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REVUE
DES
ÉTUDES JUIVES
VERSAILLES. — IMHRLMERIES CERF, 59 RUE DUPLESSIS,
^^ REVUE
DES
ÉTUDES JUIVES
PUBLICATION TRIMESTRIELLE
DE LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
TOME SOIXANTE-DEUXIÈME
PAHIS
A LA LIBRAIRIE DURLACHER
142, RUE DU FAUBOURG-SAINT-DENIS ^2>^
1911 6-^*
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in 20l0 with funding from
University of Ottawa
loi
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ETUDE
SUR
U CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE
DU V« AU XIV'' SIÈCLE
(suite ')
CHAPITRE X
JUIFS ALLEU TIERS.
1. Ancienneté de la propriété allodiale juive; tènements Villa Juzau/a et de Prat
durriix. — II. Les alleux d'Astruc et de Blanche, tille de Vidal Bondavin. de
Tauros, fils de Judas d'en Abomar ; tènements du « Fief des Juifs » et de
Moranegva, de 1' « Alleu judaïque » et de Terrisse. — III. Juifs propriétaires
de maisons : Dieulosal de Florensac, Bondia de Surgères, les << Rois Juifs ».
— IV. Les Kalonyme : leur pays d'origine. — V. Formation de leur fortune ;
persistance de leur droit de propriété sous le régime féodal; ni vassaux, ni
suzerains, ni souverains, mais alleutiers libres. — VI. Les successeurs de
Makhir : Todros 1*^ (10H4), Ralonymos I'^, Todros II (vers H34). — VII. Kalo-
nymos II : concessions de tenures sous réser\-e du domaine direct; baux à
tasque; propriétés indivises entre Kalonymos et Bondia de Surgères; maisons
aliodiales de Kalonymos, sa mort entre i2lti et 1246. — VIII. Todros III; alié-
nations de droits directs 121(3-1261). — IX. Kalonymos III uniquement pro-
priétaire de maisons (juscju'en 1306) ; son sceau héraldique. — X. La dispa-
rition de la propriété foncière juive, résultat de la politique capétienne.
1. — C'est un fait très remarquable qu'à Narbonne les Juifs aient
eu le droit, dès une époque fort reculée, de posséder des biens
immeubles en toute propriété. Cette prérogative importante n'a
pas manqué de frapper les esprits, et nous en trouvons un écho
jusque dans les œuvres d'imagination D'après le Philomena ^
1. Voy. Revue, t. LV, pp. \ et 221 ; t. LVIll, pp. 75 et 200: t. LIX, p. 59 it t. LXI
p. 228,
2. Gesta Karoli Maqni ad Carcassonaru et Sarbonani, >'d. Sclineei-'ans, Halle
1898, pet. in-8*, p. 176.
T. LXIl. :s<' 123. i
2 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
les Juifs de Narbonne ne tenaient aucun bien du roi sarrazin. Ils
se bornaient à lui payer un tribut en retour de la protection qu il
leur accordait. Il est probable que. dès l'époque gallo-romaine',
les Juifs possédaient à IS'arbonne des biens dont ils avaient la
libre et entière propriété. Cette situation se perpétua à l'époque
carolingienne. Au viii« siècle, on voit les Juifs posséder bérédilai-
renient des biens allodiaux dans les faubourgs et à lintérieur
même de la ville -. Dans la seconde moitié du x^ quatre frères
juifs demeurèrent quelque temps propriétaires de moulins situés
sous le Pont- Vieux de iSarbonne ^.
La communauté juive était, elle aussi, propriétaire d'immeubles.
Dans le tènement de Villajuzaiga ' se trouvait r« alleu judaïque »
1. Voy. ce que nous disons plus bas, eu note, sur l'origine gallo-romaine île Villa-
juzaiga.
2. Voy. plus haut, cliap. ii, S ix, lettre du pape Etienne lU de 768.
3. Voy. plus haut, chap. m, § xii, actes du 19 décembre 9oo-9b6 et du 26 janvier
976-977.
4. La Villa judaica existait sûrement à l'époque gallo-romaine. Le changement de
c en ^ dans Villajuzaiga s'étant produit antérieurement au vu' siècle (A. Thomas,
Essais de philolor/ie française, Paris, 1897, pèt. in-8", p. 113), la Villa judaïque
existait sûrement au vi« siècle et peut-être même au v*. Il est souvent question de
cette villa dans les actes naibonnais. Un document du 23 avril 1048 (voy. plus haut,
chap. VI, § I") en place le tènement près de celui du Fesc. Un autre, du 26 novembre
1112, mentionne le chemin qui reliait la « villa judaïque » à la ville de Narbonne
(Invent. ms. des arch. de l'archevêché de Narb., t. I, f» 119 (analyse) ; Hist. de Long.,
t. V Preuves, n° 44.5 (publication) et col. 15oS (analyse). Or, en 1213, le Fesc s'éten-
dait jusqu'aux jardins de Moujan et de Villajuzaiga (lavent, ms. des arch. de l'archev.
de !Sarb., t. I, f "" 298 et 299). Un acte du 8 janvier 1224 indique nettement que le pre-
mier tènement s'étendait à l'ouest des deux seconds .Ibid., f"' 273 v"-274i. Le Fesc,
comme son nom l'indique, était une terre d'origine domaniale (Fisciis). 11 est vraisem-
blable que Villajuzaiga avait une origine semblable. De plus, comme la propriété de la
plaine orientale de Narbonne se partageait entre l'archevêque, le vicomte et les Juifs,
il est fort possible que ce soit cette répartition qui ait donné naissance à la légende
sur le partage de la cité entre l'archevêque, le comte et la communauté juive (Voy.
plus haut, chap. ii, § viii).
Il est encore question du tènement de Villajuzaiga le 27 février 1301 (Mouynès,
Inventaire des archives communales de Narbonne, série AA, pp. 90-92). En 1343.
les consuls de Narbonne prétendaient avoir le droit de ban ou de garde sur Villaju-
zaiga et Craboules ^luvent. ms. des arch. de l'archev. de Narb., t. I. f" 352 v°). La
forme provençale de Villajuzaiga nous est fournie par un acte de vente du 9 août 1343
(Mouynès, învent. des arch. de Narb.. Annexes de la série AA, p. 195 : « . . .peciam
terre nostrain... scilam ia terminio Civilatis Narhone loco vocato ad Villaiu Jusaygas...).
On trouve la forme Viela Jiisai/gas dans un acte du 27 août do la même anuée
{Ibid).
De ces différentes mentions il résulte ((ue le tènement de Villajuzaiga était situé
entre les terroirs ic Moujan, de Ricardelle, — il est question de Ricardolle à la date du
31 déciiiibri' 1318 : Mouynès, Inient. de la série AA, p. 92, — et du Fesc ou Vesc.
Les bâtiments d'exploitation rurale de la villa judaïque devaient s'élever sur le mame-
lon, non loin de l'emplacement occupé aujourd'hui par les deux constructions de Petit
ÉTUDE SUR LA CûiNDITION DES JUIFS DE NARBONNE 3
et des salines dont le sel servait exclusivement aux besoins des
familles Israélites '. Les salines situées dans le terroir de Villaju-
zaiga devaient être importantes, puisqu'elles étaient exploitées par
plusieurs propriétaires. Avant de partir pour la croisade, le :2 juillet
1129, Guillaume de Béziers légua, par testament, à son frère le sel
qu'il possédai! dans ce terroir -.
Dans le territoire de la Cité, au lieu dit Al Piadel ^, se trouvaient
aussi d'autres salines, que le saunier Bonisaac possédait en franc
alleu et dont il vendit la moitié, le !20 octobre Hoo, au prix de
:200 sous melgoriens et de :200 sous narbounais '•.
II. — La propriété allodiale des .Tuifs narbonnais ne comprenait
pas seulement des moulins et des salines, mais aussi des terres
à semence et des vignes. Le !22 janvier 1:2!20, Blanche, fille du Juif
Vidal Bondavin, vend à Gentiane, veuve de Guillaume Fabre, au
prix de :îioO sous melgoriens, la moitié d'une pièce allodiale qu'elle
possède par indivis avec son oncle Astruc dans le terroir de la Cité,
au bout du Vivier de l'Aiguë, confrontant à l'est la rue, au midi
la vigne des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, à l'ouest les
vignes de Pons Talabos, au nord le mailleul dudit Bondavin ■'.
Ricardelle. La famille de l'auteur de la présente étude possède une partie de ce tène-
meut, doTit la terre sablonneuse produit un ^in très estimé. L'eau de source y est lég-ère
et abondante, ce qui a permis de tout temps au\ grangers d'y pratiquer avec succès
la culture maraîchère. Il n'y aurait rien d'étonnant que les défonçages à la vapeur mis-
sent à découvert des restes de l'ancienne exploitation juive, aliénée de bonne heure au
profit de propriétaires chrétiens.
1. Voy. plus haut, cliap. vi, § i.
2. îlisl. de Latig., t. V Preuves, ce. 9o3-9o4 : « Et la\o ei et dono totum illiim
meum salem quem habeo in terminio Narbone et in terminio de Villa Judaica. prêter
Csaumatas, quod donet, si ego morior, sorori nostre Marie. »
3. Il est probable que le lieu dit Al Pvadel se trouvait dans le tènemcnt connu sous
l'appellation de Pralum judaicum Ce tèneinent doit être identifié d'après M. k. Blanc
{I.es transformations du latin judaicus à Sarbonne. dans Annules du Midi, anme
1896, p. 197i avec celui de Prat durai2-, qui a fait partie de la commune de Narbonnc
jusqu'en 1846, date à laquelle il a été rattaché eu presque totalité à la commune de
Cuxac et en partie seulement à celle de Coursan. Prat judaic était donc situé sur les
confins actuels des communes de Coiu-san, Cuiac et Narbonne.
Il y avait aussi un tènement du nom de t Pré judaic » dans le terroir de Brugay-
roles, près de La Vernède, au S.-E. de Saint-.André et à l'orée du Bois-du-Vicomte
(Arch. de l'Aude, H 211, Invent, des titres de l'abbaye de Fontfroide. « La Vernède, A n
acte du 23 avril 1894). Ce Prat judaic était plus exactement situé dans le terroir de
Montséret (Acte du 6 juillet 1135 : Ibid., « Montseré B » ; acte du 14 mai 1240 : Ibid.,
« Montseré 2 A »).
4. Invent, de la nnense capitulaire de Saint-Just. copie de M. A. Bories, « Des pos-
sessions de la Cité, 2' caisson, n» 20 ».
o. Arch. de l'Aude, H 211, « Fief de Narboune cote 3 0».
4 hEVUE DES ÉTUDES JUIVES
De bonne heure, quelques alleutiers juifs, renonçant à Texploi-
tation immédiate qu'ils trouvaient sans doute peu lucrative et trop
absorbante, aliénèrent le domaine utile de leurs propriétés, tout
en s'y réservant le domaine direct. C'est ainsi qu'un Juif de Béziers
Tauros, fils de Judas d'en Abomar, jouissait du domaine direct,
en même temps que Pierre Sabatier, clerc de Saint-Just, et Pierre-
Raimond de Montpellier, aumônier de la cathédrale, sur quelques
vignes sises au terroir de Levrettes, dans le « vignier » de Lebras-
sons '.
Ce Juif bitterrois Tauros disposait de grandes propriétés foncières
dans le territoire de Narbonne. Le 30 mai l'279, il vendit au
chapitre de Saint-Just, pour la somme de 75 livres, le quart du
domaine direct dont il jouissait sur deux pièces de terre, l'une, la
tenure de Jean de la Voûte, située à La Maillole, au centre de
r « honneur » du monastère de Quarante, la seconde, tenure de
Jean Inard, sise à Moi'anégra -, plus la huitième partie du domaine
direct d'une pièce de terre tenue par l'Hôpital des Pauvres dans le
même tènement, sous la réserve au profit de Bérenger Azalbert
de la huitième partie, ladite parcelle confrontant à l'autan et au
midi l'honneur des Lépreux, bref tous les droits et usages quil
exerçait dans les terroii's de Morarena, Terrus^ Ramejan et Saint-
1. Inventaire ms. de la mense capitulaire de Saint-Just, copie de M. A. Bories.
« n° 19 au caisson 11' des fondations, fêtes et anniversaires », acte du 2 novembre
1274.
2. L'ensemble îles alk'ux possédés par Tauros et (i"autres Juifs dans la région de
Moranegra ou Moranera, ou bien encore Morarena par transposition de Vn et de ïr.
était in]])ropremeiit désigné par les chrétiens sous le nom de << Fief des Juifs ». Le
2 août 121 i, le vicomte Aimeri IV reconnaît avoir reçu en fief df larclievèque Arnaud
tout lé fief de la plaine de la Cité : la Ixtslide dite de Gaschet avec toutes les conda-
mines. prés, pâturages, etc., confrontant à l'autan le chemin de Béziers, au midi le
fief de Géraud de Narbonne, au cers le Fief des Juifs, à l'aquilon les vignes de Mora-
nera (Invent. ms. des arch. de larchev. de Narb., t. L f" 124 r" et v"). La bastide de
Gaschet doit être identiliée avec la métairie de La Bastide, que Cassini (pi. 58) place
sur l'ancienne route de Narbonne à Coursan, à peu près à remplacement où s'élève
aujourd'hui la grange de Fidèle. A noter que c'est probablement de la présence de
condamines dans le tènement de la Bastide que viennent les noms des domaines
actuels du Grand-Condom et du Petit-Condom, situés un peu au sud-ouest.
Il faut certainement placer dans le tènement de Moranegra et dans le terroir du
« Fief des Juifs » la Baslida Juduica mentionnée dans une sentence arbitrale de
l'année 1232 entre l'archevêque et le chapitre métropolitain (Saige, Juifs du Lati;/.,
p. 69, d'après Bibl. nat.. collection Doal, t. 55, f° 362). La Bastide Judaïque devait
s'opposer à la Bastide de Gaschet.
3. Un peu au sud de Moranegra et du Fief des Juifs, se trouvait le tènement de
Terrus, aujourd'hui Terrisse (à l'ouest de la route de Narbonne à ArmissaiO. C'est à
l'est de Terrissi' que les Juifs narbonnais possédaient un certain nombre d'alleux. Le
1" mai 1159, Guillaume Kaimond et sa femme Burette vendent à Brice de Saint-Georges
ÉTUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 5
Bauzély'. En qualité de propriétaire direct de ces biens fonds,
Taiiros y percevait ciiaque année une portion de la récolte.
Le 8 juin l'279, le même Tauros, au nom de son neveu Vidal,
fils d'Abraham, vendit à Martin Pascal, prêtre, la huitième partie
des tasques et autres agriers qu'il prélevait par indivis avec son
neveu et Pierre Raimond de Montpellier sur les champs, honneurs,
vignes et possessions sises dans le vignier de Lehrassous, au tène-
ment de Lapidet-, aujourd'hui Levrettes.
in. — Outre des fonds de terre, les Juifs narbonnais possédaient
aussi à titre allodial des maisons et des boutiques ; mais c'était
seulement le cas de quelques rares privilégiés, la presque totalité
des immeubles de la grande et de la petite juiverie faisant partie
du domaine vicomtal ou du temporel archiépiscopal. Nous avons vu
plus haut que le Juif le plus fortuné de la petite juiverie, Dieuiosal
de Florensac. possédait en toute propriété la maison qu'il habitait
dans le quartier de Belvézé et qu'il percevait à titre de propriétaire
direct deux livres de cens annuel sur la maison que le fustier
Pierre de Cuxac tenait de lui dans la juiverie vicomtale ^.
Dans cette dernière juiverie, au même titre que Dieuiosal de
Florensac, Bondia de Surgères possédait deux boutiques, sises
dans la Parerie Vieille de la Cité, confrontant à l'autan et à
l'aquilon Jean de Portai, murs mitoyens entre eux, au midi la
deux pièces de terres allodiaies, sises au terroir de Saint-Georires ; l'une située dans le
ténement de « Las Faysscs de Terruce », confrontait à l'autan 1' « Allodial des Juifs »
(Arcli. de l'Aude, H 211, « Fief de jNarbonne, coté H »). Le domaine de Saiut-Georçes
existe encore aujourd'hui : il s'étend en face de Terrisse, à l'ouest de la route de Nar-
bonne à Coursan. Cet Allodial des Juifs est certainement le même que 1' « Alleu
Judaïfiue <> dont il est question dans un acte du 23 avril 1048, qui porte reconnais-
sance en faveur de la communauté juive du droit d'y recueillir le sel nécessaire à sa
consommation (Voy. plus haut, chap. vi, § i).
Nous ne saurions dire si le ténement de 1' « Honneur des Juifs » mentionné dans un
acte du 29 octobre 1229 (Invent. ms. de la mense capitulaire de Saint-Just, copie de
M. A. Bories, « Possessions de la Cité, n°. 24 ») doit être identifié soit avec le Fief des
Juifs, soit avec l'Alleu Judaïque. L'honneur n'est autre quelquefois (|u'un fief; c'est
plus souvent un alleu, presfiue toujours un fonds de terre urbain ou suburbain; mais
dans le cas où il est l'équivalent du fief, l'honneur, appelé alors « fief honoré », est
dispensé des charges les plus onéreuses qui pèsent sur le fief ordinaire. Il comporte
l'exemption de toute redevance et la limitation des services à un seul : l'hommage (Cf
J.-A. Brutails, Élude stir la condition des populations rurales du Roussil/on arc
moijen drje, Paris, 1891, in-8", p. 120, note 9; F. Chénon, Élude sur l'histoire des
alleux en France, Paris, 1888, in-S", p. 89).
1. Invent. ms. de la mense cnpit. de Saint-Just, copie de M. A. Bories, « Possessions
de la Cité, n° 51 ».
2. Ibid.. « Possessions de la Cité, n" 52 ».
3. Chap. V, § IX.
6 RKVUE DES ÉTUDES JUIVES
boutique de l'Aumône de Bonnet de Capestang, au cers la rue.
Ces deux boutiques furent vendues, le 8 décenmbre 1259, à Pierre
Rougé, au prix de 3,800 sous melgoriens. A titre de propriétaire
direct. Bondia y prélevait un usage allodial de 10 livres par an. Le
fils de Pierre Rougé, Guillaume, revendit le tout pour semblable
somme, 190 livres melgoriens ^ On voit que le droit d'usage
constituait un revenu un peu inférieur à o 0/0. Mais le plus fort
lot de maisons allodiales resta toujours la propriété de la famille
des « Rois Juifs ».
IV. — De tout temps, en effet, la majeure partie de la propriété
allodiale juive demeura l'apanage d'une vieille famille, dont les
chefs furent également ceux de la communauté.
11 est difficile de faire la lumière complète sur l'origine familiale
des « Rois Juifs w et sur la formation de leur singulière fortune.
L'imagination populaire s'est donné libre cours à ce sujet aussi
bien chez les Juifs que chez les chrétiens, au point qu'il est très
malaisé de dégager la vérité du réseau emmêlé de fables et de
légendes. Dans la famille des « Rois Juifs » une tradition s'était
perpétuée sur leur double origine babylonienne et davidique -. Le
fondateur de la dynastie, un savant réputé de Babylone, R. Makhir,
aurait été mandé à Narbonne par Gharlemagne pour y fonder
une école d'études talmudiques analogue aux académies babylo-
niennes. On sait, d'autre part, que les « princes de la captivité »
ou exilarques des Juifs babyloniens croyaient descendre du sang
royal de David ^. C'est donc à celte famille d'exilarques que les
« Rois Juifs » de Narbonne prétendaient rattacher leur généa-
logie.
Chose curieuse, on retrouve comme un écho lointain de cette
origine davidique des nacis narbonnais dans une autre tradition
juive, suivant laquelle le roi David aurait envoyé deux nobles
ambassadeurs à Narbonne avec mission de conclure un traité
d'alliance avec cette ville ^
\. Vente de Bondia de Surgères à Pierre Rougé, le 3 décembre 1259 (Arch. de
l'Aude, H 2M, « fief de Narbonne, coté 4 V »). — Vente de Guillaume Rougé, fils de
Pierre et do dame Algaye, sa mère, à Arnaud de la Dent, le 7 juin 1292 {Ihid., « Fief
de Narbonne, coté 6 J »). — Bail à nouvel acapt consenti par Arnaud de la Dent en
faveur du tailleur Pierre de Séret de l'une des deux boutiques allodirales, le 28 sep-
tembre 1297 Jbid., « Fief de Narbonne, coté 6 Y »).
2. Voy. plus haut, chap. ii, § vi.
3. Th. Reinacli, Ihsloir-e des Israélites, p. 44.
4. Arch. niun. de Narb., 3' Thalamus, f« 130 v* : « Aysso son las antiquetatz e las
noblesat antiquas de la vila de Marbona. ...Item se troba que eu lo temps de) rey
ÉTUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 7
Cette assertion, difficile à vérifier, puisqu'elle s'applique à une
époque singulièrement reculée de riiistoire narbonnaise, montre
avec quelle force le souvenir du grand roi d'Israël s'était enraciné
dans les esprits et perpétué dans la suite des siècles. Il ne faut voir,
sans doute, dans cette tradition sur les rapports de Narbonne avec
le roi David qu'une aimable légende éclose dans la communauté
juive de Narbonne et destinée, tout autant qu'à fortifier les pré-
tentions généalogiques des nacis, à flatter l'amour-propre local de
la population narbonnaise.
V. — Si nous essayons maintenant d'expliquer la formation du
patrimoine considérable que se constituèrent les premiers « Rois
Juifs » de Narbonne, nous arriverons à des résultats un peu plus
précis, bien que vagues encore.
D'après le Séfer Hakkabala, Charlemagne aurait récompensé le
savant babylonien R. Makliir, de sa venue à Narbonne, en lui
concédant un grand territoire qu'il venait de reconquérir sur les
Maures. Makbir aurait même épousé la fille d'un grand de la ville.
Justiciable immédiat du roi, Makhir aurait gouverné la communauté
comme les exilarques de Babylone '. Rien ne prouve que les
monarques carolingiens aient fait au cbef de la juiverie narbon-
naise une situation privilégiée. Il est probable, toutefois, que les
« Rois Juifs » ont bénéficié de la part des souverains francs de
véritables concessions territoriales faites en toute propriété, c'est-
à dire, non à titre de bénéfice, mais à titre d'alleu. M. Cbénon fait
remarquer, en effet, que, sous Charles le Chauve, le fisc était
coutumier de ces sortes de concessions -.
Il est également possible que les « Rois Juifs », disposant de forts
capitaux, aient profité du droit reconnu par la royauté à leurs
coreligionnaires de posséder des immeubles en toute propriété
pour acheter de nombreux alleux à une époque où ce mode
d'appropriation du sol était le régime dominant.
C'est assurément le fait le plus remarquable de l'histoire des
a Rois Juifs » que leur persistance comme propriétaires alleutiers
jusqu'à la veille de leur expulsion. Alors que, par suite de la
Daviil la ciutat de Narbona era eminurada o quR en aquel temps lo rey David trames ij
cavalies a Narbona per far liaiisa ame la dita ciutat; et aysso s'es trobat ais archids
dels Jusiens en Avinhon. » Cavalies a ici le sens de chevaliers, nobles qui dans le
Narbonnais occupaient le plus haut rantj de la société féodale.
1. Sur Makliir, cf. Neubauer, Documents sur NarLonne, dans /{. Ê. J., t. X (1885),
pp. 103-104 ; Saige, Les Juifs du Languedoc, p. 1 ; Gross, Gallia judaica, p. 406.
2. Chénon, Etude sur l'histoire des alleux en France, p. 24.
8 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
disparition de l'autorité royale, les petits alleutiers juifs, obligés de
chercher un protecteur en la personne de l'un des deux grands
fonctionnaires de Narljonne, l'archevêque ou le vicomte, se sont
engagés à leur fournir en retour des redevances et des services,
toutes choses entraînant à la fois un assujettissement de leur
personne et une diminution de leur droit de propriété, seuls les
grands alleutiers se sont maintenus en dehors du vasselage et de
la féodalité.
Mais au prix de combien d'efforts les « Rois Juifs » ont-ils dû de
ne pas être entraînés par le courant général ! En qualité d'allo-
diaires, n'étaient-ils pas abandonnés à leurs seules forces pour
défendre leur famille et leurs terres contre une tentative d'usur-
pation? Il a fallu que leur droit fût solidement établi et expres-
sément reconnu i)our que ni l'archevêque, ni le vicomte, ni tout
autre seigneur, n aient jamais tenté de le confisquer ou même
simplement de l'amoindrir. La. velaLlionda Se fer Hakkabala déclare
que le «Roi Juif» relevait immédiatement de la justice royale.
Mais ui;rés l'anéantissement du pouvoir monarchique, quelle
autorité pouvait-il bien invoquer ?
Par le fait môme que le « Roi Juif » vit en dehors de la hiérarchie
des feudataires, ses , biens fonciers échappent entièrement au
régime des terres féodales, Saige a tort de le considérer comme un
suzerain. Nous ne voyons nulle part que les tenanciers du « Roi
Juif» lui prêtent l'hommage et lui fournissent des prestations d'une
nature spéciale, telles que le service militaire. Nous avons vu plus
haut qu'il n'avait pas droit aux qualifications honorifiques portées
par les nobles narbonnais.
D'autre part, s'il est vrai que le «Roi Juif» ne doit aucun hom-
mage ou aucune redevance seigneuriale d'un caractère privé, sa
situation ne peut en rien être assimilée à celle d'un prince
souverain. Ce n'est pas un roi d'Yvetot. Nous ne le voyons pas
investi de privilèges régaliens ; il n'a pas le droit de rendre la
justice, ni de lever des impôts. Son grand privilège consiste à ne
relever que de l'autorité royale ; mais c'est aussi là un lien de
dépendance à l'égard de cette autorité.
Il est probable, toutefois, que, bénéficiant des exemptions
reconnues à tous ses coreligionnaires, le « Roi Juif» ne fut jamais
soumis, comme les autres alleutiers, au service militaire et à
l'impôt royal, en un mot aux contributions et services d'un carac-
tère public. Il dut être assimilé sur ce point aux Juifs du vicomte,
tout en n'étant pas vassal de ce seigneur, de telle façon que sa
situation foncière était bien supérieure à celle d'un propriétaire
ÉTUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 9
actuel, qui est tenu de payer à l'État des droits de mutation et
autres impôts publics.
En somme, le titre de roi juif ne correspond pas exactement à la
condition politique et civile de celui qui le porte. Ce n"est pas non
plus un sobriquet donné par les cbrétiens, mais bien la traduction
maladroite et approximative du mot hébreu naci, dont la sij,aii-
fication exacte est : prince de la communauté. Cette fonction étant
devenue héréditaire dans la même famille', il ny a rien de
surprenant que des fidèles d'une autre confession aient considéré
la personne de celui qui l'exerçait comme revêtue des attributs
essentiels de la royauté.
Ni vassal, ni suzerain, ni souverain, mais alleutier libre, voilà
caractérisée en quelques mots la condition sociale du «Roi Juif»;
de Narbonne.
VI. — Passons maintenant en revue les actes qui se rapportent
aux successeurs de R. Makhir.
C'est probablement de R. Todros I'=^ le nassi ou le gaon, le plus
ancien des descendants connus de R. Makhir, qu'il est question
dans un acte du 17 février 1064. A cette date, Bérenger, vicomte
de Narbonne, et Garsinde, «sa chère femme», donnent au
monastère de 3Iontlaurés leur condamine sise dans le terroir de
Saint-Georges, au lieu dit « Aux Quatre-Colonnes », confrontant au
levant le chemin de Béziers et les anciennes parcelles de Tauros,
Hébreu ; plus une vigne tenue dans le terroir de Rapalpe par
Raimond Estève, monnayeur, et confrontant à l'orient les vignes
des Juifs, à l'occident le chemin de Ramian, à l'aquilon et au midi
les vignes du vicomie ; plus une deuxième vigne sise dans le même
terroir de Rapalp»'. au lieu dit Cabanil, et tenue par Raimond
Gaubert, confrontant à l'orient la terre d'Abraham, Hébreu, et sur
ses trois autres faces l'alleu du vicomte -.
Nous n'avons rien relevé dans les actes qui paraisse se rapporter
au naci Kalonymos I" le Grand, lequel, selon le Séfer Hakkabala,
mourut à làge dt' 90 ans ^, après avoir vécu probablement à la
fin du xi« et au commencement du xu« siècle.
1. Il est curieux de remarquer que la dignité de naci ou de gaon se conférait à une
famille ayant fourni un savant de grande réputation. C'est ainsi que la dignité de
prince (nagid des Juifs d'I.gypte demeura héréditaire dans la famille de Maimonide
après sa mort (Tli. Reinacli, Histoire des Israélites, p. 80).
2. Archives de TAude. H 211 ^Inventaire ms. dos titres «le P'ontfroide), « Papiers de
la mense abbatiale, coté A ».
3. Neubauer, Documeiits sur Sarbonne, dans R. É. J.. t. X (1885;, p. 104; Gross,
Gallia judaica, p. lOG.
10 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
A Kalonymos I^"" succéda son fils R. Todros II, " qui composa des
pièces liturgiques ». Ai)rahain ibn Daud insiste sur le rôle joué
par R. Todros lors des troubles qui surgirent à Narhonne pendant
la minorité de la vicomtesse Ei'mengardeH34-ll48j. Le régent
Alphonse-Jourdain, comte de Toulouse, imposa de lourds impôts à
la communauté juive ; mais Todros et sa famille les garantirent *.
C'est probablement de R. Todros II qu'il s'agit dans le passage du
traité de Pierre le Vénérable contre les Juifs, où cet auteur fail une
allusion ironique au « Roi Juif» de Narbonne et au « Roi Juif » de
Rouen -.
•
VII. — Les renseignements sont beaucoup plus abondants en ce
qui concerne Kalonymos ben Todros II. Les textes latins l'appellent
Ciarimoscius. En provençal, ce « Roi Juif» devait être connu sous
le nom de Glarimos, qui n'est qu'une déformation de l'appellation
grecque Kalonymos. Riche propriétaire alleutier, Kalonymos ben
Todros II ne s'est pas laissé assujettir par la recommandation.
Toutefois, ce n'a pas été sans subir, dans une certaine mesure,
l'influence du mouvement féodal. Si l'on admet que l'une des
caractéristiques de ce régime réside dans le morcellement du droit
de propriété, on sera 'contraint de reconnaître que les « Rois Juifs »
n'ont pas échappé sur ce point à l'influence de la féodalité.
Nous voyons dans un acte du 13 mai 1103 que Kalonymos était
propriétaire direct de deux moujades de vignes sises dans le
« vignier » de la Lega, confrontant à l'autan la vigne de Mosse,
Hébreu, au midi celle des enfants de Guillaume Raimond, pareur,
au cers celle de Guillaume Alquier et à l'aquilon, celle d'Arnaud
Ermengau. Faisait également partie de son domaine direct une
autre moujade de vigne située dans le « vignier» de Ramian, entre
les vignes de l'hôpital de Saint-Just, de Clément de Saint-Cosme et
d'Ameil de Saint-Sébastien. Les tenanciers de ces trois moujades
de vigne restèrent jusqu'au 13 mai 1103 Raimond Roanel et sa
mère Marie. Mais pressée par des besoins d'argent, la famille
Roanel ^ avait engagé les deux moujades de la Lega à Bernard
1. Ihiil.
2. Is. Loeb, Pûlémisies chrétiens el Juifs en France el en Esptigne, dans li. E. J.,
t. XVIU (1889), p. 43 : « Procluc igitur niihi ilo inojjauiue Jud;r rrg^rin, aut si hoc non
potes, saltem ostende duceni. Sedjiioii eiro, ut aliqiiid ridendilni piuiam, retrera lUuin
suscipiam, quem (iiiiilam tuoruni ajmd Narboiiani, Gallia' utliem. alii apud Rolhoma-
guin se habcie fati-ntur. » (D'ajurs Migne, Patr. hit., t. 189, col. 3C0).
3. Cest apparemment cette famille qui a donné son nom au tènement de Roanel. Il
est donc probable que le « viyiiier » de Ramian se trouvait aussi dans ces parages, au
nord et dans la commune de ISaibonne, non loin de la Robiue.
ÉTUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 11
de Talabos en garantie d'nn emprunt de 200 sous melgoriens. Pour
se libérer de sa dette, Raimond Roanel fut obligé de vendre le tout
à l'hôpital de Saint-Jean de Jérusalem de Narbonne au prix de
230 sous, dont 200 payables à Tengagiste.
Cette vente fut faite sur Tavis et avec le consentement de
Clarimos, Hébreu, propriétaire direct des trois moujades de vigne.
En cette qualité, ce dernier prélevait le tiers de la vendange sur la
moujade de Ramian ; il ne recevait que le quart des raisins produits
par les deux moujades de la Lega; mais son tenancier était tenu
de le lui faire transporter à son treuil '. La teneur de cet acte
n'indique pas que le « Roi Juif » se soit fait payer son consentement ;
mais il est plus que probable qu'à la faveur de cette vente, des
droits de mutation lui ont été versés.
Quand Benjamin de Tudèle passa par Narbonne, vers 1173, il y
rencontra, entre autres grands personnages renommés pour leur
sagesse et leur honorabilité, « en premier lieu ben Zaconimos (sic),
fils de grand et vénérable personne Théodore de bonne mémoire,
de la race de David par droite généalogie, lequel a des terres et
champs des princes de cette région, n'étant sujets à personne,
c'est-à-dire ne rendant aucun tribut ni taille^». Le passage de
Benjamin de Tudéle renferme une contradiction : si Kalonymos
avait tenu des immeubles des seigneurs du pays, vicomte ou
archevêque, ces immeubles n'auraient pas été exempts de toute
taille ou tribut. C'est précisément parce qu'il ne tenait ses proprié-
tés de personne que Kalonymos n'était assujetti à aucune rede-
vance seigneuriale.
Probablement absorbé par des recherches intellectuelles, Kalo-
nymos renonçait de plus en plus à l'exploitation directe de ses pro-
priétés. C'est ainsi qu'en avril 1193 il concède par acapt — c'est-à-
dire à titre de bail à tascjue -^ — en faveur de Pierre iMir, maître de
l'hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, à Gérald Fabre, prêtre, à
Bernard de Tourouzelle, à Pons Bouvier et à tous les autres frères
de l'hôpital, avec le droit de possession perpétuelle et la faculté
d'en disposer de toute façon, par donation, cession, vente, enga-
gement, à la réserve, toutefois, du consentement et des droits du
bailleur et de ses successeurs, la moitié d'une pièce de terre qu'il
possède par indivis avec Bondia, dans le terroir de Saint-Jour, au
1. Saige, Juifs du Lanrj.^ pp. 70 et 132-133.
2. Cf. Célestiii Port, Essai sur le commerce maritime de Narhoiine, p. 170; Ilist.
de Lang., éd. Privât, t. HI, p. 864 ; Israi-l Lévi, Le roi juif de Sarhonne et le Philo-
mène, dans H. É. J., t. XLVIII (1904), p. 203,
3. Saige te sert à tort de l'expression bail à fief [Juifs de Lang , p. 65),
12 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Clos Juif, confrontant à l'autan la terre propre de Bondia. au midi
la terre de Lombarde et de ses enfants, au cers la voie publique, à
l'aquilon la terre de Bondia et la parcelle que Raimond de Saint-
Jour tient dudit Kaionymos ; plus une pièce de terre lui apparte-
nant en toute propriété dans le terroir de Narbonne, au bout du
tènement de Moranera, au lieudit « AU ïerruz », confrontant à l'au-
tan la terre que Bernard de Rivière y lient du « Roi Juif », au midi
la vigne dont Guillaume Montenier est le tenancier, au cers le mail-
leul de Guillaume Figueire et la terre de Pierre Hue, à l'aquilon la
voie publique.
Ce bail à tasque est consenti à cliarge dune redevance s'élevant
pour la pièce du Clos Juif au quart, pour celle de Terruz au quint,
moyennant le prix d'entrée en possession de 140 sous melgoriens
payés comptant. Le tenancier aura la faculté, si les terres qui lui
viennent d'être concédées se révèlent impropres à la culture des
céréales, de les transformer en prés ou en vignes. Kaionymos se
réserve les agriers et le droit direct ^
Dans le document que nous venons d'examiner, il est question
d'un Juif Bondia, copropriétaire alleutier avec Kaionymos. Ce Bon-
dia n'est autre que Bondia de Surgères, dont le nom bébreu est
Lévi ben R. Moïse -: Il est probable que Bondia toiicbait de près à
la famille des « Rois Juifs » de Narbonne. i)uisquil possédait des
terres par indivis avec Kaionymos. Bondia est même qualifié de
naci, en môme temps que Kaionymos, par un .luif de Saragosse,
Scbescbet ben Isaac ben Josepb Benveniste. Ce dernier adressa plu-
sieurs lettres aux nacis de Narbonne, R. Calonymos ben Toderos
et R. Lévi, fils du naci R. Moïse ^.
Nous rencontrons encore le nom de Bondia à côté de celui
de Clarimos dans un acte du lo novembre 1190. A cette daté,
Pons de Coursan, Esclarmonde, sa femme, et Bérenger, leur fils,
engagent à Bernard de Saragosse, à Ermengarde, sa femme, et à
leurs enfants, en garantie d'un emprunt de 40 sous melgoriens,
une pièce de terre sise dans le terroir du « Pré judaïque », sous le
domaine direct de Clarimos et de Bondia. Le créancier engagiste
1. Saige, Jvifs du Lmvj., pp. 65, 70-11 et 137-139.
2. Voy. iliid.y p. 74, la souscription htbraique de Bondia de Surgèles. Bondia a
souscrit également de son nom hébreu un acte du 1j novembre 1199 {Pièces justifica-
tives, n° V). .
3. Is. l.(iri), .Joseph Iliiccohen et les chroniqueurs juifs, dans R. K. J., t. XVlv
(1888\ pp. 33-34; David Kaufmanu (/{. È. J., t. XXXIX (18991, pp. 62-7o) piact' ces
documents en 1194-1195. Les lettres de Scheschet ben Isaac nont pas d'intérêt pour
rhistoire ]iolitiquc ou sociale des Juifs narbonnais; elles ont un caractère exclusivement
familial et prive.
ÉTUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 13
pourra sous-engager la pièce de terre pour la valeur de sa créance,
mais avec rautorisation des propriétaires directs, auxquels il sera
tenu de fournir le quart de la récolte. L'acte d'engagement est
dressé de l'assentiment de Bondia, de Bérenger de Moussan, son
créancier engagiste, et de Guillaume de Rien qui détient en gage
la part de Clarimos '. A la faveur de l'acte d'engagement, les pro-
priétaires directs perçoivent les droits de foriscap, à l'exclusion de
l'emprunteur et de sa femme qui n'ont rien à en distraire -.
On voit par les actes que nous venons d'examiner que Kalony-
mos avait une prédilection pour les baux à portion de fruit. 11
devait donc avoir des celliers pour y faire cuver sa part de ven-
dange et des greniers pour y emmagasiner sa part de grain et de
fourrage. Mais nous voyons aussi qu'il engageait son droit de pro-
priétaire direct pour se procurer de l'argent. Dans ce cas, il cessait
de récolter jusqu'au remboursement complet de la dette.
Il semble, au reste, que les Rois Juifs se soient désintéressés de
bonne heure de l'exploitation agricole, directe ou indirecte. Ils
étaient, d'ailleurs, grands propriétaires alleutiers de maisons et de
boutiques dans l'enceinte de la grande juiverie. La charte de fran-
chises vicomtale du 8 mars I'2l7 réserve expressément le droit
de propriété du «Roi Juif» sur l'honneur qu'il possède dans la
juiverie du vicomte par succession héréditaire et sans obligation
d'aucune redevance ^.
Le « Roi Juif » dont il est question dans la charte d'Aimeri IV
n'est autre sans doute que Kalonymos ben Todros II. En tout cas.
Kalonymos vivait encore à la fin de 1216. Le 5 octobre de cette
année, un habitant de Narbonne, Bernard de Cortone, lègue à Bon-
macip, fils du Roi des Juifs, 22 deniers et sa cape de « caparesce^ ».
VIII. — Mais Kalonymos ben Todros II ne dut pas vivre bien
longtemps postérieurement à l'année 4216. Il mourut certainement
avant le 11 octobre 1246. A cette date, nous voyons Bonmacip, fils
de feu Clarimos, vendre à la maison des lépreux de la Cité de Nar-
bonne, à Ajalbert, commandeur, et aux autres frères et sœurs de
cet hospice, les trois quarts de ses droits de propriétaire direci,
1. Clarimos ayant eagà.:é sa part de propriété, Tacte du lo novembre 1199 ne porte
pas sa souscription hébraïque. On n'y voit que celle de Bondia (Lévi lils de Moïse).
2. Pièces justificatives, n» V.
3. Saige, Juifs du Lançj., p. 156 : « ...excepte solummodo honore Régis Judci
quem habet et tenet ex successione pHtrimunii sui... »
4. Arch. mun. deNarb., 5» Thalamus, f" 13 : « . ..et Bonomancipio, filio régis Judeo-
rum, xxij denarios et capam de caparescio.. . » Cf. Mouyoès, Invenl. des arch. mun.
de Narb., série AA, p. 95, 1" col.
H REVUE DES ÉTUDES JUIVES
quart et foriscap, dont, il jouit sur trois sétérées de terre qui font
partie des six sétérées que la léproserie possède à deux endroits
dans le terroir de la Cité, au tènement de Ramian ; les deux tiei-s
de ses droits de quart, lo4s et foriscaps sur une pièce de terre
tenue par la léproserie dans le terroir de Saint-Georges et confron-
tant les c< honneurs » de plusieurs chrétiens. La cession des droits
directs est faite au prix de 140 sous melgoriens '.
Ce Bonmacip fils de feu Clarimos n'est autre que Todros ben
Kalonymos III. Non content d'aliéner le domaine utile ou d'engager
pour un certain laps de temps le domaine direct de ses propriétés,
Bonmacip aliène purement et simplement tous ses droits fonciers,
ne conservant en fait d'immeubles que ses maisons aliodiales de la
grande juiverie. Après le démembrement ou décomposition de son
droit de propriété, nous assistons à l'aliénation totale de son plein
droit d'alleutier.
Il conserve encore, il est vrai, son droit direct sur la moitié d"une
vigne sise à Lebrassous, confrontant à l'autan la terre de dame
Bernarde Drudone, à l'aquilon le chemin ; partie de vigne que,
d'accord avec le Juif Judas, il donne à nouvel acapt, le 3 juin l!2o:2,
à Raimond de Quillan, à charge d'un usage annuel de 6 sous
payable à la N.-D. de, septembre et moyennant le prix d'entrée en
possession de 100 sous melgoriens -.
Dans ce bail, le nom de Bonmacip est accompagné de la quali-
fication de «Roi Juif». Il s'agit donc bien de Todros ben Kalo-
nymos III. D'autre part, dans un acte du 46 juin d2o7, il est
question de Tauros fils de Clarimos, surnommé Astruc fils de
Bonmacip, « Roi Juif». Cette multiplicité de noms appliquée à une
seule personne n'a rien pour nous étonner. Elle résulte de
l'babitude, chère aux Juifs, comme aux Arabes, d'énumérer à la
suite de leur nom principal la série des noms de leurs ancêtres, au
point que l'appellation d'un personnage unique constitue à elle
seule une véritable généalogie. Si Ion ajoute encore que les noms
sous lesquels les Juifs étaient connus dans leur communauté
variaient de ceux que leur donnaient les chrétiens, on ne s'éton-
nera pas de la polynomie de Tauros ben Kalonymos III.
Ce dernier, poursuivant la liquidation de ses propriétés, vend à
l'Aumône, le 16 juin 1^57, les trois huitièmes de ses droits de
lasque, usage, directe, pur et franc alleu dont il jouit sur des vignes
1. Pièces juslificafives, n" VU. Cf. Saige, Juifs du Lung.. p. 74: Mouynès. /nue;*/.
de lu série AA, p. 00, 2* col.
■2. Iiivent. ms. des litres de la niense capitulaire de Saint-Just, copie de M. A. Bories,
« Possessions de la Cité, u" 59 ».
ETUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE Jb
et terres sises dans le terroir de Lapidet (Levrettes) et de Legrassols
(Lebrassous), possédées en commun, les trois huitièmes par le
Roi Juif et Guillaume-Raiinond de Montpellier, un huitième par
Reine, femme de Judas, Juif de Réziers', moyennant le prix de
1,800 sous melgoriens à prélever sur le legs constitué par Élie,
archidiacre de Razès, pour la fondation de son anniversaire et
la célébration de la fête quia lieu dans l'octave de la Madeleine -.
Le 9 juin l-2o9, le même Tauros vend à la dite Aumône son droit
direct sur la cinquième partie de la vigne de Guillaume d'Aux et
Bérenger de Lastours, sise dans le terroir de la Cité, à la « Leyne »,
et sur le mailleul de Bondavin, « décimaire» de Cuxac, confrontant
à lautan la rue, au midi la vigne de l'hôpital de Saint-Jean-
de-Goiran. moyennant la somme de 19 livres melgoriens ^. Enfin,
le 12 avril 1261, Tauros vend encore à l'Aumône, au prix de
68 sous melgoriens, un droit de sIn: deniers dont il jouit sur le
champ des héritiers de Jean Inard '.
IX. — En somme, les «Rois Juifs >> aliénèrent toutes leurs terres
dans les deuxième et troisième quarts du xiii^ siècle. Voilà pourquoi
les actes de vente qui suivirent la grande confiscation de 1306 ne
s'appliquent exclusivement qu'aux maisons du « Roi Juif ». 11 n'y
est fait mention daucune terre lui appartenant ou lui ayant appar-
tenu. A la veille de l'expulsion de 1306, le « Roi Juif » possédait une
trentaine de maisons ou parties de maisons, dont une douzaine à
titre allodial ■'. Ce « Roi Juif», connu vulgairement sous les noms
de Momet Tauros, doit être identifié avecKalonymosben Todros III,
fils de Todros ben Kalonymos III. Il intervint activement dans les
controverses religieuses soulevées en 1303-1306 à propos des
tbéories de Maïmonide. Il se déclara l'adversaire, toutefois, en
termes modérés et courtois, de la philosophie et de l'hétérodoxie ''.
Momet Tauros avait un sceau du type armoriai ou héraldique'.
1. il s'ai:it ilo Juflas d'en Abomar, pi-re de Tauros. Juif de Béziers dont il a été
question plus liaus iiaut (§ ii).
2. Inveut, de la inense cai)it. de Saiut-Just, copie de M. Bories, \< Des possessions de
la Cité, i;ai<;son 62, n" 36 ».
3. Ibid., « ir 37 ».
4. Ibui., « II" 39 ,).
o. Voy. plus haut, chap. iv, i^ xii ; cliap. vu, s? vu.
6. His/oiie lillrraire de la France, t. XWll, pp. (ilO, G82, 68;j, OS"; et 692; Saige,
Juifs du Lançf., pp. H4, Mo, H9 et suiv. : Gross, GaLliu judaica. pp. 408 et 427.
7. J. Carvailo, Inscriplimi hé/ira'ique à Xarbonne, dans L'Univers israélite, t. VUl,
p. 509; Ad. de I.migpérier, Les nasti de Narboiine au moyen âge, dans Kevue israé-
lite. t. m (1872), pp. ,^38-540 (Extrait des Comptes rendus de V Académie des Inscrip-
tions, aimée 1872. p. 233); llist. litt. de la France, t. XXVH. p. 753; Saige,JM//A du
Lang., p. 60; Gross, Gallia judaica. p. 408.
16 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
La matrice qui nous en a été conservée ^ porte sur une face un écu
chargé d'un lion rampant et en exerguela transcription provençale
du nom de Momet : MOVMET IVDEV DNERBO. I/autre face de la
matrice porte aussi reçu et le lion avec la légende hébraïque de
Calonymos fils de R. Todros. Le lion, type traditionnel de la maison
de Tuda, rappelle les prétentions généalogiques des « Rois Juifs »,
qui se disaient descendants directs de David. D'après Joseph
Derenbourg-, le style de l'écu et la forme des lettres indiquent la
fin du xiii^ ou le commencement du xive siècle.
Le savant hébraïsant, se fondant sur la coutume pratiquée chez
les Juifs de donner au petit fils le nom de l'aïeuP, déclare que
Momet était le petit-fils du naci dont parle Benjamin de Tudèle.
Nous ajouterons que cet usage était aussi en honneur dans les
familles chrétiennes. La série généalogique des vicomtes de
Narhonne nous montre les Amauri alternant régulièrement avec
les Aimeri : ainsi Amauri II est le fils d'Aimeri V et le petit-fils
d"Amauri I^'". Comme les «Rois Juifs» de Narhonne se succédaient
héréditairement, le fils aîné, héritier présomptif du titre de nasi,
devait prendre invariablement le nom de son grand-père. Cette
particularité nous a été d'un grand secours pour établir la généa-
logie des « Rois Juifs » de Narhonne.
Il serait téméraire d'avancer que la face provençale de la matrice
servait à sceller les actes conclus avec des chrétiens et rédigés en
latin ou en langue vulgaire, la face hébraïque les actes conclus
avec des cor:!;jionnaires et dressés en hébreu. Il n'y a pas
d'exemple d'acte la lin ou provençal muni du sceau de Kalonymos
ben Todros III. Il est probable que ce dernier se servait exclu-
sivement de son sceau dans ses rapports avec ses coreligionnaires,
la face à la légende hébraïque constituant le sceau proprement dit,
la face à la légende provençale, le contre-sceau.
Saige considère le sceau de Kalonymos comme un emblème
eigueurial réservé aux seuls nobles et dignitaires. Or, les sceaux
ndividuels ne restèrent pas longtemps un privilège de la noblesse
et des dignitaires laïques ou ecclésiastiques. A partir des dernières
années du xine siècle, mais surtout à partir du commencement du
XIV^ l'usage du sceau tomba dans le domaine public *. Cette
diffusion est surtout frappante à Narbonne. Bourgeois, marchands,
1. Musée de Narbonne, vitrine 15, n" 520,
2. Revue israélite, t. lll (1812 , p. ."ilO.
3. Le nouveau-né recevait le nom du plus proche parent recenunent décédé, c'cst-à-
dirc, dans la plupart des cas, du grand-pore.
4. Giry, Manuel de diplomatique, pp. 645, 648.
ÉTUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NAKBONNE 17
artisans, tout le monde voulut y avoir son sceau. V Armoriai des
consuls de Narbonne '\oi%-\'6~',i ' nous offre une belle collection
de blasons et d'armes parlantes. Dans beaucoup de ces blasons le
champ est occupé par un lion rampant.
Au surplus, nous ferons observer que dans le Midi et spécia-
lement à Narbonne, les sceaux n'avaient pas de valeur authentique
dans les contrats. L'apposition du sceau y équivalait à une
signature. L'acte était authentiqué par l'apposition du seing-
manuel du notaire. Il y a, en somme, beaucoup de chances pour
que le sceau du « Roi Juif » n'ait servi qu'à clore des lettres
missives, tout comme les cachets ou les signets -.
Cela dit pour ne rien laisser subsister de l'argumentation
développée par Saige à lappui de sa théorie sur l'assimilation des
alleutiers juifs aux seigneurs chrétiens.
Dans la liste des Juifs narbonnais, dressée par les consuls à la fin
de l'année 1305^, nous relevons les noms de Bonmacip, Momet,
Nassem Tauros. Il s'agit là sûrement de membres de la famille
des nasis. Nassem Tauros doit s'identifier peut-être avec Momet
Tauros et, par suite, avec Kalonymos ben Todros III ''. Il est question
d'un Momet de Narbonne dans les registres de notaires de la ville
de Montpellier correspondant aux années l:293-l"294. Une procura-
tion donnée en 1:293 parBonetde Borrian, habitant d'Arles, à Bona-
fos de Melgueil, mentionne la sentence arbitrale rendue par Momet
de Narbonne et Tauros de Beaucaire entre Bonet et Salamias ■*.
On relève aussi les noms de Bonmacip de Narbonne et de Blanche,
sa femme, dans ces mômes registres *'. Gomme ses homonymes
de Narbonne, Bonmacip était à Montpellier propriétaire direct
d'immeubles. Le 10 mars l'203/4, Astrugue, Juive, fille et héritière
universelle de feu Salamias de Lunel et de feu Blanche, femme du
Juif Bonmacip de Narbonne, concède pour six ans l'usage et l'habi-
1. E. Roschach, Histoire graphique de l'ancienne province, t. XVI de L'Histoire
fjénérale de Languedoc, texte et dessins, éd. Privai, Toulouse, 1903, iii-4", pp. 693-704.
2. Les sceaux plaqués employés à clore les lettres se rencontrent depuis le xm* siècle
(Giry, Manuel de diplomatique, p. 630).
3. Voy. plus haut, chap. vu, § v, en note.
4. A moins que Nassem Tauros ne soit le propre lils de Momet Tauros, ainsi que le
laisse supposer un mandement d'Alfnnse III, roi d'Aragon, portant injonction an
viguier de Barcelone, le 13 décembre 1287, d'abandonner les poursuites enijairées
contre Toros lils de Mamet, Juif de Narbonne, ipii était venu à Barcelone, en conipa-
snie de son mailre Jucef, pour s'y marier avec l.i lille d'Aslruirue, veuve de Joseph
Ravaya Pièces justif.. n" IX).
5. S. Kahn. Juifs de Montpellier, dans H. É. ./., t. XXII (1891). p. 267, et XXUI,
(1891), pp. 270-2V1. Voy. aussi t. XXU, pp. 263 et 272.
6. Ibid., t. XXU, pp. 26o et 273.
T. LXII, N» 123. 2
18 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
talion d'une maison et d'un oiivroir sis à Montpellier, près de la rue
Française ' .
Nous nous bornons à mentionner les noms de Momet et de
Bonmacip de Narbonne sans tenter de les identifier avec des nacis
de Narbonne, les éléments d'identification fournis par les actes ne
nous paraissant pas suffisants.
X. — L'histoire des Juifs alleutiers et, en particulier, celle des
« Rois Juifs » nous fait donc assister à une réalisation continue de
leurs propriétés terriennes, La période de liquidation la plus active
coïncide à peu près exactement avec le règne de saint Louis. D'où
il résulte que, si le démembrement de la propriété allodiale juive
en domaine direct et en domaine utile a été le résultat du mou-
vement féodal, la disparition totale de la classe des Juifs
propriétaires terriens a été la conséquence de l'hostilité marquée
à leur égard par le plus intègre des rois capétiens. La liquidation
royale de 4306 ne comporte presque exclusivement que la vente de
maisons. A cette date, en effet, la propriété foncière juive n'existait
pour ainsi dire plus. Sous la menace des représailles royales,
l'alleutier juif s'était résigné à disparaître, et devant que d'avoir
ses terres confisquées, il s'était empressé de les convertir en
bonnes espèces sonnantes.
LIVRE II
CONDITION ÉCONOMIQUE
CHAPITRE XI
VIK MCKALE ET PROFESSIONS URBAINES.
I. .luils ciillivaleurs, sauniers, vij,'nci'uns, jardiniers. — II. Los .liiifs v\ les
roncUons i)uhli(|ue.s ; prise à ferme d'impôts. — III. Professions libérales et
métiers: Juifs mcdeeins, notaires, boulangers, meuniers, orfèvres. — IV. Juifs
com nerçants : la boutique cl le petit commerce, le courtage, l'importation.
L — Nous venons de voir que jusqu'au milieu du xm^ siècle
environ, les Juifs de Narbonne ont marqué certaine prédileclion
pour la propriété foncière. On a pu remarquer que les chefs de la
1. Iliid., t. XXU, p. -ifiti. it t. XXllI. pp. L'r.o-266.
ETUDE SUK L\ CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 19
communauté avaient eux-mêmes donné l'exemple jusqu'au jour
où des circonstances impérieuses les avaient obligés à y renoncer.
Il est curieux de rechercher quel était le genre de vie que
menaient les Juifs à la cam[)agne et à quelles occupations ils s'y
livraient de préférence. Les actes ne sont pas toujours très expli-
cites sur ce point. La terre, lorsqu'elle fait l'objet du contrat, n'est
pas toujours définie dune façon précise, quant à la nature du sol
et surtout quant au genre de culture qu'on y pratiquait. Les actes
se bornent le plus souvent à la désignation vague de pièce de
terre. On rencontre quelquefois l'appellation de manse, qui, tout
en évoquant à l'esprit une maisonnette avec son enclos, ne nous
éclaire pas davantage sur le genre de travaux qui y étaient prati-
qués. Nous sommes un peu mieux fixés quand il s'agit de champs,
c'est-à-dire de terres labourables. Mais quelles céréales récoltait-
on dans ces champs, voilà ce que les actes ne nous précisent que
trop rarement. Il est probable, néanmoins, que la plupart des
terres labourables étaient aménagées en emblavures.
Le Juif Isaac ben Lévi devait récolter du blé, puisque, pour un
patu tenu à cens du vicomte, il devait en fournir chaque année
une coupe *.
Les basses-plaines de Narbonne étaient loin d'avoir au moyen
âge la fertilité qu'elles présentent aujourd'hui et qui est le résultat
de l'œuvre de dessèchement méthodique accomplie seulement au
siècle dernier. Par suite des atterrissements de la rivière d'Aude,
l'ancien lac Rubresus ou étang salin s'était morcelé en une infi-
mité de petits étangs ou « estagnols ». Le sel contenu en solution
dans l'eau saumàtre de ces étangs ou déposé en couche fine à la
surface des terres, récemment abandonnées par les eaux, était
recueilli par les habitants de Narbonne et, en particulier, par les
Juifs. Ces derniers exploitaient des salines dès l'époque carolin-
gienne-. Leur communauté avait le droit de recueillir le sel néces-
saire à sa consommation dans le tènement de l'Alleu judaïque -^
Un acte du ^7 octobre Ho4 ' nous montre que le saunier juif
Bonisaac exploitait deux salines, dont l'une s'étendait sur une
superficie de 150 aires, dans le tènement du Pradel, à l'ouest de
l'étang (salin), probablement sur les confins actuels des communes
de Narbonne, Cuxac et Coursan. Au midi de la saline de Bonisaac,
se trouvait celle du Juif Jacob. Bonisaac était muni de tous les
1. Voy. plus haut, cliap. iv, g vi.
2. Ihid., cliap. m, § ii.
3. IhUL, cliap. VI, § I, acte liti i") avril 1048.
i. Pièces justificatives^ u " IV.
20 KEVUË DES ÉTUPËS JUIVES
appareils nécessaires au traitement par évaporalion de l'eau salée
contenue dans les étangs ou de la couche de sel formée à la surface
des terres desséchées.
Dans le premier cas, lévaporation s'obtenait par le moyen de
marais salants, munis de vannes pour Técouiement des eaux iosh'e-
miis et marcjatoribus). Bans le second cas, lévaporation se fai-
sait artificiellement dans de grands chaudrons chauffés à une
haute température icoctorm). Bonisaac était un grand propriétaire
de salines, puisque, jusqu'au !20 octobre Hoo, il posséda en alleu
la moitié de tous les salins du Pradel ^
Mais la grande culture pratiquée de préférence par les Juifs agri-
culteurs était celle de la vigne. Ils possédaient déjà des vignobles
à l'époque carolingienne -. Il y avait même un tènement, du côté
de la route de Narbonne à Coursan, qui était connu sous l'appella-
tion caractéristique de « Vignes des Juifs^ ». C'est dans ces parages,
au lieu dit la Lega, que le Juif Moïse possédait une pièce de vigne '*.
Il faut placer probablement dans cette région viticole le lieu dit
« Vivier de l'Aiguë », où se trouvait le mailleul de Vidal Bondavin'\
Un peu plus à l'ouest, dans les tènements de Levrettes et Lebras-
sous, la famille des « Rois Juifs »> possédait des vignes allodiales ^.
Tous ces vignobles étaient situés non loin de Narbonne. Mais les
vignerons juifs qui ne possédaient pas des vignes en toute propriété
dans la banlieue de la ville ne craignaient pas d'en prendre à cens
aux alentours des villages voisins.
C'est ainsi que, l'un après l'autre, Vidal Secal et Abraham Secal
furent tenanciers censitaires de l'abbaye de Fontfroide, pour une
vigne située dans le terroir de Fontcalvi, au sud-est d'Ouveillan '.
Quand se produisit la grande expulsion de 1306, il y avait encore
à Narbonne quelques Juifs viticulteurs, mais c'étaient tous des
habitants du quartier archiépiscopal de Belvézé. Joseph Sasala
avait une quarterée de vigne aux « Glauzels » de Lamourguier,
dans le terroir du Bourg *. Moïse Sagrassa possédait une vigne à
1. Voy. i>lus haut, cliap. .\, § i. •
2. Ibkl., chap. ii, g ix; chap. m, §§ ii, m, vi.
3. Ihid., chap. x, § vi, acte du 17 février 1064.
4. Saige, Jm(/s du Lanr/., pp. 132-133, acte du 13 mai M63.
u. Voy. plus haut, chap. x, S n, actes du 22 jaiivior 1220 et du ?• Juiu 1259.
6. Ihid., S vm, acte du 16 juiu 1257.
7. Chap. ix, g III, actes du 20 septembre 1241 et du IS août 12li0.- Il v avait une
jietite colonie juive à Ouveillan ; en 125() un Juif y fui mis en possession dune terre
(Archives de IHérault, B9, f' 43).
8. A. Blanc, Livre de comptes de -lue me Olivier, pp. 551-565, vente du 22 sep-
tembre 1307.
ÉTUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 21
Gasanhapas ', tènement situé à Test el non loin de la route de
Narbonne à Coursau. Enfin, Astruc Bonafos du Caylar en avait
aussi une au midi du cimetière de Saint-Félix -, c'est-à-dire dans
le quartier de l'avenue de THérault actuelle.
Mais les quelques vignes cultivées par les Juifs à la fin du mif
siècle et au commencement du xiv étaient bien peu de chose eu
égard aux grands vignobles des m«, xii" siècles et de la première
moitié du xiii". Peu à peu, les Juifs narbonnais s'étaient débarrassés
de leurs vignes excentriques, ne conservant, sans doute pour leur
consommation, que les parcelles suburbaines.
Sous les murs de la ville, aux barrières, et même à l'intérieur de
l'enceinte, quelques Juifs s'adonnaient aux cultures maraîchères.
La famille Secal possédait un jardin dans le quartier du BroiP.
Le plus riche des Juifs de Belzévé, Dieulosal de Florensac. avait
aussi un jardin au « Bar des Sœurs Minorettes '• ». Ces deux jardins
devaient se trouver comme nos « hortes » actuelles, non loin de
la rivière d'Aude, qui leur oflVait toutes facilités pour les prises
d'eau et l'arrosage.
On voit, par ce qui précède, qu'après avoir été semi-rurale et
semi-urbaine, l'existence des Juifs narbonnais avait fini par n'être
plus que citadine.
IL — Il serait exagéré de prétendre qu'à Narbonne les Juifs ont
exercé des fonctions publiques en dehors de celles qui pouvaient
leur être confiées par leurs coreligionnaires, dans la limite des
juiveries. Remplir une fonction publique au moyen âge, c'était
détenir un pouvoir de juridiction. Or, nous ne voyons pas de Juif
investi de fonctions judiciaires.
Nous avons bien rencontré un Juif arbitre dans un différend
entre chrétiens et juifs; mais il ne s'agissait là que de pouvoirs
temporaires, que d'une concession faite à la procédure juive qui
proscrivait l'assujettissement d'un Juif à l'arbitrage d'un chré-
tien, et non pas d'attributions permanentes. En un mot, il s'agis-
sait là d'une commission et non pas d'une fonction ■'.
Si, en apparence, les Juifs narbonnais ont réussi à se faire
admettre à une fonction publique, les investissant de quelque autorité
sur les chrétiens, cela n'a pu se produire qu'à la faveur de leurs
1. Saiire, Juifs du f.ang., pp. 281-280, acti^ du 3 janvier 1308.
2. Ifiid., pp. 289-290, acte du 3 janvier 1308.
3. Voy. plus haut, chap. ix, § iv, acte du 2 avril 1246.
4 Saige, Juifs du Long., pp. 287-288, acte du 3 janvier 1307/8.
5. Voy. plus liaut, chap. iv, § vu, et chap. viii. § vi.
22 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
opérations financières cl généralement sous forme de prise en
gage. Deux Juifs, Momet et Matofias, restèrent pendant douze ans
leudiers de rarchevêque. Mais il ne faut voii- là que la conséquence
d'un emprunt sur nantissement *.
C'étaient également des Juifs qui percevaient les petites leudes
de la Cité et du Bourg sous l'archiépiscopat d'Arnaud II Amalric
(I'212-i'2'2o-). Le Juif Bondavin était, en 1259, collecteur de la dîme
à Cuxac^. A Narbonne, les Juifs Astruc de Boujan et Bonfil de
Montpellier s'étaient fait bailler à ferme par les consuls le treuil
de Ibuile et les revenus du mesurage y afférent. Mais, la vente
du treuil faite peu de temps auparavant par le vicomte aux consuls
avait été considérée par le roi, suzerain du vicomte, comme un
abrègement de fief; le baile de Narbonne, en exécution des lettres
de Simon Brisetête, sénécbal de Carcassonne, du 6 juin 1292, fit
saisir le treuil et les mesures, avec injonction aux Juifs fermiers de
rendre compte, à dater du jour de la saisie, des revenus de leurs
fermes, non plus aux consuls, mais à lui-même, baile du roi^.
III. — L'accès des Juifs aux fonctions publiques, en plaçant les
cbrétiens sous leur autorité, aurait paru une bumiliation à ces der-
niers. Mais il était des professions qui, tout en présentant un carac-
tère privé, mettaient en relation étroite les Juifs qui les exerçaient
avec leur clientèle chrétienne. Au moyen âge, à Narbonne, l'exer-
cice de la médecine était presque l'apanage exclusif de praticiens
juifs, formés sans doute pour la plupart aux écoles de Montpellier
ou de Lunel •\ Cet art était encore un peu confondu avec la sorcel-
lerie et la magie, pratiques déjà attribuées aux Juifs par Juvénal^'.
L'opinion que le satirique latin se faisait des Juifs se perpétua au
moyen âge et nous en trouvons un écbo dans les œuvres d'ima-
gination du xiH« siècle relatives à la maison vicomtale de Narbonne.
C'est ainsi que le Philomena rapporte que la prise de Narbonne
i. Chap. V, § m.
2. Chap. V, § V.
3. Invent, des titres de la mense capitulaire de Saint-Just, ins. Bories, « Possessions
de la Cité, n"'37 ».
4. Arch. mun. de Narb., pièce non inventoriée : « ...Mandans diotus Itajulus auc-
toiitate dictarum litterarum Astruc de Bojano et Bonililio de Montepesstdano, Judeis
Narbone, emptoribus, ut dicitur, ol)venti<inuni dicli troiii et mensurajrii pertinenciuin
ad dictes consules, ut ab isto die in antca dictis consuiibus non habeant de obventio-
nibus respondere. . . [sedjbajuio soli noniine domini régis... »
tj. Cf. sur l'école juive de Lunel, A. l'.onet, Étude sur l'école juive de Lunel,
Montpellier et Paris, 1878 (Notice sur lu ville de Lunel).
6. Juvénal, satire VI.
ÉTUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 23
par Charlemagne lut présagée aux Juifs de la ville dans leurs sor-
tilèges'. Une chanson de gestes, La Mort Aymeri de Narbonne,
nous représente un médecin juif devin et sorcier^. Les textes histo-
riques ne nous ont conservé que peu de chose sur les Juifs ayant
pratiqué la médecine à Narhonne. Le médecin juif M<= Davin
Bonsenior vivait dans cette ville à la fin du xiif et au commence-
ment du xiv» siècle^. C'est également à Narhonne que M« Bonse-
nior Salomon i Yekoutiel de Salomon) traduisit en 1887 ilu latin en
hébreu le Liliinn incdicinae de M» Bernard de Gordon '.
A la différence de la profession de médecin, celle de notaire
juif n'avait pas l'inconvénient de mettre trop souvent en présence
des contractants juifs et chrétiens. Le notaire juif ne rédigeait
presque exclusivement que des actes hébraïques intéressant seu-
lement des coreligionnaires. Comme notaire juif, nous relevons
dans les actes le nom de M« Salomon ^ et comme clerc de notaire,
celui du scribe David ".
Il est certains métiers que l'Eglise voyait avec déplaisir exercés
par des Juifs. Ne pouvant en interdire l'exercice aux Juifs, elle se
bornait à défendre aux fidèles d'en consommer les produits. Il est
clair, en effet, étant donné les procédés spéciaux de panification
observés parles boulangers juifs, que les chrétiens ne pouvaient
s'approvisionner chez ces derniers et réciproquement que les Juifs
ne pouvaient acheter du pain confectionné suivant un système
contraire à leur goût et à leur rite. Il semble, toutefois, que les
Juifs narbonnais aient eu recours aux fours chrétiens pour la
1. Ges/rt Karoli Mar/ni ad Carca/monam et Narbonum, éd. Schneegans, Halle,
1898, pet. in-8% p. 176.
2. La mort Aymeri de Narhoîine, t'-d. Couraye du Parc, Paris, 1884, in-S", vers
380-460 et 521-5-22:
En la cort ot un jui Saolin :
Sajes hom fu et de arrant sens pnrpris,
Il ot un livre paré de toz latins
Ou li art sont et li sonje descrit ;
Lo livre prent, s'entra en un jardin
Et se cocha dcsoz l'oubro d'un pin ;
Totes les arz reversa et enquist,
Iluec voit toz les sonjes Aymeri
Et lo urant mal qui li doit avenir;
Car il (Aymeris) se muert, eu li a deviné
Uns siens juis qui est des arz parez.
3. A. Blanc, Livre de comptes de Jacme Olivier, t. Il, 1'" partie, p. 545.
4. Gross, Gallia judaica, p. 429.
5. Saige, Juifs du Lang., p. 198.
6. Ibid., p. 200.
24 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
cuisson (le leurs plais de viande. Les statuts des bouiangej's dressés
le 4" juin 18(16 interdisent à tous les membres de la corporation de
faire cuire les viandes des Juifs en temps de carême ou de jeûne '.
C'est donc qu'ils avaient l'habitude de le faire aux autres époques
de l'année.
Par extension, il semble que la meunerie juive ait été atteinte
par la même prohibition que la boulangerie. Nous voyons des
meuniers juifs à Narbonne dans la première moitié du x" siècle ^ ;
mais nous n'en rencontrons plus un seul dans la suite.
Il ne paraît pas que les Juifs narbonnais aient eu beaucoup de
prédilection pour le métier d'artisan. Il devait y avoir des orfèvres
juifs à Narbonne vers 4057, puisqu'à cette date, l'archevêque était
accusé par le vicomte Bérenger de leur avoir livré des patènes
d'or et dargent destinées, une fois fondues, à être vendues en
Espagne ^.
IV. — Mais il est souvent question dans les actes d'une catégorie
de petits commerçants juifs dont les scribes ne prennent pas la
peine de nous indiquer la profession. Sur la place de la Cité,
— aujourd'hui place de l'Hôtel-de-Ville — se tenait le marché quo-
tidien ; une section était consacrée à la vente des légumes (place
de la Caulerie), une autre à la vente de la viande (Macel ou Bouche-
rie), une troisième était occupée par la Poissonnerie. Tout autour
de la place de la Cité, en bordure, s'élevaient de nombreuses
boutiques ; établis dans quelques-unes, les Juifs s'y livraient à la
vente au détail, ou mieux encore au commerce du change.
C'est sur la place de la Cité, du côté d'autan, qu'Abraham, fils de
feu David de Montpellier, possédait une boutique à un étage. Un
de ses ancêtres s'était fait concéder le droit par la vicomtesse
Ermengarde (1443-1493), et un autre se l'était fait confirmer par le
vicomte Aimeri IV (4494-1239), d'aménager des tables, constructions,
courette, entrée ou sortie sur un patu situé |)rès de sa boutique,
côté du midi. Le 20 décembre 4244, Abraham fit abandon de son
droit à la communauté et aux consuls de la Cité. Il se réserva,
pourtant, la faculté d'élever avec l'assentiment des consuls sur
l'emplacement dudit patu un mur de trois palmes et demie de
1. A. Blanc, Livre de comptes de Jacme Olivier, t. 11, l'- partie, p. 551 : « .. .Itom
voliinus, ordinamus et statuimus ac eliarn proinitimus, nominibus qiiibus supra, quoil
nulliis uostruin aiuleat quonuei'o carnes JndeDruni in t'urno vol ;tlioiio de catiairesi-
niali vel jejunii. .. »
2. Vo>'. plus haut, cliap. m, §§ ix à xii.
3. Voy. plus liaut, cliap. vi, § i".
ÉTUDE SUR LA CONDITION DHS JUIFS DE NAHBONNE 2b
canne, de percer dn côté tie loiivioir- de Jean Laurent une ouver-
ture de quatre palmes de large destinée à donner accès par l'inter-
médiaire d'un escalier à l'étage supérieur de la boutique, moyennant
quoi Abraham s'interdisait le droit de pratiquer à l'avenir tout
œuvre de maçonnerie, table, banc, ouverture, du côté du Macel
(Boucherie) et de la Poissonnerie. Il se réservait pourtant le droit, en
prévision d'un surcroît d'élévation à donnera son ouvroir, de prati-
quer dans le mur neuf un auvent Abannum), convenable, des portes
et fenêtres, de surélever l'escalier de trois marches. Les mesures
du mur furent fixées par des experts de cers à autan à deux cannes
et sept palmes, deux cannes d'un angle à l'autre et cinq palmes de
l'angle supérieur à la cloison de l'ouvroir de Jean Laurent'.
Le rapprochement de la précédente transaction avec les actes de
ventes des immeubles confisqués en 1307 et 1308 nous permet de
concevoir ce qu'était une boutique juive à Narbonne au moyen âge.
En général, la boutique n'avait qu'un seul étage; on y accédait par
un escalier extérieur, situé le plus souvent à l'autan, sans doute
pour éviter la violence du vent de cers. Le boutiquier qui prospérait
dans son commerce ajoutait un nouvel étage à son ouvroir et, pour y
accéder, surélevait de quelques marches l'escalier extérieur. C'est
peut-être aux appartements du premier étage que s'applique la
dénomination de solerium ou solarium. Cet étage pourvu d'une
entrée absolument indépendante de la porte du rez-de-chaussée
était loué fréquemment par le boutiquier. L'ouvi'oir proprement
dit se trouvait généralement au rez-de-chaussée, « entre seuil et
plafond- ». L'entrée de la boutique était un portail portalium,
portalia, jKjrlalaria\ rarement en tiers-point, presque toujours en
plein-cintre, comme on peut en voir encore dans la rue de l'An-
cien-Courrier, en pleine juiverie vicomlale. Le portail étant la carac-
téristique de la boutique et la boutique se trouvant de préférence
au rez-de-chaussée, il n'est pas étonnant que les trois dénomina-
tions de portail, de boutique et di^ rez-de-chaussée se présentent
dans les textes comme synonymes {dotnus, portalia, porlaleria,
atagia intei' sotulo.s et solerios). Les étages, ne communiquant pas
avec le rez-de-chaussée par un escalier intérieur, pouvaient
appartenir à des propriétaires différents. Ainsi Samuel Vidal et
Samuel Bonmacip de Lescaleta possédaient une dizaine de rez-
de-chaussée ^. Le « Roi Juif » en avait seize % Moïse Bonafous
1. Pièces ju.tlificatives, n" VI.
2. « Iiiter sotulos et solerios. »
3. Saige, Juifs du Lauf/., pii. :iS2 ut 28o.
3. Ibid., PII. 278 et 284.
26 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
neuf. Un certain nombre de maisons juives s'agrémentaient de
cours intérieures, de basses-cours ou de simples courettes. C'était
le cas de la cortada du « Roi Juif », dont les dimensions devaient
être assez considérables ^ II en était de même, avec toutefois des
proportions plus modestes, des maisons de la Juive Françoise ^
de Moïse Bonafous '•, de David Cohen ^, et de Samuel Bonmacip de
Lescaleta^.
Le Juif Bondia de Surgères possédait deux boutiques dans le
quartier de la Parerie de Cité, confrontant au midi Touvroir de
Bonnet de Capeslang et au cers la rue ; mais il les vendit, le
3 décembre 1239, à Pierre Bougé'. Ces deux boutiques étaient l'en-
tière propriété de Bondia, puisque, le 7 juin i292, Guillaume Rougé,
fils de Pierre et de dame Algaye, en vendit à Armand Deladent
lusage allodial de dix livres « en toute directe ». Les deux boutiques,
tenues alors par Jourdain de Corrigol, étaient situées exactement
sur le côté oriental de la rue Parerie-Vieille-de-Cité, au nord de la
boutique de l'aumône de Bonnet de Capestang. Le prix de vente
en resta le même à trente-trois ans d'intervalle, soit 190 livres ^.
Après l'acquisition par Arnaud Deladent du domaine direct des
deux boutiques allpdiales, le tenancier de l'une céda la place à un
nouveau possesseur. Le 28 septembre 1297, la boutique qui con-
frontait au midi celle du Juif Davin de Capestang fut l'objet d'un
bail « à nouvel acapt », c'est-à-dire à nouveau cens, au profit de
Pierre de Séret, tailleur ^.
Ville de commerce maritime et de trafic cosmopolite, Narbonne
voyait fleurir sur sa place toutes les catégories de commission-
naires.
Le courtier, en langue du pays « encantayre », vendait à l'encan
les articles dont un marchand lui confiait la liquidation '". Il devait
fournir caution, procéder à la vente sur la voie publique, adjuger la
marchandise au plus offrant, faire lui-même le pesage ou mesurage
\. Saif^e, Juifft du Lrinçf., p. 283.
■2. Ihid., p. 278.
3. Ibid., p. 281.
4. Ibid., p. 283.
3. Ibid., p. 285.
6. Ihid., p. 284.
7. Archives de l'Aiule, H 211, Inventaire des titres de Tabbaye'de Fontfroide, « Fief
de Narbonne, coté 4V ».
8. Ibih., « coté 6J ».
9. Ihid., « coté 6Y ».
10. A. nianc, Livre de comptes de Jacme Olivier, t, II. p. 6")\, acte du 31 juillet
1310.
ÉTUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 27
et remettre au propi-iétaire le produit intégral de la vente '. L'ad-
mission à l'exercice du courtage exigeait de nombreuses garanties.
On a lu plus haut- la longue litanie d'imprécations dont s'agré-
mentait la formule de serment imposée aux candidats juifs.
Le courtier était l'intermédiaire obligé entre le marchand et le
consommateur. A Narbonne, l'appellation de marchand était syno
nyme de commerçant en gros. Dans la hiérarchie municipale le
titre de marchand était l'équivalent de celui de bourgeois et peut-
être même quelque chose de plus^. Parmi les Juifs narbonnais qui
pratiquaient la " marchandise », nous rencontrons un marchand
d'alun, Salomon de Montpellier. Les consuls du Bourg lui en ache-
tèrent trois charges dans le courant de l'année 1303 '*. Astruc
Bonafos du Caviar, Sabron Vivas et Bondia Mossé étaient de gros
importateurs d'épices. Quelque temps avant le IG juillet 1303, nous
voyons les consuls du Bourg s'approvisionner chez eux de trois
charges et demie de poivre^.
A la lin du xiv» siècle, le marchand narbonnais Jacme Olivier se
faisait fournir du blé par le Juif Crescas de Lunel '^.
Si l'on examine d'un peu près les actes relatifs à ces transactions
commerciales, on s'apercevra très vite qu'ils recouvrent bien autre
chose quune simple opération mercantile. Il s'agit là, sans aucun
doute, devantes à terme comportant une échéance fixe et un peu
éloignée du jour de la livraison.
Ces ventes à terme devaient se faire naturellement à un prix plus
élevé que les marchés au comptant et donner lieu par conséquent
au paiement d'un escompte dont le taux n'était autre que la difTé-
rence de prix entre la vente au comptant et la vente à terme. Or,
la vente à terme constituant avec le prêt à intérêt les deux formes
essentielles du crédit, cela nous amène tout naturellement à nous
occuper du principal rôle joué par les Juifs narbonnais au moyen
âge, le rôle de banquiers, c'est-à-dire de commerçants opérant, non
plus sur des marchandises, mais sur de l'argent.
(A suivre.)
Jean Régné.
i. Voy. le statut arrêté par les consuls Je la Cité en avril 1278 (Mouynès, Inveitt.
des arch. mun. de Narh., série AA, p. 150).
2. Cliap. VIII, § IV.
3. Voy. notre étude sur Amauri II, vicomte de \arhoniie, ji. ^o'2.
4. Pièces justificatives, n" XII.
u. Ibid., n° XI.
6. A. Blanc, Livre de comptes de Jacme Olivier, p. 100, opération du 10 avril 1386,
FRAIiïlENTS ARAMÉENS DU TOLDOT VÉSCHOl
M. E.-N. Adler a eu ramabilité de me prêter l'original du texte
qu'il a tout récemment publié ^ En même temps il a mis à ma
disposition les originaux des autres fragments de la Gueniza que
j'avais déjà édités dans mon Leben Jesn -. J'ai pu ainsi procéder à
un nouvel examen, qui n'a pas été entièrement stérile. Les lectures
de M. Adler sont en général exactes ; néanmoins ces lambeaux de
feuillets jaunis ont encore livré quelques uns de leurs secrets, des
lacunes ont pu être comblées et des erreurs rectifiées.
Comme ces deux, fragments sont apparentés l'un à l'autre et se
complètent mutuellement, je vais les reproduire ici^. J'appelle A
le texte antérieurement connu, B le second; les variantes des
premiers décbilTremenls sont désignées pour le fragment A par K
(Krauss, Leben Jesu) et pour le fragment B par B [Revue)''.
Fragment A.
Est divise par les 4 petits feuillets du manuscrit
en 4 morceaux : a, b, c, d.
«"i-iiSa [733 . . . •'Dia] i a
^-n70T73 -l'-n -173N 'i'?V rrb -i«N irnn 2
n73N "j'^by r!::no n^b '72N rmn's 3
1. Revue, LXI, 126-130.
2. Krauss, Dus Lehen Jesu nac/i jiid. Quellen, Berlin, 1902, p. 31 et 14i.
3. Le fragment A a éti'- traduit eu hébreu par moi, op. cit., 14i.-146; le fra^Mnent B
l'a été en français par M. Adler, Revue, I. c.
4. Les lettres incertaines, etl'aeées ou à demi-conservées sont indiquées par des
points.
5. Ce mot est à moitié conservé et comme le passa^'e est analogue à b. Sanfi., 43 a
(v. Strack, .lesus, die Hdretiker und die C/iristen uach den iilfeslen jiid. Angnben,
Leipzig, 1910, part, hébr., p. 19^. on peut restituer pres«|ue toute la ligne.
6. K : ...»yD.
FRAGMENTS ARAMÉEiNS DU TOLDOT YESCHOU 29
*ip3ÔT Ni'n [a-^n] lo A
n:"i7: ■'ya-i NmoN bn rr^b ti73N 13
r-nb"- Nbi N-i-'pyn NnrN sint 14
N-133 Nba ibT nb ';n''7ib I'"'b3-'^ lo
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N3-1 j<-bi<3 n-172-i '^nmiD 'li:) p r:;-^ 26
1. S*c; K : •>::n33"'; Ps., L, 2.j, a •^nsD"'.
2. L. Oia^^DN " Pilatus ». Le copiste a peut-être pensé à ^IZÛ^ÏSN, qui se trouve
ilans le Talniud et le Midiaseli, voir Lehnwurler, II, 10.
3. K, iiiexacterneiit : nCTûb.
4. Cf. 1. 19, puis frai.'^mciit B, 1. Ui, ainsi (|ue NJ-'UT; p pm"' «laiis la Pierre de
louche de Schetntob ibii Scliaprout {Leben Jesii, p. 147; Revue, XVUI, 222). Cf.
Jean, vu, 12 : 7t),avà to ôx).ov [Leben Jesu, p. 193).
o. K: -{-.37^73.
6. Lire peut-être ipOT. Faut-il restituer : p-^b p:''î< V^"'»""^ "l^nblD' IpDUJT
N;V3 lN3nn:' — a la ligne 12, lire 113)3 piuir 11713.
7. K restitue à tort [QN D"13] ; mais Nm3 est presque siu'. Cf. aussi Sclicnilob
ibn Scliaprout dans Leben Jesu, p. 147.
8. Cf. liirne 8 et la note.
9. Cf. Fraf,mient B, ligne 1.
10. Les mots ll^HD VN sont difliciles à lire à cause d'une décbiruie. K : "iD-i"'J<.
ce qui lie donne aucun sens.
H. K : ■'•^71731. Cf. Fray:nient B, I. 19 : ■^TIT'NT.
12. J'ai remarqué dans Leben Jesu, [i. 144, que ccfti' paiticuie est tort surprenante,
parce que nous ne la connaissons que dans le Taryouin Dalman, Gninini. des ji/d.-
paliist. Aramdiscli, Leipzii.^ 1.S94, p. 79) ; je renvoie maintenant encore à Levias,
Aramaic Idiom, Cincinnati, 1900, p. .5t.
13. K : HT'TÏE; mais le manuscrit a ÎT^TT3E, forme certainement originale.
30 KEVUE DES EïUUES JUIVES
• N-ipi N3b7: cnpb n^bm^i r^-'-û'::3T 21
"^ 3i"5 NX-^* . . . T «■'TOT N^iÎT 133 ... . :i8 r/
'. . . . DT p-'33 ^;Dy n:?3-iN ar 1;^"» 1"13[pj :i9
i-i-ina -i-isp mm '*isd^d V^ irnpoN id :{0
nm T^T^DJ» DT" r-i"i-i3L3 ""pTOs mn-' .'ii
« n3i ■■' Ny«ci"i iu:-'3 ND-iT n3yn p-^:3 32
1^2515 7 ^,5^^ p,55^ Ni«u) inbD 34
""iDWn-'T p-«bD Ni720b -iTCNT p 531 Nyta-) 3.3
Fragment B.
Un petit feuillet écrit des deux côtés (a, b).
"if N3-»bi: b^' "«-iro Nbn -^n-» innTiDTiî?^ «b '^ Nb-'N i «
i3bitT Ti"^ '" iin-inD^aTs «bn ^'^nx:i Ni^-^p-ib N3N n-'pbo 2
r«<3"^bi: by n^Tj-i ni^;3N3 n-ri^ i7::im t; ^^ ^tii 3
iïînn"' '-) iinb '7ûn N3ib:: p rrrr^ Nnnxb " "j^s}: iin wsbi i
>^n-'i-nNT N7:Nip 1:^3 N;n3N '-[--^n n^mc p] 0
'-) n»î< 'l'an N3-'b:£ bV 'Mn'nb-'3: n-'3n «b 3^-l^^] 6
'*Nan-i3 ■^nTi3pi N3-'bs: \û mn"^ Nnlnxb yonn-'] 7
']:n '»^-^K•^ '\^^^z,^ nd3:\ rmrr' '-n Nnsi [i:;3 N-^rn] s
î<3-'bi: by n\-T' nn3i"::N ndt pnni vaî<n ■'0[rj<] 0
t>«ia\aip iinb TiTjN '"> [3:an^] v^ [nliocm i-nriN 10
1. •'i : Mlp^, ilépourvu de sens. La leslituliuii peut se faire grâce au nis. de Stras-
bourg (Leben Jesu, p. 46): ^310 mi">:;3 Dnb TlTi^Nl; <Ie même ms. Adler [ib.,
121) : Nin n-nu:3 ût» 173x1.
2. La restitution est tout à fait incertaine; dans le ms. on ne distingue bien, après
133< que T, puis N^ avecles voyelles comme dessus. Pour l'expiiration, voir plus loin.
3. Quelque chose d'illisible dans la marge.
4. Lapsus du copiste, pour N3"^3.
5. Ponctué dans le manuscrit.
6. A lire avec la ligne suivante.
T- K : "iro, superliciellement.
f<. K : -lonn-in.
9. En un mot. A : xb "'N.
10. A : ';'>72"^n73, par erreur.
11. Le mot se lit très distinctement : A, inexactement : piîl".
12. Restitué d'après le sens.
13. D'aines Onkelos sur Deutér., xxi, 23. Cf. San/i., vi, J.
It. NlOÎTI ne signifie pas « en liAte », mais " lanal, conduit'» (Levy, Taiff. W'b.,
II, 410; \enhebr. W/>., IV, 431).
lo. A : MnNl, inexact.
16. Cf. ms. Strasbourg dans Leben Jesu, 46 : b'^SUÎS 1»-iiJ< Ti3:a "'rt* "'D
imnp"' NbU3 D"^3t""1D!l (je remarque à ce propos que les lacunes de ce manuscrit
peuvent étrr conitiléts à l'aide d'un manuscrit identique, ipii m'a été confié par
FRAGMENTS ARAMÉENS DU TOLDOT YÉSCHOU 31
DN l^p^^y N-ip-'C3 ■'Niir:"' n:-i73 r>::i^ id? "KiH n
t-»:3i7:a- oicûbo rr'-'-ipT p-ibo î^-iTii^àb '[«b \^] 13
n^-iSD Nn3"'5]i:T Nina n-ib '7:j<-i n33:i rînrfb u
"'ïîî'Nb pnn-' "'yaî<T ^'n^'Dnb 'N3 'pdt ^i;b [n3]y[in] ifi
"'n-' pnnDOM «bn lirrrii* ac< "jinb '73Ni v'^''^ '"^
■"Ds: aN Nrcm ^np-^bo N-'Ts'Cîb nd"»?!: by 18
["^bj rt^'-ias n-^ ■'Tn-'NT n-ri"' tin N2N n3-iw 19
bîNT NI- n:'-'"::-! t^ij^-'T ii^T'-'t "^ ';i:72T!-'i iinbi 20 h
Kbnn N73T1 n-'-iap i?-2 "''poi<T î<2;> rnin-' 'n 21
ir-iri<T rr'nn:: ■'P*.;:: bD3 r!\"i^ nai n-^r-iDn 22
' n-!73"'T ay^'o^ NT^nro -13 im-« iinn ■^mbj' 23
" n'''b'[mNn] *["'mT'»]bri •j-'b-^Ni N"'73u:t «an Nnbxn 2-i
"•rlUNT "^rtiT'îabn bsb l^inpi N;i72:in oi::bD mb 23
'"■]]£ nrTo-'n Nbi -im irTjTn nm linn-» 26
•' \nzr> ny'pén n:;5 min^5 '?:î<i i<:i7:;n cnab^ 27
c^nN Nncm "«\::n n-^yo p^d rrr\-^ Nn-iapn ;i8
min-' bîx N\-i"'7û rT^[3] T^i^p-i 5<-irN3 r:\-i"' ■'.npi 29
D-ibi^sr-^NT N72T'T N'WT N-^Tina nTT' nnpT n;35 30
^inT^b NTor -iD"'3iN n:'-'^-) ■^-iirsn n^a-^ n-^a 3i
[«"«■"-ijap 113 rT^n[i 'MpiD]NT ^70") nsi p-'n 32
■jX-iujy ai-i rr'naa-i "^picn n'^n"' "'•ihhaT 33
[•?V"'] T«^[''3j NrT na^'T p":^ xn-ca "im 3i
[•.'] i:?3n"' n-m::^-nDi ^«ri ^"'3^"^ Nir; î<3'"'"0-i 35
pb-'N inbiD p''3cn "jt: bsT -^72:? "'Nie ay 36
t-<i"'0-i nO'^'^T rriT^ob tsdt nbsT '^^f^j^^j :î7
M. D. Kaliaiia, d'Oilessa). De même ms. Viciiiie, ilans Lehen Jesu, 80 : tdi; 3T;jb
Vu)"" b'tl) ; ms. Adler, ihid., p. 121 : ■>3a3 vmspT lin3D5 "»3N.
1. A : 13^52£, fautivement.
2. Cf. ligne 1.
3. A : 1^3'. ce qui n'a pas de sens ; de plus, *i:b mamiue.
4. Dans le ms. ces mots, comme toutes les alirùviaticjiis, sont surmontés de points;
lire : yyr, by inb32 "j-^bn «b Nn"i'>mN3 3"^n3T.
li. Vocalisé dans le ms.
6. A, inexactement ';"'73n"'T. Cf. ';"'73">n à la liirm' 26.
7. Scriptio plena (A: "1"|73T).
8. Le 5 se voit distinctement.
9. Cf. Fraî,'meut A, I. 27.
10. On pourrait lire aussi p73.
11. Cf. Fragment A, 1. 25.
12. Manque dans A.
13. Mauvaise lecture dans A.
14. L'auteur a écrit fautivement T15T ; c,!'. Fraginiiil A, I. 2i.
15. Cf. FniL'ment A, I. 23.
32 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Il na fallu ni violences ni conjectures pour combler la plupart
des lacunes, corriger les mauvaises lectures et tirer d'utiles ren-
seignements de ces textes en si mauvais état. Nous avons sûre-
ment dans ces textes deux recensions étroitement apparentées
du Toldot Yéschoii. Mais je ne puis admettre, avec M. Adler, que
« notre texte est évidemment le reste de l'opuscule que l'apostat
Âbner Alfonso désignait par ces mots ■'«V^jn-i-' pïjba nan-:: -iss
n"i'^*7;d "13 iWT «naiya '< livre qui a été composé en langue palesti-
nienne sur l'bisloire de Jésus fils de Pandéra' ». En effet, les his-
toires ne se recouvrent pas. Dans le fragment A, ce sont les
disciples de Jésus qui prétendent qu'ils peuvent faire des miracles,
entre autres celui par lequel une femme peut enfanter sans être
touchée par le mari; dans le texte dAbner Alfonso, c'est Jésus
seul qui affiche cette prétention. De plus, il est question dans ce
dernier texte du miracle de la résurrection, sur lequel le fragment
A est muet, bien que l'occasion s'offrît d'en parler. Dans les frag-
ments — aussi bien dans A que dans B — le suprême inquisiteur
romain est Pilate seul, tandis que dans le texte d'Abner Alfonso le
procès est porté devant l'empereur Tabrinus (c'est-à-dire Tibère).
Il est vrai qu'un empereur figure aussi dans le fragment A 2, et on
ne peut savoir si cet empereur n'était pas nominativement désigné
dans la partie perdue ; mais l'état actuel des textes suffit à mon-
trer que, dans le fragment A comme dans B, le personnage princi-
pal est Pilate. tandis que dans le texte d'Abner Alfonso, l'affaire est
portée immédiatement, et par Pilate lui-même, devant l'empereur.
Ce qui est important aussi, c'est que le texte d'Abner Alfonso,
outre R. Josué b. Perahya, qui ne manque dans aucun Toldot
Véschou, mentionne d'autres chefs juifs ^, dont nos fragments
n'offrent aucune trace; on ne peut se contenter d'expliquer cette
différence par l'état incomplet de nos textes, mais il faut admettre
que ceux-ci sont différents de par le plan et la tendance. Nous
devons donc conclure que le Toldot araméen cité par l'apostat
Abner ne nous est pas rendu par les nouveaux fragments de la
Gueniza. Je ne puis accorder non plus à M. Adler que le frag-
ment B « représente une forme de la légende qui semble la
première en date », car le texte d'Abner présente quelques traits
d'une originalité bien marquée \ qui attestent donr une ancienneté
1. l'uldit' «l'aïufs le iiis. ilii 'in'Z pN 'l-ms Lehen .Ifati. \k 1 itt-T.
2. Liïiiu 11 : nO^p 3Ti:2.
4. Ainsi .lésus vdlo sur le mont Caniiol et |it'iiitn' daii!, la caverne tl'Élie, ce tiui ne
se trouve ilans aucun autre Tiddot.
FRAGMENTS ARAMÉENS DU TOLDOT YESCIIOU 33
respectable. Par contre, les deux textes de la Giieniza, dont je prise
d'ailleurs grandement la valeur, n'offre guère de traits qui ne
se retrouvent dans d'autres recensions du Toldot.
M. Adler trouve dans le nouveau fragment B un détail qui lui
paraît intéressant à cause des prescriptions rabbiniques surTen-
terrement des criminels'. Il s'agit des lignes '21 et 2i2, où il est
raconté que le jardinier Juda retira du tombeau Jésus exécuté, lui
attacha des cordes aux pieds pour le traîner nia) dans les rues de
Tibériade. Mais ce traitement doit être considéré comme une mani-
festation particulière, comme un outrage spécial et ne peut se
comparer à l'usage de traîner un criminel au tombeau avec des
cordes. On conle, en elTel. qu'un pécheur fut tiré par des cordes
au tombeau^ et une tradition talmudique veut que le roi Ezéchias
ait traîné [tù les ossements de son père jusqu'au tombeau sur
une claie de cordes (D-^ban b^ nu»)-'. Dans les deux cas il s'agit
d'une mise au tombeau outrageante : au lieu d'emporter le corps,
comme de coutume, sur une civière ma») portée sur les épaules ^
on le tire par des cordes, traînant sur le sol, au milieu de la pous-
sière et de l'ordure des rues. C'est « l'enterrement d'un âne », dont
fut menacé Yoyakim : être traîné (ano'i et jeté loin des portes de
Jérusalem ^Jér., xxu, 19). Il est évident que c'est de cette manière
qu'on éloignait de la ville les charognes des animaux. Dans le cas
du pécheur, cet outrage lui fut infligé lors de la première inhuma-
tion, tandis que le roi Achaz, le père d'Ezéchias, subit ce trai-
tement au moment de la seconde inhumation, car les ossements
étaient enterrés une seconde fois au bout de douze mois environ,
quand la chair avait pourri. Or, pour Jésus, au moins d'après la
tradition évangélique iv. Jean, xix, 41), on n'a pu agir de même, ne
fût-ce que parce qu'il fut enterré par ses discipies dans le jardin
de Joseph d'Arimathie-'. Le Tnldot, il est vrai, le fait enterrer par
Juda le jardinier, mais il ne dit pas que ce fut en traînant son
corps au moyen de cordes; d'après lui, ce traitement fut un acte
particulier, qui voulait être une démonstration : il s'agissait d'éta-
1. Voir A. Biichler, L'enterrement des criminels d'après le Talmud et le
Midrasch, Revue, XLVl, 74 et s.
2. Kohélet r. sur i, lo : inp'? "^ITia a'^'3Dn3T (dans Rulh r. sur m, 4, altéré
eu û'^bana n'^i-.
3. Baraita clans b. Pesahim, o6a ; b. Sanh., 47 a ; j. Nedar., vi, 40 a, 1. 7.
4. D"^2nD, nt372n ■'NUJl^, voir ma Talmudische Archàologie, II, 64.
5. M. Biichler, l. c, p. 87, croit que la mention du jardin n'est pas faite « pour
indiquer un tombeau tailb- dans le roc ». Je ne comprends pas l'objection, car chacun
sait qu'un jardin, un jardin d'oliviers par exemjjle, peut fort bien se trouver sur un
terrain rocheux et (ju'il n'y en a mcme pas d'autres près de Jérusalem.
T. L\l[. N" 12;j. :i
34 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
blir aux yeux de tout le monde que Jésus ivétait pas monté vivant
au ciel. Mais en cela le détail n'est nullement nouveau; il figure
plus ou moins dans toutes les recensions du Toldot. Ainsi, d'après
le manuscrit de Strasbourg, le corps de Jésus n'avait été retrouvé
nulle part et les Juifs en étaient très affligés lorsque le propriétaire
du jardin ^ se présenta et raconta qu'il avait volé (nis) le cadavre,
afin que les chrétiens ne le prissent pas pour soutenir que Jésus
avait fait un miracle pour tous les temps (en montant au ciel). Le
peuple suivit alors le propriétaire du jardin, attacha des cordes à
ses pieds^, et, le traînant (nnc) ainsi à travers les rues de Jérusa-
lem, l'amenèrent devant la reine (Hélène) en disant: voilà comme
il est monté au cieP. Le même épisode se retrouve dans le manus-
crit de Vienne' et dans le manuscrit yéménite de M. Adler \
comme dans toutes les versions en général, avec cette seule diflé-
rence que les versions connues auparavant le placent à Jérusalem,
tandis que les nouveaux fragments de la Gueniza le transportent à
Tibériade''.
Comme il est établi que toutes les versions du Toldot racontent
que le corps de Jésus fut ainsi traîné et que, d'autre part, ce détail
ne peut être expliqué par la procédure criminelle des Juifs, j'ai été
amené, dans mon ouvrage, à en chercher la source, étant convaincu
que les auteurs du Toldot, à la satire près, qui leur est propre,
racontent seulement des faits qu'ils ont trouvés dans une source
quelconque, en les dénaturant et en les parodiant à leur manière.
Or, le trait du cadavre traîné ne se trouve ni dans le Talmud, ni
dans les Evangiles, ni même dans les Apocryphes ; par contre, je
l'ai rencontré dans des ouvrages islamiques ; aussi ai-je été tenté
de l'attribuera une influence musulmane " et je n'aperçois pas que,
comme l'affirme M. Adler, cette hypothèse soit réfutée par le frag-
ment B. Du reste, j'avais déjà remarqué précédemment que cet
épisode complète si bien le récit qu'il a pu facilement y être ajouté
sans l'aide d'une source déterminée.
Ce qui, à mon avis, mérite d'être retenu, dans les nouveaux frag-
ments, c'est la détermination du lieu où Jésus fut provisoirement
1. Ici il n'est pas nommé Juda; il est simplement désigné comme "jars bya.
2. T>ba~)3 D'^ban TT.23pT correspond exactement à ce qui est dit en araméen dans
e fragment B, ligne 21 : n^S'ISa Nban NÎOII-
3. Lebeii Jesii, 46,
4. //>., 82: mnOI» bD3 im-nJT a-'bDna l-'b;-) ncpr a noter «lue le terme
employé ici (*T15) s'accorde lui-même avec les fragments de la Gneniza.
5. ib., 121 : a"'bv:in'^3 imx pano ttîi i'55-i2 ban iTcpn.
6. Voir à ce sujet ib., p. lii'J et 2^.
7. Ib., 196.
FRAGMENTS ARAMÉENS DU TOLDOT YÉSCFIOU 3b
enterré. D'après le fragment A, ligue ;28 (cette ligne est malheureu-
sement en mauvais état;, Jésus, après avoir été inhumé dabord
en un endroit qui n'est pas nommé, le fut en dernier lieu à «"«mna
N"»»*! \ ce qui ne peut guère être autre chose que l'a/^ruNTina "ini« -
dans le Targoum du Pseudo-Jonathan sur Nombres, xxv,8. « endroit
de la percée ». C'est ce mot si rare que nous rend notre texte ara-
méen. Et «"^tti «""Tia dans le fragments, ligne 30^, doit certainement
vouloir dire la même cliose. ce qui nous donne le droit de corriger
ce mot inintelligible ' en î«n-i2. Ici encore, l'expression employée
est seule nouvelle, non l'idée exprimée. Car toutes les recensions
du Toldot racontent que Jésus fut enterré provisoirement, non
définitivement, dans une conduite d'eau : ms. de Strasbourg % ms.
Adler "^ et ms. de Leyde '. On reconnaît facilement dans ce tombeau
provisoire les fosses (m-nwn») qui formaient, d'après la loi rabbi-
nique,la tombe momentanée des condamnés exécutés*, et nos textes
du Toldot se prêtent du même coup à l'élucidation du terme obscur
mmttwj : ce sont des fosses fraîchement creusées qui, sises à
proximité de conduites d'eau, contenaient aussi un peu deau. Voilà
donc un c^s où le fait raconté dans le Toldot paraît être une rémi-
niscence talmudique, ce qui est d'ailleurs naturel vu le caractère
de cet ouvrage^. Mais je ne puis, comme je lai expliqué, recon-
naître cette inspiration dans le motif du traînement du cadavre.
Un terme intéressant du fragment B \\. î28) est NUjan ^■'■'po rr^a
1. 133 et N'^IIT <loivent évidetnment être lus eu uii seul mot, ce que l'état «lu
manuscrit autorise, «iailleurs. parfaitement.
2. Les éditions ont NTITID, que Levy, Turr]. 1V7>., I, 114, corrige en N1TTT2 :
l'éd. Ginsbur^jer a î<TTT^3. On jiourrait en rapprocher S'w2n f'TD dans le Targoum
sur I Sam., xiv. 26, pour ",13 m T-^ î^* J^ist™^^'» Diclionary, p. lilo). mais Koliut, H,
189, a des scrupules contre ce rapprochement jtarce que D. Kimlii et Elia Levita ren-
dent ce mut T^"i2 par riMiy " parterre ». En tout cas. Kohut j)arait avoir raison en
expliquant PT3 par canal, ce qu'on pourrait appuyer par 2T":73 ainsi i|ue par des
formes syriaques et arabes.
3. La lecture est sfire ici, le manuscrit étant bien conservé en cet endroit. Néan-
moins nous avons été obligé de corriger aus.si ND"^0 à la 1. 30 en «D'^a : cf. NUm
dans le fragment B, 1. 7.
4. M. Adlcr laisse passer le mot N^T^a sans remar(iue aucune et le traduit [lar
« citerne ».
5. Leben Je.su, p. 46 : nnpi '^ina ncm lïjb I^D'^in "ITI^U D'^'Kir, *7rm
nap by l^llb ^-^izr, "T«Tnm im». Le verbe "^rin (-inn ■.') correspond exacte-
ment à la racine Tia.
6. ih., p. 120 : m'î-'Uîr; •^•fzb ai-ip.
7. 76., p. 129 : a-'Tar; onr rr:i? -i"::n np-i""Dn3.
8. Bùchler, Revue, XLVL 1.5 et 87; ma Talmud. Arckiiologie, IL 73.
9. Dans mon Leben Jesu, p. 283, j'ai cité comme parallèles d'autres textes hala-
chiques, mais je crois aujourd'hui que les TTIITOriTa fournissent le meilleur terme de
comparaison.
36 HEVUE DES ETUDES JUIVES
« champ d'irrigalion des gens «, par quoi il faut évidemment
entendre que Jésus fut d'al)ord enterré dans un clianip en usage
ou dans un champ ensemencé et qu'il ne fut définitivement enterré
dans la fosse humide dont il vient d'être question que sur Tordre
de Pilate, qui désira le voir enterré dans le cimetière ordinaire, ce
qui était contraire à la loi juive {Sanh., vi, 5),
M. Adler a été surpris avec raison de ce que, d'après le fragment
B, 1. 3, Jésus aurait d'abord été crucifié, puis lapidé, alors que,
d'après le principe « tous les lapidés sont pendus », on aurait dû
suivre l'ordre inverse. Je crois cependant que les mots en question
peuvent être expliqués différemment : les mois "^n ns rrri"^ lab^n
disent d'abord sommairement que Jésus a été crucifié étant vivant,
puis vient le délail : N'«-'23î<2 rrr"' n7::i-,T « et ils le lapidèrent à coups
de pierres «, Na-'bi: by D-^Jzt c et il mourut sur la croix ». Au surplus
le détail de la lapidation, i)récédant môme la crucifixion, n'est pas
nouveau : il figure dans la version judéo-allemande et dans le
manuscrit de Leyde du Toldot Yéschou ^
Les rapports mutuels entre les deux fragments araméens ont
déjà été marqués avec justesse par M. Adler : Le fragment A, 1. 10-
:27, est une variante de fragmentB, 1. 18-:24; A, 1. 28-31 =B,1. 27-3!2
etA,l. 32-3o = B,'l. 32-36. En particulier, les derniers mots des
deux fragments iTa"^2 nî-it na^'T etc. sont presque littéralement iden-
tiques : ils font partie de l'élément stéréotypé des versions du
Toldot- et quoique, à en juger par le fond, ils auraient parfaite-
ment pu former la fin d'un livre, il n'en est néanmoins douteux
dans le cas présent si ces lignes terminent le Toldot araméen, par-
ce que les autres Toldot contiennent les mêmes mots alors que le
récit se poursuit encore assez longuement.
11 est donc difficile de se prononcer sur l'étendue et le contenu
de notre Toldot araméen. Voici l'analyse des deui fragments :
A, l. l-o, condamnation des cinq disciples de Jésus ^ ;
o-lO, jugement de Pilate, qui veut connaître la cause de la
mise à mort de Jésus et de Jean (Baptiste) '* ;
11-18, jugement de l'empereur, miracle de la naissance vir-
ginale ^ ;
1. Leben Jesu, p. 283. Voir aussi Toldot, éd. Wagenseil, \\. l'Jj.
2. Voir ms. de Vienne (<7)., p. 83) : nn"^ï372 lO"* iaN> lUJNp n3î<"«; plus siin-
blableinent encore dans le ms. yéménite de M. .\iller («A., p. 121; : nN r!"3pr! y^n
mp73 bD3 in.
3. D'après Sanh., 43 a.
4. La mention de Jean est bien singulière.
b. On se rappelle que cette épreuve ne se retrouve que dans le fragment B et dans
le texte d'Abuer Alfonso.
FRAGMENTS ARAMÉENS DU TOLDOT YÉSCHOU 37
19-31, mise au tombeau, traînement à travers les rues de
Tibériade ;
•29 61 31, date de la mise au tombeau et du traînement ;
3:2-33, invocation de la vengeance divine.
B, 1. 1-6, crucifixion de Jésus ;
7-12, mise au tombeau provisoire ;
13-30, jugement de Pilate ; traînement à travers les rues ;
mise au tombeau définitive par Juda le jardinier ;
32, date du traînement ;
33-36, invocation de la vengeance divine '.
Nos fragments ne contiennent rien qui se rapporte à l'bistoire
des apôtres ou même de celle des sectes inestoriens, etc,), comme
dans les autres Tolclot, ce qui permettrait de les dater. Mais le seul
fait qu'ils sont écrits en araméen les situe à l'époque des Gueonim,
c'est-à-dire à une époque relativement ancienne, ce qui suffit à
déterminer leur valeur.
Vienne.
S. Krauss.
1. Se termine dans le fragment A par TOT^rT^T, qu'il faut compk-ti'r par quelqui
chose comme oarT^iT N2^nb.
CATALOGUE DES ACTES
DE
JAIME r, PEDRO III ET ALFONSO III
ROIS D'ARAGON
CONCERNANT LES JUIFS
(1213-1291)
ACTES DE JAIME I" (1213-1276) [suite et /in ').
472. — D. Pedro ajoute à la rémission précédente que, si une action
est introduite contre les Juifs de Girone et de Besali'i au sujet des contrats
de prêt, elle devra être rejetée par les bailes et autres ol'liciers. —
Girone, 13 aoiit 1271.
Reg. 37, f° 22 v°. — Inpio. : Jacobs, ii° 719.
473. — D. Pedro accorde sa rémission aux Juifs de Girone et de
Besalù qui se sont servis pour payement dans leurs contrats de monnaie
melgorienne au lieu de monnaie barcelonaise. — Même date.
Reg. 37, î" 22 v°-23.
474. — D. Pedro, considérant les grands dommages subis par les
Juifs de Girone et Besali'i do la part des chrétiens qu'ils sont obligés de
loger, et surtout de la part dos gens de sa suite, aux(|uels les Juifs doi-
vent prêter leurs ustensiles (suppellictUia) et leurs draps de lit, dispense
les dits Juifs de l'obligation de loger les gens de sa maison et leurs mon-
tures, et de leur fournir des draps. — Même date.
Reg. 37, f" 23.
1. Voyez Hevue des Ëludts juives, t. LX, p. 161 et t. LXI, p. 1,
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME V\ PEDRO III ET ALFONSO III 39
475. — D. Pedro autorise les Juifs de raljama de Ciione et Besalfi
à recouvrer ou à solder en monnaie barcelonaise, an cours du change,
les sommes qu'ils ont prêtées en monnaie molgorienne ou autre monnaie
d'or et d'argent, et les dettes qu'ils ont souscrites enx-inèines en mon-
naie de Melgueil. — Même date.
Reg. 37. fo 23.
476. — Jaime F"" approuve l'ouverture faite par l'aljama juive d'Egea
d'une poterne {postigwn ') dans le quartier nouvellement peuplé du
château d'Egea, en face de 1' « arba » et des aires do Santa Maria. —
Saragosse, 13 aoiit 1271.
Reg. 21,f°6 v°. — Cop. : Collection Bofarull. — I.ndiq. : Jnrobs, u» 627.
477. — D. Pedro donne à ferme pour une durée de dix ans, à partir
de la Saint-Jean, à deux habitants de Girone et à Astrug Salves, Juif de
cette ville, tous les droits qu'il a sur les moulins de « Mercadal» , à
charge d'une redevance annuelle de 1.150 sous barcelonais de tern. —
Girone, 18 août 1271.
Reg. 37, f"' 23 v-24 v°.
478. — D. Pedro notifie au baile de Besali'i la décision qu'il vient de
prendre dans lafTaire suivante :Jucef fils d'Abraham, de Barcelone, ayant
acheté à Besalù une maison exempte du droit de « fornage » ou de
« puja ' » {pugia) et du paiement du loyer, a prié 1 infant de lui con-
server ces privilèges; à l'appui de sa demande, l'intéressé a produit des
témoins, mais aucun acte écrit ; l'infant concède audit Jucef, pendant sa
vie seulement, la faculté de faire cuire le pain nécessaire à sa famille et
à ses hôtes au four de Besali'i, sans être tenu de payer quelque droit au
seigneur du lieu. — Même date.
Reg. 37, f° 24 v°. — Inoiq. : .liirobs, n''721.
479. — Jaime Is"" accorde sa rémission au Juif Jucef Ferrer, inculpé
d'avoir réalisé certaine quantité de morabotins d"or en vendant une
« eau (aga) de vie » de Remolus de Mpnzon. — Saragosse, 23 août 1271.
Reg. 21, f° 11.
480. — D. Pedro procède à un règlement de comptes atec les Juifs
de Girone et Besali'i. — Girone, 26 août 1271.
Reg. 28, f» 39 v".
481. — D. Pedro, ayant appris que, sous prétexte de la défense faite
par le roi de saisir pour dettes les récoltes {expleta), le pain, le vin et
1. En latin classique, posticum di^signe une porte do derrière, une porte dérobée.
• 2. En catalan, puja : droit qui se paie en pain au four commun.
40 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
autres produits qui se trouvent dans les channps, vignes et antres posses-
sions tenues d'un seigneur, certains débiteurs des Juifs rassemblent leurs
biens dans des tenures seigneuriales et les mettent ainsi à l'abri de toute
contrainte, mande aux viguiers et baile de Besalû de procéder, sur plainte
des Juifs, à la saisie de tous les biens de leurs débiteurs en quelque
endroit quils se trouvent. -^ Même date.
Reg. 37, f 26.
482. — Jaime I^r mande à l'aljama des Juifs de Calatayud d'envoyer
à Saragosse, dans le délai de quinze jours, quatre délégués, pour y tran-
siger au sujet de la demande que le roi fait présentement aux Juifs du
royaume d'Aragon. — La Almolda, !«' septembre 1271.
Nombre de délégués que devront envoyer les juiveries des villes
suivantes : Daroca 4, Téruel 3, Tarazona 4, Borja 3, Âlagôn 3, Egea 4,
Uncastillo 3, Luna 2, Tauste 2, Jaca 4, Barbastro 4, Montclus 2, Huesca 2,
Monzôn 4, Tortose 4, Valence 4, Jâtiva 2, Murviedro 2.
Reff. 18, f" 63 V». — Cop. : Collection Bofarull. — Publ. : Jacobs, p. 131.
— Indiq. : Jacobs, n° 500.
483. — Taille du subside de 52.100 sous octroyé à Jaime I^r pour son
voyage de Lyon par les Juifs de la couronne, savoir 25.000 par les Juifs
du royaume d'Aragon (Saragosse, Huesca, Calatayud, Daroca, Téruel,
Barbastro, Jaca, Luna, Egea. Tauste, Borja, Tarazona, Alagôn, Montclus,
Uncastillo), 25.000 également par les Juifs catalans, majorquins, perpi-
gnanais et montpelliérains (Barcelone, Girone et Besalû, Perpignan,
Lérida, Majorque, Montpellier), enfin, 2.100 seulement par les Juifs du
royaume de Valence (Valence, Jâtiva, Murviedro, Alcira, Gandia). —
[1271].
Reg. 18, f" 64 r° et v". — Cop. : Collection Bofarull. — Plbl. : Jacobs.
pp. 132 133.
484. — Compte des impositions payées par les aljamas des Juifs de
Valence, Murviedro, Alcira, Gandia, Jâtiva, Luna, Uncastillo, Tauste,
Majorque, Téruel, Borja, Saragosse, Alagôn, Calatayud, Tarazona, Daroca,
Tortose, Monzôn, Ruesta, Jaca, Lérida, Barbastro, Montclus, Huesca,
Perpignan, Girone et Besalû, Barcelone. — [1271].
Reg. 18, f" " 81 v»-82. — Pibl. : Jacobs, pp. 133-134. — Indiq. : Jacobs.
n° 501.
485. — Compte des taxes imposées aux Juifs de Valence (6.500 sous',
d'Aragon et de Catalogne (100.000). — [1271].
Reg. 18, f" 96. — PuBi,. : Jacobs, p. 134. ~ Indiq. : Jacobs, n» 502.
486. — L'infant don Pedro mande aux officiers de Girone et Besalû
que les clercs qui s'offrent à faire complément de justice à leurs créan-
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME 1", PEDRO 111 ET ALFONSO 111 U
ciers juifs devant la cour ecclésiastique doivent s'adresser à la cour
royale, sauf pour les immeubles relevant de celle-là. — Girone, 4 sep-
tembre 1271.
Reg. 37, fo 26.
487. — D. Pedro autorise les Juifs de Girone et Besalù à faire dresser
pour leurs contrats de mariage des actes « christianiques » ou hébraïques
en ce qui concerne les morabotins de la dot, le douaire, la donalio propter
nupcias, la part qui revient au père et à la mère de la femme qui meurt
sans enfants; pour les immeubles achetés ou vendus à des chrétiens, les
Juifs pourront faire spécifier que le paiement sera effectué en morabotins;
l'infant mande à ce sujet aux notaires de Girone et Besalû qu'il leur
permet de dresser des actes de ce genre et qu'il absout les cautions et
témoins y mentionnés, — Même date.
Reg. 37, f» 26 V».
488. — D. Pedro, en récompense des services rendus et des prêts con-
sentis par Astruch Ravaya et Jucef, son fils, baile de Girone, leur assigne,
jusqu'à complet remboursement, les revenus de la bailie et de la cour
de Girone, les tributs des Juifs de Girone et Besalù. — Girone, 7 septembre
1271.
Reg. 37, f> 30. — Indiq. : Jacobs. n° 723.
489. — U. Pedro accorde son guidage à Gauxo. Juif de Barcelone, sous
peine pour tout contrevenant de 200 morabotins d'amende. — Barcelone,
19 septembre 1271.
Re?. 37. f 29.
490. — Jaime l*"" accorde sa rémission à l'aljama des Juifs de Monzôn
pour les usures et barates indues, les autorise à barater le drap, le
bétail, le froment, l'orge, etc., leur promet de ne pas accorder de proro-
gation d'échéance à leurs débiteurs, et prescrit que dans les procès pour
dettes la preuve doit être faite par le témoignage concordant d'un chré-
tien et d im Juif. — Saragosse, l''' octobre 1271.
• Mêmes concessions aux Juifs de Calatayud, Daroca, Téruel, Tarazona,
Barbastro et autres lieux d'Aragon.
Reg. 16. f" 2o2. — Indiq. : J.icobs, n° 478.
491. — Jaime 1*'' concède aux Juifs de Monzon, à la prière du maître
de la milice du Temple, que les Juifs de Barbastro soient temis de pcitor
avec eux pour les biens qu'ils possèdent à .Monzon et réciproquement. —
Même date.
Reg. 16. f 2.">2 v°. — iMniQ. : Jacobs, n» 479.
492. — L'infant don Pedro, confirmant la vente ou obligation consentie
42 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
par noble R. de Cabrera pour sept ans, à l'expiration des deux ans pmir
la durée desquels l'infant a fait la même concession à Issach Jaffies, Juif
de Girone, assigne à ce dernier, sa vie durant, 1.000 sous barcelonais
sur les revenus de Girone et le tribut des Juifs de cette ville; D. Pedro
mande à Jucef Ravaya, baile de Girone, de faire observer la présente
assignation. — Barcelone, 7 octobre 1271.
Ree. 37, f" 30 v". — Indiq. : Jacobs, n" 724.
493. — Jaime I»' concède aux Juifs de Monzôn, sur les instances du
maître do la milice du Temple, que dans les causes civiles ou criminelles
quelque chrétien ne puisse faire la preuve contre un Juif qu'avec le témoi-
gnage d'un chrétien et d'un Juif. — Saragosse, 11 octobre 1271.
Reg. 16, fo 252 v°.
494. — Jaime I""" fait aux Juifs de Murviedro les mêmes concessions
qu'aux Juifs de Monzôn (voy. n° 490). — [Saragosse], 20 octobre 1271.
Reir. 16, f 239 v. — Indiq. : Jacobs, n° 473.
495. — L'infant don Pedro confirme le guidage accordé par le roi, son
père, aux frères Junis, Jahuda et Jucef Avinceit, sous peine pour tout
contrevenant de 100 inorabotins; il défend à l'aljama [de Lérida], aux
adénantades et à tout Juif de les excommunier, de suspendre à leur
approche l'oraison à l'intérieur ou hors de la synagogue. — Lérida,
6 novembre 1271.
Refï. 37, f 31 yo. — Indiq. : Jacobs, n" 725.
496. — Jaime I®"" notifie aux Juifs de Harcelone, Villafranca, Tarra-
gone, Montblanch et Cervera que les créanciers juifs ne pourront faire
exécuter les cautions de leurs débiteurs si les dits répondants ont béné-
ficie dune grâce royale; les créanciers devront auparavant exiger le
remboursement du débiteur principal; k l'égard de ce dernier, ils ne
pourront faire appel à la contrainte des offiiciers royaux qu'après une
année révolue; il leur sera loisible, ensuite, de faire exécuter les répon-
dants. — Saragosse, 7 décembre 1271.
Reg. 14, (" 127 T°. — Gop. ; Collection Bol'arull. — Imdiq. : Jacobs, n" 395.
497. — Jaime I*"" mande à ses officiers de faire observer les privilèges
concédés aux Juifs de Girone et de Resalû et de contraindre les débiteurs
des dits Juifs à rembourser leurs dettes incontinent, à l'exception des
bénéficiaires de sursis. — Même date.
Reg. 14, f 127 V. — Indiq. : Jacobs, n» 396.
498. — Jaime I®"" prend les mêmes dispositions à l'égard des Juifs de
Barcelone, Villafranca et Tarragone. — Même date.
Reg. 14, f 127 T».
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME I"'', PEDRO III ET ALFONSO III 43
499. — Jaime I«'' concède aux Juifs de Girone et Besali'i le droit de
jouir des mêmes privilèges que les Juifs de Barcelone. — Même date.
Reg. 14, f" 128.
500. — Jaime I" confirme la donation faite par le baile de Barcelone
à Perfeit, fils de Bonaslrug Saltel, du terrain compris entre le mur du
jardin que le dit Perfeit possède à titre allodial près de la maison de
S* Eulalia de Barcelone, appelée la Treille judaïque, et le mur du ruis-
seau qui arrose le jardin de Mari, avec la permission d'ouvrir à nouveau
des portes ou portails sous les arches du moulin de Pedro de Medayla,
si la concession faite par le baile est antérieure à la construction des dites
arches. — Même date.
Reg. 14. f 127 v°. ~ Cop. ; Collection Bofcirull.
501. — Jaime l'^"' accorde sa 'rémission aux Juifs de Barcelone, Villa-
franca, Tarragone et Montblanch, coupables d'infraction au taux légal
de l'intérêt; il confirme leurs créances, les autorise à barater aux chré-
tiens le drap, le froment, le blé, l'huile, le chanvre, le lin, le safran et
autres denrées, à acheter les récoltes à terme ; il leur promet de ne
pas accorder plus d'un sursis à leurs débiteurs; il décide, enfin, que dans
les procès entre chrétiens et Juifs la preuve doit être faite par un chrétien
et un Juif, sauf en ce qui concerne les contrats de prêt, pour lesquels le
témoignage de deux chrétiens suffit. — Même date.
Reg. 14, f° 128. — Cop. : Collection Bofarull. — iNniQ. : Jacobs, n» 391.
502. — Jaime I*"" fait les mêmes conces.sions aux Juifs do Ciiroue et
Besalû.
Reg. 14. f 128. — Cop. : Collection Bofarull.
503. — Jaime I", voulant récompenser Salamon, fils de Samuel Anju-
lopiel, Juif d'Alagon, d'être bon clerc dans la Loi dos Juifs, lui assigne
une pension viagère de 30 sous de Jaca sur le tribut des Juifs d'Alagon. —
Saragosse, 7 janvier 1271/2.
Reg. 14, f» 146 v". — Cop. : Collection Bofarull. — hnio. : Jacobs. ii° 403.
504. — L'infant don Pedro confirme la concession faite par son père
aux Juifs de Huesca et portant que pour les rixes et coups échangés
entre eux, ils ne soient pas tenus de donner quelque chalonge au baile
ou au çalmédino, mais de comparaître devant le tribunal des adénantadcs.
— Lérida, 12 janvier 1271/2.
Reg. 37, f» 34 v°. — Im.iq. : Jacobs, n" 726.
505. — Jaime 1*' assigne à son médecin Jucef Abencredi. Juif de Sara-
gosse, une rente viagère de rlOO sous de Jaca sur 1' « almudin' » royal,
1. En caitilUn, almudtn ; halle au blé.
44 REVUE DES ETUDES JUIVES
r « Obarit » de Saragosse, et le dispense de contribuer pour cette pension
avec raljama de Saragosse aux tribut, peite et autres exactions royales;
le roi mande à Jahuda de Cavalleria, baile de Saragosse, de faire solder
la dite rente en trois versements. — 13 janvier 1271 2.
ReL'. 14, f" 143. — Cop. : Collection Bolanill. — Inoio. : Toiirtoulon, t. II.
p. 377 ; .iHCobs, n" 400.
506. — Jaime P'' concède à Abayhuc Avenrodricli que sa personne ne
puisse être appréhendée pour non paiement du tribut, tant que la répar-
tition n'en aura pas été faite; il le dispense, en outre, de l'obligation de
répondre, une fois sa quote-part versée, pour les contribuables récalci-
trants, le mettant ainsi h Tabri de la contrainte par corps, de la fermeture
de son ouvroir et de la saisie des biens. — Daroca, 21 janvier 1271/2.
Reg. 14, i° 14i v». — Cop. : Collection BofaruU. — Indiq. : Jacobs. n° 401.
507. — .laime !«'' dispense Jucef Avenxaprut, Juif de Murviedro, sa vie
durant, de l'obligation de peiter pour la pension de 120 sous qu'il lui a
assignée. — Daroca, 29 janvier 1271/2.
Reg. 14, P 145 \°. — Cop. : Collection Bofaiull. — I.muq. : Jacobs, n" 402.
508. — L'infant don Pedro assigne au Juif David Mascaram 1.000 sous
réaux qu'il lui a prêtée sur les revenus de la bailie de Carcer, de Suma-
carcel, et le raal de Beniamira, avec le pouvoir d'en recueillir la totalité. —
Valence, 3 février 1271/2.
Reg. 37, fo 66 v".
509. — D. Pedro affranchit Samuel Zareyal, Juif de Borriana, pour
trois ans, à partir du jour où il y a fixé son domicile, de toute quête, peite
et autre exaction royale. — Lérida, 6 février 1271/2.
Reg. 37, f 3r, V".
510. — D. Pedro accorde sa rémission, au nom du roi, son père,
moyennant 3.000 sous barcelonais, à Belshom, fils de Momet, Juif de
Besali'i, inculpé « d'avoir tenté ou perpétré la chose » avec une chrétienne,
l'enquête n'ayant relevé aucune preuve formelle de sa culpabilité. —
Girone, 4 mars 1271/2.
Reg. .'H, f 38 V».
511. — D. Pedro confirme la sous-assignation faite à Aslrucb Ravayle
par Geraldo, vicomte de Cabrera, de 12,400 sous barcelonais, payables en
quatre annuités, sur les revenus do (iirone et le tribut dos Juifs de Girone
et Besalii, la sous-assignation faite au mêtue par Haimundo de Cabrera
et Izach Jaftia, Juif de Girone, de 4,000 sous sur les mêmes revenus ;
l'infant mande à Juccff Ravayle, fils d'Astruch et baile royal, de faire
observer les présentes assignations. — Girone, 29 mars 1271.
Reg. 37, f"' 39 v«-40. — Indiq. : Jacob», n" 727.
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME 1", PEDRO III ET ALFONSO III 45
512. — D. Pedro donne procuration à Aslrug Ravaya. Juif de Gironc,
et à son tils Jucef, baile, de recueillir tous les droits qui lui reviennent
sur le château et la villa de Torroella Ide Fluviâ] et dy bailler à cens les
maisons et autres possessions. — Girone, i^' avril 1272.
Reg. 37, f 45 v». — Indiq. : Jacobs, n« 728.
513. — Jaime I^"" fait à laljaina des Juifs de [Palma dej Majorque les
mêmes concessions qu'aux Juifs de Barcelone (voy. n» 501). — Lérida,
12 avril 1272.
Re|,^ 21. f° 19 v°. — Inoiq. : Jacobs, u" 631.
514. — L'infant don Pedro reconnaît devoir à .Salauion de Pruts, Juif
de Tarazona, 828 sous barcelonais. — Tarazona, 30 avril 1272
Reg. 28, f» 60. — Indiq. : Jacobs, n° 697.
515. — Jaime I"'' accorde sa rémission, moyennant 500 sous barcelo-
nais de tern, au tils de Salamon dt; Adret, Abraham, inculpé d'avoir
connu charnellement une chrétienne, le viguier de Barcelone n'ayant
relevé dans son enquête aucune charge contre l'accusé. — Barcelone,
7 mai 1272.
Reg. 21, f 31 r" et \^ — Indiq. : Jacobs, ii° 632.
516. — Jaimt! I<"' donne quittance aux secrétaires et à l'aljamades Juifs
de Barcelone et de Villafranca de 100 morabotins par eux versés à sa
décharge et à son ordre à Vidal, fils d'Astruc de Porta, de Villafranca, à
qui le roi a fait remise de sa quote-part d'impôt. — Barcelone, 8 mai 1272.
Reg. 21, f" 32. — INDIQ. : Jacobs, n" 633.
517. — Jaime l®"" ayant appris qu'une plainte a été portée au baile de
Barcelone contre plusieurs Juifs irréfléchis [stulli], qui de jour et de nuit
injurient et outragent, dans le call judaïque, les prud'hommes juifs,
autorise la communauté à choisir dans son sein doux ou plusieurs
prudhommes chargés de mettre un ternie aux insanités {sutzures ') des
mauvais garnements, en leur infligeant des amendes et, au besoin, en
les chassant du call et même de la cité par le moyen de l'excommu-
nication (a/a/T/wj et autre empêchement (/na/icuz). —Barcelone, 9 mai 1272.
Reg. 21, f» 32 V. — Cop. : Collecliou Bofarull. — Indio. : Jacobs, n' C34.
518. — Jaime I"' concède k tous les Juifs de Barcelone que jamais a
l'avenir quelque Juif ne puisse être soumis à la (juestion ou torture par
le baile de la ville avant que le juge ne lait déclaré absolument indis-
pensable et avant qu'il n'ait assigné à l'accusé un avoué pour sa défense.
— Même date.
Reg. 21, f- 33 v° : Carias reaies, u" 38. petit registre de papier, f" 1. —
Cop. : Collecliou Bofarull. — Inukj. : Jacobs, ii" 635.
1. ËQ catalan, sutzura : saleté, obscéaité.
46 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
519. — Jaimc !«■■ donne quillancc aux secrétaires et k laljama des
Juifs de Girone et Besaliï de 2.000 sous barcelonais de tern pour le tribut
de la Saint-Jean suivante qu'ils devaient d'abord payer à l'infant don
Pedro. — Girone, 15 mai 1272.
Reg. 21, f" 37. — Cop. : Collection Bofarull. — Indiq. : Jacobâ, n" 636.
520. — Jaiiiie !«'" concède à l'aljama des Juifs de Girone et Besalii que,
dans les procès relatifs à des biens meubles ou immeubles qui s'élèvent
entre eux, le défendeur ne puisse être cité que devant un tribunal juif
jugeant conformément au droit juif et infligeant aux contrevenants soit
une amende, soit l'excommunication ou alatma, en hébreu « herem » et
« nitduy ». — Même date.
Reg. 21, f 37. — Coi». : Collection Bofarull. — Indiq. : Jacot)s. n" 637.
521. — Jaiine 1"^', ayant appris que le prieur du monastère de Corneilla
a consenti un premier bail des revenus du prieuré pour tiois ans en
faveur d un habitant de Villefranche et de jMayro Massolam, Juif dudit
lieu, à charge de 9.600 sous melgoriens par an, sans le consentement du
chapitre, puis un second bail pour sept ans en faveur de Mayro Masso-
lam, Salomon de Soals, de Perpignan, et autres, moyennant la redevance
annuelle de 10.200 sous, avec l'assentiment du chapitre, confirme cette
dernière adjudication dans l'intérêt du monastère. — Perpignan, 12 mai
1272.
Reg. 21, PS" v°. — Cop. : Collection Bofarull. — 1.\diq. : Jacobs, n° 638.
522. — Jaime l" accorde son guidage à Jacob Salamon, inculpé de la
mort d'un tisserand de Narbonne, pourvu qu'il prenne l'engagement de
faire aux plaignants complément de justice. — Montpellier, 24 juin 1272.
Reg. 21, f" 43. — Indiq. : Jacobs, n° 639.
523. — Jaiiue 1«' dispense sa juiverie de Montpellier et les Juifs de
lévèque de Maguelonne de l'obligation de contribuer à la taille imposée
par les consuls et les prud'hommes aux habitants do Montpellier, ces der-
niers ne lui ayant rien fourni pour son passage aux parties doutre-mer,
au lieu que ses Juifs lui ont octroyé 30.000 sous — Montpellier, l*^"" juillet
1272.
Reg. 21, P 45 T°. — iNDin. : Jacobs, n" 640.
524. — Jaime I^r concède à un chrétien sa vie durant le jardin ayant
appartenu à feu Mayr, Juif de Lérida, sis dans I' u aijafaria » de Jâtiva,
près du grand château et de la juiverie. — Montpellier, 6 juillet 1272.
Reg. 21, P 46 v".
525. — Jaime I*' comprend les Juifs dans la défense qu'il fait d'exercer
la nu'deciuc dans sa ville de Montpellier sans avoir subi un examen
préalable. - Montpellier, 20 juillet 1272.
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME 1"% PEDRO 111 ET ALFONSO 111 47
PuBL. : Jean Astruc, Mémoires pour servir à l'histoire de la Faculté de
médecine de Montpellier, édition Lorry, Paris, 1767, 10-4°, p. 35; Cartu-
laire de l'Université de Montpellier, t. I (1181-1400), Montpellier, 1890,
in-4°, pp. 20:2-203 (d'après Arch. de la Fac. de méd. de Montp.. Inventaire
général, sac 5, lettre E. et Arch.de l'Hérault, Privilégia Universiiatis medicse
Monspeliensis, f"" 25 et 26 : acte confirmé plusieurs fois dans la suite). —
iNniQ. : Germain, Histoire de la commune de Montpellier, t. î. p. lxviii :
t. III, p. 107 (d'après Astruc et Privilégia, f 25).
526. — Jainie I*' confirme le testament de fou Salomon Samuel, Juif,
alias Bonisac Samiel de Carcassonne. — Montpellier, 8 août 1272.
Reg. 21, f° 54. — Cop. : Collection BofaruU. — Ixdiq. : Jacobs, n" 641.
527. — Jaime I^"" donne quittance à Botina, veuve du .luif Salomon
Samiel, alias Bonisach Samiel de Carcassonne, à Astrug de Beaucaire, à
Vives Vidal, tuteurs testamentaires de Mose, fils impubère dudit Salomon,
à Bonafos Mose et à Samiel, fils de feu Cresques de Béziers, tuteurs nommés
par le roi, de la somme de 6.000 sous melgoriens pour la rémission qu'il
a accordée au jeune pupille, et les autorise à déduire la dite somme des
biens de ce dernier. — Montpellier, 13 août 1272.
Reg. 21. f° 54. — Cop. : Collection Bofarull. — Iniuq.: Jacobs. n" 642.
528. — Jaime I^"" concède à Mosse, fils et héritier de feu Salomon
Samiel, alias Bonisac Samiel de Carcassonne, Juif, que toute personne
qui l'accusera par devant le roi ou ses officiers soit tenu de l'indemniser
des frais de procédure et autres. — Montpellier, 16 août 1272.
Reg. 21. f» 55. — Cop. : Collection Bofarull.
529 — Jaime I'=r accorde sa rémission à Botina, Juive, à Vives Vidal
et à Astrug de Beaucaire, Juifs, tuteurs testamentaires de Mosse, fils de
feu Salomon Samiel et de Botina, à Samiel de Béziers et à Bonafos Mosse
de Narbonne, tuteurs d'ordre royal, de toute peine qu'ils pourront
encourir pour mauvaise gestion de tutelle. — Même date.
Reg. 21, f° 55 v". — Indiq. : Jacobs, n" 644.
530. — JaiiiK' lof accorde sa rémission au jeune .Mosse pour toute
peine qu'il pourrait encourir en raison des délits publics ou privés com-
mis par feu son père. — Même date.
l'x'g. 21, f° 55 v°. — I>t)iO- : Jacobs, n" 643.
531. — Jaime l", considérant l'importance de la succession laissée par
feu Salomon Samiel, Juif de Perpignan, adjoint aux tuteurs institués par
le défunt deux tuteurs supplémentaires : Samiel, fils de feu Creschas de
Béziers, et Bonafos Mosse de Xarbonne, Juif de Perpignan, chargés de
vérifier les comptes des tuteurs testamentaires une fois l'an et d'en exiger
le serment de bien administrer les biens du pupille jusqu'à ce que ce
48 REVUE nES ÉTUDES JUIVES
dernier ait atteint dix-huit ans, selon la volonté dn testateur. — Même
date.
Reg. 21, f" 56. — Pl'bl. : Pièces justif'., ii° VI. — Indiq. : Jacobs, n" 646.
532. — Jaiine l" concède à un liabitant de Montpellier et au Juif Sala-
nion Cohen, fils de feu Mosse Cohen : 1° à charge d'un cens annuel de
10 sous melgoriens, une voûte de pierre située sous le Macel vieux ; 2° k
charge d'un cens de 50 sous, payable à la Saint-Michel, les tables du
macel dressées sur ladite voûte, ainsi que l'étage construit sur cotte
voûte ; le roi confirme ces deux concessions nonobstant la sentence
rendue par le baile et le juge de la cour royale de Montpellier contre le
cotenancier de Salamon au sujet de la voûte, et donne quittance aux
concessionnaires de 20 livres melgoriens pourl' » acapte ' » de la voûte et
de 52 livres et demie pour l'acapte des tables. — Montpellier, 19 août 1272.
Reg. 21. f fiO r" et v».
533. — Jaime I*^ concède à Castollà, portier royal, la bailie des Juifs
de la ville de Barbaslro. — Montpellier, 9 septembre 1272.
Reg. 21, f° 61.
534. — Jaiinc I'^'' accorde sa rémission à Izach Suyllam et à son frère,
Juifs de Villafranca del Panades, pour certains crimes par eux commis, à
l'exception du crime' de lèse-majesté. — Agde, 29 septembre 1272.
Reg 21, f" 63 v°. - Indiq. : Jacobs, n» 647.
535. — Jaiine P'' accorde semblable rémission à Vidal de Suau, à sa
femme Bonfat et à son père Habraam de Suau, leur confirmant la charte
de rémission à eux octroyée par le baile de Perpignan. — Même date.
Reg. 21, f° 63 V". — Indio- : Jacobs, ii" 648.
536. — Jaime P' concède à tous les Juifs de Villafranca del Panades
(ju'ils ne puissent être appréhendés par corps et détenus que sous l'incul-
pation de crime, de mort ou de sang versé, pourvu (jifils fournissent des
répondants solvables ot fassent aux plaignants complément de justice. —
Même date.
Reg. 21, f 63 V. — Cor. : Collection HolaniU. — Im.iq. : Jacobs, n° 64'J.
537. — Jaime !«' confirme la vente faite par un habitant de Montpel-
lier au Juif Astrug, fils de feu Vidal de Carcassonne, et à son procureur
Vives Bedoz de plusieurs maisons sises sur le plan de Valmagne au prix
de 230 livres melgoriens par charte publique de Cuillaume Arnald,
notaire à Montpellier; le roi donne quittance à Astrug do' 18 livres pour
droit de lods. — Montpellier, 12 octobre 1272.
Reg. 21, P 66. — lM)iQ. : Jacobs. n" 630.
1. Droit d'entrée en possession.
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME I", PEDRO 111 ET ALFONSO III 49
538. — Jaime 1"^ concède à Mosse El Neyto, Juif de Jaca, sa vie durant,
la scribanie de la halle au blé {almudin) et l'office de la mesure rase
(rasove) de ladite halle, avec le droit d'égaliser (radas) les mesures à blé
ou autres et de prélever, chaque jour, pour sa peine sur le produit du
mesurage 4 deniers de Jaca. — Montpellier, 5 novembre 1272.
Reg. 21. f" 71 \°. — Indiq. : Jacobs, n" 631.
539. — Jaime l^f autorise les tuteurs testamentaires de Mosse, tils de
l'eu Salomon Samiel, à acheter k Perpignan ou eu Roussillon dans l'in-
térêt de leur pupille pour 10,000 sous melgoriens d'immeubles avec
l'assentiment des tuteurs royaux Samuel Gresches et Bonafos Mosse de
Narbonne; mais il leur défend, sous peine de 1.000 sous d'amende, de
procéder à des achats en dehors du Roussillon et sans l'accord unanime
de tous les tuteurs. — Montpellier, 15 novembre 1272.
Reg. 21, f" 14. — Inoiq. : Jacobs, ii" 6o"2.
540. — Jaime l«^ en vertu do l'article de loi qui impose k la veuve
l'alimentation de son tils impubère, décide que Botina, mère et cotutricc
de Mosse, nourrira ce dernier jusqu'à l'âge de dix-huit ans, à moins
qu'elle ne se marie dans l'intervalle. — Même date.
Reg. 21, f" 14 v°. — Indiq. : Jacobs, u» 653.
541. — Jaime l^" interdit le transfert hors du Roussillon, sans le con-
sentement des tuteurs, des biens du jeune Mosse jusqu'à ce que ce der-
nier ait atteint dix-huit ans, sous peine de 1.000 sous, melgoriens
d'amende. — Même date.
Reg. 21, f" 74 V. — Inuio. : Jacubs, u° 6o4.
542. — Jaime I*"" défend qu'on marie le jeune Mosse avant dix-huit
ans, sous peine de 1.000 sous melgoriens. — Même date.
Reg. 21, f' 74 \°. — IxruQ!. : Jacobs, n" 6oo.
543. — Jaime 1°' défend, sous la même peine et jus(|u'au même terme,
de faire sortir le jeune Musse du Roussillon sans l'assentiment des
tuteurs. — Même date.
Reg. 21. P74 v°.
544. — Jaime l<^f contirmc le testament dressé pai- feu Vidal Asliiic,
Juif de Perpignan, « ali pouvoir » de l'infant don Jaime et la reddition
de comptes faite au dit infant par Bondia de Lunel, tuteur et procureur
testamentaire dos enfants do Vidal Aslruc, k l'issue d'un procès entre les
pupilles et le tuteur, — Montpellier, 10 janvier 1272 3.
Reg. 21, V 81 v. - I.Miin. : J.icol.s, n" (i.jT.
545. — Jaiino l^"" accorde sa romissi(ui aux Juifs royaux r( opiscopau.v
de Montpelliei'. — MontpelHer, 26 janvier 1272/3.
Reg. 21, f 88 V». — IxoiQ. : Jacobs, ii° 660.
T. LXll, s» 12;). 4
50 REVUK DKS ÉTUDES JUIVES
546. — Jaime I*"" concède à M" Benjuade Melgueil, Juif de Montpellier,
une pension viagère de 100 sous melgoriens, à percevoir sur le tribut de
20 sous que les Juifs royaux de la ville sont tenus de payer ciiaque
année. — Montpellier, 27 janvier 1272^ 3.
Rei:. 21, f 88. — Indu,.. : Jacobs, n" 6.^9.
547. — Jaime I""' considérant qu'il a reçu de laljama des Juifs royaux
et épiscopaux de Montpellier 10.000 sous melgoriens, la dispense de la
contribution de 130.000 sous que les consuls et la communauté de Mont-
pellier ont octroyée au roi pour la taille ou collecte. — Montpellier,
28 janvier 1272/3.
Reg. 21, {" 88 v°. — I.xdiq. : Jacobs, ii° 661.
548. — Jaime !«' reconnaît devoir au Juif Muça de la Porlella, baile
royal de Tarazona, 2.000 sous de Jaca, qu'il lui assigne sur les revenus de
la morerie de Tarazona. — Lérida, 1'='' avril 1273.
Reg. 21, r 118.
549. — Jaime l^"" mande aux Juifs de Monzôn de contribuer à toutes
les peites. — Lérida, 5 avril 1273.
Reg. 21, f° 120 v». — L\DiQ. : Jacobs, u» 663.
550. — Jaime I""" concède aux prud'hommes et à toute la communauté
d'Agramunt qu'à l'avenir, les Juifs habitant ou devant habiter celte ville
soient tenus de contribuer aux exactions et services communaux, excepté
au tribut ou peite, pour lesquels les dits Juifs contribuent avec leurs
coreligionnaires de Lérida. — Lérida, 6 avril 1273.
Reg. 21, f 122.
551. — Jaimcl'^'' ;u:cordc sa rémission à Caym Amocacil, Juif de Lérida,
inculpé de quelques délits. — Lérida, 12 avril 1273.
Reg. 21, f" 122 V".
552. — Jaime I""^ concède à laljama des Juifs de Harbastro que les
Juifs qui seront nommés à l'avenir aux fonctions d'adénantade puissent
s'adjoindre des assesseurs juifs jusqu'à concurrence de dix; ces derniers
pourront citer devant le baile local tout Juif de mauvaise vie ou fréquen-
tation, flétri en hébreu de l'appcllalion de « malsin », et passible même
de la peine de mort; les assesseurs ayant exposé l'accusation sous la foi
du serment prêté sur la Loi de Moïse, le baile royal sera' tenu de juger
les accusés et, au besoin, de les condamuor à moil, à charge pour
l'aljama d'une taxe de "MO sous de Jaca par Juif condamné. — Lérida,
19 avril 1273.
lî.'i:. 21. t l;!(i \ . (",(.!•. : ('.nllfclion Itolanill. — Im.iu. : Jacobs, ii" 665.
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME T'', PEDRO 111 ET ALFONSO III ni
553. — Linfant don Pedro, accorde son guidage à Jncef, tils de don
Torroz Levi, et a tous ceux qui viendront s'établir à sa suite dans le
royaume, sous peine poiu* tout contrevenant de bOO morabolins d'amende.
— [Valence], limai 1273.
Reg. 3:, 1"64.
554. — D. Pedro exempte pour cinq ans de tout impôt Jncef, fils de
don Torroz Levi, et tous les autres Juifs qui viendront de l'étranger fixer
leurs domiciles dans les domaines de l'infant. — Même date.
Reg. 37, r 64 r" et v". — Indiq. : Jacobs, ii° 736.
555. — D. Pedro reconnaît devoir à Mosse, Juif d'Alcira, 380 sous
réaux. — Valence, 18 mai 1273.
Reg. 28, f 44 v".
556. — Jaime I*'" concède à Jucef Avinxaprut, Juif de Murviedro, les
bains royaux de la villa de Murviedro avec la chaufferie [caldaria] et ses
dépendances, à charge d'un cens annuel, payable à la Saint-Jean, de
200 sous. — Alcira, 16 juin 1273.
Reg. 19, f° 19. — Plbl. : Pièces justif.. ii" VII. — Indih. : Jacobs. n" oU.
557. — Mention dans un compte d'agent fiscal de 10.000 sous payés
par les Juifs de Saragosse et de 500 payés par ceux de Daroca. — Valence,
29 juillet 1273.
Reg. 22, fo 2.
558. — Jaime \^<^ remet aux habitants de Perpignan, tant Juifs que
cliréliens, toute peine encourue au sujet du cours de la monnaie de Mcl-
gueil. — 3 août 1273.
IXDin. : Vidal, Juifs de Roussillon, p. 12 (d'après Arch. mun. «le Pei|i.,
l-ivre vert mineur. P 24).
559. — Jaime I«^ k la prière de son fils Sancho, archevêque de Tolède,
affranchit Acach El Calvo, Juif de Calalayud, sa vie durant, de tout tribut,
peite, quête, cène, etc. — Valence, llaotit 1273.
Reg. 19, r 40.
560. — Jaime !'='■ ordonne (|ue les clirétiens et les Juifs de Majonjuc
condamnés k la prison ne soient pas délcmis ensemble, mais dans deux
nuiisons séparées. — Valence, 18 août i2'i3.
Plbl. : Villanueva, t. XXII, p. 312: Fidel Fita et LIabrés, Judios mallor-
(juines, dans Bolelin de Madrid, t. XXXVI (1900), p. 26 (d'après Villa-
iiiii'Na . — I.NDiu. : Morel-Fatii), Juifs des Jitileures, dans R.E. J., t. IV (1882),
[i. 34, 11' 7 (d'après Villanueva).
561. — Jaime 1" auloiisc les Juifs de Majorque à égorger (decollare'
52 HEVUE DES ÉTUDES JUIVES
les animaux de boucherie et à préparer les viandes selon leurs usages
sur l'étal {maceUo) des chrétiens. — Valence, 25 août 1273.
Plbl. : Fidel Fita et Llabrés, ul supra., pp. 26-27, n° 10 (d'après ms.
Pueyo, r 33).
562. — Jainie I'^' confirme les privilèges octroyés à l'aljama des Juifs
de Majorque et, notamment, la possession des maisons qu'ils ont acquises
dans la cité de Majorque; il les autorise, en outre, à acheter de nouvelles
maisons aux chrétiens, mais leur intei'dit d'habiter avec ces derniers au
même portail ou à la même porte; il leur renouvelle le privilège relatif
à regorgement des animaux; il décide, enfin, que leurs esclaves sarra-
sins qui recevront le baptême resteront la propriété du roi. — Même date-
Réf. 19, 1" 47 V". — Cop. : Collection Bolarull. — I.ndiq. : Amadur de lus
Rios, t. I, pp. 398-399, ii. 2; Jacobs, n" 516.
563. — .laime I^r accorde sa rémission, faute de preuves formelles, à
.lacob Avenrodrich, Juif de Téruel, à ses enfants et à son frère Abrayhm,
inculpés du meurtre du fils de Jucef de Faro. — Valence, 27 août 1273.
Reij. 19, P 47. — I.M)rQ. : Jacobs, ii° blîj.
564. — Jaime 1«'' concède à tous les Juifs de Barcelone, Villafranca,
Tarragone et Montblanch le droit d'en appeler k lui dans un procès civil
ou criminel, si le viguier, le baile ou un autre officier s'avisent de pro-
céder contre lesdits Juifs avant ou après la sentence et d'aggraver leurs
peines; l'appel interjeté, les officiers royaux devront suspendre la procé-
dure et le roi les citera à comparaître par devant lui en compagnie des
appelants, àla réserve, toutefois, que l'accusé poursuivi au criminel devra
être retenu en prison jus(ju'au prononcé de la sentence et l'accusé pour-
suivi au civil mis en liberté provisoire moyennant une caution. — Valence,
31 août 1273.
Reg. 19, {" 30; Carias reaies, u° 38, petit registre de papier, f" 1 v". —
Cor. : Collection BofaruU.
565. — L'infant don Pedro concède à son cher Juif Maalux Alcoqui,
sa vie durant, une livre de viande de bélier à prélever chaque jour sur
l'étal des Juifs de Huesca. — Huesca, 11 septembre 1273.
Reg. 37, f 67.
566. — Jaime l»'' confii-me en faveur des Juifs de Valence la possession
du call et des maisons judaïques, depuis la porte d' « Exatea » jusqu'aux
maisons de Haimundo Castellà, leur promettant de ne jamais changer le
call de place; 2» il les autorise ii acheter les maisons des clirétiens com-
prises dans les limites susdites, avec défense aux chrétiens de vendre
leurs maisons à d'autres qu'aux Juifs; 3° il leur peiinet de fermer les
portes du call et de les tenir closes, de manière que personne n'y entre
coiilrc leur volonté; 4" il défend à ses l)ailes, justices, porliers et autres
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME I", PEDRO III ET ALFONSO III S3
officiers de fermer l;i synagogue et d'y enfermer les Juifs pour non paie-
ment de peite, quête, etc.; îi° aucun Juif ne sera tenu d'aller prêter ser-
ment à la cour, mais dans sa propre maison ; G" aucun chrétien ne devra
être logé chez les Juifs, ni en exiger des draps ou autre cliose si ce n'est
de leur pleine volonté ; 7" le roi autorise les Juifs de Valence à vendre
des marchandises à terme ou à barate (ad speram vel ad haratam), ainsi
que le pratiquent leurs coreligionnaires d'Aragon; 8° il leur confirme,
enfin, tout le droit qu'ils ont sur le four royal du call, et leur donne
quittance de 3.000 sous réaux do Valence, versés pour prix des précédentes
concessions. — Alcira, 19 septembre 1273.
Reg. 19, fo' 36 v-oT : confirmation du privilège du 29 janvier 1256/7 (voj'.
n° 311. — Cop. : Collection Bofarull. — Plbl. : Danvila, Clausura y delimi-
facion de la Juderia de Valencia en 1390 a 91, dans Boletin de Madrid,
t. XVIII ;;i89I), p. 143, n. 2. — Indiq. : Amador «le los Rios, t. 1, p. 404, n. 1;
Jacobs, n° 518.
567. — Jaime l<^' dispense Çecrino Halleu, Juif de Saragosse, fils de
Jucef, de l'obligation de payer les tributs de ses coreligionnaires insol-
vables, sous peine de saisie et de fermeture de boutique ou maison,
pourvu qu'il s'acquitte lui-même de sa quote-part. — Valence, 21 octobre
1273.
Reg. 19, ni v'\ — Cop.: Collectiou Bofainll. — Ixdiq. : Jacobs, n° 521.
568. — Jaime l^' concède à Jucef Avinxaprut, Juif de Murviedro, en
toute propriété, trois jovades de terre confrontant le chemin de Buriana
et le remblai (rambla) du Hiu, avec le droit de les aliéner sauf en faveur
d'ecclésiastiques, de nobles et de communautés. — Valence, 4 novembre
1273.
Reg. 19, f" 65 r" et v". — Inpio. : Jacobs, n" 521.
569. — Jaime l""" proroge de deux ans l'échéance des dettes souscrites
par l'aljama des Juifs de Lérida, à la réserve qu'elle paiera régulièrement
les intérêts. — Même date.
Reg. 19, P 65 v». — Cop. : Collection Bot'arnli. — Indiq. : Jacdbs, n" 522.
570. — Jaime \" dispense les Juifs de Lérida de l'obligation de prêter
serment, dans les procès avec les chnHiens, sur le Livre des malédictions,
les astreignant seulement à jurer sur les Dix préceptes de la Loi, à l'inté-
rieur de la synagogue, en présence du baile de Lérida ou de son délégué.
— Même date.
Reg. 19, f"» 65 v". — Cop. : Collection Bofarull. — Indiu. : Anrulor de los
Rios, t. I, p. 419, n. 1 ; Jacobs, n° 523.
571. Jaime l»' mande à ses fidèles zalmédine, justice et jurés de
Huesca d'empêcher les drapiers juifs de la ville de vendre des draps dans
leurs maisons ou quelque autre lieu, en secret, mais dans des boutiques
de draperie en public, et de veiller à ce qu'aucun drapier ne commette
54 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
de fraude soit en trompant l'acheteur sur l'origine et le lieu de fabrication
des draps mis en vente dans sa boutique, soit en payant quelque courtage
[corecturam] pour les draps vendus <> à la taille ». — Alcira, 13 novembre
1273.
Reg. 19, f H8. — Cop. : Collection Borarull.
572. — Jaime 1"'' concède à Jacob Albala, Juif d'Alagôn, le privilège de
ne contribuer au tribut pendant dix ans que pour la quinzième partie. —
Alcira, 20 novembre 1273.
Reg. 19, f» 70. — Cop. : Collection Bofarull. — Inoiq. : Jacohs, n' 524.
573. — Jaime 1«' accorde aux Juifs de raljama de Saragosse le droit
de lui interjeter appel dans le délai tixé par le for d'Aragon de toute
sentence capitale rendue contre un Juif par le zalmédine de Saragosse ou
quelque autre officier royal. — Alcira, 1«' décembre 1273.
Reg. 19, f" 11 V". — Cop. : Collection BofHrull. — Imuq. : Jacobs, n" 5-29.
574. — Jaime I^"" concède à un de ses scribes, pour son tils, les deux
jovades de terre qu'il a déjà données à Abraham Mascharan, Juif, et à
David, son fils, près de la cuisine neuve d'Alcira, mais qu'il leur a
enlevées en raison de leur départ à l'étranger. — Valence, 13 décembre 1273.
Reg. 19, f» 83.
575. — Jaime l»"" concède aux frères David et Jacob, Juifs de Camp-
rodôn, de faire partie à l'avenir de la collecte des Juifs de Besali'i. —
Jâtiva, 21 décembre 1273.
Reg. 19, r 89. — Cop. : Collection Bofarull. — Indiq. : Jacobs, n" 530.
576. — Jaime I^"" ratifie le règlement de comptes arrêté entre Vives,
fils de Jucef Abenvives, Juif de Valence, et l'infant don Pedro, au sujet
des dettes souscrites par celui-ci à l'égard de celui-là ; Vives demeure
créancier de l'infant au !«'• janvier pour 64.700 sous réaux de Valence,
en garantie desquels il tient en gage les revenus du val de Pego, du val
d'Alfandeche et de Marines. — Dénia, 8 janvier 1273/4.
Reg. 19, f° 90. — Indiq. : Jacobs, n" 531.
577. — Jaime I^"" reçoit la plainte du conseil de Carthagène et du
mérine de Murcie au sujet de la capture dans le port de Carthagène par
un navire et une galée de Tortose de Juifs d'Alicante et de Murcie qui se
trouvaient à bord du bateau de Pedro Salino, ainsi que de deux autres
Juifs embarqués sur un autre bateau ; l'enquête révèle que les bateaux
après avoir pris la fuite ont touché terre et que la galée 'a capturé les
Juifs qui s'y trouvaient, au moment précis où une barcasse ' [burchata)
se détachait desdits bateaux ; le roi décide que les armateurs ne sont
1. Eu rastillan, barcaza : bateau servant à charger et à décharger les gros naTires.
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME I'^'', PEDRO III ET ALFONSO III 55
tenus de restituer que les Juifs de Muccie ou d'Alicante par déférence
pour le roi de Castille ; les armateurs, après la promulgation de la
sentence royale, rendent la liberté à trois Juifs et à un Sarrasin. — Murcie,
24 janvier 12734.
Reï. 19, ^' 93 vo-96.
578. — Jaime I*"^ concède à Salomon Vidal, Juif de Burriana, quatre
jovades de terres aans le « regadiu ^ », un patu pour le besoin de sa
maison, une jovade et demie de terre en bordure du grand canal {cequinm
majorem) pour le besoin de sa vigne et une autre parcelle pour le besoin
de son jardin. — Alclra, 16 février 1273/4.
Reg. 19, f" 102. — lN-i)io. : Jacobs, ii° 334.
579. — Jaime I" accorde son guidage, sous peine pour tout contre-
venant de 200 morabotins, à .\zach Alfaza et à ses fils, Juifs deCalatayud.
— Alcira, 17 février 1273/4.
Reg. 19, f" 102. — iNDin. : Jacobs, n» 535.
580. — Jaime \" concède une charte de peuplement à Taljama des
Juifs de Jâtiva: il promet d'affranchir d'impôt pendant cinq ans tout Juif
qui viendra habiter Jâtiva ; si après huit ans de résidence, le Juif quitte
la ville, il sera tenu de s'acquitter envers l'aljama de sa quote-part de
peite ; les nouveaux venus devront jurer dans les trois mois de leur
établissement, sous peine de 100 morabotins, de contribuer aux dépenses
de la communauté — Alcira, 23 février 1273 4.
Refî. 19, f» 101 v». — Cop. : Coilt'ctioii Bofaiull. — 1m>io. : Jacobs, n" 533.
581. — Jaime I*;"^ mande à toutes les aljamas de Juifs de déléguer par
devers lui à Barcelone, le dimanche avant la fête des Rameaux, deux
mandataires par communauté ; envoi de ce mandement aux aljamas de
Jâtiva, Valence, Murviedro, Tortose, Téruel, Daroca, Galatayud, Tarazona,
Egea, Ruesta, Saragosse, Alagôn, Huesca, Jaca, Barbastro, Montclus,
Lérida, Barcelone, Girone et Besali'i, Perpignan. —Valence, 25 février 1273/4.
Roir. 18. f" 103. — Cop. : Collection Hofaritll. — Inihh. : Jacobs, n" 305.
582. — Jaime I^r Affranchit de tout impôt pendant cinq ans les Juifs
qui viendront peupler Jâtiva et, notamment, Açach Abenjanah, Juif de
Tolède, établi depuis peu à Jâtiva. — Même date.
Reg. 19, P 108. — Cop. : Collection Bofaiull. — Indio. : Jacobs, n" 536.
583. — Jaime I*"" accorde sa rémission, après enquête du baile de
Montpellier, à Taures de Beaucaire et à Bondia de Beaucaire, gendres et
héritiers du Juif Astrug, fils de feu Vidal de Carcassonne, lequel Astrug
1. En catalan, regadiu : terrain arrosable.
S6 REVUE DES ÉTUOES JUIVES
s'est suicidé après avoir prol'éro de son vivant des pai'oles injurieuses
pour la niajesté royale. — Barcelone, 19 mars 1273/4.
Reg. 19, t'° 115 \o — Gop. : Cc.llectiun Bofanill. — Ixdiq. : Jacobs, n" 537.
584. — Jaime I*"" renouvelle la reniission précédente en y ajoutant
Salamas de Lunel, troisième gendre d'Astrug. — Barcelone, 20 mars 1273 4.
Reg. 19, f» 115 vo. — Cop. : Collection Bofaruil.
585. — Jaime I*"" accorde sa rémission au tils d'Astrug de Barcelone,
Izach Astruch, inculpé du meurtre de son beau-père Caravida, Juif de
Manresa. — Barcelone, 23 mars 1273/4.
Reg. 19, f" Wlx". - Cop. : Collection Bofaruil.
586. — Jaime !«'' accorde sa rémission, moyennant le versement au
bail de Perpignan de .3.000 sous melgoriens, à Vivones de Castellnou,
Juif de Perpignan, inculpé de s'être enfui du royaume en emportant avec
lui un trésor reçu en dépôt de feu Bonanasq, Juif de Besalû. — Perpignan,
9 avril 1274.
Reg. 19, f' 121 ^-122. — Indtq. : Jacobs, n- 539.
587. — Jaime I»"" dispense les Juifs Astrug deBeaucaire et Vives Vidal,
tuteurs testamentaires de Mosse, fils et héritier universel de Salamon
Samiel, alias Bonisach Samiel de Carcassonne, de l'obligation qui leur
incombe par suite du décès de Botina, mère et tutrice du jeune Mosse,
de s'adjoindre un troisième tuteur, à moins, toutefois, qu'ils ne soient
convaincus de mauvaise gestion. — Même date.
Reg. 19, f° 122. — IxDio. : Jacobs, n° 540.
588. — Jaime l^' autorise les Juifs de Villafranca del Panades, sous
peine pour tout contrevenant de 10 morabotins, à acheter deux quarterécs
de terre pour y édifier un cimetière juif, et comme ils ont déjà fait dioix
d'une tenure assujettie au cens royal, il leur conseille de choisir un autre
emplacement, non plus censitaire, mais allodial. — Même date.
Reg. 19, fo 12.'!. — Cop. : Collection Bofaruil. — Indiq. : Jacobs, n* 541.
589. — Jaime I^"" prend l'engagement à l'égard des Juifs de l'aljama
de Perpignan, de Roussillon, Cerdagne et Gonflent de ne pas accorder de
sursis pendant trois ans à leurs débiteurs. — Montpellier, 15 avril 1274.
Reg. 19, f° 127. — Cop. : Collection Bofaruil. — Imik... : Jacobs. n< 514.
590. — Jaime I" autorise les Juifs de Perpignan à faire contraindre
leurs débiteurs, à l'exception, toutefois, des bénéficiaires de sursis royaux,
par la saisie des meubles, sauf bètes de somme, instruments aratoires,
vases vinaires et étoffes. — Même date.
Reg. 19, f» 127 V. — Cop. : Collection Bofaruil. — Ixdiq. : Jacobs, n° 545,
CATALOGUE DES ACTES DE JAlME V\ PEDRO 111 ET ALFONSO III r.7
591. — Jaiiiie I'^'' concède à l'aljama des Juifs de Perpignan, Roussillon,
Cerdagne et Gonflent que tontes les fois qu'un Juif portera plainte contre
son débiteur devant le viguier, le baile ou autre officier royal, ces agents
devront s'enquérir des ressources du débiteur et de son répondant, qui ne
pourront rien en aliéner jusqu'au prononcé de la sentence. — Montpellier.
17 avril 1274.
Rei:. 19, f° 127 v". - Cop. : Coliectidu P.ofaruli. — Ini>iq. : .lacobs, n° .oUi.
592. — Jaiine l*"" concède à la même aljama ([u'un procès pendant
entre un Juif et tout autre personne pour fait de dettes, ne puisse être
différé par sentence interlocutoire, — Même date.
P.eir. 19, f" 12" v". - Cor. : Collection Bofaruli. ~ Indiq. : Jarohs, ri° 547.
593. — Jaime P"" concède à la même aljama que les débiteurs bénéfi-
ciant d'un sursis royal pour la seconde fois, ne puissent en exciper à
l'égard de leurs créanciers juifs. — Même date.
P.eg. 19, f° 127 V". — Cop. : Collection Bufaïuil. - Inhiu. : Jaoljs, ii» 548.
594. — Jaime I-^"" décide que tout Juif qui aura passé en fraude par
Lérida ou par tout autre lieu dans lequel se perçoit la leude, ne subira
d'autre peine que l'obligation de payer double taxe, à la réserve que, s'il
transporte des mai'chandises, il s'en verra confisquer la totalité selon la
coutume. — Même date.
Reg. 19, f^ 128. — Gop. : Collection Bofaruli. — Indiq. : Jacobs. w 550.
595. — Jaime 1" concède à l'aljama de Juifs de Perpignan, Uoussillon,
Cerdagne et Gonflent que, pour les dettes qu'elle a souscrites en vue du
paiement du tribut royal, elle ne soit pas tenue, sur la plainte de ses
créanciers, de payer quelque amende, pourvu que ses secrétaires déclarent
sous serment que ces dettes ont bien été contractées pour acquitter le
tribut. — Même date.
Reg. 19, f" 128. — Cop. : Collection Bofaruli. — Inoiq. : Jacobs, n' 5.j1.
596. — Jaime l*^ ayant appris que certains clercs ou laïques citaient
des Juifs de .Montpellier, en vertu de lettres de commitlinius, devant une
autre juridiction que celle de la cour royale de ladite ville, et cela non
pour se faire rendre justice, mais pour leur imposer de plus fortes
dépenses, mande au baile de la cour de Montpellier d'user à l'égard des
plaignants qui auront bénéficié de semblables lettres de la contrainte
par corps et de la saisie des biens s'il s'agit de laïques, ou de la saisie
seulement s'il s'agit d'ecclésiastiques, jusqu'à ce qu ils aient renoncé à
leurs lettres de contniittiinus et indemnisé les défendeurs des frais de
justice. — Montpellier, 20 avril 1274.
Reg. 19, f 126 v°. — Cop. : Collection Bofaruli.
597. — Jaime I^f accorde sa rémission au Juif Abrabam de l.unel.
58 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
coupable d'avoir transféra son domicile h Montpellier, dans la juiverie
royale. — Même date.
Reg. 19, f» 126 y". — Ixnio. : Jacobs, n" 343.
598. — Jaiine I»'" autorise les Juifs de Perpignan, Roussillon, Cerdagne
et Confient h faire dresser dans n'importe quel lieu du Houssillon les
contrats de dettes conclus entre Roussillonais, pourvu, toutefois, qu'ils
s'adressent à un notaire royal établissant ses actes conformément au tarif
royal. — Même date.
Reg. 19, f 12S. — IxDiQ. : Jacobs, n" 549.
599. — L'infant don Pedro donne décharge à Belshom, Fonen Cabril,
Bonet Avinax et Yzach Jafia, secrétaires de l'aljama des Juifs de Girone
et Besali'i, à Levi et à Cresquas Perfeit, secrétaires de Besalù, des paie-
ments qu'ils ont effectués à son ordre. — Torroella, 26 mai 1274.
Reg. 37, î° 61 v°.
600. — Jaime I^"" autorise les consuls de ses Juifs de Montpellier à
saisir, au profit des aumônes juives, toutes les tailles qui seront faites
dans la communauté pour la répartition des tributs, quêtes et autres
exactions royales. — Perpignan, 17 juin 1274.
Reg. 19, f° 133 v°. — Cop. : Cullection Bofanill. — îndiu. : Jacobs, n" 552.
601. — Jaime F' confirme la concession faite le l^r février 1206/7 (voy.
no 3oG) aux Juifs royaux de Montpellier relativement à la procédure qui
doit être observée à leur égard. — Même date.
Reg. 19, f<" 134. — Cop. : Collection Bofanill. — Indiq. : Jacobs, n° oo3.
602. — Jaime l^"" reconnaît devoir à Isaach, fils de feu Bonet d'en
Abraham, Juif de Montpellier, pour rémunération de l'office de la collecte
des revenus royaux de la ville, 300 sous melgoriens, à valoir sur les
20 sous de redevance annuelle que le dit Isaach fournit pour sa maison.
— Même date.
Reg. 19, f° 134. — Indiq. : Jacobs, n» 554.
603. — Jaime ]" confirme la rémission accordée par le baile de Per-
pignan à Abrac Mosse de Montpellier, alias Abram de .Sala, — Perpignan,
21 juin 1274.
Reg. 19, r 138 v°. — Indio. : Jacobs, n» 555.
604. — Jaime l" ratifie l'accord conclu sous l'arbitrage de Salamon
SuUa de Porta, Vidal Provensal, Salamon Cohta, Astrug Salamon, arbitres
juifs nommés par le juge de Perpignan et Roussillon, entre Astrug Vidal»
tils de feu Vidal Astrug, Juif do Perpignan, et Abraham, son frère, dune
part, Calasana, veuve dudit Vidal Astrug, Perfeyt Garcia, Toroz Garcia et
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME ^^ PEDRO III ET ALFONSO 111 S9
Viiial, fiires de Calasana, au nom de Nina et Petifa, filles de Vidal Asfriig,
d'autre part, au sujet de la part d'héritage revenant à ces dernières. —
Perpignan, fin juin 1274.
Reg. 19, r 141 r" et v". — Indio, : Jacobs, n° 556.
605. — Jaime I^r voulant éviter aux Juifs de Perpignan les désagré-
ments qu'ils subissent de la part de ses officiers, concède à l'aljama des
Juifs de Perpignan, Puigccrdà et Villefranche de Confient les garanties de
procédure suivantes : 1'^ avant que le Juif accusé d'un crime public ou
privé soit tenu de répondre à l'enquête, on doit lui présenter les chapitres
de l'accusation ; ■2" le dénonciateur est tenu avant l'ouverture de l'enquête
de prendre l'engagement de se soumettre à la peine du talion, de payer à
l'accusé des dommages-intérêts et de fournir des répondants solvables ;
3° l'accusé doit être assisté d'un avoué, pourvu qu'il jure auparavant
qu'il ne peut le faire sans la permission de la cour ; 4" l'accusé ne pourra
être arrêté et ses biens saisis si le dénonciateur ne s'assujettit à la peine
du talion ; 3° l'accusé ne devra être soumis à la torture. . . etc. (voy. plus
haut n° 3o6). — Perpignan, 28 juin 1274.
Reg. 19, l'° 145. — Cop. : Collection Bofarull. — I>dii,i. : Jacobs, n" 557.
606. — L'infant don Pedro confirme la concession viagère faite par le
roi, son père, à Mahalux Alcoqui, son Juif, de l'office du poids de l.érida.
— Barcelone, 6 juillet 1274.
Reg. Ti, f ■ 12 V.
607. — Jaime I^r reconnaît devoir à Vidalon Çaporta, fils de feu
Benvenist de Porta, 4.000 sous barcelonais, qu'il a empruntés an père et
qu'il assigne au fils, 3.000 sur les tributs de l'aljama des Juifs de Villa-
franca et 1.000 sur les biens d'Astrug de Porta, son oncle, notamment
sur les sommes que ledit Astrug peut réclamer en justice de son neveu
à l'issue du procès qu'il lui a intenté. ^ Barcelone, 23 juillet 1274.
Reg. 19, f° 149.
608. — Jaime I^r donne quittance aux secrétaires et à l'aljama des
Juifs de Barcelone, Villafranca del Panades et Tarragone de la somme
qu'ils lui ont versée à Barcelone pour leur part de tribut. — Barcelone,
5 août 1274.
Reg. 19, f» 155. — I.MJiij. : Amailor de los Rios, t. I. p. 424, n. 2 ; Jacobs,
n» 539.
609. — Jaime I^"" mande à ses officiers de Barcelone, Villafranca et
Tarragone de f:iire observer la concession qu'il a faite aux Juifs de
Barcelone, Villafranca, Tarragone et Montblanch relativement aux prêts
sur cautionnement (voy. plus haut n° 496). — tJarcelone, 6 août 1274.
Reg. 19, f" 155 r» et v».
60 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
610. — Jaime h'^ accorde sa rémission an Juif Vives, baile d'Alfandeche
et de Marines, fils de Jiicof Abenvives, accnsé par Azach Barbnt, Zalema
Barbnt, Abraliim Saniarian, Abrahim de dirone, Juifs, et par un Sarrasin
d'Alfandeche, d'avoir perçn chaque année sur les Sarrasins de la
ville une redevance de 4 à 6 sous, de leur avoir consenti des prêts
usuraires et d'avoir commis des actes de sodomie. —Barcelone, 9 août 1274.
Reg. 19, f" l.'i6. — I.NDiQ. : Jacobs, n° 538.
611. — Jaime W mande à l'aljama des Juifs deCalatayud de répondre
pour les 8.000 sous de Jaca du tribut au justice royal de Calatayud et lui
promet de ne pas augmenter ce chiffre dans la répartition des 50.000 sous
que doivent payer chaque année les aljamas juives d'Aragon. — Barcelone,
31 août 1274.
Re?. 19, f° 168 v°. — Cop. : Collection Bofarull. - Indiq. : Jacobs, n" 360.
612. — Jaime !«■" arrête à 600 sous réaux de Valence la part de contri-
bution que doit verser l'aljama des Juifs de Jâtiva pour le tribut annuel.
— Barcelone, 5 septembre 1274.
Reg. 19, r 169 v°. — Cop. : Collection Bofarull. — Indiq. : Jacobs. n" .361.
613. — Jaime I*^"" accorde son guidage à Azach Barbut, Çalema Barbut,
Abraham Saniarian, Abraham de Gironc, Juifs de Valence ; Vives, fils de
Jucef Abenvives, Juif de Valence, ou quelque autre Juif ne pourront les
poursuivre au criminel, à moins qu'ils ne se soumettent à la peine du
talion ; il leur sera loisible, toutefois, de les poursuivre au civil. —
Barcelone, 6 septembre 1274.
Reg. 19, f" 172.
614. — Jaime !'='■ limite à 8.000 sous de Jaca la contribution imposée
à l'aljama juive de Saragosse pour sa part de tribut. — [Barcelone],
26 novembre 1274.
R.-g. 19, f" 190. — Cop. : Collection Bofarull. — Ixdiq. : Jacobs, n" 563.
615. — Répartition du tribut entre les juiveries de la couronne
d'Aragon :
.lUIFS DU ROYAUME d'.^R.\G0N.
Juifs francs de Saragosse. 2.000 sous Juifs d'Alagon 2.000 sous
— (leïarazona .... 3.000 — — de Barbastro . . . 3.000 —
— d'Egea 2.500 — — de Montclus. . . . 500 —
— de Borja 1.000 —
.lUIFS DU R0Y.\UME DE V.ALENCE, EN DEÇA DU .lUCHAR.
Juifs de Valence 5,000 sous
— Murviedro, Onda, Borriana et Segorbe . . 2.000 —
— Alcira 400 —
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME !«', PEDRO III ET ALFONSO III 61
JUIFS DU ROYAUJIE DE VALENCE, AU DELA DU JUCHAR.
Juifs de Jàtiva. . . . lO.OOOsous Juifs de Cocentaina . . 2.000soqs
— Corbera. . . 3.000 — — Alcoy .... 3.OOO —
— C.andia ... 4.000 — — Albaida ... I.OOO —
— Mayrineu . . 3.000 — — Luchente. . . 1.000 —
— Bocairente . 500 — — Orembloy ?) . 100 —
JUIFS DE CATALOGNE.
Juifs de la ville et collecte de Barcelone : paiement déjà effectué à
Barcelone.
— la ville et collecte de Perpignan : b.OOO sous inelgoriens.
— Lérida : 3.000 sous. (1274.)
Keu. 2;i. P' 3 V", 4 v°. 7 v", 8 v°, 9.
616. — Jaime I*^"" contirnie, sous peine pour tout contrevenant de
10 morabotins, au profit de Richa, mariée en premières noces au Juif
Abrahim de Avincoyll, puis en secondes à Açach Timoch, la possession
d'une vigne que Riclia et Abrahim avaient achetée au justice d'Aragon
dans le terroir de Barbastro, au lieu dit « Ramiella», et qui, dans le
partage entre Richa et son premier mari, avait été dévolue à celle-là. —
Lérida, 6 mars 1274 5.
Roir. 20, f- 218.
617. — Jaime !«'' concède aux prud'hommes et à la communauté de
Majorque que les Juifs de la cité et de l'île de Majorque ne puissent prêter
sur gage à des esclaves sous peine de perdre le capital et d'avoir à resti-
tuer les gages aux captifs. — Lérida, 12 mars 1274 5.
Rcg. 20. f" 221 et 26, f° 144. — Cop. : Collection Bofarull. — Plbl. : Villa-
nueva, t. XXII, p. 314 ; Lecoy de la Maiclie, Relations du royaume de
Majorque avec la France, t. I, p. 439. — Indiq. : Morel-Fatio, Juifs des
Baléares, dans R.E.J., t. IV (1882), p. 34, n" 8.
618. — Jaime I*"" accorde son guidage à Comparât de Creces, Juif de
Marseille, et à tous les autres Juifs de la même ville qui viendront
s'établir dans la juiverie royale de Montpellier avec leurs familles et
leurs biens, leur promettant de ne pas les poursuivre en raison de la
conversion au christianisme et de la disparition mystérieuse de Gain
Caufeta, frère dudit Comparât, à la réserve (ju'ils paieront au fisc pour
chaque maison une redevance annuelle d'un morabotin, et contribueront
régulièrement aux quêtes royales. — Lérida, 20 mars 1274 5.
Reg. 20, ï" 225. — Cop. : Collection Bufarull. — Inoi.j. : .lacobs, w ,'i66.
619. — Jaime le"" confirme la rémission accordée par le baile de Mont-
blanch au Juif Vidal, lils de feu Jucef de Bcsalii, inculpe d'avoir eu des
relations coupables avec une chrétienne. — Lérida, 21 mars 1274/5.
Reg. 20, P 226.
62 HEVUE DES ÉTUDES JUIVES
620. — Jaime I^r concède à l'aljama des Juifs de Valence en matière de
procédure les garanties suivantes : 1° Les Juifs de Valence ne seront pas
justiciables du justice de Valence, mais du baile ; 2° les Juifs qui vien-
dront s'établir à Valence seront à l'abri de toute poursuite ; 3° ceux qui
se sont enfuis du royaume avant le prononcé du jugement et sans que
les preuves relevées contre eux soient suffisantes peuvent venir en sûreté,
pourvu qu'ils fassent aux plaignants complément de justice et fournissent
des répondants solvables ; 4° les Sarrasins esclaves de Juifs ne devront
pas être appréhendés pour dettes, peite, etc., à moins que leurs maîtres
ne manquent de biens saisissables. — Lérida, 17 avril 1275.
Reg, 20, f 242. — Cop. : Cullectioa Bofarull. — I.mjiq. : Jacobs, n" 573.
621. — .Jaime I«r confirme la nomination à vie du Juif Mahaluxio
Alcoquini à Toffice de peseur royal de Lérida, qui d'abord conféré à Mosse
Abinvag, Juif de la même ville, lui a été retiré après enquête. — Lérida,
23 avril 1275.
Reg. 20, f° 243. — Ixwq. : Jacobs, n" 375.
622. — Jaime !«■■ procède à un règlement de comptes avec Astrug
Jacob Xixo, Juif, dont il reste le débiteur pour 8i.o34 sous réaux de
Valence. — Lérida, 2 mai 1275.
Reg. 20, 1 ■ 247 i" et v°. — Isin.j. : Jacobs, n» 579.
623. — Jaime l*"" confirme la vente faite par Mateo de Montréal,
chevalier, Dolsa, sa femme, et Guarin de Montréal, son frère, au Juif
Astrug Jacob Xixô, d'un four, d'une maison de bains, d'un cellier et de
plusieurs n)oulins, sis dans la cité de Valence, au prix de 30.000 sous
réaux de Valence. — Lérida, 6 mai 1275.
Pvcg. 20, f° 2:j2 r" et v=>. — Im.iu. : Jacobs, ii" 382.
624. — Jaime I" concède à Honjuses, fils d'Aliezar Mahir, Juif de Per-
pignan, a litre de franc-alleu, au prix de 200 sous melgoriens, un terrain
k bâtir, situé dans le call de Perpignan, près des maisons dudit Aliezar
et de celles de Léon d'en Vides. — Perpignan, 23 juin 1275.
Reg. 20, f" 266. - Ci-.: Collection Bofarull.
625. — Jaime V^ mande à ses officiers de contraindre par la saisie des
biens au paiement d'une amende de 100 morabofins fout ceux qui citent
les Juifs de Perpignan, Cerdagne et Confient devant une juridiction
ecclésiastique, pourvu que les dits Juifs se préparent à comparaître devant
la cour royale ; si un clerc cite un Juif, les fonctionnaires devront
s'opposer à ce qu'un laïque participe à la citation, achète, vende ou loue
au demandeur, en reçoive un logement, cultive ses teri-es, lui fournisse
quelque sei'vice ou aide, jusqu'à ce que la cour ecclésiastique abandonne
les poursuites, et cela sous peine de 20 morabotins ; les officiers feront
GATALOGCE DES ACTES DE JAIME T", PEDRO 111 ET ALFONSO 111 63
porter le présent règlement a la connaissance des intéressés par voie de
criée publique. — Même date.
Reï. 20, f" 266 v. —Coi». : Collection BoiVuiiU.
626. — Jaime I-'' accorde sa rémission k tous les Juifs de Perpignan,
Cerdagne et Gonflent. — Même date.
Reg. 20, 1* 266 v". — Cop. : Collection Bofarull. — Imuq. : Jacobs, n» 584.
627. — Jaime I^^ déclare francs et libres de tous droits de censives et
delodsles terrains acquis par les Juifs de Perpignan pour y construire des
maisons, sauf le cas où l'aliénation en a été faite au protit de clirétiens.
— Même date.
Refe^ 20, t« 267. — Cor. : Collection Bofarull. — Plbl. : Alart, Privilèges
et litres du RoussiUon, p. 337 (d'après Arcli. des Pyr. — Orient., Procuracio
real, rei.^ X. f 1, reg. XllI, l" 92). — I.ndiq. : Vidal, Juifs de Roussillun,
p. 12 : Brutails, Populations rurales du Roussillon, p. 7o, n. 4 (d'apiLS
Alart ; Jacobs, n° 587,
628. — Jaime 1<=' mande aux officiers du Roussillon, Cerdai;ne et
Gonflent de faire observer les privilèges octroyés aux Juifs concernant la
peine du talion et autres prérogatives. — Même date.
Reg. 20, r 267. — Cor. : CoUectiou Bofarull. — I^DIQ. : Jacobs, n» 583.
629. — Jaime I«r promet de ne pas réclamer de quête à l'aljama des
Juifs de Perpignan, Gerdagne et Gonflent jusqu'à complet remboursement
des 30.000 sous liarcelonais qu'elle lui a prêtés à Perpignan. — Même date.
Reg. 20, f 267. - Cop. : Collection Bofarull.
630. — Jaime le"" ayant appris que ses fidèles Juifs de Perpignan,
Gerdagne et Gonflent sont exposés à être cliassés de leur résidence par
excommunication ou interdit de l'Eglise, leur concède qu'à l'avenir ils ne
soient pas tenus de s'exiler en raison de quelque interdit, à moins que le
baile ou un autre officier royal ne les y contraigne et pourvu qu'ils
s'engagent à faire justice au plaignant devant la cour royale. — Perpignan,
24 juin 1275.
Reg. 20, P 267. — Cop. : Collection Bofarull. — hoin. : Jacobs, n» 586.
631. — Jaime I". ayant appris que ses fidèles Juifs de Perpignan,
Gerdagne et Gonflent soulVrent beaucoup de ne pouvoir recouvrer leurs
créances de leurs débiteurs non encore émancipés, les autorise k les y
faire contraindre par la saisie des biens. — Même date.
Reg. 20, ï" 267 v°. — Cop. : CoUectiou Bofarull.
632. — Jaime P'", considérant les dommages qui pourraient résulter
pour ses fidèles Juifs de Perpignan, etc. du bris des sceaux, de la détério-
ralioii ou perte de leurs privilèges royaux, déclare que toutes les copies
64 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
qui en seront faites par un notaire de Perpignan ou de la cour royale
sous le sceau de cette cour auront même valeur que les originaux. —
Même date.
Keu. 20, r 267 v". - Cop. : Collection BofaruU. — Inoio. : Jacubs, n° 389.
633. — Jaime I"^"" mande à tous ses officiers de contraindre tous ceux
qui sont obligés pour dettes à l'égard de l'aljama des Juifs de Perpignan,
etc., et qui ont déjà bénéficié d'un sursis royal, à s'acquitter de leurs
obligations par la saisie des meubles, excepté bêtes, inslrunients ara-
toires, vases vinaires, vêtements, draps de lit, ustensiles de ménage. —
Même date.
Rf^'. 20, i» 267 v°. — Coi'. : Collection Bofarull. — lNr>io. : Jacohs, n» o90.
634. — Jaime I*^"" concède à Taljama des Juifs de Perpignan, etc. que
tout Juif surpris en train de jouer ne soit pas contraint à payer aux
fonctionnaires royaux l'amende édictée par l'infant don Jaime. — Même
date.
Re;.'. 20, f" 268. — Cop, : Collection Bofarull. — Indiq. : Jacobs : n" o91.
635. — Jaime P"" fait dresser un statut relatif aux dommages qui
peuvent résulter pour les Juifs du Roussillon, Cerdagne et Confient, de
la levée par les chevaliers sur leurs sujets des droits de mutation falica).
— Perpignan, 25 juin 1275.
Rej.-^. 20, f 267 v°. — Clop. : Collection Bofaiull. — Indiq. : Jacobs, n" 587.
636. — Jaime I*"" reconnaît devoir k l'aljama des Juifs de Perpignan,
Cerdagne et Confient 30.000 sous barcelonais qu'il lui a assignés k partir
de la St-Jean passée sur les revenus de CoUioure. — Même date.
Rey. 20, fo268. — Cop. : Collection Bofarull. — Imuo. : Jacobs, n''592.
637. — Jaime P'" vend k Jafias Maymo, Juif de Mora, au prix de
30.000 sous barcelonais, tout le droit qui lui revient sur les créances
confisquées k Çalema Eclien, Bonet Avincaries, Mosse Avinecarc et autres
Juifs de Tortose, pour infraction au statut royal, les contrats y relatifs
ne mentionnant pas les serments que doivent prêter Juifs et chrétiens;
en outre, le roi emprunte au dit Jalias 20.000 sous barcelonais et lui
donne pour caution Hugo de Mataplana, ai-chidiacre d'Urgol. — Au siège
de Rosas, 18 juillet 1275.
Rcif. 20, f»" 272 v-273.
638. - Jaime I""" notifie à tous ses ufliclcrs qu'il a cnvuNC un purlier
à Tortose leciMivri'r les prêts usuraircs coiisenlis pai' les Juifs do celte
ville. — Au siège de Rosas, 21 juillet 1275.
Reg. 20, f" 273.
639. — laimo I"' accorde sa i-émissiou à l'aljaMia des Juifs do Tortose,
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME I«S PEDRO III ET ALFOiNSO III 65
inculpée d'avoir consenti des prêts et des barates au-dessus du taux légal
et d'avoir négligé de prêter le serment exigé par le statut royal y relatif.
— Barcelone, 24 août 1275.
Reï. 20, f 281. — Cop. : Collection Bofarull - Indiq. : Jacobs, W 593.
640. — Jaiine I"' confirme au profit de Bondion, Juif de Montpellier, et
de ses associés la cession que leur a consentie pour un an, a partir de la
St-Michel, Jaime évêquede Huesca, au nom du roi et en raison du service
que doit lui fournir le feudataire royal B. P. de Montolieu, de tous les
droits que prélève celui ci à Montpellier sur les mesures 'cuppis) de blé
et de farine et sur le pesage du fer. — Barcelone, 4 septembre 1275.
Re^. 20, f° 2S4 v". — Indkj. : Jacobs, n» 394.
641. — Jaime l'^'^ ratifie la reddition de comptes ([ue lui ont fait à
Barcelone les secrétaires et les aljamas des Juifs de Barcelone, Villafranca
del Panades et Tarragone pour la quête du tribut de sept ans et demi, à
raison des 21.250 sous melgoriens par an ; le roi reste débiteur auxdites
aljamas de 890 sous moins 2 deniers barcelonais, qu'il leur assigne sur le
tribut de la St-Jean. — Barcelone, 4 octobre 1275.
Reg. 20, f° 294 r° et v». — Indiq. : Jacobs, n" 593.
642. — Jaime I^r donne quittance aux mêmes de 21.230 sous melgoriens
pour le tribut de l'année 1276. — Même date.
Reg. 20, fo 294 v°. — Indiq. : Jacobs, n" 596.
643. — Jaime I"^"" reconnaît devoir aux mêmes 3.900 sous barcelonais,
par suite du versement du tribut en monnaie melgorienne, dont la livre
vaut 5 sous de plus que la livre barcelonaise ; il avoue qu'il ne leur a pas
encore donné satisfaction au sujet des draps qu'ils ont prêtés sur son
ordre aux ambassadeurs des Tarlares et qui ne leur ont pas été rendus,
ni au sujet de ceux qui ont été perdus dans le palais royal. — Barcelone,
5 octobre 1275.
Reg. 20, f° 294 V. — Publ. : Pièces justificatives, m" Mil.
644. — Jaime I"^^^ accorde sa rémission, moyennant 200 sous de Jaca,
à Açach Alcahen, Juif de Saragosse, inculpé du meurtre d'Açach Albala,
Juif du même lieu. — Lérida, 9 novembre 1275.
Reg. 20, f" 297 v». — Cop. : Collection Bofarull.
645. — Jaime h' concède à tous les scribes d'Egea que les Juifs de
cette ville puissent faire dresser leurs contrats de dettes par l'un quel-
conque des scribes locaux et non par un scribe déterminé, a charge pour
les dits scribes d'une redevance annuelle de iiO sous de Jaca, payable à la
St-Michel. — Lérida, 14 novembre 1275.
Reg. 20, r 298. — Cop. : Collection Bofarull. — I.ndiq. : Jacobs, n» 599.
T. LXII, N« 123. '■>
66 RKVUE DES ÉTUDES JUIVES
646. — Jaime I^"^ accorde sa rémission a David, fils de feu Çalema
Avençaciach, inculpé, entre autres choses, d'avoir entretenu des relations
coupables avec des chrétiennes. — Lérida, 21 novembre 1275.
Reç. 20, f» 302. — Indiq. : Jacobs, u" ti03.
647. — Jaime !«•■ autorise le Juif Vidal Xicatella à couvrir la rue qui
sépare ses maisons de celles qu'il vient d'acheter et à construire sur
ladite couverture. — Même date.
Rpg. 20, P 303. acte en douille. — I\nio. : Jacobs, ii" 604.
648. — Jaime !«' concède au Juif Muça de Portella, à titre d'héritage
propre, un champ situé dans la partie royale de Torrellas, près du cime-
tière sarrasin, avec le droit d'y construire des maisons et la liberté d'en
disposer, sauf au profit de chevaliers, clercs et communautés. — Valence,
30 décembre 1275.
Reg. 20, i" 308 v". — IxDiy. : Jacobs. ii" 607.
649. — Jaime I^"^ accorde sa rémission à laljama des Juifs de Cala-
tayud, inculpée de prêts ou harates usuraires, et lui concède que la preuve
ne sera acquise dans un procès entre Juif et chrétien qu'à la suite d'un
témoignage fourni par un chrétien et un Juif. —Valence, 30 janvier 1275/6.
Keg. 20, f" 314. — Indiq. : Jacobs, u° 609.
650. — Jaime I*"" confirme les tacanes et « vetos » que raljama des
Juifs de Lérida ou ses adénantades ont lancés ou lanceront contre les
contribuables récalcitrants et mande qu'ils soient observés sous peine de
200 morabotins d'or. — Valence, 31 janvier 1275/6.
Reg. 20, 1° 312 v°. — Cop. : CoUeclioii Bofarull. — Imjiu. : Jacobs, u" 608.
651. — Jaime I-"" promet à l'aljama des Juifs de Calalayud de ne pas
accorder de proroi^ation d'échéance à leurs débiteurs pendant trois ans,
à partir de la St-Jean. — Gandia, 21 février 1275/6.
Reg. 20, f° 321. - Ixdiq. : Jacobs, u" 612.
652. — Jaime l"' autorise Haraon AUateffi, Juif de Valence, à faire
jeter par-dessus la voie qui passe entre ses maisons un pont large de cinq
palmes pouvant laisser passage a un liouniie, mais ne devant pas entraver
la circulation dans la rue. — Alcira, 2 mars 1275/6.
Reg. 20, 1° 325 v».
653. — Jaime i*"^ accoi'de sa rémission à Jucef Fiaiioh, Juif de (iirone,
et à Vidal, (ils d'en Fares, alias Aymcl, poursuivis en raison des bles-
sures portées par Jucef Francii a Curador, fils de Maymo de Juyhan,
blessures ayant entraîné la mort. — Valence, 22 mars 1275/6.
Reg. 20, ï" 333 v". — Piitt. : Pièces justificatives, n° 1\. — Indiq. : Jacobs,
11" 616.
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME 1", PEDRO !ll ET ALFONSO III 67
654. — Jaime W, a la prière de l'envoyé du roi de Tunis, concède à
Abrahim Avingabell, Juif de Valence, à charge d'un cens annuel de
40 sous réaux de Valence payable à la N.-D. de février, un ouvroir situé à
l'entrée de la juiverie, au lieu dit •■ Lasoé », avec le droit d'en liisposer,
sauf au profit de chevaliers, clercs et religieux. — Jàtiva, 20 avril 1276.
Reg. 19, fo 13. — Cop. : Collection Bofamll.
655. — Jaime l'^'" arrête avec Jacob Avenrodrig, Juif de Tcruel, le
compte de la somme dont ce dernier lui reste débiteur. — 25 avril 1276.
Reg. 19, f° 15 V". — Indiq. : Jacobs, ii° 509.
656. - Jaime h<^ ratiHe la reddition de comptes présentée par le Juif
Vives, fils de Jucef Abenvives, pour les revenus du ciiàteau et val de Pego,
du château et val d'Alfandeche, et de la villa de Sullana. — Jàtiva,
17 mai 1276.
Reg. 20, P' 344 V-Sio. — Indiq. : .lacobs, ii° 621.
657. — Jaime I^"" règle avec le même semblable compte, qu'il soumet
à l'examen de son Juif Jucef. — Même date.
Reyr. 20. f» 345. — Indiq. : Jacobs, n" 622.
APPENDICE
AC C.VrALOGUE DES ACTliS UE JAIME !«■• (1213-1276)
Ce catalogue était entièrement iuipi-imé, quand nous avons reçu com-
munication de deux études de M. F. de Bofarull, archiviste de la couronne
d'Aragon, lune sur les Juifs établis dans le territoire de Harcelone du
x* au ww siècle et particulièrement a l'époque du règne de Jaime I*"'
(1213-1276) •; la seconde sur les Juifs de .Montpellier sous ce même règne'.
Dans ces deux publications, M. de B. a mis en œuvre une collection de
500 copies de documents concernant les Juifs d'Ai-agon formée par son
père et prédécesseur Manuel de Bofarull, mort le 25 novembre 1892. M. F.
de B. avait eu l'obligeance, lurs de notre séjour a Barcelone, de nous
1 Los Judios en el terrilorio de Barcelona {sifjlos X al XIII). Reinado de
Jaime I, 12 13-1276, Barcelona, 191!, in-8" [Kxtrait des Memori(v< de his/oria de la
corona de Aragôn\.
2. Jaime le Conquistador ij la coinunidad judia de Monlpeller, dans Bolelin de
la R. Academia de Buenas lelras de Barcelona. n" 40, octiibre-diciembre 1910,
pp. 484-492.
68 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
comiminiquer les copies de pièces relatives au règne de Jaime I''. Ce
sont ces copies qui, dans notre catalogue des actes de Jaime I''', sont
citées sous cette formule abrégée. Cop. : « Collection BofaruU ».
M. F. de B ayant publié ou utilisé un très grand nombre de documents
dont nous avons nous- même donné l'analyse, il nous a paru néces-
saire de dresser en appendice, le tableau de concordance des numéros de
notre catalogue avecles passages et les documents qui y correspondent
dans les deux publications de M. de B.
Mais on voudra bien nous permettre, avan de procéder à ce rapproche-
ment', de présenter à propos des deux études de M de B., quelques
observations préliminaires. La brochure de M. de B. sui' les Juifs du ter-
ritoire de Barcelone est déparée par d'innombrables fautes d'impres-
sion qu'on relève surtout, soit dans les dates, soit dans les références ;
et à ce sujet, il est regrettable que M. de B. n'ait pas dressé Yerralum de
ces défaillances typographiques.
Malgré ces légères imperfections, le travail de M. de B. sur les Juifs
catalans, grâce surtout à la publication de 168 pièces justificatives, sera
d'un grand secours pour l'étude de la condition des Juifs de la couronne
d'Aragon sous le règne de Jaime 1*='. M. de B. a eu l'excellente idée de
présenter, en tète de son étude, les principaux renseignements que l'on
peut recueillir sur les Juifs catalans antérieurement au xiir siècle. Nous
avons, de notre côté, rassemblé pour la même période semblables ren-
seignements, et, nous serons heureux, quand l'occasion se présentera de
les mettre en œuvre, de rendre justice a l'excellente contribution appor-
tée sur ce point par le très obligeant directeur des Archives de la cou-
ronne d'Aragon.
Enfin, les brèves notices consacrées par M. de B. à quelques auxiliaires
juifs de Jaime !''■', nous obligent à quelques explications. Le lecteur ne
trouvera pas dans notre catalogue tous les actes des rois d'Aragon con-
cernant leurs auxiliaires juifs. Ces actes sont innombrables; ils auraient
donc par trop grossi notre publication. Il faut noter, de plus, que les
actes concernant des agents juifs ne ditïèrent en rien des actes concer-.
nant des fonctionnaires chrétiens, et par suite, ne nous apprennent rien
de nouveau sur la condition générale des communautés juives. Toute-
fois, nous avons pris soin de noter les principaux de ces actes qui se
réfèrent à des « fidèles » juifs'. Les notes recueillies à ce sujet nous
permettront d'écrire la biographie sommaire des nombreux notables juifs
1. La collection de pièces justificatives publit-r par M. de 15. aurait jragné à être
|>résentée dans un ordre chronologi(|ue absolument iigoureu\. Cet ordre n'est |ias
observé pp. 60, 101, lOo, 119-1:>0.
2. Baitoloiné de Porta, scribe royal, bien que portant le nièuie iioo» ((ue les Juifs
Benvenist et Astrucli de Porta, n'était pas leur coreligionnaire. C'est donc à tort que
.M. de B. l'a rangé parmi les auxiliaires juifs de Jaime V" [Juil. Uavc, pp. 20 et 118,
n" CXLlXi. I/acte publie par .M. de B. relativement à Bartolomé de Porta est daté du
S des calendes d'a*ril 1274 (25 mars 1214^. L'.Aniionciation (25 mars) étant le point de
départ de l'année aragonaise. c'est par erreur que M. de B. a converti 1274 en 1275.
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME I", PEDRO 111 ET ALFONSO 111 69
qui ont collaboré à l'administration royale sons les règnes de Jainie I",
Pedro 111 et Alfonso III.
Dans notre tableau de concordance, nous désignons la première publi-
cation de M. de B. parle titre abrégé de Jud. Barc , la seconde par celui
de Jud. Montp. Le chiffre placé entre parenthèses, après l'indication de
la page, reproduit l'appel de note des Jud. Barc Nous le mentionnons
pour faciliter les recherches et les rapprochements.
Numéros
Jud.
Barc
Jud. Montp.
de nuire
- '
- ^"■»_ — ' -
Catalogue.
Plbl. :
iNDIQ. :
PiBi.. : Inoiq.
4....
P. 36 (2)
5 . . . .
p. 36 (2)
28....
P. 36 (3)
18....
P. 484
49....
PP. 484-
37....
P. 42, 11" VI
69. ..
P. 42, n» VIT
71....
P. 41. ir'V
P. 24 (2)
72..,.
P. 485
73....
1>. 42, n" VIII
74 ....
P. 43, II" IX
PP. 24 et 23 (1)
73....
PP. 43-44, 11° X
P. 24 (6)
76....
P. 44, a° XP
SO....
PP. 44-43, n" XU
91....
P. 43, II" XIV ■
P. 23 (2)
92....
P. 43, n" XIII
94....
P. 46, n" XV
108....
P. 46, II" XVI '
112....
P. 47, n" XVII
P. 36 (3)
113....
PP. 47-48, 11" XVIII
P. 23(1)
114....
PP. 48-49, 11" XIX *
P. 485
115....
P. 483
130....
P. 49, 11" XX »
P. 25 (3)
136....
P. 50, n" XXII
P. 21 (7)
144....
P. 31, noXXIII»
1. L'acte publié par M. de B. porte la date du 17 des calendes de septembre. C'est
certainement décembre qu'il faut lire. A la date du 16 août 1237, Jaime !""■ n était pas
à Barcelone, mais à Lérida, où il séjourna' au moins du 6 août au 31 octobre 1237
(Voy. dans notre Catalogue les n<" 3i à 67). La date du 13 novembre est donc préférable
à celle du 16 août. D'ailleurs, il suffit de remarquer la place qu'occupe le document
dans le reg. 9 pour n'avoir aucun doute au sujet de sa date.
2. M. de B. a converti par erreur le 14 des calendes de janvier en 17 décembre, au
lieu du 19.
3. La publication de cet acte est faite d'après le reg. 2, f° 130 v".
4. La date du 26 janvier donnée pour cet acte est le résultat dune faute d'impres-
sion. La vraie date, celle du 21 janvier (12 des calendes de février), a été rétablie par
M. de B. dans son élude sur la juiverie de Montpellier {Bolelin de Bnrcelona, p. 483,
n. 1).
5. Au lieu de 17 juin, lire 27 juin 3 des calendes de juillet).
6. Lire 28 juillet (3 des calendes d'août) au lieu de 18.
70
RLVUK DES ETUUKS JUIVES
Numéros
de notre
Catalogue.
151...
152..,
159..,
162...
186...
193...
196...
197...
198..
206...
208..
217..
232...
237..
243 ..
262 ..
277 ..
278...
279..
280..
281...
282...
284...
287 .. .
289. . .
293...
294. .
29.5...
296...
315...
316...
317...
318...
321 . . .
323...
326...
330...
345...
346 ..
33i. . .
356...
Jud. Barc.
PUBL. :
P. 52, n" XXV
PP. 52-33, n" XXVI
P. 53, II» XXVII
P. 58, n" XXXV
P. 60, II" XL >
P. 56, n" XXX
PP. 36-57, n" XXXI
P. 57, II" XXXII
P. 57, n" XXXIII
P. 58, 11" XXXIV
P. 59, 11» XXXVI
P. 59, II" XXXVIl
PP. 59-60, n" XXXVIll ^
P. 60. 11° XXXIX
P. 61, 11" XLI
P. 62, 11" XMII
PP. 61-62, 11" XLIl
P. 62, II" XLIV 3
P. 63, II" XLV
PP. 63-64, 11" XL VI
P. 64, II" XLVII *
P. 64, 11" XLVIII 5
PP. 64-65, n» XLVIII
P. 65, n»XLIX
P. 63, II" XLIX
P. 66, ii"LI
P. 66, 11" L
PP. 66-67, 11" LU
PP. 67-68, n" LUI
P. 68, n° LIV
P. 68, u" LV
P. 69, n" LVm
P. 70, II" LIX
P. 70, II" LX
lNr)iQ.
P. 21 (2)
P. 25 (6)
P. 21 (3)
P. 21 (4)
P. 23 (2)
P. 24 (3)
P. 25 (4)
P. 20 (3)
P. 18 (5)
P. 23 (5)
P. 20 (5)
P. 28 (3)
P. 25 (7)
P. 23 (8)
P. 28 (4)
P. 27 (8)
P. 25 (9)
PP. 23 et 26 (1)
P. 20 (4)
P. 20 (4)
P. 26 (2)
P. 26 (3)
P. 26 (4)
P. 20 (6)
P. 30 (2)
P. 18 (8)
PuBL. :
PP. 483-486
P. 486
Jud. Montp.
Indiq.
PP. 486-487
P. 487
P. 487
PP. 487-488
1. Lire 1263, a» lieu de 1262.
2. Cet acte est daté du 14 des calendes de mars 1263 aiicieu sl.vie). .M. .le U.,
oubliant sans doute que lanuée 1261 (nouveau style) est bissextile. ,i converti, a tort,
le 14 des calendes de mars 126.3/4 en 16 lévrier, au lieu de 17.
3. Lire M se|)tembre (3 des ides de septembre; au lieu <le 30.
4. Lire 13 octobre (18 des calendes de novembre) au lieu de 16
5. Ibid.
CATALOGUE DES ACTES HE .lAlME 1 ^ l'EDHO III ET ALFO.NSO III
Numéros
Jud. Bai
■'■ .
Jud.
de notre
^-— i*.^_-
Catalogue.
PUBL. :
Lndiq. :
Plbl. :
337.. .
P. 71, u-LXI
P. 24 (4)
3o9....
P. 71, 1.^ LXII
P. 23 (3)
364....
PP. 488-489
363....
P. 72, ri" LXllI
366....
P. 489
378....
P. 73, n" LXV '
P. 31 (1)
379....
P. 73, 11° LXVI
380....
PP. 73-74, ri" LWII
P. 33 (3)
381.. .
PP. 74-73, Il ■ L.WIU
382.. .
P. 21 (8)
383....
P. 31 (2)
386....
PP. 76-77, u» LXXIU
P. 26 (6)
387....
P. 78, 0" LXXV
P. 26 (3)
388 ...
P. 75, 11" LXIX
P. 23 (4)
389....
P. 73, n° LXX
P. 24 (o)
390....
P. 76, 11» LXXI
P. 34 (4)
393....
P. 77. Il" LXXIV
P. 22 (1)
397....
P. 489
398....
P. 489
399....
PP. 78-80, 11» LXXVP
P. 26 (7)
403 ....
P. 80, 11° LXXVU
406....
P. 81, n" LXXVllI
P. 26 (8)
409....
PP. 489-490
410. . ..
P. 81, ir LXXIX
413....
P. 82, 11" LXXX
P. 28 (2}
414....
P. 82. n° LXXX
413. ..
PP. 82-83. Il" LXXXl
P. 28 (6)
416....
P. 83, 11" LXXXII
P. 29 (1)
417
PP. 83-84, u" LXXXIll
P. 29 (2)
419. ..
P. 72, n" LXIV »
P. 29 (8)
i20....
P. 84, II" LXXXl V
P. 29 (3)
421....
PP. 84-83. n" lAXXV
P. 29 (4)
42-2...
P. 83, n" LXXXVi
P. 29 (3|
423....
PP. 85-86, II" LXXXVIl
424. ..
P. 87, 11° XG
425 ... .
P. 87, n" LXXXIX
P. 29 |7)
426...
P. 88, 11° XGI
P. 28 (31
427..
P. 88. Il" XCIl
430....
P. 89, n" XCllI
P. 22 (6)
438.. .
P. 490
443....
PI». 89-90. Il' XCIV
P. 31 (4|
446...
P. 90, n° XCV
P. 31 (3)
447....
PP. 90-91, II" XCVI
PP. 26 (9) et 36 (3)
437....
PP. 92-93, n° Cl
P. 31 (3)
iMiln.
1. Lire 1" mai (caleudes de inai) au lieu de 2.
2. M. de B. a lu 7 des calendes de novembre 2fi orlobrei au lii^u île 8 i23i. Pi-ul-
ètie a-t-il raison.
3. Lire 1269 au lieu rie 126S.
72 KEVUE DES ÉTUDES JUIVES
Numéros
de notre
Jud. Barc.
'■■ ■ —
— ^ ■
Catalogue.
PUBL. :
Indiq. :
458....
P. 93, n° Cil
P. 18 (10)
461....
PP. 93-94, n° cm
P. 19 (1)
467. ..
P. 95, n" CIV
PP. 26 et 27 (1)
470...
PP. 93-96, n» CVI
P. 32 (2)
483....
PP. 118-119, n" CL'
496... .
P. 96, n" CVII
PP. 27 (21 et 36 5)
500....
PP. 96-97, n» CVIII
P. 23 (5)
501 ....
PP. 97-98, n» CIX
P. 36 (4)
505....
P. 98, n" CXI
PP. 16 (2) et 22 (7)
517....
PP. 98-99, n" CXII
P. 27 (3)
518....
PP. 99-100, n" CXIII
P. 27 (4)
519....
PP. 101-102, n° CXVI
P. 28 (4)
520....
P. 100, n" CXIV
521....
P. 101, n» CXV
P. 33 (4)
526....
P. 102, a" CXVII
527....
P. 102, 11° CXVIIl
P. 23 (7) ■
528....
P. 103, n° CXIX
P. 23 (6)
536 ...
P. 103, 11° CXX
P. 27 (5)
562....
P. 104, n" CXXII
PP. 32 et 33 (1)
564....
PP. 104-105, n° CXXIII
P. 27 (6)
567....
P. 106, u° CXXVI
P. 23 (8)
569....
P. 105, n° CXXIV
P. 31 (6)
570....
P. 105, n" CXXIV
P. 31 (6)
575....
P. 107, n- CXXIX
P. 28 (4)
581.,..
PP. 108-109, n" CXXXI «
P. 27 (7)
583....
P. 109, n» CXXXII
584....
PP. 109-110, n" CXXXIII
585....
PP. UO-111, n" GXXXV
588....
P. 111, n" CXXXVI
389....
P. m, n" CXXXVII
590....
PP. 111-112, n» CXXXVII
.591 ....
P. 112. irCXXXVIII
592....
P. 112, II" CXXXIX
593....
PP. 112-113, n" CXL
594....
P. 113, n° GXLII
595....
P. 113, n" CXLI
596. ..
597....
598 ....
P. 113, 11" CXLIU
600....
601....
Jud. Montp.
PUBL. : I.NDIQ.
PP. 490-491
P. 491
P. 491
PP. 491-492
1. Cet acte porte répartition entre les juiveries de la couronne d'Araïon du subside
octroyé à Jaime I" pour lui permettre de se rendre au concile de Lyon. Ce concile
ayant eu lieu en 1274, il paraît plus naturel d'assiimer à la répartition la date de
1274, bien que dans le registre 18, elle vienne immédiatement après un acte de 1271.
2. M. de B. a lu à la date de cet acte X des calendes de mars. Nous avons lu V des
calendes. Il est assez difficile de distinguer dans l'écriture, à la fin du iiii* siècle et
au iiv*. un V d'un x,
CATALOGUE DES ACTES DE JAIME I"', PEDRO 111 ET ALFONSO III
73
Numéros
de notre
Catalogue.
GUo..
617 .
618..
624..
625..
626..
627..
628..
629..
630..
631..
632..
633..
634..
635..
636 .
639..
649..
650..
Jud. Barc.
Jud. Montp.
PiKL. :
PP. 114-115. Il' CXLIV
PP. 116-117, n' CXLVll'
P. H 7, n" G.\LVIII
P. 120, n" CLII
PP. 120-121, u" CLIIl
P. 121, 11" GLIV
PP. 121-122, u-CLV
P. 122, II" CLVl
P. 122, n" CLVII
PP. 122-123, n" CLVlll
PP. 123-124, n" CLX
P. 124, n" CLXI
P. 124, 11» CLXII
PP. 124-125, u° CLXIU
P. 123, n^ eux
P. 125, n'^ CLXIV
PP. 119-120, n»CLl
P. 126, u" GLXV
Indu.
P. 33 (2)
P. 29 (9)
P. 30 (1)
P. 30 (1)
P. 30 (1)
P. 30 (1)
P. 30 (1)
P. 120, II' CLP
P. 31 (7)
PiBi.. :
l.NDII.
Jea.N RÉ6.NK.
1. Lire 12 mars 1274/5 ^4 des ides de mars 1274, ancien style) au lieu de 19 mais
1274.
2. Lire 30 janvier (3 des calendes de février) au lieu de 29.
UN
NOUVKAU RECUEIL POÉTIQUE Dt; BAGDAD
Les collections de poèmes hébreux^ que j'ai éludiées tout
récemment dans mon article sur les poésie^ int^dites d'Israël
Nadjara ' et qui attestent chez les Israélites d'Orient le besoin de
faire une place à la poésie religieuse en dehors du cadre fourni
par la poésie liturgique et synagogale^, se sont enrichies il y a
quelques années d'un recueil fort copieux qui a paru à Bagdad et
répond évidemment à un vif besoin des membres de la communauté
juive de cette ville. Le titre de ce volume bien imprimé — un petit
in-8Mle :2 feuillets non paginés et de 182 feuillets paginés — est
D"'-i''u:n -ISO, Livre des chants. L'année de la publication est désignée
par le mot ■'D'iujuî, soit 5666 (1906) L'imprimeur se nomme Ezra
Dangour.
C'est lui qui signe un court «Avis au lecteui- « en hébreu, ou il
indique le but et la disposition du recueil. Parmi les poètes qui y
sont représentés il cite Juda Halévi, Salomon Ihn Gabirol et Israèl
Nadjara (D''3::"'"'Dn "iaNi) : il mentionne, sans les nommer, les «rai)bins
antérieurs de Bagdad » et nomme «parmi les rabbins de notre temps»
Réah Tob^ et Sasson Israël. 11 prie les lecteurs que chacun ait
le livre chez lui, afin que lui et ses enfants y lisent les sabbats jours
de fêtes et à d'autres occasions analogues, célèbrent le Créateur et
se réjouissent '. Suit une table des matières (II, a-b] et. ouvrant la
1. Voir Revue des Éludes Juives, LVUl, 241-269; l.l\, 9li-105, 231-238; LX. 221-
234.
2. Ce besoin a trouvé surtout son e\|iiession ciicz les .Inifs du Yt-nien. Voir mon
ouvrage Die kebrdische und arahische Poésie der Juden Jemens (Strashouri:, 1910*.
3. l""n: mC3 n"''1 'in — n"''"l est formé di's initiales du nom □"'""n fl^T' 0''T3n-l.
Voir plus loin.
'^■ ^^'^2^ NT- 13 m-ipb ■i»-t'3 ^wX inx N'^n-' 'nt 'n "::3 ncpaa n; io't
UN NOUVKAU RECUEIL POÉTIQUE UE BAGDAD 75
collection, une table alphabétique des commencements despoJ^mes
(la-4ô).
Ceux-ci sont groupés d'après leur fond et leur destination, dans
l'ordre des époques auxquelles ils sont destinés ; de plus, ils sont
numérotés d un bout à l'autre: au total 4lo numéros.
D'abord viennent les poésies pour le lever du jour (mnaiD
*-ipnan f-n^'^Nb , notamment pour chacun des six jours de la
semaine (n"^ l-l!23 ; puis pour le sabbat (raiiîb d-'STOtî, n°* l'24-147),
pour la fin du sabbat (n"* 148-162, dont trois en arabe), pour la
néoménie (n°* 1()3 166 . Hanoucca (n"' 167-I73i, Sabbat Schekalim
, nos 474-176), Pourim n^^ 177-196)', Sal)l)at Para n*"^ 197-198),
Sabbat ha-Hodesch et Nissan in^ 199-!20o), Pàque (n^^ 206-215), la
schira péricope du septième jour de Pàque n°* 216 223;, le 33'^ jour
de l'Omer (n"' 224-227)-. Les groupes qui suivent ont pour les Juifs
de Bagdad un intérêt local : éloge du prophète Ezéchiel (n»* 228-
229), d'Ezra le scribe in"^ 230-234\ du grand-prètre Josué (n° 235.
Le tombeau d'Ezéchiel est visité pai' les Juifs de Bagdad au mois
d'Ab (voir Jeicish Encyclopedia, II, 437 b] ; celui d'Ezra est égale-
ment un but de pèlerinage pour les Juifs de Babvionie; mais
j'ignore à quoi se rattache le poème en l'honneur du grand-prètre
Josué b. Yehoçadak. — Puis viennent des chants à la gloire de
Jérusalem et de la Terre sainte (n"' 236-241, les deux derniers en
arabej. — Suivent les chants pour la Pentecôte {i\°' 242-250)-*, pour
le Nouvel An et les jours de pénitence n"' 251-258) de la fête de
Souccot (n°« 259-286, la nuit de Hoschana rabba ' (n"* 287-295),
Simhat Tora f296-35l! "v Le cycle des fêtes ainsi achevé, nous avons
ensuite des chants pour la cérémonie de la circoncision in"' 352-
366) et en l'honneur du liancé (n»» 367-382), deux désignés comme
"fbDnb D-'rTOTD 0°^ 383-384 et un groupe intitulé n:-i ^t-q 'n°' 385-
400;, puis, sous le titre de rN?:î<p'2 (piinze petites poésies avec un
mode pour chaque ^400 é/s-414). Le volume se termine |)ar un
1. Ce groupe contient aussi de iraies cliansoiis ;i boiie.
i. Le premier numéro de ce yi'oupe est consacré à l'éloge de R. Meir Ilaai-Hanes,
les antres à celui de Simon b. Voliai. On sait que la mémoire de ce dernier est solen-
nellement fétee en Palestine le 33"^ jour de lOmer.
3. TJybl mTT3'iZ5r: anb 0^;17;T2. Le ilemier mot désigne le Décalogue ; c'est
peut être l'arabe [PNTabo] "iCr.
4. P"»-13 TiniD 'ïb n"0"in a"'"17aTD. Ceux qui « nouent l'alliance » sont nommés
en tète de chaque poème : Abraham. Isaac, Jacob, Moïse, Aaron, Joseph, Piulias \bis],
David, soit huit au lieu de sept.
5. Il y en a plusieurs i^roupes : n"C D'1^3 p"cb CÎT?? 2"":T-TD Kolien. Levi
[bis], Joseph, Zabuion. Ascher, n:iy?a inn. 7•n^^ \Tr,. p'^wN^^ ";nn, T'acT:
[bis]; puis, à paitii- du n" 30.x mopm n^XTCn PHT^'Cb a'^riT^TD.
76 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
appendice qui contient le poème parénétique de Joseph Ezobi, le
Kaarat Késef[\). 1(^8 6-172 b).
Parmi les poètes, dont les œuvres sont réunies dans ce recueil —
il y en a près de cent — Israël Nadjara est au premier rang pour le
nombre des poèmes. Cest une nouvelle preuve du profond attrait
exercé sur les Juifs d'Orient par les poésies du grand épigone des
poètes classiques du moyen âge juif. Des poèmes de Nadjara qui
figurent dans notre recueil, beaucoup se trouvent dans son premier
receuil imprimé, le Zemirot hrai'-l [Z. 7.), d'autres dans le recueil
moins considérable des Pizmonim, édité par Friedlander {P.),
d'autres enfin dans le manuscrit Kaufmann du Scheérit Israël que
j'ai décrit dans cette Revue [S. /.). Voici, pour ces trois groupes, la
liste des morceaux de Nadjara qui font partie du recueil de Bagdad
(les numéros qu'ils portent dans ces groupes sont indiqués entre
parenthèses) :
/. Z.I.: 9 (âo), 10 (4j, 11 168j, 13 (8o), 21 '135), 23 (125), 24 (97),
25 (50), 28 (62], 31 (75). 33 (49), 41 (51), 42 26 , 43 (35), 47 (19), 62
(124 , 68 :88), 79 (215), 81 (23;, 82 (112), 84 (109), 89 (122), 90 (186),
97 ;152), 101 (141), 119(64), 122 (52), 130 (27), 131 (13tj, 134 (104),
257 (180), 258 (123), 275 (194), 312 (72 , 331 (55), 345 (197). Total :
36 numéros.
//. P. : 4 (35), 6 (61), 52 (46), 72 (25j, 86 (44), 9o (12), 102 (11), 167
(53j, 249^34), 271 (102j, 402 (29). Total : 11 numéros.
///. S. I. : 26 (VI, 6), 29 (VIII, 23), 37 (XIII, 6), 49 (VIII, 37), 51
(VIII, 6), 94 (VII, 28j, 98 (IX, 15), 106 (XI, 10), 110 (VIII, 22), 120
(X, 33j, 171 (X, 42 , 255 (X, 30), 261 (XIII, 5), 270. XI, 29), 332 (VIII,
21), 340 (III, 13j, 346 (VIII, 4), 376 (IX, 6), 405(VI,1), 406 (VIII, 19).
Total: 20 numéros.
IV. Quelques numéros ont été pris aux deuxième et troisième
parties des Z. 7. {Olat Schabbat et Olat Hodesch] : 0. S , 21 (175);
O.H., 1(164), 14 (216;, 21 (175,, 39 .121), 67 1 llj. Total : 5 numéros*.
V. Les numéros suivants du Recueil de Bagdad se retrouvent
dans celui de Calcutta : 64 (Calcutta, 209), 85 (222), 183 ^63). Total ;
3 numéros.
F7. Les autres poèmes de Nadjara, imprimés pour la première
fois dans notre recueil sont, dans l'ordre alphabétique des premiers
1. Dont 2 [0. H-, 1 et 39 se retrouvent dans le recui'il de Cakulla (n"' ob et 7). Dans
H. È. J., LX, 223, j'ai indiqué par erreur ces deux numéros comme inédits : à tort
également j"ai signalé comme inédits les n»» 5 et 18 du recueil de Calcutta, alors qu'ils
viennent de Z. /., 25 et 27. Ihid., p. 222, rectifier comme suit : Calcutta, 200 = 0. //.,
C)7 et Calcutta, 57 = S. /., 29.
UN NOUVEAU RECUEIL PÛÉTIgUE DE BAGDAD 77
vers, les suivanis là moins d'autre indication, la [)aternilé du
morceau est indiquée par l'acrostiche bî<TO^i :
(243) mn-.b "^y:: b" D'^p^pn z^'Z Ti-ia-i nnn'CJnn Nirt b'-y-irrz m r'rnx
Acrostiche : "pm rfCHZ 13 ^J^TJ"' ""LN
■]Ti '?i:::i -f'rî* ^730 ninx n--.s ']-':d?3 ws:wS "^n'-?: "j^x wX:wS
(204) mj<'5D:-! 2— ii:7:3 mm.x ac'r mN^^^:^ nao i:p bx ■''riN:;
Acrostiche : pTn nC"Û 13 HrwSTw"' ""r^X
(48) i-iin Tiri -"'"'rT':; ■'"n^ nr"' ■'-n; "'-1:.
(117) n?:; *]m3'??3 -i33T 'i-- i^t -r:i nr:;
(i02) n'rnn mN2 a"'^': "^r -im'^N rmzt ni:: ■'D rfi'r'rn
(313) intN Nbn n:23wS \-rT:;' "?s -:-
Acrosticiie : pm noTj "13 '""îst:;^ "r^N
(203) -12: T^73 L]b}<a -i\:;n 'n ^'nss i-î73î<''
Acrostiche : nw72 ~I3 '^N'HC
(2i'i) ' 37!':? n32:n7:n «■•n riwS ■'"nr -^n "?n rinTi i-i
(o4) p'5m y-ip D"*:"»:;? ■'3b ■'3::3 0-13-» ■•T'T' nii 10
(98) --in -^s-ip ■^ir "{N ';73 abys "^îins t^-i^
(411) yan ay bs^ d-31 T;n33 bxb d-it^t^
(iiO) nj-'3 "'r-:"'b wvrnm l'^Tc-'snb Nn7:3n 3r;i
(107) m3Dr! Y'?:: bx ■^mr:;:3 it33wS -n3D "j-,7:t"« \-id'0 s-»; Y'*'"""
(1851 N'ON myT::-' 012 •>:»< ncd 1737 inp bwS dt' lii
'(38)-ji-n3;: T'y 'pT'^3 "'3-cm -^r^-^ ■'•^:i-p a"'n3: V^ ""^s-in "j-ixt r>zi^
ïJ-n T^C3 33in bip3 yi'^ab -t:3T272 ■^Cîd r;-;D Dnbw3 d~i ""'n'^
(141) m73T7:i
"'D riwS-n nrn ■;■';:"' 35 w "'m3"'3D "'3-'tn bD br nny ■'•cni □:-!-
(60) ■'n-'7:i:73 ikïj
Acrostiche : nc:: p ''~ÎN"',C"'
(205) ■'Tsy b-'DCT ns73 r!35 no:t aTi""
(83) aïJ T^j3 PwX poc-'"! a-py-j bx n3D prc-» 20
Acrosticiie : rTC73 p '"^S~lC
wsb -nTz zrb ycTjT p'3 ^fzaz Y-'^ yci-b 3-, nyr:;-' n"?:!:?:
163) ■;73îwS
poiT Tii-i'jin "^m ■'t:^ iiDcb ws: ^nns -«mnbT pon- ■'tii bip
(44) nsïJ'' "^Tiri
Total : "2-2 luiinéros-'.
1. Lire 3"-!.
2. Lire p"i]C3.
3. Sur ces 22 numéros, deux 2 et 13 ont déju OU- im|)riinés dans !■■ recueil poétique
judéo-persan dlsraél Yezdi pN-lw"" n7:0'', Jérusalem, 1901), que j'ai .lécrit en détail
dans /. 0. R., XIV, 116 et s. ; voir p. 118.
78 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Tandis que le recueil de Bagdad contient en lout 97 poèmes
d'Israël Nadjara, les deux poètes classiques nommés dans la préface
ne sont représentés que par un petit nombre de pièc^es, Juda Halévi
par quatre numéros ' : 269 (Z., 207;, 285 (Z.. 203), 286, 330 les deux
derniers se retrouvent dans les recueils poétiques du Yémen-),
Salomon Ibn Gabirol par huit numéros : 1 (Z.,188, n"21), 3, 12 (Z.,
n°16), 17 (Z., n" 26), 193 (le célèbre poème sur le vin ■^r"« mb^s ,
270 (Z., n« 9), 292 (Z., n" 4), 293 (Z., n" 8), dont cinq (12, 17, 270,
292, 293, (igurent aussi dans les recueils yéménites.
Un autre grand poète espagnol se joint aux deux déjà nommés,
c'est Abraham Ibn Ezra, qui est représenté par quatre numéros, 18
(Z.. 210; m, 1), 124. 136, 290, sur lesquels trois se trouvent égale-
ment dans les recueils yéménites^.
Dans la foule des autres poètes qui figurent dans notre lecueil,
beaucoup appartiennent déjà, grâce à Zunz, à l'histoire littéraire
de la poésie synagogale :
Abraham : 130 (Z., 340 ; poème pour habdala).
Abraham Hayoun b. Salomon : 180 (Z., 344).
Dounasch:123(Z., 484).
Eléazar: 134 (Z.. 546, n^ 1), 287 (Z., 347, n« 13) ', 289 (Z., 547,
no 17), 356.
Eliakim:46(Z.,349)''.
Hayyim : 253 (Z., 546), 264 [ibid].
Isaac : 146 (Z., 557) ^ 149 (Z., 554).
Jacob : 165 (Z.,562), 248 (Z., 559). •
Jacobins»: 152 (Z., 485).
Joab [b. Yehiel] : 135 (Z., 709).
Joseph Ezobi : 415 (voir plus haut).
Juda: 163 (Z., 567).
Mansoùr: 143 (Z., 579)'.
Moïse: 234 (Z., 371)».
1. Ici et dar)s ce fjiii suit j'ajoute, eiitie parenthèses, au numéro (in |ioèine dans le
recueil, la paire de Zunz, Lileraturgeschiclile der Si/nayoï/dlen Poésie \Z.) où ce
puénie est mentionné.
2. Die liehrdiscke und arahisclie Poésie der Jitden Jeniens. part, héhr., p. 48,
n"" 16 et 20.
3. Op. cit., p. 46, n-" 2, 16 et 25.
4. Ainsi que dans les Pizmonini, éd. Calcutta, n" 233.
o. .\iiisi que dans CalcuUa, n°l.").
6. Dans Calcutta, u" lo7.
7. Dans Calcutta, n" 47. (]'est un poème pour le sabbat (in'nn lit aussi dans des
recueils yéménites.
8. Zunz uientionue ici seulement le cnmmeuccmeut du poème (« imité du "inc
"rb rminb), mais non l'auteur.
UN NOUVKAU RECUEIL POÉTIQUE DE BAGDAD 79
Salomon [b. Mazallob] : 291 Z., o^^S), 294 iibid).
Simon Labi : 223 Z., o3o).
Le l'ecueil de Calculta, soiivenl inenlionné déjà, a des poésif-s
des [)oètes suivants en commun avec celui de Bagdad le cbiiïie
entre parenthèses indique le numéro de l'édition de Calcutta* :
Abraham : 128 (45), 12^ (44), 262 185), 306 (136).
Abraham Salàma: 239 (16i.
Benjamin : 252 (24/.
David h. Aaron b. Housseïn : 131, 236 (138) '.
Ebiatar : 309 et 370 (216, 21") -.
Eléazar Hacohen : 364 (30) ^
Eliyahou Haj yim : 1 18 (229).
Isaac: 242 il95;.
Isaac nan: 93 (218) '*.
Isaie : 173 142'.
Jacob: 66 (81).
Joseph : 353 (96), 367 (132).
Joseph b. Saul: 73 (80) •*.
Menahem: 305 (1^5).
Menahem hd^ : 19(219).
Moïse: 268(178), 278 (141).
Moïse Halévi : 69 (79).
Moïse Housseïn : 266 (177).
Mordechaï : 36 ^225) «, 144 ( 1 34; .
Nissim : 284 (78), 378 (192).
Sàlih (nbst±j : 5 (77). 278 {m^, 279 (66) ',280 (67), 281 (131), 362 (76),
363 (82), 368(161).
Salomon : 57 (152), 177 (71).
Samuel : 217 (72).
Schemaya : 45 (22)*.
1. Ainsi que dans bxT,:)-' no'iJ"', n" 25 [J. Q. fl., XIV, 120j.
2 Le premier de ces deii\ poèmes, qui simt des épitli.iLimes, se retrouve dans des
recueils yéménites op cit.. p. loi.
3. Le même dans bNTC;"' n73'>:3^, "" 27.
4 Le nnhne poète est représenté jiar un autre poème dans rî"17;T ""'w (Ali-'er, 1892),
p. 89.
5. Le même dans bs^Tw' nT^w"*-
6. Ibidem, n" 39.
7. Ibidem, n° 21.
8. Dans le recueil île Ba!5'dad I acrosticlie est llClp r-,'yiZ'C ; dans celui de Calcutta
les strophes qui commencent par Olp man(|ueut. pOlp est peul-tMre un imm de
famille.
80 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Souleïman : 273 (190).
Zerahya: 374 (21o).
La liste qui suit contient les noms des poètes qui paraissent pour
la première fois dans le recueil de Bagdad, mais dont quelques-uns
sont peut-être identiques à ceux de la liste précédente :
Aaron:3o, 109,210.
Aaron Azriel : 272.
Abdallah : 174 ^accrostiche: pm bi< iny), 180 (acrost. : rtbbnay), 213
(acrost. bî< ^3y/ \ 339 (acrost. : na^i, 372 (acrost. ; nb^nay
pTn). — Ce poète est peut-être identique à celui qui
était rabbin à Bagdad en 1847 [Jew. Encycl., II, 436).
Abraham : 7, 13, 7o, 138, 233, 234, 283, 355, 358, 379, 400 bis.
Abraham Miyyamin : 2 2.
Abraham Salomon Ezra Obadia : 231 ^poème sur Ezra).
Addir: 375 (acrostiche: pTn-i"<ni«). C'est une prière pour le sultan
Abd-ul-Hamid (ttoh bN nay iDDbw).
David: 237 (poème sur Jérusalem).
David b. Jacob Fardous : 56 (en araméen ; acrostiche : npr-' -13 tit
ditind).
Eléazar : 356.
Eliyahou : 365.
Eliyahou Haï : 328 (acrostiche : pm -^n in-^bs).
Elischa b. Gabriel : 347.
Ezéchiel Ezra : 333.
Ezra: 104, 239, 351,360.
Ezra Eliya : 80 (acrostiche : pTn N-^bi^ NiT^y •'.
Ezra Sasson : 20, 132, 198; 179 (acrost. : pm li«io p nit^ .
Ezra Sasson Ruben : 187, 200.
Ezra Sofer : 32 (sans acrostiche, mais le titi'e porte ; îî-it^ 'nb
b"; "1Q10).
Faradji '' : 226 (poème en araméen sur Bar Yoliaï; acrostiche : ■•rwS
pm -^n-is).
Hayyim : 166.
Hizkia : 115'.
\. La dernière stiuplie coininencc pai' "^UJ"". ce qui i)onnait ilésiuiier le père ifAh-
dallali.
2. Acn.sliclie : pTn 'ji73"'73 □""inX- Le aeiixième nom ^= ';"'5:"^373) est tiré d'Ezra
X, 25.
3. Le inùinc dans bN-i"v:;"> JT'J'»:;"', "" lt>.
4. Sur ce nom voir ./. Q. H., XI, 595.
5. Le munie dans bN"!^"» H^Û^"', n" 23.
UN NOUVEAU RECUEIL POÉTIQUE DE BAGDAD 81
Isaac : 8, 40, 91, 212, 304, 307, 375.
Jacob : 442, 172, 349, 366.
Jacob b. Jona : 326.
Joab : 373 acrostiche : i&"Ta axT» '.
Jona b. Sasson : 403 (acrost. : "[rau) -i"nD3 rr:')'^) '^.
Joseph : 39, 76, 109, 232.
Joseph b. Or ÎNissan^ : 210 acrost. : -la p lo-^s mx 13 t)OT«].
Joseph Bourla : 267 (acrostiche : Cjov; titi'e : V't xb-na Ejov ainb .
Joseph Schalom : 1 12.
Josué Siriro : 207 (acrost. : yxon tt'T'D 3>ain"').
Jiida : 170.
Jiida b. Haï : 184.
Juda b. Jacob : 233.
Kohen : 300.
Lévi : 297 (acrostiche : "«ibb .
Masoùd Arwàh b. Joseph : 229 (acrostiche : "12 n^iTix nVD73 ■'dn
Méir : 308, 399.
Méirnyn : 140 acrostiche : pm nra "v^iz).
Menahem Jacob : 278.
3Ioïse : 259, 274, 33(5.
Moïse Djidji : 139 (acrostiche : pm "'S'^i rtviTz).
Moïse Halévi : 60, 74, 87, 105, 127, 133, 186, 220.
Moïse Hayyim : 15.
Moïse Housseïii : 190 'acrostiche : "pm i">xin rnio» "«sn , 191 (nu)«
pm iDin), 206 (...v^tin...), 218 (...i-'s:in. .), 377 (...v^cnn...'.
Moïse Samuel Halévi : 88.
Mordechaï : 7 1 , 301 , 361 .
Nissim : 147. 200. 244.
Obadia * : 77, 247, 354.
Perahya : 299.
Rahamim Joseph Hayyim : 161 d'auteur est nommé dans le titre
i'-^i-, ai:: n"-n 'nnb : le poème, se rapportant à la Hab-
dala, a en acrostiche nn"«bê«), 162 (l'auteur est indiqué par
1. L'rditeur, (|ui indique partout racrostiihe ("(WO) eu tùtc de cliaqui- |ioème, l'a
umis ici.
2. Même oiisei\atioii i|iic dans la note précédente.
'.i. Le nom ID"^^ "IIN est un dévelopjiement de Nissan (Nissan est le mois de la
lumière, de la déii\iaiice). Sur les noms de mois employés comme noms de per-
sonnes voir Die Aijuda der pal. Ainorder, II, 69i, n. 7, où je mentionne Nissan, nom
d'un juif persan cjui s'appelait en persan Navrouz (nom du nouvel an persan, qui tombe
au printemps).
4. l'eut-étrc identique avec le Al'd.ilUili précité.
T. L\ll, yo 12:i. li
82 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
le titre ; le poème a en acrostiche an-ax. ce qui est
expliqué dans le titre : nonn «■'N li'y i2"'3i< dmas n\a by
p"ï52 'n dt^2 ::biTan^, M~ (titre : i'-ù m:: n"">-i '-\rm) '.
Saadia : !296.
Saadia b. Sedaka : !260.
Sàlih : 78 (répété dans 28-2), 382.
Samuel : 390,391, 392, 398.
Samuel Simon : 393. Acrostiche : iiyM^a bNTc;a ; les trois derniers
vers commencent par bxb û-'D3"iw "im, d'où l'on pourrait
inférer que le poème se présente comme une composition
commune à Samuel et à Simon.
Sasson : 22, 136, 201, 251, 253.
Sasson b. Eliyahou b. Moïse Halévi : 384.
Sasson Hazzan : 176, 192.
Sasson Israël : 137, 222. C'est l'un des deux rabbins contemporains
de Bagdad nommés dans la préface.
Salll, 341.
SatU Halévi, 194 (poème hébreu-arabe pour Pourim).
Simon : 387, 396, 397.
Simon b. Nissim : 389.
Tobia ; 359.
Zerahya : 67.
Parmi les morceaux anonymes du recueil de Bagdad, qui sont
au nombre de soixante-dix environ, les suivants méritent d'être
signalés. N" 61 : apostrophe à l'âme ; poème alphabétique dans
lequel chaque strophe commence par "^my (précédant la lettre de
l'alphabet) et se termine par un texte biblique finissant par le
tétragramme. — Dans le n° 114 un hémistiche est ainsi conçu:
rv'OQy DD73 inpb ; le mot arabe signifie quelque chose comme
« soldats ». — Le n" 123 est le ûbiy Ittn de nos rituels, mais avec
des variantes- et des additions^. — Le n" 81, poésie sur Aman, a
1. Ce rabhiii de Ba!.ntad nommé aussi dans la préfaco, rst repréSLMitc par une petite
poésie (anostiche: ri''"l) dans m73T "'T^UÎ (Alger, 1892', p. 116, on l'abréviation,
devenue nom et complétée jiar 3ia, est expli<iuée dans le litre par CjOT» a'^72n~'.
D'^'^ri- l'U même poème se trouve (dus complet (acrostiche : pTJl 3*1^ JT'n) dans le
petit recueil m23"l "IDD (,Constantiiiople, 1908), p. 17.
2. A la ligne 5, nbi^TTOnb pour lb "?■'".:: 70 "b, ligne 7, nii: rr3 pour m^ aT'n.
3. Après la ligne Tj, entre parenthèses. '-\',2^^\. b^b p-iriN Nl~l ITCN"! Nim
miit '?Db; après la ligne ti, les deux ligues qui se lisent dans les rituels sefardis
cités par Baer, (bN")w"* miny, p. 3o); une ligne après ligne 8 dans Baer : avant
cette ligne . A la lin deux lignes, au mètre défectueux ;
m-73 nbc iDn"''i573 "'Od: bsp i;anp723
N-llDn 1»0 *;73N V2N "''«^îlp n-«33 -1^12): TNT.
UN NOUVEAU KECUEIL POETIUUE DE BAGDAD 83
eu acrostiche : 033'' n'^t Donn-^. — N'' 246, sur les dix commande-
ments, acrostiche : pm Tn'' bsn ittx. — Le n" 196, poésie contre
le jeu de dés, termine le groupe de Pourim. — Le n- 809, litanie
pour Simlial Tora, figure aifssi dans les recueils yéménites (Ano-
nyme, \r 106, dans pTi -"T^uj, p. 35). — Le \\° 'M\ est le poème
pour Simhat Tora étudié par moi dans les Mitteilungen der
Geselhchaft fin- jûfJhche Volkskundc [\\\, 1901. p. 68-75; VIII,
I U-1 13). — D'autres litanies alpliahétiques pour la même fête dans
les n°* 310, 315, 3i6, 320-323, 330, 334, 335. — Le n» 337, poème
pour la délivrance où on invoque le mérite de Hachel Jérémie,
XXXI, I4i, acrostiche : nbi^a i;»» hvn. — Le n° 371, épithalame, se
retrouve dans les recueils yéménites (Anonyme 92, "j^ti ■«-i"«o, p. 35).
C'est seulement pour quelques poèmes de notre recueil que le
titre indique la mélodie d'après laquelle ils doivent être chantés.
Pour trois poèmes (n"* 185, 214, 229), dont les deux premiers sont
d'Israël Nadjara, le titre porte : pWD rrr^ \rh ; le poème qui com-
mence ainsi a également Israël Nadjara pour auteur, il figure dans
notre recueil (no 6) ainsi que dans S'. /., IV. 32 (/?. É. /., LVIII,
251). Le n" 198 a cette indication : y^y -^hy inb ; ii'^ 208 : nisiia inb
rrT3:r\, ce (jui désigne un poème de Salomon Ihn Gabirol (n° 270 de
notre recueil); n° 209 : ain T'UJ inb (Nadjara, Z, /., 134) ; n» 351 :
■'bN riT inb (un poème commençant ainsi, d'Kléazar, occupe le
n°287 du recueil ; n" 363 : Dib\û "^Tr "inb poème de Josué, n*' 352 de
notre recueil) ; enfin, n« 388 : Np-^TO inb ; ce mot qui ne désigne pas
le début d'un poème, mais sans doute une sorte d'accompagne-
ment musical, doit être lu, en tout état de cause, ^'p'^'^yr^. Dans le
recueil algérois mTûT ■^T'U), que j'ai déjà souvent mentionné et qui
indique pour chaque poème une mélodie arabe, celte indication
est remplacée une fois (p. 87) exception nelkMnent par le mot ^p'^n»
(sans inb). « Musique » se dit en arabe ■«p'^oiTo, mais Dozy {Snpplc-
ment, II, 624''/ note la prononciation vulgaire i^D-'n».
Il me reste à parler du groupe 400 6/.N-4I4, déjà mentionne au
début de cette étude, et dont le litre est nNWNp» ; ce mot (pluriel de
DNp» signifie « mode musical » et est usité dans le recueil jérusa-
lémite bs-iuj"^ toû^D"' (voir R. E. ./., LX, 225). Les noms des modes
sont ici les suivants : 1° Toin. 2" ns-'-'a. 3" mx3, 4° ::s:n-i, 5" Tî«in,
6" î«3::. 7-' ^djoto siin, 8° a^ài^y, 9" î<5"«o, 10" n^ikj. Il» -"iNnocN,
12° nds5:t, 13" '{«''"'sii:, 14' inwS-j ioa. 15" na^r:?. Sept de ces modes
sont identiques avec les modes suivants du ^■. /. H. E. J., LVIII,
24a et s.) : I (4), VI (6), VU 9), IX (7) ', X (3), XI (8) -'. Le n" 2 de
I- t)bMD73 ,eii arabe « opimM- .. ■, h' (Jeuxii'im- imiii >I«' ce mode, ne revient pas
ailleurs dans ce sens.
2. Ti-m: == D^y, v"ii- h. e. ./., i.viii. 26'», n. •;.
84 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
uolre liste est le n° 1 du recueil manuscrit d'Alep (/?. É. ./., LX,
î226), \e n" 3 du bN-itt}"" rm^^ (ibid., p. 225; ; le n° 5 est le n<* 19
d'Alep. le n° 12 du bvii^'' 'ïî'' ; le n" 10 est le n° lo d'Âlep ; le n" 13
est le n" 13 du bNiffi-" '«■» ; le n' 15 figure comme mode -ptoki dans le
ms. d'Âlep (ibid., p. 227, 1. 7 d'en bas). Quant aux trois autres
modes du recueil de Bagdad, je ne les ai pas rencontrés ailleurs.
En ce qui concerne le n° 12, Vullers (II, 151 b) donne nswîiT
« nomen rnodorum canendi » ; pour le n^ 13, il donne (II, 521 b)
n:N"'Diiï (à la manière des çoufis) dans le sens de « modi quidam
musici »i. Le dernier numéro, qu'il faut peut-être lire ïT^aNny,
pourrait avoir une signification locale : Attâbiya est le nom d'un
quartier de Bagdad voir Dozy, Supplément, II, 93«), qui a donné
son nom à un tafletas grossier qu'on y fabrique ; il est donc pos-
sible qu'un mode usité à Bagdad lui doive son nom.
La foule des noms de poètes que contient le recueil poétique de
Bagdad et dont la plupart semblent être originaires de Bagdad,
montre que l'amour de la poésie hébraïque et l'art de la versifica-
tion n'ont rien perdu de leur force chez les Juifs d'Orient. Le trait
le plus remarquable de cette liste de noms est la place prépondé-
rante qu'y occupe Israël Nadjara. Le lecueil de Bagdad, comme les
autres, contient de lui une longue série de poèmes jusqu'à pré-
sent inconnus. L'œuvre posthume de Nadjara paraît inépuisable.
M. Davidson, de New-York, qui s'occupe de réunir toutes ses
poésies, aura bien mérité de Tbistoire de la poésie hébraïque, en
réalisant son projet.
Budaitest.
\V. Bâcher.
NOTES SUR I;ARTICLE de m. BACHER
« LES POÉSIES INÉDITES D'ISRAËL NADJARA »
L'étude si fouillée de M. Bâcher sur les poèmes iuédits de
Nadjara, qui a paru dans cette Revue (t. LVIII-LX ), n'a certaine-
ment intéressé personne plus que l'auteur des présentes lignes,
qui s'occupe depuis deux ans d'une édition de ces poèmes. Mais
précisément parce que la question m'intéresse vivement, je désire
compléter et rectifier certains passages de l'important travail de
M. Bâcher. Grâce à l'obligeance de M. A. Marx et à la générosité de
M. le conseiller Sulzberger, la bibliothèque du Jewish Theological
Seminary of America a mis à ma disposition six manuscrits consi-
dérables de poèmes de Nadjara, et les remarques qui suivent
sont basées sur une étude attentive de ces textes.
Et d'abord, je me permets de contester une assertion de
M. Bâcher, sur laquelle il insiste à plusieurs reprises, à savoir que
le manuscrit 438 du fonds Kaufmann est un autographe de Nadjara.
Il se base sur ce que ce manuscrit contient une courte préface
commençant par amon -i»n (7?. £"./., LVIII, p. :2i8-'244 ; cf. LIX, 96
et 238 . Mais outre que ce manuscrit contient un certain nombre de
poèmes défectueux, comme l'indique M. Bâcher lui-même (LVIII,
247, n. 3-6 ; p. 2o0, n. 4 ; p. 251, n. 3), la même préface se retrouve
dans l'un des manuscrits de la bibliothèque du Jeuish Theological
Seminary. Jacob Moïse Toledano, de Tibériade, dans une lettre
adressée à M. Marx et accompagnant l'envoi de quatre de ces
manuscrits de Nadjaia, suggère l'idée « que Nadjara lui-môme ou
son copiste a fait plusieurs copies de ses poèmes pour les distribuer
entre les poètes de Damas ». Cette hypothèse peut être acceptée
avec quelques modifications. Il est très [trobable que Nadjara a
86 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
employé un secrétaire à la copie de ses poèmes, non pour les
poètes de Damas, mais pour les membres de la société M/drasc/t
ha-Schi)', fondée à Salonique par Guedalia ibn Yahya '. Je me
propose de faire connaître dans un avenir prochain le caractère de
cette société, ses membres et ses productions littéraires. 11 suffira
de rappeler ici que chaque membre devait envoyer ses poésies aux
réunions de la société, et Nadjara était certainement le plus fécond
d'entre eux. Il est remarquable que c'est à Salonique que parut
une édition indépendante de ses Zemirot Israël.
La supposition d'un secrétaire de Nadjara suffit à expliquer les
nombreuses fautes de texte qu'on trouve dans les manuscrits. Mais
une question subsiste : d'où vient qu'il n'y ait pas deux manuscrits
qui s'accordent pour l'ordre des rmars et que, dans chaque uran,
il n'y ait pas deux manuscrits qui s'accordent pour l'ordre des
poèmes, bien que presque tous les manuscrits soient d'accord sur le
yrh de chaque poème? Si Nadjara lui-même avait copié ou surveillé
la copie de ces manuscrits, il n'y aurait aucune raison à une aussi
grande variété. Il me semble que la solution la plus plausible
de ce problème est la supposition suivante. De temps en temps,
lorsque Nadjara composait ses poèmes, il les faisait copier pour les
envoyer à la société des poètes de Salonique pour qu'ils y fussent
lus et admirés. Peut-être envoyait-il tous les poèmes d'une man en
même temps. Quelques membres, désireux de posséder ces poèmes,
les copiaient vraisemblablement pour leur propre usage. Dans la
copie que Nadjara envoyait à Salonique, la mart était, selon toutes
les probabilités, indiquée seulement dans le poème introductif
(nriTiD), tandis que le inV> était inscrit eu tète de chaque poème.
Dans ces circonstances, il est facile de voir comment, en passant
de main en main, la confusion a pu naître dans l'ordre des mnan
comme dans celui des poèmes, tandis qu'il fallait une grande
négligence chez le copiste pour commettre une erreur sur le inb.
Cette transmission de main en main explique aussi le caractère
incomplet de tel poème dans les manuscrits. Même dans l'édition
de Salonique des Zemirot Israël il y a un certain nombre de
poèmes incomplets, parce que, comme le dit l'éditeur lui-même, il
n'avait pas alors assez de copies (voir plus bas).
M. Bâcher trouve une confirmation de son opinion sui' le carac-
tère d'autographe du manuscrit de Budapest dans le fait qu'il
contient tous les j)oèmes iniroductils de toutes les mnart [ibid, Ll\,
238), mais on peut en dire autant de tel manuscrit de la bibliothèque
1. Voir Carraoly, «■'•'n'' '^33^ D^tt'TJ ^131, p. 39,
.5?
.73
.3
.11
.T
.111
.^-i
.rji
.IV
.nb
iNOTES SUR L'ARTICLE DE M. BACHER 87
du Jewish Theological Seminary. D'autre part, les nombreuses
fautes du manuscrit, on en jugera par les corrections qui vont être
présentées, indiquent plutôt un copiste négligent.
Les rectifications qui suivent sont faites d'après un ou plusieurs
des six manuscrits examinés par moi. Je suis l'ordre de M. Bâcher
pour la liste des poèmes, indiquant les man par des chiffres
romains et le numéro des poèmes par des lettres hébraïques. Les
corrections sont les mots espacés :
"'— l-'ïJa T«DT3 im?N n\a i:"'3"C; (vers t] .N .1
(Juges, is, 29) NiiT i^ni: n 3 1 (V. •;)
'\^t'p -\Mt n -I î n ^b mp ■^D-'r n':;x *]b nm rtz'^
"^ b b T n 73 ib t;tn n a ■>
nb-'j oip733 myn rjb mD ny; riDi"-
1 7: b T r< 3-^-inr; nro 'cin ay bN ain dt'n uv
ib T n 73 T "< mrDm bnn733 bwX ibbrr^
nnn t n d m^p mma b"cn: nb tibi'n-^
3b in73ii:73 c: -^ -1 o -^
£Din"^3Tn a y '^ s ^ y imiN iit mp-" .ht:
(Gen., XXXVI, .■;; "«ÎS'^ S b 3* "^ .33
i:"'3' — 1 "i N 73 -iiT nin: "" 3 ■< o yi:n3 o-i^"» .n3
"'t-1^3 ""bx rr-no 3b i-'V .ns
n73i:J-l 71-^73 TTIDI .... (v. 2) .N .V
(Ps., cxxxix, 2) iy-)b 1 3 TwN "»TT"i (v. 4)
rjb-^n r^ 3 -1 id ■'ï5D3 nd-i ■'"o:73'>:: ms nys"» .t'
(Juges, VII, 3) n y "^ ■> a — . n b -ir:3'' nri:'' .::^
* (Deut., XXXII, 4) DFir! "^ T X rf "\ .VI
t^3T;25 T2:i3-' r!33 013-' .3""
■« j-1 î< 3 p biN^rr) rrcij} n-' .ij"»
3Nb T wN D "'b "^nin riTî'' .id
in 73 "Cl TJ-^'C"^ (V. 3) .î< .VII
■> — I m •:; -ip3b a"'n73iu3 (v. 4)
1. Cette correction, qui n'est basée sur aucun manuscrit, demande une hrève
explication. La plupart des manuscrits lisent Dm "llî "T^ et dans l'un d'eux le dernier
mot est même piinctué Dm. L'((rii:ine de cette erreur peut être expliquée de la
manière suivante. Certains copistes, lorsqu'ils écrivent le nom de Dieu, en modilient
l'orthoffraphe, de sorte que It^ mut n^ est très souvent écrit "i"», de même qu'on écrit
l"C3 pour 15, D'^pbs pour D^nbx. Dans la copie nritrinale ce poème doit donc avoir
débuté ainsi : DPri "m: '^^. Les copistes postérieurs, prenant par irieur le piemier
mot dans le sens de « main >•, ont été choqués par ce grossier anthropomorphisme et
ont changé "m: en -|X et Dnn en Dm. Le conte.xte du poème est aussi favorable à
ma correction.
88 REVUK DKS ÉTUORS JUIVES
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irr^N TN "^3 ■»33b rT^rr» .i .ix
la'^OTa n D ;s nn npicnb -^ab asian*' .32
a ■" b n b r ?: ■» 3 «JNn •ty''^ ns03 n-i-'iuc"' .t
!-I 3 y 73 3 T .... pin» "TTI "|b .U
^ "^ N ■'poT "ipcn nby .N''
n-'bs:» r;"«r: -^ n b ?: ï-i -^ .u"
-nD S 3 r: » -jy»:^ .td
•ju^n V- p T 0 "T* nin"" t^;:; n? ■'3b -i y -i -^ .xb
nzya b-im" .... ■'d 31: -inr yn-" .nb
nr b -^ 3 iw "1^1311 -«33 ■'»■« n73n"' n"' .Tb
in3 ny3\2: ^ t -n ■'bx ,l'\'^'^ "1:3 "ni-; ,-n-n N-ip"' .N73
s-iîT i^sna ... VTin» -ip"' bx mmnb [\.i) .n .\i
T rf'»:: y WD aTi ar .... (v. 2)
nr;3Ty xb rs n r;:pT iy ûai .... (v. .'i!
Tnnîjia -^ i-ni: .... (v. 4)
yi-lD TN73 nffiN .... inb3n ^W3 .... (v. 5)
-ip- "iblST D''3"'3S 3-n 3nT U5"' .13)
rt33"' a-i:3 -i; S n c i n m " .riD
Tnwn T 1 T onp 30-I'' .3b
•^ 3 p-'bn "m: ■'3 ^biab::T Tnbj 3-i p (v. i) .« xii.
p^bo ■'3 1 rrin:
■'D-'y 1 1 73 n " (v. 2)
T 73 1 p 1 73 P^«DD ■'DU5 b"^^y "'CO (v. 4)
1. Cette correction résulte d'une combinaison des lectures de deux de mes manus-
crits ; l'un lit •'n aa B"'pT2:n73 n7a et l'autre ■*n"' aa "^n^" ba ipwn73 n73. Le sens
du verset, d'après ma lecture rectiliée, est que les yeux de sa bien-aimée sont si
beaux que celui qui meurt d'amour pourrait ressusciter {.'race à leur éclat.
NOTES SUR I/aUTICF.E HE M. BACHER 89
br ^'TJT ii^'i' ,-'-:y nui ■'ri?: (v. i) .n .xiv
-:-nD7ûn -i t i d 72 — (v, 2)
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Titor: -!■'':; r-i n : 73 n^o "s'^p-i oi-ia 3cv .t»
Remarquons aussi que les poèmes Nin-'-'D xini 13 , vi, 41 1 ehT» a-'tti
(VI, 46), qui sont sans acrostiche dans le manuscrit de Budapest,
présentent dans ceux du Seminary, les acrostiches respectifs pns"» et
■«nnTtt pns:"«. Le poème rr^ ■jnyiï5''b (XIV, 2) a en acrostiche bï^-ic' p ■'ib,
et le dernier poème de cette section, commençant par b-^rr^ m"", a
en acrostiche bît-iw.
En plus des 80 poèmes que M. Bâcher signale comme publiés
dans les Pizmonim, il y a encore les suivants : I, 7, 18, 20, 29, se
retrouvent dans les Pizmonitn (P) sous les numéros respectifs o,
24, liO, 2a ; IV, 0, 9, 14, 24 = P., 40, 43, 04, oO ; V, 7 =: P., 101 ;
VI, 2 = P., 70 ; VII, 34 = P., 91 ; VIII, 11 = P., 22 ; XI, 11 à 20
= P., 107 à I la et Mo, 1 14, 110, dans cet ordre.
Le poème "it^dd mn'', cité par M. Bâcher (LIX, p. 98), se ti-ouve
dans les Zemirot hraël, première partie, n» 36. L'autre poème,
mentionné au même endroit, doit peut-être être lu D'^naj ip-'bT ;
il se trouve dans deux des manuscrits du Seminary.
D'autre part, la liste des mélodies dressée par M. Bâcher dans
l'Appendice A iLlX, p. 102) esta compléter par la suivante. Comme
lui, j'indique les parties du Zetnirot hrarl par des chiffres romains
et les numéros des poèmes par des chiffi-es arabes.
1. Il^by ^35^73 '^-^N m, 27; 2. niDïN nbx UI, 2-5;
3. nnN ■»?« DTrbx m, is, 22, 42 : 4. Tny -«bN m, 33, 3.j ;
5. -p-i n-i7:N in, 29; • 6. ^3iy bxr cirN ni, .-.2 ;
1. ^pm 'n ■;7272T1N m, 44 ; 8. r-l7:wS 1"'"'T HI, 32;
9. 1-11373:1 ni, 35 ; 10. S-'S^N yiNT Hl, 48 ;
11. TnTTb nonn m, o4 ; 12. ■'3'73":2 Q'^^ainn m, 36, 50 ;
13. CI"»}* m"» ni, 51 ; 14. r-Tiruj S"»: '^brr^ 11, 26 ;
13. n''73Ti7a3 -n ht ar m, 43 ; i6. ■«33b a-ic'* n, 15 ;
n. '-îNn ii:-« m, 33, 35; is. 113-in n3y3 a? 3b in, 21 ;
1. Le mot i;i5 ne vient ni de SIC, ni île m\U « cligne », mais est l'ini|iiratif de
mï) « placer » et le sens est : « place les fondations de mes pierres afin ((u'illes ne
puissent pas dire i|ue les constructeurs ont travaillé en vain <>.
90 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
19. -iri' "ry D'^r>:;TT'5 m. -^'i: 20. Sn d:? nns'r m, 32:
21. nnaï^T -i^c; m?3T7j m, 2, 4; 22. -^■i^y '^^p')2 11. 33;
23. ^53-1- ^-j ni, 2i, 34; 24. yN373 Ci:! -72 by Hl, 49;
ï-iw b3> 7172 ry
23. iii:-! 1-iyu; ny in, 46; 26. — ino by — it^î m, 28.
La mélodie txtd -m "«"ûn") "^ibxp, citée par M. Bâcher sous le n° 32,
me paraît être, non hébraïque, mais turque. Les mélodies pour le
deuxième et le troisième jours iàid., p. 108; doivent se lire i»3 ■«n-'-'ïn
n72nD yy et -«ïjpn?: nb n t: ^ ■>.
M. Bâcher a omis d'indiquer au début de son étude que le Zemi-
rot hrai'l a été publié également à Salonique en lo99. Zedner,
dans son catalogue (p 890), indique l'exemplaire du British Muséum
comme un unicum, mais M. J. Last, qui a copié pour moi les
premières lignes des éditions de Safed et de Salonique, m'a appris
que celle-ci se trouve également à la Bibliothèque de Francfort.
Sur la foi de ce renseignement, mon ami M. Marx a obtenu pour
moi de M. A. Freimann communication de cet exemplaire et j'ai
pu l'étudier à loisir.
Ce n'est pas ici le lieu d'insister sur le contenu de ces deux
éditions, qui, soit dit en i)assant, nont pas encore été examinées
avec soin, mais il faut dire que toutes deux contiennent un certain
nombre de poèmes qui n'ont pas été retrouvés jusqu'à présent dans
aucune autre source, imprimée ou manuscrite; tels sont les sui-
vants : m-i;i5"' n'T'ffi mtJT mio t^t^, acrostiche : bj^nc (éd. Salonique,
1 b), Tiîon m-i73N in]i-ib rn"', acrostiche : bx-n»"' {ihkl .) ,^'\'^'Si "'Ot: 's^s^
b:3D br nai acrostiche : r;iN52 nï)73 -i3 bi«-na"> (/A/V/., :2 a et 35mj31 T^n-»
miaaa, acrostiche : pm bN-i©-' [ib'id., 8« , -^DODri "ip^ir^ dn rrx^vr^ riDr,
acrostiche : n\zJ72 -o bs-nai [ibiiL, (îé, n" H), nn72 û-^ainD aiar
y-'îin, acrostiche : bNiTO"' (/6/V/., 88 6, n° 97) Gela prouve que les
auteurs des éditions de Safed et de Salonique avaient sous les
yeux des manuscrits dont l'existence nous est encore inconnue.
De plus, comme l'édition de Salonique, faite parMenahem b. Moïse
Lévy, a été imprimée la même année que celle de Venise, faite par
l'auteur lui-même, nous pouvons inférer de l'étendue limitée de la
première qu'elle a paru sans l'autorisation de l'auteur. Du reste,
l'apparition de deux éditions dans la même année atteste la grande
popularité des poésies de Nadjara, et la courte préfajce de l'éditeur
de Salonique confirme l'hypothèse émise plus baut, à savoir que les
poètes de l'école de Salonique prenaient de temps en temps pour
eux-mêmes des copies des poèmes de Nadjara. Celte préface dit :
n:C73 n-T^yi ■'a -.m '' mn r;"nbT "'"ib nu;73 n"33 on:?: —17:»
NOTES SUR L'ARTICLE DE M. BACHER 91
•rpnb DCo; nn'Tr 2;t ncoD; a?n bs •«»-!"^j<-i ■'s Ty-r* loim TibiN
TiTCJTin Dznn m-nnLî m-iTCNai m-n?:'CN2 irnbN 'n ^dc r-.K
.a'';i73- D-^siTcn D-'3"''.a"' "imy -i-n^a-' bip cbipa nsns ,Tbn -i3n7:rî
b^T ,t:~~ r^3iD n:3rr ■'ba r;D"C3 D"'-i"'aD73n r!:y7:\an ^;tnt ti-'n-i ■'21
,2n'E:: ^N-^iii-'O rr^: v^"'"' P'"^ -idd dt'3 NiTTon "«nbab y^o -im bs
niyi .s=:^3-in nx niotb oisnr: rr^a bx is^nrib -^ab "^Dyrr; p H:>
sp::p vi"in ?= sr-r-^ wx:: S'-inx :"':iî:tdi z^ii'.^e rrr-r;
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a'^nanm 2?n ■'ca ni:?:: •;i:."':n m"'n5i .— im-i ■^n-a rr-a "Ni:?::
rn73 T.xan p br naa -rûix r,ti naa "i73ii< ht a"'opy S""oaT::73
.t=3"«w:;b Tiia -"a ,y«ic •':-iDn'< b.si ^n^ nranœ
Comme tous les poèmes de l'édition de Safed sont contenus, et
la plupart dans le même ordre, dans celle de Salonique, on peut
alTirmer que l'éditeur de la seconde avait la première sous les
yeux. D'autre part, il n'est pas douteux qu'il employait aussi des
textes manuscrits, d'après lesquels il a publié de nouvelles poésies
('D"«3173Tdi euro DrT'by "^nDoin m^i . (^ar les 38 poèmes que l'édition
de Salonique a en plus de celle de Safed ne sont pas tous d'autres
poètes, comme le croyait Zedner {Catalogue, p. 390), mais appar-
tiennent en partie à Nadjara, en partie à d'autres poètes, comme le
dit l'éditeur lui-même in-'-inN O'^Da'^'^DtJ nnitpi in^y -lan»?: p Dnsrp). En
réalité, le nombre de 38 est inexact, car le poème n" 16 est en lait
la suite du n'»13 Cet appendice contient donc léellement 43 poèmes
d'autres poètes et l;2 de Nadjara. Ces derniers, qui sf trouvent
tous dans l'édition de Venise, sont les suivants :
{Zemifol Israël,
partie I, ii» 59) -iii '^"«nnîb ab by bi7oni "0? nn "'?:n"i i-iwa"> .2
(/7;/V/., nM90) ■jr^'^N m^a "^b tdo nri-ira ps ia">:;"' .14
{ihid., n" 6) p'îm ?-:p c^wb ""35 '31:3 ma •^t'T' m-» .i>i6
lihui., n' i9) ■'-iT? Na"» i^n'n "':'^y ncn a-'-inn '^n .im
(16»/., n" 31) r-î-iî:?3b ib ac -ab yrr ^\'::-p vi:n ■ji-it' .h
{ibid., n» 61) llC-in"" 33 "ÎT'J'n ^b p'wTlT' DV &V .22
iUiid., n" 188) ic rrrin "[N n? rt-,iy lo -''îdt; su -"nn ï-raip .2;
{ihid., ïi" 12) f-jppiO -"023 ^b"" "'ÎT'yi ^b 'jlQNO'' .2S
{ihid., u" 16) ■'Dn-in p bx p7: n-ni3 ^b n-': tst' .29
(/■6ù/., n» 30) ■'33pn niûN ^in nwb a-'m; r-i2r .38
(«Aie/., n» 147) t^fi T* ■'b? naDP nb^bi carjT' .06
(tiid., n" 113) 07331 "«ab oni "sip nin: «m ^3«^ .58
92 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Je remarque, enfin, que le colophon de l'édition de Saled induit
quelque peu en erreur touchant le nombre de poésies qu'elle
contient. Il est ainsi conçu: Q"^:i»td Qb^y î^-na b^b nno abo3n Can
■'ro inN '1 Di"" Dvn iT^'^yr: b"«baD 3"ain msi: no b^-ia-'b p"n Vî'^d
p"Eb T"73tt5. Se basant sur le signe mnémonique b^no-'b p"n, Stein-
schneider C«/fl/. BodL,co\.\\10) et M. Bâcher /?.£'. 7., LVIII, p. 241)
disent que cette édition contient 10H poèmes, alors qu'elle en con-
tient en réalité 114: 109 avant le colophon et o après. Le total indiqué
est de 108, parce que le n° 107 est répété deux fois et que les
5 poèmes qui suivent le colophon ne sont pas comptés. L'éditeur
s'est peut-être arrêté à ce chiffre à cause du signe mnémonique.
INew-York.
Israël Davidson.
LE BUREAU DU COMMERCE
ET LUS lŒCLAM.AÏlONS
CONTRE LES COMMERÇANTS JUIFS
(1726-1746)
FIN
PIECES JUSTIFICATIVES
A M. Li; Guerrliois, du .'iO dereinbie 17 16 *.
Voicy M. lin mémoire présenté au Conseil de Commerrc par les mar-
chands de Dôle, qui se plaignent du tort que les Juifs font à leur com-
merce. Vous êtes prié dexaminer si ces plaintes sont bien fondées, et de
m'en faire savoir ensuite votre avis pour en rendre compte au Conseil
de Commerce.
II
A M. Le Guère fiois, du i février tl tl *.
Sur le compte M"^ que jay rendu au Conseil de Commerce de votre
réponse, au sujet des Juifs qui vendent des marchandises à Dole. j"ay
esté chargé d'avoir l'honneur de vous écrire que l'intention du Conseil
n'est nullement de permettre plus longtemps la continuation de ce com-
merce dont les marchands se plaignent avec raison, et qu il convient que
i. Voyei Revue des Éludes jui ces, t. LX, p. 73 et t. LXI, p. 88 et 2o5.
2. F12H6.
3. F12/117.
94 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
vous le fassiés savoir incessamment aux magistrats de la mesinc ville
afin (ju'ils ayent soin de s'y conformer.
III
A M. Le Guerchois du mesme jour {13 février) '.
J'ay l'honneur M. de vous envoyer une lettre qui m'a esté écrite par
les marchands de Salines contre les Juifs qui y font commerce. Il y a peu
de jours que les marchands de Dole ont porté de semblables plaintes, et
que sur votre avis le Conseil de Commerce a jugé à propos d'empêcher
la continuation de cet abus. Comme les règles doivent être les mesmts
dans toutes les villes de Franchecomté, le Conseil estime ([u'il en faut
user pour Salins comme pour Dole, et se remet à vous des mesures qu il
convient de prendre pour cela.
Je suis, etc.
IV
Sur une lettre de M. l'intendant de Bourgogne et une autre lettre de
Vinspeiteur des manufactures qui demandent ce que le Conseil veut
ordonner au sujet des Juifs qui viennent vendre et acheter des mar-
chandises en Bourgogne dans les temps des foires^.
Les marchands de Bourgogne ayant porté des plaintes au Conseil il y
a (|uelques mois contre la quantité des Juifs qui se répandirent dans
cette province et en faisaient tout le commerce Le Conseil ordonna à
M. l'intendant de reprimer cet abus et de faire exécuter seuerement les
Edits ([ui les ont chassez du Royaume.
M. L'intendant de Bourgogne donna des ordres en conséquence de ceux
du Conseil à toutes les villes de la province de ne plus soutïrirc que les
Juifs y fissent aucun commerce, cependant les maires et escheuins de
Chaalons sur Saône leur ont permis pendant la tenue d'une de leurs
foires d'y vendre et aciiepter soubs prétexte que leurs foires sont fi-anohes,
et (jue par conseijuent il est permis à touttes sortes des marchands d'y
venir negotier.
L'Inspecteur remarque dans sa lettre que la prétention des maires et
echeuins de Chalons est très mal fondée, que leurs foires ne sont point
franches, et qu'il n'y eut aucune de cette espèce en Bourgogne. Il ajouste
que sy on tolère le commerce des Juifs en cette ville mi dans la pro-
uince dans les tenjps de foire qu'ils s'en empareront entieren)ent y ayant
quatre foires par an à Chaalons lesquelles durent ciiacïine im mois et
plusieurs autres dans les différentes villes de son département. Us'estend
1. F12/H7.
2. 2« may 1717. M. (Je Macluuill. F12/6i» .
LE BUREAU DU COMMERCE CONTRE LES COMMERÇANTS JUIFS 95
aiissy sur le mal que les Juifs font au Royaume et en fait un portiait
très propre à faire renouveller les anciennes ordonnances rendues
contre eux.
Les députes au Conseil de Commerce après avoir examiné attentive-
ment la lettre de M. l'intendant et celle de l'inspecteur des manufac-
tures estiment que la permission donnée par les maires et escheuins
de Chaalons sur Saône aux marchands juifs qui y sont venus negotier
en temps de foire est dans les règles pourvu que leurs foires soyent
franches, mais comme l'inspecteur nye ce fait le Conseil pourra donner
s'il le juge à propos les ordres nécessaires à M. l'Intendant pour sen
informer, et en cas que les foires se trouvent franches de tenir la main
k ce qu'il ne soit fait aucunes empêchements aux Juifs qui y viendront
negotier lesquels on ne doibt pas regarder dans ce temps la comme
Juifs mais comme Allemands, Hollandais, etc. Sy au contraire les foires
de Chaalons n'ont aucunes franchises, les députez pensent qu'on doiht
observer exactement les ordonnances Royaux rendues contre les Juifs
et faire une seuere réprimande aux maires et echeuins de Chaalons sur
Saône de leur permis de negotier dans leur ville contre les ordres qu'ils
avoient eu de M. l'intendant de les v recevoir.
3 juin 1717 '.
Monsieur,
J'ai rendu compte au Conseil de commerce de ce que vous m'aué fait
l'honneur de me mander par vostre lettre du 20 février, sur la question
de scauoir, si les maire et Echeuins de la ville de Chaalons pouuoient
sous prétexte de la franchise de leurs foires souffrir que les marchands
Juifs y vinssent trafiquer. Le Conseil de Commerce n'a pas esté touché de
cette raison, il est certain que dans toutes les prouinces qui dépendent
des fermes générales jl ne se tient aucune foii-e franche, et quand ji y en
auroit cette franchise ne concerneroit que la marchandise qui est affran-
chie de droits et non point les personnes, la liberté naturelle accordée à
toutes les nations de venir achetter et vendre dans les foires ne peut
faire cesser l'effet de la prohibition pontée par les loix du Royaume aux
Juifs d'y entrer et d'y faire aucun commerce. Vous en connoissez les
motifs et vous n'ignorez point que les marchands regnicols en souffrent
du préjudice, que ce sont ces Juifs (jui achettent toutes les bardes
volées et «lu'jls emportent hors du Royaume beaucoup d'argent, c'est pour-
quoi jl est très avantageux à l'Estat et aux particuliers qu'jls ne soient
pas tolérez dans aucun tems et sous (luebiue prétexte que ce puisse
estre, je suis avec respect,
1. F12/662-670. Cette lettre ]iuite sur le dos l'inscription suivante : M. Je Marliaull
à M. de la Brisse, Intendant en Bouif^'Oirne sur le rommeire des .luifs.
96 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
VI
Manufarlure de Bourgogne. Foire franche de Chalon sur Sone^.
A l'Egard du détail il sest presque entièrement fait par les marchands
juifs, qui ont tenu cette foire, au nombre de huit, vendant dans deux
magasins différents quoi quen même logis, sous prétexte d'une permis-
sion qu'ils disent avoir obtenue du Roy. Celte permission a été examinée
par M. le Maire de Chalon, lieutenant gênerai de police.
Sur la contestation que les nv gardes des marchands de Chalon, ont
eu avec ces Juifs, plus d'un mois auant la foire, j'ai inuité ces premiers
d'envoyer leurs mémoires k votre (Irandeur, pour être examinés au Con-
seil de commerce, plutost que de s'engager a un procès qui pouuoit les
déranger ; ces marchands auoient d'abord porté leurs plaintes à M. le
Procureur gênerai du Parlement de Dijon, qui leur a donne le même
conseil de se pouruoir a Votre Grandeur.
Il est certain, Monseigneur, sans vouloir aprofondir, que les différentes
troupes des Juifs qui restent un mois entier de chaque saison, dans
toutes ces villes de la province de Bourgogne que bon leur semble, se
succédant de mois en mois, de troupes, en troupes, en ruinent tout le
commerce particulièrement pour le détail : ces gens la ne font jamais
d'emplettes dans ces manufactures, oti les pièces sont entières et toutes
années, mais au contraire ils achètent tous les rébus et pièces tarrées
desquelles on leur fait bonne composition, ce qui leur facilite la vente à
un prix bien plus modique que celuy que les marchands penuent faire
de i)onnes etofes qu'ils tirent des manufactures de la province et autres
du Royaume, ce qui non seulement abuse le public, mais luy fait un tort
considérable, car croyant acheter de bonnes marchandises, il se trouve
qu'il n'en a que de mauvaises et défectueuses.
Ils achettent souvent des parties considérables des banqueroutiers,
receleurs, domestiques et enfans de famille, et ont l'adresse de cacher
les deffauts des étofes, en reprenant finement les rompures, étant presque
tous fripiers, et fripons en même tems.
L'argent que ces gens la portent dans les provinces étrangères, prove-
nant de leur gain sordide, ne contribue pas peu au dérangement du
commerce du Royaume, car pendant qu'ils enlèvent tout le comtant, les
marchands des villes et bourgs, ont tous les crédits, dont ils ne peuuent
être payés de la noblesse, ny de bourgeois ([ui tlattés de voir qu'ils ont
quelques sols par aune de meilleur marché, aciietloiil des élofes défec-
tueuses, qui leur l'ont toujours un mauuais usage.
11 n'y a que vous, Monseigneur, qui puissiés connue chef du Conseil
de Commerce, mettre ordre à ces abus, en jmposant la loy à ces pertur-
bateurs.
1. F12/1231. Ces « observations » sont <hi "20 juillet nziO.
LE BUREAU DU COMMERCE CONTRE LES COMMERÇANTS JUIFS 97
VII
Sur les Observations de l'Inspecteur des Manufactures de Bouryogne
par rapport à la foire de Chalon sur Saône tenue au mois de juin*.
Les Députés du commerce qui ont vu ces observations pensent que le
privilège de cette foire ainsi que des autres, veut que les Juifs comme
les Chrétiens puissent y venir librement faire commerce; comme il ne
leur est accordé qu'un mois pour faire leurs affaires dans chaque ville,
s'ils y restent plus longtemps, les marchands peuvent en porter leurs
plaintes aux ofticiers municipaux qui doivent employer leur autorité
pour les faire sortir.
Si les Juifs exposent en vente des marchandises défectueuses, c'est aux
Gardes Jurés et à l'Inspecteur à les saisir quand ils les surprennent ayant
ces sortes de marchandises et à en poursuivre la confiscation avec
condamnation en l'amende portée par les reglemens. C'est le moyen de
contenir les Juifs sur l'abus dont il s'agit.
Quant aux usures, et autres dclicts que peuvent commettre les Juifs. Il
y a bonne justice pour ceux qui leur porteraient des plaintes k cet égard.
VII I
Sur la resijucte des nonunrs Joseph et Jacuh Ikilpiujid père et fils, Xaian
Astruc, Salon Dalpuget, Daniel et Léon Petit, frères, Juifs de
Bordeaux^
Les députes non point de connaissance que personne trouble lElablis-
senient de ces Juifs à Bordeaux. L'on veul croire ([u'ils y contiiluienl aux
charges du Koyaunie ;
En qualité de sujet du Hoy que personne ne leur dispute ils peuvent
aller eux mêmes toutes les années dans les différentes villes du Itovaume
pour y acheter des marchandises et venir les revendre à Bordeaux, lieu
de leur domicile ;
11 ny a nul jnconveniant de leur permettre, comme à tous les autres
sujets du Roy, de vendre des marchandises dans des différentes villes,
bourgs et villages ou ils sont obligés de passer, pourvu que dans ces mêmes
villes et lieux il n'y ait nul Etablissement de Maitrise ou Jurande,
autrement cette permission serait très préjudiciable à ceux qui y ont
fixé leur commerce après y avoir fait appiM'ntissage et avoir fait les frais
de leur réception à la maitrise;
En accordant à ces Juifs la permission qu'ils dem;indent l'on oteroil
jnfailliblernenl aux marcliands établis les muyens de payer les charges de
l'Etat et l'on pense que les habitans n'y Irouveroienl daulic a\antage que
1. 29 juillet n-ifj, M. de Léviiriieii, 145, V, F12/6'J6.
2. 15 novembre 1728, M. Foi-'on, 245, v% F12/697.
T. LXU, N» 123. 7
98 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
celuy d'avoir des mains de ces Juifs des marchandises défectueuses dont
la pliispart font une recherche très exacte pour en avoir meilleur marche''.
Ils Irouvcroient encor souvent des marchandises prohibées dont ces
mêmes Juifs et colporteurs sont soubçonnés défaire un grand commerce.
Les d. Juifs ont joint à leur requeste deux passeports, l'un du
28 sept. 1719, l'autre du 27 mars 1720 par lesquels jl paroist que le liov
■A permis aux nommés Natan, Salon, Astruc, Juifs orriginaires d'Avignon
daller en longuedoc d'y séjourner, par le premier passeport pendant
six mois, par le second pendant un an, pour y faire le recouvrement
des sommes qui leurs étoient dues et y continuer leur commerce,
Nonobstant les Deffenses cy devant faites.
Cette dernière clause prouve a n'en pouvoir douter qu'il a cy devant
été fait deffenses aux Juifs de faire leur commerce ailleurs que dans le
lieu de leur residance, deux particuliers de cette Nation sur un exposé
dont on n'a point connaissance ont obtenu une exception de la Règle
precedamant faite. Ils demandent aujourd'hny ;
Qu'il leur soit permis de vendre dans l'elandue du ressort du parlement
de Paris et des autres parlements du Royaume les marchandises qu'ils
achètent dans les foires et qu'il leur soit permis de séjourner par toute
la France pendant un mois de chaque saison.
Les Députes ne prevoyent aucun motif d'accorder à celte Nation un
privilège d'aussy grande Etandue, et jls estiment que leur requeste doit
èstre rejeltée.
IX
Avis des Députez du Commerce sur la lettre de M^l'fnlendanl d'Auvergne,
par laquelle il informe M. le Controlleur gênerai qu'on se plaint que
les Juifs et colporteurs tiennent dans son Département pendant toute
l'année des boutiques et maqusins ouverts sous prétexte des privilèges
tjuils disent avoir : comme jls luy sont inconnus, jl demande des ordres
précis à cet egard^.
Les Députez ne connaissent aucuns privilèges qui autorisent les Juifs et
Colporteurs àvondrt' des Marchandises, tenirHouti(iuos et Magasins ouverts
dans les villes du royaume k lexception des temps et jours de foires.
11 y a déjà longtemps (jue differens inspecteurs font les mêmes plaintes
que celles qui sont portées par le s' Foufrcde contre les Juifs et colpor-
teurs qui dans la province d'Auvergne s'jmmiscent, sous prétexte dos
privilèges qu'ils ont, de tenir des boutiques et Magasins tout le temps de
l'année. On a aussy remarqué (pic ces sortes de gens n-e font presque
commerce que de marchandises défectueuses et prohibées, ce qui déter-
mine les Députez à penser qu'jl scroit très convenable de faire un Hegle-
menl p,ir lequel jl scroit clil, ipie dans toutes les villes du Hoyaume les
1. 1" imllcl ITJ'.I, M. (Ir Lr>i:;liru. m.
LE HUHEAU DU GOMMERCIi COiNTKE LES COMMEKr.AiNTS JUIFS 99
Mai-cli;in(Ls .luils et Colporteurs ne pounonl a l'avenir vendre et tenir
boutiques et Magasins ouverts que pendant le temps des foires, passé
lequel, jl ne leur sera pas permis de rien exposer en vente, estant juste
(juc les Marchands qui sont en jurande et qui par de différentes taxes
qu'on leur demande, fournissent aux besoins de l'Ktat, soient préférez k
des Marchands forains qui font leur unique soin de vendre des marclian-
dises de contrebande et défectueuses.
X
Sur It's arresls du Parlement île Dijon du 22 Juin I72i et 29juillel I7.'i0
et sur la lettre de M'' le p'' Président de ce Parlement, contenant les
motifs de ces arrests '.
Avis DES DkI'UTÉS.
Les Députés avoient compris par le mémoire dos marchands, que l'arrest
du 22 juin 1724 avoit été rendu par le Parlement de Bordeaux ; mais par
la copie qu'en a envoyée M. le premier Président du Parlement de Dijon,
ils reconnaissent que c'est ce dernier Parlement qui a rendu cet arrest.
On voit par la lettre du 30 décembre que les motifs des deux arrests
accordés aux Juifs, sont les lettres patentes du mois de juin 1723, et deux
arrests des Parlemens de Bordeau et de ïhoulouze. Les Députés ne scau-
roient parler de ces deux derniers arrests, parce qu'ils ne sont point
joints; mais, ainsi qu'ils l'ont déjà observé dans leur mémoire de
27 novembre, les lettres patentes accordées en 1723 aux Juifs portugais
établis dans les Généralités de Bordeaux et d'Auch n'autorisoient point
le Parlement de Dijon à permettre k ces Juifs de négocier dans l'étendue
de son ressort pendant un ujois de chaque saison : ces lettres patentes
ne portent rien de semblable. C'est donc gratuitement que ce Parlement
leur a accordé cette permission; et comme on ne peut la regarder que
comme une extension de leurs privilèges, très préjudiciable au commert-e
des sujets du lioy, les députés estiment (|ue les arrests du Parlement de
Dijon des 22 juin 1724 et 29 juillet 1730 doivent être cassés, et qu'il doit
être sévèrement défendu aux Juifs de négocier (juc dans les lieux où ils
sont domiciliés.
XI
.\rri''l du Conseil d'Etal du 20 fcrrier I7.'H *.
Le lloy s'eslant fait représenter en son Conseil les lettres patentes
données au uujis de juin 1723 par lesquelles, pour les causes y conte-
nues, il a entre autres choses eslé permis aux Juifs |iorliigais residens,
établis, el domiciliés dans retendue des (lénéralilés de Bordeaux, et
1. 19 jaiiv. niil, .M. de Hautnoilir, .!■.".), v.
2. F12/7N, i». 149-150.
100 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
d'Auch, d'y demeurer, vivre, trafiquer et négocier ainsi que font les
sujets naturels du Roy : Et S. M. estant informée que sous prétextes
desd. lettres patentes, il a esté rendu au Parlement de Dijon, le 22 juin
J724 et 29 juillet 1730 deux arrests, par le premier desquels il a esté per-
mis aux nommés Joseph Raphaël de Lazia, père et fils. Saine Roger,
David Ranez et Joseph de St. Paul, marchands Juifs résidents à Rordeaux,
de trafiquer, vendre et négocier pendant un mois de chaque Saison de
l'année dans toutes les villes, bourgs et lieux du ressort dud. Pai-le-
ment ; et par le second, pareille permission a esté accordée aux nommés
Lange Mosse, David Petit et Jacob Dalpugé, aussi marchands juifs établis
à Rordeaux. Et attendu que les dispositions portées par ces deux arrests
sont contraires auxd. lettres patentes, en accordant aux Juifs domiciliés
dans l'étendue des Généralités de Rordeaux et d'Auch des privilèges plus
étendues que ceux qui y sont contenues ; et que si ces dispositions sub-
sistoient, elles causeroient un préjudice au commerce, non seulement
des marchands des différentes villes et lieux de la province de Rour-
gogne, mais encore de ceux établis dans les autres villes et lieux du
royaume, où lesd. Juifs pourroient prétendre de jouir des mesmes privi-
lèges ; à quoy s. M. désirant pourvoir et expliquer plus précisément ses
intentions, Vu les mémoires présentés par les marchands de lad^ ville de
Dijon, lesd. lettres patentes du mois de juin 1723 et lesd. arrests du
Parlement de Dijon, du 22 juin 1724 et 29 juillet 1730, ensemble l'avis
des Députés du Commerce, Oiii le raport du s'' Orry, Con" d'Etat, et au
Con' Royal controlleur gênerai des finances, Le Koy estant en son Con' a
oi'donné et ordonne que lesd. lettres du mois de juin 1723 seront
exécutées selon leur forme et teneur, en conséquence a cassé et annuUé,
casse et annulle lesd. deux arrests du Parlement de Dijon du 22 juin 1724
et 29 juillet 1730. Fait s. M. deft'enses aud. Parlement d'en rendre de
semblables à l'avenir, et aux Juifs de trafiquer, vendre et débiter des
marchandises dans aucunes villes et lieux du Royaume autres que celles
où ils sont domiciliés, conformément auxd. lettres patentes. Enjoint s. M.
aux s'* Intendans et Commissaires départis pour rexoculion de ses
ordres dans les Provinces et Généralités du Royaume, de tenir la main à
l'exécution du présent, qui sera lu, publié et affiché partout ou besoin
sera, et sur lequel seront toutes lettres nécessaires expédiées. Fait au
Coni d'État du Roy, s. M. y estant, tenu à Versailles, le 20 jour de
février 1731. Signé : Phelvi>e.vlx.
XII
Avis des Députés au Conseil de Commerce sur une Requesle du nommé
Vidal, Juif d'Avi{jnou\
La demande de ce Juif est contraire à l'arrest du Conseil du 20 février
1. \irh. liât., F12/701, i:J juillrl 173{i.
LR BUREAU DU COMMERCE CONTRE LES COMMERÇANTS JUIFS 101
1731, qui lait deffenses aux Juifs de trafiquer, vendre et débiter des niar-
chaiidises dans aucunes villes et lieux du Royaume autres que celles où
ils sont domiciliés. Vidal peut aller aux foires de la Province de Bour-
gogne pour y recevoir ce qui lui est deu mais il est exclu d'y vendre des
marchandises.
XIII
Sur la Requête présentée au Roy en son Conseil par Antoine Martinien,
Jean Bonnardet, Joseph et Augustin Mefre, marchands de la ville de
Gien, tendante à ce que pour les causes y contenues il plut à S. M'"
ordonner que l'arrêt du Conseil d'Elat rendu au sujet des Juifs de Bor-
deaux, le 20 février 1731 sera exécuté selon sa forme et teneur, ce faisant
en expliquant et tant que de besoin led. arrêt faire très expresses inhibi-
tions et defïenses aux sieurs David et Raphaël, marchands Juifs de Avi-
gnon, et à tous autres Juifs de tiafiquer, vendre et débiter aucune sorte
de marchandises dans la ville de Cien, ni dans aucune autre ville et lieux
de la généralité dOrleans dans les tems et aux jours des foires et mar-
chez, ni en aucun autre tems, à peine de saisie et confiscation des mar-
chandises, et pour l'avoir fait à la foire du cours de Gien, commencée le
23 février 1739, les condamner à trois mil Livres des dommages et inté-
rêts envers les supliants et aux dépens. Veu lad. requête et les pièces y
jointes, ouy le raport du S. Orry, Conseiller d'Etat et ordinaire au Conseil
Royal, Contrôleur General des finances. Le Roy en son Conseil ayant
aucunement égard k lad. requête a ordonné et ordonne que l'arrêt du
Conseil du 20 février 1731 sera exécuté suivant sa forme et teneur, et en
interprétant en tant que de besoin led. arrêt, a fait et fait très expresses
inhibitions et deffenses auxd. David et Raphaël, marchands Juifs d'Avi-
gnon et à tous autres Juifs de vendre, trafiquer et débiter aucunes sortes
de marchandises dans la ville de Gien ni dans aucunes autres villes e
lieux de la Généralité d'Orléans en aucun tems, même aux jours de
foires et marchez, à peine de saisie et confiscation de telle amende qu'il
apartiendroit, et de tous dépens, domages intérêts. Enjoint au S. Inten-
dant et commissaire départi en lad. Généralité d'Orléans de tenir la
main à l'exécution du présent arrêt, qui sera lu, publié et afficbé par tout
ou besoin sera, et exécuté, nonobstant opositions et autres empechemens
quelconques, pour lesquels ne sera différé.
1. Inséré ilans le procès-verbal de la séance dti Run>au 'lu CommiMvo du 17 décenibn^
1139. Arch. nat., F12/86, p. 619-021.
j02 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
XIV
Du 22 janvier 1742.
A M. de S. Contesi, Inlendanl à Dijon.
Monsieur ',
La liberté que les Juifs ont eu de fréquenter les foires du Royaume
comme les autres Etrangers et Regnicols n'étant qu'une tolérance, le
Conseil sest contenté de la laisser subsister et c'est par cette raison qu'il
n'a jugé nécessaire de les y authoriser par un arrêt. Par cette même
raison il ne juge pas qu'il convienne que vous rendiez d'ordonnance
comme vous le proposez par la lettre que vous avez pris la peine de
m'écrire le 9 S*"" d". Il suffit que vous fassiez informer les marchands et
les inspecteurs de votre département des intentions du Conseil à cet
égard et que relativement à sa décision vous leur ordonniez de visitter
exactement à leur arrivé les marchandises que les Juifs apporteront aux
foires. Mais si sous prétexte de l'arrêt du Pari, de Dijon * du 20 février
1731 qui ne contient qu'une exclusion tacite des foires, les marchands
apportaient quelque trouble à ces Juifs, on verra par lors le parti qu'il
y aura à prendre. Vous aurés agréable d'en informer le Conseil et d'or-
donner à l'inspecteur de m'informer aussi de la conduitte que tiendront
les Juifs dans les foires. Je suis, etc.
XV
A Berey, le 1.^» juillet t744.
A M. de Sauvigny, Intendant à Grenoble^.
Monsieur,
M. Jomaron '' m'a envoyé, le 28 may dernier, un Procès-verbal de saisie
faite il Valence en Dauphiné d'une quantité assés considérable de pièces ou
coupons d'étoffes de soye sur le nommé Joseph St. Paul, Juif de la ville
d'Avignon, il m'a observé que cette saisie était fondée sur deux contra-
ventions, la première sur ce que ces marchandises avoient été mises en
vente 2 jours avant l'ouverture de la foire, et la seconde sur ce qu'elles
n'ont pas été portées au Bureau de visite avant d'être exposées en vente,
1. Anh. nat., F12/32, T' :n-58.
2. C'est par erreur (luil attribue cet arn'l au Parlement île Dijon. Il fut rendu,
comme on le sait, par le Conseil sur requiHe des marchands de Dijon et contre ce Par-
lement.
3. F12/145.
4. Subdélégué général à Grenoble.
LE BUREAU DU COMMERCE CONTRE LES COMMERÇANTS JUIFS lOS
et il m'a demandé des ordres sur ce <iiiil devait faire sur cette saisie.
Cette affaire a été examinée au Bureau du Commerce, et sur le compte
qui m'en a été rendu, il paroit qu'il y a plus d'animosité de la part du
garde juré des marchands drapiers de Valence et de ceux qui ont signé
avec luy le procès verbal que d'objets réels de contravention; Le procès
verbal ne fait aucune mention que ces marchandises ayent élé exposées
en vente deux jours avant l'ouverture de la foire, et il paroit par des cer-
tificats des commandant et des officiers inunicipaux de Valence que ce
Juif y est arrivé le 13 may, jour de Vouverture de la foire, et qu'il n'a
mis ses marchandises en vente qu'après en avoir obtenu leur permission;
à l'égard de la contravention résultante de ce qu'elles n'ont pas été
portées au Bureau, il est de fait que dans toutes les foires tant soit peu
considérables les gardes jurés, ou les inspecteurs vont faire leurs visites
dans les magasins, boutiques et etaux des marchands forains pour éviter
l'affluence des marchandises qui se trouveroient en même tems au
Bureau, et n'en pas retarder l'expédition, et ce n'est pas ici la contraven-
tion au Règlement du 11 mars 1732. Outre qu'il paroit par les certificats
en question que les étoffes saisies sont revetiies des plombes de fabrique
et delà douane de Lyon, ce qui n'est point contredit par le procès-verbal,
Le commerce des Juifs étant d'ailleurs permis ou toléré dans les foires
franches qui se tiennent dans l'intérieur du Royaume, je crois qu'il y a
lieu d'accorder au nommé St. Paul la mainlevée des étoffes saisies sur
luy, et je vous prie de vouloir bien donner les ordres nécessaires en
conformité. // seroit même fondé à demander des dommaqes et interests
contre ceux qui ont mal a propos troublé son commerce dans cette occa-
sion. Je suis, etc.
XVI
.1 M. Le Nain, Intendant à Montpellier^
29 janvier 174").
J'ai cru devoir communiquer au Bureau du Commerce la lettre que
vous avez pris la peine de m'ecrire, le 2 novembre dernier, sur la con-
testation qui s'est élevée devant vous entre les fripiers de la ville de
Montpellier et quelques Juifs qui y achètent et revendent de vieilles
hardes, sur le compte qui m'en a été rendu. Je pense comme M" les
commissaires, qu'on ne peut sans inconvénient et sans s'écarter de l'usage
suivi dans le Royaume et do la Jurisprudence des arrests de Règlement
concernant les Juii's, autoriser même pour un temps limité, ceux dont il
s'agit à faire ouvertement à Montpellier le commerce des vieux habits.
1° Les fripiers ont des statuts en bonne forme qui leur donnent le droit
de faire ce commerce exclusivement aux autres marchands de la ville, à
plus forte raison aux Juifs. 20 La ville de Montpellier n'est pas du nombre
1. Arcli. nat., FI2/143.
104 lŒVrK DKS rninES JUIVES
de celles un il est permis aux Juifs de setablir, cl de demeurer, et
l'arrest du Conseil du 20 février 1731 est positif sur cela, il fait deffenses
aux Juifs de trafiquer, vendre et débiter des marchandises dans aucunes
villes et lieux du Royaume autres que celles ou ils sont domiciliés. Le
commerce des vieilles bardes n'est pas moins intéressant pour les fri-
piers que celuy des marchandises neuves pour les marchands, et si les
Juifs dont il s'agit qui viennent de tems en tems ou ils n'ont et ne peu-
vent avoir de domicile sont depuis longtems en possession d'y acheter de
vieilles hardes, et de les y revendre, c'est un abus dont les fripiers sont
d'autant plus en droit de se plaindre qu'il est directement contraire à
leurs statuts, outre que ces Juifs ne participent en aucune manière aux
charges de la communauté des fripiers. Je ne pense donc point qu'il
convienne d'accorder aux Juifs en question des permissions particulières
comme on en a donné depuis quelques années à ceux qui viennent
vendre en Languedoc des chevaux, mules, mulets et autres bêtes de trait
qui sont dans un cas tout différent, et favorable par l'objet de leur com-
merce, et par l'utilité dont il est pour les habitants de la campagne;
mais pour que les fripiers n'abusent pas de la faculté exclusive qui leur
est acquise par leurs statuts vous pouvez envoyer chercher les Jurés de
leur communauté pour les avertir que s'ils donnent lieu à des plaintes
de la part du public, on révoquera les lettres-patentes qui établissent
leur Jurande; à l'égard du commerce des foires, les Juifs ayant la liberté
d'y venir, ils pcuven't y vendre et débiter, »;omme les autres marchands
forains, toutes les denrées et marchandises, permises et non prohibées,
et leur commerce ne doit point y être borné aux seules marchandises et
étoffes du cru et fabrique du Royaume. Je suis, etc.
XVII
24 mars 1732'.
Avis des Députés du Commerce sur la lettre de 3/. Fontnnieu, au sujet
des Juifs qui font leur demeure et résidence dans la ville et principaidé
d'Orange.
ïl paroit aux Députez du Commerce que les plaintes portées contre les
Juifs qui sont établis dans la ville et principauté d'Orange, méritent toute
l'attention du Conseil, puisque dans tous les diflferens Endroits des Païs
Etrangers où l'on souffre que les Juifs s'établissent et qu'jls y fassent
leur résidence, jls n'y ont aucun privilège, estant réduits à la seule qua-
lité des courtiers à la faveur de laquelle jls font le commerce de la
Banque, de la jouaillerie, et des marchandises en gros, jls y ont aussy le
pouvoir de faire des Entreprises pour la fourniture des chevaux et des
Bestiaux pour les différentes Puissances qui ont recours à eux.
1. Arch. nal., F12/699.
LE BUREAU DU COMMF.UCE CONTKIÎ LES CÛMMEKÇANTS JUIFS 105
Si les Juifs établis dans la ville et Principauté d'Orange n'avoient point
d'autres prérogatives, d'abord que le Gouvernement a permis qu'jlyen
eût à Bordeaux, à Rayonne et a Metz, on ne voit aucune raison qui puisse
déterminer à les traiter différemment, surtout lorsqu'ils se trouuent auto-
risez k faire leur Uesidence dans la ville et prineipauté d'Orange par les
Brevets qui leur ont esté accordez par les Souverains de cette principauté.
Dans cet esprit les Députez du Commerce sont d'auis qu'jl faut déclarer k
tous les.Iuifs qui font leur résidence dans la ville et principaut*^ dOrange
qu'on leur donne six mois pour ramasser leurs effets et pour liquider les
commerces particuliers qu'jlsy ont faits, pour ensuite sortir de la ville et
principauté, à moins qu'jls ne se soumettent de renoncera tous les privi-
lèges et prérogatives qui leur ont esté accordez parles Breuets dont jls
sont porteurs pour sen tenir comme font les Juifs établis a Bordeaux,
Bayonne et Metz à faire le commerce de la banque, de la jouaillerie, de
la friperie et des marchandises en gros, comme aussy des entreprises
pour l'achapt des chevaux et des Bestiaux, en renonçant expressément h
la faculté de faire fabriquer des étoffes et dos loilles, à auoir des Estocs
et des boutiques, et a faire en détail (lucbjMe rommorce que ce soit.
XVllP
J'ai reçeu avec voire lettre du 4 mars dernier lexemplaire de rOr«l" (jue
vous avez rendu le 28 févr. dernier pour parvenir à lentière exécution de
l'arrêt du Conseil du 21 janvier 1734 rendu contre les Juifs avignonnais
qui étaient établis k Bordeaux. Il y a lieu de croire que les marchands de
boutique de cette ville tranquils k cet égard n'inïportuneront plus le
Conseil de leurs plaintes. C'est k présent k eux k faire en sorte que le
public ne regrette plus ces gens la en ne vendant que des marchandises
de bonne qualité et conforme aux règlements et en ne tirant point avan-
tage de ces événements pour les augmenter. S'il en était autrement, le
Conseil trouverait les moyens de leur faire sentir qu'il n'a eu d'autre
objet que le véritable intérêt du public et celui des manufactures du
Royaume en les soutenant dans la pureté et la perfection qu'il s'efforce
de leur donner. C'est ce que vous aurez agréable de faire entendre k ces
marchands. Je vous prie aussi de me. faire mander l'effet ([ue votre der-
nier ord. eut produit et de quelle manière ces maroliands se comportent
à l'avenir.
XIX*
Le roy étant informé que plusieurs Juifs .\vignonais du nombre de
ceux que S, M. a jugé k propos par arrêt de son Conseil d'Ktat du 21 jan-
vier 1734 de faire sortir de la ville de Bordeaux, et de la province de
1. Lettre à M. Boucher du 1- avril 1:40, Ar.h. nal., F12/32, t" 4.
2. Arcli. nal., F12/82, p. 364-366.
d06 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Guyenne, se sont répandus dans les villes de Saintes, Rochcfort, Cognac
et autres lieux de la généralité de la Rochelle dans l'intention et de s'y
établir et d'y faire commerce. Que même les nommés Joseph, et Jacob
Dalpuget père et fils. Lange Mossé et ses enfants, Nathan Astruc père et
fils, Emanuel et Jacob Dalpuget et leurs familles, ont obtenu le 9 déc.
1734 une sentence du Juge de Police de la ville de Saintes qui contre les
conclusions expresses du procureur de S. M. en ce siège, leur permet de
s'y établir, et d'y tenir entr'eux une boutique ouverte ; et comme une
pareille entreprise est directement contraire aux différentes ordonnances
de S. M. et arrêts de son Conseil qui ont expressément deffendu à tous
Juifs de s'établir dans le Royaume sans en avoir obtenu des lettres
patentes, S. M. par les mêmes motifs qui ont donné lieu à ces differens
reglemens, et ceux qui l'ont déterminé à rendre l'arrêt du 21 janvier
1734, Voulant prévenir par l'expulsion de ces Juifs le préjudice et les
desordres que leur établissement dans la généralité de la Rochelle et pais
d'Aunix pourroit y causer, Oiiy le rapport du S"" Orry, etc. Le Roy étant
en son Conseil a ordonné, et ordonne que les différentes ordonnances et
arrêts de son Conseil concernant les deffenses faites à tous Juifs de s'éta-
blir, et faire commerce dans le Royaume sans la permission expresse de
S. M. seront exécutés selon leur forme et teneur; et en conséquence sans
avoir égard à la sentence du juge de Police de Saintes du 9 décembre
1734 que S. M. a cassée et annullée, ordonne que les Juifs Avignonois et
leurs familles actuellement établis dans lad^ ville de Saintes, et dans
celles de Rochefort, Cognac et autres villes et lieux de la généralité de
la Rochelle, et pais d'Aunix seront tenus d'en sortir sans aucun delay,
leur fait deffenses d'y séjourner ni d'y rentrer sous les peines portées
par les ordonnances rendues contre les Juifs. Fait pareillement S. M.
deffenses k tous les Juifs Avignonois, Tudesques ou Allemands, expulsés
de la province de Guyenne, et à tous autres de venir s'établir dans
lade généralité de la Rochelle, et pais d'Aunix sous les mêmes peines,
et à ses juges de police et à tous autres de les y admettre sans per-
mission sous quelque prétexte et condition que ce soit à peine de déso-
béissance. Enjoint S. M. au S. Bignon, commissaire départi, etc. Fait
au Conseil d'Etat du Roy tenu à Versailles le 31e jour de mai 1735.
Signé Phelypeaux.
LES MANUSCRITS DU CONSISTOIRE ISRAÉLITE
DE PARIS
PROVENANT DE LA GUENIZA DU CAIRE
I. liihle. A: Textes sur papier, 182 numéros; sur parchemin, 200 : B : Massora
et transcription en 03 PN, 24 ; C: Versions, 70. Total : 476 ; 1) : Ecrlé-
siastique de Jésus ben Sira.
H. Commentaires bibliques. A: Textes de plusieurs feuillets, 134; B: Feuillets
simples, 311 =: 445.
III. Mbbinisme. A : Talmud, 100 ; B : Règles et usaijres, 302 ; C : Halakhot, 61 .
D : Consultations, 50 = 503.
IV. Liturgie. A : Textes de Rituel, 302 : B : Rèsles, 65 ; C : Pioutim et poésies
diverses, 485 = 832.
V. Théologie, k: Philosophie religieuse, 83: B : Morale. Saadia, Maimonide, 83;
C : Sentences. 26 = 191.
VI. Mystique. A : Zohar, 43 ; B : Kabbale, 184 ; C : Segoulut (amulettes). 23 = 250.
VII. Histoire. A : Récits, 44 ; B: Romans, 10 : C: Légendes. 22 ; D: Contrats,
117 : E : Lettres, 244 ; F : Comptes, 99 = 536.
VIII. Sciences. A : Physique, Chimie, 3 ; B : Médecine, 77 ; C : Mathématiques, 7 ;
D: Astronomie, astrologie, 16; E: Calendrier, 79= 182.
IX. Linguistique. A : Grammaire, alphabet, traité d'accentuation, dictionnaires, 53;
B : Textes judéo-espagnols, 28 = 83.
Une centaine de pièces, en caractères arabes, ne sont pas classées.
I. Bible.
A. 1-382, Textes .sur papier (182) et sur parchemin (200) de provenances
diverses et de tous formats.
R. 1-21. Textes avec Massora en marge et sur les bords supérieurs;
papier et parchemin. Formats divers.
22. Idem sur Zacharie, xi et suiv. 1 f. in-i2; parchemin.
23. Fragment de Bible écrit en abrégé: Jérémie, xliii. 3-xliv, 9, avec
accents ordinaires. Le daguesch n'est pas marqué. 1 f. in-S" large.
24. Bible écrite en U3"a n"N. Écriture carrée moderne, 29 flF. in-4*, en 3
cahiers, dont le dernier est complété par 1 f. restauré.
108 HEVUE DES ÉTUDES JUIVES
Versious.
C. 1. Genèse, x.w, 19-12, avec Onkelos et version arabe de Saadia. Texte
en lettres carrées avec vocalisation ; versions en écriture demi-
cnrsive. 1/2 f. in-4".
2. Onkelos, Genèse, xxxi, 10, 35; vocalisation intermittente. Parchemin.
Ecriture carrée. 1 f. in-4'' endommagé.
3-34. Morceaux divers de la même version (papier et parchemin), en tous
formats, y compris un fort cahier in-4'' très mutilé.
35. Fragment de cette version : Ezéchiel, i, 10-19. Écriture rabbinique ;
texte vocalisé. 1 f. in-S".
36-9. Version arabe de Genèse, xviii (notables variantes avec l'édition de
Saadia), xxiv, xxxv, xlix. Le 3* morceau mutilé.
40. Exode, XIV, et suiv. 4 col. à la page de 1 i lignes. 1 f. in-4°, parchem.
41-70. Morceaux divers de traductions en arabe (pas de Saadia).
D. 1. Ecclésiastique de Jésus ben Sira, ch. xxxvi, 24(29) à xxxvm, 1.
1 f. papier (0,16X0,12). Avec versets et mots isolés pourvus
d'accents et de signes de ponctuation. Feuillet unique d'un
exemplaire différent des deux autres retrouvés également dans
la Gueniza. Edit('' et reproduit en fac-similé, entre autres, dans
cette Revue, t. XL, p. 1 et s. Voir aussi Israël Lévi, L'Ecclr-
siaslique, t. II, p. vui et s.
2. Extraits de l'Ecclésiastique de Jésus ben Sira. 1 f. petit format (0,143
X0,100). Contient les versets suivants : vi, 18-19, 28, 35; vu, 1,
4, 6, 17, 20-21, 23-25. \oir ibid.
II. Commentaires homilétioues, Midrasch.
A. 1. Généralités midraschiques, en arabe ; longues citations en hébreu.
Écriture rabbinique égyptienne. Rubriques en lettres carrées.
Début: tsxDîTN NiDN DNopx rtDîûD "''rN =2p:n m-a -«dt
...NnD« biNbx aoprN "j^d hood"::» ma-nbN. Fin : rjn7303 03D3
Tfoy r>i2 Vn-i7ir: n-'a"?. Papier. 2 ff. in-4V
2. fdt'in, id. Écriture africaine. Gha(iue alinéa commence par lVî»p
nttbnybx. 2 ïï. in-8».
3. Explications philologiques sur Genèse, Exode et Lévit. ; citations de
Maïmonide, comparaisons de l'hébreu avec l'arabe et le grec.
Écriture rabbinique orientale. 23 ft". in-8*.
4. Fin de préface à un commentaire sur la (ienèse. Ecriture africaine,
peu lisible. 1 f. in-4".
5. Autre préface d'un commentaire arabe sur la Genèse. En tété n73ipn.
Ire ligne nnbws ■'d o"y nrm n'>:i» nrin N73b2. Fin : NnnaN ""z
^<-l3 n-^TUNna b^pi min b^. l f. in-4".
6. Préface et première p. d'un commentaire homilétique sur la Genèse.
Écriture africaine. Début: myib w^n-^yrt iNl->n D"^:TNn inncn*'
LES MANUSCRITS DU CONSISTOIRE ISRAÉLITE DE PARIS 109
■n-T» ayb n'*7:by;n ^':^2y ^z''H■^^:l r\Zi^r\yz "«s ^•'■n-bT. Fin : ^'::u
"n rimcnn an^:7an r.t n'::^y my-is r,KO riN-in. 2 ff. in 4»
Mouillures.
7. Introduction à un comment, cabbalistique de la Genèse, avec ~Opa
sur lair (^nb) sofiam nova, signée Abraham Az. Ruben Cohen.
Elle cite Isaac de Lattes ; à la fin. un poème en tercets. Écriture
africaine. 3 lï. fol., encadrés de textes en lettres carrées.
8. Commentaire homilétique sur Genèse et Exode de rr^CNia à xn^n.
Écriture analogue. Début: n» r!"«bN T'a"' '[v:?^ nbDUJnr: ■'N'::t:
b-'oar. TNi "iN-io. Fin : ^y a"'";"i^yn n-iajTîa cjt: 'c^-^-^.r, p^bc
""TN -im '72N nsn. 6 ff. in-4'.
9 . Explication de la Genèse, ui à viii, selon le système de Raschi. Écriture
rabbinique. S ff. in-S", mutilés en haut et en marge.
10. Commentaire delaGenèse, sections nD et "jb '^b. Écriture et formats
analogues au précédent. 2 ft". in-4'' dans le même état.
11. /(/. sur Genèse, vi à xv. Écriture analogue. 8 ff. in-i".
12. /</. sur la Genèse, via. Début: tî-'T T173N1 Dipwm pTD n^Di^r;
m-inar! ■'»"« bx ran nrc cs-'oboa. Fin : b7:cnn i-^yr. noin^i
'-55'>arî Nim ...r, my:i:7:N"i -nnsn «nm. Écriture analogue. 2 ff.
in-4''.
13. Midrasch, en arabe, sur la Genèse, depuis les histoires d'Abraliam et
d'Eliézcr jusqu'à celles des femmes de .lacob. Écriture rabbinique
égyptienne, 13 ff. in-8".
14. Commentaire homilétique sur Genèse, sections NiT'^T jus(|u"à 'C^^i.
Lacune. Puis D"'ac"«D72. Début: y-\'>nx r,:2 bs '::n b"T 'ne nvrrb
mbib '■'D '■'3N sn-inx i^iv:: nrx: "i;wS qx o^sab •jto-'O r-n3t<b
S"'n::7:. Fin : ib riT! Nb ..."^ina nns-in'ij m-^Ta r,^n on d"ni
nnb n"'3D. Écrit, africaine serrée. Notes niarginales serrt'es. 8 ff.
in-4''. Comp. 34 (33) ci-après.
lo. M., sur le Pentateuque, depuis nt'T jusqu'à onrs. Début : "'3Ti73 nzn
n-nnn voitj v^ n;i"iDT htip':: -^in"; rrr, nv mp"?! nnby.
Fin: onzs TQ?"'! 3^^D^ -«ktj nT^bx -i"x. Écrit, orientale. 22 ff".
in-4*, dont le 1^'' mutilé.
16-17. .Midraschim en arabe relatifs à Jacob et à ses fils. Écrit, africaine.
Citations 'wbiybN •\''oii'p. 1° 9 ff". in-8*, 2° 8 ff". in-S".
18. Comment, homilétique. fin 7P73 et commencement de ï5;"«i. Début:
ï-T:r: •^■'xr!M: rtcpi 'isi S'^so 'd rbx qoin"*; -imsTm ■'smsT
-I721N. Fin : •]D"'Db mb2 riNTi "^rN 3'ZV •':n'OD b3N. Écriture
orientale. 2 IT. in-8" f. ii4 et 37 d'un cahier .
19. Midrasch en arabe, sur DC-'i. Début: imî<bnN vy•pn^ 3202 n:acb
inanxi pcbwS 'yr\ pnbx Y'"'*"'- f"'" = SN^bN ■'ps3 "^b 3-)a;T
n^-ijc "!:y inrx bz icnr an^f?:. Écrit, orientale. 2 ff". in-4*.
20. Commentaire sur les sections nO""! et ypK. i:crit. rabbinique. 0 ff.
in-4*. Ecornés. Notes en marge.
21. Id. en arabe, Genèse, xlvui et xlix. Écriture carrée. Début: "ii:"i-i'T
110 KEVUh UKS b;TUlJb;& JUIVES
ma- n-'33 t^n p p3at:bî< man "ir:inp"'"i. Fin : ■'3K-;. ir rrbtSD
p-ini: in3>-i». 3 ir. in-12.
22. Commentaire midraschiqiie sur Exode. Ecriture judéo-allemande.
Début : D*.wa-inn n-i?aNO ■n>:N ns-ian '-^o ms-iDT mx Sî«iai
nriD?. Fin : riDia a">r)bnn a"'p''iirnï5 u^-p^2 5d ibnb ni:»':: Nim
nnbn^w. 6 ff. in -4».
23. Commentaire midraschiquc sur le Cantique de Moïse, Exode, xv.
Ecrit, carrée égypt. 14 fragments in-i".
24. Commentaire midraschique sur Exode, xix, avec référence au Talmud,
au Midrasch Rabba, au Zohar. Début : Nin mTO^C "^nD ly^nim
arfby D"'72m "^jpnDT lîtnw "«ïni nbonn û'Iî». Fin : ^y t\'^ov ""D
is-^bi' p-iD*::» rnnN ps'»::-' ns-'ra ^^Cd in^an. Écriture rabbinique
orientale. 6 fl". in-4*, endommagés.
25. Paraphrase arabe du Décalogue. Incomplet au commencement et à
la fin. Lacune au milieu. Début : a-^-mbî* Ninb D-^b TiDina ""ïJWN.
Fin : (dans le 8""^ commaritlement) ^""irnbwXT NsbnbNa SinbxT
bnw '^ODS n3NT. Écrit, carrée. 6 ff in-16.
26. Midr. en arabe, 1" sur les 3», 4^ et 5« commandements: 2° sur les
sections NÏ53 et "^mbyria. Écriture orientale. Début: ^nabî*
p-^ia uau; biDb p-'-,:: ^Mjy "'inN aby irrrr^pu::. Fin du 2" :
n"'\::7:n "^bwn -^7^3 î<i3b n'^ryb •'inoD -nxbN i-nî<r;3T. 3 tï'.
encadrés de rouge.
27. Commentaire arabe sur Exode, xxii et Lévitique, xx. V'ersets en
rouge. Écrit, carrée égypt. Début: pnitnbN p T^bx y'3p "jy t:;!
"•DyibN ■'by. Fin : DnDn»-iDro73 xb arr^aiîjnîo 'ïb iz3rT^i3iyD.
5 ff". in-4'*, parfois abîmés,
28. Midr. sur la fin de la section Tnri"', sur les sections D"'UDUJ» et HTOTin,
P. I au bas, citation en petite écriture, d'une autre main. Écrit.
africaine, encre rouge, peu lisible dans les prismières pages. Fin :
m73"'nNnuj — D"»»^»» .... nnon -isaN nN"'3r! D\x''"r:nb snnsD.
Cahier de 8 ff. in-4''.
2'). Midr. sur l'Exode, section Û"'l:dU)7D au complet. Feuillets 164-160 de
l'ouvrage entier, écriture rabbinique pour les a premiers ft". et la
tète du dernier. Le reste en écrit, africaine. Début: Ti^» IND
n''-i3n DT N'OlDn nb^wb 'TSn 'cb -inN Wi-n. A la tin, on marge :
û-'"'3ny73 bï; onp bnp3, puis cette signature ^N3-i"«a srr'.aN.
6 tf. in-4».
30. J]x[)licalion d'Exode, xxi à xxx, et Lévitique, vr. Références aux
autorités religieuses, p. ex. iTûlir b"«DO"' "jv^N-irr DDnn ^rxi,
puis au verso du i*"' f. après la rubri(|ue NCn ■'D, ces mois :
bx-i'c*^ by avn Nin abiyb n-'-nDD C)DD ""d 17on iixam. Écrituro
carrée égypt. 2. H", i l*r et dernier d'un cahier) iii-i".
31. Midr. sur 3 sections de l'Exode, xxiv à xxvui. Chaciue tin do section
est signée, en ligature : tij'D» r-mrf. .Notes marginales.
Allusions mystiques k la formation de Ihommo. 2 fi". (43 et t6
d'un cahier) in-4''. Ecriture orientale.
LES MANUSCRITS DU CONSISTOIRE ISRAÉLITE DE PARIS 111
32. [d. sur les sections r;72Tin et m^n. Rélerences au Talnnui et à
Raschi. Au dernier v° une date: Samedi 11 adar I o451 (tOfévr.
1691). Écriture africaine. Fin: amb-i "iby as n3p T'T"' nc:=n
P"i^?33 a3''î< tin")"> :3m:::pT. Écriture africaine. 2 tï. i l^r et
dernier d'un cahier , in- 12.
33. Commentaire en arabe sur les derniers chap. de lExode. Début :
"jN "inï:-' DSTrbN '"■'b nnN d"^;3 n'i'3*5N 'rn "^ nnN npin ^xp
"jiDn. Fin : EprrN .... p — "iNnwNVNi 3N13N rx n^briToNT.
Écrit, orientale Première et dernière page presque illisibles.
16 ff. in-4" se suivant.
34. Sur '"rrnp-'T et "]? nr*c:. Écriture africaine. Début: p nmnr: yiz
ri73r. Fin : an^r- ar:;b niPDr; nncm nnsî^b &:ik i-'a pb"«n «b.
2 ft'. détachés (in-4" d'un Midr. complet. Petite écrit, africaine.
Note marginale en lettres microscopiques. Cf. n° 14 ci-dessus.
35. Commentaire midraschique sur les sections "(S: et r^'irn. Écriture
rabbinique. Début : -nr Nin*,:: n-'-^rn "jicb '^d b"T i^na.
Fin : r,ro aN in n?:::?: .... p"i::y r:wsn73 v^*"' ^''^^nt nt:::): as-:;
rt'tTD îîbi ^'Sin. 2 tï". fol. très abîmés.
36. Id. sur Lévitique. vi tin, puis nï et a"i'iai";p. Même écriture. Début:
r:::inï;- -nsin a^a nb-^a:::!?: -Tcin -d by r;mb'::n -iiD^n pn.
::"wEn "^-t by 3-1- rj-i-'s -i3D onn "nr ■'los vbr i;n:"i. 2 ft'. in-4°.
37. /(/. en arabe sur Lévitique, xxi. Écriture carrée égypt. Début: IND
aN-isbN n"'is:n ""d aN"i3î< anb oîtsbN I73 eriTiri. Fin : V^ 1» î<'-N
■'as;'^ D'^b bsn rr'pbo b^Tii;"' \a Nn~ bys*». 4 tf. in-4*.
38. Id. sur la section -n^wN. Même écriture. Début: .— anb^a Nnn*:; "«s
nb-Ticn by it' mn*«rr!b "^-«ni:':; '-"d b"- aN-in n-^bN:: nbiy.
Fin: nnsn l» nm"« rDiicb naiîûO nt:c n'ab^j. Nombreuses
ratures. Corrections et additions. Indices d'autographie. 8 fi", in-4».
30. Commentaire arabe sur Nombres, i. et Deutér., xxu. Début version
chaldéenne : «b^n 1,^1 ba 5<by7:bT yv:: V"icy l» N-,-ian ba-
Au verso du f. 2 : a'siNsbN y-ya T^an Nnan. Puis : m7jbnbN ys
"OTT«D ba. Écrit, carrée égypt. 4 Ô". in-4".
40. Commentaire midraschique, tin de la section t*<c: et "^m^yna.
Début : p-'byi an a^ibins cr: aa -7:V:? an a:i "•la-^-ir; inTi "'3-172
r-inp "^rsa -i^dc -■'"'a. Fin : ■J7:nb '^72nb aibab niiiy ax ^<b^
tna anb -173N i<bT T'd "^tp-:*^ 073'3. Petite écriture orientale.
2 tf. f. 278 et 2H! dun cahier in-4°.
41. Commentaire sur Nombres, xi, 6 et suiv. Kcrit. rabbinique. Dri)ul :
'-5""'T ax'CT: «■:;"'";; rr: n""'cr! "ipix nan Nbc E"yî<\a n-^r, '^vr^
...r-n:V5P banane y^^•' n3T n;nu5. Fin : ^.rxp NnbwT î<::cnp
n3in N"ip3 *]a"'DbT. ln-4", mouillures, i" f. écorné du bas.
42. Commentaire midr. sur Deutér., iv et v. Écriture analogue. Début :
s-»':;'^ nT yi:--LS3"w r-iibaai pibbin pynb pbaaiT^i r\iai<'n y^\r\)
...•jryn nT uvq TiyT'i iTsnn. Fin (encre etfacée). Notes mar-
ginales d'une autre main. 4 ft". (paginés 64 à 67", in-4', trous.
H2 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
43. Id. en arabe sur les sections pba, n-p, "^b rÎTCj, "^mîrnD, indi(juées
en tête des pages. Début : ïJnp^jbN ■'d V'ti^i» V"i''^3DbN i3iO N73
£3"«N'n .... lîo. Fin : cnp 'yn pnrN nb rsp nt: Tir n"y r-t:v
ïTir: 5X Y'- Écrit, rabbinique égypt.. sauf 2 ff. décrit, orien-
tale. 15 ff. in-4", les uns numérotés (entre 262 et 284), en partie
mutilés.
44. Commentaire midrasch. sur les sections NC" et "^mbyrîa. Notes
marginales. Petite écrit, orientale. Premier r" pâli, peu lisible.
Premier v° : lïb rn-innc mnN n;yu -i»î<b nm c;"'DNb:2n "n-jN
. . . riNnN -"D N-im . Fin: Tinn Nbn a'^nnira nTn abira nvnb
.tzin .^-T^7:Nr: n^nn «nn abiyb dni3 ny C7373 2 fî". in-4'' ift". 277
et 282 d'un cahier).
45. M. sur les sections npinet pba, outre la fin de mp. Écrit, rabbinique.
Début : f'^-i^n^i nnN p2-i"j7: r-7-nyu: issn nx mn:ûic r-ins
C=!by;n -iy'>ab T73i. Fin : "'Nibon ? ''3 bnm 'n-^ ao ci-iDim ■':o i"
..û^n "^3. (trou). Notes marginales d'une autre écriture (alle-
mande), quelques notes renfermant des noms propres. 8 ff. in-4*.
46. W., sections np^^, pbn et onïD, Chaque homélie contient une partie
intitulée m-'TjS":;» nnTD. Écrit, orientale. Au f. 2, au milieu:
b^n^u-'b r|nu5 ;an3D Trr^-Q i^n ht p-io ^b rv::>'j b-^yb •^''v:; rtT
LÛ^y ,^"C:y nriN ûn^, ou explication par Ccmatria. Puis, en
lettres carrées,' le nom SL'^nDN '"i, précédant la section pbn. A la
fin, parallèle entre les sacrifices du Temple et les divisions de
l'année. 6 ff. in-4", abîmés.
47. Id., pour les sections "^yO^ûT mau. Petite écrit, orientale, devenue
presque illisible. Trous et déchirures. 4 If. in-4'' (ff. :jOt) 9 d'un
cahier).
48. Id. sur lini-ij^T c't 3py. Extraits du Talmud, traité il/atvc/, SanhiUlrin,
et Berakhôt, relatifs à ces deux sections. Écrit, cursive judéo-
allemande. Titres en lettres carrées. Marge intérieure endom-
magée. 4 ff. in-4".
49. Id. sections !nN-i et &"'aDïî73. Écrit, africaine. Début: V^*'"^ l'^Ta
S"':3 a-<NTip aPN ';"'n a^m-ip srîïTon sbN a-'is sn:?: a-'sma anx
a';3 5r;:7: ribr ppn^i. Fin : '"^nn-: myi pni:-' mbsD piOD3
...naiy: as ...•^"?:a- Intercalation d'un comment, sur Ps.,. cxv
et du Yalkout sur Isaïe, xl, 1 . 2 ff. in-8".
50. Commentaire midrasch. sur les sections a^^oio et t<i:n "^d. puis sur
les Ps., XV et XVI. Kcrit. rabbin, égypt. Le haut des pages en
mauvais état. Début: — UJnJttI .m3Uî3 bx'C; b^O'"! iD-nD
nbin3 by N3m y-icsn rîba?^. Dernière page,; au milieu : anp7D3T
m73\::5 nwiN nsno*». Uff. in-4» fendillés.
51. /(/., sur f 3s:d et ir-TNn. Écrit, africaine. Début : r-'^ rrr:c a-^-ll'^
nD-i3y -iCN PN aaT a''-ii:?3 7"^^ . . . 127:73 wNs:t^ nny 'j\n">:j a-'-isy
f'isn 3-ip3. Fin : T'3 "«3 nyiEb nujyN nu;» rt^iP nry pnocs
Canbus-' npm. 6 ff. in-4'' en mauvais état.
LES MA.NUSi:iUTS DU CONSISTOIRE ISRAÉLITE DE PARIS 113
:j2. Homélies, dont luné pour le Sabbat nanc. Mémo écrit. î ÏÏ. in-4"
coupés en haut.
b3. /rf., sur Isaïe et Jércmio. Éi-vii. rabbinique . Ltébiit : "TSIC "^rd-:
-\^:t'p i"i7 "y i-'Csr: c^p^-iiino irxr:^. Fin : s-'pic^n rnsina
'^■«-ims nrN'O ns-iP roytzb a-ainsn. 6 ff. in-4'' fendilles.
54. Commentaire arabe sur Isaïe, xl. Écrit, carrée égypt. Début : niipi
m-c'z m<y-i b-^M 3on ■>■»? vrzi isn-i2N ■^în -s-inn -îNi nx rry-i
riz-'xy '3. Fin : rnN-:yrN ■'d Nn:?3 rîî<T' "jn d?^"' pb -incN rr^c
ptt"" "îN. 2 ff. in-4''. Le deuxième f. écorné en haut.
b5. M., sur Zacharie, iv, 10. et Proverbes, xv, 8. Écrit, africaine. Début :
"':-n2C2"' 17! 173 5ipn Nb DNbi ap"' rf-'s 112 nbznn ■'s prn Vrn.
Fin ; S3N72bN V- ^''^ "-D rT'ST nxTCTsbN ::N72i2:bN rn?:: n-nnbNs
2 11'. in-4* dont un blanc).
56. kl., sur les Psaumes. Écrit, rabbinique peu lisible, versets en lettres
carrées. 14 ff. in-4"', dont plusieurs endommagés.
57. /(/., Ps., Li-Lv et LX-Lxiii. Écrit, africaine. Début fin de Ps., l : ^''Z
"iaiN Y'»""2 "[13^ "'2S DPNrN Nn-^N mri:"'. Fin: mpisn "j?-"'
q-'"«bî<3 ainmobN "i;o pnb^n .abmbx ';-'i::NyrN. 4 ff. in-4"
(déchirures, .
08. Double comment, des Proverbe^. mr::- -nî<"'3 et a^'iair; -nN'^a, par
Lévi ben Gerson, 1 à vi. Ecrit, rabbiniiiue. 12 ff. in^V
59. Commentaire philologique et philosoph. sur Job, xii el xv, nomme :
t~ijyi2rt mb?: -niN"»3 par le même. 2 ff, in-4° dun incunable
(impression de Ferrare, 1477 j. Trous.
60. Commentaire sur Daniel en arabe. Écrit, orientale. Début : 3Nno?i!«'i
r!3-'-i5 -bii DN'iîbNb 3-,c -',n3 -.::::>N3 mxci. Fin : "jîo ixt
D'^NnobNi HNCîanbN n-imo br bxi "^:snbx -\'::y ■'2. 6 ff. in-4".
Trous.
61. Comment, midrasch. di\ers. Petite cursive rabbinique. itcbut de la
première col. ou longue note marginale : n"?: '"" 't vnii "nN"'3
nmn3 3mNT "'DNb?:^ rrrrc bin: b-ijiM: brr: inxc 'tzh. Fin :
VD pi-i3 Vrj (? 'î« 'a ^-wiJz:! =« a-^ny ncnyo ï>ibN. 4 ff. fol.,
délabrés à la marge extérieure.
62. Homélies, dont une de Hiisdaï Crescas. Ecrit, orientale. Au f. 4 est
cité Yehiel de Paris. 8 ff. in-'4*, coupés el écornés.
ty.\ f(l., 2"'")»N73, dont un noon:'. Citations du Talmud. Écrit, analogue.
12 ff. in-4" délabrés.
ri4. Commentaire sur des Agadot du Talmud et du Midrasch. Début :
bNi:;*.:; -i73N"'i id3 Nip ""xnb ^ij:: mn no -iTrbN '-1 r!3"';n3 «n-'N
'"-51N":: b». Fin : ■':"'0 'd «■'srîb Txxir:! T"3'b rz'^y -i3n7:D t»^bi<.
Petite écriture africaine serrée. An niilifu du caliier, H ff. d"un(^
autre écriture, plus nette, soit 14 H. cumijlel .
60. D'^Cj 'nb m^iT « Sermons de U. Nissim » en titre au cummciicctni'iit.
En marge de la p. 1. lenimiéraHun suivante : . ""isri y-:73i
-icD rz'o nr 'r^yi-^ «b 'idt -ico mr .~iT:brn ni3-:t ':r2-i on-i2i
T. LXII, N" 1-2:!. S
114 REVUE DES ETUbES JUIVES
Belle écrit, rabbiniqiie. 1 f 10-4".
60. Homélies. Écrit, orientale devenue illisible. 4 fi". in-4\
67. Fd. Début : r-ioriSi -.-iinrîî -^ixc nb-bm p nmn vt'^ "l'^x P'
ï~TNT3:b mbDrt. Milieu du premier f., paginé 79 : r-nac N"n IT
Au f. 87a : bmsn 'd. F. 87 6 : ""O-i. F. 88a, un renvoi au f. 184.
En tète, ces mots judéo-espagnols : t-id in nrrn^ nain, «dû
soixante-seize ». 3 fi". 1(1-4".
68. Extrait de Midraschin) Sifre v, passage sur le schofar) Écrit, afric.
Début: ...ir;::3 na-'py '-i rr^n t";'ti •^Tnn?:^ piDD- niiD Nim.
'Fin : an72 'î* uia tn ':> nncNi rpibnn as "j^a-' dt srr^rwi
mijbnn n^7û:. 6 If. in-4", dont plusieurs en mauvais état.
69. Explications homilotiques en réponse à des (}uestions. Au début:
!-i:pT T'by y^^-p^ n'O^nm rropm. Au bas du vingtième f., v»,
on lit la signature onPTobsD ibNC") nn-^bN- Fin : TT'y n?:?» ■'C
D"y r!-i33 ■>73p73 nin;. 4ff. in-4".
70. Commentaire midrascb. sur divers versets, Ps., cxii, '.i-7, et Prov.,
XXII, 2, précédés chacun des mots b"^ niy. Le deuxième comprend
des citations du Yalkout. Début: rm2 •'T'b iNin-' t<bo v-inN
npii: bapb nT. Fin : cmnN b-o inn-a'vT by n«nb mnon sa"»:: by
-i^Npns. Écrit, africaine. 2 fi", in-4*.
71 . 1(1., i(l. Même écriture, mais plus ancienne et plus claire. Notes mar-
ginales en lettres minuscules. 7 ff. in-*".
72. Jd., partie relative à Ruth. Notes marginales. Additions et correct.
Indice d'autographie. 6 tf. in-4''.
l'.i. Oraisons funèbres. Ecrit, orientale. En tète de la première page :
3"5:72 D-'"'nr! -lOin by «bx. Au fol. 2, v, en 5 longues lignes
arabes, un reçu pour règlement de compte, ni signé ni daté. Au
dernier v», règle pour le divorce d'une fenme stérile. 3 ff. en
col. 8».
74. fd. Écrit, africaine. Épigraphe : "«n5'3'j: -)w\N r-iTûiNn bit irs-'aN "'D
TrnnNb. Fin : mb "jN-N N^sn^a n">-ûO "zbiD îîsinn -ic:^ ty ^ir>.
Au v», commencement de Hagada pascale en arabe. Lettres
carrées. 2 ff. en longues col.
75. Paraplirase du Midrascb Uabba sur la section "jb "^b. Même écrit.
Début : csbnrt it; niby Nbuî nr ar;-i3N -t:n ."ib "^b mo —("a
""bi:» a-'Nn a-'nïîT. Fin : "«n •'as m^n it nbx'cb i3''':;n «bi. 4 col.
pareilles.
76. Notes midrascbiques. Première épigraphe : '^sri a"'?3TZ3n in^"«:3^
y-iNn. On trouve cilé It. liayim ben Acer., le S""':!-!? pab, etc.
Même écrit. 6î> tf. en col. formant 32 cahiers. Le deuxième et le
troisiènie très endommagé et troué.
77. Notes pour la section ni73N tirées du 12)"N1. EcriL (»rit'iilale. Dclml:
r-iTim-û c p-iD3 pm^ 137372 ■j-'S y-in m. 4 ft". in-4'' dont
1 blanc .
LES MANUSCRITS DU CONSISTOIRE ISRAÉLITE DE PARIS 11b
78. Extraits divers, intitulés Yy ■'B2 'OTinb ■'-5"t-i "^nm^: a-'noNTo mxp
"û^nii i"CD. Écrit, africaine. 2 ù'. petit in-4", dont 1 blanc.
79. r-i-nnn poy. derniers feuillets. .Même écrit. Début: r-tninn -)30
'i3T '^mwX -n:n ^sbnn-n •:j"73Dt vd-:. Fin : b*:; ir-'o r.-^ by bnx
-IDT3 in-i-'bNO nra *]-n nmN. 4 fï"., dont l blanc.
80. Leçons pédagogiques. Même écrit. Début : my V\')j~ -«"nbnaï: T2D
1)2^ Nnm ninbrî73 ":y:nnb"i m-im^jn npnnb nm-'W pTT 3?i3p
n-^Dxn Fin : nrr'O m»n n^utûd D"'-ir!T3 nnso ...n-isT?: •'Nn 'n
— !a-i by 'D3T... 4 ft". in-4''.
81. Extraits dun long commentaire midrasch., commençant au milieu
du ^ 144. Au commencement du .^ 145 est cité '"Ii3 V^iNnoia '"i
sur Nombres, x, 26. Lauteur doit être un disciple d'Alcheik.
Avant la tin, un renvoi à Obadia de Berlinoro. Ecrit, africaine.
4 ft". in-4».
82. Pages d'un long commentaire midrascli. sui' lEcclésiaste, xi, 2, et
sur les derniers versets du même livre. Ecrit, carrc'-e. 8 ft". in 4".
Troués.
8;i. Fragments d'un commentaire midr. Écrit, carrée égypt. b morceaux
fendillés il'un feuille!.
84. Pages éparses de Midrasch. ImiU. alVicaine. 8 ft". fol. tombant en
poussièi'e.
8i», (ii-and répertoire de dictons rabbiniques. Complel en (114 n°*. I^cril.
rabltinifjue. 10 ft'. in-4" à 2 col.
86. Extrait de la Pesikta de H. Calma, correspondant à la p. 131jrt et i;j7 6
de l'édition imprimée, commençant (3" ligncj aux mots t^np"^Oî
onrs '-n pv 'i ^ST'Da .a"'-i^so3 ']^-no■'^. Fin : *^ip na r;n::i
...-«bnb-'N mrDNT. 1 f. in-4'' délabrés.
87. Massera («b;: et "îon), alinéas, Lettres grandes ou renversées, pour
' Genèse, i à xxvni, sauf longues lacunes. Écrit, africaine, a ft".
in-4% dont i blanc, abîmé en haut à droite.
88. Id., Exode, i-xxx, plus concise. Écrit, analogue. 2 ft". in-4*.
81). Halachot tjuedolot de IL Perahia "jTnn Halfon. Ecrit, carrée. Début :
n'^y':r, -j-nn r^m-î -iTo piD aàb mbn^ ib-N. Fin : n^N-in;-:; n;:b»
nya-iNT D''3'3^T mNïï îiwn]. d f. in-4".
90. Midraschim. Feuillets pulvérisés. Écrit, africaine.
91. Midrasch. Textes relatifs au patriarche Jacob. Début: ï^3na"J î<"*r:
...":-:m'>:;3 rryiz'::'": -■'■:n: -\:zi< r,-; mwN-inbi. Fin : 'tddid Nb "^o
va -i3in -«D nb -itont na nos nnm nujy pïj 137273 :«nn. Ecrit,
rabbinique. Notes marginales en écrit, africaine. 2 ft". délabrés.
92. M., devenu illisible. 2 ft". fol.
93. Comment, cabbalistiques sur la Bible. Délnit : '"^bn^ abiDi onvm
■'in TZ'* nrb &"»n bbra bbssi ép Nin xino itcni amN. Fin :
'^•^•z p^TwNnr: rj< V"'"' '^^ '^'^'^ riTibin nbt< bnxa rfCNn rT;m
...'^m. JM'ril. rabbinique. 'J ft". in-4'' fendilles.
94. Comment, sur les Haflarot de rcOiî-ia cl de ns . Début : n^iac iNb
riria-:; "jn p nyiac ixb isbnTiT. Fin : Sna?: -l^y n^rr tsbn
U6 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
n^ûbi b"T irmnn iïJ-id p y-iNn nniub. Cite Saadia gaon. Ixrit.
orientale. 4 ff. in-40, mouillures.
93. Id., sur Exode. Même écrit. Début : !-i:'"'T>r! Nnn 'T^'C n\:;-»î<n nrjT
..."';:;; by -«d irs'-'-nrîb. A la dernière page : n-nna n^os'S niD ""D
d":'3":: n-nn y^'^Di nnaa^a. 0 tï". in-4», délabrés.
96. Courtes notes mrdraschiques sur la fin de la Genèse et sur l'Exode,
depuis t-nn^ jusqu'à cs-'Iûdu:?:. Début : bs; nr\T\ «"^ïîipn nrN it
n»y bT î-<-ip T,-2 3inD i-^nu:. Fin: imt<nb ... b-^aïja r-n-ncw
..."iTaN. M«ime écrit. 2 ff. in-4", abîmés.
97. Comment, relatif à Moïse. Ecriture carrée égypt. Premièi-es lignes
complètes : Gm-inb noinsa TN72 iNiaD "^D nijpnnyn r-nmyo3
DDn33 ibN mmyon ■iDnyn-' T^nyb n-ip^nsib -12c in». Vers la fin :
^rcn -inob niN73 1:^ niani::' mb^n a"'bDN»" nbi'Tjn. i ïï. in-4%
délabrés et troués.
98. hl., sur les sections Tin"* et Q">aD«72. Petite écrit, rabbinique.
Début : n\-^yn br niiTT»:: 1^73^^"^ -loxr -i7jno 'pn -^^b 'wb^aauj ib.
Fin : "'7211: -n^ya 3>"n snwDna "137:1 rr^n ■'O a"**:::: nïb -inx t^ibn
ï-TPS-'. 6 tï". gr. in-8", coupés.
99. Id., sur Lévitique. Écrit, orientale, première ligne complète : "117:
^3Trî ynî3 pTn73T dn3 r!N"'3 -1735 riy>r3 TioNP-'c anin un ^y.
Vers la tin : C33-n733 irrr ^^D r-nmc '173 ï=:^3D-n733 nosnm
D-^TiC^n •'iïJa.nbNn. A la dernière page on lit : an-.SN '-1 \'-~
"{"13"' nb/ja. 8 tï". in-4", en mauvais état.
100. /rf., sur Isaïe, \ . Écrit, rabbinique. Début: l-iNT TCiT •\^y^ iN-,
rT'snj»! rr^-in':: ibbenn Nb;a r^-^i^^ Nb '!-r bys. Fin : 3N iba tn
...p-'7:ann70 D:;r;:7ûD Di3nD "cîti^di r73-'3 bNnïJ-'. 2 tt". in-12.
101. Midrasch sur Lamentations. Après les premières lignes, trouées et
mouillées, la cinquième ligne dit : "«rNC "'•^n 1133 inTOSTO D"y"Ni
■'a pN n^;:: ir r-iNïb ds a3b in^ xb iDin7: mbyb ^id"«. Fin :
anï<n n3n nym ban bc -m io^d am nan ban riT cai- iM-rit.
carrée égypt, 2 tï. in-4°.
102 'I"^D"'DOn "nN3. Mesures des meubles sacrés du sanctuaire. Ecriture
rabbinique. Début : "«D ri "iilt-'pa 3::t; Vs"'"!3~ "nî<3 *]b rns-
ri73N DT172N T3 31^3 Inbon. Fragu)ents des 2 dernières ligiu's
(coupées: : '^-n D"nî< ... n3i3br; Nbx n:i3b n-37:i anb Na"^bn
tonbb S-trT^m. 14 tV. in-4", déchiquetés.
IO;i. Midrasch, en arabe, sur la (icnèse. fin. Ecriture égypt. Déluil : "m
^■'bn D72":;bN"i 073cbN r:r"i3") "•-n: naNbxi lasbxs r-ij-.n in
']b73bN. Fin : l72"i b^ybN Nib73y IN •'b« nmxbwS mn -^br xipai
-ira. 2 H', in-4".
10k .Midrasch sur la création. Ilcriluri' carrée égypt. Première ligne en
tète : a">"!r:rT "l'^aNn ib-'CNT bbD nuîs-'n mx-ib bia"» irN'- Fin : n"t
r-t"3"pr; bc T'pn?: ibs rin''3 r:r:3 r-*i>ûrn. 2 11'. 111-4". coupes
d'(Mi liaul.
lo:;. Du pjirdou des fautes, t'.crit. africaine. Début : HTT 1-^113-173 p £25
. (• .
V3rn n7;Dn m3NT ind i:3NU5 n73. Fin : '-3 rm-i'C rroz nttDn
LES MANUSCRITS DU CONSISTOIRE ISRAÉLITE DE PARIS HT
rittnrt r;s::n N-rn r.-pi-^r, a-^rrc cr-'nbx. + ïï. in-4\ abîmés
du bas.
106. Commentaire midrasch. sur Deut., xxx, 3. Ce verset est suivi des
. . . (^
mots: 'D 'ijim "^n ':;-n?23 -nnr: n??»?. Fin : .r-nDT5 ûy noDO
1-1172? Nir: r\iO ainr, bs riT. Écrit, africaine. 2 ÏÏ. in-8".
107. Notes diverses. L'une d'elles porte à la fin du ^ i les mots : '\''^y^
S"pi '::"y its t^h «""art':: '^■''crN rr^Tj •'Tona ; du jj 2 les mots :
'n"rt"y2 -«nn, puis un alinéa commence V^ '^''^1 nTiiD- -i?2N
HT n'::-iD2 D"'n«N?3 nijs «•«nr:':; "«nN m-i-^n-a. Écriture africaine.
Mouillures. 5 if'- in-8«.
iOS, Fragment de Midrasch, genre "nnT, devenu presque illisible par les
mouillures. A la première p. on lit : """Ta 'n "xb?: ÛN "17:î<t pi:
C|bN. Écrit, rabbiniquo. 2 tf. en lambeaux.
100. Fragment de Midrascb, en mauvais état. Écrit, analogue. 2 ff. gr,
in-4'' déchiquetés.
110- 1. fd., l'un sur la section mp, l'autre sur Exode, i, 17. Ilcrit. afric.
1° : f) ff. in-4'', coupés du bas ; 2° : 2 ff. semblables.
112. Suite semblable. 13 tf. in-8», collés.
113. Midrasch en arabe, explique entre autres cette citation talmudique:
o:mp3 nD-iia ty -1-:1N —l-'NJa '-| nb-is» Tiï-'S iTossefta sur Ahûdn
zara, VI). Écrit, orientale. 2 ff. in-8".
114-5. Commentaires bibliques en arabe. .Même écriture. L'un avec de
longues lacunes sur les sections yp72 à nN"i, un f. pour le Sabbat
de Hanoucca ; l'autre sur la section nm733. A la dernière page, le
nom nPNnO Poutas N. Obadia, 3 lyar 3437 (7 mai 1677 . 13 et
22 ff. in-4».
1 16. Midrasch en arabe sur la section D"^33t3. Même écrit. Début : T'n?2n
nniibM "^d ypn t^pd n^ypsi -ii:3 irei bN-i'::'^?. Fin : qd:n -^zy»
D2n"b DDpbNi nbbN T'T' yn Y'^:ivzi2 4 ff. in-4».
117. Id. id., de n-'\::N-.3 a T-'i, sauf lacunes. Même écrit. Début: e^3b
'n"» "•pan u:c<n3 n^D-i «n^ "jiN niONna "«d. Fin : o-'inD d-in "bs
arm xpcT ns -^d "^azn 'pa. 9 If. in-4»
118. Fd. id., fragment sur r^OwSia, npn, n-:272. Début: Y-^- V- ">-' Y-
mbcn T^br im Mioa. Fin: aaoai .Qa:Ni:b mmsi "^bn rrrai
aian7a "ind onbN^a "jn. 3 tf. ih-4'* ; cadre rouge.
119. De l'importance de la r-iD-ia (bénédiction liturgique), en arabe.
Début : HKHS nrN ''byi ...iz"» yi:Nn7:bwS ■'■: ^b^^i- V\n : yHfzrin
Nâbî<3 NbpN3> Y'"" ^"^ r^»"* 1^"' ''Ti~"'bN "'c PNDitbN mn. Grande
écrit, carrée égypt. 1 f. in 4°.
120. Du messianisme, en arabe. Même écrit., mais plus petite. Début:
nbb nbs bx iincy-^ n'C73 bx cn-«n idt. Fin : h:» ']^z)r,6< tn
v- 0^3 nbiD — n-ii-ia r,z^ q-'t:?. l f. in-4» délabré.
121 . Fragment de Midrasch en arabe. Premiers mots lisibles : NnnN p'^US
DT^liN ""S NT'S -T^O INT ■«73N3"' . Fin : N-I3N ytlO^ p-^"» Ob TlZHt.
1 f. final ^blanc au v") in-8".
118 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
l-2i. ftl. 1(1., iclalif aux patiiarclies. Explique le verset de Genèse,
XXXII, 9. Kcril. carrée «'gypt. ~ ff- iii-S", troués.
123. Fragment de Midrasch sur la section NU:n "^D, en arabe. Début:
bnp nn-s TSiiîm pnNJcbi* rno-ibN ri"r-i'7j T^-'cbN cipi N73bî
rînyNDia. Fin .- onN^'ic — nns ban ncx: bx '\^\■^^ bxp Y-^"^'
ar:3y Nn^T; N73. Écrit, rabbinique orientale. 1 f. in-4% coupé
de 2 3 en bas.
124. Explication en arabe du Lévit. ■? i ou iv et xi). Premiers mots
lisibles: ny^-iMJ mn \nmyi — m*»:: ■^t' I'^d na-ip"^: la'^npm
-iNS'NbN. Fin : y""'NâbN ""îy •^'ibN 0"Nr53bN. Écrit, carrée égypt.
2 ft". gr. fol. délabrés, et un fragment.
12b. Ici. id., sur Deutéron., xiv. Premiers mots lisibles : "'.riNabN !-ib3N
b'^NbNT DNibN brN"' ... sasbNi. Même écrit. 3 ff. in 4°, coupés
du haut.
120. Id., id., sur Genèse vm et ix. Indication des versets en grandes lettres
carrées, le reste en écrit, carrée égypt. Premiers mots (lig. 4):
y-iNbN "'S ansbN nia "ià"iD np in -bb» -ini NwbD 'bx n-pt. Fin :
hs-'ibs ... "!"'D "'T^ r^ NnbNi: '^rr'M-i -^rNo. 2 morceaux in-4*
abîmés.
127. Id., id., sur Proverbes, m, 14 (?). Écrit, orientale. 2 tt'. in-4", coupés
du bas.
128. Id.,id., de la création, en arabe. Belle écriture carrée. 2 tt". in-4",
écornés.
129. /(/., <V/., sur Jérusalem et son importance. Début: \n23N n-nWNybN
:»"'"in3 -innbN nJNb ^3i "b .... Fin (3 demi-lignes) : nb-ixT
p-'DNb nbbN ... pND v** "'biNn ■'rm rr^pn ... oriNn-i va "'biNriT
£l573NbN "'bN. Ecrit, carrée égypt. 2 ff. in-4°, le 2^ coupé en long.
130. Midr. sur les sections de lExode et du Lévit. Écrit, rabbinique,
rubriques en lettres carrées. Début: anT^T» nros ninriS ni:?
mb^n a-'"'pn"''j ^k^ ^i^'O'^^ Nb nnr amN 5TinN bn -i?:n a-nsrwb.
Fin : rrcîm xb ryi'Z'û by a-'n^irn 'cz^y ..• a^ST -^b lyjz'cr sb asi.
20 tT. in-4", tous mutilés de langle inférieur.
131. Midr. sur Gen., xlii, Bereschit Uabba. Début: t^-îin-^ a"'i:i3 ^'Djn;
r-TT T'a bis"! riT. Fin: ^aiT T^nbN '^b73 p-'iib -iTjix "^a — ihn
...ny T\y ^•^ii^^Z by. Écrit, carrée égypt.
132. Midr, sur les sections f'^lip el ""nTiN. Ilcril. rabbin, soignée.
Début : bpo3 pw nna nujii'm mx -^c:*?: ibN ba la-'^am. Fin :
r,'0»n n7:Nm nbs'a "■'na n:?2a:T rramN n-'a^ N-'n'c; n'iJNb n^oin
■^b nb^N "^73 nx. 6 tt". in 4*.
133. Midr. sur les rmaïa. Écrit, africaine. Début: T^^a^î: n-,73N r-irwSi
r-nayn -na Nina a'^a nbnn ma Nin tcn nynn -,72iba tiacb.
Fin : 3^:73 vbr "cm n;yE ddd:: -icaa nT3 niN'an i^mn naai.
2 ïï. in-4", troués.
134. Du repentir et dos faux serments. Belle écrit, rabbinique. Début :
ams TariwST bx-ic-' ^naan -^rN n73iba bsic TNiTTs. Fin : "17:n
...om72a "iTûNT np-israi LiooTsm n73N3 •'""' -«n TiyaTa:-! ï>i"'3:n.
tr. in-4".
LES MAiNUSCRlTS DU CONSISTOIRE ISRAÉLITE DE PARIS 119
11. B. I. Utilité dôliidior la Bible. Ilpigrapiie en lettres carrées : nnD">
CW'^n PN ::rj:r. i-.icnwS pn "]? "n. Écrit, africaine. 1 f. in-f",
abîmé du bas.
2. Préface d'une traduction de la Bible en arabe. Kcrit. rabbin, égvpt.
Morceau de f. in-i" décliiré.
3. Première page du comment. deRaschi sur la Bible. Écrit, rabbinique.
Titre en lettres carrées : pni:'' 'i -)»« rrrb'O 'i laiTS.
4. Sur Rascbi. tT. 1 et 4 d'un cahier. En titre : n^'UJNiab 5"t ">"Olb -nN'^a.
Rubriques en lettres carrées ; le reste en rabbinique. 2 ÏÏ. in-i",
troués.
5. Midr. sur la Genèse, fin, en 3 longues col. et 13 ; petite écrit, orient.
serrée, se terminant par les mots : "bc"? i::r*«::;c r~na73"jn
n"? '3 51T rr^'CNia, en l col.
6. SurGen., ii, 20. Écrit, rabbin. I f. in-4', troué.
7. Sur(Jen., m. Même écriture. 1 f. in-4*'.
8. /(/. en arabe. Kcrit. orientale. 2 tï". in-4'' large, très écornés.
9. Midr. cabbalistique sur la section n3. Même écrit. 1 f. petit in-4''.
10. Commentaire sur Gen., ix. Écrit, carrée égypt. Angle super, gauciie
cassé. 1 f. in-4''.
il. Abraham et la Révélation, en arabe. Kcrit. africaine. 2 ïï. in-f",
coupés du haut.
12. Comment, sur Gen., xiv, 13-24, en arabe. 2 fragments in-4''. Ecrit.
carrée égypt.
13. SurGen., xvii, en arabe. Écrit, carrée égypt. 1 f, petit in-4'', abîmé.
14. SurGen., xvui, en arabe. Même écrit. 2 fragments sur parchemin,
déchirés.
15. Midr. relatif à Abraham, en arabe. 2 ff. longues colonnes, fol.
16. Midr. sur Gen., xu-xn. Écrit, orientale. 3 flf. in-4''.
17. Morceau du Midr. û'^TODn nî"'DX, sur Gen., xvni et xxi à xxn, 5. Éciit.
africaine. 1 f. in-4''.
18. Morceau du Midr. relatif à la m^py, Gen., xxii. Belle écrit, carrée.
1 f. in-4'', déchiré.
19. Commentaire sur Gen., xxiv, en arabe. Écrit, rabbin, égypt. l f.
petit in-4". troué.
20. /</., en hébreu. Kcrit. rabbin. 2 f. in-S".
21. Sur Abraham et Ismaël, en arabe. Kcrit. africaine. Rubriques à
l'encre rouge. 1 f. in^".
22. Midr. section ïTiu; ""'U. Kcrit. rabbinique. 1 f. in-i", troué.
23. Comment, arabe sur Gen., xxv, 12 et xxvii. Kcrit. rabbinitjue t'gypt.
2 ïï. in-4.
24. Midr. sur la section rrnrin, Gen.. xxvi-xxvii. Kcrit. ral>bin. Trous
et mouillures. 1 f. in-i".
2"). f(t., en arabe. Écrit, africaine. I f. in-i'. déchire en haut à gauche.
[A suivre.)
Moïse Schw.ab,
NOTES ET MÉLANGES
ISRAËL GAON
On lit dans le S^t'fer Jm-Itthn de Juda b. Barzillaï, p. 40 : -ikkt
b^» rî'C^np n7ûiî«"i "^''^n nno buî an» bbEn7a ■n?:^;^ D"yN bït-r:;"' m
r!"3pr: n-i-'n":: mirpi yinp pT nbcm nbon bsb cïj ^vd ...ciDr:
r;n5"03 nbnn m-'Ht: -iudd i^ni ...r;::jT cnp nbsn N-iin ...bbcnrib
a^~3nn bD;:; panw "^b it^n -"bT ■'^n T'^sr: nrsi ...bb^nm anp-c r;7:3
b'^j niDD Ni:-"'»:) Nbx p-'DTnb irb:? n-r: Nbi p m^c ■^nm ibbrr
NT^-c: 'iJinb uj-^i ibbn 17:d [? m-^y::] nwD t2 ï5"'t ûbnya mbsn [?Tio]
'•I3T bxn^'' p3 ny::"*. Cet Israël, réfuté par Samuel Hannaguid,
vivait donc au plus tard au xi« siècle et appartient encore à
Tépoque des Gueonim. Il paraît avoir rédigé un livre sur les
prières'. Il est sans doute identique avec un certain Israël, ou
Israël ha-Cohen, qui est cité quelquefois par Isaac ibn Gayyath
dans ses Halachot et par Abraham b. Isaac dans VEschkol. Le
premier le mentionne quatre fois : 1° I, 3(1 : lans nTOipw «r...
T-inN TiTDyb -1131: csiDn?:! nn-'Dsb -n3s: rr^b^:: n-i"'? r;:ï;r: ;dn-i3
ï-rbon bD3 p nT:;yb r-i-nn bNic 'n znrvc Nbx -ipyn riT •;•'*<''
r-i3T b:? D'^TODH iDtto Nbi nbcm ; ^o /A/r/., 70 : 3n '>vhz) aan nDœsn, . .
\ar\: 3-id nb poon ""Dn "«7:3 ci^ p^r: bNTC"' 3-ii ...pn; 3-n N2in-:
3o ii/û?., 78 : rrïjbttja boiD T'in NnDbm 3inD mDbn3 «poo l"^3ybv . .
...nsiûp r!2i03 'n3 bois biOD "[so nîtjp nso i-is nbnna nro yi
mwN 'n3 -iWNT 3-iD npDs "^«3 inDn bN-iO"" a-n^; 4° ibid., 83 : •'■'13. . .
\. Si mon ailditioii est exacte ; cette page du Se fer ka-Illhn est très oblitérée dans
le manuscrit, voir la note de l'éditeur, n. 220.
2. Voir Sowrca, 4 /). Ce jiassage est cité dans le Màggid Mhihiié sur Hilchof
Soucca, IV, M.
3. Voir Halachol Gueclolol, éd. Varsovie, 64 a ; éd. Hildesheimer, 60.
.NOTES ET MÉLANGES 121
3-1 -13 n3-n Nnon 3-; mujs t:î< "it^n; 3-1 nznn y^'rz^fir^ noir
nprD ^jzj -«Dm rj^iwcr "'xpn irno a"iD nrbm ...nbioc "'-,"':n î<;"ir;
irjDn bx-io-» an '. Dans VEschkol, il est cité deux fois : 1° I. oO :
Tnn nb^n v nbsnb n«N bwSn-û^ mi ...nbcnbn ...bssb- ; ^2° /6/f/., o3 :
nbin yp-ip3 bbcnrib \^ï3n onx l"** ^«"i^"* a"i "^'^nt. Tous ces passages
peuvent être empruntés au même livre sur les prières.
D'autre part, on lit dans le commentaire de Samuel b. Méir sur
Babri bâfra, o'2ô : b^^n':: htono ^t "D pt^ri o"-"-)?: 3pd n'-sa pi
imTSD nsbn v* îf'N"! K-isrib pn^n by nw dnc N3N ^b ^tiwt.
A la place de l'abréviation ïï""«-i73, l'édition de Pesaro porte -iw ans
inx: -lO""^ ; mais -!«■« est un raccourcissement de bî«-.C'', comme on
le voit par Or Zaroua sur Baba Kamma. i 70, où la même phrase
est introduite par liio bN-nD"» an nn ans, et par les Consultations
de iVIéir b. Baruch. éd. Berlin, p. \\% où on lit : bî<nt:^ anw ^"y^^
b^nuffiD NPDbn n-^bn ipoD b^nw:: '"lam pi*:» '. 11 est naturel d'identifier
cet Israël, déjà cité par R. Hananel et appartenant par conséquent
au [dus tard au w" siècle, avec le nôtre, ne fût-ce que parce que
le nom disraël n"est pas des plus fréquents à cette époque 'voir
plus loin). Le titre de gaon qui lui est donné ici ne prouve rien,
car on sait qu'il est décerné à des rabbins qui n'ont pas exercé le
gaonat, par exemple à Dosa, fils de Saadia, à Mssim de Rairouan,
etc., et même à des rabbins qui ont vécu après la période des
Gueonim, par exemple à Daniel, père de Nalan b. YehieP. Israël
se serait donc occupé non seulement de liturgie, mais aussi de
droit civil.
Mais qui est cet Israël? Steinscbneider, dans sa recension d'Ibn
Gayyath", voudrait corriger simplement Israël en Samuel et
y reconnaître Samuel b. Hofni, entre autres raisons parce que le
nom d'Israël n'était pas usité à cette époque si ancienne'. Mais
d'abord, il n'est pas raisonnable d'admettre que le nom d'Israël
1. Voir ^oiicca, 10 6. Cité d.ins .\sclieii, Soticca, i. 18, et Scliihhnlé ha-Lékel,
S 332 /. /■. C'est peut-être de ce dernier passage que Conforte (A'o/e, éd. Berlin, 19 «^
a tiré le nom d'Israël Cohen ; mais, ne sachant pas de qui il sa^'issait, il l'a ransre
parmi les tossafistes du xii' siècle.
2. Voir Pesahhn, 46 a.
3. V. Dikdoukê Soferim, ad loc,
i. Cf. Albek, dans Mélanges Israël Le^w bxnC^ nnSDn), partie hét.raïque, p. IOj.
•;. Cf. Harkavy, ./. Q. fi., XII, 707, et Ginzberg, Geonica, I. 179, n. 1. Je me réserve
de réunir les titulaires de ce titre qui sont dans ce cas.
6. H. B., IV, 60. Cf. Marx. Z. f. H. B., \1II, 174.
7. Zunz, par exemple [Ges. Schr.. III, 251, connaît comme les titulaires les plus
anciens de ce nom à Tépoque postbiblique ceux qui sont nommés par Benjamin de
Tudèle, soit au xii* siècle seulement. Au même temps appartient Jacob Israël, disciple
de Jacob Tam (Michael, D"'"'nn niN. p. 192).
122 REVUr: DES ÉTUDES JUIVES
est corrompu dans tant dt; passajj^es. D'aiilre part, il est vrai que
ce nom n'est pas fié(|uent à lépoque des Gueouim, mais nous n'en
trouvons pas moins drs ÎK'JG un Israël h. Isaac à Damas (ms. Bodl.,
:2S77'"'), puis un Israël b. Jacol) à Hormschir Chouzistaii; en 10:21
[ibid., 2875-''), un Israël, probablement au Caire, vers 1030 [ibid.,
2874-")' et un Israël b. ^atan à Kairouan à la fin du \io siècle-,
enfin Israël b. Daniel, auteur caraïte, en 10(52 ^. Mûller, de son
côté, voudrait lire, dans le passage visé par lui, Scberira au lieu
d'Israël, parce que ce gaon est de l'avis indiqué^, mais les pas-
sages parallèles s'y opposent. La patrie d'Israël est également
inconnue et l'hypothèse de Ginzberg, qui le place dans l'Afrique
du nord, est dépouvue de fondement.
Or, nous lisons dans une lettre de Samuel b. Hofni à la commu-
nauté de Fez"' : -Tiwn mina ot: -idic 'b"^ '\•):i^ i3?2» x: nrns inc
'iDi mj'-'om ■;"«72T^cr:T D^p-cm a-^'C-n:::: n-ii û-^-non î<-i V-i "'■' "i»~'=>-
Ces formules de saints sont fréquentes dans les lettres des Gueo-
nim et le gaon y est ordinairement suivi de l'Ab—Bêt-Din. Aussi
M. Marx" voudrait-il restituer ce texte ainsi: •i-' [3N] pi i:':»
nsninn rtn-^cn -ieid [pi] (na-'io-^ =) ; mais le Ab-Bêt-Din manque
aussi, par exemple, dans une lettre de Schei'ira et de Haï à Fez' ;
en outie, le titre de na-'C'^ri 3i« ne paraît avoir été en usage qu'après
l'époque des Gueonim ^. Il est donc plus naturel de voir dans ibi
une abréviation de bxnû"''* : Samuel b. Hofni avait un fils nommé
Israël, qui exerçait dans l'académie de son père les fonctions de
secrétaire, fonctions qui étaient occupées parfois par des parents
des Gueonim. Le terme de i3"nnn, au lieu de i3Da, est employé, du
reste, par Scberira en parlant de Haï "\ Israël, ou Israël ba-Coben,
1. Le personnage du nom d'Épliraim cité ici est sans doute Epliraïm h. Schemaiia
(le Fostàt et le gaon nest autre que Salomon b. Juda.
2. Voir sur lui mou 'jNTT'p "''DjN, n" 30. Le Salirai h. Mssini nuMitionnt- avec lui
est de la fin du xi« siècle, voir Hevue, LV, 318.
3. Voir mon Kuraile Literanj Opponenls, p. 60.
4. Mafléah, p. 178, n. 19. Cf. Ginzberg et Albek, /. c.
5. Editée par Cowley, ./. Q. l\., Wlll, 401.
6. Ibid., 771.
7. Voir mon c;!"!:; D'^Î'^^S*. I. ^8. on je me range à l'avis di> Marx. Cf. liiv. hr.,
V, 434.
8. Voir mon W*yO D'^S'^Sr, /. c, 61.
9. C'est l'opinion de (iinzberg, op. cil., 13, n. L'abréviation ib"' pour b^NC se
retrouve encore, par exen)ple, dans une lettre de Ben Mtir, voir Harkavy, S/ia/. w.
j»/i7/., V, 215.
10. Voir Safithjanri. éd. Scbe.-hter, p. US : ■>D i:"«C5inp "Id"? yiT""! "'l'rai...
'•\^^ Dn-'Ca DTC:'5T U-f^bb -ipiO lîi-nnn •'"•«n Dai ...NbDI. Ginzberg (op. cil..
p 8, n. 1) nest du reste pas fondé à iléduire de ce passade que Haï a été Ttb'2 "^Nn.
NOTES ET MELANGES 123
était donc fils du dei'nier gaon de Soia et on lui décerna le titre
de gaon, comme on lavait d»*cerné au (ils du prédécesseui" de
Samuel, à Dosa b. Saadia.
Varsovie.
Samuel Poznanskt.
LE COMMENTAIRE OU PENTATEUQl E D'EPÏIRAIM R. SlMSO\
Les données essentielles sur ce commentaire ont été réunies par
Steinsclmeider, daprès le manuscrit de Munich 13' '. Il en résulte
qu'Ephraïm vivait au \iii« siècle, probablement en France. Son
commenlaire, qui se compose principalement de calculs alpba-
bétiques gueniatria) et de combinaisons d'initiales notaricon), est
cité par Lonzano dans son Or Tora (section Pinhas) et il a été
copieusement utilisé par Azoulaï dans ses trois commentaires du
Penlateuque, Pr/if^ David, Naluil Kpdoumim et Homat A/iac/t.
Outre le manuscrit de Munich, on en connaît deux autres : ms.
BodI. ^21032 Michael 1S8, détectif et Montefiore Library 8^23'
(Halberstam 83 , mais on n'en connaissait pas d'édition jusqu'ici.
L'article de la Jeirish Encyclopaedia, s. v., dit à la véiité que le
commentaire d'Ephraïm a paru dans le Pentateuque Tora Or-,
mais celui-ci ne contient que l'édition princeps du Xa/tal Kcdoii-
mim d'Azoulaï et il est dit au fronlispice que cet auteur a utilisé,
entre autres commenlaires. celui, manuscrit, d'Ephraïm ■'.
Il existe pourtant une édition, qui paraît être totalement incon-
nue et que j'ai maintenant entre les mains. Ce sont 44 feuillets
petit in-4", sans frontispice, avec cette suscription : ■'"wy V'ra l'on
rj"nbT DncN ira-) "iixarrb nmnn 'îs» '■'s •vQ"y. Les caractères dimpii-
merie paraissent être ceux des impressions de Livourne. L'édilion
s'arrête au commencement de la section Terawr, au milieu d'une
phrase. Il est facile de montrer par l'examen des citations connues
1. Hebr. Biblior/r., XIV, llfl. Biblioïiaiiliif» complémontaire dans Jciv. Enctfcl.,
s. V. (V, 192a), où manque justement cit imfiortatit article de Steinsclmeider.
2. Cette édition a !>atii i Livmiine, non en 1800 [Jew. Encycl.), mais en 1795
(5"d"5 in72'>::-«1 & " -n -C IwX-' nr^a): cf. Henjacr)b, p. 636, n'agi.
3. riDT' w^'Ti '^Ts-^aa ?n3 nrmxi m3--nn zy n-'Tanp '"rn: na ^r, -n^-i
■^Nno"» ■''Dnn37j d"''::tt^dt Ty- -^irp n-nr"? cv^in D-^pn?:: p"-i \s''3"itî« nn
"131 nr ■«■'n"':' ohz -;3t d-^'^t;; n?:3T ...("rn '•Zfz,
124 HKVUE DES ÉTUDES JUIVES
jusqu'ici que ce commentaire est véritablement celui dEphraïm.
Le texte de l'auteur est partout émaillé de gloses de l'éditeur,
placées entre parenthèses. Cet éditeur, qui se nomme une fois
Hayyim (f» 40a, sur Ex., xxiii, 20), disposait d'un manuscrit qui
présentait des lacunes. C'est ainsi qu'il remarque f° 260, sur Gen.,
x.wiv, ;^0 : -ion nujnDrt (cino n3»i — ) o"y^ i^ow^a n'^y^ition •;» v n"»
n"nbT -lanttn irn-i {-nw-i^-i iTttn pT^'nb ti-ibni an» inbœ «bn i3"«3Db
b"T î*«i"T^n mn •'-iroa t:"^i<an72n. Une lacune plus considérable
s'étendait depuis la fin de la section Vai/i/igascJi jusqu'à la fin de
celle de Vitro ; il l'a comblée à l'aide de citations des trois com-
mentaires précités d'Azoulaï : nn"' 'ns d"? isott"! ^y^ ;:3"d "i"3r: nt:^
pbn iwS-'i:"inb mh-^ pb Cj-^nsmuTo Nbi 'j-'n^NT \)S bam =) 73"bn Y'^^m nn^î
(-mn nsn73 = ) n"m72 û-'Hûc^îTon xno in^sn "«"lEDa D"'"ittiN3 ns n::pbi< ^miz^
b'nsn rso b^ b"pii£T n3'»3-i ûï)t: N"'3rni: n» V'itT N"T'm rr^-iNTû i-inm
*^DN ï-)»in'oi m -^SD 'on (d-^tsttp bn3 =). D'autre part, il nous aj^prend
en trois endroits ff'29« sur VayyêschebiZ'^a sur Mikkèr et 34rt
sur Vayyiyascli' qu'il a trouvé en marge des notaricon. qu'il
reproduit. Ils se distinguent de ceux d'Ephraïm par le style aussi
bien que par le caractère; les suivants sont particulièrement
intéressants : .riDiinb lip-'nrûiî y^'D 'o b"T d-^idn lï-^ai irbj^a n^iti n^n
l-^WT» îî"^''3»n t-n-i3 p-'bnîu: nsni: nrusnp n-inTo d"»;!"" T«nDn pm-» nj'ai -^ n ■» t
t:-'3'^'^n -n::n nïîs' d-'di rimnc -12m )-inD72 N::r \'^iy^i2 op-^bi-' riDisn?:
'i3T nnp-^bn rrciiz "oy ■•îîmtDnnn ■'n«i3 mTnn mym '^ï:nn'::» p"«bnnb.
L'auteur était très probablement un Français, ce qui résulte de
ce passage (P 26 A, sur Gen., xx.xiv, 4) : (ifio ny = » d''^ {-inth mb-^n
pi rn-^b ii;ob 1i'v^.''^ '{"■'•^a T^b i^bT nonria mb-^ b"3 ms-: nm^ N-inp
t;d;2JN iTOba '. Aux auteurs cités par Ephraïm et que Slelnschneider
a réunis on peut ajouter les suivants, d'après l'édition : Hananel
(f° 436, sur Ex., xxv, 33, où sont cités également Maïmonide et ses
ouvrages: (bwsn la-ian ïîm"^D = n"-iEn), Raschi (f^lOrt, surGen.,xiii, 7)
et.luda Hassid i'f"40rt, sur Ex., xxiii, 23 : ^"t T^on rmn"' 3-1 "n?:»!
Nim D-'isn -i^a itilû^to mb^ab n"3pn riirn nbnn» -^d bio-^To r-iT«mN "«Di«b»
nbc^^a r-!"3prt ■'icb nuj» '::p3T ^■^nrr\ Y^^ nb^wb b^s-iuî-' ■'33 bD ::Ei\î3n
';-: bN rhy nï:?ûb -,ttiî<rt Nnn Sio^w turmy n'^ïJT D-^wm bo ^vhtz anToy i.
Les mon ■'brs sont cités ici f" 15 « : •'bTs mwN .b^n nmaî* pn ^-13 'm
liTDn D''bu:nb (? D'issu û"'33rr -iïj ib^j -iowïj Tiorr, le païlan à trois reprises
(3a, sur Gen., i, 16: mttJi pmrb D"'"'E3i T'i:"' r-i-issm ::•'■•£« no"» pi ;
o b en bas : yipi [a-^-iDrij no"''^» rjTT t^mrn '1 i»n ht m-m yipi k't
Q1N -nnb Dr m-m ; 44a, sur Ex., xxvi, 24 : briN p'^-'En iO"';a iriTi
1. Bîen vue? On sait que la mention île rallemand ne prouve rien contre l'origine
française de l'auteur.
NOTES ET MÉLANGES 125
nona nmusb "itit^^. Le Targouni, appelé quelquefois Onkelos, est
assez souvent menlionué.
Je ne sais si c'est seulement mon exemplaire qui est incomplet '
ou si rien de plus n'en a été imprimé.
Samuel Poznanski.
PIZMONIM POUR LES JOURS DE LÀ SEMAINE
UN PETIT RECUEIL POÉTIQUE DE BAGDAD
En même temps que du nouveau recueil poétique de Bagdad, le
D-iT^ïJn "!QD, que j'ai décrit précédemment, j'ai pris connaissance
d'une de ses sources. C'est un opuscule de 44 feuillets petit in-8,
du même genre que les pelits livres populaires imprimés à Bagdad
que j'ai décrits au cours de mon étude sur la récente littérature
judéo-arabe dans la Zeitschrift fiïr Hebràische Bibliographie, XIÏ,
p. 180, n" 94-99. Le volume n'a pas de iVonlispice et commence
p. 1 a par le litre : 'î< ûrb n''3n52TD : à chaque page les colonnes portent
en titre n-'SiMTD. Il y a là en tout 84 poésies qui se divisent en six
sections d'après les jours de la semaine auxquels ils sont deslinés.
Ce petit recueil a donc la même destination que la première partie,
riche de 123 numéros, du D"'-i"^ian 'o de Bagdad. La comparaison des
deux ouvrages montre que le recueil des Pizmonim a servi de
source au grand recueil. L'auteur et l'éditeur de ce dernier, Ezra
Dangoùr, a emprunté une partie considérable des Pizmonim des
jours de la semaine, de sorte que ceux-ci forment le fond de sa
première section. Il a même conservé en partie l'ordre des poèmes
et il a notamment pris les premiers poèmes de chaque jour pour
les mettre en tête dans son recueil-, à l'exception du mercredi, ou
le dernier poème du petit recueil est devenu le |)remier du sien.
Voici la liste des numéros du petit recueil qui sont identiques a
des numéros du D"'n"';a" 'o ; les derniers sont ajoulés entre paren-
thèses aux premiers ; la uuméiotation des a-'3i7:TD est de moi.
Dimanche (\a-lb) : 1 , 2 ( l . 2), 3 (10), 4 (9), 5 (7), 6 (4), 7 (o), 8 (6),
9 (I3i. Le M" 10 est devenu le n" 88 du û'^-i-'ffin'D parmi les poèmes
du jeudi.
Lundi <-h-\ïl>] : 13-17 22-20), 18 ^281, 19 (30), 20 32i, 21 (33).
1. Cet i;xeniitlain' a étf aci|uis par le libraire Liiisrliilz de Lomlres.
126 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Mai'tii (146-2-26) : -24-27 {41-44), 28-29 (47-48j, 30 (52 , 31 (45), 32
(46), 3o (49). Le n° 33 figure dans le grand recueil comme n° 254
parmi les poésies des dix jours de pénitence ; le n" 34 y ligure
comme n" 108 parmi les poésies du vendredi.
Mercredi (22é-28«) : 39-41 (62-64), 42 i68), 43 (69), 44(74j, 48 (61).
Le n° 46 a pris place comme n" 40 parmi les poèmes du lundi ; le
n°47 comme no 54 parmi ceux du mardi.
Jeudi (28a-37rt) : 49 (81j, 50 (82), 51 (85). 52 (84j, 53 (86;, 54 (87),
53 (93), 56 (961, 58 i'97), 60 (94), 61 r90,, 62 (92i, 67 '98). Le n° 57 est
devenu chez Ezra Dangoùr le n' 109, un des poèmes du vendredi.
Vendredi (37a-446): 69-72 (101-104), 77-79 (105-107). Les n'- 74-76
sont chez Ezra Dangoùr les numéros 18, 17, 19, pour le dimanche.
Les numéros suivants du petit recueil nontpas trouvé place dans
le grand. Ce sont pour la plupart de ceux dont je n'ai pas constaté
la présence ailleurs.
Le n° 11, le dernier de ceux du dimanche, est un assez long
poème sans nom d'auteur et contient une veision poétique des béné -
dictions qui ouvrent la prière du malin.
Des deux derniers poèmes du lundi, le n" 22 a en acrostiche
pm -^ibn y-nm et commence par ces mots : -n^ bî<b ■'nT'O ■'Tva T"03K
■'n:>i\ai ; le n^ 23 in;"i iniro"' npa -^nDiD in""! est d'Israël NadjaraZc/;?/-
rot Israël, n° 182*.
Parmi les poèmes du mardi, le n» 36 commence ainsi : nx -in?:
rr» ib -ina uy yap o-^m rc -^nbiNa ; acrostiche : pm iibn -ViXKi. Les n''*37
et 38 sont des poèmes alphabétiques anonymes. Le premier a un
vers qui doit se répéter après chaque strophe : ib nsn» ri7:n7:n-' dn,
nb ■'SNT'b Nin -^Tin et la première strophe est ainsi conçue : "^nariN
nbita rTDHN cionnDN nnsN in "»d -"ab *{ira n3>an ujf^D. L'alphabet ne va
que jusqu'à la lettie f/od. Le poème n° 38, d'une structure analogue,
mais sans refrain, commence en ces termes :
n'îiao D? mbr!p7:D -br: -n "j-cnn pno -bnn bxb iti?n
Parmi les poèmes du mercredi, le n"" 45 a en acrostiche « Isaac »
et la première strophe en est la suivante :
nb-ibr N-n2 ";cip do '7"ian'' '^-iDn-' ■j-iarr»
nbrw ai-i -Il nbrs 'n bit "^^nn -;mr; ']'^-,r,
et ainsi de suite : dans chacun»' di's (]nalr(' slroplifs le premier et
le lioisièine hémistiches consistent dans la repi'lition i\n niénïe
mot. Chaque strophe est suivie de ces verslormanl rrlVain :
NOTES ET MÉLANGES 127
Parmi les poèmes ciii jeudi, le n° 59 a également un Isaac pour
auteur. Il commence par les mots •'^p'C^y "ij: T73 "^ns î<; ■'bi^ns inv —
Le n° 63 a en acrostiche le nom d'Isaïe comp. les n°^ 142 et 106 des
Pizmonim de Calcutta); en voici le début : ■^ds'TO"' bx a-'m-isn aov
■'rm2C?:T ■'chto. Le n" 64 est anonyme ; je le reproduis ici à cause de
son contenu et de son heureuse forme; c'est un appel au dormeur:
abwsm -ipin -nx ly -jc-^p ab^n 'OT3p xbr: "::i:n
nz>iD aba bsb a"^::nn72 w^izv npri: bip ytz'cn -j^rT.xn
obin nNi n7:073 "by □">n»iy oi-it nî<m mi: -jb -jz aip
absTi-b ibsT^ n-iay t^nt nmiay imr-i"' xb -IwN dn
Db'ij mTtbT "^n DTrbN- rx Tinrb bsin ^n "^iira «bn
n73"ir -PN "'73 -«rcb yi a-^nbïîr; -^rcb '^Tizy py
Cet appel fait allusion, à n'en pas douter, à l'exemple des musul-
mans faisant leurs dévotions de bon malin.
Le n°6o commence par •^2ram ■'-iwt rs^m ""snya hni bx n:n et a en
acrostiche le nom d'Abraham. Peut-être est-ce Abraham Ibn Ezra :
dans la seconde liste qui se trouve à la fin de son Diwan, dans
l'édition Egers, est mentionné un numéio commençant par b» n3N.
— Le n° i'A) "iwrr"' •^s'toi -^ab) est d'Israël Nadjara Z. /.. I4() . — Le
n° 6S a en acrostiche pm ""-.br: pn::-» et le commencement en est : îT"
mon •jT'irbn "«Dnc -inr ai;-» "vvi ■'s *jb ■•3'iTy m::.
Parmi les poèmes du vendredi, le n» 73, qui a en acrostiche
nwbo, commence par "^b ']i-i5'i< npia ■>"■>. — L'acrostiche du n^cSO est
■^ibn pni:"' T'st: fpeut êlrc identique avec le Méir Halévi du n» 36 et
le Isaac Halévi du n" 68 . La première strophe est ainsi conçue :
mi-^r,r\ rr:^ m-i73i r^izir, n:T' -"-^li: -«p?:
(Au lieu de ""nii: lire mi: et prendre "^nT: dans le sens de "^nw iy.
« Les iils de la servante », c'est-à-dire d'Agar, sont les arabes, les
musulmansi. Les n""* 81-83 ont pour auteur Eliyahou ; en voici les
commencements l'espectifs : ^-T1N rr^^n» nPNT ■'pbrrn "«ny ^riba ; t^ûn
tnD''i aia "ôy non no arira bsb ; -mas abiyn Nb?^ inab ■«"'«b rrnN.
La mélodie n'est indiquée que pour un seul numéro. Le
n'^ 68 a pour titre : "«ssin t^t" "[nb "^ibn pn^-^ itû-'d ; c'est la mélodie du
poème qui figure dans le giand recueil de Bagdad parmi ceux du
mardi n"oO, p. ^2Aù). Il a deux strophes (acrostiche rr' . mais était
peut-être plus long à l'origine (acrostiche primitif : T:':^'^'^ ?; ; ces
deu.x strophes ont les mêmes genres d'hémistiches et les mêmes
rimes que notre n''68(voir plus haut). En voici le commencement:
ainb -^ab -«d -airTs -"îi:?): av:: airiN "«b npx '::n "-ran T'T'
Budapest. W. BacHEK.
BIBLIOGRAPHIE
liEYUE BIBLIOGliAPHIQUE
ANNÉES 1909 ET 1910 '
(Les indications en françnis qui siciceiH les tilri's hébreux ne sont pas de l'auteur du livre,
mais de l'auteur de la hiblioijraphii', à moins i/u'elles ne soient entre guillemets.)
1. Ouvrages fn'breux.
I^n-j, NT^nu: "ira-n ni:;» 'o Igereth Rav Scherira Gao.n (The Lelter ol" H.
Sherira, Gaon). Collated from varions texts and edited wilh a crilical
Commentary « Pathshegen Hakethab >> by Aaron Hvman. Londres, ini-
primorie « Express», 1910 (5671); in-S" de 110 p. :j fr,
Aiiv observations de M. Poznanski, Revue, LXI, 154, ajoutons que lediteur
lia pas reproduit lidèletnent léditioti princeps, comme nous nous en sommes
assuré en collationnant iiueliiues pages. A la fin (p. 106-109) est reproduite
la consultation de Sclierira sur les titres des docteurs du Talmud, citée par
l'Aroucli, s. V. ^^3N.
C3''br>:;-|iT irs: rariN 'o Varianten iind Erganzungen des Textes des
Jerusalemischen Talmuds nach alten Quellen iind handschriftliclien
Fragmenten edierl iind mit kritisclien >'oten iind Erliiiileniiigen ver-
sehen von B. Hatnek. Traktat Joina. Wihia, chez railleur, l'JO'J ; in-S"
de 118 p.
Compte rendu de M. Hacher, Heviie, LX, lol-l"i4.
pns "'bnN 54 consultations, précédées de mNtt? n", dix sermons Mir
Israël parmi les nations, par El. A. Mileikowski. Grajewo Pologne russe;,
chez l'auteur, 190U ; in-S" de 168 p.
1. L'abondance des matières ne nous a permis de retenir de la littérature néo-
hébraïi|ue que les productions ayant ou paraissant avoir un caractère scientifique ou
histori(|ue, à l'exclusion des (lublications littéraires, politiques, etc. Nous lenvojons
jiour le sur]dus;i Ia Zeitschri/'l fi'ir hebriiische Diblioyiap/tie, où M. \V. Zeitliu siirnale
depuis ipiiliiue trmps avec beaucoup df soin toutes les nouveautés di' celli' iiltéralure.
BIBLIOGRAPHIE 129
'^N-iu:"' — ,X"!S Ozar Yisrael. An Encyclopedia of ail nialters concerning
Jews and Judaism, in Hebrew, complète in 10 volumes, J. D. Eisenstkin
editor. Volume III : na-Nîia. Volume IV : ^nn-aXT. New-York, chez
l'éditeur, 1909 et 1910 ; 2 vol. in-4« de iii4-320 el v+320 p. à 2 col., ill.
Compte rendu des ileux premiers volumes Revue, LVIU. 130-132. La
publication de cette Encsclopédie avance assez vite pour que l'éditeur puisse
en annoncer la fin prochaine. Il continue à compiler, avec ses aides, des
articles L'rands et petits, justes dans l'ensemble et inexacts dans le détail, à
peu près uniformément dépourvus d'originalité et de hardiesse ; il méprise la
critique biblique, détend l'authenticité du Zohar en gros et s'excuse auprès de
ses lecteurs de se servir de l'ère vulgaire. Dresser la liste de quelques articles
importants, confiés à des collaborateurs de choix, c'est l'aire le bilan scien-
tifique de l'entreprise: Bosnie Rosanès , Byzantin, empire (Cassuto). Oeuf
(M. Friedmaim). "n"nm72D3, famille. Belgrade Rosanès', Ben Zoula.
caraïte fPozuanski), Ben Méir (Z. H. Jafé\ Ben Sira (l'éditeur), descendants de
Moïse Lazar), Benjamin Nahawendi Poznanski), Baal Schem, divers (Giinzig),
Breslau (Wiernikl, Gallico. famille (Cassuto , Gabbaï, famille (Cassuto, Wet-
stein), Goi (l'éditeur . Djilibi, titre (Rosauèsl, Guematria (Bâcher), Gènes
(Cassuto), Giron, famille (Rosanés), Germanie «u Allemagne (G. Deutsch.
plus étendu dans Uakedetn, 11). Dob Béer de Miziricz (Giinzig), Diinmeh
(D. Benjacob, de Salonique , Damas (Rosanés). Afrique du sud (Landau, rabbin
à .lohaunesburg), Haï (Harkavy), Inde (Ezéchiel, rabbin à Bombay , Hollande
(Deutsch), Horovitz, famjlle (Friedbergi, Isaïc Horovilz (Rosanès). Hoschana
rabba (Marmorstein), Widdin. Vital, cabbaliste. Ibu Verga (Rosanès),
Hazzanout iMinkowskii, Hayyoudj (Bâcher), Hivi ha-Balkhi Héfer. h. Ya.;liali
(l'ozuaiiskii.
Hd -liTiN 'o Uépertoii-0 alphabéliiiue des maximes et sentences talmu-
diqucs. parK. W. Perl. Tome 1. I.ublin, impr. A. Feder ; in 8" de
3H— 36 p. R. 1, 50.
Beaucoup plus complet que le D"<7ûDn p"jb "liTlN du même auteur (Revue,
XLIII, 218). ce répertoire contient pour ainsi dire toutes les phrases qu'on
peut détacher du Talmud : il pourra servir d'aide-mémoire ; le premier vol.
va jusqu'à la fin de la lettre 3. Dans l'appendice, l'auteur explique (juelques
sentences du Talmud. puis veut montrer que Hyman l'a pillé dans son f~l^a
^B^.HfZ m-,-is Oi-ot Meolel. Gelegenheitsgedichte von .M. On. Luzzatto,
heiausgegeben vonB. Friedberg. Francfort-s.-M , Siinger et Fricdberg,
1910; in-S" de 8 p.
V"i»7a ri72X 'z Tiaducliun abrégée de F. Vigocroux, La Bible el les décon-
certes modernes, par Elia K.v/.v/.. Odessa, 1908 (5669 ; pet. in-S» de
vni-fl32(4-l)p.
Voir le compte rendu de .M. Poznanski, /{ef«e,LVlll,31o-;il8, et cf. Z.f. II. II.,
Mil (1909), m.
ynxr r-i7:x Décisions du rabbin T'iiT d'Alep. Jérusalem, imprimerie
Azriel, 1910; in-4".
r-,T«7û'C"':::Nr! L'Aidisémilisme, par Bernard Laz.are, traduction abrégée
de M. ll.sBiNSuii.N. Wilna, 1909 ; in-S" de IsO p. (Bibli(illi.'.|ue du jour-
nal pTH nn, I).
T. I.Ml. N» 12.!. i>
130 REVUE DES ÉTULlES JUIVES
INTT'p "^OSN « Esquisse historique sur les Juifs de Kairouan, par Sanniel
PozNANSKF ». Varsovie, 1909; in-8" de 47 p. (tirage à part de la Fesl-
schrifl Harkavy) .
Voir Revue, LXI, 297 et s., iiiit.ininiciit p. :îl4-5.
ïTT'NWrî N"'-ibpDDN '0 Histoire des !at)liius depuis la construction du
second Temple jusqu'à la clôture du Talmud, leur vie et leurs mœurs,
les halachot et les aggadot de cliacun deux citées dans le Babli et les
Midraschim, par Ch. Sliwrin. Première partie. Londres, imprimerie
H. (iinzburg, 1907; in-S" de vii+8+80 p
Cette première partie est consacrée aux rabbins depuis Siméon le .lu<tP
jusqu'à Isniaël b. Elischa et réunit pour chacun d'eux les passages du Taiinuil
de Babyloue (dans l'ordre des traités) et du Midrascli Rabba où ils sont cités.
L'ouvraj^e, s'il est jamais terminé, sera utile à ceux qui n'ont pas le Séder
Hadorol.
J3''-iC"' mN Commentaire des aggadot talmudiques, par M. H. Taksin.
Pétrokow, 1909 ; 2 vol. in-8» de 225 et 214 p.
'^iD^aNn Haeschkol. Hebraisches Sammelbuch fiir Wissenschalt und
Literatur, herausgegeben von I. Gûnzig. Band VI. Cracovie, imprimerie
J. Fischer (chez Téditeur, à Loschitz), 1909 ; in-S» de iv+270 p. K. 2, 60.
Les annuaires littéraires et scientifiques sont souvent négligés des savants,
qui ne les trouvent pas assez sérieux. Celui-ci est pris en majeure partie par
la science et par J'érudition ; il est remarquable qu'un recueil rédigé pour te
grand public offre tant d'intérêt pour les spécialistes. Ils trouveront peu à
glaner, il est vrai, dans l'article de M. Bernfeld, le maître de la vulgarisation
historique, sur l'époque du retour de l'exil (p. 12-33) et dans celui de S. Kubin.
le maître de la vulgarisation scientifique, sur l'astronomie de la Bible p. tiO-
79). Mais les textes publiés et des articles de fond leur donneront satisfaction.
L'édition du Machkim par M. J. Freiniann, avec une introfluction savante, on
de nombreux [loints sont élucidés, sauf la personnalité et la patrie de l'auteur
(p. 94-162), a été appréciée par M. Wellesz [Revue, LXI. 154-1601 : notons
que la bibliothèque de Nîmes possède un ms. de cet ouvrage [Revue. 111, 2;>2 .
M. Davidson publie une imprécation en prose et en vers du poète |>arodiste
Juda ibn Sabbatai (xnr s.i, dirigée contre des Juifs saragossais (p. 16;j-17."ii,
et M. Lewinski un règleiuLMit de la communauté de Hildesheim jnépaié en 17(16
par le rabbin David Oppenlieim de Prague (p. 236-240). M. S. Hurwilz détache
un chapitre (le 4*) dune étude sur le hassidisnie et la liashala (p. 41it8: voir
plus loin à Tryn). M. 1. Steiner tente une nouvelle explication, plus invrai-
semblable que les autres, du terme mblDU^N, par <|uoi il entend les dépots
d'argent (nbl-'O) "l'Uis le temple de Jérusalem (p. 2o3-2.j6), et M. N.-S. Libowilz
lirétend explitiuer les aggadot sur Akiba et la femme de <( ïurnus Bul'us •
(p. 257-2uS). Le même, rendant eom|itc de l'édition des lettres de Léon di'
Modéne par M. Blau (p. 246-251), rectilie quelques détails et se plaint natu-
reil'jment d'avoir été plagié. M. S. Funk essaie d'identiiicr les fêtes baby-
loniennes citées dans .16. z., 1 1 /> (p. 259-260 ; cf. Revue, X.VIV, 2:i6 et s I. —
Mais nous avons h;\te d'en venir aux deux études vraiment im|»orlantes (|ue
ce recueil contient. L'une, de M. A. Epstein, est consacrée aux éditions du
Vaikoul (p. 183-210). Développant sa lettre à M. Criiidiut [Haeschkol, IV.
21.!) i'( lérniant les assertions contraires de ce dernier \ihid., V, 259), il
elablit torti'nieiil que Méir l'riii/. l'iMliti'ur de ViiiIm' mue taule d'impression
ItlBLlUGHAPHlt 131
lui tait iliri' plusieurs fuis .< ileViciiUf »), uièine s'il a eu à sa dispusitiou îles
niss. du V.tlkout, a pris pour hase de sou l'ditiou celle de Saloni(|ue. mais e»
eu modiliaut trop souvent les références, uotammeiit dans les renvois aux
Miilrascliini. 11 importe de savoir que par « Midrascli » fout court, l'auteur du
Yalkout ou le piemier éditeur désignait (sauf pour les Proverlies) les petits
Midruseliim de basse époque [Otiot de H. Akiba. M. Viujoscka, M. Abchir,
etc.). Cliemiu faisant. M. E. nous renseigne sur Tordre des livres bibliques et
la numérotation des Psaumes dans le Valkout, signale de nouvelles citations
du M. A/ichir et tire au clair les renvois au Yelamdénou. La conclusion de
tout cela, c'est que nous aurions grand besoin, en attendant une édition
critique du Yalkout, d'une réimpression de celle de Salonique. — L'autre
étude, de M. Wetstein, fournit des contributions importantes à lliistoire des
Juifs en Pologne, d'après la littérature rabbini<jue, des documents d'archives
et des inscriptions tombales : 1° c'est déjà en 1499 (|ue le roi de Pologne
chargea un Juif de répartir l'impôt, et c'était R. Fischel de Cracovie. ([ui
mourut martyr : 2° R. Jacob Pollak ne fut pas rabbin à Lubliu, mais à Cracovie,
où il s'établit après avoir été obligé de quitter Prague, dont il lit un centre
d'études rabbiniques et qu'il «lut fuir trente ans après ivers 1492-i.'i22' ; IJ" il
avait ditl'amé Samuel, chirurgien de Bona. femme de Sigismond 1, et dont le
petit-fils, Ascher, mourut martyr en 1631 ; 4" en 1564. les Juifs de Cracovie
célébrèrent une fête, sans doute parce que le rtii Sigismond-Auguste rapporta
une mesure hostile de la municipalité : il défendait d'ailleurs les Juifs contre
les excitations des jésuites et les désordres de leurs étudiants ; o" Moïse
Isserlès avait près de 40 ans (non oO) quand il mourut; la synagogue qui
porte son nom a' été édifiée par son père ^p. 211 et s.).
~i3'wJ<r; ""120 Séfer Ha-Eschkol des R. Abraham b. Isak ans .Xarboiiiio
(xi. Jahihiindertj, auf Griind von zwei Handschrirten ediert und kom-
mentieit von Schulein Albeck. I. Lieferung. Berlin, imprim. Itzkowski,
l'.UO ; in-S» de 80 p.
B. H. Auerba.h, rabbin de Ualburstadt. a édite .'ii 1867-lS6y la majeure
partie du S. ha-Eschkol du rabbin narbonnais Abiaham b. Isaac (xii' siècle,
et non xi'l. Dans son introduction, il dit s'être servi d'un vieux manuscrit
espagnol en mauvais état. Cette édition avait à peine paru que R. Kirchheim,
d.ins la Zeilschrift de Geiger (VI, 47 et s.l et, sur ses indications, Schorr
dans son Halouç (VllI, 168 ; cf. XI, 6o) accusèrent Auerbach d'avitir copié
autrefois le manuscrit de Carmoly à Francfort sur-le-Mein et d'y avoir intro-
duit piistérieuremeut la miMition d'un manuscrit du rabbin .Moïse de Merzig
Iprès de Trèvesl pour masijuer sa fraude et les falsitications de son édition.
Kirchheim était une mauvaisi- langue, (ieiger un réfoiinatenr et Silioir un .
i-maucipi'. AuiTliach, (|ui était un par'angon d'orthodoxie, lit la sourde oreille;
seulement, a la mort de Carmoly, il acheta son manuscrit. De toute cette affaire
il ne restait ((u'un vai^ue sou|)i;on ilans la mémoiri' des initii'S lors(ju'à la lin
de 1908. un savant de Varsovie, S. Albeik, a (pii l'on doit une idition partielle
du Hahon, lança un prospectus (3 p. in-4") on il annonçait une réédition du
S. Itn-Esckliol, rendue nécessaire par les larunes et les altérations du pniniei-
éditeur. Grand émoi dans certain parti, qui chargea MM. Ehrentreu et
J. Schorr de défendre la mémoire «l'Auerbach et de prouvei l'authenticité de
son édition ; cette apologie, intitulée p^nstn npllt, fut renforcée d une
consultation de M. I). Hotlïnami et d'une «déclaration» de M. Berlioer.
A ipioi .M. A. riposta par un pamphlet incisif, ^12'ONn ~1D13.
La comparaison de l'édition .Auerbacli avec le [iremiei fascicule de celle
d'Albeck, basée sur le ms . Carmoly, et avec le ms. de r.\lliance Israélite (v.
132 BEVUE DES ÉTUDES JUIVES
Revue, XLIX, 79 ; écriture espagnole, copiste Juda b. Aarou nous a
convaincu que le S. Ua-Escldol édité par Anerliach est altéié, sans quou
puisse toujours accuser l'éditeur. Les arguments échangés dans la polémique
n'emportent pas la ciinviction, mais M. Albeck doit avoir raison dans le fond.
Du reste, les pièces du procès sont entre le mains des lecteurs : ce sont les
deu\ éditions. Prenons le commencement. Le ms. Carmoly a perdu sa pre-
mière page : elle est remplacée dans l'édition ,\uprbarli par trois lignes et
demie (jusqu'à ■>~|"*3'T NPN "'3) qui sont une citation talmudi(|Ue rapportée
(replâtrage analogue dans Tédition des Consultations de Hayyim Or Zaroua :
V. fieviie, LUI. 267; et par deux lignes (jusqu'à min "^n^lb' qui sont une
restitution de la citation d'Alfasi. Un peu plus loin un long passage (p. 1. 1. 8
— p. 2, 1. 10) qui ne figure dans aucun des deux manuscrits et (|ui sent
l'interpolation. Et ainsi de suite. Mais d'autre part, le texte de l'édition
.^uerbacli s'accorde souvent juscjue dans des détails d'orthographe avec le ms.
de Paris (inconnu d'.\uerbacli) contre celui de Carmoly : nous avons noté une
dizaine de lectures en quelques pages. Il nous paraît certain : 1° qu'Auerbacli
s'est servi, en outre du ms. Carmoly, d'une autre copie, quoi qu'on pense de
l'histoire assez invraisemblable du ms. de Moise de Merzig: 2» qu'il n'a repro-
duit fidèlement aucun des deux manuscrits.
C'en est assez jtour justifier la nouvelle édition de M. .Albeck. que M. HoH'-
maim lui-même juge «fort désirable», d'autant plus que .M. \. possède une
immense érudition dans la littérature rabbinique et est doue, je ne dirai
pas d'un esprit, mais d'un flair critique étonnant. Il a pris pour base le ms.
Carmoly et a noté les variantes (mais pas toutes) de celui de Paris : celui-ci a
naturellement fourni le début (pas très exactement non plus). Une plus grande
fidélité aux manuscrits serait nécessaire. Le commentaire est précieux : il ue
pèche parfois (jue par excès de longueur : de grandes notes sont de pures
digressions, d'ailleurs fort instructives. Les renvois à l'Introduction font
entrevoir de nombreuses trouvailles ([ui renouvelleront en partie l'histoire de
la littérature rabbinique, depuis le Séder de R. Amram et les Consultations
des Gueonim jusqu'aux codes halachiques de France et d'Espagne, et dont on
a dès maintenant un aperçu dans l'étude sur Juda b. Barzillai, qui vient de
paraître dans les .Mélanges Israël Lewy ; il y est prouvé que le Se/'er ha-Ittim
a alimenté le .S. ha-Eschkol, le S. ha-Ora (ou ha-Oré ; les deux doiveut être
justes, c'est un jeu de mots) et le recueil Schaàré Teschotiba. Cette introduc-
tion promise et les notes, même réduites au strict nécessaire, vaudront à elles
seules l'édition,
D'^Tybrî 1003 D'^NiîîJin amN^nn «Gloses hébraïques du Glossaire hébreu-
français du xiie siècle », par M. L.\.mbert. Paris (Berlin, impr.
Itzkowski), 1909 ; in-S» de 24 p. (tirage à part de la Fslschrift Harkavy).
Le ms. 302 de la Bibliothèque Nationale ne contient pas seulement les
gloses françaises éditées par MM. Lambert et Brandin sous le titre de Glos-
saire hébreu-franiuis du XIII' siècle (Paris, 19051, mais encore des gloses
hébraïques, que M. L. publie ici pour la partie qui porte sur le Pentateuque
et les Meguillot. Ce sont des explications très brèves qui donnent soit un
équivalent du mot glosé, soit, un autre verset où ce mot revient, (|uelquefois
un renvoi au Targouin ou même à un exégète. .M. L. a réuni, en outre, tnHS les
passages où ces exégètes sont cités. Menahem b. Saiduk occupe la pre-
mière place (quelques citations nouvelles), puis vient Uasclii ; il est remar-
quable que les autres représentants de l'école française soient si rarement
mentioimés : une fois Samuel b. Méir et une fois Joseph Kara; les mentions,
uniques aussi, d'Elié/.er de Beausrency et de Joseph Beclior-Schor sont sans
BIBLIOGRAPHIE «33
doute il rayer. Cntte puhlicatioii aidera à retrouver les sources de l'auteur du
irlossaire.
rnTTsr; y~:X3 En Orient. Pi-emiére et deuxième parties : dans les colonies
juives de Galilée et de Judée, par A. S. Herschueri;. Wilna, 1910;
in-S" de ix + 344 p. (^Bildiothèque du journal "jT^Tn iri .
■'ibn îT'n Gloses cabbalistiques sur le PentateiKjue, par R. Frae.nkel.
Lemberg, chez Tauteui', l'.HO; in-8°de (4 -f 32 ff.
■«ns tlOT» n"'3 'o Reth .ïosef Zebi zum Traktat Sukka, von S. Carlebach.
Berlin, éditions « Hausireund », 1910; in-S" de 530 p.
Le titre hébreu complet e.vplicjue l'utilité et la valeur de ce gros volume :
« y sont réunis tous les textes indiqués par la Massoret lia-Schass, les Notes
d'Isaie Berlin et d'Aliba Eger, Rasclii et les Tossafot. de manière qu'il
devient inutile de les cherctier sur place, — travail et non science ».
'^NT^J"' r'^3 Dix dissertations sur les sabbats, les fêtes, etc., par Méir
Yoël WiGADER, de Dublin. Jérusalem, inipr. Luncz, 1910; in-8".
apy^ ■'T'Da Consultations de Jacob Haï 'jrT'iT de Tibériade. Jérusalem,
impr. Azriel, 1909.
i3Tn32T iro: mpa mn m-i nx d"^~i; "7:3 Wip heben icir den reliuU'tsen
Sinn unserer Mâdchen und Frauen ? par D. Kaufmann, traduit par
M. Kamionski. Jitomir, 1909; in-8° de 1(3 p.
C^brcrs '^:"»:3 'O Les formes verbales du Pontateuque, par Aryé Leïb
Gordon, édité par Eliahou Landau. Jérusalem, impr. Luncz, 1910 ; in-S".
rT'CNia Liber Genesis, capitula selecta (i-iv et xn-xv), sine punctis;
«uravit G. Wilrins. Dublin, Hodges Figgis, 1909 ; in-8° de 22 p.
C3Tj'?N nnriN ■'Cj-in nTirsc liin Benedicti de Spinosa Anior Dei
inlellertualis in sechs Dialogen bildlich dargestellt von S. Rlbin. Pod-
gorze, impr. Deutsolier, 1910; in-8^ de 31 p.
a"'5®")"i"'i mi""' "liNS L'habillement et le costume à l'époque biblique, par
Salomon Uubin, avec introduction et notes par A. S. Hkrschberc i faux-
titre : T^ai-i riTibo -i"i "lar^ b:, II). Varsovie, éditions «Tuschijah»,
1910; in-8o de xu + 124 p. ,r:b"n3 r!p%-ivb3"'3, première année, n"s 2-3).
R. 1.
Les notes de l'éditeur et la table des matières se trouvent dans le ii° 14 de
la même collection, «pii contient la Morale lm'i:2n 'O' de Rubin.
r-|?n ■'Vd'^S Gloses sur Yoré Déa, .ïS 60-G9, par S. M. Schwadson. Szatmar,
impr. de Klausner, 1910; in-l'^de 14 tT.
173T^3 DT* "I3n '0 Ephémérides ou mélanges talmudiques, midraschiques
et rabbiniques pour les différentes circonstances de lanu'ée religieuse,
par Hayvim Knoller, impr, Knoller. Deuxième partie : de Rosch lia-
Schana à Nissan. Przemysl, 1909 ^5670i; in-8o de 1 -^ 118 flf.).
Première partie annoncée Revue, LV'L 133.
C»3inD "«-isi Anthologie des Hagiographes (Psaumes, Proverbes. Job) à
l'usage de la jeunesse, ordonnée et expliquée par J. Ch. Rumnt/.kv,
134 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Ch. N. BiALit et S. Bkn-Tzion. Odessa, éditions « Moriah » Cracovic,
impr. Fischer), 1908 ; in-S» de 137 p. R. 0,50.
CN'^s; "^"i^n Anthologie des Prophètes, à l'usage de la jeunessse,
ordonnée ete\plii[né(^ par J. Ch. Raw.nitzky, Ch. N. Bialik et S Ben-ï/ion.
Tomes 1 fisaïe, .léréniie et II (Ezéchiel, Petits Prophètes). Odessa, éd.
» Moriah» /Cracovie, impr. Fischer), 1907-1908; 2 vol. in-8<' B. 0,50
chaque.
!-nu:n ^3T Récits de rabbins de Hassidim, par Dob Bef.r Bylgoray, 1909;
in-4'^ de 80 p.
Tin-i N33n Histoire de la communauté de Dubno, extraits de ses actes
fyjm/a'5)etépitaphes, parCh. W.Mar(;olies. Varsovie, impr. « Hazefirah »,
1910 (5671); in-B" de 192 p., 2 fig. R. 1,50.
Dubno est une petite ville de l'ancienne Wolhynie (8.000 habitants ,
."),000 .juifs), qui fut assez florissante au xviii« siècle, sous les Lubomirski. Deux
juifs de Dubno simt mentionnés en 1607; la communauté fut éprouvée pen-
dant la révolte des Cosa(|ues (p. 9). Des autorités ial)l)iniques de moyenne
grandeur s'v sont succédé ip. 13 et s.) ; elle est la iiatrie de la famille
Marsclialkowitz et de Saiomou Dubno; Senior Saehs y connut l'emprisonne-
nient et Ihospitalité (p. 23) ; une imprimerie y fut ouverte en 1794. La
synagog:ue, dont la vue d'ensemble et l'entrée sont reproduites, a été bâtie
de 1782 à 1794. La communauté entretient diverses institutions éducatives et
philanthropiques (p. 32 et s.). La majeure partie du volume (p. 40-182) con-
tient des extraits du pinkès de la communauté (depuis 1715), divers actes dont
les originaux appartiennent à l'auteur ou lui ont été communiqués par la
châtelaine de la ville; la plu» importante, de 1766, sur la réi>artitiou de
l'impôt entre les communautés juives de la Wolhynie (p. 97 et s.), a déjà été
publiée par Harkavy : quelques pièces sont en judéo-allemand: serment des
contribuables (p. 88 , serment du scheladlan à son entrée en charge (p. 121).
Dommage que l'auteur n'ait pas essayé de reconstituer, à l'aide de ces docu-
ments, l'activité commerciale, l'organisation financière et la vie religieuse de
la communauté. A la tin, copies de 72 épitaphes de rabbins, notables, etc.
(p. 183 et s.). Monographie utile.
"mN3bî<0 INO bNiD73 y[^ Don Manoël San Salvador, récit de l'époque de
l'expulsion des .luifs d'Espagne, traduit de l'hébreu par H. Ben-Attar.
Jérusalem, impr. Azriel, 1910.
rr^Dina rrbD^rnn -m La période de la « renaissance » en Russie, par
M. Marguues, traduit du russe par C— "'. VSilna, 1910; in-S" de 109 p.
(Bibliothèque du journal "j^Tn in).
Q-i-iO"' mn 'o Réfutation des arguments de J. H. Weiss. dans son ouvrage
« Dor Dor ve-Oorschav », contre la loi orale et contre la divinité de la
loi en général, par Juda ha-Lévi Lipschitz, édité par le neveu de l'auteur
NoTEL Lu'scHiTz, de Kowno. Deuxième partie. Pétrokow, impr. Zeder-
baum, 1910; in-8» de 124 p.
La première partie a été signalée Revue, LVI, 133. Cette deuxième ^et der-
nière) partie critique dans le même ton différents passages du premier volume
de l'ouvrage de Weiss et, eu appendice, quelques passages du deuiième
vulume.
BIBLIOGRAPHIE 13h
!z:"':T',nNr; m-im Xeuesle Geschichle des Jùdisclien Volkes, par M. Phi-
Lippso.v, traduction hébraïque. Tome I. Wilna, 1909; in-8° de 384 p.
(Bibliothèque du journal ITSTH in''.
'\H^^'1 Dîwàn'des Abù-l-Hasàn Jehuda ha-Levi, nach Handschriften und
Druckwerken bearbeitet und mit erklarenden Anmei-kungen versehen
von H. Brody. Zweiter Band : Nichtgottesdienstliche Poésie (Hot'l V).
Berlin, inipr. Itzkowski, 1909 [1910;; in-8» de xi — 137-330 p. (Srhriften
dos Vereins Mekize .Nirdamim, 3. Folge, Nr. 2\
Contient les notes du tonie II (iioésies profanes .
•jinon": l'^i Procès-verbaux de la Conférence tenue à Berlin par la Orga-
nisation fur hebrâischr Sprachr nnd Knlhir. Varsovie, éditions
« Achiasaf », 1910; in-S» de 82 p.
rmnn b3> 'OTT'SI pnpT Commentaire du Pentateuque, par Elia de Wilw,
édité par Eliahou I.andau. Jérusalem, impr. Luncz, 1910; in-8°.
noin 'Tii Voie nouvelle. Contributions à l'exégèse biblique, par U. El.
Baranowitz. Wilna, 1910; in-8° de 32 p.
noD b"ij m^in moHaggada de Pàque, avec commentaire intitulé pnii:"^ JT^'J,
par Isaac INirbNTO. Jérusalem, impr. Azriel, 1909.
nos bo rman Haggada de Pàque, avec commentaire intitulé "j'^ban
ms:7jb par A. A. Pkac. Jérusalem, 1910; in-S" de (2-|-) 53 11'.
rr'a-iyn n-i2D3 3"'î<"'3:r: i-'n7j miJin Uas Lebeii der Propheten nach der
arabischen Légende, ins Hebraïsche iibertragen von J. Eise.nbkbg.
I. Lieferung : Hiob und Moses. Podgorze, impr. Deutscher (Leipzig,
M. \V. Kaut'mann), 1910; in-8° de 39 p.
M. E., qni édite et traduit en allemand les <« Histoires des vies des pro-
pliètes » d'Alkisai (mort en 199 de lliégire), en a déjà publié des extraits en
hébreu dans ditt'érents périodiques; il se propose de faire passer tout l'ouvrage
en hébreu dans des brochures successives. Celle-ci contient les textes relatifs
à Job, Jélhro (Schoëib), Moise fils de .Manassé (parait être une hauruada
« massorétique », tirée de Juges, xviii, 30), Pharaon, Moïse, l'Exode, la pro-
mulgation du Décalogue, Balaam, Goré, Og, la mort d'Aaron et de Moïse. Une
annotation inégale signale les divergences de Talàbi ; la première note affirme
que les deux auteurs arabes ont puisé à une source commune, qui émane
dun Juif; mais qui? la mention de Ka'b dans le texte (p. 14 n'est accompa-
gné d'aucun éclaircissement. Le Séf'er ha-Yaschnr se ressent, comme on
sait, dr l'influence arabe: M. E. jiromet de prouver qu'il a subi celle d'Alkisaï.
ï^nDOim •'bna mn"^"iDT Y^:^^, roo73 by mnar: Adnotationes criticae ad
duos Talmudis Babylonici Tosephtaeque tractatus Chulin et Kerithoth.
Textum constituit, res explicavit, historiamqiie originem ex fontibus
investigavit J. H. DCinner. Francfort-s.-M., Siinger et Friedberg, 1910;
in-40 de (4 +) 67 + 27 ft. M. 5.
ai3"*0 "15" Explication de passages difficiles de la Bible, par M. Besredka,
Drohobycz, impr. Zupnik (chez lauteur, à Odessa, Bazarnaja, 82), 1909;
in-S" de v 14- 137 p.
\M HEVUE DES ÉTUFtES JUIVES
Laulcur a pul)lit;- ru 190o une l)nicliiire fnOD l'pX 'CV (Dioliohjcz,
76 p.), où il a proi)(jsé des corrections au texte biblique. Mis eu goût, il s'est
mis à lire les exégètes critiques et cette fuis la moisson est plus abondante.
A ses conjectures personnelles il a ajouté celles de ses devanciers. Si le bon nesl
pas toujours neuf, le neuf n'est pas toujours bon. On est cliarmé par des
trouvailles dont seraient incapables les liébraïsants à coup de dictiotuiaires et
qui attestent à tout le moins un sens très affiné de l'iiébreu, et linstant apns
on est agacé par des fantaisies qui ressemblent à des gageures ou à de mau-
vaises plaisanteries. Qu'on lise dans Job, m, 3, nnn "'7SÎJ particijie; ou .lans
1 Rois, XVIII, 21, D''53n, soit; mais que dire de bMiTan NI" TT'a bl^Tj pT
■ly-lT Nb dans Genèse, xv, 2, ou de nnD3 ib "«S ïnNT dans xx, 16 ? Ce
contre quoi nous devons protester, c'est contre l'attribution de prétendues
diTergences au Targoum, comme n\j2 "^70 dans Gen., xxi, 7, ou ^;a rT^CNI
dans XLix, 3. M. B. est si spirituel qu'il prête de son esprit aux autres, à
commencer par les auteurs bibli(jues.
m'^bNniB'^ rT'IinOT! L'histoire juive en vingt-quatre leçons, par J. Klau?-
NER. Tome I : Dos origines à l'époque des Maccabées. Odessa, 1909;
in-8" de 300 p.
*~isiDr; '»n2;a 'n mT'Ob rr^bbon n^aipr; Abhandlung iiber den Siddur des
ScHABTAi HA-SoFER aus Przemysl, auf Griind der einzigen Handschrift in
der Bibliothek des Bel ha-Midrasch in London (par A. Berliner). (Faux-
titre nu;-!*! □"nn û"^ 'O Blatter aus dem Bet ha-Midrasch in London).
Francfort-s.-M., .1. Kauftmann, 1909 ; in-8° de .xvui + 82 p.
L'auteur, grammairien polonais du commencement du xvii* siècle cf. 11. IL,
XIII, 116), avait préparé pour limpression un Livre de prières correct avec un
commentaire très étendu; malgré les approbations des rabbins contempo-
rains, son travail ne vit pas le jour et seul le Livre de prières parut à Prague (?)
en 1617, puis à Lublin en 1625 (frontispice reproduit p. 78). M. B. publie
l'Introduction générale du commentaire inédit ; elle ne contient nullement des
généralités, mais des observations sur la vocalisation correcte de certains
passages du rituel. La citation d'anciens siddourim et de différentes autorités
rabbiniques donne a l'ouvrage un intérêt historique. Beaucoup de fautes
d'impression.
ï-i72bu:nn 'o Gloses d'Alfasi sur Xezil>in, par Meschoullam b. Moïse de
Béziers, éditées d'après le manuscrit (liinzburg avec un commentaire
intitulé n?3b",iîr:n nmn, de Juda Lubetzky. 3» partie : Aboda zarn, suivi
de a"^3p3pT "-bbo. Pétrokow, 1910 ; in-f" de 72 ft".
2' partie : Revue, LVI, 136. L'auteur est décédé à Paris, le 18 septem-
bre 1910.
...m"'mao"'rin mb^bnortn Développement historique de l'idée de la
renaissance de la langue hébraïque, par A. -S. Herscmberg. Odessa,
éditions « Ibriah », 1909; in-S" de 16 p.
a^annsn nTam Aus dem schriftlichen Nachlasse der Briïder Jolles aus
Lemberg [herausg, von A. Berlinerj. Berlin, L. Lamm, 1909: in-8» de
su -|- 48 p.
Deux parties bien distinctes : 1" neuf lettres de rabbins allemands, polonais
et hongrois sur les ouvrages bNmp"' nOi:73 et ï:^-) D"^7aa3 de Saul Berlin;
BIBLIOGRAPHIK 137
l'histoire de ces deux scandales littéraires est bien exposée par S. Klein, dans
la Israelitische Monalsschrifl (supplément de la Judisclie Presse), 1909, n"'
4 et siiiv. ; - 2" une dizaine de lettres de Zacharie-Isaie Jolies et de son
frère Baroucli, deux muskilim de Lemberg, et de lliistorien M. Jost ; cette
correspondance, échangée en 1840-1841, n"est pas sans intérêt pour l'histoire
politique et littéraire du temps: Lilienthal, dont Z. Jolies fut le collaborateur
;i Minsk, ([uerelle de Rapoport et de Luzzatto, Meblsack, l'auteur du liahialt
contre Zunz et Rapaport ; noter li's jugements sévères sur Crémieux et les
Rothschild d». 29, 30. 48 .
•^ibr, na^T Ueber ilen ursprunglichcn Inhalt von 600.000 Buchstaben inti
Biiche Moses cntsprcchend der Zahl der Miinner, welche am Berge Sinai
bei der Offenbariing anwesend waren... von J. HoaowiTz. Miinkacs, chez
l'auteur, 1910; in-S" de 20 ff.
■nsoa ITIDT Autobiographie, par L. Lewin (b"'rrT''. Jitomir, impr. Choro-
janski, 1910; in-8° de 61 p., portrait de l'auteur.
t3''3iU5N")b iTiriT Histoire des rabbins de hi communauté de Szigel, par L.
Grïj.nwald. Szatmar, M. Klausner, 1909; in-S" de o2 p. M. 1.
Q^jTiriNbT a"'jTC;N~'.b "ji-iDT Editions d'ouvrages anciens et modernes. Tome
I, contenant : 1^^ le ^ii^i:n 'D de Maimonide ;?), 2' le ynrs Y^ "i"t<'3 de
H. M. b. Eléazar, 3» des pioutim de Juda Halévi, Abraham Ibn Ezra,
etc., 4° des pioutim d'un mahzor manuscrit, 5^ ime tossefta du Targoum
du commencement du livre d'Ez(''chiel, avec des notes et l'ouvrage
nD"i2 "piZT, de Joseph ibn Plat, sur les bénédictions, par S. -A. Werthki-
MER. Jérusalem, chez l'éditeur, 1909; in-4° de (1+) 26 tf. 3 l'v.
x"2^-^b "jin^T 'o .Novelles sur la Mischna, traités Berachot et liosch Ha-
schana, par Joseph Messi.ng. Berlin, L.Lamm, 1909; in-8° de (l-f)~2p.,
portr. de l'auteur.
now "jinDT Homélies, par Moïse ITZHJZ de Safed. Jérusalem, imprimerie
Azriel, 1909.
nDno riDOT: bv ■«-i-«N72r: "«oiT^n Novelles de Menaiif.m Meïri sur Sourcn,
éditées d"apiés le manuscrit de Parme, par J.-M. Alteh, avec des notes
de M. Lu'szvc. Gôra Kalwarja Pologne russe), chez l'éditeur, 1910 ; in-4°
de 138 p
î~rN; mn Sur le Penlateuque, par Moïse Meïr Haï Eliamm, de 'i'ii)ériade.
Jérusalem, imprimerie Azriel, 1910.
'\"i<^ mn 'd Explications homilétiques de passages bibliques et midra-
schiques. par J. Rosenfeld. Pacs, imprimerie Hosenbaum ^chez l'auteur,
à Galatzi, 1909; in-4° de (6-f ) 295 ff. M. 6.
CTnsnm a-'^'b^b^n D-'-n-T; ^t, Sozial- und Wirlschaftsueschichte der
Juden, par G. Caro, traducton de M. P. Seidemann. Wilna, 1910; in-S" de
377 p. Bibliothèque du journal 173Tn nn, VI).
npibnn La Hnloucca, son origine, son histoire et son organisation, de-
puis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours, par A -M. Luncz.
1.18 REVUE DES ÉTUDES JUIVE?
Jérusalem, imprimerie Luncz, 1910 tirage à part de TAnnuaire Jéru-
salem).
imba:; uJWn Die fiinf Megilloth iiberselzt iind erlautert von II. Breuer. 3.
Teil : Klagelieder. 5. Teil : Esther. Francfort-s.-Mein. A.-.I. Hofmann,
1009-1910 ; 2 vol. in-8° de viii4-96 et viii-|-102 p. M. 1.85 chaque.
P.uth a paru en 190S : Revue. LVIII, 140.
J~n^ïJiDNT mn*' Judentiim nnd Menschentiim. Anfsiitze von J. Klau?ner.
Tome 1. Varsovie, éditions « Tuschijah », 1910; in-8° de 240 p. R. 1,50
(nVins npinvbn^s, n°» 30-32).
C'est une 2« édition, la 1" ayant paru en 1905. A noter un article sur S.-D.
Luzzatto [ce fut surtout un graml cœur) et un autre sur Ki iiest Renan et l'an-
tisémitisine intellectuel exagérations).
Q— i3n bwS-r::"' bs mam n-nn-^n Le Judaïsme et l'Alliance Israélite Uni-
verselle, conférence de Léon Modiano, traduite en hébreu par M.-I).
ScHouB. Jérusalem, imprimerie Luncz, 1910.
N"'D"n2 n-ininT! Histoire des Juifs en Russie de 1880 à 1908, par M. Maoaz-
NiK. Varsovie, 1910; in-8» de 138 p.
S-iyT-ij^w ib"" 'D Poésies de E. Kazaz. Odessa, 1910 : in-8» de vin ^ 1 18 p.
H. 0,70.
Sur l'auteur, \., Revue, LVIII, 315 ; sur l'ouvrage, Z. /'.//./)'., XIII. IH, 180:
XIV, 114.
î'Ci- -iDD br •'T'Drr: Zii'pb'' The Jalkut of R. Machir bar Abba Machir on
Ilosea, edited l)y A.-W. (".reenup. Londres, 1909; in-8<' de 16 p.
rr'-OT ■^DO ?:? "'-i"'D7j~ Cûipr-» Tlie Jalkut of R. Machir bar Abba .Mari on
Zechariah. The Jalkut .. on Amos, Obadjah. Jonah, Micah, Nahum and
Habakkuk. Edited for the first time Irom [he unique .Ms.(Harley,5704) in
the British Muséum by A.-W. (Jreenup. Londres, 1909-1910 ; 2 vol. de
148 et de 81+22 4-28+66-1-21+56 p.
Recensions de M. Poznanski dans Z. f. H /'•• Mil. 131-134: XIV.
131-134.
Ssbci"!"* Jérusalem. Jahrbuch zur Befôrdcrung einer ^vissenschaftlich
genauen Kennlniss des jetztigen und des alten Paliistinas, herausge-
geben unter MitNvirkung von Fachmannern... von A, -M. Luncz. Rand
VlII. Heft 3, 4. Jérusalem, chez l'éditeur, 1910; in-i2o de p. 179 —
360.
Sommaire de cette livraison, qui termine le tome VIII, H. Hirsclieusnhn :
Ribla, r.et'on, Bet Bara (Juges, vu, 24), Baré (Ezécliiel, ixi, 24! , Babel au
nord de la Palestine; J.-D. Blumberg ; Sur la scbemitta de nos jours; S.
Raffal'ivitch : Les luttes des Fellalis en Palestine dans les deux derniers siècles
(d'après Macalister et autres); "i3"n^ : sur les middot exégétiques ; Luncz :
'pn:C 'IT NrmON Guiltin, 56 h); S. RafTalovitch : La Palestine avant la
lonquète de Josué (d'après les explorateurs anglais; à nuivre): '0"n^ : sur la
niétiiode d'enseignement de lamora Samuel; J.-M. Toledano : Elégie sur la
mort du rabbin Baruch Toledano ^rabbin marocain îles xvn-xviii' s.); Luncz :
la bénédiction d'Isaac ,Geuèsc, xxvii); yj"n^ : esplicalioni de passaçes bibli-
BIBLIOGHAPHIK 139
(jups et taliiuiiliques : NV. Rabbiiiovitch : sur la rédaction «lu Yerouschalmi à
Tihériade. jiar des rabbins anonymes : le Babli et le Yerousclmlini siirnoreiit
récipruquenient ; le Y. de Kodaschin a existi' au moins sur les traités de
Zebahim. Menakot et Keri/ol) ; nouvelles palestiniennes ; \V. Rabbinovilch :
notes sur le Yerousehalmi.
n7:b\:5 mr-'T' Homi'lies, morale et poésies, par Salomon R. Samtiel
N3"":N"'7:. Jérusalem, imprimerie Azriel, 1909.
l'^Ntt O"' Consultations de Eliahoii nb"^, rabhin à Tibf'riade. .lériisalem.
imprimerie Azriel, 1909.
rr'ruji Isaias, diligenter revisiis jiixta Massorah atqiie editiones principes
cum variis lectionibiis. . . collectisa C. D. Ginsburg. Londres, British and
Foreign Bible Society, 1909; in-i» de 93 p.
L'éditeur a reproduit le texte de l'édition de Venise 1524, mais il a noté les
variantes de plus de Ib manuscrits et de 20 éditions anciennes, non seulement
pour la vocalisation, mais aussi pour l'accentuation. Il a compté les variantes
sans les peser. Le seul effort critique qu'il se soit permis nous parait malheu-
reux. Les Keré-Ketil) ne sont pas ponctués par lui dans le texte, mais en note
il indique la ponctuation et du Keré, ce qui est bien, et du Ke/ih, ce qui est
illégitime, cai- la ponctuation massorétique suit toujours le Kerr. Ainsi dans
IX, 6, il donne en note non seulement r;a~l7ob, mais aussi r;21 ob, — qu'est-
■ : - : T - T
ce qu'il en sait? — L'impression est fort belle et fait tionneur a la Bible
Society, qui éditera dans la même forme toute la Bible.
'v:3""'Nb •^^2^D Sermons de R. .J.acol) Saiil Elyaschar, avec des oraisons funè-
bres par le même et des sermons de son tils, Hayyirn Moïse Elyaschak.
Jérusalem, imprimerie Ziickermann, 1909 : in-f" de I6H p.
'^iDCsn -1D1D Kofer Ha-Eschkol. Die Wahrheit iiber die Esclikol Aiisgabe
des Dr. B. H. Anerbach von Schiilem Albeck. Varsovie, imprimerie
« Hazefirah», 1910; in-8» de 18 p.
Voir àbiSCNn 'o.
T'Sîn bsTOïî '"1 ""T^C bo. Poésies complètes de R. Samuel ha-Xacuid, éditées
et commentées par H. Brody. Fascicules I-II. (Faux-titre : T'^ar! niriN
ni:''b7ûr!i, éditions des poètes juifs du moyen âge. Première partie).
Varsovie, éditions « Tuschijab », 1910; in-H» de 160 p. R. 1 (-p"'nvb3"'3
nbliJ, première année, n's 1 et 36).
Sur les 41 numéros — pour la plupart dos poésies de circonstance dont les
destinataires sont connus — qui remplissent ces deux fascicules, 2 seulement
sont inédits (n"' 3-4); mais pour tous le texte et le commentaire représentent
un progrès sur l'édition Harkavy. En outre, M. B. publiera en appendice les
poèmes adressés au Nairuid et une biograjihie de celui-ci cumplètera le
Diwan.
a'':3n C|;d. Explications sur le Pentateu(jue de .Moïse iain~"'3, éditées
par Jacob Haï i^iTT'a. Jérusalem, imprimerie Luncz, 1909 ; in-S".
^N-iUJ"' y.» mb A. M. Llncz. Lilterarischer Paliistina .\lmanach fiïr das
Jahr a6T0, 1909/1910. XV. Jahrgang... fiïr das Jahr 5671, 1910/1911,
XVI. Jahrgang. Jérusalem, cbez l'auteur, 1909,1910; 2 vol. in-16 de 72-|-
174-1-48 et 08-^-1 02 -fUi p.
140 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Tome \V. Luricz : Jérusalem dans les quarante ileinii-ros années suite t.
XVI; développement considérable de la communauté, dû surtout ;i l'afflux des
AsclikenaziteS; ; A.-Z. llabhinovitcli : Guiliral ; S. RaHalovilcli : histoire des
Fellahs d"a[)rés Baldensi)erger (dans le /'. E. F.)\ Bentzion Tragan : la commu-
nauté d'Alexandrie; bihlioiçraphie palestinienne: la ferme-érole Or Jchoud.i.
près de Smyrne; l'année en Palestine. — Tome XVI, S. Raflalovitch : Ephraim
et la secte samaritaine ; A.-Z. Rabbinovitch : le pays de Samson et de David,
d'après Ebers et Guthe ; bibliographie palestinienne; A. Idelsohn : la commu-
nauté de Damas ; E. R. Engelmann : les ])ériodi(iues iéiusalemites : Tannée
en Palestine.
rmmb Calendrier caraïte pour 5671-5675, par S.vmuel Neeman. Eupatoria,
imprimerie M. -L.Miirowansky, 1910; in-12'' de 79 p.
Voir Z. /". H. B. XIV, 114.
cb^Di nra'^:;? ■••a: mmb Tableaux des flexions des noms et des verbes,
par Ch.-S. Neuhausen. New-York, librairie S. Druckerman, 1910; in-S"
de 31 p.
r~nD5r; "^liipb Collection des halachot des traités Pesahùn, Haguiga,
Tamid, Keritoi, Bechorot, par Israël Méir B. Aryk Zeeb. Pétrokow, 1900;
in-4o de 824-32-|-85+38-|-24 p.
t*»mn"' ■'aipb 'o Explications des treize articles de foi, par Ch-I. Schi.esin-
GER. Première partie. Vacz, 1909; in-H" de 118 p.
rT'^"'b'53 a'N-'^pr; m-npb Contribtilions à r.histoii'c des Caraïtes en Ga-
licie, par H. Fahn. Berlin, 1910 ; in-8o de 18 p. Tirage à part de Hake-
clem, III).
rriannr! minpb Lekoroth Harabonoth {sic). Zur Geschichte des Rab-
binismiis. Aufsatze von S. -A. Horodetzky, Fascicules I-II. Varsovie,
éditions « Tuschijah », 1910; in-8o de 223 p. R. 1,50 (ribnns np"'nvb3"'3,
ire année, n°^ 33-34, 35).
Isaac Aboab 1 (l'auteur du Menorat-lia-Maor , Israid de Hriinn, Joseph
Colon, Moïse Alaskar, Moïse Isserlès (avec un appendice sur le Minhag], Salo-
mon Louria, Mardochée Yafé, Méir de Lublin, Samuel Edels, Méir Schiff,
.Menahem Krochmal, Gerson Aschkenazi. — Réimpression textuelle d'articles
de revue [Har/oren), sauf pour S. Louria et S. Edels, dont les biographies,
publiées d'abord en volumes in7ûb;a D~lD, Drohobycz, 189" : bN173U3?3 DU5.
1893), ont été remaniées dans la forme.
3ia npb. Voir ^^'r'Z).
1-<biD3 T'TûSm bx-iï:"^ mbmb Contributions a l'histoire des Juifs en
Pologne et de leurs rabbins, par F. -H. Wetstein. Cracovie, 1909; in-8 ■
de 28 p. (Tirage à part de Haeschkol, VI j.
Voir à biDÏJNn.
NB3 ynm -nTnw mn» bm n^js» Etude sur le Malizor du rite de Kaffa.
par J. Marko.n. Saint-Pétersbourg, 1909; in-8' de 21 p. (Tirage h part de
la Festsrhrift Harkavy).
■^nON nbaw « 1-e livre d'Esthor. traduit du texte original par Zadoc Kahn
BIBLIOGRAPHIE 141
cxlrait de la Bible du rabbinat français) ». Paris, librairie Diirlacher
Hœdeliieim, impr. M. Lehrberger), 1909; in-S^de 68 p., illustré.
Texte liéhieu et traduction de la Mei-'uilla, avec l'otlice du soir (pour la
veille de Pourimh
PT»;?:! nb-'STO Meguillat Taanit, avec le comtnenlaire de Jacob Emden, un
noiivean conuncntaire d'AKRAHAM ha-Levi de Cracovicet un aiilre, inti-
tulé VuîKn "Cîn-PD, dABRAHAM Eliahoc b. Yehieu Michel. Jérusalem, im-
primerie Schônbaum-Weiss, 1908; in-8'.
t~n2N p72 Magen Aboth. 24 talmudische Abhandlungen des Meiui Mf.na-
CHE.\ b. Salomo nacli der einzigen Handschrift edirt und commentirt
von I. I.AST. Londres, Imprimerie Narodiczky (en commission chez
Kauftmann, kFrancfort-s.-M.), 1909; in-8o de x-f-nS+n p., 2 fac-similés.
Cet ouvrage est une mine de reuseigiiements sur l'histoire littéraire,
rituelle et « culturelle » des Juifs du midi de la France. Voir provisoirement
Marx, Revue, LIX, 203, 223-224.
î»*t3-i rriaN-in "C-nw Bereschit Habba mit krilisohom Apparale und Kom-
mcntare von J. Theodor. I.ieferung iv, Lieferung v. Berlin, imprimerie
ltzl<o\Nski, 1908-1909; in-4° de p. 241-400.
a"'S3n cm» Voira Hoffmann.
""nmw Prières des fêtes d'après le ritesefardi, avec commentaire intitulé
ripv """thn, par Jacob Yiçhaki. 2 parties (Rosch Hascliana et Kippour ,
Jérusalem, chez l'auteur, 1908-1910.
Voir sur lauteur Z. /". //. D.. XIV, 130.
^■•3:173 "ISO Maclikim, von R. Nathan ben Jehuda. Cod. hebr. Xr. I2ff der
Hofbibliothek zii Wien und Xr. 187' der Statbiblioteek zu Hamburg. Mit
Anmerkungen und Einleilimg von J. Freimann. Cracovie, impr. J,
Fischer, 1909 ; in-8'' de xxiu-f-UO p. (Tirage à part de Haeschkol, VI).
Voirie compte rendu de M. Wellesz, Revue, lAl, 154-100.
irmaN "^"IN "<-ipn73 déographie et histoire de la Palestine, d'après les
meilleurs auteurs, par Israël Wolf Horovit/.. Première partie, fasci-
cule I. Jérusaleu), impi-imerie Lipschutz, 191 ; in-8".
nT'D "^72 Règles de l'ablution des mains, rattachées aux initiales du cha-
pitre sur le bassin d'airain, par .Nephtali Herz •^nMU"'"i7:, édité par
Samuel b. Abraham, fils de l'auteur. Jérusalen), imprimerie Luncz,
1910.
CNm WTjn Die Elemente Wasser und Feuer in der symbolisch- mysli-
schen Literatur, von S. Rlbin. Podgorze (Cracovie, Wetstein), 1909:
in-4'' de 26 -f 2 p.
"!3?n nm ■'72rn73 D''3Pr73 Lettres de Nahman Krociimal cl Moïse Landat,
éditées par B. Friedberc. Krancforl-s.-M., Siingei- et Friedberg, 1910;
in-8o de 8 p.
mnNT ■''?73 Commcnlaire du Peutaletuiue en judéo-espagnol, par Isaac
"•pN'C de Constautiuople. Jérusalem, imprimerie Luncz, 1909.
i42 REVUE DES. ÉTUDES JUIVES
ITi'DT'i nrijW Consultations de Joskph Hayvi.m iia-Cohen, du Jériisaletn. Jéru-
salem, imprimerie Luncz, 1910; in-f^.
rrpTtyrr i:m-iDD73 Aus nnserer alten l>iteratur. Drei Beitragc zur Entstc-
hung und Gescliichte : 1) der Pentateuch-Uebersetzung « Onkelos »,
2) des Midrasch « Tanna dbc Eliahii », 3) der Bethiiuser in den Zeiten
des Talmuds, von NVolf Markon. Wilna, impr. Pirojinkow, 1910; in-S»
de IV -p 56 p.
L'autour voudrait monlnM' : \" »|u"Uiiivelos traduit d'après les o|iiiiiiMis
de sou maître R. Akil)a, — mais il faudrait ])r()uver (|ue le Tarirouui a un
auteui', et que c'est Onkelos; '2" que le Tanna dehé EliaUou [)olémise contir
les Sadducéeus — mais il est prouvé que ce Midrasch n'est pas si ancien :
'i" M. Eiistein établit pour lui ([ue les synagogues n'étaient pas situées a
répot|ue talmudi(}ue dans les champs, comme on l'admet communémeut sur
la toi de Raschi. ^
■'ibn N3'3'd "'3~iyw Gloses sur le Talmud, par J. Hokowhz. Première
partie : Berachoi et Mui'd. Londres (chez l'auteur, à Anvers), 1910;
in-8" de 20"d p.
a'^DiN^r; ri'iJyTû 'o Ma-aseh ha-Geonim (cod. Goldschmidt-Frankfurl a. M.i,
mit Einleilung und Anmerkungen von A. Epstein, erganzt und redi-
giert von J. Freimann. Berlin, impr. Uzkowski, 1909 [1910] ; in-S" de
xxiv -j- 99 p. (Schriften des Vereins Mekize ^'irdamim, 3. Folge, Nr. 3).
Parmi les publications de la société Mekize Nirdamim, récemment recon-
stituée, l'édition du Maassek ha-Geonlm (désigné dans la suite par .V. G. par
A. Epstein mérite une attention particulièi'e. Cette compilation, qui contient
des consultations et des décisions du xi* siècle, nous l'ournit des renseigne-
ments de toute sorte, surtout au point de vue de l'histoire littéraire. Elle
nous introduit dans les écoles talmudiques de l'Allemagne, où enseiiruerent
les maîtres de Raschi, nous montre les quatre fils de Macliir. contemporains
(lu grand commentateur, nous rapporte les us et coutumes des pays rhénans,
des trois communautés de Spire, Worms et .Mayeuce, «ju'on peut en un certain
sens appeler autonomes, car les usages rituels et liturgiques s'y sont déve-
loppés d'une manière indépendante : elle nous décrit la situation matérielle
et intellectuelle des Juifs allemands avant la première Croisade et nous offre,
enfin, une foule de matériaux halachicjues qui, quoiqu'ils se trouvent pour
la plupart dans les recueils déjà connus de l'école de Raschi, sont propres à
éclairer plus d'un point obscur. Les textes i)aialléles du Mahzoï- Vilnj, du
Pardès, du .S. ha-Ora, de VIssunr l'eheller se complètent et se rectifient les
uns les autres et. comme ces ouviages n'ont pas de plan sidide ni d'ordre
systématique, tel paragraphe isolé a été corromiiu a force d'être copié,
comme les monnaies jetées dans la circulation gém-ralo s'usent et peident
leur frappe ; ainsi les citations conservées dans différents ouvrages forment
une contribution notable à la critique comparée des textes. 1,'éditioii du
Farilèn, par exemple, fut faite d'après un manuscrit incimiplet et alten', de
sorte que le M. G., qui renferme de numbreuv passages coniniuiis, nnus met
en état de restituer les vraies leçons.
Dans une Introduction instructive et pleine de faits, M. Kpstein nous ren-
seigne sur le M. G. Il y cite trois passages pour prouver (|ue le manusirit
Ooldschmidt (ju'il édite est identique avec le Muasse /la-Gueoniin mentionne
par Éléazar de Worms et Cidkia h. .\braham. Mais en même temps il indi(iue
six passa^jes qui ne se trouvent pas ilans l'ouvrage, ce qu'il explique en admet-
BlBLIOGhÂPIllE 143
taut (4ue les anciens auteurs connaissaient une recensiun plus complète ipie
celle fie son édition. Il expose, d'autre part, que le M. G. se composait de
différents cahiers, d'où vient qu'il est cité sous didérents titres : 1° mS^r!
"IPm ITD^ÎÎ naiwïïP un titre bien singulier, qu'on lit en tête du Rokéa/i,
303; ne pourrait on pas corriger en "no-^N mDbnn mSTCn -^rNiTTa
"inm ■?) ; — 2° □■'rTNin mai'^n : Or Zarouu, 1, § 423 non 421), à quoi
il faut ajouter : a) 0. Z., I, Hil, (= M. G.. 88): - b) 0. Z., II, 1096, 232
{= M. G., p. 22, n» 33), Tn31 D'^jlNSH m31"«rn, plus complet dans 0. Z.
que dans Af. G,, on manque la citation du Yerouschalnii : cf. Schibholé lui-
Léket [S. L.). 200, où la source est noD mnbna ri":CT n72r'C '-) 3nD :
S.ha-Orn, p. 194, n" 47; Monlecliaï, Pesahim. 942: — c) 0. Z.. II. 1G2«.
393 —M. G., p. 45, n» 55;, imai mSTCna 3"IPD : — d'' 0. Z.. Ah. z..
S 256, D^DINan maTOna N^CîID pi, où on cite R. Siméon et R. Juda
ha-Colien Sire Léontiu. appartient viaiseniblalilement au même irronpe.
manque dans M. G. : — e. 8. L.. 9, ■'70'^a "Tî n«i'?3 a'';iN:in maicr
rriin^ "13 priit^ '~. cf. Mahzor Vitri/, 51: Moi'derhai. Derachof, \'-2:
manque dans 3/. G.: — f Bel Uadasch sur Yoré Dëa, 89, d'après Mord..
Uoullin, 1148 manque dans notre édition) : NîT^N D'^aiNSn nmCPa D^T
a"^5ï3T373 a''5T inX 3bn biSNb -ion ■'"-I b"n =M. /;., n» 15) : —
3" m31U5ri, à ajouter les textes suivants : 0. Z., I, 133 6, § 462. cf. Heca-
tiali, 190: manque dans 3/. G.; 0. Z.. II. 49 6, § 95, m3TCP3 3nr3
•^"lab DIN blD"^ ON OITO'inbp 'nb ibsu;. man(iue dans iV. G.\ 0. Z., 11,
1616, § 392; 163«. § 401. uianiiue dans .1/. G.: 1836, §464, manque;
II, 179«. S 436 (= M. G.. 50 . 1796, § 440 (= M. G., 50, 51^; 171 6. § 422« :
û'ipibN '-1 a"«03 m3'T«0n3 [M. G., 51 : Kaionymos^ : — 4" D'^riNin "'"13T,
textes à ajouter : 8. /.., 73 (= M. G., p. 60, n<- 64); 36 (?) ; 218, p. 202 :
253 ; 266 (— M. G., p. 34, n» 49); 270; 364 et à la Hn p. 408. Un -^-lal
a"";"INan est cité dans 0. Z., Ibla, § 392: 168a, § 416 ; — 5° mSHjTj
2'';iN5r;, textes à ajouter : 8. L., 290, mnTjia 'H. n" 15 (= M. G., 50 ,
21 [^ M. G., 48, n»38i, 37 (:= .V. G., 51 ; — 6° N-T'C'JN n-i:ir;:7:. >'. /-.,
372, manque dans M. G.; — 1° NS:j573 manjTJ, >'. L.. 194, 199, 286.
p. 267; de plus TMiri'' "13 pniC"» 'l irOT aC3 Tî<".w», 8. L., 23, 30
-— M. G., 60, n» 64), 133 = .V. G., 56. n" 62 : 0173'^:nbp '"1 a'03. S. /...
140 (= M. G., 58, n» 63). 149. 177, 202 .U. G.. 40: Ta.schheç, n» 179, 0C3
a-'-iDs 'ii.
Il reste singulier que les divers recueils contiennent beaucoup de clioses qui
ne se trouvent pas dans le M. G. Il pourrait en résulter que ces a^O'^lUIlp
étaient des compendiums indépendants aux(juels sont empruntées les citations
qu'on trouve dans le .)/. G. On peut bien admettre à la ri^^ueur, lorsqu'on
trouve par exemple un passaire commun aux 0173"';i?p '"1 a''3r!:7j et au
M. G., que le preniiei' est une partie du second. Mais comment croire
qu'Eléazar de Worms cite notre ouvraire une fois sous le titre rie M. <;., une
autre fois sous celui de nnrîl mo^'N n3i;aP m35rî, ou (|ne C.lilkia b.
.\braliam le nomme tantôt M. '#'.. tantôt Tesihtittlinl ha-Gi/eonim, Te»i-kouf>ttl,
.Miuh(i;/ol. etc. ? Il n'est guère raisonnable d'admettre <|ue le roérne auteiu'.
dans le même ouvrage, intitule la même source de maniéro djlférenles. (tu
bien le .1/. G. était plus petit et ne contenait pas tout ce qui se tmuve dans
les autres a''0'^"lt32"lp, ou bien noire édition, qui ne nous rend (tas toutes les
citations du M. G., est une compilation faite à l'aide du M. G. et des autres
opuscules. Il ne suffit naturellement pas de prendre ce qui ressemble et
rie laisser ce qui est différent ou qui manque. Quand le savant éditeur nous
apprend que les trois .citations présentes dans l'érlition en établissent l'irleii-
tité avec le .M. (i. et rpie celles rpii n'y sont p.^,s prouvent seulement ipie li'
144 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
M. G. était p:iaiitivenienl plus complet, on pourrait, avec une logique si
comiiioiie. établir de même que le Pardès, par exemple, n'est |)as autre chose
que le M. G. : ce qui s'y trouve — et les passages parallèles sont nombreux —
confirme l'identité et ce qui ne s'y trouve plus maintenant y était autrefois.
On ne saurait prouver davantage que le M. G. édité est une source du
Pardès : lun et l'autre sont des compilations. Ce que nous reconnaissons
volontiers, parce que les faits favorisent cette opiniun, c'est que le M. G coor-
donne mieux les matériaux communs. Les autorités citées sont plus nom-
breuses (jue celles du Pardès (voir le chapitre m de llntroduction). Le
Maassê he-Gueonim est à la base des deux con)pilatlons. ainsi <|ue les
recueils d' « usages » et de consultations des savants rhénans. Le compilateur
de notre M. G. n'a pas toujours respecté la forme de ses emprunts, d'où
vient que le même personnage est désigné diSéremmeut (p. ex. p. 13 : SISÏ721
■jnD '"1, p. 13, 40 : 1ri3 "'jNT). Nous avons affaire à un copiste qui vivait
probablement en Bohême. Le passage de la p. 53, 13^731p733 D"'5m;ï)
Drî32 (ajouter 1733) est peut-être interpolé : il est douteux que le consul-
tant de Rasclii ait été de Bohème. Quant aux trois gloses bohémiennes, ce
sont des additions postérieures, qui attestent les migi'ations de l'ouvi-age.
Le M. G. contient trois gloses maiginales d'un certain R.Abraham, qui nomme
comme son maître R. Samuel b. Baruch (celui-ci n'est pas le maître, mais
seulement le parent de R. Méir de Rothenbouig, voir Heviie, LVIII, 234). On ne
sait qui est cet Abraham, car nous connaissons plusieuis savants de ce nom
au xiii^' siècle: Abraham de Boppard; Abraham b. Baruch, frère de R. Méir;
.\braham b. IsraiM, frère de R. Vedidia de Nuremberg : .\braham b. Joseph
de Nuremberg: Abraham d'.\schafrenburg [Oçar Nelunad,U, 10); .Vbraham
b. .Manoali ; .\brt\ham b. Mordechai (Tossafot, Soin, 3 6); Abraham « le
saint », père de R. Meiiahem (Consultations de Havyim Or Zaroua, n» 127;;
Abraham b. Simha {ibidem, n<" 49, 120, 124-3i; Abraham HIadik (Kohn,
Mardochai b. Hillel, p. 98). Peut-être est-ce dernier, qui a encore compilé
des Minhaguim pour toute l'année (Kohn, ibidem).
Obseivations de détail sur l'édition. P. 3, n. 1, cf. Likkmité Amerkol
(l\a"l^D D'^:iNam) ; Sckaarê Douni, 2o b : p. 4. lire 3?"3 (py imD) pour
'^y\ p. 3, 11" 6. lire mnbî^l pour EinbwO, aiH"";:: pour •J'^îrnî et
b"j3n:ï: pour nbïjnnr^a ; p. 8, lire mac;T pour n-isoT ; p. 3i, ',rnu3
na*::"! nn^ ni?, Bokéah, 303 : •c"y^ naï:a: p. 32, n" 48, lire nb'^nnDb
pour nb-^nn, "-idd"' "ossa Nin ann -^d pour "«asin Nin mn •'D
(cf. Rokéah, 304;, -|î?'>:;3T iiour b"':£m : pour 'j-'npDT:. fiu/céali a inexacte-
ment pspsw; p- 33, naxn -ian n^^tos-id, Hohéah -. niaxH nani ; pour
"ipina lire na; effacer T^T, dittographie de C^ST qui suit: p. 34, n" 49. d'après
Rokéah : •\viz,b Nai ni::7ûb nbTin "^z -inxi ; p. 35, i. i : •[■'w^-'o?:
lainp, d'après Rokéah : rO^H ; pour "i^CTa Nb ';"'bD1D «b lire l-^N : le
passage de S. L. cité i). 39, n. 322, se rapporte à la p. 40. n. 324: p. i3,
n- 53, cf. 0. Z., II, 162 o, i? 393, où le texte est meilleur : pour nN-<ar; lire
T^n ; ■12'«mai D"«im2 pi se rajiporte a ybp"«73T îO"<n qui suit jion
ND'^m); p. 45, n. 36, cf. Ha;/. Muïm., Meguilla, ii, 1 : Q'C;a N^TW: pT
pnS"^ na rmrr^ 'l; p- 47, n" 57, cf. 0. Z., U, 1626, § 394, où ion a un
meilleur texte; ligne 3 : nby73b ÏJ'inDW»^ 1733, référence à la consultation
de R. Juda ha-Cohen, qui manque ici: dans 0. Z. elle se lit auparavant:
j). 48, I. 4, DnbNTIJOl, mieux ribî<ï3"«131 ; de même I. 16; pour abl'v^, liie
abl^"» ; pour -nST, lire -\^Z'!^ ; l. 19 ajouter -nanc rr'b'Jan après ■'sb
ninUî; p. 49, 'iDT Dnp73a l-^ims V^ baX ne donne pas un sens satis-
faisant ; le texte s'éclaire par Rokéah, 316 ; lire : 'j'^sm; 1''N ?ai<
a-'-n Ninï: pin-i mp-toa ib-^oN anp ib c-'C mpra ;Nbî< •;«=]
BIBLIOGRAPHIE 145
a-<;or;bT Tmb"^3î<2 TiT'b : i/>., n" S'J, d'après Hokéah. '.ill : 't msti
"17315 a''P"'5N et '{■'aTOT» 'j-'N ; P- 50, av.-<l. 1., 0. Z., II, \T3 b, § 4i0 ; ibiiL,
"O'fp DT^O in^b, 0. z. d'après Eliakim, dans .V. G. au nom de R. Kalo-
nymos ; cf. Haban, n" H; p. 32, n" 61, cf. S. /.., éd. Buber, Introduction,
n. 84 ; variantes : N>,::n ''3 'ïJ-|C3 et bïî T^nmb ^730 pTOt"» "1 NS»^ IV
pDn -)Tyrî< '1 t^3n; p- 56. n" 62, pm:"» 'n rs-nn, cf. s. l., 133 ; p. 60,
consultation d'Isaac b. Juda, variantes dans 0. Z., II, 34 6, § 109; ibid., a. 90,
« ce sont les paroles de l'auteur «, le texte prouve que ce passage est aussi
une consultation.
Bien des endroits qui paraissent siniruliers sont à mettre au compte du
copiste. Une collation plus attentive des textes parallèles connus aurait été
nécessaire. Les notes savantes de M. J. Freimann, qui témoignent comme
toujours de son application et de son attachement au sujet, ne sont pour la
plupart que des références. .Nous sortirions du cadre d'un compte rendu en
réunissant les innombrables variantes des passages parallèles. C'est un travail
mécanique et long, mais l'édition n'aurait pu qu'y gagner, car le te\le auriiit
pu être corrigé aux endroits difficiles, non par voie de conjectures critiques,
mais grâce à la simple indication des divergences.
M. Epstein s'est acquitté d'une œuvre qui mérite toute notre considération
en éditant le manuscrit Goldsclimidt. Nous possédons grâce à lui un nouveau
recueil de valeur, qui nous fait mieux comprendre l'activité littéraire de l'école
de Raschi. Si ce n'est pas, comme nous le croyons, le Maassé ha-Gueonim
primitif, cette constatation ne diminue ni le mérite de l'éditeur, ni la valeur
de l'ouvrage lui-même. Les rapports de ces textes sont si embrouillés que nous
devons de la reconnaissance à tout effort qui tend à mettre de l'ordre parmi
ces disjecta membra. — J. Wellesz.
3'win n^nyiD -ied Sefer Maassei Choscheb. Die Praxis des Rechners. Ein
hebràisch-arithmetisches Werk des Levi ben Gerschom aus dem Jahre
1321. Zum ersten Maie herausgegeben und ins Deutsche iïbertragen von
G. [-ANGE. Francfort-s.-Mein, imprimerie Golde, 1009; in-8° de 100 +
139+ XIV p. M. 3,50.
L'arithmétique deOersonide se divise en deux parties, une partie théorique,
qui se compose de théorèmes avec leurs démonstrations , et une partie
pratique, qui donne la manière de résoudre les divers problèmes; la jjremière
partie sert comme d'introduction à la seconde, car, dit l'auteur tout au com-
mencement, on n'arrive à la perfection dans la pratique qu'en en coimaissant
les principes ; de là aussi le titre (à double sens) de l'ouvrage. Dans son
Introduction, l'éditeur analyse la deuxième, puis la première section en fai-
sant ressortir les parties originales ; il nstrouve là des procédés qu'on ne
signale qu'un ou deux siècles plus tard chez des arithméticiens chrétiens. Il
aurait été intéressant de déterminer la place de Gersonide dans l'histoire des
mathématiques, ses sources (Ibn Ezra) et son influence : peut-être M. L. nous
donnera-t-il une histoire des mathématiques chez les Juifs. — L'édition est
faite d'après les mss. 33 et 67 de Munich et d'après un manuscrit de Vienne .
La traduction, dont nous avons examiné quelques pages, nous a paru exacte ;
mais elle aurait dû être uniforme : il faut ou respecter constamment la ter-
minologie de l'auteur ou la remplacer partout par la nôtre ; la seconde
méthode est épineuse, car elle risque d'égarer celui qui ne peut recourir à
l'original sur l'état d'avancement de la terminologie au xiv* siècle ; puisque
Gersonide ne connaît pas encore tie symbole pour marquer l'absence du
nombre, il ne faut pas introduire de zéros, surtout dans le texte hébreu.
Notons, à ce propos, que M. L. a réuni et traduit les termes techniques
T. LXll, N" 123. III
iiè REVUE DES ETUDES JUIVES
r:. ; hébreux (p. 97-100). — P. m, Philippe le Bel était déjà mort quand Gerso-
nide arriva àr<àge d'homme ; sur la date de la mort de G., v. H. B.,\ll, 83-84, et
Revue, XVII, 82. — Compte rendu de 0. Treitel, dans Monalsachrifl, LIV,
625-629.
n''3lû3 î^ïJi';o Encyclopédie scientifique et médicale de Tobia Cohen. Pre-
mière partie. Podgorze, impr. Joseph Plessner, 1008; in-S" de 32 +
136 ff.
^^»rn^; nncTo Glavis Talmiidis, sive EncyclopiL'dia rerum quie in
Mischna, utroque Talmude, Tosifta, Mechilta, Sifra, Sifre Talmudi-
cisque libris occurrunt, alphabetico ordine disposita. Auctore Michael
GuTTMANN. Livraisons v-viii. Budapest, chez Tauteur (Vàcz, impr.
M. Kohn), 1908-1910; in-g» de 320-648 p. Le volume de 8 livraisons :
12 couronnes.
Premières livraisons annoncées Revue, LVlll, 142. Celles-ci contiennent
principalement la fin de larticle Abraham, les articles Agada, Edom, Adam
(l'homme, le premier homme). Compte rendu de M. Aptowitzer, dans la
Muuutsschri/f, LIV, 172-3, 419 et s. ; 533 et s.
^''^^nn m^Stt Sur le précepte d'écrire soi-même un exemplaire du Penta-
teuque, par Ch. L. Ehre.nreich. Vâcs, 1910 ; in-S' de 14 p.
mDnnrr mp?: Die Liturgie des Siddur und ihre Entstehung nach den
Urquellen untersucht und systematisch geordnet von W. Jawitz. Ber-
lin, chez l'auteur, 1910 ; in-8° de (2 -f) 97 p. M. 3,2b.
V'3"':3 nN'ôîW 'o Gloses bibliques, midraschiques et talmudiques par
E. llEiCH. III-IV. Vâcz, M. Kohn, 1910; in-4° de 47 et 32 S.
ïTTnn Ïi3^7a Extraits de la Mischna ponctués et accompagnés d'un com-
mentaire, à lusage des classes, par Ch. D. Rose.xstein. Varsovie, éditions
« Tuschijah », 1910; in-S» de 141 p.
3bi:n iTia'CJ n3ï573 Les pogromes, par L. Scuapiro, traduit par I.-S. Bohus-
LAwsKi. Jitomir, 1910; in-8° de 16 p.
nv;C7û Mischnaiot. Exemplar hebraicum distinxit, annotavit, in itali-
cum sermoncm convertit V. Gastiguoni. Moëd Kalan. Haguiga. Kome,
Casa éditrice italiana, 1909; in-S" de 335-362 p.
Parties précédentes : Revue, LVI, 139.
riV3T25tt Mischnaiot. Hebraischer Texl mit Punklation nebst deutscher
llebcrsetzung und Erklarung. II. Teil : Seder Moed. Von E. Baneth.
Berlin, impr. Itzkowski, [1909]; in-S» de 257-320 (livraisons 38 et 39).
M. 0,75 chaque.
'jTON'^n "jT^Oîn Eléments de la langue hébra'ique, par H. Malachowsky,
New-York, 1909 ; in-8» de 96 p.
0^*73» ûi'lj (jloses sur le Schoulhan Arouch, par Josei'h Teomim, avec des
explications intitulées "^ibn rr'D, par B. Ki.m.\iel. Munkacs (chez l'au-
teur, k Kniliynic.e, (ialicio), 1010: in-4'' de (14 ~) 50 (-f- 2) ff.
BIBLIOGRAPHIE 147
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sement jusqu'à nos jours, par J. M. Toledano. Jérusalem, impr. Luncz,
1910 de (x+1248 p. 6 fr. ; in-S» (5671).
nben bip -mo Prières du rite sefardi avec traduction en dialecte tut, par
A. PiNCHAssow. [Derbent (Caucase)], M. Bogatyrew et S. Mordchajew
(Wilna, imprimerie de I. Piroschnikow), 1909 ; pet. in-S" de xxxii +
487 p.
Vuir Z. f. H. U., XIV, 98.
mona mo Jechiel Morawczik b. Jeduha. Seder DerachoUi (Ordo bene-
diclionuin) denuo edidit, introductionem adiecit L. Ph. Pri.ns. Franc-
fort-s.-M., Siinger et Friedberg, 1910; in-S" de \\\ -j- 46 p.
mrpn "ino Die Trauergesiinge fur Tischah beab nebst allen duzu gehô-
rigen Gebeten. Aufs genaueste nach Handschriften korrigiert und mit
deutschcr Uebersetzung begleitet von S. Baer. 4. Auflage mit vôUig
neu bearbeileter Uebersetzung von S. BAsiBEacER. Deutscher Rilus.
Rôdelheim, M. Lehrberger, 1910 ; in-S" de iv + 320 p. M. 1,70.
ûbïjn D"'i<-n7:NT û">i<:n nio d^ n::it abiy -ne Seder Olam Zuta and
complète Seder Tannaim v'Amoraim with introduction and notes by
M. Grosberg. Londres, chez l'auteur, 36, Rutland Str., Stepney, E. (impr.
Narodiczky), 1910; in-S» de 16 -f- 112 p.
L'Introiluclioii ne parle que du S. 0. Z. (et du .S. 0. R.) ; réditeur [jarait
avoir pris puur base l'éd. d'Amsterdam, 1717, ou une réimpression. Pour le
S. T. A., il a vu des manuscrits, mais il ne s'en est pas servi (sauf 2 ou 3
fois de celui de Munich).
mD». 1i"n^'^ Voir Strack..
nnsN" -isD Choix d'aggadot du Talmud et du Midrasch, classées d'après
les sujets et expliquées par I.-Ch. Uawnitzky et Ch.-N. Bialik,
Volume m, livres V et VI. Odessa, impr. Bialik et Burischkin, 1910
(5670, 5671); 2 vol. iii-so de (2 +) 236 et de vu + 215 p.
Compte rendu de la première' partie Revue, LVill, lia. Le livre V con-
tient les agL'adot sur l'iiomme et la morale, le VI" sur le monde, la majiie et
la médecine, et en outre des proverbes, des varia, des (iihlitainenta el un
Index des noms de personnes et de choses. Même sans l'Introduction promise,
cette chrestomathie reste précieuse.
-biîî:iri -DD The Book of Ucdemption of Moses be.n Nacuma.n. Edited from
a manuscript of tlie Brilish Muséum by Jacob Lipscimtz. Londres,
chez l'éditeur, 1909; in-S" de 34 p.
Û"'T'Tjr; "IDO Histoire desNaziréeus par Bar Tobia [V . FKAE.\KEr.,. VarsoNie,
1910 ; in 8" de 68 p.
ainD "'.EC Dissertations rabbini(|ues, par A.-A. Bun.iamo\vitz. Jérusalem,
chez l'auteur. 1909 ; in-S" de 110 p.
Voir Z. f. H. H., XIV, 34.
rm mnny Voir Strack.
148 RKVUE DES ÉTUDES JUIVES
n7''')2r, by Sur la circoncision, par L. Szper. Lublin, chez l'auteur. 1909;
in-12' de (2 +) 18 p.
^.s-iCT a-pTiyn uvzyr, Les peuples anciens et les Juifs (lantisénii-
tisme dans l'antiquité . par M. Mieses. Podgorze, 1909 ; in-12» de 160 p.
a-isiNsn nsipnb a"'3>5i:n u^:r:i a^r:y Studien zur gaonaischen Epoche
von S. PozNANSKi. I. Heft. Varsovie, 1909; in-8» de 70 p. (tirage à part de
Hakedem, I-Il),
Voir Revue, LXI, 297.
T^r^yr-, He'Atid (Die Zukiinft). Hebriiische Zeitschrift fiir Literalur und
Wissenschaft desJudentums. Band II. Berlin, éditions « Sinaï ». 1909;
in-8° de 196 -f- 33-70 p.
Compte rendu du premier volume Revice, LVIII, 137. Les tendances de cette
revue continuent h ne pas apparaître, sinon qu'elles sont négatives et contra-
dictoires. Nous mettons à part, bien entendu, l'étude de M. D. Neumark sur
Crescas et Spinoza {p. 1-28): le Tractatus, non moins que l'E/hique, serait
inspiré du Or Adonaï et là ou Spinoza quitte son maître, c'est pour rejoindre
le christianisme. M. S. Hurwitz, dans un lonir article sur le hassidisme et la
haskala (p. 29-99), s'élève vigouieusemcnt contre les apologistes modernes
du hassidisme. s'efforraiit de montrer que le hassidisme n'est ni une révolte
rontre l'autorité du rabbinisme, ni une revanche du sentiment sur le rationa-
lisme, enfin qu'il n'est pas un mouvement populaire, mais savant et artificiel.
11 y a beaucoup d'excès dans cette polémique mordante et provocante (voir le
parallèle de Sabbataï Cevifet de Herzl , mais aussi une grande part de vérité.
^'ous y reviendrons, ainsi qu'à la monographie d'Israël Baal Schem par
M. Horodezky [suite et fin), qui ne craint pas le voisinage de cette critique
(p. 14o-196). — Bar Tobia réfute les thèses de Chamberlain (Die Grundlagen
(les XIX. Jahrlï.). — Dans l'annexe à pagination distincte, M. J. Klausuer
continue son étude diligente sur Jésus ; l'examen des écrivains grecs et
romains, de Paul, des Pères apostoliques et des Évangiles apocryphes prouve
seulement que Jésus a existé, outre qu'ils nous renseignent sur son milieu :
c'est aux Évangiles qu'il faut s'adresser pour en savoir davantage, et M. K.,
passe en revue l'histoire de la critique évangélique jusqu'à nos jours ; pour-
quoi Loisy est-il omis ?
n3"'n:"i72 "^Torin "^in: 'o Peere Chachnie Medinuseni [sic), (ieschichte und
Biographie sammtlicher Isr. Grossen, circa 1000 an der Zabi, die in
Ungarn fungiert haben vom Jahre 4820 bis zur gegenwiirtigen Zeit. Nebst
Anhang zur Geschichte der Juden in l'ngarn : als Einwanderung, Lage
und Verfolgung der Juden in liigarn, und iiberliaupt samnilliche den
Juden betreffenden Begebenheiten [sk), ailes klar und deutlich darge-
legt. Verfasser L. Gnii.NWALD. M. Sziget, impr. Kaufman, 1010 ; in-ST
de 120 p. K. 2.
Le chap. ii de llnlioducliou réunit les textes de la littiraluro rabbiniquc
qui mentionnent la Hoiiirrie [Haçiar), le chap. m groupe (|uelques événe-
ments historiques et raconte la destruction d'Ofen (d'après la Meguilla). La
piété de l'auteur l'a empêché d'utiliser ou de citer les travaux do Kohn et de
Kaufmann. Le chap. v, sur le hassidisme en Hongrie, a 2 pages. Les célébrités
dont la liste suit sont pour la plupart inconnues ; l'auteur se borne à indiquer
U Mège de leur rabbinat, la date de leur mort et, le cas échéant, les titres de
BIBLIOGRAPHIE 149
leurs ouvrages, en outre parfois une anecdote merveilleuse. Aucun détail sur
Moïse Sofer, Ezéchiel Baneth, etc. — L'auteur de ce î Schem ha-Guedolini »
honirrois, comme il l'appelle, a publié un ouvrage analogue, D^2T>ï3N^b 11"",;;
(v. plus haut .
ï^î'CTûn "CTi^D MosE BEN Maimu.n's Commentai* zur Mischnah. Tractât Mak-
koth und Trartat Schebuoth, in nenei* hebriiisclier Uebersotzung ans
dem arabischen Lrtcxt mit pri'ifenden und erlauternden Anmorkiin-
gen von Manuel (Manni) Gottlieb. Hanovre, 1909 ; in-8» de 74 p.
û-^Vûr: T"*:; nba?^ by nrji npb •^Ji-i-'d The Commentarv of Rahbi Tobia
BEN Elie/.er on Canticles. Edited for the first time from the Mss. in
Cambridge and Munich by A.-W. Greenup. Londres, 1909 ; in-8° de
108 p.
Compte rendu do M. S. Poznaiiski dans Z. f. //. G., XIU, "y-sO.
"{""Pw?: nD07a OTT'î; Salomo ben Ha-jathom's Kommentar zu Masqin (Mo'ed
qatan), auf Grund der einzigen bekannten Handschrift (Codex Castelbo-
lognesi) herausgegeben und mit Einleitung und Noten versehen von
H. P. Chajes. Berlin, impr. Itzkowski, 1909 [1910 ; in-S" de xxxiv +
140 p. (Schriften des Vereins Mekize Nirdamim, 3. Folge, Nr. 1).
La société Mekize Nirdamim, reconstituée en 1908 sous la présidence de
M. Simonsen, ne pouvait mieux commencer, ou recommencer, que par la publi-
cation d'un ouvrage dont l'existence même était insoupçonnée et qui émane
d'une école assez mal représentée dans la littérature rabbinique. L'auteui'
vivait dans l'Italie méridionale, où Ton parlait l'italien et l'arabe, mais on
l'on ne comprenait plus guère le grec ; on peut se demander s'il n'est pas
identique avec un Salomon ha-Sefardi cité par Isaïe de Trani et originaire
par conséquent d'Espagne. M. Cb. croit que sa patrie pourrait être l'Orient
ou au moins qu'il y a \oyagé, mais ses renseignements sur la Palestine ne
sont pas forcément d'un témoin oculaire et les usages musulmans devaient
être connus dans le sud de l'Italie. Son nom (cf. Revue, V, 20") ne prouve pas
davantage son origine orientale, en admettant même l'ingénieuse hypothèse
de M. Cil., qui y voit une forme hébraisée du nom arabe Haïtliam ou
Al-Haitham (cf. ÛTn"^bî< "ja pnit"', Festschrifl Harkavi/, p. 134). 11 cite
Guerschom, l'Arouch, P»aschi, il est cité par Isaïe de Trani l'Ancien; il a donc
vécu au XII* siècle : toute autre précision manque de base. Ce qu'il dit des
gens de son temps p. xv), ce sont des généralités qui ne se rapportent pas
spécialement à ses contemporains. Ses maîtres sont inconnus. — Il a com-.
menté divers traités talmudiques ; lui-même cite ceux de Berachof, Sabbat
et Erouliin donc Moi'd). Celui <1(' Masc/iki», autre nom de Moëd Katan
(v. Revue, XX, 13G , qui pourrait être incomplet (v, p. xi, n. 11 , utilise
R. Hananel (dont les coinnientains étaient connus en Italie, d'où ils ont passé
en France) et suit, surtout dans les premières pages, le commentaire qui est
imprimé sous le nom de Rasclii et (|ui parait atliibue à Guerschom (p. 103).
11 est exi'cssif de dii'c (jue l'auteur se distingue des anciens commentateurs du
Talniud : il est moins adroit que l\aschi, voilà tout; il a des répétitions, des
contradictions et certaines explications au moins étranges (p. xviii). Son style
est clair et vise à l'élégance liste des teimes particuliers p. xix-xx ; Simhat
Tara est appelée nsian rNTI) ; sa grammaire de l'hébreu est assez rudi-
mentaire et il juge que la prosodie gâte le style (p. I18i : c'est un Italien
avant Ibn-Ezra. Il se livre à des dicressions, explifiue la Bible en passant (le
mot mezouza, p. 97; immérotation des Psaumes, p. 81 1, fixe la chronologie
ibO REVUE DES ÉTUDES JUIVES
des rabbins, où il erre parfois, explique l'araméen du Talmud à l'aide ilu
Targoum et, ce qui est plus curieux, do l'arabe. Il sait un peu de physiciue et
de médecine et ne se fie pas aux recettes du Talmud (p. 47; cf. la petite
consultation de Sclieiira publiée par B. Lewin, dans l'annuaire Tacfi/cemoni,
I, 41). II a 25 gloses italiennes et 30 arabes (deux fois des phases entières). H
mentionne le Targoum Onkelos et le Targoum Yerou.schalmi sur le Penta-
teuque, le Targoum .lonathan sur les Prophètes, la Mecliilta de Pi. Ismaël et
celle de R. Simon (celle-ci appelée Ni^DT Nn5"'373, parce qu'elle commençait
par l'épisode du buisson ardent), le Sifra et le Sifrè (trois citations nou-
velles), le Talmud palestinien, généralement d'après R. Hanan«l, et différents
Midraschim. Les citations d'Alfasi et d'Isaac Giàt ne nous paraissent pas
sûres. Le commentaire ne brille pas par l'originalité ni la profondeur, niais il
nous a conservé un très grand nombre de variantes du texte talmudique,
dont beaucoup méritent considération.
L'édition de M. Cli. est des plus soignées; il a tiré le meilleur parti du
manuscrit, qui est unique et assez incorrect (noter l'orthographe '^ttj'^èl eu
un mot, blU uni au mot suivant). Ses notes expliquent tout ce qu'il fallait
expliquer et quelquefois davantage ; son introduction est complète, érudite et
précise. Le commentaire de Salomon ha-Yathom, élucidé par M. Chajes, est
d'un grand prix pour la diorthose du texte du Talmud et pour l'histoire de
ses commentaires.
Tw^' ■^-im rNpTri"' by 'JTT^d Kommentar zu Ezechiel nnd den XII kleinen
Prophcten von Eliezf.r ans Beangency, znm ersten Mal herausi^^egeben
iind mit ciner Abhandlung iiber die nordfranzôsischen Bibelexegeten
eingcleitet von S. Po^znanski. Lieferung I : Ezechiel. Varsovie, impri-
merie de la « Hazefirah », 1909 [1910] ; in-S" de H3 p. (Schriften des
Vereins Mekize Nirdamim, 3. Folge, Nr. 4).
Nous rendrons compte de cette édition aussi soignée qu'utile quand elle
sera achevée. Le 2° fascicule a paru au début de 1911 et nous attendons
encore une Introduction sur les exégètes bibliques de l'école française.
•^ijTia niT' i;3~ib "bOTO by ■ott'd R. .Io.na Gerundi und sein eUiischer
Kommentar zu den Proverbien, von A. Lô\venth.\l. Berlin, M. Poppe-
laner, 1910 ; in-8** de 146 impartie hébr.) + 36 p. (partie allem.).
Yona b. Abraham, originaire de Girone, enseigna à Barcelone et à Tolède,
où il mourut en 1263. .\ son enseignement nous devcins quelques commen-
taires talniudiques ; sa piété ou sa mort extraordinaire (lettre de Hillel de
Vérone) ou plutôt encore ses ouvrages de morale lui ont valu le titre de
« pieux » et de a saint ». Disciple de Salomon de Montpellier, il assista son
maître dans sa lutte contre Maimonide. M. L. part de là pour justifier la
conduite de Yona et pour le comparer à... Maimonide (p. 6-19). L'apologie
est aussi fausse de ton que le parallèle dépourvu de base. Il a raison de dire
> que les adversaires de Maimonide n'étaient j)as tous des « obscurants », mais
t'i il ne s'agit pas d'excuser l'attitude des talmudistes, il s'agit de la com-
;,. > prendre, et de la juger d'après les faits authentiques. Quand Hillel de Vérone
i' raconte que Yona se repentit d'avoir pris part à la lutte, fit vœu d'aller en
l)èlerinage sur la tombe de Maimonide (ces vœux sont du reste courants au
moyen ;ige chez les chrétiens aussi) et mourut subitement pour ne pas avoir
. tenu parole, il se fait l'écho de traditions tendancieuses, tout de même t\\io
■.?>(■.' lorsfpi'il rapproche l'autodafé des ouvrages de Maimonide de celui du Talmud
(p. 8,^1). 3, les indications^lsur cet autodafé sont confuses ; Nicolaus do Rn|)ella
cm l'aponut Moola« Doniti dojLtt Hochelle f pi 0, la polygamie n'était pa« rarr
BIBLIOGRAPHIE î^l
en Espagne et le liérem de R. Guerschom n'y était pas appliqué, voir Revue,
XIV, 166. n. 4; LXI, 26). — M. L., qui a déjà étudié et édité le ilayyê Olam
(le Yona (v. Revue, LVf, 281, 313), publie cette fois son Commentaire des Pro-
verbes, qui relève également de la littérature morale plutôt que de la littéra-
ture exégétique : pour l'auteur, les Proverbes ont généralement en vue « le
perfectionnement des farultés de l'àme » (p. 17 h.). Les sources sont le Tal-
mud (quelques leçons divergentes) et les moralistes {Mihkar hci-Peninhn),
qu'il confond parfois innocemment (p. 129, n. 1) et l'éditeur à sa suite
(p. 35 a); c'est s'Illusionner que d'espérer enrichir par quelques références
non vérifiables le trésor des midraschim perdus (ibid.). Le commentaire
est utilisé surtout par Behaï b. Ascher (non b. Joseph, p. 27) et Joseph
Nahmias (p. 31, citations de son commentaire inédit des Proverbes). L'exé-
gèse ne profitera pas plus de ce commentaire que l'histoire de l'exégèse. Un
procédé familier à l'auteur est de tirer une moralité du rapprochement de
deux versets ; les explications grammaticales servent aussi à la morale, la
morale des sermons d'un talmudiste. Ce commentaire peut servir de contre-
poison à celui de Gersonide. — L'édition est faite d'après le ms. 334 de la
Bodléienne ; un ms. de Husiatyn, qui en contient des extraits, a fourni
quelques variantes. Le texte, s'il est incomplet, est d'ailleurs clair ; l'annota-
tion est sobre et contient principalement des références au Schaarê
Teschouha de l'auteur et au Kad ha-Kémah de Behaï, ce qui achève de
faire de cette puhlicatinn une contribution utile à la littérature des mora-
listes juifs.
ï~T"'73"i"^ "I3D br 'C^'yz> Commentaire de Jlda ibn Bal'aji sur Jérémie, édité
par I. IsRAELsoH.N. Kiew, 1909; in-8° de 3G p. (Tirage à part de la
Festschrift Barkavi/).
MîTiiabs La Palestine, de S. Munk, traduction abrégée faite sur la
traduction allemande de M. A. Levy par M. Rabi.nsohn. Wilna, 1909;
in-S" de 124 p. [Bibliothèque du journal V^'" ^n, III).
Mi'^bn ■^mc '0 Etudes et consultations rabbiniqiies et aggadiques, par
E. M. I.iincz. Jérusalem, impr. Luncz, 1909; in-i".
ÎT'iirî'^l 0"1D Parsismus u. Judaismus, iiber den Einfliis altpersischer
Religionsschriften auf die biblische und talmudische Literatur, von
S. RuBiN. Podgorze, impr. Deutscher, 1909; large in-S" de 106 p.
n^snb m^-iEns Première partie : trente-six novelles sur la (lenèse, par
t^STin n"Tn, de Dublin, .lérusalem, impr. Luncz, 1910; in-S".
rr^an nno Gloses sur le traité Pesa/î/m, sur les Hilrhot Prsah du
Schoulhan Arouch et sur les Hilchol Kovban Pésah de Maimonide, par
Abraham Tiktin, éditées par Ch. J. N. Silberberg. Varsovie, .M. Lipschiitz,
1910; in-P de 208 p.
p'^nsï^: îipii: Zidkath Ha-Zaddik. Eine IJntersnchnng iiber die Echtheit
des im .lahre 1868 u. 1«69 von Dr. B. H. .\uerbacb s. A. herausgege-
benen Sefer Ha-Eschkol, von H. Eiirentreu [und] J. Scfior. Berlin, impr.
Itzkowski, 1910 ; in-8» de xii + 16 p.
Voir à blSa^n '0.
Û'^'iniS Zohoraïm. Hebniische Gedichte, von A. Kaminka. Vienne,
(Drohobycz, impr. Zupnik), 1909; in«8» de iv 4- 76 p. \\. 1,80.,
152 RRVUR DES ÉTUDRS JUIVRS
TiSï'^ï Biographie de Cicéron, par Eiia b. Ella Kazaz. Odessa, 1908
(^''^in) ; pet. in-P de 41 (+ 2) pp.
\ou- lîeviœ, LVm, 315, et Z. /. //• B., XIII, 117.
f "172N73 nirinp Abraham Geiger's gesammelte AbhandUingen in heltrai-
scher Sprache zu dessen luindertstem Geburlstage heraiisgegeben und
bearbeitet von S. Poznanski. Fascicule I. Varsovie, éditions « Tiischijah »,
1910; in-S" de (ii -{-) 168 p., portr. (nbn:. rtp-^m-'bn-'a, n-^» 24-2d).
Dans l'i-dition des œuvres diverses d'Aliraham Geiger, donnée par son lils
L. Geiger [Nac/irjelassene Schriflen, 5 vol., Berlin, 1875-1878), R. Kin-hlieim
a réuni les études en hébreu, sous le titre de ^n^ nDU53 a'^HTjNTj rii:i2p
(1" pai'tie du 3' vol.i: mais elles se suivent sans ordi'e et il en manque
quelques-unes. A l'occasion du centenaire de la naissance de Geiger, M. Poz-
nanski publie une édition complète de ces travaux, qui sont des articles de
revues. Il les a groupés dans un ordre méthodique, ce qui a l'inconvénient
de couper tel article en deux parties; il aurait mieux valu reproduire tout Tar-
ticle la première lois et y renvoyer ensuite. Du reste, ce classement n'est i)as
toujours observé dans le détail. Mais l'Index promis facilitera les recherciies.
Le premier fascicule contient des études grammaticales et lexicographiques, un
article sur Symmaque,un autre sur les divergences entre Sadducéens et Pha-
risiens et la distinction entre l'ancienne et la nouvelle halacha, des supplé-
ments àiVUrschrifl, des études talmudiques et midraschiques. Le tout, on le
voit, est comme des annexes à l'œuvre de Geiger. L'éditeur a ajouté des notes
substantielles, qui rectifient les résultats de l'auteur à l'aide des travaux pos-
térieurs ou soulignent ses hypothèses les plus hasardées. Une Introduction
annoncée sur les travaux et les idées de Geiger nous permettra de revenir sur
cette publication. Assez de fautes d'impression.
Le 2* fascicule, paru en mars 1911, contient surtout les biographies des
Kimhides.
nbnpn La Kabbale de A. Franck, traduction de M. Kabinsohn. Wilna, 1909;
in-8° (Bibliothèque du journal 173Tn in, IV).
t~i'''5N'T0"'^t rtbnpn La communauté Israélite. Rapport présenté aux délé-
gués des communautés juives à Kowno, parCh. D. Riwri.v. Wilna, 1909;
in-8o de 38 p.
tn"5"p '0 L'Ecclésiaste, avec un commentaire intitulé n^obo ■'-iTîN, par
M. S. Lauenburg. Varsovie (chez l'auteur, k Pinsk), 1910; in-8'' de 36 p.
ma'^730n ';'>13 onasip Les règles de là schemitta de nos jours, par Arié
Leib Raschrès, édité par A. L. Gordon. Jérusalem, imp. Luncz, 1910;
in-8'.
imnvon \::buj oiio^ip Trois consultations sur la question de l'^OSiît "«"nî,
par R. Hayyim Kapoussi et R. Abraham Gavison, éditées d'après un
manuscrit ancien et annotées par J. M. Toledano. Husiatyn, éditions
a Dobhebhe Sifthé Jeschenim » (impr. F. Kawalek . 1908 ; in-8'> de 44 p.
Un fermier d'impôts du Caire, Abraham Schalom, obtint des prêts d'ar-
gent en s'engageant, lui et ses garants, à s'abstenir de viande et de vin s'il
ne s'acquittait pas. Ne pouvant pas payer, est-il délié de son vœu? Le rab-
bin Hayyim Kapoussi (vers 1500 répondit affirmativement. On croit qu'il
était un des garants et, comme il devint aveugle, on le soupçonna d'avoir
BIBLIOGRAPEirE lo!^
touché (les pots-de-viii (voir Azoulaii. Sou confrère Beçalel Aschkenazi sou-
tint la thèse contraire: une âpre polémique s'engagea, où l'on sent derrière
l'accumulation des textes des antipathies de tempéraments et des rivalités
de collègues. M. T. publie la consultation de Kapoussi, la critique de Beçalel
(déjà éditée et la réplique de Kapoussi, enfin les observations d'A. Gavison
sur une consultation déjà éditée de Salomon Duran, qui avait pris parti
pour Beçalel. Dans llntroduction. il énunure les autres consultations dont
celte affaire fut l'objet.
rr'na^'r; miBor; m-nnp Histoire de la littérature juive depuis les origines
jusqu'à l'époque de Saboraïm, par S. Ber.mann. Varsovie. IIHO; in-8" de
V1I+ 103 p.
C^nayn m-np Histoire des .Juifs à l'usage des écoles, par S. Dubnow, tra-
duit du russe par A. Luboschitzry. 2^ partie : depuis Alexandre jusqu'à
la fin de l'époque des Gueonim. Varsovie, éditions « Avive », rue
Nowolipie, i5, 1909 ; in-8° de 142 p., ill. R. 0,70.
nan mbsDTST "^"iNb» n-irr Der Rabh von Ladi, sein Leben, Werke und
System sowie die Geschichte der Sekte Chabad, von M. TErrELB.\uM.
Erster Teil. Varsovie, éditions « Tuschijah », 1910; in-8o de xii + 182 p.,
portrait, fac-similé. R. 1,80 nbiTi r!p\mv3''n, 1'= année, n"» 15-17).
:2"'ry3 bxTw"' "'3-| Rabbi Israël Baal-Schem, sein Leben und seine Lehrc,
von S. A. HoRODEZKY. Berlin, inipr. Itzkowski, 1909 ; in-8° de 70 p. tirage
ù part de Hé'Atid, I-II).
Nous consacrerons un compte rendu collectif aux publications récentes sur
le hassidisme et son histoire.
::"Cr2 bN-iïïJ"^ "»3-i R. Israël Bescht, fondateur du hassidisme , par
H. Zeitlin. Pétrokow Varsovie, éditions « Mikra»), 1910; in-12'' de 27 p.
abo-1273 "jTDn; ■^an R. Nahman de Braslaw (rabbin de Uassidim), par
H. Zeitlin. Varsovie, éditions « Sifrut », 1910; in-8» de 48 p.
Gbn:? ■'Ti Mystische und freigeistige Geheimbïmdo bei allen Vôlkern zu
allen Zeiten, von S. Rcbin. Podgarze, impr. Deutscher, 1909 ; largo
in-S" de 68 p.
Tiwbn- mJT'yi 'o « Les idées du Talmud elle contenu du savoir humain »,
par J. S. ScHÉz.\K. Paris, imp. Danzig [1909] ; in-8*'.
Sur la logique dans la halarha talmudique. Sans valeur.
S^'^'^m rjNlsn S'egoullol du ralibin Falatui de Smyrno. Jérusalem., impr.
Azriel, 1909.
■'NVb -13 n"T« Consultatations sur Orah Hayyim et Yoré Déa, par
M. J. HoRowiTz. Munkacs, 1910; in-f» do 31 ff.
a"'-,'^-:3 -;cx -T'::!- p a''3iN3r; maiwm mrNO Voir (MNzitKHr..
N"*2n "'î^i C"''Xr: b^C n"ic Consultations de R. Jacob Saiil Elv.\sch.\r,
réunies dans l'ordre des quatre Tourim, avec des consultations de son
fils Hayyim Moïse Ely.asch.\r. Jérusalem, imprimerie Zuckermann,
1909; in-f- de 250.
154 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Voir Z.f.H.IÎ., XIV, 2. L'auteur était hakliam baschi de Jérupalem, où
son fils est rabbin. Cf. 'lï5"'iNb TiaD-
l'IN" nsu) Sur l'année sabbatique, par A. J. Kuk. Jérusalem (Jaffa, S. Ch.
Kuk), 1909 ; in-8» de (9-j-) 78+H0-|-34 p.
\oir Z.f. H. B., XIV, 3.
t«»i)3iaTn2 bNTC '^^i'^'û Chants des Juifs de Turquie, réunis par Benjamin
B. Joseph, de Constanlinople. Jérusalem, imprimerie Azriel, 1910; in 8°.
3'iy l73ia I. Poems of Mordechai Dato. II. Two poems of Immanuel
Fhances. Edited for the first time from MSS. in the British Muséum by
A.-W. Greenup. Londres, 1910; in-8° de 50 p.
•"imu TiyVi Homélies, par le rabbin "'INDS' de Tibériade. Jérusalem,
imprimerie Azriel, 1909.
riTl3"'D\D Spinoza, sein Leben und seine Lehre, par J. Fheudenthal, traduc-
tion de M. Rabinsohn. VS-ilna, 1909; in-8» de 221 p. (Bibliothèque du
journal ';7:Tn nn, II).
■>»buJTi"'n ■'T^n^ZJ Yerushalmi Fragments from the Genizah. Volume I.
Text with varions readings from the editio princeps, edited by Louis
GiNZBEHG. New-York, The Jewish Theological Seminary of America,
1909 ; in-4'' de vi+372-f ix p. (Texts and Studies of the Jewish Theologi-
cal Seminary of America, vol. III).
Matériaux utiles pour l'établissement du texte si délabré du Yerouschalmi.
M. G. promet une Introduction au Yerouschalmi, qui nous fourniia l'occasion
de revenir sur celte publication.
r~nit»n "^Tania 'O Les Racines des préceptes, livre de méthodologie rabbi-
nique, par Joseph b.|Abraham Almosnino (rabbin à Fez vers 1S90), publié
d'après un manuscrit, Vavec|introduction et notes, par J. M. Toledano.
Tibériade, chez l'éditeur (Jérusalem, imprimerie Luncz), 1909 ; in-8'' de
11-1-35 p. M 1.
'^NlTû*' mbnn Poésiesjsynagogales inédites des Caraïtes, éditées par Juda
BiziKowiTSGH et IsaacBoaz Firkowitsch. Berditchew, imprimerie Schefftel,
1909; in-8» de 80 p.
\o\v Z. f. H. B., XIV, 60.
•^N"»;!)"' mibin O Die Geschichte Israels nach den Urquellen neu und
selbstsliindig bearbeitet von W. Jawitz. Siebenter Band : vom Anfang der
Amoriierzcit bis zu ihi-er Bli'itc in Babylonien und ihrem îs'iedergang in
Paiiistina. Berlin, chez l'auteur, 1909 ; in-8» de 207-|-22 p. M. 7.
ï~i73bu5 min Commentaire du Pcntateuque, où il est prouvé que la Tora
est divine, que les points- voyelles et les accents remontent au Sinaï et
qu'il est faux que les rabbins du Talmud soient en désaccord avec lu
Massora, par S. Scni)CK. Tome ;II : Exode et Lévitique. Tome III:
Nombres et Deutéronome. Szatmar, imprimeries Schwartz, Klausner,
1909 et|19IO]; 2 vol. in-8» de 147 et 171 ff.
■{lînn r~i"nn Eléments de la langue hébraïque pour les enfanta, par
BIBLIOGRAPHIE 155
Salomon Prik. Première partie. Odessa, imprimerie Abba Doiichna,
1910; in-go de (4-|-) 35 p.
L'auteur est caraïte. Voir Z. /. //. /?., XIV, 114.
!~itt~Nrr mi3y nmn 'o Manuel d'agronomie, par I. Einhorn. Londres,
imprimerie Narodizky, 1910; in-8" de xi-|-212 p., illustré (Faux-titre:
A noter j'i la tin, p. 203-213. une liste de noms de plantes en hébreu, avec
traduction en allemand et en français, intéressante au point de vue linguis-
tique et même scientifique : elle est dressée en partie d'après les Aramdisc/ie
Pflanzennamen de I. Luw et contient quelques néologismes. Tout l'ouvrage
se distingue des travaux de vulgarisation scientilique publiés en hébreu par
son caractère scientiûtiue ; l'auteur est ingénieur-agronome,
""sasnn Tachkeraoni. Literarisches - wissenschaftliches Jahrbuch des
Vereines jiidischer gesetzestreuer Studenten « Tachkemoni » in Bern,
redigiert von B. Lewin. I. Berne (Jérusalem, imprimerie Lewy), 1910;
in-8" de 72 p. 2 fr.
Gràco au savoir et au dévouement du rédacteur, le prochain éditeur de la
Lettre de Scherira, cet annuaire dépasse le niveau des publications analogues.
Le meilleur travail est de lui (p. 23-38) et a paru moins complètement en
allemand dans le Jahrbuch der Jild.-Liler. Gesellschaft, VI. Il est consacré
à ce que l'auteur appelle l'appariement des mots tmbH~ J^T) dans la Bible,
c'est-à-dire les formes irrégulières d'un mot provoquées par la proximité d'un
autre mot, p. ex. T^iOiT:^ T'Î^JiiTOn dans Ez., xliii, 11. Ce phénomène a
déjà été constaté par les grammairiens anciens et modernes (v. p. ex. Z.A.W.,
XXVm, 183-7) ; M. L. l'illustre par de nouveaux et curieux exemples, mais
confond les assimilations de formes et les fautes d'entraînement et ainsi son
travail, (|ui doit dérober le terrain à la critique biblique, lui fournit de la
matière. Le même auteur publie un fragment du commentaire de Hananel
sur lierachol et une courte consultation de Scherira sur la médecine du
Talmnd (p. 39-41) ; il veut encore expliquer "[Db^Un dans la stèle de Mesa par
. « les voisins » d'après Eroub., 53 è, où "^nDlbU) est employé dans le dialecte
galilécn dans le sens île « ma commère » ; mais outre la singularité du
rapprochement, le voisinage n'implique pas l'hostilité (p. 66-67). — Un autre
collaborateur explique la division de l'heure en 1080 parties par le fait que les
aspirations sont en moyenne de 18 à la minute : or 18X60 = 1080. Nous pré-
férons l'explication dis. Loeb [Revue, XIX, 214'i M. Berliner a confié à l'éditeur
5 lettres de J. Reifniann (p. 59-63); on y trouve comme toujours du fin et de
l'ingénieux (corrections aux Pi.skê Tossaf'ol, au Targoum, au Sédev Tannaim).
■'2"n?3 nban Novelles sur le Tour Yoré Déa, ^§ 1-39, et index des principes
halachiques, par Mardochée Minkes, suivi de bn: ■'3n3', études hala-
chiques et aggadiques, par son fils B. Minkes. .léi'usalem, 1909; in-f
de 14+25 flf.
■"^an Ti735n Talmud Babylonicum ad codices manu scriptos editionesque
vcterrimas corrertum ot complotum odidil N. I'ereferkowitsch. Saint-
Pctersburg, imprimerie Lurie éditions « Esro»), 1909 ; in-4*' de (viu-|-)
136 p.
Édition du traité Berachot à l'usage des étudiants, avec ponctuation
modei'ne, utilisation de manuscrits (6 fac-similés), mais sans commentaire.
Pas assez pratique pour lusage scolaire, pas assez critique pour les savants <
— Compte rendu de M. Chaje»^ dans la Z. /". //. »., XIII, 101,
IKê REVUE DES ÉTUDES JUIVES
■^»bu:Ti'< m737n ïalmiul Hierosolymitaniim ad exemplar editionis prin-
cipis additis lectionibus codicum manuscriptorum, cum commentario,
locis parallelis et indicibns copiosis adjiivantibiis viris doctissimis edidit
A. M. LuNCz. Fasciciilus II : Tractatus Berachoth, Cap. v-ix et Traclatiis
Pea, Cap. i. Jérusalem, chez l'éditeiir, 1909 ; in-f" de (24-) 49-92-f 4 ïï.
Compte rendu du premier fascicule Revue, LVl, 259-260. Celui-ci va
jusqu'au quart de la première halacha de Féa (15 A en bas). Un feuillet non
paginé contient l'explication de certaines expressions propres au Yerousclialmi
et des extraits des introductions des deux éditions modernes de j. Berachot
(éd. Lehmann et Frankel).
•'nbuîTT» m7ûbn Der V. Theil des Jerusalemischen Talmuds Kodaschim),
herausgegeben von S. Friedl^nder. Sebachim u. Arachin. Szinérvâralja,
imprimerie J. Wider (chez l'auteur, à Szatmârhegy), 1909 ; in-f" de 100 f.
Sur la première partie de cette œuvre forgée voir Revue, LUI, 122 ; LVI,
141 ; sur celle-ci voir Aptowitzer, dans Monatsschrift, LIV, o64-o10.
ÏH^innc .Vfc<"i;a'' nrcn nso « SepherTephiloth Israël. Prières journalières
traduites de l'hébreu par Joseph Cohe.n. Tome II. Schahrith ». Tunis,
Librairie des écoles, 1908 ; 10-24» de 19-f480-|-16+28 p. 1 fr. 75.
A la fin quelques airsjorientaux notés. Compte rendu du 1. 1, Revue, LVI, 260.
'^■y-\y ûi:*^n Xiy m'Cy nDi»0 nbcn Das Achtzehngebet mit arab. Ueber-
setzung nach eincr jemenitischen Hschr. herausgegeben von D. Kunst-
LiNGER. Gracovie, chez Tauleur (imprimerie M. Lenkowicz), 1910; in-8"*
de 18 p. K. 1.
M. K. a extrait d'un siddour yéménile appartenant à S. Rappoport de
Lemberg les « Dix-neuf bénédictions » (comme dit le texte), dont chacune est
suivie de la traduction arabe. Il montre que cette traduction n'est pas de
Saadia, ce que personne ne supposerait, et qu'elle est apparentée à la version
araméenne publiée par Gaster. MS., XXXIX, S4-90. Comme elle ne corres-
pond pas littéralement à l'original, il croit qu'elle a été faite sur un autre
texte, à une épo(]uc où la teneur de la Tefilla n'était pas encore fixée. Mais les
divergences sont minimes i^dans le § 3, « saints » est rendu par «ancres saints»!
elles concordances frapiiantes (p. ex. §17 : "^DVCn IT*^ N1N72 TN "^yiST
= "IT'SCb 'lINSb "Tm'iUS) ; du reste, la prière n'a jamais été invariable. Les
divergences de l'hébreu sont peu importantes ; ,ï 12 : Tfn TN Cj''"i;35?:b
...fi"101"3m D"^;**?;" bD mpn ; à la fi»: « en (luelques endroits les
fidèles ajoutent avant •j'ililb T^n"» ce texte: ...miID TîbN». M. K. a
retraduit en hébreu la version arabe.
^Diu: ypn '0 Factum de Hézékia Josuk Feuvel Teomim, réédité avec intro-
duction et notes par A. Freimann. Franctort-s.-M. (Berlin, imprimerie
Itzkowski), 1909 ; in-8" de 30 p. (tirage à part de la Festschrift Harkavy).
L'auteur, fils de Jona Teomim, avait été nommé rabbin de Przemysl
(Calicie) en 1102 à la place de son frère, mais on lui opposa un concurrent
et il ne put prendre possession de son poste, malgré l'interventiiin du synode
des .luifs de Pologne. Retiré à Breslau, il y publia en H 19 le factum que M. F.
a réimprimé avec une introduction érudite. Voir des corrections au texte et
des renseignements généalogiques dans Z. f. U. B., XIII. 67-68.
(A suivre.)
M. Liber.
BIBLIOGRAPHIE 1S7
Ratner (B.). a"<b'>aTT'"1 IVSt narîN nsO- Varianten und Ergânzungen des Textes
des Jerusalemischen Talmuds nach alten Quellen und handschriftlichen
Fragmenten ediert. mit kritischen Xoten und Erlàuterungen versehen. Tiak-
tate Rosoh-Hasohana und Sukka. Wilna, 1911 ; in-8° de 148 p. ».
Le premier volume de cette collection de notes critiques sur le texte du
Yerouschalmi a paru en 1901. M. Ratner célèbre le premier jubilé décen-
nal de la publication de cette œuvre considérable, poursuivie avec une
persévérance infatigable, en nous offrant le huitième tome, qui porte
sur deux traités : celui de Rosch Haschana (56 a-59rf), p. i-62, et celui de
Soucca ('.ilc-55rf), p. 62-145 (les pp. 145-148 contiennent des additions et
rectifications). Dans ce volume, l'auteur utilise déjà la publication des
fragments de la Gueniza par Ginzberg {Yerushalmi Fragments) et, en
outre, les variantes — d'ailleurs insignifiantes — du manuscrit de Leyde,
collationné pour lui par M. Seeligmann. Mais les matériaux fournis par
ces textes disparaissent dans la masse des variantes recueillies dans le
vaste champ de l'ancienne littérature rabbinique, exploré dans tous ses
coins avec autant de zèle que de soin. On doit toujours se rappeler que
des variantes même légères, recueillies dans des citations qui sont des
témoignages anciens de manuscrits perdus, ont de la valeur pour l'éta-
blissement du texte du Yerouschalmi. Il est particulièrement intéressant
de retrouver des citations qui manquent tout à fait dans nos éditions, —
lesquelles reposent à proprement parler sur une seule édition. M. Ratner
en a réuni dix-sept pour le traité de Hosch Haschana (p. 56-60), en y joi-
gnant une liste de passages d'autres traités du Yerouschalmi qui, d'après
leur contenu, auraient dû trouver place dans celui-ci (p. 61-62). De même, il
a colligé plus de dix citations du Yerouschalmi qui appartiennent au traité
de Soucca, mais qui ne se retrouvent pas dans notre texte (p. 141-145); à
ces restitutions on peut ajouter celles qui sont indiquées sur Soucca,
52 b, 1. 75 (p. 75) ; 53 c, 1. 16 (p. 93 ; daprès Lévilkjue rabba, ch. 30) ; 54 6,
1. 69 (p. 119).
De petites lacunes du texte sont comblées à l'aide de citations dans
les passages suivants: Rosch Haschana, 56 b, 1. 18 ip. 4 ; ib., 1. 33 ip. 5);
57 b, 1. 7 (p. 13) ; 58 b, 1. 2 (p. 25) ; ib., 1. 67 p. 29) ; 58 d, 1. 3 (p. 31) ; 59 a,
1. 7 (p. 39) ; 59 a, 1. 12 (p. 40; ; 59 b, 1. 35 (p. 43); 59 c, 1. 49 (p. 48) ; ib.,
1. 70 (p. 52) ; — Soucca, 52 a, 1. 11 (p. 65) ; 52 b, 1. 23 (p. 68) ; ib., 1. 30
(p. 69); ib., 1. 66 (p. 73); 53 rf, 1. 33 (p. 105) ; 54 6, 1. 57 p. 118); 54rf, 1. 52
(p. 130).
Parmi les passages qui présentent des corrections au texte ou des
variantes intéressantes, je signale les suivants : Pour Rosch Haschana,
pp. 3 (56 b, 1. 40), 13 (57 a, 1. 74), 14 (57 b, 1. 10), 19 (57 b, 1. 45), 30 (58 b,
1. 36), 51 (59 c, 1. 68^ ; — pour Soucca, p. 62 i51 c, 1. 56), 74 (526, 1. 75),
1. Comptes rendus des volumes piocédents : Revue. XLIII. 310-317: XMV. l.'il-1.59;
L, 140-141 ; LU, 311-314; LUI, 217-280; LVIL 308-311: LX, lol-i:j4.
158 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
97 (53 c, 1. 36), d20 (54 c, 1. 6), 121 (54c, 1. 26j, 125 (54 c, 1. 56 1, 128 1 54 ri,
1. 21), 139 (5od, ]. 27;.
Sur Soucca,u], 4 (53 ri, 1. 5j, lauteur suppose excellemment que l'anec-
dote de R. Zeïra, dont la place est dans m, 12 (54 a), a été par erreur
transportée à cette place.
11 lève plus d'une difficulté en admettant qu'une abréviation a été mal
résolue. Ainsi dans R. H., B7 b, 1. 68, le premier mot de rNi723 Nr pro-
viendrait de N"5, initiales de Nj'^nriN N5w">5 (p. 17,. Mais M. Rainer
affaiblit lui-même cette hypothèse en signalant d'autres exemples de
l'expression nNi:»; Nb prise interrogativement. — P. 33, sur R. H., 58ri,
1. 11 : dans "I72"iî< "iH', le premier mot vient de 'NT, abréviation de
Nî'^nnNn. — P. 45, sur R. H., 59c, 1. 14 : les mots ÛipB bsa (qui man-
quent dans une source) pourraient être considérés comme une fausse
résolution de l'abréviation 7û"3. qui désigne le père du rabbin nT^bx '"!
nommé auparavant, soit m"i73 p, soit N7:n:73 p. Mais cette hypothèse
est inadmissible ; car c'est R. Abahou qui rapporte ici le dire de R. Éléa-
zar, et ce ne peut être que le grand Amora de ce nom, généralement cité
sans l'indication du nom de son père (b. Pedath ; or, Éléazar b Mérom
aussi bien quÉléazar b. Menahma sont plus jeunes qu'Abahou (v. Die
Agada der paldsl. Amorder, III, 698, 697). — M. Ratner se débarrasse des
mots inintelligibles bDr: "'"lan dans Soucca, 54 d, 1. 46, en supposant
qu'ils sont dus à l'abbréviation ~"i, corruption de ri""i, c'est-à-dire
■^sn '1 ; R. Haggaï rapporte au nom de R. Pedath l'enseignement de
R. Hoschaya (p. 129).
Comme on le voit par cet exemple, l'auteur met beaucoup de soin à
déterminer les noms des auteurs. Sur R. H., 57 ri, 1. 64, il a une conjec-
ture excellente : que les deux mots "■^"'iC "jND, que pi-écède l'indication
■^tmris 'n n73N, doivent être corrigés en N"":!"»:; p : l'auteur est alors
Nehorai b. Schounia (ou Schounaï), qui rapporte un enseignement de
R. Simon b. Yoha'i dans la Tosscfta [Maasserot, ii, 2, cité dans '].Maasserot,
I, 4 ; 49 a, 1. 19 . Mais quand il ajoute que R. Nehoraï, le tannaïte souvent
cité sans l'adjonction du nom de son père (voir Die Agada drr Tannaiten,
II, 377-383), est identique à Nehoraï b. Schounia, nous ne pouvons le
suivre, car ce dernier rapporte une opinion de Simon b. Yoha'i, tandis
que le tannaïte R. Nehoraï doit être considéré comme le contemporain et
collègue de Simon b. Yohaï et des autres disciples d'Akiba. — D'autres
observations du même ordre se lisent p. 16 (sur R. H., 57 b, 1. 62), p. 34
sur 58 d, 1. 27 , p. 64 (sur Soucca, 51 ri, 1. 62), p. 66 (sur 52 b, 1. 15), p. 75
((sur 52 c, 1. 10), ib. (sur 52 c, 1. 11), p. 106 (sur 53 ri, 1. 35), p. 138 (sur 55ri,
1. 10), etc.
P. 2, sur ]{. H., 56 6, 1. 19, .M. R. cite un passage des consultations de
R. L. b. Habib (éd. Venise, 1565, p. 2546) où est mentionné un ouvrage
arabe du gaon Saadia sur la chronologie ('D'c: 11X5 myo I3"^an puib htt
■•any licba -la-n^ T'i^d^'j nnx -ido3). Cet ouvrage est évidemjiient le
Kitdb al-7\a'ikh; voir mon article R. É.J., XLIX, 298.
P. 7 (sur 56 ri, 1. 24). La remarque de l'auteur sur l'existence d'un
BIBLIOGRAPHIE 159
amora du nom de ^H'y est inexacte et ses arguments ne sont pas pro-
bants. Si, dans Pirké R. Eliézer, ch. 34, Ben Azzaï cite Simon h. Lakisch
comme exemple de la repentance, c'est un anachronisme pseudépigra-
phique de cet ouvrage (voir Die Agada der Tannailen, I, 2^ éd., 422). La
citation du Yorouschalmi dans Or Zaroua -OT^ '"i D">:J3 ""tST" p m'\r,'' '"1
ND"^3n 13) doit être corrigée. L'amora rapporteur est en réalité min*» 'n
■«TD p ou "^TD p ■'DT^ '-I {sic dans j. Sabbat, iv, 1 ; 6 rf, 1. 4t\ voir l'ou-
vrage de Ratner sui' Sabbat, p. 60. Enfin, ^Jy p ^^V '"> dans j Scheka-
lini, vu, 7, éd. Zitomir, est évidemment une faute d'impression pour
■'T3 p "^ov 'n.
P. 29 (sur 58 6, 1. 03;. La restitution du nom de pni"' après 'n D'Ca est
juste; mais la remarque 'n D\253 pn *T'73n n:3X'' Nn-iwn -iddt isb-^o 'm
pm"' est mal placée, car Schéla de Kefar Tamartha n'est cité que dans
ce seul cas répété dans Gen. r., 6 comme rapportant une opinion de
Yohanan.
P. 49 (sur 59 r, 1. 55). La variante ■'V? p i"-| "iWN "^-nîODbN '-\ "i^N, au
lieu de "^mDDDbN 'n n73X b'''3"»-i m^a, confirme mon opinion (4gaf/a der
palcist. Amoràer, I, 194, n. 3 , d'après laquelle c'est toujours Alexandre
qu'il faut placer comme rapportant les enseignements de Josué b. Lévi, là
même où l'ordre inverse est indiqué par erreur.
P. 103 (sur 53 d, 1. 20\ Sur les opinions rapportées par lamora palesti-
nien Houna au nom de l'amora babylonien Joseph, voir D/t' Agada der
palàst. Amoràer, III, 298-302 ; cet amora palestinien plus jeune rapporte
aussi des opinions de Houna, l'amora babylonien plus ancien, voir ibid.,
III, 274, n. 9, où il aurait fallu citer encore j. Guittin, 43c, 1. 30.
P. 125 (sur 54 c, 1. d4j. La chaîne <( Aha au nom de Hinena, au nom de
Hoschaya » se trouve aussi dans Eroubin, 18 c, 1. 23.
P. 126 (sur 54 c, 1. 60j. Dans l'indication DnDTa nï53 N:"';n p "'OV
rtKDm"', il n'y a aucune raison d'effacer le rapporteur; il faut plutôt faire
précéder son nom du litre de "'3"i. Yosé b. Hanina pouvait tout aussi bien
que Yohanan rapporter des opinions de Menaliem de Jotapat. — Ibid.
nb'^an est une faute d'impression pour rib-^ 3^73.
P. 129 en haut (sur 54rf, 1. 2J). L'observation Nb""- 'i -i73X'^ Nb nbij'?:!
■'X;'' '") D«3 est inexacte. M. R, lui-même, dans les Additions (p. 148),
renvoie à j. Aboda zara, iv, i. f. (44 6, 1. 68), tout en supposant qu'il
s'agit ici, non de Yannaï l'ancien, ma:is de l'amora plus jeune de ce nom
iNT'JT "'n;"" '■);. Mais c'est là une hypothèse sans fondement et, de plus,
l'indication « R. Héla au nom de R. Yannaï » se retrouve assez souvent
dans le Yerouschalmi : Sabbat, 11 c, 1. 8 ; Eroubin, 24 a, 1. 30; Keloubot,
25 d, 1, 43 ; ib., 33 a, 1. 55 (=r Kidduuschin, (iO b, 1. 53, 66) ; Baba Kamma,
5 b, 1. 29; Baba Mecia, 9a, 1. 55 ; Sanh., 226, 1. 7 ; .16. zara, 44 6, 1. 73.
Une fois Héla rapporte un enseignement de l'école de R Yannaï ("i ''3T
■'ND"») : i^a6a Batra, 14 6, 1. 10.
Budapest.
\V. Bâcher.
ADDITIONS ET RECTIFICATIONS
T. LXl, p. 222. — &i2a"'n est Hïittenheim en Bavière; 4nrTi est
Windcn dans le Palatinat bavarois. — P. 223: C»bc se trouve aussi
sous la forme '0^>35T»:: dans le livre des Minhagim de Worms. Dans celui
de Jusfa Schamasch, on lit : ^«î■^73T-I "•piDs":: 1''N"np rn D"^:i/2np a"'5n2733
C73biï:. Cf. Kaufmann-Gedenkbuch, p. 294. Giidemann (I, 279 et non
III, 279, comme on lit, Revue, p. 223, note 2) a déjà donné la bonne expli-
cation. — L. LiJwenstein.
T. LXI, p. 318, — Mon article, Revue, 1908, LV, p. 64 et ss., a pris
justement l'hypothèse de P. Cassel pour point de départ et a également
essayé de rendre compte des autres tentatives d'explication. Signalons, à ce
propos, que le livre de M. A. Berliner, Randbemerkungen zum tàglichen
Gebetbuch {Siddur.), Berlin, 1901, s'applique aussi à démontrer les élé-
ments cabbalistiques entrés dans nos recueils de prières. M. Berliner
croit qu'il faut renoncer à expliquer le nom divin de vingt-deux lettres.
Il s'oppose surtout à rid(''e de l'expliquer par la prière du "[T^i: """lyc, qui
est justement produite par le nom (pp. 41, 42). Ouant à lange de loubli,
M. Berliner, d'après les recherches de M. Marx, considère l'invocation de
cet ange comme une interpolation dans le Siddour du Gaon Amram ; il
accepte la leçon nme et regrette celle de nmo p. 38,. — Bernard Hellcr.
Le irùraiit :
Israël Lévi.
VERSAILLES. - IMIMILMEIUES CERF, 59, KUE DUI'LESSIS.
LE ROLE DES JUIFS
DANS LA VIE ÉCONOMIQUE
M. Werner Sombart, réconomisle allemand bien connu, vient
de publier un ouvrage qu'il a intitulé : Les Juifs et la vie écono-
mique. Dans une préface des plus intéressantes, il raconte la
genèse de son livre. Depuis longtemps, il était, nous dit-il, préoc-
cupé de trouver l'explication des brusques déplacements du
centre de la vie économique qui se sont produits en Europe au
cours des derniers siècles. Les raisons qu'on en donne commu-
nément ne le satisfaisaient nullement, lorsqu'il s'avisa un jour du
parallélisme de ces mouvements avec ceux de certaines migrations
uives. Ce fut un trait de lumière pour l'auteur, qui s'attacha
dès lors à vérifier l'exactitude de son hypothèse et pensa en trouver
l'éclatante confirmation dans l'histoire, qu'il examina à nouveau,
de nombreuses communautés. Il avait déjà été amené à rechercher
l'influence de la religion en ces matières par les études de Max
Weber sur les relations du « Puritanisme » avec le « capitalisme ".
et il avait cru constater que les idées des Puritains, en ce qui
concerne l'argent, sont une émanation directe du judaïsme.
Sombart s'est appliqué à rechercher les motifs de l'aptitude
économique des Juifs, qu'il ne considère pas comme due aux persé-
cutions dont ils ont été si longtemps et si souvent les victimes,
ni à une disposition spéciale pour le négoce. Il l'attribue à
un concours particulier de circonstances et de qualités innées,
au fait qu'un peuple à sang chaud a essaimé parmi d'autres
populations à tempérament plus lourd. Il va jusqu'à dire que, sans
les Juifs, ni le capitalisme, ni môme la culture moderne ne se
seraitMil dévelo[)pés comme ils lont fait. Le fait(jne cette influence
des Juifs va en diminiuuit. que, par exemple, il s'en trouve moins
T. lAll, N" 1-24, Il
162 KEVUE DES ÉTUDES JUIVES
qu'autrefois parmi les directeurs elles administrateurs des sociétés
de crédit, lui paraît provenir de cette circonstance que ces établis-
sements prennent une allure de moins en moins commerciale et
tournent à la bureaucratie. Cette diminution aiderait alors à expli-
quer l'origine du phénomène.
L'ouvrage se divise en trois livres : la part prise par les Juifs à
l'édification de l'économie contemporaine ; leur aptitude au capita-
lisme ; leur histoire. L'auteur insiste sur ce point qu'il a uniquement
voulu faire œuvre de savant. Il s'est placé à un point de vue
spécial, puisqu'il a voulu montrer l'action des Juifs sur le monde
moderne. Il ne nie pas pour cela toutes les autres influences
qui se sont exercées et s'exercent : mais il n'en étudie qu'une. Il
assure n'avoir pas voulu soutenir de thèse, et s'être efforcé de réunir
et de présenter au lecteur des faits, dont chacun pourra tirer la
conclusion qu'il voudra. Il s'est abstenu de formuler aucune appré-
ciation ; il a évité toute discussion sur la supériorité ou l'infériorité
de telle ou telle race ; il se montre d'ailleurs sceptique au snjet des
théories raciales.
I
Deux méthodes s'offrent à celui qui veut étudier la part prise
par un groupe d'hommes à des phénomènes économiques, la
statistique et la génétique.
Au moyen de la première, on cherchera à établir le nombre
des «sujets» qui prennent part à une action économique, de
ceux qui, par exemple, à un moment donné organisent un
commerce ou créent une industiie, et à déterminer leur pro-
portion par rapport à l'ensemble de la population. On mettra
en lumière la somme de capital investi par eux, la masse des
produits, le chiffre des transactions. Mais ces statistiques ne
formeront jamais un tableau complet; en dehors des résultats
directs obtenus, il faudrait faire entrer en ligne de compte l'effet
de l'exemple : l'initiative prise en telle ou telle matière par une
maison de commerce ou de banque pourra avoir des répercussions
eflicaces. La méthode génétique supplée à ces lacunes. S'agit-
il de déterminer l'influence qu'a eue un groupe de population
sur la direction prise par la vie économique ? Il y aura lieu df
rechercher si cei'tains traits de cette vie sont dus originairement
à une intervention, si certains |)rinci|)es (|iii la gouvernent sont
dérivés d'une tendance d'esprit particulière. Pour cela il faut
LE BOLE DES JUIFS DANS LA VIE ÉCONOMIQUE 163
examiner les premiers temps du capitalisme moderne et en suivie
riiistoire de façon à dégager le facteur déterminant de chaque
évolution.
Sombart croit que l'influence des Juifs a été encore plus grande
qu'elle n'apparaît dans l'histoire, parce qu'elle ne saurait être
établie par des preuves directes et que, dans bien des cas, elle
échappe à notre connaissance. Beaucoup de Juifs en Allemagne se
font baptiser, ce qui les retranche du nombre de ceux que l'on
range sons ce nom. Jacob Fromer assure que, vers l'an d820, la
moitié des Juifs berlinois se sont convertis au protestantisme '. Mais
il n'y a pas que les Juifs baptisés qui échappent au recensement :
les jeunes filles juives qui épousent des chrétiens disparaissent
aussi des listes qui servent de base aux statistiques. En consé-
quence, leur chiffre réel est bien supérieur à celui que les dénom-
brements peuvent enregistrer"^.
A maintes reprises le centre économique de l'Europe s'est
déplacé : d'Italie, d'Espagne, de Portugal et de quelques
régions du sud de l'Allemagne, il s'est transporté vers les pays
européens du Nord-Ouest, en premier lieu les Pays-Bas, puis la
France, l'Angleterre, l'Allemagne du Noi'd. La Hollande a été,
pendant tout le xvii« siècle, la puissance dominante en matière de
commerce, d'industrie, de navigation et de développement colonial.
Dans les dernières années du xv» siècle, les Juifs avaient été
expulsés d'Espagne : la veille du jour où Christophe-Colomb mit
à la voile pour découvrir l'Amérique, trois cent mille Israélites
quittèrent la péninsule pour se répandre en Navarre, en France,
en Portugal et dans les pays de l'Europe orientale. Au cours des
mêmes années, ils étaient expulsés de Cologne, d'Augsbourg, de
Strasbourg, d'Erfurt, de Nuremberg, d'L'lm, de Ratisbonne ;
au siècle suivant, le même sort les atteignit dans plusieurs
villes italiennes. C'est alors qu'on voit prospérer celles qui les
accueillent, telles que Livourne, Francfort, Hambourg. Au xvni«
siècle, de toutes les anciennes villes impériales allemandes,
deux seulement avaient gardé leur rang, Francfort et Hambourg :
c'étaient celles qui avaient conservé les Juifs.
En France, au xvn» et au xvni* siècle, Marseille, Bordeaux,
Rouen prospèrent : ce sont les cités qui les ont accueillis.
Amsterdam est alors peuplé de Juifs portugais (marranes), qui non
seulement exercent une influence économique, mais dont les idées
1 . Cette proportiuii (Kirait tout à fait iiivfaisemtilabie.
2. il couvieiidrait alors de (ictcniiiiicr ceux que Sombart range sous le vocable
« Juifs ». A quel moment les ilescendants de Juifs convertis cessèrent-ils de euni|iter
[lour lui comme tels ?
164 REVUE DES ETUDES JUIVES
politiques et philosophiques se répandent et s'imposent. Anvers
occupe pendant quelques années, vers la môme époque, une
situation prépondérante comme place commerciale et financière,
et la perd dès que les marranes sont expulsés ^ Cromwell favorisa
les Juifs, parce qu'il voyait en eux des hommes capables de faire
prospérer le commerce des marchandises et celui de l'argent.
Golbert était dans les mêmes dispositions. Une ordonnance adressée
à l'intendant du Languedoc énumère les avantages que Marseille
a retirés de l'habileté commerciale des Juifs. Sans eux, écrivait
un sous-intendant, le commerce de Bordeaux et de la Provence
périrait infailliblement.
Les Hollandais du xvii« siècle craignaient de voir les Juifs quitter
leur territoire. Lorsque Manasseh-ben-Israël alla remplir en Angle-
terre sa mission demeurée célèbre, le gouvernement néerlandais
pria son ministre en Angleterre de s'enquérir des intentions de
Manasseh, de peur que son action ne tendît à faire émigrer ses core-
ligionnaires hollandais. A Hambourg le sénat les considère comme
indispensables. Tous les témoignages contemporains s'accordent
sur ce point. C'est ainsi que, dans la première moitié du xvii« siècle,
on assure que le douzième du commerce anglais passait par les
mains des Juifs. Leur participation à la foire de Leipzig était consi-
dérable : ils y allaient au nombre de quatre cents environ vers 1675 ;
eu 1839, ils y étaient plus de six mille, et représentaient le tiers
des négociants présents. Au xvii« siècle, presque tout le com-
merce de Hambourg avec la Hollande, l'Espagne et le Portugal était
entre leurs mains. Celui du Levant, si actif et brillant en France au
\viii« siècle, était presque entièrement fait par eux 2. Déjà autrefois
ils avaient de nombreux comptoirs dans la Méditerranée : une
partie de ceux qui avaient été chassés d'Espagne allèrent s'établir
en Orient et entretinrent dès lors des relations suivies avec leurs
coreligionnaires qui s'étaient fixés dans les pays du Nord. Ils
s'occupent surtout du négoce des objets de luxe, bijouterie, pierres
précieuses, perles, soie et soieries. Ils traitent aussi les articles de
première nécessité, les céréales, le chanvre, la laine, les produits
1. La commission nommée en 1653 pour examint'i- s'il y avait lii'U de rappeler les
lois (l'exil déclarait : « Quant aux autres iuconvi'iiients que l'on pourrait craindre
et appréheniler au regard de l'inténH puhlic, à savoir qu'ils attireront à eux tout le
commerce... . il nous semble au contraire que, par le commerce qu'ils remlront plus
(,'rand qu'il n'est à présent, le bénéfice sera commun à tout le pays et ipie lor et
l'arijeut seront en plus grande abondance pour les besoins de l'Etat. »
2. Il est bien entendu que nous analysons le livre de M. Somhart, et que nous
ne nous portons irarant d'aucune de ses assertions. Nous croyons (jue tout ce qu'il dit
de la part des Juifs dans le cummercu maritime de celte époque est très exagère.
LE ROLE DES JUIFS DANS LA VIE ÉCONOMIQUE 165
de filatures, les denrées coloniales, le tabac et le sucre, le coton et
les cotonnades. Ils se distinguent par l'abondance et la variété de
leurs approvisionnements. Aux négociants de Montpellier qui se
plaignaient en 1740 de la concurrence juive, l'intendant répondait :
« Ayez des magasins aussi bien assortis que les leurs, et la
clientèle vous viendra comme à eux. »
Les Juifs commerçaient surtout avec les pays riches en métaux
précieux, particulièrement l'Amérique centrale et méridionale : ils
en importaient de grandes quantités et participaient ainsi à l'orga-
nisation du système colonial moderne. Dès la fin du xvii« siècle, ils
s'établiient aux Indes orientales. Beaucoup d'entre eux s'embar-
quèrent sur les navires hollandais et portugais: ils possédaient
une partie du capital de la compagnie batave des Indes orien-
tales. Celle-ci eut comme gouverneur un Cohn, qui contribua
plus que personne à asseoir la puissance hollandaise à Java. Des
Juifs furent également à la tète de la compagnie anglaise des Indes
orientales. Ils prirent une part prépondérante à la fondation de la
colonie anglaise du Gap, entre 18"20 et 1880, ainsi qu'à celles du
ïransvaal et de l'Australie.
Mais c'est en Amérique que leur rôle a été le plus grand. Non
seulement c'est eux qui commanditèrent en partie la première
expédition de Cliristo[)he Colomb, non seulement ce fut un Juif,
Luis de Torres, qui, le premier, mit le pied sur la terre nouvelle,
mais, dès 149'2, ils avaient établi l'industrie sucrière à San-Tome :
de là et de Madère ils la transportent au Brésil. Sous leur influence,
le pays se développe ; en 16^4, il reçoit une immigration importante
de Juifs hollandais. Expulsés du Brésil en 1634 par les Portugais
nuiîtres du pays, ils se portent vers d'autres terres américaines:
ils font prospérer les plantations de canne à sucre à Barbados,
puis à la Jamaïque, que les Anglais enlevèrent définitivement
aux Espagnols en 1630 : au xvui^ siècle, c'est eux qui y paient
la presque totalité des impôts. De même à Surinam, dans la Guyane
hollandaise, à la Martinique, à Saint-Domingue. Toute la puissance
productive des colonies, en dehors des pierres et des métaux
pi'écieux, résidait alors dans la culture de la canne. C'était l'époque
1701 oïl une délibération du Conseil du commerce parisien déclarait
que la navigation française doit son éclata ses îles sucrières, et que
seul, le trafic avec ces îles est susceptible de la maintenir et de la
développer. Les Juifs ont contribué à la fondation des États-Unis
d'Amérique, bien que l'opinion vulgaire ne l'admette guère.
Lorsqu'ils célébrèrent au début du xx' siècle le deux cent cin-
quantième anniversaire de leur arrivée sur ce continent, le président
166 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Roosevelt, leur adressant ses félicitations, déclara quils avaient
participé à la formation du pays, et l'ex-président Grover Cleveland
affirma, à la même occasion, que peu de nationalités, parmi celles
qui ont contribué à créer rAmériqae, avaient eu une influence
directe ou indirecte plus considérable. S'ils ne flgurent pas parmi
les milliardaires et directeurs de trusts dont les noms sont dans
toutes les bouclies, ils sont à la tète daffaires industrielles et de
maisons de banque importantes. En Californie, ils ont joué un
rôle prépondérant, non seulement comme hommes daffaires, mais
comme juges, députés, maires, gouverneurs. M. Sombart pense que,
d'ici à un siècle, la population des États-Unis se composera essen-
tiellement de Juifs, de Slaves et de nègres.
Dès i6oo, les Juifs expulsés du Brésil étaient venus s'installer à
Newamsterdam, Long-Island, Albany, Rbode-Island, Philadelpbie.
Lorsque le système anglais imposait à la colonie l'obligation
d'acheter nombre de produits exclusivement en Grande-Bretagne,
le bilan de son commerce extérieur se soldait par un déficit.
Celui-ci n'était couvert que grâce aux exportations que les Juifs
dirigeaient vers les pays de l'Amérique du Sud, avec lesquels
ils avaient conservé, des relations. Plus de sept mille d'entre eux
ont d'ailleurs servi comme soldats dans la guerre de Sécession ' .
Sombart considère que les Juifs ont pris une part essentielle
à l'organisation des États modernes, notamment comme muni-
tionnaires des guerres et pourvoyeurs des Trésors publics. En
Angleterre, sous Cromwell, le principal fournisseur des armées
est Ant-Fern Carvajal ; en 1649, il figure au nombre des cinq
personnes chargées de procurer aux troupes les céréales dont elles
ont besoin. Sous Guillaume 111, le célèbre Médina fut anobli pour
les services qu'il avait rendus : on l'appelait le grand traitant ■< tlie
great contractor ». En France, à Metz, à Strasbourg, les Juifs se
rendent utiles. Le maréchal de Saxe déclare que jamais les années
ne sont mieux approvisionnées que par eux. Lorsque Cerf Béer fut
naturalisé sous Louis XVI, les lettres patentes publiées à cet
1. Qu'il soit permis à raiiUnir du piôsent article il'ivoiiuor ici le souvenir de son
oncle Simon Lévy qui avait émiirré d'Alsace en Améiiiiue vers l'an 18.'i0 et qui s'était
d'abord créé àNew-York une situation comme avocat. Quand la guerre éclata, il (juitla son
cabinet pour s'enrôler dans les troupes fédérales. Son énergie lui valut un avancement
rapide. Un jour qu'une mutinerie furieuse avait éclaté dans son camp, on vint le
chercher comme l'officier capable de dompter les révoltés. Il s'avança seul au
milieu d'eux, son revolver à la main, et lit tout rentrer dans l'ordre. l\ reçut ensuite le
commandement d'un régiment. 11 reprit, après la guerre, ses occupations civiles. 11 est
mort il y a peu d'aimées, plus (juoctdgénaire, entouré de l'estime et de l'afTertion de
tous, et est resté populaire sous le nom du colonel Simon.
LE ROLE DES JUIFS DANS LA VIE ÉCONOMIQUE 10"?
effet déclarent « que la dernitre guerre, ainsi que la disette qui
s'est fait sentir en Alsace pendant les années 177()-177l. lui ont
donné l'occasion de fournir des preuves du zèle dont il est animé
pour notre service et celui de l'État ». Les Gradis de Bordeaux
établissent à Québec des magasins pour l'armée française qui
combat au Canada.
On est assez bien documenté sur le rôle joué par les Juifs au
point de vue des transactions financières. Déjà au moyen âge. on
les voit fermiers d'impôts, de salines, de domaines, trésoriers,
receveurs et payeurs. Les Juifs hollandais interviennent non seule-
ment dans leur pays, mais font des avances aux princes dEurope
en quête de capitaux. En Angleterre, ils sont au premier rang des
financiers sous Gromwell, Charles H, Guillaume IIL Au moment
des folies de la Sont/t Sen Bubble, ils se tiennent à l'écart des
spéculations qui sévissent dans Londres, et le sage Gideon, l'ami
de Walpole, rend à l'État de signalés services. En France, on
connaît la situation de Samuel Bernard ' sous LouisXIVetLouisXV.
Le chancelier autrichien Ludewig déclare qu'à Vienne les affaires
les plus importantes dépendent du travail et de la bonne foi des
Juifs : « praesertim Viennae ab opéra etfide Judaeorum res saepius
pendent maximi momenti».
Mais peu à peu ils cessent d'èlre les coadjuteurs indispensables
des princes à qui ils fournissaient jadis de l'argent. Ils créent les
appels publics et directs au crédit, qui tendent à diminuer leur
propre rôle, puisque leur intermédiaire devient inutile du jour où
les moindres détenteurs de capitaux souscrivent les emprunts.
Leur activité se transforme alors : ils prennent une part active à
ce que certains auteurs ont appelé la commercialisation de la vie
économique, c'est-à-dire l'organisation des bourses où s'échangent
les papiers représentatifs des valeurs.
Les caractéristiques de cette organisation moderne sont les for-
mes impersonnelles de contrats, conclus entre gens qui ne se
connaissent pas et entre qui la simple possession d'une action,
d'une obligation, d'une lettre de change, d'un billet de banque,
crée des liens de droit d'une nature particulière. Il esl difficile
d'établir historiquement l'origine de ces divers instruments :
comment étudier la genèse de la lettre de change à l'aide des
rai'es exemplaires remontant au moyen âge, que le liasard a mis
entre nos mains ? Nul ne sait combien' de milliers en étaient
1. C'est à tort que M. Sombart range Samuel 6ernarfl parmi les fin.inoiers juifs. Il
est aujourd'hui démontré qu'il n'appartenait pas à cette religion*
16S REVUE DES ÉTUDES JUIVES
en circLilalion à Piso ou à Bruges, ou dans telle autre cité. Il faut
apporter une prudence extrême dans les conclusions qu'on pour-
rait tirer des recherches de ce genre.
On admet généralement que la lettre de change, transmissible
par endos, n'a été couramment en usage quau xvii« siècle. C'est
en Hollande qu'elle était surtout employée. Quant à l'action, on
en trouve l'embryon à Gênes dans les parts de la Maison de
Saint-Georges au xiv« siècle et dans les grandes compagnies de
commerce du xvlI^ L'origine du billet de banque doit être fixée au
moment où le billet au porteur a cessé de se référer directement à un
dépôt fait par le créancier entre les mains de l'établissement dépo-
sitaire. Les fonds d'État au porteur n'ont fait leur apparition qu'à
une époque relativement récente. Pendant longtemps ces fonds
avaient le caractère d'une obligation personnelle, émanant du
Souverain ou du Trésor, vis-à-vis d'un créancier déterminé : les
intérêts n'étaient payables que contre quittance dûment signée par
le bénéficiaire. La lettre de gage est née en Hollande au xviii« siècle.
Elle apparut sous la forme d'obligations souscrites par les plan-
teurs de Surinam et d'autres colonies, qui hypothéquèrent leurs
terres en faveur des prêteurs : des maisons juives organisèrent ce
mécanisme.
D'une façon générale, le titre au porteur constitue l'évolution de
la créance personnelle vers une obligation réelle. La clause au
porteur figurait déjà fréquemment dans des actes du moyen âge, en
France et en Allemagne. Mais, au xvi^ siècle, sous linfluence de
Cujas et de Dumoulin, l'usage s'en perdit de plus en plus. On la
remplaça en partie par des endossements en blanc. Puis elle reparut
au xvii" siècle. La Bible la connaissait : Dans le livre de Tobie, il est
dit: «Je te montre dix talents d'argent, que j'ai déposés chez Gabael
à Rages en Médie. » — Ce à quoi Tobie répond : « Mais comment
pourrai-je toucher l'argent, si je ne le connais pas ?» — Son
père lui dit : « Voici l'écrit. Cherche quelqu'un qui aille le
retirer >. Tobie appela Raphaël et lui dit: Va à Rages et cherche moi
l'argent. Raphaël se rendit alors chez Gabael et lui remit l'écrit,
en échange duquel la bourse contenant l'argent lui fut délivrée ».
Beaucoup de rabbins, dans leurs commentaires du Talmud, men-
tionnent le titre au porteur. Au xvi" siècle, les Juifs créèrent
le Mamre, obligation dans laquelle le nom du bénéticiaire était
laissé en blanc. En cas de perte, on afticliait a la porte de la
synagogue un avis par lequel le détenteur actuel était invité à se
présenter : faute de quoi le véritable propriétaire reprenait ses
droits. D'une façon générale, la clause « au porteur » permettait aux
LE ROLE DES JUIFS DANS LA VIE ÉCONOMIQUE 169
Juifs d'échapper à la confiscation dont leurs marchandises et lenrs
hiens étaient constamment menacés. Le connaissement dune car-
gaison était dressé au nom dun tiers « ou au porteur », ce qui
empêchait les corsaires de la saisir. Le droit talmudiqne permet
de créei- des ohligalions indépendantes de la considération de la
personne. Le possesseur d'un titre au porteur n'a de droit que
celui que lui confère la détention même du titre.
La qualité principale des valeurs mobilières est l'aisance avec
laquelle la propriété s'en transmet. La conception moderne
« possession vaut titre » paraît à M. Sombart être due aux idées
juives, qui étaient de faciliter le plus possible les échanges : d'où
la suppression de l'antique principe du droit romain et germanique,
d'après lequel le propriétaire pouvait toujours revendiquer son
bien, même entre les mains d'un tiers détenteur de bonne foi. Une
fois la nouvelle conception admise, il y a lieu de créer un marché
pour ces valeurs mobilières, dont la transmission s'opère abstrac-
tion faite de la considération des personnes qui les possèdent,
contrairement à ce qui se passe dans les autres contrats d'achat et
de vente. Isaac de IMnto remarquait déjà que c'est à la facilité que
les particuliers ont de se défaire des fonds publics « que l'Angle-
terre est redevable en partie de celle quelle a eue de faire ses
énormes emprunts ».
L'histoire des bourses se divise en deux périodes : depuis leurs
débuts au xvi« siècle jusqu'au commencement du xix«, ces institu-
tions ne jouent pas le rôle considérable qui est devenu le leur
après 18U0 et qui n'a cessé de grandir jusqu'à nos jours. La
seconde phase est au contraire celle d'un développement rapide et
continu. C'est dans les villes où existait déjà un commerce actif de
lettres de change que les bourses ont tout d'abord grandi : or
ce commerce était en majeure partie aux mains de Juifs : on en
trouve des preuves dans l'histoire de Venise, d'Amsterdam, de
Francfort, de Hambourg. Le Sépat de cette dernière ville déclare
en 1733 que les Juifs dominent le commerce du change Ceux de
Bordeaux ont pour principale occupation « de prendre les lettres
de change et d'introduire l'or et l'argent dans le royaume ». Le
député suédois Wegelin dit la même chose d'eux à Stockholm en
1815. C'est à eux que l'on dut l'organisation des marchés à terme,
dont certains historiens font remonter l'oiigine à Gènes au
xui" siècle : les échanges de titres de rente qui s'y opéraient, sous
forme de contrats à échéance, donnaient lieu à des paiements de
différences. Mais c'est plutôt à .\msterdam au .\vn« siècle qu'il
convient de fixer les débuts de la spéculation boursière moderne;
170 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
elle s'appliquait alors aux actions de la Compagnie des Indes orien-
tales. Les transactions devinrent rapidement si importantes que les
États généraux, par un arrêt de 1610, défendirent à quiconque de
vendre plus d'actions quil n'en possédait. Les Juifs étaient titulaires
d'un grand nombre d'actions des Compagnies des Indes orientales
et occidentales. Un Juif porlugais, José de la Vegas, écrivit, à
la fin du xvii» siècle, un traité complet des opérations de bourse,
dont un connaisseur a pu dire que c'était le meilleur ouvrage qui
ait jamais paru sur la matière. Un rapport adressé par un envoyé
de France à la Haye en 1698 expose que « dans cet État, les
Juifs font une grosse partie, et c'est sur les pronostics de ces pré-
tendus spéculateurs politiques, travaillant eux-mêmes, que les
prix de ces actions sont dans dos variations si conlinuelles qu'elles
donnent lieu, plus d'une fois le jour, à des négociations qui méri-
teraient mieux le nom de jeu ou de pari. »
A Londres, vers la fin du xvn<= siècle, la bourse, qui est alors
connue sous le nom de Chanqe Alley, est fréquentée par un grand
nombre de Juifs. Le célèbre Médina y fut considéré comme le fon-
dateur de la spéculation en fonds publics. Ce furent aussi les Juifs
qui créèrent les premiers le Jobber, c'est-à-dire ce négociant en
fonds publics qui forme encore aujourd'hui un des éléments carac-
téristiques de la Bourse de Londres : il se tient à la disposition de
l'agent de change (s^ocA-Z'roA-^r), qui reçoit les ordres de la clientèle,
et lui fournit le moyen d'exécuter les ordres d'achat ou de vente.
Sombart ajoute que c'est eux aussi qui instituèrent les premiers
les opérations d'arbitrage sur la même place, et il incline à
admettre, que c'est aux Juifs que Londres a dû sa situation de
principal marché international de capitaux. En Allemagne, les
seules bourses qui eurent alors quelque importance furent celles
de Hambourg et de Francfort. En 1817, à Augsbourg, nous trou-
vons un jugement qui écarte une action tendant à faire payer une
« ditiérence ».
Avant le xix« siècle, la Bourse n'était pas considérée comme un
facteur désirable de la vie économique. En 1778, le Parlement
anglais flétrissait la « pratique infâme du tratic des actions ». La
dette publique était elle-même tenue en médiocre estime et était
considérée comme peu honorable pour la nation qui l'avait
contractée. David Hume l'appelait une pratique ruineuse, et Adam
Smith, un expédient déplorable : ce dernier ne consacre d'ailleurs
aucune partie de son œuvre à l'étude des valeurs mobilières ni de la
Bourse. Mais à l'heure où le grand économiste portait ce jugement.
Joseph de Pinto écrivait un livre qui parut en 1771 et qui prévoyait
LE ROLE DES JUIFS DANS LA VIE ÉCONOMIQUE iH
Tavenir réservé à ces valeurs et au crédit public, dont elles sont en
partie l'expression, De 1800 à 1850, les émissions de fonds d'État ont
pris une importance inconnue jusque-là. Les maisons Rothschild y
participèrent largement. C'est par elles (jue furent inaugurées les
transactions internationales, qui attiraient et transportaient les
capitaux sur les divers marchés. Lorsque Nathan Rothschild
entreprit en 1808 d'efTectuer en Espagne, pour le compte du gou-
vernement anglais, les paiements de la solde de ses troupes,
ce fut considéré comme un événement extraordinaire. C'est
l'émission d'emprunts publics faite simultanément sur diverses
places qui donna au public l'habitude de s'intéresser aux
fonds étrangers, dont l'intérêt et l'amortissement lui étaient payés
en monnaie indigène. Les publicistes du début du xix^ siècle
signalent comme une nouveauté importante le fait que des cou-
pons de titres autrichiens, napolitains, sont payés aux détenteurs
français, à Paris, en francs.
L'origine des émissions publiques n'a pas été déterminée d'une
façon précise. Dans une première période, les capitalistes prêtaient
directement aux gouvernements; dans une seconde, les banquiers
se chargeaient, pour le compte de l'État, du placement de ses titres
moyennant commission, et lui consentaient au besoin des avances
à valoir sur le produit de la réalisation; plus tard, des syndicats se
formèrent qui achetaient les titres au gouvernement et les reven-
daient ensuite au public pour leur compte; enfin, les gouvernements
dont le crédit est le mieux assis s'adressent aujourd'hui direc-
tement au public. Mais l'activité ne se borna pas aux seuls fonds
d'État. Des sociétés particulières se fondèrent, dont les titres
furent l'objet d'échanges et de spéculations nombreuses : c'est
vers 1880 qu'elles commencèrent à se développer rapidement. Elles
eurent d'abord pour objet les constructions de chemins de fer.
Les Rothschild y prirent une part notable. D'autres de leurs
coreligionnaires, tels que Strousberg, en Russie et en Roumanie,
le baron de Hirsch, en Turquie, furent aussi de grands entre-
preneurs de voies ferrées. A l'origine de mainte entreprise indus-
trielle, nous trouvons des noms juifs. En Angleterre, en lOOi, sur
soixante-trois maisons de banque s'occupant d'affaires financières
{merchants), trente-trois étaient juives, et, dans le nombre, treize
étaient de tout premier ordre. Mais les maisons particulières, quelle
que fût leur puissance, n'auraient pas suffi aux émissions, avec les
proportions qu'elles prirent depuis le milieu du xix'' siècle. Il fallut
le concours de sociétés par actions.
Le type de ces sociétés fut le Crédit mobilier, fondé par les frères
172 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Pereire. dont le rôle en nialièi'e de créations d'aiïaires est
connu. La Creditanstalt de Vienne, la Darmstwdterbank, plus
tard la Deutsche Bank comptèrent des Juifs parmi leurs fondateurs
et premiers souscripteurs '. Du domaine des emprunts, ces sociétés
passèrent à celui de l'industrie. C'est elles qui fournirent aux
manufacturiers les capitaux dont ils ont besoin. Plus tard les
industries elles-mêmes ont évolué et se sont organisées de façon à
être moins dépendantes des banquiers. Sombart cite comme type de
la nouvelle forme la célèbre Société générale d'électricité de Berlin,
qui s'occupe autant de trouver et d'étendre une clientèle que de
perfectionner son outillage. Dans celte évolution, les Juifs jouent
un rôle, comme fondateurs de l'industrie du tabac au Mecklembourg
et en Autriche ; comme distillateurs en Pologne et en Bohême;
comme fabricants de soie en Prusse, en Italie, en Autriche, de
cotonnades eu Moravie. Cette commercialisation de l'industrie a
eu pour résultat que les mêmes hommes ont pu réussir dans des
branches très différentes, du moment où il s'agissait d'y déployer
des aptitudes analogues, le côté technique restant confié à des
spécialistes.
On sait combien les négociants de divers pays se plaignirent à
diverses époques dé la concurrence des Juifs. Ceux-ci représen-
taient une conception de la vie économique différente de celle qui
régnait et qui se rattachait au système féodal. L'individu restait
soumis à une foule de règles desquelles il ne pouvait s'écarter.
La religion intervenait dans le négoce et interdisait un certain
nombre d'actes qui découlent cependant des lois économiques. La
sphère d'action de chacun était limitée. Toute la politique mercan-
tile et coloniale reposait sur cet axiome qu'à l'intérieur des fron-
tières, il ne doit pas y avoir de concurrence. De même que l'agri-
culteur recevait la terre nécessaire à sa subsistance et à celle des
siens, de môme le fabricant et le commerçant se voyaient assigner
une certaine tâche dont l'accomplissement devait assurer leur
existence. Les corporations veillaient à ce qu'aucune d'elles n'em-
piétât sur le domaine des autres. La morale des allaires consistait
alors à s'asseoii- dans sa boutique et à y attendre la clientèle. Il
était défendu de chercher à enlever un client à un concurrent; on
critiquait le marchand qui enjolive son magasin de façon à y
allirer l'acheteur, et celui qui fait connaître par des afiiches les
marchandises qu'il offre, surtout s'il le lait à un i)ri\ inférieur à
1, M. Sombart (p. 128; fait erreur en rangeant les Mallet parmi les actionnaires juifs
du Crédit mobilier.
LE ROLE DES JUIFS DANS L\ VIE ÉCONOMIQUE 173
celui du voisin. L'État surveille la fabrication et prescrit des règles
sévères pour la confection des divers objets; le juste prix est
considéré comme devant être la règle par des hommes qui
ignorent la loi naturelle de Tofire et de la demande.
En présence de cette réglementation universelle, la concurrence
juive devait soulever des protestations : on lui reprochait de ne
pas respecter les bornes mises à l'activité de chacun, dempiéter
sur le domaine des corporations, d'accaparer divers ordres
de production et d'échange, en attirant à soi tout le com-
merce by drawuif/ ail trade towards themselves, comme le dit
un rapport anglais de I600. Ils vendent toutes sortes d'objets sur
lesquels ils ont fait des avances, et se trouvent ainsi être les
précurseurs des grands magasins modernes. On les blâme aussi
de se livrer au commerce d'importation, contraire aux idées
mercantiles, de retirer aux ouvriers indigènes les occasions de
travailler en faisant venir du dehors les objets demandés par les
consommateurs, d'exporter les matières premières. D'une façon
générale, on les trouve trop remuants, trop actifs, trop empressés
à saisir toute occasion de trafiquer, de devancer les autres, d'atti-
rer les acheteurs. La Chancellerie impériale de Vienne, en 176^2,
ayant une commande de fournitures militaires à donner, s'adresse
aux Juifs dans l'espoir « d'obtenir des prix inférieurs ». On
peut aussi les considérer comme les pères de la réclame modej-ne :
dans la Gazette de Voss du 28 mai 1711, se trouve l'annonce de
l'arrivée à Berlin d'un négociant hollandais porteur a du meilleur
thé à un prix très modéré ».
Parmi les nombreuses raisons qui permettaient aux .luifs de
vendre meilleur marché que les autres, il faut citer avant tout le
fait qu'ils se contentaient d'un bénéfice moindre. Leur genre de
vie, beaucoup plus modeste, leur imposait moins de dépenses. En
outre, ils activaient la circulation de leurs marchandises, et par ce
moyen, tout en réalisant sur chaque opération un |)i-ofit plus faible,
ils en obtenaient un égal au bout de l'année par le fait qu'ils le renou-
velaient plus souvent : c Petit profit, grandes aiïaires •>, telle était
leur devise, qui est celle de mainte entreprise contemporaine. De
plus, ils s'ingéniaient à attirer la clientèle par de nouvelles méthodes
commerciales. C'est eux qui, les premiers, vendirent des objets
payables en plusieurs termes. En un mot, ils incarnent la conception
moderne des échanges : la plupart des reproches qu'on leur adres-
sait jadis ne font que constater cet esprit actif, celte ardeur à la
tâche, qui sont le trait dominant de la plupart des négociants
d'aujourd'hui. Ils étaient alors les représentants de la liberté de
l'/4 RliVUJi DES ETUDES JUIVES
négoce, de la libre concurrence, du rationalisme économique. Cette
constatation amène Sombart à l'examen d'un autre problème, celui
de savoir quelles qualités avaient prédisposé les Juifs à ce « capita-
lisme », alors que celui-ci n'existait pas encore, et expliquent Tin-
fluence exercée par eux.
II
Le capitalisme est l'organisation à laquelle concourent deux
groupes de population, les possesseurs des instruments de pro-
duction et les travailleurs qui en sont dépourvus : les premiers
sont ce qu'on appelle les sujets économiques \Virtschaflssubjekte\
L'idée qui domine ce système est celle de l'acquisition [Erwerbs-
idee). Une bonne conduite des affaires, au sens capitaliste,
est celle qui, au bout d'une période déterminée, a conservé le
capital initial et l'a augmenté d'une certaine somme appelée
profit. L'entrepreneur a un devoir à remplir et y consacrera
sa vie; pour cela il a besoin du concours d'autres hommes. L'entre-
preneur devient capitaliste par son entente avec un négociant.
Celui-ci veut faire des aiïaires lucratives : il représente la variable,
tandis que l'entrepreneur représente la constante. Dans un cha-
pitre intitulé : « La qualification objective des Juifs au capita-
lisme », Sombart étudie les raisons qui les ont préparés à ce rôle.
Il les classe sous quatre rubriques : leur dispersion, leur qualité
d'étrangers, leur demi-civisme, leur richesse.
Leur dispersion a permis aux membres d'une même famille de
s'installer dans plusieurs pays et de communiquer entre eux avec
une facilité peu commune dans les siècles passés. Le gouverneur
de la Jamaïque écrivait en 1671 à Londres « qu'il était d'avis
que le Roi ne pouvait avoir de sujets plus utiles que les Juifs, qui
avaient de si nombreux correspondants ». Ils (It'veloppèreni le
commerce dans les pays qui les avaient accueillis, établirent des
liens entre l'ouest et l'est de l'Europe, enire l'Amérique du Sud et
l'Amérique du Nord. " Ils sont si répandus dans le monde, disait
un correspondant du Sppctateur en 171:2, ([u'ils sont devenus les
instruments au moyen desquels les nations les plus t'Ioignées
sont mises en rapport les unes avec les aulres, et riiiiina;iilt' esl
assemblée : ils sont comme les boulons el les ri\ets d'un grand
bâiimeni, (|iii, bien (pie peu impnrianis |)ai' eux-mêmes, sont indis-
pensables au maintien de l'enseuible. »
Leur connaissance des langues et des civilisations étrangères
LE KOLE DES JUIFS DANS LA VIE ÉCONOMIQUE 175
leur attira à maintes reprises la faveur des souverains, qui leur
confiaient des missions, faisaient d'eux leurs trésoriers et les
chargeaient de gérer leur fortune. Charlemagne envoyait Isaac
à la cour dHaroun Al Raschid. Lempereur Othon II avait pour
favori Kalonymos. Le célèbre Chasdai Ibii Schaprut 9 15-970 fut le
représentant diplomatique du khalife Abdul Rahman III lors de ses
négociations avec les cours de l'Espagne du Nord. Au xi'' siècle, le
roi Alphonse VI de Gastille se servait de Juifs pour ses ambassades
auprès des souverains qui régnaient à Tolède, Séville et Grenade.
Richelieu, plus tard, envoyait Ildefouso Lopez en mission secrète
dans les Pays-Bas.
Là où ils arrivaient, les Juifs étaient d'abord une manière
de colons. En leur qualité de nouveaux venus, ils avaient à
lutter avec toutes sortes de difficultés, et à substituer le rationa-
lisme à la tradition économique. Leur condition n'était pas en
général celle des autres habitants; elle variait d'un pays à l'autre,
telle profession leur étant interdite ici, permise ailleurs. Dans
un même Etat, les réglementations différaient de province à
province, de ville à ville. La minutie des prescriptions était telle qu'à
quelques lieues de distance on les autorisait à trafiquer dans telle
marchandise, ou bien on le leur défendait. Dans l'intérieur dune
même cité, on distinguait des catégories de Juifs, privilégiés
d'une façon générale, privilégiés d'une façon spéciale, tolérés,
temporairement admis. Ils ne pouvaient faire partie des corpo-
rations, qui avaient alors un caractère religieux, à côté du carac-
tère professionnel. Ce n'est qu'à la fin du xYin" et au couiant
du XIX' siècle que les barrières tombèrent les unes après les autres.
Aussi l'activité des Juifs se portait-elle alors vers certaines car-
rières commerciales, qui seules leur restaient ouvertes, et encore
avec bien des restrictions.
Les Juifs ont conservé à travers les siècles, dans (juelques
familles, des richesses importantes. Ceux de Hollande possé-
daient des palais connus, et le livre de Gluckel von Hameln, une
femme qui nous a laissé de très curieux mémoires, donne des
détails sur le luxe déployé lors dun mariage juif à Amsterdam.
Sombart cite des statistiques concernant les fortunes à Londres, à
Hambourg, à Francfort, dans le passé, et des statistiques contem-
poraines de villes allemandes. Ces dernières indi<|uent la propor-
tion des Juifs pai" rapport à la population totale et celle des taxes
qu'ils paient par rapport au total perçu par le fisc. A Berlin, ils
représentent le vingtième de la population et paient presque le
tiers des impositions- A Francfort ils représentent 7 0 U du chiffre
176 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
des habitants, et ont 20 0/0 des revenus. Ils ont été, depuis lon?;-
temps, les grands prêteurs d'argent des souverains : ils ont déve-
loppé ainsi le capitalisme.
La religion juive, dans l'opinion de l'auteur, a exercé une grande
influence en la matière; d'une part, elle a agi sur l'esprit de ceux
qui la pratiquaient; d'autre part, elle peut, dans une certaine mesure,
avoir été l'expression des idées de ses adeptes. Il n'y a pas long-
temps que MaxWeber a mis en lumière l'importance des croyances
religieuses des Puritains au point de vue de leurs tendances
capitalistes ; or, il semble que des r.ilations étroites existent
entre le Puritanisme et le judaïsme. Celui-ci constitue la religion
la plus sévère qui soit : elle pénètre les moindres actes de la
vie, accompagne l'homme pour ainsi dire à chaque pas, ne
règle pas seulement les rapports de la créature avec Dieu, mais
ceux des humains entre eux, et même avec la nature. Le droit et
la morale en font partie intégrante. Chez aucun peuple l'édu-
cation religieuse n'est aussi complète. Déjà Josèphe remarquait
que l'homme de condition la plus humble connaît les commande-
ments de Dieu «mieux que son propre nom ». Les offices se passent
en partie à lire et à commenter les textes sacrés. Le Deutéronome
prescrit ceci : « Tu parleras des commandements de Dieu lorsque
tu es assis dans ta demeure, lorsque tu voyages, lorsque tu te
couches et lorsque tu te lèves. » Le Talmud, à travers les siècles de
persécutions et d'exils, a été le rempart derrière lequel les Juifs se
sont abrités, pour vivre d'une vie intérieure intense, conserver
leurs traditions, trouver des sujets de consolation et d'espérance.
L'esprit religieux était si fort que ceux-là même qui s'étaient osten-
siblement convertis marranes, en Espagne et en Portugal, conti-
nuaient à observer les préceptes de leur ancien culte, ne tra-
vaillaient pas le samedi, ne consommaient d'autre viande que
celle provenant d'animaux tués selon le rite, faisaient circoncire
leurs fils. Les plus grands parmi les financiers et les médecins se
faisaient gloire de consacrer à l'étude des livres saints non seu-
lement le samedi, mais deux autres soirées par semaine. Ce n'est
pas sans raison que Mahomet appelait les Juifs « le peuple du
livre ».
Leur littérature sainte se divise eu deux parlies : les révélations
et l'œuvre des sages. Les révélations comprennent une partie
écrite et une i)artie orale. Les livres sainis sont : 1" la ïora ou
Penlaleiique. 2° les Prophètes. 8° les autres livres. La Tora
émane de Moïse, qui la cominuni(juée au peuple d'Israël après
l'avoir reçue de Dieu sur le mont Sinaï : aussi constitue-t-elle
LE ROLE DES JUIFS DANS LA VIE ÉCONOMIQUE 177
la partie sacrée par excellence, celle dont il n'est permis de s'écarter
sous aucun prétexte. La Tora « orale » en l'orme le commentaire:
elle n'a été écrite en mischna et gemara qu'après la deuxième
destruction du Temple ; jusque-là elle avait été conservée par
tradition. Le Talmud est, pour la plus grande partie, une réunion
de controverses entre rabbins. Les Juifs pieux ont vécu depuis
des siècles d'après les ordres et les défenses contenus dans ces
écrits. Il s'agit de voir quels rapports ces prescriptions peuvent
avoir avec le capitalisme.
Tout d'abord il convient d'avoir présente à l'esprit la façon dont
la religion a été formée. Les préceptes en ont été en partie rédigés
par des savants : la raison est à sa base comme à celle du
capitalisme. Elle ne connaît pas de mystères : rien qui rappelle
l'encens des Hindous, les oracles de la Grèce et des sibylles
romaines, les baccbantes, en un mot ces exaltations qui ont paru
à tant de peuples une émanation de la divinité; rien non
plus qui ressemble aux mystères du christianisme. Les temples
juifs s'appellent des écoles : on y lit la Tora, la Loi et les Pro-
phètes. La religion est une sorte de pacte intervenu entre Dieu
et son peuple, tenu d'observer étroitement les préceptes du Sei-
gneur. Un livre est ouvert à chaque humain, sur lequel sont
inscrites ses bonnes et ses mauvaises actions, et, à chaque
minute de son existence, la balance est faite entre les unes et les
autres. Cette comptabiUté est compliquée : une partie des peines
et des récompenses est donnée sur terre, l'autre est réservée pour
la vie future. Des passages nombreux prescrivent de réfréner les
passions et de consacrer la vie à amasser les biens nécessaires à
l'accomplissement de la volonté divine. Les offices de la Tora
sont mis aux enchères, afin que lé produit en soit distribué aux
pauvres. Les sentences des rabbins contiennent parfois des
règles pratiques. C'est ainsi que Jizchak remarque que l'homme
doit faire valoir son argent; en avoir un tiers en immeubles, un
tiers en marchandises, un tiers disponible. Rabh dit à son fils
Ajba : « Je veux tinstruire des choses terrestres : vends ta mar-
chandise tandis que tes pieds sont encore couverts de la poussière
de la route », ce qui revient à recommander un rapide mouvement
d'affaires.
Lorsque l'idée de la vie future entra dans la religion juive,
les rabbins enseignèrent que, seuls, les justes survivront, et
se servirent de cette croyance pour mieux encore inculquer les
préceptes des livres saints. D'ailleurs la récompense ne se fait pas
toujours attendre jusque dans l'autre monde : Dieu favorise aussi
T. LXU, N» 124. 12
178 HEVUE DES ÉTUDES JUIVES
ses serviteurs dans celui-ci. i^a religion juive ne condamne pas
la richesse. Elle reconnaît qu'elle est un danger pour celui qtii en
fait un méchant usage, mais ne la déclare pas mauvaise en soi.
Les prophètes eux-mêmes promettaient au peuple d'Israël les
biens terrestres, s'il rentrait dans la bonne voie.
Il y a bien eu dans le judaïsme des tendances à Tascélisme,
au renoncement; mais elles n'ont jamais été dominantes chez un
peuple épris de la vie. C'est dans le Nouveau, et non dans l'Ancien
Testament, que se trouve la condamnation des biens terrestres et
l'éloge de, la pauvreté. Dieu ne cesse de dire à ses fidèles : « Vivez
saintement et observez mes commandements et, lorsque les
autres peuples les connaîtront, ils diront : « Quels gens sages et
raisonnables, quel peuple excellent vous êtes! » C'est l'obéis-
sance qu'il exige avant tout; c'est elle qui guide les destinées
d'Israël. L'observance des commandements devient de plus en
plus étroite. Elle s'est perpétuée jusqu'à nos jours dans les com-
munautés pieuses, restées fidèles à la tradition. La Tora, telle
que Moïse l'a reçue sur le Sinaï, est toujours la règle invariable :
c'est en la suivant que l'homme se conduit comme il doit le faire.
Le peuple élu doit observer à la lettre les lois de sou Dieu. Pour
sanctifier sa vie, il doit la mener selon les maximes de la loi reli-
gieuse. La nature renferme tous les éléments du péché. La vie de
l'homme doit être un combat contre ces puissances ennemies. La
loi sert à les dompter. Le Talmud a établi 365 défenses et
248 commandements. La religion a traduit ses vérités et ses ensei-
gnements en prescriptions posilives, en coutumes et usages, qui
pénètrent la pensée et les sentiments de l'homme, de façon à n'y
point laisser de place pour le mal.
Deiun respire et cura,
est la devise de tout Israélite resté tidèle à sa religion : elle lui
ordonne de lout rapporter à Dieu, et lui fournit des préceptes pour
toutes les circonstances de la vie. L'admiration de la nature doit
ramener au culte de Dieu, qui l'a créée. Les vertus cardinales sont :
la maîtrise de soi-même, la modestie, l'ordre, l'activité, la modé-
ration, la continence, la sobriété. « Ne parle pas à la légère » est
le précepte qui revient souvent. « La parole a été donnée à l'homme
pour (juil s'en serve en vue d'un but sacré. » « Le fort des forts est
celui qui dompte ses passions. » « La réflexion conduitle sage à l'ai-
sance; celui qui s'emporte va à la misère. « « Il faut réveiller le
jour, et non pas être réveillé par lui. » « Celui (|ui néglige ses
occupations est le frère du dissipateur. »
LE ROLE DES JUIFS DANS LA VIE ÉCONOMIQUE 1:9
Les innombrables prescriptions relatives à la nourriture partent
de cette idée que le sage doit se nourrir pour conserver ses forces
et les consacrer au service de Dieu, et non pour y trouver une
source de volupté « Heureux les peuples dont les princes mangent
à riieure convenable pour se fortifier, et non pour se divertir. »
« C'est à ton Dieu, qui seul te permet de te nourrir de créatures
faites par lui, que tu dois consacrer ton manger et ton boire. »
Chaque repas est précédé et suivi d'une prière.
Les règles ordonnant la modération au point de vue des rapports
sexuels sont d'une grande sévérité. « Garde-toi de tout ce qui
peut dérégler ton imagination, ne regarde rien, n'écoute rien, ne
lis rien, ne pense à rien qui souille ta pensée, ne permets
pas à ton œil de s'égarer sur des femmes ; de pécher en les regar-
dant. Afin de se garder d'idées lascives, il faut avoir les lettres
du nom de Jéhovah toujours présentes devant les yeux. » Le
mariage doit être sanctifié par la présence constante de l'idée
divine. « Que le mari ne vive pas sans la femme, que la femme ne
vive pas sans le mari, mais que l'esprit de Dieu soit toujours dans
leur union. » Il est prescrit de ne pas afl'aiblir son corps par la
débauche, de ménager ses forces, de ne les employer que dans le
but de maintenir la famille et de procréer les enfants. « Dieu te
demandera compte de chacun de tes actes. »
M. Sombart considère que cette morale, qui donne à la vie un
caractère de rationalisme, a eu la plus grande influence sur l'acti-
vité économique des Juifs : c'est à cause de cette idée qu'il est
entré dans autant de détails. 11 insiste sur la constitution de la
famille juive, à laquelle il attache une importance extrême. Il
montre que, de nos jours encore, la proportion des enfants natu-
rels est plus faible en Russie parmi les juifs que chez les autres
habitants : en 1901, sur cent naissances il y en avait :
2,49 illégitimes chez les orthodoxes,
3,57 — catholiques,
3,76 — protestants,
0,46 — juifs.
Sombart suppose que les nombreuses règles d'abstinence im-
posées aux juifs par la religion ont contribué à porter leur énergie
vers la conquête de la richesse. Nous avouons, pour notre pari, que
l'auteur nous semble ici se lancer dans le domaine d'hypothèses
fragiles. En tout cas, fùt-il démontré que la religion a été assez puis-
sante pour imposer une continence relative aux hommes, il reste
à expliquer pourquoi des forces ainsi économisées se sont portées
180 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
vers uu certain genre de travail plutôt qu'un autre. Le point sur
lequel on peut se déclarer d'accord avec l'auteur est le suivant :
une religion qui impose à Ihomme une contrainte continuelle,
qui dirige à chaque minute l'exercice de ses facultés, le rend apte
à l'efïort qu'exige le « capitalisme » c'est-à-dire l'accumulation de
richesses, qui ne s'obtient tout d'abord que par une vie de privation,
ou tout au moins de sévère économie, hliomo capitalisticus est
sorti tout armé de cette discipline incessante.
La croyance enracinée chez les Juifs quils étaient le peuple
élu de Dieu les a empêchés de se mêler aux autres nations :
même aux époques et dans les pays où ils n'étaient pas persécutés,
ils vivaient entre eux et songeaient à Sion. L'un des plus grands
poètes hébraïques, Juda Halévy, a chanté dans sa Sionide le
retour à Jérusalem. Dans les anciens temps il leur était défendu
d'exiger des intérêts de leurs coreligionnaires, mais permis de les
recevoir des autres. Ceci constituait pour eux, au moyen âge, une
supériorité sur les chrétiens, à qui l'Église interdisait au contraire
le prêt à intérêt. Le commerce avec les étrangers n'était pas sou-
mis aux mêmes principes que lorsque les échanges s'opèrent avec
des coreligionnaires'; dans ce dernier cas, ce n'était que le juste
prix qu'il élait permis d'exiger ; dans le premier, la base de l'ofiFre
et de la demande était seule à observer.
De nombreux passages des livres saints indiquent que la concep-
tion de la liberté du travail des échanges et de la concurrence,
était familière aux Juifs. Le Schulchan Aruch déclare que, si un arti-
san vient s'établir dans la maison où un autre exerce déjà la même
profession, ce dernier ne pourra y faire aucune objection. Celte
conception est remarquable, à une époque où presque tous les
peuples ne connaissaient d'autre organisation industrielle que
celle qui limite sévèrement l'activité de chacun.
Sombart trouve des analogies frappantes entre les Puritains et
les Juifs, jusque dans les moindres détails. C'est ainsi que, dans
un des hôtels de Philadelphie, l'avis suivant est afliché : « Les
voyageurs qui ont alfaire à des femmes sont priés délaisser la porte
de leur chambre ouverte pendant qu'ils reçoivent leur visite. » Le
Talmud ordonne à celui qui a affaire à une femme de ne pas
rester seul avec elle. Rien ne ressemble au dimanche anglais
comme le sabbat juif, durant lequel aucune occupation n'est
permise. Henri Heine appelait déjà les Puritains des u Hébreux qui
mangent du porc ». Au xvii« siècle, un rapprochement étroit s'opéra
en Angleterre entre Juifs et Puritains. Cromwell songeait à
réconcilier l'Ancien elle Nouveau Testament. Le prédicateur puri-
LE ROLE DES JUIFS DANS LA VIE ÉCONOMIQUE ' 181
tain Holmes souhaitait servir le Dieu d'Israël, selon le vœu des
prophètes. « Les « Niveleurs » demandaient que la Constitution de
l'État fût rédigée d'après la Tora. Les ministres de Cromwell lui
suggéraient de créer un Conseil d'État de soixanle-dix membres,
« d'après le chifTre de ceux qui composent le Sanhédrin ». En
1649. on proposa au Parlement de faire du dimanche le samedi.
Les ecclésiastiques chrétiens ne lisaient pas seulement l'Ancien
Testament, mais les livres rabbiniques. Un ouvrage paru
en 1608 établit un curieux parallèle entre le judaïsme et le cal-
vinisme.
L'influence des Juifs a été d'autant plus considérable que les
nations au milieu desquelles ils se sont trouvés dispersés étaient
plus différentes d'eux : en Hollande, en Angleterre, en Allemagne,
en Autriche, leur action a été beaucoup plus profonde qu'en Espa-
gne, en Italie, en Grèce, en Turquie. On a souvent répété que la
persécution les avait rendus meilleurs : il fallait cependant que
des qualités natives existassent chez eux pour qu'ils aient pu
réussir comme ils l'ont fait. Il convient donc d'étudier l'âme du
peuple, sa psychologie collective. Sombart rappelle que la plupart
des auteurs qui se sont occupés de la matière sont d'accord pour
lui reconnaître des traits distinctifs, parmi lesquels celui qui
domine est l'intellectualité. Personne n'a plus honoré les savants.
« Le savant passe avant le roi », dit le Talmud : science et
religion ne font qu'un. L'ignorance est un péché mortel. Un pro-
verbe roumain dit : « un Grec galant, un Juif sot, un Bohémien
honnête sont des impossibilités. » Il y a bien des siècles (ju'un
espagnol les appelait -< agudos y de grande ingenio para las cosas de
este siglo », fins et de grande intelligence pour les choses du siècle.
Grâce à leur imagination constructive, ils ont une disposition spéciale
pour le jeu d'échecs, les mathématiques, les sciences numéri(iues;
ils sont de remarquables médecins, célèbres pour la justesse de
leur diagnostic. En même temps ils sont individualistes, et ils
considèrent le monde à un point de vue « libéral ». A ces traits,
intellectualité, téléologisme, énergie, mobilité, s'ajoutent le besoin
de nouveauté et la faculté d'adaptation. Ils sont les agents les
plus actifs du progrès : ils sont à la tète de toutes les entre-
prises qui innovent. Ils sont de merveilleux journalistes, vifs,
prompts, enthousiastes; d'excellents jurisconsultes. Toute leur
mentalité les prépare au capitalisme, c'est-à-dire au régime dans
lequel la plus grande œuvre s'accomplit par un seul cerveau qui
met des milliers de bras en mouvement. De plus, capitalisme est
synonyme de prévoyance, de sacrifice de la jouissance présente
182 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
en vue de l'avenir; il suppose cette organisation rationnelle à
laquelle les Juifs sont particulièrement aptes.
III
Après avoir expliqué le rôle rempli par les Juifs dans la vie
économique et ce qui les y avait préparés, Tailleur veut encore
répondre aux questions suivantes : quelle est la portée des apti-
tudes qu'il leur a reconnues? Sont-elles individuelles, extérieures
pour ainsi dire, invétérées, transmissibles de père en fils? Sont-
elles, depuis l'origine, l'apanage de la race, ou ne les a-t-elle
acquises qu'au cours des siècles?
On admet généralement aujourd'hui qu'Israël a été formé par le
mélange de certains peuples orientaux. Lors de l'exil à Babylone,
de nombreux mariages mixtes eurent lieu. Renan disait que les
Juifs modernes sont issus d'unions entre les descendants des Juifs
de Palestine et diverses peuplades européennes, slaves ou germa-
niques. D'autres auteurs au contraire pensent que le mélange n'a
pas eu lieu et que la plupart des Juifs d'aujourd'hui descendent
directement des anciens. L'incident du slave Chagone. qui se
convertit au viii* siècle au judaïsme, paraît avoir été isolé. Les con-
versions d'alors n'ont pas dépassé le territoire de Crimée : l'Rtat
juif des Chazares disparut au xi" siècle, et il ne subsiste à Kiew
qu'un petit nombre de ces Juifs chazaristes^ Qu'est-ce d'ailleurs
qu'une race? Bien des discussions ont eu lieu sur la question de
savoir comment les Juifs se sont comportés à travers les âges et
les nombreuses épreuves qui leur ont été infligées à diverses
époques, depuis les pogromes d'Alexandrie au F"" siècle de l'ère
chrétienne, les persécutions sous les empereurs romains, sous
Théodoric, sous les rois lombards au vu» siècle, jusqu'aux terreurs
de l'Inquisition en Espagne et celles de la Russie moderne. Leur
force de résistance n'est pas moins remarquable : en dépit des
efforts des empereurs romains pour les anéantir, ils subsistèrent à
Jérusalem, et, au in« siècle après Jésus-Christ, leur patriarche y
exerçait son autorité. Que de fois, contrjiints sous la menace de
mort d'embrasser une autre religion, ont-ils gardé intactes, au
fond du cœur, leurs croyances. Leur dispersion n'a d'ailleurs pas
toujours été motivée par la persécution. Ptolémée Lagos envoya
une colonie juive en Cyrénaïque pour fortifier les liens qui lui
1. CeUe assertiou (le l'auteur nous parait loposer sur une hy[iotlicse hien fragile.
LE ROLE DES JUIFS DANS LA VIE ÉCONOMIQUE 183
attachaient ce pays. Leurs migrations ont souvent été volontaires :
elles les dirigeaient de préférence vers les villes, et particulièrement
vers celles où le commerce était actif.
L'économie juive, depuis les rois jusqu'à la fin de l'indépendance
et la codification duTalmud se suffisait à elle-même : elle vendait
au dehors l'excédent de ses productions agricoles : les autres étaient
absorhées dans l'intérieur du pays. 11 ne faut pas conclure de cer-
tains passages des Écritures à la présence de nombreux commer-
çants. Le roi agissait comme Charlemagne dans ses villes et avait
des employés qui achetaient pour lui, à l'intérieur et au dehors,
ce dont il avait besoin. Toutefois il est probable qu'il y eut de
bonne heure un commerce étranger. Certains passages nous indi-
quent que la Palestine exportait à Tyr des produits agricoles, blé,
miel, huile ; mais, chose curieuse, il semble que ce négoce ne fût
pas entre les mains de Juifs; des Syriens étaient importateurs à
Jérusalem. Les caravanes qui traversaient la Palestine ne sont pas
conduites par des Juifs. Les grands marchands d'alors étaient plu-
tôt des Phéniciens et des Grecs. Josèphe le déclare : « Nous n'avons
pas de côtes maritimes et ne faisons point de commerce maritime
ni aucun autre. »
Mais Sombart considère que, si l'activité commerciale en général
était alors peu développée, le trafic de l'argent l'était déjà : les
Juifs étaient des prêteurs. LeDeutéronomefio 6) dit : «Ta prêteras
à beaucoup de peuples et tu n'emprunteras d'aucun. » Mais, à
l'intérieur du pays beaucoup de terres étaient hypothéquées, comme
en témoigne l'enseignement talmudique, dans lequel ce sujet
revient fréquemment. Le papyrus d'Oxford nous donne les détails
et les calculs d'un prêt à intérêt fait au v« siècle avant Jésus-Christ.
Dans le monde gréco-romain aussi bien que chez les .\rabes
avant Mahomet, les Juifs étaient les grands prêteurs d'argent,
comme ils le furent sous les rois Mérovingiens et en Espagne. Ce
n'est donc pas. d'après Sombart; le moyen âge et ses persécuteurs
qui ont déterminé chez eux cette vocation. Ce prêt a d'ailleurs
existé dans toutes les civilisations : en Grèce, où il était pratiqué
par les temples, à Rome, où on connaît la dureté de la législation
qui faisait du débiteur l'esclave, la chose du créancier. On trouve
des exemples fréquents de traités conclus entre des villes ou des
États et des Juifs, à qui les premiers demandaient de venir établir
chez e\ix des banques de prêt. Le fait qu'on s'adressait ainsi
à eux indique qu'on avait une confiance particulière dans leur
aptitude à cet égard.
Un certain nombre de passages du Taltnud, dénotent une connais-
184 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
sance merveilleuse des lois de l'échange moderne. Les rabbins défi-
nissent la monnaie « l'équivalent de toutes les marchandises »: ils
distinguent le crédit fait au producteur de celui qui est consenti au
consommateur, avec les avantages du premier et les inconvénients
du second. Ils analysent dans ses détails le mécanisme du prêt et
des dépôts. D'autre part, en recherchant les motifs de la richesse
des Juifs, Sombart en rappelle un qu'il a déjà mentionné : menant
autrefois une vie très retirée, confinés souvent dans leur Ghetto,
ils n'avaient pas les mêmes occasions de dépenser que d'autres
et pouvaient épargner davantage. Un proverbe allemand disait
que sept choses sont rares : « une nonne qui ne chante pas,
une jeune fille qui n'aime pas, une foire sans voleurs, un bouc
sans barbe, un grenier sans souris, un cosaque sans poux, et un
Juif qui n'économise pas ». D'après une statistique récente du
Grand-Duché de Bade, de 1895 à 1908, le revenu des protestants
s'y est élevé dans la proportion de 100 à 146 et celui des Juifs de
100 à 144 seulement. Mais le capital des premiers a passé de 100 à
128, tandis que celui des seconds s'élevait de 100 à 138 : la force
d'épargne a donc été plus grande chez eux \
Sombart croit que le caractère anthropologique et l'état
intellectuel des Juifs sont restés les mêmes depuis plusieurs milliers
d'années. Mais il ne trouve pas que ceci suffise à justifier la théorie
de la « race ». Chez des hommes aussi religieux, aussi attachés
aux traditions de famille, l'éducation a contribué plus que tout
autre facteur au maintien de certains traits de caractère. D'autre
part, le fait que le même peuple s'est livré jadis à des occupations
très ditîérentes de celles d'aujourd'hui, que, de soldat et agricul-
teur, il est devenu commerçant, ne prouve pas non plus qu'il n'ait
pas, en dehors de ses aptitudes générales, une aptitude spéciale.
L'auteur se livre à de longues dissertations sur la question de
savoir comment ont pu se développer les facultés spéciales de tel
ou tel groupe d'hommes. Il rappelle que des découvertes récentes
tendent à démontrer qu'il a existé un homme tertiaire; mais, alors
même qu'on s'en tiendrait au quaternaire, cela fait remonter
l'origine de l'humanité à plusieurs centaines de milliers d'années.
A la fin de la période glaciaire diluvienne, il devait exister sur la
terre divers groupes d'hommes qui ont pu constituer l'origine de
ce qu'on appelle les races. Les Juifs étaient un peuple oriental qui
s'est mêlé aux peuples septentrionaux, après s'être développé
1. I, 'écart pst faible, et le |)hénomène peut être i<olé. Beaucoup de Juifs moilernes
sont très dépensiers.
LE ROLE DES JUIFS DANS Lk VIE ÉCONOMIQUE 185
SOUS un climat chaud et sec, dans une de ces oasis qui ont, comme
l'Egypte, été le centre d'une civilisation grandiose, sur un territoire
extraordinairement réduit, puisque la Judée représente une sur-
face de moins de 4.000 kilomètres carrés.
Sombart considère que les écrits religieux qui contiennent les
éléments de la croyance juive, principalement le Pentateuque,
conviennent essentiellement à un peuple nomade : Jéhovah, selon
lui, est le dieu des pâtres et du désert : Ezra et Néhémie restent
fidèles à cette tradition et ne tiennent pas compte de la
période pendant laquelle le peuple juif s'est livré à l'agriculture.
La plupart des prophètes et le psalmiste font des allusions cons-
tantes à la vie pastorale, et lui empruntent des images et des méta-
phores. L'exil a de nouveau développé ces instincts, ce « saharisme »
pour employer l'expression de Sombart. Lors des deux captivités,
ceux qui furent emmenés à Babylone n'étaient pas les cultivateurs,
mais les habitants de la ville et les artisans, c'est-à-dire les classes
supérieures. La Palestine cesse d'être une patrie pour les Juifs,
dispersés dans la Diaspora. Lors de la seconde destruction du
temple (70 ans après J.-C.i il y avait déjà moins de Juifs en
Palestine qu'au dehors. Dans l'Egypte de Ptolémée, un huitième
de la population totale, qui s'élevait à environ 8 millions d'habi-
tants, était juive.
Au cours des nombreuses migrations qui ont suivi l'exil à
Babylone, ils ne se sont adonnés avec quelque suite à l'agricul-
ture qu'en Pologne au xvi= siècle. Ils se sont répandus au milieu
des peuples du Nord, aux cheveux blonds et aux yeux bleus, de
ceux qu'on appelle des Ariens, quoique leur ressemblance avec les
Indiens soit bien lointaine, en dépit de la similitude du langage.
Sombart insiste sur le contraste entre la forêt et le désert, entre
l'atmosphère humide et brumeuse du Nord et le ciel lumineux
du Midi.
Juan Huarte de San Juan, célèbre médecin espagnol du \vi«
siècle, s'était occupé de rechercher les origines du caractère des
Juifs et les attribuait au climat chaud, aux contrées de soleil dans
lesquelles ils avaient vécu, à la nourriture particulière qu'ils
avaient mangée pendant 40 ans dans le désert. En général, ils ont
peu travaillé de leurs mains et beaucoup par la pensée : le métier
pastoral, parmi tous ceux de la terre, est celui qui eiige le
moindre effort physique et la plus grande somme de combinaisons.
Ils ont le goût de la logique, de l'abstraction ; c'est dans les pays
dont l'atmosphère est claire que sont nées l'astronomie et la
science des nombres. Comme les nomades, les Juifs sont mobiles et
186 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
s'acclimatent aisément. La vie pastorale paraît d'ailleurs à Somhart
une préparation au capitalisme, parce que, dit-il, les bergei's
comptent leurs troupeaux et que le nombre de têtes y joue un rôle
essentiel!!); la multiplication peut y être rapide; n'a-t-on pas
donné le croît des animaux comme un argument qui justifie la
perception d'un intérêt pour un capital prêté? Des quantités de
métaux précieux s'étaient accumulés en Palestine à l'époque des
rois. David l'apportait de ses expéditions de grosses sommes d'or et
d'argent; les pi'inces étrangers lui payaient des tributs qui
consistaient en monnaies. « Le roi fit que l'or et l'argent étaient
aussi abondants à Jérusalem que les pierres. » (II Chr., i, 15).
Cicéron se plaint que de l'or s'exporte tous les ans d'Italie et des
provinces vers Jérusalem [Pro Flacco, c. 28).
Les Juifs ont-ils été les inventeurs du prêt à intérêt ou bien
l'ont-ils appris de Babylone,oùse faisait certainement un commerce
d'argent très actif? La question n'est pas primordiale. Ce qui
est certain, c'est qu'au cours de leurs migrations, ils durent
s'efforcer de transformer leur foi'tune en argent, cet argent qu'ils
pouvaient emporter dans leur exil et qui leur servait parfois
à mettre leurs ennemis ou leurs maîtres à leur discrétion. Parmi
les Juifs d'ailleurs, une séparation se fit; les Sépbardim se consi-
dérèrent comme très supérieurs aux Aschkenazim, d'extraction plus
humble, et dont ils surveillèrent sévèrement la conduite, craignant
toujours de les voir ne pas agir avec la même délicatesse et éléva-
tion de sentiments que les Séphardim. Les Juifs espagnols et por-
tugais, qui se vantaient de descendre de la tribu de Juda. ne
connurent jamais la vie du Ghetto.
IV
« La religion et la concentration ont été les deux cercles de fer
qui ont enserré le peuple juif et Tont conservé comme une masse
compacte cà travers des milliers d'années. Que se passera-t'l si ces
liens se relâchent? Nous l'ignorons. Mais ils ont tenu bon aussi long-
temps que les Juifs ont exercé le rôle que nous avons exposé dans
la vie économique. Il ne s'agissait ici que d'expliquer cette influence
et d'exposer la genèse de la nature juive, dont nous avons expliqué
l'aclion merveilleuse sur l'ensemble de la civilisation. » Telle est
la conclusion de l'ouvrage dont nous avons essayé de donner au
lecteur un résumé aussi lidèle que possible, sans entrer dans les
LE ROLE DES JUIFS DANS LA VIE ÉCONOMIQUE 187
innombrables détails ou dans les discussions souvent subtiles
de l'auteur.
Il nous a semblé que ses études sur le rôle des Juifs dans les
communautés commerciales européennes, au cours des derniers
siècles, étaient particulièrement pénétrantes. Ce qu'il dit de l'in-
fluence de la religion sur le caractère nous a frappé également
comme étant de nature à expliquer certains traits dislinctifs. Mais
cette aptitude au « capitalisme » résultait d'un ensemble de qua-
lités intellectuelles et surtout morales qui rendaient ceux: qui
en étaient doués aptes à beaucoup d'autres carrières, si elles
leur eussent élé ouvertes. Il suffît de rappeler les médecins, les
légistes, les poètes qui sont restés célèbres dans les annales juives
et dans l'histoire de plus d'un peuple européen. La sévérité du
Décalogue et des prescri|)lions rituelles observées fidèlement a
eu des conséquences profondes pour le maintien de la pureté de
la race et de l'intégrité de la famille. Nous ferons plus de réserves
sur la dernière partie de l'ouvrage, celle dans laquelle l'auteur
insiste sur l'influence de la vie nomade menée à un moment par
les Hébreux : il nous paraît difficile d'admettre que les quelques
années passées par eux dans le désert et la manière dont la
légende nous dit qu'ils furent alors nourris, aient eu à jamais sur
leur constitution physique un effet aussi déterminant que le pense
M. Sombart. N'est-ce pas œuvre d'imagination pure que de se
complaire dans les effets de l'opposition sur laquelle il ne cesse
de revenir entre le ciel du Midi et celui du Nord, le désert et la
forêt, l'oasis et les brumes, le saharisme et le silvanisme, comme
il les appelle ? Et pouvons-nous dégager une idée claire d'une
phrase où il nous parle de « l'argent qui n'est qu'une masse, une
multitude comparable à celle des troupeaux ; mobile comme la vie
nomade, ne prenant pas racine dans un sol fertile, ainsi que la
plante ou l'arbre ? »
Le problème des origines est un des plus compliqués à résoudre.
La rechercht^ de la filiation, à travers do longs siècles, des familles
qui peuplent le globe est une des tâches les plus malaisées de
l'historien II doit se garder de se laisser séduire par des hypo-
thèses spécieuses ou des apparences logiques. Quand nous voyons
avec quelle rapidité se modifient, en peu de générations, les
qualités des hommes, nous demeurons quelque peu sceptiques au
regard des certitudes que l'on veut nous donner à ])ropos de la
permanence de leurs dispositions à des milliers d'années de
distance. Il paraît toutefois vraisemblable que l'isolement relatif
des Juifs et la force extraordinaire de leur culture religieuse ont
188 RKVUE DES ÉTUDES JUIVES
maintenu chez eux, plus que chez d'autres hommes, certains
caractères distinctifs. Mais ces caractères étaient dus à des cir-
constances extérieures et non pas à une ditîérence d'aptitudes
originelles. La preuve en est qu'aussitôt mêlés à d'autres peuples,
non seulement ils cessent très vite de se distinguer d'eux physi-
quement, mais ils ne tardent pas à perdre les facultés spéciales
dont ils témoignaient auparavant, ou tout au moins à en manifester
d'autres, qui leur permettent de se mesurer, sur tous les terrains,
avec des hommes qui ne sont pas leurs coreligionnaires.
Nous employons d'ailleurs à regret ce mot peuple, qui ne corres-
pond pas à une idée juste, lorsqu'on veut lui faire désigner
l'ensemble des hommes qui, dans les diverses parties du monde,
professent la môme religion. Pas plus qu'il n'y a de « peuple
catholique «, ni de « peuple protestant », il n'y a de « peuple juif».
Il y a des Juifs anglais, des Juifs allemands, des Juifs italiens, des
Juifs américains, et bien d'autres encore, il y a surtout des Juifs
français, profondément attachés à leur pays et qui se sentent unis
par les liens les plus étroits à leurs compatriotes, avec la vie
desquels la leur propre est entièrement confondue.
Des livres, comme celui que nous venons d'analyser peuvent
donc avoir un intérêt scientifique, mais n'ont aucune portée pra-
tique. Bien plus, s'il devait s'en dégager l'idée que les juifs sont
plus aptes à certaines carrières qu'à d'autres, nous le considére-
rions comme dangereux. Nous sommes embarrassé pour porter
un jugement d'ensemble sur l'œuvre de M. Sombart. Il nous semble
avoir péché par le défaut commun à plus d'un historien, qui con-
siste à détacher, dans une immensité de faits, un certain nombre
de ceux qui viennent à l'appui de la thèse de l'auteur. Seul, un
érudit qui connaîtrait de la façon la plus complète la littérature
talmudique, pourrait nous dire quelle valeur dans l'ensemble, ont
les citations, soigneusement découpées, sur lesquelles s'écha-
faudent plusieurs des idées développées dans l'ouvrage. C'est un
reproche général que nous lui adressons et qui s'applique aussi
bien à l'importance, à notre sens, excessive, donnée par lui au rôle
des Juifs à mainte époque et dans mainte communauté, qu'à l'exa-
gération de certains aperçus sur leur mentalité. Quand M. Sombart
nous a'ûrme que sous les Mérovingiens les Juifs étaient de grands
prêteurs d'argent, nous restons sceptiques, car parmi tous les
reproches que leurs ennemis leur adressaient alors, ne figurait pas
celui de pratiquer l'usure, tandis qu'après le xiv siècle, ils sont
constamment l'objet d'accusations de ce genre.
Nous avons peine à croire qu'en quelques années la ville
LE ROLE DES JUIFS DANS LA VIE ÉCONOMIQUE 189
d'Anvers ait passé de la prospérité à la décadence, parce que les
Juifs l'avaient quittée. Le papyrus d'Oxford se référait à une famille
de colons militaires qui pratiquaient entre eux le prêt à intérêt,
suivant des règles qu'on croit remonter aux temps babyloniens.
D'une façon générale, M. Sombart n'a peut-être pas exercé avec
assez de sévérité la critique des sources, si utile cependant dans
tout travail historique, absolument nécessaire dans une œuvre
conjecturale. Quand il cite par exemple l'assertion d'un certain Jacob
Frommer au sujet de la soi-disant conversion, en 1820, de la moitié
des juifs berlinois, il oublie que Frommer, débarqué du fond
de la Pologne, nourrit lui-même beaucoup de préjugés contre ses
coreligionnaires allemands, établis depuis longtemps dans la capi-
tale, mêlés à la vie commune, très civilisés, et dont le «modernisme»
effaroucha si singulièrement le nouveau venu. Les passages des
discours de Cleveland et de Roosevelt glorifiant la part prise par
les Juifs à la fondation des États-Unis doivent êlre pris cinn
yrano salis et en se souvenant que c'étaient des hommes poli-
tiques qui parlaient à des électeurs.
Nous sortons de cette lecture avec des doutes sur le mérite de
l'ordonnance du livre : nous craignons que le développement
donné à certaines idées soit hors de proportion avec l'influence
qu'elles ont exercée réellement et dans l'histoire d'Israël et dans
celle du monde. Nous remarquons d'ailleurs que l'auteur s'est
efforcé d'être impartial, qu'il a accumulé avec patience un grand
nombre de faits; mais quand il s'agit d'un travail aussi compliqué,
aussi difficile, que celui qui consiste d'abord à déterminer la soi-
disant race qu'on veut étudier, d'en démêler les origines, d'en
comprendre l'esprit, d'en dégager l'action ou l'histoire universelle,
il n'est pas surprenant qu'on n'arrive pas à la perfection et qu'on
laisse le lecteur plus disposé à entamer mainte discussion avec
l'auteur qu'à adopter ses conclusions.
Rapiiael-Georges Lévy.
OBSERVATIONS
SUR LES
FIUOMKNTS OF A ZADOKIFE AVOHK
ÉDITÉS PAR SCHRCHTER
Les fragments d'une œuvre sadokite édités par M. Schecliter
méritent d'attirer au plus liaut degré l'attention des savants, de
ceux surtout qui s'attachent à l'histoire religieuse. Il est certain
que ces fragments vont changer du tout au tout nos idées sur le
caractère du parti sadducéen ou leur donner une base plus solide.
Les problèmes que ce texte soulève sont mis en pleine lumière
par M. Israël Lévi dans l'étude qu'il lui consacre dans cette
Revue '. Comme je me propose d'exposer prochainement l'en-
semble de la question, je voudrais présenter ici, touchant l'établis-
sement et l'explication du texte, un certain nombre d'observations
de détail que justilie peut-être l'importance de l'ouvrage. Il va
sans dire (lu'on ne peut ai'river à une certitude absolue dans ces
sortes de conjectures et que telle d'entre elles devi-a être suivie
d'un point d'intei'rogation. Quel(|ues-unes ont été avancées depuis
par M. Israël Lévi; je ne les reproduirai pas.
Il n'est pas toujours facile d'identilier les personnes visées par
l'auteur. On en trouve un exemple remarquable dès la p. :2, 1. "2',
où les n"»"ia ■'«a paraissent être, non les membres de la secte, mais
quelque chose d'autre qui s'oppose à eux. C'est à quoi on est
amené par l'examen comparatif des passages où ce terme se
1. Revue, LW, p. 161 et suiv.
2. Pages et lignes de l'édition Scheciiler.
OBSERVATIONS SUR LES « FRAGMENTS OF A ZADOKITE WORK » 191
trouve. Déjà ici lauteur représente aux rr^na -"i^a les chemins des
coupables, tandis qu'aux « enfants », cest-à-dire aux membres
de la secte (1. 14 et siiiv.), il parle des actions de Dieu. P. 3, 1. 10,
il reproche aux n"<"i3 \X3 de s'être rendus coupables et d'avoir
abandonné l'alliance de Dieu. Ils figurent dans un contexte ana-
logue p. 8, 1. 1 (= p. 10, 1. 13). Aux infidèles, p. 8, 1. 4, corres-
pondent, p. 19, 1. IG, « ceux qui sont entrés dans l'alliance de la
pénitence' ». De même, ceux qui sont entrés dans la nouvelle
alliance dans le pays de Damas sont redevenus infidèles (p. 8,
1. 21 ; p. 19, 1. 33); comp. encore p. 20, 1. 2o, et p. 20, 1. 2. Le
caractère des rr^nn ■'N2 nous apparaît probablement dans le pas-
sage de la p. 12, 1. Il, où il est question des esclaves qui sont
entrés dans l'alliance d'Abraham. Que si nous admettons que
rr^na -«i^a désigne des prosélytes, on obtient un sens prégnant
pour le passage de la p. 9, 1. 1 et suiv. : « Quiconque met au ban un
de ses frères ilire vmu'a au lieu de DTc^t:) à la manière des païens
doit être mis à mort, ainsi qu'il est dit : tu ne te vengeras pas et
tu ne garderas pas rancune aux fils de ton peuple. » Mais comme
cette dernière expression dispenserait de la prescription les pro-
sélytes, qui ne sont pas des « fils du peuple », l'auteur poursuit :
« Quiconque des man "^i^a qui allègue quelque chose d'injuste
contre son prochain... est aussi de ceux qui se vengent et gar-
dent rancune. La preuve en est le verset de Nahuin, i, 2 ; il se
venge de ses ennemis et garde rancune à ses adversaires. » Avec
des ennemis la vengeance est permise, mais non avec d'autres, ne
fussent-ils pas du même peuple. Même dans le passage corrompu
de la p. 15, 1. o, les mots rr^na «an ^mieux peut-être nnaa \san, à
cause de ûrr^ia qui suit) peuvent marquer un certain rai)port entre
le prosélyte et tout Israël. Enfin, le passage de la p. G, 1. II, pour-
rait également s'accorder avec cette explication. Par contre, je ne
comprends pas celui de la p. G, 1. 19, où les rr^na ""«a paraissent
tout à coup ou ne sait dans quel contexte. Peut-être les mots
"pvitzi y-ixa r!"::inn n-'-ian ■'i<a ^pnV sont-ils remontés, par suite
d'une erreur de copiste, de la fin de la 1. 20, où ils seraient à leur
place, à la fin de la 1. 19; de la sorte on opposerait ici le prosélyte
au « frère ». P. 13, 1. 14, on défend à tous les n"<-ia \sa le commerce
avec les païens. Kn tout cas on n'est nullement fondé à identifier
les n-'-ia ■'«a avec les sectaires.
Ce sont sans doute les Pharisiens qui sont visés p. 8, 1. 12, par
1. Ou bien man(iiie-t-il ici un NT', d*^ sorte qu'il faille lire ...r"'"i2a 1N3 N5 ^3?
Car ailleurs les ^3'D, les pénitents, sont toujours pieux (p. 2, I. 5: p. 4, 1. !2; p. 6,
1. 5; p. 8, 1. 16, etc.).
192 KEVUE DES ÉTUDES JUIVES
les mots bsnn "'nai y^nn ^':^^2 (cf. p. 4, I. I9j. Mais quant à penser
à la maxime attribuée aux membres de la Grande Synagogue
(non aux Pharisiens, qu'on le note bien) : « laites une haie
autour de la loi », l'auteur y a aussi peu pensé qu Ezéchiel, à qui
l'expression est empruntée. Comparer Actes, xxiii, 3, où Paul
s'adresse à Ananias, qui n'était pas un Pharisien, par les mots
Tot/£ x£xovia[X£V£. Icl, comnic dans Ezéchiel, l'expression désigne des
gens qui trompent les autres par des discours mensongers.
On a en vain cherché dans notre texte des allusions historiques,
qui n'étaient pas dans la pensée de l'auteur. A la p. 2, 1. 9 et s., il
faut peut-être faire ainsi le mot-à-mot : « et il (Dieu) connaît {y'r^i,
non ytv^) les années de l'existence et le nombre et le détail de
leur fin pour tous les êtres des éternités et (il connaît) les événe-
ments jusqu'à ce qui arrive à leur fin, pour toutes les années de
l'éternité. Et dans toutes (les générations, ou époques) il a fait
paraître pour lui-même des hommes qui étaient appelés par des
noms pour laisser un reste à la terre et remplir de leur semence
la surface de la terre ». Le sens de cette phrase est simple : Dieu
mène l'histoire, qu'il connaît d'avance. Le meilleur exemple, et
c'est sans doute celui auquel l'auteur pense, en est Noé L'auteur
se tient dans les généralités et n'a rien à faire avec le passage de
la p. 4, 1. 4 et s., où il s'agit de l'histoire de la secte. Les mêmes
idées se retrouvent, par exemple, dans l'Apocalypse syriaque de
Baruch, xlviii, 3 et suiv. : Toi seul connais la duiée des généra-
lions. . . tu ordonnes le nombre. . . ; cf. liv, 1 ; lxix, 2.
Dieu donc, qui a prévu lui-même la fin, fait apparaître son esprit
saint aux pécheurs par ses oints (l. 12, lire rn"'U5?2 au lieu de
in-'ï:?:), les nu3 ■'«■^np qui viennent d'être nommés. Une autre source
de la révélation de la volonté divine est « l'indication détaillée des
noms ». Ainsi les noms de Noé ou de Péleg contenaient une véri-
table prophétie, d'après laquelle les générations en question
auraient pu se diiiger, mais à laquelle elles ne prirent point garde,
car quos vult perdere Jupiter dementat.
Une autre indication détaillée du nom, sur laquelle on peut se
régler, est fournie par la citation d'Ezéchiel, p. 3, 1. 21 et suiv. Les
fils de Sadoc sont les oints nominativement promis. C'est ce que
signifient les mots omibinb Drr^mttœ -crro Ti':r\, p. 4, 1. 4 et s. dans
la suite lire mmam pour c-mann ; cf. Michée, iv, 14). Outre leur
nom, nous avons l'indication formelle du temps de leur existence,
du nombre de leurs oppressions, des années de leur compression.
Malheureusement cette dernière indication manque. Toutefois on
doit satteudre, non à une histoire de la secte, mais seulement à une
OBSERVATIONS SUR LES « FRAGMENTS OF A ZADOKITE WORK » 193
citation biblique. Je crois que la clef de lintelligence de ce passage
corrompu doit être cbercliée dans les chapitres iv et v dEzéchiel.
Le nombre des années a déjà été indiqué p. 1. 1. o : ce sont les
390 années d'Ezécli., v, o; c'est à ce nombre qu'on fait encore
allusion ici par deux fois 1. 9 et 1. lUi. Les 40 années d Ezéchiel,
V, 6 paraissent aussi jouer un rôle p. "20, 1. 13. Dans Ezéchiel, v, 1
et suiv., ce prophète reçoit l'ordre de se raser les cheveux, sym-
bole de l'anéantissement de la plus grande partie de la maison de
Juda. On s'explique ainsi le passage de la p. 4, l. 11 : lis» V
rmrp (?m33b) n-'ab nonujnb, « à l'avenir on ne se rasera plus les
cheveux pour la maison de Juda » (cf. Isaïe, m, 17). Dans Ezéchiel,
IV, le prophète reçoit l'ordre de se coucher à terre pour figurer le
siège et la destruction de Jérusalem, et à ce propos le mot -n::73
revient à plusieurs reprises (iv, 2, 3, 7; cf. Michée, iv, 14, que
l'auteur a toujours dans l'esprit ici) ; or, dans notre texte (p. 4,
1. 11-12) on lit : tiiàT, nP333 n-ni:» by o-'N m7:3>b. L'antithèse est
indéniable. Puis vient ici un jeu de mots entre rrns:?:, « piège ». et
■ni:», « retranchement ». L'indication détaillée des actions des lils
de Sadoc, promise p. 4, 1. 6, se trouve dans Ezéchiel, xliv, 9 et
suiv. Notre texte présente ici une lacune. Au lieu de a"'*T:3 il faut
lire D'^sv ; auparavant il y avait quelque chose comme nx i.s*::'' nm
(cf. Ezéchiel, xliv, 10, 12 : grâce à leur service dans le sanctuaire
ils portent la faute des enfants d'Israël, c'est-à-dire ils obtiennent
leur pardon. — De cet exposé il résulte que le nombre de 390
(p. 1, I. 0-6 ne doit pas être changé en 490 et qu'il ne peut entrer
en ligne pour la datation de notre document.
Les idées religieuses ou morales de notre texte demandent aussi
quelques éclaircissements.
Les trois péchés que, d'après p. 4. 1. 10. Lévi a transformés en
trois espèces de justice sont : 1° la débauche. Se rappeler l'acte de
Pinhas, peut-être aussi la conduite de Lévi lorsque Dina fut désho-
norée; 2° la richesse. Le lévite ne possède aucune terre et est
donc toujours pareil au pauvre ; 3° le fait de souiller le sanctuaire.
La tribu de Lévi est chargée de veiller à la pureté du sanctuaire.
Il est caractéristique de voir qu'on ne reproche pas aux adver-
saires pharisiens leur richesse (p. 4, 1. 20); c'est qu'en effet, ils
n'étaient pas riches. — Sur ces trois péchés, voir encore Jubilés,
VII, 21-22. — P. 4. 1. 15. -173Î*, lire ps [iv^a).
P. 7, l. 1, on lit : inaa "ii<oa o-'N bs'W sbi. ce (|ui devient p. 8,
l. 6 : TiTca ~ixo3 O"'» TsbrniT (de même p. 19, 1. 18). Les deux
expiessions sont également bonnes. Le sens est : on ne doit pas
être intidèle à sa chair ou se dérober à elle. La seule question qui
T. L.\1I. N» 1-24. i.;
194 HËVUE DES ÉTUDES JUIVES
se pose est de savoir de qui il sagit. C'est sans doute des
parentes, ou des Juives en général, qu'on doit épouser. Mais on
pourrait penser aussi à la propre femme, qu'on ne doit pas aban-
donner pour les prostituées. Il est intéressant de comparer ce pas-
sage au Livre des Jubilés, vu, 20 : Noé exhorta ses fils à pratiquer
la justice, à couvrir la honte de leur chair, à bénir celui qui les
avait créés, à honorer père et mère, à aimer chacun son prochain
et à se garder de la prostitution, de l'impureté et de toute injustice.
Quoique le devoir de couvrir la nudité figure dans Jubilés, m, 31,
comme un commandement de Dieu, il y a plutôt lieu d'admettre
que le traducteur grec du Livre des Jubilés hébreu a fait ici une
faute, en Usant ûbyrîb au lieu de nbynnb et, comme ce ne pouvait
être une obligation de ne pas couvrir la honte, il a tout simple-
ment effacé la négation.
P. 8, 1. 8 : ûy» inTî «bi (comp. p. 8, 1. 16 ; p. 19, i. 20, 29). Il est
au moins douteux que le mot dy désigne ici les Juifs, et non les
païens. Cette dernière explication pourrait s'autoriser de ce qu'il
est question dans la suite des rois des peuples notamment de la
Grèce, ainsi que des Cananéens. En tout cas, les iiommes qualifiés
ici (le ny sont les mêmes que ceux qui sont appelés nn;:5n ■'sa p. 0,
1. 15, et p. 13, 1. 14, et dont les ni-a \><a doivent se séparer. Appli-
quée à des Juifs, l'expression serait trop forte. Les rapports avec
les païens sont aussi restreints p. 11, 1. 15 et p. 12, 1. 9, où ils sont
appelés D-^na (de même p. 11, 1. 3 et p. 12, 1. Oi-
P. 11, 1. 4 : n3«3 n3i::-iw td"'N aiyrr^ bx. M. I. Lévi propose 33>-in"<
et renvoie au Livre des Jubilés, l, 12. Mais justement là la
défense est extrêmement singulière. Elle figure au milieu de
prescriptions toutes différentes. Celui qui tue, égorge ou prend des
animaux, celiii qui jeûne le Sabbat, celui qui fait la guerre doit
mourir. Il serait d'une incroyable sévérité de punir de mort un
péché d'omission (le ri'^yn hy^ 3ï5 des rabbins), et ce serait un
exemple unique dans la législation sabbatique, si sévère d'ailleurs,
du Livre des Jubilés. Le texte des Jubilés est probablement fautif :
au lieu de ûn^C"^, il y avait iis'^, celui qui prend ou chasse des ani-
maux mourra. Ou bien il y avait deux synonymes pour « chasser »
ou bien une dittogi-aphie a l'ait qu'on a transformé le second
*7iif^ en msf'. — Dans notre texte aussi la défense du jeûne serai!
assez déplacée, alors qu'il avait été question quehpies lignes plus
haut de manger; en outre, le mot i:ii:-iw seiait (lillicile à expli-
quer. Peut-être s'agit-il de la (h'-l'ense de Vrroiih : nul ne doit se
mélanger, c'est-à-dire mettre un rroiib \)o\\\' son pi'opi'e compte
(ou "nitna?;. Comme on défend immédiatement après d'aller plus
OBSERVATIONS SUR LES « FRAGMENTS OF A ZADOKITE WORK » 195
loin que :2,000 coudées et de porter d'un domaine à l'autre, l'in-
terdiction est bien à sa place ici. Il est à peu près certain que les
Sadducéens et notre secte avec eux rejetaient Yéroub comme une
invention des Pharisiens.
P. M, 1. 16-17. Le substantif qui manque après ûip» doit se
trouver dans bx; c'est probablement bsN. Il nest donc pas défendu
de sauver une vie humaine, mais c'est au contraire permis par
tous les moyens possibles : •'bai Sam tsbiDn. Noter la belle
antithèse : On ne doit pas profaner le sabbat pour des biens
matériels (lif^ne lo), mais si une personne humaine tombe dans
Peau ou dans un endroit sombre (une fosse , on doit l'en retirer.
P. H, 1. ^4 : onao ^rn'û ^'sr bx rnnncn n-ia bx «an boi. Le lieu où
Ion s'incline n'est pas un temple juif, c'est. . . un lieu d'aisances ;
et ce nom peu aimable a été décerné aux temples païens.
Notre passage veut donc dire : celui qui va au cabinet ne doit
pas venir impur (comme il est), sans s'être lavé, suppléez :
dans la communauté, dans le camp ou à l'autel. Mais peut-être
faut-il corriger ns"" en Ni:^ : il ne sortira pas impur, sans s'être
lavé. Le texte poursuit : Et lorsque les trompettes sonnent, la
communauté doit Pavoir fait avant ou le faire après. Un euphé-
misme a fait éviter l'expression « satisfaire ses besoins ». Nous
retrouvons ainsi chez notre secte la défense, connue par ailleurs,
de satisfaire les besoins naturels le samedi. L'interdiction des rap-
ports conjugaux suit avec beaucoup d'à-propos. Au lieu de "vy
lanprn (p. 1:2, 1. l-:2 , il faut lire les deux fois ttTpn (ri)Ty ou peut-
être plus simplement encore : wipxn ^yMd icf. Esr., ni, o) ; c'est
une bévue du scribe.
Je prouverai ailleurs par le menu que les Sadducéens défen-
daient l'usage du miel. Le passage de la p. H. 1. P2. n'a été qu'une
contirmation de ma théorie.
P. 1^, 1. lo-l(). Tous les vases de bois, de pierre ou de poussière
(de verre; cf. Ezéch., xxvi, 12 ; peut-être faut-il ajouter ■'bo après
bs) qui deviennent souillés par l'impureté d'un honune, de sorte
que ce qui y est déposé fnsitttts pour to« est souillé, — celui qui
les touche devient impur comme eux.
Voici encore (juelques remarques de détail :
P. l, 1. I"2 : p-inN nma, lire "ji-inn nma. La faute a été amenée
par les mots a-^iTini» mmnb, qui précèdent immédiatement. L'époque
présente est une époque de courroux ; cf. p. 1, 1. 5 ; p. "20, I. \i).
— P. "2, 1. 7 : Dbiy mp». Le sens d' « éternité » pour obi:» suffit
partout dans notre texte; ici «depuis la plus haute antiquité w.
196 REVUIi l)b:S ÉTUDKS JUIVES
Comme le sens de « monde « pour abi? est d'origine tardive ', ce
point ne marque pas d'importation pour la fixation de la date de
notie texte (cf. p. -2, 1 10 ; p. 3, l. 13; p. 13. 1. 8; p. lo, l. 5). —
Ibid. : ^^c^: an^Dm, mieux: peut-être non: û"»"ir; a-i::2i ; — 1. 8 : rx
u-m m-m, lire : anx. — P. 3, 1. 7, lire : -imo lanra amat ma-«i
am-i DN Tjp'i i^iNH ni< lom nby -ci-p'z anb. M. Israël Lévi a une
conjecture analogue. — L. 14 et suiv. '•o^ mnau; dépend peut-être
de arr'îsb nns. 11 leiu' a révélé ce qui est un secret imnnaai
pour les autres. — P. 4, 1. 9 : n^vzir^ ypn. lire wrch ou "loawb y^.n
a''r::i. — P. o, 1. 4 : nay -i^ax. Ces mots ne signifient pas que Josué
et les anciens adorèrent des idoles: ils se rapportent à Israël :
« parce qu'ils adorèrent ». — L. o : rr^mj» an nabTo mn ■'Cï'tû ^\)y^^.
Kf's actions de David étaient mauvaises (môme en dehors du sang
d'Ouria ; Vd:?"' de bby nb-''53' ; cl', p. 19, l. 17 : ibb^rfi) ou de biy. En
tout cas. iby-'T contient le sens d' « être mauvais ». comme on le
voit par la suite : bi< nb aaTyi. « Dieu les lui pardonna ». — L. 15 :
an-'bx an-ipi sei-ait-il Dieu? cf. Miellée, m, 11-1^. Au lieu d'un Dx "«a
I. peut-être ai<nD. — P. 6, 1. 1 : x:-r\-pr\ in-'O» désigne Aaron ou, si
on lit, comme plus haut. rn-'ï:73, ce sont les prêtres en général,
considérés comme éducateurs du peuple. — Le 7 : Dmi«D. lire
an-iNsn? — P. 7, 1. 17 : a"'?3bi:ri ivai B"'73b2:n ■'irai. Apparemment
•^irD doit expliquer ^ra et le mot. dérivé de pa, signifierait «< cou-
verture », correspondant à naia ; peut-être même faut-il lire "•la^'^ a
poui- "«ira. — P. 10, 1. 16 : 1^1573 est l'accusatif qui marque la
mesure. Le travail est interdit à partir du moment où le soleil
est éloigné de l'horizon d'un isib73, c'est-à-dire d'un soleil. —
P. 16, 1. il. A restituer peut-être : r\y-b ib ion rrriao •j-'N s"'r bw\
NI- a""pnb ans. Il serait donc défendu d'annuler le vœu dune
femme, à moins que le vœu ait été fait au détriment de quelqu'un. —
L. 15. Il y avait peut-être au commencement de la ligne a^aban.
H. Leszy.nsuy.
1. Voir Dalmaii, Die Worle Jeuu.
NOTES SIR LES OBSERVATIONS PE M. LESZVNSKV
Qu'il me soit permis d'exprimer tout de suite mon sentiment sur
les observations qu'on vient de lire et qui sont, en l'ait, des correc-
tions à la ti-aduction que j'ai eu l'honneur de soumettre aux
lecteurs de cette Revue. Je n'ai pas besoin de dire que j'eusse été
le premier à me ranger à l'opinion de mon savant confrère, si elle
avait été toujours justifiée.
\. M. Leszynsky veut que l'auteur de l'opuscule s'adresse tour à
tour à deux catégories de personnes, aux membres de la secte et
aux prosélytes dénommés n-'-ia -«Na. Auctm des arguments produits
ne résiste à un examen sérieux, comme je vais le montrer.
a) P. 2, 1. !2. « L'auteur repi'ésente aux p*-a ■'i^a les chemins des
coupables, tandis qu'aux membres de la secte il parle des actions
de Dieu. » Cette opposition aurait quelque valeur, si les deux mor-
ceaux, soi-disant différents de contenu, ne traitaient pas le même
sujet, à savoir les chemins coupables, les mauvaises actions des
méchants, si, dans l'un comme dans l'autre, l'auteur ne se pro-
posait pas d'instruire ses contemporains par l'exemple du passé. Il
n'y a aucun contraste entre les rr^-ia ■'«d du premier paragraphe et
les Dna ' du second, pas plus qu'il n'y en a entre les mots « je vais
révéler à vos oreilles », du premier, et ".je vais révéler à vos
yeux » du second ; il y a simplement recherche de la synonymie.
ô L'auteur p. 3, 1. 10) reproche aux n"«-ia "Na de s'être rendus
coupables et d'avoir abandonné l'alliance de Dieu. » La méprise est
ici étrange, car il ne s'agit aucunement des gens de Damas — pro-
sélytes ou non — mais des Israélites d'autrefois; il y a même les
mots û"':iï5N"in n"«-i3 \S3 a les premiers contractants de l'alliance ».—
M. Leszynsky semble tenir pour établi que les membi-es de la secle
1. Remarquer, d'ailleurs, que ce mot est employé couramment dans les discours ou
leçons de morale des Proverbes, comme de l'Ecclésiastique, de Tobit, etc.
198 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ne peuvent pas être accusés d'infidélité. Sur quoi se fonde une
pareille présomption ? Le fait contraire est tellement vrai, que le
but de notre opuscule est précisément d'arrêter les défections
encouragées par des exemples liop nombreux. Une fois le postulat
de M. Leszynsky écarté, aucun des textes allégués ne confirme la
conjecture. Celui qui semble le plus probant est celui de la p. 12,
l. il, qui parle « d'esclaves entrés avec lui dans l'alliance
d'Abraham». Maître et esclaves sont donc des prosélytes. Mais
s'appuyer sur ce passage, c'est déclarer du même coup que toute la
législation à laquelle appartient cette ligne se rapporte unique-
ment aux prosélytes, ce qui est absurde. A la vérité, la phrase
peut et doit s'interpréter autrement. Au lieu de : « qui sont entrés
avec lui dans l'alliance d'Abraham «, il faut traduire : « qui sont
entrés, étant chez lui, dans l'alliance d'Abraham ». La preuve
d'ailleurs que ir^nn "«Nn ne désigne pas des prosélytes, c'est que là
où il est sûrement question de prosélytes, comme ici, on ne parle
pas de l'alliance de Damas, ou de la nouvelle alliance, mais de
V alliance d'Abraham, expression consacrée. — C'est en s'ap-
puyant sur cette fausse identification que M. Leszynsky croit
pouvoir élucider un passage quelque peu obscur, p. 9, 1. 1 et s. : il
serait d'abord question des Israélites pur sang, puis des prosélytes
entrés dans l'alliance. Mais, cette répétition aurait un tort, c'est de
n'en être pas une, car le deuxième paragraphe ne vise pas la mise
en anathème, mais la dénonciation calomnieuse faite sous l'empire
de la colère ou rapportée aux anciens avec l'intention de ternir la
réputation de l'accusé '. Si l'auteur avait voulu défendre l'anatbème
aux prosélytes au même titre qu'aux membres de la secte, il aurai I
reproduit le même délit. Il s'agit donc, dans la première loi comme
dans la seconde, qui parle de tout autre chose, de la même caté-
gorie de membres de la secte.
c) « Dans le passage corrompu de la p. lo, 1. 5, les mots n-nn N2n
peuvent marquer un certain rapport entre le prosélyte et tout
Israël ». Il ne faut pas dire seulement que le passage est corrompu,
mais qu'il est incompréhensible. Comment donc peut-on l'utiliser?
d] « Enfin, le passage de la p. (>, l. Il, pourrait également s'ac-
corder avec cette explication » (qui fait des n-'ia -^sa des prosé-
lytes). Ce passage est celui que j'ai mis en relief dans mon étiule-
etqui raconte les motifs de l'exode des prêtres. Où sont donc les
prosélytes parmi ceux qui ont pris l'engagement de ne plus entrer
1. Voir iiûtii' tniiliiclioii, Revue, LXI, ji. 194.
2. l\evne, LXI, p. 164.
NOTES SUR LES OBSERVATIONS DE M. LESZYNSKY 199
dans le Temple, etc.? Si j'avais été le seul à donner du morceau
cette interprétation, je ne l'opposerais pas à M. Leszynsky, mais il
s'est trouvé que, sans se concerter, MM. Bâcher' et Chajes- l'ont
publiée en même temps que moi, ce qui n'est pas pour en aflfaiblir
la valeur.
Quand donc M. Leszynsky termine par ces mots : « En tout cas,
on n'est nullement fondé à identitier lesn-^na-^Na avec les sectaires »,
il faut retourner la proposition et dire : « En tout cas. on n'est
nullement fondé à identifier les n-i^a ■'i« avec d'autres que les
membres de la secte ».
P. 8., 1. 12. Personne n'a prétendu qu'en désignant les Pharisiens
par les mots « bâtisseurs de murailles », l'auteur avait sûrement
en vue la sentence attribuée aux plus anciens Pharisiens : « Faites
une haie autour de la Loi ». On a seulement signalé la coïncidence.
Est-il plus sage d'affirmer que l'auteur n'y a certainement pas
pensé?
L'interprétation des trois péchés dont il est question, p. 4., 1. 16
et s. me paraît un véritable contre-sens. D'abord, comment la
débauche est-elle transformée en mérite par le fait que Lévi, à la
suite du délit conmiis par le ravisseur de Dina, a mis à mort le
coupable; comment la richesse — de qui? — devient-elle une
vertu parce que les Lévites étaient voués à la pauvreté: enfin,
comment la profanation du sanctuaire se métamorphose-t-elle en
justice, parce que les Lévites veillent sur la pureté du Temple? En
outre, pour arriver à cette explication étrange, il faut corriger
^"am en pN, qui n'est aucunement en situation. Enfin, pourquoi
l'auteur, s'il voulait parler des Lévites, dirait-il : Lévi, fils de Jacob?
Ces mots, sans le moindre doute, sont destinés à écai'ter toute
confusion et à bien marquer qu'il s'agit de Lévi, fils de Jacob.
Cette précision se comprend s'il s'agit, comme tout le monde l'a
cru jusqu'ici, du Testament de Lévi, fils de Jacob. Pour ne pas
admettre que les mots : >< Comme l'a dit Lévi, fils de Jacob », font
allusion à cet apocryphe, il faudrait que cet ouvrage n'insistât pas
sur les péchés ici mentionnés et que notre auteur sadokite ignorât
cet écrit; or, justement ce sont bien là les sujets qui reviennent le
plus souvent dans les Testaments des Patriarches et notre opuscule
montre une connaissance approfondie de ce pseudépigraphe,
comme du Livre des Jubilés, auquel il est apparenté. Il faut donc
s'en tenir à la traduction courante, qui fait de Belial le sujet du
1. Zeilschrifl f. hehr. Bibliof/raphie, XV, p. 15.
2. Rivista israelitica, VII, p. iO',
200 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
verbe : Belial leur a fait ac(-i'oire que ces trois péchés sont des
vertus.
Si, p. S, 1, 8, D^» devait désigner les païens, il faudrait supposer
une lacune après ce mot.
P. 11, 1. 14. La correction de a-i3>n en 3yin"« a été proposée simul-
tanément par MM. Bâcher', K. Kohler- et par moi. La rencontre
montre assez que la conjecture n'est pas incongrue. Nous avons
été guidés par l'étrangeté du terme, qui serait autrement incom-
préhensible, et par la constatation d'une pareille défense dans le
ch. oO des Jubilés, que notre écrit copie presque textuellement.
M. Leszynsky propose de donner à aiyp"' le sens de « mettre un
éroub », sans chercher à expliquer la forme pronominale du verbe.
Peut-être croit-il se tirer d'affaire en traduisant : « Nul ne doit se
mélanger ». Malheureusement, c'est oublier que, si mélange il y a,
ce n'est pas de la personne, mais des mets.
P. 11, 1. 16-17. M. Leszynsky, qui ne veut pas imputer à ces sec-
taires une sévérité excessive, comme la condamnation à mort de
ceux qui jeûnent le samedi, cherche aussi à les défendre contre
le reproche d'une intransigeance inhumaine comme celle qui leur
fait défendre de sauver, le samedi, au moyen d'une échelle ou de
tout autre objet, les personnes tombées à l'eau. Comme il manque
un mot après le deuxième mp», il suppose que ce mot s'est conservé
partiellement dans bî«, qui suit, et qu'alors, au lieu de défendre
de porter secours, on prescrit de le faire par tous les moyens
possibles. Il n'y a qu'un malheur à cela : avant ce paragraphe, il y
a vingt-sept articles de loi, et tous sont des défenses commençant
par la particule bx, et après ce paragraphe tous sont également des
prohibitions. Il n'y aurait qu'une exception et ce serait justement
ce paragraphe!
P. 11, 1. ^\. L'explication est ingénieuse.
Israël Lkvi.
1. Loco cit.
2. Aiuevicim Joiirtial tif Theolof)>i, XV, p. 424.
LA PURETÉ LÉVITIOIE DE JÉRUSALEM
ET LKS TOMBEÂIX DES PROPHÈTES
On s'est souventétonné que, dans les si nombreuses prescriptions
de la littérature talmudique sur la pureté lévitique, Jérusalem ne
soit que très rarement envisagée, alors que la ville du Temple
devait avoir cette pureté plus que toute autre et être traitée consé-
quemment par les textes avec un soin particulière cet égard. Sans
doute, toutes les règles sur la pureté lévitique des sacrifices et des
sacrifiants, des prêtres et des lévites en service, des vases et des
objets tant du Temple que de la maison, des visiteurs de la ville et
du Sanctuaire, de la deuxième dîme et des repas sacrificiels, ne
se rapportent qu'à Jérusalem et au Temple, même quand on ne
nomme pas ceux-ci formellement. Mais ces règles ne concernent
pas la pureté de Jérusalem même, de ses maisons et de ses rues,
de son sol, tant à la surface qu'en profondeur, pureté qui méritait
d'être prise en considération, même abstraction faite du culte
du Temple, en tenant compte, comme pour Tibériade et d'autres
villes de la Palestine, des prêtres et des prélèvements sacerdotaux
[terouma). Ne devait-on pas. dans la Ville sainte, prendre des pré-
cautions à l'égard des morts et des tombeaux, des charognes et
des insectes impurs, afin que les prêtres et les prélèvements, les
pèlerins et les naziréens ne devinssent pas impurs à leur insu ?
Tous ces points sont traités dans une baraïta, qui s'est conservée
en plusieurs versions et {\m est bien connue, mais sans avoir été
appréciée suffisamment. Ses indications me paraissent présenter un
certain intérêt et mériter pour cette raison un examen particulier
et étendu. Elle a déjà été étudiée il y a quelques années par
M. S.Krauss dans cette Revue ^ Mais la prévention avec laquelle le
1. Revue, LUI (1907), p. 28 et »uiv.
202 REVUE DES ETUDES JUIVES
savant auteur a abordé la question et la singulière rapidité qu'il a
mise à laisser de côté de grosses difficultés et d'importantes données
de ces vieilles sources ou à les introduire de force dans sa théorie
préconçue, ont altéré, me semble-t-il, le jugement qu'il a porté sur
ces relations si complexes, notamment sur les détails relatifs à la
pureté lévitique. Ces considérations me justifieront sans doute de
reprendre un sujet difficile, mais fort instructif, d'autant plus que
cette étude projettera des lumières toutes nouvelles sur Jérusalem
envisagée comme ville suspecte de recouvrir des tombeaux.
LA DEFENSE D ENTERRER A L INTERIEUR DE JERUSALEM
D'après une prescription biblique^les tombeaux sont une source
constante d'impureté, et l'on sait qu'on les marquait - ou qu'on les
blanchissait pour préserver prêtres et pèlerins de l'impureté. On
s'attendrait donc, comme à une chose évidente, à ce qu'on ne souffrît
à Jérusalem, la ville du Temple, aucun tombeau et à ce que per-
sonne ne fût inhumé à l'intérieur des murailles. Laïossefta^ pres-
crit, en effet : 1" A Jérusalem on ne laisse pas les morts passer la
nuit, lâ" on n'y place pas d'ossements ; 3" on n'y loue pas de maison ;
4" on n'y donne pas de place à un niain ij ; 5° on n'y laisse pas de
tombeaux, à l'exception des tombeaux de la maison de David et
du tombeau de la prophétesse Houlda, qui y étaient depuis les
jours des premiers prophètes ; 6" Jérusalem ne peut être ni plantée,
ni seiiîée, ni labourée ; 7° on n'y laisse pas de tas de fumier
(7 bis : à cause de l'impureté) ; S'^ on n'y laisse pas d'arbres, à
l'exception de la roseraie qui y était depuis les jours des premiers
prophètes ; 9° on n'y bâtit pas de balcons ni de corniches sur la
1 . Nombres, xix, 16.
2. Outre les textes communément cités, voir II Rzra (nu IV Ezra), ii, 23 : « Là où tu
trouves (les morts, enleire-les et marque le tombeau ; et je te donnerai le premier
siège à ma résurrection ».
3. T. .Veyaïm, VI, 2: n^inn 'j-'T';:^?: "j-NT (:?' J-im TN rî3 l'^rr: r^ (1)
LA PURETÉ LÉVITIQUE DE JÉRUSALEM 20T
rue, à cause de l'impureté lévitique qui se transmet par la cou-
verture.
Le n° 5 de cette baraïta dit formellement que nul tombeau
existant n'était souffert à Jérusalem', d'où il résulte sans plus
qu'aucun tombeau nouveau n'y pouvait être érigé. C'est ce qui
est explicitement interdit par le passage parallèle des Abot de R.
A^«//m/? 2, qui énumére différemment les privilèges de Jérusalem ;
1" on ne doit pas louer de maison à l'intérieur de la ville ; 4° on n'y
rachète pas la seconde dîme ; 3° on peut y prendre les repas des
sacrifices : 4° on ne doit pas y construire de balcons ni de cor-
nicbes donnant sur la rue ; ^^ on ne doit pas y jeter de l'engrais ;
6° on ne doit pas former des tas de fumier dans la rue ; 7° on ne
doit pas y élever de poules ni, à plus forte raison, de menu bétail;
8" on ne doit pas y enterrer de mort; O'' on ne doit pas y laisser de
morts pendant une nuit, à l'exception des tombeaux des rois de la
maison de David, du tombeau d'isaïe et de celui deHoulda ; 10° on
n'y fait aucune plantation, en dehors de la roseraie, qui était
plantée depuis les jours des premiers prophètes; 11° du bétail
trouvé depuis la Tour du Troupeau jusqu'aux murs de Jérusalem
est profane sur l'indication du vendeur; dans toutes les autres
parties de la Palestine, le bétail trouvé est profane sur l'indication
de l'acheteur. Le n° 8 de ce texte nous apprend en toutes lettres
que personne ne pouvait être enterré à Jérusalem.
Cette interdiction était-elle purement théorique ou a-t-elle été
observée à une certaine époque? M. Krauss s'est donné beau jeu en
répondant^ : « Ce point et d'autres déjà mentionnés étaient d'une
1. De même dans le passage parallèle Abot de R. Nathan, xxxv, 52/).
2. Alwt de H. \athan,-2''\eis,ion,\xxi\,:')ia : nnaioîTû D'^bwJTT' D''"13T 711^5^3
nv-;s:i;cD •j-'t-'t i-«N"'i:i73 v^'' '^'' S'^'^P a"'">;3ip nainn v--"'^'*'! ■^' "'"'"^
yais KbT i6 nain'? n'r'nT T'î<-'i:i7: i"»! o. Q-^a-in rr^a-:: nsino
"{■«ni: r^i HDinn "p'riarnn T^b-iiiTa TwSt -J} C2"'3-in mon'? nsirDj mns'CJN
nwn PK l'^r'DTo i""»! ,9j nDinn nrn n'x r^^ip T^i l^.' ^^P'^ n^onn •^\^2^'^:>
^NT (10) mb-in -i3pT m-^yci-^ -lapi mT n-'s •^3573 "«-lapT: yin nsirn
D''î<"'3;rî mTs-'To rtyr^-2 nn^no ::^-'.'-\'\'i n:573 y^n y^': '53 -::ir3 i-^s-j^i:
-i73i"3 npib'D r;\x-i '?n-iu5"' y-iN 'îd -inu;t n-ri-iD^j y'^in -iTjVs •^z^7z'r> rr^x-i
ÎT^nnpS ysini. Comme l'intitulé de cette énumératiou ii'aniioïK'e que dix articles,
il doit y eu avoir un ajouté après coup ; c'est sans doute le dernier, d'ahord parce
qu'il ne se rapporte nullement à Jérusalem même, mais aux enviions immédiats en
dehors de la ville, ensuite parce qu'il n'est pas formulé comme les aulrus. Mais on
pourrait aussi compter les n"" 5 et 6 pour un seul article, comme dans toutes les
relations parallèles. La deuxième partie de n" 9 doit avoir été la suite de 8. comme
dans tous les textes parallèfès.
3. t. c, p. 32, n. 6.
204 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
réalisation difficile et ne pouvaient ètie mis en pratique... : dans le
passé il y avait des tombeaux à Jérusalem, mais, disaient les doc-
teurs, nous prescriions une loi pour l'avenir, ou, en d'autres termes,
l'idéal et la réalité sont deux choses distinctes ». S'il avait entrepris
de constater cette réalité, il se serait rendu compte que la source
précitée est entièrement digne de foi. Deux relations complètement
indépendantes du siège de Jérusalem en l'an 70 montrent que.
même pendantl'investissementde la ville, on n'yirjliiimait personne.
Josèphe' raconte ce qui suit : « Au début les révoltés veillèrent
encore à ce que les morts fussent enterrés aux frais de l'Etat, parce
qu'ils ne pouvaient supporter l'odeur qui s'en dégageait. Mais plus
tard, quand les cadavres devinrent trop nombreux, on les jeta sim-
plement du haut des murailles dans les gorges. Mennaeus, fils de
Lazare, poursuit Josèphe^, qui se réfugia auprès de Titus en ce
temps, assura que, par une seule porte qu'il avait à garder, on
avait, depuis le jour où le camp avait été dressé devant la ville,
c'est-à-dire depuis le 14 du mois de Xanthikos, jusqu'à la néo-
ménie de Panémos, sorti 115.880 cadavres : il avait reçu olficiel-
loment l'ordre particulier de compter les morts, parce qu'il devait
payer les frais d'inhumation de la caisse de l'Etat. Les autres
étaient enterrés par les leurs. L'enteri-ement (^insistait à transpor-
ter les morts hors de la ville et à les précipiter dans le fond. Beau-
coup de transfuges considérés, qui vinrent après lui, donnèrent
le chiffre de 600,000 comme nombre total des corps de pauvres jetés
dehors aux portes. Quand la force des gens ne suflit plus à porter
les pauvres devant la porte, on traîna, disent-ils, les cadavres dans
les grandes maisons et on les y enferma. » Si l'on voulait expliquer
cette opération comme une précaution destinée à préserver la ville
as.siégée de l'infection, on apprendrait ce qu'il en est par le récit
de la fuite de R. Yohanan b. Zacca'i pendant le siège ^. Quand ses
deux disciples, portant la bière où il était enfermé, arrivèrent à la
porte, les gardiens demandèrent qui ils transportaient. Ils répon-
dirent : « Ne savez vous donc pas qu'on ne laisse pas de mort passer
la nuità Jériusalem ? » lis laissèrent alors passerle cercueil. On peut
1 . Guerre, V, xir. 3.
2. IbiiL, V, XIII, 7.
3. Aboi R. \ulhaii, iv, iia : "'3-11 HTyr:* "«D"!'? T'T'Tirnr N-.pi nro
nyp'j ty imN ';"'D"''5"i73 ttit T'rs-is rn.x yc^irr ^^n TwN-'3 thn -iTr-rs
.-T N17J -i?: a-'-iJ'Tcr; anb i-,?:}* .a-'r\a"i-i-' •'-\y'C bxN ir-'inc: iy r,7inr,
□"'b-.ïTTa riTon pn T'^"'"?^ y»vi D"'yiv anx •j-'N 'st xin r:: "j-'? ti-x
L\ PURETÉ LÉVITIQUE DE JÉRUSALEM 205
rapproclierde ce détail un passage daSifra* qui dit que beaucoup,
ne voulant pas laisser leurs morts passer la nuit à Jérusalem
conformément à la loi, tombèrent entre les mains des ennemis
pendant qu'ils portaient les cadavres au debors et leur donnaient
linliumation. Ces deux textes reflètent des incidents de la guerre
de Tan 70 et montrent que la règle en question existait alors et
était observée.
Cette conclusion est confirmée par des passages on il est fait
allusion en passant aux tombeaux de certains grands personnages
à Jérusalem. Tandis que le tombeau de David- se trouvait, d'après
Néhémie, m, 15, 16, au sud de la ville, non loin du Siloé, là où
étaient enterrés aussi ses successeurs, ainsi que quelques pro-
pbètes^. les rois basmonéens et plusieurs grands prêtres étaient
inbumés en debors de l'enceinte de la ville ancienne. Ainsi Josèpbe
dit^ : « Les Juifs, qui s'étaient répartis sur la (seconde) muraille,
opposèrent une résistance opiniâtre; c'étaient les soldats de Jean
du côté de TAntonia, du portique nord du Temple et du tombeau du
roi Alexandre. Quant aux troupes de Simon, elles occupèrent l'en-
trée près du tombeau de Jean. » Et ailleurs^ : « Titus résolut de
tenter un assaut près du tombeau du grand prêtre Jean, l'enceinte
foi'tifiée extérieure étant plus basse à cet endroit. » Il s'agit du
lumbeau de Jean Hyi'can *"', situé entre la première et la deuxième
muraille ", en un point d'où Titus croyait prendre la ville supé-
rieure^. Dans un autre passage'' Josèplie décrit le mur d'investis-
sement construit par Titus autour de Jérusalem : « Puis il s'étend
auprès du tombeau du gi'and prêtre Anan» ; il était donc situé
liors de la ville. Il est vrai qu'ailleurs il mentionne le tombeau
d'Hérode à Jérusalem '". Mais comme Hérode fut enterré dans le
Hérodéion, Scburer " croit que c'était seulement un monument et
non un lombeaii, tandis que Schick suppose que c'étaient les
femmes d'Hérode qui pouvaient y être inbumées. Peut-être était-il
I. .s'<7/Y/, sur Lévi/.. xxvi. 2o.cii. vi. [i. \\2a. i, 1 : 'j-'N n^'^rr .a-inN T^n amii
a""!}» ^3 ■|"';p:.
■2. .iii/i(/uités. vu. V, -i : Xlll, vin. i: XVl, vu. 1.
.'!. Voit- plus loin.
4. Guerre, V, vu, 3.
;j i />/</.. V, VI. 2.
ti. Cf. Ibid., V, I.V, 2; xi, 4; VI, ii, 10.
■/. Ihid., V, IX, 2.
5. La niLMUi; chose ressuit iK- VI, n, 10.
9. Ihid., V. xn. 2.
10. Ibid.. V. m. 2 : xii. 2.
II. Geschichte, 1, 418. u. 108.
206 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
quelque peu analogue au monument de marbre blanc éUivé par
Hérode à l'entrée du caveau de David '.
C'est ici le lieu d'examiner une miscbna difficile- : « Les villes
entourées de murs sont plus saintes que le reste de la Palestine
en ce qu'on est obligé d'en renvoyer les lépreux et qu'on peut y
promener un mort jusqu'à (?) ce qu'on veuille ; si le mort a été
transporté au dehors, on ne peut pas l'y ramener. » Maïmonide
explique ainsi ce texte incompréhensible : aussi longtemps que tous
les gens de la ville ou ses sept représentants y consentent, s'ils
permettent d'entei'rer le mort à l'intérieur (sur la place) de la ville,
on peut ly enterrer. Mais si le corps a été porté hors de la ville, on
ne peut pas le rapporter à fin d'inhumation, même si tout le monde
y consent ; car une chose impure qui a été écartée de la ville ne
doit pas y revenir. La miscbna ainsi interprétée a été incorporée
par Maïmonide dans son code-"*; et, si cette explication, qui en fait
dire long à une phrase obscure, est exacte, elle prouve qu'on enter-
rait des morts à l'intérieur de l'enceinte des villes entourées de
murs, donc probablement aussi à Jérusalem. Mais R. Abraham b.
David attaque déjà l'explication de Maïmonide ; lui-même explique
ainsi ce passage :- un mort ne peut en aucun cas être enterré dans
une ville entourée de murs ; si tous les habitants de la ville per-
mettent, pour augmenter le deuil et honorer le défunt, de promener
le corps dans la ville jusqu'à ce que les parents enterrent le mort,
ils peuvent le promener. L'explication singulièrement différente de
Maïmonide repose, suivant la remarque de Joseph Karo, sur la
lecture l-^niDiiîTo au lieu de û'inaoTo ; ce n'est donc pas une preuve
contre la défense d'inhumer les morts à Jérusalem. Quant à l'an-
cienneté de la miscbna, son caractère anonyme la ferait attribuera
K. Méir. Mais labaraïta parallèle est ainsi conçue ' : « R. Menahem
1, AnliquiU's, XVI, vu, 1.
■>. M. Kéiitti, 1, 7 : vn-w^M; nriûT: mcmp?o rî7:'in m^pT::- mn"»"'?
'■^. riT'nnr; rT'3 'n, vu, \'i.
4. T. Kéiim I, 1, li : H-jin m^pi?: mii-'y ")7:iN ■'C,'' "«3-13 an:7o *3n
B3in3 niToi: rT'3m D''y-n^7or; tn pTn?3 X'rh-::'n.'z "7wN-,'c;"' y-s-: nTc:'nip7û
misp- -1C3 imx T-i3p-'i iTn^N 2? i-'Tir ^rc-'T --i-n ni- pT in-x
NI" y"","lXr TlTiX 'D DT^TÛ'Î TCN- D;iiis le Si/W Zoii/a sur Ndinlircs. v, :>. >'//"/•«
surLi'vit., XIV, i0.i).73r, vi. ?; 4 ; on lit : ";-<r-nj:7:'0 "^"IN— ";■; PTwlipT: HîJin '17
nrin ""-lys ';"'3'rir: ar^vi y^.a- '■r33 •j-'D'rir:, puis : irN-.w""' ■^;3 '?i< -i3T
ri/ûin "^Tr m3''i':' r;;n73r; 1?^ nnr'CT. Ias villes entniiives du mius iiaraissem èlre
déiluites eileclivemciit, du mot r;;n7j (non de VntC"^ ■';3 comme le croit Horovitz. sur
le passage du S. -.), la ville entourée d'un mur étant assimilée à un camp. — Signa-
lons ici un renseignement fort curieux de Marcus Diaconus. Vi/a Porj>hi/rii. p. '21.
Ji 23 : les habitants païens di; (îaza disent iiue c'est un crime d'apporter un cadavre
dans la ville ; d'après p. 23, § 2o. c'est contiaiie aux lois de la iiatrie.
LA PURETÉ LÉVlTIQUt: DE JÉRUSALEM 207
b. R. Yosé dit : Les villes entourées de murs sont plus saintes que
le resté de la Palestine, car on doit en renvoyer les lépreux; une
maison qui y a été vendue ne peut plus être rachetée après douze
mois, et un mort peut aussi longtemps que les gens le permettent
être promené dans ces villes; mais s'il a été transporté hors de la
ville, il ne peut y être ramené. » La mischna, sous sa forme actuelle,
appartient donc au plus tard à la seconde moitié du second siècle,
mais chacune de ses dispositions pourrait remonter à une époque
plus ancienne, comme l'indique la défense, attestée par ailleurs,
d'enterrer les morts à Jérusalem. Le contexte de la mischna et de
la baraïta citées montre clairement que leur auteur, en parlant de
villes entourées de murs, pensait en premier lieu à Jérusalem, qui
était effectivement une des rares villes auxquelles on appliquait la
loi biblique /Lévitique. \\v, '29 et s. sur les localités entourées
d'un mur '. Assurément il n'est pas prouvé par là que la phrase
sur le convoi d'un mort dans la ville entourée dun mur vise aussi
Jérusalem. Mais nous savons, d'autre part, que le renvoi des
lépreux, en conformité avec Nombres, v. 2, 3, se rapportait princi-
palement à Jérusalem, considérée comme camp de Dieu -. Il est
donc plus que probable que la troisième phrase de la mischna et
de la baraïta ont en vue, comme les deux premières, Jérusalem. Et
cette conclusion va être conlirmée par d'autres constatations, qui
établiront qu'à l'époque envisagée par la halacha on n'enterrait
personne à Jérusalem.
II
Li:s tmmi!i:al"x sii{ la montacnk m temimj: i:r hans jkiu sale.m
Nous avons vu que la Tossefta prescrit de ne laisser subsister
J^ucun tombeau a Jérusalem, à l'exception des tombeaux des rois de
îa maison de David et de la prophétesse Houlda. Il en ivsuUe (luil
1 . Arachin. ix, 0.
2. D'apn'-s Lévitique, xiii. 46, le lépreux doit demeurer on dehors du eamp '.y^TOZ
T3CT73 nrnTsV . ce (jui siguilie, d'après le Sif'ra, ad loc, p. 68 n, S 14, en dehors
des trois caniiis du Tabemaele, des lévites et des Israélites dans h'S désert TSî'CÎ^ y^TI
T2wi?j m;n73N Or, ces trois camps sont appliqués à Jérusalem seulement dans Sifre,
sur Nomlires, i, et parallèles; le camp des Israélites s'étend de la porte de Jérusalem
à la Montagne du Temple (...'îNic mmz r\^nn "in HT c'rcTj-' nnD?: , et
dans T. Kélim. i, 8, Pesahim, 61 «, on dit que les lépreux qui entrent à l'intérieur du
mur de Jérusalem reçoivent la bastonnade (rî^ainn V^ D"':d5 D'^yilX" 10323
D'^yanN" rs V?^- '• ^■'^- J'^''' -^«^^0/, n. fin, :?2 «, 28.
208 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
doit y avoir eu là d'autres tombeaux que ceux-ci. Les Abot de R.
Nathan ajoutent, nous l'avons également vu, le tombeau du pro-
phète Isaïe, sans être confirmés d'ailleurs, sur ce point, par les
textes parallèles. Remarquons tout de suite que des sources non-
juives attestent l'exactitude de cette addition. On sait que le
Midrasch, rx\scension d'Isaïe et des Pères de l'Eglise assurent que
le prophète Isaïe lut scié par des Jérusalémites. sur l'ordre du roi
Manassé, dans un arbre à l'intérieur duquel il s'était réfugié. Tliéo-
doret (ivo siècle), le Chronicon Pascale ' et Epiphane ^ savent de
plus qu'Isaïe fut enterré près de la source du Siloé sous le chêne
Itoguel. La deuxième recension, assez tardive, des Abot de H.
7Y«^/m/i pourrait donc avoir [)ri s son addition à la source qui a servi
aux Pères de l'Église, et nous avons ici un nouvel et intéressant
exemple de l'ancienneté de midraschim inconnus par ailleurs.
Ainsi donc, les lombeanx ne devaient pas être laissés à Jérusa-
lem ; autant dire, sans doute, qu'ils devaient être enlevés et placés
autre part. On serait tenté de considérer cette prescription comme
une Ihéorie décole des rabbins du second siècle et telle est, en
dépit des renseignements positifs sur la pratique réelle, l'opinion
de M. Krauss. Or, , voici d'après les Abot de R. Nathan ^ la liste
1. VA. nindorf, ].. 291, v. Yeham.. 49 h.
2. VUa Prophelaruin, o/)Uf/ Nestlé, Marf/inaiien uncl Malerialien, p. 16, l.o-20;
cf. Schermaiiii, Texte und Unlersuc/mnpen, éd. Hariiack. XXXl'j, p. 76, 80 et suiv.
3. Cil., XXXV. p. 52/>: □-''d'c^i— ' "j-N 1) s-'boTi'n "n?:»; a^-im r;— ^'7
-3 "[-^'Oty TNT (6) E21N n7ji:y rtsmn 'j-'-i'aj??^ I'îîi Ji} r-iTsn pn nn
r.i2 ^:£i2 m-inpr; pn h-'D'Cdi . D-incNn- a\s"'3: pii:-73 D'O vric -N-a:™
"Tnp bnjb r;>î7:i:3r: nwS-^jiiT^ "pt!*,:; au; nPTr nb^n?: i-":s .airs xb
D-'T-ni p;5o ym û"'DT'iDi pi;:» nn i^'Oty i-^i rnr'^; rti ■;"'r::"i: -('Ni ,s
nN-oi::r; ■'337Û p-ipd'c:k -n ';'7:"<'p?3 i\s 'U) t=5'^-."'Tn -rcir ■]-'-ii: "j-ni
i^DN 13 rûspi -i72x:o .ip: 13-1 •^-i3t ,71-117:1 -i-no p r!3 V'2"'''P'J r**"! ^'l)
r,- i^a-i i-i-^i' riT 'j-'X ,i7ûip73 -^ya '^:n^ -i-fr ■'jpT r^s ipin nx-'iiim itoni
l-"»! i1:î) nbz'Tzbi pi;*p-ipn V- ^tn 3^13 n3 ■;"'-iDn72 ^î^ '-•-' I7:ip73
■'3-1 ,vro'û i^'O 713 i-'npi'? T'îî'i (i-i) is-i'iu 3"'' -.n^b 7!3 pnp"'7ji: P"<3n
r^i—iy 7Î3 V"?"'"' 1"'" '^"'^ ''•* ^"iiyitT: pi::?: ~i-"C5 n'^ qx -i7:in n-t'ir,''
SPiN "i-'rpi; -,73iN ■7N"'"r72:i p '['\yi2':: p-i ,um2 r">^i- i""' ""- '3"l"-"'p
Vin3-: T'T''s^iwS ■'■?;'3i a":D373 vi-io t'h Vî^^^rx .-("'t-dcix ■'"rya"?
"c:?ûn3T 73-1X3 i^B^ ';7:''Pi-n3'o a-^ii:?: ■'C3D r"'^i;'i 'I"'7û"'-iy73 ^''-^^k
1"'"î3P'>:373 S"'b",:3T-|'> '«CJîX ^Ti DTIST D"'3'bo. Quinze points sont énuniéics ici.
alors que l'auteur de l'intitulé n'en connaissait (|ue dix : cin(i doivent donc avoir éic
ajoutés après coup. Comme tous les autres passages parallèles u'ènumèrent que des
articles anonymes et incontestés et que même celui-ci en compte onze de tels, il est
très probalile ((ue ceux ipii font l'objet de diverj-aMices et qui ont des auteurs sont les
plus r.icents. Tel est en premier lieu celui du tils rebelle, qui se retrouve dans la
La pureté lévitique de Jérusalem 209
des privilèges de Jérusalem : Dix choses ont été dites de Jérusalem :
1° elle n'est pas rendue impure par la lèpre ; '2" elle n'est pas jugée
comme ville idolàtrique ; 3° on n'y construit ni balcons, ni cor-
niches, ni tuyaux sur la rue à cause de la couverture de l'impureté
d'un mort; 4° on n'y laisse pas les morts passer la nuit; on n'y
laisse pas passer des ossements humains; 6° on n'y lait pas
de place pour un niann na ; T-* on n'y laisse pas de tombeaux, à
l'exception des tombeaux de la maison de David et de la prophé-
tesse Houlda, qui y étaient depuis les jours des premiers prophètes.
Et quand on a enlevé les tombeaux, pourquoi n'a-t-on pas enlevé
ceux-ci? On dit qu'il y avait là une caverne qui entraînait 1 impu-
reté dans la vallée du Cédron ; 8° on ne fait à Jérusalem aucune
plantation, on n'y plante aucun jardin à l'exception du jardin de
roses qui y était depuis les jours des premiers prophètes ; 9" on
n'y élève pas d'oies ni de poules, à plus forte raison de porcs;
lO^on n'y laisse aucun tas de fumier, à cause de l'impureté lévitique;
H* on n'exécute pas la loi du fds rebelle, dit R. Nathan, parce que
Jérusalem n'est pas sa ville et son endroit, comme l'exige Deuté-
ronome, xxi, 19 ; 12» on n'y vend de maisons qu'à partir du sol et
au-dessus ; 13" une maison vendue, si elle n'a pas été rachetée dans
l'intervalle de la première année, ne reste pas pour toujours à
l'acheteur ; 14° on n'y prend pas de loyer pour les lits ; R. Juda dit :
pas même pour les lits garnis ; lo° on n'y achetait pas de peaux
de sacrifices ; et qu'en faisait-on ? R. Simon b. Gamaliel dit : on
les donnait aux aubergistes. Les hôtes demeuraient à l'intérieur et
les aubergistes au dehors. Les hôtes avaient recours à une ruse:
ils achetaient pour les sacrifices des brebis égyptiennes, dont les
peaux valaient quatre à cinq séla, et les habitants de Jérusalem y
gagnaient.
Au n» 7 on demande ; pourquoi n'a-t-on pas enlevé les tombeaux
de la maison de David et de la prophétesse Houlda quand on les a
tous enlevés ? Nous apprenons par là qu'à une époque qui n'est
baraila de Baba Kamma, 82 6, ainsi que dans l'autre passage des Aboi île R. Nathan,
mais que la Tossefta de Negaim, vi, 2. cite au nom de R. Nathan. Une autre preuve
de l'interpolation est le singulier emploi de "J'^TS^'^pTO "["^ A&ns ci-tte phrase : dans les
n"' 1 et 10, ces mots signifient «on no laisse pas subsister», dans le n" Il «on
n'exécute pas » ; il est peu probable que le même auteur ait employé un mot si simple
avec des significations si différentes. Le n" 14, sur la location des lits, avec une opinion
divergente de R. Juda, est aussi interpolé ; il ne se trouve dans aucun des textes
parallèles. Le n" lo, sur l'achat des peaux des bêtes, n'est que la suite du n° 14,
comme on le voit par les parallèles, et l'explication de R. Simon b. Gamaliel décèle
l'addition. Nous avons écarté ainsi les n"' 11, 14 et lo ; or, il est remarquable que
tous trois se trouvent à la fin de l'énumération : on est ainsi amené à supposer que les
deux autres additions sont les n"* 12 et 13.
T. LXll. V 12'.. 14
2^0 REVUE DES ETUDES JUIVES
pas autrement désignée, tous les tombeaux de Jérusalem furent
enlevés. On pourrait, il est vrai, considérer ce renseignement
comme une assertion ou une invention tardive, dérivée de consi-
dérations halachiques, d'autant plus que les deux texles parallèles *
n'en soufflent mot. Mais nous trouvons à ce sujet la baraïta sui-
vante ^ : « Tous les tombeaux (à l'intérieur de la ville; doivent
être enlevés, sauf le tombeau d'un roi ou celui d'un prophète.
R. Akiba ajouta : même le tombeau d'uu roi et celui d'un pro-
phète doivent être enlevés. Sur quoi (ses collègues) lui dirent :
Mais les tombeaux de la maison de David et celui de la prophé-
lesse Houlda se trouvaient à Jérusalem sans que personne les eût
jamais touchés. 11 répliqua : C'est justement une preuve de mon
affirmation : il y avait près de ces tombeaux un canal qui en empor-
tait l'impureté dans la vallée du Gédron. » L'adversaire anonyme
de R. Akiba ne conteste pas que des tombeaux aient été enlevés de
Jérusalem à une certaine époque ; seulement il prétend que l'opé-
ration fut épargnée aux tombeaux des rois et des prophètes. A
cette discussion prennent part des docteurs de l'époque antérieure
à la guerre d'Adrien et ils parlent de l'enlèvement des tombeaux de
Jérusalem comme d'un fait connu, qui se place naturellement avant
la destruction de la ville sainte. Quand donc, dans la liste des
1. Baraïta dans Baba Kamma, 82 i ; T. Neçjaim, vi, '1.
2. V. Baba Batra, i, H; j. Nazir, ix. 3 (oTd, 1. 61) ; Semahot, xiv ; Sifrê, cité
par Friedmann, sur Sifrê DeuL, 188, et Midrasch Tannàim, éd. Hotlmann, p. 115,
n. 70 : -«m N-^23r! nnp^jn ']b73n -lapn '^in ,v:ori7a ninapn bs
i-i3p N5m nb T173N .r^sn» N'^nsn inpi ■|b7ûn -i3p qx -itoin xa-'py
.Doi5'73 anN Dn3 ynî Nbi a-'b;Di-i-'3 tti nx-'n:- n-ibin -inpi -in n"»3
bffib riNJûian n^'^iri^a nn-'m pb nnn nir-'nTa rT«N-i auj73 nnb -itsn
'^^-l^p. Le texte d'Hofrinaun est ainsi conçu : 1->3 r::U3733 ,'^^V^^ bn35 a'^OP Nb
iTinn n-i2iy73 N"::i3d -itûin nn-'py ■'ni .-i^n?: '2^^^■2^, N-^n: -inpb -jbT: -.ap
-13-173 3inDn T1^3n rpî^'T^T. Le commandement «ne recule pas la limite de ton
prochain » (Deutér., xix, 14) se rapporte a celui (pii cliange le tombeau d'un roi ou d'un
prophète. 11 est reuiarquahle que ce soit un collèi-'ue de R, Akiba i|ui enseigne Tiippli-
cation de ce verset à cette défense, ce. qui convient bien à la discussion entre R. Akiba
et son contemporain inconnu. Friedmann donne ce texte du passage perdu du Sifrê
d'après R. Hillei : -I3n73 31P3r; î^-'Oj "I3p"l *]b73 -|3.p n3v7a3. et l'on ne peut
guère douter qu'il ue faille lire aussi chez Holl'mann (ce (]uc celui-ci n'a pas v*)
n3D733 au lieu de n3U5733- Dans Ebel rahbali, apiul Briill, Jahrbuc/ier, l, 22,
d'après Ibn Guiyat, Û"^"!""»^ riXTJ, H, 73, et Nabinanide, Tarai ha-Ailam, 38 A,
nous lisons : n^b -\:^-pn -j-inTD Nbi "iTiNH ^^^^^2 Nb m^asy vp'-^'^ T^*
mujyb xb'^a iAn;;D mp73 V"^"i" P m^^b lanrc cip-j .-ins n?, ac "Ti3pb
Obiy bl3a aon bt* -|73N3 ht 'd^T l'^^^y T»^ P- " *-'*^ également digne de
remarque qu'un contemporain de R. .\kiba examine et que d'autres tannaites inconnus
reprennent la question de l'eidèvement des tombeaux de guerriers tombes dans une
guerre non obligatoire, j. Eroiib., i, i. f. {19(1, I. 13^ : qx -i'3"iN N?ÛT p rmrr»
■>a-nnD noy -iijxn «bc ^"i^P^ D'J D"«j"in3 ona n"ip^:3T a^p?: brs D-':"in
LA PURETÉ LÉVITIQUE DE JÉRUSALEM 2H
privilèges de Jérusalem avant l'an 70 que nous ont conservée les
Abot de R. Xalhan, on demande pourquoi les tombeaux des rois
et des prophètes n'ont pas été enlevés comme les autres, la ques-
tion comme la réponse ne font que reproduire l'ancienne discussion
de la baràïla et elles sont entièrement dignes de foi, puisqu'elles
répètent seulement des faits réels.
Gomme le canal des tombeaux des rois et des prophètes menait
à la vallée du Gédron, ces tombeaux doivent avoir été situés soit
8ur la Montagne du Temple, soit sur la colline du sud-est, soit en
face, sur le Mont des Oliviers. Nous savons que les tombeaux des
rois de la maison de David se trouvaient sur la colline de Sion, non
loin du Temple '. On arrive au même résultat pour le tombeau du
prophète Isaïe en rapprochant le renseignement donné en passant
par les Abot de H. Nathan, disant qu'on ne touche pas à ce tom-
beau, de l'indication fournie par les Pères de l'Église, qui situent
ce tombeau dans le voisinage du Siloé. C'est là aussi que doit s'être
trouvé le tombeau de la prophétesse Houlda ^.
Ce qui prouve clairement que les rabbins du premier siècle con-
naissaient parfaitement ou supposaient des tombeaux sur la Mon-
tagne du Temple, sur le chemin du Temple au Siloé et du Temple
au Mont des Oliviers, c'est la description minutieuse des prépara-
tifs de la combustion de la vache rousse dont les cendres servaient
à la piuitication lévitique. Nous lisons, en effet, dans la Mischna^:
« Sous le plateau de la Montagne du Temple et sous les cours inté-
rieures il y avait des espaces creux à cause des tombeaux souter-
rains »; et plus loin : « A Jérusalem il y avait des cours qui étaient
bâties sur des rochers et minées à cause des tombeaux souterrains »;
puis : « On faisait une rampe de la Montagne du Temple au Mont
des Oliviers voûte sur voûte et voûte contre colonne à cause des
tombeaux souterrains ' ». On admettait donc l'existence de tom-
1 . Voir les commentaires sur Eztcliiel, slui, ~l.
2. V. von Alten, Z. D. P. V.. 1880, lli.'p. 108 etsiiiv., 174.
3. l'ara, m. 3: Dirtrin "inp ''iZi^ 'Di'r^n DnTinn m-iT^r;! v-:ir, -in;
m, 2 : nnp i:e73 '5n'5n an'nnm rrorr -i^a by m-'iîn n^'^ciT^n t'h mnxn
ainnn; m. 6 : itD-»3 -«na "Ty i-^d-^s nncrn nn'? n-'an -in^a X'^^y m xi•yz^
4. Cf. T. Para, m, 7, où R. Eliézcr donne une description ditlereiite de cette instal-
lation. Il en résulte que celle qui sert de base a la Misclina remonte au plus tard à
un contemporain de R. Eliézer. H. Simson de Sens, sur Para, m, 7. lit K. Juda au
lieu de R. Eliézer ; mais il y avait évidemment : R. Juda au nom de R. Eliéier. De
la rampe, une liaraita (j. Si/iekaliin, iv, 2.-i8<(-4S) dit : 'j""NiteT' ITT D'^'îPDT 'J"'T''T "^rp
INra""! D'^rnDn ni:"'!:'' N"::0 ■'"ID INSTîT 1î072 ; des saillies et des murs sortaient
de chaque côté (de la rampe), afin que les prêtres ne regardassent pas au dehors et ne
devinssent pas impurs 'voir l'expiicalian du Penê Mosché'.
2J2 REVUE DES ETUDES JUIVES
beaux uniformément dans la ville et dans la vallée du Cédron^
D'autre part, nous apprenons que les enfants purifiés qui doivent
apporter de l'eau du Siloé pour les purifications préparatoires
sont montés sur des bœufs portant des planches, etR. Jiida indique
le motif de cette précaution : on amène des bœufs avec un large
ventre afin que les pieds des garçons qui les montent ne passent
pas au dehors et ne soient pas souillés par des tombeaux sou-
terrains 2. Les enfants ne descendent pas dans la vallée du Cédron,
mais chevauchent de la Montagne du Temple à l'autre colline
de la ville pour arriver au Siloé, et, sur ce parcours, on a égard
à des tombeaux souterrains. Sans doute il ne s'agit ici que de
tombeaux dont l'existence est regardée comme possible, mais
sans avoir été sûrement établie. Mais enfin cette hypothèse
doit avoir été provoquée par la découverte de tombeaux sur la
Montagne du Temple ou dans la ville ; ces tombeaux avaient natu-
rellement été enlevés, mais on continua à soupçonner que le sol
en cachait dans ses profondeurs inaccessibles. Quand on observait
les précautions en question lors de la combustion de la vache
rousse, les tombeaux découverts avaient déjà été enlevés, ce qui
confirme l'indication de R. Akiba et de ses collègues, quand ils
rappellent que des tombeaux ont été enlevés à Jérusalem et que
seuls ceux des rois et de la propbétesse Houlda ont été conservés.
11 me paraît intéressant d'examiner ici le reproche mis dans la
bouche de Jésus contre les Pharisiens, qui construisent et ornent
les tombeaux des Prophètes. D'après Mathieu (xxiii, ;29 30 , Jésus
aurait dit à Jérusalem : « Malheur à vous, scribes et Pharisiens,
hypocrites ! car vous bâtissez les tombeaux des prophètes et ornez
1 . Il en était de même du Mont des Oliviers, où le grand-prêtre qui préparait la
vache rousse prenait le bain de purification et où la vache était brùléo, T. Para, m, 9 :
mnnn -lap •^^stj v''"'''" ''"'•"t r;"::-«3:jn rr^m nns-i?»! nn"':» ûip::- .■\. la place
de quoi le Sifré zou/a, sur Nombres, xix, 9, éd. Hiirovitz, p. 132, lit : 1"^; HTl "ITST
nDDi73 HT '5u; r:7o:jin mbibn mbibn ■'"iï:^ tstpd pidio; nriTi*^ pxn nnn
Dinnn lap ■'dsto it bu: n73L3in 1333. tandis ipic le Mitirasc/i /la-iiadoi d : m:nbn
iT bu; m-nn njsD it b-:: n^juim it bc m-nn -isdd m buj n?2L:in mn'Dn.
La référence de Horovitz à Para, m, 11 ; T. Para, m, 9. et ses équations m"Tin =
riD^D et DtJin = DL2^N, sont pour moi incompréhensibles, car le Sifré zoutu parle
du lieu où la vache était brûlée et la Mischna du pont qui reliait la Montagne du
Temple au Mont des Oliviers.
2. Para, m, 2: T. Para, m, 2 : mpimi Pinbl p-'aa byi l-'-mUJ ■;"'N'n?2T
irT' Nbo "«nD nnm p-'-iso a-^mT,:; -irnx m^r>•^ ■'3-1 ^irr-na b? vnu:T«
mnnn napn mN7;:373T mpiîTin ■'bs-r mNlTT». Le passage parallèle de
Soucca, 2\ h en haut, est un peu différent : n73TN miT!"' ""2"", .N3"n n^mS N'^rr
N"^i£T^ N7JUJ vby noa p^2^-1 bu: nnrnu: -^îd-: -ip-'y b^ mnbn •j-'N-'a?: vn wsb
LA PURETÉ LÉVITIQUE DE JÉRUSALEM 213
les tombeaux des justes; et vous dites : Si nous avions vécu du
temps de nos pères, nous n'aurions pas été leurs complices dans le
sang des prophètes. « D'après Luc (\i, 47), c"est en Galilée, proba-
blement à Capbarnaiim, que Jésus dit : « Vous bâtissez les tom-
beaux des prophètes, tandis que vos pères les ont tués. » Quoique
le propos ne soit pas authenti({ue, il est pour ainsi dire certain que
la phrase elle-même a été occasionnée par la rénovation et l'orne-
mentation des tombeaux d'un ou de plusieurs prophètes et que l'un
de ces prophètes a été martyr. Autant que nous sachions par la
tradition, il n'y a eu que trois prophètes auxquels la prétendue
observation de Jésus ait pu s'appliquer [et encore devons-nous ne
pas tenir compte d'une circonstance importante, c'est que même
ces trois prophètes ont été tués à l'instigation de rois coupables :
les ouvrages de polémique religieuse du caractère des Evangiles
ne sont pas si difûciles pour des détails de ce genre). D'après les
Chroniques II, xxiv, 21 , Zacharie, lils de Joyada, prophète et prê-
tre, fut tué dans le Temple par le peuple de Jérusalem sur l'ordre
de Joas, roi de Juda ; d'après Jérémie (xxvi, 22), Ouria, fils de Sche-
maya, fut tué par le roi Joyakim. D'après l'Agada, l'Ascension
d'Isaïe et les Pères de l'Église, le prophète Isaïe fut scié, sur l'ordre
du roi Manassé, dans un arbre dans le creux duquel il avait cher-
ché refuge. Les commentateurs des Evangiles se réfèrent, pour
expliquer notre passage, tantôt à l'un, tantôt à l'autre de ces trois
prophètes. Beaucoup songent à Zacharie, parce qu'il est formelle -
ment cité dans la suite du texte évangélique (Mathieu, wiu. 8o ;
Luc, XI, 50). Or, Ouria fut enterré parmi les gens du peuple i Jéi-émie,
xxvi, 23; et il n'est guère vraisemblable que son tombeau ait été
connu. Des deux autres prophètes, la tradition ne s'est occupée que
du tombeau dlsaïe, bien que la Bible ne dise rien ni de sa mort, ni
de son inhumation ; il se pourrait qu'en éloignant d'autres tom-
beaux, on ait rénové et orné celui d'Isaïe. Mais il est non moins
possible que ce soit le tombeau de Zacharie, plus gênant peut-être
pour le culte des sacrifices, qui ait été déplacé, par exemple au
penchant occidental du Mont des Oliviers, où l'on montre mainte-
nant les tombeaux des prophètes; et c'est alors qu'on auia bâti
et orné le nouveau tombeau '.
1. V. cette Revue, L\1I, p. 35, uute 6, et la relation d'Ht^'ésipiie sur la mort de
saint Jac(|ues, Eusèbe, Hisloria eccles., II, 2:5.
214 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
III
l'Époque et les circonstances de la découverte des tombeaux
L'époque de l'enlèvement des tombeaux du côté occidental de
la vallée du Cédron, fait mentionné par R. Âkiba, pourrait, jusqu'à
un certain point, être déterminée en un sens par l'allusion aux tom-
beaux souterrains dans la description des préparatifs de la com-
bustion de la vacbe rousse. Dune manière générale, depuis quand
a-t-on tenu compte de cette impureté lévitique de caractère incer-
tain ? La Mischna reproduit les rites et les usages des Pharisiens;
ce qui suffit à le prouver, c'est qu'elle a soin de noter les cas où on
rejetait à dessein les exigences des Sadducéens concernant la
pureté. Mais nous ne savons pas si les Sadducéens, eux aussi,
tenant sévèrement à la pureté lévitique du grand-prêtre lorsqu'il
brûlait la vache rousse, ne déclaraient pas que des tombeaux
inconnus et simplement supposés pouvaient le rendre impur ; il est
probable, étant donné leur littéralité dans l'interprétation de
l'Ecriture, qu'ils ne le faisaient pas. La minutieuse observation des
précautions si étendues et la singularité du cérémonial ne s'expli-
quent que comme une démonstration voulue contre l'assertion des
Sadducéens, qui prétendaient que les Pharisiens ne pouvaient pas
préparer les cendres lustrales en observant les règles de la pureté
lévitique. Ce dut être la première fois que les Pharisiens eurent à
assurer l'accomplissement de ce rite si rare et si solennel, de là
cette attention soigneuse jusqu'à l'anxiété du premier pas au der-
nier. Deux personnalités connues des dix dernières années qui ont
précédé ladeslruction du secondTemplesontfoiniellement mises en
rapport avec le sacrifice d'une vache rousse, et par là nous acqué-
rons la certitude que la célébration de ce rite par les Pharisiens
tombe entre les années 60 et()3. D'après laTossefta, le grand prêtre
Ismaei b. Fiabi (39-61) fut amené par une corporation pharisienne à
brûler une vache rousse d'après l'application pharisienne des lois
de pureté, alors qu'il avait appliqué immédiatement avant l'inter-
prétation sadducéenne '. D'après une autre indication de la Tos-
sefta ^, R. Yohanan b. Zaccaï était présent lorsqu'un grand-prêtre
1. T. Para, m, 6. Les rocliorclies si solides et si ingi-nimises «ie N. Rriill, Bel
Tulmud, I (1880), 238 et suiv., n'ont fourni, a mon avis, aucune iireuve i)oreniploire
qu'il ne B'agit pas d'Uinaël b. Fiabi \l.
«. T. /'cfa, nt, 8.
LA PURETÉ LÉVITIQUE DE JÉRUSALEM 21$
sapprètait à brûler une vache rousse d'après les lois sadducéenues
sur la pureté et il rempècha de le faire de la manière qui est pres-
crite comme règle par la Mischna {Pnra,iu\ Toujours d'après la
Tossefta, et daprès des textes parallèles ', il prit part à la combus-
tion d'une vache rousse, opération qui se fit probablement d'après
la doctrine pharisienne. Or, nous savons par la liste des grands-
prêtres qui ont brûlé des vaches rousses^ que les derniers furent
Elyoénaï, fils de Ha-Kayaf, Hananel l'Egyptien et Ismaël, fils de
Fiabiià moins d'admettre que la mischna qui nous a conservé cette
liste ait été close avant que des grands-prêtres plus récents aient
également procédé à cette opération, hypothèse totalement invrai-
semblable, attendu que la Mischna indique les divergences deR.Méir
et de R. Juda touchant le nombre des grands-prêtres en question .
Quoi qu'il en soit de l'identité de ces trois grands-prêtres^, la com-
bustion d'une vache rousse, telle que la Mischna la décrit en détail,
se place dans les années o9-6t, et c'est déjà à cette époque qu'on a
dû prendre en considération l'existence de tombeaux cachés ou
seulement supposés. Est-ce à la même occasion et dans la même
année qu'on a enlevé tous les tombeaux situés dans les parages du
Siloé, afin que la grande procession du puisement de l'eau en vue
de la combustion de la vache rousse et du culte de la fête des
Tabernacles pût se faire avec la plus grande pureté lévitique? C'est
probable, mais nos textes ne le prouvent pas.
{A suivre.) A. BOchler.
1. Ibid., IV, 7; Sifrê, Nombres, 123, p. 41 6 ; Sifrê zoufa, sur Nombres, xix, 3,
éd. Horovitz, p. 126 ; Briill, /. c. 240 et s.
2. Para, m, 5.
3. Il est difficile d'identifier les grands-prêtres nommés dans la Mischna. Noos
connaissons Elionaios fils de Kantliéras par Josèphe, Antiquités, XIX, viii, 1 : it fut
nunimé par Agrippa 1, entre 41 et 44 ; c'est une indication pour placer l'époque
probable des deux autres entre 44 et 70. Comme Ismaël b. Fiabi a été en fonctions
entre 59 et 61, Hananel ne pourrait être identique qu'avec Joseph b. Kabi ou Ananias
fils de Nédébaios, ce qui est impossible. Nous sommes donc obliiiés d'admettre que
!a Mischna ne cite pas les grànds-pfêtres dans l'ordre chronologique Schiirer,
GesrIUckte, II, 4' éd., p. 269, n. 5). Pour Schiirer, Hananel est .'Vnanel le Babylonien
(v. aussi Halévy, DoroL ka-Rischonim,\, 3* partie, p. 114 et sutv.i, le premier des grands-
prêtres nommés par Hérode, et qui a été en fonctions en 37-36 avant l'ère chr. .Mais le
saut serait trop grand d'Elionaios à cet AiianeT. On remarquera que tous les grands-
prêtres énumérés i)ar Josèfihe depuis l'époque d'Hérode jusqu'à la destruction du
Temple sont ajipelés par leurs n<ims hébreux, à l'exception de Théophile fils d'Anaii,
qui exerça ses fonctions de 37 à 41 (Antiquités, XVIII, v, 3). Il paraît avoir été
originaire d'Alexandrie, comme Boéthos, père du grand-prêtre Simon ou grand-prêtre
hii-môme, et probablement comme le successeur de celui-ci, Mathias fils de Théophile.
Or, Théophile, traduit en hébreu, serait "7î<72Dn, et Théophile b. Anan pourrait être
■''"ilïTar! 5N?3în. Le» cendres lustrales auraient donc été préparées tout de suite au
début du fdgfne d'Agrlppa I et peut*étre dam ta dernlàre annéei oe qui oonvitodrail
bioB Kui tiDdnnoii rallgltuai* do ion fouvernementt
LA FIGUE EN PALESTINE
A L'ÉPOQUE DE LA MISCHNA'
1. — L'arbre et le champ ; la racine, les branches et le bois.
Le figuier, dont on doit chercher la patrie dans les pays sémiti-
ques de l'Asie antérieure^, est une des productions les plus carac-
téristiques du pays d'IsraëP. Avec la vigne et l'olivier, il compte
parmi les arbres les plus importants \ dont la destruction équivaut
i. Avec des notes de I\ÎI. Immanuel Low [placées entre crochets].
2. V. Hehn, Cullurp/lanzen und Haustiere, 6' édition p. 94. D'après de Can-
dolle, la Syi'ie est encore aujourd'hui à peu près le centre de l'aire de propagation du
figuier. Il est vrai que Lagarde (Mitleihniqen, I, p. 58 et s.) et Guidi {Délia sede pr.,
p. 3u-36) arrivent tous deux, (iiioique pour des raisons toutes différentes, à l'opinion
que les figues étaient inconnues des Sémites primitifs. Parmi les pays sémitiques,
Babyione ne connaît pas la figue iHérodote, I, 193) ; pour l'Arabie, voir Lagarde, ibid.
— Eu Grèce, le figuier cultivé n'existe pas encore à l'époque de l'Iliade; il n'est cité
que dans des passages tardifs de l'Odyssée. Le figuier sauvage n'en est pas moins
indigène dans toute l'Europe. Voir Hehn, loc. cil., où il est prouvé que la ficus carica
existait déjà en Europe à l'époque quaternaire et diluvienne. Originaire d'Orient, il
s'est répandu vers l'Occident dès l'époque historique. H en a été de même, à l'époque
historique, de la culture de l'arhro.
3. Cité à côté du raisin et des grenades dans Nombres, xcii, 23 ; xx, 5. Les mêmes
fruits sont réunis dans lier., vi, 8; Bicc, m. 1, la figue en tétc. Cf. T. Bei-., ii, p. 4,
l. 8 et s., où aux figuiers et aux oliviers, ijrincipaux arbres fruitiers, sont opposés les
autres arbres. V. aussi Livre des .lubilés, xiii, 6 [Kaiifzsch, II, j). t(3j.
4. Deut., VIII, 8 : il fait jtartie des « sept espèces» qui sont 1" « éloge » de la Terre
sainte. Il est naturel, néanmoins, que la figue n'ait pas eu autant d'importance pour
la Palestine, riche en céréales, que pour l'Attique, si pauvre en blé ^comp. le « syco-
pbante » ; voir Magerstedt, p. 144). — Le figuier est souvent cité surtout à côté de la
vigne: Psaumes, cv, 133 ; Cantique, ii, 13 ; Osée, ix, 1,0 : Juges, ix, 10, Il ; —
T. Ter., v, p. 26, 1. 22 ; j. Bicc, i, 63</, l. 72 ; T. Soucca, ii, p. 193, I. 20 ; T. Ned.,
IV, p. 219, l. 13 ; T. Sota, xv, p. 322, 1. 19 ; j. Sanh., vu, 24 6, 1. 13 d'en bas. « La
figue sœur de la vigne», dit Hehn, /. c. Josèphe nomme la figue à côté du raisin
« fruit royal » [Guerre, III, i, 8). — Sur l'importance et l'utilité de l'arbre, v. Gen. r..
xxxvi, où la figue et l'olive, considérées comme aliments, sont opposées au vin. objet de
jouissance.
LA FIGUE EN PALESTINE A L'ÉPOQUE DE LA MÎSCHNA 217
à la disparition de la culture dans le pays'. Les figues de Syrie
jouissaient dune excellente réputation au loin 2.
Comme pour dautres espèces fruitières, larbre et le fruit portent
le même nom : rjî'^Nn^. La culture du figuier en Palestine doit être
extrêmement ancienne ', ce qui n'empêche pas qu'on le trouve
encore à l'état sauvage à l'époque de la Mischna ' ; mais peut-être
faut-il entendre par figues « sauvages ». non pas des figues non
cultivées, mais des arbres à fleurs mâles ^.
Le champ sur lequel poussent, à côté de la figue, d'autres fruits
(le plus souvent des grenades) sappelle mia ". Celui qui porte le
1. Osée, II, 14 ; Joël, i, 7; cf. Habac, m. 17.
2. Voir tout au Ion? Magerstedt, p. 183. Des flguiers de Syrie furent transplantés
en Albanie, où ils devinrent un objet de culture (Pline, XV, 21 f. On cite surtout la
petite espèce nommée « Kottanae », dont on dérive le nom hébreu pïûp. Pour
l'étymologie voir Weise, Griechische Wôrler im Laleinischen, p, 139 ; Keller, Latei-
nische VoUcselymologie, p. 65 ; cf. Lewy, Die semitischen Fvemdwôrler im Griechi-
schen, p. 22 ; d'après une communication de .M. Yahuda, c'est l'arabe ^-^lâs? 'lui
désigne encore aujourd'hui une espèce de figues en Palestine [KôxTavov = ^Ja5 i
Frankel, Aramàische Fremdwôrter, 148 ; Hai sur Oukcin, i, 6 ; Bel Talmud, V,
221 ; Kaflor va-Férah, Ma, 1. 28 ; ';'^"':3pbN glose de mnaiia) ; Joret, Les plantes
dans l'anliqiiilé, I, U6 ; Hehn, op. cit., 99. Chirbet Qotlein, Z.D.P. V., XXXl, 206.1
3. V. T. Maaser., n, p. 82, 1. 29 : r!D*iNnr! pj D'^j'^Nn Upb. — U faut chercher
un nom du figuier dans le mot NIIN du Targoum Schèni sur Esther, vu, 9. [Le
Targoum vise le figuier en disant : « on en prélève des prémices et c'est avec ses
feuilles que le premier couple se vêtit ». P. Cassel (p. 67), avec son arbitraire habituel,
veut lire N3"1î<, ôpvo;, ôpvso; «figue sauvage ». Le .Midrasch Abba Gorion, p. 21,
Esther r., le Yalkout sur Esther, 1054, 1059, ont nSKD ; le Midrasch Panim Ahérim,
p. 77, a T"1N. U doit y avoir là une méprise de l'auteur.]
4. Comp. la fable de Jotham, Juges, ix, 8 et suiv. D'après Gen. r., xxxi, xxxvi,
Noé enipiirta dans l'arche des pousses pour replanter les figuiers. Le proverbe
m~lD bDX'^ rï:î<n l^n; (Prov.. xxvn, 18) suppose également une culture ancienne.
— D'après Gen., m, 7, le?- feuilles de fi;ruier se seraient trouvées dans le paradis
terrestre. U est vrai que, d'après l'exégèse apologétique, il ne s'agirait pas de la ficus
carica, mais de la Musa Pavadisiaca de l'Inde. Seulement celle-ci n'est pas une
espèce de figuiei-, et ses feuilles sont si grandes qu'on n'aurait pas eu besoin de les
coudre. [Elle ne peut pas figurer dans la Gehèse pour des raisons tirées «le l'iiistoiie de
la botanique.] Voir Lovv, Aramàische Pflanzennamen, p. 336 ; cf. Dillmann et
Delitzsch, ad loc. — Les Israélites trouvèrent sûrement le (iguler cultivé en Palestine
quand ils conquirent le pays ; le fait est formellement mentionné pour l'olivier et le
figuier dans Deut., vi, 11 ; viii, 8; Jos., xxiv, 13.
5. T. Detnaï, i, p. 45, I. 12, où les figues croissant dans un jardin, donc cultivées,
sont opposées à celles qui poussent dans la vallée |n7p33). — Dans T. Dem., i, p, 45,
I. 8 ; j. Dem., i, 21 c, I. 22 d'en bas, il est dit formellement d'une espèces de figues,
les 1^rT"«23, qu'elles sont a gardées >> ; elles ne sont donc pas sauvages ; ailleurs les
■{^n^'iD sont considérés comme étant sans maîtres [Maimonide sur Demai, i, 1).
6. Voir ch. ii. — Cf. Plut., Rom. 29, et l'expose, d'ailleurs entièrement inexact, de
Magerstedt, p. 181-2.
7. Bicc, m, 1 ; j. Dem., i, 21 c, 1. 20 d'en bas.
218 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
nom de «sf^p !mia ^ nest pas non plus exclusivement planté de
figuiers ^. Le champ réservé à la figue est désigné par D''rNn nna ■*.
Il est considéré comme 1^» rr^a lorsque trois arbres au moins
couvrent la surface d'une mkd ^ Quelquefois le figuier est dans un
vignoble ^, on laisse alors les sarments grimper autour du tronc ^.
Le champ qui porte des figuiers est parfois aussi un pâturage ^
Souvent les arbres s'élevaient, comme aujourd'hui encore, tout
près des murs. Plantés dans la cour^ ou dans le jardin ^, ils étendent
parfois leurs branches jusque dans les ouvertures des fenêtres des
maisons "•. Dans les champs se trouve quelquefois une cabane '*,
qui sert de demeure au cueilleur de figues '- pendant la cueil-
laison. D'ordinaire on emploie toujours les figues d'un champ au
même usage '^.
Le figuier est d'une grandeur assez considérable ; il porte une
couronne de feuillage touffu ''', qui projette une ombre épaisse'^,
i. Sur le rapport de NlS^p avec les figues, voir cli. m, p. 227, notes 2 et 5. Dans T.
B. M., V, 391, 1. 15, il y pousse des pommiers et des grenadiers. — Peut-être faut-il
en rapprocher mif^p mUJ, dans Maas., m, 4, d'après d'anciennes éditions et l'éd.
Lo-we. M. a my^îCp. Sur le sens, v. cliap. vu, s. v. ny^SCp.
2. Le sens est « champ (de fruits) d'été ». Voir la note précédente et ch. ni,
p. 227, n. 2 et 5.
3. T. B.M., IX, p. 392, 1. 21.
4. 2500 coudées carrées (Samter, traduction de Zeraïm, p. 81). — Ils doivent pro-
duire au moins autant de figues qu'il en faut pour faire un gâteau de figues ("1D3
nb^3T) du poids de soixante mines italiques, pour qu'on retourne à cause d'eux tout le
champ ; s'ils produisent moins, on se borne à creuser sous chaque tronc [Scheb.,\, 1, 3).
5. Luc, xm, 6. Cf. Bauer, Volksleben im Lande der Bihel, p. 139. On a vu que
la figue et le vin sont souvent réunis rians la Bible (p. 216, n. 4.
6. Kil., VI, 4 : rîD"'Nn n^p73 b>' rjbT173 "jDJ ; de même pour le sycomore iibid.],
le plD l'ï'^N (A'(7 , VI, 3) et le « feuillage » [ibid. : riT'.D^DN, v. Krauss, Lehnuorter.
Il, 106). T. Kil., IV, p. 78, 1. 30. — T. Dem., m, p. 49, 1. 17: n"'2"^Nn "'ip"'y
D"'n:3' m'bnT.
7. j. R. II., II, 58/;, 1. 23 (pour des bœufs).
8. Maaser., m, 8, 10 (-i}:n). Cf. j. Maaser., ii, 49 (/, I. 11 : rtUIÎ Nirrtî lin"^
nxnb.
9. Maaser., m, 10 ; T. Maaser. , ii, p. 84, 1. 12.
10. T. Maaser., ibid.
11. T. Erotib., m, p. 142, 1. 19-20; T. Soucca, i, p. 192, I, 15 ("j^Sf-^prl r310~.
12. Y'^-'-p, v. ch. m (p. 229, n. 6) ; y:L^•;i {Ber., 4ia, I. 23). j?l.
13. Chaque espèce de figue ne se prête qu'à un emploi (T. H. M., ix, ]>. 392, I. 22
et s. t. On l'emploie soit à des my^lïp (v. chap. vu), soit à des nnaT13 (ibid.), soit
à une n5'^3T (ch. viii). Il semble que des usages fixes régnaient à ce sujet dans les
différentes localités, ce qui s'explique sans doute par les difTéTences des espèces.
14. Il est étroit en bas et large en haut : nami rT:27a"?73 niSTp'i) 1T n3"^Nnr:
nbyn'57: (Canl. r., 30, sur n, 13 .
15. j. R. II., n, 586, I. 23. Cf. le récit de Pes., 11W> en haut. Dans j. Rer., ii, 5c,
1. 11, 11'? docteur? sont as(»ii soub un llirnier. On s'asseoit couramment sou» le Ryuief
h pM9i> rie «on ombre (Zaoh., m, lo)i
LA FIGUE EN PALESTINE A L'ÉPOQUE DE LA MISCHNA 219
dans laquelle on peut se dérober aux regards '. Dès le mois d'Adar
(mars), la couronne atteint son plein développement 2. La produc-
tion de chaque arbre est naturellement variable': néanmoins la
grosseur et le nombre des fruits qu'un arbre produit en moyenne
sont un objet d'admiration '. Comme tous les arbres fruitiers^, il
ne doit pas être abattu aussi longtemps qu'il est productif*'. Il est
mauvais pour larbre d'en cueillir les fruits à contre-temps''.
La reproduction du figuier se fait au moyen de plants*^. Le jeune
plant, comme pour tous les arbres, s'appelle î^:'■'a^^ nom qu'il
conserve jusqu'à la sixième année'". Le jeune arbre est traité
avec soin 'S jusqu'à ce qu'il pousse de grandes racines'-. Celles-ci,
tout en étant tendres '•\ s'enfoncent profondément, même dans un
sol pierreux^'. La jeunepousse s'appelle, comme labouture, mm-^'^
1. Nathanaël st-tonne qu'on le voie du pied du figuier (Jean, i, 49, 51).
2. Sanh., 18 è en bas : quand le bœuf se réfugie à midi à l'ombre du figuier contre
la chaleur, on est en Adar.
3. V. Scheb., i, 4 : avec les fruits d'un seul arbre on fait un gâteau de soixante
mines italiques ; on envisage aussi le cas où un arbre produit beaucoup plus ou beau-
coup moins.
4. j. Scheb., i, 33 6, 1. 33 : rîa"in n'*i3iy. Sur la quantité immense (fort exagérée
d'ailleurs) des figues en Palestine, v. Be/-., 44a, 1. 22 et s. : rr^lU "''îDO î^lDI Û"'Oï5,
soixante myriades d'écuelles de thon [non de thon, mais d'alose, clupea alosa. Voir mes
Fiscknamen, n" 51] pour les cueilleurs de figues. — Cf. Pline, XV, 19 : en Hyrcanie un
arbre produit 270 myriades, soit 2360 litres ; idem, VII, 2 : dans l'Inde il y a des
arbres qui nourrissent tout un escadron.
5. Voir Monaisschrifl, 1906, p. 579.
6. B. K., 91 b en bas: un homme meurt à cause de ce péché (N53 NrDNn "j^pl
nsat).
7. Cant. r., sar \i, -2: ns"'! nb nc nn3i3'3 nap'53u: 1WT3 HT nrNnn
n3"«Nnb r-n nb yn nnsiya ntapbs nrNu: itstst nrxnb.
8. KiL, I, 8 ; Orla, i, 9. Cf. Gen. r., xxxi. (éd. Theodor, p. 284, I. 10). xvxvi.
9. T. Scheb., i, p. 61, 1. 16. Il parait produire de très bonne heure (Magerstedt,
p. 193).
10. Ibid. (U5'*5 nn) ; baraïta dans j. Scheb., i, 33c, 1. 14 (u:ï) nsa) ; j. Orla, i,
61a, 1. 45.
11. Sur l'entretien des arbres en général, yoir Monatsschrifl, 1906, p. 574-578. —
On arrose le jeune arbre par en haut (T. Scheb., i, p. 61, 1. 19). Le figuier adulte
demande moins de soins, v. Bauer, op. cit., p. 143, qui cite à ce propos un proverbe
des Arabes de nos jours, p. 138 : la vigne est une noble dame et le figuier une pay-
sanne endurcie.
12. T. B. .M., IX, p. 392, 1. 18 (jusqu'à ce qu'il arrête le soc, c'est-à-dire qu'il ait
de fortes racines).
13. j. Ab. z.,iiï, 43a, I. 20 ; j. fie/., ix. 14a, 1. 29. [Gen. r., iiir, /. f., p. 126
Theodor.]
14. j. Taan.,i, 646, 1. 13 ; j. Ab. :., ibid. ; Yalkout, II, 15 6. Le figuier pousse
souvent sur un terrain pierreux (Palladius, IV, 10 ; Coluraelle, V, 10 ; Schneller,
Kennsl du das Land ? p. 95)i
*8i mn^- »eol : J. iWrtd*., tr. BOrf. 1. 43, 4-5 1 ■^î'^xn l^;» ■nn*'^; A^i/., t, 8; Orlût
) 9 i Oukuin^ 111, 8 I »ou<^i tS8 H rn haut, 180 6 | T. Kil. /, l, 071, li I» ( n'^n^
220 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
On connaissait l'art défaire reprendre de jeunes pousses arrachées ',
pourvu qu'elles adhérassent encore à l'arhre par Técorce ^. Les
branches s'appellent nmo^, une branche porte aussi quelquefois
le nom de n-'aitt '. Le bois du hguier, plein de sève, n'est géné-
ralement pas employé à être brûlé, comme provenant d'un arbre
fruitier -^ L'arbre est abattu quand il nejproduit plus de fruits ^.
Les fruits poussent directement sur les branches ' aux coins des
feuilles. Leur queue s'appelle yp-^y^, plus rarement n'n:ûi::D^ son
épaisseur varie suivant les espèces ^^.
rT'T b'iO : j- Ye/)., v, \5d, 1. 40 ; b. Yeh., i22b. Appliqué seul à TT3N : Orla, i, 9 ;
j. Oda, 61c, ]. 5 ; T. Orla, i, p. 44, 1. 19 ; j. Kil., i, 27a, 1. 48. Pluriel ''•"lU'^''
D'iINn : T. B. A'., vi, p. 356, 1. 13 ; j. B. Â'., oh, 1. 66 ; b. B. h., '69a, parallèlement
à D''jD3 "^abl'D et par opposition à l^iz et à 1013 [Surculus (Varron, De re rustica,
I, 41, 4) — Le mot est conservé dans Taraméen chrétien de Palestine ^Scliultliess, s. v.
eiw~a< avec suflixe, sur Matth., xxiv, 32 x).â5o; ; Scliulthess, Lex. Syrop, 82).
L'étymologie reste obscure; la racine iriN, proposée par Jastrow, celle de ;^, indiquée
par Levy, et celle de mn sont également inacceptables.] i.e passage de Sanh., 41a,
en bas, «il le transperça avec une branche de figuier», doit s'expliquer, d'après
LOw, par une impropriété d'expression.
1. Sur l'emplâtre et d'autres remèdes, v. Monalssc/irifl, 1906, p. 578.
2. Oukcin, m, 8 ; T. Kél. /, i, p. 570, 1. 15 ; IhiilL, 128 i en haut, 129 6.
3. T. Yoinlob, iv, p. 270, 1.9 (a"":"':<n ^DIO) ; baraita dans j. Beça, iv, 62c, 1.25
(D*'3''Nn mDIO) : baraita dans Soitcca, 13 6, 1. 22 ; T. Maasser., m, p. 84, 1. 23 ("<DTD
m'^Xn). Cf. Lament. r., s. v. □''"nn3 ; Luw, op. cit., p. 390. [Mattb., xxiv, 32 :
OM.sa«c>. Delitzsch traduit par Ï^D'y, mais TT^DID aurait été plus exact,]
4. Tarn., ii, 3 : r;;"'î<n ?'û nT^3~l73 d'après la leçon de l'Aroucb (éd. Lowe :
riTi3~n7:3 ; la même leçon [et moins bonne] dans Soucca. iv, 5 ; b. Sottcca, 45 a :
Sifra, 76, 1. 20 ; — forme araméenne dans j. Scheb., i, 33c, 1. 15: NP"'3~l73 N"^n
■^T^Dn N^nN Nnj"'i<n, « une branche du figuier qui porte vite des fruits », = j. Orla,
I, 61a, 1. 45, 1. : NîT'TIW (avec a adouci comme souvent en araméen d'après Levy).
Dans T. Men., ix, 526, 1. 25, passage parallèle à Taan., ii, 3, r;:"»i<n blD nv~l31?3
est à corriger en m''3~l73. [Levy. a rapproché avec raison de ce mot le syriaque
|£<.«dUo, dans Ez.. xvii, 4, hébreu mp*;"*, Targoum Nn«3;:3 ; le sens doit être
celui de o branche », non une pousse nouvelle, mais un rejeton ligniGé, ce <iufi le
Targoum exprime par NP'OQO, (Pseudo) Saadia sur Rerach.. 56, éd. Wertheimer,
par j.^1 v^^ . glose de Nn'^n'd:.]
5. Tarn., ii, 3 ; T. Men., ix, p. 526, 1. 23 ; Sifra. 'h, I. 20. Il s'agit seulement de
certaines brandies qui tombent ou qu'il faut tailler.
6. Luc, XIII, 7.
7. Voir le passage cité n. 3 : □■»3"'i<n nnm "^NH ■'D10. et j. Maasser., 50a.
1. 43, 45 mn^^).
8. Sanh., v, 2: Cï'^iin "'i^pTS-' : Ou/icin, i, 6. Se dit aussi des figues séchées
n">-iaT-l5 et de l'esiièce appelée 'j'^O'^b'D (Oufccin. ib. ; Ter., xi, 4).
9. Se dit seulement des nTO m33 : .-16. z.. i. 5 : j. Ah. z.. 39c. 1. 35 (b. Ab. z.,
136 en bas : mnuiaci ; 14a en haut, corrige 130 inTI-miUDI). Krauss, M, 441,
veut rattacher n tort le mol à "'T^U'^D. uÉTaupov, « perciio ». L'étymologie et la signi-
licatiou restent douteuses. Cf. plus loin, ch. v.
10. C'était, parait-il, un critérium {Sanh., 41a, en bas : Y?"^ ÎT^Îtpi:» IT nS'^Nn
LA FIGUE EN PALESTINE A L'ÉPOQUE DE LA MISCHNA 221
L'arbre peut être endommagé par les oiseaux, qui picorent les
fruits doux'. Le tronc et les feuilles doivent être débarrassés des
chenilles- pour que les figues ne deviennent pas véreuses^. On doit
enlever les fortes sécrétions de la figue'*, parce qu'elles peuvent
faire pourrir le tronc 'K Une maladie propre aux figuiei-s paraît être
récorcemenl ^ ; on y remédie en enduisant les parties malades de
terre glaise '. A certaines années les figuiers produisent peu de
fruits ou même n'en produisent pas du tout, ce qui peut être attri-
bué aux causes les plus diverses, par exemple au défaut de féconda-
tion par les insectes.
IL — Le fruit et les soins qu'il réclami:.
Il est défendu de greffer une espèce de figuier sur une autre".
Mais il est permis d'améliorer une espèce en greffant des branches
meilleures sur des arbres sauvages '. De la greffe il faut distinguer
l'opération appelée fécondation par la guêpe du chêne à galles.
Comme la figue fait partie des plantes unisexuelles, dont la fécon-
dation dépend du vent et des insectes, on peut en augmenter le
1. t. Ter., vu, p. 38, L 26 : rî^'^Nna "ip^w ~;1S"^^ HN"! ; Je môme pour la datte
(ib.). Cf. Magerstedt, p. 194. Les oiseaux s'atta((uent surtout aux extrémités des fruits,
qui sont douces.
2. i.Ber., ii. 5c, \. 15.
3. Baba Batva, vi, 2: rirbinM. Cf. Pline, XVII. 37. C'est sans doute duri
insecte de ce genre (ju'il saisit dans Sabb., 90 a en bas : ■'3'^Nm HD ; on exairèrp
d'ailleurs son action : 5"'2Np 7! "in i:nT^ 13-n rr^rp ^TT' mm Ni^w'rn Ninn
W? no rr^bap rrb n7:x a-'rxrn •«::■' V^^ip ""2-. n-'b -irN ■'r^n Gi^'op.. x,
46. La figue ne reçoit pas de vers [uxw/rXi si on enfonce la pousse xXdôo;) qu'on veut
planter dans une scille (irxtXXa) ; Tlicopliraste, II, 7; Lenz, 293; Pline, XVII, H;
Atliéuée, m, p. 77 ; — Kilaïm, i, 8. J'examine ce passage dans mon travail sur 32£n,
Levy-Feslschrifl, 47 et s.]
4. Chez les Grecs et les Romains on les em|)lo.\ait comnn' présure pour faire du
fromage (Iliade, V, 902; Pline, XVI. 70).
5. T. Scheb.,i, p. 61, l. 29: 1D">-in?:'^ ■':S73.
6. Ib. : nsbpn:^ nî'^iSr. — Sur les uunihreuses maladies du figuier, v. Mager-
stedt, p. 194.
7. //<.. 1. 30 : Z''Vi:i Y^'^-
8. j. KU., 27 6, 1. 8 : nsn'î r!;\Nn -^aa 'z>y n-nn'O nD-^xn n-'s-inb -noN-
Cette défense excluait les fantaisies horticoles en usage chez les autres peuples.
9. On le défendait seulement pendant l'année sabbatique (T. Scheb., l. c). C'est
ainsi qu'il faut entendre 'J^3''1D~;73 . Cela n'a rien de commun avec l'opération dont il
va être question. Par arbres sauvaires on entend ici réellement des plantes non culti-
vées, femelles et non mâles. Cf. .Hagerstedt, p. 140.
822 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
rendement en fécondant artiûciellement le plus grand nombre
possible de fleurs'. A cet effet, on se sert des branches du figuier
sauvage (mâle) dit caprin {caprificusi, qui portent les œufs du
cynips {Ci/nips psenes ou Blastophaga sycomori Westi'^). On
suspend ces branches ou couronnes) aux branches en fleurs des
arbres meilleurs (capriûcation) ^. La branche qui sert à l'opération
s'appelle mnn'. Quand les insectes surviennent, ils transportent
le pollen sur le pistil de la fleur femelle et produisent ainsi la
fécondation '^.
Les figues jeunes (D''as) sont ointes dhuile pour mûrir plus vite*,
1 . Un arbre ordinaire qui produisait 25 livres avant la caprification peut en
produire ensuite de 250 à 280 livres.
2. V. Magerstedt, p. 181-182, où l'insecte est nommé ']/tîv, culex ficarius (Pline,
XI, 41). La littérature talniudique n'en fait pas mention et il est invraisemblable que,
comme le veut Lewysohn, Zoologie des Talmud, p. 305, cet insecte soit identique
avec celui qui est nommé rîD dans Sabbat, 90 a en bas, attendu qu'il s'agit cviilem-
ment dans ce passage de ligues inûres
3. Elle est interdite pendant l'année sabbatique, T. Scheb., i, p. 61, 1. 30: 'J"<t<
'J'^Jinn 'J'^bin (pour ainn on a les lectures 'J''?3inP, 1''31P dans le Yerousclialmi
[lire '[■'Dirij, T^ain (Lijw, p. 391,, iTIin^. La branche du figuier sauvage (mâle)
s'appelle mnn ; cf. i.,Scheb.. iv, 35/!>, t, 3 : n3"^5m (?) ~\'^'Z n^Nm -iirr" Ti""»
[pour naC il faut lire nUTJ lî^rT^LÛTD), « figuier sauvage », cf. nurcjn E]!?. l'flan-
zennamen, 109.]
4. V. note précédente et Low, ji. 391-392. En syriaque le caprificus s'appelle JLsoL
[Payne Smitb, 4403). — Il est probable que mnn a pris un sens dérivé de l'emploi
de la biauclie et est devenu le nom de l'arbre niàle en général. Low, Jev: . Encyclop.,
X, 80 (« 'J"'Dinn M, I^DTn : Caprificus, ivild varieties of ficus carica »], paraît y
voir aussi le nom d'un arbre [Non : le caprificus est la plante mâle, la figue comestible,
la plante femelle, Helin, 6" éd., p. 99].
5. C'est ainsi qu'il faut entendre la question tant controversée de la caprification.
V. les travaux du comte Solms Laubach et l'addition importante dans la Botanische
Zeilung, 1885, n" 33, 36 (« Die Geschlechtsdifferenzierung des Feigenbaums ») :
a 11 est vrai qu'il se forme aussi assez rarement du pollen chez le caprificus, mais le
plus souvent il a des fleurs mâles. Cette caprification. qui a été inventée par les Sémites
de la Syrie et de l'Arabie, est la condition préalable d'une culture rationnelle. » Cette
théorie de la nature du figuier, qui dislingue des arbres mâles et des arbres femelles,
ne s'est imposée que tout récemment ; elle constitue un retour à Linné (Hehn, p. 99).
[La capiificatioii était peut-être indisiiensable primitivement, mais aujourd'hui elle
n'est pas pratiquée partout et il semble que le figuier cultivé ait acquis la capacité
de produire des fruits savoureux et dou\ même sans sauiioudrement d€s tleurs et sans
formation de semences i-'orniinatricrs (Meyer, Konversnlions-Le.vicon, s. v. ficus).
Z.D.P. y., XI, 79]
6. Scheb., II, 5 : DmX a"'3p;73T -"^^Dn rî< 'j'^DO ; T. Sckeb.. i, p. 61. 1. 25.
Cf. Baucr, op. cit., p. 142 : « Pour li;\ter la maturité des figues en juillet et pour
pouvoir apporter le plus tôt possible au marché des fruits mi^rs, les fellahs ont cou-
tume d'humecter l'extrémité des figues, lorsqu'elles pendent encore à l'arbre, avec une
goutte d'huile. »
LA FIGUE EN PALESTINE A L'ÉPOQUE DE LA MISCHNA 223
et, pour mieux faire pénétrer l'huile, on transperce les fruits * . Ce
procédé nétait d'ailleurs pas en usage partout ^.
III. — La cueillette.
Les « fleurs >> ^ du figuier, si l'on peut appeler ainsi les ovaires qui
s'épanouissent, sont imperceptibles: au même moment où il a ses
ovaires, ses branches se remplissent de sève^ Les bulbes, d'abord
vertes, prennent peu à peu une teinte rougeàtre (^n-i-iTH)"; elles reçoi-
vent alors le nom denjD^ La maturité est désignée parle verbe 'Dnn".
1. Ibid., T. Scheh., l. c. \. 27, où il faut adopter la variante ';-»3pD73 pour '{■'napT:.
Ces figues s'appellent mapir: mDTO D'^j^NP j- Bicc, i, 63d, 1. 71). — Il paraît
que les Qgues acquièrent en même temps de cette manière un goût agréable (baraita
dans Ah. :., 50/): 'J'^TsasT;;. — Peut-être Palladius, IV, 10, songe-t-il à cette
opération. Cf. Magerstedt, p. 195. [On accélère de beaucoup la maturité des fruits
lorsqu'on leur verse dans 1' « œil » une goutte d'huile, dès qu'elles ont pris toute leur
croissance et qu'elles commencent à se colorer. Ce procédé est tout-à-fait infaillible ;
les fruits ainsi traités sont mûrs en huit jours, les autres quinze jours plus tard
(Meyer, Konversations-Lexicon, s. v. ficus).]
2. Scheb.. L c.
3. j. Scheb.. V, 3:i(/, 1. 26 d'en bas : Din, qui signifie ici « avoir des ovaires » ;
d'après Fleischer apud Levy, Neuh. Wh., II. 260, t avoir des fruits mûrissants et rou-
gissants )) (Cantique, ii, 3). [Il ne saurait être question, à proprement parier, de fleurs,
mais seulement de l'apparition des embryons des fruits, c'est-a-dire des bourgeons
latéraux en forme de massue ou de poire, à la paroi intérieure desquels sortent les
pédicules en fleurs, dernières ramilles du bourgeon (Kerner, P/hinzenleben. 1" éd.,
II, p. 143). Voir une description du Uguier fleurissant dans Bâcher, A.b.A., 134,
partie allemande.]
4. Matth., XXIV. 32, et Marc, xui, 28; cf. Luc, ixi, 29-30. De même Maimonide
expliquant ITT^lT", Scheb., iv, 7. — Cf. Bauer, p. 141.
5. Scheb., IV, 1 : "in"<-iTrî ; M. id-'-it"'. Comment. : "l'îiOD n'rnn irJTT ir"'!»".
Simson de Sens : ttJncn nb mv\ ";tcV72 b^nb n3^nn"'C/J.
6. Ibid. ; Cantique, ii, 3. Sur le mot n5D, voir lAppendice de Low à la lin du
chap. IV.
7. Scheb.. IV, 7 fbna désigne le début de la maturation] ; Maas., i, 2 (R. Simson :
bma ^Tip abTJ3 nbnn . Dan» j. Muas.. I, 4SJ, 1. 32, nbn-'n est expliqué par
m73"'~N73 nrr'D Cj-'Xnn b^2^ an"»;: n72"^~î<"*",:;:c- — Dans Sidda, v, 7, le déve-
loppement de la vierge est comparé à celui de la ligue : la [letite enfant correspond à
J13D, la jeune lille à bm3. la vierge formée à bl2'£ f'uit à terme) ; cf. T. Sidda, vi,
p. 647, I. 24 (b''73X) et b. Sidda, 47a [sur bnn, syriaque l^ova, v. Pflanzen-
namen, 391 ; Bar Bahlûl, Lexicon si/riacuin, 413, Duval ; arabe Jo, v. Geiger,
Jiid Zeilaçhr., IX, 16, n. ; Z.D.M.G.. f., 291. Déjà bm3 dans la Miscliua et la
Tossefta de Sidda Haï seul a bn2l était, des Itpoque talmudique. un mot assez rare
et qu'il fallait expliquer ; quant au mot b72^, il était alors tout à fait tombé en
désuétude ; c'est sans doute un terme authentique de l'ancien hébreu pour désigner la
figue mute (ou le fruit mûr eu général), mais ou ne le retrouve pas non plus dans
les autres langues sémitiques.] — llag., oa : ^^'Z NbT b^pO TNP ; ~'s2'Z est uue
expression pour « mûrir • (v. Levy, n. v.. III, 84(J. 734a), au propre «arriver au
terme ». Bâcher, Terminologie II, 110 ; syriaque ï^ao, « mûrir ».]
224 REVUE DÉS ÉTUDES JUIVES
La maturation des fruits se prolonge jusqu'en septembre'.
La durée de la croissance de la figue est ainsi calculée - : cin-
quante jours depuis l'apparition des feuilles jusqu'à la formation
des ligues hàlives (rudiments des fruits) ^ ; cinquante autres jours
depuis ce moment jusqu'à ce que les ciÀ'jvOo-., arrêtés dans leur
développement et ne mûrissant pas, commencent à tomber, jusqu'à
ce qu'ils deviennent mbaiDn iTT^uîn '• ; cinquante jours encore depuis
ce moment jusqu'à ce qu'ils puissent recevoir le nom deû"'3''Nn^; la
croissance tout entière dure donc cinq mois ^.
Ce ne sont pas seulement ces derniers fruits, les figues proprement
dites, qu'on cueille, on fait aussi auparavant la cueillette des figues
hâtives, de sorte qu'on peut récolter deux ' et même de temps en
temps trois fois^ en un an. Ce fait a valu à l'arbre le nom de «-is"'n'.
1. T. Soucca. II, p. 193, 1. 20 : à lï-poque de la fête des Tabernacles, car on mange
alors des ligues et du raisin.
2. T. Scheb.,ix, p. 67, 1. 16 et s., baraita dans j. Scheh., v, 35 r/, 1.49. Rechor.,Sa.
3. ihid. : Y^'sr, ny ]-^by nî^^ir,r}.
i. /ètrf., m"52"i: ITT';:: iy n'^jan^û ; ms. devienne: m'?m:i itt^o, et
baraïta du Yerouscii. m2313 'j'^n'^C, ce qui donne au moins un sens. Sur les mots
"JTT'O et mbDi:, V. ch. V. [La seule leçon possible est n"l"32i;n 'jTI'^ïîrT IV ",
T^rf'iD est une corrufition inadmissible. Les ô),uv6oi qui tombent sans être mûrs
s'appellent en syriaque (Bar BahliM, 64 Duvali l^..-. jj)L. en arabe j^Jw i) ^^ÔJ! ^j,^'.]
3. Ibid. : D-'D"'î<nn IS mrm: T^rf',::?:, lire d'après Liiw (v. la note précédente),
avec la baraïta du Yerouscii. "jT^'ûriTa.
6. Rabbi réduit chacune de ces périodes à quarante jours {ibid.}. — Mais comp.
ce qui va être dit du nombre des récoltes et des figues à maturation difficile.
7. R. H.. 136. I. 13 : TîD-^n mD''-|3 "^nu: -UîiyO l'2"^i«. T. Péa. i, 18, 1. 28 et
s. : nriND "îriy^p? 'j''N : Prâ, i, 4, par opposition à d'autres arbres, qui n'ont qu'une
récolte : dattes, caroubes, olives [Yahuda : Pour les dattes les botanistes arabes
indiquent aussi deux à trois récoltes ; v. Ibn Sida ou Lisâti, s. v. *j" et ../. ]
8. Comp. le figuier de Chypre (Magerstedt, p. 181; Pline, XV, 16), les figues de
Chacis en Gœlésyrie (Pline, XV, 19).
9. Peut-être aussi est-ce une variété. On trouve en effet chez les Grecs une espèce
de figues nommée ôiçopoi (Magerstedt, p. 186. — Variantes : NIST'1. N~ID1T, grec
Siçopo; (Krauss, II, p. 201. oii sont réunies toutes les leçons), NIDT iDemaï, i, 1
[Maimonide, éd. Zivi] ; Sclieb., ix, 4 [M.: N"lD"^b] : j. Scheb., ii, 39a, L 45 ;
T. Scheh.., VII. p. 71, 1. 32; p, 72, I. 1 ; pluriel ■|">nDT'T (j. Scheb., ibid. [éditions :
'}'^"1D*7, D"^"1i:"îl:. — Etymologie populaire dans Eroub., 18a, 1. 32 : n'-Uiy 'jb"'N
m"l"'D l"'"! ; de même dans j. Scheh. Le mot se dit en liébreu d'autres arbres, v. T.
Scheb. et Eroub., IL ce. [Fr.fcnkel, Z.D.M.G., LX, 369 : JUj,> (JU^J). Dozy, s. v.,
indique les deux formes de ce mot dans le manuscrit de Leyde d'Ibn al-Awwàm
comme nom de figue. Du passage cité par lui il résulte que c'est une espèce de figues
qui mûrissent avec une précocité particulière. Or. l'arabe moderne a un mot défiir
qui signifie « figue précoce • (Lohr, Der vul;/ârarabische Dialekt von Jérusalem).
C'est certainement le même mot, et le f au commencement de la seconde syllabe est
ainsi assuré. Naturellement nous avons affaire à un mot emprunté ; il vient du grec
Sîtpopo; (<7ux^ Siipopo; est attesté maintes fois) ; la transition est faite par laraméen
N"1D"«T (Krauss. II. p. 201).]
L\ FIGUE EN PALESTINE A L'ÉPOQUE DE LA MISCHNA 225
qui primitivement ne désignait sans doute qu'un arbre à deux
récoltes par an. Il existe certaines espèces dont les fruits ont
besoin de deux^ ou trois ans- pour|mùrir^.
On considère comme figues de la première cueillette les figues
non mûres, q-^jd^. Les premières figues de la récolte principale s'ap-
pellent m-i-^33^ ; elles tombent facilement des arbres^ et mûrissent
d'avril à juin ^. Les nTiDn sont très estimées^. Les figues de la
cueillette principale sont les D"'3''î<n. Ensuite viennent les figues
1. Schelj., V, 1 : les mNDIE ne mûrissent qu'au bout de deux ans ; comment. :
a-'3"'«n T^n. Cf. t. Scheb., IV, 65, L 20.
2. Scheb., v, 1 ; c'est l'espèce nommée mï3 P"1j2 (▼oir ch. v). Cf. Ah. :., i, 5.
Le fait pour ces arbres de ne faire mûrir leurs fruits que tous les trois ans est consi-
déré par le Midrasch comme un mal que Dieu guérira un jour {Gen. r., 10).
3. D'après nos sources, le figuier produit une récolte au moins chaque année,
tandis que d'autres arbres sont improductifs à certaines années (j. Scheb., i, 336,
1.35: r::u5 bs may Nns-Nn »ir,-\ hdo n-id TtT<D v^î* n35"'N 5=). [En
dépit des commentateurs, je tiens cette explication pour inexacte, car on ne peut pas
dire des autres arbres fruitiers qu'ils portent des fruits une année sur deux. Le sens
est plutôt : d'autres arbres |>ortent des fruits année par année, mais le figuier toute
l'année, c'est-à-dire constamment. Dans certains cas, les ligues sont presque
toute l'année sur l'arbre ; voir plus loin, p. 226, n. 6. — « Vers la fin de l'hiver appa-
raissent à la partie supérieure des branches de l'année précédente, les grossi ; toutes
les autres flgues naissent des coins de feuilles des branches qui se sont développées
dans la même année ; à la partie inférieure sont les forniti, qui mûrissent avant la
chute de feuilles ... à la partie supérieure les cralh-i, qui restent après la rhûte des
feuilles à travers l'hiver » (Meyer, Konversalions-Lexicon, s. v. Ficus).]
4. T. Scheb., m, p. 65, 1. 16; Cantique, ii, 13. Cf. chap. v. — D''5D désigne
toujours des figues que ne sont pas mûres. Dans T. Schabb., xvi, p. 135, 1. 18, nSD
est mise dans la paille, ce qui ne peut avoir d'autre but que de lui donner le degré
voulu de maturité; de même j. Pes., ii, 296, 1. 26 et j. Kil., i, 27 6, 1. 44 (où bau
doit être corrigé en l3n). Cf. aussi Lév. r., 25, où "j^3d est employé adjectivement :
« dis à ta mère que les figues sont mûres et non vertes • (p'^as Nbl 1"'3"''iî33 'J'nm;.
[Le texte ne doit pas être correct.]
5. T. Dem., i, p. 45, 1. 12 (on les appelle ainsi '\12^^0 173"'\a"«U5 ny) ; j- Dem., i,
21 c, 1.26 d'en bas ; j. Sota, m, 19a, 1. 16 (nT>D3 nrt<n) ; pluriel j. fi. //., i, 56ti,
1. 19. — On trouve aussi miD3 (Low, Aram. l'flanzeiinamen, 391 ; Barth, Nomi-
nalbildunff, .§37c; en arabe SspiS, qui a passé en espagnol sous la forme
albacora). Dans la Bible on trouve n:Kn3 miDS, Os., ix, 10 : Is.,xxvni, 4;
Mi., VII, 1 ; cf. Jér., xxiv, 2 [Ter., iv, 6). A ce nom se rattache le verbe 1D3 • mûrir
de bonne heure » [Bicc, m, 1 [où M. a d'ailleurs n"nD3 rtî^Nn > : j- Scheb., ix, 39 a,
1. 5, qui s'emploie aussi d'autres fruits {liicc., m, 1 : llTOT biD'CN) ; il est du reste
vraisemblable que rîmD3 désigne primitivement un fruit liàtif en général (Sanh., 916,
en haut». — Schnellcr, Kennst du dus Lundi p. 241 et s., dit que cette ligue est
déjà mûre en juin et qu'elle est alors très recherchée, tandis que les figues ordinaires
ne peuvent se manger qu'en août.
6. Apocalypse, vi, 13; — Nahum, m, 12.
7. Résulte de l'histoire de la malédiction du figuier, Matth.. ixi, 18-20, et Marc, xi,
11-14 (d'après l'explication de Schnillcr, op. cil., 271-273\
8. Gen. r.. 22 in in. ; b. Sanh., 916, 1. 1. Cf. j. Dem., u 2lc, L 25 d'en bas:
-ittnuj •y^'::i^T, «bu: ny m-i"«33n in ib"'xi.
T. LXll, N" 121. l''
226 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
tardives, appelées mo-^D ' et mDi'''iD7D ^ ; on les trouve encore aux
arbres en octobre et novembre^. Comme elles sont souvent appré-
ciées avec dédain, il est certain qu'elles ne proviennent pas de la
seconde cueillette, mais qu'elles mûrissent après la cueillette pro-
prement dite^. La cueillette principale a donc lieu au milieu de
Tété ^. Il se peut ainsi qu'on n'exagère pas en disant des figuiers du
lac de Génésareth qu'ils fournissent des fruits pendant dix mois
sans interruption ^.
L'époque de la cueillette est déterminée pour chaque arbre et elle
doit être respectée pour que l'arbre n'éprouve pas de dommage '^.
1. T. Scheb., m, p. 6.j, 1. 16 (ms-'iO) : dans Ter., iv,6; T. Ter., x, p. 42, 1. 19,
les m"niD2 et les nTS'^'^D sont opposées comme étant les premières et les dernières
figues de la récolte principale : y^'^p 3>Ï»N- — T. Oukcin, III, p. 684, 1. 8 : "^as
moion. — T. Dem., I, p. 43, 1. 12, 13 : mD-<iDm mTïDDr; (']. : ms'^ino^o),
avec cette explication : m^'iïpTan n"5Dp"'T073 mQ"<"<or» • . -"XTi ibNT [Dans Gen. r.,
22, 5, p. 207,1a leçon ms"^"^0 est, outre l'Arouch et des manuscrits, celle de Bahya et
du Lékah Toi), voir Theodor, adloc. : mais ms^D est enraiement attesté par des
manuscrits. Avec deux yod dans T. Scheb., T. Ter. et T. Dem.. II. ce]
2. j. Dem., I, 21c, 1. 51 ; opposé à Yj^'ù; j. Scheb., IV, 3oc, 1. 10. — De la
même racine dérivent quelques termes isolés. T. Maas., III, p. 85, 1. 13 : nD'^ON
D''5"'Nn, les fruits qui çestent encore à l'arbre à la fin (se dit aussi des raisins, ihid.).
V. Schwarz, T ose fia Seraim, p. 333. Le texte est difficile. Les mss. de Vienne et
d'Erfurt, comme les éditions, ont nOTD [c'est la leçon exacte]. La baraita de j. Dem.,
I, 21c, I. 21 d'en bas, remplace PDIO par un verbe : D"'3''iSnn nD'^TiDj « quand les
figues tardives ont miiri». La baraita de b. Ves., 66, 1. 41, a ^DID (ElTO), ce qui vaut
mieux; la même forme se trouve dans j. Yeb., xii, 12rf, 1. 43: 13132 OT'p
■jifjno b\2) (1. 1D133) [?]. Citons enfin tllOD^O, j- l'éa, vu, 20 a, 1. 69 ; j.So/a, i. Hft,
1. 24; IX, 246, 1. 33: iD'»m:pT3 lï'^iDNC 'j-'pDnDTa i:%-iinbi3 ns'îDwSO qiODD ns-».
3. Il en est ainsi aujourd'hui. Comp. le proverbe arabe cité par Bauer, p. 118.
4. Ces appréciations se trouvent dans les passages de j. Péa, j. Sala cités dans
l'av.-dern. note, dans j. Yeb. aussi, où les 'J"'DTD sont représentés comme étant sans
valeur. Voir encore Gen. ?•., sur xxii, 3 (p. 204Tlieodor) : rî< bDlN ^"^HW 3'n 0''"lit
mCD nN ']b7ob TDD^JT mmaan. Le passage qui montre bien qu'outre les figues
hâtives et celles de la récolte principale, il y en avait aussi do tardives, est Ter., iv, 6 :
Y^-çiri ys£ttN3i m^-iiom m-nD-^na nb^b^rt nx □•^-lyc;» □■'p-12 rr^abuja ; de
même I.Ter., x, p. 42, 1. 19 : y2ï73M3 mmON mD"'"'Om m-nD33 -1731N apy^ '"J
m-iniT: X^'pr\.
5. Ter., iv, fi ; T. Ter., x, p. 42, 1. 19 : Y'''?'^ yi:):^^.
6. Jos., Bell. Jud., III, x, 8. La comj^araison faite dans h. Éronh., 54a-6 (?ia
D-'rNn n3 N1:17D na UJUJW?^ m^nu; pT bs 1T rrr^n) indique la richesse et la
durée de la récolte. Cf. Bauer, p. 142 et plus haut, p. 223, n. 3. [Yahuda : Même
dans la contrée de Uébron les figues sont très estimées et on les récolte depuis l'été
jusqu'en plein automne (fiu novembre).]
7. Cant. r., sur vi, 2 (voir plus haut p. 230, n. 3); j. Ber., ii, 5c, 1. 16 : b^S
ncûpib Nim anpbb nr^n b\a rsnïiy ^-!7û■'N riT* rrr^nn [ii fallait cueillir
les fruits mûrs avant le lever du soleil, sans quoi ils devenaient véreux, v. j. lier., \\,
3c : □-)■( ^33 nb a">pb V"'"'P [Gen. r., i.xii, 2 (D'^DOTS' = Canl. r., vi, 2: Koh. r..
V, 11. L'auteur du Matnol heliouna. sur Lam. r., m, 3, croit qu'il s'agit «les fruits
tombés); j. Maas.schéni, v,36a, 1. 15 [Lam.r.,m, 3 ; Crt/ii.r.. vi, 2) : «"'Dî^nb >''"ip-
LA FIGUE EN PALESTINE A L ÉPOQUE DE LA MISCHNA 227
Cependant les fruits ne mûrissent pas tous simullanément et le
même arbre porte à la fois des figues mûres et non mûres ^ .
L'époque de la cueillette principale, au cœur de l'été, se nomme
y-p^ ; elle embrasse l'intervalle qui va du 15 sivan au 15 ab (juin-
août) ^. Sur les montagnes de la Galilée la récolte se fait naturel-
lement plus tard que dans les plaines ^ Le mot y-p se dit aussi au
figuré des fruits récoltés^.
Le terme le plus général pour désigner l'action de recueillir les
figues est le verbe d:d ''. Le verbe :2pb « cueillir » ' désigne l'action
i. Hag., o«, L16 et s. : lau NDI '^m yp",an rj^'^l ^ZTI p-'aUJ. 0>n. r., XLVi
in. (d'abord deux, puis trois, etc.) montre aussi que les Ggues ne mûrissent pas à la
fois, comme il est d'ailleurs facile de le voir.
2. Jastrow, s. v., le dériTe de yip ; l'étymologie est douteuse. — Isaïe, xxviii. 4:
— Ter., IV. 6: Ned., vm, 4 ; T. Naz., i, p. 284, 1. 7 ; B. B., m, 1 ; T. Xed., iv,
p. 279, 1 12. 25 ; — araméen NU^'^p : Yoma, 29 a, 1. 2 ; j. Maas. r., i, 49a, 1. 10:
j. Tan., II, 63/), 1. 9. — j. Scheh., v, 36a, 1. 9 explication de Scheb., v, 4) n'a rien
à faire ici : il faut lire "iNa^^ûp, explication de a"^;is:"<p;^ n"^'D2C3. — V"*p peut avoir
signiQé primitivement << cueillette des fruit? v en irénéral.
3. D'après B. M., 106 h, 1. 16 et s.; Gen. r., xxxiv ; — T. Taon., i, p. 21.";, 1. 13
et s. D'après une autre opinion, du l'' Tanimouz au 1»' Eloul. Eu Italie ou cueillait
les premières figues au moment de la moisson, les dernières à celui de la vendange
(Magerstedt, p. 183).
4. T. Ned., IV, p. 279, 1. 23.
5. R. B., m. 1 : li:'>'«p PN 023 ; T.A'a:., i, p. 284, 1. 7 : y^p ■^Ijpb'^nD, à lire,
d'après i.Naz., i, 51/;, 1. 23 d'en bas, V'^'^p ■'C3pb73D.
6. Baraita dans Ned., 61 h, I. 23 : B. B., m, 1.
7. j. Srrnh., V, 22 (/, I. 18 ; Kerl/., iv, 3 : T. Kev., ii. p. 364, I. 24 ; T. Ter., 28,
1.27 : j. Maas., iv, 31/;, U 22 et s. ; T. Maas. r.. n, p. 82. 1. 29 {Kidd., n, 7) ; m.
p. 83, 1. 18 ; p. 84, 1. 12, 20 (T. Edouy., ii. p. 4.37, 1. 30) ; T. B. M., xt, p. 397, 1. 12,
13 ; Gen. r., xii, 4 (p. 100 Theodor) ; — T. /¥«. i, p. 18, 1. 27 : iru^p'^ "l'^N D'':-'Nn
nriND ; — araméen l^-^pb : j. Ber.. ii, 5c, 1. 12.
[ïûpb (biblique) s'em[doie avec
31TN T. Para, xi, p. 640, I. 7, 8;
31-inN T. Ter., ii, p. 27, 1. 10 ; T. Scheb., iv, p. 67, 1. 19. 22, 25 ; T. Ouhrin.
i, p. 687, \. 4 ; Bicc, ii, 6 ;
-im J. Dem., 2id. 1. 36 ;
pybT T. Ter., v, p. 32, 1. 78 ; '
^Unp ';■<■' T. Siiucca, m, p. 197, 1. 19; T. .Ueïla, i, p. 33S, 1. 12.
pn-i T. Ter., m, p. 29, 1. 12 ; ii, p. 27, 1. 8, 9 ; T. R. II., p. 209, I. 17 :
T. Scheb., vi, p. 70, 1. 10, 11 ; — mpT^ : T. Scheb., v, p. 68,
1. 12, 23 : VI, p. 70, 1. 9 ;
mn^ T. Dem., iv, p. 51, 1. 7;
(m"'''n73 C*5C j. .Maaser., iv, 51 6, 1. 61 ;
■jr Mechilla, 47/; ;
myr T. Maas. Sche'ni, ii, p. 88, I. 17. 19; T. .1. Z., vi, p. 469, 1. 26, 27 ;
•{■''C'îiy T. Oukcin, m, p. 688, 1. 29 ;
rr^T'y t. Scheb., v, p. 68, 1. 25 ;
m73i:>' j- Nazir, m. 32 1/, I. L"! ; T. Sanh., ix. p. 429, I. l'i. ; j. Saiih., l-id.
1. 54, 58, 60, 60 et s. ; j. Ves, 36/;, 1. 23 ; T. Meç)., iv, p. 226,
1. 15;
228 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
d'enlever soigneusement chaque fruit de Tarbi-e. Le terme spécial
qui indique la cueillette des figues est n"iî<'. On trouve encore "ns
dans le même sens'.
3-ipy yp-\y j. A. Z., II, 40 f/, 1. 21 ;
m"iT12C1 "icy T. Schal)b.,x\i, p 135, 1. 17 ;
Din^3> T. Scheh., ii, p. 63, 1. 17; T. Voma, n, p. 189. I. 23 ; j. B. B.,
15 «, 1.11, 35 ;
D"'nwyT a"»i:y t. m. k., i, p. 230, 1. 2 :
m-l-'ï: T. Schabb., ii, p. 113, 1. 10 ; xvi, p. 135. I. 15 ;
';-'-n"l"iD T. Bec, VI, p. 13, 1. 18 ;
D"'naNT m-'bp j. Ket., II, 26r/, l. 71; j. Kidd., i, 60c, 1. 30 :
•jiNI^P T. Sanh., xi, 431, 1. 25 ;
nl;D1U3-'P T. Scheh., ii, p. 63, 1. 18 ;
-I3DD-1 nnu: Ibid., p. 62, 1. 29 ;
a-^-nrC T. Ket., V, p. 267, 1. 9 ;
D"^j^î<n voir plus liaut.]
1. Scheb., I, 2 et j. Scfieb.. i, 33 6, 1. 8, 1!) : ^hO'\ mi^n : — T. Schabb., ix,
p. 123, 1. 3 ; baraita dans j. Schabb., vu, 9 c-, 1. 6, 10a, 1. 35 : "iJlinm HSilprî
liiip mu:» pribis n-iiNm ^nbnm -niai ponri ; bar. dans Schabb., 12 b,
I, 29; B. M., 89 b, l. 12 (variante : li-my) : T. B. B , iv. p. 403. 1. 26-27 ; j. B. B.,
V, loa, 1. 58-59; B. B., 82/v, 1. i. Gen. r., xlvi in., montre qu'il s'agit là aussi de
cueillir les Ogues une, à une. — Dans Npmbr. r., xx, 7, le mot niN (Nombres,
XXII, 7) est interprété rj;"'Nnn TN miN NinC D^ND- [Yelamdénoxi, R. É. J.,
XIV, 94 ; Tanhouma, éd. Buber, Bahik, 6; TanJiouma, Balak, 4; Midr. Agada,
ad loc, p. 113 Buber.]
2. [.Non.] A'ejf., 11, 4, à côté de D"'P^T pD173 [signifie ici a piocher «, v. Maïmonide
et R. Simson, ad loc] ; — T. Scheb., viii, p. 72, 1. 15 et s., avec "I2t3 et pD73i
T. Maas. 11, p. 83, 1. 22, avec -n^ et 'POW, indiquent clairement une cueillette
de figues. De même T. Scheb., via, p. 72, 1. 17, où la récolte et la préparation des
figues sont décrites brièvement : on loue des travailleurs, on cueille (my) les figues,
etc., B. M , 89 6, 1. 12 (dans les éditions on a aussi 'j'^mN ; Sifra. 636 ; T. Maas.,
II, p. 83, 1. 19, 22 ; T. Ber., iv, p. 12, 1. 18. Ailleurs ce verbe signifie sarcler : B. K..
119 6, l. 3 d'en bas ^rnpT'n "n^'); Scheb., 11, 2 (mxCpT^n) : de même j. B. B.,
III, 14 a, 1. 21. ["ny ne signifie jamais sarcler, arracher (avec la main) les mauvaises
herbes (U33"'j). mais piocher avec la pioche (Vogelstein, Landwirtxchaft. 37, où l'on
trouvera les textes; ajouter j. Maas., 11, 50a, 1. 12 (miyn), T. Scheb., 11, p. 63,
1. 19 (-imy); T. B. M., VII, p. 386, l. 4, 13; B. M., 896 (miyb) ; Mechilla, 416,
1. 33: j. Schabb., vu, 9r/, d. l. ("nj'Ta'..] Mais c'est surtout l'expression •yiy
mp"T^3 qu'il est difficile d'exiiliqucr ainsi : on ne peut pas soigner les légumes avec
la pioche.
[L'exposé présenté dans les deux notes qui précèdent est inexact. Le terme tech-
nique pour la lécolte des figues est mN (Biicliler, Am ha-Aies, 217, n.), qui, d'après
l'ingénieuse conjecture du Gesenius, 14' éd., se rencontre déjà dans Isaie. xxviii, 4,
dissimulé dans nN"in (Saadia voulait le retrouver dans mT'NTS, Isaie, xxvii, 11.
voir Gciger, Wissensch. Zeilschr., V, 284). Les termes tochnlques pour la récolte des
ditl'ércntes espèces de fruits sont : mN pour les figues, na (■^^5) pour les dattes,
"1ÎÏ3 pour les raisins, pD7J pour les olives. Là où nos textes portent ")iy ipiand il
s'agit de la récolte des ligues, il faut, avec R. Elia Wilna. restituer ms : T- Ber.,
iv, p. 11, 1. 18 (où la remarque de R. Klia manque): T. Maas., 11, 83, 1. 22;
Maaser., 896 (l'Arouch et un ms. apud Rabbinowicz ont conservé "J^IIN); T. Schabh.,
LA FIGUE EN PALESTINE A L'ÉPOQUE DE LA MISCHNA 229
Le verbe n^p ' ou y^p-, « couper », peut aussi comprendre le fait
de couper les figues de l'arbre. On ne peut dire si, par y^:i.p'>z^, le
couteau à figues, il faut entendre aussi un outil servant à couper
les figues ou à tailler l'arbre. La fin de l'été est, dit-on. marquée
par le fait de replier le y^^£'p'a^.
Dans les plantations étendues il était naturel qu'on louât des tra-
vailleurs pourla cueillette '. Celui qui cueille les figues s'appelle y^]?*^.
Il semble avoir porté pendant son travail une sorte de jambières '
IX, p. 123, 1. .3 (mi3>m est une mauvaise lenon] ; j. Schuh/)., vu, 9c, 1. 1, 10a,
1.36; Schafib., 73 A (R. Hananel, sur 74 «, lit nilN"); T. Scheh., vni, p. 72, 1. 17;
Nahmanide, Behai\ 108 6, lire ■{-■"lIN pour "["^miy (la correction de R. Llia indiquée
dans l't'd. Romm est une faute d'impression : lire ^i^îî pour l'^^Tn) ; — nV373
ibOT rn-nxr: : Scheh., i, 2 ; j. Sclieh., 33 6, 1. 8, 19 ; T. B. B., iv, p. 403, 1. 26-27 ;
j. B. B., v, loo, 1. o8-ba ; B. B., 82Z», 1. 1 (Rabbinow. : TTlN, c.niino Mafîen.
Kehounna sur Nombres r., xx. 7, quoique le niùiiie auteur, sur Gen. r., xlvi in.,
cite miN' : PT^TIN. nom d'action de rT"lN (Bâcher, Tanchum, 140 ; Levy, s. v.) —
Malgré Levv. 111. 238, et Jastrow, 834, 1439, il faut rattacher à notre terme le passage
de j. Maasser., i, 49a. 1. 11 : nirpi^jnc r:''"';c m-m?: 1-n"<'i:73.]
1. Scheb., VIII, 6; Sifra, 106a., I. 3: r!:i:pn733 imx )'''Z^•p '\''H (pour riiipi^û
lire yi^piû : on ne doit pas couper avec le couteau à figues [mais ;ivec l'épée ;
usage archaïque à cause de l'année sabbatique). Vu le contexte, il est vraisemblable
qu'ilsagitde couper les figues; mais comp. ce qui est dit de "^"^rip : — j- Sc/ieb.,
vm, 38 6, 1. 2.Ï : Para, vu, 12; Maas., m, 1 : mirp'^ 1"i^n2 DTNn "l^D^Tan
signifie probablement " pour en faire des m3'"^2ip (cf. ch. vu) et il faut lire yiltp? ;
— Maas., II, 7 : r,-j:-''i^';>r, r^yo, lire rty:ij>rt; mjcp'î, hre mirp'?. Dans y-py
nnoa "S'^XP ibaraïta dans B. A'., 70 b, 1. 21 ; San/i., Ha en bas) le sens de vpy
est douteux. — T. Teb. Yom., ii, p. 686. 1. 3, un texte a '5C3i;, un autre rtmp (ici
« couper »).
2. T. .Maas. r.. ii, i». 84, 1. 1 ; Ber., 44a, 1. 23 ('n •'illTipl ; R. M., 21 h, 1. 13
d'en bas. même sens que nilp-
3. T. Dem., i, 4.5, 1. 13 ; j. Dem., i, 21c, 1. 24 d'en bas ; Scheb., viii, 6 (éd. Lowe :
rîXpi72) ; j. Scheb , viii, 38 6. 1. 25; Men., oib en haut, 35 a, 1. 5; Ned., viii, 4;
Sed., 61 b en bas, 62 a en haut. Cf. ch. vu pour la véritable signification.
4. Cf. dans la note précédente les passages de j. Demai (explication de mD''"'073),
\ed. et T. Déniai. — On trouve la variante rîiîp173 dans Scheb., vm, 6; j. Scheb.
viii. 38 b. 1. 25.
5. a'>b3>lD : B. .)/., VII, 4; 7?. M., 896, i. 12; Maas., ii, 7 ; m. 12 ; T. Maas. r.,
Il, p. 83, 1. 19; T. Scheh., vm, p. 72, 1. 17 ; — T. Ber.. ii, p. 4, 1. 3 et s.
6. Dénominatif de y^p. « récolte des fitrues »; T. Eronb.,ui, p.l42, 1. 19 ; T. Soucc,'
I, p. 192, 1. 15; j. Kidd., iv, 66(Z, 1. 8; Kidd., 82 6, 1. 13; j. Ber., iv. 8 c, 1. 36; —
araméen îo^'^p : j. Schabb., vt, 8c, 1. 15 d'en bas: — on trouve aussi V^lp .' Ber.,
41 a. 1. 23 cf. p. 218, n. 12). [y-^p "D::, Midr. Tunnaim, p. 22 Hoffmann; T. Kidd..
V, p, 343, note sur 1. 13 = j. Kidd., iv, 66 rf, 1. 8: Kidd., 82 6; Z. S. T. VV. ,
\I, 168.]
7. Kél., XXIV, 13 : 'j''SÏ''p 1"^rp"ID (D'après R. Simson, il s'agit de celui qui
ramasse les épines) ; Frànkel, apitd Krauss, II, 496 [7:£p'.y.viG!i.'.ov, «jambière »];
T. Kél., II, II. p. 592, 1. 27 : p-^'j^-is; — Ke'l., xxvi, 3 : br myaaSNn -•'n 53
230 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
et un tablier ^ A l'époque de la récolte il dormait dans le champ *.
Pour le transport des figues du champ à la maison on employait
parfois des ânes ^. Le travail relatif aux figues (recueillir, etc.) est
rendu par l'expression D"^ri»nn ne:? '.
IV. — Données gi':ographioles.
Gomme pour les olives, il peut y avoir eu pour les figues des
endroits qui se distinguaient par la qualité particulière de leurs
fruits et, si nos sources en ont moins conservé les noms, c'est sans
doute parce que les figues n'étaient pas utilisées dans le cuite,
sauf qu'on offrait, comme pour les autres sortes de fruits, les
prémices.
On semble avoir cultivé le figuier dans le pays tout entier, aussi
bien en plaine qu'en montagne. La plaine fertile du lac de Génésa-
reth produisait des fruits particulièrement beaux"' ; on loue surtout
Tibériade ^ et la région de Sepphoris". Dans la première ville on
trouvait; principalement l'espèce dite mî«o"iD*; de la seconde on
vante beaucoup lés l'^n'^o''. On devait aussi cultiver les figues en
grande quantité dans la région des villes de Lydda, Ono et Benê
Berak*».
Si l'on fait abstraction de certaines localités citées occasionnel-
lement et dont les figues ne doivent pas nécessairement avoir été
1. Mikv., IX, 7 : Vif"'? ^^ nnc::».
2. T. Eroub., m, p. 142, 1. 19; T. Soucca, i, p. 192, 1. 15.
3. B. M., VII, 4.
4. j. Maas. schéni, 50a, I. 27 d'en bas ; /i. .V., vu, 4. — Ned., 50 6, 1. 29 : rt^^y
"[•^DonbaD. Voir ch. v.
5. Josèphe, Bellum, III, i, 8; — j. Bicc, i, 64 6, I, 44 noi3"'a nypa).
6. j. Scheh., v, 35 (/, 1. 24 d'en bas.
7. j. Scheb., ibid. Sur la quantité immense de fruits qui s'y trouvaient v. Ket.,
111 b en bas, et Meg., 6 a, 1. 34 et s. (où le mot ûijiNn manque, mais doit être resti-
tu,é). Cf. iNeubauer, La Géographie du Talmud, p. 191. — De mùme j. Bicc, i, 64 6,
1.42. — Aujourd'hui on remarque surtout, d'après Bauer, op. cit., p. 142, « la con-
trée de Bethléem, Bét Zàhoûr, Béthanie, Béthel, Ain Yabroud jusqu'au commencement
de la plaine deîîablous ».
8. T. Scheb., iv, p. 65, 1. 21, si du moins il s'agit bien de ligues. Voir plus loin,
ch. V, la note de Liiw.
9. T. Dem., i, p. 45, 1. 9; J. Dem., i, 21 c, 1. 22 d'en bas.
10. C'est le texte de Keloub., 1116, en bas; même les chèvres y en mangeaient,
dit-on, et on ajoute qu'on y marchait jusqu'aux chevillos dans le miel de Jisrue.-; (non
de dattes, l'omnie le veut Neiibauer, up. cit., 78). Cf. .Neubauer, p. 86.
LÀ FIGUE E.\ PALESTINE A LÉPOQUE DE LA MISCIINA 231
(l'une qualité particulière', on trouve encore à relever les figues
hâtives de Maron^ et de Bêthyàn ^.
Les localités de Keïla et de Boçra fournissaient des gâteaux de
figues (nb"«m) de qualité supérieure^; ceux de Keïla avaient une
vertu enivrante"'.
Les noms de lieux qui ont quelque rapport avec la figue sont peu
1. Par exemple Barberit, j. M. A'., m, SI //, I. 30 d'en bas ; M. A'., \1 a : b"aï)1
rr^iaina ("["^rrii 1"':in "'^■'■'yTÛ mn- f^f. Neubauer, op. cit., p. 300. D'après Rapa-
port, Erech Millin, p. 29, i-'est P.arbalismus dans la région d'Alep (!).
2. Ex. )•., V, 2 : inTa "^a^, corruption de 'JTlW. V. Jastrow, p. 839.
3. T. Scheh., vu, p. 71, 1. 30 : i:Ni rT'a "^33 (variantes : ■^:'i îT^a et ■'3nN) ; dans
la baraita de Pes., 53 â, I. 13, on lit ■'3'^rî n"^3 "'3D (var. "^siTri n"'3, M. : ■»3n'^"'3).
L'identification traditionnelle avec la Béthanie des Évangiles est contestée par Fenner,
Z. D. P. r., 1906. p. 154 et s.; il fait remarquer que la legon ^jT! est fort incertaine
et qu'à Béthanie, contrairement à Pes. et parallèles, les figues mûrissent plus tôt
qu'ailleurs. La seconde objection n'est pas péreniptoire, car le texte talmudique ne dit
pas que lus figues mûrissent tard, mais qu'elles restent plus lonïlemps. L'identifica-
tion de Bethphagé (voir plus loin) est également fausse, d'après lui. [La véritable leçon,
qui est ■'3T"'3 "^32, résulte de T. SckeO., vu ("^SN^rT'n, ■^D'^Tl"'3, ■'j^'<n">'i3, ainsi
vocalisé dans les manuscrits et en un seul mot), Pes., 33 « (ms. M. : iDn"''^3 ; H. Ha-
nanel : ■'Din"'3) et Erouh., 28 6 CjTTT^a; R. Han. : -^INT rT'n ; ms. M., mss. et
Kaftor wa-Férah, p. 291 Luncz). Distinct est pn rr^n bu3 nT'Sn dans Sifrê II,
103-106, 93 /j en bas; j. Péa, i, 16 c, 1. 36 (où il faut lire, avec Benveniste et Fulda,
n'3 et, avec Fulda, pn, non pn ^33); B. M., 88 a, dans un ms. upud Rabbinowicz,
mais changé en l3n (ms. M. et éd. : I3"^n). C'est dans ce dernier mot qu'on a voulu
voir Béthanie (p. ex. Otho, Lex. rabb., 84) ; mais il n'est pas sûr que ce soit un nom
de lieu et ce pourrait [être un nom de famille. Quant à *]"'n''3 (difficilement Bètîn,
pour Bèthél, comme le croit Socin, p. 243), cette localité ne doit pas être située prés
de Jérusalem ; les termes même du texte empêchent de la rapprocher de Béthanie et il
semble (ju'il faille la chercher en (jalilée, car c'est à la limite méridionale de cette pro-
vince qu'est sise la localité nommée à côté : {S"':3i:3, Tuubauia (au nord de Belh
Schean, Kaftor va-Féra/i, p. 291 Luncz : î<'^j31C3] = Ain Tabaûn (sur la carte de
Fischer-Guthe), ailleurs Ain Gàloûd, source de Toubania (Sepp, II, 61; Robinson, III,
400). Fenner a donc raison de mettre en doute l'identification.]
4. j. Bicc, m, 63 c, 1. 19 : n"»"li'13, nbvp. — nb^^'p (Josèphe, Aitliq., XV'
44 : xeïXâ, xc£i),â) est situé dans la plaine de Judée ; aujourd'hui Kila (cf. Josèphe,
Anliq., VI, nu, 1 : y.î),Xa ; v. Boettger, Topograph. Lex. zu Jos.,p. 90). Voir sur ces
villes Neubauer, op. cit., p. 132 et 2;J4. Boçra est une ville située de l'autre côté du
Jourdain j. Dem., ii, 22 6, en bas). De ce gâteau de figue on «lit: N^n npin'CJ, il était
donc recunnaissable. Voir ch. viii.
3. Sazir, 4«, 1. 12; San/t., 70 /> en bas; Voma, 76 o, r/. l. Herzfeld, Unndelsge-
schichle, p. 27, attribue cette vertu à une essence (?). [n"'b^>'p rib^3T n'est pas abso-
lument une essence ; c'était un gâteau de ligues dont la forte teneur en sucre s'était
transformée en alcool. T. Kerit., i, p. .•J62, 1. 37 ; Kerit., 13 6 et 6 passages parallèles
dans le Babli portent b3î<. Aujourd'hui encore, les figues conservées longtemps déga-
gent une odeur et un goût fortement acides. Les Juifs du sud de la Tunisie boivent une
eau-de-vie de figues appelée « bouha » (Grunwald, MilieilunQen, XVIII, 85).] Enfin,
ces gâteaux de figues, dont Neubauer fait des dattes, n'avaient pas de « vertus
toxiques ».
232 REVUE DES ÉTUDES JUIVE?
nombreux. On mentionne la ville de nD"^Nn i"':? ^ elle faubourg de
Jérusalem appelé Bethpbagé (■•aiîD n-«3) -. La ville de n:i72p« paraît
devoir son nom à des sycomores^.
Félix Goldmann.
APPENDICE
BETHPIIAGE.
[/. — Bar Bahlùl, éd. Duval, 1486; Payne Smith, 3028: JLi;^ JL^Ls
)J^.-.îo) A.îit^3 J^^^o) )J^^Vo)9 ; Audo : Jl^=lJ^^9o) Kiv3.
Lex. Adl., apud Payne Smith et Cardahi : J^j^^ Afi^lâ JLj»-©. Bar Ali,
apud P. Sm., 493 : ^>j^kJî JaoÀ^ )Jts-.Vo) ^*i£^3 « jl^ ^«o.
P. Sm., 3164: i>:?;lajî Afi^lï ^. Bar Ali, Bar Bahlùl, Hunt, I^x. Bibl.,
1. Ko/i. r., sur m, 2. D"après Neubauer, p. 2-21, n. 7, peut-être identique à ^Ji^
2. Syriaque i^â^.^,^ grec p-/)6yayô, situé sur le Mont des Oliviers (Luc, xix, 29 ;
Matth., XXI, 1), voir Neubauer, p. 147. La proximité de Jérusalem résulte aussi de
Sifré, 35a en bas; — Sola, 45 «, 1. 7 : i^D rT'n ; T. Pes., viii, p. 169, 1. o: Men.,
XI, 2 ; — de Pes., 63 /;, 1. 8 ; 91 a, 1. 14 ; Men., 78 6, 1. 9 ; B. M., 90 a, 1. 26, il résulte
que cette localité fut comprise plus tard dans la ville (Neubauer, p. 149). — Le figuier
maudit par Jésus (Marc, xi, 11-14; cf. Matth., xxi, 18-20) est planté dans la même
région, à Béthanie. Voir la bibliographie indiquée dans VEncycl. bibl., I, 564. [Ono-
maslica, éd. Lagarde, p. 60, 1. 24 (Bethfage), p. 173, 1, 58 = p. 182, 1. 94 = p. 201,
1. 50; p. 175, 1. 8; p. 188, 1. 73, songe à N'^:;'^D TV^, \S& k>»s>, ^53 rT'D et non à
nSD- — Ce nom de lieu ne me paraît pas être en relation avec n3D- car la leçon la
T -
mieux attestée n'est pas '^30, mais "^aND fT^D, P- ex. So^rt, 43 a; Sanh., 14 i, apud
Consultations des Gueonim, éd. Gassel 42 a, R. Hananel ; ms. Municli, cité dans
Miilr. Tann., éd. Hotl'mann, [i. 102, mais sans N ; sans N encore dans Sifrè I, 151,
55 a = Midr. Tann., p. 92, en bas (N^d), mais au même endroit aussi iT^Da T'^"'''
"':iND : avec N dans T. Pe.s., VIII, p. 169, 1. 5 (T. Meila. i. p. 557, I. 8 : rriD ISS
■^JNC : Meïln, 7 a : "'JND ; une leçon dans la Tossefta, ^^y IDD, est sans doute imlé-
pendante); Men., xi, 2; Men., 63a, 95 6, 96a; Pes., 63 6, 91a; Men., 786 ; U. M.,
90 a ; sans N dans T. Men., viii, p. 524, 1. 20. ■'5D rr'n, Sifir ziitfa, 44.]
3. Dem., i, 1 ; TJ. B., 119a, 1. 16. D'après Neubauer, p. 197, identique ix Syc.iminon
(luxàixivo:, Josèphe, Antiq., XIII, xii, 3), entre Césarée et Acco, donc tout prés de
Caifa; contrairement à Neubauer, p. 198, Noldeke {apud Lîiw, p. 38Ti tient rîîlTjp-J
et Caifa pour le même endroit. — D'après Dem., i, 1, les "j^Tj"^"! de celte ville étaient
renommés.
4. Le sens indiqué par Dozy pour cette dernière expression, >< chemin battu, rlieniin
fort fréquenté, the beaten way », ne rend pas exactement le syriaiiuc )^w- îol t^i^«â.
[Noldeke : L'arabe signifie « rue ouverte » et ne vient pas de "pA, « heurter », mais
de 9-S « ''''"e vide, chauve ». Ibn Hischam, p. 901, 1. 9, 11 : yjTÎjîaJt iLc^U J.£, expli"
(lué 1.' 12 par (i-?.y^^ 7*1= J-*-]
I.A FIGUE riR LA PALESTINE A L'ÉPOQUE DE LA MISCHNA iXi
Index S. v., fJ^^Vo) J^JÎ^â, mais Elie de Nisibe, éd. Lagarde, p. 47,
1. 66, le donne à JL.fo) ** = Bar Ali, Bar Bahlùl ; P. Sm., 1547. Elie de
Nisibe, p. 47, 1. 67, sur )J^«^9o) ^ji^S, a : ^^\ ^^yU.
Bar Bahlûl paraît avoir combiné ce l^^S avec Jn.^ ot. lieu on les
chemins « se rencontrent ».
Voici, je crois, comme on doit se représenter la chose. On a compris
le passage de Matthieu, xxi, 1-2, comme si Bethphagé désignait un carre-
four. Jésus envoie ses deux disciples « dans le village qui est en face »
d'eux ; on crut que ce village était distinct de Bethphagé, on y a sans doute
vu, à cause de Marc, xi, 1 et de Luc, xix, 29, Béthanie ; pour mettre
d'accord les récits synoptiques, Bethphagé devenait le carrefour qui
conduisait d'une part à Béthanie et de lautre à Jérusalem. C'est ainsi que
de nos jours on a voulu expliquer la contradiction de différentes manières,
par exemple en traduisant, comme Fritzsche, « dans la direction de
Bethphagé » [gegen Bethphagé hin). Il n'y aurait donc pas lieu de recon-
naître à i^3 le sens de « carrefour» '.
[Noldeke : Cette explication, à laquelle un Syrien aurait difficilement
pensé de lui-même, peut provenir d'un glose grecque. Onom., 17S, 1. 8, a
pour Bethphagé: olxo,- oTÔjxaTo; -q cp-ipayyoç. Je ne vois pas bien comment
on en est venu à oioxyl. Il est vrai que "j. signifie « chemin creux » —
assez souvent dans la vieille langue — mais l'araméen ni l'hébreu n'ont
rien de tel et on ne doit pas faire honneur à ces traducteurs de noms
propres de profondes connaissances philologiques].
La chose s'explique de la manière la plus simple à l'aide d'Onom., 60,
1. 24 : Bethphagé, domus oris vallium. Nous avons ici K"':* -(- "'^ ~f" f^''^ î
y\ est une faute du traducteur, qui a rendu comme s'il y avait domus
oins vel domus vallium. VOnom. ne pense pas a "i, mais seulement à
«■^a "^D; vallis a donné ©dcpay^, qui a conduit au sens de bivium pour il^^-
2. — Bar Bahlûl, 1486 : JL^ (Hunt, Bar Bahlûl, 391 : 3; Elie de Nisibe
apud Payne Smith, cod. S. ajjc/f/ Bar Dahlùl, Gard. : «s) iUêliJ!. ll^l ((^c
même Hunt, Elie de N., Bar Bahlùl, 391, cod. S. ; Bar Bahlùl : aàIàJI).
Cardahi : \1^\ ^y ^^ iCxiUJi ; sur quoi Bar Bahlùl, 391 : JL^ Jt^-o
iUfiUJî^ UrfO) ^^, 6t 603 : lliL iUàli Iv^a'^f JL^^to,
Les gloses et l'emprunt évident iixcli * semblent prouver que les
1. Sur |i^wîo| i(sj:^â voir Wiener Zeilschr. f. Kutule des Morgenl., X, 133-
Ajouter "^-n m\23~lD [Midr. Tann., éd. Hoffmann, p. 11, 1. 39), en syro-palestinieii,
lit^^îol* ^0D£uk;â (Schwally, p. '7 ; Schulthes», p. 164, ajoute i^>o|« i^o^i.
2. Dozy : toutes les fleurs [Bliiten) odorantes, spécialement le Lavsonia. Sha.
1444 : fagaia—/los cijpri. En Egypte la fleur se dit lamr-el-hinnd (Ascherson et
Schweinfurt, Flore d'Egypte, 76). [Nôldeke : Ce terme doit avoir été d'uu usage
ordinaire. Ibn Doraid, Isliqdq, 281, 1. 4 : y^\ ^ *i,-jm JuéUJI (jjLLJI ^^c£^'^ *JL«j-
Un texte du Hadlth est donné par la Schol. Hamdsa. 713, au v. 3. Le ^ii toujours
234 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
fleurs de henné se nommaient en syriaque ]L<^ [Pflanzennamen, 213 :
ce qui confirme cette opinion, c'est que ce mot, dans cette acception, est
cité pour expliquer Bethphagé. Les gloses montrent que le sens n'a pas
été, comme dans le n° 1 [bivium), inventé ad hoc. Bien que le mot ne
puisse être signalé dans le judéo-araméen, cette explication est plus
naturelle que l'identification avec p(nj(jd, « figue non mûre », dont
Noldeke, Beitrcige zur semitischenSprachivissensrhaft, 138, dit avec raison :
« Il est devenu fort douteux pour moi que le Ç'ay-fj de [i-r/Jciav-ri soit le
pluriel "^ae ... Oay/) peut avoir été toute autre chose ».
3. — Payne Smith, 3029 ; Bar Bahlùl, 1486 : [Bar Ali : JL^a] JL^a
JjJs? J^ ^lXj J [_5 a3 **l2» il] t^6JI JJî ; Elie deNisibe, SI, 69: JL^
ii^S^Wi ^JA, Jji. P.Sm.: ^1^1 ^ ^JpJL^ ^3^"^ ^^' ^"' ^"°^
la glose de Bar Ali apud P. Sm. (ainsi que Bar Bahlùl et Hunt) :
jxJu^ J ^îl i^.S'LiJI^ -yas^Jl^ ^1^ )^^*^^ u-ij^' ^^"5^- E"'i"> ^^^
Bahlùl, éd. Duval, 1486 (P. Sm., l. c.) cite jl^^â, qui se serait trouvé dans
le Diatessoron, au lieu du )|./>^'\,9>))J, de la Peschitta sur Luc, xix, 4
{Pflanzennamen, 391).
D'après cela JL^S signifie en syriaque k fruit non mûr » en général. La
vocalisation ^ sera venue par erreur du JL^^ du n° 1.
Pour JL^Ô on peut invoquer, outre l'hébreu nac, l'arabe ^, « acerbe,
cru (fruit), cru, dur (discours) ; ii^-^^» « acerbité, crudité, fruit qui
n'est pas mùr (Dozy, d'après Abubo, 238).
En hébreu paggd est attesté à la plus ancienne époque. Dans l'Ancien
Testament comme dans l'hébreu de la Mischna, ce mot désigne la figue
qui n'est pas mûre. Voici les textes de la littérature tannaïtique :
nas : T. Scheb., i, p. 61, 1. 28 ; pnD nDWattî '•: : T. Sabb., xvi, p. 135,
L 18; j. Sabb., m, 5rf, 1. 74; Sabb., 123 a (R. Hananel) ; j. Pes., n, 29 b,
I. 25; j. KiL, I. 27 6,1. 44.
Stti:, bm3, nas : Nidda, v, 7 ; T. Nidda, vi. p. 647, 1. 23.{Sanh., 107a;
Gen. r., xLix, 9; Tanhouma, Vayéra,^; éd. Buber, 7).
Pluriel n-'SDr! : Schr.b., vu, 4 ; j. Scheb., 35c, 1. 2 ; Sifra, 106c, 1. 14 ;
T. Scheb., iv, p. 67, 1. 17 -, j. Scheb., v, 35rf, 1. 49 ; tnir-'ao 3-^y -^aD :
T. Scheb., i, p. 61, 1. 25 ; m, p. 65, 1. 16 ; '^D ^ys : Sifrè 1, 137, f» 51 b ;
II, 26, fo 70a-6 ; Midr. Tann., p. 13, 1. 25, 26 ; Yoma, 866 ; Lév. r., xxxi,
4, et parallèles ; — ms-ion "ys : T. Oukcin, m, p. 689, 1. 8 ; V'^anyn 's :
ibid. {Exode r., lu, 3, "JTITJ "'^d, lire avec Jastrow, d'après Tanlwuma,
Pckoudê, 7, Buber, lin» ■>:& byx::); m73n 'd : j. Orla, i, 016, 1.60;
n0l3m l^^zn -. Oukcin, m, 6 ; T. Oukcin, ni, p. 689, 1. 7 (pour nDi3 ""iD,
cité en même temps se trouve souvent chez les anciens poètes : Hamdsa, l. c,
d'après b. Hagar, 33, 1. S; Geyer, Zicei Gedichte, 66; Chuzdnat aladah, U, 3Ï>,
1. 7 ; toujours à C(it6 de yW; . de sorte qu'où voit que c'est uue plante odorante
spéciale].
LA FIGUE EN PALESTINE A L'ÉPOQUE DE LA MISCHNA 23o
lire -lO-::^ "("SD' ; '2 in 'd : T. B. K , vi, 356, 1. 13, opposé a 'J"'"n7:3 m-^rs ;
ras IN -!013: j.B.K.,vi, 56, 1. 67 ; j. Orla,}, 616, 1. 08 ; — mDio nx 'e :
T. Zabin, iv, 679, 1. 10 (R. Simson sur iv, 3).
Dans Gen. r., 11, 1 p. 15, 1. 1 Theodor, nao est sans doute la forme
araméenne; V^s : j. Oiia, i, 616, av.-d. et d. 1. ; pD dans l'Arouch, pour
Targ. Yer. sur Nombres, vi, 4, au lieu du '|"'5nT des éditions (aussi dans
l'éd. Ginsburger) doit être fautif.
Nôldeke s'est prononcé avec entière raison contre une combinaison de
paggci et de ficus (Solms, p. 81) et c'est inexactement, semble-t-il, que
Hehn (6^ éd., p. 99) indique que Solms, grâce à des consultations do
Lagarde et de Nôldeke, est arrivé à la conviction que le latin ficus est un
emprunt direct au phénicien phagglm, «figues à moitié mûres », lequel
mot phénicien ne s'est pas encore trouvé.]
[A suivre.)
I. Luw.
UN PASSAGE OBSCUR DANS LA TESIKTA
Le texte qai a provoqué la controverse de MM. Wcllesz et Bâcher '
est ainsi conçu :
n"'5';riN 'n DTi:3 oHjD '-i NnnanTû Nnnp «mn Nnnp nr:^; r-i-^-'i-p
.' -r::73b Ti7:bn n^Di Nip^jb idd n-'n ,Ti7:bn rr^m -ido rr'a r::; ':;■'
M. Wellesz ^ ramène la phrase à une origine grecque. 11 divise
le motnsMwen deux parties : NS + rs:», c'est-à-dire : s*3=v£o4-~2'2
ôaovota, et, au lieu de tîrnn-i», il lit, d'après le Yalkout, «n3D-itt.
NP35-I73 Nnip Nmn Nmp désigne donc une «ville nouvelle », une
" ville unie ». Mais pourquoi l'exégète anonyme appelle-t-il une
ville de la plus haute antiquité « une ville nouvelle » ? Jérusalem
avait, à ce qu'on dit, soixante-dix noms '•, mais nous ne sachions
pas que Nnin Nmp figure parmi eux. En outre, le mot i^nns-i» n'im-
plique point du tout l'idée d' « uni». C'est un terme usité dans
l'élève du bétail et dans l'horticulture. J'ajoute que le terme a-^sirt
indique qae les sujets sont de différentes espèces. Il est, du
reste, singulier que leMidrasch se serve en ce cas de l'araméen,
alors que l'expression ojxovô-.a est employée fréquemment par les
agadistes pour désigner la réunion ■'.
M. Bâcher observe une méthode plus naturelle. Il conserve
intact le mot nrttNS, mais l'explique tantôt parle grec, tantôt par
Ihébreu, pour rendre compte des deux adjectifs ^mn et t^naa-ir.
D'après lui, l'exégète anonyme a vu une fois dans le mot r;:?:^: le
niphal du verbe "j^n, dont le participe actif et passif peut avoir le
sens d' « élever ». A ce verbe hébreu répond la l'acine araméenne
■'an avec tous ses dérivés, Nrr^sa-nn, N2"'3"nin N3"'"'a"i7D, Nr^-^^m»^ iî-^im»^
et mann. nsTaxs rr^np, « ville élevée », se rend en araméen par
1. Revue, t. LXI, p. 12 i.
2. Fesikta de r. Kahana, Od. Buber, y. 121 b.
3. M. Sz. Szemle, XXVII, 357.
4. Bem. r., 14, 12.
'o. nN:i»1N et nNn^air: ; v. Krauss, î.eknwôrler, II. 21. 223.
UN PASSAGE OBSCUR DANS LA PESIKTA 237
Nn-^nn-û smp. (Nn">antt est une corruption, et il faut lire i^r\^n-nz).
Mais quel motif d'appeler Jérusalem une « ville nouvelle»? De
lavis de M. Bâcher, c'est justement la question à laquelle répond
R. Pinhas en racontant qu'il y avait à Jérusalem quatre cent quatre-
vingts synagogues et dans chaque synagogue une école primaire
pour enseigner la Bible et une école supérieure pour l'étude de la
Mischna.
On peut objecter d'abord que les verbes IWN et "«nn veulent bien
dire élever, mais ne se rapportent qu'aux fonctions de pédagogue
aians), qui consistent à nourrir, à soigner, à surveiller les élèves ',
ce qui s'appelle mn-in éducation, jamais aux fonctions du maître
d'école, qui consistent à instruire et à communiquer des connais-
sances. Or, le "iDD n-ia et inttbn rr^a servaient proprement et exclu-
sivement à enseigner et à étudier. Mais sans compter que dans tous
les passages où le dire deR. Pinhas est mentionné, il, ne se trouve
jamais'' en connexion avec le verset d'Isaïe ; qu'en outre, l'idée
d'une ville spirituellement renouvelée parla science et l'esprit, et
cela grâce à une génération qui allait à l'école, est une pensée trop
moderne pour un agadiste, nous avons peine à accepter l'opinion
que les Darschanim aient interprété le texte biblique à l'aide de
mots grecs, devant un auditoire peu versé dans les langues
étrangères.
M. Racher cite deux exemples du Midrasch à l'appui de son
opinion, les termes osn = ass? et N-n» = awv:a. Il y en a bien
d'autres. M. Zunz en a recueilli une certain nombre^ M. Brtlll
les a tous expliqués •*. Cependant on ne devrait pas oublier
que, lorsque l'agadiste se sert dune étymologie grecque, il ne
manque pas généralement de nous en avertir expressément,
comme d'une hardiesse : Nnn ■^av "[n^b, -^[ûod^n 1iï33. Mais quand
Pagadiste ne nomme point sa source, nous n'avons pas le droit
de supposer qu'il fonde son exégèse sur un mot non -hébreu
par une étymologie maniérée et bizarre. Le but de l'auteur ou du
maître est d'être entendu de son auditoire. Comment emploie-
rait-il des termes qui ne lui sont pas accessibles? J'ai peine à
m'imaginer que la masse, si peu versée dans les langues étran-
gères, pût deviner d'elUî-même l'allusion de l'interprète à un
homonyme étranger.
1. V. fier. »•., 1, 1. 31512 : pDN lî^tN rTTîNI .
2. V. les noti'S ii et 45 de Buber.
3. GoUesdienstl. Vortrage, 327, n. a,b,c; cf. Kiauss, Lehiiworler, I, xxix.
4. Freindsprachliche Redensarlen.
238 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Nous avons vu que l'agadiste n'a pu prendre le mot néemana
pour du grec, et que ixmn Nn-ip n'a pas le sens de « nouvelle ville »,
pas plus que «nanitt «mp ou Nnas'^M ou Nn-^a^^s ne signifie « ville
unie » ou « élevée » .
Nous rencontrons tout le passage encore une fois mot pour mot
dans Ekha rabbati. Le 24" proœmium explique le xxii« chapitre
d'isaïe du premier verset jusqu'au douzième. L'explication agadique
consiste mi-partie en traductions du texte hébreu en araméen,
mi-partie en interprétations entièrement indépendantes. 'V^oici
l'explication du 2« verset : rtrbs» rr^^p, Nnnn-i» i«nnp : rr^ttin T'J?
NP-inn NP-ip. Au premier coup d'oeil, il est clair que les expressions
î^nnan» et «n'^in ne sont autre chose que le Targoum littéral des
mots rr^ttin et rirb:». Et, puisque le sens du mot TA-hy est « joyeux
et gai », le mot Nn■>^n, dérivant du verbe -^in, doit nécessairement
signifier la même chose, ^rr^nn Kmp signifie donc une a ville
joyeuse ». C'est de la même façon que le Targoum traduit r-mp
■'lanœ» (Jérém., xux, 24) par n^'in ndid. Il en est de même pour le
mot Nnaan», qui est une traduction littérale de rr^ttir:. Or n*»»"»?!,
inwrj, rjttn ayant le sens de «foule émue, frémissement d'une masse»,
il s'ensuit que Nnnaitt, ayant pour racine nn-i^ "^a-i^ «m, ne peut
signifier autre chose que û^ Tia-i, à savoir, une ville d'une popula-
tion nombreuse. Il ne faut donc pas corriger le mot. Cette leçon
î<n32-i?3 est aussi confirmée par l'Aroukb ^ Cependant l'agadiste
ne se contente pas d'émettre une opinion, il cite aussi des preuves
à l'appui. C'est pour nous donner une idée de la grandeur de
Jérusalem et du chiffre élevé de ses habitants qu'il cite le récit de
R. Pinhas. Combien devaient être nombreux les habitants de Jéru-
salem, puisque la ville avait besoin de quatre cent quatre-vingts
écoles primaires et supérieures- pour l'enseignement de leurs fils 1
J'ajoute encore que c'est le même exemple dont le Midrasch se sert
ailleurs pour prouver la grandeur de Bettar et l'importance de sa
population. Voici le texte en question : m ï-iV053 -ra r-nN» '*i
^ r-*npn:n nNa 'n nw'^w h'2h^ r-npisn -"iw'î^û s-n^tt 'n ^ns "d33t nn"«23
« Bettar possédait quatre cents synagogues ; dans chaque syna-
1. s. V. rr'Tan- — Sans le passage NaDT^» D"'3©y "»3"'2 Ntt"'*'p "^D"'. fi- ^'■. 81 a;
à la place de N33*T'73 il faut probablement i<23T*73. V. Aroukh, s. v. *y\.
2. B. Ketoubot ue mentionne plus que 394 écoles. V. Tanliouma, nip. 1-. o»
l'on réduit le nombre à 80.
3. Guitlin, oSa ; j. Taanit, iv, 8 ; Ekha /•.. Il, 2. 3, 51. parle de 500 écoles. Un
exemple analogue explique la grandeur d'Alexandrie, Soukka 51 b. D'autre exemples
sont cités pour démontrer la grandcui' de Jérusalem, Ekha >•., I, 1, et de Rome,
Pesahim, USA. Dans le Sifré. 11, 52, la le^-on ''7JTn3 "j "^ D "1 D '3 132T doit être
changée eu •{ i 3 1 5 '3. CS. ]. Aboda Z., u 2.
U.N PASSAGE OBSCUR DANS LA PESIKTA 239
gogue il y avait quatre cents précepteurs et chaque maître d'école
avait quatre cents élèves. »
Il reste à savoir maintenant comment le passaii;e p<mn t»«în"ip
t»4n33n73 t*»imp est venu se placer près de nawNS r^np et en quel
rapport il se trouve avec les deux mots. Question difficile à ré-
soudre. Peut-être la glose n'a-t-elle aucun rapport avec n373i<D rr'np,
mais bien plutôt avec d^ •'Sna-i « ville populeuse », finale de l'expli-
cation précédente. Peut-être lagadiste prend -il le mot ri:7:N3
dans le sens que R. Hosliaya lui a attribué : — pWN ^«nt ri"'i<T
"TJïODbN?: N3:: ns^n p-'TaaiPST p»N i<:70 ■'a::-'nn N73Tn n«d ,Nn2n
' «na-i, où Nna-i ne signifie pas Téducation, mais la grandeur
énorme d'Alexandrie Mcv-iX-r, 'Altlxvodx. Il est possible aussi que
le verset dont on s'autorise ait été omis par hasard, et que le
texte de la Pesikta doive être restitué comme suit : naToîîs ï-T«-ip
Nmp ,i*«irT^"'nr Nn-ip : p-'Ba-inTc-i ,mvi>y rr'-ip ,n"»72"in n-^y xnrr;
Nnaniw L'ordre des adjectifs aura été interverti pour joindre le
mot final NnamTa au dire de R. Pinhas relatif à la multiplicité des
écoles à Jérusalem. Je n'ose l'affirmer. Quoi qu'il en soit, le sens
du passage obscur apparaît plus clairement.
Fées.
A. Perls.
1. Ber. r.. 1.
UN
TEXTE CAEBALISTIQUE SUR JÉSUS
Les textes cabbalistiques qui se rapportent à la personne de Jésus
sont extrêmement rares et même les allusions indirectes à Jésus
ou au christianisme sont fort peu nombreuses dans cette littéra-
ture. La Bible de la cabbale — le Zohar — ne contient, en dépit
de son étendue, presque rien qui puisse être interprété comme
polémique antichr(^tienne. Il en est de même des ouvrages posté-
rieurs. Il n'en sera que plus intéressant de trouver un texte cabba-
listique qui n'a pas seulement Irait à la personne de Jésus, mais
encore qui la montre sous un jour tout nouveau.
Ce texte manuscrit se lit sur un feuillet isolé appartenant à
M. Salomon Mussajef, le collectionneur de Jérusalem, qui l'a sans
doute apporté de Bokhara, sa patrie. Je le vis dans sa maison en
avril 4903 et reçus l'autorisation de le faire copier'. Je n'ai malheu-
reusement pas pu le faire collationner, le propriétaire s'elTorçant
depuis de dérober ses trésors aux yeux des intéressés.
1"^-m73 p-^N i-'b-'is ti7:n 'si i^-nitt 't T72m .^zn-^^i ii-m?^ v'^"'^'»
Ï-IT3 nbN3i ''\'D^ Nn-^-'-iiN-i V''''P"'° * i:p"^"'n'^N nVt NP-'^-nNn i-i3:?n
TCin^ 'n -^D pr .rn"'373T n^t n(n)-«ni:D n'D-i^-r n-nm ■'d .— iWNTsrs
1. La copie en fut prise la môme année par M. Alexandre Levison de Jérusalem.
2. Dans le obys IDm^aT 'O'IU "imT, éd. de Venise. 1663, dans la partie qui se
rapporte à Ridh, p. 32 6, nous lisons en effet: 'nD IT by IT "jH mTn73 nync
passage qui correspond au nôtre quant au sens, sinon mot à mot. Cf. Zohar. "'TipD.
vers la fin (p. 263 a, éd. de Mantoue).
3. Ce tannaïte n'est pas mentionné dans le Midrasch mystique.
4. Mot corrompu ; lire IDpn-'X. De môme 'iDT « etc. » n'a pas de sens; peut-
être [^nipEj nbN3, voir le passajîe du Zo/iar cité n. 2: nous lisons donc r;bN3 w" '131
"173N73n nT3 ["'"npD].
UN TEXTE CABBALISTIQUE SUR JÉSUS 241
mon rrb "itoi -^d nioa .tsin-'a-i ■j-'-mT: 't rr^b iwS">TnnN-i n-'n-iD "ja
.— rb-^73 n^-ia i3y«b rr^b mm .ù-in?: nn ync-^ rr^T'abm
\::\s n-'H yro-'T D"'73Dnb 'yT< -;7:N7:r: riT byi ' b"T:n 'i3i .na:? Nbn
''!-r"T 3"2b ip;-n733 -mi orrn T^«bn -itww ♦!-Tr:j733 *c"7dd p-^ii:
'-nrî< PO-iD Nn-i-^mNa n-^ns nt b?T ,r!"'b «ibapmis inwn p ont
■"3 pT^ /13T r-i3\rn r-in»« ,QD:is:nb 'ri ■'ssb -imyn nx q-'in
: riinrorî "iiii-in ir^n CDD;is£-ib \''x^^y pin ^ba v^-^ 't^-^s ^72iyrj
[rrr:] r;:^.^-^ .rrr! hdd 2-iri iniN i5-im .m"? anp?: ir^n 'n -^rob
-ra 5"Db rîyi7a'::n [njxaT .'-dî^t»:;'' "iwxo 172D nos p-ip PwS a^n-^b
mS73 ib "px nT 5"3 -173N ,nsc p-ip pn bnsNbi zûincb r;i:i-i •::"'t<r!
t'a'D ini33 anoT "i73i:yn "^bm .'rt bnpa -itî3» N3."^ Nb ^'N;\a nb-^Ta
.nos bu: '3 21^3 ipik is-im m^T a"3 bo idn mm .a-'b^-i;::'' -inuj
r:i^ LiTip^ .x^r, ûbi:»b pbn ib ■C' [p-»]bNT>::"' ntio ikn b"'303T
nPN-^sa C]no3 '-5î<-'n3 'ndïj n-!C03 'tsn-st n3"«d Dbi3>b N3 Nb 'i■«•^^y'va
G-'bbiD PT3-'p '3 ay " "O-ip pns::! pi3-'p ■'D /"T'^ph -loin cvTai
Nbi pnno Nb n"3-ip rtbir ';T3u;n3 /"a"»-)» p tc;"' -iddw Nim n":nn
tii03 PiNnw '-; bN'îi 3PD rîT bn ,^1-! 'ii3cnD i-^m ii3\rn .^m*'
Ninu) , -^ 3 T N au: pt»pin 'i -i-io^ PTi^bmi riTibs 't mo3 ipn''32
nïN '»:':: !i:rcN"i mba ntio b33 piba «"«n q"bN pin .nd-^pp ns-^t
mVPIN '1 mD3 ''173 5-nb5 NTÎ p"bT pin : '^ N3m "«T NC-^-i Nin
p"« pibs N-'H V'iD PIN .'"iDT '^np"'7:b bN-i"w' PNi:3 rtP-'ria -i"pdn
mba N-^n Y'Ti pin ;"''in'bi:m nn\-iP73 ■'33 'r, -insïjt mm ni:3 1103
■'DSN 1727 n73N30 bNIUD"" 37 Plb33 "1721:7 NIH r-T"3pmv:J m03 QlHN
n73 pv .'"psïîns n"p5 mo Nnn a-'-icr '|i3"::n3 ht Yv^ .'*n-i3:3
1 . Encore une fois la même citation.
2. yim ? ou ym3 ?
3. Tn73NO "ins-
4. Horaïoth, m, f. /". (13 a): y-lN^ 37 5"3ib aiip n"P -1X73^.
5. L'auteur varie librement la sentence.
6. Cette forme passive au lieu de l'actif est fréiiuente ilaus le Zohai\ à ce que
m'assure .M. Pli. Blocli.
7. Lév., XXIII. M.
8. T^"» a la valeur numérique de 316 comme 17217 (cependant l'ortliograplie de
ce mot est "1727, defecte).
9. Deut., .XXIII, 3.
10. Dan., XII, 11, où le texte porte m72Pn "lOin p;'721 llautcurcite de mémoire)
11. Ib., VIII, 14.
12. UJnp pnîS31=654+4 = 6:i8 ; de même a'^l'a p TC"'.
13. /6., II, 38 (notre texte porte ri'JjNl)-
14. Difficile à comprendre. Je conjecture "'inb.
15. *nn contient une allusion à r: = 5, et niia signifie la victoire.
16. l»s., xr.i, lii. C'est d'ailleurs une aggada connue; voir Hacher, .4,^. il. /ml.
Amor., III, 269 et 377.
17. n"v = :20 fait allusion au 'd = 20 dans nP3
T. LXll. N» 124. 16
242 REVUE DES ETUDES JUIVES
nb"»a b"T N-'nsn in^rx "«s bj» bN::'"n D--'n '-, -^"y ' nbana inon
■'nttîNT ^m-'nrj [•\]{r,^ ^-n b:? «bx inrinD -)N3r3 Nb iin:?"! rtir, ypn
Nnn nn .r^nn Tib^-j p nih-^d n-j3m:T minrs h](n)T v^rr: •^•'Nn
: m^n '^ma Ti-,nn
a'^aana Nbi 1x1:2 Nbn -11^:3 «b
[c]"|-in3 TT'n C'inNi:» QwSt
.c^snpa h]NS723 m-iiD-is [-^-in]
En voici la traduction :
On trouve dans le Midrasch mystérieux sur Ruth, dans l'histoire de K.
Josué ben Perahya ^ . . Telles sont les divisions de l'enfer. Et je vis sept
divisions, etc. On a dit : ce sont les divisions réservées à ceux qui ont
transgressé la Tora et qui n'ont pas exécuté les commandements de la
Tora, etc., ce qu'on lit [dans la péricope] Eleh [Pelwudê] sur ce sujet.
Car la Tora est éternelle et non temporelle. On comprend que R. Josué
b. Perahya, à qui les sept divisions de l'enfer ont été montrées, [ait vu
cela] comme un mystère, qu'on le lui ait révélé, car Jésus fils de Marie
fut son disciple. Il aurait dû pratiquer la circoncision sur Jésus, mais ne
la pratiqua point, etc., comme il a été dit plus haut. D'après ces mots les
rabbins surent que Jésus était un homme pieux, comme il est dit dans la
Mischna : un bâtard savant est supérieur en rang à un grand-prètre
ignorant. Pourquoi donc l'ont-ils tué ? A ce sujet il est dit dans la Tora
dans la péricope Emor : « Il soulèvera l'omer devant le Seigneur pour
votre bon vouloir, le lendemain du sabbat », etc. On doit comprendre
que '\'û^^S a la même valeur numérique que 1W^ sans la lettre :? * ; « pour
votre bon vouloir », c'est-à-dire d'après la volonté du Sanhédrin ; « devant
le Seigneur», c'est-à-dire dans le parvis du Temple. Ils le tuèrent et
c'était la veille de Pâque. Il voulait, en efl'et, égorger le sacrifice pascal
comme tout autre Israélite ; mais lorsqu'il fut rapporté au grand-prètre
que cet homme voulait égorger et manger le sacrifice pascal, le grand-
prètre dit : Mais il lui manque la circoncision ! Or, il est dit : un bâtard
n'entrera pas dans la communauté du Seigneur. Il s'en alla donc à part lui
seul et égorgea dans sa maison comme d'autres Israélites. Le grand-prètre
s'en irrita, il donna un ordre et on le tua le second jour de Pâque. Mais
1. Job, ixxvi, 2 (notre texte a d'«btt).
2. n'ban, opposé à nnoD-
3. Il niai)(|iio ici (|ucl((ucs mots dans le texte. Les mois (lui suivent, citation du
Zohar, sont en araniéeti, tandis qu'ailleurs cest presque toujours le néo-héhreu <|ui
domine.
4. Sur l'oitlioii^raphe T»lî^ sans V voir mon livre Dus Leben Jesii luuh judisclien
Quellen (Berlin, 1902), p. -J.jO-I.
UN TEXTE CABBALISTIQUE SUR JÉSUS Uà
gràct' à sa iihtl'. qui était Israélite, il a part au monde liitiir. VA avant
(jiie Jésus fût venu au monde. Daniel avait prophétisé [sur luij duns son
livre ; car il est dit dans Daniel, à la fin de sa prophétie : « Depuis le
jour oii le sacrifice perpétuel est enlevé » ; les mots 'Ci'p pn^ïT avec
deux mots totalisateurs ' font 638 et c'est aussi la valeur numérique de
C"'"?: p TC. dont le compte fait 638, ni plus ni moins : le compte de l'un
égale le compte de l'autre. A ce sujet Daniel a écrit quatre visions (à la
fin de sa prophétie)* comme mystère des quatre exils et empires, corres-
pondant au mystère du nom "'SIX, qui désigne le jugement sévère. La
lettre m désigne l'exil babylonien, qui a été le premier exil, ainsi qu'il
est dit^ : « tu es la tète dor ». La Lettre 1 indique l'exil mède, figuré
par les qiiatres lettres d'Esther ("IPON. qui vivait lorsqu'Israël était exilé
en Médie. etc. La lettre ; indique lexil grec, figuré par la victoire iHi;!
cl la splendeur (t^n), lorsque les cinq fils de Matalhias * vinrent et
vainquirent. La lettre "^ figure l'exil édomite (romain', a cause du
mystère que Dieu lui-même est en exil avec Israël, comme il est dit :
«je suis avec lui dans la détresse ». Ce 1"^'^ a en outre la valeur numé-
rique 20, et c'est le mystère de la Couronne piPS) ' d'après sa valeur
numérique. On comprend ainsi ce qui est dit dans Job : « attends-moi un
peu et je te montrerai qu'il y a encore des paroles pour Dieu » : ce
mystère devient compréhensible d'une manière révélée, R. Jiayyim Vilal
ayant révélé ce mystère sur l'ordre du prophète Elie. Cependant ce qu'il
voulait dire n'est élucidé que par l'énigme suivante, et heureux rhon)me
qui comprend cette énigme, il est assuré de participer au monde futur.
Et voici la l'iuic en forme d'énigme :
Il y a quatre périodes mondiales pour le mot D^3~ip (cornes),
aussi bien dans la corne du bœuf que des sauterelles;
ni dans le bœuf, ni dans le mouton, ni dans les sauterelles.
Et si tu as trouve mon énigme par fractions,
les p('riûdes mondiales du mot D"';"ip cornes) ont été trouvées*.
Ce texte laisse beaucoup à désirer, aussi Itieu pour le style «pie
pouf la clarté et la suite des idées. Après la ineutioii des divisions
de l'eufer qui ouvre le fragment, ou attendrait riiidication de la
place qu'y occupe Jésus. Mais cest juste le contraire (pii arrive: on
nous assure que Jésus va au paradis. Ce n'est donc pas ItMifei- (pii
a aineiit' i'aiih.'ur à parler de Jésus, mais le nom de Josué 1».
i. Formule cabbalistique de guematria.
2. Les mots entre parentliùses paraissent être une rcpclilion fautive du passaire
précédent, car les visions se trouvent au milieu du livre, au chap. vu.
."î. En parlant à .Nabuchodonosor.
4. Lrs Macchabées.
5. Tl'ZZ, "117! et "irO sont trois dos sphères imT'DDt 'huit >t,' iompuî.f le nioiulf
cabbalistique.
6. Voir plu? loin l'explication de cette éuignie.
244 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Perahya, car ce rabbin passe, comme on sait, depuis le Talmud,
pour avoir été le maître de Jésus. Mais comme l'auteur, en parlant
de Jésus, trouve Toccasion de parler de la prophétie de Daniel,
il interprète en même temps la vision de Daniel touchant les
quatre empires, vision qui, depuis l'antiquité, est appliquée aux
empires successifs des Babyloniens, des Mèdes, des Grecs et des
Romains^ et d'après laquelle on s'est si souvent efforcé de calculer
la fin du tyrannique exil « romain ». A quoi se rattache une
singulière énigme dont le noyau est constitué par les cornes
(i2""3"ip), sans doute amenées par les visions de Daniel, notamment
par Dan., vm, 3 et suiv., où de si mystérieuses spéculations sur
la fin des temps {yp ny, v. 17) sont rattachées à la « corne ».
Si l'on met à part le début, la description de lenfer, qui n'est
qu'une citation, notre texte se décompose en trois parties bien
tranchées: 1° assertions sur Jésus; 2° assertions sur les quatre
empires; 3^^ calcul messianique de la fin des temps, avec une
« énigme » y relative.
Aucune de ces parties ne manque dintérêt. I^e crime et la mise
à mort de Jésus apparaissent sous un jour sans doute unique dans
toute la littérature juive. L'auteur anonyme affirme que, par la
faute de son maître Josué b. Perahya, Jésus était resté incirconcis,
alors que nous savons le contraire par Luc, ii, 21 , et toute l'ancienne
tradition chrétienne. Ce qui est bien embarrassant, c'est de voir
l'auteur assurer que Jésus a été un homme pieux. Nous savions
bien que le Zohar, et avec lui toute la Cabbale, trahissent une
certaine connivence avec le christianisme, ce qui a permis aux
humanistes du xvi* siècle de produire la Cabbale comme un témoin
de la vérité de la foi chrétienne. C'est ainsi encore que nous savons
que le cabbaliste Néhémie Hayyon allait jusqu'à professer la
Irinité -. 11 n'en est pas moins surprenant que le fondateur du
christianisme soit qualifié d' «homme pieux » (p-«i:i: ïj-^n) et qu'on
lui applique les mots de Daniel oip pni::i. Sans doute notre auteur,
fidèle au Talmud et au Toldol Yéschou, paraît convenir que Jésus
était de naissance illégitime ^ ; mais il n'en est nullement gêné
dans sa glorihcation de Jésus, ce qui s'accorde bien, du reste, avec
la mentalité des mystiques. Or, comme il n'a l'ien à blâmer chez
Jésus, il se demande pourquoi on l'a mis à mort, et, pour répondre
à cette question, il échafaude un système tout nouveau. D'après
lui, Jésus, étant incirconcis, navait pas le droit d'offrir le sacrifice
1. Voir Driver, Daniel, 1900 ^daiis la série Camiiridge Bible for Schools and
Collèges).
2. Jew. Encycl., VI, 278 et s. ; voir aussi mon article Triuiti/ , (/)/(/., Xll. 2(50 et s.
3. Cela ressort de la citation ...aDH T^Tû'în "1T7D73-
UN TEXTE GABBALISTIQUE SUH JÉSUS 245
pascal inecclesia (bnpa) ; aussi loffrit-il en particulier, de quoi le
grand- prêtre fut si irrité qu'il le fit mettre à mort'. A ces faits
s'appliquerait, on ne voit pas bien comment, le verset du Lévitique,
XXIII, M ; le sens paraît être : Tomer (-1731^), c'est-à-dire Jésus, a
été chassé, sur l'ordre du Sanhédrin, du domaine du Temple. Ce
serait un singulier pendant à l'exploit de Jésus expulsant les mar-
chands du Sanctuaire et prédisant la destruction imminente de
celui-ci. Comme date de sa mort — on ne dit pas s'il fut pendu,
crucifié ou décapité — notre auteur indique le deuxième jour de
Pâque -, sans se laisser arrêter par la considération que, d'après
la halacha des rabbins, aucun supplice judiciaire ne pouvait
avoir lieu en ce jour (bien que ce ne fût qu'un jour de demi-fête).
En quoi notre auteur, comme tous les cabbalistes en général, est
en opposition consciente avec les rabbins, sans compter que sa
date, le 16 Nissan, contredit toutes les traditions, la juive aussi
bien que la chrétienne, qui indiquent le 14 Nissan comme date de
la crucifixion. Une autre donnée mérite notre attention : Jésus a
droit au salut, grâce, en quelque sorte, au mérite de sa mère Marie,
qui était une Juive. Nous ne reconnaissons pas seulement ici la
théorie, chère à tous les mystiques, de l'importance de l'ascendance
maternelle ; nous y découvrons aussi un hommage rendu à Marie,
Marie que Mahomet défend dans plusieurs passages du Coran
contre la fameuse calomnie. Nous avons déjà remarqué ailleurs ^
que les différentes recensions du Toldot Yéschou, elles aussi,
ménagent singulièrement Marie et l'innocentent de toute faute.
Un autre point essentiel de notre texte est celui qui se rapporte
aux quatre empii't'S. L'auteur ne se contente pas ici d'interpréter
les quatre visions de Daniel ; il construit de plus une équation
entre les quatre empires et les quatre lettres du nom divin "'^n ',
rapprochement auquel on ne peut refuser une certaine originalité
ni même de l'esprit. Ainsi la lettre n, la première de l'alphabet, se
rapporte, d'après lui, au premier exil ou celui de Babylone ; la
lettre ^, dont la valeur numérique est 4, lui rappelle Esliier, la
libératrice, dont le nom se compose (en hébreu) de quatre lettres.
On ne peut cei'lainement pas soupçonner notre auteur de s'être
laissé suggérer cette interprétation par un passage talinudique,
1. Peut-être pour avoir odert un sacrifice liors du Teinpie iV'n PUTIO)-
2. La plirase n^rî nOD 3"iyT ims Ti^m n'a (jue la vait-ur d'uni- transition.
3. Voir mon Lehen Jesu, p, 198.
4. Comme il s'agit de l'exil m?;i. c'est-à-dire d'un chfiliment, l'auteur jug:e
opportun de remarquer que "'3TN désigne le Jugement rigoureux INCpP N3"'T), en
accord avec l'iiiterprctation rabbinique, qui, dans DTSbs*, voit \^in PHW laiidii qu«
mrf représente 2''7:n"in m^-
246 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
mais il est sûr qu'il s'accorde étonnamment ici avec les rabbins,
qui attribuent une des délivrances à Mardochée et Estlier '. Les
mômes rabbins parlent aussi d'une délivrance à l'époque des Grecs
et mentionnent à ce propos Asmonée, ses fils et le grand-prêtre
Matathias-. Notre auteur fait mieux en parlant de cinq fils de
Matalhias, ce qui fait bonneur à ses connaissances bistoriques.
Il n'est que trop naturel de le voir passer au quatrième exil, à l'exil
« romain », dont il essaie de déterminer la fin à la manière cabba-
listique. Gest l'objet de la troisième partie.
Gette partie a une valeur historique particulière en ce qu'elle
contient, touciiant la fin des temps, une révélation du célèbre
cabbaliste Hayyim Vital, qui prétendait l'avoir reçue du prophète
Elie. Hayyim Vital Galabrese, ami et disciple d'Isaac Louria, le
fondateur de la Néo-Gabbale, s'était, comme aussi du reste son
collègue et maître, jeté avec toute la fougue de sa fantaisie et de
son imagination dans les calculs relatifs à l'avènement des
temps messianiques ; il était convaincu que cette époque était
proche et se considérait lui-même comme un instrument de la
délivrance en se donnant pour le Messie fils de Joseph, précurseur
du vraie Messie ^ Le Zohar et tous les ouvrages qui en dépendent
indiquent comme date de la délivrance l'an 3408, de la création du
monde, soit 1648 de l'ère chrétienne et on sait que c'est en cette
année que parut le faux-Messie Sabbataï Gebi^ Il est contraire à
l'esprit cabbalistique d'exprimer un fait quelconque d'une manière
claire, compréhensible pour tout le monde; l'atmosphère de la
Gabbale, c'est l'ombre, le mystère et le secret. G'est ainsi que cette
date bien connue est voilée par notre texte dans l'obscurité mysti-
que dune énigme (mn), dont la symbolique chiffrée, savamment
calculée, est bien faite pour plonger l'auditeur et le lecteur dans
cet état d'esprit fantasque que les mystiques aiment tant.
Il n'est pas facile de trouver la clef de l'énigme. La difficulté peut
provenir en partie de ce que le texte ne paraît pas s'être bien
conservé. Gomme l'énigme est qualifiée de morceau rimé (n-in),
il était avant tout nécessaire de lui donner la forme. d'ailhMirs
conjecturale, d'une pièce de cinq vers. En vue de la rime, il fallait,
à la quatrième ligne, corriger ■'"ira en ûnnn, mot que je prends
d. Meguilla. Ma.
2. Ihid.
3. Voir sur lui Grsetz, Geschichie, > (-dition, IX, 420; Ph. Bloch. (tpud Winter et
Wiinsche, Die judisclie Lilfemlur, UI. 284. C'est M. Bloch qui, dans une lettre du
5 mai 190.^3, a élucidé pour moi quelciucs points de notre texte cabbalistique et m'a
notamment sijrnalé le passage du *^b73n "pnv qu'on trouvera plus loin.
4. Voir Gr;etz, op. cit., X, 189.
UN TEXTE CARRALISTIQUE SUR JÉSUS 247
d'après Genèse, xv, 10, dans le sens de « partie », « morceau ». A la
cinquième ligne, j'ajoute ■•-in, tombé sans doute par la faute du
copiste à cause de sa ressemblance avec ■^ina ^ Notre morceau
n'est ni assez ancien, ni assez important pour mériter qu'on peine
sur lui ; aussi n'ai-je amendé le texte qu'autant qu'il a paru néces-
saire pour l'intelligence de l'ensemble.
La clef de l'énigme est sans doute le mot D-'3-ip, dont la valeur
numérique est 400. A ce nombre s'ajoutent cinq milliers, que
l'auteur désigne par mno-iD Tronn « cinq degrés préliminaires », en
quoi il pense probablement LiAbol, m, 18, où le calcul du calendrier
(msipri) et les supputations de nombres (nr-ia72"^a) sont désignés
comme les degrés préliminaires de la sagesse (n»3n), c'est-à-dire
pour lui de la sagesse cabbalistique. A 5400 il manque encore 8
pour obtenir le millésime 5408-. Aussi l'auteur demande-t-il que
l'on compte aussi û-'S-ip par morceaux (D"«nn3), c'est-à-dire chaque
lettre et, semble-t-il, avec le préfixe n dans û""3np3 ; on obtient ainsi
6 et avec la répétition du mot lui-même (bbis) ^, 8 unités ; soit au
total le millésime 5408. Si l'opération paraît subtile, la faute n'en
est pas à l'interprétation, mais à la mystique cabbalistique. D'ail-
leurs, je ne garantis pas que mon interprétation soit exacte.
En outre, les lignes du milieu, qui parlent de «la corne d'un bœuf,
de la corne du mouton, de la corne des sauterelles' », me sont
incompréhensibles. Peut-être les mots mo et D'^aan, qui sont
composés de 8 lettres, indi(iuent-ils le nombre 8 que nous cher-
chions. Dans ce cas l'auteur dirait :
Cinq degrés préliminaires '" s'ajoutent à D"'3np (=400),
qui sont dans la corne du bœuf ou des sauterelles,
mais non dans le bueiif, le mouton ou les sauterelles (seulement),
mais si tu peux trouver mon énigme par morceaux,
les degrés préliminaires se sont déjà trouvés dans D'^îlp.
Vienne. S. KraUSS.
1. Le mot ^"in ajouté par moi est araméen, tandis que le reste du morceau est
hébreu, mais cette dissonance ne peut pas faire (iifdculté dans une élucuhration si
récente qui ne se distingue en rien moins que par i'éléganre du style.
2. Cf. "^'îTan p«y, cliapitre inn Ub^y, fJo (éd. Amsterdam, 1048, ^336^ : pT
(Caiabrese) Tns'îp D"^^n -i"nrt73 'p"'p mn nan'c n"''^n yy noon annD T-is-i
^•'hy^ ^:i'^\n^^n'0 rar> -^^Zln 13-173 "î^po n"r!''3T """mr, 'p"-p i"?: y:: ^T'^z^:n
'}n3\:;r3 n^;j7:n -!"n -,7:n vî^'t ^nrT^-'CN nn-» Y'^ îî^Tw^ T->:3pN y;3p -i72is:
npoD r!3i'57:r!C r;7j ii3 -ir -"-[y 'rn'\:72 rrrr "^"'crt q'rwx'r n"n 'd"-! n"NT
•^72131 rrrriiN -«d 3'cï? hd p":» r"î<T ii3cn DTip n3-in u^z^d.
3. Cf. Û''5"5"1D m3"^n '3 UV dans l'interprétation des mois yjnp pni:;T.
4. L'expression D''3an ^3"1p est peut-être un souvenir de Pesahim, lu, 5. Avec un
cabbaliste on peut imaginer aussi que dansD^l3a)n il a trouvé son propre nom D'^^n.
5. Les 5 « degrés préliminaires » peuvent être trouvés dans les 5 lettres de D^3~p(
ou bien : à 4C0 il faut encore ajouter 3000.
ETUDE
SUR
LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE
DU V-^ AU XIV^ SIÈCLE
(suite ^)
CHAPITRE XII
LE COMMERCE DE l'aRGENT.
1. La législation locale appliquée aux Juifs créanciers ou débiteurs. — II. Les
Juifs'et le prêt sur gage mobilier ou immobilier. — III. Le prêt ù intérêt; ses
détracteurs et ses apologistes; son taux; Juifs créanciers surtout des consuls
du Bourg; taux élevés p'our prêts à court terme; lettres de change: renou-
vellements delfets. — IV. Monnaies en usage dans les juLveries de Narbonne :
narbonnais, melgoriens, tournois.
I. — Bien qu'ils aient en la faculté d'exercer indifféremment le.s
professions d'agriculteur, d'artisan ou de marchand, les Juifs nar-
bonnais n'ont pas échappé à la loi générale qui entraînait irrésisti-
blement les Juifs vers le commerce de l'argent. Les seigneurs aussi
bien que les particuliers, les communautés religieuses aussi bien
que les communautés laïques se voyaient contraints en maintes
circonstances de recourir aux emprunts ; et, comme le droit canon
interdisait aux chrétiens la pratique du prêt productif d'intérêt, on
prit l'habitude à Narbonne, comme partout ailleurs, de faire appel au
crédit juif. Les opérations de banque devenant fructueuses par
suite du taux élevé de l'intérêt et surtout par suite de la maîtrise
que les Juifs s'étaient acquise en cette matière à la faveur d'une
longue expérience, de plus, les propriétaires d'immeubles ne
1. Voy. Revue, t. LV, {>\\. 1 et 221 ; l. LVIII, pp. 73 et 200; t. LIX, p. 59 ; t. LXI,
p, '2-2H (;l l. I.XII, p, 1.
ÉTUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 240
jouissant que d'une sécurité probiénialique. non pas relativement
aux brigands de grande route ou aux seigneurs locaux, mais par
rapport au pouvoir royal lui-même, qui s'était avisé pour remplir
le trésor de recourir à dos expulsions et à des confiscations pério-
diques, les Juifs narbonnais s'empressèrent, vers le milieu du
XIII* siècle, de transformer leur fortune foncière en valeurs mobi-
lières, dont le recouvrement, à la veille d'un édit d'expulsion,
pouvait s'effectuer plus aisément qu'une liquidation d'immeubles.
Quoi qu'il en soit, le rôle financier joué par les Juifs était déjà
assez notable à Narbonne dans le premier quart du xiii" siècle pour
que la législation locale ait eu à s'occuper do réglementer leurs
opérations. Des statuts furent dressés, le 3 février 12^1, par le
conseil des prud'hommes et les trois cours seigneuriales delà ville,
portant que les débiteurs qui feraient faillite ou délaisseraient
leurs biens pourraient être livrés entre les mains de leurs créanciers
et détenus par eux; de ces dispositions furent, toutefois, exceptés
les Juifs débiteurs de créanciers chrétiens et réciproquement les
chrétiens débiteurs de créanciers juifs ; mais tout débiteur pouvait
encourir un emprisonnement de dix jours dans la prison de l'une
des trois cours narbonnaises. Les règlements ci-dessus devaient
s'appliquer indistinctement aux femmes juives et aux femmes
chrétiennes dont les maris viendraient à être l'objet de poursuites
judiciaires pour avoir manqué à leurs engagements '.
Sept ans plus tard, en 1228, un statut additionnel fut promulgué
par les consuls relativement aux débiteurs récalcitrants. Ce règle-
ment supprimait la contrainte par corps à l'égard du débiteur juif.
Le créancier devait se borner à la contrainte par saisie immobilière
et mobilière. Conformément aux prescriptions de cette ordonnance,
les consuls firent remettre en liberté, dans le courant de lannée
1238, le juif Abraham Crescas, emprisonné pour dettes à la requête
de son créancier Jean Barte. à la condition, toutefois, qu'il s'ac(iuit-
terait de ses obligations dans Iq délai d'un mois ^.
1. Arch. mun. de Narb., !«■• Thalamus, f° 83 v», 9» Thalamus, f" G (texte latitiK
Cette coutume, tantdt sous sa forme latine, tantôt sous sa forme provençale, se ren-
contre au moins huit fois dans les registres consulaires. — Gop. : BihI. nat., collec-
tion Doat, t. 50, f"' 21-27, d'après 3" Thalamus. — Pibl. : llist. de Lanr/., éd. Du
.Muge, t. VU. Preuves des additions et noies, p. 127, d'après le texte provençal du
3» Thalamus; Du Mège, confondant le règlement de 1221 avec le statut additionnel de
122.S do[it il sera question plus bas, place à tort le règlement sous l'année 122S <■{
Saige (Juifs du Lauff., p. 47) commet la même erreur; Mouynés, Invenl, des urc/iices
de Narh., Annexes de la série AA, p. 11, 1" col.
2, Hist. de Laufj,, éd. Du .Muge, t. Vil, l'reuves des additions et noies, p. 127,
2' col. : « .VI uom de santa et non despartibla Trinital, lo Payre, lo Fil et lo Saut-
2b0 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
II. — Pour éviter les inconvénients et les frais qu'entraînaient
les saisies, les créanciers juifs pratiquaient beaucoup à Narbonne
le prêt sur gage. Quelque temps avant l'année 924, nous voyons les
« Hébreux » Sabrono et Barala créanciers engagistes de la vicom-
tesse Arsinde pour la somme de 4,000 sous garantie sur Talleu de
Magrie et de Guxac'. Le gage n'était pas toujours un immeuble.
C'était, notamment, la perception d'un droit, surtout quand le
débiteur se trouvait être un grand seigneur de la ville. En 1180,
les Juifs Momet et Matofias se firent engager par l'archevêque pour
une période de douze ans, en garantie d'un prêt de 6,000 sous, la
perception de la leude de terre et de mer-. Le 46 mai 1213, nous
trouvons encore des Juifs engagistes des petites leudes archié-
piscopales^.
Qu'arrivait-il de l'objet engagé au cas où le débiteur venait à
déclarer qu'il se trouvait dans l'impossibilité d'acquitter ses enga-
gements, c'est ce que nous apprend un acte du 27 octobre 1252. A
cette date, Bondia de Surgères prête à Bernard de Bubars et à sa
famille 135 sous melgoriens à 6 deniers pour livre d'intérêt mensuel,
soit à 30 0/0 par an. La garantie de l'emprunt est un champ situé
dans le terroir d'Escales, sous le domaine direct de Bérenger de
Boutenac. La dette doit être remboursée à la Saint-Just de l'année
1252, sinon le champ sera vendu au bénéfice de Bondia, qui
prélèvera sur le prix de vente le montant de sa créance, capital et
intérêts, quitte à remettre le reliquat entre les mains de son débi-
teur ■*. Il arriva précisément que Bernard de Bubars ne put pas
^faire honneur à ses engagements, et conformément à la clause
restrictive insérée dans le contrat précédent, Bondia de Surgères
fit procéder à la vente du champ remis en gage -'.
Les créanciers juifs prêtaient aussi sur gage à leurs coreligion-
naires. Ainsi Vidal de Florensac, à la date du 4 4 octobre 4267, tenait
Esperit, los cossols de la vila de Narbona an ordenat que lo Jusieu Abraham Crescas.
près pel deutes que as ilel sen Joan en Barte, séria mes en libertat, mas que pairues
dins lo mes lo digut al dit Joan en Barte. Para qu'es lo establiment aytal que foc fait
l'an de nostre senlior mccxxviii qu'alcun Jusieu no sia près per causa de deutes, mas
que pagues et que sos bes sian vendus, sino a autramen poder de pai-^ar lo crescedor.
Et aytal es estât fait l'an de nostre sonhur mccxxxviii. » Ou Mèijre a tiré ce document
d'un recueil intitulé : Actes pour servir à l'histuire de France. Sa jiublication nous
paraît fautive ; mais il nous a été impossible d'en retrouver la source. Cf. Saiire Jui/'s
du Lang., p. 47.
1. Voy. plus haut, chap. iv, g ii.
2. Inventaire des archives de l'archeTÔché de Narbonne, t. 1, f" 313 v^-Sl*,.
3. Voy. plus haut, chap. v, §v.
4. Saige, Juifs du Lan</., pp. 188-190,
tl. Ibid., pp. 190192.
ÉTUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 251
eu gage de Vidal, fils de David de Narbonne, un maiise situé dans
la Cité, sous la directe vicomtale '. Mais il est probable que dans
ce cas le créancier, conformt'ment aux presci'iptions de la loi
hébraïque, n'exigeait pas d'inlérct de son coreligionnaire. Le
bénéfice réalisé devait consister uniquement alors dans le produit
de la récolte.
Quelquefois — probablemcnl dans les petits emprunts —le gage
consistait, comme au 3Iont-de-Piété moderne, en matière d'argent,
en vêtements et autres objets mobiliers. La charte de franchises
octroyée par l'archevêque à sa juiverie le 10 janvier 1284 prévoyait
les engagements de cette sorte. Les Juifs engagistes de vêtements
ou de pièces d'argenterie jouissaient de la faculté, à l'expiration
d'un délai de deux ans, et après en avoir préalablement obtenu
l'autorisation de l'officialité archiépiscopale, de mettre en vente
tout ou partie des objets engagés jusqu'à concurrence du montant
du prêt. Défense était faite aux Juifs de recevoir en gage des draps,
des costumes ou des ornements ecclésiastiques, des vêtements
sanglants ou perforés par le glaive, soit encore des étoffes dont le
commerce était interdit sous peine d'amende^.
On ne trouve pas seulement des Juifs créanciers de chrétiens; on
voit aussi le contraire : des chrétiens créanciers de Juifs. Cette
réciprocité s'explique encore par la prohibition canonique du prêt
à intérêt. Il est clair que le prêt consenti par un chrétien à un Juif
était moins repréhensible que le prêt consenti à un autre chrétien
De plus, le prêt sur gage, bien que n'étant dans la plupart des cas
qu'un prêt à intérêt déguisé, n'était pas interdit par les canons de
l'église. Le 27 octobre 1154, le saunier juif Bonisaac, sa femme
Mairona et leurs filles Regina et Bonamancipa, en garantie d'un
emprunt de 200 sous melgoriens, engagent à Pierre Causic 150 aires
de salins sises au Pradel, avec tous les accessoires nécessaires à
l'extraction du sel. La durée de rengagement est fixée à deux ans.
Si, au terme de ce délai, la dette n'est pas acquittée, le créancier
continuera à exploiter la saline jusqu'à complet remboursement.
Pour obvier aux perturbations que peuvent amener les variations
monétaires, et notamment la baisse de l'aloi au dessous du taux de
48 sous melgoriens par marc d'argent fin, poids légal de Narbonne,
les emprunteurs sengagent à effectuer le remboursement de leur
prêt en argent fin et en très bonne monnaie. Le créancier sur
gage pourra, à son tour, sous-engager la saline s'il a besoin dans
1. Saii.^;, Juifs <lu Lang., pp. 192-200.
2. Pièces juslificalives, n" VIU, arlicles 9 pt 10.
252 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
lintervalle de réchéance de rentrer en possession du montant
de son prèt^
Les « Rois Juifs », eux-mêmes, étaient obligés de recourir à
l'emprunt sur gage immobilier. Ainsi, Clarimos et Bondia, bien
avant ledS novembre H99, avaient engagé leur droit de propriétaire
direct sur une pièce de terre sise dans le terroir de Pré judaïque,
le premier en faveur de Guillaume de Rieu, le second en faveur de
Bérenger de Moussan. D'autre part, à la date du 15 novembre H 99,
on voit Pons de Coursan, tenancier des deux parcelles de Clarimos
et de Bondia, engager à son tour le domaine utile de ces pièces de
terre en garantie d'un emprunt de 40 sous melgoriens pour la durée
de deux ans, à partir de la Saint-André, avec possibilité de prolon-
gation d'an en an jusqu'à complète extinction de la créance. Les
revenus de la terre ne servent pas à l'amortissement de cette dette.
Ils constituent donc le bénéfice du créancier.
Dans ces contrats, comme dans l'acte précédent, nous voyons que
le créancier se réserve le droit de sous-engager la pièce de terre
pour la valeur de sa créance, après en avoir obtenu préalablement
l'autorisation des propriétaires directs, à qui il devra fournir les
redevances accoutumées, notamment le quart de la j'écolte, et, en
cas de sous-en^agement, les droits de mutation (^foriscap . Les
débiteurs s'obligent, s'il advient que, par suite de moins-value, la
terre engagée constitue une garantie insuftisante, à offrir en gage
tous leurs autres biens, immeubles et meubles. Ce prêt sur gage
ressemble donc étrangement à un prêt sur garantie bypotbécaire.
Si la reprise delà terre s'effectue au moment de la récolte, le pro-
duit devra en être réparti entre le créancier et le débiteur, moitié
par moitié. Toutefois, si la récolte consiste en blé, le débiteur devra
indemniser le créancier de la moitié du prix d'acbat de la semence ^.
IIL — Mais le mode que revêt le plus généralemonl lobligalion
souscrite par un cbrétien au protit d'un créancier juif nest pas
autre chose que le simple prêta intérêt. La détention du gage devait
entraîner des tracas pour le prêteur, surtout s'il lui fallait s'impro-
viser agriculteur ou vigneron. Au reste, le bénéfice annuel réalisé
subissait tout à la fois les fluctuations de la récolte et du marciié.
Il y avait donc avantage à s'assurer un revenu fixe et déterminé,
— du moins pour une certaine péi'iode, — comme, par exemple, le
prix de la location diin inmieuble ou le cens d'une tenure. Nous
1. Pièces justificatives, w" IV,
2, Pièces justificatives, 11° V,
ÉTUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NAIIIiONNE 2b3
voyons, le "20 iiovembie IIUl, deux Juifs de Naihoiine, Eiïrahim et
Bonastruch, de passage à Girone consentir un prêt en laveur du
catalan Gaufredo Borrell de Razet '.
Le débiteur était souvent réduit à li([uider une partie de ses biens
pour s'acquitter à l'égard de son créancier juif. Le 26 féviier 1220,
Kaimond-Bérenger dOuveillan vendit à l'abbaye de Fontfroide deux
pièces de terre sises dans le terroir de 3Iattefer,près de Montlaurés;
le montant du prix de vente, soit ooO sous, fut intégralement versé
au Juif Âstrac. qui avait prêté pareille somme au père du vendeur,
Bérenger d'Ouveillan, « sous de grosses usures » ^.
Le présent acte ne nous est parvenu que sous forme d'analyse. Il
est donc probable que lexpression « sous de grosses usures » em-
ployée par l'auteur de l'inventaire des titres de Fontfroide n'est
qu'une mauvaise interprétation du mot itsura, qui. au moyen âge,
signifie tout simplement intérêt. Nous verrons plus loin ce qu'il
faut penser du taux exigé par les Juifs de Narbonne. Assurément ce
n'est pas sans raison que les canons 2, 3 et 4 du concile provincial
tenu à Narbonne pendant le carême de Tannée 1227, sous la prési-
dence de l'archevêque Pierre Ameil, défendirent aux Juifs d'impo-
ser aux chrétiens des intérêts trop élevés^. Mais à Narbonne les
Juifs ne paraissent avoir pratiqué que très rarement l'usure au sens
moderne du mot.
Le crédit productif de gain subit une crise sous le règne de
Louis IX, qui proscrit sévèrement toute pratique de prêt à intérêt.
Aussi, voyons-nous un Juif narbonnais, Meïr ben Siméon, soutenir
dans un factum la légitimité et l'utilité du prêt à intérêt, qu'il dis-
tingue nettement de l'usure'. Sa théorie semble avoir prévalu à
Narbonne sur celle de la royauté capétienne. Nous avons vu que
les seigneurs de la ville ne se faisaient pas faute d'encourager les
pratiques financières des prêteurs juifs, au crédit desquels ils ne
dédaignaient pas de recourir à l'occasion.
L'industrie narbonnaise faisait' appel, elle aussi, au concours
financier des capitalistes de la grande et de la petite juiverie. Le
pareur Guillaume Gramos Grafiiuscii) dictant son testament le
1"" octobre 124S, n'oublie pas qu'il est débiteurde certaines sommes
à l'égard du frère de Mamet,du frère de Léon Anellier eld'un autre
Juif qu'il ne nomme pas ; il recommande à ses héritiers de restituer
1. Girhal, Revisia de Gerona, t. 16, p. 34 (d'après Archivo del Hospicio de Gemna,
armario de pergamenos, cajon 17, n" 205).
2. Bibl. de Narbonne, ms. 259, f* 95.
3. Voy. plus haut, chap. v, § vi.
4. Ihid.^, cliap. vu, g i.
254 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
() livres, 18 sous, 4 deniers melgoriensaux deux premiers, 66 sous,
8 deniers au troisième ^ C'est peut-être aussi une restitution de
somme prêtée qu"il faut voir dans la clause du testament de Ber-
nard de Cortone instituant en laveur de Bonmacip, fils du Roi Juif,
un legs de 22 deniers, plus une cape de capavesce '-.
Quel était le taux de Tintérêt exigé par les Juifs de Narbonne ?
Bernard de Bubars et sa famille étaient débiteurs à Bondia de Sur-
gères de 133 sous melgoriens productifs de 6 deniers pour livre
d'intérêt par mois, soit 30 0/0 par an. L'intérêt devait être payé en
même temps que le capital au jour de récbéance du billet. Des pré-
cautions sérieuses étaient prises en prévision de variations moné-
taires. L'intérêt {liicnim) devait être soldé en argent fin à raison de
48 sous melgoriens au marc, conformément à l'aloi de Nar-
bonne ^.
L habitude de verser le montant de Fintérèt en bloc au jour de
récbéance de l'emprunt, et non à des termes fixés dans l'intervalle:
fin de mois, fin de trimestre, fin de semestre ou fin d'année, nous
explique que dans les quittances de dettes il ne soit pas fait de dis-
tinction entre le capital et l'intérêt. Le 16 juillet 4303, Astruc
Bonafos du Cayla}- et Sabron Vivas, Juifs, donnent décharge au
légiste Pierj-e Bonet, procureur des consuls du Bourg, de M^^ livres
tournois, à valoir sur les 240 que les consuls leur devaient, ainsi
qu'à leur coreligionnaire Bondia Mossé, pour livraison de 3 charges
et demie de poivre''.
Il ne s'agit plus ici, il est vrai, duu emprunt souscrit en espèces,
mais dune forme particulière de crédit : la fourniture de marchan-
dises payables à terme. La conclusion de ce marché donnait lieu
à la rédaction d'un billet à ordre ([ni i-eslait entre les mains du
fournisseur et qui était remis au débiteur ou à son mandataire
contre remboursement au terme de rempriint. Il est fort possible
que le montant de la livraison consentie à terme ou le capital en
espèces prêté pour un délai déterminé aient été majorés au mo-
ment de l'emprunt de la somme d'intérêt exigible à l'échéance.
Il n'est pas toujours facile de démêlei" les difTérentes formes de
prêt à intérêt pratiquées par les Juifs de Narbonne. Par
exemple, le o novembre 1303, Salomon de Montpellier donne
1. Atcli. iiuiii. de Narb., pièce orit;. pareil, non inventoriée : « . . et tribus Judeis
Iratri Maineti et fratri Leonis Anellarii mande restitui vj libras et xiij solidos et iiij
deiiarios melgorensium et tercio Lxvj solidos et viij denarios melgorensium ».
2. Voy. plus baut, cliap. x, lin du S vu.
3. Saige, Juifs du Lan;,., pp. 188-11)0.
4. I'ièce.s jiislificaiives, n" XI.
ÉTUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 255
quittance à Arnaud do Rosolenchis, peaussier de Narbonne, —
chargé par les consuls du Bourg de recueillir Fintérêt {pena ') de
la taille imposée dans le Bourg à raison de l!2 sous tournois par
denier de revenu imposable et affermée à Jean de Palayan, meu-
nier, — de la somme de '2i livres, 6 sous, 8 deniers tournois pour
24 livres dues par les consuls du Bourg contre livraison de trois
charges d'alun. Salomon de Montpellier remet le billet de prêt à
Arnaud de Rosolenchis- . Le même jour, Davin den Affagim donne
quittance de 26 1., 6 s., 8 d. tournois pour 28 1. empruntées par les
consuls du Bourg à raison de 6 marcs d'argent fin le 14 août 1303 ^.
Également le même jour, Astruc Catre, Juif de Narbonne, au nom
et lieu de Grescas Bonet, Juif de Lunel, donne quittance de pareille
somme pour 28 1. souscrites aussi par les consuls du Bourg aux
mêmes conditions et à la même date^
Il ne semble pas qu'il s'agisse là de versements^ effectués à titre
d'à compte, mais de remboursements intégraux. Comment expli-
quer toutefois l'écart assez sensible qui se présente entre le montant
du capital prêté et le produit de la créance échue ? Cette différence
peut provenir d'une baisse monétaire survenue dans l'intervalle ou
bien encore d'une remise d'intérêt, résultant d'un remboursement
effectué avant terme.
Les consuls du Bourg recouraient souvent au crédit des Juifs
narbonnais. Ils avaient emprunté, notamment, le 4 août 1304, à
Samuel Bonmacip de Lescaleta et à Vidal Mossé la somme de 100
livres tournois de monnaie faible. Après l'expulsion de 1306 et la
confiscation des créances juives, les consuls durent s'acquitter de
leurs dettes entre les mains des collecteurs royaux. Le 24 décembre
1306, Bernard Bardin, consul du Bourg, versa en son nom et au
nom de ses collègues, à Bernard Raseire, chargé de recouvrer les
créances des Juifs narbonnais, 33 livres, 6 sous, 8 deniers de petits
tournois valant 100 livres de monnaie faible. Par suite des intérêts
la créance s'élevait en réalité à 12o livres ; mais remise fut faite aux
consuls des intérêts^.
Le 4 août 1304, les consuls du Bourg avaient également souscrit
une seconde obligation de 100 francs au prolît de Samuel
1. /'e/io est ici synonyme d'intérêt. Voici, (i'ailleurs, un extrait de document où
penu a également cette acception : « ...deinde lovent de pena super nos vj denarios
melgorensium pro libra singulis mensibus » (Sai^'e, Juifs du Lung., p. 188).
2. Pièces juslificatives, n° XII.
3. Ihid., 0' XUl.
i. Ibid., n" XIY.
3. A. Blanc. Livre de comptes de Jacme Olivier, t. H, pp. 3i)9-o60.
256 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Bonmacip de Lescaleta et de Vidal Mossé. Mais le montant n'en
fut acquitté entre les mains du collecteur Bernard Raseire que le
21 juin d34l ; à cette date, étant donné les variations monétaires
survenues dans l'intervalle, la somme à rembourser ne fut plus
que de 42 livres, 18 sous, 4 deniers de monnaie faible '. Les 22 et
24 décembre 1304, les consuls du Bourg avaient souscrit deux
emprunts de 31 livres, 5 sous tournois au profit des Juifs David
Vidal de Melgueil et Bondia de Surgères ^.
Le second emprunt fut acquitté par les consuls, le 24 décembre
1306, entre les mains du collecteur, qui n'exigea que 8 1., 6 s., 8. d.
tournois valant 2o livres de monnaie faible. Remise fut faite de
rintérêt, soit 6 livres, 5 sous^. Quant à la première créance, elle
fut soldée au collecteur le 21 juin J311. La remise de lintérét, soit
o 1., 5 s. fut accordée; mais, la somme à payer s'élève à 101., 14 s.,
7 d. tournois de monnaie faible ^
Les Juifs ne prêtaient pas seulement aux consuls. Ils ouvraient
aussi leur bourse aux simples particuliers. Un acte du l°- décembre
1313 nous montre que Bondia de Surgères avait prêté 4o s., 2 d.
tournois à Guillaume Raynès, donat de l'hôpital des pauvres du
Bourg, et à Bertrand Calvet, laboureur. Ce dernier dut solder la
créance entière au fisc royal. Aussi, le 1^'' décembre 1313, se fit-il
verser par frère Guillaume Lafont, procureur de l'hôpital, grâce à
l'intervention des consuls du Bourg, la somme de 22 s., 7 d. de
petits tournois représentant la part d'obhgation souscrite par
Guillaume Raynès^.
Dans tous ces actes où les consuls du Bourg interviennent, soit
comme partie contractante, soit comme partie intéressée, on ne
distingue pas très bien quel était le taux de l'intérêt exigé par les
créanciers juifs. Nous ne le savons d'une façon certaine que pour
Bondia de Surgères, qui prêtait à raison de 6 deniers pour livre par
mois, soit à 30 0/0 par an*"'. Or, le 23 mai 1318, Pbilippc V le Long
fixait le taux maximum de l'intérêt à deniers pour livre par
semaine, soit un peu plus de 43 0/0 par an ^
1. A. Blanc, Livre de comjiles de .lacme Olivier, t. 11, p. 500.
2. Ihid., pp. 560-361, publication partielle en note de l'acte du 22 décembre. On
trouvera celui du 24 décembre à nos Pièces jusdficatives, n" XV; cf. A. Blanc, «/
supra, p. 560, note 1.
3. Pièces jusiifiralives, n" W.
4. Blanc, ul supra, pp. 560-561, note.
5. Ibid., t. II, 2« partie, pp. 710-120.
6. Saiiic, Juifs du Lantf., p. ISS : « .... lèvent de pena super nos vj dcnarios
melgorensium pio libra singulis mensibus ».
1. Arcli. mun. de Narb., pièce non inviMitoriée. M. A. Blanc n'a publii' ([u'une partie
de ce document (pp. 800-802).
ETUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 251
Cet intérêt de 43 0/0* est précisément le taux maximum fixé par
l'ordonnance de Philippe-Auguste relative au prêt. Le taux nar-
bonnais était donc bien inférieur au taux royal; mais il était plus
élevé que la cote légale imposée aux créanciers juifs dans les
États de la couronne d'Aragon^, et que Jaime I<"" avait fixée à
200/0. L'élévation relative du taux narbonnais par rapport au taux
aragonais s'explique par la courte durée du prêt et la proximité
du terme; à Narbonne, en eflet, l'échéance tombait le plus sou-
vent au bout de la deuxième année. Dans les royaumes d'Aragon,
pour éviter que le montant des intérêts n'atteignît le chiffre du
capital, c'est-à-dire à raison de 20 0/0, au bout de cinq ans, les
créanciers juifs devaient, passé ce délai, réclamer le rembourse-
ment du prêt et au besoin introduire une action en justice contre les
débiteurs récalcitrants^. Cette coutume ne parait pas avoir existé
dans le vicomte de Narbonne.
Les quelques Juifs revenus à Narbonne après les expulsions de
1306 et 1322 ne purent s'adonner qu'à la petite banque. On trouve
un écho de leurs opérations dans le livre de comptes du marchand
narbonnais Jacme Olivier, A la date de 1383, ce dernier inscrit au
compte des dettes de dame Lauzagna, 4 livres, 19 sous, 8 deniers
qu'il a acquittés entre les mains de Crescas de Lunel, créancier
par contrat de ladite dame '•.
Reine Lauzagna et son fils Bernard Laurac, marchand de Nar-
bonne, ne se montraient pas très exacts dans leurs paiements à
l'égard de leur créancier Crescas de Lunel. Ce dernier porta plainte
contre eux, le 27 novembre 1383, par devant le lieutenant du
garde-juge du nouveau sceau de la supériorité de Montpellier. Le
créancier réclamait 2 francs d'or sur les 4 francs 14 sous tournois
que lui avaient souscrits Bernard Làurac et sa mère par acte passé
devant M" Guiraud Barrau, notaire à Narbonne, le 18 novembre
1308. Le lieutenant du garde-juge perçut pour l'enregislremenl
de la plainte le dixième de la créance, soit 3 gros et 3 barce-
lonais^. En 1384, le marchand Jacme Olivier dut encore payer
1. Exactement 43,33 0/0.
2. Voy. notre Catalogue des actes de Jaime l", Pedro III et Alfonso III, rois
d'Aragon, concernant les Juifs (0213-1:291), dains R.E.J., t. LX(1910), p. 166, n" 28.
3. Ibid., t. LX, p. 194, n" 180, t. LXI (1911), p. 34, u° 411, p. 37, n° 433.
4. A. Blanc, Livre de comptes de Jacme Olivier, t. II, 1'* partie, p. 38 : « Item
jiiis deu que pa^'uey an Cresquas de Lunel, juzyeu, per la carta en que era Imbliyaila
iiij fran, e j florin e iij gros per la caita, monta iiij 11. xix s. vnj.
Item pus (leu que ly l)aylet ma muler, a xsj dezembre, j franc. . . . d . . . j li
5. 7/'/(/., ajipendice VI, p. 213.
T. LXII, \" 124. 17
258 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
6 francs pour Bernard Laurec et dame Lauzagua au juif Crescas'.
Réciproquement, Crescas de Lunel étaut un des clients de Jacme
Olivier, effectuait des paiements à son ordre. Le 10 avril 1386,
il lui achète une ceinture d'argent au prix de 10 francs, 2 gros.
Or, Crescas a payé à Tordre de Jacme Olivier et à la décharge de
Bernard Laurac la somme de 0 francs. De plus, le second est débi-
teur au premier de 1<S gros pour une livraison de blé. Crescas s'ac-
quitte de la différence, soit 3 francs'-. On voit que Jacme Olivier et
Crescas de Lunel faisaient usage de lettres de change, puisqu'ils
endossaient mutuellement les billets d'un tiers en relation d'adaires
avec l'un d'entre eux.
Sous le règne de Charles V, les consuls de Xarbonne s'étaient
élevés vivement contre les « Juifs dévorateurs de la fortune des
chrétiens^». Cela n'empêcha pas leurs successeurs en fonction
durant les années 1389 et 1390 de recourir aux créanciers juifs. Le
registre de comptes du clavaire pour l'exercice 1389-1390 mentionne
des payements d'intérêts effectués pour l'échéance du mois de
septembre entre les mains des Juifs Mayrot, David de Lunel,
Joseph Astruc et Abraham Hizac. Ces effets souscrits le l*"^ sep-
tembre par devant notaire étaient renouvelables de mois en mois
moyennant le payement d'un escompte de 4,16 ou 3,33 0/0.
Le taux de l'intérêt exigé par les créanciers des consuls varie
assez fortement. Joseph Astruc a prêté 100 francs à raison de
10 deniers bons, soit à 50 0/0 par an, Abraham Hizac, 50 francs à
8 deniers bons, soit à 40 0/0. David de Lunel et Mayrot ont prêté
l'un 100 francs, l'autre 50 à deux blanques bonnes pour franc '", soit
— la blanque valant 5 deniers — à 50 0/0. On voit que le taux de
l'intérêt était très élevé; mais cette élévation était en raison directe
de la proximité de l'échéance : prêt à court terme, fort intérêt.
IV. — Il est intéressant de rechercher de quelles monnaies les
Juifs de îSarbonne se servaient de préférence dans leurs opérations
1. A. Blanc, Livre de comptes de Jacme Olivier, t. Il, 1" partie, pp. "1 ef 72 :
« Bii. Laurac deu » « lieni pus deu (jue bayley an Crt-scas vj fr« \j li. »
« Doua Lauzaijua deu » « Item pus deu que pagucy un C.iescas vj l'i* vj li. *
2. Ihid., p. 100 : « Crescas de Lunel deu per j» seiitura d'argen que ly vendey. que
pera j marc, v onsas 1 2, a for de vj franc lo marc, monte x franc e ij gros.
K nos devem ly que ly dysem a pa^^ar per Un. Lauzac vj franx, valon.
lleni pus ly devem per resta del Mal que aguy s\eu : xviij gros, vaKm j franc j g"
viij d'.
Paguet iij fr». »
3. Voy. jdus liaut, chai», vii, § xii.
4. A. Blanc, Livre de comptes de Jacme Olivier, t. Il, 2<- jiartie, p. 1013.
ÉTULib: SUR LA CONDlTIOiN DES JUIFS DE NARBONNE 2li9
financières. A la lin du xi« siècle, en 1092, Abomar et Abraham
acquiltanl le droit d'entrée en possession d'un manse,ont recours à
la monnaie de Narbonne'. C'est encore en sous narbonnais* qu'au
xii'= et même au commencement du xni* siècle, les Juifs de Nar-
bonne paient le cens au vicomte pour la possession des maisons
de la grande juiverie ''. Mais déjà le 11 octobre 1135, Bonisaac se
fait verser le prix d'achat des salines moitié en monnaie de Mel-
gueil et moitié en monnaie de Narbonne '.
C'est, en effet, du sou melgoricn "• qu'il est le plus souvent ques-
tion dans les actes relatifs aux transactions judéo-chrétiennes. Le
27 octobre 1154, le môme Bonisaac lait un emprunt de 200 sous
melgoriens au cours de 4 deniers^, à l'aloi de 48 sous par marc
d'argent fin, poids de >'arbonne'. Le Roi Juif se fait aussi payer
en melgoriens le droit d'entrée en possession de deux parcelles de
terre, au mois d'avril 1195^. C'est encore le même cours de 48
sous par marc d'argent fin qui se trouve établi pour le sou melgo-
rien à la fin de 1199'-'. La charte vicomtale de franchises du 8 mars
1217 montre l'emploi siniultané de la monnaie mclgorienne et de
la monnaie narbonnaise. Mais, tandis que celle-ci s'applique au
cens annuel, celle-là s'applique au prix de l'entrée en bail '".
La monnaie deMtdgueil était exposée comme les autres à d'assez
fortes variations. De là dans les actes les expressions de sous mel-
goriens bons et ayant cours". Le créancier Bondia de Surgères
fait spécifier dans un prêt du 27 octobre 1251 que, si le cours de la
monnaie melgorienne subit une forte baisse, la dette sera acquittée
en argent à 48 sous melgoriens le marc'-, c'est-à-dire à la valeur
d'un marc d'argent fin, bon poids'-'. Nous relevons l'usage de la
1. Piècps juxlificatives, n° lU.
2. Le sol narboniiais valait 13 ilcniers tournois (Moynès, Invenl. des arch. de Narb.,
série A A, p. 469, note 3).
:i. Voy. plus haut, cliap. iv, S vi.
4. Iiiventaii-e des titres du chapitre de Saint-Jiist, transcription faiti' par M. liorics,
« Des possessions de la Cité, 2* caisson, u" 20 ••,
3. Le sou nielgorien valait 4 sons tournois (Moujnés, iil supra, p. 4ii!), note 2).
0. Au cours de 4 deniers signifie que 1 denier mclgoiien ost léquiTalent de
4 deniers tournois, ce (jui corrobore la note précédente.
7. l'ièces juslificalives, n" IV. Le marc d'argent lin au poids de N'arbonne valait
48 sous melgoriens.
8. Saige, Juifs du Lang.y p. 1^8.
9. l'ièces jiistificalives, w" V.
10. Saigf, Juifs du Lan;/., ji]». l.j."i-l,".7.
11. Ihid.. \>iK I(i:i-1G7.
12. //'/■(/.. pi>. 18S-190.
13. !-e payement en marc rappelle l'époque où l'on payait on lingot de métal pur, au
poids. Le payement au poids est une garantie contre les variations monétaires.
260 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
monnaie de Melgueil pendant tout le cours du xiii« siècle jusqu'à
l'année 1^61 environ ^
Mais dès la fin du xiii^ siècle, la monnaie tournois se substitue à
la monnaie melgorienne. C'est en tournois que les Juifs archiépis-
copaux paient le droit d'entrée en possession de leurs maisons et
aussi le cens annuel, tout au moins à partir du 10 janvier 1284-.
C'est également en tournois que les créanciers juifs consentent des
prêts dans les premières années du xiv'= siècle^.
Enfin, dans le dernier quart de ce siècle, concurremment avec
les tournois, apparaissent les florins et les barcelonais. En même
temps qu'il est question comme par le passé de livres, de sous, de
deniers, se rencontrent dès lors les termes de francs, de gros et
de blancs ^
CONCLUSION
Après la tentative d'absorption violente dirigée contre les Juifs
par la monarchie wisigothique, la colonie juive de Narbonne réussit,
à la faveur de la tolérance carolingienne et de l'hostilité inoffensive
de Charles le Simple, à s'implanter définitivement dans la vieille
cité gallo-romaine.
Cette situation favorable se perpétue sous le régime féodal. La
population juive de Narbonne se répartit alors en deux commu-
nautés distinctes et inégales. Le grand seigneur laïque de la ville,
le vicomte, se rend compte tout de suite des avantages qui doivent
résulter pour ses finances de l'amélioration du sort de ses Juifs.
Quant au grand seigneur ecclésiastique, l'archevêque, il se laisse
un instant dominer par la doctrine de l'Eglise; le souci de ses inté-
rêts temporels et, en particulier, la crainte de voir sa juiverie se
dépeupler au profit de celle du vicomte l'obligent, soixante-sept
ans plus tard, à imiter l'œuvre d'affranchissement réalisée par son
rival.
L'époque féodale nous fait assister à l'adaptation progressive de
l'élément juif aux différents modes de l'existence narbonnaise.
1. Acte du 12 avril 1261 (ms. Bories, cité plus haut, "Des possessions de la Cité,
11° 39»).
2. Pièces justificatives, n" VUI.
3. Voy. plus liaut.
i. Le blanc était une uininiaie (le liillon qui commeni;» a être eu usage sous
lMiiii]>pe Vi do Valois. Les f/rands blancs ou gros deriiers l/fancs valaient 10 deniers
tournois ; les petits bUnics ou demi-blancs la moitié.
ÉTUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 261
Bénéficiaires d'une législation tolérante et de coutumes locales sin-
gulièrement favorables, les Juifs narbonnais parviennent à s'ins-
taller à presque tous les échelons de la hiérarchie sociale et dans
toutes les catégories de professions urbaines ou rurales. Si, toute-
fois, l'exclusivisme inflexible des théories dominantes leur interdit
l'accès des fonctions publiques donnant pouvoir de juridiction sur
les chrétiens, les usages locaux ne s'opposent pas à leur nomina-
tion comme collecteur de taxes seigneuriales. En somme, soit
comme tenanciers de propriétés chrétiennes, soit même, le plus
souvent, comme propriétaires de tenures chrétiennes, soit à titre
de banquiers, les Juifs de ^Jarbonne s'appliquent à collaborer acti-
vement avec les chrétiens dans toutes les branches de l'agriculture,
de l'industrie et du commerce.
Par leur groupement à l'intérieur de la Cité, les Juifs narbonnais
ne forment pas, politiquement parlant, des enclaves souveraines
dans deux seigneuries autonomes. Vicomtes et archevêques n'ont
jamais pris ombrage des tendances particularistes et de certaines
pratiques spéciales, la plupart d'ordre religieux, observées par les
communautés juives. Au surplus, entre les prérogatives particu-
lières des juiveries et les privilèges municipaux des habitants chré-
tiens une sorte d'équilibre a fini par s'établir.
En somme, il n'aurait pas été chimérique d'entrevoir à la veille
du jour où brusquement le pouvoir royal vint anéantir l'œuvre de
pacification poursuivie à Narbonne par les deux plus fiants repré-
sentants de la féodalité locale, l'heure plus ou moins procbaine où.
à la faveur de franchises seigneuriales aboutissant à l'admission
complète des Juifs au bénéfice du droit commun, se serait i)ara-
chevée l'œuvre dunificalion entre les deux éléments principaux de
la population narbonnaise.
Jean Régné.
APPENDICE I
LES JUIFS DE CAPESTANG
I.a jiiivorie de Capeslani,' ost mentionnco pour la première fois dans
un dociiinent du milieu du xiii« siècle ; mais il est proliable que sa Ion-
dation remonte à une époque bien antérieure. On voit les chefs do la
communauté assister, en 1246, à l'assemblée de Narbonne, où leur
262 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
coreligionnaire Méïr ben Siméon expose les doléances des Juifs contre la
politique inaugurée par Louis IX à leur égard '.
La chàtellenie de Capestang faisait partie du domaine temporel de
l'archevêque de Narbonne. La juiverie capcstanaise était donc soumise
à la juridiction archiépiscopale ; il semble même qu'elle ait bénéficié
d'une charte de franchises un quart de siècle avant la petite juiverie de
Narbonne. Cette charte lui fut octroyée par l'archevêque Gui Foulquois,
qui occupa le siège de Narbonne du 10 octobre 1259 au mois de décembre
1261 et devint pape sous le nom de Clément IV. Elle fut confirmée par
le successeur de Gui Foulquois, l'archevêque Maurin, qui demeura
pendant dix ans à la tête delà province narbonnaise 1262-24 juillet 1272,.
La charte en question reconnaissait aux Juifs de Capestang le droit de
résider librement dans cette localité sous les mêmes conditions que les
habitants chrétiens, excepté, toutefois, l'obligation de contribuer aux
« quêtes» municipales et de participer à la garde du château local. De
plus, la juiverie pourrait jouir des coutumes du lieu au même titre que
la communauté chrétienne. En terminant, l'archevêque plaçait les Juifs
de Capestang sous sa protection et sous sa sauvegarde *.
La situation privilégiée assurée par les archevêques à leurs Juifs de
Capestang n'empêcha pas ces derniers d'émigrer en partie à Narbonne,
où ils vinrent grossir le contingent de la juiverie vicomtale'. Il y avait
aussi des Juifs, — s^ns doute des commerçants, — qui habitaient alter-
nativement Béziers, Narbonne et Capestang. Vers 1284, Vidal de Barrela,
Juif capestanais, fut inscrit sur le rôle de la taille royale, les commis-
saires du roi à ce délégué ayant constaté que feu Bonafous, son père,
nvait transféré son domicile de Narbonne à Béziei's, sans plus jamais
retourner établir son foyer à Narbonne *.
L'exode des Juifs de Capestang vers la juivei-ie vicomlale de Narbonne
fut l'origine de conflits nombreux entre l'archevêque et le vicomte. Le
26 août 1292, sur l'ordre du viguier royal de Béziers, le baile royal de
Narbonne requit les officiers du vicomte d'avoir à restituer à l'archevêque
un Juif de Capestang qu'ils retenaient indûment prisonnier. Les officiers
vicomtaux se déclarèrent prêts « à obéir à la justice et à faire ce qui
serait raisonnable ^ ».
Les Juifs de Capestang n'écliappèrent pas aux vexations du fisc royal.
En 1306, ils présentèrent une requête à l'archevêque, leur seigneur
immédiat, pour le supplier d'intervenir auprès des collecteurs royaux qui
voulaient les contraindre au paiement des tailles royales*. C'est peut-
être pour bien établir ses di'oils que rarchevê([ue fit dresser, en 1306, un
1. Voy. plus haut, cliap. vn, S i"-
2. Inventaire des arcliives de rarclie\iché de .Narlioiiiio. l. IV, T Sfi r» et v".
3. Acte du IQ avril 1276 : « ...ratione Judcorum venienlium ai>uil >arl>oiiam de
r.ijiitesta^no. . . » (Saii:e, .hii/'s du Lan;)., ]i. 200).
4. Ihid., p. 214.
3. Iiivent. des arcli. de l'aiThev. de >ari>., t. I, f"* 143 v"-144.
ti. /6/V/.. t. 1. r.-;-)'.).
ÉTUDE SUK LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 263
état des privilèges et libertés dont jouissaient les Juifs de Capestang, en y
mentionnant plus particulièrement le pouvoir de juridiction qu'il exerçait
sur leur communauté'. L'archevêque, outré des prétentions émises parle
fisc royal, intenta un procès au roi devant le parlement de Paris *.
Dans le courant de la même année, la communauté juive de Capestang
allait subir un sort bien plus lamentable. Atteinte par l'édit d'expulsion
de 1306, elle est expressément mentionnée dans le mandement que
Philippe le Bel adressa au liquidateur des immeubles juifs, Gérard de
Cortone, le 15 mai 1307; ce dernier recevait l'ordre de se transporter
dans la sénéchaussée de Carcassonne et plus spécialement dans les cités
et diocèses de Narbonne et de Pamiers, sans oublier le lieu de Capestang ^
Un demi-siècle après la grande expulsion des Juifs, un vestige de leur
établissement subsistait encore à Capestang : c'était « le four du Juif »,
qu'un document des environs de l'année 1360 place tout près de la porte
de Narbonne '*.
La communauté de Capestang vit tleurlr des rabbins célèbres. Dans la
querelle entre orthodoxes et philosophes les rabbins de Capestang
prirent partie pour les premiers*. Le poète Abraham Bedersi nous a
laissé une élégie sur la mort de David de Capestang et de ses deux fils
Méïr et Bonsenior^ Ce David de Capestang doit, sans doute, être identifié
avec le Davin de Capestang dont il est question dans un acte du
28 septembre 1297 '.
Non loin de Capestang, au nord-ouest, dans le territoire de Creissan,
continant à la rivière du Lirou, se trouvait un ténement dénommé Pcch
judaïque*. Comme ce ténement était situé entre Creissan et Puisserguier,
on peut supposer assez vraisemblablement qu'il avait été possédé par des
Juifs établis à Creissan, ou mieux encore à Puisserguier. Il y avait
certainement des Juifs dans ce dernier lieu. Le Juif Bonel de Puisserguier',
ou tout au moins sa famille, en était originaire.
1. liiveiit. des arcli. de larcliev. de Naili., t. I, f ' 596 v".
2. Ihid., t. I, f o23.
3. Saigc, Juifs du Laiif/., p. 273.
4. Inventaire sommaire des archives départementales de l'Aude, se'ries G et II,
Carcassonne, 1900, in-4°, p. 3, 2' col.
5. Histoire littéraire de la France, t. XXVll. p. 688-689. Sur les rabbins de Capes-
tau?, voy. //>/(/., p. 713. et Gross, Gallia Judaira, pp. 547-548.
6. Ilist. Iill.,l. XXVII, p. 713, et Gross, Gallia judaira, p. 547.
7. Voy. plus haut, ciiap. xi, § iv.
8. Inventaire des titres de la mense rapitulaire de Sainl-.lusi, copie do M. lioiies,
!• Creysse, caisson 33, n" 27 » : acte du 19 octnl)re 1275.
9. Saige, Juifs du Lang., p. 196 : Bonetus de l'odio Sori^ario (Acte du S sep-
tenibie 12r>7).
264 HKVUE DES ÉTUDES JUIVES
APPENDICE II
A PROPOS DE QUELQUES IDENTIFICATIONS DE JUIFS NARBONNAIS '
David du Caviar. — Saige suppose avec raison que le médecin juif
David du Caviar vivait encore àNarbonne dans les premières années du
xiye siècle*. Il n'est pas douteux, en effet, que le Maistre Davin, metge',
dont le nom figure en tête de la liste dressée par les consuls de la Cité à
la fin de Tannée 1305, ne doive être identifié avec le médecin David du
Caviar; les rédacteurs de cette liste ont omis à dessein, pour les appella-
tions de plusieurs Juifs, le nom de famille pouvant révéler la juiverie
royale qui leur avait d'abord servi de résidence*.
Lévi ben Moïse ben Todros aWd.?, Bondla de Surgères. — Lévi ben Moïse
ben Todros appartenait certainement à la famille des « Rois Juifs «. Il
était proche parent et contemporain de Kalonymos ben Todros II ; c'est à
eux deux, à la fois, que sont adressées les lettres de Scheschet ben Isaac
ben Joseph Benvenist de Saragosse ^. Li'-vi ben Moïse est le nom hébreu
de Bondia de Surgère, copropriétaire alleulier avec Clarimos. alias Kalo-
nymos ben Todros II *.
Le Bondia de Surgeres dont il est question dans les actes de 1308'
était, sans doute, le petit-fils du précédent. Il exerça la profession de
banquier et en cette qualité se trouva à plusieurs reprises créancier des
consuls du Bourg '.
Samuel Salami. — Saige identifie Samuel Siilami avec Samuel Secal ',
et bien que Gross soit d'un avis contraire '", c'est à l'opinion du premier,
que nous nous rangeons, le mot hébreu 5«/rt>n/ et le mot provençal escal,
— le nom de Secal ne fait que reproduire ce dernier mot avec simple
1. Il nous a paru téméraire autant qu'inutile Je présenter ici loxposé complet du
mouvement littéraire rabbiniiiue qui s'épanouit au cours du moyen àsje ilans les deux
communautés juives de Narhonne ; téméraire, parce que notre ignorance de la langue
liébraï(|ue nous exposait à trop d'erreurs, inutile, parce que ce travail a été déjà fait
et bien (ait. Dans sa Gallia juduicu, le savant Gross n'a pas moins consacré d'une
trentaine de jiaires aux rabbins de Narbonne (pp. 401-430). Il suffira donc au lecteur
désireux de connaître les productions littéraires des rabbins narbonnais de se
reporter à cette étude magistrale.
2. Saige, Juifs du La7if/uedoc, p. 119.
3. A. Blanc, Livre de comptes de Jacine Olivier, t II. 1'" partie, p. 545.
4. Voy. plus baut, cliap. vu, § ii.
5. Gross, Gullia jutlaica, p. 407.
6. Voy. plus haut, chap. x, S vu.
1. Saige, Juifs du Lanq.., p. 283.
S. Voy. plus haut, chap xii, § m.
0. Saige, Juifs du Lang., pp. 121-12:i.
10. Gross, Gallia judaica, p. 432.
ETUDE SUR LA CONDITION DES JUIFS DE NARBONNE 265
transposition des deux premières lettres — , signifiant l'un et l'autre :
échelle. Toutefois, Saige a grand tort de faire de Samuel Secal et de
Samuel Vidal de Lescalela un seul et morne personnage. Les textes ne
permettent pas cette confusion; au surplus, l'examen philologique de ces
deux noms de famille montre que le second est un diminutif du premier;
il s'agit donc d'appellations servant à désigner deux branches différentes.
Nous avons trouvé aux Archives de la Couronne d'Aragon, dans le
registre 196, f° 151, à la date du l^r mars 1297/8, un sauf-conduit délivré
par le roi d'Aragon Jacques II en faveur d'Astrug, fils de Cresques Vidal,
Juif de Barcelone, et do la fiancée dudit Astrug, Douce, fille de Samuel
Secal, Juif de Narbonne, pour leur permettre le transport à Barcelone de
la dot de la fiancée '.
Pronfat de Capestang. — Le Profag dont il est question dans le rôle
de la taille royale de 1292^ n'est autre, sans doute, que Pronfat de Capes-
tang homme dans la liste de 1305 '.
Abraham ben Abba Mari. — Saige identifie Abraham bon Abba Mari
avec Bonseigneur de Béziers*. Peut-être vaudrait-il mieux l'identifier
avec Abraham d'en Abomari '.
Astruc (VAlet. — Saige fait à tort un seul et même personnage d'Astriic
d'Alet et d'Astruc de Béziers *. Astruc d'Alet, qui possédait une maison
à Narbonne, à la veille de l'expulsion de 1306, habitait vraiment cette
ville en 1305 ^
1. « ÎN'overint univers! quod, cum Samuel Saccall, Judeus Narbone, ratione dutis
Dulcie, filie sue, promiserit seu coiivenerit dare Astrugo, filio Cresclies Vitalis, Judei
lîarcliinone, usque ad quantitatem sex miliuin solidorum malLroiensiuni et pro parte
amicoruni utriusque Judeoiuni ipsoium fuerit suplicatum Immiliter iiobis Jacobo, Dci
gratia régi Aragonum, etc., quod dictam dotem que aportari seu duci débet in terram
nostram guidare et assecurare ac salvam lacère de benignitate regia dignaremur. Sup-
plicacione ipsa bénigne admissa, de gratia speciali guidamus <le piesonti et assecu-
ramus per totam tenam nostram, tam tenipore pacis quam guerre, vobis .Astrugo et
Dulcie predictis dictam dotem usque ad quantitatem predictam sex milia soiidorum
malgorensium, necnon et totiim lucrum quod cum ipsa quantitale lieri contingat, sic
quod in terra nostra per nos vel officiales aut subditos nostros non emparentur, pigno-
rentur, marcbarentur vel alias impediatur vobis vel aliquibus personis ipsam vel
parteni ipsius afferentibus ad partes dominii uostri vel eam in tntum vel in partem
abstrabentibus de terra nostra vobis Astrugo et Dulcia residentibus in terra nostra vel
alibi. Hoc itaijue iruidaticum et assecuramentum vobis concedimus, prout melius et
sanius dici et intelligi potest, ad vestrum salvamentum et bonum intellottuni. Man-
dantes per [iresentem cartam nostram universis oflicialibus et subdilis nostris quod
presens nostrum guidaticum firmum habeant et observent et non contravcniant nec
aliquem contravenire permittant abijua ratione. In quorum testimoninm prescntem
cartam nostram fieri et sigiilo nostro aiiendicio jussimus sigillari. Datum Vaiencie,
kalendis marcii, anno predicto [M" CC* XC" scptimo]. »
2. Saige, Juifs du Lang. p. 225.
3. A. Blanc, Livre de comptes de Jncme Olivier, t. II, 1" jiarlie, p. 545.
4. Juifs du Lang., pp. 127 et 217.
5. A. Blanc, ut supra, p. 545.
6. Juifs du Lang., p. 283.
7. A. Blanc, ut supra, p. 545.
266 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Durand de Lunel ixlrà?- Simon bon Joseph. — Durand de Liincl, qui,
d'après Saige, aurait habité tour à tour [.iincl, Montpellier et Perpignan,
a probablement résidé à Narbonne '. Il possédait, en tout cas, une maison
dans la juiverie vicomtale. Cette maison acquise par Itoger d'Anduze fut
l'objet d'un bail à « nouvel acapt » en Javeurde Bernard Page, peaussier-.
Le Joseph de Lunel dont il est (juestion dans la liste de 130o est appa-
remment le fils ou, tout au moins, un descendant de Simon ben Joseph.
Dans un acte du 22 octobre 1293, publié par M. Kahn ', il est fait mention
de .Joseph (Jusse;, fils de Durand de Lunel, .Juif de Montpellier.
Abraham Caslari. — Abraham Caslari doit être identifié, à notre avis,
avec Abraham du Caviar (en provençal à'Escallar) mentionné dans la
liste de 1305. D'après Gross'% maistre Abraham Caslari, dont Moïse Nar-
boni fut l'élève, serait le célèbre Abraham, médecin de Besalu, ([ui écrivit,
vers 1325, un ouvrage médical. Lliypothèse du même autour suivant
laquelle Abraham Caslari serait le fils de maître David du Caviar est très
plausible.
Après l'expulsion de 1306, le père et le fils prenant, à l'instar de beau-
coup de leurs coreligionnaires, le chemin des Etats du roi d'Aragon, se
seront établis à Besalu et là, le fils aura succédé au père dans la pratique
de la médecine.
Le titre de maître se plaçant d'ordinaire devant le prénom d'un méde-
cin et équivalent, en somme, au titre actuel de docteur, il est très
probable que le M" Abraham qui fut locataire, avant 1306, de la maison
de Samuel Vidal de Lescaleta, située prés de la Corlada du « Roi Juif » *,
n'était autre que M» Abraham Caslari ou du Caviar*.
Nous n'estimons pas devoir pousser plus loin ces tentatives d'identifica-
tion ; ce sont là entreprises difficiles et ingrates, étant donné surtout le
}ieu de variété de l'onomastique juive et la facilité avec laquelle les Juifs
méridionaux changeaient de résidence, soit pour entreprendre des voyages
d'affaires, soit encore pour se dérober aux recherches des collecteurs de
la taille royale.
{A suivre.
1. A. Blanc, ni supra, p. iilC).
2. Archives de l'.Vude. H 211 Inventaire des litres de Taldiaye de Fotitfioide), « Fief
de Narbonne, coté ^V >>.
■S. R. É. J., t. XXII rlS'Jl), pp. 2tJti et 273.
4. Gallia judaica,Y[). 619-620.
;i. Saii:e, Juifs du Lang., p. 218.
6. Comme tant daulies de ses corelii.'^ionnaires iiarbonuais vny. plu» haut. chap. vu,
S II), M" Ahraliam aura laissé tomber volontairement son iiom de famille du Caylai,
(|ui rapjtellail que Ini-niènie ou ses ascendants avaient éli' sujets du roi de France.
LES MAMSCIllTS DU CONSISTOIRE ISRAÉLITE
DE PARIS
PROVENANT DE LA GUEMZA DU CAIRE
(SLITE M
26. Midr. sur Isaac et Jacob. Peu lisible. Écrit, rabbin. 1 f. in-4''.
Larges trous.
27. Sur r.en., xxx. Ecrit, carrée. 1 f. in-8", abîmé.
28. SurGen., .wxvii, 21 et suiv. Écrit, africaine. 8 pages in-i".
29. Sur la section nbci, discute Raschi. Même écrit. 4 ÏÏ. in-i".
30. Midr. arabe sur la même section et sur a"0"«i. Écriture orientale. Au
2« f. on lit, en grandes lettres carn-es : "'Da: xrby ai"^ NrT'-o N"^
ù..."' bN CN'^N ■'2 N:b "^-13 n:3t NrVxn n?y. 2 ïï. in-;**. Le 2e est
troué.
31. Sur Gen., xx.xiv. Ecrit, rabbin, orientale. Cite U. Simson a la marge
droite ; de l'autre côté, long emprunt au Zoliar. 1 f. in-4".
32. Comment, sur Gen., xxviu ; chaque rubrique riin en lettres carrées ;
le reste en écrit, africaine. 1 f. gr. in-8*, écorné.
33. Id., même chap. en arabe. Ecrit, carrée égypt. 1 f. in-4°, troué et
déchiré.
34. Histoire de Joseph, en arabe. Ecrit, afric. 1 f. in-4", déchiré du bas.
35. Explication simple de Gen., xxxvu. Écrit, rabbin. 1 f. troué à 2 col.
in-f°; parchemin.
30. Hisf. de Jacob et de Joseph, en arabe. Écrit, orientale. 2 IV. in-S",
mutilés.
37. SurGen., xxxvu, vente de Joseph. Ecrit, afric. 4 11. longues col.
38. Comment, arabe sur Gen,, xlu, 9. Même écriture. Cite Cm3N 'n
T'Onn, ([ui rappelle Maïmonide. 1 f. in-4".
39. De Joseph et Benjamin, en arabe. Ecrit, rabbiniiiuc fgypt. 1 f. in-4'',
délabré.
1. Voji'z lievue des Éludes juives, t. LXIl, p. I(i7.
268 • REVUE DES ÉTUDES JUIVES
40. Sur Gen., xliv, 11, avec référence à nD:n. Même écriture. 1 f. in-f"
troué .
41. Arrivée du patriarche Jacob en Egypte. Même écrit. 1 f. in-4'', écorné
et noirci.
42. Sur Gen., xlvui, 8, Écrit, africaine. Fragment in-16.
43. De la bénédiction de Jacob : Gen., xlix. Ecrit, orient. 1 f. in-4''. Trous.
44. Élégie en vers, rattachée par allusions à Gen., xlix. Ecrit, africaine.
1 f, in-4", à 2 col.
45. Sur Gen., xlix, 39. Notes inachevées. 1 f. in-4".
46 (SO). Sur Gen., fin, et sur l'Exode, commencement. Écrit, afric. 2 ff .
in-4'' d'un cahier, dont le milieu manque.
47 (51). Gomment, arabe sur la section ^»^n "^D. Écrit, orientale. 1 f. in-4".
48 (52). Raschi sur Exode, i, 1-8. Écrit, rabbin, égypt. 1 f. in-4'', délabré,
mouillé, troué.
49 (53). Midr., en arabe sur Exode, i. 1 f. in-4*'.
50(54). /(/., id., section î~n72U5. Ecrit, rabbin., demi-africaine (paginé
f. 20) 1 f. in-4".
51 (55). Ici., id. sur Exode, m. Même écrit. Fragm. de 1 f, in 4".
52 (56). Explication (U^D) de la section m72'0 fin, et commencement de
la suite. Belle écriture rabbin. 2 ff. gr. in-8°.
53 (57). Remarques de chronologie et de grammaire sur Exode, xu, 29,
42. Écrit, rabbin. En marge, versets des Ps. en lettres carrées.
2 ff. m-f\
54(58). Midr. sur Exode i à vi. Écrit, analogue. 6 ff. in-4*, abîmés en
haut.
55 (59). Comment, arabe sur Ex., m. Ecrit, africaine. 4 ff in-12.
56 (60). Comment, sur Ex. x. Écrit, rabbin. 1 f. in-4° endommagé.
57 (61). Id. sur Ex., xu. Cite -^s:!: "; pn::"^ 'n, auteur du "^nb -iN3. Écrit.
afric. 1 f. in-16.
58 (62). Sur Ex., xin (Gm 53 -lUD). Écrit, orientale 2 If. in-24.
59 (63). (■.') Sur Ex., xu, 7. Encre pâlie ; même écrit. 1 f. in-4", écorné.
60 (64). Sur Ex., xiu, 17. Écrit, rabbin. 1 f. in-f% délabré du bas.
61 (65). Sur Ex., xui. Même écrit. 3 ff. in-4".
62-3 (66-7). Midr. sur Ex., xiv. Écrit, africaine, notes marginales. 2 ff.
in-4".
64 (68). Du Décalogue, en arabe ; écrit, orientale. 1 f. in-4".
65 (69). Paraphrase du Décalogue, en arabe. Inachevé, s'arrête an 3' com-
mandement. 1 f. in-4".
66 (70). Midr. sur le Décalogue. Écrit, carrée égypt. 2 ïï. petit in-4".
67 (71). Midr. sur le Décalogue, premier command. jusqu'au sixième. Le
2" f. troué. 2 ff . petit in-4".
68 (72). Midr. sur le septième command. Même écrit. 1 f. polil in-4".
69(73). Commentaire sur le cinquième command. iùrit africaine. 2 tl.
in-4", déchirés en haut k droite et fendus.
70 (74). Explication en arabe sur Ex., xx, 16, et l.évil., xxvi, 2. Ecrit,
orient, l f. in-4" troué.
LES MANUSCRITS DU CONSISTOIRE ISRAÉLITE DE PARIS 269
71 (75). Raschi, plus complet que les éditions, sur Ex., xxxiir. Écrit.
égypt. 2 ff. in-f° troué.
72 (75 a). Comment, sur Nombres, xvii, 17. Même écrit. 1 f. in-f° troué.
73 (76), Sur N\::n "«D, Exode, xxx, 11 et suiv., en arabe. Même écrit. 1 f.
in-4».
74 (77). Fragment de Midr. sur Ex., xxx, 34, ou xxxvii, 1-9. Écrit, rabbin.
1 f. coupé du bas.
75 (78). Sur Ex., xxxx. Écrit, africaine. Au r^ on lit : b"T "ll^sp V'-ma,
et au vo : pTain '"^D. 1 f. in-4».
76 (79). Midr. sur la sect. bnp"^T. Écrit, égypt. 1 f. in-4° troué.
77 (80). Comment, en arabe sur Lévit., ix, 2 et suiv. Même écrit. 1 f.
in f* troué.
78 (81). Fragment en arabe sur les termes mN et ■'313'T', Lévit., xix ;
cite Ibn Ezra. Écrit, carrée égypt. 1 f. in-4'*, écorné.
79 (82). Comment, en arabe sur vo^nsn nb etc., Lévit., xix, 26. Même
écrit. 2 ff. in-4».
80 (83). Raschi sur Lévit., xxi. Écrit, rabbin. 1 f. in-4", abîmé.
81 (83a). Sur Lévit., xxiv, fin, et xxv, en arabe. Même écrit. 1 f. in-4».
82 (84). Sur Lévit., xxv. Même écrit. 2 fif. fol. déchirés à gauche.
83 (85). Comment, en arabe sur Lévit., xxvi, fin. Écrit, carrée égypt.
1 f. in-4».
84 (86). Midr. sur "«npinn, xi et xn. Écrit, orientale. 2 tï. in-4''.
85 (87). Raschi sur Lévit., xxvu, fin. Écrit, rabbin. Au v» une n;nn en
vers par Abr. Halévi, incomplète. 1 f. gr. in-4», coupé au bas.
86 (88). Homélie sur la section N">L":. Titre général (?) : "incrs nyn.
Écrit, africaine. 4 ft". in-4'> dont 2 blancs.
87 (89). Comment, arabe sur Nombr., xvi. Écrit, égypt. 2 ff. petit in-4',
le l*"" endommagé.
88 (90). Sur "^mbyna. Écrit, orientale. 2 ff. in-4» ; le 2^ abîmé.
89 (91). Comment, sur ïm?: nnN. Notes marginales. 2 tf. in-4°,
abîmés.
90 (92), Id. sur la section r-n:273. Écrit, africaine. 2 ff. in-4».
91 (93). Id.,id. Même écrit. 2 Û\ in-8».
92 94). Id. sur Deutéron., i. Même écrit. 1 f. long.
93 (95). Id. Écrit, rabbin. 1 f. fol.,, déchiré à gauche, V blanc.
94 (96). Id. sur la sect. pnnNi (fol. 169 d'un grand texte). Même écrit.
1 f. in-4», troué.
95(97). Id., même écrit. 2 ff. in-4» d'un cahier; 2 passages barrés;
lacunes au milieu.
96 (98). Id. sur Deutéron., ix, 28. Cite iDTi» sur 2"3. 2 tV. in-4°, dont
1 blanc.
97 (99). Id. sur Lévit., Yxvi, 8-13. Écrit, rabbin. 1 f. fol., trous.
98 (100). Id. sur Deutér., vui, 5. Écrit, égypt. 1 f., troué.
99 (101). Id. sur Deutér., lu, 12. Cile Raschi. Écrit, africaine. I f. in-4».
100(102). Homélie sur la sect Nirn ■'D (f. 372 d'un gr. texte). Même
écrit. 1 f. in-4». mouillures, trous.
•270 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
101 (103,. Comment, arabe sur Deutér., xxv, 5-10. Belle éciil. carn-e,
verset par verset {? Saadia). 1 f. in-4*, fendillé.
102 (104). Homélie sur Deutér., xxx, 11. Écrit, africaine. 1 f. in-4'.
103 (105). Sur Deutér., xxx. Même écrit. 2 flF. in-4'', 1=' f. déchiré du haut.
104 (106), Sur Deutér., xxxii. Écrit, raiibin. égypt. 1 f in-4". Mouillure.
105 (107). Même passage. Écrit, africaine (f, 40 et 41 d'un texte). 1 f. in-4''.
106 (108). Homélie sur riDnari dmt, en arabe. Écrit, carrée égypt.
1 f. in-4».
107 (109). Cahier (incomplet) du ï~i-nn T\jy ou explication midrasch. du
Pentat., dernière lettre n, f. 170 et 173. Écrit, orientale. 2 ff. 10-4".
108 (110). Sur la mort de Moïse, en arabe. Écrit, rabbin, i f. in-12.
109 fin). Sur Josué, en arabe. Belle écrit, carrée. 1 f. in-4", délabré,
110(112). Homélie pour la fête de ninn nn?2">:;. Écrit, rabbin. 1 f. in-4".
111 (113). Paraphrase des .Juges, xu, en arabe. Cite Moïse b. Ezra. Écrit.
carrée égypt. 2 f, in-4", déchirés du bas et à gauche.
112(114). Naissance de Samuel, en arabe: I Sam., i. Écrit, africaine.
1 f. in-4" déchiré du haut.
1 13 (115). Sur I Sam., xxv, 29, .Môme écrit, 1 f, in-4", déchiré du haut.
114(116). Sur I Sam., xvii. Notes marginales. Même écrit. If. in-4".
V" blanc.
115 (117). Sur II Sam., 24. Écrit africaine. 1 f. in-8".
116 (118). Fragment de comment, lexicographique sur II Sam., n, 7 et
m, 33-35. Écrit, rabbin, égypt, et lettres carrées. If. in-4°.
117 (119). Explication relative à Absalon : Il Sam., xni, 1. Kcrit. afri-
caine 1 f. in-4".
118 (120). Comment, arabe sur II Rois, ni. Belle écrit, carrée. 2 ff. in-4».
119 (121). Paraphrase arabe d'isaïe, xxx, 26. Écrit, carrée égypt. 2 tf.
in-4*, tachés.
120 (122). Comment, arabe sur Jérémie, vin,19. Ecrit, africaine. 1 f. in-8".
121 (123). Id., ici. sur .Jérémie, ix, 16. Ecrit, rabbinique orientale. 1 f.
in-4", écorné.
122 (124). Id.,id. sur Jérémie, ix, 17etsuiv. Écrit, africaine, 2 If . in-4",
dont 1 blanc.
123 (J25;, Sur Isaïe, vi, 6, Écrit, orientale. 1 f. in-4".
124 (126). Comment, arabe sur .Jén'ui., vni. Même écrit. 2 11". iii-S» (dont
1 blanc). '
125 (127). Id. sur Jérém,, ix, 7, 8, Même écrit, 2 IT. in-8".
126 (128). Id., id. Jérém., xliii. Belle écrit, carrée, 2 If. in-4", délabrés.
127 (129). Id., id. Jérém., xxvui. Môme écrit, 2 ff, in-4" déchiquetés.
128 (130). Id., id. Ezéchiel, xxxn. Écrit, carrée égypt. 1 f. in-4" fendillé.
129 (131). Id., id. Ezéch., xxxiu, 25-27. Indication du sabbat juif, du
dimanche chrétien, du vendredi musulman. Belle écrit, carrée.
1 f. in-4",
130 (132), Id., id. Ezécliiel, xxxvii, 12, Écrit, carrée égypt. I f. in-4", abîmé.
131 (133). Fin de Joël, comment. d'Amos ; version arabe avec explica-
tion. .Même écrit, 1 f, in-4".
LES MANUSCRITS DU CONSISTpIRE ISRAELITE DE PARIS 271
132 (134). Comment. surSefania, ii. 1-14 (? de David Kimhi'i. 1 f. diiitu-
nable.
133(135). Id., Il, 1. K(M"it. africaine. Renvois et notes marginales. ( f.
in-4J.
134 (136). Comment, arabe snr Ps., ii. Écrit, carrée <'gypt. 1 f. in-lO.
135 (137). Id., id. Ps., x. Même écrit. 2 ff". in-8°, troués.
136 (138). Comment, midr. surPs., si. Écrit, rabbin, orientale. I f. in-4'^.
137(139). Comment, arabe sur Ps.. xvi, 5. Notes marginales. Ecrit.
carrée egypt. Cite Aboul Walid. 1 f. in-4o, abîmé.
138 (140). M., id. Ps., xvi, 11. Même écrit. 2 tï'. fol. troués.
139 (141). M., id. i*s., xn et xix. Notes marginales. Même écrit. 2 IV.
in-12 d'un cahier incomplet.
140(142). Comment, sur Ps., xxx. Écrit, rabbin, orientale. 1 f. in-4*,
troué.
141 (143). Ip., Ps., Lv. Même écrit. Nombreux Loazim. En marge, indi-
cation des versets cités en explication. 1 f. fol., coupé du bas.
142 (144). Paraphrase du Ps. lix. Même écrit. Paraît complet en 2 f.
in-4V
143 (145'. Comment, arabe de Ps., en, 28-29. Écrit, carrée égypt.
1 f. in-4».
144 (146). Id., id., Ps., civ. Écrit, rabbin, orientale. 1 f. in-8".
145 (147). Id., id , Ps., cxix, 60. Écrit, carrée égypt. 1 f. petit in-i".
146 (148). Id., id., Ps., cxxxix. Même écrit. 1 f. in-4».
147 (149). Midr. sur Ps., cxlv, 17, Ecrit, africaine. Notes marginales.
A la lin est cité R. Samuel Pozol 'i"i3. 2 fî. petit fol., abîmés.
148 (loO). Comment, arabe sur I Chron., xxvni, 9 et xxix, 18. Ecrit.
rabbin, égypt. 1 f. in-4* oldong ; parchemin.
149 (151). Explication (::OD) de Proverbes, v. Écrit, rabbin, orientale.
1 f. in-4V
150(152). Comment, sur Prov., xxix, 17. A la marge supérieure, une
note par Mardochée Antebi "»an;y. 1 f. in-S» à 2 col. V» blanc.
151 (153). Fragment de comment, arabe sur Provcrb., xxxi. Écrit, carrée
égypt. 1 f. in-4*, troué.
152 (154). Comment, sur Job, i, 7. Écrit, orientale. 1 f. in-S", déchiré.
153 (155). Midr. sur Job, v, 10. Auv* id. sur Ps., xxx, 3. Petite écrit.
africaine.
154 (156). Id. en arabe sur Job., xv, 5. Ecrit, égypt. 1 longue col. 1 f.
10-4", déchiré en haut.
155 (157). Id., id. sur Job, xxu et xxiv. Ecrit, carn-e égypt. 1 f in-4'',
troué.
156 (158). -Midr. sur Can(i(iiie, i, 3, en épigraphe, un passage du "'31 N:n
irr^bx tiré du Yalkout. Notes marginales d'une main plus
rapide mais semblable. Écrit, orientale. 2 11', in-4'', abîmt's. Ci'.
n» 147 (149).
157 (15'J). Comment, arabe sur Cantique, vi, fin, et vu, verset par verset.
Même écrit. 5 tï , in-S», écornés.
272 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
158 (160). Id., id. Chr., i, commencé, non continué. Écrit, africaine.
1 p. in-S".
159 (160 a). M., id. Chr., i et ii. 2 ff. in-8^ dont 1 blanc.
160 (160 61. M., id. Chr., ii. Même écrit. 2 ff. in-8V
161. Sur Elimélek, Noémi, liiilh, i. Écrit, orientale 1 f. in-4", coupé.
162. Midr. en arabe sur les Lamentations. Écrit, rabbin, ancienne. 4 ff.
in-12.
163. Td., id. sur Isaïe, liv. 1 f. in-8", écorné en haut à gauche.
164. Texte judéo-espagnol. Voir ci-après, Division IX, linguistique
165. Comment, sur Ecclésiaste, ii-vi. Petite écrit, rabbin. Rubriques en
lettres carrées. 7 ff. in-S".
166. Midr. sur Eslher. Écrit, rabbin, égypt. 1 f. in-8".
167. Midr. sur Ecclésiaste, i, 4-7. Écrit, africaine, encadrant le texte
biblique vocalisé, en écrit, rabbin. 1 f. in-4".
168. Comment, arabe sur Esther. Écrit, carrée égypt. Généalogie
complète de Mardochée remontant jusqu'à Benjamin. 1 f. in-4",
troué.
169. Fragment de comment, arabe sur Esther. 1 f. in-8% fendu.
170. Allocution à la comm. de rr^p-nn pour le Sabbat Haggadol an 5546
(= 1786). Écrit, africaine. 2 ff. in-8", endommagés.
171. Autre homélie pour le môme Sabbat. Écrit, rabbin. 2 ff in-S" troués.
172. Id. Écrit, africaine avec ligatures. 1 f. in- 4" endommagé du haut.
173. De la génératioh humaine. Écrit, rabbin. 2 ff. in-4».
174. Homélie pour la circoncision. Écrit, orientale. Notes marginales.
1 f. in-4'' entamé.
175. Id. 1 f. fol. troué.
176. Midrasch relatif au Léviathan. Écrit, rabbin. 1 f. in-4o abimé et
mouillures.
177. Midrasch relatif au Décalogue. Écrit, rabbin, égypt. 2 ff.
178. Sur Isaïe, vi, 3. Écrit, africaine. 1 f. fol. endommagé.
179. Midr. sur le Pentat.; en tête : min. Notes marginales. Écrit.
orient.
179a. Aphorismes. Écrit, égypt. 2 ff. in-S"
180. Midr. sur le Messie. Écrit, orient. 1 f. in-8" déchiré.
181 . Midr. en arabe pour les jours de jeûne; hist. de Nicodème. 1 f. in-4°
fendillé.
182. Id. sur les signes du Messie. Écrit, carrée égypt. 2 If. in-4<' troués.
183. Midr. sur le jugement dernier. Ecrit, rabbin, l f. in-4° troué.
184. De la vie future des gens pieux, en arabe. Écriture carrée égypt.
i f. in-4".
185. Allocution en arabe. En tête : n\::-i3 [sic). Mènie écrit. 1 f. in-4°.
186. Midr. sur les campements d'Israël au désert. Ecrit, rabbin, soignée.
1 f. gr.-8".
187. Midr. sur les honneurs à rendre aux ancêtres. Ecrit, africaine. 2 ff.
in-80.
188. Fragment sur l'importance dun chef. 2 ff. in-4'' déchirés.
LES MANUSCKITS DU CONSISTOIRE ISRAÉLITE DE PARIS 273
189. Du sanctuaire cnpTj. Cite un... pNa, au sujet de la résurrection.
2 ff. in-i" parchemin déchiquetés
190 Poème et Midr. arabes. Écrit, rabbin, orient. 2 ft". in-4" déchiquetés.
191. Premier f. du imi -'•Dio nNTr 'c, en arabe. Écrit, afric. 1 f. in-8".
192. Instructions pour l'huile d'éclairage du culte. Écrit, égypt. 1 f. in-8°
troué.
193. Paraphrase de la confession cnT'i) alphabétique, inachevée. Écrit.
carrée. Au v fragm. de morale, en arabe, 1 f. in-4* troué.
19L Uemontrances en arabe. Écrit orient. Sont cités nnpa p -n:::?^ T3N
(bis) et "'ni:-iri« '3 aicbx nnx Ecrit, rabbin, égypt. 1 f. in-4o.
19j. .Midr. en arabe, peut-être pour Hosch Haschana. Même écrit. 4 tf.
in-4'' entamés
196. Midr. illisible. P. 1 on lit (?) T"yb3. P. 2 rtDNbyam -ii:p DT^n. 2 ïï.
in-l6o.
197. Fragment doraison l'unèbre en arabe. Écrit, rabbin, égypt. serrée.
1 f. in -4° déchiré
198. Extraits du Midr. Yelamdénou et de la Mekhilta. Écrit, rabbinique
orient. 2 ft' in-4° écornés.
199. Notes midrasch. sur Isaïe, x.xx, Ps., v, et Sota, 49. Écrit, africaine
1 petite col.
200. 2 fragm. de Midrasch. Même écrit. 2 morceaux in-r2''.
201 . Explications littérales de l'Exode en arabe, avec exemples. Écriture
orient. 1 f. in-4''.
202. A propos de Ps., cxxvii, 2, un passage talmudique tiré de Ketoubot,
62a, avec explication de Raschi et des Tossaphot. Même écriture.
1 col. sur f. in-4°.
203. Sur Deutér.. xxix, 14. Cite le ->D"i73 ^3C Écrit, rabbin. 1 f. 111-4"
coupé en long.
204. Pour oraison funèbre. Écriture africaine, ft". 209 et 210 en longues
col.
205. Midr. relatif a Abraliam. Écrit, rabbin. 1 f. in-4'^ déchiré.
•206. Midr. sur les sections m:373 et ■^J'Ots. Écriture carrée égypt. 3 fragm.
in-4<'.
207. Courtes explications sur Deutéron.. xxx, 10-20, en 2 morceaux.
208. Des droits ou revenus d'une fille de Cohen mariée. Fragment.
209 Morceau final de Midrasch, déchiqueté.
210-261 . Comment, bibliques. Fragments divers.
262-301. Id. en arabe, la plupart sur parchemin.
302. Midr. sur la section npn, en arabe. Écrit, carrée égypt. Morceau in-4"
déchiré.
303. Fragm. du "lOiTOr; ""S-n. Belle écrit, carrée. Parclieinin troué, petit
in-40.
304-305, Explications sur l.évitique, xxv, 12 à 34, et sur xxvii. Écriture
rabbin, égypt. Chaciuc pièce de 2 ft". in 4\ en mauvais état.
306-308. Id. sur l'Exode, xii ; sur Deutér., xiv, 1, et Deutér., xv, 10, en
3 pièces in-4o déchirées.
T. LXIl, N" 124. 18
274 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
309 Sur Josué, I, 3. Longue note marginale. Morceau de pièce in-fol.
310. Extrait de comment, sur II Sam , i, 20 et Ps., cxxviu, 2. Ecrit, orient.
2 lï". fragmentaires in-fol.
311. Midr. sur l'union conjugale. Écrit, rabbin, égypt. 2 ff. petit fol.,
écornés en haut à droite.
III. Rabbinisme.
A. 1. Talmud de Babylone. Berakhot, 9b. Écrit, carrée égypt. \ f. in-4°
écorné.
2. Id., \0b (copie fautive). Même écrit. Au v" mots arabes. 1 f. in-4*.
3. Id., 136. 1 f. in-4».
4. Id., ch. II, § 2, ff. 15 et 16 abrégés. 1 f. in-4''.
5. Id., 22 et 23. Écrit, carrée égypt. 4 ff. in-4" et 2 fragments.
6 (93) Id. 22a. b et 23 6. Même écrit. 2 ff. in-4» troués.
7 (6). Alfasi, t)''-|, sur le même tr., ch. iv, §§ 3-5, en 2 ff. fol. délabrés.
8 (7). Tal. B., 286 et 29a. 2 ff. fol., abîmés.
9 (8). Mischna, même tr.,ch. iv,v,vi. Petite écrit, carrée égypt. 2 ffin-4",
dont plus de la moitié supérieure manque.
10 (9). Tal. B., même tr., 50a abrégé. 2 ff". in-4» troués.
11 (10). Id., dern. page, provenant de l'édit. Venise (1520), f. 64. 1 f. fol.
12 (U). Mischna, même tr., fin, et Sabbat, xvui-xix. Écrit, égypt., 1 f.
in-4».
13 (12). Id , ch. IX, §§ 5, 6, 7, etPéa, ch. i entier, ch. ii, §§ 1-6. En marge,
rtabn ou indication des avis prépondérants. Écrit, rabbin. 3 ff.
in-12».
14(99). Id., Berachot, i, 1, et Aboi, i, 9. Au v", deux passages delà
Genèse. Écrit, carrée égypt. 1 f. in-4" troué.
15-17. Gr. fol. (96-98). Commentaires sur Bemaï. i-ii ; Teroumot, i, 1 ;
Soucca, II, 3. Belle écrit, rabbin, a: 1 f. à 2 col.; b : 2 ff. ;
c : 2 ff. troués et fendillés.
18(13). Mischna, Schebiit, ch. v, §§ 5-9, et ch. vi, ^§1-6. Écrit, égypt.
1 f. in-4* troué.
19 (14). Id., Orla, ch. m, § 9 (tin), et Biccourim, i-ii, avec commentaire
arabe de Maimonide. Même écrit. 7 fragments petit fol., coupés
en long.
20(15). Talmud B., Sabbat, 33a, et autres courts passages talmudiques,
extraits de Eroiibbi et Sota. Dans les interlignes, des explications
en arabe. Belle écrit, carrée. 2 If gr.-S», troués.
21 (16). Alfasi sur Sabbal, ch. ii. 1 f. fol. déchiré.
22 (17). Tal. B., Sabbat, 216. Écrit, rabbin, égypt. Au v» un texte arabe.
1 f. fol. coupé du haut.
23 (18). Mischna, même tr., ch ii, §§3-5. Même écrit. 1 f. in-4'' écorné
et troué.
24 (19). Id., ch. IV, ii§ 5-8. Belle écrit, carrée égypt. 1 f. in-4o.
LES MANUSCRITS DU CONSISTOIRE ISRAÉLITE DE PARIS 275
25(20). Tal. B., même tr., 73 6-74. 2 fï. petit fol., tachés et déchirés.
26 (21). Mischna, même tr., ch. xi-xii. Écrit, rabbin, égypt. 1 f. fol.
27 (22). Ascheri sur le même tr., cii. xi.\. 1 f. fol. coupé du bas.
28 (23). Alfasi sur le même tr., ch. xxiii. Relie écrit, carrée. 1 f. in-4'.
29 (81). Extrait de Sabbat, 1196, suivi d'un fragment du Zohar. Écrit.
rabbin. Prem. et dern. f. d'un cahier in 16°.
30(24). Eroubin, 15 6; fragment. Écrit, rabbin, égypt. 1 f. in-8°.
31 (25). Mischna, môme tr , ch i, ^^ 1-2. En tète et au bas, des lignes en
arabe. 1 f. in 8".
32 (26). Tal. B.. Pesaliim. llofl. Écrit, rabbin. 1 f. in-4'', entamé.
33 (27). Yonia, 39 6. Moitié de feuillet d'une édition princeps, avec le
seul comment de Kaschi (sans Tossafot). 1 f. fol.
34 (2^). Abrégé talmudique el comment, de Beça, ch. i, fin, et ch. n, § I .
Petite écrit, rabbinique ; rubrique en carré oriental. If in-4".
35 (29). Talm. de Jérusalem, même tr., cb. ii, § 2, et ch. iv, § 1. Frag-
ments. Écrit, carrée égypt. 2 lï". in-S"
36(30). /(/., ch. II, §§4-5, et ch. lu, §§2-3. Noms propres et loazim
ponctués. 2 ft". in-4', coupés du haut.
37 (100. W., ch. m, §§ 6-8. Même écrit. 1 f. in-S" coupé en biais.
38 (31). Tal. B., même tr., 336 et 34 «. Même écriture. 1 f in-4'' entamé.
39 (32. /(/. 40 (ch. v, fin). Même écrit. 1 f. in- 4" troué.
40 '33^. Mischna, même tr., ch. iv fin, et ch. vi, avec extraits talmudiques.
Ecrit carrée. 1 f in-4" troué.
41 (34). Ici., ch. V, §§6-8, et Taanit, ch. i, .i;.!^ 1-2. Même écrit. 1 f. 10-4"
troué.
42 (35). Ascheri sur Rosch ha-Schana, ch. i, §.§ 3 et 5 (106 et 16a). Même
écrit. 1 f. in-4'* troué.
43 (36). Tal. B., même tr., 3rt et 106. Belle écrit, carrée. 2 flf. fol. mutilés.
44 (37). AKasi sur Megullla, ch. m et iv. 8 ff. in-4".
45 (38). Tal. B., même tr., 2a, 166, 17a (lacunes). Ecrit, rabbin, égypt.
2ff. fol.
46 (39). kl., 146-15 a. Même écrit. 1 f. petit fol. Mouillures.
47(40). .Mischna, même tr., ch. iv, §§4-7. Texte eu lettres carrées,
avec comment, arabe de Maimonide, en lettres rabbiniques.
1 f. in-4«.
48 (41). Tal. B., jldoëd Katon, 16. Écrit, rabbin, égypt. 2 tf. in-4'' délahrés
49 (42) fd., Yebamot, 78a. Même écrit. 2 fi". 10-4" tachés et troués
50 (43). Mischna, même tr., ch. vi, § 6, suivi d'un texte de Baba Batra,
110a. 2 tt". in 12», dont un blanc.
51 (44). fd., Keluiibot, ch. ni, § 8 ; ch. iv, §§ 1-3 ; ch. vi, §§ :i-7 ; ch. vu,
§§13. Écrit, rabbin. 2 tf. in-12«.
52 (45 . Tal. !>., même tr.. 1036. Même écrit. 1 f. gr. in-8" vélin, écorné
de haut.
53 (46). Mischna, Guillin, ch. v-vi. 1 f gr. fui. di-cliirc du haut.
54 (47). Tal. B., même tr , 87 a et 6. Écrit, rabbin, orientale 1 f. in-4».
55 (48). Mischna, id., ch. v, §§ 6-7 ; ch. vi, §§ 4, 5, 6 2 tV. 111-4" délabrés.
276 REVUK DES ÉTUDES JUIVES
56 (94). Id., Nedarim, ch. viii, §§ 1-7, avec comment, arabe de Maïmonide.
Écrit, carrée égypt. 2 ÏÏ. in-4'' ; larges trous.
57 (95). Talm. B., Kiddouschin, 34-36. Ane. écrit rabbin. 4 tf. petit fol.,
abimés.
58 (49). Mischna, A''a3(?%ch. IV, §§3-4, avec version arabe. 1 f. in-4" délabré.
59 (90). M., §1 \Seul), avec comment, arabe de Maïmonide. I f. in-4o déchiré.
00(50). Tal. B., Baba Kamma, 14. Vieille écrit, rabbin. \ f. fol. en
mauvais état.
61 (83). Id., 28b et 29a. Vélin. 1 f. fol. déchiré.
62(51). Id.,dla-Ub; lacunes. 6 ff. gr. in-8° entamés.
63 (52) Id., 117 a-6. Écrit, rabbin, serrée. 1 f. in-4". Mouillures.
64 (53). Id., Baba Mecia, 29 6-31 a, avecRaschi en marge. Écrit, orientale.
2 ff. in-4°.
65 (54). Id., Baba Batra, 8a. Écrit, rabbin, égypt. 2 ff. in-4».
66 (55). Id., 8 6. Même écrit. 1 f. in-4'' déchiré.
67 (56). Mischna, Sanhédrin, ch. iv, §§ 1-7. Écrit, carrée pâlie. 2 ff. in-4°,
en très mauvais état.
68 (57j. Id., Abot, ch. i, §§ 4-16; ch. ni, §§ 10-23; ch. iv, § 1 ; ch. v,
§§ 14-20. Écrit, carrée calligraphiée. 4 ff. in-4^.
69 ,58 . Id., ch. I, §§ 4-18, et ch. ii, §§ 1-4. Textes vocalises. 2 ff. in-4»
troués. Cf. n" 77 (64).
70 i59). Id., ch. Il, §§'9-16, et ch. ni, §§ 1-2. Écrit, orient. 2 ff. in-12».
71 (60). Id., ch. m, § 6, à ch. v, §3. Écrit, rabbin, égypt. 4 ff. in-4", un
peu déchirés.
72(91). Id., ch. m, §§ 6-11. Version arabe seule. Écrit, afric. 1 f. in-4''
déchiré.
73 (61). Id., ch. m, §§ 9-17. Écrit, rabbin, égypt 1 f. petit fol. troué.
74 ;62). Id., §§ 17 20. Même écrit. 1 f. in-4».
75 (92). Id., ch. IV. §§ 26-24, avec comment, arabe de Maïmonide. Écrit.
carrée calligraphiée. 1 f. in-4*.
76 (63). /'/., ch. V, §§ 3-4. Belle écrit, carrée. 2 ff. in -16».
77 (64). W.,ch. V, §§11-19, vocalises. Même écrit. 2ff. in 8». Cf. n» 69(58).
78 (65). Id., ch. VI, §§3-6. Écrit, rabbin, égypt 1 f. in-8».
79 (66). Id., ch. VI, §§ 3-9. Écrit, carrée. 2 ff". in -12*. écornés du bas.
80 (67). Talmud B., Houllin, 20a et 226. Même écrit. 2 ff. fol.
81 (68). Alfasi, Même tr., ch. m, §§ 5-6. 2 ff. in-4'' déchirés du bas.
82 (69). Tal. B., même tr., 54a-6. 1 f. in-4» troué et lacéré.
83 (70). Mischna, même tr., ch. v, §§ 1 et 3, avec version arabe. 2ff. in-4».
84 (71). Tal. B.. même tr., 67a, 6. Écrit, rabbin, égypt. 1 f. fol. et un
morceau.
85 (72). Notes sur ce tr., 97 6 et 98a. Écrit orient. 2 ff. in-8".
86(73). Tal. B., même tr., f. 1026 et 104. Vieille écriture ressemblant fort
au n° 4 — 2 ff. d'un cahier in-4».
87 (74). Ascheri, même tr., 110 6 fin. 1 f. in-4° déchiré du haut.
88 (75). Tal. B., même tr., HO 6 ot 111 a. Kcrit. rabbin égypt. 2 ft". in-4o
écornés.
LES MANUSCRITS DU CONSISTOIRE ISRAÉLITE DE PARIS 277
89 (76). Mischna, même tr., ch. xii, §§ 2-3, avec version arabe. 1 f. in -4"
troué .
90(77). Ascheri, même tr., 138a-6. 1 f. in-4o abîmé.
91-2 (78-79). Mischna Bekhorot, ch. m, §§ i-4 ; Arakhin, ch. ii-iii. Écrit.
rabbin. 3 fif in-l6o.
93 (80). Tal. B., Nidda, '2ia, b. Belle écrit, carrée. Fragment. 1 f. in-4''
délabré.
94 (82). Derekh ereç, fin 2 ff. in-8» déchirés.
95(84). Abrégé du Talmud par Maïmonide, npmn T^, 1. I, Teroiimol,
ch. IV et xii-xiii ; Maasserot, ch. i. Écrit, carrée égypt. 7 ff. pelit
fol., dont quelques-uns défectueux.
96-97 (85-86). Id., 1. VI, Schebouot et Nedarim. 2 ff. fol. pour chaque pièce.
98 (87). Gr. fol. Commentaire sur la distinction entre Nrr^—nNi et liam,
par un disciple diin certain \\. Abraham (ar!~i3N '"i 3"in "^niTOi).
Écrit, rabbin, ancienne. Vieux vélin. 1 f. fol. délabré.
99 (88). Gr. fol. Commentaire analogue sur un cas de lévirat. Écriture
orientale. 1 f. fol. en mauvais état.
[A suivre.)
Moïse Schwab.
BIBLIOGRAPHIE
HEYUE BIBLIOGRAPHIQUE
ANNÉES 1909 ET 1910
(SUITE ')
2. Ouvrages en langues modernes.
Abernethv (A. T.). The Jew a negro, Moravian Falls (N. C), Dixie Piibli-
shing Co, 1910 ; D. 0,50.
AcREKMANN (A.). MLinziTieistei' Lippold. Ein Beitragzur Kiiltur- nnd Sitten-
geschichte des Mittelalters, nacli urkundlichen Qnellen bearbeitet.
Francfort-s.-M., Kaiiffmann, 1910 ; in-S» de 112 p. M. 3 (Tirage à part du
Jahrbuch der Jïid.-Liter. Gesellschaft).
Acosta's (Uriel) Selbstbiographie, Teinesvâr, Polatsek, 1909; in-8" de
42 p. M. I.
Adams (J.). Serinons in syntax, or Studies in the Hebrew text. New-York,
Scribner, 1908 ; in-8» de xi + 228 p.
Adams (J.), Israels idéal, or Sliidies in Old Testament tbeology. Edim-
bourg, Glark, 1910 ; in-8" de xi + 232 p. 4 s. 6 d.
Adler (E. N.). Von Ghetto zn Ghetto. Heisen nnd Reohachinngon.
Antorisierte Ueberlragnng ans dem Englischen. Stuttgart, Strecker
et Schrodcr, 1909; in-8» de xni -|-213 p. M. 3,50.
On peut dire de ce livre que M. A. nous le devait. Voici i>lns de vingt ans
qu'il parcourt l'Ancien inonde et le Nouveau, et, a l'inverse de tant de
voyageurs juifs, c'est le judaïsme qui l'intéresse dans ses voyaires. « A un
intérêt plus ou moins altruiste qui! poite à ses coreliïionnaires s'ajoute chez
lui le désir éi:oïste de n'unir île vieux documents du passé juif " p. ix\
1. Voir plus liant, p. 128.
BIBLIOGRAPHIE 279
Ejroïste, altruisle? non. Les manuscrits et les imprimés qu'il pouicliasse, les
ffneniza qu'il détene et les inscriptions qu'il déchiffre sont des témoins de
l'histoire qui le passionne comme juif autant que comme savant, et, s'il se plaît
à visiter les vieilles communautés, c'est qu'on les connaît mieux en les étudiant
sur place. « Le voyageur a cet avantage sur l'érudit qu'il jnend contact per-
sonnellement avec les hommes eux-mêmes. Il peut apprendre de leur propre
bouche leurs légendes et leurs croyances, il peut feuilleter leurs archives,
acheter ou emprunter leurs livres, visiter leurs demeures, leurs écoles et leurs
temples» (p. 186). Notez les temples. M. A. peint ces «centres juifs » sur le
vif, comme il les aborde de plain-pied. Il y passe les fêtes, alors que la vie
reliirieuse est plus active : il se rend dans les synacrogues en curieux, mais
aussi en fidèle. Ce ne sont pas des étrangers qu'il dévisage, ce sont des frères
qu'il reconnaît. Et ne converse-t-il pas avec eux dans la langue commune,
l'hébreu ? Autant qu'avec les juifs de Palestine, qu'il visite d'ailleurs dans un
but philanthropique et qu'il défend même contre le reproche d'exploiter la
«haloukka». il sympathise avec ses roreli<rionnaires de l'Eûrypte et de la
Turquie, de la Russie et de la Perse, de r.\mérique et des Indes. Bien loin
d'éprouver aucune défiance, aucune répusnance, il est également juste pour
les Aschkenazim et pour les Sefardim. Il est indulgent pour les colons de
l'Argentine, dont la situation le déçoit pourtant, et il n'a de mépris que pour
les richards de Bakou, qui achètent la fortune par l'apostasie. Ce voyageur
tient du touriste et du pèlerin.
M. A., qui avait publié successivement ses impressions de route dans diffé-
rents périodiques, les a réunies il y a quelques années en un volume, Jews
in man>/ lands (Londres. 190P5 , dont nous présentons aujourd'hui la traduc-
tion allemande. Les deux premiers voyages racontés ont pour but la Palestine
et remontent l'un h 1888. l'autre à 1893. Au cours du premier, l'auteur décrit
la communauté du Caire p. 1-16^, le parcours de Jaffa à Jérusalem p. 17-22),
la Ville sainte, ses groupements juifs, ses institutions et ses monuments (p. 23-
58), les environs de Jérusalem (p. o9-69\ Hébron. la Mer Morte et le Jourdain
(p. 71-87). Le second permet de mesurer les proïrès réalisés en sept ans par
les juifs de Jérusalem fp. 89-96^. Les autres voyages, qui ne sont pas datés,
ont pour objectifs Salonique fp. 97-1021, Smyrne. Bounar-Bachi, Rhodes et
Mersine (p. 103-109',. Alep fp. 111-117). la colonie de Moiseville en Argentine
fp. 167-173). Du voyage à Koxvno fl889'). nous n'avons qu'une visite à R. Isaac
Elhanan Spector, et ce qui intéresse particulièrement notre bibliographe, c'est
que le vénérable rabbin a permis, d.ins une consultation, de détruire les épreuves
d'imprimerie en hébreu (p. 175-1801. Mais les chapitres les plus importants
sont ceux qui sont consacrés aux groupements jtiifs qu'on pourrait qualifier
d'exotiques: les juifs du Caucase et de la Perse ^p. 1I9-137\ ceux du Turkestan.
c'est-à-dire surtout de Boukhara'p. 139-16.=)!, et ceux de l'Inde (|). 181-213),
les derniers surtout, qui sont les plus intéressants et les plus accessibles pour
un Ani.Hais. Les impressions personnelles de M. A. et les documents utilisés
par lui renouvellent en partie ce qu'on savait do l'histoire et de la condition
de ces communautés, qui nous intriguent tant. C'est ainsi qu'il publie à nou-
veau la «charte» en malayalam de BhiVskara Ravi Varma fvin» siècle),
conservée par les juifs «blancs» de Cochin. d'après une photoirraphie de
l'original; d'après un frasment de la Gueniza en sa possession, il publie une
lettre commerciale d'un juif de l'Inde à son correspondant du Caire, écrite
en judéo-arabe au xiii* siècle au plus tard 'comp. une lettre analogue Bévue,
LVI, 237). Dans ce chapitre un peu décousu sur les juifs de l'Inde (nouveau
dans l'édition allemandel, il essaie de fixer l'origine d<s deux groupes rivaux,
les « noirs » et les « blancs ». Les « noirs » avaient des établissements invpor-
280 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
tants à Cranganor et David Rubéni (Rabani) serait le frère d'un rajah juif qui,
menacé par les Arabes, l'aurait envoyé en Europe pour provoquer une croisade
(cf. Revue, LX, 133). Après la prise de Cranganor, ces juifs se dispersèrent
dans les villes voisines. C'est alors seulement que les « blancs », émigrés de
Hollande, seraient venus s'établir dans le pays et les relations entre les deux
groupes, d'abord cordiales, s'altérèrent peu à peu.
M. A. est un bibliophile et la chasse aux livres et aux parchemins est le
principal but de ses courses à travers le monde. A Alep, il trouve par hasard
le Divan d'Eléazar ha-Babli (p. 117); à Boukhara, des imprimés précieux
(p. 159) ; dans la queniza du Caire, un traité talmudique censément imprimé
à Saloiiiqne (p. 100). Il décrit au moins les manuscrits qu'il ne peut acquérir :
un Yad ka-Uazaka (p. 6). alors à Francfort (v. Revue. XIII, 150 : XXXVI.
65-74] ; le prétendu Séfer Tora d'Ezra au Vieux-Caire, qui a trois siècles au
plus (p. 13) ; un Pentateuque écrit à Barcelone en 1289 et conservé dans une
synagogue de Magnésie (p. 106); le fameux Pentateuque de Ben Ascher, qui
n'en est qu'une copie, et d'autres Pentateuques à Alep (p. H3-114\ Il signale
des inscriptions dans les synaeoarnes de FostAt fp. 13'. de Salonique fp. 99) et
d'Alep (p. 112). Les épitaphes du père et de l'oncle de Sabbataï Cevi 'p. 103'
ont été publiées depuis \f\evue. LVllI, 271). Le bibliographe qu'est M A.
énumère les ouvrages hébreux imprimés à Aden fp. 184: cf. Z.f.H.Ii.. XII.
177 et s.) et décrit un opuscule de Mosseb Perevra de Paiva. NoUHrta dox
Judeos de Cochm, Amsterdam. 1687 fp. 210-212 : cf. Benie. XXTT, 120).
Une illustration «documentaire» orne le vohime et l'enrichit: phototrra-
phies prises par l'auteur et fac-similés de manuscrits de son cabinet ; le juif
russe de la p. 27 nous paraît plutiM tiré d'un tableau connu. — Chez M. A.
les à-peu-y)rès de l'amateur veulent coudoyer les piécisions de l'érudit : il
croit que les monuments des Pharaons reflètent l'Fxode biblique (p. 1 : Pithom
e/Ramsès ont été identifiés !) et qu'on est en droit d'admettre deux tombeaux
de Rachel (p. 59^. P. 8 : les caraïtes ne suivent pas le calendrier arabe. il«
ont le leur ; les rabbanites les ont d'ailleurs accusas d'ax-oir fait cette conces-
sion aux musulmans : p. 10 : l'Alliance Israélite universelle n'a pas été fondée
par Crémieux. OnflTi^s méprises : p. iQH, il s'airit san" doute de « La
Grammaire » de Labiche et. p. 141. Moscou est placé sur la route de Varsovie
à Rosfow. D'autres inexactitudes sont dues à la traduction : p. .^3. JAlAd pour
DschaliM: p. 113, Oran pour Aron. Les fautes d'impression ne sont pas rares,
surtout dans les mots étrans-ers : p. 114, 1. Uoknnnh : p. 2fl1. 1. "«am.
Adi.er (H.). Anglo-.Iewish memories and ofber sermons. Londres, Ront-
ledge, 1900; in-S" de xiv-4- 288 p. n s.
AnLER fM.-N.). The Adler Family. Londres, Office of the « .lewish Chro-
nicle », 1909; in-8o de 19 p., I fig ^Reprinled from tlie .lewish Chro-
nicleV
Adler (N.). Ans den Tagen von Mordeohai nnd Esther. Die Pnrim-
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ALTScHiJLER ^M.). Die aramiiischen Bibel-Versionen (Targumim). Targum
Jonatan ben Uziel nnd Targum Jerusalemij. Text, Umschrift und Ueber-
setzung. Vol. 1 : Genesis. Vienne, Verlag « Lumen », 1909; gr. in 8 de
lG4p. M. 25 (Orbis Antiqiiitatnm. Religions- nnd Knllnrgeschichtlielie
Quellenschriften in Urtext, Tnischrift und Uebersetzuiig, nnler Milwir-
kung hervorragender Fachgelehrten heransgegeben von M. .\lls(iiiiler
und J. Lanz-Liebenfels. Pars I, Tom. I, Vol. I).
AxDORN.Die wirtschaftliche Lage der jiidischen Lehrerschaft im deutschen
Reiche. Vortrag. Magdebourg, impr. L. Sperling et Co., 1908 ; in-S" de
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dische Recht. Vienne, A. Hôlder, 1909; in-8° de 108 p. M. 2.50 fSitzungs-
berichte der Kais. Akademie der Wissenschaften in Wien, Philoso-
phisch-Historische Klasse, 163. Band, 5. AbhandlungV
Aptowitzer (V.). Die Rechtsbiicher der nestorianischen Patriarchen nnd
ihre Quellen. Extrait de VAnzeiger der philosophisch-hislorischen
Kloxse der kais. Akademie der Wissenschaften, 2 mars (1910, n" VII);
in -8* de 8 p.
Aptowitzer (Y.). The influence of Jewish law on the development of
jurisprudence in the Cliristian Orient. Philadelphie, The Dropsie Col-
loice, 1910; in-S" de p. 209-229 (Reprinted from the Jewish Qunrierly
Review, New Séries, I, 2^
L'influencfi du droit liibli(iiip ot talmudique, que M. A. a constatée dans les
codes arméniens {Revue, LVI, 262), ne serait pas nnoins grande dans les rodes
syro-ctirétiens. Dans le premier des trois travaux iri annoncés. M. A., après
avoir montré que juifs et chrétiens étaient en contact dans la Batiylonie,
examine trois codes syriens récemment édités par Sacliau. Ses conclusions
sont des plus intéressantes. Les consultations et les arrêts du patriarche
Hénanicho (6S6-70t) concordent en majeure partie avec le droit talmudique
et seulement avec ce droit : les diverfrences sont parallèles à des traditions
sadducéo-caraites et à des opinions talniiidi(pieR non érisées en lois, au
point qu'on est otilitré d'admettre que ce patriarche a eu des docteurs Juifs
pour maîtres. C'est mieux encore avec le code du patriarche Timoihée (délmt
du IX" siècle) : les concordances sont si frappantes qu'elles ne s'expliquent
282 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
«jne par des emprunts directs. Enfin, même le patriarche Jésubarnoun (même
é[)oqiie), pourtant hostile aux Juifs, n'a pu se soustraire à linfluence de leur
droit. — Ces résultats ne font pas l'affaire de i. Partscli [Zeitscfirifl der
Savigiv/Stiftiing, XXX), qui soutient la dépendance du droit syrien vis-à-vis
du droit gréco-romain. M. A. discute quelques-uns de ses arguments dans
l'article de VAnzeiqer; il l'a réfuté en détail dans la W. Z. K. M., octobre
1910, 1-4.5. On peut être en désaccord avec M. A., mais on doit reconnaître
qu'il produit des arguments, et rien ne justifie le ton d'un critique de la
« Zunft » dans la 0. L. Z. — Dans l'article en anglais, M. A. résume
ses recherches sur les sources juives du droit arménien et du droit syrien.
A noter que sa thèse implique la persistance de lois sadducéennes en Baby-
lonie et leur infiltration chez des sectes juives avant même les Caraïtes.
Chemin faisant, M. A. éclaire, avec son érudition et sa perspicacité habi-
tuelles, maint point du droit successoral et matrimonial dans le Talmud.
Arigtta y I.osa fM.). Los jiiflios en el pais vasce, sn inflnencia social, reli-
giosa y politica. Pampeliine, .1. Garcia, 1908 ; in-8" de 48 p. 1 pes., 25.
Bachenheimf.r (S.). Unser Gebetbnch. Vortrag. Francfort-s.-M. (Rôdelheim,
M. LehI•berger^, 1910; in-S" de 24 p. M. 0,60.
Bâcher (W). Die hebriiische nnd arabiscbe Poésie der .hiden Jemens.
Strasbourg, Trlibner, 1910; in-8* de dOO + 86 p. M. 4 (Tirage à part du
33. Jahresbericht (1er Landes- Babbbiersckule in Budapest],
Après avoir moissonné le champ do la poésie judéo-persane, M. Bâcher
cueille une autre plante exotique, la poésie des Juifs du Yémen. Depuis Ions-
temps isolés du judaïsme, les Juifs de ce pays ont conservé, sans les enri-
chir, les monuments littéraire? du passé : un seul cenre a été développé par
eux, le genre poétique. M. B. décrit une quinzaine de leurs recueils poétiques
manuscrits et quelques imprimés, les uns et les autres analogues à ceux qu'il
a décrits dans cette Bévue au cours de son étude sur Nadjara ; certains manu-
scrits sont ponctués d'après l'un ou l'autre système de vocalisation. Les
poèmes y sont divisés en groupes, dont quelques-uns ont des noms arabes.
Les plus anciens recueils contiennent le plus de poèmes de Juda Halévi,
d'Ibn Gahirol et d'A. Ibn Ezra. d'Alharizi aussi et de Nadjara : dans les plus
récents, ce sont les poètes indigènes et modernes qui dominent. De ceux-ci le
maître du chœur est Sâlim b. Joseph Schibzi, mort à Taïzz dans la seconde
moitié du xvii' siècle et dont le tombeau est encore l'objet d'un véritable
culte. Des 200 poèmes qui portent l'acrostiche de son nom, quelques-uns sont
d'un caractère profane et il y célèbre même des chefs arabes ; mais la plu-
part attestent l'inspiration religieuse et nationale fin juif : son sénie est un
écho céleste [bat kol] et sa Muse, la communauté d'Israël (Keiiesset Israël).
Un certain nombre de poètes yéménites sont du xv et du xvi* siècles; mais
le plus grand nombre se compose de contemporains et de successeurs de
Schibzi. L'œuvre poétique de celui-ci permet de caractériser à elle seule la
poésie judéo-yéménite, dont le caractère le plus remarquable, au point de
vue linguistique, est l'emploi de l'hébreu et de l'arabe à volonté et même le
mélange des deux lansues dans un même poème, voire dans une même
strophe : Schibzi a signé 56 morceaux en hébreu, n2 en arabe et 91 bilincues.
Sa langue présente des arabismes, son style des licences poétiques. M. B.
donne (p. 70-73) une liste de ses néologismes. Son arabe est également inté-
ressant. Au point de vue prosodique, il a gardé la métri(iue et la strophique
des classiques espagnols, notamment de Juda Halévi ; il affectionne le genre
des « poèmes de ceinture » {7}wuuassah^. Sa pensée, souvent subtile, aime à
BIBLIOGRAPHIE 283
se voiler ilaiis ralléirnrie et le symbole. Il iléhat en vers des <iiics»ioiis pliilo-
sophiques et cahbalistiques; car il est un fervent adepte de la Cabhale
(M. B. penche à en attribuer la pénétration dans le Yémen an mouvement de
Sabbatai Cevi, p. 41). La plus grande partie de ses compositions sont reli-
gieuses, mais non proprement synagogales : ce sont ffénéralement des poèmes
destinés à être cliantés aux noces et aux sabbats pré édents. Elles n'ont pas
d'intérêt historique, abstraction faite des élégies sur l'expulsion des juifs île
Sanaa en 1679 (p. 34 et s.V
Dans la partie hébraïque de son travail, M. B. donne : 1" une liste de
poèmes — hébreux, hébréo-arabes, arabes — de Schibzi ; 2" une liste des
autres poètes yéménites avec l'indication de leurs compositions ; 3° une liste
des poèmes anonymes (plus de 200) : 4° une liste des poètes non yéménites
(dans le nombre Maimonide, voir Moiiahschrift, 1909, 581 et s.), avec l'indi-
cation des poèmes conservés par nos recueils: enfui, la préface de l'un de ces
recueils, sorte il'art poétique, et quatre poèmes — seulement — à titre
d'échantillon.
L'ouvrage est tant soit peu aride, ce qui est la faute du sujet; mais l'auteur
aurait pu en rehausser l'intérêt par des citations plus nombreuses et plus
développées. Il est à craindre que beaucoup de lecteurs s'en tiennent à la
préface, qui est une excellente orientation. Et pourtant, à suivre M. Bâcher
dans son étude claire et bien ordonnée, ils verraient luire le reflet des grands
poètes du judaïsme espagnol et entendraient vibrer l'écho de la vie religieuse
et sociUe de ces communautés qui. perdues au fond de l'Arabie, se sont
imprégnées de l'influence d'un milieu hostile sans perdre l'empreinte originale
du passé. — P. 3, n. 1, et p 49, sur le faux-messie moderne du Yémen, voir
J. Q. /?.. XIX, 162 : p. 4, sur la vie des Juifs yéménites on peut lire main-
tenant l'intéressant rapport de M. Sémacli dans le BuUelin de V Alliance
Israélite de 1910; p. 7, n. 5, voir Nathan. Ein aiion;/mes Wôr/erhuch...,
p. 1", n. 3. —Cf. le compte rendu de M.Poznanski. dans 0. L. Z., avril 1911.
Le nôtre a été fait sur l'édilion du .lahresberickt.
B.EDEKERS Paliistina und Syrien. Die Hauptrotiten Mesopotamiens und
Babyloniens und die Insel Cypern Leipzig, K. R;edeker, 1910; in-S" de
xcviii -f 432 p. M. 10.
Bai.nvrl '.\bb«'' .1. V.). De scriptiira sacra. Paris, Beaiichosne, 1010: in-8"
de VIII a- 214 p. 3 fr.
Passe en revue les décisions des papes, conciles, etc. sur la Bible et établit
l'inspiration et l'infaillibilité de l'Écriture (Yulgate). Catholique orthodoxe.
Balaba.n (M.). Zydzi w Austrji za panowania ces. Franciszka Jôzefa I ze
szczegolnym iiwzglednieniotn r.alicji l«48-1908. Stanislaii, Slaiidachcr,
1909; in-8" de 32 p. K. 0,50.
Les Juifs en .Autriche sous le règne de l'empereur François-Joseph l, nolain-
meiit en Galicie.
Balaban (M.). Dzielnica zydowsl<a, jej dzieje i zabylki. i,emherg, NakI.
Tow. milosnik(3w przeszlosci Lwowa, 1909: in-S" de 09 p., ill. 'Riblio-
teka Lwowska, V i VI.)
Le quartier juif de Lemberu', son histoire et ses moiiunients.
RAi.AiiAN (M.). Spiszydôw i karai(..\v ziemi Halickic) i pow ialow Trcmbo-
wt'lskiego i Kolomyskiego w r 1703 Cracovie, Naki. .Vkademji Itiiie-
jeUiosci, 1909 ; in-S» de 21 p.
284 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Liste des Juifs et fies Caraïtes de la région de Halic et des distriits de Trem-
bowla et de Koloméa en 1703.
Barnes(V^".-E.). Lexin corde. The law in the heart. Stiidies in the Psalter.
Londres, Longmans, 1910; in-8" de xii + 264 p.
Bauer ^H.). Die ïempora im Semitischen. Ihre Entstehung iind ihre
Aiisgestaltiing in den Einzelsprachen. Leipzig Hinrichs, I9i0; in-S" de
53 p. M. 3,50 (Beitrage ziir Assyriologie, Vin, iK
Bauer iL). Qu'est-ce que le judaïsme? Le sabbat. La femme dans le
judaïsme. Trois sermons prononcés an temple israélite de Nice. Nice,
imprimerie Gandini [1910^; in-8o de 48 p.
Becker (E.). Das Qnellenwunder des Moses in der altchristlichen Kiinst,
Strasbourg, Heitz, 1909 ; in-4° de ix + 160 p. M. 8 (Zur Kunstgeschichte
des Auslandes, 72).
Beermann (M.\ Sonne und Schild ist der Ewige! Festpredigten, nebst
einem Anhang: Sabbat- und Gelegenheitsreden. Francfort, Kauffmann,
1909 ; in-S» de xn + 478 p. M. 4,50.
Beixfxi (L 1. An independent examination of the Assuan and Elephantine
Aramaic Papyri. Londres, Luzac et Co. 1009 ; in-S" de 204 p. 7 s. 6 d.
Pri^tend prouver que ces papyrus ne sont pas authentiques. .\u heau milieu
(p. 137-174'!. il reprend divers savants pour des bévues préfendues ou réelles
(a'^ÏH ■^'^N dans les fables de Bereehya. la Hagarada de Séraïewo, le Temple
d'Onias d'après Flinders Pétrie, etc., ete.V
Bell^li i'L.) Interprétations erronées et faux monuments. Remarques sur
quelques inscriptions récemment éditées, suivies d'un sommaire analy-
tique de l'ouvrage An indenendent examination... Casai Montferrat,
impr. Rossi et Lavagno. 1909; in-8' de 18 p.
Dans une critique qui n'a rien de français, ni dans le ton, ni dans le stvle.
M. R. prend h partie M. Schwab, qui n'aurait pas dit h haute voix, au Conarrès
des Orientalistes, de qui il tenait l'explication du mot "^"'"'na ^dans l'inscrip-
tion publiée Revue. LVTTI, 107^ : il lui reproche d'avoir fait des fautes Hp
traduction dans l'interprétation d'une autre inscription {ihid., p. 110^ et il
soutient qu'une troisième (ihid.. lOO'i est une forçerie, ce qui pourrait bien
être exact. Ce qui est insoutenable, c'est d'arsuer de faux l'inscription crecque
de Sidé de Pamphylie (ihid , p. fiOV Pr»ur M. R., tout est faux, les monu-
ments et les hommes. Cette attitude amère et impolie paraît due à ce que le
monde scientifique n'n pas fait un bon accueil à son pamphlet contre les
papyrus araméens.
Bf.nnet fW.-IL). Old Testament history. Londres, .lack. 1909; in-16» de
186 p. 1 s.
Bensow '0.). Die Bibel — das Wort Goltes. Eine Darstollnng und Vertei-
digung der bleibenden Wahrheit der Lutherschen l,ehre von der Inspi-
ration der Heiliffen Scbrift. GiUersloh, Bertelsmann, 1909; in-8» de
64p. M. 0.60 (Fiir Goltes Wort und Lutbers Lebr! 11. Roihe, 7. HeftV
Renzinger (L). Geschichte Israels bis auf die griechische Zeit. Zwoite
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Bericht (27.) der l.ehranslult fui- die Wissenschafl des Jiidenlums in
Berlin. Berlin, Mayer iind Mïiller, 1909; in-8" de 86 p. — Hericlil (28.),
1910 ; in-S" de 74 p.
Le 28° Rapport contient deux des couférences faites à l'institution : Hermann
Cohen, Innere Beziehungen der Kanlischen Philosophie zum Judenlum, et
G.-F. Moore (de la Harvard-University), Die Eigenart der hebrnischen
Geschichlsschreibunq im alUestamentlichen Zeifalter.
Bericht (43) iiber den Heligions-lJnterricht der Synagogengemeinde
zu Kônigsberg i. Pr. fiir das Schuljahr 1909/1910, erstattet von dem
Dirigenten Dr. Vogelstein. Kônigsberg, imprimerie Hartiing [1910];
in-8« de 38 (+ 8 p.).
Contient une bonne conférence de M. F. Perles sur Abraham Geisjer.
Berli.nek (.a.). Handbemerkimgen zum tâglichen Gebetbuche (Siddur).
Berlin, M. Poppelaiier, 1909; in 8" de vu -|- 87 p. et 1 p. non paginée.
M. 3.
Les études liturgiques, trop néijiigées chez nous, manquent à peu près
totalement pour Tépoque moderne. M. B., qui porte à ces études un double
intérêt, scientilique et pratique, a eu l'heureuse idée d'étudier « quelles
formes la rédaction du rituel, spécialement dans le rite germano-polonais,
a reçues avec les premières impressions et quelles modifications elle a essuyées
depuis ce temps jusqu'à la publication du Siddour de Heidenheim ». Par
endroits il touche au Malizor et remonte plus haut, aux anciens rites
français et allemand (p. 65, 70). Dans cet intervalle, il distingue trois périodes :
1" depuis 1512 ou 1513, date du premier Siddour de Prague ; 2° dejiuis 1560,
date du Siddour de Tliingen, où se fait sentir l'intluence de la Cabbale ;
3° depuis 1800, date du premier Siddour de Rodelbeim, où Heidenheim, « le
Mendelssohn de la liturgie », affranchit partiellement le siddour de la main-
mise cabbalistique. — Au lieu de décrire les principales éditions en ce qu'elles
ont de caractéristique et de distinctif, M. B. énumère les morceaux ajoutés
ou modifiés par les éditeurs. Ce sont surtout les prières introductives et lin.iles
qui encadrent l'office. Tel est, tout au début, le groupe de versets Ma Tobou.
Les derniers manuscrits commencent déjà par Adon Olain. Yif/dal n'apparaît
à sa place actuelle qu'en 1578. Les « bénédictions du matin » ont subi ties
additions ; celle du non juif était formulée primitivement ^13 ^303? NbïJ,
mais M. B. recommande de la corriger, d'accord avec certaines éditions et
maintes autorités, en VniO"* ""icy^, et de supprimer les deuxconcomittanles.
Le baraïta l'illoum hu-Ketoret a été introduite en 1589 à l'occasion de la
peste (où ? quelle source ?). Les psaumes de l'office n'ont pas été respectés
davantage. Le ps. xxx apitaraît au xvii<' s. seulement ; le ps. xxxiii devrait sa
place actuelle à un accident typographique. Le ps. vi pour le Tahnoun n'est
fixe que depuis 150 ans ; le verset introdurtif de II Sam., xxiv, 14, est dû à
un éditeur de 1662. Les ps. xxiv et xxix pour la rentrée du séfer sont un
emprunt modifié de l'usage espagnol. Les deux recensions du él érekh
api>aiin ne sont accouplées que depuis 1647 Le formule des 13 articles de foi
Ani mcuuiiint apparaît, semble t. il, pour la première fois dans la huggada
de Venise, 1566. Le Ychi raçon de la bénédiction du mois paraît lemonter à
la première moitié du xviir siècle et les hn-Hahman pour les fêtes, dans les
grâces, se lisent seulement dans les éditions du môme siècle.
286 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
De nombrtust'S moiJilicatioiis (lu rituel sont ilues à l'iaflueiice du la Cabbale,
qui s'y fait sentir depuis le commencement du xvir siècle, suus la poussée de
l'école d'Isaac Loria. Elle s'insinue d'abord dans des ouvrages distincts et linit
par envaliir le siddour, à quoi contribua irrandement le Schaarê Cion de
Natan Hanovre (Prague 1662, souvent réimprimé). Eu vrai rationaliste,
M. B. s'élève contre cette invasion de la Cabbale et, démentant sa devise
« juste et véridique •>, il est injuste pour elle. Il lui reproclie d'avoir « effroya-
blement désolé « les prières (le moi revient deux fois, p. 30 et 34); elle a au
contraire émaillé le rituel de ses fleurs mystiques. 11 est vrai que M. B. en a
surtout à deux procédés cabbalistiques : le calcul des lettres, qui est en usage
dès le xm' siècle chez les mystiques allemands et auquel on sacrifie une
phrase entière dans le kiddousc/i, et les formules introductives qui concen-
trent l'attention des fidèles sur le sens réel ou mystique de la prière. Mais il
n'est pas vrai que ces « altérations », grotesques et burlesques à notre sens,
empêchent le fidèle de se recueillir : ce sont les hassiditn qui prient avec le
plus de recueillement. Et .M. B., qui est rationaliste sans doute, mais qui
n'est pas moins orthodoxe (il ne proteste que contre le mot, p. 7, et les
ft réformes » qu'il propose p. lo, 39, 57, 66, sont anodines), n'a rien à redire
à tant d'autres innovations cabbalistiques: les psaumes cxxvi et cxxxvu avant
les grâces, introduits dans l'édition de cette prière imprimée à Venise en 161)3
(p. 27) ; l'extrait du Zoliar Berich schemê, qui apparaît pour la première fois
en 1340 et prend place dans le rituel à partir de 1593, réservé, il est vrai, à
« l'élite » (p. 29), et la prière des 13 middot, qui se lit pour la première fois
dans le Schaaré Cion (p. 46-47 ; la triple répétition des 13 middot est
encore plus récente, p. 60). C'est aux cabbalistes que la synagogue doit le
beau cadre de l'office du vendredi soir : les p.«aumes préliminaires et le poème
Lécha dodi, longtemps combattus en Allemagne ; le salut aux anges
{Sckulom aléchem) et l'éloge de la « femme forte », image de la schechina,
qui apparaissent dans un rituel de Prague de 1641 (p. 43-45).
D'autres changements ont été causés par la censure chrétienne ou la crainte
de la censure, non seulement dans le Siddour, mais aussi dans le Mahzor
(p. 47 et s.). M. B. cite à ce propos les anciens textes de la birkat ha-Minim
dans la Tefilla. Il montre quelles sujipressions on s'est permises dans les
pioutira de Kippour en analysant l'édition du Malizor allemand de Crémone-
Sabbioneta (non Sabioneta) 1557.
On voit que le rituel, même quand il eut été fixé par l'imprimerie, a été
traité avec une certaine liberté. On n'a pas craint de modifier des versets
bibliques (p. 11) et de s'écarter du Talmud (p. 16-19 . Les rabbins qui, à
l'exemple de Maïmonide (p. 13), ont combattu les petites « réformes », Elia
de Wilua (p. 24) et surtout Salomon Louria (p. 11, 14, 24, 62, 72), ont été
impuissants, notamment quand ils repoussaient les extravagances de la Cabbale
(p. 36): d'anciens rabbins se plaignaient déjà de l'accumulation des psaumes
en vue du kaddisch de deuil (p. 26). — Il est intéressant de suivre les
destinées de certaines prières. Des morceaux poétiques destinés d'abord à une
occasion spéciale ont vu leur usage généralisé : tels sont les poèmes Adon
Olam et Yicjdal (p. 12, 13), le piout Hamavdil (p. 56) et les litanies du
Schir ha-Yilioud (p. 72). Inversement "i^tîVnd V^- «l'abo'J quotidien,
est réservé aux sabbats et fêtes ; n^T? PN"" "rx est s[iécialisé pour
Siu)hat Tora et remj)lacé par 3'D33 Tt'^\ qu'on trouve pour la première fois
dans le Siddour de Prague 1541 ^p. 28-29); un exemple plus connu est
l'Iiymue Alénou p. 49). - Des fautes d'entrainement font ajouter le verset
du schéma à la fin du cantique de la Mer Rouge (p. 61 ; à la 1. 7 lire vor) et
d'.4/t''/(oi(, les mots pjN ^^:J^J^ à la lin de la Tefilla et des grâces (p. 63).
BIBLIOGRAPHIE 287
Ce qui lait le grand prix de cette partie du travail de M. B., c'est (luelle
repose sur l'étude des éditions les plus anciennes et les plus rares du Siddour,
étude fortifiée par l'expérience de l'auteur et son érudition dans la littérature
rabbinique. Beaucoup de ses remarques se trouvent d'ailleurs dans le com-
mentaire de Baer, qu'il cite trop rarement. La littérature contemporaine est
trop peu utilisée aussi. Sur les trois bénédictions du non juif, de l'esclave et
de la femme (p. 14-16\ voir D. Kaufniann, Monatsschrift, XXXVU, p. 14 et s.;
sur la Kappara et le Schoulliau Arouch (p. 29 , v. L. Low, Ges. Schr., IV, 292 ;
sur l'écriture dég^uisée chez les Juifs de France au moyen âge (p. 33),
V. Aptowitzer, Revue, LX, 39 et s. ; sur les additions cabbalistiques dans la
bénédiction sacerdotale (p. 42). v. Heller et Krauss, Revue, LV. 60 ; LVI, 2M :
LXI, 318; LXII, 160: sur la « réception » du sabbat chez les cabbalistes de
Safed (p. 43), v. Schechter, Studies in Judaism, II (v. l'Index) ; sur la
censure chrétienne du Mahzor (p. 47), voir Revue, II, 249; sur la réunion des
14' et 15' bénédictions de la Tefilla ip. o3), voir les textes cités Revue, LVII,
180, n. 6 ; sur la tendance anti-chrétienne de la prière r;73U33 TibN, voir
LOw, Lebensaller, 66. Dans le détail nous remarquons encore : p. 13, que
signifie la leçon "i :: T* Vdi nbl^ plN MTi ? p. 34, le changement de
mb-Ca bN-lTi;"' iry PN '^-,373n en cnbwn nCty n'a pas été provoqué,
mais tout au plus favorisé par un calcul cabbalistique ; c'est un retour à une
ancienne formule ; p. 49-50, il n'est pas sûr que Rab soit l'auteur d'Alénou,
mais il est sur qu'il y avait des chrétiens de sou temps en Babylonie.
P. 37 et suiv. M. B. réunit des notes sur différentes prières, leur origine et
leur ponctuation. Tout n'y est pas évident. On peut soutenir la lecture
D"'n72-ir abs ,m-)'w73 -ICwNI (p. 61) et même .sbyb Nin ■J-'-ia ip. 62; ;
Slbx doit se lire éloah en faisant entendre le n (p. 68), et la promesse de
faire des offrandes dans la jirière pour les morts Yizkor n'est pas tellement
un entraînement étourdi [ibid.), car on fait vraiment des aumônes à cette
occasion ; sur les abrégés des grâces (p. 68), voir Ginzberg, Geonica, I,
p. 129, n. 2. P. 65, l'auteur attribue une origine française à la prière Ah
lia-Rahamim (avant la lecture de la Tora) à cause de l'expression n^^'i*;"
myin, qui serait le français « malheur ». Il n'y a qu'un malheur : c'est
que « malheur » (monosyllabe) vient de malutn angurium et que la confu-
sion avec « maie heure » (dissyllabe) doit être postérieure au xiv° siècle.
Chez les juifs espagnols de quehjues villes d'Orient on appelle certains
démous mala hora iconununicatiuns personnelles.; cf. Revue des écoles de
l'Alliance israélile, n° 2, p. 158: buenas horas. — P. 70 et suiv. M. B.
consacre des notices plus longues à quelques morceaux particuliers: l<>la
prière Veliou rakoum, sur l'origine de laquelle on peut voir D. Kaufniann,
Die Chronik von Achimuaz, 13, et 1. Lévi, Revue, LU, 161, et (jue l'auteur
propose de distribuer entre le lundi et le jeudi; 2° le Schir ha-ïihoud
qu'il appelle ailleurs (p. 12) une plante exotique sur le sol allemand et sur
lequel il a publié depuis un travail spécial, qui nous donnera l'occasion d'y
revenir ; 3" le Kiddousch au teni|)le ; 4" la lecture ^'CDj ou TUÎD3 dans
Psaumes, xxiv, 4. De celte discussion massorétifpie, assez mal conduite, il
semble résulter que TiJEî ii'<'st pas unqeri, mais a un petit vav ^^!3'^LDp l'i}-
M. B. propose de traduiie le passage: « qui ne jure pas faussement par Son
Ame > , c'ist-àdire par Dieu. Il excuse cette singulière exégèse par une pieuse
conclusion, qui rejoint le ilébat de l'ouvrage.
C'est dommage que ce livre, qui contient de nombreux et précieux maté-
riaux, soit déparé par des fautes de style, auxquelles l'imprimeur a ajouté
les siennes. Cette forme négligée risque de nuire à un ouvraire qui a le mérite
de rappeler les Ritus de Zunz.
288 REVUE DES ETUDES JUIVES
Bektholet (A.). Das i'eligionsgeschiclitli( lie l'iohlem des Sputjiidentiims.
Tiibingue, Mohr, 1009; in-8" de m -)- MJ p. M. 0,80 (Saininliing getnein-
verslandlichcr Vortrage und Schriften ans dein Gebiet dcr Théologie
und Religionsgeschichte, 55).
Bertholet (A.). Das Ende des jiUiischcn Staatswesens. Sechs populare
Vortrage. Tiibingiie, Mohr, 1910 ; in-S" de vi -t- 165 p. M. 2.
Berto (P.). Le Temple de Jérusalem, étude erilique. Chez l'auteur, Ererno.
I.anzo Torinese (Italie), 1910; in-S" de 76 p. 2 fr. Extrait de la Bévue
des Éludes juives, 1910.)
Besson (E.). Introduction au prophète Sophonie. Paris, Fischbacher, 1910;
in-S» de 86 p.
iQtruductioii et commentaire soignés. Le livre de Soplionie est authen-
tique en gros (rejeter ii, 8-10 ; m, 9-10, 14 20). L'auteur a vécu avant la
réforme de Josias, vers 62.5, sous l'impression d'une invasion scytlie. 11 se
fait une idée peu claire du a jour de Yahveh » et ne peut être le créateur
du concept du jugement universel par Yahveh. Le reste de l'étude sur la
valeur littéraire, historique et théologique de Sophonie manque de base. —
Travail consciencieux.
Besson (H.). Das Ende der Zeiten. Versuch einer Zuzammenstellung der
biblischen Weissagungen ïiber die Zukunft der Welt und des Reiches
Gottes. Uebersetzt von A. de Quervain. Mit einem Vorwort zur deutschen
Uebersetzung v. Hadorn. Bàle, Kober, 1910; in-S» de 180 p. M. 1,60.
BiACH (A.). Proben zur jiidischen Literatur, ausgewahlt und herausge-
geben in Verbindung mit M. Doctor. Leipzig, Engel, 1909; in-B' de iv
4- 98 p. M. 0,85 (Beiheft zu Kayserling-Biach-Doctor, Lehrbuch der
jiidischen Geschichte und Literatur).
Bibelen, den garnie ogden nye progts hellige Skrifter samt de apokrifiske
boger (Kirke-og lamiliebibel). Copenhague, Lehmann et Stage, 1909;
in-4'' de 1484 p. Kr. 10.
[Bible] The Old Testament in Greek according to the text of Codex
Vaticanus, supplemented from other uncial manuscripts, with a critical
apparatus icontaining the variants of the chiefancient aulhorities for
tiie text of the Septuagint, edited by A. E. Brooke and >'. Me Le.an.
Volume I : The Octateuch. Part II : Exodus and Levilicus. Cambridge,
University Press, 1909 ; in-4» de viii + p. 155-404. 12 s. 6 d.
[Bible] Die erste deutsche Bibel. 5 ter Band : Die vier Biicher der Kônige.
Herausgegeben von W. Kukklmkyer. Tubingue, gedruckt fiir den Liltera-
rischen Verein in Stuttgart, 1908; in-8° (Bibliotliek des Litterarischen
Vereins in Stuttgart, CCXLIX).
[Bible] Die heiiigen Schriften des Alten und Neuen Bundes, deulsch von
M. Luther. Munich, Millier, 1910 ; 4 vol. de v -f 574, v + 579, vi -f 698
et V + 487 p. M. 20.
[Bible] Die Biicher der Bibel in der Uebersetzung von M. Luther. Das
Buch Judith. Mit Orig.-Lith. von L. Cori.nth, Berlin, P. Cassirer, 1910;
in-f»de 32 ff". M. 1,80.
BlBLIO(.KAl'lllt; -289
lîilile Dr. Martin Lltiiers Deutsche Bibel. II. Mami. Woiiiiar, II. ImiIiIuiis
.\achf., 1909 ; gr. in-8° de xxviii -f- 727 p. M. 20.
Rihlel The Aiilliorised Version of tlie English lîihle, If.ll. Kdilrd l»v
Williatn Ahiis W lîir.irr. Caml)ridge, linvcrsity Press, 1909; il vol. in-S^'
(Caniliridge Englisli Classicsl.
:liiBLE' l.a lîihle illiisUv-c de Ki..\nii;K. Scènes ])il)li(jiies de l'Amnen et du
Nouveau Testament en 100 tableaux artistiques, clud's-d'u'uvre du
xui" siècle, dessins de A. Stockman.n, gravés par Ki.albkr frères
Saint-Pé-d'Ardet ;Haule-(iaroniie). S. Moiidon, 1910 ; loo planches in-lolio.
Les frères Klauber sont des Hilistcs allemands du wur sii'i-k- ,xiii' i-st
sans doute une faute d'imiiression).
Riblej Die Biuher der IJibcl. Herausgegeben von F. U.vni.wKs. Zeicliniingen
von E. M. LiLiEN. Band ti : Die Liedcrdicbtnng. Die Psalnien. Die Klage-
lieder. Das Holielied, nach der L'eberselzung von Uelss. Brunswick,
Westeruiann, 1909: in-4'> de 328 p.
[Bible] The symbolisni of tlie Bible and of ancient literatm-e generally,
being a study in comparative mythoiogy, by 34 expectanls. Bombay,
Times of India, 1910 ; 2 vol. in-S". 50 s.
BiKLER (Cb.). Histoire du peuple de Dieu, récits biblitpies extraits de
TAncien Testament. Paris. Société des écoles du dimanche, 1909; in-12"
de 200 p., ill.
lîiLLAUER (A.). (Irundziige des babylonisch-talmudisclien Kherechts.
lîerlin, C. Heymann. 1910 ; in-8" de lu -f 78 p. M. 2.
Le droit nuitrinionial d'aiirùs le ïalmud de l'.altylom-.
BiRNHAi'M (N.). Ansgevvalilte Sehriften ziir judischen 1-iage. ('./.cniow il/,
Birnbaum et Kohut. 1910 ; 2 vol. in-8'.
Blau (I..:. Bibliographie der Schriflen NViliielm Baciiers, nebsl eincm
hebraïschen Sach- und (Jrtsnanien-Begisler zu seinem sechsbandigen
Agadavverke, zu Ehren seines 60. fieburtstages heiausgegeben. Kraru-.-
fort-s.-.M., Kauflmann, 1910 ; in-S" de iv -f 04 p.
Blau L.\ Bâcher Vilmos élele es mukodése,GO-ik sriiletesnaiija liszteldere,
1910, januàr 10. IJudapest, Athenacunt. 1910; in-8" de xi - 170 [)., portr.
Voir le eompte rendu de M. Wellesz. dans \n. licvue. LX. :51G-;518. et celui
de M. I'erl.'s. dans la 0. L.Z.. 1910. col. 211-2.
Bi.AU (L.). La letteratura moderna sul iiiiro considéra lu dal piinto di
vista del libro ebraico. Florence, impr. (iallelli et Cassulo, 1910 ; in-8"
de 79 p. (Tirage à part de la Jlivisld israplilira. V-VII).
Blai.fuss iH. . Bomische Feste und Feierlage nach den Trakiaten idier
fremden Dienst lAboda zarai in .Misidina, Tosefla. .Ierii<aleun'r iind
Babyloniscliem Talmud. Nuremberg, impr. .1. !.. Slicii. r.nt'.i ; iu-s" de
40 p. M. 1 (Beilage zmn .laliresbericlite des Konigl. Neuen (;ymii;»siuuis
in Niirnberg liir das Sciiuijaiir 1908-1909 .
T. I,\1I. N» 12'f. l'-'
290 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
La Mischna d'Ab. z. (i, 3) et la Tussefta 'i, 4) éiiutnérent les fêtes païennes
qui amènent une interruption des affaires entre juifs et païens ; les deux
Talmuds ex]>lif|uent et complètent cette liste. A l'exemple de Lewy iPhilolo-
gische S/rei/'zuf^e in deii Talmiid, dans le Philologus, LIlj, M. B. examine
ces textes à la lumière des « antiquités romaines ». Il remarque rFabord que
la Mischna pariiit dislin^ruer les fêtes publiques et les fêtes lu-ivées, les fêtes
fixes et les fêtes mobiles. Par calendes elle entend la fête du 1" janvier. Les
saturnales sont mises à l'index à cause du sacrifice à Saturne et des repas
publics où l'on consommait la chair des sacrifices. Le mot D''0''ï3"1p (xpàTr,ci;!
désignerait les tfies imperii, qui se célébraient le 16 avril pour l'empire en
général et un autre jour pour chaque empereur en particulier; mais il reste à
prouver que ces fêtes étaient appelées xpàT7i<7tç. Par N^DIj^ DT'. il faudrait
entendre à la fois l'anniversaire de la naissance de l'empereur et la fête de
sa mort (l'apothéose, sur la()uelle il faut voir maintenant F. Cumont. dans
li.H.B., l'JlO, 119 et s.). Mais comment M. B. rendrait-il compte de la baraïta
Babii, lOrt; elle est mutilée dans la traduction d'Kwald, ([uil reproduit p. ItVt
qui distingue « la N-^OISa de l'empereur régnant et celle de son lils, le jour
anniversaire de sa naissance et celui de la naissance de son fils »? — Pour
comprendre les deux fêtes dans la N"'0"i:5. la Mischna ajouterait, dans
l'opinion de R. Méir : rfrfWn Dl"'"! "T'bn QT^I. Cette exégèse, qui est celle
de Lewy. est spécieuse ; mais outre que le premier T fait difficulté, comment
expliquer que le contradicteur de ?,. Méir distingue, pour la fête mortuaire,
les cas où elle est accompagnée d'une « combustion » et ceux ou elle ne
l'est pas? pour un empereur c'était toujours le cas, surtout si, avec Lewy et
M. B., on euteiwl par « combustion » l'apothéose impériale. Les Talmuds ont
donc raison de voir dans les mots de la Mischna des fêtes privées et de n'y
pas voir d'apothéose. — La Mischna énnmère ensuite d'autres fêtes privées,
moins importantes, et M. B. montre par quelques textes que ces fêtes étaient
observées chez les Romains.
M. B. prétend discerner d'autres fêtes romaines dans une baraïta (T. Ah. z.,
II, 6; Yer., i, 7; Babli, 18 6; cf. Yalkoiil. Psaumes. 613): mais nous crai-
gnons qu'il n'ait été induit en erreur par Perles, (|ui avait cru y retrouver les
ludi suecitlaves. Lui-même voit dans le même mot la fête des sigillaires,
tout en reconnaissant, et avec raison, les jeux séculaires dans une curieuse
description du Babli (11 //) ; puis, identiliaiil d'une part Melaria et Belaria
(que ne donne aucun texte), d'autre part Melarin el Belarin. il dérouvre dan«.
le premier groupe les palilies ou jiarilies (fête purement locale de Rome !).
dans le second les jeux apollinaires. Trop d'esprit. Le contexte montre «lu'il
est question non de fêtes publicpies, mais de spectacles populaires et la
comparaison des jiassa-es parallèles aboutit au texte suivant: 'jT'pnTa IV^in
n-i-ib^D V"i'5^o 'n-nb?:! n-i-iba (V"ib«) V'^^a ';vbib lT«înn- <>n v..it
le |)rocédé. L' « archéologie » a pour condition préalable la « jibilolcu'^ie »,
dans le Talmud aussi.
Mais .Vf. B. ignore la critique des textes. II cite le Babli dans la traduction
d'Ewald, iiui fourmille d'inexactitudes. Parce qu'Ewald a traduit «■'rrr: pai
.. in (Irr Mischna heissi es ja » (j). 16), M. B. reproche a la (lueniara de
n avoir pas comjiris la Mischna (]>. 17). Ailleurs encore il est injuste pour le
ISalili, ne sachant pas distinguer entre sa iliale(ti<|ue et les matériaux qu'il
met en (r-nvre. Ses connaissances liistori(|ues sont insuffisantes ; il coidond
r.imora W. .losepli avec le tanna R. Yosé b. Halafta (p. 11. n. Cl et il connaît
un grand-prêtre Ismail qui fut mis à mort par les Romains jtour avoir pris
part à la révolte des .Juifs de la Cyrênaïque (p. 2!t, n. 5'. Du cdté « romain «
il aurait dû demander à l'épigraphie et ii l'archéologie une documentation
BIBLIOGRAPHIE 201
plus complète et plus précise sur la religion païenne en Orient ; peut-être
aurait-il été amené ainsi à déterminer làire approximatif de notre mischna;
c'est le point capital et il ne s'en soucie même pas. Son étude n'éclaire pas
beaucoui) les textes talniudi(iues et il ne nous semble pas quelle enrichisse
les antiquités romaines.
Rlalilss II.). Gutter, Bilder iind Symbole nach den Traktaten iiher
l'remden Dienst (Aboda Zara) in Mischna, Tosefla, Jenisalenier und
Babyloniscbem Talmud. Prograinni. Nuremberg, J. L. Schrag, 1910 ;
in-S'debl p. M. i.
Bloken (E.). Adam iind Qain in Lichte der vergleichenden Mythenfor-
schung. Leipzig, Ilinrichs, 1907; iii-8" de iv -f 14S p. (Mylhologische
Bibliolhek, herausg. von der (iesellscliait fiir vcrgleichende Mythenfor-
schiing, I, 2-3.)
Blum (J.). The .Jews of Baltimore. An historical snnimary of Iheir
progress and status as citizens of Baltimore. Baltimore, Historical Beview
Publishing Co., 1910 ; in-8° de 42 + 470 p. D. 3.
Blu.men.m: (S.), Israelitisches Gesangbiich fiir Synagoge und Beligions-
schulc. 3. Auflage. Francfort-s.-M.. Kauftmann, 1900 ; in-8'» de
IV ^ 111 p. M. 1.
BoHMER J,). Der religionsgeschichtliche Uahmen des Ueiches (iotles.
Leipzig, Dieterich, 1909 ; in-S' de vu -|- '-15 P- M. 4.
L'auteur étudie la conception du royaume dans la Septant»', dans les
apocryphes et les pseudépiirraplies. dans la littérature rabhinique (ici il est
mal infoi'mé et malveillant), i)uis fii dehors du judaïsme (influence du
parsisme, etc.).
BoHMER (J.). lieilige Sl.ïtten im Lande der Bibel als (iotles Zeugen in
Geschichte und Gegenwart gewiirdigt. Giitersloh, liertelsmann, 1909 ;
in-S» de IbO p. M. 1, 20 (Fiir Gottes Worl und Luthers Lehrl r.iblische
V^olksbiicher, lierausgegeben von J. Rump, II, 9j.
BuHMER (J,). Paliistina im Lichte der gegcnwiirtigen Orientkrise. Stuttgart,
Greiner und Pt'eitfer, 1909 ; in-S" de 43 p. M. 0,;j0.
BoHR (H.), Erlauferung zu den biblisciien Geschichten des Allen und
Neuen Testaments. Leipzig, Teubner, 1908 ; in-8" de vi i 12i p.
BoissiER lA.). Les éléments baltyloni('U> de la légende de Gain et Abel.
Genève, 1909 ; in-8o de 9 p.
BoLL.\ND (G. J. P. .J.). Het boek der Spreiiken. Leyde, A. H. Adriani, 1909 ;
in -8" de 98 p. I fr.
BoLLA.Ni) G. .1. P. .1.^ De tiieusophie in •hristendoin m judendom. lÀ'u
nieuwe bijdrage lot verduidelijking van den oorsprong deschrislendoms.
Leyde, A. IL Adriani, 1910 ; in-8'>de4 - '.M p. <• IV.. '.Ht.
iîouRt.Eois (IL . Le jargon judéo-allemand. OourIc .Inde philulogiiiuc,
suivie d'une chrestomathie. Bruxelles et Leipzig, Miseh et Thron, I90'.i;
in-8* de 40 p., 1 t'r. 50,
292 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Etudie piiiiiipaloin lit le jatiron ]).iiir' actiiellcnient dans l"i-st de rKurope.
Cf. z. f. 11. /}., XIV. :;<).
Box (G. H.). A short inlfodiiction to Ihe lileiatiiie ol" Ihn <)\d Tcstainont.
Londres, Rivinglon';, 1909; in-l2° de loO p.
RovD (J. 0 ). The Oclalcnch iii Elliioidc., ac(^or(liiit;- lo Ihc text of the
Paris Codex, with Uio variolies of live olher iDannscripIs. l'art i :
Genesis. Leydc, Brill, 1909; in-8" de xxii + i:>8 p. (Bihliotheca
Ahessinica. Studies concerning the languages, literature and liistôry ol"
Abyssinia, éd. E. Littmann, 111.)
Brandt (W.). Die jiidisi-hen Baptisnien oder das religiose Waschen iind
liaden im Jiidentiitn tT)it Einschbiss des .Iiidenchrlstentums. Giessen,
Tripelinann, 1910; in-8» de vi + 148 p. M. 0 (Bcihefte ziir Zeitsclirin
tïir die altteslatiiciitlichc Wissenschaft, XVIH).
Bhandt (W.). .liidische Ueinheitslehrc iiiid ihre Beschrcihimg in d(Mi
Evangelien. (iiossen. TOpelmann, 1910 ; in-S» de vu -^ 64 p. M, 2,70
Boilicfteziir Z A. W., XIX).
M. IJ., ijiii est connu par ses travaux sur la reliiriDii niaudéeniic et sur
les origines du christianisnie, étudie, dans le premier des deux ouvrages ici
annoncés, les baiitisnies dans le judaïsme et dans les sectes issues du
judaïsme. Par baptisme il entend (p. 2) « la pratique régulière du bain ou
de l'ablution pmjr acconii)lir un devoir religieux et atteindre un but religieux
(pi'on s'est pioposé ». Les idées de pureté et d'ini|)ureté sont extrêmement
anciennes ; la notion tpie le contact du pur rend impui' est une trace de la
croyance au tabou (et ne faut-il pag faire aussi uue pl.ice a. la conception de
la pureté spécilique de l'eau ?). La législation du Peutateuque, qui est
postexili(iue, est sortie d'une tradition conservée par les prêtres : mais elle a
été modifiée par ces théologiens, qui ont écarté ce qui leur paraissait
entaché d'idolâtrie ou de superstition, par ces casuistes. ipii ont méthodi-
quement développé la matiéie. M. 15. fait un exjiosé Ires clair de cette
législation du « Code sacerdotal ». sans peut-être insister suffisamment sur
son caractère semi-théorique. Il est à remarquer que le Talmiid restreint ces
règles di! purification à ceux qui se trouvent en l'apimrt avci- le temple et
que, ]tar contre, il ne se contente pas de simples ablutions, mais exige un
véritable bain et un bain « d'eau courante ». Les objections de l'auteur, qui
y tient beaucoup (|i . 28-29,32-35, lii, 124-12o), ne sont jias pêremptoires.
Il croit «pie l'état hydrographique de la Palestine ne peiiuet pas des bains a
volonté : mais c'est cpii! just(!ment le législateur a pensé au Temple et aux
environs. Et (juand il objecte (pie l'enclos du Temple ne contenait fias de
« l)assin creusé dans le sol ». il oublie qu'il suffisait que l'eau arrivât tout
droit d'une source (p. 34) et «pie la « salle de l)ains » du Temple recevait
l'iau de la source Etam (p. 31-32). L'auteur de la Lettre d'.\ristée connail
une souice qui alimentait le Temple. — C'est seulement dans la Diaspora «pie
laboiidaMre des eaux et l'exeiiqde des païens ont amené les rabbins — tous
ou plus ou miiins influencés par l'hellénisme (p. 45) 1 — â prescrire des bains
d'eau vive pour le coips. yuaiit a l'ablution des mains dans 10 S(ut d'eau,
c'est théorie pure.
Sur un autre iioinl le judaïsme pnslï'rieur a éti' plus loin que le législateur
sacerdotal : il connail des ablutions avant cha(pte rejias et des lavages des
vases ayant contenu des aliments, comme l'atleslenl les Evangiles (mais voir
BIBLIOGRAPHIE 293
pUis loin sur (i- >vcoiRf livre de M, H.i, Notre ;iiiteiir cioit ()iie ces [tratiques
sont nu (li-velop{«'meiit des règles du Lt-vitique. Ne faudrait-il pas y voir
Une' lafoisation des observances sacerdotale», non par opposition aux prêtres,
ce (/u'a soutenu Gb%*olson et ce (jne >I. H. conteste avec raison (p. 39), mais
au contraire par désir de faire aussi bien queux, er» cousoniniant les aliments
prO'fanes avec la même pufeté que s'ils étaient consacrés mrtU ?>' T'^in
uî^pTî)? Restreinte d'abord à tvrtains cercles [détistes. celte pratique suréro-
^atoire s^ serait étendue, et, coninre )e motif primitif avait perdu sa valeur,
«m justifia plus tard ks ablutions, non phts |>ar la sainteté attribuée au\ .ili-
mients, mais i)ar les benédidions du repas. Nous n'admettrions pas non plus
i\ii'au se lavait les mains avant de jrfier parce que pr»niiliv(!meut on levait les
mains dans ta j^rière p. 431 : les mains étaiewt présumées impuies à cause de
leur fonction (PT'ipO" S^"!"^)- I-a réide fameuse que « les livres canoniques
rendent les mains impuies» est ainsi expliquée par M, B. |p. 43 : cf. p. 13.S) :
k'S mains (|ui les tnuclii'iit sont im|iure)»sr elles n"ont pas été la\éi's.
Les fi''"in'C ■'^'mCJ, qui voulaient sans doute se fiurilier i)ar un bain
matinal des pollu(iof« nocturnes, m; sont pas appimivés par les ral)bius : il
n"est |ias sûr qu'on doive (es fd^ntiliei' avec les ba|>tistes o» liéméiobaiitistes.
qui ont vraiment existé comme secte, contrairement a l'opinion de Scbiirer.
Les rabbins, par contre, prescrivent un bain aux prosélytes. M. B., qui sou-
liirne U; caractère positif et non mystique de ce bain, est tenté d'admettre
qu'il est aussi ancien que le baptême cbrétien. Il faut dire plus: si le bain
de convei'sion n'avait pas existé dans le judaïsme avant le baptême cbrétien,
ou se serait probablement trardé de l'y introduire.
En debors de l'ortliodoxie on trouve « le baptisnie extia-léiral », qui a
ceci de particulier (|u'il exiire pour le bain un fleuve ou une source, cliez les
Esséniens, cliez l'ermite Bannous (le maître de Josèphe et cbez Jean-Baptiste,
jour (pii le baptême paraît avoir été un acte de pénitence. Ce qui caractérise
<i le ba()tisme bérétique », c'est qu'il est considéré connue nécessaire au panlon
des fautes. Tel il apparaît cbez la Sibylle juive de IV, 161-169 (n'est-ce pas
une simple imay:e ?), cbez les Ebionites ou .Judéo-cbrétiens (surtout d'après
les Homélies Clémentines), cbez les sectateurs d'Elbazai, dont l'auteur admet
l'ancienneté (E. a vécu vers 100), cbez les .Masboutéens et Sebouéens et cbez
les Sampséens (sans doute « serviteurs » de Dieu). .M. 15. exclut les Mandéens,
qui n(! sont pas une secte juive, mais qui ont subi des influences juives et
parsies (p. 146-148). Eidin, le cbiistiaiusme non paulinien, en Orient, vers
l'an 100, doit lui-même avoir ressemblé à une secte baptiste juive.
Tel est le résumé des cinq premières parties de l'intéressant onvratje de
.M. D. La sixième contient des notes couq)lémeutaires, où il discute principale
ment des textes talmndiques. On ne saurait assez le louer d'avoir étudié ces
textes de j)remière main et sans idée préconçue, au risipie de trabir de-ci de-Ui
une certaine inexpérience. P. 10, Pemkiin, ii, 7, parle de l'emploi combiné
du son et de l'eau et non du fiuttement du corps avec du son sec: p. 31 et
32, lire lum'ul \m>\\v Tanniihl. : \>. 3.'), il arrive encoie aujounl'lmi (piune
femme prenne le bain de purifiialion dans l'eau froide iLinie source ou d'une
rivière ; p. 3'J, il n est pas sûr (jue les mots D'^T' P~rii:3 pDpDw dans
Eduuijul, V, 6, siiruilient « il néi.di.i,'eait les ablutions des mains » ; p. 54, la
a pureté .» qui a disparu a la mort de Gamaliel 1 Ancien donc Gamaliel l, non IL,
d'après Sota, ix. ;j, n'a rien a faire ici ; p. j'i. i l'ablution des mains après
le repas n'est pas oblii-'atoire depuis lonirtemps. si elle l'a jamais été » : le
passaijre lité de Iloulliii porte au conlraiie que cette ablution est oblit:atoire
\c{. lieruchul. 53 b< et elle s'est en eflel conservée, au moins pour la birme;
p. .'m, d'où M. 15. siiit-il (;ue le» I- innuf soi.t dlM'cnsées de l'ablution de«
294 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
mains parce que c'est un « commandement à «'poque fixe » ? p. 99, l'étymo-
logie « vi'aiseml)lable » du nom d'Elliazaï « fofce cachée » ('^02 b^Pl) est
invraisemblable ; p. 131, les mots de Middol, v, V, sont inexactement cités et
inexactement traduits, d'où des conclusions mal fondées; p. 137, les préten-
dues contradictions n'existent pas. Nous tenons à ajouter que nous n'avons pas
vérifié toutes les traductions et que certaines méprises ont éveillé notre
méfiance (p. ex. p. 135 en bas, tib "^"l^ûN ne signifie pas « undere aber
sagten zu ihni », mais « d'autres rapportent différemment cette communica-
tion » ; il fallait citer aussi l'opinion de R. Juda b. Bathyra, sans quoi le
passage est presque incompréhensible). Les fautes d'iniiiression dans les mots
hébreux sont assez rares.
Dans sou second ouvrage, M. £5. reprend plus à fond son exposé de ce
qu'on pourrait appeler les « baptismes alimentaires », tels qu'ils sont énumérés
dans la glose de Marc, vii, 3-4 (dans sou premier livre, p. 44, il place cette
glose à Rome, sans dire pourquoi). Cette nouvelle discussion atteste un pro-
grès sensible, imputable sans doute au profit que l'auteur a tiré de l'ouvrage
de M, Biichler, Der guUJaische Am-ha'Ares. 1° Marc, vu, 3, sait que « les
Pharisiens et les Juifs (en général) ne mangent pas sans s'être souvent lavé les
mains ». Après un long exposé qui ne mène à rien (p. ■)-23|, l'auteur tire de
Biichler que la théorie de l'impureté des mains même pour les mets profanes
ne s'est imposée qn'au ii" siècle ; mais il admet, sur la foi d'une baraïta qui
met en scène Schaminaï (Houlliit, 107 b ; Yodki, 77 b), ([ue bien plus ancien-
nement on se lavait les mains avant le repas. Cet usage serait une imitation
des mœurs grecques et même l'expression D'^T' bî23 viennent du grec (3(v6),o;
« seau » ; bien mieux, l'usage aurait influé sur la théorie de l'impureté des
mains. Il est à peine besoin de dire que l'explication est insoutenable, ne fût-
ce qu'au point de yue philologique : D'^H^b bîûD (c'est la bonne construction,
fréquente dans la Mischna) est de l'excellent hébreu et signifie « prendre de
l'eau pour se laver les mains ». — 2° D'après Marc, vu. 4 a, les Juifs reve-
nant du marché prennent un bain avant le repas. C'est qu'ils craignaient
d'avoir touché au marché un homme impur (mais pourquoi l'ablution des
mains après le bain ?). 11 résulte eu effet d'une anecdote racontée dans j.
Ber., m, 4, qu'un homme impur se baignait avant de manger. 3° Enfin, à
en croire Marc, vu, 4 b, les Juifs lavent même les ustensiles. S'agil-il de
vases de métal ou de verre, les textes rabbiniques confirment l'assertion ; mais
ils ne nous fournissent aucune lumière si, comme c'est plus probable, il s'agit
de vases de bois. Seulement on peut admettre (lue l'auteur a en vue non une
purification proprement dite, mais un lavage avant cha(iue utilisation par
précaution; ayant observé cette prati([ue quelque part, il l'aurait généralisée.
Nous penserions plutôt au lavage de "313 b'CJ 0T3 {lier.. ;J1 a).
Les paroles de Jésus sur la pureté (Marc, vu, 15 et s. = Maltli., xv, 11 et s.;
Mattli., xxiii, 2.0 26 — Luc, xi, 39-41) ne sont pas même authentiques; elles
lui ont été attribuées par des apôtres qui, opérant dans les pays païens,
voulaient libérer les néophytes des lois alimentaires, et l'auteur évangéliciue a
cru que ces paroles avaient di'i être provoquées par un débat sur l'ablution
des mains avant le repas. Considérées en elles-mêmes, elles constituent un
paradoxe original, mais déplacé dans une instruction. La conclusion est à
citer (p. 62) : « On a déjà remarqué depuis longtemps que eeUe invective
contre les Pharisiens et les scribes ne convient pas auCaraiîlère des Juifs pieux
et de leuis docteius, tel (pie nous le fait connaître l'histoire. Il n'y a eu de
Pharisiens avides, rai)aces et hypocrites qu'autant qu'il y a de tels chrétiens
en règle avec l'Eglise... L'auteur ue connaissait (|ue de loin les usages des Juifs ;
de la doctrine rabbinique et des Juifs oux-ménies, il ne savait plus rien. »
BIBLIOGRAPHIE 295
Ici aussi, on pourra reprendre maint détail. P. 3, Tta&oîooffiç twv Ttpedêu-
TÉptov ne peut guère signiHer que la loi des anciens, non la loi des vieillards
(docteurs) contemporains; ib., n. 2, Hillel et Scliammaï ne sont pas qualifiés
d'anciens parce qu'on veut les distinguer d'homonymes postérieurs, mais
I)arce qu'on les considère comme d'antiques autorités; p. 10, u. 3, D^^^ "'MJTO
ne peut pas se dire, car "^^TS est de l'araméen; p. 12, n. 1, "^ N5N doit se
traduire «mais (la différence est) que»; p. 13 en liaut, aia"*: î<'?3 est traduit
« oliiie dass er seine Hcinde hochgehobe II halle » ! p. 13, l'amora Samuel
n'est jamais appelé « Schemuel Rab » ; p. 17, u. 4, l'opinion que l'ablution
des mains n'est pas d'origine bibli(iue, dans Bevachol, 52 h, n'émane pas
des Hillélites, mais de la Guemara ; p. 32, n. 1, confusion entre l'amora
palestinien NIIH "'ai et l'amora babylonien N^irt 3"1 ; I». 43, si la leron est
suffisaninii'iit attestée, la mention des fours seiait bien à sa place (se rappeler
la discussion sur ^NI^? Vo "nDP) : p. 59. le détail des « dix-huit choses
défendues » n'est pas sûr et il est dangereux de s'en servir pour la chro-
nologie.
Le travail entrepris par M. B. était ardu ; il l'a mené avec méthode et ses
conclusions doivent être justes eu gros.
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1909 ;] in-8'^ de 92 p. (.Jewish Collège, Publication No. 1 .;
M. B., qui a consacré à VAm fm-Arer de la (îalilée une thèse des plus
intéressantes (Vienne, 190G ; voir le compte rendu de .M. Aptowitzer dans la
Monutsachrip, 1908, p. 73y-'74S!, étudie celte fois les chefs piiliii(pirs et
sociaux de la communauté galiléenue la plus importante ^celle de Sepphoris)
sous cet angle particulier : le conflit entri' cette puissance laïque et les rabbins
pauvres qui se fixèrent en Galilée après la catastrophe de Bétar. Lui-même
résume ainsi ses recherches : Les Juifs de Sepphoris. au n' et au m' siècles,
étaient dirigés par un certain nombre de riches notables, que les sources
tiébraïques appellent, en raison de leur pouvoir, les grands ou les vhefsy
tandis que leur position officielle de représentants des Juifs vis-à-vii du
296 REVUE DES ETUDES JUIVES
L'inivcrucrnonl roiii;iiu leuf vaut le titre île parnassim. Ils faisaient i»artie
il'uii conseil coiniiosé de Juifs et «le non Juifs et, en cette qualité, ils t-taient
responsables du recouvrement des impôts, ijui pesaient sur les faibles, mais
.liint ils siiuflVaieiit eux-mêmes. Us étaient aussi les juses des Juifs, sans «pion
viiie par (pii ils elaieiit nommés, et, comme leurs décisions étaient basées sur
(les lois mm lalibiiiiipies ou inspiri'es par leurs intérêts, ils se rendaient
sdiiveiit coupaiilcs d'injustice et de c()rruj)tioi). Les rabbins accusaient cette
])loutocratii', ainsi ((ue la classe foncière moyenne, d'être violente, mallionnète
et immorale, de promettre des dons cliaritables sans les payer. Les nombreux
docteurs et leurs disciples, venus s'établir en (Jalilée après la çueri'e de Bai'
Kocliba, y furent accueillis avec i)eu de sympatliie, et bientôt avec liaiiie et
mé[)ris, ce (pi'oii doit attribuer a leur crili(|ue justifiée de la conduite des
riches. Ceux-ci n(in seulement ne les sei'ouraient pas, mais encore les ililfa-
maicnt de toutes les manières. Il y avait du reste à Sep|dioris des rabbins
(jui [irêtaient le tl.incàces généralisations et dont la pratiipie religieuse n'était
pas en harmonie avec leur connaissance de la Tora. — Ce chapitre d'histoire
intérieure, pour larjuelle on ne dispose d'aucune source proprement historique,
est reconstitué à laide de textes halachiques et aggadiques du second et ilu
troisième siècles. Et le mérite de l'étude est moins dans l'originalité du
tableau que dans la perspicacité des explications et dans l'ingéniosité des
rapprochements. L'historien critique se méliera plus d'une fois et se deman-
dera si l'interprétation de tel texte est justiliée et si sou application àSepphoris
s'impose ; pour ne citer qu'un exemple et le premier, on n'accordera jias sans
j»eine que le nom de » grands » (Q'^?T75^, q'ii «st une qualité et non un titre.
désigne forcément des administrateurs de la communauté. Mais les construc-
tions de M. B. sont comme des édifices de dominos : ou enlève une pièce et
le reste tient.
niDDF, (K.). (ieschiclite dcr altliebraischcn Litcratur. 2. Ausgabe. Leipzig,
C. F. Amelang, 1909; in-S» de xvi + 433 p. M. 8,50 (Die Literatnren des
Ostens in Einzeldarstelltingen}.
BuHNKY(C.F.).lsraer.shope of immortality. Finir lectures. Londres, Frowde,
1909 ; in-8" de 105 p. 2 s. 6 (L
L'auteur expose d'une manière à la fois populaire et criti<iue l'évolution des
idées et des espéram;es sur l'immoi'talité dans Job. les Psaumes. l'Ecclésiaste,
Sira, la Sipiriicc. Kn dipit de (pielques passages qui sentent le théologien,
l'ouvragi' est (ruiic bonne tenue scientiliipie et se lit avec intérêt.
BuRTo.N (E. D.), S.M1TH (J. M. P.) and S.miïii (C. B.). Hiblical ideas ol" atone-
ment, their history and sig,niticance. Chicago, l'niversity Press, 1909 ;
in-8'' de viii -f- 335 p. I). 1 .
L'idée d'expiation ilans l'.Vncien Testament, dans les livres extra-cauoniiiues,
dans le Nouveau Ti'stament, valein- de cette doctrine ^cetle dernière partie
dogmatique).
liuxïo.N' (E. M. \V.). Stories l'roni tlie Uld Testament. Londres, Melliuen,
1909; in-8o de 144 p. 1 s. o d.
C.\LisGH (Ed. N.). The Jew in English literalure, as aiillior and as snl)ject.
Richmond (Va.), Bell Book and Stalionery Co., 1909. 2 doll.
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Gross-Lichterlelde. Ronge, 1909; in-H" de 52 p. (Biblische Zeit- und
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Cassel (D.). Hebraisch-deutsches Wùrteibiich. 8. Auflage. Breslan, Handel,
1909 ; in-8» de vi -f 360 p. M. 3,60.
Cassuto (U.). La famiglia Da Pisa. Florence, impr. Galletti et Cassuto,
1910; in-S" de 82 p. (Estratto dalla Itirista Israi'iilira, Anni V-VII).
Les Da Pisa sont uue fainillt; de liaiiquiers toscans, dont idusieurs mcin-
lires se sont tait un nom dans les lettres juives. David Kaufmaui» a
retracé l'aclivitc littéraire de ces derniers dans plusieuis articles de la Revue
(les Etudes juives (le texte original de deux «Je ces articles est imprimé dans
le t. II de ses Gesaimnelle Schri/'ten, 1910) ; le rôle commercial de la
maison est ex|iosé dans les travaux de P. M. Leonai'do {G/i ebrei a Pisa siito
alla fine del secole AT. dans ses Sluili S/orici, VIII) et de .M. Ciardini
(/ liunchieri ehrei a Firenze nel secolo AT, 1907). Reprenant les études de
ses devanciers et les complétant |)ar ses recherches personnelles, M. li. décrit
sous ces deux aspects la vie et lactivité de laiamille, rju'il croit, avec assez de
raison, oriiiinaire de Home et, avec moins de raison sans doute, issue de
la lamille de Synairoira (nor-rî 172'- Par une fortune rare en dehors de
l'Italie et (lui est caraclêiistii|ue de l'histoire des Juifs de ce pays, on suit les
Da Pisa depuis 1393 (voir l'arhre «énéaloijique à IWppendicc) ; le séiiateur
Ugo Pisa, mort récemment, descendait «leux. Notre bioy;raplie ue s'élève pas
au-dessus du ton de liMudit, mais sou érudition est étendue et sûre ; il a
fouillé les recoins du sujet et compilé diliiremment les sources tant héhraïques
qu'italiennes. Sa propre contrihution documentaire n'est pas néi,'li!.'eable : des
actes italiens relatifs au commerce d'arjfent des da Pisa (il a certainement
raison de voir une extorsion déi^uisée dans la condamnation a une énorme
amende inlligée sous prétexte d'homiciile à Isaac di Manuele, p. 18-19 et
document iv), quelques lettre:) eu hébreu sans valeur intrinièquc, mai" intéree'
298 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
santés comme spécimens de lettres familiales et commerciales ; l'auttur du
n» xu (où voit-on que c'est un Da Pisa ?) denianrle une copie de lépltre
d'Obadia de Bertiiioro. La plus curieuse est la dernière, où Daniel da Pisa
raconte l'entrevue de David Pieoulxhii avec Clément VII. Cette bonne monogra-
jdiie nous fait bien auirurer d'une Histoire des Juifs à Florence, (|ui doit
]»araître prochainement tp. 19, n. 2j.
Catalog of the Hebrew Union Collège, Cincinnati, 1',mi9-I9I0. Séries A.
No. 2. Cincinnati, 1909 ; in-S» de 99 p.
Causse (A.). Les apocalypses et Ihistoire des religions. Montauban, 1909;
in-8" de 22 p. (Extrait de la Revue de Théologie.
Chalom (V.). Conférences sur le droit du couteau. Oran, 1910; in-8" de 24
(+ 4) p.
Le droit du couteau est un imiiôt sur la viande cuscher perçu pai' les
communautés algériennes. On en réclame la suppression depuis la séparatinn
des Eirlises et de l'Etat. La taxe est beaucoup plus ancienne (jue ne le croit le
conférencier; la gabelle de la viande (c'est la même chose! existait eu Castilli'
au xV siècle (Revue, XIX, 203; et en Turquie au xvi« (XXXI, .j4y.
Charles (Abbé). Solution de la question juive. Paris, La Renaissance
française, s. d. (1910 ?) ; in-12" de 218 p. 3 fr., 50.
Cheyne (T. K.). Problemi biblici e loro soluzione ; il metodo slorico-
critico applicato alla Biblia. Piacenza, Società éditrice pontretnolese,
1909; in-8o de xi + 279 p. L. 4.
Chwolson (D.). Beitriige zur Entuicklungsgeschichte des Judentunis von
ca. 400 V. Chr. bis ca. 1000 n. Chr. Leipzig, H. Haessel, 1910 ; in-8o de
G:{ p.
De ces études, que l'auteur offie, dans une dédicace touchante, aux
« mânes » d'A. Geiger, la plus longue et la plus importante est consacrée au
( am ha-areç dans l'ancienne littérature rabhinique ». Le a. a. est si odieuv
aux rabbins que cette haine ne s'explique que par des divergences religieuses;
ce nest pas un ignorant, mais un adversaire du liaber. Or, le haher est un
pharisien; donc le a. a. est un sadducéen. En effet, les Sadducéens ont si
bien survécu à la destruction du Temple qu'ils ont revécu dans le caraïsme —
La thèse sur le caractère du a. a. ne peut se soutenir (pi'en faisant vi(denee
aux textes. Une baraita (Berachot, 43 b) recommaude au docteur de ne pas
se mêler aux a. a., car, dit le rédacteur babylonien (mais non R. Hasda). « il
pourrait se laisser entraîner par eux » (ir!"^>iri3 "^DrO^^N? TN NTO?"*"!! ;
M. Ch. trafluit : « car il pourrait être converti à leurs opinions religieuses »
(p. 6). Pi. Simon b. Gamaliel dit que certaines lois ont été « remises n-i0723)
aux a. a. » [Sahbal, 32 b en haut), c. à. d. qu'on s'en rapporte à eux pour
ces lois ; M. Ch. traduit « leur ont été transmises, c'est-à-dire qu'ils les con-
naissent » (p. 1). Ailleurs, il est vrai, le a. a. n'apparaît pas comme un simple
iirnare, mais comme opi)Osé au lalmid hacluim (bien plutôt qu'au haher .
Suffit-il d'être Irmiemi des rabbins (et de cette haine fameuse il faudrait en
l'abattre beaucoup sur le compte de l'aggada) pour être sadducéen et. si les
a. a. étaient des Sadducéens, pourquoi les rabbins ne les avaient-ils |ias
stiirmatisés en les appelant ainsi ? Quant à la survivance du saddncéisme et
à sa réincarnation dans le caraisme, c'est une hypothèse séduisante, i|ni s'au-
torise de maint indice, mais qui attend d'être corrobore par des preuves.
Tout ce qu'on peut accorder jusqu'à présent, c'est une certaine tradition lill««
BIBLIOGRAPHIE 299
raire, telle quelle est probable pour les fragments nVemineiit publiés par
Si-lienliter ; «le là à admettre que les Saddueéens out véru eu cliair et eu os
jusqu'à rapparition d'Auan, il y a loin.
Dans une esquisse de l'histoire religrieuse du judaïsme de|iuis l'époque du
second tem|de jusqu'à la (in du ^^aoiial, M. Cli. montre que les Pharisiens,
constamment en minorité (et le témoignage de Josèplie ? , ne se sont impo-
sés que peu à peu, grâce à leur meilleure organisation: ce n'est que dans les
deinières années de la destruction du Temple qu'ils out supplanté les Saddu-
céens. qui n'étaient pas moins zélés qu'eux dans l'observation de la loi. Le
Talmud, œuvre des Pharisiens, a été longtemps ignoré hors de Babylonie ;
aujourd'hui encore il y a des secti-s qui ne le connaissent pas (quelques ren-
seignements intéressants sur des sectes judéo-russes, p. 39 et s.). On n'est
donc |ias en droit de soutenir que c'est le « rabbinisme » qui a sauvé le
judaïsme. — Il faut recoimaître que le développement du judaïsme a été plus
complexe qu'on ne le croit paifois ; mais que gagne l'historien à réunir quel-
ques traces disparates de mouvements hétérodoxes ? Les Pharisiens ont dis-
paru comme partis avec le Temple ; le « rabbinisme » n'est pas une secte
juive: c'est le judaïsme, qui a éliminé les éléments contraires. En dehors du
« rabbiuisme », il a pu y avoir des sectes juives, il n'y a pas eu de judaïsme.
Dans trois courtes notes se rapportant à son grand ouvrage Dos Passah-
mal C/irisli, M. Ch. s'efforce d'établir : 1° que les mots « tu l'as <lit » dans la
bouche de Jésus (Matth., xxvi, 64) ne sont pas une affirmation, de même que
dans la tossefta de Kélim, I. i, 6 (mais l'évaugéliste ne l'entend pas ainsi,
puisqu'à ces mots le grand-prètre crie au blasphème): 2° que, dans Matthieu,
XXIII, 3, il y avait primitivement un passage restreignant la diatribe qui suit
aux faux Pharisiens ; 3» que les fêtes juives, en l'espèce l'offrande de la
Pàque, pouvaient être avancées d'un jour.
Les inadvertances de détail et les fautes d'impression s'expli()uent ])ar l'âge
et la cécité de "auteur. On ue peut (fue l'admiier d'avoir suivi encore, à 91 ans,
les études historiques et que lui souhaiter de trouver, comme il le désirait
des successeurs pour reprendre ses travaux et les soumettre à une critique
scientilique.
CiRor (G.). Recherches sur les Juifs espagnols et portugais à Bordeaux.
Première partie. Bordeaux, Féret et fils, 1908 (la couverture porte
1909) ; in-8o de 198 p., 2 planches.
L'intérêt qui s'attache à l'odyssée dramatique des marranes rejaillit sur
l'histoire des juifs de Bordeaux. Ils avaient déjà eu trois historiens : Francia
Beaufleury, un des leurs (ISOO), Detcheverry, un archiviste (1860). et Malvezin,
un littérateur (1815; (rai>rès Malvezin, Graelz, dans sa Monalsschri/'t, WW);
ils eu ont trouvé un quatrième, plus complet, plus précis et qui sera délinitif,
car il indique ses sources. M. Cirot, professeur d'études hispaniques à la
Faculté des Lettres de Bordeaux, a été évidemment attiré par le sujet eu sa
qualité de linguiste et il a commencé par examiner k les vestiges de l'espagnol
et du portugais dans le parler actuel des juifs bordelais » (p. 3-20). Il a été
amené ainsi à prendre connaissance de » «juelques sources à consulter sur les
Juifs « portugais » de Bordeaux aux xvii« et xviii» siècles >> (p. 21-29,; ce sont
des sources d'archives, dont les plus intéressantes sont les registres des
paroisses chrétiennes, trois registres tenus par la communauté juive (naissan-
ces de 1737 à 1792, décès depuis 1739, mariages depuis 1775) et surtout des
registres de circoncisions tenus par les opérateurs et le « registre des délibé-
rations de la Nation », commencé en 1753, mais complété par des extraits
remontant jusqu'à 1710. M. C. paraît avoir ignoré que ces deux document»
bÈVUE DES ÉTUDES JUIVES
bnt été utilisés par M. Cardozo de Bétli^iiCourt, dont l'étude généalogique,- Lé
Trésor des Juifs Sephnrdim (ft. £. J.j XX, XXV, XXVI), C'rriicide en ^jofelqrtèS
fioiiits avec la sienne. C'est donb sur nouveaux frais, mais aussi sur une ^Idè
grande échelle qu'il déci'it, dans le chapitre central de sou livre, « là SedaCa *
et la « Xatioti portugaise » (xvnr siècle) ». soit lorganisation de la Cunifnti-
iiauté et de ses services (p. 30-99) ; s'aidaut encore des protès-^erbauX des
délitléiations, il passe en revue « les cimetières », dont il détrit les tom-
beaux les plus intéressants (p. 100-153), et fournit des t [)récisions sur la
situation religieuse ailx xvu^ et xriii« siècles », mariages, baptêmes, abjura-
tions et circoncisions (p. 134-180) ; enfin, un chapitré de « statistique -a in-
dique le mouvement de la population juive au xvui' siècle, d'apiès les f-eéî?-
tres de la « nation », ainsi que différents dénombrements ofliciels eflectués :t
la même époque (cf. Revue, XXV. 109), et déciit le quartier Iiabité alors par
It'S Juifs. Toutes ces recherches ont paru en articles successifs dans le BuUelin
hispanique (signalés BeDî/e, LVll, SOT) et il y paraît un peu dans une certaine
incohérence ; résumons-les méthodiquement.
Il est naturel que les origines de rétablissement des Juifs de la jiéninsule
à Boideaux soient obscures, car ils avaient intérêt à faiic le mystère autour
d'eux. D'où venaient-ils ? <■ Dans les lettres patentes accordées en lu.'iO, en
16.56, en 1723... il n'est question que de Pùrlur/ciis : il semblerait donc que
les Juifs venus de la Péninsule, fussent, en niajoi'ité du moins. Portugais
d'origine » (p. 125). Mais déjà en 1374 une requête est présentée au Conseil
du Roi par le? Esparpiols el Portugais et l'ordonnance confoime est enregis-
trée au Parlement de Bordeaux en 1580 à la requête et d'un esfiagnol
et d'un portugais (.Vlalvezin. 110, 11 11. Les Portugais, filns récemment
persécutés et qui s'échappaient plus facilement, étaient venus les premiers:
les Espagnols les rejoignirent bientôt et en plus grand nombre. Il en fut
de même à Amsterdam, à Londres. Il se pent aussi [que la nationalité portu-
gaise fût moins dangereuse pour les Juifs. Dès le début du xvii' siècle, les
Juifs de Bordeaux étaient publiquement accusés de judaiser ; grâce aux minu-
tieuses recherches de M. Cirot, nous savons avec jilus de précision (juand ils
cessèrent de « christianiser ». Ils se mariaient d'ahord comme les catlioli(iues
et ils obtenaient même des dispenses à Rome pour les degrés tle parenté pro-
hibés par l'Eglise, mais autorisés par la loi juive ip. 155, 158; ! Dès 1107. le
curé reeoit le consentement de mariage sans donner la bénédiction luiptiale ;
il n'est plus ipiune sorte d'oflicier d'état civil ^;^ gages et, plus tard, il pousse
le libéralisnn' jusqu'à indiquer que le mariage a eu lieu « selon les formes
usitées dans la nation portugaise» (p. 163). Les derniers mariages «le ce genre
sont eiue^Mstiés en 1750 et 1753. A partir de la lin de 1775, la Nation tient son
profire registre de mariages. Les Juifs cessent de faii-e baptiser leurs enfants
entre 1690 et 1701) ; mais dès 1683 on abjure le judaïsme (on était donc con-
sidéré comme juifj. Nous possédons les registres des circoncisions depuis
1705 ; beaucoup d'adultes y figurent : ce sont de nouveaux réfugiés d'Espa-
gne, qui se font circoncire et. s'il y a lieu, se remarient. La quaiilicalion de juif se
rencontre pour la i>remière fois en 1722 (p. 101). M. C. attribue cette « renais-
sance du judaisme « en premier lieu aux sc/ielihim ou cpièteurs jialesti-
niens. Mais ces envoyés, qui n'étaient pas tous des rabbins, ne se seraient
pas aventurés en France (ils risquaient la mort] s'ils n'avaient su (ju'ils se
trouveraient au milieu de coreligionnaires. La vérité est (|ue. quand les Juifs
furent plus nombreux et assurés qu'on fermerait les yeux, ils jetèrent le nias-
(pie et tendiient la main à leurs frères de Hollande : la solidarité soutint et
réveilla la foi.
Dés lors ta cutnniunauté s'organise et l'on suit ses prof:res dans les procès-
BIBLIOGRAPHIE 301
verbaux des séam^es «lu conseil, ([ui mt-riteraient «l'être publiés, comme vien-
nent de l'être ceux de l.i communauté portugaise de Hambouiï (dans le
Jahrbucli cler Judisch-Lilerarisr/ien Gesellschaft, VI et VII). L'oiiranisation
est d'abord purement pliiiantbropiciue (ou bien cachait-on les suji'ts reli-
jrieux ?) ; c'est la « Sedaca », qui secourt les familles nécessiteuses, au moins
aussi nombreuses, en 173.Ï eurore. (|ue les familles aisées. En 1716, on crée un
fonds sitécial pour la Palestine, car, remarfiue le secrétaire, « ce Cal Ka/tal,
cnmtriunauté) s'est toujours attiré la bénédiction du Ciel par le zèle avec
le<]uel il s'est comporté pour secourir ses frères de la terre sainte ». Pourtant
on marchande avec les quêteurs, dont quelques-uns sont des persomiaures
d importance ; celui de 1777 ,'p. 3.'5i n'est autre, comme nous le montrerons
a une autre occasion, qu'Azoulaï, qui signe aussi un certificat en espagnol en
1755 (p. 83, n. 31. Pour éviter leur visite et les frais quelle entraîne, on finit
liar envoyer la souscription par lettre de change à Amsterdam. ?ious appre-
nons ^liiisi indirectement que la communauté de Jérusalem fut désolée par un
tremblement de terre vers 1760 (p. 32) et celle de Smvrne par un incendie
vers 177o ;p. 2o]. M. C. présume que les Juifs de Bordeaux n'exerçaient ce « devoir
de charité prescrit par la loi » (quelle loi. si ce n'est pour les captifs?; qu'à
l'égard des coreligionnaires « hispano-portugais » de Palestine. C'est évi-
dent : aujourd'hui encore les Sefardim ne secourent que les Sefardim : en
174.J. Jonathan Eibesi-hiitz les appela en vain au secours des Juifs expulsés de
Bohème {Monalssc/irifl. 1S67. [>. 429). Bientôt la « Sedaca » prend en main
les charges qui n'intt?iessent pas les seuls pauvres et cela eu imposant
davantage ses conti'ibuables: elle devient le conseil qui veille sur les intérêts
matériels et moraux de la « Nation » et répartit les impôts auxquels celle-ci est
assujettie (p. 40-44^ elle réglemente les dilféi-entes confréries o\\ i/esihnf: elle
entretient un Tahntid Tara, assure le débit de la viande et du vin cancher
à la fin de l'ancien régime, elle « ne gaidait plus de son rôle de société
de bienfaisance que le charge de recueillir les taxes » (p. 96). Ce conseil
d'anciens in\ maamad (mot (pii n'a jamais signilié « vénérable ». comme il
est dit p. 77, n 3 c) est, comme toujouis, une oligarchie de familles liches
icomparer l'org-anisalion aviguonnaise, Ainntaire de la Société des Eludes
juives, 1. 165 et s.; cf. Revue, XIII. 187 et s. ; il a à sa tète un gabhai ou
syndic, reconnu par l'autorité depuis 1730 et obligé d'accepter ces fonclious
sous peine d'amende. Les membres récalcitrants sont excommuniés (p. 49) et
dénonces aux magistrats. Une forte minorité sinsurirea en 17C4 : le Conseil
du Roi lui donna tort (p. .'}4-uS). Le maamad faisait la police de la commu-
nauté ; il était féroce poui' les non « poi'tugais » et l'on ne connaît que trop
sa conduite envers les « avignonnais ». pour ne i-ieii dire des <■ tudes«|ues »
(p. 36, 62 ft s.): cf. Revue. XXXIV, 286 et LX. 82. d'où l'on peut conclure que
les « aviiTUonuais » compi'omett.iient la liberté commerciale des » portugais » :
c'est i>ar cette considération, autant (|ue par le souri de voir son honorabililé
sauve (p. 64), qu'on devra justilier la conduite de la Nation, si on ne préfei-e
l'fxcuser sur ce (pi'elle expulsait ses propres pauvres (p. 64 ; on impose les
riches pour pouvoir se débarrasseï- des ])anvres W. Peu à lieu un rapproche-
ment se fait, sinon la fusion ; à partir de 1777, on trouve des « allemands »
ilans le registre «les décès (j». 153) et dans celui des mariages à parlir de
1789 (p. 1691 ; à la même époque on note un mariage d'un « allemand » et
liune « portugaise » (p. 181, n. 2). Remarquons ipi'eu 1753 ou comptait à
Bordeaux 326 familles de « jiortugais » formant 1447 (1557) ;Vmes, contre 81
familles (331 âmes) d' « allemands » et d' ■< avignonnais » (p. 186-7); les uns
et les autres habitaient les mêmes rues (p. 188-191 ; cf. le plan à la jdanche
11). — La « Sedaca » ou la « Nation » léglemeulait les mariagi's et prélevait
302 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
une taxe sur les dots ; çUe annulait, même sans consulter le Bét-Din (san
doute en vertu dune laccana analoaue à celle usitée en Espairne ou de celle
ci même) les hhldouschin clandestins (p. 77) et le remariaire d'un bigame
(p. 79) ; les triliunaux civils reconnaissaient sa compéli-nci' pour la Imliçu et
le guell (aHaire Telles Dacosta et aU'aire Peixotto, sur lacpielle nous revien-
drons). Aussi les anciens pouvaient-ils tenir en tutelle le rabhin i'X le mettre
à l'amende. Ils eniragèrcnt d'abord un jérusaléniile. Joseph Falcon, (|ui mourut
en 1738 ; son épitaphe, en Inbreu et en espai-Miol, est rej>ri)dnite p. 132
et planche I (la transcription, p. 132, n. 3. est fautive; lire : muréli de-alra
ouniore-cédek ve-résch melibla..., c. à. d. rabbin, juge et maître). Son
successeur Jacob Haim .\thias (p. 74, 80-81, 134) mourut en 1760 (le texte
espagnol de son épitaphe en transcription ]>. 133 et en fac-similé pi. I) et
fut remplacé par son fils David (dont la tombe est siçualée p. 132i. —
Ceci nous amène à parler des cimetières. Les Juifs étaient d'abord enterrés
avec les chrétiens dans les cimetières paroissiaux et conventuels. En 1710
la <• S^edaca » acquit un cimetière particulier chez les Cordeliers, en 1722
un autre chez les Minimes. Ce n'est qu'en 1724 que les Juifs enrent un
cimelière à eux; ils achetèrent un autre terrain en 1764. M. C. décrit les
inscriptions tombales les plus intéressantes de ces deux cimetières ; pour la
]>ublination intégrale qu'il projette, nous lui signalons le bel ouvrage de Cas-
tro, Keur von Grafs/eeiien... (Levde, 1882; cf. Revue, VIU, 292-3), et
Jl. Grunvvald, Portiif/ieseiigraher aiif deu/si-her Erde {MHinhnuyj, 1902), qui
fournissent de ])récieux termes de comparaison tant pour les formules que
pour les emblèmes héraldiques (M. C. en reproduit quelques-uns p. 124, 127,
136: nécessair,e d'un mohel). Les inscriptions sont généralement en espagnol,
fpielques-unes en espagnol et en français, mais depuis 1760 seulement. L'exa-
men de la langue montre que « vers le milieu du xviii» siècle ou commen-
çait assurément à ne plus bien savoir l'espagnol » (p. 127) ; la dernière in-
scription espagnole est de 1834 (p. lo2). Quant au portugais, M. C. n'a relevé,
sur trois cents inscriptions, que deux rédigées en cette langue, l'une de 1762,
l'autre de 1768 (p. 12o). — Aujourd'hui on ne trouve plus que des traces du
parler espagnol ou portugais dans la bouche des Bordelais juifs ; depuis
1748 les procès-verbaux des délibérations étaient rédigés en français (mais
quel français I ). M. C. passe en revue ces vestiges linguistiques ; de phrases
entières, il n'en reste, comme il est naturel, que dans la liturgie ; ce sont des
formules qui peuvent remonter au séjour en Espagne. On y notera donc des
termes archaïques, mais aussi des formes francisées ; l'o final atone devient
e muet. Les mots espagnols de la langue courante sont encore assez nombreux
et .M. C. remarque <(ue beaucoup <■ ont un sens dépréciatif » (p. 18). Ce n'est
]ias assez dire : presque tous sont des (lunlibets ou des injures, de ces mots
drus et crus (|u'on ne trouve pas dans la langue polie et qu'on cherche dans
l'idiome paUrncI, comme Montaigne dans le gascon et Napoléon dans le corse.
Les termes portugais sont plus rares et encoie peut-on se demander si un
terme comme esimga (p. 17) est spécial à celte langue.
Les recherches de M, C. sont menées avec soin etsiireté ; les remarques de
détail (|ue nous avons à présenter se rapportent généralement aux choses
juives, où des ericurs sont excusables de sa part. 1*. 3. n. 1, du livre de Pulido
on peut rapprocher celui, de même inspiration, de iiensasson. Expana y sus
/lijox de Oriente (Alicante, 1906) : ji. 4, de uieldu (cf. Kavserling. Rihlio-
Irca, 11. xviii) on ne peut séparer ?H/'fl7/(/<?;', <\m s'emjiloie dans le même sens
chez les Juifs frani-ais au mnven Age (Revue, I, 261 ; 11, 206, 2.'il : \I. 27s :
Mil, 197) ; p. .'i, quelle lecture de la loi est faite le iiremier soir de l'eiile-
cùte ? p. 8, lire scinnnniasch ; p. 17, la lecture (de la Haggada) ne se fait pas
BIBLIOGRAPHIE 303
à la synagogue, mais à la maison; p. 32. pourquoi pas Tibériade ? p. i"^, des
flettes « nationales » sont des dettes de la Nation, c. à. d. de la communauté :
p. 44, il aurait fallu dire ce que c'est, ce eertilicat de civisme (qui a été im-
IMimé, voir Hevue. XXV, 110, n. Il : une commission de police (cf. L.
Kalin, llisliiire de la communauté de l'iuis, 39, et Revue. XXIII, 94) ; sur
l'iodrigues Pereyre m question (p. iti, u. ."il, voir aussi F. Hément. .]. R. Pé-
reire, Paris 1875: p. 73, n. 2. sur le contlit entre le rabi)iii le Hambourg et
relui de Bordeaux touchant le vin cdsclier. voir Graetz, Monalsschrif't, XXI V,
•iG0-'J62, qui incrimine naturellement Eibescliiitz; celui-ci pouvait être fondé,
à son point de vue, à suspecter les Bordelais dMnsu!fisance de rigorisme ;
p. 77, les kkldiiuscliin ne sont pas des liançailles et engagent l'artout; p. 80,
le rabbin n'a jamais mi un rùle plus actif qu'aujourd'hui à la synagogue ;
p. 149, le mémoire pour les Juifs est imprimé aussi à |iart : p. l(i-),166, sous
est une plaisante traduction pour TiT : le contrat devant notaire n'est pas la
keliiuba et les 200 « sous » ne sont pas lemis le jour du mariage, mais consti-
tuent le douaire promis ; p. Iti'J, David Athias signe « sy devant Rabin »
parce (juc la Terreur est à peine passée et qu'il craint d'être accusé d'usurpa-
tion de fouctious, mais il continuait à exercer ses fonctions iiastmales ; p. 19."),
us(7ia/e»i signifie « parfait, intégre », non « sage »; ib.. lire p. 178 pour 283.
Ce volume s'annonce comme une « première partie ». L'auteur a commencé
depuis une nouvelle série d'articles. Les Juifs de Uordeuu.v, leur siluation
morale et sociale de Iô5() à la Re'volulion, dans la Revue hislarique de
Bordeaux, U (1909), 3G8 et s. Nous lui recommandons de ne pas négli^?er le
côté économique et de généraliser les recherches consacrées par J. de Mau-
passant, dans la même revue, à l'armateur Abraham Gradis.
Claiik ^Ch. l'.). Some Itala fragments in Verona. Roprinted froiii tlie
Transactions of the Conncctieut Academy of Arts and Sciences, vol. XV,
Jiily, 1909 ; in-S» de 14 p., 1 planclie.
Publie (juatie fragments de l'Ilala siii' l'A. T.
C.i.AY (Albert T.). Amiirni tlic liomc of tho northern Scniiles. A sliidy
sliowint; thaï the religion and iitltiire of Israël are not of Mabylonian
origiii. Philadelphie, Siiiiday Sciiool Times Comp., 1909; in-.S>'de 217 p.
I). 1,2;'».
CoBLEN/, (F.). Lehrhiich der jiidischén lieligion. 2. nenhcarb. .\iinage.
Leipzig, Quelle und .Meyer. 1909 : in -S" de 123 p. M. 1,2;;.
Cohen ^H.). Die Bedeutnng des .hidcntiims fiir den religiiisen Fortschrill
der Menschlieit. Vorfrag. Uerlin-SciiOnelierg, Prolestanlischer Sciiriftcn-
vcrlrieb, 1910 ; iii-8° de 17 p. M. 0,00.
Conférence faite au cini|uième Congrès int'Miiational du cjn i>tiaMisine libre
et du proui-es religieux.
OoiiK.N .1.). Israël in Italien. Kiiidrinkc und Krlcbnisse. 12 Skizzen. Ansdem
Englischen von N. I>\nktii. Herlin. i.amm, I90'.t ; in-S'Mlc m j- 1 1 1 p. M. 2.
CoLLMANN (S. M.;, .lews in ar(. Cincinnati, S. liacharach, l'MO. I). 1,50.
(".0I.0MI50 S.). Il Cantico dei Cantici. .Scnso proprio o lignralo i Livoorno.
imprimerie Belforte. 1909 ; in-IG" de 3:; p.
CoNDKK (C. R.). The city of Jérusalem. Londres, Miirray, 1909; in-S» de
7142 p. 12 s.
CoRNAERT (V.). Concordantiae librorum Veteris et.Novi Testamenti Domini
304 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
nostii Jesu Cliristi jiixUi vulgalam edilionem. Amsterdam, C. L. van
Langenhiiysen, 1909 ; in-S" de 4 + 028 p. 3 ïr. lo.
CoRNKLY (Le P. I{.). Historicae et criticae introductionis in u triiis(ine]
T [estamenti] libres sacros compendiiim, s. theologiac aiiditoribns
accomodatum. 6® édition, revue par M. Hagen. Paris, Lethielleux, 1909 ;
in-S" de xv + 712 p.
CoRNÉLY (R.).Gommentariusin Librnni Sapientiae. Opus poslliiinium odidit
F. ZoRELL. Paris. Lethielleux, t910 ; in-8* de iv-f 614 p. 12 fr. ^:ursus
Scripturae Sacrae auctoribus il. Cornély, I. Knabenbauer, Fr. de Hiirn-
melauer aliisque Soc. Jesu presbyteris. Commentariorum in Vct. Test.
Pars II : in Libros Didacticos. V : Liber Sapientiae.
CoLBh; iS.). Ames juives. Paris. Lethielleux [1909] ; in-S» dexvii-|-389 p.
Extraits de la pi'éface : cf Dans ces pages, j'ai voulu exposer les origines
(le la haine juive conlre le Christ et les chrétiens, et spécialement la forme
aiitieucharistique que cette haine a souvent revêtue » fp. xliv\ Jésus " se
survit ici-bas de doux manières : sacramentellement, dans lEucliaiistie. et
moralement, dans Tànie des justes » (p. xxxivi. Donc. 1° " la race juive s"est
fait une spécialité de profaner les hosties... On pourrait citer des centaines de
sacrilèges de ce genre. L'un d'eux est bien connu, c'est celui desBillettes, qui eut
lieu à Paris sous Philippe-le-Bel en 1-290... Ce miracle se célèbre ;?^. encore
chaque année en l'église Saint-Jean-Saint-François, k Paris » (p. xxxv-xxxvi).
2° Le « Juif talmudique » « cherche à tuer Jésus en tuant dans ses disciples
la foi. la i)ureté, toute voitu, en les amenant à l'apostasie . . U vilijiende le
clergé. H crache sur la Papauté dans les jnurnaux qu'il dirige ou qu'il com-
mandite... Parfois la scélératesse va plus loin. Elle lue le chrétien et jiarticu-
lièrement l'enfant chrétien. . . Il faut l'incroyable aplomb du talmudiste et du
fiaiic-maçon, ou l'incorrigible ignorance de certains chrétiens pour oser nier
le meurtre rituel... Les meurtres rituels contiiuient. Ceux de Damasen 1840,
de Tisza-Kszlar (Hongrie) en 18S2, de Polna (liohèmei en I89Î). juridiquement
prouvés dans des procès retentissants, montrent que le Moloch du Talinud. <iui
ii'i'st autre que Satan, est toujours avide de sang chi'étien » (p. xx.mx-xliv:.
J'iiur illuslrrr cela, l'auteur, dans cette espèce de roman histiirii|ue, décrit une
profanation d'hostie (chap. i.xxvii it un nii'urtre rituel (cliap. i.xxixl ; les
si-cnes se passent jieu ajtrès la mort île Jésus et les coupables sont une jiytho-
nisseetuii marchand de l»l(- ijui, a cause de Jésus, ne peut plus " régner par
le pain ». Cet ouvrage, tel que le venin cliTiiMl en distille chacpie année, tire
sa gravité de la personnalité de l'auteui-, qui est un piètre.
(A suivre.) .M. Liiîkk.
SiuAiK (IleriiianM L. . Jesus. die Hâretiker u. die Christen nach den
âltesten jiidischen Angaben. Texte. Leherseiznng u. Krhuiteruiigeii.
Leilizig. J. ('.. Ilinrichs, l!i!() : in-S" de S8 + 40 p. ^Schririen des Institntum
Juijaii-iim in Hi iljii N" :î",.
Jlahi'iil si((i l'dUi liliclti, U'Talmud aussi. Les théologiens clHM'tiens du
ino\en âge l'ont condainiic aux llainiucs pdiir ses Masphéuios conlre
Jésus; les (hécthigicns chrcliens (i'aujtxird'hiii ra|ip('lli'iil à la rescousse
pour allcstcr la n'alité de l'cxistcni'c de .Icsiis. haiis la conlrdvcrsc sou-
BIBLIOGRAPHIE 305
levée par Drews, le livre satanique des rabbins est un dos appuis les plus
solides de l'opinion traditionnelle. Ceux qui lui attachent ce prix, ne
s'abusent-ils pas? J'ai déjà dit mon sentiment sur ce point'. En tout cas, on
comprend que ceux qui tiennent à l'historicité des Évangiles s'ingénient à
exploiter les dires des Juifs des premiers siècles sur la personne de Jésus,
ses disciples, son enseignement et l'origine de la nouvelle religion. Nom-
breuses sont déjà les monographies consacrées à ce sujet. Lapins récente,
et certainement la meilleure, est celle que vient de publier M. H.-L. Strack.
La signature de l'auteur est déjà le garant des qualités qu'on y prisera :
avant tout, un classement méthodique des matériaux, une érudition solide
qui ne prétend pas en imposer, une richesse d'informations condensées
sous le plus petit format, une science philologique attestée par de nom-
breuses productions justement appréciées, une impartialité peu commune
que l'horreur du préjugé pousse parfois à l'apologétique. En un temps
où les savants qui étudient les origines du christianisme perdent vite le
sang-froid et se croient tenus envers une œuvre juive à une sévérité
implacable, il faut admirer le courage dont fait montre M. S. pour rester
fidèle à sa conception de la science, au risque et avec l'assurance de
s'attirer la méfiance et la haine. M. S. nous a habitués à cette fermeté et
à cette haute tenue : le présent opuscule renchérit encore sur ses devan-
ciers. Aussi ne s'étonnera-t-on pas que nous l'examinions avec soin, en
le critiquant à l'occasion ; nos menues remarques témoigneront à l'au-
teur et au lecteur du cas que nous faisons de ce petit ouvrage.
Il débute par une bibliographie qui n'a pas la prétention d'être complète,
mais qui réunit l'essentiel, ce qui n'est déjà pas banal. Ces longues listes
de livres et d'articles par lesquelles commencent aujourd'hui les études
qui veulent se donner un air scientifique et où voisinent les élucubra-
tions les plus niaises et les études les plus sérieuses, attestent le plus
souvent moins le scrupule du savant que le bluff de l'amateur, qui copie
simplement des titres, incapable de discerner le bon grain de l'ivraie.
Parmi les auteurs juifs qui auraient mérité d'être cités, il faut mentionner
Joseph Derenbourg, Essai sui' l'histoire et la géographie de la Palestine,
p. 468 et suiv., et Schorr, qui a beaucoup — et même trop — écrit sur la
niatière dans son Halouç i.\, 32 et suiv.).
Le chapitre qui suit est une innovation très heureuse ; il rassemble
toutes les assertions relatives à Jésus mises par les premiers écrivains
chrétiens dans la bouche des Juifs; ces auteurs sont Justin Martyr, le
martyr Pionius (250), Origène, Eusèbe, Kpiphane, Andréas, archcvèciue de
Crète (fin du vue siècle), Jean Damascène, le moine Epiphane — pour les
Grecs —, Tertullien, Agobard et Amolon — pour les Latins. A l'étudiant,
auquel est destiné le petit Manuel de M. S., de faire la critique de ces
témoignages et de déterminer la part de réalité qu'ils retlèteut.
Après ces préliminaires vient la partie essentielle de l'ouvrage, qui veut
être la réunion de tous les textes du Talmud et du Midrasch ayant trait à
1. Rei'ue de ihisloire des RelKjions, t. Ll (1905), p. 407.
T. lAll, N» 124. 20
306 REVUE DES ETUDES JUIVES
Jésus et au christianisme, textes accompagnes d'une traduction et d'un
commentaire.
Les textes sont présentés avec un appareil scientifique réservé jusqu'ici
aux monuments de la littérature classique. La leçon est établie d'après
les meilleurs manuscrits et éditions, et les variantes sont enregistrées
avec un soin méticuleux. Mèrne scrupule dans la réunion des passages,
dont plusieurs, à notre avis, n'avaient pas droit à figurer dans la collection.
La traduction, comme on devait s'y attendre, est excellente et ne prête
qu'à de rares critiques. Les notes, réduites à leur plus simple expression.,
disent l'essentiel et parfois proposent, sans en avoir l'air, des solutions
nouvelles et ingénieuses.
Voici quelques remarques faites au courant de la lecture de cet excellent
Manuel.
P. 18. l\23"', nom de Jésus dans le Talmud, serait une altération analogue
à celle de 153 133', pour 123 nay ; on aurait supprimé Vayiii final, qui
donne à ce mot le sens de sauveur. Je croirais plutôt que cette forme est
la reproduction phonétique du nom tel que les Juifs l'entendaient
prononcer.
fbid. Si Oulla, rabbin babylonien du iv^ siècle, discutant à propos de
Jésus, dit de celui-ci qu'il était imsbwb m"ip « proche parent du César»
littéralement « empire », ou de ses familiers, c'est peut-être parce qu'on
a interprété de cette façon le refus de Pilate d'exécuter Jésus (Jean, 18, 38
et suiv.). Ce serait dans le même esprit que Masséchet Sofcrim, 13, 6,
ferait du procurateur un ancêtre du fondateur du christianisme. L'expli-
cation est assurément plus ingénieuse que celle de M. Herford, qui voit
dans ces paroles étranges le souvenir de l'insistance avec laquelle Jésus
parle du « royaume », et que celle de M. S. Krauss, qui complète
« royaume * par « David », Oulla admettant que Jésus appartenait à la race
davidique. Mais cette interprétation me paraît provenir d'un contre-sens
historique : on prend ces propos en l'air pour des réminiscences de lectures
ou de traditions. L'ensemble des textes qui nous ont conservé les opinions
de cette époque révèle sans contredit que les Juifs se sont bornés à défi-
gurer volontairement ou à leur insu les bribes des Évangiles qui parve-
naient à leurs oreilles. Il n'y a donc pas déraison de croire qu'ils aient lu
l'Evangile de Jean. Si en la circonstance, pour expliquer que Jésus a été
tiaité avec une faveur particulière, Oulla imagine que cet hérétique
approchait des Césars, c'est qu'il projette dans le passé la situation des
chrétiens de son temps, bien vus par les autorités romaines.
Le point de vue auquel nous nous plaçons aurait-il besoin dèlre
confirmé, qu'il le serait par la baraita qui provoipie la réponse d'OuUa
D'après ce texte, ce seraient les Juifs qui auraient exécuté Jésus, après
l'avoir jugé selon les règles et même en faisant fléchir la rigueur de la
loi. 11 est visible que cette baraita est l'écho du dire que les Juifs de
Palestine avaient accepté des chrétiens, avec h' défaut desprit criti([ue
qui caractérise ces temps. S'ils avaient connu directement les Évangiles,
ils auraient laissé aux Romains la responsabilité de l'exécution. Evidem-
BIBLIOGRAPHIE 307
ment ils parlent comme des gens qui ont entendu raconter que Jésus a
ét<'' pendu du lait des Juifs. On n'ira pas, je pense, jusqu'à supposer que la
baraïta a gardé un souvenir exact des événements, déjà déformés dans
les Évangiles: il eût été trop utile aux rédacteurs du Nouveau Testament
de décharger les Romains, qu'on voulait gagner, du poids de celte exé-
cution pour la laisser tout entière aux Juifs, qu'il fallait noircir à tout prix.
P. 20. M. S. admet l'historicité de la scène entre Imma Schalom et un
chrétien dont nous nous sommes déjà occupé ici *. Nous avons dit notre
sentiment sur ce pseudo-dialogue, qui doit tout simplement prouver la
malice des Juifs,
P. 21. Pour M. S., le nom de Pantéra était un surnom de Joseph. Il se
trouve d'ailleui's dans des inscriptions. Il est à remarquer, en effet, qu'il
apparait de bonne heure, comme en témoigne Celse, et qu'il n'était pas
une injure dans la bouche des Juifs, ainsi que le montre Eusèbe.
P. 27. C'est très justement que M. S. se refuse à croire que le rouleau
généalogique censément retrouvé à Jérusalem par Simon b. Azzaï et qui
attesterait l'origine irrégulière de « cet homme » vise nécessairement
Jésus. Mais pourquoi estimc-t-il nécessaire de reproduire à la suite le
texte de Kalla (composition post-talmudique) qui, s'il se rapporte à
Jésus, appartient à la littérature des Toldoi Yéschou, tenus avec raison
en dehors du débat?
P. 28. A propos de Ben Sotada. M. S. reprend à son insu l'hypothèse de
Joseph Derenbourg, à savoir que ce n'est aucunement le Jésus des Evan-
giles. Que si l'on fait mourir à Pàque cet agitateur, c'est tardivement, à
une époque où l'on identifiait déjà Ben Sotada avec Jésus.
P. 43. A propos de Balaam, U. Yohanan. pour expliquer que rÉcrilurc
l'appelle tantôt un prophète, tantôt un sorcier, résoud la difficulté en
disant qu'il fut d'abord prophète, n)ais qu'il devint ensuite sorcier. Là-
dessus Uah Papa dit : « C'est l>ien là <'e que dit le proverbe : « KUe des-
cendait de princes et de seigneurs et elle forniqua avec des diarpenliers. »
M. S, croit, comme ses devanciers, (jue Balaam est ici Jésus et que Bab
Papa pense a Marie, La première supposition i!St sujette à caution, car
Yohanan peut n'avoir fait ici qu'un de ces exercices excgcliques comme il
s'en rencontre des centaines dans le Midrasch . Quant à la seconde, elle
me paraît fondée sur l'ignorance du caractère de Rab Papa. Tous les
talmiidistes savent que ce rabbin babylonien a la manie de citer des
proverbes à tort et à travers. Or, entendant le propos tenu par Yohanan,
il ne manque pas de se rappeler (junn proverbe dit quelque chose
d'approchant, à savoir que les grands font parfois des chutes imprévues,
(}uc des princesses issues de bonne famille roulent parfois jusqu'aux
pires bas-fonds de la société. L'analogie porte uniquement sur la triste
aventure du prophète et celle de la princesse. Où voit-on qu'il soit
question en tout cela de la mère de Jésus ? Qu'on ne dise pas que Papa,
identifiant Balaam avec Jésus, s'est rappelé et a voulu rappeler l'accusation
1. Revue, t. L\I. p. 147.
308 HEVUIi DES ETUDES JUIVES
portée contre Marie, car le mots ■'C;;"'N "'"i^st is-^-^n, « c'est là ce que dit
le proverbe populaire », ont toujours uniquement pour objet de corro-
borer ce qui vient d'être dit. Ce n'est donc pas un trait nouveau que ce
rabbin veut rapporter. En outre, ces proverbes populaires sont, à
quelques exceptions près, des proverbes païens. On croira difficilement
que les païens delà Babylonie s'occupaient de la mère de Jésus.
P. 45. M. S. a jugé utile de relever une curieuse généalogie d'Aman,
donnée tout à la fois par Masséchet Soferim et les deux Targoum d'Esther.
et dans laquelle figurerait Jésus sous la forme Josos ou Josim. C'est un
scrupule excessif, d'autant plus que ces textes sont d'une époque tardive.
P. 57. Dans le chapitre consacré aux Minim, M. S. ne manque pas de
citer la fameuse Tossefta de Sanhédrin, xiu, 4-5, qui débute par ces mots :
B"^:nT':i DDnisb i-in-iT» ]D"i33 Qbiyn m73iN •^^'irim icnan ^N-nr*' "^ycz
asrr'jjT v\-\'::'3 "jd-ist n'-:^ "jmos: "cnn ■^'oy a-^ro -in^'^n u:nn ncr n-'vc nn
. . -inabiD. Il traduit ainsi cette phrase : « Les pécheurs Israélites et païens
descendent avec leur corps dans la Géhenne, où ils sont punis pendant
douze mois. Mais ensuite leur âme est détruite, leur corps brûlé et la
(iéhenne les rejette. . . » Il est étonnant qu'un grammairien comme M. S.
ait réédité l'erreur courante en rapportant lDi:ia à l'^-s-iT'. C'est abso-
lument contraire aux règles de la syntaxe. Il n'y a pas le moindre doute
que ce mot ne soit un complément déterminatif de D'^yoïs et que cela ne
signifie : «ceux qui pèchent par leur corps », par opposition à ceux qui
pèchent par leur argent QD173733. Que voulait-on dire par là, d'ailleurs?
Le Talmud déjà ne le savait plus. Expliquant la suite du passage, M. S.
met en relation avec Jésus ces mots bi3T3 D~"'T' iCJ'CDCn « et ceux qui
ont porté la main sur le Zeboul » {=^ Temple). On aurait en vue les paroles
de Jésus : « Je puis détruire le Temple en trois jours. » Ici encore, comme
M. Herford, l'auteur me parait s'être laissé entraîner par la préoccupation
de trouver à toute force dans le Talmud des allusions à Jésus ou au
christianisme. En réalité, ceux qui sont coupables de ce crime, ce sont les
Romains, qui ont détruit le Temple. Et ce qui le prouve, ce sont les mois
qui [)r('cèdent : D'^'nn Vnî<3 DDTin n2n;u;i«et ceux qui ont fait régner la
terreur dans la terre des vivants »; ces mots sont empruntés à Ezéchiel, 32,
24, où ils désignent différents peuples étrangers, dont Edom (= Rome). On
remarquera la forme insolite de ces deux propositions : on n'a pas
couliunc dans la Tossefta ni dans la Mischna d'employer des images
bibliques. Vraisemblablement, on a voulu ainsi n'être pas compris des
intéressés. On objectera peut-être qu'il est singulier que le paragraphe,
s'occupant uniquement des ennemis intérieurs d'Israël, se termine par
la mention des Romains. Ce serait ne pas reconnaître la portée du
deuxième membre de la phrase qui figure au déluit de la baraïta : « et les
païens (\u\ pèchent en leur corps ». Il y a un parallélisme con)plet entre
les deux parties du paragraphe : Aux pires pécheurs juifs s'opposent les
sectaires, délateurs et corrupteurs juifs, qui seront traités avec plus de
rigueur encore. Pareillement en regard des pires pécheurs païens, qui
seront punis seulement pendant douze mois, sont les Romains, qui. eux.
BIBLIOGRAPHIE 309
seront éternellement damnés pour avoir attenté à la sainteté du Temple.
Ces léijères critiques ne doivent pas donner le chanice sur Testime dans
laquelle nous tenons la monoîi,raphie de M. S. A notre avis, il était
impossible dètre plus complet, plus exact et mieux informé. Il faut louer
sans réserve la maîtrise que déploie l'auteur dans ces sortes de Manuels à
l'usage, non pas seulement des étudiants, mais encore, et même plus, des
savants.
IsHAF.L 1>KVI.
Religionswissenschaftliche Bibliothek. Ilerausgefreben von Wilhelm
Streitberg und Richard Wûnsch. Heidelberij. Winter. — I. Ignaz (Ioluziheh.
'Vorlesungen ûber den Islam. 1910. II. Heinrich Gjintkk. Die christ-
liche Légende des Abendlandes, 1910.
[.a fondation d'une bibliothèque consacrée aux sciences religieuses ne
peut manquer d'intéresser notre Revue. Nous rendrons compte plus en
détail du deuxième volume. Mais déjà le premier attire notre attention
par plus d'un motif. Il est dû à M. Goldziher, et il y est question fréquem-
ment du judaïsme.
Négligeons ce qui a trait aux relations, tant de fois discutées, de Maho-
met avec les Juifs (V. l'Index, s. v. Juden, Jûdischer Einfluss). Mais pour
l'histoire postérieure des Juifs, M. Goldziher nous fournit quelques
données significatives qui rendent toutes témoignage de l'esprit de tolé-
rance de l'Islam. Déjà Mahomet prescrit à Muad i. Djebel qu'aucun Juif
ne doit être troublé dans son judaïsme (P. 38). Fort caractéristique cette
légende sur Omar : à Damas, on montre les ruines d'une mosquée que le
khalife fit détruire parce qu'elle était construite sur l'emplacement d'une
maison que le gouverneur avait arrachée à un Juif (39;.
Les Mahométans s'associaient aux Juifs pour des affaires : par là
s'expliquent les consultations rabbiniques sur ces traités de compagnons
(M. (lOldziher, p. 73, renvoie à Louis fiinzberg, Geonka, New-York, 1909,
II, 186).
La tolérance mahométane s'est manifestée particulièrement dans
l'affaire de Maïmonide, dénoncé par le fanatique Abd-uLArab comme
apostat (revenu au judaïsme) passible de mort. Abdalrabim b. .\li, « al-
Ivadi al-fadil », le juge éminent, prononça que Maïmonide ne pouvait
être puni, car la profession de foi d'un converti à l'islamisme par con-
trainte est sans valeur. (P. 70 renvoie à Kifti, éd. Lippert, 319, 16.)
Voyons le rôle de la Bible dans le développement de l'islamisme, en
laissant de côté l'emploi que Mahomet en fait. On sait que la littérature
mahométane a trouvé dans la Bible bien des choses qui lui sont absolu-
ment étrangères. La Tora aurait proclamé Mahomet prophète de lutte
et de guerre (P. 22j. Les apologètes sounniles lisaient dans la Bible
l'annonce de la mission de Mahomet, les schiites les preuves pour les
310 REVUE DES ETUDES JUIVES
imams, même la liste de ceux-ci; un descendant juif d'Aron la connaît
par le livre de Haroun (P. 260). Celui-ci, Haronn, est aussi revêtu d'un
rôle particulier ; c'était à lui que Dieu avait confié la grande mission, mais
Moïse la lui avait perfidement dérobée, de même que Mahomet k Ali,
prétend Al-Schalmagani fP. 262).
Ce sont surtout les nouvelles sectes qui tâchent de s'autoriser de la
Bible. M. Goldziher a, dans cette Revue môme (1904, XLIX, 250), montré
que « les apologètes et les polémistes de l'Islam consacraient, dans leurs
ouvrages, un chapitre spécial a l'indication des passages bibliques par
lesquels ils démontrent que la mission de leur prophète a été prédite. »
L'œuvre récente nous en offre mainte preuve. La secte antinomiste de
rismailiyya regarde Adam, Noé, Abraham, Moïse, Jésus, Mahomet et les
imams comme des émanations de lintelligence cosmique* (P. 249). Le
Babisme développe cette idée en reconnaissant dans Mirza Mohammed
Ali le Bab, la porte de la vérité, la parousie de Moïse et de Jésus (P. 296).
Beha Allah, le successeur du Bab, a mis la Bible plus richement à con-
tribution (P. 302). Lui et son fils Abbas Effendi, qui s'était établi à Accon
au pied du Carmcl, avaient attiré beaucoup de Juifs aussi. Partout où ils
rencontrent dans la Bible « la lumière de Jahvé », ils y voient proclamé
que Beha Allah paraîtra pour sauver le monde. Ils mettent à profit ce que
lÉcriture dit du Mont Carmel. Les deux mille trois cents jours 'années) de
Daniel \V\n, 14) finissent, selon leurs calculs, en 1844, année où Mirza
Mohammed Ali se manifesta comme Bab (réalisant la prophétie : pnîtïT
Tnpi). Lors de l'avènement du fils de Beha Allah, cette exégèse fait un
pas en avant, c'est l'enfant qui nous est né, le fils k nous accordé, aux
épaules de qui la dignité de prince est imposée (Isaïe, ix, 5) *.
Relevons enfin le parallélisme de l'Islam avec le judaïsme que M. Gold-
ziher montre à chaque étape de son développement. Coran et hadilh
sont entre eux comme la loi écrite et la loi orale (P. 41). Le hadith se
compose de halacha et de aggada P. Vt . Dans la halacha mahométane il
voit aussi érigé en principe : !:]"'n3' NinTn mD P. 77j.
Sur la tradition, mêmes conceptions légendaires dans l'islam que dans
le judaïsme. Un hadith fait dire à Mahomet : tout ce qu'on dira de bien,
c'est moi qui l'aurai dit. M. Goldzilier (p. 42) en rapproche la sentence de
1. Déjà Joinville connaît cette ronception mahométane: les schlites croyaient, nous
rapporte-t-il, que l àme d'Abel passa en Noé, de celui-ci eu Ahraham, de celui-ci en
.lésus ; c'est ainsi qu'il faut romprendrc le passage cité par Kniil Dieisbacli, Der Orient
in der allfrunzônisrlien Kreiizziir/slilterutur, Breslau, 1901 (Diss. , p. 12.
■2. M. Goldziher [Revue, 1904, XLIX, 221) cite une lettre adressée aux Juifs à
convertir, en 1887/8. J'en ai une entre les mains plus récente, adressée à M. le grand-
rabbin Glidemann et à tous les rabbins, signée par Kliahu (^-ohen, nommé Abdullali
Khesr, médecin de Téhéran, datée de Vienne, nov. 1906, ou Kisiew 56ti6, imprimée a
Papa en Hongrie. La lettre se réfère surtout aux livres d'isaie et de Daniel, mais elle
est parsemée d'autres citations bibliques. L'auteur a déjà exhorté une fois les Juifs,
mais sans succès ; s'il échoue cette seconde fois aussi, il les confondra comme Joseph
les interprètes de songes, comme Moïse les magiciens de Pharaon, comme Klie au
Carmel les idolâtres, comme Daniel les thaumaturges babyloniens.
BIBLIOGRAPHIE 311
il. Josué b. Lévi (Yer. Haf/uiga, i, 8, p. 76 d.) p^-m Ti^bn'»:; r,i2 ib^zn
■^ron r!'07:b -iwn: naD mm-b tti^?. «Tout ce qu'un disciple subtil pourra
enseigner a été dit à Moïse sur le Sinaï ». La croyance juive que dans les
discussions des sages l'un et l'autre parti exprime les paroles du Dieu
vivant se retrouve dans l'islam (P. 73, n. 4). Les discussions halachiques
que l'aggada fait remonter jusqu'au ciel et à Dieu même trouvent aussi
leur analogue dans la pensée mahométane. Un recueil célèbre de tradi-
tions, le Musnad Ahmed, fait disputer la société céleste sur des questions
théologiques (P. 124, n. 1, 23).
Comme les mystiques juifs ont calculé le terme où le Messie doit arri-
ver, de même confis et schiites s'efforcent de fixer la date où limàm
caché apparaîtra. Ces efforts furent sévèrement jugés, de même que les
D"'i:p "nM^nr ont subi l'anatbème (P. 229).
Quelquefois M. Goldziher repousse des prétendues analogies de lislam
avec le judaïsme. On aime à comparer les schiites aux Caraïtes; c'est une
grave erreur, les schiites ne nient pas la tradition, ils lui reconnaissent
une valeur supérieure au « consensus ecclesiae », mais ils la renouent à
l'imàm. P. Lortet voulait reconnaître dans les minuties intolérantes des
schiites « les pratiques de l'ancien judaïsme ». M. Goldziher déclare ce
jugement absurde iP. 276, n. IS).
#*«
En présentant la légende chrétienne de l'Occident dans son ensemble et
dans son évolution, M. Gunter éclaircit le genre même et particulièrement
aussi l'aggada. Remontant aux sources de la légende de l'Eglise, il y fait
une part si importante à la tradition juive, qu'on en peut rendre compte
comme d'un triomphe scientifique de l'aggada.
Des cinq chapitres du livre le premier esquisse le rôle de la légende
dans lEglise ancienne, dans le protestantisme, dans la littérature et la
science modernes. Le deuxième n'entreprend rien de moins que d'analyser
tous les éléments dont la légende s'est constituée. Il met à profit les
études de Toldo (publiées dans les volumes des Sliidien ziir vevgleichendcn
LUlerdlurqescInchte de Max Kocli), mais, tandis ([uc Toldo offre un recueil,
d'ailleurs extrêmement utile, de parallèles, M. Gunter s'etïorce de retracer
un développement historique. C'est dans la légende de saint Nicole de
Trani, de saint Kelvin de Glandalough en Irlande et de Marie qu'il
fait passer devant nous tous les motifs légendaires. Le troisième est con-
sacré aux sources de la légende, à la question de savoir comment le sujet
en est parvenu à l'Eglise, — tandis que le quatrième suit son développe-
ment dans l'Eglise même. Enfin, le cinquième traite des éléments sub-
jectifs de la légende, de la créance qu'elle a rencontrée soit chez ses
auteurs, soit chez ses lecteurs.
Abordons le centre du livre, le troisième chapitre. M. Gunter y prouve
que la légende de l'Eglise n'appartient exclusivement ni au moyen dge,
312 REVUE DES ETUDES JUIVES
ni an clii-isUanisme. I/Egvpto, la Perse, Itabylone, Ihellénisme, le
jndaïsnie étaient tous aptes à créer des légendes {Legendenstimmiing) ;
qnant à llnde, elle a reçn autant que donné l'essor légendaire.
Au vie siècle, le système antique légendaire se trouve christianisé dans
sa totalité (P. 3). M. (iïinter a étudié avec un soin minutieux les sources
helléniques. Il a essayé d'épuiser toute la matière iégendaireamasséedans
les dix livres de Yllinérairp en Grèce, de Pausanias le Périégète. Conon,
Palaephatos, Valère Maxime et Pline sont pareillement analysés. Comment
les traditions antiques ont-elles pénétré dans l'Eglise ? Par le néo-plato-
nisme et le pythagorisme. Mais la voie intermédiaire principale, c'est le
judaïsme. « 11 n'est pas toujours facile de distinguer ce que l'hellénisme et
Rome doiventà l'invention babylonienne etpalestinienne {sc*7. à l'aggada)
de ce que l'aggada a emprunté à l'hellénisme. Le fait de cet emprunt
est hors de discussion. L'organisation des Juifs, leurs institutions mili-
taires et judiciaires, leurs jeux, leurs bains, leur art, leur commerce,
leurs aliments, leurs vêtements, leur langue et leurs croyances populaires
révèlent l'influence étrangère. Il serait singulier que leur légende en
fût exempte. L'emprunt, il est vrai, ne saute pas partout aux yeux,
comme, par exemple, dans Sanhédrin, 109 b, où le lit de Procuste est
placé à Sodome comme un des traitements que les Sodomites infligeaient
à leurs hôtes, ou dans Nedarim, 25 a, qui reproduit l'histoire de l'argent
dans le bâton telle qu'elle est chez Conon, ne changeant que le lieu de la
scène' » (P. 71).
M. Gi'inter estimant que c'est le judaïsme qui a transmis les légendes
antiques à l'Eglise, il se trouve que ses études sur cette légende de
l'hellénisme profitent mieux encore à l'aggada qu'à la légende chré-
tienne.
Pour l'aggada, M. Giïnter recourt aux traductions de M. Wïmsche ; on
a rarement utilisé aussi heureusement ces recueils. Nous lui devons ici
une série d'études comparées des plus attrayantes sur l'aggada. Signalons
en quelques-unes.
Un riche chrétien de Constantinople est réduit par sa générosité à em-
pruiilei' à un Juif. Pour caution il n'a que le Christ. Le Juif l'accepte, car
1 II s'agit (iu N3T1 «""jp >ied., 25«, Schebouot, -29 a, 39 6, Levit. Habba, vi,
éd. Viliia 10a, rallaclié a Bar Talmion, Pesiklu rabbali, éd. Fiiedmann. p. 113 «,
sujet auquel M. Wiiusche a consacré une étude minutieuse: Zicei DichtuiKjen von
llans Sachs iiach i/iren Quellen, dans la Zeitxcknft fiir vergleicheiide Lil/eralur-
fjesckichle, Weimar, 189"/, XI (première partie, p. 34-38 la volaille partaïée de
Echa rabba, i, 4, éd. Viliia, lia; deuxième partie, 48-o9. N2-;n N"'Dp ; cf- Giiuter,
p. 61, 71, 72, 731. Déjà M. Giidemann. Geschichte des Erziehun'/swfseiis iiiid der
Cultur der Juden in Deu'.sr/iUind irâhrend des XIV. tuid AT. Ja/irhunderis,
p. 199-20, avait montré deux parallèles dans la léprende allemande du moyen àare ;
mais ce qui est exUrinenienl remaniuahle, c'est (pie déjà Yair Hayyim Bacliaracli a
connu ce rapport : Nain «''Dp ar;-'-lED3 n"N "'73=n ip%nyr;u: 7173 " Les savants
non juifs ont emprunté dans leur littérature le bi\ton de Raba » (cite par Giidemann,
p. 201, n. 5). — Le conte a aussi passé chez les Arabes, entrant dans le cadre des
jugements de Salomon ; Steinschneider dans Z. D.M. G., 1S73, WVIl, 564,
BIBLIOGRAPHIE 313
« Jésus était homme juste et prophète ». Latiaire se conclut dans l'église.
Par cet argent le Constantinopolitain regagne ses biens, mais il ne se
souvient du payement que la veille du terme. Il met la somme dans une
cassette et la confie a la mer, qui l'amène au Juif. Celui-ci redemande
son argent. Le chrétien se rend avec lui à l'Eglise, où la sainte image
se met à parler comme témoin. Le Juif se baptise. M. Giinter renvoie à
Nedarim, 50 a, où il est fait allusion à ceci, que R. Akiba devait ses
richesses, en partie, à une matrone. R. Nissim, Haschi et R. Ascher expli-
quent ainsi l'allusion : L'école ayant besoin d'argent, R. Akiba s'adresse
à une matrone ; celle-ci accepte pour garants Dieu et la mer (au bord de
laquelle elle demeurait) ; R. Akiba tombe malade et ne peut payer ; mais
Dieu fait entrer l'esprit de folie dans la fille de l'empereur, elle jptte
des objets précieux à la mer, qui les porte chez la matrone. Quand plus
tard R. Akiba voulut payer, la matrone lui rendit l'excédent du paiement
(P. 46. 71).
Allusion est faite à un miracle analogue dans la Mischna, Yoma, 37 a,
T^mpbib a"'03 rjy: -nspD ; la tradition talmudique (38 a) l'explique
ainsi ; Nicanor avait apporté des portes d'airain d'Alexandrie; menacé par
la tempête, il jeta l'une dans la mer, mais dans le port d'Acco, elle
remonta de dessous le navire. — Dans la légende chrétienne, des portes de
cyprès sont k dessein jetées dans le Tibre et envoyées en France ; la mer
est chargée d'expédier des babils, des biens, des plaques d'autel, des cer-
cueils, etc. (P. 73).
David inscrit le nom divin sur un tesson et le jette dans les tlots, pour
que le monde n'en soit pas inondé '. L'évèque Sabine fait dresser à son
notaire un pacte où il engage le Pô débordant à garder son lit. Dans nom-
bre de légendes, l'eau obéit de même aux saints (P. 75).
Le pouvoir de faire tomber la pluie est un critérium juif du mérite.
M Gimter nous montre comment cette preuve de sainteté est devenue
commune au christianisme' (P. 78).
Comme type de ceux qui comprennent le langage des oiseaux, M. Giinter
allègue l'anonyme de Guittin, 45 a, l'interprète du corbeau et de la
colombe qui engagent Illisch à se sauver. Cette légende, surtout connue
parles traditions Scandinaves surSigurd, est rapportée aussi à Salomon'.
Les .saints chrétiens exercent un pouvoir miraculeux sur les animaux.
L'exemple le plus hardi de ce pouvoir est fourni par les chèvres de R.
Hanina b. Dosa, (jui amènent k leur maître des ours sur leurs cornes *.
L'autel de Jérusalem était exempt de mouches". Pausanias raconte le
1. M. Gunter cite Maccof, Ha ; le récit est mieux détaillé Yer. Sanhédrin, '29a.
2. Des matériaux plus riches encore sont réunis par Toldo, dans Studien zur ver-
ijleichenden Lilleraturgeschichte, VI, 310. — V. aussi celte Revue 1908, LVI, 211.
Sur celle conception dans l'islam v. encore Goldziher. Mnhanimedaniscke Studien
II, 313.
3. M.Gninbaum, A'ewe Beitràqe zur semitischen Saqenkunde, Leyde, 1893, p. 211.
4. M. Giinter cite Baba Mecia, 106 A, mais le passage principal est Taanil, 25a.
5. Y'oma, 21a ; Abot, v, 8 ; à l'index s. v. Fiieyen, ajoutons pp. 82, 83.
314 REVUE DES ETUDES JUIVES
tTK'me miracle de l'autel d'Olympie, Aolianus du temple d'Apollon à Leu-
kas. El voila ce miracle, qui nen est un que sur un autel où on immole
des victimes, emprunté aussi par le christianisme, qui ne connaissait
plus d'animaux sacrifiés.
f.e thème de la perle de Joseph qui vénérait le sabbat (Sabbat, H9 a),
qui rappelle l'anneau de Polycrate, s'enrichit aussi par la légende chré-
tienne (P. 83).
Le miracle du lait accordé au sein d'im homme ou d'une vierge est rap-
porté par M. Gi'mter au veuf qui n'avait pas de quoi payer une nourrice
et qui allaita son nourrisson de son propre lait. {Sabb., 53 b). Signalons
encore que l'aggada fait ainsi nourrir Esther par Mardochée '.
Le fiancé qui manque à sa promesse est puni par la légende. Vénus
et Marie lui rappellent la foi jurée. A la tête de ce type de légendes,
M. Gunter met l'allusion à la belette et au puits (Taanit, 28 a) d'après
Raschi et les Tossafot (P. 85).
Des traditions grecques, indiennes et chrétiennes connaissent des
enfants qui parlent, à peine nés. M. Giïnter (P. 89) leur compare les nour-
rissons qui chantent près de la Mer Rouge {Sota, 30 b) ; le texte va plus
loin, faisant chanter les embryons même. M. Toldo a réuni là-dessus une
foule de matériaux [Sludien zur vergleichenden Lilteralurgeschichte,
I, 328-340) qu'il serait facile d'augmenter, surtout par des légendes
mahométanes (de Mahomet, d'Abraham, de Djoureidj). Des analogie?
juives (Moïse, Sira) se, trouvent chez M. S. Krauss, Dns Lebpn Jesn nach
jûdischen Quelleit, p. 167.
Les saints sont souvent distingués par un don (manteau, bâton, voile)
descendu du ciel, d'où aussi viennent des images. M. Giinter rappelle les
ressemblances aggadiqiies. Tels l'arche de fou, la table de feu, le chan-
delier de feu qui apparurent à Moïse [Menahot, 29 a), tel l'autel des-
cendu du ciel auquel Michel sacrifie {Zehahim, 62 a), tel le pied de table
d'or offert à Hanina b. Dosa : {Taanit, 25 a). M. Gunter (P. 91) y joint
encore les clés que les prêtres du temple détruit offrirent au ciel*.
L'Eglise s'autorisait souvent d'écrits tombés du ciel. M. Giinter (p. 91)
en rapproche les écrits qui annoncèrent que Rabba bar Nahmani fut
réclamé pour l'académie céleste et comment on devait honorer son sou-
venir' [Baba Meria, 86 a).
1. Gen. Habba eh. 30, S, è<\. Vihia, p. Ç>'àa ; v. la note substantielle de M. Bâcher,
Agada der palestinen&ischen Amovaer, II, 64, n. '^. — V. sur le tliènie de la nour-
riture miraculeuse, Israël Lévi, Le lait de la mère et le coffre flottant, R.E.J., 1910,
LIX, surteut p. iJ-S, où il y a aussi des données sur la splendeur auuoneant une
naissance extraordinaire (Giintei', p. 89). — M. Giinter fait sucer à .\brahani le doiu^t
de Gabriel ;85) : Abraham se nourrit de ses propres doiirts.
•J. V. Revue, 1904, XLIX, 205, n. 1, les parallèles dans les Apocryphes. — L'habit
d<>scendu du ciel se trouve dans l'ayrirada postérieure de Jdsepli le Jardinier (Renie.
1908, LVI, 201).
3. Relevons que l'aggada fait ilescemlre du ciel le sceau divin lui-même ^l'uma,
69/1, Sanhédrin, 04a).
BIBLIOGRAPHIE 31S
A côtt' du don et de l'écrit descendus du Ciel il y a encore la voix du
ciel (v. Index, s. v. Stirmne vom Himmel) qui se fait souvent entendre
dans la légende chrétienne. Ce n'est autre chose que la fameuse bip nn.
M. Gunter (P. 52) nous apprend que d'après Pausanias les Athéniens
avaient sur l'agora un autel de cette <fwri.
La légende de l'Eglise connaît des chandelles, des lampes qui s'allu-
ment d'elles-mêmes ; d'ailleurs, ce miracle se répète chaque samedi saint
à Jérusalem. M. Gimter (9d, 96) rappelle que la flamme sur l'autel de
Jérusalem ne s'éteignait pas {Yoma, 21 a, 39 a). Souvent les saints
répandent des flammes, des lumières; l'aggada aussi fait sortir la lumière
de la bouche, du front, du bras des hommes pieux.
Les légendes les plus populaires sont celles qui font produire ou multi-
plier les aliments. Saint Sanctulus(P.96j trouve du pain dans un fourneau
laissé vide, de même que la femme de Hanina b. Dossi {Taanit, 246). Mais
voici une co'incidence plus frappante. La fille de ce même Hanina a rem-
pli de vinaigre la lampe du sabbat et celle-ci brûle tout de même [Taanit,
25 a). Un sacristain avait rempli la lampe d'eau : l'eau brûlait comme de
l'huile (P. 97).
La légende fait éclore des fleurs, mûrir des fruits hors de saison. Le
tils de R. José b. Youcrit nourrit les laboureurs de figues mûi-ies avant
le temps [Taanit, 25 a ; p. M).
Une poutre se trouve trop courte, le saint l'allonge. Les apocryphes
font accomplir ce miracle à Uenfant Jésus (P. 99'. R, Hanina en fait
autant pour une voisine 'Taanit, 25 a).
La légende de R. .Méïr et sa belle-sœur, la tille de R. Hanina b. Tera-
dyon [Ahoda Zara, 18 a-b), présente deux éléments familiers à la légende
chrétienne : d'abord la vierge restée pure au lupanar, puis le condamné
qui ne peut être exécuté (P. lOOj.
La légende de l'Eglise fait marcher ou voler môme des^objets inanimés :
des images, des sanctuaires. M. Gunter en rapproche le miracle^de n^iop
y-i^Tî dans la légende de David et Abisai (Sanh., 95 b). Mieux connu
encore est l'exemple de Jacob sur la route vers Haran {Houilin, 91 b].
M. Goldziher a montn'' ce motif dans la légende inahométane aussi
[Muhammedanische Studien, III, 393, n. 1).
Pour la conception du long sommeil {Dauerschlaf), M. Gimter ne
manque pas de citer Honi (Taanit,. 23 a).
La littérature chi-élienne est très riche en visions de l'autre monde, en
voyages au Paradis et dans l'Enfer. M. Gunter (P. 108) rappelle que Rabba
bar Hana entrevoit les supplices de Coré '. Nous croyons qu'il y a des
parallèles plus instructifs. R. Yosé b. Hanina paraît en vision nocturne à
R. Zéra et lui raconte qu'il est établi prés deR. Yohanan, celui-ci près de
R. Yaniuii. celui-ci près de R. Houna, celui-ci près de R. Hiyya. Elie aussi
1. V. Bâcher, Agada der Palfislinensischen Amorder, I, 187, n. 5 ; II, 105, n. 1.
Sur lo voyage de Josue b. Lévi au Paradis, v. Israël Lévi, lievue, l'JOl, LUI, 160, el
surtout l'exposé lumineux Me M. Hacher, op. cit., 1, 19*2, 194.
316 RKVUR nES ETUDES JUIVES
montre à un docteur la compagnie céleste des rabbins, le siège éblouis-
sant de R. Hiyya [Baba Mecia, ^^ b,. Le fils du célèbre Josué b. l-évi est
entraîné par une vision ; revenant, il raconte qu'il a vu un monde ren-
versé, les puissants dessous, les humbles dessus, — mais les savants
gardent leur rang et les martyrs emportent le premier (Pesafmn, 50 o.
Baba Batra, 10 b).
Les rapports entre morts et vivants tourmentaient toujours l'imagina-
tion et inspiraient au xii« siècle des légendes à la mode (P. 107). Les exem-
ples aggadiques de M. Gimter sont bien choisis et plus concluants que
ceux de Marcus Landauer dans son œuvre plus spéciale {Halle und Fege-
feuer in Volksglaube, Dichtung und Kirchenlehre, Heidelberg, 1909.
p. 226).
11 n'est pas difficile de démontrer que l'aggada croyait aux présages
[oviina] et aux démons : M. Gimter retrouve ces croyances talmudiques
dans la démonologie du moyen âge chrétien (P. 113 . C'est surtout
la légende ou plutôt le conte de Ben Temalion (Meïla, 17 b) traité a
plusieurs reprises dans notre Revue* qui est éclairci par des variantes
orientales, égyptiennes et surtout chrétiennes.
Le chapitre inépuisable des rapports entre les saints chrétiens et les
Césars romains s'explique de lui-même ; s'il lui fallait un modèle,
.M. Giinter (P. 114) recourrait au Talmud.
Même dans leurs procédés la légende de l'aggada et celle de l'Eglise
se ressemblent : elles s'autorisent de témoins oculaires. Les aventures
bizarres de Rabba bar Hana et de R. Juda l'Indien [Baba Batra, 74 b) sont
fondées sur l'autopsie ;^P. 115).
De ces rapprochements l'aggada reçoit autant de clarté qu'elle en
fournit elle-même ; des analogies grecques sont nombreuses; mais il y
a aussi les analogies indiennes et égyptiennes. Le dragon de R. Juda
l'Indien [Baba Batra, lib) remonte à l'Inde (P. 110), l'ile-poisson de
Rabba bar Hana {ib., 73 b) à l'Egypte (P. 84). C'est en Egypte aussi que
M. Gunter trouve l'analogue de ce raisonnement aggadique : si déjà celui
([ui s'oint du sang de la salamandre, née du feu, ne peut être atteint de
la flamme, d'autant moins les docteurs, qui sont tout feu, comme dit le
prophète (Jérémie, xxiii, 29) : « Ma parole est comme le feu ». Le Pliysio-
iogus égyptien christianisé raisonne pareillement : si déjà la salamandre
éteint le fourneau, à plus forte raison l'homme pieux, a qui il est promis
(Isaïe, xLui, 25) : (Juand tu passeras à travers le feu, tu ne seras pas brûlé
et la flamme n'aura point prise sur toi -.
1. V. Vlndex nlplitibp'lir/ue des cinquante preititers voliiine.t, p. :i3, s. v. Hnrllio-
lome'e, où il faut ajouter Israël Lévi. VIII, iJOO.
2. M. Gunter cite Moëd Katan; en réalité le passage se trouve à la fin de Hngitii/n,
27 o. Signalons quelques menues inexactitudes : p. 96, pour Yoma. 39 6. 1. 39a ; p. «~.
Tacinit, 24«, 1. -2i h ; p. 102, Ihiha Ba/ra, Tib, 1. 74 a : p. 113, Meila, ila, 1 il t> :
p. 126, B(tf)a lUilra. 16a, 1. 16aZ). — P. 79 M. Giiiiter dit, d'après Soin. 126, que la
terre, pour sauver les eufants persécutés par les Egyptiens, les avala ; le texte n'en
parle pas.
BIBLIOGRAPHIE 21",
Ça. et là on peut encore rapprocher la légende de l'aggada, là oii
M. Gunter ne Ta pas fait. Par exemple, saint Macaire désenchante, moyen-
nant l'eau bénite, une femme changée en cavale. Il semble que l'eau
bénite s'est substituée à l'eau, moyen général de désenchantement. C'est
ainsi qu'une femme changée en ànesse redevient femme {Sanhedyvi,
(,1b) \
Autre exemple. Plus d'un saint se distingue, par la vertu de délivrer les
captifs. M. Giinter croit que les atrocités du moyen âge chrétien ren-
daient souvent nécessaire cette délivrance 'P. 101). Nous avons ailleurs
relevé que c'est un trait essentiel du type de légendes représenté, d'une
part, par le Bon Gérard de Rudolf von Ems et la légende de Paphnuce.
de l'autre parles deux D^'T^n"", le conducteur d'àncs et Pentakakos (Yer.
Taanit, 646)*.
Après avoir trouvé les sources historiques de la légende chrétienne,
M. Gimter cherche ses motifs psychologiques. Ses résultats peuvent et
doivent s'appliquera Vaqijada aussi. Il reconnaît comme motifs créateurs
des légendes : l'étiologie', les images (un tiers des légendes pieuses de
A. Maury remontent à des tableaux), l'étymologie populaire (D'^niOD mN
a fait naître la tradition sur Abraham dans la fournaise, l'étymologie de
Christophore a produit de même sa légende), la déformation phonétique
(un saint Gétorix a pour origine Vercingétorix, un Abraham le mont
Abirin, près de Heidelberg), la déformation graphique (ainsi la ville Eumé-
nia se change en une sainte Cuménia, Tripolis en un saint Tribulus).
— Souvent, pour mettre en relief une sentence, on y joint une légende
cl quelquefois on peut douter laquelle est la plus ancienne de la sentence
ou de la légende. Pour le Talmud, prétend M. Giinter (P. 125), nous
savons dune certitude absolue que c'est la sentence biblique qui a pré-
cédé. — La plupart des exemples paraissent probants : les légendes ten-
dant à prouver que la Terre sainte ruisselait de lait et de miel. Psaume,
148,9, pouvait éveiller l'idée des arbres chantants (Zfa^wiya, 14 6). Mais
pourtant la thèse de M. Giinter appelle des réserves. Ainsi, la légende du
sommeil séculaire s'est développée indépendamment de Ps. 126. 1, oii elle
s'est rattachée après coup, de même que les jugements salomoniens (|ui
rectifiaient les erreurs de David ne sont appuyés que postérieurement sur
le verset (Ps., 72, 1) ainsi interprété: A Salomon ; donne au roi David le
pouvoir de juger, mais à son fils la justice {Revue, 1897, XXW, p. 65,
n''9).
Tout en euifirunlant nombre d'éléments aux Juifs, la légende n'en est
pas moins hostile à ces prêteurs. Elle représente les Juifs comme pleins
d'ime haine impuissante contre Marie et Jésus (P. 37).
1. V. Blau, Dus altjudische Zauberire.sen. Budapest. 1898. j». I.u8 ; Golilzilier.
Wasser uls Diimonenabwehrendes Millel. Archiv fiir fieligionswissensc/iafl, l'JIO.
XIII, 20.
■2. Hevue, 1908. LVI, 211. 212.
3. L'œuvre de M. Dalinliaidt ollVe en al)oi!diuice des exemples agiradiques aussi, v.
Revue, 1910. LIX. 311 ; 1911, LXl, 139.
318 KEVUE DES ETUDES JUIVES
Les apôtres avaient acheté aux Juifs une synagogue k Lydda, et ils y
érigèrent une Madone de pierre. Les Juifs réclament leur synagogue;
Julien l'Apostat la leur rendrait, mais le regard vivant de Marie les
etïraye' (P. 41). .
Dans la Basilica Lucerna, à Gonstantinople, il y a une Madone voilée;
la veille du sabbat le voile se lève et l'image reste dévoilée jusqu'à
vêpres, c'est pourquoi le samedi saint est à Marie. Un Juif la jeta dans le
cloaque, la Madone s'en vengea et resta elle-même pure. — A Tolède les
Juifs ont mutilé une image du Christ; pendant la messe un cri de douleur
les dénonce (P. 41).
C'est un magicien juif qui entraîne Théophile à se rendre au diable
(P. 42).
Parmi les légendes antijuives, la plus répandue semble celle du « Juitel »,
enfant juif, qui, pour avoir pris part à la communion, est jeté dans un
fourneau, mais est miraculeusement sauvé' (P. 45, 132).
Sur la légende fameuse de l'hostie percée, nous apprenons que d'abord
on la racontait d'une image du Christ crucifiée par les Juifs, et puis d'une
hostie percée par eux. La Yita S. Basilii (ive siècle) parle d'un Juif intrus
assis à la table du Seigneur; quand le pain est brisé, il voit qu'il mange
de la chair d'un enfant et que le calice dans lequel il boit est plein de
sang; il se baptise (P. 159-160).
A la fin du livre sdnt annexées des notes oi^i les faits et les idées sont
appuyés de références consciencieuses. Un index excellent renvoie aux
personnages et aux motifs traités. (Les personnages de l'aggada n'y sont
pas entrés.)
M. Giinter a prudemment restreint le domaine particulier de ses recher-
ches aux rapports de la légende chrétienne avec riiellénisme et le
judaïsme. Peut-être s'étonnera-t-on qu'il ait absolument négligé les tra-
ditions mahométanes. Mais, en lisant ses discussions, on se persuadera
que la légende chrétienne n'est liée à aucune autre d'une parenté aussi
étroite qu'à l'aggada. 11 a bien réussi à mettre en lumière la légende
chrétienne. Celui qui dorénavant fera des études comparatives sur
l'aggada ne pourra guère se passer de l'cjRuvre de M. Giinter.
Biiilai)pst. jaiii iOU .
Bkhnaru Heli.eu.
1. Ce n'est (lUc l'i-dio ih' la teiitativi' avorter, allriltnci' à Julien par Aniniien et |iar
les Péros (le l'E^rlisc, de robAtir le Temple. V. Th. lleinaeli. Te.ilcs (/'utilfurs fjrecs cl
romains relatifs nu judaïsme, ]). '209. n. 1. 354, ii. 2.
2. V. Eui.'-en Wolter, lh>r JiKlcnhnahe, vol. 11, de la liihliollieca Sormannica de
H. Sucliier. Hall.', 1879.
Le jférant :
IsH.\ia Lkvi.
TABLE DES MATIÈRES
REVUE
ARTICLES KE FOND
Bâcher (W. . Un nouveau recueil poétique de llagdad 7S
BïicHLEH (A.). La pureté lévitique de Jérusalem et les tombeaux des
Prophètes 20 1
Daviuso.n (Israël). Notes sur l'article de M. Hacher : <. Les poésies
inédites d'Israël Nadjara -> 85
GoLDMANN (Félix). La figue en Palestine à Tépoque de la Mischna. . . . 216
KuAuss (S.). I. Fragments araméens du Toldot Yéschou 28
IL Un texte cahhalistique sur Jésus 240
Leszynsky (R.). Observations sur les « Fragments ota Zadokite Work »
édités par Schechter I',)0
LÉvi (Israël!. Notes sur les observations de M. Leszynsky l'jT
Lévy (Raphaël- Georges). Le rôle des Juifs dans la vie économique. . . 101
Pkrls (A.). Un pas.sage obscur dans la Pesikta 236
IIÉGNÉ (Jeanj.I. Catalogue des actes de Jaiine P'', Pedro il! et .\lt"onso III,
rois d'Aragon, concernant les Juifs (1213-1291) {suile el /in). 38
IL Etude sur la condition des Juifs de Narbonne du ve au
xive siècle 'suite) 1 et 248
Schwab (Moïse). Les manuscrits (lu Consistoire Israélite de Paris
provenant de la Gueniza du Caire 107 et 267
NVijLKso.N (David. Le Bureau du commerce et les réclamations contre
les commerçants juifs ^1720-1746) {fin) 'J3
NOTES ET iMELANGES.
Bâcher (W.). Pizmoniiii pour les jours de la semaine : un petit
recueil poétique de Bagdad l'25
Po/NANSKi (Samuel). I. Israël Gaon l'-O
IL Le comtnentaire du Pentatcuquc dEpinaun b. Sinisun 123
320 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
BIBLIOGRAPHIE.
Bâcher (W.). a"':?wT""^T IT'i: nanN "iDO. Varianten und Ergiinziingen
des Textes des Jerusalemischen Talmiidsnach alten Quellen
und handschriftlichen Fraginenten ediert, mit kritischen
Noten und Erlàuterungen versehen.Traktate Rosch-Haschana
und Siikka, par R. Ratnkr 157
Heller (Bernard). Religionswissenschaftliche Bibliolhek. I. Vorle-
sungen iiber den Islam, pai- Ignaz Goldziher. II. Die christ-
liche Légende des Abendlandes, par Heinrich GOnter 309
LÉvi (Israël). Jésus, die Haretiker ii. die Chrlsten nach den altesten
jiidischen Angaben, par Hermann L. Strack 304
LiBEK (M. . Revue bibliographique 128 et 278
Additions et rectiticalions 160
Table des matières 319
ACTES ET CONFERENCES
Assemblée générale du 15 février l'J 1 1
Allocution de M. Eugène Sée, président r
Rapport de M. Edouard de Goldschmidt, trésorier iv
Dauriac (Lionel . La dramaturgie de Meyerbeer (conférence) .... vi
VKRSAU.I.ES. — IMPRIMERIES CERK. 59, RUE DUPLESSIS
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
SÉANCE DU 15 FÉVRIER 1911.
Présidence de M. Eugène Sée, président.
M. le Président prononce l'allocution suivante :
Mesdames, Messieurs,
En ouvrant aujourd'hui notre trentième Assemblée générale, je
me demande bien sincèrement ce qui a pu me mériter l'insigne
honneur que vous m'avez fait, en m'appelant à présider, pendant
l'année écoulée, aux destinées de la Société des Études juives.
Quand je parcours la liste de ceux qui, avant moi, ont occupé ce
fauteuil, je constate que tous s'imposaient à votre choix par leur
talent, par leur science ou par l'éclat des services rendus ; or je ne
puis ra'illusionner au point de croire que ce soit mon cas. J'en
conclus donc que vous avez voulu récompenser la fidélité d'un
des adhérents de la première heure, dont le nombre doit être bien
réduit. S'il en est parmi eux que tourmente le démon de l'ambition,
mon exemple leur sera un encouragement.
En occupant celte présidence, j'ai cédé aux affectueuses et
pressantes instances de celui qui est Tàme de notre Société, et qui,
entouré d'une phalange de collaborateurs distingués et érudits,
consacre depuis trente ans tous ses efforts à maintenir à la Revue
des Etudes Juives le haut renom scientifique qui lui est reconnu,
non seulement par nos coreligionnaires, mais par tous ceux qui,
dans le monde entier, s'occupent de science juive. Vous avez déjà
nommé, avant que je vous le désigne, M. Israël Lévi.
De cette amitié je suis fier, comme des suffrages que vous m'avez
donnés et dont je vous exprime, au dernier jour de ma magistrature
éphémère, ma plus profonde gratitude.
ACT. ET CONF. A
ACTES liT COiNFËRENCES
Je ne vous présenterai pas, comme ont pu le faire, avec leur
compétence notoire, certains de mes prédécesseurs, le résumé de
nos travaux et publications en 1910. Il me suffira de constater,
avec vous, que la Revue présente toujours, pour le monde savant,
le même intérêt, qu'elle continue à réunir, à publier, à commenter,
à vulgariser les textes destinés à mieux faire connaître l'histoire
juive, la littérature hébraïque, les lois, les mœurs de nos ancêtres ;
qu'elle poursuit son but en montrant par le document, et rien que
par lui, ce qu'a été Israël à travers les siècles, soit comme nation,
soit parmi les nations au milieu desquelles sa dispersion Fa appelé
à vivre, en montrant la large part qu'il a prise, aux bons comme
aux mauvais jours de son histoire, à toutes les œuvres de civilisation
et de progrès, dont il a été souvent le promoteur.
Elle s'efforce de nous faire connaître, tels que nous sommes, à
ceux qui nous ignorent ou nous méconnaissent ; elle réussit à nous
faire mieux connaître nous-mêmes, en nous rappelant ou en nous
révélant les gloires d'un passé dont nous avons le droit de tirer
quelque fierté.
Cette œuvre noble et généreuse mérite d'être encouragée par
nos coreligionnaires et aussi par tous ceux qui s'intéressent aux
progrès de l'humanité.
Pour mesurer la tâche accomplie par la Société des Etudes
Juives depuis sa fondation, il suffira de parcourir Vlndex des
cinquante premiers volumes de la Revue, dont l'année 1910 îiura
vu enfin la publication. C'est là un travail considérable, qui rendra
à ceux qui auront des recherches à faire les plus grands services.
Ceux qui ont courageusement entrepris ce travail et l'ont poursuivi
pendant plusieurs années pour le mener à bonne fin ont droit à
nos plus chaleureux remerciements. — Notre trésorier seul pourra
faire quelques réserves ; cette publication, en ellet, a fait dans la
caisse confiée à sa vigilance une brèche notable — Mais nous
connaissons de longue date son zèle et son habileté : la tâche de
remettre à flots nos finances, quelque lourde qu'elle puisse être,
n'est pas au-dessus de son dévouement, dont tous nous lui sommes
reconnaissants.
ASSEMBLliK GENERALE DU 15 FÉVRIER l'Jll 111
Mesdames, Messieurs,
Chaque année votre président a le devoir douloureux de rappeler
la mémoire de ceux de nos collègues que la mort nous a ravis.
Il y a quelques mois, M. Charles Mannheim s'éteignait, après
une vie bien remplie. Tout Paris le connaissait et nul n'ignorait
quelle était l'étendue de son savoir en matière d'art et d'archéologie.
Sa droiture professionnelle était universellement appréciée ; il savait
s'intéresser aux oeuvres philanthropiques ; il faisait partie, depuis
de longues années, de notre Société Elle lui conservera un précieux
souvenir.
Il y a quelques semaines à peine, nous parvenait de Saint-Péters-
bourg la nouvelle, aussi triste qu'imprévue, de la mort du baron
David de Gunzbourg, à peine âgé de cinquante-quatre ans,
Il appartenait à une famille dont la renommée de dévouement à
la cause juive est notoire, 11 était le fils du baron Horace de
Gunzbourg, dont, l'an dernier, on rappelait éloquemment ici même
les incessants efforts pour adoucir le sort de nos frères malheureux
de Russie.
Digne fils d'un tel père, notre très regretté collègue, David de
Gunzbourg, dont les lecteurs de la Revue ont pu apprécier l'érudition
puisée aux meilleures sources, continua avec une tendre piété
filiale les œuvres créées en faveur de nos coreligionnaires
persécutés ; il s'associa, quand il ne les avait pas provoquées, à
toutes les institutions destinées à améliorer leur sort. Il a créé à
Saint-Pétersbourg un Institut théologique, ou lui-même professait.
Il se considérait comme le véritable défenseur de ses frères
russes, victimes des préjugés, de l'ignorance et du fanatisme. Il se
consacra à cette tâche avec un dévouement sans bornes que lui
inspiraient son profond amour du Judaïsme et son inébranlable
attachement à son culte.
Ceux qui l'ont cqnnu étaient conquis par le charme de son
caractère et son exquise simplicité. Il laissera parmi nous un impé-
rissable souvenir.
Nous formons des vœux ardents pour que les exemples qu'il laisse
trouvent en Russie de vaillants imitateurs.
IV ACTES ET CONFERENCES
Je ne veux pas m'asseoir sans avoir souhaité une cordiale
bienvenue à mon éminent successeur, M. Saloraon Reinach. Vous
serez tous heureux de le revoir à la tète de notre Société, qu'il
ainae et dont il est aimé ; aussi, en votre nom à tous, je le remercie
d'avoir accepté cette nouvelle investiture.
M. Edouard de Goldschmidt, trésorier, rend compte ainsi iiu'il
suit de la situation financière :
Voici comment s'établit la situation au 31 décembre 1910 :
Actif.
En caisse au l^"" janvier 1910 485 fr 95 c.
Cotisations 6 . 453 45
Don de MM. de Rothschild frères 2 . 000 «
Vente par les libraires 2.6'77 »
Coupons et intérêts 2.628 60
Solde dû à notre banquier 3.003 30
Total n.248fr. 30c.
Passif.
Frais d'encaissement 211 fr. 10 c.
Secrétaires de la rédaction 2 . 400 »
(,'onférences et assemblée générale *^10 »
Frais d'envoi, mandats, timbres, etc 120 90
Frais d'impression de l'Index alphabétique des cin-
quante jjremier s tomes de la Revue 5.326 30
Frais d'impression de la Revue 4.499 40
Honoraires des auteurs 4.414 60
Total 17.248 fr. 30c.
Bai.anck.
Doit :
Frais généraux 2.930 fr. 90 c.
Publications 11.589 60
Chez MM. de Rothschild frères 50 80
Total 14.571 fr. 30c.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 15 FÉVRIER 1911
Avoir :
En caisse 485 fr. 95 c.
Cotisations et ventes 8.453 45
Encaissement de coupons et intérêts 2.6'28 60
Solde dû à notre banquier 3.003 30
Total 14.5'/! fr. 30 c.
Comme vous le voyez, le déficit cette année est considérable ; il
est dû à l'impression de VIndfx des cinquante premiers tomes de la
Revue des Kfndes juives. Mais nous avons tout lieu de croire qu'il
sera comblé prochainement; voilà pourquoi nous ne vous deman-
dons pas l'autorisation de vendre une partie de nos valeurs,
ressource qui nous resterait si nos prévisions n'étaient pas justifiées.
Je ne voudrais pas terminer ce rapide exposé financier de notre
Société sans mentionner l'honneur que notre président sortant,
M. Eugène Sée, a bien voulu nous faire, au moment d'abandonner
les fonctions qu'il vient de remplir pendant l'année 1910. Il a tenu
à se faire inscrire comme membre perpétuel de notre Société. Je
suis l'interprète de vos sentiments unanimes en lui exprimant
publiquement notre vive gratitude pour l'honneur qu'il nous fait et
pour son don généreux.
Le Président met aux voix les conclusions du rapport financier,
qui sont adoptées.
Il est procédé ensuite à l'élection pour le renouvellement du
tiers des membres du Conseil. Sont élus : MM. Henri Beckkr,
Edmond Bickart-Sée, Edouard de Goldschmidt, Lucien Lazard,
Joseph Lehmann, Isidore Lévy, Léon Lévy et Moïse Schwab,
membres sortants.
M. Salomon Rkinach est élu président de la Société pour
l'année 1911.
M. Lionel Dauriac clùt la séance par une conférence sur
La dramaturgie de Meyerbeer (voir plus loin, p. vi).
LA
DRAMATURGIE DE MEYEEREER
CONFÉRENCE FAITE A LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
LE 15 FEVRIER 1911
Par m. Lionel DAURIAC
Professeur de philosophie d l'Ecole rahbinique,
Professeur honoraire à l'Université de Montpellier.
Un moraliste a dit que chaque mort humaine devrait être une
diminution de l'humanité. Le sentiment de cette diminution de
l'humanité par la mort d'un seul homme ne sera jamais exprimé
avec plus de force qu'il ne le fut par le rabbin Joël de Breslau
devant la dépouille mortelle de celui que ses contemporains, au
lendemain de Robert le DiaMe, saluaient du nom de « Dante de la
musique' ». Voilà certes un éloge qui passe la mesure. Mais
l'éloge qui se contient dans les justes bornes et qui, sous prétexte
d'éviter la prodigalité, recule devant la dépense, l'éloge qui compte
avant de donner, même lui arrivât-il de compter juste, atteste
d'ordinaire une clairvoyance ennemie de l'admiration véritable;
et plus d'un s'inquiéterait de l'avenir d'une œuvre d'art, si elle
1. Eloge hyperbolique, mais significatif, de l'impression ressentie, impression
analogue à celle que Ton éprouve en face d'un « colosse ». On a reproché à
Meyerbeer de viser au colossal. Il y visa peut-être. Ce qui est sîlr, c est que dans
l'opitiion des contew/iorains il eut la bonne fortune d'y atteindre, et non, par le
simple elTel d'un accident heureux. Avant de se récrier contre celle opinion, bien
faite aujourd'hui pour surprendre, il vaut mieux lâcher de la comprendre, et
c est Telfort que nous allons tenter.
LA DRAMATURGIE DE MEYERBEER Vil
n'était pas plus tôt apparue, qu'elle n'inspirât aux contemporains le
souci de lui assigner son rang. C'est là une tâche que la posté-
rité se réserve et qu'il est sage de lui réserver.
Pour avoir oublié ce conseil de sagesse, la jeune génération
présente nous parait travailler inutilement contre la renommée de
Meyerbeer. Que cette renommée ait perdu de son éclat, c'était dans
l'ordre naturel, et peut-être dans l'ordre de la justice. Mais à quoi
bon surenchérir, et s'en prendre à ceux qui, tout en assignant à
Meyerbeer un rang sensiblement moins haut que celui jusqu'où
l'avait porté l'enthousiasme de nos pères, n'iraient pas encore
assez vite en besogne? Quel crime d'art a donc commis Meyerbeer
pour qu'on lui reproche ni plus, ni moins, ainsi que Ion fait aujour-
d'hui, d'être de trop dans l'histoire ?
Il y a donc, Messieurs, une « question Meyerbeer », que, pour
espérer résoudre, nous souhaiterions être sensiblement moins avancés
dans la vie : nous aurons vraisemblablement disparu avant que
l'heure de la réparation ne vienne. Essayons pourtant, sinon de
juger le procès, tout au moins de commencer à l'instruire.
T
Demandons-nous, d'abord, quel était l'état de la France artis-
tique, littéraire, et surtout dramatique au moment où Meyerbeer
vint s'installer en notre pays.
11 y vient et il s'y installe. C'est donc qu'il y juge le sol et le
milieu propices à l'art dont l'idée fermente en son esprit. Il nous
arrive d'Italie déjà célèbre. Mais s'il s'est fait connaître, il ne s'est
pas encore « situé ». Tel est, on le dirait du moins, son propre
jugement.
La France d'alors commence une crise : je parle de la France
intellectuelle. Nous sommes à l'aube du romantisme, et déjà le pro-
gramme du romantisme est presque rédigé. Imaginons Veyerbeer
méditant sur ce programme. La chose n'est guère facile, puisque
l'homme dont nous parlons est le moins romanesque des hommes et
vraisemblablement l'une dos âmes d'artistes les moins inclinées aux
VIII ACTES ET CONFÉBENCES
nouveaux « états d'âme ». Mejerbeer n'en va pas moins regarder,
interroger et s'interroger, consulter le milieu et consulter ses forces.
De cette double enquête, dont il va laisser les résultats mûrir,
dirons-nous que sortira l'idée d'une dramaturgie musicale person-
nelle et cohérente ? Oui, si l'on regarde aux œuvres : pas autre-
ment. Que Meyerbeer ait longtemps « porté » ses œuvres avant
de les produire, c'est l'évidence même. Qu'il ait réfléchi ses desseins
dramatiques avant de les réaliser, qu'il ait médité sur son art futur
en philosophe ou en critique, il est possible. Rien ne l'atteste.
Tout ce que nous savons par sa correspondance (et ce qui a été
publié de cette correspondance se réduit à un petit nombre de let-
tres) permet d'affirmer qu'il tenait, par- dessus toute chose, à être
l'homme de son temps et de son milieu. Autrement dit, son ambi-
tion n'est point précisément d'innover, mais de consolider, de suivre
ses contemporains, mais en vue de promouvoir, par après et jus-
qu'au plus haut degré de perfection possible, le genre de théâtre
inauguré par eux. Aussi ne dira-t-on pas peut-être de Meyerbeer
qu'il est le créateur de notre grand opéra national : et l'on n'aura
point tort On dirait plus exactement qu'il en a « fixé » le genre.
Il n'est point le créateur du genre : il accepte les offres de ses
librettistes et travaille sur les sujets à la mode. Scribe, son grand
collaborateur, a déjà fait ses preuves en compagnie de Boïeldieu,
qui lui doit sa Dame Blmiche, et d'Auber, qui lui doit sa Muette.
La Muette a précédé Robert le Diable, et aussi Guillaiime Tell, deux
œuvres acclamées. Richard "Wagner bientôt célébrera les qualités
dramatiques d'Auber... d'Auber ou de Scribe? On ne saurait
dire. — Ainsi le chemin est frayé et la marche bientôt y sera
facile, d'autant plus facile que la voie est libre. Auber, d'abord, est
« contraint » dans le grand opéra. Quant â Rossini, s'il vient de
faire « son » chef-d'œuvre, il s'aperçoit vite peut-être des inégalités
qui le déparent. 11 sait n'être jamais monté aussi haut, il sait aussi
l'œuvre inférieure à ce qu'elle aurait dû être, en raison même des
hauteurs atteintes. Au lieu d'écrire en vingt jours, comme à son
habitude, il s'est donné six mois de travail. C'est beaucoup pour
lui, l'effort est insuffisant quand même.
Ainsi un grand mouvement commence. Vienne l'artiste capable
LA DRAMATURGIE DE MEYERBEER IX
de produire sur la scène de notre Grand Opéra des drames tels que
ceux d'Alexandre Dumas, tel, entre autres, (\\x' HenrilTl et sa Cour\
s'il sait écrire pour ces drames une musique appropriée, le succès
est certain et même la gloire. Or cet artiste est déjà venu ; il tra-
vaille, et c'est toute une dramaturgie que, par la préparation de
ses opéras, il est en train de construire. De cette dramaturgie,
essayons une esquisse.
Nous n'apprendrons rien à personne si, négligeant d'ajouter notre
définition du romantisme aux définitions que l'on sait, et qui se trou-
blent les unes les autres, jusqu'à se presque contredire, nous consta-
tons que la crise romantique eut le caractère de toutes les grandes
crises de lart — en général — et de celui du théâtre en particulier.
Dune part, si l'homme a créé les beaux arts, c'est pour y chercher
un refuge contre les épreuves de la vie. Or qui veut se distraire de
la vie, ne saurait se réfugier ailleurs que dans la vie, entendons dans
une vie imitée de la vie réelle, dont il devient le spectateur, et dans
le spectacle de laquelle il se repose, ou de l'action, ou de la souf-
france. Ce passage de la condition d'acteur à celle de spectateur
impose à l'artiste, imitateur de la vie, certaines précautions dans le
choix des sujets et dans la manière de les rendre : pour distraire, il
faut plaire. Les moyens d'y parvenir, trouvant dans le succès une
occasion et même une raison de se renouveler, ne tardent pas à être
promus à la dignité de règles. Or, une excessive fidélité à ces règles
aboutit tôt ou tard à d'autres infidélités. Je parle des infidélités de
l'artiste à la vie son modèle; car, tandis que 1 art demeure captif des
règles, la vie évolue, autrement dit elle change et, plus elle change,
plus entre elle et l'art — l'art du théâtre — un divorce s'accentue.
Une crise est donc prochaine : une crise, qui, avant de remettre les
choses en bon ordre, commencera par semer le désordre, quitte à
bâtir, par après, sur des plans nouveaux, et, s'il se peut, sur une
matière nouvelle.
Ainsi le théâtre romantique voulut rapprocher l'art de la vie.
Meyerbeer de bonne heure s en rendit compte, e* son nmhition fui
d'en rapprocher la musique.
Ce qu il va tenter et même réaliser sera, dès lors, conforme à
l'idéal ropoantique. Ce n'est même pas assez dire, car, sans effacer
ACTES ET CONFÉRENCES
toute trace de l'influence italienne, loin de là, le nouveau théâtre
musical n'y sera plus asservi. On va sécarter des compositeurs
italiens du xviii° siècle, des « piccinisants », dont il semblait
à la France que le Rossini d'avant Guillaume Tell était le repré-
sentant illustre. Et donc Meyerbeer va s'affranchir de ce joug pour
ramener l'art théâtral plus prés de ses origines. Or, je vous le
demande, si l'opéra un beau jour s'était avisé de naître, par l'effet
d'une sorte de hasard, il n'aurait pas duré. Mais, puisqu'il a duré
c'est qu'il eit, possible d'unir étroitement la musique, je ne dis pas
seulement à la parole, mais aux mouvements d'une action drama-
tique. La réforme qui s'annonce est, dès lors, et en même temps,
une renaissance, une « réaction » si l'on y tient, nullement uu
« recul ».
Meyerbeer est d'ailleurs si peu disposé à réagir contre le goût musi-
cal de son temps, qu'il ne relèvera rien de ce que le romantisme vient
d'abattre. Il ne songera nullement à écrire des tragédies musicales.
Il se sentira plus à l'aise dans un genre moins tendu, moins austère,
très libre en ses allures, jusqu'à se permettre de temps à autre leâ
brusques changements et de ton et d'humeur. Le drame roman-
tique — et le redire, c'est répéter un lieu commun — est né au
contlueni de la tragédie et de la comédie. Résolu à ne traiter que
des sujets de drame, toujours afin de concilier les droits de l'art
avec ceux de la vie, Meyerbeer ne craindra pas de côtoyer
ropéra-comique et d'imiter, à sa manière, le plus scénique de nos
musiciens de théâtre, c'est d'Auber que je parle. De cette imi-
tation très lointaine, très indépendante d'ailleurs, très intelligente
aussi, sortiront bientôt les deux premiers actes de Robert et les deux
premiers actes des Huguenots. Ici l'élément du type comique, à une
scène près (scène nécessaire, puisqu'après tout, c'est au grand opéra
que nous sommes), domine sensiblement.
L'opéra comporte cinq actes, telle est du moins la règle nouvelle,
La juxtaposition des genres, entendons de l'élément comique et de
l'élément tragique, permettra dès lors de varier les sources d'émotion.
Il y a pourtant mieux à essayer ; la « fusion » dé ces genres. Elle
est, d'ailleurs, plus facile peut-être au musicien qu'à l'écrivain. La
symphonie se Test permise. Elle se lest permise surtout avec
LA DRAMATURGIE DE MEYERBEER XI
Beethoven, chez fjui l'on sait que les effets de contraste ont souvent
donné lieu à des moments mémorables. Meyerbeer s'en souvient :
il se montrera souvent habile au maniement des contrastes.
Et c'est l'orchestre qu'il en chargera. Ici, Messieurs, nom tou-
chons à l'essence de la dramarturgie nouvelle. Des oeuvres telles
que la Muette et Guillaume Tell ont pu en faire naître le « pres-
sentiment ». L'idée en est de source germanique.
On se méprendrait sur cette idée, si on la définissait, comme il a
pu jadis m'arriver de la définir : faire de l'orchestre le moteur
de l'action. Définition certes admissible, insuffisante pourtant.
Admissible : c'est la définition même du genre opéra. Insuffisante :
Meyerbeer pourrait être impunément retranché à l'histoire, s'il
n'avait essayé rien d'autre. Certes il a situé le moteur de l'action
dans l'orchestre. Mais il a, de plus, chargé l'orchestre de la
conduite même de cette action. De simplement chantante qu'était
cette action chez ses prédécesseurs, il l'a rendue symphonique.
De simple moteur qu'était avant lui l'orchestre, il en a fait un
conducteur. On bâillerait au théâtre de Meyerbeer, on y eût bâillé
dès son origine, si Ion n'avait écouté de ce théâtre que ce qui
se chante sur le « plateau ». Ainsi le centre de l'intérêt musical
sera désormais dans l'orchestre ; disons plus et disons mieux : dans
la symphonie sur laquelle les phrases chantées se détacheront.
L'intérêt musical est déplacé. La réforme est donc indiscutable et
aussi l'originalité du réformateur. Car nous allons éprouver deux
plaisirs à la fois : celui que l'on va chercher au théâtre ; celui que l'on
va demander au concert vocal ou instrumental, surtout instrumental.
L'avantage est précieux... à moins qu'il ne se paye d un inconvénient
du plus grave, le sacrifice du drame au concert. Alors, bien que par
des moyens nouveaux, nous serions rqjetés sur le « rossinisrae » ou
sur le « piccinisœe ». Comment vaincre la difficulté?
En essayant de rendre la symphonie dramatique. Aussi, puisque
le nouveau théâtre se promet d'être à la fois scénique et dramatique,
ou s'interdira autant que possible, ce qui est l'essence même de la
symphonie, à savoir le « développement » des liièmes. Pourquoi ?
Parce que, s'il en était ainsi, l'intérêt musical resterait indépen-
dant de l'intérêt dramatique, et le drame y serait de trop. Que l'on
XU ACTES ET CONFÉRENCES
compare une symphonie, surtout une symphonie du type Beetho-
ven (surtout, mais non exclusivement', à une action musicale, j'y
souscrirai tout le premier. Mais une action musicale peut s'accommo-
der d'un développement proprement dit et, pareillement, la tragédie
lyrique. La raison en est que la tragédie est oratoire et intérieure.
Le drame est, au contraire, extérieur, et l'on y « parle », au lieu
d'y « discourir ». Il en résulte que l'action y est perpétuelle, ou tout
au moins cet extérieur de l'action qui est le mouvement et le geste.
Et c'est en quoi le romantisme ne pouvait manquer d'aboutir au
naturalisme.
Si je viens de prononcer ce mot, c'est parce que, dans le drame de
Meyerbeer, la musique côtoiera le naturalisme et soulignera, selon
son pouvoir, et autant que le permettront ses ressources, les mouve-
ments et les gestes ; les entrées, les sorties ; les allées et venues sur
la scène; et cela, sans oublier les incidents du dialogue et jusqu'aux
changements du rythme intérieur qui accompagnent ordinairement
les crises passionnelles.
Or la musique ne saurait se rapprocher du genre naturaliste sans
dépouiller une partie des caractères communs au développement
musical, au développement oratoire. Heste à savoir, et une fois ces
caractères éliminés, comment on les remplacera.
Ne sait-on pas, d'expérience', (et l'on en trouverait les preuves
dans l'œuvre de Beethoven, dans ses sonates et dans ses sympho-
nies], que la rupture de la trame mélodique atteste chez le composi-
teur l'intention d'exprimer uu « mouvement de l'âme » ? Et il n'en
saurait être autrement, si le propre du mouvement passionnel est ou
d'interrompre ou de désorienter le cours habituel de nos états de
conscience. Généralisons la remarque. Aussitôt un type de sym-
phonie nouvelle s'ébauche dans notre esprit, où le développement
d un petit nombre de phrases fait place à un défilé de thèmes
aussi courts que possible, dont le va et vient correspond, soit au
mouvement des personnages, soit aux variations de leur humeur,
soit aux alternances de leurs rythmes passionnels provoqués tantôt
par un coup de théâtre, tantôt par le libre jeu des passions. Je nn
suis pas sûr que cette façon de briser le développement pour lui subs-
tituer un jaillissement incessant de membres de phrases soit appelé
LA KHAMATURGIE DK MEYERBEER XIII
à réussir partout. Je ne le conseillerais point au synaphoniste. . .
Encore s'il en profitait pour donner plus de vie à son (euvre sans lui
rien laisser perdre de son unité, je n'y trouverais guère à redire.
En m'exprimant ainsi, ce n'est point notre symphoniste imagi-
naire que je vise. C'est Meyerbeer à qui je pense, et qui, préoc-
cupé de modeler les incidents de sa symphonie dramatique sur les
incidents du drame, en va, de son mieux, sauvegarder l'unité.
D'abord, il ne multipliera pas les thèmes indéfiniment, au gré des
accidents de l'action. La chose n'a rien d'indispensable. Et chacun
sera de notre avis, s'il y a moyen de faire droit aux exigences de
variation issues des péripéties du mouvement scénique ou drama-
tique, sans se donner l'air d'imiter, en musique, la capricieuse
« mouvance » des dessins et des teintes dans le kaléidoscope. Ce
moyen peut-il se remontrer ? Oui, et il n'est guère sensiblement
moins vieux que la mélodie. Et il est la « modulation ».
On sait ce que c'est que moduler. On sait aussi ce que les « gram-
mairiens de la musique » entendent par les « tons relatifs ». La
théorie des tons relatifs limite le po'ivoir de moduler. Or on peut
s'affranchir de cette théorie En effet, de chacun des tons, ne peut-on
[.asser dans chacun des autres? Ef, pour me servir d'un exemple
n'ira-t-on pas immédiatement d'ut naturel à ut dièse, c'est-à-dire d(
la tonique du ton d'ut à la tonique du demi-ton .supérieur ? Mais ui
naturel n'est-il pas la sixte du ton demi bémol, et de l'un de ce.-; tons
à l'autre n"est-il pas pas possible de passer immédiatement?
Et voilà les vieilles barrières renversées! La modulation omnito-
nique est reconnue légale. Meyerbeer n'est point l'auteur de cette
légalisation. Il est de ceux qui l'ont fait passer dans les mœurs musi-
cales, et l'art ne peut que lui en être reconnaissant. La raodulatior
n'est-elle pas, en effet, le moyen de faire vivre un thème tout en lu":
conservant son dessin, d'y introduire la variété sans rien lui ôter
de son identité formelle. . . ou plutôt « morphique » ?
Aussi ne faut-il pas s'étonner de voir, chez Meyerbeer, la modula-
tion tenir la place que, chez Victor Hugo, tient déjà l'antithèse. A
l'art de la modulation Meyerbeer ne se sera point plus tôt essayé,
qu'il y sera passé maître. Même il lui arrivera de moduler sans
raison suffisante, par habitude, peut-être par coquetterie, par je ne
XIV ACTES ET CONFERENCES
sais (juelle complaisance pour un genre de sporL où Ton est toujours
Jrâr d'avoir partie g-ag^née.
La modulation servira donc à limiter la génération des thèmes,
tout en maintenant à l'action musicale ce « devenir » qui la rap-
proche de la vie. Mais il est dans les exigences de l'esprit musical ou,
tout au moins, dans celles dont l'esprit musical n'a pas encore abso-
lument consenti à se départir, de limiter le devenir thématique,
pour empêcher le plaisir dû à la variation de dégénérer en déplaisir :
en un déplaisir qui aurait pour cause le passage incessamment
ininterrompu ou d'un ton à un autre, ou d'un thème à un autre thème.
La librettiste, lui, a divisé l'action, puisqu'il a multiplié les actes et
que, tout en multipliant les actes, il les a partagés chacun en une
pluralité définie de scènes. Le même librettiste a sauvegardé l'unité
de chacun des actes et, dans chacun des actes, de chacune des scènes.
Autant d'obligations dont le compositeur ne s'affranchirait pas sans
péril .
Pour réaliser l'unité scénique, en partie déjà sauvegardée par les
modulations d'un même motif, Mejerbeer va s'aviser d'un moyen
directement tiré de la symphonie où le retour des thèmes Jalonnent
le développement. Il va écrire un thème, de huit, de douze ou de seize
mesures, destiné à reparaître comme un refrain dans les moments
où l'action du drame s'arrête ou se ralentit, afin de reprendre haleine.
La précaution est sage, car elle permet : à l'auditeur de se retrouver
et comme de se reconnaitre, puisque le voilà en présence d'une
phrase — et d'une vraie phrase — déjà rencontrée; au compositeur
de ne pas se donner un trop libre caprice dans le choix des « thèmes
de marche » ; je les appelle ainsi pour les opposer aux autres et qui
sont des « thèmes de halte ». Une phrase dont la destination est d'en-
cadrer ne peut servir de cadre à une matière musicale quelconque,
indéfinie en quaUté. Les jalons qui, de distance en distance, bordent
la route, ne sont pas des jalons inertes plantés après coup. Ils pour-
raient bien avoir été choisis avant que la route n'eût été tracée.
Autrement dit, les thèmes de halte ont inévitablement déterminé
les thèmes de marche. Ils ont limité l'invention de ces motifs
accessoires où il faut savoir éviter la profusion, ne serait-ce que pour
s'épargner le reproche d'indigence. En musique comme partout
LA DRAMATURGIE DE MËYERBÉER XV
ailleurs, l'excès dans le jaillissement des idées témoigne d'une inca-
pacité de les retenir et, par là-môme, d'en tirer parti.
Ce serait le moment d'appuyer ses affirmations d'exemples. Je
vous prierai doue. Messieurs, de relire en détail la vaste Introduc-
tion de Robert le Diable, ou le thème de halte, dit : le Chmir des
Buveurs :
Le vin {ie>'\ le jeu, les belles. . .
remplit la fonction d'encadrement. Dans l'intervalle des baguettes
de ce cadre mobile, une phrase va se mouvoir, monter, descendre,
s'égayer, s'assombrir, puis s'égayer encore ; une vraie phrase
d'opéra-comique « légère et court vêtue ». Elle tient deux mesures à
peine. Et donc elle est, ou ne saurait plus, apte au rôle dont je
parlais tout à l'heure, et qui est un vrai rôle d'éperon. Non seule-
ment la phrase sert d'éperon au mouvement scénique, mais encore
elle donne à l'action proprement dite son impulsion première, car
elle jaillit de l'orchestre au moment même où Alice, sœur de lait de
Robert, et son fiancé Raimbaut, arrivent « comme par hasard d, en
réalité, pour sauver Robert des pièges de Bertram. Et comme
cette arrivée, surtout celle d'Alice — que Robert se gardera bien
de reconnaître tout d'abord — met nos chevaliers de bonne humeur
en excitant leur jovialité et leur convoitise !
Au même acte de Robert le Diable, dans le final —un final plein de
verve, encore qu'assez niédiocreuient infernal — la phrase de pivot
sera extraite de la Sicilienne et le thème écrit sur les fameuses
paroles :
L'or es' une chimère !
servira de jalon : de jalon mobile, car ici les moments de reprise
d'haleine seront courts, ainsi que, selon la « poétique » du temps,
les règles du final l'exigeaient. Mais ce ne sont point ici les différences
qu'il faut signaler à votre attention, puisque c'en est plutôt le
contraire; la constance de la méthode, sa clarté sa sûreté, pour ne
rien dire d'une richesse thématique, qui, en ce temps là, surprenait
les contemporains.
Cette richesse s'atteste par l'aisance avec laquelle les thèmes sor-
tent les uns des autres, qualité que Meyerbeer partage avec Auber,
XVI ACTES ET CONFÉRENCES
cette qualité est très française, si elle ne l'est pas exclusivement .
Mais l'avantage est du côté de Meyerbeer, si l'on a égard à la
multiplicité des moyens : ici, la modulation ; ailleurs, le changement
de rythme; parfois des contrastes, nulle part de disparates. L'écueil
était là, et toujours le compositeur passe, non point au large, mais
à distance. Il n'est guère de musique ni plus mouvante, ni plus
vivante ; et elle reste « musique ». Je n'en veux d'autre preuve que
l'aisance avec laquelle ces « morceaux de morceau » une fois perçus
par l'oreille, entrent dans la mémoire, et presque, s'y établissent à
demeure. Ces thèmes, dont les plus courts ne sont guère que des
" figures rythmiques », sont destinés à la « récitation ». Ils sont
faits pour être chantés au-dessus de V orchestre. Mais c'est l'orchestre
qui les met en valeur.
Voilà donc une dramaturgie assurément nouvelle et dont chacun
des exemplaires marquera une date dans l'histoire de notre théâtre.
Je ne cr.nns pas d'ajouter que le premier acte de Rohnl le Diable en
serait l'exemplaire le plus parfait et le plus significatif, si la psycho-
logie musicale y était moins intermittente. Vienne le quatrième
acte des Huguenots : nous aurons, cette fois, ei de la vraie psychologie
et de la vraie musique. Et nous nous apercevrons que la drama-
turgie est restée constante. C'est toujours le système des « volets »
qui aura prévalu. Ici je me sers, à dessein, d'un mot emprunté au
vocabulaire de la peinture, puisque la scène de la Conjuration et de la
Bénédiction des Poignards peut se comparer à une suite de tableaux
inspirés par un sujet unique. La même comparaison s'appliquerait à
la grande scène du prêche anabaptiste premier acte du Prophète) .
Je n'en dirai point autantdu fameux acte de l'Eglise, un chef-d'œuvre
de Scribe, où le musicien suit les indications du librettiste, ce qui
lui vaut des instants admirables..., rien que des instants. Ici les
« jalons » ont manqué.
Nous connaissons la dramaturgie de Meyerbeerdans ses principes.
Pour l'otudier dans ses conséquences, un livre ne serait pas trop.
Ce soir je m'en tiendrai à quelques brèves remarques : 1° sur le
récitatif ; 2° sur le personnage musical.
LA DRAMATUBGIE DE MEYERBEEB XVII
II
Le récitatif, chacun le sait, c'est l'une des maîtresses pièces du
drame lyrique. Réciter n'est ni parler, ni chanter. Ce n'est point par-
ler, puisque l'on j parle en musique; ce n'est point chanter, puisque
l'on n'y fait point de phrases musicales. Le récitatif n'est donc pas
« mélodique », et s'il se libère du mouvement régulier nécessaire à
la mélodie, il n'en devient que plus expressif. Le récitatif est là pour
sauvegarder u les droits de la vie ». On sait avec quel art, et sou-
vent avec quel bonheur, il est arrivé à Gluck d'enchaîner étroitement
le récitatif à la mélodie chantante de manière à presque effacer
la transition. Meyerbeer ne tentera pas autre chose. Je n'irai point
jusqu'à prétendre qu'il imitera Gluck : il ne l'iniitera même pas « à
sa manière » . On ne peut dire d'un artiste qu'il s'inspire de tel
ou tel maitre, lorsqu'il ne fait que se conformer à l'une des lois les
plus générales de son art. Et nul ne me contredira quand j'aurai
rappelé que l'opéra serait resté le plus faux des genres, si le réci-
tatif et le chant, proprement dit, n'avaient, dès l'origine, cherché a se
rejoindre. L'union fut prompte. Plus tard ce fut la désunion. Et Ton
peut dire que ce divorce sévissait dans l'opéra italien dès les pre-
mières années du xix* siècle ju>que dans l'opéra de Possini.
La réforme du récitatif, telle que Meyerbeer va l'entreprendre, et
conformément à sa dramaturgie, est déjà impliquée dans les principes
de cette dramaturgie même : dans ses principes ou, tout au moins
dans ses « habitudes générales ». Il s'agit de resserrer ce que le
mauvais goût des auteurs et l'indolence des compositeurs ont laissé
se détendre : il s'agit de rendre le récitatif plus musical, sans
rien ôter à ses vertus expressives. Mais c'est déjà chose prescjue
faite. Car ces morceaux de thèmes qui circulent d'un ton à l'autre
dans les scènes d'ensemble peuvent être considérés, à volonté, ou
comme des membres de mélodie en état de vagabondage, ou comme
les fragments d'un récitatif, entendons d'un récitatif en veine de
conversion Ne nous demandons pas à ce propos comment Gluck en
aurait jugé, Gluck ou quelqu un de son école. (ïluck, c'est la tra-
ACT. ET CONF. B
XVIII ACTES ET CONFERENCES
gédie, Meyerbeer, c'est le drame. Gluck, c'est la passion intérieure,
et que l'on sent couver ; Meyerbeer, c'est la passion qui fermente,
mais pour éclater ensuite et se traduire, aux regards de tous, en
gestes et en paroles. Ne savons-nous point que le théâtre roman-
tique, s'il s'adresse à l'âme, chose qu'assurément il serait en grand
embarras de s'interdire, s'adresse principalement aux oreilles et aux
yeux?
Et c'est pourquoi l'action de la symphonie se fera sentir jusque
dans le récitatif, où l'orchestre ne s'en tiendra plus au rôle de
soutien ou de régulateur. L'orchestre, chez Meyerbeer, — et
c'est ce qu'il ne faut pas craindre de redire, — n'abdique jamais. Se
permet-il de rares minutes de silence, c'est pour n'en rendre que plus
certain l'effet d'une rentrée prochaine. Aussi des phrases d'orchestre
souligneront presque partout les récitatifs, j'en atteste le premier
acte de Robert, le cinquième des Huguenots, sans oublier les deux
exemplaires d'assez belle venue que sont Y Evocation de Bertram et
le Songe de Jean de Leyde, où se seraient trouvés les sii^nes annoncia-
teurs du rêve d'Eisa *, si Lohengrin ne s'était avisé de précéder de
deux ans le Prophète.
Ajoutons que des moments de « récité » jalonneront parfois les
trios et les duos. Et il ne faudra pas s'en plaindre, si ces moments ser-
vent à relever, par la vérité de l'accent dramatique, les lourdeurs et
les banalités du style -. J'indique là des remarques à faire pressé
quejesuisde vous entretenir, aussi brièvement que possible, des
« créatures » de Meyerbeer autrement dit de ses personnages.
1. La comparaison est ini,lruclive. On a dit souvent de la dramaturgie wagné-
rienne que ses appli-alions lui auraient enlevé toute efficacité, si elle n'avait
trouvé, pour la mettre en œuvre, tin musicien de génie. Meyerbeer n'est pas un
musicien de génie, son œuvre n'en reste pas moins intéressante et \' originalité dt
sa conception d'art n'en sauva pas moins, en son temps, les défaillances de
« Tapplication »•
2. Dans le grand duo de Raoul et de Valenline, il faut bien avouer que le
• oui! tu l'as dit. , » mis à part, le style manque de noblesse. Verdi n'écrira
pas avec plus de négligence et il aura plus de jet, plus d'élan véritable.
LA DRAMATURGIE DE MEYERBEER XiX
III
La théorie du personnage musical, ou plutôt l'éveil de l'attention
publique sur la nécessité qu'il j ait, dans l'opéra, de tels personnages
remonte à VAlcesIe de Gluck. Cette fois encore, il faut répéter ce que
l'on disait tout à l'heure : de même que le récitât if est « essentiel » à
l'opéra, le personnage musical n'en est pas moins impliqué dans
l'essence du genre.
On sait à quel degré s'est élevé l'art de « personnifier » dans le
drame de Richard Wagner. On surpassera difficilement, à ce point
de vue, l'auteur de la Tétralogie. Meyerbeer a certes moins exigé de
lui-même. Là encore, à mon sens, il s'est montré curieusementintel-
ligent et habile. Lui et son collaborateur, car ici le collaborateur a sa
part de mérite, ont adopté une méthode dont la moindre qualité est
d'ê Te simple et naturelle . Cette méthode consiste à « diviser » le
personnage. F^ar exemple, Bertram, qui est Robert le Diable,
cumule deux fonctions dramatiques, trois même au besoin.
Il est damné, donc ennemi de Dieu et des créatures de Dieu, à moins
qu'il ne les ait déjà séduites. Il est roi des Fnfers, ou du moins il le
dit', ce qu'il doit savoir mieux que personne. Il est donc, en un sens,
un personaage auguste, puisqu'il est au sommei de la hiérarchie des
diables. Enfin, et ceci nou^ vaut plus d'un des moments drama-
tiques de la partition, il a séduit la mère de Robert : le fils de la
reine de Normandie est le fils de Satan. Cela, nous ne l'apprendrons
qu'au dernier acte , mais à l'acte troisième, pendant la val.se infer-
nale, la musique fera tout son possible pour nous le faire pressentir.
Ainsi pendant l'acte troisième de Robert, que l'on pourrait nommer
« l'acte de Bertram », le sombre personnage se montre à nous sous
plusieurs aspects : tentateur des hommes -, épouvante des femmes ',
1. Car il lui arriva de se démeatir. Au début du iroi-sième acte il se considère
comme uu simple • ange déchu •. Au moment de VËvocatioa il se douue le liire
de Roi.
2. Troisième acte : duo bouffe du début.
3. Troisième acte : duo entre Bertram tt Alice.
XX ACTES ET CONFÉRENCES
père du héros, et pendant la mémorable scène de ['Evocation, roi
du « sombre empire » ainsi qu'il est dit dans le livret.
I a méthode de division dont il est ici parlé se retrouvera dans la
Juive, de F. Halévj, où le personnage d'Eléazar sera pareillement
« découpé ». Elle se retrouverait facilement ailleurs, antérieure-
ment à Robert, jnsciue dans i'opéra-comique et, en particulier, dans
le Zampa d'Hérold. Meyerbeer l'a donc ado[)tée : il ne l'a pas inau-
gurée. Ces réserves faites, reconnaissons qu'il a surpassé ses rivaux,
et que son talent l'y aida. Car, tandis que les émules ont recours
à ce que, faute d'un terme meilleur, j'appellerai la « psychologie
vocale », c'est à l'orchestre que Meyerbeer demande ses moyens
d'expression, non point à la rencontre, mais parce qu'en lui s'in-
tersectent les dons de l'homme de théâtre et ceux du symphoniste.
On doit pourtant convenir que sur trois de ses personnages musi-
caux (en a-t-il été davantage, et quand on aura nommé Bertram,
Marcel (Huguenots) et Fidès [Prophète), n'en aura-t-on pas épuisé la
liste ?), le personnage de Varcel et celui de Fidès, conservent, d'un
bout à l'autre du drame, leur identité musicale. La méthode de divi-
sion n'était donc, chez Meyerbeer, qu'une méthode d'essai, qu'un
point de départ ?
II y paraît bien, à mesure que l'on examine les deux rôles de Fidès
et de Marcel. L'aîné des deux rôles, et de beaucoup, est le rôle
de Marcel. Et le meilleur des deux est encore celui de Marcel. Fidès
ne garde sa dignité (musicale) de mère que pendant quatre actes sur
cinq. Le cinquième acte, dont on dirait qu'il est sa propriété,
puisqu'elle ne quitte pas la scène, est l'un des plus médiocres
qu'ait écrit le compositeur '. Fidès y dégénère, non parce qu'elle y
vocalise, mais parce que ses vocalises la font « bavarder » Je n'ou-
blie point, au cinquième acte, la noble phrase :
O loi, qui m'abandonnes, etc. . .
On en peut extraire cin(i mesures admirables, pas une de plus.
Le reste y est de trop.
1. Où l'on pourrait dire que rapolhéose de Fidès a été — combien déplorable-
menl ! — sacriliée à celle de l'auliue Viardot. La irrande artiste méritait certes
LA DRAMATUHGIE DE MEYERBEER XXI
La Fidès de l'acte quatrième a plus de vraie grandeur. Son
« imprécation », alors qu'elle maudit le prétendu meurtrier de son
fils et qui n'est autre que ce fils, se recommande, par la profondeur et
la sincérité de l'accent... jusqu'au passage du mineur au majeur où.
de nouveau, elle déclame '. J'en dirais volontiers autant de la com-
plainte ; et à peine excepterai-je de ce genre de mésaventure l'^ir/oso
du deuxième acte :
0 mon fils ! Sois béni !
Là aussi il y a de la grandeur; de la grandeur et de la tendresse,
de la grandeur dans la tendresse. C'est le ciel qui bénit par le geste
delà mère, d'où la grandeur. C'est la mère qui transmet la béné-
diction du ciel, d'où la tendresse.
Pourquoi faut- il encore qu'en modulant de fa dièse mineur en fa
dièse majeur 2, la phrase, tout à l'heure discrète et sobre, tourne à la
périphrase et, par suite à la prolixité ?
Encore est-il que le progrès réalisé dans le personnage de Marcel
continue de porter ses fruits : à l'ancien procédé par l'analvse et
la division en succède un autre, et qui en est indiscutablement
l'opposé.
Car c'est un procédé de synthèse, où l'auteur vise à exprimer
simultanément : d'une part, le caractère général du personnage,
signe de son identité psychologique ; de l'autre, le sentiment
« momentané » qui l'anime. A ce point de vue, le personnage de
Marcel est l'un des mieux réussis qui soient au théâtre : George
Sand eut n?»guère le bon esprit de s'en apercevoir :
« Dites-nous comment avec une trentaine de versiculets insigni-
fiants, vous savez dessiner de telles individualités et créer des
1 Encore faut-il passer sous silence à l'acte IV du Prophète les • sanglots •
de Fitlès, qui pimnlent de vérilaLles < hoquets • — C'est \asituntion qui sauva
la musiqu*». c'est Scribe qui, celte fois, a sauvé Meyerbeer.
2. Ce n'est point le pas«ape du mineur au majeur qu'il faut regretter ici.
Fidès plaint son fils, qui a df» livrer Rertlie, sa fiancée, pour sauver sa mère :
d'où le mineur. Puis elle bénit celui qu'elle vient de plaindre: d'où l'ascension de
la phrase et, par suite, celle du mode. Que la phrase s'élève, soit. Mais elle
devrait • planer • et non « volli^er •. T,e compositeur faillit en m?me (omns aux
rèples du bon soûl et à celles de la psyholopie.
XXll ACTES ET CONFÉRENCES
personnages de premier ordre, là où l'auteur dulibretto n'a mis que
des accessoires? Ce vieux serviteur, rude, intolérant. fidèle à l'ami-
tié comme à Dieu, cruel à la guerre, méfiant, fanatique de sang-
froid, puis sublime de calme et de joie à l'heure du martyre,
n'est-ce point le type du luthérien (?) dans toute l'étendue du sens
poétique. . ., etc. »
Ces lignes, déjà citées', méritaient un rappel. Que George Sand
les ait écrites pour exprimer ce qu'elle a senti ou ce que l'on
sentait dans son entourage, je ne sais. L'essentiel est qu'il y soit
dit ce qu'il fallait dire, et que le rôle de Marcel est une forte créa-
tion. Car la rudesse propre au vieux huguenot, qui s^exprime et
presque s'étale au moment du pif l paf l pouf ! (Premier acte des
Huguenots) se retrouvera au moment du Te Deum, pendant la
fausse réconciliation de l'acte deuxième, et ce Te Deum, clamé par
Marcel seul, le sera sur un ton presque lugubre. Marcel prendra le
même ton, à l'acte suivant, pour implorer Dieu en faveur de Raoul,
et cette presque impossibilité de sortir de son caractère sera d'une
excellente psychologie. Même il ne nous déplaît pas qu'il soit assez
gauche dans sa façon de monter la garde autour des ennemis de
Raoul pour en effrayer inutilement Valentine ; assez gauche pour
imiter les accents du cor de chasse — ce diminutif de la trompette
guerrière — quand il voudra témoigner à l'amante de son maître sa
sympathie profondément compatissante. Si l'on venait prétendre
que Meyerbeer, ici, n'a point fait exprès, peut-être on aurait beau
jeu. Exprès ou non, Meyerbeer a eu l'inspiration heureuse. Volon-
taire ou non, cette inexpérience psychologique de Marcel est un
exemple de psychologie musicale heureusement appropriée. Et quand
on a dit cela de Marcel, on est encore loin d'en avoir tout dit.
En ejïet. si, plus tard, le moment qui aurait dû être pour le per-
sonnage de Fidès celui de l'apothéose, devient celui de la déchéance
et presque de la dégénérescence, l'acte cinquième des Hugitenots est
l'acte où le personnage de Marcel se « transfigure ». Et l'expression
1. (Lettrés d'un voyageur, p. 325, Pari?, Michel Lévy, 1857.'* Dans une leçon
faite à la Faculté des Lettres de Toulouse par M. Antoine Benoist, alors profes-
seur de littérature française. Cette leçon a été publiée par la Reviit des Cours ft
conférences, en 1894 ,
LA DRAMATURGIE DE MEYERBEKR XXIll
n'est pas exagérée. Souvenons -nous de la scène d'extase, où, comme
Sainte-Beuve aurait pu dire, Marcel marche au Calvaire du pas dont
il monterait au Capitole, On m'objectera que ce qu'il chante n'est
rien de plus qu'un excellent thème de marche militaire. Je répondrai
que pour faire marcher leur Polyeucte « à la gloire », ni Donizetti
— ce qui n'étonnera personne • — ni Gounod ne trouveront de tels
accents. Mais que dirons -nous du « trio des noces funèbres », sinon
que Meyerbeer y atteint le sublime, et par la sombre gravité de la
pensée musicale, et par la profondeur de la psychologie : d'une psy-
chologie intérieure, réfractaire à toute expression physique - ?
Rappelons-nous cette page, unique dans tout Meyerbeer, où Marcel
interroge et reçoit un serment d'amour en échange d'un pacte de
mort. Exceptionnelle par la beauté du style, cette page ne
s'écarte en rien des habitudes que l'on sait et qui caractérisent, nous
l'avons dit, beaucoup plus qu'une manière, à savoir « une méthode et
un art ». Ici comme partout, l'orchestre tient son rôle, un rôle de
ri^gu'ateuret de commentateur. Souvenons nous des « répons » de
la clarinette basse et des sons de la cloche d'agonie scandant les
silences.
On ne monte pas deux fois sur de tels sommets. On en peut
tenter d'autres. Et ce sera l'un des mérites du Prophète. Les
admirateurs des Huguenots ont vanté jadis l'effort de Mej'erbeer
pour caractériser musicalement les deux religions en conflit.
L'eff'ort est réel, témoins le « rataplan ! », vraie chanson militaire,
moins bien venue que celle du « pif! paf 1 pouf I », et le cantique des
femmes catholiques sur le passage du cortège nuptial, fort mal venu,
celui-là. Quant à la dispute qui termine l'acte troisième, on l'abrège
ordinairement, au théâtre, et peut-être ferait -on mieux de la
retrancher. L'efifori malheureux des Huguenots sera repris dans le
Prophète avec succès cette fois. Le personnage collectif du peuple
1. Dans son Poliuto ; Gounod dans son Polyeucte.
2. Ce que la psychologie du musicien ajoute à celle du librelliste, c'est, outre
TimpressioD de grandeur et de solennité, je ne sais quelle impression de • menace »
conforme à la situation, sinon exigée par elle. On dirait d'une menace planant sur
ces fiancés épris l'un pour l'autre d'un amour défendu, menace dont la mort seule
écartera les effets. Dans le chant de Marcel on sent passer des reflets de colère
divine.
XXIV ACTES ET CONFERENCES
anabaptiste nous vaudra des pages vigoureuses, d'un style large,
noble, élevé, nombreuses d'ailleurs, et qui ont permis au troisième
opéra de Mejerbeer de balancer les qualités, sinon la fortune du
second '.
IV
Nous voici, Messieurs, au terme de notre entretien, et l'instruction
de notre procès n'est qu'à demi close. Peut-être, cependant, en avons-
nous assez dit pour nous perm-^ttre d'espérer l'heure sinon pro-
chaine, du moins in-^vitable de la réparation. Car, si l'on ne saurait
c)ier aux mérites par nous soigneusement relevés et discernés, il
faut délibérément et résolument les inscr're au crédit du défendeur.
Mais le demandeur doit avoir son tour de parole ne serait-ce que
pour le résumé dos grief-'.
Premier grief. — L'e régime musical présent est un régime on les
compositeurs ne laissent rien sortir de leur plume qu'après l'avoir
tournée plus de sept fois dans l'encre: ils écrivent de très près, soi-
grneuîsement, diligemment, tantAt avec légèreté, tantôt avec vigueur,
mais cette plume est toujours attentive et si. volontairement, elle
appuie, jamais elle n'enfonce. Meverheer, lui. paraît bien réfléchir
avant de prendre la plume. Il ne l'a pas plus tôt en main, qu'il a
tout Vair de se laisser conduire par elle. Î1 n'a de force qu'aux dépens
de l'aisance, de légèreté qu'aux d-^pen^ de la srhce. Rarement
sourde à l'appel, aussitôt descendue, l'inspiration s'essouffle, et
trop souvent, laisse s'achever à la diab'e des thèmes qui s'étaient
annoncés ou gracieux ou grandioses En un temps où fleurit
l'amateur « de sensations d'art », où l'attachement fi la « nuance «
est ou passe pour être l'un des meilleurs critères de l'aptitude à la
sensation d'art, on se défie de tout ce qui est visible soit à l'npil nu.
1. Ti'œnvre est moins liomoïf'ne et siirlonl moins • prrn'liié»» ». On y est d'em-
bli^e (^HW^ le erpirl opc^ra, c'est-à-dire dnns le Hrame à crrand sppctac'e. Kt '«^s
Heiix actions s'intpr'-alenl . l'action particulière et l'action collective. 11 n'en reste
piis moins qvi» l'inspivation y est ^rénc^ralement haute et que les pajres ne man-
quent point on le style se recommande par autant d'élévation que de vifrueur.
LA DHAMATURGIE DE MEYERBEER XXV
soit même à distance. Or, il faut bien convenir que l'œuvre de
Meyerbeer résisterait mal à l'usage de la loupe et, à plus forte raison,
du microscope. Gardons-nous, ici. d'omettre une remarque dont la
négligence, eu d'autres temps que le nôire, surprendrait à bon droit.
Meyerbeer, en manquant de goût, peut manquer de grâce et parfois
de noblesse; il ne surveille pas ses alliances de sons, semblable à ces
écrivains cbez qui les alliances de mots, souvent assez fortuites, sont
trop souvent malheureuses Mais le souffle qui l'anime est générale-
ment robuste et sain : l'atmosphère que l'on y respire n'est jamais
déprimante, et à la respirer, si l'on n'y prend jamais le goût du
rêve, on n'y perd jamais le goût de l'action.
Deuxième grief. — Veyerbeer n'est pas original. Relisez plutôt,
nous dit-on, le Judaïsme dnns la Musique. Nous le relirons quand il
s'agira de nous expliquer sur les idées de Richard Wagner. Ces idées,
en ce moment, ne nous regardent pas. Y.i puis on peut se passer de
les connaître pour savoir que Meyerbeer, une fois en France, s'est
imprégné de notre esprit musical : pareillement en Italie, les
souffles rafraîchissants de la mélodie italienne avaient exercé sur
son imagination, du moins il l'a cru et il l'a dit, une influence salu-
taire. Que les Huguenots soient une œuvre d'influence française, nul
n'y contredira Qu'il y ait dans Robert le Diable deux actes à peu
près italiens, le second et le quatrième, c'est ce que chacun sait ou est
censé savoir. Ce que l'on sait moins, c'est que Meyerbeer ne rendit
pas à l'Italie ce qu'il en avait leçu. Ses formes mélodiques de
source italienne garderont toujours je ne sais quoi d'eniprunté,
nuisible à leur démarche. Ce que l'on oublie encore, c'est que dans la
musique des Huguenots les « formes » seules sont dessinées à la
française. Mais la force qui les met en mouvement, mais l'ensemble
des énergies sonores qui mettent ces formes en valeur et les con-
vertissent en forces véritables, mais la source de laquelle l'action
de la sym[)honie dérive, et jusqu'à cette symphonie même, autre-
ment dit, tout le principal, tout l'essentiel, rien de cela ne vient ni
d'Italie, ni de France, par où Meyerbeer dera ure bien l'homme de
son pays et de son temps, de son pays dans son temps.
Troisième grief, corollaire du deuxième. — Meyerbeer. n'étant
pas original, doit être rayé de l'histoire de la musiijue. La musi(iue
XXVI ACTES ET CONFÉRENCES
ne lui doit rien. Voilà qui est péremptoire et n'est point, d'ailleurs,
si mal raisonné. Car il se pourrait que l'histoire du théâtre musical
formât un chapitre distinct de l'histoire de l'art, et que les grands
maîtres de l'art voulussent être cherchés en dehors des maîtres du
théâtre. Admettons qu'il en soit ainsi, et que l'opéra ne soit point un
« genre musical » proprement dit. Alors le style n'y sera point
nécessairement de première main ; et sans être un écrivain de
premier ordre, on pourrait compter parmi les hommes de théâtre du
premier mérite. J'ai défendu cette opinion ailleurs; j'y reste fidèle.
Et pourtant je ne me laisse pas convaincre, et je ne me range pas
d'emblée parmi ceux qui « d'un sourcil plus que stoique o retran-
cheraient Meyerbeer à l'histoire musicale.
Je ne m'attarderai pas, Messieurs, à donner, de ma résistance,
des raisons nouvelles. Vous en savez les principales, celles-là
seules que je vous invite à retenir et qui résultent des faits sur
lesquels j'ai appelé votre attention. Car ce sont des faits que
je vous ai mis sous les yeux, des faits entourés de leurs circon-
stances, appuyés d'exemples sonores. Leur résumé sera notre
conclusion.
Souvenons-nous premièrement que Beethoven, s'il a trouvé le
genre symphonique en possession de ses traits essentiels, de telle
sorte qu'il lui aura suffi de marcher d'abord dans les pas de
Haydn et de Mozart, n'en est pas moins le rénovateur et le second
créateur du genre, en développant ses vertus expressives et, de
musicales qu'il les avait reçues de ses devanciers, les rendant
dramatiques.
Une rénovation de ce genre se peut-elle concevoir sans une
répercussion immense sur le drame musical? Kn travaillant pour la
musique pure et dans la direction où le poussait son génie, Beetho-
ven taillait donc de la besogne au premier musicien de théâtre assez
avisé et réfléchi pour pénétrer le sens général de son œuvre, et
en multiplier les échos avec ce parti pris de constance et même
d'insistance que le drame autorise.
Meyerbeer fut cet homme et c'est de quoi 1 histoire « de la mu-
sique », et non seulement celle du théâtre, lui gardera reconnaissance.
Au moment où il parut, n'était-on pas à l'aube d'une ère nouvelle,
LA DRAMATURGIE DE MEYERBEER XXVIl
l'ère du grand orchestre ' . Régénérée par les énergies neuves de cet
orchestre, la vie du drame n'allait-elle pas bientôt retentir à son tour
sur la symphonie et donner naissance au « poème symphonique » ?
Et c'est ainsi que la symphonie musicale et la symphonie théâtrale,
depuis trois quarts de siècle, marchent du même pas, ayant mis en
commun leurs ressources et leurs destinées
Meyerbeer fut un des promoteurs de l'alliance. Le jour où la pos-
térité voudra bien s'en ressouvenir, elle lui décernera les honneurs
du « linceul de pourpre », ce symbole double et de l'oubli qui tout
enveloppe, et de notre obstination à noter d'un signe durable ce qui
mérite d'être disputé à l'oubli,
1 . On trouvera dans les 50 premières pages de La Religion de la Musique
(Paris, Fischbacher, iu-12), par Camille Mauclair, de curieuses et suggestives
remarques sur celle < ère de l'orchestre > par où le dix-neuvième siècle musical
se distingue des siècles précédents. L'auteur, qui est poète, s'il n'est pas un
poète, déploie pour illustrer sa pensée, un luxe d'images parfois éblouissant. Il
écrit d'enthousiasme. Mais cet enthousiasme est l'efTet d'un l^'pe de musicalité,
émergé si l'on peut dire du • grand flot orchestral •. Je relève celle expression
curieuse. L'auteur qui a osé l'écrire est bien près de comparer la puissance de
l'orchestre à celle d'un • élément » nouveau,
El puisqu'il est ici question « d'orchestre • et d'orchestration, je prie que l'on
réfléchisse à nouveau sur la fameuse leçon laite en Sorbonne ,cf. L'évohition de
la Poésie lyrique en France, t. I, p. 196-206 , où Brunelière loue Victor Hugo
d'avoir « orchestré • les thèmes lyriques trouvés par Lamartine, comme s'il les
avait fait passer d'un régime simplement • vocal ■ à un régime • inslrumeutul ».
Ce n'est là qu'une manière de dire, mais qui correspond à une façon de sentir
ou plutôt d'être ébranlé. Ici peu nous importe le genre d'émotion excilé par le
poète des Orientales ou des Feuilles d' Automne. Ce qui nous intéresse, c'est la
dislinction neltemeul aperçue par Brunelière entre les effets d'nne voix et c«ux
d'un orchestre et qui équivaut à une différence de milieux. On « sympathise »
avec la voix humaine. Les voix de l'orchestre produisent des effets dont l'énergie
transporte, soulève, dompte. Les admirateurs convaincus de V. Hugo u ont-ils
pas usé et abusé de ces Irois verbes et d'autres verbes analojrues, de ceux qui
serrent à caractériser non point tant l'énergie humaine que l'énergie cosmique?
Le y émut : Israël Lévi.
VERSAILLES. — IMPRIMERIES CERF, 59, RUE DUPLESSIS,
DS
101
t. 62
Rçvue des études juives;
historia judaica
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