)  est  situé  dans  la  plaine  de  Judée  ;  aujourd'hui  Kila  (cf.  Josèphe, 
Anliq.,  VI,  nu,  1  :  y.î),Xa  ;  v.  Boettger,  Topograph.  Lex.  zu  Jos.,p.  90).  Voir  sur  ces 
villes  Neubauer,  op.  cit.,  p.  132  et  2;J4.  Boçra  est  une  ville  située  de  l'autre  côté  du 
Jourdain  j.  Dem.,  ii,  22  6,  en  bas).  De  ce  gâteau  de  figue  on  «lit:  N^n  npin'CJ,  il  était 
donc  recunnaissable.  Voir  ch.  viii. 

3.  Sazir,  4«,  1.  12;  San/t.,  70 />  en  bas;  Voma,  76  o,  r/.  l.  Herzfeld,  Unndelsge- 
schichle,  p.  27,  attribue  cette  vertu  à  une  essence  (?).  [n"'b^>'p  rib^3T  n'est  pas  abso- 
lument une  essence  ;  c'était  un  gâteau  de  ligues  dont  la  forte  teneur  en  sucre  s'était 
transformée  en  alcool.  T.  Kerit.,  i,  p.  .•J62,  1.  37  ;  Kerit.,  13  6  et  6  passages  parallèles 
dans  le  Babli  portent  b3î<.  Aujourd'hui  encore,  les  figues  conservées  longtemps  déga- 
gent une  odeur  et  un  goût  fortement  acides.  Les  Juifs  du  sud  de  la  Tunisie  boivent  une 
eau-de-vie  de  figues  appelée  «  bouha  »  (Grunwald,  MilieilunQen,  XVIII,  85).]  Enfin, 
ces  gâteaux  de  figues,  dont  Neubauer  fait  des  dattes,  n'avaient  pas  de  «  vertus 
toxiques  ». 


232  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVE? 

nombreux.  On  mentionne  la  ville  de  nD"^Nn  i"':?  ^  elle  faubourg  de 

Jérusalem  appelé  Bethpbagé  (■•aiîD  n-«3)  -.  La  ville  de  n:i72p«  paraît 

devoir  son  nom  à  des  sycomores^. 

Félix  Goldmann. 


APPENDICE 


BETHPIIAGE. 


[/.  —  Bar  Bahlùl,  éd.  Duval,  1486;   Payne  Smith,  3028:  JLi;^  JL^Ls 

)J^.-.îo)   A.îit^3   J^^^o)   )J^^Vo)9  ;     Audo    :     Jl^=lJ^^9o)   Kiv3. 

Lex.  Adl.,  apud  Payne  Smith  et  Cardahi  :  J^j^^  Afi^lâ  JLj»-©.  Bar  Ali, 
apud  P.  Sm.,  493  :  ^>j^kJî  JaoÀ^  )Jts-.Vo)  ^*i£^3  «  jl^  ^«o. 
P.  Sm.,   3164:    i>:?;lajî  Afi^lï  ^.  Bar  Ali,   Bar   Bahlùl,   Hunt,  I^x.  Bibl., 

1.  Ko/i.  r.,   sur  m,  2.  D"après  Neubauer,  p.  2-21,  n.  7,  peut-être  identique  à  ^Ji^ 

2.  Syriaque  i^â^.^,^  grec  p-/)6yayô,  situé  sur  le  Mont  des  Oliviers  (Luc,  xix,  29  ; 
Matth.,  XXI,  1),  voir  Neubauer,  p.  147.  La  proximité  de  Jérusalem  résulte  aussi  de 
Sifré,  35a  en  bas;  —  Sola,  45  «,  1.  7  :  i^D  rT'n  ;  T.  Pes.,  viii,  p.  169,  1.  o:  Men., 
XI,  2  ;  —  de  Pes.,  63  /;,  1.  8  ;  91  a,  1.  14  ;  Men.,  78  6,  1.  9  ;  B.  M.,  90  a,  1.  26,  il  résulte 
que  cette  localité  fut  comprise  plus  tard  dans  la  ville  (Neubauer,  p.  149).  —  Le  figuier 
maudit  par  Jésus  (Marc,  xi,  11-14;  cf.  Matth.,  xxi,  18-20)  est  planté  dans  la  même 
région,  à  Béthanie.  Voir  la  bibliographie  indiquée  dans  VEncycl.  bibl.,  I,  564.  [Ono- 
maslica,  éd.  Lagarde,  p.  60,  1.  24  (Bethfage),  p.  173,  1,  58  =  p.  182,  1.  94  =  p.  201, 
1.  50;  p.  175,  1.  8;  p.  188,  1.  73,  songe  à  N'^:;'^D  TV^,  \S&  k>»s>,  ^53  rT'D  et  non  à 
nSD-  —  Ce  nom  de  lieu  ne  me  paraît  pas  être  en  relation  avec  n3D-  car  la   leçon  la 

T  - 

mieux  attestée  n'est  pas  '^30,  mais  "^aND  fT^D,  P-  ex.  So^rt,  43  a;  Sanh.,  14  i,  apud 
Consultations  des  Gueonim,  éd.  Gassel  42  a,  R.  Hananel  ;  ms.  Municli,  cité  dans 
Miilr.  Tann.,  éd.  Hotl'mann,  [i.  102,  mais  sans  N  ;  sans  N  encore  dans  Sifrè  I,  151, 
55  a  =  Midr.  Tann.,  p.  92,  en  bas  (N^d),  mais  au  même  endroit  aussi  iT^Da  T'^"''' 
"':iND  :  avec  N  dans  T.  Pe.s.,  VIII,  p.  169,  1.  5  (T.  Meila.  i.  p.  557,  I.  8  :  rriD  ISS 
■^JNC  :  Meïln,  7  a  :  "'JND  ;  une  leçon  dans  la  Tossefta,  ^^y  IDD,  est  sans  doute  imlé- 
pendante);  Men.,  xi,  2;  Men.,  63a,  95  6,  96a;  Pes.,  63  6,  91a;  Men.,  786  ;  U.  M., 
90  a  ;  sans  N  dans  T.  Men.,  viii,  p.  524,  1.  20.  ■'5D  rr'n,  Sifir  ziitfa,  44.] 

3.  Dem.,  i,  1  ;  TJ.  B.,  119a,  1.  16.  D'après  Neubauer,  p.  197,  identique  ix  Syc.iminon 
(luxàixivo:,  Josèphe,  Antiq.,  XIII,  xii,  3),  entre  Césarée  et  Acco,  donc  tout  prés  de 
Caifa;  contrairement  à  Neubauer,  p.  198,  Noldeke  {apud  Lîiw,  p.  38Ti  tient  rîîlTjp-J 
et  Caifa  pour  le  même  endroit.  —  D'après  Dem.,  i,  1,  les  "j^Tj"^"!  de  celte  ville  étaient 
renommés. 

4.  Le  sens  indiqué  par  Dozy  pour  cette  dernière  expression,  ><  chemin  battu,  rlieniin 
fort  fréquenté,  the  beaten  way  »,  ne  rend  pas  exactement  le  syriaiiuc  )^w-  îol  t^i^«â. 
[Noldeke  :  L'arabe  signifie  «  rue  ouverte  »  et  ne  vient  pas  de  "pA,  «  heurter  »,  mais 
de  9-S  «  ''''"e  vide,  chauve  ».  Ibn  Hischam,  p.  901,  1.  9,  11  :  yjTÎjîaJt  iLc^U  J.£,  expli" 
(lué  1.'  12  par    (i-?.y^^  7*1=  J-*-] 


I.A    FIGUE    riR   LA   PALESTINE   A    L'ÉPOQUE   DE  LA   MISCHNA  iXi 

Index  S.  v.,  fJ^^Vo)  J^JÎ^â,  mais  Elie  de  Nisibe,  éd.  Lagarde,  p.  47, 
1.  66,  le  donne  à  JL.fo)  **  =  Bar  Ali,  Bar  Bahlùl  ;  P.  Sm.,  1547.  Elie  de 
Nisibe,  p.  47,  1.  67,  sur  )J^«^9o)  ^ji^S,  a  :  ^^\  ^^yU. 

Bar  Bahlûl  paraît  avoir  combiné  ce  l^^S  avec  Jn.^  ot.  lieu  on  les 
chemins  «  se  rencontrent  ». 

Voici,  je  crois,  comme  on  doit  se  représenter  la  chose.  On  a  compris 
le  passage  de  Matthieu,  xxi,  1-2,  comme  si  Bethphagé  désignait  un  carre- 
four. Jésus  envoie  ses  deux  disciples  «  dans  le  village  qui  est  en  face  » 
d'eux  ;  on  crut  que  ce  village  était  distinct  de  Bethphagé,  on  y  a  sans  doute 
vu,  à  cause  de  Marc,  xi,  1  et  de  Luc,  xix,  29,  Béthanie  ;  pour  mettre 
d'accord  les  récits  synoptiques,  Bethphagé  devenait  le  carrefour  qui 
conduisait  d'une  part  à  Béthanie  et  de  lautre  à  Jérusalem.  C'est  ainsi  que 
de  nos  jours  on  a  voulu  expliquer  la  contradiction  de  différentes  manières, 
par  exemple  en  traduisant,  comme  Fritzsche,  «  dans  la  direction  de 
Bethphagé  »  [gegen  Bethphagé  hin).  Il  n'y  aurait  donc  pas  lieu  de  recon- 
naître à  i^3  le  sens  de  «  carrefour»  '. 

[Noldeke  :  Cette  explication,  à  laquelle  un  Syrien  aurait  difficilement 
pensé  de  lui-même,  peut  provenir  d'un  glose  grecque.  Onom.,  17S,  1.  8,  a 
pour  Bethphagé:  olxo,-  oTÔjxaTo;  -q  cp-ipayyoç.  Je  ne  vois  pas  bien  comment 
on  en  est  venu  à  oioxyl.  Il  est  vrai  que  "j.  signifie  «  chemin  creux  »  — 
assez  souvent  dans  la  vieille  langue  —  mais  l'araméen  ni  l'hébreu  n'ont 
rien  de  tel  et  on  ne  doit  pas  faire  honneur  à  ces  traducteurs  de  noms 
propres  de  profondes  connaissances  philologiques]. 

La  chose  s'explique  de  la  manière  la  plus  simple  à  l'aide  d'Onom.,  60, 
1.  24  :  Bethphagé,  domus  oris  vallium.  Nous  avons  ici  K"':*  -(-  "'^  ~f"  f^''^  î 
y\  est  une  faute  du  traducteur,  qui  a  rendu  comme  s'il  y  avait  domus 
oins  vel  domus  vallium.  VOnom.  ne  pense  pas  a  "i,  mais  seulement  à 
«■^a  "^D;  vallis  a  donné  ©dcpay^,  qui  a  conduit  au  sens  de  bivium  pour  il^^- 

2. —  Bar  Bahlûl,  1486  :  JL^  (Hunt,  Bar  Bahlûl,  391  :  3;  Elie  de  Nisibe 
apud  Payne  Smith,  cod.  S.  ajjc/f/ Bar  Dahlùl,  Gard.  :  «s)  iUêliJ!.  ll^l  ((^c 
même  Hunt,  Elie  de  N.,  Bar  Bahlùl,  391,  cod.  S.  ;  Bar  Bahlùl  :  aàIàJI). 
Cardahi  :  \1^\  ^y  ^^  iCxiUJi  ;  sur  quoi  Bar  Bahlùl,  391  :  JL^  Jt^-o 
iUfiUJî^  UrfO)  ^^,  6t  603  :    lliL  iUàli  Iv^a'^f  JL^^to, 

Les  gloses  et  l'emprunt  évident   iixcli  *  semblent  prouver  que    les 

1.  Sur  |i^wîo|  i(sj:^â  voir  Wiener  Zeilschr.  f.  Kutule  des  Morgenl.,  X,  133- 
Ajouter  "^-n  m\23~lD  [Midr.  Tann.,  éd.  Hoffmann,  p.  11,  1.  39),  en  syro-palestinieii, 
lit^^îol*  ^0D£uk;â  (Schwally,  p.  '7  ;  Schulthes»,  p.  164,  ajoute  i^>o|«  i^o^i. 

2.  Dozy  :  toutes  les  fleurs  [Bliiten)  odorantes,  spécialement  le  Lavsonia.  Sha. 
1444  :  fagaia—/los  cijpri.  En  Egypte  la  fleur  se  dit  lamr-el-hinnd  (Ascherson  et 
Schweinfurt,  Flore  d'Egypte,  76).  [Nôldeke  :  Ce  terme  doit  avoir  été  d'uu  usage 
ordinaire.  Ibn  Doraid,  Isliqdq,  281,  1.  4  :  y^\  ^  *i,-jm  JuéUJI  (jjLLJI  ^^c£^'^  *JL«j- 
Un  texte  du  Hadlth  est  donné  par  la  Schol.  Hamdsa.  713,  au  v.  3.  Le  ^ii    toujours 


234  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

fleurs  de  henné  se  nommaient  en  syriaque  ]L<^  [Pflanzennamen,  213  : 
ce  qui  confirme  cette  opinion,  c'est  que  ce  mot,  dans  cette  acception,  est 
cité  pour  expliquer  Bethphagé.  Les  gloses  montrent  que  le  sens  n'a  pas 
été,  comme  dans  le  n°  1  [bivium),  inventé  ad  hoc.  Bien  que  le  mot  ne 
puisse  être  signalé  dans  le  judéo-araméen,  cette  explication  est  plus 
naturelle  que  l'identification  avec  p(nj(jd,  «  figue  non  mûre  »,  dont 
Noldeke,  Beitrcige  zur  semitischenSprachivissensrhaft,  138,  dit  avec  raison  : 
«  Il  est  devenu  fort  douteux  pour  moi  que  le  Ç'ay-fj  de  [i-r/Jciav-ri  soit  le 
pluriel  "^ae  ...  Oay/)  peut  avoir  été  toute  autre  chose  ». 

3.  —  Payne  Smith,  3029  ;  Bar  Bahlùl,  1486  :  [Bar  Ali  :  JL^a]  JL^a 
JjJs?  J^  ^lXj  J  [_5  a3  **l2»  il]  t^6JI  JJî  ;  Elie  deNisibe,  SI,  69:  JL^ 

ii^S^Wi  ^JA,  Jji.  P.Sm.:  ^1^1  ^  ^JpJL^  ^3^"^  ^^'  ^"'  ^"°^ 
la  glose  de  Bar  Ali  apud  P.  Sm.  (ainsi  que  Bar  Bahlùl  et  Hunt)  : 
jxJu^  J  ^îl  i^.S'LiJI^  -yas^Jl^  ^1^  )^^*^^  u-ij^'  ^^"5^-  E"'i">  ^^^ 
Bahlùl,  éd.  Duval,  1486  (P.  Sm.,  l.  c.)  cite  jl^^â,  qui  se  serait  trouvé  dans 
le  Diatessoron,  au  lieu  du  )|./>^'\,9>))J,  de  la  Peschitta  sur  Luc,  xix,  4 
{Pflanzennamen,  391). 

D'après  cela  JL^S  signifie  en  syriaque  k  fruit  non  mûr  »  en  général.  La 
vocalisation  ^  sera  venue  par  erreur  du  JL^^  du  n°  1. 

Pour  JL^Ô  on  peut  invoquer,  outre  l'hébreu  nac,  l'arabe  ^,  «  acerbe, 

cru  (fruit),  cru,  dur  (discours)  ;  ii^-^^»  «  acerbité,  crudité,  fruit  qui 
n'est  pas  mùr  (Dozy,  d'après  Abubo,  238). 

En  hébreu  paggd  est  attesté  à  la  plus  ancienne  époque.  Dans  l'Ancien 
Testament  comme  dans  l'hébreu  de  la  Mischna,  ce  mot  désigne  la  figue 
qui  n'est  pas  mûre.  Voici  les  textes  de  la  littérature  tannaïtique  : 

nas  :  T.  Scheb.,  i,  p.  61,  1.  28  ;  pnD  nDWattî  '•:  :  T.  Sabb.,  xvi,  p.  135, 
L  18;   j.  Sabb.,  m,  5rf,  1.  74;  Sabb.,  123  a  (R.  Hananel)  ;   j.  Pes.,  n,  29  b, 

I.  25;  j.  KiL,  I.  27  6,1.  44. 

Stti:,  bm3,  nas  :  Nidda,  v,  7  ;  T.  Nidda,  vi.  p.  647, 1.  23.{Sanh.,  107a; 
Gen.  r.,  xLix,  9;  Tanhouma,  Vayéra,^;  éd.  Buber,  7). 

Pluriel  n-'SDr!  :  Schr.b.,  vu,  4  ;  j.  Scheb.,  35c,  1.  2  ;  Sifra,  106c,  1.  14  ; 
T.  Scheb.,  iv,  p.  67,  1.  17  -,  j.  Scheb.,  v,  35rf,  1.  49  ;  tnir-'ao  3-^y  -^aD  : 
T.  Scheb.,  i,  p.  61, 1.  25  ;    m,  p.  65,  1.  16  ;    '^D  ^ys  :    Sifrè  1,  137,  f»  51  b  ; 

II,  26,  fo  70a-6  ;  Midr.  Tann.,  p.  13,  1.  25,  26  ;  Yoma,  866  ;  Lév.  r.,  xxxi, 
4,  et  parallèles  ;  —  ms-ion  "ys  :  T.  Oukcin,  m,  p.  689,  1.  8  ;  V'^anyn  's  : 
ibid.  {Exode  r.,  lu,  3,  "JTITJ  "'^d,  lire  avec  Jastrow,  d'après  Tanlwuma, 
Pckoudê,  7,  Buber,  lin»  ■>:&  byx::);  m73n  'd  :  j.  Orla,  i,  016,  1.60; 
n0l3m  l^^zn  -.  Oukcin,  m,  6  ;  T.  Oukcin,  ni,  p.  689,  1.  7  (pour  nDi3  ""iD, 

cité  en  même  temps  se  trouve  souvent  chez  les  anciens  poètes  :  Hamdsa,  l.  c, 
d'après  b.  Hagar,  33,  1.  S;  Geyer,  Zicei  Gedichte,  66;  Chuzdnat  aladah,  U,  3Ï>, 
1.  7  ;    toujours  à  C(it6  de   yW;  .    de  sorte  qu'où  voit  que  c'est  uue  plante  odorante 

spéciale]. 


LA    FIGUE   EN   PALESTINE  A   L'ÉPOQUE   DE   LA    MISCHNA  23o 

lire  -lO-::^  "("SD'  ;  '2  in  'd  :  T.  B.  K  ,  vi,  356,  1.  13,  opposé  a  'J"'"n7:3  m-^rs  ; 
ras  IN  -!013:  j.B.K.,vi,  56,  1.  67  ;  j.  Orla,},  616,  1.  08  ;  —  mDio  nx 'e  : 
T.  Zabin,  iv,  679, 1.  10  (R.  Simson  sur  iv,  3). 

Dans  Gen.  r.,  11,  1  p.  15,  1.  1  Theodor,  nao  est  sans  doute  la  forme 
araméenne;  V^s  :  j.  Oiia,  i,  616,  av.-d.  et  d.  1.  ;  pD  dans  l'Arouch,  pour 
Targ.  Yer.  sur  Nombres,  vi,  4,  au  lieu  du  '|"'5nT  des  éditions  (aussi  dans 
l'éd.  Ginsburger)  doit  être  fautif. 

Nôldeke  s'est  prononcé  avec  entière  raison  contre  une  combinaison  de 
paggci  et  de  ficus  (Solms,  p.  81)  et  c'est  inexactement,  semble-t-il,  que 
Hehn  (6^  éd.,  p.  99)  indique  que  Solms,  grâce  à  des  consultations  do 
Lagarde  et  de  Nôldeke,  est  arrivé  à  la  conviction  que  le  latin  ficus  est  un 
emprunt  direct  au  phénicien  phagglm,  «figues  à  moitié  mûres  »,  lequel 
mot  phénicien  ne  s'est  pas  encore  trouvé.] 

[A  suivre.) 

I.  Luw. 


UN  PASSAGE   OBSCUR   DANS   LA   TESIKTA 


Le  texte  qai  a  provoqué  la  controverse  de  MM.  Wcllesz  et  Bâcher  ' 
est  ainsi  conçu  : 

n"'5';riN  'n   DTi:3   oHjD  '-i    NnnanTû  Nnnp  «mn  Nnnp  nr:^;  r-i-^-'i-p 
.'  -r::73b  Ti7:bn  n^Di   Nip^jb   idd  n-'n  ,Ti7:bn  rr^m  -ido   rr'a  r::;    ':;■' 

M.  Wellesz  ^  ramène  la  phrase  à  une  origine  grecque.  11  divise 
le  motnsMwen  deux  parties  :  NS  +  rs:»,  c'est-à-dire  :  s*3=v£o4-~2'2 
ôaovota,  et,  au  lieu  de  tîrnn-i»,  il  lit,  d'après  le  Yalkout,  «n3D-itt. 
NP35-I73  Nnip  Nmn  Nmp  désigne  donc  une  «ville  nouvelle  »,  une 
"  ville  unie  ».  Mais  pourquoi  l'exégète  anonyme  appelle-t-il  une 
ville  de  la  plus  haute  antiquité  «  une  ville  nouvelle  »  ?  Jérusalem 
avait,  à  ce  qu'on  dit,  soixante-dix  noms  '•,  mais  nous  ne  sachions 
pas  que  Nnin  Nmp  figure  parmi  eux.  En  outre,  le  mot  i^nns-i»  n'im- 
plique point  du  tout  l'idée  d'  «  uni».  C'est  un  terme  usité  dans 
l'élève  du  bétail  et  dans  l'horticulture.  J'ajoute  que  le  terme  a-^sirt 
indique  qae  les  sujets  sont  de  différentes  espèces.  Il  est,  du 
reste,  singulier  que  leMidrasch  se  serve  en  ce  cas  de  l'araméen, 
alors  que  l'expression  ojxovô-.a  est  employée  fréquemment  par  les 
agadistes  pour  désigner  la  réunion  ■'. 

M.  Bâcher  observe  une  méthode  plus  naturelle.  Il  conserve 
intact  le  mot  nrttNS,  mais  l'explique  tantôt  parle  grec,  tantôt  par 
Ihébreu,  pour  rendre  compte  des  deux  adjectifs  ^mn  et  t^naa-ir. 
D'après  lui,  l'exégète  anonyme  a  vu  une  fois  dans  le  mot  r;:?:^:  le 
niphal  du  verbe  "j^n,  dont  le  participe  actif  et  passif  peut  avoir  le 
sens  d'  «  élever  ».  A  ce  verbe  hébreu  répond  la  l'acine  araméenne 
■'an  avec  tous  ses  dérivés,  Nrr^sa-nn,  N2"'3"nin  N3"'"'a"i7D,  Nr^-^^m»^  iî-^im»^ 
et  mann.  nsTaxs  rr^np,   «  ville  élevée  »,  se  rend  en  araméen  par 

1.  Revue,  t.  LXI,  p.  12  i. 

2.  Fesikta  de  r.  Kahana,  Od.  Buber,  y.  121  b. 

3.  M.  Sz.  Szemle,  XXVII,  357. 

4.  Bem.  r.,  14,  12. 

'o.  nN:i»1N  et  nNn^air:  ;   v.  Krauss,  î.eknwôrler,  II.  21.  223. 


UN   PASSAGE  OBSCUR   DANS   LA  PESIKTA  237 

Nn-^nn-û  smp.  (Nn">antt  est  une  corruption,  et  il  faut  lire  i^r\^n-nz). 

Mais  quel  motif  d'appeler  Jérusalem  une  «  ville  nouvelle»?  De 
lavis  de  M.  Bâcher,  c'est  justement  la  question  à  laquelle  répond 
R.  Pinhas  en  racontant  qu'il  y  avait  à  Jérusalem  quatre  cent  quatre- 
vingts  synagogues  et  dans  chaque  synagogue  une  école  primaire 
pour  enseigner  la  Bible  et  une  école  supérieure  pour  l'étude  de  la 
Mischna. 

On  peut  objecter  d'abord  que  les  verbes  IWN  et  "«nn  veulent  bien 
dire  élever,  mais  ne  se  rapportent  qu'aux  fonctions  de  pédagogue 
aians),  qui  consistent  à  nourrir,  à  soigner,  à  surveiller  les  élèves  ', 
ce  qui  s'appelle  mn-in  éducation,  jamais  aux  fonctions  du  maître 
d'école,  qui  consistent  à  instruire  et  à  communiquer  des  connais- 
sances. Or,  le  "iDD  n-ia  et  inttbn  rr^a  servaient  proprement  et  exclu- 
sivement à  enseigner  et  à  étudier.  Mais  sans  compter  que  dans  tous 
les  passages  où  le  dire  deR.  Pinhas  est  mentionné,  il,  ne  se  trouve 
jamais''  en  connexion  avec  le  verset  d'Isaïe  ;  qu'en  outre,  l'idée 
d'une  ville  spirituellement  renouvelée  parla  science  et  l'esprit,  et 
cela  grâce  à  une  génération  qui  allait  à  l'école,  est  une  pensée  trop 
moderne  pour  un  agadiste,  nous  avons  peine  à  accepter  l'opinion 
que  les  Darschanim  aient  interprété  le  texte  biblique  à  l'aide  de 
mots  grecs,  devant  un  auditoire  peu  versé  dans  les  langues 
étrangères. 

M.  Racher  cite  deux  exemples  du  Midrasch  à  l'appui  de  son 
opinion,  les  termes  osn  =  ass?  et  N-n»  =  awv:a.  Il  y  en  a  bien 
d'autres.  M.  Zunz  en  a  recueilli  une  certain  nombre^  M.  Brtlll 
les  a  tous  expliqués  •*.  Cependant  on  ne  devrait  pas  oublier 
que,  lorsque  l'agadiste  se  sert  dune  étymologie  grecque,  il  ne 
manque  pas  généralement  de  nous  en  avertir  expressément, 
comme  d'une  hardiesse  :  Nnn  ■^av  "[n^b,  -^[ûod^n  1iï33.  Mais  quand 
Pagadiste  ne  nomme  point  sa  source,  nous  n'avons  pas  le  droit 
de  supposer  qu'il  fonde  son  exégèse  sur  un  mot  non -hébreu 
par  une  étymologie  maniérée  et  bizarre.  Le  but  de  l'auteur  ou  du 
maître  est  d'être  entendu  de  son  auditoire.  Comment  emploie- 
rait-il des  termes  qui  ne  lui  sont  pas  accessibles?  J'ai  peine  à 
m'imaginer  que  la  masse,  si  peu  versée  dans  les  langues  étran- 
gères, pût  deviner  d'elUî-même  l'allusion  de  l'interprète  à  un 
homonyme  étranger. 


1.  V.  fier.  »•.,  1,  1.  31512  :   pDN  lî^tN  rTTîNI . 

2.  V.  les  noti'S  ii  et  45  de  Buber. 

3.  GoUesdienstl.  Vortrage,  327,  n.  a,b,c;  cf.  Kiauss,  Lehiiworler,  I,  xxix. 

4.  Freindsprachliche  Redensarlen. 


238  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

Nous  avons  vu  que  l'agadiste  n'a  pu  prendre  le  mot  néemana 
pour  du  grec,  et  que  ixmn  Nn-ip  n'a  pas  le  sens  de  «  nouvelle  ville  », 
pas  plus  que  «nanitt  «mp  ou  Nnas'^M  ou  Nn-^a^^s  ne  signifie  «  ville 
unie  »  ou  «  élevée  » . 

Nous  rencontrons  tout  le  passage  encore  une  fois  mot  pour  mot 
dans  Ekha  rabbati.  Le  24"  proœmium  explique  le  xxii«  chapitre 
d'isaïe  du  premier  verset  jusqu'au  douzième.  L'explication  agadique 
consiste  mi-partie  en  traductions  du  texte  hébreu  en  araméen, 
mi-partie  en  interprétations  entièrement  indépendantes.  'V^oici 
l'explication  du  2«  verset  :  rtrbs»  rr^^p,  Nnnn-i»  i«nnp  :  rr^ttin  T'J? 
NP-inn  NP-ip.  Au  premier  coup  d'oeil,  il  est  clair  que  les  expressions 
î^nnan»  et  «n'^in  ne  sont  autre  chose  que  le  Targoum  littéral  des 
mots  rr^ttin  et  rirb:».  Et,  puisque  le  sens  du  mot  TA-hy  est  «  joyeux 
et  gai  »,  le  mot  Nn■>^n,  dérivant  du  verbe  -^in,  doit  nécessairement 
signifier  la  même  chose,  ^rr^nn  Kmp  signifie  donc  une  a  ville 
joyeuse  ».  C'est  de  la  même  façon  que  le  Targoum  traduit  r-mp 
■'lanœ»  (Jérém.,  xux,  24)  par  n^'in  ndid.  Il  en  est  de  même  pour  le 
mot  Nnaan»,  qui  est  une  traduction  littérale  de  rr^ttir:.  Or  n*»»"»?!, 
inwrj, rjttn  ayant  le  sens  de  «foule  émue,  frémissement  d'une  masse», 
il  s'ensuit  que  Nnnaitt,  ayant  pour  racine  nn-i^  "^a-i^  «m,  ne  peut 
signifier  autre  chose  que  û^  Tia-i,  à  savoir,  une  ville  d'une  popula- 
tion nombreuse.  Il  ne  faut  donc  pas  corriger  le  mot.  Cette  leçon 
î<n32-i?3  est  aussi  confirmée  par  l'Aroukb  ^  Cependant  l'agadiste 
ne  se  contente  pas  d'émettre  une  opinion,  il  cite  aussi  des  preuves 
à  l'appui.  C'est  pour  nous  donner  une  idée  de  la  grandeur  de 
Jérusalem  et  du  chiffre  élevé  de  ses  habitants  qu'il  cite  le  récit  de 
R.  Pinhas.  Combien  devaient  être  nombreux  les  habitants  de  Jéru- 
salem, puisque  la  ville  avait  besoin  de  quatre  cent  quatre-vingts 
écoles  primaires  et  supérieures-  pour  l'enseignement  de  leurs  fils  1 
J'ajoute  encore  que  c'est  le  même  exemple  dont  le  Midrasch  se  sert 
ailleurs  pour  prouver  la  grandeur  de  Bettar  et  l'importance  de  sa 
population.  Voici  le  texte  en  question  :  m  ï-iV053  -ra  r-nN»  '*i 
^  r-*npn:n  nNa  'n  nw'^w  h'2h^  r-npisn  -"iw'î^û  s-n^tt  'n  ^ns  "d33t  nn"«23 
«  Bettar  possédait  quatre  cents  synagogues  ;   dans  chaque  syna- 

1.  s.  V.  rr'Tan-  —  Sans  le  passage  NaDT^»  D"'3©y  "»3"'2  Ntt"'*'p  "^D"'.  fi-  ^'■.  81  a; 
à  la  place  de  N33*T'73  il  faut  probablement  i<23T*73.  V.  Aroukh,  s.  v.  *y\. 

2.  B.  Ketoubot  ue  mentionne  plus  que  394  écoles.  V.  Tanliouma,  nip.  1-.  o» 
l'on  réduit  le  nombre  à  80. 

3.  Guitlin,  oSa  ;  j.  Taanit,  iv,  8  ;  Ekha  /•..  Il,  2.  3,  51.  parle  de  500  écoles.  Un 
exemple  analogue  explique  la  grandeur  d'Alexandrie,  Soukka  51  b.  D'autre  exemples 
sont  cités  pour  démontrer  la  grandcui'  de  Jérusalem,  Ekha  >•.,  I,  1,  et  de  Rome, 
Pesahim,  USA.  Dans  le  Sifré.  11,  52,  la  le^-on  ''7JTn3  "j  "^  D  "1  D  '3  132T  doit  être 
changée  eu    •{  i  3  1  5   '3.   CS.  ].  Aboda  Z.,  u  2. 


U.N  PASSAGE  OBSCUR  DANS  LA  PESIKTA  239 

gogue  il  y  avait  quatre  cents  précepteurs  et  chaque  maître  d'école 
avait  quatre  cents  élèves.  » 

Il  reste  à  savoir  maintenant  comment  le  passaii;e  p<mn  t»«în"ip 
t»4n33n73  t*»imp  est  venu  se  placer  près  de  nawNS  r^np  et  en  quel 
rapport  il  se  trouve  avec  les  deux  mots.  Question  difficile  à  ré- 
soudre. Peut-être  la  glose  n'a-t-elle  aucun  rapport  avec  n373i<D  rr'np, 
mais  bien  plutôt  avec  d^  •'Sna-i  «  ville  populeuse  »,  finale  de  l'expli- 
cation précédente.  Peut-être  lagadiste  prend -il  le  mot  ri:7:N3 
dans  le  sens  que  R.  Hosliaya  lui  a  attribué  :  —  pWN  ^«nt  ri"'i<T 
"TJïODbN?:  N3::  ns^n  p-'TaaiPST  p»N  i<:70  ■'a::-'nn  N73Tn  n«d  ,Nn2n 
'  «na-i,  où  Nna-i  ne  signifie  pas  Téducation,  mais  la  grandeur 
énorme  d'Alexandrie  Mcv-iX-r,  'Altlxvodx.  Il  est  possible  aussi  que 
le  verset  dont  on  s'autorise  ait  été  omis  par  hasard,  et  que  le 
texte  de  la  Pesikta  doive  être  restitué  comme  suit  :  naToîîs  ï-T«-ip 
Nmp  ,i*«irT^"'nr  Nn-ip  :  p-'Ba-inTc-i  ,mvi>y  rr'-ip  ,n"»72"in  n-^y  xnrr; 
Nnaniw  L'ordre  des  adjectifs  aura  été  interverti  pour  joindre  le 
mot  final  NnamTa  au  dire  de  R.  Pinhas  relatif  à  la  multiplicité  des 
écoles  à  Jérusalem.  Je  n'ose  l'affirmer.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  sens 
du  passage  obscur  apparaît  plus  clairement. 

Fées. 

A.  Perls. 

1.  Ber.  r..  1. 


UN 

TEXTE  CAEBALISTIQUE  SUR  JÉSUS 


Les  textes  cabbalistiques  qui  se  rapportent  à  la  personne  de  Jésus 
sont  extrêmement  rares  et  même  les  allusions  indirectes  à  Jésus 
ou  au  christianisme  sont  fort  peu  nombreuses  dans  cette  littéra- 
ture. La  Bible  de  la  cabbale  —  le  Zohar  —  ne  contient,  en  dépit 
de  son  étendue,  presque  rien  qui  puisse  être  interprété  comme 
polémique  antichr(^tienne.  Il  en  est  de  même  des  ouvrages  posté- 
rieurs. Il  n'en  sera  que  plus  intéressant  de  trouver  un  texte  cabba- 
listique  qui  n'a  pas  seulement  Irait  à  la  personne  de  Jésus,  mais 
encore  qui  la  montre  sous  un  jour  tout  nouveau. 

Ce  texte  manuscrit  se  lit  sur  un  feuillet  isolé  appartenant  à 
M.  Salomon  Mussajef,  le  collectionneur  de  Jérusalem,  qui  l'a  sans 
doute  apporté  de  Bokhara,  sa  patrie.  Je  le  vis  dans  sa  maison  en 
avril  4903  et  reçus  l'autorisation  de  le  faire  copier'.  Je  n'ai  malheu- 
reusement pas  pu  le  faire  collationner,  le  propriétaire  s'elTorçant 
depuis  de  dérober  ses  trésors  aux  yeux  des  intéressés. 

1"^-m73  p-^N  i-'b-'is  ti7:n  'si  i^-nitt  't  T72m  .^zn-^^i  ii-m?^  v'^"'^'» 
Ï-IT3  nbN3i  ''\'D^  Nn-^-'-iiN-i  V''''P"'°  *  i:p"^"'n'^N  nVt  NP-'^-nNn  i-i3:?n 
TCin^  'n   -^D    pr  .rn"'373T   n^t   n(n)-«ni:D    n'D-i^-r   n-nm   ■'d  .— iWNTsrs 

1.  La  copie  en  fut  prise  la  môme  année  par  M.  Alexandre  Levison  de  Jérusalem. 

2.  Dans  le  obys  IDm^aT  'O'IU  "imT,  éd.  de  Venise.  1663,  dans  la  partie  qui  se 
rapporte  à  Ridh,  p.  32  6,  nous  lisons  en  effet:  'nD  IT  by  IT  "jH  mTn73  nync 
passage  qui  correspond  au  nôtre  quant  au  sens,  sinon  mot  à  mot.  Cf.  Zohar.  "'TipD. 
vers  la  fin  (p.  263  a,  éd.  de  Mantoue). 

3.  Ce  tannaïte  n'est  pas  mentionné  dans  le  Midrasch  mystique. 

4.  Mot  corrompu  ;  lire  IDpn-'X.  De  môme  'iDT  «  etc.  »  n'a  pas  de  sens;  peut- 
être  [^nipEj  nbN3,  voir  le  passajîe  du  Zo/iar  cité  n.  2:  nous  lisons  donc  r;bN3  w"  '131 
"173N73n  nT3    ["'"npD]. 


UN   TEXTE  CABBALISTIQUE  SUR  JÉSUS  241 

mon  rrb  "itoi  -^d  nioa  .tsin-'a-i  ■j-'-mT:  't  rr^b  iwS">TnnN-i  n-'n-iD  "ja 
.— rb-^73  n^-ia  i3y«b  rr^b  mm  .ù-in?:  nn  ync-^  rr^T'abm 
\::\s  n-'H  yro-'T  D"'73Dnb  'yT<  -;7:N7:r:  riT  byi  '  b"T:n  'i3i  .na:?  Nbn 
''!-r"T  3"2b  ip;-n733  -mi  orrn  T^«bn  -itww  ♦!-Tr:j733  *c"7dd  p-^ii: 
'-nrî<  PO-iD  Nn-i-^mNa  n-^ns  nt  b?T  ,r!"'b  «ibapmis  inwn  p  ont 
■"3  pT^  /13T  r-i3\rn  r-in»«  ,QD:is:nb  'ri  ■'ssb  -imyn  nx  q-'in 
:  riinrorî  "iiii-in  ir^n  CDD;is£-ib  \''x^^y  pin  ^ba  v^-^  't^-^s  ^72iyrj 
[rrr:]  r;:^.^-^  .rrr!  hdd  2-iri  iniN  i5-im  .m"?  anp?:  ir^n  'n  -^rob 
-ra  5"Db  rîyi7a'::n  [njxaT  .'-dî^t»:;''  "iwxo  172D  nos  p-ip  PwS  a^n-^b 
mS73  ib  "px  nT  5"3  -173N  ,nsc  p-ip  pn  bnsNbi  zûincb  r;i:i-i  •::"'t<r! 
t'a'D  ini33  anoT  "i73i:yn  "^bm  .'rt  bnpa  -itî3»  N3."^  Nb  ^'N;\a  nb-^Ta 
.nos  bu:  '3  21^3  ipik  is-im  m^T  a"3  bo  idn  mm  .a-'b^-i;::''  -inuj 
r:i^  LiTip^  .x^r,  ûbi:»b  pbn  ib  ■C'  [p-»]bNT>::"'  ntio  ikn  b"'303T 
nPN-^sa  C]no3  '-5î<-'n3  'ndïj  n-!C03  'tsn-st  n3"«d  Dbi3>b  N3  Nb  'i■«•^^y'va 
G-'bbiD  PT3-'p  '3  ay  "  "O-ip  pns::!  pi3-'p  ■'D  /"T'^ph  -loin  cvTai 
Nbi  pnno  Nb  n"3-ip  rtbir  ';T3u;n3  /"a"»-)»  p  tc;"'  -iddw  Nim  n":nn 
tii03  PiNnw  '-;  bN'îi  3PD  rîT  bn  ,^1-!  'ii3cnD  i-^m  ii3\rn  .^m*' 
Ninu)  ,  -^  3  T  N  au:  pt»pin  'i  -i-io^  PTi^bmi  riTibs  't  mo3  ipn''32 
nïN  '»:'::   !i:rcN"i  mba  ntio   b33  piba  «"«n  q"bN  pin   .nd-^pp  ns-^t 

mVPIN  '1  mD3  ''173  5-nb5  NTÎ  p"bT  pin  :  '^  N3m  "«T  NC-^-i  Nin 
p"«  pibs  N-'H  V'iD  PIN  .'"iDT  '^np"'7:b  bN-i"w'  PNi:3  rtP-'ria  -i"pdn 
mba  N-^n  Y'Ti  pin   ;"''in'bi:m  nn\-iP73  ■'33  'r,  -insïjt  mm  ni:3  1103 

■'DSN    1727    n73N30    bNIUD""     37     Plb33    "1721:7    NIH    r-T"3pmv:J     m03    QlHN 

n73  pv   .'"psïîns  n"p5  mo  Nnn  a-'-icr  '|i3"::n3  ht  Yv^   .'*n-i3:3 

1 .  Encore  une  fois  la  même  citation. 

2.  yim  ?  ou  ym3  ? 

3.  Tn73NO  "ins- 

4.  Horaïoth,  m,  f. /".  (13  a):  y-lN^  37  5"3ib  aiip  n"P  -1X73^. 

5.  L'auteur  varie  librement  la  sentence. 

6.  Cette  forme  passive  au  lieu  de  l'actif  est  fréiiuente   ilaus  le  Zohai\  à  ce  que 
m'assure  .M.  Pli.  Blocli. 

7.  Lév.,  XXIII.  M. 

8.  T^"»  a  la  valeur  numérique  de  316  comme  17217  (cependant  l'ortliograplie  de 
ce  mot  est  "1727,  defecte). 

9.  Deut.,  .XXIII,  3. 

10.  Dan.,  XII,  11,  où  le  texte  porte  m72Pn  "lOin  p;'721  llautcurcite  de  mémoire) 

11.  Ib.,  VIII,  14. 

12.  UJnp  pnîS31=654+4  =  6:i8  ;  de  même  a'^l'a  p  TC"'. 

13.  /6.,  II,  38  (notre  texte  porte  ri'JjNl)- 

14.  Difficile  à  comprendre.  Je  conjecture  "'inb. 

15.  *nn  contient  une  allusion  à  r:  =  5,  et  niia  signifie  la  victoire. 

16.  l»s.,  xr.i,  lii.   C'est  d'ailleurs  une  aggada  connue;    voir    Hacher,   .4,^.   il.  /ml. 
Amor.,  III,  269  et  377. 

17.  n"v  =  :20  fait  allusion  au  'd  =  20  dans  nP3 

T.  LXll.  N»  124.  16 


242  REVUE  DES   ETUDES  JUIVES 

nb"»a  b"T  N-'nsn  in^rx  "«s  bj»  bN::'"n  D--'n  '-,  -^"y  '  nbana  inon 
■'nttîNT  ^m-'nrj  [•\]{r,^  ^-n  b:?  «bx  inrinD  -)N3r3  Nb  iin:?"!  rtir,  ypn 
Nnn  nn   .r^nn   Tib^-j   p   nih-^d   n-j3m:T   minrs   h](n)T  v^rr:  •^•'Nn 

:  m^n  '^ma  Ti-,nn 

a'^aana    Nbi  1x1:2  Nbn   -11^:3  «b 

[c]"|-in3  TT'n  C'inNi:»   QwSt 

.c^snpa   h]NS723    m-iiD-is   [-^-in] 

En  voici  la  traduction  : 

On  trouve  dans  le  Midrasch  mystérieux  sur  Ruth,  dans  l'histoire  de  K. 
Josué  ben  Perahya  ^  . .  Telles  sont  les  divisions  de  l'enfer.  Et  je  vis  sept 
divisions,  etc.  On  a  dit  :  ce  sont  les  divisions  réservées  à  ceux  qui  ont 
transgressé  la  Tora  et  qui  n'ont  pas  exécuté  les  commandements  de  la 
Tora,  etc.,  ce  qu'on  lit  [dans  la  péricope]  Eleh  [Pelwudê]  sur  ce  sujet. 
Car  la  Tora  est  éternelle  et  non  temporelle.  On  comprend  que  R.  Josué 
b.  Perahya,  à  qui  les  sept  divisions  de  l'enfer  ont  été  montrées,  [ait  vu 
cela]  comme  un  mystère,  qu'on  le  lui  ait  révélé,  car  Jésus  fils  de  Marie 
fut  son  disciple.  Il  aurait  dû  pratiquer  la  circoncision  sur  Jésus,  mais  ne 
la  pratiqua  point,  etc.,  comme  il  a  été  dit  plus  haut.  D'après  ces  mots  les 
rabbins  surent  que  Jésus  était  un  homme  pieux,  comme  il  est  dit  dans  la 
Mischna  :  un  bâtard  savant  est  supérieur  en  rang  à  un  grand-prètre 
ignorant.  Pourquoi  donc  l'ont-ils  tué  ?  A  ce  sujet  il  est  dit  dans  la  Tora 
dans  la  péricope  Emor  :  «  Il  soulèvera  l'omer  devant  le  Seigneur  pour 
votre  bon  vouloir,  le  lendemain  du  sabbat  »,  etc.  On  doit  comprendre 
que  '\'û^^S  a  la  même  valeur  numérique  que  1W^  sans  la  lettre  :?  *  ;  «  pour 
votre  bon  vouloir  »,  c'est-à-dire  d'après  la  volonté  du  Sanhédrin  ;  «  devant 
le  Seigneur»,  c'est-à-dire  dans  le  parvis  du  Temple.  Ils  le  tuèrent  et 
c'était  la  veille  de  Pâque.  Il  voulait,  en  efl'et,  égorger  le  sacrifice  pascal 
comme  tout  autre  Israélite  ;  mais  lorsqu'il  fut  rapporté  au  grand-prètre 
que  cet  homme  voulait  égorger  et  manger  le  sacrifice  pascal,  le  grand- 
prètre  dit  :  Mais  il  lui  manque  la  circoncision  !  Or,  il  est  dit  :  un  bâtard 
n'entrera  pas  dans  la  communauté  du  Seigneur.  Il  s'en  alla  donc  à  part  lui 
seul  et  égorgea  dans  sa  maison  comme  d'autres  Israélites.  Le  grand-prètre 
s'en  irrita,  il  donna  un  ordre  et  on  le  tua  le  second  jour  de  Pâque.  Mais 

1.  Job,  ixxvi,  2  (notre  texte  a  d'«btt). 

2.  n'ban,  opposé  à  nnoD- 

3.  Il  niai)(|iio  ici  (|ucl((ucs  mots  dans  le  texte.  Les  mois  (lui  suivent,  citation  du 
Zohar,  sont  en  araniéeti,  tandis  qu'ailleurs  cest  presque  toujours  le  néo-héhreu  <|ui 
domine. 

4.  Sur  l'oitlioii^raphe  T»lî^  sans  V  voir  mon  livre  Dus  Leben  Jesii  luuh  judisclien 
Quellen  (Berlin,  1902),  p.  -J.jO-I. 


UN   TEXTE   CABBALISTIQUE   SUR   JÉSUS  Uà 

gràct'  à  sa  iihtl'.  qui  était  Israélite,  il  a  part  au  monde  liitiir.  VA  avant 
(jiie  Jésus  fût  venu  au  monde.  Daniel  avait  prophétisé  [sur  luij  duns  son 
livre  ;  car  il  est  dit  dans  Daniel,  à  la  fin  de  sa  prophétie  :  «  Depuis  le 
jour  oii  le  sacrifice  perpétuel  est  enlevé  »  ;  les  mots  'Ci'p  pn^ïT  avec 
deux  mots  totalisateurs  '  font  638  et  c'est  aussi  la  valeur  numérique  de 
C"'"?:  p  TC.  dont  le  compte  fait  638,  ni  plus  ni  moins  :  le  compte  de  l'un 
égale  le  compte  de  l'autre.  A  ce  sujet  Daniel  a  écrit  quatre  visions  (à  la 
fin  de  sa  prophétie)*  comme  mystère  des  quatre  exils  et  empires,  corres- 
pondant au  mystère  du  nom  "'SIX,  qui  désigne  le  jugement  sévère.  La 
lettre  m  désigne  l'exil  babylonien,  qui  a  été  le  premier  exil,  ainsi  qu'il 
est  dit^  :  «  tu  es  la  tète  dor  ».  La  Lettre  1  indique  l'exil  mède,  figuré 
par  les  qiiatres  lettres  d'Esther  ("IPON.  qui  vivait  lorsqu'Israël  était  exilé 
en  Médie.  etc.  La  lettre  ;  indique  lexil  grec,  figuré  par  la  victoire  iHi;! 
cl  la  splendeur  (t^n),  lorsque  les  cinq  fils  de  Matalhias  *  vinrent  et 
vainquirent.  La  lettre  "^  figure  l'exil  édomite  (romain',  a  cause  du 
mystère  que  Dieu  lui-même  est  en  exil  avec  Israël,  comme  il  est  dit  : 
«je  suis  avec  lui  dans  la  détresse  ».  Ce  1"^'^  a  en  outre  la  valeur  numé- 
rique 20,  et  c'est  le  mystère  de  la  Couronne  piPS)  '  d'après  sa  valeur 
numérique.  On  comprend  ainsi  ce  qui  est  dit  dans  Job  :  «  attends-moi  un 
peu  et  je  te  montrerai  qu'il  y  a  encore  des  paroles  pour  Dieu  »  :  ce 
mystère  devient  compréhensible  d'une  manière  révélée,  R.  Jiayyim  Vilal 
ayant  révélé  ce  mystère  sur  l'ordre  du  prophète  Elie.  Cependant  ce  qu'il 
voulait  dire  n'est  élucidé  que  par  l'énigme  suivante,  et  heureux  rhon)me 
qui  comprend  cette  énigme,  il  est  assuré  de  participer  au  monde  futur. 
Et  voici  la  l'iuic  en  forme  d'énigme  : 

Il  y  a  quatre  périodes  mondiales  pour  le  mot  D^3~ip  (cornes), 

aussi  bien  dans  la  corne  du  bœuf  que  des  sauterelles; 

ni  dans  le  bœuf,  ni  dans  le  mouton,  ni  dans  les  sauterelles. 

Et  si  tu  as  trouve  mon  énigme  par  fractions, 

les  p('riûdes  mondiales  du  mot  D"';"ip  cornes)  ont  été  trouvées*. 

Ce  texte  laisse  beaucoup  à  désirer,  aussi  Itieu  pour  le  style  «pie 
pouf  la  clarté  et  la  suite  des  idées.  Après  la  ineutioii  des  divisions 
de  l'eufer  qui  ouvre  le  fragment,  ou  attendrait  riiidication  de  la 
place  qu'y  occupe  Jésus.  Mais  cest  juste  le  contraire  (pii  arrive:  on 
nous  assure  que  Jésus  va  au  paradis.  Ce  n'est  donc  pas  ItMifei-  (pii 
a   aineiit'   i'aiih.'ur  à   parler  de   Jésus,  mais  le  nom  de  Josué   1». 

i.   Formule  cabbalistique  de  guematria. 

2.   Les   mots    entre   parentliùses   paraissent  être  une  rcpclilion   fautive  du  passaire 
précédent,  car  les  visions  se  trouvent  au  milieu  du  livre,  au  chap.  vu. 
."î.   En  parlant  à  .Nabuchodonosor. 

4.  Lrs  Macchabées. 

5.  Tl'ZZ,  "117!  et  "irO  sont  trois  dos  sphères  imT'DDt  'huit  >t,'  iompuî.f  le  nioiulf 
cabbalistique. 

6.  Voir  plu?  loin  l'explication  de  cette  éuignie. 


244  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Perahya,  car  ce  rabbin  passe,  comme  on  sait,  depuis  le  Talmud, 
pour  avoir  été  le  maître  de  Jésus.  Mais  comme  l'auteur,  en  parlant 
de  Jésus,  trouve  Toccasion  de  parler  de  la  prophétie  de  Daniel, 
il  interprète  en  même  temps  la  vision  de  Daniel  touchant  les 
quatre  empires,  vision  qui,  depuis  l'antiquité,  est  appliquée  aux 
empires  successifs  des  Babyloniens,  des  Mèdes,  des  Grecs  et  des 
Romains^  et  d'après  laquelle  on  s'est  si  souvent  efforcé  de  calculer 
la  fin  du  tyrannique  exil  «  romain  ».  A  quoi  se  rattache  une 
singulière  énigme  dont  le  noyau  est  constitué  par  les  cornes 
(i2""3"ip),  sans  doute  amenées  par  les  visions  de  Daniel,  notamment 
par  Dan.,  vm,  3  et  suiv.,  où  de  si  mystérieuses  spéculations  sur 
la  fin  des  temps  {yp  ny,  v.  17)  sont  rattachées  à  la  «  corne  ». 

Si  l'on  met  à  part  le  début,  la  description  de  lenfer,  qui  n'est 
qu'une  citation,  notre  texte  se  décompose  en  trois  parties  bien 
tranchées:  1°  assertions  sur  Jésus;  2°  assertions  sur  les  quatre 
empires;  3^^  calcul  messianique  de  la  fin  des  temps,  avec  une 
«  énigme  »  y  relative. 

Aucune  de  ces  parties  ne  manque  dintérêt.  I^e  crime  et  la  mise 
à  mort  de  Jésus  apparaissent  sous  un  jour  sans  doute  unique  dans 
toute  la  littérature  juive.  L'auteur  anonyme  affirme  que,  par  la 
faute  de  son  maître  Josué  b.  Perahya,  Jésus  était  resté  incirconcis, 
alors  que  nous  savons  le  contraire  par  Luc,  ii,  21 ,  et  toute  l'ancienne 
tradition  chrétienne.  Ce  qui  est  bien  embarrassant,  c'est  de  voir 
l'auteur  assurer  que  Jésus  a  été  un  homme  pieux.  Nous  savions 
bien  que  le  Zohar,  et  avec  lui  toute  la  Cabbale,  trahissent  une 
certaine  connivence  avec  le  christianisme,  ce  qui  a  permis  aux 
humanistes  du  xvi*  siècle  de  produire  la  Cabbale  comme  un  témoin 
de  la  vérité  de  la  foi  chrétienne.  C'est  ainsi  encore  que  nous  savons 
que  le  cabbaliste  Néhémie  Hayyon  allait  jusqu'à  professer  la 
Irinité  -.  11  n'en  est  pas  moins  surprenant  que  le  fondateur  du 
christianisme  soit  qualifié  d'  «homme  pieux  »  (p-«i:i:  ïj-^n)  et  qu'on 
lui  applique  les  mots  de  Daniel  oip  pni::i.  Sans  doute  notre  auteur, 
fidèle  au  Talmud  et  au  Toldol  Yéschou,  paraît  convenir  que  Jésus 
était  de  naissance  illégitime  ^  ;  mais  il  n'en  est  nullement  gêné 
dans  sa  glorihcation  de  Jésus,  ce  qui  s'accorde  bien,  du  reste,  avec 
la  mentalité  des  mystiques.  Or,  comme  il  n'a  l'ien  à  blâmer  chez 
Jésus,  il  se  demande  pourquoi  on  l'a  mis  à  mort,  et,  pour  répondre 
à  cette  question,  il  échafaude  un  système  tout  nouveau.  D'après 
lui,  Jésus,  étant  incirconcis,  navait  pas  le  droit  d'offrir  le  sacrifice 

1.  Voir  Driver,  Daniel,  1900  ^daiis  la  série  Camiiridge  Bible  for  Schools  and 
Collèges). 

2.  Jew.  Encycl.,  VI,  278  et  s.  ;  voir  aussi  mon  article  Triuiti/ ,  (/)/(/.,  Xll.  2(50  et  s. 

3.  Cela  ressort  de  la  citation  ...aDH  T^Tû'în  "1T7D73- 


UN   TEXTE  GABBALISTIQUE   SUH   JÉSUS  245 

pascal  inecclesia  (bnpa)  ;  aussi  loffrit-il  en  particulier,  de  quoi  le 
grand- prêtre  fut  si  irrité  qu'il  le  fit  mettre  à  mort'.  A  ces  faits 
s'appliquerait,  on  ne  voit  pas  bien  comment,  le  verset  du  Lévitique, 
XXIII,  M  ;  le  sens  paraît  être  :  Tomer  (-1731^),  c'est-à-dire  Jésus,  a 
été  chassé,  sur  l'ordre  du  Sanhédrin,  du  domaine  du  Temple.  Ce 
serait  un  singulier  pendant  à  l'exploit  de  Jésus  expulsant  les  mar- 
chands du  Sanctuaire  et  prédisant  la  destruction  imminente  de 
celui-ci.  Comme  date  de  sa  mort  —  on  ne  dit  pas  s'il  fut  pendu, 
crucifié  ou  décapité  —  notre  auteur  indique  le  deuxième  jour  de 
Pâque -,  sans  se  laisser  arrêter  par  la  considération  que,  d'après 
la  halacha  des  rabbins,  aucun  supplice  judiciaire  ne  pouvait 
avoir  lieu  en  ce  jour  (bien  que  ce  ne  fût  qu'un  jour  de  demi-fête). 
En  quoi  notre  auteur,  comme  tous  les  cabbalistes  en  général,  est 
en  opposition  consciente  avec  les  rabbins,  sans  compter  que  sa 
date,  le  16  Nissan,  contredit  toutes  les  traditions,  la  juive  aussi 
bien  que  la  chrétienne,  qui  indiquent  le  14  Nissan  comme  date  de 
la  crucifixion.  Une  autre  donnée  mérite  notre  attention  :  Jésus  a 
droit  au  salut,  grâce,  en  quelque  sorte,  au  mérite  de  sa  mère  Marie, 
qui  était  une  Juive.  Nous  ne  reconnaissons  pas  seulement  ici  la 
théorie,  chère  à  tous  les  mystiques,  de  l'importance  de  l'ascendance 
maternelle  ;  nous  y  découvrons  aussi  un  hommage  rendu  à  Marie, 
Marie  que  Mahomet  défend  dans  plusieurs  passages  du  Coran 
contre  la  fameuse  calomnie.  Nous  avons  déjà  remarqué  ailleurs  ^ 
que  les  différentes  recensions  du  Toldot  Yéschou,  elles  aussi, 
ménagent  singulièrement  Marie  et  l'innocentent  de  toute  faute. 

Un  autre  point  essentiel  de  notre  texte  est  celui  qui  se  rapporte 
aux  quatre  empii't'S.  L'auteur  ne  se  contente  pas  ici  d'interpréter 
les  quatre  visions  de  Daniel  ;  il  construit  de  plus  une  équation 
entre  les  quatre  empires  et  les  quatre  lettres  du  nom  divin  "'^n  ', 
rapprochement  auquel  on  ne  peut  refuser  une  certaine  originalité 
ni  même  de  l'esprit.  Ainsi  la  lettre  n,  la  première  de  l'alphabet,  se 
rapporte,  d'après  lui,  au  premier  exil  ou  celui  de  Babylone  ;  la 
lettre  ^,  dont  la  valeur  numérique  est  4,  lui  rappelle  Esliier,  la 
libératrice,  dont  le  nom  se  compose  (en  hébreu)  de  quatre  lettres. 
On  ne  peut  cei'lainement  pas  soupçonner  notre  auteur  de  s'être 
laissé  suggérer  cette  interprétation  par   un  passage  talinudique, 

1.  Peut-être  pour  avoir  odert  un  sacrifice  liors  du  Teinpie  iV'n  PUTIO)- 

2.  La  plirase  n^rî  nOD  3"iyT  ims  Ti^m  n'a  (jue  la  vait-ur  d'uni-  transition. 

3.  Voir  mon  Lehen  Jesu,  p,  198. 

4.  Comme  il  s'agit  de  l'exil  m?;i.  c'est-à-dire  d'un  chfiliment,  l'auteur  jug:e 
opportun  de  remarquer  que  "'3TN  désigne  le  Jugement  rigoureux  INCpP  N3"'T),  en 
accord  avec  l'iiiterprctation  rabbinique,  qui,  dans  DTSbs*,  voit  \^in  PHW  laiidii  qu« 
mrf  représente  2''7:n"in  m^- 


246  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

mais  il  est  sûr  qu'il  s'accorde  étonnamment  ici  avec  les  rabbins, 
qui  attribuent  une  des  délivrances  à  Mardochée  et  Estlier '.  Les 
mômes  rabbins  parlent  aussi  d'une  délivrance  à  l'époque  des  Grecs 
et  mentionnent  à  ce  propos  Asmonée,  ses  fils  et  le  grand-prêtre 
Matathias-.  Notre  auteur  fait  mieux  en  parlant  de  cinq  fils  de 
Matalhias,  ce  qui  fait  bonneur  à  ses  connaissances  bistoriques. 
Il  n'est  que  trop  naturel  de  le  voir  passer  au  quatrième  exil,  à  l'exil 
«  romain  »,  dont  il  essaie  de  déterminer  la  fin  à  la  manière  cabba- 
listique.  Gest  l'objet  de  la  troisième  partie. 

Gette  partie  a  une  valeur  historique  particulière  en  ce  qu'elle 
contient,  touciiant  la  fin  des  temps,  une  révélation  du  célèbre 
cabbaliste  Hayyim  Vital,  qui  prétendait  l'avoir  reçue  du  prophète 
Elie.  Hayyim  Vital  Galabrese,  ami  et  disciple  d'Isaac  Louria,  le 
fondateur  de  la  Néo-Gabbale,  s'était,  comme  aussi  du  reste  son 
collègue  et  maître,  jeté  avec  toute  la  fougue  de  sa  fantaisie  et  de 
son  imagination  dans  les  calculs  relatifs  à  l'avènement  des 
temps  messianiques  ;  il  était  convaincu  que  cette  époque  était 
proche  et  se  considérait  lui-même  comme  un  instrument  de  la 
délivrance  en  se  donnant  pour  le  Messie  fils  de  Joseph,  précurseur 
du  vraie  Messie  ^  Le  Zohar  et  tous  les  ouvrages  qui  en  dépendent 
indiquent  comme  date  de  la  délivrance  l'an  3408,  de  la  création  du 
monde,  soit  1648  de  l'ère  chrétienne  et  on  sait  que  c'est  en  cette 
année  que  parut  le  faux-Messie  Sabbataï  Gebi^  Il  est  contraire  à 
l'esprit  cabbalistique  d'exprimer  un  fait  quelconque  d'une  manière 
claire,  compréhensible  pour  tout  le  monde;  l'atmosphère  de  la 
Gabbale,  c'est  l'ombre,  le  mystère  et  le  secret.  G'est  ainsi  que  cette 
date  bien  connue  est  voilée  par  notre  texte  dans  l'obscurité  mysti- 
que dune  énigme  (mn),  dont  la  symbolique  chiffrée,  savamment 
calculée,  est  bien  faite  pour  plonger  l'auditeur  et  le  lecteur  dans 
cet  état  d'esprit  fantasque  que  les  mystiques  aiment  tant. 

Il  n'est  pas  facile  de  trouver  la  clef  de  l'énigme.  La  difficulté  peut 
provenir  en  partie  de  ce  que  le  texte  ne  paraît  pas  s'être  bien 
conservé.  Gomme  l'énigme  est  qualifiée  de  morceau  rimé  (n-in), 
il  était  avant  tout  nécessaire  de  lui  donner  la  forme.  d'ailhMirs 
conjecturale,  d'une  pièce  de  cinq  vers.  En  vue  de  la  rime,  il  fallait, 
à  la  quatrième  ligne,  corriger  ■'"ira  en  ûnnn,  mot  que  je  prends 

d.  Meguilla.  Ma. 

2.  Ihid. 

3.  Voir  sur  lui  Grsetz,  Geschichie,  >  (-dition,  IX,  420;  Ph.  Bloch.  (tpud  Winter  et 
Wiinsche,  Die  judisclie  Lilfemlur,  UI.  284.  C'est  M.  Bloch  qui,  dans  une  lettre  du 
5  mai  190.^3,  a  élucidé  pour  moi  quelciucs  points  de  notre  texte  cabbalistique  et  m'a 
notamment  sijrnalé  le  passage  du  *^b73n  "pnv  qu'on  trouvera  plus  loin. 

4.  Voir  Gr;etz,  op.  cit.,  X,  189. 


UN   TEXTE  CARRALISTIQUE   SUR   JÉSUS  247 

d'après  Genèse,  xv,  10,  dans  le  sens  de  «  partie  »,  «  morceau  ».  A  la 
cinquième  ligne,  j'ajoute  ■•-in,  tombé  sans  doute  par  la  faute  du 
copiste  à  cause  de  sa  ressemblance  avec  ■^ina  ^  Notre  morceau 
n'est  ni  assez  ancien,  ni  assez  important  pour  mériter  qu'on  peine 
sur  lui  ;  aussi  n'ai-je  amendé  le  texte  qu'autant  qu'il  a  paru  néces- 
saire pour  l'intelligence  de  l'ensemble. 

La  clef  de  l'énigme  est  sans  doute  le  mot  D-'3-ip,  dont  la  valeur 
numérique  est  400.  A  ce  nombre  s'ajoutent  cinq  milliers,  que 
l'auteur  désigne  par  mno-iD  Tronn  «  cinq  degrés  préliminaires  »,  en 
quoi  il  pense  probablement  LiAbol,  m,  18,  où  le  calcul  du  calendrier 
(msipri)  et  les  supputations  de  nombres  (nr-ia72"^a)  sont  désignés 
comme  les  degrés  préliminaires  de  la  sagesse  (n»3n),  c'est-à-dire 
pour  lui  de  la  sagesse  cabbalistique.  A  5400  il  manque  encore  8 
pour  obtenir  le  millésime  5408-.  Aussi  l'auteur  demande-t-il  que 
l'on  compte  aussi  û-'S-ip  par  morceaux  (D"«nn3),  c'est-à-dire  chaque 
lettre  et,  semble-t-il,  avec  le  préfixe  n  dans  û""3np3  ;  on  obtient  ainsi 
6  et  avec  la  répétition  du  mot  lui-même  (bbis)  ^,  8  unités  ;  soit  au 
total  le  millésime  5408.  Si  l'opération  paraît  subtile,  la  faute  n'en 
est  pas  à  l'interprétation,  mais  à  la  mystique  cabbalistique.  D'ail- 
leurs, je  ne  garantis  pas  que  mon  interprétation  soit  exacte. 
En  outre,  les  lignes  du  milieu,  qui  parlent  de  «la  corne  d'un  bœuf, 
de  la  corne  du  mouton,  de  la  corne  des  sauterelles'  »,  me  sont 
incompréhensibles.  Peut-être  les  mots  mo  et  D'^aan,  qui  sont 
composés  de  8  lettres,  indi(iuent-ils  le  nombre  8  que  nous  cher- 
chions. Dans  ce  cas  l'auteur  dirait  : 

Cinq  degrés  préliminaires  '"  s'ajoutent  à  D"'3np  (=400), 

qui  sont  dans  la  corne  du  bœuf  ou  des  sauterelles, 

mais  non  dans  le  bueiif,  le  mouton  ou  les  sauterelles  (seulement), 

mais  si  tu  peux  trouver  mon  énigme  par  morceaux, 

les  degrés  préliminaires  se  sont  déjà  trouvés  dans  D'^îlp. 

Vienne.  S.    KraUSS. 

1.  Le  mot  ^"in  ajouté  par  moi  est  araméen,  tandis  que  le  reste  du  morceau  est 
hébreu,  mais  cette  dissonance  ne  peut  pas  faire  (iifdculté  dans  une  élucuhration  si 
récente  qui  ne  se  distingue  en  rien  moins  que  par  i'éléganre  du  style. 

2.  Cf.  "^'îTan  p«y,   cliapitre  inn  Ub^y,   fJo  (éd.  Amsterdam,  1048,  ^336^  :    pT 

(Caiabrese)  Tns'îp  D"^^n  -i"nrt73  'p"'p  mn  nan'c  n"''^n  yy  noon  annD  T-is-i 
^•'hy^  ^:i'^\n^^n'0  rar>  -^^Zln  13-173  "î^po  n"r!''3T  """mr,  'p"-p  i"?:  y::  ^T'^z^:n 
'}n3\:;r3  n^;j7:n  -!"n  -,7:n  vî^'t  ^nrT^-'CN  nn-»  Y'^  îî^Tw^  T->:3pN  y;3p  -i72is: 
npoD  r!3i'57:r!C  r;7j  ii3  -ir  -"-[y  'rn'\:72  rrrr  "^"'crt  q'rwx'r  n"n  'd"-!  n"NT 
•^72131  rrrriiN  -«d  3'cï?  hd  p":»  r"î<T  ii3cn  DTip  n3-in  u^z^d. 

3.  Cf.  Û''5"5"1D  m3"^n  '3  UV  dans  l'interprétation  des  mois  yjnp  pni:;T. 

4.  L'expression  D''3an  ^3"1p  est  peut-être  un  souvenir  de  Pesahim,  lu,  5.  Avec  un 
cabbaliste  on  peut  imaginer  aussi  que  dansD^l3a)n  il  a  trouvé  son  propre  nom  D'^^n. 

5.  Les  5  «  degrés  préliminaires  »  peuvent  être  trouvés  dans  les  5  lettres  de  D^3~p( 
ou  bien  :   à  4C0  il  faut  encore  ajouter  3000. 


ETUDE 

SUR 

LA  CONDITION  DES  JUIFS  DE  NARBONNE 

DU  V-^  AU  XIV^  SIÈCLE 

(suite ^) 

CHAPITRE    XII 

LE     COMMERCE     DE    l'aRGENT. 

1.  La  législation  locale  appliquée  aux  Juifs  créanciers  ou  débiteurs.  —  II.  Les 
Juifs'et  le  prêt  sur  gage  mobilier  ou  immobilier.  —  III.  Le  prêt  ù  intérêt;  ses 
détracteurs  et  ses  apologistes;  son  taux;  Juifs  créanciers  surtout  des  consuls 
du  Bourg;  taux  élevés  p'our  prêts  à  court  terme;  lettres  de  change:  renou- 
vellements delfets.  —  IV.  Monnaies  en  usage  dans  les  juLveries  de  Narbonne  : 
narbonnais,  melgoriens,  tournois. 

I.  —  Bien  qu'ils  aient  en  la  faculté  d'exercer  indifféremment  le.s 
professions  d'agriculteur,  d'artisan  ou  de  marchand,  les  Juifs  nar- 
bonnais n'ont  pas  échappé  à  la  loi  générale  qui  entraînait  irrésisti- 
blement les  Juifs  vers  le  commerce  de  l'argent.  Les  seigneurs  aussi 
bien  que  les  particuliers,  les  communautés  religieuses  aussi  bien 
que  les  communautés  laïques  se  voyaient  contraints  en  maintes 
circonstances  de  recourir  aux  emprunts  ;  et,  comme  le  droit  canon 
interdisait  aux  chrétiens  la  pratique  du  prêt  productif  d'intérêt,  on 
prit  l'habitude  à  Narbonne,  comme  partout  ailleurs,  de  faire  appel  au 
crédit  juif.  Les  opérations  de  banque  devenant  fructueuses  par 
suite  du  taux  élevé  de  l'intérêt  et  surtout  par  suite  de  la  maîtrise 
que  les  Juifs  s'étaient  acquise  en  cette  matière  à  la  faveur  d'une 
longue  expérience,   de    plus,    les  propriétaires  d'immeubles   ne 

1.  Voy.  Revue,  t.  LV,  {>\\.  1  et  221  ;  l.  LVIII,  pp.  73  et  200;  t.  LIX,  p.  59  ;  t.  LXI, 

p,  '2-2H  (;l  l.  I.XII,  p,  1. 


ÉTUDE   SUR   LA   CONDITION   DES  JUIFS   DE    NARBONNE  240 

jouissant  que  d'une  sécurité  probiénialique.  non  pas  relativement 
aux  brigands  de  grande  route  ou  aux  seigneurs  locaux,  mais  par 
rapport  au  pouvoir  royal  lui-même,  qui  s'était  avisé  pour  remplir 
le  trésor  de  recourir  à  dos  expulsions  et  à  des  confiscations  pério- 
diques, les  Juifs  narbonnais  s'empressèrent,  vers  le  milieu  du 
XIII*  siècle,  de  transformer  leur  fortune  foncière  en  valeurs  mobi- 
lières, dont  le  recouvrement,  à  la  veille  d'un  édit  d'expulsion, 
pouvait  s'effectuer  plus  aisément  qu'une  liquidation  d'immeubles. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  rôle  financier  joué  par  les  Juifs  était  déjà 
assez  notable  à  Narbonne  dans  le  premier  quart  du  xiii"  siècle  pour 
que  la  législation  locale  ait  eu  à  s'occuper  do  réglementer  leurs 
opérations.  Des  statuts  furent  dressés,  le  3  février  12^1,  par  le 
conseil  des  prud'hommes  et  les  trois  cours  seigneuriales  delà  ville, 
portant  que  les  débiteurs  qui  feraient  faillite  ou  délaisseraient 
leurs  biens  pourraient  être  livrés  entre  les  mains  de  leurs  créanciers 
et  détenus  par  eux;  de  ces  dispositions  furent,  toutefois,  exceptés 
les  Juifs  débiteurs  de  créanciers  chrétiens  et  réciproquement  les 
chrétiens  débiteurs  de  créanciers  juifs  ;  mais  tout  débiteur  pouvait 
encourir  un  emprisonnement  de  dix  jours  dans  la  prison  de  l'une 
des  trois  cours  narbonnaises.  Les  règlements  ci-dessus  devaient 
s'appliquer  indistinctement  aux  femmes  juives  et  aux  femmes 
chrétiennes  dont  les  maris  viendraient  à  être  l'objet  de  poursuites 
judiciaires  pour  avoir  manqué  à  leurs  engagements  '. 

Sept  ans  plus  tard,  en  1228,  un  statut  additionnel  fut  promulgué 
par  les  consuls  relativement  aux  débiteurs  récalcitrants.  Ce  règle- 
ment supprimait  la  contrainte  par  corps  à  l'égard  du  débiteur  juif. 
Le  créancier  devait  se  borner  à  la  contrainte  par  saisie  immobilière 
et  mobilière.  Conformément  aux  prescriptions  de  cette  ordonnance, 
les  consuls  firent  remettre  en  liberté,  dans  le  courant  de  lannée 
1238,  le  juif  Abraham  Crescas,  emprisonné  pour  dettes  à  la  requête 
de  son  créancier  Jean  Barte.  à  la  condition,  toutefois,  qu'il  s'ac(iuit- 
terait  de  ses  obligations  dans  Iq  délai  d'un  mois  ^. 


1.  Arch.  mun.  de  Narb.,  !«■•  Thalamus,  f°  83  v»,  9»  Thalamus,  f"  G  (texte  latitiK 
Cette  coutume,  tantdt  sous  sa  forme  latine,  tantôt  sous  sa  forme  provençale,  se  ren- 
contre au  moins  huit  fois  dans  les  registres  consulaires.  —  Gop.  :  BihI.  nat.,  collec- 
tion Doat,  t.  50,  f"'  21-27,  d'après  3"  Thalamus.  —  Pibl.  :  llist.  de  Lanr/.,  éd.  Du 
.Muge,  t.  VU.  Preuves  des  additions  et  noies,  p.  127,  d'après  le  texte  provençal  du 
3»  Thalamus;  Du  Mège,  confondant  le  règlement  de  1221  avec  le  statut  additionnel  de 
122.S  do[it  il  sera  question  plus  bas,  place  à  tort  le  règlement  sous  l'année  122S  <■{ 
Saige  (Juifs  du  Lauff.,  p.  47)  commet  la  même  erreur;  Mouynés,  Invenl,  des  urc/iices 
de  Narh.,  Annexes  de  la  série  AA,  p.  11,  1"  col. 

2,  Hist.  de  Laufj,,  éd.  Du  .Muge,  t.  Vil,  l'reuves  des  additions  et  noies,  p.  127, 
2'  col.  :  «  .VI  uom  de  santa  et  non  despartibla  Trinital,  lo  Payre,  lo  Fil  et  lo  Saut- 


2b0  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

II.  —  Pour  éviter  les  inconvénients  et  les  frais  qu'entraînaient 
les  saisies,  les  créanciers  juifs  pratiquaient  beaucoup  à  Narbonne 
le  prêt  sur  gage.  Quelque  temps  avant  l'année  924,  nous  voyons  les 
«  Hébreux  »  Sabrono  et  Barala  créanciers  engagistes  de  la  vicom- 
tesse Arsinde  pour  la  somme  de  4,000  sous  garantie  sur  Talleu  de 
Magrie  et  de  Guxac'.  Le  gage  n'était  pas  toujours  un  immeuble. 
C'était,  notamment,  la  perception  d'un  droit,  surtout  quand  le 
débiteur  se  trouvait  être  un  grand  seigneur  de  la  ville.  En  1180, 
les  Juifs  Momet  et  Matofias  se  firent  engager  par  l'archevêque  pour 
une  période  de  douze  ans,  en  garantie  d'un  prêt  de  6,000  sous,  la 
perception  de  la  leude  de  terre  et  de  mer-.  Le  46  mai  1213,  nous 
trouvons  encore  des  Juifs  engagistes  des  petites  leudes  archié- 
piscopales^. 

Qu'arrivait-il  de  l'objet  engagé  au  cas  où  le  débiteur  venait  à 
déclarer  qu'il  se  trouvait  dans  l'impossibilité  d'acquitter  ses  enga- 
gements, c'est  ce  que  nous  apprend  un  acte  du  27  octobre  1252.  A 
cette  date,  Bondia  de  Surgères  prête  à  Bernard  de  Bubars  et  à  sa 
famille  135  sous  melgoriens  à  6  deniers  pour  livre  d'intérêt  mensuel, 
soit  à  30  0/0  par  an.  La  garantie  de  l'emprunt  est  un  champ  situé 
dans  le  terroir  d'Escales,  sous  le  domaine  direct  de  Bérenger  de 
Boutenac.  La  dette  doit  être  remboursée  à  la  Saint-Just  de  l'année 
1252,  sinon  le  champ  sera  vendu  au  bénéfice  de  Bondia,  qui 
prélèvera  sur  le  prix  de  vente  le  montant  de  sa  créance,  capital  et 
intérêts,  quitte  à  remettre  le  reliquat  entre  les  mains  de  son  débi- 
teur ■*.  Il  arriva  précisément  que  Bernard  de  Bubars  ne  put  pas 
^faire  honneur  à  ses  engagements,  et  conformément  à  la  clause 
restrictive  insérée  dans  le  contrat  précédent,  Bondia  de  Surgères 
fit  procéder  à  la  vente  du  champ  remis  en  gage  -'. 

Les  créanciers  juifs  prêtaient  aussi  sur  gage  à  leurs  coreligion- 
naires. Ainsi  Vidal  de  Florensac,  à  la  date  du  4  4  octobre  4267,  tenait 

Esperit,  los  cossols  de  la  vila  de  Narbona  an  ordenat  que  lo  Jusieu  Abraham  Crescas. 
près  pel  deutes  que  as  ilel  sen  Joan  en  Barte,  séria  mes  en  libertat,  mas  que  pairues 
dins  lo  mes  lo  digut  al  dit  Joan  en  Barte.  Para  qu'es  lo  establiment  aytal  que  foc  fait 
l'an  de  nostre  senlior  mccxxviii  qu'alcun  Jusieu  no  sia  près  per  causa  de  deutes,  mas 
que  pagues  et  que  sos  bes  sian  vendus,  sino  a  autramen  poder  de  pai-^ar  lo  crescedor. 
Et  aytal  es  estât  fait  l'an  de  nostre  sonhur  mccxxxviii.  »  Ou  Mèijre  a  tiré  ce  document 
d'un  recueil  intitulé  :  Actes  pour  servir  à  l'histuire  de  France.  Sa  jiublication  nous 
paraît  fautive  ;  mais  il  nous  a  été  impossible  d'en  retrouver  la  source.  Cf.  Saiire  Jui/'s 
du  Lang.,  p.  47. 

1.  Voy.  plus  haut,  chap.  iv,  g  ii. 

2.  Inventaire  des  archives  de  l'archeTÔché  de  Narbonne,  t.  1,  f"  313  v^-Sl*,. 

3.  Voy.  plus  haut,  chap.  v,  §v. 

4.  Saige,  Juifs  du  Lan</.,  pp.  188-190, 
tl.    Ibid.,  pp.  190192. 


ÉTUDE   SUR   LA   CONDITION    DES  JUIFS   DE   NARBONNE  251 

eu  gage  de  Vidal,  fils  de  David  de  Narbonne,  un  maiise  situé  dans 
la  Cité,  sous  la  directe  vicomtale  '.  Mais  il  est  probable  que  dans 
ce  cas  le  créancier,  conformt'ment  aux  presci'iptions  de  la  loi 
hébraïque,  n'exigeait  pas  d'inlérct  de  son  coreligionnaire.  Le 
bénéfice  réalisé  devait  consister  uniquement  alors  dans  le  produit 
de  la  récolte. 

Quelquefois  —  probablemcnl  dans  les  petits  emprunts  —le  gage 
consistait,  comme  au  3Iont-de-Piété  moderne,  en  matière  d'argent, 
en  vêtements  et  autres  objets  mobiliers.  La  charte  de  franchises 
octroyée  par  l'archevêque  à  sa  juiverie  le  10  janvier  1284  prévoyait 
les  engagements  de  cette  sorte.  Les  Juifs  engagistes  de  vêtements 
ou  de  pièces  d'argenterie  jouissaient  de  la  faculté,  à  l'expiration 
d'un  délai  de  deux  ans,  et  après  en  avoir  préalablement  obtenu 
l'autorisation  de  l'officialité  archiépiscopale,  de  mettre  en  vente 
tout  ou  partie  des  objets  engagés  jusqu'à  concurrence  du  montant 
du  prêt.  Défense  était  faite  aux  Juifs  de  recevoir  en  gage  des  draps, 
des  costumes  ou  des  ornements  ecclésiastiques,  des  vêtements 
sanglants  ou  perforés  par  le  glaive,  soit  encore  des  étoffes  dont  le 
commerce  était  interdit  sous  peine  d'amende^. 

On  ne  trouve  pas  seulement  des  Juifs  créanciers  de  chrétiens;  on 
voit  aussi  le  contraire  :  des  chrétiens  créanciers  de  Juifs.  Cette 
réciprocité  s'explique  encore  par  la  prohibition  canonique  du  prêt 
à  intérêt.  Il  est  clair  que  le  prêt  consenti  par  un  chrétien  à  un  Juif 
était  moins  repréhensible  que  le  prêt  consenti  à  un  autre  chrétien 
De  plus,  le  prêt  sur  gage,  bien  que  n'étant  dans  la  plupart  des  cas 
qu'un  prêt  à  intérêt  déguisé,  n'était  pas  interdit  par  les  canons  de 
l'église.  Le  27  octobre  1154,  le  saunier  juif  Bonisaac,  sa  femme 
Mairona  et  leurs  filles  Regina  et  Bonamancipa,  en  garantie  d'un 
emprunt  de  200  sous  melgoriens,  engagent  à  Pierre  Causic  150  aires 
de  salins  sises  au  Pradel,  avec  tous  les  accessoires  nécessaires  à 
l'extraction  du  sel.  La  durée  de  rengagement  est  fixée  à  deux  ans. 
Si,  au  terme  de  ce  délai,  la  dette  n'est  pas  acquittée,  le  créancier 
continuera  à  exploiter  la  saline  jusqu'à  complet  remboursement. 
Pour  obvier  aux  perturbations  que  peuvent  amener  les  variations 
monétaires,  et  notamment  la  baisse  de  l'aloi  au  dessous  du  taux  de 
48  sous  melgoriens  par  marc  d'argent  fin,  poids  légal  de  Narbonne, 
les  emprunteurs  sengagent  à  effectuer  le  remboursement  de  leur 
prêt  en  argent  fin  et  en  très  bonne  monnaie.  Le  créancier  sur 
gage  pourra,  à  son  tour,  sous-engager  la  saline  s'il  a  besoin  dans 

1.  Saii.^;,  Juifs  <lu  Lang.,  pp.  192-200. 

2.  Pièces  juslificalives,  n"  VIU,  arlicles  9  pt  10. 


252  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

lintervalle  de  réchéance  de  rentrer  en  possession  du  montant 
de  son  prèt^ 

Les  «  Rois  Juifs  »,  eux-mêmes,  étaient  obligés  de  recourir  à 
l'emprunt  sur  gage  immobilier.  Ainsi,  Clarimos  et  Bondia,  bien 
avant  ledS  novembre  H99,  avaient  engagé  leur  droit  de  propriétaire 
direct  sur  une  pièce  de  terre  sise  dans  le  terroir  de  Pré  judaïque, 
le  premier  en  faveur  de  Guillaume  de  Rieu,  le  second  en  faveur  de 
Bérenger  de  Moussan.  D'autre  part,  à  la  date  du  15  novembre  H 99, 
on  voit  Pons  de  Coursan,  tenancier  des  deux  parcelles  de  Clarimos 
et  de  Bondia,  engager  à  son  tour  le  domaine  utile  de  ces  pièces  de 
terre  en  garantie  d'un  emprunt  de  40  sous  melgoriens  pour  la  durée 
de  deux  ans,  à  partir  de  la  Saint-André,  avec  possibilité  de  prolon- 
gation d'an  en  an  jusqu'à  complète  extinction  de  la  créance.  Les 
revenus  de  la  terre  ne  servent  pas  à  l'amortissement  de  cette  dette. 
Ils  constituent  donc  le  bénéfice  du  créancier. 

Dans  ces  contrats,  comme  dans  l'acte  précédent,  nous  voyons  que 
le  créancier  se  réserve  le  droit  de  sous-engager  la  pièce  de  terre 
pour  la  valeur  de  sa  créance,  après  en  avoir  obtenu  préalablement 
l'autorisation  des  propriétaires  directs,  à  qui  il  devra  fournir  les 
redevances  accoutumées,  notamment  le  quart  de  la  j'écolte,  et,  en 
cas  de  sous-en^agement,  les  droits  de  mutation  (^foriscap  .  Les 
débiteurs  s'obligent,  s'il  advient  que,  par  suite  de  moins-value,  la 
terre  engagée  constitue  une  garantie  insuftisante,  à  offrir  en  gage 
tous  leurs  autres  biens,  immeubles  et  meubles.  Ce  prêt  sur  gage 
ressemble  donc  étrangement  à  un  prêt  sur  garantie  bypotbécaire. 
Si  la  reprise  delà  terre  s'effectue  au  moment  de  la  récolte,  le  pro- 
duit devra  en  être  réparti  entre  le  créancier  et  le  débiteur,  moitié 
par  moitié.  Toutefois,  si  la  récolte  consiste  en  blé,  le  débiteur  devra 
indemniser  le  créancier  de  la  moitié  du  prix  d'acbat  de  la  semence  ^. 

IIL  —  Mais  le  mode  que  revêt  le  plus  généralemonl  lobligalion 
souscrite  par  un  cbrétien  au  protit  d'un  créancier  juif  nest  pas 
autre  chose  que  le  simple  prêta  intérêt.  La  détention  du  gage  devait 
entraîner  des  tracas  pour  le  prêteur,  surtout  s'il  lui  fallait  s'impro- 
viser agriculteur  ou  vigneron.  Au  reste,  le  bénéfice  annuel  réalisé 
subissait  tout  à  la  fois  les  fluctuations  de  la  récolte  et  du  marciié. 
Il  y  avait  donc  avantage  à  s'assurer  un  revenu  fixe  et  déterminé, 
—  du  moins  pour  une  certaine  péi'iode,  —  comme,  par  exemple,  le 
prix  de  la  location  diin  inmieuble  ou  le  cens  d'une  tenure.  Nous 

1.  Pièces  justificatives,  w"  IV, 

2,  Pièces  justificatives,  11°  V, 


ÉTUDE   SUR   LA   CONDITION    DES   JUIFS   DE   NAIIIiONNE  2b3 

voyons,  le  "20  iiovembie  IIUl,  deux  Juifs  de  Naihoiine,  Eiïrahim  et 
Bonastruch,  de  passage  à  Girone  consentir  un  prêt  en  laveur  du 
catalan  Gaufredo  Borrell  de  Razet  '. 

Le  débiteur  était  souvent  réduit  à  li([uider  une  partie  de  ses  biens 
pour  s'acquitter  à  l'égard  de  son  créancier  juif.  Le  26  féviier  1220, 
Kaimond-Bérenger  dOuveillan  vendit  à  l'abbaye  de  Fontfroide  deux 
pièces  de  terre  sises  dans  le  terroir  de  3Iattefer,près  de  Montlaurés; 
le  montant  du  prix  de  vente,  soit  ooO  sous,  fut  intégralement  versé 
au  Juif  Âstrac.  qui  avait  prêté  pareille  somme  au  père  du  vendeur, 
Bérenger  d'Ouveillan,  «  sous  de  grosses  usures  »  ^. 

Le  présent  acte  ne  nous  est  parvenu  que  sous  forme  d'analyse.  Il 
est  donc  probable  que  lexpression  «  sous  de  grosses  usures  »  em- 
ployée par  l'auteur  de  l'inventaire  des  titres  de  Fontfroide  n'est 
qu'une  mauvaise  interprétation  du  mot  itsura,  qui.  au  moyen  âge, 
signifie  tout  simplement  intérêt.  Nous  verrons  plus  loin  ce  qu'il 
faut  penser  du  taux  exigé  par  les  Juifs  de  Narbonne.  Assurément  ce 
n'est  pas  sans  raison  que  les  canons  2,  3  et  4  du  concile  provincial 
tenu  à  Narbonne  pendant  le  carême  de  Tannée  1227,  sous  la  prési- 
dence de  l'archevêque  Pierre  Ameil,  défendirent  aux  Juifs  d'impo- 
ser aux  chrétiens  des  intérêts  trop  élevés^.  Mais  à  Narbonne  les 
Juifs  ne  paraissent  avoir  pratiqué  que  très  rarement  l'usure  au  sens 
moderne  du  mot. 

Le  crédit  productif  de  gain  subit  une  crise  sous  le  règne  de 
Louis  IX,  qui  proscrit  sévèrement  toute  pratique  de  prêt  à  intérêt. 
Aussi,  voyons-nous  un  Juif  narbonnais,  Meïr  ben  Siméon,  soutenir 
dans  un  factum  la  légitimité  et  l'utilité  du  prêt  à  intérêt,  qu'il  dis- 
tingue nettement  de  l'usure'.  Sa  théorie  semble  avoir  prévalu  à 
Narbonne  sur  celle  de  la  royauté  capétienne.  Nous  avons  vu  que 
les  seigneurs  de  la  ville  ne  se  faisaient  pas  faute  d'encourager  les 
pratiques  financières  des  prêteurs  juifs,  au  crédit  desquels  ils  ne 
dédaignaient  pas  de  recourir  à  l'occasion. 

L'industrie  narbonnaise  faisait'  appel,  elle  aussi,  au  concours 
financier  des  capitalistes  de  la  grande  et  de  la  petite  juiverie.  Le 
pareur  Guillaume  Gramos  Grafiiuscii)  dictant  son  testament  le 
1"" octobre  124S,  n'oublie  pas  qu'il  est  débiteurde  certaines  sommes 
à  l'égard  du  frère  de  Mamet,du  frère  de  Léon  Anellier  eld'un  autre 
Juif  qu'il  ne  nomme  pas  ;  il  recommande  à  ses  héritiers  de  restituer 

1.  Girhal,  Revisia  de  Gerona,  t.  16,  p.  34  (d'après  Archivo  del  Hospicio  de  Gemna, 
armario  de  pergamenos,  cajon  17,  n"  205). 

2.  Bibl.  de  Narbonne,  ms.  259,  f*  95. 

3.  Voy.  plus  haut,  chap.  v,  §  vi. 

4.  Ihid.^,  cliap.  vu,  g  i. 


254  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

()  livres,  18  sous,  4  deniers  melgoriensaux  deux  premiers,  66  sous, 
8  deniers  au  troisième  ^  C'est  peut-être  aussi  une  restitution  de 
somme  prêtée  qu"il  faut  voir  dans  la  clause  du  testament  de  Ber- 
nard de  Cortone  instituant  en  laveur  de  Bonmacip,  fils  du  Roi  Juif, 
un  legs  de  22  deniers,  plus  une  cape  de  capavesce  '-. 

Quel  était  le  taux  de  Tintérêt  exigé  par  les  Juifs  de  Narbonne  ? 
Bernard  de  Bubars  et  sa  famille  étaient  débiteurs  à  Bondia  de  Sur- 
gères de  133  sous  melgoriens  productifs  de  6  deniers  pour  livre 
d'intérêt  par  mois,  soit  30  0/0  par  an.  L'intérêt  devait  être  payé  en 
même  temps  que  le  capital  au  jour  de  récbéance  du  billet.  Des  pré- 
cautions sérieuses  étaient  prises  en  prévision  de  variations  moné- 
taires. L'intérêt  {liicnim)  devait  être  soldé  en  argent  fin  à  raison  de 
48  sous  melgoriens  au  marc,  conformément  à  l'aloi  de  Nar- 
bonne ^. 

L  habitude  de  verser  le  montant  de  Fintérèt  en  bloc  au  jour  de 
récbéance  de  l'emprunt,  et  non  à  des  termes  fixés  dans  l'intervalle: 
fin  de  mois,  fin  de  trimestre,  fin  de  semestre  ou  fin  d'année,  nous 
explique  que  dans  les  quittances  de  dettes  il  ne  soit  pas  fait  de  dis- 
tinction entre  le  capital  et  l'intérêt.  Le  16  juillet  4303,  Astruc 
Bonafos  du  Cayla}-  et  Sabron  Vivas,  Juifs,  donnent  décharge  au 
légiste  Pierj-e  Bonet,  procureur  des  consuls  du  Bourg,  de  M^^  livres 
tournois,  à  valoir  sur  les  240  que  les  consuls  leur  devaient,  ainsi 
qu'à  leur  coreligionnaire  Bondia  Mossé,  pour  livraison  de  3  charges 
et  demie  de  poivre''. 

Il  ne  s'agit  plus  ici,  il  est  vrai,  duu  emprunt  souscrit  en  espèces, 
mais  dune  forme  particulière  de  crédit  :  la  fourniture  de  marchan- 
dises payables  à  terme.  La  conclusion  de  ce  marché  donnait  lieu 
à  la  rédaction  d'un  billet  à  ordre  ([ni  i-eslait  entre  les  mains  du 
fournisseur  et  qui  était  remis  au  débiteur  ou  à  son  mandataire 
contre  remboursement  au  terme  de  rempriint.  Il  est  fort  possible 
que  le  montant  de  la  livraison  consentie  à  terme  ou  le  capital  en 
espèces  prêté  pour  un  délai  déterminé  aient  été  majorés  au  mo- 
ment de  l'emprunt  de  la  somme  d'intérêt  exigible  à  l'échéance. 

Il  n'est  pas  toujours  facile  de  démêlei"  les  difTérentes  formes  de 
prêt  à  intérêt  pratiquées  par  les  Juifs  de  Narbonne.  Par 
exemple,   le   o  novembre    1303,  Salomon   de  Montpellier   donne 

1.  Atcli.  iiuiii.  de  Narb.,  pièce  orit;.  pareil,  non  inventoriée  :  «  . .  et  tribus  Judeis 
Iratri  Maineti  et  fratri  Leonis  Anellarii  mande  restitui  vj  libras  et  xiij  solidos  et  iiij 
deiiarios  melgorensium  et  tercio  Lxvj  solidos  et  viij  denarios  melgorensium ». 

2.  Voy.  plus  baut,  cliap.  x,  lin  du  S  vu. 

3.  Saige,  Juifs  du  Lan;,.,  pp.  188-11)0. 

4.  I'ièce.s  jiislificaiives,  n"  XI. 


ÉTUDE   SUR   LA   CONDITION    DES  JUIFS   DE   NARBONNE  255 

quittance  à  Arnaud  do  Rosolenchis,  peaussier  de  Narbonne,  — 
chargé  par  les  consuls  du  Bourg  de  recueillir  Fintérêt  {pena  ')  de 
la  taille  imposée  dans  le  Bourg  à  raison  de  l!2  sous  tournois  par 
denier  de  revenu  imposable  et  affermée  à  Jean  de  Palayan,  meu- 
nier, —  de  la  somme  de  '2i  livres,  6  sous,  8  deniers  tournois  pour 
24  livres  dues  par  les  consuls  du  Bourg  contre  livraison  de  trois 
charges  d'alun.  Salomon  de  Montpellier  remet  le  billet  de  prêt  à 
Arnaud  de  Rosolenchis- .  Le  même  jour,  Davin  den  Affagim  donne 
quittance  de  26  1.,  6  s.,  8  d.  tournois  pour  28  1.  empruntées  par  les 
consuls  du  Bourg  à  raison  de  6  marcs  d'argent  fin  le  14  août  1303  ^. 
Également  le  même  jour,  Astruc  Catre,  Juif  de  Narbonne,  au  nom 
et  lieu  de  Grescas  Bonet,  Juif  de  Lunel,  donne  quittance  de  pareille 
somme  pour  28  1.  souscrites  aussi  par  les  consuls  du  Bourg  aux 
mêmes  conditions  et  à  la  même  date^ 

Il  ne  semble  pas  qu'il  s'agisse  là  de  versements^  effectués  à  titre 
d'à  compte,  mais  de  remboursements  intégraux.  Comment  expli- 
quer toutefois  l'écart  assez  sensible  qui  se  présente  entre  le  montant 
du  capital  prêté  et  le  produit  de  la  créance  échue  ?  Cette  différence 
peut  provenir  d'une  baisse  monétaire  survenue  dans  l'intervalle  ou 
bien  encore  d'une  remise  d'intérêt,  résultant  d'un  remboursement 
effectué  avant  terme. 

Les  consuls  du  Bourg  recouraient  souvent  au  crédit  des  Juifs 
narbonnais.  Ils  avaient  emprunté,  notamment,  le  4  août  1304,  à 
Samuel  Bonmacip  de  Lescaleta  et  à  Vidal  Mossé  la  somme  de  100 
livres  tournois  de  monnaie  faible.  Après  l'expulsion  de  1306  et  la 
confiscation  des  créances  juives,  les  consuls  durent  s'acquitter  de 
leurs  dettes  entre  les  mains  des  collecteurs  royaux.  Le  24  décembre 
1306,  Bernard  Bardin,  consul  du  Bourg,  versa  en  son  nom  et  au 
nom  de  ses  collègues,  à  Bernard  Raseire,  chargé  de  recouvrer  les 
créances  des  Juifs  narbonnais,  33  livres,  6  sous,  8  deniers  de  petits 
tournois  valant  100  livres  de  monnaie  faible.  Par  suite  des  intérêts 
la  créance  s'élevait  en  réalité  à  12o  livres  ;  mais  remise  fut  faite  aux 
consuls  des  intérêts^. 

Le  4  août  1304,  les  consuls  du  Bourg  avaient  également  souscrit 
une    seconde   obligation    de    100   francs    au   prolît  de    Samuel 

1.  /'e/io  est  ici  synonyme  d'intérêt.  Voici,  (i'ailleurs,  un  extrait  de  document  où 
penu  a  également  cette  acception  :  «  ...deinde  lovent  de  pena  super  nos  vj  denarios 
melgorensium  pro  libra  singulis  mensibus »  (Sai^'e,  Juifs  du  Lung.,  p.  188). 

2.  Pièces  juslificatives,  n°  XII. 

3.  Ihid.,  0'  XUl. 
i.  Ibid.,  n"  XIY. 

3.  A.  Blanc.  Livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier,  t.  H,  pp.  3i)9-o60. 


256  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

Bonmacip  de  Lescaleta  et  de  Vidal  Mossé.  Mais  le  montant  n'en 
fut  acquitté  entre  les  mains  du  collecteur  Bernard  Raseire  que  le 
21  juin  d34l  ;  à  cette  date,  étant  donné  les  variations  monétaires 
survenues  dans  l'intervalle,  la  somme  à  rembourser  ne  fut  plus 
que  de  42  livres,  18  sous,  4  deniers  de  monnaie  faible  '.  Les  22  et 
24  décembre  1304,  les  consuls  du  Bourg  avaient  souscrit  deux 
emprunts  de  31  livres,  5  sous  tournois  au  profit  des  Juifs  David 
Vidal  de  Melgueil  et  Bondia  de  Surgères  ^. 

Le  second  emprunt  fut  acquitté  par  les  consuls,  le  24  décembre 
1306,  entre  les  mains  du  collecteur,  qui  n'exigea  que  8  1.,  6  s.,  8.  d. 
tournois  valant  2o  livres  de  monnaie  faible.  Remise  fut  faite  de 
rintérêt,  soit  6  livres,  5  sous^.  Quant  à  la  première  créance,  elle 
fut  soldée  au  collecteur  le  21  juin  J311.  La  remise  de  lintérét,  soit 
o  1.,  5  s.  fut  accordée;  mais,  la  somme  à  payer  s'élève  à  101.,  14  s., 
7  d.  tournois  de  monnaie  faible  ^ 

Les  Juifs  ne  prêtaient  pas  seulement  aux  consuls.  Ils  ouvraient 
aussi  leur  bourse  aux  simples  particuliers.  Un  acte  du  l°-  décembre 
1313  nous  montre  que  Bondia  de  Surgères  avait  prêté  4o  s.,  2  d. 
tournois  à  Guillaume  Raynès,  donat  de  l'hôpital  des  pauvres  du 
Bourg,  et  à  Bertrand  Calvet,  laboureur.  Ce  dernier  dut  solder  la 
créance  entière  au  fisc  royal.  Aussi,  le  1^''  décembre  1313,  se  fit-il 
verser  par  frère  Guillaume  Lafont,  procureur  de  l'hôpital,  grâce  à 
l'intervention  des  consuls  du  Bourg,  la  somme  de  22  s.,  7  d.  de 
petits  tournois  représentant  la  part  d'obhgation  souscrite  par 
Guillaume  Raynès^. 

Dans  tous  ces  actes  où  les  consuls  du  Bourg  interviennent,  soit 
comme  partie  contractante,  soit  comme  partie  intéressée,  on  ne 
distingue  pas  très  bien  quel  était  le  taux  de  l'intérêt  exigé  par  les 
créanciers  juifs.  Nous  ne  le  savons  d'une  façon  certaine  que  pour 
Bondia  de  Surgères,  qui  prêtait  à  raison  de  6  deniers  pour  livre  par 
mois,  soit  à  30  0/0  par  an*"'.  Or,  le  23  mai  1318,  Pbilippc  V  le  Long 
fixait  le  taux  maximum  de  l'intérêt  à  deniers  pour  livre  par 
semaine,  soit  un  peu  plus  de  43  0/0  par  an  ^ 

1.  A.  Blanc,  Livre  de  comjiles  de  .lacme  Olivier,  t.  11,  p.  500. 

2.  Ihid.,  pp.  560-361,  publication  partielle  en  note  de  l'acte  du  22  décembre.  On 
trouvera  celui  du  24  décembre  à  nos  Pièces  jusdficatives,  n"  XV;  cf.  A.  Blanc,  «/ 
supra,  p.  560,  note  1. 

3.  Pièces  jusiifiralives,  n"  W. 

4.  Blanc,  ul  supra,  pp.  560-561,  note. 

5.  Ibid.,  t.  II,  2«  partie,  pp.  710-120. 

6.  Saiiic,  Juifs  du  Lantf.,  p.  ISS  :  «  ....  lèvent  de  pena  super  nos  vj  dcnarios 
melgorensium  pio  libra  singulis  mensibus  ». 

1.  Arcli.  mun.  de  Narb.,  pièce  non  inviMitoriée.  M.  A.  Blanc  n'a  publii'  ([u'une  partie 
de  ce  document  (pp.  800-802). 


ETUDE  SUR  LA  CONDITION  DES  JUIFS   DE  NARBONNE  251 

Cet  intérêt  de  43  0/0*  est  précisément  le  taux  maximum  fixé  par 
l'ordonnance  de  Philippe-Auguste  relative  au  prêt.  Le  taux  nar- 
bonnais  était  donc  bien  inférieur  au  taux  royal;  mais  il  était  plus 
élevé  que  la  cote  légale  imposée  aux  créanciers  juifs  dans  les 
États  de  la  couronne  d'Aragon^,  et  que  Jaime  I<""  avait  fixée  à 
200/0.  L'élévation  relative  du  taux  narbonnais  par  rapport  au  taux 
aragonais  s'explique  par  la  courte  durée  du  prêt  et  la  proximité 
du  terme;  à  Narbonne,  en  eflet,  l'échéance  tombait  le  plus  sou- 
vent au  bout  de  la  deuxième  année.  Dans  les  royaumes  d'Aragon, 
pour  éviter  que  le  montant  des  intérêts  n'atteignît  le  chiffre  du 
capital,  c'est-à-dire  à  raison  de  20  0/0,  au  bout  de  cinq  ans,  les 
créanciers  juifs  devaient,  passé  ce  délai,  réclamer  le  rembourse- 
ment du  prêt  et  au  besoin  introduire  une  action  en  justice  contre  les 
débiteurs  récalcitrants^.  Cette  coutume  ne  parait  pas  avoir  existé 
dans  le  vicomte  de  Narbonne. 

Les  quelques  Juifs  revenus  à  Narbonne  après  les  expulsions  de 
1306  et  1322  ne  purent  s'adonner  qu'à  la  petite  banque.  On  trouve 
un  écho  de  leurs  opérations  dans  le  livre  de  comptes  du  marchand 
narbonnais  Jacme  Olivier,  A  la  date  de  1383,  ce  dernier  inscrit  au 
compte  des  dettes  de  dame  Lauzagna,  4  livres,  19  sous,  8  deniers 
qu'il  a  acquittés  entre  les  mains  de  Crescas  de  Lunel,  créancier 
par  contrat  de  ladite  dame  '•. 

Reine  Lauzagna  et  son  fils  Bernard  Laurac,  marchand  de  Nar- 
bonne, ne  se  montraient  pas  très  exacts  dans  leurs  paiements  à 
l'égard  de  leur  créancier  Crescas  de  Lunel.  Ce  dernier  porta  plainte 
contre  eux,  le  27  novembre  1383,  par  devant  le  lieutenant  du 
garde-juge  du  nouveau  sceau  de  la  supériorité  de  Montpellier.  Le 
créancier  réclamait  2  francs  d'or  sur  les  4  francs  14  sous  tournois 
que  lui  avaient  souscrits  Bernard  Làurac  et  sa  mère  par  acte  passé 
devant  M"  Guiraud  Barrau,  notaire  à  Narbonne,  le  18  novembre 
1308.  Le  lieutenant  du  garde-juge  perçut  pour  l'enregislremenl 
de  la  plainte  le  dixième  de  la  créance,  soit  3  gros  et  3  barce- 
lonais^. En  1384,  le  marchand  Jacme  Olivier  dut  encore  payer 


1.  Exactement  43,33  0/0. 

2.  Voy.  notre  Catalogue  des  actes  de  Jaime  l",  Pedro  III  et  Alfonso  III,  rois 
d'Aragon,  concernant  les  Juifs  (0213-1:291),  dains  R.E.J.,  t.  LX(1910),  p.  166,  n"  28. 

3.  Ibid.,  t.  LX,  p.  194,  n"  180,  t.  LXI  (1911),  p.  34,  u°  411,  p.  37,  n°  433. 

4.  A.  Blanc,  Livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier,  t.  II,  1'*  partie,  p.  38  :  «  Item 
jiiis  deu  que  pa^'uey  an  Cresquas  de  Lunel,  juzyeu,  per  la  carta  en  que  era  Imbliyaila 
iiij  fran,  e  j  florin  e  iij  gros  per  la  caita,  monta iiij  11.  xix  s.  vnj. 

Item  pus  (leu  que  ly  l)aylet  ma  muler,  a  xsj  dezembre,  j  franc. . . .  d   .    . .  j  li 

5.  7/'/(/.,  ajipendice  VI,  p.  213. 

T.  LXII,  \"  124.  17 


258  REVUE   DES  ÉTUDES  JUIVES 

6  francs  pour  Bernard  Laurec  et  dame  Lauzagua  au  juif  Crescas'. 

Réciproquement,  Crescas  de  Lunel  étaut  un  des  clients  de  Jacme 
Olivier,  effectuait  des  paiements  à  son  ordre.  Le  10  avril  1386, 
il  lui  achète  une  ceinture  d'argent  au  prix  de  10  francs,  2  gros. 
Or,  Crescas  a  payé  à  Tordre  de  Jacme  Olivier  et  à  la  décharge  de 
Bernard  Laurac  la  somme  de  0  francs.  De  plus,  le  second  est  débi- 
teur au  premier  de  1<S  gros  pour  une  livraison  de  blé.  Crescas  s'ac- 
quitte de  la  différence,  soit  3  francs'-.  On  voit  que  Jacme  Olivier  et 
Crescas  de  Lunel  faisaient  usage  de  lettres  de  change,  puisqu'ils 
endossaient  mutuellement  les  billets  d'un  tiers  en  relation  d'adaires 
avec  l'un  d'entre  eux. 

Sous  le  règne  de  Charles  V,  les  consuls  de  Xarbonne  s'étaient 
élevés  vivement  contre  les  «  Juifs  dévorateurs  de  la  fortune  des 
chrétiens^».  Cela  n'empêcha  pas  leurs  successeurs  en  fonction 
durant  les  années  1389  et  1390  de  recourir  aux  créanciers  juifs.  Le 
registre  de  comptes  du  clavaire  pour  l'exercice  1389-1390  mentionne 
des  payements  d'intérêts  effectués  pour  l'échéance  du  mois  de 
septembre  entre  les  mains  des  Juifs  Mayrot,  David  de  Lunel, 
Joseph  Astruc  et  Abraham  Hizac.  Ces  effets  souscrits  le  l*"^  sep- 
tembre par  devant  notaire  étaient  renouvelables  de  mois  en  mois 
moyennant  le  payement  d'un  escompte  de  4,16  ou  3,33  0/0. 

Le  taux  de  l'intérêt  exigé  par  les  créanciers  des  consuls  varie 
assez  fortement.  Joseph  Astruc  a  prêté  100  francs  à  raison  de 
10  deniers  bons,  soit  à  50  0/0  par  an,  Abraham  Hizac,  50  francs  à 
8  deniers  bons,  soit  à  40  0/0.  David  de  Lunel  et  Mayrot  ont  prêté 
l'un  100  francs,  l'autre  50  à  deux  blanques  bonnes  pour  franc  '",  soit 
—  la  blanque  valant  5  deniers  —  à  50  0/0.  On  voit  que  le  taux  de 
l'intérêt  était  très  élevé;  mais  cette  élévation  était  en  raison  directe 
de  la  proximité  de  l'échéance  :  prêt  à  court  terme,  fort  intérêt. 

IV.  —  Il  est  intéressant  de  rechercher  de  quelles  monnaies  les 
Juifs  de  îSarbonne  se  servaient  de  préférence  dans  leurs  opérations 

1.  A.  Blanc,  Livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier,  t.  Il,  1"  partie,  pp.  "1   ef  72  : 

«  Bii.  Laurac  deu  »   «  lieni  pus  deu  (jue  bayley  an  Crt-scas  vj  fr«  \j  li.  » 

«  Doua  Lauzaijua  deu  »    «  Item  pus  deu  que  pagucy  un  C.iescas  vj  l'i* vj  li.  * 

2.  Ihid.,  p.  100  :  «  Crescas  de  Lunel  deu  per  j»  seiitura  d'argen  que  ly  vendey.  que 
pera  j  marc,  v  onsas  1  2,  a  for  de  vj  franc  lo  marc,  monte  x  franc  e  ij  gros. 

K  nos  devem  ly  que  ly  dysem  a  pa^^ar  per  Un.  Lauzac  vj  franx,  valon. 
lleni  pus  ly  devem  per  resta  del  Mal  que  aguy  s\eu  :  xviij  gros,  vaKm  j  franc  j  g" 
viij  d'. 
Paguet  iij  fr».  » 

3.  Voy.  jdus  liaut,  chai»,  vii,  §  xii. 

4.  A.  Blanc,  Livre  de  comptes  de  Jacme  Olivier,  t.  Il,  2<-  jiartie,  p.  1013. 


ÉTULib:   SUR    LA   CONDlTIOiN    DES  JUIFS   DE   NARBONNE  2li9 

financières.  A  la  lin  du  xi«  siècle,  en  1092,  Abomar  et  Abraham 
acquiltanl  le  droit  d'entrée  en  possession  d'un  manse,ont  recours  à 
la  monnaie  de  Narbonne'.  C'est  encore  en  sous  narbonnais*  qu'au 
xii'=  et  même  au  commencement  du  xni*  siècle,  les  Juifs  de  Nar- 
bonne  paient  le  cens  au  vicomte  pour  la  possession  des  maisons 
de  la  grande  juiverie  ''.  Mais  déjà  le  11  octobre  1135,  Bonisaac  se 
fait  verser  le  prix  d'achat  des  salines  moitié  en  monnaie  de  Mel- 
gueil  et  moitié  en  monnaie  de  Narbonne  '. 

C'est,  en  effet,  du  sou  melgoricn  "•  qu'il  est  le  plus  souvent  ques- 
tion dans  les  actes  relatifs  aux  transactions  judéo-chrétiennes.  Le 
27  octobre  1154,  le  môme  Bonisaac  lait  un  emprunt  de  200  sous 
melgoriens  au  cours  de  4  deniers^,  à  l'aloi  de  48  sous  par  marc 
d'argent  fin,  poids  de  >'arbonne'.  Le  Roi  Juif  se  fait  aussi  payer 
en  melgoriens  le  droit  d'entrée  en  possession  de  deux  parcelles  de 
terre,  au  mois  d'avril  1195^.  C'est  encore  le  même  cours  de  48 
sous  par  marc  d'argent  fin  qui  se  trouve  établi  pour  le  sou  melgo- 
rien  à  la  fin  de  1199'-'.  La  charte  vicomtale  de  franchises  du  8  mars 
1217  montre  l'emploi  siniultané  de  la  monnaie  mclgorienne  et  de 
la  monnaie  narbonnaise.  Mais,  tandis  que  celle-ci  s'applique  au 
cens  annuel,  celle-là  s'applique  au  prix  de  l'entrée  en  bail  '". 

La  monnaie  deMtdgueil  était  exposée  comme  les  autres  à  d'assez 
fortes  variations.  De  là  dans  les  actes  les  expressions  de  sous  mel- 
goriens bons  et  ayant  cours".  Le  créancier  Bondia  de  Surgères 
fait  spécifier  dans  un  prêt  du  27  octobre  1251  que,  si  le  cours  de  la 
monnaie  melgorienne  subit  une  forte  baisse,  la  dette  sera  acquittée 
en  argent  à  48  sous  melgoriens  le  marc'-,  c'est-à-dire  à  la  valeur 
d'un  marc  d'argent  fin,  bon  poids'-'.  Nous  relevons  l'usage  de  la 

1.  Piècps  juxlificatives,  n°  lU. 

2.  Le  sol  narboniiais  valait  13  ilcniers  tournois  (Moynès,  Invenl.  des  arch.  de  Narb., 
série  A  A,  p.  469,  note  3). 

:i.   Voy.  plus  haut,  cliap.  iv,  S  vi. 

4.  Iiiventaii-e  des  titres  du  chapitre  de  Saint-Jiist,  transcription  faiti'  par  M.  liorics, 
«  Des  possessions  de  la  Cité,  2*  caisson,  u"  20  ••, 

3.  Le  sou  nielgorien  valait  4  sons  tournois  (Moujnés,  iil  supra,  p.  4ii!),  note  2). 

0.  Au  cours  de  4  deniers  signifie  que  1  denier  mclgoiien  ost  léquiTalent  de 
4  deniers  tournois,  ce  (jui  corrobore  la  note  précédente. 

7.  l'ièces  juslificalives,  n"  IV.  Le  marc  d'argent  lin  au  poids  de  N'arbonne  valait 
48  sous  melgoriens. 

8.  Saige,  Juifs  du  Lang.y  p.  1^8. 

9.  l'ièces  jiistificalives,  w"  V. 

10.  Saigf,  Juifs  du  Lan;/.,  ji]».  l.j."i-l,".7. 

11.  Ihid..  \>iK   I(i:i-1G7. 

12.  //'/■(/..  pi>.  18S-190. 

13.  !-e  payement  en  marc  rappelle  l'époque  où  l'on  payait  on  lingot  de  métal  pur,  au 
poids.    Le  payement  au  poids  est  une  garantie  contre  les  variations  monétaires. 


260  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

monnaie  de  Melgueil  pendant  tout  le  cours  du  xiii«  siècle  jusqu'à 
l'année  1^61  environ  ^ 

Mais  dès  la  fin  du  xiii^  siècle,  la  monnaie  tournois  se  substitue  à 
la  monnaie  melgorienne.  C'est  en  tournois  que  les  Juifs  archiépis- 
copaux paient  le  droit  d'entrée  en  possession  de  leurs  maisons  et 
aussi  le  cens  annuel,  tout  au  moins  à  partir  du  10  janvier  1284-. 
C'est  également  en  tournois  que  les  créanciers  juifs  consentent  des 
prêts  dans  les  premières  années  du  xiv'=  siècle^. 

Enfin,  dans  le  dernier  quart  de  ce  siècle,  concurremment  avec 
les  tournois,  apparaissent  les  florins  et  les  barcelonais.  En  même 
temps  qu'il  est  question  comme  par  le  passé  de  livres,  de  sous,  de 
deniers,  se  rencontrent  dès  lors  les  termes  de  francs,  de  gros  et 
de  blancs  ^ 


CONCLUSION 

Après  la  tentative  d'absorption  violente  dirigée  contre  les  Juifs 
par  la  monarchie  wisigothique,  la  colonie  juive  de  Narbonne  réussit, 
à  la  faveur  de  la  tolérance  carolingienne  et  de  l'hostilité  inoffensive 
de  Charles  le  Simple,  à  s'implanter  définitivement  dans  la  vieille 
cité  gallo-romaine. 

Cette  situation  favorable  se  perpétue  sous  le  régime  féodal.  La 
population  juive  de  Narbonne  se  répartit  alors  en  deux  commu- 
nautés distinctes  et  inégales.  Le  grand  seigneur  laïque  de  la  ville, 
le  vicomte,  se  rend  compte  tout  de  suite  des  avantages  qui  doivent 
résulter  pour  ses  finances  de  l'amélioration  du  sort  de  ses  Juifs. 
Quant  au  grand  seigneur  ecclésiastique,  l'archevêque,  il  se  laisse 
un  instant  dominer  par  la  doctrine  de  l'Eglise;  le  souci  de  ses  inté- 
rêts temporels  et,  en  particulier,  la  crainte  de  voir  sa  juiverie  se 
dépeupler  au  profit  de  celle  du  vicomte  l'obligent,  soixante-sept 
ans  plus  tard,  à  imiter  l'œuvre  d'affranchissement  réalisée  par  son 
rival. 

L'époque  féodale  nous  fait  assister  à  l'adaptation  progressive  de 
l'élément  juif  aux   différents   modes  de   l'existence  narbonnaise. 

1.  Acte  du  12  avril  1261  (ms.  Bories,  cité  plus  haut,  "Des  possessions  de  la  Cité, 
11°  39»). 

2.  Pièces  justificatives,  n"  VUI. 

3.  Voy.  plus  liaut. 

i.  Le  blanc  était  une  uininiaie  (le  liillon  qui  commeni;»  a  être  eu  usage  sous 
lMiiii]>pe  Vi  do  Valois.  Les  f/rands  blancs  ou  gros  deriiers  l/fancs  valaient  10  deniers 
tournois  ;  les  petits  bUnics  ou  demi-blancs  la  moitié. 


ÉTUDE  SUR   LA  CONDITION   DES  JUIFS   DE   NARBONNE  261 

Bénéficiaires  d'une  législation  tolérante  et  de  coutumes  locales  sin- 
gulièrement favorables,  les  Juifs  narbonnais  parviennent  à  s'ins- 
taller à  presque  tous  les  échelons  de  la  hiérarchie  sociale  et  dans 
toutes  les  catégories  de  professions  urbaines  ou  rurales.  Si,  toute- 
fois, l'exclusivisme  inflexible  des  théories  dominantes  leur  interdit 
l'accès  des  fonctions  publiques  donnant  pouvoir  de  juridiction  sur 
les  chrétiens,  les  usages  locaux  ne  s'opposent  pas  à  leur  nomina- 
tion comme  collecteur  de  taxes  seigneuriales.  En  somme,  soit 
comme  tenanciers  de  propriétés  chrétiennes,  soit  même,  le  plus 
souvent,  comme  propriétaires  de  tenures  chrétiennes,  soit  à  titre 
de  banquiers,  les  Juifs  de  ^Jarbonne  s'appliquent  à  collaborer  acti- 
vement avec  les  chrétiens  dans  toutes  les  branches  de  l'agriculture, 
de  l'industrie  et  du  commerce. 

Par  leur  groupement  à  l'intérieur  de  la  Cité,  les  Juifs  narbonnais 
ne  forment  pas,  politiquement  parlant,  des  enclaves  souveraines 
dans  deux  seigneuries  autonomes.  Vicomtes  et  archevêques  n'ont 
jamais  pris  ombrage  des  tendances  particularistes  et  de  certaines 
pratiques  spéciales,  la  plupart  d'ordre  religieux,  observées  par  les 
communautés  juives.  Au  surplus,  entre  les  prérogatives  particu- 
lières des  juiveries  et  les  privilèges  municipaux  des  habitants  chré- 
tiens une  sorte  d'équilibre  a  fini  par  s'établir. 

En  somme,  il  n'aurait  pas  été  chimérique  d'entrevoir  à  la  veille 
du  jour  où  brusquement  le  pouvoir  royal  vint  anéantir  l'œuvre  de 
pacification  poursuivie  à  Narbonne  par  les  deux  plus  fiants  repré- 
sentants de  la  féodalité  locale,  l'heure  plus  ou  moins  procbaine  où. 
à  la  faveur  de  franchises  seigneuriales  aboutissant  à  l'admission 
complète  des  Juifs  au  bénéfice  du  droit  commun,  se  serait  i)ara- 
chevée  l'œuvre  dunificalion  entre  les  deux  éléments  principaux  de 
la  population  narbonnaise. 

Jean  Régné. 


APPENDICE  I 


LES    JUIFS     DE    CAPESTANG 


I.a  jiiivorie  de  Capeslani,'  ost  mentionnco  pour  la  première  fois  dans 
un  dociiinent  du  milieu  du  xiii«  siècle  ;  mais  il  est  proliable  que  sa  Ion- 
dation  remonte  à  une  époque  bien  antérieure.  On  voit  les  chefs  do  la 
communauté   assister,    en    1246,  à  l'assemblée   de   Narbonne,    où  leur 


262  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

coreligionnaire  Méïr  ben  Siméon  expose  les  doléances  des  Juifs  contre  la 
politique  inaugurée  par  Louis  IX  à  leur  égard  '. 

La  chàtellenie  de  Capestang  faisait  partie  du  domaine  temporel  de 
l'archevêque  de  Narbonne.  La  juiverie  capcstanaise  était  donc  soumise 
à  la  juridiction  archiépiscopale  ;  il  semble  même  qu'elle  ait  bénéficié 
d'une  charte  de  franchises  un  quart  de  siècle  avant  la  petite  juiverie  de 
Narbonne.  Cette  charte  lui  fut  octroyée  par  l'archevêque  Gui  Foulquois, 
qui  occupa  le  siège  de  Narbonne  du  10  octobre  1259  au  mois  de  décembre 
1261  et  devint  pape  sous  le  nom  de  Clément  IV.  Elle  fut  confirmée  par 
le  successeur  de  Gui  Foulquois,  l'archevêque  Maurin,  qui  demeura 
pendant  dix  ans  à  la  tête  delà  province  narbonnaise  1262-24  juillet  1272,. 

La  charte  en  question  reconnaissait  aux  Juifs  de  Capestang  le  droit  de 
résider  librement  dans  cette  localité  sous  les  mêmes  conditions  que  les 
habitants  chrétiens,  excepté,  toutefois,  l'obligation  de  contribuer  aux 
«  quêtes»  municipales  et  de  participer  à  la  garde  du  château  local.  De 
plus,  la  juiverie  pourrait  jouir  des  coutumes  du  lieu  au  même  titre  que 
la  communauté  chrétienne.  En  terminant,  l'archevêque  plaçait  les  Juifs 
de  Capestang  sous  sa  protection  et  sous  sa  sauvegarde  *. 

La  situation  privilégiée  assurée  par  les  archevêques  à  leurs  Juifs  de 
Capestang  n'empêcha  pas  ces  derniers  d'émigrer  en  partie  à  Narbonne, 
où  ils  vinrent  grossir  le  contingent  de  la  juiverie  vicomtale'.  Il  y  avait 
aussi  des  Juifs,  —  s^ns  doute  des  commerçants,  —  qui  habitaient  alter- 
nativement Béziers,  Narbonne  et  Capestang.  Vers  1284,  Vidal  de  Barrela, 
Juif  capestanais,  fut  inscrit  sur  le  rôle  de  la  taille  royale,  les  commis- 
saires du  roi  à  ce  délégué  ayant  constaté  que  feu  Bonafous,  son  père, 
nvait  transféré  son  domicile  de  Narbonne  à  Béziei's,  sans  plus  jamais 
retourner  établir  son  foyer  à  Narbonne  *. 

L'exode  des  Juifs  de  Capestang  vers  la  juivei-ie  vicomlale  de  Narbonne 
fut  l'origine  de  conflits  nombreux  entre  l'archevêque  et  le  vicomte.  Le 
26  août  1292,  sur  l'ordre  du  viguier  royal  de  Béziers,  le  baile  royal  de 
Narbonne  requit  les  officiers  du  vicomte  d'avoir  à  restituer  à  l'archevêque 
un  Juif  de  Capestang  qu'ils  retenaient  indûment  prisonnier.  Les  officiers 
vicomtaux  se  déclarèrent  prêts  «  à  obéir  à  la  justice  et  à  faire  ce  qui 
serait  raisonnable  ^  ». 

Les  Juifs  de  Capestang  n'écliappèrent  pas  aux  vexations  du  fisc  royal. 
En  1306,  ils  présentèrent  une  requête  à  l'archevêque,  leur  seigneur 
immédiat,  pour  le  supplier  d'intervenir  auprès  des  collecteurs  royaux  qui 
voulaient  les  contraindre  au  paiement  des  tailles  royales*.  C'est  peut- 
être  pour  bien  établir  ses  di'oils  que  rarchevê([ue  fit  dresser,  en  1306,  un 

1.  Voy.  plus  haut,  cliap.  vn,  S  i"- 

2.  Inventaire  des  arcliives  de  rarclie\iché  de  .Narlioiiiio.  l.  IV,  T   Sfi  r»  et  v". 

3.  Acte  du  IQ  avril  1276  :  «  ...ratione  Judcorum  venienlium  ai>uil  >arl>oiiam  de 
r.ijiitesta^no. . .  »  (Saii:e,  .hii/'s  du  Lan;).,  ]i.  200). 

4.  Ihid.,  p.  214. 

3.  Iiivent.  des  arcli.  de  l'aiThev.  de  >ari>.,  t.  I,  f"*  143  v"-144. 

ti.  /6/V/..  t.  1.  r.-;-)'.). 


ÉTUDE  SUK   LA  CONDITION   DES  JUIFS   DE   NARBONNE  263 

état  des  privilèges  et  libertés  dont  jouissaient  les  Juifs  de  Capestang,  en  y 
mentionnant  plus  particulièrement  le  pouvoir  de  juridiction  qu'il  exerçait 
sur  leur  communauté'.  L'archevêque,  outré  des  prétentions  émises  parle 
fisc  royal,  intenta  un  procès  au  roi  devant  le  parlement  de  Paris  *. 

Dans  le  courant  de  la  même  année,  la  communauté  juive  de  Capestang 
allait  subir  un  sort  bien  plus  lamentable.  Atteinte  par  l'édit  d'expulsion 
de  1306,  elle  est  expressément  mentionnée  dans  le  mandement  que 
Philippe  le  Bel  adressa  au  liquidateur  des  immeubles  juifs,  Gérard  de 
Cortone,  le  15  mai  1307;  ce  dernier  recevait  l'ordre  de  se  transporter 
dans  la  sénéchaussée  de  Carcassonne  et  plus  spécialement  dans  les  cités 
et  diocèses  de  Narbonne  et  de  Pamiers,  sans  oublier  le  lieu  de  Capestang  ^ 

Un  demi-siècle  après  la  grande  expulsion  des  Juifs,  un  vestige  de  leur 
établissement  subsistait  encore  à  Capestang  :  c'était  «  le  four  du  Juif  », 
qu'un  document  des  environs  de  l'année  1360  place  tout  près  de  la  porte 
de  Narbonne  '*. 

La  communauté  de  Capestang  vit  tleurlr  des  rabbins  célèbres.  Dans  la 
querelle  entre  orthodoxes  et  philosophes  les  rabbins  de  Capestang 
prirent  partie  pour  les  premiers*.  Le  poète  Abraham  Bedersi  nous  a 
laissé  une  élégie  sur  la  mort  de  David  de  Capestang  et  de  ses  deux  fils 
Méïr  et  Bonsenior^  Ce  David  de  Capestang  doit,  sans  doute,  être  identifié 
avec  le  Davin  de  Capestang  dont  il  est  question  dans  un  acte  du 
28  septembre  1297  '. 

Non  loin  de  Capestang,  au  nord-ouest,  dans  le  territoire  de  Creissan, 
continant  à  la  rivière  du  Lirou,  se  trouvait  un  ténement  dénommé  Pcch 
judaïque*.  Comme  ce  ténement  était  situé  entre  Creissan  et  Puisserguier, 
on  peut  supposer  assez  vraisemblablement  qu'il  avait  été  possédé  par  des 
Juifs  établis  à  Creissan,  ou  mieux  encore  à  Puisserguier.  Il  y  avait 
certainement  des  Juifs  dans  ce  dernier  lieu.  Le  Juif  Bonel  de  Puisserguier', 
ou  tout  au  moins  sa  famille,  en  était  originaire. 


1.  liiveiit.  des  arcli.  de  larcliev.  de  Naili.,  t.  I,  f '    596  v". 

2.  Ihid.,  t.  I,  f  o23. 

3.  Saigc,  Juifs  du  Laiif/.,  p.  273. 

4.  Inventaire  sommaire  des  archives  départementales  de  l'Aude,  se'ries  G  et   II, 
Carcassonne,  1900,  in-4°,  p.  3,  2'  col. 

5.  Histoire  littéraire  de  la  France,  t.  XXVll.  p.  688-689.  Sur  les  rabbins  de  Capes- 
tau?,  voy.  //>/(/.,  p.  713.  et  Gross,  Gallia  Judaira,  pp.  547-548. 

6.  Ilist.  Iill.,l.  XXVII,  p.  713,  et  Gross,  Gallia  judaira,  p.  547. 

7.  Voy.  plus  haut,  ciiap.  xi,  §  iv. 

8.  Inventaire  des  titres  de  la  mense  rapitulaire  de  Sainl-.lusi,  copie   do  M.  lioiies, 
!•  Creysse,  caisson  33,  n"  27  »  :  acte  du  19  octnl)re  1275. 

9.  Saige,  Juifs  du  Lang.,  p.  196  :  Bonetus  de  l'odio  Sori^ario  (Acte  du   S  sep- 
tenibie  12r>7). 


264  HKVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

APPENDICE  II 

A   PROPOS  DE  QUELQUES  IDENTIFICATIONS    DE    JUIFS    NARBONNAIS  ' 

David  du  Caviar. —  Saige  suppose  avec  raison  que  le  médecin  juif 
David  du  Caviar  vivait  encore  àNarbonne  dans  les  premières  années  du 
xiye  siècle*.  Il  n'est  pas  douteux,  en  effet,  que  le  Maistre  Davin,  metge', 
dont  le  nom  figure  en  tête  de  la  liste  dressée  par  les  consuls  de  la  Cité  à 
la  fin  de  Tannée  1305,  ne  doive  être  identifié  avec  le  médecin  David  du 
Caviar;  les  rédacteurs  de  cette  liste  ont  omis  à  dessein,  pour  les  appella- 
tions de  plusieurs  Juifs,  le  nom  de  famille  pouvant  révéler  la  juiverie 
royale  qui  leur  avait  d'abord  servi  de  résidence*. 

Lévi  ben  Moïse  ben  Todros  aWd.?,  Bondla  de  Surgères.  —  Lévi  ben  Moïse 
ben  Todros  appartenait  certainement  à  la  famille  des  «  Rois  Juifs  «.  Il 
était  proche  parent  et  contemporain  de  Kalonymos  ben  Todros  II  ;  c'est  à 
eux  deux,  à  la  fois,  que  sont  adressées  les  lettres  de  Scheschet  ben  Isaac 
ben  Joseph  Benvenist  de  Saragosse  ^.  Li'-vi  ben  Moïse  est  le  nom  hébreu 
de  Bondia  de  Surgère,  copropriétaire  alleulier  avec  Clarimos.  alias  Kalo- 
nymos ben  Todros  II  *. 

Le  Bondia  de  Surgeres  dont  il  est  question  dans  les  actes  de  1308' 
était,  sans  doute,  le  petit-fils  du  précédent.  Il  exerça  la  profession  de 
banquier  et  en  cette  qualité  se  trouva  à  plusieurs  reprises  créancier  des 
consuls  du  Bourg  '. 

Samuel  Salami.  —  Saige  identifie  Samuel  Siilami  avec  Samuel  Secal  ', 
et  bien  que  Gross  soit  d'un  avis  contraire  '",  c'est  à  l'opinion  du  premier, 
que  nous  nous  rangeons,  le  mot  hébreu  5«/rt>n/ et  le  mot  provençal  escal, 
—  le  nom  de  Secal  ne  fait  que  reproduire  ce  dernier  mot  avec  simple 

1.  Il  nous  a  paru  téméraire  autant  qu'inutile  Je  présenter  ici  loxposé  complet  du 
mouvement  littéraire  rabbiniiiue  qui  s'épanouit  au  cours  du  moyen  àsje  ilans  les  deux 
communautés  juives  de  Narhonne  ;  téméraire,  parce  que  notre  ignorance  de  la  langue 
liébraï(|ue  nous  exposait  à  trop  d'erreurs,  inutile,  parce  que  ce  travail  a  été  déjà  fait 
et  bien  (ait.  Dans  sa  Gallia  juduicu,  le  savant  Gross  n'a  pas  moins  consacré  d'une 
trentaine  de  jiaires  aux  rabbins  de  Narbonne  (pp.  401-430).  Il  suffira  donc  au  lecteur 
désireux  de  connaître  les  productions  littéraires  des  rabbins  narbonnais  de  se 
reporter  à  cette  étude  magistrale. 

2.  Saige,  Juifs  du  La7if/uedoc,  p.  119. 

3.  A.  Blanc,  Livre  de  comptes  de  Jacine  Olivier,  t   II.  1'"  partie,  p.  545. 

4.  Voy.  plus  baut,  cliap.  vu,  §  ii. 

5.  Gross,  Gullia  jutlaica,  p.  407. 

6.  Voy.  plus  haut,  chap.  x,  S  vu. 
1.  Saige,  Juifs  du  Lanq..,  p.  283. 
S.  Voy.  plus  haut,  chap   xii,  §  m. 

0.  Saige,  Juifs  du  Lang.,  pp.  121-12:i. 
10.  Gross,  Gallia  judaica,  p.  432. 


ETUDE   SUR   LA   CONDITION   DES  JUIFS   DE  NARBONNE  265 

transposition  des  deux  premières  lettres  — ,  signifiant  l'un  et  l'autre  : 
échelle.  Toutefois,  Saige  a  grand  tort  de  faire  de  Samuel  Secal  et  de 
Samuel  Vidal  de  Lescalela  un  seul  et  morne  personnage.  Les  textes  ne 
permettent  pas  cette  confusion;  au  surplus,  l'examen  philologique  de  ces 
deux  noms  de  famille  montre  que  le  second  est  un  diminutif  du  premier; 
il  s'agit  donc  d'appellations  servant  à  désigner  deux  branches  différentes. 

Nous  avons  trouvé  aux  Archives  de  la  Couronne  d'Aragon,  dans  le 
registre  196,  f°  151,  à  la  date  du  l^r  mars  1297/8,  un  sauf-conduit  délivré 
par  le  roi  d'Aragon  Jacques  II  en  faveur  d'Astrug,  fils  de  Cresques  Vidal, 
Juif  de  Barcelone,  et  do  la  fiancée  dudit  Astrug,  Douce,  fille  de  Samuel 
Secal,  Juif  de  Narbonne,  pour  leur  permettre  le  transport  à  Barcelone  de 
la  dot  de  la  fiancée  '. 

Pronfat  de  Capestang.  —  Le  Profag  dont  il  est  question  dans  le  rôle 
de  la  taille  royale  de  1292^  n'est  autre,  sans  doute,  que  Pronfat  de  Capes- 
tang homme  dans  la  liste  de  1305  '. 

Abraham  ben  Abba  Mari.  —  Saige  identifie  Abraham  bon  Abba  Mari 
avec  Bonseigneur  de  Béziers*.  Peut-être  vaudrait-il  mieux  l'identifier 
avec  Abraham  d'en  Abomari  '. 

Astruc  (VAlet.  —  Saige  fait  à  tort  un  seul  et  même  personnage  d'Astriic 
d'Alet  et  d'Astruc  de  Béziers  *.  Astruc  d'Alet,  qui  possédait  une  maison 
à  Narbonne,  à  la  veille  de  l'expulsion  de  1306,  habitait  vraiment  cette 
ville  en  1305  ^ 

1.  «  ÎN'overint  univers!  quod,  cum  Samuel  Saccall,  Judeus  Narbone,  ratione  dutis 
Dulcie,  filie  sue,  promiserit  seu  coiivenerit  dare  Astrugo,  filio  Cresclies  Vitalis,  Judei 
lîarcliinone,  usque  ad  quantitatem  sex  miliuin  solidorum  malLroiensiuni  et  pro  parte 
amicoruni  utriusque  Judeoiuni  ipsoium  fuerit  suplicatum  Immiliter  iiobis  Jacobo,  Dci 
gratia  régi  Aragonum,  etc.,  quod  dictam  dotem  que  aportari  seu  duci  débet  in  terram 
nostram  guidare  et  assecurare  ac  salvam  lacère  de  benignitate  regia  dignaremur.  Sup- 
plicacione  ipsa  bénigne  admissa,  de  gratia  speciali  guidamus  <le  piesonti  et  assecu- 
ramus  per  totam  tenam  nostram,  tam  tenipore  pacis  quam  guerre,  vobis  .Astrugo  et 
Dulcie  predictis  dictam  dotem  usque  ad  quantitatem  predictam  sex  milia  soiidorum 
malgorensium,  necnon  et  totiim  lucrum  quod  cum  ipsa  quantitale  lieri  contingat,  sic 
quod  in  terra  nostra  per  nos  vel  officiales  aut  subditos  nostros  non  emparentur,  pigno- 
rentur,  marcbarentur  vel  alias  impediatur  vobis  vel  aliquibus  personis  ipsam  vel 
parteni  ipsius  afferentibus  ad  partes  dominii  uostri  vel  eam  in  tntum  vel  in  partem 
abstrabentibus  de  terra  nostra  vobis  Astrugo  et  Dulcia  residentibus  in  terra  nostra  vel 
alibi.  Hoc  itaijue  iruidaticum  et  assecuramentum  vobis  concedimus,  prout  melius  et 
sanius  dici  et  intelligi  potest,  ad  vestrum  salvamentum  et  bonum  intellottuni.  Man- 
dantes per  [iresentem  cartam  nostram  universis  oflicialibus  et  subdilis  nostris  quod 
presens  nostrum  guidaticum  firmum  habeant  et  observent  et  non  contravcniant  nec 
aliquem  contravenire  permittant  abijua  ratione.  In  quorum  testimoninm  prescntem 
cartam  nostram  fieri  et  sigiilo  nostro  aiiendicio  jussimus  sigillari.  Datum  Vaiencie, 
kalendis  marcii,  anno  predicto  [M"  CC*  XC"  scptimo].  » 

2.  Saige,  Juifs  du  Lang.  p.  225. 

3.  A.  Blanc,  Livre  de  comptes  de  Jncme  Olivier,  t.  II,  1"  jiarlie,  p.  545. 

4.  Juifs  du  Lang.,  pp.  127  et  217. 

5.  A.  Blanc,  ut  supra,  p.  545. 

6.  Juifs  du  Lang.,  p.  283. 

7.  A.  Blanc,  ut  supra,  p.  545. 


266  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

Durand  de  Lunel  ixlrà?-  Simon  bon  Joseph.  —  Durand  de  Liincl,  qui, 
d'après  Saige,  aurait  habité  tour  à  tour  [.iincl,  Montpellier  et  Perpignan, 
a  probablement  résidé  à  Narbonne  '.  Il  possédait,  en  tout  cas,  une  maison 
dans  la  juiverie  vicomtale.  Cette  maison  acquise  par  Itoger  d'Anduze  fut 
l'objet  d'un  bail  à  «  nouvel  acapt  »  en  Javeurde  Bernard  Page,  peaussier-. 
Le  Joseph  de  Lunel  dont  il  est  (juestion  dans  la  liste  de  130o  est  appa- 
remment le  fils  ou,  tout  au  moins,  un  descendant  de  Simon  ben  Joseph. 
Dans  un  acte  du  22  octobre  1293,  publié  par  M.  Kahn  ',  il  est  fait  mention 
de  .Joseph  (Jusse;,  fils  de  Durand  de  Lunel,  .Juif  de  Montpellier. 

Abraham  Caslari.  —  Abraham  Caslari  doit  être  identifié,  à  notre  avis, 
avec  Abraham  du  Caviar  (en  provençal  à'Escallar)  mentionné  dans  la 
liste  de  1305.  D'après  Gross'%  maistre  Abraham  Caslari,  dont  Moïse  Nar- 
boni  fut  l'élève,  serait  le  célèbre  Abraham,  médecin  de  Besalu,  ([ui  écrivit, 
vers  1325,  un  ouvrage  médical.  Lliypothèse  du  même  autour  suivant 
laquelle  Abraham  Caslari  serait  le  fils  de  maître  David  du  Caviar  est  très 
plausible. 

Après  l'expulsion  de  1306,  le  père  et  le  fils  prenant,  à  l'instar  de  beau- 
coup de  leurs  coreligionnaires,  le  chemin  des  Etats  du  roi  d'Aragon,  se 
seront  établis  à  Besalu  et  là,  le  fils  aura  succédé  au  père  dans  la  pratique 
de  la  médecine. 

Le  titre  de  maître  se  plaçant  d'ordinaire  devant  le  prénom  d'un  méde- 
cin et  équivalent,  en  somme,  au  titre  actuel  de  docteur,  il  est  très 
probable  que  le  M"  Abraham  qui  fut  locataire,  avant  1306,  de  la  maison 
de  Samuel  Vidal  de  Lescaleta,  située  prés  de  la  Corlada  du  «  Roi  Juif  »  *, 
n'était  autre  que  M»  Abraham  Caslari  ou  du  Caviar*. 

Nous  n'estimons  pas  devoir  pousser  plus  loin  ces  tentatives  d'identifica- 
tion ;  ce  sont  là  entreprises  difficiles  et  ingrates,  étant  donné  surtout  le 
}ieu  de  variété  de  l'onomastique  juive  et  la  facilité  avec  laquelle  les  Juifs 
méridionaux  changeaient  de  résidence,  soit  pour  entreprendre  des  voyages 
d'affaires,  soit  encore  pour  se  dérober  aux  recherches  des  collecteurs  de 
la  taille  royale. 

{A  suivre. 


1.  A.  Blanc,  ni  supra,  p.  iilC). 

2.  Archives  de  l'.Vude.  H  211  Inventaire  des  litres  de  Taldiaye  de  Fotitfioide),  «  Fief 
de  Narbonne,  coté  ^V  >>. 

■S.  R.  É.  J.,  t.  XXII  rlS'Jl),  pp.  2tJti  et  273. 

4.   Gallia  judaica,Y[).  619-620. 

;i.  Saii:e,  Juifs  du  Lang.,  p.  218. 

6.  Comme  tant  daulies  de  ses  corelii.'^ionnaires  iiarbonuais  vny.  plu»  haut.  chap.  vu, 
S  II),  M"  Ahraliam  aura  laissé  tomber  volontairement  son  iiom  de  famille  du  Caylai, 
(|ui  rapjtellail  que  Ini-niènie  ou  ses  ascendants  avaient  éli'  sujets  du  roi  de  France. 


LES  MAMSCIllTS  DU  CONSISTOIRE  ISRAÉLITE 

DE  PARIS 
PROVENANT  DE  LA  GUEMZA  DU  CAIRE 

(SLITE  M 


26.  Midr.    sur  Isaac   et  Jacob.   Peu  lisible.    Écrit,  rabbin.    1  f.   in-4''. 

Larges  trous. 

27.  Sur  r.en.,  xxx.  Ecrit,  carrée.  1  f.  in-8",  abîmé. 

28.  SurGen.,  .wxvii,  21  et  suiv.  Écrit,  africaine.  8  pages  in-i". 

29.  Sur  la  section  nbci,  discute  Raschi.   Même  écrit.  4  ÏÏ.  in-i". 

30.  Midr.  arabe  sur  la  même  section  et  sur  a"0"«i.  Écriture  orientale.  Au 

2«  f.  on  lit,  en  grandes  lettres  carn-es  :  "'Da:  xrby  ai"^  NrT'-o  N"^ 
ù..."'  bN  CN'^N  ■'2  N:b  "^-13  n:3t  NrVxn  n?y.  2  ïï.  in-;**.  Le  2e  est 
troué. 

31.  Sur  Gen.,  xx.xiv.   Ecrit,  rabbin,  orientale.  Cite  U.  Simson  a  la  marge 

droite  ;  de  l'autre  côté,  long  emprunt  au  Zoliar.   1  f.  in-4". 

32.  Comment,  sur  Gen.,  xxviu  ;  chaque  rubrique  riin  en  lettres  carrées  ; 

le  reste  en  écrit,  africaine.   1  f.  gr.  in-8*,  écorné. 

33.  Id.,  même  chap.  en  arabe.  Ecrit,  carrée  égypt.   1  f.  in-4°,  troué  et 

déchiré. 

34.  Histoire  de  Joseph,  en  arabe.  Ecrit,  afric.   1  f.  in-4",  déchiré  du  bas. 

35.  Explication  simple  de  Gen.,  xxxvu.  Écrit,  rabbin.  1  f.  troué  à  2  col. 

in-f°;  parchemin. 
30.  Hisf.  de  Jacob  et  de  Joseph,  en  arabe.  Écrit,  orientale.  2  IV.  in-S", 
mutilés. 

37.  SurGen.,  xxxvu,  vente  de  Joseph.  Ecrit,  afric.  4  11.  longues  col. 

38.  Comment,  arabe  sur  Gen,,  xlu,  9.   Même  écriture.  Cite  Cm3N  'n 

T'Onn,  ([ui  rappelle  Maïmonide.  1  f.  in-4". 

39.  De  Joseph  et  Benjamin,  en  arabe.  Ecrit,  rabbiniiiuc  fgypt.  1  f.  in-4'', 

délabré. 

1.  Voji'z  lievue  des  Éludes  juives,  t.  LXIl,  p.  I(i7. 


268       •  REVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

40.  Sur  Gen.,  xliv,  11,  avec  référence  à  nD:n.    Même  écriture.  1  f.  in-f" 

troué . 

41.  Arrivée  du  patriarche  Jacob  en  Egypte.  Même  écrit.  1  f.  in-4'',  écorné 

et  noirci. 

42.  Sur  Gen.,  xlvui,  8,  Écrit,  africaine.  Fragment  in-16. 

43.  De  la  bénédiction  de  Jacob  :  Gen.,  xlix.  Ecrit,  orient.  1  f.  in-4''.  Trous. 

44.  Élégie  en  vers,  rattachée  par  allusions  à  Gen.,  xlix.  Ecrit,  africaine. 

1  f,  in-4",  à  2  col. 

45.  Sur  Gen.,  xlix,  39.  Notes  inachevées.  1  f.  in-4". 

46  (SO).  Sur  Gen.,  fin,  et  sur  l'Exode,  commencement.  Écrit,  afric.  2  ff . 

in-4''  d'un  cahier,  dont  le  milieu  manque. 

47  (51).  Gomment,  arabe  sur  la  section  ^»^n  "^D.  Écrit,  orientale.  1  f.  in-4". 

48  (52).  Raschi  sur  Exode,  i,  1-8.  Écrit,  rabbin,  égypt.  1  f.  in-4'',  délabré, 

mouillé,  troué. 

49  (53).  Midr.,  en  arabe  sur  Exode,  i.   1  f.  in-4*'. 

50(54).  /(/.,  id.,  section  î~n72U5.  Ecrit,  rabbin.,  demi-africaine  (paginé 
f.  20)  1  f.  in-4". 

51  (55).  Ici.,  id.  sur  Exode,  m.  Même  écrit.  Fragm.  de  1  f,  in  4". 

52  (56).  Explication  (U^D)  de  la  section  m72'0  fin,  et  commencement  de 

la  suite.  Belle  écriture  rabbin.  2  ff.  gr.  in-8°. 

53  (57).  Remarques  de  chronologie  et  de  grammaire  sur  Exode,  xu,  29, 

42.  Écrit,  rabbin.  En  marge,  versets  des  Ps.  en  lettres  carrées. 

2  ff.  m-f\ 

54(58).  Midr.  sur  Exode  i  à  vi.  Écrit,  analogue.   6  ff.  in-4*,  abîmés  en 
haut. 

55  (59).  Comment,  arabe  sur  Ex.,  m.  Ecrit,  africaine.  4  ff  in-12. 

56  (60).  Comment,  sur  Ex.  x.  Écrit,  rabbin.  1  f.  in-4°  endommagé. 

57  (61).  Id.  sur  Ex.,  xu.  Cite  -^s:!:  ";  pn::"^  'n,  auteur  du  "^nb  -iN3.  Écrit. 

afric.  1  f.  in-16. 

58  (62).  Sur  Ex.,  xin  (Gm  53  -lUD).  Écrit,  orientale  2  If.  in-24. 

59  (63).  (■.')  Sur  Ex.,  xu,  7.  Encre  pâlie  ;  même  écrit.  1  f.  in-4",  écorné. 

60  (64).  Sur  Ex.,  xiu,  17.  Écrit,  rabbin.  1  f.  in-f%  délabré  du  bas. 

61  (65).  Sur  Ex.,  xui.  Même  écrit.  3  ff.  in-4". 

62-3  (66-7).  Midr.  sur  Ex.,  xiv.  Écrit,  africaine,  notes  marginales.  2  ff. 
in-4". 

64  (68).  Du  Décalogue,  en  arabe  ;  écrit,  orientale.  1  f.  in-4". 

65  (69).  Paraphrase  du  Décalogue,  en  arabe.  Inachevé,  s'arrête  an  3'  com- 

mandement. 1  f.  in-4". 

66  (70).  Midr.  sur  le  Décalogue.  Écrit,  carrée  égypt.  2  ïï.  petit  in-4". 

67  (71).  Midr.  sur  le  Décalogue,  premier  command.  jusqu'au  sixième.  Le 

2"  f.  troué.  2  ff .  petit  in-4". 

68  (72).  Midr.  sur  le  septième  command.  Même  écrit.  1  f.  polil  in-4". 
69(73).   Commentaire  sur  le  cinquième  command.  iùrit   africaine.  2  tl. 

in-4",  déchirés  en  haut  k  droite  et  fendus. 
70  (74).  Explication  en  arabe  sur  Ex.,  xx,  16,  et  l.évil.,  xxvi,  2.  Ecrit, 
orient,  l  f.  in-4"  troué. 


LES  MANUSCRITS  DU  CONSISTOIRE  ISRAÉLITE   DE  PARIS  269 

71  (75).  Raschi,  plus  complet  que  les  éditions,  sur  Ex.,  xxxiir.  Écrit. 

égypt.  2  ff.  in-f°  troué. 

72  (75  a).  Comment,  sur  Nombres,  xvii,  17.  Même  écrit.  1  f.  in-f°  troué. 

73  (76),   Sur  N\::n  "«D,  Exode,  xxx,  11  et  suiv.,  en  arabe.  Même  écrit.  1  f. 

in-4». 

74  (77).  Fragment  de  Midr.  sur  Ex.,  xxx,  34,  ou  xxxvii,  1-9.  Écrit,  rabbin. 

1  f.  coupé  du  bas. 

75  (78).  Sur  Ex.,  xxxx.  Écrit,  africaine.  Au  r^  on  lit  :  b"T  "ll^sp  V'-ma, 

et  au  vo  :  pTain  '"^D.  1  f.  in-4». 

76  (79).  Midr.  sur  la  sect.  bnp"^T.  Écrit,  égypt.  1  f.  in-4°  troué. 

77  (80).  Comment,  en  arabe  sur  Lévit.,  ix,  2  et  suiv.  Même  écrit.  1  f. 

in  f*  troué. 

78  (81).  Fragment  en  arabe  sur  les  termes  mN  et   ■'313'T',  Lévit.,  xix  ; 

cite  Ibn  Ezra.  Écrit,  carrée  égypt.  1  f.  in-4'*,  écorné. 

79  (82).  Comment,  en  arabe  sur  vo^nsn  nb  etc.,  Lévit.,  xix,  26.  Même 

écrit.  2  ff.  in-4». 

80  (83).  Raschi  sur  Lévit.,  xxi.  Écrit,  rabbin.  1  f.  in-4",  abîmé. 

81  (83a).  Sur  Lévit.,  xxiv,  fin,  et  xxv,  en  arabe.  Même  écrit.  1  f.  in-4». 

82  (84).  Sur  Lévit.,  xxv.  Même  écrit.  2  fif.  fol.  déchirés  à  gauche. 

83  (85).  Comment,  en  arabe  sur  Lévit.,  xxvi,  fin.  Écrit,  carrée  égypt. 

1  f.  in-4». 

84  (86).  Midr.  sur  "«npinn,  xi  et  xn.  Écrit,  orientale.  2  tï.  in-4''. 

85  (87).  Raschi  sur  Lévit.,  xxvu,  fin.  Écrit,  rabbin.  Au  v»  une  n;nn  en 

vers  par  Abr.  Halévi,  incomplète.  1  f.  gr.  in-4»,  coupé  au  bas. 

86  (88).  Homélie    sur   la  section  N">L":.    Titre  général  (?)   :  "incrs  nyn. 

Écrit,  africaine.  4  ft".  in-4'>  dont  2  blancs. 

87  (89).  Comment,  arabe  sur  Nombr.,  xvi.  Écrit,  égypt.  2  ff.  petit  in-4', 

le  l*""  endommagé. 

88  (90).  Sur  "^mbyna.  Écrit,  orientale.  2  ff.  in-4»  ;  le  2^  abîmé. 

89  (91).  Comment,     sur   ïm?:  nnN.    Notes   marginales.    2   tf.    in-4°, 

abîmés. 

90  (92),  Id.  sur  la  section  r-n:273.  Écrit,  africaine.  2  ff.  in-4». 

91  (93).   Id.,id.  Même  écrit.  2  Û\  in-8». 

92  94).  Id.  sur  Deutéron.,  i.  Même  écrit.  1  f.  long. 

93  (95).  Id.  Écrit,  rabbin.  1  f.  fol.,, déchiré  à  gauche,  V  blanc. 

94  (96).  Id.  sur  la  sect.  pnnNi  (fol.  169  d'un  grand  texte).  Même  écrit. 

1  f.  in-4»,  troué. 
95(97).  Id.,   même   écrit.  2  ff.  in-4»  d'un  cahier;  2    passages  barrés; 
lacunes  au  milieu. 

96  (98).  Id.  sur  Deutéron.,  ix,  28.  Cite  iDTi»  sur  2"3.  2  tV.  in-4°,  dont 

1  blanc. 

97  (99).  Id.  sur  Lévit.,  Yxvi,  8-13.  Écrit,  rabbin.  1  f.  fol.,  trous. 

98  (100).   Id.  sur  Deutér.,  vui,  5.  Écrit,  égypt.  1  f.,  troué. 

99  (101).  Id.  sur  Deutér.,  lu,  12.  Cile  Raschi.  Écrit,  africaine.  I  f.  in-4». 
100(102).   Homélie   sur  la  sect    Nirn  ■'D  (f.  372  d'un  gr.  texte).    Même 

écrit.  1  f.  in-4».  mouillures,  trous. 


•270  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

101  (103,.  Comment,  arabe  sur  Deutér.,  xxv,  5-10.   Belle  éciil.  carn-e, 

verset  par  verset  {?  Saadia).  1  f.  in-4*,  fendillé. 

102  (104).  Homélie  sur  Deutér.,  xxx,  11.  Écrit,  africaine.  1  f.  in-4'. 

103  (105).  Sur  Deutér.,  xxx.  Même  écrit.  2  flF.  in-4'',  1='  f.  déchiré  du  haut. 

104  (106),   Sur  Deutér.,  xxxii.  Écrit,  raiibin.  égypt.   1  f    in-4".  Mouillure. 

105  (107).  Même  passage.  Écrit,  africaine  (f,  40  et  41  d'un  texte).  1  f.  in-4''. 

106  (108).  Homélie   sur   riDnari  dmt,    en    arabe.    Écrit,    carrée    égypt. 

1  f.  in-4». 

107  (109).  Cahier  (incomplet)  du  ï~i-nn  T\jy  ou  explication  midrasch.  du 

Pentat.,  dernière  lettre  n,  f.  170  et  173.  Écrit,  orientale.  2  ff.  10-4". 

108  (110).  Sur  la  mort  de  Moïse,  en  arabe.  Écrit,  rabbin,  i  f.  in-12. 

109  fin).  Sur  Josué,  en  arabe.  Belle  écrit,  carrée.  1  f.  in-4",  délabré, 
110(112).  Homélie  pour  la  fête  de  ninn  nn?2">:;.  Écrit,  rabbin.  1  f.  in-4". 
111  (113).  Paraphrase  des  .Juges,  xu,  en  arabe.  Cite  Moïse  b.  Ezra.  Écrit. 

carrée  égypt.  2  f,  in-4",  déchirés  du  bas  et  à  gauche. 
112(114).  Naissance  de  Samuel,  en  arabe:  I  Sam.,  i.   Écrit,  africaine. 

1  f.  in-4"  déchiré  du  haut. 
1 13  (115).  Sur  I  Sam.,  xxv,  29,  .Môme  écrit,  1  f,  in-4",  déchiré  du  haut. 
114(116).  Sur  I   Sam.,   xvii.   Notes    marginales.  Même  écrit.  If.  in-4". 

V"  blanc. 

115  (117).  Sur  II  Sam.,  24.  Écrit  africaine.  1  f.  in-8". 

116  (118).  Fragment  de  comment,  lexicographique  sur  II  Sam.,  n,  7  et 

m,  33-35.  Écrit,  rabbin,  égypt,  et  lettres  carrées.  If.  in-4°. 

117  (119).  Explication  relative  à  Absalon  :    Il  Sam.,  xni,  1.   Kcrit.  afri- 

caine 1  f.  in-4". 

118  (120).  Comment,  arabe  sur  II  Rois,  ni.  Belle  écrit,  carrée.  2  ff.  in-4». 

119  (121).  Paraphrase  arabe  d'isaïe,  xxx,   26.  Écrit,   carrée  égypt.   2  tf. 

in-4*,  tachés. 

120  (122).  Comment,  arabe  sur  Jérémie,  vin,19.  Ecrit,  africaine.  1  f.  in-8". 

121  (123).  Id.,  ici.  sur  .Jérémie,  ix,  16.  Ecrit,  rabbinique  orientale.  1  f. 

in-4",  écorné. 

122  (124).  Id.,id.  sur  Jérémie,  ix,  17etsuiv.  Écrit,  africaine,  2  If .  in-4", 

dont  1  blanc. 

123  (J25;,  Sur  Isaïe,  vi,  6,  Écrit,  orientale.  1  f.  in-4". 

124  (126).   Comment,  arabe  sur  .Jén'ui.,  vni.  Même  écrit.  2  11".  iii-S»  (dont 

1  blanc).  ' 

125  (127).  Id.  sur  Jérém,,  ix,  7,  8,  Même  écrit,  2  IT.  in-8". 

126  (128).   Id.,  id.  Jérém.,  xliii.  Belle  écrit,  carrée,  2  If.  in-4",  délabrés. 

127  (129).  Id.,  id.  Jérém.,  xxvui.  Môme  écrit,  2  ff,  in-4"  déchiquetés. 

128  (130).  Id.,  id.  Ezéchiel,  xxxn.  Écrit,  carrée  égypt.  1  f.  in-4"  fendillé. 

129  (131).  Id.,  id.  Ezéch.,   xxxiu,  25-27.   Indication  du   sabbat  juif,   du 

dimanche  chrétien,  du  vendredi  musulman.  Belle  écrit,  carrée. 
1  f.  in-4", 

130  (132),   Id.,  id.  Ezécliiel,  xxxvii,  12,  Écrit,  carrée  égypt.  I  f.  in-4",  abîmé. 

131  (133).  Fin  de  Joël,  comment.  d'Amos  ;   version  arabe  avec  explica- 

tion. .Même  écrit,  1  f,  in-4". 


LES   MANUSCRITS   DU   CONSISTpIRE   ISRAELITE   DE  PARIS  271 

132  (134).   Comment.  surSefania,  ii.  1-14  (?  de  David  Kimhi'i.  1  f.  diiitu- 

nable. 
133(135).   Id.,  Il,    1.    K(M"it.  africaine.   Renvois  et  notes  marginales.  (  f. 

in-4J. 

134  (136).  Comment,  arabe  snr  Ps.,  ii.  Écrit,  carrée  <'gypt.  1  f.  in-lO. 

135  (137).  Id.,  id.  Ps.,  x.   Même  écrit.  2  ff".  in-8°,  troués. 

136  (138).  Comment,  midr.  surPs.,  si.  Écrit,  rabbin,  orientale.  I  f.  in-4'^. 
137(139).  Comment,   arabe   sur  Ps..  xvi,    5.  Notes   marginales.   Ecrit. 

carrée  egypt.  Cite  Aboul  Walid.  1  f.  in-4o,  abîmé. 

138  (140).  M.,  id.  Ps.,  xvi,  11.  Même  écrit.  2  tï'.  fol.  troués. 

139  (141).   M.,  id.  i*s.,  xn  et  xix.  Notes  marginales.    Même  écrit.  2  IV. 

in-12  d'un  cahier  incomplet. 
140(142).  Comment,  sur  Ps.,   xxx.  Écrit,  rabbin,  orientale.   1   f.  in-4*, 
troué. 

141  (143).  Ip.,  Ps.,  Lv.  Même  écrit.  Nombreux  Loazim.  En  marge,  indi- 

cation des  versets  cités  en  explication.  1  f.  fol.,  coupé  du  bas. 

142  (144).  Paraphrase  du  Ps.    lix.   Même  écrit.  Paraît  complet   en  2  f. 

in-4V 

143  (145'.  Comment,    arabe    de   Ps.,    en,    28-29.    Écrit,    carrée    égypt. 

1  f.  in-4». 

144  (146).  Id.,  id.,  Ps.,  civ.  Écrit,  rabbin,  orientale.  1  f.  in-8". 

145  (147).  Id.,  id  ,  Ps.,  cxix,  60.  Écrit,  carrée  égypt.  1  f.  petit  in-i". 

146  (148).  Id.,  id.,  Ps.,  cxxxix.  Même  écrit.  1  f.  in-4». 

147  (149).  Midr.   sur  Ps.,  cxlv,  17,  Ecrit,  africaine.   Notes  marginales. 

A  la  lin  est  cité  R.  Samuel  Pozol  'i"i3.  2  fî.  petit  fol.,  abîmés. 

148  (loO).  Comment,  arabe  sur  I  Chron.,  xxvni,  9   et   xxix,    18.   Ecrit. 

rabbin,  égypt.  1  f.  in-4*  oldong  ;  parchemin. 

149  (151).  Explication  (::OD)   de  Proverbes,  v.  Écrit,    rabbin,  orientale. 

1  f.  in-4V 
150(152).  Comment,  sur  Prov.,  xxix,  17.  A  la  marge  supérieure,    une 
note  par  Mardochée  Antebi  "»an;y.  1  f.  in-S»  à  2  col.  V»  blanc. 

151  (153).  Fragment  de  comment,  arabe  sur  Provcrb.,  xxxi.  Écrit,  carrée 

égypt.  1  f.  in-4*,  troué. 

152  (154).  Comment,  sur  Job,  i,  7.  Écrit,  orientale.  1  f.  in-S",  déchiré. 

153  (155).  Midr.  sur  Job,  v,  10.  Auv*  id.  sur  Ps.,  xxx,  3.  Petite  écrit. 

africaine. 

154  (156).   Id.  en  arabe  sur  Job.,  xv,  5.  Ecrit,  égypt.  1  longue  col.  1  f. 

10-4",  déchiré  en  haut. 

155  (157).    Id.,  id.  sur  Job,    xxu  et   xxiv.  Ecrit,  carn-e  égypt.  1   f    in-4'', 

troué. 

156  (158).   -Midr.  sur  Can(i(iiie,  i,  3,  en  épigraphe,  un  passage  du   "'31  N:n 

irr^bx  tiré  du  Yalkout.  Notes  marginales  d'une  main  plus 
rapide  mais  semblable.  Écrit,  orientale.  2  11',  in-4'',  abîmt's.  Ci'. 
n»  147  (149). 

157  (15'J).   Comment,  arabe  sur  Cantique,  vi,  fin,  et  vu,  verset  par  verset. 

Même  écrit.  5  tï ,  in-S»,  écornés. 


272  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

158  (160).  Id.,  id.   Chr.,  i,  commencé,  non   continué.  Écrit,  africaine. 

1  p.  in-S". 

159  (160  a).  M.,  id.  Chr.,  i  et  ii.  2  ff.  in-8^  dont  1  blanc. 

160  (160  61.   M.,  id.  Chr.,  ii.  Même  écrit.  2  ff.  in-8V 

161.  Sur  Elimélek,  Noémi,  liiilh,  i.  Écrit,  orientale  1  f.  in-4",  coupé. 

162.  Midr.  en  arabe  sur  les  Lamentations.  Écrit,  rabbin,  ancienne.  4  ff. 

in-12. 

163.  Td.,  id.  sur  Isaïe,  liv.  1  f.  in-8",  écorné  en  haut  à  gauche. 

164.  Texte  judéo-espagnol.  Voir  ci-après,  Division  IX,  linguistique 

165.  Comment,  sur  Ecclésiaste,  ii-vi.  Petite  écrit,  rabbin.  Rubriques  en 

lettres  carrées.  7  ff.  in-S". 

166.  Midr.  sur  Eslher.  Écrit,  rabbin,  égypt.  1  f.  in-8". 

167.  Midr.   sur  Ecclésiaste,  i,   4-7.  Écrit,  africaine,  encadrant  le  texte 

biblique  vocalisé,  en  écrit,  rabbin.   1  f.  in-4". 

168.  Comment,    arabe   sur   Esther.    Écrit,    carrée    égypt.    Généalogie 

complète  de  Mardochée  remontant  jusqu'à  Benjamin.  1  f.  in-4", 
troué. 

169.  Fragment  de  comment,  arabe  sur  Esther.  1  f.  in-8%  fendu. 

170.  Allocution  à  la  comm.  de  rr^p-nn  pour  le  Sabbat  Haggadol  an  5546 

(=  1786).  Écrit,  africaine.  2  ff.  in-8",  endommagés. 

171.  Autre  homélie  pour  le  môme  Sabbat.  Écrit,  rabbin.  2  ff  in-S"  troués. 

172.  Id.  Écrit,  africaine  avec  ligatures.  1  f.  in- 4"  endommagé  du  haut. 

173.  De  la  génératioh  humaine.  Écrit,  rabbin.  2  ff.  in-4». 

174.  Homélie  pour  la  circoncision.  Écrit,  orientale.  Notes  marginales. 

1  f.  in-4''  entamé. 

175.  Id.  1  f.  fol.  troué. 

176.  Midrasch  relatif  au  Léviathan.  Écrit,   rabbin.   1  f.   in-4o  abimé   et 

mouillures. 

177.  Midrasch  relatif  au  Décalogue.  Écrit,  rabbin,  égypt.  2  ff. 

178.  Sur  Isaïe,  vi,  3.  Écrit,  africaine.  1  f.  fol.  endommagé. 

179.  Midr.   sur  le  Pentat.;   en   tête    :  min.    Notes   marginales.    Écrit. 

orient. 
179a.  Aphorismes.  Écrit,  égypt.  2  ff.  in-S" 

180.  Midr.  sur  le  Messie.  Écrit,  orient.  1  f.  in-8"  déchiré. 

181 .  Midr.  en  arabe  pour  les  jours  de  jeûne;  hist.  de  Nicodème.  1  f.  in-4° 

fendillé. 

182.  Id.  sur  les  signes  du  Messie.  Écrit,  carrée  égypt.  2  If.  in-4<'  troués. 

183.  Midr.  sur  le  jugement  dernier.  Ecrit,  rabbin,  l  f.  in-4°  troué. 

184.  De  la  vie  future  des  gens  pieux,  en  arabe.   Écriture  carrée  égypt. 

i  f.  in-4". 

185.  Allocution  en  arabe.  En  tête  :  n\::-i3  [sic).  Mènie  écrit.  1  f.  in-4°. 

186.  Midr.  sur  les  campements  d'Israël  au  désert.  Ecrit,  rabbin,  soignée. 

1  f.  gr.-8". 

187.  Midr.   sur  les  honneurs  à  rendre  aux  ancêtres.  Ecrit,  africaine.  2  ff. 

in-80. 

188.  Fragment  sur  l'importance  dun  chef.  2  ff.  in-4''  déchirés. 


LES   MANUSCKITS   DU   CONSISTOIRE   ISRAÉLITE   DE   PARIS  273 

189.  Du  sanctuaire  cnpTj.    Cite  un...  pNa,  au  sujet  de  la  résurrection. 

2  ff.  in-i"  parchemin  déchiquetés 
190    Poème  et  Midr.  arabes.  Écrit,  rabbin,  orient.  2  ft".  in-4"  déchiquetés. 

191.  Premier  f.  du  imi  -'•Dio  nNTr  'c,  en  arabe.  Écrit,  afric.  1  f.  in-8". 

192.  Instructions  pour  l'huile  d'éclairage  du  culte.  Écrit,  égypt.  1  f.  in-8° 

troué. 

193.  Paraphrase  de  la  confession  cnT'i)  alphabétique,  inachevée.  Écrit. 

carrée.  Au  v  fragm.  de  morale,  en  arabe,  1  f.  in-4*  troué. 
19L  Uemontrances  en  arabe.  Écrit  orient.  Sont  cités  nnpa  p  -n:::?^  T3N 

(bis)  et  "'ni:-iri«  '3  aicbx  nnx   Ecrit,  rabbin,  égypt.  1  f.  in-4o. 
19j.   .Midr.  en  arabe,   peut-être  pour  Hosch  Haschana.  Même  écrit.   4  tf. 

in-4''  entamés 

196.  Midr.  illisible.  P.  1  on  lit  (?)  T"yb3.  P.  2  rtDNbyam   -ii:p  DT^n.  2  ïï. 

in-l6o. 

197.  Fragment  doraison  l'unèbre  en  arabe.  Écrit,  rabbin,  égypt.  serrée. 

1  f.  in -4°  déchiré 

198.  Extraits  du  Midr.  Yelamdénou  et  de  la  Mekhilta.   Écrit,  rabbinique 

orient.  2  ft'  in-4°  écornés. 

199.  Notes  midrasch.  sur  Isaïe,  x.xx,  Ps.,  v,  et  Sota,  49.  Écrit,  africaine 

1  petite  col. 

200.  2  fragm.  de  Midrasch.  Même  écrit.  2  morceaux  in-r2''. 

201 .  Explications  littérales  de  l'Exode  en  arabe,  avec  exemples.  Écriture 

orient.  1  f.  in-4''. 

202.  A  propos  de  Ps.,  cxxvii,  2,  un  passage  talmudique  tiré  de  Ketoubot, 

62a,  avec  explication  de  Raschi  et  des  Tossaphot.  Même  écriture. 
1  col.  sur  f.  in-4°. 

203.  Sur  Deutér..   xxix,    14.   Cite  le  ->D"i73  ^3C   Écrit,  rabbin.    1  f.  111-4" 

coupé  en  long. 

204.  Pour  oraison  funèbre.  Écriture  africaine,  ft".  209  et  210  en  longues 

col. 

205.  Midr.  relatif  a  Abraliam.  Écrit,  rabbin.  1  f.  in-4'^  déchiré. 

•206.  Midr.  sur  les  sections  m:373  et  ■^J'Ots.  Écriture  carrée  égypt.  3  fragm. 
in-4<'. 

207.  Courtes  explications  sur  Deutéron..  xxx,  10-20,  en  2  morceaux. 

208.  Des  droits  ou  revenus  d'une  fille  de  Cohen  mariée.  Fragment. 
209    Morceau  final  de  Midrasch,  déchiqueté. 

210-261 .  Comment,  bibliques.  Fragments  divers. 
262-301.   Id.  en  arabe,  la  plupart  sur  parchemin. 

302.  Midr.  sur  la  section  npn,  en  arabe.  Écrit,  carrée  égypt.  Morceau  in-4" 

déchiré. 

303.  Fragm.  du  "lOiTOr;  ""S-n.  Belle  écrit,  carrée.   Parclieinin  troué,  petit 

in-40. 
304-305,   Explications  sur  l.évitique,  xxv,  12  à  34,  et  sur  xxvii.  Écriture 

rabbin,  égypt.  Chaciuc  pièce  de  2  ft".  in  4\  en  mauvais  état. 
306-308.   Id.  sur  l'Exode,  xii  ;   sur  Deutér.,  xiv,  1,  et  Deutér.,   xv,  10,  en 

3  pièces  in-4o  déchirées. 
T.  LXIl,  N"  124.  18 


274  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

309     Sur  Josué,  I,  3.  Longue  note  marginale.  Morceau   de   pièce   in-fol. 

310.  Extrait  de  comment,  sur  II  Sam  ,  i,  20  et  Ps.,  cxxviu,  2.  Ecrit,  orient. 

2  lï".  fragmentaires  in-fol. 

311.  Midr.   sur  l'union  conjugale.  Écrit,   rabbin,  égypt.  2  ff.  petit  fol., 

écornés  en  haut  à  droite. 


III.  Rabbinisme. 

A.  1.  Talmud  de  Babylone.  Berakhot,  9b.   Écrit,  carrée  égypt.  \  f.  in-4° 
écorné. 

2.  Id.,  \0b  (copie  fautive).  Même  écrit.  Au  v"  mots  arabes.  1  f.  in-4*. 

3.  Id.,  136.  1  f.  in-4». 

4.  Id.,  ch.  II,  §  2,  ff.  15  et  16  abrégés.  1  f.  in-4''. 

5.  Id.,  22  et  23.  Écrit,  carrée  égypt.  4  ff.  in-4"  et  2  fragments. 

6  (93)    Id.  22a.  b  et  23  6.  Même  écrit.  2  ff.  in-4»  troués. 

7  (6).  Alfasi,  t)''-|,  sur  le  même  tr.,  ch.  iv,  §§  3-5,  en  2  ff.  fol.  délabrés. 

8  (7).  Tal.  B.,  286  et  29a.  2  ff.  fol.,  abîmés. 

9  (8).  Mischna,  même  tr.,ch.  iv,v,vi.  Petite  écrit,  carrée  égypt.  2  ffin-4", 

dont  plus  de  la  moitié  supérieure  manque. 

10  (9).  Tal.  B.,  même  tr.,  50a  abrégé.  2  ff".  in-4»  troués. 

11  (10).  Id.,  dern.  page,  provenant  de  l'édit.  Venise  (1520),  f.  64.  1  f.  fol. 

12  (U).  Mischna,  même  tr.,  fin,  et  Sabbat,  xvui-xix.  Écrit,  égypt.,   1   f. 

in-4». 

13  (12).  Id  ,  ch.  IX,  §§  5,  6,  7,  etPéa,  ch.  i  entier,  ch.  ii,  §§  1-6.  En  marge, 

rtabn  ou  indication  des  avis  prépondérants.  Écrit,  rabbin.  3  ff. 

in-12». 
14(99).   Id.,  Berachot,  i,   1,  et  Aboi,  i,  9.  Au  v",  deux  passages  delà 

Genèse.  Écrit,  carrée  égypt.  1  f.  in-4"  troué. 
15-17.  Gr.  fol.  (96-98).   Commentaires  sur  Bemaï.  i-ii  ;  Teroumot,  i,  1  ; 

Soucca,   II,  3.    Belle   écrit,   rabbin,    a:   1  f.   à   2  col.;    b  :  2  ff.  ; 

c  :  2  ff.  troués  et  fendillés. 
18(13).   Mischna,  Schebiit,  ch.  v,  §§  5-9,  et  ch.   vi,  ^§1-6.   Écrit,  égypt. 

1  f.  in-4*  troué. 
19  (14).   Id.,  Orla,  ch.  m,  §  9  (tin),  et  Biccourim,   i-ii,  avec  commentaire 

arabe  de  Maimonide.  Même  écrit.  7  fragments  petit  fol.,  coupés 

en  long. 
20(15).  Talmud  B.,  Sabbat,  33a,  et  autres  courts  passages  talmudiques, 

extraits  de  Eroiibbi  et  Sota.  Dans  les  interlignes,  des  explications 

en  arabe.  Belle  écrit,  carrée.  2  If  gr.-S»,  troués. 

21  (16).  Alfasi  sur  Sabbal,  ch.  ii.  1  f.  fol.  déchiré. 

22  (17).   Tal.  B.,  Sabbat,  216.  Écrit,  rabbin,  égypt.  Au  v»  un  texte  arabe. 

1  f.  fol.  coupé  du  haut. 

23  (18).   Mischna,  même  tr.,  ch  ii,  §§3-5.    Même  écrit.   1  f.  in-4'' écorné 

et  troué. 

24  (19).   Id.,  ch.  IV,  ii§  5-8.  Belle  écrit,  carrée  égypt.  1  f.  in-4o. 


LES   MANUSCRITS  DU  CONSISTOIRE   ISRAÉLITE  DE   PARIS  275 

25(20).  Tal.  B.,  même   tr.,  73  6-74.  2  fï.  petit  fol.,  tachés  et  déchirés. 

26  (21).   Mischna,  même  tr.,  ch.  xi-xii.  Écrit,  rabbin,  égypt.  1  f.  fol. 

27  (22).  Ascheri  sur  le  même  tr.,  cii.  xi.\.  1  f.  fol.  coupé  du  bas. 

28  (23).   Alfasi  sur  le  même  tr.,  ch.  xxiii.  Relie  écrit,  carrée.  1  f.  in-4'. 

29  (81).  Extrait  de  Sabbat,  1196,  suivi  d'un  fragment  du  Zohar.   Écrit. 

rabbin.  Prem.  et  dern.  f.  d'un  cahier  in  16°. 
30(24).  Eroubin,  15  6;  fragment.  Écrit,  rabbin,  égypt.  1  f.  in-8°. 

31  (25).  Mischna,  môme  tr  ,  ch    i,  ^^  1-2.  En  tète  et  au  bas,  des  lignes  en 

arabe.  1  f.  in  8". 

32  (26).  Tal.  B..  Pesaliim.  llofl.  Écrit,  rabbin.  1  f.  in-4'',  entamé. 

33  (27).    Yonia,  39  6.   Moitié  de  feuillet  d'une  édition  princeps,  avec  le 

seul  comment    de  Kaschi  (sans  Tossafot).  1  f.  fol. 

34  (2^).  Abrégé  talmudique  el  comment,  de  Beça,  ch.  i,  fin,  et  ch.  n,  §  I . 

Petite  écrit,  rabbinique  ;  rubrique  en  carré  oriental.    If    in-4". 

35  (29).  Talm.  de  Jérusalem,  même  tr.,  cb.  ii,  §  2,  et  ch.  iv,  §  1.   Frag- 

ments. Écrit,  carrée  égypt.  2  lï".  in-S" 
36(30).  /(/.,  ch.   II,  §§4-5,   et  ch.  lu,  §§2-3.    Noms  propres  et  loazim 
ponctués.  2  ft".  in-4',  coupés  du  haut. 

37  (100.  W.,  ch.  m,  §§  6-8.  Même  écrit.  1  f.  in-S"  coupé  en  biais. 

38  (31).  Tal.  B.,  même  tr.,  336  et  34 «.  Même  écriture.  1  f  in-4''  entamé. 

39  (32.  /(/.  40  (ch.  v,  fin).  Même  écrit.  1  f.  in-  4"  troué. 

40  '33^.  Mischna,  même  tr.,  ch.  iv  fin,  et  ch.  vi,  avec  extraits  talmudiques. 

Ecrit    carrée.  1  f  in-4"  troué. 

41  (34).  Ici.,  ch.  V,  §§6-8,   et  Taanit,  ch.  i,  .i;.!^  1-2.   Même  écrit.  1  f.  10-4" 

troué. 

42  (35).  Ascheri  sur  Rosch  ha-Schana,  ch.  i,  §.§  3  et  5  (106  et  16a).  Même 

écrit.  1  f.  in-4'*  troué. 

43  (36).  Tal.  B.,  même  tr.,  3rt  et  106.  Belle  écrit,  carrée.  2  flf.  fol.  mutilés. 

44  (37).  AKasi  sur  Megullla,  ch.  m  et  iv.  8  ff.  in-4". 

45  (38).  Tal.  B.,  même  tr.,  2a,  166,  17a  (lacunes).   Ecrit,  rabbin,  égypt. 

2ff.  fol. 

46  (39).  kl.,  146-15 a.  Même  écrit.  1  f.  petit  fol.  Mouillures. 

47(40).  .Mischna,  même  tr.,  ch.  iv,  §§4-7.  Texte  eu  lettres  carrées, 
avec  comment,  arabe  de  Maimonide,  en  lettres  rabbiniques. 
1  f.  in-4«. 

48  (41).  Tal.  B.,  jldoëd  Katon,  16.  Écrit,  rabbin,  égypt.  2  tf.  in-4''  délahrés 

49  (42)    fd.,  Yebamot,  78a.  Même  écrit.  2  fi".  10-4"  tachés  et  troués 

50  (43).  Mischna,  même  tr.,  ch.  vi,  §  6,  suivi  d'un  texte  de  Baba  Batra, 

110a.  2  tt".  in  12»,  dont  un  blanc. 

51  (44).   fd.,  Keluiibot,  ch.  ni,  §  8  ;   ch.  iv,  §§  1-3  ;    ch.  vi,  §§  :i-7  ;    ch.  vu, 

§§13.  Écrit,  rabbin.  2  tf.  in-12«. 

52  (45  .  Tal.  !>.,  même  tr..  1036.   Même  écrit.   1  f.  gr.  in-8"  vélin,  écorné 

de  haut. 

53  (46).   Mischna,  Guillin,  ch.  v-vi.  1  f  gr.  fui.  di-cliirc  du  haut. 

54  (47).  Tal.  B.,  même  tr  ,  87  a  et  6.  Écrit,  rabbin,  orientale    1  f.  in-4». 

55  (48).   Mischna,  id.,  ch.  v,  §§  6-7  ;  ch.  vi,  §§  4,  5,  6    2  tV.  111-4"  délabrés. 


276  REVUK   DES   ÉTUDES  JUIVES 

56  (94).  Id.,  Nedarim,  ch.  viii,  §§  1-7,  avec  comment,  arabe  de  Maïmonide. 

Écrit,  carrée  égypt.  2  ÏÏ.  in-4''  ;  larges  trous. 

57  (95).  Talm.  B.,  Kiddouschin,  34-36.   Ane.  écrit  rabbin.  4  tf.  petit  fol., 

abimés. 

58  (49).  Mischna,  A''a3(?%ch.  IV,  §§3-4,  avec  version  arabe.  1  f.  in-4"  délabré. 

59  (90).  M.,  §1  \Seul),  avec  comment,  arabe  de  Maïmonide.  I  f.  in-4o  déchiré. 
00(50).  Tal.    B.,   Baba  Kamma,   14.    Vieille  écrit,   rabbin.    \  f.  fol.  en 

mauvais  état. 
61  (83).  Id.,  28b  et  29a.  Vélin.  1  f.  fol.  déchiré. 
62(51).  Id.,dla-Ub;  lacunes.  6  ff.  gr.  in-8°  entamés. 

63  (52)    Id.,  117 a-6.  Écrit,  rabbin,  serrée.  1  f.  in-4".  Mouillures. 

64  (53).  Id.,  Baba  Mecia,  29  6-31  a,  avecRaschi  en  marge.  Écrit,  orientale. 

2  ff.  in-4°. 

65  (54).  Id.,  Baba  Batra,  8a.  Écrit,  rabbin,  égypt.  2  ff.  in-4». 

66  (55).  Id.,  8  6.  Même  écrit.  1  f.  in-4''  déchiré. 

67  (56).   Mischna,  Sanhédrin,  ch.  iv,  §§  1-7.  Écrit,  carrée  pâlie.  2  ff.  in-4°, 

en  très  mauvais  état. 

68  (57j.  Id.,  Abot,   ch.   i,    §§  4-16;    ch.  ni,  §§  10-23;    ch.  iv,  §  1  ;    ch.  v, 

§§  14-20.  Écrit,  carrée  calligraphiée.  4  ff.  in-4^. 

69  ,58  .  Id.,  ch.  I,  §§  4-18,  et  ch.  ii,  §§  1-4.  Textes  vocalises.  2  ff.  in-4» 

troués.  Cf.  n"  77  (64). 

70  i59).  Id.,  ch.  Il,  §§'9-16,  et  ch.  ni,  §§  1-2.  Écrit,  orient.  2  ff.  in-12». 

71  (60).   Id.,  ch.  m,  §  6,  à  ch.  v,  §3.   Écrit,  rabbin,  égypt.  4  ff.  in-4",  un 

peu  déchirés. 
72(91).  Id.,  ch.  m,  §§  6-11.   Version  arabe  seule.  Écrit,  afric.  1  f.  in-4'' 
déchiré. 

73  (61).  Id.,  ch.  m,  §§  9-17.  Écrit,  rabbin,  égypt    1  f.  petit  fol.  troué. 

74  ;62).  Id.,  §§  17  20.  Même  écrit.  1  f.  in-4». 

75  (92).  Id.,  ch.  IV.  §§  26-24,  avec  comment,  arabe  de  Maïmonide.  Écrit. 

carrée  calligraphiée.  1  f.  in-4*. 

76  (63).  /'/.,  ch.  V,  §§  3-4.  Belle  écrit,  carrée.  2  ff.  in -16». 

77  (64).  W.,ch.  V,  §§11-19,  vocalises.  Même  écrit.  2ff.  in  8».  Cf.  n»  69(58). 

78  (65).  Id.,  ch.  VI,  §§3-6.  Écrit,  rabbin,  égypt    1  f.  in-8». 

79  (66).  Id.,  ch.  VI,  §§  3-9.  Écrit,  carrée.  2  ff".  in -12*.  écornés  du  bas. 

80  (67).  Talmud  B.,  Houllin,  20a  et  226.  Même  écrit.  2  ff.  fol. 

81  (68).  Alfasi,  Même  tr.,  ch.  m,  §§  5-6.  2  ff.  in-4''  déchirés  du  bas. 

82  (69).  Tal.  B.,  même  tr.,  54a-6.  1  f.  in-4»  troué  et  lacéré. 

83  (70).  Mischna,  même  tr.,  ch.  v,  §§  1  et  3,  avec  version  arabe.  2ff.  in-4». 

84  (71).  Tal.  B..  même  tr.,   67a,  6.    Écrit,  rabbin,  égypt.  1  f.  fol.    et  un 

morceau. 

85  (72).  Notes  sur  ce  tr.,  97  6  et  98a.  Écrit  orient.  2  ff.  in-8". 

86(73).  Tal.  B.,  même  tr.,  f.  1026  et  104.  Vieille  écriture  ressemblant  fort 
au  n°  4    —  2  ff.  d'un  cahier  in-4». 

87  (74).  Ascheri,  même  tr.,  110  6  fin.  1  f.  in-4°  déchiré  du  haut. 

88  (75).  Tal.  B.,  même  tr.,  HO  6  ot  111  a.   Kcrit.  rabbin   égypt.  2  ft".  in-4o 

écornés. 


LES   MANUSCRITS   DU   CONSISTOIRE   ISRAÉLITE  DE   PARIS  277 

89  (76).  Mischna,  même  tr.,  ch.  xii,  §§  2-3,  avec  version  arabe.  1  f.  in -4" 

troué . 
90(77).  Ascheri,  même  tr.,  138a-6.  1  f.  in-4o  abîmé. 
91-2  (78-79).  Mischna  Bekhorot,  ch.  m,  §§  i-4  ;  Arakhin,  ch.  ii-iii.  Écrit. 

rabbin.  3  fif  in-l6o. 

93  (80).  Tal.  B.,  Nidda,  '2ia,  b.  Belle  écrit,  carrée.  Fragment.    1  f.  in-4'' 

délabré. 

94  (82).  Derekh  ereç,  fin    2  ff.  in-8»  déchirés. 

95(84).  Abrégé  du  Talmud  par  Maïmonide,  npmn  T^,  1.  I,  Teroiimol, 
ch.  IV  et  xii-xiii  ;  Maasserot,  ch.  i.  Écrit,  carrée  égypt.  7  ff.  pelit 
fol.,  dont  quelques-uns  défectueux. 

96-97  (85-86).  Id.,  1.  VI,  Schebouot  et  Nedarim.  2  ff.  fol.  pour  chaque  pièce. 

98  (87).  Gr.  fol.  Commentaire  sur  la  distinction  entre  Nrr^—nNi  et  liam, 

par  un  disciple  diin  certain  \\.  Abraham  (ar!~i3N  '"i  3"in  "^niTOi). 
Écrit,  rabbin,  ancienne.  Vieux  vélin.  1  f.  fol.  délabré. 

99  (88).  Gr.  fol.  Commentaire  analogue  sur  un  cas  de  lévirat.    Écriture 

orientale.  1  f.  fol.  en  mauvais  état. 

[A  suivre.) 

Moïse   Schwab. 


BIBLIOGRAPHIE 


HEYUE  BIBLIOGRAPHIQUE 

ANNÉES  1909  ET  1910 

(SUITE  ') 

2.  Ouvrages  en  langues  modernes. 

Abernethv  (A.  T.).  The  Jew  a  negro,  Moravian  Falls  (N.  C),  Dixie  Piibli- 
shing  Co,  1910  ;  D.  0,50. 

AcREKMANN  (A.).  MLinziTieistei'  Lippold.  Ein  Beitragzur  Kiiltur-  nnd  Sitten- 
geschichte  des  Mittelalters,  nacli  urkundlichen  Qnellen  bearbeitet. 
Francfort-s.-M.,  Kaiiffmann,  1910  ;  in-S»  de  112  p.  M.  3  (Tirage  à  part  du 
Jahrbuch  der  Jïid.-Liter.  Gesellschaft). 

Acosta's  (Uriel)  Selbstbiographie,  Teinesvâr,  Polatsek,  1909;  in-8"  de 
42  p.  M.  I. 

Adams  (J.).  Serinons  in  syntax,  or  Studies  in  the  Hebrew  text.  New-York, 
Scribner,  1908  ;  in-8»  de  xi  +  228  p. 

Adams  (J.),  Israels  idéal,  or  Sliidies  in  Old  Testament  tbeology.  Edim- 
bourg, Glark,  1910  ;  in-8"  de  xi  +  232  p.  4  s.  6  d. 

Adler  (E.  N.).  Von  Ghetto  zn  Ghetto.  Heisen  nnd  Reohachinngon. 
Antorisierte  Ueberlragnng  ans  dem  Englischen.  Stuttgart,  Strecker 
et  Schrodcr,  1909;  in-8»  de  xni  -|-213  p.  M.  3,50. 

On  peut  dire  de  ce  livre  que  M.  A.  nous  le  devait.  Voici  i>lns  de  vingt  ans 
qu'il  parcourt  l'Ancien  inonde  et  le  Nouveau,  et,  a  l'inverse  de  tant  de 
voyageurs  juifs,  c'est  le  judaïsme  qui  l'intéresse  dans  ses  voyaires.  «  A  un 
intérêt  plus  ou  moins  altruiste  qui!  poite  à  ses  coreliïionnaires  s'ajoute  chez 
lui   le  désir  éi:oïste  de   n'unir  île  vieux   documents    du    passé  juif  "     p.   ix\ 

1.  Voir  plus  liant,  p.  128. 


BIBLIOGRAPHIE  279 

Ejroïste,  altruisle?  non.  Les  manuscrits  et  les  imprimés  qu'il  pouicliasse,  les 
ffneniza  qu'il  détene  et  les  inscriptions  qu'il  déchiffre  sont  des  témoins  de 
l'histoire  qui  le  passionne  comme  juif  autant  que  comme  savant,  et,  s'il  se  plaît 
à  visiter  les  vieilles  communautés,  c'est  qu'on  les  connaît  mieux  en  les  étudiant 
sur  place.  «  Le  voyageur  a  cet  avantage  sur  l'érudit  qu'il  jnend  contact  per- 
sonnellement avec  les  hommes  eux-mêmes.  Il  peut  apprendre  de  leur  propre 
bouche  leurs  légendes  et  leurs  croyances,  il  peut  feuilleter  leurs  archives, 
acheter  ou  emprunter  leurs  livres,  visiter  leurs  demeures,  leurs  écoles  et  leurs 
temples»  (p.  186).  Notez  les  temples.  M.  A.  peint  ces  «centres  juifs  »  sur  le 
vif,  comme  il  les  aborde  de  plain-pied.  Il  y  passe  les  fêtes,  alors  que  la  vie 
reliirieuse  est  plus  active  :  il  se  rend  dans  les  synacrogues  en  curieux,  mais 
aussi  en  fidèle.  Ce  ne  sont  pas  des  étrangers  qu'il  dévisage,  ce  sont  des  frères 
qu'il  reconnaît.  Et  ne  converse-t-il  pas  avec  eux  dans  la  langue  commune, 
l'hébreu  ?  Autant  qu'avec  les  juifs  de  Palestine,  qu'il  visite  d'ailleurs  dans  un 
but  philanthropique  et  qu'il  défend  même  contre  le  reproche  d'exploiter  la 
«haloukka».  il  sympathise  avec  ses  roreli<rionnaires  de  l'Eûrypte  et  de  la 
Turquie,  de  la  Russie  et  de  la  Perse,  de  r.\mérique  et  des  Indes.  Bien  loin 
d'éprouver  aucune  défiance,  aucune  répusnance,  il  est  également  juste  pour 
les  Aschkenazim  et  pour  les  Sefardim.  Il  est  indulgent  pour  les  colons  de 
l'Argentine,  dont  la  situation  le  déçoit  pourtant,  et  il  n'a  de  mépris  que  pour 
les  richards  de  Bakou,  qui  achètent  la  fortune  par  l'apostasie.  Ce  voyageur 
tient  du  touriste  et  du  pèlerin. 

M.  A.,  qui  avait  publié  successivement  ses  impressions  de  route  dans  diffé- 
rents périodiques,  les  a  réunies  il  y  a  quelques  années  en  un  volume,  Jews 
in  man>/  lands  (Londres.  190P5  ,  dont  nous  présentons  aujourd'hui  la  traduc- 
tion allemande.  Les  deux  premiers  voyages  racontés  ont  pour  but  la  Palestine 
et  remontent  l'un  h  1888.  l'autre  à  1893.  Au  cours  du  premier,  l'auteur  décrit 
la  communauté  du  Caire  p.  1-16^,  le  parcours  de  Jaffa  à  Jérusalem  p.  17-22), 
la  Ville  sainte,  ses  groupements  juifs,  ses  institutions  et  ses  monuments  (p.  23- 
58),  les  environs  de  Jérusalem  (p.  o9-69\  Hébron.  la  Mer  Morte  et  le  Jourdain 
(p.  71-87).  Le  second  permet  de  mesurer  les  proïrès  réalisés  en  sept  ans  par 
les  juifs  de  Jérusalem  fp.  89-96^.  Les  autres  voyages,  qui  ne  sont  pas  datés, 
ont  pour  objectifs  Salonique  fp.  97-1021,  Smyrne.  Bounar-Bachi,  Rhodes  et 
Mersine  (p.  103-109',.  Alep  fp.  111-117).  la  colonie  de  Moiseville  en  Argentine 
fp.  167-173).  Du  voyage  à  Koxvno  fl889').  nous  n'avons  qu'une  visite  à  R.  Isaac 
Elhanan  Spector,  et  ce  qui  intéresse  particulièrement  notre  bibliographe,  c'est 
que  le  vénérable  rabbin  a  permis,  d.ins  une  consultation,  de  détruire  les  épreuves 
d'imprimerie  en  hébreu  (p.  175-1801.  Mais  les  chapitres  les  plus  importants 
sont  ceux  qui  sont  consacrés  aux  groupements  jtiifs  qu'on  pourrait  qualifier 
d'exotiques:  les  juifs  du  Caucase  et  de  la  Perse  ^p.  1I9-137\  ceux  du  Turkestan. 
c'est-à-dire  surtout  de  Boukhara'p.  139-16.=)!,  et  ceux  de  l'Inde  (|).  181-213), 
les  derniers  surtout,  qui  sont  les  plus  intéressants  et  les  plus  accessibles  pour 
un  Ani.Hais.  Les  impressions  personnelles  de  M.  A.  et  les  documents  utilisés 
par  lui  renouvellent  en  partie  ce  qu'on  savait  do  l'histoire  et  de  la  condition 
de  ces  communautés,  qui  nous  intriguent  tant.  C'est  ainsi  qu'il  publie  à  nou- 
veau la  «charte»  en  malayalam  de  BhiVskara  Ravi  Varma  fvin»  siècle), 
conservée  par  les  juifs  «blancs»  de  Cochin.  d'après  une  photoirraphie  de 
l'original;  d'après  un  frasment  de  la  Gueniza  en  sa  possession,  il  publie  une 
lettre  commerciale  d'un  juif  de  l'Inde  à  son  correspondant  du  Caire,  écrite 
en  judéo-arabe  au  xiii*  siècle  au  plus  tard  'comp.  une  lettre  analogue  Bévue, 
LVI,  237).  Dans  ce  chapitre  un  peu  décousu  sur  les  juifs  de  l'Inde  (nouveau 
dans  l'édition  allemandel,  il  essaie  de  fixer  l'origine  d<s  deux  groupes  rivaux, 
les  «  noirs  »  et  les  «  blancs  ».   Les  «  noirs  »  avaient  des  établissements  invpor- 


280  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

tants  à  Cranganor  et  David  Rubéni  (Rabani)  serait  le  frère  d'un  rajah  juif  qui, 
menacé  par  les  Arabes,  l'aurait  envoyé  en  Europe  pour  provoquer  une  croisade 
(cf.  Revue,  LX,  133).  Après  la  prise  de  Cranganor,  ces  juifs  se  dispersèrent 
dans  les  villes  voisines.  C'est  alors  seulement  que  les  «  blancs  »,  émigrés  de 
Hollande,  seraient  venus  s'établir  dans  le  pays  et  les  relations  entre  les  deux 
groupes,  d'abord  cordiales,  s'altérèrent  peu  à  peu. 

M.  A.  est  un  bibliophile  et  la  chasse  aux  livres  et  aux  parchemins  est  le 
principal  but  de  ses  courses  à  travers  le  monde.  A  Alep,  il  trouve  par  hasard 
le  Divan  d'Eléazar  ha-Babli  (p.  117);  à  Boukhara,  des  imprimés  précieux 
(p.  159)  ;  dans  la  queniza  du  Caire,  un  traité  talmudique  censément  imprimé 
à  Saloiiiqne  (p.  100).  Il  décrit  au  moins  les  manuscrits  qu'il  ne  peut  acquérir  : 
un  Yad  ka-Uazaka  (p.  6).  alors  à  Francfort  (v.  Revue.  XIII,  150  :  XXXVI. 
65-74]  ;  le  prétendu  Séfer  Tora  d'Ezra  au  Vieux-Caire,  qui  a  trois  siècles  au 
plus  (p.  13)  ;  un  Pentateuque  écrit  à  Barcelone  en  1289  et  conservé  dans  une 
synagogue  de  Magnésie  (p.  106);  le  fameux  Pentateuque  de  Ben  Ascher,  qui 
n'en  est  qu'une  copie,  et  d'autres  Pentateuques  à  Alep  (p.  H3-114\  Il  signale 
des  inscriptions  dans  les  synaeoarnes  de  FostAt  fp.  13'.  de  Salonique  fp.  99)  et 
d'Alep  (p.  112).  Les  épitaphes  du  père  et  de  l'oncle  de  Sabbataï  Cevi  'p.  103' 
ont  été  publiées  depuis  \f\evue.  LVllI,  271).  Le  bibliographe  qu'est  M  A. 
énumère  les  ouvrages  hébreux  imprimés  à  Aden  fp.  184:  cf.  Z.f.H.Ii..  XII. 
177  et  s.)  et  décrit  un  opuscule  de  Mosseb  Perevra  de  Paiva.  NoUHrta  dox 
Judeos  de  Cochm,  Amsterdam.  1687  fp.  210-212  :  cf.  Benie.  XXTT,  120). 

Une  illustration  «documentaire»  orne  le  vohime  et  l'enrichit:  phototrra- 
phies  prises  par  l'auteur  et  fac-similés  de  manuscrits  de  son  cabinet  ;  le  juif 
russe  de  la  p.  27  nous  paraît  plutiM  tiré  d'un  tableau  connu.  —  Chez  M.  A. 
les  à-peu-y)rès  de  l'amateur  veulent  coudoyer  les  piécisions  de  l'érudit  :  il 
croit  que  les  monuments  des  Pharaons  reflètent  l'Fxode  biblique  (p.  1  :  Pithom 
e/Ramsès  ont  été  identifiés  !)  et  qu'on  est  en  droit  d'admettre  deux  tombeaux 
de  Rachel  (p.  59^.  P.  8  :  les  caraïtes  ne  suivent  pas  le  calendrier  arabe.  il« 
ont  le  leur  ;  les  rabbanites  les  ont  d'ailleurs  accusas  d'ax-oir  fait  cette  conces- 
sion aux  musulmans  :  p.  10  :  l'Alliance  Israélite  universelle  n'a  pas  été  fondée 
par  Crémieux.  OnflTi^s  méprises  :  p.  iQH,  il  s'airit  san"  doute  de  «  La 
Grammaire  »  de  Labiche  et.  p.  141.  Moscou  est  placé  sur  la  route  de  Varsovie 
à  Rosfow.  D'autres  inexactitudes  sont  dues  à  la  traduction  :  p.  .^3.  JAlAd  pour 
DschaliM:  p.  113,  Oran  pour  Aron.  Les  fautes  d'impression  ne  sont  pas  rares, 
surtout  dans  les  mots  étrans-ers  :  p.  114,  1.  Uoknnnh  :  p.  2fl1.  1.  "«am. 

Adi.er  (H.).  Anglo-.Iewish  memories  and  ofber  sermons.  Londres,  Ront- 
ledge,  1900;  in-S"  de  xiv-4-  288  p.  n  s. 

AnLER  fM.-N.).  The  Adler  Family.  Londres,  Office  of  the  «  .lewish  Chro- 
nicle  »,  1909;  in-8o  de  19  p.,  I  fig  ^Reprinled  from  tlie  .lewish  Chro- 
nicleV 

Adler  (N.).  Ans  den  Tagen  von  Mordeohai  nnd  Esther.  Die  Pnrim- 
gesrhicbte  nach  Midrasdiqiiellen  erziililt.  Francfort,  Kanffmann,  1900; 
in-S"  de  72  p.  M.  0,80. 

Akschimann  (André).  I/activilé  dn  prophète  .lérémie.  (>tndo  de  psychologie 
hihliqne.  Genève,  impr.  de  Romel,  1007  :  in-8"  de  151  p. 

Ai.BFRT  (E.).  nie  israelifisrh-jiidisrhe  Anferslelmngshoffnnng  in  ihren 
Rezichungen  znm  Parsismus.  Dissertation.  Konigsberg.  1010;  in-S*  de 
37  p. 


BIULIOGKAPIIIE  281 

Alford  iB.  H.).  Old  Testament  hislory  and  literatiire.  Londres,  LonL;nians, 
1910;  in-8"  do  338  p.  5  s. 

Alkalaj  (D.i.  0  cionizmn  :  njegov  znacaj  i  razvitak.  Belgrade,  éditions  de 
la  société  «  Sion  »,  1910  ;  in-i6°  de  41  p.  D.  0,30. 

Almanach  (Jiidischer)  5670,  heransgegeben  von  der  Vereinigiing. . .  Bar 
Kochba  in  Wien.  Vienne  (Cologne,  Jiidischer  Verlag),  1910;  in-8'' de 
215  p.,  ill.  M.  5. 

Alt  (A.).  Israël  iind  Aegypten.  Die  politischen  Beziehungen  der  Konige 
von  Israël  iind  Juda  zii  den  Pharaonen,  nach  den  Quellen  untersnclit. 
Leipzig,  Hinrichs,  1909;  in-S"  de  104  p.  M.  2,40  (Beitragc  /nr  Wissen- 
schaft  vom  Alten  Testament,  heransgegeben  von  R.  Kittel,  Heft  6). 

ALTScHiJLER  ^M.).  Die  aramiiischen  Bibel-Versionen  (Targumim).  Targum 
Jonatan  ben  Uziel  nnd  Targum  Jerusalemij.  Text,  Umschrift  und  Ueber- 
setzung.  Vol.  1  :  Genesis.  Vienne,  Verlag  «  Lumen  »,  1909;  gr.  in  8  de 
lG4p.  M.  25  (Orbis  Antiqiiitatnm.  Religions-  nnd  Knllnrgeschichtlielie 
Quellenschriften  in  Urtext,  Tnischrift  und  Uebersetzuiig,  nnler  Milwir- 
kung  hervorragender  Fachgelehrten  heransgegeben  von  M.  .\lls(iiiiler 
und  J.  Lanz-Liebenfels.  Pars  I,  Tom.  I,  Vol.  I). 

AxDORN.Die  wirtschaftliche  Lage  der  jiidischen  Lehrerschaft  im  deutschen 
Reiche.  Vortrag.  Magdebourg,  impr.  L.  Sperling  et  Co.,  1908  ;  in-S"  de 
38  p.  M.  1. 

Aptowitzer  ^V.).  Die  syrischen  Rechtsbiicher  und  das  mosaïsch-talmu- 
dische  Recht.  Vienne,  A.  Hôlder,  1909;  in-8°  de  108  p.  M.  2.50  fSitzungs- 
berichte  der  Kais.  Akademie  der  Wissenschaften  in  Wien,  Philoso- 
phisch-Historische  Klasse,  163.  Band,  5.  AbhandlungV 

Aptowitzer  (V.).  Die  Rechtsbiicher  der  nestorianischen  Patriarchen  nnd 
ihre  Quellen.  Extrait  de  VAnzeiger  der  philosophisch-hislorischen 
Kloxse  der  kais.  Akademie  der  Wissenschaften,  2  mars  (1910,  n"  VII); 
in -8*  de  8  p. 

Aptowitzer  (Y.).  The  influence  of  Jewish  law  on  the  development  of 
jurisprudence  in  the  Cliristian  Orient.  Philadelphie,  The  Dropsie  Col- 
loice,  1910;  in-S"  de  p.  209-229  (Reprinted  from  the  Jewish  Qunrierly 
Review,  New  Séries,  I,  2^ 

L'influencfi  du  droit  liibli(iiip  ot  talmudique,  que  M.  A.  a  constatée  dans  les 
codes  arméniens  {Revue,  LVI,  262),  ne  serait  pas  nnoins  grande  dans  les  rodes 
syro-ctirétiens.  Dans  le  premier  des  trois  travaux  iri  annoncés.  M.  A.,  après 
avoir  montré  que  juifs  et  chrétiens  étaient  en  contact  dans  la  Batiylonie, 
examine  trois  codes  syriens  récemment  édités  par  Sacliau.  Ses  conclusions 
sont  des  plus  intéressantes.  Les  consultations  et  les  arrêts  du  patriarche 
Hénanicho  (6S6-70t)  concordent  en  majeure  partie  avec  le  droit  talmudique 
et  seulement  avec  ce  droit  :  les  diverfrences  sont  parallèles  à  des  traditions 
sadducéo-caraites  et  à  des  opinions  talniiidi(pieR  non  érisées  en  lois,  au 
point  qu'on  est  otilitré  d'admettre  que  ce  patriarche  a  eu  des  docteurs  Juifs 
pour  maîtres.  C'est  mieux  encore  avec  le  code  du  patriarche  Timoihée  (délmt 
du  IX"  siècle)  :  les  concordances  sont  si  frappantes  qu'elles  ne  s'expliquent 


282  REVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

«jne  par  des  emprunts  directs.  Enfin,  même  le  patriarche  Jésubarnoun  (même 
é[)oqiie),  pourtant  hostile  aux  Juifs,  n'a  pu  se  soustraire  à  linfluence  de  leur 
droit.  —  Ces  résultats  ne  font  pas  l'affaire  de  i.  Partscli  [Zeitscfirifl  der 
Savigiv/Stiftiing,  XXX),  qui  soutient  la  dépendance  du  droit  syrien  vis-à-vis 
du  droit  gréco-romain.  M.  A.  discute  quelques-uns  de  ses  arguments  dans 
l'article  de  VAnzeiqer;  il  l'a  réfuté  en  détail  dans  la  W.  Z.  K.  M.,  octobre 
1910,  1-4.5.  On  peut  être  en  désaccord  avec  M.  A.,  mais  on  doit  reconnaître 
qu'il  produit  des  arguments,  et  rien  ne  justifie  le  ton  d'un  critique  de  la 
«  Zunft  »  dans  la  0.  L.  Z.  —  Dans  l'article  en  anglais,  M.  A.  résume 
ses  recherches  sur  les  sources  juives  du  droit  arménien  et  du  droit  syrien. 
A  noter  que  sa  thèse  implique  la  persistance  de  lois  sadducéennes  en  Baby- 
lonie  et  leur  infiltration  chez  des  sectes  juives  avant  même  les  Caraïtes. 
Chemin  faisant,  M.  A.  éclaire,  avec  son  érudition  et  sa  perspicacité  habi- 
tuelles, maint  point  du  droit  successoral  et  matrimonial  dans  le  Talmud. 

Arigtta  y  I.osa  fM.).  Los  jiiflios  en  el  pais  vasce,  sn  inflnencia  social,  reli- 
giosa  y  politica.  Pampeliine,  .1.  Garcia,  1908  ;  in-8"  de  48  p.  1  pes.,  25. 

Bachenheimf.r  (S.).  Unser  Gebetbnch.  Vortrag.  Francfort-s.-M.  (Rôdelheim, 
M.  LehI•berger^,  1910;  in-S"  de  24  p.  M.  0,60. 

Bâcher  (W).  Die  hebriiische  nnd  arabiscbe  Poésie  der  .hiden  Jemens. 
Strasbourg,  Trlibner,  1910;  in-8*  de  dOO  +  86  p.  M.  4  (Tirage  à  part  du 
33.  Jahresbericht  (1er  Landes- Babbbiersckule  in  Budapest], 

Après  avoir  moissonné  le  champ  do  la  poésie  judéo-persane,  M.  Bâcher 
cueille  une  autre  plante  exotique,  la  poésie  des  Juifs  du  Yémen.  Depuis  Ions- 
temps  isolés  du  judaïsme,  les  Juifs  de  ce  pays  ont  conservé,  sans  les  enri- 
chir, les  monuments  littéraire?  du  passé  :  un  seul  cenre  a  été  développé  par 
eux,  le  genre  poétique.  M.  B.  décrit  une  quinzaine  de  leurs  recueils  poétiques 
manuscrits  et  quelques  imprimés,  les  uns  et  les  autres  analogues  à  ceux  qu'il 
a  décrits  dans  cette  Bévue  au  cours  de  son  étude  sur  Nadjara  ;  certains  manu- 
scrits sont  ponctués  d'après  l'un  ou  l'autre  système  de  vocalisation.  Les 
poèmes  y  sont  divisés  en  groupes,  dont  quelques-uns  ont  des  noms  arabes. 
Les  plus  anciens  recueils  contiennent  le  plus  de  poèmes  de  Juda  Halévi, 
d'Ibn  Gahirol  et  d'A.  Ibn  Ezra.  d'Alharizi  aussi  et  de  Nadjara  :  dans  les  plus 
récents,  ce  sont  les  poètes  indigènes  et  modernes  qui  dominent.  De  ceux-ci  le 
maître  du  chœur  est  Sâlim  b.  Joseph  Schibzi,  mort  à  Taïzz  dans  la  seconde 
moitié  du  xvii'  siècle  et  dont  le  tombeau  est  encore  l'objet  d'un  véritable 
culte.  Des  200  poèmes  qui  portent  l'acrostiche  de  son  nom,  quelques-uns  sont 
d'un  caractère  profane  et  il  y  célèbre  même  des  chefs  arabes  ;  mais  la  plu- 
part attestent  l'inspiration  religieuse  et  nationale  fin  juif  :  son  sénie  est  un 
écho  céleste  [bat  kol]  et  sa  Muse,  la  communauté  d'Israël  (Keiiesset  Israël). 
Un  certain  nombre  de  poètes  yéménites  sont  du  xv  et  du  xvi*  siècles;  mais 
le  plus  grand  nombre  se  compose  de  contemporains  et  de  successeurs  de 
Schibzi.  L'œuvre  poétique  de  celui-ci  permet  de  caractériser  à  elle  seule  la 
poésie  judéo-yéménite,  dont  le  caractère  le  plus  remarquable,  au  point  de 
vue  linguistique,  est  l'emploi  de  l'hébreu  et  de  l'arabe  à  volonté  et  même  le 
mélange  des  deux  lansues  dans  un  même  poème,  voire  dans  une  même 
strophe  :  Schibzi  a  signé  56  morceaux  en  hébreu,  n2  en  arabe  et  91  bilincues. 
Sa  langue  présente  des  arabismes,  son  style  des  licences  poétiques.  M.  B. 
donne  (p.  70-73)  une  liste  de  ses  néologismes.  Son  arabe  est  également  inté- 
ressant. Au  point  de  vue  prosodique,  il  a  gardé  la  métri(iue  et  la  strophique 
des  classiques  espagnols,  notamment  de  Juda  Halévi  ;  il  affectionne  le  genre 
des  «  poèmes  de  ceinture  »  {7}wuuassah^.  Sa  pensée,  souvent  subtile,  aime  à 


BIBLIOGRAPHIE  283 

se  voiler  ilaiis  ralléirnrie  et  le  symbole.  Il  iléhat  en  vers  des  <iiics»ioiis  pliilo- 
sophiques  et  cahbalistiques;  car  il  est  un  fervent  adepte  de  la  Cabhale 
(M.  B.  penche  à  en  attribuer  la  pénétration  dans  le  Yémen  an  mouvement  de 
Sabbatai  Cevi,  p.  41).  La  plus  grande  partie  de  ses  compositions  sont  reli- 
gieuses, mais  non  proprement  synagogales  :  ce  sont  ffénéralement  des  poèmes 
destinés  à  être  cliantés  aux  noces  et  aux  sabbats  pré  édents.  Elles  n'ont  pas 
d'intérêt  historique,  abstraction  faite  des  élégies  sur  l'expulsion  des  juifs  île 
Sanaa  en  1679  (p.  34  et  s.V 

Dans  la  partie  hébraïque  de  son  travail,  M.  B.  donne  :  1"  une  liste  de 
poèmes  —  hébreux,  hébréo-arabes,  arabes  —  de  Schibzi  ;  2"  une  liste  des 
autres  poètes  yéménites  avec  l'indication  de  leurs  compositions  ;  3°  une  liste 
des  poèmes  anonymes  (plus  de  200)  :  4°  une  liste  des  poètes  non  yéménites 
(dans  le  nombre  Maimonide,  voir  Moiiahschrift,  1909,  581  et  s.),  avec  l'indi- 
cation des  poèmes  conservés  par  nos  recueils:  enfui,  la  préface  de  l'un  de  ces 
recueils,  sorte  il'art  poétique,  et  quatre  poèmes  —  seulement  —  à  titre 
d'échantillon. 

L'ouvrage  est  tant  soit  peu  aride,  ce  qui  est  la  faute  du  sujet;  mais  l'auteur 
aurait  pu  en  rehausser  l'intérêt  par  des  citations  plus  nombreuses  et  plus 
développées.  Il  est  à  craindre  que  beaucoup  de  lecteurs  s'en  tiennent  à  la 
préface,  qui  est  une  excellente  orientation.  Et  pourtant,  à  suivre  M.  Bâcher 
dans  son  étude  claire  et  bien  ordonnée,  ils  verraient  luire  le  reflet  des  grands 
poètes  du  judaïsme  espagnol  et  entendraient  vibrer  l'écho  de  la  vie  religieuse 
et  sociUe  de  ces  communautés  qui.  perdues  au  fond  de  l'Arabie,  se  sont 
imprégnées  de  l'influence  d'un  milieu  hostile  sans  perdre  l'empreinte  originale 
du  passé.  —  P.  3,  n.  1,  et  p  49,  sur  le  faux-messie  moderne  du  Yémen,  voir 
J.  Q.  /?..  XIX,  162  :  p.  4,  sur  la  vie  des  Juifs  yéménites  on  peut  lire  main- 
tenant l'intéressant  rapport  de  M.  Sémacli  dans  le  BuUelin  de  V Alliance 
Israélite  de  1910;  p.  7,  n.  5,  voir  Nathan.  Ein  aiion;/mes  Wôr/erhuch..., 
p.  1",  n.  3.  —Cf.  le  compte  rendu  de  M.Poznanski.  dans  0.  L.  Z.,  avril  1911. 
Le  nôtre  a  été  fait  sur  l'édilion  du  .lahresberickt. 

B.EDEKERS  Paliistina   und   Syrien.    Die  Hauptrotiten   Mesopotamiens   und 
Babyloniens  und  die  Insel  Cypern   Leipzig,  K.  R;edeker,  1910;   in-S"  de 
xcviii  -f  432  p.  M.  10. 
Bai.nvrl  '.\bb«'' .1.  V.).  De  scriptiira  sacra.  Paris,  Beaiichosne,   1010:   in-8" 
de  VIII  a-  214  p.  3  fr. 

Passe  en  revue  les  décisions  des  papes,  conciles,  etc.  sur  la  Bible  et  établit 
l'inspiration  et  l'infaillibilité  de  l'Écriture  (Yulgate).  Catholique  orthodoxe. 

Balaba.n  (M.).  Zydzi  w  Austrji  za  panowania  ces.  Franciszka  Jôzefa  I  ze 
szczegolnym  iiwzglednieniotn  r.alicji  l«48-1908.  Stanislaii,  Slaiidachcr, 
1909;  in-8"  de  32  p.  K.  0,50. 

Les  Juifs  en  .Autriche  sous  le  règne  de  l'empereur  François-Joseph  l,  nolain- 
meiit  en  Galicie. 
Balaban  (M.).   Dzielnica  zydowsl<a,  jej  dzieje  i  zabylki.  i,emherg,  NakI. 
Tow.  milosnik(3w  przeszlosci  Lwowa,  1909:  in-S"  de  09  p.,  ill.  'Riblio- 
teka  Lwowska,  V  i  VI.) 

Le  quartier  juif  de  Lemberu',  son  histoire  et  ses  moiiunients. 
RAi.AiiAN  (M.).  Spiszydôw  i  karai(..\v  ziemi  Halickic)  i   pow  ialow  Trcmbo- 
wt'lskiego  i  Kolomyskiego  w  r    1703    Cracovie,  Naki.  .Vkademji   Itiiie- 
jeUiosci,  1909  ;  in-S»  de  21  p. 


284  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Liste  des  Juifs  et  fies  Caraïtes  de  la  région  de  Halic  et  des  distriits  de  Trem- 
bowla  et  de  Koloméa  en  1703. 

Barnes(V^".-E.).  Lexin  corde.  The  law  in  the  heart.  Stiidies  in  the  Psalter. 
Londres,  Longmans,  1910;  in-8"  de  xii  +  264  p. 

Bauer  ^H.).  Die  ïempora  im  Semitischen.  Ihre  Entstehung  iind  ihre 
Aiisgestaltiing  in  den  Einzelsprachen.  Leipzig  Hinrichs,  I9i0;  in-S"  de 
53  p.  M.  3,50  (Beitrage  ziir  Assyriologie,  Vin,  iK 

Bauer  iL).  Qu'est-ce  que  le  judaïsme?  Le  sabbat.  La  femme  dans  le 
judaïsme.  Trois  sermons  prononcés  an  temple  israélite  de  Nice.  Nice, 
imprimerie  Gandini  [1910^;  in-8o  de  48  p. 

Becker  (E.).  Das  Qnellenwunder  des  Moses  in  der  altchristlichen  Kiinst, 
Strasbourg,  Heitz,  1909  ;  in-4°  de  ix  +  160  p.  M.  8  (Zur  Kunstgeschichte 
des  Auslandes,  72). 

Beermann  (M.\  Sonne  und  Schild  ist  der  Ewige!  Festpredigten,  nebst 
einem  Anhang:  Sabbat-  und  Gelegenheitsreden.  Francfort,  Kauffmann, 
1909  ;  in-S»  de  xn  +  478  p.  M.  4,50. 

Beixfxi  (L  1.  An  independent  examination  of  the  Assuan  and  Elephantine 

Aramaic  Papyri.  Londres,  Luzac  et  Co.  1009  ;  in-S"  de  204  p.  7  s.  6  d. 

Pri^tend  prouver  que  ces  papyrus  ne  sont  pas  authentiques.  .\u  heau  milieu 
(p.  137-174'!.  il  reprend  divers  savants  pour  des  bévues  préfendues  ou  réelles 
(a'^ÏH  ■^'^N  dans  les  fables  de  Bereehya.  la  Hagarada  de  Séraïewo,  le  Temple 
d'Onias  d'après  Flinders  Pétrie,  etc.,  ete.V 

Bell^li  i'L.)  Interprétations  erronées  et  faux  monuments.  Remarques  sur 
quelques  inscriptions  récemment  éditées,  suivies  d'un  sommaire  analy- 
tique de  l'ouvrage  An  indenendent  examination...  Casai  Montferrat, 
impr.  Rossi  et  Lavagno.  1909;  in-8'  de  18  p. 

Dans  une  critique  qui  n'a  rien  de  français,  ni  dans  le  ton,  ni  dans  le  stvle. 
M.  R.  prend  h  partie  M.  Schwab,  qui  n'aurait  pas  dit  h  haute  voix,  au  Conarrès 
des  Orientalistes,  de  qui  il  tenait  l'explication  du  mot  "^"'"'na  ^dans  l'inscrip- 
tion publiée  Revue.  LVTTI,  107^  :  il  lui  reproche  d'avoir  fait  des  fautes  Hp 
traduction  dans  l'interprétation  d'une  autre  inscription  {ihid.,  p.  110^  et  il 
soutient  qu'une  troisième  (ihid..  lOO'i  est  une  forçerie,  ce  qui  pourrait  bien 
être  exact.  Ce  qui  est  insoutenable,  c'est  d'arsuer  de  faux  l'inscription  crecque 
de  Sidé  de  Pamphylie  (ihid  ,  p.  fiOV  Pr»ur  M.  R.,  tout  est  faux,  les  monu- 
ments et  les  hommes.  Cette  attitude  amère  et  impolie  paraît  due  à  ce  que  le 
monde  scientifique  n'n  pas  fait  un  bon  accueil  à  son  pamphlet  contre  les 
papyrus  araméens. 

Bf.nnet  fW.-IL).  Old  Testament  history.  Londres,  .lack.  1909;  in-16»  de 
186  p.  1  s. 

Bensow  '0.).  Die  Bibel  —  das  Wort  Goltes.  Eine  Darstollnng  und  Vertei- 
digung  der  bleibenden  Wahrheit  der  Lutherschen  l,ehre  von  der  Inspi- 
ration der  Heiliffen  Scbrift.  GiUersloh,  Bertelsmann,  1909;  in-8»  de 
64p.  M.  0.60  (Fiir  Goltes  Wort  und  Lutbers  Lebr!    11.  Roihe,  7.  HeftV 

Renzinger  (L).   Geschichte   Israels  bis   auf  die  griechische  Zeit.  Zwoite 


BIBLIOGRAPHIE  285 

verbesscrte  Aiiflage.  Leipzig.  Gôschen,  iy09;  iii-12o  de  156  p.  Saminliing 
Gôschen,  231.) 

Bericht  (27.)  der  l.ehranslult  fui-  die  Wissenschafl  des  Jiidenlums  in 
Berlin.  Berlin,  Mayer  iind  Mïiller,  1909;  in-8"  de  86  p.  —  Hericlil  (28.), 
1910  ;  in-S"  de  74  p. 

Le  28°  Rapport  contient  deux  des  couférences  faites  à  l'institution  :  Hermann 
Cohen,  Innere  Beziehungen  der  Kanlischen  Philosophie  zum  Judenlum,  et 
G.-F.  Moore  (de  la  Harvard-University),  Die  Eigenart  der  hebrnischen 
Geschichlsschreibunq  im  alUestamentlichen  Zeifalter. 

Bericht  (43)  iiber  den  Heligions-lJnterricht  der  Synagogengemeinde 
zu  Kônigsberg  i.  Pr.  fiir  das  Schuljahr  1909/1910,  erstattet  von  dem 
Dirigenten  Dr.  Vogelstein.  Kônigsberg,  imprimerie  Hartiing  [1910]; 
in-8«  de  38  (+ 8  p.). 

Contient  une  bonne  conférence  de  M.  F.  Perles  sur  Abraham  Geisjer. 

Berli.nek  (.a.).  Handbemerkimgen  zum  tâglichen  Gebetbuche  (Siddur). 
Berlin,  M.  Poppelaiier,  1909;  in  8"  de  vu  -|-  87  p.  et  1  p.  non  paginée. 
M.  3. 

Les  études  liturgiques,  trop  néijiigées  chez  nous,  manquent  à  peu  près 
totalement  pour  Tépoque  moderne.  M.  B.,  qui  porte  à  ces  études  un  double 
intérêt,  scientilique  et  pratique,  a  eu  l'heureuse  idée  d'étudier  «  quelles 
formes  la  rédaction  du  rituel,  spécialement  dans  le  rite  germano-polonais, 
a  reçues  avec  les  premières  impressions  et  quelles  modifications  elle  a  essuyées 
depuis  ce  temps  jusqu'à  la  publication  du  Siddour  de  Heidenheim  ».  Par 
endroits  il  touche  au  Malizor  et  remonte  plus  haut,  aux  anciens  rites 
français  et  allemand  (p.  65,  70).  Dans  cet  intervalle,  il  distingue  trois  périodes  : 
1"  depuis  1512  ou  1513,  date  du  premier  Siddour  de  Prague  ;  2°  dejiuis  1560, 
date  du  Siddour  de  Tliingen,  où  se  fait  sentir  l'intluence  de  la  Cabbale  ; 
3°  depuis  1800,  date  du  premier  Siddour  de  Rodelbeim,  où  Heidenheim,  «  le 
Mendelssohn  de  la  liturgie  »,  affranchit  partiellement  le  siddour  de  la  main- 
mise cabbalistique.  —  Au  lieu  de  décrire  les  principales  éditions  en  ce  qu'elles 
ont  de  caractéristique  et  de  distinctif,  M.  B.  énumère  les  morceaux  ajoutés 
ou  modifiés  par  les  éditeurs.  Ce  sont  surtout  les  prières  introductives  et  lin.iles 
qui  encadrent  l'office.  Tel  est,  tout  au  début,  le  groupe  de  versets  Ma  Tobou. 
Les  derniers  manuscrits  commencent  déjà  par  Adon  Olain.  Yif/dal  n'apparaît 
à  sa  place  actuelle  qu'en  1578.  Les  «  bénédictions  du  matin  »  ont  subi  ties 
additions  ;  celle  du  non  juif  était  formulée  primitivement  ^13  ^303?  NbïJ, 
mais  M.  B.  recommande  de  la  corriger,  d'accord  avec  certaines  éditions  et 
maintes  autorités,  en  VniO"*  ""icy^,  et  de  supprimer  les  deuxconcomittanles. 
Le  baraïta  l'illoum  hu-Ketoret  a  été  introduite  en  1589  à  l'occasion  de  la 
peste  (où  ?  quelle  source  ?).  Les  psaumes  de  l'office  n'ont  pas  été  respectés 
davantage.  Le  ps.  xxx  apitaraît  au  xvii<'  s.  seulement  ;  le  ps.  xxxiii  devrait  sa 
place  actuelle  à  un  accident  typographique.  Le  ps.  vi  pour  le  Tahnoun  n'est 
fixe  que  depuis  150  ans  ;  le  verset  introdurtif  de  II  Sam.,  xxiv,  14,  est  dû  à 
un  éditeur  de  1662.  Les  ps.  xxiv  et  xxix  pour  la  rentrée  du  séfer  sont  un 
emprunt  modifié  de  l'usage  espagnol.  Les  deux  recensions  du  él  érekh 
api>aiin  ne  sont  accouplées  que  depuis  1647  Le  formule  des  13  articles  de  foi 
Ani  mcuuiiint  apparaît,  semble  t. il,  pour  la  première  fois  dans  la  huggada 
de  Venise,  1566.  Le  Ychi  raçon  de  la  bénédiction  du  mois  paraît  lemonter  à 
la  première  moitié  du  xviir  siècle  et  les  hn-Hahman  pour  les  fêtes,  dans  les 
grâces,  se  lisent  seulement  dans  les  éditions  du  môme  siècle. 


286  REVUE   DES   ÉTUDES  JUIVES 

De  nombrtust'S  moiJilicatioiis  (lu  rituel  sont  ilues  à  l'iaflueiice  du  la  Cabbale, 
qui  s'y  fait  sentir  depuis  le  commencement  du  xvir  siècle,  suus  la  poussée  de 
l'école  d'Isaac  Loria.  Elle  s'insinue  d'abord  dans  des  ouvrages  distincts  et  linit 
par  envaliir  le  siddour,  à  quoi  contribua  irrandement  le  Schaarê  Cion  de 
Natan  Hanovre  (Prague  1662,  souvent  réimprimé).  Eu  vrai  rationaliste, 
M.  B.  s'élève  contre  cette  invasion  de  la  Cabbale  et,  démentant  sa  devise 
«  juste  et  véridique  •>,  il  est  injuste  pour  elle.  Il  lui  reproclie  d'avoir  «  effroya- 
blement désolé  «  les  prières  (le  moi  revient  deux  fois,  p.  30  et  34);  elle  a  au 
contraire  émaillé  le  rituel  de  ses  fleurs  mystiques.  11  est  vrai  que  M.  B.  en  a 
surtout  à  deux  procédés  cabbalistiques  :  le  calcul  des  lettres,  qui  est  en  usage 
dès  le  xm'  siècle  chez  les  mystiques  allemands  et  auquel  on  sacrifie  une 
phrase  entière  dans  le  kiddousc/i,  et  les  formules  introductives  qui  concen- 
trent l'attention  des  fidèles  sur  le  sens  réel  ou  mystique  de  la  prière.  Mais  il 
n'est  pas  vrai  que  ces  «  altérations  »,  grotesques  et  burlesques  à  notre  sens, 
empêchent  le  fidèle  de  se  recueillir  :  ce  sont  les  hassiditn  qui  prient  avec  le 
plus  de  recueillement.  Et  .M.  B.,  qui  est  rationaliste  sans  doute,  mais  qui 
n'est  pas  moins  orthodoxe  (il  ne  proteste  que  contre  le  mot,  p.  7,  et  les 
ft  réformes  »  qu'il  propose  p.  lo,  39,  57,  66,  sont  anodines),  n'a  rien  à  redire 
à  tant  d'autres  innovations  cabbalistiques:  les  psaumes  cxxvi  et  cxxxvu  avant 
les  grâces,  introduits  dans  l'édition  de  cette  prière  imprimée  à  Venise  en  161)3 
(p.  27)  ;  l'extrait  du  Zoliar  Berich  schemê,  qui  apparaît  pour  la  première  fois 
en  1340  et  prend  place  dans  le  rituel  à  partir  de  1593,  réservé,  il  est  vrai,  à 
«  l'élite  »  (p.  29),  et  la  prière  des  13  middot,  qui  se  lit  pour  la  première  fois 
dans  le  Schaaré  Cion  (p.  46-47  ;  la  triple  répétition  des  13  middot  est 
encore  plus  récente,  p.  60).  C'est  aux  cabbalistes  que  la  synagogue  doit  le 
beau  cadre  de  l'office  du  vendredi  soir  :  les  p.«aumes  préliminaires  et  le  poème 
Lécha  dodi,  longtemps  combattus  en  Allemagne  ;  le  salut  aux  anges 
{Sckulom  aléchem)  et  l'éloge  de  la  «  femme  forte  »,  image  de  la  schechina, 
qui  apparaissent  dans  un  rituel  de  Prague  de  1641  (p.  43-45). 

D'autres  changements  ont  été  causés  par  la  censure  chrétienne  ou  la  crainte 
de  la  censure,  non  seulement  dans  le  Siddour,  mais  aussi  dans  le  Mahzor 
(p.  47  et  s.).  M.  B.  cite  à  ce  propos  les  anciens  textes  de  la  birkat  ha-Minim 
dans  la  Tefilla.  Il  montre  quelles  sujipressions  on  s'est  permises  dans  les 
pioutira  de  Kippour  en  analysant  l'édition  du  Malizor  allemand  de  Crémone- 
Sabbioneta  (non  Sabioneta)  1557. 

On  voit  que  le  rituel,  même  quand  il  eut  été  fixé  par  l'imprimerie,  a  été 
traité  avec  une  certaine  liberté.  On  n'a  pas  craint  de  modifier  des  versets 
bibliques  (p.  11)  et  de  s'écarter  du  Talmud  (p.  16-19  .  Les  rabbins  qui,  à 
l'exemple  de  Maïmonide  (p.  13),  ont  combattu  les  petites  «  réformes  »,  Elia 
de  Wilua  (p.  24)  et  surtout  Salomon  Louria  (p.  11,  14,  24,  62,  72),  ont  été 
impuissants,  notamment  quand  ils  repoussaient  les  extravagances  de  la  Cabbale 
(p.  36):  d'anciens  rabbins  se  plaignaient  déjà  de  l'accumulation  des  psaumes 
en  vue  du  kaddisch  de  deuil  (p.  26).  —  Il  est  intéressant  de  suivre  les 
destinées  de  certaines  prières.  Des  morceaux  poétiques  destinés  d'abord  à  une 
occasion  spéciale  ont  vu  leur  usage  généralisé  :  tels  sont  les  poèmes  Adon 
Olam  et  Yicjdal  (p.  12,  13),  le  piout  Hamavdil  (p.  56)  et  les  litanies  du 
Schir  ha-Yilioud  (p.  72).  Inversement  "i^tîVnd  V^-  «l'abo'J  quotidien, 
est  réservé  aux  sabbats  et  fêtes  ;  n^T?  PN""  "rx  est  s[iécialisé  pour 
Siu)hat  Tora  et  remj)lacé  par  3'D33  Tt'^\  qu'on  trouve  pour  la  première  fois 
dans  le  Siddour  de  Prague  1541  ^p.  28-29);  un  exemple  plus  connu  est 
l'Iiymue  Alénou  p.  49).  -  Des  fautes  d'entrainement  font  ajouter  le  verset 
du  schéma  à  la  fin  du  cantique  de  la  Mer  Rouge  (p.  61  ;  à  la  1.  7  lire  vor)  et 
d'.4/t''/(oi(,  les  mots  pjN  ^^:J^J^  à  la  lin  de  la  Tefilla  et  des  grâces  (p.  63). 


BIBLIOGRAPHIE  287 

Ce  qui  lait  le  grand  prix  de  cette  partie  du  travail  de  M.  B.,  c'est  (luelle 
repose  sur  l'étude  des  éditions  les  plus  anciennes  et  les  plus  rares  du  Siddour, 
étude  fortifiée  par  l'expérience  de  l'auteur  et  son  érudition  dans  la  littérature 
rabbinique.  Beaucoup  de  ses  remarques  se  trouvent  d'ailleurs  dans  le  com- 
mentaire de  Baer,  qu'il  cite  trop  rarement.  La  littérature  contemporaine  est 
trop  peu  utilisée  aussi.  Sur  les  trois  bénédictions  du  non  juif,  de  l'esclave  et 
de  la  femme  (p.  14-16\  voir  D.  Kaufniann,  Monatsschrift,  XXXVU,  p.  14  et  s.; 
sur  la  Kappara  et  le  Schoulliau  Arouch  (p.  29  ,  v.  L.  Low,  Ges.  Schr.,  IV,  292  ; 
sur  l'écriture  dég^uisée  chez  les  Juifs  de  France  au  moyen  âge  (p.  33), 
V.  Aptowitzer,  Revue,  LX,  39  et  s.  ;  sur  les  additions  cabbalistiques  dans  la 
bénédiction  sacerdotale  (p.  42).  v.  Heller  et  Krauss,  Revue,  LV.  60  ;  LVI,  2M  : 
LXI,  318;  LXII,  160:  sur  la  «  réception  »  du  sabbat  chez  les  cabbalistes  de 
Safed  (p.  43),  v.  Schechter,  Studies  in  Judaism,  II  (v.  l'Index)  ;  sur  la 
censure  chrétienne  du  Mahzor  (p.  47),  voir  Revue,  II,  249;  sur  la  réunion  des 
14'  et  15'  bénédictions  de  la  Tefilla  ip.  o3),  voir  les  textes  cités  Revue,  LVII, 
180,  n.  6  ;  sur  la  tendance  anti-chrétienne  de  la  prière  r;73U33  TibN,  voir 
LOw,  Lebensaller,  66.  Dans  le  détail  nous  remarquons  encore  :  p.  13,  que 
signifie  la  leçon  "i  ::  T*  Vdi  nbl^  plN  MTi  ?  p.  34,  le  changement  de 
mb-Ca  bN-lTi;"'  iry  PN  '^-,373n  en  cnbwn  nCty  n'a  pas  été  provoqué, 
mais  tout  au  plus  favorisé  par  un  calcul  cabbalistique  ;  c'est  un  retour  à  une 
ancienne  formule  ;  p.  49-50,  il  n'est  pas  sûr  que  Rab  soit  l'auteur  d'Alénou, 
mais  il  est  sur  qu'il  y  avait  des  chrétiens  de  sou  temps  en  Babylonie. 

P.  37  et  suiv.  M.  B.  réunit  des  notes  sur  différentes  prières,  leur  origine  et 
leur  ponctuation.  Tout  n'y  est  pas  évident.  On  peut  soutenir  la  lecture 
D"'n72-ir  abs  ,m-)'w73  -ICwNI  (p.  61)  et  même  .sbyb  Nin  ■J-'-ia  ip.  62;  ; 
Slbx  doit  se  lire  éloah  en  faisant  entendre  le  n  (p.  68),  et  la  promesse  de 
faire  des  offrandes  dans  la  jirière  pour  les  morts  Yizkor  n'est  pas  tellement 
un  entraînement  étourdi  [ibid.),  car  on  fait  vraiment  des  aumônes  à  cette 
occasion  ;  sur  les  abrégés  des  grâces  (p.  68),  voir  Ginzberg,  Geonica,  I, 
p.  129,  n.  2.  P.  65,  l'auteur  attribue  une  origine  française  à  la  prière  Ah 
lia-Rahamim  (avant  la  lecture  de  la  Tora)  à  cause  de  l'expression  n^^'i*;" 
myin,  qui  serait  le  français  «  malheur  ».  Il  n'y  a  qu'un  malheur  :  c'est 
que  «  malheur  »  (monosyllabe)  vient  de  malutn  angurium  et  que  la  confu- 
sion avec  «  maie  heure  »  (dissyllabe)  doit  être  postérieure  au  xiv°  siècle. 
Chez  les  juifs  espagnols  de  quehjues  villes  d'Orient  on  appelle  certains 
démous  mala  hora  iconununicatiuns  personnelles.;  cf.  Revue  des  écoles  de 
l'Alliance  israélile,  n°  2,  p.  158:  buenas  horas.  —  P.  70  et  suiv.  M.  B. 
consacre  des  notices  plus  longues  à  quelques  morceaux  particuliers:  l<>la 
prière  Veliou  rakoum,  sur  l'origine  de  laquelle  on  peut  voir  D.  Kaufniann, 
Die  Chronik  von  Achimuaz,  13,  et  1.  Lévi,  Revue,  LU,  161,  et  (jue  l'auteur 
propose  de  distribuer  entre  le  lundi  et  le  jeudi;  2°  le  Schir  ha-ïihoud 
qu'il  appelle  ailleurs  (p.  12)  une  plante  exotique  sur  le  sol  allemand  et  sur 
lequel  il  a  publié  depuis  un  travail  spécial,  qui  nous  donnera  l'occasion  d'y 
revenir  ;  3"  le  Kiddousch  au  teni|)le  ;  4"  la  lecture  ^'CDj  ou  TUÎD3  dans 
Psaumes,  xxiv,  4.  De  celte  discussion  massorétifpie,  assez  mal  conduite,  il 
semble  résulter  que  TiJEî  ii'<'st  pas  unqeri,  mais  a  un  petit  vav  ^^!3'^LDp  l'i}- 
M.  B.  propose  de  traduiie  le  passage:  «  qui  ne  jure  pas  faussement  par  Son 
Ame  > ,  c'ist-àdire  par  Dieu.  Il  excuse  cette  singulière  exégèse  par  une  pieuse 
conclusion,  qui  rejoint  le  ilébat  de  l'ouvrage. 

C'est  dommage  que  ce  livre,  qui  contient  de  nombreux  et  précieux  maté- 
riaux, soit  déparé  par  des  fautes  de  style,  auxquelles  l'imprimeur  a  ajouté 
les  siennes.  Cette  forme  négligée  risque  de  nuire  à  un  ouvraire  qui  a  le  mérite 
de  rappeler  les  Ritus  de  Zunz. 


288  REVUE   DES   ETUDES  JUIVES 

Bektholet  (A.).  Das  i'eligionsgeschiclitli(  lie  l'iohlem  des  Sputjiidentiims. 

Tiibingue,  Mohr,  1009;  in-8"  de  m  -)-  MJ  p.  M. 0,80  (Saininliing  getnein- 

verslandlichcr  Vortrage  und  Schriften  ans  dein  Gebiet  dcr  Théologie 

und  Religionsgeschichte,  55). 

Bertholet  (A.).   Das  Ende  des  jiUiischcn   Staatswesens.    Sechs  populare 

Vortrage.  Tiibingiie,  Mohr,  1910  ;  in-S"  de  vi  -t-  165  p.  M.  2. 
Berto  (P.).   Le  Temple  de  Jérusalem,  étude  erilique.  Chez  l'auteur,  Ererno. 
I.anzo  Torinese  (Italie),  1910;  in-S"  de  76  p.  2  fr.    Extrait  de  la  Bévue 
des  Éludes  juives,  1910.) 
Besson  (E.).   Introduction  au  prophète  Sophonie.  Paris,  Fischbacher,  1910; 
in-S»  de  86  p. 

iQtruductioii  et  commentaire  soignés.  Le  livre  de  Soplionie  est  authen- 
tique en  gros  (rejeter  ii,  8-10  ;  m,  9-10,  14  20).  L'auteur  a  vécu  avant  la 
réforme  de  Josias,  vers  62.5,  sous  l'impression  d'une  invasion  scytlie.  11  se 
fait  une  idée  peu  claire  du  a  jour  de  Yahveh  »  et  ne  peut  être  le  créateur 
du  concept  du  jugement  universel  par  Yahveh.  Le  reste  de  l'étude  sur  la 
valeur  littéraire,  historique  et  théologique  de  Sophonie  manque  de  base.  — 
Travail  consciencieux. 

Besson  (H.).  Das  Ende  der  Zeiten.  Versuch  einer  Zuzammenstellung  der 
biblischen  Weissagungen  ïiber  die  Zukunft  der  Welt  und  des  Reiches 
Gottes.  Uebersetzt  von  A.  de  Quervain.  Mit  einem  Vorwort  zur  deutschen 
Uebersetzung  v.  Hadorn.  Bàle,  Kober,  1910;  in-S»  de  180  p.  M.  1,60. 

BiACH  (A.).  Proben  zur  jiidischen  Literatur,  ausgewahlt  und  herausge- 
geben  in  Verbindung  mit  M.  Doctor.  Leipzig,  Engel,  1909;  in-B'  de  iv 
4-  98  p.  M.  0,85  (Beiheft  zu  Kayserling-Biach-Doctor,  Lehrbuch  der 
jiidischen  Geschichte  und  Literatur). 

Bibelen,  den  garnie  ogden  nye  progts  hellige  Skrifter  samt  de  apokrifiske 
boger  (Kirke-og  lamiliebibel).  Copenhague,  Lehmann  et  Stage,  1909; 
in-4''  de  1484  p.  Kr.  10. 

[Bible]  The  Old  Testament  in  Greek  according  to  the  text  of  Codex 
Vaticanus,  supplemented  from  other  uncial  manuscripts,  with  a  critical 
apparatus  icontaining  the  variants  of  the  chiefancient  aulhorities  for 
tiie  text  of  the  Septuagint,  edited  by  A.  E.  Brooke  and  >'.  Me  Le.an. 
Volume  I  :  The  Octateuch.  Part  II  :  Exodus  and  Levilicus.  Cambridge, 
University  Press,  1909  ;  in-4»  de  viii  +  p.  155-404.  12  s.  6  d. 

[Bible]  Die  erste  deutsche  Bibel.  5  ter  Band  :  Die  vier  Biicher  der  Kônige. 
Herausgegeben  von  W.  Kukklmkyer.  Tubingue,  gedruckt  fiir  den  Liltera- 
rischen  Verein  in  Stuttgart,  1908;  in-8°  (Bibliotliek  des  Litterarischen 
Vereins  in  Stuttgart,  CCXLIX). 

[Bible]  Die  heiiigen  Schriften  des  Alten  und  Neuen  Bundes,  deulsch  von 
M.  Luther.  Munich,  Millier,  1910  ;  4  vol.  de  v  -f  574,  v  +  579,  vi  -f  698 
et  V  +  487  p.  M.  20. 

[Bible]  Die  Biicher  der  Bibel  in  der  Uebersetzung  von  M.  Luther.  Das 
Buch  Judith.  Mit  Orig.-Lith.  von  L.  Cori.nth,  Berlin,  P.  Cassirer,  1910; 
in-f»de  32  ff".  M.  1,80. 


BlBLIO(.KAl'lllt;  -289 

lîilile  Dr.  Martin  Lltiiers  Deutsche  Bibel.  II.  Mami.  Woiiiiar,  II.  ImiIiIuiis 
.\achf.,  1909  ;  gr.  in-8°  de  xxviii  -f-  727  p.  M.  20. 

Rihlel  The  Aiilliorised  Version  of  tlie  English  lîihle,  If.ll.  Kdilrd  l»v 
Williatn  Ahiis  W  lîir.irr.  Caml)ridge,  linvcrsity  Press,  1909;  il  vol.  in-S^' 
(Caniliridge  Englisli  Classicsl. 

:liiBLE'  l.a  lîihle  illiisUv-c  de  Ki..\nii;K.  Scènes  ])il)li(jiies  de  l'Amnen  et  du 
Nouveau    Testament    en     100   tableaux    artistiques,    clud's-d'u'uvre    du 

xui"  siècle,    dessins   de   A.    Stockman.n,   gravés  par  Ki.albkr  frères 

Saint-Pé-d'Ardet  ;Haule-(iaroniie).  S.  Moiidon,  1910  ;  loo  planches  in-lolio. 
Les  frères    Klauber   sont    des    Hilistcs    allemands  du    wur   sii'i-k-    ,xiii'   i-st 
sans  doute  une  faute  d'imiiression). 

Riblej  Die  Biuher  der  IJibcl.  Herausgegeben  von  F.  U.vni.wKs.  Zeicliniingen 

von  E.  M.  LiLiEN.  Band  ti  :  Die  Liedcrdicbtnng.  Die  Psalnien.  Die  Klage- 

lieder.  Das  Holielied,    nach   der  L'eberselzung   von  Uelss.    Brunswick, 

Westeruiann,  1909:  in-4'>  de  328  p. 
[Bible]  The  symbolisni  of  tlie  Bible  and  of  ancient  literatm-e  generally, 

being  a  study  in   comparative  mythoiogy,  by  34  expectanls.  Bombay, 

Times  of  India,  1910  ;  2  vol.  in-S".  50  s. 
BiKLER  (Cb.).    Histoire  du   peuple  de  Dieu,  récits   biblitpies  extraits  de 

TAncien  Testament.  Paris.  Société  des  écoles  du  dimanche,  1909;  in-12" 

de  200  p.,  ill. 
lîiLLAUER    (A.).    (Irundziige    des    babylonisch-talmudisclien    Kherechts. 

lîerlin,  C.  Heymann.  1910  ;  in-8"  de  lu  -f  78  p.  M.  2. 

Le  droit  nuitrinionial  d'aiirùs  le  ïalmud  de  l'.altylom-. 

BiRNHAi'M  (N.).   Ansgevvalilte  Sehriften  ziir  judischen  1-iage.  ('./.cniow  il/, 

Birnbaum  et  Kohut.  1910  ;  2  vol.  in-8'. 
Blau   (I..:.    Bibliographie   der  Schriflen   NViliielm  Baciiers,   nebsl  eincm 

hebraïschen   Sach-  und  (Jrtsnanien-Begisler  zu  seinem   sechsbandigen 

Agadavverke,  zu  Ehren  seines  60.  fieburtstages  heiausgegeben.  Kraru-.- 

fort-s.-.M.,  Kauflmann,  1910  ;  in-S"  de  iv  -f  04  p. 

Blau  L.\  Bâcher  Vilmos  élele  es  mukodése,GO-ik  sriiletesnaiija  liszteldere, 
1910,  januàr  10.  IJudapest,  Athenacunt.  1910;  in-8"  de  xi  -    170  [).,  portr. 

Voir  le  eompte  rendu   de  M.  Wellesz.   dans  \n.  licvue.  LX.  :51G-;518.   et  celui 
de  M.  I'erl.'s.  dans  la  0.  L.Z..  1910.  col.  211-2. 

Bi.AU  (L.).  La  letteratura  moderna  sul  iiiiro  considéra  lu  dal  piinto  di 
vista  del  libro  ebraico.  Florence,  impr.  (iallelli  et  Cassulo,  1910  ;  in-8" 
de  79  p.  (Tirage  à  part  de  la  Jlivisld  israplilira.  V-VII). 

Blai.fuss  iH.  .  Bomische  Feste  und  Feierlage  nach  den  Trakiaten  idier 
fremden  Dienst  lAboda  zarai  in  .Misidina,  Tosefla.  .Ierii<aleun'r  iind 
Babyloniscliem  Talmud.  Nuremberg,  impr.  .1.  !..  Slicii.  r.nt'.i  ;  iu-s"  de 
40  p.  M.  1  (Beilage  zmn  .laliresbericlite  des  Konigl.  Neuen  (;ymii;»siuuis 
in  Niirnberg  liir  das  Sciiuijaiir  1908-1909  . 

T.  I,\1I.  N»  12'f.  l'-' 


290  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

La  Mischna  d'Ab.  z.  (i,  3)  et  la  Tussefta  'i,  4)  éiiutnérent  les  fêtes  païennes 
qui  amènent  une  interruption  des  affaires  entre  juifs  et  païens  ;  les  deux 
Talmuds  ex]>lif|uent  et  complètent  cette  liste.  A  l'exemple  de  Lewy  iPhilolo- 
gische  S/rei/'zuf^e  in  deii  Talmiid,  dans  le  Philologus,  LIlj,  M.  B.  examine 
ces  textes  à  la  lumière  des  «  antiquités  romaines  ».  Il  remarque  rFabord  que 
la  Mischna  pariiit  dislin^ruer  les  fêtes  publiques  et  les  fêtes  lu-ivées,  les  fêtes 
fixes  et  les  fêtes  mobiles.  Par  calendes  elle  entend  la  fête  du  1"  janvier.  Les 
saturnales  sont  mises  à  l'index  à  cause  du  sacrifice  à  Saturne  et  des  repas 
publics  où  l'on  consommait  la  chair  des  sacrifices.  Le  mot  D''0''ï3"1p  (xpàTr,ci;! 
désignerait  les  tfies  imperii,  qui  se  célébraient  le  16  avril  pour  l'empire  en 
général  et  un  autre  jour  pour  chaque  empereur  en  particulier;  mais  il  reste  à 
prouver  que  ces  fêtes  étaient  appelées  xpàT7i<7tç.  Par  N^DIj^  DT'.  il  faudrait 
entendre  à  la  fois  l'anniversaire  de  la  naissance  de  l'empereur  et  la  fête  de 
sa  mort  (l'apothéose,  sur  la()uelle  il  faut  voir  maintenant  F.  Cumont.  dans 
li.H.B.,  l'JlO,  119  et  s.).  Mais  comment  M.  B.  rendrait-il  compte  de  la  baraïta 
Babii,  lOrt;  elle  est  mutilée  dans  la  traduction  d'Kwald,  ([uil  reproduit  p.  ItVt 
qui  distingue  «  la  N-^OISa  de  l'empereur  régnant  et  celle  de  son  lils,  le  jour 
anniversaire  de  sa  naissance  et  celui  de  la  naissance  de  son  fils  »?  —  Pour 
comprendre  les  deux  fêtes  dans  la  N"'0"i:5.  la  Mischna  ajouterait,  dans 
l'opinion  de  R.  Méir  :  rfrfWn  Dl"'"!  "T'bn  QT^I.  Cette  exégèse,  qui  est  celle 
de  Lewy.  est  spécieuse  ;  mais  outre  que  le  premier  T  fait  difficulté,  comment 
expliquer  que  le  contradicteur  de  ?,.  Méir  distingue,  pour  la  fête  mortuaire, 
les  cas  où  elle  est  accompagnée  d'une  «  combustion  »  et  ceux  ou  elle  ne 
l'est  pas?  pour  un  empereur  c'était  toujours  le  cas,  surtout  si,  avec  Lewy  et 
M.  B.,  on  euteiwl  par  «  combustion  »  l'apothéose  impériale.  Les  Talmuds  ont 
donc  raison  de  voir  dans  les  mots  de  la  Mischna  des  fêtes  privées  et  de  n'y 
pas  voir  d'apothéose.  —  La  Mischna  énnmère  ensuite  d'autres  fêtes  privées, 
moins  importantes,  et  M.  B.  montre  par  quelques  textes  que  ces  fêtes  étaient 
observées  chez  les  Romains. 

M.  B.  prétend  discerner  d'autres  fêtes  romaines  dans  une  baraïta  (T.  Ah.  z., 
II,  6;  Yer.,  i,  7;  Babli,  18  6;  cf.  Yalkoiil.  Psaumes.  613):  mais  nous  crai- 
gnons qu'il  n'ait  été  induit  en  erreur  par  Perles,  (|ui  avait  cru  y  retrouver  les 
ludi  suecitlaves.  Lui-même  voit  dans  le  même  mot  la  fête  des  sigillaires, 
tout  en  reconnaissant,  et  avec  raison,  les  jeux  séculaires  dans  une  curieuse 
description  du  Babli  (11  //)  ;  puis,  identiliaiil  d'une  part  Melaria  et  Belaria 
(que  ne  donne  aucun  texte),  d'autre  part  Melarin  el  Belarin.  il  dérouvre  dan«. 
le  premier  groupe  les  palilies  ou  jiarilies  (fête  purement  locale  de  Rome  !). 
dans  le  second  les  jeux  apollinaires.  Trop  d'esprit.  Le  contexte  montre  «lu'il 
est  question  non  de  fêtes  publicpies,  mais  de  spectacles  populaires  et  la 
comparaison  des  jiassa-es  parallèles  aboutit  au  texte  suivant:  'jT'pnTa  IV^in 

n-i-ib^D  V"i'5^o  'n-nb?:!  n-i-iba  (V"ib«)  V'^^a  ';vbib  lT«înn-  <>n  v..it 

le    |)rocédé.   L'  «  archéologie  »  a  pour  condition  préalable  la   «  jibilolcu'^ie  », 
dans  le  Talmud  aussi. 

Mais  .Vf.  B.  ignore  la  critique  des  textes.  II  cite  le  Babli  dans  la  traduction 
d'Ewald,  iiui  fourmille  d'inexactitudes.  Parce  qu'Ewald  a  traduit  «■'rrr:  pai 
..  in  (Irr  Mischna  heissi  es  ja  »  (j).  16),  M.  B.  reproche  a  la  (lueniara  de 
n  avoir  pas  comjiris  la  Mischna  (]>.  17).  Ailleurs  encore  il  est  injuste  pour  le 
ISalili,  ne  sachant  pas  distinguer  entre  sa  iliale(ti<|ue  et  les  matériaux  qu'il 
met  en  (r-nvre.  Ses  connaissances  liistori(|ues  sont  insuffisantes  ;  il  coidond 
r.imora  W.  .losepli  avec  le  tanna  R.  Yosé  b.  Halafta  (p.  11.  n.  Cl  et  il  connaît 
un  grand-prêtre  Ismail  qui  fut  mis  à  mort  par  les  Romains  jtour  avoir  pris 
part  à  la  révolte  des  .Juifs  de  la  Cyrênaïque  (p.  2!t,  n.  5'.  Du  cdté  «  romain  « 
il  aurait  dû   demander  à  l'épigraphie  et  ii   l'archéologie  une  documentation 


BIBLIOGRAPHIE  201 

plus  complète  et  plus  précise  sur  la  religion  païenne  en  Orient  ;  peut-être 
aurait-il  été  amené  ainsi  à  déterminer  làire  approximatif  de  notre  mischna; 
c'est  le  point  capital  et  il  ne  s'en  soucie  même  pas.  Son  étude  n'éclaire  pas 
beaucoui)  les  textes  talniudi(iues  et  il  ne  nous  semble  pas  quelle  enrichisse 
les  antiquités  romaines. 

Rlalilss  II.).  Gutter,  Bilder  iind  Symbole  nach  den  Traktaten  iiher 
l'remden  Dienst  (Aboda  Zara)  in  Mischna,  Tosefla,  Jenisalenier  und 
Babyloniscbem  Talmud.  Prograinni.  Nuremberg,  J.  L.  Schrag,  1910  ; 
in-S'debl  p.  M.  i. 

Bloken  (E.).  Adam  iind  Qain  in  Lichte  der  vergleichenden  Mythenfor- 
schung.  Leipzig,  Ilinrichs,  1907;  iii-8"  de  iv -f  14S  p.  (Mylhologische 
Bibliolhek,  herausg.  von  der  (iesellscliait  fiir  vcrgleichende  Mythenfor- 
schiing,  I,  2-3.) 

Blum  (J.).  The  .Jews  of  Baltimore.  An  historical  snnimary  of  Iheir 
progress  and  status  as  citizens  of  Baltimore.  Baltimore,  Historical  Beview 
Publishing  Co.,  1910  ;  in-8°  de  42  +  470  p.  D.  3. 

Blu.men.m:  (S.),  Israelitisches  Gesangbiich  fiir  Synagoge  und  Beligions- 
schulc.  3.  Auflage.  Francfort-s.-M..  Kauftmann,  1900  ;  in-8'»  de 
IV  ^  111  p.  M.  1. 

BoHMER  J,).  Der  religionsgeschichtliche  Uahmen  des  Ueiches  (iotles. 
Leipzig,  Dieterich,  1909  ;  in-S' de  vu  -|-  '-15  P-  M.  4. 

L'auteur  étudie  la  conception  du  royaume  dans  la  Septant»',  dans  les 
apocryphes  et  les  pseudépiirraplies.  dans  la  littérature  rabhinique  (ici  il  est 
mal  infoi'mé  et  malveillant),  i)uis  fii  dehors  du  judaïsme  (influence  du 
parsisme,  etc.). 

BoHMER  (J.).  lieilige  Sl.ïtten  im  Lande  der  Bibel  als  (iotles  Zeugen  in 
Geschichte  und  Gegenwart  gewiirdigt.  Giitersloh,  liertelsmann,  1909  ; 
in-S»  de  IbO  p.  M.  1,  20  (Fiir  Gottes  Worl  und  Luthers  Lehrl  r.iblische 
V^olksbiicher,  lierausgegeben  von  J.  Rump,  II,  9j. 

BuHMER  (J,).  Paliistina  im  Lichte  der  gegcnwiirtigen  Orientkrise.  Stuttgart, 
Greiner  und  Pt'eitfer,  1909  ;  in-S"  de  43  p.  M.  0,;j0. 

BoHR  (H.),  Erlauferung  zu   den    biblisciien    Geschichten  des  Allen  und 

Neuen  Testaments.  Leipzig,  Teubner,  1908  ;  in-8"  de  vi    i    12i  p. 
BoissiER  lA.).   Les  éléments  baltyloni('U>  de  la  légende  de  Gain  et  Abel. 

Genève,  1909  ;  in-8o  de  9  p. 
BoLL.\ND  (G.  J.  P.  .J.).  Het  boek  der  Spreiiken.  Leyde,  A.  H.  Adriani,  1909  ; 

in -8"  de  98  p.  I  fr. 
BoLLA.Ni)    G.  .1.  P.  .1.^   De  tiieusophie  in  •hristendoin  m  judendom.  lÀ'u 

nieuwe  bijdrage  lot  verduidelijking  van  den  oorsprong  deschrislendoms. 

Leyde,  A.  IL  Adriani,  1910  ;  in-8'>de4  -    '.M  p.  <•  IV..  '.Ht. 
iîouRt.Eois    (IL  .    Le  jargon  judéo-allemand.   OourIc    .Inde    philulogiiiuc, 

suivie  d'une  chrestomathie.  Bruxelles  et  Leipzig,  Miseh  et  Thron,   I90'.i; 

in-8*  de  40  p.,  1  t'r.  50, 


292  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Etudie  piiiiiipaloin  lit  le  jatiron  ]).iiir'  actiiellcnient  dans  l"i-st  de  rKurope. 

Cf.  z.  f.  11.  /}.,  XIV.  :;<). 

Box  (G.  H.).  A  short  inlfodiiction  to  Ihe  lileiatiiie  ol"  Ihn  <)\d  Tcstainont. 
Londres,  Rivinglon';,  1909;  in-l2°  de  loO  p. 

RovD  (J.  0  ).  The  Oclalcnch  iii  Elliioidc.,  ac(^or(liiit;-  lo  Ihc  text  of  the 
Paris  Codex,  with  Uio  variolies  of  live  olher  iDannscripIs.  l'art  i  : 
Genesis.  Leydc,  Brill,  1909;  in-8"  de  xxii  +  i:>8  p.  (Bihliotheca 
Ahessinica.  Studies  concerning  the  languages,  literature  and  liistôry  ol" 
Abyssinia,  éd.  E.  Littmann,  111.) 

Brandt  (W.).  Die  jiidisi-hen  Baptisnien  oder  das  religiose  Waschen  iind 
liaden  im  Jiidentiitn  tT)it  Einschbiss  des  .Iiidenchrlstentums.  Giessen, 
Tripelinann,  1910;  in-8»  de  vi  +  148  p.  M.  0  (Bcihefte  ziir  Zeitsclirin 
tïir  die  altteslatiiciitlichc  Wissenschaft,  XVIH). 

Bhandt    (W.).    .liidische  Ueinheitslehrc   iiiid   ihre    Beschrcihimg  in    d(Mi 
Evangelien.  (iiossen.  TOpelmann,   1910  ;  in-S»  de   vu  -^  64  p.  M,  2,70 
Boilicfteziir  Z    A.   W.,  XIX). 

M.  IJ.,  ijiii  est  connu  par  ses  travaux  sur  la  reliiriDii  niaudéeniic  et  sur 
les  origines  du  christianisnie,  étudie,  dans  le  premier  des  deux  ouvrages  ici 
annoncés,  les  baiitisnies  dans  le  judaïsme  et  dans  les  sectes  issues  du 
judaïsme.  Par  baptisme  il  entend  (p.  2)  «  la  pratique  régulière  du  bain  ou 
de  l'ablution  pmjr  acconii)lir  un  devoir  religieux  et  atteindre  un  but  religieux 
(pi'on  s'est  pioposé  ».  Les  idées  de  pureté  et  d'ini|)ureté  sont  extrêmement 
anciennes  ;  la  notion  tpie  le  contact  du  pur  rend  impui'  est  une  trace  de  la 
croyance  au  tabou  (et  ne  faut-il  pag  faire  aussi  uue  pl.ice  a.  la  conception  de 
la  pureté  spécilique  de  l'eau  ?).  La  législation  du  Peutateuque,  qui  est 
postexili(iue,  est  sortie  d'une  tradition  conservée  par  les  prêtres  :  mais  elle  a 
été  modifiée  par  ces  théologiens,  qui  ont  écarté  ce  qui  leur  paraissait 
entaché  d'idolâtrie  ou  de  superstition,  par  ces  casuistes.  ipii  ont  méthodi- 
quement développé  la  matiéie.  M.  15.  fait  un  exjiosé  Ires  clair  de  cette 
législation  du  «  Code  sacerdotal  ».  sans  peut-être  insister  suffisamment  sur 
son  caractère  semi-théorique.  Il  est  à  remarquer  que  le  Talmiid  restreint  ces 
règles  di!  purification  à  ceux  qui  se  trouvent  en  l'apimrt  avci-  le  temple  et 
que,  ]tar  contre,  il  ne  se  contente  pas  de  simples  ablutions,  mais  exige  un 
véritable  bain  et  un  bain  «  d'eau  courante  ».  Les  objections  de  l'auteur,  qui 
y  tient  beaucoup  (|i  .  28-29,32-35,  lii,  124-12o),  ne  sont  jias  pêremptoires. 
Il  croit  «pie  l'état  hydrographique  de  la  Palestine  ne  peiiuet  pas  des  bains  a 
volonté  :  mais  c'est  cpii!  just(!ment  le  législateur  a  pensé  au  Temple  et  aux 
environs.  Et  (juand  il  objecte  (pie  l'enclos  du  Temple  ne  contenait  fias  de 
«  l)assin  creusé  dans  le  sol  ».  il  oublie  qu'il  suffisait  que  l'eau  arrivât  tout 
droit  d'une  source  (p.  34)  et  «pie  la  «  salle  de  l)ains  »  du  Temple  recevait 
l'iau  de  la  source  Etam  (p.  31-32).  L'auteur  de  la  Lettre  d'.\ristée  connail 
une  souice  qui  alimentait  le  Temple.  —  C'est  seulement  dans  la  Diaspora  «pie 
laboiidaMre  des  eaux  et  l'exeiiqde  des  païens  ont  amené  les  rabbins  —  tous 
ou  plus  ou  miiins  influencés  par  l'hellénisme  (p.  45)  1  —  â  prescrire  des  bains 
d'eau  vive  pour  le  coips.  yuaiit  a  l'ablution  des  mains  dans  10  S(ut  d'eau, 
c'est  théorie  pure. 

Sur  un  autre  iioinl  le  judaïsme  pnslï'rieur  a  éti'  plus  loin  que  le  législateur 
sacerdotal  :  il  connail  des  ablutions  avant  cha(pte  rejias  et  des  lavages  des 
vases  ayant  contenu  des  aliments,  comme    l'atleslenl  les  Evangiles  (mais  voir 


BIBLIOGRAPHIE  293 

pUis  loin  sur  (i-  >vcoiRf  livre  de  M,  H.i,  Notre  ;iiiteiir  cioit  ()iie  ces  [tratiques 
sont  nu  (li-velop{«'meiit  des  règles  du  Lt-vitique.  Ne  faudrait-il  pas  y  voir 
Une'  lafoisation  des  observances  sacerdotale»,  non  par  opposition  aux  prêtres, 
ce  (/u'a  soutenu  Gb%*olson  et  ce  (jne  >I.  H.  conteste  avec  raison  (p.  39),  mais 
au  contraire  par  désir  de  faire  aussi  bien  queux,  er»  cousoniniant  les  aliments 
prO'fanes  avec  la  même  pufeté  que  s'ils  étaient  consacrés  mrtU  ?>'  T'^in 
uî^pTî)?  Restreinte  d'abord  à  tvrtains  cercles  [détistes.  celte  pratique  suréro- 
^atoire  s^  serait  étendue,  et,  coninre  )e  motif  primitif  avait  perdu  sa  valeur, 
«m  justifia  plus  tard  ks  ablutions,  non  phts  |>ar  la  sainteté  attribuée  au\  .ili- 
mients,  mais  i)ar  les  benédidions  du  repas.  Nous  n'admettrions  pas  non  plus 
i\ii'au  se  lavait  les  mains  avant  de  jrfier  parce  que  pr»niiliv(!meut  on  levait  les 
mains  dans  ta  j^rière  p.  431  :  les  mains  étaiewt  présumées  impuies  à  cause  de 
leur  fonction  (PT'ipO"  S^"!"^)-  I-a  réide  fameuse  que  «  les  livres  canoniques 
rendent  les  mains  impuies»  est  ainsi  expliquée  par  M,  B.  |p.  43  :  cf.  p.  13.S)  : 
k'S  mains  (|ui  les  tnuclii'iit  sont  im|iure)»sr  elles  n"ont  pas  été  la\éi's. 

Les  fi''"in'C  ■'^'mCJ,  qui  voulaient  sans  doute  se  fiurilier  i)ar  un  bain 
matinal  des  pollu(iof«  nocturnes,  m;  sont  pas  appimivés  par  les  ral)bius  :  il 
n"est  |ias  sûr  qu'on  doive  (es  fd^ntiliei'  avec  les  ba|>tistes  o»  liéméiobaiitistes. 
qui  ont  vraiment  existé  comme  secte,  contrairement  a  l'opinion  de  Scbiirer. 
Les  rabbins,  par  contre,  prescrivent  un  bain  aux  prosélytes.  M.  B.,  qui  sou- 
liirne  U;  caractère  positif  et  non  mystique  de  ce  bain,  est  tenté  d'admettre 
qu'il  est  aussi  ancien  que  le  baptême  cbrétien.  Il  faut  dire  plus:  si  le  bain 
de  convei'sion  n'avait  pas  existé  dans  le  judaïsme  avant  le  baptême  cbrétien, 
ou  se  serait  probablement  trardé  de  l'y  introduire. 

En  debors  de  l'ortliodoxie  on  trouve  «  le  baptisnie  extia-léiral  »,  qui  a 
ceci  de  particulier  (|u'il  exiire  pour  le  bain  un  fleuve  ou  une  source,  cliez  les 
Esséniens,  cliez  l'ermite  Bannous  (le  maître  de  Josèphe  et  cbez  Jean-Baptiste, 
jour  (pii  le  baptême  paraît  avoir  été  un  acte  de  pénitence.  Ce  qui  caractérise 
<i  le  ba()tisme  bérétique  »,  c'est  qu'il  est  considéré  connue  nécessaire  au  panlon 
des  fautes.  Tel  il  apparaît  cbez  la  Sibylle  juive  de  IV,  161-169  (n'est-ce  pas 
une  simple  imay:e  ?),  cbez  les  Ebionites  ou  .Judéo-cbrétiens  (surtout  d'après 
les  Homélies  Clémentines),  cbez  les  sectateurs  d'Elbazai,  dont  l'auteur  admet 
l'ancienneté  (E.  a  vécu  vers  100),  cbez  les  .Masboutéens  et  Sebouéens  et  cbez 
les  Sampséens  (sans  doute  «  serviteurs  »  de  Dieu).  .M.  15.  exclut  les  Mandéens, 
qui  n(!  sont  pas  une  secte  juive,  mais  qui  ont  subi  des  influences  juives  et 
parsies  (p.  146-148).  Eidin,  le  cbiistiaiusme  non  paulinien,  en  Orient,  vers 
l'an  100,  doit  lui-même  avoir  ressemblé  à  une  secte  baptiste  juive. 

Tel  est  le  résumé  des  cinq  premières  parties  de  l'intéressant  onvratje  de 
.M.  D.  La  sixième  contient  des  notes  couq)lémeutaires,  où  il  discute  principale 
ment  des  textes  talmndiques.  On  ne  saurait  assez  le  louer  d'avoir  étudié  ces 
textes  de  j)remière  main  et  sans  idée  préconçue,  au  risipie  de  trabir  de-ci  de-Ui 
une  certaine  inexpérience.  P.  10,  Pemkiin,  ii,  7,  parle  de  l'emploi  combiné 
du  son  et  de  l'eau  et  non  du  fiuttement  du  corps  avec  du  son  sec:  p.  31  et 
32,  lire  lum'ul  \m>\\v  Tanniihl.  :  \>.  3.'),  il  arrive  encoie  aujounl'lmi  (piune 
femme  prenne  le  bain  de  purifiialion  dans  l'eau  froide  iLinie  source  ou  d'une 
rivière  ;  p.  3'J,  il  n  est  pas  sûr  (jue  les  mots  D'^T'  P~rii:3  pDpDw  dans 
Eduuijul,  V,  6,  siiruilient  «  il  néi.di.i,'eait  les  ablutions  des  mains  »  ;  p.  54,  la 
a  pureté  .»  qui  a  disparu  a  la  mort  de  Gamaliel  1  Ancien  donc  Gamaliel  l,  non  IL, 
d'après  Sota,  ix.  ;j,  n'a  rien  a  faire  ici  ;  p.  j'i.  i  l'ablution  des  mains  après 
le  repas  n'est  pas  oblii-'atoire  depuis  lonirtemps.  si  elle  l'a  jamais  été  »  :  le 
passaijre  lité  de  Iloulliii  porte  au  conlraiie  que  cette  ablution  est  oblit:atoire 
\c{.  lieruchul.  53  b<  et  elle  s'est  en  eflel  conservée,  au  moins  pour  la  birme; 
p.   .'m,  d'où    M.    15.    siiit-il   (;ue    le»    I- innuf  soi.t    dlM'cnsées  de  l'ablution  de« 


294  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

mains  parce  que  c'est  un  «  commandement  à  «'poque  fixe  »  ?  p.  99,  l'étymo- 
logie  «  vi'aiseml)lable  »  du  nom  d'Elliazaï  «  fofce  cachée  »  ('^02  b^Pl)  est 
invraisemblable  ;  p.  131,  les  mots  de  Middol,  v,  V,  sont  inexactement  cités  et 
inexactement  traduits,  d'où  des  conclusions  mal  fondées;  p.  137,  les  préten- 
dues contradictions  n'existent  pas.  Nous  tenons  à  ajouter  que  nous  n'avons  pas 
vérifié  toutes  les  traductions  et  que  certaines  méprises  ont  éveillé  notre 
méfiance  (p.  ex.  p.  135  en  bas,  tib  "^"l^ûN  ne  signifie  pas  «  undere  aber 
sagten  zu  ihni  »,  mais  «  d'autres  rapportent  différemment  cette  communica- 
tion »  ;  il  fallait  citer  aussi  l'opinion  de  R.  Juda  b.  Bathyra,  sans  quoi  le 
passage  est  presque  incompréhensible).  Les  fautes  d'iniiiression  dans  les  mots 
hébreux  sont  assez  rares. 

Dans  sou  second  ouvrage,  M.  £5.  reprend  plus  à  fond  son  exposé  de  ce 
qu'on  pourrait  appeler  les  «  baptismes  alimentaires  »,  tels  qu'ils  sont  énumérés 
dans  la  glose  de  Marc,  vii,  3-4  (dans  sou  premier  livre,  p.  44,  il  place  cette 
glose  à  Rome,  sans  dire  pourquoi).  Cette  nouvelle  discussion  atteste  un  pro- 
grès sensible,  imputable  sans  doute  au  profit  que  l'auteur  a  tiré  de  l'ouvrage 
de  M,  Biichler,  Der  guUJaische  Am-ha'Ares.  1°  Marc,  vu,  3,  sait  que  «  les 
Pharisiens  et  les  Juifs  (en  général)  ne  mangent  pas  sans  s'être  souvent  lavé  les 
mains  ».  Après  un  long  exposé  qui  ne  mène  à  rien  (p.  ■)-23|,  l'auteur  tire  de 
Biichler  que  la  théorie  de  l'impureté  des  mains  même  pour  les  mets  profanes 
ne  s'est  imposée  qn'au  ii"  siècle  ;  mais  il  admet,  sur  la  foi  d'une  baraïta  qui 
met  en  scène  Schaminaï  (Houlliit,  107  b  ;  Yodki,  77  b),  ([ue  bien  plus  ancien- 
nement on  se  lavait  les  mains  avant  le  repas.  Cet  usage  serait  une  imitation 
des  mœurs  grecques  et  même  l'expression  D'^T'  bî23  viennent  du  grec  (3(v6),o; 
«  seau  »  ;  bien  mieux,  l'usage  aurait  influé  sur  la  théorie  de  l'impureté  des 
mains.  Il  est  à  peine  besoin  de  dire  que  l'explication  est  insoutenable,  ne  fût- 
ce  qu'au  point  de  yue  philologique  :  D'^H^b  bîûD  (c'est  la  bonne  construction, 
fréquente  dans  la  Mischna)  est  de  l'excellent  hébreu  et  signifie  «  prendre  de 
l'eau  pour  se  laver  les  mains  ».  —  2°  D'après  Marc,  vu.  4  a,  les  Juifs  reve- 
nant du  marché  prennent  un  bain  avant  le  repas.  C'est  qu'ils  craignaient 
d'avoir  touché  au  marché  un  homme  impur  (mais  pourquoi  l'ablution  des 
mains  après  le  bain  ?).  11  résulte  eu  effet  d'une  anecdote  racontée  dans  j. 
Ber.,  m,  4,  qu'un  homme  impur  se  baignait  avant  de  manger.  3°  Enfin,  à 
en  croire  Marc,  vu,  4  b,  les  Juifs  lavent  même  les  ustensiles.  S'agil-il  de 
vases  de  métal  ou  de  verre,  les  textes  rabbiniques  confirment  l'assertion  ;  mais 
ils  ne  nous  fournissent  aucune  lumière  si,  comme  c'est  plus  probable,  il  s'agit 
de  vases  de  bois.  Seulement  on  peut  admettre  (lue  l'auteur  a  en  vue  non  une 
purification  proprement  dite,  mais  un  lavage  avant  cha(iue  utilisation  par 
précaution;  ayant  observé  cette  prati([ue  quelque  part,  il  l'aurait  généralisée. 
Nous  penserions  plutôt  au  lavage  de  "313  b'CJ  0T3  {lier..  ;J1  a). 

Les  paroles  de  Jésus  sur  la  pureté  (Marc,  vu,  15  et  s.  =  Maltli.,  xv,  11  et  s.; 
Mattli.,  xxiii,  2.0  26  —  Luc,  xi,  39-41)  ne  sont  pas  même  authentiques;  elles 
lui  ont  été  attribuées  par  des  apôtres  qui,  opérant  dans  les  pays  païens, 
voulaient  libérer  les  néophytes  des  lois  alimentaires,  et  l'auteur  évangéliciue  a 
cru  que  ces  paroles  avaient  di'i  être  provoquées  par  un  débat  sur  l'ablution 
des  mains  avant  le  repas.  Considérées  en  elles-mêmes,  elles  constituent  un 
paradoxe  original,  mais  déplacé  dans  une  instruction.  La  conclusion  est  à 
citer  (p.  62)  :  «  On  a  déjà  remarqué  depuis  longtemps  que  eeUe  invective 
contre  les  Pharisiens  et  les  scribes  ne  convient  pas  auCaraiîlère  des  Juifs  pieux 
et  de  leuis  docteius,  tel  (pie  nous  le  fait  connaître  l'histoire.  Il  n'y  a  eu  de 
Pharisiens  avides,  rai)aces  et  hypocrites  qu'autant  qu'il  y  a  de  tels  chrétiens 
en  règle  avec  l'Eglise...  L'auteur  ue  connaissait  (|ue  de  loin  les  usages  des  Juifs  ; 
de  la  doctrine  rabbinique  et  des  Juifs  oux-ménies,  il  ne  savait  plus  rien.  » 


BIBLIOGRAPHIE  295 

Ici  aussi,  on  pourra  reprendre  maint  détail.  P.  3,  Tta&oîooffiç  twv  Ttpedêu- 
TÉptov  ne  peut  guère  signiHer  que  la  loi  des  anciens,  non  la  loi  des  vieillards 
(docteurs)  contemporains;  ib.,  n.  2,  Hillel  et  Scliammaï  ne  sont  pas  qualifiés 
d'anciens  parce  qu'on  veut  les  distinguer  d'homonymes  postérieurs,  mais 
I)arce  qu'on  les  considère  comme  d'antiques  autorités;  p.  10,  u.  3,  D^^^  "'MJTO 
ne  peut  pas  se  dire,  car  "^^TS  est  de  l'araméen;  p.  12,  n.  1,  "^  N5N  doit  se 
traduire  «mais  (la  différence  est)  que»;  p.  13  en  liaut,  aia"*:  î<'?3  est  traduit 
«  oliiie  dass  er  seine  Hcinde  hochgehobe II  halle  »  !  p.  13,  l'amora  Samuel 
n'est  jamais  appelé  «  Schemuel  Rab  »  ;  p.  17,  u.  4,  l'opinion  que  l'ablution 
des  mains  n'est  pas  d'origine  bibli(iue,  dans  Bevachol,  52  h,  n'émane  pas 
des  Hillélites,  mais  de  la  Guemara  ;  p.  32,  n.  1,  confusion  entre  l'amora 
palestinien  NIIH  "'ai  et  l'amora  babylonien  N^irt  3"1  ;  I».  43,  si  la  leron  est 
suffisaninii'iit  attestée,  la  mention  des  fours  seiait  bien  à  sa  place  (se  rappeler 
la  discussion  sur  ^NI^?  Vo  "nDP)  :  p.  59.  le  détail  des  «  dix-huit  choses 
défendues  »  n'est  pas  sûr  et  il  est  dangereux  de  s'en  servir  pour  la  chro- 
nologie. 

Le  travail  entrepris  par  M.  B.  était  ardu  ;  il  l'a  mené  avec  méthode  et  ses 
conclusions  doivent  être  justes  eu  gros. 

Brann  (M.\  (ieschichte  derJuden  iind  ihrer  Literatur.  1.  Tl.  Vom  Aiiszug 
ans  Aegypten  bis  ziim  Abschliiss  des  Talmuds.  3.  verm.  n.  verb.  Aiifl. 
Breslau,  Marciis,  1910;  in-8°  de  ix  +  245  p.  M.  2. 

Hreest  E.).  Die  Bibelversorgnng  Deiitsolilands  seit  der  Ueformation. 
tiiitersloh,  Bertelsmann,  1909;  in-S"  de  109  p.  M.  0,80  (Ftir  (lottes  Wort 
und  Lutliers  Lehr  !  11.  Reihe,  8.  Heft  . 

Rrf.ttholz  (U.  .  Discorsi  sacri.  Trieste  (Francfort-s.-M.,  Kaiiffmann),  1909; 
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Breïtholz  (U.).  Discorsi  funebri.  Trieste,  1909  ;  in-8"  de  68  p.  K.  2. 

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der.  5.  Theil;  Esther.  Francfort-s.-M.,  Holmann,  1909;  in-N»  de 
viii  +  90  p.  et  de  vin  +  102  p.  M.  1,S3  cIkuiiic. 

Brusto.v  iCh.).  Les  inscriptions  en  hébreu  archaïque  et  celle  d'Eshnioun- 
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Brusto.x    (Ch.).    Etudes  bibliques.   Paris,    Fischbacher,    1909;    in-8<»    de 

7  +  40  -f  19  +  32  -f  48  +  5  p. 

BiïciiLER  (A.).  The  political  and  social  leaders  of  Ihe  Jewish  community  of 
Sopphoris  in  the  second  and  third  centuries.  [Londres,  Jevvs'  Collège^ 
1909  ;]  in-8'^  de  92  p.  (.Jewish  Collège,  Publication  No.  1 .; 

M.  B.,  qui  a  consacré  à  VAm  fm-Arer  de  la  (îalilée  une  thèse  des  plus 
intéressantes  (Vienne,  190G  ;  voir  le  compte  rendu  de  .M.  Aptowitzer  dans  la 
Monutsachrip,  1908,  p.  73y-'74S!,  étudie  celte  fois  les  chefs  piiliii(pirs  et 
sociaux  de  la  communauté  galiléenue  la  plus  importante  ^celle  de  Sepphoris) 
sous  cet  angle  particulier  :  le  conflit  entri'  cette  puissance  laïque  et  les  rabbins 
pauvres  qui  se  fixèrent  en  Galilée  après  la  catastrophe  de  Bétar.  Lui-même 
résume  ainsi  ses  recherches  :  Les  Juifs  de  Sepphoris.  au  n'  et  au  m'  siècles, 
étaient  dirigés  par  un  certain  nombre  de  riches  notables,  que  les  sources 
tiébraïques  appellent,  en  raison  de  leur  pouvoir,  les  grands  ou  les  vhefsy 
tandis  que    leur  position    officielle    de    représentants  des    Juifs   vis-à-vii   du 


296  REVUE   DES   ETUDES  JUIVES 

L'inivcrucrnonl  roiii;iiu  leuf  vaut  le  titre  île  parnassim.  Ils  faisaient  i»artie 
il'uii  conseil  coiniiosé  de  Juifs  et  «le  non  Juifs  et,  en  cette  qualité,  ils  t-taient 
responsables  du  recouvrement  des  impôts,  ijui  pesaient  sur  les  faibles,  mais 
.liint  ils  siiuflVaieiit  eux-mêmes.  Us  étaient  aussi  les  juses  des  Juifs,  sans  «pion 
viiie  par  (pii  ils  elaieiit  nommés,  et,  comme  leurs  décisions  étaient  basées  sur 
(les  lois  mm  lalibiiiiipies  ou  inspiri'es  par  leurs  intérêts,  ils  se  rendaient 
sdiiveiit  coupaiilcs  d'injustice  et  de  c()rruj)tioi).  Les  rabbins  accusaient  cette 
])loutocratii',  ainsi  ((ue  la  classe  foncière  moyenne,  d'être  violente,  mallionnète 
et  immorale,  de  promettre  des  dons  cliaritables  sans  les  payer.  Les  nombreux 
docteurs  et  leurs  disciples,  venus  s'établir  en  (Jalilée  après  la  çueri'e  de  Bai' 
Kocliba,  y  furent  accueillis  avec  i)eu  de  sympatliie,  et  bientôt  avec  liaiiie  et 
mé[)ris,  ce  (pi'oii  doit  attribuer  a  leur  crili(|ue  justifiée  de  la  conduite  des 
riches.  Ceux-ci  n(in  seulement  ne  les  sei'ouraient  pas,  mais  encore  les  ililfa- 
maicnt  de  toutes  les  manières.  Il  y  avait  du  reste  à  Sep|dioris  des  rabbins 
(jui  [irêtaient  le  tl.incàces  généralisations  et  dont  la  pratiipie  religieuse  n'était 
pas  en  harmonie  avec  leur  connaissance  de  la  Tora.  —  Ce  chapitre  d'histoire 
intérieure,  pour  larjuelle  on  ne  dispose  d'aucune  source  proprement  historique, 
est  reconstitué  à  laide  de  textes  halachiques  et  aggadiques  du  second  et  ilu 
troisième  siècles.  Et  le  mérite  de  l'étude  est  moins  dans  l'originalité  du 
tableau  que  dans  la  perspicacité  des  explications  et  dans  l'ingéniosité  des 
rapprochements.  L'historien  critique  se  méliera  plus  d'une  fois  et  se  deman- 
dera si  l'interprétation  de  tel  texte  est  justiliée  et  si  sou  application  àSepphoris 
s'impose  ;  pour  ne  citer  qu'un  exemple  et  le  premier,  on  n'accordera  jias  sans 
j»eine  que  le  nom  de  »  grands  »  (Q'^?T75^,  q'ii  «st  une  qualité  et  non  un  titre. 
désigne  forcément  des  administrateurs  de  la  communauté.  Mais  les  construc- 
tions de  M.  B.  sont  comme  des  édifices  de  dominos  :  ou  enlève  une  pièce  et 
le  reste  tient. 

niDDF,  (K.).  (ieschiclite  dcr  altliebraischcn  Litcratur.  2.  Ausgabe.  Leipzig, 
C.  F.  Amelang,  1909;  in-S»  de  xvi  +  433  p.  M.  8,50  (Die  Literatnren  des 
Ostens  in  Einzeldarstelltingen}. 

BuHNKY(C.F.).lsraer.shope  of  immortality.  Finir  lectures.  Londres, Frowde, 
1909  ;  in-8"  de  105  p.  2  s.  6  (L 

L'auteur  expose  d'une  manière  à  la  fois  populaire  et  criti<iue  l'évolution  des 
idées  et  des  espéram;es  sur  l'immoi'talité  dans  Job.  les  Psaumes.  l'Ecclésiaste, 
Sira,  la  Sipiriicc.  Kn  dipit  de  (pielques  passages  qui  sentent  le  théologien, 
l'ouvragi'  est  (ruiic  bonne  tenue  scientiliipie  et  se  lit  avec  intérêt. 

BuRTo.N  (E.  D.),  S.M1TH  (J.  M.  P.)  and  S.miïii  (C.  B.).  Hiblical  ideas  ol"  atone- 
ment,  their  history  and  sig,niticance.  Chicago,  l'niversity  Press,  1909  ; 
in-8''  de  viii  -f-  335  p.  I).  1 . 

L'idée  d'expiation  ilans  l'.Vncien  Testament,  dans  les  livres  extra-cauoniiiues, 
dans  le  Nouveau  Ti'stament,  valein-  de  cette  doctrine  ^cetle  dernière  partie 
dogmatique). 

liuxïo.N'  (E.  M.  \V.).  Stories  l'roni  tlie  Uld  Testament.  Londres,  Melliuen, 
1909;  in-8o  de  144  p.  1  s.  o  d. 

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Richmond  (Va.),  Bell  Book  and  Stalionery  Co.,  1909.  2  doll. 

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des.  Berlin,  Trowitzsh  et  Sohn,  1909;  in-8'  de  vu  -j-  138  p.  M.  4,60. 

Cappari  (W.i.  Die  Pharisiier  bis  an  die  Schwelle  des  Neuen  Testaments. 
Gross-Lichterlelde.  Ronge,  1909;  in-H"  de  52  p.  (Biblische  Zeit-  und 
Streitfragen,  herausg.  von  F.  Kropatsclieck,  V,  7.) 

Cassel  (D.).  Hebraisch-deutsches  Wùrteibiich.  8.  Auflage.  Breslan,  Handel, 
1909  ;  in-8»  de  vi  -f  360  p.  M.  3,60. 

Cassuto  (U.).  La  famiglia  Da  Pisa.  Florence,  impr.  Galletti  et  Cassuto, 
1910;  in-S"  de  82  p.  (Estratto  dalla  Itirista  Israi'iilira,  Anni  V-VII). 

Les  Da  Pisa  sont  uue  fainillt;  de  liaiiquiers  toscans,  dont  idusieurs  mcin- 
lires  se  sont  tait  un  nom  dans  les  lettres  juives.  David  Kaufmaui»  a 
retracé  l'aclivitc  littéraire  de  ces  derniers  dans  plusieuis  articles  de  la  Revue 
(les  Etudes  juives  (le  texte  original  de  deux  «Je  ces  articles  est  imprimé  dans 
le  t.  II  de  ses  Gesaimnelle  Schri/'ten,  1910)  ;  le  rôle  commercial  de  la 
maison  est  ex|iosé  dans  les  travaux  de  P.  M.  Leonai'do  {G/i  ebrei  a  Pisa  siito 
alla  fine  del  secole  AT.  dans  ses  Sluili  S/orici,  VIII)  et  de  .M.  Ciardini 
(/  liunchieri  ehrei  a  Firenze  nel  secolo  AT,  1907).  Reprenant  les  études  de 
ses  devanciers  et  les  complétant  |)ar  ses  recherches  personnelles,  M.  li.  décrit 
sous  ces  deux  aspects  la  vie  et  lactivité  de  laiamille,  rju'il  croit,  avec  assez  de 
raison,  oriiiinaire  de  Home  et,  avec  moins  de  raison  sans  doute,  issue  de 
la  lamille  de  Synairoira  (nor-rî  172'-  Par  une  fortune  rare  en  dehors  de 
l'Italie  et  (lui  est  caraclêiistii|ue  de  l'histoire  des  Juifs  de  ce  pays,  on  suit  les 
Da  Pisa  depuis  1393  (voir  l'arhre  «énéaloijique  à  IWppendicc)  ;  le  séiiateur 
Ugo  Pisa,  mort  récemment,  descendait  «leux.  Notre  bioy;raplie  ue  s'élève  pas 
au-dessus  du  ton  de  liMudit,  mais  sou  érudition  est  étendue  et  sûre  ;  il  a 
fouillé  les  recoins  du  sujet  et  compilé  diliiremment  les  sources  tant  héhraïques 
qu'italiennes.  Sa  propre  contrihution  documentaire  n'est  pas  néi,'li!.'eable  :  des 
actes  italiens  relatifs  au  commerce  d'arjfent  des  da  Pisa  (il  a  certainement 
raison  de  voir  une  extorsion  déi^uisée  dans  la  condamnation  a  une  énorme 
amende  inlligée  sous  prétexte  d'homiciile  à  Isaac  di  Manuele,  p.  18-19  et 
document  iv),  quelques  lettre:)  eu  hébreu  sans  valeur  intrinièquc,  mai"  intéree' 


298  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

santés  comme  spécimens  de  lettres  familiales  et  commerciales  ;  l'auttur  du 
n»  xu  (où  voit-on  que  c'est  un  Da  Pisa  ?)  denianrle  une  copie  de  lépltre 
d'Obadia  de  Bertiiioro.  La  plus  curieuse  est  la  dernière,  où  Daniel  da  Pisa 
raconte  l'entrevue  de  David  Pieoulxhii  avec  Clément  VII.  Cette  bonne  monogra- 
jdiie  nous  fait  bien  auirurer  d'une  Histoire  des  Juifs  à  Florence,  (|ui  doit 
]»araître  prochainement  tp.  19,  n.  2j. 

Catalog  of  the  Hebrew  Union  Collège,  Cincinnati,  1',mi9-I9I0.  Séries  A. 
No.  2.  Cincinnati,  1909  ;  in-S»  de  99  p. 

Causse  (A.).  Les  apocalypses  et  Ihistoire  des  religions.  Montauban,  1909; 
in-8"  de  22  p.  (Extrait  de  la  Revue  de  Théologie. 

Chalom  (V.).  Conférences  sur  le  droit  du  couteau.  Oran,  1910;  in-8"  de  24 
(+  4)  p. 

Le  droit  du  couteau  est  un  imiiôt  sur  la  viande  cuscher  perçu  pai'  les 
communautés  algériennes.  On  en  réclame  la  suppression  depuis  la  séparatinn 
des  Eirlises  et  de  l'Etat.  La  taxe  est  beaucoup  plus  ancienne  (jue  ne  le  croit  le 
conférencier;  la  gabelle  de  la  viande  (c'est  la  même  chose!  existait  eu  Castilli' 
au  xV  siècle  (Revue,  XIX,  203;  et  en  Turquie  au  xvi«  (XXXI,  .j4y. 

Charles  (Abbé).  Solution  de  la  question  juive.  Paris,  La  Renaissance 
française,  s.  d.  (1910  ?)  ;  in-12"  de  218  p.  3  fr.,  50. 

Cheyne  (T.  K.).  Problemi  biblici  e  loro  soluzione  ;  il  metodo  slorico- 
critico  applicato  alla  Biblia.  Piacenza,  Società  éditrice  pontretnolese, 
1909;  in-8o  de  xi  +  279  p.  L.  4. 

Chwolson  (D.).  Beitriige  zur  Entuicklungsgeschichte  des  Judentunis  von 
ca.  400  V.  Chr.  bis  ca.  1000  n.  Chr.  Leipzig,  H.  Haessel,  1910  ;  in-8o  de 
G:{  p. 

De  ces  études,  que  l'auteur  offie,  dans  une  dédicace  touchante,  aux 
«  mânes  »  d'A.  Geiger,  la  plus  longue  et  la  plus  importante  est  consacrée  au 
(  am  ha-areç  dans  l'ancienne  littérature  rabhinique  ».  Le  a.  a.  est  si  odieuv 
aux  rabbins  que  cette  haine  ne  s'explique  que  par  des  divergences  religieuses; 
ce  nest  pas  un  ignorant,  mais  un  adversaire  du  liaber.  Or,  le  haher  est  un 
pharisien;  donc  le  a.  a.  est  un  sadducéen.  En  effet,  les  Sadducéens  ont  si 
bien  survécu  à  la  destruction  du  Temple  qu'ils  ont  revécu  dans  le  caraïsme  — 
La  thèse  sur  le  caractère  du  a.  a.  ne  peut  se  soutenir  (pi'en  faisant  vi(denee 
aux  textes.  Une  baraita  (Berachot,  43  b)  recommaude  au  docteur  de  ne  pas 
se  mêler  aux  a.  a.,  car,  dit  le  rédacteur  babylonien  (mais  non  R.  Hasda).  «  il 
pourrait  se  laisser  entraîner  par  eux  »  (ir!"^>iri3  "^DrO^^N?  TN  NTO?"*"!!  ; 
M.  Ch.  trafluit  :  «  car  il  pourrait  être  converti  à  leurs  opinions  religieuses  » 
(p.  6).  Pi.  Simon  b.  Gamaliel  dit  que  certaines  lois  ont  été  «  remises  n-i0723) 
aux  a.  a.  »  [Sahbal,  32  b  en  haut),  c.  à.  d.  qu'on  s'en  rapporte  à  eux  pour 
ces  lois  ;  M.  Ch.  traduit  «  leur  ont  été  transmises,  c'est-à-dire  qu'ils  les  con- 
naissent »  (p.  1).  Ailleurs,  il  est  vrai,  le  a.  a.  n'apparaît  pas  comme  un  simple 
iirnare,  mais  comme  opi)Osé  au  lalmid  hacluim  (bien  plutôt  qu'au  haher  . 
Suffit-il  d'être  Irmiemi  des  rabbins  (et  de  cette  haine  fameuse  il  faudrait  en 
l'abattre  beaucoup  sur  le  compte  de  l'aggada)  pour  être  sadducéen  et.  si  les 
a.  a.  étaient  des  Sadducéens,  pourquoi  les  rabbins  ne  les  avaient-ils  |ias 
stiirmatisés  en  les  appelant  ainsi  ?  Quant  à  la  survivance  du  saddncéisme  et 
à  sa  réincarnation  dans  le  caraisme,  c'est  une  hypothèse  séduisante,  i|ni  s'au- 
torise de  maint  indice,  mais  qui  attend  d'être  corrobore  par  des  preuves. 
Tout  ce  qu'on  peut  accorder  jusqu'à  présent,  c'est  une  certaine  tradition  lill«« 


BIBLIOGRAPHIE  299 

raire,  telle  quelle  est  probable  pour  les  fragments  nVemineiit  publiés  par 
Si-lienliter  ;  «le  là  à  admettre  que  les  Saddueéens  out  véru  eu  cliair  et  eu  os 
jusqu'à  rapparition  d'Auan,  il  y  a  loin. 

Dans  une  esquisse  de  l'histoire  religrieuse  du  judaïsme  de|iuis  l'époque  du 
second  tem|de  jusqu'à  la  (in  du  ^^aoiial,  M.  Cli.  montre  que  les  Pharisiens, 
constamment  en  minorité  (et  le  témoignage  de  Josèplie  ?  ,  ne  se  sont  impo- 
sés que  peu  à  peu,  grâce  à  leur  meilleure  organisation:  ce  n'est  que  dans  les 
deinières  années  de  la  destruction  du  Temple  qu'ils  out  supplanté  les  Saddu- 
céens.  qui  n'étaient  pas  moins  zélés  qu'eux  dans  l'observation  de  la  loi.  Le 
Talmud,  œuvre  des  Pharisiens,  a  été  longtemps  ignoré  hors  de  Babylonie  ; 
aujourd'hui  encore  il  y  a  des  secti-s  qui  ne  le  connaissent  pas  (quelques  ren- 
seignements intéressants  sur  des  sectes  judéo-russes,  p.  39  et  s.).  On  n'est 
donc  |ias  en  droit  de  soutenir  que  c'est  le  «  rabbinisme  »  qui  a  sauvé  le 
judaïsme.  — Il  faut  recoimaître  que  le  développement  du  judaïsme  a  été  plus 
complexe  qu'on  ne  le  croit  paifois  ;  mais  que  gagne  l'historien  à  réunir  quel- 
ques traces  disparates  de  mouvements  hétérodoxes  ?  Les  Pharisiens  ont  dis- 
paru comme  partis  avec  le  Temple  ;  le  «  rabbinisme  »  n'est  pas  une  secte 
juive:  c'est  le  judaïsme,  qui  a  éliminé  les  éléments  contraires.  En  dehors  du 
«  rabbiuisme  »,  il  a  pu  y  avoir  des  sectes  juives,  il  n'y  a  pas  eu  de  judaïsme. 

Dans  trois  courtes  notes  se  rapportant  à  son  grand  ouvrage  Dos  Passah- 
mal  C/irisli,  M.  Ch.  s'efforce  d'établir  :  1°  que  les  mots  «  tu  l'as  <lit  »  dans  la 
bouche  de  Jésus  (Matth.,  xxvi,  64)  ne  sont  pas  une  affirmation,  de  même  que 
dans  la  tossefta  de  Kélim,  I.  i,  6  (mais  l'évaugéliste  ne  l'entend  pas  ainsi, 
puisqu'à  ces  mots  le  grand-prètre  crie  au  blasphème):  2°  que,  dans  Matthieu, 
XXIII,  3,  il  y  avait  primitivement  un  passage  restreignant  la  diatribe  qui  suit 
aux  faux  Pharisiens  ;  3»  que  les  fêtes  juives,  en  l'espèce  l'offrande  de  la 
Pàque,  pouvaient  être  avancées  d'un  jour. 

Les  inadvertances  de  détail  et  les  fautes  d'impression  s'expli()uent  ])ar  l'âge 
et  la  cécité  de  "auteur.  On  ue  peut  (fue  l'admiier  d'avoir  suivi  encore,  à  91  ans, 
les  études  historiques  et  que  lui  souhaiter  de  trouver,  comme  il  le  désirait 
des  successeurs  pour  reprendre  ses  travaux  et  les  soumettre  à  une  critique 
scientilique. 

CiRor  (G.).  Recherches  sur  les  Juifs  espagnols  et  portugais  à  Bordeaux. 
Première  partie.  Bordeaux,  Féret  et  fils,  1908  (la  couverture  porte 
1909)  ;  in-8o  de  198  p.,  2  planches. 

L'intérêt  qui  s'attache  à  l'odyssée  dramatique  des  marranes  rejaillit  sur 
l'histoire  des  juifs  de  Bordeaux.  Ils  avaient  déjà  eu  trois  historiens  :  Francia 
Beaufleury,  un  des  leurs  (ISOO),  Detcheverry,  un  archiviste  (1860).  et  Malvezin, 
un  littérateur  (1815;  (rai>rès  Malvezin,  Graelz,  dans  sa  Monalsschri/'t,  WW); 
ils  eu  ont  trouvé  un  quatrième,  plus  complet,  plus  précis  et  qui  sera  délinitif, 
car  il  indique  ses  sources.  M.  Cirot,  professeur  d'études  hispaniques  à  la 
Faculté  des  Lettres  de  Bordeaux,  a  été  évidemment  attiré  par  le  sujet  eu  sa 
qualité  de  linguiste  et  il  a  commencé  par  examiner  k  les  vestiges  de  l'espagnol 
et  du  portugais  dans  le  parler  actuel  des  juifs  bordelais  »  (p.  3-20).  Il  a  été 
amené  ainsi  à  prendre  connaissance  de  »  «juelques  sources  à  consulter  sur  les 
Juifs  «  portugais  »  de  Bordeaux  aux  xvii«  et  xviii»  siècles  >>  (p.  21-29,;  ce  sont 
des  sources  d'archives,  dont  les  plus  intéressantes  sont  les  registres  des 
paroisses  chrétiennes,  trois  registres  tenus  par  la  communauté  juive  (naissan- 
ces de  1737  à  1792,  décès  depuis  1739,  mariages  depuis  1775)  et  surtout  des 
registres  de  circoncisions  tenus  par  les  opérateurs  et  le  «  registre  des  délibé- 
rations de  la  Nation  »,  commencé  en  1753,  mais  complété  par  des  extraits 
remontant  jusqu'à  1710.   M.  C.  paraît  avoir  ignoré  que  ces  deux  document» 


bÈVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

bnt  été  utilisés  par  M.  Cardozo  de  Bétli^iiCourt,  dont  l'étude  généalogique,-  Lé 
Trésor  des  Juifs  Sephnrdim  (ft.  £.  J.j  XX,  XXV,  XXVI),  C'rriicide  en  ^jofelqrtèS 
fioiiits  avec  la  sienne.  C'est  donb  sur  nouveaux  frais,  mais  aussi  sur  une  ^Idè 
grande  échelle  qu'il  déci'it,  dans  le  chapitre  central  de  sou  livre,  «  là  SedaCa  * 
et  la  «  Xatioti  portugaise  »  (xvnr  siècle)  ».  soit  lorganisation  de  la  Cunifnti- 
iiauté  et  de  ses  services  (p.  30-99)  ;  s'aidaut  encore  des  protès-^erbauX  des 
délitléiations,  il  passe  en  revue  «  les  cimetières  »,  dont  il  détrit  les  tom- 
beaux les  plus  intéressants  (p.  100-153),  et  fournit  des  t  [)récisions  sur  la 
situation  religieuse  ailx  xvu^  et  xriii«  siècles  »,  mariages,  baptêmes,  abjura- 
tions et  circoncisions  (p.  134-180)  ;  enfin,  un  chapitré  de  «  statistique  -a  in- 
dique le  mouvement  de  la  population  juive  au  xvui'  siècle,  d'apiès  les  f-eéî?- 
tres  de  la  «  nation  »,  ainsi  que  différents  dénombrements  ofliciels  eflectués  :t 
la  même  époque  (cf.  Revue,  XXV.  109),  et  déciit  le  quartier  Iiabité  alors  par 
It'S  Juifs.  Toutes  ces  recherches  ont  paru  en  articles  successifs  dans  le  BuUelin 
hispanique  (signalés  BeDî/e,  LVll,  SOT)  et  il  y  paraît  un  peu  dans  une  certaine 
incohérence  ;  résumons-les  méthodiquement. 

Il  est  naturel  que  les  origines  de  rétablissement  des  Juifs  de  la  jiéninsule 
à  Boideaux  soient  obscures,  car  ils  avaient  intérêt  à  faiic  le  mystère  autour 
d'eux.  D'où  venaient-ils  ?  <■  Dans  les  lettres  patentes  accordées  en  lu.'iO,  en 
16.56,  en  1723...  il  n'est  question  que  de  Pùrlur/ciis  :  il  semblerait  donc  que 
les  Juifs  venus  de  la  Péninsule,  fussent,  en  niajoi'ité  du  moins.  Portugais 
d'origine  »  (p.  125).  Mais  déjà  en  1374  une  requête  est  présentée  au  Conseil 
du  Roi  par  le?  Esparpiols  el  Portugais  et  l'ordonnance  confoime  est  enregis- 
trée au  Parlement  de  Bordeaux  en  1580  à  la  requête  et  d'un  esfiagnol 
et  d'un  portugais  (.Vlalvezin.  110,  11  11.  Les  Portugais,  filns  récemment 
persécutés  et  qui  s'échappaient  plus  facilement,  étaient  venus  les  premiers: 
les  Espagnols  les  rejoignirent  bientôt  et  en  plus  grand  nombre.  Il  en  fut 
de  même  à  Amsterdam,  à  Londres.  Il  se  pent  aussi  [que  la  nationalité  portu- 
gaise fût  moins  dangereuse  pour  les  Juifs.  Dès  le  début  du  xvii'  siècle,  les 
Juifs  de  Bordeaux  étaient  publiquement  accusés  de  judaiser  ;  grâce  aux  minu- 
tieuses recherches  de  M.  Cirot,  nous  savons  avec  jilus  de  précision  (juand  ils 
cessèrent  de  «  christianiser  ».  Ils  se  mariaient  d'ahord  comme  les  catlioli(iues 
et  ils  obtenaient  même  des  dispenses  à  Rome  pour  les  degrés  tle  parenté  pro- 
hibés par  l'Eglise,  mais  autorisés  par  la  loi  juive  ip.  155,  158;  !  Dès  1107.  le 
curé  reeoit  le  consentement  de  mariage  sans  donner  la  bénédiction  luiptiale  ; 
il  n'est  plus  ipiune  sorte  d'oflicier  d'état  civil  ^;^  gages  et,  plus  tard,  il  pousse 
le  libéralisnn'  jusqu'à  indiquer  que  le  mariage  a  eu  lieu  «  selon  les  formes 
usitées  dans  la  nation  portugaise»  (p.  163).  Les  derniers  mariages  «le  ce  genre 
sont  eiue^Mstiés  en  1750  et  1753.  A  partir  de  la  lin  de  1775,  la  Nation  tient  son 
profire  registre  de  mariages.  Les  Juifs  cessent  de  faii-e  baptiser  leurs  enfants 
entre  1690  et  1701)  ;  mais  dès  1683  on  abjure  le  judaïsme  (on  était  donc  con- 
sidéré comme  juifj.  Nous  possédons  les  registres  des  circoncisions  depuis 
1705  ;  beaucoup  d'adultes  y  figurent  :  ce  sont  de  nouveaux  réfugiés  d'Espa- 
gne, qui  se  font  circoncire  et.  s'il  y  a  lieu,  se  remarient.  La  quaiilicalion  de  juif  se 
rencontre  pour  la  i>remière  fois  en  1722  (p.  101).  M.  C.  attribue  cette  «  renais- 
sance du  judaisme  «  en  premier  lieu  aux  sc/ielihim  ou  cpièteurs  jialesti- 
niens.  Mais  ces  envoyés,  qui  n'étaient  pas  tous  des  rabbins,  ne  se  seraient 
pas  aventurés  en  France  (ils  risquaient  la  mort]  s'ils  n'avaient  su  (ju'ils  se 
trouveraient  au  milieu  de  coreligionnaires.  La  vérité  est  (|ue.  quand  les  Juifs 
furent  plus  nombreux  et  assurés  qu'on  fermerait  les  yeux,  ils  jetèrent  le  nias- 
(pie  et  tendiient  la  main  à  leurs  frères  de  Hollande  :  la  solidarité  soutint  et 
réveilla  la  foi. 

Dés  lors  ta  cutnniunauté  s'organise  et  l'on  suit  ses  prof:res  dans  les  procès- 


BIBLIOGRAPHIE  301 

verbaux  des  séam^es  «lu  conseil,  ([ui  mt-riteraient  «l'être  publiés,  comme  vien- 
nent de  l'être  ceux  de  l.i  communauté  portugaise  de  Hambouiï  (dans  le 
Jahrbucli  cler  Judisch-Lilerarisr/ien  Gesellschaft,  VI  et  VII).  L'oiiranisation 
est  d'abord  purement  pliiiantbropiciue  (ou  bien  cachait-on  les  suji'ts  reli- 
jrieux  ?)  ;  c'est  la  «  Sedaca  »,  qui  secourt  les  familles  nécessiteuses,  au  moins 
aussi  nombreuses,  en  173.Ï  eurore.  (|ue  les  familles  aisées.  En  1716,  on  crée  un 
fonds  sitécial  pour  la  Palestine,  car,  remarfiue  le  secrétaire,  «  ce  Cal  Ka/tal, 
cnmtriunauté)  s'est  toujours  attiré  la  bénédiction  du  Ciel  par  le  zèle  avec 
le<]uel  il  s'est  comporté  pour  secourir  ses  frères  de  la  terre  sainte  ».  Pourtant 
on  marchande  avec  les  quêteurs,  dont  quelques-uns  sont  des  persomiaures 
d  importance  ;  celui  de  1777  ,'p.  3.'5i  n'est  autre,  comme  nous  le  montrerons 
a  une  autre  occasion,  qu'Azoulaï,  qui  signe  aussi  un  certificat  en  espagnol  en 
1755  (p.  83,  n.  31.  Pour  éviter  leur  visite  et  les  frais  quelle  entraîne,  on  finit 
liar  envoyer  la  souscription  par  lettre  de  change  à  Amsterdam.  ?ious  appre- 
nons ^liiisi  indirectement  que  la  communauté  de  Jérusalem  fut  désolée  par  un 
tremblement  de  terre  vers  1760  (p.  32)  et  celle  de  Smvrne  par  un  incendie 
vers  177o  ;p.  2o].  M.  C.  présume  que  les  Juifs  de  Bordeaux  n'exerçaient  ce  «  devoir 
de  charité  prescrit  par  la  loi  »  (quelle  loi.  si  ce  n'est  pour  les  captifs?;  qu'à 
l'égard  des  coreligionnaires  «  hispano-portugais  »  de  Palestine.  C'est  évi- 
dent :  aujourd'hui  encore  les  Sefardim  ne  secourent  que  les  Sefardim  :  en 
174.J.  Jonathan  Eibesi-hiitz  les  appela  en  vain  au  secours  des  Juifs  expulsés  de 
Bohème  {Monalssc/irifl.  1S67.  [>.  429).  Bientôt  la  «  Sedaca  »  prend  en  main 
les  charges  qui  n'intt?iessent  pas  les  seuls  pauvres  et  cela  eu  imposant 
davantage  ses  conti'ibuables:  elle  devient  le  conseil  qui  veille  sur  les  intérêts 
matériels  et  moraux  de  la  «  Nation  »  et  répartit  les  impôts  auxquels  celle-ci  est 
assujettie  (p.  40-44^  elle  réglemente  les  dilféi-entes  confréries  o\\  i/esihnf:  elle 
entretient  un  Tahntid  Tara,  assure  le  débit  de  la  viande  et  du  vin  cancher 
à  la  fin  de  l'ancien  régime,  elle  «  ne  gaidait  plus  de  son  rôle  de  société 
de  bienfaisance  que  le  charge  de  recueillir  les  taxes  »  (p.  96).  Ce  conseil 
d'anciens  in\  maamad  (mot  (pii  n'a  jamais  signilié  «  vénérable  ».  comme  il 
est  dit  p.  77,  n  3  c)  est,  comme  toujouis,  une  oligarchie  de  familles  liches 
icomparer  l'org-anisalion  aviguonnaise,  Ainntaire  de  la  Société  des  Eludes 
juives,  1.  165  et  s.;  cf.  Revue,  XIII.  187  et  s.  ;  il  a  à  sa  tète  un  gabhai  ou 
syndic,  reconnu  par  l'autorité  depuis  1730  et  obligé  d'accepter  ces  fonclious 
sous  peine  d'amende.  Les  membres  récalcitrants  sont  excommuniés  (p.  49)  et 
dénonces  aux  magistrats.  Une  forte  minorité  sinsurirea  en  17C4  :  le  Conseil 
du  Roi  lui  donna  tort  (p.  .'}4-uS).  Le  maamad  faisait  la  police  de  la  commu- 
nauté ;  il  était  féroce  poui'  les  non  «  poi'tugais  »  et  l'on  ne  connaît  que  trop 
sa  conduite  envers  les  «  avignonnais  ».  pour  ne  i-ieii  dire  des  <■  tudes«|ues  » 
(p.  36,  62  ft  s.):  cf.  Revue.  XXXIV,  286  et  LX.  82.  d'où  l'on  peut  conclure  que 
les  «  aviiTUonuais  »  compi'omett.iient  la  liberté  commerciale  des  »  portugais  »  : 
c'est  i>ar  cette  considération,  autant  (|ue  par  le  souri  de  voir  son  honorabililé 
sauve  (p.  64),  qu'on  devra  justilier  la  conduite  de  la  Nation,  si  on  ne  préfei-e 
l'fxcuser  sur  ce  (pi'elle  expulsait  ses  propres  pauvres  (p.  64  ;  on  impose  les 
riches  pour  pouvoir  se  débarrasseï-  des  ])anvres  W.  Peu  à  lieu  un  rapproche- 
ment se  fait,  sinon  la  fusion  ;  à  partir  de  1777,  on  trouve  des  «  allemands  » 
ilans  le  registre  «les  décès  (j».  153)  et  dans  celui  des  mariages  à  parlir  de 
1789  (p.  1691  ;  à  la  même  époque  on  note  un  mariage  d'un  «  allemand  »  et 
liune  «  portugaise  »  (p.  181,  n.  2).  Remarquons  ipi'eu  1753  ou  comptait  à 
Bordeaux  326  familles  de  «  jiortugais  »  formant  1447  (1557)  ;Vmes,  contre  81 
familles  (331  âmes)  d'  «  allemands  »  et  d'  ■<  avignonnais  »  (p.  186-7);  les  uns 
et  les  autres  habitaient  les  mêmes  rues  (p.  188-191  ;  cf.  le  plan  à  la  jdanche 
11).  —   La  «  Sedaca  »  ou  la  «  Nation  »  léglemeulait  les  mariagi's  et  prélevait 


302  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

une  taxe  sur  les  dots  ;  çUe  annulait,  même  sans  consulter  le  Bét-Din  (san 
doute  en  vertu  dune  laccana  analoaue  à  celle  usitée  en  Espairne  ou  de  celle 
ci  même)  les  hhldouschin  clandestins  (p.  77)  et  le  remariaire  d'un  bigame 
(p.  79)  ;  les  triliunaux  civils  reconnaissaient  sa  compéli-nci'  pour  la  Imliçu  et 
le  guell  (aHaire  Telles  Dacosta  et  aU'aire  Peixotto,  sur  lacpielle  nous  revien- 
drons). Aussi  les  anciens  pouvaient-ils  tenir  en  tutelle  le  rabhin  i'X  le  mettre 
à  l'amende.  Ils  eniragèrcnt  d'abord  un  jérusaléniile.  Joseph  Falcon,  (|ui  mourut 
en  1738  ;  son  épitaphe,  en  Inbreu  et  en  espai-Miol,  est  rej>ri)dnite  p.  132 
et  planche  I  (la  transcription,  p.  132,  n.  3.  est  fautive;  lire  :  muréli  de-alra 
ouniore-cédek  ve-résch  melibla...,  c.  à.  d.  rabbin,  juge  et  maître).  Son 
successeur  Jacob  Haim  .\thias  (p.  74,  80-81,  134)  mourut  en  1760  (le  texte 
espagnol  de  son  épitaphe  en  transcription  ]>.  133  et  en  fac-similé  pi.  I)  et 
fut  remplacé  par  son  fils  David  (dont  la  tombe  est  siçualée  p.  132i.  — 
Ceci  nous  amène  à  parler  des  cimetières.  Les  Juifs  étaient  d'abord  enterrés 
avec  les  chrétiens  dans  les  cimetières  paroissiaux  et  conventuels.  En  1710 
la  <•  S^edaca  »  acquit  un  cimetière  particulier  chez  les  Cordeliers,  en  1722 
un  autre  chez  les  Minimes.  Ce  n'est  qu'en  1724  que  les  Juifs  enrent  un 
cimelière  à  eux;  ils  achetèrent  un  autre  terrain  en  1764.  M.  C.  décrit  les 
inscriptions  tombales  les  plus  intéressantes  de  ces  deux  cimetières  ;  pour  la 
]>ublination  intégrale  qu'il  projette,  nous  lui  signalons  le  bel  ouvrage  de  Cas- 
tro, Keur  von  Grafs/eeiien...  (Levde,  1882;  cf.  Revue,  VIU,  292-3),  et 
Jl.  Grunvvald,  Portiif/ieseiigraher  aiif  deu/si-her  Erde  {MHinhnuyj,  1902),  qui 
fournissent  de  ])récieux  termes  de  comparaison  tant  pour  les  formules  que 
pour  les  emblèmes  héraldiques  (M.  C.  en  reproduit  quelques-uns  p.  124,  127, 
136:  nécessair,e  d'un  mohel).  Les  inscriptions  sont  généralement  en  espagnol, 
fpielques-unes  en  espagnol  et  en  français,  mais  depuis  1760  seulement.  L'exa- 
men de  la  langue  montre  que  «  vers  le  milieu  du  xviii»  siècle  ou  commen- 
çait assurément  à  ne  plus  bien  savoir  l'espagnol  »  (p.  127)  ;  la  dernière  in- 
scription espagnole  est  de  1834  (p.  lo2).  Quant  au  portugais,  M.  C.  n'a  relevé, 
sur  trois  cents  inscriptions,  que  deux  rédigées  en  cette  langue,  l'une  de  1762, 
l'autre  de  1768  (p.  12o).  —  Aujourd'hui  on  ne  trouve  plus  que  des  traces  du 
parler  espagnol  ou  portugais  dans  la  bouche  des  Bordelais  juifs  ;  depuis 
1748  les  procès-verbaux  des  délibérations  étaient  rédigés  en  français  (mais 
quel  français  I  ).  M.  C.  passe  en  revue  ces  vestiges  linguistiques  ;  de  phrases 
entières,  il  n'en  reste,  comme  il  est  naturel,  que  dans  la  liturgie  ;  ce  sont  des 
formules  qui  peuvent  remonter  au  séjour  en  Espagne.  On  y  notera  donc  des 
termes  archaïques,  mais  aussi  des  formes  francisées  ;  l'o  final  atone  devient 
e  muet.  Les  mots  espagnols  de  la  langue  courante  sont  encore  assez  nombreux 
et  .M.  C.  remarque  <(ue  beaucoup  <■  ont  un  sens  dépréciatif  »  (p.  18).  Ce  n'est 
]ias  assez  dire  :  presque  tous  sont  des  (lunlibets  ou  des  injures,  de  ces  mots 
drus  et  crus  (|u'on  ne  trouve  pas  dans  la  langue  polie  et  qu'on  cherche  dans 
l'idiome  paUrncI,  comme  Montaigne  dans  le  gascon  et  Napoléon  dans  le  corse. 
Les  termes  portugais  sont  plus  rares  et  encoie  peut-on  se  demander  si  un 
terme  comme  esimga  (p.  17)  est  spécial  à  celte  langue. 

Les  recherches  de  M,  C.  sont  menées  avec  soin  etsiireté  ;  les  remarques  de 
détail  (|ue  nous  avons  à  présenter  se  rapportent  généralement  aux  choses 
juives,  où  des  ericurs  sont  excusables  de  sa  part.  1*.  3.  n.  1,  du  livre  de  Pulido 
on  peut  rapprocher  celui,  de  même  inspiration,  de  iiensasson.  Expana  y  sus 
/lijox  de  Oriente  (Alicante,  1906)  :  ji.  4,  de  uieldu  (cf.  Kavserling.  Rihlio- 
Irca,  11.  xviii)  on  ne  peut  séparer  ?H/'fl7/(/<?;',  <\m  s'emjiloie  dans  le  même  sens 
chez  les  Juifs  frani-ais  au  mnven  Age  (Revue,  I,  261  ;  11,  206,  2.'il  :  \I.  27s  : 
Mil,  197)  ;  p.  .'i,  quelle  lecture  de  la  loi  est  faite  le  iiremier  soir  de  l'eiile- 
cùte  ?  p.  8,  lire  scinnnniasch  ;  p.  17,  la  lecture  (de  la  Haggada)  ne  se  fait  pas 


BIBLIOGRAPHIE  303 

à  la  synagogue,  mais  à  la  maison;  p.  32.  pourquoi  pas  Tibériade  ?  p.  i"^,  des 
flettes  «  nationales  »  sont  des  dettes  de  la  Nation,  c.  à.  d.  de  la  communauté  : 
p.  44,  il  aurait  fallu  dire  ce  que  c'est,  ce  eertilicat  de  civisme  (qui  a  été  im- 
IMimé,  voir  Hevue.  XXV,  110,  n.  Il  :  une  commission  de  police  (cf.  L. 
Kalin,  llisliiire  de  la  communauté  de  l'iuis,  39,  et  Revue.  XXIII,  94)  ;  sur 
l'iodrigues  Pereyre  m  question  (p.  iti,  u.  ."il,  voir  aussi  F.  Hément.  .].  R.  Pé- 
reire,  Paris  1875:  p.  73,  n.  2.  sur  le  contlit  entre  le  rabi)iii  le  Hambourg  et 
relui  de  Bordeaux  touchant  le  vin  cdsclier.  voir  Graetz,  Monalsschrif't,  XXI V, 
•iG0-'J62,  qui  incrimine  naturellement  Eibescliiitz;  celui-ci  pouvait  être  fondé, 
à  son  point  de  vue,  à  suspecter  les  Bordelais  dMnsu!fisance  de  rigorisme  ; 
p.  77,  les  kkldiiuscliin  ne  sont  pas  des  liançailles  et  engagent  l'artout;  p.  80, 
le  rabbin  n'a  jamais  mi  un  rùle  plus  actif  qu'aujourd'hui  à  la  synagogue  ; 
p.  149,  le  mémoire  pour  les  Juifs  est  imprimé  aussi  à  |iart  :  p.  l(i-),166,  sous 
est  une  plaisante  traduction  pour  TiT  :  le  contrat  devant  notaire  n'est  pas  la 
keliiuba  et  les  200  «  sous  »  ne  sont  pas  lemis  le  jour  du  mariage,  mais  consti- 
tuent le  douaire  promis  ;  p.  Iti'J,  David  Athias  signe  «  sy  devant  Rabin  » 
parce  (juc  la  Terreur  est  à  peine  passée  et  qu'il  craint  d'être  accusé  d'usurpa- 
tion de  fouctious,  mais  il  continuait  à  exercer  ses  fonctions  iiastmales  ;  p.  19."), 
us(7ia/e»i  signifie  «  parfait,  intégre  »,  non  «  sage  »;  ib..  lire  p.  178  pour  283. 
Ce  volume  s'annonce  comme  une  «  première  partie  ».  L'auteur  a  commencé 
depuis  une  nouvelle  série  d'articles.  Les  Juifs  de  Uordeuu.v,  leur  siluation 
morale  et  sociale  de  Iô5()  à  la  Re'volulion,  dans  la  Revue  hislarique  de 
Bordeaux,  U  (1909),  3G8  et  s.  Nous  lui  recommandons  de  ne  pas  négli^?er  le 
côté  économique  et  de  généraliser  les  recherches  consacrées  par  J.  de  Mau- 
passant,  dans  la  même  revue,  à  l'armateur  Abraham  Gradis. 

Claiik  ^Ch.  l'.).   Some  Itala  fragments    in   Verona.   Roprinted  froiii    tlie 

Transactions  of  the  Conncctieut  Academy  of  Arts  and  Sciences,  vol.  XV, 

Jiily,  1909  ;  in-S»  de  14  p.,  1  planclie. 

Publie  (juatie  fragments  de  l'Ilala  siii'  l'A.  T. 
C.i.AY  (Albert  T.).   Amiirni   tlic   liomc  of  tho  northern   Scniiles.    A  sliidy 

sliowint;  thaï  the  religion  and  iitltiire  of  Israël  are   not  of  Mabylonian 

origiii.  Philadelphie,  Siiiiday  Sciiool  Times  Comp.,  1909;  in-.S>'de  217  p. 

I).  1,2;'». 
CoBLEN/,   (F.).    Lehrhiich   der  jiidischén   lieligion.    2.   nenhcarb.   .\iinage. 

Leipzig,  Quelle  und  .Meyer.  1909  :   in -S"  de  123  p.  M.  1,2;;. 
Cohen  ^H.).  Die  Bedeutnng  des  .hidcntiims   fiir  den  religiiisen   Fortschrill 

der  Menschlieit.  Vorfrag.  Uerlin-SciiOnelierg,  Prolestanlischer  Sciiriftcn- 

vcrlrieb,  1910  ;  iii-8°  de  17  p.  M.  0,00. 

Conférence  faite  au  cini|uième  Congrès  int'Miiational  du  cjn  i>tiaMisine  libre 
et  du  proui-es  religieux. 

OoiiK.N  .1.).  Israël  in  Italien.  Kiiidrinkc  und  Krlcbnisse.  12  Skizzen.  Ansdem 
Englischen  von  N.  I>\nktii.  Herlin.  i.amm,  I90'.t  ;  in-S'Mlc  m  j-  1 1 1  p.  M.  2. 

CoLLMANN  (S.  M.;,  .lews  in  ar(.    Cincinnati,  S.  liacharach,  l'MO.  I).  1,50. 

(".0I.0MI50  S.).  Il  Cantico  dei  Cantici.  .Scnso  proprio  o  lignralo  i  Livoorno. 
imprimerie  Belforte.  1909  ;  in-IG"  de  3:;  p. 

CoNDKK  (C.  R.).  The  city  of  Jérusalem.  Londres,  Miirray,  1909;  in-S»  de 
7142  p.  12  s. 

CoRNAERT  (V.).  Concordantiae  librorum  Veteris  et.Novi  Testamenti  Domini 


304  REVUE  DES   ÉTUDES  JUIVES 

nostii  Jesu  Cliristi  jiixUi  vulgalam  edilionem.  Amsterdam,  C.  L.  van 
Langenhiiysen,  1909  ;  in-S"  de  4  +  028  p.  3  ïr.  lo. 
CoRNKLY  (Le  P.  I{.).  Historicae  et  criticae  introductionis  in  u  triiis(ine] 
T  [estamenti]  libres  sacros  compendiiim,  s.  theologiac  aiiditoribns 
accomodatum.  6®  édition,  revue  par  M.  Hagen.  Paris,  Lethielleux,  1909  ; 
in-S"  de  xv  +  712  p. 

CoRNÉLY  (R.).Gommentariusin  Librnni  Sapientiae.  Opus  poslliiinium  odidit 
F.  ZoRELL.  Paris.  Lethielleux,  t910  ;  in-8*  de  iv-f  614  p.  12  fr.  ^:ursus 
Scripturae  Sacrae  auctoribus  il.  Cornély,  I.  Knabenbauer,  Fr.  de  Hiirn- 
melauer  aliisque  Soc.  Jesu  presbyteris.  Commentariorum  in  Vct.  Test. 
Pars  II  :  in  Libros  Didacticos.  V  :  Liber  Sapientiae. 

CoLBh;  iS.).  Ames  juives.  Paris.  Lethielleux  [1909]  ;  in-S»  dexvii-|-389  p. 

Extraits  de  la  pi'éface  :  cf  Dans  ces  pages,  j'ai  voulu  exposer  les  origines 
(le  la  haine  juive  conlre  le  Christ  et  les  chrétiens,  et  spécialement  la  forme 
aiitieucharistique  que  cette  haine  a  souvent  revêtue  »  fp.  xliv\  Jésus  "  se 
survit  ici-bas  de  doux  manières  :  sacramentellement,  dans  lEucliaiistie.  et 
moralement,  dans  Tànie  des  justes  »  (p.  xxxivi.  Donc.  1°  "  la  race  juive  s"est 
fait  une  spécialité  de  profaner  les  hosties...  On  pourrait  citer  des  centaines  de 
sacrilèges  de  ce  genre.  L'un  d'eux  est  bien  connu,  c'est  celui  desBillettes,  qui  eut 
lieu  à  Paris  sous  Philippe-le-Bel  en  1-290...  Ce  miracle  se  célèbre  ;?^.  encore 
chaque  année  en  l'église  Saint-Jean-Saint-François,  k  Paris  »  (p.  xxxv-xxxvi). 
2°  Le  «  Juif  talmudique  »  «  cherche  à  tuer  Jésus  en  tuant  dans  ses  disciples 
la  foi.  la  i)ureté,  toute  voitu,  en  les  amenant  à  l'apostasie  . .  U  vilijiende  le 
clergé.  H  crache  sur  la  Papauté  dans  les  jnurnaux  qu'il  dirige  ou  qu'il  com- 
mandite... Parfois  la  scélératesse  va  plus  loin.  Elle  lue  le  chrétien  et  jiarticu- 
lièrement  l'enfant  chrétien.  . .  Il  faut  l'incroyable  aplomb  du  talmudiste  et  du 
fiaiic-maçon,  ou  l'incorrigible  ignorance  de  certains  chrétiens  pour  oser  nier 
le  meurtre  rituel...  Les  meurtres  rituels  contiiuient.  Ceux  de  Damasen  1840, 
de  Tisza-Kszlar  (Hongrie)  en  18S2,  de  Polna  (liohèmei  en  I89Î).  juridiquement 
prouvés  dans  des  procès  retentissants,  montrent  que  le  Moloch  du  Talinud.  <iui 
ii'i'st  autre  que  Satan,  est  toujours  avide  de  sang  chi'étien  »  (p.  xx.mx-xliv:. 
J'iiur  illuslrrr  cela,  l'auteur,  dans  cette  espèce  de  roman  histiirii|ue,  décrit  une 
profanation  d'hostie  (chap.  i.xxvii  it  un  nii'urtre  rituel  (cliap.  i.xxixl  ;  les 
si-cnes  se  passent  jieu  ajtrès  la  mort  île  Jésus  et  les  coupables  sont  une  jiytho- 
nisseetuii  marchand  de  l»l(-  ijui,  a  cause  de  Jésus,  ne  peut  plus  "  régner  par 
le  pain  ».  Cet  ouvrage,  tel  que  le  venin  cliTiiMl  en  distille  chacpie  année,  tire 
sa  gravité  de  la  personnalité  de  l'auteui-,  qui  est  un  piètre. 

(A  suivre.)  .M.  Liiîkk. 


SiuAiK  (IleriiianM  L.  .  Jesus.  die  Hâretiker  u.  die  Christen  nach  den 
âltesten  jiidischen  Angaben.  Texte.  Leherseiznng  u.  Krhuiteruiigeii. 
Leilizig.  J.  ('..  Ilinrichs,  l!i!()  :  in-S"  de  S8  +  40  p.  ^Schririen  des  Institntum 
Juijaii-iim   in   Hi  iljii   N"  :î",. 

Jlahi'iil  si((i  l'dUi  liliclti,  U'Talmud  aussi.  Les  théologiens  clHM'tiens  du 
ino\en  âge  l'ont  condainiic  aux  llainiucs  pdiir  ses  Masphéuios  conlre 
Jésus;  les  (hécthigicns  chrcliens  (i'aujtxird'hiii  ra|ip('lli'iil  à  la  rescousse 
pour  allcstcr  la  n'alité  de  l'cxistcni'c  de  .Icsiis.    haiis  la  conlrdvcrsc  sou- 


BIBLIOGRAPHIE  305 

levée  par  Drews,  le  livre  satanique  des  rabbins  est  un  dos  appuis  les  plus 
solides  de  l'opinion  traditionnelle.  Ceux  qui  lui  attachent  ce  prix,  ne 
s'abusent-ils  pas?  J'ai  déjà  dit  mon  sentiment  sur  ce  point'.  En  tout  cas,  on 
comprend  que  ceux  qui  tiennent  à  l'historicité  des  Évangiles  s'ingénient  à 
exploiter  les  dires  des  Juifs  des  premiers  siècles  sur  la  personne  de  Jésus, 
ses  disciples,  son  enseignement  et  l'origine  de  la  nouvelle  religion.  Nom- 
breuses sont  déjà  les  monographies  consacrées  à  ce  sujet.  Lapins  récente, 
et  certainement  la  meilleure,  est  celle  que  vient  de  publier  M.  H.-L.  Strack. 

La  signature  de  l'auteur  est  déjà  le  garant  des  qualités  qu'on  y  prisera  : 
avant  tout,  un  classement  méthodique  des  matériaux,  une  érudition  solide 
qui  ne  prétend  pas  en  imposer,  une  richesse  d'informations  condensées 
sous  le  plus  petit  format,  une  science  philologique  attestée  par  de  nom- 
breuses productions  justement  appréciées,  une  impartialité  peu  commune 
que  l'horreur  du  préjugé  pousse  parfois  à  l'apologétique.  En  un  temps 
où  les  savants  qui  étudient  les  origines  du  christianisme  perdent  vite  le 
sang-froid  et  se  croient  tenus  envers  une  œuvre  juive  à  une  sévérité 
implacable,  il  faut  admirer  le  courage  dont  fait  montre  M.  S.  pour  rester 
fidèle  à  sa  conception  de  la  science,  au  risque  et  avec  l'assurance  de 
s'attirer  la  méfiance  et  la  haine.  M.  S.  nous  a  habitués  à  cette  fermeté  et 
à  cette  haute  tenue  :  le  présent  opuscule  renchérit  encore  sur  ses  devan- 
ciers. Aussi  ne  s'étonnera-t-on  pas  que  nous  l'examinions  avec  soin,  en 
le  critiquant  à  l'occasion  ;  nos  menues  remarques  témoigneront  à  l'au- 
teur et  au  lecteur  du  cas  que  nous  faisons  de  ce  petit  ouvrage. 

Il  débute  par  une  bibliographie  qui  n'a  pas  la  prétention  d'être  complète, 
mais  qui  réunit  l'essentiel,  ce  qui  n'est  déjà  pas  banal.  Ces  longues  listes 
de  livres  et  d'articles  par  lesquelles  commencent  aujourd'hui  les  études 
qui  veulent  se  donner  un  air  scientifique  et  où  voisinent  les  élucubra- 
tions  les  plus  niaises  et  les  études  les  plus  sérieuses,  attestent  le  plus 
souvent  moins  le  scrupule  du  savant  que  le  bluff  de  l'amateur,  qui  copie 
simplement  des  titres,  incapable  de  discerner  le  bon  grain  de  l'ivraie. 
Parmi  les  auteurs  juifs  qui  auraient  mérité  d'être  cités,  il  faut  mentionner 
Joseph  Derenbourg,  Essai  sui'  l'histoire  et  la  géographie  de  la  Palestine, 
p.  468  et  suiv.,  et  Schorr,  qui  a  beaucoup  —  et  même  trop  —  écrit  sur  la 
niatière  dans  son  Halouç  i.\,  32  et  suiv.). 

Le  chapitre  qui  suit  est  une  innovation  très  heureuse  ;  il  rassemble 
toutes  les  assertions  relatives  à  Jésus  mises  par  les  premiers  écrivains 
chrétiens  dans  la  bouche  des  Juifs;  ces  auteurs  sont  Justin  Martyr,  le 
martyr  Pionius  (250),  Origène,  Eusèbe,  Kpiphane,  Andréas,  archcvèciue  de 
Crète  (fin  du  vue  siècle),  Jean  Damascène,  le  moine  Epiphane  —  pour  les 
Grecs  —,  Tertullien,  Agobard  et  Amolon  —  pour  les  Latins.  A  l'étudiant, 
auquel  est  destiné  le  petit  Manuel  de  M.  S.,  de  faire  la  critique  de  ces 
témoignages  et  de  déterminer  la  part  de  réalité  qu'ils  retlèteut. 

Après  ces  préliminaires  vient  la  partie  essentielle  de  l'ouvrage,  qui  veut 
être  la  réunion  de  tous  les  textes  du  Talmud  et  du  Midrasch  ayant  trait  à 

1.  Rei'ue  de  ihisloire  des  RelKjions,  t.  Ll  (1905),  p.  407. 

T.  lAll,  N»  124.  20 


306  REVUE   DES   ETUDES  JUIVES 

Jésus  et  au  christianisme,  textes  accompagnes  d'une  traduction  et  d'un 
commentaire. 

Les  textes  sont  présentés  avec  un  appareil  scientifique  réservé  jusqu'ici 
aux  monuments  de  la  littérature  classique.  La  leçon  est  établie  d'après 
les  meilleurs  manuscrits  et  éditions,  et  les  variantes  sont  enregistrées 
avec  un  soin  méticuleux.  Mèrne  scrupule  dans  la  réunion  des  passages, 
dont  plusieurs,  à  notre  avis,  n'avaient  pas  droit  à  figurer  dans  la  collection. 
La  traduction,  comme  on  devait  s'y  attendre,  est  excellente  et  ne  prête 
qu'à  de  rares  critiques.  Les  notes,  réduites  à  leur  plus  simple  expression., 
disent  l'essentiel  et  parfois  proposent,  sans  en  avoir  l'air,  des  solutions 
nouvelles  et  ingénieuses. 

Voici  quelques  remarques  faites  au  courant  de  la  lecture  de  cet  excellent 
Manuel. 

P.  18.  l\23"',  nom  de  Jésus  dans  le  Talmud,  serait  une  altération  analogue 
à  celle  de  153  133',  pour  123  nay  ;  on  aurait  supprimé  Vayiii  final,  qui 
donne  à  ce  mot  le  sens  de  sauveur.  Je  croirais  plutôt  que  cette  forme  est 
la  reproduction  phonétique  du  nom  tel  que  les  Juifs  l'entendaient 
prononcer. 

fbid.  Si  Oulla,  rabbin  babylonien  du  iv^  siècle,  discutant  à  propos  de 
Jésus,  dit  de  celui-ci  qu'il  était  imsbwb  m"ip  «  proche  parent  du  César» 
littéralement  «  empire  »,  ou  de  ses  familiers,  c'est  peut-être  parce  qu'on 
a  interprété  de  cette  façon  le  refus  de  Pilate  d'exécuter  Jésus  (Jean,  18,  38 
et  suiv.).  Ce  serait  dans  le  même  esprit  que  Masséchet  Sofcrim,  13,  6, 
ferait  du  procurateur  un  ancêtre  du  fondateur  du  christianisme.  L'expli- 
cation est  assurément  plus  ingénieuse  que  celle  de  M.  Herford,  qui  voit 
dans  ces  paroles  étranges  le  souvenir  de  l'insistance  avec  laquelle  Jésus 
parle  du  «  royaume  »,  et  que  celle  de  M.  S.  Krauss,  qui  complète 
«  royaume  *  par  «  David  »,  Oulla  admettant  que  Jésus  appartenait  à  la  race 
davidique.  Mais  cette  interprétation  me  paraît  provenir  d'un  contre-sens 
historique  :  on  prend  ces  propos  en  l'air  pour  des  réminiscences  de  lectures 
ou  de  traditions.  L'ensemble  des  textes  qui  nous  ont  conservé  les  opinions 
de  cette  époque  révèle  sans  contredit  que  les  Juifs  se  sont  bornés  à  défi- 
gurer volontairement  ou  à  leur  insu  les  bribes  des  Évangiles  qui  parve- 
naient à  leurs  oreilles.  Il  n'y  a  donc  pas  déraison  de  croire  qu'ils  aient  lu 
l'Evangile  de  Jean.  Si  en  la  circonstance,  pour  expliquer  que  Jésus  a  été 
tiaité  avec  une  faveur  particulière,  Oulla  imagine  que  cet  hérétique 
approchait  des  Césars,  c'est  qu'il  projette  dans  le  passé  la  situation  des 
chrétiens  de  son  temps,  bien  vus  par  les  autorités  romaines. 

Le  point  de  vue  auquel  nous  nous  plaçons  aurait-il  besoin  dèlre 
confirmé,  qu'il  le  serait  par  la  baraita  qui  provoipie  la  réponse  d'OuUa 
D'après  ce  texte,  ce  seraient  les  Juifs  qui  auraient  exécuté  Jésus,  après 
l'avoir  jugé  selon  les  règles  et  même  en  faisant  fléchir  la  rigueur  de  la 
loi.  11  est  visible  que  cette  baraita  est  l'écho  du  dire  que  les  Juifs  de 
Palestine  avaient  accepté  des  chrétiens,  avec  h'  défaut  desprit  criti([ue 
qui  caractérise  ces  temps.  S'ils  avaient  connu  directement  les  Évangiles, 
ils  auraient  laissé  aux  Romains  la  responsabilité  de  l'exécution.  Evidem- 


BIBLIOGRAPHIE  307 

ment  ils  parlent  comme  des  gens  qui  ont  entendu  raconter  que  Jésus  a 
ét<''  pendu  du  lait  des  Juifs.  On  n'ira  pas,  je  pense,  jusqu'à  supposer  que  la 
baraïta  a  gardé  un  souvenir  exact  des  événements,  déjà  déformés  dans 
les  Évangiles:  il  eût  été  trop  utile  aux  rédacteurs  du  Nouveau  Testament 
de  décharger  les  Romains,  qu'on  voulait  gagner,  du  poids  de  celte  exé- 
cution pour  la  laisser  tout  entière  aux  Juifs,  qu'il  fallait  noircir  à  tout  prix. 
P.  20.  M.  S.  admet  l'historicité  de  la  scène  entre  Imma  Schalom  et  un 
chrétien  dont  nous  nous  sommes  déjà  occupé  ici  *.  Nous  avons  dit  notre 
sentiment  sur  ce  pseudo-dialogue,  qui  doit  tout  simplement  prouver  la 
malice  des  Juifs, 

P.  21.  Pour  M.  S.,  le  nom  de  Pantéra  était  un  surnom  de  Joseph.  Il  se 
trouve  d'ailleui's  dans  des  inscriptions.  Il  est  à  remarquer,  en  effet,  qu'il 
apparait  de  bonne  heure,  comme  en  témoigne  Celse,  et  qu'il  n'était  pas 
une  injure  dans  la  bouche  des  Juifs,  ainsi  que  le  montre  Eusèbe. 

P.  27.  C'est  très  justement  que  M.  S.  se  refuse  à  croire  que  le  rouleau 
généalogique  censément  retrouvé  à  Jérusalem  par  Simon  b.  Azzaï  et  qui 
attesterait  l'origine  irrégulière  de  «  cet  homme  »  vise  nécessairement 
Jésus.  Mais  pourquoi  estimc-t-il  nécessaire  de  reproduire  à  la  suite  le 
texte  de  Kalla  (composition  post-talmudique)  qui,  s'il  se  rapporte  à 
Jésus,  appartient  à  la  littérature  des  Toldoi  Yéschou,  tenus  avec  raison 
en  dehors  du  débat? 

P.  28.  A  propos  de  Ben  Sotada.  M.  S.  reprend  à  son  insu  l'hypothèse  de 
Joseph  Derenbourg,  à  savoir  que  ce  n'est  aucunement  le  Jésus  des  Evan- 
giles. Que  si  l'on  fait  mourir  à  Pàque  cet  agitateur,  c'est  tardivement,  à 
une  époque  où  l'on  identifiait  déjà  Ben  Sotada  avec  Jésus. 

P.  43.  A  propos  de  Balaam,  U.  Yohanan.  pour  expliquer  que  rÉcrilurc 
l'appelle  tantôt  un  prophète,  tantôt  un  sorcier,  résoud  la  difficulté  en 
disant  qu'il  fut  d'abord  prophète,  n)ais  qu'il  devint  ensuite  sorcier.  Là- 
dessus  Uah  Papa  dit  :  «  C'est  l>ien  là  <'e  que  dit  le  proverbe  :  «  KUe  des- 
cendait de  princes  et  de  seigneurs  et  elle  forniqua  avec  des  diarpenliers.  » 
M.  S,  croit,  comme  ses  devanciers,  (jue  Balaam  est  ici  Jésus  et  que  Bab 
Papa  pense  a  Marie,  La  première  supposition  i!St  sujette  à  caution,  car 
Yohanan  peut  n'avoir  fait  ici  qu'un  de  ces  exercices  excgcliques  comme  il 
s'en  rencontre  des  centaines  dans  le  Midrasch .  Quant  à  la  seconde,  elle 
me  paraît  fondée  sur  l'ignorance  du  caractère  de  Rab  Papa.  Tous  les 
talmiidistes  savent  que  ce  rabbin  babylonien  a  la  manie  de  citer  des 
proverbes  à  tort  et  à  travers.  Or,  entendant  le  propos  tenu  par  Yohanan, 
il  ne  manque  pas  de  se  rappeler  (junn  proverbe  dit  quelque  chose 
d'approchant,  à  savoir  que  les  grands  font  parfois  des  chutes  imprévues, 
(}uc  des  princesses  issues  de  bonne  famille  roulent  parfois  jusqu'aux 
pires  bas-fonds  de  la  société.  L'analogie  porte  uniquement  sur  la  triste 
aventure  du  prophète  et  celle  de  la  princesse.  Où  voit-on  qu'il  soit 
question  en  tout  cela  de  la  mère  de  Jésus  ?  Qu'on  ne  dise  pas  que  Papa, 
identifiant  Balaam  avec  Jésus,  s'est  rappelé  et  a  voulu  rappeler  l'accusation 

1.  Revue,  t.  L\I.  p.  147. 


308  HEVUIi   DES   ETUDES  JUIVES 

portée  contre  Marie,  car  le  mots  ■'C;;"'N  "'"i^st  is-^-^n,  «  c'est  là  ce  que  dit 
le  proverbe  populaire  »,  ont  toujours  uniquement  pour  objet  de  corro- 
borer ce  qui  vient  d'être  dit.  Ce  n'est  donc  pas  un  trait  nouveau  que  ce 
rabbin  veut  rapporter.  En  outre,  ces  proverbes  populaires  sont,  à 
quelques  exceptions  près,  des  proverbes  païens.  On  croira  difficilement 
que  les  païens  delà  Babylonie  s'occupaient  de  la  mère  de  Jésus. 

P.  45.  M.  S.  a  jugé  utile  de  relever  une  curieuse  généalogie  d'Aman, 
donnée  tout  à  la  fois  par  Masséchet  Soferim  et  les  deux  Targoum  d'Esther. 
et  dans  laquelle  figurerait  Jésus  sous  la  forme  Josos  ou  Josim.  C'est  un 
scrupule  excessif,  d'autant  plus  que  ces  textes  sont  d'une  époque  tardive. 

P.  57.  Dans  le  chapitre  consacré  aux  Minim,  M.  S.  ne  manque  pas  de 
citer  la  fameuse  Tossefta  de  Sanhédrin,  xiu,  4-5,  qui  débute  par  ces  mots  : 
B"^:nT':i  DDnisb  i-in-iT»  ]D"i33  Qbiyn  m73iN  •^^'irim  icnan  ^N-nr*'  "^ycz 
asrr'jjT  v\-\'::'3  "jd-ist  n'-:^  "jmos:  "cnn  ■^'oy  a-^ro  -in^'^n  u:nn  ncr  n-'vc  nn 
. .  -inabiD.  Il  traduit  ainsi  cette  phrase  :  «  Les  pécheurs  Israélites  et  païens 
descendent  avec  leur  corps  dans  la  Géhenne,  où  ils  sont  punis  pendant 
douze  mois.  Mais  ensuite  leur  âme  est  détruite,  leur  corps  brûlé  et  la 
(iéhenne  les  rejette. . .  »  Il  est  étonnant  qu'un  grammairien  comme  M.  S. 
ait  réédité  l'erreur  courante  en  rapportant  lDi:ia  à  l'^-s-iT'.  C'est  abso- 
lument contraire  aux  règles  de  la  syntaxe.  Il  n'y  a  pas  le  moindre  doute 
que  ce  mot  ne  soit  un  complément  déterminatif  de  D'^yoïs  et  que  cela  ne 
signifie  :  «ceux  qui  pèchent  par  leur  corps  »,  par  opposition  à  ceux  qui 
pèchent  par  leur  argent  QD173733.  Que  voulait-on  dire  par  là,  d'ailleurs? 
Le  Talmud  déjà  ne  le  savait  plus.  Expliquant  la  suite  du  passage,  M.  S. 
met  en  relation  avec  Jésus  ces  mots  bi3T3  D~"'T'  iCJ'CDCn  «  et  ceux  qui 
ont  porté  la  main  sur  le  Zeboul  »  {=^  Temple).  On  aurait  en  vue  les  paroles 
de  Jésus  :  «  Je  puis  détruire  le  Temple  en  trois  jours.  »  Ici  encore,  comme 
M.  Herford,  l'auteur  me  parait  s'être  laissé  entraîner  par  la  préoccupation 
de  trouver  à  toute  force  dans  le  Talmud  des  allusions  à  Jésus  ou  au 
christianisme.  En  réalité,  ceux  qui  sont  coupables  de  ce  crime,  ce  sont  les 
Romains,  qui  ont  détruit  le  Temple.  Et  ce  qui  le  prouve,  ce  sont  les  mois 
qui  [)r('cèdent  :  D'^'nn  Vnî<3  DDTin  n2n;u;i«et  ceux  qui  ont  fait  régner  la 
terreur  dans  la  terre  des  vivants  »;  ces  mots  sont  empruntés  à  Ezéchiel,  32, 
24,  où  ils  désignent  différents  peuples  étrangers,  dont  Edom  (=  Rome).  On 
remarquera  la  forme  insolite  de  ces  deux  propositions  :  on  n'a  pas 
couliunc  dans  la  Tossefta  ni  dans  la  Mischna  d'employer  des  images 
bibliques.  Vraisemblablement,  on  a  voulu  ainsi  n'être  pas  compris  des 
intéressés.  On  objectera  peut-être  qu'il  est  singulier  que  le  paragraphe, 
s'occupant  uniquement  des  ennemis  intérieurs  d'Israël,  se  termine  par 
la  mention  des  Romains.  Ce  serait  ne  pas  reconnaître  la  portée  du 
deuxième  membre  de  la  phrase  qui  figure  au  déluit  de  la  baraïta  :  «  et  les 
païens  (\u\  pèchent  en  leur  corps  ».  Il  y  a  un  parallélisme  con)plet  entre 
les  deux  parties  du  paragraphe  :  Aux  pires  pécheurs  juifs  s'opposent  les 
sectaires,  délateurs  et  corrupteurs  juifs,  qui  seront  traités  avec  plus  de 
rigueur  encore.  Pareillement  en  regard  des  pires  pécheurs  païens,  qui 
seront  punis  seulement  pendant  douze  mois,  sont  les  Romains,  qui.  eux. 


BIBLIOGRAPHIE  309 

seront  éternellement  damnés  pour  avoir  attenté  à  la  sainteté  du  Temple. 
Ces  léijères  critiques  ne  doivent  pas  donner  le  chanice  sur  Testime  dans 
laquelle  nous  tenons  la  monoîi,raphie  de  M.  S.  A  notre  avis,  il  était 
impossible  dètre  plus  complet,  plus  exact  et  mieux  informé.  Il  faut  louer 
sans  réserve  la  maîtrise  que  déploie  l'auteur  dans  ces  sortes  de  Manuels  à 
l'usage,  non  pas  seulement  des  étudiants,  mais  encore,  et  même  plus,  des 
savants. 

IsHAF.L    1>KVI. 


Religionswissenschaftliche  Bibliothek.  Ilerausgefreben  von  Wilhelm 
Streitberg  und  Richard  Wûnsch.  Heidelberij.  Winter.  —  I.  Ignaz  (Ioluziheh. 
'Vorlesungen  ûber  den  Islam.  1910.  II.  Heinrich  Gjintkk.  Die  christ- 
liche  Légende  des  Abendlandes,  1910. 

[.a  fondation  d'une  bibliothèque  consacrée  aux  sciences  religieuses  ne 
peut  manquer  d'intéresser  notre  Revue.  Nous  rendrons  compte  plus  en 
détail  du  deuxième  volume.  Mais  déjà  le  premier  attire  notre  attention 
par  plus  d'un  motif.  Il  est  dû  à  M.  Goldziher,  et  il  y  est  question  fréquem- 
ment du  judaïsme. 

Négligeons  ce  qui  a  trait  aux  relations,  tant  de  fois  discutées,  de  Maho- 
met avec  les  Juifs  (V.  l'Index,  s.  v.  Juden,  Jûdischer  Einfluss).  Mais  pour 
l'histoire  postérieure  des  Juifs,  M.  Goldziher  nous  fournit  quelques 
données  significatives  qui  rendent  toutes  témoignage  de  l'esprit  de  tolé- 
rance de  l'Islam.  Déjà  Mahomet  prescrit  à  Muad  i.  Djebel  qu'aucun  Juif 
ne  doit  être  troublé  dans  son  judaïsme  (P.  38).  Fort  caractéristique  cette 
légende  sur  Omar  :  à  Damas,  on  montre  les  ruines  d'une  mosquée  que  le 
khalife  fit  détruire  parce  qu'elle  était  construite  sur  l'emplacement  d'une 
maison  que  le  gouverneur  avait  arrachée  à  un  Juif  (39;. 

Les  Mahométans  s'associaient  aux  Juifs  pour  des  affaires  :  par  là 
s'expliquent  les  consultations  rabbiniques  sur  ces  traités  de  compagnons 
(M.  (lOldziher,  p.  73,  renvoie  à  Louis  fiinzberg,  Geonka,  New-York,  1909, 
II,  186). 

La  tolérance  mahométane  s'est  manifestée  particulièrement  dans 
l'affaire  de  Maïmonide,  dénoncé  par  le  fanatique  Abd-uLArab  comme 
apostat  (revenu  au  judaïsme)  passible  de  mort.  Abdalrabim  b.  .\li,  «  al- 
Ivadi  al-fadil  »,  le  juge  éminent,  prononça  que  Maïmonide  ne  pouvait 
être  puni,  car  la  profession  de  foi  d'un  converti  à  l'islamisme  par  con- 
trainte est  sans  valeur.  (P.  70  renvoie  à  Kifti,  éd.  Lippert,  319,  16.) 

Voyons  le  rôle  de  la  Bible  dans  le  développement  de  l'islamisme,  en 
laissant  de  côté  l'emploi  que  Mahomet  en  fait.  On  sait  que  la  littérature 
mahométane  a  trouvé  dans  la  Bible  bien  des  choses  qui  lui  sont  absolu- 
ment étrangères.  La  Tora  aurait  proclamé  Mahomet  prophète  de  lutte 
et  de  guerre  (P.  22j.  Les  apologètes  sounniles  lisaient  dans  la  Bible 
l'annonce  de  la  mission  de  Mahomet,  les  schiites  les  preuves  pour  les 


310  REVUE  DES   ETUDES  JUIVES 

imams,  même  la  liste  de  ceux-ci;  un  descendant  juif  d'Aron  la  connaît 
par  le  livre  de  Haroun  (P.  260).  Celui-ci,  Haronn,  est  aussi  revêtu  d'un 
rôle  particulier  ;  c'était  à  lui  que  Dieu  avait  confié  la  grande  mission,  mais 
Moïse  la  lui  avait  perfidement  dérobée,  de  même  que  Mahomet  k  Ali, 
prétend  Al-Schalmagani  fP.  262). 

Ce  sont  surtout  les  nouvelles  sectes  qui  tâchent  de  s'autoriser  de  la 
Bible.  M.  Goldziher  a,  dans  cette  Revue  môme  (1904,  XLIX,  250),  montré 
que  «  les  apologètes  et  les  polémistes  de  l'Islam  consacraient,  dans  leurs 
ouvrages,  un  chapitre  spécial  a  l'indication  des  passages  bibliques  par 
lesquels  ils  démontrent  que  la  mission  de  leur  prophète  a  été  prédite.  » 
L'œuvre  récente  nous  en  offre  mainte  preuve.  La  secte  antinomiste  de 
rismailiyya  regarde  Adam,  Noé,  Abraham,  Moïse,  Jésus,  Mahomet  et  les 
imams  comme  des  émanations  de  lintelligence  cosmique*  (P.  249).  Le 
Babisme  développe  cette  idée  en  reconnaissant  dans  Mirza  Mohammed 
Ali  le  Bab,  la  porte  de  la  vérité,  la  parousie  de  Moïse  et  de  Jésus  (P.  296). 

Beha  Allah,  le  successeur  du  Bab,  a  mis  la  Bible  plus  richement  à  con- 
tribution (P.  302).  Lui  et  son  fils  Abbas  Effendi,  qui  s'était  établi  à  Accon 
au  pied  du  Carmcl,  avaient  attiré  beaucoup  de  Juifs  aussi.  Partout  où  ils 
rencontrent  dans  la  Bible  «  la  lumière  de  Jahvé  »,  ils  y  voient  proclamé 
que  Beha  Allah  paraîtra  pour  sauver  le  monde.  Ils  mettent  à  profit  ce  que 
lÉcriture  dit  du  Mont  Carmel.  Les  deux  mille  trois  cents  jours 'années)  de 
Daniel  \V\n,  14)  finissent,  selon  leurs  calculs,  en  1844,  année  où  Mirza 
Mohammed  Ali  se  manifesta  comme  Bab  (réalisant  la  prophétie  :  pnîtïT 
Tnpi).  Lors  de  l'avènement  du  fils  de  Beha  Allah,  cette  exégèse  fait  un 
pas  en  avant,  c'est  l'enfant  qui  nous  est  né,  le  fils  k  nous  accordé,  aux 
épaules  de  qui  la  dignité  de  prince  est  imposée  (Isaïe,  ix,  5)  *. 

Relevons  enfin  le  parallélisme  de  l'Islam  avec  le  judaïsme  que  M. Gold- 
ziher montre  à  chaque  étape  de  son  développement.  Coran  et  hadilh 
sont  entre  eux  comme  la  loi  écrite  et  la  loi  orale  (P.  41).  Le  hadith  se 
compose  de  halacha  et  de  aggada  P.  Vt  .  Dans  la  halacha  mahométane  il 
voit  aussi  érigé  en  principe  :  !:]"'n3'  NinTn  mD   P.  77j. 

Sur  la  tradition,  mêmes  conceptions  légendaires  dans  l'islam  que  dans 
le  judaïsme.  Un  hadith  fait  dire  à  Mahomet  :  tout  ce  qu'on  dira  de  bien, 
c'est  moi  qui  l'aurai  dit.  M.  Goldzilier  (p.  42)  en  rapproche  la  sentence  de 

1.  Déjà  Joinville  connaît  cette  ronception  mahométane:  les  schlites  croyaient,  nous 
rapporte-t-il,  que  l  àme  d'Abel  passa  en  Noé,  de  celui-ci  eu  Ahraham,  de  celui-ci  en 
.lésus  ;  c'est  ainsi  qu'il  faut  romprendrc  le  passage  cité  par  Kniil  Dieisbacli,  Der  Orient 
in  der  allfrunzônisrlien  Kreiizziir/slilterutur,  Breslau,  1901  (Diss.  ,  p.  12. 

■2.  M.  Goldziher  [Revue,  1904,  XLIX,  221)  cite  une  lettre  adressée  aux  Juifs  à 
convertir,  en  1887/8.  J'en  ai  une  entre  les  mains  plus  récente,  adressée  à  M.  le  grand- 
rabbin  Glidemann  et  à  tous  les  rabbins,  signée  par  Kliahu  (^-ohen,  nommé  Abdullali 
Khesr,  médecin  de  Téhéran,  datée  de  Vienne,  nov.  1906,  ou  Kisiew  56ti6,  imprimée  a 
Papa  en  Hongrie.  La  lettre  se  réfère  surtout  aux  livres  d'isaie  et  de  Daniel,  mais  elle 
est  parsemée  d'autres  citations  bibliques.  L'auteur  a  déjà  exhorté  une  fois  les  Juifs, 
mais  sans  succès  ;  s'il  échoue  cette  seconde  fois  aussi,  il  les  confondra  comme  Joseph 
les  interprètes  de  songes,  comme  Moïse  les  magiciens  de  Pharaon,  comme  Klie  au 
Carmel  les  idolâtres,  comme  Daniel  les  thaumaturges  babyloniens. 


BIBLIOGRAPHIE  311 

il.  Josué  b.  Lévi  (Yer.  Haf/uiga,  i,  8,  p.  76  d.)  p^-m  Ti^bn'»:;  r,i2  ib^zn 
■^ron  r!'07:b  -iwn:  naD  mm-b  tti^?.  «Tout ce  qu'un  disciple  subtil  pourra 
enseigner  a  été  dit  à  Moïse  sur  le  Sinaï  ».  La  croyance  juive  que  dans  les 
discussions  des  sages  l'un  et  l'autre  parti  exprime  les  paroles  du  Dieu 
vivant  se  retrouve  dans  l'islam  (P.  73,  n.  4).  Les  discussions  halachiques 
que  l'aggada  fait  remonter  jusqu'au  ciel  et  à  Dieu  même  trouvent  aussi 
leur  analogue  dans  la  pensée  mahométane.  Un  recueil  célèbre  de  tradi- 
tions, le  Musnad  Ahmed,  fait  disputer  la  société  céleste  sur  des  questions 
théologiques  (P.  124,  n.  1,  23). 

Comme  les  mystiques  juifs  ont  calculé  le  terme  où  le  Messie  doit  arri- 
ver, de  même  confis  et  schiites  s'efforcent  de  fixer  la  date  où  limàm 
caché  apparaîtra.  Ces  efforts  furent  sévèrement  jugés,  de  même  que  les 
D"'i:p  "nM^nr  ont  subi  l'anatbème  (P.  229). 

Quelquefois  M.  Goldziher  repousse  des  prétendues  analogies  de  lislam 
avec  le  judaïsme.  On  aime  à  comparer  les  schiites  aux  Caraïtes;  c'est  une 
grave  erreur,  les  schiites  ne  nient  pas  la  tradition,  ils  lui  reconnaissent 
une  valeur  supérieure  au  «  consensus  ecclesiae  »,  mais  ils  la  renouent  à 
l'imàm.  P.  Lortet  voulait  reconnaître  dans  les  minuties  intolérantes  des 
schiites  «  les  pratiques  de  l'ancien  judaïsme  ».  M.  Goldziher  déclare  ce 
jugement  absurde  iP.  276,  n.  IS). 

#*« 

En  présentant  la  légende  chrétienne  de  l'Occident  dans  son  ensemble  et 
dans  son  évolution,  M.  Gunter  éclaircit  le  genre  même  et  particulièrement 
aussi  l'aggada.  Remontant  aux  sources  de  la  légende  de  l'Eglise,  il  y  fait 
une  part  si  importante  à  la  tradition  juive,  qu'on  en  peut  rendre  compte 
comme  d'un  triomphe  scientifique  de  l'aggada. 

Des  cinq  chapitres  du  livre  le  premier  esquisse  le  rôle  de  la  légende 
dans  lEglise  ancienne,  dans  le  protestantisme,  dans  la  littérature  et  la 
science  modernes.  Le  deuxième  n'entreprend  rien  de  moins  que  d'analyser 
tous  les  éléments  dont  la  légende  s'est  constituée.  Il  met  à  profit  les 
études  de  Toldo  (publiées  dans  les  volumes  des  Sliidien  ziir  vevgleichendcn 
LUlerdlurqescInchte  de  Max  Kocli),  mais,  tandis  ([uc  Toldo  offre  un  recueil, 
d'ailleurs  extrêmement  utile,  de  parallèles,  M.  Gunter  s'etïorce  de  retracer 
un  développement  historique.  C'est  dans  la  légende  de  saint  Nicole  de 
Trani,  de  saint  Kelvin  de  Glandalough  en  Irlande  et  de  Marie  qu'il 
fait  passer  devant  nous  tous  les  motifs  légendaires.  Le  troisième  est  con- 
sacré aux  sources  de  la  légende,  à  la  question  de  savoir  comment  le  sujet 
en  est  parvenu  à  l'Eglise,  —  tandis  que  le  quatrième  suit  son  développe- 
ment dans  l'Eglise  même.  Enfin,  le  cinquième  traite  des  éléments  sub- 
jectifs de  la  légende,  de  la  créance  qu'elle  a  rencontrée  soit  chez  ses 
auteurs,  soit  chez  ses  lecteurs. 

Abordons  le  centre  du  livre,  le  troisième  chapitre.  M.  Gunter  y  prouve 
que  la  légende  de  l'Eglise  n'appartient  exclusivement  ni  au   moyen  dge, 


312  REVUE   DES  ETUDES  JUIVES 

ni  an  clii-isUanisme.  I/Egvpto,  la  Perse,  Itabylone,  Ihellénisme,  le 
jndaïsnie  étaient  tous  aptes  à  créer  des  légendes  {Legendenstimmiing)  ; 
qnant  à  llnde,  elle  a  reçn  autant  que  donné  l'essor  légendaire. 

Au  vie  siècle,  le  système  antique  légendaire  se  trouve  christianisé  dans 
sa  totalité  (P.  3).  M.  (iïinter  a  étudié  avec  un  soin  minutieux  les  sources 
helléniques.  Il  a  essayé  d'épuiser  toute  la  matière  iégendaireamasséedans 
les  dix  livres  de  Yllinérairp  en  Grèce,  de  Pausanias  le  Périégète.  Conon, 
Palaephatos,  Valère  Maxime  et  Pline  sont  pareillement  analysés.  Comment 
les  traditions  antiques  ont-elles  pénétré  dans  l'Eglise  ?  Par  le  néo-plato- 
nisme et  le  pythagorisme.  Mais  la  voie  intermédiaire  principale,  c'est  le 
judaïsme.  «  11  n'est  pas  toujours  facile  de  distinguer  ce  que  l'hellénisme  et 
Rome  doiventà  l'invention  babylonienne  etpalestinienne  {sc*7.  à  l'aggada) 
de  ce  que  l'aggada  a  emprunté  à  l'hellénisme.  Le  fait  de  cet  emprunt 
est  hors  de  discussion.  L'organisation  des  Juifs,  leurs  institutions  mili- 
taires et  judiciaires,  leurs  jeux,  leurs  bains,  leur  art,  leur  commerce, 
leurs  aliments,  leurs  vêtements,  leur  langue  et  leurs  croyances  populaires 
révèlent  l'influence  étrangère.  Il  serait  singulier  que  leur  légende  en 
fût  exempte.  L'emprunt,  il  est  vrai,  ne  saute  pas  partout  aux  yeux, 
comme,  par  exemple,  dans  Sanhédrin,  109  b,  où  le  lit  de  Procuste  est 
placé  à  Sodome  comme  un  des  traitements  que  les  Sodomites  infligeaient 
à  leurs  hôtes,  ou  dans  Nedarim,  25  a,  qui  reproduit  l'histoire  de  l'argent 
dans  le  bâton  telle  qu'elle  est  chez  Conon,  ne  changeant  que  le  lieu  de  la 
scène'  »  (P.  71). 

M.  Gi'inter  estimant  que  c'est  le  judaïsme  qui  a  transmis  les  légendes 
antiques  à  l'Eglise,  il  se  trouve  que  ses  études  sur  cette  légende  de 
l'hellénisme  profitent  mieux  encore  à  l'aggada  qu'à  la  légende  chré- 
tienne. 

Pour  l'aggada,  M.  Giïnter  recourt  aux  traductions  de  M.  Wïmsche  ;  on 
a  rarement  utilisé  aussi  heureusement  ces  recueils.  Nous  lui  devons  ici 
une  série  d'études  comparées  des  plus  attrayantes  sur  l'aggada.  Signalons 
en  quelques-unes. 

Un  riche  chrétien  de  Constantinople  est  réduit  par  sa  générosité  à  em- 
pruiilei'  à  un  Juif.  Pour  caution  il  n'a  que  le  Christ.  Le  Juif  l'accepte,  car 

1  II  s'agit  (iu  N3T1  «""jp  >ied.,  25«,  Schebouot, -29 a,  39  6,  Levit.  Habba,  vi, 
éd.  Viliia  10a,  rallaclié  a  Bar  Talmion,  Pesiklu  rabbali,  éd.  Fiiedmann.  p.  113  «, 
sujet  auquel  M.  Wiiusche  a  consacré  une  étude  minutieuse:  Zicei  DichtuiKjen  von 
llans  Sachs  iiach  i/iren  Quellen,  dans  la  Zeitxcknft  fiir  vergleicheiide  Lil/eralur- 
fjesckichle,  Weimar,  189"/,  XI  (première  partie,  p.  34-38  la  volaille  partaïée  de 
Echa  rabba,  i,  4,  éd.  Viliia,  lia;  deuxième  partie,  48-o9.  N2-;n  N"'Dp  ;  cf-  Giiuter, 
p.  61,  71,  72,  731.  Déjà  M.  Giidemann.  Geschichte  des  Erziehun'/swfseiis  iiiid  der 
Cultur  der  Juden  in  Deu'.sr/iUind  irâhrend  des  XIV.  tuid  AT.  Ja/irhunderis, 
p.  199-20,  avait  montré  deux  parallèles  dans  la  léprende  allemande  du  moyen  àare  ; 
mais  ce  qui  est  exUrinenienl  remaniuahle,  c'est  (pie  déjà  Yair  Hayyim  Bacliaracli  a 
connu  ce  rapport  :  Nain  «''Dp  ar;-'-lED3  n"N  "'73=n  ip%nyr;u:  7173  "  Les  savants 
non  juifs  ont  emprunté  dans  leur  littérature  le  bi\ton  de  Raba  »  (cite  par  Giidemann, 
p.  201,  n.  5).  —  Le  conte  a  aussi  passé  chez  les  Arabes,  entrant  dans  le  cadre  des 
jugements  de  Salomon  ;  Steinschneider  dans  Z.  D.M.  G.,  1S73,  WVIl,  564, 


BIBLIOGRAPHIE  313 

«  Jésus  était  homme  juste  et  prophète  ».  Latiaire  se  conclut  dans  l'église. 
Par  cet  argent  le  Constantinopolitain  regagne  ses  biens,  mais  il  ne  se 
souvient  du  payement  que  la  veille  du  terme.  Il  met  la  somme  dans  une 
cassette  et  la  confie  a  la  mer,  qui  l'amène  au  Juif.  Celui-ci  redemande 
son  argent.  Le  chrétien  se  rend  avec  lui  à  l'Eglise,  où  la  sainte  image 
se  met  à  parler  comme  témoin.  Le  Juif  se  baptise.  M.  Giinter  renvoie  à 
Nedarim,  50  a,  où  il  est  fait  allusion  à  ceci,  que  R.  Akiba  devait  ses 
richesses,  en  partie,  à  une  matrone.  R.  Nissim,  Haschi  et  R.  Ascher  expli- 
quent ainsi  l'allusion  :  L'école  ayant  besoin  d'argent,  R.  Akiba  s'adresse 
à  une  matrone  ;  celle-ci  accepte  pour  garants  Dieu  et  la  mer  (au  bord  de 
laquelle  elle  demeurait)  ;  R.  Akiba  tombe  malade  et  ne  peut  payer  ;  mais 
Dieu  fait  entrer  l'esprit  de  folie  dans  la  fille  de  l'empereur,  elle  jptte 
des  objets  précieux  à  la  mer,  qui  les  porte  chez  la  matrone.  Quand  plus 
tard  R.  Akiba  voulut  payer,  la  matrone  lui  rendit  l'excédent  du  paiement 
(P.  46.  71). 

Allusion  est  faite  à  un  miracle  analogue  dans  la  Mischna,  Yoma,  37  a, 
T^mpbib  a"'03  rjy:  -nspD  ;  la  tradition  talmudique  (38  a)  l'explique 
ainsi  ;  Nicanor  avait  apporté  des  portes  d'airain  d'Alexandrie;  menacé  par 
la  tempête,  il  jeta  l'une  dans  la  mer,  mais  dans  le  port  d'Acco,  elle 
remonta  de  dessous  le  navire.  —  Dans  la  légende  chrétienne,  des  portes  de 
cyprès  sont  k  dessein  jetées  dans  le  Tibre  et  envoyées  en  France  ;  la  mer 
est  chargée  d'expédier  des  babils,  des  biens,  des  plaques  d'autel,  des  cer- 
cueils, etc.  (P.  73). 

David  inscrit  le  nom  divin  sur  un  tesson  et  le  jette  dans  les  tlots,  pour 
que  le  monde  n'en  soit  pas  inondé  '.  L'évèque  Sabine  fait  dresser  à  son 
notaire  un  pacte  où  il  engage  le  Pô  débordant  à  garder  son  lit.  Dans  nom- 
bre de  légendes,  l'eau  obéit  de  même  aux  saints  (P.  75). 

Le  pouvoir  de  faire  tomber  la  pluie  est  un  critérium  juif  du  mérite. 
M  Gimter  nous  montre  comment  cette  preuve  de  sainteté  est  devenue 
commune  au  christianisme'  (P.  78). 

Comme  type  de  ceux  qui  comprennent  le  langage  des  oiseaux,  M.  Giinter 
allègue  l'anonyme  de  Guittin,  45  a,  l'interprète  du  corbeau  et  de  la 
colombe  qui  engagent  Illisch  à  se  sauver.  Cette  légende,  surtout  connue 
parles  traditions  Scandinaves  surSigurd,  est  rapportée  aussi  à  Salomon'. 

Les  .saints  chrétiens  exercent  un  pouvoir  miraculeux  sur  les  animaux. 
L'exemple  le  plus  hardi  de  ce  pouvoir  est  fourni  par  les  chèvres  de  R. 
Hanina  b.  Dosa,  (jui  amènent  k  leur  maître  des  ours  sur  leurs  cornes  *. 

L'autel  de  Jérusalem  était  exempt  de  mouches".   Pausanias  raconte  le 

1.  M.  Gunter  cite  Maccof,  Ha  ;  le  récit  est  mieux  détaillé  Yer.  Sanhédrin,  '29a. 

2.  Des  matériaux  plus  riches  encore  sont  réunis  par  Toldo,  dans  Studien  zur  ver- 
ijleichenden  Lilleraturgeschichte,  VI,  310.  —  V.  aussi  celte  Revue  1908,  LVI,  211. 
Sur  celle  conception  dans  l'islam  v.  encore  Goldziher.  Mnhanimedaniscke  Studien 
II,  313. 

3.  M.Gninbaum,  A'ewe  Beitràqe  zur  semitischen  Saqenkunde,  Leyde,  1893,  p.  211. 

4.  M.  Giinter  cite  Baba  Mecia,  106 A,  mais  le  passage  principal  est  Taanil,  25a. 

5.  Y'oma,  21a  ;  Abot,  v,  8  ;  à  l'index  s.  v.  Fiieyen,  ajoutons  pp.  82,  83. 


314  REVUE   DES   ETUDES  JUIVES 

tTK'me  miracle  de  l'autel  d'Olympie,  Aolianus  du  temple  d'Apollon  à  Leu- 
kas.  El  voila  ce  miracle,  qui  nen  est  un  que  sur  un  autel  où  on  immole 
des  victimes,  emprunté  aussi  par  le  christianisme,  qui  ne  connaissait 
plus  d'animaux  sacrifiés. 

f.e  thème  de  la  perle  de  Joseph  qui  vénérait  le  sabbat  (Sabbat,  H9  a), 
qui  rappelle  l'anneau  de  Polycrate,  s'enrichit  aussi  par  la  légende  chré- 
tienne (P.  83). 

Le  miracle  du  lait  accordé  au  sein  d'im  homme  ou  d'une  vierge  est  rap- 
porté par  M.  Gi'mter  au  veuf  qui  n'avait  pas  de  quoi  payer  une  nourrice 
et  qui  allaita  son  nourrisson  de  son  propre  lait.  {Sabb.,  53  b).  Signalons 
encore  que  l'aggada  fait  ainsi  nourrir  Esther  par  Mardochée  '. 

Le  fiancé  qui  manque  à  sa  promesse  est  puni  par  la  légende.  Vénus 
et  Marie  lui  rappellent  la  foi  jurée.  A  la  tête  de  ce  type  de  légendes, 
M.  Gunter  met  l'allusion  à  la  belette  et  au  puits  (Taanit,  28  a)  d'après 
Raschi  et  les  Tossafot  (P.  85). 

Des  traditions  grecques,  indiennes  et  chrétiennes  connaissent  des 
enfants  qui  parlent,  à  peine  nés.  M.  Giïnter  (P.  89)  leur  compare  les  nour- 
rissons qui  chantent  près  de  la  Mer  Rouge  {Sota,  30  b)  ;  le  texte  va  plus 
loin,  faisant  chanter  les  embryons  même.  M.  Toldo  a  réuni  là-dessus  une 
foule  de  matériaux  [Sludien  zur  vergleichenden  Lilteralurgeschichte, 
I,  328-340)  qu'il  serait  facile  d'augmenter,  surtout  par  des  légendes 
mahométanes  (de  Mahomet,  d'Abraham,  de  Djoureidj).  Des  analogie? 
juives  (Moïse,  Sira)  se, trouvent  chez  M.  S.  Krauss,  Dns  Lebpn  Jesn  nach 
jûdischen  Quelleit,  p.  167. 

Les  saints  sont  souvent  distingués  par  un  don  (manteau,  bâton,  voile) 
descendu  du  ciel,  d'où  aussi  viennent  des  images.  M.  Giinter  rappelle  les 
ressemblances  aggadiqiies.  Tels  l'arche  de  fou,  la  table  de  feu,  le  chan- 
delier de  feu  qui  apparurent  à  Moïse  [Menahot,  29  a),  tel  l'autel  des- 
cendu du  ciel  auquel  Michel  sacrifie  {Zehahim,  62  a),  tel  le  pied  de  table 
d'or  offert  à  Hanina  b.  Dosa  :  {Taanit,  25  a).  M.  Gunter  (P.  91)  y  joint 
encore  les  clés  que  les  prêtres  du  temple  détruit  offrirent  au  ciel*. 

L'Eglise  s'autorisait  souvent  d'écrits  tombés  du  ciel.  M.  Giinter  (p.  91) 
en  rapproche  les  écrits  qui  annoncèrent  que  Rabba  bar  Nahmani  fut 
réclamé  pour  l'académie  céleste  et  comment  on  devait  honorer  son  sou- 
venir' [Baba  Meria,  86  a). 

1.  Gen.  Habba  eh.  30,  S,  è<\.  Vihia,  p.  Ç>'àa  ;  v.  la  note  substantielle  de  M.  Bâcher, 
Agada  der  palestinen&ischen  Amovaer,  II,  64,  n.  '^.  —  V.  sur  le  tliènie  de  la  nour- 
riture miraculeuse,  Israël  Lévi,  Le  lait  de  la  mère  et  le  coffre  flottant,  R.E.J.,  1910, 
LIX,  surteut  p.  iJ-S,  où  il  y  a  aussi  des  données  sur  la  splendeur  auuoneant  une 
naissance  extraordinaire  (Giintei',  p.  89).  —  M.  Giinter  fait  sucer  à  .\brahani  le  doiu^t 
de  Gabriel  ;85)  :  Abraham  se  nourrit  de  ses  propres  doiirts. 

•J.  V.  Revue,  1904,  XLIX,  205,  n.  1,  les  parallèles  dans  les  Apocryphes.  —  L'habit 
d<>scendu  du  ciel  se  trouve  dans  l'ayrirada  postérieure  de  Jdsepli  le  Jardinier  (Renie. 
1908,  LVI,  201). 

3.  Relevons  que  l'aggada  fait  ilescemlre  du  ciel  le  sceau  divin  lui-même  ^l'uma, 
69/1,  Sanhédrin,  04a). 


BIBLIOGRAPHIE  31S 

A  côtt'  du  don  et  de  l'écrit  descendus  du  Ciel  il  y  a  encore  la  voix  du 
ciel  (v.  Index,  s.  v.  Stirmne  vom  Himmel)  qui  se  fait  souvent  entendre 
dans  la  légende  chrétienne.  Ce  n'est  autre  chose  que  la  fameuse  bip  nn. 
M.  Gunter  (P.  52)  nous  apprend  que  d'après  Pausanias  les  Athéniens 
avaient  sur  l'agora  un  autel  de  cette  <fwri. 

La  légende  de  l'Eglise  connaît  des  chandelles,  des  lampes  qui  s'allu- 
ment d'elles-mêmes  ;  d'ailleurs,  ce  miracle  se  répète  chaque  samedi  saint 
à  Jérusalem.  M.  Gimter  (9d,  96)  rappelle  que  la  flamme  sur  l'autel  de 
Jérusalem  ne  s'éteignait  pas  {Yoma,  21  a,  39  a).  Souvent  les  saints 
répandent  des  flammes,  des  lumières;  l'aggada  aussi  fait  sortir  la  lumière 
de  la  bouche,  du  front,  du  bras  des  hommes  pieux. 

Les  légendes  les  plus  populaires  sont  celles  qui  font  produire  ou  multi- 
plier les  aliments.  Saint  Sanctulus(P.96j  trouve  du  pain  dans  un  fourneau 
laissé  vide,  de  même  que  la  femme  de  Hanina  b.  Dossi  {Taanit,  246).  Mais 
voici  une  co'incidence  plus  frappante.  La  fille  de  ce  même  Hanina  a  rem- 
pli de  vinaigre  la  lampe  du  sabbat  et  celle-ci  brûle  tout  de  même  [Taanit, 
25  a).  Un  sacristain  avait  rempli  la  lampe  d'eau  :  l'eau  brûlait  comme  de 
l'huile  (P.  97). 

La  légende  fait  éclore  des  fleurs,  mûrir  des  fruits  hors  de  saison.  Le 
tils  de  R.  José  b.  Youcrit  nourrit  les  laboureurs  de  figues  mûi-ies  avant 
le  temps  [Taanit,  25  a  ;  p.  M). 

Une  poutre  se  trouve  trop  courte,  le  saint  l'allonge.  Les  apocryphes 
font  accomplir  ce  miracle  à  Uenfant  Jésus  (P.  99'.  R,  Hanina  en  fait 
autant  pour  une  voisine  'Taanit,  25  a). 

La  légende  de  R.  .Méïr  et  sa  belle-sœur,  la  tille  de  R.  Hanina  b.  Tera- 
dyon  [Ahoda  Zara,  18  a-b),  présente  deux  éléments  familiers  à  la  légende 
chrétienne  :  d'abord  la  vierge  restée  pure  au  lupanar,  puis  le  condamné 
qui  ne  peut  être  exécuté  (P.  lOOj. 

La  légende  de  l'Eglise  fait  marcher  ou  voler  môme  des^objets  inanimés  : 
des  images,  des  sanctuaires.  M.  Gunter  en  rapproche  le  miracle^de  n^iop 
y-i^Tî  dans  la  légende  de  David  et  Abisai  (Sanh.,  95  b).  Mieux  connu 
encore  est  l'exemple  de  Jacob  sur  la  route  vers  Haran  {Houilin,  91  b]. 
M.  Goldziher  a  montn''  ce  motif  dans  la  légende  inahométane  aussi 
[Muhammedanische  Studien,  III,  393,  n.  1). 

Pour  la  conception  du  long  sommeil  {Dauerschlaf),  M.  Gimter  ne 
manque  pas  de  citer  Honi  (Taanit,.  23  a). 

La  littérature  chi-élienne  est  très  riche  en  visions  de  l'autre  monde,  en 
voyages  au  Paradis  et  dans  l'Enfer.  M.  Gunter  (P.  108)  rappelle  que  Rabba 
bar  Hana  entrevoit  les  supplices  de  Coré '.  Nous  croyons  qu'il  y  a  des 
parallèles  plus  instructifs.  R.  Yosé  b.  Hanina  paraît  en  vision  nocturne  à 
R.  Zéra  et  lui  raconte  qu'il  est  établi  prés  deR.  Yohanan,  celui-ci  près  de 
R.  Yaniuii.  celui-ci  près  de  R.  Houna,  celui-ci  près  de  R.  Hiyya.  Elie  aussi 

1.  V.  Bâcher,  Agada  der  Palfislinensischen  Amorder,  I,  187,  n.  5  ;  II,  105,  n.  1. 
Sur  lo  voyage  de  Josue  b.  Lévi  au  Paradis,  v.  Israël  Lévi,  lievue,  l'JOl,  LUI,  160,  el 
surtout  l'exposé  lumineux  Me  M.  Hacher,  op.  cit.,  1,  19*2,  194. 


316  RKVUR   nES   ETUDES  JUIVES 

montre  à  un  docteur  la  compagnie  céleste  des  rabbins,  le  siège  éblouis- 
sant de  R.  Hiyya  [Baba  Mecia,  ^^  b,.  Le  fils  du  célèbre  Josué  b.  l-évi  est 
entraîné  par  une  vision  ;  revenant,  il  raconte  qu'il  a  vu  un  monde  ren- 
versé, les  puissants  dessous,  les  humbles  dessus,  —  mais  les  savants 
gardent  leur  rang  et  les  martyrs  emportent  le  premier  (Pesafmn,  50  o. 
Baba  Batra,  10  b). 

Les  rapports  entre  morts  et  vivants  tourmentaient  toujours  l'imagina- 
tion et  inspiraient  au  xii«  siècle  des  légendes  à  la  mode  (P.  107).  Les  exem- 
ples aggadiques  de  M.  Gimter  sont  bien  choisis  et  plus  concluants  que 
ceux  de  Marcus  Landauer  dans  son  œuvre  plus  spéciale  {Halle  und  Fege- 
feuer  in  Volksglaube,  Dichtung  und  Kirchenlehre,  Heidelberg,  1909. 
p.  226). 

11  n'est  pas  difficile  de  démontrer  que  l'aggada  croyait  aux  présages 
[oviina]  et  aux  démons  :  M.  Gimter  retrouve  ces  croyances  talmudiques 
dans  la  démonologie  du  moyen  âge  chrétien  (P.  113  .  C'est  surtout 
la  légende  ou  plutôt  le  conte  de  Ben  Temalion  (Meïla,  17  b)  traité  a 
plusieurs  reprises  dans  notre  Revue*  qui  est  éclairci  par  des  variantes 
orientales,  égyptiennes  et  surtout  chrétiennes. 

Le  chapitre  inépuisable  des  rapports  entre  les  saints  chrétiens  et  les 
Césars  romains  s'explique  de  lui-même  ;  s'il  lui  fallait  un  modèle, 
.M.  Giinter  (P.  114)  recourrait  au  Talmud. 

Même  dans  leurs  procédés  la  légende  de  l'aggada  et  celle  de  l'Eglise 
se  ressemblent  :  elles  s'autorisent  de  témoins  oculaires.  Les  aventures 
bizarres  de  Rabba  bar  Hana  et  de  R.  Juda  l'Indien  [Baba  Batra,  74  b)  sont 
fondées  sur  l'autopsie  ;^P.  115). 

De  ces  rapprochements  l'aggada  reçoit  autant  de  clarté  qu'elle  en 
fournit  elle-même  ;  des  analogies  grecques  sont  nombreuses;  mais  il  y 
a  aussi  les  analogies  indiennes  et  égyptiennes.  Le  dragon  de  R.  Juda 
l'Indien  [Baba  Batra,  lib)  remonte  à  l'Inde  (P.  110),  l'ile-poisson  de 
Rabba  bar  Hana  {ib.,  73  b)  à  l'Egypte  (P.  84).  C'est  en  Egypte  aussi  que 
M.  Gunter  trouve  l'analogue  de  ce  raisonnement  aggadique  :  si  déjà  celui 
([ui  s'oint  du  sang  de  la  salamandre,  née  du  feu,  ne  peut  être  atteint  de 
la  flamme,  d'autant  moins  les  docteurs,  qui  sont  tout  feu,  comme  dit  le 
prophète  (Jérémie,  xxiii,  29)  :  «  Ma  parole  est  comme  le  feu  ».  Le  Pliysio- 
iogus  égyptien  christianisé  raisonne  pareillement  :  si  déjà  la  salamandre 
éteint  le  fourneau,  à  plus  forte  raison  l'homme  pieux,  a  qui  il  est  promis 
(Isaïe,  xLui,  25)  :  (Juand  tu  passeras  à  travers  le  feu,  tu  ne  seras  pas  brûlé 
et  la  flamme  n'aura  point  prise  sur  toi  -. 

1.  V.  Vlndex  nlplitibp'lir/ue  des  cinquante  preititers  voliiine.t,  p.  :i3,  s.  v.  Hnrllio- 
lome'e,  où  il  faut  ajouter  Israël  Lévi.  VIII,  iJOO. 

2.  M.  Gunter  cite  Moëd  Katan;  en  réalité  le  passage  se  trouve  à  la  fin  de  Hngitii/n, 
27  o.  Signalons  quelques  menues  inexactitudes  :  p.  96,  pour  Yoma.  39  6.  1.  39a  ;  p.  «~. 
Tacinit,  24«,  1.  -2i  h  ;  p.  102,  Ihiha  Ba/ra,  Tib,  1.  74  a  :  p.  113,  Meila,  ila,  1  il  t>  : 
p.  126,  B(tf)a  lUilra.  16a,  1.  16aZ).  —  P.  79  M.  Giiiiter  dit,  d'après  Soin.  126,  que  la 
terre,  pour  sauver  les  eufants  persécutés  par  les  Egyptiens,  les  avala  ;  le  texte  n'en 
parle  pas. 


BIBLIOGRAPHIE  21", 

Ça.  et  là  on  peut  encore  rapprocher  la  légende  de  l'aggada,  là  oii 
M.  Gunter  ne  Ta  pas  fait.  Par  exemple,  saint  Macaire  désenchante,  moyen- 
nant l'eau  bénite,  une  femme  changée  en  cavale.  Il  semble  que  l'eau 
bénite  s'est  substituée  à  l'eau,  moyen  général  de  désenchantement.  C'est 
ainsi  qu'une  femme  changée  en  ànesse  redevient  femme  {Sanhedyvi, 
(,1b)  \ 

Autre  exemple.  Plus  d'un  saint  se  distingue,  par  la  vertu  de  délivrer  les 
captifs.  M.  Giinter  croit  que  les  atrocités  du  moyen  âge  chrétien  ren- 
daient souvent  nécessaire  cette  délivrance  'P.  101).  Nous  avons  ailleurs 
relevé  que  c'est  un  trait  essentiel  du  type  de  légendes  représenté,  d'une 
part,  par  le  Bon  Gérard  de  Rudolf  von  Ems  et  la  légende  de  Paphnuce. 
de  l'autre  parles  deux  D^'T^n"",  le  conducteur  d'àncs  et  Pentakakos  (Yer. 
Taanit,  646)*. 

Après  avoir  trouvé  les  sources  historiques  de  la  légende  chrétienne, 
M.  Gimter  cherche  ses  motifs  psychologiques.  Ses  résultats  peuvent  et 
doivent  s'appliquera  Vaqijada  aussi.  Il  reconnaît  comme  motifs  créateurs 
des  légendes  :  l'étiologie',  les  images  (un  tiers  des  légendes  pieuses  de 
A.  Maury  remontent  à  des  tableaux),  l'étymologie  populaire  (D'^niOD  mN 
a  fait  naître  la  tradition  sur  Abraham  dans  la  fournaise,  l'étymologie  de 
Christophore  a  produit  de  même  sa  légende),  la  déformation  phonétique 
(un  saint  Gétorix  a  pour  origine  Vercingétorix,  un  Abraham  le  mont 
Abirin,  près  de  Heidelberg),  la  déformation  graphique  (ainsi  la  ville  Eumé- 
nia  se  change  en  une  sainte  Cuménia,  Tripolis  en  un  saint  Tribulus). 
—  Souvent,  pour  mettre  en  relief  une  sentence,  on  y  joint  une  légende 
cl  quelquefois  on  peut  douter  laquelle  est  la  plus  ancienne  de  la  sentence 
ou  de  la  légende.  Pour  le  Talmud,  prétend  M.  Giinter  (P.  125),  nous 
savons  dune  certitude  absolue  que  c'est  la  sentence  biblique  qui  a  pré- 
cédé. —  La  plupart  des  exemples  paraissent  probants  :  les  légendes  ten- 
dant à  prouver  que  la  Terre  sainte  ruisselait  de  lait  et  de  miel.  Psaume, 
148,9,  pouvait  éveiller  l'idée  des  arbres  chantants  (Zfa^wiya,  14  6).  Mais 
pourtant  la  thèse  de  M.  Giinter  appelle  des  réserves.  Ainsi,  la  légende  du 
sommeil  séculaire  s'est  développée  indépendamment  de  Ps.  126. 1,  oii  elle 
s'est  rattachée  après  coup,  de  même  que  les  jugements  salomoniens  (|ui 
rectifiaient  les  erreurs  de  David  ne  sont  appuyés  que  postérieurement  sur 
le  verset  (Ps.,  72,  1)  ainsi  interprété:  A  Salomon  ;  donne  au  roi  David  le 
pouvoir  de  juger,  mais  à  son  fils  la  justice  {Revue,  1897,  XXW,  p.  65, 
n''9). 

Tout  en  euifirunlant  nombre  d'éléments  aux  Juifs,  la  légende  n'en  est 
pas  moins  hostile  à  ces  prêteurs.  Elle  représente  les  Juifs  comme  pleins 
d'ime  haine  impuissante  contre  Marie  et  Jésus  (P.  37). 

1.  V.  Blau,  Dus  altjudische  Zauberire.sen.  Budapest.  1898.  j».  I.u8  ;  Golilzilier. 
Wasser  uls  Diimonenabwehrendes  Millel.  Archiv  fiir  fieligionswissensc/iafl,  l'JIO. 
XIII,  20. 

■2.  Hevue,  1908.  LVI,  211.  212. 

3.  L'œuvre  de  M.  Dalinliaidt  ollVe  en  al)oi!diuice  des  exemples  agiradiques  aussi,  v. 
Revue,  1910.  LIX.  311  ;  1911,  LXl,  139. 


318  KEVUE  DES   ETUDES  JUIVES 

Les  apôtres  avaient  acheté  aux  Juifs  une  synagogue  k  Lydda,  et  ils  y 
érigèrent  une  Madone  de  pierre.  Les  Juifs  réclament  leur  synagogue; 
Julien  l'Apostat  la  leur  rendrait,  mais  le  regard  vivant  de  Marie  les 
etïraye'  (P.  41).  . 

Dans  la  Basilica  Lucerna,  à  Gonstantinople,  il  y  a  une  Madone  voilée; 
la  veille  du  sabbat  le  voile  se  lève  et  l'image  reste  dévoilée  jusqu'à 
vêpres,  c'est  pourquoi  le  samedi  saint  est  à  Marie.  Un  Juif  la  jeta  dans  le 
cloaque,  la  Madone  s'en  vengea  et  resta  elle-même  pure.  —  A  Tolède  les 
Juifs  ont  mutilé  une  image  du  Christ;  pendant  la  messe  un  cri  de  douleur 
les  dénonce  (P.  41). 

C'est  un  magicien  juif  qui  entraîne  Théophile  à  se  rendre  au  diable 
(P.  42). 

Parmi  les  légendes  antijuives,  la  plus  répandue  semble  celle  du  «  Juitel  », 
enfant  juif,  qui,  pour  avoir  pris  part  à  la  communion,  est  jeté  dans  un 
fourneau,  mais  est  miraculeusement  sauvé'  (P.  45,  132). 

Sur  la  légende  fameuse  de  l'hostie  percée,  nous  apprenons  que  d'abord 
on  la  racontait  d'une  image  du  Christ  crucifiée  par  les  Juifs,  et  puis  d'une 
hostie  percée  par  eux.  La  Yita  S.  Basilii  (ive  siècle)  parle  d'un  Juif  intrus 
assis  à  la  table  du  Seigneur;  quand  le  pain  est  brisé,  il  voit  qu'il  mange 
de  la  chair  d'un  enfant  et  que  le  calice  dans  lequel  il  boit  est  plein  de 
sang;  il  se  baptise  (P.  159-160). 

A  la  fin  du  livre  sdnt  annexées  des  notes  oi^i  les  faits  et  les  idées  sont 
appuyés  de  références  consciencieuses.  Un  index  excellent  renvoie  aux 
personnages  et  aux  motifs  traités.  (Les  personnages  de  l'aggada  n'y  sont 
pas  entrés.) 

M.  Giinter  a  prudemment  restreint  le  domaine  particulier  de  ses  recher- 
ches aux  rapports  de  la  légende  chrétienne  avec  riiellénisme  et  le 
judaïsme.  Peut-être  s'étonnera-t-on  qu'il  ait  absolument  négligé  les  tra- 
ditions mahométanes.  Mais,  en  lisant  ses  discussions,  on  se  persuadera 
que  la  légende  chrétienne  n'est  liée  à  aucune  autre  d'une  parenté  aussi 
étroite  qu'à  l'aggada.  11  a  bien  réussi  à  mettre  en  lumière  la  légende 
chrétienne.  Celui  qui  dorénavant  fera  des  études  comparatives  sur 
l'aggada  ne  pourra  guère  se  passer  de  l'cjRuvre  de  M.  Giinter. 

Biiilai)pst.  jaiii  iOU . 

Bkhnaru  Heli.eu. 


1.  Ce  n'est  (lUc  l'i-dio  ih'  la  teiitativi'  avorter,  allriltnci'  à  Julien  par  Aniniien  et  |iar 
les  Péros  (le  l'E^rlisc,  de  robAtir  le  Temple.  V.  Th.  lleinaeli.  Te.ilcs  (/'utilfurs  fjrecs  cl 
romains  relatifs  nu  judaïsme,  ]).  '209.  n.  1.  354,  ii.  2. 

2.  V.  Eui.'-en  Wolter,  lh>r  JiKlcnhnahe,  vol.  11,  de  la  liihliollieca  Sormannica  de 
H.  Sucliier.   Hall.',  1879. 


Le  jférant  : 
IsH.\ia  Lkvi. 


TABLE   DES   MATIÈRES 


REVUE 


ARTICLES  KE  FOND 

Bâcher  (W.  .  Un  nouveau  recueil  poétique  de  llagdad 7S 

BïicHLEH  (A.).  La  pureté  lévitique  de  Jérusalem  et  les  tombeaux  des 

Prophètes 20 1 

Daviuso.n  (Israël).  Notes  sur  l'article  de  M.  Hacher  :    <.  Les  poésies 

inédites  d'Israël  Nadjara  -> 85 

GoLDMANN  (Félix).  La  figue  en  Palestine  à  Tépoque  de  la  Mischna. . . .  216 

KuAuss  (S.).  I.  Fragments  araméens  du  Toldot  Yéschou 28 

IL  Un  texte  cahhalistique  sur  Jésus 240 

Leszynsky  (R.).  Observations  sur  les  «  Fragments  ota  Zadokite  Work  » 

édités  par  Schechter I',)0 

LÉvi  (Israël!.  Notes  sur  les  observations  de  M.  Leszynsky l'jT 

Lévy  (Raphaël- Georges).  Le  rôle  des  Juifs  dans  la  vie  économique. . .  101 

Pkrls  (A.).  Un  pas.sage  obscur  dans  la  Pesikta 236 

IIÉGNÉ  (Jeanj.I.  Catalogue  des  actes  de  Jaiine  P'',  Pedro  il!  et  .\lt"onso  III, 

rois  d'Aragon,  concernant  les  Juifs  (1213-1291)  {suile  el  /in).  38 
IL  Etude  sur  la  condition  des  Juifs   de  Narbonne  du  ve  au 

xive  siècle  'suite) 1  et  248 

Schwab  (Moïse).   Les  manuscrits  (lu  Consistoire  Israélite  de  Paris 

provenant  de  la  Gueniza  du  Caire 107  et  267 

NVijLKso.N  (David.  Le  Bureau  du  commerce  et  les  réclamations  contre 

les  commerçants  juifs  ^1720-1746)  {fin) 'J3 

NOTES  ET  iMELANGES. 

Bâcher   (W.).   Pizmoniiii   pour  les  jours   de  la  semaine  :  un   petit 

recueil  poétique  de  Bagdad l'25 

Po/NANSKi  (Samuel).  I.  Israël  Gaon l'-O 

IL  Le  comtnentaire  du  Pentatcuquc  dEpinaun  b.  Sinisun 123 


320  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


BIBLIOGRAPHIE. 

Bâcher  (W.).  a"':?wT""^T  IT'i:  nanN  "iDO.  Varianten  und  Ergiinziingen 
des  Textes  des  Jerusalemischen  Talmiidsnach  alten  Quellen 
und  handschriftlichen  Fraginenten  ediert,  mit  kritischen 
Noten  und  Erlàuterungen  versehen.Traktate  Rosch-Haschana 
und  Siikka,  par  R.  Ratnkr 157 

Heller  (Bernard).  Religionswissenschaftliche  Bibliolhek.  I.  Vorle- 
sungen  iiber  den  Islam,  pai-  Ignaz  Goldziher.  II.  Die  christ- 
liche  Légende  des  Abendlandes,  par  Heinrich  GOnter 309 

LÉvi  (Israël).  Jésus,  die  Haretiker  ii.  die  Chrlsten  nach  den  altesten 

jiidischen  Angaben,  par  Hermann  L.  Strack 304 

LiBEK  (M.  .  Revue  bibliographique 128  et  278 

Additions  et  rectiticalions 160 

Table  des  matières 319 


ACTES  ET  CONFERENCES 

Assemblée  générale  du  15  février  l'J  1 1 

Allocution  de  M.  Eugène  Sée,  président r 

Rapport  de  M.  Edouard  de  Goldschmidt,  trésorier iv 

Dauriac  (Lionel  .  La  dramaturgie  de  Meyerbeer  (conférence)  ....  vi 


VKRSAU.I.ES.    —    IMPRIMERIES    CERK.    59,    RUE    DUPLESSIS 


ASSEMBLÉE  GÉNÉRALE 


SÉANCE  DU  15  FÉVRIER  1911. 
Présidence  de    M.  Eugène    Sée,  président. 
M.  le  Président  prononce  l'allocution  suivante  : 

Mesdames,  Messieurs, 

En  ouvrant  aujourd'hui  notre  trentième  Assemblée  générale,  je 
me  demande  bien  sincèrement  ce  qui  a  pu  me  mériter  l'insigne 
honneur  que  vous  m'avez  fait,  en  m'appelant  à  présider,  pendant 
l'année  écoulée,  aux  destinées  de  la  Société  des  Études  juives. 

Quand  je  parcours  la  liste  de  ceux  qui,  avant  moi,  ont  occupé  ce 
fauteuil,  je  constate  que  tous  s'imposaient  à  votre  choix  par  leur 
talent,  par  leur  science  ou  par  l'éclat  des  services  rendus  ;  or  je  ne 
puis  ra'illusionner  au  point  de  croire  que  ce  soit  mon  cas.  J'en 
conclus  donc  que  vous  avez  voulu  récompenser  la  fidélité  d'un 
des  adhérents  de  la  première  heure,  dont  le  nombre  doit  être  bien 
réduit.  S'il  en  est  parmi  eux  que  tourmente  le  démon  de  l'ambition, 
mon  exemple  leur  sera  un  encouragement. 

En  occupant  celte  présidence,  j'ai  cédé  aux  affectueuses  et 
pressantes  instances  de  celui  qui  est  Tàme  de  notre  Société,  et  qui, 
entouré  d'une  phalange  de  collaborateurs  distingués  et  érudits, 
consacre  depuis  trente  ans  tous  ses  efforts  à  maintenir  à  la  Revue 
des  Etudes  Juives  le  haut  renom  scientifique  qui  lui  est  reconnu, 
non  seulement  par  nos  coreligionnaires,  mais  par  tous  ceux  qui, 
dans  le  monde  entier,  s'occupent  de  science  juive.  Vous  avez  déjà 
nommé,  avant  que  je  vous  le  désigne,  M.  Israël  Lévi. 

De  cette  amitié  je  suis  fier,  comme  des  suffrages  que  vous  m'avez 
donnés  et  dont  je  vous  exprime,  au  dernier  jour  de  ma  magistrature 
éphémère,  ma  plus  profonde  gratitude. 

ACT.    ET  CONF.  A 


ACTES  liT  COiNFËRENCES 


Je  ne  vous  présenterai  pas,  comme  ont  pu  le  faire,  avec  leur 
compétence  notoire,  certains  de  mes  prédécesseurs,  le  résumé  de 
nos  travaux  et  publications  en  1910.  Il  me  suffira  de  constater, 
avec  vous,  que  la  Revue  présente  toujours,  pour  le  monde  savant, 
le  même  intérêt,  qu'elle  continue  à  réunir,  à  publier,  à  commenter, 
à  vulgariser  les  textes  destinés  à  mieux  faire  connaître  l'histoire 
juive,  la  littérature  hébraïque,  les  lois,  les  mœurs  de  nos  ancêtres  ; 
qu'elle  poursuit  son  but  en  montrant  par  le  document,  et  rien  que 
par  lui,  ce  qu'a  été  Israël  à  travers  les  siècles,  soit  comme  nation, 
soit  parmi  les  nations  au  milieu  desquelles  sa  dispersion  Fa  appelé 
à  vivre,  en  montrant  la  large  part  qu'il  a  prise,  aux  bons  comme 
aux  mauvais  jours  de  son  histoire,  à  toutes  les  œuvres  de  civilisation 
et  de  progrès,  dont  il  a  été  souvent  le  promoteur. 

Elle  s'efforce  de  nous  faire  connaître,  tels  que  nous  sommes,  à 
ceux  qui  nous  ignorent  ou  nous  méconnaissent  ;  elle  réussit  à  nous 
faire  mieux  connaître  nous-mêmes,  en  nous  rappelant  ou  en  nous 
révélant  les  gloires  d'un  passé  dont  nous  avons  le  droit  de  tirer 
quelque  fierté. 

Cette  œuvre  noble  et  généreuse  mérite  d'être  encouragée  par 
nos  coreligionnaires  et  aussi  par  tous  ceux  qui  s'intéressent  aux 
progrès  de  l'humanité. 

Pour  mesurer  la  tâche  accomplie  par  la  Société  des  Etudes 
Juives  depuis  sa  fondation,  il  suffira  de  parcourir  Vlndex  des 
cinquante  premiers  volumes  de  la  Revue,  dont  l'année  1910  îiura 
vu  enfin  la  publication.  C'est  là  un  travail  considérable,  qui  rendra 
à  ceux  qui  auront  des  recherches  à  faire  les  plus  grands  services. 
Ceux  qui  ont  courageusement  entrepris  ce  travail  et  l'ont  poursuivi 
pendant  plusieurs  années  pour  le  mener  à  bonne  fin  ont  droit  à 
nos  plus  chaleureux  remerciements.  —  Notre  trésorier  seul  pourra 
faire  quelques  réserves  ;  cette  publication,  en  ellet,  a  fait  dans  la 
caisse  confiée  à  sa  vigilance  une  brèche  notable  —  Mais  nous 
connaissons  de  longue  date  son  zèle  et  son  habileté  :  la  tâche  de 
remettre  à  flots  nos  finances,  quelque  lourde  qu'elle  puisse  être, 
n'est  pas  au-dessus  de  son  dévouement,  dont  tous  nous  lui  sommes 
reconnaissants. 


ASSEMBLliK  GENERALE  DU  15  FÉVRIER  l'Jll  111 

Mesdames,  Messieurs, 

Chaque  année  votre  président  a  le  devoir  douloureux  de  rappeler 
la  mémoire  de  ceux  de  nos  collègues  que  la  mort  nous  a  ravis. 

Il  y  a  quelques  mois,  M.  Charles  Mannheim  s'éteignait,  après 
une  vie  bien  remplie.  Tout  Paris  le  connaissait  et  nul  n'ignorait 
quelle  était  l'étendue  de  son  savoir  en  matière  d'art  et  d'archéologie. 
Sa  droiture  professionnelle  était  universellement  appréciée  ;  il  savait 
s'intéresser  aux  oeuvres  philanthropiques  ;  il  faisait  partie,  depuis 
de  longues  années,  de  notre  Société  Elle  lui  conservera  un  précieux 
souvenir. 

Il  y  a  quelques  semaines  à  peine,  nous  parvenait  de  Saint-Péters- 
bourg la  nouvelle,  aussi  triste  qu'imprévue,  de  la  mort  du  baron 
David  de  Gunzbourg,  à  peine  âgé  de  cinquante-quatre  ans, 

Il  appartenait  à  une  famille  dont  la  renommée  de  dévouement  à 
la  cause  juive  est  notoire,  11  était  le  fils  du  baron  Horace  de 
Gunzbourg,  dont,  l'an  dernier,  on  rappelait  éloquemment  ici  même 
les  incessants  efforts  pour  adoucir  le  sort  de  nos  frères  malheureux 
de  Russie. 

Digne  fils  d'un  tel  père,  notre  très  regretté  collègue,  David  de 
Gunzbourg,  dont  les  lecteurs  de  la  Revue  ont  pu  apprécier  l'érudition 
puisée  aux  meilleures  sources,  continua  avec  une  tendre  piété 
filiale  les  œuvres  créées  en  faveur  de  nos  coreligionnaires 
persécutés  ;  il  s'associa,  quand  il  ne  les  avait  pas  provoquées,  à 
toutes  les  institutions  destinées  à  améliorer  leur  sort.  Il  a  créé  à 
Saint-Pétersbourg  un  Institut  théologique,  ou  lui-même  professait. 

Il  se  considérait  comme  le  véritable  défenseur  de  ses  frères 
russes,  victimes  des  préjugés,  de  l'ignorance  et  du  fanatisme.  Il  se 
consacra  à  cette  tâche  avec  un  dévouement  sans  bornes  que  lui 
inspiraient  son  profond  amour  du  Judaïsme  et  son  inébranlable 
attachement  à  son  culte. 

Ceux  qui  l'ont  cqnnu  étaient  conquis  par  le  charme  de  son 
caractère  et  son  exquise  simplicité.  Il  laissera  parmi  nous  un  impé- 
rissable souvenir. 

Nous  formons  des  vœux  ardents  pour  que  les  exemples  qu'il  laisse 
trouvent  en  Russie  de  vaillants  imitateurs. 


IV  ACTES  ET  CONFERENCES 

Je  ne  veux  pas  m'asseoir  sans  avoir  souhaité  une  cordiale 
bienvenue  à  mon  éminent  successeur,  M.  Saloraon  Reinach.  Vous 
serez  tous  heureux  de  le  revoir  à  la  tète  de  notre  Société,  qu'il 
ainae  et  dont  il  est  aimé  ;  aussi,  en  votre  nom  à  tous,  je  le  remercie 
d'avoir  accepté  cette  nouvelle  investiture. 

M.  Edouard  de  Goldschmidt,  trésorier,  rend  compte  ainsi  iiu'il 
suit  de  la  situation  financière  : 

Voici  comment  s'établit  la  situation  au  31  décembre  1910  : 

Actif. 

En  caisse  au  l^""  janvier   1910 485  fr  95  c. 

Cotisations 6 .  453       45 

Don  de  MM.  de  Rothschild  frères 2 .  000         « 

Vente  par  les  libraires 2.6'77         » 

Coupons  et  intérêts 2.628       60 

Solde  dû  à  notre  banquier 3.003       30 


Total n.248fr.  30c. 


Passif. 

Frais  d'encaissement 211  fr.  10  c. 

Secrétaires  de  la  rédaction 2 .  400         » 

(,'onférences  et  assemblée  générale *^10         » 

Frais  d'envoi,  mandats,  timbres,  etc 120  90 

Frais  d'impression  de  l'Index  alphabétique  des  cin- 
quante jjremier  s  tomes  de  la  Revue 5.326  30 

Frais  d'impression  de  la  Revue 4.499  40 

Honoraires  des  auteurs 4.414  60 


Total 17.248  fr.  30c. 

Bai.anck. 


Doit  : 

Frais  généraux 2.930  fr.  90  c. 

Publications 11.589       60 

Chez  MM.  de  Rothschild  frères 50       80 


Total 14.571  fr.  30c. 


ASSEMBLÉE  GÉNÉRALE  DU  15  FÉVRIER  1911 


Avoir  : 

En  caisse 485  fr.  95  c. 

Cotisations  et  ventes 8.453       45 

Encaissement  de  coupons  et  intérêts 2.6'28       60 

Solde  dû  à  notre  banquier 3.003       30 


Total 14.5'/!  fr.  30  c. 


Comme  vous  le  voyez,  le  déficit  cette  année  est  considérable  ;  il 
est  dû  à  l'impression  de  VIndfx  des  cinquante  premiers  tomes  de  la 
Revue  des  Kfndes  juives.  Mais  nous  avons  tout  lieu  de  croire  qu'il 
sera  comblé  prochainement;  voilà  pourquoi  nous  ne  vous  deman- 
dons pas  l'autorisation  de  vendre  une  partie  de  nos  valeurs, 
ressource  qui  nous  resterait  si  nos  prévisions  n'étaient  pas  justifiées. 

Je  ne  voudrais  pas  terminer  ce  rapide  exposé  financier  de  notre 
Société  sans  mentionner  l'honneur  que  notre  président  sortant, 
M.  Eugène  Sée,  a  bien  voulu  nous  faire,  au  moment  d'abandonner 
les  fonctions  qu'il  vient  de  remplir  pendant  l'année  1910.  Il  a  tenu 
à  se  faire  inscrire  comme  membre  perpétuel  de  notre  Société.  Je 
suis  l'interprète  de  vos  sentiments  unanimes  en  lui  exprimant 
publiquement  notre  vive  gratitude  pour  l'honneur  qu'il  nous  fait  et 
pour  son  don  généreux. 

Le  Président  met  aux  voix  les  conclusions  du  rapport  financier, 
qui  sont  adoptées. 

Il  est  procédé  ensuite  à  l'élection  pour  le  renouvellement  du 
tiers  des  membres  du  Conseil.  Sont  élus  :  MM.  Henri  Beckkr, 
Edmond  Bickart-Sée,  Edouard  de  Goldschmidt,  Lucien  Lazard, 
Joseph  Lehmann,  Isidore  Lévy,  Léon  Lévy  et  Moïse  Schwab, 
membres  sortants. 

M.  Salomon  Rkinach  est  élu  président  de  la  Société  pour 
l'année  1911. 

M.  Lionel  Dauriac  clùt  la  séance  par  une  conférence  sur 
La  dramaturgie  de  Meyerbeer  (voir  plus  loin,  p.  vi). 


LA 

DRAMATURGIE    DE    MEYEEREER 

CONFÉRENCE  FAITE  A  LA  SOCIÉTÉ  DES  ÉTUDES  JUIVES 
LE  15  FEVRIER  1911 

Par  m.  Lionel  DAURIAC 

Professeur  de  philosophie  d  l'Ecole  rahbinique, 
Professeur  honoraire  à   l'Université  de  Montpellier. 


Un  moraliste  a  dit  que  chaque  mort  humaine  devrait  être  une 
diminution  de  l'humanité.  Le  sentiment  de  cette  diminution  de 
l'humanité  par  la  mort  d'un  seul  homme  ne  sera  jamais  exprimé 
avec  plus  de  force  qu'il  ne  le  fut  par  le  rabbin  Joël  de  Breslau 
devant  la  dépouille  mortelle  de  celui  que  ses  contemporains,  au 
lendemain  de  Robert  le  DiaMe,  saluaient  du  nom  de  «  Dante  de  la 
musique'  ».  Voilà  certes  un  éloge  qui  passe  la  mesure.  Mais 
l'éloge  qui  se  contient  dans  les  justes  bornes  et  qui,  sous  prétexte 
d'éviter  la  prodigalité,  recule  devant  la  dépense,  l'éloge  qui  compte 
avant  de  donner,  même  lui  arrivât-il  de  compter  juste,  atteste 
d'ordinaire  une  clairvoyance  ennemie  de  l'admiration  véritable; 
et  plus  d'un   s'inquiéterait  de  l'avenir  d'une  œuvre  d'art,  si  elle 

1.  Eloge  hyperbolique,  mais  significatif,  de  l'impression  ressentie,  impression 
analogue  à  celle  que  Ton  éprouve  en  face  d'un  «  colosse  ».  On  a  reproché  à 
Meyerbeer  de  viser  au  colossal.  Il  y  visa  peut-être.  Ce  qui  est  sîlr,  c  est  que  dans 
l'opitiion  des  contew/iorains  il  eut  la  bonne  fortune  d'y  atteindre,  et  non,  par  le 
simple  elTel  d'un  accident  heureux.  Avant  de  se  récrier  contre  celle  opinion,  bien 
faite  aujourd'hui  pour  surprendre,  il  vaut  mieux  lâcher  de  la  comprendre,  et 
c  est  Telfort  que  nous  allons  tenter. 


LA  DRAMATURGIE  DE  MEYERBEER  Vil 


n'était  pas  plus  tôt  apparue,  qu'elle  n'inspirât  aux  contemporains  le 
souci  de  lui  assigner  son  rang.  C'est  là  une  tâche  que  la  posté- 
rité se  réserve  et  qu'il  est  sage  de  lui  réserver. 

Pour  avoir  oublié  ce  conseil  de  sagesse,  la  jeune  génération 
présente  nous  parait  travailler  inutilement  contre  la  renommée  de 
Meyerbeer.  Que  cette  renommée  ait  perdu  de  son  éclat,  c'était  dans 
l'ordre  naturel,  et  peut-être  dans  l'ordre  de  la  justice.  Mais  à  quoi 
bon  surenchérir,  et  s'en  prendre  à  ceux  qui,  tout  en  assignant  à 
Meyerbeer  un  rang  sensiblement  moins  haut  que  celui  jusqu'où 
l'avait  porté  l'enthousiasme  de  nos  pères,  n'iraient  pas  encore 
assez  vite  en  besogne?  Quel  crime  d'art  a  donc  commis  Meyerbeer 
pour  qu'on  lui  reproche  ni  plus,  ni  moins,  ainsi  que  Ion  fait  aujour- 
d'hui, d'être  de  trop  dans  l'histoire  ? 

Il  y  a  donc,  Messieurs,  une  «  question  Meyerbeer  »,  que,  pour 
espérer  résoudre,  nous  souhaiterions  être  sensiblement  moins  avancés 
dans  la  vie  :  nous  aurons  vraisemblablement  disparu  avant  que 
l'heure  de  la  réparation  ne  vienne.  Essayons  pourtant,  sinon  de 
juger  le  procès,  tout  au  moins  de  commencer  à  l'instruire. 


T 


Demandons-nous,  d'abord,  quel  était  l'état  de  la  France  artis- 
tique, littéraire,  et  surtout  dramatique  au  moment  où  Meyerbeer 
vint  s'installer  en  notre  pays. 

11  y  vient  et  il  s'y  installe.  C'est  donc  qu'il  y  juge  le  sol  et  le 
milieu  propices  à  l'art  dont  l'idée  fermente  en  son  esprit.  Il  nous 
arrive  d'Italie  déjà  célèbre.  Mais  s'il  s'est  fait  connaître,  il  ne  s'est 
pas  encore  «  situé  ».  Tel  est,  on  le  dirait  du  moins,  son  propre 
jugement. 

La  France  d'alors  commence  une  crise  :  je  parle  de  la  France 
intellectuelle.  Nous  sommes  à  l'aube  du  romantisme,  et  déjà  le  pro- 
gramme du  romantisme  est  presque  rédigé.  Imaginons  Veyerbeer 
méditant  sur  ce  programme.  La  chose  n'est  guère  facile,  puisque 
l'homme  dont  nous  parlons  est  le  moins  romanesque  des  hommes  et 
vraisemblablement  l'une  dos  âmes  d'artistes  les  moins  inclinées  aux 


VIII  ACTES  ET  CONFÉBENCES 

nouveaux  «  états  d'âme  ».  Mejerbeer  n'en  va  pas  moins  regarder, 
interroger  et  s'interroger,  consulter  le  milieu  et  consulter  ses  forces. 
De  cette  double  enquête,  dont  il  va  laisser  les  résultats  mûrir, 
dirons-nous  que  sortira  l'idée  d'une  dramaturgie  musicale  person- 
nelle et  cohérente  ?  Oui,  si  l'on  regarde  aux  œuvres  :  pas  autre- 
ment. Que  Meyerbeer  ait  longtemps  «  porté  »  ses  œuvres  avant 
de  les  produire,  c'est  l'évidence  même.  Qu'il  ait  réfléchi  ses  desseins 
dramatiques  avant  de  les  réaliser,  qu'il  ait  médité  sur  son  art  futur 
en  philosophe  ou  en  critique,  il   est   possible.   Rien  ne  l'atteste. 
Tout  ce  que  nous  savons  par  sa  correspondance  (et  ce  qui  a  été 
publié  de  cette  correspondance  se  réduit  à  un  petit  nombre  de  let- 
tres) permet  d'affirmer  qu'il  tenait,  par- dessus  toute  chose,  à  être 
l'homme  de  son  temps  et  de  son  milieu.    Autrement  dit,  son  ambi- 
tion n'est  point  précisément  d'innover,  mais  de  consolider,  de  suivre 
ses  contemporains,  mais  en  vue  de  promouvoir,  par  après  et  jus- 
qu'au plus  haut  degré  de  perfection  possible,  le  genre  de  théâtre 
inauguré  par  eux.  Aussi  ne  dira-t-on  pas  peut-être  de  Meyerbeer 
qu'il  est  le  créateur  de  notre  grand  opéra  national  :  et  l'on   n'aura 
point  tort   On  dirait  plus  exactement  qu'il  en  a  «  fixé  »  le  genre. 

Il  n'est  point  le  créateur  du  genre  :  il  accepte  les  offres  de  ses 
librettistes  et  travaille  sur  les  sujets  à  la  mode.  Scribe,  son  grand 
collaborateur,  a  déjà  fait  ses  preuves  en  compagnie  de  Boïeldieu, 
qui  lui  doit  sa  Dame  Blmiche,  et  d'Auber,  qui  lui  doit  sa  Muette. 

La  Muette  a  précédé  Robert  le  Diable,  et  aussi  Guillaiime  Tell,  deux 
œuvres  acclamées.  Richard  "Wagner  bientôt  célébrera  les  qualités 
dramatiques  d'Auber...  d'Auber  ou  de  Scribe?  On  ne  saurait 
dire.  —  Ainsi  le  chemin  est  frayé  et  la  marche  bientôt  y  sera 
facile,  d'autant  plus  facile  que  la  voie  est  libre.  Auber,  d'abord,  est 
«  contraint  »  dans  le  grand  opéra.  Quant  â  Rossini,  s'il  vient  de 
faire  «  son  »  chef-d'œuvre,  il  s'aperçoit  vite  peut-être  des  inégalités 
qui  le  déparent.  11  sait  n'être  jamais  monté  aussi  haut,  il  sait  aussi 
l'œuvre  inférieure  à  ce  qu'elle  aurait  dû  être,  en  raison  même  des 
hauteurs  atteintes.  Au  lieu  d'écrire  en  vingt  jours,  comme  à  son 
habitude,  il  s'est  donné  six  mois  de  travail.  C'est  beaucoup  pour 
lui,  l'effort  est  insuffisant  quand  même. 

Ainsi  un  grand  mouvement  commence.  Vienne  l'artiste  capable 


LA  DRAMATURGIE  DE  MEYERBEER  IX 

de  produire  sur  la  scène  de  notre  Grand  Opéra  des  drames  tels  que 
ceux  d'Alexandre  Dumas,  tel,  entre  autres,  (\\x' HenrilTl  et  sa  Cour\ 
s'il  sait  écrire  pour  ces  drames  une  musique  appropriée,  le  succès 
est  certain  et  même  la  gloire.  Or  cet  artiste  est  déjà  venu  ;  il  tra- 
vaille, et  c'est  toute  une  dramaturgie  que,  par  la  préparation  de 
ses  opéras,  il  est  en  train  de  construire.  De  cette  dramaturgie, 
essayons  une  esquisse. 

Nous  n'apprendrons  rien  à  personne  si,  négligeant  d'ajouter  notre 
définition  du  romantisme  aux  définitions  que  l'on  sait,  et  qui  se  trou- 
blent les  unes  les  autres,  jusqu'à  se  presque  contredire,  nous  consta- 
tons que  la  crise  romantique  eut  le  caractère  de  toutes  les  grandes 
crises  de  lart  —  en  général  —  et  de  celui  du  théâtre  en  particulier. 
Dune  part,  si  l'homme  a  créé  les  beaux  arts,  c'est  pour  y  chercher 
un  refuge  contre  les  épreuves  de  la  vie.  Or  qui  veut  se  distraire  de 
la  vie,  ne  saurait  se  réfugier  ailleurs  que  dans  la  vie,  entendons  dans 
une  vie  imitée  de  la  vie  réelle,  dont  il  devient  le  spectateur,  et  dans 
le  spectacle  de  laquelle  il  se  repose,  ou  de  l'action,  ou  de  la  souf- 
france. Ce  passage  de  la  condition  d'acteur  à  celle  de  spectateur 
impose  à  l'artiste,  imitateur  de  la  vie,  certaines  précautions  dans  le 
choix  des  sujets  et  dans  la  manière  de  les  rendre  :  pour  distraire,  il 
faut  plaire.  Les  moyens  d'y  parvenir,  trouvant  dans  le  succès  une 
occasion  et  même  une  raison  de  se  renouveler,  ne  tardent  pas  à  être 
promus  à  la  dignité  de  règles.  Or,  une  excessive  fidélité  à  ces  règles 
aboutit  tôt  ou  tard  à  d'autres  infidélités.  Je  parle  des  infidélités  de 
l'artiste  à  la  vie  son  modèle;  car,  tandis  que  1  art  demeure  captif  des 
règles,  la  vie  évolue,  autrement  dit  elle  change  et,  plus  elle  change, 
plus  entre  elle  et  l'art  —  l'art  du  théâtre  —  un  divorce  s'accentue. 
Une  crise  est  donc  prochaine  :  une  crise,  qui,  avant  de  remettre  les 
choses  en  bon  ordre,  commencera  par  semer  le  désordre,  quitte  à 
bâtir,  par  après,  sur  des  plans  nouveaux,  et,  s'il  se  peut,  sur  une 
matière  nouvelle. 

Ainsi  le  théâtre  romantique  voulut  rapprocher  l'art  de  la  vie. 
Meyerbeer  de  bonne  heure  s  en  rendit  compte,  e*  son  nmhition  fui 
d'en  rapprocher  la  musique. 

Ce  qu  il  va  tenter  et  même  réaliser  sera,  dès  lors,  conforme  à 
l'idéal  ropoantique.  Ce  n'est  même  pas  assez  dire,  car,  sans  effacer 


ACTES  ET  CONFÉRENCES 


toute  trace  de  l'influence  italienne,  loin  de  là,  le  nouveau  théâtre 
musical  n'y  sera  plus  asservi.  On  va  sécarter  des  compositeurs 
italiens  du  xviii°  siècle,  des  «  piccinisants  »,  dont  il  semblait 
à  la  France  que  le  Rossini  d'avant  Guillaume  Tell  était  le  repré- 
sentant illustre.  Et  donc  Meyerbeer  va  s'affranchir  de  ce  joug  pour 
ramener  l'art  théâtral  plus  prés  de  ses  origines.  Or,  je  vous  le 
demande,  si  l'opéra  un  beau  jour  s'était  avisé  de  naître,  par  l'effet 
d'une  sorte  de  hasard,  il  n'aurait  pas  duré.  Mais,  puisqu'il  a  duré 
c'est  qu'il  eit,  possible  d'unir  étroitement  la  musique,  je  ne  dis  pas 
seulement  à  la  parole,  mais  aux  mouvements  d'une  action  drama- 
tique. La  réforme  qui  s'annonce  est,  dès  lors,  et  en  même  temps, 
une  renaissance,  une  «  réaction  »  si  l'on  y  tient,  nullement  uu 
«  recul  ». 

Meyerbeer  est  d'ailleurs  si  peu  disposé  à  réagir  contre  le  goût  musi- 
cal de  son  temps,  qu'il  ne  relèvera  rien  de  ce  que  le  romantisme  vient 
d'abattre.  Il  ne  songera  nullement  à  écrire  des  tragédies  musicales. 
Il  se  sentira  plus  à  l'aise  dans  un  genre  moins  tendu,  moins  austère, 
très  libre  en  ses  allures,  jusqu'à  se  permettre  de  temps  à  autre  leâ 
brusques  changements  et  de  ton  et  d'humeur.  Le  drame  roman- 
tique —  et  le  redire,  c'est  répéter  un  lieu  commun  —  est  né  au 
contlueni  de  la  tragédie  et  de  la  comédie.  Résolu  à  ne  traiter  que 
des  sujets  de  drame,  toujours  afin  de  concilier  les  droits  de  l'art 
avec  ceux  de  la  vie,  Meyerbeer  ne  craindra  pas  de  côtoyer 
ropéra-comique  et  d'imiter,  à  sa  manière,  le  plus  scénique  de  nos 
musiciens  de  théâtre,  c'est  d'Auber  que  je  parle.  De  cette  imi- 
tation très  lointaine,  très  indépendante  d'ailleurs,  très  intelligente 
aussi,  sortiront  bientôt  les  deux  premiers  actes  de  Robert  et  les  deux 
premiers  actes  des  Huguenots.  Ici  l'élément  du  type  comique,  à  une 
scène  près  (scène  nécessaire,  puisqu'après  tout,  c'est  au  grand  opéra 
que  nous  sommes),  domine  sensiblement. 

L'opéra  comporte  cinq  actes,  telle  est  du  moins  la  règle  nouvelle, 
La  juxtaposition  des  genres,  entendons  de  l'élément  comique  et  de 
l'élément  tragique,  permettra  dès  lors  de  varier  les  sources  d'émotion. 
Il  y  a  pourtant  mieux  à  essayer  ;  la  «  fusion  »  dé  ces  genres.  Elle 
est,  d'ailleurs,  plus  facile  peut-être  au  musicien  qu'à  l'écrivain.  La 
symphonie   se  Test  permise.    Elle  se    lest   permise   surtout   avec 


LA  DRAMATURGIE  DE  MEYERBEER  XI 

Beethoven,  chez  fjui  l'on  sait  que  les  effets  de  contraste  ont  souvent 
donné  lieu  à  des  moments  mémorables.  Meyerbeer  s'en  souvient  : 
il  se  montrera  souvent  habile  au  maniement  des  contrastes. 

Et  c'est  l'orchestre  qu'il  en  chargera.  Ici,  Messieurs,  nom  tou- 
chons à  l'essence  de  la  dramarturgie  nouvelle.  Des  oeuvres  telles 
que  la  Muette  et  Guillaume  Tell  ont  pu  en  faire  naître  le  «  pres- 
sentiment ».  L'idée  en  est  de  source  germanique. 

On  se  méprendrait  sur  cette  idée,  si  on  la  définissait,  comme  il  a 
pu  jadis  m'arriver  de  la  définir  :  faire  de  l'orchestre  le  moteur 
de  l'action.  Définition  certes  admissible,  insuffisante  pourtant. 
Admissible  :  c'est  la  définition  même  du  genre  opéra.  Insuffisante  : 
Meyerbeer  pourrait  être  impunément  retranché  à  l'histoire,  s'il 
n'avait  essayé  rien  d'autre.  Certes  il  a  situé  le  moteur  de  l'action 
dans  l'orchestre.  Mais  il  a,  de  plus,  chargé  l'orchestre  de  la 
conduite  même  de  cette  action.  De  simplement  chantante  qu'était 
cette  action  chez  ses  prédécesseurs,  il  l'a  rendue  symphonique. 
De  simple  moteur  qu'était  avant  lui  l'orchestre,  il  en  a  fait  un 
conducteur.  On  bâillerait  au  théâtre  de  Meyerbeer,  on  y  eût  bâillé 
dès  son  origine,  si  Ion  n'avait  écouté  de  ce  théâtre  que  ce  qui 
se  chante  sur  le  «  plateau  ».  Ainsi  le  centre  de  l'intérêt  musical 
sera  désormais  dans  l'orchestre  ;  disons  plus  et  disons  mieux  :  dans 
la  symphonie  sur  laquelle  les  phrases  chantées  se  détacheront. 

L'intérêt  musical  est  déplacé.  La  réforme  est  donc  indiscutable  et 
aussi  l'originalité  du  réformateur.  Car  nous  allons  éprouver  deux 
plaisirs  à  la  fois  :  celui  que  l'on  va  chercher  au  théâtre  ;  celui  que  l'on 
va  demander  au  concert  vocal  ou  instrumental,  surtout  instrumental. 
L'avantage  est  précieux...  à  moins  qu'il  ne  se  paye  d  un  inconvénient 
du  plus  grave,  le  sacrifice  du  drame  au  concert.  Alors,  bien  que  par 
des  moyens  nouveaux,  nous  serions  rqjetés  sur  le  «  rossinisrae  »  ou 
sur  le  «  piccinisœe  ».  Comment  vaincre  la  difficulté? 

En  essayant  de  rendre  la  symphonie  dramatique.  Aussi,  puisque 
le  nouveau  théâtre  se  promet  d'être  à  la  fois  scénique  et  dramatique, 
ou  s'interdira  autant  que  possible,  ce  qui  est  l'essence  même  de  la 
symphonie,  à  savoir  le   «  développement  »  des  liièmes.  Pourquoi  ? 

Parce  que,  s'il  en  était  ainsi,  l'intérêt  musical  resterait  indépen- 
dant de  l'intérêt  dramatique,  et  le  drame  y  serait  de  trop.  Que  l'on 


XU  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

compare  une  symphonie,  surtout  une  symphonie  du  type  Beetho- 
ven (surtout,  mais  non  exclusivement',  à  une  action  musicale,  j'y 
souscrirai  tout  le  premier.  Mais  une  action  musicale  peut  s'accommo- 
der d'un  développement  proprement  dit  et,  pareillement,  la  tragédie 
lyrique.  La  raison  en  est  que  la  tragédie  est  oratoire  et  intérieure. 
Le  drame  est,  au  contraire,  extérieur,  et  l'on  y  «  parle  »,  au  lieu 
d'y  «  discourir  ».  Il  en  résulte  que  l'action  y  est  perpétuelle,  ou  tout 
au  moins  cet  extérieur  de  l'action  qui  est  le  mouvement  et  le  geste. 
Et  c'est  en  quoi  le  romantisme  ne  pouvait  manquer  d'aboutir  au 
naturalisme. 

Si  je  viens  de  prononcer  ce  mot,  c'est  parce  que,  dans  le  drame  de 
Meyerbeer,  la  musique  côtoiera  le  naturalisme  et  soulignera,  selon 
son  pouvoir,  et  autant  que  le  permettront  ses  ressources,  les  mouve- 
ments et  les  gestes  ;  les  entrées,  les  sorties  ;  les  allées  et  venues  sur 
la  scène;  et  cela,  sans  oublier  les  incidents  du  dialogue  et  jusqu'aux 
changements  du  rythme  intérieur  qui  accompagnent  ordinairement 
les  crises  passionnelles. 

Or  la  musique  ne  saurait  se  rapprocher  du  genre  naturaliste  sans 
dépouiller  une  partie  des  caractères  communs  au  développement 
musical,  au  développement  oratoire.  Heste  à  savoir,  et  une  fois  ces 
caractères  éliminés,  comment  on  les  remplacera. 

Ne  sait-on  pas,  d'expérience',  (et  l'on  en  trouverait  les  preuves 
dans  l'œuvre  de  Beethoven,  dans  ses  sonates  et  dans  ses  sympho- 
nies], que  la  rupture  de  la  trame  mélodique  atteste  chez  le  composi- 
teur l'intention  d'exprimer  uu  «  mouvement  de  l'âme  »  ?  Et  il  n'en 
saurait  être  autrement,  si  le  propre  du  mouvement  passionnel  est  ou 
d'interrompre  ou  de  désorienter  le  cours  habituel  de  nos  états  de 
conscience.  Généralisons  la  remarque.  Aussitôt  un  type  de  sym- 
phonie nouvelle  s'ébauche  dans  notre  esprit,  où  le  développement 
d  un  petit  nombre  de  phrases  fait  place  à  un  défilé  de  thèmes 
aussi  courts  que  possible,  dont  le  va  et  vient  correspond,  soit  au 
mouvement  des  personnages,  soit  aux  variations  de  leur  humeur, 
soit  aux  alternances  de  leurs  rythmes  passionnels  provoqués  tantôt 
par  un  coup  de  théâtre,  tantôt  par  le  libre  jeu  des  passions.  Je  nn 
suis  pas  sûr  que  cette  façon  de  briser  le  développement  pour  lui  subs- 
tituer un  jaillissement  incessant  de  membres  de  phrases  soit  appelé 


LA  KHAMATURGIE  DK  MEYERBEER  XIII 

à  réussir  partout.  Je  ne  le  conseillerais  point  au  synaphoniste. . . 
Encore  s'il  en  profitait  pour  donner  plus  de  vie  à  son  (euvre  sans  lui 
rien  laisser  perdre  de  son  unité,  je  n'y  trouverais  guère  à  redire. 

En  m'exprimant  ainsi,  ce  n'est  point  notre  symphoniste  imagi- 
naire que  je  vise.  C'est  Meyerbeer  à  qui  je  pense,  et  qui,  préoc- 
cupé de  modeler  les  incidents  de  sa  symphonie  dramatique  sur  les 
incidents  du  drame,  en  va,  de  son  mieux,  sauvegarder  l'unité. 

D'abord,  il  ne  multipliera  pas  les  thèmes  indéfiniment,  au  gré  des 
accidents  de  l'action.  La  chose  n'a  rien  d'indispensable.  Et  chacun 
sera  de  notre  avis,  s'il  y  a  moyen  de  faire  droit  aux  exigences  de 
variation  issues  des  péripéties  du  mouvement  scénique  ou  drama- 
tique, sans  se  donner  l'air  d'imiter,  en  musique,  la  capricieuse 
«  mouvance  »  des  dessins  et  des  teintes  dans  le  kaléidoscope.  Ce 
moyen  peut-il  se  remontrer  ?  Oui,  et  il  n'est  guère  sensiblement 
moins  vieux  que  la  mélodie.  Et  il  est  la  «  modulation  ». 

On  sait  ce  que  c'est  que  moduler.  On  sait  aussi  ce  que  les  «  gram- 
mairiens de  la  musique  »  entendent  par  les  «  tons  relatifs  ».  La 
théorie  des  tons  relatifs  limite  le  po'ivoir  de  moduler.  Or  on  peut 
s'affranchir  de  cette  théorie  En  effet,  de  chacun  des  tons,  ne  peut-on 
[.asser dans  chacun  des  autres?  Ef,  pour  me  servir  d'un  exemple 
n'ira-t-on  pas  immédiatement  d'ut  naturel  à  ut  dièse, c'est-à-dire  d( 
la  tonique  du  ton  d'ut  à  la  tonique  du  demi-ton  .supérieur  ?  Mais  ui 
naturel  n'est-il  pas  la  sixte  du  ton  demi  bémol,  et  de  l'un  de  ce.-;  tons 
à  l'autre  n"est-il  pas  pas  possible  de  passer  immédiatement? 

Et  voilà  les  vieilles  barrières  renversées!  La  modulation  omnito- 
nique  est  reconnue  légale.  Meyerbeer  n'est  point  l'auteur  de  cette 
légalisation.  Il  est  de  ceux  qui  l'ont  fait  passer  dans  les  mœurs  musi- 
cales, et  l'art  ne  peut  que  lui  en  être  reconnaissant.  La  raodulatior 
n'est-elle  pas,  en  effet,  le  moyen  de  faire  vivre  un  thème  tout  en  lu": 
conservant  son  dessin,  d'y  introduire  la  variété  sans  rien  lui  ôter 
de  son  identité  formelle. .  .  ou  plutôt  «  morphique  »  ? 

Aussi  ne  faut-il  pas  s'étonner  de  voir,  chez  Meyerbeer,  la  modula- 
tion tenir  la  place  que,  chez  Victor  Hugo,  tient  déjà  l'antithèse.  A 
l'art  de  la  modulation  Meyerbeer  ne  se  sera  point  plus  tôt  essayé, 
qu'il  y  sera  passé  maître.  Même  il  lui  arrivera  de  moduler  sans 
raison  suffisante,  par  habitude,  peut-être  par  coquetterie,  par  je  ne 


XIV  ACTES  ET  CONFERENCES 

sais  (juelle  complaisance  pour  un  genre  de  sporL  où  Ton  est  toujours 
Jrâr  d'avoir  partie  g-ag^née. 

La  modulation  servira  donc  à  limiter  la  génération  des  thèmes, 
tout  en  maintenant  à  l'action  musicale  ce  «  devenir  »  qui  la  rap- 
proche de  la  vie.  Mais  il  est  dans  les  exigences  de  l'esprit  musical  ou, 
tout  au  moins,  dans  celles  dont  l'esprit  musical  n'a  pas  encore  abso- 
lument consenti  à  se  départir,  de  limiter  le  devenir  thématique, 
pour  empêcher  le  plaisir  dû  à  la  variation  de  dégénérer  en  déplaisir  : 
en  un  déplaisir  qui  aurait  pour  cause  le  passage  incessamment 
ininterrompu  ou  d'un  ton  à  un  autre,  ou  d'un  thème  à  un  autre  thème. 
La  librettiste,  lui,  a  divisé  l'action,  puisqu'il  a  multiplié  les  actes  et 
que,  tout  en  multipliant  les  actes,  il  les  a  partagés  chacun  en  une 
pluralité  définie  de  scènes.  Le  même  librettiste  a  sauvegardé  l'unité 
de  chacun  des  actes  et,  dans  chacun  des  actes,  de  chacune  des  scènes. 
Autant  d'obligations  dont  le  compositeur  ne  s'affranchirait  pas  sans 
péril . 

Pour  réaliser  l'unité  scénique,  en  partie  déjà  sauvegardée  par  les 
modulations  d'un  même  motif,  Mejerbeer  va  s'aviser  d'un  moyen 
directement  tiré  de  la  symphonie  où  le  retour  des  thèmes  Jalonnent 
le  développement.  Il  va  écrire  un  thème,  de  huit,  de  douze  ou  de  seize 
mesures,  destiné  à  reparaître  comme  un  refrain  dans  les  moments 
où  l'action  du  drame  s'arrête  ou  se  ralentit,  afin  de  reprendre  haleine. 
La  précaution  est  sage,  car  elle  permet  :  à  l'auditeur  de  se  retrouver 
et  comme  de  se  reconnaitre,  puisque  le  voilà  en  présence  d'une 
phrase  —  et  d'une  vraie  phrase  —  déjà  rencontrée;  au  compositeur 
de  ne  pas  se  donner  un  trop  libre  caprice  dans  le  choix  des  «  thèmes 
de  marche  »  ;  je  les  appelle  ainsi  pour  les  opposer  aux  autres  et  qui 
sont  des  «  thèmes  de  halte  ».  Une  phrase  dont  la  destination  est  d'en- 
cadrer ne  peut  servir  de  cadre  à  une  matière  musicale  quelconque, 
indéfinie  en  quaUté.  Les  jalons  qui,  de  distance  en  distance,  bordent 
la  route,  ne  sont  pas  des  jalons  inertes  plantés  après  coup.  Ils  pour- 
raient bien  avoir  été  choisis  avant  que  la  route  n'eût  été  tracée. 
Autrement  dit,  les  thèmes  de  halte  ont  inévitablement  déterminé 
les  thèmes  de  marche.  Ils  ont  limité  l'invention  de  ces  motifs 
accessoires  où  il  faut  savoir  éviter  la  profusion,  ne  serait-ce  que  pour 
s'épargner   le  reproche  d'indigence.   En   musique   comme  partout 


LA  DRAMATURGIE  DE  MËYERBÉER  XV 

ailleurs,  l'excès  dans  le  jaillissement  des  idées  témoigne  d'une  inca- 
pacité de  les  retenir  et,  par  là-môme,  d'en  tirer  parti. 

Ce  serait  le  moment  d'appuyer  ses  affirmations  d'exemples.  Je 
vous  prierai  doue.  Messieurs,  de  relire  en  détail  la  vaste  Introduc- 
tion de  Robert  le  Diable,  ou  le  thème  de  halte,  dit  :  le  Chmir  des 
Buveurs  : 

Le  vin  {ie>'\  le  jeu,  les  belles. . . 

remplit  la  fonction  d'encadrement.  Dans  l'intervalle  des  baguettes 
de  ce  cadre  mobile,  une  phrase  va  se  mouvoir,  monter,  descendre, 
s'égayer,  s'assombrir,  puis  s'égayer  encore  ;  une  vraie  phrase 
d'opéra-comique  «  légère  et  court  vêtue  ».  Elle  tient  deux  mesures  à 
peine.  Et  donc  elle  est,  ou  ne  saurait  plus,  apte  au  rôle  dont  je 
parlais  tout  à  l'heure,  et  qui  est  un  vrai  rôle  d'éperon.  Non  seule- 
ment la  phrase  sert  d'éperon  au  mouvement  scénique,  mais  encore 
elle  donne  à  l'action  proprement  dite  son  impulsion  première,  car 
elle  jaillit  de  l'orchestre  au  moment  même  où  Alice,  sœur  de  lait  de 
Robert,  et  son  fiancé  Raimbaut,  arrivent  «  comme  par  hasard  d,  en 
réalité,  pour  sauver  Robert  des  pièges  de  Bertram.  Et  comme 
cette  arrivée,  surtout  celle  d'Alice  —  que  Robert  se  gardera  bien 
de  reconnaître  tout  d'abord  —  met  nos  chevaliers  de  bonne  humeur 
en  excitant  leur  jovialité  et  leur  convoitise  ! 

Au  même  acte  de  Robert  le  Diable,  dans  le  final  —un  final  plein  de 
verve,  encore  qu'assez  niédiocreuient  infernal  —  la  phrase  de  pivot 
sera  extraite  de  la  Sicilienne  et  le  thème  écrit  sur  les  fameuses 
paroles  : 

L'or  es'  une  chimère  ! 

servira  de  jalon  :  de  jalon  mobile,  car  ici  les  moments  de  reprise 
d'haleine  seront  courts,  ainsi  que,  selon  la  «  poétique  »  du  temps, 
les  règles  du  final  l'exigeaient.  Mais  ce  ne  sont  point  ici  les  différences 
qu'il  faut  signaler  à  votre  attention,  puisque  c'en  est  plutôt  le 
contraire;  la  constance  de  la  méthode,  sa  clarté  sa  sûreté,  pour  ne 
rien  dire  d'une  richesse  thématique,  qui,  en  ce  temps  là,  surprenait 
les  contemporains. 

Cette  richesse  s'atteste  par  l'aisance  avec  laquelle  les  thèmes  sor- 
tent les  uns  des  autres,  qualité  que  Meyerbeer  partage  avec  Auber, 


XVI  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

cette  qualité  est  très  française,  si  elle  ne  l'est  pas  exclusivement . 
Mais  l'avantage  est  du  côté  de  Meyerbeer,  si  l'on  a  égard  à  la 
multiplicité  des  moyens  :  ici,  la  modulation  ;  ailleurs,  le  changement 
de  rythme;  parfois  des  contrastes,  nulle  part  de  disparates.  L'écueil 
était  là,  et  toujours  le  compositeur  passe,  non  point  au  large,  mais 
à  distance.  Il  n'est  guère  de  musique  ni  plus  mouvante,  ni  plus 
vivante  ;  et  elle  reste  «  musique  ».  Je  n'en  veux  d'autre  preuve  que 
l'aisance  avec  laquelle  ces  «  morceaux  de  morceau  »  une  fois  perçus 
par  l'oreille,  entrent  dans  la  mémoire,  et  presque,  s'y  établissent  à 
demeure.  Ces  thèmes,  dont  les  plus  courts  ne  sont  guère  que  des 
"  figures  rythmiques  »,  sont  destinés  à  la  «  récitation  ».  Ils  sont 
faits  pour  être  chantés  au-dessus  de  V orchestre.  Mais  c'est  l'orchestre 
qui  les  met  en  valeur. 

Voilà  donc  une  dramaturgie  assurément  nouvelle  et  dont  chacun 
des  exemplaires  marquera  une  date  dans  l'histoire  de  notre  théâtre. 
Je  ne  cr.nns  pas  d'ajouter  que  le  premier  acte  de  Rohnl  le  Diable  en 
serait  l'exemplaire  le  plus  parfait  et  le  plus  significatif,  si  la  psycho- 
logie musicale  y  était  moins  intermittente.  Vienne  le  quatrième 
acte  des  Huguenots  :  nous  aurons,  cette  fois,  ei  de  la  vraie  psychologie 
et  de  la  vraie  musique.  Et  nous  nous  apercevrons  que  la  drama- 
turgie est  restée  constante.  C'est  toujours  le  système  des  «  volets  » 
qui  aura  prévalu.  Ici  je  me  sers,  à  dessein,  d'un  mot  emprunté  au 
vocabulaire  de  la  peinture,  puisque  la  scène  de  la  Conjuration  et  de  la 
Bénédiction  des  Poignards  peut  se  comparer  à  une  suite  de  tableaux 
inspirés  par  un  sujet  unique.  La  même  comparaison  s'appliquerait  à 
la  grande  scène  du  prêche  anabaptiste  premier  acte  du  Prophète) . 
Je  n'en  dirai  point  autantdu  fameux  acte  de  l'Eglise,  un  chef-d'œuvre 
de  Scribe,  où  le  musicien  suit  les  indications  du  librettiste,  ce  qui 
lui  vaut  des  instants  admirables...,  rien  que  des  instants.  Ici  les 
«  jalons  »  ont  manqué. 

Nous  connaissons  la  dramaturgie  de  Meyerbeerdans  ses  principes. 
Pour  l'otudier  dans  ses  conséquences,  un  livre  ne  serait  pas  trop. 
Ce  soir  je  m'en  tiendrai  à  quelques  brèves  remarques  :  1°  sur  le 
récitatif  ;  2°  sur  le  personnage  musical. 


LA  DRAMATUBGIE  DE  MEYERBEEB  XVII 


II 


Le  récitatif,  chacun  le  sait,  c'est  l'une  des  maîtresses  pièces  du 
drame  lyrique.  Réciter  n'est  ni  parler,  ni  chanter.  Ce  n'est  point  par- 
ler, puisque  l'on  j  parle  en  musique;  ce  n'est  point  chanter,  puisque 
l'on  n'y  fait  point  de  phrases  musicales.  Le  récitatif  n'est  donc  pas 
«  mélodique  »,  et  s'il  se  libère  du  mouvement  régulier  nécessaire  à 
la  mélodie,  il  n'en  devient  que  plus  expressif.  Le  récitatif  est  là  pour 
sauvegarder  u  les  droits  de  la  vie  ».  On  sait  avec  quel  art,  et  sou- 
vent avec  quel  bonheur,  il  est  arrivé  à  Gluck  d'enchaîner  étroitement 
le  récitatif  à  la  mélodie  chantante  de  manière  à  presque  effacer 
la  transition.  Meyerbeer  ne  tentera  pas  autre  chose.  Je  n'irai  point 
jusqu'à  prétendre  qu'il  imitera  Gluck  :  il  ne  l'iniitera  même  pas  «  à 
sa  manière  » .  On  ne  peut  dire  d'un  artiste  qu'il  s'inspire  de  tel 
ou  tel  maitre,  lorsqu'il  ne  fait  que  se  conformer  à  l'une  des  lois  les 
plus  générales  de  son  art.  Et  nul  ne  me  contredira  quand  j'aurai 
rappelé  que  l'opéra  serait  resté  le  plus  faux  des  genres,  si  le  réci- 
tatif et  le  chant, proprement  dit,  n'avaient,  dès  l'origine, cherché  a  se 
rejoindre.  L'union  fut  prompte.  Plus  tard  ce  fut  la  désunion.  Et  Ton 
peut  dire  que  ce  divorce  sévissait  dans  l'opéra  italien  dès  les  pre- 
mières années  du  xix*  siècle  ju>que  dans  l'opéra  de  Possini. 

La  réforme  du  récitatif,  telle  que  Meyerbeer  va  l'entreprendre,  et 
conformément  à  sa  dramaturgie,  est  déjà  impliquée  dans  les  principes 
de  cette  dramaturgie  même  :  dans  ses  principes  ou,  tout  au  moins 
dans  ses  «  habitudes  générales  ».  Il  s'agit  de  resserrer  ce  que  le 
mauvais  goût  des  auteurs  et  l'indolence  des  compositeurs  ont  laissé 
se  détendre  :  il  s'agit  de  rendre  le  récitatif  plus  musical,  sans 
rien  ôter  à  ses  vertus  expressives.  Mais  c'est  déjà  chose  prescjue 
faite.  Car  ces  morceaux  de  thèmes  qui  circulent  d'un  ton  à  l'autre 
dans  les  scènes  d'ensemble  peuvent  être  considérés,  à  volonté,  ou 
comme  des  membres  de  mélodie  en  état  de  vagabondage,  ou  comme 
les  fragments  d'un  récitatif,  entendons  d'un  récitatif  en  veine  de 
conversion  Ne  nous  demandons  pas  à  ce  propos  comment  Gluck  en 
aurait  jugé,  Gluck  ou  quelqu  un  de  son  école.   (ïluck,  c'est  la  tra- 

ACT.     ET    CONF.  B 


XVIII  ACTES  ET  CONFERENCES 

gédie,  Meyerbeer,  c'est  le  drame.  Gluck,  c'est  la  passion  intérieure, 
et  que  l'on  sent  couver  ;  Meyerbeer,  c'est  la  passion  qui  fermente, 
mais  pour  éclater  ensuite  et  se  traduire,  aux  regards  de  tous,  en 
gestes  et  en  paroles.  Ne  savons-nous  point  que  le  théâtre  roman- 
tique, s'il  s'adresse  à  l'âme,  chose  qu'assurément  il  serait  en  grand 
embarras  de  s'interdire,  s'adresse  principalement  aux  oreilles  et  aux 
yeux? 

Et  c'est  pourquoi  l'action  de  la  symphonie  se  fera  sentir  jusque 
dans  le  récitatif,  où  l'orchestre  ne  s'en  tiendra  plus  au  rôle  de 
soutien  ou  de  régulateur.  L'orchestre,  chez  Meyerbeer,  —  et 
c'est  ce  qu'il  ne  faut  pas  craindre  de  redire,  —  n'abdique  jamais.  Se 
permet-il  de  rares  minutes  de  silence,  c'est  pour  n'en  rendre  que  plus 
certain  l'effet  d'une  rentrée  prochaine.  Aussi  des  phrases  d'orchestre 
souligneront  presque  partout  les  récitatifs,  j'en  atteste  le  premier 
acte  de  Robert,  le  cinquième  des  Huguenots,  sans  oublier  les  deux 
exemplaires  d'assez  belle  venue  que  sont  Y  Evocation  de  Bertram  et 
le  Songe  de  Jean  de  Leyde,  où  se  seraient  trouvés  les  sii^nes  annoncia- 
teurs du  rêve  d'Eisa  *,  si  Lohengrin  ne  s'était  avisé  de  précéder  de 
deux  ans  le  Prophète. 

Ajoutons  que  des  moments  de  «  récité  »  jalonneront  parfois  les 
trios  et  les  duos.  Et  il  ne  faudra  pas  s'en  plaindre,  si  ces  moments  ser- 
vent à  relever,  par  la  vérité  de  l'accent  dramatique,  les  lourdeurs  et 
les  banalités  du  style  -.  J'indique  là  des  remarques  à  faire  pressé 
quejesuisde  vous  entretenir,  aussi  brièvement  que  possible,  des 
«  créatures  »  de  Meyerbeer   autrement  dit  de  ses  personnages. 


1.  La  comparaison  est  ini,lruclive.  On  a  dit  souvent  de  la  dramaturgie  wagné- 
rienne  que  ses  appli-alions  lui  auraient  enlevé  toute  efficacité,  si  elle  n'avait 
trouvé,  pour  la  mettre  en  œuvre,  tin  musicien  de  génie.  Meyerbeer  n'est  pas  un 
musicien  de  génie,  son  œuvre  n'en  reste  pas  moins  intéressante  et  \' originalité  dt 
sa  conception  d'art  n'en  sauva  pas  moins,  en  son  temps,  les  défaillances  de 
«   Tapplication  »• 

2.  Dans  le  grand  duo  de  Raoul  et  de  Valenline,  il  faut  bien  avouer  que  le 
•  oui!  tu  l'as  dit.  ,  »  mis  à  part,  le  style  manque  de  noblesse.  Verdi  n'écrira 
pas  avec  plus  de  négligence  et  il   aura  plus  de  jet,  plus  d'élan  véritable. 


LA  DRAMATURGIE  DE  MEYERBEER  XiX 


III 


La  théorie  du  personnage  musical,  ou  plutôt  l'éveil  de  l'attention 
publique  sur  la  nécessité  qu'il  j  ait,  dans  l'opéra,  de  tels  personnages 
remonte  à  VAlcesIe  de  Gluck.  Cette  fois  encore,  il  faut  répéter  ce  que 
l'on  disait  tout  à  l'heure  :  de  même  que  le  récitât  if  est  «  essentiel  »  à 
l'opéra,  le  personnage  musical  n'en  est  pas  moins  impliqué  dans 
l'essence  du  genre. 

On  sait  à  quel  degré  s'est  élevé  l'art  de  «  personnifier  »  dans  le 
drame  de  Richard  Wagner.  On  surpassera  difficilement,  à  ce  point 
de  vue,  l'auteur  de  la  Tétralogie.  Meyerbeer  a  certes  moins  exigé  de 
lui-même.  Là  encore,  à  mon  sens,  il  s'est  montré  curieusementintel- 
ligent  et  habile.  Lui  et  son  collaborateur,  car  ici  le  collaborateur  a  sa 
part  de  mérite,  ont  adopté  une  méthode  dont  la  moindre  qualité  est 
d'ê Te  simple  et  naturelle .  Cette  méthode  consiste  à  «  diviser  »  le 
personnage.  F^ar  exemple,  Bertram,  qui  est  Robert  le  Diable, 
cumule  deux  fonctions  dramatiques,  trois  même  au  besoin. 
Il  est  damné,  donc  ennemi  de  Dieu  et  des  créatures  de  Dieu,  à  moins 
qu'il  ne  les  ait  déjà  séduites.  Il  est  roi  des  Fnfers,  ou  du  moins  il  le 
dit',  ce  qu'il  doit  savoir  mieux  que  personne.  Il  est  donc,  en  un  sens, 
un  personaage  auguste,  puisqu'il  est  au  sommei  de  la  hiérarchie  des 
diables.  Enfin,  et  ceci  nou^  vaut  plus  d'un  des  moments  drama- 
tiques de  la  partition,  il  a  séduit  la  mère  de  Robert  :  le  fils  de  la 
reine  de  Normandie  est  le  fils  de  Satan.  Cela,  nous  ne  l'apprendrons 
qu'au  dernier  acte ,  mais  à  l'acte  troisième,  pendant  la  val.se  infer- 
nale, la  musique  fera  tout  son  possible  pour  nous  le  faire  pressentir. 
Ainsi  pendant  l'acte  troisième  de  Robert,  que  l'on  pourrait  nommer 
«  l'acte  de  Bertram  »,  le  sombre  personnage  se  montre  à  nous  sous 
plusieurs  aspects  :  tentateur  des  hommes -,  épouvante  des  femmes  ', 

1.  Car  il  lui  arriva  de  se  démeatir.  Au  début  du  iroi-sième  acte  il  se  considère 
comme  uu  simple  •  ange  déchu  •.  Au  moment  de  VËvocatioa  il  se  douue  le  liire 
de  Roi. 

2.  Troisième  acte  :  duo  bouffe  du  début. 

3.  Troisième  acte  :    duo  entre  Bertram  tt   Alice. 


XX  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

père  du  héros,  et  pendant  la  mémorable  scène  de  ['Evocation,  roi 
du  «  sombre  empire  »   ainsi  qu'il  est  dit  dans  le  livret. 

I  a  méthode  de  division  dont  il  est  ici  parlé  se  retrouvera  dans  la 
Juive,  de  F.  Halévj,  où  le  personnage  d'Eléazar  sera  pareillement 
«  découpé  ».  Elle  se  retrouverait  facilement  ailleurs,  antérieure- 
ment à  Robert,  jnsciue  dans  i'opéra-comique  et,  en  particulier,  dans 
le  Zampa  d'Hérold.  Meyerbeer  l'a  donc  ado[)tée  :  il  ne  l'a  pas  inau- 
gurée. Ces  réserves  faites,  reconnaissons  qu'il  a  surpassé  ses  rivaux, 
et  que  son  talent  l'y  aida.  Car,  tandis  que  les  émules  ont  recours 
à  ce  que,  faute  d'un  terme  meilleur,  j'appellerai  la  «  psychologie 
vocale  »,  c'est  à  l'orchestre  que  Meyerbeer  demande  ses  moyens 
d'expression,  non  point  à  la  rencontre,  mais  parce  qu'en  lui  s'in- 
tersectent  les  dons  de  l'homme  de  théâtre  et  ceux  du  symphoniste. 

On  doit  pourtant  convenir  que  sur  trois  de  ses  personnages  musi- 
caux (en  a-t-il  été  davantage,  et  quand  on  aura  nommé  Bertram, 
Marcel  (Huguenots)  et  Fidès  [Prophète),  n'en  aura-t-on  pas  épuisé  la 
liste  ?),  le  personnage  de  Varcel  et  celui  de  Fidès,  conservent,  d'un 
bout  à  l'autre  du  drame,  leur  identité  musicale.  La  méthode  de  divi- 
sion n'était  donc,  chez  Meyerbeer,  qu'une  méthode  d'essai,  qu'un 
point  de  départ  ? 

II  y  paraît  bien,  à  mesure  que  l'on  examine  les  deux  rôles  de  Fidès 
et  de  Marcel.  L'aîné  des  deux  rôles,  et  de  beaucoup,  est  le  rôle 
de  Marcel.  Et  le  meilleur  des  deux  est  encore  celui  de  Marcel.  Fidès 
ne  garde  sa  dignité  (musicale)  de  mère  que  pendant  quatre  actes  sur 
cinq.  Le  cinquième  acte,  dont  on  dirait  qu'il  est  sa  propriété, 
puisqu'elle  ne  quitte  pas  la  scène,  est  l'un  des  plus  médiocres 
qu'ait  écrit  le  compositeur  '.  Fidès  y  dégénère,  non  parce  qu'elle  y 
vocalise,  mais  parce  que  ses  vocalises  la  font  «  bavarder  »  Je  n'ou- 
blie point,  au  cinquième  acte,  la  noble  phrase  : 

O  loi,  qui  m'abandonnes,  etc.  . . 

On  en  peut  extraire  cin(i  mesures  admirables,  pas  une  de  plus. 
Le  reste  y  est  de  trop. 

1.  Où  l'on  pourrait  dire  que  rapolhéose  de  Fidès  a  été  —  combien  déplorable- 
menl  !  —  sacriliée  à  celle  de  l'auliue  Viardot.   La  irrande  artiste  méritait  certes 


LA  DRAMATUHGIE  DE  MEYERBEER  XXI 

La  Fidès  de  l'acte  quatrième  a  plus  de  vraie  grandeur.  Son 
«  imprécation  »,  alors  qu'elle  maudit  le  prétendu  meurtrier  de  son 
fils  et  qui  n'est  autre  que  ce  fils,  se  recommande,  par  la  profondeur  et 
la  sincérité  de  l'accent...  jusqu'au  passage  du  mineur  au  majeur  où. 
de  nouveau,  elle  déclame  '.  J'en  dirais  volontiers  autant  de  la  com- 
plainte ;  et  à  peine  excepterai-je  de  ce  genre  de  mésaventure  l'^ir/oso 
du  deuxième  acte  : 

0  mon  fils  !  Sois  béni  ! 

Là  aussi  il  y  a  de  la  grandeur;  de  la  grandeur  et  de  la  tendresse, 
de  la  grandeur  dans  la  tendresse.  C'est  le  ciel  qui  bénit  par  le  geste 
delà  mère,  d'où  la  grandeur.  C'est  la  mère  qui  transmet  la  béné- 
diction du  ciel,  d'où  la  tendresse. 

Pourquoi  faut- il  encore  qu'en  modulant  de  fa  dièse  mineur  en  fa 
dièse  majeur  2,  la  phrase,  tout  à  l'heure  discrète  et  sobre,  tourne  à  la 
périphrase  et,  par  suite  à  la  prolixité  ? 

Encore  est-il  que  le  progrès  réalisé  dans  le  personnage  de  Marcel 
continue  de  porter  ses  fruits  :  à  l'ancien  procédé  par  l'analvse  et 
la  division  en  succède  un  autre,  et  qui  en  est  indiscutablement 
l'opposé. 

Car  c'est  un  procédé  de  synthèse,  où  l'auteur  vise  à  exprimer 
simultanément  :  d'une  part,  le  caractère  général  du  personnage, 
signe  de  son  identité  psychologique  ;  de  l'autre,  le  sentiment 
«  momentané  »  qui  l'anime.  A  ce  point  de  vue,  le  personnage  de 
Marcel  est  l'un  des  mieux  réussis  qui  soient  au  théâtre  :  George 
Sand  eut  n?»guère  le  bon  esprit  de  s'en  apercevoir  : 

«  Dites-nous  comment  avec  une  trentaine  de  versiculets  insigni- 
fiants, vous   savez  dessiner  de  telles  individualités  et  créer   des 


1  Encore  faut-il  passer  sous  silence  à  l'acte  IV  du  Prophète  les  •  sanglots  • 
de  Fitlès,  qui  pimnlent  de  vérilaLles  <  hoquets  •  —  C'est  \asituntion  qui  sauva 
la  musiqu*».  c'est  Scribe  qui,  celte  fois,  a  sauvé  Meyerbeer. 

2.  Ce  n'est  point  le  pas«ape  du  mineur  au  majeur  qu'il  faut  regretter  ici. 
Fidès  plaint  son  fils,  qui  a  df»  livrer  Rertlie,  sa  fiancée,  pour  sauver  sa  mère  : 
d'où  le  mineur.  Puis  elle  bénit  celui  qu'elle  vient  de  plaindre:  d'où  l'ascension  de 
la  phrase  et,  par  suite,  celle  du  mode.  Que  la  phrase  s'élève,  soit.  Mais  elle 
devrait  •  planer  •  et  non  «  volli^er  •.  T,e  compositeur  faillit  en  m?me  (omns  aux 
rèples  du  bon  soûl  et  à  celles  de  la  psyholopie. 


XXll  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

personnages  de  premier  ordre,  là  où  l'auteur  dulibretto  n'a  mis  que 
des  accessoires?  Ce  vieux  serviteur,  rude,  intolérant. fidèle  à  l'ami- 
tié comme  à  Dieu,  cruel  à  la  guerre,  méfiant,  fanatique  de  sang- 
froid,  puis  sublime  de  calme  et  de  joie  à  l'heure  du  martyre, 
n'est-ce  point  le  type  du  luthérien  (?)  dans  toute  l'étendue  du  sens 
poétique. .  .,  etc.  » 

Ces  lignes,  déjà  citées',  méritaient  un  rappel.  Que  George  Sand 
les  ait  écrites  pour  exprimer  ce  qu'elle  a  senti  ou  ce  que  l'on 
sentait  dans  son  entourage,  je  ne  sais.  L'essentiel  est  qu'il  y  soit 
dit  ce  qu'il  fallait  dire,  et  que  le  rôle  de  Marcel  est  une  forte  créa- 
tion. Car  la  rudesse  propre  au  vieux  huguenot,  qui  s^exprime  et 
presque  s'étale  au  moment  du  pif  l  paf  l  pouf  !  (Premier  acte  des 
Huguenots)  se  retrouvera  au  moment  du  Te  Deum,  pendant  la 
fausse  réconciliation  de  l'acte  deuxième,  et  ce  Te  Deum,  clamé  par 
Marcel  seul,  le  sera  sur  un  ton  presque  lugubre.  Marcel  prendra  le 
même  ton,  à  l'acte  suivant,  pour  implorer  Dieu  en  faveur  de  Raoul, 
et  cette  presque  impossibilité  de  sortir  de  son  caractère  sera  d'une 
excellente  psychologie.  Même  il  ne  nous  déplaît  pas  qu'il  soit  assez 
gauche  dans  sa  façon  de  monter  la  garde  autour  des  ennemis  de 
Raoul  pour  en  effrayer  inutilement  Valentine  ;  assez  gauche  pour 
imiter  les  accents  du  cor  de  chasse  —  ce  diminutif  de  la  trompette 
guerrière  —  quand  il  voudra  témoigner  à  l'amante  de  son  maître  sa 
sympathie  profondément  compatissante.  Si  l'on  venait  prétendre 
que  Meyerbeer,  ici,  n'a  point  fait  exprès,  peut-être  on  aurait  beau 
jeu.  Exprès  ou  non,  Meyerbeer  a  eu  l'inspiration  heureuse.  Volon- 
taire ou  non,  cette  inexpérience  psychologique  de  Marcel  est  un 
exemple  de  psychologie  musicale  heureusement  appropriée.  Et  quand 
on  a  dit  cela  de  Marcel,  on  est  encore  loin  d'en  avoir  tout  dit. 

En  ejïet.  si,  plus  tard,  le  moment  qui  aurait  dû  être  pour  le  per- 
sonnage de  Fidès  celui  de  l'apothéose,  devient  celui  de  la  déchéance 
et  presque  de  la  dégénérescence,  l'acte  cinquième  des  Hugitenots  est 
l'acte  où  le  personnage  de  Marcel  se  «  transfigure  ».  Et  l'expression 

1.  (Lettrés  d'un  voyageur,  p.  325,  Pari?,  Michel  Lévy,  1857.'*  Dans  une  leçon 
faite  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Toulouse  par  M.  Antoine  Benoist,  alors  profes- 
seur de  littérature  française.  Cette  leçon  a  été  publiée  par  la  Reviit  des  Cours  ft 
conférences,   en  1894 , 


LA  DRAMATURGIE  DE  MEYERBEKR  XXIll 

n'est  pas  exagérée.  Souvenons -nous  de  la  scène  d'extase,  où,  comme 
Sainte-Beuve  aurait  pu  dire,  Marcel  marche  au  Calvaire  du  pas  dont 
il  monterait  au  Capitole,  On  m'objectera  que  ce  qu'il  chante  n'est 
rien  de  plus  qu'un  excellent  thème  de  marche  militaire.  Je  répondrai 
que  pour  faire  marcher  leur  Polyeucte  «  à  la  gloire  »,  ni  Donizetti 
—  ce  qui  n'étonnera  personne  •  —  ni  Gounod  ne  trouveront  de  tels 
accents.  Mais  que  dirons -nous  du  «  trio  des  noces  funèbres  »,  sinon 
que  Meyerbeer  y  atteint  le  sublime,  et  par  la  sombre  gravité  de  la 
pensée  musicale,  et  par  la  profondeur  de  la  psychologie  :  d'une  psy- 
chologie intérieure,  réfractaire  à  toute  expression  physique  -  ? 
Rappelons-nous  cette  page,  unique  dans  tout  Meyerbeer,  où  Marcel 
interroge  et  reçoit  un  serment  d'amour  en  échange  d'un  pacte  de 
mort.  Exceptionnelle  par  la  beauté  du  style,  cette  page  ne 
s'écarte  en  rien  des  habitudes  que  l'on  sait  et  qui  caractérisent,  nous 
l'avons  dit,  beaucoup  plus  qu'une  manière,  à  savoir  «  une  méthode  et 
un  art  ».  Ici  comme  partout,  l'orchestre  tient  son  rôle,  un  rôle  de 
ri^gu'ateuret  de  commentateur.  Souvenons  nous  des  «  répons  »  de 
la  clarinette  basse  et  des  sons  de  la  cloche  d'agonie  scandant  les 
silences. 

On  ne  monte  pas  deux  fois  sur  de  tels  sommets.  On  en  peut 
tenter  d'autres.  Et  ce  sera  l'un  des  mérites  du  Prophète.  Les 
admirateurs  des  Huguenots  ont  vanté  jadis  l'effort  de  Mej'erbeer 
pour  caractériser  musicalement  les  deux  religions  en  conflit. 
L'eff'ort  est  réel,  témoins  le  «  rataplan  !  »,  vraie  chanson  militaire, 
moins  bien  venue  que  celle  du  «  pif!  paf  1  pouf  I  »,  et  le  cantique  des 
femmes  catholiques  sur  le  passage  du  cortège  nuptial,  fort  mal  venu, 
celui-là.  Quant  à  la  dispute  qui  termine  l'acte  troisième,  on  l'abrège 
ordinairement,  au  théâtre,  et  peut-être  ferait -on  mieux  de  la 
retrancher.  L'efifori  malheureux  des  Huguenots  sera  repris  dans  le 
Prophète  avec  succès  cette  fois.   Le  personnage  collectif  du  peuple 

1.  Dans  son  Poliuto  ;  Gounod  dans  son  Polyeucte. 

2.  Ce  que  la  psychologie  du  musicien  ajoute  à  celle  du  librelliste,  c'est,  outre 
TimpressioD  de  grandeur  et  de  solennité,  je  ne  sais  quelle  impression  de  •  menace  » 
conforme  à  la  situation,  sinon  exigée  par  elle.  On  dirait  d'une  menace  planant  sur 
ces  fiancés  épris  l'un  pour  l'autre  d'un  amour  défendu,  menace  dont  la  mort  seule 
écartera  les  effets.  Dans  le  chant  de  Marcel  on  sent  passer  des  reflets  de  colère 
divine. 


XXIV  ACTES  ET  CONFERENCES 

anabaptiste  nous  vaudra  des  pages  vigoureuses,  d'un  style  large, 
noble,  élevé,  nombreuses  d'ailleurs,  et  qui  ont  permis  au  troisième 
opéra  de  Mejerbeer  de  balancer  les  qualités,  sinon  la  fortune  du 
second  '. 


IV 


Nous  voici,  Messieurs,  au  terme  de  notre  entretien,  et  l'instruction 
de  notre  procès  n'est  qu'à  demi  close.  Peut-être,  cependant,  en  avons- 
nous  assez  dit  pour  nous  perm-^ttre  d'espérer  l'heure  sinon  pro- 
chaine, du  moins  in-^vitable  de  la  réparation.  Car,  si  l'on  ne  saurait 
c)ier  aux  mérites  par  nous  soigneusement  relevés  et  discernés,  il 
faut  délibérément  et  résolument  les  inscr're  au  crédit  du  défendeur. 

Mais  le  demandeur  doit  avoir  son  tour  de  parole  ne  serait-ce  que 
pour  le  résumé  dos  grief-'. 

Premier  grief.  —  L'e  régime  musical  présent  est  un  régime  on  les 
compositeurs  ne  laissent  rien  sortir  de  leur  plume  qu'après  l'avoir 
tournée  plus  de  sept  fois  dans  l'encre:  ils  écrivent  de  très  près,  soi- 
grneuîsement,  diligemment,  tantAt  avec  légèreté,  tantôt  avec  vigueur, 
mais  cette  plume  est  toujours  attentive  et  si.  volontairement,  elle 
appuie,  jamais  elle  n'enfonce.  Meverheer,  lui.  paraît  bien  réfléchir 
avant  de  prendre  la  plume.  Il  ne  l'a  pas  plus  tôt  en  main,  qu'il  a 
tout  Vair  de  se  laisser  conduire  par  elle.  Î1  n'a  de  force  qu'aux  dépens 
de  l'aisance,  de  légèreté  qu'aux  d-^pen^  de  la  srhce.  Rarement 
sourde  à  l'appel,  aussitôt  descendue,  l'inspiration  s'essouffle,  et 
trop  souvent,  laisse  s'achever  à  la  diab'e  des  thèmes  qui  s'étaient 
annoncés  ou  gracieux  ou  grandioses  En  un  temps  où  fleurit 
l'amateur  «  de  sensations  d'art  »,  où  l'attachement  fi  la  «  nuance  « 
est  ou  passe  pour  être  l'un  des  meilleurs  critères  de  l'aptitude  à  la 
sensation  d'art,  on  se  défie  de  tout  ce  qui  est  visible  soit  à  l'npil  nu. 

1.  Ti'œnvre  est  moins  liomoïf'ne  et  siirlonl  moins  •  prrn'liié»»  ».  On  y  est  d'em- 
bli^e  (^HW^  le  erpirl  opc^ra,  c'est-à-dire  dnns  le  Hrame  à  crrand  sppctac'e.  Kt  '«^s 
Heiix  actions  s'intpr'-alenl .  l'action  particulière  et  l'action  collective.  11  n'en  reste 
piis  moins  qvi»  l'inspivation  y  est  ^rénc^ralement  haute  et  que  les  pajres  ne  man- 
quent point  on   le  style  se  recommande  par  autant  d'élévation  que  de  vifrueur. 


LA  DHAMATURGIE  DE  MEYERBEER  XXV 

soit  même  à  distance.  Or,  il  faut  bien  convenir  que  l'œuvre  de 
Meyerbeer  résisterait  mal  à  l'usage  de  la  loupe  et,  à  plus  forte  raison, 
du  microscope.  Gardons-nous,  ici.  d'omettre  une  remarque  dont  la 
négligence,  eu  d'autres  temps  que  le  nôire,  surprendrait  à  bon  droit. 
Meyerbeer,  en  manquant  de  goût,  peut  manquer  de  grâce  et  parfois 
de  noblesse;  il  ne  surveille  pas  ses  alliances  de  sons,  semblable  à  ces 
écrivains  cbez  qui  les  alliances  de  mots,  souvent  assez  fortuites,  sont 
trop  souvent  malheureuses  Mais  le  souffle  qui  l'anime  est  générale- 
ment robuste  et  sain  :  l'atmosphère  que  l'on  y  respire  n'est  jamais 
déprimante,  et  à  la  respirer,  si  l'on  n'y  prend  jamais  le  goût  du 
rêve,  on  n'y  perd  jamais  le  goût  de  l'action. 

Deuxième  grief.  —  Veyerbeer  n'est  pas  original.  Relisez  plutôt, 
nous  dit-on,  le  Judaïsme  dnns  la  Musique.  Nous  le  relirons  quand  il 
s'agira  de  nous  expliquer  sur  les  idées  de  Richard  Wagner.  Ces  idées, 
en  ce  moment,  ne  nous  regardent  pas.  Y.i  puis  on  peut  se  passer  de 
les  connaître  pour  savoir  que  Meyerbeer,  une  fois  en  France,  s'est 
imprégné  de  notre  esprit  musical  :  pareillement  en  Italie,  les 
souffles  rafraîchissants  de  la  mélodie  italienne  avaient  exercé  sur 
son  imagination,  du  moins  il  l'a  cru  et  il  l'a  dit,  une  influence  salu- 
taire. Que  les  Huguenots  soient  une  œuvre  d'influence  française,  nul 
n'y  contredira  Qu'il  y  ait  dans  Robert  le  Diable  deux  actes  à  peu 
près  italiens, le  second  et  le  quatrième, c'est  ce  que  chacun  sait  ou  est 
censé  savoir.  Ce  que  l'on  sait  moins,  c'est  que  Meyerbeer  ne  rendit 
pas  à  l'Italie  ce  qu'il  en  avait  leçu.  Ses  formes  mélodiques  de 
source  italienne  garderont  toujours  je  ne  sais  quoi  d'eniprunté, 
nuisible  à  leur  démarche.  Ce  que  l'on  oublie  encore,  c'est  que  dans  la 
musique  des  Huguenots  les  «  formes  »  seules  sont  dessinées  à  la 
française.  Mais  la  force  qui  les  met  en  mouvement,  mais  l'ensemble 
des  énergies  sonores  qui  mettent  ces  formes  en  valeur  et  les  con- 
vertissent en  forces  véritables,  mais  la  source  de  laquelle  l'action 
de  la  sym[)honie  dérive,  et  jusqu'à  cette  symphonie  même,  autre- 
ment dit,  tout  le  principal,  tout  l'essentiel,  rien  de  cela  ne  vient  ni 
d'Italie,  ni  de  France,  par  où  Meyerbeer  dera  ure  bien  l'homme  de 
son  pays  et  de  son  temps,  de  son  pays  dans  son  temps. 

Troisième  grief,   corollaire  du  deuxième.  —  Meyerbeer.  n'étant 
pas  original,  doit  être  rayé  de  l'histoire  de  la  musiijue.  La  musi(iue 


XXVI  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

ne  lui  doit  rien.  Voilà  qui  est  péremptoire  et  n'est  point,  d'ailleurs, 
si  mal  raisonné.  Car  il  se  pourrait  que  l'histoire  du  théâtre  musical 
formât  un  chapitre  distinct  de  l'histoire  de  l'art,  et  que  les  grands 
maîtres  de  l'art  voulussent  être  cherchés  en  dehors  des  maîtres  du 
théâtre.  Admettons  qu'il  en  soit  ainsi,  et  que  l'opéra  ne  soit  point  un 
«  genre  musical  »  proprement  dit.  Alors  le  style  n'y  sera  point 
nécessairement  de  première  main  ;  et  sans  être  un  écrivain  de 
premier  ordre,  on  pourrait  compter  parmi  les  hommes  de  théâtre  du 
premier  mérite.  J'ai  défendu  cette  opinion  ailleurs;  j'y  reste  fidèle. 
Et  pourtant  je  ne  me  laisse  pas  convaincre,  et  je  ne  me  range  pas 
d'emblée  parmi  ceux  qui  «  d'un  sourcil  plus  que  stoique  o  retran- 
cheraient Meyerbeer  à  l'histoire  musicale. 

Je  ne  m'attarderai  pas,  Messieurs,  à  donner,  de  ma  résistance, 
des  raisons  nouvelles.  Vous  en  savez  les  principales,  celles-là 
seules  que  je  vous  invite  à  retenir  et  qui  résultent  des  faits  sur 
lesquels  j'ai  appelé  votre  attention.  Car  ce  sont  des  faits  que 
je  vous  ai  mis  sous  les  yeux,  des  faits  entourés  de  leurs  circon- 
stances, appuyés  d'exemples  sonores.  Leur  résumé  sera  notre 
conclusion. 

Souvenons-nous  premièrement  que  Beethoven,  s'il  a  trouvé  le 
genre  symphonique  en  possession  de  ses  traits  essentiels,  de  telle 
sorte  qu'il  lui  aura  suffi  de  marcher  d'abord  dans  les  pas  de 
Haydn  et  de  Mozart,  n'en  est  pas  moins  le  rénovateur  et  le  second 
créateur  du  genre,  en  développant  ses  vertus  expressives  et,  de 
musicales  qu'il  les  avait  reçues  de  ses  devanciers,  les  rendant 
dramatiques. 

Une  rénovation  de  ce  genre  se  peut-elle  concevoir  sans  une 
répercussion  immense  sur  le  drame  musical?  Kn  travaillant  pour  la 
musique  pure  et  dans  la  direction  où  le  poussait  son  génie,  Beetho- 
ven taillait  donc  de  la  besogne  au  premier  musicien  de  théâtre  assez 
avisé  et  réfléchi  pour  pénétrer  le  sens  général  de  son  œuvre,  et 
en  multiplier  les  échos  avec  ce  parti  pris  de  constance  et  même 
d'insistance  que  le  drame  autorise. 

Meyerbeer  fut  cet  homme  et  c'est  de  quoi  1  histoire  «  de  la  mu- 
sique »,  et  non  seulement  celle  du  théâtre,  lui  gardera  reconnaissance. 
Au  moment  où  il  parut,  n'était-on  pas  à  l'aube  d'une  ère  nouvelle, 


LA  DRAMATURGIE  DE  MEYERBEER  XXVIl 

l'ère  du  grand  orchestre  ' .  Régénérée  par  les  énergies  neuves  de  cet 
orchestre,  la  vie  du  drame  n'allait-elle  pas  bientôt  retentir  à  son  tour 
sur  la  symphonie  et  donner  naissance  au  «  poème  symphonique  »  ? 
Et  c'est  ainsi  que  la  symphonie  musicale  et  la  symphonie  théâtrale, 
depuis  trois  quarts  de  siècle,  marchent  du  même  pas,  ayant  mis  en 
commun  leurs  ressources  et  leurs  destinées 

Meyerbeer  fut  un  des  promoteurs  de  l'alliance.  Le  jour  où  la  pos- 
térité voudra  bien  s'en  ressouvenir,  elle  lui  décernera  les  honneurs 
du  «  linceul  de  pourpre  »,  ce  symbole  double  et  de  l'oubli  qui  tout 
enveloppe,  et  de  notre  obstination  à  noter  d'un  signe  durable  ce  qui 
mérite  d'être  disputé  à  l'oubli, 

1 .  On  trouvera  dans  les  50  premières  pages  de  La  Religion  de  la  Musique 
(Paris,  Fischbacher,  iu-12),  par  Camille  Mauclair,  de  curieuses  et  suggestives 
remarques  sur  celle  <  ère  de  l'orchestre  >  par  où  le  dix-neuvième  siècle  musical 
se  distingue  des  siècles  précédents.  L'auteur,  qui  est  poète,  s'il  n'est  pas  un 
poète,  déploie  pour  illustrer  sa  pensée,  un  luxe  d'images  parfois  éblouissant.  Il 
écrit  d'enthousiasme.  Mais  cet  enthousiasme  est  l'efTet  d'un  l^'pe  de  musicalité, 
émergé  si  l'on  peut  dire  du  •  grand  flot  orchestral  •.  Je  relève  celle  expression 
curieuse.  L'auteur  qui  a  osé  l'écrire  est  bien  près  de  comparer  la  puissance  de 
l'orchestre  à  celle  d'un  •  élément  »  nouveau, 

El  puisqu'il  est  ici  question  «  d'orchestre  •  et  d'orchestration,  je  prie  que  l'on 
réfléchisse  à  nouveau  sur  la  fameuse  leçon  laite  en  Sorbonne  ,cf.  L'évohition  de 
la  Poésie  lyrique  en  France,  t.  I,  p.  196-206  ,  où  Brunelière  loue  Victor  Hugo 
d'avoir  «  orchestré  •  les  thèmes  lyriques  trouvés  par  Lamartine,  comme  s'il  les 
avait  fait  passer  d'un  régime  simplement  •  vocal  ■  à  un  régime  •  inslrumeutul  ». 
Ce  n'est  là  qu'une  manière  de  dire,  mais  qui  correspond  à  une  façon  de  sentir 
ou  plutôt  d'être  ébranlé.  Ici  peu  nous  importe  le  genre  d'émotion  excilé  par  le 
poète  des  Orientales  ou  des  Feuilles  d' Automne.  Ce  qui  nous  intéresse,  c'est  la 
dislinction  neltemeul  aperçue  par  Brunelière  entre  les  effets  d'nne  voix  et  c«ux 
d'un  orchestre  et  qui  équivaut  à  une  différence  de  milieux.  On  «  sympathise  » 
avec  la  voix  humaine.  Les  voix  de  l'orchestre  produisent  des  effets  dont  l'énergie 
transporte,  soulève,  dompte.  Les  admirateurs  convaincus  de  V.  Hugo  u  ont-ils 
pas  usé  et  abusé  de  ces  Irois  verbes  et  d'autres  verbes  analojrues,  de  ceux  qui 
serrent  à  caractériser  non  point  tant  l'énergie  humaine  que  l'énergie  cosmique? 


Le  y  émut  :  Israël  Lévi. 


VERSAILLES.    —    IMPRIMERIES   CERF,    59,    RUE   DUPLESSIS, 


DS 

101 

t. 62 


Rçvue  des  études  juives; 
historia  judaica 


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