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^^ 3a.6»30X3^Ca(p-39),
|(—
GIPT OP
DANIEL JEREMY SILVER
tfci« HARVARD COLLEGE LIBRARY3S<^
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zedby Google
Oj-
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REVUE
DBS
ÉTUDES JUIVES
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ES. — I&lPniMERIES CERF, 59, RUB DUPLBS8IS.
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REVUE
DES
ÉTUDES JUIVES
PUBUCATIUN THIMESTRIELLE
DE LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
TOME TRENTE-SIXIÈME
PARIS
A LA LIBRAIRIE A. DURLACHER
83 •*•, RUB LAFATBTTB
1898
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LA
3N DE JOSÈPHE
n ALEXANDRE LE GRAND
itile que vouloir prouver, par le récit de
' d*Âlexandre en Palestine , que ce grand
tes rapportaient leur fondation, est entré
ilem et y a offert des sacrifices dans le
relations des auteurs grecs et latins, qui
nt toutes les entreprises conduites par
^e et qui décrivent d'une manière si précise
che le long de la côte phénioo-philistine,
te prétendue pointe en Judée. En outre,
devrions trouver au moins une brève men-
érusalem, indique clairement qu'Alexandre
I de Gaza, d*où Josèphe prétend qu*il partit
luse [Anabase, III, 1, 1) et qu'il avait hâte
uinte-Curce, IV, 6, 30) *. Il n'est donc guère
it après son long arrêt devant Oaza, il ait
) rendre en personne dans Tintérieur de la
iet Volkes Israël^ II, 324 et s., et la litlérBture indiquée
, 138, note 1 ; enfin, Niese, Oesehichte d$r grieehischen
'.j 83, et Willrich, Juden und Qriechen^ p. 1 et suiv.
ible qu'Alexandre, dans sa marche de Tyr à Gaza, eût
thèse a pour elle ce détail que Gaza est située plus au
que Josèphe parle de la réception faite à Alexandre à
Jérusalem. Mais ici aussi, il y a lieu d^exprimer les
le détour qu'il aurait fait en patlant de Gaza; Voir
1. 1
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2 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Si ces graves considérations sont de nature à affaiblir la vrai-
semblance du récit des Antiquités ^ le chapitre entier de cet
ouvrage n'est pas non plus conçu de façon à inspirer confiance.
Il s*y trouve des contradictions et, dans la disposition des faits, des
irrégularités qui prouvent indubitablement que le récit a été formé
de l'assemblage de plusieurs relations différentes par le contenu,
la valeur et l'origine.
Pourtant^ il convient de faire remarquer que le silence des
divers historiens sur ce point n'a pas par lui-même une impor-
tance telle qu'on doive refuser toute créance au récit si étendu
de Josèphe et renoncer à en rechercher l'origine et la valeur.
G*est ainsi que M. Schûrer, par exemple, ne le considère pas
comme historique quant aux détails, tout en admettant que le fait
en lui-môme n'est pas impossible ; mais le savant historien néglige
d'appuyer la première partie de sa proposition sur aucune preuve
tirée des sources et d'examiner, comme il le fait habituellement,
les particularités du récit. Récemment, M. Willrich, dans le
premier chapitre de son ouvrage consacré à la littérature Judéo-
hellénique, a essayé de résoudre ces questions si importantes au
point de vue de la falsification historique, en étudiant l'origine et
la tendance de la relation de Josèphe. Cependant, tout en exami-
nant avec beaucoup de sagacité les débris qui restent de la litté-
rature judéo-alexandrine, qui forme une des principales sources
de Josèphe pour l'époque des Ptolémée, il n'apporte pas dans
son étude une critique personnelle assez sérieuse ni ne sait s'é-
lever assez au-dessus de l'esprit de parti pour arriver à un ré-
sultat vraiment scientifique : <x II n'y a pas à douter, dit-il (p. 10),
que, pour l'auteur du passage des Antiquités, XI, 8, 5, c'est
Marcus Agrippa, l'ami de l'empereur Auguste, en l'an 15 avant
J.-Ch., qui a servi de modèle pour Alexandre, et que tout le récit
de Josèphe reflète la lutte entre les Samaritains et les Juifs sous
le procurateur Cumanus en l'an 52 après J.-Ch. » La méthode
qui le conduit à cette conclusion , qu'il prétend incontestable ,
et à d'autres conclusions analogues est un fâcheux résultat de
son éducation philologique et historique et montre bien com-
ment les préjugés peuvent troubler les facultés de l'esprit,
môme chez les savants. Nous ne voulons pas nous arrêter plus
longtemps sur ce point; nous nous proposons seulement de mon-
trer les diverses parties dont se compose la relation de Jo-
sèphe, d'étudier celle-ci autant que possible au point de vue de
ses sourceà et d'en déterminer la tendance et l'époque de la com-
position.
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LA RELATION DE JOSÈPHE CONCERNANT ALEXANDRE LE GRAND
LA RELATION SAMARITAINE ET LA RELATION JUIVE
AU SUJET D'ALEXANDRE.
Un coup d'œil superficiel jeté sur le récit des Antiquités, XI, 8,
permet d*y distinguer immédiatement trois parties.
L^une traite de Sanballat et de son gendre Manassé et des rap-
ports de Sanballat avec Alexandre ; la deuxième partie traite des
rapports du grand-prétre Jaddua et des Juifs avec ce même
monarque ; la troisième contient une courte description de l'expé-
dition des Macédoniens contre les Perses. Fait digne de remarque,
ces trois parties peuvent être disjointes sans difficulté. Elles nous
donnent un récit d'ensemble des expéditions et des victoires
d'Alexandre depuis le moment où il a passé THellespont jusqu'à
son invasion de la Pamphylie, Ant., XI, 8, 1 * ; dans 8, 3 (§ 313-314
de l'éd. Niese] nous avons ensuite les mesures prises par Darius ;
§ 316, la défaite de l'armée persane ; le § 317 raconte la marche
d'AJexandre sur la Phénicie jusqu'au siège de Tyr ; le § 320 décrit
la prise de cette ville et l'expédition contre Gaza en même temps
qu'il nomme le général perse qui défendait cette cité. Josèphe ne
fait pas d'autre mention des expéditions d'Alexandre, ce qui s'ex-
plique par le fait que l'auteur ne s'intéressait qu'aux événements
antérieurs à l'entrée d'Alexandre en Palestine. Il raconte donc
sous une forme très concise toute Thistoire de la guerre en Asie
jusqu'à Gaza et pas plus loin. Une seule chose dérange l'en-
chaînement du récit, devenu continu par suite de l'élimination
de certains passages, et éveille ainsi des doutes sur l'achèvement
définitif et l'unité de la composition, affirmés par M. Willrich (p.
6). En effet, après avoir annoncé, 8, 3 (§ 320), l'arrivée d'Alexandre
devant Gaza, Josèphe dit, 8, 4 (§ 325) : « Après sept mois passés au
siège de Tyr et deux mois au siège de Gaza, Sanballat mourut, et
Alexandre, ayant conquis Gaza, s'avança à marches forcées vers
Jérusalem. »Les dates sont si précises qu'elles peuvent être tenues
^ L'énumération des provinces conquises n'est pas complète, car il manque la
Pisidie. Ensuite, le passage se termine par les mots xaO()t>; êv ôcXXoi; Sê^ifjXwrai,
qne Josèphe emploie principalement dans le récit de l'histoire non-juive et qui
indiquent qa*il s'est borné à reproduire ce qui intéressait seul le sujet, bien qu'il en
sût davantage. Cf. à ce propos mon article dans Jetoish Quarterly Revieto, IX, p. 318
et 8uiv., et Unger^ dans Sittungiberichten der bayerischen Académie^ 1897, p. 233
et snÎT.
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^m"
A REVUE DES ÉTUDES JUIVES
pour des indications précieuses à cdté des autres renseigne-
ments déjà mentionnés sur Alexandre. On peut seulement se
demander pourquoi ces dates se trouvent ici au lieu d*étre à leur
vraie place, ou, pour parler plus exactement, pourquoi Tauleur a
répété en partie le récit de la conquête de Tyr. Il faut probable-
ment en chercher la raison dans les événements qui sont rapportés
en connexité avec le récit en question, c'est à dire la mort de
Sanballat, dont la relation forme le noyau du récit.
Nous avons déjà remarqué que ce sont les intrigues de San-
ballat qui forment le contenu d'une partie de la relation qui
nous intéresse. Il faut dès à présent appeler l'attention sur ce
point que, dans tout le récit de 8, 1, jusqu'à la fin de 8, 5, il
n'est pas dit un seul mot contre les Samaritains eux-mêmes et
qu'il n'en est môme pas fait mention. Il est question exclusive-
ment du gendre du gouverneur Sanballat, Manassé, et de ses rap-
ports avec son beau-père; Manassé est le personnage principal
autour duquel tout se meut et qui fait agir également Sanballat.
Le récit commence par exposer la position de Manassé à Jérusa-
lem, puis rapporte sa déclaration touchant Sanballat et la ré-
ponse décisive de ce dernier, et, enfin, raconte comment Manassé
et son parti s'éloignèrent de Jérusalem pour se rendre auprès
de Sanballat. Dans 8, 3, l'auteur raconte les démarches de San-
ballat pour accomplir la promesse qu'il avait faite à son gendre de
lui assurer la dignité de grand- prêtre. Il espérait l'obtenir de
Darius, mais, quand celui-ci fut défait, Sanballat se détacha de lui
pour embrasser la cause d'Alexandre (8, 4), et cela, comme il
est dit formellement, au début du siège de Tyr. C'est pendant ce
siège quMl atteignit son but; il mourut après les sept mois du
siège de Tyr et les deux mois de celui de Gaza. Ce détail chro-
nologique, donné par Josèphe, que Sanballat se rendit auprès
d'Alexandre lorsqu'il commença à assiéger Tyr, se concilie diffi-
cilement avec la succession des faits racontés par notre auteur.
En efiet, quelques lignes auparavant, là où est mentionné
l'échange de lettres entre Alexandre et Jaddua, Josèphe rapporte
déjà la conquête de Tyr et le siège de Gaza ; il y est donc déjà
question d'événements postérieurs à ceux qu'il raconte dans notre
chapitre. Comme il est impossible d*accuser Josèphe de légèreté
et qu'il est certain que No(x{(ia; Se xaipbv eTuiTiiSeiov eyeiv 0 Sav^aXXà-
'^fi^i 'ri'iç è7cipoXï|ç Aapeiou {jlsv àTuéyvo) (8, 4, § 321) n'est pas la suite
de ce qui précède immédiatement, mais du récit de 8, 3 (§ 316)
relatif aux défaites de Darius et à la marche en avant d'Alexandre
en Syrie, il en résulte que nous avons ici deux relations juxta-
posées. Or, nous avons déjà vu qu'une autre mention se trouvant
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LA RELATION DE JOSÈPHE CONCERNANT ALEXANDRE LE GRAND 8
à la an du récit de Sanballat, et concernant la durée du siège
de Tyr, dérange également l'unité du récit. Il résulte de ces
deux constatations que la mention de rechange de lettres entre
Jaddua et Alexandre n'est pas à sa place véritable et interrompt
fâcheusement la relation sur Sanballat. Si nous éliminons ce
passage, les récits se suivront ainsi : « Alexandre s'avança alors
en Syrie, prit Damas, assiégea Tyr (8, 3). . . Sanballat jugea cette
situation favorable à Texéoution de son projet, etc. (8, 4). » Nous
voyons par là que le récit de Josèphe se compose d'une rela-
tion sur Sanballat et d'une antre traitant de Jaddua, et que la
première est interrompue par un paragraphe qu'on y a ajouté de
la seconde. Comme celle-ci traite d'événements qui se passèrent à
la môme époque que les faits racontés dans la première relation,
et comme ces événements, malgré leur simultanéité, sont décrits
dans deux relations différentes, on peut en conclure que les deux
récits sont indépendants l'un de l'autre et, autant que l'ana-
lyse que nous en avons faite ici autorise un jugement, qu'ils ne
peuvent guère provenir d'un seul et même auteur. La réunion des
deux relations peut être attribuée à Josèphe lui-même, qui,
comme nous aurons encore l'occasion de le voir, a encore apporté
d'autres remaniements aux récits quMl a utilisés, ou bien elle a pu
déjà exister avant lui. Le but du récit concernant Sanballat, qui
est le seul que nous ayons examiné jusqu'ici, peut être déduit avec
vraisemblance du contenu : c'est le désir de Sanballat de con-
struire, pour son gendre Manassé, un temple dont celui-ci pourrait
être le grand-prêtre. L'auteur n'a pas voulu se contenter de don-
ner simplement cette indication en passant, pour se consacrer
plus particulièrement à Texposition des campagnes d'Alexandre ;
cela ressort de l'ensemble de la relation, du commencement à la
fin, et surtout de la conclusion qui, après le récit de la construc-
tion du sanctuaire, ne mentionne plus que la mort de Sanballat.
C'est que l'intention de l'auteur était probablement de donner
l'histoire de l'origine du temple du mont Garlzim.
La troisième partie de l'histoire d'Alexandre, dans Antiquités^
XIj 8, traite, comme nous l'avons déjà dit, des rapports du
grand-prêtre de Jérusalem avec le roi. D'abord, l'auteur rapporte
la lettre d'Alexandre à Jaddua, le sommant de se soumettre et
de mettre à sa disposition des soldats et des vivres, ensuite la
réponse négative du grand-prêtre et la menace provoquée par
celle-ci de la part d'Alexandre. C'est cette relation qui inter-
rompt le récit concernant Sanballat et qui, comparée aux dé-
tails de ce récit, donne lieu à des constatations intéressantes.
Tout d'abord nous devons signaler brièvement une première dif-
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6 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Acuité. Alexandre menace de châtier le grand-prétre, aussitôt
qu'il en aura fini avec Tyr. Pourtant, cette ville une fois prise,
Alexandre ne marche-pas contre Jérusalem, mais contre Gaza, et
notre auteur omet de dire pourquoi le roi a renoncé à son projet.
Ce silence nous parait encore moins compréhensible si nous réflé-
chissons qii'il aurait été plus vraisemblable qu'Alexandre marchât
de Tyr, le long de la côte, jusqu'à Joppé et de là sur Jérusalem,
plutôt que de partir de Gaza, qui est située plus au sud. Il me
semble donc que, d'après le récit primitif que Josèphe a eu sous
les yeux, Alexandre s'est rendu eflfectivement, comme il avait
menacé de le faire, de Tyr à Jérusalem et que c'est le compila-
teur, en refondant maladroitement ce récit, qui a indiqué Gaza
comme point de départ d'Alexandre. 11 est vrai que cette opinion
est contredite par la fln du récit qui nous montre Alexandre mar-
chant de Tyr contre Gaza et commençant le siège de cette der-
nière ville. Mais si Ton tient compte des considérations ci-dessus
indiquées et qui seront encore corroborées par une autre, cette fin
doit être regardée comme étrangère au récit concernant Jaddua S
tandis que la remarque de 8, 4 (§ 325) : « Alexandre, après avoir
pris Gaza, marcha contre Jérusalem », ne peut être expliquée que
comme une intercalation de celui qui a remanié ces récits.
En tout cas, nous voyons Sanballat, comme Jaddua, en rapports
avec Alexandre à Tyr, le premier en personne, l'autre, par cor-
respondance. Ces rapports ont-ils réellement existé et ne sont-ils
pas imaginés d'après la vraisemblance? Car Alexandre avait,
en effet, consacré les loisirs que lui laissait le siège de Tyr à pré-
parer la soumission des populations syriennes^. Or, si la dernière
hypothèse est vraie et si nous sommes en présence d'une fiction
partielle, qu'y a-t-il au fond de cette histoire de Sanballat et de
Jaddua mis en scène simultanément, quoique de façon si diffé-
rente ? Droysen (Oeschichte des Hellenismus, III, 2, 201 et suiv.)
prouve qu'Alexandre aurait séjourné dans diverses parties de la
Palestine, à Jéricho en deçà du Jourdain et, au delà, à Dium et
à Gérasa, ce qui serait en faveur de la véracité de la relation de
Josèphe. Willrich (p. 18 et suiv.) a contesté avec raison la force
probante des passages cités par cet auteur. Car, dit-il, si Pline
\Hist. Nat.y XII, 25, § 117), en décrivant les plantations de
baume de JérichO; dit : « A)exandro Magno res ibi gerente toto
^ Il est certain que ce récit n'a pas parlé de la marche d'Alexandre contre Jéru*
salem, puisque nous voyons qu'il ne s'occupe que de Sanballat ; la phrase de S, 4
(§ 325) : < Alexandre, après la prise de Gaza, marcha à la hftte contre Jérusalem >,
n^en fait donc plus partie.
1 Droysen, I, 288 ; Niese, I, 80,
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LA RELATION DE JOSÈPHE CONCERNANT ALEXANDRE LE GRAND 7
die aBstivo unam concbam impleri jastum erat », cette mention
n'est faite très probablement que pour déterminer exactement la
date. Mais il eût dû encore faire remarquer que Pline, en ce qui
concerne les plantations de baume de Jéricho, copie textuelle-
ment Théophraste * ; il est donc vraisemblable que le renseigne-
ment qu'il lui a emprunté concernant Alexandre provient d'une
source presque contemporaine de ce roi. A supposer môme
qu'Alexandre ne fût pas à Jéricbo, ses soldats y furent sûrement,
et c'est sous leur protection que les savants qui suivaient l'armée
ont pu s'y livrer à leurs recherches. L'assertion de VEtymologi^
cum Magnum que Gérasa fut fondée par Alexandre et celle
d'Etienne de Byzance relativement à Dium * ont une valeur histo-
torique, malgré la fausse étymologie donnée à propos de la pre-
mière ; elles indiquent, en tout cas, que ces deux villes ont été
fondées par les généraux qui commandaient dans les environs.
De même, M. Willrich (p. n), sur la foi du Syncelle et d'Eusèbe,
montre que Samarie fut transformée en colonie macédonienne
par Perdiccas, sur Tordre d'Alexandre. Il est donc clair que les
généraux ou gouverneurs d'Alexandre ont séjourné dans diverses
régions de la Palestine. Il est vrai que tout cela a pu avoir lieu
après qu'Alexandre eut quitté la Syrie, pendant les années d'ad-
ministration. Toutefois, les rares renseignements que nous avons
sur la prise de la Syrie laissent supposer que la Palestine aussi
dut être conquise par les armes macédoniennes. Car Arrien (II,
20, 4) raconte qu'Alexandre employa le temps nécessité par les
préparatifs du siège de Tyr à faire une incursion chez les Arabes
de TAnti-Liban ; de môme Quinte-Curce (IV, 3, 1). Déjà précé-
demment la Célésyrie, qui a Damas pour capitale, avait été attri-
buée à Parménion et conquise par lui (Quinte-Curce, IV, 2, 1 ; cf.
Arrien, II, 13, 7j. On voit par là qu'Alexandre avait envoyé en
avant une troupe pour s'emparer des alentours de la ville, qu'il
prévoyait devoir l'arrêter assez longtemps. Des faits analogues
ont pu se passer pendant le siège de paza, et, en effet, Arrien
(II, 25, 4) rapporte que le reste de la Syrie, nommée Palestine,
était déjà tombé au pouvoir d'Alexandre, avant que Gaza ne se
fût rendue. Comme, d'autre part, Arrien raconte la marche rapide
d'Alexandre contre Gaza, il est clair que Samarie et Jérusalem
avaient déjà dû tomber au pouvoir des Macédoniens pendant le
siège de Tyr. Le silence des chroniqueurs permet de supposer
qu'elles se soumirent sans résistance. La relation concernant San-
* Voir Bernays, Theophrastos* Schrift ûher Frômmigkeit^ p. 110, nolel; Reinacb,
Textes d'auteurs fft-eet, 275, notel ; Schûrer,^ 1,^13, note 36.
« Voir Schûrer, U, 100, noie 24I, et 102, et Quinle-Gurce, IV, 5, 13.
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8 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ballat répondrait donc à la réalité ; mais s'il est permis d'établir
des conclusions d'après la vraisemblance» la relation concernant
Jérusalem devrait quand môme son origine à la action. Pourquoi
cette fiction?
Il faut d'abord encore examiner dans quels rapports la partie
du chapitre de Josèpbe dont nous avons parlé en premier lieu,
c'est-à-dire la description des campagnes d'Alexandre, se trouve
vis-à-vis des deux autres : fait-elle partie du récit consacré à San-
ballat et à Manassé ou de celui qui se rapporte à Jaddua» ou bien
a-t-elle été intercalée par Josèphe, comme un supplément destiné
à résumer toute cette histoire? Cette dernière hypothèse s'applique,
selon toute vraisemblance, à 8, 1^ le paragraphe d'introduction au
récit des victoires d'Alexandre en Asie-Mineure ; en efiet, on re-
connaît que ce paragraphe est de la main de Josèphe, non seule-
ment à la phrase finale xaôùx; év aXXoiç oeSVjXcoTat, mais encore à ce
que son contenu n'a aucun lien avec les événements rapportés ici.
Par contre, 8, 2, forme la suite immédiate de 7, 2. Aucun de ces
deux indices ne se trouve dans les morceaux intercalés dans le récit
lui-môme, de sorte qu'ils ne peuvent guère ôtre attribués à Josèphe.
Car, si dans 8, 3 (§ 313-314), nous essayons d'éliminer la descrip-
tion des pertes subies par Darius, nous aurons dans Thistoire de
Sanballat une lacune sérieuse, et ses actes ultérieurs deviennent
tout à Tait incompréhensibles. Le paragraphe 315, le seul qui, dans
ce morceau, traite de Sanballat, ainsi que le passage Aape(ou 8(ivToç,
dans 8, 2 [§ 314), supposent l'exposé des rapports de Sanballat avec
Darius. Nous sommes donc ainsi amenés à reconnaître que les ren-
seignements concernant Darius font partie intégrante et indispen-
sable du récit relatif à Sanballat. Il en résulte, avec vraisemblance,
que le dernier paragraphe de 8, 6, quoique séparé du récit de San-
ballat par un long morceau, en fait également partie. Car il parle
des troupes amenées par Sanballat à Alexandre, dont il est ques-
tion dans 8, 4, et on ne le comprend que grâce aux explications
données en cet endroit, tandis que ce passage n'a rien de commua
avec les détails rapportés immédiatement avant. Du reste, il
s'adapte fort bien comme suite à la nouvelle de la mort dans 8, 4
(§325).
Une autre considération nous fait encore croire que les détails
concernant Alexandre et Darius appartiennent à l'histoire de San-
ballat. En effet, si on compare celle-ci avec le récit relatif à Jad-
dua, au point de vue particulier des indications qu'ils contiennent
au sujet des rapports d'Alexandre et de Darius, on constate aus-
sitôt que l'histoire de Jaddua^ quoique égale en étendue à l'autre
histoire, ne contient pas môme un mot sur les entreprises et les
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LA RELATION DE JOSÈPHE CONCERNANT ALEXANDRE LE GRAND 9
victoires d*AIexandre, rien enfin qui soit en dehors des événements
qui eurent pour théâtre la Judée *. Par contre, le récit concernant
Sanballat contient une description exacte, quoique brève, des pré-
paratifs et des défaites de Darius ; cette description est bien plus
longue toutefois que cela n*est nécessaire pour Tintelligence des
résolutions de Sanballat. 11 en résulte que nous ne pouvons guère
attribuer ces renseignements au chapitre relatif aux rapports
d'Alexandre avec les Jérusalémites, mais au chapitre concernant
Sanballat, où ils se trouvent effectivement. Il est vrai qu'il ne s'en*
suit pas que ces détails sur Darius se soient trouvés sous la forme
qu'ils ont actuellement dans la source où Josèphe a puisé. Il est
plus vraisemblable que Josèphe a ajouté ici beaucoup de détails
empruntés à l'ouvrage historique qu'il a utilisé dans 8, 1 . Mais,
comme une grande partie de ces détails sont nécessaires, ainsi
que nous Tavons déjà montré, pour Tintelligence de la conduite
de Sanballat, il faut qu'ils se soient trouvés à cette place avec des
renseignements de môme nature qui s'adaptaient mieux au con*
texte. L'auteur de ce récit était donc familiarisé avec l'histoire des
victoires d'Alexandre dans l'Asie antérieure, et on ne peut déter*
miner les modifications qu'il a apportées au texte qu'il avait sous
les yeux pour le faire cadrer avec ses propres récits. Il semblerait
plutôt que c'est le contraire qui fut vrai et qu'il a pris les événe-
ments arrivés du temps d'Alexandre en Phénicie comme cadre
fixe pour y introduire habilement ses propres matériaux. Car,
malgré toutes les tentatives d'interprétation, on ne peut nier que
Sanballat, qui disposait des pouvoirs mentionnés chez Josèphe ',
était un contemporain de Néhémie ^ et, comme il n'est guère pos*
< Cette constalaUoD eei une nouvelle preuve que la mention si précise concernant
le siège de Gaza, à la fin de 8, 3, ne fait pas partie du récit de Jaddua, mais a été
probablement intercalée par Josèpbe. Originellement, il devait y avoir, à la place de
cette mention, une autre, qu^il a remplacée par celte indication plus exacte.
* Il faut s^en tenir fermement à ce que Wellhausen fait justement ressortir {Israël.
«. jêd. OescAichie, p. 148, noie 1) : c'est que Samarie était païenne, qu'elle n'était
pas en relation avec les Samaritains et était le siège de fonctionnaires persans. Nous
n'avons pas de renseignements sur ces derniers à l'époque d'Alexandre, mais il me
semble probable que Tauteur de ce récit a emprunté à une source qu'il avait sous
les yeux des traits relatifs au gouverneur persan de Samarie qu'il a prÔlés à Sanballat,
afin de pouvoir y rattacber l'origine du sanctuaire sur le Garizim. Toutefois, Wellbau-
sen, en désignant Sanballat comme satrape des Sicbémites, et en s^en référant à ce
sujet à Josèphe, commet une inexactitude, car celui-ci ne parle nulle part des Sama-
ritains et de Sicbem, et, de plus, il est difficile de croire que la petite ville de Sichem
fût le siège d'une satrapie.
' Wellhausen {tàid., p. 146, note 2) identifie Sanballat avec le contemporain de
Néhémie, qui, il est vrai, n'est désigné nulle part comme gouverneur persan, mais
qui était certainement en rapports avec lui, comme on le voit par Néb., m, 34.
IVaprès cela, l'auteur avait fait du fils de Jolada un frère de Jaddua, et il avait
encore fait de plus graves accrocs a la chronologie en présentant Jaddua et San-
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ir-
10
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
sible que rhistorien qui traitait de Torigine du temple samaritain
n'ait pas connu la haute antiquité de ce sanctuaire, il faut qQ*il
Tait rajeunie avec intention, et cela pour montrer que le temple
édifié sur le Garizim devait son origine à ce grand roi.
Si cette hypothèse est admise, nous devons reconnaître que le
narrateur n'a pu être qu'un Samaritain, un partisan du sanctuaire
de Sichem, car seul un tel auteur pouvait s'intéresser à la preuve
admise*. En outre, on voit que cette narration visait cette caté-
gorie de lecteurs qu'elle pouvait impressionner, c'est-à-dire les
Grecs d*Alexandrie et d'Egypte. Elle voulait leur démontrer que
le temple samaritain pouvait revendiquer le privilège d'avoir été
construit par l'autorisation spéciale d'Alexandre, ce qui devait
produire sur eux un certain effet. La preuve que l'auteur tient à
célébrer l'origine du temple qu'il révérait, résulte de la manière
dont il parle de Sanballat, qui se donna tant de peine pour le fon-
der, et de Manassé, qui en fut le premier grand-prêtre. Il repré-
sente le premier comme un gouverneur persan, pouvant lever dans
sa province jusqu'à huit mille hommes ; il a une influence telle
qu'il peut promettre à son gendre de le faire nommer grand-
prêtre et gouverneur du territoire qu'il administre pour lui et
attribuer à ceux qui embrasseront la cause de Manassé de l'ar-
gent, des terres et des terrains de construction. Alexandre aussi
Taccueille amicalement et se rend sans hésitation à ses vœux. De
même pour Manassé. Celui-ci n'est pas un prêtre quelconque, mais
le frère du grand-prêtre de Jérusalem, ayant lui-même des droits à
la dignité pontificale ; les autres prêtres sont aussi originaires de
Jérusalem. Ce ne sont pas des expulsés, ils ont quitté volontai-
rement Jérusalem et leur départ y a provoqué des désordres. Le
fait qu'ils épousent des filles du gouverneur persan ou des femmes
de son entourage ne peut passer comme une chose déshonorante
ni aux yeux des Samaritains ni surtout aux yeux des Grecs
d'Alexandrie, de sorte que l'auteur peut indiquer, sans autre
explication, la raison du désaccord entre Manassé et les Jérusa-
balist comme coatemporaios et en les mettant en rapports avec Alexandre. Cf. en-
core Willrich, p. 7 ; Meyer, Die Entstehung des Judenthums, p. 128 ; Schûrer, II,
6, note 15.
^ Willrich, p. 158 et suîv., soutient contre Freudentbal que les Juifs d^Egypte,
en leur qualité de partisans du temple de Léontopolis, considéraient aussi le sanc>
tuaire de Garizim comme Tégal du temple de Jérusalem, depuis que celui-ci avait
été profané par Ântiochus Epipbane, et que, pour cette raison, Eupolemos n'avait
pas craint de traduire Argaritin par < la montagne du Très-Haut ».0q ne peut sou-
tenir une telle thèse qu'en méconnaissant la réalité des faits et en oubliant les dis-
cordances existant entre les Juifs d'Egypte et les Samaritains au sujet du temple de
Garizim. La situation respective des deux partis vis-à-vi^ du temple de Léontopolie
sera élucidée dans une autre étude.
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LA RELATION DE JOSÈPHE CONCERNANT ALEXANDRE LE GRAND 11
lémites. A côté de ces détails favorables pour le temple de Gari-
zim, on ne trouve, dans toute la relation, rien qui ressemble à
un reproche contre les Samaritains, et cette circonstance à elle
seule suffit pour empêcher d'attribuer la relation à un auteur juif
d'Egypte ou de Palestine. Qu*on considère aussi qu'on ne fait
pas allusion au côté religieux de la construction du temple et
qu*on ne s'occupe que du côté politique; c'est que la relation
était destinée à des lecteurs païens, pour lesquels toute discus-
sion religieuse fût restée lettre close. Une particularité qui de-
vait aussi produire de l'impression sur les Egyptiens, c'est celle
que l'auteur fait ressortir en disant que Sanballat mit huit mille
hommes à la disposition d'Alexandre qui devaient le suivre en
Egypte et surveiller le pays, après avoir obtenu des concessions
territoriales dans la Thébaïde.
LA GLORIFICATION DU TEMPLE DE JÉRUSALEM.
Mais quelle raison a pu motiver le récit de la fondation du
temple samaritain ? Est-ce l'amour de l'exactitude historique
ou simplement la vanité d'un partisan de ce sanctuaire voulant
montrer aux Alexandrins que ce temple avait été fondé par le
même prince que leur cité? Si l'attention des Alexandrins ou
des Egyptiens ne s'était pas tournée quand même vers ce sanc-
tuaire, cette relation n'aurait pas eu de sens. Or, nous savons par
Josèphe que les Juifs aussi prétendaient qu'Alexandre le Grand
avait honoré leur temple à Jérusalem, non pas en aidant à le fonder,
car il existait déjà, mais en y offrant des sacrifices, en en favorisant
particulièrement les prêtres et en y adorant le Dieu des Juifs. 11
en résulte clairement qu'il s'agit là d'une rivalité entre les par-
tisans des deux sanctuaires, qui prenaient, en quelque sorte,
comme juges de leur querelle les Alexandrins, chacun des deux
partis s'efforçant de faire pencher la balance en sa faveur en
exposant la conduite tenue par Alexandre vis-à-vis de son sanc-
tuaire.
Cette hypothèse, iftspirée par l'analyse des deux récits de Jo-
sèphe, est aussi confirmée par un passage explicite des A^itiquités,
XII, 1 (§ 10). On y raconte que les Juifs et les Samaritains
d*Egypte discutaient entre euTÇ ^u sujet ^e la sainteté dç leurs
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
es respectifs de Palestine et, dans AnliquUés, XIII, 4, 4,
joute que cette querelle avait été portée devant le roi lui-
aoique la valeur de ces indications soit fortement con-
néme niée complètement, le fait môme de la dispute ne
considéré comme une invention. Eu tous cas, il faut
re qu'elles confirment les résultats acquis, et nous pou-
lettre qu'il y eut sur cette question une polémique litté-
a donné naissance aux récits de Josèphe. Il n*est pas pos«
déterminer à quelle époque la relation samaritaine s'est
ru l'absence de tout indice à ce sujet; Josèphe dit {Ant,,
) que la dispute eut lieu sous Ptolémée Philométor, mais
tion doit être considérée comme douteuse, tant qu'il n'y
d'autre preuve à l'appui. Si on peut prendre en considé-
fait que^ d'après notre relation, le temple existait alors
ir le mont Garizim, cette relation doit remonter à l'an 128
C, époque où régnait Ptolémée Physcon ; cependant rien
ave.
avoir étudié de près le récit concernant Sanballat, voyons
nt celui qui concerne Jaddua. Quoiqu'il nous apparaisse
I chef suprême des Juifs dans Jérusalem, que ce soit à lui
ndre écrit pour obtenir leur soumission, qu'il lui ré-
se place à la tête du cortège pour le recevoir à Jérusalem,
inue à négocier avec lui, on ne dit nulle part, dans tout
re, qu'il était accompagné de soldats. C'est que l'auteur
s faire .voir que le grand-prêtre s'appuie, non sur une
lais sur la foi en Dieu, qui le pousse à ouvrir toutes les
la ville et qui lui vaut d'être glorifié en même temps que
luple juif. On pourrait considérer comme intentionnel ce
I avec la conduite de Sanballat, décrite dans la première
si l'on était sûr que celle*CL était déjà sous les yeux de
ie notre récit. En examinant si cette opposition se re-
ncore en d'autres traits du récit, nous découvrons un
essant. Sanballat, pour atteindre son but, ne craint pas
défection à son prince, qu'il abandonne dans le mal-
siddua , au contraire, malgré les menaces d'Alexandre ,
nne pas le parti de Darius, parce qu'il a juré de ne pas
( armes contre lui. La fidélité de Jaddua n'aurait-elle
}posée intentionnellement à la défection de Sanballat dé-
par l'ambition? Ce point mérite d'être considéré avec
. Toutefois, c'est le contraste présenté par le temple et
niqueur samaritain pouvait rapporter ce trait aaus avoir à craindre que
it accusé de trabiaon par les lecteurs alexandrins, parce qu'il avait adhéré
/Alexandre.
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LA RELATION DE JOSEPHE CONCERNANT ALEXANDRE LE GRAND 13
le grand-prétre qui ressort le plus vivement et auquel Tauteur
parait avoir attaché le plus de poids. Alexandre, grâce à la
soumission de Sanballat et guidé par des considérations poli-
tiques, accorde la permission de construire un temple, mais ne
s'y intéresse pas autrement. Gomme cette brève indication con-
traste avec les larges développements décrivant les honneurs
qu' Alexandre a rendus d'abord au grand-prétre du sanctuaire de
Jérusalem et ensuite à ce sanctuaire lui-même! Sanballat se rend
auprès du roi en suppliant, pendant que le roi s'incline respec-
tueusement devant Jaddua, le saluant le premier et déclarant qu'il
a adoré le Dieu que Jaddua servait. Pour faire bien ressortir Tim-
portance de cet acte de vénération, notre auteur décrit d'abord
Tattente de Tentourage d'Alexandre avant la rencontre, ensuite sa
stupéfaction et, enfin, la déclaration du roi lui-même, qui présente
le grand-prêtre comme un être surnaturel devant le diriger dans
ses expéditions futures. L*auteur décrit ensuite en détail les sa-
crifices offerts au temple, les distinctions accordées à tous les
prêtres, la répartition des présents au peuple, et Taccomplis-
sèment des vœux exprimés par le grand-prêtre concernant la
libre observance des préceptes religieux en Palestine et hors de la
Palestine. Sanballat offre ses troupes à Alexandre, qui laisse aux
Juifs le choix d'entrer dans Tarmée macédonienne, en leur assu-
rant la liberté d'y observer leur religion. Tous ces contrastes
me paraissent avoir été indiqués intentionnellement par l'au-
teur et me font croire que l'histoire de Jaddua est une imita-
tion du récit relatif à Sanballat, imitation motivée par le désir
de placer en regard de la glorification du temple samaritain
racontée aux Alexandrins, la description des honneurs rendus
par Alexandre au sanctuaire de Jérusalem. On veut prouver
ainsi que celui-ci fut l'objet de la protection miraculeuse de
Dieu et de la vénération du plus grand des conquérants, et que,
par suite, — c'est la conclusion à laquelle on voulait amener
le lecteur, — ce sanctuaire doit être placé bien au-dessus du
temple samaritain.
La constatation que nous avons faite, que ce récit n'est qu'une
imitation tendancieuse , nous empêche de lui accorder une va-
leur historique ; on ne peut considérer comme réels que les détails
qui sont indépendants de la préoccupation du narrateur et les élé-
ments qui ont servi à former cette relation. Jusqu'à quel pomt notre
auteur connaissait-il les événements qui se sont passés du temps
d'Alexandre? La preuve qu'il était familiarisé avec les sources,
c'est le parti qu'il a tiré du songe d'Alexandre à Dium (8, 5, § 334). Il
en résulte, en effet, qu'il a appris par ses recherches qu'Alexandre
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REVUB DES ÉTUDES JUIVES
a séjourné dans cette ville» y a médité sur la conquête de l'Asie
et s'y est laissé influencer dans ses desseins par des rêves et des
apparitions. Ceci prouve que, pour ces détails, l'auteur a puisé à
une source plus abondante que les ouvrages des écrivains qui
nous ont été conservés (cf. Diodore, XVII, 6, 3-4;- Plutarque,
Alexandre j § 14; Arrien, I, 11). Cette source contenait-elle un
trait semblable d'un prêtre d'un autre temple, peut-être de celui
d'Ammon et aussi quelque apparition dans un rêve, et notre
auteur a-t-il transposé ces faits en les attribuant au grand-prêtre
juif, ou bien tout le récit est-il de sa composition et s'est-il borné
à s'appuyer sur des relations concernant Dium ? La question est
impossible à résoudre, car aucune des relations sur Alexandre
que nous avons ne donne de renseignements détaillés sur Dium,
et Diodore seul cite cet endroit à propos des mêmes circonstances
que Josèphe. En tout cas, l'auteur a relevé cette particularité de
propos délibéré et a édifié là-dessus son récit, qui devait agir
sûrement sur les Alexandrins. Il est probable que c'est aussi par
cette source qu'il a appris l'attitude si franche et sans réserve de
Parménion vis-à-vis d'Alexandre. Mais, à ces indications exactes
sont mêlées de grandes erreurs, puisque le narrateur nous montre
Alexandre en Palestine, entouré non seulement de Phéniciens, mais
aussi de Chaldéens et de rois de Syrie (8, 5; § 330, 332), qui espé-
raient voir Alexandre tourner sa colère contre les Juifs, faire mettre
à mort le grand-prêtre et détruire Jérusalem. Une autre inexac-
titude, c'est la requête attribuée au grand-prêtre pour demander
à Alexandre de permettre aussi aux Juifs de Babylonie et de Médie
de vivre selon leurs coutumes, cette requête supposant la con-
quête de ces pays déjà réalisée, exactement comme le passage
cité précédemment où il est question de la présence des Chaldéens
dans la suite d'Alexandre et de la « Proskynèse », qui fut seu-
lement introduite durant le séjour en Perse. On pourrait voir là
de légères additions de l'auteur, peu familiarisé avec son sujet,
si ces erreurs mêmes, qui trahissent une certaine logique, ne sug-
géraient l'hypothèse que l'auteur a travaillé d'après un modèle
qui décrivait la réception faite à Alexandre dans quelque ville per-
sane et dont il a rapporté les particularités à Jérusalem.
On peut encore émettre une autre hypothèse qui ferait regarder
ces erreurs comme intentionnelles. Freudenthal [Hellenistische
Studien^ I, 96 et suiv.) a montré que des écrivains samaritains, en
raison de la prétendue origine sidonienne de leur peuple [Ant.,
XI, 8, 6 ; XII, 5, 5), glorifient les Phéniciens en racontant l'his-
toire biblique, et, d'autre part, traitent avec des ménagements
particuliers les Babyloniens et les Mèdes, dont ils se proclament
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LA RELATION DE JOSÈPHE CONCERNANT ALEXANDRE LE GRAND 15
également les descendants. Les écrivains juifs anti-samaritains
ont utilisé cette particularité pour donner cours à leur animosi té
contre les Samaritains, en parlant des Phéniciens et des peuples de
même race que les Samaritains ^ Or, il n'est pas invraisemblable
que Tauteur de ce récit, dirigé contre les Samaritains, pour dési-
gner les plus acharnés ennemis de Jérusalem qui avaient conseillé
à Alexandre la destruction de cette ville et de son temple, ait
choisi intentionnellement les aïeux des Samaritains de son temps
qui étaient animés des mêmes dispositions malveillantes, les Phé-
niciens et les Chaldéens ou Syriens (car ces deux noms me
semblent identiques). De même, la Babylonie et la Médie, dont
les habitants juifs, sur la demande du grand-prêtre, obtinrent
d'Alexandre la liberté de pratiquer leur religion et qui étaient la
patrie des Samaritains, désignent les pays où, à Tépoque de
Tauteur, les Juifs n'avaient pas la liberté religieuse.
Pour terminer cette dissertation sur la valeur historique de ce
récit, remarquons encore que l'auteur ne parait pas avoir utilisé
de source juive sur Jérusalem à Tépoque d'Alexandre, car son
récit, à l'exception des vœux transmis par Jaddua au roi, et sur
lesquels nous reviendrons, ne contient rien qui indique qu'il ait
fait quelque emprunt. Tout ce qu'il dit des impôts payés aux
Perses, de la situation du grand-prêtre, des ennemis des Juifs et
de plusieurs autres faits, notamment de la prédiction relative
à la destruction du royaume de Perse par les Grecs dans le livre
de Daniel, il peut l'avoir emprunté à la Bible, tandis que les
renseignements généraux sur les prières publiques, sur le culte
des sacrifices dans le Temple, sur les vêtements du grand-prêtre,
des prêtres et des citoyens pouvaient lui avoir avoir été com-
muniqués par ses contemporains. Le récit n'offre donc rien d'in-
téressant pour l'histoire des Juifs à l'époque d'Alexandre.
m
L'ÉPOQUK de LA COMPOSITION DE LA RELATION JUIVE
SUR ALEXANDRE.
Le but de toute la relation de Josèphe nous parait maintenant
prouvé. Mais quand a-t-elle été composée? Les vœux que le
* Ainsi s'expliquent la manière dont Eupolemos traite les Phéniciens et le fait qu'ils
sont nommés a côté des Samaritains chez Eupolemos et d'autres écrivains Judéo-
grecs, comme je pense le démontrer en détail.
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16 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
grand-prôtre exprime à Alexandre au nom de tout le peuple
qu'il autorise les Juifs à vivre selon leurs lois, les dispense des
impôts pendant Tannée sabbatique et permette le libre exercice
de la religion aux Juifs du dehors, ces vœux si singuliers re-
flètent certainement la situation des Juifs à Tépoque de la rédac-
tion de ce récit. Car il est impossible d'admettre que Tauteur,
obéissant à une inspiration subite, ait choisi arbitrairement ces
points pour prouver ainsi la bienveillance d'Alexandre envers
les Juifs. Si l'époque où vivait l'auteur n'avait pas offert l'oc-
casion de reconnaître la haute importance de ces privilèges,
ils n'auraient pas pu servir d'exemples caractéristiques. Dira-
t-on qu'il savait par des informations que les rois de Perse
avaient mis de^ entraves à l'exercice de la religion des Juifs
et que c'est pour cette raison qu'il mit cette supplique dans
la bouche du grand-prôtre? Mais, on ne possède aucun ren-
seignement permettant d'afflrmer que les Perses aient empêché
les Juifs de pratiquer leur religion, et cette hypothèse est impos-
sible. En Palestine, des mesures de ce genre n'ont été prises
que sous Antiochus IV Epiphane ; hors de Palestine, et notam«
ment en Egypte, d'après l'indication de III Macch., ii, 28 etsuiv.
(Cf. Contre Apion, II, 5), elles ne furent mises en vigueur que
sous Ptolémée VII Physcon, tandis que dans tous les autres pays
elles ne se produisirent que sous les Romains. Ainsi, nous aurions
comme limite extrême l'an 168 avant J.-C, qui parait également
indiquée par le fait que notre récit cite le livre de Daniel. Mais
jusqu'où faut-il descendre pour trouver l'autre limite?
Willrich {Juden und Griechen, p. 9) voit dans la description de
la réception solennelle d'Alexandre l'entrée de Marcus Agrippa à
Jérusalem, parce qu'on ne connaît aucun autre grand personnage
que les Jérusalémites aient accueilli aussi amicalement. Ainsi Jo-
sèphe (i4w^,XVI, 2» 1) raconte : « Hérode emmena Agrippa aussi à
Jérusalem, où tout le peuple vint au devant de lui en habits de fête
et lui présenta ses vœux de prospérité; Agrippa offrit à Dieu une
hécatombe, traita tout le peuple, et ne se laissa surpasser en ma-
gnificence par aucun des grands. Quoiqu'il eût aimé séjourner
encore quelques jours à Jérusalem, il dut repartir à cause de la
saison qui était avancée ; il devait, en effet, se rendre en lonie. »
Un an après, Hérode traversant l'Ionie avec Agrippa, celui-ci, en
réponse aux plaintes des habitants juifs, que lui exposa Nicolas
de Damas, leur accorda le privilège de vivre selon leurs lois, de
ne pas être cités en justice les jours de fête, de pouvoir envoyer
librement l'argent destiné au temple de Jérusalem, de ne pas être
appelés au service militaire ni astreints à des contributions de
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LA RELATION DE JOSÈPHE CONCERNANT ALEXANDRE LE GRAND 17
guerre {ArU., XVI, 2, 3, comparé avec 2, 5, § 60, et 6, 2). Philon
{Legatio ad Catum, §37) décrit aussi la visite d*Âgrippa à Jéru-
salem ; toutefois il ne dit rien de la splendeur de sa réception,
mais s'exprime ainsi à propos de son départ : « Il fut accompagné
jusqu*à la mer, non seulement par les habitants de Jérusalem,
mais par ceux de toute la contrée, qui le couvrirent de couronnes
et de fleurs et célébraient sa grâce. »
J'ai exposé ici toute la démonstration de M. Willricb, afin qu'on
puisse plus facilement se rendre compte des points de ressem-
blance qu'offrent ces passages avec le récit de la réception
d'Alexandre, car l'hypothèse de M. Willricb a certainement des
côtés séduisants. Mais un examen attentif nous montre que cette
ressemblance se réduit aux choses les plus générales, tandis que
ce que nous comptions y trouver en est absent. Il n^était pas
besoin à l'auteur de recourir à une autre source pour dire que le
peuple se rendit au devant du roi en habits de fête ou que la
foule le salua. Le fait que celui-ci ûi des sacrifices dans le temple
n'est pas tout à fait commun; mais il est étonnant que notre chro-
niqueur, qui tenait à faire ressortir le respect d'Alexandre pour le
temple en citant des détails, n'utilise ni la mention de Théca-
tombe d' Agrippa dont parle Josèphe ni celle de l'admiration que lui
inspira le service divin, auquel il assista plusieurs jours, ni l'éloge
formel du sanctuaire qui se trouve chez Philon, surtout si, comme
M. Willricb le croit, il a écrit après l'an 52, c'est-à-dire après
Philon. Mais il y a encore une objection plus grave. On ne trouve
rien d'analogue, dans le récit concernant Agrippa, aux privilèges
qu'Alexandre aurait concédés aux Juifs. Josèphe, qui s'en réfère
au récit explicite de Nicolas de Damas, ne parle que de la splen-
deur des banquets organisés à Jérusalem en l'honneur du peuple,
sans faire mention d'une mesure quelconque prise par Agrippa.
Par contre, Philon dit : « Après avoir comblé le temple de tous les
dons qu'il pouvait lui offrir et gratifié les habitants de tous les
bienfaits qu^autorisait l'intérêt de l'Etat, il fit ses adieux à Hé-
rode » ; il laisse ainsi croire qu'Agrippa prit certaines mesures
gouvernementales. Or si, parmi ces mesures, il y avait eu celle
qui concernait le libre exercice de la religion, le roi juif Agrippa î^'
ne l'eût pas passée sous silence dans sa lettre à Caligula, où pré-
cisément il n'est question que de la suspension de la liberté reli-
gieuse par l'empereur.
11 est vrai que, si nous comparons les négociations et les déci-
sions de Marcus Agrippa, si exactement et minutieusement rap-
portées par Josèphe, concernant les Juifs de Tlonie, nous trouvons
dans la question du libre exercice de la religion juive une certaiile
T. XXXVI, !!• 71. 2
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18 REVUE DES ETUDES JUIVES
concordance entre Alexandre et Agrippa. Mais la proposition
qu'Alexandre fait aux Juifs palestiniens d*entrer dans son armée
en leur assurant une complète liberté religieuse ne s'accorde sur
aucun point avec les dispositions d^ Agrippa concernant le service
de guerre des Juifs en lonie. Même, abstraction faite de la diver-
sité des pays, le contenu n'est pas du tout semblable. Il faudrait
admettre que l'auteur du récit concernant Alexandre a d'abord
appliqué à Jérusalem les dispositions prises pour l'Ionie et les a
ensuite modifiées en sens contraire.
Comme je l'ai déjà fait remarquer, c*est le détail si frappant rela-
tif à l'année sabbatique qui peut servir de base pour déterminer
répoque de la rédaction de notre passage. La demande de la
remise des impôts pendant la septième année suppose que les
Juifs étaient tenus de payer l'impôt. Cela peut donc s'être passé
sous les Séleucides jusqu'à 143-142, où Simon le Hasmonéen
brisa leur pouvoir, ou sous les Romains, à partir de Pompée.
Nous savons avec certitude que Jules César fit remise aux Juifs,
pour Tannée sabbatique, des impôts auxquels ils étaient assu-
jettis, en récompense des services qu'ils lui avaient rendus (Anti-
quiléSy XIV, 10, 6)*. Comme cette disposition ne fut renouvelée
nulle part, autant que nos sources permettent de le constater,
on est porté à admettre que la conduite de César vis-à-vis des
Juifs a inspiré Tidée des privilèges qu'aurait accordés Alexandre
le Grand. Dans ce cas, le grand-prêtre qui représenta devant lui
les Juifs serait Hyrcan II, qui apparaît, en effet, comme le re-
présentant de tous les Juifs ; sous la désignation de Juifs de la
Bâbylonie et de la Médie seraient compris tous les Juifs du dehors
que visaient les rescrits de César, ceux de l'Ionie auxquels il ga-
rantit le libre exercice de leur religion {AniiqitUéSj XIV, 10, 8
et 10, 20-24), aussi bien que ceux d'Egypte, dont il confirma expres-
sément les droits civiques à Alexandrie en les faisant graver sur
une stèle (Antiquités, XIV, 10, 1 ; Contre Apion, II, 4). La ga-
rantie de tous les droits du pontificat et du sacerdoce, accordée
par César, garantie qui suppose la liberté de pratiquer la religion,
correspondrait à Tautorisation donnée par Alexandre aux Juifs de
Palestine d'observer librement les lois de leurs pères.
Le second point caractéristique, je veux dire Toffre qu'aurait
faite Alexandre à tous les Juifs qui entreraient dans son armée de
les laisser vivre selon leurs propres lois, amène à la même con-
clusion que nos démonstrations précédentes. La même promesse
se retrouve dans la lettre du roi séleucide Démetrius P' à Jona-
I Cf. mon étude dans U Festtchrift de Steinschneideri p« 91 et suIt.
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LA RELATION DE JOSÈPHB œNCERNANT ALEXANDRE LE GRAND 19
than et a été faite par d'autres princes séleucides, comme M. Wlll-
rich Ta déjà mentionné en renvoyant à I Macch., x, 36 et suiv., et
XI, 40. Le passage qui nous intéresse est celui de x, 36 : « Qa*on
enrôle jusqu'à trente mille hommes parmi les Juifs dans Tarmée
du roi et qu^on leur donne la paie qui revient à tous les autres
soldats du roi. Qu'on en choisisse parmi eux qui seront placés
dans les grandes garnisons du roi et qu'on prenne aussi parmi eux
des hommes de confiance pour gérer les affaires du royaume. Que
leurs chefs et leurs capitaines soient des leurs et qu'ils vivent se-
lon leurs lois, comme Ta ordonné le roi en Judée. » Ainsi que le
prouve le contexte, il n'est pas question, dans ravant-dernière
phrase, des Juifs en général, mais de trente mille soldats juifs.
On leur promet ici de pouvoir vivre selon leurs lois, comme
Alexandre le leur avait promis. De quelle époque est cette lettre,
considérée avec raison comme fausse? De prime abord, il y a
lieu d'admettre que cette relation, où l'on exagère par calcul, en
vue des païens alexandrins, la considération dont la Judée a
joui auprès d'un de ses conquérants, a été composée en un
temps où la situation de la Judée pouvait faire croire à la vrai-
semblance de ces faits, c'est-à-dire lorsqu'il y avait effectivement
des soldats juifs dans les rangs des armées étrangères, et qu'on
leur confiait des places honorifiques et des postes de confiance
dans des forteresses. Autrement, cette description eût paru une
simple vantardise et provoqué la raillerie. On songe ici immédia-
tement à Onias et à Helkias, les généraux de Cléopâtre, mère de
Ptolémée VIII Lathyre {Antiquités, XIII, 13, 1-2) ; mais rien de
ce qui est dit dans I Macch., x, 29 et suiv., de la Judée ne répond
à la situation du temps de cette reine. Il est vrai que des Juifs
combattirent aux côtés d'Antiochus VII Sidète contre les Parthes,
sous la conduite de Hyrcan I, mais ce fait non plus ne corres-
pond pas aux détails de notre récit. Par contre, une série de
particularités correspond très exactement à la situation créée en
Judée par César. En effet, sous la conduite d'Antipater, trois
mille hommes combattirent pour César à Péluse, et, pendant toute
la durée de la campagne d'Egypte, ils lui rendirent des services
signalés {Antiquités, XIV, 8, 1-3; Bellum judaicum, I, 9, 3-5);
Ântipater s'empara aussi de villes et de camps égyptiens et fut
certainement pendant quelque temps en haute considération chez
les Romains. Les dispenses d'impôts que César accorda comme
récompense ainsi que les droits donnés aux grands-prêtres, se
reflètent dans les actes attribués à Démétrius. Mais, ce qui est
particulièrement caractéristique et probant, c'est Tédit concernant
la remise des impôts des trois districts de Samarie et de Galilée
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20 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
réunis à la Judée (I Macch., x, 30) et celui qui est relatif à leur
dépendance vis-à-vis du grand-prôtre (x, 38). En effet, César
ordonne {Antiquités, XIV, 10, 6) que les droits du grand-prôtre et
des prêtres s^étendent à Lydda, qui faisait partie précédemment
de Samarie (I Macch., xi, 34), ainsi qu'à la plaine d'Ësdreion et à
d'autres localités syriennes qui appartenaient au territoire de
Samarie. La situation de Ptolémaïs (t, 39) rappelle celle de Joppé
du temps de César ; la permission d*élever les murs de Jérusalem
(x, 45) se retrouve identiquement dans les Antiquités^ XIV, 10, 5.
Pour terminer, mentionnons encore le passage de x, 34 : « Que
toutes les fêtes et les sabbats, les néoménies, les jours solen-
nels, et les trois jours avant les fêtes, et les trois jours après,
soient pour tous les Juifs de mon royaume des jours de pleine li-
berté et immunité. » On pense aussitôt à Tordonnance de l'empe-
reur Auguste au sujet des Juifs d'Ionie, prescrivant expressément
qu'aucun Juif ne soit cité en justice le sabbat et la veille du sab-
bat à partir de la neuvième heure ( Antiquités, XYl, 6, 2). Cette
disposition est précédée de cette remarque : xaôojç è/pb>vTo k-nl
*Ypxavou àp^^iepécDç ôeou uij/kttou, c'est-à-dire, comme il est dit immé-
diatement avant, que les Juifs continuèrent à jouir de tous les
droits qui leur avaient été concédés par César. Il est donc clair
que César a aussi tenu compte, dans son ordonnance, des fêtes
des Juifs et que la lettre du roi Démétrius qui se réfère à ce pri-
vilège appartient à l'époque de César. Ceci admis, il en résulte
une autre conséquence pour fixer l'époque de cette particularité,
mentionnée par Josèphe (Contre Apion, II, 4), qu'Alexandre le
Grand, en récompense de la vaillance et de la fidélité des Juifs,
exempta d'impôts le territoire de Samarie. On chercherait vaine-
ment dans toute l'histoire d'Alexandre une occasion où se seraient
révélées ces qualités des Juifs, â moins d'admettre qu'ils les ont
manifestées sous les yeux de ses fonctionnaires lorsque Andro-
maque, préfet de Syrie en Samarie, fut brûlé vif (Quinte-Curce,
IV, 8; Eusèbe, Chronique, II, 114; Schùrer, II, 108), ce qui est plus
qu'invraisemblable. Or, nous avons vu qu'effectivement César
accorda au territoire samaritain l'exemption des impôts, et qu9
cette mesure fut provoquée par la fidélité et la vaillance des Juifs
durant la campagne d'Egypte. Il devient donc manifeste que par
Alexandre il faut entendre César.
Josèphe raconte aussi (Contre Apion, II, 4, §3.5; Antiquités,
XIX, 5, 2) qu'Alexandre conféra les droits de citoyen aux Juifs
d'Alexandrie, lors de la fondation de la ville. Malgré les doutes
exprimés à ce sujet, ce détail doit être vrai, mais il faut noter
cependant que ce fut César qui confirma les Juifs d'Alexandrie
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r^
LA RELATION DE JOSÈPHE CONCERNANT ALEXANDRE LE GRAND 21
dans ]a possession des droits de citoyen (Antiquités, XIV, 10, 1 ;
Contre Apion, II, 4). Il résulte de toutes ces considérations que,
pour Texposé des faveurs attribuées à Alexandre le Grand et à
Démétrius I^, ce sont les ordonnances de César qui ont servi de
base. Il paraît alors tout naturel qu'Alexandre, dans Thistoire de
Josèphe, ainsi que la lettre de Démétrius engagent les Juifs à en-
trer dans Tarmée avec la promesse qu'ils pourront observer les
lois de leurs pères comme soldats. Car cette invitation a pu effec-
tivement leur avoir été adressée par César, à la suite des rensei-
gnements favorables sur les services rendus par eux dans la
campagne d'Egypte. Pour terminer, remarquons encore que ces
éléments ont dû être utilisés, pour Thistoire d'Alexandre, immé-
diatement après l'expédition de César en Egypte, alors que l'au-
teur pouvait compter sur l'impression produite par les événements
pour trouver créance auprès du lecteur.
Il reste pourtant à examiner si le récit des rapports de San-
ballat avec Alexandre le Grand, dont nous avons dit qu'il a précédé
le récit juif concernant Jaddua et Ta influencé, correspond à
l'époque indiquée. Nous avons vu que ce récit se borne, en grande
partie , à placer des événements réels qui se sont passés sous
Néhémie à l'époque d'Alexandre, et que, sauf les rapports de San-
ballat avec Alexandre, il n'ajoute rien qui trahisse les traces d'une
époque postérieure ; il ne contient donc, en somme, rien qui contre-
dise ni qui corrobore notre hypothèse. Seul le fait d'insister sur ce
détail historique que le premier grand-prôtre du temple de Garizim
était le frère de Jaddua, détail qui est, en tout cas^ étrange dans
la relation d'un Samaritain, pourrait peut-être servir d'indice pour
prouver que le grand - prêtre de Jérusalem jouissait chez les
Alexandrins d'une considération si haute, que les Samaritains eux-
mêmes, qui étaient les adversaires du temple de Jérusalem, jugè-
rent à propos de faire ressortir leur parenté. Ce détail pourrait
aussi s'appliquer à Jonathan le Hasmonéen, qui fut comblé d'hon-
neurs par le gendre du roi d'Egypte, Ptolémée VI Philométor, le
roi Alexandre Balas, et cela en présence de ce dernier, à PtolémaYs
^IMacch., X, 57-65). Mais ces honneurs ne pouvaient guère pro-
duire une impression profonde sur les Egyptiens. Hyrcan P% qui
régnait lorsque Ptolémée Physcon s'immisça dans les affaires sy-
riennes, n'accomplit aucun exploit qui ait pu porter sa renommée
à Alexandrie, et il était certainement haï des Samaritains à cause
de la destruction du temple de Garizim. Nous ne connaissons non
plus aucun exploit d'Alexandre Jannée qui pût lui conquérir l'admi-
ration des Samaritains mêmes. Nous sommes donc amené encore
à Hyrcan II, comme dans notre démonstration précédente, pour
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1
UDES JUIVES
i relation juive sur Alexandre,
on qui provoqua alors la compo-
ition du sanctuaire samaritain,
lu grand-prêtre juif sur le terri-
érêt de la population pour les
amaritain proâta-t-il de ces dis-
aussi au premier plan le temple
cas PAR ALBXANDBB.
chapitre de Thistoire d'Alexandre
les rapports ultérieurs des Sama-
^mière vue, on s'aperçoit qu'il se
[u'à présent. Il parle du rejet de
us avaient formulée pour être
rendant Tannée sabbatique et, de
ite par Alexandre, d*aller visiter
as seulement Tattitude réservée
articulantes qui établissent une
itre et les précédents. Les Sama-
IMÏ est habitée par des dissidents
arie était le théâtre de l'action,
la montagne de Garizim était
i; Sichem n'était pas mêmemen-
I les promesses qu'il prodiguait à
notion de Sichem au rang de ca-
de 8, 2-4, il ne s'était écoulé que
3 de Sanballat avec Alexandre,
ission de bâtir le temple au dé-
:raire, il est déjà question de la
ist invité à aller visiter leur sanc-
1 y eût travaillé pendant les sept
ois du siège de Gaza, malgré toute
uraient pu être avancés au point
irent aux côtés des Egyptiens contre Cé-
viendrons. Cf. Antiquités, XIV, 8, 1, 2;
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LA RELATION DE JOSÈPHE CONCERNANT ALEXANDRE LE GRAND 23
qu'on eût pu inviter Alexandre à visiter le temple. D'ailleurSi n'au-
rait-on pas rappelé, dans la demande qui lui était adressée, ce détail
important que c'était le sanctuaire bâti avec son autorisation en
récompense des services rendus? Ces considérations suffisent pour
prouver que ce paragraphe ne peut émaner des mômes auteurs
que le récit concernant Sanballat; il n*en est pas non plus la suite,
puisqu'il ne tient pas compte de ce qui précède. Un examen plus
approfondi des détails montre que, dans ce paragraphe, l'auteur n'a
pas une idée claire de la direction des marches d'Alexandre. Car
les Samaritains l'invitent devant Jérusalem à se rendre à Si-
chem ; on devrait donc penser qu'il marcherait vers le Nord. Il pro-
met de venir les voir à son retour; il est donc sur le point de se
rendre en Egypte. A moins que le narrateur n'ait cru possible
qu'Alexandre fit le voyage de Sichem, par égard pour les Sama-
ritains, comme il avait entrepris un voyage dangereux pour se
rendre au sanctuaire d'Ammon en Egypte. II manque aussi de
précision quand il dit qu'Alexandre se rendit de Jérusalem dans
des villes voisines, où il fut accueilli avec enthousiasme. On ne
peut savoir facilement à quelles villes l'auteur a pensé si vrai-
ment Alexandre, comme nous le savons par l'histoire, s*est
dirigé vers l'Egypte. Peut-être veut-il parler des villes de la côte ;
mais Alexandre les avait déjà visitées. On ne rencontre pas chez
lui la connaissance des événements telle qu'on la trouve dans le
récit touchant Sanballat. La dififérence des deux relations se trouve
donc aussi confirmée par ce point-là.
L'auteur ne peut non plus être un Samaritain. En effet, un
Samaritain n'eût pas traité les adeptes du temple de Sichem
comme des dissidents ; il aurait passé sous silence ou, du moins,
atténué le refus qui leur fut opposé. En ne tenant même nul
compte de la remarque concernant l'indication étrange et peu
certaine de leur origine, et qui émane certainement de Josèphe
lui-même (§ 341), et en ne relevant pas plusieurs traits ayant
la même origine, nous devons pourtant reconnaître que le ton
d'animosité contre les Samaritains qui règne dans tout le récit,
et qui rappelle Antiquités^ XII, 5, 5, fait croire que celui-ci est de
source juive.
On ne peut établir facilement dans quels rapports ce chapitre se
trouve avec la relation qui le précède immédiatement et qui parle
de Jaddua. Il fait bien allusion à la dispense des impôts accordée
pour l'année sabbatique et à la visite d'Alexandre au temple de
Jérusalem, mais rien ne montre que l'auteur a tiré ces indications
de notre récit. Il en est de même de 1 allusion concernant les sol-
dats de Sanballat amenés à Alexandre et l'histoire de Sanballat
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24 REVUK DES ETUDES JUIVES
qui précède. Peut-ôtre avait-il, pour les rapports de Sanballat et
des Juifs avec Alexandre, une autre relation dans laquelle on éta-
blissait une démarcation sévère entre les Sichômites, qui étaient
absolument inconnus à Alexandre, et le peuple de Sanballat, qui
s*était déjà rapproché de ce prince. Il arrangea ces éléments pour
attaquer les Samaritains, après que ceux-ci, par suite de leur
attitude souvent hésitante vis-à-vis des Juifs d*Egypte, avaient
mérité le reproche de manquer de caractère, attitude qui, dans
notre récit, leur est imputée comme datant d*une époque plus
reculée.
La dernière phrase de la relation : cr Alexandre ordonna aux
soldats de Sanballat de le suivre en Egypte, où il voulait leur con-
céder des terres; il leur en donna bientdt en Thébaïde, où il leur
conâa la garde du pays », contraste, sous deux rapports, très favo-
rablement avec le contexte. Tandis que celui-ci ne donne aucune
indication précise sur Alexandre ou les Samaritains, nous voyons
ici clairement que le roi est sur le point de se rendre en Egypte et
que Fauteur est au courant des dispositions prises par lui dans ce
pays*. Cette particularité suffit pour que nous séparions cette
phrase du paragraphe 8, 6, comme élément étranger et que nous
la rattachions à la relation qui montre la môme connaissance de
rhistoire d'Alexandre. C*est la relation du Samaritain sur Sanbal-
lat dans 8, 4, où cette phrase doit, d'ailleurs, se placer en raison
de son contenu, car elle suppose Tantériorité du récit relatif aux
soldats que Sanballat a amenés auprès d'Alexandre. Comme nous
avons vu que l'auteur mérite créance, nous avons là une indication
digne de foi qui prouve que le fondateur d'Alexandrie avait déjà
établi des soldats du district de Samarie en Egypte, ce que les
Samaritains de ce pays rappelaient avec fierté. Les Juifs, dési-
reux de pouvoir se vanter également devant les Alexandrins d'un
séjour très ancien, afin de ne le céder en rien aux Samari-
tains, relevèrent aussi le fait qu'ils avaient été transplantés par
Alexandre dans la capitale et établis, en quelque sorte, comme
gardiens du pays [Aristée, éd. Schmidt, p. 20; Contre Apion^
II, 4; Antiquités, XII, 1, 1).
Pour pouvoir déterminer l'époque de la composition de ce der-
nier paragraphe, il faudrait établir quand les Samaritains eurent
Toccasion de se rattacher à une autre origine que celle qui leur était
attribuée. Il me parait très invraisemblable que cette indication se
rapporte à des événements arrivés en Palestine, car le passage des
> Voir Lumbroso, LBgitto dei Grm (1895), p. 81 et suiv.; cf Philologut, LVI,
1897, p. 193 et suiv.
n
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LA RELATION DE JOSÈPHE CONCERNANT ALEXANDRE LE GRAND 2Î5
ArUiquilés, XII, 5, 5, où, devant Antiochus IV Epiphane, ils se
déclarèrent d*origine sidonienne, doit préalablement être exa-
miné en ce qui concerne sa valeur historique. Ce passage, comme
celui que nous avons, ne prouve qu*une chose, c'est que, devant
an roi qui les prenait pour des Juifs, ils se déclarèrent Sido-
niens. Ceci a pu se passer en Egypte, mais nous ne savons à quelle
occasion. M. Willrich (p. 10), pour expliquer le reste de notre his-
toire, • cherche dans les rapports des Juifs avec les Samaritains
une situation qui, aggravant les querelles et les contestations ha-
bituelles, provoqua un danger sérieux de la part d'une puissance
étrangère, mais qui, finalement, se dissipa d, et il la trouve dans
Antiquités, XX, 6, 1 et s., où on raconte la querelle des Juifs et
des Samaritains sous le procurateur Cumanus, en Tan 52 après
J.-C. Inutile de réfuter cette hypothèse, qui n'a en sa faveur
aucune apparence de preuve, quoique M. Willrich dise que les
événements qui eurent lieu sous Cumanus se reflètent claire^
nient dans la relation sur Alexandre. S'il est vrai, comme nous
le supposons, qu'en faisant le portrait d'Alexandre, l'auteur a pris
César pour modèle, la dernière partie du chapitre dans Josèphe,
d'après notre hypothèse, pourrait être attribuée à peu près à la
môme époque, sans qu'on puisse dire à ce sujet quelque chose
de précis.
Résumons maintenant brièvement les résultats de notre étude.
La relation de Josèphe sur le séjour d'Alexandre en Palestine et
ses rapports avec les Samaritains et les Juifs est composée de trois
parties différentes, qui peuvent facilement être séparées l'une de
l'autre, parce qu'elles sont, en grande partie, juxtaposées. Il en est
deux qui sont d'origine juive, la troisième est samaritaine. La
première traitait des Samaritains, la seconde des Juifs, sans tenir
compte de leurs voisins du même pays ; la troisième est hostile
aux Samaritains et rapporte avec une joie maligne le refus qui fut
opposée ceux-ci par Alexandre. La première relation juive est
probablement une réponse à celle des Samaritains, qui, pour une
raison quelconque, voulaient montrer aux Alexandrins, en ratta-
chant à l'histoire du Sanballat de la Bible des détails, d'ailleurs
exacts, sur la lutte de Darius avec Alexandre, que le temple de
Garizim devait son origine à Alexandre le Grand. Le récit juif fut
composé immédiatement après l'expédition de César en Egypte et
attribue les nombreuses marques de bienveillance de ce prince à
Alexandre ; il est donc sans valeur pour l'époque plus reculée. Le
récit samaritain et la seconde relation juive pourraient aussi être
de cette époque. On ne peut déterminer si l'assemblage a été fait
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EVUE DES ÉTUDES
sListait avant lai
bails concernant 1
renseignements
• les rapports eni
itoire littéraire d
t Tère chrétienne
parvient encore à
factions de la p(
)1897.
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LE
TRAITÉ TALMUDIÛUE « DÉRECH ÉREÇ »
GARACràRB DU TRAITA.
Parmi les traites da Talmud appelés « les petits traités » ,
le traité Déréch Eréç^, en raison de son contenu entièrement
consacré à l'éthique, tient une place prééminente. Bien qu'à
yrai dire, il n'appartienne pas à la Mischna, il a pourtant ce ca*
ractère commun avec la Mischna qu'il est écrit en hébreu pur
et est divisé également en Perakim, chapitres. Gela explique
aussi qu'il soit souvent appelé Mischna par les anciens et ait
pour eux la valeur de la Mischna'. Il était aussi considéré à
régal de la Mischna en ce sens qu*on y ajouta, comme à celle-ci,
des explications, qu'on peut appeler avec raison Talmud ou Que-
mara •. Un ouvrage d'un genre littéraire apparenté de très près
au D. E., le traité Kalla, a été, en effet, publié récemment avec
des additions qui sont désignées dans le manuscrit comme haralta^
> Nous désignerons ce traité par les lettres D. fi. ; Déréeh Bréç Ràbha^ par D. B.
R., Déréeh Bréç Zouta^ par D. E. Z., ou le premier par R. et le second par Z.
* Cette question est traitée à fond par M. Sohechter dans l'Introduction (p. vii)
de son édition des Abot di R. Nathan (Vienne, 18S7). — Ibid,^ p. xi, la dénomi-
nation t^-|fi( ^nn pHD est citée d'après le ms. 15299 du British Muséum. Dans j.
Sabbat, % a, «"nTa ^^m. Dans Beraeh,, 4 a, il y a la formule ^^2 n73K^ ; de
même Homlliny 91 a, pour la phrase "inn X^l^'O ^bn73ïl (Z., xv), cela paraît faire
une distinction.
* Luzzatto, ^Tsn tinS, VII, 216, diaprés un ms. du Nord de l'Afrique. Dans cems.
il j a aussi y-n» ^Ti niDbn, cf. Birach., 22 b : ntDbrw nn« pno nab nDtt)
{t^li Kalla^ éd. Coronel, 15 b, La situation de notre traité par rapport à celui de D.
B. mentionné dans le Talmud n'est pas tout à fait claire. Dans Du jûdUehe Littê»
ratur de MM. Winter et Wûnsche (I, 631), notre D. E. est défini i l'amplification
des «"T mDbn du Talmud ..
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28 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
mais qui, au fond, ne sont autre chose que la guemara sur la par-
tie tannaïtique du livret L'expression de haraïla [wrnsL) ne con-
vient mieux pour ces additions que parce qu'elles sont brèves et
serrées, comme la Mischna elle-même, et qu*au Heu de longues
discussions, comme celles qui sont habituelles dans le Talmud ba-
bylonien, celles-ci se meuvent dans le cadre étroit de Yinterpré-
tation. Les additions que nous possédons effectivement sur D. E.
R., dans le traité mentionné de Kalla, et que nous ne connaissons
que partiellement sur D. E. Z., ont tout à fait le môme caractère
que la guemara du Talmud de Jérusalem. Par un hasard remar-
quable, la dénomination baratta * se trouve aussi pour la gue^
mara de ce Talmud. Dans le texte de D. E., qui est maintenant
sous nos yeux, la guemara parait être fondue avec la Mischna —
si on peut s*exprimer ainsi — ou avec le texte, et cela de telle
sorte que le texte original ne peut plus en être distingué. Dans le
cours de cette étude, nous tâcherons de rétablir le texte original
de D. E., en éliminant les additions ou la guemara^.
II
DIVISION DU TRikITi.
La division usitée dans les éditions du Talmud pour notre traité
— na*i Y^ yn et fccant "p» ^*nn — est évidemment analogue à celle
de fi^n^ imVM et fixait in^b^^, mais elle ne semble pourtant pas être
> Commêntariot çuinfUây edidit Nalhan Coronel, VieDoe, 1S64. Cf. lotroducUon,
p. Yiii : KiTaan ^mD ••• yn« ^m nDDaTa D'^nan nanïi. Dans rédiuon Coro-
nel, ces additions sont désignées par fi^n^^a, par exemple ^31S p*1D, avec Passerlion
de B. Jada; puis vient le commentaire (baralla, guemara). Diaprés cela, le texte de
ï^bS r3073, dans les éditions ordinaires, est pour ainsi dire la Mischna, à laquelle
àe rapporte Tédition Coronel comme guemara. Ce rapport a été supprimé dans Tédi—
tien Romm, de Vilna, et remplacé par une indication erronée, car ici, outre le texte
(Mischna) et les additions, on fait encore une disiinction entre tir\l2^ et MP^^na.
Raschi, sur Berach,, 22a, parait faire une distinction; n^n blD tiSn^ est appelé
par lui baraîta, Tautre morceau p^D; cette distinction convient, en effet, pour les
deux traités.
* Dans le traité Sabbat, 17(2, éJ. Cracovie et Krotoscbin, il est dit : "ibMin
nin-^na dnb IDNSt» «b irDOb^ d'^p'nD r::ran«n « Dans les quatre chapitres
présents, nous n'avons pas trouvé de baraïtot s*j rapportant > , ob baraîta est évi-
demment l'équivalent àt guemara. Cf. l'appendice sur Ntdda,
• Dans le ïl^in ^M27Df ms., de R. Jacob ben Hananel, on cite, entre autres,
comme sources (Neubauer, Jewish Qmrierly Review, II, 334) : «"T 1)33 «Û^T «"T
ï^an K''T. D'après ce que nous avons dit, il n'est pas impossible que par 1733 (lire
'1733 = ri)33) on ait voulu désigner la guemara de D. E.
^ Les deux écrits se ressemblent aussi en ceci quHls sont déjà mentionnés tous
les deux dans le Talmud.
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DERÉCH ERÉÇ » 29
primitive ^ Le contenu n*explique nullement cette division « et
les témoignages des anciens auteurs y sont formellement opposés.
Ainsi, Tauteur du Mahzor Viiry ne connaît que la dénomination
D. E. et ignore la division en R. et Z '. Par contre, Fauteur des Ha-
lachot Guedoloi appelle précisément R. la partie que les éditions
désignent par Z '. Il est donc impossible de considérer la division
en R. et Z. comme authentique. En soi, la division en deux par-
ties est vraisemblable, étant donné le caractère de ces deux par-
ties, car elles se distinguent nettement par la langue et le plan ;
mais cette division a dû avoir lieu sous un autre nom.
Sous le rapport de l'étendue, Z. n'est inférieur que de peu à R.
Cette circonstance ne peut donc avoir donné lieu à la dénomina-
tion Zouia a petite » ; en ce qui concerne le contenu, la valeur de
Z. est bien plus grande que celle de R. Les phrases de D. E. Z.
sont plus brèves, plus nerveuses, plus expressives, et se rap-
prochent plus du genre de la gtiomé et de Tépigramme, que celles
du D. E. R. ; en outre, on trouve dans ce dernier beaucoup de
passages narratifs, qui sont, il est vrai, propres à illustrer les
maximes et à mettre une certaine vivacité dans l'exposition, mais
qui néanmoins sMnsërent fort bizarrement au milieu de sentences
isolées et interrompent l'ensemble du texte. Par sa composition
lâche et sa langue terne, D. E. R. ne peut avoir servi de modèle à
la compilation de D. E. Z., si bien construit et si substantiel, de
sorte que Z., par rapport à R., est antérieur, et non postérieur.
D. E. Z. n*est donc ni un remaniement de R. ni un extrait de ce
dernier ; mais c'est plutdt une production littéraire indépendante,
ayant un caractère particulier. Ce caractère spécial se mani-
feste dans le nom que ce petit ouvrage porte dans le Mahzor Vi-
try* : c'est l'ensemble des règles des docteurs (n^bn btt) 'JD'Vt
* On sait que les déoomioalioos de KSn et Î^SâlT dans d'autres ouvrages, tels que
Sider Olam, Pesikta, etc. ne sont pas plus authentiques.
* Mahzor Vitry, éd. Uorowilz (Berlin, 1893), p. 724. Zunz, GottesdUnstliche
Vortrâge^ 2* éà,, p. 94 a, fait la remarque que Nabmanide considérait probable-
ment les deux D. B. comme un seul traité ; Voir son commentaire sur Nombres,
XV, 31 : yn« ^m "^pnca '»n'^Nm « J*ai tu dans les Perakim de D. E. ». Je
ne considère pas la preuve comme décisive, car K"T ^p^D peut aussi désigner les
chapitres d'un seul traité; cf. ci-dessus, note 1. Des mois M"T DSOTS )S^n» àauB
Tosafot Tebamot^ 166, il ressort avec certitude que les Tosafot ne connaissaient
qu^an seul D. E.
* nnbna niDbr:, éd. Hildesbelmer (Berlio, 1888), p. 644-652. La division est
ici tout à fait spéciale. Les Perakim du milieu de notre Z., v-vxii, se retrouvent
ici sous le nom de K1^3^T ^"1 en tôte de la collection; c^est seulement ensuite que
Tiennent les premiers chapitres sous le nom de D. E. R. Le cb. ix de Z. appartient
aussi à cette partie.
* Les mots D'»»Dn ^Tî^Dbn b'O pn^ • Règles des rabbins » semblent peu
convenir comme titre d'un ouvrage^ et il doit être difficile de trouver une analogie à
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30 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
trns^n). A répoque talmudique, les rabbins avaient adopte une
manière de vivre qui les mettait fort peu en contact avec les gens
non cultivés ; ils formaient, en quelque sorte, une classe particu-
lière de la société. Ainsi se développèrent des règles de bien-
séance, des habitudes, des mœurs et des vues spéciales, et il
est hors de doute que D. E. Z. était destiné en première ligne
à cette classe sociale ^ Dans les écoles populeuses de Pales-
tine et de Babylonie, qui étaient plutôt des sociétés savantes
que des établissements d'instruction, il dut se former dans le
commerce journalier de leurs membres un genre de vie spécial.
On établit probablement des règles sur la manière dont les élèves
devaient se comporter vis-à-vis des chefs de Técole, les disciples
vis-à-vis de leurs condisciples, les docteurs vis-à-vis de leurs col-
lègues et du public. Il y eut là quelque chose d'analogue aux
règles des couvents et des universités du moyen âge. Ce serait
Juger faussement la collection du D. E. Z., que de perdre de vue le
fait que la collection était destinée à ceux qui sont versés dans
les Ecritures. Le genre de vie spécial des savants en société, tel
quMI nous est présenté dans ce petit traité, dura, comme on sait,
plusieurs siècles, en Palestine, et il est naturel que ces règles et
sentences n'aient pas eu besoin d'être formulées à nouveau,
mais qu'il ait sufâ de les rassembler et de les compléter. Plus
tard, on considéra ces règles destinées uniquement aux savants
comme étant également obligatoires pour toute la communauté,
procédé qui, comme on sait, s*est souvent renouvelé dans le ju-
daïsme et qui lui fait honneur. On voulait aussi posséder pour les
autres règles de vie un recueil dans lequel les sentences dis-
£(éminées dans le Talmud et le Midrasch seraient présentées au
peuple sous une forme plus facile à comprendre. La formation de
D. E. R. est donc postérieure à celle de Z. ; Z. est le modèle et R.
l'imitation, et non le contraire, comme le croit Zunz, l. c.^ De
ce cas. Qu'on sonj^e toutefois que ce ne soDt que quelques courts chapitres qui
portent celte suscriplion, et non un gros ouvrage.
* Ou peut aussi prouver ce po:nl par divers détails : i, au début : b© \yy^
D^ttDH "^T^Tabn « Tusage des docteurs » ; cf. DHK ^33 bU3 *|Dm « l'usa^ye popu-
laire », dans R., xi, vers la fin; m, vers la fin : T^Tobna TITOfiO niTO Trmy tt5î2n
bSn * quinze règles ont été dites au sujet des docteurs > ; iv, au début : ^^"^^bn
ïniDHa O'^fi^î Û^TOl^n « les docteurs excellents en confrérie » ; v, au début : "s^
03H n^Tobn KiniD « celui qui est docteur » ; vi, au début : 0*^13^ n^^a^N
Ûn^-^Tjbrb "^NSi « quatre choses sont honteuses pour les disciples • ; vu, au début :
les qualités c^u ûbl3 « sot » et du DDîl « 8a<?e » ; immédiatement après, ^J'^^it n"n
N!T^TD « le docteur doit être... » ; tiii : n"n bD « tout docteur... » Pareillement
en beaucoup d'autres passages, mais, comme on le voit, le plus souvent en tête
des chapitres, ce qui indique, avec une clarté suffisante, le but des règles. Ce trait
caractéristique manque dans D. B. R.
* A« J. Tawrogi, Der talmudiseke Tractât Derech Srez Sutta, Kœnigsberg, 1885,
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ » 31
cette manière, on s'explique pourquoi, dans D. £• R., des pas-
sages entiers proviennent de la Mischna Abot et des Abot di
Rabbi Nathan : comme il s'agissait de faire un recueil pour le
peuple^ le principal sujet d'enseignement ne pouvait naturelle-
ment consister qu'en règles de bienséance ou en règles de morale ;
comme on avait déjà un recueil de règles de morale, il est na-
turel que celui-ci ait servi de modèle et môme de source. Par
là se montre une différence essentielle entre D. E. Z. et R. :
Z. contient principalement des règles de bienséance, R. des
règles de morale; Z. était destiné originairement aux cercles
savants, R., à la foule. Nous avons ainsi dans les deux traités
de D. E. deux collections différentes qui diffèrent visiblement
par l'époque de leur formation, leur but, leur contenu et leur
structure.
Chacun de ces traités se divise en plusieurs chapitres. Dans les
éditions ordinaires du Talmud, R. embrasse les chapitres i-xi,
Z. i-x, sans compter le DibiDn p*nD « chapitre de la paix », qui y a
été ajouté. La numérotation des chapitres n^est pas une tradition
établie avec certitude. La différence tient, en premier lieu, à ce
que les deux traités n^avaient pas toujours la môme étendue.
Ainsi, il a été déjà souvent remarqué par les anciens auteurs, par
exemple par Raschi (sur Berahhol, 22 a), que R. commence par
le chapitre de Ben Azaï, qui, dans les éditions actuelles du Tal-
mud, est le III*'; en outre, dans Z., après le chapitre iv, il est dit
que les chapitres suivants proviennent du Mahzor Vilry (cha-
pitres v-viii) ; pour les deux chapitres qui suivent dans Z. (n®" ix
et x), toute indication relative aux sources fait défauts Dans le
texte de Z. que nous avons sous les yeux, les diverses phases de
sa formation sont encore clairement reconnaîssables : les cha*
pitres i-iv forment un groupe à part et ont une conclusion évi-
dente dans ces mots yaob •^n'nnn nb« •'lan • « j'ai exposé devant
dit, dane son Introduclioo, p. m, (note 1) : « Pour ce chapilre (ch. ix de Z.),
il semble que le 4* chapitre de la V* collection a servi de modèle. Les mots du dé-
but soai empruntés au 1*'' chapitre de la 1'* collection •. — Celte assertion est er-
ronée. La priorité appartient à Z. et non à R. Z. ne saurait être considéré comme
postérieur a R. que si les dénominations de 17^^ et MZ^IT étaient authentiques, ce
qui n'est pas le cas.
* Voir le «zaïT "J^nN ^m nD073, avec les commenUircs Qn-sn *W] et mm»
Û^^ elles noies de Blia Wilna, édité par J. E. Landau (Wiina, 1872, Introduc-
tion, p. 3. héb.) : « Je ne sais pas d'où les chapitres ix et x proviennent. Si c'est d'un
D. È. antérieur à Pépoque du Mahzor Vitry^ comment des chapitres du Mahzor
Vitrtf ont-ils pu s'y introduire au milieu des autres; si D. E. finissait primitive-
ment au ch. IV, que viennent faire ici les chap. ix et x • ? Par la publication du
Mahzor Viiry, nous savons maintenant que les chapitres en question n'y sont pas
intercalés, car dans Mahzor Vitry et Halachot Quêdolot^ le chap. ix suit le chap. xv.
^ Ces mots manquent dans Mahzor Vitry»
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n
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
» ; le groupe v-viii n*est désigné qu'au commence-
$ mots D^n Tttbn finïTO ■»» « celui qui est docteur »
3rit spécial et, à la an, il n'y a aucune indication. Le
chapitre ix, qui suit, forme un petit ouvrage à part,
i circonstance qu il porte en tête le nom de B. Elié-
ar et ressemble en cela au « chapitre de Ben Âzaï »
, comme nous l'avons déjà remarqué, forme le com-
lu R. primitif; le chapitre x qui suit commence par
Schimon b. Yohaï » et forme un petit ouvrage spé-
; autres chapitres commencent par une sentence ano-
I pouvons donc dresser le tableau suivant des deux
!S des savants (d'^Mn •'Tttbn b« \sm), Z., i-iv.
s de bienséance pour les savants, Z., v-viii (d'après
ahzor VUry) ».
itre de R. Eiiézer ha-Kappar, Z., ix.
itre de R. Schimon ben Yohaï, Z., x*.
hapitres de Kalias R., i *.
apitre des méchants (l''pTT5tîi), R., ii.
tre de Ben Azzaï, R., m.
) Leolam (obvb), R., iv-v.
pnc, no 1, R., vT-vii.
pnc, n« 2, Rm viii-ix.
pn», n*»3, R., x-xi.
le R. n'a pas encore été faite jusqu'ici à ma connais-
le sera-t-il pas superflu de la donner en détail. On
îpuis longtemps que les deux premiers chapitres ne
pnD commence par ^^b 13 J?Ï)1?V 'l IttKi mai» ce chapitre
)té avec D. E.
D'ïieDs ignoraient la différence entre Man et MS31T) ainsi que Je l'ai
cette dénomination en dehors de celte division et je ne parle que
irai.
pe il n'y a que des règles de bienséance ; dans le l*c groupe on ne
descriptions morales. Par analogie avec n"n bU) lD"i^ on pourrait
i groupe û5n n^wbn NiniD ^73. Si on élimine ce groupe, n» 3
et nous avons alors le môme système que dans Mahtor Vitry^
fzer ha-Kappar doit être compté avec *|DTÎ.
'quer que 3 et 4 en un seul chapitre sont au moins aussi grands
chapitres du groupe 1 et 2.
les chapitres qui appartiennent à vrai dire au traité de Kalla ; voir
le contenu, le premier Pérek est un petit traité sur la pudeur
somme on le soutient dans Winter-WAosche, /. c, p. 630, dans la
rek pourrait porter la suscription : • Des vicieux et des vertueux »
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ » 33
font pas partie da contenu primitif du D. E. R., et cela résulte
aussi des indications des anciens auteurs. Mais le fait qu*ils appar-
tiendraient au traité de Kalla, quoique les modernes le soutien-
nent généralement*, n'est pas prouvé historiquement*. On ne peut
attribuer à Kalla que le premier chapitre ; le second a un thème
tout différent. Sans doute, on pourrait admettre que Kalla se ter-
minait par des règles de morale générale, comme c'est le cas de
beaucoup de traités de la Mischna (par exemple ikfacco^), et consi-
dérer tout le traité D. E. R. comme faisant partie de KaXla, comme
dans réd. Coronel. Mais au petit traité de Kalla un grand appendice
comme le chapitre ïTpTttCi (ch. ii de D. E. R.) ne saurait convenir.
Voici commentée m'explique l'addition de grands chapitres de mo-
rale dans Kalla ^, L'idée de "p» ^^n, qui, comme nous le verrons
plus loin, est aussi appliquée aux relations conjugales» a été prise
dans le sens le plus étendu, et toute la série de ces petits traités,
savoir nb^, tm^n •^T^bn b« p^rr et le plus petit "pN ^^n, a été dé-
signée du nom collectif y^ X^ ; le chapitre ïibd se distinguait de
ce groupe comme p^n, '^wy p et diVotî du D. E. actuel. Dans ce
groupe il faudrait donc distinguer : 1<» Kalla^ le chapitre ainsi
nommé actuellement avec le chapitre 'Q'rpjyn (= D. E. R., i),
qui n'a été séparé du premier que parce qu'il n'y est plus ques-
tion de la nouvelle épousée, mais de la femme en général ; —
2^ le chapitre trpinxn, qui manque dans Kalla, éd. Coronel, mais
qui devait pourtant former une partie ancienne de cette série,
puisque dans Abot di R. Nathan^ il s'en trouve aussi un frag*
ment, ainsi que dans Eliyahou Rabba ^, où Ton voit que la version
de D. E. R. est primitive « ; — 3» "wy p jusqu'à la fin du D. E. R.
actuel ; — 4<> lomsn nnabn b« p^n, ch. i-iv de D. E. Z. ; — 5« le
> Goldberg, Derech Ere% Rabha (Breslau, 1888) ; voir Winter-WQnflche, U c,
p. 646.
» Pour le second chapitre (d^pnstîl)» il est prouvé, au contraire, par Véà. Co-
ronel qu^il ne fait pas partie de Kalla, car ce chapitre manque dans l'édition
Coronel.
» Déjà R. Elia Wilna a ratUché tt^npwrj et n'opina:!! à Kalla, Dans TédiUon
Coronel, ce qu'on peut appeler D. E. forme deux tiers de l'ouvrage, du chap. m à
la fin, p. 6 a-190.
♦ Version II, ch. xxxv, p. 43 de l'éd. Schechter.
* L'édition de l^T^b^ "^D^ M3n, dont je me sers, est imprimée à Lemberg, 1869;
elle n'a pas de pagination et a une mauvaise division des chapitres; de là vient que
mes citations sont quelque peu embarrassées. Le passage visé ici se trouve dans
'Bliyahou lUibba, ch. XT, paragraphe 2, au milieu.
• Le mot difficile l^snriT, remplacé dans Bliyakou Rabha par l^nSJia (dérivé de
rmsn), ne se trouve pas dans Ahot di R. Nathan, La transition pour passer aux
gens vertueux (l'^sbl^^ p'^MI l^abj^S^t) est développée ainsi dans SUyahou Rabba :
Y^'^^y ïrfin ^"«aiby im» '^ ba«.
T. XXXVI, w* 71. 9
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a4 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
reste de D. E. Z. ; — 6« Pérek R. Eliézer; — Tf^ Pérek R. Schi-
mon ; — 8<» DiVwi pn».
Ne voulant m'occuper ici que des deux D. E., je laisse de côté
le traité de Kalla et je commence l'analyse de D. E. R. par le
Pérek »ip»îi (n« 5 de notre tableau). Sauf quelques phrases*,
rien dans ce chapitre ne prouve qu'il ât partie de Kalla, mais son
contenu permet néanmoins de l'appeler le chapitre Kalla du
traité D. E.
Le chapitre sur les impies {uyrrsm), par son contenu et sa
structure, a tout l'air d'un ouvrage indépendant, quoiqu'il y manque
une introduction et une conclusion. Ce qui distingue ce chapitre de
tous les autres du traité, c'est la symétrie de composition, l'em-
ploi de versets bibliques après chaque sentence et le groupement
de certaines catégories de gens vicieux et de vertueux. Vicieux
et vertueux se subdivisent respectivement en douze groupes :
Vicieux : 1« û-'D^np^fion û">B3rcTi ty^m^tn m^nnottSTï tnprrsKi % Job,
XIII, 16; —2* V3ntt«n (en tout 6 catégories), Psaumes, xxxvii,
IT* ; — 3<» ^ û'»«mn (4 catégories). Psaumes, xxxv, 6 ; — 4*» •fwa
-Tnoa (4 catégories) , Nombres, xvi, 33 ; — 5« mi^ vtstv (5),
Amos, VIII, 7 ♦ ; — 6<> û-^BDlti d'après la correction de R. Elia
Wilna *, avec 3 catégories (Les éditions qui ont les mots Ytim ibfin
1'»«"»n'W3, etc. interrompent la composition, qui est excellente, et
y introduisent un élément hétérogène), Job» xiii, 16 (comme au
u« 1), et Psaumes, ci, 7 ; — 7* û'^td û'^amn (d'après la correction
d'Elia Wilna «, avec 5 catégories), Ps., xxxvi, 12; — 8» tw) •'bVntt
tn2'0 (4), Ps., IX, 18, et Ecclés., i, 15 ; — 9^ vnrtn '^oa (5), Malachie,
III, 19; — 10** ^capn laab ïton fir«»îi (3), Deut, xxix, 19; —
11* l'^ÊOirt (4), Ezéch., XXVII, 27; — 12* nom» by np-non (5), Jé-
rémie, xvii, 10.
1 En tout, environ trois phrases : d^*n*T3a "p^lD '^HT) b«, ensuite «n© ^^ ^^^
D'»5D nttînn ib et 137373 tt na'^M T^r^y nm n^i^nn bs. i>«ds x:ana propre-
ment dit (éd. Coronel, 1 b) l'expression V^fi^ *|m n'apparaît qu'une fois. Cf. *p*T
bx^©^ msa dans Nombres rabba, ch. ix, 16; Texpression manque dans 5i/W,
Nombres, § 11, et Ketoubot, 72 a.
* Snr b^3^)SnirT, voir mes remarques dans Jeioûh Quartârlif Bêpiêw, IX, 515.
* Cette phrase est remarquable perses expressions relativement difficiles. ^"^Sn^SMlTT
est bien expliqué par Bosch Easchana, 17 «, Tisat!! bj^ îm^n*^ ms"»» b^û73n. Au
lieu de l^înoa, Yabei lit, avec raison, I'^3m'^a. L'expression •j'^întlT est une expres-
sion isolée et, pour cette raison même, tout à fait authentique.
* Au lieu de ^^2^1^, il y • dans Baba Batra^ 90 by ^*n3t1K, ce qui est plus exact.
Dans mnbfi^^D le passage est cité comme pn, v. Zunz, h c, p. 117.
^ Cependant dans ma classification je ditfère quelque peu d'Elia Wilna.
« Dans les éditions niDîn^TT mmOîaiTTT l'^pl'ÎStim, presque comme le !•' mor-
ceau; d^31^3 D^llltlïl se trouve dans les éditions an numéro suivant. A remarquer
l'exprestton «j^ttanîTii ii»w rTansam.
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ >» 35
Vertueux : !<> û-^aVur •j-'în •{"•ab^^ïn (4), Juges, v, 31 ; — 2^ û-'ovttart
ûTprM (4). Is., XLix, 7 ; — 3*> nDîDN -«b^^a (4), Ps., ci, 6 ; — 4« aïTwrr
nncfi^ n» (4), Job, v, 24, 25 ; — 5» r5D« n« am«ïi (4), Isaïe, lviii,
9; — 6o p^a ^artî^n l-^nD^îi (4). Isaïe, lviii, 8 ; — "T^ pT^a 1'»5Ti
(4), Ps., Lxxiii, 1 ; — Soi-^nîKDn (4). Isaïe, lxi, 3 ; — 9^ pttrrrr (5),
Isaïe, III. 10 ; — 10* û-'-twi (5), Job, xxii, 28 ; — IP ïmna tr^ttanTî
(4), Proverbes, viii, 34 ; — 12» p*nt '^m (4), Nahum, i, 7.
En face de cette composition si claire, la partie suivante du cha-
pitre offre un réel contraste. S'il était permis de parler d'un traité
des trp^ratn, je désignerais la partie suivante, dans laquelle les
mots tr'Tan 'n V^a«a sont répétés quatre fois dans des paragraphes
de môme grandeur, et qui se termine par une sentence de B. Dos-
taï b. Juda, comme un second chapitre, auquel on pourrait encore
rattacher la phrase commençant par nbjnsb na*nz)*^ 1*^. La dernière
partie du chapitre pourrait être appelée le 3^ Pérek ; il commence
par t3^«n irTWi et parle de la majesté divine en des termes qui
rappellent le style des ouvrages mystiques de l'époque des Gao-
nim *. Le traité û'»pTT3tn est précisément un des "p» 'îpn yno dont
il a été parlé plus haut.
Le Pérek '^wy la, qui forme le n^' 7 de notre analyse, a dans
les mots •'D'^oa rroth ib i*W3fcO« "jn rinbina mabrro ina mm wx une
conclusion bien reconnaissable et doit être considéré comme un
morceau spécial du D. E.
Tiennent ensuite deux Perakim commençant tous deux par le
mot &bvb. Us contiennent des règles pour les savants et leurs dis-
ciples. Tous les deux chapitres sont illustrés par des versets bi-
bliques et des contes édifiants et ont, en tout point, le même carac-
tère. A la fin vient une sorte de conclusion : "ja TDUn^ 'n itt« "jé^d»
troo'^bD y^T^Tn ûn« "«Da ba ntr ûbvb •'ib, etc. Le fait que cette
phrase est placée à la tête d'un chapitre du traité de Kalla, éd..
Coronel, p. 17 a, sous le nom de R. Josua b. Lévi, ne change rien à
la chose^ car dans ce traité de Kalla la plupart des phrases sont
commentées spécialement et sont placées en cette qualité en
^ Zunz, /• e,, appelle avec raison celte coaclusion une agada étrangère; p. 117,
note M, il la désigne comme étant empruntée à une doctrine secrète. — Le premier
morceau D'^naT Wan«, à cause de îlOmNttn m^^D et de nat aa«73,
conviendrait mieux au )S^p72n plD. Cependant on peut aussi établir la preuve
qn'il fait partie de D^pin^Hi car dans la phrase suivante on mentionne
nnobo ^ania, etc., nom formé de deux mots, comme dans la 1'* partie du
chapitre. Dans le Mahtor Vitry^ p. 727, le morceau ID^tMlTT n'e>t pas la fin du cha-
pitre, mais est suivi sans interruption du contenu du Pérek '^^'^y ^a. Le chapitre
en question débute dans le âfaktor par les mots a^^aT tTTJ^anMI D^*1U97) morceau
qui ne se trouve que dans le Mahtor Vitry et dont on n*a pas établi la source. Ce
nombre est certainement le pendant du nombre de morceaux étudiés par noua. Il faut
donc admettre que notre collection a été très abrégée dans le Talmud.
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86 EEVUE DES ÉTUDES JUIVES
tôte d*un chapitre. Je ne considère les deux morceaux commen-
çant par bb'v^b comme un seul chapitre que parce qu'ils pré-
sentent une apparence d'identité. L'histoire concernant Schimon
b. Antipatros (Dncsw^cs^K la liratD), qui se trouve au chapitre vi du
D. E. R., est placée dans Kalla éd. Goronel, p. 16b, dans lePérek
^ûD-^ b», c'est-à-dire au v« chapitre. Or, cette histoire de Schimon
b. Antipatros est également citée dans Tohasin, éd. Filipowski,
p. 21 a, d'après «"n hiDbîTr 'n p^no. Ceci prouve, non seulement que
ce récit est dans nos éditions placé inexactement, mais encore
que ce morceau fait partie du Pérek dbvb, qui est précisément ca-
ractérisé par l'insertion de pareilles historiettes.
Ensuite viennent trois chapitres que j'ai désignés plus haut par
DS^an n<>* 1, 2 et 3. Le motif de cette division est non seulement dans
la répétition du même début, mais aussi dans l'indication d'une
conclusion après chaque morceau. Dans Dd^^n n^ 1 (ch. vi et vii
de R.), la dernière phrase est ^an bm ibte, etc., ce qui est tout à
fait convenable pour une finale (le ch. v de Z. se termine par les
mômes mots); dans D^^sn n® 2 (ch. viii et ix), après un récit
se trouve ce résumé m ^an b:> «w^na mtDDî ttib« (dans Z., viii,
où cette histoire se trouve au milieu du chapitre, ces mots man-
quent) ; — la fin de Oî^n n*» 3 se confond avec la conclusion de D.
E. R. Le fait que dans la Mischna aussi deux ou trois chapitres
qui se suivent peuvent avoir les mômes noms est prouvé par les
chapitres xv et xvi de Yebamot, qu'on désigne d'une épithète dis-
tinctive dibtD iw«n et ima rrztxn, ou par les deux nawn (vi et vu)
Jans Baba Mecia, ou les trois "Tanîan (iv, v, vi) dans Baba^Ba-
ira. Il faut, du reste, observer que dans les anciens temps, outre
les trois Perakim t^'^yn, il y en avait encore d'autres, car, à la fin
du chapitre viii de Z., il y a encore deux phrases (dans Halachot
Guedoloi, trois) avec dï^îïi ne pouvant se rattacher à ce qui pré-
cède et devant, par conséquent, être considérées comme un Pérek
spécial.
La division de ce traité en ses parties nous donne la meilleure
preuve du peu d'unité que présente le traité de D. E. C'est une
raison de plus pour rechercher la raison pour laquelle ces mor-
ceaux ont reçu le nom uniforme de D. B.
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ » 37
m
l'idée de "P» Y^.
Dans le traité de D. E. même, Texpression fit'n ne se trouve
qu'âne fois, tant dans Z. que dans R. ; «"na ^"noTO an«n * (Z., m,
comme seconde plirase du cliapitre), expression qui ne s'emploie
nulle part ailleurs dans toute la littérature rabbinique et qui fait
partie du fond primitif du morceau rf'n \m p^ii. Quelle que soit
Fimportance de la sentence émise dans cette phrase, cette unique
sentence ne suffit pourtant pas à expliquer le nom du traité. Dans
R., V, la phrase dsn b« «b» n'i nr 'p» « ceci n'est l'usage que du
savant » se lit aussi dans un morceau qui ne se trouve nulle
part ailleurs. Cf. vu : ^T»a «y» «"Ti ïtdn bti:» d:Dn « tu es un grand
savant et tu as de l'usage », dans un morceau qui, sans aucun
doute, fait partie de D. E. (voir plus bas). Il en est de même des
mots : nfiib bH îf n tea «•» ûh ûspn p-nnb « 11 faut vous examiner
pour voir si vous avez de l'usage ou non » (viii). L'expression
nrnart ^îtstd « usage mondain » (Z., v, fin; cf.R.,vii, fin) n'est pas
tellement significative au point de vue du contenu du traité qu'elle
puisse expliquer le nom uniforme de \^^. Il faut donc que nous
cherchions à nous expliquer ce nom d'une autre manière.
On sait qu'en hébreu biblique, le mot ^nn en lui-môme signifie
déjà «r coutume, genre de vie ». Dans la phrase composée yn« ^nn,
la phrase a le sens qui se rapproche du langage biblique, dans
Josué, XXIII, 14 y"u«i te ^nna din ^biïi -^ds» (cf. I Rois, ii, 2),
où on veut dire que la mort est une loi de la condition hu-
maine ; dans Genèse, xix, 31, «pôtti te T^'i^, où l'expression
indique que les relations conjugales sont une chose naturelle. Il
semble donc que la phrase entière est yntei b^ ^nn, expression
que je n'ai trouvée dans la littérature rabbinique que dans Exode
> Ealaekot GuedoL, p. 649, et Kalla, éd. Coronel, ch. m, p. 11 « : 'pi« ^nib;
cependant ^"113 vaut mieux. Dans R., vi, fia, M""T^ 0*^3)8 ; mais c^est une Ba-
ratta citée dans Bèça^ 25 d, et pMohim^ 86 3. Le fait que Torigine est dans le Tal-
mud et non dans D. E., comme Zunz. /. c, Padmet, est prouvé par la circon-
sunce qae, dans D. E., la Baratta précédente (dans Bèça et Pesahim^ fir3n*1) est
commentée par la question ï^ntO*^*! KÏIU)*^ ÏITS^I* Ces mots, sont le commencement
de la Baralta ou Guemara. — Dans H., v, au début, "JTQ H"l D*7N b^ 1%b'^1
DipTSÏl ; mais Elia Wilna biffe tout le passage. Ibidem^ m, dans le récit de la mort
d'Eléazar ben Azaria, Elia Wiloa lit D'^'^n nin*niM, selon Beraehot, 28 b ; dans
les éditions, IHË^ 'la^. En araméen, t<:^*nfi< TWï^t par exemple dans Berachot, 62 è.
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38 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ràblal ch. xx, 11. Sans te, mais avec l'article déterminatif rt, on
trouve yn2( yn dans le passage déjà cité plus haut de J. Sabbat^
8 a, et j. Pèa, lld, ainsi que dans Pesikta Rabbati, ch. xxi,
p. 100 &, éd. Friedmann, expression à laquelle correspond très
bien dbvn ^Ti dans Abot di R. Nathan, version I, p. 4, éd.
Schechter *. Dans le passage de la Pesikta, y^ ym est employé
dans un sens qui est fort rare dans la littérature rabbinique. Il y
est dit : "^inb D»3 w« byp dbva« amsa pW! yrrt^ Twbb ^b to-^
b'^^TH hiDjr « Tu peux le savoir par les dispositions de la nature,
grâce à Torganisation des sens, une voix pénètre dans dix
oreilles. » «"n est encore employé dans ce sens physique, quand
on veut désigner par là les relations conjugales, comme dans la
Bible, par exemple dans Gittin, 70 a, H^^a y^ lï-WD •% ; cf. Brou-
bin, 100 ô; Genèse rabba, ch. xviii, fin, ot Levy, Neiihebr. Wôr-
terb., I, 424 ô. A remarquer aussi le passage i'Eliyahou Zouta,
ch. m : mît dttb ïto« •j'^fiwiîtt «•» H^na "p n-ma :>a*T« "O ; de môme
ibid., ch. XVI, mais sans l'expression "p» Yn. Cf. surtout Kohel.
rabba, x, 8 : «"na mn» m^-^i.
Partant de l'ordre physique de la nature, on employa l'expres-
sion «"n pour désigner le genre de vie physique de Thomme. En
ce sens, «"n signifie l'occupation physique de Thomme, par oppo-
sition avec les occupations spirituelles, par exemple, Abot di R.
Nathan, version I, ch. i : «"nb ttTD, ou Abot, ii, 2, TttDbn
tK"^ ^ mm. Comme les occupations spirituelles embrassent non
seulement la Tora, mais la Mischna, on dit dans Mischna Kid^
douschin, i, fin : 1» •tt'^ «"na yh^ naiûtta «bi finptta «b •«•wD bsi
a'WD'tT (cf. Abot di R. Nathan, vers. II, ch. xxxvj ; là le mot (voir
Kiddouschin, AQb) n'a pas encore le sens de bienséance, mais
celui de pratique (5TOTO, par opposition avec niTabn = théorie). De
ce sens dérive, avec une petite nuance, une autre signification : «"n
signifie la vie sociale limitée à l'acquisition des biens terrestres,
comme il ressort de Abot, m, 5 : «"n bv. C'est à cette diflërence
entre les choses terrestres et les choses spirituelles que se rap-
porte la phrase é'Eliyahou Rabba, ch. i, au début : ir "^Ti n«mtt«b
min . . .tmn yy vCx suivant l'expression connue rwrp rrtm 1"^
rmnb'p«']Ti«.
Cette dernière expression nous fournit une transition pour une
nouvelle signification du terme H^n. H^n est aussi quelque chose
qui mérite d*étre connu, un sujet d'enseignement dont la science
fait honneur aux docteurs de la loi. C'est le genre de vie spécial
« Dans j. Sahbat, VI, 3, Sa, yn« ^^13 "^înl, nom du traité ; cf. b« laïTDtt
db*)^» qui est fréquent dans le Talmud.
* Jalkout sur Genèse, § 34.
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ » 39
et plus noble qui s*impose aux docteurs de la loi, c^est la bien-
séance, les bonnes mœurs. Le docteur de la loi, ou nnn, mène
un genre de vie spécial ; il doit posséder des vertus particu-
lières; cf. j. Demaî, 23 rf, ^in ^nn l'^am, ou le passage du Talmud
de Jérusalem cité dans Tossafot, Kiddouschvif 40 ô, où celui qui
est tenu à des bienséances spéciales est appelé TTDbn (c*est le TTabn
ûDn), et d'où Tossafot déduit avec raison que ces règles de bien-
séance concernent les savants : « ces règles ne sont que pour
les savants; d'autres les suivent. » Nous avons tiré la môme
conclusion du texte même du D. E. Nous avons aussi déjà fait
la remarque que la première collection de ces règles concernant
les savants est le traité de A\)Oi et que le savant qui observait
ces règles était en môme temps un homme pieux, c'est-à-dire que
les savants étaient aussi les gens pieux. C'est là le sens de cette
maxime émise dans Baba Kamma, 30 a, '^tT!Qb "^j^nn \s^ "ïNrt
n"0«n •'b^ tT'^pb KTDn « Celui qui veut être dévot doit observer
les choses de Abot » *, et dans le môme traité il est dit (ii, 5) :
Ton ynÊer ttf> «bn t rignorant ne peut être pieux » *. C'est pour
cette raison aussi que le traité D. E. est appelé d'^on rhyn^ « le
rouleau des dévots ». Cf. Eliyahou Rabba^ ch. xviii, 9, Ton
Je crois donc qu'au début "pN ^Ti ne signifiait pas mœurs,
bienséance, mais seulement <r genre de vie », ainsi que le mot
l'indique, et par là il fâut entendre le genre de vie des savants et
des gens pieux, comme le prouvent les témoignages littéraires et
historiques. Dans Berach,, 22 a, les savants réclament précisé-
ment l'enseignement de 'p« ym parce que celui-ci est nécessaire
à leur état. Par là nous comprenons aussi l'expression souvent
répétée : «"n ?mn m^b * a La Loi a enseigné déréch éréç », car du
moment que ce genre de vie spécial était devenu l'objet de l'étude,
on le fit dériver lui aussi de la Bible. C'est seulement lorsque des
règles de morale vinrent s'ajouter aux formes de la vie noble,
que Ton appliqua le terme «"n à toute espèce de préceptes réglant
les relations humaines, non seulement au point de vue général,
» Cf. Kalla, éd. Coronel, 11 h, «"-m '^b'^!^^; Pesahim, WZa, «5Db:^1 '^b'^TD; de
même Beraehot^ 7 h ; Sabbat, 33 b.
« Ceci correspond à Taulre phrase ^"'] *p^ ÎTnin •{"fi^ bM [Aôot, iv, 17). Cf.
le traité Kaiia, au début : N"n na ■;■«« VD b:? (n)naiy nninï! X>»^ ^12 b^,
aiuai que dans l'édition Coronel, 1 b.
• Abot di R, Nathan, vers. II, ch. xxvii, p. 56, d'^*T^on ni^bîTin; ibid., p. 82,
D'^TOrr nb-^^ï:. Au sujet de Û'^*TOn nbntt dans Sifrè, v. Zunz, /. c, p. 112.
* Cf. Sifrè, Nombres, § 102 : «"t TlWb ; Sota, 44 a : N"t rmn m73"«b, de
même EouUin, S4 «, Oen, rabba^ xx, 12, Yalkout^ Psaumes, 871 ; Midrasch Samuel^
▼u, 5; Gen, rabba, xxxi, 10, etc.
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40 RBVUE DES ÉTUDES JUIVES
mais aussi au point de vue moral. Aux règles concernant les sa-
vants et la morale vinrent s'ajouter aussi, avec le temps, des con-
seils pratiques pour le commerce et les professions, pour les soins
de la santé, et tous ces genres de règles sont maintenant réunis
dans notre D. E. *.
Comme, par la suite, le grand public, c'est-à-dire les cercles
qui ne faisaient pas partie de la classe des savants, s'attacha
aux règles de D. E., il se forma encore pour les savants d'autres
règles de vie morale, plus flnes et plus subtiles que les autres, et
c'est ainsi que s'explique l'expression y^» ym '»nnD a secrets de
dérech éréç » qui se trouve surtout plusieurs fois dans Tanna di
de Eliyahou *.
Ces petits chapitres, au nombre de onze, ne pouvaient être dési-
gnés que par le nom de "p» "yn^ car ce nom seul est propre à
servir de suscription à des écrits aussi hétérogènes, puisqu'il
exprime tous les aspects de la vie sociale, morale et pratique, en
commençant par le côté physique de l'homme.
IV
LES SOURCES DU TRAITÉ.
Je n'ai pas l'intention d*indiquer ici les sources anciennes des
phrases, sentences et expressions isolées qui se trouvent dans
D. E. ; cette tâche est réalisée presque dans chaque édition du
Talmud, et, comme on le sait depuis longtemps, le contenu de R.
se retrouve dans des écrits rabbiniques plus anciens. Je ne veux
relever que les emprunts qui montrent la façon dont s'est consti-^
tué notre traité.
Sa dépendance vis-à-vis de la Mischna saute aux yeux. Mais ce
> Nous trouvons un exemple spécial de |f*iH *y\1 traitant des règles de bien-
séance dans Yoma, 46 : ïibnn "Xix^yp 5"«N iT^an d:^ dn« naT^ «b© «"t.
le même passage se trouve aussi dans Nombres ràbha, xit, 21 .
* yn» yn •'inDl rmn A'inO, Ahot d% R, Nathan, vers. I, ch. vin, p. 36 ; cf.
Sifrè, Deut., 305, et Bliyahou Zouta, xvi. Dans Eliyahou Babba^ xnr, au commence-
ment, il y a cette tournure remarquable : fc^^T nt I'^fi< fi<"T fiOn 1T "^Dl. Ibid., xiv :
matîDn nWDI N"n ûrra tO-^tt) y^^n •^ÎDJ ; de môme xxvn ; Eliyahou Zouta, xiii,
au début :N"T Tl^bbl natDTsbl «-îp!Qb liaCl; ibid., «"la d'^poiyi. —
Dans JBeraeh,, 62 a, à propos de quelques règles relatives à MODH D'^a, qui se
trouvent aussi partiellement dans D. B. R., vu, on emploie deux fois la phrase solen-
neUe : «^-njt "ï^N m»bbl «''ïl m^D.
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ » 41
ne sont pas des passages entiers qui sont empruntés à Abot, ce
sont seulement des expressions et des phrases. Je vais en donner
la preuve en détail : Z., m : mr)T tp^ ^n-^an n« in ^^=^AI)ot, i, 6;
toutefois le contexte est tout différent et la sentence n*est pas
anonyme; — Z., ibid,, aiû d« rop = Abot, ii, 7; — Z., ibid.,
Tïsb ic-^an VN = Ab.y II, 5 ; — Ibid., robro a'^ttîai I-^md Vki© =
i&., V. 7 ; — Ibid., %bb 73":^ TOibi = Ab.^ iv, 5 ; vi, 6. Dans le
troisième chapitre du Z., où se trouvent les mots yn'^ *y^yi2 aniDn
■pK et qui appartient au fond primitif du traité, la phraséologie
de Abot est employée cinq fois, sans qu'une seule sentence entière
soit empruntée à cette Mischna. Des autres chapitres de Z., je
citerai encore : Z., i, bsn n« ûdid txtw ansD^ = Ab., v, 15; —
Ibid., nrnan dk nm» = .lô., vi, 1 ; — Jbid., ^îTirn ^aa^ = .!&.,
II, 4 ; — Z., II, a-^ttDïib bnaa = ^&., v, 1 ; — Ibkt., n53fia V:' nm» =
il&., V, T ; — /Wd., ina menb n^m d^a-^^n b« = ^&.. iv, 5 ; —
/Wd., d'^^ioron nfcn mrDnnn n« aïTi«= Ab.y vi, 6; ^ Ibid.,
nnimonb m:i toenb bp = i4&., m, 12 ; — Ibid., ïibp truxb y^ "^irr
= Ab., II, 1 ; — Ibid., nw l-^iwa Ti = Ab., m, 1.
Ce style, qu'on pourrait appeler à bon droit le style de mo-
saïque*, ne se trouve que dans les quatre chapitres de D. E. Z.
dont nous avons parlé, c'est-à-dire dans ces parties du D. E. que
nous avons désignées plus haut comme formant le morceau à
part, rTn b» "pnrt. Cette partie, contenant les règles concernant
les savants, n'a que des réminiscences de Abot, mais n'en a rien
emprunté. Comme il n'a rien des parties purement morales de
Aboi, il est permis de croire qu'il est aussi indépendant d«s autres
écrits. Lorsqu'il y a concordance entre )yin et d'autres écrits,
l'originalité appartient toujours à pnn. C'est ce que je vais égale-
ment essayer de prouver.
Z., I : mr'Db rr^rtn )m ^v'^an )J2 m-^aj^ ^t^ vrn'nTi i» pmn
« Eloigne-toi de ce qui conduit à la transgression, de ce qui est
laid et de ce qui ressemble au laid » se retrouve, quant à la
seconde partie, dans HouUin, 44 &, avec cette formule intro-
ductive d'^ttDn ruxK ba^ « mais les sages ont dit » ; mais on voit
au premier coup d'œii que cette phrase est ici une citation qui
n'est appliquée qu'à un cas spécial. Dans D. E., la phrase a
encore un membre antérieur et un membre postérieur. Dans
' Ce style de mosaïque est fait non seulement de réminiscences de la Mischna
d^Abot, mais d'emprunts à TEcriture Sainte, comme on le montrera plus loin, dans
le chapitre sur la langue. Il est également impossible de méconnaître que D. E. ren-
ferme beaucoup de réminiscences du Talmud et du Midrasch, non pas tant du Tal-
mud et du Midrasch sous leur forme définitive que des sentences isolées sutâsam-
ment connues dans les écoles et attribuées aux rabbins. Quant à donner à ce sujet
des preuTes en détail, cela nous mènerait trop loin.
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
In, II, 24, p. 503 de Téd. Zuckermandel, la phrase est
ngue, et la Tosefta ne peut être la source de D. E.
R, Nathan, version I, ch. ii, la phrase est conçue
). E., mais immédiatement après d'autres sentences
s sous cette forme d'^ttsn T\12» ^D'^Db « c'est pourquoi
dit » ; comme ces sentences ne se trouvent que
que D. E. est une des sources des Abot di R. Na-
gent guère songer à cet ouvrage comme source de
Midrasch Eagadol, sur Deut., xxi, 5, qui a été
aent par D. Hoffmann (1897, p. 24), cette sentence
compagnée de ces mots m-^nya d'^rtt^ ^fm»rp «V©
le te soupçonne pas de transgression «. Ces mots ne
le dans D. E. ; donc l'auteur du Midrasch Hagadol
D. E.>.
Nathan a encore une autre citation qui est sûre-
1., appelé en cet endroit d'^Ton nb^a» ; la sentence
^e avec quelques modifications dans D. E. Z., ii*.
^n*' "^î-^H ^ib ^Dwb Ti^b « Habitue ta langue à dire :
0 (Z., m) est citée dans Berach,, 4a, avec Tintroduc-
t on a dit », et Raschi, in loc, renvoie avec raison
ixime yait2 ibra*^ ^Vo n» ^Vb irfcw nbtaî dN « Si tu as
t'appartient pas, on te prendra ce qui t'appartient »
ouve presque identiquement dans Abot di R. JYa-
n, ch. xxxii, p. 36. Sans tenir compte de la rédac-
ise, le contexte plaide aussi en faveur de la priorité
p^i), car il y a là plusieurs maximes de ce genre
construction '.
rrtfù nï-^ÉW» îtttd finp!Qa povn est citée dans Baba
îomme une baraïta l^n^ isn ; mais comme elle ne se
aucune collection de baraïto, cette formule intro-
i5n vise peut-être la collection D. E. (Z., iv). Nous
la môme sentence dans j. Sabbat, 15 cf.
manbttJ Tittb roir dn» b^ ■;■»«« « Tout le monde
r la chance de s'asseoir à deux tables (jouir du
>. 120, note a, dit que *ni^^^ no se trouve que rarement dans
et il ne cite que Houllin ; toutefois le mot se trouve également dans
)t cela en deux endroits, l^hus , Tosefta Tebam., iv, 7, il se trouve
exemple manque chez Tawro^i, l, c.^ p. 5.
éd. Cor., III, comme Tindique M. Schechler (p. 52), on ne trouve
E. Nathan, la maxime est attribuée à Rabban Gamliel {'n'>^ K1!l
eux maximes provenant de R. Gamliel sont si diverses de langue,
de suite dans les idées qu^il nous faut considérer comme erronée
R. Qamliel.
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LE TRAITÉ TALMIJDIQUE « DËRËCH EREÇ » 43
bonheur déjà en ce monde) » * n*est à sa véritable place que
dans D. E., où elle est précédée de phrases introductives. Dans
Berach.y hh, la sentence de R. Yohanan n*est employée que dans
un cas spécial, mais il est visible qu*elle n*a pas pour auteur
R. Tohanan. R. Yohanan doit donc déjà avoir connu le recueil
D. E.
Les SIX maximes examinées ici sont presque les seules du mor-^
ceau appelé *p^ qui soient désignées en marge des éditions du
Talmud comme étant aussi mentionnées ailleurs, et pour toutes
nous avons pu établir la priorité de D. E. A part peu de passages,
que nous éliminerons plus tard, ce morceau ne contient que des
sentences très nettement formulées, exprimées avec les plus belles
expressions de la littérature rabbinique. La langue est de Thébreu
par, le style clair et concis, ayant presque toujours une allure
d'épigramme. Mais ce morceau a encore un trait caractéristique,
que je veux relever. Vers la fin du chapitre iv, c'est-à-dire à
la fin du morceau p'in, l'auteur du recueil fait parler Dieu à la
première personne : t|»i ytxd^ NXn '»b« èt^d nrrattja "^^nn ir^y &K
tn^a yca, ^b ^wm ^nfinpb tm^ "^^isj^ta "^în « Si tu as accompli mes
préceptes avec joie, ma cour sortira à ta rencontre et moi aussi,
et je te dirai : Que ta venue soit en paix. » La personne qui parle
ici ne peut être que Dieu. D'après cela, la conclusion ïibfi^ "nan
*p:6b T»'nnîi, etc. pourrait aussi être conçue comme émanant de
Dieu. Par cette tournure de style, la langue et Tesprit du mor-
ceau "js^ s'élèvent à une certaine hauteur morale et la collection
se rattache aux meilleures productions de la poésie gnomique*.
Le morceau de p^n est aussi le seul, entre tous ceux du traité
D. E. ou il soit question de pureté iévitique. Il en est parlé en
deux passages :
1" I : ty^ttrip "^^ïp bbnn «aà 'p«rr û:> lïts tM> dnb tenn b« ^ « Ne
mange pas de pain avec un prêtre ignorant, de peur de profaner
les choses saintes. » D'après Ahot di R, Naihan, version II,
ch. XXXIII, p. 72, la maxime a été dite par R. Akiba en môme
temps que d'autres maximes se rapportant également à la pu-
reté iévitique. Une collection où une pareille maxime a trouvé
* Zouta, r?.
« Dans le morceaa intitulé p*11, la plupart des maximes ont une forme semblant
indiquer que le maître enseignait ainsi à ses disciples; ce qui aussi est une preuve
d^antiquité.
' Les mêmes mots se trouvent aussi dans D. E. R., i (U)*1p^!l p^D)» ^^^^ ^^
nom d'Âbba Hilfaï : 0^7D)23 "^UJlpD ^b'^SN'^ É«7Dffi. Nous complons ce cas avec
ceux où, dans D. B., on donne intentionnellement la préférence à l'anonymat; cf*
cependant Nedarim^ 20 a, ou ces mdmes mots forment une partie d^une baraïta
rapportée avec le terme M^n.
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44 REVUE DES ETUDES JUIVES
place doit au moins être contemporaine de Tépoqae talmudique*.
2<» III : inb^SM X^^ inrnaa i-^a d'^©npn "vni ^^inn « Fais attention
aux choses saintes, soit lorsque tu les donnes, soit lorsque tu les
manges. » La maxime qui se trouve un peu plus loin nnmsira nVm
D*o^b nn& peut néanmoins se rapporter également à Timpureté
lévitique.
Pour les quatre chapitres de D. E. Z. (v-vni) qui suivent ou
pour ce qu'on appelle les Perakim du Mahzor Viiry, il est impos-
sible de relever des indices établissant leurs rapports avec d'au-
tres parties de la littérature rabbinique. Dans ce morceau, les
renvois en marge à d'autres écrits sont nombreux. La langue est
moins nerveuse et serrée que dans pi^, et on y trouve fréquem-
ment des énumérations, telles que dnn^ W3^, v et vi; tt^'ho
rh rry^y^, etc., iMd., v; dbi:jn d'^^an wau?, vu; iniûbiDïs nvM,
VIII, style qui rappelle vivement Aboi, v, et Ahot di R. Nathan.
C'est pourquoi j'admets que le début du septième chapitre : wnt)
bbi^a d-^nan provient de Ahot di R. Nathan, version I, ch. xxxvii,
p. 110, qui provient à son tour de A bot, v, 7 *. La maxime ïTobioa
iD^sai lo-^sai loida nd-^î dn» d"»*ian « L'homme se fait connaître par
trois choses, par son verre, sa bourse et sa colère », qui, selon
Eroxibin, 65 &, a été dite par R. Haï, est modifiée dans D. E. Z.,
V, et on y met quatre objets en ajoutant le mot ino-^rM^ai « et par
son costume », qui interrompt la belle assonnance Did, tro et tn\
par la phrase 'Tia'^na q» n""»! « d'autres ajoutent : par sa parole •
on ajoute déjà à cette expression une sorte de guemara. Suivant
le traité Eroubin, la maxime vise l'homme en général; dans
Aboi di R. Nathan, version II, ch. xxxi, p. 68, une maxime du
môme genre (d^r^rr pk l'^p^rna d'^'ian 'aa) vise également l'homme en
général; dansD. E., la maxime a donc dû être seulement appli-
quée aux savants, ce qui explique aussi l'addition de '[PD'^û^^ai *.
Il est donc permis de soutenir qu'en cas de concordance entre les
chapitres de D. E. et du Tanna di bè Eliyahou, l'authenticité est
du côté de D. E., car là on dit, par exemple, R., v : d^È^ kît» dbvb
a)Dr «nrt "^^ bstfi^ rm, tandis que dans Eliyahou Rabba, xii, il y a
déjà l'expression a des savants » nmnn n« hibiJ2 tam rfn dÈ^i*. Les
> Neuburger veut prouver que l'observance des lois de pureté lévitique n^a duré
que jusqu'à Tépoque d^Uadrien (MonaUschrift, 1873, p. 433 et suiv.]. Toutefois, j'ai
déjà démontré le peu de fondement de cette opinion dans Magyar- Zstdô-S^twle, VII,
385, et la preuve tirée de D. £. vient encore s'ajouter aux raisons que j'en ai
données,
* Les mots ddtia ^aV)*l manquent dans Eaîachot Quedolot^ p. 645.
s Les savants se distinguaient aussi par leur costume, comme cela ressort des Evan-
giles. Au commencement de D. Ë. Z., la leçon iniD3 C|k3^n93*1 est donc préférable
à la leçon ^niDD &|3U931 ; elle veut dire que le savant doit se vêtir décemment.
* Voir plus bas les mœurs des Jérusalemites.
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ » 4K
chap. IX et x de D. E. Z., comme on sait, montrent peu d'origi-
nalité.
D. E. R. semble avoir utilisé Tanna di bè Eliyahou comme
source. La maxime de la fin du chapitre vu : x^^ w^ rta^^ «b
CTDisn « il ne faut pas se réjouir près de ceux qui pleurent », se
trouve dans Eliyahou Zouia, ch. xvi, en langue araméenne ; la
traduction en hébreu, faite par D. E. R., est un signe certain de
jeunesse. Cette maxime est aussi rapportée dans Eliyahou Zouta
au nom de Samuel le Petit : ''Da \skn ^ roan Kb b-^m «bn W bmn «b
«bn d:^ TT»n »bi n'ina «bn d:^ n-^rran «bi -ïssa «bn d:^ "^atan «bi
rits^ns a«nn mtsv) ^ru « N'aie pas peur à côté de celui qui n'a pas
peur ; ne pleure pas à côté de celui qui ne pleure pas ; ne mange
pas à côté de celui qui ne mange pas ; n'aie pas de soucis à
côté de celui qui n'a pas de soucis ; ne ris pas à côté de celui
qui ne rit pas, de peur que tu ne sois pris pour un fou. » La
remarque finale dans D. E. : ■'îai iTan T^rm nnrr dn» ««■» b«
m» « Il ne faut pas penser autrement que les autres » est
exprimée dans Zouta, v, fin, en ces termes : yrmin dn» n:©"^ b»
n-pnan « Il ne faut pas s'écarter de l'usage du monde. » L'ex-
pression nr'iart se trouve aussi dans R., vi, vers 1^ fin, dans
la maxime analogue : na^i:^ difi^ b« vun ton d'^^an in53« 1«D53
m"nart t3J?, et c'est le seul endroit du traité D. E. où se trouve la
phrase : « C'est à cause de cela que les sages ont dit ^ » La
maxime même 'na m^n «rm ne se retrouve nulle part ailleurs, et
pourtant la formule introductive Ij^dtd semble indiquer une cita-
tion*. Il semble qu'il y a là une indication du fait que l'auteur
de ce morceau connaissait des chapitres de D. E. que nous ne
possédons plus, ce qui confirme l'hypothèse que nous avons ex-
primée plus haut de l'existence de plusieurs chapitres (d'^pno) de
D. E. Le fait que D. E. R. môme s'en réfère à un autre D. E.
est une nouvelle preuve de la jeunesse relative de D. E. Rabba.
Il faut seulement mettre à part le •»«?:> "ja pns, qui forme un petit
ouvrage distinct et qui fait partie du fond primitif du D. Ë. R.
Dans le premier Pérek de R. («Tpîan), presque chaque maxime
provient des traités du Talmud babylonien. Les maximes qui sont
* D. E. R., IV, au milieu, il y a eacore d'^Wan 1^73N *]ab. La phrase cilée dans
celle formule : riîpa ^[1 ^M^ se trouve, en effet, dans Z., viii, au commencement;
mais la suite forme une sorte de guemara. Le fait que le mot nSpa ^1 "^lîl est an-
cien eet prouvé précisément par la citation d^TOan 1*i?afii *jab ; dans Ahot di R.
Nathan, version I, xu, p. 66, il y a in»i< l^a^. D'après Taanit, 20 h, le mot
provient de Eléazar b. Schimon; voir plus loin le chapitre sur les parties nar-
ratives.
« Cf., plus haut, Û'^ttan in53« ^a-^ob, dans U maxime ^Ijr'^an 1» pmïl- La
formule Q^sn yV2^ est aussi usuelle pour les citations de Sira.
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46 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
. leur place dans D. Ë., parce qu'elles ont un caractère mo-
évèlent beaucoup d'originalité, par exemple la maxime :
) -na^ Mb» w« nnrmo bD© ïTOwn tM> sim© nann «b « Ne
le pas beaucoup avec les femmes, car leur conversation ne
que sur l'adultère », qui parait môme avoir été employée
Mischna Abot, i, 5 *. — Le Pérek dT?Ti2Ki a déjà été analysé
laut, et il suffit de dire que ce chapitre, sauf sa fin mys-
fait partie des plus anciens ouvrages de la littérature
E.
ci comment je résumerai les résultats de cette analyse. Les
laux intitulés pTi avec nupn ^ty<^ '^ pno, ^w:^ «ja et dT?Ttsci
Isent pas à d'autres sources, mais sont originaux et s'appel-
"n "^piD ou «'n n"obsi dans le sens ancien. Ces morceaux sont
tilisés dans le Talmud. Les Perakim de Z. dans le Mahzor
font des emprunts au Talmud et à Aboi di R. Nathan; les
im iv-xi de R. empruntent à Z. et aussi à Eliyahou Rabba
mta ; Pérek i de R. et Pérek x de Z. ne sont que des com-
)ns sans caractère indépendant ; Pérek bnb^n est une agada
et ne doit être considéré que comme apparenté au
D. E.
S. Erauss.
{A suivre.)
Oeiger, dans Zeitsckrift der d^utich. morgenl. GeselUehaft, XII (1S58),
et Derenbourg, Stsai sur VhUtoirê dû la Paleêtinôt p. fiO, note 1.
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LE CANTIQUE DE MOÏSE
(DEUTÉRONOME, XXXII)
Si ce cantique, dont l'ensemble est très clair, renferme quel-
qaes passages obscurs, cela tient surtout, selon nous, à un cer-
tain nombre de lacunes, qui n'ont pas été suffisamment remar-
quées. Nous avons été amené à admettre ces lacunes, d'abord, par
l'examen des versets difficiles à expliquer. Nous avons observé, en-
suite, que la plus grande partie du chapitre était composée de dis-
tiques, exprimant chacun une pensée distincte. On reconnaît avec
évidence des distiques dans les versets 4, 6, 1, 10, 11, 13, 17, 20,
21, 22, 23.24 a, 24 0-25 a, 25 &-26, 27, 28-29, 30, 32, 34.35 a, 35 ô-
36 a, 36 0-37, 38, 41, 42, 43, Si l'on met à part les versets 1 à 3 qui
contiennent l'introduction du poème, il y a quarante-huit lignes,
sur soixante-six, qui forment des distiques. Cette simple consta-
tation autorise à croire que le cantique entier (sauf l'introduc-
tion) était, à l'origine, composé de distiques. Seulement, le texte a
souffert par suite de nombreuses omissions, de sorte qu'il manque
des hémistiches, des stiches et même un distique entier, sinon plu*
sieurs. Dans les distiques intacts, on peut le plus souvent res-
pecter la division traditionnelle des versets. Parfois aussi les ver-
sets sont mal coupés. Nous allons examiner maintenant les
versets qui présentent des obscurités ou qui ne cadrent pas avec la
division en distiques.
Les trois premiers versets, qui renferment une invocation,
comprennent un stiche, un distique et un stiche. Le cantique lui-
même ne commence qu'au verset 4.
Le verset 5, qui a donné tant de mal aux commentateurs, n'a
qu'un stiche, dont la première partie est inintelligible. Le dernier
essai tenté pour l'expliquer est de M. Castelli [Z.A.W,, 1897,
p.337). qui lit vhrh pour «b ib et traduit : Leur faute eût perdu^
^Us n'eussent été ses fils^ une génération perverse et tortueuse,.
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48 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Mais la construction de la phrase hébraïque s'oppose absolument
à cette explication, et, de plus, le verset suivant n*aurait pas de
sens. A notre avis, ib nm» ne peut signifier que : (Israël) s'est cor-
rompu envers lui (Dieu). Or, le verset 5 est, de toute façon,
trop court pour exprimer la défection d'Israël. Il nous semble
donc qu'il devait y avoir là un distique dont nb nn« est le com.
mencement et rw «b, etc. la fin. Toute une ligne manque entre
ib et Nb. Pour les mots tWDi!Q rîn ^b, nous adopterions partielle-
ment la correction proposée par KIostermann et nous lirions È^b
to-^stD» -^sn, parallèle à bnbriD-i iûp:> ^rt, et analogue à 20 b.
Dans Sbj les mots bw^itt)"» "^îa nDD^ob ne s'adaptent pas bien à ai^-»
to-^TD:^ mbn:». Or, 8 et 9 n'ont que trois lignes. Si nous supposons
que 8 & se rattache à 9 , et qu'il manque l'hémistiche paral-
lèle à ^^'n:^ niba:^ n^*^, ainsi que l'hémistiche répondant à iwth
bN^n -^ja, nous aurons peut-être trouvé la cause de l'incohérence
de 82).
Le verset 12 n'a qu'un stiche, qui se sùfilt à lui-même, mais
qui pouvait avoir son pendant dans un autre stiche omis par un
copiste.
Nous rentrons dans l'obscurité avec les versets 14 et 15. On re-
marque, d'abord, que rhémistiche to-n^ nbn d:^ est bien court.
Aussi faut-il y rattacher to-^b^n de la ligne suivante (voir Dill-
mann, a. L). Ensuite, rmn nvb^ abn to^ se rattache mal à l«a •'în
to'^inn:^'!, et l'image de la graisse des reins du froment est très
singulière. On rencontre bien la graisse du blé (Nombres, xviii,
12) et la graisse des reins (Lév., m, 4), mais nulle part les reins
du blé. Enfin , nvbD nbn d:> ressemble étrangement à abn to^
to'^'TD, qui se trouve juste au-dessus. Nous sommes porté à croire
que les roots [to-^b»] nvbd abn d:> (d'après Is., xxxiv, 6) sont une
variante de to-^bî^i d"»na abn d:^, et que le mot n^n fait partie du
distique suivant. L'hémistiche répondant à d-^mnn "[toa "^îa manque,
en réalité. Du premier hémistiche du distique suivant, qui répon-
dait à %n nniDn aï:? toTi, il ne reste que nran. C'est à ce même
distique que nous rattacherions volontiers, avec M. Perlés
{W.Z.K.M,, t. X), les mots n-^uja n-^aj^ nîJDO, ces verbes étant à la
deuxième personne comme mwi, tandis que û^^a*»*! l^*» iTstD'^i doit
être rapproché de nrwy nbî^ «^"^1. Le distique est complet, si on
écrit, d'après la Septante, 3?atD'»i apr> baN-^i, après ûya-^i yw^ )iyû^\
Le verset 16 n'a qu'un stiche. Au lieu d'admettre avec M. D.
H. Millier (chez Perlés, l. c.) que to'nû'rn, etc., dans le verset 17,
est une glose, il nous parait plus naturel de croire qu'une ligne
est tombée après le verset 16. Le verset 17 donne un excellent
distique.
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LE CANTIQUE DE MOÏSE 49
Les versets 18 et 19 sont probablement, eux aussi, incomplets. Ils
pourraient à eux deux former un distique, mais il n'est pas vrai-
semblable qu'un mArae distique renferme deux idées différentes.
Un indice de Taltération du texte nous est fourni par y«3"»i, car ce
mot n'a pas de complément direct, et 0:073 est difâcile à com-
prendre. Aussi a-t-on proposé la correction ingénieuse consistant
à lire dj^D"^"» au lieu de djots et de transposer ce verbe avec yso'>\
Le verset 23 n'a qu'un sticlie, mais nous croyons que le ver-
set 24 a doit y être réuni. Il n'est pas sûr du tout que ■'Tîd et '^tznb
soient des participes, le parallélisme avec nisp indiquerait plutôt
des substantifs, expliquant le sens de "^^n. Ensuite, 24 & va très
bien avec 25 a, de même que 25 & se comprend bien mieux comme
complément anticipé de drp&<DK que comme suite de 25 a; donc
25 & et 26 forment ensemble un distique.
On doit réunir aussi 28 et 29.
Les dilficuUés reviennent avec csni^ t^tcl'd «b "«D. On ne voit
guère comment cette phrase se lie avec ce qui précède et elle
ressemble beaucoup à Thémistiche qui est au-dessus d'elle »b tsic
tmD73 onia: "^d. N'en serait-elle pas une variante? En ce cas, il
ne resterait du distique qui suit le verset 30 que les mots énigma-
tiques. to-^Wo ira"«"iNi Pour les comprendre nettement il faudrait
suppléer trois hémistiches, ce qui est délicat.
Au verset 32 il semble manquer dn^D'TO après tnny rû^i^m. Le
verset 33 n'a qu'une ligne ; il est possible qu'une autre ligne ait
disparu. Le verset 34 doit être complété par 35 a, tandis que
35 & et 36 a vont ensemble ; de môme 36 b et 31. Entre 37 et 38 il
y a sûrement une lacune, car on passe brusquement du Dieu d'Is-
raël aux idoles. On doit donc supposer qu'il manque au moins un
distique.
Le verset 39 comprend cinq hémistiches. C'est trop ou plutôt
trop peu ; car il est à croire qu'il est tombé un stiche parallèle à
nny lan, etc., tandis que d-^ïd» "^^k exprime une idée différente. Il
est visible aussi que devant b'^STD '^r*^ x^s^') il manque un hémistiche.
Enfin, le verset 40 est incomplet, car Tapodose de fi<iDK "^d est
absente.
Si Ton tient compte de ces observations, le cantique de Moïse
doit être écrit de la manière suivante :
•'nnnN.bûiD btn -^npb ^Vi^'D rpy-^
T. XXXVI, N«» 71. 4
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REVUE DfeS ÉTUDES JUIVES
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a-^bKi û-^-iD abn û:^
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r-i-^oiD ïT'ay nD730
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D-^nTa inNap-'
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DD'^niaN ûinyo «b
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LE CANTIQUK DE MUISE
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
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■»-i3:b dp3 a-nD»
n-^aet bbn dna
r-i3:b a"»©"» dp3n
t sans doute tentant de combler les lacunes, mais ce
gereux. C'est d^jà beaucoup que de savoir qu'il y a des
. Dans beaucoup de passages bibliques les copistes ont
des morceaux plus ou moins étendus. Dans ce cantique,
lisme et Tuniformitë du poème permet de se faire une
icunes ; mais ailleurs il est bien difficile d*en déterminer
I et rimportance.
Mayer Lambert.
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r-'iir
LE CHAPEAU JAUNE
CHEZ LES JUIFS COMTADINS
On sait qae dans le Gotnté-Venaissin, comme en beaucoup de
pays, les Juifs étaient astreints à porter des signes infamants.
C'était d'abord la roue ou rouelle jaune que les conciles d* Avi-
gnon, de 1326 et de 133*7, imposèrent à tous les Juifs, à partir de
l'âge de quatorze ans pour les garçons et de douze ans pour les
filles. Cette mesure humiliante ne fut jamais acceptée sans pro-
testation, et les Israélites comtadins ne reculèrent devant aucun
moyen pour s'y soustraire. Tout nous porte à croire que, malgré
toutes les ordonnances, ils parvinrent souvent à s'en affranchir
complètement. De là le grand nombre d*édits reprenant, tout en
les modifiant parfois, les anciennes prescriptions violées ou tom-
bées en désuétude ^ Rappelons-en les principales'.
La bulle de Pie II (1459), imposant aux Juifs la roue ou autre
signe jaune, si grand et d'une telle largeur qu'il puisse être vu en
dehors des plis de Thabit, fut renouvelée par Alexandre V[ (1494)
et par Clément VII (1525), qui menaça les contrevenants d'une
amende de 100 ducats d'or^. Mais dans la pratique, on se montra
certainement plus tolérant. Les Juifs eurent recours à la ruse et,
s'ils portaient le signe infamant, ils savaient à l'occasion le cacher
aux regards indiscrets.
* Voir Ulysse Robert, Êtudt sur la rou$ des Juifk depuis le xiii* siècle^ dans la
Revue^ t. VJ, p. 90 ; Bardinet, Condition civile des Juifk du Comtat Venaissin^ ibid.y
p. 6 et SUIT. ; Israël Lévi, Clément VJI et les Juifs du Comtat Venaissin, t. XXXII,
p. 70 et suiv.
* A en croire Cambis Velleron (ms. de la bibliothèque d* Avignon), les Juifs du
Comtat portèrent longtemps des habillements pariiculiers, parmi lesquels était letalei.
Ce ne serait que dans le courant du xiit* et môme du xiv* siècle qu'ils abandon-
nèrent leur costume oriental pour prendre le costume européen. Le chapeau jaune
n'ayait donc pas de raison d'ôlre avant cette époque,
» Archives de Vaucluse. G. 42, P»12.
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
' mettre an k ces agissements, Clément YII remplaça le
1 1525 la roue par un objet plus apparent, le chapeau ou
jaune. Mais sur la protestation des Juifs, cette mesure fut
. Paul IV y revint en 1555. Mais, dès 1560, un nouvel édit
me pape autorisa les Juifs à se coiffer du chapeau noir
)s bourgs et villages oti ils avaient coutume de trafiquer ^
à le porter dans la ville môme de leur carrière, il n*y
qu'un pas que beaucoup, surtout les Juifs aisés, n*hési-
pas à franchir, grâce à la bienveillance intéressée de cer-
igents du pouvoir. Aussi Pie V voulut-il mettre ordre
état de choses. Par une bulle de 1566, il confirma celle
prédécesseur Paul IV, et en demanda la rigoureuse mise
;ution. C'était l'époque la plus douloureuse de l'histoire
fs comtadins ; un décret d'expulsion avait été rendu con-
:, et le moindre sujet de mécontentement pouvait en hâter
nation. Pour ne pas irriter leur souverain, déjà si mal
I à leur égard, les Juifs durent se soumettre complète-
lux prescriptions pontificales et se coiffer du couvre-chef
îtesté. Ils le portèrent de même, malgré quelques vaines
ves d'affranchissement, pendant toute la première occupa-
inçaise'. Mais les papes, en reprenant possession du pays,
itrèrent beaucoup plus tolérants. Malgré les statuts d'Avi-
le chapeau jaune disparut complètement* pour céder la
u chapeau noir avec pièce d'étoffe jaune sur la partie supé-
Cette pièce môme ne fut pas obligatoire pour certains
oyageant et commerçant dans les villages'. Un règlement
Te Lacrampe, inquisiteur général d'Avignon, du 20 octobre
upprima cette liberté relative. Il imposa de nouveau le cba-
empiétement jaune « à peine de prison ipso facto et autres
arbitraires et môme corporelles en cas de récidive ». Cette
ance resta en vigueui* jusqu'en 1*751, où une autre la mo-
; la façon suivante : <c Les hommes porteront la marque de
r jaune sur le chapeau, bien cousue dessus et dessoua les
I était la situation lorsqu'en 1776, les Juifs, voulant suppri-
tottt jamais ce signe humiliant, encore trop visible, deman-
au pape de les autoriser à porter simplement, à la partie
othèque de Carpentras, ms. 2904 ; mÔme ordonnance de Tauditeur général
n, année 1564. Ibid.
Pièces justificatives.
Us d'Avignon, année 1698.
Pièces justificatives.
loth. d'Avignon, ms. 2863, f» 84.
iolh. d'Avignon, ms. 2945, art. XX.
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LE CHAPEAU JAUNE CHEZ LES JUIFS COMTADLNS 55
sapérieare de leur chapeaa noir, un morceau d'étoffe jaune. Le
moment était on ne peut mieux choisi. La discorde régnait entre
)e$ députés du pays très hostiles aux Juifs et, par conséquent,
partisans déterminés du chapeau jaun*", et le cardinal Durini, re-
présentant de l'autorité pontificale. Le cardinal avait qualifié très
sévèrement les actes de l'assemblée comtadine et sVtait même
permis de ne pas écouter les explications qu'elle voulait lui don-
ner. Les prétentions des Juifs, étant combattues par les députés,
ne pouvaient avoir que les sympathies de Monseigneur Durini. H
n'allait cependant pas jusqu'à les défendre et les soutenir ouver-
tement, il se contenta d'une bienveillante neutralité. Malgré toutes
les avances de la représentation comtadine, il ne consentit à faire
aucune démarche, et l'assemblée dut se rabattre sur Tévéque de
Carpentras, Monseigneur Vignoli, qui se joignit à M. Celestini,
chargé d*affaires à Rome, pour prendre en main « la cause du
pays ».
Quels étaient les arguments des Juifs ? Nous ne les connaissons
que par le mémoire de l'assemblée rédigé dans la séance du
la juillet me.
En voici le résumé. Le chapeau jaune n'est pas une fin, mais un
moyen de distinguer les Juifs des chrétiens. Or, ce moyen a aou*
vent changé, et puisque le chapeau noir avec pièce d'étoffe fait
suffisamment reconnaître le Juif, pourquoi lui imposer le chapeau
complètement jaune ?
Kn second lieu, cette prétention n'a rien d'excessif. D'autres
Juifo des terres pontificales, ceux de Rome et d'Âncône, ne portent-
Ils pas, depuis longtemps, le chapeau noir avec la pièce d'étoffe?
Rien ne justifie cette différence de traitement.
Enfin, dans les pays environnants, et particulièrement en France,
les Juifs ne portent pas non plus le chapeau jaune.
A ces raisonnements, l'assemblée oppose la réponse suivante :
La loi est formelle, elle indique clairement et le but et le moyen.
C'est à la tourner ou à la violer que tendent les prétentions des
Juifs. La marque jaune peut facilement être cachée ou enlevée.
Quant aux Juifs d'Ancône et de Rome, ils ne ressemblent en
rien à ceux d'Avignon et du Comtat. Les premiers sont pauvres,
avilis, misérables; les seconds riches, insolents, couverts de
bijoux. Ils roulent carrosse,' ont les plus beaux chevaux, vivent
familièrement avec les chrétiens. Tout le commerce est entre
leurs mains ^ Uien ne les dislingue plus des chrétiens que le cha-
< De nombreux documents prouvent, au contraire, que la situation des Juifs élait
loio d'être brillante.
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56 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
peau jaune; ils veulent s'en défaire. Il faut, au contraire, le main-
tenir pour les humilier.
Pour ce qui est des Juifs de France, ils ne vivent dans ce pays
que par contrebande et en dépit des lois qui leur en interdisent
Taccès. Pour éviter une expulsion, ils doivent nécessairement
s'iiabiller comme les chrétiens, afin de passer inaperçus.
Contre toute attente, l'assemblée eut gain de cause. Le 20 no-
vembre 1776, le saint office rendit un édit confirmant, en les
aggravant encore, les bulles de Clément VII et de Pie V. Les Juifs
étaient contraints de porter le chapeau jaune et personne, pas
même les légats et les canlinaux, n'eut plus le droit de leur accor-
der la moindre dispense. Malgré cet échec, les Juifs ne se con-
sidérèrent pas comme définitivement battus ; fis continuèrent leurs
démarches sans arriver à un résultat plus favorable. Ils étaient
condamnés à se coiffer de l'humiliant chapeau jusqu*à la Révolu-
tion française.
Chose curieuse! après avoir lutté avec tant d'acharnement pour
l'abolition de la marque infamante, ils continuèrent à la porter,
alors que rien ne les y contraignait. Le chapeau jaune, en effet, ne
disparut pas avec la Révolution. Deux ans après, il se dressait
encore sur le crâne de beaucoup de Juifs comtadins. Comment
expliquer ce singulier phénomène? Les Juis voulaient-ils, comme
on nous Ta dit, porter, par économie, leurs chapeaux jusqu'à
complète usure ou bien, par une application bizarre du fameux
« 'Houkat Hagoy », le couvre-chef détesté était-il devenu le signe
extérieur de la piété et de l'orthodoxie ? Quoi quMl en soit, il fallut
une ordonnance pour le faire disparaître. Le 25 janvier 1791, le
maire de Carpentras fit, en eiïet, afficher une proclamation en-
joignant, au nom des principes de la Constitution française, à tous
les Juifs de se défaire de leurs chapeaux jaunes, sous peine de
douze livres d'amende.
Jules Baubr.
^
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LE CHAPEAU JAUNE CHEZ LES JUIFS COMTADINS 57
PIÈCES JUSTIFICATIVES
Permission aux Juifs de porter le chapeau noir en votaob
dans le comtat.
A Mgr Illusirissime et excelUntissimê vice-légai d'Avignon,
Supplient très humblement les nommés Jassuda Grémieu et José-
Ain Grémieu, juifs de la ville de Garpentras, et représentent à votre
Excellence comme étant en obligation de faire souvent des voyages
dans les villes et lieux du Gomtat pour les affaires de leur commune,
ils sont très souvent exposés aux insultes et injures des enfants et
des personnes indiscrètes, ce qui les oblige d'avoir recours à la bonté
et à la générosité de Mgr le vice-légat, atin qu'il lui plaise de leur
accorder la i>ermission de porter le chapeau noir dès qu'ils seront
sortis de la juiverie dudil Garpentras pour aller dans le Gomtat et à
Avignon passer et repasser librement sans leur donner aucun empê-
chement ny faire aucune violence. G*est la grâce que lesdits sup-
pliants espèrent obtenir de sa clémence et ils prient Dieu pour la
conservation et la prospérité de Mgr le vice-légat.
Abraham ^KMiKi^ToJuif d$ Litourne,
avec son camarade et deux valets.
Année 4693.
iBiblioth. d*ATignon, ms. 2863, f« 84.)
II.
Extrait d'une lettre écrite a Monseigneur Vionolt, évéque
DE Garpentras (en séjour a Rome.)
Garpentras, 6 juillet 4776.
Nous vous prions très instamment de faire en sorte, avec
votre zèle ordinaire, que Si Siintelc nous reu<ie justice au sujet de
notre administration que Mgr le Gardinal Durini a trouvé bon de
critiquer, dans tout le public, sans avoir daigné nous entendre, de
l'éclaircir et d'obtenir encore de la bienfaisance de notre souverain
qu'il rejette l'instance que les Juifs font pour obtenir le chapeau noir
contre les titres les plus sacrés et les plus authentiques dont votre
grandeur trouvera ici copie (Suivent les bulles de Glément VII et
de Pie V).
Les élus du pays.
(ArchivM de Vaucluse, G. 41, f« 1006.^
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58 REVUi!: DES ÉTUDES JUIVES
III.
ASSBMBLÉB ORDINAIRE DU PATS : ht JUILLET 4776.
En laquelle il a été fail leclure du mémoire qui a été dressé, à
la suite de la délibératiou prise par l'assemblée ordinaire du deux du
couraot» au sujet de la demande faite par les Juifs de pouvoir quitter
entièrement le chapeau jaune pour prendre le chapeau noir avec une
pièce d'étoffe au-dessus.
Après laquelle lecture, ledit mémoire ayant été approuvé par ladite
99S«9iblée, elle f délibéré de Teoregistrer à la suite des présentes et
4*«Mi envoyer une copie à M. Gelesiitii, agent du pays en la Cour de
liome* afin qu*il en fasse Tusage convenable en employaui môme les
êvocats qu*ii croira nécessaires aûu d'empêcher l'efTet de la demant^e
de« Juifs.
(ArchiTM de Vaucluae, C. 42, f« 11.)
IV.
El^TRAIT DU MÉMOIRE DBS EtaTS DU CONSKIL VENAISSIN AU SUJET DKS
Juifs qui y pont établis.
Ck)mme la tète est la partie la plus apparente du corps, c*est
aussi sur la tète qu*on a eu Paiieutiou d'ordonner que soit placé le
signe distinctif. Paul IV, dans sa constitution du M juillet 4553,
ordonne très expressément que les Juifs porteront le bonnet ou cha-
peau jaune et les Juives une autre marque sur la tète qui ne puisse
être cachée en aucune manière. Ce souverain pontife comprenait
combien l'obligation imposée aux Juifs de porter le chapeau jaune
était nécessaire, puisquMl défendait a tous tes légats, présidents et
vice-légats de les en dispenser.
Le saint pape Pie V.confirmaot, par sa constitution du 48 avril 4566,
celle de Paul IV, ordonne très expressément que, pour ôter toute
équivoque, le bonnet ou chapeau des Juifs doit être en couleur jaune.
Le premier concile de Milan, rapporté dans le volume XV des
conciles généraux part. IV, page 332, De Jtuieis, Ht la même ordon-
nance sur le chapeau jaune. Nous pourrions citer bien d^autres lois
(énérales également précises et respectables par lesquelles 11 est
ordonné que les Juifs seront obligés de porter le chapeau jaune, mais,
pour raison de brièveté, nous nous attacherons surtout à celles qui
ont été expressément et particulièrement faites pour les Juifs d'Avi-
l^non et du Comté Venaissin.
Nous voyons dans le statut d*Avignon que, conformément à la dis-
position des constitutions apostoliques, 11 est ordonné que pour que
les Juifs puissent être distingués des chrétiens, ils seront obligés de
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LE CHAPEAU JAUNE Cmi LES JUIFS COMTADLXS »a
porier le chapeau de couleur jaune et les Juives UQ sigae 9ur la tétfi
de même couleur (Livre I, Rubric. 34, art. V). Ce qui est disposé jk
cet égard par les souverains pontifes relativement aux Juifs établi^ à
Garpeniras et dans le Comté Yenaissiu n'est pas moins clair V\Q II»
dans sa buUe datée de Mantoue du 5^ janvier 1459, youlant pourvoir
aux avantages des habitants de Garpentr^s et à ceu^ dtl Comté Ye-
naissiQ, daigna confirmer ce qu*il avait établi dans une aulre de ses
constitutions, que les Juifs de Carpentras et du comté Yenai^sia
osaient enfreindre, et il ordonnait en môme temps que Içs Juifs por-
teraient une raie ou un autre signe de couleur jaune si |fraad et
d'une telle largeur qu'il dût être vu du dedans et du debor^ de
Vhabit.
Mais les Juifs de Carpentras et d'Avignon ne tardèrent pas d*éluder
des ordres aussi précis et aussi nécessaires; ils s'appliquèrent aus-
sitôt à cacher le signe prescrit par Pie II, et a trouver par là le moyen
d'être moins distingués des chrétiens. Les habitants du pays furent
obligés de recourir de nouveau au Saint-Siège.
Le pape Clément YI[ ne tarda pas d'avoir égard à des plaintes
aussi justes; il fit une constitution datée de Rome du 43 juin 45)5.
On voit dans celle bulle : \^ que les Juifs établis dans Avignon,
Carpentras et dans les autres villes du Comlé Yenaissin, poussés par
leur propre témérllé et enflés d'orgueil, afleclaient de porter les hdbits
des chrétiens et de marcher comme les cbréliens eux-mêmes et
qu'ils osaient quitter ou cacher la marque qu'ils devaient porter sur
la poitrine; %^ le souverain pontife, voulant réprimer un pareil
attentat, et croyant nécessaire d'employer des précautions propices
pour que les Juifs fussent parfaitement distingués de tous les chré-
tiens, ordonne que, sans exception ni retard et sous peine de cent
ducats d'or, payables à chaque contrevenant, et en cas d'insolvabilité
par la communauté des Juifs, les mêmes Juifs établis dans Avignon.
Carpentras et le Comté Yenaissin eussent à prendre le cfiapeau jaune
ou bonnet jaune sans oser le quitter.
A la vue de titres aussi clairs du souverain lui-même, qui aurait
pu croire que les Juifs d'Avignon et du Comté eussent la présomp-
tion de s'y sousiraire? C'est pourtant ce qu'on vient de voir au très
inrand scandale des chrétiens et surtout des gens de bien.
D'abord, comme ils ont en horreur la couleur jaune, sans dout^ par
etU seul qu'il leur est ordonné précisément de la porter, quelques-
uns des Juifs avaient commencé à porter le chapeau d'une conleur
tirant sur le rouge de sorte qu'on voyait une partie des Juifs, c'est-ft-
dire les riches et les jeunes fanfarons, portant des chapeaux rougeà-
tres très élégamment ajustés, taudis que les pauvres et quelques
vieux tant seulement conservaient le chapeau de couleur totalement
jaune. Nous savons que dès lors, les supérieurs animés d'un saint
zèle contre un pareil abus avaient pris le moyen de le faire cesser
et de remettre les constitutions apostoliques dans leur parfaitf et
étroite exécution. Mais la prise du Comtat et d'Avignon qui survint,
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60 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
dans ces circonstances, empêcha Theureux effet d*un dessein aussi
juste et aussi louable.
Les Juifs n*ont pas laissé échapper le temps de la domination fran-
çaise pour tâcher de la mettre à profit et se soustraire au chapeau
jaune, sinon en tout du moins en partie, mais grâce au zèle des admi-
nistrateurs publics, ils n'ont rien pu obtenir.
On se flattait qu'enfin le pays étant retourné sous la domination
du saint siège, tout reviendrait dans Tordre primitif, mais combien
les chrétiens ont été trompés dans leurs espérances! Ce retour si
désiré n*a pas été plutôt arrivé que Ton a vu les Juifs quitter totale-
ment le chapeau jaune et prendre le chapeau noir comme les chré-
tiens, se contentant seulement de mettre un morceau d^étofîe sur la
forme du chapeau, et, qui plus est, les chrétiens ont la douleur d'ap-
prendre que les Juifs remplis comme à l'ordinaire d'espérances les
plus flatteuses, comptant sur des protecteurs qu'ils n'ont que trop
souvent l'art de surprendre, font à Rome les plus grands efforts pour
obtenir cette fatale permission qu'ils désirent avec tant d'ardeur de
quitter le chapeau jaune et de prendre le chapeau noir avec la seule
pièce d'étotfe sur la forme du chapeau^ affectant d'insinuer que la
pièce d'étoffe est une marque suffisante pour les faire distinguer des
chrétiens (Suit une série de compliments au pape et l'énumération
des raisons nécessitant le maintien du chapeau jaune).
Il est difficile d'imaginer quels sout les motifs sur lesquels
les Juifs peuvent se fonder pour oser se flatter qu'ils pourront
réussir à obtenir le renversement de tant de constitutions apos-
toliques. Nous apprenons que ces prétextes sont au nombre de
deux.
En premier lieu, ils disent que la pièce d'étoffe appliquée sur la
forme du chapeau noir est une marque suffisante pour les faire dis-
tinguer du chrétien; ils n'ignorent pas que le statut d'Avignon les
oblige à porter le chapeau jaune, et, par cela, ils insinuent que la fia
pour laquelle le chapeau jaune a été ordonné aux Juifs qu'ils puis-
sent être distingués des chrétiens. Ce sout les paroles du statut, et
ils ajoutent que la pièce d'étoffe étant suffisante pour remplir cet
objet, la disposition du statut en reste accomplie, sans qu'il soit
nécessaire de recouvrir un chapeau jaune, lequel est non la fin du
statut mais un simple moyen pour y parvenir qui peut très bien
être rempli par equipotens, c'est-à-dire par la simple pièce d'étotfe.
C'est donc ainsi que, pour la première fois, les Juifs découvrent l'esprit
de la loi, prétendent se soustraire à la lettre qui véritablement est
meurtrière pour eux, ou pour mieux dire, c'est ainsi que, par le
secours d'un simple sophisme, ils prétendent éluder l'esprit et la
lettre de la loi la plus claire
Mais on serait encore bien plus indigné contre les Juifs, si
Ton avait vu la manière avec laquelle ils portent cette pièce.
h^ En élevant les ailes du chapeau qui sont totalement noires, ils
viennent à bout de cacher, dans sa plus grande partie ou même dans
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LE CHAPEAU JAUNE CHEZ LES JUIFS GOMTADLNS 61
sa tolalilé, la pièce d'étoffe qui couvre à peine le dessus de la forme
du chapeau.
2<» Quaod le Juif est grand et qu*il a son chapeau sur la tôte il est
impossible à ceux des chrétiens qui sont petits de stature de voir la
pièce qui n'est que sur la partie supérieure de la forme du chapeau
noir.
3^ Les Juifs dédaignent même de porter cette pièce d*éloffe de
couleur jaune; ils la perlent impunément de couleur grise ou
blanche, il y en a même qui se contentent d'y mettre un morceau de
papier.
4<» Ils ont l'adresse d'attacher cette pièce d'étoffe quelquefois avec
de simples épingles, mais toujours si facile à pouvoir la détacher
qu'ils l'ôtent quand ils veulent.
5<> Il est aisé de concevoir que le chapeau jaune en tout temps et
toute occasion est aperçu, mais que le chapeau noir, avec une simple
pièce d'étoffe, ne l'est point, surtout lorsque le jour commence à faire
place à la nuit
Nous savons bien, et nous ne le nions pas, que le port du
chapeau jaune a été ordonné par la bulle de Glémeot YII, comme
un distinctif qui doit exister entre les Juifs et les chrétiens, mais il
faut convenir, en môme temps, qu'il a été ordonné comme un dis-
tinctif seul suffisant pour un objet d'une aussi grande considération.
Il faut convenir encore que le chapeau jaune a été ordonné dans
la bulle de Clément YII, comme une punition de leur infraction à la
bulle de Pie II, en cachant malicieusement ou en cessant de porter la
roue ou le signe jaune sur l'habit comme Pie II leur avait enjoint.
En second lieu, les Juifs d'Avignon et du Gomtat, pour obtenir les
fins d'une prétention aussi inouïe et à laquelle on n'aurait jamais
dû s'attendre, ne manqueront pas d'alléguer l'exemple des Juifs de
Home, d'Ancône et d'autres états d'Italie qui tous ont le seul dis-
tinctif du chapeau noir avec la pièce d'étoffe. Nous respectons cer-
tainement tout ce que les princes trouvent bon d'ordonner dans leur
état, à plus forte raison respectons-nous ce que les papes, nos
augustes souverains, ordonnent dans le leur; mais il nous sera permis
de dire si quelque raison, quelque usage particulier rend suffisant à
Rome le seul distinctif de la pièce d'étoffe, cette raison et cet usage
n'existant pas dans le Gomtat, on ne doit pas se servir de ce qui se
pratique à Rome pour en faire une loi pour Avignon et le Gomtat.
Nous dirons plus, nous ajoutons qu'il y a dans Avignon et le
Gomtat, des raisons et des usages particuliers qui font que ce qui
s'observe à Rome ne doit point affecter le Gomtat et même que tout
doit concourir à empêcher que la tolérance que l'on a à Rome pour
les Juifs relativement au chapeau jaune ne soit admise dans le
Gomtat.
A Rome, les Juifs, en général, sont pauvres, avilis ; ils n'exercent
point la mercature publiquement, ils sont bornés à la friperie, ils ne
cherchent pas à se confondre, à se mêler avec les chrétiens, rien ne
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
lupprimer et à cacher leur distinclif, ils ne petlvetit
^n aucune émulalion, aucune jalousie,
t autrement à Avignon et dans le Gomtat, ils s'y sont
)ut le négoce. Leurs richesses, leur opulence sont
is haut point. Non contents de rivaliser avec les chré-
ircent même de les surpasser dans leurs parures, dans
3t toute sorte de luxe ; ils affectent d'avoir des ser-
valels chrétiens qu'ils emploient aux oflïces les plus
^nt dans les villes sur les plus beaux chevaux ou dans
arées, le commerce et certains arts qu'ils exercent ne
it que trop d'occasions de fréquenter les maisons chré-
aller, môme la nuit, contre la teneur des ordres les plus
^s de tant d'avantages, il n'y a qu'un seul objet qui les
ect, les inquiète et les humilie: c'est le chapeau jaune,
it est donc de le secouer. Ils n'oot que trop facilement
m d'en venir à bout, depuis environ deux ans, en subs-
peau jaune le chapeau noir avec une pièce d'étoffe,
ut pas tardé d'abuser d'uue pareille permission, non
isi qu'il a été ci-dessus observé, ils trouvent le moyen
out ou en partie, ce distinctif équivoque et de le rendre
il y en a qui par la qualité et la couleur de l'étoffe et
) dont ils la portent, paraissent vouloir en faire comme
yons pas que les' Juifs du Gomtat et d'Avignon veuil-
emple des Juifs qui se trouvent en France et qui y
luement le chapeau noir, car il suffirait d'observer
non seulement les Juifs n'y vivent pas en communauté
i libre et public de leur religion, mais encore, suivant
aume, ils ne peuvent et ne doivent y être tolérés en
re. Si donc, contre la teneur de ces lois, il parait quel-
is le royaume de France, ils doivent y paraître néces-
îgal des chrétiens, comme n'y étant point connus, sans
lent être soumis à toute la rigueur des lois. Ainsi il
comparaison à faire entre les communautés des Juifs
l et les quelques Juifs qui peuvent être éparpillés en
B Vaucluse, C. 42, (• 11 etsuiv.)
V.
Assemblés ordinaire du pats.
)t cent septante-six et le vingt novembre,
exposé qu'enfin le renouvellement de Tédit du Saint-
it les Juifs vient d'arriver et d'être publié dans cette
t porté par l'article XX dudit Edit que Sa Sainteté
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LE CHAPEAU JAUNE CHEZ LES JUIFS COMTADINS 63
adhère non seulement à la bulle de Paul IV, renouvelée par Pie Y,
mais spécialement au bref de Clément Vil en date du 43 juin 4525,
soit directement pour l'État d'Avigoon et selon le statut de la même
ville^ Livre I, titre DeJttdaeis, Rubric 34, article 5, ordonne et com-
mande que les Juifs de l'un et l'autre sexe qui habitent à présent ou
habiteront dans les villes d'Avignon et Carpentras et dans le Comtat
Venaissin soient obligés de porter la marque de couleur jaune, c'est-
à dire que les hommes doivent porter le chapeau tout de couleur jaune,
sans aucun voile ou bande par-dessus, et que les femmes doivent
pareillement porter la marque de couleur jaune à découvert sur leur
tôte; qu'il est porté par l'article XXI qu'à l'avenir on n'aura nul
éi^ard à aucune permission émanée de quelque tribunal que ce soit, ou
de personnes de quelque dignité, grade ou office qu*ils puissent ôtre,
quoique vice-légat même d'Avignon, évèques, majordomes, cardinal,
légat ou camerlingue de la sainte Église. M. le syndic a ajouté en
conséquence : les Juifs sont obligés de quitter le chapeau noir avec
pièce d'étoffe et de reprendre le chapeau entièrement jaune.
(C. 42, f« 81.)
VI.
ASSSMBLÉS ORDINAlBB DU PATS.
L'an mil sept cent septante sept et ce second janvier.
M. le syndic a encore exposé, à cette occasion, qu'il est venu
à sa notice que les Juifs du Comté Venaissin et de la ville d'Avignon
renouvellent leurs efforts à Rome pour obtenir la révocation du susdit
édit et, en conséquence, qu'il leur soit permis de reprendre le chapeau
de couleur noire avec le seul distinctif d'une pièce d'étoffe et qu'ils
font même les offres les plus spécieuses pour obtenir cette grâce.
M. le syndic croit inutile de remettre sous les yeux de cette assem-
blée les justes et puissants motifs qui l'ont engagé de faire à Rome,
avec son zèle ordinaire, les représentations convenables. L'assemblée
décide d*écrire des lettres à Mgr le cardinal Pallavicini, ministre et
secrétaire d'État, et à son Eminence le cardinal Torrigiani, secrétaire
de la sacrée congrégation du Saint-Office à Rome.
(C. 42, î* 97.)
VIL
ÂSSEMBLéB GÉNÉRALB DBS SBIGNBURS BT MESSIEURS LES ELUS, SYNDIC
BT PROCUREUR QÉMÉRAL DES TROIS ÉTATS DU GOMTÉ VbNAISSIN.
..... Suit un nouveau vote pour le maintien rigoureux du cha-
peau jaune.
IC. 42, f* 136.)
Digiti
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1
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
VIIL
Proclamation.
s, maire et officiers municipaux, en suite de la péti lion faite
société des Amis de la Constitution, à la demande de M. le
de Gourthezon et de M. le commandant des Gardes nationales
ises, au nom desdits Gardes qui ont volé à noire secours en
de la délibération du Conseil général du jour d*hier et ensuite
rincipes de la sublime constitution française, ordonnons aux
le potier le cbapeau noir, à peine de douze livres d'amende,
s très expresse inbibilion et défense à toutes personnes de les
er, sous peine de douze livres d'amende, et déclarons que les
seront responsables des insultes que pourront faire les
is.
arpentras, dans la maison commune, ce 25 janvier 1794.
lés : D'AuRBL, maire, Damian, Barjavbl, Flandrin, J. Escop-
Allib Tainé^ Durand, J.-J. ësclaroon, Atmk, Barjavel,
'S municipaux K
ce trouyée chez M. Abr. Lu net, de Carpeatras, qui a bien voulu nous per-
d'en prendre une copie.
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UN MANUSCRIT DU MISCHNÉ TORA
. Autour du remarquable manuscrit du Mischné Tora^ de Maï-
monide, ayant appartenu aux petits-flls de Don Isaac Abravanel
et à la bibliothèque d'Abraham ben Menahem Rovigo, et qui est
arrivé il y a environ une dizaine d'années en la possession de
M. Julius Hamburger, marchand d'antiquités à Francfort-sur-
le-Mein, par l*acbat de la bibliothèque du marquis Carlo Trivul-
zio, de Milan S il s*est formé une légende qui a fait considérer ce
manuscrit, déjà si précieux par lui-même, comme une vénérable
relique. On a prétendu que c*est le môme ouvrage pour lequel
Isaac Abravanel aurait, dit-on, payé trente mille ducats *. On di-
sait même, pour rehausser le glorieux éclat de ce manuscrit, que
c*e8t de la main d'Abravanel qu'émane cette note, écrite en hé*
breu, d'une encre pâlie : « C'est ici, à Venise, que j'écris ceci, le
cœur brisé au souvenir des jours bénis, moi Isaac Abravanel, le
plus petit parmi les hommes. » Les petits-flls de Don Isaac au-
raient racheté plus tard à Ferrare, au prix de cinq cents ducats,
ce trésor de famille qui avait été aliéné, comme on le déduit du
titre de vente lui-même, avec toute l'apparence d'une érudition
sérieuse >. Sur le premier acte de vente que contient le manus-^
crit, Moïse Nahmanide aurait signé comme témoin (1351) ; tou-
tefois, on ajoute consciencieusement que cette signature est « dif-
ficile à déchiffrer « 9.
A la vérité, la lecture qu'on a proposée de la prétendue note de
censeur doit déjà éveiller nos doutes. Le censeur aurait écrit au
bas du manuscrit, à la date du 15 décembre 1574, les mots sui-
vants * : Venuus p. me Sausen7iii frangelliU ou, d'après le se*
' Caialog der Antiquitaten-Sammlung von Juliui Hamburger, Francfort-suf-
Mein, 1888, p. 75-76.
« D'après une fable du mmiïl fcmp, p. 125.
' nifi^nOIS '^^13'^;D Abwûkhungen des gedruekten Teatet de» Jad BaehMoka^
Francfort-Bor-Mein, 1889, préface.
♦ CateUog, p. 76.
»iJ<rf., p. 75.
T. XXXYI, M' 71. 5
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
échiflfrement * : Revisits p. me Laureniiù FrangueUù.
^idemment le fameux censeur Laurent Franguella qui com-
, à partir de 1571; à expurger les imprimés et manuscrits
X, qui composa lui-môme un Manuel pour les censeurs de
ittérature et qui fut encore envoyé en 1595 comme censeur
toue pour examiner tous les livres rabbiniques de cette
mauté*.
I détail est à peu près exact, sauf quelques altérations, on
t deviner, par contre, après un examen minutieux du ma-
, comment on y a vu les autres indications qui ont rendu
tument si fameux. Grâce à l'obligeance du possesseur ac-
i manuscrit, M. Hermann Kramer, de Francfort-sur-le-
3t de M. Frauberger, de Dùsseldorf, qui a exécuté les pho-
lies des documents de ce manuscrit, à mon intention, sa
le et authentique histoire peut maintenant être établie et il
e plus rien des affirmations formulées Jusqu*à présent. Mais
; apparaître toute une série de faits qui rendent ce ms. en-
lus remarquable, malgré la disparition apparente de son
5.
origine de ce précieux monument de Tart des copistes et
neurs juifs reste provisoirement enveloppée de mystère,
i nous n*avons aucune donnée ni sur le scribe ni sur
e et le lieu où le manuscrit a été écrit, Thistoire de ses
pes et de ses divers propriétaires peut, du moins, être éta-
i partie, avec clarté et certitude.
remier des trois actes de vente conservés à la fin du ma-
, au bas de Tavant-dernière feuille, — particularité qui a
les noms des témoins méconnaissables sur la photogra-
- nous apprend que, le vendredi 6 mai 1351, le ms. a
idu à Avignon. Le premier possesseur, Don Luis ben Sa-
e Lagarde^, vend ce magnifique manuscrit (l'acte de vente
le pas des miniatures) à Manassé ben Jacob de Navarre,
lié à Avignon. L'intermédiaire qui a conclu la vente, en-
le prix, donné quittance en présence de Tacheteur et des
s, en se déclarant responsable sous garantie de sa fortune
devant le tribunal papal d* Avignon et toute autre juri-
contre toute revendication, porte le nom d'Eliot Joseph
laye, c'est-à-dire, d'après la coutume existant déjà à cette
©, l. cit.
j. Sacerdote, dans la Rnue^ XXX, 271 et suiv., et M. Slero, Urkundlicki
Hber die Stellung der Pàpste su den Juden^ 165.
«^eubauer, JUvue^ IX, 215, note 2, et U. Qross, GoUia Judaica^ p. 16/134 ;
llndex, p. 685, est une faute dUmprettion.
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UN MANUSCRIT DU MISCHNÉ TORA 67
époque de faire suivre le nom du âls da nom du père comme
deuxième nom S Ella bon Joseph, surnommé probablement de
la Haye, du nom d'une localité. Le prix auquel le manuscrit avait
été vendu a été effacé plus tard intentionnellement dans le docu-
ment, sans doute pour en tirer une somme plus élevée à la pro-
chaine vente. Ainsi 8*explique la seule lacune existant dans le
document, d'ailleurs parfaitement conservé.
Vingt-deux ans plus tard, le 25 février 13*73, encore un ven-
dredi, à Arles, le manuscrit passe de la possession de Don Abra-
ham Vidal de Bourrian en celle de Juda ben Daniel, au prix de
cinquante florins d'Avignon*. Devant les témoins, David ben Da-
vid Abigdor et Isaac ben Tiçhar Kaslia ', le vendeur déclare avoir
reçu intégralement le prix de vente et s'engage en échange à ga-
rantir le nouveau possesseur contre toute revendication. Le ven-
deur était peut-être le père de ce Vidal Abraham de Bourrian qui,
en 1387, a joué un si triste rôle, comme faux témoin, dans le
procès de Maître Duran de Gadenet et de sa prétendue fiancée
Méronne, fille d'En Salves Gazin d'Arles *. David Abigdor, un des
signataires du contrat de vente, pourrait avoir appartenu à cette
famille considérée, dont est issu également le traducteur proven-
çal Salomon ben Abraham Abigdor '^.
Il s'écoule environ cent soixante-quinze ans jusqu'à ce que nous
ayons de nouveau une indication précise sur le lieu où se trouve
notre manuscrit. Nous ne savons pas ce qu'il est devenu lors de
l'expulsion des Juifs d'Arles, en 1493. Sa présence nous est ré-
vélée seulement par un acte authentique à Ferrare, 1547, où il fut
de nouveau vendu un vendredi, le 18 novembre. Le vendeur
comme l'acquéreur et les témoins sont des personnalités bien
connues dans l'histoire juive. Abraham ben Menahem Finzi, de
Rovigo, le possesseur du manuscrit, qui a fait partie plus tard du
rabbinat de Ferrare ^, était sans doute le petit-fils de R. Abraham
de Rovigo et le neveu de R. Israël, chef de l'école de Ferrare, que
1 Cf. H. Gross danslt Monatuehrift^ 1S80, p. 409, note 1.
* Zunz, Zwr Oegekiekte, p. 563.
* H. Qross, Gallia Judaiea^ 621 , rapporte au nom de M. Isradl Léyi cette leçon :
?TÈPb«p 'nrot*^ X^ pnx*^ et voudrait corriger Kaslia en '^nNbWp « de Caslar ».
Toutefois, la leçon ïlfiobtDp est tout à fait sûre, et cVst seulement 1*132 dont on
voudrait faire S^n^ mot qui pourtant s'écrit ^U) d'une façon constante, qu'il faut
corriger en l^.
« Cf. H. Gross, Monatitekr., iSSO, 408 et suiv., et Qallia Judaica^ p. 87 et suiv,
' MonatMseÂr,, p. 410, note 1.
* il signa, en effet, avec Haskito et Abraham Bondia, le 22 Marheschvan 5327,
à Ferrare, on acte du rabbi&at ; cf. Mortara , M^^M^S'^M "^SH niSTni P* 24
(d'après 0"n 31),
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68 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Guedalya ibnTabya* nomme tous deux ses maîtres, qui lui ont con-
féré l'ordination rabbinique. Son père, Menahem, avait deux frères,
Eliézer et Elyakim, avec lesquels 11 s'occupa de réunir les éléments
d'une bibliothèque. D*après une note du mois de juin 1512, consi-
gnée sur un manuscrit en parchemin du commentaire sur le Pen-
tateuque d'Abraham ibn Ezra, qui est actuellement en ma posses-
sion, ce manuscrit a été acquis avec d'autres livres par les trois
frères, Eliézer, Elyakim et Menahem, fils d'Abraham Rovigo de
Ferrare». En 1527, la bibliothèque fut partagée, à Mantoue, entre
les trois frères '. Cinquante-six manuscrits et imprimés devinrent
la propriété du seul Menahem, qui en a consigné la liste exacte sur
la dernière feuille de notre ms. Le ms. môme, qui a sans doute mérité
par ses miniatures d'être qualifié de « beau », se trouve en tète
de la liste. Abraham ben Menahem de Rovigo, son héritier, ne con-
serva ce'précieux ouvrage que pendant vingt ans. En 154*7, il se
défait de ce trésor, qui évidemment avait excité Tenvle des deux
principaux membres de la communauté de Ferrare, les frères Don
Jacob et Don Juda AbravaneP. Lors de l'expulsion des Juifs de
Naples, ils étaient venus à Ferrare, en 1540, avec leur père. Don
Samuel Abravanel ', le grand bienfaiteur des Juifs napolitains. Don
Samuel était déjà mort lorsque ses fils, continuant les traditions et
les vertus de la famille, qui s'était toujours imposé comme un
devoir de cultiver et de protéger la littérature hébraïque, entrèrent
en possession du précieux manuscrit de Maïmonide.
Les témoins étaient fiaruch Uziel ben Baruch Hazak, appelé
généralement Hazkito ou Forti ®, qui plus tard a fait partie du
corps rabbinique de Ferrare, et Moïse Tabéç ; ils déclarent
qu'Abraham ben Menahem Finzi di Rovigo a vendu de son plein
gré le manuscrit aux frères Abravanel, en renonçant à la plus-
^ ïlb^ptl nbtDblD, éà, de Venise, f» 65 5 ; Menahem ben Abraham de Royigo
mentionDÔ dans un ms. HaU)erstam, riTsblZ) nbnp, était sans doute sod père.
• -^srïD tanna» 'iN^a -^atîD tanïTsi û'^p'«bNi ^T^-^bec iîso^ "j-^ïp
rrns^TD laynn lam» ia t-nanb i3^r 'rr any t^-^ît^ în-i-^D rro 'i3r
tabiy nyn.
* SuiysDt le catalogue des ouvrages, dans l'appendice.
^ Juda ben Joseph ben Juda Abravanel, qui mourut à Ferrare le jeudi 15 dé-
cembre 1583, et dont J. B. Lévi (D"»73^n m:pn, éd. S. J. Halberstam, Brody,
1879, p. 10) a découvert la pierre tombale à Ferrare, était sans doute le petit-fils de
ce Juda.
» nbapn nb«b©, 65 b.
« Zunz, nTan OnDt V, 155. Josef ben Matatia Trêves, à propos de la dispute
de Samuel ben Moïse de Perugia avec Josef Tamari de Venise, en 1566, fait une
allusion blessante au nom de Hazkito en lui appliquant ces mots HMl 'pXttn
rtD-îrt de Nombres, xm, 18 (voir Û'na'in nb», 8 a, avant la fin).
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UN MANUSCRIT DU MISGHNË TORA 69
value* qu*il pouvait acquérir et en s'engageant à les défendre
contre toute prétention éventuelle à la possession de ce document.
C'est le môme Hazkito qui a composé en Thonneur de Don Isaac
Abravanel une courte biographie *.
Le prix que Rovigo a reçu pour son manuscrit n*est pas indi-
qué * ; on ne trouve non plus dans le manuscrit aucune trace du
nom d'Isaac Abravanel, que ce dernier aurait écrit lui-môme. Ce
qu'on a pris pour un cri de douleur arraché à cet homme qui avait
été chassé de ses foyers, c'est Tintroduction d*une liste de nais-
sances qui, selon l'antique usage juif, furent inscrites dans ce pré-
cieux manuscrit. Si, comme je le suppose, cette liste provient de
la famille Rovigo, elle prouverait que ce trésor se trouvait déjà
dans cette famille au commencement du xvi* siècle. Le nom
d*Abraham revient souvent dans cette génération. A la date du
27 mai 1509, on trouve la naissance d'une fille du nom de Sara,
et à la date du 1 mai 1511, à Mantoue, celle d*un fils nommé
Abraham. Si c'est cet Abraham qui a vendu notre ms., il aurait
eu trente-six ans à Tépoque de la vente. Cette liste nous apprend
aussi la naissance de deux frères, Ëlia, né à Mantoue, le 1 août
1515, et Ruben, né à Rovigo, le 17 juin 1503 (?).
Des cinquante-quatre manuscrits et imprimés dont Menahem
di Rovigo, le père d*Abraham, a dressé le catalogue lors du par-
tage, et dont neuf restèrent à ses frères, à savoir cinq imprimés,
qui étaient des traités du Talmud, à son frère Eliézer pour servir
de livres d*étude à ses enfants, et quatre manuscrits à son frère
Elyakim, à qui Menahem les laissa pour ses neveux^, il doit sûre-
ment encore en exister plusieurs qui sont disséminés dans les
bibliothèques publiques ou privées, et il sera sans doute possible
de prouver, par les inscriptions qu'ils contiennent, qu'ils faisaient
partie de ce fonds. Provisoirement, on ne connaît avec certitude
que Texistence de deux d'entre eux : le Commentaire du Penta-
teuque d'Abraham Ibn Ezra, que j'ai dans ma collection, et le ms.
du Mischné'Tora qui a fait partie de la Trivulziana. Il n'est
guère possible d'établir quand ce ms. a passé de la main des frères
Abravanel à des mains étrangères, vu l'absence de notes manus-
1 Dans "^^l^*^, préface, ces mois sont aÎDsi rendus : • J'atteste eu même temps
que dans ce livre ii n*emttepa$dt faute ; si les sus-dits seigneurs, que Dieu les pro-
tège, y trouvaient néanmoins une faute, je déclare notre contrat nul. •
« Voir n3^1TD*^n '^V^yi^ d*Abravanel.
* Dans "^^IS^, préface, Abraham ben Menahem, appelé ici Maranik^ déclare :
• J'en ai reçu trois cents ducats d*or •.
^ Voir le Catalogue. Un beau- frère de Menahem portait, comme nous rapprenons
là, le nom de YekuUel Poggibonzi. Il dit que les deux derniers mss. étaient en sa
possession depuis 1517.
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70 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
crites et de tout renseignement sur le nom des propriétaires
ultérieurs.
Nous avons apporté, pour notre part, notre contribution à la vé-
rité en dissipant les légendes répandues sur la provenance et This-
toire de ce ms. Il appartient maintenant à la science de se consa-
crer à l'étude de sa valeur artistique et de déterminer la place
qu'occupent les miniatures dans Tart de Tenluminure des manus-
crits Juifs.
David Eauebiann.
APPENDICE
nbb •iioN ^îDT C|or "na îrbN '"n «a î-taio '^ttinn to^w wsca
>-T«3a 1T7 T*b 15m mîDT Sts Yi'db bsa i»nm lanST ta-^na^ "^^y vn
M^anN ia «■'© ^"isrt rrt ^''b viNarrttS nTon^a irî'^iN mrr '^'^'nî mp-^
nittbnn -^nDO by in»*»» la» rr©» iran binan a*nn anan ta-^neo nmy
•^ïN©:? ï^b PTaNi ï^rinab -^n bNiî3« nb lin rrb^sïi t-iN» mbo -^Sîm
ï-ro3tt inn "^^ '^nr^T^ ■'^ T<*nan m» '^Dvhm ^nm rc b^ pn nD«a n-^b©
nn'«a s-TD «^nNaïi ^^îsîïi nsoïi rrr n^Tïn tib ]rt tn»» bap 'nstîn
nb y\i PNTD rrTDTin "^td i-^n© nm» -«a»» mbm n^tsïi moa» \n
n«T b^ î-rap^m "^fiopT "^0^5 ib na^ttSNCi -«sn ib imD7DN« ^stan
'nic^ na^nn» na «•»« néon rrî nb 'n^ia ■^sîïi -^n-^œy pi rrr^^wn
S-TO5Î3 lin rrsm ta^-^ssa •^T'b it» Stana ••ïnt» ^stan nnn nco
•^Dis^ nb nay^tt ''ïN ï-rrb û-^K-n tan«tt3 i»^ ^on "^n-^b imî 'nstan
•nyny^i ï^a-^tD n^ny»i i^nsa b^ pbobi nn-^b *n^tirt ï-tt T'Tsynb '^o^si
•nSTSïi BiOT' 'la lïT^b» 'n -^std i3^»u5 nb» û-^nan n» •'^ it nn-^^Ta by
n^T3ïi ^oïi bapi nswïi ïTO3» "jin "^sDai «^'^•«ïibT tpv taT^b» î-r^ia^n
'na^n n^TD^^ïibi naTsrr "toïi b:^ iToat:^ na^©i irsoa ^awn nïrbx 'n
ba nabi nmn tan^'' niD-^oNn lï^nn» ^xn nab T^oain nîsatj^ na^«i
^9'l^'Ki^ ^y^^m "^ym» ba bisaaa nann îtoîtd (lin) lin nat-i-^ia nstni natn
mn-'a): '»nt3« ba nîsm m-^nma nt ï-rn-^a» 'noia n:cnm nr*nnNi
'ïy'^n '1 ûT' arrr lî-'isb ïTïitts ïiîsi û'^Mn iipna ta-'-^n^ayrr m^mm
issnïT isttnm lïana •^«•^lan qb^b o^nob n«y niiNi n«tt nîtts 't^'^éi «nnb
.linatbi ïTfcnb ^nann mas» "jin Tb
bÉn-'i ta*iaN inn rtbysn t^a roTDNî ni*!^ rraîs ••^nnn ù'^iy is-^sea
Saa lanai û'^na^ ^by T^rr isb ^itdk pi -^nb^iN ïid '^-nan» lèrman
n)3nm minn n3^ia« •'îtttt ibapi •iitda i-^îpa "^î^îs i^pn mat b« ";i«b
tana» •»5« T^« m^b ib t-iT^nb Sfiosn nia ïnnïr. n nb^^n ra nim
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UN" MANUSCRIT DU MISCHNÉ TORA 71
5-r«3iûMb t^bn «^«•'■^pT t^'^'niû rm*na n«nnrr M^^t^ rrn» •^stîti
tarY^ 'm''DB«n liann»?: û-^rriB ta-^tD^n "py^ nsnrr nmri'^ 'n nb^^în
•»Tb in-'tt ta^STïrr ant û-^ms ta-'TDTsnrT fam» -^nbap î-tsïit imti
j^nn 13 p"»Tnnb m«*nn hd ib imî t^anbi inm '^siti nn^i mîsbttsa
na^nauja ^f2'zy S^ •'Sn bapTan ûb^bn lan t^^r» irea t3'»«aïi bsi
rrnnbT mXDb riîpfcm •'wpn -^o^tï b^ •'îr nay«î3i *ni»A i-^apai nmnti
n5T5îi -iBon nî nTStt b:? na^vbn inyob «a-^uj "i^i^i^ b^i i^^ir: ba»
m)3b«a t-n:?î3rt -^nbapi rranbm rr^riMA î-n-^aîs nniN •^n^naa naa -^a
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72 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
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LA YIE COMMERCIALE
DES JUIFS COMTADINS EN LANGUEDOC
AU XVIIP SIÈCLE
(fin*)
III
LES JUIFS ET LES COMMUNAUTÉS D'ARTS ET MÉTIERS.
Dans toates les villes du Languedoc se trouvaient, à côté des
petits métiers ambulants, des corps ou communautés de mar-
chands, régis par des règlements royaux et a contribuant au
soutien de TEtat par le commerce et les droits qu'ils payaient au
Roi >. Les privilèges attachés à ces corporations avaient depuis
longtemps créé un antagonisme profond entre elles et les colpor-
teurs en général. Cette haine sourde qui animait les « honorables
communautés » s*accentua, en Languedoc, lors de l'entrée dans la
province des Juifs du Comtat.
Toutes les suppliques des communautés aux pouvoirs publics
contiennent un plaidoyer en faveur de leurs monopoles indus-
triels. Et le raisonnement sur lequel il est fondé ne manque pas
de logique.
Posé le principe invoqué par elles, à savoir que le commerce
et l'industrie sont le privilège d'une collectivité, organisée dans
une ville par les règlements royaux, pourvue de statuts, autorisée
» Vdr Bêvuê, t. XXXIV, p. 276, et t. XXXV, p. 91.
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ttres patentes « registrëes au Parlement de la Province » et
onférant le droit exclusif de fabriquer ou vendre les ou-
I de leur métier» avec permission de visiter et saisir les
^es similaires fabriqués ou vendus par d'autres contraire-
lux règlements, posé ce principe, il s'ensuit logiquement que
nmunautés et les boutiquiers patentés ont seuls le droit de
ine guerre impitoyable aux colporteurs, parasites du com-
et de Tindustrie. En effet, le boutiquier payant patente ou le
re d'une communauté industrielle est un négociant « établi »,
jet, puisqu'il paye les impositions fixées par l'Etat, bon in-
il, puisqu'il contribue chaque an pour sa quote-part aux
!S de sa communauté. Le colporteur, au contraire, vaga-
ar tempérament ou parce que son métier l'exige, n'a d'autre
le que l'hôtellerie ou le cabaret de la grande route. Mauvais
», s'il est Français, puisque l'Etat ne le connaît pas, et pire
, s'il est étranger, puisque l'argent qu'il a amassé en France
ec lui quand il retourne dans son pays. On voit d'ici Tallu*
1 Juif du Comtat. Mauvais commerçant, puisque soustrait
cherches de la justice, il se livre à des falsifications sans
e sur ses marchandises. La conclusion, disent les commu*
, s'impose d'elle-même. Détruisons les colporteurs, bannis-
3S Juifs, leurs émules, a II révolte trop que dans un Etat
;brétien et aussi policé, il subsiste une odieuse milice, où
senrdle que pour commettre le crime et d'où si souvent on
; que pour aller au gibet. Il faut donc les bannir du royaume
ne sont dans leur négoce que des coureurs de pays qui
nt le public et ruinent le véritable marchand. Il est honteux
français d'aimer mieux courber le dos sous une balle de
mdise que d'aller à l'ennemi tête levée, un bon mousquet
3aule *. »
est, esquissée à grands traits, l'argumentation verbale des
mautés d'arts et métiers du royaume. Mais, sous les mots,
imuiait l'idée « de derrière la tète » des marchands privi-
à savoir la suppression de la concurrence faite aux bouti-
patentés par les colporteurs de toute nation. Et, pour se
ir contre la milice remuante des marchands ambulants, peu
lit aux corporations d^avoir à leur service et la rigidité de
^glements et la « vertu » de leurs privilèges, s'il leur man-
ette arme derrière laquelle elles rêvaient de s'abriter : la
d'Etat. Seule, la raison d'Etat eût été capable de décréter le
. de l'Hérault, C. 2799. Mémoire tu Roi par les marchands des Tilles
I colporteurs, 175S.
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LA VIE œMMEROALE DES JUIFS COMTADINS EN LANGUEDOC 77
bannissement en masse des colporteurs du royaume. Sans elle,
tout effort, si bien dirigé qu'il fût, restait vain.
En effet, que servait aux corps de métier de faire fermer à
Montpellier une boutique indûment tenue par les Juifs, s'ils la
rouvraient à Béziers ? Â. quoi bon stériliser le zèle des jurés-gardes
des marchands en des saisies de marchandises juives, saisies
infructueuses, ruineuses pour la communauté tout entière ? Les
boutiquiers urbains avaient beau s'épuiser en une surveillance
inquisitoriale sur les agissements des colporteurs Israélites, leur
commerce prospérait en Languedoc, « à la faveur, disent les com-
munautés, de mille abus, contrebande, mauvaise qualité et fabri-
cation défectueuse de leurs marchandises ». De tant d'efforts
déployés vainement, que résultait-il pour les communautés du
pays, si les Intendants de la province ne prêtaient aux saisies,
confiscations et autres modes de vexations usitées contre les tra-
fiquants le concours de leur politique et les bras de leurs gens de
police ? Amener les Intendants à seconder ces vues intéressées,
acquérir à Taide de mille subterfuges les bonnes grâces des pou-
voirs provinciaux, c'est à quoi s'efforcèrent d'arriver les marchands
du Languedoc dans la lutte entreprise contre les Juifs du Comtat.
Le début du xviii^ siècle la vit commencer. A cette époque, tout
le monde se plaignait en Languedoc. Les cahiers de doléances des
Etats sont là pour l'attester. La Province avait supporté pendant
les dernières guerres de Louis XIV des charges énormes ; pendant
la paix, ç'avaient été de lourdes impositions; et voilà que la guerre
recommençait, plus âpre que jamais, guerre au dehors, guerre au
dedans. Les levées d'armes pour combattre la coalition en Alle-
magne, en Italie, dans les Pays-Bas, pour réduire les Camisards
dans les Cévennes, avaient saigné la Province. Elle se vidait
d'hommes et d'argent. Le crédit épuisé par les dettes qu'elle avait
contractées, les denrées invendues, une industrie languissante,
un commerce défaillant : toutes raisons qui n'étaient pas pour sti-
muler le zèle des négociants languedociens, devant lesquels se
dressaient leurs souples concurrents, les Juifs comtadins.
C'est contre eux que les marchands en soieries donnèrent
l'alarme les premiers. Aigris par des ventes à perte, par le dépé^
rissement de leurs marchandises, ces petits boutiquiers, détailleurs
pour la plupart, ne virent pas sans colère des Juifs comtadins
ouvrir boutique à Montpellier. Pareille infraction aux règlements,
si elle se perpétuait, ne manquerait pas, à les en croire, d'amener,
à bref délai, la ruine de leur petit commerce *. Et déjà, exagérant
* P«r les itatuts des corporations, défense est faite aux Juifs et en général « à
tontes personnes autres que ceux qui sont reçus marchands de tenir boutique ou ma-
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78 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
à plaisir leurs craintes, ils prédisaient le jour — prochain peut-
être — où tout le commerce de la province deviendrait Tapanage
des Juifs ^ D'ailleurs, les premiers effets du séjour c illégal » des
Juib en Languedoc se manifestaient, disaient-ils, par le déclin des
manufactures de soie de Nîmes, de Toulouse et par ces vols, qui,
depuis Tarrivée des Juifs, se multipliaient dans les boutiques des
marchands *. Il se trouvait cependant — ce qui indignait les mar-
chands patentés — des personnes d'assez peu de religion et de
patriotisme pour receler chez elles la pacotille frauduleuse de vils
colporteurs 1
Dans les villes de la province où se débitaient les soieries, à
Nîmes surtout, à Toulouse, on redoutait les Juifs marchands « en
soieries » du Comtat et leur actif négoce. On savait qu'en c Avi-
gnon » ils fabriquaient, comme à Lyon, des damas, brocatelles,
florences, demi-florences, serges, palais-royals et autres étoffes
qui se vendaient à meilleur marché qu'on ne les vendait en Lan-
guedoc. De là, la terreur de voir la province envahie par les soieries
des Juifs.
Le danger parut même si menaçant * que les marchands en soie-
ries du bas Languedoc se coalisèrent contre l'ennemi commun.
En 1732, ils chargèrent leurs mandataires, les députés de la
Chambre de commerce de Montpellier, de prendre en main leurs
intérêts, c Chassés de toutes les autres provinces, disent en parti-
culier les jurés-gardes de Montpellier, les Juifs se jettent en foule
sur le Languedoc, où, à l'abri de l'asile qu'ils y trouvent, ils
trompent le public et ruinent le commerce^ ». En 1740, nouvelles
gada ni d'y faire aucun commerce dans toutes les yilles où il y a jurande ». Arch.
de l*Hérault, B. 193. Supplique des marchands en soieries du Languedoc au Roi.
A Arch. de l'Hérault, B. 193, ibid.
> « Dès que les Juifs sont dans une ville, des yols sont commis chez les mar-
chands, soit par les garçons de boutique ou leurs propres enfants, car ils yendent
aux Juifs ce qu'ils ont volé. • Arch. de THérault, C. 2743. Note des marchands de
Montpellier. Môme accusation est portée contre les Juifs par les marchands de
Verdun.
* « Donc, il est très nécessaire d'empêcher les Juifs de venir vendre, ni débiter
dans cette province, sans quoi les marchands seront forcés d'abandonner leur com-
merce, ce qui actièvera de ruiner celui de cette province qui n'est déjà que trop
ruiné. > Arch. de l'Hérault, B. 200. Placet des marchands de Montpellier et villes
drconvoisines contre les Juifs d'Avignon.
^ Arch. de l'Hérault, C. 2745. Mémoire des Jurés-gardes du corps des marchands de
Montpellier, 1739. Citons, dans le mÔme ordre d'idées, cette opinion des marchands
de Gien. < Les sujets du Roi ne seraient plus que les spectateurs des fortunes que
les Juifs feraient à leur préjudice pour les transporter dans les pays étrangers, è la
raine du royaume. Indépendamment de ce que, s'ils parvenaient à se rendre maîtres
du commerce, ils donneraient a leurs marchandises le prix arbitraire que leur cupi>
dite leur suggérerait, et bien loin que le public proût&t de l'abondance qu'ils paraî-
traient procurer, il Mrait dans Pimpotsibillté d'acheter les choses les plus néoetiairai
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LA VIE œMMERaXLE DES JUIFS COMTADINS EN LANGUEDOC 79
plaintes plus véhémentes ^ C'est merveille de voir comme les
marchands languedociens savent composer les traits de la phy-
sionomie du Juif de la légende. Dans ces suppliques larmoyantes,
pas une couleur ne manque au tableau. Le Juif y est représenté
infidèle, rusé, trompeur, fraudeur. On ne comptait plus, au dire
des marchands, le nombre de leurs exactions en tous pays. « Je ne
séparais pas, dit un contemporain*, Tidée d'un Juif de celle d'un
homme au teint basané, aux yeux ternes, au nez plat, à la grande
bouche. Je croyais enfin que Dieu avait imprimé sur leur front un
caractère de réprobation. > Grande fut donc sa désillusion en ce
qui concerne les Juifs du Comtat, car il ajoute après réflexion :
a Ceux d'Avignon ont rectifié ma façon de penser * et je les crois
soumis comme les autres (sic) à l'influence du climat et des autres
causes naturelles qui produisent tant de variétés dans l'espèce
humaine. » Naïve croyance que ne partageaient pas — tant s'en
faut — les marchands languedociens, pour qui les Juifs étaient
comme l'incarnation vivante d^un fléau déchaîné sur le Languedoc
par la colère céleste.
De toutes ces requêtes, le ton seul est à retenir. U n'aurait pas
été si vif, si les Juifs, dont elles incriminaient l'intelligence com-
merciale et la supériorité de l'esprit d'association, n'avaient eu pour
eux la faveur du public. La vérité était là pourtant : les marchands
du Languedoc étaient furieux de rencontrer sur les marchés, où
Jadis ils régnaient en maîtres, ces infimes colporteurs qui leur en*
levaient à leur barbe les gains séduisants de la vente au détail.
Mais leur colère n'avait d'égale que leur surprise de découvrir
chez le citadin ou le paysan des sentiments qu*ils ne s'attendaient
pas à y rencontrer, sentiments d'indulgence tolérante pour le né-
goce des Juifs.
Les plaintes alors d*alier leur train. « Etaient-ce les Juifs ou
bien les marchands patentés qui payaient les impositions, le
dixième, l'industrie, les rentes, les dettes des communautés, les
deniers royaux ? Etaient-ce les Juifs ou les marchands de la ville
qui fournissaient Téqulpement des troupes en campagne?» On
par rexorbitance du prix où il plairait aux Juifs de les porter. Les Juifs s'empare-
ront bieotôt du commerce de la France. > Toujours la même idée les hante.
^ < Cette nation juive, infidèle et trompeuse, se répand tous les jours dans nos can-
tons. Ils ont des établissements fixés dans les principales villes. Des personnes leur
prfilent asile et nom. Malgré Texpérience qu'on a d'Ôtre trompés par cette nation,
i'appftt du bon marché leur procure toujours de nouvelles dupes. Nos marchands ne
font presque rien. Les Juifs pillent les sujets du Roi. • Arch. de l'Hérault, C. 2745.
Les députés du commerce de Montpellier à Orrj, cont. général, 25 avril 1739.
« Van de Brande, ouv, eité\ voir Rôvue^ U XXXV, p. 101.
* Les Juifs comtadins qui fréquentaient la Provence et le Languedoc vivaient très
fifflilièreiiMAt avM les chrétiens.
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80 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
voit à quel degré d'irritation était montée lear exaspération. A dire
vrai, sur le chapitre des impositions, les doléances des boutiquiers
étaient justes, mais ils n'avaient garde de dire que les Juifs avaient
aussi leur part de contributions à payer *, de vexations à essuyer.
Les marchands s'en doutaient bien, mais faisaient sur tous ces
faits la conspiration du silence. Ils n'ignoraient pas non plus que le
commerce des Juifs n'allait pas sans des déplacements fréquents et
coûteux. Mais que pesaient ces considérations en regard des inté-
rêts mercantiles des boutiquiers languedociens? Convaincus que
les Juifs comtadins étaient en passe de devenir les favoris du pu-
blic, ils prirent un malin plaisir à entraver leurs opérations com-
merciales, à l'époque des foires. Ces tracasseries se produisaient
sous mille formes. Sur vingt ballots de soieries, deux ou trois
plombs du contrôle manquaient-ils à deux ou trois d'entre eux,
c'étaient aussitôt des contestations à n'en plus finir, des chicanes
pointilleuses, le tout à la grande joie du public, que ces visites de
jurés-gardes, faites pour effrayer les forains, divertissaient beau-
coup. Ou bien une pièce de soie n'avait pas le nombre de fils exigés
par les règlements <x colbertistes » ; d'où, sa confiscation au profit
des établissements hospitaliers de l'endroit. Le trouble était jeté
dans les affaires des Juifs, le public s'ameutait, l'autorité interve-
nait, qui renvoyait les parties (marchands et Juifs) dos à dos.
Toutefois, les Juifs, encouragés par de très hauts personnages,
ne se laissaient pas écorcher sans crier. A la foire du Pont-Javénal,
près Montpellier, les cavaliers du marquis de Grave, propriétaire
dudit lieu, les protégeaient. Postés aux portes et avenues du
Château de Grave *, où les Juifs entreposaient leurs étoffes, ils
s'opposaient souvent à l'entrée des Jurés-gardes, suivis de leurs
huissiers, dans les appartenances du logis seigneurial. LMntendant
usait alors de son pouvoir modérateur : Juifs et marchands s'in-
clinaient, pour le moment, devant sa haute juridiction *, et peu
^ Les droits de péage, sans compter les droits seigneuriaux que juifs, comme chré*
tiens, avaient à acquitter quand ils pénétraient dans une foire établie sur la terre
d'un seigneur. Exemple : la foire du Pont-Juvénal, è Montpellier, pour les colpor-
teurs juifs, et pour les maquignons la foire de Montgiscard, près Toulouse.
> Ces soldats étaient à la solde du marquis de Grave, qui s'en servait pour la po-
lice de sa foire. Aussi bien n^est-ce pas le seul exemple d'un seigneur offrant au
XYiii* siècle sa protection, intéressée il est vrai, aux Juifs. Bn 1752, les Juifs de
Saintes entreposèrent leurs marchandises dans le logis de M. de Saint-Simon, mestre
de camp des armées du Roi. Les jurés-gardes du corps des marchands de Saintes
ayant verbalisé contre eux, ce gentilhomme les fit incarcérer. D^où scandale. A
Montpellier mdme, les juges-consuls furent invités à se solidariser avec leurs con-
frères de Saintes pour laver Taffront infligé à une corporation. Arch. de l'Hérault,
B* 204. Les consuls de Saintes aux consuls de Montpellier, 25 juin 1752.
' Les intendants du Languedoc évitent souvent de prendre parti pour ou contre
les Juifs ou leurs concurrents. Bxemple : à la suite d^une visite des jurés-gardes à
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LA VIE COMMERCULE DES JUIFS. COMTADINS EN LANGUEDOC 81
après la guerre recommençait entre eux, vive, acérée, mesquine.
A Toulouse, la haine des marchands contre les Juifs était aussi
vive qu'à Montpellier. Les drapiers, toiliers ou débitants de laine
ou de soie, membres des corporations toulousaines, avaient cou-
tume de fréquenter les petites foires et marchés, où ils détaillaient
leurs étoffes; mais à Toulouse, comme à Montpellier, ils se heur-
taient à la subtilité, « à Tambition commerciale » des Gomtadins.
« Cette nation juive, s*écrient les députés de leur chambre de
commerce, ne semble ramper que pour s'élever et s'enrichir ^ »
Des mesures d'exception sont aussitôt réclamées contre les Juifs
du Comtat. Les Juifs, disent les marchands de Toulouse, achètent
aux banqueroutiers les effets que ceux-ci ont mis à couvert. Ils les
ont ainsi à vil prix, ce qui amène la dépréciation des bonnes mar-
chandises, ruine le commerce de la ville et fournit aux faillis
l'occasion de frustrer leurs créanciers. Les Juifs achètent «à l'œil
et à forfait», alors qu'eux, bons marchands, achètent à l'aune ou
au poids. Ainsi leur trop grande honnêteté en affaires les ravale
au-dessous de leurs rivaux, moins scrupuleux. L'alarme, on le
voit, régnait parmi les négociants de Toulouse, a Aux foires der*
nières, gémissent-ils, nos boutiques ont été désertes et sont encore
souffrantes. Triste situation pour l'avenir. » Tant était grande
1 animosité contre les Juifs que le subdélégué de l'Intendant Lenain
en avertit son supérieur. Il écrit : « Tout le monde court aux mar-
chands juifs, alors que les toulousains se trouvent abandonnés »
(1745)*. Mais ceux-ci se vengent de leurs concurrents, par quels
procédés, on va le voir. Minutieusement ils inspectent les étoffes
des Juifs, lesdéploient dans toute leur étendue, souvent sous la pluie,
au risque de les défraîchir; les jurés-gardes retardent, autant
qu'ils le peuvent, la visite des marchandises des Juifs, dans le but
de gagner du temps et favoriser ainsi la vente des marchands du
pays. Souvent même, dans leurs contestations avec les Juifs, on
voit les Toulousains invoquer contre les Gomtadins la juridiction
qu'ils supposent leur devoir être favorable, quitte à se retourner, en
cas d'insuccès, vers les juges dont ils avaient, dès l'abord, nié la
compétence '. L'exécution des arrêts contre les Juifs est, de la part
laquelle s'étaient opposés les agents de M. de Grave, Bernage accorda aux jurés de
caUir les marchandises juives. Averti, d*aulre part, que les Juifs se soumettaient à
la visite, il suspendit la saisie. Ârch. de THérault, C. 2745. Novembre 1740. Pièces
diverses.
* Ârch. de Pllérault, G. 2746. Les députés toulousains aa contrôleur général,
2â décembre 1744.
* Arch. de l'Hérault, C4. 2746. Le subdélégué de Toulouse à Lenain, 2 mai 1745.
' Les marchands, après avoir attribué la compétenca la plus large aux capitouls,
puis au Parlement, se ravisent et s'adressent à rintendant (1745). Ârch. de THérault,
T. XXXVl. N<» 71. 6
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82 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
du corps de bourse de Toulouse, Tobjet d'un soin méticuleux.
Certains marchands * allèrent jusqu'à soutenir que les lois d'ex-
ception promulguées contre les Gomtadins devaient s'étendre à
tous les négociants étrangers qui venaient à Toulouse pour y tra-
fiquer, passé le temps des foires. Au reste, à cette époque, les
esprits des Toulousains étaient si excités contre les Juifs, que
donner asile aux Juifs, à Toulouse, était comme passible de mort*.
La cabale contre les Juifs avait été montée par les seuls mar-
chands de laine ou de soie languedociens; ils obtinrent, peu après,
l'appui de leurs confrères, les fripiers- chaussetiers du pays.
Ceux-là non plus n'étaient pas gens à laisser entamer le moindre
de leurs privilèges par les colporteurs, Juifs et autres « proxé-
nètes » •. Ils le prouvèrent bien. Ne s'avisèrent-ils pas de vouloir
faire payer aux Juifs de Montpellier certaines contributions que
leur communauté acquittait, par exemple la n fourniture » des
miliciens? A quoi les Juifs répondirent qu'ils la paieraient, si les
fripiers a daignaient les admettre dans leurs rangs », proposition,
comme bien l'on pense, repoussée avec des clameurs indignées par
les fripiers, qui, jugeant qu'ils avaient fait jusqu'alors beaucoup
trop de cas de méchants colporteurs en leur faisant l'honneur de
commercer avec eux, leur refusèrent, en fin de compte, la contri*
C. 2746. CoDtesiaiioDS entre les marchands do laine ou soie de Toulouse et les
Juifs, 1745.
* Celle affaire, connue sous le nom d'afTaire Ader-Braudelac et classée aux arch. de
PHérault et de la Haute-Garonne sous la rubrique « Juifs », quoiqu'il ne s'y agisse
que de marchands forains, se résume ainsi : « Le 15 février 1754, le corps de bourse
de Toulouse délibéra sur les moyens de veiller à Texécution des arrôts contre les
Juifs marchands de toile et de soie. La Bourse chargea Braudelac de cette mission,
en qualité de syndic du corps. Bn 1755, deux marchands toulousains requirent la
saisie d^étoifes appartenant à Âder, marchand de Lyon et déposées chez Âder de
Toulouse, sous le prétexte que ces marchandises appartenant à un éiran^fer étaient
vendues hors le temps des foires. Braudelac requit la saisie, qui fut opérée. Les
Ader furent assignés devant les capitouls, qui les condamnèrent. Cette ordonnance fui
par les Ader attaquée au Parlement de Toulouse, où Braudelac fut intimé. Il fit as-
sembler la Bourse en 1756. Le prieur proposa de ratifier les procédures faites par
Braudelac. Deux partis se formèrent au sein du corps. Les opposants prétendirent
que Braudelac avait outrepassé ses droits, attendu que les marchandises saisies
étaient entreposées chez un né;^ociaiit de Toulouse, qui les vendait en commission.
Démission de Braudelac, élection d'un nouveau syndic, procès engagé par celui-ci
devant le Parlement (1756), cassation de la saisie et condamnation de Braudelac aux
dépens envers les Ader, de Lyon. « Dans la délibération du 15 lévrier 1754 — no-
tons-le — il ne s^agissait que de présenter une requête à Pintendant contre les Juifs
et il est donc faux que le syndicat de Braudelac s'étendit contre des marchands
autres que les Juifs. > Arch. de THérault, C. 1359; Arch. de la Haute-Ghroone,
G. 323. (Affaire Ader-Braudelac). Marchands forains (Juifs), 1754-1761.
* Arch. de l'Hérault, C. 1573. Sénéchal de Toulouse. Judith Prévost, accusée
d'irréligion pour avoir fourni asile aux Juifs à Toulouse et favorisé leurs cérémonies
(1741).
* Expression dont on se servait pour désigner les courtiers, revendeurs de vieilles
bardes.
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LA VIE œMMEROALE DES JUIFS COMTADINS EN LANGUEDOC 83
bution qu'ils offraient en échange du droit de débiter du vieux
linge. Aussi bien n'est-ce pas à cette époque fait rare, que de
voir des marchands exiger des Juifs le paiement des Impositions
qui pesaient sur les industriels ^
Leur raisonnement était simple : pourquoi les impôts ne seraient-
ils pas payés aussi par ceux qui réalisaient les gros bénéfices en
affaires? Les Juifs de riposter que, du moment où ils participe-
raient aux charges d*une communauté, il n'y avait pas de raison
pour les empêcher d'en faire partie.
En thèse générale, les marchands chrétiens voyaient bien des
inconvénients à les admettre dans les communautés d*arts et mé-
tiers. Deux raisons primordiales militaient contre les Juifs :
!• leur qualité d'étrangers dans le royaume. Or, les commu-
nautés industrielles ou commerciales étaient des associations de
véritables fonctionnaires, dotées de règlements royaux, légalement
instituées ; 2^ leur religion. Or, les corporations avaient un ca-
ractère confessionnel très accusé, caractère se manifestant, on le
sait, lors des fêtes de la communauté placée sous le patronage
d'un Saint.
D'autres raisons étaient invoquées contre l'admission des Juifs
dans les communautés. On disait que leur mauvaise foi commer-
ciale désorganiserait les corporations, que fidèles à leur amour
pour le négoce cosmopolite, ils se sentiraient bientôt gênés dans
les cadres étroits d'une communauté et que, rejetant le rôle passif
d'artisans privilégiés, ils réuniraient tôt ou tard tous les métiers
en leurs mains, qu'on les verrait enfin introduire dans ces corps
les fraudes qu'ils pratiquaient dans les foires ou sur les grandes
routes et revenir au métier louche de vendeur « sous le manteau et
de la main à la main y>.
Malgré cet interdit général lancé contre eux, les Juifs n*en ten-
tèrent pas moins de forcer l'entrée des communautés d'arts et
métiers, hostilement groupées contre les deux ennemis : les Juifs
et les forains.
En Languedoc, la question de leur admission dans les corps se
posa, en 1*784, à Nîmes. Les Juifs y briguaient les titres de maîtrise
^ Eu 1775, le Juif SoloD, do Nîmes, domicilié dans celte ville depuis 1767, se plai-
gnit qa*on l'eût compris au rôle de la capitalion et industrie, bien qu'il n'eût jamais
M imposé et qu'il ne fit partie d'aucune corporation. < Le sieur SoUon, juif, a lieu
d'espérer, est-il dit dans sa supplique, que le Contrôleur général voudra bien or-
donner aux officiers municipaux de Nîmes de ne plus le comprendre dans les rôles
de leurs impositions... si mieux, ils n^aiment lui permettre de tenir boutique ou-
verte. . . 6006 les offres qu*il fait de contribuer aux impositions royales et autres atta-
chées au corps où il sera agrégé. > Arcb. de TUérault, C. 2005, au Contrôleur géné-
ral, d'Ormesson, 16 août 1775.
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84 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
dans le corps des marchands bonnetiers ^ Le bruit courut que des
fabriquants de bas avaient passé avec des Juifs comtadins des
contrats d*apprentissage et que, contrairement à la bonne foi
qu'on se doit entre confrères, ils en avaient pris d^autres, sans
contrat, pour leur apprendre le métier à bas. Ainsi donc, Nimes
allait associer à la confection de ces fameux bas de soie qui ali-
mentaient jadis les vaisseaux des armateurs de Cadix, ces Juifs
que Tinspecteur des manufactures de Languedoc, Laussel, dénon-
çait, de Nîmes môme, à Saint-Priest*, intendant de commerce. Les
bruits les plus divers couraient sur eux : on les soupçonnait, vu
leur alliance avec leurs frères d'Avignon, de faire passer en con-
trebande des soieries volées en Avignon et des bas de soie achetés
en Espagne et qu'ils avaient l'audace, disait-on, de revêtir d'un
plomb de contrôle de la fabrique de Nîmes. On se rappelait qu'ils
s'étaient immiscés naguère dans le commerce de la toilerie, de la
draperie aux dépens des manufacturiers du Languedoc, bien que
ce genre de commerce leur eût été interdit par arrêt du Conseil.
Grande était à Nimes l'irritation contre les corps des marchands
de bas qui avaient eu le front de prêter leur nom aux Juifs. L'Ins-
pecteur des manufactures blâmait hautement ces procédés. L'In-
tendant, en homme avisé, trancha le débat. Les Juifs n'eurent pas
à se louer de son jugement. Autorisé par Tarrêt qui, le 14 août
1774, avait interdit aux Juifs de Paris ' l'entrée dans les corps de
métiers, il défendit formellement auxdits corps de Nîmes de rece-
voir les Juifs, soit comme apprentis, soit comme maîtres, sous
quelque prétexte que ce fût. L'assemblée des bonnetiers délibéra
sur le texte de la lettre de l'Intendant. Les décisions qu'elle prit
furent nettement prohibitives à l'endroit des Juifs. Au cas où un
' Arch. de THérault, C. 2747. Extrait du registre des délibérations du corps des
marchands bonnetiers de Nimes, 23 janvier 1784.
* Arch. de l'Hérault, C. 2747. Laussel à Saint-Priest, fils, 8 mai 1784. Une autre
lettre de Laussel (17 janvier 1784) est curieuse par l'analogie de forme et de fond
qu'elle présente avec le mémoire de M* Goulleau, avocat à Paris, signataire de la
< Requête des marchands de Paris contre l'admission des Juifs au commerce de la
mercerie » 1767. Typique est Pérudition que Laussel et GouUeau déploient l'un et
Vautre, non sans pédanterie. Ils n'ont garde dans leurs mémoires respectifs d'omettre
les expulsions de Juifs... sous Dagobert et Philippe-le-Long. Ces messieurs avaient
la rancune tenace. < La majorité des maîtres m'ayant demandé, dit Laussel, f'il
n'était pas possible d'expulser ces Juifs, je leur ai répondu que je ne croyais pas que
les Juifs, chassés de France sous les règnes de Dagobert et de Philippe-le-Long et
n'étant pas encore rappelés, dussent être regardés comme citoyens. » Voir pour la pé-
tition des Juifs de Paris dans cette Revue, Monin, Les Juifs de Paris sous Vancien
régime^ t. XXIII.
* Arrêt du Conseil déboutant les Juifs de la demande qu'ils avaient formée pour
être autorisés à faire le commerce de la draperie et mercerie à Paris (7 février 1777).
Cet arrêt avait été la conséquence de l'arrêt « du propre mouvement • de Louia XVI
(14 août 1774], révoquant les brevets de maîtrise accordés aux Juifs.
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LA VIE COMMERCIALE DES JUIFS COMTADINS EN LANGUEDOC R5
Juif aurait, par d'insidieuses manœuvres, extorqué un brevet d*ap-
prentissage, le maître du corps d'état qui aurait présenté ce brevet
à l'enregistrement devait être poursuivi et dénoncé à l'Intendant.
Défense était faite aux maîtres de prêter leur nom aux Juifs.
Cette hostilité du corps des bonnetiers ne désarma les préten-
tions des Juifs, ni ne découragea leurs efforts. Le privilège était
alors une forme de droit ; quoi d'étonnant si les Juifs le revendi-
quaient pour eux-mêmes ! En 1788, plusieurs Juifs, marchands
toiliers* et un tailleur*, offrirent aux maîtres des corps des toi-
liers et tailleurs de Nîmes de payer les contributions qui pesaient
sur la corporation, sous condition d'y être reçus comme membres.
Le corps des toiliers et tailleurs répondit que « la ruine de leur
commerce suivrait de près l'admission des Juifs parmi eux, par
les infidélités qu'ils commettraient sans scrupule ». Les corps de
métier, disaient les toiliers, n'avaient été institués que pour ga-
rantir au public la bonne qualité des objets que l'on y fabriquait.
Y introduire des Juifs, ce serait vouloir ouvrir la porte aux
fraudes, dans le prix, dans la façon et la qualité de la matière. A
quoi serviraient les statuts homologués des corps de métiers, si le
droit exclusif, qui y était porté en faveur des maîtres de travailler
et de vendre tout ce qui faisait partie de leur profession, ne leur
était conservé particulièrement contre les Juifs. Ce serait désarmer
les corps de métier, les livrer sans défense aux Juifs. Ceux-ci
alors sommèrent les deux corps de faire droit à leur requête,
qu'ils prétendaient juste et conforme à l'édit de 1787 touchant les
non catholiques. De ses dispositions résultait, en effet, que le Roi
permettait aux non catholiques d'exercer leur commerce sans
que, sous prétexte de leur religion, ils pussent être inquiétés. La
question d'interprétation de l'édit se posait ainsi : Les Juifs de-
vaient-ils être compris parmi les non catholiques qui bénéticiaient
de redit ? Oui, répondaient les Juifs, cet édit étant loi générale
de grâce et de faveur, embrassant tous les non catholiques sans
exception, partant les Juifs. A cela, les corps de métier répon-
daient par la négative, invoquant les précédents, qui tous témoi-
gnaient contre l'incorporation des Juifs dans les communautés. A
Nîmes, tous les marchands étaient prêts à attester, sous la foi du
serment, qu'ils n'avaient jamais eu de Juifs pour collègues. L'an
' Areb. de THérault, C. 2747. Mémoire de Laudes et Fabre, syndics du corps des
toiliers à BallainyiUiers, inteDdaat, 1*' avril 1788. Lettre des mômes à Ballainvil-
Hers, 6 avril 178b. Mémoire de Mardocbée Carcassonne, Juif de Nimes, à Ballaia-
villiew, 25 avril 1788.
* Arcb. de THérault, C. 2818. Acte signifié par Monteil, Juif, aux syndics des
tailleurs de Nîmes (12 mars 1788). Pièces diverses du 13 mars, 23 mars, 12 avril
1788.
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86 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
1788 avait vu la demande des Juifs de Paris tendant à obtenir
Taccès dans les Six-Corps de commerce de Paris, rejetée par
arrêt du Conseil. Sur l'interprétation du mot « non catlioliques v,
pas le moindre doute à avoir, disaient les marchands, car par
« non catholiques », Tédit de 1787 entendait les protestants.
Luthériens ou Calvinistes, avec qui c^s mêmes marchands
nlmois s'étaient associés au plus fort de la persécution di-
rigée contre eux. Mais de ce que Tédit admettait les protes-
tants à jouir du bénéfice de ses clauses, s'ensuivait-il que les
Juifs eussent le droit d*aspirer aux mêmes privilèges qu'eux?
Les marchands de Nîmes ne le pensaient pas, le terme de « Juifs »
n'étant ni cité, ni spécifié dans l'édit de 1787.
Pour mettre fin au débat contradictoire qui menaçait de s'éter-
niser quant à l'interprétation du mot a non catholiques «, le
pouvoir central intervint. Lamoignon de Malesherbes, garde des
Sceaux, et le ministre Breteuil interprétèrent, à leur tour, l'édit
de 1787, dans un sens qui n'était pas pour satisfaire les Juife *.
D'après eux, les Juifs ne pouvaient participer à la faveur que le
Roi accordait à ses sujets protestants « qu'autant que Sa Ma-
jesté elle-même croirait devoir expliquer ses intentions à leur
égard d'une manière spéciale ».
Les corps de métiers de Nîmes triomphaient donc. Ils avaient
jeté aux Juifs l'anathème traditionnel : « L'infamie semble les
suivre. On répugne à fraterniser avec eux. Les Juifs sont une
nation séparée des autres nations. Elle a son gouvernement
théocratique, qui fisole et qui rend les Juifs étrangers dans les
autres états. Un Juif n'est citoyen nulle part, et quoique né Fran-
çais, il est étranger dans chaque ville. 11 ne saurait donc aspirer
à être admis dans les corporations de commerce réservées aux
seuls sujets du Roi. » Telle était l'argumentation des commu-
nautés de Nîmes.
A la fin de l'ancien régime, les sentiments des corporations à
l'égard des Juifs restent les mêmes *. En 1789, quelques mois
avant la réunion des Etats-Généraux, figées dans leur attitude
hostile, irréductible, contre les Comtadins, elles persistent à les
> Arch. de PHérauU, C. 2747; C. 2818. BtllaiDvilliers au subdélégué de N!me«,
21 avril, 22 avril 1788. il transmet lee lettres explicatives de ces ministres.
* Cependant an Juif, Mardochée Carcassonne, laisse entendre que les corps d'arts
et métiers de Montpellier u^avaient pas fait montre à Tégard des Juifs de cette ville
de la même auimosilé que ceux do Nîmes. « On a vu, dit -il, les marchands de
Montpellier, aussi jaloux de leurs prérogatives que ceux de Nîmes, recevoir sans
scrupule et sans opposition, sous les yeux de Tlotendant, divers Juifs dans leurs com-
munautés. » Ârch. de THérauU, C. 2747. Mémoire de M. Carcassonne, Juif, 25 avril
1788.
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LA VIE COMMERCJALE DES Jl IFS COMTADIXS EN LANGUEDOC 87
écarter. Dans les cahiers de doléances de la provinces pour les
Etats-Généraux, on surprend des plaintes, écho nullement affaibli
des préjugés sociaux et théologiques du moyen âge contre les
Juifs. Ainsi, Louis XV avait créé, à Montpellier, suivant Texemple
qu'il avait donné à Paris en 1767 \ huit lettres de maîtrise dans
tous les corps de métiers. Plusieurs de ces lettres furent, comme
à Paris, achetées par des Juifs dans le corps des fripiers-chausse-
tiers. Scandale sans précédent aux yeux des marchands ! Deux
fils de Juifs avaient été reçus au rang de maîtres par le Juge-
Mage de la ville, sans y avoir été autorisés par la communauté.
Aussitôt les fripiers d'insérer leurs doléances à ce sujet dans
leur cahier (1789J '. Ils réclament qu'on les sépare de ces Juifs
« qui pourraient infecter » toute la communauté ; événement
qualiôé par eux de « sinistre » et qu'il n'est pas possible de
prévoir sans frémir. L'éternelle doléance retentit : « Le commerce
de tous les membres du corps a diminué à un si grand point
depuis l'étrange introduction des Juifs, que les fripiers se verront
contraints de l'abandonner pour jamais, si on ne leur tend une
main secourable et si on ne seconde leurs vœux. » Appel dé-
guisé — on le voit — à TEtat-Providence. Et voici maintenant
par où éclate le préjugé social : « Il n'est personne, disent-ils,
qui ne porte en son cœur la conviction du mal que le peuple juif
fait dans tout l'univers ». Voici maintenant le préjugé théolo-
gique, fc L'Etre suprême, dans la création de la nature, voulut
expressément que cette race fût renfermée dans un certain terri-
toire et lui défendit de communiquer en aucune manière avec les
autres nations. » Toutes opinions qui, exprimées avec tant de
hardiesse, prouvent la corrélation qui existait, à la veille de la
Révolution, entre la question de l'émancipation des Juifs et
l'émancipation du travail; si intime qu'entre les partisans du
maintien des barrières, entre les diverses communautés d'arts
et métiers, et les partisans du a ghetto » pour les Juifs, il n'y
avait qu'une différence de degré, non de nature.
Ce sont là les plaintes des marchands privilégiés, des corpora-
tions vieillottes, traquant de ville en ville des colporteurs dont le
principal crime, à leurs yeux, était de savoir commercer et d'ap-
porter sur les marchés du Languedoc des marchandises abon-
dantes et peu chères. Les Juifs y répondaient par des placets où
dominait le sentiment très vif que, la liberté du commerce et de
* Voir, pour cette affaire, Monio, Les Juifs de Paris sous Vaneien régims^ dans
cette Revue, t. XXIII.
* D'Aigrefeuille, Histoire de Montpellier ^ t. IV, p. 648. « Cahier de doléances des
fripier »-cliau86etiera de MontpeUier », 1789.
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
trie étant un des éléments constitutifs de la vie organique
>rovince et du royaume, les pouvoirs publics devaient les
er dans leurs tentatives d'affranchissement du commerce
industrie lang^uedociens.
ela, ils partageaient, en matière commerciale, les avis des
listes, théoriciens du « laissez faire, laissez passer », et
ière industrielle, les croyances des défenseurs de la liberté
ail. Ils pensaient de môme que ces négociants de Toulouse
l'788, dénonçaient à Louis XVI «c les ravages du monopole,
)nvénients des privilèges, les pertes, les dégâts, les faux
B découragement, qui sont la suite des droits locaux, des
des visites, des pièges, des vexations, en un mot, de
les entraves qui obstruent le commerce et emmaillottent
rie ».
, disaient les Juifs, que les pouvoirs publics rejettent les
s des communautés, comme ne répondant plus aux aspira-
ouvelles des commerçants et industriels français ! Elles se
ient de la concurrence des Juifs. De bonne foi, qui les em-
de lutter contre elle avec avantage? Si les boutiques
rchands du pays n'attiraient plus les chalands, à qui la
inon à Tincroyabie avidité des boutiquiers languedociens ?
-on pas vu — le subdélégué de Tintendant Tattestait * —
on pas vu, à Nîmes, deux ou trois marchands s'entendre
dndre à des prix exorbitants leurs étoffes et s'étonner
qu^elles n'eussent pas plus de faveur auprès du public? A
lonne*, une minorité de marchands en étoffes s'indignait
oncurrence des Juifs, sans se plier au moindre sacrifice
aire au public. Au reste, nul pouvoir n'empêchait les
s de fréquenter les boutiques des Juifs. Leur profit était
s'y tenaient. Les Juifs, que les marchands de Nîmes accu-
le passer en contrebande leurs marchandises, se faisaient
prouver les menées de ces Nîmois, qui écoulaient des bas
$s dans les Gévennes au mépris des règlements '.
poste des Juifs à ces accusations était, on le voit, facile,
î, Intendant, n'hésitait pas, en 1740, à reconnaître les
fments qui assuraient le succès de leurs opérations com-
Bs : le bon marché, l'abondance, la variété *. En termes
de rilérault, C. 2743. Le subdélégué de Nimes a Bernage, 19 septembre
de THérauIt, C. 2743. Le subdélégué de Carcassonne à Bernage, 9 sep-
29.
de THérault, C. 2504. Lettre des intendants et subdélégués ; observa-
DSpecleurs des manufactures,
de l'Hérault, C. 2745. < Les marchands de Montpellier sont mal assortis...
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LA VIE COMMERCIALE DES JUIFS COMTADLNS EN LANGUEDOC 89
non ambigus, il réduit à de justes et minimes proportions Ten-
flure démesurée des imputations des marchands languedociens*.
Son sens clair et droit, sa justesse d*esprit démêlent aisément,
dans les doléances des uns et des autres, le vrai du faux. Il sait
qu*il est Intendant en Languedoc pour veiller aux intérêts géné-
raux de la province et que tous, Juifs ou marchands, ont droit à
sa justice distributive, à condition de n*en point abuser pour s'en
servir les uns contre les autres *. Les marchands de Montpellier,
lui écrit Orry, contrôleur général( 1740), ne seront écoutés qu'au-
tant qu'ils se feront un devoir d'être bien assortis et se conten-
teront d*un profit légitime >. Ces mots laissent deviner bien des
fraudes *. Aussi les marchands de Montpellier feignent-ils de ne
pas les comprendre. En 1774, Le Nain, Intendant, les leur fit
entendre. Il défendit aux syndics des corps des fripiers-chausse-
tiers de Montpellier d*exercer aucune poursuite contre les Juifs
qui y étaient domiciliés ^» les menaçant même» s'ils récidivaient,
de révoquer leurs lettres patentes, ce qui mit le comble à leur
fureur. Cette même année (1744), les notabilités de Montpellier
prirent sur elles de délivrer aux fripiers juifs un certificat de
lieDDeDt leurs étoffes à des prix si excessifs que quoiqu'ils disent sur la mauTaise
qualité de celles que portent les Juifs dans les foires, elles ne valent pas mieux par
les prix auxquels ils les vendent que celles que Ton trouve dans les boutiques des
marchands. Les Juifs en ont de toutes qualités, a tous prix. Je n'ai pas ouï dire
qu'ils en portassent qui ne fussent point marquées du plomb de fabrique. Par consé-
quent, c'est la différence du peu de profit auquel les Juiis se réduisent à l'excessive
cherté des prix que les marchands mettent à leurs étoffes qui a déterminé le public
à se pourvoir dans les foires plutôt que de donner des commissions à Lyon. > Ber-
nage à Orry, le 31 mai 1740.
' Il ne croit pas que les Juifs puissent nuire aux fabriques et il est « fort peu tou-
ché de l'allégation des marchands sur le tort que les Juifs pourront faire au bien du
royaume en faisant passer leurs fonds à l'étranger ». Bernage à Orry, 11 novembre
1740. Arch. de PHérauU, C. 2745.
* Joubert, syndic général, pense que les Juifs ne nuisent pas au commerce et que
le public y trouve son avantage. Joubert à Le Nain, 27 août 1744. Arch. de l'Hé-
rault, C. 2802. < Si les Juifs éiaieut exclus des foires, je suis persuadé que cela
ferait un vide dont souffriraient les fabriques. > Orry i Bernage, 2 décembre 1740, .
C. 2745.
* Arch. de l'Hérault, C. 2745. Orry à Bernage, 2 décembre 1740.
* Arch. de l'Hérault, C. 2745. Orry à Bernage, 2 décembre 1740. « Les marchands
vendent à des prix usuraires. Il y en a qui achètent à Paris et à Lyon des galons d'or
et d'argent, poids de marc, et qui ne se font pas scrupule de les vendre i Montpellier
le même poids de table en y augmentant de 10 0/0 ». — Le poids de marc := 8 onces
ou la moitié de la livre de Paris. Le poids de table, en Languedoc, différait du poids
de marc.
* Arch. de l'Hérault, C. 2802. Ordonnance de Le Nain, 1*' novembre 1744. ~
Le Nain au Contrôleur général, 5 février 1745. < Je rendrai sur cette contestation
(entre fripiers et Juifs) ordonnance conforme a la décision contenue dans votre lettre du
29 janvier et je préviendrai les fripiers, ainsi que vous m'en chargez, que s'ils don-
nent lieu à des plaintes de la part du public, on révoquera leurs lettres patentes. >
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90 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
bonne vie et mœurs ^ Les habitants de la ville ne dissimulaient
pas leur antipathie pour des corps de métiers qui, quoique com-
posés de chrétiens comme eux, semblaient prendre à tâche de les
rançonner. Tous, ils s'intéressaient au commerce des Juifs, dé-
solés à la seule idée que les mesures prohibitives projetées par
les métiers contre les Juifs pourraient avoir leur exécution un
jour ou Tautre, prévoyant à coup sûr Tarrogance sans bornes des
boutiquiers de la ville le jour où les Juifs leur auraient cédé la
place *. Aussi, quand s'éleva, entre les marchands de Montpellier
et le marquis de Grave, la contestation au sujet des Juifs fré-
quentant la foire du Pont-Juvénal, la population prit-elle parti
pour les Juifs, chez qui elle trouvait à bas prix les objets que
les boutiquiers vendaient très cher en ville.
C'est un épisode curieux de la question juive, en Languedoc, que
la suite des démêlés du marquis de Grave avec les communautés
de Montpellier. De bonne noblesse, caractère altier, turbulent, le
marquis allait entrer dans la lice où l'attendaient des boutiquiers,
gens de rien. Sans doute, dans toute cette affaire, l'intérêt per-
sonnel le guidait, mais, la passion s'en mêlant, passion de gentil-
homme contre les roturiers, il entreprit un siège en règle contre
les gens des métiers, qui, dans un zèle intolérant mis au service de
leurs monopoles, allaient jusqu'à douter de la valeur des privilèges
inhérents à ses droits de propriété sur les foires du Pont-Juvénal.
Pour le coup, c'était trop, le marquis ne fit qu'en rire. Tout de
même, il se plaignit à Bernage (1741) : « De quel droit, lui demanda-
t-ii, des marchands qui volent le public — le mot était dur —
prétendent-ils en imposer au Roi contre le teneur de mes titres' »?
Ces titres, il les montrait aux yeux de tous, ils étaient patents.
Malgré tout, l'on voyait les marchands de Montfiellier « avancer
faussement que le marquis donnait à ses foires une extension qui
n'était pas comprise dans les titres de leur fondation * ». Ils en
* Ârch. de l'Hérault, C. 2802. « Certifions que de tout temps les Juifs ont été à
Montpellier pour trafiquer aux vieilles hardes, faisant le profit du public. Ils ont été
fort utiles, sans avoir fait aucun tort à personue. i Si.'ué : Nadal, lieutenant du
maire de Montpellier, Comte, consul, Caropan, conseiller auditeur, 28 octobre 1744.
* • Le commerce des Juifs à Munipellier est très avanta^^eux aux habitants. Ils y
sont aussi utiles que pour les campagnes les maquignons juifs. Les poursuites que
les fripiers font contre eux ont répandu Talarme parmi les habitants qui s^intéressent
tous à ce que les défenses proposées n'aient pas lieu. Si ^autorisation donnée aux
Joifs leur était ôtée, le public en souffrirait infiniment parce que les fripiers ne man-
queraient pas de se prévaloir de leur éloignement pour se rendre encore plus diffi-
ciles dans les achats et ventes quUls feraient des vieilles bardes. • Arch. de l'Hé-
rault, C. 2802. Le Nain au Contrôleur général, 2 novembre 1744.
* Arch. de l'Hérault, C. 2745. Le marquis de Grave à Bernage, 29 janvier,
4 mars 1741.
* Arch. de l'Hérault, C. 2745. Le marquis à Bernage, mars 1741.
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92 REVUE DES ETUDES JUIVES
commissionnaire des Juifs ne répugnait donc nullement aux bou-
tiquiers. L'Intendant Bernage savait même que « le corps des
marchands de Montpellier, par avarice, usait à Tégard des com-
missionnaires des Juifs d'une singulière tolérance ». Il les admettait
au nombre de ses membres, recevant par là l'argent que les Juifs
fournissaient à leurs commissionnaires, en général pauvres hères.
Aussi bien n'était-ce pas la première fois qu'un Intendant du
Languedoc pénétrait les secrètes menées des marchands d'une
ville. A Toulouse, Le Nain (1745) porte sur eux un jugement ana-
logue à celui de Bernage sur les métiers de Montpellier. « Le
meilleur parti qu'ils puissent prendre, écrit-il à Orry, c'est d'as-
sortir leurs magasins des mômes qualités de marchandises que les
Juifs y apportent et de se contenter dans la vente d'un profit
moindre que celui qu'ils font ^ » Ainsi ils arriveront à dégoûter les
Juifs de se rendre à leurs foires. Au reste, Orry encourageait Le
Nain dans cette ligne de conduite : il fallait, d*après lui, redoubler
de sévérité contre des marchands qui entravaient le commerce des
Juifs. Garquet, inspecteur des manufactures royales du Languedoc,
se voyait adresser un blâme officiel pour avoir secondé les agisse-
ments des jurés-gardes toulousains contre les Comtadins *. Il re-
cevait l'ordre d'intimer à ces trop zélés fonctionnaires d'avoir à
cesser leurs molesta tions '. A dire vrai, de très hautes influences
encourageaient les Juifs à Toulouse. La Présidente d'Aspe *, ayant
personnellement recommandé à l'Intendant Saint-Priest, le père,
les Comtadins, ce fonctionnaire l'assura que ses vœux seraient
exaucés ; il écrivit aussitôt au subdélégué de Toulouse de veiller
i ce que les Juifs ne fussent pas inquiétés *.
L'Intendant était appuyé par le sentiment du public, qui trou-
vait son intérêt dans une concurrence permanente entre Juifs et
métiers. Ce sentiment se fit jour à diverses reprises. Il y avait, à
Béziers, deux ou trois marchands d'étoffes qui se piquaient de
fournir à eux seuls toute la ville. La présence des colporteurs
comtadins aux quatre saisons de l'année les exaspérait. Leurs
plaintes systématiques eurent le don de lasser l'Intendant, Le Nain,
qui défendit aux Juifs de commercer dans Béziers (1745) *. Mal
* Arch. de l'Hérault, C. 2746. Le Nain a Orry, 12 mai 1745.
< Arch. de PHérault, C. 2746. Le Nain à Carquet, 15 août 1745.
s Arch. deTHérault, C. 2746. Saint-Priest au subdélégué de Toulouse, 14 août
1751.
* De la famille de robe des d'Aspe, qui comptait deux présidents à mortier au
Parlement de Toulouse, Jean et Bernard d'Aspe.
« Arch. de l'Hérault, C. 2746. Saint-Priest au subdélégué, 14 août 1751.
* Arch. de l'Hérault, C. 2748. Ordonnance de Le Nain, 18 décembre 1745, rendue
sur requête de Bernard Cabanon, marchand d'étoffes en soie, de Béziers.
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LA VIE COMMERCIALE DES JUIFS COMTADÏNS EN LANGUEDOC 93
approvisionnés, vendant cher, les marchands de la ville ran-
çonnèrent les acheteurs, tant et si bien que la « plupart des
messieurs et dames de Béziers » adressèrent au subdélégué leurs
doléances pour lui signaler les vexations dont les Juifs étaient
Tobjet de la part des boutiquiers,lors de leur passage à Béziers ^
Une occasion se présenta qui permit au subdélégué de se déclarer
ouvertement en faveur des Juifs et hostile à la coterie tyrannique
des métiers. Des Juifs, passant à Béziers pour aller débiter leurs
marchandises à Toulouse, déposèrent, comme de coutume, leurs
étoffes dans un cabaret. Le bruit s*en répandit, d*où affluence
nombreuse autour d'eux. Les marchands de Béziers alléguèrent
alors que les Comtadins avaient vendu malgré les ordonnances et
intimèrent aux prévôts des marchands Tordre de saisir leurs
marchandises. Accusation fausse, au dire du subdélégaé Boussa-
nelle, car les Juifs n'avaient pas déplié leurs étoffes, malgré les
instances du public. Dans le but de concilier Juifs et marchands, il
intervint; en pure perte. Les marchands s*obstinèrent à refuser de
rendre aux Comtadins les étoffes confisquées. Le subdélégué, dont
ils bravaient les sages remontrances, en référa à Le Nain, sous
forme de réquisitoire contre les marchands de Béziers *. « Toute la
ville, dit-il, est révoltée contre leurs procédés et nous sommes à
portée d*entendre le murmure que l'arrestation des Juifs a causé à
Béziers. Si les marchands se plaignent du préjudice que ces Juifs
leur causent, c'est leur faute. Ils ne doivent pas écorcher le public
et chercher à faire des profits considérables. » Le Nain cassa la
saisie. Le subdélégué l'informa aussitôt que les Juifs étaient très
satisfaits de ce jugement, de môme que les habitants^, informés,
comme lui, de la vexation des marchands de Béziers. Grâce à la
vigilante attention des pouvoirs publics, les intérêts des acheteurs
étaient encore une fois sauvegardés.
Tel est le type, entre mille, des contestations qui s'élevaient
entre Juifs, partisans de la liberté commerciale et industrielle, et
les marchands réunis en corps de métiers, défenseurs de leurs pri-
vilèges et monopoles, attaqués par les Juifs. Mais ceux-ci, malgré
leurs efforts assidus, ne réussirent pourtant pas à pénétrer dans
^ Arch. de rHérault,G. 2748. Boussanelle, Bubdélégué*à Béziers, à Le Nain, 11 Juil-
let 1748. « II est vrai, dit-il, que ces marchands ont des statuts autorisés par arrêt
du Parlement leur accordant des privilèges exclusifs, mais le public souffrant à l'oc-
casion de ces privilèges qui produisent tous les jours de nombreux abus... je tous
en informe. »
* Ârcb. de l'Hérault, G. 2748. Mémoire de Boussanelle, subdélégué à Béziers^ à Le
Nain, 23 Juin 175u.
* Arch. de l'Hérault, G. 2748. « On y souhaiuit ardemment qu'il fût permis aux
JuîCb de vendre leurs marchandises ou du moins qu'ils fussent libres de venir tenir la
foire du 4 octobre pendant huit Jours. • Mémoire de Boussanelle, 23 Juin 1750.
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94 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ces communautés que protégeaient contre eux Tétroitesse des pré-
Jugés en cours et la politique des pouvoirs publics.
IV
LES JUIFS ET LES POUVOIRS PUBLICS.
Au milieu des vives haines suscitées tant du côté des marchands
du pays que du côté des Juifs, Tintendance du Languedoc a pra-
tiqué, à regard des uns et des autres, une politique ferme autant
que souple, où se reflète la pensée des ministres et des contrô-
leurs généraux.
Dans la conduite à tenir vis-à-vis des Juifs comtadins, en Lan-
guedoc, les divers intendants de cette province, au xviii® siècle,
songent avant tout à deviner les intentions du pouvoir central.
Aussi, il faut voir avec quel tact, quelle prudence, ils s'ingénient
à interpréter, chacun selon son tempérament, les instructions de
Versailles.
De 1685 à 1718, c'est Lamoignon de Basville, « Tautocrate »,
prêtant peu d'attention, dans le tumulte des affaires des religion-
naires, à ces Juifs comtadins, qui passaient trois ou quatre fois
l'an sur les grands chemins, fiasville n'avait qu'à tenir la main à
Vexécution de l'arrêt général de bannissement des Juifs (1615] et, si
les Comtadins l'enfreignaient, les expulser, malgré les ordonnances
contraires du Parlement de Toulouse. Cet intendant reçut aussi
mission du Conseil d'Etat de veiller ' sur les Juifs bannis du Lan-
guedoc, par arrêt du 29 février 1716. A partir de cette date, la sur-
veillance des Juifs rentre dans les fonctions policières de l'Inten-
dant, vu leurs apparitions fréquentes dans la province et la colère
des marchands du pays, irrités par leur concurrence. Requêtes et
placets des uns et des autres sont adressés à l'intendant à Mont-
pellier : la rapidité et le peu de frais de la procédure de Tintendance
leur convenaient Les marchands invoquent le secours de Basville
contre les Juifs, car ils le considèrent comme le protecteur - hé
de leurs intérêts. C'était, non des leurs, mais de ceux de la pro-
vince, en général, que Basville était le soutien. C'est ce que les mar-
chands ne voulurent pas comprendre. Ils crurent l'Intendant prêt
* LamoigDOQ de BasTille, intendant du Langaedoc, « exécutera l'arrêt > il mars
1*716. Ârch. de IHérault, C. 2743. Extrait des registres du Conseil d'âtat. Arrêt da
Conseil du 29 Uyriet 1716. Le duc d'Orléans était régeot, PhtUppeaux, chancelier.
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LA VIE COMMERCIALE DES JUIFS COMTADLNS EN LANGUEDOC 9»
à les suivre dans toutes leurs vexations contre les Juifs. De là, leur
déception.
Du successeur de Basville à Tintendance nous ignorons la
politique à l'égard des Juifs, en Tabsence de documents sur ce
personnage.
Son fils, Louis Basile de Bornage, joue un rôle important dans
rhistoire des relations de Tintendance avec les Juifs. Dès 1729,
il entame avec les contrôleurs généraux une correspondance
à leur sujet. Le débat portait sur leur situation irrôgulière dans
le Languedoc. Sur Tordre de Le Pelletier-Desforts, contrôleur
général, il fait ouvrir une enquête par les subdéiégués de Nîmes,
Montpellier, Carcassonne, Toulouse, où Ton signalait les Juifs
comtadins (1729). Sur leur avis, Bernage les expulsa (1729),
exécuta le nouvel arrêt du Conseil (20 février 1731), qui leur
interdisait de séjourner en Languedoc. De cette époque datent
les rapports officiels échangés journellement au sujet des Juifs
entre Orry, contrôleur général (1730-1745), et Bernage. Sous Tin-
fluence des nouvelles idées en matière de commerce et d*industrie,
les prescriptions de l'intendance à Tégard des Juifs perdent de leur
rigueur. Aussi la question juive prenait en Languedoc le caractère
d*une lutte entre marchands du pays, que Tintérêt poussait à dé-
fendre leurs monopoles, et Juifs comtadins, que l'intérêt excitait à
les attaquer. Le Conseil d'Etat voyait, lui, d*un œil hostile s*étendre
les monopoles des métiers. Rien d'étonnant, dès lors, à ce que
l'Intendant permit aux Comtadins de fréquenter les foires, dont ils
stimulaient les transactions par leur concurrence. Cette politique
de Tintendance ne recevait-elle pas l'approbation du contrôleur
général Orry ' ?
Un progrès sensible se manifeste dans le sens de la tolérance
envers les Comtadins. Le Nain, successeur de Bernage, en donne
la preuye dans cette lettre où il offre au contrôleur général de
donner aux Juifs des permissions temporaires de séjour. Et le
contrôleur accueille cette demande avec faveur, avertit même Le
Nain qu'il révoquera les lettres de privilèges de certains mar-
chands s'ils donnent lieu à de nouvelles plaintes de la part du
public par leurs tracasseries à l'endroit des Juifs*. Toujours
l'éternelle lutte du travail privilégié contre le travail libre.
' 11 n'y a pas qu'en Languedoc où l'Intendant semble tolérant pour les Juifs. On
lit dans ^Inventaire de la Chambre de Commerce de Bordeaua^ qu'en 1734, llnten-
dant de Quyenne sollicitait un délai pour les Juifs expulsés du royaume. Les mi-
nistres n'étaient pas toujours hostiles aux Juifs. En 1729, le contrôleur général, avant
de statuer sur le projet de règlement des drapiers-merciers de Bordeaux, s^enquiert
des préjudices qui en résulteraient pour les Juifs portugais (29 décembre 1729).
' Ces marchands que le Contrôleur morigénait ainsi étaient les fripiers-chausse-
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% REVUE DES ETUDES JUIVES
En 1751, Saint Priest, suppléé longtemps par son fils, arrive à
l'intendance. Trudaine, ministre, avait averti Saint Priest père
(1755) des progrès qu'avaient faits auprès du bureau du commerce
de Paris les nouvelles idées sur la liberté du commerce et de Tin-
dustrie. Dans une lettre adressée à Trudaine (1761), Saint Priest
fait allusion à Gournay, qui avait dénoncé les inconvénients de la
réglementation industrielle. Or, quels étaient les défenseurs de ces
règlements, sinon les marchands et industriels privilégiés qui ne se
gênaient nullement pour brûler * et attacher au carcan les étoffes
apportées par les étrangers et les Juifs du Comtat ? La haine de la
concurrence, d^ou qu'elle vint, les possédait, eux et leurs corps de
métiers. Saint Priest s'en rendit très bien compte. Une lettre * de
rintendance (1761) nous laisse, à ce sujet, entrevoir les grandes
lignes de la politique des Intendants dans la question des privilèges
industriels ou commerciaux. Les privilèges, Saint Priest ne les
admet que s'ils servent au bien du public. Le rôle de l'Intendant,
d'après Saint Priest, est de stimuler le commerce d'une province»
de protéger les marchands du pays, certes, mais sans étroitesse
d^esprit ni préjugés, a Pour que le commerce se maintienne au
profit de l'Etat, il faut le laisser libre dans tous les pays, mais de
façon pourtant que chaque pays reste libre dans son propre com-
merce. » On comprend, dès lors, l'attitude des Intendants du Lan-
guedoc vis à vis des Juifs. Quand ils interdisaient aux forains, aux
Juifs du Comtat, la vente en détail, hors le temps des foires, ils
prenaient ces mesures dans le but de « faciliter aux marchands
domiciliés la vente de leurs marchandises et le paiement de leurs
eng>igements ». Mais permettre aux Juifs et à tous étrangers de
vendre en gros sur les champs de foire, afin qu'ils répandissent
sur les marchés de la province l'abondance des marchandises,
inciter les Juifs à rivaliser avec les marchands indigènes, c^était
pour les Intendants se montrer fidèles à leur rôle de protecteurs
du commerce de la province. Et pour mieux dévoiler le fond de sa
pensée. Saint Priest de s'écrier : « La récompense d'une nouvelle
industrie, l'excitation d'une ancienne qui languissait dans une
concurrence sans émulation ont été, et peuvent être encore, les
motifs légitimes de plusieurs privilèges du commerce, mais la
lie» de Montpellier dont le corps était ligué contre les Juifs vendeurs de Tieuz.
Ârch de l'Hérault, C. 2802 (pièces relatives a cette contestation).
1 Dans un mémoire des marchands en soierie et draperie de Bordeaux aux direc-
teurs de la Chambre de commerce pour demanJer que les Juifs d^Avignon fussent
exclus des foires, on lit t qu'il fut brûlé à Tours une partie considérable de leurs
marchandises >. Inventaire de la Chambre de commerce de Quienne^ C. 4378 (1757).
* Arch. de la Haute-Garonne. Le Secrétaire de Saint Priest à Amblard, suhdé-
légué à Toulouse. 4 mai 1760.
^
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LA VIE COMMERGULE DES JUIFS COMTADLNS EN LANGUEDOC 97
durée indéfinie de ces privilèges et leur transmission entre les
mains de leurs hoirs ne sont-ils pas propres à étouffer Tindustrie
et éteindre cette même émulation qui est véritablement l'âme du
commerce ^ ? » Rapprochons de ces paroles de Saint Priest le lan-
gage de Bernage à Lepelletier-Des forts, contrôleur général' : « Je
puis vous assurer, écrit-il, que je n*ai accordé la permission (de
commercer dans la province) à aucun Juif, quoique j*aie été souvent
sollicité, ne croyant pas que cela dût convenir. . . sinon dans les
cas où les marchands voudraient s'obstiner à vendre leurs mar-
chandises à un prix excessif et pour les réduire à la raison. »
Qu*est*ce à dire, sinon que, dans l'esprit de Bernage comme dans
celui de Saint Priest, il s'agissait d'opposer aux privilèges envahis-
sants des métiers, la menace de la concurrence juive? Nous sai-
sissons alors le sens des atténuations apportées par Tintendance à
la législation rigoureuse qui excluait les Juifs du séjour et du
commerce dans la province. Les Juifs comtadins n'étaient dans la
main des Intendants que les instruments d'une politique asservie
au pouvoir central et, par-dessus tout, aux intérêts généraux de la
province.
Les derniers Intendants du Languedoc s'écartèrent peu ou point
du pian tracé par leurs prédécesseurs. Mais ni Guignard de Saint
Priest, qui avait remplacé son père en 1764, ni Ballainvilliers ne
prêtèrent attention aux réclamations des Comtadins tendant à faire
consacrer par les pouvoirs publics leur situation de fait en une
situation de droit.
On connaît la fin de non-recevoir que le pouvoir central (1788)
opposa à leur demande d'admission dans les corps de métiers, à la
suite de la promulgation de l'édit sur les non catholiques. « Sans
affubler, comme l'a dit M. Monin^, Louis XVI du titre de protec-
teur des Jui&, qu'il n'a ni ambitionné ni mérité, on doit reconnaître
alors le rapide progrès des idées. La loi — et spécialement l'édit
touchant les protestants '-, ne procédait plus contre les Juifs par
prohibition et par prescription, mais par prétérition. » Les Inten-
dants s'en doutaient si bien que Ton découvre dans la correspon-
dance échangée entre Saint Priest, Ballainvilliers et Amelot, mi-
nistre, maintes traces d'une tolérance habilement déguisée *. C'est
en s'abritant sous l'autorité des Intendants que les Juifs comtadins
*■ Arch. de la Haute-Garonne, C. \ 48. Note de Tlntendance.
* Arch. de l'Hérault, C. 2743. Bernap^e au Contrôleur général, 6 septembre 1729.
* Voir, dans cette Revue^ Les Juifs de Paris à la fin de Vaneien régime, t. XXIIl.
* Voir aussi une lettre de Saint Priest (1782) demandant à M. de Morville, direc-
teur de la caisse des pensions des nouveaux convertis, une pension sur les écono-
mats, en faveur d*un Juif hollandais, échoué à Béziers, Juif converti, il est vrai.
Arch. de l'Hérault, C. 522.
T. XXX VI, H® 71 7
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98 REVUE DÉS ÉTUDES JUIVES
itcqu]t*elit utie résidence fixe dans là province, f plàcètétit lëtiH
c£lt)ltatil, se ârent accepter par la population, en attendant qUe ïi
Révolution leur donnât le droit d'y vivre et d'y commercer îibre-
metit (1790). Lear émancipation coïncidait avec la fin de là Itittë
eritre la réglementation à outrance et le travail libre.
Ce ti'est pas à dire que les plans des divers Intendants de Brfs*
Ville à Ballainvilliers apparaissent avec netteté. Bien souvent, le^
compétitions locales qui s*agitent autour d*eux impriment des
heut*ts à leur politique, des flottements à leur ligne de conduite.
Quelquefois, la superstition du monopole Industriel ou commercilll
est tellement ancrée dans les esprits que les Intendants hésitent I
rattflqoer de front. Les alternatives de mesures tolérantesl et tê"
pressives envers les Juifs Indiquent assez qu'ils n*osent parfois
combattre les préjugés des corps de métiers. Surtout, ils avaient ft
compter avec les pouvoirs provinciaux, toujours prompts à saper
leurs prérogatives : en premier lieu, le Parlement de Toulouse.
La politique de ce corps judiciaire à Tégard des Juifs se réduit
le plus souvent à une lutte d'influences contre l'Intendant. Les
Juifs comtadins semblent avoir trouvé près des magistrats du Par-
lement une assez grande tolérance. On connaît les arrêts qui, à
partir de 1695, leur permirent de commercer, notamment à Tou-
louse, arrêts qui amenèrent le conflit entre Saint Priôst et le Par-
lement (1755).
A côté et au-dessous de lui, les magistrats locaux adoptaient tl5i-
à-vis des Juifs diverses lignes de conduite. A Toulouse, I6s C^pl-
touls, assistés du Conseil de bourgeoisie, tantôt défendent Jaldtlâe-
nlent les privilèges des métiers, tantôt accordent aUl Juifs ièÉ
concessions inattendues *. Par contre, le corps de la Bourse leur est
nettement hostile. Il n'en pouvait être autrement, les jUges qtll le
cothposaient étant issus du corps des marchands et chargés âé
veiller sur leurs intérêts.
Les mêmes laits, les mêmes procès, les mêmes hésitations ad
sujet des Juifs comtadins se répètent dans les Autres Villes thanU-
facturlôres du Languedoc : à Narbonne, où les collecteurs dé-
crivent un Jdif sur les rôles de la capitatlon; à Nlme^, â Mont-
pellier, où depuis les Consuls Jusqu'au Juge-Mage, en passant pit
^ ËD 17ï^5, ils accordent aux JuiFs les huit jours « francs de fôte et de dimanche >.
En 1765, les Juifs de Bordeaux avaient offert d^acheter à Toulouse pour cinq mil-
lions l'ile de Tounis pour y établir des manufactures de savon. « Ces propositions,
dit à Saiot-Priest le subdéiégué, sont invraisemblable^, mais on les aurait acceptées
ro^me à un prix plus bas. • Cette olfre prétendue est niée par Tabbé Chëoiibon,
curé de Beauregard et Bersac en Vivarais dans un mémoire Sur les utaniaget fw4 À
Soi et rBtat peuvent tirer de la tille de Toulouse^ présenté en 1713 a Fabbé Tertà^.
Histoire générale du Languedoc, t. XIII, p. 1226-1228.
^
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r
LA VIE COMMERCIALE DES JllFS COMTADINS EN LANGUEDOC 9^
Ifl Cour des Comptes, aides et finances, tous s'occupaient des Juifs,
les Consuls pour statuer sur leurs litiges avec les marchands do-
miciliés, le Juge- Mage pour les juger, la Cour des Comptes ou le
Général des monnaies pour les dénoncer à la sévérité des arrêts.
Les Btats proYinciaux du Languedoc n'eurent pas à intervenir
dân^ les querelles suscitées dans la province par la question
Juive.
A maintes reprises, les Juifs essayèrent de gagner les boilnes
grâces des personnages influents auprès des Intendants. Saris
doutêf ils n*eui*ent pas à se louer des offices des députés du com-
merce de la province, qui, mandataires des intérêts des marchanda
et industriels languedociens, se méfiaient d*eux, mais la protëctioh
des syndics généraux du Lani^uedoc, MM. de Montferrier et dé
ioubert, n*était-elie pas suffisante pour eux?
Entre ces diverd pouvoirs, les Juifs louvoyèrent durant lout le
cours du xviii< siècle. Au fond, malgré les vexations, suite natu-
relle de leur condition « d*aubains » placés hors du droit commun
vis-à-vis des Languedociens, la vie des Comtadins fut assez facile
dans la province. Le Languedoc était pour eux terre de prédilec-
tion. Chassés de cette province, à plusieurs reprises, tout récem-
ment en 1615, ils s'étaient retirés dans le Comtat, où ils se sen-
taient protégés par le Vice- Légat '. Au reste, Texpulsion générale
de 1615 n'eut jamais un caractère définitif. Leur séjour et leur
commerce se prolongèrent bien après cette date. Leurs apparitions
furent si fréquentes, qu'un siècle après, le Conseil d'Etat fut forcé
de sévir contre eux. Fait curieux. Tannée où fut rendu l'arrêt qui
les chassait à nouveau du Languedoc (1716), loin de marquer le
terme de leurs incursions commerciales, leur imprima une vigueur
nouvelle. A partir de cette époque, ils se multiplient dans la pro-
vince, s'y fixent à demeure, s'infiltrent lentement dans la population
languedocienne, si bien que la Constituante, en décrétant (1790)
rémancipation définitive des Juifs avignonnais, ne fit que con-
sacrer, en ce qui touchait le Languedoc, une fusion depuis long-
temps accomplie entre Juifs et habitants du pays. Ajoutons la
* Pendaoi le xvii* siècle, les Juifs n'eurent qu^â se louer de la bienveillance du
Vice-Légat d'Âvignou. Exemple : en 1621, le Vice- Légat permet aux communautés
et aux particuliers juifs de résider dans tout le Comtat {Invent, des ArcA. de Vau»
elnêê, B. 2499; Cour de Ifatan), En' 1626, le cardinal Aldobrandini, camérier du
Pape, accorde à Isaac et Simon de Lattes, juifs, frères, un induit pour tenir pen-
dant dix ans une maison de prêis sur gages, à Avignon, en percevant jusqu'à
1S 0/0 d'intérêts par an, ainsi que cela est toléré pour les banquiers juifs d'Ancône
{IHd,^ B. 586). Cour êéant au Palais apostolique d'Avignon, — En 1636, un moni-
Uûre de Jules Mazarin, légat, défend de molester les Juils, lorsqu'ils se livrent a la
gestion de leurs affaires. [Ibid,, B. 608.) En 1701, une ordonnance du Vice-Légat
défend d'incarcérer les Juifs pour dettes civiles (Ihid.^ B. 763).
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SVUE DES ÉTUDES JUIVES
'être accueillis par le public et Tintendance
s capables de battre en brèche les privilèges
striels et commerçants, trop âpres au gain,
[ue le commerce de colportage auquel ils se
comme un apprentissage des plus surs à la
actifs. Aussi le décret qui leur accorda les
}) ne surprit-il ni les Juifs du Comtat établis
Languedociens habitués depuis un siècle à
eurs côtés.
) » ne fut donc en Languedoc qu'une des
concurrence entre marchands indigènes et
seurs de vieux privilèges et partisans de la
commerciale. En 1790^ les barrières étant
t les Juifs comtadins des chrétiens du Lan-
dive » s'éteignit d*elle-méme.
N. ROUBIN.
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102 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Ta», qui a induit le copiste en erreur. Il y a eu donc double ditto-
graphie verticale.
Dans Ez., xvi, 4, le mot ^^ninbi^i, absolument inutile, est la re-
production du même mot écrit une ligne plus haut.
Ibid,, XXXV, 4 : nritnom, qui est superflu et embarrassant, est
séparé par vingt-neuf lettres du même mot.
Enfin, nous nous hasarderons à expliquer de la môme façon la
présence des mots 'n h« après «3*^» '^n'^sp dans Gen., iv, 1. Ces
mots n'ajoutent rien à Tétymologie du nom de Caïn et n'offrent
pas de sens satisfaisant. Un copiste n'aurait-il pas, par inadver-
tance, reproduit les mots mn n» de la ligne précédente, et mn
n'est-il pas devenu ensuite le tétragramme?
Il est probable qu'on trouverait facilement bien d'autres pas-
sages qui servira iei]it à prouver que la longueur des lignes dans
les anciens manuscrits était la même que dans les éditions cou-
rantes.
Mayer Lambert.
LE VERBE nma
hepiel du verbe m)3, qui se rencontre neuf fois dans la B|^Ie,
est traduit, dans tous les dictionnaires que j*ai pu consultpf*, par
ff fuer ». Or, dans six passages sur neuf, cette (orjfne do}t mapi-
festement être rendue, non par « tuer », m^i3 par « ^pt^pypr» dpf)-
^er 1^ coup de grâce ». Dans Ji^ges, ix, 54, Abimélech a le cjrâne
ff*acd3sé quand il demande à son écuyer de le faire mourir. Daqs
l Sam., xiv, 13, Jonathan frappe les Philistins, et son écijyer les
achève. Jl)id., xvn, 51, Goliath est déjà abatttj par le cailloin
(aqcé par David, quan4 celui-ci le perce de sa propre épée. Enfin,
4'»prè3 le récit de TAffi^lécite, Saiil avait déjà ressenfi l^ frisçqn
de ia mort, quand Tétr^ngier a porté la main si;r lui (II Sam., i, 9,
10, 16).
Dans les passages poétiques de Jér.,xx, 17; Psaumes, xxîjv,22,
et cix, 16, le sens de nm?3 est moins net. Cependant, dar>§ \e ijef-
ftier passage, il s'agit d'un homme au cœur brisé ; nm» pourrait
dohc avoir le sens d'achever. Dans l'autre citation des Psaumes,
pette signification est possible sans être certaine. Dans le seul pas-
sage de Jérémie, le sens d'achever ne convient pas, puisqu'il
s'agit d'un nouveau-né. Mais il est à remarquer qife \^ i^prceau
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&,
104 REVUE DES ETUDES JUIVES
usage pour leurs enfants. Comme c^était un nom particulièrement
vënéré, on craignait sans doute de le profaner en remployant. On
s'expliquerait ainsi pourquoi d'autres noms, également très vé-
nérés, tels que ceux de Moïse, Aaron, David, Salomon ne sont
non plus portés par aucune personne de l'époque talmudique, bien
qu*on en fit plus tard un usage très fréquente Cest qu'Abraham
était le premier patriarche, le fondateur de la vraie religion.
Moïse l'intermédiaire de la Révélation divine, Aaron le premier
grand-prôtre, David le fondateur de la maison royale, Taïeul et
le type du Messie, Salomon le plus sage des mortels. On n'uti-
lisait pas ces noms, auxquels on peut peut-être ajouter celui
d'Isaïe, le premier des grands prophètes, et celui d-lsraël, parce
qu'ils avaient été portés par les plus illustres personnages des
temps bibliques et qu'on ne voulait pas les exposer à être pro-
fanés. Plus tard, on se plaça à un point de vue tout opposé pour
donner, au contraire, aux enfants les noms de ces hommes véné-
rés ; on espérait que ceux qui porteraient ces noms prendraient
exemple sur la vie des personnages qui les avaient portés avant
eux. C^est ainsi que du temps des Gaonim, on montrait justement
une certaine prédilection pour les noms d'Abraham, de Moïse» de
David et de Salomon. On choisissait même, à cette époque, comme
je l'ai déjà montré {Revue, XXVIII, 289 s.), des noms qui rappe-
laient le Messie et l'ère messianique '.
Il me semble pourtant que même à l'époque talmudique, on
trouve le nom d'Abraham, dissimulé sous un autre nom très fré-
quemment employé, celui d'Abba Knst. Ce nom, porté par un grand
nombre d^Amoraïm babyloniens et palestiniens, se rencontre déjà
à Tépoqne des Tannaïtes. On voit notamment par la légende de
TAmora Samuel [Berahhot, 18 h), dont le père s'appelait Abba bar
Abba, qu'il était d'un usage très fréquent en Babylonie. En Pa-
lestine, le premier personnage connu qui portait ce nom est le
père de Bar-Abba dont il est question dans les Evangiles (Mathieu,
XXVII, 16). On trouve un Juda bar Abba parmi les docteurs de
Jabné (Mischna Édouyot.vi, 1, d'après la leçon du Vouhcisinei
celle de la Mischna de l'édition Lowe). D'après le Lexique de Levy
(I, 4 a), le nom de «a», qui a aidé à former ceux de fian et mn,
est « un titre honorifique comme ceux de monsieur^ maitre, iden-
tique à nn, et qui est employé souvent comme nom propre ». Mais
il est peu probable qu'on se servait d'un titre honorifique pour don-
1 Nous trouToas pourtant en Babylonie un Moïse ei un Aaron, le premier au
IV* siècle (Arakkin^ 23 a\ Baha Batra, 174 b), et le second au V Bihc\e(Bëia Zammo,
i09 b;Men€hot, 74»).
* Aux noms que j'ai indiqués, on peut ajouter QlblZ) ^12) (iMie, ix, 5) et D'HKtD .
y*^.
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NOTES ET MÉLANGES 105
ner un nom à un enfant au berceau. Souvent, il est vrai, t^nM est
ajouté au nom de personne comme titre honorifique ou pour
quelque autre raison (bim) &»», etc.)i comme ~ pour des femmes
— ixa» (cf. Levy, I, 92a). Mais on ne peut pas admettre qu'après
avoir été un simple titre honorifique, t^nfit soit devenu exclusi-
vement un nom propre. Il serait possible d'expliquer de cette
manière Torigine du nom de K3fi( : un père ayant donné à son
enfant le nom de son propre père, c'est-à-dire du grand-père, et
ne pouvant pas, à cause de Tusage existant S prononcer ce nom
propre, le remplaçait par le mot de m»^ « père », désignant
par ce mot Tenfant qui portait le nom de son grand -père. A la
suite de cet usage, le mot ksm est devenu nom propre, et son sens
originaire fut oublié. Cest là une explication plausible, mais Je
préfère m'arrôter à ma première hypothèse, c'est que le nom
d* Abraham se trouve dissimulé dans ce nom d'Abba. On ne réussit
pas seulement à préserver ainsi de la profanation le nom d'A-
braham, mais on a également un des principaux éléments étymo-
logiques de ce nom (^, cf. Grenèse, xvii, 5) et on rappelle en
môme temps le titre d'Abraham comme « père » xar' e^o/^v
(HT'M tamati ; cf. Isaïe, lxiii, 16).
W. Bâcher.
APIPHIOR
Mon article sur ApipMor, nom hébreu du pape [Revue,
XXXIV, 218-238), a soulevé des contradictions. J'essaierai d'y ré-
pondre dans la présente notice. En môme temps, je voudrais
ajouter quelques données qui sont venues depuis à ma connais-
sance.
Avant tout, je dois fournir la preuve de l'identité de TcaTraç ou
icaicocc avec naicioc. A la page 233 de mon travail, j'ai bien fait
remarquer, sur la foi d'une communication épistolaire d'un émi-
nent philologue, que chez Ëustathius icaic{a<; est usité comme
synonyme de icdL^ac, mais je n'ai pas consulté Ëustathius lui-
môme. Je cite maintenant le texte littéral (j^ ^^ s^^s servi des
Eustathii. . . Comme>itarii in Homeri Iliadem, Florence, 1135,
* Voyez Kiddifmehm^ 31 b.
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m Re:v|jp pës ëtubeis ^ijives
tOjfq^ ï, G. pi, f=» I2q9). On y cite, d'après \^n \ev<iw de r^éjong^e
(^Tjjop^îcbv XeÇixov), |^ glpse SUiyante : IJaTciriÇeiv * xb TcxTCTcav xaXeTv x«l
çfltfçiqpf. PuT({> Bè Tby «q^répa ol '4'rTixoî uTroxopfCovTau Papp§9 pt
p^ppi^f sont dopp d^s ppips f|'amiM0 ; tous deux signiQei^f père.
I^ jsavant <îditeur, Ale^candre PoK^u^, remarque k ce sujpt ç^^ï\s
mf^P nqt^ : ^cainraç t/j *Pa>jiqpi(ov (pçovy^ waTepa <rïj[jLaive^, ce q|i^i VBJlt
^jrp flw f}»ns la langue ^es Grqcs, qu'on app^lai^ ^ipr» rpfn^jpp,
îFaTTCK 3|gnifla « père » ; le mot ne sprait dppc pas pp fPQt de 41^-
^^p^p, mj)|9 flu grec popqlaire. Mais, s'ij s'agit fje$ vjént^btea
Bpfpajps, c'eat-i-djre flps l^aMn», pette glose 8>d§pts fort })|«p
4 potre bypoth|ès^ de }'i(Jent|té de ^rp-^sfi^ avec irq^TCTr^, PW^qitp
i^cfTfTciQfç serait apasi un terme romain- pn effet, ce qi^'op djf ic| ()^
çaTcqpç pst dit dan^ le EtymologicuYn magnum de tt^tctci^ç : I|gp7ç-
;fiQpç wqppà To îtiTpqp, ô cTrj[jLqpivpi tvi tûv * Pwfigtfcov ywvv^ tov TjotTçpa. « Z^^-
j^flf^Romqpj xoct' sÇoxv vocamws Roroan^m eumque catbPlIPPï»
Popiiflpfpi Tjaxefwv Traxépa », dit PolitUS. Celttl-pj appe|lp ffP^^i T^f'
t^ntion ppr l'analogie de ji.a[jL[jLaç z=|jLafi.iitaç pour « mère ». ]||. ppr-
gès a montrd par un docupient juif du xii*" siècle qi^e 1§ pqpe ç'^p-
pplalt cftez Je9 Juifs OT»DC (ff^rw^, XXXV, 11 J). \\ est d^sorf»§i3
prouvé par ce document : 1^ que les Juif^ se aenr^iepf* pppr
désigner |e pape, du même mot que les chrétiens ; 2"* que ce mot
est le mot grec ^aTc^'aç, car dtdo ne peut être que la transcrip-
tion de TroTCTTiaç, puisque -kol-ktzt.^ ou ^raTcaç n'aurait donné que DiDfi
ou C^DD.
Mais comment de TraTc^a; a-t-on fait Apiphior ? Maintenant que
j'ai vu l'ouvrage d'Eustathius, je pourrais employer, pour expli-
quer ce phénomène, une tout autre méthode que celle dont je me
suis servi dans mon article. Dans la bouche du peuple, le mot
TcaTiiaç est devenu àircpàpioç. Cette langue populaire est celle de la
))as3e classe des comédiens et des filles de mauvaise vie, le demi-
mon.do grec. Je vais donner ci-après le passage dans l^ textp prj-
ginal. Pollux : ^auXoTOCTiq 8è xai r^ Tcapà toTç veoiç Kb>(j.ci>So7c aTc^ia, x^l
àirpxpiov, véoç Se7iroivir|ç uTcoxopicpLara. Sed et 07roxopi<Tp.a est to xTccpaptov
fraterculorum et sororcularum. . . Meretriculae ad amasiunculp»
suos (Politus, note 13). — Ihid., note 15 : Ab hoc u^coxopiajtaxi
Tou TraTpdç putabat Eustathius, àir^àpia, quae At|)^ni^nse9 mer^^H-
culae per blanditias vocabant, maxime intelligenda ^sse t^^ %^i^ioL.
Sic enim ipse appellat, quasi videlicet palerculo$. — F? 1210.
note 1, il est dit, en outre : « chez Callimacbns, âi^iF« >»• Là
Cessas, il y a cette remarque : et To àTCTca vitio balb^ti^nti9 |ingp§^
facile transiit in <xic(pa. Inde «1^90^, blanda patrie appeliatlp». Opnc
àw<puç = petit père ; à7c<pa =z sœur; àTccpioç =z petite sœur. L'empe-
reur de Russie, le pape de l'église orthodoxe, s'appalle, çopm^ie on
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NOTPS ET MÉLANGES 107
sait» « petit père ». Il n*est donc pas impossible que le pape ro-
main fût aussi appelé « petit père »> c'est-à-dire : àTccpapioç. Le
mot hébreu ^rs-^D» se rapproche beaucoup de ce dernier terme.
Cependant, nrrc'^Dfi^ ne s'identiâe pas encore complètement avec
iicçàpioç, et il me semble, du reste, tout à fait impossible que
l'Eglise romaine officielle ait employé, pour désigner son chef
suprême, an terme qui n'était usité que dans la langue des filles
4p jQ^Hfv^ise vi^. Il n'est pas nécessaire non plus ()e proiiyer gue
fifl j^e furepi; p^s les Juifs qui s'approprièrent ce mot, car rqu^
pfpyoQs que les Juifs n'ont pu employer pour désigner 1^ papiB
g|l^ le mot qui était officiel dans l'Eglise chrétienne.
M. forgés soutient, Il est vrai, que les Juifs auraient tr^us-
fprfp0 jnteptioDnellement le mot 7ra7r{aç, parce que c'est une rèp;le
^|^)^jdiq^e d'altérer les dénominations provenant des cultes pon
Jll)^ lAboda Zara, 46 a). Ceci s'adapte sans doute à notrp sys-
tfypà^. Surtout dans les relations hébraïques sar les croisades aux-
glf^llps DVDD a été emprunté, les sanctuaires chrétiens sont dési-
gné;^ p^r les noms les plus injurieux. Cependant, le fait mên^e d^
rpflfploi de oros prouve qu'on n'a pas altéré le nom du pape. Si
pu av^it voulu le faire, on avait sous la main des dénomination^
fjomipp ^nîi -jrD (voir Revue, XXXIV, 237). Du reste, quelle
^raif la déformation que le mot nre*^©» jurait subie ? Sor^s
p^tte (orme, le mot n'a aucune signification odieuse, tandis que
Ip9 expnaples cités par M. Porgès û"im, m:p, etc., contiennent ep
même temps une malédiction.
^. Porgès suppose aussi que la forme nro'^SK a pu se forpier
fl'i^n^ dptre manière. Il dit : « Ce nom, grâce à sa similitude avac
|p njpj t^lniudique, est devenu ensuite nro-'ON. » Mais pour le mot
^lipudique Apiphior, M. Porgès accepte l'explication de M* Th.
^inacb ; nrD*^Dfi< dans le Talmud ^st donc (p <p(^poç ; au moyen âge,
c'^^t le ipot nrD-^BN provenant d'une corruption du mot orsD, pré-
cisément sur la foi d'une réminiscence talmudique. Or, je de-
man(|e si entre oroD (prononcé papios ou papyos) et nrD^'DN (pro-
noncé apiphior) il y a une si grande ressemblance que Tun des
mots rappelle l'autre ? La chose prend un autre aspect si, comme
Je l'admets, le mot nrs-'Dô^ du Talmud et nro-^ofi^ au moyen âge
fpnt un seul et môme mot (Traitta;). Dans ce cas, il a suffi d'em-
prunter an mot qui se trouvait tout fait dans le Talmuc). Ce qni
prouve qu'on a effectivement procédé ainsi, c'est l'emploi du mot
{pT®^3 pour désigner le pape, comme jai essayé de le soutenir
dans mon article. Ou bien «outiendra-t-on que TraTctaç = otdd rap-
pelle aussi nécessairement finrc'^^ ?
S. Krauss.
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R£VU£ DES ETUDES JUIVES
MENAHEM AZARIA DI FANO
.ES OUVRAGES DE MOÏSE CORDUERO ET ISAAC LOLRIA
lem Azaria était déjà en rapports avec les cabbalistes de
luand il était encore jeune homme. D'ailleurs, il avait
le bonne heure une grande notoriété, grâce à son illustre
à son savoir et à sa fortune, et il rapporte lui-même * que
lorduero, informé de son zèle ardent pour la Cabbale, lui
son Pardès Rimmonim, Lorsque Joseph Karo fît imprimer
I, dans Tannée même de sa mort, son commentaire Késséf
i sur le Mischné-Tora de Maïmonide, c'est à Menabem
qu'il confia le soin de surveiller l'impression de cet
*. Le petit-fils de R. Joseph, Yedidya Karo, raconta plus
David Conforte', dans l'école de Salonique, combien il
5 impressionné par Menabem, dont l'extérieur aussi était
»osant, et avec quelle cordialité il avait été reçu dans sa
lors de son voyage en Italie. Enfin, nous savons que
m s'était mis en rapports, pour la publication du commen-
^braham Galante sur les Lamentations^, en 1589, avec
erson, de Safed, qui, déjà très avancé en âge, était venu
comme correcteur à Venise *.
la mort de Moïse Corduero, décédé à Safed le 26 Juin
denahem put facilement se mettre en relations avec des
iir acquérir le droit de faire copier les ouvrages laissés par
t. Le souvenir de ce fait était encore présent à toutes les
3s quand Schlimel ben Hayyim Meinsterl, de Lundenburg,
ivie, arriva en 1602 à Safed. Mais la légende s'en était
parée, car on racontait que R. Emanuel de Réç (c'est-à-
Reggio) — c'est ainsi qu'on appelait alors Menabem di
1152nïl nbo nDD52 Nina «niTtlT:, préface, 2 h : ^^yn n^«s "^"Z
b3> on-iDn 100 ^h nb© nwsnn Tin«b yn»3n -^pTan T»3T»b
3. En Italie, on vénérait alors généralement SaFed comme le centre delà
mudiqueet cabbalislique. Samuel Ârchevolii y adresse ses demandes (comp.
artirli/ RevieiOf X, 269) et Isacbar Béer Eilenboarg y chercbe l'approbation
O nôO (v. préface).
te, mm'in «mp, édition D. Cassai, 42*.
[1 est possible que Conforte se trompe en faisant alors séjourner Mena-
a i Mantoue.
D ns-^p. Cf. mm'rn «nnp, 4i «.
n fimp, 48*-* et 42 h,
ledalya Corduero, mJ^îH niK, 39 h, et Zunz, Monatstagt, p. 35.
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NOTES ET MÉLANGES 109
Fano — avait payé ce droit * un millier de ducats d'or à la veuve
de Corduero, qui était la sœur de Salomon Hallévi Alkabéç, et
qu'en outre, il avait donné de l'argent aux intermédiaires, vingt
ducats à Joseph Karo et Salomon Alkabéc * et dix à Moïse Al-
scheikh. Azoulaï^ a encore vu la copie de la quittance par laquelle
la veuve de Corduero reconnaît avoir reçu de Menahem, en 1583,
la somme de 250 sequins en argent et, pour les autres 500 sequins,
cent exemplaires d'une édition de la Mischna avec deux commen-
taires, probablement ceux de Maïmonide et de Bertinoro, et
cinquante exemplaires du Mischné-Tora avec le Kesséf Mischné
de Joseph Karo ; ces exemplaires lui ont été remis par l'entremise
de son fils Guedalya. Celui-ci, qui avait huit ans à la mort de son
père, déclare qu'il doit tout ce quMl sait aux sacrifices que sa mère
s'est Imposés pour son instructon *. Lors de sou séjour à Venise,
en 1587, il était reçu avec bienveillance et protégé efficacement
par ce Menahem Azaria qui était, en Occident, le plus illustre par-
tisan de son père Moïse Corduero '•
Pourtant^ la date de la quittance (1583) n'indique pas le moment
exact où Menahem entra en possession des ouvrages de Corduero.
Nous savons, en effet, par une noie inscrite dans un des seize
volumes in-folio contenant ces ouvrages, et conservés à la biblio-
thèque de Modène®, que le dernier volume était déjà copié le
30 novembre 1581. Le scribe, du nom de David ben Jacob, dit
explicitement à la fin de ce dernier volume, qu'il a copié tout
l'ouvrage pour Ëmanuel di Fano. Mais quelques parties étaient
probablement encore plus tôt entre les mains de Menahem, car
une note d'un des ouvrages de Corduero, copié à Asti en 1581
et se trouvant actuellement, sous le n^ 412, dans la collection de
M. D. de Gunzbourg, à Saint-Pétersbourg ^ dit que cet ouvrage
avait été apporté de Safed pour Menahem Âzaria ben Isaac di
* Voir a la suite du ÎTODnb C|nS^ de Joseph del Medigo, 42 «.
* Le ms. que je possède de !l"nbT '>"")Nn ^"72 bttJ Û'^D3 n^3^53 dit expressé-
ment que ce R. SalomoD est Alkabéç : yapb» H^bo YnnTDb D'^niÛJ^I.
» D"^bmari Dtt), éd. Benjacob, II, 4, aiQ b:;:^:: (Livourne, 1879), !• 9 *.
♦ :ny^ nn». 39 b : inN^p» miynbi n-innb -^aip -^aînm -«îsno n»T
» Guedalya, iàid., 3*, appelle Menahem : l"n3 n3ND» 3^"73nîl ûbttDrt DStin
pm nna -nmmn •^ain ib nn^b inx ntSN Nin 173«3 -«aN rr^a bDa
nan«b i«73.
• Dans Azoulaï, D'^bl'iarT Û)2), II, 4, il faut sans doute lire TDTnb 'Tl 'n ÛT»
naC3, au lieu de '^ 'ti Q^. Le Catalogue des mss. hébreux de Modène, de Jona,
traduit en allemand par M. Grûnwald, dit inexactement : « Jeudi le 16 Tebet ».
' Voici la note de Senior Sachs : «nn TT^m-np d"nrR3tt ïlbapS ma-H
'la ap:^*' '^ -rb «a 1373^1 iînd» pnit*» na !-7'»^t:? dtotd 'n "^"y r\t^i2
«"»© nitts -^aoNa ...tannaN 'n p'^nyi2Ti Tb itdi nM-t-^iD -^ann».
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v'*!^if^.T*r?r-
iiÙ REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Jâtld, puis était devenu la propriété de Jacob bett MafddchâT
I^oggetto*. à Asti, et était arrivé enfin entre les mains d'dtt
certain Abraham, qui en fit une copie en 1581.
t)ans son zèle pour la Cabbale^ Menahem ne se contenta pas de
se procurer les œuvres de Corduero. Sous l'influence d'utt élève
d'tsaac Louria, Israël Sarouk*, qui, lors de ses voyages à traverti
TÊurope, Tinitia aux doctrines de son maître, Menahem était, en
eâet, devenu un admirateur et un fldèle partisan de ces doctrines.
Aussi, lorsqu'il publia en 1600 son résumé des œuvres de Cor-
duero ', que son maître Ezra di Fano corrigea*, n'était-il plus en
communauté d'idées avec Corduero, au-dessus duquel il plaçait
iiOuria, bien qu'il prétendît avoir conservé le même respect et la
même reconnaissance pour son ancien idéal *. Ce changemertt dans
les idées de Menahem ne fut pas sans exercer une certaine actlod
sur les esprits. Lorsque Schlimel Dresdnitz en eut connais-
sance, il résolut d'émigrer à Safed pour puiser à la source mémo
la connaissance des doctrines de Louria ; là il épousa la flilë
d'Israël Sarouk, qui lui apporta en dot tout un lot d'ouvrages
inédits de Louria. Nous savons, par une lettre qU'un membre de là
communauté de Carpi adressa de t^alestine en Italie, qu'en 1625 6H
répétait encore dans la Terre-Sainte que Menahem Azaria itôtiiti
le môme zèle à acquérir les manuscrits de Louria qu'il avait mani-
festé auparavant pour les ouvrages de Corduero. Du reste, oH
peut dire que, par ses propres œuvres, Menahem di Fano d cort-
* On lit dans le ms. 175 de la colleclion Gunzbourg : inasb n"bn ûb©51 dn
ap^^"^ -i"r!72D inn^m nbcn n"n nai^n m73 bnn nb^^sm aaujan bo mni
ptb d"iDn naa.
« On lit dans )^'n1r^ nbo, a a : ^"nn ">-n73 ni* -r^^^n niôosr 'n "«bib
moa nb«n mst-iNn bsa mtt:m73 s^api pnnn y^N» «a n®« Y'na bÈno*»
nmnb nrDT «b my) D'^niD"'. Cf. Conforte, /. c, 40 6. Scblimel, qui modifie le
telle, ajoute explicitement, 42 <t : pilO bNITD'^ n"in52.
* On dit que Joseph del Medigo a également résumé les œuvres de Corduero dans
un livre intitulé n^DDH mm^aa; cf. n^satlb tp^n, préface.
^ tSe rabbin est mentionné par B. Naflali ben Joteph, de Safed, é(6bli 2 Téfaite,
dans son ouvrage "19^23 '^"ITSfrt» 39 a, où il lui attribue cette remarque que leà lettrée
ièiHîales et les lettres finales des mots tddd, mi et rî7:TD2 valent 613. Voir, idt Birt
éi Fano, Zunz, dans 17311 Ûia, Vil, 122 et suiv.
* Voir 1^731!^ TlbD, 3 b. Menahem Azaria fait allusion ici aux jugements |>oH4l
piir leâ disciples de Louria sur les œuvres de Corduero, et exprimés dès 1592 dans
\ék lettres de Samson Bak, que j'ai éditées. Voir Jeruialem^ de Luncz, H, 144^
note i. Gomp. Ch. N. Dembitzer, "^DT^ nb'^bD, H, tT^p i et suiv. Voir aussi le jugé-
idehi de H. Yesaïa Hourwitz et son récit sur la bibliothèque d'Alexandre Cohn, son
garent, à ^rancfort-sur-le-Mein, dans la préface de Josef del Medigo i son fllbzhS
n73dn, f»2*.
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xlOtES Et SffeLANGfeS 411
tHbtië p\ÛÉ qû'âticdh âûive écrivain à la propagande dès doctririet
cabbâiistiqttés de l'école de Safed *.
David ÊAtPriANN.
ENCOttÈ L'INSCklt^TlON N^ 206 DE NARBONNE
Cdmtllë flous avons maintenant sous les yeut le fac-sliiiilé de
rillscription de Na^bonne^ il est f£lcile de résoudre lësi difdcultéil
qu*elle présentait et qui ont inspiré à plusieurs collaborateurs de
cette Revue de si ingénieuses combinaisons. Le mot énigmatique
de la troisième ligne doit être lu certainement mbay, mot qui dé-
signe la femme du défunt, par allusion à Juges, xiv, 18. Cette
ligne présente donc le sens suivant : « Deux jours après la mort
de sa femme, il a pris le môme chemin. » L*auteur de cette ins-
crit)iiôn i probablement choisi ce terme singulier de nnbâi, ait lieu
du mot nnu3&(, pour imiter le langage poétique de la Bible, et aussi
à cause du nom du défunt, qui s appelait David. En effet, une des
femmes du roi David portait le nom de nb:o^, nom qui, diaprés le
Talmud *, oii l'on rappelle également le passage de Juges, xiv, 18,
désignerait Mikhal, allé de Saiil.
Le fac-similé confirme aussi Thypothè^e de M. Kaufmann, qui,
â la deuxième ligne, a proposé de lire "»733> nnno», au lieu de idt:^,
qui ne donnerait aucun sens. L'auteur fait parler la tombe, qui
dit : € Oui, David est abrité en moi, en moi il est caché ! » (mhd '^m).
Il a tenu à paraphraser certaines expressions bibliques, sans pour-
tant les imiter complètement, parce qu'elles ne donneraient ici
aucun sens.
Je ferai encore remarquer qu'à la dernière ligne, il faut lire r,
et non pas r, car les Juifs ont toujours Thabitude de désigner le
chiffre 16 par Tb.
Il est donc question, dans cette inscription, d*un certain David,
décédé le 17 Heschvan (fannée est inconnue, car, comme Ta fait
» Cf. Bévue, XXXV, p. 85, noie 7 : T|3^-| DÏT^n-nao b^b Û-'ÎD n"»Nrî «im
non DO»T D'^pmn i^n utû') n"»-i nr-i ins an'>3"«a uî-idh NK?a® 'npjû bria
tmnbi y-i^b n-»«n« mi?3N73n bD n^y^ bDi».
» Cf. Refnte, XXXlV, 302 ; XXX V, 292-296.
Jiii/.,iixv,295.
♦ Ssnkédrin, 21 a : ^<^y na-^a^D nb^:? ï-TTaiD N-)pD n^îbn bD-^Ta 1T nbay n"N
"OT vibaj^a ûn«5-)n ■'bib N"rrDi nba^D.
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
)r M. Lévi, les points sar les lettres sont douteux), deux
es la mort de sa femme. Par quels mots faut-il compléter
3me ligne? Il est bien difficile de se prononcer avec certi-
sajet. On sait seulement que cette ligne doit se terminer
pour rimer avec la deuxième, comme la troisième rime
remière.
rsovie, février 1898.
Sâmubl Poznanski.
ban, de Leipzig, nous a envoyé également sur ce sujet
où il propose la même lecture que M. Poznanski, en la
mr ces mêmes citations. Nous déclarons nous rallier sans
L leur explication. I. L.]
BLE MANUSCRITE DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
ious proposons de publier bientôt le Catalogue des mss.
ément bébreu de la Bibliotbèque nationale de Paris, ou
mes ajoutés à ce fonds depuis 1865, année où a paru le
I imprimé. En attendant la réalisation de ce projet, voici
>tion du n^ 1314, le premier d'entre eux. Ce n*est pas le
a le plus de valeur, mais c'est celui qui a coûté le plus
opératrice Eugénie Ta payé, dit-on, 25,000 francs, et Ta
\ B. N. en 1867, en raison de Tantiquité fictive de ce
Voyons à quoi celle-ci se réduit.
ine Bible ms., en deux grands volumes in-4% vélin. En
[&-2a, dans un cadre de deux pages placées vis-à-vis
*autre, sur fond bleu à larges bandes rouges, sont figurés
ûles du Tabernacle : chandelier à sept branches, vase à
able et pains de proposition, autels, Schofar, pelles; le
ntouré, en bordure, des versets de Nombres, viii, 4, et de
ïxx, 21-8, xxxvii, 23, en lettres de relief or.
on lit, en écriture cursive orientale, l'attestation hé-
*abe suivante :
8te que la trace de trois lettres, probablement *i3M.
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NOTES ET MÉLANGES 113
b3?i "Tpn ii«n iDnna onNatbN nnn «b» bpns» -^bps^b» i»i i^ariv^ï "''^
.û"»pi n'^-)© b^m D-iNatbK niNT n-'n ip-^^nb D'«n'«y» id« nr
t Ceci est mon héritage, par... (mon père), ^'heureuse mémoire, à
moi rhumble Aron ben Yahia Schalem Abner le Cohen, 'Araqi, qu'il
ait la paix.
» Transmis au serviteur de Dieu, à David b. Saïd AIçarem : en ses
mains il y a un contrat de vente des vendeurs Abraham et David, de
la famille Cohen b. Yahia, à Abraham Texécuteur * des décisions du
tribunal, et par cet exécuteur ce volume a été transmis à David AI-
çarem au mois de Heschwan 507. Nous Tattestons, pour mettre en
possession David AIçarem ; ce dont acte. >
Suit alors la signature à peu près illisible des témoins. A défaut
de lecture de ces mots, en voici le fac-similé :
Au-dessous, on peut lire, d'une écriture plus récente, ces mots :
tpr "I ■'O'W nV»n3. fst'-» cpv nb-^na « Héritage de Joseph. — Héritage
de Moussa (Moïse), fils de Joseph. »
F. 3aà 14&. Autour de dessins à la manière persane, en deux
couleurs, rouge et bleu, il y a sept pages d'arabesqaes en écriture
microscopique, comprenant toute la Bible, véritable tour de force
et de patience, que même un micrographe de profession ne sau-
rait exécuter sans loupe. Plus ces pages sont merveilleuses, et
plus elles démontrent la modernité relative du manuscrit. — Au
milieu de ce texte, cinq pages (f. 7 & à 9 a) sont occupées complè-
tement par la transcription d'un grand nombre de règles masso-
rétiques, puis par le tableau des Haftarot de toute l'année, sab-
bats et fêtes, suivi de la mention des Psaumes afférant à chaque
section hebdomadaire du Pentateuque. C'est un repos pour l'œil.
Au f. 15 a, se trouve une longue dédicace à un opulent person-
nage pour qui cette Bible a été écrite. Le scribe lui attribue une
généalogie royale, qu'il fait remonter tout directement jusqu'à
Adam! — On retrouve ce même texte, sauf quelques variantes peu
importantes, dans une Bible de Soria, décrite ici par M. Cazès' ;
' Lt première leUre de ce nombre est graUée; au ri qu'il y avait sans doute
d'abord, soit (5)507 = 1747, on a voulu substituer un rt, de façon a faire supposer
la date 5107= 1347.
' Littéralement : le transmetteur.
* B€vu$, XX, se et suiv.
T. XXXVI. N» 71. 8
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
abauer l'a publié dans ses Jetoish Mediœval Chronicles
18), ce qui nous dispense de reproduire cette page. En
ce seul détail concordant entre ce ms. et celui de Paris,
3 de ressemblance entre eux; celui qui nous occupe ici
' bien des points, par les nombreux préliminaires, par
;ion du texte en trois colonnes (non en deux), par la
régulière des livres de la Bible, surtout par la date
1 bas de cette page,
est exprimée ainsi :
e appose donc la date, sans nom de lieu (ce qui est déjà
et), par un chronogramme qu'il est difficile d'expliquer,
ppute la valeur numérique des deux mots surlignés,
on a le nombre '783 « de l'ère de la création ». Or, va
tt le contexte, il ne saurait, d'une part, être sérieuse-
tion de Tan (4)783, et, d*autre part, nous ne sommes
. On est réduit à supposer un prolongement plus ou
lu de la surligne du premier mot sur le second mot, de
reste à supputer seulement arû*«i, ou (5)438 = 1678, date
ble pour l'ensemble des deux volumes : elle confirmerait
ait la date de la transmission précédemment citée,
commence le texte de la Genèse, à trois colonnes, pour
vre ainsi jusqu'à la fin du H* livre des Rois. Le texte
sse entouré de notes et variantes massorétiques, en ca-
inuscules, mais fort lisibles à l'œil nu, affectant encore
icement des lignes fantaisistes,
iume, écrit de la même façon, contient les Prophètes et
raphes.
Moïse Schwab.
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r
BIBLIOGRAPHIE
RETUE BIBLIOGRAPHIQUE
2« SEMESTRE 1897 ET 4«' TRIMESTRE 1898.
( Lei indieatioMi $n français gui tuhênt les titrts kébreua ne sont pas ds Vautour du liws,
mais de Vauisur de la bibliographie^ à moins ^'elles ne soient entre guillemets»
1. Ouvrages hébreux.
D^'^M n^ n^j^K Agadath Sbir Hashirim, edited from a Parma manu-
script, annotated and illuslrated with parallel passages from numerous
mss. and early prinls, with a postscript on the history of the work, by
S. Scbecbter. Cambridge, Deigbton Bell et C*«, 1896; in-8o de 112 p.
(Reprinted from tbeJewish Quarterly Reviow.)
Ce Midrasch est le même que celui qu'a publié M. Salomon Buber [Aft-
drasch Suta, Berlin, 1894), et les deux éditeurs ont reproduit le même ms.
{a" 541 de la Bibliothèque de Rossi à Parme). Or, les divergences sont
considérables. (Nous appellerons B. Tédition de M. Buber, S. celle de
M. Schechier.) Par exemple: B., p. 4, mD^TaD '«b ïlNSn n73 n^«73 n»«
"•a^rr nTanb» mi2D)2i b-^Nin; s., i. 44, anïT» rnanb»... La première
leçon ent incompréhensible. Le Messie déclare : Quel intérêt aurai-jp à dire
roi, puisque « l'oint de la guerre m'aura tuéf > Dans le Talmud, Soueea^
52 a, d'où est tiré ce passage, il est dit : f Le Messie fils de David, voyant
que le Messie fils de Joseph aura été tué.. . » La leçon de M. S. est con-
forme à ce .texte. — S., 1. 48, 1» mpoiD nvDbTan n^«t3 «a'^lCDI
mTan nX I'^W^^ID «nm ûbnjn. m. s. fait remarquer que peut-être
«nm — qui est inexplicable — doit être corrigé en ja-^fc^l (il faudrait plu-
tôt \n\ comme le montre Psaumes Bahba^ 21). Pour que M. S. s'ar-
rête sur cette erreur, il faut supposer qu'elle existe dans le ms. Or, M. B.
met ta'^TDJfian ûbl^^n. .., supprimant ainsi la difficulté.— P. 5, B.,
mtr^mîDI m?nT; S., nirr^m^l ; mais peut-être est-ce une faute typo-
graphique en B. — Nous pourrions allonger cette liste des divergences
entre les deux éditions, on verrait que la copie de M. S. a, en général, été
faite avec plus de soin. Ce qui ajoute à l'intérêt de la publication de M- S.,
ce sont les références nombreuses, en particulier au Midrasch Hagadol.
Mais que de questions soulevées par ce cnrieux Midrasch que les éditeurs
n*ont pas résolues I Pour ce qui est de la date, nous la croyons plus récente
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116 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
que ne le voudrait M. S. Notre savant confrère s'appuie sur la rencontre de
notre Midrasch avec un Paltan du nom de Salomon b. Juda qui a vécu i
la fin du X* siècle. Pour que ce Midrasch, dit-il, ait eu quelque prestige
aux yeux de cet auteur, il faut quMl ait vu le jour un certain temps aupa-
ravant. Mais l'argument fondé sur les analogies n'emporte la conviction que
si l'un des deux textes qui se ressemblent a gardé les traces de Pemprunt,
ce qui n'est pas le cas ici. L'indice fourni par une autre rencontre de notre
Midrasch avec le "irr^fiT 'n *)p")E) ne me parait pas beaucoup plus déci-
sif, c'est vouloir prouver obscurum per obscuriw^ car ces petits traités mes-
sianiques ne se laissent pas dater facilement. Je ne crois donc pas qu'on soit
en droit d'affirmer, avec M. S., que notre Midrasch soit de la {)remière moitié
du ix« siècle. Il me parait seulement que cette œuvre ressemble beaucoup à
celles qui ont vu le jour dans l'Italie méridionale. La langue est toujours
de rhébreu et non de Taraméen ; l'auteur aime les longs développements à
la manière du Tanna dtbé Sîiahou (Certains de ces morceaux, consacrés
à la charité, ne manquent pas d'élévation). Bnfin, on lit dans le dernier
paragraphe deux passages très curieux, qui n'ont pas encore été suffisam-
ment expliqués (M. Buber avoue n'y avoir vu goutte), mais qui, sans aucun
doute, font allusion à Home, désigné sous le nom énigmatique de ITStinN
h73in"lK dans Téd. B.). Est-ce un de ces mots volontairement défigurés?
J*ai fait remarquer ailleurs (Feitsehrift,,. St9in$ehneider*$) que le nom de
bMTSrn'^f auteur italien du xi« siècle, nom qui, il est vrai, est biblique,
rappelle singulièrement ce vocable.
E)D6^t1M Annuaire littéraire et pratique pour Tannée 1897 (4^ année), édité
par la Société « Ahiasaf ». Varsovie, impr. Schuldberg, 1896 ; in-8® de
322 -f 18 p.— Id. pour Tannée 1898. Varsovie, impr. Schuldberg, 1897 ;
in-8« de 364 + 25 p.
ni^M '0 avec un commentaire &'^31!33 'yO'^Tù et une introduction, par David
Straschun. Wilna^ impr. Rosenkrantz et Schriftsetzer ^ 1897 ; in-8® de
252 p.
p")^ y^M Limites de la Palestine transjordanique depuis les temps les
plus anciens, par Hayyim Rechlin. Varsovie, impr. Alapin, 1896 ; in-8^
de vu + 88 p.
tsh^y n^*)3 'D Dissertations théologiques sur la rémunération, Timmortalité
de Tftme et la résurrection, la Révélation et la Providence, par A. J.
Schlcsinger. Jérusalem, 1898 ; in-4* de 16 + 1^4 p.
^xniD"^ ■>»•» '^im 'O. Geschicbte der Juden von D»" H. Graetz, nach den Ur-
queuen neu revidirt, mit Bemerkungen u. Eriâuterungen versehen u. ins
Hebrftische ûbertragen von P. Rabbinpwitz, mit Noten von A. Harkavy.
VI. Band, I-VI Heft. Varsovie, impr. Schuldberg, 1897 ; in-8» de p. 1-382 p.
'M2D 1D3^ HDD Corrections et novelles sur les Commentaires de Raschi, le
Talmud, etc*, par David Teitelbaum. F* partie. Varsovie, impr. Unter-
halter, 1897 ; in-f<> de 276 p.
Û'^Dnttîfinn mnin Dorot Harischonim. Zur Geschicbte der jûdischen Lite-
ratur von Isaac Ilalevy. lil. Theil. Umfasst den Zeitraum vom Abschlusse
des Talmuds bis zu den letzten Gaonim. Presbourg, impr. Ad. Alkalay,
1897; in-8«de316p.
Notre excellent collaborateur, M. A. Bpstein, rendra compte dans le pro-
chain numéro de cet ouvrage, dont nous avons publié ici {Eevue^ XXXIII,
1) les premiers chapitres. Que l'auteur, pour Tamour de Dieu, veuille bien
dresser une table des matières et surtout adopter un autre système de ré-
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BIBLIOGRAPHIE 117
daciion ! Les chapitres enjambent Tan sur Tautre, ayec un parti pris désespé-
rant. 11 faut aToir pitié da lecteur et ne pas le condamner aux maux de tdte.
QT nnn &*! Sang pour sang, drame en cinq actes, en vers, par Juda Leb
Landau, avec une préface de J. S. Fuchs. Cracoviey impr. J. Fischer,
1897; in-3Me XVI + 160 p.
Û-^ribN n;>T Histoire de la théologie juive, par S. Bemfeld. 1" et 2« parties.
Varsovie, impr. Schuldberg, 1897; in-8<* de 214 p. (Publication de la So-
ciété « Abiasaf »).
OB'HAfc^l onnin Etude sur Hérodo et Agrippa I d'après les sources talmu-
diques, par N.-S. Lebowitsch. New -York, impr. Rosenberg, 1897; in*8®
de 12 p. (Tirage à part du Ner Hamaarabi).
L'idée seule de ne consulter que les sources talmudiques pour juger deux
hommes dont Phistoire est racontée tout au long par Josèphe suffit pour
caractériser cette étude. Le panégyrique d^Àgrippa I n'est plus qu*un jeu,
si on fait abstraction des renlseignemenls fournis par Tbistorien juif.
Û'^bU)!! rtar 'O Explication de passages difficiles de la Bible et du Talmud,
par Moïse Galant, avec des notes de Moïse Haguiz, éd. par Moïse Stem-
berg. Cracovie, Stemberg, 1898 ; in-40 de 92 + 30 p.
TW12 yn'DI The cup of bitlerness, lamentations in memory of. . . Baron
Moaes de Hirsch, bj Reuben Sinaj Cohen. Manchester, impr. Massel,
1897 ; in-80 de 64 p.
Û^^3D ^n*nn '0 Considérations morales et religieuses, par 1. R. Omstein.
Cracovie, impr. Fischer. 1897 ; in-4o de 80 p.
C]DD DTl^ 'D Commentaire du Cantique des Cantiques, par Menahem Man*
del Krengel. Cracovie, impr. Fischer, 1897 ; in 8^ de 118 p.
pnSL? ^^ 'D. Novelles sur le Talmud et MaTmonidc, par Isaac Cohen Aro-
nowski. Wilna, Romm, 1898 ; in-4« de 94 + 12 + 96 p.
Dmo"^ ■nmi ncnata D'^nirr*»!! Histoire des Israélites en France, par David
Schapiro. Cracovie, impr. Fischer, 1897 ; in-8<* de 168 p.
•pl^ 'J«»E"^b aiza Ûl'^ 'n Biographie et bibliographie de L. Zunz, par S. P.
Rabbinowitz. Varsovie, 1897; in-80 de 361 p.
Etude bien conduite, mais que d'ambitions on prôte à Tillustre savant, qui
assurément Tauraient fait sourire ! M. R. ne veut pas s^aviser que Zunz s'est
voué à une œuvre purement scientifique, sans aucune arrière-pensée. S'il
a employé ses rares facultés a Tétude de l'histoire et de la littérature juives,
c'est parce que son éducation première et sa pratique des livres hébreux le
tournaient naturellement de ce côté. Il y était encore attiré par la difficulté
du sujet. Zunz a pensé, avec raison, qu'il était bon, une fois, de s'orienter au
milieu de la fordt touffue de la littérature anonyme et impersonnelle des
Midraschim et de ces innombrables productions du moyen â^e. Mais quMl
ait été un tribun ou un précurseur du Sionisme, il faut de singulières lu-
nettes pour le découvrir. — Les critiques de M. R. ne sont pas toujours
heureuses ; en particulier pour ce qui concerne les Qottetdienitl. Vortràg$^ je
serais toujours disposé à donner raison à Zunz contre son contradicteur. Mais
il faut louer Pentreprise de M. R., qui fera connaître au public russe qui lit
Phébreu un des savants qui ont honoré le plus la science juive en ce siècle
et d'initier les lecteurs à une foule de questions intéressantes.
■1T3^^bfi< taipb" Recueil, par ordre alphabétique, de Tafrada du Talmud et
des Midraschim, par Sussmann Sofer. Nouvelle édition. Paks, impr. Ro- ^
senbaum, 1897 ; in-80 de 131 fif. (Va de M à 3).
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«18 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
fit^ââïl ll^*1*^ Traduction hébraïque de Tétude de Lazarus sur Jérëmie, par
Brainin. Varsovie, impr. Schuldberg, 1897 ; in-S"* de 85 p. (PublicaCion
de la Société c Ahiasaf »).
0*^73:311 ^133 '0 Explication de passages difficiles ou hyperboliques du Tal«
mud et des Midraschim relatifs au Pentateuque, d'après Tordre des ver-
sets, par Chaim KnoUer. Przemysl^ Chaim KnoUer, 18d8; in-8* de 26
+ 14 + 18 + 16+26 ff.
\T01 nimb Lichot (sie) Sikoron enthaltend Epitaphien von Grabsteinen
des Israël. Friedhofes zu Krakau nebst biographischen Skizzen von Bem-
hard Frledberg. Drohobycs, Zupnik, 1897 ; in-8'' de 95 p.
'Yr\y ^)3b '0 Commentaire du Traité Meguilla d'après les explications de
TArouch, avec des consultations du père de Tauteur, par Balomon
Bamberger* Zennheim (Alsace) [Berlin, impr. Itzkowski], 1897; in-8^ de
46 p.
nBO nba» Autobiographie de Jacob Emden (Y"^^'^)y ^d. par David Kabna.
Varsovie, impr. Schuldberg, 1896; ln-8<» viii + 230 p. (Publioatioo delà
Société c Ahiasaf»).
K)3iran V^^yti Midrasoh Tanhouma avec un commentaire Intitulé nbll3
)^7a'^3â, par Benjamin Epstein. Zitomir, impr. Kesselmann, 1898; in-8<^
de 512 p.
*)irttlb Ttl^'y t3*^Db m Critique de divers ouvrages par Eléazar Atlas. Var-
sovie> impr. Alexander Gins, 1898 ; in- 8* de 76 p.
a'ïO tDV •nDiabîa '0 Novelles sur le Lebousch, section Orah Hayyim, 2« par-
tie, par Lipmann Ueller, avec additions, sous le titre de ^31*173 p*^3t9
par Isaao Hacôhen Feigenbaum, éd. par Elle Marder. Varsovie, impr.
Baumritter, 1897 ; in-8° de 142 + 72 p. (La F® partie a paru en 1895}.
Qlbusa SmnbX}. ^ar in peace, a religious dispute between two friends (un
juif et un éhrétien), bj A. Benjaminson. New- York, impr. Roseuberg,
1898; in-8ode92p.
''na^l niTtlTab «nattl nnoa Einleitung u. Register zum Machsor Vitry von
Rabbiner S. Hurwitz mit Beitrftgen von D*^ A. Beriiner. Berlin, impr*
Itzkowski, 1896-1897 ; in-8o de 201 + 16 p. (Publication de la Société
Mekitzé Nirdamim).
Voir Eivue, XXXV, p. 308.
nbDbDn '»mo"« 1« n«)iarn ^mp» Principes d'économie politique, par
S. W. Mendelin. Odessa, impr. Belinson, 1896; in-8<> de p. 11 (sic)
— 56.
annaata-^a lnn« "«Dm» 'n m. a. Qûnzburg (1795-1846) und seine litera-
risohe Thàtigkeit, mit einem Portrait. Bine biographische Skizze, von
D. Maggid. Saint-Pétersbourg, impr. Berman, 1897 ; in-8^ de 82 p.
TWû rWÛ12 'D Explication allégorique des récits fabuleux de Rabbah bar
bar Hanna> par Moïse Bidelstein. Vilua, impr. KatzenellelK>gen, 1896 ;
in-4<> de 48 ff.
na**: abll^ nno Seder Olam Rabba, die grosse Weltchronik, naôh Hdschr.
ù. Druckwerken hrsgg. mit krit. Noten u. Erkl&rungeti von B. Rainer.
Vilna, Romm, 1897 ; in-8« de 152 p.
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BmUOORAPHIE 119
Pour apprécier en eonnaissance de cause rédition d'un texte, il faut
presque avoir essayé le travail soi-même ; autrement le jugement ne sau-
rait être que superficiel et incomplet. Nous n*avons jamais préparé la réédi-
tion du S^der Olam Rahha^ celte pseudo-chronique ancienne: aussi som-
mes-nous en mauvaise posture pour répondre au désir de Tauteur, qui
tient à connaître notre sentiment sur son ouvrage. Cependant, ayant eu
Poccasion d'éludier de près certains passages du Séder Olam et, ayant con-
fronté les résultats de nos recherches avec ceux auxquels arrive M. H.,
nous sommes autorisé, tout au moins, à déclarer que son commentaire mérite
tous les éloges. Les variantes des mss* et des ouvrages qui reproduisent le
Séder Olam sont signalées minutieusement, la bonne leçon est généralement
reconnue avec sûreté, les références témoignent de lectures très étendues,
les hypothèses des savants qui se sont déjà occupés de cette chronique sont
discutées très consciencieusement et l'opinion de Tauteur est généralement
digne d'être suivie. Est-ce à dire que nous soyons toujours d'accord avec
M. K. ? Dans les questions de cet ordre, où le sentiment décide le plus sou-
vent, le consentement universel est presque impossible. Un exemple seule-
ment pour montrer les cas où nous refusons d'en croire sur parole le savant
commentateur. La Mischna d'2?(^o»yo^, II, 10, est ainsi conçue: ■ Le même
[R. Akiba] disait : Il y a cinq choses d'une durée de douze mois : la puni-
tion de' la génération du déluge, celle de Job, celle des Égyptiens, celle de
Gog et Magog dans l'avenir, celle des méchants dans la Géhenne, parce
qu'il est dit : D^un mois au [même] mois. R. Yohanan ben Nouri dit : [La
punitipn des méchants dans la Géhenne] dure de la Pûque à la Pentecôte,
car il est écrit : D'un sabbat à l'autre. > Ce texte se retrouve dans le Séder
Olam, mais déchiqueté en plusieurs morceaux et disposé autrement.
Au ch. III, il est d'abord dit que les plaies infligées aux Égyptieus ont
duré douze mois, et Ton cite, a ce propos, le verset sur lequel s'appuie
cette idée. Mais cette opinion n'est pas attribuée à R. Âkiba. Puis il est
parlé de la punition de Job, de Gog et Magog, et des méchants dans la
Géhenne. C'est au ch. iv qu'arrive seulement la mention relative à la durée
du déluge. D'après M. R., la version du Séder Olam serait antérieure a
celle de la Mischoa d'Edouyot. Or, à première vue, il semble bien, au con-
traire, que la disposition adoptée par la Mischna soit plus rationnelle. Il
est visible que l'auteur du Séder Olam a dérangé le plan primitif. Ce
n'est pas tout. Après le paragraphe où il est parlé de la punition des mé-
chants, qui dure douze mois, le Séder Olam ajoute : « R. Yohanan b. Nou-
rit dit : « Elle dure de la Pâque à la Pentecôte. > L'intervention de ce
rabbin dans ce passage ne se comprend aucunement ici, tandis qu'elle se
justifie parfaitement dans la Mischna. Dans le Séder Olam, le nom d'Akiba
n'a pas été prononcé ; l'opinion de son contradicteur n'avait aucune raison
d'être invoquée. ^. R. est obligé de s'appuyer sur cette circonstance qlie
H. Yosé, Tauteur auquel est attribué le Séder Olam, cite parfois dans la
Tosefia et ailleurs le dire de ce rabbin. Pour nous, la solution est plus
simple : le rédacteur du Séder Olam, utilisant la Mischna à^Bdouyot, a
conservé à son insu la preuve de son emprunt, en gardant ce restant de
discussion qui n'avait que faire dans son exposition. Cet auteur a procédé
à coups de ciseaux. Et ainsi s'explique ta disparition du nom d'Akiba :
n'ayant pas pris le passage tout d'abord au commencement, il a laissé
tomber ce détail. Toutefois la confrontation de la Mischna avec son imi-
tateur montre peut-être qu'elle était à l'origine plus étendue et contenait
les raisons scripturaires de ces cinq assertions de R. Akiba. — Nombreuses
seraient \éê discussions du même genre que provoquent les notes de M. R.
Mais, comme on le voit, ce sont des discussions sur des points d'aiguille.
Nous disions, au moment où M. R. a fait paraître Tlntroduction au S. 0.
[Rtvue, XXVIII, 301), que ce savant était • une nouvelle recrue pour les
études d'histoire littéraire dont il est permis de beaucoup attendre ». La
présente édition a dôhué raiëon â notrd prédlctlbn, et nous sommes heu-
reux d'en féliciter M. Ratner.
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120 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
iîmD'' mnDO Traduction hébraïque de la JUdizche Literatur do M. Steln-
schoeider, par Malter, avec des corrections et des additions de Tauteur.
y partie. Varsovie, impr. Schuldberg, 1897; in-8® de 90 p. (Publication
de la Société « Âbiasaf »).
^b%3 HXf 'D Allocutions prononcées par Ephralm Salomon Zalman (Wein*
gotl). Varsovie, 1897; in-8o de 116 p.
^my^ pa^no Franck et les Francklstes, par Alexandre Eraushaar, trad.
[du russe?] par N. Sokolow. P« partie. Varsovie, impr. Lewinski, 1897 ;
in-8» de 287 p.
Ce qai fait Tintérêt de cette nouvelle histoire de Franck et des Franc-
klstes, c^est qu^elle est fondée sur des documents inédits et qui paraissent
très dignes de foi. Mais on a eu le tort de ne pas les discuter.
^ bT yap Sammelband kleiner Beilr&ge aus Handscbriften. Band VII,
Jahrgang XII -XIII (1896-97). Berlin, impr. Itzkowski, 1896-97 ; in-^^ de
42 -|. 11 -f 14 + 47 + 46 + 23 p. (Publication de la Société Mekllzé
Nirdamim).
Ce volume contient : 1» rj'»»r01 fiOTT bT ^Din^'D. CommenUire sur Ezra
et Néhémie, de Benjamin ben Juda, de Rome, édité pour la première fois
par Heinrich Berger ; — 2« ïn^nM nDV)^ par Abraham Berliner. Dans
Pédition de Constantinople (1561) des Consultations d'Elia Mizrahi,
manque un document envoyé par ce rabbin aux Juifs de Candie, au sujet
de son fils Gerson, qui avait été accusé de s^ôtre converti. L^éditeur n'a
gardé que la fin de la lettre d*Elia Mizrahi. M. B. comble la lacune à
l'aide de plusieurs mss. ; — Z^ CS^boi ^"^"lU), traduction partielle du
1er li-vre des Macchabées, publiée par M. D. Cbwolson, diaprés un ms. de
la Bibliothèque nationale, de 1160-1180. M. Cbwolson suppose que cette tra-
duction est TcBuvre d'un Italien, qui vivait dans le cercle de savants d'où
est sorti Pauteur du Yosiphon. Ce qui est certain, pour nous, c'est qu'elle a
été faite sur le latin et non sur le grec. En effet, les Romains y sont appelés
Û'^Dïai"! = Boman%\ or le grec dit 'PcDiiaîoi; — 4» TO^^D n3D3t '0 Poésies
de R. Isaac b. Scheschet (Ribasch), de Schimon b. Sémah Duran, éd. avec
un commentaire explicatif par Isaac Moreli, avec additions et corrections de
H. Brody; — 5» 513733 T>"T> Op5D Archives hébraïques de la commu-
nauté de Bamberg, publ. par David Kaufmann ; — bfi^H^^a niS^I^*^ 'D
épisode de Thistoire des Juifs de Moravie après la mort de Charles Vi,
raconté par Benjamin Israël Frënkel, éd. par Emmanuel Baumgarten.
ïl^DTa nbnp Bibliotbeca Friedlandiana. Catalogus librorum impressorum
hebraeorum in Museo asiatico Imperialis Academiœ scientiarum Petro-
politanœ asservatorum. Opéra et studio Samuelis Wiener. Fas. 111 (A et
n). Saint-Pétersbourg, 1897; in-4o de p. 225-315.
Catalogue, fait avec le soin le plus louable, d'une admirable bibliothèque,
riche particulièrement en éditions hébraïques sorties des presses de la Rus-
sie. Description très minutieuse des ouvrages, avec l'identification du nom
des auteurs, quand c^est nécessaire, et une notice sur eux, la mention des
< approbations • et le renvoi aux recueils de catalogues imprimés quand il
y a lieu.
Snin *)1fc( V-^IP Recueil trimestriel de Novelles , Consultations, etc.,
dirigé par Abraham Aron Sonnenfeld et Abraham Yobanan Blumenthal.
l'« année, P»" fascicule. Jérusalem, 1897; in-8« de 67flF.
bfinv)'^^ DID^:^ ïllD3^t3 n'^Ctn Les commencements de Timprimerie hébraï-
que, par Daniel Cbwolson^ trad. du russe en hébreu par M. B* Eisen-
stadt. Varsovie, 1897 ; in-8« de 47 p.
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BIBU06RÂPH1E i2i
Traduction du russe faite par M. Eisenstadt, à l'occasion du Jubilé de
l'auteur, IHllustre orieutaliste Daniel Cbwolson. Cette histoire de Timpri-
merie chez les Juifs, de 147K à 1500, se lit avec plaisir et abonde en ren-
seignements et en aperçus intéressants. M. C. fait remarquer que Timprimerie
n''appanit pas aux Juifs comme une bête deTApocalypse, son introduction
fut saluée avec Joie, on y yit un secours merveilleux pour la diffusion des
connaissances religieuses. Au Portugal, les Israélites avaient déjà une
imprimerie en 1487, alors que leurs compatriotes chrétiens ne se servirent
des presses qu^en 1495. Les premières imprimeries hébraïques furent éta-
blies à Reggio («n Calabre) et à Piove, près de Padoue. De la première
sortit, en février 1475, le commentaire de Raschi sur le Pentateuque, de
la seconde le Tour, mdme anoée, Juillet. L'invention se propagea rapide-
ment chez les Juifs : à Mantoue, 1475; Ferrare, 1477; Bologne, 1482;
Guadalaxara, 1482; Sonciuo, 1481; Casale Maggiore, 1484; Naples, 1486;
Para (Portugal) et Samora [Espagne), 1487; Lisbonne, 1489; firescia et
Leiria (Portugal) 1492, et Barco près Brescia, 1496. — Ce n'est qu'à
partir de 1489 qu'on commence à se servir de titre en tôle du volume, et à
partir de 1483 qu'on indique le foliotage. — L'un des pionniers de l'im-
pression hébraïque fut Abraham Conat, qui, aidé de sa femme, commença
à imprimer à Mantoue. Il publia le T&ur Orah Eayyim en 1470, le com-
mentaire de Lévi ben Gerson sur le Pentateuque, même année. C'est pro-
bablement à cette époque qu'il fit paraître le Toiipkon. M. C. insiste
beaucoup sur cette édition, lui attribuant une valeur qui nous parait sur-
faite. M. Trieber, Zur Kritik des Gorionides, professe le même respect
pour cette version, et c'est ce qui lui a fait émettre des hypothèses si mer«
veilleuses et si naïves sur l'importance de cette chronique pour l'histoire
juive. D'ailleurs, prochainement M. le baron David de Gunzbourg pu-
bliera la reproduction diplomatique de cette édition , dont les exemplaires ne
sont pas si rares que le croit M. C 11 en existe deux à Paris, à la Biblio-
thèque nationale et à l'Alliance Israélite. Feu Rabbinowitz en possédait un
en parchemin, dont les premiers feuillets manquaient, autant que je me
rappelle. — A Lisbonne, l'imprimeur Eliézer Toledano, renommé pour sa
piété, fit sortir de ses presses, à partir de 1489, de nombreux ouvrages
in>folio, entre autres le commentaire de Nahmanide sur le Pentateuque,
Aboudarbam et surtout un admirable Pentateuque avec le Targoum d'On-
kelos et le commentaire de Raschi. Après l'expulsion des Juifs du Portu-
gal, les caractères de cette imprimerie furent transportés en Turquie; c'est
ce qui explique que des ouvrages édités de 1515 a 1522 à Salonique ont
l'aspect typographique de ceux de Lisbonne. — Les plus célèbres impri-
meurs de cette époque furent les Soncino, qui formèrent une dynastie d'im-
primeurs qui essaima eu différentes villes d'Italie, à Constantinople et à
Salonique. Ou les voit à l'oeuvre de 1483 à 1547. Le plus connu est Geréon-
Jérôme. La famille descendait d'un R. Moïse de Spire, mentionné dans les
Tosafot Touques. Le nom de Soncino fut pris par Israël Nathan, fils de
Samuel, qui vint s'établir dans la ville de ce nom. De 1483 à 1490, furent
imprimés sept traités du Talmud, les Prophètes et les Hagiographes, avec
commentaire de David Kimhi, les Ikarim, le Semag, le Mischné Tora, le
Tour, la Bible avec points-voyelles et accents (1488). En 1486, Josué Son-
cino, avec son frère Moïse, fonda une seconde imprimerie à Casale Mag-
giore; il y publia le Mahzor de Rome. Gerson, fils de Moïse, très instruit,
fit de nombreux voyages pour recueillir des mss. C'est ainsi qu'il se rendit
en France, à Chambéry, pour y trouver des Tosafot. En 1490, les Soncino
établirent une nouvelle imprimerie à Naples; c'est là, en 1492, que fut
publiée la célèbre édition de la Mischna avec le commentaire de Maîmo-
nide. Puis ce fut le tour de Brescia et de Barco. M. C. examine ensuite
le degré de fidélité dont les imprimeurs ont fait preuve à l'égard des mss. :
trop souvent ils les ont corrigés à leur façon. Un Eliézer b. Samuel n'a pas
craint d'insérer dans un ouvrage de Maïmonide son opinion personnelle en
contradiction avec celle du Maître. — Le nombre des incunables antérieurs
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BEYOE DES ÉTUDES JUIVES
à 1500 est de cent environ, mais il était sûrement plus grand; certaines
éditions ont disparu, comme celle du Tl^t'l'^^ 'D de Jona Qerundi et du
th^y nîD^bM, du Talmud de Lisbonne. Les auto-da-fés n'en ont pas peu
supprimé. — M. C, après un chapitre consacré aux éditions complètes ou
partielles de la Bible, cherclie à déterminer le goût du temps d'sprès le
choix et le nombre des éditions des ouvrages imprimés alors. On s'adonnait
plutôt à la lecture des ouvrages de théologie, de morale, de poésie qu^à
celle des Novelles sur le Talmud. On se contentait des Compendium clas-
siques pour la halakha. Mais il faut ajouter que ces conclusions nWt de
valeur que pour l'Italie. Tel est le résumé de cette courte monographie,
pleine de faits et d'idées, où se joue et se délasse le savoir si étendu d'an
des écrivains qui honorent le plus la science Juive de nos jours.
1 'D ExpHcalions de passages difficiles de là Bible et du Midrasch,
icob Horowitz. New- York, impr. Aronsohn, 1898; iii-8« de 66 p.
D M^)3 p y") Vie de Smolioskin, par Brainin. Varsoyie, impr.
et Eisenstadt, 1896 ; in-8» de 162 p. (Ptiblication de la Société
5chia »).
)tX^ 'O Consultations sur les quatre parties du Schoulban Âroucb
ÎT^Wn^ n»)a»7 homélies et considérations diverses, par Hayyim Jé-
Pletisberg. Wilna. Romm, 1897 ; in-f» de 50 + 40 fif.
1 Û"nî173 n"ntt5 'O Consultations de R. Mëir de Rothenbourg, d'après
de Prague, 1608, avec commentaire et réfeVences aux sources,
tion, publ. par Joseph Sternberg. Budapest, Sternberg, 1896;
de 88 ff.
n*^^ Weltliche Qedichte des Abu Ajjub Soleiman b. Jahja Ibn
>1, unter Mitwirkung namhafter Gelehrter nach Uandschriften u.
v^erken bearbeilet u. mit Anmerkungen u. Einleitung tersehen von
3dy. Heft L Berlin, M. Poppelauer, 1897; in-8« de 32 p.
Les notes des pièces de ce fascicule sont dues à MM. Bâcher, Bhrlich et
D. Kaufmann.
lb)D Schulchan Aruch in jOdisch-deutscher Sprache, ron Salo-
;chûck. Cracovie, impr. Fischer, 1896; in-8° de 128 + 89 + 12 +
{ 'D Sepher Haschoraschim. Wurzelwôrterbuch der hebrftischen
lie von AbUlwalld Merwan Ibn Ganah, aus dem Arabischen in'a
ische iibersetzt von Jebuda Ibn Tibbon. Aus den Handachr. der
ma u. des Escurial zum ersten Maie herausg. u. nach dem arab.
lale berichtigt u. vervoUstândigl, sowie mit einer Einleitung ûber
îben u. die Schriflen Abulwalid's versehen von B** Wilhelm Bâcher.
;eft. Schluss, Register u. Einleitung. Berlin, impr. Ilzkowski,
7; in-8« de 481-597 + xlii p. (Publication de la Société Mekizë Nir-
Il n'est plus nécessaire de mettre en relief le mérite d'Ibn Djanah, qui
fut sans conteste le plus grand grammairien juif du moyen âge, de cent
coudées au-dessus de ses successeurs. La publication de ses ouvrages
grammaticaux en avait apporté la démonstration la moins équivoque; tous
les lecteurs avaient pu en juger, son principal traité, le Rikma^ ayant été
traduit en hébreu et en français et le texte original en ayant été édité. Mais
le complément de cette grammaire, le Dictionnaire, n^était jusqUld acces-
sible qu'aux arabisants. Circonstance fâcheuse nozi seulement pour les
études historiques, mais pour Tëxégèsé bibliqtie, otr grand est le profit
^
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BIBUOGRAPHIE 123
qu'on peut eacore aujourd'hui tirer des notices lexicographiques et des
opinions exégétiques contenues dans cet ouvrage. Gesenius déjà Pavait
reconnu, et très souvent il a eu recours aux lumières de son devancier. La
lacune vient d'dtre heureusement comblée par la Société deq Mekitzé Nir-
damim. Reprenant le projet de M. S. J. Ualhersam, qui avait mis en train
le travail» elle a entrepris la publication de la traduction hébraïque de ce
Dictionnaire, œuvre de Juda ibn Tibbon, encore manuscrite. Personne, sur-
tout depuis la mort de notre regretté maître J.Derenbourg, n^était mieux qua-
lifié, pour mener a bonne fin cette édition, que notre excellent collaborateur
M. W. Bâcher. On sait la compétence du savant professeur de Budapest dans
toutes les matières ayant trait à Tliistoire de l'exégèse et de la grammaire
hébraïques ; on connaît aussi les beaux travaux qu'il a j|éjà consacrés à
Ibn Djanah', la part qu^il a prise à Sédition arabe du Rikina. Nous possé-
dons aujourd'hui le texte complet de la version de Juda Ibn Tibbon, enri-
chi d'un commentaire perpétuel, où sont signalées les divergences de la
traduction et de roriginal. Dans le texte sont restitués les mots sautés par
le traducteur et nécessaires à Tintelligence de la pensée de l'auteur. Par
contre, sont signalées les additions du traducteur. En outre, toutes les eitao
tiens sont identifiées. — M. Hacher ne s'est pas borné à nous donner une
édition parfaite, il a voulu mettre les lecteurs qui ne savent pas les langues
occidentales en état de s'initier aux résultats des recherches de Munk, de
J. Derenbourg et des siennes propres. Le présent fascicule contient, en
effet, une introduction hébraïque consacrée à la biographie et a Téiude des
œuvres d'Ibn Djanah. Nous n'aurons pas l'impertinence de louer M. B.
pour la manière dont il s'est acquitté de cette partie de sa tâche. Disons
seulement que la langue de M. B. est digne d'être proposée en modèle à
ceux qui écrivent en hébreu des ouvrages scientifiques; simplicité, clarté,
exclusion des expressions prétentieuses et du jargon moderne, que souvent
comprennent seuls ceux qui s'en servent, ieîs sont les caractères qUi la
distinguent. Le volume se termine par des tables qui seront très utiles aux
savants : !<> des auteurs cités, 2° des citations de Hayyoudj, 3« des cita-
tions anonymes, 4" des citations des autres ouvrages d'Ibn Djanah, 5-7» des
citations du Targoum, du Miilrasch et de la Massera, 8» des passages où
l'hébreu est comparé avec la langue de la Mischna, Taraméen et l'arabe,
9" des termes particuliers employés par Juda ibn Tibbon avec leur équi-
valent arabe, 10« additions et corrections d'après l'arabe au Se fer Bariktna,
éd. Francfort.
D'^bfrn 'O Les Psaumes avec le commentaire Û'^'^H "^"i^^ttî de Hayyim Sofèr,
celui de Raschl et l^^at n"n3t73. Presbourg, impr. Alkalay, 1897; iii-8«
de^SÔff.
D''3ianpn mt^n -^a:^ mnb-in Traduction hébraï(îue de l'Histoire de
l'Ancien Orient de Maspero, par A. Ludvipol. 1'® partie. Varsovie, impr.
Schuldberg, 1897; in-S® de p. 1-70. (Publication de la Société c Ahiasaf »).
11» ?mn 'o Pentateuque avec le Targum d'Onkelos. le commentaire de
Haschî, Toldot Abron (références au Talmud), Kiççour tikkoun Sofrim,
traduction allemande et commentaire ^^3^ n")k39 de S. R. Hlrsch, avec
les Haftarot, trad. et commentées par M. Mendel Hirsch, publ. par Moses
Salomon Aronsohn. 1^^ et 2^ fascicules. Wilna, Romm, 1898 ; in-8^ de
p. 1-140.
d'"lTîn ïmnîn 'o Traduction hébraïque de Oeschichte des Srziehunpstoesens
«4 ékr Cultur der abendlândischen Juden wàhrend des MittelaUers, de Gû-
demann. par Friedberg. Y^ partie. Varsovie, impr, Schuldberg, 1896 ;
ia-^ da xvi -f ^^ P' (Publication de la Société a Ahiasaf »).
C'est la traducUon du volume consacré à la France «t à rAUetaiâgn* aux
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
x*-xiv« siècles. Nous ne pouvons qu^applaudir à l'excellente idée qu^a eue
la Société Ahiasaf de faire passer en hébreu ce beau travail, si riche en
faits et en aperçus. M. F. s^est acquitté de sa tâche avec le plus grand
succès.
2. Ouvrages en langues modernes,
iBZ DE Pbraltà (Josuë A.). Bstudios de oriental ismo. I. Iconografia
bolica de los Alfabetos fenicioy hebraico. Ensayo hermeneutico a cerca
as enseminzaB esotericas cifradas en los respectivps nombres, figuras
ocablos der valor numéral de las XXII letras de ambos alfabetos.
Irid, Bailly-Baillièro, 1898 ; in-8» de xlviii + 215 p.
Ce titre seul révélera, le caractère de cl essai. Résumons seulement Tar-
ticle consacré à Valef^ pour faire voir que Tannonce n'est pas trompeuse.
AUf est un mot phénicien signifiant « bœuf, taureau >. Le taureau, dans la
biérographie orientale, était le symbole du créateur. Alef se compose de bftt
< Dieu > et de h s=s t^Q < bouche • ; c'est le verht divin. Comme valeur nu-
mérale, cette lettre s= i. Or, un se dit en hébreu nrifit, mot formé du chai-
déen ^tl « un » et de V^ prosthétique, lequel vaut un 1 également. D'où
V\5n'Uniquê^ etc., etc.
M (D. W.). Jewish law of divorce according to Bible and Talmud.
dres, Nutl, 1897 ; in-S» de 224 p.
BJB qu8B fertur ad Philocratem epistulœ initium, apparatu critico et
imentario instnictum, éd. L. Mendelssohn, conlegœ venerandi opus
^umum typis describendum curavit M. Krascheninnikov. lëna, Stro-
1897 ; in~8^ de 52 p. (Acta et commenlationes imp.* universitatis
evensis, vol. V.)
LANAZB (M.). Tempus loquendi. Ueber die Agada der pal&stin. Amo-
, nach der neuester Darstcllung. Strasbourg, Engelhardt, 1897;
J« de 82 p.
iptio (The) of Moses, translated from tbe latin sixth centuryms., tbe
mended text of which is published berewilb, together with tbe text
ts restored and critically emended form, editcd witb introduction,
18 and indices by R. H. Charles. Londres, Black, 1897 ; in-8^ de
+ 117 p.
iBR (Simon). Die Geschichte Josefs. Eine Ueborsetzung u. kritik.
andlung des Midrascb Berescbit Rabba. Par. 84, 5-22 u. Par. 86,
:, 3. I. Theil (Dissertation inaugurale). Berlin, 1897 ; in-^*" de 47 p.
'SGH (B.). Gei^cbichtsconstruction oder Wissenscbaft ? Ein Wort zur
stftndigung ûber die Wellbausens^cbe Geschichtsauffassung. Vortrag.
ie, Krause, 1896 ; in-8' de 50 p.
s. An apparatus criticus to Chronicles in tbe Pesbitta version. Witb
scussion of the value of tbe codex Ambrosianus. Cambridge, University
js, 1897, in-8° de xxxiv + 63 p.
TBiN (Henry). Tho Targum of Onkelos to Gcnesis, a critical enquiry
tbe value of tbe text exbibited by Yemen Mss. compared witb tbat of
european recension togetber with some spécimen cbaptera of tbe
ntal text. Londres. Nuit, 1896 ; in-8o de 100 p.
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B1BU06RAPH1E 125
Comme le titre Tindique, cet opuscule contient surtout une comparaison
minutieuse du texte du Targoum, diaprés les manuscrits Tenus du Yémen,
avec le texte des éditions européennes. M. Barnstein montre que les manus*
crits orientaux sont de beaucoup supérieurs à Tédition de Sabionète, réim-
primée par M. Berliner. Les différences perlent nop seulement sur la ponc-
tuation, mais encore sur les formes grammaticales, le genre, le nombre,
etc., et le vocabulaire. M. B. résume d'abord ce que l'on sait et ce que
l*on pense du Targoum Onkelos ; puis il traite de Torigine de la ponctua-
tion superlinéaire. M. Barn, se range à l'avis de MM. Margolioutb et
Friedlaender d*après lesquels le système superlinéaire simple serait le sys-
tème palestinien primitif. Ces savants invoquent surtout le silence de
Saadia sur Torigine babylonienne du système superlinéaire. Mais j'ai
prouvé {Bévue, t. XXXI, p. 306) que Saadia, au contraire, connaît les
deux systèmes et attribue aux Babyloniens le système où les gutturales
présentent le moins d'irrégularités, par conséquent, le système superli-
néaire. La supposition que cette ponctuation aurait servi dès l'origine
pour le Targoum et l'autre pour Tbébreu, est également très risquée. Il est
vrai qu'on trouve des manuscrits où les deux systèmes sont ainsi em-
ployés, mais rien ne prouve qu'il en ait été ainsi primitivement. Le Tar-
goum Onkelos était devenu babylonien, il est naturel qu'on l'ait ponctué i
la babylonienne, tandis que, pour le texte bébreu, la vocalisation des écoles
de Tibériade a fini par prédominer.
La seconde partie de l'étude de M. Barnstein contient le détail des va-
riantes que présentent, les manuscrits yéménites. A la fin se trouvent
quelques spécimens du Targoum.
Bien que n'apportant pas de résultats très nouveaux, le travail de
M. Barnstein mérite d'être lu par ceux qui s'occupent de la littérature tar-
goumique. ~ Maytr Lambert,
Bbbr (G.). Der Text des Bûches Hiob untersucht. 2 Hft. (ch. xv à fin). Mar-
bourg, Elwert, 1897 ; in-S» de xvi + p. 89-258.
Berlinqbr (J.). Die Peschitta zum I. Bucb der Kônige u. ihr Verh<niss zu
Mas. Texte, LXX a. Targuzn. Francfort, J. Kaufimann, 1897 ; in-S^ de
50 p.
Blagh (Adolf). Biblische Sprache u. biblische Motive in Wielands Obe-
ron. Briix, impr. Herzutns, 1897 ; in-8* de 31 p. (Separatabdruck ans dem
Jahresbericbte des k. k. Staats-Oborgymnasiums in Brûz fur 1896-97).
6LUDA.U (A.). Die alexandriniscbe Uebersetzung des Bûches Daniel u. ihr
Verhaitniss zum massorethischen Text. Fribourg en Brisgau, Herder,
1897;in-8odexii + 218p.
BoNWBTSCH (G. N.). Die Apokalypse Abrahams. Leipzig, Deichert, 1897 ;
in-S® de 95 p. (Studien zur Geschichte der Théologie u. Kirche, hrsgg.
▼on Bonwetsch u. Seeberg. I. Bd., I. Heft).
Cette Apocalypse, qui ne s'est conservée qu'en slave, ne se confond pas
avec le Testament d'4àraham publié en )892 par James. Elle est d'origine
juive,^ avec des interpolations cbrétiennes. Les Beeognitionet clémentines y
font allusion, il resterait à déterminer le milieu juif dans lequel cet écrit
aurait pris naissance ; ce ne peut être ni la Palestine, ni le monde rabbi-
nique.
BaiOGS (G. A.). The higher criticism of the Hexateuch. New edit. New-
York, Scribner, 1897; in-8'> de xn + 288 p.
BaooKB (A. E.) and Me Lean (N.). The book of Judges in Greek, according
to the text of Codex Alcxandrinus. Cambridge, University Press, 1897 ;
iii-8® de vu 4" 45 p.
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126 REVUE DES ETUDES JUIVES
BrOgknbr (Martin). Die Komposition des Bûches Jes. c 28-38. Ein Rekons-
traktionsversuch. Halle, Krause, 1897 ; in-8® de 84 p.
Bruston (E.). De justitia divina secundum Jobeidem. Thèse. Montauban,
impr. Granië, 1897 ; in-8« de 47 p.
BuTTENWiESER (M.). Die hebr. Elias-Apokalypse u. ihre Stellung in der
apokalypt. Litteratur des rabbinischen Schrifltums u. der Eirche. I.
Hflifte. Ëritische Ausgabe mit Erlâuteningen u. Einleitung nebst Ueber-
setzang u. Untersuchung der Abfassungszeit. Leipzig, Pfeiffer, 1897 ;
in-8o de 82 p.
Ganongs (a.). La femme dans l'Ancien Testament. Thèse. Montauban,
impr. Granië, 1897; in-8®de 74 p.
Castelli (David). Il poema semitioo del pessimisme (Il libre di Job) tradotto
e commentato. Florence, Paggi, 1897 ; in-8^ de xii -{- 159 p.
Chmbrkimb (N.). Les conséquences de TAntisémitisme en Russie. Préface
de G. de Molinari. Paris, Gillaumin, 1897 ; in-8* de xliv + 188.
CoBLBNz (Félix). Ueber das betende Ich in den Psalmen. Ein Beitrag zur
Erklârung des Psalters. Francfort, Eaufifmann, 1897 ; m-9^ de 190 p.
Lorsque le Psalmiste parle a la première personne, exprime-t-il ses idées
personnelles et raconte-t-il les événements de sa vie, on bien fait-il parler
la communauté d'Israël ou des justes? Cette question, sur laquelle on a beau-
coup écrit, en Allemagne, dans ces dernières années, avait été mise au
concours par la faculté de théologie de Berlin, et c'est M. Coblenz qui a
remporté le prix.
M. G. commence par exposer (p. 1-15) les opinions des exégètes sur le
moi dans les Psaumes, et les résume de la manière suivante. D'après les
uns, le sujet qui parle est toujours ou presque toujours la communauté.
D'autres, au contraire, croient que le poète énonce ses sentiments person-
nels et expose sa propre histoire. D'autres, enfin, admettent que dans
certains psaumes, c'est la communauté qui s'adresse i Dieu, mais que
dans certains autres c'est le poète lui-même qui parle. M. Coblenz s'arrête
à cette troisième opinion. Il montre, à l'instar de Smend, que déjà dans
la Bible on trouve la communauté d'Israël personnifiée ^. D'autre part,
dans uno foule de psaumes il est impossible que le poète parle pour son
compte personnel*. Il s'oppose constamment aux nations. Il invite les
justes à se réjouir de son triomphe. Il lance les plus effroyables malédictions
contre les impies. Toutefois, d'après M. C, certains psaumes ont un ca-
ractère individuel, par exemple, xxxix, lxxiii, giv. De plus, lorsque les
idées d*un psaume sont générales, mais qu'il contient des traits personnels,
par exemple, lorsque le poète sort des rangs de ses frères, c'est alors un
membre de la communauté qui est censé parler. Il est souvent difficile de
déterminer si la communauté dans les psaumes collectifs désigne Israël en-
tier ou seulement les gens pieux.
Ensuite M. C. passe é^ Pexamen des différents psaumes où l'on rencontre
la première personne : quarante sont collectifs et c'est Israël personnifié
qui parle ; dans six, ce sont les membres individuels de la communauté ;
dans vingt et un, c'est la communauté des hommes pieux; dans dix ce
> Quelques exemples donnés par M. C. laissent à désirer : Habaqonq, m, Isaïe,
XXV, 1, et Ex., xvzi, 15, sont insignifiants. Dans Is., lxiii, 3, le poète parle de lui au
singulier et d'Israël au pluriel. Ibid.^ 15 i, le texte est altéré. Dans Lam., i, et Michée
TU, le moi est une femme.
* Là encore les exemples auraient besoin d'être triés» Ps. xxvii, 3, 4, contient de
simples métaphores. La résurrection, Ps,, xxz, pourrait désigner la guérison.
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— l™^-
BIBLIOGRAPHIE 127
sont les membres individuels de cette collectivité ; dans dix-neuf, c'est
le poète lui-même. Il y a deux psaumes où Ton ne peut déterminer qui a la
parole ^.
Nous n'avons pas eu la patience de lire tout le commentaire des quatre-
vingt-douze psaumes. Mais il nous semble que, dans sa classification,
M. C» perd de vue ud point de sa théorie qui est la personnification de la
communauté. La communauté est incamée dans un individu, non pas
abstrait, mais concret, qui bien souvent sans doute se confond avec le
poète. A tout instant M. C. dit que c'est la communauté qui parle et il
omet le mot personnifiée. L'absence do ce mot change complètement l'as-
pect de la question. Autre chose est de faire parler une collectivité, autre
chose de faire parler le représentant de cette collectivité. Si les idées géné-
rales nous font penser i une communauté, ce n'en est pas moins un indi-
vidu qui, dans ce genre de littérature, chante et peut se servir de termes
impropres pour une collectivité. Pour ma part je n'arrive pas à saisir la
différence entre le psaume m et le psaume vu *. Parce que dans le premier
se trouve la phrase : c Je me suis couché, je me suis endormi , Je me suis
réveillé, car Dieu me soutient •, ce psaume est individuel. Û faut au
poète une c expérience personnelle ■ pour savoir qu'on se réveille après
s'être endormi. De tels arguments sont quelque peu ridicules. Il en est de
même pour les psaumes iv, vi, etc., où M. C. découvre un caractère per-
sonnel. Il n'y a qu'à se rappeler que celui qui parle personnifie la commu-
nauté, pour qu'il puisse tantôt s'exprimer comme "un individu, tantôt comme
une collectivité. Il est également inutile de supposer un membre individuel
de la communauté comme prenant la parole.
Il nous semble donc que M. C, oubliant son point de départ, est allé
parfois un peu à la dérive. Nous n'en rendons pas moins hommage a son
travail, consciencieux et méritoire. — Maysr Lambert.
CoHBN (M.). Petite histoire des Israélites depuis la destruction du premier
temple jusqu'à nos jours. Philippopoli, impr. Pardo, 1897 ; in-32 de
i94p.
Pourra rendre quelques se/vices.
Constant (le R. P.). Les Juifs devant l'Eglise et l'histoire. Paris, Gaume»
1896; in-8odex+371p.
CoWLBY (A.) et NstiBAUER (Ad.)- Ecclesiasticus XXXIX, 15, to XLIX, 11,
Iranslated from the hebrew arranged in parallel columns with engl. revi-
sed Version. Londres, Frowde, 1897 ; in-8<> de 78 p.
Traduction, sans le texte hébreu, revue et corrigée.
Davidson. The exil and the restoration. Londres, Clark, 1897 ; in-18
de 116 p.
DsDT^GH (Gotthard). The theory of oral tradition. Cincinnati, Bloch [1897] ;
ln-8» de 49 p.
Dkulapoy (Marcel) « Le roi David. Paris, Hachette, 1897; in-16d6 358 p.
^ L'un de ces psaumes est xci. M. C. accepte pour les versets 1-2 la correction qui
consiste à mettre "^niDM devant 31D^ et à changer n^N eu nt)K. H nous paraît
plus naturel de corriger nÇ"» en nÇ^ plbn'' en pnbnn et n:Q« en nfe». I>e la
sorte on comprend les deuxièmes personnes qui suivent. Au verset 9 il faudrait lire
nn73« ■'^ plutôt que [nnîD»] rtn« "^S, qui serait trop long.
* En passant, il faut admirer la puissance de divination des exégètes, qui savent
que ce psaume a été composé à la fin du règne d^Artaxerce Ochus*
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128 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
DuHM (B.). Das Bach Hiob. Fribourg-en-Brisgau, Mohr, 189Tf ; in-8o de
XX +71 p.
DuHM (B). Die Entstehung des Alten Testaments. Rede. Fribourg-en-
BriBgau, Mohr, 1897 ; in-8'> de 31 p.
Bnoblkbmper (W.). De Saadiae Gaonis vita, bibliorum vcrsione, berme-
neutica. Gommentatio theologica. Munster, Schôningb, 1897 ; in-8^ de
69 p.
Epstbin (à.). Glossen zu Gross' Gallia Judaica. Berlin, Calvary, 1897; 16 p.
(Tirage à part de la Monatsschrifl).
C'est jusquMci la seule critique sérieuse faite de l'ouvrage capital que
notre Société s^honore d'avoir édité. Ce sont principalement des notes, rec-
tificatives ou complémentaires. ^
Fragments of the books of Kings according to tbe translation of Aquila from
a ms. formerly in Ihe Geniza at Gairo, now in the possession of G. Taylor '
and S. Schechter, edited by F. Crawford Burkitt, with a préface by
G. Taylor. Gambridge, University Press, 1897 ; in-4® de vu + 34 p. plus
6 fac-similés.
Franco (H.). Essai sur Phistoire des Israélites de l'Empire ottoman. Paris,
Durlacher, 1897 ; in-8<» de vi + 296.
FriedlIbndbr (M.). Das Judenthum in der vorchristlichen griechischen Welt.
Ein Beitrag zur Entstehungsgeschichte des Ghristenthums . Vienne,
Breitentstein, 1897 ; in-8® de 74 p.
Gàtt (G.). Die Hûgel von Jérusalem. Neue Brklftrung der Beschreibung
Jerusalems bei Josephus Bell. Jud. V, 41 u. 2. Fribourg-en-Brisgau, Herder,
1897 ; in.8<» de vu + 66 p. + un plan.
GA.UTIBR (Lucien). Au delà du Jourdain. Souvenirs d'une excursion. 2fi éd.
Genève, Eggimann [Paris, Fischbache^, 1896 ; in-8° de 141 p.
Récit, plein de charme, écrit dans une langue souple et aisée, d'une
excursion faite à Sait, Djérach, Tancienne. Gérasa, Amman, Tancienne
Rabbat-Ammon, la Philadelphie de l'époque gréco-romaine, et Arak el-
Amir. De nombreuses vues photographiques, très réussies, achèvent de
donner à ce petit volume un air attrayant. M. Lucien Gautier, qui autre-
fois a enrichi la littérature d^une excellente traduction de la Perle précieuse
de Gazali, puis s'est tourné vers les problèmes bibliques, s'est voué en ces
derniers temps à Tétude de la géographie de la Palestine. Il faut le re-
gretter pour Tarabisme et l'exégèse, mais il faut s'en féliciter pour la con-
naissance de la Terre-Sainte.
GiBSEBREGUT (F.). DIc Berufsbegabung der alltestam. Propheten.' Got-
tingue, Vandenhoeck et Ruprecht, 1897; in-8^ de 188 p.
Gaabtz. Histoire des Juifs, trad. de Tallemand par Moïse Bloch. Tome V, de
Tépoque de la Réforme (1500) à 1880. Avec une préface de M. Zadoc
Kahn, grand-rabbin de France. Paris, Durlacher, 1897 ; in-8® de vi -f-
461 p.
Grunwald (M.)- Ueber kananaeischen Volksglauben. Vortrag. Francfort,
impr. Brônner, 1897 ; 12 p. (Séparât- Abdruck aus Dr. A. BrùlVs « Popul&r^
wissensch. Monatsbiatter »).
Grunwald (Max). Spinoza in Deutschland. Berlin, Calvary, 1897; ln-8«
de 880 p.
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r
BIBUOGRAPHIB 129
GûoBMANN (M.)* National-Judenlhum. Vienne, Breitenstein, 1897 ; in-S**
de 43 p.
Le judaïsme est-il une religion ou une nationtlité? Cette question
qu'avaient résolue les Juifs de France en 1789 et, à leur suite, ceux de
presque tous les pays, en demandant à devenir citoyens dans leur patrie
d^adoption, cette question est redevenue actuelle depuis que les Sionistes,
sous la pression de Tantisémitisme, déclarent que les Juifs n'ont d*espoir
de recouvrer une véritable liberté et une égalité effective qu'en formant de
nouveau une nation. M. G. s^applique à montrer Terreur d'une pareille
théorie.
Hrrriot (E.). Philon le Juif. Essai sur l'Ecole Juive d*Alexandrie. Paris,
Hachette, 1898; in-8« de xix + 336 p.
HoMMEL (Fr.). Die altisraelitische Ueberlieferung in inscbriftlicher Beleuch-
tuDg. Ein Einspruch gegen die Aufslellungen der modernen Pentateuch*
krilik. Munich, Lukaschik, 1897; inS^ de xvi + 356 p.
Jahres-Berîcht des jiid.-lheolog. Seminars Fraenkerscher Stiftung. Voran
geht : Die Psychologie bel den jûdischen Religions-Philosophen des Mit-
telalters von Saadia bis Maimuni. Heft I. : Die Psychologie Saadias,
von S. Horowilz. Breslau; impr. Schatzky, 1898; in-8° de vi + "^5
+ 13 p.
Jahresbericht (IV.) der israelitiscb-lheologischen Lehranstalt in Wien fur das
Schuljahr 1896-97. Vorangeht : Die bermeneutische Analogie in der
talmudischeu Litteratur, vom Rector Prof. D' Adolf Scbwartz. Vienne,
IsraeL-theol. Lehranstalt, 1897 ; in-8*» de 217 p.
Jahresbericht (20.) der Landes-Rabbinerschule in Budapest fur das Schul-
jahr 1896-97. Vorangeht : Das mosalsch-talmudische BesiLzrecbi von Prof.
Moses Bloch. Budapest, 1897 ; in-8^ de 60 + 31 p.
Jastrow (Marcus). The bistory and tbe future of the talmudic text. A lec-
ture. Philadelphie, 1897 ; in-8o de 29 p. (Reprinted from Gratz Collège
Publicaiion n** 1).
Jastrow (Morris Jr.). Tbe weak and gemiuative verbs in hebrew by Abu
Zakariyya Yahya ibn Dawud of Fez know as Hayyug, the arable text
now published for the first time. Leyde, Bull, 1897; in-8*' de lxxxv
+ 291 p.
Karpelbs (Gustav). A sketch of jewisb bistory. Philadelphie, the Jewish
publication Society of America, 1897 ; in-8o de 109.
KAYSBRUNa (M.)* Ludwig Philippson. Eine Biographie, mit Portrftt und
Facsimile. Leipzig, Mendelssohn, 1898 ; in-8^ de 344 p.
Kbrbbr (G.)- I^ie religionsgeschichtliche Bedeutung der hebr. Bigen-
namen des Alton Testamentes. Fribourg-en-Brisgau, Mohr, 1897 ; in-8*'
de 99 p.
KôMiG (Fr.-Ed.)* Hislorisch-comparative Syntax der hebrftischen Sprache.
Schlnsstheil des historisch-kritischen Lehrgeb&udes des Hebrâischen.
Leipzig, Uinrichs, 1897 ; in-8° de ix + 721 p.
Laub(L.). Die Ebed-Jahwe-Lieder im IL Teil des Jesaia, exegelisch-kri-
tiach u. biblisch-theologisch untersucbt. Wittemberg, Wunschmann ,
1898;in-8ode74 p.
T. XXXVI, «• 71. 0
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130 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Lehmanm (Joseph). Assistance publique et privée dans Tanlique législation
juive. Paris, Durlacher, 1897 ; in-8® de 40 p.
Lehranstalt (Die) fur die Wissenschaft des Judenthums in Berlin. Rûck-
blick auf ihre ersten fûn-und-zwanzig Jahre (1872-1897). Berlin, impr.
Itzkov7Ski, 1897; in-é^ de 38 p.
Lévi (Israël). L'Ëcclësiastique ou la Sagesse de Jésus, fila de Sira. Texte
original hébreu, édité, traduit et commenté, l^^* partie (ch. xxxix, 15, à
XLix, 11). Paris, Ernest Leroux, 1898; in-8® de lvii + 149 p. (Biblio-
thèque de TEcole des Hautes-Etudes. Sciences religieuses. Dixième vo-
lume, fascicule premier).
On n'attend pas de nous que nous fassions nous-même la critique de cet
ouvrage, dont personne, cependant, ne connaît mieux que n^^us les points
faibles. Nous désirons seulement indiquer brièvement l'esprit dans lequel
il a été conçu. Nous nous sommes proposé avant tout de contrôler, et de
rectifier au besoin, la lecture de nos devanciers, MM. Cowlej et Neubauer,
puis M. Smend. Nous nous sommes acquitté de cette partie de notre tâche,
qui n*a pas été la moins pénible, avec la plus grande impartialité. La lec-
ture du ms. une fois établie, nous en avons discuté la valeur, ne craignant
pas, quand il le fallait, de le corriger. Pour cela, il fallait d^abord se rendre
compte de la cause des divergences que présentent souvent les versions
grecque et syriaque avec Toriginarl. Aussi avons-nous consacré une place
importante à cet ordre de recherches, qui fait le principal intérdt de notre
commentaire. Dans l'introduction, que nous avons réduite aux plus simples
dimensions, nous avons cherché à déterminer les résultats qu'on peut tirer
de la découverte de l'original de cet apocryphe fameux. Nous espérons
pouvoir bientôt compléter cette publication : M. Sehechter nous a écrit
avoir envoyé à l'impression les autres fragments, qu'il a si heureusement
retrouvés.
On nous permettra d'indiquer ici quelques errata. P. 28, au bas de la
page, lire « sauvent » au Heu de « souvent ». — P. 32, 1 d, Tpoçi^v, au
lieu de xpo^/ifiv. — P. 32, 2d, remarquer que, Psaumes, ix, 19, ÏTTpn est
également rendu par les Septante par Oico(tovVi. ^ P. 36, ligne 2, vors. 8,
mettre un crochet au commencement de la ligne. Dans les variantes, trans-
porter 11 à la page suivante. Dernière ligne !V*Tbnn au lieu 41e sj^b^n.
— 44, vers. 23, mettre les deux points finaux après Ï13S^. — 104, 22 c,
lire [']n]b[rD1 *{p]b[n •']'»^ "^ttî». — 23 *, fermer le crochet à la tin. — 108,
l'» ligne, 11133 ^Ssb, au lieu de 11133^ 3Db. — 118, mettre entre cro-
chète 3bn Ïlbî3. — 119, commentaire, 18, niST, au lieu de l'^at- — 125,
comm., 8, T1*T de la marge, dans la pensée du scribe ou du glossateur,
doit être placé au commencement du verset : lïHM 13b 7^3 "l^l*!
irnZ39. On ne voit pas, il est vrai, la nécessité de cette addition puisque
jusque-là • David • a été le sujet de tous les verbes. — P. 127, 4* ligne
avant la fin, 15 i, au lieu de 15. — P. 133, manque la concordance avec la
numérotation fautive du grec. ~ P. lv (introduction), ligne 7. La phrase
est mal construite. Lire : « Nous avons adopté également la division des
chapitres et versets de cette édition (Pritzsche), qui sous ce rapport encore
remporte sur celle de Swele. •
Lippe (D^ med. E.)- Rabbinisch - wissenschaftliche Vortrâge. Drohobycz,
impr. Zupnik, 1897 ; in-S^ de 112 p.
Lôw (Loopold). Gesammelte Schriften, hrsgg. von Immanuel Lôw. IV.Band.
Szegedin, Engel, 1898 ; in-8» de 536 p.
Contient les articles suivants : Der synagogale Ritus (Ursprung der
Synagogen, Baust&tten der Synagogen, Architektonische Normen, Lage
der Synagogue, Frauenabtheiluog) ; — Brustwehr und Gitter der Frauen-
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r
BIBLIOGRAPHIE 131
galieriea ; -^ Die Âlmemorfrage ; — Was lehrt der Talmad ûber Schta-
spiel, Musik und Gesang ; — Der Gesang in den orthodoxen ungarischen
Synagogeo ; — Die Zeit des sabbatblichen MorgeDgottesdieoates ; — Keine
Religioosprocesse ; — Die Hora'ah; — Was war, wis ist und wassoll der
Rabbiner sein; — Der Titel Rabbi und Rabbin; — Die Amtstracbt der
Rabbiner; — Die Fusion der deutscben u. sefardiscben Ritus in Paris ;
— Eabbalistich-iituriisiscbe Reformen; — Fahren am Sabbat; — Send-
scbreiben an Joseph Szekacs, Prediger der evang. Gemeinde za Pest; —
Znr Ëmancipationsfrage ; » Schicksale u. Bestrebungen der Juden in Un-
garn; — Zur Grescbichte der uogarischen Sabbatthaer; — Die Orthodoxie
u. das Rabbiner-Seminar; — Die ungarischen Municipien a. die Juden ; —
Reaction u. Emancipation ; — Die ungarischen Juden vor dem Forum der
ungarischen Akademie; — Brennende Fragen des jûd. Sohulwesens; —
Frankfurt u. Ofen-Pest ; — Die Denksobrift der Orthodoxie.
LôwENSTBiN (L.). Beitrftge zur Geschichte der Juden in Deutschland. II.
Nathanael Weil, Oberlandrabbiner in Karlsruhe u. seine Familie. Franc-
fort, J. Kauffmann, 1898 ; in-8^ de 85 p.
LdwBNSTBiN (D' med. Ludwig). Die Beschneidung im Lichte der heutigen
medicinischen Wissenschaft, mit Berûcksichligung ihrer geschichtl. u.
unler Wûrdigung ihrer religiôsen Bedeutung. Trfeves, Stephanu», 1897 ;
in-8^ de 75 p. (Sonderabdruck aus dem Archiv filr klinische Chirurgie
Bd. 54., H. 4.)
Mamdelkern (Salomon). Veleris Testamenti Goncordantiae hebraicae atque
chaldaicae quibus continenlur cuncta quae in prioribus concordantiis
reperinntur vocabula lacunis omnibus expletis, particulae, pronomina,
nomina propria separatim commemorata. Leipzig, Veit [1897] ; in-8^ de
VIII + 1011 p.
La concordance de M. Mandelkern dont nous avons déjà yanté les mérites
divers {Retue^ XXX.U, p. 288) avait deux inconvénients inévitables : elle est
peu maniable en raison de son volume et n'est pas à la portée de chacun en
raison de sa cherté. M. M. a tourné la difficulté en composant cette nouvelle
concordance^ d*un format manuel et de prix abordable. Il donne exactement
tout ce qui se trouve dans Painée, mais, au lieu de citer en entier les phrases
où entre la forme du mot dont il est traité, il se contente de renvoyer au texte
de la Bible. Ainsi !1K. !U(b, ^6^3, etc. ont chacun leur rubrique, mais au
T T I T t
lieu d*6tre encadrés dans les phrases où ils figurent, ils sont simplement
suivis de la mention : Gkn., 44, 19,20, etc. Or, le plus souvent ces indications
suffisent pour les recherches. — Pourquoi M. M. a-t-il renoncé an système
de pagination, conforme aux habitudes sémitiques, qu'il avait suivi dans
Tautre concordance ? La correction laisse à désirer, ainsi nous relevons au
hasard, p. 231, Prov. 11, 18, au lieu de 11, 8 ; p. 535, Ps. 42, 22, au lieu
44, 22. Par contre, il faut féliciter Tauteur d^une innovation très heureuse :
il a mis en italiques les renvois aux versets de tout point semblables à
d'autres déjà citée.
Mabti (K.). Geschichte der israelitischen Religion. 3. verbess. Auflage von
August Kayser's Théologie des Alten Testaments. Strasbourg, Bull, 1897 ;
in-8<* de xii + 830 p.
Mémajn (L*abbé), Notice sur le calendrier pascal des juifs et des chrétiens
depuis Moïse jusqu*à nos jours. Paris, librairie de rœuvre de Saint-Paul,
1896 ; in-8<> de vu + 99 p.
MoiisNEs (Bmile de). Torquemada et Tinquisition. La jurisprudence du
Saint-OMce, Tenfant de la Quardia, le cœur et l'hostie, sortilèges et
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132 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
vëDëfices, sentences et autodafés, Texpulsion des Juifs, les procès à la
mort. Paris, ChamUel, 1897 ; in-18 de 236 p.
L'auteur analyse ou reproduit en français les documents relatifs à l'affaire
du Saint enfant de la Quardia, documents que le R. P. Fidel Fita a publiés
en partie dans ses Sstudios htstorieoSy t. Vil, Madrid, 1887. M. de M. pré-
tend que « c'est dans Tintimité, malheureusement trop étroite et peu commu-
nicative, des saTants espagnols qu'est restée depuis cette découverte (du
P. Fidel Fita), sur l'importance de laquelle il est inutile d'insister » (p. 6). Il
ignore que ce sujet a été traité en France par Isidore Loeb (^Eevue^ t. XV,
p. 203 et suiv.) et par M. Samuel Berger (Le T^noignage, 8 oct. 1887).
L'étude de M. de M. n^a pas le caractère rigoureusement scientifique de ces
deux travaux, mais elle se lit avec intérêt.
MoMiOLiANO (Felice). Migliorismo o pessimismo ebraico. Milan, bureau de
la Gritica Sociale, 1897 ; in-S^ de 20 p. (Extrait de la Critica Sociale}.
MouLTON (G.). The modem readers Bible. Jeremia. Londres. Macmillan,
1897 ; ia-16 de 254 p.
MouLTON (W. F.) et Gbdbn (A. S.). A concordance to the Greek Testa-
ment, according to the texts of Wescott and Hort, Tischendorf and the
English Revisers. Edimbourg, Clark, 1897 ; in-4<* de 1037 p.
NiKiTiTSCH (Iwan). Das LichtdesEvangeliums. Ein Commentar zum Neuen-
Testament fur Christen u. Israeliten. Charlottenburg [Beriin, Albert
Katz], 1695 ; in-80 de 328 p.
Obstbbrbighbb (J.). Beitr&ge zur Geschichte dor jildisch-franzdslschen
Sprache und Literatur im Miltelalter. Czemowitz, Pardini, 1896 ; in-8*
de 32 p.
Pavly (Jean de). Ï1JT ÎTIT» yny inbtt) Rituel du judaïsme, traduit pour
la première fois sur Toriginal chaldôo-rabbinique et accompagné de notes
et remarques de tous les commentateurs. Orléans, Herluison, 1897 ; in-8®
de V + p. 1-32.
Pfbifpbr (R.). Die Religiôs-sittliche Weltanschauung des Bûches der Sprû-
che. Munich, Beck, 1897 ; in-8<* de 264 p.
[Plbssnbr (Salomon)]. Biblisches n. Rabbinisches ans Salomon Plessner's
Nachlass, hrsgg. von Elias Plessner. Francfort, J. Kaufifmann, 1897 ; in-8^
de 74 + 88 p.
Proceedings of the first Conyention of the National Council of jewish wo-
men hold at New- York, nov. 15, 16, 17, 18 and 19 1896. Philadelphie,
the jewish ublication Society of America, 1897 ; in-8® de 426 p.
Program of the hebrew Union Collège, 1897-1898. The philosophy of
jewish history bj Prof. G. Deutsch. Cincinnati [1897] ; in-8^ de 140 p.
Publications of the amerioan jewish historical Society. N® 5. [Washington],
1897 ; in-S» de 234 p.
Contient les articles suivants : Morris Jastrow, Jr., Documents relating to
the career of colonel Isaak Franks ; « John Samuel, Some cases in Pennsyl-
vanie wherein rights claimed by Jews are affected ; — Henri Cohen, Henry
Castro, pioneer and colonist; — Herbert Friedenwald, Matériel for the his-
tory of the Jews in the British West Indies ; — Hollander, Naturalisation
of Jews in the American Colonies under the act of 1740; — > George Alezan-
der Kohut, Who was the first Rabbi of Surinam? — M. Kaytarling, laaae
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BIBU06RAPH1E 133
Aboab, the fîrst jewish author in America; — Max J. Kohler, The Jews and
the americao anii-slaYery movemeot; — Abraham S. Wolf Rosenbach,
Docnments relative to Major David S. Franka wbile aid-de-camp to gênerai
Arnold ; — du môme, Notes on the first settlement of Jews in Pennsylvania,
1653-1703.
Publications of the American jewish historical Society. N^ 6. [Baltimore,
impr. Friedenwald], 1897 ; in-S® de xi + 180 p.
Contient : M. Kayserling, A mémorial sent by Grerman Jews to the pré-
sident of the Continental Congress; — J. H. Hollander, Documents rela-
ting to the attempted departure of the Jews from Surinam in 1675; — Henry
Cohen^ A modem Maccabean; — Gratz Mordecai, Notice of Jacob Morde-
cal^ founder and proprietor from 1809 to 1818 of the Warrenton Female Se-
minary ; — Herbert Friedenwald, Some newspaper advertisements of the
eighteenth Century; — Max J. Kohler, The Jews in Newport; — Civil
statuts of the Jews in colonial New York; ~> G. A. Kohut, The oldest tomb-
stona-inscriptions of Philadelphia and Richmond ; — A literary autobio-
graphy of Mordecai Manuel Noah ; — Taylor Phillips, The congrégation
Shearith Israël ; — David Sulzberger, Growth of Jewish population in the
United States.
Publications of the Gratz Collège. I. Philadelphie, 1897 ; in-8o do
IX + 204 p.
Contient : Sabato Morais, Italien Jewish literature; -~ Marcus Jastrow,
The history and the future of the tezt of theTalmud ; — Aaron Friedenwald,
Jewish physiciens and the contributions of the Jews to the science of medi-
cine ; — K. Kohler, The Psahns and their place in the liturgy.
Rabbi Issà*ghâr Bàer. Commentaire sur le Cantique des Cantiques, traduit
pour la première fois de Thëbreu et précëdô d'une introduction. Paris,
Chamuel, 1897 ; in-8® de 54 p.
Inutile de dire que le traducteur est un fervent adepte des sciences oc-
cultes. Il fallait une foi mystique pour découvrir dans ce commentaire insi-
pide et sans la moindre originalité des beautés cachées aux simples mortels.
Les contre-sens, comme toujours, n'ont pas peu servi à ces admirables trou-
vailles.
Rbinagh (Joseph). Raphaël Lévy. Une erreur judiciaire sous Louis XIV.
Paris, Delagrave, 1898 ; in-8'> de 205 p.
Ce récit d*un drame célèbre dans l'histoire juive est un modèle du genre
et l'on ne sait ce qu^on doit louer le plus de la clarté dans Texpo^ition, de
la rigueur dans le raisonnement, de la précision dans Pinformation ou de
la fermeté et du charme du style. Pourquoi M. Joseph Reinach, que les
circonstances ont par hasard amené à traiter ce sujet, n*appliquerait-il pas
les rares qualités d'historien et de littérateur qui le distinguent à l'étude
du passé du judaïsme? Ce qui manque généralement aux savants qui se
vouent à ces recherches, ce sont les connaissances générales, sans lesquelles
Terreur est presque forcée, et le talent d'écrivain, sans lequel leurs travaux
sont condamnés à l'obscurité et, par conséquent, frappés de stérilité.
RÉVILLE (Albert). J^sus de Nazareth. Etudes critiques sur les antécédents de
l'histoire évangélique et de la vie de Je'sus, 2 vol. Paris, Fischbacher,
1897 ; in-80 de x -f" 500 + 524 p.
RODKiNSOK (Michael L.) New édition of the Babylonian Talmud, original
text, edited, . corrected^ formulated and translatod into english. Section
Moed, Tracts Shekalim and Rosh Hashana. Volume IV. New- York, New-
Talmud publishing Company (sic), [1897] ; in-8<> de xviii -j" 36 -f- p. xix-
XXVIII +20 p.
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t:
134 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Rot (H.)* Die Volksgemeinde u. die Gemeinde der Frommen im Psalter.
Gnadenfeld, libr. de rUniversité, 1897 ; in-S» de 80 p. (Jahresberiobt
des theolog. Seminariums der Brûdei^gemeinde in Gnadenfeld, 189G/97).
RuGKBBT (K.)« Die Lage des Berges Sion. Avec un plan. Fribourg en
Briigau, Herder, 1898 ; in-8« de vu + 104 p.
SA.CBRDOTB (Gustavo). Catalogo dei codici ebraici délia Biblioteca Casa-
natense. Florence, slabilimenlo tipografico fioreutino, 1897; in-8* de
189 p.
Quelques addilions et corrections seulement. ^dcb)DKp*T J^U)1ÎTt Pro-
priétaire du Rituel avignonais, n* 95, est Josué de Caslar (= Caylar), au-
teur de poésies synagogales qui, d'après Zudz, a vécu peu après 1540 et
dont le nom figure dans un document français de Tannée 1558, sous la déno-
mination Josué du Cayslar (voir Gross, Q allia Judaiea^ p. 621). — SIDV
)1lDKC3nip^» propriétaire d'un ms. analogue, n» 96, est Joseph de Cour-
thezon, dans le Vaucluse. Ce nom était déjà ainsi orthographié au xiii*
siècle {ibid.^ p. 574). — Le n° 98 porte, eutre autres, les noms de C|0*)^
V)filï3Kb*T et de 3fi^^b'^)aT blDlbs^, ce sont ceux de Joseph de Lattes et
de Dieulosdl de Milhaud. Ces noms figurent aussi dans an document de
1583 (ibid,^ p. 610). Disons, à ce propos, que le nom de Bizous, qui se
trouve parmi les signatures de cette pièce, et qui s'écrit de différentes
façons, désigne sûrement Métiers. Dans un ms. de Porcalquier, de 1320-1,
appartenant à un marchand chrétien de cette ville et renfermant des notes
écrites par ses clients juifs, TéioiTe connue sous le nom d'éearkue de Béziert
est rendue en héhreu par « écarlate de Bizès >. La question soulevée par
M. Gross (p. 97) est donc tranchée aujourd'hui. Ainsi doit se comprendre
le mot Bezes qui revient si souvent dans les listes des Juifs de Carpentras
au XVI» siècle (Bê9Uê, Xil, 199 et suiv.). — nû:^ miïT» et t|OV
^K3lbra36<D*T) qui figurent dans la môme suscription datée du 8 nissvu
585 (sB 1585), sont Joseph ben Halafta de Pampelune et Juda ben David
Atar, rabbins qui ont signé un document daté d'Avignon 1577 et un autre
de 1583. Mais que signifient nS3lb avant le nom de t|OV et fit^DSms après
celui de ^£33^? — Le mahtor avignonais va* 99, porte les noms de Joseph,
Léon, Jacob et Samuel Rouget. Léon Rouget a sigué le même document
de 1577. — CS'^'^AIsbM'T prDt^, dont le nom se lit sur un autre ms. avigno-
nais, n'est pas isaac Poggetto, mais Delpuget, nom très répandu dans le
Comtat. 11*TJ^D^t qui >e Ht dans le mÔme passage, a-t-il été bien lu ? J'en
doute fort. — Dans le maktor^ n* 105, il est question de trois kattanim^
Lunel le petit, Joseph FarisoL et Baruch Naquet (CS^pS), qui allèrent, revê-
tus de leur talit, en 1533, avec la femme de nfi^^3H (n'est-ce pas pfiTS^S
= Boniac, ou est-ce Bonet?) devant le rot et la reine qui se tenaient
llbns (à la fenêtre?) de Dona Blanche. — La signature du Rituel avi-
gnonais, n» 107, y"^ TT»^att5''tt5bi nû ûiD -j'Ts's'a min*» ■•a»
nfcOb'»atn)3 «)■»« ■•bKXa'^aTïS doit se transcrire : Moi, Juda, fils de Schem
Tob de Sisteron, le Provençal, de Marseille. On trouve plusieurs per-
sonnes qui s^appelaient aussi Provençal de Marseille (Gross, ibid., 383).
Ainsi se confirme l'hypothèse de M. Gross à propos de *1'^C3V)lDbfin*
N<* 117, les ConsulUtions de Jacob V)nifi^173 sont celles de Jacob de
Marvège et non de Viviers, — Pourquoi appeler le Pirké R. EUézer
Û'^piD de Eliézer b. Uyrcanos et pourquoi en faire uu ouvrsge hieto»
ri^ue et mystique? Pourquoi enfin des titres comme celui-ci : Nehonia
ben ha qanah *l'«rtan 'O '^ A qui sont destinées des indications de ce
genre? Aux profanes? — elles les tromperont. Aux savants? — ils sou-
riront.
SA.LEifjLNN (C). Judaeo-Persica, nach St. Petersburger Handschriften mit-
geteilt. I. Chudâidât. Ein jiidisch-buchâr. Gedicbt. Saint-Pëtersbourg,
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BIBLIOGRAPHIE 135
Woss, 189*7 ; in-4- de viii + 56 (Extrait des Mémoires de l'Académie im-
périale des sciences de Saint-Pétersbourg).
SiLFBLD (Siegmund). Das Marlyrologium des Nùrnberger Memorbuches.
Berlin, Simion, 1898 ; in-8* de xxxix + 520 p. {Quellen zur Geschicble
der Juden in Deutschland).
Nous nous contentons d'annoncer aujourd'hui cette importante publication,
que nous venons seulement de recevoir.
ScHiLLiKG (D.)- Methodus practica discendi ac docendi linguam bebraicam,
accedit antbologia cum Yocabulario. Paris et Lyon, Delbomme et Briguet,
1897 ; in-80 de xii + 182 p.
SCHLATTBR (A.) Das neu gefundene bebrâiscbe Stûck des Siracb. Der Gloâ-
sator des griecb. Siracb u. seine Stellung in der Gescbicbte der jûd.
Théologie. Giiterslob, Bertelsmann, 1897 ; in-8® de vu + 191 p. (Boi-
trôge zup Fôrderung cbrisllicher Théologie, 1897).
Scbulcban Aruch. I. Tbeil. Oracb Cbajlm in deutseber Uebersetzung, von
Pb. Lederer. Francfort, Kauffmann, 1897 ; in- 8^ de 106 p.
Sellin (Ernst). Beitrftge zur israelit. u. jûd. Religionsgescbicbte. 2. Hefl :
Israels Giiter u. Idéale. I. Hdlfte. Leipzig, Deicbert, 1897 ; in-8^ de
VIII + 314 p.
Simon (Max) et Cohbn (L.)« Un nouveau Mapbtëacb. Clef pour identifier
facilement les dates juives et chrétiennes et pour calculer la férié (jour
hebdomadaire) d*une date quelconque pour les années 4105 — 5760
A. M. = 345 — 2000 A. Chr., avec un tableau des përicopes pour tous
les sabbats de Tannde. Berlin, Poppelauer, 1897; in-4^ de 40 p.
Nous ne savons pas d'après quel principe ont été construits ces tableaux;
en tous cas, il faut reconnaître qu^ils sont très pratiques ; aucun calcul com-
pliqué à faire. Ainsi, supposons qu'on veuille déterminer la concordance du
10 kislev 5621 avec le calendrier chrétien. Sur une liste des années juives se
lisent, en face de 5621, les chiffres suivants : 17, 1860, 12. 17 signifie que
Tannée commence le 17 septembre, 1860 = Tannée chrétienne, et 12 ren-
voie à la colonne des calendriers. A la colonne 12, on voit que le 1*' kislev
correspond au 15 novembre; 15 + 9 :== 24, soit le 24 novembre (1860).
Inversement, pour convertir le 24 novembre 1860 en date juive correspon-
dante, on consultera la colonne 12 du calendrier, on trouvera que le 1*' no-
vembre = 16 heswan. Reste à savoir si heswan a vingt-neuf ou trente
jours : un signe placé en haut de la colonne indique que Tannée est défec-
tueuse et, par conséquent, que heswan n^a que vingt-neuf jours. Donc le
24 novembre = 10 kislev.
Smrnd (R.). Das bebr. Fragment der Weisheit des Jésus Siracb. Berlin,
Weidmann, 1897 ; ïn-4^ de 34 p. (Abbandl. d. k. Gesells. d. Wissenscb.
zu Gdltingen. 2. Bd. Nr. 2.).
Nous avons d<^jà signalé l'apparition de cette édition des fragments hé-
breux de l'Ecclésiastique (Betue, XXXV, 46]. Nous rendons volontiers
hommage au soin avec lequel M. Smend a examiné le ms., mais nous de-
vons dire qu'avec la meilleure volonté du monde, il nous a été impossible de
découvrir sur l'original le plus ^rand nombre des gloses ou restants de
traits qui, à en croire ce savant, auraient échappé à Taltention de
MM. Cowley et Neubauer. M. S. a certainement rectifié heureusement plu-
sieurs passages que les premiers éditeurs avaient mal déchiffrés ; que ne
s'est-il borné à consigner seulement les lectures incontestables !
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136 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Stbimsghnbidbr (m.)* Vorlesungen ûber die Eunde hebraischer Hand-
schriften, deren SammluDgen a. Verzeichnisse. Leipzig, Harraisowitz,
1897. in-8<»dex+110p.
Vbnbtianer (L.)- Die Eleasinischen Mjsterien im jerusalemischen Tempel.
Francfort, impp. BrOnner, 1897 ; in-8* de 18 p. (Tirage à pari des Popu-
lar-wissenchafll. Monatsbl&Uer deA. Brûll).
Vbrnbs (Maurice). De la place faite aux légendes locales par les lirres
historiques de la Bible. Paris, impr. nationale, 1897 ; iu-8^ 84 p. (Rap-
port annuel de TEcole pratique des Hautes-Etudes, section des sciences
religieuses).
Vettbr (p.). Die Metrik des Bûches Job. Fribourg en Brisgau, Herder,
1897 ; in-8^ de x -f 82 p. (Biblische Studien, hrsgg. Ton Bardenhewer,
2. Bd., 4. Heft).
VOLZ (P.). Die Torexilische Jahweprophetie u. der Messias in ihrem Ver*
hftltniss dargestellt. Qottingue, Yandenhoeck et Ruprecht, 1897 ; in-8^
de viïi + Ô3p.
WoLP (B.)« Die Geschichte des Prophelen Jona, nach einer karschun.
Hds. der k. Bibliothek zu Berlin. Berlin, Poppelauer, 1897 ; in*8<^ de
54 + XIV p.
3. Périodiques,
The Amerlean Jonrn»! of senittle langaages and llteratores.
(Chicago, trimestriel). 14» vol. = = N«» 2, janvier 1898. A. R. R. Hut-
ton : Hebrew tenses. — W. HajsWard : Bel andthe Dragon (dansPico-
nographieassyro- babylonienne). — C. Levias : A grammar of tho aramaic
idiom contained in the babylonian Talmud.
The Jewish qnarlerly RevIew (Londres). Tome IX, 1897. == N® 36,
juillet.W. Bâcher: The hebrew text of Ecclesiasticus (voir Revue, XXXV,
87). — Ad. Neubauer et Gowley : The word CJ'^bnn in Eccl. xliv, 17,
and Prof. Smend's emendations (MM. N. et G. nous paraissent avoir le
plus souvent raison contre M. S.; peut- être môme lui font- ils trop de
concessions). — G. Buchanan Gray : A note on the text and interpré-
tation of Ecclus., XLi, 19 (le mot Dnp» serait déjà employa dans TEcclé-
siasttque comme synonyme de « Dieu », conjecture inadmissible). — T.
K. Cheyne : The text of Job. — F. C. Conybeare : Christian demonology
(stUie). — Moritz Steinschneidcr : An introduction to tho arable lite-
ratur of the Jews (suHe, n** 37). — Morris Joseph : Jewish religions édu-
cation. — B. N. Adler : An elcventh century introduction to the hebrew
Bible. — The installation of the egyptian Nagid. — A. Neubauer : Note
on the egyptian Megillah. — Critical notices. ==Tome X. == N^ 37,
octobre. S. Schechter : The labbinical conception of holincss. — T. K.
Cheyne : On some suspected passages in the poetical books of the Old
Testament. — R. M. Wenley : Judaism and philosophy of religion. —
I. Abrahams : Some egyptian fragments of the Passover Hagada. —
David Philipson : Tho progress of the jewish reform movement in the
United States. — H. Hlrschfeld : Historical and legendary controversies
between Mohammed and the Rabbis. — D. Kaufmann : A hitherto un-
m^^
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B1BU06RÂPHIE 437
known messianic movcment among the Jcws, particulary those of Qer-
many and Ihe Byzantine empire. — Samuel Poznanski : Ben Meir and
ihe origin of Ihe jewish calendar. — D. Kaufmann : The egyplian Nagid.
— S. J. Halberstam : Notes to J. Q. R.. IX, p. 669-721. — W. Bâcher :
~ Statements of a conlemporary of the emperor Julian on the rebuilding of
the temple. — Thomas Tyler : Two notes on the « Song of Deborah ».
— Ludwig Blau : The pope, the father of jewish approbations. — David
Farbstein : On the study of jewish Law. — G. Buchanan Gray : Gritical
remarks on Pss. lvii et lis. — T. K. Cheyne : Grfttz's corrections of the
text of Job. — Gritical notices. ==^0 33^ janvier 1898. S. Schechter :
Genizah spécimens : Ecclesiasticus (eh. xlix, 11 — l, 22). — F. C.
Burkitt : Âquila. — Joseph Jacobs : The typical characler of anglo-jewish
history. — Samuel Poznanski : The anti-karaite writings of Saadiah
Gaon. — Leopold Cohn : On apocryphal work ascribed to Philo of
Alezandria. — O. J. Simon : The Progress of religious Ihought during
the Victorian reign. — Samuel Krauss : The great Synod. — Eb. Nestlé :
A hebrew epilaph from Ulm. — Thomas Tyler : Notes on Deuter.,
XXXII, 42. — D. Kaufmann : Notes to the egyptian fragments of the Hag-
gada. — Bâcher : Notes to the J. Q. R., IX, p. 666 sqq., X, p. 2-102. -—
D. Kaufmann : Tho ûrst approbation of hebrew books.
JoHFBal Asiatique (Paris, bimestriel). 9« sërie, tome IX. — = N® 2,
mars-avril 1897. J. Halévy : La prétendue absence de la tribu de Siméon
dans la bénédiction de Moïse. =:= Tome X. = := N® 1, juillet-août.
M. Karppe : Mélanges assyriologiques et bibliques. ===== N'' 8, novembre-
décembre. M. Schwab : Transcription de mots grecs et latins en hébreu
aux premiers siècles de J.-C
■oiuiiaschriri t&r Gesehlehte and l/Vissenschaft die^ JadenlhaniA.
41* année, 1897.==N°7, avril. M. Ginsburger : Zum Fragmenlenthargum
{fin, n9 8). — A. Epstein : Schemaja, der Schûler u. Secret arRaschi*s (fin),
— Horowitz : Zur Textkritik des Kusari (fin). — M. Steinschneider : Mis-
cellen 39 u. 40. — Gustaf Dalman : Aramâische Dialektproben.=:= N** 8,
mai. D. Kaufïnann : Das Wort tl'^bnn boi Jesu8 Sirach. — W. Bâcher: Eine
sûdarabische Midraschcompilation zu Esther. — M. Griinwald : Hand-
schriflliches aus der Hamburger Stadlbibliotek (fin, n*> 12). — D. Kauf-
mann : Zu Jacob Emdens Selbstbiographie [fin, n° 9). — Jos. Cohn :
Elnige SchriftstCicke aus dem Nachlasse Aron WolfBSohns. = ^ N® 9,
juin. Feuchtwang : Assyriologische Studien {suUe, n° 13). — M. LÔwy :
Messiaszeit u. zukûnftige Well. — Aus einem Briefe Elkan N. Adler's.
= = N* 10, juillet. Lcop. Treitel : Die Septuaginta zu Hosea. — H. Dal-
man : Die Handschrift zum Jonathantargum des Pentateuch, Add. 27031
des Britischen Muséum. — S. Poznanski : Eln Wort ûber das ^^912
•^^M^T. — D. Kaufmann : Zur Biographie Maimûni's. — A. Epstein :
Glossen zu Gross* GalUa Judaica. — A Ehrlich : Dlb'^DN, l'ib'^DN. = =
N^'ll, août. Adolf Bûchler : Das Sendschreiben der Jerusalemer an die Ju-
den in Aegypten in IIMakkab. 1, 11-2, 18 (Jln,n^ 12).— W. Bâcher : Eine
verschollene hebrâische Vocabel. — D. Kaufmann : Der angebliche Na-
gid Mordochai. — L. Munk : Die Judenlandlage in Hessen-Cassel. = =
N^ 12, septembre. Samuel Krauss : Bari in der Pesikta Rabbathi. — A.
Epstein : Die « Ergânzungen » und « Berechtigungen » Poznanski 's zu
meinem « Schemaja ». = = N^ 13, octobre. D. Simonsen : Erklârung einer
Mischnastelle (cf. Bévue, XX, 307 ; XXXI, 281). — M. Weinberg : Die
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138 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Organisation der Jûdischen Ortsgemeinden in der talmudischen Zeit (suite
et fin, n«» 14 et 15). — W. Bâcher : Bari in der Pesiltla Rabbati, Berytus
in jBibel u. Talmud. •— D. Kaufmann : Das Freundschaftsepigramm Juda
Halewi's an Salomo )bn Almualiim. — G. Wci'theim : Emanuel Porto*!
Porto astronomico. =: =: N° 14^ novembre. M. Rahmer : Die bebr&ischen
Traditionen in den Werken des Hieronymus {{suUe et fln^ 1898, n®» 1 et 3).
— Dayid Kaufmann : Zu den Gedichten R. Isak Bar Scbescbet's u. R.
Simeon b. Zemacb Durants. — M. Grûnwald. Die hebr&iscben Frauen-
namen. = = N*' 15, décembre. M. Rahmer : Nachlrag zu dem Ârtikel
Die hebr. Traditionen bel Hieronymus. — D. Feuchtwang : Erklârang
einer Talmudstelle. — H. Brody : Zum Freundschaftsepigramm Juda
Ha1ewi*s an Salomon Ibn ÂlmuUim. — > David Kaufmann : Ein Brief
R. Benjamin Cohen Vilali's in Reggio an R. Josua Heschel in Wilna
aus dem Jahre 1691. = == 42« année, 1898. == = N*^ 1, janvier. David
Rosin : Die Religionsphilosophic Abraham Ibn Esra^s [suite , n^* 2
et 3). — Moritz Steinschneider : Die italienische Literatur der Ja-
den {iuitûy n°* 2 et 3). — David Kaufmann : R. Joseph Aschkenas, der
Mischnakritiker von Safet. = = No 2, février. J. Bassfreund : Der Bann
gegen R. Elieser u. die verânderte Haltung gegenûber den Schammaiten.
— Max Freudenthal : Zum Jubilâum des erston Talmuddrucks in Deutsch-
land (suitey n^S). === N® 3, mars. Martin Schreiner : Samau'al b. Jabyft
al-Magribi u. seine Schrift « Ifhàm al-Jahûd ».
ZeUschrin fttr die ait (esta mentliche Wissenschoft (Giessen, semes-
triel). 17 année. = = No 2. Schmidt : Die beiden syrischen Uebersetzun-
gendes I. MaccabSerbuches. — Jacob : Beitrâge zu einer Einleitung in die
Psalmen {suite^ 1898, n® 1). — Techen : Syrisch-hebrftisches Glossar zu
den Psalmen nach der Peschita. — W. Max Mûller : Miscellen, Sanheribs
MÔrder, KÔnig Jareb. — D. Castelli : Una congettura sopra Deutero-
nomo, 32, 5. — Klostermann : Ein neues griechisches Unzialpsalterium.
— Peiser : Miscellen. — Stade ; A. Hilgenfeld's Bemerkung und W-
Staerk's Erwiderung. = = 18« année. = = No 1. Weinel : n)D73 und
seine Derivate. — W. Bâcher : Ein alter Kunstausdruck der jûd. Bibelexe-
gese *13*Tb "IDT. — Zeydner : Kainszeichen, Keniter u. Beschneidung. —
Schwally : Ueber einige palftstinische Vôlkernamen. — Kittel : Cyrus und
Deuterojesaja. — Cheyne : Gen. 6, 14, Gopher Wood. — Kittel : Ein
kurzes Wort iiber die beiden Mandelkern* schen Concordanzen.
4. Notes et extraits divers.
- = La propagande juive aux environs de Vère chrétienne et le culte du Dieu
suprême (6cd< &{/totoc). — M. Emil Schûrer, le savant historien des Juite
aux environs de Tére chrétienne, vient de publier une monographie ex-
trêmement intéressante sur les « Juifs de la région du Bosphore et les
confréries de «(Wiievoi lebv Oïj/wtw dans ces pays » [Die Juden im bospora-
nischen Reiche und die Oenossenschaften der «^(Jfievoi 6t6v 0<|h«tov ebenda^
selbst, dans Sitzungsberichte der k. preuss. Akad, d. Wissensch, %u Berlin j
Berlin, 1897, in-8o de 26 p.) M. Franz Cumont a ajouté de nouvelles
preuves à lappui des conclusions de M. Schûrer (Hypsistos^ Bruxelles,
1897, 15 p. 4- une planche, supplément à la Revue de Pinstruction publique
en Belgique), Résumons ces conclusions et les additions de M. Cumont :
Au commencement de Tére chrétienne, comme le prouvent des inscrip-
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BIBLIOGRAPHIE 189
lions d^couyerles dans la Russie méridionale, il existait dans le royaume
du Bosphore une puissante colonie juive, qui exerça une action profonde
sur la religion du pays. De nombreuses confréries, sans s'astreindre à se
conformer aux pratiques de la vie juive, avaient adopté le culte exclusif
du Dieu suprême Hoc 0<|naToç (= l^^b^ bK ; remarquer, à ce propos, rem-
ploi presque abusif que Ben Sira fait de cette appellation divine). Cette
action dépassa le Pont et s'étendit dans tout TOrient. la péninsule des
Balkans, à Homo môme. Peut-être le nom de Hoc O^^totoç n'était-il que la
transformation de Zeus hypsisCos. Mais ce changement lui-même a dû
s'opérer sous Tinfluenco de la religion juive ; il est Tœuvre des ocp6)tcvot
9t^ Gtj'taTov. Des communautés adorant Dieu sous ce nom persistèrent
jusqu'à la fin du iv" siècle et se continuèrent dans la secte des Hypsis-
tarienSy répandus, entre autres, en Cappadoce, secte où, suivant le témoi-
gnage des Pères de l'Eglise, des éléments helléniques se mêlaient à des
traditions juives. L'existence de ces confréries fut un point d'appui solide
pour le développement du christianisme naissant, qui fit ses premiers
progrès dans cette région. — M. Gumont cite, entre autres inscriptions
relatives à ce sujet, une dédicace à ^hç Oijwcoç i«i(xooc (trouvée en Ser-
bie) ; elle provient d'un thiase (confrérie) consacré à Sabazius. Cette di-
vinité phrygienne avait donc reçu le nom de celle des Juifs. L'identi-
fication était d'autant plus séduisante que Sabazius rappelle Sabaot.
M. Cumont explique ainsi le fameux passage de Valère Maxime disant
qu'en 139 « Judseos qui Sabazi Jovis cultu Romanos inficere mores conati
erant repetere domas suas coegit ». Sabazi, ici, veut dire Sabaot ; mais la
confusion ne provient pas des Romains, ils n'ont fait que s'emparer de
l'identification faite en Asie mineure, où les Juifs étaient nombreux. —
Avec les progrès du christianisme, les prêtres païens de l'Asie mineure
se tournèrent vers ces confréries et leur empruntèrent l'idée du theos hyp-
mtos, qu'ils fondirent avec celle de leur divinité particulière. Plusieurs
oracles montrent ce synchrétisme. Ainsi, celui que rapporte Macrobe
d'après Cornélius Labien (ii® siècle) et que M. Cumont considère comme
authentique. *ld«, identifié à Zeus, Hadès, Hélios et Dionysos, y est pro-
clamé le Dieu suprême. Un autre ouvrage du ii^ siècle, XF^9|jidl tûv
i^T^vtxcûv Oittv, contient une série d'oracles analogues. Le dieu déclare que
trois hommes seulement ont obtenu de voir Dieu face à face, Hermès
Trismegiste, Moïse et Apollonius de Tyane ; il n'y a qu'un Être suprême,
dont le nom ne peut être prononcé, Appn^oc, qui doit être honoré en tous
lieux et qui connaît toutes nos actions et nos pensées. Les autres divi-
nités sont ses serviteurs et sont les intermédiaires entre lui et les
hommes. Ailleurs, il enseigne l'immortalité de l'âme et la vie future. En-
suite, il dit : Le Très Haut est le dieu suprême, éternel, créateur et con-
servateur auquel chacun, quelles que soient ses croyances particulières,
doit rendre hommage. M. Cumont dresse, ensuite, une liste complémen-
taire des localités où les inscriptions révèlent l'existence du culte d'Hyp-
sistos : Cerdilium (Macédoine), Mytilène (Lesbos), Brousse, Sinope,
Tralles, Coula (Lydie), Sari-Tsam (Lydie), Hiérocésarée, Nacoleia (Phry-
gie), Termessos (Pisidie), Golgos (Chypre), Beyrouth. (M. Cumont cite
une invocation magique, publiée par Wessly, Griech, Zauberpap. von
Paris u. London, p. 128, 47 : èv dvd(uiTi toû (t^loxou Oeo6 9a(idf pi^O. Il vou-
drait voir dans ce dernier mot samas « soleil ». C'est tout simplement
sckem hamephorasch « le nom ineffable ». M. Schwab l'a reconnu dans son
Vocaktlaire de Vangélologie,)
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140 REVUE DES ËTUDES JUIVES
z=z ^=z La guenita du Caire. — Les trésors si prëcieuz rapportes du Caire par
notre excellent confrère M. Scbcchtcr commencent à être livrés au pu-
blic. M. Schechler a dëjà publié àdJis\Qjewi$h Quarterly Review [janvier
1898) le chapitre de VScclésiasiigue relatif à Simon le grand-prêtre. Nous
croyons savoir que les autres fragments de cet ouvrage ont dëjà été dé-
chiffres et envoyés à Timpression. Le savant anglais continuera d'insérer
dans la même Revue d'autres documents provenant do ce fonds. D'autre
part, M. Burkitt, comme on Ta vu plus haut, a publié les palympsestcs
contenant des fragments de la traduction grecque d*Aquila du livre des
Rois. M. Abrahams a reproduit les variantes fournies par une Haggada
trouvée dans ce dépôt. Chose curieuse, dans cet amoncellement de
pièces de toute nature se trouvait un morceau d*un poème français, em-
porté sans doute par un des rabbins qui partirent pour la Palestine au
commencement du xiii^ siècle. Ce fragment a été édité par M. E. Braun-
holtz, dans la ZeiUchrift fur romanische Philologie, XXII, p. 91 {Frag^
ment einer Aliscaruhandschrift)»
=: = Le Bulletin de Correspondance hellénique, janv.-août 1897, contient,
p. 47, la copie d*une inscription trouvée à Tafas, en Syrie. Elle orne une
longue pierre formant le linteau d'une porte et est ainsi conçue :
^dx«>po< xal £t|iOuvi^ xol
KX'niidtioc xarijp avxcôv
Ces noms de Jacob et de Samuel paraissent bien juifs. Par contre, celui
de Clématios ne s'est pas encore rencontré, à ma connaissance, dans
Tonomastique post-biblique. Peut-être est-ce celui d*un prosélyte.
= = La librairie Clark, d'Edimbourg, publie le premier volume d'un
Dictionnaire de la Bible, A Dictionary ofthe Bible dealing with its Un-
guage^ literature and contents, in cluding the biblical theology. La di-
rection en a été confiée à M. James Hastings, assisté de MM. John
A. Selbie, Davidson, Driver ,et Swete. Le spécimen que nous avons
sous les yeux montre que ce dictionnaire, d'un format commode et
enrichi d'illustrations, rendra de grands services. Il formera 4 volumes
de 900 pages.
= = On vient de commencer l'impression d'une traduction de la Bible
qui sera l'œuvre collective des rabbins français.
= = En rendant compte de l'apparition de VHehràische Bibliographie de
M. H. Brody (Revue, XXXII, S08], nous protestions contre la prétention
de réditeur déclarant que la bibliographie hébraïque n'a pas d'organe.
Nous citions, pour prouver le contraire, plusieurs périodiques qui peu-
vent, sous ce rapport, entrer en comparaison avec le nouveau recueil.
Dans cette liste nous avons oublié de comprendre VOrientalische Biblio'-
graphie de M. Lucian Scherman. Cette revue, qui paraît tous les six mois
à Berlin, contient le dépouillement le plus exact et le plus complet de
tous les ouvrages et articles relatifs aux Juifs. Les matières sont classées
sous des rubriques très intelligemment choisies. Sous chaque titre d'ou-
vrage sont mentionnés les divers comptes rendus qu'ils ont provoqués.
Un index détaillé contribue à rendre cette publication des plus utiles aux
savants.
= = M. Kayserling continue à dresser, dans les Jahresberichte der Qe^
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BIBLIOGRAPHIE 141
schiMstoissensckaftj le tableaa de la littérature de Tannëe sur le Judaïsme
après la destruction du temple. C'est un autre instrument de travail des
plus précieux.
= = La Société ^At^â(/' continue le cours de ses publications intéressantes.
Elle a fait paraître, en 1897 : 1^ la traduction hébraïque de Texcellent ou-
Trage de M. Gûdemann, Qeschichêe des Sniehungswesens und der CuUur der
Juden wâhrend des MitUlalten ; 2^ une histoire de la théologie juive par
Simon Bemfeld ; S** Tautobiographie de Jacob Emden (1^33^*^), publiée
par David Kabna ; 4® « Zunz » par P. Rabbinowilz ; 5^ la traduction du
Jérémie do Lazarus, par Brainin ; 6® b»-)^"» ''^ab Û'^Ta'^rt '^nm Histoire
populaire des Israélites, par M. Braunstein; 7° mt73n ^K^y mbin
D^aiTîTpîl Histoire de TOrient, traduction de louvrage de M. Maspero,
par Ludvipol; 8® bfii'ilD'' mnDO, traduction do Touvrage de M. Stein-
schneider Jûdiscke Literatur, par Malter.
= = La Société Touschia ne ralentit pas non plus son activité, elle
a publié, entre autres, deux histoires populaires des Juifs, ninbin
D'^mn'^rï, par Jacob Frônkel, bén©*» Uy mibin, par A.- S. Rabinowitz
(qu'il ne faut pas confondre avec le traducteur do PHistoire des Juifs de
Graelz).
= = Notre savant collaborateur, M. David Kaufmann, a extrait, pour la
BjfzanUnische Zeitschrifly de la si curieuse chronique d*Ahimaaç tous les
renseignements qui intéressent les études byzantines {Byzant. Zeitschr.j
1897, p. 100 et suiv. : Die Chronik des Âchimaaz ûber die Kaiser Basiltos
lu. Uon VI).
= = M. Louis Brandin, ancien élève de TÉcole des Chartes, a soutenu
avec succès une thèse sur les Loazim de Gerschon ben Juda, Il a identifié
cent vingt-deux de ces gloses; quelques-unes au nombre de six sont
restées indéchifirables. Il a étudié également le ms. hébreu 302 de la
Bibliothèque nationale, qui renferme un glossaire hébreu-français, com-
posé après 1288. Le dialecte est celui de Troyes.
= z=z Der Urquell, cette excellente Revue de foïk-lore dirigée par M. F. -S.
Krauss, contient dans chaque numéro des notices intéressant le judaïsme.
Dans le n^ 3-4 de Tannée 1897, nous relevons une bien jolie légende de
la pauvreté [De Maisse vUn Dalles)^ publiée par M. J. Ehrlich : Un pauvre
Juif avait six petits enfants. Obligé de quitter son logement (sel Dire), il
prend ses quelques bardes (seine pur Schiwre Kejles), les met sur une
charrette avec ses enfants. Mais, s*apercevant qu'il a oublié quelque
chose dans son logement, il y retourne. Quand il revient à la voiture, il
y trouve un enfant de plus, qui est nu-pieds. Le pauvre homme lui dit :
Qui es-tu et que veux- tu ? Je n*ai déjà pas à manger pour mes enfants,
faut-il que je te nourrisse aussi? — Je suis le Dalles (la pauvreté), je
vais avec toi dans ton nouveau logement. — Pour mes péchés (Che-
tuïm), s^écrie le pauvre Juif, pourquoi ne vas-tu pas plutôt chez le riche
(den Kutzen) qui demeure dans l'autre rue, que de Rattacher à un mal-
heureux Juif comme moi? — Je préférerais aller chez le riche, mais je n^ai
pas do souliers et j'aurais honte d*aller choz lui nu-pieds, car il me met-
trait à la porte. « Pour me libérer (pattem) du Dalles, se dit en lui-môme le
pauvre Juif, il faut tout faire ». Il prend donc vite sa lampe, va la vendre
et achète des souliers pour le Dalles. « Tiens, voilà une paire de souliers,
mets-les tout de suite et va-t*en chez le riche. » Le Dalles essaie les sou-
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i42 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
liers, mais ne peut les entrer : « Ils sont trop petits pour moi I — Schma
Jisrul, crie le Juif, que faire maintenant : Je n*ai plus de lampe, et lo
Dalles est toujours là? » Il se saisit de deux couvertures du lit, mais
cette fois prend la mesure des pieds du Dalles et va lui acheter des sou-
liers. Ils sont encore trop petits. Et pour ne pas faire entrer le Dalles
dans sa nouvelle demeure, il vend successivement tout ce qu'il a. Plus il
faisait, et plus le Dalles grandissait : aucune chaussure ne lui allait. Et
le pauvre Juif ne put se délivrer du Dalles tout le temps qu'il vécut. Le
malheureux est mort depuis longtemps, mais le Dalles vit toujours ; il
marche toujours nu-pieds ; voilà pourquoi il a honte d'aller chez les ri-
ches et reste chez les pauvres gens. — Cette légende, recueillie chez les
Juifs de Bohdmo, rappelle le proverbe talmudique : « La pauvreté marche
derrière le pauvre. » — Le même numéro contient une variante bohé-
mienne du moo^ /«OKr y^«cAoMo«^ dont Tair et les paroles s'écartent de celui
de l'Alsace, par exemple; des proverbes espagnols recueillis chez les
Juifs de Tatar-Bazardjik. — Dans le numéro suivant, figure un recueil de
proverbes et de locutions des Juifs do Moravie, Bohdme et Hongrie, par
le regretté Edouard Kulke, le romancier populaire des Juifs d'Autriche-
Hongrie.
= = Dans la RevUta crttica de historia y literatura espdnolas, portuguesas
è hispano-americanas (2* année, 1897, n» 5-6), M. M. Schiflf rend compte
de la découverte d'une traduction espagnole manuscrite du c Guide des
égarés » de Malmonide.
:=zz=iLe9 Pattoureauw et la Conspiration des J.épreux» — M. P. Lehugeur, dans
sa belle Histoire de Philippe le Long (Paris, Hachette, 1897), n'a pas man-
qué de consacrer un chapitre aux souffrances qu'eurent à subir les Juifs
pendant les douloureuses années 1320 et 1321. Nous le louons fort d'avoir
expliqué les persécutious dirigées alors contre eux par le vent de folie
superstitieuse qui soufflait alors. « Ces ftmes désaccordées, d'où se retire
la foi primitive, et où ne pénétrent pas encore la religion de la patrie et
le culte de la science, sont remplies de ténèbres et peuplées d'hallucina-
tions. On ne parle que de prophéties sinistres, de Gog et de Magog, du
déchaînement de l'Antéchrist. Tous les maux ont alors des causes surna-
turelles : la guerre, la famine, la misère, tout fléau est mis au compte du
diable, de Saturne, de Jupiter, ou de « l'estoille comète . . . , signe du ciel
qui plusieurs jours, à la nuitée, fut veue, dénonçant le détriment du
roiaume de France »... La croyance aux sorts et aux « voults » ou en-
voûtements paraît générale. » — C'est au milieu de cette misère physio-
logique et intellectuelle que naissent les folies populaires. « Les Pastou-
reaux de 1320 sont des paysans, surtout des bergers et autres € menues
gens » ; la plupart ont moins de vingt ans. ... Ce sont des illuminés qui
ont soif de combats, d'aventures et d'extravagances. ...Mais, comme
toujours, les naïfs à idée fixe sont exploités par des «c trufeurs », c'est-à-
dire par des meneurs sans scrupule, particulièrement par un prêtre inter-
dit, « qui a été dépouillé de son église à cause de ses méfaits » et par un
moine défroqué, déserteur de l'ordre de Saint- Benoît. Les vrais croisés,
les mystiques rôveurs sont noyés dans le flot louche des malfaiteurs de
droit commun, des gens sans foi ni loi, sans feu ni lieu, ribauds, rou-
tiers, rôdeurs et bandits qui ne cherchent qu'à assouvir leurs haines et
leurs passions mauvaises ; les mystiques sont conduits par des mystifica-
teurs... Enhardis par l'impunité..., ils se répandent en Languedoc, au
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aPAhii
BIBLIOGRAPHIB i43
nombre d'au moins 40,000 ; . . • leur folie furieuse 8*atlaque de préférence
aux Juifs : bergers et bandits rivalisent de cruauté envers ces parias que
personne n'ose défendre : les Juifs périssent en foule. Le massacre de
Verdun-sur-Garonne est resté célèbre. . . Partout ils ont pour complice la
populace, parfois le peuple et la bourgeoisie, tous ceux qui applaudissent
au massacre des Juifs ou qui craignent Timpopularité s'ils font mine de
les protéger. A Albi, les consuls essaient d'arrêter le flot aux portes de la
ville, mais les Pastoureaux forcent le passage en criant qu'ils viennent
tuer les Juifs ; la populace les accueille comme des amis et comme des
frères {laeto vuliu) t par amour du Cbrist contre les ennemis de la foi ».
A Lézat, les consuls font cause commune avec les Pastoureaux. Il arrive
môme à des officiers de s'associer au fanatisme populaire. Ce fut seule-
ment dans la sénéchaussée de Garcassonne qu'on parvint à les arrêter. Le
peuple refusa, comme partout, de se joindre au sénéchal pour défendre
les Juifs détestés, mais le sénécbal, aidé du camérier du pape et par le
clergé, put réunir des hommes d'armes en nombre suffisant. )» — Nous
parlerons, dans le prochain numéro, du paragraphe consacré à la Cons-
piration des Lépreux.
= = Le Boletin de l'Académie royale d'histoire de Madrid n'est plus si
riche qu'autrefois en éludes relatives aux Juifs d'Espagne. Nous n^avons
à relever, depuis juillet 1896, que de courtes notices de Témlnent R. P. Fi-
del Fita sur la communauté de Belorado (octobre 1896), de M. Narciso
Uergueta sur la Juderia de San MiUan de la CogoUa y la hataUa de Najera
(juillet- septembre 1896), de M. le marquis de Monsalud sur la synago-
gue de Saragosse (janvier 4898), de M. Ramon Alvarez de la Branca sur
la synagogue de Bembibre et les Juifs de Léon (février 1898).
= = Depuis 1897 paraît à Drohobycz (Qalicie) une Revue hébraïque inti-
tulée p*^2S Zion, hebrâische Monatsschrift fur die Wissenschaften des
Judenthums, hrsgg. von A.-H. Zupnik (abonnement, 7 francs).
= = Depuis 1896 paraît à New- York une Revue mensuelle, rédigée en
hébreu, '^a'nJ'Wn ^3, et dirigée par M. S.-B. Schwarzberg. Ce recueil
contient principalement des articles de fantaisie, poésies, nouvelles, etc. ;
il fait une place aussi aux études historiques. Nous n'avons pas à en ap-
précier la valeur.
ISRABL LfiVL
Kdmo (Eduard). Hisiorisch-eomparative Syntax der hebraïschea Spra-
che. Leipzig, Hinricbs, 1897 ; io-S» de x + 721 p.
Ea publiant la Syntaxe de la langue hébraïque, M. KÔnig, profes-
seur à l'Université de Rostock, a achevé sa grande grammaire, dont
le premier volume avait paru en 4881 et le second en 1895. Cette
troisième partie est d'autant plus importante que la syntaxe
manque dans les grammaires de Bôttcher, Olshausen et Stade. Les
grammaires d'Ewald et de Gesenius contiennent, il est vrai, une
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144 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
syntaxe; mais la première a beaucoup vieilli, et la seconde est
plutôt destinée aux étudiants qu'aux savants. M* KÔnig a donc com-
blé une véritable lacune ; et tous les sémitisants lui seront recon-
naissants d'avoir entrepris et mené à bonne fin une tâche des plus
longues et des plus difficiles.
La Syntaxe de la langue hébraïque a 620 pages (index non com-
pris), et cependant M. Kônig a consacré moins de place que dans la
morphologie à la discussion des théories grammaticales. Il a dû sou-
vent se contenter d'indiquer les idées qu'il rejette sans donner les
arguments sur lesquels on les a appuyées. M. Kônig a toutefois exa-
miné attentivement ces arguments avant de se décider pour Tune ou
l'autre opinion ; une ligne est parfois, chez lui, le résumé de mini-
tieuses recherches préliminaires. On trouve dans le présent ouvrage
des renvois à une foule de livres, de dissertations et d'articles de
Revues ; la littérature synlactique y est, à peu de chose près,
complète.
Dans la Syntaxe, M. Kônig fait preuve, en général, de la même sû-
reté de jugement qu'on apprécie dans les volumes antérieurs, et de
la même indépendance vis-à-vis des grammairiens et exégètes an-
ciens et modernes. C'est ainsi que (§ 329 i) M. Kônig maintient avec
raison Texplication de nn^U) ^w par t ramener un retour », au lieu
de c ramener la captivité )>, Interprétation défendue encore récem-
ment. Cependant M. Kônig nous parait pousser trop loin la défiance
à regard des théories nouvelles. Par exemple, quand M. K. discute
(§491(1^-/) les exemples du futur en é, énumérés par M. Barth, il
trouve seulement possibles ceux que nous jugeons certains, et
n'admet pas ceux que nous trouverions possibles. L'absence du hifil
dans la plupart des verbes à futur é n'a pas été assez soulignée par
M. KôQig.
M. Kônig s'est efforcé de ranger dans un ordre rationnel les ques-
tions dont il avait à s'occuper, et il a fait rentrer les phénomènes
syn tactiques dans des catégories aussi générales que possible. Ainsi,
l'emploi du lamed devant le complément direct se trouve, non pas au
chapitre des prépositions, mais à celui du complément direct. Celte
innovation déroute peut-être au premier abord ; mais à la réflexion,
elle paraît très justifiée, parce qu'il importe de trouver ensemble les
difiérents procédés à l'aide desquels le langage a indiqué le complé-
ment direct. En effet, ces procédés n'ont pas été employés simulta-
nément, ils ont été plus ou moins usités selon les périodes de la
langue hébraïque ; c'est ce dont on ne pourrait se rendre compte si
les signes du complément direct étaient traités dans des chapitres
différents. Il est, d'ailleurs, très facile, avec les index, de retrouver
les divers emplois du lamed.
Ce qu'on ne saurait trop admirer, c'est la richesse des matériaux
réunis par M. Kônig et l'énorme force de travail qui a été nécessaire
pour les mettre en ordre. Tous les passages bibliques intéressants
au point de vue syntactique ont été cités, et, grâce à de copieux iu-
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^'■▼I
BIBLIOGRAPHIE 145
dex, Touvrage de M. Kônig forme le commentaire synlacUque le plus
bref et le plus complet de la Bible. Par là, le professeur de Rostock
a rendu un très grand service, non seulement à la philologie sémi-
tique, mais encore à Texégèse biblique, et la Syntaxe sera consultée
avec fruit par les commentateurs des Ecritures.
Nous donnons ici un certain nombre d'observations faites au cou-
rant d*uoe lecture, forcément superficielle, de la Syntaxe. Le livre
de M. Kônig est fait, avant tout, pour être consulté, et, pendant long-
temps, il servira de base aux études relatives à la syntaxe hé-
braïque. Aussi, les quelques critiques que nous apportons ici ne
doivent-elles être considérées que comme une faible contribution à
Tœuvre colossale si vaillamment et si patiemment exécutée par
M. Kônig.
S 30. Traduire yizy na:33 par tu as abandonné èa nationalité^ c'est
faire entrer dans la Bible une idée bien moderne. Il faudrait tout
au moins, ^'ûy ''Dm, et l'oo ne dit pas à un peuple : ton peuple.
Il est plus vraisemblable que nno:33 se rapporte à Dieu, et n''^
3p7^ peut être une dittographie des mêmes mots à la ligne pré-
cédente.
§ 49t c. Les Masorètes n'ont certainement pas pensé au futur impé-
ratif dans les nombreux passages où le verbe C|D'^ a un é. Ils ont mis
cette voyelle parce que la tradition le voulait ainsi. S'ils ont parfois
mis un i (même sans yod), c'est qu'ils ont aussi subi l'influence du
bas-hébreu, qui emploie V\u^ au hifil. La tradition, pour ce verbe,
n'était sans doute pas uniforme, comme cela est arrivé pour d'autres
mois. — De même(§ 194^), pour oinn «b, il n'est pas sûr que les
ponctuateurs aient voulu mettre le futur pour l'impératif. On doit
noter que Dînn est toujours suivi de X^y. La substitution &q Ô h où
peut avoir une cause phonétique.
§ 494. M. Kônig pense que le ton miileél de mots comme Dp^^ doit
s'expliquer ainsi : « La syllabe qui marque le sujet de l'action ten-
dait à se faire ressortir, et elle a pris le ton quand les conditions
phonétiques s'y prêtaient, à savoir lorsque cette syllabe était ou-
verte. Par analogie, on a étendu cette accentuation de la syllabe
ouverte aux formes Ï3n2*% ïî'P^^]. » Mais n*est-il pas plus simple de
dire que, ]orsqu*une forme verbale se termine par deux syllabes
dont la première est ouverte et la seconde fermée, la syllabe ouverte
tend à prendre le ton. Il est inutile de rechercher si la syllabe ou-
verte exprime le sujet ou non. La cause phonétique se suffit à elle-
même sans qu'une raison psychologique ait à intervenir. Quant à la
première personne ûp^n, le ton millera doit plutôt s'expliquer par la
présence de deux syllabes ouvertes que par la force de la gutturale
K, qui ne fait pas plus ressortir le sujet que la consonne n ou ^.
D'ailleurs, l'orthographe presque constante opjsn, au lieu de Dnp«n,
prouve qu'on a pendant longtemps prononcé tsp&^i. D'une manière
générale, les causes mécaniques et les raisons ^phonétiques valent
mieux que les causes finales et les raisons psychologiques.
T. XXXVl. N« 71. 10
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146 HKVUK OES ÉTUDES JUIVES
^ t09i. M. K. aurait pu ajouter bien des exemples de hifil avee
lesquels on sous-entend un complément direct, d'autant plus que \m
théorie des causatifs directs, c est-à-dire des hifii exprimaol une
action qui a pour objet la personne même qui agit, ne satisfait guère
Tesprit. On n*aperçoit pas la difiéreuce entre les causatifs directs et
les réfléchis. Si Ton admet, au contraire, qu^avec un certain nombre
de causatifs le complément direct est sous-entendu, on peut croire
qu'il en est de même des autres hifil intransitifs. Le souTenir du
complément direct primitif a pu s'oblitérer. En tout cas^ on regrette
de ne trouver ni dans la première partie de la Grammaire, ni dans
la Syntaxe, les hifèt, tels que iu>n, 3^-irï, nniDn. pTnn. Pour les trois
premiers, il faut sous-entendre iDm, pour le dernier ^T. Due énu-
inération complète des hiffl intransitifs eût été utile.
§ 234 a, La comparaison de '«a3£^ avec tfa?^ laisse à désirer. En
effet, le dagaesck du second mot est nécessaire, parce qu'on ne peut
maintenir de sckeva mixte devant un autre scheva (cf. I, p. 131).
S 236 fl. M. Kôoig paraît croire que D'^pj'S (Gen., iv, 40) est Tat-
tribut de bnp(cf., S 349 e). En réalité, D'^p^^it qualifie m et est em-
ployé attributivement (accusatif d'état). Avec bip on sous-entend
3^72123^. D'ailleurs, bip n'est jamais le sujet d*un verbe signifiant dire
ou crier.
§ 248^, note 2. Il est possible que anb [Ps., civ, 4) soit pour nanb,
et que le n soit tombé après le a. De môme (§ 254 i) tn?3?3 pour
ran7373 (I Rois, vu, 45). Le n est peut-être tombé devant le D du
mot suivant dans arriTT: (Esdras, viii, 27).
S 254 /*. Le mot ny n'est pas masculin dans ïs., viii, 2î^, car p^Énn
n*est pas l'épithète de n^D, qui est ici l'équivalent de Tfit ^'D ou ^5
rrriT (v. Tarticle très judicieux de Kobler, dans Geiger, Zeitschrift fur
Wissenschaft und Leben, VI, p. 21).
§ 254 i. Rien ne prouve que bbp soit un adjectif; c'est sans doute
un substantif, complément de n^^i^ns.
§ 255 a et g, riniDD, n:2n, ïii^^td désignent, selon nous, le lin, le fro-
ment, Torge en tant ^\x'es;pèces, tandis que û'^n^CD, D'^an, D'^nytî les dé-
signent en tant que matières. C*est pourquoi la forme du singulier
est plus usitée dans les énumérations que la forme en DV.
§ 264 a et suiv. M. K. voit dans les nombreux pluralia tanûum de
Thébreu des pluriels (ïextensité et d'intensité, mais il n'explique pas
pourquoi ces pluriels n'ont pas de singulier. Ensuite, un pluriel ne
peut marquer Texteosité ou l'intensité que par rapport à un bingulier ;
mais si celui-ci n'existe pas, le pluriel n'indique plus rien de parti-
culier. Enfin, il serait intéressant de savoir pourquoi certains noms
sont usités au singulier en poésie et au pluriel en prose, comme û^bô^
Q-'tt^ibp^ tandis que, pour d'autres, c'est l'inverse, comme fi*^"»»,
nu(3Kn73, ii3*T3. nn^is. Là aussi les explications psychologiques soot
sujettes à caution.
§ 321 f. La ponctuation "^nà^^ avec méieg, est probablemeai
^. . Digitizedby VjOOQIC
liiHLIOGaAPHiE 147
fausse ; même si le Mnu3 était mixte et remplaçait une voyelle, il ne
faudrait pas de méteg. "^nçï^^ d'ailleurs, n'est pas un vrai pluriel.
§ 325 c. M. K. s'efforce d'expliquer le yiyp de "^sn et D3n par Tana-
lagie de t{b. Mais le yti'p ne présente pas la moindre difficulté,
puisque a est la voyelle primitive du noun de ïijn, pour hinna (=
irnusr^ en arabe). Ce qu'il s'agirait d'expliquer, c'est le chaugemeni
de fl en ^ dans rtjn (cf. !iT pour zâ)y comme dans le suffixe îj- dae
noms.
^^ 32o g et 3520. Il est bien plus naturel de rapprocher l"*» de Tarabe
aitML « où? 8 et de le rattacher à la particule interrogative "^M^ que
d'en faire un prétendu substantif signifiant t disparition ». Le chan-
gement de ^'^N en 1*^ ne prouve absoluiAent rien, et, au contraire,
puisque Y^ s'emploie même après le substantif, il ne peut être un
état construit.
§ 334/". Gomme exemple de désaccord apparent entre le substantif
et Tadjectlf ïT»n csd est mal choisi, car rr^n est un substantif et «503 est
à réfat construit. Sur les nombres ordinaux après Dn^, voir Revue,
t. XXXI, p. Î79.
§ 339 r. On n'aperçoit pas la difficulté phonétique qui empêcherait
absolument de faire dériver riTaj? bD de nTa^bs. D'abord, le changement
de bo en bD n'a rien d'extraordinaire, surtout si Ton prononçait koul
comme en syriaque. Ensuite, rmy bD a pu subir une double influence
analogique, celle de Taraméen bsp b^ et celle du mot bd « tout ». Le
fait que r\izy et bsp ne se rencontrent pas sans la préposition b est
un argument qui a quelque poids et qu'il n'aurait pas fallu passer
sous silence.
§ 348 j. Comment la brachylogie peut servira expliquer le désac-
cord entre T^DnaTS et Ti'i^, c'est ce qu'on comprend difficilement.
De plus, le parallélisme de "^bbp?: avec T»Dna?3 est très significatif.
M. Kôuig objecte à ma théorie, qui fait intervenir l'analogie des suf-
fixes du pluriel, qu'il y a des centaines de mots qui ont conservé le
suffixe du singulier. Mais tous ces mots sont-ils dans les mêmes con-
ditions phonétiques et analogiques que T»Dna73 ?
§ 349^. Le masculin dans ïTOj"j. Nb rîDNb?3 br) n'a pas pour cause le
motbD; mais rtiûr*» est impersonnel et ïiDNbîa bD en est le complé-
ment direct, d'après le § 408. Il en est de même pour pn*T tiia "^
(§349^).
§ 350 a. Dans ^aTDi» rrïT' "pfi^ '^3»tD73, le sujet est "^att)!» et TaU
tribut 'p« "«373073. De même dans TiSiD n'^rr' a'>'7p3 , c*est ^n5«
qui est le sujet et û'»'7p3 l'attribut. Le verbe s'accorde donc avec son
sujet.
§ 365 rf. D'après M. K., ma supposition que qatal avec le ton sur la
première syllabe était un imparfait et avec le ton sur la deuxième,
un parfait, serait (indémontrable et inutile. Or, cette suppositioa
B'est pas inutile, car elle explique d'une manière très simple le
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148 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
double emploi de la forme qataU laodis que M. K. est obligé de re-
courir à la prétendue analogie de la forme yaqtul. Parce que yaqtul
s'employait pour le futur et le passé, on aurait, par amour de la sy-
métriei donné deux significations opposées à qataL Ensuite, mon hy-
pothèse n'est pas indémontrable, puisque je me suis appuyé, pour
rémettre, sur la différence de ton entre "^nbap et Tibûpi, sur la
forme assyrienne ipaqqid et Téthiopien yefaqed,
§ 370^. Au Heu de croire que la coordination des verbes parallèles
a précédé la construction asyndétique (sans conjonction) de ces
mêmes verbes, par exemple dans boa j^iD DD©, c'est cette dernière
construction qui parait primitive. On a, en arabe, un cas analogue
dans la suppression du vâD entre les synonymes. Les verbes paral-
lèles conservant la môme forme dans la construction asyndétique,
on comprend qu'ils aient reçu plus tard la conjonction tav^ sans mo-
difier leur forme, et aient ainsi favorisé la substitution du vav coor-
dinatif au vav conversif.
§ 387 «. Sur rr^n n», voir Revue^ t. XXVIII, p. 285.
§ 398 a. Dans abnn m, le sujet est ûbnn et m est l'attribut, exac-
tement comme dans nnirirt nNT, c'est nNT qui est Tattribut ïrnnn
le sujet. Dbnn n'est donc pas un infinitif attributif.
§ 399 ei^. Il est difficile de croire que SiDa soit l'infinitif piel^ car le
piel de ce verbe est peu usité, et il faudrait niDS. Il est bien possible
qu'il faille corriger Ï1D3 en [mjnDb ; conf. I Sam., iir, 43.
M. K. est moins familiarisé avec la littérature rabbinique qu'avec
la Bible. I) n'est donc pas étonnant qu'il ait laissé échapper quelques
inexactitudes dans Tinterprétation de la Mischna ou dans les citations
des écrivains juifs du moyen âge :
§ 82. Dans nnNTa ïind (Péa^ III, 4), nnN)3 ne qualifie pas nm,
mais est le complément de ima et se reporte à nMisnn nnsnbT^.
§ 206^. Le texte d'Ibn Kzra porte 101^ TT7 et non iDin 'i. Il faut
traduire nonn (= arabe 'adah) « bonnes manières » plutôt que t mo-
destie ».
§ i09a. L*arabe muta'addin aurait été hébraïsé par Aboulwalid en
•na:^n». M. K. a, sans doute, voulu dire : par le traducteur d*Aboul-
walid, Juda ibn Tibbon, car Ibn Djanah lui môme a écrit en arabe;
il aurait mieux valu, d'ailleurs, citer le texte original du Loutna' que
la traduction ; cf. S 240 *.
§ 251 e. La ponctuation du mot niD^i-i'^^ n'a rien de certain. Je lirais
plutôt niDiTij pluriel de tjiTî;, car la forme bi3^D^ avec yi^l^ inva-
riable, s'emploie en araméen pour les noms de métier.
§ 253 c. Le commentaire de Daniel, attribué à Saadia, n'est pas du
Gaôn, mais d'un disciple de Raschi. Le pseudo-Saadia et Ibn Ezra
ayant expliqué le mot nbiDDsn au verset 33, 11 n'y avait pas de raison
pour y revenir au verset 44. La supposition que les commentateurs
auraient passé sous silence la défection des Israélites n'est donc pas
justifiée.
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BIBLIOGRAPHIE 149
§ 284 ». Quel rapport y a-t-il entre l'emploi du 5 pour le géoilif et
les mots M"»?:^ 'nb a-iTDDn? «a'^pa^ '-ibest le complément du verbe
§ 289 m. Le lamed de TT';û?3ïi r\M2'h ne marque pas le complément
direct, mais a son sens ordinaire de pour. La phrase elliptique 'n bs
moTQn m73"»b «"^anb doit être traduite ainsi : Le mot bs vient ajouter
(robligalion de mentionner la sortie d'Egyple) po«r les temps mes-
sianiques.
§ 329 ^ Nous ne comprenons pas bien ce que signifie la phrase :
« Dans l'hébreu postérieur on trouve :?"I73^ QN [Berachot, II, 2) ». Les
mots y^^yQ dn rr^m reproduisent simplement le texte biblique et
servent de titre pour le paragraphe tiré de Deut.,xi, 43-21. On ne
voit pas davantage ce que vient faire la citation CJD'^ C)3n73. Ces deux
verbes forment deux propositions distinctes et n*ont pas la môme
racine.
§ 334 r. Si 3>-irî dans y"in y^y était un adjectif, il faudrait n:^irt. On
doit lire V? à l'état construit. — iDTipn mn (Fipam, i, 9) est une
faute pour «mprt mn.
§ 345 c. yyri (^^acA^^, 1,2) est une lecture fautive pour "j^ïi^ qui est
l'infinitif. On doit lire aussi yan [IHd., m, 5).
§ 387 r. Il est probable que Slip est la préposition araméenne D*i)j)y
et que la lecture traditionnelle û^îp est erronée. Le vav peut très
bien représenter le hatâf qemâs.
§ 399 tJ. Les formes biû'^b, N'tD'»b, etc. sont bien l'infinitif des verbes
bas et MU): précédé de la proposition b. L'infinitif se modèle en hé-
breu rabbinique sur le futur. Déjà dans la Bible on aperçoit cette
tendance, car les verbes qui ont pour deuxième radicale une des con-
sonnes n'^SDian prennent souvent un daguesch qal à Tinônitif pré-
cédé delà préposition lamed, par exemple Tsob. L'analogie du futur
a dû y exercer sou influence.
§ 404 X. bN-'bTaa '13 rî©773 signifie : il est arrivé à R. Gamliel, et non
pas au temps de^, Gamliel.
§ 409 e. Il faut ponctuer "'N^n, au lieu de "'N^l. Valef est une
simple maUr lectianis.
En terminant^ nous réitérons nos félicitations à M. KÔnig, qui,
plus heureux que beaucoup d'autres, a pu voir l'achèvement de
l'œuvre à laquelle il a consacré tant d*années.
Mater Lambert.
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lîk) REVUE DES ÉTUDES JUIVES
SoawABz (Adoir), Die hermeneuliMehe Analogie In dmv tmlmndlnehen
Lllterntur (IV. Jahresbericht der israelitisch-theologischen Lehranstalt in Wien
fQr das Schuljahr 1896-97). Vienne, 1897, in-8« de 195 p.
Hillel fut le premier à coordonner les règles qui servent à l'inter-
prétation du Pentateuque ; c'est lui aussi qui en fixa le nombre à sept
(-ît/hi, introduction, fin; Tosefia Sanhédrin, vu, fin; Abotdi Babhi Na-
than, ^'•« version, eh. 37; Schechter. p. 140, nna 3^aiC ; cf. Tosefta Pe-
sahim, iv, et Pesahim, 66 a), A peu près un siècle plus lard, B. Ismaêl
porta ces règles au nombre de treize par Tex tension de la règle du
« général et du particulier » (miTD mtD3^ ©bis, Sifra, introduction ;
voir les citations du Talmud dans Fraokel, Darhe Hamischna, p. 49,
p. 408 et s.)* Ëliézer, fils de José le Galiléen, qui appartenait à la
génération qui suivit Ismaël, compte trente-deux règles, qui, selon
toute vraisemblance, ne se rapportent pas uniquement à TAgada
(voir Séfhr Keritout, 3« partie ; Se fer Nelibot Olam, % éd. Wilna, 1859 ;
Reifmann, Méschib Dabar, Vienne, 4866 ; Zunz, GotUsd. Vortrdge^ p. 50,
S3, 86, 305, 324, et surtout 325-327). Evidemment, ce dernier nombre
s'explique par l'adoption de la méthode d'interprétation précooisée
par Akiba, qui a exercé une si grande inûuence sur ses contempo-
rains. Si, contrairement à l'opinion de M. Bicher {Agada der Tan-
naUen, II, 293), on mettait en doute rautheniicité de la baraïta des
trente 'deux règles, celle des sept et des treize règles est incontestable.
Pour déterminer l'âge de Vanalogie herméneutique^ dont il va être ques-
tion, nous avons donc une date certaine : Tépoque de Hillel.
Mais, de même que la pensée est plus vieille que la logique et la
langue plus ancienne que la grammaire, ainsi Texégèse est anté-
rieure aux règles exégéliques. Les règles herméneutiques ne soQt
pas la cause, mais le produit de rberméneutique.Il faut que les sept
règles aient été déjà employées un certain temps avant qu'on en eût
conscience. C'est pourquoi, quand il est dit : « Voici les sept règles
que Hillel l'ancien a exposées devant les anciens de Betèra », tout cri-
tique sera forcé de reconnaître que ces règles sont antérieures à
Hillel, car il n'est pas admissible que Hiilel, dans l'embarras où il
était de répondre à la question qui lui était adressée, ait inventé ces
règles ad hoc ou même une seule d'entre elles. Il serait vain de vou-
loir trouver la date exacte de leur origine, vu l'absence de traditions
permettant d'étudier l'application de ces règles herméneutiques.
M. Hoffmann (Zur Einleitung in die halachischen Midraschim, p. 4)
dit à ce propos : « Il ressort cependant de beaucoup de passages tal-
inudiques que les règles (middol) sont une tradition du Siuaï » »
mais sans prendre trop au sérieux cette affirmation des textes talmu-
diques. M. Schwarz déclare (p. 2) : € On peut admettre que les règles
herméneutiques ont la même ancienneté que la doctrine orale et que
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BIBLIOGRAPHIE 151
particalièrement les sept middoi de Hillel sont d*origine sioàltique.
Celte hypothèse ne pourra sans doute jamais èire prouvée scienlifi-
quement et restera probablement toujours un article de foi; toute-
fois, elle n*est pas en contradiction avec la science. » Reste à savoir
ce qu*il faut enlendre par sinaïtique. D*aiUeurs, l'auteur parait ne
pas tenir à cette opinion, car, à la page 4 4, il dit textuellement que
« dans les textes il n'y a absolument aucune trace de Torigine sinaï-
lique de VIssorhem (= mttJ niT:;) ». L'auteur veut, sans doute, dire
que les textes ne rapportent aucune guezèra schava donnée comme
d'origine sinaïtique, car, d'après la tradition ', la règle elle-même a
déjà été connue lors de la révélation. Comme, pour nous, la tradition
commence, à vrai dire, à Hillel, attendu qu'on ne connaît guère plus
que le nom des rabbins antérieurs, on peut soutenir avec confiance
que les miidot sont préhistoriques. Elles peuvent déjà avoir été em-
ployées sciemment un siècle ou deux avant l'ère chrétienne. Mais
nous ne comprenons pas comment on a pu croire que ces règles au-
raient existé quinze cents ans avant Hillel sous ces dénominations
néo-hébraïques, tout eu étaut attribuées à Hillel. L'étude historique
ne peut partir que du moment où ces règles apparaissent dans
les documents de la tradition V M. Schwarz a donc eu raison de se
borner à rassembler, examiner et discuter les matériaux relatifs à
l'analogie herméneutique.
Au sujet de la signification du nom de m® mw, l'auteur cite,
p. 6, note 1, plusieurs explications, parmi lesquelles il omet celle de
Reifmann (Mesckib Dabar^ p. i6), suivant laquelle mu est identique à
ÏT1T5 (Ez., xu, 42; Lament., iv, 7) ; lui-même prend ce mot dans le
double sens de i^no^ymu %\. d'analoçie. de sorte que m'^:^ signifierait
à la fois mol et jugement. Or, le seus de moCy quoi qu'eu dise Joseph
Karo et Ahron jbn Hayyira, ne peut être prouvé par les documents
de la tradition. En outre, il est tout à fait improbable que le même
moi ait comporté ces deux sens. Il faut partir de la signification que
rnr> a en araméen et en néo-hébreu. Eu de nombreux passages, il
est employé pour désigner « la loi»; ainsi, par exemple, dans le
Targoum de Genèse, xlvii, 26, et Juges, xi, 39. pn est traduit par
inT:i. Le livre des Lois des Sadducéens s'appelait Mniu "i&o. Si on
n'avait pas cherché dans l'expression ni^ niu l'expression tech-
nique du procédé logique indiqué par celte règle, on s'en serait tenu
à ce sens du mot, sans le rattacher artificiellement à nnnsn nnn.
» Sifri, Deutér., 3ia, éd. Kriedminn, 134 6 : l'^b'û miairt m«:^a inaaia"^
TVû^ D'^yn'n la û-^bsnoTD b^-iO-^ vm n"apn •'o» »xt^ ma-inn ïr^n®
13 r^'^yO nVW. Par l"p et ^"Oi il semble que ce texte veuille indiquée les sept
règles de Hillel ou des treize règles dUsœaël qui débutent par ces deux règles.
Dans Sanhédrin, 99 a, par U5":H l"p il est également probable qu'on a voulu dési-
gner les sept ou les treize règles. Ct. Scbwarz, Ôl, uole 2; 50 et 87, note 9.
* Je présame qu« Tordre de tuccesiiion des règles a une signification chronolo-
gique ; le syllogisme herméneutique H^HI bp) serait donc la règle la plus ancienne,
ce qoi est évident • priori.
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132 REVUE DES ETUDES JUIVES
Partant des mêmes idées, M. S. veut trouver dans t3"A le sens
iïlsorrhem * et d'analogie. Cependant, ceci n*est pas exact, comme
nous le constatons au surplus par quelques exemples de guezera
schava, qui, pour la plupart, ont été traités ou effleurés par notre
auteur ; «Tnob IND D'^aiDa rt» ,rrvo ïi-r^nb û'»5'id3 itti D-'SiDa m «b«
ïiis»n 173 «n^Db ibnb m^Nn D"'3nD3 ttii t|N Tcciixn \n (Mechilta^
Bahodesch, 3 ; Schwarz, p. 67) ; ïiTD ©"ab û-'bTO D^bnî D"»» •» D'^tî'' b"n
'iDi (^i/ra, iJcA^mm, III, 3 ; Schw., 73);N73a-' «b N?3CD"« «b b'n
Nb C|N «Taa"» «ba a-^-^m Na*» «ba a-^-^n V'Da -ii»«n K»ai »b n» «"ab
b"n K^û*» «bai «a-^ «ba a'^-'n n"aa 'r^-n^r^ ntou"^ (*5î/ra, Emor, II, H);
'1D1 ibnb mTDKn 3^73i« larN rtTD TD"ab 3>73n« iss-^n 2^7310 ■|33"«N
(5'i/r(^, Deut., 243; Schw., 82) ; û-^-ian mb"»b3^ D'élan mb"»b3^
'1DT ibnb 1153»^ Dnan mb^by nn «"ab (t^., 235 ; Schw., 82).
Il est clair que dans ces passages, l'expression îTiiD mnb signifie :
« en vue d'une même décision, d'une même loi », car on ajoute aus-
sitôt de quelle loi il s'agit \ Le mot ^"a ne peut vouloir désigner la
similitude des mots, car cetle circonstance est déjà mise en lumière
par le rapprochement des deux mots servant de point de départ. La
règle en question a été nommée x^"^ parce que, dans les raisonne-
ments où celle-ci est employée, ce mot est le terme constant et le
plus caractéristique. Ailleurs encore, une raison de ce genre a dé-
terminé la dénomination de certaines règles, comme les formules
talmudiques bien connues, b-^Nirr, ia?3, y\T\i2, qui servent à rappeler,
au moyen du terme constant et caractéristique du début, la propo-
sition tout entière.
Dans nTsm bp, la dénomination est empruntée aux éléments de la
conclusion, par exemple : nmTDnïi na© ...bprt aia QT' n^, où un
bp et un n^n sont réunis en vue de la conclusion. On peut conclure,
en vue d'une atténuation, de ce qui est plus grave à ce qui est moins
grave, et, pour une aggravation, de ce qui est moins grave à ce qui
est plus grave : a majori ad minus et a minori ad majus. Le mot n'p
n'indique pas le procédé par lequel on arrive à la conclusion, mais
rappelle les éléments constituant les deux espèces de conclusions.
On ne peut donc, si on veut s'exprimer avec précision, traduire n''p
par « de ce qui est moins grave à ce qui est plus grave », comme on
le fait habituellement, car on n'aurait ainsi qu'un des modes de con-
clusion. Il faut le traduire par : * une chose moins grave (bp) et une
chose plus grave (nTan) », en d'autres termes cette règle est caracté-
risée par un bp et un iTsn.
Tandis que par ïinu) nnw on désigne le résultat et par n?3m bp les
éléments de la conclusion, la dénomination de la troisième règle,
ait l'^sa, indique en même temps l'énoncé du principe et la mé-
thode de conclusion, car cette dénomination est empruntée à la
* Mot forgé par M. Schwarz pour désigner ^n^ rHTA dans le sens de « mois
semblables •.
« Cf. 5»w, Deut., r;39 : ûiN b^a mc -^sob» N'^n rïT»T:in.
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BlfiUOGRAPHlE 153
phrase a« ^33 ïiT « ceci forme une base » [Sifrè, Nombres, 464).
Toules les trois règles, comme les autres, sont dénommées d'après
les expressions caractéristiques qui s'y rencontrent.
Après cette petite digression, revenons à la guezèra schava (T2>"a).
Nous croyons que cette règle était appliquée avant d'avoir une dé-
nomination et que le terme 'Q"^ a encore sa signification primitive
dans les exemples cités et dans d'autres analogues. A mon avis,
dans la formule : «"a hîww] yikr^n imbi ©'•pïib n3Dn)3(cf. Schw., 40,
note 4), qui ne se trouve que dans les Midraschim de l'école de
R. Ismaéi (Hoffmann, Zur EinL in d. halachischm Midraschim, p. 6,
44, 67), la signification primitive de cette expression se retrouve
encx>re. Il faut^ en effet, traduire ainsi : « Tel mot est superûu (ou
pour mieux dire vide), mais il sert pour le comparer à un autre et eu
tirer la même conclusion. » La base de la conclusion est exprimée par
le mot n3Di7a. Tapplication par n373"«n inbi «•»pnb, le résultat par
O^a. Cf. Mecàilta, BOy ^ïi ; Mischpatim, i et x (plusieurs exemples
sans 137373); Sifrè, Nombres, 66; Deut., 249 (Schw., 83); Sola, k^b
«"A ^yn'>T^ pnb ^y1y^J^^^ ann^n n3-»o (Schw., 79). Dans celte dernière
formule, Xi"y ne peut naturellement manquer, mais dans la formule
rapportée ci*dessus, XD"a est souvent omis comme superflu. Du reste,
une comparaison des diverses formules montre que les plus com-
plètes sont les plus anciennes et les plus brèves les plus modernes.
Les Amoraïm emploient déjà couramment "Q"^ comme terme tech-
nique pour désigner la règle, sans se préoccuper du sens originel.
C'est ce qui a déciié les méihodologues à trouver dans cette déno-
mination la base propre du terme de cette règle *.
L'auteur n'a pas examiné de près si, dans des sources non judaï-
ques, on trouve une règle pour Tinterprétation de la loi analogue à
l'analogie herméneutique. Joël iBlickein die Religionsgeschichte, I,?9)
croit que c Texégèse halachique des Taunaïtes présente de l'ana-
logie avec la manière dont les juristes romains procédaient vis à vis
de la loi des douze tables ». En note il cite Qaii Institut iones y 1, 465,
où se trouve une déduction par analogie « qui rappelle tout à fait la
r:no rtnna ». il n'est nullement invraisemblable que, non seulement
le t'p et V3"3, mais aussi d'autres règles talmudiques, dont les middot
de Hillel, d'Ismaél et même d'Eliézer ben José ne forment qu'une
petite fraction, aient leurs parallèles non judaïques.
Ces questions préliminaires étant réglées, analysons la monogra-
phies si substantielle de M. Schw., afin de donner au lecteur une
faible idée de la richesse des matériaux mis en œuvre et des résul-
tats obtenus.
Ce travail se divise en trois parties. Après une introduction géné-
rale, que nous avons déjà étudiée, l'auteur traite des conditions aux-
quelles est soumis VIssorhem ^ Elles sont au nombre de deux. La
^ Cf. Scbwarz, p. 9.
> Comme nous l'avons déjà dit, cette dénominaiioo montre que pour M. Schw.,
ÏT^tD nnU signifie « deux mots semblables •.
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154 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
première est ainsi conçue : iTDity^a «"a p û^ifit yn {Pêsahim, 66 «, et
Nidda, i^b; j. Pes., VL 4), c'esl-à-dire, d'après TexplicatioD de
Raschi, il faut que la «"a soit d*origine sinaYliqne. M. Schw. dé-
montre, par des éléments tirés des sources, que les Tannaltes n*ont
pas connu cette condition, énoncée seulement dans les passages ci-
dessus et attribuée à Hillel, attendu qu*i)s créent eux-mêmes des
^"Jt et que, selon eux, deux analogies contradictoires sont conciliées
par une troisième ou par un raisonnement, etc. (45-24). 1^ deuxième
condition, c*est que la guezèra schava soit ns&i): « superflue », c*est-
à-dire un mot qu'on puisse facilement laisser de côté*. L'auteur
montre ensuite avec sagacité que Ja seconde condition est en oppo-
sition avec la première, car une analogie transmise du Sinaï ne peut
être subordonnée à une condition quelconque. Si l'analogie est un
procédé de logique, elle n'a pas besoin de la tradition sinaîlique ;
est-elle, au contraire, une tradition du Sinaï, alors elle perd le ca-
ractère d'opération logique de la pensée, que possèdent les autres
middot (p. 14). L'auteur constate, eu outre, que dans toute ta litté*
rature tannaïtique, on ne trouve aucun D'^Tlst '373 roEi», qui ne peat
donc pas dater de l'époque des Tannaïies ; ceux-ci parlent seulement
de riDDiTO tout court (84-28) *.
L'auteur nous donne ensuite un lumineux aperçu des diverses
manières dont la guezèra schava a été employée par les écrivains
du moyen âge. Il appelle l'atteutioti sur le fait remarquable que
nulle part, dans le Talmud. il n'est fait mention de l'origine sinal*
tique de la c"a, car dans les deux passages de Nidda, 49d, et Pe<.,
66 a, où Ton soutient la thèse n73i::^73 '0"a p ai«1''», il nesi nulle-
ment question de tradition sinaïtique. Haschi (p. 28-30) fut le premier
à dire : '^3'»o 13^ ian73 nb:2p D"» «b», et celte interprétation est si bien
entrée dans les esprits que même Nahmauide et Simson de ChUioa
la citent sous cette forme, comme si elle se trouvait dans le Talmud.
En présence des difficultés qui s'élèvent dans le Talmud contre cette
explication, R.Tam (p. 34) émitl'avis que ce ne sout pas les ©"a elles-
inémes qui ont été transmises du Siuui, mais seulement leur nombre
total ; ce qui fait que des controverses ont pu avoir lieu à ce sujet.
Ce serait donc le nombre des analogies qui est sinaïtique. Voici
la théorie de Nahmanide (p. 33) : Les lialachot reposant sur une «"a
* L^auteur aurait encore dû ajouter qu'un mot peut aussi être n3D^7l3 quaod il a
été choisi intenlioDnellement^&u lieu u^un autre.
* L'auteur est ici en contradiction arec les deux Talmud, qui prétendent que,
d'après R. Akiba, la ;s"3 n'a pas besoin d'être n3D*l73, tandis que R. isma«t eu faii
vne condition inéluctable. Hoifinann [l, c, p. 6, notes 3 et 4 ; p. 44 et 67) prétend
que l'expression ^"i 137373 *l'\lb^ V^pTh 7133173 caractérise l'école d'Ismaë!, le
prouvant non seulement d'après j. Yoma^ VlU, 45 a, et Sanh.^ VU, 24, mais aussi
d'après le langage courant des Midrascbim tannuïiiques. M. Scbw. (2'?), au cou-
traire, dit : < Ce qui est digne de remarque, c'est que nous ne trouvons pas une
seule fois dans le» ^"^ employées par H. Ismsël l'exoressiou mouphné, » Mais il
landrait que M. Schw. renversit toutes les preuves de Hoffmann, qui sont très so-
lides, au lieu de les passer sous silence.
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BIBUOGRAPHIË 1S5
soQt une tradition du Sinaï ; quant aux ^"o> elles-mêmes, il fallait
préalablement les établir. Ou savait par tradition que telle ou telle
balacha s*appuyait sur une ïii^ mn, mais on ne savait pas qiMls
mots constituaient la Ca ; de là des controverses. En un mot, « il y
aurait des analogies transmises par tradition, mais pas d'isorrhéwiê
révélés par tradition » (p. 35). Simson de Ghinon (p. 35), auteur de Tou-
vrage de méthodologie Se fer Keriiout , fait une distinction entre les
fTa et croit qu'il y a : 4<> des ^"3 traditionnelles; S^ des analogies
Iraditionueiles ; 3o des x^"y non traditionnelles. R. Josua ben Joseph
ha-Lévi (p. 39) combine Topinion de Nabmanide et celle de Simson. I)
soutient € qu'il n'existe en tout que deux sortes de «"a, celles où
l'analogie est traditionnelle et celles où la ^"y seule est tradition*
nelle ». Les méthodologues postérieurs dépendent la plupart de ces
derniers et ne méritent pas sous ce rapport d'être pris en considé-
ration.
Il résulte de ce qui précède que c'est la tradition qui est la base de
la guezèra scbava. Le premier qui a émis cette opinion est Raschi^
suivi ensuite par tous les autres. Maîmonide a émis une opinion
contraire en disant que c'est la logique qui est le fondement de la
guezèra scbava. Raschi et Maïmonide représentent donc ici, comme -
en beaucoup de questions fondamentales, des tendances diverses. Il
est vrai que Maïmouide ne s'est pas prononcé directement sur la
Z\ mais comme il ne compte pas les halacbot établies au moyen
des treize règles d'interprétation parmi les six cent treize Miçvoty
on peut en conclure qu'il ne partage pas Tavis de Raschi. Hanania
Kasès, dans sou D'^IDIO nN3p (parue en 4740), a réfuté l'opinion de
Raschi. Sans qu'il eût connu Kasès, R. Mordechal Plungian s'esl
également élevé contre l'opinion de Raschi dans un écrit spécial sur
la guezèra scbava (nrobn, 1849). «Dans toute notre littérature mé-
thodologique, ce sont les travaux de ces deux savants qui révèlent
uu vrai sens critique», dit M. Schw., et c'est à eux que notre auteur
se rattache, quoiqu'il n'approuvé pas la division des \»"a ni d'autres
points chez PluDgiau, qu'il caractérise ainsi avec beaucoup de ju»*
tesse : « Il traite plutôt des mia mn'«Ta que de la m« nnu ».
Après avoir nié la provenance sinaïtlque de l'analogie herméneu-
tique, tout en maintenant fermement son caractère traditionnel, il
faut chercher l'/jpoque où elle s'est formée. Kasès croit que la gue-
zèra schava remonte au grand Sanhédrin, tandis que Plungian la
place à une époque où la langue hébraïque était encore une langue
vivante. Tous deux ont en vue l'époque postérieure à Ezra (p. 43-60).
Une fois qu'il a démontré que la x:"y ne remonte pas jusqu'à la ré-
vélation du Sinaï, l'auteur fait l'historique du développement de cette
règle. Dans la première période, on ne forma d'autres «:"a que celles
qui reposent sur des termes deux fois répétés ; l'auteur les nomme
é« ^erdjieva. Le «l< XtydiAevov est la iD":i primitive, qui consiste précisé-
ment à établir des dispositions légales identiques là où un même
ferme est répété dans deux passages différents. Elle est, au meilleur
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REVUE DES ETUDES JUIVES
lu mot, une opération de la pensée, puisqu*un mot unique, au-
n ne peut rattacher d'habitude qu'une seule idée, devient, grâce
s opération, le véhicule de toute une série de pensées et
i [p. 63). Un mot est également considéré comme existant seu-
b deux fois quand la même forme grammaticale ne se retrouve
Heurs. Des formes diverses de mots sont aussi 8l<; Xe^diieva quand
ont les seules de leur racine.
I mot unique et Identique, on passa à l'expression identique
(posant de deux ou plusieurs mots » (p. 64). Plus tard «onélar-
cercle du nombre deux, en ce sens qu'on retendit de deux
à deux lois. . . ; désormais, la règle de la guezèra schava pou-
tre appliquée, non seulement quand il y avait deux exprès-
identiques, mais aussi quand il y avait deux objets ou deux
entiques ; du simple Sic on fit un icepl duoiv. Sans s'inquiéter de
;uente répétition de la môme expression, on ne porta Tatten-
je sur le point de savoir si elle n'était pas employée plus que
ieux objets dans la Tora. Ces irepX «uoîv Xeydjisva rencontrèrent de
stance, et cela à bon droit, car on devait craindre que la ^"Ji,
à élargir son domaine, étendît ses limites toujours plus loin,
it, en effet, ce qui est arrivé... L'extension du ic£p\ «uoiv ^e-rd-
ut pour conséquence une extension du Sic XcYd{jLe*.'ov, en ce sens
mr les expressions composées on tenait bien encore compte
iments constitutifs isolés, mais nullement de l'ordre dans le-
Is se suivent » (p. 65). Ainsi, d'après la théorie de l'auteur, les
ères analogies étaient celles qui avaient pour base une forme
t ne se trouvant que deux fois dans le Pentateuque ou deux
le même racine : 6U Xe^djuvov. Après celles-ci vinrent les analogies
pour base des mots ou formes de mots employés exclusive-
à propos de deux objets : «cpi 8ootv Xevôjjieva. Dans la troisième
e de développement apparaissent les faux Sic Xefèjisva et «épi
ydliev* qui provoquèrent de l'opposition. L*auteur (66-I24) cite
e à l'appui de ses théories des preuves puisées dans toute la
ture tradiiioDnelle.il examine quarante Sic XcYôiava, dont quinze
impruntés au Sifra, et seize «epi Suoiv ^eytffuva, dont six appar-
ut au Sifra ; il examine aussi treize cas irréguliers, en tout
tte-neuf exemples. Ce chiffre paraît ne représenter que la neu-
partie de toutes les mi© mn"^n, car dans le Talmud babylo-
eul, il doit y en avoir près de quatre cents, dans le Talmud
halmi environ cent cinquante et dans la Tosefia trente (p. 84,
. Si on y ajoute encore les ^"i des ouvrages halacbiques et
es sources, il y aurait, défalcation faite des nombreux passages
^les, un total de six cents. L'auteur remarque toutefois exprès-
it que ce n'était pas son intention de réunir tous les cas et
i voulu simplement illustrer sa théorie par des exemples,
n examine attentivement la théorie de l'auteur, on sera forcé
onnaltre qu'elle est séduisante et construite avec beaucoup de
té. Il est vrai que l'auteur n'a tenu compte ni des docteurs aux-
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BIBLIOGRAPHIE 157
quels il a emprunté ses exemples ni de leur époque. Mais ceci n'af-
faiblit nullement sa démonstration, si nous avons bien compris son
sj'^sième, car ces docteurs ne sont pas nécessairement les auteurs
des o"3 en question; ils peuvent en être considérés comme les
simples rapporteurs. Le trop grand nombre de déductions par ana-
logie ne pouvant être rangées dans les trois premières phases n'em-
barrasse pas non plus notre auteur, car il est naturel qu'à Tépoque
de la floraison de la tradition, ces interprétations, elles aussi, aient
été en pleine floraison. Cependant, en faisant ces concessions, nous
ne pouvons nous dissimuler que la théorie exposée avec tant d'in-
géniosité par notre auteur est une construction a priori. Si la théorie
est exacte, les exemples cités sont anciens, et si les exemples sont
auciens, la théorie est exacte. Mais la question est de savoir si la
théorie est exacte et si les exemples cités représentent les formes les
plus anciennes de la déduction par analogie. On se trouve donc dans
un cercle vicieux. M. Schw. prétend que les guezèrot schavot qu'il
a examinées, du moins la plupart, sont antérieures à Hillel. Il nous
semble que Tauteur, dans la démonstration de son opinion, déploie
trop d'ingéniosité et de finesse pour qu'elle soit vraie. Le fait de
limiter les '0"> aux véritables 2k Xsydfieva et d'exclure toutes les autres
suppose uue connaissance si complète de cette règle qu'il est
impossible de croire que cette connaissance fût déjà si parfaite à
rorigine de ce genre de déduction. Les premiers docteurs n'ont sans
doute pas pu examiner toutes les guezèrot schavot. Une autre diffi-
culté ressort du fait que la théorie de l'auteur se fonde entièrement
sur l'analogie des mots, tandis qu'originellement^ comme nous
avons essayé de le prouver au début, on tenait surtout compte de
l'analogie des objets, et que le nom de TiW rrîW doit son origine, non
pas au procédé de raisonnement, mais à ses résultats. Les savants
ayant étudie l'Ecriture longtemps avant Hillel ont dû certainement
être frappés de cette catégorie d'aualogies qui consistent dans* la res-
semblance de deux lois. Ëusuite, ils tirèrent des conclusions de
l'identité d'expression, sans s'inquiéter si cette expression se trouve
une ou deux fois dans l'énoncé de la loi où sa signification est
claire. Ce qui est certain, c'est qu'à l'origine on a tenu compte, pour
la ^"3, de ce qui frappait en premier Tintelligence, et non pas de ce
qui n'est que le résultat d'une interprétation ingénieuse et forcée de
PEcriture. Nous considérons donc la théorie de M. Schwartz comme
exacte, mais seulement pour l'époque qui a suivi Hillel, lorsque l'in-
terprétation de l'Ecriture avait déjà traversé une longue phase de
développement. Nous serions heureux si ces objections engageaient
l'auteur à soumettre sa théorie à un nouvel examen et l'amenaient
à la consolider ou à la modifier.
On sait qu'Akiba et son école font les déductions par ai^73l "^131,
là où ïsmaël et son école emploient le aiDi bbD. En ce qui con-
cerne la 0":^, Ismaël, en opposition avec Akiba, exige qu'elle soit
Î13S173, c'est-à-dire qu'elle soit indiquée par un mot superflu ou spé-
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f 58 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ciai. Ho/fmann (/. c, 5-42), en caractérisaDt Texégèse de ces deux
docteurs, a aussi indiqué ce point comme trait distinctif des deux
écoles. M. Schw., au contraire, est d*avis que u^ym ''inn est « d'ori"
gine Echammaïie » et « aurait été créé dans une idée d'opposition
contre la «"a » (p. 426). Il croit aussi que la lutte entre "«lan et u:"a était
déjà terminée à Tépoque d'Ismaël et d'Àkiba, car<»n se mit d'accord
pour admettre qu'une "Q''^ ne peut exister que lorsqu'il y a un mot
superflu ou, en termes lechniques, qu'une ï3"a est nSDiTa lorsqu'il y
a un "^131 (p. 4 29). Il eût été Q désirer que l'auteur nommât au moins
le savant qui, en dernier lieu, s'est occupé de cette question et la
discutât avec lui. Les choses eu sont, en etiét, au point suivant :
Akiba, avec sa méthode du "^nnn, combat, non seulement les guezèrot
schavot, mais aussi toutes les autres espèces d'interprétation qui ne
remplissent pas la condition du mouphné. Si môme tous sont forcés
de reconnaître que dans les quinze déductions (p. 426-482) citées
d'après Mechilta^ Sifra et Sifrè^ le ^lan est en lutte contre la gue-
zèra schava, on ne pourra pourtant pas encore eu tirer cette conclu-
sion, comme le fait M. Schw. : « •^lan est une arme forgée contre la
ï)'% non pour la détruire par un combat acharné, mais simplement
pour la repousser et mettre une barrière à ses empiètemeuis » (482).
Car, dans ce cas, le mode d'interprétation par "^inn n'aurait pas été
employé là où il n'est pas question de lD"a, ce qui, comme on sait,
eut contraire à la réalité. Là où il y a les particules tjK, D:i, dm et
leurs contraires p'n, ^^ et d'autres ''inn, on ne peut pas découvrir la
moindre trace d'une lutte contre la u?":i. A l'appui de son hypothèse,
l'auteur n'a besoin que de prouver qu'entre "^lan et ^"y il y a eu une
iutte qui a amené la conception du mouphné. Il est donc superflu d'af-
faiblir cette preuve eu afârmant que la règle du *«i!3n doit unique-
ment son origine à l'idée de faire opposition à la ^"^.
Après avoir établi que "^lan et ©"a se combattent, l'auteur expose
dans un chapitre final que « "^nsn et n^GiTS sont identiques par es-
^nceet ne sont que des dénominations différentes d'une seule et
même chose » (p. 485). Voulant expliquer pourquoi cette nouvelle dé-
nomination a été imaginée, l'auteur (p. 4 85, n. 4) dit « qu'il était plus
aisé de former un participe hophal de "^3D que de ''ni ». A la fin,
l'auteur émet encore l'hypothèse que les deux conditions auxquelles
est soumis l'emploi d'une ©"a, c'est-à-dire ittas:^» ï:"a p Dn» 1"»K et
n:cn7a, se réduisent à une seule. Gomme nSDiTS est un équivalent de
•^la-i, la règle a dû être formulée ainsi à l'origine : ^^''^in m» ^i*
mp b» ■'13173 Nb« 1533:^73 « Nul n'a le droit de créer de son chef une
V"^, excepté dans le cas où l'abondance de mots du texte biblique
i.'y pousse impérieusement », ou « personne n'a le droit de tirer une
tD":i d'une expression ayant sa raison d'être, constituant un élément
lAdispensable du texte, mais seulement d'une expression superflue »
(p. 194-492). D'après la première traduction, i73^:?73se rapportée ûi«,
d'après la seconde à Knp, Au point de vue de la langue, les deux
manières de traduire sont impossibles, parce que i»3::^73 et bv '^^'y^J^
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BIHLlOiiHAIMIIK 139
îTip ne peuvent former une opposition. Aussi cette hypothèse, formée
a rimitalion de celle de Rasés, qui complète ainsi la phrase : D*7M ^N
bilan T^n n-^a "^bîs «b« iwafca^» 'C'y *w ne serait pas admise même par
ceux qui, quant au fond, approuvent Pauteur.
Dans ce qui précède, nous avons donné un aperçu du procédé de
recherches et des principaux résultats de Cjçtte monographie savante
et complète, sans épuiser à beaucoup près son contenu. On y trouve
ea graad nombre des interprétations très sagaces, des remarques
ififénieuses sur des points isolés et des observations critiques. Pour-
tant, BO^)s devons nous élever résolument contre une des assertions
(le cet ouvrage. Page 5, Tauteur s*exprime ainsi au sujet de i'iii-
fluence de la doctrine naissante du christianisme sur le judaïsme :
« Il est vrai que seul l'avènement du chrisilanisme, qui faisait dé-
pendre loul salut de la foi, a provoqué le microcosme de Tobservance
judéo-religieuse. Il n'est pas moins vrai que l'importance attachée à
ce qu'on appelle la loi cérémonielle n'est devenue si grande et si in-
tense quau début de l'ère chrétienne. .. Sans doute, nous devons
au christianisme les tours et les remparts élevés par le Talmud
autour de la loi; mais les premières palissades ont été élevées par
l'hellénisme. » Cela est complètement faux, car les judéo-chrétiens,
les chrétiens palestiniens, qui seuls peuvent être pris ici en consi-
déraiiofi, n^étaient pas des adversaires des pratiques, mais, au con-
traire, de rigides observateurs de la Loi de Moïse et de la Tradition.
Paul, quia proclamé avec ie plus de succès Tabrogation de la Loi,
était particulièrement détesté des judéo-clirétiens de la Palesiioe
(Of. Joël, Blick% I, 25 et suiv. ; Ghwolson, Das ktzte Pussamahl
CàrisHy 9$ et surtout 99).
A propos de Texplication du passage de Sifré^ p. 475, je ferai re-
marquer que la correction proposée par l'auteur ne supprime pas
tomes les difficultés. Ainsi, le texte ne serait pas expliqué dans
Tordre où les versets se suivent dans la Bible, car ^^B3 m« bsa pn
(Deut, XII, 45) devrait se trouver au commencement du chapitre. Si
M. Scbw. admet qu'il existe une deuxième source pour le passage
corri^, oe qui me parait probable, Tobjection qu'il élève contre les
deux interprétations de pn n'a plus de raison d'être.
Auerbach a reproché à Zunz d'écrire « Mardechaï » ; Zunz s'est
expliqué sur ce point (Ges. Schriften, III. 409). Nous voudrions que
M. Schw. changeât aussi cette orthographe (p. 37 et 55) en « Mor-
dechaï ».
Pour terminer, disons que cet excellent travail, qui est une con-
tribution importante à Thisloire de la méthodologie talmudique,
nous fait souhaiter que M. Schw. s'acquière un nouveau titre à la
reconnaissance des savants, en publiant l'historique de toutes les
règles herméneutiques.
Budapest.
L. Blau.
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ADDITIONS ET RECTIFICATIONS
XXXV, p. 218 ot suiv. — Graetz, comme me le fait remarquer
iDski, a déjà reconnu que la page de Kiddomchin^ 66 a, est le ves-
c ancienne chronique écrite dans le style biblique [Qeschichte der
U note xi). En regrettant d'avoir néglige de consulter Tillustre bis-
ss Juifs, ce dont je m'accuse humblement, je ne peux m'empôcher
)r d'dtre arrive, sans le savoir, aux mômes conclusions. Ce pa-
de mon article e'tait surtout destiné à montrer Tabsence de
} chez moi dans Tcxamen dos sources talmudiques de Thlstoire
Israël Zévi.
. — Déjà en 1857, dans le Jeschurun de Kobak, IIÏ, p. 78-79, partie
li proposé au nom de mon oncle, M. 6. Meisels, de corriger dans
I, 97*, d'après j. TaanU, 63 6, le mot «b» par N'-l'?'». Plus lard,
Weiss adopta cette correction dans Hamaguid, 1867, p. 254. Mais
[nann veut s'en tenir à la leçon Mbît [Bei Talmudy 1882, p. 119,
Sn tout cas, cette dernière leçon est très ancienne; on la trouve dëjà
manuscrit de Florence de 1177 (cf. Rabinowitz, Variœ LecUonet),
is ce ms. aussi manque le passage : 1"^K b^llO'^ DK1 J'ttî^rp 'n V'fit
K nm^n l'^OI^^, et c'est peut-être à cause de cette lacune que le
écrit Nb» au lieu de N'n'5'N. — 5.-/. Balberstam.
XV, p. 289. — L'hypothèse de M. Félix Perles, qui voit dans les
3 DDDD de la prière 6<w2n b3^ une corruption de *Tni31 ^SDD (Revud
Î89), est ingénieuse et séduit au premier abord. Mais il paraît sin-
'on ne trouve nulle part de Irace de la leçon originale. Il faut donc
ie se rendre compte, sans la corriger, de Texpression 1TVD nsD3,
elle soit unique. A mon avis, elle est une imitation des mots
Lxxiii, 15 : inoa ^12m2 T^DD *nyi3. C'est ce verset qui engagea
nconnu de la prière KCSn by à associer les mots Vp et *^TVD pour
« la main qui ne repousse pas les présents corrupteurs ». C'est
ment par euphonie qu'il remplaça le masculin S|3 par le féminin
'on ne trouve pas, il est vrai, au singulier, mais dont le pluriel
rencontre dans I Sam., v, 4 ; II Rois, ix, 35 ; Daniel, x, 10 (cf.
I des Cantiques, v, 5). Ce pluriel, dans la pense'e de l'auteur, a
justifier l'emploi du singulier, d'autant plus qu'il n'est pas rare
entrer des nëologismes de ce genre dans la poésie liturgi-
W. Bâcher.
Le gérant
Israël Léyi.
VERSAILLES, IlfPBIMBBIKS CBRV, 50, HUE 0'J?LES8IS.
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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1898.
Présidence de M. Maubice Vernbs, président.
M. le Président prononce, en ouvrant la séance, Tallocution
qu'on trouvera d'autre part (p. v).
M. Moïse Schwab, trésorier, rend compte comme suit de la situa-
tion financière :
En décembre 1896, comme vous le savez, la Société a été
reconnue d*utilité publique. Vous avez donc à examiner pour la
première fois Texercice financier accompli sous ce nouveau régime ;
il ne dififère guère des précédents exercices, malgré quelques modi-
fications de détail, que voici :
A tort ou à raison, on avait de tout temps imputé au compte de
Tannée écoulée les frais de publication du dernier numéro de la
Revue, le numéro d'octobre à décembre, soit environ 1,800 francs,
(frais d'impression et honoraires des auteurs), bien que ce numéro
parût en janvier (ou parfois plus tard) Tannée suivante, et que, par
conséquent, il fût payé sur Texercice suivant. Pour Tannée 1891,
vous ne trouverez au budget que la dépense des n^* 67, 68,. 69,
puisque le n^ 66, quoique paru en 1897, a été attribué à Tannée 1896.
Grâce à cette rectification, nous avons eu le luxe de ne pas toucher
aux intérêts des fonds placés chez MM. de Rothschild. Puisse Tombre
de feu Michel Erlanger se réjouir de cet heureux état de caisse, qui
est exceptionnel depuis que nous avons perdu notre premier trésorier !
AoT. wt cour. A
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]I ACTES ET CONFERENCES
Par contre, l'amorce d'une future publication se trouve inscrite
aux dépenses ; c'est un premier versement de 500 francs consacré à
la traduction des œuvres de Flavius Josôphe, dont la Société a
conûé la direction à M. Théodore Reinach. — Nous saisissons cette
occasion de rappeler que la Société, au lieu de thésauriser, emploie
ses économies ou excédents de recettes à publier des travaux de la
plus haute importance pour l'histoire juive, recherchant seulement
les bénéfices moraux et littéraires. S'il faut en croire les encourage-
ments venus de tous côtés, nos efforts sont appréciés et notre pro-
gramme a recueilli les suffi^ages du public savant.
En dépit des vides laissés parmi nos sociétaires de France, vous
verrez par le tableau suivant que le total des recettes n'a pas di-
minué, grâce aux nouveaux adliérents, qui se recrutent principale-
ment hors de notre pays :
RBQBTTBS.
Souscriptions et produit de la vente de collections. . . 8. 183 fr. 80
Produit delà vente du volume dWta/u^ti?a 1.322 >
— — — Textes grecs et latins. 84 »
— par le libraire, années et numéros divers. . • 1 .246 »
Souscription du ministère de l'Instruction publique. 375 »
Espèces en compte courant chez MM. de Rothschild. 1 .822 30
Total des recettes 13.033 fr. 10
DÉPENSES.
Impression du n^ 61 1 .322 fr. »
— — 68 1.066 »
— — 69 1.136 »
Honoraires du n« 6T 786 fr. »
— — 68 713 60
— — 69 726 20
3.524fr.
2.225 80
Arriéré d'impressions en 1896 547 55
Assemblée générale, conférence, gratifications 401 »
A reporter 6.698 fr. 35
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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 5 FÉYtllER 1898 lU
Report 6.698 fr. 35
Timbres - poste et d'acquit, frais de bureau, copies,
reliure 328 15
Encaissements : Paris, province, étranger (net) .... 100 »
A la librairie Cerf, part sur la vente du volume
Gallia et débours 584 Ib
Distribution de quatre numéros, expéditions diverses,
bandes d'adresses 410 »
Magasinage et assurance 150 »
Secrétaire de la rédaction et secrétaire-adjoint 2.400 »
AiriQce pour traduction de Flavius Joséphe 500 »
Total des dépenses 11 . ni fr. 25
L*excéâent dee recettes est donc de 1,861 fr. 85 c.
Ces comptes ont été vus et approuvés par le cmsmr^ M. Edouard
de Goldschmidt.
D'autre part, vous voudros bien noter que la vente du volume
Oallia jvdaka a donné de beaux résultats ; la somme de 1,322 francs
acquise de ce chef provient de trois sources : 1^ la vente faite par
la Société; 2© celle du libraire-éditeur, M. Cerf; 3<* une subvention
de 300 francs, obtenue par un de nos vénérés membres du Conseil.
C'est une bonne aubaine, que je vous souhaite de voir se renou-
veler souvent.
Enfin, outre la vente de collections de la Revuê^ cédées à des
bibliothèques, vous remarquerez TaugmentatioA des ventes d'années
ou de numéros par libraires, c'est-à-dire acquises par des étrangers;
ceux-ci compensent heureusement, comme je le disais tout à l'heure,
la diminution presque fatale du nombre de nos adhérents de la pre-
mière heure. Us prouvent, de plus, en quelle estime votre œuvre est
tenue dans le monde scientifique, de quelle infiuence elle jouit parmi
les lecteurs sérieux.
M. Lucien Lazard, secrétaire, lit le rapport sur les publications
de la Société pendant Tannée 1897 (voir, plus loin, p. xv).
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ACTES ET CONFÉRENCES
it procédé aux élections pour le renouvellemeat partiel du
et le remplacement de M. Astruc, démissionnaire.
élus :
ibraham Gahbn^ grand rabbin, membre sortant ;
Jbert Cahbn, professeur au Ijcée Louis-le-Grand, membre
sortant ;
lubens Duval, professeur au Collège de France, membre
sortant ;
lajer Lâmbbrt, professeur au Séminaire Israélite, membre
sortant;
ylvain Lévi, professeur au Collège de France, membre sor-
tant;
PPBBT, membre de Tlnstitut, professeur au Collège de
France, membre sortant ;
alomon Reinaoh, membre de Tlnstitut. membre sortant ;
liéodore Reinaoh, membre sortant ;
•aron Alphonse de Rothschild, membre de Tlnstitut, membre
sortant ;
trael Lévi, rabbin, professeur au Séminaire Israélite, maître
de conférences à TÉcole des Hautes-Études.
flu président de la Société pour l'année 1898 : M. Joseph
!<Ny directeur du Séminaire Israélite.
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ALLOCUTION
PRONONCBB
Par m. Maurice VERNES, président
a l'assemblée générale du 5 février 1898
Mesdames, Messieurs,
Il j a un an, à cette même place, M. Salomon Reinach vous
rappelait, avec la double autorité de sa fonction et de sa personne,
que notre Société n*a un caractère ni confessionnel ni religieux;
c*est un groupement libre et volontaire d*hommes d'étude et d*amis
du judaïsme, résolus à mettre en lumière, par le concours de leurs
recherches, Thistoire, singulièrement complexe de la plus extraordi-
naire combinaison ethnique et morale dont Thistoire fasse mention,
d'un petit peuple appartenant à ce que nous désignons, d*une façon
un peu vague et toote conventionnelle, comme la fiimille sémitique,
plus exactement, d'un peuple faisant partie du groupe sjrien-phéni-
cien-arabe, peuple mêlé pendant des siècles aux violentes secousses
d'une région que TÉgypte, l'Assyrie, la Chaldée, la Perse, la Grèce
et Rome s'arrachèrent tour à tour et pour lequel, au rebours de ce
qui se passe pour les autres, une vie nouvelle commence au jour
même où cesse l'existence politique.
De peuple, Israél devient religion et, comme religion, son rôle
grandit, puisque les ûls d'Abraham, dispersés sur toutes les parties
de ranoien continent et plus tard du nouveau, prennent une part
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ACTES ET CONFÉRENCES
rable au mouvement philosophique, économique, social, cour-
comparables de rinternationalisme, de la pénétration mu-
es races et des nations, qu'ils étaient excellemment faits pour
, mais qui devait, malheureusement, échouer devant la
3 infranchissable de Tesprit théocratique et féodal, esprit de
i, de suspicions, de haines, dont la récente résurrection colore
plus inquiétants reflets le dernier quart du dix-neuvième
tâche immense, qui consiste & accumuler avec méthode les
,ux authentiques, propres à retracer Thistoire du judaïsme
ses origines anciennes, forcément obscures et dont on peut
[*, jusqu'à nos jours, vous Tavez entreprise avec les qualités
iution et de précision de Tesprit français. C'est un honneur
[)i d'avoir été un des premiers non-israélites que la nature
s travaux ait engagés à entrer dans vos rangs, et vous
bien, il y a un an, récompenser mon solide attachement à
uvre en m' appelant à vous présider après m'avoir accueilli
le longues années dans votre conseil directeur,
û constitue une haute distinction pour tous ceux que vous
)ien élever à cette fonction enviée de la présidence, a donc
iicoup plus pour moi, puisque, par un libéralisme dont peu de
analogues eussent donné l'exemple, vous ne vous êtes laissé
dans votre choix, ni par la circonstance de mes relations
intes, ni par la hardiesse des propositions que j'ai défendues
origines religieuses d'Israël.
lUS prie d'agréer l'hommage de ma respectueuse et profonde
le pour le très grand honneur que vous m'avez fait,
dvanche. Messieurs, qu'il me soit permis de profiter de cette
Q solennelle pour vous déclarer, non en qualité de chrétien,
je ne me sens pas qualiûé pour parler au nom de ce qui a été
ion de ma jeunesse, — mais comme philosophe, comme libre-
* entièrement dévoué aux idées de tolérance et de progrès
pour vous déclarer, dis-je, que je réprouve de toutes mes
de toutes mes énergies, l'abominable, l'odieuse campagne que
s malfaisants personnages ont entreprise contre le judaïsme,
audissement d'un public ignorant que l'on trompe, avec la
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ALLOCUTION DE M. LE PRÉSIDENT VII
connivence plus ou moins avouée des représentants attardés de la
théocratie, — campagne dont le succès, impossible d'ailleurs, nous
ramènerait à l'époque abhorrée des tribunaux de Tinquisition, des
ghettos, de la persécution religieuse.
C*est une honte pour notre pays, c'est une honte pour notre ca-
pitale, que cette campagne, d'origine étrangère comme est étranger
le nom d'antisémitisme dont elle se couvre, n'ait pas été, dès le pre-
mier jour, condamnée et ûétrie par le mépris public, qu'elle ait été
accueillie par les uns comme une opportune diversion, par d'autres
comme une sorte de revanche, par des lettrés, enûn, par des écrivains
spirituels et sceptiques, comme un phénomène curieux, presque
amusant et dont il aurait été dommage que notre époque n'eût pas
le spectacle.
Je considère, quant à moi, cette campagne de l'antisémitisme
comme un phénomène morbide de la plus haute gravité, indice de
la situation singulièrement troublée d'une grande nation, oublieuse
de son passé, insoucieuse de son avenir et qui est menacée d'être
conduite aux pires aventures si, par un effort vigoureux, elle ne se
ressaisit pas elle-même dans le sentiment du droit et de la justice.
En attendant cette évolution bienfaisante, dont je ne veux pas,
dont je n^ai pas le droit de désespérer au double titre de philosophe
et de patriote, dont je relève quelques signes avant-coureurs dans
l'attitude récenament prise par d'éminents publicistes et écrivains,
— évolution à laquelle, vous, âls d'Israël, travaillez avec une abné-
gation et une modestie dignes des plus grands éloges, en associant
d'une façon indissoluble vos traditions religieuses à l'amour de la
France, — je vous apporte aujourd'hui, Messieurs, l'expression pu-
blique de ma plus haute estime, de ma plus profonde sympathie. En
vous adressant ce témoignage public dans une situation troublée,
dans des semaines qui paraissent longues par l'obsession d'un pé-
nible cauchemar, j'obéis à un besoin de mon cœur, je donne satis-
faction au cri de ma conscience.
Messieurs,
Au cours de l'année qui s'achève, nous avons fait plusieurs pertes.
Nous avons perdu dans la personne de M. Alfred Hejmann, un de
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Vm ACTES ET CONFÉRENCES
nos membres les plus dévoués. M. Paul Oppenheim, enlevé par une
mort prématurée à Taffection des siens et à tant d^œuvres auxquelles
il apportait sans compter le concours le plus intelligent, le plus
éclairé, est un de ceux dont la disparition a été le plus vivement
ressentie par le judaïsme français. Vice- président du Comité des
écoles, vice-président de T Alliance Israélite, sa mort laisse dans ces
deux conseils, et dans plusieurs autres encore, un vide difficile à
combler. Je dois enfin une mention à Tun de nos anciens confrères,
M. le grand rabbin Wogue, dont le souvenir restera parmi ceux qui
appréciaient sa science exacte et la correction de sa forme,.conmi6
celui d*un maître éminent entre tous. M. Wogue laisse de son long
et fructueux enseignement au séminaire Israélite de Paris deux ou-
vrages importants, une traduction française du Fmtafeuque avec
texte en regard, travail d*une sévère et élégante exactitude, muni
de notes judicieuses et solides, où se trouve le meilleur et le plus
substantiel des interprétations rabbiniques, et une Histoire de la Bible
ef de t exégèse biblique jusqu* à nos jours. Dans cette seconde publica-
tion, M. Wogue s*est maintenu également sur le terrain des expli-
cations traditionnelles, marquant d*une façon très claire et avec une
incontestable autorité Tétat de Texégèse juive dans la phase anté-
rieure aux grands travaux qui ont complètement renouvelé de nos
jours la position et la solution des problèmes bibliques. Son Histoire
de la Bible constitue un document d*une haute valeur pour ceux-là
même, j'allais presque dire pour ceux-là surtout, qui se placent sur
le terrain de la recherche historique et littéraire telle que la con-
çoivent les modernes.
J'arrive ainsi. Messieurs, par une transition toute naturelle, aux
quelques réflexions que j'avais Tintention de vous présenter et qui
porteront sur la méthode historique telle que nous l'appliquons aux
études juives, réflexions que vous m'excuserez de développer quelque
peu en profitant de cette circonstance, que l'ordre du jour de ce soir
ne comporte pas de conférence.
Ce que notre Société a entrepris de faire il y aura bientôt vingt
ans, réunir, en dehors de tout lien confessionnel, des hommes
d'étude et de bonne volonté pour travailler en commun à mettre en
lumière tous les faits et documents propres à faire connaître à nos
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ALLOCUTION DE M. LE PRESIDENT IX
coDtemporains le passé du judaïsme, on n'en aurait pas conçu Tidée
il j a un demi-siècle. Une pareille entreprise aurait paru alors sans
objet si elle n'avait pas été dominée par une pensée, sinon propre-
ment dogmatique, tout au moins apologétique.Yers la même époque
où votre Revue venait au jour, je fondais la Revue de Vhistoire des
reUgionSf où j'entreprenais de grouper, en dehors de tout propos
dogmatique, polémique ou apologétique, pour Tétude parallèle de
toutes les grandes religions anciennes et modernes, religions de
rÉgjpte, de l'Assjrie, de l'Inde, de la Perse, religions juive, chré-
tienne et musulmane, religions de la Grèce et de Rome, les hommes
compétents dans les différentes provinces de cet immense empire.
L'événement m'a donné raison contre les objections de ceux que
troublait dans de vieilles habitudes la confusion volontaire et nette-
ment avouée de deux domaines jusque-là jalousement distincts, le
domaine sacré et le domaine profane. Et aujourd'hui, c'est sur les
terres classiques de la théologie protestante, en Allemagne, en
Hollande, en Angleterre, une éclosion de Manuels d'histoire des
religions, où fraternisent les grandes croyances du passé et du
présent dans une même subordination au seul principe que puis-
sent avouer en commun des savants de confessions, d'opinions
et de compétences absolument disparates, l'étude rigoureusement
critique des documents historiques et littéraires soumis à leur
appréciation.
C'est du même principe que vous vous êtes inspirés en vous pla-
çant sur le terrain neutre de la recherche exacte et désintéressée, et
vous vous en êtes bien trouvés, ayant compris dès le premier moment
qu'il j avait lieu de préférer à la satisfaction toute morale des sen-
timents de piété ûliale d'une famille religieuse, l'autorité que confère
à une enquête de Tordre historique la rigueur d'une méthode ac-
ceptée de tous les travailleurs du monde civilisé.
Et d'ailleurs, en atteignant ce second but, n'aviez-vous pas la cer-
titude de répondre également au sentiment si respectable que je
viens de rappeler ? Cette histoire exacte et documentée n'est-elle
pas un témoignage éloquent en faveur d'une branche religieuse que
quinze siècles de persécutions violentes ou sournoises n'ont pu ni
faire fléchir dans sa foi, ni ébranler dans sa confiance en un avenir
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ACTES ET CONFERENCES
meilleur, qui doit être celui non seulement du judaïsme, mais de Thu-
manité tout entière?
Permettez- moi aussi de le dire, les annales des minorités persé-
cutées sont de celles où Thiàtorien relève le plus volontiers les
traits de courage et de dévouement, tandis que le succès est une
terrible épreuve, tandis que la possession du gouvernement entraine
avec soi bien des tares ou des crimes. Autant le régime théocra-
tique établi par un Calvin à Genève nous semble attentatoire à la
liberté intellectuelle et morale, telle que Ten tendent les modernes,
autant brille pure et touchante la modeste lumière du protestantisme
français au fviii^* siècle, du protestantisme a sous la croix d, du
protestantisme « au désert ». Dans le premier cas, le protestantisme
était le maître ; dans le second, il était Topprimé. Et le Luther
avant le succès, le Luther des débuts, le Luther de Wittemberg et
de la diète de Worms, n*est-il pas infiniment plus intéressant que
le Luther qui a triomphé et défend durement Téglise qu*il a fondée
contre les dissidents de toute sorte ?
Si je cherche à définir Tesprit de la méthode historique moderne,
je ne peux mieux le désigner que comme un esprit de respectueuse
liberté. Respect et liberté, dira-t-on peut-être^ voilà deux termes
qui s'excluent; Tun implique qu*on s*incline devant une autorité
supérieure, Tautre qu'on la critique. Eh bien I Messieurs, voici com-
ment nous les concilions : nous sommes résolus à ne donner notre
respect qu'à bon escient, à subordonner notre approbation aux
résultats d'une rigoureuse enquête qui nous aura permis de dis-
tinguer le vrai du faux, à une analyse exacte qui aura fait le départ
entre l'or et le plomb. Nous ne donnons à l'avance notre adhésion
ni à un homme, ni à un document, quel que soit le prestige d'anti-
quité, de vénération consacrée par une longue tradition, avec lequel
ils se présentent à nos jeux.
Et cette méthode. Messieurs, qui est devenue celle de la recherche
historique, je prétends que nous nous trouverions fort bien de l'ap-
pliquer à tous les objets du monde intellectuel et moral, aux rouages
de l'organisme social comme aux personnes investies de fonctions
ou de ministères divers.
Prenez la religion. Dois-je m'incliner devant elle comme devant
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ALLOCUTION DE M. LE PRÉSIDENT XI
on tout, à la fois invérifiable et consacré, et accepter docilement les
directions de ceux qui ont fonction de la défendre, de Texercer et de
renseigner ? Mais d*abord, quelle religion ? J*en vois quatre ou cinq
(sans compter les sectes de moindre importance) qui se présentent à
moi avec des titres infiniment respectables, avec l'autorité de Texpé*
rience, d'un long passé, des services rendus. Qui suis-je moi,
homme de culture moyenne, pour départager par mon adhéâion
réfléchie les différents clergés qui m*as3urent qu'eux seuls possèdent
la vérité et qu'auprès des autres je ne trouverai que Terreur? La
statistique, d'ailleurs, m'enseigne que, bon gré mal gré, l'immense
majorité des hommes adopte simplement le culte dans lequel elle a
été élevée. Ne pouvant adresser mon respect à un dogme que je suis
incapable d'apprécier, à une morale, d'une incontestable élévation,
mais qui ne prendra de valeur réelle qu'en se manifestant dans la
pratique, je déplacerai la question. Je considérerai des hommes
religieux en particulier, un groupe de croyants associés dans la
communion du culte, et si je constate que la foi développe et affermit
dans leur pratique courante les idées de tolérance, de justice, de
fraternité sociale, je donnerai mon respect à ces hommes, à ce
groupe. Si la foi qu'ils professent a un efiet différent, je réserverai
mon estime pour d'autres, sans me laisser séduire par les subli-
mités de la doctrine, les magnificences du culte ou Taustérité de la
morale.
Respectueuse liberté, — j'en userai dans mon jugement sur la
propriété ; celle-ci ne devient digne de respect que dans la personne
des possesseurs — en est-il beaucoup de cette espèce î — pour qui
la richesse constitue avant tout une obligation sociale, une respon-
sabilité, constante et effective envers la grande masse des non-privi-
légiés. A ce propos, une citation. <{ Une dame pieuse, raconte un
ingénieux et autorisé conférencier *, m'affirmait que les riches sont
les intendants des pauvres; si mauvaise que soit la réputation des
intendants, j'ai refusé de la croire, les maîtres sont vraiment ici
trop pillés, trop mal logés, trop mal nourris, ils ne pourraient man-
quer de s'en apercevoir. »
1 M. Gabriel Séailles, Les affirmations de la eomcience moderne, 1897,
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XII ACTES ET CONFÉRENCES
Respecterez-Yous une justice qui s'exercerait sans contrôle, sans
publicité, où rinstruction préparatoire, qui doit être le premier pas
dans la voie qui mène le prévenu au plus eïïroyMQ châtiment, se
ferait sous la pression d'une opinion publique affolée, où le juge-
ment se rendrait dans des conditions d'indépendance douteuse,
l'autorité à laquelle ressortissent les juges s'étant déjà et à l'avance
prononcée pour la condamnation? Assurément non.
Vous inclinez*vous devant la notion de patrie qu'on prétend de-
puis quelques mois nous imposer, devant cette conception étroite
qui se fonde sur la haine stupide de Tétranger? L'intelligente con-
ception, de représenter la France comme jalousée et détestée de
tous, au lieu de relever son crédit dans le monde en développant
et en affermissant ses qualités natives de droiture, de loyauté, de
générosité ! Et, d'ailleurs, cette France qu'on nous propose d'ériger
sur le piédestal isolé d'un monstrueux orgueil, dans le vide affireux
qu'aura fait autour d'elle sa superbe et insolente ignorance, on aura
commencé par la débarrasser de tous les éléments qui souillent sa
robe d'hermine, des juifs, des dissidents du catholicisme, des libres-
penseurs. Non, la patrie, devant laquelle nous nous inclinons, la
patrie que nous aimons et respectons, n'est pas celle-là. C'est la
France reconnaissant à tous ses enfants des droits égaux, la France
s'efforçant de réaliser la justice et le droit, de pratiquer la fraternité
et Tégalité, dans tous les rouages, dans toutes les branches, dans
tous les domaines de l'organisme social. C'est la France sachant
tenir avec dignité sa place dans le concert — oh ! point dans le
concert diplomatique, qui est tout autre chose — dans le concert,
dis-je, des nations civilisées qui sont décidées à placer l'humanité
comme but supérieur au-dessus de l'égoïsme national, dans le con-
cert des penseurs et des philosophes qui se refusent à admettre qu'il
j ait opposition entre l'idée de patrie et l'idée d'internationalisme,
qui voient, au contraire, dans celle-ci le complément et le couron-
nement naturel de la première.
En vérité, si le vent de folie qui s'est déchaîné sur notre malheu-
reux pays continue ses ravages, nous en serons à demander si
c'est à Berlin ou à Moscou, si ce n'est pas plutôt encore dans
quelque ilôt perdu de la Polynésie, que s'est produit ce fait, jadis
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ALLOCUTION DE M. LE PRÉSIDENT XIU
assez connu, qui a nom la Révolution française. H faudra que TEu-
rope prenne soin de nous le rappeler à nous-mêmes, puisque nous
nous faisons gloire de Toublier.
Messieurs, je n*ai point perdu de vue notre point de départ. Il
s'agissait d'illustrer par quelques exemples lesprit de respectueuse
liber lé, qui est celui de la méthode historique appliquée à nos re*
cherches sur le judaïsme. Oui, nous savons admirer, oui, nous
savons respecter, mais à bon escient, après que Texamen précis,
rigoureux, nous a démontré les beautés et les bontés du livre^ de
ridée, de Thomme.
J*en suis arrivé, pour ma part, à cette formule : Ne s'incliner
devant aucune autorité extérieure quelconque. Deux cas ici se
présentent. — L'autorité en question prétend slmposer sans preu-
ves. En ce cas, je ne discute pas, je me contente de passer outre.
Dans le second cas, on me soumet des arguments ; je les examine
et n'admets que ce que je suis en mesure de vériûer. Dans l'une
comme dans l'autre hypothèse, il n'y a plus d'autorité extérieure.
C'est là, Messieurs, la loi admise par l'unanimité des travail-*
leurs modernes en matière d'études historiques; elle n'est pas
moins appelée à triompher, malgré les résistances d'un passé me-
nacé dans ses privilèges, en matière philosophique, morale et
sociale.
Messieurs,
En terminant ces quelques réflexions, d'où il ressort jusqu'à quel
point les questions de science pure confinent au domaine des idées
morales, il est inutile que j'insiste auprès de vous sur l'obligation
où nous nous trouvons d'écarter toute préoccupation étrangère au
cercle de nos études régulières.
Cette distinction légitime et nécessaire, vous l'avez toigours
observée, et votre autorité scientifique s'en est accrue dans les
cercles savants de la France et de l'étrange. Est-ce à dire que
vous aviez formé le propos de vous réfugier dans la tour d'ivoire
— autrefois on disait, d*une façon moins poétique, le fromage de
Hollande — du sceptique égoïste ou spéculatif? Assurément non.
Attentif aux mouvements qui se produisent autour de vous, vous
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ACTES ET CONFÉRENCES
tzemple que tous donnez de la méthodique povsaite
et ardues recherches au milieu des haines et dea
linées, est la marque d'une confiance assurée dans
ipérieurs dont les nations modernes doivent attendre
is les idées de justice, de droit, de liberté, qui peu-
9S quelquefois, mais qui, au sortir de la tourmente
ndiront, d*un éclat plus vif encore, au ciel de notre
^ons en nous-mêmes cette confiance, rendons-la à
couragement enyahit et, sans avoir cure des ou-
Yons résolument notre route vers la lumière, vers
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RAPPORT
SUR LES PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ
PENDANT L'ANNÉE 1897
LU A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 5 FÉVRIER 1898
Par m. Lucien LAZARD, sbcrétairb.
Mesdames, Messieurs,
Les miracles, qui n'ont dû être fréquents à aucune époque, se sont
fiaits de nos jours d*une rareté désespérante : aussi faut-il n'être pas
trop discret quand on en peut signaler un — ou, à défaut d*un mi-
racle authentique, quelque chose qui s'en rapproche.
L'existence pendant de longues années de votre Retme est une
sorte de prodige. Certes, votre recueil n'a fait aucune concession
sur le sévère programme que lui avaient tracé ses fondateurs, il n'a
sacrifié aux grâces que dans une mesure restreinte, il s'est tenu à
l'écart de toutes les polémiques sur les questions du jour, celles
même où les intérêts du judaïsme paraissaient le plus fortement en
jeu; et, malgré la règle austère qu*il s'est imposée, il a grandi, il a
prospéré et il entre aujourd'hui dans sa dix-huitième année, cons-
cient de l'estime des érudits des deux mondes, fier des progrès qu*il
a pu faire accomplir à l'histoire et à la critique bibliques, à l'étude
du passé du judaïsme dans tous les temps et dans tous les pays.
n est toujours délicat de faire l'éloge d'un groupement auquel on
appartient; cependant votre rapporteur est par lui-même — et
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XVI ACTES ET CONFÉRENCES
croyez bien qu*il le regrette — trop étranger aux progrès de la
science juive pour croire qu*on lui attribue jamais aucun des mé-
rites qu*on reconnaît à ceux qui la cultivent et la font progresser ; il
est donc tout à fait à son aise pour dire tout le bien qu'il pense de la
Bsime et de ses collaborateurs : il tient à proclamer qu'on lui doit
en France la connaissance d*une foule de travaux sur la langue et
la littérature hébraïques, travaux rédigés surtout dans les pays de
langue allemande et anglaise, qui, jusqu'à l'apparition de la Revus
des Études jtdves, étaient trop ignorés dans le public français érudit,
qu'elle a mis en lumière, dont elle a révélé les conclusions, qu'elle
a souvent développées, quelquefois combattues, étant par elle-même
et par les œuvres qu'elle a suscitées ou inspirées la mère de tous
les progrès en matière d'études sémitiques. Je viens d'avancer une
proposition, il est temps d'en faire la démonstration.
En 1896, une découverte de la plus haute importance est faite en
Orient : ce sont des fragments du texte original de la Sagesse, de
Jésus fils de Sirach^ vulgairement connue sous le nom de VEcclé-
élastique et n'existant jusqu'à il y a deux ans, que sous la forme
d'une traduction grecque due au petit-fils de l'auteur. Une décou-
verte de cette importance, il y a vingt ans, n'eût peut-être pas passé
complètement inaperçue en Fraoce ; elle eût été probablement si-
gnalée dans le Journal de la Société Asiatique ou dans le Journal des
Savants ; on eût regardé l'article d'un œil distrait et on aurait passé
bien vite à autre chose. Que les temps sont changés! À. peine
MM. Cowley et Neubauer ont-ils publié ce texte, que paraissent
dans votre Betme deux travaux considérables de MM. Israël Lévi
et L. Blau, qui vont alimenter pendant bien des années les études
bibliques ' .
Je devrais, en ma qualité de rapporteur, vous exposer les ré-
sultats considérables que l'on peut tirer dans tous les domaines de
* Israël Lévi, La Sagesse de Jésus, fils de Siraeh, Découverte d*n» f)ragmeiU ds
Voriginal hébreu^ XXXIV, 1. — Le m6me, La Sagesse de Jésus, fils de Siraeh,
XXXIV, 294. — Blau (L.) et Israël Lévi, Quelques notes sur Jésus ben Siraeh
$t son ouvrage, XXXV, 19. Cf. Perlés (Félii), Notes critiques sur le texte de
r Ecclésiastique, XXXV, 48, travail très savant sur la partie de rBcolésiastique
dont l'original hébreu n'eot pas encore connu.
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RAPPORT SUR LBS PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ XVil
cette ilécou verte que M. Israël Lévi appelle un véritable événement,
je préfère vous renvoyer à son article paru dans notre tome XXXIV :
lisez-le et vous verrez qu'il n'a pas été au-dessous de la vérité en
parlant ae cette trouvaille sur un ton à la fois juste et lyrique •.
L'année n'eùt-elle fait naître que ce travail, qu'elle n^aurait pas
été stérile, mais que d'autres études importantes elle a produites !
C'est, en première ligne, l'article du colonel Marmier sur la géo-
graphie du pays de Juda, intitulé : La Schejela et la Montagne de
Juda éC Offres Le livre de Josué *^ la continuation des minutieuses re-
cherches de M. Bûchler sur Les sources de Flavius Josephe dans ses
Antiquités^, et surtout le travail de M. Théoâ<]re Reinach : JosbpJie
sur Jésus ^, Dans ces vingt pages, écrites avec un charme qui en
rend la lecture des plus agréables, Tauteur établit d*une façon irré-
futable — ce qui n'empêchera pas, d'ailleurs, l'erreur et la calomnie
traditionnelles de se répéter et de se propager «- que la con<Iam-*
nation de Jésus est exclusivement l'œuvre des Romains ; que c'est
à une cause uniquement politique, la prétention au titre de roi de
Juda, qu'elle est due ; et l'on ne peut qu'applaudir aux éloquentes
paroles qui sont la conclusion de l'œuvre de M. Théodore Reinach :
« Jésus a été frappé par une loi inexorable, barbare si Ton veut,
» mais formelle; et pour un fait qu'il a tacitement avoué. Le ju-
» daîsme expie depuis plus de seize siècles, par des humiliations quo-
» tidiennes et des persécutions incessantes, un prétendu crime qu'il
» n'a pas commis, qu'il n'aurait pas même pu commettre. Ce n'est
o donc pas le supplice volontaire de Jésus, c'est le long martyre
o d'Israël qui constitue la plus grande erreur judiciaire de This-
» toire. »
Il faut citer encore, dans la période qui nous occupe, la notice de
M. Léopold Goldschmid : Les impôts et les droits ds douane en Judée
sous les Romains ^, ensemble de recherches considérables sur les sept
espèces de contributions perçues par Home dans cette contrée et
» T. XXXIV, 1-50.
« T. XXXI V, 51-69.
» T. XXXIV, 69-94.
* T. XXXV, 1-19.
» T. XXXIV, 19J-218.
ACT. KT CONF. t
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XVm ACTES ET CONFÉRENCES
sur le personnel chargé de les recueillir. En parcourant, même ra-
pidement, cette œuvre consciencieuse, on est réellement étonné de
Tabondance de renseignements qu'elle contient.
II
Le judaïsme talmudique n'a pas droit à moins de considération
que le judaïsme biblique et, à vrai dire, il nous touche de plu3 près
que les époques antérieures de notre histoire, puisque c'est lui qui
a transformé la législation d'un peuple en celle uniquement d'une
religion, transformation lente, patiente, d'une minutie qui nous pa-
rait souvent exagérée, mais dont les prescriptions multiples ont
seules permis aux Juifs de conserver leur foi et leur originalité
propre dans toutes les contrées de la terre et à travers les vicis-
situdes pénibles de leur existence. L'importance de cette législation
nouvelle n*a échappé à aucun des grands esprits qui se sont donné
la peine, sinon de l'étudier, tout au moins d'en connaître l'existence,
et elle a été reconnue, avec une justesse et une impartialité qui lui
font honneur, par un des plus illustres écrivains et un des plus pro-
fonds penseurs de tous les temps : Montesquieu. Dans cet ordre de
travaux, nous avons publié les articles de M. Bank sur les Juifs de
Perse et de Babjlonie au moment de la formation du Talmud de
Babjlone * ; une notice de M. Bâcher sur Rome dans U Talmud et h
Midrasch * ; la composition de ces passages fait plus d'honneur à
l'imagination des écrivains talmudiques qu*à leur exactitude — c'est
là qu'on rencontre des affirmations dans ce goût :
« Elle (Rome) a 365 marchés suivant le nombre de jours de
l'année solaire »
« Il s'y trouve 3,000 bains qui ont chacun 500 fenêtres. »
Nous avons aussi donné la un de l'œuvre de M. Isaac Halévi,
La clôture du Talmud et h s Sahoraïm ^. Ajoutez à cela de noin-
* T. XXXIII, 161-187, Rigla, Riglé, Schabhata DerigU,
» T. XXXIII, 187-197.
» T. XXXIV, 2il-251.
^7^.^
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RAPPORT SUR LES PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ XIX
breuses notes sur des points divers de grammaire et d^exégèse dues
à MM. Poznanski, Mayer Lambert, Sulzberger et Théodore Reinach,
et vous aurez une idée très approximative de l'activité de nos col-
laborateurs.
III
Le moyen âge et les temps modernes n'ont jamais cessé d'être
consciencieusement étudiés dans notre Retnie; toutefois ils pour-
raient et devraient être, pou^ la France en particulier, Tobjet de
recherches encore plus nombreuses. La littérature juive médiévale
est aujourd'hui connue d'une façon assez satisfaisante, Thistoire est
encore pleine de mystères. L'homme qui le premier a tenté d'en
débrouiller au moins les points les plus obscurs, vous l'avez tous
connu et apprécié à sa juste valeur, il a été pendant de longues
années l'inspirateur de votre œuvre et son collaborateur le plus
actif : j'ai nommé Isidore Loeb. Certes, avant lui on avait écrit
l'histoire des Juifs et, sans parler de la compilation de Basnage, des
livres réellement trop incolores des Bail, des Beugnot et des Dep-
ping, nous possédions les œuvres de Jost et de Graëtz ; mais c'est
à Loeb que revient incontestablement l'honneur d'avoir introduit la
méthode critique dans ce genre d'études, d'avoir soumis à de minu-
tieuses recherches les annalistes et les chroniqueurs juifs et chré-
tiens, d'avoir contrôlé leurs affirmations par l'examen des docu-
ments contemporains et d'avoir de la sorte introduit dans notre
pays la science en matière d'histoire juive.
En dehors de ses livres de critique biblique et talmudique, il a
produit une foule d'articles qui ont alimenté pendant des années vos
numérqs et dont la quintessence se trouve, en quelque sorte, dans
cette brochure, qui est un des chefs-d'œuvres historiques de notre
siècle : Le Juif delà légende et le Juif de Vlmioire,
De nombreux disciples heureusement ont suivi ses traces, et leurs
travaux, ceux de cette année et ceux des années précédentes,
peuvent se placer à côté de ceux du maître illustre que je viens de
nommer.
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XX ACTES ET GONFËRBNGES
En Orient, M. Poznanski a mis ôd lumière rintéressante figure de
i-ahOkhari^ chef d'une secte juive au ix« siècle*. M. Kauf-
a terminé la publication des documents relatifs à la situâ-
tes Juifs de Corfou, situation des plus satisfaisantes et qui dut
à Tépoque de la Renaissance, bien des envieux parmi leurs
gionnaires des autres pays *.
I. Bâcher et Israël Lévi ont étudié le passage relatif au Messie
la letire de Maimmide aux Juifs du Yémen ^.
Kaufmann a pu dresser une généalogie du célèbre rabbin Me-
ci Azarîa de Padoue ^, et donner de précieuses indications sur
t à Taide de poésies élégiaques qui lui ont été consacrées^
in, MM. Kaufmann et Freimann ont publié la vue de la tombe
îée d'un Juif italien du xvi® siècle, MescJioulîam Cusser de
, et d'intéressantes notes sur ce personnage et sa famille,
judaïsme français doit avoir naturellement la place d*honneur.
études qui lui sont consacrées ne sont pas très nombreuses,
sont, en revanche, très soignées, d'une critique très serrée et
lecture des plus intéressantes. Elles ne remontent pas très,
d'ailleurs, puisqu'il n'en est aucune qui traite un sujet anté-
au xiv« siècle, et encore le travail de M. Schwab sur le
re de Venfant de chœur du Puy **, se rapporte-t-il non à Thia-
mais à la légende.
st bon de dire que c'est là une répétition de raccusation
ionnelle du meurtre d'un enfant chrétien par les Juifs qu'on.
), du XII* au XIV* siècle, dans la plupart des villes de
e, à Orléans, à Paris, à Blois, au Puy, sans que jamais il ait
ssible de découvrir quoi que ce soit — je ne dis même pas un
ent judiciaire — mais simplement un texte authentique con-
rain, de quelque nature qu'il fût, faisant un récit acceptable
prétendus meurtres : leur existence est toigours révélée soit
î3 chroniqueurs ecclésiastiques d'une sincérité très suspecte,
XXXIV. 161-192.
XXXIV, 263-275.
XXXIV, 101-106.
XXXV, 84-91.
XXXV, 111.
XXXIII, 277-282.
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RAPPORT SUR LES PUBUCATIONS DE LA SOCIÉTÉ XXI
soit par des poésies liturgiques auxquelles on ne peut ajouter qu'une
confiance des plus médiocres. La légende du meurtre de Tenfant de
chœur du Puj ne fait pas exception à cette règle : aucun document
contemporain ne la confirme ; elle paraît être tout simplement une
manifestation de plus de cette forme, en quelque sorte nécessaire,
de Tesprit du moyen âge, qui ne pouvait séparer Tidée du Juif du
besoin de sang chrétien et qui constitue, en dernière analyse, un
phénomène dont Tétude relève plutôt de la psychologie que de
rhistoire.
C'est dans une région plus riante que le paysage sévère où est
assise la ville du Puy que se passe le terrible drame raconté par
M. Bauer, dans son travail intitulé : La Peste chez les Juifs ^Avi-
gnon *. Rien de plus lamentable que ces épidémies frappant des mal-
heureux entassés dans les abominables ghettos d'Avignon nommés
carrières, n'osant sortir de leurs cahutes étroites et demander un
secours â Thôpital de la ville, sans s'exposer aux tentatives plus
quindiscrètes des convertisseurs. Le tableau tracé par M. Bauerest
des plus émouvants, et ce serait en aflfaiblir la vérité que d'essayer
de vous le reproduire.
Je me reprocherai de passer sous silence la note que M. Schwab a
consacrée aux inscriptions hébrcâques de la France * ; l'auteur a noté
les plus intéressantes et constaté en terminant Texistence de cent
quarante textes lapidaires hébraïques du vii« au xiii* siècle. C'est
un chifire assez respectable et qu*on peut citer à ceux qui demandent
où sont, sur le sol de France, les tombes des ancêtres des Juifs
actuels .
Mais l'œuvre historique la plus considérable qu'ait publiée cette
année la Revue des Etudes juives^ est due à M. Roubin, et porte le
titre suivant : La Fie commerciale des Juifs comtadins en LtanguedoCy
au xviii* siècle*. Un pareil travail, digne de la plus haute estime «
ne saurait pourtant s'analyser, c'est le tableau, déjà fait bien des
fois dans notre Revue^ des efforts tentés par les Juifs au xviii^ siècle
pour s'incorporer dans la nation française, pour tâcher d y déve-
» T. XXXIV. 251-263.
• T. XXXIV, 301-305.
* T. XXXIV, 276-2W ; l. XXXV. «I-IOO.
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ACTES ET œNFERENGES
* leur commerce et celui de la France en même temps, et
se des difficultés, des résistances qu*ils rencontrent et que
la Révolution française pourra briser. Rarement, d'ailleurs,
de ce genre a été faite avec le luxe de preuves et la rigueur
thode qu'apporte M. Roubin, et qui sont d'autant plus méri-
que celui qui veut éclaircir un point de Thistoire civile des
n'a pas, comme l'écrivain qui raconte le passé d'un peuple,
province ou d^une ville, un ensemble de documents constitué,
loit aller chercher ses renseignements dans toutes les séries
lépôt d'Archives.
(t dans l'est de la France que nous transporte M. Maurice Aron ;
)mpte rendu est relatif à V Histoire des Juifs de Lorraine^ de
r, principalement au commencement du xyiii® siècle, et du
mportant d'entre eux, le banquier Samuel Lév;, exploité et
}ar le duc Léopold de Lorraine. Le fait n'est pas sans analogues,
nd on aura rassemblé une collection de récits du même genre,
pourra faire un livre dédié aux antisémites de tous les temps *•
Qbre de fois déjà on a publié des opinions d^écrivains de toutes
oques sur les Juifs, rarement il a été donné d'en connaître
issi curieuse que celle de l'auteur anonyme d'un livre édité a
rdam en 1*7*76, et publiée dans notre Revue par M. Camille
sous le titre L'opinion publique et les Juifs au xvin* siècle*.
lur de l'ouvrage n'est pas un philosophe, et s'il demande qu'on
le les Juifs en France, il ne s'appuie pas sur des considérations
3S ou intellectuelles d'un ordre bien élevé, mais sur des né-
s économiques et sociales que soupçonnaient bien peu de ses
iporains et qu'ignorent encore beaucoup dus nôtres.
3S travaux originaux, il faut, si Ton veut être complet, ajou-
revues bibliographiques fort nombreuses cette année et dues,
la plus grande part, à votre infatigable secrétaire, M. Is-
évi. Parmi les lecteurs de la Bévue des Etudes Juives^ il en
lucoup — j'en connais pour ma part — qui, eflrayés par la
té de certains de nos articles, se bornent à dépouiller ces
urice Aron, L9 duc de Lorraine Léopold et les hraélUety XXXIV, 107.
XXXV, 112,
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RAPPORT SUR LES PUBUCATIONS DE LA SOCIÉTÉ XXllI
consciencieuses bibliographies : ces lecteurs ne sont peut-être pas les
plus mal partagés de tous.
Il serait injuste de ne pas mentionner, à côté des travaux de
M. Léyiyles savantes recensions dues à MM. Bâcher, Belleli, Kont,
Lambert, Porgôs, Schwab, Castelli.
L^activité intellectuelle de la Société des Etudes juives ne se
manifeste pas seulement par la publication de sa Bévue, elle se
prouve aussi par des conférences. Deux vous ont été données cette
année et vous vous souvenez encore avec quel succès : Tune faite par
M. Maurice Bloch, qui sut, suivant sa vieille habitude, être à la fois
spirituel et émouvant, sur la valeur militaire des Juifs ; l'autre, de
M. le grand rabbin Lehmann, pleine des renseignement? les plus
curieux, sur V Assistance puUiqne et privée chez les Juifs aux époques
biblique et talmudiquej organisation d'une sagesse et d*ane pré-
voyance infinies, et dont les législateurs contemporains pourraient
encore s'inspirer.
A côté de ces conférences solennelles où l'orateur vient apporter
devant vous les résultats acquis dans un ordre d'études déterminé,
votre Comité a pensé qu'il devait j avoir une place pour les simples
renseignements et la contradiction. Aussi a-t il établi à chacune de
ses séances mensuelles un ordre du jour comprenant l'exposition et
la discussion d*un sujet scientifique traité par l'un de vous.
Dans deux séances déjà, des débats de ce genre ont eu lieu : le
24 novembre 1897, M, Salomon Beinach a exposé une nouvelle
théorie sur l'arche d' alliance ; le 30 décembre 189*7, M. Théodore
Reinach a fait une communication sur VemikmUicité des fragments
d'Hécatée d'Abdère relatifs aux Juifs. D'autres sujets sont proposés
et seront traités dans les séances de votre Conseil de l'année 1898.
Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, pas un instant l'activité
scientifique de la Société des Etudes juives n'a faibli ; bien plus,
grâce à l'heureuse institution dont je viens de vous parler, elle
est devenue, en quelque sorte, un courant ininterrompu. Puisse ce
travail consciencieux et continu, secondé par votre précieux con-
cours, aider à l'avancement de la science et à la destruction des
préjugés 1
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PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES DU CONSEIL
SÉANCE DU 18 FÉVRIER 1898.
Présidence de M. Lbhmann, président.
M, Vernes invite M. Lehmann à prendre la présidence.
M. Lehmann remercie M. Verneâ et les membres du Conseil de
riionneur qu*ils lui ont fait en le présentant aux suffrages de la So-
ciété. Il remercie également M. Yemes des paroles empreintes d'un
libéralisme si élevé qu*il a prononcées à la séance de rassemblée gé-
nérale.
Il est procédé à l'élection des membres du bureau. Sont élus :
Vice^ésidents : MM. Albert Ca.hbn et Rubens Duval;
Secrétaires : MM. Maurice Bloch et Lucien Lazard ;
Trésorier : M. Moïse Schwab.
Sont nommés membres du Cotait^ de publication : MM. Abraham
Cahbn, J.-H. DERttNBOuaa, /.-H, J)reyfus, Zadoc Kahn, Théo-
dore Rbinach et UamiAoe Fwiwi.
M. Sduoab^ trésorier, |HC«ésente le projet de budget pour
raimée 1S08 :
Rbgettbs :
Cotisations et ventes par le libraire 8,000 fr.
Souscription du Ministère 375
Ventes diverses 200
Intérêt des valeurs et compte courant 2.125
En caisse au l*»" janvier 1,860
Total 12,560 fr.
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PROCËS-VBRBAUX DES SÉANCES DU œNSEIL XXV
DÉPBNSBS :
Impression de 4 numéros de la Revue. 4,500 fr .
Droits d'auteurs 2,800
Secrétaire de la rédaction et secr^ftîre-acyoint 2,400
Fnû» éiverad» bureau et d'encaissement. 400
Distribution de la Revue, magasinage, assurances, etc. . 550
Total 10.650 fr.
iaSBBBBBttB
Peut-être convient-il de prévoir une dépense de 1850 francs pour
la traduction de Josèphe^
L'ordre du jour appelle la communication de M. Maurice Vernes
sur Jéêus et la propagande chez les non-^israélites.
M. Vernes expose qu*il a été frappé de l'intérêt que présentent
les mots suivants du témoignage de l'historien Josèpbe sur Jésus de
Nazareth : « Jésus a séduit beaucoup de Juifs et aussi beaucoup
d'Hellènes », que M. Théodore Reinach commente d'une façon très
intéressante dans son récent travail : Josephe sur Jésus *.
Tandis que M. Reinach se rallie à la solution, généralement dé-
fendue par les exégètes modernes, d'après laquelle Jésus aurait
c limité sa mission aux seules brebis d* Israël yt, M. Vernes estime
que la discussion des textes des Évangiles, notamment de celui de
Mathieu, peut amener à une conclusion se rapprochant de l'opinion
énoncée par Josèpbe.
On ne saurait fournir la preuve que Jésus a orienté sa réforme
religieuse dans le sens du paganisme, mais on peut admettre que la
primitive église, en s'ouvrant largement aux non-israélites, a agi
dans l'esprit même de Son fondateur.
On conteste cette manière de présenter les choses en relevant
plusieurs déclarations, foncièrement jtuMsanies, que les Évangiles
mettent dans la bouche de Jésus, notamment : « Je n*ai été en-
voyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël d (Mathieu, xv,
« Bévue, l. XXXV, p. 1.
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XXVI ACTES ET CONFERENCES
21-28), Tordre donné aux apôtres envoyés en mission : t N'allez
pas sur la route des païens. . . allez plutôt vers les brebis perdues
de la maison d'Israël » (Mathieu, x, 2 suiv.).
Par une circonstance, en apparence contradictoire, Tévangile de
Mathieu se montre très sévère pour le judaïsme, soit dans l'épisode
de la guérison de Tesclave d'un centurion romain (viii, 5-13), soit
dans la conclusion de la parabole dite des méchants vignerons (xxi,
33-43).
L'énigme semble indéchiffrable si l'on tient ces différentes décla-
rations pour émanant réellement de Jésus ; elle est susceptible d'une
solution acceptable de tous, si l'on j voit l'écho des attitudes di-
verses que le changement des circonstances a recommandées à la
jeune église chrétienne.
Dans une première phase, l'église, dont la rupture avec le ju-
daïsme vient de se consommer, prononce avec amertume une con-
damnation sans appel contre le milieu religieux dont elle est issue.
De là les passages anU''judaï8ant8.
Dans une phase ultérieure, l'église répond aux reproches des
Juifs, qui lui contestent le droit dlnvoquer la tradition biblique :
Malgré les efforts de Jéstis, qui s'est adressé tout d'abord et exclusi-
vement à ses compatriotes^ vous avez rejeté le Christ ; il a bien fallu
alors vous abandonner à votre aveuglement, à votre obstination.
La preuve que Jésus s'adressait tout d'abord et spécialement aux
Juifs est fournie par les i^eLSSSLgesjiidaïsants de l'évangile de Mathieu,
qui constitueraient, d'après M» Vernes, non des documents histo-
riques, mais des arguments de polémique.
Dans cet ordre d'idées, M. Vernes estime que plusieurs des textes
invoqués dans le sens du caractère anti-paganisant du christianisme
primitif tombent d'eux-mêmes ; il admettrait, en conséquence, que
le christianisme, soit dès Jésus, soit aussitôt après sa mort, s'est
orienté vers les païens.
Le gérant,
Israël Lévi.
VERSAILLES, IMPRIMERIES CERF, 59, RUE DUPLESSIS.
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NICOLAS ANTOINE
UN PASTEUR PROTESTANT BRÛLÉ A GENÈVE EN 1632
POUR CRIME DE JUDAÏSME
C'est une liistoire étrange que celle de ce Nicolas Antoine, pas-
teur protestant, né dans le catholicisme, qui fut brûlé à Genève
en 1632 pour crime de judaïsme. Voici le résumé qu'en donne
M. E.-H. Vollet dans la Grande Encyclopédie (s, t\ Anihoine) :
« Nicolas Anthoine, ou Antoine, né à Briey (Lorraine), appar-
tenait par sa naissance au catholicisme et il avait achevé ses
études classiques à Trêves et à Cologne, sous la direction des Jé-
suites. Il rentra dans sa famille, vers Tâge de vingt ans, conçut
des doutes sur les doctrines de son église et s'adressa au pasteur
de Metz, Paul Ferry, qui le convertit au protestantisme. Désireux
de se consacrer entièrement à la religion qu'il venait d'adopter, il
se rendit à Sedan et à Genève, pour y étudier la théologie. L'en-
seignement qui se donnait en ces académies, outrant les preuves
tirées de la prophétie, ébranla complètement la foi chrétienne
chez Antoine, qui ne trouva point justifiés pour Thistoire les
textes alors invoqués pour démontrer que Jésus-Christ est le
Messie promis. Il fut ainsi amené à le considérer comme un im-
posteur et il résolut de faire profession du judaïsme. Il revint à
Metz pour se faire admettre dans la synagogue ; mais les Juifs
de cette ville, n'osant l'accepter parmi eux, l'adressèrent à ceux
de Venise ; ceux-ci le renvoyèrent à leurs coreligionnaires de
Padoue. — Il était presque impossible, en ce temps-là, de vivre
sans porter une dénomination religieuse officiellement classée* Ne
pouvant faire profession du judaïsme, que sa conscience avait
embrassé, et comme l'a écrit Paul Ferry, intercédant plus tard
pour lui, pressé par la nécessité de beaucoup de choses, Antoine
dissimula sa fol et reprit à Genève l'étude de la théologie protes-
tante, simulant toutes les apparences d'un chrétien convaincu. Il
T. XXXVI, «o 72. it
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1^2 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
se fit admettre aa ministère par le synode de Bourgogne, assem-
blé à Gex, «'engageant à suivre la doctrine de rAncien et du
Nouveau Testament et à se conformer à la confession de foi et à
la discipline des Eglises réformées de France; par suite, il fut
nommé ministre à Divonne, dans le pays de Get. En ses fonctions
publiques, il se soumettait à tous les usages de TEglise qu'il ser-
vait ; mais il ne prenait le texte de ses sermons que dans TAn-
cien Testament et il évitait de parler de Jésus-Clirist dans ses
prières et dans ses exhortations. — Les longs efforts nécessaires
pour soutenir cette dissimulation, le danger imminent d'être dé-
couvert, les agitations de sa conscience finirent par rendre fou ce
malheureux. Dans ses accès de folie, il proféra des blasphèmes
contre la religion chrétienne ; et un matin on le trouva à Tune des
portes de Genève, prosterné dans la boue et adorant le Dieu d'Is-
raël. Il fut mis à l'hôpital ; mais après sa guérison il reprit ses
protestations contre la religion chrétienne, et il passa de l'hôpital
dans la prison. Ni le souvenir du supplice de Servet, ni les me-
naces ni les prières ne purent l'amener à renier ses dernières
croyances. — Avant de prononcer une sentence déflnitive contre
lui, le Conseil de Genève consulta les ministres de cette ville et
les professeurs en théologie de l'Académie. Les avis furent par-
tagés, mais la majorité opina pour la peine capitale. Meste-
zat, ministre de l'église de Chârenton, et Paul Ferry, de Metz,
intervinrent en vain par des lettres, pour conseiller Findulgence.
Le 20 avril 1632, le Conseil condamna Antoine à « être lié et
mené en la place de Pleinpalais, pour être là attaché à un poteau
et étranglé, en la façon accoutumée, et après son corps brûlé et
réduit en cendres ». Cette sentence fut exécutée le jour même.
Parmi les papiers d'Antoine, on trouva des formules de prières
attestant une véritable piété; une petite feuille contenant onze
objections contre le dogme de la Trinité ; un long écrit dans lequel
l'auteur fait confession de sa foi en la religion d'Israël, confession
en douze articles, accompagnés de leurs preuves. Antoine avait
fait remettre cette dernière pièce au Conseil, pendant sa détention ;
>1 y apposa sa signature, en signe de confirmation, le jour môme
de son exécution. »
La vie de Nicolas Antoine a été déjà racontée souvent par les
historiens du protestantisme et par ceux de la ville de Genève.
Récemment M. Sammter en a fait l'objet d'un article de journal
dans VAllgemelne Zeitung des Judenthums (année 1894). Mais
jusqu'ici, à notre connaissance, on n*avait pas publié les actes
authentiques du procès de cet hérétique endurci. M. Balitzer, de
Genève, a pu se procurer la copie du registre de la Compagnie des
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NICOLAS ANTOINE Hxî
Pasteurs de Genève où sont relatés les derniers incidents de la
vie d'Antoine. Nous la publions ci-après, nous réservant de re-
prendre réiude de ce document quand nous serons en possession
d'antres pièces inédites sur ce sujet dont M. Balitzer nous annonce
renvoi prochain. Disons seulement, dès à présent, qu'il faut louer
les scrupules dont firent preuve plusieurs Pasteurs de Genève à
une époque de foi ardente où Ton brûlait des hérétiques dont le
cas était moins grave que celui d'Antoine. L'opposiiion que firent
certains d'entre eux à l'exécution du malheureux est tout à leur
honneur, et digne admiration est le courage qu'ils déplo3'èrent
en un temps où l'indulgence passait pour de la tiédeur et où le
zèle pieux réclamait une sévérité inflexible envers les ennemis de
la religion.
APPENDICE
I.
Des le Vendredi 23 Mars iusque au Vendredi 27 Apuril 1632 II n'y a
rien eu qui aisl été jugé digue de demeurer sur le Registre for l'his-
toire delà fin tragique de Nicolas Â^ntoine.
Nicolas Antoine de Brieu en Lorraine arriva premièrement en cesle
ville* Tan 4624, en juillet, apportant tesmoignage à MM. les Pasteurs
de TEglise de Metz, qu'il estoit fils de Père et Mère Papistes qui
Tavoyent iusque alors entretenu aux estudes et ce au Collège des
Jésuiles au Pont à Mousson et ailleurs, mais que Dieu lui ayant
donné eogooissance de la Religion et ayant abjuré la Papauté il dési-
roil poursuivre ses estudes pour se vouer à la Théologie, pourtant
qu'ils le recommandoyent comme un Jeune homme qui auroit de
bonnes lettres, sur ledit tesmoignage on le reçeut au nombre des
estudlants mais la Compagnie des Pasteurs a eu toujours soin de lui.
Des ce temps la Compagnie lui ayant fait assistance lui aida à trou-
ver condition en divers lieux afin que gaignant sa nourriture il peust
continuer ses estudes. Il a été recongnu bigearre et difficile en con-
versation tellement qu'il quitta ses conditions et se retira en une
autre maison où il vivoit à ses pièces et parfois en pension, allant
repeter des Eseholiers les uns en Philosophie, autres en la langue
fratrçoise, autres en grammaire en diverses maisons es unes des-
quelles il s'estoit acquis quelques tesmoignages, es autres s'estoit fait
recognoislre comme un esprit ombraigeux que le mit en soupçon à
^ Genève*
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la'i REVUE DES ETUDES JUIVES
quelques uns des plus anciens pasteurs d'estre un homme dange-
reux surtout à cause de son institution aux Jésuites.
Cest néantmoins pendant es temps là qu'il a eu Tapparence non
seulement de scavoir et érudition mais aussi de probité, car il alloit
aux saintes prédications et y assistoit avec dévotion, il disputoit es
eschole de Philosophie pressant fort les arguments et s*ospinia8trant
à l'opposition et faisant le mesmes (?) et disputes en Théologie eo
public et particulier avec plus de retenue et modération, soustenant
aussi avec contentement des Professeurs sans aucun scandale.
Depuis survenant quelque cherté en la ville, il pensa de faire un
voyage estant appelé par MM. de l'Eglise de Metz* où il alla à regret
selon qu'il le fit entendre à ses plus intimes, mais y ayant demeuré
quelques temps et communiqué comme il a dû (dit?) avec les Juifs du
dit lieu touchant leur croyance, qui le mirent en doute, et n'estant
assez fort pour respondre à leurs arguments il s'en alla à Sedan où il
séjourna quelque temps et communiqua avec Mons-de-Rambour,
qui à son jugement, ne satisfit point à ses doutes, lui disant qu'il
faloit croire ce qui en estoit révélé sans donner lieu à la raison
humaine. De là il vint à Metz ayant desbauché un jeune Philosophe
estudiant à Sedan promestant de lui enseigner la Philosophie, dont
estant repris il le mena en Italie et le réduisit à des extrémités.
Mais estant un esprit inquiet qui ne se pouvoit arrester couvant
quelque monstre d'opinion en son âme^ il part de là et se transporte
aux Grisons, ou la guerre estoit sans toutefois porter les armes,
passeau païs des Yenetiens et comme on a sçeu ayant enseigné la
Philosophie particulièrement à Bresse*, de là s'en vint à Venise où
il communiqua avec quelques Rabbins Juifs, ausquels il se présenta
pour estre reçeu au Judaisme en la Synagogue et recevoir la circon-
cision, ce qu'ils lui refusèrent disans ne Toser faire.
Après quoi il prit résolution de retourner par deçà, et estant arrivé
se présenta premièrement à quelques honorables estudiants ses
familiers et depuis au Recteur priant de lui aider, ce qu'il fit lui don-
nant entrée chez une honorable vesfe*, tenant des pensionnaires et
lui fournissant quelques chose pour sa pension ; quoi fait il commença
à se remettre et enseigner ici et là les Escholiers en Philosophie et
Philologie sans oublier son estude en Théologie.
Estant survenue la vacance de la Philosophie et tous y estant coa-
vies par un programme public, il se présenta et fit quelques exercices
sur le livre des Elenchie depuis de anima avec lesmoignage d'érudi-
tion des principaux de la Seigneurerie et Accadémie. Quoi fait sans
interromspre la Théologie et estant recongnu pour homme docte et
propre à instruire la jeunesse, il fut reçeu pédagogue en la maison
d'un personaage de qualité Pasteur et Professeur en ceste Eglise et
Eschole, où il se comporta sans reproche tant au regard de sa vie et
mœurs que de la doctrine.
^ Brescia.
» Veuve.
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NICOLAS ANTOINE 16o
Estant là dedans et le collège ayant besoin d*aide à cause de la
maladie et mort du Premier Régent, il fut prié de faire les leçons en la
dite classe jusques a ce qu*on eust pourveu, ce qu'il fit avec contente-
ment, et depuis la charge ayant esté pourveue et lui remercié avec
quelque recognoissance qui lui fust faite par M. le Recteur par ordre
de la Compagnie des Pasteurs et Professeurs, il continua non seule-
ment en la charge qu'il avoit de précepieur en maison particulière,
mais sur tout en ses estudes et disputes et propositions sans qu'on
apperçeust en lui aucun indice de ce qui a paru depuis.
En suite de quoi le pasteur de Divonne ayant esté appelé à la pro-
fession de Philosophie en ceste ville, et Téglise de Divonne ayant
besoin d*un pasteur, le Colloque de MM. les Pasteurs du Bailliage de
Gex le demanda pour l'employer au St Ministère ou il comparut avec
tesmoignage de TÂcadémie de Genève tant de sa probité que de son
érudition ; lequel tesmoignage fut vérifié tant par les propositions
latine et françolse que par l'examen particulier en langue Grecq et
Hébraïque, mais surtout en la Théologie où il monstra un contente-
ment orthodoxe en tous les points de la Religion Chrestienne et sur
tout touchant la personne divine et éternelle, comme aussi l'union
de la nature humaine à ceste personne du Fils de Dieu, comme
appert par les articles escrit de sa main sur lesquels il fut examiné.
C'est ce qui fit que le dit Colloque le reçeut volontairement au
S^ Ministère après serment preste de croire et confesser comme aussi
d'enseigner en l'Eglise ou il estoit appelé la doctrine et Religion
Chrestienne contenue au symbole des S^» Apôtres, et en la confes-
sion particulière des Eglises de France.
Le commissaire du Roy assistant au dit colloque ne s'opposa point
à ceste réception, veu que sur la difficulté qui se présentoit de ce
qu'au tesmoignage accadémique de Genève il esloit qualifié Lotha-
ringien, le dit S' Commissaire lui fit prêter serment, qu'il estoit
naturel subjet du Roy, il jura et fit le dit serment quoi qu'en son
ame il sceust qu'il estoit subjet du Duc de Lorraine.
En quoi il monstra le fruist de son instruction en l'eschole dès
Jésuites, comme il l'a fait paroistre depuis en ses responses sur la
demande qu'on lui faisoit 4^ pourquoi il avoit accepté le S^ Ministère
ayant ceste pensée monstrueuse contre la sacrée Personne de nostre
Seigneur et contre la S«» Trinité, 2« pourquoi il avoit signé la confes-
sion chrestienne des Eglises de France, 3*> pourquoi 11 avoit récité le
symbole en l'Eglise croyant tout le contraire. Respondant au 4» que
c'estoit pour visvre ne sachant plus que faire et par fois que c'estoit
pour avoir vocation et enseigner publiquement ce qu'il croyoit en
son âme. Respondant à la seconde question qu'il avoit promis d'ensei-
gner selon ceste confession avec une restriction mentale comme doit
les Lloyolithes (Jésuites) en tants^ quelle seroit véritable et conforme
à l'Escriture de l'Ancien Testament. Respondant à la 3» question qu'il
» En tant.
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166 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
l'avoit récité comme un formulaire, par conséquent par acquit pour
cousvrir son hypocrisie selon la doctrine des Jésuites qui permettent
aux émissaires de leur secte ou autres en Angleterre, en pals bar-
bare et ailleurs de se déguiser en Gentilshommes, de se trouver es
prédications, faire la cène avec les Réformés, de tous les aider de
vraye communion soubs ceste restriction pour exécuter plus aisé-
ment leurs desseins sanguinaires et diaboliques.
Le temps a fait depuis esclorre et manifester ce que~estoit caché
dans ceste ame noire, dont il avoit qudques indices sur lesquels
toutes fois la Charité Chrestienne empeschoit de fonder aucun
soupçon, veu que Tun des Professeurs en Théologie prit garde qu'en
une dispute de Trinitate, le dit Antoine opposant dit que le mystère
de la Trinité n*estoit point fondé en TEscriture, mais plus tost que
le contraire se trouvoit en icelle.
L'un et Taulre estant nié il demanda qu'on lui donnast des pas-
sages de l'Ancien Testament où il fut contenu, à quoi le Professeur
ayant respoudii dignement, le dit Antoine feignit d'estre satisfait, et se
jetta aux oppositions que le Professeur remarqua n'avoir esté prise
que des Livres de Moyse, d'Ksaie et des Psaumes, ausquelles ayant
esté respondu le dit Antoine acquiesçant, depuis il dit aux Esludiants
en Théologie que le Professeur ne lui avoit pas satisfait non plus
qu'es Leçons ou le dit Professeur avoit traicté de Tautborité de
l'Ancien Testament et refuté les arguments des Juifs.
1632.
A esté aussi remarqué que pendant sa demeure en la maison ou il
estoil Précepteur il ne mangeoit point ou rarement de chair de pour-
ceau. Et dès qu'il a esté au Ministère il ne vouloit point de sel en
ses viandes, et ne mangeoit aucune cliair de pourceau. Que dans la
chambre qu'il avoit là où il es.loit Précepteur il a escrlt divers pas-
sages sur la porte et es parois à la façon des Juifs, louschant l'unité
du Dieu d'Israël, et le mesme s'est trouvé en sa chambre de Divonne
crayonné de charbon.
Que souventes fois parlant avec les estudiants en Théologie, il avoit
dit qu'il n'y avoit qu'un Dieu, que les passages alléguez par les Apos-
tres au Nouveau Ttistament estoyenl forcés et déiorquex, sans passer
plus avant, qu'en la maison où il estoil Précepteur se comportant
autrement honorablement, il manquoil souvent à l'exercice de la
prière, et toutesfois on le trouvoit souvent en prière particulière
ayant devant soi la Bible Hébraïque.
Ny ayant donc aucun qui doutast ou qui eust soupçon de ce qui
est advenu, il entra en Texercice du S' Ministère à Divonne, où le
Sieur Baron du dit lieu le Chastelain et les Paroissiens avoyent
grand contentement de ses prédications l'estimant homme docte et
fidèle, le dit Seig' et ses subjets lui contribuant volontairement
ce qu'ils lui avoyent promis pour son entretien, ne prenant pas
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r
NICOLAS ANTOINE 167
garde à ce qu'ils ont remarqué depuis. G*est que le jour de Noël et de
li S** Cène il exposa le Pseaume 23 sans faire aucune mention de la
J^îrsonne et de la naissance bien heureuse de noslre Seigneur; depuis
et auparavent il n*a presché que sur les Pseaumes et sur TAnc. Test.
Que récitant le symbole des quelque temps il passoit et marmon-
noîlenlre ses dents ce qui csloit de la Personne et office de Jésus
Christ sans qu'on le peust entendre, maudissant en son cœur celui
dont il est parlé en cest endroit, que sur toutes choses il preschoit
qu'il n'y avoit qu'un seul Dieu, et n'y en avoit aucun autre, que qui
parle et croit autrement croyoit et adoroit les idoles, ce qu'on ne
pensoit point qu'il entendist de la Personne du Fils et du S' Esprit
vrai Dieu avec le Père béni éternellement.
Dereschef a esté remarqué que donnant la bénédiction au peuple
il la dounoit au Nom d'un seul Dieu sans nommer le Fils et le
S' Esprit.
La patience de Dieij ne pouvant donc plus supporter ce monstre
crachant son venin contre le ciel et brassant de corrompre TEglise
a voulu que cela aist eslé mis en évidence afin que le jour* et le feu
du Seigneur repurgeast l'Eglise de cette peste. Car le Dimanche 6/16
de féburier preschant en la dite Eglise, et exposant le Pseaume 2
où il est parlé clairement de la Personne et office de Jésus Ghrit
le Fils de David mais engendré du Père éternellement, à qui est
promis lEmpire de tout le monde, ce que David n'a jamais eu, à
qui Dieu commande qu'on face hommage qu'on le baise et adore,
qu'on mette sa confiance en lui, ce qui ne peust estre appliqué
à David qui n'esloit qu'homme, néant moins il dit que cela ne se
pouvoit entendre que de David et non de Jésus Christ, qu'il n'y
avoil qu'un Dieu, le grand Dieu d'Israël, seul en Essence, seul en
Personne, que tout le reste n'estoit qu'idoles et fictions, il finit par
la prière sans faire aucune mention de Jésus Christ, et après disné
alla à Grilli.
C'est alors et dès ceste action que ce grand Dieu et Sauveur fist
paroisire sa gloire, que le feu et la fumée sortit de devant sa Majesté
pour confondre ce blasphémateur le troublant en son Esprit. Car il
fit l'action fort courte avec beaucoup de trouble et de confusion.
Le laudemain matin estant en son logis ordinaire il pria l'hoslesse
de lui bailler sa Bible, laquelle ne la trouvant pas, lui présenta un
Nouv. Test, lequel il jetta là, disant que ce n'estoit pas la Bible,
laquelle on lui apporta et lisant dedans ayant oui quelque bruit en
la chambre au dessus, il jetta un grand cri efl*royable, auquel le
Baron et autres estant accourus le trouvèrent allant à quatre contre
terre jusques à ce qu'il fust un peu remis, après quoi le Baron le
voulant mener en son chasteau, il dit qu'il n'y vouloit pas aller, mais
qu'il vouloit venir à Genève se faire brusler pour maintenir la gloire
du grand Dieu dlsrael contre les idoles et surtout Jésus Christ.
* Allusion au jour de Dieu des Prophètes, synonyme de punition.
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168 REVUE DES ETUDES JUIVES
Ce qui ayant donné grand scandale tant au Baron du dit lieu comme
aussi aux plus notables et à toute l'Eglise, oyans ces blasphèmes
avec horreur» néantmoins impuians cela à quelque manie et aliéna-
tion d'esprit procédant de quelque humeur mélancholique ou hypo-
condriaque, taschèrent premièrement à le consoler et ramener par
S^^* exhortations attribuans cela à sa maladie de corps et d'esprit, et
en outre y apportèrent toute aide et soulagement à eux possible par
médicameus, la soignée et autres remèdes, pendant lesquels à la
vérité il estoit hors de soi mesme, mangeoit peu, et avoit quelques
propos et discours esgarez et extravagans, mais au reste il discouroit
et persistoit en son opinion, disoii que depuis huit ans il avoit eu la
mesme pensée laquelle il n'avoit point mise en avant mais que
maintenant il estoit forcé par la vérité, et ne la pouvoit plus cascher.
C'est qu'il rCy avoit qu'un Dieu teuiy et que CEtatigile et Jésus Christ
estoit une fable et une idole que le peuple Chreslien adoroitau lieu du
vrai Dieu,
Donc ceste poure Eglise affligée et outrée avec le Sieur Baron du
lieu prièrent les Sieurs Depreaux, le Clerc et Gautier pasteurs plus
proschcs de les assister tant pour consoler et ramener le dit Antoine
à son devoir si possible estoit, que pour combattre ses blasphèmes
et maintenir la gloire de ce vrai Dieu d'Israël, Père Fils et S^ Esprit
contre les horribles propos de ce blasphémateur, lesquels estant
arrivés avec toute sorte de zèle à la gloire de Dieu, prudence et
Charité Chrestienne parlèrent au dit Antoine Tesllmant transporté
d'Esprit et mélancholique, le consolèrent et exhortèrent d'invoquer
et donner gloire à Jèsus-Christ vrai Dieu et vrai homme nostre Sau-
veur, de se déporter de ces blasphèmes et ne scandaliser plus ceste
poure Eglise. À quoi tant s'en faut qu'il donnast lieu, qu'il persévéra
en ses blasphèmes contre la S^<» Trinité et Personne Sacrée de nostre
Seigneur Jesus-Christ.
Particulièrement fut remarquée ceste circonstance que le trouvans
étendu en la rue les pieds en la fange, il pria que ceux qui lui
avoyent mis ses souliers les lui estassent au nom du grand Dieu
d'Israël, ce qu'ayans fait à sa requesle et ayant les pieds nuds à la
Judaïque il adora à la façon des Juifs touschant la terre de son front
disant qu'il avoit \eincu. Il fit le mesme en présence de quelques
estudiants de Genève qui l'estoyeut allé trouver le croyans mélan-
cholique, et déslrans le soulager, en présence des quels il vomit tous
ces blasphèmes, quoi voyant les dits estudiants se retirèrent tous
effrayez, emportans quant et eux quatre feuillets de papiers pris en
son estude par permission du Chastelain, lesquels ont esté remis
aux Pasteurs de ceste Eglise le premier contenant une suite d'argu-
ments contre la S^° Trinité, l'autre une prière composée de divers
passages de l'Ane. Test, pour son usage particulier avant l'estude ne
faisant aucune mention de Jésus Christ, le 3« une prière du soir très
longue sans aucun mot de Jésus Christ, le 4« une prière pour faire
après le presche de mesme parlant de la loi et sans aucun mot de
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MCOLAS ANTOINE 169
l'Evangile excepté qu*au derrière du dit papier est escrite la confes-
sion de foi ou le Symbole avec des nombres a costé de chaque article.
Mais le Sieur Baron du dit lieu affligé et outré de ses blasphèmes,
ayant imploré Taide des Pasteurs susnommés qui firent tout leur
possible envers le dit Antoine et le suspendirent de son ministère,
le recommandant à la miséricorde de Dieu, finalement lui ayant dit
que s'il conlinuoit à blasphémer ils le feroient brusler, quoi qu'il
eust dit- aux dits Sieurs Pasteurs qu'on fit apporter un rechaut
plein de feu et qu'il y mettroit la main pour maintenir sa croyance,
et qu'ils en fissent autant pour leur Christ, néantmolns il se trouva
eslonné de cesle menace, et print sa résolution de s'osler de là
demandant qu'on le laissast aller, ce qu'ils empeschèrent tant qu'ils
peurent, mais estant eschappé de leurs mains, le dit Sieur envoya
quatre hommes après lui qui le suivirent allant devant eux à pied et
portant ses pentoufles en la main, jusques à ce qu'il fut proche de
la Ville*, et lors l'abandonnèrent, tellement qu'il arriva à la porte
environ les 8 à 9 heures du soir tenant divers propos qui estonnè-
rent fort la garde qui estoit hors la ville ne sascbant en quel estât il
estoit, si démoniaque ou frénétique, ce qui leur fit donner advis à la
garde de la porte qu'un certain homme estoit arrivé qui demandoit
d'entrer avec des paroles estranges. Sur quoi l'un des Sénateurs fai-
sant office de sergeant-Major, commanda à la garde de dehors d'avoir
soin de lui, qu'il ne se fist aucun mal, à quoi ils obéirent le tenant
près du feu avec eux, jusques à ce qu'environ une heure après mis-
nuit il voulut sortir, et se tint sur une pierre prosche le pont de la
ville criant, que le Dieu d'Israël soit besni et arrière de moi Satan et
ce à diverses fois. Jusques à ce que le jour estant venu et la porte
de la ville ouverte il se fascha au Capitaine et aux soldais, et estant
entré dans la Ville il se prosterna à la façon des Juifs et de là alla
au logis de l'Escu de Genève, où estoit logé l'Ambassadeur du Sere-
uissime Roi de Suède, disant qu'il vouloil parler à l'Ambassadeur et
le saluer de la part du Village, ce qu'oyant les gens du dit Seigneur
Ambassadeur et ceux du logis demandèrent que c'est qu'il lui vouloit
dire, et trouvèrent bon que le Secrétaire du dit Seigneur fist sem-
blant d*estre l'ambassadeur, auquel il dit quelque chose mais fina-
lement conjecturant que ce n'esloit pas le dit Seigneur, il dit qu'il lui
vouloit parler, s'en va à la porte de sa chambre où il heurta fort rude-
ment, ce qui fit que l'ambassadeur ouvrit lui demandant ce qu'il
vouloit, et le trouvant esgaré en ses paroles et discours commanda
au logis qu'on lui donnast quelque chose. Ce qui fat fait incontinent
pas rhostesse qui le mena vers le feu, lui fit prendre un bouillon, lui
présenta à manger, tellement qu'il se reprit un peu se plaignant désire
las et harassé, et demandant d'eslre mis au lict, ce qui fut fait aus-
sitost, rhostesse lui ayant fait bassiner son lict où il fut quelques
temps, mais finalement il se leva courant au Rhosne qui est tout
1 Genève.
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no REVUE DES ÉTUDES JUIVES
prosche le dit logis pour se précipiter, n*eust esté que les gens du
logis et les voisins avec les pages du dit Seigneur coururent après
lui» et le ramenèrent au logis où il fut gardé soigneusement, tant
que la Compagnie des Pasteurs et Professeurs en ayant eu advis et
Messieurs du Conseil pries d'en avoir compassion, le faire oster de
là, et recevoir en l'Ilospilal, deux des Seigneurs Syndiques comman-
dèrent qu'on Tallast prendre, et emporter a l'Hospilal pour estre
traicté comme forcené et mélancholique. Ce qu'on tlt avec beaucoup
de peine icelui résistant et ne se voulant laisser emporter, invoquant
le grand Dieu d'Israël et le priant pour la destruction des idoles, au
nombre desquelles il met toit Jésus Christ nostre Seigneur, tellement
qu'il le fallut lier à la chaire, et l'emporter ainsi garrotté à THospital
le Hi2i feburier où on le Iraicte en tousle douceur lui tenant tou-
jours quatre hommes pour le soulager et garder de se raesfaire,
lui fournissant la nourriture, envoyant le médecin ordinaire de la
maison qui lui fit tirer du sang au bras, lui fit appliquer des sang-
sues, et fit prendre quelques autres médicamens mesme après une
consuUe de six docteurs médecins, lesquels ont fort bien réussi en
sorte que ces manies ont cessé, le corps et Tesprit sont venu en une
grande tranquillité. Mais comme avant ce trouble et aliénation d'es-
prit il avoil prémédité ces maudits blasphèmes, et s'y estoit fortiflé
le mesme a continué en sa furie et melancholie continuant ses hor-
ribles propos dont on ne feroit pas estai, n estoit que dans les inter-
valles dilucides de son mal il en parloit encore disant qu'il n'y avoit
qu'un Dieu, tout le reste n'estoit qu'idole, nonobstant la prière et
exhortation de divers Pasteurs, contre lesquels il crachoit il s'esle-
voit disant qu'on ne le feroit pas taire et crachoit en face des assis-
tants en despil dit il de vostre Maistre. tous imputans cela à la mala-
die d'esprit et à la melancholie dont on le croyoit détenu, mais la sei-
gnée et autres remèdes ayant faist leur oppéralion le lundi suivant
estant visité par quelcun des Pasteurs avec un des Sénateur exhorté
de sentir la main de Dieu et recourir à Ja grâce de celui qu'il avoit
blasjihémé, il s'escria le Dieu d'Jsrael soit bcsni eletnellement, qu'il ne
croyoit sinon le grand Dieu d'Jsrael. A quoi lui estant objecté qu'il
invoquast Jésus Christ le vrai Dieu avec son Père qu'il misl sa
bousche sur la poudre comme Job qui ne l'avoit pas blasphémé et
maudit comme lui, Il continua en son propos et dit qu'il ne croyoii
sinon le grand Dieu d'Israël, que ce qu'adore et sert toute autre genly
idolâtres font. H di': si ce Christ est Dieu^ que toutes les malédictions de
la loi et les foudres tombent sur moi, mais s'il ne l'est pas qu'elles tombent
sur TOUS, que ce Christ estoit une idole, et par un blasphème horrible te
7iomme ce vilaiUy le diable.
Dont le dit Pasteur ayant horreur se relira priant Dieu d'avoir
pitié de ce misérable, tout effrayé des paroles procédant de ceste
bousche infâme avec des gestes et grimaces d'un démoniaque. Tout
cela néantmoins estoit attribué à la fureur de la manie et melancholie.
laquelle produit des effects et paroles estranges en divers autres, et
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r ■
NICOLAS ANTOINE 171
parmi laquelle le diable se mesle souveates fois estant appellée Bal'
nenm diaboli, a un qu'il se servent, de la bousche des hommes pour
blasphémer Dieu tellement qu'on continua à le traicter et de nourri-
ture et de medicamens au mieux qui fut possible. Ce qui réussi en
sorte que dès le Mardi au soir il commença à reposer estre coy et
paisible à manger assez bien, avoir bon poulx, discourir et ratiociner
comme un homme sâin sans aliénation d'esprit mais continuant tous-
jours en ses maudits blasphèmes, disant que dès huit ans il avoit
cesle cognoissance, qu'il ne la pouvoit plus cascher, et qu'il n'y avoit
qu'un seul Dieu, rejeitant et réfutant tous les passager du Nouv, Test, et
ne voulant mesme donner lieu à l'interprétation des passages de l'Ane.
Test, qui monstre clairement la vérité des trois Personnes en l'essence
de Dieu, de la Personne et office de Jésus Christ. Ce qu'il fit encore
plus impudemment le jour suivant, un des Pasteurs avec le Professeur
Hebrieu l'estant allé visitera sarequeste, lui traduisant les passages
Hébrieux, le Professeur mesmes lui lisant du Thalmud pour monstrer
l'absurdité et l'impiété des Juifs. Ceux là estant retirés, un autre des
Pasteurs y vint, et en présence des Médecins et autres personnes com-
muniquant paisiblement avec lui l'exhorta à revenir à soi mesme, et
avoir honte du passé ouvrant sa bousche pour glorifier celui qui avoit
esté blasphémé, afin que s'il y avoit eu du mal, on Timpulast à la mala-
die qu'il avoit eu auparavant, et néantmoins qu'il en demandast pardon
à Dieu. A quoi tant s'en faut qu'il acquiesçât qu'il dit au contraire
qu'il croyoit bien qu'il y avoit eu quelque transport et maladie, de
laquelle ilfe trouvoit délitré, quil se porùoit bien excepté qu'il se senloit
un peu faible, mais que quant aux choses qu'il atoil dites, il s'en soure-
noil bien et les rouloil luainttnir jusques à la mort, et parmi tous les
tourments du monde, reu qu'il s*estimeroit heureux de souffrir pour la
gloirô du grini Dim d*Israel, ettoutesfois quil désireroit bien qu'on le
laissast aller et qu'il se rttirfroit en un bois afin de demeurer là (t de
persévérer ei cesle croyance. Lui estant demandé si à son dernier voyage
en Italie il avoit parlé à quelques Rabbi à Venise qui l'eusl forlifio en
cest opinion, il dit que non et qu'il ne scavoit ce que croyoyenl et
enseignoyent les Juifs mais qu'il croyoit à la parole de Dieu conte-
nue en l'Ane. Test. Lui estant répliqué qu'il y en avoit un Nouveau
de mesme Authorité auquel Dieu nous avoit parlé en ces derniers
jours par son fils que c'estoyent les deux chérubins de dessus le Pro-
pitiatoire l'Urim et le Bumin * du Pectoral les deux mammelles de
nostre mère spirituelle qui est l'Kglise^ il dit qu'il ne croyoit que l'Ane,
Testament. A quoi estant opposé ce passage de Jérémie allégué par
Tapostre. Heb. 8. Je traiterai un Nouveau Testament, Il dit que c'est
que Dieu veut reîioftveller Valliance que le peuple avoit violé au désert et
qu'il le vouloit sanctifier pour observer sa loi^ mais quHl n'est point parlé
de Jesus-Christ. Sur quoi le Pasteur insistant et disant que Jeremie
parle des derniers jours, que cela ne pouvoit estre fait sans un Mé-
* Toumim.
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172 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
diateur vrai Dieu, et vrai homme qui accompli ces choses au vrai
Israël, Il retourna à son opiniastreté, n'ayant point de raison, et il
dit quHl n'y avoit qu'un seul Dieu^ qm Dieu est simplicissimus, et que
la pluralité de personnes emportoit pluralité de Dieux que la loi dit, Il
y a un seul Dieu, et tu n'auras point d'autres Dieux, et choses sem-
blables que les passages de TAncien Testament allègues au Nouveau,
estoyent tous falsifiés et détorqués tiré par les cheveux, celui du
PS. 8, Héhr. 2. Celui du PS. 89. Hébr. 4. 4-22 Héb. 4. Celui du PS 404.
Héb. 1. A quoi estant respondu vivement le Pasteur s'arresta sur un
Passage du Ps. 440. disant que la distinction des personnes et Toffice
de Jésus Christ y est spécifié, il respondit que non, mais que les
serviteurs de David Tavoyent fait à Thonneur de David auquel Dieu
prometloit de veincre ses ennemis. Sur quoi le Pasteur le prenant à
la letre dit que puis qu'il estoit Juif il faloit qu'il se tinst à la letre,
que le tistre estait PSeaumes de David, que les Pharisiens Tavoyent
entendu du Messias et qu'il estoit pire qu'eux. Il persista en sa
malice et un des assistans ayant dit qu'en ce mesme PS. est dit tu
seras mon sacrificateur selon Tordre de Melchisedec, Ce qui ne pour-
roit eslre dit de David qui ne fust jamais sacrificateur, par une malice
et cavillation estranges, il dit que si, et que Datid avoit distribué du
pain et du vin au peuple, 1. chroniq. 46. Ce qui n'a point esté une
action de sacrificateur mais une libéralité royale. De là il continua à
éluder les autres passages prouvans la S^e Trinité. Celui de Qenèse 49.
que V Eternel pleut feu et soulphre, de par V Eternel, disant que c'était
de par soi mesme comme il est dit que Pharao chassa Moyse de devant
Pharao. Du passage du 7. Esaie que cela s'entend non d'une vierge qui
deust concevoir sans cognoissa'nce d'hommes, mais de la femme du pro-
phète qui lui devoit enfanler deux tnfanls, donc Esa dit me toici et les
enfans que lu m'as donnés, A quoi lui fut respondu qu'il est parlé de
double signe, l'un des enfans d'Esa, L'autre d'un Fils de la Vierge nom-
mé Immanuel, Il persista et dit qu'il n'estoit parlé que d'un enfan
desjà né — Sur le passage Esa. 9. où il dit que Tenfan sera appelé le
Dieu Fort, il dit que le mesme dit du Prince en Ezechiel sans spé-
cifier le lieu. Il en dit de mesme de tous les autres passages, du
PS. 45. 0 Dieu ton Dieu t'a oinct, et du Testament de Jacob, Gen. 49,
et de là vint à se moquer des deux passages de Matthieu 2 : Il sera
appelé Nazarien et j'ai appelé mon ûls d*Egypte comme aussi de celui
deZacharie où le nom de Jeremie est mis, dlsans que cela ne s'entend
pas du Messias mais d'un meschant Pasteur que Dieu voulait punir. A
quoi ayant esté respondu pertinement il ne laissa point de continuer
en sa rébellion, et a persévéré en cela jusques à maintenant, nonobs-
tant que par commandement de la Comp. des Pasteurs le Lundi 20 fé-
burier les deux Professeurs en Théologie et un des Pasteurs s'estans
transportés là l'ayant adjurer de donner gloire à Dieu seul Père Fils et
S^-Ësprit et à ce mesme Fils Immanuel, lui ayent leu les passages
Hebrieux et monstre le vrai sens d'iceux, celui d'Esa. 9 et 53. de Zacb.
43. où il est parlé d'un bon Pasteur frappé, Celui de Dan. 9, celui du
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NICOLAS ANTOINE 173
PS. 2 et PS. 22. à quoi il a répliqué malicieusemeDt et diaboliquement
qu'il ne croyait qu*au Dieu d'Israël et ne recog^ioissoit point d* autre, qu'il
est dit» noa suMbis deos alienos que le second Pseaume ne parle que
de Datidy le passage d'Esa 55. ne parle que du peuple et non du Afessias
que cesl Immanuel et Dieu Fort promis par Esaie. c'est Josias, que s'il
est dit qu'il a mis son ame à la mort il est aussi dit par Debora,
Nepbtali a exposé son ame à la mort, que le passage du PS. 22 : Ils
m'ont percé mes pieds et mes mains s'entend des afflictions de David
et non du Messias, que s'il est Dieu c'est une absurdité de dire que
Dieu délaisse Dieu, que s'il est dit Ils verrons celui qu'ils ont percé,
c'est celui qu'ils ont offensé assavoir Dieu, et qu'au reste tous les
passages de l'Ancien Testament allègues au Nouveau estoyent forcés
tirés par les cheveux et crioyent tous miséricorde. Le tout après que
sur l'exhortation sérieuse à lui faite par M. Diodati pendant laquelle
on lui voyoit trembler les jambes quoi que dans le lict, finalement il
dit qu'il estoil en une extrême angoisse, que des sa jeunesse il avoit
tasché de servir Dieu dès qu'il avoit eu l'aâge de discrétion, qu'estant
en la Papauté, et depuis il avoit eu des scrupules touchant la Trinité,
que lui ayant esté donné un Nouv. Testament, il avoit trouvé qu'elle
estoit bien prouvée par le Nouveau, mais que ces scrupules lui
estans revenus il ne trouvoit point que ce dogme fust prouvé par une
autre Escrilure qui estoit l'Ane. Test, et qu'il trouvoit tout le con-
traire, veu qu'il est dit qu'il n'y a qu'un Dieu, et ne peut croire
ni comprendre que cela puisse subsister avec la Trinité. En quoi les
dits Professeurs et Pasteurs voyant une humeur maligne et invétérée
une pertinacité en son erreur, ils prirent occasion de l'adjourner
devant le throne de ce grand juge qu'il blasphemoit malicieusement
lui alleguans avec larmes les passages plus exprès capables d'es-
branler et de faire trembler les puissances infernales, dont il ne fut
point esmeu, mais dit que toutes leurs menaces ne l'espouvante-
royent point, et qu'il estoit résolu de mourir martyr, que Dieu le
fortifieroit, lui ïeroit grâce pour l'amour de son nom, sans vouloir
avouer ni confesser en quelques façons que ce soit Jésus Christ nostre
Seigneur, quoi voyans les dits Pasteurs se retirèrent.
Les mesmes exhortations et adjurations lui ayant esté faites par
divers autres Pasteurs et plusieurs des Seigneurs du Conseil et
autres des plus notables de la Ville sans aucun fruict, sinon qu'il ne
proféroil pas les blasphèmes en termes exprès contre la sacrée per-
sonne de Jésus Christ, mais bien disoit il ne se retracter point, au
contraire vouloir maintenir ce qu'il avoit dit sans donner aucune
gloire à Jésus Christ et pour preuve de son impieté ne vouleu donner
aucun lieu aux passages du Nouv. Testam. ni à la vérité et vrai
sens des passages de l'Ane. Testam. finalement les Pasteurs et Pro-
fesseurs voyans que nonobstant l'advis des Médecins fait en consulte,
s'il y avoit eu quelques melancholie et manie c'estoit après que
non seulement il avoit couvé ceste impieté, mais qu'il avoit tasché
d'en jetler des semences en ses prédications, tellement que c'estoit
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17/i RKVUli: DES KTUDES JUIVES
plus tost un indice du jugemeut de Dieu, que non par une maladie
oalurelle, et que des qu'il avoil eslé trauquille et hors de toutes ap-
parences de fureur et alieuatioa d'esprit il avoit persévéré eu son
impieté s'efforcaos de prouver ses blasphèmes, et aiosi que des loog-
temps il avoit couvé et prémédité ceste malice eu sou cœur, qu'outre
les parjures contre son Baptême, et celui qu'il avoit commis contre
le serment par lui piesté estant receu au S* Ministère, Il maintenoit
une hérésie et blasphème directement contre la S^^ Trinité, et contre
la personne sacrée de Jésus Christ comeltant un crime de Leze Ma-
jesté divine au Premier chef, il esloit en un sentiment pire que
les Ânlitrinitaires, que les Turcs voire que les Juifs mesmes disaut
que plusieurs pseaumes et oracles que les Juifs disent eslre du
Messias, toutesfois n'appartiennent pas au Messias, que c'est un
exemple horrible et inoui qu'un homme ayant ceste pensée et impres-
sion se soit malicieusement présenté pour e^tre receu au S^ Ministère
pour prescher l'Evangile et administrer les S'* Sacrements, que veu
sa rébellion il y avoit apparence qu'il avoit esteint et outragé
l'esprit de grâce, 1rs Pasteurs dis-je voyans ces choses après avoir
invoqué le nom de Dieu prirent conclusion d*en donner leur advis au
Magistrat leur remonstrant que la douceur dont on avoit usé envers
lui ne servoit de rien, les remonstrances et adjurations y avoyent
esté inutiles, et qu'il y alloit trop avant de la gloire de Dieu, que
qui n'aime le Seigneur Jésus doit estre analheme. Pourtant qu'il leur
pleust peser meurement ces choses, et voir si la rigueur et sévérité,
n'y seroit point plus à propos, tant pour essayer de ramener ce pes-
cheur, si possible est, que pour ester le scandale, et ainsi qu'il seroit
bon de Tester de 1 Hospilal où il estoit bien traicté, et où trop de
gens alloyent pour estre tesmoins de ses blasphèmes et le mettre eu
prison en chambre close.
Ce qui ayant esté représenté dignement par le Modérateur, et le Ma-
gistrat ayant acquiescé à cet advis, ne désirant pas toutesfois qu'on
escrive encor dehors en diverses Eglises, if fut osté de IHospital le
25 feburier et porté aux prisons entre six et sept heures du soir,
n'ayant pu ou voulu cheminer.
Ayant esté quelque temps en prison, bien nourri et medicamenté
avec deux gardes près de lui continuant en son opiniastreté, finale-
ment il fut visité par deux divers Sabmedis de deux Pasteurs et sur
sepmaine de quelques autres l'exhortant à son devoir et offrant de
satisfaire à ses doutes ausquels il ne donna aucun contentement se
roidissant en sou mal, jusqu'à ce que le Sabmedi 42 Mars on prit un
escrit qu'il avoit fait de sa confession, lequel il tenoit caché derrière
son chevet, dont il le laissa prendre ayant entendu que c'estoit par
authorité du Magistrat. Le dit Escrit contenoit douze articles, le !«' de
Tunité de l'essence sans aucune distinction de personnes. 2. du
moyen d'estre justifié par la seule observation de la loi. 3. que la
circoncision doit être en usage jusques à la fin du monde. 4. que le
propre jour du sabbat doit eslre observé. 5. la distinction des viandes
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NICOLAS ANTOINE ITÎi
mondes et immQndes. 6. le basUment du Temple de Jérusalem
7. la restauration des sacrifices. 8. du Messias qui doit venir et no
doit estre qu'homme. 9. qu'il n'y a point de péché originel. \0. qu'il
n'y a point de prédestination, mais un franc arbitre et qu'un vrai
juste peut deschoir tout a lait. H. qu'il n'y a point de satisfaction
pour nous, mais qu'un chacun doit satisfaire pour soi. 15. que le
Nouv. Teslam. ne s'accorde ni avec soi, ni avec l'Ancien, lesquelles
propositions il s'efForceroit de prousver au dit escrit par l'Ancien tes-
tament et la raison, réfutant les objections des chrestiens. Mais
n'ayant mis ses preuves prétendues que jusquesau 8« article, Il pré-
senta une requesie au Magistrat le lundi matin 4 3 Mars dressée du
jour précèdent aux fins qu'on lui rendit son escrit qui estoitimpar-
faict disoit il pour le corriger et achever. Le soir auparavant on lui
rendit son escrit par advis de la Compagnie des Pasteurs, auquel il
continua d'adjouster les preuves de son impieté, éludant les preuves
des Chrestiens s'estendant sur tout en contradictions prétendues du
Nouv. Testament, avec l'Ancien, et avec soi mes me, continuant par
une exposition impie et extravageante du 53 chap. d'Esaie. et par
une imprécation de malédiction à qui croiroit le contraire à qui crie-
roit blasphème contre lui. Ceste addition assez longue ayant esté
faite des le dimanche au soir, jusques au Mardi matin, il se ressentit
frappé en son esprit, tellement que le Mardi on le vit troublé, et la
frénésie revint, ayant les yeux esgarez, ne recognoissant pas bien
les personnes sur tout deux Pasteurs, dont l'un lui avoit porté la
Bible Hébraique qu'il avoit demandé, et l'autre estoit survenu pour
tascher ensemble a le ramener. Mais le vo^^ans en cest estât on se
contenta d'une simple exhortation à recogaoistre et invoquer le vrai
Dieu d'Israël tel qu'il s'estoit révélé en sa parole, donner gloire à
celui qu'il avoit blasphémé, à quoi il respondit, qu'il n'a voit point
blasphémé et ne le croyoit point ; qu'il invoquoit le grand Dieu d'Is-
raël, mais que quant à Jésus Christ crucifiô il ne Tinvoqueroit ni reco-
gnoistroit jamais, et se tournoit despilant et murmurant par la
chambre plus tost mille morts, hochant la leste. Ce qu'oyaus les dits
Pasteurs et lui dénonçant le jugement de Dieu s'il ne se repentoit se
retirèrent, Après cela il continua en ses esgarements le reste du jour
et la nuit suivante, jusqu'au lendemain auquel il revint ô sa première
fureur vomissant et proférant des blasphèmes horribles contre nostre
Sauveur. Ce que quelques-uns imputoient au t'rouble du cerveau re-
venant au renouvellement de la lune, et à la suite de sa mélancholie,
mais d'autres rattribuoyent à un jugement signalé de Dieu, veu que
comme au commencement Dieu Tavoit frappé quand il prescha que
le PS. î n'appartient qu'à David non à Jésus Christ, où qu'il n'appar-
tcnoil à David mais que par figure on l'attribuoit à Jésus Cbrisl, Aussi
ayant voulu prouver ses blasphèmes par TEscrilure et combattre la
dignité du Seigneur Jésus béni éternellement et la vérité du Nouv.
Testament, il estoit dereschef frappé de ce mesme doigt de Dieu
abandonné et livré à Tesprit de blasphème.
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176 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Eq ce temps fut trouvé une requeste en sa pochette adressée à
la Seigneurie protestant de la vérité de sa créance, rendant raison de
ce qu'il avoit pris le Ministère, et conjurant qu*on ne mist point de
sang innocent sur la Ville en le faisant mourir, outre diverses autres
raisons, et surtout que selon la créance et les loix de la Ville et de
la religion Chreslienne il croyait qu'ils estoyent obligez à le faire
mourir. Mais qu'ils pensassent bien à ce qu'ils feroyent de peur
d'attirer malédiction sur eux, et leurs enfans, veu que s'il avoit pris
le Ministère ayant ceste croyance on ne lui pouvoit Imputer à crime
4° parce qu'à Venise il s'estoit adressé aux Juifs qui ne l'avoyent
voulu recevoir, mais lui avoyent dit qu'il pouvoit vivre parmi les
Ghrestiens gardant sa croyance. 2^ que ce qu'il en avoit fait estoit
pour se tenir à part, et se marier, mais au reste qu'il avoit esté
amené ea leur Ville par un certain transport, quel est ce transport.
Dieu le scait, et ainsi qu'ayant esté amené comme miraculeusement
ea Ville, ils s'avoyent bien à penser comment ils y procederoyent.
Ceste requesie veue par le Magistrat on sursoya de penser à son
affaire, le voyant troublé et aliéné d'esprit jusqu'au Vendredi 45 de
Mars, auquel la Gomp. des Pasteurs assemblée, et entendant qu'il
avoit quelques intervalles, donna charge à 4 députez du corps de le
voir lors qu'on le trouveroit en estât, lui représenter ses blasphèmes
proférés de bouche et par escrit, et faire quelques briesve et solide
response à ceste impie confession qu'il avoit dressée, pour scavoir
de lui s'il vouloit persister en son impiété. Mais avant que cela fut
fait, l'un des PasXeurs qui à son tour va aux prisons faire une exhor-
tation aux prisonniers l'estanl allé trouvé en sa chambre, le Sabmedi
47 auquel comme jour de sabbat ancien l'on a remarqué qu'il se tient
dans le lict, ne voulant violer le sabbat, et qu'il est beaucoup plus
opiniastre, ledit Antoine lui dit d'abord, es tu un diable, ou un
homme mortel, le Pasteur lui ayant respondu qu'il n'estoit point un
diable, mais un homme mortel seivltcur de Dieu qui le venoil
exhorter et adjurer de s'amender et croire à l'évangile, à défaut de
quoi il devoit attendre le jugement de Dieu qui avoit desjà paru sur
lui, et qu'il pensast à la An de Judas, d'Arrius et de Julien l'apostat
au lieu de donner lieu à ces sérieuses remonstrances, il se remit à
cracher et faire des coQlenances de furieux et enragé, ce qu'il con-
tinua jusques au lendemain dimanche, auquel le Médecin restant
venu trouver, il le trouva comme en une espèce de desespoir, disant
qu'il avoit fait et dit des choses horribles, quïl s'estonnoit comme on
ne l'avoil assommé, qu'il avoit péché contre le S* Esprit, qu'il vau-
droit mieux pour lui qu'on le ûst mourrir, parce que si on le relas-
chait il craignoit que le Diable ne l'emportast en corps et en ame,
qu'il avoit esté mis en la puissance des démons, et autres paroles
horribles, ausquelles le médecin ayant pertinemment respondu en
l'exhortant à prendre courage se retira.
Mais après midi se trouvant en mesmes frayeurs, il demanda qu'on
lui fist venir un Ministre, ce qui fut fait, auquel il dit, qu'il estoit en
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NICOLAS ANTOINE 177
grand peiae, qu'il scavoit bien, avoir dit et escrits chosed horribles
contre Dieu, mais qu'il prioit qu'on intercedast pour lui envers
Messeigneurs qu'il vouloit rétracter tout ce qu'il avoit dit et escrit,
signer noatre confession et croyance, mais après (^u'on lui auroit
donné sauf conduit et qu'il seroit hors des prisons, sur quoi le Mi-
nistre rayant exhorté de faire sur tout sa paix avec Dieu et reco-
gnoistre Jésus Christ, il dit le vouloir faire soubs ces conditions. Et
estant visité au soir par deux autres Pasteurs lui représentans ses
fautes passées, Tadjurani de le recognoistre envers Dieu pour essayer
s'il y auroit quelque voye à grâce, et si Dieu voudroit faire ses mer-
veilles Tarrachant de la puissance de Satan où il estoit tombé si
avant, pourtant qu'il donnast gloire à Dieu, il dit qu'il vouloit donner
gloire au grand Dieu d'Israël et lui estant répliqué que c*estoit bien
fait qu'il n'y en a aucun autre, mais qu'il le faloit recognoistre tel
qu'il s'est manifesté, Père, Fils et S' Esprit, il le faloit adorer en
son Fils par lequel il s'est donné à recognoistre. Il dit s'il est vrai
Dieu avec le Père je le veux adorer. Lui estant respondu qu'il ne
faloit point parler ainsi puis qu'en effect il estoit vrai Dieu, il dit qu'il
l'adoroit, qu'il vouloit retracter ce qu'il avoit dit et escrit mais qu'on
priast pour lui envers Messeigneurs. Sur quoi les dits Pasteurs lui
ayant dit que c'estoit peut esire par hypocrisie par crainte de la
mort, qu'il estoit en ôel très amer, et en liens d'iniquité, et pourtant
qu'il fist paroistre que sa repen tance estoit sérieuse par une vraye
et franche confession par tesmoignages extérieurs, Il dit qu'il le
feroit, ce que toutesfois on n'a point apperceu veu qu'il a continue
en ses blasphèmes en l'absence des Pasteurs, et en présence de ses
gardes, qui le tenoyent lié au lict, de peur qu'il ne se mesfist, dont
estant despité il les nommoit diables, disoit qu'il voudroit estre
libre et avoir un Cousteau pour s'en donner dans le cœur, et qu'il
les estrangleroit, mesme la nuict de Mercredi ayant esté lié plus légè-
rement, il se deslia les mains, et tint ses maillots cachez en sa main.
Ce que les gardes ayant aperceu et lui demandans pourquoi il avoit
fait cela, il leuV respondit qu'il estoit en train de se deslier du tout
pour les estrangler puis après. Avant cela qu'en ses prières il ne
priast autre que le grand Dieu d'Israël sans faire aucune mention
de nostre Seigneur Jésus Christ, ne lui demandant pardon, et ne tes-
moignant aucun regret du passé, ayant demandé au Geôlier si on le
laisseroit tousjours là, et s'il ne sortiroit jamais, le geôlier lui ayant
respondu que cela ne pouvoit estre jusques à ce qu'il recognu son
sauveur et donner gloire à Jésus Christ., après quoi Messeigneurs
auroyent pitié de lui, et les Pasteurs intercederoyent pour lui, fina-
lement il demanda du papier où il escrivit qu'il croyoit la S^ Trinité
et que Jésus Christ estoit le Fils de Dieu, le vrai Sauveur et Rédemp-
teur du monde. Ce que toutesfois il ne signa point disant ne le vou-
loir faire jusques à ce qu'il fust hors de prison. Cela donnoit quelque
espérance de conversion n'eust esté qu'en )ses prières et propos il ne
faisoit aucune mention de Jésus Christ ne tesmoignoit aucun regret
T. XXXVI, W 72 12
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178 REVUE Des KTUDES JUIVRS
(le son impieté passée, mais bien dit il au médecin le Mardi précè-
dent, qu'on Tavoit abusé lui promeslani que pourveu qu'il promist
de retracter ce qu'il avoit dit et escrit et en dresser une confessioD,
il sortiroit de prison, Cependant il n'en voyoit aucun effect, mais
qu'au reste il ne Tavoit point signé, et que le diable l'avoit escrit, Il
esloit toujours en sa croyance première, et que mille morts ne la lui
arracheroyent jamais du cœur, et autres semblables paroles, cou-
fermées parce que jamais en présence de ses gardes il ne prioit Jésus
Christ, ni Dieu par Jésus Christ, mais seulement le grand Dieu
d'Israël, et la mesmes nuict du Mardi les gardiens l'ayant exhorté de
prier et invoquer le Seigneur Jésus, il dit, Ce diable et autres tels
termes, il répéta dereschef ses blasphèmes, ainsi que les gardes et le
portier le dirent le lendemain à deux Pasteurs qui le visitèrent, les-
quels rayant trouvé comme endormi, et lui demandans s'il dormoit
il dit que non, et qu'il les recognoissoit bien tous deux les nommant
par leur nom, et disant qu'il croyoit qu'ils ne luy vouloit point de
mal. Estant interrogué en quel estât il estoit, et s'il pérsistoit en ce
qu'il ayoit dit le dimanche précédent, il dit qu'oui, Puis dit-il que
vous m'asseurez qu'il y a une Trinité, et que Jésus Christ est le Fils
de Dieu, je le croy et veux retracter ce que j'ai dit et escrit. Lui
estant respondu que c'estoit parler bien froidement, qu'il y avoit
apparence que ce fust par hypocrisie et par crainte des hommes*
qu'il avoit blasphémé si avant, s'estoit préparé à cela de longtemps
s'y estoit affermi, qu'il estoit bien à craindre qu'il ne fust yenu bien
près du péché irrémissible, que Dieu seul çt sa conscience le scavoit.
Il respondit sans larmes, sans esmotions qu'il n'y a si grand péché
que la miséricorde de Dieu ne soit plus grande, et lui estant
monstrées les absurdités de ses paroles et escrits dit que ce n'estoit
pas lui^ que c'estoit le mal qui le lui avoit fait dire, qu'il vouloit tout
retracter acquiesçant à tout ce qu'on lui disoit, et ne se justifiant
que bien légèrement, et lui estant dit qu*on ne voyoit rien de sin-
cère en sa procédure, que la mesme nuict il avoit blasphémé et
jamais invoqué Jésus Christ, que ce n'estoit qu'hypol^risie, qu'il n'y
avoit ni larmes, ni regret ni soupirs, ni confession de son péché, U
avoua de n'avoir point invoqué Jésus Christ., ni Dieu par Jésus
Christ, mais dit froidement qu'il le youloit faire ce après, puis qu'on
l'asseuroit qu'il estoit le vrai Dieu, que de vrai il ne jettoit pas des
larmes, mais c'est qu'il n'estoit pas accoustumé à pleurer, à quoi les
gardes s'opposèrent disans que la mesme nuict priant le grand Dieu
d'Jsrael il jettoit des larmes en abondance, toutesfois il persista ea
ses protestations» qu'il les disoit de bon coeur, sans toutesfois teçmoi-
gner aucune esmotion, se compleignant seulement de la violence des
gardes qui le tenoyent lié si estroitement monstrant les blesseurea
que lui avoyent fait les manottes, et disant que c'estoit à ses gardes
qui la traictoyent §i rudement, qu'il avoit dit, ce diab(a, Qt que s'il
avoit escrit diverses choses avant sa maladie, c*est qu'il étudioit, tra*
vailloit à voir les objections des Juifs, et avoit trouvé des contcadic*
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r •••
NICOLAS ANTOINE 179
lions au Nouveau Testament tant avec le Yiel, qu'avec soi mesme,
qui Tavoyent mis en fi:rand scrupule, mais qu'il acquiesçoit à nos
responses, Tun desdits Pasteurs lui ayant dit que s'il se faut arrester
à ces apparences de contradictions il y en a autant au Viel qu*au
Nouveau, es livres des Rois et Chroniques, et pourtant qu'il ne faut
conclurre qu'il se contredisent à soi mesme, non plus aussi le Nou-
veau Testament, mais qu'il faut recercher la vérité, que si es pas-
sages du Messias il y a diverses circonstances qui semblent ne lui
appartenir, il faut distinguer ce qui appartient à la fîgure et au type
de ce qui appartient à la vérité : mais qu'au 2 Pseaume toutes les cir-
constances appartenoyent à Jésus Christ, veu que David, n'avoit point
esté oinct en Sion, mais en Hebron, où il a esté oinct par ceux de
Juda et dlsrael en diverses fois etSalomon en Guibon tellement que
cela n'appartient qu'à un seul Jésus Christ, dont il est dit Je t*ai
engendré, et après Baisez le Fils, Bienheureux qui se confie en lui,
à quoi il répliqua encore que ce in a en lui » se pourroit rapporter à
Jesoua, et non à ce Fils, néant moins qu'il le croyoit et acquiesçoit à
ce qu'on lui disoit.
En quoi il fît semblant de persister jusques à ce que voyant que sa
fi^intise et dissimulation ne servoit point à sa libération il prit réso-
lution sur la fin de Mars de se descouvrir tout à fait et désadvouer la
rétractation de ses erreurs. Car la Compagnie des Pasteurs ayant
donné charge à quatre députés de le visiter pour sonder ce qu'il
àvoil dans Tame, le Magistrat le désirant à cause de la grande des-
pense qu'il faisoit en prisons estant bien nourri, et ayant tousjours
deux gardes à grands frais près de lui, et à cause du grand scandale
que cest homme avoit donné, d'en faire quelque résolution finale.
Après avoir oui les Pasteurs, cela n'ayant pas esté fait à l'occasion
de la sepmaine avant Pasques en laquelle les Pasteurs sont occupés
extraordinairement, le 31 Mars finalement il fut visité par le Ministre
allant à son tour aux Prisons lequel le conjuras t d'ouvrir son cœur et
continuer en Testât auquel il avoit esté de renoncer ses erreurs pour-
veu que le tout fut fait sincèrement, il respliqua [que si on lui mons-
troit que Jésus Christ fut vrai Dieu qu'il le feroit, et lui estant 4it
qu'il ne faloit point dire, si, mais parler franchement, veu que tel
desguisement ne lui serviroit ni devant Dieu, ni devant les hommes —
pourtant qu'il priast Dieu ardemment de le deslier des liens deSatan^
Il dit qu'il prieroit tous jours le grand Dieu qu'il lui fist miséricorde.
Et lui estant dit pour l'amour de qui — il respondit pour l'amour de
qui il veut estre prié, finalement pressé s'il ne recognoissoit pas Jésus
Christ vrai Dieu, 11 dit, Non, parlant soubs la couverture du lict,
dont estant repris il dit qu'il n'avoit pas dit, Non, mais demandoit
tousjours qu'on lui montrast que cela estoit vrai, et alors il lecroiroit,
sur quoi lui estant dit qu'à lui qui estoit Chrestien et avoit cogneu la
vérité on ne s'asubjectiroit pas à monstrer que le soleil est le soleil,
que le Nouveau Testament estoit vrai estant chose assez prouvée,
Enfin estant interrogué s'il n'avoit plus escrit un billet de confession
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180 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
que Jésus Christ est vrai Dieu et sauveur du monde, Qu*il y a trois
personnes et une seule essence pourquoi il le retractoit, Il dit qu'il
ne scavoit ce qu'il en avoit escrit que s*il avoit escrlt quelque chose
c'esloit par crainte de la mort, et au reste enquis s'il voudroit bien
soustenir et signer les articles de sa maudite confession. Il dit pour-
quoi non, s'ils sont vrais, et si on ne me monstre du contraire, Mes-
mes le jour suivant il dit au sieur Procureur gênerai que quand on
lui monstreroit Jésus Christ estre vrai Dieu, aussi vrai que le jour
luit, il ne le croiroit point, endureroit plus tost mille morts. Dieu
donc descouvrant Thypocrisle de ce monstre, cela ôst que les Pasteurs
députez prindrent résolution de lui parler sérieusement^ et le conju-
rer une bonne fois de donner gloire à Dieu et ainsi se trouvèrent
es prisons le 8<» Apuril, ou après avoir fait venir ledit Antoine,
et lui avoir représenté le misérable estât où il estoit, et qu'il
estoit nécessaire de commencer par la prière, lui demandant
s'il ne vouloit pas bien prier Dieu avec eux, Il dit qu'il invo-
queroit toujours le grand Dieu, et sembla donner assentiment. Il
vouloit prier Dieu avec eux, toutesfois se mit à genoux avec diffi-
cultés, et baissa la teste contre terre à la Judaique, s'y tint coy pen-
dant la prière qui fut faite par l'un desdits Pasteurs et jusques au
récit de l'Oraison Dominicale où il désista de sa prostration et incli*
nation comme la desadvouant, la prière estant finie et les Pasteurs
levez, il demeura tousjours à genoux priant jusqu'à ce qu'on lui
commanda de se lever ce qu'il fit ayant fait le mesme geste d'adora-
tion judaique comme dessus.
Après quoi M*^ Diodati chef de la députation lui représentant le
misérable estât où il avoit esté et combien d'occasion il avoit de pen-
ser à soi, veu les blasphèmes par lui proférés en sa manie, et depuis
qu'il avoit esté remis, veu le trouble et confusion d'esprit que Dieu
lui avoit envoyé» Pourtant doit il penser que cela venoit, si de Dieu,
ou de l'Esprit malin, au lieu de respondre à cela il pria qu'il lui fust
permis de prier Dieu pour soi en particulier. — Et lui estant demandé
s'il n'avolt pas prié Dieu avec lesdits Pasteurs, a réitéré ladite
demande, de laquelle estant esconduit et lui estant dit qu'il estoit à
craindre que sa prière ne tournast en péché, veu les gestes et singe-
ries qu'on lui voyoit faire, neantmoins il respondit s'il y avoit du
mal à prier Dieu, et baissant la teste contre terre dit qu'il invoquoit
de tout son cœur le grand Dieu dlsrael qui a fait les cieux et la terre.
Et exhorté de bien prendre garde à soi et au jugement de Dieu qui
est sur lui, et qu'il estoit à craindre que la gueule du puits ne fust
fermée sur lui, pourtant qu'il donnast gloire à Dieu resjouist les
entrailles des Pasteurs et de toute l'Eglise grandement scandalisée de
ses deportemens passez mais aussi affligée et ayant pitié de lui.
Que donc il dit clairement en quel estât il se trouvoit, si troublé d'es-
prit et tourmenté comme il avoit esté auparavant, Il respondit que
non, qu'il estoit à soi bien disposé prest à mourir pour le salut de
son âme. Interrogé s'il ne recognoit pas d'avoir esté possédé et pre-
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NICOLAS ANTOINE 181
Tenu par TartiQce du malin esprit duquel il y a bien apparence que
ce fust l*esprii de Saul auquel il avoit esté livré, le bon Esprit s'es-
tant retiré, n*y ayant en cela aucune trace ni ressemblance de TEs-
prit par lequel ont esté poussez et incités les S^" prophètes soubs
l'Ancien Tesiament.: A respondu là dessus que ci devant il avoit
demeuré chez une femme à Divoone, et qu*estant là dedans il se mit
à chanter le Pseaume 74. D'où vient Seigneur que tu. et priant Dieu
ardemment qu'il voulust restaurer son peuple dlsrael fust ce à la
damnation de son âme, alors un esprit le saisit qui le ût lomber par
terre, et le fit aller à quatre tout au tour de la chambre.
Sur quoi lui estant demandé s'il recognoit cest Esprit pour bon, où
mauvais esprit, Il dit qu'il ne scavoit, mais qu'il recognoissoit
bien un jugement de Dieu sur lui pour tant de péchez commis, mais
qu'il lui demande pardon de tout son cœur, le prie qu'il Tiliumine
s'il n'estoit pas au droit chemin, le confirme s'il y est. Sur cela on
prit occasion de l'exhorter à prier et recognoistre le péché pour lequel
Dieu lui avoit envoyé ce jugement, à quoi il respondit qu'il croit que
le péché quil a commis c'est de ne s'eslre pas retiré du milieu de
flous, et ne s'estre pas allé tenir en un désert, veu qu'il y avoit long-
temps qu'il avoit esté en scrupule et avoit esté travaillé, mais qu'il
avoit trouvé qu'il y avoit qu'un seul Dieu, qu'il avoit esludié à sca-
voir la voye du Salut pour s'y confermer et servir Dieu en pureté de
conscience. Lesdits Pasteurs députés voyant ses obliguitez et tergi-
versations dirent qu*il y avoit bien apparence qu'ayant arraché Jésus
Christ de sa pensée par une afieclation volontaire il avoit chanté ce
Pseaume. et que par un jugement de Dieu le malin esprit Ta voit saisi
et pourtant afin d'avoir response claire lui dirent que puis qu'il
croyoit estre bien disposé, et non troublé en son esprit, ils desiroyent
qu'il respondit sur les questions qui lui seroyent proposées. Puis que
premièrement 11 avoit blasphémé horriblement Jésus Christ, avoit
dressé des articles de sa damnable confession et croyance, avoit
résisté à toute vérité, et depuis avoit fait semblant de se retracter,
tellement qu'on ne scavoit en quel estât il estoit.
4<> Il lui fut donc demandé, voulez vous souscrire à l'Evangile
lequel a esté révélé par Jésus Christ, par les S'* Apostres si puis-
samment, si dignement et majestueusement.
Il respondit qu'il souscrira à ce qui est véritable.
V^ Tenez vous donc TE vangi le pour une fiction et invention humaine
un conte à plaisir et à dessein. Il répondit. Je ne sçai.
3. Youlez vous renoncer à la révélation de l'Evangile, il respondit
en souspirant qu'il scavoit que la mort lui estoit apprestée. Je veux
souscrire et me tenir aux articles que j'ai baillez, et estant pressé
finalement, dit je ne croi point à l'Evangile, ni que ce soit la doctrine
de Dieu.
4* Croyez- vous au Fils de Dieu. Rep, Je croi qu'il y a un seul Dieu.
5. Croyez vous à Jésus Christ. Rep. Non.
6. Croyez vous qu'il y a un S* Esprit en l'Essence de Dieu, et l'en-
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182 REVUE DES ETUDES JUIVES
voi (le cest esprit au cœur des hommes. R. Je croi que Dieu est
Esprit, et l'Esprit de Dieu est Dieu. J'ai eu dit il, de bous mouve-
mans, je ne scai d'où cela venoit sinon de Dieu, car je ne croi qu'un
seul Dieu, sans division ni distinction.
7. Ne sentiez vous pas auparavant plus de paix en vostre ame
croyant à TEvanglle que maintenant. R. Je me sentois plus porté au
péché qu'à présent.
8. Voulez vous donc renoncer à la marque sacrée de Baptesme que
vous avez receu. R. Oui je renonce mon baptesme.
Sur quoi estant conjuré de penser comment il pourroit compa-
roistre devant Dieu chargé de tant d'anathemes et crimes. Il respondit
par la miséricorde de Dieu.
9. Navez vous pas escrit un billet, Je croi que Jésus est le Christ^
le Fils de Dieu, le Sauveur du Monde ? etc. R. Je ne scai, et finale-
ment Tadvoua, mais on me Ta arraché et extorqué, dit-il, c'estoit par
crainte de la mort, C'est que les gardes me tourmentoyent.
Et lui estant objecté que quelques jours auparavant il avoit renoncé
ses erreurs et protesté aux sieurs Ghabrei et Spanh[eim] qu'il acquies-
coit à tout, qu'il detestolt ses blasphèmes, qu'il se vouloit ranger à
son devoir, Il dit qu'il avoit eu de graudes tentations, et en frayeur
de la mort et du supplice, mais qu'il estoit en sa première résolution,
et vouloit se tenir à ses articles.
Puis estant objecté que par une maudite obstination il avoit dit que
quand on lui monstreroit Jésus Christ estre vrai Dieu, il ne le croi-
roit pas, 11 nia l'avoir dit, finalement lui estant soustenu il advoua
disant qu'il estoit ferme en sa croyance, et qu'on ne la lui arraeheroit
pas du cœur. Toutesfois lui estant leue une ietre de sieur Ferri', dont
il desiroit n'ouir la lecture» il fut grandement esmeu, et jetta des
larmes disant toutesfois qu'il ne pouvoit rien changer à sa réso-
lution.
Après cela lesdiis Pasteurs se retirèrent, et le lendemain ayant fait
rapport à leur Assemblée des responses faites par ledit Antoine fut
résolu de scavoir du Magistrat quel ordre il desireroit qu on tinst
au jugement de cest affaire, s'il agreoit plus qu'on lui portast Tadvis
des Pasteurs par quelques députez du corps, ou tout le Corps de la
Compagnie en oplnast devant eux. Ce qui estant représenté au Magis-
trat et les réponses abominables de ce meschant, leur estant aussi
présentées les letres des sieurs du Moulin, Ferri, et Mestrazat Pas-
teurs en France, touschant ledit Antoine, lesdits Seigneurs du Conseil
ayaus appelé les députez, leur dirent qu'ils desiroyent qu'on visitêst
encor quelques jours ledit Antoine, soit tous les députez ensemble,
soit séparément selon leurs commodités pour tascher de le ramener,
mais qu'on ne permist point l'abord et approche à autres personnes
qu'aux Pasteurs, et qu'au reste ils attendoyent que tout le Corps
des Pasteurs se trouvast devant eux le Lundi suivant 9« Apuril
' Son ancien maître.
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NICOLAS ANTOINE IR'i
pour conférer ensemble de l'ordre quUl faudroit tenir en cest affaire.
La Compagnie sachant l'iolention de Messeigneurs, assemblée à
l'ordinaire le 6 Apufi!, trouva bon de faire une preconsuUation de
eest affaire non pourestre tous de mesme ^dvis, chascun estant en sa
liberté, mais pour s'entr'ouir et aider mutuellement en cest affaire.
Tous à la vérité jugeans ces blasphèmes horribles et insupportables,
dignes de mort, crimes de Leze Majesté divine au premier chef, et au
plus haut poinct de la Religion, mais les uns estimans que cela doit
avoir lieu en une personne qui est bien à soy, non prévenue de
mani^, fureur et trouble d'Esprit, que si bien les choses sont hor-
ribles tant à qu'il n'estoit ni Manichéen, Arrien, ni Glrconcellion (?)
aios qu*)l s'estoit jette au Judaisme qui blasphème à la vérité Jésus
Christ, mais qui est une profession tolérée au milieu de la Chres-
tienté, que le grand Malesloit qu'il avoit pris le ministère : mais que
bors cela tout ce qu'on pouvoit faire estoit de le flestrif , le déposer et
exhantorer du ministère, le bannir et chasser au loin, les autres
>ugeans qu'il suffiroit de la suprême excommunication de TEglise.
Les autres que ces blasphèmes et ce crime esioit digne de mort, mais
que ceste manie froide rendoit l'affaire suspect et que la sévérité
d'un supplice apporteroit plus de mal que de bien, soit que cest
houime estant tranquille d'Esprit persistast en ces opinions et blas-
phèmes invoquant le grand Dieu d'Israël, ce qui pourroit donner
d'estranges iifipresslons au peuple, soit que sa manie et phrenesie le
saisit allant au supplice, qui seroit une chose absurde de voir sup-
plicier un homme hors du sens, toutesfois qu'il ne le faloit point
relascher, ains le tenir eu prison estroite quelque temps, le faire tra-
vailler de ses mains afin de voir si sa manie le reprendroit à certains
interralles, et prendre advis des Médecins de dedans et de dehors
meeiae des Académies et surtout des Eglises de Suisse ainsi qu'on
avait fait de Servet, et en cas qu'il lui eschappast des blasphèmes le
fouetter et ehastier rudement essayant si ceste sévérité le pourroit
retenir. Les autres jugeans le faict plus atroce, et que ceste mante
survenue ne le pouvoit excuser estant survenue après une longue
préméditation et préparation à ce blasphème, comme un jugement dé
Dieu qui l'avoit livré à Satan, partant que si on punit un luxurieux
adolièré incestueux sans avoir esgard que cela vient de l'humeur san-
guine, un meurtrier sans avoir esgard que cela vient de la bile et de
la colère, aussi faloit il punir un blasphémateur provez quoi qu'il soit
sciai de quelque melancholie, veu qu'es intervalles dilucides il conti-
Duoit en son impiété, et n'y avoit point d'extravagances comme es
poures phrenetiques, mais il maintenoit des dogmes blasphématoires,
les avoit mis par escrit, produisoit ses arguments, eludoit les oppo-
sitions, detorquoit les textes et ainsi montroit qu'il y avoit plus de
malice qâe d'humeur et qu'au reste toute la Chrestienté nous regar-
doit, tant Papistes que Reformés, cest homme ayant une complicité
de divers crimes.
4. Va grand souppçon d'avoir desbauché un Jeune Gentilhomme
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184 REVUE DES ETUDES JUIVES
fraDçois,que en faisoyent foy les letresdu sieur Moulia; 2. Une apos«
tasie générale de la Religioa Ghrestienne, parjure et renoDcemeQt de
soD baplème, parjure derechef en la promesse faile en la S^ Cesne,
et finalement ayant pris -le S^ Ministère promettant de prescher
Jésus Christ, qu'il renioit en son cœur, et estant prest d^espandre
son venin, une hypocrisie horrible avant couvé dès longtemps ceste
impieté en son ame, comme il conste par ses escrits, et ainsi qu*il
estoit pire que ne fut jamais Arrius, Manee et les autres, pourtant
qu'ils le jugeroyent fils de mort, et que tout délai qu'on pourroit
apporter n'estoit nécessaire si non pour monstrer Testât qu*on faisoit
des advis de dehors, et peur estre fortifié es conclusions et résolu*
tiens qu'on pourroit prendre sur ce subjecl contre les blasmes que
plusieurs ont jette contre ceste Eglise à roccasion du supplice de
Servet antitrini taire, lequel ayant esté puni en ce lieu et exécuté à
mort, comme ceste sévérité a esté louée par plusieurs et mesme par
Bellarmin Jésuite, aussi a elle esté blasmée par plusieurs autres
Libertins, Anabaptistes, et qui plus est par quelques orthodoxes
trop scrupuleux et consciencieux, les uns par trop de tendreur, les
autres par maximes d'estat, craignant les conséquences surtout en
ces temps là où les feux esloyent allumés de toutes parts, et les
Papistes jugeoyent estre blasphème, ce qui estoit dit contre le Pape
et Thostie de la Messe, comme si on eust parlé contre la Trinité et la
Personne sacrée et glorieuse de nostre Seigneur Jésus Christ.
Mais pour revenir à nostre Juif blasphémateur avant le Lundi
designé par le Magistrat pour ouir les advis des Pasteurs suivant
l'intention du Magistrat, conjurer et exhorter de penser à soi, et
renoncer à ses erreurs, Cela mesme un autre jour lui fut réitéré par
un des Pasteurs y allant avant Theure de l'Assemblée, l'exhortant
au Nom de nostre Seigneur Jésus Christ qu'il taschast de se recon-
cilier à Dieu ; à quoi il respondit qu'il feroit ce qu'on voudroit
pourveu que ce ne fust point contre le Salut de son ame. Mais dit,
Pensez-vous Monsieur N. qu'un homme soit meschant qui pense
faire son Salut en accomplissant la loi de Dieu, et estre justifié par
l'accomplissement de ceste loi ? à quoi estant respondu qu'un tel
homme estoit meschant puis que la loi n'est pas donnée pour jus-
tifier, mais pour estre un pédagogue afin d'amener l'homme à Jésus
Christ, et que c'est renverser le mystère de piété, Il dit, je ne croi
point qu'un tel homme soit meschant, et lui estant dit que c'est
establir sa propre justice, renverser celle de Dieu, selon les paroles
de S^ Paul, la force et la vigueur de ses démonstrations, l'admirable
rapport de l'Ëvangile avec la loi et le service ancien, il ne scavoit
que dire, sinun qu'à son accoustumée il se jetta sur les passages de
l'Ancien Testament alléguez au Nouveau, Celui d'Osée allégué par
S^ Paul, et par S^ Pierre disant que cela est de torque, Celui de
Zacharie des Galates ou il est dit non point aux semences, mais à
ta semence. Celui où il est parlé de SinaY nommée Agar disant que
toutes ces interprétations ne sont point en l'Ancien Testament et que
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NICOLAS ANTOINE 185
S* Paul de vrai esloit éloquent et disert» mais qu'il fondoit mal ses
démonstrations. A quoi lui estant respondu que rien n'avoit esté
allégué mal à propos, et que TBsprit de Dieu ayant parié par les
prophètes avoit eu la liberté de parler par les Âpostres selon la
prophétie de Joël, que le mesme Esprit a?oit peu esclaircir ce qui
avoit esté dit plus obscurément, 11 répliqua que toutes ces raisons
et distinctions ne serviroyent pas pour convertir un Juif qui se tient
à TAncien Testament et par quel moyen on le pourrait conveincre.
Sur cela lui fut dit qu*on tascheroit de cooverlir un Juif lui mons-
trant les passages exprès de TAncien Teslameut qui monstrent la
S^ Trinité, Les passages qui monstrent que le Messies promis est
vrai Dieu et qu*il devoit prendre chair humaine, Le temps desi-
gné et marqué par les S^» Oracles, la prophétie de Jacob, celle
de Daniel 9. les prédictions de David, les efifects advenus en ce
temps et sur tout la vocation des Gentils qui ont quitté leurs
idoles dont les oracles qui ont cessé à la prédication de l'Evangile.
Il dit, mais ne voyez vous pas Tidolatrie parmi les Ghrestiens les
diverses sectes qui y sont? Sur cela lui fut dit que la raison ne
concluoit point veu que cela estoit arrivé par la malice des hommes,
et le juste jugement de Dieu prédit par les S^* Apostres. et quant
aux Sectes que le Schisme de Samarie, ni le Temple de Garizim n*em*
peschoit que l'Eglise de Heriesalem ne fust la vraye Eglise, non plus
que les sectes des Pharisiens. Essennites. Sadducceens., et veu que
la loi et les prophètes demeuroyeut en leur entier, et ceux qui y
adheroyent estoyent le vrai peuple de Dieu. Pourtant qu'il estoit
uisé de conveincre un Juif par ses passages, jusques à ce qu*ayant
cognu la vérité de TEveogile il fust rendu capable de comprendre
les mystères révélés aux S^» Apostres et laissés par iceux à i*Eglise,et
au reste qu'il est tresaisé de voir que la Religion Judaïque en Testât
où elle est n*est qu*uue vraye superstition, et un corps sans ame,
lant pour ce qu'ils ne recognoissent pas le vrai Dieu tel qu'il s'est
manifesté aux S^* Patriarches assavoir Père, Pits et S^ Esprit, que
pour ce qu'ils ne recognoissait pas ce Fils venu en chair et ayant
accompli l'œavre de nostre Salut, dont à bon droiet il sont livrés à
un esprit d'aveuglement, leurs synagogues estant uoe pure confu*
sion sans révérence ni dévotion, avec des cris et des hurlements
estranges et des gestes indecens. Il respondit à cela que c'est d'au-
tant que les Juifs sont en deuil. Et lui estant demandé la cause de ce
deuil, il dit que c'est à cause du Messies qu'ils attendent afin d'estre
délivrés de leur dispersion, mais lui estant objecté le 9^ de Daniel et les
sepmaines à la fin desquelles range Gabriel ayant dit que le Christ
viendroit pour consumer le péché, faire propitiation pour l'iniquilé,
amenerla justice des siècles, ce Christ estoit apparu au mesme temps
designé et avoit accompli ces choses, après cela le Christ avoit esté
retranché, et le peuple du Conducêeur avoit destruit la Ville et le Sanc-
tuaire, il répliqua que ces sepmaines de Daniel estoyent autant de Ju-
bilés et que cela faisoit mille trois cens ans. dont on prit occasion de
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186 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
lui dire que cela ne pouvoit estre veu que les Romains esioyent venus
au boni des sepmaines d'années, et avoyent deslruit le Temple après
que le Christ a voit esté retranché partant que ces Sepmaines ne se
peuvent estendre si loin, mais au reste que donc le temps estait
expiré de ces mille trois cens ans, et ne faloit plus attendre ce Mes-
sias, Jl dit que ce retardement est à cause des péchez du peuple, Et
quoi qu'on lui dit que jamais les péchez du peuple n'avoyent
empesché qu'il n'accomplist ce qu'il avoit promis, au temps assigné
en la délivrance d'Egypte, en celle de la captivité de Babylone, Il dîl
voyez vous pas que Dieu avoit promis qu'il n'y auroit que 400 ans
de la captivité d'Egypte, cependant il est cal[culé] qu'il y a 430 tns,
dont on lui fit voir le sophisme de son objection parce que de vrai
il y a 430 ans des la promesse, faite à Abraham jusques à la publica-
tion de la loi en Horeb, mais quant à la sortie d'Egypte il est dit que
Dieu ayant designé le temps, qu'en la mesme nuict toutes les bandes
d'Israël sortirent d'Egypte.
Et estant adjuré sur cela de recognoistre ses impietés, en avoir
horreur, donner gloire à Jésus Christ, Il dit qu'il ne le feroit jamaiSi
quoi qu'on lui monstrast qu'il estoit si miséricordieux qu'il avoit
promis que le blasphème proféré contre lui seroit pardonné au pes-
cheur repentant. Ledit Pasteur s'estant retiré avec horreur laissa ce
misérable en cest estât où il a continué jusques à présent.
Le Lundi 9 avril estant venu les Pasteurs et Professeurs au nombre
de 45 se présentèrent au Conseil et après le commandement à eux
fait par le premier Consul, de dire leur advis sur ce faict, après quoi
le Magistrat verroit comment il avoit à procéder, Apres la prière faite
à haute voix par le Pasteur pour lors Modérateur de la Compagnie
des Pasteurs, on commeuça par la démonstration de Timportance de
cest atraire» et qu'estant un faict qui à peine avoit esté veu dés la
Beformation, au prix duquel n'estoit rien l'affaire de Servet, de
Valentin Gentil, et autres hérétiques. Il y faloit marcher avec meure
délibération, Y apporter le Zèle de Dieu, mais avec science et pru-
dence, que de vrai les choses estoyent atroces, le crime énorme qu'un
né Chrestien baptisé quoi qu'en TEglise Romaine, neantmoins au
nom de la S^^' Trinité, et en la possession de Jésus Christ, venu à
l'Eglise Reformée détestant l'idolâtrie Papistique, et depuis venu à
Testude delà Théologie, finalement au S^ Ministère après avoir pro-
mis de prescher et annoncer Jésus Christ et tout le mystère de la
foi Chrestienne, ayant participé aux mystères et sacremens de
l'Eglise, vinst à un tel degré d'impiété, non seulement de quelque
erreur ou sentiment particulier ou blasphème indirect, et par consé-
quent tel que ceux de l'Eglise Romaine et autres sectes mais qu'il
vinst à une totale apostasie et abnégation du mystère de .pieté ren-
versant les fondements de la foi et les principes de la Religion
Chrestienne, Se portant à des blasphèmes horribles et exprès contre
la Majesté du Fils de Dieu, les ayant proférés en la manie dont il
estoit saisi, mais après s'estre préparé à cela plusieurs années aupa-
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Ma)LAS ANTOINE 187
ravant comme il appert par ces escrits et méditations faite de longue
main et de rechef par Tescrit de sa confession quil a dressé depuis
qu'il est es prisons laschant de prouver sa maudite croyance, et se
roidissant à cela renonçant son baptesme, et mettant bas tout senti-
ment du Christianisme, mais d'ailleurs qu'il faloit faire considération
Uela manie et fureur. en laquelle on Tavoit veu et dont la violence
pouvoit avoir extorqué ces l)lasphemes de sa bouche, de rechef que
cela avoit esté suivi de quelque retractation, dont toutesfois on ne
Toyoit point la suite, et ainsi qu'on pouvoit peser là dessus les advis
qu'on avoit eu de dehors, afin que si on se portoit à quelque resolu-
tion plus rigoureuse, neantmoins on n'encourust aucun blasme. —
Ce discours fut suivit d'un autre monstrant que les choses estoyent
atroces et estranges à la vérité, et n'y a?oit bonne ame qui n'eust
iiorreur des blasphèmes de ce misérable, neantmoins que ce n'estoit
qu'un dogme et croyance, que Jésus Christ ayant dit laissez Vyvroye
de peur que vos etc. sembloit indiquer qu'il faut tolérer ces choses
attendant le temps de la dernière moisson, que de vrai 11 y a eu cer-
taines sectes dont les sectateurs avoyent esté condannez punis et re-
tranchez comme celle des Ophites et Adamites dont les uns avoyent
un serpent qu'ils nourrissoyent et recevoyent de sa bouche l'Eucha-
ristie, chose horrible et diabolique, Les autres estoyent tout nuds
ensemble et commettoyent choses énormes, composoyent l'Eucha-
ristie avec farine la chair et le sang d'un enfant qu'ils esgorgeoyent
y mesloiyent mesme du sperme humain avec autres cérémonies hor-
ribles et pour tant qu'à, bon droict ils avoyent esté condannés,mesine
telles sectes renaissant en Amsiredam On s'y estoit opposé, que Pris-
cillian avoit esté condanné au synode de Bourdeaux, et livré au
bras séculier non tant pour son dogme que surtout pour divers
adultères dont il avoit esté conveincu. Il n'y avoit ici rien de sem-
blable, sinon qu'on sceust par indices et autres moyens qu'il eust
commis quelque crime énorme dont la letre de Sedan sembloit donner
quelque apparence. Au reste que cest homme n*embrassoit ce dogme
pour aucun profit et avantage qu'il en peusl prétendre, mais seule-
ment par une impression qu'il avoit prise de longue main, d'ailleurs
qu'il faloit faire estât de la manie et melancholie où on l'avoit veu
de peur que le traictant capitalement on ne fust accusé d'avoir agi
sur un maniaque, un homme hors de sens, dont il ne pouvoit réussir
que du mal, soit en ce que allant au supplice il vomiroit ses blas-
phèmes ce qui donneroit grand scandale et mesme on serolt en
doute le faisant mourir en cest estât si on ne perdroit point le corps
et l'ame tout ensemble.
Pourtant qu'il seroit plus à propos après l'avoir déposé publique-
ment du Ministère l'avoir fleslri et condanné à faire amende hono-
rable de le congédier n'estant pas à craindre que parmi les Chrestiens
il se trouvast aucun qui voulust adhérer à ses opinions.
Cest advis fut relevé, et monstre qu'en toutes ces sectes allègues il
n'y avoit rien de semblable à celle ci, où il y avoit une apostasie
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188 liEVUE DES ÉTUDES JUIVES
générale un blasphème direct contre la Majesté du Fils de Dieu, pre-
mièrement un faste et orgueil que ce misérable avoit nourri suivant
les préceptes de la Philosophie, et surtout de Métaphysique qu'il avoit
appris des sa jeunesse suivant laquelle il vouloit mesurer et com-
prendre la hauteur de la Majesté de Dieu et personne de Jésus Christ,
la divinité des mystères du Nouveau Testament, que de cest orgueil
il estoit venu à la curiosité de la curiosité à la doute, de 9a doute à
l'opposition contre ces mystères, de là à une totale résolution, et qu*il
y avoit plus d'apparences que ceste manie et frénésie fust pénale et
subséquente, que non pas antécédente, Dieu l'ayant frappé en son
esprit quand il voulut commencer de vomir son venin en 1 Eglise, Bt
pourtant qu'il n'y avoit point de doute et ne faloit point hésiter que
si jamais il y eust blasphème punissable par le glaive ceslui Testoit.
et que si Dieu a frappé Arrius et autres hérétiques ce n'est point
pourtant que les hommes ne doivent faire et employer le glaive où.
ils voyent choses semblables, que la loi de Dieu disant du faux pro-
phète, tu esteras ce meschant, ne dit point s'il sera maniaque, fréné-
tique, mais en parle absolument, néantmoins que eu Tesgard à Testai
où cest homme avoit esté veu, le danger de perdre le corps et Tame,
les fascheuses conséquences que son obstination pourroit apporter en
un supplice public , il seroit à propos de le garder encor quelques
mois pour travailler à sa réduction avoir advis de diverses Eglises et
Académies de Suisse et ailleurs, après quoi on pourroit venir à une
dernière résolution .
A ceste résolution se joignirent quelques uns monstrant qu'il
estoit nécessaire d'attendre, et que, tout ainsi que Arrius avoit esté
frappé de Dieu, Dieu feroit aussi son jugement sur ce meschant sans
que les hommes y missent la maio, que David avoit toléré Seimhi et
Joab, et qu'on en pou voit faire de mesme en ceste affaire.
Mais plusieurs autres s'y opposèrent les uns disaos que s'il y a
chose où il faille monstrer du zèle c'est en celle ci, n*y ayant point
de doute que ce ne fust le haut poinct de blasphème condamné par
la loi de Dieu, et que cest Estât et Eglise rendroit compte à Dieu si
elle manquoit d'y apporter une juste sévérité, les autres disans que
de vrai l'église ne juge pas du sang, et n'appartenoil pas aux Ecclé-
siastiques de déterminer des peines corporelles, partant qu'il suffi-
soit d'indiquer au Magistrat le poinct et degré d'impiété où estoit
venu cest exécrable, afin qu'il vist ce qu'il auroit à faire tant pour
s'acquiter de sa conscience que pour satisfaire à l'attente du juge-
ment de cest affaire et qu'au reste si le Magistrat est obligé de punir
avec zèle la transgression de la ^^^ table de la loi, il est obligé de
redoubler ce zèle pour maintenir la première qui concerne le service
de Dieu. Mais que pour faire un droit jugement il le faloit faire pro—
céder du faict. Ex facto jus orlt. Et estans leues les réponses catégo-
riques par lui faites aux Pasteurs députez, qu'il estoit aisé de voir
qu'il y avoit en ceci concurrence de divers crimes et impietez, Prépa-
ration et préméditation à blasphème, hypocrisie horrible, renonce-
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NICOLAS ANTOINE 189
ment à son baptesme, parjures redoublez tant en ce renoncement,
qu'en ce qu'ayant pris le S*-Ministère, et juré de prescber Jesus-Gbrist
il se disposoit à faire le contraire, les blasphèmes exprès prononcés
en sa manie, mais aussi après icelle, et maintenus et souslenus par
escrit et démonstrations impies, par conséquent qu*iln*y avoit point
ici à hésiter que ce ne fust un crime et iniquité toute jugée, Ëncor
plus s*il avoit sollicité le Jeune Gentilhomme nommé Villemand au
Judaïsme dont la loi dit Eum qui servum sive ingenuum ad judaicos
ritus transduxerit capitis pœna dignum censemus, Et qu*au regard
de la croyance si les Empereurs en leurs Constitutions parlant des
Saroarites ou Samaritaines et autres qui passent du Christianisme au
Judaïsme en ont jugé plus doucement, ne leur imposant que la pros-
cription ou déportation, et les privans de tester et succéder, c^estoit
in primordiis Christianae religionis, c*estoit envers ceux qui avoyent
la croyance contraire mais sans blasphème exprès, c'estoit en des
personnes particulières, mais non en des Pasteurs, qui eussent près-
ché, administré les sacrements, pour puis après renier tout cela, et
exposer en diffame les mystères de la Religion Ghrestienne, c'estoit
en ceux qui se contenoyent sans dogmatiser, mais qu'à bon droict
Charles ^^ en Tan 4540 punit un Roi de Tybur es costes de Tartarle
près Tocéan Scythique (où il y avoit encore ces résidus des dix lignées
transportées en Arzareth fisdras 4) lequel vint en ces temps là parmi
les Chrestiens, et après avoit parlé à François Premier, es France
passa en Italie s'addressa à Charles 5« et aux princes d'Italie les solli-
citaus à quitter le Christianisme et venir au Judaïsme ^ Ce que
voyant cest Empereur il le fit brusler publiquement à Mantoue.
Derechef qu*a bon droict les parlements de France ont condanné à
mort ceux qu*on a trouvé, induisans, faisans le sacrifice du Coq,
ayans attiré divers à leur abomination et que ceslui ci estant en leurs
mains n'eust point manqué de recevoir la punition méritée. Pourtant
qu*il estoit nécessaire de procéder en ceste afi'aire sans vaciller ni
hésiter, mais que comme au faict de Servet on eut Tadvis des Suisses
et autres lieux, ainsi faisant le mesme on se pourroit fortifier en sa
résolution contre les divers jugements qu'on pourroit donner sur
ce faict.
Le suivant priant d'estre excusé s*il n*estoit point deTadvis de ses
frères, et ne pouvoit consentir ni au bannissement, ni au délai de la
peine et punition de cest exécrable, et monstrant le danger qu*ii y
avoit de supporter plus longtemps cest monstre, dit que Tadvis de
dehors ne pouvoit causer que du mal veu que on contenteroit les
uns, on mescontenteroit les autres, et que plusieurs s*estonnoyent
de ce retardement, on mestoit en danger plusieurs du populaire de
croire ou ne croire point la S'« Trinité, et si Jesus*Christ est Dieu,
par une telle tolérance et delay, que la manie et frénésie ou mélan-
cholie de cest homme ne le pouvoit excuser en ses blasphèmes non
1 II Ml fait ici allusion à David ReQbéni.
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190 REVUE DES ETUDES JUIVES
plus qu'un adullere n*est pas toléré à cause de Thumeur sanguine,
un meurtrier à cause de l*huraeur cholérique, un autre du phlegme.
Et que pour le danger qu'on craignoit de le faire mourir en son en-
durcissement il faloit faire son devoir, et laisser les evenemens à
Dieu, qui avoit mis cest homme en mains du Magistral pour esprouver
son zèle, et qu'on n avoit pas eu ces considérations en divers autres
jugez à mort sans craindre ces conséquences, et dont on avoit déter-
miné plus absolument. Pourtant concluoit à rigueurs, adjoustant que
si le Testament d'un melancholique ou furieux est valable, s'il coqste
«qu'il Ta fait dans l'intervalle dilucide, aussi la melancholie et manie
ne peut excuser un homme lorsqu'il continue en ses blasphèmes
hors de la manie, ayant le discours et la ratiocination entière et
estant revenu à soi.
Quelques uns des autres Pasteurs conclurent au délai pour le$
raisons susmentionnées tant pour voir s'il estoit bien revenu à soi
mesme, que pour avoir advis de dehors, mais la pluspart panscherent
i la sévérité, monstrant qu'il estoit question d'un monstre et noa
d'un homme, qui de vrai avoit eu quelque aliénation d'esprit, mais
par un juste jugement de Dieu contre lequel il s'estoit roidi, et avoit
persisté non seulement en son impieté, mais aussi avoit tasché de la
maintenir avec subtilitez et sophismes ayant compilé divers passages
pour preuves de ses propositions abominables, avec tel artifice qu'oa
voyoit qu'il estoit bien à soi mesme, et que s'il avoit quelque melan-
cholie, la malice predominoit, laquelle Dieu n'avoit pas permis qu'il
cachast longtemps soubs ceste hypocrisie et feinte retractation le
livrant à l'Esprit reprouvé par un jugement du tout estrange, telle-
ment que le Magistrat pouvoit bien recogooistre jusques où il estoit
obligé de procéder en tel cas.
A quoi un autre adjousta que Dieu parlant si exprès, Tu racleras le
meschant du milieu de toi, monstroit que telle atrocité ne permettoit
pas de délai, et pour fortifier cest advis fut dit par l'un des autres,
que sll avoit proféré ces blasphèmes ce n'estoit point seulement in
furore, mais, ante et post furorem, et que le jugement de Dieu avoit
fait que le mal avoit esclaté per furorem, pour descouvrir la malice
que cest homme couvoit, dont le suivant conclud que veu Tatrocité
de ces choses il n'y avoit rigueur qui ne deust estre exercée contre
ce meschant.
Le Magistrat ayant oui les advis des Pasteurs et Professeurs les ea
remercia, déclarant que suivant iceux il adviseroit comment il auroit
à faire. Et le lendemain le Corps du Conseil estant allé es prisons
pour le faire respondre, on le fit venir en la Chambre Criminelle où
d'entrée il se prosterna à la Judaïque approchant le front fort proche
de terre. Et estant trouvé entièrement rassi d'esprit sans aqcuu
indice de frénésie et fureur, respondit à toutes les demandes qui lui
furent faictes par le Premier Syndique et autres Sénateurs avouant
d'avoir tenu toutes les paroles ci devant mentionnées, les unes pen-
dant son transport, disoit-il, les autres en pleine santé. Et estant
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NICOLAS ANTOINE i9l
pressé de renoncer à ses meschantes opinions dit qu*il ne le pouTOit
faire, pour le salut de son ame, dit par trois fois qu*il renonçoit son
baptesœe, ne voulant recognoistre en façon que ce soit Jésus Christ,
ni comme vrai Dieu ni comme vrai homme, non plus aussi la
S* Trinité, avouant d'avoir escrit sa confession avec les démonstra-
tions des articles et ne s'en vouloir départir. Ce qu'oyant le Magistrat
après avoir travaillé deux heures à tascher de ramener ce misérable
à son devoir, on se retira avec horreur. Mais on ne procéda point au
jugement, que quelques jours après, tant pour lui donner loisir de
penser à soi, que pour voir s'il n'y auroit aucun retour de manie et
môiancholie qui eust peu rendre le jugement suspect à diverses per-
sonnes, finalement il fut condamné à estre bruslé ayant auparavant
esté estranglé à un posteau.
Le jour du supplice estant venu avant lequel le Magistrat avoit fait
entendre aux Pasteurs la sentence donnée contre ledit Antoine, afin
qu'ils se disposassent à le voir es prisons dès le matin pour tascher
de le réduire à son devoir ou pour le moins résister vivement à ses
impietés, sur le scrupule que quelques uns faisoyent que en hastant
trop le supplice de ce misérable obstiné, on ne laissast tousjours
quelque soupçon aux estrangers de s'estre trop précipité, qu*on ne se
naisl en danger de perdre le corps et Tame tout ensemble, qu'on ne
ilonnoit aucun lieu à quelque advis de Pasteurs signalez qui avoyeiit
requis qu'on ne vinst point aux extremitez. Et pourtant qu'il seroit
à désirer que pour le moins le Magistrat surcoyast l'exécution de
quelques jours ou de quelques sepmaines le tenant renfermé, à quoi
concluant la Gomp. des Pasteurs elle députa deux de son corps au
Magistrat le priant de considérer ces raisons et voir s1l y auroit
moyeu de dilayer, à quoi le Magistrat respondit qu'ils ne pouvoyeni
donner lieu à la demande des Pasteurs, que ce qu'ils en avoyeot fait
estoit par zèle à la gloire de Dieu, lequel zèle n*estoit point sans
eognoissance, veu les escrits et paroles atroces du criminel les res-
poDses abominables qu'il leur avoit fait par deux fois sans aucun
indice et apparence de manie ou frénésie, que d'ailleurs ils l'avoyent
fait après avoir oui l'advis des Pasteurs par lesquels il avoit esté
jugé non seulement hérétique et blasphémateur, mais coupable d'une
apostasie générale de la Religion Ghrestienne, criminel de Leze Ma-
jesté divine au premier chef, fils de mort, indigne d'estre supporté,
mais plustost méritant d'estre retranché du monde^ partant ne pou-
▼oyent révoquer ni surcoyer Texecution de ce jugement. Ains or-
donnoyent que tous les Pasteurs allassent incontinent vers le pri-
sonnier criminel, de quoi le rapport ayant esté fait à la Compagnie,
la pluspart des Pasteurs surtout ceux à qui selon l'ordre il escheoit
d'aller aux prisons y allèrent incontinent, plusieurs des autres y assise
ierent et s'employèrent vivement à conveincre cest esprit d'erreur.
Ayant dit qu'on amenast le criminel, et icelui estant veau lui fut
dit par l'un des Pasteurs que veu les choses passées, sa préparation
de longue main à s'affermir en ses doutes et blasphèmes, veu qu'il
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102 REVUE DES ETUDES JUIVES
s'esloit jette au S^ Ministère ayant une créance contraire en son ame,
veu qu'il avoit profané et honni les S^' Sacrements de TEglise Ghres-
tienne, veu son parjure manifeste, veu ses blasphèmes proférés
de bouche, ses doctrines abominables couchées par eserit directte-
ment contre la foi Chrestienne, son opiniastreté et résolution à persé-
vérer en ceste impiété, nostre Magistrat avoit esté justement poussé
et induit à venir à des remèdes extrêmes, et pourtant qu*il avoit occa-
sion de penser à soi, si jamais, qu'il n'estoit plus question de repli*
ques, contradictions, rebellions, mais qu'il faloit recourir à Dieu avec
un cœur tout brisé rompu et froissé du sentiment de sa douleur pour
essayer s'il y avoit encore quelque lieu pour lui en ce grand abisme
de ses miséricordes et compassions, quelque voye à repentance,
si la gueule du puits n'estoit point encore tout à fait fermée,
mais que pour bien se préparer à cela il faloit recourir à Dieu,
par prières ardentes, lesquelles on feroit pour lui et lesquelles
11 suivroit du cœur pour implorer la grâce de Dieu, à laquelle
parole il se leva et demanda s*ii estoit condamné à mort, si on lui
venoit annoncer la morr, et lui estant respondu, qu'oui, qu'il ne
faloit pas laisser passer le peu de temps qui lui restoit sans Tem-
]»loyer à faire son salut et reparer les horribles scandales par lui
commis, il dit, il me faut donc mourir, et baisant terre dit, le S« Nom
du grand Dieu dlsrael qui a fait le ciel la terre soit bénit éternelle-
ment. Et estant exhorté de se mettre à genoux pour prier avec les
Pasteurs il dit, Je prierai Dieu pour moi, vous prierez Dieu pour
vous, si vous voulez, ne se voulant mettre à genoux, ni faire aucun
acte de dévotion avec eux, ô l'occasion de quoi les Pasteurs direut
qu'il faloit qu'il obeist, et le geôlier s'estant approché, pour le con-
traindre de s'agenouiller, il fit semblant de vouloir obéir, mais aux
premiers mots de la prière il se releva incontinent secouant la teste,
et se couvrant, marmonnant quelque chose entre ses dents. Ce que
voyant le geôlier et les sergens le voulurent contraindre de s'age»
nouiller, ce que toutesfois jamais il ne voulut faire, se séant sur
terre, et finalement s'estendant sur terre tout son long, jusques à ce
que la prière fust finie, après laquelle 11 demeuroit tousjours couché
de son long la face baissée contre le plancher, jusques à ce qu'estant
commandé de se relever et escouter ce qui lui seroit dit il se releva
parlant et mourmonnant quelques prières au grand Dieu dlsrael, et
lui estant représenté avec larmes et paroles véhémentes le regret
qu*on avoit du misérable estât auquel il s'estoit plongé et duquel
auparavant il ne s'estoit soucié de se retirer quelques remonstrances
sérieuses qui lui eussent esté faite, pourtant quMl estoit temps où
jamais de penser à soi puis que dans peu d'heures il faloit aller com-
i)aroir devant celui que tant il avoit nié et blasphémé. Il respondit
qu'il n*avoit point blasphémé, Jlnvoque et adore, dit-il, le grand
Dieu d'Israël qui a fait le ciel et la terre, qui a fait ce beau Soleil,
dès ma jeunesse j'ai tasché de servir à Dieu en conscience, de suivre
le droit chemin, J'ai trouvé qu'il n'y a qu'un Dieu, ne me pouvant
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NICOLAS ANTOINE 193
résoudre qu'il y eust trois Personnes, J*ai trouvé que par le Nouveau
Testament cela estoit maintenu, mais sachant qu*il y avoit une autre
Escriture assavoir l'Ancien Testament, J'ai Irouvé qu'il n'y avoit
qu'un Dieu, et qu'il n'est jamais parlé de trois personnes, et autres
telles paroles qu'il avoit dites à diverses autres fois auparavant. Pour-
tant qu'il ne pouvoit ni ne devoit donner lieu à ^ine autre croyance
que ce seroit eslre contre sa conscience. A quoi lui estant objectés
les passages de l'Ancien Testament tant pour prouver la Trinité que
la personne et office de Jésus Christ, il éludoit le tout comme aupa-
ravant, dit que les sepmaines de Daniel se dévoyant entendre de
sepmaines de sepmaines assavoir autant de Jubilez qui fait 4300 ans,
dont lui estant monstre l'absurdité en ce qu'il est monstre du Conduc-
teur du peuple à venir qui devoit deslruire la cité par les ailes abo-
minables et lui mesme advouant que ce Conducteur estoit Vespasian
ou Titus son ûls il n'estoit pas recevable de dire que à l'esgard du
Christ les sepmaines fussent sepmaines de sepmaines^ des qu'à l'esgard
de la destruction ce n estoyent que sepmaines d'années, veu que cela
est contenu en la mesme prophétie et annonciation de l'ange Gabriel
Daniel 9. Il n'eut que répliquer à cela ni à plusieurs autres passages
qui lui furent alléguez sur tout des PSeaumes 2 et 440. sinon qu'il
detorquoit divers passages qu'il opposoit et ne vouloit jamais donner
lieu à aucune retractation de ses erreurs et blasphèmes. .
Lui fut aussi demandé quelque chose de certaine confession qu*il
avoit faite pendant sa maladie dans sa prison, ses gardes lui ayant
oui demander pardon à Dieu de quelques souillures et vilainies, il
dit qu*il n*estoit pas tenu d'en respondre. que nous n'estions pas dés
prestres pour recevoir des confessions auriculaires. A quoi estant
répliqué que non mais puis que lui mesme l'a voit dit et que cela
donnoit scandale il estoit obligé si la chose estoit vraye de reparer le
scandale par sa confession, Ce qui fit qu'il en parla et dit n'avoir
jamais pensé à aucune meschanceté de telle nature, qu'il avoit esté
en Italie et avoit esté mené en un bourdeau à Bresse, mais qu'il n'y
avoit rien commis et n'avoit touché personne.
Lui estant demandé à la requeste de quelques Pasteurs du bail-
liage de Gex qui estoyent présents comment il avoit baptisé les
enfans, si au nom du Père du Fils et du S^ Esprit, il dit qu'oui, et
qu'il en avoit très grand regret, finalement sur la requeste faite par
les Pasteurs au Magistrat que les escrits d'icelui ne fussent pas
bruslez mais plus tost renfermez afin qu'on eust un mémorial de ce
pourquoi il estoit condanné à mort, et que ce n'estoit pas pource
qu'il avoit esté Papiste, et eslevé entre les Jésuites, mais pour des
horribles blasphèmes proferez et escrits contre la S^<> Trinité, en la
Personne de nostre Sauveur, et tous les mystères de l'Evangile,
Le Magistrat ayant ordonné que ses escrits seroyent gardez après
qu'il les auroit signez de sa main, le secrétaire d'Estal estant venu es
prisons, et lui ayant produit ses escrits demandant s'il les recognois-
soit et les vouloit signer, Il advoua les recognoistre, s'approcha pour
T. XXXVI, n"* 72. 13
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lUi REVUE PBS ÉTUDES JUIVES
les signer, dont les Pasteurs le voulans destourner et Usob^os de V^
froyer afia qu'il eus! quelque horreur. Il se roidit plus qu'auparavaal,
prend la plume et signe le tout en trois endroits assavoir au bout dç9
douze articles, la démonstration d'iceux, et Tex position ou plus tost
dépravation duô3<> d'Ësaie. Depuis continua tousjoursàrejetter tout œ
qui lui estoit dit par les Pasteurs sans doaner aucun lieu à la Vérité
ni rétractation de ses blasphèmes jusques à ce que le Lieutenant da
la Justice estant venu, et lui ayant commandé de le suivre pour ouir sa
sentence il fut mené devant le Tribunal attendant la venue des Syn*
diques. C'est là où les Pasteurs lui reprochant l'atrQcité de son crime,
le gouffre où il estoit prest de tomber, les ardeurs elernelleii qui lui
estoit préparées s'il ne se retirolt de ses blasphèmes abominables, e4
ne donnoit gloire à Dieu tant s'en faut qu'il donnast lieu aux exhor-
tations et adjournements qui estoyent faits à sa conscience qu'au lieu
de donner gloire à Jésus Christ devant le S^ Tribunal duquel 11 alloit
comparoir beaucoup plus terrible que celui des Juges terrestres,
jamais il ne le voulut recognoisire, mais dit, il n'y a qu'un Dleu^
J'adore le grand Dieu d'Israël qui a fait le ciel et la terre. Et lea Synn
diques estant monstez sur le Tribunal après la lecture du procès
faite par le Secrétaire d'Ëstat, à laquelle il ne contredit point Vescoi;h>
tant fort attentivement, avant le recri de l'arrest ou sentence, le Pre«^
mier Syndique lui disant que c'est qu'il avolt à dire là dessus, el
qu'il demandoit estant exhorté par les Pasteurs de se jetter à
genoux et demander miséricorde à Dieu, et au Magistrat, ûfita^menit
il se jetta par terre et adora à la Judaïque et disant béni soit Ve grand
Dieu, le seul Dieu d'Israël, J'adore ce seul Dieu qui a fait le ciel et la
terre, après quoi le Syndique ayant donné l'arrest au Secrétaire en fut
faite lecture, par lequel il estoit condamné à estre lié, et mené en la
place de plein palais, et là estre estranglé à un posteau et puis brual^.
Là dessus le Lieutenant commanda à l'exécuteur de le saisir pouv
le lier et mener au supplice, et lors les Pasteurs s'eQorçana de coavai-»
tir ceste ame endurcie lui representans la grandeur de son crime,, lea
liens éternels dont il alloit estre lié, le gouffre où il s'allait preci*
piter, et ainsi qu'il donnast gloire à Jésus Christ et Fils eterneil de
Dieu éternel qu'il avoit tant blasphémé afin de trouver grâce devaul
lui, iX ne cessa de continuer ses exclamations du grand Dieu d'Iaraet*
et au chemin lui estant dit le passage du PSeaume % Baisea le Fila»
en Hebrieu^ il acheva le dit passage et en adjousta plusieurs autres
en Hebrieu, sans jamais vouloir donner lieu à aucune remoostjranoa.
Estant près du buscher ou posteau où il de volt estre exécuta, Ua
Pasteurs Tadjurants et conjurans à ceste heure là et en ce teaupa de
penser à soi qu'il y avoit encor temps de recourir à la misericorda
de Dieu confessant son péché, confessant Dieu tel qu'il s'est inaai*
festé au Ylel et au I^^ouv. Testament^ que ce Jésus ChrLsi qu'il avaU
blasphémé et blasphemoit avoit pardonné à un poure brigand, qu'U
avoit dit que tout blasphème prononcé contre lui pouvoit es.tra pav*
donné, pourveu qu'il n'y eust point d^ blasphème contre l'Es^vil- \
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NICOLAS ANTULNE 195
quoi au lieu de respondre il commença à grincer les dents et tourner
les yeux, disant qu'il n'y avoit qu'un seul Dieu, et qu'il vouloit
mourir pour la gloire du grand Dieu disrael, prit son chapeau et le
le jetta en Tair disans, Allons, allons mourir pour la gloire du grand
Dieu disrael. Il n'y en a qu'un, \\ n*y en a point d*autre.
Sur quoi lui estant répliqué que nous ne recognoissions qu'un
seul Dieu, mais qu'il estoit un avec le Fils et le S^ Esprit, en cestd
S^® Trinité, et que sans le Fils et le S^ Esprit il ne recognoissoil
point le vrai Dieu disrael, mais qu'il se forgeoit un Dieu de Turc,
un fantosme, il s'escria il n'y a qu'un Dieu, ne croyez pas ce qu'on
vous dit. Je n'en recognoi point d'autres, grinçant les dents et secouant
la teste faisant des gestes estranges surtout quand on lui parloit de
nostre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, ce qui donna occasion à
l'un des Pasteurs de dire au peuple, Mes frères voyez vous ici l'en-
nemi de nostre Sauveur qui blasphème et maudit nostre Seigneur
Jésus Christ, qui ne le veut point recognoistre, à laquelle parole tout
le peuple frémit et^ut telle horreur que de tous costez on entendît
un bruit sourd, de quoi au lieu de s'esmouvoir, il se roidit en sa
malice, et dit non il n'y a qu'un Dieu, puis qu'il n'y a qu'un Dieu
il ne peut pas y avoir trois Personnes. Je ne veux point recognoistre
tout cela, Je ne recognoi que le seul vrai Dieu d'Israël, seul en es-
sence, seul en Personne, tout le reste n'est point. A ceste parole l'un
des Pasteurs lui disant que s'il continuoit à parler ainsi on lui cou-
peroit la langue, il se moqua de cela et tirant la langue fort avant dit,
Tenez là, faites la couper, persistant toujours en ces propos abomina-
bles, sur quoi ayant esté fait signe à l'exécuteur qu'il lui serrast tant
soit peu le garrot afin qu'il fust empesché de parler et qu'il escoutast
la prière et les exhortations des Pasteurs, la prière estant commencée,
ou les Pasteurs faisoierU mention d'un seul Dieu Père, Fils et S^ Esprit,
parlant de Jésus Christ nostre Seigneur, quoi qu'il ne peust parler à
ceste parole il grinça les dents, et jetta un soubris de rage et de
mespris, frappant du pied sur le buscher, et monstrant des signes
et indices qu'il mouroit en son impieté, finalement la prière estant
achevée et le bourreau l'ayant deslié du posteau où il avoit esté
estranglé on le vit remuer la teste et les jambes lors que le feu fut
mit au buscher, tellement qu'il sentit encor l'un et l'autre supplice
en son corps, avec grande apparence que son ame en allolt souffrir
un autre plus severe, siuon que Dieu par ses miséricordes infinies
et incompréhensibles aist voulu faire triompher ses grandes compas-
sions par dessus la malice de cest exécrable lui faisant la grâce de le
recognoistre en la dernière heure de sa vie. Mais cela estant caché
par devers Dieu, cest exemple doit donner une juste frayeur à un
chacun pour se rendre docile à croire ce que Dieu nous a révélé en
sa parole, sans l'assubjectir à nos sens et raisons, Veu que Dieu ne
laisse point impunis ceux qui par une curiosité audacieuse veulent
sonder ces mystères par dessus la révélation, et celui qui veut son-
der la Majesté de Dieu sera abismé par la gloire.
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Page 29 du même registre :
redi 19 May 4626.
(lu'il y avoit ici un estudîant en Théologie de Metz nommé
ine recommandé à la Compagnie qui a présent estoit fort
9 la fiebure et en nécessité, partant la Ck)mpagnie estoit
lui tendre la main. Advisé de lui bailler quatre talers, ce
fait.
Page 78 du même registre :
' Antoine estudiaut en Théologie se retirant d'ici, et
ir fournir aux frais de son voyage a esté recommandé à la
la Compagnie, laquelle lui a ordonné quatre ducatons
u de Mons. Prévost, outre quelque chose de Mons. le Rec-
indredi 24 Mars, il n*y a eu autre.
l suivre.)
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ERREURS RÉCENTES
CONCERNANT D'ANCIENNES SOURCES HISTOWQDES
H. A. Schlatter, professeur de théologie, qai est conna par des
trayaux, parus en 1893, sur la topographie et l'histoire de la Pa-
lestine S a publié récemment une étude* qui forme, en partie, la
suite de ses travaux antérieurs. Dans cette étude, il expose à nou-
veau le soulèyement des Juifs de la Palestine sous Barkokhba et
les éyénements qui ont précédé cette révolte, en s*appuyant prin-
cipalement sur les indications fournies par la littérature tradition-
nelle des Juifs. La thèse que M. Schiatter oppose à ceux qui ont
raconté avant lui Thistoire du temps d'Adrien, et en faveur de la-
quelle il s'efforce d*invoquer les assertions des Tannaïtes, peut se
résumer ainsi (p. 1) : Dans Tannée 130, Adrien rendit aux Juifs
remplacement oii s*élevait autrefois le temple. Cette marque de
bienveillance et les travaux commencés pour la reconstruction du
temple réveillèrent dans les cœurs les espérances messianiques et
eurent pour conséquence rétablissement de la royauté messia-
nique de Barkokhba. Survint alors la guerre de Barkokhba (132-
134) ; celle-ci terminée, Adrien fit construire la ville nouvelle
d*Aelia.
Il est certain qu*à la lumière de Tinterprétation nouvelle de
M. Schl., plusieurs faits se comprennent mieux et qu*en dépit de
Tabsence de tout renseignement direct, on trouve moins étrange
Tespoir nourri par les Juifs de restaurer Jérusalem et le culte du
temple dans la première année du règne de Barkokhba. LMdentiû-
1 Znr Topographie und QetehichU PûlâHina*i.
* Cette étade, iatitulée : Die Toge Trajam und Hadrians» a paru dans les Beiirâgo
9ur Fordorung chrittliehor Théologie^ 1'« anoée, 3* fascicule, Gûtersloh, 1897,
p. 1-100. Ce fascicule contient, à la fia, uq trayail de M. A. Foss, Leb$n und Sckvif-
Un Agobërdê^ Brobiêchofs pon Lyon^ qui présente égalemeat de Tintérôt pour This-
toire des Juife.
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198 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
cation qu'il propose d'établir entre 1?T5n 'nt^^b», c'est-à-dire le grand-
prétre des monnaies de Barkokhba, et TEléazar ben Harsdm des
sources talmudiques qui, d'après le traité de Semahot, viii, vivait
rris^Don n:^^n, semble également assez plausible. Mais il n*est pas
moins vrai que l'argumentation de M, Schl. ne réussit pas à con-
vaincre, parce que notre auteur n'est pas suffisamment familiarisé
avec les sources où il puise ses renseignements et qu'il ne sait pas
les utiliser avec une clairvoyance assez sagace. Son travail pré-
sente encore un autre point faible : par une sorte de dédain pour
ses devanciers, il néglige de mentionner leurs opinions et surtout
de les réfuter, présente presque comme des axiomes ses propres
opinions, qui sont parfois très sujettes à caution, et fait ainsi
douter de la justesse de ses vues. Néanmoins, pour l'étude de l'his-
toire juive, on devra tenir compte dorénavant des importantes
recherches d^ M. Schiatter, et nul ne pourra sérieusement traiter
des temps de Trajan et d'Adrien sans connaître ses travaux sur
cette période. Mais il me parait utile de rectifier ici certaines er-
reurs commises par M. Schl. en recourant aux sources. On verra
que si notre auteur s'est trompé, ce n'est pas seulement parce
qu*il n'a pas su tirer tout le profit possible des sources qu'il avait
sous les yeux, mais aussi parce qu'il n'a tenu aucun compte des
recherches et des opinions de ses devanciers ^
1. Page 9, M. Schl. dit : « Du cdté juif aussi, on établit une dif-
férence entre la persécution d'Adrien et celle d'Antiochus Épi-
phane, car les docteurs disent : Lès premières eaux firent manger
de )a viande de porc, les dernières causèrent la mort [Midrasch
rabba sur Nombres, § 20). Les édits d'Adrien ne forcèrent pas les
Juifs à manger de la viande de porc, mais firent prononcer de
nombreuses condamnations à mort. » Ainsi, d'après notre auteur»
les « premières eaux » désigneraient allégoriquement les persécu-
tions d'Antiochus Epiphane et les « dernières eaux » les persécu-
tioas d'Adrien, sans doute d'après Psaumes, cxxiv, 4-5. Cette
interprétation lui parait si certaine qu'il n'a pas cru nécessaire
d'ajouter au passage cité un mot d'éclaircissement. Or, il se
trompe absolument. Aussi bien dans les sources secondaires qu'il
cite {Nombres rabba^ ch. xx, éd. Wilna, § 21) que dans la source
primitive, c'est-à-dire le Talmud de Babylone [Yomay 63^, et
1 Comme trait caractéristique de la légèreté avec laquelle M. Schiatter indique
parfois les sources, je citerai ici le fait suivant. Page 31, il indique comme source,
nour la formule de bénédiction a'^:37am DICDH "TTia, le Miiroich rabba sur
Nombres, ch. xxiii, au lieu de citer les Traies sources, qui sont le Talmud de Jérusalem
{Taanit, 69a),- celui de Bab^rlone (Berachot, 48 6 ; Taanit, 31a; Baba B^fà, 121 h]
et Echa rahbati sur ii, 2.
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ERREURS RÉCENTES CONCERNANT DES SOURCES HISTORIQUES 199
HmlUn, 106 d), Oh reconnaît facilement que d-^aTiDÉnïi û*^» dési-
gnent Teâu avec laquelle on de lave les mains avant le repas, et
Û'»3*nn»n tn^ celle qui sert après le repas. En négligeant de se
laver les mains avant ou après le repas, les personnes dont parlent
certaines anecdote^ racontées ailleurs s'exposaient aux consé-
quences fâcheuses énumérées dans le passage talmudtque.
2. P. 21. « Juda ben Baba faillit être considéré comme pro-
phète, titre que nul ne posséda depuis Samuel le Petit. Les dis-
ciples de ce dernier (pas ceux d'Âkiba) voulaient proclamer à
propos de Juda qu'il était inspiré de l'esprit saint, mais l'heure
fut troublée, c'est-à-dire la guerre éclata [Tosefta Sota, xiii,
éd. Zuckermandel, 319, ligne "7). » Un simple coup d'oeil jeté sur
le texte montre que M. Schl. ne l'a pas compris. Voici, en effet, ce
que dit la Toseftt : biû i^rTDbn nTDib n«pn «aa la mw 'n b:? C|«
rvmti nDlûW »bît bandai». M. Sch. semble avoir traduit ainsi : « Les
disciples de Samuel voulurent aussi dire de Juda [qu'il était animé
de l'esprit saint], mais. . . » Mais rn-^^bn est une faute pour iTTabn,
et n^nb "WJpa n'a pas de sujet déterminé, ou plutôt le sujet est : on.
Le texte du ms. d'Erfurt imprimé dans l'édition Zuckermandel est
défectueux dans ce passage ; il est plus complu et, comme le
prouve le contexte, plus correct dans la variante indiquée par Z.
en note d'après le ms. de Vienne et les éditions, variante dont
M. Sch. n'a tenu aucun compte. La voici : «aa p "^"n h:^ C|«l
'i::tp^ btrm^ b« rrnbn tdh «n rjy «a vby i-^n^i» 'Xrr^ lî-^nn. Ce
passage doit être expliqué ainsi : De môme qu'on a prononcé sur
Samuel le Petit ces paroles élogieuses bt) iT^bn Ton iXn T^a:? txn
bbîi, de même on aurait exprimé cet éloge sur Juda ben Baba, à la
mort de ce docteur, si les circonstances, c'est-à-dire les persécu-
tions d'Adrien, n'y avaient fait obstacle. Voir les passages paral-
lèles dans j. Sola, 24«>, ligne 39, et b. Sota, 48 &, où 11 y a égale-
ment iTDpa comme dans le ms. d'Erfurt. Mais M. Sch. a négligé
ces passages.
3. P. 24. M. Sch. corrige, dans Mischna Taanit, iv, 8, oitsiooidn
en DtaiDOiDô^, mot dans lequel il \o\t apostat. Cette correction n'est
pas nouvelle. On la trouve déjà dans VAriich de Kohut, I, 222 Z?,
citée au nom de M. Hochstaedter, qui croit que cet apostat est
Alcime. Mais, comme le mot grec àiroaràTr,; ne se retrouve nulle
part ailleurs dans la littérature talmudique et midraschique et
qu'il est très vraisemblable que la Mischna désigne par son nom
Iliomme qui, le 17 tammouz, a brûlé la Tora, la correction pro-
posée ne parait pas admissible. M. J. Derenbourg (Essai sur Vhis-
taire de la Palestine, p. 68 s.) pense au nom de Postumus ou Sep-
timus, nom qu'aurait porté le soldat romain qui, d'après Josèphe
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200 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
(B. /., II, 12, 2), a déchiré et jeté au feu un rouleau de la Loi.
D'après M. Halberstam [Revice, II, 127), oitticaDiDN, avec une légère
correction, serait Faustinus, nom que portait Jules Sévère, le gé-
néral d* Adrien. Mais en admettant môme la correction proposée
par M. Schl., nous ne pourrions jamais voir dans cet apostat,
comme le fait notre auteur, Elischa ben Aboiiya, désigné par les
Tannaïtes sous le nom de Ahèr. Car on ne comprendrait pas pour-
quoi il ne serait pas appelé ^una^ ici également, ni qu*il eût accom-
pli une action aussi abominable et, s*il s*en était réellement rendu
coupable, que son disciple Méïr fût resté en relations avec lui.
4. P. 2'7. « Les p-oudeta (musées) — mÉr^Di» "^n -^ que les païens
ont fait construire pendant la persécution sont interdits môme
quand la persécution a disparu. » Cest ainsi que M. Schl. traduit
le passage de la Tosefta Adoda Zara, v, 6 (éd. Zuck., p. 468,
1. 26). li prend donc Tinitiative, sans autre explication, d'enrichir
le lexique talmudique de ce mot nouveau et introduit pour la
première fois dans l'histoire de la Palestine Tidée que ce mot
représente, en songeant probablement au Musée d'Alexandrie. Il
continue alors par les réflexions suivantes : « C'est un trait carac-
téristique d'Adrien que cet empereur, au moment môme où il
ordonnait de sanglantes persécutions, conservait Tlllusion d'ôtre
le bienfaiteur des Juifs. Dans sa pensée, il les guérissait de leurs
superstitions et les initiait à la civilisation grecque... Ce fait est
encore important à un autre point de vue : il prouve que la persé-
cution a duré plusieurs années. Car il fallait du temps pour élever
de tels édiâces, qui n'ont certes pas été construits pendant la
guerre. La Halakha mentionne seulement les {xouoreïa et non pas
les temples, parce qu'elle n'avait plus besoin d'interdire aux Juifs
de fréquenter les temples des païens. » Toutes ces observations et
déductions de M. Schl. ne reposent, en réalité, que sur une leçon
incorrecte du ms. d'Erfurt de la Tosefta. Car ce ms. seul écrit en
deux mots le terme que M. Schl. rend par (xou<Teîa et qui partout
ailleurs est écrit nrott'^n, de p<ojjL<i;, « piédestal pour des idoles » ou
a auteU. Cf. Levy, I, 219. La leçon exacte est nvo»in; elle se
trouve dans la Mischna éditée par Lowe [Aboda Zara, iv, 6) :
M.lniN l'^T'^awu) "^50» l'^nni» ib» "^^ û-^^dV» \m nro^ia. Voir aussi,
pour ce passage de la Mischna, les explications à^Ahoda Zara,
53 b. Il aurait suffi que M. Schl. se rappelât que le mot T^jm ne
peut pas signifier « élever une construction » pour éviter de se
laisser égarer par la mauvaise orthographe (nn'^Di): "^i) du ms.
d'Erfurt.
5. P. 29, note 1. M. Sch. cite le mots nîûin V© rrrT de j. Aboda
Zara^ 39 d, et les traduit exactement^ ce semble, en leur faisant
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ERREURS RÉCENTES CONCERNANT DES SOURCES HISTORIQUES 201
designer le marché tenu près da térébinthe, dans le voisinage
d*Hébron. Mais il omet de mentionner le passage parallèle de Ge^
nèse ràbha, ch. 47, fin, et de rappeler que d<*jà M. Neubauer [La
Géographie du Talmud^ p. 262} a établi un rapprochement entre
pDn 'm'> de Genèse rabba et la localité de Betanin qu'Eosèbe place
dans le voisinage d*Hébron.
6. P. 31 s. D'après M. Schl., le récit de Meïla, ITô, « rappelle
les événements qui provoquèrent Tédit de tolérance » par lequel
Antonin le Pieux mit fin aux persécutions ordonnées par Adrien.
En réalité, ce récit, où Eléazar, fils de Yosé ben Halafta, joue un
rôle, se rapporte à une époque ' postérieure, peut-être à Tannée
163, année où Simon ben Yohaï chassa — selon ce môme récit
— un démon du corps de la fille de l'empereur (cf. Revue^
XXXV, 286).
7. P. 42. « L'assertion suivante est attribuée à R. Judan, doc-
teur du iii« siècle : Aucun des forts de Jérusalem n'était destiné
à être conquis en moins de quarante jours [Midrasch rabba sur
Lam., II, 3). Ce passage ne se trouve pas au milieu des matériaux
qui se rapportent à Tan 70, mais avec ceux qui font connaître les
souffrances infligées par Adrien. » Autant de mots, autant d'er-
reurs. L'auteur de cette assertion, Y^v 'n, n'est pas du m® siècle,
mais florissait vers le milieu du w. L'assertion elle-même, qui se
rapporte à ce texte : rmm na "^^ata» vi-a:?a onn, est ainsi conçue :
D-'ja-iKTD mno «aanb rr-'i^n nn-^n «b û'«b©in'»a nn-^nia rn-'m n-r^a ba
...Dnn ni3v ittniiTD Iran dr. 11 ne faut pas traduire : « Aucun des
forts de Jérusalem n'était destiné à être conquis en moins de qua-
rante jours », mais <f chaque fort était assez solide pour résister
au moins quarante jours, mais la colère de Dieu, provoquée par
les péchés d'Israël, amena plus rapidement la chute de ces forts. »
Rien, dans ce passage ou dans le contexte, ne prouve qu'il se rap-
porte à l'époque d'Adrien. L'agadiste pensait sans doute avant
tout à la destruction de Jérusalem par Titus, mais rien ne démon-
tre qu'il n'ait eu en vue la victoire de Nabuchodonozor. Les con-
clusions tirées de ce passage par M. Sch. ici et dans son ouvrage
précédent (Zur Topographie, p. 140 et 146) sont donc inexactes.
8. P. 47 et 51. Lorsque R. Yosé dit que « la modestie de in rvUDi
oibnpaN a causé l'incendie du temple o {Tosefta Sabbat, xvi, 13;
éd. Z., p. 135, 1. 12), il a en vue, d'après M. Schl., un événement
du temps d'Adrien. Mais notre auteur s'abstient de comparer l'as-
sertion de R. Yosé avec celle de R. Yohanan, qui en découle
{Guiitin^ 56 a), bien que les mots de R. Yosé ne se comprennent
que par le récit de Guittin (voir aussi Echa rabbati sur iv, 2). Or
ce récit se rapporte sans contredit à la destruction du temple par
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202 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Titus et aux événements qui ont précédé cette catastrophe. Il est
vrai que M. Schl. place aussi Tincident de Kamça et Bar Kamça à
l'époque d'Adrien (p. 60). M. Schl. se tronape également en corri-
geant oibnpaN en Euptolemos. Ce Zacharia ben Dibipa» ou, selon
une variante, oibip*^» est aussi mentionné par Josèphe, B. /., IV,
4, 1, qui l'appelle Z. b. Amphikoulos (cf. Derenbourg, Essaie
p. 267). M. Schl. prétend que la discussion entre les écoles de
Schammaï et de Hillel à propos de laquelle on cite l'opinion de
Zacharia ben onbip^fi^, dans la Tosefta, ne peut avoir eu lieu
qu*après l'an ^O, mais cette assertion ne s'appuie sur rien.
9. P. 50. a Yohanan dit au nom du patriarche Juda P' : Kohab
sortit de Jacob (Nombres, xxiv, H); il ne faut pas lire Kokab,
mais Eozeb (Midrasch rabba sur Lament., ii, 2). o Le passage cité
par M. Schl. est la reproduction de ces mots ù'Echa ràbbati : Tt)R
ariD »bN aDi5 -^npn b» apjn» sdid yrr ^^n rm "^nn •^"n. Mais, comme
je l'ai établi dans mon Agada der Tannailen, I, 291, ce passage
a forcément le môme sens que le passage de j. Taanit, 68 d : ''sn
Dans Echa r., "^"n ne désigne pas R. Yohanan, mais R. Juda ben
IlaY, et "^n^i ne désigne pas le patriarche Juda P% mais Akiba (bar
c'est un disciple d'Akiba qui parle et qui dit : mon maître, "^an).
Ce fut, en effet, Akiba qui eut recours à la méthode favorite de
*«nph h^ pour appliquer la prophétie messianique des Nombres à
celui qu'il avait reconnu comme Messie. Au lieu de 3313, il lut
alors nn3 ou «ans, c'est-à-dire «nna na « l'homme de Kozéb », qui,
à la suite de l'interprétation d'Akiba, fut appelé «aats na. Ce nom
signifiait, aux yeux des adhérents de Bar-Kokhba, que sa mission
était déjà indiquée dans la Bible, comme l'avait expliqué Akiba.
On aurait donc tort, comme l'ont fait MM. Derenbourg (J^^^ai, 423)
et Schiirer [Qeschichte des jûiischen Volkes, I, 510), de donner
au mot ana, dans Echa r., le sens de « trompeur^ ». De plus,
M. Schl. expose inexactement les faits, quand il dit (p. 52) : « Le
vrai nom, celui de Bar-Kohhba^ disparaît pour faire place à celai
de Bar-Rozéba, que les Juifs déçus avaient sûrement formé
d'après le premier. » Les deux noms donnés à celui que R.
Akiba avait reconnu comme chef sont exacts. Il s'appelait [Simon]
bar Kozéba et fut nommé Bar-Kokhba par ses partisans. Mais
après son échec, on cessa naturellement de le désigner par ce
dernier nom, qui ne fut maintenu que dans les sources chré-
' M. J. Derenbourg dit lui-même dans Bds « Quelgaes notes sur la guerre de B«r
KôzebA (Mélanges publiés par l'École des Hautes-Etudes, Paris, 1878, p. 158) :
« Kôzôbâ est le nom d*une localité mentionnée 1 Cbion., iv, 22, probablemeni iden-
tique avec Tancien Kt^tb (Gen., xxxviii, 5), dont c'est la forme artméenne. »
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ERREURS RÉCENTES CONCERNANT DES SOURCES HISTORIQUES 203
tiennes. Dans les milieux chrétiens, on continua, sans doute par
moquerie, de l'appeler « Fils de Tétoile ». La tradition juive a
conserTé seulement le nom primitif, mais rien ne prouve qu'on
n'ait également songé à Pétymologie du mot nsn^, lieu natal de
notre liéros.
10. Dans j. Berakhot, 13 &, en bas, et j. Aboda Zara, 40a, il
est dit que R. Oamliel, se promenant un jour sur la montagne où
s'ëleyait le temple (et non pas sur remplacement du temple) et
apercevant une belle païenne, prononça une formule de bénédic-
tion. M. Schl, dit (p. *74) qu'il s'agit de Gamliel IL Cela est pos-
Bible, car ce docteur a visité les ruines du temple en compagnie
d'autres Tannaltes. Mais je crois plutôt qu'il s'agit de Oamliel I et
que ce fait s'est passé avant la destruction du temple. Le passage
parallèle A" Aboda Zara, 20 a, nomme h^^^^ la x^m^ la*i, au lieu
de Verbtta 'n. Si c'est là la bonne leçon, ce docteur serait Simon,
fils de Gamliel I«^
11. Dans son argumentation (p. 76) sur le passage de Tosefta
Beràkhot, vu, 2, et les passages parallèles relatifs à Simon ben
Zôma, M. Schl. part de cette hypothèse que l-^oibDi» ,NOibDn« dé-
signe exclusivement une troupe de soldats. Or, ce mot s'applique à
une foule quelconque (Voir mon Agada der Tannaiten^ l, 430 s.).
Les explications qui suivent la formule de bénédiction proposée
par Ben Zôma émanent de ce docteur lui-même ; dans Berakhot,
58 a, elles sont introduites par les mots n^n» rr^i acm.
12. P. 80 s. M. Schl. prétend qu'Ëléazar b. Çadok et Abba Saûl,
fils de la Batanéenne, étaient établis à Jérusalem après Tan 70 et
que tout ce qui est raconté relativement au séjour d'Eléazar à Jé-
rusalem a eu lieu après 70. Mais ses arguments ne sont nullement
probants. On peut continuer à s'en tenir à l'opinion admise jusqu*à
présent, qu*il s'agit de l'époque antérieure à la destruction de
Jérusalem par Titus. Il est certain que M. Schl. n'a pas raison
quand il identifie notre Abba Saûl n'^^un in avec Âbba Saûl
à*Abot, II, 8 (p. 83). Ce dernier est un Abba Saûl plus jeune et
plus connu ; l'assertion qui est mentionnée en son nom dans Abot^
II, 8, est une tradition que, d'après une version des Abot di R.
NcUhan, il a rapportée au nom d'Akiba (cf. Agada der Tannai-
ien, II, 366).
13. Les mots n^-ï»»!! piT de Tosefta Pesahim, ii, 11 (éd. Z.,
p. 159, 1. 9) sont traduits par M. Schl. (p. 85) « le chef des prêtres
Zenon ». Mais nsn):^, dans ce passage, ne désigne pas cette dignité,
mais le surveillant de l'école. Ce môme Zenon est appelé une fois
tîrm inrt 'n (j. Berachot, 7rf ; cf. Levy, III, 142a).
14. Les réflexions de M. Schl. (p. 92 s.) sur Pappos ben Juda et
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204 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ses rapports avec Akiba ainsi que sur l*incarcëration de ce der*
nier supposent comme certaine Tidentité de ce Pappos avec son
liomonvme. le frère de Julien. Or cette identité n*a en sa faveur
rpolation du Sifra sur Lévitlque, xxvi, 9 (éd. Weiss,
)8t manifestement incorrecte. Tout le récit de M. Schl.
c sur des données incertaines. Notre auteur ne fait
les arguments plus sûrs quand il afârme que le récit
rabba^ ch. 64, où Josua ben Hanania calme le peuple
ir rinterdiction de reconstruire le temple, a en vue la
ion qui avait été autorisée par Julien TApostat, et que
[)n de Josua ben Hanania est un anachronisme imagi-
\ s.). Jusqu'à présent, on avait toujours admis que ce
ssant de Genèse rabba avait un fond historique.
»t, avril 1898.
W. Bâcher.
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W'^. ■■■
LE
TRAITE TALMODIQUE « DÉRECH EREC »
( SUITE*)
parubs narrativss
Les parties narratives da traité D. E. réclament on examen
approfondi, car le caractère gnomiqae de cet ouvrage est sérieu-
sement altéré par Tintercalation de ces anecdotes (nroM).
Qooiqae nous soyons habitués à rencontrer dans la littérature
rabbinique de pareilles historiettes édifiantes, ici, dans ce recueil
de courtes hiaximes, il est douteux que ces contes aient figuré
originairement. Dans le modèle des collections de ce genre, dans
le traité Abot^ ces historiettes manquent presque tout à fait * ; tous
les récits qui s*y rattachent ont trouvé place dans Touvrage se-
condaire intitulé Abot di R. Nathan. Le morceau -n^bn ^ pm
krasn, que nous avons si souvent désigné comme la partie la
plus ancienne de D. E., ne contient pas un seul récit, et cela est
vrai aussi du chapitre de R. Eliézer ha-Eappar, qui, selon le
Mahzor Viiry^ fait partie du t^Tl^ Même dans les chapitres de
« Voir Befme, l. XXXVI, p. 27.
» Âh>t, 1, 17 : d-ïTa^rm •j-'a ■^nbna ■»»'^ b^ ; u, 6 : nbnabna n«n tn^t S)M ;
n, 8 : 'T "jn pm*^ inib T^n t]'»*T»73bn n«73n ; vi, 9 : '>T\'y>7\ nn« w^
^*T3 ^brT72< Ce dernier ces feul peut Ôire compté dtas it cttégorie des ni^\D77a»
•I là tusei l^historiette ne se trouTe pas dtns le Téritable Ahot^ mtis dtns It bt-
nlta rnin ^'^Sp* d^n* un chapitre qui a élé inséré entièremeot dans Kalla^ éd.
Goronel, p. 13 h, comme le ^"W^ 'n P^D.
* De même, d'après HaUtcKot ^uedoht, comme nous en ayons déji souvent fait It
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206 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Z. dans le A/. V, (vin), il n'y a pas encore de contes. Une fois
où un récit de ce genre serait nécessaire pour illustrer ce qui
vient d'être dit, il n'est indiqué que brièvement (vin : im iwrjs
13a n« n-^an byn a'^m); mais dans R., ix, à la fin, cette histoire est
contée tout au long. Dans le même chapitre viii de Z., on lit encore
le récit de R. Akiba : o^iù^n "^aob '»\D'*)DTDn r-ib-^rm mrr ^a. La même
histoire est citée par Tosafot dans Ketouboty 17 a, d'après rnTDbn
p« "îj-in; dans MeçtuUla^ 29a, d'Kprès yiK ^in r-oo»; danÉ
Mahzor Vitry, p. "722, cette histoire est rapportée au même en-
droit. Cependant je ne crois pas que ce récit serait ici à sa véri-
table place, tant il contraste avec le caractère de cette partie de
D. E. Z. Tosafot cite aussi cette histoire d'après Semahot, iv, à
la fin, où elle se trouve en effet et où elle est à sa place, car il y
vient d'être question de l'enterrement d'un cadavre trouvé en
plein champ '. Dans j. Nazir, 56 a, la mêm3 histoire revient avec
le môme contexte. Comme suite à cette anecdote, il est dit dans ce
Talmud : y^-^n «bap •>)3'^Dn «jw-»© «bn nttiN mn Ém « Il disait aussi :
Celui qui n'a pas fréquenté les sages est digne de mort». Cette
phrase a été modifiée ainsi dans D. E. Z., viii : •>-ûn by lawi Vsi
bDiD boiDn tel irn'D y^^n a^'uon * « Et quiconque transgresse les
paroles des sages est passible de Karet,.,y>; c'est seulement
parce que cette phrase précède ici le récit, au lieu de le suivre
comme dans le Talmui palestinien, qu'on a trouvé n>oyea d'y rat-
tacher le récit, et ceci prouve bien qu'il n'est pas ici à sa plaee
primitive.
Aucun récit ne fait donc partie des neuf chapitres de D. E. Z*
Les récits sont, au contraire, très nombreux dans D. E. R. I>é)i,
remarque. 11 feui encore mealionaer ici que daa» ifsWr Vitr^ il y t d*i
morceaux qui sont compiés comune faisaat partie de *pnT et qui, dans les
éditions, ont une place lonle différente, par exemple la maxime D*TS^ ^T3T bs
Vby nrnan «TITD «::nn « Tout l© temps qu'un homme pèche, il a p«ttr d«
l'opinion >, qui chez nous se trouve dans Z., viii ; ensuite 1^ni?sb 0233^1, à U fi»
du môme chapitre, morceau dont nous avons déjà dit plus haut qu'il n'est pas à sa vé-
ritablo place. Dans le môme chapitre, la phrase I732iy nî^ b^tTDtan 53 e»t ainsi
CMCue dans HalacKot Gutdol. : Sdi imîl f"'n^3:i73 n7DX:> f^ V»D«W3n bs
b"»Dian ma:im rman nbouîn. Dans les éditions, u y a nttjs^ n» b^^ooTan b^
TTiriTSlD rs^ 'pilDTS, ce qui est sûrement faux et mâme incompréhensible ; le verset
biblique ne s'y trouve pas. Il se conGrme donc que ce chapitra n'a pas été conservé
tel qu'il était primitivement.
* Au lieu de ■»UÎ"»73ian nb'^nn, il y a là -^mST nbTin, vnc cette conel«Miott t
trànn rwT^n nt nTDi» rr^n t<n^py 'n "«aob m nan» tai» rm^D-v
^D13T« L'expression ni3T convient beaucoup mieux à cette phrase parce «fu^if est
question d'une dispute pW^j^a n7:im bp '^nSI ; dans D. E. Dnb "«mJMt) i S^
mahot serait donc plus authentique que D. Ë.
• Au lieu de niD l^'^n, il y a dans Halachot Gindolof^ ÏTr"»» a'^'^H ; W MOI
rin^Ta correspond mieux à rexpression primitive filbc^p*
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÈRECH ERÉÇ » 207
dans Pérek "^ly p» il s^en trouve un concernant la leçon qu'à sa
mort, Eléazar bon Azaria donna à ses disciples. Le morceau pro-
vient de Berachoi, 282) (toutefois dans les éditions il y a ^tr^VM,
au lieu de "it^^bn), où il est précédé de Tintroduction isan xx>. Cette
formule ne peut se rapporter à notre D. Ë., car ce traité met des
paroles toutes différentes dans la bouche d^Eléazar mourant; les
mots si importants iv^^m p ts^'^sn T^dTsi manquent dans D. E.,
ainsi que dans Aboi di R. Nathan, version I, où ce récit se
trouve môme deux fois avec beaucoup de variantes, ch. xix an (p. 70)
et cb. XXV (p. 80). Si ce récit avait fait partie primitivement du p'v
'wy 11» il serait plus net et plus concis. Ce récit doit donc être
retranché de l'ancien "wt^ la pnD. Il est vrai que, dans ce cas, il
ne resterait guère que la moitié du -^tx^y p pno, et ce chapitre se-
rait trop court pour avoir formé un ouvrage à part. A cela on
peut répondre que le chapitre qui suit» et qui est classé iv® dans
les éditions, a fait partie, & Toriglne, du '^ix^y in pn&, car dans les
anciennes éditions du Talmud, par exemple dans celle de Landau
(Prague, 1840), se trouve cette note : ixp^t vcm «na'»m -nmtta, ce
qui doit vouloir dire que ce chapitre faisait partie de'>Mt:^p*.
Quant à savoir quelles parties de ce chapitre appartenaient à p
'^y, nous ne pouvons rétablir. L'histoire, qui y est racontée tout
au long, du pardon que Simon , fils d'Ëléazar, dut demander à un
homme qu^il avait injurié, n'y était certainement pas contenue*.
Outre Abot di R. Nathan, version I, ch. xli, ce récit se trouve
ausai dans Taanit, 20a-b, où il y a toutefois un exposé très ingé-
nieux sur la nature du jonc el des cèdres auquel se rattache, par
une suite naturelle, la baraïta nspD ^^ tsn» acv tsbn^b l^nn nan^
Dam D. E. R., au contraire, où les mots n:pD y^ «m ne se
trouvent pas avant, mais après le récit, celui-ci n'a pas de véri*
table lien avec ce qui précède * ; il faut donc supposer les cha-
pitres iii-v de R. sans ces récits qui les interrompent. Alors nous
avons le chapitre •>«T3^ la avec les belles sentences de Ben-Azzaï
et de R. Eliézer bea Jacob, puis la phrase rifi» &^n ûbnyb
* C'est, à mon a^is, comme s'il y avait [aTipH Uy] THN p*1B fiOïl ; cela forma
im seal chapitre avec le précédent > ; oa ne peut avoir voulu dire que DblJ^b «et le
pranler chapitre , puisque ^fitT7 '(3 pis e&L do temps immémorial considéré
comme \b i". Dans Mcthzor VUr^y &bl3^b est le commeocement d'un nouveau cba^
pitceavec le n* 3^ mais cela est dii'ticileroeut exact, puisque les q«' 1 et 2 manquent. La
confosion vient sans doute de ce que ^fitT^ 1^ ne forme pas un chapitre particulier
dans le Mahzor^ ce qui est contraire au témoignage des anciens, et par là toute la
numéroUiion du Mahxor Vitrjf est fausse.
* Cette bisloir« n*a pas de lien avec ce qui précède.
' Duis KaUa, éd. Coronel, p. 13 a, cette histoire est au môme endroit que dana
les éditions du Talmud ; seulament le chapitre, au lieu du n« 4, porte le n« 6. Dan»
lêiU Saààati^ dans la gfande édition du Talmud de Wilna, le chapiUa an quastioià
porte le n* 7.
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20» REVUE DES ÉTUDES JUIVES
^nD"»5M, qui ne se trouve nulle part ailleurs, avec quelques expli-
cations qui manquent dans notre recueil, puis la phrase ^^ txv
nspD commençant aussi par Qbn:^^ comme dans Taanit, et, enfin, le
commencement du v^ chapitre to^K ^od"» b» tabvb, qui achèverait
le morceau de "^m^ p. Nous aurions ainsi également trois cha-
pitres thxfb, comme, immédiatement après, il y a trois chapitres
commençant par OîD^n.
Presque tout le reste du ch. iv de R. traite de la manière dont
un disciple doit respecter son maître. L'essentiel de ces prescrip-
tions se trouve aussi dans Yoma, 37 a, avec la formule introduc-
tive to^n, qui se rapporte peut-être à notre D. E., puisque là notre
baraïta se présente sous une forme beaucoup plus authentique
et avec dés citations bibliques; les mots inb ^k d-^^n irmon
présentent un sérieux caractère d'originalité et assurent Tante-
riorité du D. E. R. *. Vers la fin de ce chapitre, une phrase parait
avoir été omise ; la phrase vnnô«3 nDt^b •»n)»*i wk lan 'nn» ^hnrx
mon 13)3)3 Via"»© n:> « Celui qui marche derrière son maître ne doit
se séparer de lui qu'après lui en avoir demandé la permission »,
n'est pas exacte, car dans Yoma^ l. c, on lit cette sentence ano-
nyme : -^DJi» nT "nr: lan •»-nn« ma nr/^in lan na:s ^Vrwn tr^rtn
rvrtn « Il est cependant dit dans une baraïta que... celui qui
marche derrière son maître est un hautain », d'après cela, il se-
rait donc interdit de marcher derrière le maître*. La formule
M'^sn montre aussi que cette phrase comme celle dont nous avons
parlé précédemment se trouvait originairement dans D. E. C'est
pourquoi, je propose de lire dans D. E R. ainsi : na*i •>nnÉ^ ^Vim
'•en vnriNW "laD-^b "^êW)") nr^ tobvVn rmn '^oyn Tti "^^^i. On peut prou-
ver par cet exemple qu'en mettant à part les récits, il ne s*en suit
pas nécessairement que certains chapitres du D. E. R. ont été ré«
duits, puisque, selon toute apparence, beaucoup de sentences ont
été omises en faveur des nrttîJ^. Dans le traité de Kalla, éd. Co-
> Ces mots se rapportent a Lotb recevant les anges. Dans Toma, il n^est pas ques-
tion de Lotb. Mahzor Vitry^ p. 728, a ^)3« ÛDn n)3Dn, le petit mot "jnb manque,
et cela se conçoit. Dans Kalla^ éd. Coronel, il n'y a que DSn ri)3Dn-
« Les mots l^nHKTS HUD^b no peuvent avoir d'autre sens que les mots de Toma :
*13n "niriK. Quant a la permission de s'en aUer, quMl faut demander au maître,
il en est question dans une autre phrase mUD ^3^nn lb n)31K ...13173 naD3m.
Cependant, dans Kalla Rabbati^ la rédaction de cette phrase est la même que dans
les éditions. Il est a remarquer également que la même phrase se trouve encore im-
médiatement après, au commencement du chapitre y, de sorte que nous l'aurions
trois fois, tandis que la phrase conservée dans Toma ne se trouverait pas même une
fois. Il me semble donc indiqué de faire ici une correction. Dans Abot di R, Nathmn^
version 1, chap. xxxvii, p. 56, la phrase ne Hgure, en effet, qu^une fois, à propoa de
l'altitude de Dieu vis-à-vis d'Abraham près de Sodome ; dans la version II, ch. xl,
cette attitude ne sert que de preuve pour la maxime : '^■la'T *Tinb 03^33 ^S'WI
l^l^in» niais il n^est pas question du congé à prendre.
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LE TRAFTÉ TALMTJDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ » 20»
panel, ch. vi (p. 13 a), immédiatement après le passage dont il
vient d^ôtre parlé, c'est-à-dire dans le môme chapitre que This-
toire de Simon, fils d'Eléazar, de Migdal Eder, il y a le célèbre
conte * des quatre docteurs s'entretenant avec un philosophe pen-
dant une traversée pour se rendre à Rome, où celui-ci reconnaît
la haute distinction de ses interlocuteurs à la politesse de leurs
manières. Dans notre D. E. R., ce récit se trouve au chapitre v.
De nos jours, on a cru reconnaître en ce philosophe Thistorien
Josèphe Flavius *, que le traité D. E. serait seul à nommer de
tous les ouvrages de la littérature rabbinique. Comme ce pas-
sage a déjà été étudié à fond par plusieurs auteurs, je me borne
à remarquer qu'il appartient, selon toute apparence, à la rédac-
tion primitive du D. E. et n*a pas été intercalé plus tard.
Le plus considéré de ces quatre docteurs était Rabban Gamllel.
Ce n'est donc pas sans à propos que dans D. Ë. R., v, ce récit est
suivi aussitôt de cette maxime : x>ywn tan» "^sa te T>ïr tzhyh
:i'-û l^aîD» im\ la^DO'»te ^^seb « Considère tous les hommes
comme des voleurs et honore-les comme R. Gamliel ». Cette sen-
tence est illustrée par l'histoire arrivée à R. Josué. Toutes ces
parties du chapitre se suivent si naturellement qu'il n^y a aucun
motif d'éliminer les morceaux constitués de récits. Dans Kalla,
éd. Coronei (p. 16 &], Thistoire de R. Josué est séparée de celle
des quatre docteurs par de grands morceaux, ce qui est sans
doute contraire au plan de fauteur du recueil.
C'est aussi le nom de ce R. Josué qui sert de lien entre le récit
suivant (ch. vi de R.) et le précédent. Un certain Simon b. Anti-
patros, qui paraît avoir été un homme considérable, invite comme
hôtes des docteurs de la Loi qui font le vœu de ne pas manger
et n'observent pas leur vœu. En les congédiant, Simon leur fait
donner quarante coups de bâton. A la prière de R. Yohanan b.
Zakkaï et d'autres docteurs, R. Josué entreprend une enquête sur
l'affaire *. Le thème de ce conte, c'est-à-dire la conduite énig-
> On ne sait pas par quel lien ce conte se rattache à ce qui précède.
* N. Brûll, JahrblUher, IV, 42 [Monatischrift, 1877, p. 355) ; Bâcher, Revue det
Studii juives, XXll, 134; Zimmels, iàid., XXill, 318, particulièrement imporUnt à
cause du renseignement que les vieilles éditions et les manuscrits avaient en réalité
inO OlDDlbOT Tnfi^ nan; d'après cela, il y aurait dans OtOOI^D un nom
propre ; voir capendant VogelsteiD-Rieger, Gesekiehte der Juden in Mom, 1, 33, note 3.
* Nous parlerons plus loin de l'étal du texte de ce morceau. Le maître de maison
s'appelle Schimon b. Anlipatros, sans le titre honorifique de Rabbi, quoiqu'il ressorte
du récit qu'il appartenait au cercle des savants. Il faisait donc encore partie de cette
vieille génération où le titre de Rabbi n'était pas encore commun. Le nom du père
est, en effet, dans les éditions ordinaires OICûC^îaSK = Avritcarpoc ; dans Mahtor
Ft*ry,p. 729, TouhaHn, p. 21 a, Kalla, éd. Coronei, p. 16 i, et Kalla, éd. Wilna,
IX, il y a pourtant O^DD^K svec élision du second t, chose qui se présente aussi
T. XXXVI, »• 72. 14
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240 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
matique d*un homme qui s'explique ensuite d'elle-même et se jus-
tifie avec éclat, se retrouve aussi souvent dans Abot di R. Nathan
(p. 38) et surtout dans Tanna di bè Eliyahou (dans les Gesta Ro-
manorum, il y a encore de nombreux exemples similaires). Dans
les écrits rabbiniques, la constante conclusion des récits de ce
genre est : t-nDt vp\ ^m« i-^t îYa'pn ^d t-nDt tph tï^to tatD^
a Puisse Uieu te juger favorablement comme moi je t'ai jugé favo-
rablement 1 » Cette conclusion se rencontre aussi dans le récit sui-
vant relatif à la généreuse femme de Hillel TAncien. Le thème est
toujours le môme ; la femme sert le dîner tardivement, et c^est
seulement après coup que le mari apprend qu'elle avait donné aux
pauvres les mets qu'elle avait préparés antérieurement. Ce récit
se rattache donc logiquement au précédent, et son authenticité est
assurée. Le récit qui suit celui-ci immédiatement se rapporte
presque au môme thème : il s'agit encore d'une femme et de
R. Josué, dont le nom se retrouve ainsi pour la troisième fois.
R. Josué reconnaît la supériorité d'une femme prudente et ex-
prime celte pensée en ces termes : mo» Hb« tan» •'srott vh "^tt^
tnpwni pirm it « De ma vie je n'ai été vaincu que par cette
femme, par un garçon et une fille ». A la suite, on raconte aussi
les deux autres incidents. Tous les trois faits se suivent dans le
môme ordre dans Eroubin, 53 ô, avec cette différence que dans
Eroubin^ R. Josué parle toujours à la première personne, tandis
que dans D. E., l'histoire est racontée par l'auteur du recueil. La
priorité appartient, en tout cas, à la rédaction à'Eroubin^. Ce-
pendant l'intercalation de ce récit a dû déjà ôtre dans le plan pri-
mitif de l'auteur de D. E., car, comme nous le savons, ce récit se
rattache très bien aux précédents.
Le septième chapitre de D. E. R. contient deux récits. Le pre-
mier sert à illustrer quelques maximes concernant la bienséance
à observer à table : on y raconte que R. Akiba mit sous ce rapport
ses disciples à l'épreuve '. L'histoire môme ne se retrouve nulle
dans le nom de It viUe d'Ântipalris dans leTalmud; voir mon Wôrterbuek der
griechitchen uni laMnisehen Lehnwôrter im Talmud^ 8, v,
* Voir aussi les remarques de R. Elia Wilna. La différence entre les formolea in-
troducUves s*explique parle contexte. Dans D. E., Phistoire de la femme est racontée
d'abord comme appendice à ce qui précède, et rinlroductioo doit être nécessairemeoi
ainsi conçue : npnS-^m pISTlT IT n®ô< «b» Û*7N "«Sn^î «b ^7Û"'73 ; dans Brûuhin,
au contraire, toutes les histoires sont racontées d'un seul jet et, en raison de cela,
il est dit mpD'^m p13^n !lU5fi<73 Vin. Des divergences plus grandes sont cons-
tatées dans i'iùstoire de la femme ; les mots '^^T d'^^DDH l'ITûN ^D filbl manquent
tout à fait dans D. E. Dans Thistoire de la jeune fille, les mots nnK ÏIS'^^ feÔS73*1
manquent à leur tour dans Broubin. En ce qui concerne l'histoire du garçon, les
mots caractéristiques ^3 Dptl^ tlU "^âDTS manquent dans Erouhin. Cependant 1«
priorité, comme on Ta déjà remarqué, appartient au Talmud.
» nNb Û« «"n ÛD*T>a tt)"^ D« ÛDnN pmb. Dans Tour Orak Hayjfim, § 170, il
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LE TRAITÉ TALifUDIQUE « DÉRËGH ERÉÇ » 211
part ailleurs et doit faire partie du fonds primitif du D. E., sur-
tout parce qu'on y trouve encore ces mots : *j5 te CDDb ti^^ nbl
■«b ta« "p» ^nn cdsts «"^ û« tosrw pnab hîw « Je n'ai fait
tout cela que pour vous éprouver, pour voir si vous avez du sa-
voir-vivre ou non ». Viennent ensuite quelques belles et fortes
sentences, entre autres la sentence Hosn t-nab OîDan. Pour Tillus-
tration des règles relatives à ce sujet, on raconte de nouveau une
histoire d'après laquelle R. Akiba se rend compte par lui-môme
de la manière d'agir de R. Josué. C'est donc la quatrième fois
que le nom de R. Josué se retrouve dans ces récits. Ce récit se
rattache, du reste, aussi par son thème et par la personne de
R. Akiba au récit dont il a été parlé précédemment. Il se ren-
contre plus étendu et en compagnie d'un conte semblable dans
Berachot, 62 a, avec la formule introductive fcoan qui vise pro-
bablement notre D. E. ; seulement il faut admettre, en ce cas, que
l'auteur de D. E. s'est permis quelques légères modifications et
d'importantes abréviations.
Dans le chap. viii de D. E. R., la maxime yr'sirh tan» rb^ vh
p» rro \y in"»i \^ V© tn-^an « 11 ne faut pas envoyer à quelqu'un
un tonnelet de vin et mettre de Thuile au-dessus » est illustrée
par une histoire^ d'après laquelle un hôte, en découvrant que le
tonneau contenait de l'huile au lieu de vin, se suicida. Après le ré-
cit, viennent encore une fois les mots mfc^ nbiD"» b« d'>)Dah in)3K \\san
matib, etc. La source de cette prescription, comme celle des autres
prescriptions contenues dans le chapitre viii, fin, est la Tosefla
BàbaBatra, vi, 15 (éd. Zuckermandel, p. 406), où la môme recom-
mandation est faite pour un tonneau d'eau. Mais le récit y manque.
Au contraire, D. E. est complètement d'accord avec Eoullin, 94 a,
de telle façon toutefois qu'on remarque encore que D. E. est déjà
un remaniement. Ainsi, par exemple, nrktD'^ est remplacé par ^b^^,
et tD'^vrm ina» 1to%3 est une addition de style, à la manière du
D. E. La prescription même se trouve, tant dans Tosefla Baba
Baira que dans Soullin, en compagnie de plusieurs autres sen-
tences de ce genre, de sorte qu'il faudrait, en tout cas, admettre
que l'auteur du D. E. a procédé à d'importantes abréviations.
y a quelques variantes : au lieu de ÎI'TIJ'D, il y a !imi5)3 ; au lieu de «3 (hébreu
biblique) il y a ^tl (langage rabbinique) ; les mots ûp'^n inD bDfitI des éditions ont
une apparence plus ancienne que l^ab HD bSfi^T dans Tour. Mahtor Vitry est ici
en tout d'accord avec les éditions. Nous remarquons déjà ici, ce que nous motive-
rons encore plus loin, que la recension espagnole du traité D. E. diffère de la nôtre ;
R. Simha, le Français, a adopté naturellement dans son Mahtor la recension
franco-allemande.
* Les mots de la fin ?in^73M ^*1^ ITV) paraissent déjà se rapporter à Tissue tra-
gique de Pbistoire qui suit. Dans Éoullm^ 94 a, ces mots manquent. Cf. néanmoins
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212 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Néanmoins, le morceau appartient au fond primitif du D. E. R.,
auquel il s^adapte complètement.
Dans Houllin, 94 a, cette histoire de suicide est immédiatement
suivie du récit connu où un maître de maison, en une année de di-
sette, parce que ses hôtes avaient distrait une partie des faibles pro-
visions pour les donner à Tenfant de la maison, étrangla d'abord
l'enfant, puis, voyant que la mère s'était tuée aussi de chagrin,
se jeta lui-môme du haut du toit. L'anecdote finit par ces mots :
or R. Eliézer b. Jacob a dit : à cause de cette chose, trois personnes
ont péri en Israël. » Dans D. E. R. *, ce récit est séparé de l'autre
par tout un chapitre et ne se trouve qu'à la fin du chapitre ix.
Comme dans tout le chapitre précédent il est question des règles
de conduite pendant le repas, ce récit aurait pu être déjà cité plus
tôt ; toutefois la place qu'il occupe lui convient également. Cette
anecdote est précédée de deux récits où R. Akiba a le rôle de
rhdte et où il est question de la tenue à observer à table. Dans le
chapitre ix, assez court, de R., il n'y a donc pas moins de trois
récits qui font de cet ouvrage un livre d'édification. Tous les trois
récits font partie du fonds primitif de D. E. R. ; les deux histoires
où figure R. Akiba ne se trouvent nulle part ailleurs.
Dans le chapitre x de R. se lit une petite historiette. R. Qam-
liel étant très faible, on fit couler pour lui de l'huile sur le marbre,
mais il ne voulut pas en profiter. Après Thistoire racontée plus
haut de la rencontre avec un philosophe à Rome, cette anecdote
sur R. Gamliel est une des plus anciennes de tout D. E. ; aussi ne
comprend-on pas très bien le texte. Il est dit d'abord : ymA osDsrj
«•'«îi \:p nnniDtt wm "i:»^n)D nu-^fc^i \fï2yr\i2 w« « Celui qui va au bain
ne doit pas (trop) se fatiguer, ni se rouler, ni se disloquer sur le
marbre (c'est-à-dire sur le pavé du bain). » Au lieu de *iatirflo, qui
a pour lui le texte de la Mischna Sabbat, xxii, 6, Elia Wilna lit
*nMitt*, comme le porte effectivement Kalla, éd. Coronel, p. 18 &,
qui donne un meilleur sens : qu'on ne se laisse pas étriller (sans
doute parce que c'était une coutume des Grecs et des Romains
idolâtres, dans les bains desquels la stHgilis^ en grec dTXeyYU, ne
pouvait manquer) '. Le mot Wh^ doit sans doute se rapporter à
« Au lieu de t^d^ ^XMK pTIJ^tt), il faut remarquer ici la leçon plus facile TTTW.
La conclusion npy^ "[n nT^^bô* '1 "infini devrait plutôt, selon Tanalogie de la con-
clusion du chapitre v (b"a'^'l ^53» ^ND»), être conçue ainsi :n»K ÏIT IIT b:^, etc.
Dans le récit même, il faut remarquer les mots élégants n'^l^l "^^V) « années de
disette » et irDanp fiib)3 nïT^n^rri « il réleva de toute sa hauteur t. Le père,
ayant pris l'enrant, le balança au-dessus de sa tôte et le lança ensuite contre le sol.
Cf. Texpression l^iaî InT^ipn dans Houllin, 60 a, et Texplication de Tosafbt à
ce sujet.
• Dans les éditions de la Mischna, il y a aussi Pexpression plus exacte "JVî"Tinft.
' On sait que les Romains avaient poussé le luxe en ce qui concerne les bains
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ » 213
la gymnastique assez pénible à laquelle on se livrait dans les
bains et qu*on considérait aussi comme une habitude païenne.
Pour se fortifier le corps, les païens se roulaient nus sur le pavé
de marbre de la cabine de bain, comme cela se fait encore aujour-
d'hui ; l'expression narwDïa « se briser » est très bien choisie pour
exprimer cette idée. Il est dit ensuite : ishn \DiVn îTimD Ji^^ia twyfz^
iap fiibi ^'^Ti I^TD ib. Sous cette forme, ces mots n'ont pas de
sens. Je me borne à ajouter le petit mot b:f devant «)'«u3n, et on
a on sens : « Pour R. Gamliel, qui était de faible complexion, on
fit couler de l'huile sur le marbre, pour que la pierre ne lui fût
pas trop dure, cependant il ne l'accepta pas », ce qui illustre bien
la prescription mentionnée. Immédiatement après il est dit yn'«)hi
*Twn V» yr^rt «•*« ^y nnno^an n73"w, ce qui donne maintenant un
excellent sens, et il n'est pas nécessaire de lire 1*T)iD)3n au lieu de
Outre les deux récits que nous avons éliminés comme n'ayant
pas appartenu primitivement à R., nous ne comptons, dans les
chapitres y-x de R., pas moins de douze récits qui témoignent
suffisamment du caractère édifiant de D. E. R. et de son emploi
comme livre de lecture populaire. Si nous rappelons encore une fois
qu'il n'y a dans D. E. Z. aucun récit, nous aurons prouvé le motif
de la caractéristique donnée par nous plus haut, à savoir que Z.
est une sorte de règle d'école pour les savants, et R. un ouvrage
d'édification pour le peuple. Il convient encore de rappeler que le
chapitre xi de R. ne contient aucune espèce de récit et que, sous
ce rapport comme sous celui de la citation de nombreux versets
de la Bible, il ressemble au chapitre d'^pin^l (ch. ii).
encore plus loin que les Qrecs. J'ai pris les données nécessaires pour noire passage
sur riostallatioD des bains romains dans Pouvrage de Guhl-Koner, Das Lehen der
Orieche» und borner (fierlin, 1876), p. 279. On veut parler de bains de vapeur (Trvpiai,
icvpt«( xT^Tcia). A cause de la cbaieur du feu, il y a aussi dans la prière cette sup-
plique «ab y^nyb nn NSTT'^TaT nT)D ■^3b">a:m (R. x, au commencement). Les
mois dnblDb '*3N'^arim ûnb^b '^:0"»DDn^ ne s'adaptent qu'à une prière de
voyage et manquent, en effet, aussi dans Berachot^ 60 a, où se trouve préci-
sèment la prière de vojrage qui dans D. Ë. fut confondue avec la prière du bain.
— Les baignoires étaient encastrées dans le plancher, et c'est là le marbre (U^'^U?)
dont parle notre passage. Comme les cabinets de toilette (àTrofivnipi'a] ne furent en
usage que plus tard, il est probable que les prescriptions si minutieuses sur la ma-
nière de s'habiller et de se déshabiller proviennent d'une époque où il n'y avait pas
encore de cabine de toilette et où on s'habillait et se déshabillait, pour ainsi dire,
devant le public. Les autres prescriptions au sujet des bains sont très obscures, ainsi
la défense de se laisser mettre la main sur la tôle par un autre baigneur ou de se
Irouver habillé dans la chambre de sudation, parce que c'est voler le public. En tout
cas, ee sont des réminiscences classiques des usages romains*
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214 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
VI
TANNAIM ET AMORAIM
Pour bien apprécier le genre littéraire que représente le traité
de D. E., il faut tenir compte de ce fait qa*on y rencontre relati-
vement pea de noms d^auteurs. Aucun produit de la littérature
rabbi nique n*en contient un si petit nombre, et le modèle de toute
cette branche de la littérature, la Mischua à^Ahot^ mentionne, au
contraire, de nombreux auteurs. J*ai relevé dans D. E. R. des
chap. II à XI (le cliap. i fait partie de KaUa) et dans D. E. Z.,
chap. I à X, vingt-sept noms de docteurs, dont quelques-uns se re-
trouvent plusieurs fois ; la plupart y paraissent seulement une fois.
En voici la liste par ordre alphabétique :
pm'^ la '»0"»K «a«, Z., ix, fin. L'édition Riva di Trente a, comme
Tawrogi, p. 52, l'indique, pn «a»; un ms. a l^nr la t|or «a»;
■^O'^» est. comme on sait, l'équivalent de -^or, S|DV. Aba Isi dit au
nom de Samuel le Petit : ûn« b\D W3> bA:;b imn ntn labwi « Ce
monde ressemble à la boule de l'œil humain ». Ce passage
manque chez Bâcher, Agada der Tatinaîten, II, S'Tl, où il est
question des divers auteurs de nom dlsi. D. E. Z. est donc
Tunique source qui nous ait conservé le nom de ce Tanna.
rr^iy la ^lybti^, Eléazar b. Azaria. Ce Tanna bien connu est
nommé dans un récit dont il a été question plus haut (R. m), mais
nous avons déjà remarqué que les autres sources lisent Eliézer.
Son nom est également cité (R., v) comme celui de Tun des quatre
docteurs qui se rendirent à Rome. Au chapitre xi, Tabrévia-
tion «"n doit sans doute être lue Eléazar et rapportée à Eléazar
b. Azaria. Dans Z., viii, K^n désigne aussi Eléazar b. Azaria; ici
il n^est mentionné qu'occasionnellement. Nous ne trouvons qu*nne
seule véritable maxime d'Eléazar, dans D. E. : iTan tnû< nofwn
tD'^1 "^DDi©» f n a Celui qui hait son prochain est un meurtrier »,
où on cite Deut., x'x, 11 (R. xi). Cette sentence pourrait tout
aussi bien se trouver dans un ouvrage midraschique, et ce n'est
que par hasard qu'elle apparaît dans D. E. Eléazar b. Azaria est
aussi souvent cité dans Aboi di R. Nathan (voir Schechter, Intro-
duction, p. xxxv).
^pn ^ly'bni , Eléazar ha-Kappar. Dans toutes les éditions de
D. E. Z. (Varsovie, 186S ; Talmud Wilna, Romm; Talmud Prague.
Landau ; Mahzor Vitry, p. '722, etc.), il y a *nTr»V« ; chez Tawrogi
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DËRËCH £REÇ » 215
seulement il y a (p. 45) la leçon exacte ii^y^. La sentence d*Elëa-
zar se trouve en tête du chap. ix, dans Z. : nttv*im 1» pmnïi
txuarh tçwm ta'nn» \y twnhn tmo « Eloigne-toi des murmures,
car tu pourrais murmurer contre les autres et pécher ». La sen-
tence d'Eiôazar parait aller jusque là ; ce qui suit est dëjà ano-
nyme*. Or cette môme sentence se retrouve dans le chap. i de Z.
sans que le nom d'Eléazar soit donné. Il s*ensuit avec certitude
que dans le traité D. E., on rapporte aussi de cea sentences ano-
nymes dont Tauteur nous est connu par un autre passage. Nous
pourrons. faire encore cette constatation dans quelques autres cas.
On emploie sans doute ce procédé parce que l'impression de la
sentence est plus forte quand il n*y pas de nom d*auteur, mais je
ne pois expliquer comment il se fait que, dans la môme collection,
une sentence est rapportée, tantôt sans le nom, tantôt avec le
nom de Tauteur. Dans le Mahzor Vitry, où le chapitre ix de Z.
appartient à pnrr, les deux sentences se trouvent dans un seul et
môme chapitre. — Dans ce môme chapitre ix, vers la fin, nous
lisons encore : vcnûr\ ûibion r^ arjK 'Ttt'iK *TCpn *iT:^b« •^a'n n^ pi
mpiVmsn DM ce Eléazar ha-Kappar a aussi dit : Aime la paix et
hais la discussion » [Mahzor Viiry laîiK et •W3«n) . Les deux sen-
tences d*Eléazar ha-Kappar, dont il est question ici, s'adaptent
très bien au contenu et au ton des maximes de sagesse ordinaires
de D. E. Les mots de Abot^ iv, 21 : l-^firstitt Tiasm ïti^ntti rtîeprt
dVwi 1» m«n m« et surtout la sentence si remarquable "^îm ^k
^aa-T "^bya pnu) rr^y^ "^lyn bnn:; «nîit) ^ iDcb tn-^n *?«•) \r\b pnpr
dans Abot di R. Nathan, version II, chap. xxxiv, p. 76, qui, par
sa composition en plusieurs parties, fait fort bonne impression
et qui, par sa troisième partie qui est presque incompréhensible,
trahit beaucoup d'originalité, affectent le môme ton. La sen-
tence rapportée dans D. E. Z., i, sans nom d*auteur : s-iDiptDfiO rm
ïia *\wi teïTO nsnnnnn et qui, au chap. m, vers la fin, est rap-
portée plus au long, mais aussi sans nom d*auteur*, est attribuée
» Dans dnîay an nnO (Varsovie, 1865), p. 30, pmn au lieu de pninn.
* Voici quelle en est la teneur diaprés rédition de Tawrogi, p. 22 : Kïin bK
bD cinob na y^^i baniD nsinnnn rtDipoND -«nn Nb« a-^bann nD:i57Di25
riTTan:? ÏTOipT^a K*^m nnOD T^Dan. Le passage est conçu tout a fait de la môme
manière dans Ahot di R. Nathan \ seulement là il y a encore cette partie supplémen-
taire : mDi:ir"ID nybaTaU) r:3Vb:^n nonpOKD Nbn. Ces mots n'ont pas de sens,
et comme nsn^bj^H MDIpO'^ô^ n'est autre chose que 'I";'»b:>ïl Clip^TD, cette phrase
détruit mâme la symétrie. Cependant jMncline à considérer cette phrase comme
authentique, car ce n'est pas sans nécessité qu'on introduit dans le texte des mots dif-
ficiles comme mDnsrnO n:^ba)3125. Je considère plutôt iT^bj^n 6liptt59DD comme
une addition, qui manque, en elTet, dans les éditions ordinaires de D. £. Z. et qui
est surprenante à cdté de tlDipOK qui est répété deux fois; t3Tfi< T*« X^tX^ est
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i'.;-:-
216 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
à R. Eléazar ha-Kappar dans Abot di R, Nathan, vers. I,
chap. XXVI, p. 42. Le second passage dans Z. est, par rapport aa
premier, comme une sorte de baraïta, phénomène que nous avons
déjà souvent observé. En môme temps nous avons un cas nouveau
où on donne l'avantage à Tanonymat. La sentence anonyme brx^
ûnVi»n, suivant la maxime ûnbw n« anrifi^, provient, selon Sifrè,
Nombres, § 42, p. 12&, éd. Friedmann, de R. Eléazar, fils d'E-
léazar "icpn; on trouve aussi dans Sifrè, dans un passage pré-
cédent, une sentence commençant par ûibiorr bnna qui est d'Eléazar
ncpîi môme ; les mômes mots forment aussi dans piV«n pno qui,
dans les éditions du Talmud, est placé après D. E. Z., un refrain
qui revient fréquemment ; trois de ces passages appartiennent à ^3
«nop, le fils d'Eléazar (voir Bâcher, Agada der Tannaiten, II,
500). Nous avons donc dans le môme cycle de TAgada, le père et
ses deux fils*. Par cette série des sentences d'Eléazar ncpn, on
voit, en tout cas, que ce docteur occupe une situation considé-
rable dans la littérature gnomique.
Vfi^V»^ *pr\ est cité une fois dans un récit de R., v et x, et dans
Z., x, comme auteur de la sentence «a *m latD m*7, qui, comme
on sait, a sa place véritable dans Sanhédririy 97 a (où elle est
rapportée au nom de R. Juda). Sans doute on a placé ces phrases
commençant par «a m p\D ^nn ou to^ à la fin du traité, afin que
ce soit Tespérance consolante de la venue du Messie qui en forme
la conclusion *.
Au lieu de mnrr *na "«ittioin 'i dans D. E. R., ii, l'auteur de la
sentence disant qu'on a le droit de faire la guerre aux impies * est
dans Berachot, Ib, et MeguUla, 6&, R. Dosthay b. Mathoun
(X^rtn)' Dans D. E. R., cette sentence n'a de lien ni avec ce qui
précède ni avec ce qui suit et, en outre, elle parait avoir été modi-
fiée intentionnellement (par Taddition des mots du débat t]bn9b),
aussi très plat. Au lieu de n:>b3a^, je lia nbanîD© ; cf. la leçon d'Elia Wilna,
D^SDÏl n5< ban?a^ Dans les éditions ordina'res de D. E. Z., la seconde partie est
ainsi conçue : "iPOnb riDIOT t\y^'; IT^ \>y D^T^n bD« n-^J^lTTa^D. Ici aussi le
root C)3^1T est très caractéristique (voir les dictionnaires rabbiniques, t. 9. n^T et
assure rauthenlicité de U phrase. Je lis ; (DD^IT) 'D^IT !T^by SOT^H bDO
nnonb noiDI.— Cf. j. sanhédrin, IZb, r^Vi^'^0\X:i ^m« n©:?. — La sentence b«
^T^b:?n Cl^pOÏD^ Nïin d'Eléazar ha-Kappar manque chex Bâcher, Agada der Tan-
naîten. II, 5U2.
* Peut-être faut-il précisément y joindre le fait du rattachement du p^c
blbv^rt à D. E. Z. Ce chapitre a dû alors avoir été placé à l'origine avant le
chapitre x de Z. — A la fin du traité de Kalla ae trouvent aussi plusieurs maximes
sur la paix; toutefois la dernière phrase parle de la Tora,
* En ce cas, il faudrait admettre que les phrases d'un autre genre qui se trouvent
dans ce chapitre ne sont pas à leur véritable place.
» ûvujna nnanTD mn dbn:^b, dans Berachot n^y^D^n m-iannb «nni»; u
même pensée est exprimée également dans une phrase précédente.
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ » 217
de sorte que nous pouvons affirmer qu*elle n'a pas dû se trouver
à cette place à Torigine.
On a déjà parlé de Hillel plus haut, à propos des contes. Son
nom e^t cité après la sentence vi^ivo ^via inop ûw «rr «b (R., vi).
C*est sans doute Texpression ywp qui a provoqué cette mention ;
cf. Tep"» »b Vxn, Sabbat^ 31 a. — Dans le même chapitre, est
nommée encore l'école de Hillel en opposition, cela va sans dire,
avec celle de Schammaï, à propos de la manière de saluer une
flancée. La même controverse est encore citée, avec la formule
^5an "lan, dans Ketonboty 17 a, formule qui désigne sans doute
notre traité ; tout ce thème n*est, d'ailleurs, placé ici qu'à cause de
la phrase finale : m-nan û]> nan-mD ûw Vo nn:>n v(rvr\.
rtpnn 'n figure dans Z., i, avec cette sentence : mmr\ n« ann«
pn Mttîi nfii «301 « Aime le peut-être et déteste le qiie m'importe »
(d'après le texte de Tawrogi, p. 5). C'est une des rares maximes
rapportées au nom de R. Hidka (Bâcher, ibid., i, 44*7). Les mots
d'introduction : mn« iwba (m53n« rm) i5Dn« »pin *% trahissent un
soin particulier dans la manière de colliger ces sentences, car la
maxime de Hidka ne se distingue de cdlle du rédacteur ordinaire
— sMlest permis de s'exprimer ainsi — que par cette unique
expression *pa mart, au lieu de rna ■»Dîi * .
La leçon tc^n 'n •'înque nous trouvons dans Z., vu, à la fin,
n'est pas assurée. Elia Wilna biffe ces mots. Effectivement, dans
Tosefta Pesahim, ix, 9, p. 1*70, il y a seulement" : md*» r»»» p'^»
l'^D^ob nttnn[i] Vp trttDhV rrpTm, ce qui concorde avec Pesahim,
99 a : tr^^n rmn^ l&OTa; dans j. Pesahim, ix, à la fin, 3*7 a, la
phrase est citée avec ces mots &nDp nn "«^n. Gomme on peut ad-
mettre avec beaucoup de vraisemblance que cette maxime est
citée sous un nom déterminé, je suis porté à donner la préférence
à la leçon finop "^3, ce rabbin, comme nous avons déjà montré plus
haut, s'étant quelque peu occupé de littérature gnomique.
rnofir 'n est cité dans R., xi, au commencement, dans une
baraïta : naV *pia fiarn (d'après Yoma, 21 a, firan). Cette baraïta,
quant au thème, ne fait nullement partie de D. E., et elle inter-
rompt très fâcheusement la fin du chap. x, où il était question de
bains, et le commencement du chap. xi, où il en est encore ques-
tion [ym'ùb 03M).
* rW "«Dn et *T53 ÏITan sont des manières de parler dédaigneuses pour dire :
< QaMmporte > I ou c bien sûr > ! Au lieu de ^D3 MT^n. il y a dans Kalla^ éd.
Coronel, p. 9 a, el éd. Romm, f» 53 tf, ^"IDT^ÏI, ce qui est une faute d'une élour-
derie incompréhensible.
* Cependant Zuckermandel marque aussi la variante n73(<, ce qui permet de croire
qa*il a été omis un nom.
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218 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
B. Josaë, nom qaMI faut compléter en ajoutant : ben Hananya,
est cité dans R., v, vi, vu, et Z.« viii, mais toujours uniquement
dans des contes.
R. Josué b. Léyi figure comme auteur de la maxime Ttr bVu^V
d-^tDOte '|'^3'»:^a d*%t ■'^a te (R., v, à la fin). C'est Tunique Amora
qui soit nommé dans le traité D. E., avec son petit-fils "«or^
(R., If fin). Celui-ci vivait au iv« siècle. Mais le chapitre xûrxfitin où
ce nom se trouve ne fait pas partie de D. E., comme nous Tavons
déjà vu.
R. Jnda, sans doute le fils dllaï, est l'auteur d'une sentence
concernant la diflférence entre les coupes de vin en Oalilée et en
Judée ^ Cette sentence ne se retrouve nulle part ailleurs et fait
partie du fonds propre de D. E.
Yohanan b. Zakkaï n'est nommé qu'occasionnellement dans un
conte (R., vi).
>Dr % sans doute "^V^V:;:!, est l'auteur de la sentence suivante
a'wV pbn * fw ann li«b noo^ai ^vn (R., xi). Celte sentence fait
partie du fonds primitif de D. Ë. Dans Z., x, R. Tosé est égale-
ment nommé ; mais d'après Sabbat, 152 a, celui-ci serait "la \xr^ 'n
KttDp. La sentence est en langue araméenne : « Il vaut mieux deux
que trois (c*est-à-dire mieux valent les deux jambes de la jeunesse
que les trois jambes des vieillards, la troisième étant le bâton);
malheur à cause de celle qui est passée et ne revient pas (c'est-à-
dire, d'après Hisda, Sabbat^ 152 a, la jeunesse) ». Cette sentence
si énigmatique convient fort bien à cette collection de maximes ;
la forme araméenne achève de lui donner le caractère d'un véri-
table proverbe*. Deux autres sentences dans Z., x, commençant
par les mots *nttT« ïTrt Kti — phrase qu'on rencontre fréquemment
surtout dans la Mischna Aboi — sont attribuées à R. Yosé b.
Kosma', mais ailleurs {Kiddouschin, 82a, et Eroubin, 55&),
celles-ci sont citées sous une autre forme *. — Le chapitre xi de
R. contient cette sentence : d'Wî ■»MT«tt fn •j'^inip ^T« pnsr» -^a^
^3n dn ^y rûxny «b '-d ^wa V^dn ^^bn vh *^^w ». Aucun renvoi à
> il est facile à reconnaître à ces mots : d'^^ITSM d'^^3^ t^72^, car c'est là sa ma-
nière de s'exprimer habituelle.
* En dehors de ce passage, on ne trouve que peu d^aramalsmea dans D. B. Je
mentionnerai ^731D dans Z., m, où le mot n*a, d'ailleurs, aucun sens (nibpM Dfit
n*^nNa Vpnb '^DIO nn» maria bpnb ^Wne). Le mot manque, en effet, dans
Tédition Tawrogi, p. 18; ensuite, H^'^XÛ K73'^31f mois qui n'ont également pas de
sens et qui ne sont guère écUircis par la glose marginale. Etant donné le caractère
purement hébreu de la langue, ces aramaïsmes doivent certainement être éliminés.
* Au lieu de fi^T^D'^p* il faut lire partout MTSDIp*
^ Voir Bâcher, ibid,, I, 402, note 3.
s Cea derniers mots d'après Elia Wilna.
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LE TRAITÉ TALMDDIQUE « DÉRÉGH ERËÇ » 219
un passage parallèle ea marge et riea à ce propos dans les com-
mentaires. Le mot X^Tmp est une véritable énigme. Cependant dans
Abot di R. Nathan, vers. I, ch. 31, se trouve cette phrase : vm
triBi Vo wm m irr^a l'»^ip finai dbva X^Tmp ; M. Schechter dit à ce
sujet qu'il ne comprend pas ce terme. Le mot1*^2fcnip s'explique bien
parle mot biblique ynp. Outre X^y "utnp*» (Ps., xxxv, 19), vr^a ymp
(Prov., VI, 13), V^ ynp [ibid., x, 10), on lit aussi TnD« ynp (i&wT.,
XVI, 30). Ainsi s'explique le terme Mm ymp. Le mot fnitnip en
lui-môme, sans tTMfi^, signifie quelque chose comme « celui qui est
aux écoutes, espion ». La sentence signifierait donc : « Il existe
dans le monde des êtres qui sont aux écoutes (une espèce d'ani-
maux^ cf. la sentence immédiatement antérieure bVn^a nn rm)
et il existe aussi dans Thomme des « guetteurs «>, les « oreilles ».
Comme cette sentence, dans Abot di R. Nathan, est de R. Yosé
•'V'Vxn, je suppose que dans D. E. on a vu à tort prûf» dans "^"-ï et
que c'est de R. Yosé qu'il s'agit. La sentence veut dire que les
espions sont des assassins. C'est ainsi, d'ailleurs, que dans TËcri*
ture Sainte, après la prescription : « Tu n'iras pas médisant
parmi ton peuple » viennent les mots : « Et ainsi tu ne seras pas
coupable de meurtre ».
A R. Méïr on attribue la sentence : noD^rt n'^a ib «''« •% bD
STTPtt y^'m t=3«b ^bti WÉn rp^a « Qui a une synagogue dans sa
ville et ne la fréquente pas est coupable de mort»^ La même
maxime se trouve aussi au nom de Méïr dans Abot di R. Nathan,
version I, cbap. xzxvi, à la fin. Là elle est suivie immédiatement
de ces mots : ib "pÉt ts^rx^n ^rthrh \d53053 irfiw •'tt E|fi^ 'Ttt'w a^ni
»sn bVi^b pbn « R. Akiba dit que celui qui ne cherche pas à s'ins-
truire n'a pas part à la vie future. » C'est ainsi qu'il faut lire
aussi dans D. E., car le second ^w» ^"n n'est pas à sa place ; il
faudrait, au moins, qu'il y eût *!»•« îq"-! nyn rcn ; au lieu de *»» te
Ttta TttVn «"nû, lire taDn T»bn, et tout le reste concordera avec
Abot di R. Nathan.
îTTDTO 't (Z. x). La sentence de ce docteur «a *m p© ^rt n'est
pas à sa place ici. Voir plus haut ce qui est dit de Oamliel. Il en
est de môme de -w^tTi h *.
'^wy 13 est nommé en tête du chap. m de R. et nous savons déjà
que le chapitre porte son nom. La sentence qu'il formule ressemble
étonnamment à celle que nous trouvons dans Abot, m, 1, sous le
nom d'Akabia b. Mehalel, et la rencontre ne s'explique pas. La sen-
* On en lire une déduction pour ©n^TQÏl n'^a ; c'est déjà là une sorte de gue-
mara. U résulte de Abot di B. Nathan que R. Méïr n'a parlé que de «nTOfl n-^D
et que la variante nOS^Îl n'^D a été faite en TaTeur de la déduction.
* R. Nehoral est aussi nommé dans le traité Kalla.
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220 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
tence de Ben Âzzaï est avec celle d'Akabia dans le môme rapport
que la baraïta vis-à-vis de la Mischna ^ Une sentence du même
genre est aussi rapportée dans Z., iv, mais sans nom d'anteur. Ben
Azzaï est encore nommé dans R., xi, comme auteur de la sentence
trw •^DBTTDtt fn irm^ n« tKvmn « Qui hait sa femme est un meur-
trier ». Ni Tune ni l'autre de ces sentences n*est particulièrement
caractéristique pour D. E. ; elles pourraient se trouver tout aussi
bien dans un autre recueil. Cependant il semble que Ben Azzaï
a contribué au développement de la littérature gnomique, car la
sentence si expressive : ia fcW»TnV idio mm •'•nna ba»ittrt te
« Quiconque s*expose au mépris à cause de la Loi s*élèvera un
jour par elle », qui est rapportée sans nom d*auteur dans Z., yiii,
émane, selon Oen. Rabba, 81, de Ben Azzaï (cf. Berachot^ 63 &,
où cette maxime est citée au nom de Samuel b. Nahmani, tandis
que Abot di R. Nathariy version I, chap. xi, p. 46, indique Ben
Azzaï comme en étant Fauteur ; de môme Yalkout, Prov., g 964).
— La sentence anonyme rtbp irci'Kh "p irm « Empresse- toi d'accom-
plir un précepte peu important » (Z., ii) provient, selon Abot, iv, 2,
de Ben Azzaï; cf. ibid., ii, 1. Je rappellerai, en outre, le carac-
tère anonyme de la sentence inbj^ â'mV ta*nnn twy (Z., ii), qui
est rapportée presque dans les mômes termes dans Nidda, 62 a,
par Eléazar ben Zadoc. En ce qui concerne Ben Azzaï, cf. j. Sche-
kalim, 48 dy au sujet de la n^^n; dans Berachot, Slb, et dans
Aboi di R. Nathan, version I, chap. xl, p. 128, on attribue à Ben
Azzaï une piété particulière (niTonV rroif^ taibna -^«t:^ larwi^);
cf. plus haut notre remarque sur tan^on nba». Peut-être môme les
noms ont-ils été intervertis, et au lieu de n^^nb m^*^ fe^iT 1^, doit-
on lire •^kt:^ la •.
C'est aussi Ben Azzaï qui instruit R. Akiba en matière de con-
venances. R. IX : tnioiiD np«» nn» -^n^a "ry M'^p:^ '^vay la iV ^ûoh
)*«)3ira» : « Jusqu*à quand donneras-tu à boire des coupes déjà en-
tamées ? » Outre ce passage, R. Akiba apparaît dans deux autres
récits, dans R., v et vu. Quant au récit de Z., viii, nous avons
prouvé plus haut qu*il ne fait pas partie de D. E. '
i Dans Kalla^ éd. Coronel, 12 a, on demande, en effet, *^73Mp '^^102 « Qoe
dit-il? »
* Au sujet de Ben Azzaï, « disciple des sages • xar' i^oxVjv, voir Bâcher, ibid.^
if 409. On sait que Ben Âzzaï est du nombre de ceux dont le Talmud dit qu'ils ont
pénétré fort a vaut dans la science spéculative. Plusieurs sentences caractéristiques
de Ben Azzaï, qui sont au nombre des meilleures maximes talmudiques, sont citées
par Bâcher, ibid,
• Dans Kalla, vers la Bn, R. Tarfon dit de R. Akiba : ^t^htlC^ ÎTTa^fO '^^'l
V^'T2. D'après cela, R. Akiba lui-même était versé en y^M ^*11, st cependant il re-
çoit des leçons de Ben Azzaï.
\j Digitizedby VjOOQIC
LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRËGH ERËÇ » 221
R. Jada le Saint n'a pas fourni non plus de sentences au D. S.,
car son nom n*est mentionné qu'une fois occasionnellement (R.,
IX ) : -^an n»« ta'^^nn 'n. Ce passage a sa source dans Bera^
chot, 50 &.
R. Simon b. Eléazar (ou, d*aprës une meilleure leçon, R. Elié-
zer b. Simon) n'est mentionné qu'une fois, dans un récit (R., Iy)^
R. Simon b. Gamliel est Fauteur de la sentence xir^ '^ ^"xmnrt
(R . x), dont nous avons déjà parlé ci-dessus. Cette sentence n*a
pu être formulée que par une personnalité de rang élevé, car elle
suppose que Fauteur était au courant des mœurs de la société
distinguée du monde romain.
R. Simon b. Yohaï est l'auteur d'une sentence na'm la» m»
(Z., X, au commencement) ; mais toutes c«s maximes proviennent
de Sanhédrin^ comme nous Tavons déjà indiqué.
En mentionnant encore ^Titm Ma», auteur de la sentence knpnbms
eaVvn \ann \^ n'^a (Z., ix, fin), et en ajoutant, enfin, qu'antérieu-
rement une sentence analogue est rapportée au nom des â*^:3n*,
nous aurons épuisé la liste des Tannaïm et des Amoraïm qui
ligurent dans les deux traités du D. Ë. La plupart des auteurs
nommés sont cités dans des contes, ou mentionnés comme auteurs
de sentences qui proviennent d'autres ouvrages de la littérature
rabbinique et qui, dans D. E., ne sont que de.s emprunts. En fait
d'auteurs ayant aidé au développement de la littérature gnomique,
nous n'avons qu'Eléazar nepn et Ben Âzzaï ; tous deux ont, d'ail-
leurs, donné leur nom à un chapitre du traité. Mais, môme pour
les sentences formulées par ces docteurs, on remarque la ten-
dance de les rapporter sans nom d'auteur, de sorte que nous
sommes amené à reconnaître que le compilateur de D. E. a
voulu leur donner le caractère anonyme. Mais, comme ce traité
n'est qu'un fragment de ce genre de littérature, nous pouvons
aussi en tirer une conclusion pour ce qui concerne le caractère
<ies parties perdues ; peut-être cette branche de la littérature
s'est-eJle précisément perdue parce que les sentences étaient ano-
uymes.
S. Erauss.
(il suivre.)
' ^^^, dans R., m, est peut-être auBsi Simon b. Eléazar. Immédiatement après
n'ent nu^ sentence de Sp^*^ p K"l qui, dans Ahot di B. Nathan, version I, cha-
pitra ^i:at, p. 70, est attribuée a R. Simon b. Eléazar, ce qui ne peut 6tre exact, car
^%niK x>. g il y aurait alors deua maximes du m6me auteur et il faudrait dire
..j ^*^» loin nous aurons cependant Toccasion de faire remarquer que, diaprés la
^*^^« leçon, les t3'^73Dn ne >ont pas mentionnés ici.
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1
LES SABORAÎM
Les Saboraïm occupent dans Thistoire rabbinique une situation
originale. Ils sont les intermédiaires entre deux périodes fonciè-
rement diverses, entre la période des Âmoraïm, qui créèrent le
Talmud, et la période des Gaonim, qui le présentèrent déjà comme
un Canon fermé et s*appliquèrent à l'interpréter et à le répandre.
L'activité des Saboraïm s'exerce à la fois dans le domaine de
la législation et dans celui de l'interprétation. Par leurs dis-
cussions théoriques, incorporées au Talmud, ils ressemblent aux
Âmoraïm, et par leurs gloses explicatives ils se rapprochent tout
à fait des Gaonim. On sait depuis longtemps que les derniers ré-
dacteurs du Talmud babylonien furent les Saboraïm, mais on ne
peut établir avec certitude l'étendue des additions qu'ils y ont
faites. Nous ne savons guère non plus d'une manière précise la
durée de l'activité des Saboraïm. Une profonde obscurité re-
couvre encore la période où ils ont vécu. Les renseignements que
nous possédons à ce sujet sont peu abondants et se contredisent
mutuellement sur beaucoup de points.
Dans ces derniers temps, la période des Saboraïm a été l'objet
d'une étude approfondie de la part de M. Isaae Halévi^ Il est
arrivé à des résultats qui sont en opposition absolue avec les re-
cherches de ses prédécesseurs. Les lecteurs de cette Revue ont pu
en prendre connaissance dans les volumes XXXIII et XXXIY.
Dans lés pages qui suivent, je tâcherai d'en contrôler l'exactitude.
Habile talmudiste, M. Halévi a découvert dans le Talmud des
traces des Saboraïm là où Ton n'en soupçonnait pas jusqu'ici, et
la science lui en saura gré. Quant à ses thèses nouvelles en ma-
tière d'histoire, je me sens porté à les combattre résolument.
Pour les historiens, c'est de l'an 499 de l'ère chrétienne que
part la période des Saboraïm ; ils en placent la fin à Tan 540 ou
« Dui0 son ouvrage bÊn»-^ '>^db ^'Oi'^ "nan •iDO .d-^îTOinn mnn.
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wr^^
LES SABORAIM 22t
à Tan 550. Us limitent, par conséquent, cette période à 4D ou
50 ans. M. Halévi trouve cet espace de temps trop court pour
Tactivité des Saboraïm. D*une part, il avance leur apparition
jusqu'en 4*75 ou 476 et, d'autre part, il place la an de la période à
Tan 589. Dans cet intervalle de temps presque double du premier,
M. Halévi prétend que deux sortes de Saboraïm, de caractère tout
différent, ont exercé leur activité. J'examinerai chacune de ces
assertions isolément.
I
LES PREMIERS SABORAÏM.
On est généralement d'accord pour admettre que la période des
Saboraïm commence à la mort de Rabina, le dernier Amora de
Sora. Comme toutes les sources qui citent l'année de la mort de
Rabina indiquent Tannée 499, cette année passe généralement
pour la première de la période des Saboraïm. On ne tient aucun
compte, pour cela, de l'opinion de Samuel ha-Naguid * et d^Ibn
Daud*, pour qui le début de la période en question tombe en
Tan 477, car, en ce qui concerne les Saboraïm et les Gaonim, l'au-
torité de Scherira est acceptée sans réserve par tous les savants
—et par M. Halévi aussi. Or, M. Halévi prétend que cette date est
erronée et qu'au lieu de «nn = 500 «, il faut lire i^cmn = 475 ou
ftmn = 476. Voici comment M. Halévi motive son désaccord avec
les historiens juifs : « On a le tort, dit-il, de ne citer de Scherira que
quelques paroles, notamment celles que nous avons invoquées au
début de notre étude, et c'est sur ce passage tronqué qu'on a cons-
truit tout un échafaudage pour déterminer l'année de la mort de
Rabina, celle de la clôture du Talmud et, en général, toute la
chronologie de ce temps. Nous sommes étonné qu'on n'ait pas
mieux étudié le contexte de ce passage, qui présente certaines dif-
ficultés. Il sera bon de citer le texte en entier : « Après lui fut
1 Cité dans Korè ka-Dorpi, p. 2 ^ ; voir la fin de ce chapitre.
* Ghex Neabauer, Aneedota Oaoniêntia, I, 61.
* Dans la suite de cette étude je n'indiquerai que les chiffres du comput ordi-
naire. J'ajoute à l'ère des Contrats le chiffre 3449 et j'obtiens ainsi Tannée de l'ère de la
création. Pour avoir ensuite Tannée de Tère chrétienne, j'ajoute aux années de la créa-
tion le chiffre 239 ou 240, suivant que Tévénement a eu lieu avant ou après le
Nouvel-An. Là où il n'est pas nécessaire de tenir compte de cette dernière circons-
tance, je déduis de l'ère des Contrats le chiffre 311 pour trouver Tannée chrétienne.
Ainsi, au lieu de 811 de Tère des Contrats, j'écris Tan 500 et, au lieu de kislev 811 de
celle ère, kisleT 499.
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224 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
R. Idi b. Abin, qui mourut en 452. . . Le mercredi 13. kislev de
Tannée 499 mourut notre maître Abina, âls de R. Houna^ alias
Rabina, qui fut le dernier des Amoraïm (rrfinti tpo Éitti). Puis fat
R. Rehoumi, ou, d'après d'autres, Rehoumoï * ; il mourut en 456,
lors d'une persécution décrétée par Jezdegerd. Puis fut président
de récole R. Sama, âls de Rabba. . . En 474 furent fermées toutes
les synagogues de Babyloné, et des enfants juifs furent remis aax
mages. En 476 mourut R. Sama, fils de Raba ; puis présida
R. José. . . » Scherira part de la mort de R. Aschi et va jusqu'à la
mort de R. Sama et à Tavènement de R. José. Quant à l'ordre
chronologique, il commence par Tannée 427 * et finit avec Tannée
476. Gomment donc expliquer que tout d'un coup la chaîne du ré-
cit se brise et qu'apparaisse la mention de la mort de Rabina en
499?... Il faut donc, de toute nécessité, qu'une erreur se soit glissée
dans les chiffres : au lieu de 499, il faut lire 475 ou 476... On dira
peut-être que la mort de Rabina est mentionnée après Thistoire
de Técole de Sora parce que c'est par cet événement que Tauteur
a voulu clore Thistoire de cette école pour passer ensuite à celle
de Poumbadita. Cette objection est réfutée, d'abord, par le fait que
même dans la seconde partie, Scherira parle encore de Técole de
Sora*... »
Comme on le voit, M. Halévi croit que la date de 499 n'est pas
possible, parce que la chaîne du récit de 427 à 476 s'en trouve in-
terrompue. Mais M. Halévi ne s'aperçoit pas que le chiffre 475
proposé par lui interrompt aussi le récit et que, dans son ieœtey
cette date est suivie du chiffre 456, tandis que dans tous les autres
textes exacts il y a même le chiffre 433. Les chiffres 456 et 433 ne
peuvent-ils venir qu'après 475 et non après 499? — M. Halévi
s'est laissé induire en erreur par un texte sans valeur. S'il
avait consulté une édition tant soit peu correcte, il aurait davan-
tage tenu compte de l'objection qu'il a effi^urée lui-même. Il
aurait vu notamment qu*en réalité Scherira traite d'abord de la
dernière génération des Amoraïm de Sora, et que c'est seulement
après avoir fini d'en parler qu'il passe aux derniers Amoraïm
de Poumbadita. Il est donc tout naturel que Scherira ait dû reve-
nir en arrière quant à la chronologie, car le dernier des derniers
Amoraïm de Sora vécut beaucoup plus tard que le premier des
derniers Amoraïm de Poumbadita.
* Au sujet des erreurs du texte cité ici, voir plus loin.
* M. Halévi écrit 426, parce qu'il déduit 312 de Tëre des Contrats, comme le font,
du reste, beaucoup d'auires auteurs. Mes indications diffèrent donc toujours de celles
de M. Halévi d^un an.
• Bê9U0, xxxm, p. 9 et s. ; cf. to-^sitt^^nn T\r^^x p. i-s.
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r
LES SABORAIM 225
La fameuse Lettre de Scherira a été d^abord publiée par Samuel
Schullam comme supplément au Youhasin, qu*il édita à Constan-
tinople en 1566 ; de là elle passa dans les éditions suivantes du
Youhasin. L'édition de Schullam fque je désignerai par S. J.) n'est
digne de confiance sous aucun rapport ; elle est corrompue et
il y manque des phrases entières, comme Rapoport Ta déjà re-
connu. Heureusement la Lettre a été éditée de notre temps plu-
sieurs fois d*après divers manuscrits. La dernière édition, pourvue
de nombreuses variantes, est celle de M. Neubauer (S. N.). Les
éditions nouvelles montrent combien Tédition de Schullam est
défectueuse. Or, c'est précisément cette édition que M. Halévi
a utilisée ici, sans tenir aucun compte de toutes les autres. Il
aurait dû d'autant plus le faire que toutes les éditions diffèrent
très avantageusement de S. J., comme nous nous en convaincrons
bientôt. C'est dans ce but que je reproduis ici le passage en ques-
tion, tel qu'il se trouve chez Schullam et chez M. Neubauer, ainsi
que dans toutes les autres éditions.
Neubauer, Anecdota Oxoniensia, f, 33. Youhasin, éd. Cracovie, 17 a.
nnna ^bm n"iii»n nîttja a^^ï)'! a-i rr^-inai .a"720n n5«a a-'D;»'!
HDi 'n»'»'» a-i r^-^on» r^n^aa Xo^n n3ï)a a"»D':5i i"«a5< na •^t»»
■»T'Nanrmnai.a''»tt5nn2«an'»«D3 a"»D;3i Nsirr a-i la vana a-i n"»-i»nai
.(a-^îU)) :^''o^n nî^ûa a"«a:ûT i-^a» na Y'^^t ...ft^n^:^ bon .i"oï:n nsiDa
y^zm N3in an na iTaro an rrnnan na n?^ r^^nm "^wraa an «"'onjoa
^b^i .Mr^TTSTO bc3i .V'ouîn n3'::a "^N^itja 'Sy^r\ nr^a a-^a-ûi -«Oi* an
n» Kim "«ttraîa an «•'onT: «n73a nxDoin an n-^nnai .tomoart dp
a'':^t3n n3«a a-^iD^i "^«în an na «atDa 3?ani<ai .5<"D"::n n3;aa a'^aoi
nan mnnai .D'^msarr &t» \>is:i7:a a-^DO «"-^nn nsaa iboaa a"-» «im
.t^DOn n:«5a a-^a^i m^Doin «nm «nn ann rr^na «a-ta» Nsan
iboaa nn-'bn «im «aoa j^an^ai s-innai .ïiî^mn tjiD Nim .«s-'an
rpna «ra» an a-'D© «"-«nn naiDa .* n'^Tsinn an "^obni n-^xi ,'»?i'in'»n an
C|io «nm .«ran «im r^snïi an-n r^n^so p:^a o"an n:aa a-'a-Di
.rn»mn t^ro an ^b^ r^nnai .n-ianr nTn
toioa niDbtt i-^s'û v^^^^t =i''^^ T"Dan nD-^rai ...t^am nna
b-^na -«a» «n^^aa an «n-^na an Y-^ ^''"'^^^'^ -'^^'^"^ ^"'"^^^'^^ ^"^
?T»nnan .n"wtt5n naisa a-^aoi d'^-doki ni<mn t|io n^'Tarai ,-»ot>
a'>ao'i t^n^na taio It: tonon la-^ao-^^maD pam «anm .«TiTobn
,'^î3"in'«n an n-^nnai .Y'D^n natja &"»3n5<a lan'^D "^am ni:23^i7a û"^r::a
a-^aui ,"'»73nn'^3 an v°^nî3T n"»«i .tD'»)3'^n "^nana tDn"»3inaT "»nDoa
» Lisez : ■>^nn"»3.
T. XXXVI. w« 78. 15
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226 REVUE DES ETUDES JUIVES
-îW^ t^ntt© 113^3 o"«n tnswn rr^^na «»D «ia'n 3'^:d« V'ûnn r5«a
«!»30 an a'>DUî T"Dtt5n nauîai ...«a-in
.•^DT» '-1 ^^73 !rT«nnai .«a-n n'^na
.«nittbn d"»'>noNi ntm^n jq-io rrttr an
to-^i^a la-^D© "^N-nao pam r^aim
■^-iDOa d-'aïKi iidt^d -«Dm /mû3?i73
V'Mnn na^Dan .d-^jm "^^ana dn'^3in:DT
r^am irr^na r^wo r^aan a^3Uî
M.lT>oa înmïT»
On volt combien S. J. est corrompu et défectueux. Les phrases
imprimées entre parenthèses dans S. N. ont disparu dans S. J.
sans laisser de traces. D^abord la phrase qui suit le premier a'^Dtti
manque, notamment de nd)Da jusqu'à nd)Da. Ensuite, il y manque
les phrases depuis "jn^Kan jusqu'à n^aicn avec les mots d'intro-
duction fctn'^na diDa -ob» l'>:«: l'^yMi, qui forment la transition de
Scherira entre Sora et Poumbadita. Si M. Halévi avait tenu compte
de cette transition, il aurait compris que ce n'est pas là une inter-
ruption du récit, mais le début d'un nouveau récit. Ainsi la preuve
que M. Halévi donne à l'appui de sa correction et, par suite, son
objection contre les historiens se réduisent à rien.
La preuve tirée par M. Halévi du Talmud n'est pas plus solide.
Il prétend déduire de quelques passages du Talmud que Rabina U*
était déjà un homme fait vers 430, et il trouve invraisemblable
que Rabina ait vécu jusqu'en 499, ce qui lui eût donné à peu près
rage de cent ans. Cette preuve n'est nullement décisive, car Tby-
pothèse d'un âge aussi avancé n'a rien d'impossible. Nous savons,
d'ailleurs, que Scherira et son fils Haï vécurent près de cent ans.
En outre, il n'est pas établi que, dans les passages que M. Halévi
invoque à son appui, il s'agit de Rabina H plutôt que de Ra-
bina P.
^ La preuve, donnée comme nouvelle par M. Halévi, de Vexislence de deux Ra-
bina {Revue ^ ibid.^ p. 9, et dans son ouvrage, p. 2) aurait pu dire laissée de côté,
car Grftiz, BiQll et Krocbmal la donnent déjà. Ce dernbr savant prouve suffisam-
ment qu'il est question dans le Talmud de Rabina 11 (dans ses mn^^m d^)D^*1^,
p, 65) et M. Halévi aurait dû au moins le citer. En tout cas, il n'aurait pas dû dire,
dans son ouvrage, p. 2, que les historiens admettent quatre R«bina. L'auteur
du livre y 3^ 1K3, qui a imaginé les quatre Rabina et que M. Halévi combat, ne
représente pas notre école bistorique.
* Je ne voudrais pas m'engager ici dans des discussions balacbiques et je me bor-
nerai à remarquer que le Rabina qui n'était pas venu a Hagrounia (Revue, XXXHI,
p. 13 et 15) est le môme Rabina qui, en opposition avec R. Âscbi, a permis de tra-
verser un fleuve le sabbat. S'il dit néanmoins : • Ne partages-tu pas ropioioQ de
R. Âscbi, qui le défend? », cela n'était qu^une réponse évaaive, parce qaUl ne voulait
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r
LES SABORAIM 227
M. Halévi invoque encore à Tappui de son hypothèse Tasser-
fion dAbraham ibu Daud, qui aurait placé la mort de Rabina en
475. Or, Ibn Daud n indique pas du tout Tannée de la mort de
Rabina. En mentionnant les persécutions de Tan 474. il dit seu-
lement : « Â cette époque, Rabina fut pendant un an chef de
Técole » •. Ceci est aussi confirmé par ce que rapporte Scherira, à
savoir qu'en 474 les synagogues furent fermées et les jeunes gens
juifs furent emmenés chez les mages*. Sans doute, Técole de Sora
fut fermée bientôt après, et Rabina n*a pu la présider que pendant
un temps très court. Mais il n'en résulte nullement que Rabina
soit mort en 475. Du reste, nous savons qulbn Daud a utilisé
des sources qui diffèrent beaucoup de Scherira, et il n^est pas per-
mis, par conséquent, de tirer dlbn Daud des conclusions pour les
leçons de Scherira.
On ne peut donc guère élever d'objection sérieuse contre la date
de 499. Par contre, des faits importants militent en faveur de
cette date et contre le chiffre de 475, ou 476, proposé par M. Ha-
lévi. Toutes les éditions de la lettre de Scherira donnent le
chiffre 499. Ce chiffre est aussi indiqué par toutes les éditions
ànSêder Tannaîm we-Amoraim, Nous trouvons encore la môme
date en toutes lettres chez Nissim Gaon '. L'unanimité des
sources est la meilleure preuve de l'authenticité du chiffre 493.
Ensuite, Scherira dit que Rabina est mort le mercredi 13 kislew.
Cette indication du jour de la semaine et de la date du mois exclut
l'hypothèse de Tan 474 et de 475 aussi bien que Tan 476. En 474,
le 13 kislew tombait le samedi, en 475 le vendredi et en 476 le
mardi. Par contre, en 4260 = 499 le 13 kislew tomba, en effet, le
mercredi *.
Ici je dois appeler l'attention sur le fait suivant. M. Halévi dé*
signe R. José comme Sabora ». Or, R. José n'est présenté comme
pas dire la raison véritable pour laquelle il ne s'était pas rendu chez le Rescb Ga-
buta. Les autres réponses de Rabina sont également évasives. Dans Ketoubot^ 69 a
{Hevuty p. 12), il est question, i mon avis, d'un Rabina plus ancien. Rabina 11 était
beaucoup plus jeune que Mar bar R. Âschi et placé sous son autorité, ce que
M. Halévi concède lui-môme (dans soa ouvrage, p. 14 et s.). Il est donc invraisem-
blable que Rabina II ait entrepris une exécution de Mar bar R. Aschi J^S^am)
(■»©« nÎT ïrna nw73 •*tdn a-n rr^n-inb n-^nsN.
* nn« mo na*»©*^ idîti «s-^an mn (nj;D) r!:a nniNai (Neubauer, i, 6i].
» il dit : n-a ia-»p3n'«iiT bam npc-'sd "^a ba inan-'x n"D'::n nr^aai
^OnattXb ■'ûmrr (Neubauer. I, :i4 ; voir noie 13).
» Dans la préface de son nnD?a. p. 3^, il écrit : n^ntt^Û n:Ca N^an nn^T
mnaiDb ^^^y Tnct-, mXTD. VoirHalévi, p. 312.
^ Cela eut lieu aussi en 4233 = 472 ; mais il n'est pas possible d'avancer autant
Tannée d3 la mort de Rabina, car son prédécesseur, Rabba Tosphaa, ne mourut
qu*ea 474.
» P. 13«,
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228 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
tel que par Samuel ha-Nagaid et Ibn Daud, qui, en s*appuyant
sur d^autres sources, font commencer la période des Saboraïoi
en 4T7. Mais pour Scherira, R. José est incontestablement un
Amora, car il place R. José à la an des Amoraïm à Poumbadita et
passe ensuite seulement aux Saboraïm. Scherira dit, en effet :
« Et en Tan 476 mourut R. Sama, fils de Raba. Après lui ce fut
R. José qui présida. De son temps (rp)Dvai), la période des Amo-
raïm finit (n«mn tiiD) et le Talmud fut achevé. Et la plupart des
Saboraïm moururent en peu d'années... * ». R. José suit imraé-
diament R. Sama sans aucune transition, précisément parce que,
comme lui, il était un Amora; seulement pendant le temps où
vivait R. José, la période des Amoraïm finit et le Talmud est
achevé. En outre, dans beaucoup d*éditions, la phrase suivante
commence par ces mots : « Et les Saboraïm vinrent' ». Il est
donc évident qu'ici R. José est compté avec les Amoraïm ^. M. Ha-
lévi ne paraît pas s'arrêter à ce point, uniquement parce que
cela est absolument contraire à son hypothèse, car si Scherira
d Uait la période des Saboraïm de Tan 475 ou 476, comme M. Ha-
lévi le prétend, il ne pourrait guère compter R. José au moment
de son entrée en fonction en Tan 476 parmi les Amoraïm.
Il est donc établi que Scherira date la période des Saboraïm de
Tan 499. Si Samuel ha-Naguid et Ibn Daud placent R. José en tête
des Saboraïm, c'est sans doute uniquement parce que R. José
fut, en effet, Sabora à partir de Tan 499. En tout cas, on ne peut
tirer de Samuel ha-Naguid et Ibn Daud des conclusions relatives
à Scherira ; leur indication comparée à celle de Scherira ne mérite
guère de considération.
^ Neubauer, p. 34.
* "^«T^SO 1531 1l!in. Ainsi lo porte l'édit. Goldberg, Mayence 1873, p. 38 ;
Wallerstein, p. 18; de môme dans bfi<17att) "^bbD (daos D"^ltt5^ n73n), p. 29.
• Qu'on remarque, en outre, que Scherira n'emploie i'expressioQ *tb?3 « il devint
président • que pour les Amoraïm et les Gaonim, et non pour les Saboraïm. Au
sujet de R. José, Scherira dit ^0")^ 'l ^^73 ÏT^inSI, précisément parce qu'il éuit
un Amora. Kn outre, il laut tenir compte du fait que Scherira ne dit pas en cet
endroit quand R. José est mort, comme il le fait pour loua les autres Amoraïm. La
raison en est sans doute que la mort de R. José tombe dans la période des Sabo«
raîm. C'est pourquoi R. Scherira, dans sa relation relative aux Saboraïm, revient à R.
José en disant: * Eu l'an 515 moururent R. Tuhna et Mar Zoutra, les liis de IIiDéna»
et R. José Gaou resta encore quelques acnées a Técoie > (Neubauer, ibid ). R. José
mourut donc comme Sabora après 515, environ viu^l ans après le début de la période
des Saboraïm en /i99. D'après ce système, Scherira comptersit R. José jusqu'en
499 avec les Amoraïm et à partir de cette date parmi les Saboraim. C'est aussi en
celte double qualité que R. José uouà apparaît dans le Talmud, car il discute aussi
bien avec TAmora Rabina qu'avec le Sabora R. Aha (M. Halévi, dans son ouvrage,
p. 4 et s., et, déjà avant lui, M. firûll, Jahrbûcker^ 11, 26, noto 25). Du reste, il
n'est pas tout à lait certaiu que le R. José qui, après 515, était encore a Pécoie lût
le môme R. José qui arriva a la présidence en 476.
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LES SABORAiM 229
II
LES DERNIERS SABORAIM.
Scherira parle des Saboraïm en deux passages différents de sa
Lettre. En premier lieu, il en parle là où il traite de Tactivité des
Amoraïm et de la formation du Talmud. Il dit que Tactivité des
Amoraïm consista dans Tinterprétation critique de la Mischna,
qu'on désigna par le terme r»fi^^in. Scherira, après avoir démontré
que le Talmud est composé de ce genre dMnterprétations, qui
s'étalent accumulées dans le cours des temps, continue en ces
termes : « Et ainsi la riK-nn fut augmentée de génération en géné-
ration, jusqu'à Rablna. Après Rabina elle cessa... Mais quoiqu'il
n'y eût plus de nfi^mn, il y eut des Saboraïm, qui ajoutèrent encore
des interprétations ressemblant à la rtfinirr. Les maîtres qu'on ap-
pelait Saboraïm expliquèrent tout ce qui (dans le Talmud) était
resté indécis, comme par exemple R. Rehoumi, R. José, R.
Aba de Hatim... et R. Rabaï de Rob... Les savants (i^n^i) di-
sent que R. Rabaï était un Gaon et qu'il a atteint un âge très
avancé. La Guemara contient beaucoup d'explications (*«*-aD) qui
proviennent des derniers docteurs, comme, par exemple, de
R. Ina et R. Simona. Nous savons par nos devanciers que tous les
passages..., toutes les objections et réponses qui sont exposées
dans la Guemara sont l'œuvre des docteurs postérieurs, des Sabo-
raïm, et ont été introduits par eux dans le Talmud. Nous con-
naissons encore d'autres faits analogues *. »
Dans le second passage, Scherira donne une liste des Saboraïm
suivant Tordre chronologique et dit : a La plupart des Saboraïm
moururent en peu d'années, comme le relatent les Gaonim en leurs
mémoires historiques. En Siwan de l'année 504 mourut R. Sama b.
Juda. On dit qu'il, a été juge de la communauté («nm w^*^^). Le
* «3'»3n nnm «ran *!:> r^ii nnnn K-in î-T«nin NDonn"»» -^Dïn toisbi
■^«n Sdi •'fimao l^nn t^n«"inn -^^n •^-ip-'^^i ï-iN-iinb "^a-ip^Dn '^i25i-)'»d
t^riK an cioi*^ a-ii (rram) •^îairi'^i n-i y\^^ mujns ■>«pi ■•bn nin^
"T^-nNi nnn p^a •««an a-n isan nrNi ...an-i73 •^«an a-ii ...toTin "^a^
ix^'^y a-i 115D "^N-ina laan^ i"ir«n i^-i7:aa n^^ap*^» nao riTsiDi «aia "«a»
■^pn-i-iDi '^iD^j> ^3■•N nnbiD ...r^-iwaT \><7:p i» lD"»Mp5 t^siTs-^o a-n
•^^3 nrn mm inr^^api in3'»2-in "^N-nao -^«nna i^an csn7::\a '^amnan.
Nqabtuer, p. 25, Sur '>733 rTS"^^ "nni, cf. BrQll, JahrbUeher, I, 215.
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230 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
dimanche 4 (lire le 3) Adar 506 mourut R. Ahaï b. Houna. Au mois
de Nissan de la même année mourut R. Rihimaï ou, selon d'autres,
R. Nihimaï. Au mois de Kislev 506 mourut R. Samuel b. Juda de
Poumbadita. Au mois d*Adar (507) mourut Rabina d'Amacia. En
Tan 508 mourut R. Houna Resch Galouta. — Le jour de Eippou-
rim de Tan 510 mourut R. Aha b. Rabba b. Abouha (ou R. Aha b.
Abouha) pendant une tempête (kd:^t). En 515 moururent R. Tahna
(ou Tahina) et Mar Zoutra, les âls de Hinena. Et R. Joseph Oaon
resta quelques années seul à TAcadémie. Ensuite, R. Ina résida à
Sora et R. Simona à Poumbadita. Ensuite, il y eut R. Rabaï de
Rob. Il était de notre Académie et on dit qu'il a été un Gaon. Dans
les dernières années du gouvernement persan, il y eut des persé-
cutions et des calamités ; on ne put se livrer à renseignement,
fonder des écoles et exercer les fonctions des Qaonim, ju8qu*au
moment où nos docteurs vinrent de Poumbadita dans la région
de Nehardaa, dans la ville de Firouz-Schabour. Et voici les
Gaonim qui furent dans notre Académie de Poumbadita, lors des
événements susmentionnés, arrivés à la fin de la domination per*
sane : à partir de Tan 589, ce fut Mar bar Rab Hanan dlskia qui
présida. Après lui, ce fut Mar Rab Mari, notre aïeul, fils de R. Dimi
Homo (Horgo ou Sorgo), qui présida. Son Académie de Firouz-
Schabour est appelée encore aujourd'hui TÂcadémie de R. Mari.
A son époque, il y avait à Sora Mar Rab Mar b. Mar R. Houna
comme Gaon ; c'était en l'an 609 ».
Scherira remarque que R. Rabaï, selon Topinion de certains»
* to-^aiwr^ iTD'T'D *^3îT7 nia:?'i73 to-^2©a ^y^^)D "^fi^maD lian^r t^mm
r*<)3D t^sa-i 3'»Dtt) i"::nn n3©m .to-^tt-^n •^-innn tarT'3n-i:DT "«noDa
3?3-iN Nim Naï53 inm .mn «aan «d'»'^ti i-^-iûni m-irr» j^oann rma
ïstn^n icsai .r^3in an -ia '»«n« an a-^axD y^nn na» m«a (i. Knbn)
iboD-a y"^r\r\ nD^ai .'^N»in'»D an T^obn^an n"»»"! ■»N7ann'^n an a-'^© «n
]J2 t^ran a-^DiD mi<ai .«n-'ia tono pn min*^ na b^i?:© an a'»DTD
"i^n^ DT^a a"Dnn nroai .6<mba c^n «D"in an a-^Dto a^-^nn n3«ai .n-^it:»
.maNiNn» an ou) ma» na rrann ïT>na «n» an 2^^^^ ndj^t rTin
.t^3rn an "«sa NnaiT nm (t^D'^nn ou) «snn an a-^D^D i"Dnn n3)Da-i
t^s-^j^ an "»3n nna-i .i-^a© n?2D mna-^nioa ii^a sjot» nan 'n"»"»nxD"»«i
1731 .ann!o "^«an an "^Dïn ^nai .t^n-^na caioa t^rîo'^o am t^onoa
mnsti 172)2: -«i® T>"^im .mn iiNan i-^nw^i ,mn ib-^n Kra-^nia
t^naTi)3 •^a'^niNi "^p^^ yapTab i'^t)iD^ iin «bi cr^onD mDb» qnoa
t^n-»na73"iD73 j^sb-^n laan in«n t^s© riTaa nna nj» D-^ai^r^ an:a nanm
«na-^DTsa iim ca-^DiNa ib-^^i .ma«© Tin'>Dn Nns^n^ab ^^^nn^ ma'>aob
p"nn DDu:» .ûvono mDb?: ci"ioa y^b'^iz l'^b'*» nna «n-tnattiDa «ïb-n
"njzi n"»na laspr -^nts an n^o ^b» r-mnan .N'^'^p««73 i:n an nîa *^b73
an ^a j'ma mau) nn-tDa i^smT: n-^ai (i:inio ,"iamn ou), -onin •^ïa'^n nn
fionn an nîo p ntj an n?: r^nnoa n"»n i"»»'^ai .ïim &Tm nr -^nia
.(Neubauer, p. 34) ^''pnn n3\Da I^Ka
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LES SABORAIM 231
était déjà Gaon * ; d*après cela, R. Ina et R. Simona auraient été
les derniers Saboraïm. Cette opinion parait aussi avoir été par-
tagée par le Sèder Tannaîm we-Amoraîm, qui ne compte pas R.
Rabaï parmi les Saboraïm et prétend que R. Guiza (sans doute le
môme que Ina) et R. Simona étaient les derniers Saboraïm.
Les historiens se sont ralliés à la dernière opinion. Comme,
d*après Ibn Daud, Simona est mort en 540 et que Scherira ne
contredit pas cette assertion, cette année passe pour le terme
de l'activité des Saboraïm.
M. Halévi rejette cette théorie et prétend que R. Guiza et R. Si-
mona du Sèder Tannaîm we-Amoraîm ne sont nullement iden-
tiques à R. Ina etR. Simona dont parle Scherira. D'après lui, les
derniers Saboraïm R. Guiza et R. Simona doivent plutôt être cher-
chés parmi les savants qui avaient émigré de Poumbadita à Fi-
rouz-Schabour peu de temps avant 589 *. La période des Saboraïm,
d'après M. Halévi, s'étendrait donc jusqu'à 589.
Contre cette hypothèse il faut observer d'abord que, si R. Guiza
et R. Simona étaient d'autres personnes que le R. Ina et le R. Si-
mona de Scherira, celui-ci n'aurait pas négligé de les nommer.
Scherira, qui est si minutieux et si précis, n'eût pas manqué de
citer les deux maîtres qui clôturent la période des Saboraïm.
Scherira ne consacre au séjour des docteurs à Firouz-Schabour,
où M. Halévi place les prétendus derniers Saboraïm, que quelques
mots, précisément parce qu'il ne s*y est rien passé d'important.
En outre, une comparaison des noms des Saboraïm dans le Sèder
Tannaîm we-Amoraîm avec ceux qu*on trouve chez Scherira, met
hors de doute le fait que les docteurs dont il est question sont
identiques. Il est vrai que le texte du Sèder Tannaîm est confus et
corrompu, mais beaucoup de noms s'y sont conservés fort bien et
sont faciles à reconnaître chez Scherira. C'est notamment le cas
pour les cinq derniers Saboraïm qui nous intéressent ici. Dans ce
qui suit, je juxtapose ces noms tels qu'ils sont cités dans les deux
sources.
' Ici Scherira parait vouloir dire par ^")KA que R. Rabaî, d'après ropinion d'autres,
était le premier y\^^ (contre Graetz, V, 424).
* D"»Dni3Énn mm*!»?. 3o et s.
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232 REVUE DKS ÉTUDES JUIVES
Scherira. Sèder Tannatm we-Amaraïm •.
(w^nn ou) «snn an ^t^^-'i^p a-i
«srn an '^aa «ntaiT n^DT »rr5:n 'n ^a finaiT am
sioT» nan . . •
(à Sora) ac^y an • («n'^i ou É<a'^T ou «m ou) ■•«ait an
(à Poumbadita) «SITD'^O an ^«SITD'^O an
ainto •'«an an
On voit que dans le Sèder Tannatm we-Amoraîm, R. Joseph et
R. Rabbaï ont été omis. Des cinq noms qu'on y trouve, quatre cor-
respondent incontestablement à ceux que Scherira nomme. On
peut donc admettre avec certitude que '^fiCiT = txr^ est identique
au R. Ina de Scherira.
L'hypothèse de M. Halëvi est donc insoutenable sous tous les
rapports. Il est établi que la période des Saboraïm a pris fin vers
540 avec R. Ina et R. Simona. Tout au plus pourrait-on encore,
avec Scherira, compter parmi eux R. Rabbaï *. Mais il n'est pas
possible d'y comprendre aussi l'époque qui va de R. Rabbaï au pre-
mier Gaon, R. Hanan dlskia.
III
l'activité DBS SABORAÏM.
Déjà N. BrûlP partage les Saboraïm en premiers et derniers
> D'après le ms. du Talmud de Munich, n* 95, imprimé par Taussig dans n^M^^
îlTsb^, p. 4, et diaprés le commeulaire ms. d'un Mahsor de l'an 1301 (en ma poft-
sessioo), r*81(^.
> Ed. Qoldberg.
» On sait que ^'la'infi^ est une abréviation de ^n3K*T WIÉ^.
* Corruption de M3^nn, comme le remarque avec raison BrQll, Jahrbûchery 11, 107.
* D'auires mss. ont «»n am ma «naiT an .t^a-'ap na -^lann» an (voir
K^rem Himéd^ IV, 187). Il est évident que K3^ap (fiO^nn) fut fait par erreur le
père de Âhdebolet que tXT2T\ est une corruption de K33'^n> ^^ môme temps, ■>33 fut
changé logiquement eu rt^na. La transition se trouve marquée dans Mahsor Vitrât
p. 483, où il est dit «3n an "^îa Nnt3iT n7ai ^y^-p na -^lann» an.
* D'après GrsCzetBrÛll {Jahrbilcher^ II, 41), ce Sabora serait identique à R. Guiu,
qui s'était réfugié à Nabr-Zaba.
7 Aiusi le portent toutes les éditions. Seul le Mah§or Vitry a fiOlïl au lieu de
Simona, ce qui est certainement une corruption. M. Ilalévi, dans son hypothèse,
utilise ce nom et prétend que R. Houna a été un des derniers Saboraïm.
* Samuel ha-Naguid et Ibu Daud comptent aussi les Gaonim jusqu^à Mar Schi-
schoua (vers 680) parmi les Sahoralm, mais ceci n'est pris au sérieux par personne.
» Jahrbûchir, 11, 47 et s.
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LES SABORAÏM 233
Saboraïm et troave qull y avait uoe différence essentielle dans
leur activité. M. Halévi trouve cette distinction chez Scherira et
prétend que Scherira nomme les premiers Saboraïm ■>fi^n'îaD
■no'TDîQn ou Minvib ■>a-ip)Dn ■>fctmaD*. C'est là-dessus qu'il établit sa
théorie sur ractivité des Saboraïm. Celte prétention est égale-
ment insoutenable, car elle repose aussi sur le texte corrompu du
Youhasin. Le passage auquel M. Halévi se réfère est ainsi conçu
dans les édition correctes : rm mn ^b rtînin '^^n V'w '^^'n nnni
nîermb ■'anp^n •^toi^r^c •^«■iMn '•«mao*. Comme on le voit, l'adjec-
tif ■•a^pTD^ ne se rapporte pas à "^fi^^iaD, mais à ^^ry^t. Scherira
veut dire par là : des interprétations qui sont proches de la rifimn.
Or, le mot ^rr^t a été omis dans S. J., et le passage y est conçu
ainsi : rtK*Tinb '^yypw •^wbot "«fimaD im (.Youhasin, éd. Cracovie,
p. 114 &]. M. Halévi n'a pas vu qu*il manque ici un mot et il dit
ïTïntib ■>a^Tp^n '»fimao, bien que cette dénomination soit impos-
sible grammaticalement Scherira, ainsi que le Sèder Tannaîm
toe-Amor^aîm, ne fait pas de distinction entre les premiers et les
derniers Saboraïm. M. Halévi commet une erreur en rapportant
tout ce que Scherira dit de l'action des Saboraïm aux premiers
Saboraïm et tout ce que le Sêder Tannaîm en dit aux derniers. Ce
que ces sources en disent se rapporte plutôt aux Saboraïm en gé-
néral, notamment à ce genre d'activité par laquelle ils se dis-
tinguent si nettement des Âmoraïm et des Gaonim. Pour bien
comprendre Scherira, il nous faut revenir à sa description de
Tœuvre des Amoraïm.
L'œuvre des Amoraïm consista en ce qu'ils expliquèrent la
Hischna au point de vue critique et la comparèrent à d'autres
écrits des Tannaîm. Cette œuvre est appelée par Scherira et
d'autres Horaa (nfinti) % et les analyses, Talmud ou Guemara*.
La Horaa commença ainsi après la clôture de la Mischna par
Rab > et finit avec Babina. Pendant tout le temps qui sépare
* d''51©Knn m^m^T, p. 2<i, 11 a, 12 a et suiv.; cf. lUwue, XXXIIl. p. 4. Brûll
n'est pas cité par M. Halévi.
' Ainsi le porte Téd. FiUpowski dans th^T\ l'^Dm'^, p. 49, et Neubauer, p. 25.
D'autres éditions n'ont pas ici le mot '^î^'Tiao et portent : ^"y^ "^KIT 1'^D?1 '11131
rjfimnb i'>a'»np ""nKaoi •^tt5nn"»D «d-'k r^^r\ nin «b h^mm (éd. Goidberg,
Mayence 1873, p. 4; Wallorstein, p. 14).
* Soraa signiûe dans le Sèd$r Tannaîm loe^Amoralm et chez Scherira, non pas dé-
cision en général, mais le genre de décision qui repose sur les analyses de la Mischua.
Samuel ha-Naguid* (m»bnn «1373) dit : T^D^nna© mj^iTDUîn «"^H n«mn
nîmn tniinp:^ êtïti msra \^^y:i m^-n^Dai mbinpn ca-^TsDnb.
* Raschi sur Btrakkot, 47 b : «1303 ÎT^lbnn N^I^D^H «in Ti'D «73C «b'C
t^t3 r:Wl2 '»*13nb ta"»DniD rmO ; cf. Raschi, sur Sovcca, 23 a.
» Sèdtr Tênnaïm loe- Amoraïm, ï-ÎKlins b'TCin «m ^31 31 [K&em B^med,
IV, 188).
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234 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ces deux Âmoraïm, on travailla activement à Tinterprétation de
la Mischna. Les interprétations qui furent approuvées furent
enseignées dans les écoles et acquirent ainsi une autorité uni-
verselle. On veilla à l'uniformité et à la correction de leur
version. Par leur autorité universelle elles se distinguèrent des
interprétations onlinaires que chaque maître pouvait donner
selon son ïd^e^. Chaque génération apporta de nouvelles inter-
prétations de ce genre, qui, avec le temps, s'ajoutèrent aux maté-
riaux déjà existants dans les écoles*. Le Talmud babylonien est
une agglomération de ce genre d'interprétations qui s'étaient mul-
tipliées pendant la période des Âmoraïm. Tant que dura la ffo-
raay les maîtres s'appelèrent Âmoraïm. Quand elle finit vers l'an
500, les maîtres s'appelèrent Saboraïm.
L'exposé si lumineux de Scberira nous fournit d'abord pour les
Saboraïm un signe distinctif négatif: ils ne s'occupèrent plus de
la fforaa, c'est-à-dire ils n'expliquèrent plus la Mischna à la
manière des Âmoraïm*. Ils ne produisirent donc pas de maté-
riaux pour le développement ultérieur du Talmud, et celui-ci
fut réputé achevé. Cependant il n'était pas encore complètement
terminé, et il ne reçut sa dernière rédaction que des Saboraïm.
Les matériaux considérables n'étaient pas suffisamment triés
et étaient d'un examen difficile. Les Saboraïm mirent de l'ordre
dans les traités accumulés^, y insérèrent des gloses explica-
> Scherira : )Mib n'»N ïii^r ïHT^i in-'înTaT «n^bn '^yi YpDirt nnai
ï-T'»b l'^o-iai "^3-1 naD«T iyi -NTsp nnonb iinb nnn t^b-i ...t^TiTsbn
133 t^icT'Di isns» r*^3''2©no7an t^nujm '^«■»-i''d ii^d t^b» nn» no
ïstab a:'»''» •»3-n ït';3dd noi !-T3©7i r^^anno*»» "id ...N5b'»T •^T'^bnb
rT»0ia>3bn «TI7:bn apb^b ID-ia^N^^I (éd. Goldberg, Mayence, 1873, p. 20-24).
« Scherira : )^o^yi «nn:^7:o pnb n%s mn -^nn i"»^*'» "i^ «"^"t» ^'^^ ^^^-i
Tim r*^nn:^73i25 ■jart -«inai ...n'>nn n-inn lînb "pinoTST irtbiD lîan mb
TDT ...•^D"»-in.>< •»U3in'»D î-T^T>72bn5 ■»;d-io7: rran bD r^wb^ "^biD inb "cna
û-^antD^-i iHDnb -^a-^D mm -^b-^Ts ^3m «ab t^yn-û t^i-'nnN r^nn inx
t^7ab:^ r<biD T'D-'-is: t^bn •^toi-i'^D 1"i3D mm iin'>T»7abnb innoi
'\'\rt «pn (iTn) N-n Ninna t^niDn nm — N-iTaaa Ii3'^3?"^np73bi ina-^D-^n^Tab
inb i^^apn Nnan^aa !-T'>b i-jtdni «D-r^aa iia-'j^apTab T'Dnxi ■»p"»DD ma
r^-in r^TiTabn S|0"in"«N i^tb^Ta l"»yNa ...pan ■»nbnD inb "^onai t^nTsaa
«nn nnaT {iàid., 25-28). — ^nai r^-n n^'^^i^ t^DOin'»» "^Dn Caiobi
!-TN-nn •»«i"n a"3^"K "^dh nnai «pos*^» fiO'»aNn nnan ïsj3"»aN-i ^j? t<m
■>fin"iaO "inn mn r*^b (Neubauer, p. 25).
' Les rares expIicatioDS des Saboraïm sur la Mischna sont relatives à des quettions
linguistiques ; voir Biûll, p. 48.
♦ Sèder Tannaïm we- Amoraïm : «b» dnbD ton:?*T73 "li'^bDn «bl ID'^Olîl «b^
in'IOD "^rnsn bD b«5 ■♦p-lD 13pn (^^rm ^^ffi«rf, IV, 189). Raschi, sur Souee;
286, explique «sn-ion ainsi : •'Nni»»! «nn3?7au) pi ...înao fin?TO niTDbn '«'nan
naiottïi •^-lai ^in5D ta-'HTab p© ^pinpn bbD» r^bfct nwa p-^fiws-
De même, le Sèder Tannaïm wt- Amoraïm dit en un autre passage : M^IDIp b^l
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r
LES SABORAIM 235
tiyes', les pourvarent de signes mnëmotechniqaes et d*èxpres-
sions techniques *, et, en cas de besoin, se prononcèrent pour l'une
des opinions divergentes '. Ils furent d*habiles rédacteurs du Tal-
mud qui se préoccupèrent aussi de sa mise en usage. Ils se dis-
tinguèrent des Gaonim en ce point : les Gaonim enseignèrent le
Talmud, le commentèrent et consignèrent leurs décisions dans des
consultations et des mémoires formant des ouvrages spéciaux,
sans exercer aucune influence sur la forme du texte talmudique *.
Les sources ne renferment pas d*indices sur le fait que Taction des
Saboraïm aurait varié suivant les époques. L'élaboration du Talmud
par les Saboraïm parait se placer principalement entre 500 et 531.
A cette époque, les Juifs de Babylonie eurent beaucoup à souffrir des
persécutions sous Kawadh I (488-531), et probablement les écoles
ne comptaient alors que peu ou point de disciples. Les savants qui
n'étaient pas occupés à enseigner pouvaient consacrer tout leur
temps à la rédaction du Talmud. Ils s'occupaient d'ouvrages, et
non d'enseignement '^. Lorsque la situation se fut améliorée sous
'^^^^^ b^yO (Kérem Hinud^ lY, 200). Scherira emploie aussi le mot en ce sens,
Toir Seiaari Çédek, p. 71 a.
« Scherira : '^12 bDT Sifimïib "^a^pan '^^v^'^iD "'«nDwn "«N-nno ï-inïi
■ïfinna. Neubauer, p. 25.
* An sujet des addiUons des Saboraïm, voir BrQll, p. 44, et les auteurs cités par
lai. Au sujet des moemonica, iiifd., p. 5S.
* M. Halévi (p. 13S) nie quHl y ait dans le Talmud des décisions des Saboraïm
et donne comme argument ce que Scherira et d^autres disent de la Horaa^ k savoir
qu'il n'y en eut plus après les Amoralm. M. Halévi comprend par tlN*n^ïl des dé-
cisions en général, ce qui est inexact. BrOU, p. 72, a signalé assez de décisions
des SaboraTm se trouvant dans le Talmud et commençant par fi^HDbîll ou n'^bl
fitnab^T> Rapoport a signalé des décisions émanant de SaboraTm qui se rapportent
& des assertions des derniers Amoraïm et commençant par fi^^n fi^bl. M. Weiss et
M. Kalévi objectent a tort contre Rapoport que ces décisions pourraient provenir des
Amoraim qui ont vécu plus 'tard. Les Amoraïm ne passent pas pour avoir fait de
pareilles remarques sur les assertions de leurs prédécesseurs. M. Halévi croit quç,
Rabina II étant nommé, d'après lui, dans le Talmud, Rabina peut ôtre Tauleur de
ces décisions. Or, on connaît depuis longtemps le fait que Rabina est cité dans le
Talmud. Ici il ne s'agit pas de savoir qui est nommé dans le Talmud, mais qui y a
mis des gloses. Or, ceci n'est pas Thabilude des Amoraïm, tandis que nous savons
avec certitude que c'était celle des Saboraïm. L'attaque dirigée par M. Halévi (dans
sou ouvrage, p. 13S) contre Rapoport et moi n'a donc pas de valeur.
* Quelques Gaonim seulement font exception. Au sujet de R. Houna de Sora
(vers 670), voir Korèha-Dorot^la. Des auteurs anciens attestent que plusieurs pas-
sages du Talmud ont pour auteur Yeboudaï Qaon (mort en 763); voir BrQll, p. 75
et 121. M. Halévi, qui ne recule devant aucun moyen pour présenter le Talmud
comme un ouvrage resté intangible, prétend que les additions de YehoudaT furent
d'abord mises en marge et u^oot passé que plus tard dans le corps du Talmud par
la faute des copistes. Les snciens étaient moins conservateurs, et le pieux et savant
Menahem Meïri écrit naïvement : n^D anDlD "JINa «mn** 31 1)3 DÏT^inNI
K1tt:ia Û^ODI nfir^:no (IntroducUon de son ouvrage ÏTT^naïl IT^a, éd. Vienne,
p. 16 a.)
' J^ai déjà remarqué que Scherira n'emploie jamais pour les Saboraïm l'expression
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236 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Ghosraa I (531-578), les conférences furent reprises dans les
' à Sora sous la présidence de R. Ina (ou R. Guiza) et à
idita sous R. Simona (mort en 540). A R. Siraona succéda
Ti, qui est déjà compté par quelques-uns parmi les Gaonim.
ormizd IV (578-590), les persécutions recommencèrent et
es durent être fermées. Quelques docteurs émigrèrent de
idita à Firouz-Schabour, où ils purent se livrer à Tensei-
t. Au bout de peu de temps, vers 589-590, ils retournèrent
ur patrie et reprirent leurs conférences dans la vieille
e de Poumbadita. Vingt ans après, l'école de Sora fut éga-
*ouverte. La période des Gaonim commence avec Tinsti-
le TAcadémie à Poumbadita.
A. EPSTEIN.
présida > et j^en conclus qu'ils n'étaient pas chefs d*école. Dans la ques-
?e a Scherira, il est dit aussi : ^''?73 ''731 Tn03 IST'^D "^«-nao iSam
et, (Idus sa réponse, Sclierira dil même : ^fi<m20 ^331 '|1P"'jaTl
n 173T ^mN72 iirr^nn» "jb?;] "^731 r^a-^ai -^nn» i-inoa ^^-^n.
p. 26). C'est donc seulement ai^rèi les Siboraïm qu'il y eut des « pré*
De K. Joseph, Seherira dit seulement ^ifi^:; tlOI^ !ia"l T^'^nCÔ^T
I fi^na^DT^a « K. Joseph Gaoo (l'ancien président) resta seul dans l'Aca-
leurs années >, et il ne mentionne pas qu'il présida Técole. R. Ina, K. Si-
Rabaï étaient bien les présidenii des écoles de Sora et de Poumbadita,
urquoi Scherira dit où chacun d'eux a vécu. — Samuel ha^Nagid, Ibn
monyme dans Neubauer, Anecdota, 11, 77, sont également sur ce point
différent de celui de Scherira et présentent les Saboralni comme "^OfiTI
B qui me semble bien invraisemblable pour les Saboraîm jusqu'en 5'i1.
1
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r
LE
TOMBEAU DE MARDOCHÉE ET D'ESTHER
Les Juifs de Hamadan (Perse) montrent avec orgueil un monu-
ment quMls appellent le tombeau de Mardochée et d'Esther. Nous
en reproduisons ici le croquis, qui a paru déjà dans le Jewisli
Clironicle du 4 mars dernier et dont Téditeur a bien voulu nous
fournir le cliché.
g^^ monument a souvent été décrit par les voyageurs. Citons
ly, ^^ïnent les relations les plus récentes. Ainsi Vexprime
u
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2M REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Le monument qui renferme ces précieuses reliques s*élèTe sur une
pelKe place, au milieu des ruines d'un quartier abandonné aux fa-
milles israéliles. Son antiquité ne parait nullement authentique
d'après son architecture. Le dôme et Textérieur n'offrent aucune dif-
férence avec le style des sépultures musulmanes appelées Imam-
Zadehs, que Ton rencontre partout en Perse. L'intérieur se divise
en deux salles. La première est fort petite ; on y pénètre par une
porte très basse ferpnée par un battant en pierre d*un seul morceau;
elle est obscure et n'est édlairée que pour les solennités, au moyen
de petites lampes qu'on allume dans ces occasions. La porte qui
conduit dans la seconde salle est encore plus basse que Tautre ; il
faut, pour la franchir, ramper sur les genoux. De l'autre c6té de
cette ouverture on se trouve dans un réduit obscur que traversent
quelques faibles rayons de lumière qui permettent à peine de dis-
tinguer les deux cénotaphes en bois noir sculpté, qui y sont pla-
cés l'un à côté de l'autre. Ils sont exactement semblables, quant à
la forme et aux détails, mais celui d*£sther est un peu moins grand.
Sur les parois des murs, blanchis avec soin, sont gravées plusieurs
inscriptions en hébreu qui font remonter à onze cents ans la cons-
truction du monument actuel. Elles portent textuellement qu'il est
dû à la piété des deux fils d'un certain Ismaïl*, Israélite, établi alors
à Kachân*.
Cette description s'accorde . avec celle de J. PoIIak, médecin du
schah, qui nous apprend, en outre, que le monument a 60 pieds
de haut'. Lui aussi dit que certaines inscriptions -— la généalogie
de Mardochée et d'Eslher — se trouvent sur le couronnement
des murs.
Lycklama a Nijeholt, qui cite la relation de Flandin, ajoute :
< Sir John Malcolm reproduit la traduction qui lui avait été
fournie par Sir Gore Ouseley, ancien ambassadeur britannique
à la cour de Perse, de l'inscription gravée sur le dôme même,
et non sur une paroi intérieure, qui donne la date de la con-
struction du monument. La voici : « Le jeudi, quinze du mois
d'Adar^ dans l'année 4474 de la création du monde, fut finie la con-
* Au lieu d'Ismall, on verra plus loin qu'il faut lire Israël.
* Eugène Fiandin, Voyage en Perse^ Paris, 1851, t. I, p. 384. Flandin dit encore
que « les Israélites d'Orient accourent de toutes parts en péleriua^çe au pied des
deux tombeaux qu'ils ont en 1res grande vénération. Us viennent y célébrer, de cette
manière, l'une de leurs grandes lêtes appelée Parim [sic). > Hamadaa, diaprés lui,
compte deux ceuts familles israéliles.
* Jahrhuch fUr Jsraeliten, de Werlheimer, nouv. série, 3« année, 1856, p. 147 et
8Utv. Cette noie de Pollak nous a été signalée par noire excellent ami, M. Moïse
Schwab, t[ui a publié autrefois une Bibliographie de la Perse. Nous lui devons sussi
la connaissance de Touvrage de Lycklama dont il va dire question.
« Lire Eloul.
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LE TOMBEAU DE MARDOCHÉE ET D*ESTHER 239
struction de ce temple sar les tombeaux de MarJochée et d*Esther,
par les mains des deux bienveillants frères Elias et Samuel, fils
de feu Ismaïl de Eachân*. » Malcolm dit encore : « ...Les tombes,
qui sont d'un bois noir, sont évidemment d*une très grande anti-
quité; mais le bois n'est point altéré et les inscriptions liëbraïques
dont il est couvert sont encore très lisibles. Ce sont les versets sui-
vants du livre d'Esther, avec le changement d'une seule expres-
sion : <( Alors à Suse, dans le palais, il y avait un certain Juif dont
le nom était Mardochée, fils de Jaïr, fils de Shemei,fils de Kish, un
Benjamite. » t Car Mardochée, le Juif, était le second:sous le roi
Ahasuérus, et grand parmi les Juifs, et agréable à la multitude de
ses frères, cherchant le bien de ses frères et parlant le langage de
la paix à toute CAsie. . . » Le terme plus général, YAsiet a pro-
bablement été ajouté par la vanité de Técrivain de l'inscription * ;
mais il est possible que celle-ci n'ait pas été littéralement tra-
duite ^. »
Lycklama a Nîjeholt* a reproduit le fac similé d'un dessin fait
sur sa demande par un Israélite de Hamadan. Voici, d'après ce
graphique naïf, la disposition intérieure de cette construction. La
porte d'entrée, placée, non au milieu, mais à gauche, donne accès
à une salle extérieure. A droite se trouve la tombe d'un médecin
et, à côté, un escabeau, des lampes et de Thuile. A gauche, la tombe
d'un savant. Un mur, que le dessinateur déclare d'une grande
beauté, sépare la partie sacrée de la salle extérieure. A l'extré-
mité occidentale, nouvelle porte, conduisant à la pièce principale.
A droite, le tombeau de Mardochée, à gauche, celui d'Esther, sé-
parés Tun de l'autre par un corridor « par où les pèlerins font le
tour des sarcophages, qu'ils embrassent avec ferveur. A gauche et
à droite une salle où les gens pieux (nbnD '>Tn'>) font des prières.
Dans une niche placée dans une de ces salles, à droite, est un Rou-
leau de la Loi. Sous le dôme est suspendu un œuf d'autruche®.
Les inscriptions de ces deux cénotaphes sont ainsi représentées
dans ce dessin :
1 Le cicérone qui conduisait Pollak lui dit que c'étaient deux médecins du roi, venus
de Tabriz, qui easaite se rendirent a Bafçdad pour y élever uu monument en l'hon-
neur d'Ëzécbiel.
' On verra plus loin ce quMl faut penser de celte prétendue correction.
3 John Malcolm, Histoire ds la Perse^ Paris 1821, t. I, p. 384.
* Voyagt en Ru$iie, Perse ei Syrie ^ Amsterdam et Paris, 1872-75, t. II, p. 521.
' Large de deux pieds, dit Pollak.
* A limitation des tombeaux persans.
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240 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Satcophagè de Mardochée.
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LE TOMBEAU DE MARDOCHÉE ET D^STHER
241
» Cest pourquoi mon cœur se réjouit, et ma gloire chante
joyeusement, môme ma chair demeure en paix, car tu n'aban-
donnes pas mon âme au Scheol, tu ne laisses pas celui qui est
pieux envers toi voir la destruction. Tu me fais connaître le che-
min de la vie ; devant ta face est satiété de joie, et à ta droite des
délices éternelles. » (Psaumes, xvi, 9-11.)
< Le travail de ces arches en ce qui concerne les inscriptions
en relief, la belle gravure^ des belles arabesques tout autour
de l'arche a été terminé en Tannée 1628 de Tère des Contrats »
(=1317).
c Ce dessin a été terminé et écrit Tan 624 (= 1864). »
Sarcophage d'Esthet.
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242 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Au centre : « Voici Tarche dans laquelle est enterrée Esther la
juste. Que son mér'Ue nous protège ! Amen, ainsi soit-il, amen ! »
Dans les deux bandes contigués au carré central, à droite et à
gauche : « Ceci est l*arche d'Esther la juste. Que son mérite nous
gel Amen. »
tour : a Et la reine Esther, fille d*Abihaïl, et Mardochée le
icrivirent avec toute leur autorité pour confirmer cette sç*
3 lettre de Pourim. » (Esther, ix, 29.)
It Tordre d*Esther confirma Tinstitution de Pourim et cela
crit dans un livre. Et le roi Assuérus imposa un tribut au
et aux lies de la mer, etc. * (ibid.^ 31 et x, 1.)
Tout cela écrit en lettres en relief autour des sarcophages. »
haut : c La tête de ce tombeau a été faite sur Tordre de la
et pieuse Djimal, les médecins préposés Merwa-i-Djimal al-
et, Ezéchias et Djimal el-Dewlet, et le travail a été fini en
688 du petit comput. Tout cela sculpté et orné sur les tables
rche tout autour. »
le faut pas être grand clerc pour s'apercevoir tout de suite
lexpérience de Tamateur auquel a eu recours notre voya-
II est hors de doute que la face des sarcophages n'est pas
)rte de ce dessin S <^'est par une 'fiction maladroite que le
lateur improvisé a mis sur le même plan les inscriptions qui
nt tout autour du sarcophage '. Lui-même le déclare, d'ail-
> en propres termes.
outre, le dessinateur ne s'est pas piqué de fidélité, autrement
arait pas mis A'elc. Bien plus, certaines phrases sont sûre-
de son invention. Tels les mots : « Voici Tarche, etc. Ceci
arche, etc. ». Ainsi surtout la note : « Ce dessin a été
é et tracé (sic) en 624 », qui est, en quelque sorte, sa signa-
Pour les versets qui sont gravés sur les cénotaphes, sa
lissance de la Bible Ta préservé de toute incorrection. Mais
copié exactement la mention relative à cette femme aux
de laquelle est due la confection d'un des cénotaphes ou
partie du monument? Il ne le semble pas. En efifet, la cons-
on de la phrase indique incontestablement une transcription
qui, sur le dessin, forme le rectangle central est certainement le plat supérieur
M>phage. #
B sarcophages, d'après PoUak, ont la forme suiyante :
d^
inscriptions courent sur les trois parois.
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f
LE TOMBEAU DE MARDOGHËE ET D'ESTHER 243
Aative : il manque UDa copule entre le nom de la femme et celai
des frères ; cette femme s'appelle Djimal, terme que nous retrou^
tons plus loin dans le composé Djimal-el-Detolel « beauté de
Tempire » ; des frères dont il est question ensuite Tun est dit fils
de Djimal el-Dewlet, Tautre n*a qu'un prénom et le troisième
s*appelle justement Djimal el-Dewlet. Quant aux dates, on ne
Yoit pas où les a trouvées le dessinateur. Celle du cénotaphe de
Hardochée serait Tannée 1628 de Tère des Séleucides (=1317),
celle du tombeau d'Esther l'an 1688 (= 1377).
D'après Lycklama, « les bandes extrêmes qui forment Tenca-
drement du tout, ne contiennent que des mentions modernes ayant
traita la confection du dessin et faisant connaître que le travail
des inscriptions anciennes de ces tombeaux a été achevé en ca-
ractères incrustés (lisez : en relief) et eu belle gravure ornée
autour des dalles de la tombe (celle de Mardochée), Tan 1688 de
Tère des contrats ».
S'il fallait une preuve du peu de confiance que doivent inspirer
ces copies dues à des Orientaux, il suffirait de comparer le dessin
fait par cet amateur avec ceux que M. Morris Cohen, de Bag-
dad, a apportés à notre excellent confrère M. Israël Abrahams. Le
savant et aimable directeur du Jewish Qtmrterly Review a pris
068 dessins pour fondement d'un article qu'il a fait paraître dans
h Jewish Chronicle^. Avec une obligeance qui nous a beaucoup
toodHét il nous a remis ces deux graphiques. Nous en reprodui-
sons laa parties les plus importantes.
A la partie supérieure au-dessus des sarcophages se lisent ces
mots :
bwTsa tnn» npnstn rrwyn ïT««n m«j^b rtnn^ mj^^aïi nt ttî«^
b» bîoaài H^ptrp nbirr b» bNwà ta-^tDDnîri û-^TpDïi ta-n^m onNo.
VVt^ ^n^ b9 p^«ri nDNb» izhm ïi''a"at"3"n bNi^-^i ruitt)*» nbiin
.nn-'at'^b tr-im ia-Mob» 'n nw b^T nni» 'nDa o^ttJiaN 'nn^ i-^sj^m
« La tète de cette caverne a été faite sur Tordre de la digne et pieuse
dame Djimal Sâtim et des frères, les préposés et sages Djimal el-
Dewlet, Ezéchias et Djimal ei-Dewlet, Jésua et Yemouel, que leur
âme soit liée dans le faisceau de la vie. Le travail de l*arche a été
terminé par les soins du pieux et humble Abou-Schams, fils d*Ohad,
eo l'année 461 S de la créaiion (= 858). »
Sur Tautre copie l'inscription est ainsi conçue :
^ Niméfo da A mars dernier.
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
n «'^ptm tnbnn b» bNw? "^ndi^îi û'»*T'pDrT ta-^n^m tan»©
1ÎT1K la ta«ia« •»n'» Sj^ linNïi rT««3^ mdbrz ûb«3 .s-iMtsn
.trnn tibei
i tète de cette caverne a été faite sur Tordre de la digae et
dame Djimal Sâtim et des frères les préposé'^-médecins Djimal
iet et Ezéchias, et Jésua. Que leur âme soit liée dans le fai-
le la vie 1 L'œuvre de la confection de l'arche a été achevée par
as d*AbousGham, fils d'Ohad, en Tannée 461S. )>
variantes ne sont pas peu nombreuses. L*arche, c'est-à-dire
otaphe^ s'est transformée en caverne. Le nom delà femme
nrichi d'un mot, tun^D « SÂtim ». La copule, qui manque dans
sin de Lycklama, n'est pas omise. Par contre, le nom de
I a disparu. Il est vrai qu'à la fin, apparaissent deux noms
ïux : Jésua et Yemouôl. Dans l'autre copie, ce dernier mot
le.
1 suite de cette inscription en vient une nouvelle dont il n'a
i fait mention jusqu'ici. Elle porte que la confection du cé-
le est due à Abou-Schams, fils d'Ohad (Abou-Scham dans
copie] et que ce travail a été achevé en Tan 4618 de la créa-
= 858), ou, d'après l'autre copie, en 1618, sans doute de Tère
leucides (= 1307).
r ce qui est des inscriptions sculptées sur le tombeau, sMl
s*en rapporter à ces deux copies, elles seraient beaucoup
longues que celles dont nous avons déjà parlé,
le sarcophage de Mardochée on lirait d'après Tune de ces
notions :
lû^n mm nbDn m^bw «laba '^b^rr •^sobn k^-» ■•annm
« ,(Esther, viii, 15) (ynxi^r^ "pa 'r^'TDm irhirt^) l'a iTn Vro^
•(Isaïe, Lviii, 8) rr^witti mrro ']roi"wi "^y» *vtod
rès l'autre, le verset d'Esther s'arrête à nm, mais le texte
continue :
.^DON*» 'ïi ma^i ipn» ^^^tb "^bm
riptions du sarcophage d'Esther d'après la première copie :
ipn ba PN •^'nïT'ïi ■»3n-i73i b-^ma» na nDb^n nno« anam
T^n «b ■'a naab p©*» "^-i^a t\» •'maa bri -^ab mo« pb
.bwob
i texte, le verset :
D p n'^N'» p "^ann» i^d^di ?TT»aïn itDi«a rrîi ^iît «■•«
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LE TOMBEAU DE MARDOCHÉE ET D'ESTHER 245
Sor les parois de la salle figure la généalogie de Mardochée :
b-iNTD p n«"ia'»Dtt p HD"^» p t^b**» p t^xn» p na^a p jt^ts^î
t*oT3^ p ta-^nn© p rr^D» p tn-nsa p nist p b^-^aî* p w^p p
•jin-^D p bNino p «"^Mtt) p nirr^TD^ p bw-'b» p bND^ p p^D-^^) p
n73« p b^'cb» p -naî p t^3^3n p ûmn-» p b^ain*» p ^b^ p
.«"j^'»T 'j'^n'»3a p ^'ba p rmim) p «"^naî p
Enfin^ l'auteur de ce déchiffrement a transcrit Tinscription dont
Malcolm donne la traduction. Elle est ainsi conçue :
î-iV3f»b r^^m to-^Db» '1 n3« bnb» tt)*Tinb 'ica natoa ■'ttîTîna
nno bDn 'atïi nnoNT •'Dinw lî-'ann» "jt»» S« 'jia'^brt pp-^n tab«3
.n^axan nn-^bNn
Le jeudi 45 Eloul de Tannée 4474 de la création fut terminée Topéra-
tion du blanchiemeut du monument de notre maître Mardochée et
d'Esther la pieuse et toute la généalogie depuis : « Un Juif » jusqu*à
« Benjamin le juste » par les soins des frères Samuel et Elle.
L'autre copie porte : « ... par les soins d'Elie et de Samuel,
fils d'Israël Easchi ». Il y est dit également que cette inscription
se trouvait sur une pierre d'agathe (pO'>), Il parait qu'elle a disparu.
Vraisemblablement, au lieu de 4474 (=714), il faut lire 5474
(= 1714). En effet, d*après une autre inscription sur marbre, la
construction de la cour extérieure fut faite en 5497 {= 1737) par
les soins de Schalom et de Sara, sa femme. Ces divers travaux ont
été faits probablement dans le môme temps.
D'après sir Robert Ker Porter *, les inscriptions, qui lui furent
déchiffrées par un certain Sedak Beg, seraient ainsi conçues :
taïT» ï-rabttïi nnoNi pnstn •^:3Ti>3 bu5 it^ïïi n» nsp-^n to-^n» -«atE)
.Y:f"n 'T n3« b^nu)*^ -«sa b«nttiDi ivb^
nîwa n"'»-in« nattîa nno«T -«a^n» n-nap n» NDinrr bn:i p^r oai
roiD iibyf2 b« ria'^iD'^a i^îpana^) nor» D'»^© abp "j-ia^nn Dm pnnnïi
.û-^aiD yp û-^Db»
c Deux frères ont édifié le monument de Mardochée le juste et
d*Esther la reine, Elie et Samuel, fils d'Israël, Tan 4674.
Pareillement le grand médecin a édifié le monument de Mardochée
et d'Eslher en 4618 après la destruction du temple, ce qui fait 132 ans
depuis la construction, et 2370 après leur mort. »
* Trapeli in 6$0fgia, Pertia, Armenia,,. (Londres, 1822), t. II, p. 114. C'est
M. Elkan Adler qai m't signalé cet ouvrage.
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246 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Ce Sedak Beg a simplement écrit le résultat de son travail, et
c'est la rédaction de ses notes que le voyageur a prise pour la
copie des inscriptions. Croyant que Tannée 1618 était celle de
rère de la destruction du temple (= 1688), Sedak Beg a eu soin
er qu'il y avait» par conséquent 132 ans depuis Térection
nument (soit 1818, date du voyage de Porter). Le compte
70 ans écoulés depuis la mort de Mardochée et d'Bsther, est
iprès la tradition rabbinique ^
échiffrement du D"* Pollak mérite plus de confiance. D'après
r le sarcophage de Mardochée se trouvent Isaïe, lviii, 8 ;
M)té de devant Esther, ii, 5, et autour Ps. xvi, 9-11. Sur celle
ar, Esther, ix, 32; x, 1 ; ix, 29. Sur lô côté de Rêvant :
3K»a npnstïi mwDïi ïiiOKïi nm«j^b nmx napn nt mtn
nb-mb» bNtt:i ■»ni*i7: û"»«Dnnn ta-^n-^pen ta-^ttDnri (œ) ta!Tïi«n
^oUak traduit ainsi ces mots : t So hat es angeordnet die
e Frau al Dschamal Satam den gelehrten Briidern den
Dschamnal al Dawalat Jechiskia und Dschamnal al Dawa-
ia Jemuel im Jahre 1621. »
^ollak ne parle pas de Tautre inscription.
r débrouiller cet écheveau de renseignements contradic-
ou, tout au moins, divergents, il faudrait, à défaut d'une
monument, un estampage des inscriptions. Une bonne for-
ons a mis entre les mains ce moyen de contrôle. Un Israé-
\ Perse, de passage à Paris, a fait présent, il y a quelques
I, à M. le Grand Rabbin Zadoc Kahn d'un calque des prin-
I lignes sculptées sur les deux cénotaphes. On Ta obtenu en
rant d'encre les lettres en relief des sarcophages et en ap-
nt dessus fortement des bandes de papier. C'est donc, en
, un véritable estaçipage, qui mérite toute confiance. Ce
s va nous permettre de rectifier tout d'abord les lectures
it peu fantaisistes dont l'incohérence nous avait arrêté.
irersets qui ornent les cénotaphes sont les suivants :
des copies de M. Morris Cohen porte les notices suivintes : « Mardochée
I l'an 3289 de U créaiion du monde. Il avait 15 ans de plus qu'Bslher. U
4 ans avant la destruction du premier temple et v<^cut 434 ans. Bsther est
DS avant la destruction du premier temple et vécut 429 ans. »
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LE TOAIBEAU DE MARDOCHËË ET D'ESTHER 247
Sarcophage de Mardochée.
ij-ît bDb ûib«) naim n^s^b aica «^T vn«
« Il y avait à Suse, la capitale, uq Juif nommé Mardochée, fils de
Yaîr, fils de Schimeï, fils de Kisch, le Benjamile (Bsther, ii, 5).
Car le Juif Mardochée était le second du roi Assuérus et grand
parmi les Juifs et bien vu de la multitude de ses frères, recherchant
le bien de son peuple, et parlant pour la paix de toute sa race
(Jbid., 3) «. »
Les caractères de cette inscription, hauts de six centimètres,
sont ornés de volutes gracieuses.
De même style sont les caractères (trente-sept millimètres de
hauteur) de l'inscription suivante :
■»«D3 atJ^n «b ■'a Hûab id©-» ■'^©a e|« -«Tias by^^ -^ab ma» pb
n-irraa 3^a« ta-^Ti m» la^^mn nmo mïnb ^T^on inn «b biÊWîb
Ce sont les versets 9-11 du Ps., xvi, que nous jugeons inutile de
traduire à nouveau.
B
SarcopJiage d^Esther.
D'^pb cjpn ba n« •niti^rr '^^^^'^'n^ b'^rra» na nabwn nnoN anam
n-'sœïi n^tn D-^iDn nna« n»
^Doa anD3T nb«n û-nsn -^naT û^'p nno« n»fi«3i
û-'n ■»'»Ni ynwn bj^ o» «mion» ^bttïi d^'^i
Ce sont les versets d'Esther, ix, 29 et 32, et x, 1, que nous avons
déjà traduits plus haut.
Les caractères sont plus épais que ceux du cénotaphe de Mar-
dochée et cependant ils sont moins grands (5 cent. 1/2 de haut).
Mômes versets du Psaume, xvi, en caractères de 28 millimètres,
de même style que ceux des phrases d'Bsther, ix, 29 et 32.
Les deux pièces qui offrent le plus d'intérêt sont assurément
les suivantes dont nous publions la reproduction photographique.
^ U M peut que d'autrtt Terseti soient encore sculptée sur le oénotephe.
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LE TOMBEAU DE MARDOCHÉE ET D^ESTHEÏl 249
A
Sarcophage de Mardochée.
« Celte tôle du tombeau a été faite sur Tordre de Thumblo Abou-
Schams, fils d'Ohad, le médecio, que le souvenir du juste soit une
béDédiction, Tan 4618 (s= 1307 de Tère cbrétienne). »
Peut-être ^tm» doit-il se lire Ohad, nom d*an fils de Siméon
(Gen., xLTi, 10), ou Ehud, nom d*un juge. Mais il est plus probable
que c'est un mot arabe. Si c'était ^rtn^, le nom signifierait
« Tunique, Tincomparable ».
Tous ceux qui parlent de cette inscription la placent sur le céno-
taphe de Mardochée. Mais les caractères sont du môme style que
ceux du sarcophage d'Esther.
B
Sarcophage d'Esther.
D'»»ann D-^rwrt û« nno bw^a npistn nn«Dïi niû^rt in«j^b rrmx
Npin«b b«ian w«-»
« Fait sur Tordre de la digne et pieuse Djimal. . ., mère des frères,
savants, préposés, médecins, Merwa ibn Djimâl aUDaulab et Ezéchias
ibn Djimâl al-Daulah , Tan 1621 [de Tère des Séleucides] (= 1310
de Père chrétienne). »
Nous attribuons cette inscription au cénotaphe d'Esther, pour
nous conformer aax descriptions de Pollak et de Lycklama, mais
la forme des caractères ferait plutôt croire qu'elle appartient à
celui de Mardochée.
Manque-t-41 les mots nspn t)fin m « Cette tète du tambeau d^
ainsi que J'affirment les diverses reproductions que nous avons
citées plus haut? C'est vr^semblable. Ces mots se trouvaient»
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250 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
dans ce cas, au-dessus et non à côté de notre cartouche, et c'est
par inadvertance qa'ils auraient été oubliés par Tauteur de notre
décalque.
Quel sens faut-il attribuer à ce terme de « tête du tombeau »?
Il y a tout lieu de croire qu'il désigne le cénotaphe placé au-des-
sus du tombeau lui-môme.
L'M du nom de la femme a la forme de la ligature htK et la lettre
précédente peut être un %); on a ainsi bmA, c*est la lecture
adoptée par plusieurs de nos devanciers ; — ensuite vient un
mot nriD ou to dont nous ne parvenons pas à découvrir le sens.
En découvrirait-on un qu'il serait difficile de concevoir un com-
posé de cette nature hd bm:^. bmri est un nom abstrait arabe qui
signifie beauté — nous le rencontrerons deux fois à la ligne sui-
vante ^ ; ce mot doit être déterminé par an substantif précédé de
Tarticle b», comme dans rùrfy» Vmqa « beauté de Tempire ». Or,
tel n'est pas le cas ici.
A notre avis, le lapicide a commis ici une faute et a mal inter-
prété ^THMi *:^ « dame Esther » qa*il avait sous les yeux. Nous di^
rons tout à l'heure à la faveur de quelles circonstances cette con-
ftision a pu se produire.
Quant à notre lecture des noms des fils de cette femme, elle
prête à des objections sérieuses. Le mot vcna est-il l'abréviation de
Merwan, ou le 1 final s'est-il confondu avec celui qui, pour nous,
représente le mot Ibn qui suit? Le trait que nous lisons ainsi, et
qui a été pris pour un yod, n'a pas la forme ordinaire de cette
lettre parce qu'il se raccroche à une volute. Gelai que nous lisons
ainsi plus loin ressemble plutôt à un waw ; mais dans les versets
qui accompagnent cette inscription le noun final est toujours
ainsi écourté. Ainsi seulement se comprend la répétition des mots
a Djimal al-Daulah » qui suivent immédiatement après le nom
d'Bzéchias. Merwa et Ezéchias étant frères, il est tout naturel
qu'ils soient fils du môme père.
Les deux groupes de lettres que nous avons laissés sans tra-
duction sont probablement des eulogies. Malheureusement nous
n'avons pu en trouver l'explication . Aucun des auteurs, en par-
ticulier Zunz, qui ont dressé les listes des formules consacrées
ne connaissent celle-là. Aussi ignorons-nous si elles appellent la
protection de Dieu sur des vivants ou sur des morts.
Mais à dire vrai, nous sommes peu certain de notre déchiffre-
ment, et pour les raisons suivantes : l^ le trait qui suit MTtD et
qui est surmonté d'un point peut difficilement être identifié^
2^ l'absence de copule entre ce premier nom et srrptm serait
inexplicable ; 3<» berîr est un nom propre qu'on rencontre dans la
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LE TOMBEAU DE MARDOGflËE ET D'ESTHER 251
Bible ; dans ce cas wm> (et non ww^ qu'on serait tenté de lire)
serait lui aussi un nom propre, peut-être tVTO'^ ce Isaie ». Seule-
ment si Ton se contente de lire les noms des frères tels qu'ils sont
énumérés, on obtient une phrase incompréhensible : a . . . Djimâl
al-Daulah, Ezéchias ei Djimâl al-Daulah, Isaïe, Teouel ». La seule
conjonction qui y figure ne se trouve pas à la place où on l'atten-
drait, et la répétition de Djimâl al-Daulah offre une énigme.
Ici encore, comme dans la ligne précédente, il faut supposer
que le sculpteur a mal reproduit le texte qu'il avait sous les
yeux*.
Maintenant quel était ce texte ?
Peut-être simplement la co'pie des inscriptions primitives, car
tout semble indiquer que celles de Tencadrement inférieur rem-
placent une ligne qui avait disparu. C'est ainsi que se com-
prennent les notes qui, d'après Tauteur du dessin reproduit par
Lycklama, accompagnaient cette inscription. LeD'Pollak s'arrête,
lai, aussi, sur ces additions et en conclut que cette ligne n'est
qu'une restauration.
Ces résultats s'accordent ayec les renseignements donnés à
Porter. Le monument aurait été détruit par Tamerlan (1370-1400)
et il ne serait resté que les sarcophages. Lors, donc, de la res-
tauration de cette construction, on confectionna un nouvel enca-
drement des cénotaphes et on y recopia, mais avec des erreurs,
le texte primitif.
Mais quant à Taulbenticité des dates, le doute n'est pas permis ;
elles ne sauraient être fictives.
Quoi qu'il en soit de ces points de détail, il ressort avec évi-
dence de ces deux inscriptions que les deux cénotaphes ont été
effectués au commencement du iiv* siècle.
Un autre fait en résulte, si notre conjecture est exacte, c'est la
coïncidence du nom de l'auteur d'un de ces monuments — Esther
— avec celui de la princesse juive à laquelle, d'après la tradition
des Juifs de Hamadan, serait dédié l'un des cénotaphes. Est-ce
une simple coïncidence? Personne ne le croira.
Enfin, il faut s'arrêter sur le nom Djimâl al-Daulah « beauté de
Pempire ». Il évoque invinciblement le souvenir du fameux mi-
nistre d'Argoun Khan, Sa*ad al-Daulah.
On connaît l'histoire de ce ministre dont le nom, à ce que nous
a rapporté M. Elkan Adler, est encore aujourd'hui populaire en
Perse. Il commença par être l'un des médecins d'Argoun, tout en
demeurant à Bagdad. Ses confrères s'étant plaints de ce qu'il né-
> C'est ainsi qu'an lieu de ^ppTrPt il faut peat-6tre lire rrpTtTI.
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252 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
gligeait son service tout en parlicîpant aux li))éralités royales, il
fut appelé à la cour, et ce fut Torigine de sa fortune. Spirituel,
adroit, instruit, connaissant à la fois la langue des Turcs et celle
des Mongols, il sut rapidement se pousser en avant. Ayant la
chance de guérir le Khan d'une indisposition, il entra dans ses
bonnes grâces. En causant avec son maître, il parla des dilapida-
tions commises par les intendants du pays de Bagdad. Argoun,
pour mettre à l'épreuve ses services, l'envoya percevoir les reve-
nus de cette province et examiner les registres des comptables. Le
succès de sa mission dépassa les espérances du roi. Le médecin
juif sut recouvrer d'anciens arriérés, percevoir les impôts nouvel-
lement échus et revint chargé d'une somme considérable. Il n'en
fallut pas plus pour le faire nommer contrôleur des revenus du fisc
dans le gouvernement de Bagdad. Le roi lui présenta de sa main
une coupe de vin, ce qui était une faveur insigne, et le fit revêtir
d'une robe d'honneur (128*7). Il continua avec le môme succès à
remplir les caisses du trésor royal et bientôt, en 1288, le roi, sur
le rapport d'un de ses officiers généraux, lui confia le département
des finances de tout l'empire. Il devint rapidement tout puissant,
et toutes les affaires durent passer par ses mains.
Argoun n'était pas un khan ordinaire : il avait l'esprit large,
témoin les relations qu'il noua avec le pape Nicolas IV *. Il per-
mit à son ministre de prendre pour agents du fisc des chrétiens
et des juifs, mesure qui devait éveiller les haines des Musulmans.
Aussi n'y eut-il pas de crimes qu'on n'imputât à ce ministre inso-
lent. On prétendit qu'il voulait persuader à Ârgoun de fonder une
nouvelle religion par le glaive, qu'il avait arrêté le projet de con-
vertir la Caaba en temple d'idoles et d'obliger les Musulmans à
se faire païens ; on ajoutait même qu'il se préparait à faire une
expédition contre la Mecque. Il avait envoyé de ses coreligion-
naires, avec une liste de suspects, dans le Ktiorassan et le gou-
vernement de Schiraz, pour mettre à mort les notables les plus
honorables et même les chefs de la religion. Tous les actes tyran-
niques, les nombreuses exécutions que le caractère sanguinaire
du roi lui inspirait, étaient l'œuvre du ministre tout-puissant et
hérétique. Les haines particulières des seigneurs à qui il avait fait
rendre gorge soufflaient sur le mécontentement des seigneurs, ja^
loux des faveurs obtenues par l'intrus.
1 C'est probablement à tort que Graetz suppose que Sa*ad al-Daulah lui inapirm
cette détermination, car déjà à la date du 10 avril 1288, le pape euypTaii au Khan
une lettre, alors que Sa*ad al-Daulah n'avait pas encore reçu le titre de ministre. —
C'est également Ârgoun qui envojra une lettre i Phiiippe-le-Bel, lettre qui s'est
conaervée.
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LE TOMBEAU DE MARDOGHÉE ET B'ESTHER 2â
Peal-être Sa*ad al-DauIah ne sut-il pas assez teair compte des
préjugés en éveil. Il associa à sa fortune les membres de sa
famille ; il donna la ferme des revenus du fisc à ses frères Fakhr-
al-Daulah et Emm al-Daulah, à son parent Schams al-Daulah, à
son cousin Âbou-Mansour, le médecin, et à Lebid, fils d'Abi-Rabbi.
Il réunit autour de lui des savants, et des littérateurs, qu*il encou-
ragea dans leurs travaux ^ aussi composa-t-on à sa louange un
grand nombre de pièces en vers et en prose. Une partie de ces
éloges fut môme recueillie dans un volume auquel on attacha son
nom. A en croire le continuateur de Bar Hebraeus, « de toutes les
parties de la terre, accouraient vers lui nombre de Juifs qui di-
saient tons que c'était pour leur salut et pour être glorifié par son
peuple, que Dieu avait enfin donné cet homme aux Hébreux ».
La haine qui Tenveloppait allait bientôt pouvoir se satisfaire.
Le roi fut frappé d*une attaque de paralysie. Sa* ad al-Daulah fit
tous ses efforts poar le guérir, sachant que la fin de son maître
serait son arrêt de mort. Un mois après, Argoun rendait Tâme.
Aussitôt ses ennemis (c rugirent contre lui » et le firent périr
(29 février 1291). « Ensuite ils envoyèrent des exprès dans toutes
les provinces pour faire arrêter ses frères et ses proches, qui furent
jetés dans les fers et privés de tous leurs biens ; on enleva leurs
fils, leurs filles, leurs serviteurs et tout ce qu*ils possédaient. Il est
impossible de décrire la persécution qui éclata à cette époque sur
la nation juive. » Mais dès que le nouveau khan, Gaikhatoun, fut
sur le trône (22 juillet 1291), il fit arrêter les seigneurs qui avaient
commis ce crime.
Or, d'après le chroniqueur qui nous rapporte ces événements
et qui en fut contemporain, Abd- Oullah, fils de Fazel-oullah *,
c'est le ministre juif qui prit, pour la première fois, à Tin^tar
des princes de la dynastie des Pouyides, un surnom se terminant
par Daulah. C'est à son imitation, sans doute, que ses frères et
proches se choisirent des surnoms analogues : Fakhr al-Daulah,
Emm al-Daulah, Schams al-Daulah. On peut donc supposer, avec
grande apparence de raison, que Djimâl al-Daulah était un pa-
rent du célèbre intendant des finances *.
Qu'on relise maintenant les versets qui entourent la tombe du
mystérieux Mardochée : ne sera-t-on pas surpris d'y voir relevé
que Mardochée était le second du roi et qu'il fil du bien à son
^ Le célèbre auteur du Zitab Tadjgiyet ul-Bmssar we Te*djiy9t ul-A^ssar, plus
connu BOUS le titre de Vaêsaf-uUHatrtt,
* "Voir, sur toute cette histoire, d'Ohsson^ Hittoira dês MongoU, t. IV.
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354 RSYUK DES tTUDBS JUIVSS
peuple. Ces traits ne s'appliquent-ils pas exactement à Sa*ad*«l-
Daalah * 7
Par une coïncidence curieuse, d*aprës une conjecture de Oraetz *,
le nom hébreu de Sa*ad-al-Dau)ah aurait été précisément Mavdo-
chée. Un manuscrit de la Bibliothèque Bodléienne a conservé le
fragment d*une poésie arabe, composée en Thonneur d*un Mardo-
chée, qui ressemble trait pour trait à Sa*ad al-Daulah. C*est un
ministre, parti de très bas, qui a gagné la faveur de son maître ;
des poètes lui ont dédié leurs chants et Tont célébré à Tenvi ; il a
étendu sa fidroleciîaià sur ses frères; de son temps, Dieu a rendu
Le Juif de Perse à qui est dâ le sareophaga éb liardochée, que
ce soit Abou-Schams ou la mère des Djimal-al-^Ilaalah» tarait
donc voulu élever un monument commémoratif à la mrtcniffa da
bienfaiteur de ses frères.
Les restes du ministre d*Argoun furent -ils transportés el
inhumés en ce lieu ? G*est ce que nous ignorons. Sa*ad al-Daulah
a dû trouver la mort à Tabriz, séjour ordinaire de la cour, à une
assez grande distance de Hamadan.
Au cas où ce serait la mère des médecins-fonctionnaires de la
flaaîUede I]^mal al-Daulah qui aurait fait élever ce sarcophage,
on s*ezpliqu«rail mieux encore cet acte de piété : elle aura voulu
payer sa dette de reconnaiiwânce au protecteur des siens.
Ainsi, si les Juifs de Hamadan sont victimes d*une pieuse con-
fusion, en vénérant ce tombeau comme celui du personnage bi-
blique, leurs respects ne sont pas voués cepen^batà une chimère,
ils Yont à la mémoire d*un homme qui, dans Thistoire de la Perse
du moyen âge, a joué pour les Juifs le rôle le plus éclatant et dont
la fortune a le mieux rappelé celle du ministre juif d*Assuérus.
Mais que vient faire Tautre sarcophage à côté de celui de Mar*
dochée*? Est-ce celui de cette femme, nommée Esther, qu'elle
aurait commandé de son vivant? Et, dans ce cas, pourquoi a-t-on
gravé sur le monument justement tels ou tels détails relatifs à la
reine Esther, en particulier qu'elle envoya des lettres pour pres-
crire la célébration de la fête de Pourim et que le roi décréta des
impôts sur tous les peuples de son empire ? Autant de questions
> Si le Tenet Bsther, tiu, 15, qui parle des vêtements royaux que reçut Mardo-
ehée, figurait réeUemeut, sur le cénotaphe, ce serait une allusion à la robe d'honneur
dont Ârgoun fît revdlir son ministre.
* A laquelle s'est rallié GusUt Weill, Tauteur de VHUioin in K^lifeê. Voir
GmMthtê d$r JudM^ t. VII, note.
* Remarquer que celui-ci, à dessein sans doute, a été fait moins grand que Tautre.
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LE TOMBSAU DE M ARDOGHES ET D'ESTHER 255
que nous n^osons môme pas essayer de résoudre» quoique beau-
coup d'explications nous viennent à l*esprit.
Nous avons été frappé de la coïncidence entre le nom du per-
sonnage auquel est consacré Tun des sarcophages de Hamadan et
celai du fameux ministre Juif; notre étonnement est devenr *^*~''
vif en observant que le monument commémoratif a été érig
d^années après la mort de Sa*ad al-Daulah * ; enfin, par une
contre surprenante, il se trouve que ce nom de al-Daulah i
sur le monument. Ce sont ces coïncidences que nous avons
plement voulu signaler, sans nous dissimuler les nombr
objections que soulève notre hypothèse. — Nous serions hei
si notre essai — malheureux — servait au moins à provoque
recherches plus approfondies et mieux orientées.
Israël Lévi.
I GboM plus curieuse «ncore, It date de lIoBcripiion qoe nous tTons lue i
platôi 1603, car la lettre prise pour un kaph a la forme d'un bit. Il est vrai
Upidde aurait dû écrire ann», mais peut-être a-t«il voulu éviter le mot
< cédrat *. Dans ce cas, le sarcophage aurait été confectionné en 1292, juste
d« la mort de Sa*ad al-Daulah ! (Dans Thypothèse que cette inscription se n
an tombeau de Mardochée).
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LA LUTTE DE R. NAFTilLI COHEN
CONTRE HAYYOUN
Pendant Tautomne de Tan 1711, le ghetto de Prague Ait le
théâtre d*une lotte décisive entre deax hommes que la destinée
avait amenés là de contrées lointaines pour les mettre en pré-
sence. R. Naftali Cohen était déjà, en arrivant à Prague, un vieil-
lard fatigué et ayant besoin de repos. S*élevant de degré en degré,
il avait été promu successivement du poste rabbinique d^Ostrogh à
celui de Posen, et de là au siège de Francfort-sur-le-Mein ^ Dans
la nuit du 14 janvier 1711, an incendie qui éclata dans sa maison
lui flt perdre à la fois son repos et son honneur, le dépouillant du
môme coup de sa fortune et de tout ce qui constituait le bonheur
de sa vie*. On Tavait mis en arrestation, bien à tort d'ailleurs,
car son innocence était évidente, mais le séjour de la commu-
nauté lui était devenu impossible. Il portait comme un stigmate
indélébile le nom odieux d'incendiaire. Dans sa détresse, il avait
porté ses regards vers le berceau de ses ancêtres, pour y chercher
du secours. Il s'était senti attiré vers Prague, la cité où s'étaient
développées les branches de son arbre généalogique*. Là, le grand
génie tutélaire de sa race, le vénéré R. Loeb, vivait encore dans la
mémoire de tous et comptait de nombreux descendants. Résidence
1 Perles, Gesekichte dtr Jwhn m Posen, p. 79 ; M. HoroTilz, Ftûmkfkrttr £Mi-
n0r, II, 60 et suiv.
• Kaufmann, UrkundlichjM, p. 67-71.
• Voir Tarbre généalogique dressé par R. Méir Perles pour le frère de Nadali,
R. Jesaia de Brody, l'^OHl'^ rb^^, éd. Varsovie, p. 33, et ma note dans les F*-
milien Prags de S. Uock, p. 188, note 2. La date indiquée par Perles, qui devait se
trouver sur le magnifique rideau de sauctuaire dont Liebermann Chalfan a fait doa
à la Âltneusynagoge, dans les mots ^^y *IDT, doit être rectifiée diaprés Vins-
eription elle -môme en rttt)^^ "JDT. Celle-ci est conçue en ces termes : rmîT
^DT pmt^ n^nn ma mu) main ^obn ijona-'b t^-ipD Vt pra*' Y-n p
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LA LUTTE DE NAFTALI COHEN CONTRE HAYYOUN '257
de sa nombreuse parenté et patrie de ses plus proches, Prague
était pour lui un refuge tout indiqué, le port unique qui lui offrit
un asile sûr. C*était le lieu d*orlgine de son grand-père, le rabbin
de Lublin, dont il portait le nom, ainsi que de sa grand*mère, la
fille du très estimé chef du rabbinat de Prague, R. lesaya Lieber-
mann ou Lieberles. Là, vivait sa tante Vôgelé*, réponse de Feiwel
Banzlau, un des rabbins de Prague, la sœur de son père R. Isàk,
qui, comme le grand-père, fut rabbin de Lublin. Mais ce qui le
détermina surtout à se tourner vers la capitale de la Bohème,
c*était le voisinage de ses fils, dont quatre occupaient en même
temps d'importants postes rabbiniques en Moravie *. Pinchas Isaac
occupait le rabbinat de Eremsier, Jacob Mardochée celui d'Un-
garisch Brod*, Schealtiel celui de Prossnitz et Azriel celui de
Oewitsch. Sorti sain et sauf des tribulations de la guerre et des
persécutions des hommes, ayant eu à lutter contre le feu et contre
le fléau plus terrible encore de la calomnie, il espérait pouvoir se
reposer enfin * dans cet asile, heureux de préparer là un nouveau
foyer à sa chère épouse Esther Schondel et à ses petits -enfants,
sans doute les enfants de sa fille Kéla, morte prématurément^
ainsi qu*à leur père Juda Loeb'^, fils de R. Gabriel Ëskeles. Là,
dans le voisinage des siens, il espérait oublier, sans en garder le
moindre ressentiment, les horreurs dont il avait souffert^.
Mais la coupe de ses souffrances n'était pas encore pleine. La
goutte d'amertume qui vient des peines qu'on se prépare à soi-
même ne devait pas y manquer. De la résidence habituelle des
cabbalistes, de Safed, en Terre Sainte, un homme avait entrepris
des voyages à travers l'Europe, dont la vie, malgré son âge avancé,
ne devait pas finir sans qu'il eût mis en ébullition les plus paisibles
communautés et semé la discorde et la haine partout où il passait.
' Hock» iHd,y 178, et ma note ibid.^ note 1.
* Cf . l6 tesUmeiti de R. NafUli, vers la fia, et Brana dans la JuMtehri/lf de
Qraêtz, p. 233, note 6.
* Cr. Kaarmann, Monatuehrift, XLI, 362.
^ R. NafuU oe pouvait avoir à ce moment- là plus de soixante-deux ans, son
grand- père, dont il portait le nom, éiaot mort le 21 septembre 1648. Voir Josef
Cohn-Zedek, D'^n©'> nn (dans \rùr\, I, éd. S. A. Horodezky), p. 13, note 18.
* Cf. le Testament, vers la fin, et Dembilzer, iDT> nb'^bD, II. Î3"0.
' Schndt, JûdUehe Merckwûrdigkeiten^ II, 113, répète des dires sans fondement
qoand il écrit : « Mais R. Naftali, aussitôt qu'il eut échappé à sou emprisonnement,
se hàla de partir et de se rendre à Prague, où il vécut dans le silence et pour ainsi
dire en cachette pendant un certain temps et où il fut entretenu par Oppenheimer de
Vieime et d'autres riches Juifs de Prague. • Cependant c^est de cette déclaration que
s'est inspiré Graetz, Be$ck%ckie^ X, 82, en rapportant que R. Naftali s'est rendu
i Prague pour se placer sous la protection de D. Oppenheim. Drann aussi répète,
iM.^ 232, qu*après une longue détention, il se fixa à Prague auprès de R. David
Oppenheim.
T. XXXVI, «0 72. 17
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258 HEVUE DES ETUDES JUIVES
R. Naftali Cohen était à peine ûxé dans le Ghetto de t^rague 4ae
le malheur vint le visiter sous les traits de la mystérieuse et, en
apparence, si majestueuse personnalité de Nehémia Hayyoun, le
pèlerin d*Orient. C*était dans l'automne de Tan 1711. Expert dans
Tart du charlatan et d'un extérieur imposant, cet hôte, revêtu de
r^légant costume des Orientaux, avait fasciné tous les habitants
dii Ghetto, pour qui cet homme de Dieu, faiseur de prodiges, était
entouré d'une auréole de légendes pieuses. On se pressait autour
de lui et on s'estimait heureux de le recevoir et de le combler
d'honneurs. Son compagnon et secrétaire, sans doute Elia Tara-
gon, reçut Thospitalité, pour la durée de son séjour à Prague,
dans la maison toujours si hospitalière de Samuel Tausk*. Cétait
le restaurateur de la « Altneusynagoge », et le président de la
communauté; il appartenait à une famille où la dignité de présN
dent fut pendant des générations^ pour ainsi dire, héréditaire, et
lui-même s'était rendu célèbre dans les annales de la communauté
par sa générosité envers les écrivains'. Quant à Hayyoun, le saint
homme qui ne vivait que pour la vie spirituelle, comme il le pré-
tendait, il se contenta de la demeure plus modeste de Ànschel
Ginsbourg, célèbre par l'éclat de son origine et son éradition
r^bbinique. Mais il n'y accepta que le logement ; son véritable lieu
de séjour fut la maison princière du grand rabbin David Oppen-
heim, alors en voyage pour affaires. Là , il se laissa servir et aduler.
Lés Jeunes membres de la famille et surtout le fils unique de la
maison; Joseph, gendre de Samson Wertheimer, rabbin de Hol-
leschau en Moravie, et Hayyim lona Teomim, le Jeune gendre de
David Oppenheim, dont il avait épousé la fille, Tolza, recher-
chaient avec avidité la société du thaumaturge. Comment Naftali
aurait-il pu résister à l'enthousiasme général 7 Plus que tous les
autres, il était prédisposé à céder au magique attrait du pèlerin
inconnu. De tout temps, les messagers de la Terre-Sainte avaient
trouvé chez lui porte ouverte. Le costume oriental et le prestige
de la cabbale avaient toujours exercé sur lui une force d'attraction
irrésistible. Déjà Abraham Conque, le missionnaire envoyé de
Hébron, avec qui il était lié depuis 1688 par une étroite amitié,
l'avait conquis tout à fait '. L'école du malheur ne lui avait pas
*■ Hock, ibid,, 145, et ma note, ibid,, note i. Selon p3ab ITID, (^ f5è, PetM
trouva dans sa maison, entre autres rabbins, R. Mose b. Israël de Sluck. An sujel ém
Sluck, cT. Friedberg, linST Dimb, p. 27, note 15. Au sujet de son gendre, R. B«-
ruch Austerlili, voir i^aulmaon, Die Utite Vertrtihung dtrJuden mu ITtfi», p. lit,
note 3.
' Kaufmanu, Sanuon Wirtkeimer^ p. 97, note 1, et 96, note i.
* Voir Tapprobation enthousiaste qu*il donna i l'ouvrage, d'ailleurs suspect, de
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LA LUTTE DK xNAFTALl COHKxN CONTHE HAYYOL'X 25U
appris la prudence et le soupçon, et ii se livra à ce rusé person*
nage avec une naïveté enfantine. Du reste, Juda b. Josef Perei»
qui, plus tard, fut tant vilipendé et acquit une si douteuse répu-
lationf n*avait-il pas trouvé auprès de lui un cliaud défenseur^ t
Un homme de la taille de Ilayyoun, investi du prestige de la
science rabbinique et cabbalistique, devait le trouver absolument
sans défense. Le rusé Vénitien, son acolyte et secrétaire, lui avait
flrayé la voie par ses mystérieux récits sur les rapports que riiomme
de Dieu entretenait avec les puissances surnaturelles. Hayyoua
aviva encore la curiosité déjà en éveil en refusant d'accomplir, an
terre étrangère, les prodiges qui étaient sa besogne habituelle.
Une sorte d'ombre, disait-il, s*était posée sur ses yeux, lorsqu*!!
qailta la Terre-Sainte, et il dut poursuivre son voyage, à demi
aveugle *, sur de recouvrer la vue, aussitôt que son pied toucherait
de nouveau le sol sacré. Il voulait aller sans trêve d*un endroit
à rautre. Môme dans une communauté comme celle de Prague, il
déclarait ne s*accorder qu'un répit de quinze jours. Nul ne devait
pouvoir se vanter d*avoir profité de son assistance miraculeuse
ou d'avoir reçu une amulette de sa main. Certes, il eût aimé ini-
tier un homme comme Naftali aux mystères les plus profonds da
la cabbale, mais, avant d'entrepi'endre son voyage, il avait fait vesa
de renfermer en lui-même les doctrines ésotériques durant tout
son séjour sur un sol non consacré. Son but était uniquement de
fiiire imprimer en Europe les manuscrits où était consignée ai
seience mystérieuse. En demandant simplement une approbation
pour ces précieux ouvrages, il entendait accorder une véritable
faveur. Choisissant prudemment parmi ses papiers, il voulait, avant
tout, s'assurer à Prague, vu l'absence de R. David Oppenheim, de
l'adhésion de R. Naftali Cohen. Il garda par devers lui les parties
eoiapromettantes de son ouvrage, se bornant à choisir dans les
deux écrits, qui, plus tard, entourèrent comme deux commentairee
le texte de la doctrine secrète des Sabbatariens ou du mystère de
la Divinité', les passages qu'il soumit à sa victime pour lui arra-
cher son approbation. R. Naftali sut, sans doute, lire le manuscrit
Conque D'^nCIO p3M. Cf. S. Mandelkem, dans le prochain fascicule du n*)Tt)93
a*)J^93tt1 de Braioio.
* Le inaab me a élé approuvé par R. Naflali a Prague, le 5 juin 1712 : '«a
^nSi5 ?in73tt) na T^ma^^a© n"l na^an. R. Mosé Hages s'exprime fort dure-
beiil âur Perez dana ses leltres manuscrites adressées à R. Juda Briel de Manloue.
• Par là s'explique rexpressioo û"^:^ "^D imin D'^S'^y niNT^ «"''^n ÏT^ttrO,
dans la déclaratioo d'approbation, du reste stigmatisée comme ayant été faussée, de
M. Gabriel Bêkelef, rabbîB régional de Nicolsbourg, sur rr^TSnS '>"^21 ai Mnia^\^73
«bDT. Cf. Ksarmann, npim, il, H et suiv. et 66 et suiv.
* Qraetz, ihid.^ zzxi, et suiv.
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260 REVUE DES ËTUDES JUIVES
sefardi plus couramment que le rabbin de Francfort-sur-le-Meîn S
Joseph Samuel de Cracovie, qui avait déclaré ne pas savoir lire le
manuscrit d*Abraham Conque *. 11 n'y trouva rien qui pût troubler
sa candeur. Plus d*un demi-siècle s'était écoulé depuis que Sab«
bataï Cevi avait jeté dans les esprits tant d'erreurs et de doutes ;
les dernières traces du mouvement, naguère si puissant, sem-
blaient avoir disparu, et dans l'esprit des gens paisibles il restait
à peine un pressentiment que le vieux levain pût encore une fois
produire une fermentation dangereuse. Pour flairer et découvrir le
sabbatianisme secret, il fallait une autre disposition d'esprit que
celle où se trouvait R. Naftali. Dans les passages qui lui furent
soumis, il retrouvait le courant bien connu de la cabbale. Ne se
doutant pas de Tablme au-dessus duquel il avait passé en glissant,
il écrivit, à la date du 5 novembre 1711, Tâpprobation queHayyoun
lui avait fait l'honneur de lui demander ^ 11 était tombé dans le
piège du vieux renard, et, désormais, il était hors d'état de lui
nuire. Hayyoun pouvait laisser tomber son masque. Les deux
semaines de séjour étaient devenues des mois. Son refus de fabri-
quer des amulettes avait pris fin rapidement. Maintenant il pouvait
se vanter sans scrupule de ses relations avec le ciel et proférer
des blasphèmes, par exemple en disant qu'il avait fait descendre
le char du trône de Dieu dans sa chambre ; qu'il dialoguait fami«
lièrement avec le prince de la face, avec Métatron ; môme avec
Dieu il s'entretenait, et il pouvait forcer les anges de son entou-
rage à venir près de lui comme des serviteurs. Il eut l'audace de
montrer une lettre que le prophète Ëlie lui avait écrite et de
s'attribuer la puissance de conjurer les morts, de détruire des
mondes et d'en créer de nouveaux. Désormais, il n'avait plus
besoin de l'auréole de la sainteté. Le vieillard, hier encore aveu-
gle, se divertit au jeu de Thombre et, las des mortifications, prit
plaisir à assister aux grands festins. Seul Taveuglement de ses
partisans était inguérissable, et la confiance de ses fidèles restait
inébranlable. Ses manières devinrent de plus en plus hardies et ar-
rogantes. Ses amulettes devaient éloigner la mort et être un moyen
de préservation au milieu du danger. Le retour de R. David
Oppenheim avait si peu mis fin à ce vertige, qu'il donna lui-même
son approbation aux écrits de Hayyoun, à la date du 9 février 1712,
et qu'il fut sur le point d'être obligé d'abdiquer son autorité dans sa
propre maison en faveur de cet intrus. Celui-ci n'avait-il pas,
* llorovitz, ibid.y II, 56 et suiv.
« Approbation de D-^nDIO pn» ; TT>D» inDO ns-^riDa "T^D» '»2'»WD a"a3^«1
M2y D-^DpT uyo") iDDDna ub'€V2 nm"»a T>tt)D:^n dij^wd ■»r»'»'»n.
> Cf. le texte dans Tappendice A.
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LA LITTE DE NAFTALI COHEN CONTRE HAYYOUN 261
contrairement au conseil et à la volonté du chef de la famille,
obtenu par le don d'une amulette, que le favori de la maison, le fils
unique de Josef et de Tolza Oppenheim, jeune enfant d'une beauté
extraordinaire, fût exposé au danger d*un voyage à Carlsbad,
où il périt en tombant, sur la route, en bas de la voiture* ?
En vain la désillusion vint pour R. Naftali. Il ne lui servit de
rien de reconnaître bientôt qu'il était tombé dans les filets d'un
sabbatarien masqué. Habitué naguère à faire acte d'autorité et à
voir ses volontés exécutées, il dut maintenant se consumer dans
une haine impuissante contre ce fauteur de mal. Celui-ci n'avalt-il
pas obtenu de lui tout ce qu'il pouvait encore en attendre ? Ses
entretiens avec le secrétaire furent inutiles. [Celui-ci ne voulant
dénoncer ce maître en fourberies, R. Naftali dut porter comme un
remords rongeur le soupçon d'avoir été la victime d'un des Don-
meh, les partisans secrets de Sabbataï Cevi à Salonique ^. Prague
n'était pas un endroit propice où l'on pût entreprendre quelque
chose contre ce séducteur souple, sachant gagner tous les cœurs
et échapper à tous les dangers, d'autant plus que le chef de la
communauté s'était également livré à lui par sa signature et son
sceau.
Sans môme prendre congé de R. Naftali, Hayyoun s'était rendu
de Prague à Vienne^, pour répandre de là dans la Moravie et la
Silésie les nouvelles erreurs sabbatariennes, qui troublaient les
esprits et empoisonnaient les cœurs. Les tristes conséquences que
produisit le sabbatarisme renaissant partout devaient montrer
combien était fondé le soupçon qui ne vint que tardivement à
R. Naftali. Bientôt on vit se rallumer le feu qui couvait encore
sous les cendres laissées par la première explosion. Une des pre-
mières victimes fut Lobele Prossnltz. Ce partisan de Sabbataï,
originaire d'Ungarisch Brod et établi à Prossnitz, sous le poids de
l'excommunication suspendue sur sa tête par R. Meïr de Schi-
dlow, plus tard rabbin d'Eisenstadt, était devenu silencieux^,
comme un pécheur repentant, lorsqu'à l'approche de Hayyoun les
• Cf. Emden, niNjpïl mnn, p. 63. Le mariage de Josef Oppenheim avec Tolza,
fille de Samsoa Wertbeimer, eut lieu en 1707 ; voir KaufmaQo, Urkundliehet aut dem
Lehen Samson Wertheimers ^ p. 5.
« Cf. A. Danon, dans Revue des Etudes juives, XXXV, 264.
» Les mots Isifc^ n^ND Tl^T^ t^bl Û-»niarï bir« a-l IITDTD a-^tSm, dans la
lettre de R. Naftali, n« 1, sont traduits par Graetz, Geschichte^ X, p. 83 : « Et
il fut pourvu là de ressources abondantes par de riches chrétiens ». Il ne serait pas
impossible que Û*^ntt?ïl désignât les fournisseurs de la Cour, les grands Juifs de
Vienne. Nous savons, du reste, que Meyer Hirschcl avait mime dans sa maison
Lôbele Prossnitz ; voir Kaufmann, Samson Wertheimei\ p. 83, note 3.
♦ a. D. Kohn, dans m-ICOri nitIN, I, ^^nm niN, p. '.3 et suiv.
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262 REVUE DES ETUDES JUIVES
•ilês qui lui avaient été rognées lui repoussèrent. Le faiseur de
miracles de Safed s*était vanté de posséder un miroir avec teqiMl
il prétendait pouvoir apercevoir le fond du cœur et découvrir !•&
pensées secrètes de Thomme. C'est avec ce miroir qu*il voulait,
disait-il, évoquer Tâme de Lobele Prossnitz et déclarer publique-
ment s'il le trouvait innocent ou coupable. Il ne manquait plus
au vieil hypocrite, qui n'attendait que la résurrection de rautifte
erreur, que d être proclamé un saint par ce sage d'Orient qui pré-
tendait sonder les reins et le cœur. Lobele eut de nouveau aes
partisans, dont le nombre s^accrut encore.
Ainsi, le fléau se répandit de lieu en lieu, partout où Hayyoun
dirigea ses pas. Lorsque H. Naftali arriva à Breslau durant Tbiver
da l'année 1713, il ne reconnut plus la communauté qu*il avait
visitée autrefois ^ La semence jetée là par Hayyoun, durant aofi
aourt s^our, avait poussé comme par enchantement. Vainemeut
R. Naftali essaya de faire connaître le vrai caractère deoet bomiDa
néfaste. Sur ces entrefaites, celui-ci était arrivé à Berlin, où il
avait mis aussitôt à exécution son projet, principal but de son
voyage : l'impression de ses écrits. Il ne se troubla môme aueu^
nement d'une rencontre avec R. Naftali lui-môme. L'ayant trouvé
un dimanche soir à la synagogue de Berlin *, il lui tendit sans
hésiter la main, mais R. Naftali refusa de la prendre. Cependant
il ne réussit pas à rentrer en possession du certificat qu'il lui
avait donné si malencontreusement. Hayyoun chercha à se dé-
rober à toute nouvelle rencontre, il évita de fréquenter la syna^
gogue et alla se loger dans la maison d'un chrétien ; enfin, il sut,
eu se plaçant sous la protection du gouvernement, se mettre à
Tabri de toute tentative de contrainte en vue de la restitution du
certificat d'approbation.
Il n'attendait que l'achèvement de ses deux ouvrages, Les pa-
rcie$ de Néhémie et le Mystère de la foi, avec ses deux com-
mentaires % pour se rendre sur le véritable théâtre de sa propa-
gande, à Amsterdam. Tandis que R, Nafcali était encore dans l'in-
certitude au sujet du but du séjour de Hayyoun à Berlin, les deux
ouvrages avaient été imprimés en toute sécurité avec l'approbation,
désormais devenue indélébile, de R. Naftali. Peut-être son oppo*
1 D'après le témoignage de son approbation donnée au d^'IDID p^fit de son ami
Conque, datée du 24 Âb 1713, pendant les troubles de Pologne, il séjourna dé|à i
Breslau comme fugitif (I7aip>373 nm^n).
* H est question d'une visite de K. Naftali à Berlin, pendant qu1l séjourna i Pc-
ssn, dans le TfOlZ 1112^ n'^in de Moi^é b. Yesaia Wengrab, 3a; il Youlait maiira
à hnterdit l'imprimeur dâ la parodie de D'elle n3073 de Sulzbacb. Cf. Van Biema,
Nachtrag tu Bebr. Bibliographie, XIV, p. 19.
» Cf. L. Undsbuth, ûU?rï ''Oa» miblP, p. 14 et suiv.
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LA LUTTE DE NAFTALI COHEN CONTRE HAYYOIN 263
ffiUûQ eut-elle, du mointi, ce résultat que son approbation ne fut
pUd iqiprimée et) tète des deux ouvrages à la fois. Mais il n'y eut
pl^9 moyen d*écbapper au triste sort de voir son nom placé en
télé ù\\ plus petit et plus dangereux de ces écrits.
Cependant R. Naftali n'atait encore eu aucun pressentiment de la
véritalile responsabilité quMI avait assumée par sa malencontreuse
apostille. Il 8*en voulait d*étre tombé dans le piège tendu par un
l^jrpocrite suspect, et il dédirait à tout prix détruire la preuve qu'il
9'4tait laissé tromper dans sa candide crédulité par un disciple
secret de Sabbataï. C'est seulement maintenant qu'il reconnais-
anit aa faute d'avoir couvert des doctrines erronées, visiblement
sabbataïques, de l'autorité de son nom et d'avoir donné >a re-
nowfntndation à des blasphèmes et à des hérésies. Une lettre de
R. Çebi Ascbkenazi *, d'Amsterdam, lui arriva et le frappa com-
me d'un coup de foudre, en lui révélant pour la première fois à
fqelle étrange entreprise il avait prêté la main par un inconcevable
aveuglement. Désespéré, il fut pris de violents remords. Son voyage
i^ Breslau était resté sans effet, et ses espérances ne s'étaient pas
réalisées quant au rabbinat de Posen ' : il était résolu ^ retourner
i Prague^ où il avait déjà renvoyé ses bigages. Il comptait
revenir par la prochaine voiture de poste auprès des siens, lors-
qu'il r^çut la nouvelle que Prague venait d'être ravagée par un
tremblement de terre et que sa femme, sa sœur et ses petits-fils
étaient obligés do camper en rase campagne.
ifalgré sa tristesse, R. Naftali comprit cependant qu'il était
nécASsaire qu'il se séparât ouvertement de l'hérésiarque. Il
trouva le courage de se confesser devant l'héroïque apôtre de la
foi, le rabbin d'Amsterdam. Le 27 août 1713, après avoir passé de
nouveau en revue tous les incidents de sa vie, si riche en souf-
frances, il écrivit une première lettre à R. Cebi Aschkenazi ^,
qu'il tenait en haute vénération et qui était aussi lié avec lui par
des liens de parenté^. Ce fut pour lui une véritable délivrance.
Contrit et abattu, plein de confusion et de repentir, il avait étouffé
en lui tout mouvement d'amour-propre et toute tentative de justi^
' SursoD origine, cf. Kaufmanii, Die letite ErstUrmung Ofens^ p. 23 et suiv.
> PerlM, QeschiekU dw Juden i» Posen ^ p. 79 ; Brann, ihid., p. 233.
* J'empruDle le texte des lettres de K. Naftali a un manuscrit qui est en ma pos-
session et qui contient toutes les lettres et les traités de polémique qui virent le jour
durant cette lutte contre Ilayyoun.
^ Les relations des deux familles tiennent au fait que H. Arié Loeb, le fils de
it. $«ûl at le petit-tils de H. Heschel. fut choisi par K. Cebi comme gendre. R. Arié
Loeb, que B. r^aftali, dans ses lettres à R. Cebi, saline toujours spécialement, était un
cousin d^ iuda Loeb, le gendre de Naftali Cohen, mort prématurément. Cf.
Emden, HBO rhxn , éd. D. Kohn, p. 65 et suiv.
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264 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
flcation intérieure, pénétré de la conviction qa*il n*est qu*un seul
moyen de triompher des fautes et des péchés: les reconnaître
ouvertement et s'en repentir sincèrement. La lettre qu'il écrivit
devint comme le miroir des événements qui s'étaient déroulés
depuis deux ans. Il avait, disait-il, été induit en erreur, aveuglé
par le préjugé et les apparences; il avait donné son approbation
inconsidérément et sans réflexion, car le livre néfaste auquel il
voyait maintenant son nom indissolublement attaché ne lui avait
pas été mis sous les yeux. Il n'avait rien su du plan et de la
disposition des deux commentairen, et le passage dans lequel il
avait cru voir la partie principale de l'ouvrage lui avait paru irré-
prochable et digne d'approbation *.
R. Ndftall,dè5 qu'il eut pleinement conscience de sa faute, était
décidé à édicter les peines les plus sévères contre Hayyoun et
ses ouvrages, dût-il ressentir le contre-coup de ces mesures, en
raison des accointances qu'il avait eues avec lui. Ce que R. Cebi
Âschkenazi lui avait soumis maintenant du contenu de l'ouvrage,
muni de son apostille, n'avait jamais passé sous ses yeux. Com-
ment pourrait-il survivre à la honte d'avoir prêté son nom à un
livre qui touchait audacieusement à la plus chère doctrine du ju-
daïsme, à l'unité de Dieu et à la pureté de sa conception de la Di-
vinité? La destruction de cette œuvre de mensonge, Toilà la seule
chose à laquelle sou âme aspirait. Aucune subtilité d'interpré-
tation, aucun subterfuge ne devait être accepté de la part du mis-
sionnaire des Sabbatariens. D'après R. Naftali, il fallait brûler
tous les exemplaires de ces livres, et R. C^-bi devait désormais
prendre à cœur de les détruire radicalement.
Son projet de se rendre à Prague était désormais abandonné,
et il était uniquement préoccupé de la lutte contre Hayyoun.
Grâce à l'esprit de décision de R. Cebi et de son fidèle lieutenant
R. Mosè Hages, le combat contre la nouvelle tentative des Sabba-
tariens s'était allumé sur toute la ligne. Un allié s'était présenté
en la personne de Léon Brieli, rabbin de Mantoue, qui dans cette
lutte contre Hayyoun, valait à lui seul une armée. La défense de
Hayyoun, prise assez mollement par Salomon Aelyon et la com-
munauté sephardite d'Amsterdam, devait fatalement échouer de-
vant une attaque si supérieurement menée. A peine R. Naftali eut-
il repris contenance et se fut-il recueilli suffisamment pour prendre
connaissance de la contre-déclaration de Hayyoun et d'Aelyon,
queR. Cebi lui avait fait parvenir, qu'il rédigea presque aussitôt, le
13 septembre 1713, une nouvelle lettre adressée à R. Cebi contre le
* On ne peut donc parler d'un mensonge commit per R. NefUli (Gr«eU,
t*irf., 83).
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LA LUTTE DE NAFTALI COHExN CONTRE HAYYOUN 265
fauteur d'hérésies. Il ne pouvait comprendre qu*un rabbin comme
Aelyon se mit encore à la remorque de ce fourbe, maintenant que
le caractère dangereux de l'ouvrage avait été démontré. L*excuse
que le livre se bornait à reproduire les anciennes doctrines bien
connues du Zohar ne pouvait être admise un instant. Le danger
des hérésies qui y étaient contenues et qui ébranlaient la vérité
fondamentale la plus sainte du judaïsme, Tunité de Dieu, était,
selon lui, d^autant plus grand qu'elles pouvaient, d'une part, pro-
voquer au dehors des malentendus et des calomnies de la part. des
savants non-juifs à qui cet ouvrage tomberait sous les yeux, et
que, d'autre part, elles étaient de nature à réveiller les anciennes
hérésies sabbatariennes. Personne ne devait s'étonner, ajoutait
Naftali, de ce qu'il était venu de si loin pour s'ériger de son chef
en juge d'une querelle qui intéressait en premier lieu la commu-
nauté d'Amsterdam. Il se sentait poussé irrésistiblement par le
zèle pour la cause de Dieu, que nul ne pouvait défendre plus
ardemment et plus passionnément que lui-môme, et, de plus, lui
surtout^ trompé par Hayyoun, avait le devoir d'élever la voix
et de lancer an cri d'avertissement contre le sectaire. Il se voyait
donc dans la nécessité de persévérer dans sa demande de me-
sures pénales, et, d'accord avec les hommes qui ont ouvert ce
combat pour la foi, de prononcer Tinterdit contre l'ouvrage et
l'auteur, interdit qui ne pourra être levé que si le coupable donne
des preuves certaines d'un repentir sincère. Les exemplaires du
livre néfaste devaient être retirés de la circulation; par ég^ird
pour ce qui pouvait s'y trouver de de juste et d'exact, ils ne
seraient pas brûlés. Cependant l'excommunication devait être pu-
bliée dans tous les pays pour déterminer ceux qui se trouvaient
déjà en possession de cet ouvrage, à le mettre à l'écart sous peine
de tomber eux-mêmes, en cas de désobéissance, sous le coup de
l'excommunication prononcée contre l'auteur.
Si jamais R. Naftali eut le sentiment de ce qu'il était devenu, lui
homme pacifique, privé de sa fortune et des fonctions rabbiniques
qu'il avait exercées dans de grandes et importantes communautés,
il dut surtout en être chagriné pendant sa lutte contre Hayyoun.
Dans sa troisième lettre adressée à R. Çebi, le 18 octobre 1*713^ il
reconnaît ouvertement combien il se trouvait impuissant et quelles
sévères mesures il eût prises contre le corrupteur du peuple, s'il
en avait encore eu la force. Il n'était plus lui-même qu'un hôte to-
léré dans la communauté de Breslau. Cependant la protection de
Lazarus Pôsing*, fournisseur de la Monnaie, homme des plus in-
^ Braon dans JubêUckri/t de Graetz, p. 238 et f uiv.
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966 mSUE DES ÉTUDES JUIVES
ilii0nt$, lui valait beaucoup de considération. Aussi, iorsqu^arri-
vèrent les nouvelles de Nicolsbourg, la communauté dirigeante
de Moravie, siège du rabbinat régional, et même de la commu-
nauté voisine de Lissa, apprenant que des menaces on avait passé à
Texéoution au sujet de l*excommunication, H. Naftali ne resta pas
en arrière. Les membres les plus considérés du rabbinat et de la
communauté de Nicolsbourg, les plus réputés par leur érudition
talmudique, avaient prononcé solennellement Tinterdit contre
Hayyoun, sous l'influence de leur chef, le grand rabbin de la Mo-
ravie, R. Gabriel Eskeles, beau-père de la fille de H. Naftali. La
même mesure avait été prise par trente membres de la comom-
nauté de Lissa, éminents par leur savoir. R. Naftali reconnut alors
q\x'\\ avait eu tort de parler, dans sa dernière lettre, de la possibi-
lité de trouver dans le livre de Hayyoun des passages inoffensifs
et d'en épargner les parties intéressantes. L'appui qu'il avait trouvé
semble l'avoir fortifié dans sa conviction de la culpabilité de
rhomme et dé ses ouvrages. Quiconque avait Taudace de prendre
le parti de Hayyoun devait appartenir évidemment à la séquelle sab-
bataïque, qui d*abord s'était livrée à ses agissements scandaleux en
Terre-Sainte et qui était redevenue assez hardie pour recruter
aussi des partisans dans d'autres contrées. Il devait faire partie de
ces malheureux égarés qui portaient sur eux -le portrait de Sab-
bataï Cebi pour le baiser au milieu de chants bachiques et en
récitant des prières. Un seul châtiment était assez sévère contre
ce fauteur d'hérésies, la destruction par le feu de son livre et le
décret de l'excommunication majeure contre l'auteur, excommu-
nication dont il ne pourrait se relever quà la condition de se dé-
clarer prêt à accomplir, avec repentir et soumission, la pénitence
publique que lui imposeraient cinq rabbins compétents. Pour cinq
motifs déterminants, pour l'amour du nom divin, de sa Loi sainte,
de la chaîne infinie des saints ancêtres, pour l'amour de la com-
munauté dlsraël, qu'il fallait préserver des pièges et de la séduc-
tion, pour sa propre dignité acquise de rabbin, R. Naftali se voit
forcé de passer des paroles aux actes et, suivant l'exemple de ses
prédécesseurs, de ne pas différer plus longtemps à prononcer Tex-
communication contre Hayyoun. Semblable au patriarche Jacob,
selon la parole du Midrasch, il se sentait armé comme de cinq
amulettes pour terrasser son ennemi. Personne ne pouvait l'acou-
ser de partialité. Dépourvu de toute fonction, en pleine indépen-
dance, inaccessible à toute influence, il se trouvait, disait-il, en
quelque sorte, en dehors de la communauté des vivants, n'agis-
sant et ne se déterminant que par son zèle pour la cause de Dieu.
Si quelque considération le retenait encore de mettre son projet
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LA LUTTE DE NAFTALI COHEN CONTRE HAYYOUN 267
immédiatement à exécution, c*était le contraste que semblait ffé-
ganter la communauté de fireslau, composée d'éléments dispi-
rates et venus du dehors, avec une communauté comme Nicols-
bourg, de fondation ancienne et réputée au loin. L*adbésion de
cette petite communauté, qui n*aurait que peu de retentissement,
serait-elle suffisante et ne provoquerait-elle pas plutôt les raille-
ries? Aussi songea-t-il un moment à convier une communauté
importante du voisinage à livrer Tassant contre Hayyoun. La
communauté de Glogau, par le grand nombre de ses membres
adonnés à Tétude de la Loi, était prédestinée à ce rôle mieux que
toute autre. B. Naftali crut devoir s*adresser à elle, surtout parce
que le vieux rabbin, Juda Loeb b. Mosé*, qui était son paren(,
avait accordé lui aussi son approbation aux deux ouvrages de
^ayyoun. Il voulait lui envoyer la correspondance qu'il avait
échangée avec la communauté d'Amsterdam, les lettres manua^
crites ainsi que les déclarations, imprimées dans Tintervalle, reia-r
tives à la lutte contre Hayyoun, pour le décider lui et sa com-
munauté à s*associer à ses efforts. Aussitôt que la nouvelle de
Texcommunication prononcée à Glogau contre Hayyoun lui se-
rait parvenue, il se promettait d'en instruire sans délai R. Çebi.
Il se produisit alors probablement une circonstance qui décida
K» Naftali à faire intervenir la communauté de Breslau. Peut*
être craignait-il une interprétation fâcheuse s'il 3*abstenait de
manifester son zèle par une action directe. Aussi, après avoir
tant temporisé, devint-il un assaillant furieux, qui crut ne pas
devoir attendre une scnoaine de plus et qui mit son projet i exé-
cution dès le samedi suivant. Ce jour, 21 octobre 1713, la com-
munauté de Dreslau devait affirmer solennellement sa rupture
avec Hayyoun. R. Naftali convoqua l'assemblée, qui, de con-
cert avec lui, allait prononcer l'excommunication dans la syna-
gogue de Lazarus Zacharias, ou Pôsing, le fournisseur de la
Monnaie*. Il avait réussi à réunir à Breslau, qui naguère lui
paraissait un si petit centre, quinze hommes de renom et de consi-
dération, qui n'hésitèrent pas à s'associer à cet acte important.
Mais, outre les invités, une foule nombreuse était accourue pour
être témoin de cette cérémonie, qui était alors encore entourée
d'an sombre éclat, où R. Naftali allait, après un sermon dont le
sujet était emprunté à la section sabbatique {Noah), lancer Tex-
communication contre Hayyoun et quiconque embrasserait son
parti.
I^e !«' novembre niS, il raconte à Cebi, dans une nouvelle
» Chr. Wolf, Sibl. Bêh,, III, 330.
* BitBB, ibid,^ p. 333, note 1.
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268 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
lettre adressée à Amsterdam, les incidents qui s'étaient produits,
se plaignant en même temps de ne pas recevoir de réponse à
ses deux dernières lettres. Il attendait aussi avec impatience Tim-
pression de ses deux premières lettres avec le reste des pièces du
procès et l'envoi d*un certain nombre d'exemplaires, pour les ex-
pédier aux communautés et à des particuliers. Il attachait surtout
de rimportance à ce que les Sefardim, dont Tappul donné à
Hayyoun lui paraissait incompréhensible, pussent avoir les pre-
miers connaissance des fourberies de leur protégé. La lutte qu*il
avait entamée contre ce trompeur l'avait délivré d'un vif re-
mords. Ce n'est pas sans un sentiment de profonde gratitude qu'il
songeait à R. Cebi, qui, en signalant à temps le danger, lui avait
préparé les moyens de salut.
Quand l'écrit de Hayyoun lui fut soumis sous sa véritable
forme, il lui parut dépasser encore de beaucoup ce qui lui en
avait été rapporté par R. Cebi et R. Mosé liages. Plein d'hor-
reur pour toutes les hérésies qu'il contenait, il se hâte de s'épan-
cher auprès de son ami et compagnon de malheur, R. Gabriel
Eskeles de Nicolsbourg, du nom duquel Hayyoun avait aussi abusé.
Les hérésies de ce livre, disait-il^ dépassent tout ce qui a jamais
été affirmé publiquement par les sectes juives. Aussi est-ce le
devoir de tout croyant de les combattre, et surtout de ceux qui
sont versés dans la connaissance de la Loi et du Talmud. Cette
déclaration, dont R. Naftali envoya la copie à R. Cebi le 1*' dé-
cembre 1*713, parut si importante à Hages qu'il s'occupa aussitôt
de la répandre partout.
Dans l'intervalle, les premières lettres de R. Naftali avaient paru
à Amsterdam et étaient tombées sous les yeux de Hayyoun.
Celui-ci n'eut rien de plus pressé que de nier et de railler dans
une protestation publique tout ce qui y était contenu. R. Naftali
se trouvait en bonne compagnie, Hayyoun ayant aussi accablé de
ses railleries des hommes comme R. Gabriel Eskeles et R. Léon
Drieli. L'homme naguère si plein d'urbanité, disait-il en parlant de
Naftali, est devenu un rustre. Naftali accepta cette injure comme un
titre d'honneur. Les docteurs n'avaient-ils pas donné aussi au pro-
phète Ezéchiel ce nom de villageois [Berachoiy 58 &)? Avec le voyant
qui a annoncé un Dieu unique, une Loi unique et un Pontife
unique, il voulait être un villageois, rejetant bien loin de lui toute
relation avec le fauteur d'athéisme et d'hérésie. Quant aux décla-
rations des premières lettres que Hayyoun ne sut réfuter autre-
ment qu'en les traitant en bloc de mensongères, R. Naftali les
maintint à nouveau avec solennité dans toute leur intégrité. Loin
de s'être rendu coupable d'une exagération, il n'avait, disait-il.
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LA LUTfE DE NAFTALI COHEN CONTRE HAYYOUN 269
reprodait que la plus faible partie de ses blasphèmes. Si Hayyoun
cherchait à affaiblir la protestation de Naftali en ce qui concerne
les amulettes, en lui rappelant qu'il s*était lui-môme adonné à des
pratiques cabbalistiques, celui-ci lui répliqua que c'est en voyant
ses procédés frauduleux qu'il a acquis la conviction qu'il n'y a
aucune doctrine secrète, mais une coupable imposture, un manège
criminel de sorcellerie, dans son système de taches (Vencre et de
signes planétairesy qu'il avait osé donner comme des amulettes
saintes ayant des facultés curatives et qui avaient déjà été stig-
matisées comme des fraudes de bas aloi dans une lettre de Josef
Ibn Sayyah envoyée à Jérusalem en 1549 *. D'ailleurs, Hayyoun
lui avait avoué lui-même qu'il n'y avait là qu'un but de vil lucre;
car, un jour qu'il l'avait pris à partie au sujet de ces mani^i^ances,
il lui avait répondu textuellement qu'il n'y avait pas là de question
religieuse, mais de l'argent à gagner.
Toutes ces tentatives de nier la vérité, maintenant que l'excom-
munication avait été prononcée partout contre lui, sont désor-
mais aussi inutiles, ajoutait Naftali, que les blasphèmes qu'il a
lancés contre un homme aussi vénérable que R. Gabriel Eskeles.
Les vaines rodomontades ne sont plus que des propos sans consis-
tance, maintenant que les rabbins de l'Orient, qui le connaissent
le mieux, l'ont mis en interdit. Du reste, il est avéré par des
renseignements venus de son pays qu'il a toujours été un fourbe,
préférant les jongleries et les tours de magie à l'étude et à la
piété. Enûn, un pieux Jérusalémite qui avait rencontré Hayyoun
en Egypte, avait raconté comment il avait été démasqué. Hôte de
Zecharia Gatigno, dont l'influence et la renommée étaient si consi-
dérables en Egypte, il avait partagé la chambre du rabbin de la
famille, le savant et pieux Israël Lubliner. Celui-ci, troublé et
effrayé pendant toute la nuit par des cris et des sifflements, re-
connut trop tard que son camarade de chambre était un exorciste
et un nécromancien. A l'aube, R. Israël ût part de ce qui lui était
arrivé au maître du logis, qui chassa Hayyoun.
Les partisans sephardites de Hayyoun qui faisaient cause com-
mune avec lui sont aussi menacés de l'excommunication par Naf-
tali, qui l'étend également aux imprimeurs qui se risqueraient à
imprimer ses écrits. L'invincible habitude du mensonge apparaît
encore maintenant, disait-il, dans sa manière de se défendre, puis-
qu'il envoie à ses amis son petit opuscule, Le Mystère de l'unité •,
comme si c'était de cet écrit qu'il s'agissait et non de son ouvrage
plus volumineux, tout rempli d'hérésies.
* Voir Azoalaî, d'^bllin Û«, éd. Benjacob, 1, 82.
• >mm Nn (Venise, 1711), 16 «.
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im REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Au début de cette lettre, que R. Mosé Hages communiqua, le
d février 1*714, à R. Léon Brieli à Mantoue^ R. Naftali exprime
don chagrin au sujet du projet de H. Cebi de quitter Amsterdani,
projet que celui-ci ne tarda pas à mettre à exécution. Si le départ
de t'illustre champion de la foi était déjà pénible pour R. Naftalf,
rinceftitude dans laquelle il se trouvait au sujet de la nouvelle
rédidence de son ami et du sort de sa Tamille était accablante pour
lui. Mais il se sentait réconforté par l'espérance que le sort de
riiamme qui avait bravé si courageusement la haine et k persé«
6\x[lotï pour la glorification du nom de Dieu, qui avait sacrifié
imn hésitation sa position et son gagne-pain pour la cause de la
A3i, ne tarderait pas à s'améliorer.
R. Cebi Ascbkenasi avait dû quitter Amsterdam, mais il pouvait
le faire avec la conviction d'avoir assuré le triomphe de la cause
à laquelle il avait sacrifié sa tranquillité. Qu'importait que la
lutte continuât encore pendant quelque temps par des lettres et
des protestations plus ou moins acerbes, des déclarations et des
contre-déclarations, des traités et des livres I La mauvaise se-
mence dont les fruits auraient pu être si funestes, avait été étouffée
dans le germe; la propagande sabbatarienne avait été arrêtée au
moment où elle se préparait à prendre son essor. B. Cebi, comme
une hirondelle dont on avait démoli traîtreusement le nid, était
obligé d'aller d'un endroit à l'autre , mais la cause à laquelle It
s*était attaché était en bonnes mains.
Cependant R. Naftali devait avoir encore l'occasion de consolider
les liens, momentanément rompus en apparence, qui l'attachaient
^ l'homme qu'il tenait en si grande vénération. Ce n'est pas en vaia
f ue les deux champions s'étaient rapprochés, et leur destinée ne
devait pas s'accomplir sans qu'ils eussent uni leurs familles d'une
manière durable et établi ainsi un signe permanent de leur alliance
intime.
L'interruption de la correspondance entre R. Naftali et R. Cebi
avait à peine duré un an, lorsqu'ils se retrouvèrent ensemble à
Breslau. R. Cebi Ascbkenasi arriva dans cette ville quand il se
rendit avec sa famille en Pologne ; il était venu de Londres par
Bmden, Hanovre, Halberstadt et Berlin <. R. Naftali n'avait pltt«
espéré voir encore de son vivant l'homme qu'il avait appris depuU
longtemps à aimer et à vénérer. R. Cebi rappela au vieillard, qei
* Je publie, sous le no* VII et Vlla, la même leUre de R. NafUlt, pour moalrtr df
quelle manière on se permellait de faire des abréviations en communiquant et en ré^
pendant les lettres reçues.
• Cf. KmdeD, nDO nba», p. 37-8.
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r
L-\ LUTTE DE 5AFTAL1 COHEN CONTRE HAYVOIX 271
le serrait avidement dans ses bras, son propre sort et les fâcheuses
conjonctures qui avaient marqué sa vie.
Dans la famille du fugitif, qui avait, d*ailleurs, conservé toute
sa force d^âme, il y avait un jeune homme, le fils et favori de
R. Çebi Aschkenasi. Il fut, dès leur première rencontre, l'objet de
l'attention et de la sympathie de R. Naftali Cohen. Les familles les
plus riches avaient jeté leurs vues sur le fils de R. Çebi pour avoir
l'honneur de s'allier à sa maison. R. Naftali Cohen lui-môme avait
reçu mandat de l'un des plus riches et des plus distingués membres
de la communauté de Wilna de choisir pour sa fille le jeune
Jacob, qui, plus tard^ sous le nom de R. Jacob Emden, put presque
rivaliser de réputation avec son père. Mais dès qu'il l'aperçut, sa
résolution fut prise inébranlablement d'attacher ce jeune homme
qui donnait de si belles espérances à sa propre maison *. En 1716,
le mariage de Jacob avec Rachel, fille de R. Jakob Mardochaï,
rabbin d*Ungarisch Brod, petite-fille de R. Naftali Cohen, fut cé-
lébré à Breslau. Kaleb Feiwel Pôsing, alias Philippe Lazarus, le
fournisseur de la Monnaie, dans la synagogue duquel l'excommu-
nication avait été prononcée contre Hayyoun, servit d'assistant au
fiancé *.
Dans le cœur du jeune homme, dont le mariage symbolisait les
sentinaents d'affection cordiale des deux illustres champions de la
lutte contre Hayyoun, un grain de semence tomba alors qui devait
lever un jour d'une manière inattendue. C'est pour la dernière (bis
qu'il Tit son père et son nouveau grand-père avant de quitter
Breslau, mais leur image resta vivante dans son cœur et lui appa-
rut à l'heure décisive allant plus loin qu'eux, il poursuivit le mal
jusqu'à ses racines, et, dans sa lutte contre les excroissances de la
cabbale, il n'hésita pas à nier la sainteté généralement admise du
Zohar et son entière authenticité. Si les convictions personnelles
de l'homme suffirent à le décidera faire delà guerre au sabba*^
taïsttie qu'il traquait partout, l'unique objet de ses préoccupations,
il se sentait aussi poussé à cette lutte par les traditions de sa
fàtnille.
David Kaupmann.
« i*., p. 39.
* Cf. KaurmanD, MoMttsckrift , XLI, p. 365 et suiv.
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272 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
APPENDICE.
A
l'approbation de r. naftali.
ne:: nn bo ri-^bca '^«'^ ï-i'^nbnsi ■*i<'^ N-jn t^sbapb '^n»i «53 ^n
'■^pbN -lan 'N /•'•^npn •^^-ip n-^a -^-nn»^ d'^'^noa nosTsi nbi73 raobn
S-^nsn ni:^^ r^^bon "^d "lonn [n](«)b") '-^pb^b ty ■'D isj^tstd it ts-^no
•nnn ^.-^n ■miD-'na ,t«jn"«n no^^ '"«b-na rnzD .n-^niD ^d^d .s-potti
'"•pb» mn 3>">Din ^cnt: icn*^. bî< '"«Tan rn*^ mn-» .rr^as: ■»73N"in •>:»
V7j"«7a "iT3nb ima .lus-nrDT naiissD ipTn t^^'^n 'n b» nom» n'^aa
toDnn bn^n a^n ^<^n i^np -lan n« nar -^a ,"iï5'n\m nan© '-^att»:
nSnToa .bbio "^stj^T» ^"•bi^ bbnT?o np"» t^"«3rntt ,bibm ï-nai nn bbnan
•^isisr-^s "«auD ,aain noi: Htw pw ■»pbx baip73 irn t<^n î-mro
OTiD nco"! -l'^LO nDD72"i nai73 omp 't^ '•^ïsnpn "^«Dip n-^an '"«fintT^ nn»
S^n nnan tjia i-^ntû -ino aia "^a nmoi tabin nmoT rma nonm
la nuDN ï-n'»n'^ n2"«a la"»! l'orra a'>;a7an b«"i« 'j"»37aa ,3^ï5n t^bi 'wy
ca"»73n nx T^T •j'^bj? ne» in-n« np-^i n-^brab niTs© nsri» ^^^^ nnw:?
biba to"»:«3b instn'»-! ,c^m nn "^s-ip bra uj-^bi t^-^aba fO*^© "^aa»
mm n3> •^scm /-«©npn «Jnp n-^a 173© 'pa '•««■•Tanna t^biTs» ,'^TO\/h
,ni:ni:"> t-n[ni3:n3ta') .nsrn^w nn^n ibna iiain'^DT tonno nan iTDiab
'■^aia '«a cams^n /■»pbNb tij? M2^ t<ip '\maa bs» maaîa naTO
pbn pina '^n"»np') '-^an na n^^ttja towansb '-«lî^n '^a"»anaT Soa
©nn n73fir '•b -«b nw^ian T^n Sa *«n"iai .■'anb ^sK'n ipriTsi main»
^:n n"ii< ton« nwttja 'n n3 inaa u)t t^ttJYi^aa «nn^in nttin 'j"»tta
rin -«i^Tiai '-^ppiTT: D"»'^nyao '-«pnob ipbn*^"» '■'pnoan l'^'inn^ np"nab ne
to"«ao?3 "^SDn p b^ n«N ,t^in p fin miw rnin» m^an nm^a
pipnb b«n«"» "«ppnb -^ab"» o-jonn m-^ab 'naTan rnso t^anb "in^^
nn5?3 nnNDnbi tot:bi nbnnb t-n"«nb mnoij^n Sîna sa^^a vb^»
■'nnT:^ ,"ia ij^a-» ^p"«nss n^u) t^iaTai û'^s'^y nno nvnb nnan: linaT
annb &bi:^a •^^nsn t^Tsns pT-^n iTana*» Nb\D tobn^a '•«0'»Dittn ba Sy
^TOtt 't^a t:n"»3« in ton?: '» b"2n ^noon 0"»Dnnb ï^b« 'tan naman
•»b TttiTam nanTsn ann t-nu3n -^nba aiDnn mba tsT»» '•»3» s-n«y
i-^DT: ^"in«a '■»"»pT t^nas «nnnb ï-npau5 ••nan Sa^ naïa^m noa p©*»
5>a«"» n3Nn ^213 n'^nûibn n-nnn x-ibs^Taa nainn •»d ^r^y^ biaa
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r
LA LUTTE DE NAFTALI COHEN CONTRE HAYYOUN 273
nrrVy ii«n «nnb bjnTD-^ ^na-^ ja maoi na 'vn p .n-^aîrix m-is
: pan -^brisa '-•smin d-^w^n ^^12 b^i2 iix nb
B
LETTRES DE R NAFTALI.
I
[27 eoùl 1713]. f. Sa.
DO-TiDTan bnnan ii»5n airr 'hd;» a-^nan t|"i57a t-in«a mx pnj^n
i^-ia bnan pan "«brisî n^nniTD Tonn "«pVxn baipîan
'nsn "^aa 'b?o
t^in «mp '"^pb^ o\s n:? yn Y^ ^"^"^ û"ti::o^x p^b
l'a» '-^pb^n «•»» banp'arî DDmcwn b^ian •|ix:^n "^amn» "«ain» nms
Y'ax i"n3 o-i"«n "«ass n"-imtt '-h^dt: i^o nias r;"D r"y •»"3 y-i 7o"-n
: naTia n3\"i mxa mî< t-n5»i b"TT
'n n-nna n'»73m r:in -^aas .p"ob i"yn bibx 'n '« toi*^ r^bo^^ia
mb "»icina '-«Ta-^j^s vami vma%-i3 -loi^ .T'as-) b-^nos paia inx-i'»3n
q^nn saamD^an bnan inswn -^amna -«aini^ n"n ,T'73nn n:"i« mn:
•>33C -i^-irPTa '•«niOT: iï3î5 i"-i 73"-n T'afici bman baip^n '-^bx c"^« "^pam
nan / '•»?•• ''^^^^^ ly '■9naD ysi:n'«i /-•p'^isb n:an mxa -i"^»*^ i"-i3 uît^h
ms-^p mb"«:i7a pn;^n ,n9:^ nb-^a?: nsina toai ."sy-^an inb:^?: hîwt *n"'>a
Drp"»na n«» nsn p «in pn ^•«"•♦"•n «b fi<-ia5 N^anan xann :ty"«o-i -^itrî^
ma '■»^ibn -10 î^ '-«np-^^n i"-» baai irp:i?2î<a moab ♦'tt: '-•"•"inp
^rTP3« ncn^ :>onn ïiti iTin"«a T»n'» v^^ ""^^ V^'i '«^ ^'^ ^^^PV"
o^a tmo/5 n73 tmai y^i'D a-^^anb '^3373 "♦îosn i"»» n)3»a nsm
ïn:?nn a-na*» t^aDnit tn"Dyi2 V2d «a-i t^naab ansai .nin bj^-^ban
"»iab rts \-»n»ï53 nî)» n^a "»a-in ■'nianira •♦Ta:? p «bi .ï-ibnbi: r^m
,a«-ît3 mnn30 tdj^-i.-t v^ ''nbarn t^b « ^j^p '-»3s -»d»i ."^nab t^bi
i5«t" '^n'«a -«ssi \n«i«i ^mnj^ ta^ rTn:^ «in ^;Dfit riT.-r b^nan T3:y-im
eaoansb '^t>3 v^^t /ï^3« "«nj^T» «bn '••3nn miûn •>3d bn ,nbnaa 3^373
3?mn3 ta")» '"»»•» nT'»:t -«a V2'zy r-ix 3?'»p3.ib -^ti '■>3in tan^j dip73a
•»nma rrn "«s ,'»n'»ab 5»-iDb ï-ra -^t» nnn n^n mox ba -^rinbo nann
> Jusqu*d U résurrecUon des roorls«
» P*., xxif, 30.
s Honllin, 19a.
T. XXXVI. K<» 72. 18
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27i REVUE DES ÉTUDES JUIVES
no \n^5<©5n iD^^nn nbVi •^s'^a •^rm ,i«2?3 D^b a"ï?«cn ?r D"n» :^0'^b
•»iD3 ba^T nto-ncTsn npns:n '»m:^3 n«« b^'i ,Ti3pT n^^b -^bîTs y^'^
•'^•^nnb:? V'S''"^'^ ''''^^P» r« "^3 /■^cîca Dnsn ï-t3«^t '"^aicn '^iinan
TiDD -^îD» *7« ,nT3 bman nana ■»®Nn o-^aanb -^nid -^r» ï-tp^^i /lan
N3pb w^n o'^SDn n«5« nnb^^îa nwHD di-i maan ,mnn«n nn p-^mnb u^tzid
nc« i"n *''3"i73D bpb-iptta rrbpbpn T^bin© ^nraT .mNasr 'n P»Dp
/'•:"»73 nDD i-iDO by -^nïsDDn ib -^nnsuj "^t» nnn73 nbiDD^jn rTNX"»
v»mn -^D-^n t^nai^^n t^s'ia ir» îr^b t^7:''«i .t^^t» t^b "d "^PKan
lODNnTD n"^n «••••n rsT ,ibu5 nD"ion nv^yi nni a"«nDb «a td-^nh ntis
loa^n» ï-i-^n ibto noiDni ,i"n5 r^-nsitra b"*^©:» n"nn"i7D V^P^ ^^^^
i"N-iDa n^a© aoncnî t^^t ,i"3f^ bNi^ia n"nn» T"wnDn •^srin^ m-^aa
•^5D Sapb \T^ab ^ai ,a"ain noSTa Caan '-^pb» «\>< t^ao t»»
n:^')y t^nn*^ ipr d\s -^n-K-i nsm ,e<''i''33^Tit: t^-irrû ib;^ -^Dion a?
'"••^a^b n«7: aipb t«7j -anTi .t^-^-'^j.^p l^a nna 'j"»"«i3:7a"i S-^j»
13» vsDa t^bia im» b-^nan -iDiorsïJ oncan ^tn^tanb -."p '•••»-î-iîo
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t^b» vrN3:?2T ,ny:i7a ï-rna n*» "«t» n^» "^sa nnosi nbw T^rjb i^^itt:
Sip 3>"»7jiam /■»"»TiDD -^ai^n -^b-n^To t^ino a"5 T^by -^nnam ,-iaT
"lamb an^ab ï-ixt^ -^a ,&\n;a m^ia© t^"a y'«-iDa aajb ï-rxi-i ■i:"««t:
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ini i:>'»'»ob Ii7i7:a p mbij^Dn Sa ib '>rT«tt33? '■»?3\-î iniNai .rj^o^b
/••pb»b Tir 173^ N-ip Ti5« T'ana» a:'*73 -^b nx^n '•>73"'n im^ai ,-iai baa
T«ni ,'^ziM^ yu^ la mn «b ^.ujn aian ba r-ix apb t^in «^KTiai
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,i"-t3 ra«n iiNan maa n-^ab abp^ ^^^yb 03a3i .cjmnn t-n»*^ ba
qai'» ^"-im53 a^n n"n t^nn i:a T»3a pn nir^aa m^n «b ii»5n Tjaai
la-tp Dm ,&n"»T'^-i73 anTin^i i"-)3 n3'i'» n"nm73 ann n"n n"a«n •;nn'>
'^ya 'ûyû nb:4n3"i '"anj^wn baw ^b n^n^ T^wn nn-nx anm-iNa in»
a«T> t^im ibia mnb ï-iaa-i7an ba nx Tn-ino 'n C33?on ^i-'-ipo
^«wN Pia-i rrsna") ,rT3''aian uy nan caan '-^son t^ :3"a73 bsr» pan^:
oba "i"«r:i nba nN72:3 naai^^n a:» 73"on px T»-nn© '?j« d:»d"i .aapab «"ws
VBT ïiT\^ nxnn dtsi ,nb ^73^73 rr^n ir^rra 73''om n-^seb '^mca '"lar
'^-lan bai .pvabnr «inab bia-» nTau5 ,«">a3n "in'^VN?^ pi:i\><rî Nina 'TDfin
rrTsa 'pa ibia t^'»3oa5« p'^aa m^Qy^ ï-173 D573N /Vdts -^p:»?:!: ib»
riTsbi '>3Db7j nna?2 rr^ab T»pb«ï5n ,a-i pTOTa ya-^pi P"iy'»72p n^ai
n««i «r.ai .rria t» t^:!-;) "^b c» &y»a piJ'-'Tap î-tt'»» ''b !-tj«-i7: irx
Tionb r-ibia*^ iT^a «"^la '73x1 nT» phpt: ^y^iù-p r^X"» «b tabi3»««
' Q'^IDia PaD73, c. 21 (é.l. MiiUer, xi.iir, el 303, note A\\
* Haba Batra, 1(i9 /*.
* Ketoubot, 61) rt-//.
* HouUin, Us h.
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r"
LA LITTK DE NAFTALl COHEN CONTHE HAYYOUN 275
rrc^f^ «b» pnaîbT nnwb va^:^ nns nr ma^^an ,i^^b^a man t)» b^na
ba rroa^^ t»t ,rr:> lîtoyi'» A>ib lîiTaa Dam ,S"na nai tai»
■•b:? -133^ Tm /t^nr^-^^p ï-TttD ibi25 e^30D« n^aa 'na nafitai -i-^mbiJ^D
•^b î-mi25 •^naïi» ^jc^n .ï-rmaa ï-twtd vnfio» •'D itn-ib ï-TwHîp mn
h*VTD T»73 Ti^Danm taan «•»«< ï-rmD -ibo ntio ^n« TinbtDi vby
,'»>'»5>bHoa ''»nttii25tt73 «imon y^r»?! «5'»Nn b«D i-nc-iDn Tn-^Tabn i» '«
•ib« ■w>on n« t-nn-^pn 'Ta -nnpm ,"^nau?m3 byi "^nj^na rtnby ^a
""bmD «pria •^nsam *r:rw StD miro nnt nno ^h '•»'^dû ï-iddt
T»D ^^in» vba-s^îLinb '>nb'ia"> t^b to573«n ,n73«n "^nsiiD© T»a'''»33>
*1'»Dnn3» ^bj^an aônoa '-«ban b« «ans -^rn^ -«a ."n*»» TiTaaon b"ia"»b
rrrr «in da -^fitn^a irr^aa Y'a« tûd rr^r^ nb«i .tktdd -^né^ tarx "^bo
«••fitrr rpn «b id D3î:« 'idi Nm'«'^-i« l-nn l-^an mô^aar 'n nwp fitsp»
,31^ yn Sr '73^b '>5'»'»5af ba mnab * rrr^na î-in'«n ''^nb'»n i"»Da"i ^in-'aa
ba bam .n'^an -^îa^î '« bab p-^brra n-'n mpbn Ticoa V'an «''ficn
,«na73ib» ''^n^'p'û V'ia'^î^pa pin^i rrn^i nb-^awa T"n:^a m»na '"»3ttTn
a^'nfin .«-nnon '»nb'>« n:^ TT\'>iNn ba too «b^i .rrra nfit): t^in «^pai
nffio TiyT» e^bi /•^ntDn bji» an in»» a-nam t^^'r'^'nb d«?3 N3t"»
ca«i-i maj^ inensf^T .bba '>37Dia n«-i nb-^aa "«ba a"«nD73 ï^x-'t ,1d"i«
r»73pa do î-nn «bi .Snna ■{•^aTb ^b n^nno i-'mT'^npTa '« •^T'b n«aia
''3'»» n73aa '^^^^12 'm"»^ N"a na^a^n diu5 t^b^i a» ai^J «b «inn
nab "^a-Dia 't tan '"»m^3:n» 't:»"! .Siia t>i notî t-ia-^nm '"»3>ia3:
•^nj^na •'nabnm mbna nT^m» n 'iro ïi-^n laina pn /•^biio '•^a'^'^aj^
,r»on'^ nas" -i«5k baa-i ,ï-T«7:ic3n a« htt^x p inn rîT»m» 'nno
s^b nb"»n •»'*n '»>3'' bat) n'^^am v\ov n"-in73 n^n p nb"«b '« y-^^ap inaia
nb"«n m» S^aïi «"^firr lnfirx"»b "«n"» 'n -nn»") "^b-in taio nb j^-t^*»
l'orna?» ra"»TO ba ^-n t^a'^'^iiTa nna^'^oa *nn« nain Sba ,yn i-^a^a
a"»nnn a^^wa t^-'aab -iTDara^ p"»Tnm -nDy» t^b n\»«< "»tt?3>73 m^y v'Ta^b^ai
'•»ianm ^1212 na '-^a-t^fitT:© mna mna naai .^vnn^na ma">"i?3n ba
*ny"^a"» nrm) it^ by rtiOTa© rij^n 'n ï-ibij?D n^a« pn annabn "^^5*^
'r^ rvDy^ domewa "j^'-^aai-tBa mrna nboaTam binan mo-^^n n»
î-rnDn ba p'^mm cnnia rr^a nb !-rni rpnbxb a^^na t^aab 1732:^
rrrras t*^b"i nann ypn^a a"n«i ^V'-on nai^«a nb® •manrr bai
m-^-ian tn» nij^anb rroy nwfit "«y-in T>mb")ann na^mina -^a n^n?3
•««1 -imîi iTa-^nnïTi /•^^in^^n vn t»®3>72\d ©na «bn r-nnn "^a "ry
*!nb'»ann m-ionan an pT ï-tt '-^na-rn nbaanan viaa^^ b:^ annna^s
^-^DO ns?3 b«n5bi e^-'aab do pTmm «"-«■^n «b TO-^^n nT «naa a"n«i
» Cflii^ r., fo25/i.
* AUusiou à Berachot, 28 /L
s Kiddovsehin, 76 ^.
* Megilla, 31 6.
^ Allusion à Bwachot^ 63 A.
* il*o</tf iTtfrif, 10fl-11 *.
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276 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ï-TTa© ,n»^tt nr« ib c^tD ï-n^^n bnpb '««i .^npici ib« mpbn
C7att ©"^01 «D"^»n ma nto-np «■• ta» vnn'^i 3^1"^ «nn rifin^n
•^TwN nn73 n^Di ,'\»b i» -ib ï-roa^j i">n5 t^b«i '"^mnpn ^-lan np»a
DT ia '"^pbit m-n ,nn»i3 t^osT «inp -C"^» t^in \D^xn ï-rro
a t-nbnp b-^npT:! n-nob nrn «"xn nt mm .tan n»»
n»-a na '••s*?:»?^ ïinj^ ,rT5n;3îna ia la-^Ts^n t^bo ''^sjsxn
n •{«ab -^nfita'û tj-iinn m73"»an ,toTDTD nï3« -^s» "^b inDO
^^»i ^o-^Kî! nî< -i»73 nb-^i^m ma-^aon ba^s rrmnj^©
bD r-nœ^b bsT^o yn^y n»Dnm tonbnp ^^n •»"«!: t^aD
■^721 .nbiTt nr» no^o iT'sn t^b bax ,yp v^'^ tobirao
;p '^ira>3S c"^»!i ï-iTtt p-^mnb «•^•^n va i«î3 mDwn banna
'•^m .V'tDn ■^T'TsbrT: t^in -^a vnaTO nan taiTDb i"»»xnb
aiTH T'nKT /vnn ■i'»03^»t i-rnbiann ba ino ï-rbstti b-'D-i
n73 n73 \-iyT' «bi ,t=© «m da n-'m /l'^bna p''pa 'n*^
) /on n» ononb ta© tn-^n^ rno^sb t^nb-»» «ba-»» rrrji
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Nb -^D .ûTD •^nrn "«Ts"» ba T>n''»n «b aiTDT ib "^nninn «bi 'ib«
■'na *i'^o'^pya T^bj^ «ab w -^ns^^a rrm ,d^d anoa a^anaa
■n li'^yn n« ddidts ■*n"»'»m t^td^ts n« Donobn •^riTsaon nrrn
r mna 'ab ipbnî "^an i«ba ï-ibrrpn ■'a '^n'tm T»-ip»T
ba '•»attT * inb t-^n-^a «-r^pcnai '•'s:-tDP73 '•^am [rraa nTi]
rr^n ©•'«n ïit toioa .ibNa '-^csÉta b^pm dï5c3 pannnb
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^r«-i"»i pbV ï-iai3 rm»a cao '^r'^^rt ^a»T ,^"^73 t-nabTDb
« lyj^y* b« i-t?3fit naan ,-im"> 'n bbnn">n nb-^bn tab mn»
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inri ,mon ï-tt b^i t^bai t^m5tt">n73 'on ï-it ba? -«nraon
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D lacm ,mT nana ■^nb«5a30 ''•a»-! miro %-iân^ ^inan
ip b:^ lana 'i-i^ûx tono C"«.<n nr mo3^ '■»3t> mw» nnv
6.
Tamma, 113 tr.
,13a.
32<?.
32 a.
, XXVI, 10.
, ch.137 m.
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LA LUTTE DE NAKTALI COHEN CONTRE HAYYOUN 277
Sx-iO"« niitiDn bD3 O'^zi^n mbTDb nann marin tvdt t^iïri 'idi
Sm rTNT» baa tos-i«3b 'nDan S:^ T-nDnb tsta-^ujoi nnn n-i"^ca
l-^aa^a l'anal "prib o-^xn m ninn"» "«d t|ôn .ûain» nnbb -no«T ,«^7D"^
p br ,rTa:-f «b t^in bi:iD 157:73 baip"> t^b 'ao newai m-j^îcn
■»3fin ,t-ntt}:rb hts ma TT*b rniam n^ann "inbm ^é^d an ta:»
Syjaa pbn -^b T^xo b«-iia^ -^sa la-^n» n^îi 'n ni3 batsn^aa •'n«a
p •'nri: ainj^i ,N^nn mn pk p'»m73 ■»:« tabiy^i t»» -^a ,^Trr
Sia*^ -^s:"»» 'nann nbnnna Tiana ^••s«a "«mafim •^mniai ni:n
^nxa nsn^^n b^rri .nsspb inTiwa opToa "^t» nx iTsNbi nv T^nwnb
na ,n3:ab nnxa v^ /"^^^^ rr^^a'' -ja« orn anp'»'! .nsr?: •^ssibm
oir ■nu5«a mnan '■»73"»n ba n"«n ispittot i3?:n3 na^nj^ tn-^n:^
^nab iva t-n-no73 nianam .irian -braî ^aiin i^^dt "^-isn •'Ddts
: i^-iî a-^b rnn» n''nm73 sbcittn •«sann Tia^n n"n -^snin^ n:nn n»
II
[13 septembre 1713] f. 13a.
rarrr -^pb^rr baip^n too-nswn "jnÉcan 'mattî 'ran t|i>73 pMn
.■i"-i3 binan pan "^bnDs n^nni?:
naT .na-iaTs 'n lan'ipb ,k"3>"» to"Tî:3«5ttfit p"pb ,anan '»ai bro
Sman pj^an "^sninTs -^ainN ï-i"n .maa n?3iN nba iba"»na ,naT3 ana
maa '-«pbNn ©■»« Sman ba-ipwn 73"-n Y'aNn •,bN-i«''a taa-ncTDn
,")"Nbo3>na b"m b":n p"pn 73"m n^a» i"-i3 «n\-ï ■'ax n"-tm7a
baipttn aa'nsTsn inxan ■»3mn73 -^airr» in"«3 «m .n-i**»»!! K-^-ibpDOfit
'"•-i»D73 n730 inaa .ptnn «"«aD "^"r •^"3 /a"-n ra«n /■•pbxn «"»» binan
'■nnb '^nbia'» t^b nsn .-r^nan ^"i»a t^n'^ n"n3 cn"«rs -^ass •n"nm73
■»n««") X3?'» axns p"p3 -ic« o^nn t-iTarw n?^ bTiaTa r-ra iy ■>!"»
•»:d by '1:0 ba by. .ï-r-i-'ab pn tania t|.^ rn-'U) -^-ïnasi "«"n n''3anrî
«nnj?»«T '^'ûy ^a -«ab nr3> aai /•'ann Tisiiya ba i"»»a '•>3in mcn
t3"%o Tiaaa ^^-liob t^bia isdix br nan 'inab *t^mbx '^yn nia
•nisN 'lann "^msinja ■•t^ rnn naa nbcawn rm-^n niCNa s-ib-^bn
t^bn i^srpn nta n-* "«iNin» ïi^n n©» a-'-^nn n» \n'iaT •^n^o'^nna
1530 .-io« '"^sisia maa •^^'^na m"»"» m-» ifi< Spo*^ bnpo "«a .t^ na yan
■^staipn iDn3 ï-ttdj^ts "i-ia^Tai nwtt) "jrn "iï?x riT ions n7:a) csîvob
-i^aNn b'\^:^n insan^ pnj^nn '»r'i«-iai ,\><-ti3 by (^mabn nan ^;s»
■*-iisab bxno"^ •'sa b:^ nsab '■'pbNb t^:p nox n"a')a:?a j>"p^ tt"-n
'^•'anbi 'K^i2 T^isa t^no nvnb «ir"^:: t^b-i «ma «narî •'î^na ''t»
«135 "^xn by mn^i2 ac) rrTSTsa ao t^n^uîi •'"nsn cs-in «an t^-ns
* Amop, V, 9.
• MeguiUa, 28*.
> Ahoda Zara, 26 a*
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27d REVUE DES ETUDES JUIVES
t^b» my'^n T»«"i tobi^^ri v^ ins^a'^ 'vzoïp -nDoa isi'ib hnoo ^yi
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oïio ^njia ^nab^^ no» (b"3n bj">ban «\Hn) bxfit n-rns
n7:»n "^b -î'^anb no-ion b:^ t.^ "^n-tw ^'^''p-'sibwoaiD '•^-ididî!
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»» nwbo 'n''nr!?3 '"^nncon p"pn ?3"m ^"2H ann b:> -^r^a
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Dan ba mbnb t-nT52nia ^aia ta-^îTNbT m»in 'jao '■'^yb
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D n-'TD^nb bar nœ» mbpm mn73\Di mnw nTsa ,"1373^ '^i'212
y ûannb n-^n «b ■»ai '■'"lain ^a anob s^STasn 1^ •noî*
pn K3fc"« na-ttJi nta-^uj boa -na» «^bc* nbiasn pn^^nn
D^ ntt3ai\D73n ton^^'ib &ni '"•Dînai '"«D-inn t^b« is*»» ^bai
I e^bi T»spiy73 t^b .toitnnbi "^nann ib« Sa Sy
'■»DXDX73n '■'nwibn t\» "^sii-^am .noTsa bab mî nco t^bn
1 nsa*» rtT .its^jk-» S-in:^ taab pbn"> mnbn 'an 'a ûN-ipa
a ibtt)a3 naa ^.ok V'n to«nO"» •^pbNa "nDa*» caban ia3"«
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ï-iba nmiayb («ban t^m373''n7:) taïaa iN-npb '■^•^nb «bi
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na t^bu5 •'T t^b .-^nay •'n-tn n'»aN b"3n Y'an Ma-iaTan b:^
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iD7:n 1» tannon Ti?3bb na''3 Can-^nan ©n-i^t iban"") bar.n
' D«i ^rnb-'bn "•nx): ipt-^m p-^Tnb nan^^a inaia ï-iran i:s:n
?fl^'a, 12*.
,110*.
i/«m, 83*.
V jSa**a, XX, 10.
)t, 39 a.
N, 53 a.
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LA LirrK DK NAKTALl COHKN CONTRK KAYYOUN 279
ï-rbD n-nnn bD '•»''p?3i nn?2a p**ns: t^ina ^tt nD« Nin 'jncrîîi ,"i''n
n\y ,a"ny'? pbn ib i-^x r-nr^D ï-it aaab ta:^ nc« V'^^» i^wS tofi<
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/-i-t©" ^pn "i73rb nnb -^ro ^n bj? imbana ^la: m*» m nna^an
ti» '"^n-^n "^D ipixav^nai» p-^ii: nvnb nœ-r: f-inn «nn ï-tt "^di
bbp o-^wn ïiT® tsaoa ^-ji^fit iba© abi^^a -ina^na 'j'^ns'» :?oni ,a\-j^b
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^ppbn Sbnpn ittûd nbbp «ab*^ «in ïnpyi iPiianb t^^-r^n T»pbj< 'rr
nsm ,mî3 n>3a mis ara-» S« "«p^i» taa^i "^-^nn 'Ois n»*^ ynôta
tspyi ib^jïî r^Taa ^« nTDno tan-'nan lîarao rroa y:n '-^Tsann
'p3 ï-TT i^^ '-^ap-jai na«b v®"^"''' Té* t^soaa w:^ nnbxspna
rraittîp «■> Y^'^ ts» /lai &"a73nn D"c73a a"© rt^ipa '■•sd rrb^TD
V« &5^« ,es"a73-in pj^nb t^pm a";D m"ipa ''•:d nba?: 'pa riTO
n-npa ''so rrbsT: 'p3 «bo csn-^iaia rrn^ ib -^a nbx bab '•^a'^ns:
ciiob n-i-^b bia"» ••^v^ 'lai "^''cn ^cn o-idt: 'r^o b"«aoaia lanai a"o
£aî< ibo pnirT: nai v"^*'^^ î^T^ ain-^-ian ■•73 tan-^-ian tinabi tsnyn
m*»bn "'iT^an r-n'^nb «b s« ipimn -^ts Sni®*^ ba pmin t»^in
nbo r-ivpb«n moi y"on mai?:» T^nr csaaba '■^p-'TnT: an tsM
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,a''nj^b pbn "ib v« P î=^® Di^np-^Dî^ bba73 Ka:*» r^b '-^ac ba byi
Sy "«an ,ma insp*»» taba Dimp-^DN inp^«n '12^:1 a-^^m insn bai
"•Tabrin-» niTsbnaT «^baa niTabpa noia t^in «bn NSt*' t^in naba "«''©-i
rts««n br inaba rT3a«5 Y-'^'^ ^^'^ ^"^ * ''^^^ nn^bna «nicTs n««
' na-i o-nTD a"a ^«■lm « V'^'apis "'Nn b:^ -ttbTan-i''n m5î< b"T"i /lan
iT^jnnn'^ /nai —ipo -^pota rraTabî^n '73« an .-^wb^n'' t-inax t^imo
t^"ia p-tDP"» 'lai no ta© -^td i-^b» 'n 'TaN-»-! «"na .ipppp®*» pnsp"»
Sj^ t-n-tann .i3>73to»a ippppTO'^ 'nai '••72ibN '-^T^b^T: isnD» nsnn
T131 jmxaa ,i''pma73 p"«pj^no '-'-lan pn:^ ,tabiy b« ip-^is: p-^ix
t^bx i:-^» !-r«aP73a t<nn':3 ma a ,a"7aa om •^Sît '731b n5<3P73U) ht
a''n:^b pbn "ib V-"^ TT'an pbpa naan72n -^ar 'n '73N .niaPTsa
■]3na a-i rm rr^tpa a-'Pa n?: ,«"a t^b ''^Tsbiyn •'n Tiaaa naanTsn
'•>p?« maa •^ib 'n '73» .^aia an nwa ib •^n*' b» ^•»«'>n'^b naost -na»
r*na3Ta73 nan mpn '••pbx maai tsbis^n t^naa r^bo iy -lan npon
awi ,t=ia aipan ba ia '■^••p"» \^Tiai Npna» ■'«m '-«Da ^"yi .esbis^n
••Dx ,b"T "'TDan •'-lan ba b:? pbin '•^'^aaioian T>3T«j^na t^nj^-o ipT ■'xn
s^bia bai too "iniawa '•'p'»3P72'7 ♦ n-s'^ob b^'s© t^:^">ia-i t^-'ao '72n«
* Haguiga^ 16n.
» J.jJa-/., II, 77f.
» /^«>\ i2a5^a, 1 .
« Berackoty iOa.
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2S0 RI£VUE DES ÉTUDES JUIVES
S:> on ï^btt) bDO ïnta h^t'^ ï-TTai /lïn nb "«inn laip nias b:^ on
^v'^.w tt-^t^ ^3 p'*o-i:i Nib r<D-»onn nbxD i5-o-i5 '•^n"»:P73T r^;a"»na«
»n bji ,ï-T'»b 5"»bD "[«TÛT ;:^a:-in r-in«ona -^Dib-^n •»:'»o nna
•.72 nxbn nb^D r-irs:^ P^^P^ '•"c^ mb "pn ^b-'b '■•-lyax»
:.^a -i;3X ''•D'^DiTan •»C5na'»C73 s^nniD ncDxi vb^ ttinn "^o»
n '!:"«'rr 8^D"«a sssiisbDi caaraa "|"»io ï^i^'^Dît bs t^-i72an
-.73 '-^pb-inTa Nc-'oi N;a'»n r-ivnb maiTa ns^t iprrp'r "«ob
a t^b nbfit ba s^bn ,t^niy«-i:ib ï-tti 8^ni"»byttb ï-tt /"«na
n*:? Ï-T73 npn^pn b:> '^i» •>:»•» ,^n:^-^^73 ï^pht: «nna aba
ib»a iiïjb vby bDia l"»x tnnSTam " liïîb s^nno "^nm iTsb
iTa '■»cn-i"»D '^zvz ï-T7:a c^ -«a D"i-np"»Dxb a-^iant: tnj2 Ti
t^npttai T)73bnao nianpb nTsa» tebna^b s^a «b nb«a
sipra ^n«\a3 r-i72ï35ma ■icnn"'si s^-iaa s^bo nb na ■nTrfit
)73X teTDi .t-Tpy» TK ïnb aiao ti"ia ssio nb nxi5 isib-i
b ï-T7305n br -iTsa naac) ■ir"»rTi ,t*5d bs^ iir^-^bo ^onno
13 nrîTn *îbn «ba s^-^bo i"»«n .s^-^bttjn î-naria naan qnan
«"in ny-ib teba r« ^■•-iD73n rT>«"»btt5 na mri .ineînn
I boan "157:72 aia i:"»«ba in7:ana tn"y Y^7:n ïTTab© n"»b:f
ij^n n"«n«b s^ît-'o Cj^n ,T»«*în nba Nibo pn 8^"»br73 ïtt'S'^
) a"ia V^ r^îanb :?t» Nib 'i"»nro "jT»a ,tab"i3^b fi<a s^b nbxa
t^p '■»^o-i ■♦:'»7a tnbnai ,S"3n s-robca^î ï-r^^-nin r-rTOn
:mntt5 nb •»'in-i '■♦n"»:n73 ^o •îC5")n"»D ^n^^ mm T^n^ mi
ni2r* t^-^n iro cj» ,asri:?b «a s^b ib»a acna r-i vnb î-m
iT ta t-^irTsn^b aona s^nn banoTDn ht naa incbcao
>ir:3 ^Di bia i"«"i V''''»'^ ^""^•^ '•^^o &5«a Sssn lann
rb «a 8^b ib^a t^nn ï-tt ta /«p*S"»:^bi«n y^DC»
!< ■•:« nij^i ,N'»:^"«o-n an-^nia^^a ysrpbi ûrracjb r^WTT*©
NJ^"»-!»! ,na KXiT'a'j t*4:>"»«n "««n by cncb s^a tnpai7:n
inN '-«D onsb la-^-^n i:"ip nnaa Sy on r^b® ^Jz San
a on nr» 'pa nanOD -«Db p V'an on-jnp'^sxn '"«Da '•^nnmon
:i-i"«n '"«Da ix 'non rro^^n b^ V'^^'-o snaa-,» ^b73b bc?:
I ,tzbi:?b «a t^b nbxa nb na •^.nman ^3*1 ^ron '9b»
biabaai t^:7:ai Niaa in«3*, ,3^*173 '^y^v ba "«aob •pnxnb
^^b^ irb:^ asnci to ^^o "«t: '?:xb in-nm 'n •^am«T3
taca ,"in?ax'3 ■•7373 t-i73«n "ibap"»"i m:«T no^n r-n^aj:
on» "^ra "»a iboa-^ r^bo * n-'aija oaarsb -^a^ nnaira mipn
n-in7:a •'3>« rrnri ."«nTaron Tina m'»a7 "^nairb r-^^^a^ia
k, X, 28 c.
13*.
35; j. Bevaekot, I, 3 *.
i Ketoubot^ 111a.
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[■■■■
LA LUTTE DE NAFTALI COHEN CONTRE HAYYOUN 281
•«îsrt "^ssn /«TDS r^naa ■•ô<m ÉC-^n ï-rsm 'td bfino'*7:n 'rrr '•^•♦ps
vnDO ta3> »^«n im« r-in'»nb nsD "«sinTO csm« û:^ ''»Donb idi»
nbiin Vnp bît-jïî'^ r-nonp b'Du 0-101721 bravai $-^1:731 tanm^:
mco Sd n'^n l'^œy» S:^ a-inn"»i naitsn Sap"» ittxj^a 'n;Di< ^y
■na ^o« nnsio Sd rît taa 8|o«bi ikx»*» bai ixt» baa «''bç) «ti^
axi ,Pc?bTD T»n ^-^«o ûip72a -iTaio^ni J3i:i^n ûip7:a ta^iîîbi nD73
ib "p» n«i ,ain-in ^in bsn minobi nnnsD ibb«3 bs r» yapb •^nntti^
••bia i^-» ,«aiy»73b I5"»;a'»''n ta:»» ,«nbt: NTaiDiob aim ib 'p^'^y aini
t^«733 '"«Dît 'r^a ••"ax-j '7:«7:di ai:3 nan rrr» ia «1:733 » "»bi»i -^Kn
«■♦Kn nnx) ^ineta csip-^bi naia nrDsn 'D"y .s^ptitt: 8^*în rra
r©rtt ^orraa n"»n s^in no«D nnoa c=oi riDo^i bos n^y^ -io«
,pias TTab ba •^05< innin ba T»ronb ••ibaa 157373 *'v-id51 nnoai
nibs:nn "«anD ''^'d r-i« qiD^b niiatb n"ai '"^tioot n"a»73 "«nopai
t^in ^icnsi ,n^ r-inn is©-» ^«« vcts i:?ba trasinb taa '••oonsn
bnsn tain bna C33^a pipnb r-iiixb -^^^nts r-im» d^ nï5« •»n'» n«5«
tan-îbi KX73'» ï^^ttn n»« ûip73 baa tabi^n p in^ab 'on by s-ttïi
wb ta«i ,t^nnn taip^a tao tanapb ûttip» isp no« niasTo tnTsai
nc« yiTDD «"D '"^ronn p t^b 'tdix -«afit nTDbttn b^i n73ibn by
i« lo-^b^*^ no« biisn tannn miatna '-nabs tabai ,ni-i iîdih
1225 taiTn .^n-^a b« rraj^in «"^an r^bi i73'»"»p'« pi .mn 'oa in73b'»
,»in e:nn •'d laaj^rn a^^m laspon V'P''^ ^nb '73«n nî: mi
carn'^73 r^rm '-^bai^n nn-^Tsi taniaca *iy taaiob aanno'^ i«b taxai
Sai ,tani73^y by Cînisiy ''nni ,san-iiap Ninn tiTsn nniapi
la ••«Dp laiwn •»:« •»3» ,aia t-iana vry s^an '■»73an "»-ian '•^p73n
<inb ■»''3H bxno'» ^-la•> Y^ '"* ''^■* '"^"'" ^^^p on3Di J-r*»:?-!!» •»X3p
laaba Tianni rrr^bi c.hi mo ;3-io teaa o*^ 1d « 'ob -^"b v'mi
y^i^ '-^jan ••sipi ib nbo *m ï-rair» s^b 'i5i -«b Tr^r*^ 'ibo '73«b
aian ^b7:â tan'»b5' binan ''d '•^p'^ns: i-iTia-^ p-^is: t-iisip în:7373i-in
r.ia-iam ,pan -«bnDs n^OT bna ^rsra •'inai *î»73 mnarr ,p"Db
aboi»i 8^bDi73n -^sann "^sninn ^snin^a i:nn r-i5<Tiab iT«b tninioTs
: i"i: a-«b s^iin'» n-ini72D r,"y v'3 t-rnina
m
[18 octobre 1713] f. 79 6
oaib nis-!« bab s^in "«a^ .p"Db n"3?n "»-i«n n"D 'i 'r t^boyna
,r-iii:^n Sna ,r-nsin tn'»-ipi 'a n"»-ipa 17:0 p-iin ^2^ mi:bn73
maini? ,DD-ii373n ii»an bnan ain '»373«3 '»5nin73 "»ainw^ m-»: t^in
* Uaguiga^ kb.
* il*o/, IV, 4.
» == bibn.
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28-2 HEVUIi DES ETUDES JUIVES
bbnn73 173125 niaD >biDn ddh «bs^tDi 5Wî^n •^pb^n baip^an ciD-ian
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* — ûibcj ib nc:ô< bai-
^ Sauhcdi'in^ 29 a.
* Stinhi^'irin, vill, 7.
* Aîegùla, Zb.
^ Bevnchit R.y 76.
« Btrachot^ 31 6.
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I,A LITTK UK NAFTALl COHKN CONTRE HAYYDUN 283
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» Saukédrin, 64 ff.
» Jîfl*a i^mfl, 59 a.
* Pesahim, 5».
* /*«/., 84 a.
» Btreschit R,, 20.
« Dealer., xii, 3-4.
' (8i7W, Deut , XII, 4.
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RKVUK DES ÉTUDES JUIVES
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IV
Kïtobre 1713] f. 110^.
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5 Tixy -ic«a ,11331 "^iK-ia s^-'o-îsaa b-na D73"»-!nnb '"xstTaan
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p^p*:? ,t3a©D laxx ûnasTs taa?3.x ,a"-nD'obp^a p^pii f-nn-iy»
1 •»:>nT^ '''Ta'iPnn bai '-^nsio b^i ''»7aan bo nbna n*»:^ «'^n a^-nso
D«i-i n;aiy \xiia Dn"»;aa^7: n«.>« '-«baipTa '"•i-on '••D-'-in nTama
Pixa^ 'n pj<3p PiDT ,ib:< '-»^-»7ap 'n pn "^naa 1%^ npa^i .ns •^nTDar
p-ca^s no» nanpn lap-iip pian ïzît» b:^ bbnPTa lOit n«T
ran v-i«a t:?« '"«'ûnpn -«piax Pian /••a-in i3"Pi3ii:'a dt' br
nsp n:^ '■»73tt5n rta:p73 DoiiD'a taTa*:? icî» "j^-ix •'aixa '•'•na:n
ûbi^ tnaina pna '•»7ao-iio73 '■•ai.\5 piT«anai mira '"^sboira
ois, m, 7.
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LA LUTTE DE NAFTAU COHEN œNTRE HAYYOUN 285
j"in taanoba nb^D*» r^bo nsa -^ibn rr-rr» 'n«5« '•»a-iïi mDfi ,•»»:?
'^-îH» 'naTj 'r^ nso 's^ b^b '■•nm:> rm ,c=3id«53 Tapa*» «bn-
,'»:Bb nofit *n-nr ù^td niDn tiTaCK-^ nn:? teib pbn rrnb s^bi
own n53 rroib^cn ■'73-inan -^anna s^asi'» •'s» Vr« '*y"»73p 'n mr^Ts
'•nD-iciTîn '"m37ai '•^«nm» nTan^D ,t»13^o»") d"-» irn r^'»n'»n ba^-^ban
nbbpan ta©a "^bbnpTDT ï-rbisn bnp bî<n©'» t-î«3inp bD» ''»bTni73'i
n-iTJ^b N3 «b n;SK n-i73b p-ia bbp» nbbpm imn*^ n« j^cirr» bbpo
v:ît i^p •T'pnnTa'j n-^n^^o» p-na s^ab •»^^<-l it rrbbp /"«-na^a 'n
bi-î^r. a-im nTsina nm» np'^Trp b«nc"» bai iTDxya bbni:n t^nno
r^a »ar ,vm73« 'T^a p-rnnbi /s^ nb-^b n3"»b cii< ib in-^b s^bn
r^y-^n nami3 a-nD*^ "«a tj^ 'n ^«dp^d tana -ic« b^no*» ^43 •j-jt:»'^
r<2n no« ••»ana min'^i yni< ■♦3n«5 'htd n^oni973 rtaixn bap-^i
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Sann -^nn» na s^ba ■jab'»i "»br?2 npm •'d bi:^ -^a \S3:?3 rr?3
t<ii:7: ipT 't^ 'ï^ ba by 't-iai"» "«a '-^n^i^n "^-inn?3 tnfzTi^ ,'ibrîa'»i
.nxnnsn nba tnms -nab bns-'b ^i-it "^bra "»t»p:^t ,ï-T-ntDi n-no "jai
^"3 nt n3a ix-^xr 8^b tan^a rroa no» iT*03b *i^y:ynb ••s}^ maai
mim rbiisn iîdo bj^ onm t^b n^ab n"apr! oim s^b ns-^maa by
tmsYi^n rrm-!rN ''»3'»bn72 "no» nD«a ''obsnn po •^nsn rrnn
■»3ît maa ,-\OvH ^car^a-^ja '•^«an "^"in »3^n ai:3b"i aia :^-ib 'nrn^sn
13 jîc 8^bi "«nan ^Z£J2 c» [oi3"»] no«a 013-» 'n -lanb nnm «n^no
ibxa bba "imao'» ^«i ,D3-»n:ib '-^sd t:^ -i?33rn ,ïT»bib72 bipo a-inn
n:5» ''»ca-ins72n nrn y^ian -«lair '"»t:5'^ "»rba D'»5:'»b7: '•'aîa '^anan
\Hrî «•^•«a r^r-^a i3''7D"»a rrny •»"« ban ,a"a"in csboin"» tn» nannn
mna n"»3:-.xn baa inTorso Vj-^z^n *îp-i7a pon i"»'»"ïr"i isn-ab a'»nnNT
tobirn ba r-i:< annnb '^opa^an naiTD '^opa?: cas^jt ^-^^lyi ,tnx^^rt
^ncn /Y^on tn3n73xa '•^p-'inTan n7an c=n t^bn aaba s^an aa-in
T«sinna )^"an by naT»7a /"j^t^i nao b-^ba an''D>3 pas s^b •»:n'^
y^on ^317:4-1 Dp^nTD an»-)-» ''»»'^i:n7ao arî73 rtTaa aba t^rai v^^'^^^i
n» 'v::?:'! 'vn?3n nbx '"«ai073 n-»»-! v^'^a73 1\>< pb /•«pos'aT ''»pan7an
an'»bj? TON nsiT nsx ^-n p -^a rnra a-naT .arr^oj^» ^c^7aa^ mnan
.nn-^a nrs bx a-ipn b«i ^a-n ï-rvrTD pnin cipn rma 'nn '7:5<
•j^n nij^a i"»j< -«a \nn3-n -^-ii?: "•snnxs \n-i7:« ,ban73n 'on 6)1:1 iin:ai
n'^on nn5j<a Tiarao -^bs» rî"»n mrai ^nD-»-)» s^b» novao -nî<o
njti imfit i'»DntOT rr^n^pb en ■•3"'3'^i< aia -lai na t^sTO"» -bijo "^bo
omoTS m'»sam 'n73n i^a -^a ,i''73 lanao '07a na-in :?-i3i n-mnaT»
/bnan n?:© nnTDa nnoxb o-'î* l-^a 'ibia mos^b ca» i^p oaxpcn y^^an
Énnn «•♦xm ,Ti:^w ''»ai a'»onb !m''Dan a^ns^bn ,i3"ipb 'ibo in-'b i'-p
e:max-i *j7303 pb /ons^ ynn i'»»D-in?3 bam ,"i3i:> r-iN î^o"» nnab
D73Ï3 Tiax a^ji nta «•» a» «n ^tsa-^pb» 'nb p iio:^n «b û730 nx
^riyi by rrba^n ^an S«"«b7aa p-i om rto''-i ,110^4-1 riT ims i7aa
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286 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
^ cin-iœb y.nn aswTsn pbi /idi taD'»«:?7ûa n^nin «b 8^b« /idi
1 T::D«n bsa tabn^n p inrabn -na^bi ttionca i^nnn 'on
K '0 iT^b :^'»nD •»» 531 m^^abi naxb biD-» î-tnîW5 "na» «^ra
iiDn orrpbît '^b^ot 'ipdh C3d«73D nc-^-itt^a nsiT' t^bi nanrr
Db NbttJ tabi^n n-'m '7:ko •»73 ■•Dsb ^^iT^n ««ibai ,V2^y:i b:^"»ban
•»5» nn3^ n«5« ï^in ^lonsi ,mannbi b*îannb ï-rb» ba 'ma •'DN
û:^b na:^ •'a:fifi ."^bj^ '"nr» tm^n i**» noô< aiiDpn t^Tsbja
nb n»T nuD:^n m»aa: 'n nx5p îrm rionann na maa -io«
ibn yi» "«infi^:! n^sa Tn» nr'^ipn ■•«Tian ^ï-rbn b:^ nîn aoc»
»n"»n San ,yn&^ •»Di»a ba la»:^ n73'»aa"» ti3^i .opsi rtjtap ■»!«
aiNm ,D"»73©n v^ inin*^ na maT rjab -^n*!» pn ban 'n imb
;3 "^a ,t3"»-i'^ai -nîna r5D ^Drin-^ ta-'Ts^b -«nsia v^w: a«in
n ,i*î« tannb '"^ja^n it: ''»"»m 'ib;sT ,ta'^''D« nrai ,S3'^'»na
,n72K3i '•'^ana n^aTipn nn&^i'^i nnToan bsai nbsra '■♦DDinoTsn
mnan ''»72'^n ba aa 'nb^a i:73«3 nsmn?^ -.132:3 nairîwH ina^ nai
: inan •>bnî:
(il suivre.)
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f
R. BAN ASCHKENASI, EXÉGÉTE
R. Dan Ascbkenasi lait partie du petit nombre d'israéiites alle-
mands qui ont émigré en Espagne vers la un du xiii^* siècle et au
début du xiV, lors des terribles persécutions dirigées contre les
Juifs d'Allemagne, imitant en cela la conduite de R. Asclier b. Ye-
liieM.La rareté du nom de Dan nous oblige ou nous autorise à attri-
buera une seule et môme personne toutes les assertions relatives à
R. Dan, môme quand ce nom n'est pas accompagné de la dénomi-
nation plus précise d'Aschkenasi. Or, les jugements portés sur
R. Dan étant très variés et môme contradictoires, la réputation de
ce rabbin est devenue celle d'un « personnage mystérieux »*. A vrai
dire, la contradiction qui règne entre ces données s'évanouit après
un examen plus approfondi. R. Salomon Ibn Adret a jugé R. Dan
assez méritant pour lui répondre d'une façon détaillée et appro-
fondie, non seulement par la Consultation portant le n*" 1229,
comme on Ta cru jusqu'ici % mais par cinq autres (n*>* 1229-1233).
SI, dans I, 529-530, il semble se prononcer sur son compte fort sé-
vèrement, c'est parce qu'il suppose que R. Dan ne peut avoir sou-
tenu ce qu'on rapportait en son nom ou, du moins, ne peut l'avoir
dit sous la forme que lui avaient donnée ceux qui ont posé la ques-
tion. On constate môme qu'Ibu Adret, en dépit de son ton virulent,
regrette d'être amené à jeter le nom de R. Dan dans le débat*.
La déclaration attribuée à Ibn Adret concernant R. Dan, « que
le protégé de celui-ci, muni par lui d'une lettre de recommanda-
tion, ne méritait pas plus d'égards que le protecteur lui-môme » a
encore moins d'importance pour la mémoire de R. Dan '. Loin de
* Les CoDsuItalions ù'ibn Âdret nous révèlent aussi \\u R. Jonolhan Aschkenasi
(le Tolède ; voir Perles, Ji, Salomon b. Abraham b, Aihreth, p. 10.
> Per'.e?,' tbid,, p. 63, note 20.
» J. D. Azoulaî, D^bn:irr DC éd. Benjacob, I, 37 i ; Perles, ibid,
* 1. 530 : nVôï3 nvj^::! v^'^^'^s "i^^ ^-"^ r-iDOwS "•=) p -*,"n ^b rroy n?3
' Perles, ihul.^ p. T. Pour réfuter ce'lc Iraduclion, je donne ici d'après I, 548,
les paroles mîmes d'ibn Adret, qui deviennent encore plus claires par le contexte :
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288 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
professer à son sujet une opinion pareille, Ibn Adret exprimait,
au contraire, le doute que R. Dan fût Tauteur de la lettre qui cir-
culait SOUS son nom. La communauté d'Avila, qui consulta Toracle
de Barcelone au sujet du fils du scribe Abraham ', transformé su-
bitement d'ignorant en auteur de révélations littéraires, avait
déclaré à Ibn Adret qu'elle avait reçu un messager qui s'était pré-
senté au nom de Salomon Ibn Adret et se disait envoyé par lut et
qui prétendait être doué de facultés extraordinaires. Ibn Adret,
qui ne reconnaissait à personne le don de prophétie, eût-il fait des
miracles sous ses yeux, et qui ramenait toutes les visions surnatu-
relles dont il lui fut parlé souvent à des hallucinations, lui qui ne
voulait pas qu'on confondit le magnétisme avec la prophétie, lai
qui fut le persécuteur d'Abraham AboulaAa * et qui avait condamné
froidement Abraham de Cologne ', le prédicateur et thaumaturge
ambulant qui avait réussi à arriver jusqu'à Alphonse X, ne pouvait
croire qu'un savant comme R. Dan eût pu se laisser aller, par
légèreté, à devenir le protecteur d'un aventurier, cherchant évi-
demment à faire des dupes.
Mais, quoi qu'il en soit de la lettre de R. Dan, il est certain que
cet étranger a trouvé chez les rabbins les plus considérés de TEs-
pagne estime et considération. Déjà le fait qu'un homme du rang
de R. Yomtob b. Abraham de Séville engagea une controverse
avec lui, prouve la considération que R. Dan avait acquise dans sa
nouvelle patrie. Un des successeurs d'Ibn Adret au rabbinat de
"non n:?5 Inds iny t3'«u5nn niaiDD ï-tt "«d &d5 -ï'^:ix nn:?i r-rmx
'>z'>yn nain r^^n rï\m»nD-i p -«an a-i.-r "t»» rî^inn tn-ia5< n-^m ab
man m-^pn ^ns-a na •'d r-iyin mapb m r-ix na*::n *\y^ rrrp
T»j^73D aan '-ip'»» o-»» aina-^ nn^'pn.T ba la '\p^^0'> t<o o^tta*»
p-i r^yi7\ ■•'»p3b TiD r-nx-» «bi oan -^nai nb-^fit i"»»i tn72« njtT
rr^îjnn CST^T» nr'ô^^n Nbl abn ■^incab. L'interpréuiiou de Perles te Iroutr,
il est vrai, aussi chez Jacob fimden, qui^dans mwapï! nmn, éà, Lemb*rg, p. 10*,
faii celle remarque : ^"nm^D Tn^a bn^ inan snb b«-nC"» b® inw y?
r-nODai myi r-nbpb irTDNnbi nn^.sb nn'»)3» bî li.
« Idid,, lan tnxT: ans "^bj^ «;di3 «j-^î^ 3^-»an caa-iso s^a omp C33
ta'^Oa "^a-l S^nnn ••D-^.^n '^aô< naiarr tamaX. Le porleur de la lelUe s'ap-
pelait doQC Nissim. Perles, ibid,^ p. 5, par suile d'une fausse iDlerprétatioa de cet
mois, nomme Tauteur d'écrils merveilleux d'Avila R. Nissim b. Abraham. Or, Iba
Adret n'aurait certes pas appelé ^a*1 un homme désif^oé comme : yyv> V^MH D7
IDD ûn«3 by 'l'ûy t^bi on» oio d:^ 'ainn t^bcv
« Perles, ibid., p. 5, et p. 63, noie 22.
» Ces paroles dUba Adret : rr^H laiTSn ini«0 'ISI n\1 HT QH^aXT
•n^bXt d*aprës lesquelles Abraham lui-môme désignait son démon familier ooome
étant filie, Jellinek, évidemment trompé par l'abréviation '12< [= n)31M]t <iu^il li^i^ *
IK, les traduit dans son Auswahl kabbalisticher Myttik, 1, 30, ainsi « Ou bien ce
fut Abraham lui-même ou le prophète Elie qui parla ainsi *.
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R. DAN ASCHKENASl, EXEGETE 289
Barcelone, R. Nissim b. Reuben de Gérone, nomme avec respect
B. Dan dans ses Consultations *.
La réputation de R. Dan comme exégète devait être encore
mieux établie que sa réputation de savant talmudiste. Babya b.
Ascher de Saragosse, ordinairement si avare de citations, rapporte
deux interprétations expressément sous le nom de R. Dan, avec
lequel probablement il se trouva personnellement en relation *.
Le fait que Moïse a pris un prêtre madianite comme beau-père
et que TEcriture sainte insiste sur le grand nombre des âUes de
Jetbro est expliqué par R. Dan en ce sens que, chez les Egyp-
tiens, les prêtres étaient sous la protection de la loi religieuse et
que Moïse était sûr de trouver là un asile sûr, ce qui, selon
Exode, II, 21, le détermina à jurer ou à faire le vœu de rester chez
cet homme.
La hardiesse de son système d'interprétation biblique, qui s'é-
levait an-dessus des exigences et des lois d'une saine exégèse
pour s'attacher au contexte, se révèle mieux dans le second
exemple qui nous a été conservé par Bahya. L'indication si étrange
d*Exode, xxiv, 11, concernant les principaux dlsraël qui, après
avoir été favorisés de l'apparition divine, mangèrent et burent, a
donné lieu aux interprétations les plus différentes. Juda Halévi ',
avec sa sagacité ordinaire, a cru y trouver un contraste avec
Moïse, qui seul eut le privilège d'être affranchi de tout besoin pen-
dant qu*il était plongé dans la contemplation de la divinité. R. Dan
explique ce passage d'une autre manière : <f Nous apprenons par
Exode, xxxiii, 6, qu'Israël s'est dépouillé de la parure dont il
s^était revêtu au moment de la promulgation de la Loi sur le
Horeb. Comment est-il possible de penser que ce fait ne soit pas
mentionné dans le récit sur la Révélation ? Maïs cette mention a
simplement échappé, et elle se trouve dans le verset en question *.
» Ed. de Rome. p. 72, n» 32 : «"^îl tnnDTn nM3« '"in p '3n«n n73«3
ibbn d'anal nafio ^j*^».
* Cf. B. Bernstein, Magasin fûr die WUtentchaft des Judenthums, XVIII, (1891).
98, noie 36.
* Cité dans le commentaire d'Abraham ibn Ezra, tu loc. Bahya b. Âscher men-
tionne cette opinion sans citer le nom de Tauleur sous celte rubrique : '^SO ^"^l*
* -inît n5'»ar'D« •'îdts ■»d in'»®"'n n"»3 ^^np •in«'»n ibDK-^T «nob «5-» nn^n
Vtnan ^DiDrt nan s^bn T>b3> my «>•»« iniD s^bi 'i5:?-nDa n-nn ^diz
m •'D 1ND Ti73nb ^-latin pb rrmn in73 niD-isa ï-tth n^y^yn iinm
rrwo DVT»«i l'onri s^inn ^iTn nniD«3 Niin t3"»nbfi<n n» imo
p "«m '>ïii2 '^Dy'n^ nr mn^jan ï-rb-^Dwa n73«i narrsia "^Tsa «join. Le
sens figuré du mot < parure • avec la signification de la foi doctrinale qu'Israël aurait
perdue selon Exode, xxxiii, 4, se trouve aussi indiqué par Lévi b. Gerson, in loc.^
et Nissim Gerundi, ^'nTl mïDnn, *• sermon.
T* XXXVI, K* 72. 10
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290 REVUE DES ETUDES JUIVES
Les principaux d'Israël n'ont pas mangé et bu, comme on croit
devoir interpréter dans leur sens grossier les paroles de l'Ecri-
ture, mais ils ont joui et se sont parés de cette auréole de lumière
qui venait de leur extase, provoquée par ce grandiose événement,
jusqu'au moment où ils perdirent cet éclat lumineux par le péché
du veau d^or. »
Mais ce ne sont pas là les seuls témoignages qui nous ont été
conservés de l'art exégétique de R. Dan. Dans un recueil sur le
Pentateuque, ms. de Dresde, £b. n"" 399, composé en 1343 par
Isaac b. Abraham Navarro, ou, du moins copié par lui, R. Dan est
cité trois fois à propos d'opinions que l'auteur a recueillies de sa
bouche. Il est remarquable qu'elles se rapportent également
presque toutes à l'Exode.
L*ange ou le messager qui, selon Ex. xxiii, 20, devait être en-
voyé au-devant du peuple dlsraël pour le garder sur son chemin,
a été identifié tantôt avec leMétatron* et MichaeP, tantôt avec
le prince des armées célestes % tantôt avec l'Ecriture sainte même,
tantôt avec TArche d'Alliance^. R. Dan Aschkenasi le retrouve en
Josué, qui prit, après Moïse, la direction du peuple. Cette interpré-
tation, transmise par tradition, fut de nouveau bientôt oubliée en
Espagne, car jfious la trouvons mentionnée par Isaac Abravanel '
comme une invention des Garaïtes. — A partir du moment où Moïse
apparaît dans l'Ecriture sainte, il n'y a pas de chapitre oh soq
nom ne soit indiqué, à Texception de la section de Teçavé. R. Dan
Aschkenasi savait aussi une explication sur ce point. Dans son
horreur de la défection du peuple d'Israël et de son retour à son
ancienne idolâtrie, Moïse, selon Exode, xxxii, 32, avait demandé
à Dieu de l'efilacer de son livre ou, pour employer d'autres termes,
il avait, dans sa colère, maudit la vie. Or, comme la malédiction
d'un juste s'accomplit sans condition , son nom fut réellement
effacé du livre divin, c'est-à-dire du seul chapitre qui, dans TEcri- '
ture sainte, précède le récit de la malédiction prononcée par Moïse
contre lui-même.
La dernière des interprétations de R. Dan rapportées dans ce ms«
est également relative à TExode. C'est l'explication du passage où
il est question du péché de Moïse dans Nombres, xx. 10. Il sembla
improbable à R. Dan que Moïse qui, selon Exode, xvii, 6, obéis-
sant fidèlement à Tordre divin, avait provoqué avec son bâton le
1 Sanhédrin, 38 b.
« Voir ibn Ezra, in Icc,
» Voir Samuel b. Méïr, in lot.
^ Cité dans le commentaire d'iba £zra, in loc.
» Dans le commenUire, in loc, p. 184 a : ^y ntri n«b»n '"«B D'»finpn ^Dm
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R. DAN ÀSCHKENASI, EXÉGËTE 291
miracle de la source jaillissante, eût désobéi la seconde fois à-
Tordre du Seigneur et montré ainsi de la tiédeur dans la foi. De
fait, ce n*est pas en cela que consista la faute de Moïse. Gomme
la première fois, il avait reçu l'ordre de frapper le rocher pour
que l'eau en jaillit. Le mot qu'on croyait devoir interpréter par
< parler » signifie aussi en hébreu « atteindre, frapper >», de même
qu'inversement on a l'habitude de désigner le parler du prophète
par le terme « firapper » (Isaïe, xi, 4). La faute de Moïse ne con-
siste donc pas dans le fait qu'il se servit de son bâton, au lieu de
la parole, mais en ce que, au lieu de mentionner Dieu seul, qui
devait faire jaillir l'eau de ce rocher, il n'a parlé que de lui-même
et d'Aaron, se laissant aller à dire : « Ferons-nou^ sortir pour
vous de l'eau de ce rocher? »
L'auteur du recueil du ms. de Dresde était aussi un disciple
d'Ascheri, au nom duquel, chose remarquable, il rapporte plu-
sieurs interprétations que nous connaissons par le commentaire
du Pentateuque de son fils R. Jacob, l'auteur des Tourim. Quand
il mit par écrit ces explications qu'il se rappelait, R. Ascher
comme R. Dan étaient déjà morts. Tout indique que R. Dan a
survécu à R. Sàlomon ibn Adret. Nous serons donc forcés d*ad-
mettre que la formule de bénédiction, ajoutée d'habitude aux noms
de personnages défunts, qui, dans le commentaire du Pentateuque
de Bahfa b. Ascher, commr^cé en Tan 1291, accompagne le nom
de R. Dan, a été ajoutée seulement plus tard par lui-même ou par
les copistes qui ont reproduit son ouvrage.
S'il était vraiment établi, comme Perles l'admet, que la lettre
d'Ibn Adret à Avila a été écrite entre 1290 et 1295, il faudrait
admettre pour la date de l'établissement de R. Dan en Espagne
les dix ou même les vingt dernières années du xin« siècle. Cepen-
dant il n'est nullement sûr encore que le fils d'Abraham Sofer»
naguère parfait ignorant et devenu subitement auteur fécond«
doive être identifié avec le prophète d' Avila qui, diaprés la rela^
tion de l'apostat Abner* de Burgos, plus tard nommé Alphonse
de Yalladolid dans ses Balallas de Bios, a prédit l'arrivée du
Messie pour l'an 1295 ^ Nous ne pouvons donc, jusqu'au moment
où de nouveaux documents seront trouvés, risquer une indication
précise ni quant à la date de l'immigration de R. Dan en Es-»
pagne, ni quant à Tannée de sa mort.
David Kaufmann.
^ Perles, ihid^^ pi 64) note 24, et le. Loeb, dans Rivue, XVIII, 58. Chez Zunz|
00S. Sf^riftHi III) 227, oelte prétendue année de le^délirrance n^çst pee ii^diqu^:
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2d2 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
APPENDICE.
F. 23 a ! «^n^TDO ba» '■»D« rT73 ^"C'^t 'nai *{«b7D nbi« «^dd» nan
n"»m i^"nDi û'»D«b73 û"»ïr3Dn a-'finpD® 13*^3^73 tm^np» maDan
.(II chron., ixivi, 16) û^^nb» ■'Dfitbtta t3"»a'»:^bî:
F. 26 « : irwf: nbi3®» î-mna rrttn ma» ta^nnon bas r^ctan
[#c. s-natn tnnvn] nnoM n? laba» natî i^ïto nnin m©» n^
■«îDb '»« rTU5tt« -«Db û:?o b"T '^T3D«» p 'nn ^d» •^ns^a^ji in4\*i 'n-^m
nna^T nanD niD« T\Doa «3 -^sn» ■;■»» ûfin :^n ba:^ nb-rw b:^ rfap
ta-'SDb ^b ï-n»y« rf arr 'a« n^a •»«3nb bj^ "^d» ûan nbbp "man
nn»i iDoa 'iba "nana n«« ntDrr p ^tt« 'rw» "j-nn t-inw»
i^b« ûttJi'i nn«:>« sibbpn r^rr iti »^^n -«d '»3Db -^nana© m^tn
.mo!i ma ma» b« ia« -iaT3 »b "^a b-^a^an ta« ia« r^npa
F. 43« : i^m-iD û^a ûab M-^arns rrm :^bo!i ^wn tam^n r^ 13^«
(Nombres^xi.s) ûnb '»{« n^aîii :»boîi lan n«« b:^ innîn ma» wsw©
i^bi (^*irf., 12) n"«n 'nai va-^TD "jnDn tarp3'»:^b 3^bon b« tamam
ta'nDv n^M i^b nb-^fii na-i mainp n*»?! ■'a 'iai ■'3Ta'npnb «^a tanawin
rfy •»T3a«« p 'nn -^Dta -^nyatt) p« ybon b« nab ma-n pn Jtdj^
nwa innanb s-f an ib mar pi tan"»am 'ib m:nn tannan ''■« 'o
iKSfn -inata t-i-^am (Exode, xrn, 6) nb«a mcnoa '••nai nawen ûa^Da
n3'>a'»a nnsnaa i^a-na rrvDWïi by man «n-i"»© n»an ns^an (0'»a-i) û*»?:
laon «^D3 p "laa 'abjfa "nna-na b"nn (Je«., xi, 4) vd ûa«a ro'»
(Nombres, xx, 10) n-i7D«« b^ i«3M îi» bjf p ûfii n"Én ûrTom onnaii
^la'rn nbm ta'^a 'ab t^'»ati'' 'anb taïib n-^m ta*^» ûab t^atia
ma» «•'fien taa (•*«., xn, 3) ^mba^rra t-i«-iD b'»:^b ''^d« n^a fcaatya
bat» 'T'Tn Vn mn© '••an ma^a iniTaa «-^k b"T a-iM Vn nwo 13^
nn-^n nTûÉt û-niab "ji«ba îia^iû rr^M T^« nntsn r-it rmCi]^) 'n*» enian
/•nonsna nni «b« vn miita
F. 21 « : a'^TiT (Kxode, xxi, 1) orpaob D'élan *n«« û-^ctoan rrben
•»3D ï^î? tarp3Db mîiâ irn tarrai bwan û^^ttan û^'atin ûît3© tSK
.•i"-i3 •»T3aiDN -!«{« 'nn •niTs "^DTa iip-^iais fcrrô nasnrr 'n'»rr a^
F. 41 * (à la marge) : '731» Vîi n» (Nombre?, xi, 27) rî3m3a ta^itasnia
r^n nt 0"»3a73 3f«irp là p^â iiaDa msn n^â iip'»-ioi3 a^ÉÎâfriTi
•b'natt -i»« 'n ann onfiih]C')a3
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NOTES ET MÉLANGES
NOTES EXÊGÉTIQUES
I. ExoDE^ xxit« 22.
Ce yerset a une allure embarrassée à cause des deux phrases
conditionnelles tm rrxfn tr^y bdt et *«bfi( prz'^ pTt M *«:3, qui se
suivent d'une manière insolite. De plus, les pronoms se rappor-
tant à la veuve et à l'orphelin sont au singulier au lieu d*ôtre au
pluriel. Ces difficultés nous amènent à croire que la phrase bK '^^
pyae, etc., n'est pas à sa place et devait suivre» à l'origine, la dé-
fense d'opprimer l'étranger (20 a). Les mots yn&ia brr^ti b'na *>d
ïï^nXQ (20b), qui se retrouvent dans Lévit., xx, 34, ont été pro-
bablement ajoutés, et c'est peut-être cette addition qui a amené le
déplacement de ^ bit "«d, etc. Le verbe py^ aurait donc pour
sujet *-D. La phrase pjr^ bât rs, etc. est explicite par elle-même (cf.
V. 26) et n'a pas besoin d'être complétée par le verset 23, qui est
la suite directe et nécessaire de 22a : « Si vous humiliez (la veuve
et l'orphelin), ma colère s'enflammera. • . »
On attendrait, il est vrai, dans 22 a bnâi au lieu de tim; mais il
se peut que Taltération de bni^ en *in2i se soit justement produite
sous l'influence de 22 &, une fois que cette moitié du verset avait
été déplacée. Quant à l'alternance deinsj^ et r^'^n, s'il n'y a pas de
foute, le passage du pluriel au singulier est fréquent dans ces cha-
pitres. Les versets 20 à 23 s'expliqueraient donc de la façon sui-
vante : « Tu ne vexeras ni n'opprimeras l'étranger (car vous avez
été étrangers en Egypte), car s'il m'implore, j'écouterai sa plainte.
— Tous ne tourmenterez pas la veuve et l'orphelin. Si vous les
tourmentez, ma colère s'enflammera contre vous et Je vous frap-
perai par le glaive, etc. »
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294 REVUB DES ÉTUDES JUIVES
II. ^3 ET tr>:nr).
Oënéralement on ne fait pas de distinction entre ces deux mots,
et on les tradait Tun et Tautre par « nsare » ou « prêt à in«
térôt ». La différence entre les deux mots ne porte pas sur la na-
ture de l'objet prêté, comme on pourrait le croire, en se fondant
sur Lévit., xxv, 3*7, où yo^ est appliqué à l'argent et tv^yyû (=
tr^:n)) aux aliments ; car dans Dent., xxiii, 20, le mot "poa est
employé à la fois pour les prêts en espèces et pour les prêts en
nature. Knobel, suivi par Dillmann, dans son commentaire sur le
Lévitique, a l>ien compris que Fun des deux mots devait désigner
le prêt usuraire, par lequel on se fait rembourser une somme su-
périeure à celle que Ton a réellement prêtée, et Tautre le prêt à
intérêt, mais il a interverti les significations des deux termes.
D*après lui, n*«a*n serait le prêt usuraire et yo^ le prêt à intérêt.
Or, Tétymologie de yo^ et de mn^in exige Tinterprétation inverse,
car ^), morsurCt serait une expression bien vagae pour le prêt
à intérêt ; c'est, au contraire, un terme précis, s'il désigneTopé-
ration qui consiste à retenir immédiatement une partie de la
somme prêtée. L'usurier mord ainsi sur ce qu*il avance. D'autre
part, rpa*n ne signifie pas, comme Enobel le dit, augmentation,
mais multiplication et indique très clairement le prêt à intérêt,
dans lequel il y a une multiplication partielle ou totale de la dette,
par suite du payement réitéré d'une somme convenue. On doit donc
traduire ^3 par usure (au sens moderne du mot) et rrtann par
prêt à intérêt. Il est à remarquer que la MIschna {Baba Mecia^
V, 1) explique *^a comme nous l'avons fait ; mais elle entend par
h*«3*n une spéculation sur le marché à terme. Il est peu probable
que la Bible y ait pensé.
Mater Lambert.
LA MORT DE TEZDEftERD D'APRÈS LA TRADmON JDITE
Scherira, dans sa fameuse épitre historique, rapporte que,*
d'après des traditions relatées dans d'anciennes chroniques, Yez-
degerd [II] aurait fait subir des persécutions aux Juifs de Porse,
mais que, Rab Sama bar Babba et Mar bar Rab Aschi ayant
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NOTES ET MÉLANGES 29S
adressé leurs prières à Dieu, un monstre vint dévorer le roi dans
sa chambre. Ce fut la un de la persécution.
Tezdf>gerd II mourut en 457. D'autre part, Scherira et le Sèder
Tannaîm we Amoraïm disent que la persécution sévit dès 455,
date de la mort de R. Nahman bar Houna. Ces divers renseigne-
ments concordent très bien. A quoi il faut ajouter que Tezdegerd,
sous rinfluence des Mages, ayant édicté des lois sévères contre
les Chrétiens et les Manichéens, il est vraisemblable qu*il a en-
globa les Juifs dans les mômes mesures.
Les traditions enregistrées par Scherira ont donc jusqu'ici tous
les caractères de la vérité. La cause de la mort de Yezdegerd, on
en conviendra sans peine, est moins vraisemblable. Fabuleuse par
nature, elle contredit, en outre, les données de la véritable his-
toire, qui dit que ce roi mourut à la guerre. Un tel genre de
mort n*est pas assez extraordinaire pour donner naissance à une
légende.
D*où vient donc cette fable, qui, sans doute, avait cours chez
les Juifs? Il n*est pas impossible de le découvrir. Voici ce que
Tabari raconte de Tezdegerd I.
Yezdegerd était un homme intelligent, mais, lorsque la cou-
ronne lui éjchut, il se départit de ces bonnes dispositions et commit
des violences... Il versait beaucoup de sang, et ses sujets^ complè-
tement réduits [sic) entre ses mains, invoquèrent Dieu dans leur
affliction. Il s'en alla de Madâïn dans la Perside, de là dans le Rer-
mân pour se rendre dans le Khorasan, et partout où il allait, il com-
mettait plus de cruautés. Alors on l'appela Yezdegerd aUAthim «le
Méchant), et quelques-uns Yezdegerd al Khasckn (te Dur), à cause
de 80D injustice. Il régna vingt et un ans. Quand son terme fut
arrivé, un cheval indompté vint et s'arrêta devant son palais. On
n'avait jamais vu un cheval aussi beau. On en informa le roi, qui
ordonna de seller et de brider le cheval. Mais personne n*osait rap-
procher. On le dit à Yezdegerd. Il sortit, caressa le cheval, lui mit
la selle et la bride et le sangla. Il voulut aussi arranger la croupière ;
alors le cheval lui lança une ruade et Tatteignit au cœur ; Yezde-
gerd mourut. Le cheval prit sa course, rejeta la bride et la selle et
déchira la sangle. Personne ne sut d'où il était venu ni où il alla.
On dit : C'est un ange que Dieu a envoyé pour nous délivrer '•
Firdousi, dans son Schah-Naàmé (V, 519), a reproduit une tra-
dition analogue. Yezdegerd le Méchant, souffre d'un saignement
de nez rebelle à tout remède. Un Mobed lui conseille de se rendre
à la source de Saou ; il y trouvera la guérison. Il y va, se met un
^ CkrùnifUê de Tabari, trad. Zottemberg, II, p. 103-104.
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296 REVUE DES ETUDES JUIVES
pea d*eau sur la tête, et incontinent le flux de sang s*arréte. Ss
gaérison ne lui inspire que de la présomption. Alors sort de Teau
un cheval blanc d'apparence Tantastique. Il ordonne à son escorte
d'entourer le cheval. Un vaillant pâtre part avec deux chevaux
dressés, une selle et un lacet pour le prendre. « Hais que savait
le roi du secret de Dieu qui avait amené ce dragon sur son
chemin ? > Le pâtre ne peut Tatteindre. Le roi, alors, prend lui-
même la selle et la bride et s'avance vers le cheval : la bête doci-
lement se laisse brider. Le roi la sangle, « et ce crocodile ne
bouge pas encore de place». Yezdegerd passe derrière pour lui
mettre la croupière. Â ce moment, le « cheval aux sabots de
pierre » pousse un cri et le frappe sur le front des deux pieds
de derrière, puis, le roi mort, se précipite vers la source bleue,
où il disparaît.
Assurément, la trame de la légende persane, qui est probable-
ment Tœuvre des Mages, n'est pas tout à fait identique à celle de
la tradition juive. Néanmoins, l'air de famille est indéniable.
Un Yezdegerd meurt d'une façon surnaturelle, par le fait d'un
monstre, envoyé par Dieu.
Les Juifs se sont bornés à une transposition. Yezdegerd I, dont
le principal crime parait être d'avoir résisté aux conseils des
Mages, fut, dit-on, bienveillant pour les Juifs de mêiQe que pour les
Chrétiens de ses Etats. Par contre, Yezdegerd II, entièrement
dominé par les Mages, fut hostile systématiquement à tous les dis-
i^idents, y compris les Juifs. La transposition s'imposait.
Ces lignes étaient écrites et imprimées quand je me suis avisé
de lire l'article consacré à Yezdegerd par Rappoport dans soa
Erech MUlin, Cette lecture ne m'a pas décidé à jeter au panier les
quelques mots qu'on vient de voir. En effet, voici comment s'ex-
prime en résumé ce savant : Le récit de Scherira ne ressemble
pas à ceux des historiens persans. D'après ceux-ci, Yezdegerd n
ne serait pas mort de celte façon singulière, mais soudainement.
Les peuples de l'empire, et en particulier les Juifs, qui avaient
beaucoup souffert du règne de ce tyran racontèrent chacun à sa
façon son trépas. Peut-être les ofdciers eux-mêmes furent-ils la
cause de ces divergences. Peut-être, enfin, s'est-il mêlé au récit
de son décès, celui de la mort de Yezdegerd I. On disait aussi de
Bahramgour, père de Yezdegerd II, qu'il avait péri en tombant
dans un puits ou dans la boue.
L'hésitation qui se manifeste dans ces diverses hypothèses mises
sur le même rang provient du laconisme des autorités auxquelles
8*en est référé Rappoport. Il renvoie à Baumgarten, Allgemeine
Welthesioriej IK, § 651 et 659; Richter, Histor. kHi. Versueh
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IfOTBS ET MÉLANGES 297
ûber die Arsaciden = wid Sassaniden Dynastie \ s. v. Bahram-
goitr, et Malcolm, Eistoire de la Perse, I, p. 99 (lire p. 165). Or,
cet auteur, le mieux informé des trois, se contente de dire, en
parlant de Tezdegerd I : « Les Persans nous présentent ce mo-
narque comme un prince cruel, dénué de vertu, abandonné à la
débauche, et l'on nous dit que la nation se réjouit lorsqu*après un
règne de seize ans, il Ait tué par un coup de pied de cheval. » Si
Rappoport avait eu connaissance des relations fabuleuses de la
mort de Yezdegerd, peut-être aurait-il affirmé avec plus d'assu-
rance la transposition.
Mais, timide en ce point, Rappoport ne craint pas d'avancer une
conjecture singulièrement hardie. Qui sait, dit-il, si ce ne sont pas
les historiens persans qui se trompent et si ce n*est pas en réalité
à Tezdegerd II qu*à Toriglne aurait été rapportée cette histoire
fabuleuse ? En efifet, ajoute-t-il, Scherira doit nous inspirer plus
de confiance que les écrivains persans, ayant, lui, consulté des
documents plus rapprochés des événements. Il a mis à profit les
chroniques des Saboraïm, qui ont vécu peu après la mort de Yes-
degerd.
Rappoport a trop tiré sur les termes de Scherira. Celui-ci dit
simplement : na 'win ïTb-n pnc nm^an «ann ïrna ôwd an ^b» îTinai
■«lam '»:^a'7 ûnmnaT nsoa ains is-^Nm n-^îi^DH-in i% y^ywi ■»;dk an
vmm bîaan naaiD» n-^aa fiob» T^wrh fitt-'sn rr^ban « Après lui présida
Rab Sama, fils de Rabba. A. cette époque et au temps de Mar bar
R. Aschi, nous avons appris des ancieiis et nous avons lu dans
leurs chroniques qu'ils prièrent et un dragon engloutit le roi Yez-
degerd dans sa chambre à coucher. Alors cessa la persécution. »
Or le mot anciens ne désigne pas sûrement les Saboraïm, il peut
tout aussi bien viser les Gaonim, antérieurs de quelques généra-
tions à Scherira.
On n'attend pas de nous que nous discutions autrement la thèse
de Rappoport.
Israël Lévi.
Leipzig, 1804.
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298 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
UN FRAGMENT DE L'ORIGINAL ARABE
DU TRAITÉ SUR LES VERBES DÉNOMINATIFS
DE JUDA IBN BAL ÂM
On s^itqa'outre son commentaire de la Bible et quelques autres
écrits sur lesquels nous ne possédons pas de renseignements
précis \ Juda ibn BalAm, qai florissait vers la fin du xp siècle, a
publié trois petites monoprraphies lexicales. Ces monographies,
conservâmes seulement dans une version bébraTque et sur les*
quelles M. Derenbourg, le premier, a appelé Tattention *, sont les
suivantes :
1** Le livre des homonymes. Le fameux ms. de Paris (n« 1221,
f» 1-17), le seul qu'on connaisse de cet ouvrage, présente des la-
cunes ; il ne commence que par la fin de la lettre a. M. Dukes en a
donné des extraits*. Estorl Parhi* cite l'article fcn)D dont il est
souvent question, et il appelle ce traité o^^ynn n&D. Ce titre est
probablement la traduction de Tarabe D*^3iunb^ ns^no. Nous devons
pourtant faire remarquer qu'Isaac ben Samuel lia-Sefardi, qui
cite ce même article dans son commentaire sur II Samuel, vi, 13,
fait précéder sa citation de ces mots : "^d nb tiphixn "«d rrvffv 'n Vaip
D3fiû%3b2n pafiimsbK '^. Il ressort en même temps de cette citation
ciiez lâaac beu Samuel que la traduction hébraïque est incomplète,
fait que M. Steinschneider avait déjà constaté ^ d'après la citation
i Ces éerils sont : Un traité cité par Ibn Balftm lui-même aoua le nom de r03
K*^p73bK <iin8 son commentaire aur Nombres, zx, 19 (éd. Pucha, p. tiii ; cf. ê«ê
notes, p. zxix) ; un traité sur lea miraclea de la Bible , frmnbK nMT2a^?3 *t^:^
nC^ISSVfin, mentionné par Moïse ibn Bzra dans sa Poétique (cf. Ripue, XVII, 180),
et enfin ^iCUSndcbM, cité par Inn Baroûn (éd. Kokowzow, p. 21), que M. Derenbourg
identifie à tort avec le Éfnpn T^TIH (cf. OpuseuleSy p. xlvii ; voir autei Stein-
schneider, Die hebr, Uebers., p. 914, note 63). Ce dernier ouvrage s^appeileen arabe
*1NpbK ÏTN*in et n'est probablement pas dlbn BalAm. Voir Wickea, ^t)3^0
n"»», p. 104.
* Wissentch. ZeUsehr, /*, Jûd. Théologie^ V, 408. Nous devons faire remarquer que
M. Derenbourg ne tient pas compte de la première monographie, celle des homo-
nymes. Voir Fuchs, npiTlH, I, 117, note 2, et Studien ûber Ibn Baiâm, p. 7, note 12.
* Ltbl. d. Orients, Vil, 659 661 ; IX, 456-458.
* mon mnBD, ch. Lvm.
* Publié (.ar M. Murgoliouih dans Jemitk Qnarterly Sêview^ X, 397.
* Jikl. Ztitickrift de Qeiger, II, 309.
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NOTES ET MÉLANGES 290
de ce même article dans les « règles de la jugulation », en arabe,
de Samuel ibn DJami*.
2* Le livre des particules. Le titre arabe de ce traité, attro
*^3M973b&( tfnn, est indiqué par Ibn Balâm lui-même dans son com-
mentaire sur Deut., xxiv, 20 * et le titre hébreu, û-^ri^^ nrmH *idd
se trouve dans le ms. de Paris ((^ 17-34) ^ M. Fuchs a commencé
la publication d*une très bonne édition de ce ms. ' ; malheureuse-
ment, par suite de la mort prématurée de Téditeur, cette publica-
tion s*est arrêtée au mot &ei.
^ Le livre des verbes dénominaiifs. D'après le passage du
commentaire d'Ibn Balâm mentionné ci-dessus, ce traité formait
un appendice à ce qui précédait et, par conséquent, n*avait pro-
bablement pas de titre particulier^. La traduction hébraïque, in-
titulée nittîDn m^vn tatro trb^n "iw *, a été publiée d'abord par
0. Pollak dans \>rran, III, 221-222 et 229-230, d'après le ms. de
Leyde (ms. Warner 56, (^227-230), puis par B. Ooldberg dans ^^
fibv, II, 53-61 (Paris, 1879), d'après le ms. de Paris (n® 1221,
P> 34-47). Enfin, M. Hirschensohn avait commencé la publication
d'une nouvelle édition dans n^i-noTan, 1, 21-23 et 42-47 (Jérusalem,
1885), d'après un troisième manuscrit appartenant à un particulier,
et l'avait accompagnée d'un commentaire étendu, mais étranger à
l'ouvrage ; il n'a pas dépassé la lettre m.
Comme nous l'avons dit, ces monographies ne se sont conser-
vées que dans une version hébraïque. On ne trouve des débris de
l'original arabe que dans les gloses dOxford sur le Kilâb al-OusotU
d'Âbou-1-Walld. Ces gloses, sur lesquelles M. Fuchs avait appelé
l'attention ', et qui ont pénétré en partie dans le texte du Kitâb
* Bditioû Fuchf, p. xx : p rrpniDTab» bb«D»bN nnn p nnDT npi •••
^DW73b« t\m afitriD ni» "«D nnb^X nbnâ «WO«b«. Mais dans son com-
meniaire inr Isale, vu, 4, il l'appelle CjlinbK aKPS (voir la note de M. Deren-
bourg êd, /. el npifin, 1, 118, note 1).
• L'autre ms. de Paris (n»1251, f« 91-108) n'est qu'une copie du n» 1221 ; voir
npinn, i. 200.
' npirn, i, 113-128; 193.206; 340-342; 11, 73-83.
* Voir note 3. Dans ses gloses sur Isale, m, 16, Ibn Balftm le cite aussi
sans titre spécial : p iji) «riî» vyym nb^DJ "«D nbobb» Tnn n-iD'î npn
*îb« so^y «nb q-'nxn «b ■«nb» M7:DfitbM p r:?anpN «73» (bNj^cNbx.
Moïse ibn Ezra dit, dans sa Poétique [cité par M. Derenbourg, dans Bevus, XVil,
173, note 5), qu'Ibn Balftm n'a pas épuisé le sujet : [tic] t|innbfi< TilT^ ^Dl
rïb^ «rD73 3^t)à V't nybn p «^dt ■•n^b t[^M2 «wD^b» \J2 npn«9:bK
ÉKTO bipbfit )T?nD"» obi rinbNX. D'un autre côté, ce iraiié ne paraît pas nous
dire parvenu en entier (cf. ib,, note 4).
' Salomon d'Urbino, qui cite plusieurs fois cette monopraphie dans son b^7fit
*1T(12 (•rticlc» bba, yW% bpTD\ l'appelle simplement û^b^^DH 1D0.
• npinn, i, 122.
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1
300 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
al'Ousoûl, sont incorrectes et incomplètes. Tout autre vestige de
l'original arabe semblait avoir disparu, quand le hasard m'a mis
en possession d*un fragment du troisième traité. Récemment, la
bibliothèque synagogale d'ici (Varsovie) a acquis de M. Eauffmann,
de Francfort, quelques fragments de compositions liturgiques qui
viendraient d'Egypte, et parmi ces morceaux j'ai trouvé le flrag-
ment en question. Il se compose de quatre petites feuilles, d'une
écriture orientale très nette, et contient depuis le paragraphe yn
jusqu'à bon ; ce qui forme environ le cinquième de la totalité.
Je me réserve pour une autre occasion la publication et l'exa-
men de ce fragment et fiiis remarquer ici, en passant, qu'il con-
tient un paragraphe (pns) que la traduction hébraïque a totale-
ment omis. Le voici : r^TsobM npna» fran:^b« '»dt pna pina pna
On a sans doute omis ce paragraphe parce qu'il ne présente de
rintérét qu'au point de vue de l'arabe. Il se rencontre encore
d'autres passages qui se rapportent à la langue arabe et qae le
traducteur a abrégés ou laissés de côté, phénomène qu'on peut
constater, d'ailleurs, dans d'autres versions hébraïques d'ouvrages
arabes. C'est ainsi qu'à la fin de l'article i)&n, la traduction dit
simplement bKratD*» ^nv)bn nt *)7:d*), tandis qu'on lit dans Toriginal :
(b'»pnbK , c'est-à-dire) pnb« p bnpnoTa bjc rrbo miDT *^nbi^i ^ot
m:fn "^rn «npnrn ■»« iidt «rein ikdi «nb» iîi»^ib '>y»y^b»2 pnb»
!n«73n iis^w» nnTTan n6^ i^wm iKmpb« i^ Kinb« rh^p rv^i vnixtn
n3«aip n^up •'D^^Tan ûnDb» mip ans^b» û«bD ■»Dn *.
Même remarque pour le deurièroe article nTsn, qui est ainsi
conçu dans l'original : ûD«bfit p qnitntt bn)b« «i^a m^nm ^«n
^t IT»:^ xn ànà"» nctb» Dfinp '»d ma» "^la im n»pbK ît:« b"»p k» yD^
tshy» nbbKi ^^ï^ 1» a-^np im ncpb» j^ji*»» mo ûàim •p»b«.
La version hébraïque présente encore d'autres inexactitudes
et lacunes. Elle dit, par exemple, à l'article ûQ^ : nsv 'n "tstn
•nnoDtt ima ys. Or, l'original dit expressément qu'il s'agit du
Kilâb al'taschwlr d'Abou-1-Walld, ouvrage qui a été perdu. Voici
le passage : ^xynn \ù )^rr^ bn iwa tt-naa» û-'ian ■»bana «■»?! d«a
•^D ïm^T ann» mo T»bibK ■»a«bi û3?t ûT»a n^a^a ïN«bi roTan nanb«
!i73ttDa nn'^ «b i»a 6^730» nb:^i n"»i«nbx ria >.
< Ce ptraf^rtphe se trouve, tvec de légères varianted, dans les gloses d*Oxford
sur VOuiùûl (col. 114, noie 69) ; enlre autres corruptions, oo y lit ")^n fiT* eu lieu
de T»T «•».
* Ce paragraphe aussi se retroave en partie dans les glotes sur VOuaûl (ool. 167,
note 49) ; cl. Ibn Balftm sur Isale, z, 33; Lomm%^ 143, 7, et 147, 14, et OpuêcuUt,
174.
* Cf. Om^ûl^ <. 9 , ol OputeuUs^ p. xbié
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NOTES £T MÉLANGES 301
Enfin, nous reproduirons encore ici Tarticle ivrt qui mentionne,
à côté d*Al)ou-l-Waltd, Âbou Ibrahim ibn Taschooscb : *UT*) 'n^^'i
c'est-à-dire), pn«6^bK fcnn bPTai pn nera n»« na^n1 1» îi3id ainb
p v^^b» nbn^^ttb» 1» (b"9n ,c*e8t-à-dire) pn nafc^ »b« (pfc«pniD6^bfii
ma*»-! rb» s^n» ûnoon ■»m3'»a VnTa ^4tib« ciiîn» rrs» rpD Î5« fn
Ce dernier extrait montre que la traduction hébraïque, qui fait
précéder la citation d*Ibn Yaschousch de ces mots : prDt*» 'n n^sMi
pnpTi "-UDDa y? W9f> p, n'est pas tout à fait conforme à ToriginaK
Car le traducteur change la Kounia arabe (Abou Ibrahim) en son
équivalent hébreu (prDr>) et ajoute le titre de Touvrage d*Ibn
Taschousch. Dans le ms. de Leyde (ou «"nD** est devenu par cor-
ruption «rrp), on ne trouve pas les mots pn-ipin ncoa.
Ce petit nombre d*extraits qui nous avons donnés sufflsent pour
prouver Timportance de Toriginal arabe et fait comprendre que
nous souhaitions de voir paraître Touvrage tout entier.
Vtrsovie, tvril 1898.
Samuel Poznanski.
R- SABBATAÏ
AMORA PALESTINIEN DU IIP SIÈCLE»
Les halakhot formulées par cet amora sont rapportées par
Assi* et Krouspedaï*, disciples de Yohanan. A propos d'une règle
' Ce p«ragrtphe se UouTe également en partie dans les gloses sur Ousoûl (col.
152, nota 43, et eoU 153, note 62). Cf. Dukes, daos UbU d. Orients, IX, 509, note 21 ;
Steinschiieider, Stèr. BibUogr., XX, 9 ; Fuchs, npiriTIi 1, 166, et Studien, p. 19.
* Extrait du 3« volume de mon Agada dirpalâtt. Amorâerj ch. XXI, paragraphe 81,
▼olume qui Ta paraître prochainement.
* J. ÈalU^ 58 c, 1. 35 (Hiyya b. Abba rapporte la même halakha au nom de
Simon b. Lakisch) ; J. Sanhédrin, 28 a (dans b. Sanhédrin, 69a, c'est Krouspedat
qui rapporte cette halakha); j. Baba Batra, 17 c, l. 27 (= j. Guittin, 50 e, l. 19) ;
j. Sanhédrin, 2\d,\. 22; Baba KamwM, 112&, où il faut lire "^DM % au Heu de
*nDfi( '-1 (cf. Dihdouhè So/brim, XII, 272). Dans Mebâ, 124 a, Frankel soutient à tort
que ce ^Ofit est identique avec Yosé, le collègue de Yona.
^ Sanhédrin, 69a; Nidda, 46 a. Voir aussi la note précédente. Sur Krouspedal,
voir Agada der pal, Awwrêer, \, 219.
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302 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
de procédure que Sabbataï établit, le Talmud cite en même temps
Tobjection faite à cette règle par Yohanan et Tapprobation de
Yosé bRU Haiiina*. Sabbataï lui-môme rapporte diverses asser-
tions de Hizkiyya b. Hiyya «. Après la mort de Sabbataï, ses fils
accusèrent la veuve devant Eléazar ben Pedat de dissiper la for-
tune de leur père ^. Les halakhot de Sabbataï sont pour la plu-
part de caractère Juridique, et deux de ses agadot se rapportent
également aux juges et aux procédés quils doivent employer.
Comme on demandait jusqu'à quel point le juge devait se montrer
patient à Tégard des plaideurs, il répondit en invoquant l'exemple
de Moïse (Nombres, xi, 12) : « Gomme le nourricier supporte son
nourrisson^. » Pour indiquer que Tintégrité doit être le premier
dpvoir du juge, il s'exprime en ces termes pittoresques ' : a Le juge
doit être aussi innocent que le bâton et la lanière (c'est-à-dire les
instruments qui servent à exécuter sa sentence), afin qu'il n^arrîve
pas que lui soit suspect tandis que le bâton et la lanière sont con-
venables®. » D'après le Talmud de Babylone% c'est Tobanàn qm
a rattaché une recommandation de ce genre à Deutér., i, 16.
A propos de l'histoire du païen Dama ben Netina, Sabbataï fait
remarquer que Dieu agit toujours avec justice, et, s'appuyant sur
^ BûhaKamma^ 1123.
' J. GuUtin^ kkd, 1. 50 (b. Guittin, 26 3); Baba Batra, 163a. Dans Niidtiy 27 h^
Sabbataï rapporte une balakha d'isaac de Magdala ; mais, diaprés une autre leçoo,
c*e8t ce dernier qui l'a rapportée et c'est Sabbataï qui en est l'auteur.
* J. Sota^ 19 <l; j. Baba Batra^ 16(/. G^est probablement à ce môme fait que se
rapporte la déclaration de Dimi relaiire à la bru de Sabbataï, dans Kêfoubot^ 96 •.
* Sanhédrin, Sa : "^nn^ 'H K73'«n'*«n iDn 'n. H faut peut-être corriger pn en
s Ces mots, dans Pesikta r., cb. xxxiii (149 b), sont rattachés à une asserUon da
tanna Eléazar (b. Schammoua) ; cf. Agada d. Tann,^ II, 281, et Ag, d.pal, Amor,^ I,
59, Us s'appuient également sur ce fait que D^£3S1)Z) et D^^SSIID sont placés l'un à
côté de l'autre. Dans Deut. rabba^ ch. v, § 5, on trouve une autre leçon, commençant
par ^n^K I^S^- Elle débute par les mots UCI^D *1£31lDn fitïl^, qui éUient sans
doute ainsi à l'origine : *1k31)D^ DSI^Dïl MmD. Mais il se peut aussi que dans
Deutér, r, il s'agissait de Tintégriié, non pas du juge, mais du fonctionnaire chargé
d'exécuter la sentence. Dans Tanhouma sur D^SSDlâ (éd. Buber, § 3), ce passage a
disparu.
* 'nm 'Tom ^^wn »iv Nb© îij^nsrnn •^Dbfi] bpwn -^cb «rr« \^t^ yn'Z
Û'nU5D. L'expression NimDTD "^sb, après îlJ^nitnn ''Db, signifie probablement :
tout autre instrument avec lequel on applique le châliment. Q^n)D3, par opposition
à *7*))Sn, est une bonne correction proposée par M. Friedmann, pour &^nV)p. Le
mot D'»bl*12l qui précède doit être rayé.
^ Sanhédrin^ 7 b : T*>1T Nnn ns^litm bp)3 *ia33, en d'autres termes, sois ausn
zélé comme Juge que le b&ion et la lanière le sont comme agents d'exécution. Le
« bftton et la lanière i sont également personnifiés dans Qênète rabba^ ch. xxvi, § 6,
où Bléazar b. Pedat (II, 23) déclare qu'un homme seul peut se rendre coupable en
offensant des hommes et où Houna b. Qorion ajoute i ïlJ^l^tH ib^Cfil bp?9 ib^CM
« Le bftton et la lanière peuvent aussi se rendre coupables • en outrepassant leur
droit.
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NOTES ET MÉLANGES 303
le verset de Job, xxxvii, 23 : a II n*opprime pas la justice », il
déclare que Dieu récompense également les bonnes actions des
païens *. Enfin, deux assertions de Sabbataï se rapportent à la
légende de la captivité du roi loïakira *.
Une agada de caractère e;$chatologique racontant que Dieu
traite les Justes au Paradis comme des enfants gâtés, daprës
Psaumes, cxli, 5, est attribuée à Sabbataï', mais elle parait être
moins ancienne, et le nom de Sabbataï ne semble se trouver là
que par une pseudépigrapbie ^.
W. Baguer.
' J. Péa, 15(7 ; j. Kiddoutekin, 61 b ; P^siàta r,, ch. ixxn (124a).
* Zéoiiiçmâ rabba, ch. xiz, à la fin.
> SeAokêr Tob, ad l.
4 Voir Réfmê, XXXIII, 46, et XXXV, 227. - M. kradl LéTi croit que le Sabbataï
de la Peêikta^ ch. xxzui, est un auteur plus récent, probablement originaire d'Italie,
ou UD personnage ima^dnaire, comme dans Srhoker Tob (Bsvuê^ XXXIl, 281). Mais
set aigoments (ib,, XXXV, 225 s.) ne me paraissent pas probants.
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BIBLIOGRAPHIE
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
2* TRIMESTRE 1898.
{L$$ indMêÙHU en françaii gui tuitent le$ titra héhreua ne sont pus de Pêuteur du lf9i%
mais de Pauteur de la hibliograpkie^ à moins qu'elles ne soient entre çuilleuêetê^)
1 . Ouvrages kétretw.
nmûm m^M 'D Dissertations sur le Judaïsme, par J. J. Reines. Vilna>
Romm, 1898 ; gr. in-S® de viii + 245 p.
pAM Hagoren. Abtaandlungon ûber die Wlsscnscbafl des Judenthums rc-
digiert von S. A. Horodezlcy. L Bucli. Berditschow, impr. Scheflcl, 1898;
in-8» de 102 + 86 p.
Très intéressant recueil d^étadei scientifiques. Il reDferme les articles sui-
TtQts : Moïse Isserlès, par l'éditeur ; — Notes de Senior Sachs, publiées
par M. S.-J. Halberstam; — Biographie de Mahram Lublin, par Joseph
LœweDStein ; — Etude sur le mSme, par Téditeur; •» Les surnoms des rab-
bins du Talmud, par S. Laulerbacb; — Explications de passages difficiles
des deux Talmuds et des Midrascbim, par W. Bâcher; •» Biographie de
Hirsch Hanau et lettres de David Oppenbeim le concernant, par D. Kauf-
mann; — Extraits inédits de Saadia, par À. Harkavy ; — Notes et correc-
tions aux extraits du Dictionnaire dlbo Djanah publiés par Luzzatto dans
le Kérem Hémed, III, p. 34-47, par W. Bâcher; — Salomon Louria et la
CSabbale,par Téditeur; — Prières composées par Naftali Cohen, TadTersaire
de Hayyoun, publiées avec des notes par Péditeur; — Généalogie de la
famille Louria, par Joseph Katz.
&^11p ny^ 'D Notes biographiques sur les familles Eisonstadt, Bach-
racta, Gunzbourg, Heilprin, Merowitz, Mintz, Friedland, Kalxenellen-
bogen, Rappoport et Rokëab, sur les Juifs qui furent victimes d'une ac-
cusation de meurtre rituel à Razinal, en Lithuanio (1650), par IsraCl
Tobia Eisenstadt, avec Tëdit d*interdil lance par Jacob Pollak contie
Abraham Mintz , en 1520, et une liste des rabbins d*Italie de 1518 h
1818, par S. Wiener. Saint-Pétersbourg, Bermann, 1897-8; in-8* de 216
+ 80 + 80 p.
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5>:
BIBLIOGRAPHIE 30^)
^"^^■^ Jérusalem. Jahrbuch zur Bcfôrderung einer wififlenschaftlich ge-
l'^^T^ Kenntniss des jelzligon u. des allen Palâslinas hrsgg. von A. M.
'*'^Ci^, BaDd V. Ileft 1. Jérusalem, chez l'auteur, 1898 ; in-S" de 92 p.
ContieDt : C. Schick, L'emplacement du temple, avec notes de Téditear;
- — Friedmann, Asie ; — Luncz, Habbins et savants palestinien", par ordre
alphabétique; — A. Harkavy, lettre de Jérusalem du xiii* siècle, racontant
^es persécutions subies par if s Juil's do cette ville; — D. Kaurmano, Lettre
envoyée de Palestine à la communauté de Carpi en 1625.
rr\t\
ni^^^rt^ « Caftor Va-Phorah. par Estori ba-Parchi, le premier explo-
, de la Terre-Sainte. Nouvelle ëdilion, avec nombreuses notes et
^•^^alions, par A. M. Luncz ». T. I. Jc'rusalem, impr. Luncz, 1897;
^*X«^ de xLii 4" 3Tf6 p. (1^ volume d'une « Collection d'ouvragci sur la
^^%.ine»;. »
M. L. a été bien inspiré en publiant de nouveau Touvraj^e fameux d'Bs-
tori'Wrhi, édité en 1949 à Venise, puis à Berlin en 1H59, mais avec
de nombreuses fautes. L auteur, comme on le st>it, e»t le premier des
rares rabbins du moyen Age qui se soient occupés de l'archéologie de la
Palestine. Exilé de France en 1306, après un court séjour à Perpignan et
i Barcelone, il a'était rendu, en s'arrôtant au Caire, à Jérusalem. Soit qu'il
efcomptftt Parrivée prochaine du Messie , soit amour de la Palestine, il
résolut de réunir toutes les lois qui se rapportent à ce pays et qui seraient
applicables en cas de restauration de l'État juif. Pour cela, il se proposa,
avant tout, de tracer les limites du pays. Dans ce but, il consacra sept
années à l'exploration de la Terre Sainte. En 1322, son travail était ter-
niDé : il avait relevé les frontières, identifié les noms géographiques de la
Bible et du Talmud, décrit la flore, comparé les dimensions du temple
d'après le Talmud avec celles do la montagne où il s'élevait, déterminé
Téquivaleuce des anciennes monnaies et me£>ures avec celleti de son temps.
« Son ouvrage est donc une mine de renseignements, particulièrement pour la
Idéographie de la Palestine. 11 note avec soin la dislance des localités entre
elles et leur nom arabe actuel. Pour faciliter l'étude que mérite cette première
archéologie juive de la Palestine, M. L. s'est avisé d'un excellent expé-
dient. 11 a imprimé en lettres rabbiniquesles passages qui traitent de ques-
tions accessoires, en petits caractères ceux qui sont consacrés à la halakha^
et en caractères plus forts les parties qui ont un intérêt pour l'histoire, Par-
chéologio et la géographie. Ce n'est pas le seul service qu'il ait rendu aux
travailleurs : les notes dont il accompagne le texte et où se déploient sa
connaissance de la Palestine actuelle et son érudition talmudique sont un
secourt très précieux. En outre, il a écrit une biographie de l'auteur où tout
l'essentiel est dit, et dans une langue excellente. Nous taisons des vœux
pour que le second volume voie bient<M le jour, d'autant plus qu'il contien-
dra des indices, qui faciliteront encore davantage les recherches.
n3îlD nr^ '0 Keser Kebuna. Gescbichte des Slammbaumes des beriihmten
Casuisten Sabbatai Koben, Verfasser des Sifse Kohen, seine Biographie,
ncbst Biograpbien seiner Enkel u. sciner ganzen Nacbkommenscbaft ,
von Bemhard Friodberg. Drohobycz, impr. Zupnik, 1898; in-8<» de
41p.
nati )yo Considëratlons sur le Kaddisch et règles relatives à cet usage,
par J. Krausz. Bacs, impr. Rosenbaum, 1898 ; in-8° do 20 p.
D'^TI ^^Ip'O Mekor Cbaiim. Ausfûhrliche Biographie des Rabbi Chaim ibn
Altar, Minbage Trefot der jûdiscben Gemeinde in Fez, von Rabbi Juda
ibn~Attar, mit einer krit. Einleitung u. der Biographie des Verfassers
Ton Jakob Nacbt. Drohobycz, impr. Zupnik, 1898 ; in-8* de 40 p.
T. XXXVI, IfO 72. 20
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306 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ptTX^ nbnp '0 Novelles agadiqaes sur le Pentaleuque, par Isaac Nisan
[Holtbord]. Wîlna, impr. Romm, 1897; in-8<» de 224 p.
pnit^ rimbin 'O vie d'Isaac Elhanan [Spectorj , par Jacob Lévi Lip-
schûlz. Varsovie, impr.Halter et Eisenstadt, 1898 ; in-S'^de 138 p.
2. Ouvrages en langues modernes,
ÂDDis (W. £.)• Documents of Ibe Hexaleucb, translated and arranged ia
chronol. order wltb introduction and notes. II : The Deuteronotnical
wilters and the prieslly documents. Londres, Nutt, 1898 ; in-S^ de 498 p.
AOLBN (A.-S.)- Lessons in Old Testament history. Londres, Arnold, 1898;
in-8« de 468 p.
Baneth (ë.) Maimuni^s Neumondsberecbnung. Voir Bericht (16.)*
Baum (J.)- Dor Universalismus der mosaischen Heilslebre. II-lII. Franc-
fort, J. Kauflfmann, 1898 ; in-H*» de 120 + p. 1-48.
Bloch (isaac. Sermons. Paris, Durlacher. 1898 ; in-8° de 329 p.
Bloch (Philipp). Heinrich Graelz. A memolr. Londres, D^. Nutt, 1898 ; în-8**
de 86 p.
BÔHMER (J.j. Das bibliscbe « Im Namen ». Eine spracbwissenscballlicbe
Untersucbung ùbor die bcbr. D^3 und seine griecbiscbe Aequivalente.
Gîcssen, J. Riclter, 1898 ; in-8<> de 88 p.
BBNA.M0ZBOH (Bllo). BibUolbëque de rhëbraî<^me. Publication mensuelle de
ses manuscpits inédits. N° 1. Livourno, S. Belforlo, 1897; gr. in-8* do
10+10+16 + 16+ 12 + 4.
Le sous-litre dit mieux que le titre la peosée de Pauieur. M. B. to propose
de publier, par fascicules meosueis, tous les travaux et notes qu'il a enoora en
poitefeuille. Chaque livraison est i'ormée de plusieurs morceaux qui pourront
ensuite se relier à part. Voici Us matières qui y sont traitées : i* Exégèse
biblique; ce sont les notes qui ne sont pas entrées dans le corps du commen-
taire de l'auteur sur le Pentateuque. Exemple : « nV 6'osr. Le principe
du philosophe napolitain Vico que la peur causée aux premiers bommes par
la iuudre les obligea a re chercher une retraite, à fonder les familles par des
mariages stables et religieux, on peut le voir réfléchi dans oclle racine
hébraïque qui signifie à la fois craindre ti s'unir Q^T7 '>^p 1^\^X^ (Psaumes,
Lix, 4 ; voy. Ibn Ezra) les petiU de plusieurs aoimfux [lire probablement ei
les petits...]. Et que les premiers bôles furent les noyaux des premiers
serfs apparaît dans le parallélisme ^mSlTSKI ^IT^a ^15 (Job, xix, 15) • .
— 2*> Sources rabbiiiiques des six premiers siècles de Té.v. Recueil dé
notes prises au hasard. Voici seulement la liste des premiers ariielel» :
charilf^, commerce, famille, aubergistes^ aliments, mariage, boulanger...
Au hasard aussi le choix de la matière de ces articles. Ainsi commerce :
• Le commerce produisait au temps des Tannaims le quadruple de ce aQ*il
aurait produit placé en intérêt. On disait : t Cinquante monnaies qui ire-
vaillent rendeut autant que deux cents qui ne travaillent pas • : fkmifU .*
« La belle-mère dirigeait les affaires domestiques. D'elle on oit qu'elle
aime le bon ordre de sa fille et l'estime de son gendre. Voy. Stischne
DemaT, ch. 111. > — 3» De l'origine des dogmes chrétiens. — A^ Tbéelegie
et philosophie : De Pâme dans la Bible. — 5<» Théosopbie. On celmsi^ Tes
idées de l'auteur sur ces différents points; inutile d'insister. — 6" Histoire
et littérature. Sous cette rubrique entrent les articles : Déluge, Saddocéens,
Sanhédrin, Moïse et Blie, etc.
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BIBLIOGRAPHIE 307
BEftiCHT (115.) ûber die Lehranalalt fur die Wissenschaft des Judenlhums
Jû Berlin. Mit einer wissenschafllichcn Beigabo von Dr. E. Baneth :
Màtknatii's NeUmondsberechnung. Theil I. Berlin, itnpr. llzkowski, 1898;
in-4» de 40 p.
BRkNKAN I M.-S.). The science of thô Bible. Saint-Louis, Herdcr, 1898 ; in-8o
de 390 p.
Briickmbk (Martin). Dio Eomposilion des Bûches Jes. c. 28-33. Eio Re-
koûslruktlons-Versuch (Inaugural-Dissertation), llallo/ Krause, 1897;
Ih-go de 84 p.
L'auteur a minutieusement étudié les chapitres xxviti-xxziii dlsale, qui
MiiUeitoetit des morceaux de tendances diiréreutes, et il y reconnaît, à
riasiar des derniers commentateurs de ce livre, des fragments écrits par
Isaie, ei d'autres qui sont dus à des écrivains bien postérieurs. Les frag-
ments attribués à isaKe, quoique se rapportant presque tous a l'alliance
projetée, puis conclue «ulro les Israélites et les Égyptiens, ue se relient pas
les uns aux autres. M. BrQckner pense qu'ils ont dû êlro extraits d'un
grand ouvrage historique que le prophète aurait composé sur ses démôlés
* avec les chefs du peuple (et le roi?]. L^idée mérite Tattention, bien que
le verset xxx, 8, sur lequel elle s'appuie soit loin d'en apporter la preuve.
Les morceaux qui ne sont pas d'haie dateraient du commencement du
II* siècle, et auraient été ajoutés pour apporter la consolation à côlé des
ttieQaces contenues dans la partie ancienne du livre. Ils seraient donc à peu
près contemporains de TEccIésiasiique, et ils seraient postérieurs de cinq
atècles aux morceaux authentiques ! La dilTércLCc de style entre les uns et
les autres n'est cependant pas si considérable, tandis qu'elle est si grande
entre les Proverbes et Touvrage de Ben Sira ! Plus la critique progresse
et plus les questions de style deviennent difticiles à tirer au clair. Les rap-
prochements que M. BrQckner établit entre certains passages sont parfois
nn peu forcés ; mais il fait preuve de pénétration et il montre une défiance
louable vis a vis des solutions trop faciles, notamment en ce qui concerne
la liaison des différents paragraphes. — Maytr Lambert,
BtJOOB (K.). Das Buch der Richter erkllirt. Fribourg en Brisgau, Mohr,
1697; iB-8* de tiiv + 147 p. iKurzor Iland-Commentar zum Alten
Testament, hrsgg. yen K. Marti. VII. Abteilung).
Clbrmomt-Ganmbau (L.). Los tombeaux de David et des rois de Juda e
le lunnel-aitueduc de Siloc. Paris, impr. nationale, 1898 ; in-8<' de 48 p.
JDaUéaii (Gnstaf). Die richterliche Gerecbligkeit im Alten Testament. Son-
d^rabdruck ans der Kartell-Zeitung akad. theol. Vereino auf deutschen
Hochschulen. Berlin, 1897 ; in-8<» de 19 p.
Le mot ïlp*l£ a déjà eu Phonneur de maintes monographies. Dans la
Brochure présente, M. Dalman a étudié ce mot dans son application au
jUge. U eat curieux, en elTet, de voir que la eédaqa dans la littérature rab-
biniqoe désigne la mansuétude du juge, tandis que dans la Bible elle in-
dique la stricte justice. Le lien entre les deux acceptions est, selon M. D.,
le solvant : La Justice a pour but de rendre à chacun ce qui lui est dû,
elle proclame l'innocence du juste et la faute du coupable, mais, d'un autre
cdté; éllè délivre l'opprimé de l'oppresseur, et se confond ainsi avec la cha-
rité. Le joge modèle, c'est Dieu. M. D. combat Terreur commise par quel-
^tfèfi-uiis (Jui interprètent la nî:^5fc, quand elle qualifie le Dieu libérateur,
toffime la fidélité de Dieu à son pacte et à Tordre régulier du monde. Les
idées exposées par M. Dalmsn sont intéressantes ; toutefois nous croyons
que le mot pli est arrivé à prendre le sens de j^iD^ « victoire » par une
iutre Toie que celle qu'indique M. D. Il est à remarquer que yvs, est bien
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308 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
plus usilé que jTpliS dans ce sens. Pour nous, pTiS • triomphe t
lâche à p^'lit « celui a qui les juges dounent raison, celui qui l'e
se rai-
l'emporte
dans le procès ». De la, le sens de victoire. 1^'pi'Z 'n dans Jér., xxin, 6,
nous parait signifier, nou pas < notre Dieu juste *, mais « Dieu est notre
triomphe >, c'est-à-dire : « c'est par Dieu que nous triomphons i. —
M. D. termine en attribuant à l'influence de Taraméen la transformation du
sens de ï^p^iS, qui àe justice est devenu bonU. — Mayer Lambert.
Dalman (G. -h.). ïJ'inî^ ^^inb Aramàisch-neahebr&isches Wôrterbuch «a
Targum, Talmud uncj Midrasch. Untcr Mitwirkung von P. Thcodor
Scbârf. Teil I. Mit Loxikon dor Abbreviaturen von G.-H. Handler. Franc-
fort, J. Kauffmann, 1897 ; in-8«.
M. Dalmaa, le savant auteur de la Grammaire de l'araméen jadéo-pales*
tinien, publie de nouveau un ouvrage destiné à faciliter Tëtude des textes
rabbiniques. Ce lexique n'a pas la prétention de dépasser les grandes
œuvres de Lovy et de Kohut, il résume simplement les travaux de ses pré-
décesseurs, qui sont trop vastes et trop coûteux pour les besoins des com-
mençants. C'est à ceux-ci que M. Dalmans^adresseprincipaleroent, car, pour
une élude approfondie, il faudra toujours consulter les deux Theiaurus de
la lexicographie rabbiniquc. En elTet, excepté pour les Ttrgoumim, nous
ne trouvons pas de citations, ce qui est très fâcheux, surtout quand un
root a plusieurs significations. Bn outre, Pauteur n^ndique pas le nom des
savants auxquels sont dues les élymologies des mots venant du grec ou du
latin. Nous ne pouvons donc pas distinguer ce qui appartient à M. D. lui-
même et ce qui est emprunté à des ouvrages plus anciens. Pour les mots d'ori-
gine persane, M. D. n'indique jamais l'étymologie, f parce que beaucoup lui
paraissaient là encore très incertaines > . Je ne comprends pas cette timidité,
car n'a-t-on pas reconnu d^une façon incontestable des douzaines de mots per-
sans et dans les Targouroim et dans le Talmud babylonien, et n'y a-t-il pas,
d'un autre cdté, beaucouii'de mots grecs et latins dont l'explication est presque
impossible? Parmi les travaux préparatoires pour un futur dictionnaire des
roots persans, M. D. a oub!ié de nommer les œuvres de mon père, qui en
expliquent un grand nombre : EtymologUcke Studie^ (Breslau, 1871); Zmr
rabbinisehen Sprach-und Sagenkunde (Breslau, 1873) ; Beitragê sur rabb,
Sprach-und AUertumskunde {^vm\^^^\^^^). â ce propos, je ferai remarquer
que plusieurs étymologies persanes données par Fleischer dans ses addi-
tions au Dictionnaire de Levy ont déjà été trouvées par mon père long-
temps avant lui. Ce célèbre savant, et par son érudition et par ton carac-
tère, est au-dessus de tout soupçon, mais personne ne m'en voudra de
rappeler ici la priorité pour mon père de ces trouvailles. Fleischer'Levy,
I, 284 a : inN'»T«a bdzyârân\ cf. Etym, Stud,, 24-26. — I, 287 « :
Npnoa bestu ; cl. £tym. Stud,, 59. — J, 288 a : «tna berih ; cf. Btym.
Stud., 16. — 432* : «pnmii ,«pma g^rêk; cf. Zur rabb. Sprack^nd
Sagenk., 31 — 1, 440* : n^Ti dâoar ; cf. Htyw. Stud., 119. — I, 359* :
NpnDnn refuh f cf. Etym. Stud,, 10. — I, 563 * : -ï^aST ^angi; cf. Etym.
Stud.y 85. — I, 563* : «pinST i^ndân ; cf. Etym. Stud.^ 130. — II, 210a :
NDaDû tacht: cf. Etym. Stud., 28. — 11, 210 a ; H^pOl^ TaÇt;. arabe opCD ;
cf. Etym. Stud., 108. — 11, 212 * : «pHlDû tetektek; cf. Etym. Stud., 47.
II, 448 a : Mia ITH nôO ehâr hetâr gûueh ; cf. Etym. Stud., 16. — 11,
452* : ND7DD kâmeh; cf. Etym. Stud., 85. — II, 454 a: «D01D kutpek:
cf. Etym. Stud., 21. — lll, 3U7 * : :3n73 arabe mahata (moucher la mèche);
cf. Etym. Stud., 7. — III, 718/» : pn73n3 numruk ; cf. Btym. Stud., 28. —
III, 719fl : mn©3 nusehâdir ; cf. Etym. Stud., 48 (Lagarde, Ges. Abk.^ 9
auquel Fleischer renvoie ne cite pas la forme rabbinique). — III,. 726 à :
NpOIS'^0 sepûseh; cf. Z. rabb. Sprach.-und Sagenk., 31. — IV, 228 « :
banD pergàl; cf. Z. rabb. Sprach.-und Sagenk., 30.
M. Dalroan a pu se servir de beaucoup de manuscrits des Targoumim «i
il en donne la vocalisation, qui est souvent préférable à celle de nos édi->
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f
BIBLIOGRAPHIE 30U
lions. C'est surtout Onkelos que l'auteur a étudié avec atteotioa, et il a
marqué spécialement les mots qui se trouvent dans ce Targoum. Le dic-
tionnaire des abréviations sera le bienvenu pour beaucoup de lecteurs, et
ai Ton peut lui faire un reproche, c*est qu'il est trop riche. Beaucoup
d'abréviations qui ne sont Justifiées que par le contexte et qui ne devinrent
jamais usuelles grossissent inutilement le recueil, — Les corrections qui
suirent ne doivent pas diminuer la valeur de l'œuvre de M. D., dont la tin,
espérons-le, ne tardera pas à paraître : *^^3fi<, nom du célèbre Âmora,
manque. M; D. ne cite qu*un nom ^nM, abréviation de ^T^Sfi^. ^^3fi( dérive,
comme on le sait, de la racine syriaque (<^3 • consoler • [= ^373n3). —
0173^2^ n^est pas Evv6(juxoc, bien que Torihographe semble plaider pour
cette étymologie, mais Olvôfiao;. — nmp'^aaN, Hre n03p'*DDfit (v. Mo-
HoUsekrifi, XXXV1I,377], àvxixévawp. — nVjiaDÉi dérive de tuoutïvttj {Z,
rahb, Sjtr., 22). — "niabs esl probablement "^-niab^O («u lieu de •^mubaa
de notre texte) iigUUura ; voir mes Analeklen^ 7. — fidpDlb^l dérive de
x£pPixàptov (Et. St., 6). — D'^TOn mb''^:k signifie principalement la cka-
rite (v. Rev%n, XXXV. 50, sur Sira, m, 31). — «131:» (omis par Fraenkel,
Aramàitche Fremdwôrter^ 238) se trouve déjà dans une inscription sabéenne ^
et n'est donc pas emprunté au grec XoOv5a. — 1î30Nn, comme Ta bien vu
Fleischer (Levy, I, 556 a) dérive du persan hestu • en effet •, — lirT^H
• gage * dérive du verbe sémitique l'^n^ïl? qui se trouve en arabe aussi,
et n'a aucune parenté avec àppa^v. — «k3n^ • diable » n'est pas sémi-
tique, mais persan : Yaht [Monattschrift, XXXVll, 6). — Félia PerU$.
David (M.). Das Targum Scheni, nach Handschriften hrsgg. u. mit eincr
Einleitung versehen. Berlin , Poppelauer, 1898 ; in-8o de viii + 48 p.
Driver (S.-R.). Tbe bocks of Jocl and Amos, witb introduction and notes.
Cambridge, University Press, 1897 ; in- 12 do 244 p.
DuBNOW (S.-M.). Die jùdiscbe Geschichlo. Ein geschichtsphilosophischer
Versuch. Berlin, Calvary, 1898; in-8<* de vu + 89 p. (Traduit du russe
par J. F. Berl).
Garland (G.-V.;. The problcms of Job. Londres, Nosbcl, 1898; in-8« de
378 p.
Ga^nos (X.) Etude historique sur la condition des Juifs dans l'ancien
droit français. Thèse de doctorat. Angers, impr. Burdin, 1897 ; in* 8°
de 25i p.
Gautier (Lucien). Souvenirs de Terre-Sainle. 2« ddit., avec 60 illustra-
tions. Lausanne, G. Bridel, 1898; in-8^ de 348 p.
GiNSBURO (C.-D.). The hebrew Bible. A séries of 18 fac similes of mss.
priated in CoUotype by J. Hyat. Londres, Unicorn Press, 189.S ; in-f».
GoLDSCHMiED (Rabb. D''L.). Modernes Judcnthum. Vienne, Breitenstein,
1898 ; iu-8» de 74 p.
Brocbure pleine d'idées et de faits, qui se lit avec le plus vif intérêt.
GoLDSGHMiDT (Lazarus). Der babylonische Talmud. IIL Band, 1. Liefe-
rung. rO^0 nD073. Der Traklat Sukkah, ûbersetzt. Berlin, S. Calvary,
1898 ; in-4« de col. 1-216.
Ont déjà paru les 1. 1 et II contenant Berachot, Zeralm, Sehabbat^ Bronbin,
Pesakim et 7 orna, avec texte, notes et traductions. Le présent fascicule inau-
gure une autre forme de publication. A côté de l'édition avec textes et notes,
paraîtra la traduction seule.
* ^:J^ sur la stèle de Marib (communication de M. Ilommel).
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310 REVUE DES ETUDES JUIVES
GuNMiNa (J.-U.). Jesaja xl-lxvi. Ilobreuwsche Teksl. RoUerdam, Brcd<fc,
1998 ; in-80 de 56 p.
Texte de ces chapitres restauré d'après las oonJactUPts de l'auteur«
Exemples : xl, 5, i^U)-» n)2)a Vd IwHin, «u Heu de mv^ ; I, rm "ipin
^np», au lieu de nÇJin ; Ti^VH y^O n-nrt bDI, au lieu de nncH; 20,'
rï3'\»n 1?073rT, au Uau de n7:i"in \^OpT\ ; JÇLI, 1, ihn^ D"«a«bi
•^nnDinb, au lieu de HD nD-^bTT» : !»-iaV Mil n«a, au li«H de T« IID^
^ns^*^* C'est donc une leniaiiTe analogue à cel^ de Gofaill at à celle de
Graelz; seulement^ à la dliférence de ces exégèles, Pauieur n*iBdiqoe pas les
moiifs de ses corrections : sont-elles suggérées par les Tariantea des andennea
versions ou sont-elles imaginées d'après le contexte? sont-ailes nouvelles, ou
n^onl-elles pas été proposées déjà ? c''e8t ce qu*il ne dit pas. Nous n^avons pas
trouvé sans surprise des restitutions fondées sur le sjstèma que nous avons
esquissé à propos de l'Ecclésiastique. Ainsi ^nHDinb ibn^, pourTTD ID'^bfPi
suppose l'écriture de ces deux mots en abrégé. — A ca propos, bous ferons
remarquer que Ben Sira prouve peul-Ôtre que la leçon massorétique était
déjà courante, car ch. XLiir, 10-11, le parallélisme, bip ITD'nîl 'H "^bliTa
et riD no'^bnn T^73?ûTn7a ressemble à une imitaliou de D"^*^ ^bH ICnm
riD 1D"^bn^ D'^73ô<bT de ce verset d'kaïe. — L'autear va si loin en suivant
ce système qu'au verset 2 du même chapitre, il corrige ^fP en DTS^r.
correction bien peu heureuse, car la phrase signifierait : < Soa épée les ré-
duit en poussière, sa flèche en paille volante. > Or, si l'on comprend très
bien Timage : « 11 fait de son (de leur d'après les Septante) épéa de la pous-
sière et da sa flèche une paille vuldnle » (c'est-à-dire il rend inoifentives leurs
armes », rien ne serait plus étrange que d'assimiler des cadavres a la paille.
M. G. a été séduit par l'analogie de Q^;sn *^73D m^a^l, versai \\ om^s
la, la figure conviant admirablement à la pensée et au contexta. Outra cas
corrections des leçons de la Massera, les versets sont distribués autrement
que dans le texte reçu. Ainsi, entre zl, 19 et 20, est inséré xli, 7.
Hastinqs (J.) et Sblbir (J.-Â.). Dictionary of tbe Bible, dealing with Us
language, literalure and contents including the biblical theology. Vol.
I : A. Feasts. Edimbourg, Clark, 1898 ; in-4<> de 880 p.
UoLLM^NN (R.). UnlersuchuDgen ùbcr dio Erzvâter bei don Prophoten bis
zum Beginn des b^bylonischcn Exils. Jurjew, Karow, 1698; io-S* de
84 p.
IIUMMKLAUBH (F. von). Nochmals dcr biblische Scbôpfungsbericht. Fri-
bourg on Brisgau, Herder, 1898 ; in-S® de ix+ 132 p. (Biblische Studien,
hrsgg. von 0. Bardenhcwcr. 3. Band, 2. Heft.)
Jastbow (Morris\ Tbe weak and geminative verbs inbobrew by Abu Zaka-
riyya Yahiâ ibn Dâwud of Fez known as llayyûg, the arabic text now
publisbed for the first time. Brill, Leyde, 1897 ; in-8* de Lxxxv e4 »7I
pages.
Il y a longtemps que l'on attendait la publication du texte original des
oeuvres de Ilayyoudj sur les verbes faibles et les verbes géminés. M. Jas-
trow, qui s'était chargé de cette tâche, l'a heureusement terminée et acms
l'en félicitous sincèrement. Si l'on ne doit *pas s'attendre à ce que le lexte
arabe de Hayyoudj fournisse des résultats nouveaux pour l^iêtoire de la
grammaire hébraïque, il est néanmoins agréable de posséder l'œuvre du
grand grammairien, tel qu'il l'a écrite. On avait les traductioas d'Ibn Ezra
et d'Ibn Chiquitilla, mais l'une est imprimée d'une maniète déCaciueuse et
l'autre a été parsemée d'additions qu'il était difficile parfois de distinguer
du texte original. — Dans sou introduction, M. Jastrow retrace brièvement
la vie de Hayyoudj, d'ailleurs imparfaitement connue, et éuumère et ctrac-
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BlBLIOGHAl'HlIi: 311
lériie 89S œuvrf^s. M. Jasirow indique ensuite les BMDuacriU qu''il • eus à
sa disposition. Il est regrettable que les manuscrits de Saint-Pétersbourg
u'sient pu Ôtre utilisés par M. Jastrow qu'après que son texte avait déjà
été établi. Les variantes ont été mises dans la liste des notes qui viennent
à la suite de l'iotroduction et qui remplissent treotecinq pages. Ces va-
riantes ne sont pas toutes importantes et portent souvent sur des différences
orthographiques. C^est dans la môme liste que se trouvent les corrections
que M. Jastrow a apportées a son texte et qui sont assez nombreuses. Un
index des passages bibliques cités par Hayyoudj eût été Tort utile, car
beaucoup de mots irréguliers sont expliquas incidemment. M. Jastrow ou
Tun de ses élèves rendrait servjce aux hébraïsants en faisant ce petit tra-
vail, sans lequel la publication des œuvres de Ilayyoudj reste incomplète.
— Nous signalons en terminant quelques fautes non relevées daus l'errata.
P. 3, 1. 10, il faut certainement (<D^Mp. au lieu de 2<DK'^p> en parallé-
lisme avec N1?3nD?a- — P. 8, I. 9. le da^uesch du yod de 131^1 et
laTO"*! doit être supprimé. — P. 16, 1. 8, lire S|T13?73bô<, au lieu de
ft'i1J?7Dbô«. — P. 184, ^12 wV'^bp est très correct comme locution adver-
biale. ~ P. 26, l. 13 et passim. Les manuscrits onl-iLs réellement &(T su
lieu de "^ÉIT, qui e.sl la forme correcte? — Mayer Lambert.
KiSSLitR (Heinricb)- Judenlbum und modcrner Zionismus. Vienne, M. Brei-
tcostoin, 1897; iD-S*" de 31 p.
Krauss (Samuel). Griecbische und lateiniscbe Lebnwôrter im Talmud,
Midro^ob und Targum, mit Bemerkungen von Immauuel Lôw. Toil I.
B«rUD, S. Calvary, 1898; in-S*» de xvi + «49 p.
Un de nos collaborateurs reudra compte prochainement de cel important
travail.
MonoNA (Leonello). Rime volgari di Immaauele Romano, poeta del xiv se-
eok), nuovamente riscontrato sui codici e fin qui note. Parme, impr. Pel-
lopMnl, 1898 ; ln-8« do 42 p.
Vavlt (Jeaa de). yr\T inb© Rituel du Judaïsme, traduit pour la première
f^ls sur Poriglnal cbaldëo-rabblnique et accompagne des notes et re-
marques de tous les commentateurs. T. II. Orléans, impr. G. Micbau,
1898;io-8«dcî70p.
Pavlt (Jean de). rT5?3«5 rmp. La cite juive. Orléans, G. Micbaû, 1898;
ia-4» de 85 p.
C'eal lu pretiière partie d*un travail sur Pesprit du judaïame. « On y
examine la quinlessence de la loi, de la morale et des croyances. Le seeond
volume, formant la partie pratique, nous familiari>e avec la vie publique et
privée du Juif. « J'ai pensé, dit Tauleur, que, pour arriver à définir le
Judaïsme, il valait mieux procéder en seus inverse de la méthode habituelle
ii\ étudier l# vie d'un Juif pour en counaitre les convictions intinke», les
sentiments qui l'animent; en d'autres termes, j'ai pensé que ce n'esl pas
l'étude de la religion qui nous iera connaître le Juif, mais qu'au contraire il
fallait surprendre la religion juive là où elle a fait véritablement sa demeure :
<^aD8 use eilé de vrais croyants. Partant de ce principe, j'ai essayé de re-
construire par la pensée une cité juive telle qu'elle existait avant la disper-
sion du peuple d'Israël. Je me suis servi, à cet eiïet, de ces parties de la
Mticha« seulement qoî ne sont pas contestées; des sentences et d#s récits
des Thanellhs des deux Talmuds et des Midrashim, qui ont enseigné peu
après la destruction de Jérusalem; enfin, du Zfohar dont le fondateur, déjà
Memaié (SitnéoB, fils de Johai; commencé par cet auteur, le Zohar a été
achevé è 1* fin du vu* sièele), ainaî que les principaux, rédacteurs o^ vécu
vers la même époque. Cest à l'aide de ces documents authentiques tt kré-
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3i2 BEVUE DES ETODES JUIVES
futables que j'ai reconsiiiu^ U vie publique et privée des Juifs primitifs. •
Nous croyions tout d'abord que M. de P. se proposait de décrire les
croyances, iostilutioDS et mœurs des Juifs de dos jours et de délermioer ainsi
Tidéal qui, à leur insu peut-êlre, les dirige. Le travail eût été très itisiructif
et on eût compris ainsi que le Zohar fût invoqué pour l'histoire de certaines
idées et coutumes qui sont aujourd'hui celles da beaucoup de Juil's, mdora
de ceux qui rejetleut Tautorité Je la Cabbale. Mais, puisque M. de P. veut
reconstruire la cité des Juifs primitifs, le Zohar, à notre avis, qui est celui
de tous les savants juifs, ne saurait pas fournir Ue matériaux. Il est impos-
sible, pour celui qui a jamais comparé les passages du Zohar à ceux du
Talmud et des Midraschim qu'il copie, de ne pas reconnaître que Tauleur
de cette compilation a utilisé les monuments les plus récents de la littérature
talmudique et midraschique. M. Bâcher a ici niôme montré qu'il atait même
emprunté la technologie des exégètes espagnols du xii* siècle. Il faut donc
résolument écarter le Zohar pour cette œuvre de restauration. En outre,
même les documents dont rauthenlicilé n^est pas douteuse, comme ceux du
Talmud et des Midraschim, doivent encore Ôlre classés; ils ont conservé,
même pour la période des Tannaîm, les traces de conceptions diverses, de
tendances opposées, de phases successives dans le développement de U
pensée et des institutions juives. Il faut donc se garder de mettre sur le
même plan tout ce qui peut se rapporter aux six siècles qui précèdent et
suivent l'ère chrétienne. Encore plus faut-il s'abstenir de faire entrer dans le
même tableau des traits empruntés a la littérature rabbioique palestinienne
et a celle des apocryphes ou philosophes proprement alexandrins. La
Sagesse n'a pas exercé sur les Juifs de la Palestine la même influence que
l'Ecclésiastique (que l'auteur nomme souvent PEcclésiastc), si même elle a
jamais été lue. En d^uutres termes, au point de vue scientifique, une recons-
titution de la cité juive avant la dispersion d'Israël ne nous paraît pas pos-
sible avec les matériaux recueillis par M. de P. L'ouvrage d'Edersheim, très
incomplet, puisqu^il élimine les croyances, et quoique empreint de partialité,
nous parait mieux remplir le programme. Mais ces réserves faites, nous sommes
heureux de rendre hommage à la science de l'auteur, à son réel talent d'ex-
position, à l'élévation de ses pensées et à la solidité de son érudiiiou. Ancien
professeur à l'École du Sacré-Cœur de Lyon, il n'en a pas moins de sympa-
thie pour les idées et les mœurs qu'il décrit, il sait les apprécier avec impar-
tialité et même les défendre avec chaleur et autorité. La lettre dédicntoire au
cardinal Sera&ni Cretoni, qui est en tôte de l'ouvrage, est à la fois un
témoignage de haute raison et un ^te de courage. Il faut tant d'héroïsme
aujourd'hui pour ne pas craindre de dire la vérité I
PbiloDis AlôxamiriDÎ opcra quac supersunt cdiderunt Leopold Cohn ot
Paulus Wendiaud. Vol. U. éd. Paulus Wendland. Berlin, Rcimer, 1897;
in-8^ de XXXIV + 314 p. (De postcritato Caini, De Gigantibus, Quod
deus sit immutabilis, De agricultura, De plaatatioDO, De ebrietate, De
sobriclate, De coufusioue liuguarum, Do migratione Abrabami).
HosbnblOth (S.)- I^iG Seelenbcgrififû im Alten Testament. Berne, Steiger
1898 ; in-8^ de 62 p. (Berner Studien zur Philosophie und ibrer Gescbi-
cbte, hrsgg. von L. Stein).
SA.CHS (Hirscb). Die Partikeln der Miscbna. Inaugural-Dissertation. Berlin,
Maycr et Mûller, 1898 ; in-8° de 51 p.
Samtbr (N.). Judenlhum und Proselytismus. Vortrag. Breslau, Jacobsobn,
1897 ; in-80 de 40 p.
Sax (B.). Le prisme de Sennacbérib dans Isaïe. Paris, Leroux, 1897;'6p.
in-4°. (Extrait de la Kevue d'auyriologie et d'archéologie orientale^ vol. IV,
n<> 2, 1897),
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BIBLIOGRAPHIE 313
Isoïe, z, 13-14, fait ainsi parler )• roi d'Assyrie (Sennacbérib) : « El j^at
déplacé les bornes des peuples, et leurs proTisions, je les ai pillées. . . Et
ma main a trouvé comme dans un nid les richesses des peuples... » Or
l'inscription du prisme découvert par Taylor et qui est répétée sur les tau-
reaux de Kouyoundjik, met dans la bouche du môme roi c«ts mots : • Mais
Ezécbias n'avait pas l'ait sa soumission..., j*-ei emmené captives 200,150 per-
sonnes... des femmes, des chevaux, des ànc», des mulets, des chameaux,
des bœufs et des moutons sans nombre. Quant a lui (Ezéchias), je Ten-
lermai dans la ville d'Ursalemmi, sa capitale, comme un oiseau dans une
cage... J*ai séparé de leur pays les villes que j'avais prises ; je les ai don-
nées à Metenti, roi de la ville d'Azdod ; à Padi, roi de la ville do Migron,
et a Ismt-Bel, roi de Gaza. J'ai diminué son royaume... > Puis rient Pénu-
méraiion de la partie la plus riche du butin. La coïncidence de ces deux
discours, et, en particulier, des images comme d'un oiseau dans une cage et
eoptme dans un nid, fait supposer a M. Sax qu^lsaîe avait sous les yeux
Tinscription assyrienne. — Le même prisme de Taylor se rencontre avec
un autre passage du prophète, Isaie, xxxvii, 24 et 25 : « Par tes serviteurs
tu as outragé le Seigneur et tu as dit : « Avec la multitude de mes chariots,
je suis monté sur le haut des montagnes^ dans la partie la plus extrême du
Liban et j*ai coupé les plus élevés d» ses cèdres et les plus beaux de
ses cyprès» et je suis arrivé jusqu'à son estréme sommet^ à U fofêt de
son Carmel. J'ai creusé et fai bu de /Vaw, et j'ai desséché, de la plante
de mes pieds, tous les torrents encaissés. » Inscriptions du prisme :
Sennacbérib parlant des tribus du pays de Nipour dit : « Elles avaient
perché leurs demeures comme des nids d'oiseaum, en citadelles impre-
nables, au-dessus des mouticules du pays de Nipour sur de hautes mon^
tagnUy et ne s'étaient pas soumises. Les débris des torrents, les fragments
des Âautts et inaeeessibles montagnes^ j*en façonnai un trône, j'aplanis une
des cimes pour y poser ce trône, et je bus l'eau de ces montagnes, l*$au
auguste^ pure^ afin d'éancber ma soif. Quant aux hommes, je les surpris
dans les replis des collines boisées.., » M. Sax déleimine ensuite la date de
rédaction de ces divers passages. — A supposer que les rencontres d'expres-
sions soient tout à fait convaincantes, il laudrait qu'lsafe lût allé en Âs~
syrie et y eût déchilTré ces ligues écrites en caractères cunéiformes, ou
qu'une copie, traduite en hébreu, lui eût été apportée en Judée. C'est une
objection que nous prenons la liberté de soumettre à l'auteur de cette
curieuse notice.
Schwab (M.) Inscriptions hébraïques en France du vu*' au xv* siècle.
Paris» imprimerie nationale, 1898; iu-8<> de 40 p. (Extrait du Bulletin
archéologique, 1897).
Le présent mémoire a été lu par notre excellent confrère et ami M. S. au
dernier Congrès des Sociétés savantes. Il répondait à cette question du pro-
gramme : t Hechercher les épitaphes, inscriptious de synagogues, graffites,
eu langue et en écriture hébraïques, qui n^ont pas encore été signalés, ou
impsrfaitement publiés jusqu'à présent. • Giâce au zèle de M. S., nous
possédons maintenant un catalogue complet de toutes les inscriptions juives
de France connues jusqu^â ce jour. A celles qui avaient été déjà publiées,
et dont M. S. a rectilié le déchilFremeut, en sont jointes de nouvelles, entre
autres celle de Narbonne, dont il a été traité dans cette Bévue. Ces docu-
ments ne jettent pas une grande lumière sur l'histoire des Juifs de ce pays ;
mais il était bon qu^on les réunit, et il faut savoir gré à M. S. de s'Ôtra
chargé de cette tâche et de s'en ôtre acquitté avec succès.
SiNOKR (Wilhelm). Das Bucb der Jubil&eu oder die Leptogcnesis. I. Theil :
Tendenz und Ursprung. Zugleich ein Beitrag zur Religionsgescbicbte.
Stuhlweissenbarg (Hongrie), Ed. Singer, 1898 ; in-8'> de 323 p.
Compte rendu dans le prochain fascicule.
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314 KEVUE DES ETUDES JUIVES
SIti^GK (HermaniHL.)* KinUilung îd das Alto TesUmeul eiuscbliesslich
A|Mkryi»hen uad Pteudepigrapheo, mit eingebonder Angaba dar Lilte-
rtim. Fûofte, tielfach yarmebrie und Terbeasorte Auflage. Muolob, C.-H.
B«Qk, 1898; m-8' de viii + SB3 p.
Cette Introduction à U Bible et aux Apocryphes en est à sa ciuquième
édition, ce qui prouve U succès qu'elle a obtenu auprès des théologiens.
Tout en étant bref, M. Strack a suffisamment développé les points essen-
tiels de la critique biblique, par exemple, le vocabulaire des différentes
60Utce4 du Peatatsuque. La littérature exégétique et critique est donnée
d'une manière aussi complète qu'on peut le désirer, et M. Strack l'a mise au
CoUfttnl des derniers travaux. Sous ce rapport, l'Introduction de M. Strack
efct particulièrement utile à consulter. — M» L.
SfBiNtfOHNKiDER (MoHIz). Dio bebrâischen Handscbriften der K. Hof-u.
Slftatabibllolbek in Mfkncben. 2. grosaenteils umgearbeitele Auflage. Mu-
nich, Palm, 1895 ; in-8*» de x +277 p.
Noms venoaa un peu tard pour rendre compte de cette deuxième édition
du Catalogue des mss. hébreux de la Bibliothèque de MnnicU, mats nous
ayons pour excuse que Touvrage ne nous a été envoyé que récemment.
Noua reconnaissoas sans peine, d'ailleurs, qu'il nous faudrait beaucoup de
temps encore pour juger avec compétence une œuvre de cette nature. Ou
sail ce qui distingue les catalogues dus au Nestor de la bibliographie
hébraïque. Quand même ils n'imitent pas le fameux Catalogue des livres
hébreux de la Bodléienne, catalogue qui est, en réalité, une histoire dé-
taillée de la littérature juive, ils oITreut ceci de commun arec cet opttt
maynum de l'illustre savant d'être des répertoires manuels d'un prix inesti-
mable. Kl. S., en effet, ue se borne pas à décrire les mss., à relever dans
chacun les notices intéressantes pour la vie de l'auteur, ou pour la sdeitcc
SB général, il indique toujours les autres mss. semblables (|ui se trouvent
dans las diverses bibliothèques, les comparant entre eux ou avec les impri-
més, il apprend si l'ouvrage est inédit et, dans le cas contraire» énumère
les éditions qui en ont été faites ; bien mieux, par des notes concises, qui
out parfois l'air d'équations algébriques, il dit l'essentiel sur l'ouvrage en
Î|ues|ioB et renvoie aux plus importants travaux qui lui ont été consacrés.
l sufiit donc qu'un livre se trouve en ms. dans les bibliothèquee dont il a
dressé le catalogue, pour qu'on en sache immédiatement l'essentiel. Une
deuxième édition d'un de ces Catalogues n'est pas seulement utile pour la
eo^naisfanee des acquisitions nouvelles de la Bibliothèque à laquaUa «1 e«t
consacré, mais pour celle des études récentes provoquées par les ouvrages
qui figuraient dans la première édition. Comme de )u8ta, le Calak>gue se
termine par d'excellents indices^ des auteurs, des copistes, des proprié-
taires des mss., des titres, des anonymes, des localités. En outre, plusieurs
appendices donnent : 1* la liste àes autorités citées par Zahravi, par Isak
Akko, par fauteur du nSKp k3pb> des passages du Zohar qui se trouvent
dans tes divers mss. de Munich avce renvoi à l'éditiioB éê Mantoue —
l'ordre suivi est celui des chapitres du Pentatauque, — la eopia d'un texte
de Mordechaï Rossello intéressant pour l'histoire, etc. — Si Yoû sa rap-
f9\h que M. S. a célébré il y a deux ans son quatre- viagtièma anniver-
saire, on ue pourra qu'admirer la fécondité d'une vieillesse toujours jeune
qui noua vaat de si remarquables travaux.
WcissiKia (Max). Die neubebrâische Aufklârungs-Literaiur m Galizien.
Eine literar-hiatorische Cbarakteristik. Vienne, M. Breitenatate, 1898;
in-8* de 88 p.
WiLBMsqi» H).>. Die Spruche. Friboufg en Brisfau, Mokr, 1897 ; in-âP de
XXIV + d5 p. (Kunar Hand-Commentar zum Allan Taalamoat, hragg. icon
K. Marti. XV. Abteilung).
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BlBLIOGRAPUlIi; 31ë
Yeir ]»ook of GenUal copfcrence of American rabbis for 1807*96 = 5658.
CUïàcimiati, May et Kreidler, 1898 ; in-8° de lviii + 79 p.
Goolient let conféreBoet auiv^nAes, qui ob4 IouIm ua carMlira j^u-
Uirç : The ih^ology of ihe old Pwyar = Book, par Mas MaiffoUa ; — The
Hahbi «8 a public man, par J. L. Leucht ; — Ëulogy in memory of Rabbi
Uraêl Joseph, par Habbi Joseph Stolz ; — A few words about funeral
rafctriflf, par Léo M. Frauklin ; — Gibi aa Dogmen in Judealkum, par
II. Felaenthal.
4. Noies et extraits divers,
tB = |f. DaTÎd Kaufmann vient de palier, dans le» Archiv fuf Qâêâkhhte
dêr PUotopkit (t. XI, fasc. 8) de Ludwig Siein, une renoarquable éUido
sur kl diffuaton du Guide des égaeéi de Maîmonide dans la liiWffalure
untveraelle {JHt c FUhrer » MaimûtU's in der WeltlUterahir). Noua ik>us
réseîTOBS d*en rendre compte dans le prochain numéro.
= ^ Un nouveau dicUannaîre héàreu, — C'est de Jcvusalem que nous yieni ce
nouTçl instrument do travail. Jusqu'ici la Palestine ne nous envoyait que
des novelles et consultations rabbiniques, des élucubralions miriôquejS ;
Toici qu'une révolution s'opère dans ce pays devenu le point de mire do
tant de Juifs do nos jours. Une gënëration nouvelle ne croit pas être infi-
dèle aux traditions en cultivant la langue hëbraïquo et en dtudiant avec les
exigences modernes les œuvres du passe'. Les publications de M. Luncz
en sont une preuve entre beaucoup d'autres, celle de M. Ben Jehuda le
démontre égalemcnl. Sous le titre de 1*1^73. cet auteur, connu par son
journal hébreu "«nitn, a entrepris de dresser le vocabulaire de tous les
mots anciens et modernes qui peuvent servir à la re'surrcction de l'hé-
breu comme langue vivante. Si Pouvrage n'avait que cette destination,
nous pourrions en discuter rulililé. Mais il offre des avantages bien plus
sërieux. Celui qui dtudie les divers monuments de la litte'rature juive,
est obligea, pour la përiodo ancienne, de recourir à plusieurs diction-
naires, à celui de la Bible, à ceux du Talmud, des Midrachim. Quand il
aborde le moyen dgc, son embarras est grand : aucune aide pour la
langue des poètes hébreux de ce temps, des livres de science, traduc-
tions ou œuvre originales, philosophie, théologie, grammaire, sciences
exactes, etc. S'il s^avise de vouloir comprendre les termes employés dans
le nëo-hdbreu, il est encore plus désorienté. Le dictionnaire de M. B. J.
▼lent rôpendre à tous ces desiderata : on y trouvera le matériel de la
langue béiwajque aux différentes phases de son développement. L'ou-
vrage e»t rédigé en hébreu, mais tous les mots dont il est traité sont ren-
du» en Iraoçaia et en allemand. 11 se publie par livraisons et formera quatre
volumes. Nous souhaitons bon succès à l'auteur^ dont l'entreprise «st
digne de toutes ces sympathies.
= = II. Bmile Durlcheim, professeur de sociologie à la Faculté des lettres
de Bordeaux, a entrepris de rendre compte annuellement de tous les
travaux rentrant dans le domaine de la sociologie. La science des reli-
gions en faisant incontestablement partie, M. D. a accordé une place, dans
son Ann^e sociologique (Paris, Hachette, 1898), à la bibliograpfiîe dea
Ouvrages et articles relatifs à la religion d'Israël. L'idée est excellente,
mais Tapplication n'en est pas facile. Il faut, pour cela, des savants con-
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316 REVUE DES ETUDES JUIVES
DaissaDt, d'une pari, les questions relatives à la religion hébraïque et
juive — et combien y en a-l-il en France? — et, d'autre part, sachant en
tirer ce qui intéresse la sociologie. Outre ces comptes rendus, VAnnée
sociologique renferme des mémoires originaux ; celui de M. D* sur la
prohibition de V inceste et ses origines mérite la plus sérieuse attention.
=:=z VantiséMitismeet l'accusation de meurtre rituel. — Un ecclésiastique,
le Père Constant, a publié, en 1896, un ouvrage. Les Juifs devant VBglise
et l'histoire (Paris, Gaume et C'^), où il essaie de démontrer que les me-
sures prises par l^Egliso contre les Juifs sont empreintes de la plus pro-
fonde sagesse. Afîn de faire pénétrer plus facilement la conviction dans
Tesprit de ses lecteurs, il a cru nécessaire, comme il dit, de présenter le
peuple juif sous son vrai jour. Suit alors la longue série d'absurdités, de
calomnies, de fables ridicules répétées depuis des siècles par tous les
ennemis des Juifs. La collection ne serait naturellement pas complète
s*il y manquait la fameuse accusation de meurtre rituel. Pour prouver
que cotte odieuse accusation est vraie, le Père Constant invoque la béa-
tification de roufdnt Simon de Trente, l'autorité des papes, la science des
BoUandistes et. . . la France juive de M. Edouard Drumont !
Une revue calholique anglaise, The Month, dans son numéro de juin,
public, sous la signature de M. Herbert Thursion, une réfutation de cette
dernière accusation {Antisemitism and the charge ofritual murder, p. 561-
574). Les arguments oppos<^s par le publicistc an^^Iais au Père Constant
sont ceux qui ont déjà été exposes mainte et mainte fois par des écri-
vains juifs et cbiéliens. M. Herbert Thurston les résume ainsi :
P On ne rencontre absolument aucune trace do prescription concer-
nant le meurtre rituel ni dans le Talmud ni dans aucun autre ouvrage
religieux, car depuis trois siècles qu'ils scrutent tous les livres hébreux
avec un zèle avivé par la haine, les ennemis des Juifs n'ont pas décou-
vert un seul passage qui prouve l'existence d'un tel usage.
2^ Nous savons, non seulement par les déclarations solennelles de
Juifs honorables, mais au;isi par le témoiguage de rabbins convertis au
christianisme et de la plus haute moralité, qu'il n'existe chez les Juifs
aucune tradition orale qui justifie cette accusation.
3** Dans les cas où un meurtre a été effectivement commis par des
Juifs sur un enfant chrétien \ Tenquôtc a seulement démontré la réa*
lité du crime, mais n'a jamais pu prouver qu'il s'agissait d'un meurtre
rituel.
4^ On connaît de très nombreux cas où cette accusation a été dirigée
contre les Jtiîfs, mais où le» juges, malgré la surexcitation et la colère de
la foule, ont eu le courage de proclamer Tinnocence des inculpés.
50 Plusieurs papes et de hauts dignitaires de l'Bglise ont déclaré for-
mellement, après de minutieuses recherches, que le judaïsme ne prescrit
pas le meurtre rituel.
6^ La béatification de Simon de Trente et d'André de Rinn, ces pré-
tendues victimes du fanatisme juif, ne prouve nullement que l'Eglise
croit au meurtre rituel, car la bulle pontificale instituant le culte de ces
* M. Herbert Thursion mentioane eo note deux cas de ce genre, dont Tun tst
rbbtoire du Baiol enfant de la Guardia. On se rappelle peut-être Tétude que
M. Isidore Loeb a publiée dans la Hevue, XV, 203-232, et où il a montré que cet em^
fant »'« jamais existé.
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mBLlOGRAPHlE 3i7
soi*disant martyrs dit quMls ont été toéa in odium fldei, mais non pas en
vue d*nn usage religieux.
Mais rintërôt de cette e'tude du Montk est peut-être moins dans les
arguments présentés contre Taccusation do meurtre rituel, que dans ce
fait que cette revue, qui est un organe catholique (a cathoUc Magazine)^
reproche vivement aux croyants catholiques qui répètent avec tant de
complaisance cette infâme calomnie contre les Juifs, d'oublier que des ac-
cusations analogues ont été portées, et cela tout récemment encore, par
les « antipapistos » contre les catholiques anglais. « Ni les protesta-
tions, dit M. Herbert Thurston, ni la force de Tëvidence ou do la lo-
gique, ni les affirmations des personnes les plus autorisées, ni les
preuves attestant la mauvaise foi ou l'ignorance des accusateurs ne
peuvent empêcher que ces calomnies ne soient sans cesse répe'tëes.. . et
Ton admet comme un principe que la déclaration la plus solennelle d'un
catholique est sans valeur s'il essaie de défendre l'honneur de sa reli-
gion. » Bt il termine son étude par ces lignes que le cardinal Manning a
écrites, au sujet de l'accusation de meurtre rituel, à M. le grand-rabbfn
Adler, de Londres : « Vous avez raison de croire que je réprouve absolu-
ment des accusations aussi odieuses. » — Moite Bloch.
ISRABL LiVt.
VncBTtAMBR (Ludwig). Die eleuslnlnehen VyAterlen Im leranalemlficheii
TeBi|»eU Beltraff zar {Odlnrhen RellgloiiMifefirhIehte. (Séparât- Abdruck
•U8 D' A. BrûU's • Populftr-wisseQScbafllicbe Monalsblfttler >). Francfort, Brônaer,
1897 ; 18 p. in-8\
La fête éleusinieDue retrouvée que M. Venetianer dans le rituel de
Jérusalem est la naNiian rr^a nnTS» « fêle du puisement de Teau » ou
« de la maison de la puiseuse » (p. 6), qui commençait le soir du
premier jour des Tabernacles. Les prêtres et les lévites descendaient
dans le parvis des femmes, éclairé par de hauts candélabres d*or ;
des hommes pieux, porteurs de flambeaux, venaient chanter et dan-
ser devant les candélabres ; au chant du coq, on se mettait en roule
pour la fontaine de Siloé; on y puisait de l'eau dans des vases d'or,
puis l'on rentrait au temple. Deux vases de gypse placés à Test et à
l'ouest de Tautel devaient recevoir, le premier du vin, l'autre de Teau ;
le prêtre faisait la libation et versait dans le vase de l'ouest Teau du
Siloé, en ayant bien soin de lever les bras. La Bible ne fait aucune
allusion, au moins apparente, à ces cérémonies. Elles sont décrites
dans Mischna Soucca, v, 4-4; iv, 9; Tosefta (éd. Zuckermandel),
Soucca, IV, 4-9, et Talmud Soucca, 50a-53*. M. V. y voit une contre-
façon de la fête des ic^i)(Aoxoai, célébrée le 6^ jour des Grandes Eleusi-
nies : les initiés allaient puiser dans deux cruches de terre Teau qui
devait être versée au pied de Tautel. De part et d'autre il y a deux
libations, l'une du côté de l'Ouest, l'autre du côté de l'Est, de part et
d'autre mômes chants, mômes lumières, môme joie mystique. Les
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3l8 REVUE DEÔ ÉTUDES JUIVES
datéB dés deux fètisd concordent (45 tiséhri, 15 H^tétàMén). M. Y. fte
donne beaucoup de mal pour multiplier les analbgtieâ.
Gt-aelz allribuait l'instilulion de la'na&^nicn h->3 nn7a»à là feine
Salomé Alèxandra (78-69); M. Y. la croit plus ancienne. Ce sont les
grands-prôtres hellénistes du temps des Macchabées qu'il rend res-
ponsables de la contamination du culte juif par les mystères d'Bleu-
sis. — Leur imitation me semble trop discrète. Il y a plutôt entre tes
deux fêtes analogie que similitude. — M. Y. conclut bien tite au ai-
lehcè absolu de l'Ancien Teatament. L'allusion est au moins posâible
danstsaîe, xit, 3*. Accordons à M. Y. que ce passage n'est pas uti do-
cument suffisant; mais n'y vit-on qu'une métaphore, encote fondrait-
il Texpliquer. Je vois une allusion plus lointaine au môme rite dans
I Samuel, vu, 6*.
L^absence de toute prescription dans la loi au sujet du puisemeni
de Teau prouve simplement que le rite n*a pas été interdit ou mo-
difié. Il disait partie de l'ancienne religion populaire d'Israël, dont
les débris, chers aux Pharisiens, étaient rejetés par les Sadducéena.
— Une fêle semblable était célébrée à Hiérapolis (Membedj). On
allait deux fois l'an en procession puiser de l'eau à TEuphrate, on la
rapportait dans des vases scellés et on la versait daus le temple*. —
A Babylone, le % Nisan, à la première heure de la nuit, le grand prêtre
va prendre dans sa main de Teau de l'Euphrate, qu'il doit répandre de-
vant Bel ^ G^était probablement un charme pour faire tomber la pluie*
Le rituel des fêtes agraires comporte un épisode où les eaux, )ès
sources, les fleuves jouent un rêle (bain sacré, aspersion, été.). Un
même rite put être pratiqué indépendamment à Jérusalem et à
Eleusis.
Hknri Hubbbt.
* «nrt ûva 0P"ittfin nji«'»n '•3-'y?3îD iiujttja û-»» Dna«©i.
* ^.ucieo, De Dea Syrta, 48-9; Rob. Smilh, Helig, ofike Sémites, p. 232.
* IV It. 46, i sqq.
U gérait,
ISftABL LÉYI.
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TABLE DES MATIÈRES
REVUE.
ARTICLES DE FOND.
Bachbr (W.) Erreurs récentes conceruant d'aûciennes sources
hisloriques 4 97
Baukr (J.). Le chapeau jaune chez les Juifs comtadins 53
BiicHi.KK (Ad.). La relation de Josèphe concernant Aleiatidré
le Grand ,. \
Epstbin (A.). Les Saboralm tîi
Kaufmann (D.). I. Un manuscrit du Mischné Tor» 65
IL La lutte de R. Naftali Cohen contre Hayyoutt tW
III. R. Don Ascbkenasi, exégète 287
Krauss (S.). Le traité talmudique « Déréch Ëréç » 27 et 205
Lambert (Mayer). Le Cantique de Moïse (Deut., xxxii) 47
Lrvi (Israël), Le tombeau de Mardochée et d'Esther 237
Nicolas Antoine, un pasteur protestant brûlé à Genève en 4632
pour crime de Judaïsme 461
RouBiN (N.). La vie commerciale des Juifs comtadins en Lan«
guedoc au xviii^ siècle (fin) 75
NOTES ET MÉLANGES.
Bachbr (W.). I. Contribution à Tonomastique juive 403
II. R. Sabbatal, amora palestinien du iii« siècle a04
Kaufmann (D.). Menahem di Fano et les ouvrages de Moïse Cor-
dueroet dlsaac Louria 408
Krauss (S.). Apiphior 405
Lambert (Mayer). I. La dittographie verticale 401
II. Le verbe nm» 402
IIL Notes exégétiques 293
LÉvi (Israël). La mort de Yezdegerd d'après la tradition juive. 294
Poznan&ki (S.). I. Encore l'inscription n» 206 de Narbonne 444
II. Un fragment de Toriginal arabe du traité sur les verbes
dénominatifs de Juda ibn Bal*am 298
ScBWAB (M.)- Une Bible manuscrite de la Bibliothèque nationale. 442
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320 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
BIBLIOGRAPHIE.
Blàu (L.). Die hermeneulische Analogie in der talmud. Lite*
ratur, par Ad. Scbwabz 450
HuBBRT (Henri). Die eleusinischen Mysterien im jerusaiemi-
schen, Tempel, par L. Yenbtianer 317
Lambert (Mayer). Historisch-comparative Syntax der hebr.
Sprache, par Ed. Kônio ^ 143
LÉv[ (Israël). Revue bibliographique (S*" semestre 4897 et l^^* se-
mestre 4898) 445 et 304
ACTES ET CONFÉRENCES.
Allocution de M. Maurice Vernbs, président v
Procès-verbal de TAssemblée générale du 5 février 4898 i
Procès-verbaux des séances du Conseil XxiV
Rapport de M. Lucien Lazard, secrétaire, sur les publications
de la Société pendant Tannée 4897 , x v
Rapport du trésorier i
FIN.
YBR8^II.LB8, IMPRIMBRIBS CBRF, 59, RUB DtrPLBMIS.
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EVUE
DES
S JUIVES
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ER8AILLES. — IMPRIMERIES CERF, 'iU, RUE DUPLBSSIS.
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REVUE
DES
ÉTUDES JUIV
FUBLlCAÏlOiN THIMESTHIELLE
DE LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
TOME TRENTE-SEPTIÈME
N
PARIS
A LA LIBRAIRIE A. DURLAGHER
83 "•, RUB LAFATBTTB
1898
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QUELQUES DATES IMPOKTAKTES
LE LA CHRONOLOGIE LU 2' TEMPLE
A PROPOS D'UNE PAGE DU TALMUD (Aboda Zara, 8 b)
RAPPORTS BNTRB ROME BT LA JUDÉE. — DURÉE DBS DYNASTIBS ASMO*
NÉENNB BT HBRODIBNNB. — APOQÉE DB LA PUISSANCE DBS ASMO-
MÉENS. — DÉCADENCE DU JUDAÏSME EN JUDÉE. «- ÈRE NATIONALE
DURANT LB SECOND TEMPLE.
U est dit, dans Aboda Zara, 8 2^, à propos des fêtes non-juives :
<x Qu'est-ce que la fête de cratèsis? R. Jada dit, au nom de
» Samuel : C'est le jour où Rome se saisit du pouvoir royal *.
i» Objection : Une baraïta, énamérant également les fêtes non-
» juives, compte comme deux fêtes distinctes et la fête de cra-
» tésis et l'anniversaire du jour où Rome s'empara du pouvoir
» royal? R. Joseph répond : C'est que deux fois Rome se saisit du
» pouvoir royal : à l'époque de la reine Cléopatre et à Tépoque
» des Grecs*.
» R. Dimi dit : Par trente-deux fols les Romains livrèrent ba-
» taille aux Grecs. Ce ne fut qu'après s'être associé les Juifs
> qu'ils devinrent victorieux '. Voici quelles furent les conditions
» du pacte conclu entre Rome et les Juifs : Le chef suprême
2> (iitt. le roi) et Thyparque seront choisis alternativement l'un
» parmi les vôtres, l'autre parmi les nôtres. . . Ce pacte, pendant
t> vingt-six ans, les Romains l'observèrent fidèlement. Plus tard
» ils réduisirent les Juifs sous le joug. »
' De l'hégémonie.
* Par les Grecs, le Talmud entend la dynastie des Séleucus de Syrie. Cette dynar-*
tie prit fin en 64, détrônée par Pompée.
* An sujet de Taide fournie par les Juifs à César, à Alexandrie, Toir Antiq., XI V^
Tiu, i,2, 3; B. /., I, iz,3, 5.
T. XXXVII, H» 73. 1
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2 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Ce changement de la politique des Romains à regard des Jaifs
est confirmé, d'après le Talmud, par la tradition suivante :
« R. Eahana dit : Quand R. Ismael, âis de R. Tosé, tomba ma-
9 lade, les sages lui mandèrent : « Rabbi, dis-nous encore les deux
» ou trois choses que tu nous as enseignées au nom de ton père. »
» — Il répondit : « Cent quatre-vingts ans avant la destruction du
» Temple» Tempire s'étendit sur Israël ; — quatre-vingts ans
9 avant la destruction du Temple, on décréta Fimpureté de la
9 terre des gentils et des vases de verre ; — quarante ans avant
» la destruction du Temple, le Sanhédrin alla siéger au Bazar. »
Ce qui signifie, d'après R. Nahman b. Isaac, qu'il cessa volontai-
rement de prononcer des sentences capitales.
D'autre part, R. Yosé avait dit :
« L'empire persan domina sur Israël, avant la destruction da
» Te»ple,34 années; l'empire grec domina sur Israël, avant la des-
» truction du Temple, 180 ans ; la dynastie asmonéenne, avant la
> destruction du Temple, 103 ans ; la dynastie d'Hérode, avant la
» destruction du Temple, 103 ans. »
Or, comme, d'après le Talmud, il est indubitable, d'autre part,
que Rome domina la Judée pendant les deux dernières périodes de
l'histoire politique d'Israël, celle de la dynastie asmonéenne et
celle de la dynastie d'Hérode, dont le total, d'après R. Yosé est de
206 ans, le Talmud concilie l'assertion de R. Ismaël avec celle du
père de celui-ci, en disant que, pendant 26 ans, les Romains agirent
avec les Juifs en alliés sincères et loyaux, laissant aux Juifs leur
liberté, et que durant 180 autres années ils les réduisirent à l'état de
vassaux ou de sujets. C'est dans ce sens qu'il faudrait comprendre
ces mots nis!»» nDiDS, le mot nTD^^s désignant incontestablement,
d'après le Talmud, l'empire romain.
Be pluS) en additionnant les 206 années de ces deux dernières pé-
riodes avec les 180 années de la période de la domination « grecque »
et la période de la domination persane, de 34 ans, d'après R. Yosé,
on obtient la somme de 420, ce qui est le chiffre donné pour la durée
complète du second Temple dans le passage suivant de Voma, 9 a :
« Rabba bar bar Hanna disait au nom de R. Yohanan : Le pre-
» mier Temple dura 410 ans ; dix-huit pontifes le desservirent suc-
» cessivement. Le second temple dura 420 ans et fut desservi par
» plus de trois cents pontifes. Si on retranche du chiffre total les
» 40 années du pontificat de Siméon le Juste, les 80 années du
» pontificat de Jean Hyrcan, les 10 années du pontificat d'Ismael
» b. Fabi et, d'après quelques-uns, les 11 années du pontificat de
» R. Eléazar b. Harsom, il ne reste plus, en moyenne, une année
9 pour chacun des autres pontifes» j>
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2* TEMPLE 3
T eut-il vraiment, darant le second Temple, tant de pontifes
successifs? Josèptie en compte cinquante et un *. Il doit en oublier.
Mais, sans nous arrêter à ce chiffre de trois cents pontifes, chiffre
parement hyperbolique, dans ces deux passages qui sont corres-
pondants et semblent se compléter mutuellement, que d'assertions
étranges, les unes manifestement contraires à la vérité, d'autres
sans intérêt appréciable, sans lien entre elles et n'ayant de com-
mun qu'une inexactitude en quelque sorte flagrante 1 L*une, par
exemple, appartenant à Thistoire politique, se rapporte à l'éta*
blissement d*un régime ; une autre touche à une question de rite ;
la troisième à une modification dans le fonctionnement de la ma*
chine judiciaire. Quel rapport entre ces trois faits dont, je ne
dirai pas la succession, mais la réalité même reste encore à
prouver et paraît extrêmement douteuse? Enfin, quel intérêt si
grand y avait-il à savoir la date exacte et précise de Tannée où
les rabbins lancèrent l'interdit sur les terres des gentils? Cette
mesure, qui n*était pas nouvelle, d'ailleurs, avait-elle une valeur
quelconque pour d^autres que pour ceux qui la décrétèrent en
même temps qu'ils décrétaient Timpureté des vases faits de telle ou
telle matière?
Il n'est pas vrai, d'autre part, que Rome ait dominé en Judée
dès Tavènement de la dynastie des Macchabées. Si elle intervient
entre les princes de cette maison d'une façon souveraine, c'est en
63, pour trancher en faveur de Jean Hyrcan II le litige que por-
tèrent devant Pompée Hyrcan et Aristobule. C'est en 163, d'après
le livre des Macchabées et de Josèphe, que Juda envoie une am-
bassade à Rome, que Rome, si le fait, bien douteux d'ailleurs, est
vrai, est devenue ralliée des Juifs. Le premier de ces deux faits
nous reporte à 233 ans, le second à 133 ans avant la destruction
du Temple, c'est-à-dire à une distance l'un de Pautre, non de
vingt-six ans, mais juste d*un siècle. Dans tous les cas, le chiffre
de 180 appliqué à la durée de la domination romaine en Judée ne
répond à rien de réel.
Il n'est pas vrai non plus que la domination persane n'ait duré
que trente-quatre ans. Il y a là une des plus grosses erreurs qui
aient pu porter #ur un fait de Thistoire. Il n'est pas vrai, par
conséquent, que la période complète du second Temple ait été,
comme l'affirme le passage de Yoma^ de quatre cent vingt ans.
L'erreur dans la somme est naturelleiftent égale à celle qui porte
sur le chiffre particulier. Elle atteint, comme on le sait, le chiffre
énorme de cent quatre-vingts ans !
I Ant,^ XX, X, 2 et s*
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4 REVUE DES ETUDES JUIVES
Nous nous proposons de répondre à toutes les questions que
nous venons de poser, de rechercher les parcelles de vérité ren-
fermées dans ces traditions diverses, le caractère commun de ces
faits d'une nature si variée, ce que cette page du Talmud, trop dé-
daignée, à notre avis, par les historiens du judaïsme, peut valoir
comme contribution à Tensemble des documents qui ont formé
les matériaux de Thistoire de la dernière période de la nationa-
lité juive.
I
Remarquons, tout d*abord, que les traditions rapportées dans
les deux passages du Talmud ont été recueillies par des docteurs
vivant assez longtemps après les époques ou les périodes dont ils
ont prétendu vouloir axer la date ou la durée. Le plus ancien
d*entre eux, R. Yosé, florissait un siècle après la destruction du
Temple. Les autres, R. Nahman, R. Dimi, R. Eahana, R. Jo-
seph, sont de beaucoup postérieurs. Ces traditions leur sont par-
venues, le plus souvent, par voie orale, témoin le fait môme de
B. Ismaèl, fils de R. Yosé. On veut recueillir, à son lit de mort, les
souvenirs qui lui sont restés de son père et qu*il avait révélés une
première fois d'une façon orale ...laV nnTafiW Dnan ...rh n»».
Quelquefois ces traditions, ils les ont trouvées mentionnées dans
ces livres de généalogie, \>om^ nco ou \'^om^ nV^a» *, qui ont formé
la matière des livres des Chroniques, d*Ezra et de Néhémie* et
dont les indications toujours très brèves, parfois obscures, n^ont
pas toujours été bien comprises et souvent ont été mal interprétées.
En premier lieu, il est deux des assertions du passage d'Aboda
Zara dont il est aisé de démontrer l'exactitude. Les deux dynas-
ties des Asmonéens et des Hérodiens ont, toutes deux, même du-
rée, 103 ans, concordance de chiffre bizarre et qui, par cela méme«
éveille la défiance. Cette concordance n'en est pas moins réelle.
Prenons la première de ces deux dynasties, celle des Asmonéens.
Josèphe, à la fin du XIV« livre des Antiquités, lui assigne une du-
rée de 126 années. Elle aurait ainsi commencé eiyl'an 163, l'année
de la mort d'Antiochus Epiphane. A cette époque, Juda Mao-
chabée n'était guère qu'un chef de partisans, chef héroïque, il est
vrai, et dont les exploits, grossis sans doute par l'imagination po-
pulaire, sont souvent couronnés de succès ; mais son pouvoir est
* P$Mhim, 62*.
■ Néhémie, vu, 5.
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2- TEMPLE 5
encore bien précaire et sans assises. Le gouyernement officiel est
représenté par le général Syrien, Baccbides, et le grand-prêtre
Alcime. Jonathan (160-149), successeur de Juda Macchabée, par-
vint à devenir le vassal des rois de Syrie. N*est-il pas plus naturel
de faire commencer la dynastie asmonéenneen l'an 140, l'année où
une grande assemblée nationale conféra solennellement à Siméon
et à ses descendants la dignité de prince et de pontife, dont il rem-
plissait les fonctions depuis trois ans et dont il est dès lors investi
d^une façon légitime? De 140 à 37, année où finit la dynastie, il y
a 103 ans.
Il faut observer, d'ailleurs, que Josèpbe ne dit pas que les Âs-
monéens aient régné efiectivement durant cent vingt-six ans,
mais que leur primauté (Jt^xh) ^ duré ce laps de temps, chose par*
faitement soutenable.
Voyons maintenant quelles sont les dates extrêmes de la dynas-
tie hérodienne. Hérode monte sur le trône Tan 37 avant l'ère
chrétienne. En Tan 66 de cette ère, l'arrière-petit-flls d'Hérode,
Agrippa II, roi de Chalcis, qui, comme descendant des rois juifs,
avait conservé, de la part de Rome, le droit royal de nommer
et de déposer, à son gré, le souverain pontife et ainsi, dans une
certaine mesure, possédait la suprême direction de la nation
Juive, soupçonné d'intelligence avec les Romains, chassé d'abord
de Jérusalem où il avait failli périr, devient ennemi public.
De 37 antej date de Tavènement de Hérode, à 66 post, date de
la dépossession finale d'Agrippa II, aux yeux des Juifs, il y a
103 ans.
II
Le chlfl*re 180 n*a aucun sens, nous l'avons dit, et ne rdpond à
rien si on le rapporte à la domination romaine. Que se passe-t-il
réellement cent quatre-vingts ans avant la destruction du Temple,
c'est-à-dire 110 ans avant l'ère actuelle ?
Jean Hyrcan avait soumis l'Idumée, obligé les habitants de ce
pays à embrasser le Judaïsme. Dès lors, du cdté de la frontière
méridionale, plus d'enclave pouvant servir de base d'opérations
ou de refuge aux tribus pillardes arabes ou aux partis égyptiens
désireux d'envahir la Judée et de menacer Jérusalem. Restait en-
core du côté du nord; entre la Judée et la Galilée, la Samarie, ha-
bitée par d'implacables ennemis du nom Juif et dont la présence
dans ce territoire était un obstacle insurmontable à l'union des
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6 revue: des études juives
provinces de la Palestine. Jean Hyrcan entreprend la conquête
de la Samarle, envoie deux de ses dis à la tête d'une armée qui ,
après avoir vaincu le roi de Syrie, Antiochus de Cyzique, accouru
avec toutes ses forces au secours des assiégés, s'empara de la
capitale ennemie, Tan 110, le jour même de Eîppour. On pré-
tendit — cette légende se trouve à la fois dans Josèphe et
dans le Talmud* — , qu^ayant pénétré dans le Saint des saints pour
y porter Tencens, le pontife y entendit une voix lui annonçant le
triomphe de ses fils. Il devint, dès lors, Tobjet de la vénération
populaire *.
Ce fait d'armes si brillant assura, pour un temps, Tindépendance
de la Palestine et produisit incontestablement dans imagination
des Juifs une Impression profonde et durable. La royauté nationale
des Âsmonéens s*était, à ce moment, étendue sur tout le pays
d'Israël, biniD'* by n*Db» SiDiDt. C'était là révénement considérable
qu'aux confins de sa vie, le tenant de son père, R. Ismaêl racon-
tait, trois siècles après, sans en connaître la signification ni même
sans doute la véritable nature, croyant sans doute, de même que
ses auditeurs, que le ni^b)3, la domination, dont il racontait l'ex-
tension, c'était la domination romaine. Quoi qu'il en fût, la tradi-
tion qu'il rapporte dans des termes très vagues, d'ailleurs, ne
fut pas comprise par ceux qui vinrent après lui : R. Kahana ,
R. Dimi, R. Joseph.
Il n'y a donc nul rapport entre les 180 ans de la tradition de
R. Ismaôl, qui sont une date précise dans l'histoire des rois Âsmo-
néens, et le nombre 206, somme des années qui s'écoulent entre
l'an 140 ante, année de l'investiture de Siméon, et l'an 66 de
rère chrétienne, année de la révolte déclarée de Jérusalem. Il
deviendrait, dès lors, superflu de rechercher ce que devien-
nent, à ce compte, les 26 ans formant la différence, difiérence
complètement imaginaire, entre le nombre 206, nombre cardinal
qui s'applique à une somme d'années et l'année 180, nombre or-
dinal, date d'un événement qui se réalise à une époque déter-
minée de l'histoire.
Toutefois, il n'est pas inutile de remarquer que la tradition rab-
binique, pour ce qui concerne la durée des rapports de Rome
avec la Judée autonome, n'est nullement contraire à la vérité. En
140 les ambassadeurs envoyés par Simon Macchabée pour con-
clure une alliance avec Rome reviennent de Rome, rapportant
l'instrument diplomatique de cette alliance. De 140 ante à l'an 66,
il y a 206 ans.
» Totèfta 8ota, xcii, 5.
* Josèphe, Antiq,, XIU, %, 7.
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2* TEMPLE 7
Dans cette confusion de traditions diverses mal comprises et
mal rapportées, il est impossible, sans aucun doute, d^expliquer
d'une façon mathématique jusqu'au moindre détail. Cette période
de vingt-six années d'alliance sincère et loyale entre Rome et la
Judée, qui semble avoir été l'âge d'or de cette alliance, à quelle
époque se produit-elle? Nous n'en savons rien. Prenons toutefois ce
chiffre de 26 pour l'expression numérique d'une tradition, réelle
peut-être, mais confuse comme toutes celles qui ont été rapportées
dans ce passage, et essayons, dans cette hypothèse, de retrouver
le moment où, portées l'une vers l'autre par une confiance absolue,
d'une part, par une bienveillance incontestée, de l'autre, Rome
et la Judée entretenaient des rapports tels que, de loin, pour des
esprits ignorants de la politique romaine comme les talmudistes de
Babylonie au iv® siècle, ou, comme longtemps avant eux, l'auteur
naïf du P' livre des Macchabées, il semblait y avoir égalité de
droits dans le pacte contracté entre le petit état oriental et l'empire
tout-puissant de Rome. Remarquons, en effet, que le Talmud n'a
pas, le premier, conçu de cette façon l'alliance avec Rome. L'au-
teur du P^ livre des Macchabées, qui vivait à une époque où la
Judée était indépendante, stipule de même, sinon dans les mêmes
termes, les conditions du traité : selon les circonstances, les
troupes juives devaient obéir à des chefs romains, les troupes ro-
maines à des généraux juifs ^ Telle est en substance, selon lui,
l'alliance contractée, en 161, à Rome, par les envoyés de Juda
Macchabée.
Cette clause, Josèphe, racontant cette négociation, se garde bien
de la reproduire parmi les engagements conclus alors et qui ,
d'après lui, furent gravés sur les tables d'airain déposés au Ca-
pitole*.
Cette alliance fut renouvelée dix-huit ans plus tard, en 143, par
Jonathan ^ ; vingt-quatre après, en 137, par Siméon ^ ; puis en-
core, en 128, par Jean Hyrcan"*; alliance, pendant très long-
temps de pure forme, ce semble, et dont, durant près de cent ans,
les effets ne se manifestent qu'une fois, par les lettres commina-
toires adressées, en 137, aux voisins hostiles de la Judée, mais qui,
donnant aux Romains le droit d'intervenir dans les affaires inté-
rieures de la Judée, préparent, comme on sait, l'asservidsement et
la ruine de celle-ci.
> I Macchab., nn, 28 sa.
« Ant,, XII, X, 6.
• 1 Macchab., xii, n, 46 ; Àni„ XIII, v, 8.
* I Macchab., xv, 16-24 ; Ant., XIII, vit, 3.
s Ibid., XUI, IX, 2.
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8 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Ces vingt-six années dont parle le Talniud*, pendant lesquelles
Rome, étroitement unie à la Judée, a pour celle-ci tous les égards,
ce n*est pas dans cette période de cent années qu'on les retrouye ;
ni, à notre avis, de 69 à 39 durant le principat d'Hyrcan II, pen-
dant lequel la Judée est pillée tour à tour par Scaurus, Pompée,
Gabinius et Crassus; ni pendant les trente-trois années du règne
d*Hérode, qui par ses bassesses envers les Romains et la prodi-
galité de ses largesses, s*assure une autorité absolue, sinon dans
le gouvernement de sa famille, du moins dans Tadministration de
son royaume ; mais cette période où Rome, quoique maîtresse
souveraine et effective de la Judée, semble avoir joué dans les af-
faires intérieures de ce pays, le rôle d*une alliée fidèle, c*est plutdt
après la déposition d'Archélaûs, à partir de Tannée 6 de Tère ac-
tuelle, quand Rome a pris directement en main le gouvernement
de la Judée.
La dynastie Âsmonéenne, si glorieuse et si aimée à ses débuts,
n*avait pas longtemps conservé son prestige. Illégitime aux yeux
de beaucoup, ayant usurpé un pouvoir que lui déniaient les prin-
cipes constitutifs de la nation, ainsi que le déclaraient dès Tan
63, à Pompée, les représentants autorisés de la nation, elle avait
bientôt perdu toute autorité, ruinant la Judée dans des compétitions
fratricides et intervenant dans les querelles religieuses de la façon
la plus abusive et quelquefois la plus cruelle. Hais quel ressen-
timent de haine soulevait dans les cœurs le souvenir de Tatroce
tyrannie d'Hérode, l'étranger, Tlduméen, Tesclave des Âsmonéens
et leur meurtrier, le meurtrier de ses enfants, de sa famille, de
Télite de la nation! Comme une grâce, le peuple juif sollicitait
qu'on le délivrât de ses rois, le gouvernement de Rome lui sem-
blant la délivrance, le salut. Dès la mort du tyran, la nation tout
entière* encouragée par le gouverneur de Syrie, élut cinquante
députés auxquels se joignirent huit mille hommes, toute la com-
munauté juive de Rome, pour porter devant Auguste les plaintes
amères de la nation et son vœu d*étre gouvernée par des préteurs
romains. C*était pour eux le moyen d'obtenir leur autonomie,
c*est-à-dire le droit de se gouverner eux-mêmes suivant leurs
propres lois, sous la protection de Rome '.
Dix ans après, les vœux du peuple juif étaient exaucés. Arché-
lëûs, le digne fils et successeur d*Hérode, fut déposé, ayant uni
dans la même réprobation Juifs et Samaritains et Jusqu'à ses
> Période de vingt-trois & viogt-quatre ans. Il est eoienda que ce ohifTre de 26
n'a qu'une valeur approximative.
* Ant,y XVII, XI, 1, Kpe<76é(xlov$xt(i>v. ,. .., yv(o;xri toû (Ovovc.
* CTcèp alTriaco); aOrovopLtac.
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2- TEMPLE 9
propres parents, Rome prenait en main le gouvernement de la
Judée et, pour la première fois, pendant de longues années, la
tranquillité régna dans ce pays.
Sous les premiers procurateurs, la Judée n*a, pour ainsi dire, pas
d*histoîre. Elle est gouvernée suivant ses lois, par ses propres ma-
gistrats. La seule question qui la trouble — dans un parti d*esprits
inquiets — est de savoir si la religion permet de subir le cens, de
payer le tribut à César. Les enseignes romaines ne pénètrent même
pas dans la ville sainte, leur vue pouvant froisser les préjugés re-
ligieux des Juifs. Ponce Pilate, procurateur, vingt ans après que la
Judée est devenue province romaine, est obligé de faire sortir de
Jérusalem les enseignes romaines pour ne pas blesser les senti-
ments des Juifs.
Ponce Pilate est le premier, d'ailleurs, dont les Juifs se plaignent,
et leurs griefs ne sont pas toujours justifiés. Ce ne fut que vingt-
neuf ans après rétablissement de la domination romaine, en Tan
35, qu'éclate un conflit sérieux entre Pilate et les Samaritains et
que ceux-ci obtiennent son rappel. N*est-il pas vraisemblable que,
Rome gouvernant la Judée avec tant de modération, de sagesse et
de ménagement, les Romains, durant les vingt-six premières an-
nées de leur gouvernement, parurent aux Juifs moins des maîtres
que des alliés ?
m
a Quatre-vingts ans avant la destruction du Temple, on décréta
rimpureté du pays des gentils et des vases de cristal. »
La pureté ou l'impureté étaient, pour les Juifs, idées ou choses
purement relatives. Si, à Tégard des gentils, les Juifs se considé-
raient comme purs *, il y avait parmi les Juifs eux-môraes, en ma-
tière de pureté, de nombreux degrés ^. L'homme du peuple était im-
pur relativement au savant, celui-ci à Tégard du Cohen, les membres
du Sanhédrin rendaient impur, par leur seul contact, le souverain
pontife', le Cohen était moins tenu à l'observance des lois de pureté
que le Nazir ^ ; le Temple lui-môme n'était pas assez pur pour les
Esséniens, qui s'abstenaient de s'y rendre. Le Temple, néanmoins,
était sacro-saint à leurs yeux; ils y envoyaient leurs offrandes '^.
« Jean, xvni, 28; An(., XVlII, iv, 3; 5. 7., II, vin, 10 ; VI. ii. 2.
* Mischoa Haguiga^ ii. 7.
* Ihid.^ Para / m, 7 ; Tosefta, ibid.^ m, 8.
* Mischna Natir^ tu, 1, opinion de R. Eliézcr.
» Ant., XVIII, I, 5, àvaeyjjiara.
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10 REVUE DES ETUDES JUIVES
Déjà à l'époque des plus anciens prophètes, la terre des gentils
paraissait impure, ainsi que nous le voyons dans Josué, xxii, 19,
et dans Amos, vu, 17. C*est pour cette raison sans doute que,
lors de Tédit de Cyrus, parmi les Juifs qui retournent en Pales-
tine, la proportion des Cohanlm est si forte, 10/100, 4,000 sur
40,000. Cette impureté n'était pas chose très grave aux yeux de
tous les prêtres, car il en reste alors en Babylonle, témoin la
famille d'Ezra, Cohen, comme on sait, celle de Hananel, qui fut
appelé de Babylonie pour être grand-prêtre au commencement
du règne d'Hérode *. L'autorité religieuse s'y prend à plusieurs re-
prises * pour la faire passer dans ses lois et celle-ci semblent
avoir eu un caractère politique plutôt que religieux, les circons-
tances au milieu desquelles elles sont faites le prouvent. Tel pa-
rait être le décret dont R. Ismaêl a conservé le souvenir et flxé la
date.
Se passa4-il donc quelque chose qui pût motiver le décret des
sages, quatre-vingts ans avant la destruction du Temple?
En l'an 10 avant l'ère actuelle, Hérode inaugure la ville de Césa-
rée, dont il fit, sinon sa capitale, — le Talmud l'appelle la métro-
pole des rois ' — du moins sa résidence favorite, qu'il peuple de
vétérans de ses troupes, c'est-à-dire de mercenaires étrangers
libérés du service, et de Syriens, qu'il décore avec magnificence,
où il construit des temples à l'usage des colons idolâtres, un temple
surtout qu'il consacre à Auguste. Pour célébrer l'inauguration de
cette ville, qui semble avoir été construite en haine de Jérusalem,
qui deviendra son ennemie^, que Josèphe déclare être la plus
grande ville de la Judée ^ et que le Talmud appelle la fille d'Edom^,
Hérode institue des courses de chars, des jeux gymniques, des
combats de bêtes féroces et de gladiateurs. Il y attira une immense
multitude, y reçut de nombreux ambassadeurs des rois et des
peuples voisins, célébra, pour recevoir tous ces étrangers, des
fêtes de jour et nuit avec une profusion qui flattait son orgueil, qui
faisait l'admiration de ses hôtes si magnifiquement traités et le dé-
sespoir de ses sujets, car, ainsi qu'à maintes reprises l'histoire
1 Les Juifs de Babylonie veulent, à force d'inslances, relenir parmi eux Hyrcan II,
^ancien grand-prêtre, Ant.^ XV, n, 2.
' Schabbaty 15. La première fois cVait, ce semble, sous le ponliBcat d^Alcime. Yosé
b. Yoézer, qui la fit décréter à cette époque d'après le Midrasch, fut la victime de
ce prôtre, son neveu. Bereschit Rabha^ 65.
< MeguiUa, 6 a,
♦ Ibid.
' (ieYi<rrr,v 'louîatwv 7ro>{v, B, /., III, ix, 1. Tacite l'appella JudéK» Capui,
Hist,, 2, 79.
* Meguilla^ ibid. Le Midrasch Schir Easehirim^ i, 5, Rappelle la ville de blasphè-
mes, K'^D'n'^:;') «•^Dnn'^m p3'«i».
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DATES IMPORTANTES DE LA CFIRONOLOGIE DU 2* TEMPLE tl
le répète, rien n'aliénait davantage à Hérode et n'exaspérait tant
contre lui les cœurs des Juifs, que ces orgies où étaient violées
toutes les lois de la décence et de la pudeur, que ces jeux cruels
et impurs du cirque introduits par lui en Judée au mépris des plus
saintes traditions et altérant si gravement les mœurs nationales ^
Césarée, bien que située en Judée, était considérée comme terre
des gentils ', le décret rendu par les Pharisiens en Tan 10 empê-
chait les Cohanim et les gens scrupuleux, désireux d'éviter toute
impureté, de se rendre à Césarée, d'assister aux jeux et aux fêtes
de cette ville, jeux qui, ainsi que Hérode Tavait prescrit, devaient
se renouveler tous les cinq ans. Par cette mesure on faisait le vide
autour du tyran et de sa résidence favorite. S*il est vrai, ainsi que
l'assure le Talmud, qu'en Tan 10 on décréta d'une façon générale
que Ja terre des gentils serait réputée impure, cette mesure était
de la part des Pharisiens, un acte d'opposition, inattaquable en
principe, puisqu'elle n'était pas spéciale à Césarée et qu'elle visait
des ordonnances antérieures ' et qui, de cette façon, entrait com-
plètement, sous ce double rapport, dans le système de l'opposition
qu'ils faisaient à Hérode *.
Par le même décret, en déclarant impurs les vases de verre, ils
ruinaient Tindustrie de la ville naissante ou en arrêtaient le dé-
veloppement. Césarée était située sur une côte sablonneuse *. Le
sable de cette cdte, d^une couleur éclatante, servait à fabriquer le
verre blanc, si estimé, au dire du Talmud. Le produit de cette fa-
brication était de nature à donner à ce territoire une valeur au
moins égale à celle des meilleurs terroirs de la Palestine *.
* Ant., XV, VII, 10; vm. 1.
« J. OnUtin, I, 5; J. Natir^ ix, 1 ; Oholot, xvii;, 9; Tose/Ha, ibid., xviii, 16; Aclea
des Apôlres, xii, 19 ; xxi, 10. Cette impureté majeure nécessitait uue période de lus-
IralioD de sept jours, durant lesquels le Cohen était éloigné du sanctuaire, ne pouvait,
sans 8*exposer aux plus terribles châtiments, participer aux 6acrifices,aux prémices de
la pâle (Halla), des fruits (Bikkourim), aux prélèvements consacrés (Terouma), qui
étaient la majeure partie de ses revenus.
* ScAabbat, \}i a.
* Ant.y XVII, II, 4. « Les Pharisiens peuvent le mieux faire de Topposition aux
rois, et très prudents, et de la façon la plus prompte et la plus avisée, trouvent le
moyen d'entrer en lutte et de blesser. • paaiXeOdi 6uvà|jLevoi {laXtcrra àvriirpàiffeiv
irpo|iT}Oeic, x50é tov irpoÛTrrou eîç t6 icoXepLEîv Tè xai pxàirtetv àityipfxWoi.
* nbinn p rra©-», MeguUia, 6 a.
* Jbid,
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12 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
IV
c( Quarante ans avant la destruction du Temple, le Sanhédrin
fut exilé (da Temple)..., cessa de rendre des sentences capi-
tales. »
Ce texte, d*après la plupart des savants, n*a aacane valeur.
D*une part, se fondant sur un texte de Josèphe, diaprés nous, mal
compris, on admet qu*en droit, les pouvoirs du Sanhédrin ont été
restreints, au point de vue judiciaire, bien avant l'époque indi-
quée par le Talmud.
De Tautre, les traditions rattachées aux textes évangéliques au
sujet du procès et de la condamnation de Jésus, d'Etienne et de
Paul et le témoignage de Josèphe relatif à la condamnation de
Tapdtre Jacques semblent démontrer d*une façon considérée
comme péremptoire qu*en fait, dans certaines conditions, le San-
hédrin exerçait encore le pouvoir de prononcer des sentences ca-
pitales.
Voyons d'abord le texte de Josèphe :
1. En Tau 6, Ârchélaûs, fils â*Hérode, ayant été déposé et la Ju-
dée étant réduite en province romaine, Coponius, chevalier ro-
main, est nommé procurateur de la Judée, reçoit pleins pouvoirs,
|xèypi Tou xT6(veiv Xapiv eÇou<T{av *. Donc, à partir de cette époque,
c'est-à-dire soixante-quatre ans avant la destraction du Temple,
le Sanhédrin était dessaisi, à ce que l'on prétend, du droit de
condamner à mort*. Cette interprétation du passage de Josèphe
et l'induction qu'on en tire nous semblent absolument erronées. Si,
dans ce texte, il s'agissait de prérogatives judiciaires, il en résul-
terait, non pas que le droit de prononcer les sentences capitales
aurait été exclusivement réservé aux procurateurs romains, les
autres restant de la compétence des tribunaux juifs, mais que le
représentant de l'empereur aurait prononcé en tous les cas, y com-
pris les causes pouvant entraîner une condamnation à mort. Il
aurait été investi, dès lors, de ce qu'on appelait autrefois le droit
» B,J., II. ▼III, i.
* Graelz, III, uoto 25. Voici, en résumé, pour quelles raifODS Grielz conteste l'as-
sertion du Taimud : 1* on ne voit pas par suite de quels faits le Sanhédrio aurait été
dessaisi de ses prérogatives en l'an 30 ; 2* en droit, le grand Sanhédrin n'était pas le
seul compétent en matière criminelle ; chaque ville importante possédait un Saohé^
drin de vingt-trois membres jugeant les affaires criminelles; 3^ il ne se peut pas que
pendant le règne d'Agrippa I, le Sanhédrin n'ait pas recouvré lUntégrité de ses
prérogatives.
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I ■
DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2» TEMPLE 13
de haute, de moyenne et de basse justice, toute autre juridiction
cessant de fonctionner en Judée, chose que personne n'a encore
pensé soutenir.
Pour se convaincre que le mandat de Coponius était politique et
non judiciaire et, par conséquent, ne limitait pas, à Torigine du
moins, la juridiction du Sanhédrin, il suffit de comparer au texte
précité de la Guerre juive^ le passage parallèle des A^UiquUés * :
2. En 63, le procurateur Albinus étant en route pour aller occu-
per son poste en Judée, le grand prêtre Ânan, mettant en pratique,
en matière de justice pénale, les principes de la doctrine saddu-
céenne, à laquelle il était attaché, convoque un Sanhédrin, fait
condamner, comme violateurs de la Loi *, Jacques, frère de Jésus
« surnommé Christ », et quelques autres encore, et les fait lapider.
Ceux qui parmi les Juifs, dit l'historien, étaient les plus vertueux
et les plus appliqués à Tobservance scrupuleuse des lois' pro-
testent auprès du roi Agrippa, le prient d'empêcher que le pon-
tife agisse encore ainsi dans l'avenir, car ce qu'il avait fait était
contraire au droit. D'autres, ajoute-t-il, se rendirent à Alexandrie,
à la rencontre d'Albinus,lui disant que le pontife n'avait pas le droit
de convoquer un Sanhédrin sans l'autorisation du procurateur.
De ce passage * il ne résulte pas autre chose qu'en l'an 63, c'est-
à-dire trente-deux ans après l'époque dont parle le Talmud et
beaucoup plus longtemps encore, près de soixante ans après le
premier établissement de la domination romaine en Judée, alors
que le statut réglant le régime judiciaire avait pu et dû subir
plus d'une modification, le pontife n^avait pas le droit de convo-
quer un Sanhédrin sans l'autorisation du procurateur. Mais cette
autorisation une fois donnée et ce Sanhédrin régulièrement et
légalement constitué, quelles limites avait son autorité, sa com-
pétence ^ quelles peines il avait pouvoir de prononcer, dans ce
passage il n'en est nullement question.
Remarquons ici, remarque qui, à nos yeux, a une très grande
importance, qu'il est question ici d'un <Tuvéop(ov xpiTù>v, et non
pas du grand Sanhédrin, que le Talmud appelle ^nxn ^i rr^a ou
Thn^^rt Yirrn'^o et Josèphe to duvéSpiov, notamment dans Aut., XIV,
IX, 3, 4, 5 ; XV, vi, 2 K
» ^n/., XVllI, I, 1.
* Les Phtrisiens.
* Inalile de rappeler toutes les discussions portant sur rauthenticité de ce passage.
Voir Basnage, 701.
* Voir encore Fito, t2.
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l/i REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Le mot (TuvéSpiov est, en effet, tantôt nom propre, tantôt nom
commun et désigne ainsi, ou bien le conseil souverain des Juifs,
l'ancienne ye^oufjia, dont les membres sont appelés ^^'yo^ "^apr et
dans la Mischna &'>2pTrr, ou bien un tribunal quelconque constitué
d*une façon ordinaire ou extraordinaire par Tautorité compétente.
C'est ainsi que le conseil convoqué à Béryte, avec TautorisatloQ
d'Auguste, par le roi Hérode, pour juger les deux fils de celui-ci,
était un duvéSpiov, et il ne comprenait probablement aucun des
membres du grand Sanhédrin. Il était composé de fonctionnaires
romains, de princes amis d'Hérode, de parents des accusés et était
présidé par le père de ceux-ci, à la fois juge et accusateur. Ce auvt-
Spiov était, en un mot, constitué en dehors de toutes les règles de
la législation juive et en contradiction absolue avec elles ^
Dans le passage du XX° livre relatif au tribunal du pontife
Anan, tout prouve quUl s'agit d'une juridiction spéciale et extraor-
dinaire, sorte de jury choisi par Anan uniquement pour un procès
déterminé. Le texte dit xaôiCet <Tuvé8ptov xpirâîv, un tribunal de juges.
S'il avait été question du Sanhédrin, Josèphe aurait sans doute
employé le mot pouXeuTôv ou TrpedêuTépwv, litres donnés aux séna-
teurs juifs ',ou simplement le mot (ruvéSptov sans complément.
D*autre part, les mots xaO(;ei duvéSpiov, employés deux fois dans le
même passage (xaOii;ei et xaO((jai} et qui sont la traduction littérale
de l'expression hébraïque }an^^l a'nDTn, ne sauraient s'appliquer,
pour quiconque est tant soit peu familier avec la langue hébraïque,
qu'à des juges ad hoc. Anan, en instituant un tribunal de son chef,
avait violé la loi qui ne concédait ce droit qu'à Tautorité souve-
raine, le grand Sanhédrin, d'après Tantique législation juive*, à ses
commissaires* ou délégués avec pleins pouvoirs, Ya "«mbiD, ou par
le représentant de l'empereur après la réduction de la Judée en
province romaine, n*DV)â. En instituant un tribunal mènfe pour un
mandat unique et en exécutant de son autorité propre leur arrêt
de mort, le grand prêtre Anan avait commis une double forfaiture.
Les témoignages de Josèphe écartés, il reste, en apparence,
contre le texte d^Aboda Zara, les récits évangéliques se rappor-
tant, ainsi que nous l'avons dit, aux procès de Jésus, d^Etienne et
de Paul.
1 Ant,^ XVI, II, 1) 2. Inutile d'indiquer les flagrantes illégalités de cette procédura
tu point de vue juif.
* Math., 3txî, 23; xxvj, 3, 47, 59; xxvii, 1, 20, 41 ; xxviii, 12; Marc, xi, 27 ;
xiT, 43, 59 ; XV, 1, 43; Luc, xx, 1 ; xxir, 52, 66 ; xxtii, 13, 35, 50; xxiv, 20; Jean,
III, 1 ; VI!, 48, etc. Dans le 4* évangile les membres du Sanhédrin sont communé-
ment désignés par ^expression âpxovre;.
• Sanhédrin ^i, \.
♦ V%ta,\k\B, J., II, XX, 5.
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2- TEMPLE V6
Les récits évangéliques, pour ce qui concerne le procès de
Jésus, en ce qu'ils ont de concordant et d'admissible — il ne sera
pas difficile de le voir — , peuvent se concilier avec notre texte du
Talmud. Il y a, dans les Évangiles, au sujet de ce procès, deux
traditions opposées, celle qui est rapportée par Mathieu et Marc,
d*ane part; de Tautre, celle du troisième synoptique, Luc, et de
Jean. Les relations de ces deux derniers, abstraction faite d'un
certain nombre de détails d'importance diverse, concordent dans
le fond et sont d'accord, en outre, avec le témoignage de Flavius
Josëphe.
Examinons les diverses circonstances de ce procès, si diverse*
ment rapportées par les Évangiles.
D'après Mathieu, xxvi, 59, les chefs des prêtres et le Sanhédrin
tout entier^ réunis dans la maison du grand prêtre Caïphe, cher-
chent un faux témoignage pour faire mourir Jésus et n'en trou-
vent pas, quoique plusieurs faux témoins se fussent présetités.
Affirmation inadmissible, se détruisant elle-même par sa propre
exagération : comment des juges qui cherchent de faux témoi-
gnages, qui ont devant eux des témoins prêts à dire ce que Ton
voudra, ne trouveraient-ils pas de faux témoignages et quelle peine
auraient-ils à concilier les contradictions de ceux-ci ?
D'après Marc, xiv, 55, les princes, les prêtres et le Sanhédrin
tout entier * cherchent seulement un témoignage, vrai sans doute
et concordant. Ils n'en trouvent que des faux qui ne leur paraissent
pas acceptables*. Conséquemment, la loi juive ne reconnaissait
d'autres accusateurs que les témoins^ les témoignages discordants
étant nuls, il n'y avait plus d'accusation, d'après la Loi, et le procès
était terminé ou devait Têtre aussitôt. Néanmoins, au dire des deux
Evangélistes, à la suite de Taveu de Jésus, séance tenante, la nuit
même, dans cette maison privée, à huis clos, Jésus fut con-
damné ^.
Les récits de Marc et de Mathieu sont contredits par le 3° synop-
tique. Luc ignore ou semble ignorer cette séance de nuit dans la
maison de Caïphe. Pour lui, il n'y a eu ni témoignage, ni procé-
dure, ni condamnation, par conséquent. Les sénateurs, les princes,
des prêtres, les scribes se réunissent le matin, constatent l'identité
* n est inutile de faire remarquer la signiScaliou tendancieuse de ce qualifica-
tif 5Xov.
* laid., 56, 59.
* Le droit juif, dans sa lettre comme daas son esprit (Deut., xix, 15^ accepté
donc à la fois par les Sadducéeos et les Pharisiens, esigef pour toute condamnation
criminelle, rafQrmation concordante de deux témoins ; l'aveu de l'inculpé n'a aucune
Taleur juridique. Le jugement devait être readu dans un lieu public ; tous avaient le
droit et le devoir d'y assister (ibid.^ xxi, 19, 21).
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16 REVUE ÙKS ETUDES JUIVES
de Jésus, lai demandent s'il persiste à se déclarer Messie, et sa
réponse, bien qu'ambiguë dans la forme, étant, au fond, affirma-
tive, ils vont le dénoncer à Piiate*.
Laissant de côté, pour Tinstant, cette grave divergence entre les
récits de Mathieu et de Marc d'une part, et celui de Luc de l'autre,
constatons que les trois synoptiques sont d'accord que le seul
grief allégué contre Jésus devant Piiate, c*est d'avoir usurpé le
titre de roi des Juifs et excité le peuple à se révolter contre
Rome', inculpation d'un caractère essentiellement politique qui
n'avait de gravité qu'au point de vue des autorités romaines et
dont le jugement et la répression étaient et ne pouvaient être que
de leur compétence exclusive. S'il était vrai, selon la croyance gé-
néralement admise, qu'à cette époque, la juridiction juive conti-
nuait d'être en vigueur ainsi que les lois juives, l'autorité romaine
se réservant uniquement le droit de donner son exéquatur aux
condamnations capitales, pourquoi, si réellement Jésus a été jugé
et condamné par le Sanhédrin pour un crime religieux, pourquoi
les Juifs ne se contentent-ils pas de demander à Piiate d'autoriser
l'exécution d'une condamnation rendue dans les formes légales et
pour un fait qualifié crime par la loi du pays? Les Romains ne
refusaient pas d'accorder leur sanction aux sentences rendues
conformément aux lois du pays, à l'époque où cette sanction était
indispensable'. Ils autorisaient môme, en certains cas, l'applica-
tion de ces lois ou de lois plus rigoureuses à l'égard des soldats
romains et des citoyens romains, ainsi que nous le voyons dans
Ant,, XX, V, 4; ^. /., II, xii, 2; VI, ii,4^
On peut donc affirmer sans hésitation, en se fondant, à la fois,
sur une vraisemblance qui approche de la certitude et sur le témoi-
gnage de Luc, qu'avant de comparaître devant Piiate, Jésus n'a
pas été jugé par le Sanhédrin dans le sens exact du mot. Pour
arriver à cette conclusion, nous n'avons pas môme besoin de rap-
peler ni l'affirmation si claire de Tacite, Annales^ xv, 44 », ni le
texte de Josèphe que M. Reinach a si ingénieusement rétabli et
dont il a fait ressortir la valeur documentaire critique, l'examen
' Luc, SX II, 66 : « JF/ çuand le jour fut venu, le corps des aDciens de la nation se
réunit. . . et ils le firent conduire devant leur assemblée. >
* Mathieu, xxYti, 11; Marc, xt, 2, 6, 12 ; Luc, xxiii, 2, 3.
* Voir dans la Bévue des Études juivee^ XXXV, l'article de M. Théodore Reinach,
dont nous n'adoptons pas toutes les vues tout en aboutissant aux mêmes concludons.
* Le procurateur Cumanus fait décapiter un soldat romain qui avait déchiré an
livre de la Loi. Les gouverneurs romains permettaient aux Juifs de punir de mort
tout gentil, même citoyen romain, qui s'introduisait dans la parUe du Temple réterrée
aux seuls Israélite^.
» Voir i?«i«*, t. XXXV, p. I.
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DATES IMPORTANTES DE lA CHRONOLOGIE DU 2« TEMPLE 17
Impartial des Evangiles suffit. D*après Jean, xviii, 31, non seule-
ment les Juifs n'auraient pas jugé Jésus, mais ils se seraient re-
fusé à le faire : a Pilate leur dit : Prenez-le vous-mômes et le
» jugez selon votre loi. Mais les Juifs lui répondirent : Il ne nous
» est pas permis de faire mourir personne^ 'HjxTv oûv e?e<jTiv àuo-
» xTetvat oùSéva. » Les termes dont se sert Jean méritent d'être
médités. Il en résulte que :
V L'autorisation du procurateur, son assentiment, nettement
exprimé, ne pouvaient, à l'époque de Pilate, conférer au Sanhédrin
le droit de prononcer des sentences capitales ;
2<' Pilate devant assurément connaître la loi qui axait ses pou-
voirs, si les Juifs prétendaient qu'il ne leur était pas permis de
prononcer des sentences de mort, ce ne pouvait être évidemment
du fait du statut établi par les empereurs et appliqué par le pro-
curateur, mais uniquement parce que les autorités indigènes
avaient décidé volontairement, pour des raisons connues par les
Juifs, que les tribunaux juifs ne jugeraient plus de procès capi-
taux. La forme de la phrase '-r^filv oûx l^eativ est, à ce point de vue,
très significative*.
* Cette renonciation du Sanhédrin au droit de haute justice devait
être récente, puisque Pilate ne parait pas en avoir eu connais-
sance. Au dire du Talmud *, ce n'est, en effet, que deux ou trois
ans auparavant que le Sanhédrin avait été dessaisi de ce droit.
Etant donnée l'extrême rareté chez les Juifs des procès crimi-
nels ', c'était, sans doute, la première fois que le Sanhédrin avait
l'occasion de manifester sa volonté de s'abstenir.
Ainsi, pour conclure, en ce qui concerne la condamnation de
Jésus, des quatre traditions évangéliques relatives à cette condam-
nation, la quatrième, celle de Jean, est absolument d'accord avec
notre texte ù^Ahoda Zara et la confirme d'une façon on peut dire
incontestable; la troisième, celle de Luc, ne la contredit pas; les
deux premières, abstraction faite de leurs manifestes invraisem-
blances et de leurs contradictions, affirment que Jésus a été accusé
d'un crime politique, crime dont seul Pilate avait à connaître et
dont la répression entrait directement dans les attributions du
procurateur; que, par conséquent, la condamnation attribuée par
eux au Sanhédrin et que celui-ci n'aurait pu prononcer qu'en
s*affranchissant de toutes les formes légales n'a eu aucun effet
' Il ne nous appartient en aucune façon, ni dMosister sur les divergences des récils
des Evangélisles ni de rechercher laquelle de leurs traditions est la plus acceptable.
* Ahoda Zara, l, e,
* Maecotf 1, 17. Un Sanhédrin qui condamne à mort une fois tous les sept ans ett
un tribunal meurtrier. R. Eliézer b. Aztria dit : une fois en soixante-dix ans.
T. XXXVII, «• 73. 2
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18 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
direct sur le sort de Jésas; ces deux traditions ne sauraient infir-
mer la tradition positive consignée dans notre texte, d'après
laquelle, contrairement au préjugé général, l'exécution et la con-
damnation réelle de Jésus ne sauraient être attribuées aux repré-
sentants de la nation juive ni ne peuvent, en toute justice, être
imputées aux Juifs, ainsi que Ta prouvé, d'ailleurs, par d'autres
arguments M. Théodore Reinach.
Ce qu'il faut retenir encore des textes évangéliqaeSi c'est
qu'ainsi que l'affirme le texte à\iboda Zara^, le Sanhédrin, à
l'époque de la mort de Jésus, ne se réunissait pas dans le pavillon
du temple, lischhhat haggazU, affecté à son usage, mais soit au
domicile privé du grand-prêtre, soit dans un lieu quelconque de la
ville. Nous trouvons une autre preuve de ce fait dans les Actes
(iv, 6) lors du premier procès des Apôtres : « Le lendemain, les
chefs du peuple..., les sénateurs, les scribes... avec Anne le
grand prêtre, Caïphe. . . s'assemblèrent dans Jérusalem. »
4<> On ne saurait opposer à la tradition transmise par R. Yosé
la relation soit du second procès des Apôtres, soit de celui du
diacre Etienne. Le premier n'aboutit pas, en fait, à une condam-
nation capitale. A la vérité, l'auteur des Actes dit que les juges
délibérèrent de faire mourir les Apôtres, mais cette délibération
devant légalement être faite en l'absence des accusés *, et dans le
secret, la publicité en étant légalement et moralement interdite',
il était et il est difficile de savoir ce qui s'est réellement passé au
cours de cette délibération. Certains détails de ce procès sont,
d'ailleurs, d'une vraisemblance plus que douteuse : la déclaration
de Pierre^ le discours de Oamaliel ^.
Quant à Etienne, s'il faut admettre, dans une mesure quel-
conque <*, ce que les Actes rapportent de sa mort^ il ne fut ni con-
damné ni jugé. Il n'y eut — le récit en exclut même la supposition
1^ ni délibération, ni sentence, ni exécution judiciaire. S'il com-
• Sanhédrin, m, 11.
• Ibid.
^ Le Sanhédrin déclintit la responsabilité de la condamnation de Jésus, en di-*
sant : Vous voulez nous charger du sang de cet homme (y, 28), Pierre n*a pu donc
lui dire : « Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus que vous avez fait mourir en le
pendant sur le bois. > Jésus, au dire de Luc et des autres Ëvangéliste', n'a pes été
pendu, mais mis en croix. Quant à Gamaliel, qui est resté un des plus Termes doc-
teurs du judaïsme, comment croire à l'adhésion éventuelle quïl aurait faite à U nou-
velle doctrine^ d'après le verset 39 de ce chapitre ?
■ Dans un discours d'une extrême prolixité, il parle de tout excepté de raccnsation
dont il est Tobjet, raconte Thistoire sainte en cinquante versets et, comme conclu*
sion de celte histoire et pour toute défense, se contente en trois versets d'injurier les
juges et l'auditoire.
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2* TEMPLE 19
parut devant des juges, il périt victime d'une émeute populaire ^
5*" Quelles raisons sérieuses le Sanhédrin aurait-il eues, se dé«
pouillant de ses prérogatives, pour s'interdire ainsi toute condam-
nation à mort? Peut-être, étant données la répugnance bien connue
et proverbiale, en quelque sorte, des Pharisiens pour les répres-
sions sévères*, la douceur extrême de leurs sentiments', leur aver«
sion pour la peine de mort, qu'en fait, beaucoup d'entre eux auraient
voulu abolir^, ont-ils voulu profiter d'un prétexte quelconque
pour s'abstenir d'appliquer d'une façon générale une peine qui leur
causait une invincible horreur? La baraïta qui reproduit la tra*-
dition attribuée à R. Tosé ne donne, à ce sujet, aucune explica*
tien. Le Talroud l'explique par une raison paradoxale et qui
néanmoins est, sans doute, la vraie : cr Voyant, dit-il, que les
» meurtriers devenaient de plus en plus nombreux et qu'ils ne
9 pouvaient plus les juger, ils se dirent : il vaut mieux que nous
> nous exilions d'un lieu à un autre lieu, afin de n'être plus tenus
» à les Juger. »
Nous savons, en effet, par Josèphe, qu'à l'époque précise dont
il est question, c'est-à-dire peu de temps avant le procès de Jésus,
les meurtres étaient extrêmement fréquents en Judée, organisés
par le procurateur romain lui-même. Pour maîtriser les mouve-
ments qu'il avait excités contre lui en employant arbitrairement à
des travaux publics l'argent consacré déposé au Temple, Pilate
avait imaginé de faire habiller à la mode Juive un très grand
nombre de soldats cachant des poignards sous leurs vêtements, qui,
à la faveur de ce déguisement, mêlés à la foule des manifestants,
perçaient de coups, à un signe donné, leurs voisins désarmés et
sans défiance. Le fait est raconté par Josèphe immédiatement
avant le passage consacré à Jésus <*.
Cet odieux stratagème réussit, mais, dès lors, toute sécurité dis«
parut dans le pays. Chacun était tenté de voir dans tout inconnu
un ennemi déguisé. De là des rixes, des luttes à mains armées^
des meurtres fréquents dont la répression devenait de plus en
plus difficile. Ainsi, sans doute, s'explique la décision du San-
hédrin.
Celte année 30 est le début d'une période de profonde et Crois*
> Ibid,, VII, 54>56. • Que s'ils (les Juifs) lapidèrent Saint-Etienne, ce fut tumuU
> tuairement et par un elfort de ces emportements séditieux que les Romains ne pou*
* vaient pas toujours réprimer dans ceux qui se disaient alors sélateursi » Bossuet, Dis*
court tur VHittoirt universelle, 11* partie, cbap. xxii.
« Ant.y XIII, X, 6.
• Ânt., XVIII, 1, 2 ; P. /.. II, viii, 14.
^ liaeeot, i, fin.
' Ant., XVllI, ui, 2.
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20 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
santé tristesse. De sombres pressentiments, de sinistres présages
annonçant des calamités prochaines, troublaient les âmes. R. Çadoc,
d'après la légende, commence en Tan 30 son jeûne qui, se succède
pendant quarante années ^ Le jour de Kippour, aucun signe,
dit-on, n'annonçait plus que Texpiation publique accomplie par le
pontife était agréée*. La nuit, les portes du Temple, ajoutait-on,
s'ouvraient d'elles-mêmes avec fracas ^. L*exil du Sanhédrin ne
semblait être que le prélude des exils futurs qui devaient être le
sort de la nation.
Dans la première partie de ce travail on a essayé de prouver
que, comme indication de la durée des divers régimes qui se sont
succédé en Judée, pendant la période du second Temple, le chiffre
de 103 assigné et à la dynastie asmonéenne et à la dynastie héro-
dienne, si étrange que puisse paraître cette identité, n'a absolument
rien d'arbitraire. L'une, en effet, la première, inaugure une ère
nouvelle en Tan 140 et va jusqu'à l'an 3*7 avant l'ère actuelle;
l'autre entre en possession du trône en cette même année 37 et est
expulsée de Jérusalem dans la personne d' Agrippa II en l'an 66 de
cette ère (37 + 66 = 103).
D'autre part, le chiffre 180 assigné à la durée de la domination
grecque exercée soit par les Séieucides de Syrie, soit par les
Ptolémées d'Egypte n'a également rien d'inacceptable, bien au
contraire. Sans doute, c'est en 333 que, frappée à la tête, suc-
combe la monarchie persane ; mais elle subsiste encore quelque
temps dans ses tronçons, du moins ceux-ci vivent quelque temps
encore de leur vie propre et la domination grecque qui lui succède
met un certain nombre d'années à s'organiser. Alexandre meurt
en 323. Laomédon reçoit à gouverner, du régent de l'empire, la
Syrie et la Palestine, mais c'est en 320, c'est-à-dire exactement à
la date marquée dans le Talmud (140 + 180 = 320), que Ptolémée
Soter, fils de Lagus, s'empare de Jérusalem, un jour de sabbat et
à la faveur du repos sabbatique, ainsi que le raconte rhistorien
grec cité par Josèphe * .
Ces chiffres, donc, n'ont rien d'arbitraire et sont au contraire,
on doit le dire, d'une rigoureuse exactitude. Mais là où l'inexac-
« Ibid.
^ Agtthirchide, Josèphe, Ant*, XII, i, 1 ; Contre Apion^ i, 22.
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE OU 2« TEMPLE 21
titude est manifeste et, il semble, injustifiable, c'est lorsque le
Talmud donne à la domination persane, une durée de 34 années,
c*est-àdire réduit juste au sixième le chiffre réel, qui est de deux
cent quatorze ans.
A la rigueur et souvent nous Tavons pensé, on pourrait dire que
la baraïta a entendu parler de la seconde « domination » persane
rétablie par le roi Ochus, en Egypte, Palestine et Phénicie, après
ses campagnes victorieuses de 359 à 338. La Palestine a pu être
remise sous le joug persan en Tan 351. Mais on ne s'expliquerait
pas pourquoi, dans la supputation des divers régimes qui s*y suc-
cèdent en Judée, la baraïta a omis cette longue série d'années pen-
dant lesquelles la royauté persane exerce son autorité sans con-
teste et puis la période d'anarchie qui a séparé les deux régimes
persans. Cette explication ne justifie pas, d'ailleurs, l'assertion de
Yoma, 9 a, qui fixe à 420 années la durée du second Temple,
chiffre qui est le total des chiffres de la baraïta de Aboda
Zara (103 + 103 + 180 + 34 = 420«).
Cette explication, il faut donc absolument l'écarter, et Terreur de
la baraïta reste entière.
Est-ce une erreur vraiment ou plutôt ne serait-ce pas une inexac-
titude voulue, une fantaisie, une chronologie symbolique, comme
l'a dit, avec une indulgence pleine de bonhomie, Isidore Loêb dans
un travail paru en 1889 dans cette Revue (tome XIX, p. 202) ?
La période du second Temple, disait-il en substance, dure en
réalité 607 ans et, d'après le Talmud Yoma, 420 ans. Ce chiffre
était arrêté dans l'esprit des Talmudistes et ne devait pas être dé-
passé. S'étant cru obligé de fixer à 386 ans le total de la durée des
régimes successifs de la Palestine autres que celui de la royauté
persane, il ne restait plus que 34 années pour atteindre le nombre
420. C*est à ce chiffre que le Talmud a volontairement, de parti
pris, réduit la durée de cette royauté, la diminuant de cent quatre-
vingts ans sur deux cent quatorze et, pour arriver à cette suppu-
tation étrange, n'hésitant pas à commettre, de propos délibéré,
tous les anachronismes imaginables^ confondant à plaisir les indi-
vidus, Cyrus avec Darius, et Artaxercès, faisant vivre Zoroba-
bel, Josué, le grand prêtre, Aggée et Zacharie du vi« siècle avec
Ezra et Néhémie du v» : inexactitudes préméditées avec pièces ou
plutôt fausses pièces à l'appui^ faisant entrer violemment choses
et gens dans un cadre construit d'avance.
Ce cadre, ce sont les soixante-dix semaines d'années prédites
< Il Cf l ÎDutilc de ftiiro remarquer que dans les divers calculs faits précédemment,
le terme des diirérenls ré^^imes qui se succèdent en Palestine et dont la durée totale
est de 420 ans est l'année 66, antérieure de quatre ans i la ruine du Temple.
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22 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
par Daniel, commencées avec Texii de soixante-dix ans annoncé
par Jérémie et au terme desquelles auront lieu la profanation du
sanctuaire, Tabomination de la désolation et d*autres calamités
encore. D*aprè8 le Talmud, cette prédiction aurait été réalisée
lors de la prise de Jérusalem par Titus. L'exil de Jérémie ayant
duré soixante-dix ans, sur les 490 années qui forment le produit
des soixante-dix semaines d*années de Daniel, il ne reste plus que
420 années pour la durée du Temple.
Cette explication est très simple, mais elle ne nous parait guère
acceptable. S*il n'y avait pas eu, en dehors du livre de Daniel, une
tradition, erronée sans doute, mal comprise assurément, mais cer-
taine et reçue généralement, sur la durée du second Temple, ni R.
Yosé ni aucun des talmudistes qui ont accepté le chiffre fourni par
lui n*aurait cru ou feint de croire que le terme des soixante-dix
semaines de Daniel coïncidait avec la ruine de Jérusalem. Ces
soixante-dix semaines ont été le tourment, on peut dire le cauche-
mar des théologiens et des commentateurs juifs. Une des catas-
trophes qui devaient se produire dans la soixante-neuvième ou
soixante-dixième semaine ou dans les environs de cette époque,
c'était le retranchement d'un personnage appelé mo» par Daniel,
vrùy\ ibl-^fio tvW2 (ix, 26). Ce Messie, disent tous les polémistes
chrétiens d^un commun accord, de Justin S au ii« siècle, à Bossuet*
et comme argument sans réplique, ce Messie retranché à l'époque
fatidique, qui cela peut-il être sinon le nôtre, celui qui s'est réclamé
de ce titre et qui pour cela a été retranché, c'est-à-dire mis à
mort? En effet, s'il est admis que chronologiquement la prédiction
de Daniel doit être accomplie à une époque à peu près contempo-
raine de la destruction du Temple, il devient extrêmement em-»
barrassant, au point de vue juif, de trouver un personnage à qui ce
titre de rr^^ puisse être donné. Ce Messie a retranché », c'est-à-
dire mis à mort, Raschi, parmi les commentateurs juifs le seul qui
cherche à découvrir cette personnalité 3, prétend que cette déno-
mination s'applique à Agrippa II, explication vraiment peu sou-
tenable et qu'il est trop aisé à Bossuet de détruire *.
De quel immense poids n'eût-on pas soulagé les cœurs des théo-
logiens et commentateurs juifs en leur disant que, d'après la sup-
putation des années, il est de toute impossibilité que la prédiction
de Daniel s'applique à aucun des personnages de l'histoire Juive
contemporaine de la destruction du Temple par Titus; que
< Dialogue avec Tryphon.
* Discours sur V Histoire universelle^ 2* partie» chap. xiiii.
* D*8prè8 Ibn Ezra, ces mots veulent dire : Les Juifs n'auront plus de chef.
^ Discours, l, «., fin.
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2» TEMPLE 23
l'échéance de cette prédiction était de deux siècles antérieure
à cette catastrophe ; que le personnage qui y est visé, c'est
le grand prêtre Onfas, Hls de Siméon II,.massacré aux environs
d'Ântioche en 172, par Tun des lieutenants d'Antiochus Epiphane,
massacre qui est comme le prélude des persécutions d'Ântiochus
et qui sera suivi de la cessation du Tamid\ de Tinstallation
dans le Temple du &%3\D!d yipu)^. Il n'y a plus, à ce sujet, aucune
hésitation.
Ce n*est donc nullement (cela parait manifeste pour peu qu'on y
réfléchisse) à cause de la prédiction de Daniel que, d'après
R. Yosé, la période du second Temple dure 420 ans et, si entre
ces deux choses il y a une relation quelconque de cause à efifet,
il faut renverser les rôles et il faut substituer l'effet présumé à la
prétendue cause et dire : c'est parce qiCon a cru, de la façon
la plus sincère et pour des raisons restées inconnues^ que
la période du second Temple avait été de 420 ans, que Von
a pensé que la prédiction des sonaines s'appliquait à cette
période *.
Ces raisons, il convient de les rechercher.
1. Il est Incontestable qu'il y avait parmi les Juifs, bien anté-
rieurement à la chronique de R. Yosé, des traditions fort diffé-
rentes relativement à la période du second Temple. Auiv*» chapitre
du VI* livre de la Guerre des Juifs, Josèphe affirme que le second
Temple dura six cent trente-neuf ans et quarante-cinq jours *. Cette
indication, d'une précision si minutieuse, concorde assez avec les
indications chronologiques résultant de Thistoire sommaire des
grand s-prétres qui se trouve dans Tavant-dernier chapitre des
Antiquités. Il compte trois séries de grands-prétres, se contente
pour la première et pour la dernière d'énumérer en bloc le
nombre total des années pendant lesquelles fonctionne la série
tout entière, en mentionnant, pour la dernière, le nombre des
pontifes de la série et nomme en détail les pontifes de la
série intermédiaire et le nombre d'années pendant lesquelles
* DaDiel, ix, 27 ; viii, il, 12.
» Ibid,, IX, 27.
> Saadia, Raschi, commentaires de Daniel, ix, 27. D'après Gersonide, la durée du
second Temple fut de 437 ans. D'après l'auteur du mi riTDÎt (David Gans, 1592),
le Teropîe dura 434 ans (62X7). Bossuct, qui, cola va de soi, counaissait la chrono-
logie vraie, ne laisse pas d*éire fort embarrassé : pour lui les 62 semaines d'années
commencent Tan 462, c'est-à-dire 142 ans après la date indiquée dans le livre de
Daniel, ix,25, hypothèse absolument arbitraire, à coup sûr.
^ Il faut croire que Josèphe connaissait par une tradition qui nous est restée in-
connue la date du jour où commence la coustruction du Temple, car la Bible indique
la date de Tinauguialion, qui fut le 23 Adar {Ant., XI, iv, 7). D'après Ezra, vi, 15,
ce fui le 3 Adar. Du 23 Adar au 10 Ab, il y a non 45 jours, mais 128 jours.
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2i REVUE DES ÉTUDES JUIVES
chacun d*eux exerce son ministère. Le total pour les pontifes
des trois séries, y compris un interrègne de sept ans, s*élève à
634 ans. Cette différence de 639 à 634 est insignifiante. Où Jo-
sèphe a-t-il puisé cette tradition? Au commencement du I^^*" livre
Contre Âpion^ il nous apprend lui-môme quels sont les matériaux
de riiistoire juive. ,C*est, d*une part, les écrits composés par les
prophètes ; puis, de Tautre, les livres généalogiques que devait
fournir, pour être admis à jouir des honneurs et des droits du sa-
cerdoce, chaque prêtre, non seulement ceux de Palestine, mais
ceux d*Egypte, de Babylonie et de tous les pays de la terre où se
trouvaient des colonies juives de quelque importance ^ Ces livres
étaient portés à Jérusalem, conservés dans le pavillon du Temple
où étaient déposées les archives publiques '• Outre les noms des
parents, des ascendants paternels et maternels jusqu'à la qoa*
trième génération inclusivement ', ces livres contenaient les noms
des témoins nombreux^ se portant les garants de la pureté de
l'origine des prêtres, les noms des juges qui avaient reçu et
vérifié les témoignages^ puis toutes les indications d'événements
avec leurs dates, faits historiques, décisions dogmatiques ou ju*
ridiques dont la mention pouvait augmenter la valeur et l'autorité
de ces actes, mettre hors de doute leur parfaite authenticité *.Dans
ces registres généalogiques figuraient non seulement les familles sa-
cerdotales et les faits les concernant, mais aussi celles de tous les
personnages qui aspiraient à l'honneur de leur alliance, qui ainsi
avaient accès aux hautes fonctions publiques et qui avaient, de cette
façon, intérêt à faire reconnaître la noblesse immaculée de leur ori-
gine*, les niirob I^N'^tt)». Les prophètes, ajoute Thistorien, à qui
seuls était confié le soin de conserver ces écrits, nous ont ainsi
raconté les choses anciennes que Dieu leur avait révélées et celles
qui s*étaient passées de leur temps. Moins dignes de foi sans doute''
que les livres des prophètes qui nous ont rapporté l'histoire de nos
ancêtres depuis Moïse jusqu*au temps d'Ârtaxercès , les autres
écrits*, les livres généalogiques ultérieurement écrits, nous ont
» Contre Apion, 1, 7.
* Mischna Middot, fin.
* Mischna Kiddousekin^ iv, 4, 5.
♦ xive; o'i itapTvpouvre;... iro».ov; (lapîvpa;.
• Ces actes ou livres s'appellent l'ïOm"» nb^tt, J. Taanit^ 68 a ; Pesahim, 6*, nOO
X^Onv ; Quittin, 67. Voir Rascbi, I ChroD., ix, 1.
• Kiddousehin, xv, 5.
' Sanhédrin f iv, 2.
* . ., (ATQTe ToO uiroYpàçeiv avTeÇoy<y(ow irà<yiv ôvxoç... àXXà |i6vov xwv iz^Ofr^xCri.
• YéYP«TPT«i jtèv SxavTOc.
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2« TEMPLE 25
transrais le souvenir de tous les événemenls survenus jusqu'à
nous*.
Nous avons ainsi, dit-il ailleurs, conservé dans nos mémoriaux
la succession de nos souverains pontifes, leurs noms et les noms de
leurs parents pendant deux mille ans*.
Josèpbe avait donc à sa disposition de très nombreux docu*
ments de ce genre, étant prêtre, de race pontificale et en relation
personnelle avec les grands-prêtres et avec les membres du grand
Sanhédrin. On sait que la fonction permanente du Sanhédrin était
la vériflcalion des titres généalogiques des prêtres'. Mais ces do-
cuments ne sont pas toujours sûrs et surtout ne concordent pas
toujours, de même qu'il n'y a pas toujours accord entre le texte
hébreu de la Bible et la version des Septante. De là, dans Thisto-
rien, toutes ces contradictions qui ont fait le tourment de ses
commentateurs^. Ce fut sans doute grâce à des documents de ce
• Ibtd., 8.
^ Uid.^ 7. Les noms des grands-prôlres se trouvent dans les Chronique?, que le
Talmud appelle le livre des généalogies, et dans Néhémie jusqu'à Jaddus. Les noms
des successeurs de Jaddus, Josèphe nous les a conservés. Le nombre 2000 est un
nombre rond. Diaprés la chronologie de Josèphe, il a y des pontifes pendant 17iiO ans
environ.
s Middot, Gn.
• Dans la préface des Antiquités Josèphe dit: « Nos livres^ contiennent le récit de
cinq mille ans (la chronologie juive compte 3408 jusqu'au retour de Pexil de Baby-
looe) ». Deslinon, qui a fait, sur Josèphe, des études très intéressantes, prétend que,
dans la pansée do Phbtorien,ce chiffre de cinq mille comprend toute Phistoire jusqu'à
la destruction du second Temple. Cette explication ne s^accorde pas avec les termes
et, en soi, elle est inexacte. D'après un des diiïérenls systèmes adoptés simultané*
ment par Josèphe, il y a réellement dans la période biblique de Tbistoire Juive cinq
mille ans et môme beaucoup plus. Ainsi, dans le premier livre, pour la période anté-
diluvienne, il compte 2056 ans au lieu de 1656, et du déluge à la naissance d*Abra~
ham 992 au lieu de 292. Abstraction des autres différences, rien qu'avec ces deux
éléments de compte, la chronologie, diaprés lui, dépasse le total de cinq mille ans
pour la période biblique. En additionnant les éléments de ses comptes, on arrive au
total de 5577 pour le retour de Texil de Babylone. Pour les deux premières périodes
de l'hisloire, cette différence provient de ce qu'il compte cent ans de plus que le texte
hébreu de la Bible pour ^intervalle entre le commencement de chacune des dix gé-
nérations (les Septante fout cela pour les sept premières) antédiluviennes et les sept
premières postdiluviennes. Ces chiffres, d'ailleurs, il ne les maintient pas ; il se con-
tredit parfois dans le m$me chapitre et adopte communément 1656 comme date du
déluge et compte 292 ans du déluge à Abraham, ainsi que cela résulte du texte hébreu
lAntiquités^ VIII, m, 1 ; X, viii, 4). Certaines erreurs ou contradictions de Josèphe
sont certainement le fait de copistes ignorants. Ainsi il dit {Ant.y X, viii, 4) : « La
destruction du Temple eut lieu :
» 470 ans 6 mois et 10 jours après sa construction,
• 1062 ans 6 mois et 10 jours après la sortie d'Egypte,
• 1957 ans 6 mois et 10 jours après le déluge,
• 3513 ans 6 mois et 10 jours après la Création. •
Or, d'après Josèphe, la création eut lieu en Tischri (I, m, 3) ; la sortie d'Egypte,
le 15 Nissan; le Temple, commencé le 1*' lyar, fut inauguré le 7 Tischri et il fut
détruit, d'après il Rois, ixv, 8, le 7 Ab ; d'après Jérémie, lu, 12, le 10 Ab (l'incen-
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26 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
genre qu*il a pu« dans ses livres, fixer l*année exacte où
Isaïe prédit Tavènement de Cyrus, « la deux cent dixième avant
l'événement, dit-il, et la cent quarantième avant la des-
truction du Temple », indications contradictoires d'ailleurs^ ;
Tannée où le prophète Nahum prédit la destruction de Ninive • ;
le nombre exact d'années, trois cent soixante et un, qui sépa-
rent la prédiction du prophète de Judée, contemporain de Jéro-
boam, et Taccomplissement de cette prédiction sous le règne de
Josias.
2. Le livre de Daniel est un autre document précieux pour fixer
l'état des traditions juives, à un certain moment, sur les époques
qui se succèdent durant le second temple. D*dprès ce livre, il 8*é-
coulera (ou il s*est écoulé) ' soixante-neuf semaines d*années entre
le commencement de l'exil de Babylone sous Yoïakim (?) et la pro-
fanation du sanctuaire et la cessation temporaire du sacrifice per-
pétuel qui durera ou aura duré un peu plus de trois ans*. Or, c'est
en 1*72 qu'eut lieu cette profanation. Il s'est donc écoulé, d'après
l'auteur de Daniel, du retour de l'exil jusqu'à l'an 172, 434 années,
soixante-deux semaines d'années, 483 années ou 69 semaines de-
puis le commencement de l'exil. Sur la base de cette tradition, la
période du second temple comprendrait donc 434+ ITO + 70, au
total 676 années et, en retranchant de ce total les 18 années qui
séparent le retour de l'exil de l'inauguration du second temple,
six cent cinquante-huit ans '.
die dura trois jours). Josëplie avait mis sans doute « ... 10 mois 6 jours après la créa-
tion ; 10 mois après IMnauguration du Temple ». Quant à la concordance entre la date
de la sortie d*Bgypte et celle de la destruction du Temple, elle eft purement imagi>
naire et du fait du copiste. — Les anciens, il faut le reconnaître, avaient plus a cœur
de conserver les traditions que de les vérifier et les consignaient toutes, même quand
elles étaient ou peu concordantes ou même contradictoires. C'est ainsi qua les auteurs
du Canon ont admis dans la Bible les livres des Chroniques malgré leurs contradic-
tions avec les livres des Rois. Voir, à ce sujet, le commentaire des Chroniques attri-
bué à Raschi, I, ii, 11 ; vu, 12, 13 ; vin, 1, 29 et l'introduction de Kimhi i son corn*
men taire sur les Chroniques.
> Antiq., XI, 1, 2.
* 115 ans avant la destruction de celte ville, c'est-à-dire en 740 (Ninive est détmîta
en 625), Ânt., IX, xi, 3.
* Le Talmud dénie à Daniel la paternité de l'œuvre qui porte ce nom, dans le très
ancien document relatif au Canon (Baba Batra^ 15).
* Jos^phe prétend (Ant,, XII, vu, 6) que le Temple fut purifié le 25 Kislev, trois
%ns jour par jour après avoir été souillé. Ce n'est pas exact. Diaprés le 1*' livre des
Macchabées, i, 57, Vidole de In désolation fut dressée sur Tautel le 15 Kislev, mats
le sacrif\ce perpétuel avait cessé quelque temps auparavant déjà. Ce qui parait con-
firmer la prédiction de Daniel relative aux 2300 matin-soir (1150 jours) de Tinter-
ruption du sacrifice (viii, 13-14).
> D'après Josèpbe. XII, vit, 7, la prédiction de Daniel fut réalisée au bout de
408 ans, 26 ans avant le terme fixé.
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PATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2» TEMPLE 27
3. Trois siècles plus tard, toates ces traditions ont été oubliées.
La Palestine a subi des guerres sans nombre, des révolutions, des
invasions, des pillages. Deux fois elle a été dévastée de fond en
comble, deux fois sa population a failli être exterminée. Dans la
succession de toutes ces lamentables calamités, la notion exacte
des temps anciennement écoulés a complètement disparu. Il y avait
pourtant une ère nationale, dont on ne trouve ni trace ni men*
tion,il est vrai, ni dans le livre des Macchabées, ni dans les œuvres
de Josèphe, mais qui toutefois s'est perpétuée pendant des siècles
et s*est renouvelée, maintenue par des pratiques religieuses cons-
tantes, la préservant, non seulement de Toubli, mais de toute omis*
sion et de toute erreur.
Le Temple une fois détruit, cette ère fut remplacée, chez les
Juifs, par Tère de la destruction du Temple, mais jusqu'à cette
catastrophe, Tancienne ère nationale a subsisté, rattachée à un
événement dont on avait perdu la notion et qui, dans le lointain des
temps, a été confondu avec un autre événement qui paraissait à
riraagination populaire plus propre à servir de point de départ à la
supputation des temps et dont la nouvelle ère faisait tout naturel-
lement surgir la pensée dans Tesprit. On le voit surabondamment
par le livre de Daniel, rien n*est plus conforme à l'esprit juif que
de diviser le temps par semaines d^années. Cette division n'est pas
seulement œuvre d'imagination, conception de visionnaire, c'est
la mesure ordinaire, habituelle, nous allions dire prosaïque, du
temps ainsi que chez les Grecs l'Olympiade, ou le lustre chez les
Romains, et l'institution sociale et religieuse, qui sert ainsi de
jalon pour mesurer la durée ou Tlntervalle des événements de
la vie publique ou privée, la Schemita et les lois qui s'y rap-
portent, ont une importance plus réelle, une action plus profonde
que les jeux d'OIympie pour la Grèce ou, à Rome, les déci-
sions périodiques des censeurs : le chômage des terres pendant
une année entière tout au moins, la jouissance commune des
produits du sol, Tabolition périodique des dettes (ou leur sus-
pension <), telle était, on le sait, la loi tous les sept ans et ni les
particuliers ne pouvaient oublier, ni Tautorité publique leur
laisser ignorer quand aurait lieu cette modification temporaire
si profonde dans le mode d'exploitation et de jouissance de la
propriété, dans les obligations des citoyens les uns à l'égard des
autres.
Ce n'était pas seulement tous les sept ans qu'il importait de
* Beaucoup de savaots ont cru que les deUes étaient, non abolies, mais suspendues
pendant ia Schemita, sorte de moratorium périodique (Voir à ce sujet Munk, Pales-
time, p. 210, note).
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28 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
connaître répoqae de la Schemita, mais Tannée qui procédait la
Schemita, Tannée qal la suivait, toutes les années, en un mot qui
séparaient Tune de Tautre les années sabbatiques. En effet, dès
les derniers mois de la 6« année, on cessait de semer; les fruits
amassés indûment la "T» année, on les détruisait (nva) la S'» année,
et il était, à plus forte raison, interdit de recueillir les fruits des
cultures faites illégalement Tannée du chômage >. Pans Tinter-
valle de deux Schemita, il était des dîmes différentes selon les
années. La seconde dlme, maaser schèni, prescrite la !''•, la
2% la 4<> et la 5° années et dont le produit devait être consommé ou
dépensé à Jérusalem, était remplacée, la 3« et la 6® années, par le
maaser ani, distribué aux pauvres'. Il était donc absolument
nécessaire de connaître, chaque année, le rang que Tannée devait
occuper dans la période sabbatique. Cette division du temps était
ainsi d'un usage courant et constant. Les actes publics et privés
en portaient la mention '.
La Schemita a-t-elle été réellement observée? Allant à Tencontre
des sentiments les plus naturels, tels que Tamour jaloux de la
propriété, à Tencontre des lois économiques universellement pra-
tiquées, n*était-ce pas une pure utopie, une législation qui n*a
jamais eu d'application positive? Le traité tout entier que le
Talmud a consacré à cette législation et qui réglemente les pré-
ceptes mosaïques concernant Tannée sabbatique peut-il avoir,
pour nous, un intérêt autre qu'un intérêt théorique? Nous croyons
que la Schemita, respectée, comme toutes les lois religieuses
avec plus ou moins de zèle et de scrupule, n'a jamais cessé d'être
en vigueur, excepté, cela va de soi, quand il n*y avait pas de
Juifs en Palestine ou quand aucun d^entre eux ne se livrait à Ta-
griculture. Nous n'avons pas sous les yeux les livres qui rendent
compte comment de nos jours sont observées les lois agraires.
L'année 1897-1898 doit être une année sabbatique, car Tannée où
Joseph Karo composait à Safed, en Palestine, son commentaire
sur le Toîo* Yoré Déah, (1539), était, d'après son témoignage*.
Tannée de la Schemita. La Schemita était observée au moyen âge,
* Sckebiit, i, ii. vu; iv, i-2.
* D'après Josèpbe, Ant,^ IV, vin, 2, la dîme du pauvre, oblifçtloire la troisième
année, se superpose aux deux autres, T^tn^v irp6; aOrat;.
» Sanhé'lrin^ y, \ ; Macrot, i, fiu ; Giiittin^ 77 ; Nedarim^ 60.
^ Bet Yoseph sur Yoré Déah, 331 : « L'usage a adopté les conclusions do Muimo-
nide,et cette année 'iO'J ou a observé la Scbemita ». Voici ce que dit Maimonidc, Hil^
khot Schemita^ cb.x : « Le point de départ de la supputation de la Scbemita, d'après
les Guconim et les gens de Pale&tine, est l'année de la destruction du Temple. Pour
connaître Tordre des années de la Scbemita, il sul'ût de diviser par 7 le nombre des
années écoulées depuis la ruine du Temple. Cette année, il y aura 1107 ans que le
Temple a été détruit, c*e8t donc la première année d'une période sabbatique. •
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2« TEMPLE 29
en France, en ce qui concerne les prêts d'argent. R. Tara recevait
à son tribunal les déclarations dites prosbol^.
Mais ce n'est pas dans les pays d'Occident ou même en Judée,
en un siècle où la population très clairsemée est peu adonnée aux
travaux des champs qu'il faut rechercher si la Schemita est, pour
les Juifs, une loi dans le sens pratique du mot, mais quand la
Judée est vraiment juive^ quand sa population ne vit que d'agri-
culture.
Remontons la chaîne des temps. Au iii« siècle et à la fin du ii%
les patriarches Juda II, Gamaliel III, Juda I, prennent, en synode,
des décisions relativement à la Schemita ; Juda II, pour restreindre
rétendue du territoire soumis à cette loi ^, Gamaliel IIP et Juda I
pour abolir les suppléments de la 7° année ^, c'est-à-dire Tinter-
diction de cultiver la terre les derniers mois de la G*" année et celle
de récolter, la 8** année, les fruits produits par le travail de la
septième année ^,
Trois siècles avant R. Juda II, l'ancêtre de ces patriarches, Hillol
l'ancien avait institué X^prosbol^^ institution destinée à atténuer
les effets et à éviter les abus de la Schemita. La nécessité de cette
institution prouve que la Schemita avait force légale '.
Ces mesures législatives rr^sultnnt de circonstances nouvelles
auxquelles devaient s'adapter les institutions du pays attestent
déjà suffisamment que ces institutions étaient réellement vivantes.
De son côté, l'histoire nous fournit des témoignages positifs et, à
côté de ceux-ci, des preuves indirectes qui ne sont pas sans valeur
et qui viennent confirmer ce que la législation nous a déjà appris.
En 163 (233 ans avant la destruction du Temple], Ântiochus
Eupator, guerroyant avec Juda Macchabée, assiège Beth Zura. Les
assiégés sont aussitôt obligés de se rendre : « Il n'y avait pas de
nourriture pour eux, car c'était le Sabbat pour la terre « ». (1 Mac-
1 Guittin, 36 b, Tosafol, au bas de la page.
« j. Schebiit, 3i)C-ii; Tosefta Oholot, Hn.
» n'^:^'»31D riDOnn, Tos, SchehUt, I, 1.
^ Lo Talmud de Jérusalem paraît attribuer celte décision à H. Gamliel II. Elle
semble postérieure à la rédaction de la Miscboa, la Miscboa n'eu parle pas, alors
qu'elle mentionne celle de R. Juda.
5 Schebiit, vi, 4.
• Forme abr^éo de la formule TtpoaêoXio Trpo; pouXi^v, qui est la traduction de *J0173
X^l rr^ab (l^mia^) (Schebat^ x, 3-7) ; U prescription légale de la Scheiuiia
n'ayant pas d'efTet sur les actes judiciaires, le créancier pour sauvegarder ses droits
pendant la 7* année, était censé les transmettre au tribunal.
^ il y avait a Jérusalem un édifice où, en exécution de l'ordonnance de Uillel,
l'autorité publique recevait en dépôt les obligations souscrites par les débiteurs. Cet
édifice (âpx^^H 1"^ incendié, au début de la révolte, par les zilaleurs pour entraîner les
débiteurs dans Tinsurrection, B. •/., II, xvii, 6.
' Traduction praaqae littérale de "J^^b 7X^11^ ^inaiû na\D (Lévit., xxv, 4).
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30 REVUE DES ETUDES JUIVES
chabées, vi, 49). « Il n'y avait pas de vivres dans la ville, à cause
de la septième année, ceux des gentils restés en Judée ayant
mangé ce qui était resté des dépôts. »
Jean Hyrcan, en 135, poursuit Ptolémée, son beau-frère, le
meurtrier de son père, l'assiège dans la citadelle de Dagon, où
s*était réfugié Tassassin, emmenant avec lui la mère et les frères
de Jean Hyrcan. Le siège traîne en longueur et bientôt Hyrcan
doit interrompre ses opérations militaires, « Tannée sabbatique
survenant, pendant laquelle, chez les Juifs, Tusage est de ne pas
travailler, car, tous les sept ans, ils observent cette année, à l'ins-
tar du septième jour * ».
On ne faisait donc pas la guerre l'année sabbatique; c'était une
sorte de trêve de Dieu pour les Juifs. Ce n'en était pas une assuré-
ment pour leurs ennemis, qui mettaient à profit, dans la conduite
de leurs campagnes, et la répugnance des Juifs pour toute opéra-
tion militaire et Tépuisement des approvisionnements de la Judée.
Ainsi, Tannée même où Jean Hyrcan cesse, à cause de la Schemita,
de poursuivre Ptolémée, Antiochus Sidétes, roi de Syrie, vient
attaquer Hyrcan et Tassiège dans Jérusalem. La famine bientôt
réduit les assiégés aux pires extrémités *. Cependant, à l'approche
de la fête des Tabernacles, Jean Hyrcan, comptant sur la piété
d'Antiochus, lui demande une trêve pour célébrer la fête ^. Le roi
de Syrie accéda à ce désir et voulut très généreusement contri-
buer par ses offrandes à Téclat de cette fête.
On sait que la solennité des Tabernacles est le couronnement
des fêtes de la septième année ^.
Ainsit grâce au premier livre des Macchabées et à Josèphe, nous
connaissons deux des années sabbatiques observées dans le
li° siècle avant Tère chrétienne, leurs dates exactes, les circons»
tances intéressantes qui s'y rapportent. Grâce au Talmud, nous
en connaissons deux autres dans le i^' siècle de la même ère. La
date de Tune a été discutée, toutefois il ne nous parait pas impos-
sible de la déterminer d'une façon exacte.
Au terme de la septième année ou plutôt au commencement de
la huitième, ainsi qu'on vient de le rappeler, à la solennité de
Souccot, le peuple tout entier était convoqué dans le Temple. Au
milieu du parvis, on construisait une estrade sur laquelle le roi
prenait place. Le livre de la Loi passait successivement du prési-
« Ant., XllI, viir, 1 ; B. /., 1, ii, 4.
* Ant.^ XllI, viir, 2.
> ÂDliochus avait reçu le surnom de « pieux >, Ëùaf^Vi;.
♦ Deutér., xxxi, 10-12; Ant.^ IV, viii, 12.
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2* TEMPLE 31
dent de rassemblée * au chef des prêtres, au grand-prêtre, qui le
remettait au roi. Celui-ci se levait pour le recevoir et, assis sur son
siège, le lisait à haute voix'. Le roi Agrippa se leva selon Tusage
et resta debout pendant toute la lecture : les sages Tacclamèrent ^.
Agrippa I fut roi en Judée de 41 à 44. Cette année sabbatique
est donc comprise entre ces deux dates.
On prétend, il est vrai, que cet Agrippa de la tradition rabbi-
nique était Agrippa II, âls d' Agrippa I*. La principale raison don-
née, on peut dire la seule, c*est que le prêtre R. Tarphon, qui
semble avoir vécu encore au commencement du ii» siècle, avait
rapporté de cette fête des souvenirs personnels qui ont été re-
cueillis dans la Tosèfïa^. On oublie que R. Tarphon rappelle
un souvenir d*enfance et que, sans aucun doute, il est par-
venu à une extrême vieillesse. De plus. Agrippa II n'était pas roi
en Judée. Il a eu la surintendance du Temple de 59 à 65. Si,
comme tout porte à le supposer, ainsi que nous le verrons plus
tard, Tan 63 fut une année sabbatique. Agrippa, à cette époque,
était en très mauvaise intelligence avec les prêtres et les rabbins.
On se dénonçait réciproquement à Rome. Le grand-prêtre Ismaôl
b. Fabi dut aller à Rome dans ce but et y fut retenu comme otage
avec d*autres dignitaires ^. Ce n'était donc pas Agrippa II qu'eus-
sent acclamé les docteurs du Temple.
D'après Josèphe % c'est le pontife et non le roi qui fait la lec-
ture septennale de la Loi ^. Le fait d'Agrippa lui était donc in-
connu. Comment l'eût-il ignoré s'il s'était agi d'Agrippa II, son
contemporain, avec lequel il était en relation personnelle?
Dans la tradition rabbinique, il ne saurait donc être question
évidemment que d'Agrippa I, et l'année sabbatique dont nous re-^
cherchons l'époque se trouve ainsi comprise entre 41 et 44.
La ruine du Temple, au dire de R. Yosé, eut lieu à l'issue d'une
année sabbatique. Le texte semble dire Tannée qui suivit la Sche*
mita, rv»3^a« "«fir^sfcTtt, mais, ainsi que l'explique Tosafot, i4&oda Zara^
8b j ce terme peut s'appliquer à l'année sabbatique elle-même
^ Le président du Sanhédrin nD33 = ovvfôpiov, peut-être le président du second
Sanhédrin, celui de 23 membres qui siégeait a la porte de la Azara,
* 11 lisait, dans un ordre déterminé, un certain nombre de chapitres du Deuté-
ronome.
» Voir la suite dans Sota^ vu, 7.j Sifrè Scho/tim^ Û^ttJn hW*
• Bûchler, Die Priester und der CuUus^ p. 10 et suiv.
« Tosefta Sota, vu, 16 (éd. Zuckeimaodel).
« Ant., XX, VIII, 11.
' Ant,y IV, VIII, 12, ô àpjriépeu; iiii piQ^iaxo; Otj/TiXoO.
> De temps immémorial il en était ainsi toujours : sous les anciens pontifes, sous le
règne d'Hérode et d'Archélaûs et sous la domination romaine* Les Asmonéeus, on le
sait, étaient à U fois rois et pontifes.
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32 REVUE DES ÉTUDES JUJVES
quand elle est à son déclina La chronologie rabbinique place la
ruine du Temple en Tannée 68, mais celte catastrophe eut lieu
réellement en 70. Si Tannée 70 est sabbatique, Tannée 42, séparée
de celle-ci par un intervalle de 4 semaines d'années (28+42 =
70) ou de quatre Schemita, ou bien Tannée 41 si on ajoute une
année pour le Jubilé, est donc Tannée où Agrippa lut le chapitre
royal du Deutéronome.
Nous avons donc ainsi la date à peu près précise de deux an-
nées sabbatiques dans le ii° siècle avant Tère chrétienne et de
deux années sabbatiques dans le siècle de cette ère. Serait-il pos-
sible d*en retrouver aussi dans le siècle qui les sépare, dans le
1® siècle avant Tère chrétienne?
Dans Arahhin^ 11, il est dit* : « Les événements heureux ar-
» rivent à des jours déjà marqués pour le bonheur, les catas-
» trophes à des jours déjà néfastes. Quand le Temple fut détruit
» la première fois, c'était le 9 Âb, à Tissue du sabbat, à Tissae
» d'une année sabbatique..., les prêtres étaient à Tautel, les lé-
» vites sur leur estrade et ils chantaient un psaume...; leurs chants
» retentissaient encore quand les ennemis, assaillant le lieu saint,
9 se saisirent de leurs personnes. . . Et la seconde fois, ce fut aussi
» le 9 Ab, à Tissue du sabbat, à Tissue de Tannée sabbatique, les
1» lévites chantant le môme psaume. »
Ces détails si précis, pour peu qu'on puisse en admettre la réa-
lité, s'appliqueraient bien mieux à un événement relativement ré-
cent, qu'à une catastrophe datant déplus de sept siècles S et ils
rappellent, en quelque sorte, dans les traits essentiels, la descrip-
tion si émouvante, faite à deux reprises par Josèphe, de la prise et
de la profanation du Temple par Pompée :
Anl., XIV, iv, 3 : « Les prêtres ne s'abstinrent pas d'accom-
» plir les rites sacrés... la ville prise, le 3» mois *, le jour du jeûne,
» dans la 79® Olympiade, C. Antoine et M. Tullius Cicéron con-
» suis, les ennemis, pénétrant de vive force, massacrent ceux qui
1 Au onzième mois de Tannée.
* Voir aussi Taanit^ 29 a,
' La ruiue du premier Temple a lieu en Tan .589 avant Tère chrétienne. R. Yosé
vit au milieu du n* siècle de ceUe ère.
^ D'après Strabon, le Temple fut pris le jour du jeûne, d'après Dion Cassiut, un
samedi. Josl prétend que ce jeûne était celui du Kippour. (Le troisième mois de
i^année macédonienne correspond, en eiïet, à Tiscbri). Diaprés Casaubon et Sc«liger,
ce jour était le 9 Tammouz, anniversaire de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor
et il faudrait remplacer le mot TpiTOv parTérapTov. Si le récit de R. Yosé se rapporte
à la profanation du Temple par Pompée, il faudrait remplacer le mot TpÎTOv p«r
7cÉ(i7rTov. M. Théodore Reinach croit que le Temple a été pris le samedi, que Str«-
bon appelle jour déjeune, croyant que les Juifs jeûnaient le jour du sabbat. (7V«ne<
grecs et latins relatifs au judaïsme, p. 104, note 1.)
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DATES IMPORTANTES DE LA CHKONOLOGIE DU 2« TEMPLE 33
» sont dans le Temple, les prêtres offrant des sacrifices n'en con-
» tinuant pas moins à remplir leur saint ministère. . . •
B. /., I, VII, 5 : « Des prêtres en grand nombre, à la Tue des
» ennemis se ruant sur eux, Tëpée nue, restent (sur Tautel)
» intrépides, accomplissant leurs rites, faisant des libations, brû-
» lant Tencens et se laissent immoler, fidèles à Dieu jusqu*à la
» mort. »
« 6. Dans cette catastrophe (où périrent 12,000 hommes), ce
» qui parut aux Juifs le comble de l'infortune, ce fut de voir pé-
» nétrer des gentils dans le lieu sacro-saint, auparavant inacces-
x> sible à tout regard. Pompée et beaucoup de ses compagnons pé-
» nétrèrent dans le Saint des Saints et virent ce que nul mortel
» en dehors des pontifes n'avait jamais vu. »
La prise du Temple par Pompée a lieu en 63 avant Tère chré-
tienne ; Tan 63 est une année sabbatique d'après Tun des sys«
tèmes adoptés par le Talmud ' ; les détails donnés par R. Yosé
peuvent donc se rapporter à cette catastrophe.
En 35, Hérode nomme grand-prêtre le frère de Mariamne, Âris-
tobule, âgé de 17 ans. Durant les fêtes de Souccot, le jeune prince
mopte sur l'autel, revêtu des ornements pontificaux et préside aux
cérémonies avec une grâce et une majesté qui ravissent les cœurs
et excitent dans la foule un enthousiasme indescriptible. Dès lors il
est condamné dans l'esprit du tyran ombrageux et sans scrupule.
Sans doute Hérode avait calculé déjà, dans sa pensée, l'élan irré-
sistible qui entraînerait la nation tout entière quand, l'année sui-
vante, au couronnement de l'année sabbatique, le jeune pontife,
le descendant de l'illustre race des Âsmonéens, lirait du haut du
pf,u.a, le roi ne le pouvant pas en raison de son origine étrangère,
la parascha royale devant tout Israël assemblé. Aristobule devait
donc périr. L'année 35 était également une année sabbatique,
d'après un des systèmes discutés dans le Talmud.
Chose extrêmement étrange, en effet, on n'est pas fixé du tout sur
la façon de calculer le retour des années sabbatiques. Il y a deux
systèmes à cet égard, tous deux soutenus dans le Talmud, et,
n'étaient les raisons nombreuses, à notre avis irréfutables, que
nous avons énumérées, cette étrange incertitude dans la supputa-
tion des années sabbatiques suffirait pour faire douter absolu-
ment de la réalité positive de cette législation. D'après la loi mo-
saïque , au terme de chaque cycle de sept années sabbatiques
ou de 49 ans, il est prescrit de célébrer le Jubilé, la 50<^ année.
Celte 50« année est-elle seulement le couronnement du cycle jubi-
* JEU>tck Haschana, 9 ; Nedarim, 61 ; Ârakhin, 12 et 33.
T. XXXVII, R» 73. 3
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34 REVUE DES ETUDES JUIVES
laire? Est-elle, en môme temps, le commencement du cycle
suivant? En d'autres termes, un siècle se compose-t-il exacte-
ment de deux cycles jubilaires ou bien de deux cycles augmentés
de deux ans?
La raison de ce doute, la voici. Dans le Talmud, il est à peu près
certain * que, durant le second Temple (et même auparavant, à
partir de Texil des dix tribus *), le Jubilé n^était plus en vigueur.
L'esclavage juif définitivement aboli' et, d^autre part, le territoire
ayant cessé d'être divisé par tribus et par familles, les deux dispo-
sitions essentielles de la loi du Jubilé, la raison même de cette loi,
la libération périodique des esclaves, le retour des champs à leurs
anciens possesseurs, étaient devenues nécessairement caduques.
Le chômage des terres, disposition accessoire et conséquence des
deux autres, n'avait plus de raison. On comptait néanmoins la
50« année, on la sanctifiait conformément à la loi^, on la célébrait
sans doute par des réjouissances qui semblent avoir duré dix
jours S et, le jour du Eippour, la sonnerie du Schofar retentis-
sait dans tout le pays ; mais Tannée du Jubilé n'étant plus une an-
née de chômage", la Schemita revenait-elle six ans après, après
six ans du travail de la terre, ou seulement sept ans après ?
D'après R. Tehouda, la Schemita revient invariablement tous
les sept ans. D'autres docteurs, que le Talmud ne nomme pas, ad-
mettent, au contraire, que, l'année du Jubilé comptant à part, il y
a un intervalle de huit ans entre la dernière Schemita d'un cycle
jubilaire et la première du cycle suivant \
Le Talmud ne prend pas parti entre ces deux opinions. Parmi
les commentateurs, R. Baruch^ l'auteur du Sefèr Haierouma^
R. Tam et, d'après Tosafot^, Raschi, adoptent le système de
R. Tehouda; Rabad, celui des contradicteurs anonymes de
celui-ci.
Qu'il y ait eu, en France^ au moyen âge, incertitude sur une
circonstance essentielle de la loi sabbatique, à savoir en quelles
années arrive l'échéance périodique de cette loi, la chose est, tout
au plus, concevable ; mais ce qui ne se conçoit en aucune façon,
^ R. Ttm émet quelques doutes à ce sujet. La question est examinée dans To-
tafot Quittint 36 a, au bas de la page et ?erso.
s Arakkini 33.
• Voir Ant.t XVI, i, 1. Josèphe parle da servage Juif comme depois longtemps
aboli : h toÎçtc pwroiç rSi; Toiavnjç xi\uiipUç,
< £o9ek Hatckana^ 8 h,
• Ouiiiin, VSd,
^ Arakkin, 12, 32; Eotch Etuchunat 9 ; Ntdarim, éU
• AMaZaraf^b»
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2- TEMPLE 35
c'est qu'il y ait eu incertitude en Palestine, à une époque où cette
loi a été ou a dû être en pleine vigueur.
n ne pouvait y avoir, en même temps, deux façons différentes
d'appliquer la loi de l'année sabbatique et conséquemment deux
opinions opposées à ce sujet, mais il y a eu deux façons succès-»'
sives d'entendre Tapplication de cotte loi et ainsi, à notre avis,
entre les deux opinions présentées comme contradictoires, 11 ne
saurait y avoir eu de contradiction effective. A notre avis, il faut,^
pour la loi du Jubilé, considérer trois moments :
a) l'époque où la loi du Jubilé est entièrement exécutoire ;
b) l'époque où, ne répondant plus à l'état social ou à la législa-
tion courante, la loi du Jubilé, virtuellement abrogée, subsisté
néanmoins encore, mais comme époque de réjouissances natio-
nales. L'année jubilaire compte encore à part, mais sans entraîner
d'obligations;
c) l'époque où, par suite du malheur des événements S ces ré-
jouissances publiques elles-mêmes ont cessé. L'année du Jubilé ne
compte plus ou se confond avec les années du cycle suivant.
L'opinion des rabbins anonymes répond à la seconde phase, pé-
riode du second Temple. Le Talmud ne connaît pas leurs noms.
Ce sont donc des docteurs anciens, d'une époque antérieure à la
ruine du Temple, faisant connaître comment, de leur temps, la loi
était appliquée. L'opinion de R. Tehouda répond à la troisième
phase , à la période qui commence après la destruction du
Temple. '^
Cette conclusion s'impose, car, d'une part, il est impossible que
R. Yehouda n'ait pas su comment de son temps (un siècle après la
destruction du Temple) on supputait les années sabbatiques',
d'autre part, pour la période antérieure, à moins d'admettre qu'un
siècle se compose exactement de deux cycles jubilaires, il est im*
possible que :
1"* l'année de la destruction du Temple, l'an 70, ait été une annéô
sabbatique, ni une année post-sabbatique rr^T^yio •>fiOti)3, l'année
163 anle ayant été année sabbatique ^, l'année 1*70 l'ayant été éga-
lement : or, dans le système de R. Yehouda, deux siècles plus tard,
la Schemita ne pouvait tomber qu'en 67 ou en 74;
2° il y ait eu sous le règne d'Agrippa I (41-44) une année sab-
batique. L'année 135 ante et conséquemment l'an 142, ayant été
année sabbatique 3, deux siècles plus tard, dans le système de
R. Yehouda, la Schemita aurait eu lieu en 39 ou en 46.
> Epoque postérieure à It ruine du Temple.
* 1 Macchabée, m.
• Ant., XIll, viii,i.
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36 REVUE DES ETUDES JUIVES
Dans rhypothèse â*aprës laquelle la Schemita de Sola, viii, 9.
aurait eu lieu sous Agrippa II (59-65), c*eût été en 60; mais cette
hypothèse, on Ta vu, est insoutenable.
Maïmonide ne connaissait pas les faits historiques que nous ve-
nons de rappeler et de discuter, il ne s'est pas arrêté non plus
devant Timpossibilité morale, à notre avis, d'une incertitude rela-
tivement à réchéance périodique d*un fait public ou plutôt d'un
ensemble de faits et de devoirs intéressant à la fois et de la façon la
plus pressante et Tautorité publique et chaque particulier, tels
qu'étaient ceux de la Schemita, et — chose vraiment sarprenante
— ce que nous avons dit comme conclusion logique et de ces faits
historiques et de cette preuve morale si puissante, il l'affirme être
la vérité môme, à savoir que, Jusqu'à une certaine époque, l'opi-
nion des rabbins anonymes a prévalu, puis celle de R. Tebouda; il
l'affirme presque à son corps défendant, invoquant une tradition
dont il n>st d'ailleurs de trace nulle part et 8*exprime, à ce sujet,
avec une netteté qui ne laisse place à aucun doute : « Tous les
x> Oaonim ont dit qu'il y avait une tradition transmise oralement
» jusqu'à eux qu'à partir de la ruine du second Temple, on a cessé
» de compter à part la cinquantième année et que les Schemitot se
» succéderaient indéfiniment de sept en sept ans, c'est ce qui ré-
» suite du Talmud * et telle est la tradition. » * (HUhhot ScheniUa
Veyobel, x, 5).
Des deux assertions du Séder Olam : 1« que le retour de l'exil
de Babylone eut lieu 420 ans avant la destruction du second
Temple ; 2"" qu'à cette époque, en 420, on commença à observer la '
Schemita, il ne faut retenir que la seconde. Elle est confirmée par
la Bible indirectement, cela va sans dire, mais pour nous d'une
façon indubitable. Elle est confirmée de la môme manière et dans
les mômes conditions par Josèphe. La promesse d*observer la
Schemita est une des stipulations formelles du pacte dont il est
question dans Néhémie, x, et figure au verset 32, wor^ nK otan
T bD vcùisy n'^jnaiDn. Néhémie a gouverné la Judée, une première
(ois, entre 454 et 432 ; le livre qui porte le nom de ce personnage
a été écrit environ cent ans après celui-ci, car ce livre contient une
< Aboda Zarû^ 9.
* L^ezplication que nous avoof donnée ne résout pu néanmoini toutes les difScaW
tés. Si pendant It période du Temple on a compté à part les années du Jubilé et wk^
d'autre part, Tannée de la destruction du Temple fut D'^^'^nO "^fiOtlTS il fnut ad-
mettre, avec Tosafot dans Aboda Zara, que la ruine du Temple eut lieu l'aniiée
qui suivit l'an 420 de la supputation rabbinique et, ainsi qu'on l'a déjà dit, également
d'après Tosafot, que l'expression n'^9'^3^ "^MXlt} à PUtue de la iejttième anmét
signifie à la fin (onzième mois) de la septième année, et non pas Tannée qnt suit la
septième.
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2* TEMPLE 37
liste de grands-prêtres qui s'arrête à Jaddus, arrière-petit-âls
d'Eliasib, le pontife contemporain de Nëhémie. Jaddus fut grand-
prêtre vers 350, c'est-à-dire 420 ans avant la destruction du
second Temple. Ce Jaddus, contemporain d'Âlexandre-le-Grand,
demanda au conquérant macédonien, d'après Josèphe, de dis*
penser les Juifs du tribut l'année sabbatique * . S'il peut être
fait des réserves sur ce qu'il y a de légendaire et assurément
d'inexact dans le récit de l'entrevue d'Alexandre et du grand-
prêtre, entrevue racontée presque dans les mêmes termes dans
Josèphe et dans le Talmud *, il n'y a pas de raisons sérieuses
pour en contester le fond *. Le silence observé à ce sujet par les
historiens grecs ou latins d'Alexandre, ne prouve rien contre lui.
Si le fait est vrai réellement comme il l'est en toute apparence, il
en résulte :
P Que la loi sabbatique était observée en 333, c'est-à-dire 403
avant la destruction du Temple;
2* Que la faveur demandée à Alexandre était chose toute nou-
velle pour les Juifs, sinon Jaddus se serait contenté de demander
à Alexandre la continuation du privilège déjà accordé par les
rois de Perse ^.
Il est donc établi que l'observance de la loi sabbatique était
chose récente, ce qui nous reporte également aux environs de l'an-
née 420 avant la destruction du Temple.
Enfin, les Samaritains, informés, paratt-il, de la faveur accor-
dée aux Juifs, s'empressent de demander eux aussi d^être déchar-
gés du tribut de la septième année. Cette concession leur est
refusée. Sans aucun doute, ils n'avaient pas encore fait de la loi
1 Ant,, XI, VIII, 5. Voir au sujet du récit de Josèphe It savtnte étude de M. BOchler
Eevue, XXXVI, p. 1 et suW.
* Toma^ 69 a, p. 1 et Mtguillat Taanit, D'après les rabbins, le grand^prêtre était
Siméon le Juste.
* Au dire des historiens, Alexandre ya de Tyr à Qaza, de Gaza en Bgypte.
D'après Josèphe, il serait allé de Qaza à Jérusalem [avant de se rendre en Egypte].
S^il est invraisemblable qu'Alexandre soit revenu sur ses pas, rien n^empêcbe de
eroire que, durant les longs loisirs du siège de Gaza, il se soit rendu à Jérusalem,
qni était à deux jours de marche.
^ Ce privilège, les Juifs l'obtinrent une seconde fois, au dire de Josèphe (Ant,^
XIV, X, 6], de Jules César (de 47 à 44). Devenue tributaire de Rome, en 63, la Ju-
dée avait été littéralement mise en coupe réglée à plusieurs reprises par Pompée,
Seanrus, Gabinius et Cassius, qui Pavaient ruinée par leurs exactions. La loi de la
Schemita dut nécessairement fléchir sous le poids de leur insatiable avidité. Dans
son décret, le cinquième de la série. César les dispensa à deux reprises, du tribut
de la septième année : x<^P^C '^^^ é686(jiou Itouc Sv £ai66o^ixàv . . . irpo^oyopcueuaiv
ètrctd^ iv «Ot^ (Jii^e ùic6 tûv devSpôJv xap«èv Xajiêàvouai (xin^ 9ire(povoi (nreÇai-
povftévou Toû é^ô(iOu itou; 5 £a66ocTix6v xaXoOoi (la suite comme plus haut). Ce texte
est une forte preuve de plus de la réalité effective de la législation de la loi sabba-
tique.
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38 RlilVUE DES ÉTUDES JUIVES
du chômage sabbatique une loi d'Etat et ils ne voulaient l'adopter
que pour profiter, à leur tour, et sans droit réel, de la concession
gracieuse faite aux Juifs leurs rivaux, car, autrement, les Sama-
ritains ayant déjà donné à Alexandre antérieurement aux JuiCs
des gages de leur fidélité, le refus opposé à leur demande par le
conquérant eût été inexplicable.
Pourquoi le Schemita est-elle observée à partir de cette époque
(350) et non auparavant ?
La Schemita, étant surtout une loi territoriale, bien plus que per-
sonnelle, ne pouvait être établie qu'à la condition d'être appliquée à
. un territoire continu. Or, les quarante-deux mille Juifs revenant
de l'exil avec Zorobabel, augmentés des dix-huit cents hommes qui
accompagnent Ezra, n'auraient pas pu occuper à eux seuls toute
la Palestine, ni même une seule de ses grandes divisions ^ Ces
deux groupes d'immigrants, pendant de nombreuses générations, se
développent rapidement, s'augmentant par Tinflltration constante
de nouveaux afflux d'immigrants et par la toute-puissante attrac-
tion exercée sur les gentils, yni^ "«tta^, établis dans le pays qui
se détachent peu à peu de leurs pratiques religieuses, de leur na«
tionalité, pour s'agréger au judaïsme» les b'^bnnd, pour les appeler
par l,eur nom biblique. Ainsi peu à peu se forma une popula-
tion compacte, plus ou moins unie d'abord, mais s'étendant d'une
façon presque uniforme sur tout le pays. L'action constamment
répétée des chefs religieux du Judaïsme amène une cohésion de
plus en plus grande de ces éléments si divers, et fait entrer
dans leurs mœurs, en quelque sorte, les lois du Pentateuque
et les développements donnés à ces lois par les Soferim. Toutefois,
pour devenir lois d'Etat, ces lois avaient besoin de l'adhésion
populaire, de là ces grandes assemblées telles que nous en voyons,
non seulement au temps d'Ezra et de Néhémie, mais déjà à des
époques antérieures, telles que sous Sédécias (Jérémie, xxxiv, 8)
l'assemblée qui décrète l'exécution de la Loi ordonnant la libéra-
tion des esclaves juifs, au commencement de la septième année ;
sous Josias, celle qui a pour but et pour effet l'alliance du peuple
avec Dieu (le peuple tout entier entra dans l'alliance *) et, d'après
le livre des Chroniques, celle que le roi Ezéchias convoque à pro-
pos de la fête de Pâque', sans compter les assemblées analogues
réunies, d'après ce livre, par Asa et par Josaphat.
Il est plus que probable que, dans les dernières assemblées, celle
^ La Palestine pouvait nourrir plusieurs millions d'individus. Son territoire repré-
sente le vingtième de l'étendue de notre pays.
* 11 Rois, XXII, 3 ; 11 Chron., xxxiv, 30-32.
» /*irf., XXX, 23.
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2« TEMPLE 39
de Josias (622) et celle de Sédécias (595 environ), il fut déjà ques-
tion de rétablissement ou plutôt de la mise en vigueur de la
Schemita. En effet, la libération des esclaves après six ans de
servage prescrite par TExodeetle Deutéronome *, est une loi
tout à fait analogue à celle de la Schemita, évidemment plus
importante au point de vue moral et sociai, mais d*une applica-
tion inâniment moins générale. Pour peu qu*on y réfléchisse, il
parait certain qu'on ne dut y songer qu'après avoir décrété l'obser-
vance obligatoire de la loi sabbatique des terres. Cette dernière
loi dut être nécessairement comprise dans le pacte contracté sous
Josias, aux termes duquel pacte, le peuple s'engageait sans ré-
serves, « à marcher dans les voies de Dieu, à observer ses com-
mandements, ses témoignages, ses ordonnances de tout son cœur
et de toute son âme, à accomplir toutes les choses de l'Alliance ins-
crites dans le livre » .
Or, la Schemita est une loi de l'Alliance *, prescrite à la fois
dans l'Exode*, dans le Lévitique\ et dans le Deutéronome^ Dans
l'Exode, la loi de la Schemita fait partie des commandements
réunis dans le Se fer ffabberit ®, immédiatement avant la Loi du
Sabbat % et il est plus que probable qu'en prêchant avec tant de
véhémence l'observation rigoureuse du jour du Sabbat, Jérémie '
n'a pas dû négliger dans ses recommandations de rappeler l'obli-
gation de l'année du Sabbat que la Loi qualifie )nra« nn^^.
Une des prédictions de Jérémie porte, d'ailleurs, une date qui ne
saurait avoir de signification que par rapport à la Schemita : « Cette
même année, au commencement du règne de Sédécias^ roi de
Juda, la quatrième année *^. » Il s'agit évidemment de la qua-
trième année de la Schemita, sinon, ce chiffre ne répond à rien,
* Bxode, XXI, 1-6 ; Deutér., x?, 12>1S. D'après le Lévit., xxv, 39-44, Tesclaye est
libéré également Pannée du Jubilé,
* La loi de la Schemita est promulgée dans le Lévitique avec une incomparable so-
lennité, l'origine sinalgue de cette loi est inscrite à la fois dans le préambule (xxy, i)
■o-'o nna ...nan"»! et dans u conclusion ...mmnm d'^ûD^nïT) û-^prirr nb»
"^^^D lïia (zx^if 46), son observance encouragée par la promesse de bénédictions
nationales, xxvi, 3-13 ; sa violation accompagnée de la plus terrible nnction.
» Bxode, xxiii, 10-11.
* Lév., XXV.
* Deut., XV, 1-11; xxxi, 7-13.
* Bxode, xxi-xxnr, 4.
7 Ibid,, xxiii, 10-11. 12.
t Jérémie, xzxiv, 17.
9 Lév., V, 4.
10 Jérémie, xxviii, 1. La date marquée au commeacement du livre d'Bzéchiel se
rapporlerait-elle à ce mode de supputation ? Ainsi Tont pensé Joseph et David
Kimhi, ainsi qu'Abarbanel. D'après ces commentateurs, Tan 30, date de la première
réfélation du prophète, serait la trentième année du Jubilé. On sait, d'ailleurs, qu'il
est qnesUon da Jubilé dans un autre passage d'Bzéchiel (xlvi, 17). D'après le Tal-
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AO REVUE DES ÉTUDES JUIVES
le règne de Sëdécias ayant en tout duré onze ans, la quatrième
année ne pouvant pas être considérée comme le commencement
d'un règnede onze ans. C'est ainsi que Eimhi, d'ailleurs, explique
ce mot.
Quoi qu'il en soit et en dépit de tous ces engagements solennels
et de toutes ces alliances, la Schemita n'a pas été observée durant
le premier Temple, l'exil de soixante-dix ans annoncé par
Jérémie dut être, au témoignage de Tauteur des Chroniques, l'ex-
piation nécessaire de la violation constante de cette loi : « Il exila
à Babylone ce qui avait échappé au glaive..., pour accomplir
la parole de Dieu dans la bouche de Jérémie jusqu'à ce que la
terre eût accompli ses Sabbats, pendant toute la désolation elle
chôma jusqu'au terme de soixante-dix ans K »
Dans une grande assemblée, semblable à celles qu'avaient
convoquées Ezéchias, Josias, Sédécias, puis Ezra et Néhémie,
deux cents ans environ après le retour de l'exil de Babylone,
la loi de Schemita fut adoptée comme une loi générale imposée i
tous les habitants du pays*.
Cette assemblée dut décréter, en môme temps, les conditions
dans lesquelles cette loi devenait strictement obligatoire, les sanc-
tions destinées à faire de cette obligation une vérité, les mesures
à prendre pour que l'abandon des Aruits du sol ne devint pas une
occasion de désordre, un encouragement au vagabondage , pour
que les fruits des vignes, palmiers, oliviers, baumiers etc.. et les
produits spontanés des champs, si abondants en ce riche terroir,
ne fussent pas pillés, mais répartis d'une façon équitable entre
les habitants. Pour établir ainsi un ordre régulier, on décréta
qu'il y aurait des agents, Schelouhé Bel Din, chargés de la sur-
veillance des champs, des plantations, de la récolte et des maga-
sins publics, analogues à ceux que Néhémie avait fait disposer
aux alentours du Temple pour recevoir les dîmes et les répartir
ensuite entre les lévites et les prêtres *.
De ces magasins destinés à servir de dépôts publics pour les
fruits de la Schemita il est longuement question dans une
mud [Àrahkin^ 14) et tous les anciens commentateurs Juifs, ce fut l'année qu'Ezéchiel
eut la Tision du Temple futur (xl, i).
» II Chron., xxxvi, 20-21 ; cf. Lév., xxyi, 43.
* il y eut, à Tépoque de Néhémie, une grande assemblée tlblT^l ïlbïip conro-
quée par Néhémie, dans le but de réprimer Tusure, qui était la plaie de la colonie
nouyelle. Le compte rendu de cette assemblée se trouve dans les Mémoires de Né^
hémie (Néhémie, tiii, 7). Nous sommes bien loin, à celte époque, du rétablissenient
de la loi ordonnant Pabolition (ou la suspension, des dettes) Tannée de la Schemita
(Deut., XV, 2-3, 9-10, et Néhémie, x, 32).
• Néhémie,xii,44, 47;xiii, 12.
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^:i^
DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2» TEMPLE 41
baraïta, probablement très ancienne, car aucun des deux Talmuds
ne Ta reproduite, sans doute parce qu*à l*époque dont ils ont
recueilli les souvenirs, cette institution avait depuis longtemps
disparu :
« Autrefois les agents du Bet Din faisaient la ronde aux portes
» des villes, et, si quelqu'un était porteur de fruits (de la 7* année),
» les agents les saisissaient, lui en laissant de quoi faire trois
> repas et déposaient le reste dans le magasin municipal. Quand
» arrivait Tépoque de la récolte des âgues, les agents du Bet Din
n engageaient des ouvriers chargés de faire la cueillette, de faire
» sécher les fruits et les mettre en gâteaux, puis en tonneaux, et de
» les déposer ensuite dans le magasin municipal. A la saison des
9 vendanges, les agents du Bet Din louaient du monde pour
» cueillir le raisin, le fouler, mettre le vin en pièce et le déposer
n au magasin municipal. Quand venait le moment des olives etc...
» Tous les vendredis, on distribuait à chaque père de famille, pour
» la semaine entière, quantité proportionnelle aux gens qu*il de-
» vait nourrir. Quand il nV avait plus rien aux champs (littéra-
» lement quand venait Tépoque du Tcf^^ ^), on distribuait ce qui
» restait aux pauvres ». »
Il est fait mention de cette institution des magasins des fruits
de la 1"^ année dans le l""^ livre des Macchabées, yi, ô3. Ces maga*
sins sont appelés 'KOLoi^sm<; : « Ceux des gentils qui étaient restés en
Judée consommèrent ce qui était resté du dépôt, to 07r(5Xet{jL{Aa -nii;
Il eût été vraiment impossible, on peut Tafârmer sans aucune
hésitation, à une époque antérieure, c'est-à-dire avant que fût
achevé le repeuplement de la Palestine et que ce pays, ainsi qu*il
a été dit, fût redevenu une terre complètement juive, il eût été
impossible, disons-nous, de décréter la série des mesures législa-
tives ou administratives strictement indispensables au fonction-
nement de la loi de la Schemitaet qui exigeaient Tadhésion sincère,
le concours efficace de tous, du moins de la majorité ; il eût été
môme illégal de le faire, quoi qu'on puisse penser en lisant le
Talmud. D'après le iSi/ira*, le commentaire rabbinique du Lévi-
* Quand il n'y avait plus rien aux champs pour les étrangers, pour les bêtes sau-
Tages (Lév., xxv, 6-7], il était interdit de conserver la provision amassée dans la
maison (ordonnance rabbinique en vue d'em pêcher l'accaparement des fruits de la
septième année). C'est )i ce qu*on appelait ni^'^3.
• Tose/)a Sehebiit, viii, 1.
' Les fruits de la septième année avaient un caractère sacré, c'est li ce qui explique
la plainte de l'écrivain. Il était interdit de tirer parti du produit delà vente de ces
fruits, Û'^T nODin n'^3^'»a«5.
♦ Sifra BeKar^ 2 : ^nab ipbn «bi mnDtt))3b npbw ipbn Nb bax i»aD
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42 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
tique, la loi de Scbemita n'est exécutoire qu*une fois la conquête
de la Palestine achevée et le territoire réparti complètement entre
les tribus et les familles. C'est ainsi, dit le Sifra, que les choses
durent se passer lors de la première prise de possession de la
Palestine, prise de possession qui évidemment ne se fit pas aussi
vite que le dit la suite du commentaire rabbinique ^
D'après un texte du Talmud de Jérusalem ', la loi mosaïque de
Schebiit avait été légalement abrogée par le fait même de Texil.
Cette opinion est rappelée dans maints passages du Babli', les
rabbins les plus autorisés n'hésitent pas à se l'approprier^. Pour
être de nouveau exécutoire, cette loi dut être promulguée, pour la
seconde fois, au retour de l'exil. Logiquement elle aurait dû être
soumise alors aux même conditions que la première fois, c'est-à-
dire à la condition, d'après le Talmud de Jérusalem : 1^ que la Judée
fût affranchie du joug de l'étranger; 2^ que le pays fût entièrement
soumis aux Juifs; 3^ que les Juifs en eussent la propriété directe et
complète. R. Tosé ben Hanina prétend toutefois que la loi devenait
exécutoire sans condition et immédiatement; mais R. Eléazar n'est
pas d'ac'bord aveS R. Yosé, même sur le principe et le caractère
cette loi. Pour lui, la Scbemita, une fois abrogée, perdait pour tou-
jours son caractère d'obligation mosaïque. C'est du plein gré des
contractants, par un acte entièrement spontané et à titre d'ordon-
nance rabbinique, que la Scbemita fut de nouveau remise en vi-
gueur'. Ceux qui, dans la pleine indépendance de leur volonté»
établirent cette loi, durent choisir évidemment le moment le plus
propice et éviter de compromettre, par un zèle prématuré, les in-
térêts sacrés du pays, le succès même de leur pieuse entreprise.
L'opinion de R. Eléazar étant exprimée en dernier lieu, c'est
elle qui est implicitement admise par le Talmud de Jérusalem.
La Scbemita devait devenir nécessairement la base de la suppu-
tation des années conformément à la loi du Lévitique *. La pre-
mière année où l'on commença à compter devint ainsi, sans qu'au
V'n na-^^^a û^^a'^'^n vn"» Si^*» ipbn n*^^» nnîtn nn» te i'»«i tn'ïa»
ntiNi in» bD r^rî">)2) " ^wnD „ nnn*,» n-'D» nn«n nn» te «mu) " yro ^
n)3nD n» ^••d^d.
» Ibid., 3.
* SehebiU, VI, 1 (36 b).
» rrnj^iab rrtOnp rT51\»«n rr^inp Haguiga, 3 ; MeguHla^ 10 ; ArahAin, 32 ;
Temoura, 21 ; Zebahim, 60, 107 ; Maccot, 19 ; Sehebouoty 16.
^ R. Simon b. Eliakoum, R. Eléazar b. Pedath, R. Eléazar b. Sobamoua, R. Is-
mael b. R. Yosé, R. Yosé, R. Ismafil, R. Eliézer, auquel R. Yohanan b. Zaccal
Pavait enseignée comme "^5^0)3 ïl\257Db ÎTïDbn iàfaeeot^ 19).
» nbap imbNTD.
• Lév., XXV. ^
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DATES IMPORTANTES DE LA CHRONOLOGIE DU 2* TEMPLE 43
commencement Ton s*en dootàt peut-^tre, Tore vraiment nationale
de la Palestine. Cette ère, Josèphe ne la mentionne pas, écrivant
pour des étrangers pour qui elle n'aurait eu aucune signification.
Le pacte où il est question de la Schemita se trouvant, ainsi que
nous Pavons dit, dans le livre de Nékémie, on ne remarqua pas que
ce livre avait fté écrit environ un siècle après ce personnage et l'on
crut que ce pacte avait été, non seulement conclu, mais mis à exé^
cution dès le temps de Néhémie. On fut amené ainsi à croire qu'il
ne s'était passé pas plus de quatre cent vingt ans entre Néhémie et
la ruine du Temple, puisqu'à l'époque de cette catastrophe il ne
s'était écoulé que quatre cent vingt ans depuis la publication de
la loi de la Schemita. D'autre part, le livre d'Ezra commençant
par le récit du retour de l'exil, on crut qu'Ezra contemporain de
Néhémie et historien de Zorobabel et de Josué, avait été également
contemporain de ces deux personnages, confusion d^autant plus
naturelle et explicable que l'on trouve dans les deux parties des
livres d'Ezra et de Néhémie les mômes noms Darius, Artaxercès
pour désigner les rois perses. Tous les rois perses a peu d'excep*
tiens près, s'appellent Darius ou Artaxercès. •
Ces confusions absolument inévitables, surtout pour des gens
peu exercés aux procédés de la critique historique et dont cette
critique était d'ailleurs le moindre souci, expliquent de la façon la
plus simple l'erreur du Talmud.
Arrivés au terme de cette longue étude, nous devons en faire
connaître succinctement les résultats.
n est exact, comme le dit le Talmud dans Aboda Zara^
qu'avant la destruction du Temple :
1. Rome entretient avec la Judée, des rapports d*amitié ou de
protection pendant deux.cmt siûo ans, de 140 à 66 ;
2. La dynastie Asmonéenne est reconnue officiellement par
Rome en 140 et dépossédée par Sosius, général romain, en 37,
c'est-à-dire, dure, à ce point de vue, cent trois ans ;
3. La dynastie hérodienne, intronisée par Sosius en c^tte môme
année, conserve son autorité, sous certaines modifications, et sauf
deux interruptions (6 à 19 et 44 à 59) jusqu'en 66, c'est-à-dire
pendant cent trois am ;
4. L'an 180, c'est-à-dire l'an 110 avant l'ère chrétienne, la mo-
narchie Asmonéenne, après avoir soumis les Iduméens, battu les
Syriens conquis Samarie, étend son pouvoir sur tout le pays, mo-
ment le plus brillant de l'histoire juive durant le second Temple.
Aussitôt commence une décadence rapide, les guerres civiles
épuisent la Judée; Rome intervient; grâce à elle, les Gentils
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44 REVUR DES ÉTUDES JUIVES
deviennent maîtres des villes de la cdte et de villes sitaées aa
miliea des terres * ; pour eux le roi Juif Hérode construit la ville de
Gésarée, ville grecque, païenne, où il prétend attirer l'aristocratie
juive administrative et sacerdotale. Pour défendre le Judaïsme
contre Tintrusion de Thellénisme du paganisme et^n arrêter les
développements,
5. Les rabbins décrètent Timpureté de la terre des Gentils et
des vases fabriqués à Césarée.
6. Bientôt, sous Pilate, les Juifs sont de moins en moins les
maîtres de leur pays, de la cité sainte elle-même, le désordre
grandit, Tanarcbie est encouragée par le procurateur lui-même.
Sentant leur impuissance et ne voulant pas administrer la justice
sous un pouvoir incapable de garantir la sécurité publique, en
Tan 30 (40 avant la ruine du Temple), le Sanhédrin s'exile du
Temple et cesse de prononcer des sentences capitales*
7. C'est dans les trente-quatre dernières années de la période
persane que Ton commence à observer la Schemita et consé«
quemment à supputer les années, ainsi que Tordonne la loi du
Lévitique, XXV, 0.
Cette observance continue pendant les cent quatre-vingts
années de la domination grecque, les cent trois années de la
dynastie Asmonéenne et les cent trois années de la dynasiie
hérodienne, et il n'en pouvait être autrement, la loi de la Scheibita
étant une des lois fondamentales du pays.
Ainsi dégagées d'erreurs, de confusions tout à fait explicables,
quelques-unes inévitables, se trouvent justifiées dans leur ensemble
et presque dans tous leurs détails, les diverses allégations du pas-
sage é'Aboda Zara, qui devient ainsi un document des plus pré-
cieux fourni par le Talmud pour l'histoire de la période du second
Temple.
Joseph Lbhmann.
t Jurtf.. XlV,iv, 4, 5; 7,3.
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LE
TRAITÉ TÂLMUDIQUE « DÊRÉCH ÉREC »
(SUITK BT FIN •)
VII
LA BARAÏTA DBS « BIENHEUREUX ».
La baraïta de D. E. Z., i, vers la an» traite de la béatitude des
Justes d'autrefois. Cette baraïta est citée partout comme étant de
D. E. Elle en faisait donc partie primitivement. Il faut aussi
qa*elle soit ancienne, puisqu'elle a trouvé place dans le morceau
ancien Intitulé p*TT. Cette baraïta se divise en trois parties, dont
chacune commence par un nombre et énumère les détails en les
faisant précéder de ces mots : in 'y^ix) *.
1" yrum rr»» apan pru-» dma« in iV»n n-^na "^mD ma» n^^ato
Tm Draon « Avec sept patriarches Dieu a conclu une alliance : ce
sont Abraham, Isaac et Jacob, Moïse et Âron, Pinhas et David. »
On cite ensuite , pour chacune de ces sept personnes, le verset
de rÉcriture où se trouve l'expression n-na, « alliance ». Ce sont,
d'après l'ordre de succession des noms, Genèse, xv, 18; ibid.^
XVII, 21 ; Lé vit., xxvi, 42; Exode, xxxiv, 27; Nombres, xviii,
19; iMd.j xxv, 13; Psaumes, lxxxix, 4. Au moyen de la conjonc-
tion sont formés les trois groupes suivants : P Abraham, Isaac
et Jacob; 2<* Moïse et Aron ; 3"" Pinhas et David. Il va sans dire
* Voir Sevuê, t. XXX VI, p. 27 et 205.
* L'édition WiliM-Romm a in ibK ; dans quelques manuscriis (chez Tawrogi)
in ^bfin manque. Dans Mahêor VUry^ p. 721, la baraïU n'est qu'indiquée par les
mois [n-na] •'mnD ma« nara©. Dans D. E. z., éd. wiiua, i872, il y a njra©
p rr»-)a ^ma ma».
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46 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
que ces sept patriarches n*ont pas été choisis parce qu'ils auraient
été les plus pieux des temps anciens, mais parce que Texpression
n*>'in se trouve dans des passages où il est parlé d'eux. Tout le
morceau ressemble à une note de la Masora ; cependant je ne puis
en indiquer la source dans la Masora. La dénomination -nnnd
n't'in a dû être une expression usuelle ; Je ne puis pourtant en in-
diquer la présence que dans un piyyout publié récemment par
M. Neubauer* : n'^'ia '^rrm wn» niDt 'j'n'>5T^n (lire TittD; cepen-
dant les Halachot Giiedoloi ont aussi ^rrrb) ; de fait, les sept pa-
triarches sont nommés dans ce poème.
2^ La seconde partie de notre baraïta est citée dans Baba
Batra, 17 a, avec la mention pnn ^2n, mais ici elle est formulée
ainsi : wbmn rxKTi Dna îtûV» vhr\ ûVv \m inasa * laD» tro» wm.
On y nomme Abraham, Isaac et Jacob ; Moïse et Aron, Amram'
et Benjamin^; d*après quelques-uns, on y compte aussi David»
conformément à Psaumes, xvi, 9. Dans cette citation, il y a les
mots nxk ■ji^tt)*' •^'i^a t\tk « Môme ma chair reposera en sécu-
rité »*, et l'expression p«) est sans doute la seule raison pour
laquelle on soutient que David n'est pas mort comme les autres
hommes. Cette citation prouve, en même temps, que pour les
autres noms il y a aussi lieu de citer une expression biblique, et
c'est seulement par ôe point que cette partie de la baraïta res-
semblerait à la précédente. Il est regrettable que ces versets bi-*
bliques, sans doute par suite de la manie des copistes de chercher
à abréger, aient été omis^. En nous appuyant sur les indications
fournies par un commentateur, essayons de restituer ces versets ;
toutefois nous prévenons que c'est seulement pour uo, et non
pour \y^y que nous trouverons des citations. L'opinion de la va-
riante est, en effet, celle-ci : p« employé pour David a la même
valeur que asiD employé pour les autres patriarches. A pro-
pos de Jacob il est dit : wa« 133^ -^na^w (Genèse, xlvii, 30) et les
mots : avec mes ancêtres signifient qu'Abraham et Isaac sont
morts de la même façon. Au sujet de Moïse, il est dit également
^ Kohut, Stmitic Studies^ p. 390.
* Dans beaucoup d'éditiooS) y^^'iD (v. Ttwrogi, p. 7, noie 3). Isatc Blit Ltodau,
dans son commentaire sur ce passage, explique l'expression ^3D1D d'une manière
élrange en disant qu'elle Tient de id et de ïi3!D ; cependant il conseille aussi de
songer a 3D;d.
» Quelques éditions ont 0*^173, «u Heu de 0173^, comme ïalkout sur Genèse,
§ 78. Dans Kalla Rahbati, rjtD^ -^n» DITDJ'.
^ Quelques éditions et Elia Wilna ont : Benjamin b. Jacob. Benjamin deyrait,
en tout cas, précéder Amram.
« Donc nîDtD vaudrait mieux que inD^D.
* Dans Baba Batra^ on cite, il est vrai, des versets bibliques ; cependant la baraïta
paraît avoir été conçue autrement a l'origine.
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE c DÉRÉCH ERÉÇ » 47
T»ma» d3^ as© ^yn (Deut., xxxi, 16), et comme il est dit formelle-
ment qu'il mourra comme son frère Aaron, l'expression nsiD existe
aussi pour Aaron. En raison de l'analogie avec Moïse et Aaron, il
vaut mieux lire Miriam qu'Amram. L'Écriture sainte ne dit rien .
de la mort de Benjamin ; l'introduction de Benjamin dans la caté-
gorie des sept saints repose certainement sur quelque Agada qui
est perdue pour nous^ Quant à ce qu'on a voulu dire par les mots
Dbv b« YTODa inDiDi, qui manquent dans Baba Balra, cela n'est
pas tout à fait clair. Comme "dy^ ViD ymm signifie la hauteur la plus
élevée, thxf b« wm pourrait signifier l'honneur le plus grand*.
Les sept patriarches, ainsi parle notre baraïta, moururent en
possession des plus grands honneurs, et sur eux les vers et les in-
sectes ne purent avoir de prise '.
3<» XX9 xîh »rm •ïdsdï ?WDn, et dans Yalhout sur Genèse,
§ 76 : ûrp-»na )rf li^a idsîsï n2^n**« Neuf sont entrés vivants au Pa-
radis. Ce sont : Enoch, flls de Yéred » ; — Elle, d'après II Roi^',
II, 11 ; — le Messie • ; — Eliézer, le serviteur d'Abraham ^ ; — Hi-
ram de Tyr, irciis DTm, d'après le texte de Tawrogi. Les éditions
< Son mérite consiste peut-être en ce fait que, n^étaot pas encore né, il ne fut pas
obligé de s'incliner devant EsaQ ; voir Targoum Schkni sur Estber, m, 3, p. 244,
éd. Lagarde. D'après Baba Batra^ le temple est situé dans son territoire.
' Tawrogi traduit : < Sept patriarches entrèrent dans le bonheur éternel ». Peut-
être entend-il par ces mots le degré supérieur du Paradis. Les mots ^2*112 13'^KI
ûblJ^b nnil&l, dans Kiddouschin, 10 a^ sont conçus dans D. E. R., i, en ces
termes : th^y blD irDtDl, et ici la phrase signifie certainement « Thonneur de nos
semblables > (v. Rascbi).
* Dans Falkout sur Genèse, § 78, et Psaumes, % 668, le mot ïlJfbin'l manque ; de
môme dans Halach, Chtedol., mais il se trouve aussi dans Baba Baira, 17 a. Les mots
fl^bin ^73*1 se trouvent ailleurs aussi fréquemment ensemble ; cf. aussi R., m.
* Taliout sur Bzéch., §367, cite ce passage d'après Âbot diR. Nathan \ cependant
Je crois que la note marginale est transposée et appartient au passage précédent.
* Dans Yalkùui, Ty^ \2l est omis. Tawrogi dit à ce sujet (p. 8) : cf. Genèse, v,
24, et Raschi, in l, ; il faut mentionner que la piété d^Enoch célébrée dans Talh.
Genèse, § 42, et L^v, Babba, ch. txv, est mise en doute ailleurs, comme dans Talh,
Chron., § 1072, et 6en, Babba, cb. xxv. Je remarque que tout ceû est exprimé d'une
façon bien plus nette dans Tosafot Tebamot^ 16 &, t, v. piDS : M Dlpbin niT:iM
* Dans Talk. sur Genèse, § 42 et 76, le Messie est nommé avant Elie. Tawrogi
renvoie à Sanhédrin^ 98^, mais ce passage n'a aucun rapport avec notre sujet. Dire
que le Messie entrera vivant au Paradis, signifie quMl va disparaître subitement,
comme ce fut le cas d'Enoch et d'Elie. Ceci nous donne le sens exact de la sen-
tence : elle veut dire que le terme npb (Gen. , v, 24] , étant employé pour Enoch et
celui de ^Dfi^^ t\^b (II Rois, ii, 10) pour Elie, tout passage biblique où se trouve
cette expression npb doit être rapporté au Messie, qu'on a voulu mettre au même
niveau que ces deux derniers sous ce rapport. Peut-être a*t-on pensé à npb de
Isale, Lin, S.
' Dans Talkout^ les mots Qïl")3K ^1V manquent. Cf. sur Eliézer^ Baba Batra^
58 0, où Rascbi cite notre passage de D. E. Mais Raschi parle de D'^p^^^ ïlJ^aU^i
sept jofllas, ei non neuf* Cf. aussi YalkotU Ezéchiel, § 367, où, comme on Ta déjà
dit, il est question de treize justes.
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48 REVUE DES ETUDES JUIVES
portent •^•tit ^V» Dn^m, de môme YalkoiU Ezéch., § 361. Dans le
Siddour Ràb Amram, p. 30, il y a cependant^TX [^bîa] D^r^m; mais
il est visible qu'ici ']b)D a été ajouté par l'éditeur. L'addition de
']b73 ainsi que le fait que ce passage a été inséré dans Yalkout
sur Ezéchiel xxviii, laisse soupçonner que par Hiram on enten-
dait désigner le roi de Tyr mentionné dans Ezéchiel et qu'on a
songé à ces mots nn'^-^n û'^rrVfc^ p *p9:i. Dans Yalkoui sur Ezéchiel.
immédiatement avant ce passage, il y a un autre Midrasch [xorrCQ
nn« en marge) où "T12 «^b» wm est compté parmi les treize per-
sonnes ce qui n'ont pas connu le goût de la mort ». La leçon ^V»
*m est certainement fausse, car depuis Ezéchiel jusqu'au Talmud
Baba Baira, 75 a, et Gen. Rabba^ ch., xcvi, 5, le roi de Tyr est
toujours blâmé et injurié. Tawrogi a donc raison de lire dm
n*)X)3 et de rapporter l'expression à l'artiste qui a bâti le temple
de Jérusalem (I Rois, vu, 13). Cette théorie a déjà été émise
par Straschun dans ra^Dn, IX, 1865, f* 333, qui lui-même
ajoute que cette thèse est déjà mentionnée dans mon ^v\!ù:i,
ch. XI (p. 46a, éd. Edelmann), au nom d'un Gaon. Straschun
. renvoie, en outre, au travail déjà cité par nous plus haut^ de
Luzzatto ("nan &n^) qui rapporte d'après un ms. la Guemara
suivante :i»3 iDtD» tWTû taiiCTa îidt -^k» tai^tt nis: ^b» arn
m))3 ïTO^; évidemment on veut parler ici de Hiram l'artiste, et
le mot ^b%3 naturellement est à rayer. Ces mots se trouvent aussi
dans Kalla^y éd. Cor., 9&; — ■'©•orr ^b» nay. Voir Jérémie,
XXXVIII, 7-13. Tawrogi renvoie avec raison à Pirkè di R. Eliézer,
cb. LUI, pour prouver qu'Ëbed-Mélech est identique à Baruch, fils
de Néria. — tx^miiTt !Tti!t> 'n b» n:a ya^"»n. Yalkout Ezéchiel a "ja
13a * ; dans Siddour Rab Amram : 'ia 'n V» i5a (lan) yaj^n, ce qui
est évidemment une corruption pour (p). Ce passage signifierait
que R. Juda avait un fils du nom de Yaabeç qui n'est mentionné
nulle part ailleurs, et c'est précisément ce qui fait la difficulté de
ce passage. Erochmal (Hechaluz, II, 89) pense à un fils de Rabbi,
qui n'est pas nommé et que celui-ci voulait marier à une fille
de Hiyya (Ketoubot, 62t)'. On serait plus fondé à pensera un
1 De même auesi Halachot Guedolot^ p. 64S. Eairt Kalla^ éd. Coronel, p. 9^, eC
Kalla Babbatif éd. Romm de Wilna, il y a uoe grande divnrgeoce quant à la baralta
des bienheureux; j'en ignore l'origine. En tout cas, avec ÛTOb *î^"ia*1 T*ÎT*
0*^73X0 dans l'édlt. Coronel, il iaut commencer un nouveau chapitre, comme cela a
lieu dans Kalla Rahhati, Dans la phrase sur Moïse ïiyi'i)'^ N"»3m Tf^'pTl nOR
b^niC^b, il paraît manquer quelque chose; peut-Ôlre faul-il lire M'apH ITDfil
bfi<n\D''S nyntt)'» «"^am rxp^l rwwy^ b"»Kin, mais môme sous cette forme, on
ne comprend pas que la phrase suivante procède par apostrophe directe C^^H
> Non pas un fils déjà mort, comme Tawrogi le dit, p. 8, en note. Weisa (III,
64, note 2J pense à un t^a^^"^ "^S^f nommé dans le Talmud de Jérusalem.
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE t DÉRÉCH ERÉÇ » 49
fils de Rabbi mort jeune, dont il est question dans Semahot, x.
Les fils de Rabbi sont vantés dans Abot^ vi, 9 : TO-^pria t:kro
■P3aai -^a-ia. Dans ces derniers temps, L. Brili {Monatsschrift,
XLI, 1896, 112) a émis l'hypothèse qu'il faut lire ainsi : yar»
fiTorr ïrorr ntïto ; il s'agirait de Yaabeç de I Chron., iv, 9, qui,
d'après Temottra, 16/7, s'appelait aussi Juda. C'est une solution
très ingénieuse de cette question si dilficile. Cependant, à mon
avis, cette solution ne serait admissible que si nous considérions
tmDsn mim comme une glose qui s'est glissée dans le texte et si
dans le texte même nous nous bornions à lire Taabéç. Ce Yaabéç,
connu par le livre des Chroniques, est un héros de l'Agada ; dans
Aboi di R. Nathan, version I, ch. xxxv, p. 53, il est dit à son
sujet : min rùAb pr» bat« *obn pm*; — Sérah, fille d'Ascher,
voir n«^ -ibd, ch. xlv ; — rvno nn ïma, Bitia, fille de Pharaon.
Le nom vient de I Chr., iv, 18. Son mérite est d'avoir sauvé et
élevé Moïse *. — La fin de la baraïta est la variante : er^m
■nb "ja yotv h rnnn oï^n ta'r^n « D'aucuns suppriment Hiram et
ajoutent Josué b. Lévi. » Dans y"ay»-rt3 mnan, édit. Romm, on y
ajoute encore un cas d'après Baba Meçia, 114 b. Il semble que
dans le plan du compilateur il n'entrait pas d'accueillir des récits
talmudiques, et R. Josué b. Lévi n'est cité également qu' « au
nom de quelques-uns ». On ne voit guère le but de toute cette
énumération ; si on n'a tenu compte que du caractère édifiant
de la légende , il y en avait encore beaucoup d'autres qui au-
raient été édifiantes pour le lecteur. Peut-être a-t-on voulu éta-*
blir que, contrairement aux noms précédents, non seulement des
patriarches (nnsM), mais aussi des païens et des personnes ordi-
naires peuvent entrer vivants au paradis, comme Enoch, Eliézer,
le serviteur d'Abraham, Hiram le roi de Tyr, Ebed Mélech l'Ethio-
pien et Bitia, fille de Pharaon. Cette légende est peut-être même
dirigée contre les Chrétiens : monter vivant au ciel n'est pas la
^ Cf. la note de M. Scbechter, i» I., dont les ciutions doivent encore dtre complétées
par Sliyaou Rahba, ch. y : nai-^a «bTDI nj^îW «b» D'^TlV yn^^ rjDT n» "^SD»
D'Anna rmn yûo^ "^sd» fi«nn Dbn:?3; cf. iUd., ch. m.
* Le ms. cité dans Kérem Hémtd, VU, 215, a : n^nai nnO ...1DDS3 WaiO
ûnna» naj^ nTr-^bî^ '^'Qy:ir[ *]b7a 133^ ms: ^b?: ûvn. Chez Méir ibn Gabbaï,
1D^^p?^ n'naj' (Lember^, 1857), ch. XIX, p. 49^, on trouve, dans nmn TV^y'Ù
^"^-^n nra-ib, le passage suivant : ^'ny:z «bi py pb ûîT^-^na no3D3 wuîn
na n^^na -i«« na mo nm p a«ba apj^"^ la ip) y^iy^^'Xi nn'^Ta DJ^a
13a yaj^-^T ^rvh^^ x^^v^2^ ^'Q^'DT\ ^bw Taj^ tama« i^^y nTJ^-^bfi^ nj^no
■nb p y»irp 'n C|n on^i» tt5"»i «"^©sn n-nn-» 'i b». — n ftut re-
marquer que, d'après le texte de Lalla^ éd. Coronel, 9 &, U petit- fils de H. Juda et
Yaabeç sont deux personnes différentes : HnQ^ N"»tt)3n Trr\rV^ 'n b» 133 pt
lb «3» yay-^l Vniay "^ttS "^ib p y'^^rx^ 'm. Cf. aussi l'abréviaUon ■•"T^ r=
Y^y* p rmrP dans Frensdorff, Matsora Magna, I, 17.
T. XXXVII, »• 73. I
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50 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
prérogative exclusive du Messie, mais une faveur qui a été aussi
obtenue par d*autres hommes.
VIII
LANGUE ET TEXTE.
Une lecture même superficielle du traité D. Ë. donne tout à fait
rimpression que Fauteur de ce petit traité s*est efforcé d'arriver à
une diction hébraïque pure. Sous ce rapport, le traité D. E. est de
beaucoup supérieur aux ouvrages écrits en hébreu assez pur, tels
que la Mischna, la Tosefta et les Midraschim des Tannaïm. On
ne peut, en effet, méconnaître que le texte hébraïque du traité
D. E. a une plus grande originalité et une plus grande richesse de
langue purement hébraïque que tout autre ouvrage de ce genre.
Notre traité a, dailleurs, cette particularité en commun avec les
proverbes et les sentences du Talmud, et l'on a déjà remarqué
que, grâce à eux, la langue hébraïque ancienne peut être nota-
blement enrichie. Mais, même comparé aux autres sentences du
Talmud, le style de D. E. mérite d'être mis hors de pair, et sa
supériorité sur la Mischna d'Abot est incontestable. Dans les pages
qui suivent, je voudrais expliquer quelques termes et phrases
particulièrement caractéristiques. Remarquons dès à présent que
les expressions originales se rencontrent plutôt dans Z. que dans
R., et surtout dans le morceau intitulé Idtt*.
Dès le début de ce dernier morceau, apparaissent les mots P'it
t<^n)3Ul. La c< Guemara » (éd. Coronel, 6&) remarque à ce sujet :
€ D'après quelques-uns nVîDTa, d'après d'autres lùnlù, c'est-à-dire
* Lcvysohn écrit, dans CjOlfi^ïn H'^IS, p. 67 : « Ce qui nous manque dans la langue
biblique peut être complété par les ouvrages talmudiqucs, qui renferment beaucoup
de proverbes, remarquables par la tinesse de la langue et leur élan poétique. Les
auteurs des dictionnaires des racines feraient bien de rassembler tous ces proverbes
et de placer le mot le plus important de chaque comparaison (b\973) à la racine cor-
respondante. . . » (cité par S. (j. Stem, Liber MespoHsionum^ Introduction, p. 38,
note 1.) Par contre, il est regrettable que les auteurs modernes de collections ne se
soient occupés que des proverbes et non des sentences; tels sout les ouvrages bien
connus de Dukes, Rahbinitche Blumenlese et ^ur rabbinUchen Spruekkunde (voir la
nomenclature de ce genre de littérature chez Schuhl, Sentences et Proverbes du Toi-
mud et du Midrasch^ Paris, 1878). Ces recueils contiennent des proverbes pour la plu-
part araméens. A cette occasion, j'appellerai Tatteution sur deux recueils de sentences
talmudiques parus en Hongrie et peu connus a l'étranger : 133")! ^blS73 HSD de
Salomon Kobn (1870), et Blûthen von den Gefilden Juda\ de Leopold Freund (1882);
les sentences y sont données dans la langue originale avec la traduction allemande.
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ » 51
celui qui est capable d'occuper la place de ses aïeux (Diptt fi^te»
nvna«). Quant à nb^Ta», ce mot vient de nina nbiTa» (Exode, xxx,
35) ; le docteur de la loi doit vouloir être agréable à tous les
hommes et ne pas ressembler à un mets sans sel. » Les deux in-
terprétations n'ont rien de philologique. NVn)373 ne me paraît ôlre
qu*une variante de nViuu , les sons gutturaux étant habituellement
très négligés. Du reste, la leçon nVnttTa se défend mieux queKbntt»;
voir le texte de Tawrogi. Celui-ci traduit exactement « sagace »,
par comparaison avec le latin salem habere. Ce mot se trouve
aussi accouplé à rnT dans Kiddouschin, 29 &, dans une baraïta : qm
nViîDttn riT n^a, également avec la variante «bi^ïa. Il est à remar-
quer que le motnVnTa» manque dans le passage parallèle de la To-
sefta Bechoroty vr, 10. La signification de la racine nVtt, prise dans
un sens différent de celui qu'elle a dans la Bible, est, en tout cas,
digne d'attention.
Au sujet des diverses manières inconvenantes de boire, il est
dit, entre autres, dans Z., vi : lp>3V «bi 'jnpia «b ûn« nm «bn. Ici
^npiî (de ipD, m)?D) signifie l'action de boire jusqu'à la dernière
goutte*, le mot Ip^v, qui se trouve ensuite, s'explique ainsi
de lui-même (de yny) : boire de la profondeur, c'est-à-dire du
fond de la coupe. Cette explication suffit aussi pour les va-
riantes : 'j'^iD, au lieu de inpiî (de np3, nettoyer) vider « net »,
et au lieu de ipTov , l^pv (de dp:^ = np;^) « boire jusqu'au
fond * ». La leçon pp"»:^, confirmée par les Ualachol Guedolot^
parait authentique, en raison môme de son originalité. Aussi
voudrais-je expliquer l^pi:^ tout autrement; le mot vient de Dp:^
€ courber, tordre », et le passage signifie : « pour vider le verre
jusqu'au fond, il ne faut pas le pencher ' ». De cette manière, les
trois expressions lip"i3,l7Dpv et Y^'^ désignent la môme chose :
la manière gloutonne de boire jusqu'à la dernière goutte; cf.
YOTù dans R., vu, d'après Bèça, 25 b ; de môme \^^*^^ "inaan dans
R.,vi.
Immédiatement après, il est dit : nmbpbp b3^ nnil^r Quoique le
passage ait un excellent parallèle dans les paroles de R. Ne-'
hounia b. Hakana, Meguilla,28a, l'expression imbpbp ou Vibpbj>
n'est pourtant pas bien claire*. Dans l'éd. Landau il y a inbbp,
* Mais non la manière lente de boire, comme Tawrogi le croit. Dans ma ver-
sion hongroise du traité Déréch Er€ç (Budapest, 1896 ; voir Revue, XXXV, 156), j'ai
traduit dans le sens de Tawrogi; je recliiie mainteuant mon erreur.
" Dans les ffalaehot Guedolot, p. 645, Hildesheimer donne, dans une note, plusieurs
hypothèses qui ne soat pas justes.
' Cf. «DTDpi:?, variante N5p73i:?, chez Levy, Targum, Wôrierbuch, II, 237.
* Au lieu de *irm73, il y a dans Halach, OuedoL nilPTO, ce qui est cerlaincmeDt
faux, quoique M. Hildesheimer ne Tasse pas de remarque à ce sujet.
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52 HRVUË Dl!:S ÉTUDES JUIVES
leçon appuyée par l'expression '»n"»an nbVp de Kiddouschin. Ton-
tefois, comme il serait incompréhensible qu'un mot aussi simple
que nWp pût ôtre corrompu, il convient de considérer nVpn
comme la véritable leçon ; ce mot se trouve dans le passage cité
du Talmud : '>n'>an nVpna '^n«iD N^n. La négation de la phrase pré-
cédente : "jnpnï «^ ûn« ïm*^ «bi, ne peut se rapporter également à
vnbpbp ^9 Trm\ et il faut en tout cas ajouter ici le mot «m.
Le mot p'iD n'a pas encore été expliqué suffisamment. Déjà
dans la phrase n«3 np^ion ipr, le Talmud (Taanit, 10 a) n'en con-
naît plus le sens : yn DiD vby va'^ «bw '^•'a» 'i»» n«3 npno •^ma
vnnb'^a*. D'après Abbaï, n«5 np'iD signifierait : € belle jeunesse ».
La phrase de Z., i, n ^pnon *]3inpD é«t bi< • exige absolument une
autre explication. Dans Kalla, éd. Coronel, 8 a, le mot est ex-
pliqué dans le texte par nnnnnn '^12'^ et en araméen par Kntt'^V)>«
mais cette interprétation n'est pas satisfaisante. Dans le second
chapitre de Z., il est dit nnûOT iD-^ ana pnon no-^ iia«n ; ces mots sont
peut-être encore plus obscurs, quoiqu'ils aient aussi été expliqués
dans la Guemara de Kalla, éd. Coronel, 10 a. Je me vois forcé de
m'éloigner ici de l'explication traditionnelle '. Dans Kiddouschin,
31 bt et d'autres passages, ixp'y^t signifie : sujet d'enseignement, A
peu près dans le sens de niTaVn = étude. Les àp/tcpepextrat sont
connus par la Novellede Justinien, 146, 1. La phrase rîK3 ipnsi )pT
signifie donc : un vieillard qui a un beau savoir (= no-^ "^m^abn).
L'expression ya^n se rapporterait à la vie pratique, dans le sens de
yn» "pn. Je traduis: « Où il y a une belle conduite et une science
profonde, il y a la confiance et la vérité » (n)'» ma pnoi »•> ina^n
n)3K iD*>nnnDnn), et dans le premier passage : € Ne te contente pas
d'avoir une belle conduite et un savoir médiocre, car ce ne serait
pas un honneur pour l'enseignement, mais excelle dans les deux,
car c'est là l'honneur de l'enseignement » (je lis la phrase ainsi :
21D m ^4V« mm b« r-îron) ^-w» n ^pnon [aia] ^^rtpt tr Sh
rrmn V» nro» p» tmaiDa). Da celte manière, ce n'est pas seule-
ment ']^Tipb qui se trouve expliqué, mais toute la phrase gagne en
symétrie^. L'idée exprimée est la même que celle de la sentence
bien connue : 'p« ''{nn ta^ mm Tiïsbn nD-^ (Abot, 11, 2).
i Cf. la prière de l'ofiiciaDt ^^^1272 "^S^H ^SD^Î pour le jour du NouveUAn et des
Expiations : nw ipiDi b'»ann pT nb'»DnD.
* ^^"^IP^ manque dans Halach, Ouedol. et Maktor Vitry^ et est aussi supprimé
par fflia Wilna, sûrement à tort.
* Tawrogi lui aussi donne une interprétation différente et traduit par « conduite ••
Dans le second passage, il lit p^")D, qui ne se trouve dans aucune édition et dans
aucun manuscrit; tout au plus trouve-t-on la variante Jf")Dt qui est une corrupUon
de pnD.
« J'ai ajouté le mot niCS, par analogie avec nc^ \yyQir\ ; DrraV^a est léglUme par
le fait que tans cela a^tt ^ÏT M^M aarait trop bref.
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\ ■
LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ » 53
J'explique de la même manière la phrase [mV^tra] nn 3ïnfif''»'n
nninonn ^ôî^td» bxDn» -^ns d-^^Dn (Z., ix) : a Aime la charité afin que
tu sois délivré par l'envoyé du gouvernement. » Bien que le
Mahzor Viiry et l'édition Riva di Trento aient nittn ysh^n, la
leçon nmmon est cependant plus sûre ; mais alors yhi^ ne peut
plus signifier a ange », mais*« messager, député, mission-
naire ». Dans Kalla^ éd. Coronel, 10a, la sentence \fp îit»
rmrronV m:n "^inrh [Abot, m, 12) est coram*>ntée ainsi : Winb ^p nv
rr-î53K nr nnnncnb m:n rrdyrzTi nr, c'est-à-dire le mot uJN'n si-
gnifie le gouvernement, et nmmon le service des prestations
(àyrapeia) *. Raschl emploie presque les mêmes mots dans son
commentaire sur Aboi (éd. Romm) sans indiquer la source, tou-
tefois seulement comme seconde explication. Le commentaire de
R. Yona traduit le mot nmrnDn par le mot espagnol « sefioria »
'^TH^W'^ro. D'après tout cela, la signification « prestation » me
semble certaine pour nmman, et il faut éviter de confondre le
mot avec nniman « jeunesse ». Cf. Berach., 56 a, '•nd^d ^b '>nm»» :
ft Les Perses t'obligeront à des corvées de prestation. » Dans mon
hypothèse, le mot '^^^Xi ne peut avoir que le sens de « mes-
sager, député ». Le fait que ^v<h}2 a ici son sens biblique est
une preuve de l'authenticité du style bibllco-hébraïque du traité
D. E. «. Naturellement les passages parallèles doivent aussi être
traduits en ce sens, par exemple n-nnort ^ivù^ (R., ii) « qui se
soumettent au gouvernement ». Cette phrase se retrouve aussi
dans Z., ii, n^imcnV ni:n t5»nb bp -^nn. La signification de « domi-
nation » ressort aussi d'Eliyahoti RabbUf ch. i : ^bma '»n'»'»n nna U9Zi
rmrnûn m îm-^m *]-oa. A mon avis, la sentence qui nous a
servi de point de départ signifie que par la charité on se libère de
l'impôt dû à la puissance terrestre, tout à fait dans le sens de ce
que nous lisons dans Aboi, m, 5 : « Celui qui accepte le joug de la
doctrine religieuse sera délivré du joug du pouvoir et de celui de
la vie pratique. »
De même qu'ici le mot ^^b)3 doit être pris en son sens primitif, de
* Je ne comprends pas bien les mots suivants Û10*in 13 *lT3^b5< 'l^I^. Au sujet
de la Torlune d'Eléazar b. Harsom, lo Talmud et lo Midrasch nous ont conservé beau-
coup de renseignements; voir Graelz dans Monalssehri/t^ 1877, p. 248, note 2: N.
Brûll Jahrbûeher, 1, 47, note 108, et A, Kohut, Jeioish Quarterlt/ Retieto^ III, 540.
Il semble diaprés cela quece « Crésus » — c'est ainsi que Kohut comprend le mot —
sut se mettre en si bons termes avec lo gouvernement quo la chose passa eu
proverbe.
« Tawrogi se rend la lâche plus aisée en acceptant la leçon lm)3ïl ^ô^btt (p. 40).
Or on sait que la leçon la plus facile est la plus récente et quo la plus difûcile est la
If çon originale. M. Schuhl {Sentences^ p. 496) traduit n*,ini3n par « jeunesse ». — Le
fait qu'on faisait rentrer les àffapi'a au moyen de messagers et d'exempls est connu
(cf. mon travail sur R. Eléazar b. R. Simon, Monatsichr., 1833,XXXV11I, p. 151).
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54 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
mômeap:^, dans D. E. R., vu {T^y ^ypy r^yn), a un sens qui ne con-
vient plus au mot dans l*iiébreu rabbinique. Malheureusement,
le passage manque dans Mafizor Vitry et dans Halachoi Ouedolot.
Mais il semble prouvé par Tour Orali Hayyim^ § 170, que les
mots y^hy ^"spy wn signifient : laisse des traces dessus. Le mot ap3^
a donc ici le même sens que dans l^liébreu biblique. Ce n'est qu'au
figuré que le mot ap^ signifie, dans la phrase en question, Téqui-*
valent de la main.
Nous renvoyons également au Tour Orah Hayyim pour ce
passage de R., viii : ^nV« tjhzrh '-^rinDb» nt^ \>'d\m^ rïi D-»V»rpai,
le seul de tout le traité qui contienne deux mots grecs difficiles ne
se retrouvant nulle part ailleurs dans les écrits rabbiniques. En
marge de l'édition talmudique on a mis la variante : l^^aoti m
fi^bcD^ fiTSDafi^, mais le commentaire apr^ hVns remarque fort judi-
cieusement que a ni le texte ni la variante n'ont aucun sens ».
Tour Orafi Hayyim, % 170, cite la phrase ainsi : wr d'^Vwn'ran
^■^acnn, ce que Joseph Karo corrige en ces termes : w D-'bTan'^aT
•J-'N'nSS^ fcrîDD» l'haut!. Il en résulte avec évidence que les Juifs
espagnols avaient notre traité avec un texte différent. De même,
dans Mahzor Vitry, p. 731 : [«■»3Dafc^](«*'5DDK) û-»atnn m D-^V^mai
anVu). Les commentateurs du Tour s'mposent une peine inutile
pour rendre cette phrase intelligible. Joseph Karo donne une
double explication ; il dit premièrement que la phrase signifie qu'à
Jérusalem on répondait aux invitations reçues (56vta)par une in-
vitation à un repas de noce, et que, quoique la dette morale con-
tractée se trouvât ainsi payée largement, il n*y avait pas lieu d'ap-
pliquer ici la loi contre Tusure. D'après la seconde interprétation,
les Jérusalémites ne rendaient pas les invitations par des invitations
semblables, de crainte qu'il n'y eût là un soupçon de profit, mais ils
dédommageaient leurs hôtes en les invitant à un banquet de noce.
Dans les deux explications, on ne rend pas compte de l'expression
û'»aDT?i. Il ne faut pas perdre de vue non plus que des termes
comme TinocN et «bc^ n'auraient pas été introduits inutilement
dans le texte, s'ils ne s'y étaient pas trouvés dès le début. En com-
binant donc le mot rr^nnDBX avec la variante «"^SDaû^, j'obtiens le
mot N^DBaDÉ^, que je crois identique à (TxeTiàdTpa, qui signifie « cou-
verture, rideau», mot qui se trouve aussi dans les traductions
grecques de la Bible. Au lieu de «bs», je lis fc^bc» = epulœ. La
phrase signifierait donc : « A Jérusalem on relevait le rideau (de
la salle à manger) pendant les repas, afin que chacun pût entrer
librement. » Dans Matnot Kehoxmni sur Echa Rabbali, iv, 2,
la phrase est ainsi libellée : «brob 'r-inas» 'j'^acti m D'^b^rran
•jnb». La leçon l-^aonn, au lieu de '["•abirr, dans la première version
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH EREÇ » 55
est donc assurée. Pour la même raison, 'innosH et fi^bsT: paraissent
aussi confirmés. Peut-être faut-il lire ^^nosfi^ = oTtidoev, et k^b» se-
rait ma/?pi</a ; à Jérusalem on rabattait la mappula, ou rideau, en
arrière. Dans les deux interprétations le sens est le même. Dans
j. Demaî, 24a, nous avons la même phrase : ^'^m ?m û'^V^nn^an
«5^"»b »b»«n rrDVB ; au lieu de rr^ys, il y dans j. Aboda Zara,
39 c, mte*^:^; Mainot Kehoiinna, l. c, cite d'après un vieux ms.
i!ihyt = fibula^ agrafe. La phrase voudrait dire alors : A Jérusa-
lem on tournait à droite le côté gauche de Tagrafe, c'est-à-dire
le rideau qui était assujetti au moyen d'une agrafe était rabattu en
arrière. Il est fait allusion à cette coutume des Jérusalémites
dans les paroles de R. Siméon b. Gamliel, Echa Rahbali, iv,
2 : « Il existait autrefois à Jérusalem une excellente coutume ;
on étendait un rideau devant la porte et, tant que le rideau était
déployé, les convives pouvaient entrer. » -^aa by finoû» X^io^rm
■poaDï l'^rmû^ iwino nr»ûï3ïTO pt bD nrcn. De même dans Baba
Batra, 93 & : rmon "^a:; b;^ ïtoi^ô ne» û*»bttiTa : à Jérusalem on
étendait un rideau devant la porte. Cette nD)3= mappa corres-
pond à NbD^= mappula dans D. E. R. Dans Echa Rabbati, L c,
il est encore dit : Les habitants de Sion manifestaient la distinc-
tion de leurs sentiments de cette façon : aucun d'eux ne se rendait
à un repas de noce sans avoir retourné la manche de sa robe (»b)a
nbtt -^bpsi» T ^Din D"«i^ nnvob ^btn )im nn« rrn). Et pour quel motif?
Pour qu'on ne pût lui faire aucun reproche (d'être venu au ban-
quet sans invitation). Les invités avaient donc un signe extérieur
qui les faisait reconnaître comme convives. La règle dont il est
parlé dans le Talmud de Jérusalem, à savoir qu'on retournait
l'agrafe, a peut-être quelque rapport avec ce qui est dit dans
Echa Rabbati^, Il est digne de remarque que la coutume du rideau
devant la porte était encore en vigueur à Cracovie auxvii* siècle*.
Dans Eliyahou Rabba, ch. xxix, il est dit également : « Les gens de
Jérusalem. . . n'entrent pas dans la salie du festin avant de savoir
quels sont les autres invités '. » Cf. ibid.^ ch. xii, au commence-
ment : a On ne doit pas manger à la même table que des gens gros-
* Celle théorie est conforme sur beaucoup de points à la démonstration de Kohut
dans Aruch Compleinm^ 1, 225, mais en diffère aussi sensiblement.
* Abraham Lévi de Cracovie, dans son commentaire sur Jleguillat Taanft (Àms-
lerdam, 1658), ch. vi : nT aïlD)3 tSi ...nPDn by ns^H DTîDb n:in3TÛ riTD
* Cf. l'anecdote de N^^p nai «^73p, dans Guittin, 56 /i ; cf. Abot, i, 5 : "^ÏT»
timib mrs ^P'>2, ainsi que D. E. Z., ix, avec celle addition : 1"ïDtT ûîbtt) "^VS
Vrilîltt), qui esi suivie de cette phrase : l^n^ t^V^T ^T\^'2 "^pbnn ^"^HT "^nn
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56 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
sieri ("pHti ^^3^). » C'est pourquoi il est dit dans D. E. R., v : thvfb
aD"»t) «nn ■»)3 ^st» rvin m» kït». « Il faut toujours savoir à côté de
qui on s'assied à table. > Nous avons donc ici une règle générale
prescrite pour les savants, qui n'était primitivement qu'une cou*
tume locale de Jérusalem.
Disons encore on mot du texte du D. E. tel qu'on l'avait dans
les cercles espagnols. A propos de Siméon b. Antipatros (R., vi)
dont nous avons parlé plus haut, les textes ordinaires ont : ^"tn
rtYina l'^n'ns; t Eux, les savants invités, firent un vœu valable selon
la loi », le vœu de ne pas manger ni boire. Plus loin il est dit : im
■j-^nanan rmna V^^tiï « mais eux firent un vœu valable selon la Tora
et le violèrent ». C'est ainsi qu*il faut entendre le mot X^'svf. Or
cela présente une difficulté, car c'est seulement après ce passage
qu'il est question de violation de vœu rroxn mina 'WîO •^tt ba. On
voit donc que ynycf ne peut être exact. Dans Kalla, éd. Coronel,
p. 17 a, il est dit, en effet : ••niH ù'^^m rrnna D'^nTis Dm et ensuite
msttt nrorr te. Tour Orah ffayyim,^ 170, a x^ya'y 'j'^^ms; de
même Youhasin, éd. de Londres, p. 21a, D"»nawi l'^'i'nsi, ensuite
■j-^natti et une fois îmai (au lieu de 'la'W des éditions) *. Or «na est
particulièrement remarquable ; ce mot ne se trouve que deux fois
dans TEcriture sainte, I Rois, xii, 33, et Néhémie, vu, 8; dans les
écrits rabbiniques ce mot se rencontre aussi rarement*. Nous ne
sommes donc pas du tout surpris qu'il ait été supprimé presque
complètement dans le texte du D. E. Dans Z., m, ce verbe ne put
être maintenu que parce que la phrase en question mann «ryo
m^i se rencontre aussi dans Berachol, 4a. La phrase suivante
'TDi nn» rî*tttï:a n-^D'i d«, pour laquelle d'autres textes ont n'^D^inn,
est désignée dans Kalla^ éd. Coronel, 11 &, comme étant conçue
en langue biblique : msrûva tn-^Dnnrt a*»nana tn"»Dnm D«.
Pour ne pas trop insister, je citerai ici encore très brièvement
quelques expressions hébraïques fort énergiques : ytr^ im l'W •^tm
•D'il ■'D V3^S où le mot ym, pris dans le sens de "p» yrt, indique
que la vie pratique est très propre au développement du sentiment
de l'égoïsme; dans la phrase nnstM '^'Qb^ pn^an (Z.,ii)*, pçn est
> Autres varianles : après T"a'>'1, le mot Û^)3an manque ; au lieu de •^pjrja^a *p')
Û'*^an "^Dtîi il y • ri'llDtt "^bl. C'est pourquoi j*ëmeUrei Thypothèse qu'il y a eu
deux TersioDS de D. E. comme des Aboi di S, Nathan; toutefois il faut provisoire-
ment s*en tenir à ^hypothèse, car il n'y a pas moyen d'arriver à ce sujet à une
certitude.
* Au sujet de 2^*73 qu'on trouve dans quelques passages caractéristiques, voir
mon article dans la Festsehrift tum 80, Geburtttage M, Steinsehneidert, p. 152.
* Pour les passages parallèles, voir Schubl, Seutencety p. 170.
* Kalla^ éd. Coronel, 10 tf au bas : ÏTîi^tta ^J2'2y plOn. Tawrogi, p. 15, trad-iit :
« Trouve du plaisir à accomplir les préceptes », ce qui est faux.
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ » 57
formé de p^n « arrae ». Une phrase non moins expressive est
celle qui vient immédiatement après îrnnDaim \:v * ; enfin, il faut
remarquer le mot V>3'^î3^ tirons (R., ix), t des coupes entamées ».
Je voudrais montrer par quelques exemples comment on a tra-
qué et essayé de détruire partout les expressions originales, dif-
ficiles et énergiques. Au lieu de d'TK ^wnh d»n (R., ii), il y a la
variante aniDn^; au lieu de D"»3wn fi-'s (Z. ix), a^n^ nono*. Ce mot
Witin « image du soleil » est tellement original qu'il fait certain
nement partie du texte authentique; cf. Z. m, tmfiWDia mbnn
D'^Sïsnb nriD, dans le texte de D. Ë. de Landau, tandis que dans
Halachoi Onedolot, il y a fy, et dans éd. Tawrogi et dans les édi-
tions ordinaires du Talmud ti'^:^9. Nous avons déjà noté en passant
certaines modifications faites aux dépens de Toriginalité du texte.
Tl est naturel que le texte d*un ouvrage aussi lu que le I). Ë. ^
ait été remanié par des mains plus ou moins expertes. Il dut y
avoir certainement des lecteurs qui voulaient y trouver les sen-
tences et les maximes de sagesse qui leur plaisaient le mieux et qui,
par conséquent, y insérèrent encore certaines sentences emprun-
tées à la littérature talmudique. C'est pourquoi, le texte du D. Ë.
est si défiguré en beaucoup d'endroits. C*est ainsi, par exemple,
que la sentence (dans R., vi) : y^ diptja ïTûwn m» ûn« 0T\b^ «bn
rvûpn ûiptta nVfi< est devenue tout à fait incompréhensible ; il faut
lire rtonnc dn» ^TSi'^ «b. La sentence de Z., iv : 'jnttwa ^':'^9 "jnn Vfc^
r^n '^'w» mn3T5«t) xm^ ^hm nriW) est également incompréhen-
sible sous cette forme ; il faut lire dn dî^ n^SN "p^a nn^T^nu) 'jtTO
r»pn "^n^wa, comme il y a dans Eliyahou Zoiifa, ch. xvi, au com-
mencement ^. Il y a aussi quelques variantes d'un autre genre qui
^ Au lieu (le n'ourdi [comme dans ffalaeh, Quedol,)^ diverses édilions et Elia
Wilni onl V:31D3. aiD sertit-il le mot /wr/tf = nriD, et pour cette raison l'aurail-
OQ transcrit fans modification ? Au sujet de nC3'11D = porta^ voir Griethtsehe und
hteiniscke Lehntoôrter im Talmud j Midrasehund Targum^ I, 187.
* Chez Tawrogi, p. 51, ce passage est conçu d'une façon très étrange : bl*î!*
npibnWn m» NS^JT dlbian ; ce n'est pas de l'hébreu ; npibn^ d'»ttDn TI^NI
d^^m niDDÏJ TJ^3 offre aussi de la rudesse : il fiut lire tmd^OO 1S1D
d^ttT, comme dans lo phrase suivante : icno rpnbn73 13 ^^'3 tnOÎSn n^a
D''3?3n XT^a nvnb. et immédiatement après mab Isno airT^b nonO. H est à
remarquer que dans le texte de Landau, les d^TSDTl ne sont pas nommés ; dans les
édilions ordinaires, il y a, au lieu do d^S^H n^3, les mots *iT5nïlb 1S10, qui sont
tout à fait impropres. Parmi les diverses versions, le texte du Mahtor Vitry me
semble ici le plus correct : ^T'^ «ab nSlO nV3 npibn)3 D*»73Dn in^KI
* Dans Siddour R. âmram^ p. 30, il est recommandé comme lecture sabbatique,
et c'est sans doute à ce fait que nojs devons son admission dans le Mahzor Vitry.
* Cela a déjà été rectifié par Tawrogi, p. 26. — Dans Z., iv, la phrase : i<b'»2) ^{■'D
d^iTlïl ^bj^a ba IJIIÏI^ Vhy 9^":^ ^lUjb IS^D, est corrompue irrémédiablement'
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58 REVUE DES ETUDES JUIVES
semblent provenir de plaisanteries faites par les lecteurs ; ainsi
pour rtNtDntan hypi: (R., m), la variante insignifiante riDiîîDn, ou pour
inaD ^m5(Z., vm) le mot ûnp^. Le texte même renferme quelques
gloses maladroites et n*en faisant pas partie, par exemple après
les mots IWT^ n"»an hy:i vbsf inw'O ît^ te « tout ce qu'ordonne
le maître de la maison, Thôte est tenu de le faire » (R., vi), il y a
cette glose : tnTm'D nan «i^iéD « seulement quand la chose est lé-
gitime », ou bien les mots îiT nai3 t3"»anV ybn (R. ii, vers la fin)
qui ne sont pas à leur place. Il faudrait soumettre le texte de D. E.
à un véritable travail d'épuration pour arriver au fonds primitif.
Le grand Gaon R. Elia Wilna, dans ses notes marginales sur le
Talmud, a fait une œuvre utile en annotant notre petit traité, et une
édition moderne comme celle qui a été tentée par Tawrogi pour
D. £. Zouta serait nécessaire.
IX
ORIGINE ET COMPOSITION.
On peut affirmer péremptoirement que notre traité D. E. ne
mérite pas le nom de compilation. L'auteur n'aurait pu emprunter
les éléments de sa compilation qu'au Talmud et au Midrascb; or, il
résulte des citations talraudiques qu'il y avait un traité de D. E.
môme avant la clôture du Talmud et du Midrasch. Nous croyons
aussi avoir prouvé suffisamment que le morceau intitulé pin
contient des matériaux presque entièrement nouveaux et ne
se trouvant pas dans le Talmud et le Midrasch. En raison du fait
que ces sentences et ces maximes si expressives ont été réunies
et, comme nous l'avons vu, sont anonymes, notre petit traité mé-
rite d'occuper dans la littérature rabbinique une place à part. Ce
traité forme une partie de la littérature talmudiqup, de même
qu'il représente un produit tardif de Tancienne littérature gno-
mique des Hébreux (nTsDn "^nDb). Je crois devoir insister sur ce
caractère spécial du traité considéré comme un débris de la litté-
rature gnomique, qui a été en grande partie perdue pour nous ; on
n'a guère l'habitude d'envisager ce côté de la question à propos
de cet ouvrage.
La litlérature gnomique de l'hébraïsme primitif, comme nous la
possédons dans les livres des Proverbes, de Job et de TEcclésiaste,
a eu une admirable floraison nouvelle dans le livre de Jésus, fils
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ » î)9
de Siracb, et dans la « Sapience de Salomon ». Aucune branche
de la littérature hébraïque ancienne n*a eu pareille rénovation ;
Thistoire garde un long silence ; la prophétie est muette. Les
hymnes qui ont été composées encore indiquent bien qu'on ne
sait plus écrire de vrais psaumes. Seule la littérature gnomique
ne meurt pas encore, et, à côté de Sirach et de la Sapience, on
peut encore citer les sentences du pseudo-Phocylide*.
Les d'^Vttît) "^^«1)3 ou « auteurs de sentences » sont encore men-
tionnés dans Mischna Sota, ix, 15, et il y a beaucoup de Tan-
naïtes et d'Amoraïm dont on dit élogieusement qu'ils étaient des
hommes de sagesse (rnsiDti) et qu'ils avaient composé des sentences
et des proverbes *. Nous possédons une collection de maximes de
ce genre dans le traité de Abot, mais le nombre de celles qui ont
été perdues ne peut être estimé même par approximation. Les pro-
verbes palestiniens forment une catégorie à part et sont souvent
mentionnés dans le Talmud », où on cite encore diverses autres
catégories^. On peut facilement supposer qu'il existait aussi des
recueils de ces maximes de sagesse, mais qui se sont perdus.
Quelques Tannaïtes sont cités spécialement comme auteurs de
sentences, par exemple Bar Kappara ». Du reste, nous avons déjà
cité ce nom plus haut, dans le chapitre sur les Tannaïtes et les
Amoraïm. Nous avons pu démontrer également la participation à
la littérature gnomique de Ben Azzaï et surtout d'Eléazaf nspn.
Qu'il nous soit permis maintenant d'étudier de plus près ce der-
nier Tanna.
Le surnom de *TDpîi donné à Eléazar n'a pas encore été expliqué
jusqu'à présent ^. Comme n^nîDn pm-» 'n a été ainsi dénommé à
cause de son métier de faiseur de sandales et comme n^*i5&n vient
du grec (dxvSaXov), '^prr pourrait aussi être un nom de profession,
1 Bernays, Ueber dos Phokylideiscke Gedkht^ dans GesammeUe Abhandlungen^ I,
192-261.
« Zunz, Gott$tdienstlieh Vortrâqe, 2* édition, p. 105.
^ Pesakim^ H4«, Na"iy733 I'«bn73 t^bnTD ; il^o^ di It. Nathan, version I,
cb. XYii, p. yb, a neUeraent Û^b^Tl^3 Nbn?3 Y>bDl2 I^'ID. CL Ketoubot^ 17 a,
où R. Dimal dit : « Voici ce qu'où chante devant une liancée en Palestine >, pas-
sajçe se rattachant a une sentence que nous lisons aussi dans D. E. H., vi; cf. en-
core j. Pesahim, VII, 35 i, Kbn73 ^"^briJa^T ; cette sentence est rapportée dans
b. Pesakim, 35 6 au bas, au nom de Ha h, au nom de H. Hiyya. Voir aussi plu-
sieurs exemples de phrases avec MbnTD dans Tarticle de M. Blau , Revue ^
XXXV, 22.
♦ Par exemple : û-^^iba mbtt5«?D .û-^bs^i^ mb«»?a .û'^oai^ mb^TûTÛ.
' Zunz, ibid,, p. 106, note a.
• Est-ce le nom d'un endroit? voir m*mïl "llD, s. v, M. Bâcher dit : « Ce sur-
nom est de sens incertain, voir Levy, IV, 357. > Kohut, Arueh eompletum, VII, 168,
croit que ISpïl est le nom de la patrie d^Ëléazar, il répondrait à Kuirpto;, Cypriote.
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60 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
et le mot même pourrait venir du grec. Je fais dériver ce mot de
TToxapicv, qui se retrouve dans le langage rabbinique dans le terme
de V'^piD. Ilcxaptov signifie un pelit tas de laine nouvellement ton-
due. On dit dans Tosefla Sabbat, v, 2(p. 116, éd. Zuckermandel)
l-^npnDa 'j'^^^v « on peut sortir le sabbat en portant un petit tas de
laine ». Il est sans doute question de celui qui fait métier de ton-
deur de laine ; cf. Tosefla Sabbat, i, 8 (p. 110), et j. Sabbat, I, 2
(db) : Wi^att) «TDiiin J^a^n ...Nif» «^ « le teinturier ne doit pas sor-
tir avec un échantillon (de sa marchandise) derrière Toreille »
(d'après Raschi, dans b. Sabbat, 11 b, n^d^it signifie un peu de
laine); dans b. Sabbat, 11 a, on parle aussi de laine «T«3 "^Tti «bi
i3T(<n«), « le tisserand avec la laine derrière Toreille » ; de même,
àdiiis Abot di R. Nathan, version II, ch. 21, p. :i5, où on dit la
même chose du teinturier. l*»npnD et fi^n**» signifient donc la même
chose : le coton (par opposition à "1)22) ou aussi la laine. Dans la
Tosefta Kiltaîm, v, 23 (p. 80) nous trouvons un dérivé sémitique
de woxap(ov dans le mot n-^npsn. Le nomen agentis 'ipsTï, devenu
par métathèse n^pn, a pu être formé du même mot. Le mot
l-^npiD, dans b. Nidda, Il a, par suite du changement de la lettre
n, devient i-^^piD \ et par là on s'explique le plus facilement le sur-
nom de ■'bipcn 113^^5' dans Berachol, 2%b, et MeguiUa, 17 ô. De
'j'^bpnD dans le Targoum Yerouschalmi sur Exode, ix, 31, Levy'
rapproche le syriaque «bmp, ce qui nous donnerait la même mé-
tathèse que nepn au lieu de npcn. Peut-être a-t-on modifié le mot
intentionnellement pour éviter de penser à npD (mener une vie
dissolue). En tout cas, comme nopn n'a pas encore pu être expli-
qué, il n'est pas inutile de faire au sujet de ce mot de nouvelles
recherches. Nous y gagnerions de mieux connaître la personnaliié
mystérieuse de ■'«T3' la ntj^bx *. A. l'exemple de M. Bâcher, je crois
que ce docteur, mentionné par Saadia comme Tauteur d'un livre
de Sapience, se trouve parmi les agadistes, et je l'identifie avec
le Tannaïte Eléazar nDpn. Le mot ^iicr^y, de \xt9 = arp^ = laine *,
signifie, à mon avis, la même chose que *iDpn, c'est-à-dire tondeur
de laine. Dans •^i^n'^j^ p 'ityb» 'n (le mot 'n se trouve dans le com-
, mentaire sur Vectra de Juda b. Barzillaï. p. 2*70), la est probable-
ment une erreur, et il faut lire "«fi^Ta^ iiyb^ 'n, comme nspn ^lyh^ 'n.
En raison de la part que R. Eléazar ^spn a prise à la littérature
1 Raschi Iraduit ici par le mot français « coton ».
* Cependant la terminaison du mot fait croire qu'il s'agit d^un nom indiquant un
lieu d'origine.
» Targum. Wôrterbuch, II, 284.
♦ Voir Bâcher, Agada der pal. Amorâer^ II, 11, note 5, et Blau dans la Revue,
XXXV, 24.
' Le mot s'écrit aussi par un y ; voir les Dictionnaires.
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LE TRAITÉ TALMUDIQUE « DÉRÉCH ERÉÇ » 61
gnomique^ et spécialement à D. E., on s*explique fort bien, comme
le dit Saadia, qa'Eléazar Iraï ait composé un livre dans le genre
de Sirach. L*auteur de ce livre de Sapience serait, dans ce cas, un
Palestinien et môme un Tannaïte assez marquant. Il est possible
aussi que Tauteur de ce livre ne soit pas Eléazar luirroôme, mais
son fils, qui s*appelait aussi Eléazar * et qui est, d*ailleurs, connu
comme auteur de proverbes sous le nom de «nop na*. nspn p nw»
serait donc identique à '^ntj^ p nTJbiî. Ceci expliquerait aussi ce
mystérieux mot de ■^fi^T:^. Notre D. E. a certainement sauvé beau-
coup de choses de Toeuvre perdue de Ben Irai. Les sentences qui
sont conçues en style presque biblique pourraient provenir de cet
ouvrage. La pureté du langage que nous trouvons dans Sirach ne
peut être attendue de la part de Ben Irai, qui est bien postérieur,
mais il n'y a pas à méconnaître que celui-ci s'est efforcé d'écrire
l'hébreu aussi purement que possible.
De même que Tauteur du livre de Sirach a utilisé le livre bi-
blique des Proverbes, de même Eléazar ben Iraï a dû utiliser, do
son côté, le livre de Sirach. On s'explique ainsi que Saadia cite
des phrases de Ben Iraï qui se t ouvent aussi dans Sirach. Cette
ressemblance du contenu ainsi que la circonstance que le nom de
fin'^D in était depuis longtemps dans la bouche de tous lorsque Ben
Iraï écrivit son livre, furent cause qu'on attribue certaines sen-
tences de Ben Iraï à Sirach, son prédécesseur. On comprend alors
pourquoi certaines maximes citées dans le Talmud au nom de Si-
rach ne se trouvent pas dans l'ouvrage authentique de Sirach,
tandis qu'on les trouve dans D. E., qui contient des fragments de
Ben Iraï. La sentence imoD ûi« "^Da mn ûni< •'Da û-^nb» nnn, que
quelques auteurs attribuent à Sirach (Zixnzjbid.yp. 110), se trouve
dans D. E. Z., x, vers la fin^ et provient probablement, non de
Sirach, mais de Ben Iraï. La sentence citée d'après Sirach dans
Baba Batra, 982?, ne se trouve pas dans le vrai Sirach*, mais il y
' Je DO sais pourquoi M. Bâcher rappelle toujours Bliézer ; peut-ôlre veut-il aussi
le distinguer de son père. M. Bâcher cite, d'ailleurs, lui-même b^ 133 ITJ^bK 'l
"IBpïl nT3^b« 'n [Agada der Tannaiten, II, 500) et concède qu'il s'appelait égale-
ment Eléazar ; il n'apporte aucune preuve en faveur du nom d^Ëliézer.
* On ne voit pas pourquoi il a été nommé ainsi d'après le surnom du père, et non
d'après son véritable nom ; peut-être pour éviter la répétition du nom *1T jbfic. 11 n'est
pas nécessaire de prouver qu'on trouve fréquemment *1Dpn, au lieu de fit^Dp. Dans
■ISpn, pour ôHDp "13, il y aurait a constater le môme procédé d'hébraUation que
daos ■»«"!■»»= ■»fin'^Jf, au lieu de icpï!.
' Tout le reste de ce chapitre a un caractère tout différent et n'a pas dû faire par-
lie deD. E. Z. — La suite... ïimn mn, se trouve aussi dans le chapitre v de
Zoula. Cette sentence est donc un des doubUls dont il va être parlé ci-dessous.
* Neubtuer-Cowley, n* LXIV, p. xxvii.
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62 REVUE DES ETUDES JUIVES
a quelque chose de semblable dans D. E. Z., viii^ comme Zunz Ta
déjà remarqué.
Nous prétendons, non que Eiéazar b. Irai ou Eléazar n&pn
soit Tauteur de notre D. Ë. , mais que beaucoup de maximes
de ce traité proviennent de l'ouvrage de Ben Irai*. Notre D. E.
se donne comme un recueil de sentences, et le compilateur a
sans doute puisé aussi dans Irai. Les yn» '^Ti "^pno cités dans le
Talmud sont sans doute d'autres sources ayant servi au compila-
teur. Notre D. E. a été probablement composé à Taide de ces ou-
vrages perdus et avec des sentences et règles concernant les doc-
teurs qui étaient connues dans les écoles par tradition. On ne peut
guère constater de plan bien suivi dans la disposition de l'ou-
vrage ; cependant certaines parties qui dérangent Tensemble,
comme on Ta déjà remarqué, pourraient être des intercalations
postérieures.
Le fait qu'il y a eu plusieurs recueils de D. E. a déjà été établi
dans le cours de notre analyse du traité. Même dans sa forme
actuelle, le traité ne peut être l'œuvre d'un auteur unique, car in-
dépendamment de la différence essentielle entre Babba et Zouta,
chacune de ces deux parties renferme des éléments hétérogènes,
de telle sorte qu'il est impossible de les considérer comme une
œuvre unique. Ce qui frappe surtout, c'est le grand nombre de
doiiblelSy et ici nous ne tenons pas compte des répétitions qui se
trouvent dans R. et Z., mais de celles qu'on rencontre dans un
seul et même traité. Nous avons déjà relevé plusieurs de ces répé-
titions, et il ne nous en reste que quelques-unes à ajouter. Elles
sont si frappantes, que dans la Guemara sur Kalla, éd. Coronei,
on fait plusieurs fois la question: Pourquoi a-t-on répété cela?
Ainsi, par exemple, au sujet de ^rû pis dont nous avons parlé
plus haut : p^DD mb wn * ; réponse n^Np kitt •'Tib ûnri (p. 10 a).
Ibid.y p. lia, il y a deux fois "[■♦pno ^TKa K^-^sn; sur la même
page, rrh •'sn ; de même, p. 11 &. Il y a une autre formule ainsi
conçue : kd-^i^ «p, nû'^tdd (p. 11 b) ; l'abréviation Y'» qui se trouve
un peu avant signifie «D-^-ot îii"^» *. La vérité ne peut être que
celle-ci: les passages en question proviennent de deux recueils dif-
férents, ou, pour parler le langage talmudique, v nD« «b nT rtîoo ^na.
* p'^S, abréviation pour fi^TSp pIS, n'a de sens que d'après notre divisioD du
traité) où le passage en question ne se trouve en effet que daus Z., i. et non dans
Z., II ; si le tout n'est qu'un traité Kalla^ celte désignation n'a pas de sens. C'est
pourquoi je ne puis dissimuler le soupçoa que la i Guemara > sur Kalla n^est pas
bien authentique. A remarquer aussi les mots Np"lD Diob, 13m t<n, 18^.
« Ceci a été mal compris par l'éditeur, qui remarque : nn^ û^lHO b"D. Dans Téd.
Romm, il y a "j^M entre parenthèse. Les mots b"73p ïima T\^y indiquent claire-
ment que c'est une question.
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LE THAITI2: TALMUDIQUE « DËHËCH ÉRÉÇ » 63
Un trait caractéristique de notre recueil, c'est que telle sentence
connue ne s'y trouve que comme mot à effet, tandis que Texplica-
tion manque, par exemple waiD «dît naiû X^y dans Z., m. Des sen-
tences d^allure toute différente sont enchevêtrées Tune dans Tautre,
par exemple, la phrase t^5d v^tx û^t (Z., ix), à la troisième per-
sonne, tandis que les autres parties de la phrase sont à la deuxième
personne. Il en est ainsi de la phrase : x^nn û^n ma^b n^n &2t
n-ûni û'^^a nb. Le compilateur n*a donc pas bien fondu les éléments
de son ouvrage. Nous avons aussi un exemple de ce procédé dans
Z., u : "^b na^on û'»5'Drirr t»»:^ ^a^a n53«n b», où dans le commen-
taire apy» nbm nous avons déjà la correction •>«:^. Les morceaux
de prières qu'on y trouve intercalés sont aussi un élément hété-
rogène ; la Ouemara dans Kalla^ éd. Coronei, p. 18 2», dit à ce sujet :
•»3np «b mDian •'inp -p» "ymn "^t», réponse : «n "^sn txn •»3Nnn ■'T'«.
Quand Tauteur a puisé dans le Talmud et le Midrasch, il se permet
beaucoup d'abréviations, comme on peut s'en convaincre par une
comparaison de ces passages avec les passages parallèles. Dans Z.,
VIII, à la fin, il n'y a qu'une fois la phrase yrri^sb D3D^n, tandis que
dans Halachot Otœdolot elle est deux fois ^ Si le compilateur avait
repris tous les éléments similaires se trouvant dans le Talmud, le
traité serait devenu bien plus volumineux. A voir, par exemple, la
belle sentence de j. Torna^ 41 6 : ^m« y>irç ^ttiDai "p lair» ^b«tt
*]b p-fôa ym miK "pin ûip^an "^Dob nroiD i'»»') ^m« i'^a'>«i73 ^inaujai
« On te donnera du tien, on t'appelle par ton nom et on te
place selon ton mérite «, car rien n'est oublié devant Dieu
et nul n'atteindra ce qui t'est destiné. » Cette sentence pro-
vient probablement de Ben Âzzaï (voir Schechter sur Abot
di R. Nathan, version II, ch. 32, p. 68) ; elle eût été bien à sa
place dans D. £.
Comme patrie de D. E., il faut sans doute penser à la Palestine,
et non à la Babylonie ^ Cette hypothèse se recommande par di-
vers motifs, premièrement par le fait que, comme nous l'avons vu,
la littérature gnomique a toujours été cultivée en Palestine, et
ensuite parce qu'il y est question de kt pureté lé vi tique et même
une fois d'une coutume des Jérusalémites. Du reste, Rabba
comme Zouta (Pérék ix) finissent par la mention de Jéru-
salem. Babylone n'y est pas mentionnée une seule fois, et les
Tannaïtes ainsi que les Amoraïm cités sont exclusivement des
Palestiniens.
* D'après Mahtor Vitrjf^ ce morceau fail partie de pni'
« Lisez 'J'»a'»0153 ^T\yQy\\ Abot di R. Nathan, ^la-^OI^ tl^Sipan*
* 11 est souvent oité parmi les nVTablDl"'.'* T\^Vû'p niDQ».
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64 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
té de D. E.y tel que nous le possédons, n'a pu être corn-
it le iv^' siècle, car on y mentionne encore un petit>ûls de
b. Lévi (Rabba, i, vers la fln). Sauf R. Josué b. Lévi, tous
rs sont, d'ailleurs, des Tannaïtes. La partie fondamen-
. E. date donc, en tout cas, de Tépoque des Tannaïtes. On
uère reculer beaucoup Tépoque de la composition, car le
déjà signalé dans les Scheèltot^ dans les Halachoi Gtie-
\e Siddour R. /1 mram comme bien connu. La compo-
D. E. pourrait donc remonter à la même époque que
lent du Talmud de Babylone.
Samuel Krauss.
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NOTES LEXICOGRAPHIQUES
Dans les difiérents lexiques parus récemment et contenant Tex-
pllcation de mots disséminés dans le Talmud, les Midraschim et les
Targoumim, il se trouve, comme on peut bien le supposer, plus
d*une interprétation qui appelle des objections ou renferme des
inexactitudes. Nous essaierons, dans Tétude suivante, de rectifier
ces inexactitudes ou de compléter les explications, et d'apporter
ainsi, de notre côté, une contribution à la science lexicogra-
pbique.
pbnp Ma^. D'après M. Erauss, ce mot serait une corruption de
AeuxoXicDv. Il me parait bien peu vraisemblable que ce mot
grec soit devenu yhyp »^».
OD'^rinK, mieux *«DDD'>d:^aM. Ce mot ne signifie pas seulement « d'il-
lustre naissance, très noble », comme l'expliquent MM. Levy,
Kohut et Jastrow, mais est particulièrement employé, dans le
Midrasch, pour désigner, comme eÛYevé<rraToi, ces princes impé-
riaux auxquels le souverain avait attribué le titre de 7ioMlis-
simus (en grec £UYevé<rraTO(:). C'est ainsi qu'on lit dans Esiher
rabha, à propos de ûnTaKD '»m : rf apn b« «i'^TttWD''K "^déw) ivt
a et, en outre, je suis à l'égard de Dieu comme un prince du
sang, puisque de tous les chefs de tribu mon aïeul (Benjamin)
est le seul qui soit né dans la Terre Sainte ».
)T«afi< "^n. Ce mot n'a été expliqué exactement que par M. Jastrow :
« Place of ruin, cacopbemism for meeting place, gathering
for idolâtrons purposes and performances connected witb
idolâtrons feasts, which the Jews under Hadrian were forced
to attend. — Transferred : meeting place of early Christians
where religions controversies were to be lield. » L'exactitude
» Lire 'J1Mt30"»5:i''1N-
T. XXXVII, K* 73. K
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66 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
de la dernière partie de cette explication est confirmée par
Sabbat, 116 a : n-^ab D5S5 wsnb -p wtot "wnnb tjTn ûn« nVw©
nb» bo imnnb D»3 X>m vf^ € S*il est pourstiivi par un liomme
qui veut le tuer ou un serpent qui veut le mordre, il peut
entrer dans la un temple païen, mais non dans la demeure
de ces gens-là. 9
î!o:)S». Traduit inexactement par M. Jastrow : « cleft, fissure 0. Il
a tort de traduire tran 'tk par 0 chute d'eau ». C'est plutdt on
« aqueduc ».
*noO'^n:«t. Dans Genèse rabba : mitt» ttr« ^b 'pfiwJ arpm diptt te X^k
ib© îT'>a bp rtiitt» w-^^a didd-d» iV» rr^a b:^, M. Jastrow
veut corriger DiDDia» en mao-^nafi^ (1, 11 b), mot qu'on ne trouve
nulle part, et qu'il traduit par « questeur y>. De même, I,
158 6, il explique iV© rp-^a by wrm par « an officer appointed
over its high-ways ». Il voit donc dans im le mot via. Voici
ce que signifie ce passage : « Il n'existe pas de localité où il
n'y ait pas un fonctionnaire chargé de subvenir aux be-
soins de la vie (^(oO. Dans la province, c'est le syndic qui doit
s'en occuper, dans l'empire l'Auguste. Mais qui s'occupe de
nourrir Punivers? » Levy et Eohut expliquent aussi de cetta
façon.
DiD^SAfi^ dans Sift^è sur Deut., et c^Sfi^ dans j. Sanhédrinj 19&,
ainsi que DiD^mdans Genèse rabba^ % 4, et Dip^TOSip dans Be-
hhorol, 5 a, sont, d'après M. Jastrow, une altération de Quin^
tus ou Quielus. Dans son étude sur la Fête de Hanaucca
{Revue, X£X, 40 et s.)f M. Erauss prétend aussi que
Dip'naïTp, avec retranchement de p-^n, est Quintus, et il y voit
Lusias Quietus. Mais est-il possible que ce Quietus, que
M. Krauss dépeint comme un homme cruel, se soit occupé de
questions religieuses et ait entretenu des relations amicales
avec R. Oamliel et R. Tohanan b. Zakkaï ? Aussi croyons-
nous que ce wp^^^np est identique avec "ji^xn oiMiûi», comme
cela ressort de j. Sanhédrin^ 19 c, comparé avec Behhorot, 5a,
et ce -^Y^l^^^ AvTCDvtvoç est le proconsul d'Asie Arrius Antonin,
grand-père maternel de l'empereur Antonin. Di^'^diadfi^ est de-
venu wçrnasp, par suite du changement de m en p (cf. Targoum
sur Nombres, xxxiii, 8, X'^T», au Heu de ïtDîip), v\ en n, et a
en p.
"«pnrTfi^, dans Houllin, 60 &, où ce mot est indiqué comme l'explica-
tion de xno dans Josué, xiii, 3, doit étrelu^ avec Raschi, ad. l.,
yxnr^, êOvàp^^ot, ethnarques. C'est exact dans Jastrow, mais
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NOTES LEXICOGRAPHIQUES 67
ce n*est ni evStxot, juges, ni aùOsvTixTj, paîssance, comme le
croient M. Krauss, I, 101, eULevy, Wôrterbuch^ 13 a.
D"OT«, dans Targoumjer. sur Exode, xviii, 1, et D'^dt», ib.j ii, 16,
n'est ni euvouç, esprit généreux (Levy), ni adorateur du feu
(Kohut), ni tyran, chef, djn (Jastrow), mais eûyevvîç, prince;
le a est tombé. Cf. Sachs, 1, 163.
■o"»» est t-Koxi, otage. Dans Echa r., à propos de Tirtea fcran,
(1. ST^nD*^) rpiD-^-»» "^33 (1. 5T'^173'»«) ûm»*»» ••5a, ce dernier
mot est une glose explicative : 6[ji7ip{a. M. Jastrow traduit
inexactement par « destruction, ruine ».
^vi, dans Schir r., 31 b, est aOy^, aurore : « Le feu était pour
eux (Hanania , Mischaôl et Âzaria) comme Faurore ». axptc
auYTiç, dans Actes des Apôtres, xx, 11, est traduit en syriaque
par snD^ pbon «Ton^. M. Jastrow a tort de vouloir changer
■»TPTfi^ en oni-^-^pn». Dans Levy et Kohut, € éclat », mot qui ne
convient pas ici.
wa'np'»rm«, dans j. Demaî, 24(1, me parait devoir être corrigé
en tar^pTi'BD», marchand de vins en gros, comme le propose
M. Perlés, plutôt qu'en fi^-^V^pn^nfi^ , olvoxàireXoç (Jastrow); le
sens est le même.
WT^y dans j. Demaî, 26 &, est corrigé par R. Simson en
Ditt'^tD». Levy y voit aTXoç, Jastrow àrovoç, languissant, faible.
Je me range à Tavis de M. Kohut, qui y voit, d'après Sachs,
£6ufjioç, affaibli, abattu.
îTO^nV»». J'y vois avec Levy un nom propre, EueXTttç, et non pas,
comme M. Jastrow, usX^tj/Tj;, verrier.
orV»» TÎXtoç, soleil. Dans Exode r., 15 : (ir Jm^V^a rraro ma)
ww» 'W5 finpï ma:» «»wn rraxû rr^an [d-pV^n] ovbn« o« D'wrnio
rrrw y^^ niaaa. M. Levy traduit ainsi : « Le tribunal devant
Hélios [duveSpiov eU î^Xiov] porte (en Grèce) le nom de man,
c'est-à-dire Y^Xtata, nom qu désignait à Athènes la résidence
du tribunal suprême et, par suite, le tribunal lui-même. »
D'après M. Jastrow, les mots depuis o'i'mSD jusqu'à mK sont
une glose, tandis que les trois premiers mots sont une traduc-
tion de mare ma. Cette glose serait conçue en ces termes :
fcnpa ma:^ imstm i^« îm iétV^ dtèi Dm3D[aï«] « 'AXeÇovSpoç
O^oç *HXiou (Alexandre, fils d'Hélios) était son nom, et le soleil
est appelé un héros. » C'est là une transformation complète et
inutile du texte. Kohut seul a bien expliqué ce passage : « (rOs^
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68 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
vap6ç ûç ^iXioç, fort comme le soleil \ ^iXtoç signifie (en grec)
soleil. Le soleil est, en effet» qualifié de puissant dans Ps,,
XIX, 6. »
oitt"»» est dérivé Inexactement, par M. Jastrow, deOÉWD, défigurer,
Adiïi^Schir rabb, s, v. irhy», 31 c, vby t|iT« nw-w r7«:>:'), où il
traduit : « Il fut défiguré par des brûlures. » Par contre, dans
Tayihouma, Çav, éd. Buber, il traduit ce même passage ainsi :
(( Et la frayeur d'une figure brûlée tomba sur lui. » Enfin, il dit
à propos de Midrach Tehillim, Ps., xxii, « 0iTa53K, lire
OTnMN, e{i.7rupoç, atteint par le feu ». Ce dernier mot, comme
le disent Moussafia, De Lara, Kohut et M. Levy, est^ en réalité
7){i.iÇ7ipoç, « à moitié desséché, à moitié brûlé », et tçrm t^xr^
comme DnTM« sont des altérations de onn'^OD'^'^N.
Y^iy^ , dans Exode r. , 47 , i'»a73'»Kn ninn rrtM T«ia. D'après
* M. Jastrow. ce mot est un masc. plur. (='73n'»«, faisant allu-
sion à no53 et Nna)3N) et désigne « ceux qui se couchent à l'ar-
rivée des ténèbres » ; ce mot a été créé par opposition à 'j'^nmo,
racine nntô. Le passage signifie donc : «Suivez l'enseignement
de ceux qui ont bien reposé la nuit^ parce qu'ils sont mieux
disposés à enseigner. » Kohut dit : vn"»53bnb n»i« ?T»n Va^D"!
nNi3 vT^abnb n7ai« ivr\ "^"-n (oxotiov, gxotoç -^"bn mrx\) 1;1P7^
û:inn îim n-'iio ï-rb?: «57373 pi îiob:^3 '"^d Vî^ts'^fin tnrr\T\ -n^bn
T'NiD -n rMM2 riNT bsa bn» ,r^ ,n"a n">«3Nn3 b«5 r\x:hy ïw^on
nb-^ba nb» nmn bu) rxr\, M. Levy dit : « 'j-'O»'^», obscurité, et, par
conséquent, nuit. R. Simon b. Lakisch disait à ses disciples :
étudiez la Tora le matin et aussi à la lumière (cf. \np]^ la
nuit. H. Yohanan dit à ses disciples : étudiez la Tora la
nuit (1'>C372''Nn). Pourtant, R. Simon b. Lakisch admet aussi que
le chant de la Tora (c'est-à-dire Tétude de la Mischna) doit
surtout avoir lieu la nuit. » Ici M. Levy change arbitraire-
ment, à la fin de ce passage, R. Yohanan en R. S. b. La-
kisch, mais il dit avec raison que nn désigne l'étude de la
Mischna ou de la loi orale. Cependant, il n^est pas allé jus-
qu'au bout de son explication. R. Yohanan et R. Simon b.
Lakisch discutent sur les moments où il faut étudier la
loi orale et la loi écrite. Le dernier recommande à ses disciples
d'étudier la loi écrite (mnn) le matin, la loi orale (Mischna)
doit donc être étudiée la nuit ; il faut, par conséquent, que
rtb'^b soit précédé d'un mot signifiant loi écrite ou Mischna;
ce mot est 'J'^di^'^t = BeuTspaxjtv, Mischna, devenu par cor-
ruption l'^'ip^. R. Yohanan, tout en considérant la nuit, con-
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NOTES LEXICOGRAPHIQUES 69
formément à Tavis de R. Simon b. Lakisch, comme le mo-
ment le plus approprié à Tétude de la Mlschna, -«"n rm Tvrfn
nV»ba «b» rmn b« n^n ^tw, recommanda quand môme à ses
élèves de ne pas étudier exclusivement la Tora le matin et la
Mischna le soir, mais de changer parfois, l'^o^'^fcn (StajxeTTCTov).
La correction que nous proposons de Y^pi en l'^DnnnO'^'i est
justifi»^e par la traduction de Symmachos, qui rend rts^îoa
(II Rois, XXII, 14, et II Chroniques, xxxiv, 22) par Iv SeuTe-
pa)<x6i, de même que le Targoum traduit par N3Dbi« rr^a et la
Peschito «3Bb")«a. C'est ainsi que dans Lament., n, 19 : "^^np
mm73tt3« ttîNna îib'>ba "^n, le Targoum dit : èwittî'^îis -«Taip
Le mot Y*ûiy^\^ doit donc être rayé des dictionnaires.
«^iTD'^fi^, dans Echa r., s. v. TirbiDa, f* 65a. M. Jastrow traduit
inexactement ce mot par « rébellion ^^ et Kohut et M. Levy
exactement par « otage », comme le prouve Esther r., s. v.
'^^''a, 100 d : t^^^nîi \y\ "lïrma» b« Jmm»n rmo «■'•^ni):» '^•>3ai
lïrma» \m \irrror\yi:ï vîto mann:Tin -^ia n«n -ittn«.
N3^53N. Traduit inexactement par M. Jastrow (rébellion) et par
M. Levy (otage). Ce mot signifie « brebis », comme le dit avec
raison Kohut.
ïirn^r». M. Jastrow voit, à tort, dans ce mot le grec eXaiov ji.up-
^ivov et traduit : « onguent parfumé avec du myrte d*Arabie ».
Kohut et M. Levy traduisent exactement « vin avec de la
myrrhe ». M. Krauss dit aussi que c'est un vin aromatisé fa-
briqué avec de la myrrhe et d'autres ingrédients infusés dans
du moût ou du vin doux. Cf. Pline, H. N., xiv, 16 ; Marquardt,
Prtvatleben der Ramer, II, 444.
rr-'bDDD'»», «•>'^aBD'^«. Inexactement dans Kohut, spaihim, espace de
de temps. Il voit dans rr'^ûbD le mot tiXt^ôo;, espace de temps,
ou alors il lit rr'^abBOfc^, àdcpàXidiç, certitude. M. Levy dit bien :
« rhospitalité reçue par les étrangers dans un pays, hospi-
tium ». Il faut rectifier dans ce sens les passages de Genèse
r., 44; Schirr,, mo-^u) ^y\ Pesiklar.,11 a, et Yalhout, ^b'^b:
inbtt? N'^ba'^DDKa "^irn irra^y ûnb «b "p^a nin-^i « ils seront
étrangers dans un pays qui ne leur appartient pas ; ils trou-
veront la servitude et l'oppression dans la contrée où ils ont
été reçus comme hôtes ». Les 400 ans se rapportent donc
seulement à *]j>it ivrr nt ■»^. M. Jastrow change le mot en
«■^''ûbfiON, l(r7roXiTeta, (les droits civils accordés aux étrangers ).
M. Krauss, dans son WB.^ approuve pleinement M. Jas-
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70 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
trow et lit aussi IdOTroXtTe^a. Cette explication est fausse, car
les Israélites n'ont jamais joui en Egypte des mêmes droits que
les indigènes; ils furent toujours considérés comme étrangers.
'jifcmo''DO''K, '» ù'^wp , dans Lévit, r., 5. MM. Levy et Krauss tra-
duisentexactement : « chefs des gardes du corps », inK-^nacOÉ^ 'p.
Kohut dit inexactement « gouverneur , administrateur ».
M. Jastrow lit iK'>nnDfii« 'p (6^ap(ou), cornes annonce; c'est
faux.
Vû'^opBO'^», dans Eslher r., s. v. anpîTi. D'après Levy, à<T7ra<rrtx<Jç,
celui qui souhaite la bienvenue aux hôtes; d'après Kohut,
■j'^Dp'^aBD"»», <nTtTtxbç, bienveillant, ou adspectatus^ excellent ;
d'après Krauss, spectactissimtis, le plus éminent; d'après
Jastrow, il faut lire O'^û'^anoDnôi. o^aprurViç, celui qui prépare
les aliments, explication que j*ai adoptée dans mon Glossaire*
67 (j, mais qui me parait aujourd'hui sujette à caution. Aucune
de toutes ces explications n'est satisfaisante.
'^msipo''». D'après M. Krauss, yà^Z^ot:, iesserœ^ fiches pour le jeu ;
d'après M. Jastrow, à<rxxvSir)(;, a porteurs de dépèches, nom
d'un jeu, comme les échecs ». M. Levy traduit exactement
a des petits cailloux », en néo-grec yovSpcjpoXa.
''ma''")pO'>«. MM. Levy et Krauss y voient à tort le mot scriptores.
C'est plutôt <rexp7jTaptot, comme le dit M. Jastrow.
msnpD'^fi^. D'après M. Levy, ê^xapeaiv, petit foyer. MM. Kohut et
Jastrow disent avec raison que c'est « courrier ».
Vî^'iûO'»», «TTiydcpiov, tunique, d'après MM. Levy, Krauss et Kohut ;
M. Jastrow dit à tort : « a girdle of strips of cloth ».
inD^înâC^» , à(TTuv(5[i.o; , administrateur de la police, édile = àyopa-
v(5ji.o;, dans j. Maaser schèni , v, i^ 56 6. C'est l'avis de
MM. Levy et Kohut. M. Jastrow y voit à tort diTwvTiç.
P''*np5iûnD'>«, dans Pesihta r. , § 26 : p-npïnûns'»» û'»*mDKrt m-^a rt»a
•ûina ■'DfiW l-^os-^b. M. Levy corrige en •j'^a^n '» et lit lirixxyex-
Tov oveiBetov , a de mauvals caractère et d'une façon inju-
rieuse ». M. Krauss dit : 1)7:6 àvaxT<iptov xo(t(ov a [vu] de l'ap-
partement royal », trois mots qui ne sont pas liés entre eux
grammaticalement. Cette explication n'est pas satisfaisante.
M. Jastrow lit ainsi : ^vj^p^ I''bp'^*nr3 l'^oboïa, « le palais, (avec)
le triclinium et la chambre à coucher, où je réside ». Voici,
en réalité le sens : « Elle est belle, la prison où tu es au-des>
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NOTES LEXICOGRAPHIQUES 71
SOUS des magnifiques salles , (nth t&>v TpixXtvtuîv (ina ^*^
ir5"»Vp'»^), où je demeure ». Au lieu de 'Dîna, il faut lire
pma.
msne*^, dans Houllin, 51 &, Eroubin, 100 a, et Kiddouschin, 81 a.
D'après M. Jastrow, ce mot signifie bouche, orifice et aussi
lucarne. MM. Levy et Eohut indiquent le mâme sens. Mais
ce mot ne dérive pas de &id ; c'est le grec e(ji(p(o(ta, fenêtre.
Voir Erauss, p. 61.
tna'^^no'^fi^. M. Jastrow lit fir93'^â'^fi&(, toL imrlimx, la peine prononcée,
la sentence. Il ne faut pas corriger ce mot; c'est uit($p7j{i.a,
traduction grecque de comnierUarius^ le procès-verbal authen-
tique des actes administratifs de l'empereur. Les plaintes
adressées à Tempereur étaient également consignées dans ces
procès verbaux. De là commentarius dans le sens d*acte
d-accusatiOQ. L'abréviation Di'iDdip a aussi parfois ce dernier
sens , par exemple dans Sifrê, Nombres, § 134 : &nrâ Vtma
np^nb n«D« "«fi^; Deutér. r., § 2 : («Tp3 y^) VTP^ ^^ '^ ''"^
« déjà on lit soa acte d'accusation. » Cf. Kohut, Levy et
Erauss.
oiB*^, que M. Jastrow traduit par fourrage, nourriture (= Ma»),
doit être effacé des lexiques, car là où il se trouve (Midrasch
Tehillim, Ps., lxxviii, 52 : irpo'»'»» l-^ipri» 1"»« ou 1*»o*»ûbD'»K),
il doit être corrigé, d'après Exode r., § 24, en lip'^DnD». Voir
Buber sur Schoher Tob, Ps., lxxviii, note 130.
J. FURST.
(il suivre.)
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LA VERSION ARABE
ET
«MENTAIRE DES PROVERBES
DU GAON SAADIA
[ue M. Joseph Derenbourg, qui, dès sa jeunesse, en
déjà étudié les écrits de Saadia, a consacré les der-
3s de sa vie à la publication des œuvres complètes du
i pas vécu assez longtemps pour achever sa tâche,
le bonheur de voir paraître de son vivant une assez
ie des œuvres de Saadia. Parmi ces œuvres, celle qui
\se ici est le volume des Proverbes *.
soit permis de dresser ici, pour ce volume, une liste de correclioDS,
pourtant pas ôtre complète. P. 38, avant-dernière ligne, au lieu de
. -p. 50, i.io, nbnib», i. ribn^b». - p. 56, i. 2, 'n vd k-ip^t
V'D «-ip'»1. —P. 69. 1.1, ri.>^aM5, l. nNâ3^2^. - P. 70, 1.14,
■ifinbK. — p. 73, 1. i2,nnDn, i. nnon onb. — P. 74, 1. 2, j^^in
-«"■» ''^ y^n- — P. 74, note 4, 15, l. il. — P. 75, l. 18, rvyV^
mj^iax — p. 77, l. 3 du bas, û""^ 'D «ip'^lt L V'-» 'D fiTip'^l. —
ûanbN, i. r»iianb«. — p. 98, i. s, a"D «"53 r^y^^ i.^ n^y^û-^
. 125, note 2, 1^73, L l'I'T». — P. 144, l. 17 WnT'I.l. h/ti^. —
in«nDtjbN, 1. n-nanD53bN. — P. 188, l. 3, 4, les icdicaUons des
lexacles. — P. 188, 1.4 du bap, 0313^, 1. ûâ3^. — P. 189, 1. 1,
bi3. — P. 195, 1. 9, i3Hm, 1. i5:^nm. — p. 201, i. 23, -msK
flTSÏDn K^73 D*7« *)niDK. Les versets bibliques de la dernière page
[liés inexactement (a"b ù""^ «np*^!, eu lieu de n"b U"*» Knp^^n); vers
>lus aucune indication.
I français, p. 13, note 1, au lieu de da'tU et metimmâh, il Taut lire
utes d'impression, il faut signaler quelques autres inexactitudes.
18, l'^bntÛnTabM ne signifie pas « sots •, mais « sceptiques fei-
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 73
Le commentaire des Proverbes avait déjà attiré Tattention
qaand il était encore manascrit ; M. Bâcher en a analysé dès 1876
l'introduction et le premier chapitre ^ M. Jonas Bondi* a donné des
extraits des neuf premiers chapitres ; il a aussi examiné la ques-
tion de savoir si Saadia est effectivement l'auteur de cette œuvre.
11 va sans dire que les études publiées sur Saadia depuis Tédition
des Proverbes ont largement utilisé cette édition. Nous signale-
rons surtout deux de ces travaux : celui de M. Engelkemper ^ sur
les principes et le caractère de Texégèse de Saadia, instructif sur-
tout dans les parties qui s'occupent du nombre des œuvres du
Gaon et de leur liste dans le Fihrist ; puis le travail de M. S. Ho-
rovitz*.
L INTRODUCTION DES PROVERBES.
Dans une de ses nombreuses digressions, Saadia (à propos de
XXV, 11) examine quels sont les devoirs des auteurs, et il déclare
que dans leurs introductions ils doivent indiquer leur tendance,
leurs intentions littéraires, etc. Fidèle à ses principes, il fait pré-
céder ses œuvres exégéliques d'introductions, dont trois sont pu-
bliées jusqu'à présent : celle des Psaumes en allemand, par
J. Cohn-Kattowitz », celles du Pentateuque et des Proverbes, dans
l'édition millénaire. Or, quoique l'introduction des Psaumes spit
plus large, c'est dans les Proverbes que Saadia montre surtout une
science exégétique très développée. Et cela est naturel, car par les
œuvres mêmes qu'il cite on voit qu'il n'a traduit et commenté les
gnant Tignorance et éveillant des doutes ■ (Horovitz, Die Psychologie Saadiat^
p. 49, note 92). — P. 133. la note 3 manque de fond, puisque le passage cité par
Saadia : m303 D'^sbTam Kin nn© Nnm, se trouve mol pour mot 1 Rois, xx,
i?. — P. 139, note 4, riS^^b» yy^ est rendu par pTsnn, au lieu de n^p
p73?Tn. — P. 145, noie 3, les éditeurs disent qu'ils ne comprennent pas l'emploi
du duel dans les mss. B G, qui traduisent T>3D«"by nm nSH, par Dfc^bDbK
•^nïlâ ^b^ ÛlâjWbN. M. Bâcher {Die BibeUxegete Maimûnis, Budapest, 1896, p. 8,
9, note 6) renvoie à une explication semblable de Maîmonide, qui dit que ce verset
fait l'éloge de» sentences qui s'interprètent dans deux sens, un sens iutérieur (*|k3K!3)
et un sens extérieur ClîlNâ). Horovitz corrige aussi l'explication de xviii, 14
(p. 35, note 64).
' Abraham Un Ezras EinUitung tu seinem Penlateuch^Commentar, Vienne, 1876,
p. 24-29. Je dirai, à cette occasion, que M. Bâcher, mon maître toujours obligeant,
a corrigé mainte erreur dans ce travail.
* Das SpnteAbuek nach Stiadia, Halle, 1888.
• De Saadiê gaonis vita^ bibliorum versione, her mènent ica^ Leipzig, 1897.
♦ Die Ptychologie bei den jûdisehen Religions- Pkiloiophen des Mittelalters von
Saadia bis Maimuni. Heft 1. Die Psychologie Saadias. Breslau, 1898.
» Magasin fur die Wissenschaft des Judtnlhums, VIII, 1881, p. 1-19 ; 61-75.
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T4 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Proverbes que lorsqaMl avait déjà produit d'autres travaux exé-
gétiques. Ainsi, dans ix, 1-9, il renvoie à son tafsir du Penta-
teuque ; x, 3, au tafsir de û'^dk *]-!« 'n (Nombres, xiv, 18) ; xxi, 17,
à la discussion du précepte du rm»! n^D la (Deutér., xxi, 18-21);
pour l'explication du *%im bp il renvoie à son commentaire du
Lévitique (xxx, 5). Il mentionne aussi son tafsir dlsaïe (xviii, 10 ;
XXX, 24-28), celui des Psaumes (xxxi, 4), une introduction à Job
(m, 11, 12), et enfin le commentaire de Job (xviii, 14; xxx, 3).
MM. Derenbourg et Lambert supposent môme que xxi, 1, renferme
une allusion à un commentaire de TEccléslaste ^
LMntroduction a un point de départ philosophique : la lutte
entre les instincts et Tintelligence. Nos penchants nous poussent
à accomplir des actes dont les conséquences effraient notre rai-
son ; celle-ci, au contraire, approuve parfois des actes qui nous
fatiguent et nous ennuient, parce qu'elle sai^ qu'ils nous sont fa-
vorables. Les Proverbes nous présentent les deux côtés de cette
lutte, en disant une fois : Souvent une route semble droite devant
l'homme, et elle aboutit au chemin de la mort (^ iv, 12), et une
autre fois : li y a pour toi un avenir, etc. (xxiii, 18). Il y a parti-
culièrement deux vices qui sont très nuisibles à l'homme : la cu-
pidité et la paresse. L'homme, tout en étant paresseux, aspire
quand même à la prospérité et au plaisir. Trouvant long le chemin
droit qui y mène, il prend la route du crime. C'est pourquoi, Dieu
a fait écrire à Salomon le livre de la Recherche de la sagesse
(c*est ainsi qu'il surnomme les Proverbes, p. 11 de l'introduction),
afin qu'il présentât la véritable valeur et les conséquences de nos
actions. Salomon a adopté la forme du maschal (comparaison),
pour être mieux compris de la foule ; il établit des comparaisons
entre les choses morales et les choses matérielles, entre ce qui
frappe les sens et ce qui frappe l'intelligence.
Souvent, ce qui survient aux autres nous instruit, c'est pour-
quoi l'Écriture nous raconte la vie des justes et des impies pour
que nous imitions les uns et évitions de faire comme les autres.
Les faits que Dieu juge trop peu importants pour être rap-
portés par lui, il les fait mentionner par Salomon. Dans l'intro-
duction du Pentateuque, S. développe la même pensée. Il dit
qu'on s'instruit de trois façons : par le commandement et la dé-
1 Deux passages de noire commentaire font peut-dire allusion également a un autre
commentaire qu'il aurait fait. En parlant de la femme de Tekoa, Saadia dit : {^93
«nn^P ■»& XmQTZ in, et, à propos de I Samuel, xxx (xx, 19), ^r^ NÏD ^^7
irrv^l^' Cela peut équivaloir a fi<3ri*lU) K73^, «comme nous rayonn expliqué •.
Cependant, faute d'autres preuves en faveur de l'existence d*un commentaire de Sa-
muel, il est plus simple de comprendre ainsi : < Comme la Bible raconte les éTéne-
ments de la femme de Tekoa et du jeune Âmalécite ».
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 75
fense, par les conséquences de l*obéissance et de la désobéissance,
et surtout par Texemple. Notre introduction ne fait que mention-
ner l'action exercée par Texenaple, mais Je commentaire (xxiv,
30-34) en parle avec an peu de détail. Pour appuyer son opinion
sur rinfluence de Texemple, S. mentionne le vii« chapitre, qui
essaie d'éloigner de Timpudicité ; le ch. xxiv, 30-31, où nous
voyons les suites de la paresse, et le ch. ix, 14, 15, de TEcclé-
siaste, où la sagesse du pauvre sauve la ville assiégée du grand
roi. Ainsi S. cite TEcclésiaste comme imitant le procédé des Pro-
verbes. Peut-être, quand il dit : « C'est pourquoi Salomon a com-
posé ce livre et d'autres semblables » pense-t-il à l'Ecclésiaste,
quoiqu'il puisse aussi faire allusion aux trois mille maschal et aux
cent cinq schirde Salomon (I Rois, v, 12).
Après avoir exposé brièvement une théorie de la connaissance,
S. examine les douze manières ou « portes » dont la sagesse se
manifeste dans ce livre. Ce nombre douze est arbitraire, car il est
difficile de retrouver dans les Proverbes les douze procédés men-
tionnés. Ce sont surtout les 4% 5°, 1« et 11« principes qui nous
présentent les traits les plus caractéristiques de Texégèse du
Gaon.
D'après le 4® principe, les Proverbes contiennent une série de
sentences qui rapportent uniquement des faits de Texpérience. La
tendance de S. est claire. Maint verset dépeint un état de choses
bien regrettable, par exemple Tinjustice. Or, S. ne veut pas qu'on
puisse croire qu'un livre de l'Ecriture approuve de tels faits.
C'est pourquoi, il fait précéder les versets de ce genre des mots :
« Tu trouves », nàn (xi, 16; xiii, 2; xv, 12; xviii, 2; xix, 15;
XX, 6; XXIX, 10, 11; xxx, ii, etc.), a tu vois » ^'in (xiii, 19 ; xiv,
18; XV, 2^6; xviii, 23, etc.). Quelquefois aussi, ces mots précè-
dent des phrases qui ne parlent d^aucun fait anormal. La formule
« tu dois savoir », thy», est placée en tête des propositions plus
solennelles (xix, 21).
Le r><» principe établit que beaucoup d'affirmations n'ont qu'une
valeur restreinte. S. les fait précéder des mots « maint homme »
ou '< souvent » (1» m ix, T ; xiii, 3 ; xiv, 23 b ; xvi, 30 ; xviii, 24 ;
XIV, 17 b ; XXIV, 8 ; «ïaa^, vi, 30 ; xxix, 25).
D'après le 7« principe, certaines phrases qui paraissent simple-
ment énonciatives renferment un précepte ou formulent un vœu.
Dans ces cas, c'est déjà le texte arabe qui marque l'intention du
Gaon par l'addition des mots « il faudrait », a il serait à désirer »,
ou « il serait juste » ('•:û5'', aâ^, pnno^, xi, 10, 29 ; xiii, 2 ; xiv, 19;
XVI, 10-13, 17; xviii, 4; xx, 8, 28 ; xxi, 1, 29 ; xxii, 2, 7 ; xxvii,
21 ; xxviii. 4, 8, 19 ; xxix, 13). Quelquefois ce changement passe
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76 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
de la version dans le commentaire (xxiii, 15, 22 ; xix, 1 ; xxv, 3).
Au fond, c'est là une divergence d'opinion entre les Proverbes et
Saadia, ou bien une critique des Proverbes.
Mais c'est en développant le onzième principe que S. dé-
ploie le plus d'originalité, sans tenir peut-être assez compte de
Texégèse. Il établit souvent des rapports entre des versets où
nous ne voyons qu'un simple voisinage; parfois il est amené ainsi
à des interprétations arbitraires ou à des altérations de sens.
Pour les Psaumes, S. s*eiforce même d'expliquer la suite des cha-
pitres (voir surtout Magazin^ VIII, p. 87, 88). Ici, il cherche à
trouver des rapports entre les chapitres vu et viii, offrant, en
effet, un contraste entre la séduction de la courtisane et l'invita-
tion de la Sagesse. Mais une remarque placée après la version
arabe du ix« chapitre reconnaît que, dès le ch. x, c'est d'ordinaire
une succession de sentences détachées. Néanmoins, il ne tient pas
toujours compte de cette remarque, car avec beaucoup d'esprit il
essaie de montrer qu*il y a un lien, dans xxiv, entre 23-24 et
25-26. Cest surtout dans le ch. xxx que Saadia déploie toute sa
sagacité pour montrer les rapports existant entre les différents
versets. Ainsi; dans les versets 10-17, il voit une chaîne non inter-
rompue de réflexions. Âgour nous apprend que le néant (ripib:^)
peut avoir lieu de deux façons : ou les choses n'ont jamais existé
(ûm *T5tJ?), ou les choses créées ont péri (bnfiW)). Pour le monde vé-
gétal, il y a un troisième néant : lorsque la terre ne produit rien
(û"^» rT:?a«-«b "pN), et même un quatrième : quand les plantes
sont consumées par le feu. Les quatre sortes de néant existent tou-
jours : les hommes ne cessent de mourir, les femmes stériles ne
donnent aucun fruit, la terre inféconde dévore la semence, la
flamme cherche toujours de nouveaux aliments. Mais, avant
d^énumérer ces différents néants, Salomon nous apprend quels
sont ceux qui méritent d'être punis. Sont victimes d'Alouka (néant)
ceux qui rejettent la vraie tradition, parce qu'ils semblent ainsi
maudire leurs pères, qui leur ont légué cette tradition (va« ^yt
bbp^), qu'ils abandonnent des opinions justes pour s'attacher à des
doctrines impures, qu'ils n'ont confiance qu'en leurs propres con-
naissances, et rejettent tout ce qui ne concorde pas avec leurs
idées. Auparavant Àgour avait prescrit ce qu'il fallait faire : « Ne
calomnie pas le serviteur auprès de son maître. » nnjr a ici le sens
d'homme soumis à Dieu, les propl]^tes et ceux qui les suivent
(cf. Josué, I, 2; Isaïe, xlix, 3 ; II Rois, xvii, 13; I Sam., xii, 19;
II Rois, II, 16).
Souvent, pour trouver des rapports entre certains versets,
S. en intervertit l'ordre. Il dispose les ^versets de i, 16-19 ainsi :
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 77
16, 18, 17, 19^ AU ix« chapitre, la version met immédiatement
après l'invitation de la sagesse (1-9) celle de la sottise (13-18);
les versets 11, 12 et 13 sont traités plus tard et à part. Mais plus
remarquable encore est la liberté avec laquelle il semble rattacher
XXV, 27, aux versets 16 et 17 du môme chapitre : a Tu ne dois pas
accepter tout ce que la générosité de tes amis t'accorde, car,
leurs ressources épuisées, ils s'attendent à la réciprocité. »
Plusieurs autres principes ne sont pas exposés dans Tintroduc-
tion, mais sont formulés à Toccasion. Ainsi, à propos de i, 8, S.
remarque que les membres parallèles se complètent alternative-
ment : ^ttK n-nn «an-bNi ^'»a« non» ^aa roii) équivaut à non» "«aa yDW
ûDDP bfc<n ûnnim ^»«t ^a«, de même x, 1 ; xv, 20 ; version de vi,
20 (A) et de xxx, 17. Plus loin, à propos de xxviii, 17, 19, 26,
il démontre que souvent Tanti thèse n'est pas immédiate, mais
est complétée plus tard. Ce qui peut surprendre plus, c'est que
l'introduction ne parle pas de la composition, ou au moins de la
division des Proverbes. Certains passages du commentaire mon-
trent que S. y voit trois parties : 1*^ i-ix ; 2*» x-xxiv ; 3o xxv-xxxi.
Avec le x® chap. commencent les proverbes détachés ; le xxv« et
les suivants se présentent comme une série de sentences de Salo-
mon transmises et notées par les gens de Hiskiyya. Le xxx» est
attribué à Agour, qui Ta reçu en tradition de son maître Itiôl, et
le XXXI*», 1-9, qui s'adresse surtout aux jeunes gens destinés à
régner, émane de Lemouôl.
L'introduction se termine par l'énoncé des conditions que S. fixe
pour celui qui recherche la sagesse. Chacune de ces conditions
est appuyée sur deux versets. Voici ces cinq conditions : 1® la dis-
position individuelle ; 2^ l'amour de la sagesse ; 3^ une personne
qui se charge de nous instruire ; 4^ les ressources matérielles ;
5"" le temps nécessaire. Celui qui dispose de tous ces moyens ac-
querra mûrement la sagesse ; il sera l'homme heureux qui a trouvé
la sagesse et à qui la raison a été accordée (m, 13).
LA VERSION ARABE.
La version et le commentaire sont étroitement liés ; pourtant,
il faut examiner à part quelques singularités de la version. S. ne
* H en trouve l'analogie dans Ps., xxiiv, 16, 18, où y^'Q 'ni Ip^it (18) ne peut
se rapporter aux y^ •^;253^ de la phrase précédente, mais aux D'^p'^Hit du ver-
set 16. Le GaoD cite aussi cet exemple à la fin du iv* chapitre des Amânât. Une
explication plausible cl ingénieuse se trouve chez Weiss, l^ttîim m*7 *1T7, I,
p. 63, note A.
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78 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
rend compte ni de sa méthode ni du but de sa traduction. Mais
nous pouTons les connaître par son introduction au Pentateuque,
où il dit qu*il veut que le texte arabe soit une œuvre littéraire in-
telligible, claire et complète par elle-même, qui éclaircisse chaque
doute et chaque obscurité. A cette tendance principale se subor-
donnent la fidélité et le désir d'offrir une série d'exemples pour
montrer la parenté de Thébreu avec Tarabe.
La version ne se propose nullement de suivre Toriginal à la
lettre ; elle ne rend compte ni des licences syntactiques, ni des
anomalies S ni des inversions de Thébreu*. Elle ne conserve pas
non plus les particularités phraséologiques et les hébraïsmes *. Ce
n*est que rarement que l'arabe les reflète, comme, par exemple,
d^5B ^îi, traduit par minbN nNan» (xxiv, 23) et par naetna
rmnV»*. Là où le texte, selon un procédé cher à l'hébreu, remplace
Tadjectif qualificatif par un nom abstrait, S. se conforme le plus
souvent aux habitudes de Tarabe". Môme remarque pour la cons-
truction avec le participe et Tinfinitif construit. Ainsi, il traduit
WD3 wn *«tDm (viii, 36) par noDi ûbù npc "^sNaà» \w^ et mtea
(v, 11) par-^DD «-TN. Ce que l'expression gagne ainsi en clarté
elle le perd en vigueur*. Là où la poésie naïve répète le môme
nom au lieu de le remplacer par le pronom, Saadia le supprime ^
Il se garde des répétitions môme quand elles paraissent être un
ornement, comme as«b ù'^ pan t2T'D nn»"i3n û:^» m3iD 13^73 (vi,
10). De môme, xxiv, 34; xxx, 21-23; xxxi, 4. Souvent aussi la
version ajoute, arrondit, complète, jusqu'à toucher quelquefois à
la platitude. La concision de Toriginal disparaît, tellement le
traducteur a peur de Téquivoque et de Tobscurité. Des conjonc-
tions explicatives sont fréquemment ajoutées". Lorsque la com-
paraison^ dans roriginal, ne parait pas suffisamment intelligible à
* Cf. m, 18, niDN» rr^^wm.
« a. xvm. 1, nicD «pa-» mNnbini. i9,yn« no*^ n^D^na 'n; nv, 32,
p^nit nmna nom.
» VIII, 1, rtbnp inn ; xvi, 2, rr^a *^t ; xvm, 5, ^tt5n-^3D ntxo ; xx, 10, )m
nB*»»*! nD*»» pNi; XXX, 11, vrj^a mnta.
* Voir aussi, n*^» ntJ^rt (vu, 13), «nn I^DiS «^D (vu, 23), d'»DÉr*Wfcp (xiv,
17), Û-^DD a'^Ù'^"» (XV, 13), Û-^D» Tl« (XVI, 32).
« Cf. in n"»lb (1,9) : nnNin p «ib^v, 9; v,19 ; XII. 4; xxxi, 10;xvii,8, etc.
• Voir aussi pour le participe, xvii, 19 ; xix, 8, 16 ; xxiii, 27 ; xxix, 12 ; et pour
PinEnilif, ii. 2, 12, 16; v, 2; vu, »; viii, 34.
' II, 14 ; Yi, 2, 3 ; xvm, 15, etc.
• La condilion et le temps se marquent par fi, çuand (firiw, v, 6; ti, 31 ; xi, 2;
XXVI, 12; XXIX, 12; 1«, m, 24; ix, 12; »xxi, 16 ; lb xxiv, 26; «73b, xxxi, 18), du-
rant (N733'^a, VII, 6). La phrase principale s'introduit par c'est-à-dire ("^rt, iv, 2),
surtout («Ta-^O, III, 29, 30), à plus forte raUon, 1« n-)n«D (xx, 18), alors (DP
Yiii, 3, 'D, X, 19) donc ll^b»,, xxxi, 31).
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 79
Saadia, il s'efforce de la rendre plus claire dans Tarabe ^ Le ver-
set hébreu n*a-t'il qa*an verbe, S. y ajoute quelquefois des verbes
synonymes *. Il applique le môme procédé aux phrases elliptiques,
ce qui leur ôte leur force épigrammatique, par exemple niD^
y^nsi ^sxrb (x, 6) traduit par nb«2V» o«na rwD'iab» bnn ^. Nous
pourrions encore signaler une foule d'autres diffërences voulues
entre la traduction et l'original. Ainsi, <bmii (x, 1), « bMn»N p» une
part des proverbes » ; naT» (xiii, 12), nb»» nns-» « multiplie son
bien », etc.
Quant aux autres changements, ils s'expliquent surtout par la
peur que S. a de ce qui est hardi et équivoque. Si Toriginal fait
pourrir le nom des impies (x, 7), S. Vanéanlit; si, en hébreu, la
femme de bien rit du lendemain (xxxi , 25) , chez S. elle ne
fait que se réjouir des jours à venir. Les nombres tout à fait
précis sont remplacés par un mot plus vague. Au lieu de sept^ S.
met beauœup^ ; de même, au lieu de cent (xvii, 10). Il remplace
même la totalité par ta plupart (xix, 6; xxiv, 31). Il s'applique
surtout à atténuer la hardiesse des paradoxes. Si l'Ecriture fait
tuer le paresseux par le désir, S. ajoute : « presque » (xxi, 25).
S'il est dit que pour l'affamé la chose amère est douce (xxvii, 7),
S. ajoute que cela ne parait ainsi qu'à lui. Bien souvent il ajoute
aussi c pour ainsi dire »*. Le messager âdèle remet pour ainsi
dire l'âme de son maître (xxv, 13); les dents de la génération hau«
taine sont semblables à des épées, et ses canines sont semblables
à des couteaux; le paresseux est incapable de ramener la main à
sa bouche, même s'il Ta plongée pour ai)isi dire dans le plat
(xxvi, 15) ; la tombe et le néant ne sont pour ainsi dire jamais
rassasiés (xxvii, 20) ; la sottise ne quitte pas le sot, même quand
tu le pilerais pour aUisi dire dans un mortier (xxvii, 22) ; le
néant dit potir ainsi dire : donnez, donnez (xxx, 15); les corbeaux
crèveront pour ainsi dire l'œil de l'ingrat (xxx, 17).
Dans les parties dramatiques, S. nomme les interlocuteurs et
place un mot d'introduction devant la phrase^.
Quant au choix des mots, la version ne suit pas une méthode
rigoureusement philologique. Le même mot hébreu se traduit bien
« Il ajoute ^li — «735 (xv, 30; xix, 5, 13, 25 ; xxv, 3, 4, 5, 16, 17, etc.), ou un
'D simple (xxi, 8), ou ^«nD — 'D [xxv, 18, 19, 20, 26).
« VII, 6 ; XIII, 1 ; XIX, 10; xxi, 14 ; xxvi, 14; xxix, 6.
» X, 14 ; XI, 26 i XIII, 18 ; xiv, 22 ; xv, 6.
* VI, 31 ; IX, 1 ; XXIV, 16 ; xxvi. 17, 25.
• VIII, 4 ; IX, 4, 16; XXX, 2, 15 ; mittî'^n et nbb?T»n (xxxi, 28) ne lui Bufasent pas,
il ajoute « ils disent ».
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80 R£VUË DES ÉTUDES JUIVES
différemment. Môme les termes essentiels des Proverbes ne sont
pas rendus d'une feçon identique. Les types du n^\ V»os, nana
reviennent sous plusieurs noms arabes. D'autre part, le même
terme arabe désigne plusieurs nuances ou synonymes de Thébrea * .
S. donne toujours la préférence à la clarté et à Télégance du lan-
gage sur la fidélité littérale. Aussi la version est-elle presque le
double de Toriginal. Dans certains cas, d'ailleurs rares, c'est pres-
qu'une paraphrase. Voici l'exemple le plus caractéristique. L'hé-
breu dit : « Je suis plus ignorant qu^un autre et je n'ai pas Tintel-
ligence d'un homme ; je n'ai pas appris la sagesse, je ne connais
pas l'intelligence^ des saints » (xxx, 2, 3). S. traduit ainsi : « Il me
l'a enseigné, dit Agour, après que j'avais été ignorant en compa-
raison d'hommes (distingués), et que je n'avais même pas eu Tin-
telligence des gens (ordinaires) ; et même une fois qu'il m'eut ins-
truit, je ne possédais pas toute la sagesse, et je ne connaissais pas
la science de Dieu. » Quelquefois la version est tout à fait indé-
pendante des mots du texte et n'en reproduit que le sens. Quand
les Proverbes disent ; « Avant l'honneur la modestie », notre ver-
sion traduit : « La suite de la modestie, c*est Thonneur. » (Cf. xvi,
18 ; XVIII, 12).
Il est évident que la version de S. tendait à être une œuvre po-
pulaire, pouvant être lue même par ceux à qui l'original n'était
pas accessible.
LA FIDÉLITÉ ÉTYMOLOGIQUB.
Tout en cherchant à faire une œuvre littéraire et tout à fait
arabe, S. veut pourtant que sa version soit le plus iîdèle pos-
sible à l'original. Quelquefois il conserve même les construc-
tions hébraïques. Quand il s'écarte, dans sa traduction, de l'hé-
breu, il lui arrive de s'en justifier. Ainsi, dans trW2 dîmD
hiDm (i, 1*7), où il rend irm par ûioa», il remarque que l'arabe
îi'»n'7n a dispersion » ne se dit pas du filet. En effet, ailleurs mt
est traduit par -^nn (xv, T; xx, 8, 26). Autre exemple : S. rend
rpœb « ton nombril » (m, 8) par ^bôan^b t tes membres », et il dît
qu'on a mis en hébreu le nombril, au lieu des membres qui en
* n-^a se rend par rT^a (vii, 17), bT3tt (vn, 6, 8, 11), brT« (xv, 27), n«p^ (xn.
14) ; les différentes formes du verbe *jbn se traduisent par bt^TD (i, 11 ; vu, 18),
y^n (I, 15), Npbu^TS (vu, 22), -i^ûbrt (IX, 5), n-^NDTS (XIII, 20); T^^ est rendu
d'ordinaire par ûb«Û, mais aussi par pD«D (xi, 7 ; xvm, 3) ; b'^OS est brtÉC, mait
tussi pTSrjK (XXIII, 9) ; 1^13 est nfcTra et nD«D (xxv, 19); d'autre part, TaribebriKâ
rend b-^CD, b'^IN (vii, 22 -, xiv, 9, etc.) et encore ^T2 (xii, 1 ; xxx, 2U
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 81
tirent leur nourriture avant la naissance; c*est pourquoi en arabe
le mot nnD ne conviendrait pas. Dans Gant., vu, 3, "yrTS^ est tra-
duit par rno* On peut donc en conclure que chaque fois que le
Gaon ne se sert pas d*un radical arabe qui correspond à Thébreu,
il y doit avoir toujours une raison spéciale. Une autre preuve que
leOaon veut rester âdèle au texte, c'est que la version offre parfois
le même radical et le commentaire un autre synonyme. Ainsi, *DV)
parfois est traduit par "raoi^ (xx, 1 ; xxxi, 4), mais le commentaire
(p. 108 et 198) a n-^aa ; de môme, vp'm est rendu vpih» -^d, et est expli-
qué par tKW. Enfin, les ressemblances entre le radical arabe et le
radical hébreu sont si fréquentes que nous voyons bien que c*est
voulu. Parfois la version arabe décalque presque Poriginal. Ex. :
•ob»-^ d-^sb» "^a (vin, 15), ^ibttb» ^bttn -^a ; i«nn TOnanosa (xi, 25),
DttJTn nD-ia^b» ODDbii; tx^w nsr rriD^a (xxvi, 24), naïn-^ rrhroa
•^Dérob» ; nwtaa nnn^ «■'b(xxx, 30), û-^rrabN its nNaâ n-^bb». D'autres
fois, il y a simple parenté entre les radicaux : p-^D"^ (in, 13), pou
(cf. VIII, 35; xviii, 22); û-^pm) (m, 20; viii, 28), prwniDb» ; ami
(VI, 3) îiarwi ; nbc*» (vu, 23) , ybo\ too» (ix, 5), tiât».
Souvent aussi c*est la ressemblance des sons qui fait choisir le
mot : yr\n (m, 18 ; viii , 19 ; xvi, 16), nst^npb» ; Ti (iv, 3) fiotân ;
yyn (vu, 2% atwn; «no (xvii, 12), ■^âfiW'^b; brro (xxvi, 13), ba«;
oian( XXVII, 7), Man; rr^tttt) (xxx, 28), rrsiîobfcn , rappelant
n">3i3o « l'hirondelle » de l'hébreu post-biblique.
Il y a pourtant des cas où S., nous ne savons pour quelle rai*
son, omet d'employer un radical semblable. Ainsi O"^!) (r, 14) est
traduit par oop, et ninK (vu, 20) par le 0"^^ arabe ; pour ^bo (xxxi,
13} la version a bn)3, et non nDb&y auquel nous devons Texplication
étymologique de cet âTtaÇ elpetxcvov. Gomme nous l'avons déjà
montré, S. ne se sert pas toujours pour un même mot hébreu de
la même expression arabe, il met une fois un radical semblable à
celui de l'original, une autre fois un autre. Surtout si c'est dans la
même phrase qu'un mot revient, la version se garde de répéter le
terme arabe.
ÉLÉMENTS GRAMMATICAUX ET LEXICOORAPHIQUBS.
Le commentaire des Proverbes n'offre que peu d'indications
sur la science grammaticale du Gaon. Pour la phonétique, il nous
donne un exemple juste d'un changement de consonne. Dans tmrv\
tpm û'^JWi (x, 3), il dit, en effet, avec raison que mn est mis pour
nnei. Il est moins heureux quand il identifie 1*173» (viii, 30) avec
\wn; mais ici même,li^fi< de Jérémie, ui, 15, le justifie, puisque le
T. XX XVII, »« 73. a
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82 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
passage parallèle de II Rois, xxv, 11, a vraiment iTWm *. De môme,
il explique tpiK (xvi, 26) par ^Dn, supposant une métathèse.
Nous rencontrons mainte juste remarque lexicographique et
étymologique. S. constate que ot^nrt (vi, 3) revient dans Ps.,
Lxviii, 31 ; riin (vi, 3) lui rappelle û-^aïn (Ps„ xl, 5), et darm (xc,
10); m^ (VI, 21) lui rappelle 13T3:^« (Job, xxxi, 36) ; à propos de
■pD» (XXV, 18), il cite "j^tt (Jérémie, li, 20) et no» (Ezéch., ix, 2)
quoique le radical de ceux-ci soit y^^ et celui du premier yns.
S. cite une série d*étymologies justes. Â propos de mxBn (ii, 18),
il mentionne Isaïe, xxvi, 14; Prov., ii, 18 et xxi, 16, et dit que le
radical a le sens de « se relâcher, s*énerver ». Il reconnaît aussi
querwnn (x, 1) équivaut à iw et qu'il y a parenté étymologique
entre aw (x, 31) et îiai3n, entre rrr^Ji'i» nn (xii, 19) et Tin ; il traduit
d^^DnÉ^ (xi, 7) comme in« "^îa (Der.-Lamb.).
Quelquefois, il établit Tétymologie par Taraméen, d'ordinaire
avec succès. Il suppose que rmVu) (i^ 23) a une parenté étymolo-
gique avec nViD (Dan., m. 29). A côté d'une autre explication, il
traduit an*» T) (xi, 15) par y-^^ y.*^ « sera écrasé », alléguant «bncDi
TTTfr^ (Dan., ii, 40). Il traduit ^:^ba (xxiii, 2) « dans ton gosier »,
d'après le langage du Targoum. i^^Tirvm (xxv, 20) est celui qui
ôte le vêtement comme x^d^iz inyrm (Dan., ii, 21). Dans maia
d-'P'^tst (xxix, 2) et û'^^TD'i mana (xxix, 16), il explique niana
d'après Taraméen : quand les justes ou les coupables arrivent au
pouvoir. fi-^Dn» 'mT(xxx, 31) est traduit par la racine nt, qui se-
lon MM. Der.-Lamb., est araméenne. S. reconnaît avec raison
une influence araméenne dans le cbap. xxx ; il Texagère même,
puisque ce n'est pas seulement •^'la, na et tnnrrob qu'il explique de
ce point de vue, mais il traduit X^db^ par « passion », parce que le
Targoum rend ntsu^ par V^b» ; il invoque aussi "^ab ^b73''^ (Néh.,
V, 6). C'est au nom de la grammaire que S. repousse l'explication
de . . .p»"^ d'^riBtt) (xxiv, 26) : t celui qui donne une juste réponse
est digne qu'on l'embrasse » ; il dit qu'il faudrait p«)V et non pvr.
S. signale surtout, dans sa version, les faits syntactiques. A son
avis, dans n^Dan in-^ 'n (ii, 6), \Ty> a le sens de « permettre, cau-
ser » comme n^a teb ûrh In3 (Ps., cxxxvi, 25), et comme "^aîa
TbT« »b^ TanDK (Isaïe, lxvi, 9). A propos de «pV» (m, 34), il déve-
loppe la théorie que les verbes facultatifs ont quelquefois le sens
déclaratif, indiquant qu'on met quelqu'un dans un certain rang;
•pb"^ veut dire : déclarer que celui-ci est moqueur, comme irnDtTï.
np'>T^m (Deutér., xxv, 1) « mettre dans la catégorie du p-ns
ou du 3^1 » ; puis mrtn «"«arr nt^ ■»n''nD 'n -^sê^ (Ez., xiv, 9), Dieu
> Bondi, Das Spruehhueh nack Saaiiia, p. 32f uolu 2.
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LA VlIRSlON ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 83
démontre qu8 c'est un prophète trompé ; et ^"^DnTO 'n nOTin ivA
(Is., Lxiii, 17), pourquoi nous mets-tu parmi les égarés? S. traite
deux fois du pluriel emphatique, à propos de D'^^np (x, 10 et xxx, 3),
qu*ii explique comme « Dieu saint» ; il y en a plusieurs exemples
dans notre langue : û'^b», û-^i^i», t3'>^s (Lév., xxiii, 2*7), û*^»!?» (Ex.,
XXIX, 22). S. prend &wn (ix, 12) dans le sens de ycf MVn, et il a
déjà pour ce phénomène syntactique le terme rnTais rtTaVs. Il
reconnaît justement que iiT (xxiii, 22) s'emploie comme pronom
relatif et il cite avec raison Ps., xciv, 2, et civ, 8. Une autre obser-
yation juste, c'est que la langue hébraïque emploie les nombres
cardinaux comme ordinaux. La version suit ce principe plusieurs
fois (entre autres, xxx, 18, 21, 29).
Ce sont là des preuves que le Oaon portait son attention sur
l'étude de la grammaire. &Iais beaucoup de détails nous rappellent
que nous sommes encore près du berceau de cette science. S. tra-
duit ^w^n (iv, 9) comme si le radical était 13a, ou bien il fait déri-
ver le substantif l^tt du verbe )Xt2 » . ît^»k et m)3É^i (ix, 4, 16), Z" pers.
fém. du parfait, lui parait être la 1" pers. de l'imparfait. Il prend
le participe "ww (x, 17) pour Timpéralif m73tt); vn»"^ (ix, 21) a
pour lui le môme sens que ûnn*»»''; nT^ nos (xxii, 23) signifie, selon
lui, celui qui a pris sa part de la science^ et il cite à l'appui noD^sn
n'nDD3(Ez., XII, 4). Nous sommes moins surpris s'il identifie nn'j
(xii, 26) avec nn*^. Il ne distingue pas les trois radicaux %a (xvi,
3), ^ba (xviii, 1) et nba (xviii, 2)'. Il confond le radical ûi» (xxiv,
11; XXV, 26) avec ntaïi. Après d'autres explications de û'^îtb, il
finît par le faire dériver de ûnw^i (Deutér., vi, 7). Il traduit û'^pT
(xxvi, 18) comme s'il dérivait de pn. — Il voit dans les noms mis
à la tête du xxx® chapitre ceux de savants ; mais en môme temps
il cherche à justifier la tradition qui dit qu'il s'agit de Salomon,
qui est mi^N, puisqu'il fait des recueils, np*^ "ja, le fils de David qui
réunit le peuple, car ri'p'^ est brrp'', où le 'b est tombé comme le 'p
dans b«:^nr bna (I Rois, xxr, 23), au lieu de pbna. Salomon est
aussi Itiel et Oukhal, bK^^n"»» étant semblable à '*mb'^« (Ps., xxii, 20),
comme b^i^ à nbD*^ (Nombres, xiv, 16); enfin, b^iTsb est le maître
du mot juste, car b^n^ab = b-wb, l'aleph étant paragogique comme
dans irP3T«m (Is., xix, 6).
C'est encore d'une syntaxe défectueuse d'attribuer à bbnn*^ (xx,
14) un sens transitif et à Tiionn dN un sens impératif.
» IV, 9, et, XII, 23, critiqué par Dounâsch et réfuté aussi par Ibn Ezra, ■jn'^ nDÏÏ3,
n-36, 51.
* On peut supposer aussi IMnfluence de Natir^ 23 b, et Horayoty iO&, ïl'^^in bD2
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84 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
En somme, S. marque le commeacement de la grammaire hé-
braïque, mais c^ n*est que le commencement.
LA MASSORA.
S. présente la Massera comme un titre des plus glorieux du
rabbanisme. Elle étudie TEcritare, en établit le nombre des cha-
pitres, des versets, des notes, indique les divisions de la Bible et
va môme jusqu'à constater combien de fois reviennent certains
mots. Pourtant S. s'écarte parfuis de la Massora, surtout pour
les accents. Ainsi, d-^niDWi tDDtt)tti pnat bD«rr -lOi?^ nnpb (i, 3) est
ainsi disposé par le commentaire non» nnpb, et ce ^oi» a quatre
espèces : 1» te^n ; 2* pnst ; 3« cdbid» ; 4*^ û'»-i)D»n. Cependant la ver-
sion s'accommode aux accents. La traduction de •»n5Dtt) n»5n "^î»
«3t7a« m»T7a ^\Tl^ iv^^t (viii, 12) fait supposer que S. a négligé les
accents. Pour ib-ô<b a'^n by n^Tmz na:^ abD '^sTJ^a p-^mT:, il est évi-
dent que malgré Valnah, S. joint nn:^ à nb^. Il néglige de même
Vatnah de «® nb nntt)^ û-t'ian».
Quelquefois S. semble suivre X^kelib, Ainsi, xv, 14, l'arabe ijtp
s'explique mieux avec "^îd qu'avec -^d du queri, A xix, 1, S. traduit
le «b du netib. Pour le dicton curieux «an [nelib Nb) nb dDn nbbp,
la traduction respecte le ketib^ tandis que le commentaire donne
les deux versions. Il est à remarquer que viti, 16, ou les mss. ont
d'une part y^tk, d'autre pn^, les manuscrits de notre traduction
offrent la môme divergence (A : "p», B, C : b'i^^bfi^).
POâSIB ET RHÉTORIQUE DE LA BIBLE.
Saadia, quoique auteur d'une poétique, comprend peu les formes
de la poésie et de la rhétorique bibliques. Les images un peu har-
dies, il les efface, môme si elles ne se rapportent pas à la divi-
nité. Il atténue la pointe de tous les paradoxes. Il est presque in-
sensible au rythme qui se manifeste dans le « parallélisme des
membres ». Il se montre partout raisonneur. Ainsi, les Proverbes^
ont cette comparaison pittoresque : comme une dent qui branle
et une jambe qui glisse, tel est l'appui de l'infidèle au jour du mal-
heur (xxv^ 19). S. raisonne ainsi : la dent qui branle se perdra
certainement, mais il se peut qu'elle repousse. Tel est le châti-
ment terrestre : il frappe, mais en cas de pénitence, on peut espë-
pérer d'en être délivré. Par contre, il est impossible d'éviter la
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 85
peine d'oulre-lombe ; celle-ci est comme le pied qui se d(Haclie et
ne revient plus. Le prince méchant est comparé au lion rugissant
et à Tours brûlant de soif (xxviii, 15). Pour S., le lion est le roi, et
Tours le ministre. Cette explication est encore plus surprenante
quand il dit que ceux qui boivent du vin sont les rois, ceux qui se
contenteraient des liqueurs les ministres (xxxi, 4). Un procédé
aussi étroit gâte souvent les plus belles comparaisons. On lit,
entre autres, dans les Proverbes que, comme le vinaigre pour les
dents et la fumée pour les yeux, tel est le paresseux pour ceux
qui lui donnent une tâche (x, 26). S. explique ainsi : c'est parce
que le messager a surtout besoin de sa bouche et de ses yeux que
les Proverbes choisissent le vinaigre et la fumée pour exemples,
a Les justes poussent comme la feuille » (xi, 28) ; les justes, dans
leur modestie, pensent qu'ils ne sont pas des racines, mais des
feuilles.
Si S. n*a aucun goût pour la poésie, il n'en a non plus pour
l'esprit. L'Ecriture suit le principe formulé plus tard parla tra-
dition ; rtnT m^^y btt) ntJ^'^bTa ynn nmoN msîf^b b^ « Toute mo-
querie est interdite, excepté contre Tidolâtrie » [Megiiilla^ 2(>). Les
prophètes n'usei.t de l'ironie que contre les idoles, surtout Tauteur
caustique du 2^ livre dlsaïe. L'histoire de Samson seule offre
quelques anecdotes qui provoquent un léger sourire. Les Pro-
verbes se permettent plusieurs fois des traits d'esprit. Or, le Gaon,
en philosophe rigide, reste inaccessible au trait le plus innocent.
Plusieurs de ses explications deviennent par cela même assez amu-
santes. Le texte dit, par exemple, qu*il vaut mieux rencontrer une
ourse qui a perdu ses petits qu'un sot avec la sottise (xvii, 12). S. en
donne gravement la raison : on peut tuer Tourse sans qu'elle nous
implique dans des procès ou qu'elle nous maudisse. Quand xx, 30,
recommande les coups comme un excellent onguent pour guérir le
mauvais, S. n'y voit nullement une plaisanterie, c C'est prendre
aux oreilles un chien qui passe que de s'emporter pour la que-
relle d'autrui. » S. en donne les raisons détaillées : celui qui saisit
les oreilles d'un chien n'a aucun avantage; il se salit la main;
mordu, il a des douleurs ; il est troublé par les aboiements, a Le
sot pilé dans un mortier » (xxvii, 22) fait faire des réflexions sur
les diverses espèces de coups.
En somme, le sens de la beauté de la forme et de l'esprit est
encore peu développé chez le Gaon.
Bernard IIbller.
[A suivre.)
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UN FRAGMENT DU COMMENTAIRE
DE JOSEPH KIMHI SUR JOB
(Ch. I ET XXXIV, 17, A XLIl)
Par une malchance dont ont souffert, en général, les écrits de
Joseph Kimhi, nous ne possédons qu'imparfaitement son com-
mentaire sur le livre de Job. Nous n*en connaissions jusqu'à pré-
sent qu'un fragment» publié, d'après un manuscrit de la biblio-
thèque Bodléienne d'Oxford, par Schwarz, dans son ouvrage sur
Job, «i5fi< mpn (Berlin, 1868, p. 151-166), et qui contient le com-
mentaire sur les chap. i-xxxvi , 30. Heureusement à la Biblio-
thèque Royale de Munich se trouve, dans le ms. hébraïque
n<» 260 S un fragment qui contient le commentaire sur le chap. i
et chap. xxxiv, 17, jusqu'à la fin; nous pouvons donc ainsi rem-
plir la lacune*.
L'authenticité de ce commentaire est suffisamment attestée par
certains passages des autres écrits de notre auteur; je les ai si-
gnalés dans les notes. Cependant il est très remarquable que les
textes des mss. d'Oxford et de Munich offrent, dans quelques pas-
sages, de grandes différences. Ainsi, dans chap. i du texte publié
par M. Schwarz» pour prouver que Job a été contemporain de
Moïse, il est fait mention de l'opinion du Talmud, j. Sota, 20 c, et
de Bereschit Rabba, 57, ce qui ne se trouve pas dans le ms. de
Munich. Inversement, dans celui-ci, Joseph Kimhi explique les
paroles de Bar Kappara, tandis que l'autre texte n'a rien de sem-
' Voir le Catalogue des manuscrits hébreux de la Bibliothèque royale de Muaicb,
par M. Steinschneider.
* J'adresse ici mes remerciements à la direction de la Bibliothèque royale, qui m*a
envoyé le ms., et à M. le D' Preuss, directeur du gymnase royal de Culm, qui a
bien Toulu me permettre d'utiliser le ms. de la bibliothèque de soo institut.
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IN FRAGMENT DU COMMENTAIRE DE JOSEPH KIMHl SUR JOB 87
blable. L'explication de Saadta Gaon sur le verset 6 du chap. i
n'est indiquée, dans le ms. d'Oxford, que par les mots instrrvo 'ni
'tn iSTD ronab. Le commentaire de notre auteur tel qu'il est
donné par le ms. de Munich est plus long que le texte publié par
Scbwarz; en outre, dans celui-ci, quelques preuves tirées deTEcri-
ture sainte sont éliminées. Il faut aussi remarquer que dans le
texte de Schwarz, le mot n» (chap. xxxvi, 21) est expliqué par
vhro^ nom d'origine romaine, tandis que, d'après le ms.de Munich,
il est expliqué par Tarabe ; or cette dernière interprétation est
celle que reprend David Kimhi au nom de son père '. On peut
donc dire que le texte connu jusqu'ici n*est peut-être qu'une com-
pilation faite par un écrivain postérieur d'après le texte que je
vais publier ici*.
Voici ce commentaire ; je n'y ai corrigé que les fautes manifestes
du copiste. Dans les notes j'ai signalé l'accord des explications de
notre auteur avec celles des commentateurs antérieurs et pos-
térieurs.
Simon Eppbnstbin.
COMMENTAIRE
^nniT^n ««în-^n dnmtab ta-^p-^nir m^t» tan'^^nn'^i ^nan*» [î54a]
aN5i rr^si*^ 'rr art»"^ ^n^N n» osnn nTDK^J n»D onb^^mb d'''7'»Dnîi no*»»
nsnmna nuîo 3>nT>"i n^nna nan bT yD^Taîri ,(Prov., m, 2i) nstn*^ la n»
!-tart« •»")'iD'» .ta'^pbn "^s» vmit'* ^y t^'tio'» "^d i^ian"^-! y'jv r<in
^^Dn ^N ^vwiuîn T'a'»iNb î-rTspî ■»"t)D^i o'^rna'^nD '^t^v') T^aîiiNb
r3fn av« n« iJ-^^nn p bT î-ran» nio-a tanyn r« t3''B"iO"ib'»B!n
•^«n »?^i2^ î-raïi» •^^no'^ "^3 nsn^i '-^sab tti^^ .x^'i'n n« ip'^'T^m
> Voir aussi ma note dans Monattsehrifi^ XL, p. 175, note 1, où j'ai indiqué une
autre difTérence entre le texte publié par Schwarz et la citation de David Kimbi, rat-
iacbaot le mot ^TH à xxiv, 1 (Schwarz, p. 160).
* Remarquez aussi que, d*après le ms. de Munich, la distribution du livre de Job
est différente de la nOtre ; voir Blûth, dans Magasin, XVII, p. 199, note 1.
• Mt. -^afib.
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88 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
>mom -^nbma ann irrctt 'nTswD i?3D «an ûbt/^^ ûna« rîT b^
.(PS., Lxxi, 21) ■>Dttn5n
nra» tznna» bu) pT nn«b -^d • nni-» ,yn:? yn^a rrn ©-^k .Ch. i.
,12^13 n» n\"i rr"^ nran no» ûmpn .iti» mn3 "^Da» "p:^ -^d î-rn
aT»x HDDn rmn "^^înin ï-T©»n anD rroTa ^nbapn?: ns-rab© naD
i«nD n\-î bo» «bx Nias «bi rr^n «b ai\x » 'îD'»Dn73np •nTD^u) rrQ^
[155 a] -«sab bioab r<bK nnii na^b rT\T «b •irwDm irsnas irsiTaip
,rT03^ mat73 b« amp jû-^nb» nt^i tina^ n-^n nain no^^n on .dbTj?
Kmna nar .û'^aa rr:?ao ib nnbT'n .nc:?n «b ma:» ,rn» -^dt
ta-^nsan maa-i» •'ba "^s-» , rra-i miari .nnsp» p nnNT T^b:? a-^am
♦ nwana ,ûnp ^Da ba» bi'7:i .t^nnn nsp^b T»-ia:n ^zh l^\^y'p'lJ>^
*]nn7a l"»x "^a vn nvisD .ûn-^m-^n» nuîbob .nno:^n in^a'» D">npn "^a
•^3^1 ^niT^an i» J tscnp-^n .in^03N r<ba .nn7aiab ù^m nabb noiwn
ûvn •^n'^n .aaabj d-^nb» na-ian n7a«i2) i»a i^mbij^ nb:?» rr^n pDon
ta'^:?aip "rn &ij< "^sa "^a l'î5<:i rr^n^a ai iDTT^Da •'<n\x-i tixia-^i
•»m»« " ainan n7a««3 n»a ta-^nb» "^Dai ,ca"'Dianysn ^nna m»ana
* M?. ailSn^, erreur de copiste produite par le verset précédent du psaume.
* Cr. J. 8o:a^ 20 b^ vers la iio, et Ber, Rahba^ ii7. Cette opinion est aussi celle da
Saadia dans son commentaire, qui Vd être publié par M. Bâcher. Saadia appuie cctie
explication sur ce fait qu'Elihou est dit descendant de na, fils du frère d'Abraham
(Gen., XX, 21), et que Bildad est appelé descendant de nv«a, Hls d'Abraham et de
Ketoura {ihid.^ zzv, 2). Ce sont les mêmes preuves invoquées par Nahmanide
dam son commentaire. Pour montrer qu^Blihou descend d'Abraham, le Talmud de
Jérusalem (/. e., 20(/) invoque ces paroles : D^ rinc07a»i Job, xxxii, 2, et Pidentifie
avec Isaac; cf. Hascbi, ad, l,
» VoirGen., xxii, 21.
« Voir^a^a Batra, \Ab,
« Voir ibid,, 15 «.
' D'après une explication qui s'est conservée au nom de Haï Gaon, telle est la Ic-
Con de la Guemara, /. e, ; voyez la remarque de Buber dans son édition du commen-
taire sur Job de Samuel ibn Masnûtb, intitulé Q^^a Y^^ [Berlin, 1889), p. 2,
noie 17. Rabbinowitz, Dikiukê Softrim^ Baba Batra, 15 a, mentionne cette leçon,
d'après le ms. de Hambourg.
' Il semble que, diaprés J. K., OtOnp"^! a ici le sens de • purifier » ; cf. la ver-
sion de Saadia [Dos Buch Hioh ûbertêM und trklàft vom Gaon Saadia^ éd. John
Cohn, Altona, 1889, p. 18) ûnnna''1.
* J. K., à mon avis, fait ici allusion à Yayikra Babba^ 7, (][ui se rapporte & notre
verset t rTHN '^1272 ,ab "^nimn b:^ r<b« n«a mo^yrt Y^ tabvb
'nan TOb.
* Selon les mots de la conclusion : lINSn ^nai nsn ly, J. K. voudrait donner
ici un extrait du commentaire de Saauia ; cependant c'est peu probable. Ainsi, nous
ne trouvons ni dans le commentaire de Saadia, ni dans l'extrait de Bahia ben
Ascher, Kad Hikkémak^ article ïlTIâ^ari* la citation de Ps., lxxzii, 6. L*ezplicaiion
de ^"^30 ^y y manque aussi.
^^ Cela ressort de ce que Saadia donne au mot la^'^D^I le sens de ta3tn3M1, &
cause de la construction do b3^} comme Exode xxi, 14 (cf. Bahia. Le,)
** C'est ainsi que Saadia le traduit, dans sa version des Psaumes (ms. arabe,
n* 263 de la biblioth. royale de Munich, foi. 60&), MDM'IIDM (CIDn 1» « que vous
êtes des nobles ».
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UN FRAGMENT DU COMMENTAIRE DE JOSEPH KIMHI SUR JOB 89
mn^T t^ssitt It3tt5n"î ,(Ps., Lxxiii, 6) tsDbis ivb:? "^aai tan» û'»rtb«
boa d'HBOta vn on» ■'an npns: to'^-iDiT i-^n ntt)NDi , tan» -^an b^^
nban-^tt) n^apn aao niDx n:^ ^D'^nn b« nsi:^ pon ï-tt ïT»m ,aT»«
on«73 ib nnNi ,r<inn i^N73 nb nTSNi nn»» nb î-Tb:i3i jïit "^t^ b3^ nniDT
a-PK ••nn^^ bjf ^ab n)3«rr ib n)3« ,n'^3?a -^acsn Tûi-m mpn» .yn^a
t:'»^^ 'jntaxD ,nn3>a nDo rtn» r<bn .û-nb« aT^» «t^ Dsnn nt3«i
niaa ,ip''Tnb «bn rr^^nb ia nr^b un» tan« bDT< r<b«5 a-^ao ta'»r3itn
.mœaa yan ia *in"«. nb«5 nn:fi ."t-n^an b»i û-'îa-iDn bî< to-^^i:?!»
anii ta» dd-'SD ba^ mz'd .n^^iao iiU3b T'">na »t^3d ^y •ritDnD
mn ."^-^na .^-^îb ^y inn nta-^i ^-îdî pn ,taD'»'^na [i55J](Job, vi, 28)
vna (Nombres, m, 4) C3îT»a« 1"jn.i« -^Sd Saf »pi ^IGen., xi, 28) va.H
^n« aKr 'i*»:! n73D ,^pa::^a ,«-{T»a ib 'no.x bD '.nsn "^di .dn-^a»
av»K «c:n r<b J-int bDa (Josué, ix, 25) ^n"»a issn pT (il Sam., xiv, 19|
o»D3a )nyA 'n:iy *nb inn p *ib ^^ujn m73«5 iod3 n5<: ^« '-^di
■^rpT .nnçïjn iwd (Josué, vi, 18) tannn p n^® dn» pn • iîti^di
n:^a "ma^ nb 'n^KT onwina p'>Tn73 "im^ .Jn'^sttD dJ^oa mn«5 .tsT^rr
.^T'^a nsn .ij^inra vb^^ p*» iiD«na dn« nidnb narn*^ 'niz5»d /•mj^
,"3?-i v^«Da ar» n» T»i .nm3«nD "naD ■i;dd3 n» ^wx ,^par3>a
^^y^ ,T«i nbnb a-np "r<in -^d ,i"»noa avî< n» rr^n caon
'jxbtt piDm rr^rr nb^^T: bia !-Ta'»0''a ■>d 'o-irTan bj^ nioprïb «•»
^-l?D^r^ itdd *^dni nrDa »*b:f vDin» mn-'bo rr^jy-:? i"»3y nnî: rr^niDa
(Jér, xxxvH, 13) bDiD rrnx d-^n^dn b« «'"i^d bcm ,dnpm r<a«5 bdm
.■•SwH p-i rïab?3NT .in^i^r: nan î-rari n^ .Sdn ni< n-^ms^ irr^n'^d
n-^an s-tt bj^ ï-nm .d-^nnnn n^d t-T'»n nn"»73 nsdoa -^d *«i73b»
' Voir Le comment, d'ibn Ezra.
* L'auleur veul réunir ici les passages semblables da second chapilre.
» Saadia (/. c, p. 19), *]a nDD'^B bapnO'^ db 1» « s'il ne se lournera pas contre
toi et 8*il ne le désavouera pas ».
* Voir Saadia, ad, loe, (éd. J. Derenbourg, Paris, 1893, p. 18), ÎTlina.
< De même Saadia (/. <;.,p. 193), fîn^na.
* Saadia (éd. Cobn, /. «.], "^nKITS "^D < dans ta volonté >. Dans le ms. de la Bol-
léitnne du commentaire de Saadia, on lit ici yr^ "^B (voir Cobn, p. 106).
^ CVst le môme exemple que cite Saadia ; et c'est ainsi qu'explique Ibn Ganah
(roir Kitab al-Onstoul, 274, 30, et la traduction hébraïque d'ibn Tibbon, éd. Ba-
dier, p. 188).
* Dans le texte publié par Schwarz (p. 149): IB^Sa y^tlb *ian "^b n»«n «b^D.
' Voir aussi Saadia sur ii, 6.
*® Voir Maya» Oannim^ p. 8; I. B. cite une explication presque semblable.
" Voir aussi le commentaire de Saadia (/. c., p. 21) : ^bb» "^bw ai03)3 bJBbN
Hfi^nob TVp^:!:^ Ê<b "ÎJ^. • Ce verbe se rapporte a Dieu, parce qu'aucun autre ne peut
faire cela. »
'• Voir aussi Bahia, /. c, p. 9.
'> Peut-ôtre faut^il lire ici : "^^^ b^» ce qui donnerait un sens plus acceptable.
*^ Cest-à-dire, le Satan lui mÔme aurait tout anéanti. Dans le texte de Schwarz
(p. lîW)), la chose est dite plus clairement : dmK ?lbdî3 ÏT»?1 ^^^ba?^ "^d.
» D'après D. K., ibBD, en cet endroit, a le sens de natin?! ; Ibn Gan. l'explique
p«r dïia na^as, comme nbB'»n, Josué, XI, 7.
»• a. Vayihra Rabha, 17 i rTpbl731 na«5» N1Î1 C)».
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90 REVUE DES ETUDES JUIVES
tsibn ,nab5D3 'n'^TH "^an -^s .nnab tsiin wb^s r<b sr^n n-^an
'ly 5^33 î-tT ,'nan» nr n:> •»n»-iBn .naMa nwxb û» -^^ î-rabTDWi n»»^
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ntt'nD'» «b ta'TN "^53 ib-^DN ,^'ian'' ûdct: t^i© .xxxiv, t f. [i56 a]
SnnNi ,aD«5» tsisi)» niïiid cabs» nnnnD© ûik \aaim bm^iz taïT»bjr
prr» d^rn nioa ^bTsb .b^^-^ba ^bTûb mwNn .û'^T^aa b:^ -r^aa p'^n:^ ^^•««nn
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.bin ^3Db rrb"i:^73m r<«i573ni y^^n v^tb na3 r^bi û-^no ""^sd nwîî
ûT^a nna:^'^n ^y wy^yy i3na:n r-is^a .^"«n "^sa ba dn nT»a ,nnn)3'^ j^in
in-^a Nb , tsTN •^saatt) ta-pmm d'»T»aN ,m73 ■•anba ^'ro'^^ ï-ib-'ba i»
Kb pnn înt » UD^Tan b» mar ta'»u3'« ^•'n b:? r<b "^a .dniN m*»©»?!
I^^ib r^a-»» 't:? tano'^'^ Nb« ,aDU7aa ntiy ^nbnb uj*'» br db'î:?b ta'^O'»
canb Y^^ .to'^Taa y^^ "isiitn n^^a -^a da*^ n^ b:? dnb n?3K'^n dn^jy
î-tb-^b ^Dm ,nNdnn''T nNaT»T .n)3i:;-ina t3n'«iaj>î3 .caïT»na3>tt '^-ipn
(Job, IV, 20) inan-» a-irb npa73 n^K« iTaa i^b-^ba in dT^a ipitd'^i ,dvb
.ts'^N'n dnpwa ,nan ,t3psD d'^s^uîn nnn .(Ps.» xlix. 13) l'^b'» ba -ip-'a
ifcoa'' ca-^bnb 'iy^iw n» ba ,bn nps^î: T«b5^ r^'^anb ,a^K ba "^ra^b
tan» b:t pi "^na by a^-^^n*» "^Tsn a'^p*»^'' r^im .m«5 •«aNbttb tara*»
dn» M2y by T'b5D'»iz5a • qm d^x ^b73tt .imo'^i va-^na yp rin^i ,nm
•«nN^D m^Nïi b» b» -^a ,tsi"irï taïT^mrs^Tsi ta:^ •^ujipTSTa ^iTaa t|:n
y^ni cisn r<in s-iT^a » tsiîT'Tana [156 b] d'»'nnNb irr^b» n?:» ,bnan» «b
ca« .ca'^pnbrr ^nnd ï-imnn d» ^-^by r<ab i-^-no-^n nbnn dv» •'a
nnr tsian« «b ,bnanN «b ,'c^*no''» ï-Ta*^ï^ -^nbaDi "^nfitUDS b«b n»»
ta» •^D'»mn î-rnN ïnm» "^n^ba ,b«b •ntaiwX ïr^n ik .irp373 mrr Tfin
^m« no-'^a rr''n dN .ns^jb;»'^ yoyjzr^ ^TSNb nb ï-r-^n ,11» •^nbjrD
•^5 inoN?3 "^d ,^7373 ta-^nibïîn npib rr^n «b rTb«7D d-^op t=i'»*nD"'a
TïiTTa -3N Nibn 'nnndb ^--b:^ rr^nia n?2 l'^mo'^a riDwX^D .nnan ï-îp»
yj^-rr» ^?3r7an ♦ «'"'t ,nai n:^^'» în72i .«n-^aT» d« "^d ^iwd taan dn«b
malien by nx3 ns^ ai-»» ina*^ -^aN .-^sn «bi imo'« ^'^by N-^anb Mît-r^oa
■^sab pa"» *"ini?3 tana ,n^3 13^ ai'^x pa*' to-^TaiDaia -^a» ,1"in "^lasîo
rrpb an*'» TiTsfi^b nania'^o ,iin -^iDD^a rma«n vn*^ NibT ,TT>a'^n ub'yy
,ycD "inNian by ti-^OT^ "^d .nsns» isna^s ^-^k d"»nbN nan:? rrm
»■» riTa-^bai niaia ,*pnDD'» iD-'S'^a .:?m:d cidt» vy^^ by mim tsibo
* Daos le texte de Schwarz (p. 149] : \dD:!l ly ïlJiS 1T ïi:?173lD.
* Le sens serait, d'après cela : < Dieu ne donne pas à Thomme Toccasion de dis-
puter avec lui. • Cela me semble aussi ressortir de la version de Saadia (éd. Cobo,
p. 75).
* Voir aussi le commentaire dUbn Ezra.
^ Voir le commentaire de Raschi.
* C'est-à-dire que la peccabiiilé de Job soit conouo exactement par tout le monde,
comme par une enquête pénible. Ce sens est exprimé plus clairement dans le texte
d'Oxford (Schwarz, p. 165) : ^y^D^ nbri.
* D'après cela, J. K. explique le mot pIDO*^ ^^^ le 6ens de < battre •, comme au
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UN FRAGMENT DU COMMENTAIRE DE JOSEPH KIMHI SUR JOB 91
.bfcïb Yntt« ï-ia^-» '^'^»i2 piDD''i î-iD-» li-^a-^a ,ï-ib» ï-itt53>tt» nsb
po*» ïi» ^WNn -^D .b»ïi pnsttt nm-^ ,biiT3 * "^pnsfc -^rinTaôï .Chnp. xxxv
tnbj^D «b n»ûn dN ,''nNr:n ï-iiin»tt5 b-»rT^ rttt ^aba aitt5nn ï-in» .'^b
b-^^^v ^n»D ttî-^Kb ^pnssTO ib nbrnn ïia np^sfc d«n «^ttisrb '>'d ïiJ^n ib
ta'»3^u3nn •'D «ip-^rn ta-pitt53^ ain» .^3>\Dn p-^T*»"! *T^nipn3fc Ss [157 a]
n^Tsbn Dwy'i »'«5Çb5 .ta"»ytt5-in ip-^j^T-^tt) .ea'^pyiT ûm e^m^< e3'»ptt5i:f
i3->DibÉW3 ,(Prov., XV, 28) c|ibNn i« e^im ïnororr ci"bNn ^la^^a
tnN t^'JT:'» nb73a înnoTOttj nto i«^n nv înnonsi ,(Ps., cxuv, U)
ni05i il'î''3Nn in;D (Ez., xxvm, 16) t|*i3NT intti-n (Jép., ix, 2) lasiiob
D-'rtb» toss^-» Nbn d-^a^n iiKa -^sdtd b^b np^T"^ ta© .t^"n -naj^a n'^-^an
^n«5i b» yttiû'^ t^b t^i\D *]« ,^m» Ti^y* np^i t^i;233 p^^tnu) nr»i
imsn «irf:53> irnb» sn-»» ^»n e^bi ,:^ï5-in bj^ ^m ,îrT5'ii\D'» «b
ni3Nn «^s c|« n'»by »m'i3:^73 y^xi^ tsibi ,nb'»ba m-r^wT nb ta^îo^n «ai:
SrT33>"»U3 p:^Tn iSK^n «b "^a niOKn j'^m» nc^Tîn iniNb i3-ii«5n r^^b
•»:« dm nb brr^si ob bbinm rsob e^^-^ï) e^iïi i'»n T'iob x^^i .^m»
npD tina^ an-»» r^iyn^ csrTo bj^ id» ipo v^ "*^ "^^^^ •^'•n ^^"^ ta-^^ano
n«73 nx^ ^ab toiip ïTi:^m ^^••«jT^tt) *ï-T5Da j^^t^ ir«i vhy id« b«n
n^iD seaia^n irab tsdi ,&'':^u5d)3 d'^'ipn^a ,tiwo a^a in» lasa ,Nin
.■«la-i iniab n:oi
a-ipi (PS., Lv, 10) tasiTSb ^bç bpiaa "^nnar .n:^T "^b ^na .Cliap. xxxvi
rT 137353 d'un ,pin^!ab ■♦:?i Nia« ,(Ez., xxxvii, 37) nnx bN ^in» tom&^
ïHiry ima (Jér., x, 3) inna 'ny^'D yy ^^ ,T\^y piab^o yy bptja
■»^on tania [i57ô] mi73^n îrib^a tu^t ^« .p-^D^ ns-'n ,(/dêrf., vi, 6)
bit« ,nmi3 y-i«?3 irn;a (Job, xi, 9] îrrnTp ynx» snan-iN 172a .îrrapsïi
tonTo T^O"» "^a «"■'i ,*nnao (Ps., lxxvi, 3) îao .nnss (Prov., vu, 8)^50
verset 26. Lévi b. GersoD, dans son commentaire, dit : d^'^H'^T l^oa pIDO^- C*est
ainsi qu'il est expliqué par Mo!se Kimhi (voir Schwarz, ^13ô< npn, p. 115) et
Zerachia b. Scbcaltiel (voir Scbwdrz, / c, p. 272), tandis que, selon les autres com-
mentateurs, il a le sens do f satisfaire >, c'est-à-dire il fait assez de paroles. J. K,
dirait : ■ Il nous bat, parce que nous sommes nous-mêmes bonleux de ce qu'il parle
beaucoup contre Dieu. > Dans le texte d'Oxford (Schwarz, p. 165) on lit : ^a*^ ib
n®Ta. David Kimhi réunit les deux explications en disant na"1^1 T"ia*7 p^DO^
137373 ^D'^'^an^ Nb;a 13'^3'^a dmi^. ll me semble qu'outre la dilTérence d'explication
du mot piSD'^1 J* K. a suivi ici Texégèse de Vayikra Rahha^ 4, citée aussi par
Raschi.
1 Le ms. a bfi<b.
* Voir aussi le comment. d'I. B. et le oommenf. dlsaîe de Trani II (Schwarz,
/. c, p. 60).
» Peut-être faut-il lire ïlblJ^» transposition do mbj?.
* A mon avis, la leçon du texte d'Oxford (Schwarz, p. 165) 3^^tt5*1îl^ est plus cor-
recte, parce qu'elle est d'accord avec le mot suivant. Si nous lisons 3>^©1^©, il faut
admettre qu'il s'y est môle aussi la version et l'explication de Saadia, qui le prend
en ce sens : Jub ue sait pas que sa récompense sera grande dans le monde futur
(voir éd. Cohn, p. 77, et le comm., ibid.)
' Voyez le Targoum d'Onkelos, Gen., i, 22.
* Comparez ce que J. K. dit dans sa grammaire, intitulée Séfer Hatùkkaron (éd.
Bâcher, Berlin, 1888, p. 27, lignes 1-9), et voyez aussi le texte que Bâcher a publié
dans U note 2, diaprés les mss. de Berlin et de Munich par rapport à Jér., vi, 6,
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92 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
n» IN ng nny: ntarD nnib b^v ni^b ^Nic'^ttJD dusïri i3'^"»irDn t-iDO-in
Ssi"» "^D «"••1 ,15 IN iç XD pi ï-ins r-iD IN ip nap .rrny n? iî:d
pT ta"»''irDn Sbsn / ism^ "^-nx eanii: i^^d D-'-^irDn bDa cna nnnb
'>''DyN ^înns^ înaia -^n^^i Jr-ribn .ona -laT' «b &"»-»irD e^ba ^n ,obiDa
•iwiN ,pnis IDN ib^^iobi r»n-iDT© pCN^a ïT'ntt) ta"'73''r: ^by nnay •'d
m^^n d-^):n n'p^ «bi std -itdin Nb ï-itm .înnN r*^bn p'^nss t^in '^d
tsN .riDi îr-TTDana ,ab riD .^"«aD onts"^ «b ,e^in n^N -^d ,nTn -.a-ja i?2j^
liN^ inai\D"'TD -ion7:b û:tn Sa-^-) ••513^ -^bana ^nDb-» in û'>p'«Ta c»moK
û'^^-'rDa ûmîuîi- aiaa trpTD'» nba-' 'M tn iia^^-^n i:^^:^'» dn ,)arr>r>
/•^nspT^ "^nn» (Gcn., xviii. 12) "^mba •»-inN i7:d iba*^ licbn ^T^n*^ û'«73-»:PDai
n-iia:^'» nbuja i^^tdtû"» «b ûnt .û-'Sî)'^ D'»^:iai (Jcr., xxxvin, 12) nnano ■»-»ibaT
i:^nï5*^ Nbi o:rai q» iw^^d-id ^n^sa û-^ssnn ^nni .rTn-^m na-^nn e^ino
ybn'' .ca"»i:^D n:^na nruTD*» ,t3©D3 nyn:» n-.jjn p by ,d^DN"»a Sab
•^073 /^niN rr^on ^dn .«^rY^on ci^i .noi73a ûsth ynba ba"»i r3:ra -«s:?
e^b .n-'nnn p5:i^ t^b anna ï-ib'»nna rr^-^m *T»b:t e^an nisn ann^a nîs
r-iNb73 :^Ta-i i-^i nry^ „[\ts a] i^an t^b^o ^snbts .rsïanpTaa patiï: rrn
ûDttJTDi l'^'i na t:">o "^Ta ba ,*^y^n by tr^av ^3'^'n ODias nr» y©n i-»na
^^niN n"»on ci^i n7:N;a i?:d ,^n"'0'^ p )nizn "^a .im» û'^awin t:n p^iti
173 pDOi ,Sap7: nriN^ nipbTDi pQO »ain73 îrT7:n '^n'^O'^ p "n^sTan
Sn "ica ann .(Nombres, xxiv, 10) rea rx pco-i ,(Job, xxxiv, 26) opoo
.ea-^nan n^bia ib l^^Tarnb T^-ia: *pia:7:ai ^iixTaa t^in;a -«îd ba ,^û^
ira» apa^"» v^t ûn'obD-j ,Sn7Dnb7:b i^iv^ nn^i n-^nTa p "»nnNn nbcn
n» yn-»i ntnbTa ,aTN7a tz'^iy irrû .'^sb-'strT ••nrop nban ,in-i5: na^a
^Da a-ï .^•'maij^ by ,']'^by ï-nT«\a it rinn av^b ^ton ï-it V^t ,ûm
^m3^ îrT'n i» ,^ira t^b "^yyo ^r^y^rt .^b•«i:73^ ^m» JrT::73 ïT»rt t^b
Sa ^niN d-'b'»i:73 vn 1K nasa îrT>nn «b\D ^nbem ^nj^iia ib b'^^^nt:'!
yœ^ -«iint: (Osée, IX, 16) earaa •»^7:n7a Sptt5a ottj -^asTa^Ta /na '^^u^i:
*]« ,mwn dna '^niK ts-»b'^3t?3 vn «b JrT©b« ï-ibn nîa» ,(Ps.,cxl.9)
> Ce terme n'est pas clair pour moi ; peu'.-ôtre a-til le sens de suffixe du phrùl,
parce qu'en un endroit J. K. exprime, en tfT.t, le pluriel par le terme bba ; voir
Zikkaron, 13, 6, et ma remarque dans la Monott ekrift^ XLI, p. 116, et ibid.,
note 1.
* En cela J. K. diffère de tous les autres commentateurs ; cependabt cela se trouve
aussi chez Obadia Sforno, dans sou p^]iS UDlDTa, imprimé à côté du commentaire
de Simon b. Cémah Duran, à Venise, 159i\ p. 170 a. C'est ainsi qu'il est expliqué
par Zerachia ben Scbealtiel (Schwari, p. 274*, qui combat les opinions des autres
exégètes ; mais il prend les mots «^Jt "^073 en ce sens : "^073 nbap© ^maOl
nat d^N.
» Voir aussi I. E., mana *]n'»D'» p.
^ Cette agada, dont lorigine est dans le Midrasch Tankouma^ éd. Bubcr, Vûyiuk^
lahy% 6, est citée aussi par J. K. dans le téfer Haggalovy^ éd. Mathtwr, Berlin,
1887, p. 43, art. d^Hina, et dans son commentaire sur le livre des Proverbes, inti-
tula npn '0 (éd. Breslau, 1868, p. 32) sur Prov., xxiv, 10. Simon ben Cémah Du-
rân dans son commentaire [ihid.^ p. 171 a] cite aussi cette explication au nom du
commentaire de J. K. sur le Pentateuque.
" Voir aussi l'explication grammaticale de ^li^TaKT: dans le Séfêr Haggalouy^ l. c.
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UN FRAGMENT DU COMMENTAIRE DE JOSEPH KIMHI SUR JOB 93
n:^"i3na ^y^p • i72D yro •^nïj-iDi ^ma© n-'tDT: n'^'^Tt ^Tin n"»'^n dN t^Dy
.]nNT liXT (Job, IV, 16) jrT«D narop ï-inbiyn ï-ina t^-^rjuj Tib^y •i"id Y'nrr
rmsfcra ana û'^aD^rr n*^:^» r^ni ï-ib"»ba t|xi© ï-i"»n ,« nb'»brr ciN^rn b»
rnrraa onnn •ïnis-»i ,£3731^7273 dnnn ,to''30'«n d-'Tdj^ »mb3^b int
'j'ï-no"»a ♦*pDD5b r-nna jt-tp» .-«dj^^ rn-iriD riT b:^ "»s. (Josuc, v, 8)
maanb rt^-i-^^îD troa nb:r7:i inDa a'^aiD-» S.^ p [i58^] ■»33>?3 ^nv
•^amrr 1» îrnian ^TibiûTDi n-n):T b'»DtD7: imas ••Tai û^« mibynbn
îTTDb^Dna HD ^3T «bn ^nnasna n^ înn *{Job, xxx, 19) ^Tannb
'n73«t3 i»s HD Jr-TD-^-ii: nnaam rrr^-i'^n bp •nana "^d maj^a ,m'«-ï'>ai
: û-n-^ttîn n"««a
nT^n-^rr r:bpi ntt)p tint: inb-^ia na-i*T»a t-nba^nnb
ii'^:io nmba^nb .Jrrm-'n'' nbps «"«n nbi^ra p» lias
•p^b rt"Tj ^ntt)»?: nba^o b'^iam t^"»a«n ï-in» ,ib:?D a-^attîn •'D nst
to-»» -Da3 3^-ïr -^D n:?i û"'73Cin "^^d:^ pinnn la^^a-» n©» ton» bD
)n«n 173 r-ibi:?n lorn t^nm ,tj"»» ^naj^a to-'sa:^ to*»» ipir rut
•nn*» TN1 to-^a^a y:,^'^^ ,^NDa a-ny «iioba e^npsi ûnn ^laj^a
C|« to-^TD t^t: ibr rt-inpn noDTob nby^aa rtniprr i«53^b b«73 û-^TD^an
,T»73"»>3 inbT» y-jKn l» îrTb:>'»u5D T*»n im« ,'2y "^«isto ^a*^ toN "^d
vbj^ C5n2 in ^nann to'»7D«5an inn*' tn pyn ay na:3 nb:^"» dn ^«
l-»!"» toa "«a ,inDO e^nm na^jn noD» to-^n "^oto ib-^DKi ,1-1:373 n*iiN
rn73n ,Sti5 npi-» /-i-^asTab ban» in-^ DysTS"» ^;D»a ^o-^TsiïJaa ,to''733^
D« -i''aa73i ,^pva -i'»aa73b inn ,SnwS73a rrnj^ !rT»n ^3"»na î-irr^ntt)
/Osce, xiii, 3) to-«a\2573 bbai ,(Ji>i), xi, 3) to-«ba73 i*^«i »*a3fbm iTsa nan
—1:373^ noa"^ û-»DD 3>-in ^3^ ,**^in noa 0">Da Sy ."^mD-ïD no«a
1Nb73 '^1^ ^y y^3D73a ,ayn b:^ ft^-^by lar'^i [I59a] nn"» e^bn aj^a
S:^T n73« pi ,na73 inn e^bo rr^by ï-na:-© to'«73\D5n ï-rb» ^rnv
^«b^ -^n-» b:^ îr-TT ma:-» ^-.aan ,(isaïc, v, 7) n'^a73n73 mss« D-^aa^rr
1>ib73 iniN ^y ,vhy T»m ,rT»b3^ srni:'«a ,y:^Zi^^D nmK)3 **nnv«
* Voir Sé/tr Haggalouy, l. c, et p. 85, irl. 3rr.
* Ici J. K. o^est d^accord avec aucun des exégètes, mais son explication est la
meilleure.
* Dans le nos. on lit 1733^, qui ne donne pas de sens.
^ Voir l'explication de ce passagd dans le MidrdscU Tanhouma (ancienne édition),
Ifiscipatim^ § 11, el dans Sehemot Rahba,, 31.
» il faut lire -iDTI.
* Je propose de corriger ici en Slbp, ce qui s'adapte mieux au sens do la suite.
^ L'origine de ces vers ne m'est pas connue. Le mètre est "^ w v
* Voir la préface.
* l>drcillement I. E.
*•* Il est remarquable qu'en cet endroit J. K. dit (Schwarz, p. 155) : Û''ba73 l'^KI
•> Ici J. K. suit l'exégèse du Tur^'oum et de K. Assi, dans le TalrauJ Taanit, 7*.
Celte explication est aussi adoptée par Saadia dans sa version (Cohn, p. 79). Dans
son commentaire (ibid.)^ il dit que D^DD est une ellipse pour Û^DD TVDyT2y comme
-n-ï«S IXap ^Jo€l, II, 61.
" Il faut lire inK73.
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94 REVDK DES ÉTUDES JUIVES
Sna C3a«3 û^inn p i:?n .nrnarr 'ia«5 ï-isp» i:^n Ta-^ nmb«
nnT*T "^îD rb:r T»r (Gen., xiv, 19) n^n^ ï-i5ip 1» ï-iDp» ,lPs., ii. 9)
^y n-^r ,irTbi3^ b:t t|« torr^u):?» y^ btDi ,Dbi:^ïi t-nn"^^"^ maiob
Siri*^ l-^NC ï-T?3 ,p n»:D a:rn bs^ ï-nx'»iD yinn )t2 î-ibi3?n ^KbîDn
T^b» -iTinn r^^b *]» istst: nnwn n"»btt5 ■»t» by «b» mi^b û*n nuja ^ba
S:? t)M pi ,ï-lb-|3^ b3^ p 172DT 137373 "l^Vn ^9 ï-ll^*^ 173'^ '^nan'^ N1ÎT1
n-ivn is^ûb rtbv
VN«5 r^^irr^bN n):«i ,i)3ip73tt nrr^i -^ab *T^rp n»Tb C|n Chap. xxxvu.
,D3^na ,^517 nna .ts-^WttJ^n n3'*^3):a ht ar^n îsatt) t»D tab-w^a oa«
n^j-nû nriN^^ ibp\D7a ,inn«^ û^^TaiDn b:D r-inni ,pnan ^t^îr-^ vca ï-i>m
inn»*^ ,lJér., XV, 11) »^b aiûb ']'^n"»nu) ,lDanM v, 12) l'»^ap «n»tt 1'3 î^^^
p-ian "«nnN ,bip aNiD-^ T»-inN •ittttja ,"pNn nissa S:^ nm«i ,'h>'p^rQ
,(Gen.,xxv, 26) :iioy ap3?a «173 ,ibip ^^tttt)*^ -^d oap:?'» r^^bn û^^nrj Ka*»
nm .-ittôP abttîb "^a .o"»pnan m»^ "^^hn d-^tta^^n annôo Kb •'d p n«
[159 a] to-^x-^anTo^a « dintr» to^« ba *T'»a .^ipn •^73"» b:^*) to-^ttttjarj b:^
^laa^at ab "^m^ Sa nnœa^tt -««aN b:D n^^nb ,^tprj •^:Dtt to-^mr
©nan S3^D i-^aa» d-^itts ,nnp to-^nt^Tsi an» 173a irn Kam ,'rçn
an t:'»-)n3nn ^iniT ea^n ,(Lév., xxvi, 33) û"»naa î-t-itç «p o-^bro»
t:*^73 amn .nnpn •^TD'^a ea-^a^^n d'^st'^DTan toa 0'«333>rj ts''-iT73n mnnn
.ea-'bi'ian d-^Tan nnta'» mpa •'îd ,(Ps., cxix, 143) pi:ctti ^x i'^ p3ti»a
,(Ez., xxvii, 32) Ti^y dn-3a *T»b:^ inujîi n^sa ^nn-ja /a:> rr^iû'» na q»
cana în} Kbi "[Ta •'a ûna ^ntd"» .d'^b^'on na-'a torn »tt5i73« n-^amo
Ntnm ,(Ps., xxiii, 5) îTT^i-i "«oia fiujb •'-n ,ï-i3->p li©b (i^erf.. v, il)
,&*!» "^sa btt) tsb^^Db ,T«m73Dna ,t:b:?Db rnibianna *iDnnî3 mao»
•^aa nonb û« niLn«b t:» aaïab eax .i-^sj^b i-^î^^b Mnao ^onn»
niaiam ,r-T73p3 •»-no''T ï-ran» •^-nc to-^pbn 'a i-mo"» "^d i373npn
naiu ^«^ ,' pnocn nta 'iiv dm ea-^pbn nTsbtt) 13b œ-^ n«iy S«n«
Ta"»i ^aaiDb dN e^nn nn .ina^-ib rbj^ab m73\D niany ^•na'n îTnn«o
> Peut-être est-ce cette explication que vise Simon b. Cémah Durân en disant
(p. 174*) : «an pT3/iba (Gen., 27, 36) "^sapy^i ]To dp-^r «bt dapj-» «bn n"-^
•(•jas li-^KI tSp-^TTO 13*^« bina inrn dJ' d^nn -«D nTOns^a. Saadit traduit
nriT^ Nbl en citant "[NiLn "^api^a (Cantiques, i. 8).
* Voir aussi I. E.
■ 1. S. cite aussi Popini^ qui le dérive de la racine n*1T) mais il se réfère à
prov., 1, 17, nianrî n-nt?:.
^ C'est ainsi quUbn Ganah l'explique (éd. Neubauer, 669, 25 et suiv., traduction
bébr., éd. Bâcher, p. 472) en citant le môme exemple, tandis que, d'après I. B., il a
le sens de "ma *1''1K « air clair », ce qui est sembloble à la version de S^adia
{L c, p. 80). L'opinion de J. K. est adoptée par Zerahia b. Schealiiel (Schwarxi
p. 280), et elle est aussi citée, avec toutes les preuves, par Simon b. Cém. Durftn
(p. 175 i).
« Peut-être faut-il lire ]^^yj2'
^ Voir ce que dit J. K. au commencement du chap. i.
^ Voir aussi le commentaire de I. Ë. avec lequel J. K.,est entièrement d'ac-
cord ici.
^ Allusion à rEcclésiaste, v, 12.
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UN FRAGMENT DU COMMENTAIRE DE JOSEPH KIMHI SUR JOB 95
i^^n» V"iNn iD .liL-.Kb e^-'ïi nwi .inpnsb nn ï-isit ûikw ï-i3iîa
nba:« toviT» fD-inb ^on tz'niDy rv:i^y to-^s^iD-i ûn^ v'd;?» jrrma
(Proverbes, xxvui, 3) t\mo na» 173D aauîb .Sr-rb» Ir-T©bu5 bj> ^:373n p
[160 a] 1313:-) izjv^ inN'^]^?^'' nonb ea.s û-'p'^na: toniD iss-i^b faN
yiN m5:si apiDi ion /faim» "pN apu^na n^bisn ï-ib»»
,to'»pmDb iwy a^-^pnn .nm^^n iras^tD ,(Ps., lxxvi, 19) înapiûi î-tn^*»
•'NID ,î-iT û3^ nt ea'^pa'i Dm d-^pm ûmo to-^pn^ 1725? j^pnn "•rr^"»?!
fa'^sioib'^Dïi «^TiDn i^TSK pi .d-^Don in to-^bDno»ï5 •'H-in p^itt .psritt
loai-'U) nya ^b n»ix dn ^st-tt dt ïit fa-^pa^ ts-'bara -^^b^D û-^y^pin^D
•^3D73 i3-nN?3 'Ti^s^b bsi3 e^b ••ai -lîa»'^ tni2 •^DJ^-'Tirr ,d"'33:^n Cam»
n73 .yba-^ •'S TD-^N -I73N DN ,^b na-jN n» ib noo"» ta« .ea'^am *]TDn
iNn «b îrTn:^i ,ib ^««■'O ^"»-i^ 'nia'ib Nar*^ t^b )'>^'iy nno-'i s^ba-^io
ca"»53yn n-no"^ ^eannisni ïnna:^ mm ca-^a^^n "^ac» tan» "^aa ^c^aton
/d'^aa^b ea-inan^ mn ï-rn»-^ y^t^L'^ anTn 173D ^rr^siDiL mn Ka-'iDa
/(Jér., u, 7) 'sn -jia baa »ar!T ona .V'^n pi .ant t^np*» •'pD "^lai ba
ï^b tni>^^ am acttJTa .(Zach., iv, 12) amn camb:^» D"»p'»n52n «piam
m»« .aTain inn» niCND ,iniN n::y^ «b ï-ip^i:i ùd^j^ «5'^» ,ï-i33>î
r^m n-iT:i73 Kin ^« .inba^D-^ iriNT» ,q'»®5K imw-i"» pb .ai-»» ^aaa
«bi'«r-T«m^ nw n«m «b^n^m «b .bp pa73 im^sia e^3Ç ,imNm
.inr©'» dn ^ aba ^« ^y^y n'^'^Nia ina'^i»'»
ainan rnTDK©- i»a ^înns^Dn itd arx ns 'n p-^i .Chap., xxxvm
(Ps., xcvii, 2) va-^ao [160 à] bD-i:^i pji nw«i (Nah., i, 3) lam nn:?Dai ncioa
aoinn Tii -^td ^12^^ t^imbfi< ^r^sa T^bTDa 'n:^y T»tt5n)3 ïht "^to
n^p ^b nroD "^sk yvz^b nstnn d« ,mmaai niNboa ï-inj» cbttJntD'
j^D-'N in3^-j ■«s^y-'nin yin ts» ^b^^Ki /to-^ai y-i»a ^U3«w •»mmi:''
nnbina dbi:^n r-iTa:"^ nbnna îrT^ntt) ib T7:n /"pK •»*TO''a n'''»n
''^«i ,b:?D7a nab nfi^iL-» riNta n:^b p ^n«i tona naa n'»''n ,:^an«
it:» pi /^-Tin: d-'i^b «"«aa '® Srrn^^i nnbinn naa ^m"»Ma yiv '^n^^'n
tDb^yn r\y ï-T>nC7Q (Isaïe, xlvui, I6) •'SN toi» Irrnvn n:^?^ "ï-i"»;^^''
* C'est l'opiuion d'Ibn Qanah, s. c, laiidis quel. E. la combat expressément.
* Voir aussi le commentaire de I. E.
^ Ce mot manque dans le ms.
* Voir le commentaire de David Kimhi, où notre verset est cité aussi.
^ Voir le commentaire de David Kimbi.
* Voir le commentaire de I. Ë.
7 A mon avis, il faut lire fi^iri-
* C'est-à-dire qu'il connaît parfaitement.
* Il semble que J. K. prend ce mot dans le sens littéral ; voir cependant ce que
Simon b. Gémah Duràn dit dans son comm. (p. 178) : Ô^IH m'^H NS"^» I'^3:^1
nyQ nniNa bba mfi<'»x?3 ïn">n «bia '^12 'iba .nabcm NDTi^b.
*» J. K. tait ici allusion à Jérémie, i, 5 ; voir aussi le More Nehoukhim de Maimo-
nide, II, 32.
11 Voir aussi ce que David Kimbi cite dans son commentaire sur ce verset au nom
de son père.
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96 Ht: VUE DES ÉTUDES JUIVES
nni-in ■»2ni>©i Sj^o» nsb •^sfcosrnrr )n^^y^ ni^rbinn nsa toiD '^n'^''rj
Dtt5-nD« ,(Ps.,cxvi, 4) '>3i«x?3 biNttD '^"ïÇ^'» bptt53 rn'^'Tttîa to« rr» .i^aînb
ï-in3o pN mi ■>» IN ,pan np ,ip rr^b:^ ncj3 ■♦73 n» ,^-ïx .m»
'>aDD *Trp p3 .ï-in3D nbnna p« nm» i'«)D'):>tt5D rv^ab I'^^'^cî:© nwD
pnb nbnm to»aat Ti-'isr i^îd to^^TDttîn ■'nfinan ûbi^^rr •'n«na»D ,npna
■i3^*T^n •'DIT in-^in eaa -^naca nnmtDi '):^-»nn Cj'^îDNbttrj pn ^i2wh rrrt
pa i«5*T»Dn d*»"»?! ta'''^3ni-ï d'^aDiDni» '«"•♦n ."^maTisn Tiniaa ib-^D^m
Tiby •'ai '•snbiD ^««to n^ai nn^arr mb^^a npa •'aDDb û-'DNbttn nm
^o-'T /Job, 1,10) r^yn PDo pob £3"» û'^nbna ^o-'i .(Gcn., xxxu,27) nmon
•'bnb nn73N73a niai ns-i073 e3"»b n«3> .i3«-id *^idnd (t*., m, 23) mb«
''D [161 «] cabij^n îTroaiwi tonnw kx'h s-T»n ,rbaa om^a r-rt
/PS., cvii, 23) r-n"'3Ka e3-»n •'^-n'^ ^tsn n«»i / ï-i^a-^nn maa to'^n
/Jonas, 1, 3) îna ^n-^i în^j'^iD-in în^a rr^a» kxî3'»t itsd nn:?^ mn
"nipTa pn"» n» .i-ï^^^d ,(isaïc, x, 17) tt^tdoi nrr'tt) Sp«a Cj« irra
ï-T7aTTi (Prov., VIII, 29] tpn ta"»b i^ai^îa nwD V'Nn eanpwa T'vm
SiD-^i ca'»D'»3a -^att) orr ^n /Juges, xx,33) n73iptta man ant^m tr:ya
nTDiNi (Job, xxxni, 23) ima-»-! «"ns e^"nn r-rnonsi .-in-^arta irpia nttib
îr-TD i^npxD n"»^nNn /înc iNnp ts-^rr nott) ,tioin t^bi «lan rnc ^y
m'^-'an ma:^a nn» '[''d:^ pn"» e^b ■♦D T'ba pN^a inb*»"! •n-»©*' kdt
i««C73 -n» :r37D-» r*^b / nîanpT: nnc nn ji*» ^pa n^isr T^Ts-^Tan .liwa
/■'S'^T ûY^b 'TTi^'b DpSNiD » ^3^ ,d"»p''i3tr') d-'^^TD'nb nn« p^^a dbiy "îa*' bs
niNn m .dm» d-^y^D-n» y:n2^ ^^1212 d-'^^ion ■iij^'t» wt y^^ri ■♦csDa Tin«b
173S .îTTanb 173D dnb îrT'»n''i s^aTa"» bDb e^in nn» p3?a snn:^ r^?TO
[ibid,) '^^:iD:i ^3^na n«Ni ,iMai.. m, 19) r*^an tovn tm» ûnbi nnwa
•»7:u5 •»tn'» tsDb nn^Ti nr^uj itsd nKiD-i ta-^p-n^b rr^m «tttorj imcn
,tomn -i7:nn iws nj^n ^crtrin tni {iàid.,20] n"»D35a fi»Dn73i npnar «nw
rm:r)3 î-r'^rj'» ^^«ai a^nn Sj^i nTsnn b:r [mi:?»] • npnTa n©*» tannnrro
^ Celte opinioD est adoptée aussi par Matmonide dans le More, II, 5, et elle est citée
par Moïse Kimhi (Schwarz, p. 120) ; voir aussi ce que dit Zer. b. Schealtiel à ce su-
jet {ibld., p, 283).
* Voir le comm. de J. K. sur i, 10.
> Cette explication est citée aussi par David Kimhi dans son commentaire sur Jonas
et sur les Psaumes, au nom de son père; voir aussi le comm. de I. E.
* La leçon de notre ms. est évidemment tronquée. Il faut lire, d'après la citation de
Dav. Kimhi dans son dictionnaire, s, v. «d, au nom de son père : [b"T K"» anDi]
NQ1 nwNT ï-iD d^n riDob anp «an bnaaïi ï-tt "ly d-^b ^awD nrw
5 II semble que J. K. prend ici n'^«5"» au sens de nntt) mttJ d'isale, xxii, 7. Il
est remarquable que notre verset soit expliqué ainsi par l'exégète Salomon Âstruc
de Barcelone [vers la fin du xiv« siècle], dont je vais publier le commentaire sur la
Pentateuque. Cet auteur Texplique aussi par « combattre • en citant le verset dlsale,
XXII, 7, et c'est ainsi qu'il traduit ^n^U), Kxode, x, 1,
* Voir, au sujet de la liaison des versets suivants, le commentaire de Nabmanide
et celui de Simon b. Cémah Dur&n, p. 180 a.
* Ms. d3p»U).
* Ce mot semble s'être introduit dans le texte par une erreur du copiste. Voir, aiir
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UN FRAGMENT DU COMMENTAIRE DE JOSEPH KIMHI SUR JOR 97
^p-^r^wo T> IN n-^rTD'^ n-» ib '^cnn nttîfio iDiab itsd ia^'»n'»i .npn» ?i"»?t»
onb rrrr rrrrr £3bi:^3 -^d ,D"'rï5nm ts'»p-»isrr hy StDTo i^'i rtT
Cj'9'^narn pn ,ïnjb ns^ï: tsnb [I6i à] ^snn ts-^^^ttî-ib i^Dcn ïnn7a«)
T»D yn»i ea'»):^) d«5rt e^na ntt5ôO •'D e^''^^! .nrriD^ab s-iroN^ war*»
t="«7a imai imn û-^taiDn e^nn ntt5«in ,û'»ntt5ïn ts-«w«)ti «ax b^a
ansîan pi ,tobi3^a -n« tidt n«5ND tspbna '>n?:tt5'ï to-^Ta^îa isan na^^n
ima-^T e3'»non 137373 ^'^y^^ yn«n moD^a m»T mit iî57D«)rTCJD r,ny iy
Dn,&m« ea-^a^^-iji y373"'nn»N ï-iTb5?i ,i3T»a Kbn ï-ib'^ba ûnbiD»» •'D
nbis-» tanb i"»»o ,natt5n n?an ta-^j^uj-i :^inTi n73N ûrr^ba^n ^•^nion
ra:3D îrT3?aoa *]25m ^inh nbap^ t^Mtt) yn^n Sa' -i73N1 /tara
t:73Ta -n«rr «lab i?3D "p» b:? naiL^n-i .dmnn nnia: bapTso ^53inrr
t-non ni73n t^'^tn n-jon tsN •'d i3''n ^«nrw) •»''d3>n» ri3»Ta ^«m
f 13m HDa io-i;3 a-^n "^aia: .ainnm dtt '^ptty73 eainn npnan ts-^-^nn
t-i3?T»-» .isntK nïîKD &"»DDinn an r-n^bi: "»-iTï5n m73 'n:'^ .byos p
Sk n^an .ts-^an T^)3"» ^toi2 "^D 3?nn ^^< ,yi*T^ prb ,nbin tk -^d
.^15731 aia r-i73nb73b »-)i: n^b "^nattjn niDN 3bta nin:ciJ< ^r^ ^^•^^n3t^«
C|C3^b TabD p ib 1'^;di3'0 snbrnn i»:d ^nbs^r. t3'>73 tia;ab abD ■»»
riTn lonon 'pian b:' t^in rm .yn^n mp;anb -i-'ifcïa nbyn ts'^î3rr
*pi ,ia iTH ca^H ba«5 ^la^^a rtn N-ipsi ,niM iTS-iiaa a'^arr bp«a
Kb [162 a] -«D -^sisn -iCND /iD-^i^ e^b yn«n b^ -r^a^nb .mbyjùb '»ntt5nQ
^DT« msan ,n«ann-» ts-^Ts p«a iriT^nn dN "^d ia tsnK "«aa T'ît
naan n73"»ai / ï-ïts'^d m3n:'73 nïspnn .pNa wo r<ann"i d'^wa ^t n^sa
•^"•DD maoïTa ,(Gen., xxx, 42) e^maa diann ^taniuîp iiicb r-nn-^sn
,mbT73 « 1733 .ina^a ni-iT73 t^"'3:ipn .rîsnnNa m^-^Dn bban K-^n
1i3b i"-"!?! r-îi^am ,mbT73n msn^ eam ,i*'m573n» i?3a T^msTsbN
«ttiani ca-»aa-ian msn» ,e^730b» S-^tîtSTa •^ana^ iiiab e^im ,nibT573
niTabn ii«b73 lara M-ïm«5 iwa /^i^a ina;a73 ts'^^n d« .nn'«ni
mmûa ea'^wicrt mpn y-iwa ania rT^"»n ^toin ,nn» naoi ^û©»
ïnaana naiiai ï-i»i-id *^ia3^a ,abrj •»-ia;Db i^ma iTsanm ^r-iT^barr
PezplicaiioD de la parabole du sceau, ce qui est dit chez Samuel ibn MasDÛlb, 1*^^)3
0-^33, éd. Buber, p. 123-124.
> Cf. ce que J. K. dit à ce sujet dans le Séf, Zihkaron^ p. 20, et surtout ligne 8, et
la citation de Dav. Kimbi dans le commentaire sur Isale, xlv, 7, au nom de son père.
* Cf. le comm. de Rascbi.
' Cf. Séf. Haggaîouy, p. 96, et ma note, MonatucKrifX^ XL, p. 471 , note 5.
* Voir Job, zxviii, 26. Cependant dans le texte publié par Scbwarz le mot n'est
pas expliqué.
' Voyez les mots de Tagada qui est citée à ce propos par Ibn Masnûtb (X^^J^ •
p. 125) et par Simon Durâo.
' Cette explication et la comparaison avec Tarabe sont empruntées à Ibn Ganab
(éd. Neubauer, 369-370, traduction hébraïque, éd. Bâcher, p. 295). Cf. ma noie,
Monatuehr., XLI, p. 125, note 3.
^ Celle opinion est citée par Simon Durân (p. 183 J) : inn'^n 'ibS ianD?3 73"^1
yv^ "naiTS nat3 liœb». C*eêt ainsi que Saadia Uaduit ce mot HTOKanN (éd#
Coho, p. 83).
" Cf. le comm. de I. E., qui cite aab riT^D^TS (Ps., Lxxiii, 7).
T. XXXVII, H« 73. 7
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98 REVUE DES ETUDES JUIVES
t-ibDn iinab r^rv p hy ^tana bDnorrb dn» -^sa niN-ia tan^a tnbiD"»
Sa3i ts«an vù'D b-ia^arî n'^n'»n ^o-'Tatt) '»î2œa «3'»dï5'» •'ïd û'»»*»» •^basi
Vj^ruj ^3T p •^nn» .-itîs miatî .^aa »3>ia7D n)3S- ,Snaî3 b«) non©
,m5n3^73a imiD*» .eanmaa na^a d'^n'^D^m t^-^ab nsn niDijb DDia
*^ia3^a ams^n ^dti 'n*^ S^rr ûnb x^iùv^ "ly ton*»!!» nr^-^ ^4b
fiSDna orr^b» 1"»7dtw b«ïTi d«n tsaî^^n nb-^nna d"»3ab T»mnD« •'D
inn-^b n:?a -^d » n^aiN ,mb''« bbin*» ybo ibr-^ -nDîT Chap. xxxix.
^«51311) «m tanb l'^^ûT [162(1] ^«m *nN73 nx to»m •»d n]?5ta ton
fcmrra .MaKstn rrnbiïn m-^na r-iiibvi tz^'p'nri a'^rr^Tan nama
^ro *pT ,nt-jxDa ,naa lan*»-! nNcn'^i Mzbw p -«nriNi ,Cj"»maiD
DiNn nia^^TDa oiom oiob rsî^i^r^) "^ob e^non nam .(Dan., iv, 12) r^na
(Jér., II, 24) niTab «ns dia-in .ntts::^ e^ncrr e^nn mnrn o«)Dn r^-icm
.(Dan., VI, 21) n-mTD t^'-iny D^i bN-^anan .e^^awa n^n-iw^ r^mn^^D
ïn» mnb p d© .canin nirr^ ,oion i72d ,^73^"» «b t*^5"i« nnxnajn
«inttJ dn nan .dip" bia-» m-'D nD0i3 "iT^r.*) (Nombres, xm, 16) yn^n
nanïjn T>oia« bs^ i-^b-» dn .^^cn Nim iia^uja mtom ni©b n^n
rbj^a oiaçj n:n©"» t^^b d'^i-iron ^lîooai ,&nan7an d-^ns^Dn 'ii?2oa
,(Oscc, X, 4) "»T0 "^Tsbn 1T3 ')^\^ny dbna (Prov., xiv, 4) na oia» ^Isaïc, i, 3)
X>^y -iDT rto-^asn cj^a ,nba:^a nsaiD^^^j iwa «i-inb tsbna i-îiDnp n^n
nan t^bi ï-tt^oh laNa ma» d« ,!n^i:i ï-iTon n-ia» ta» nn»
m*nai:^i n-'sr'^a "j^-iNb nvyn ,^-151 nb i-^î* '^^ ,nb Si^ia nDi bma
•>D .(Juges, VI, 38) jr-TTan n« nrn i?3 n-nm ,&m5< nioî^im t-iT^nn
ba n«npb e^iL*^ "^d n»«i imiasT oio -lar p -^nn» ,n^Dn mbit non
in^mi 'p-i i"nD dnp^a t^"nn ,nDCN nsnn T'b^ .nno t^ba nrnb»
»înn;»'> .yn» t^Tca*^ .ïni-iN 173 •^a-i:r i^abb -^-lay ii«b n-»73n -iDOa
-jcioa »»n75a nciiD -^^a .bu)» ^n*T yn^n ï-invo ib^a im-nT: anTa
» Cf. I. E.
* Voir sur celle élymologie ma nûle, Monatsschv.^ XL, p. 416, noie 3.
> Voir ihid., XLI. p. 157, noie 3.
^ Voir Midrasch Tanhouma^ Bkeh (ancienne édilion, § 2; éd. Buber, § 3).
< Voir Baha Batra^ 16 &, et le comm. de Raschi.
* C'est ainsi que Saadia le traduit, ^350^ "^D; voir aussi I. E. et Lévi b. Gerson.
^ Les termes de J. K. pour les suffixes yerbaux et pour le ètatus eonstructu* sont
remarquables.
> Celte explication est empruntée à Isaac ibn Barûn, dont l'ouvrage, intitulé
Kitab-al-Mouwâzanay est cité ici sous le nom de 'lai rT^TaiT *^D0 ; voir Moutoâ*
zana, éd. de KokowzolT, 1893, p. 92, et ma noie dans la Monatsschr., XLI, p. 275.
* J. K. suit ici Ibn Ganah, voir Ousaoul, 138, 4-7 (trad. hébr., p. 94-95); L Q.
Tcxplique ainsi par uue analogie de Parabe ; voir Simon Durân (p. 188 a].
*^ C^est l'opinion de Ibn Ganah, s. 9. ; cf. le commentaire de Tanhoum Jenueh., sur
Habakouk, éd. Munk, Paris, 1843, p. 35-36, ei ibid., p. 99101. C'est ainsi que
Saadia (éd. Cobn, p. 85) Uaduit bip*^ Piab» "^bMli et cette opinion est aussi
adoptée par Zer. b. Scbealtiel [l. c, p. 288) et Simon Durân (p. 188 a).
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UN FRAGMENT DU COMMENTAIRE DE JOSEPH KIMHI SUR JOB 99
[l63a]t-TmnD rr^nn^î '>"tyii (Job, xvii, 16) Si«« "•'ra «17:3 cioi3 "^m
ijrbi in«i 1^ ûi i:^by» ,t3'»nn ^in-^ bm» non yam nujsn ^stt
/i''"»"in monsn t^"Dn Dnnp n^bn la nbc:D ^nyb «i^snis (Obadia, i, 16)
.I'»:?b:^ niyba: ûi^'^nTa t^"*^!
i^D na-^n^ liiijb ,'^iiD dy ainn n7a«i ^nan*» ûïsn P-^oin Chap. xl.
,mD3r ^VD ntDD bpoa eaxD mo-^i , (Juges, xi, 25) Son©'' û3^ an ann
nnain na-^n» miD^b an» e^a"» un ?noi73 Kin •^'im ay a-nb *.ntti«
P'^^iLn n\25N72 vNan b3> îmnrr /"^nibp p ai*'» ij^-^n .;i333>'> r^^bn ft^^^y^
ti«n .a-^tînb ^^'in ûh '^bNiDN ni:^ ^an-» n» 'n l^-'i .i"»*Trr ^asîd i«dd
m»" t^^b •'S ,tt5abn nnm m?i tni ,nanai iiéc t^s rt^i:^ mdïî» non
nsni (Ps., xcn, i) U3ab niNA ^b73 'n '3«) naba bxb d» "^a liw \piabb
tiœb e^in * *7nïi iw-iu? ,e3*^y'»a-ï Tiim ,bann tsN id^^sam ï-i«a bD
.nnn©m rro-'-irj im^np^Da •'-la^^a n"bn itDS ••a-is^a n"-»nrTi ,^nn "^an:^
laa s-T^^nni» rt«3a-»a na:'»^ .nj^na nn» mTDna nsT .nntîna t^a rsan
,TDm «iTsiD "lasT vom ,(Ez., xvi, 4) ^^v^ n-ia 1^ tDCsa ■»n''-i«a npan
■«a^ra ^nio rvnnD ,n« i^aa bna e^nn^a •»"d3^« lasT a^s^ab nnî:'' '-^Dn
,r-rain3 pnn ,Jr-T;ainD •^p-'s» ,(Gen., xl, 11) ea-'a'nia liuîb o^i^"^ Kim
[163 ô] qo:: "«b-^îaD «p b-^a^a i»a bna ^£3733 .T»73i:y di:inn t^nrr v)3na
INch., III, 30) ï-raTabn ïnaiDD «» iToa ,V'33 ^"» ci'Jbna /Sophon., i, il)
.n-'CNna -«TD-» n^C73 ,bN "^an^r n-'TDNn e^in ,d"»na ^^y t<Mi ta"»^»:!
ib "iNTS-» D-^in Sia -«d .n»-na C3« -^a nns-irr» r^b ,nann «a*^ "j^D-jyn
"nra« rTa^-i"" dva "^a -i^i«i ,irî5^-ï73b d-^a^ri bna nb i«tt5'»i nn?:^"^ û'^nnrs
* Dans le texte publié par Schwarz ces mots ne se trouvent pas. Cependant il est
très remarquable que Simon Durftn, dans son comment, sur ce verset (p. 104 à)^ dit :
rrb» Nin -^Ti p-^na -172a «nn© (Hab, n, i3) p-^n ■^'ra iTaa bn««) ^^ra Ta""»!
«nn^b n""»arTi nD0i3.
* C^est une erreur de notre auteur, car la racine en est ^nb.
* Voir le comm. dlbn Bzra.
^ C'est ainsi que Saadia et I. £. Pezpliquent ; mais, d'après eux, le sens de la 8e«>
conde moitié du verset est aflirmatif.
' Cette comparaison avec l'arabe est empruntée à Ibn Barûn, Monwàt.^ p. 24, l. 1 ;
cf. MonaUtchr,, XLl, p. 27-5.
* C'est l'opinion d'ibn Ganab, 241, 23-24 (trad. hébr., p. 164); cf. Lévi b. Gerson.
^ Ms. rOB. Voir Monatsschr,, l, <:., p. 159, note 2, et p. 275.
* C'est Texplicalion de Saadia (éd. Gohn, p. 87) : n3Kn,de la racine ^T^ • ôlre
grave t. Chez Ibn Gau., 371, le mot n'est pas expliqué ; voir cependant ta glose du
ms. de Rouen, où Ton trouve *|fi<T"l et b*^pr, qui ont tous les deux le même sens^
d'après le mot targoumique b")h373 = RîDTS* Lévi h. Gerson et Zer. b. ScbeaUiel le
prennent aa sens de Cioâ n'^a'^ntl) ce qui est d^accord avec la première explication
de la glose citée, a*^ip ; Raschi l'explique aussi par "^IN^^aa,
* Voir les commentaires.
'* A mon avis, le mot ilJ^aia a ici le sens de « beaucoup • ou ■ trop >. Je crois
que J. K. fait ici allusion à Vay. Rabba, 22, d'^in ClbN ^y ïliSia"! nn« iTûTil
'^ai; et peut-être est-ce le même passage que Raschi cite a propos du verset Pl^na
t|bN ^*T1?ia, Ps., L, 10. Le mot lp'^.731 n'est pas clair; faut-il lire ^pn?31 et l'ex-
pliquer par le mot (almudique p*i73 « parfaire • ? Le sens serait « sW a arraché toute
Pherbe • ; voir Pirkè di R. ElUzer, 11, au commencement : d'^n7aat3 "JM ïlb'^bai
ib ^vw^ d'nn bta •'a 'w pa y:^^ «b ibxa ';JT»bN».
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100 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
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^wn« ^©"^ ,1-ny ma^a r^bwnn .Q'»nmo ta-^as^sa ,ts'«-inK te-^inb
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Tin» V3^ r^^nn b^b^i ,nn« an «''1231:^0 i^ds ï-Toa'«a laoTDb -«na "nv
r^^b vby •^'^DD û"»XD73 n-'-^n Cjn T^dd rbs^ tD*»© .bîia "^Ti^in lïîfina
•V^n ''Î3'» ba -n:^ ï-T»nb73 naît n^n
im« Ti^b to-^naian ta''bn-^?3 i"»n"»«5 .nara: mbmn p Chap. xu.
ima-^nn îr-nDa-^n b« ts-^wn p bai'» ^bai-» T»»itt b» D^n pn-» j^b
'T'aa Kbn ntaî^ v^ ims^"^ •'a nra» e^b n-!» anb i'«tt5iy« nnaTn
ib -snTao •»nmaA7D -^a ^as-^n*» -^sob e^in ■'îo ,ia — lan-^o tab'ï:?a
onbnb ?-T3:-i"'ia '^12 [I64 *] &btt5«'j ''373"»'jpn V2 ^^izy ûnbD 1733^ Dnb:m
Cj-'TaxDn ba nnn "^af ts-^boa «^bca ib obiax •»3«n nbnn ^4^n w^rp-^
* Voir le comm. de I. E.
« Cf. Simon Durâo (p. 192 a) : nnn aattJ-'tt) aiœnnn 'iba iixob p-toorr û'-n
'"lai ba:.
* Simon Dur&n prend aussi ce verset au sens inlerrogaiif.
* C'est la mdme explication qui est citée par Simon Durin.
* Je ne connais pas la source de ce passage.
* A mon avis, il faut lire 137373.
^ Je ne sais pas ce que vise J. K. ici. Voir cependant le dictionnaire de Ibn Ga-
nah, 374, 24 [irad. bébr., p. 261), qui explique Kb73fi< (Job, xv, 32), comme bblOM ;
cette opinion est adoptée par David Kimbi.
* Il faut lire 3lb.
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IN FRAGMExNT DU COMMENTAIRE DE JOSEPH KIMHI SUR JOB iOI
o-nni^ t^b .3:t^r.'' ••:cb t^in -^td n^^-io imit -ib-^ci* ia nsnnb bsi*»©
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y^z» m»a ,ca'»PD« ^i-'sd -^nb^ .ais ■iO'>5snb i50-i bosa «ab Ssro
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CK-^-iiNai CN "Tii-'D ,*^an:^a tno'Mfz "tsm ^vd» ,mN brjn T»m«-«û:p
pin .int-'CD ,icc3 ,(isaïe, xiv, f3) û-»^ •»)25« p Iit:^»"! mes mns,û-»*T»DbT
j^in inca ,bi:rD .T»b:^ pi^*» ,nn720 rDob t^^nn îDbi:>a« ai^n^a bD
f<b« pisi^'i e^in pai ^ins*» e^bo pK itdd pis:-» t^nn lab ,pai
i-na*' in;»» .iTDip?:» nTn t^bo D'^nnn b« rr^nnn nbs itdd ,«3'n''
•nsr Kb obirac D"»in» mairtn D"»iat573 •û'^p.Tnbai i-na"^ ,Tinr?3 ,û-»b«
dbiTb ina-^iDn Nb« rrnn Kbi ûipn «b dipn -^ba ann irja'«\»73 ninoTs
,iD-)n '>mn "T^rinn ,bT^an acm laniD ■♦îd maa^a ,s-T«nb73 -^bDi ann
yrnn iQ-T» (Job, IX, 7) mT-^ «bi onnb nai^n 1^ l^ttîs ♦mn-^nt» nvba-j»
• rmpnTsD û'^^s"» û*' nn^t b» nn» [165 a] ûiq-i-» za-'iûm D-^ao yr^n ^o'^a ■^b:^
û-^T'cbn 1» aTia n-ôn T^nrw .O'^naûTDi Tirrp'v: n-'aD pp ii53 û'«n bD
nb-KD lab nbns e^in ûirinn na*^«b Dnnn ai'^tr» vbîd iDbm ^o«
rr^n-in by bsiD « aiu;rm ,137373 n^iLm ï-iniNn p na-'O .na-'® Kirr
pn-»! ,T»b^ Siûi73 'ib'ûtt nsy S:^ l*^» .îna-'O i3a«rp pb isk-i-^xd
rn -)«K bs ibi:» e^in •nn ''bab W3>rr .inmasa nb nwnn "ixDin'^D
KiDbrtn t^"nD ne» ûipTDa no3^n K'm ,itt53>'^c n^i« t^b •♦îd «•ea'^OT:^
nfi< .i3p 13a bp«73 b^ i)S3^i (Ezro, x,i7) û-'tds na-^ttsinn /Josuc,x,24) ipn
mmnnnïJ •'ïko •'3i»-in S« '*^J2^ arb-» pnta"^ '^Jr-rK-ï-» maa Sd
,yni25 "33 .npn«'^i la^b-^T .(t"»-. xxii,l8) i«n'' iM-'a-» n^n , (Cantique, i, 10)
.nnTsbn in»b «im »»îrnaa -^sa
* Cette explication de la liaison des versets 2-4 se trouve aussi ches Zer. b. Scheal-
Uel (p. 290).
« Il faut lire nOÉfeaJ^Î ^otr Ibn Gan.,518, 30; cf. Monaistchr,, XLI, p. 126,
note 4.
s Le sens de cette explication est que tous les autres coups ne valent rien en face
de celui-là; mÔme explication chez Zer. b. Schealt. p. 291) qui s'exprime plus
clairement.
* Rascbi aussi l'explique par • soleil >.
> Explication très forcée.
* Le mot bsi3 «^ ici le sens de • il s'en rapporte 4 ce qu*il voit >. J. K. s'ins-
pire ainsi, comme L E., de la traduction de Saadia : '^K'^a rS3fiO • comme s'il
était blanc >.
7 Cf. le commentaire de Rascbi.
» Voir Saadia (/. c, p. 89), rj3«abo bntt « semblable è sa domination », jeu
de mots où les deux significations sont réunies.
* C'est>àrdire : ■ Tout ce que Ton veut lui faire ne peut le faire trembler >, ex-
plicaiion citée par Simon Durftn (p. 1966).
*® Le sens de ces mots est obscur.
** Cette explication, avec la citation de Cantique, est rapportée aussi par Simon
Durân; c*est aussi celle de d'Isate di Traui II (Scbwarz, p. 166).
*« Cf. Rascbi et I. E. ad. l.
«» Voir ScKabhat, 62 h : T^rt ym) ''tt^SN Û-^bCnn*^ "^«S».
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102 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
t<"tr^ non bbt ,b5in Ss -^d •^nj^i'^ 'n n» ar»« i^^-^n Chap. xm.
mp npD pi /t^i«3 n;û-iT0«5 ,(Ps., lxxxix, io) T^ba r*^i®a 'nbpttîttn
riT "^tt ,^7:)2 ^^STD"^ «b .îTTttT» ^73» naTS'' e^bi .npb in (Isoïe, lxi, 1)
ï-1373'^b:^'» ns^^'T'' t^b«5 ini« ,i-i725n ta^^bj^^rr t^^in '>n ,r^:^y to-^bj^»
■^37373 nb«u)ttj mbNion Hb^i ,';"»aN e^bi "^man •^35<i .nsiiina t^biD
t^3 y^so Y^ ^'^■'^ ""^^ briiî^^ *yn« t^bi -«b ton ninnosi mKboj
.^nxn "^r^ Jrrnj^i •'b nnTDN nî5fio -«sj^mm ib«u)N 'nan» ••sisni
•'S 13 nabi© i-«3^ ;i6) à] i«^« Tian-» Nin ^» .nn:^D3 nnxTa rmx n^n
fa'^Ta lOWû'» pT ,0072 173 0NÎ3N p b3^ ,tsimaïi m^ib r^^ia^a no i"»»
» ^w«u) ntto .-iDN*) "hd:^ b3> '>n73n3T .loott'» Ca-^» iîso (Ps., lviii, 8)
Sd n» 'în cioT'i 'n nm nn« '>n'»i .(Job, ii. 8) -iD^rr ^ina aiDi*» r^^irn
ts-^san ^v^ ^înbnna ib Jrr'n© iiwïin bo na©» ,rt3«3Db ar»b n©»
ib nDn3\D im^Di .rs«ao ' nn« ï-tû'^«p .)»'^73®nn ^nio ïr^n isi^n b:^
inhiba «îr-TSi"^ Kin n^-iTs"^ n"''«5n itr^bstn n-^aa 117373 nb mrr -n®»7ai
^non 1130 niD"» i-^n ï-i'»3''3^ .^isrr inp ,'t3t3ip Mj^'^^p ,îFr73'»73-« ^any
boni »ri3tt5 û'»3^ai»i nwn n«T nn» ai\^ •^m ••^an^^a bino "Kirro
t3*^2^ n«3^i D-»n«73
.•^nttp ciOT» .'■) ûonb ai-^N u)i^'^d ûbuji p'^'^o^ tOTsnn T^na
i^. ^. — Après avoir achevé la copie du ma. de Munich, j'ai reçu, grâce è la
bonté de M. J. GuttmaDD, celle qui en avait élé faite par Abr. Geiger et qui
appartient maintenant à la bibliothèque de la Communauté de Breslau. — Au sujet
de boni il faut remarquer que, diaprés la leçon du ms. de Rouen du Dictionnaire
dUbn Ganah, reiplicaiion de celui-ci 8*adapte mieux à ce qui est cité par J. K. Au
lieu de t^lOaOI, on lit dans ce ms. t^1003ni ■ inversum esse > ; mais cependant
tout cela u*est pas d'accord avec le sens de notre verset.
* Voir S^f, Haggalouy^ p. 146, art. np, et la première opinion de I. E.
« C'est-à-dire : « que je puisse te dire » . ^
> C*est ainsi que l'expliquent Isaîe di Trani il [L c.) et Simon Dui&n (p. 197 h).
^ Diaprés J. K., le nombre de ses fils n'a pas été doublé. C est contraire à ropinioo
des rabbins, qui prennent ^37a^ dans le sens de c quatorze • à causa de Tinser-
iion du '3. Voir le Targoum, Rascbi et Ibn Masn&tb. Cela ressort aussi des mots
interrogatifs du Talmud Baha Batra, 16*, aVN bU) I'»ni33 lbD03 «b ms ''3D73.
' C'est ainsi que I. B. et I. Ganah l'expliquent. I. G. préfère cette opinion
(voir son dictionnaire, 651, 24) ; ils suivent Saadia qui traduit ce mot [Gen., xxxiu,
19) par ^33^3 (éd. Derenbourg, p. 53), tandis que dans sa version de Job il le rend
par ^TS3'>t^p ; le ms. de Berlin a la leçon : ïl3^bÔ (voir éd. Kohn, p. 112), c espèce
dévotement >. D'après les autres, il signifie > monnaie •, suivant Topinion du Tal-
mud Bosch Hatchana^ 16*, voir aussi Ber, Rabha^ à la fin du chap. lxxiz. Le
Pseudo-Jonathan, Genèse, xxxiii, 19, le traduit par I'^'«b3n73 • perle ».
' Les lexiques de Freylag et de Dozj ne connaissent que nûfi^â^*
' Voir Frejlag, lex. arabe, d'après le Kàmûs et le Djonauhari, Radieu» aroméh'
tics Indics et Arabica species. Cf. l, Ganah, 642, 22. Saadia, dans sa version des
Psaumes, xlv, 2, le traduit par *ia3y» ce qui est, selon Freytag, amharum (voir Th.
Hofmann, Die Korachittischen Psalmen nach Saadia^ Ehingen, 1891, p. 3 [arabe]).
* Ainsi Ibn Gan., 565, 27. Le mot arabe est bno.
* Voir Benschit Babha, 61.
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DOCUMENTS ET TRADITIONS
SUR SABBATAI CEVI ET SA SECTE
BELATION TURQUE SUR SABBATAI CEVI.
Voici ce que dit de Sabbataï Cevi l'Histoire {Tarih, Constan-
tinopleî 1282 de THégire. t. I, p. 133) de Rachid-Effendi, Cazi-
Âsker d*Ânatolie (10*72-1133 de l*Hégire), fils de Malatiali Mustafa :
« Assigoation du célèbre juif devani le Sultan et sa coaversion à
llslam.
> Il y a quelque temps, apparut à Smyrne un certain juif, portant
le nom de rabbin, qui gagna à sa croyance une classe de Juifs, qui,
rassemblés autour de lui, montrèrent des signes d*émeute. Ayant été
expulsé et relégué dans la forteresse des Dardanelles, il y continua à
semer la sédition parmi les Israélites, à la suite de quoi il a été cité,
le 46 du mois Rebi-ul-Abir (4077 H.), au pied du trône impérial à
Andrinople. Ce juif, appelé en présence du Sultan, assisté du Cheikh-
Islam Effendi, de Yany Efifendi et du Gaïmakam Pacha, et interrogé
sur ce qui avait eu lieu, démentit les sottises qui circulaient sur son
compte et, sachant qu*on allait le condamner à mort, manifesta le
désir de se convertir à Tlslam. »
II.
ANECDOTES ANTI-SABBATIENNES.
Andrinople ayant été le théâtre d'une grande partie de l'agita-
tion sabbatienne, il ne faut pas s'étonner que la tradition y ait
I Voir, t. XXXV, p. 264 s.
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104 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
conservé certains contes où le héros et son entourage jouent un
rôle. Il 8*agira plus loin (VII] de son secrétaire. Notons maintenant
deux récits venant du parti de Topposition :
Cevi Askenazi , ou Hakham Cevi , le célèbre adversaire de
Sabbataï Cevi, se trouvant de passage à Ândrinople, où Ton consi-
dérait ce dernier comme un thaumaturge, lui attribuant même la
faculté de s*envoler, s*élança, à travers la rue, de la fenêtre supé-
rieure d*une maison à celle d*une maison voisine, voulant démontrer
par ce tour de force que ce n*est pas un acte miraculeux que de
savoir se maintenir en Tair. Encore aujourd*hui, on montre ces
deux maisons en face du temple Bude.
La femme du même Hakham, qui ne lui cédait pas en incrédu^
lité, mit dans le pâté du vendredi soir un morceau de coton au lieu
de viande. Son mari s*étonnant de cette plaisanterie, elle s'em-
pressa de la lui expliquer : « Notre gâteau, dit-elle, est le symbole
du charlatan d*aujourd'hui, qui ne trompe les naïfs que par les
apparences. »
III.
SAMUEL PRIMO.
Il n*e:»t pas besoin de retracer la phyi$ionomie de cet aUer ego
de Sabbataï Cevi.
L*apostasie de son maître ne paraît pas Tavoir déconcerté, et
c'est probablement lui qui, pour justifier cette abjuration scanda-
leuse, inventa l'argument connu qui a fait fortune (Graetz, trad.
fr., y, p. 246). De guerre lasse, il parait s'être réfugié à Sofla, où
nous le trouvons en 1673.
Depuis lors, nous perdons pour longtemps sa trace. Qu'est-il
devenu? Où est-il mort? de rares intervalles, mais sans dates
précises, on entend encore parler de lui. Vers 1702, il s'entretint
sur des sujets cabbalistlques avec Néhémie Hayyoun, qui, rejetant
sa théorie comme hérétique et dépourvue de toute base, veut
affirmer contre lui une nouvelle Trinité. Â cette époque eut aussi
lieu sa conversation avec Hayyim Malakh. Avant 1706, on expulsa
d'Andrinople A. M. Gardoso, avec l'autorisation d'un Samuel
Primo, rabbin (ïmn «pan») de cette ville. Ce dernier est-il iden-
tique avec le nôtre? Graetz dit non, la tradition locale dit oui.
Bien plus, cette dernière, jointe à d'autres informations inédites,
comble la lacune qui existe entre le séjour de Samuel Primo à
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DOCUMENTS ET TRADITIONS SUR SABBATAI CEVI ET SA SECTE M .
Sofia et sa mort. Comme Graetz n*allègue aucune raison à Tappui
de sa thèse négative, nous n'avons pas le droit de contester Texac-
titude de Tassertion traditionnelle que voici :
A la suite du âasco sabbatien, Tinspirateur et beau-frère (sic)
de Sabbataï Cevi s'en retourne tout penaud de Sofia à Andrinople,
où il aurait même importé certaines romances judéo-espagnoles en
vogue en Palestine (telle que celle du n<> xxxv de mon Recueil des
Romances, p. 50). Revenu d'une grande partie de ses illusions, il
fréquente tous les jours le Esgher (n:iDïi), local où dix hommes
pieux, rémunérés par la Communauté, sont continuellement oc-
cupés à la lecture et à la méditation de TËcriture sainte, et situé en
face du temple Portugaie, et, tous les soirs, il va faire son sermon
quotidien dans le temple Tolèdo, qui est dans le voisinage.
L'ancien bon vivant n'est pas complètement mort en lui : dans
ses moments de loisir, il ne dédaigne pas de jouer aux cartes avec
sa fille, pour oublier ses chagrins, dit-on, ou calmer ses douleurs
rhumatismales, qu'il a, sans doute, contractées dans ses longues
pérégrinations. C'est dans sa maison, contiguë à l'église armé-
nienne actuelle, que vint le trouver Juda Rosanès, déguisé en
cavalier. Surpris du contraste entre le costume laïque de ce der-
nier et son savoir rabbinique étendu, le maître du logis lui en
exprime son étonnement par les mots piquants : vh vnù^ '^\n
MD'^D, que M. S. J. Rosanès * attribue à un anonyme.
Réhabilité dans l'opinion publique, il est enfin nommé rabbin du
temple Pouille, où son nom est encore aujourd'hui rappelé, dans la
commémoration annuelle de Kippour, avec le titre de \fr\Xr\ a^ti
Conservant sa renommée de cabbaliste émérite, il put faire
amende honorable de son excès de zèle sabbatien et devenir chef
de communauté. Cette rétractation même n'eut pas besoin d'être
complète à Andrinople, où, jusqu'à ces derniers temps, se sont
conservées des traces, légères il est vrai, de Sabbatianisme. Puis le
cas d'un sabbatien maintenu comme rabbin n'est pas sans
exemple, témoins Hayyim Benveniste à Smyrne, Hayyounà Uskup,
Eibeschiitz à Prague.
Nous suivons ainsi révolution graduelle de cet esprit pondéré.
A force de circonspection, il sait insensiblement atténuer la mau-
vaise impression que les égarements de sa jeunesse avait faite sur le
public. Les autres sabbatiens invétérés, tels que Malakh, Hayyoun
et Cardoso, le croyant encore attaché à ses anciennes erreurs, se
donnent rendez-vous à Andrinople. Il sait doucement éconduire le
* Généalogie d$ la famille Roianès^ Roustcbouk, 1885, p. 29.
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106 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
premier, ne peut pas éviter un conflit avec le second, et, enfin,
il se voit obligé de laisser bannir le trop remuant et effronté
Cardoso.
Voilà comment nous nous expliquons sa conduite, en apparence
versatile. Revenu de sa frayeur, il peut s*adonner tranquillement
à ses études rabbiniques. Les produits de cette activité littéraire,
sont restés, sous les n*** 1-20 et sous le titre de : n»© '»'Ttt« (— ^^
ntt">-iD b«ntttt) TtVMV 'n •'pitd'^s^d), à la fin des Consultations de son
beau-fils, Moïse Cohen (ûbv nsinD, Constantinople, 5,500 — 1*740*),
ainsi que dans le îT^b« wd (Amarillo, de Salonique) sur ^T^ pM,
n*» 15, et DBtDtt l«n, n^ lO.
^admiration de ses contemporains ne connut pas de bornes,
quand il s* éteignit à un âge bien avancé : témoin son épitaphe que
voici etqaej*ai copiée sur son tombeau dans le cimetière israéiite
d*AndrinopIe.
by û*»» înnn-» ■>5">5> ■>5'»3> '<b ■«j^a-^'a n3">p ; bfinîa©
p73 bfimD"> bD :>Ti •'«bi3> "«m mn» bNi73« n^a bN">n« nbna ««n .2
p">OD r^b*i «bp Sn3 «n» it5n« ï-rsn »nNn ran» «-^«ïi s-tt .3
bNn73)Dn ninto
— bN173«^
St) wn'ija r)'»n73 ">*i7aN pan nittit'i r^n'»'»b3?73 ■»b'^?3 -^sn Sr>i .5
— rT»b 0"»:» t<b n bD — b^itto
n«p tovn — bNiTatt)*! iriD ^r-»Tinb nasnwi n-^^fina ï-idj*» .6
nbs^"» 'mn»"> bN'»nK b«">nN "«in — bNi72t5 b« 'n Nnp">i «np7an pt .8
.b«i5D«5D imia nnD"> — r^-iia nn
■«n^n'^Nn nyns» in:?'^T' wD^o^b nan t<bs"> •'D yn^n C|îD73 -9
nnapn t^nTaa irsy^a iTabn nan t-rbp inrp^n : S«"i73« bna'»n ,t<-iaa
— bfcn)3«n "^b*^ ba -
1^
niirp nbfc»
tsy 3?"inT ib T»D-n
nan73 «a-» "D i^^ rmaa
— bKn?3© cp"»! - nnt5^n
bsn^'^a nbiaatt) i3'»an nast»
» Voir aussi Û'^bl'ian Ûttî d'Axoulal, n« 135, p. 177.
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DOCUMENTS ET TRADITIONS SUR SABBATAl CEVl ET SA SECTE 107
— n'TiN^ n"-im»D la© bina
1i-i«3 dO'^'^T n"nbT i72">nD b»Mù^
pBb •^îîansn àôni '® l'i-'Ob '-^i 'a d"i''3
La date de son décès est donc Doni = 5468 = 1708. Nous pour-
rions môme Axer approximativement celle de sa naissance.
Il est intéressant de voir qae certaines expressions de cette
inscription lui étaient familières, par exemple: fenit itD'i» Ttyn
bna, qu'il adresse à son tour à Abraham Rosanès (ûbvnn^D, t* 26,
n« 20).
Le Moïse mentionné ici (tw12 n*»^:'» tî^) doit être son gendre,
Moïse Cohen. David ('itt l^np'^n) doit être son élève, David ben
Sanche, éditeur des sermons idu) '»n)3«.
IV.
ABRAHAM MAGRISSO.
Parmi les rabbins vivant à cette époque à Andrinople (Abraham
Brudo, Ëlie Obadia, Israël Adato, Jacob Danon, Joseph Sarfati,
Pinhas Cohen) , Abraham Magrisso semble avoir conservé son
sang-froid, au milieu du vertige général, et résisté dès le commen-
cement à la tentation sabbatienne. Cela semble résulter d'un
passage (n»» "»t03« Tn-min dra) de son épilaphe, qu'il m'a paru in-
téressant de transcrire ici :
.lanpa I mn 'icn I bD nti I ab nn^i 1 nnm t-imb .i
.lapy I ûmKD-ib I n-nam j t^iDa )^y | r<in pxn .3
.nattons | ut r-naiy I dna )m I d"^n'»«b j n^y d-^s^D .4
.ia np-i I TD na-^uja 1 aiî*^ tnf2^ \ "^^dn "im | yrri dva .5
.naNa I im^^n | t<in r^^^'l'p \ ••r» bsa j inuj'npn .6
•lanna | mid©*' n'ia 1 yny bsb | dib© ntt« I M3pT ^3>i .7
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am tl-^pn ; «ïb-^ii "ïi^n f»3anN : an bD-^na b'^bDDN'i : n'»)3t3 nnNb
tn3« rrnbt no-^naNTs dnia» nnmwD i-^^iiTT:?! l'^'^in db^n dDnn
.p'èb 'n 'o'p'a'73
Il a donc devancé de plus de vingt ans dans la tombe Samuel
Primo, sa mort ayant eu lieu en 1682 ou 1681. Ce doute chrono-
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108 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
logique de cinq ans provient de Tincertitude s'il faut ou non in-
troduire dans le comput la lettre "n qui suit le mot ';&yn'X),
Il est à propos de rappeler ici que la conduite d'un jeune homme
de la môme famille, Samuel Magrisso (Galimidi), contraste avec
celle de notre rabbin. Ce jeune homme naïf, fantasque et écervelé,
entretint à ses frais è Constantinople (avant 1687) Cardoso et con-
sorts, en s^endettant, à cet effet, lui-môme et en ruinant son père.
Je crois pouvoir rapporter du môme personnage une déclaration
sans date ni signature, tirée d*un ms. en ma possession. Il s*y agit
d'un différend qui s'était élevé entre ce rabbin, fondé de pouvoir
de son beau-père Isaac b. Joseph , et la Communauté Israélite
d'Andrinople, différend que les deux partis convinrent de sou-
mettre à rarbitrage du rabbinat de Constantinople. Voici eut acte :
n">73ys '^nib ûtt) nn5 no-^naN^D faîma» '-in73^ dbtoïi ûDnw) nrnb
ribbD i">a bD3t5 ©nom tonmi 1"»^ nniN bs^ »":^^ '•»^3:3«"ipb r-iDbb
i"x"» tpv '-ID3 pniT"» '-iriD nbi3^7:"i ^p^n T»nx '\'>2^ t<"y^ ^'^yrt •»©:»
■»tt53K mbbs73 "is'n-ia'in iny^'vn natpa dimn b^^ D'^xan 7a''n nsrcfin
1» in-^mnb 'lan ûma» 'nn^D tob^n ûDnn nnfi^ n^bb h":^^ "r^rn
^^yrt •^mujm "«aiia "^nm "^oa-iDi "^^nn d^jz irb» mo^n renTai yrm
o:n» nDT toi;» "^bn mwam Miocn iD:iisnn •i30'^''sr3i la'^^'nna r^"^*»
ns^nb n-inîsn ï-uia^o 1373^ *inK"i *in« Sdi nm iDbD nsr^aoai bba
l-^n© 'T3n 'i"n3 tobïsn ûDnn n^^nbi n^wNa to-^ynu^an n^^bi n^apn
MDttJîDb nm 'T3n pnii-^ 'nn v^"^ ^^''^^ï^ ""'^^îs^ mbbD Y^ bD5T0 nt ©-ism
nriDM*-"ip «nan t^nnp "«siNa ■'Dan nnp^ n-nn rjD"» 'l'^a •'ssb a-ip-»
onpnxa M73m ûïT^m::^::i ean\-n?Dnat3^n lanp"» ton-'DDb û©i i-i5
1■»^ï^ tn-n« -«d by n?3« I-^t i-'^m md^t: n"i«b ièt^t^ S3n2'»a armai
"na to"»3ann tit^'^u) n^a bsn nnci^^i bna ts^a noo b^^ û'»-iann ipnn
"lîanD n»» nvnbi mboa r^a-» iTanpn b:^ «"•xi :>7d«3i mos^a 'nn
...ûT'a riT n-m M\xnb irm»© namm
SITUATION ÉCONOMIQUE DES ISRAÉLITES D'ANDRINOPLE DU TEMPS
DE SABBATAI CEVT.
Nous savions par De la Croix (Graetz, p. 466) que, à la suite de
la guerre entre la Porte et Venise, la vie commerciale s'était alors
retirée de la Turquie d'Europe et transférée à Smyrne. Ce chômage
des affaires est confirmé, du moins pour ce qui concerne Ândri-
nople, par une lettre tirée du môme ms. et dans laquelle le rabbin
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DOCUMENTS ET TRADITIONS SUR SADDATAI GEVI ET SA SECTE 109
sasmentionné, Israël Adato, s'excuse auprès de Méïr Rofé, délégué
de Hébron, de ne pouvoir pas lui remettre les pieuses contributions
(d*AndrinopIe sans doute) à cause de la misère de cette Commu-
nauté et surtout du fardeau des impôts qui pèse sur elle :
n^b;Db 173N3 n^'is tobon ûS)nn ,d'»«'ï*ip bo i^n ,d"»»'»b^n cn-i
x-nrnn T»m-ix^Na -nn^ irnb» 'nb p ona s^cnn n-^wa 'in^D
Xn .t^n'^D nnb*^^"» ptsn s-ns: bDtti inn^^)"» "i-'^Db •^nssnnmD r-nb-^om
■»:?'7T»b "^li^-iD in©b nsn?: ï-i:3^)3 5ii05<b ns "^ni^y Nb p b:^ -^d \vnn
G-^Ts^a nan "^d n'bb noab anîn naT?3 b^^ nbiyn nmn pntt /1?30
■»ai23n "«ma -^sd ■^n'bn rîTn Dip7:n bx TiNa Ti<o "«s '•»73Tn73a -^inoi "^n^^
\-T' b«T tonb n.><2a ûnain "«t» i«i:'»n riansn it b:? t^''^^-^ p"pn •^3'»'*i
ann "^m?: d:^ p aa "^nan T^n*»! ,bT0D"»3bi npiob on-'b:^ nm ii^^n
«"•at^nb ï-i-naai ns-^a rr^^sim in:^y V2y "«s '•»2">"»nn ab by nan*^ nai 'na
■»nan ©bï3 '■'îo^d rjiay pi 'isn ï-iansn bo nnjr:5'»n nnpn^ mxb
Girsa n):{<a d'»DD t<b"i t\'\^y ■iD"»bî« naan t<3^ casnD by ean^a:^
C3D-nD« HT ^aai £i'»oinb û-^Na 'nDO t<b« i:-i3^i: isb ■»! t^b ns-^b»
t^nan» "^-non nn^^ m:''^73a -«nai nbbinTan rNT.-s ^n-'^^n -^a n3T«3^a
r^;i^D nn^: T»aan pnnxi n-ipa maa i^xn nbtto v^'» tanb v»
tobiTD 3^1-1 bj^ D"»-5nN D'^aari D'»aia w^^^y ^vn am ,!-i"-i'« r^abwn
toT» bi<b i-'Ni ij^^aD tonb hd S^i laiTsa*»© rra b:^ eanb i-^jc -^a
anp73 T»7jn irb:^ ea-'aai a'»-iai:^b t<3 nbi^'ûT .tanbirb a'^ca-'nb
noaï) pn»a n»Tn ^'•^^n m-^ay ^m-»:»-^ ITt»:^"» n?3m cnp Gaa^^snTs
nnn ono 't^ rnanno '"^sî^ nnb toT» bxb v^ r^d'-a ea*»!»")» »b)3
Dnpnsa nj^rt ûnb 'n a-^nn*^ pTn ^07D^a ai<i .a-'i^-ixan ipr:? bpTs
Nbn ,t^nra dnb t<p'»m n^^ai 'nb n-n: -iidîo mttbiaa nan^n inb©*^
pa-^ m'^a "in-nn ncmp r^aai ,"»T'tt t<b nm t^j-» '■»3'»'»nn "«nai na
inan» 173«3 U3D31 n»-n naann r::D3 mfi« baa mnm t^ a-na obny
."ia5<n« bx-itt?"» ,nt3Nb las^a -la*!» n'»3^atn
VI.
ABRAHAM HA-YAKHINI.
Sur ce mystificateur qui a mis entre les mains de Sabbataï Cevi
la célèbre apocalypse, source de tant d'impostures, nous avons une
lettre inédite qui lui fut adressée par Ezéchias Romano, poète
mentionné par Pinsker (ni"»3itt'7p '»t3p">b, p. 137; LU. des Or., 1847,
p. 403), et de la même famille que Yomtob Romaao, Tantagoniste
de Cardoso et des sectes sabbatiennes.
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iiO REVUE DES ETUDES JUIVES
Cette missive, conçue dans un style alambiqué, hyperbolique
et intraduisible, ne contient qu*une simple allusion à Tactivlté
littéraire (nann d'^'iDO r\wy) de ce calligraphe et polygraphe. Ce
qui fait sourire ici, c'est le titre yny^ ma ©mn que son corres-
pondant lui donne, titre que Samuel Primo aussi s^adjuge lui-môme
(ûVv nï-iriD, no» 3, 4, 5, 6 etc.).
^3^3^ ^TûDDD *i[^pbN T»u3nT' ,to'»ttbn:? mrû ^STr» û-^pb» nmna
•'D n73bia nii^^D» "iDr:>au5n rsDD^D ^non np*' M» ,^73nn û-^nDO
>:? dnb n'»a ^idt: )3V2 iDpism ."^no "^nm mstm t<nm ^b
riDU)-^ d'»nD"io b« ibîp .t^^^o t^nmci nna t^ma ^^mn^a ta-^îa
iy "^nnan ">a -^n-^ia nTDDna t<b ■^"•3:^3 "^skt ,">-iidx riN^D nbna
nnw •'D .''bionp l'^y'n v-iDTa am t^3ND73 loain ï-rn» dn
•^pia -«pia t:na*i7an riTan Q'^AnTam ta*^DSD^^n npib:^ naao
■»b -«IN abrr '^mni p-nrr ^^^^72 nanu3?3 ,yipi pp Sd ba^
I 3^-ib t:">-i73nî«n y^^jm rï7aDnn nna^T: ii\Db ciin^xa manbi
p^^nm a'»bmb ans a'»-ipn mn itdd «a*i73 D'»pir7D onnxTan
n î-7a)3N ^« ,r<:n Nba t^mDb73 n^'^ja T^b n^aT Dn'^T»a nc«
n73«n (!) ni<"»n7aî< aian nan« ta-^aT^o^n ibaA *-^.^x nbpbpr
"inriD ,'»ni&"»n7a'î2 ■•aix-'isin in can "^d "^-la^ ,^bu5 tma'»5:jaXNT3
nbK -ittJN ©"^N rib^ b« n)3ii< ^nnaa V"»*^"'^ -^ana-^rinn an ,naxa
' Miaa^n ai-i "«ob ib rï7an d-^anna j^nTam n^aann .lia-» n-i"«a
•^a a*^m7aa yna t<bn ,ibbn« "«Db u5''«t nan\D)a nt ">nn rrNTina
I ba ^ttn rrn"»aia7a nnoOK "^nn»» tax .loro "la^aa*^ —lap
p5ab a» .ynx nx ^n^nb î-Tia;i ba^Ta maa nb^ bm ,y-n:i
d-^a-^is^an tona?U5 niNm T«3*^a^ "i"»r!"i ,a"i;an ncfi< ^y *i["»-)jo baa
,ï-i3a"»a a-iaa ;a'»-nT «inna r<n-n'»n "^-n -ino "«aTan pia iî*
l'ij'a u:n7d ^^v2 ^in .i-^Tan •»ttna rrnaa na^idn ^b^r^ taT«
•T'a^ ,t3'»©"»«b b"»ba'j
Andriooplc, décembre 1897.
ÀBR. DaNON.
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F _l_
L'ELEGIE DE MOSE ZACOUT
SUR SAUL MORTEIKA
Mosé Zacout, en qaittant Amsterdam, n*avait pas rompu toutes
relations avec Saûl Morteira, le vénéré maître de sa jeunesse.
L'impression que produisirent sur lui, par la suite, les professeurs
de Talraud de la Pologne ne put eflfacer le souvenir de son maître
et modèle. Aussi saisissait-il toute occasion de correspondre avec
lui. Lorsqu'au 1650, David Carcassoni entreprit son voyage à tra-
vers TËurope, à l'instigation de la communauté de Constantinople,
pour le rachat des Juifs enlevés par les Tartares et transportés
par ceux-ci en Crimée, et qu'il voulut aussi se rendre à Amster-
dam, Zacout lui donna une lettre de recommandation pour Mor-
teira * .
De même, Morteira se servait de son disciple quand il avait une
affaire à traiter à Venise, sa patrie. C'est ainsi que nous le voyons
adresser à Zacout lettre sur lettre, lorsque Tinstallation des bains
rituels occupa de nouveau les rabbins italiens, comme jadis la
question du bain de Rovigo', et que l'avis de Morteira fut éga-
lement solicité. Peut-être des négociants italiens en relations
d'affaires avec lesPinto^ les chefs de la grande maison de com-
merce de Rotterdam, s'étaient-ils servis de l'intermédiaire de ces
derniers pour obtenir un mémoire de Morteira. Il s'agissait d'uti-
liser comme bains rituels des citernes. Le rabbin d'Amsterdam,
en en défendant l'usage, avait combattu l'opinion des rabbins de
Venise, R. Simha Luzzato et R. Samuel Aboab, qui l'avaient au-
torisé. En vain Zacout essaya d'amener les docteurs de Venise à
partager l'avis de son maître; en vain il leur fit remarquer que
tous les rabbins de Pologne suivraient l'opinion de R. Meïr b. Oue-
' KaufmanD, Retue, XXV, 203 et suiv.
• Cf. mTanbtt n-^auja, 'n niTsnb?: (Venise, leoi) et d-»?: ^abc [ihid,, I6O8).
» RitM, fW.,205, note i.
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112 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
dalia de Lublin, que Morteira pouvait invoquer en sa faveur dans
ce cas.
Zacout a fixé le souvenir de ce débat en consignant dans son
copie de lettres ^ les réponses qu*ii a faites aux deux lettres de
Morteira. Nous apprenons ainsi que Morteira avait à Venise, d'où
il était lui-môme originaire, un frère du nom de Néhémie, par
Fintermédiaire de qui il faisait parvenir des lettres à son disciple.
Mais aucun monument écrit ne fait mieux connaître la véné-
ration inaltérable dont Morteira jouit auprès de Zacout que Té-
légie qu'il consacra à son maître défunt. Dans un poème de sept
strophes, où chaque strophe forme un sonnet de quatorze lignes et
dont chaque ligne comprend dix syllabes, il a utilisé sept fois,
avec un mode d*emploi différent, une partie de Télégie de II Sam.,
I, 24, composée par David à la mort du roi Saûl. Une introduction
en trois paragraphes dans le style des Makames décrit la cause
du deuil. Un soleil s'est couché qui pouvait rivaliser avec celui
du firmament, le soleil de la charité, le soleil de Téloquence
sacrée, le soleil de la poésie hébraïque, le soleil du rabbinat, le
soleil de la jurisprudence, le soleil de la dialectique et aussi le
soleil de la polémique*, qui donna au rabbinat d*Amsterdam ud
éclat rayonnant au loin. Ce n'est pas pour le maître défunt,
enlevé vers les sphères supérieures, mais à cause de la brèche
irréparable produite par le sentiment accablant de solitude
et d'abandon éprouvé par son disciple, profondément ému, que
ses plaintes s'élèvent et que ses larmes coulent, pour essayer de
calmer sa cuisante douleur. En épanchant ses propres sentiments,
il espérait trouver un adoucissement à son chagrin et y puiser du
réconfort.
Le poème revient sur tous les détails de la louange contenue
dans l'introduction. Toutes les sciences sont convoquées à s'asso-
cier à la complainte du poète au sujet du maître disparu, qui résu-
mait en lui toutes les vertus et toute la science. Les lévites du
sanctuaire éclatent en cris de douleur à cause de leur frère, le
Lévite, avec lequel toute douceur, tout chant a cessé. Maintenant
celui qui fut toujours une lumière reçoit sa récompense auprès du
trône de la majesté divine ; les êtres célestes se taisent d'admira-
* Voir App9ndic9, I.
* Ici Zacout pense sûrement à Touvrage apologétique PiO^idenciidc Dios eon Isratl
y nulidad de las demas Ugês. Dans le manuscrit, exécuté en 1710 pour Samuel Teyxeira
Thrlaz, de cet ouvrage, que je possède, Samson Cohen Modon, de Manlouc, aUerle
a la fin, avant le registre des chapitres : «b 73 nTH T3DDn ^^^Ti Dît'np ^^73*^^
\>^^'0 nj'a; 'o b^^a t^-i-^-^ia-nîa ^nn ûb©n û^nnb r-n»ax 'n r-i»3p
'■^x-^b n"ynn bib« \Dnnb 'i tan-^n.
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L»ÉLÉG1E DE MOSE ZACOUT SUR SAUL MORTEIRA 113
tion à caase de la grandeur du mérite de celai qui fut un éduca-
teur de la jeunesse, un défenseur de la foi, un champion vainqueur
de l'hérésie. Le poète emprunte à toutes les sciences leurs termes
pour louer dignement le prédicateur, Torateur plein de feu, qui
n*avait pas son pareil pour utiliser habilement les versets tirés de
TËcriture dans ses homélies.
La dignité avec laquelle il a rempli ses fonctions est également
une des raisons qui rendent sa perte irréparable. Ce n*est pas seu-
lement dans sa communauté, dont il était Tornement, qu'on le
pleure, mais partout en Israël. Amsterdam a vu s'éteindre préma-
turément celui qui brillait à son horizon comme un radieux soleil.
Seule la pensée de sa survivance éternelle, de sa gloire impéris-
sable impose silence à nos plaintes, et le souvenir des magnifiques
créations de son esprit est une source de consolation dans notre
détresse. Cest pourquoi la prière et la pénitence sont les seules
manifestations de douleur dignes de Thomme en qui Israël se voit
enlever un sauveur et un libérateur.
Nous ne pouvons donner ici qu*un aperçu de ce poème où Zacout
déploie toutes les qualités de son style. Il est impossible de mettre
dans leur vraie lumière, à moins d'écrire un commentaire dé--
taillé, les nombreuses allusions qui, pour la plupart, sont appuyées
sur la prononciation sephardique de Thébreu, les réminiscences de
la Bible et du Talmud, les emprunts faits à la terminologie scien-
tifique, les jeux de mots forcés qui se rencontrent dans ce poème.
L'indication de la source doit suffire pour servir de guide dans ce
labyrinthe. Mais quelle que soit la part de redondance et d'affé-
terie qui se montre dans cet éloge hyperbolique, cet éloge môme
nous permet d'apprécier dignement Thomme que le souvenir de la
sévérité qu'il a montrée contre Spinoza a présenté à la suspicion
de la postérité.
David Kaufmann.
APPENDICE
I
F. 103«.
Tom ?na.^«n ^aj« •'n» ^^t» î-t®:^» n» bnpi -«anpa •'nb top
îrb^ to*»nn ^«n •^m^na l-^nij^ax» -^b-^bri Dibîr nia^on b^^i n^iisïl
T. XXXVII, K« 73 s
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114 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
«b b-Tin^n lanD by )y^ «rr^u^b ^nsan pn rr^m lin bD b^^D •»ntî«
nT73 n3tp53 ^^ tn^tmiù •^n'^irsi s^iïstt)» ••nbnaï n^Ds "idio*^ r^bn 5iot»
tonim« 1">3 nDN t^tdinî t3:?i3i vmrT^^D mnsta ^j>y^ Sip bipn
astntttt "^s n)2n« inm tarpT»:? i3n"> n^nai n^iana M^Dna TT^nr
i^^*^ «btt5 an55:n ï-i^j^t: "»i3">« riTTon na:&in nim«nn T^niacrra
mbab •»5i3t'^ Tn-» b^^om t»\»3^)d3 •^snwi» ne» 'n *i[ina nn[«](y) nn^i
naD r»«TD t-i:>b ">d "•n^^'r» ini'pi2n V'^^ ï^^^^ ^^ i^^'^ninb i2t8t
taawNn ">3«n pocn ocnai Y'na itûKStib mri '3^» n-ia» m-^b :>^an
n:n .noio 'ij^i inbnntt inpista moj^ttn n» "«Dinfiib îi-idoki ?-n"»a«
B|Dn TOnan lanD nmx vhk m^n: 'i mnD ">b in3« mn^^an n?a
•♦n-tjtnni iirp ton-:© vn^n -«TaDn "^îd b-^apnb •♦nsibm •^nn^it: twi
*K5n'>MO"»on nai d-^nyiin "^d ';D-i7ai *i[in3^ inbiiûD d">nann n« ûrrsDb
•♦îi'iN t-n«TOn ûnb •»n'»Nnni (snt dmp ns^n-» r^b» n^:) ï-nciîn
tarr^^aib '"^dot "«nDonn myi l'^na^b «inb ">iNm mîaiîai miom»
■'««n nn» •^kt mo''« tarra lana to">nn«i û">nm73n tona^i inb iin
n^aan ■^na'ia nanarr ûnb i-^ko n"a taipTsa ûa n»i ^drrasa ûn">nnb
'nimn •♦nca minn m«3^m t-npibnttn pn nfirr» «bn tanb '"»a'»:^ "^a
ta^^ûtt '■'DN "^a tonb ■^n'^K'nn p b:^ ^rr^n bbnrn «"«5 i^^twai nb'^bn
VT b:^ab toip7a )»■> •manb^a r-i'»aiO)3 'o r^in Kin to">«a« diptt^i
rtfina ^D'^ttan -^^^y T»n37: 'o •'a toan t^in 'laj^'^ia t^inn •»a pibnb
r^-^aibiD ''aiw ba^a ">batN pDo i\si b"T ««-lïi ">nana T^Tarrao '-«ca
nai t|noi vn« amb ">i^ni t3"»iin"^b bina b"T t^in •♦a i-nn» nab^
•na-»:?! pNO aipuî'^i n«:r"> nw • m-^^by idu)-» "^ab» dWD tanb "«m):»
tsn-in\a )ana5'»D t3'»n'»aanb ainab la-^b^^» dt» rr^a© no-^ov na-^b:^»
m-nani x^rv^n -no "«Db n^aN 1'»t i-^irri m^av rronpTaa ?nai«finn
'■»«an tanb hlinhin ^la» Mîmrîn "^d by ba« lîbn yn^a •p^aa^an
^pj^iD^ •♦a ï-iN-'i nfio pb^n ws^^n p «b «^nn -pNn i^ lîia ai-ip»
taattsn .bfiwaTDi •p^'» i-no*^ «b-i nmo*^ tona^tt^n bsi tsa-^aa^ bnpb
"nat^b ian r^bi -«nanb taaTN nan r^b (••b nvma Hb ma-^ob)
ia'»T t^atiTsi la'^'T' ^inx aïoa ^^b -^aia-^ian nnx iiaaoi wn rro p-i
oa ts'^pnaitt "^aan na nab lo-^n ^^Sj-^^a^ r^-i^rr'm «na "^a ^'rrawa »b
■•a n»K ti">oitt mo'»N'i bbna ^iia'^Na la-ïnan ta'»niaN73n n'^aoa
n«wa mon n« tn:;:j> i3'»tt5 eaa •'n-ï-inma t-iiNnnn ain Tntnna
tDM ''a m^a ■'a ■«m'ni ">t« na© «b n»T baa ^« .na'^mn •^ai» ^••^
:ïma« '^niwd n'^nm^a Sbian anb ainab "^nnïTOi n^afitn nwap
m^ana Kim "^n-a ^i^anbi niTa^b n"»:^» ^b mn^ la»» ">nbK«i l'-ia
.omnLjn va'»3^ i^n*^ n«« e5''nmn ?nb« '»aa"»«">i inop "pn
* Allusion à Doul., xxi, 15. — * Baba Kamma, 65, et Ber, r., 49. — * = Citerne.
— * MeguHla, 5 J. — • iSo/a, 47 ^. — « Venise, 1606. — ' n"!© K. Méïr Lublin, éd.
de Venise, 1618. — • Dtn., iv, 24. ^ » Pi., lzzziz, 35. — »• Qnittin, 41 *.
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L»ÉLÉGIE DE MOSÉ ZACOUT SUR SAUL MORTEIRA 115
II
F. 95 tf.
/l73y "^aa nana ,i»« b-nai bbisn r^bonan ann ^mwn -^bD bs niri»
«•^a» "«aÉi -^am -m» : t^?*^ ûN^'na^Taîï Timaa «nn-^nT: «î-ni Kn^a «"^n
r**i»n -^s nîtDi ^noa -.ûdd .rrnbî «n'^'^ann» SSo bnN« ^nmttD
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aarm .** lanp b^i iWNn S:^ /• inna«D riDwi . • nnsia n">»D nb»-»
."drranai rr»^ tids la pba:"ia:3aa T^b« y'i'' r^b -^d ,""iab njt
i"»-n73n bip ib-ipa in-^ : "laixtDi laiTana ."ona ni»N bDi û-» "pN
"pnm tovN bipn : "n3"«?3b ama^n Snp 'im ."m^^iT pn .r-n^^^T
^ta-»»© lin» "^D ûny'T» «bn: ** i3»3^ b^^-^n ,"manb aatinntt)^^ ,maab
."nnb 'irw nan «Sdî »*"ia3:^ rba^ to-id ."o-^-in^a tîTa^on nx »"»an
Sd rT«n »b «73© : "naa b^^ 'iTa^^i ."nna-^aNa ta">a-în n» riDT
t5»« : "na*^:? nnN-i np*^ San ,"rî7aan i">yT naian 1"»:^ ib "«a ."^rïTa-^aD
)D»ia : "na^K -^i^^x •n«5'« .moian ip S^^ ni»« ,"mn\»"^ a^v ni«b
:**iannTD npns: ."'itd ta'»o'^aa^rr ny^ai ,nna>i nn» lann '*npn»
SiNca tiTDnn n-ibrnjj t3:>ia nb /Mm» Srr^ mo-nn T^t nna): ©tstd
mnx ttJDa i^^kt ,n:?Ti r:at'»b73a n'»nTnb ^t» «5730 ; *'ian irr»! »*ii«na:a
.*»n73«im -^aaa ina-^ ©73© î »«iantt5b yj^^n. «b -ii»« nr^aw vmn"»uj
)D72«î^*i3a n« «•»« ni3">"^ n«»^a ,173:^ nx ^«ra *«a'»3snb nanni
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* Nombre?, xiv, 1. — * Abot, m, 18. — * Huth rabba,^'' Deul., m, 11 ; Jérémie,
xux, 2. — » Il Rois. II, 12. — « Isaïe, xiv, 29. — ' /*., 22. — « Deut., xxxii, 11.
— » Job, XV, 33. — " Isaïe, xiv, 6. — " Ex., x:i, 9. — " Ibii,, vin. 11. — »« Job,
XX, 20. — ** Isaïe. xlii, 5. — »« Jér., li, 48. - »« Isaïe, xv, 14. — " Ibid., xxviii,
10. — » Lév., XI, 15. — " Isaïe. xxviii, 24. — *» Ex., xxvi, 1, el Ps.. xxix, 7.
— *« Ex., XIX, 18. — « Amos, viii. 9. — " Job, xxvi, 9. — «* Sanhédrin, 8tf. —
»»= Moïse.— «« Dan., xi, 20.— " Rosck Haschana, 23 J. - " Prov., xxi, 30.
— *» Job, xxviii, 10. — »• Jér., xxxi, 35. — >» Job, xvnî, 7. — " Mal., m, 20.
— M Berackoi, 63 a. — »^ Jujçes, v, 11. — »' Job, xxx», 26. — ^ Comp. Baba
Batra, 16*. — ^ Gen., xxxix, 21. — « Deut., xxviii, 49. — »» Ps., lxxii, 17.
— *• Ibid.y Lxxviii, 38. — ** Deut., vin, 5. — " Pd., xix, 5. — *» Allusion a la
prière l^n pTlS. — ^^ Juges, v, 31. — " Bdouy, i, 7. — *« Ps., lxxxîv, 12. —
♦' Jér., V, 3. — *» Deut., xix, 18. — *» Job, xvm, 7. - »• Deul., xii, 5. — " Gen.,
XXI, 21. — »« Jér., XLViii, 29,
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116 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
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nnrïD ib ,*«i3ion liKoa "^d toai:**i3pt ^y in-^n invi : **w«ba
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•«nDTOi Tin no"nô "^d ly'rn îîb nn
bam Tin» n-^nr» •^mna ^èu)
"'•niTss^n bK ■»« nnb» m73Dnn b«
* Joél, n, 10. — * Jér., xxxi, 30. — » H Roi«, ii, 12. — * Zach., ii,i7. — ■ Ps.,
Lx, 10. ~ «Job, XXX, 16. — 7 Ketoubotf 8*. — « Peut-dtre allusion à Job, xviii, 10.
— »Gen., v,24. — »• Ex., xxviii, 3. — " I Sam., xviii, 13. — " Ex., xiv, 49. —
"Job, XXXVII, 1. — ** l8., V, 29. — " Hosée, xiii, 15. — *• Pa., lxxxix, 27.—
"Ex., xxviii, 8. — "iSfi/ra ; niT'» a""». — " Lév.. xxvii, 10. — " Ezra, ii, 68. —
" Ps.. XXIV, 3. - " Dan., xi, 45. — " Eccl., ii, 25. — «* Ex., m, 1. — " Dent.,
XXIX, 14. — »« Prov., xxvii, 4. — " Is., li, 13. — " I Sam., xvii, 7. — •• Nahum,
II.4. — «ojob.xvi, 19. -" Ps.^vii, 6. — " Dan., X, 8.— " Jér.,n, 11. — »*Ex.,
xii, 4. — »» 1 Sam., xxv, 3. - *• Ez., xxi, 36. — «'^ Pesakim, 75 3. — •• Ex., xxni,
3. — " Jér., xxiii, 9. — *« Prov., xvn, 20. — " I Sam., xxi, 14. — *« la., ix, 4.
— *» Deut., xxxiv, 7. — ♦^ Is., lix, 1. — ♦» Jér.,XLVi, 25. — *• Nombres, vi, 14,
— *^ Prov., XXVI, 14. — *« Nombres, xxvii, 1. — *» Deut,, xvi, 9. — »• Allusion à
TlDOT nSD HDO «lu Sefer Tecira. — '» Ps., cxLiv, 4. — " Nidda, ii, 7. — •• Jf«-
ffuilla, 23* : *Tnn *Jin ni^ Tl^y* — •* Nombres, xxxn, 41. — »» H Sam., ui, 38.
— *« Comp. Nombres, xxxui, 23. — '^ Allusion au titre du livre T^Ml IbO. —
»• Jér., IX, 16. — w Jot., X| 19.
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L'ÉLÉGIE DE MOSÉ ZACOUT SUR SAUL MORTEIRA 117
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^p3^a nptt) "nna-^a nsnâstn id
ns-'Da biNO b« bNno"> ^^m^*^?
» Ez., XXVII, 30. — * I Sam., m, 3. — > Ex., xxxn. iS.--'' Baba Baha, 21 a. —
» Il Stm., I, 24. — • Enuméralion des lévites, "^nb = '*«nbn. DT'lb = deuils. —
T Michée» IV, 10. — * Lév., xxiii, 42. Comp. 1 Rois, v, 11. — » I Chr., vi, 18. —
»• /Wrf., VI, 24. — *» /*irf., VI, 19 et 20. — " laid., v£, 6. — »» Pb., xxxiii, 9.
— ** 1 Chr., VI, 29. — " Jér., li, 58. — »« Genèse, xuii, 11, et Amos, v, 23.
— " Pi., xcvi, 13. — " Lév., xviii, 23. — ** Comp. Nedarim, 38 a. — "Juges,
V, 23. — ** Gen., xxviii, 12. — " Job, xv, 10. — ** Le saint dont Tintérieur est égal
à' son extérieur = inaD IDin, Towa, 72 J. — *Uob, xxix, 9. — « =Î133^\ —
** Is., Il, 10. Il a vaincu avec son énergie la religion d'EsaO, Ta anéantie et réfutée.
-iT Communautés d'israôl. — " II Sam., i, 20. — " Ez., x, 2, 7, au milieu
d'Israël.
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118 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
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^ Maïmonide, Moré^ 1, 68. — * Allusioa ^uz catégories du verbo dans la gram-
maire hébraïque. — * Pr., zxxi, 25. — ^ Néh., tiii, 6 : parce quUl fut élevé
en haut. — • Haguiga^ ii, 7. — • Is., il, 26. — ^ Jér., x, 9. — ' Allusion au
Kaddisch. — • Zebahim, v, 5. — »« Gen., xxxvii, 16. — »* P«., lxxvi, 11, nttH
= soleil. — " Gen., xxvii, 33. — *« Prov., xxiv, 27. — »* 1 Sam., ▼, 1. — » Ex.,
XXI. 25. — " Lév., XXV, 43. — *^ 1 Rois, vu, 3. — »» Hos., v, 1. — » Pt., xli, 3.
— *• Eslher, v, 3.— " Is., xxxv, 8. — " Ez., xxx, 4. — " Is., xix, 18. — «^Nah.,
n, 11. — " Fs., cxxxix, 7. — " Ibid., lxiv, 7. — «^ Prov., xxv, 26. — »« Ps., lv, 5.
— " Is., LVii, 20. — »• Mithée, ii, 4. — *» Prov., xiii, 19.
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L'ËLÉGIE DE MOSÉ ZACOUT SUR SAUL MORTEIRA 119
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WD"»'n"'ir d-»a nbr::i ^dn'ii: d'»a nbn^n
" i-i:?^: by 00^3 " in»» DU^n -im
* Ex., XXXVI, 19. — » Canl., vu, 1. — » Is., xlt, 1. — MI Rois, xx. 11. —
» Baba Bâfra, 393. — « Mal., m, 19. — ^ O mères! — « Gen., vi, 9, et Ez., tii,
11. —• Gcn., V, 29. — »• Uid., xlv, 3. — ** Jér.. li, 6, comp. Mas. Sofnm, xxi.
— " Canl., III, 7. — " Job, xvi, 21. — »^ Babàot, Sif^è, Sifra, Ttlamdèuou,
Tanhouma, — »» Gen., xlii, 2. — »« Is., xlv, 13. — »' ?«., cxxxix, 11. —
*^ Hosée, VI, 3. — *' Avec des prières el des œuvres de pénitence. Allusion au titre :
n"l©. — «• la., xviii, 2. — " Megnilla, 16 b, — " Baba Batra, 16*. - " Gen.,
XLVIII, 14.
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lE BLteiE DE DÂTID B. ÂRON M HOMiN
LES SOUFFRANCES DES JUIFS AU MAROC
EN n90
( le règne si long et si paternel de Mouleï Sidi Mohammed,
fs du Maroc avaient joui de quarante ans de repos. La der-
ériode de la vie du chérif fut troublée par des mouvements
tionnaires provoquas par son propre fils, Mouleï Jezid. En
ivant les révoltés, il trouva, la mort devant les portes de
, dans son char même, frappé d* un coup d*apoplexie, sans
n entourage Teût remarqué. La mort du souverain n*a pas
) Maroc, comme Abraham ibn Sadoun l'expliquait alors à
1 Romanelli de MantoueS à cette époque au service de la
i de commerce de Ouedalia de Mogador, les mômes consé-
s que dans tout autre royaume. Un changement de règne y
ue, en quelque sorte, le bouleversement de Tordre poli-
t social. Les lois et les droits se trouvent subitement abro-
la lutte de tous contre tous commence. Les passions de la
ce se tournent d'abord contre les plus faibles, contre ceux
it simplement tolérés dans le pays, à savoir les Juifs. Aussi
itemps de 1*790 fut-il pour les communautés Israélites du
la fin de leur tranquillité et de leur sécurité, car la mort du
arrivée le 31 mars ', ouvrit pour eux une ère de persécu-
[lestés fidèles à leur souverain, ils avaient refusé leur obéis-
et leur concours au rebelle. Celui-ci ne tarda pas à se
. Parmi les dix fils de Sidi Mohammed ' qui se disputaient
3 yOlO , écl* Schiller-Szinessy, p. 61 et 63 ; Zedner, A%iw>akl kUtoritekit
. 223.
53, mstwn anV> •^awn ûva.
61, D-^sa nr\xû9 ib ntrr ^bwm.
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UNE ÉLÉGIE DE DAVID B. ARON IBN HOUSSEIN 121
la succession au trdne, c*itait lai qui avait le parti le plus nom*
breux, et il ne tarda pas à se rendre seul maître du pouvoir *.
Jusqu'ici nous connaissions seulement par la relation de Samuel
Romanelli les terribles cruautés exercées contre tous les Juifs du
Maroc. Mais le souvenir des horreurs de cette époque s'est aussi
conservé dans d'autres documents : dans ce genre de poésies qui
rappellent les temps néfastes, le calendrier noir de Thistoire
juive, dans ces élégies qui ont rattaché aux chants de deuil con-
sacrés au 9 Âb, jour anniversaire de la destruction du Temple, la
commémoration des malheurs de toutes les éppques. A la fin d'une
collection de Kinnot manuscrites composées par des poètes maro-
cains sur le 9 Âb, qui se trouve en ma possession, s*en rencontrent
deux à la an qui sont consacrées aux événements de Tan 1790,
qu'un chronostiche {prù) désigne comme une « plaie du corps p des
communautés juives du Maroc. Jacob b. Joseph Almâlih, dont j*ai
déjà publié l'élégie *, pleure sur les souffrances des communautés
de Tétouan, Fez et Méquinez, d'une façon générale. La Kinna de
David b. Aron ibn Housseïn, qui a mis son nom en entier au com-
mencement de ses strophes, répétant certaines lettres jusqu'à deux
fois, entre bien plus dans les détails.
Notre poète commence sa description des souffrances des Juifs par
Méquinez sa patrie, quoique ce fût Tétouan, oùMouieï Jezidse fit
proclamer souverain d'abord, qui eut à supporter les premiers
effets de sa colère. C'est à la fin d'avril ' que la catastrophe
atteignit la Communauté. L'ordre de piller les maisons des Juifs
avait été donné par les autorités. Aucune cachette ne fut à l'abri
de la rapacité de la soldatesque. Les synagogues et les maisons
particulières furent livrées simultanément à la cupidité des pil«
lards. Le pillage continua jour et nuit, jusqu'à ce que les maisons
fussent tout à fait vidées. Les malheureux étaient surtout affligés
de voir les rouleaux de la Loi enlevés des synagogues, outragés et
lacérés pour servir aux usages les plus vils. Les pillards n'épar-
gnèrent même pas les trésors littéraires de la Mellah de Méquinez
qui n'avaient guère de valeur pour eux. Des savants voient leurs
travaux, fruits de leur labeur et gages de leur renommée, emportés
et livrés sans merci à la destruction. Privée de moyens de subsis-
tance, la communauté se trouva bientôt en proie à la famine, et
ceux qui les avaient dépouillés eurent l'ironie de les expulser
comme mendiants. Les chefs de la communauté furent frappés
1 Zedatr, /. cit., 226, note 9.
> Z, D. M. G., L, p. 238 et suiv.
3 Le mercredi 14 lyar, comme Tindique le poème.
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122 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
plus durement ; ils furent menacés dans leur vie, mis aux fers et
jetés en prison. On les punissait ainsi pour avoir refusé de trahir
le père du nouveau sultan et de prêter assistance au rebelle. Pour-
tant, en dépit de ces cruelles souffrances, la communauté eut la
consolation de n*avoir à déplorer ni mort ni viol. Quelques-
uns des pillards paraissent môme avoir été punis de leurs excès :
on les pendit aux portes de Méquinez. C'étaient sans doute les
meneurs de ces forcenés.
Nous connaissons par Romanelli les noms des communautés
qu*Ibn Housseïn et Àlmâlih ont omis de nommer : ce fUrent Maroc,
ÀrzilaS Alkazar, Laragi, Rabad, Mogador; aucune ne fut épar-
gnée*. La dévastation se répandit à travers tout le pays comme
un incendie. Des prodiges de foi et de fidélité inébranlables se révé-
lèrent partout, mais la lâcheté et le désespoir exercèrent aussi
leur action. Tous ne restèrent pas fermes à l'heure du péril. A côté
des héros et des martyrs, il y eut des renégats qui acceptèrent
rislam pour sauver leur vie *.
Nous sommes renseignés sur Tétouan, a la reine des cités >,
comme on rappelait, par la lettre qu'un fils d'Abraham b. Juda
Kouriyat avait écrite au charbon sur une feuille de papier et avait
fait parvenir à Mogador^. L'intercession d'un Tâlib, membre du
clergé, auprès de Mouleï Jezid avait détourné à temps la calamité
de la communauté de Tétouan, déjà vouée à la destruction.
Les renseignements que l'élégie d'Ibn Housseïn nous donne sur
le sort de la communauté de Fez sont inédits. Ici la* férocité des
persécuteurs atteignit son comble. Si dans d*autres endroits ils
furent poussés par la cupidité, qui, une fois satisfaite, s'apaisa, ici
ce fut uniquement la haine religieuse qui sévit, ne reculant m4me
pas devant la violation des tombes et la sainteté des temples. On
visait surtout les synagogues juives. Pillées et saccagées, elles
furent encore transformées en écuries. Ensuite, on livra assaut
aux cimetières. Les monuments funéraires furent renversés, les
tombes remuées et les cadavres arrachés des fosses. Comme jadis
le prophète Ëzéchiel, le poète demande en présence des ossements
dispersés: « Ces ossements revivront-ils?» Les terreurs annon-
cées pour l'ère messianique avaient fondu sur les malheureux ; ils
> C'est la la communauté au sujet de laquelle Don Isaac Âbravanol correspoDdil
avec Yehiel de Pise ; voir n?3n3 *nit1N, éd. Blumenfeld, II, 66, et Kaufmann, B^put^
XXVI, 84.
* Cf. M. Jost, Getchichte der Israeîiten, VIII, p. 46 et suiv. d*après les indica-'
tions de Romanelli.
» Romanelli aussi rapporte au sujet de Mogador, ibid.^ p. 67 : ab^ Î1"ÎD5 îlfi<n*?1
♦ /*., p. 64.
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UNE ÉLÉGIE DE DAVID B. ARON IBN HOUSSEIN 123
avaient vu les signes précurseurs de l'arrivée du libérateur, mais
lo Messie n*était pas encore venu. Malgré tout, Tespérance éclate
à la an de cette élégie en un cri de joie qui annonce Tallégresse
et les triomphes de la justice victorieuse, du lumineux avenir.
D. Kaufmann.
•pïa» pm l'abri la ii*t?i« p mn ■'diî» '-«o ït^*»?
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•n^n« urm nm boi t^b
n«a:Di " rrnsu) na iy
ma'^5>:i mnp'> d'AIDS
"rïTDûin d'>3aîi br d»
* Aboda Zara, 70 ^.
s AUusioQ à II Rois, xxiii, 22.
* Nombres, ix, 6.
* Menakoty ix, 5.
* Jér., xLvi, 22.
« Isale, IX, 11.
' Dent., xxxiii, 4.
naa -^dv nb'»bd T^«
natt5a '^3^'>a'n dn-^a
nr^'n banwb \roi
r)iu53^b i3i^m i^DH
«mTannnpa d-^^y •^aairo
r)i73ib3fn dnb nbai
".bbu) m^b da d'^53"
ibbn d'^X'^nc n^a
mbam d"»p''T3 "^vh
mbibd dna mD-^nùi
t^asïi rpb« nan
«•^aïi d-^^b» fan-^bs^
"mn C|Nîi "^nti n^aî
5Tn:id i5m« im
T^^xrriy rrbi^ia -jn^^
riitt-^m a*»"!» nnc»
« HoulUn, 9 a.
» II Rois, X, 10.
" Deut., XXIX, 23.
" Sanhédrin, 94 «.
** Nombres, xv, 27.
" H08., X, 14.
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m REVUB DBS JÎTUDES JUIVES
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* PetaAim^ m, fin.
* Baba Boira, 75 a.
* If aïe, XL VI, 7.
» Ibid.
* /*., I, 6.
T Ex., xxxii, 25.
> Mihvaot, Y, 5.
* Sanhédrin, 97 a.
»«Stf»A^r., 111a.
»* == 1V75*n73r«, émeraude.
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" Comp. Taanitf hb.
" Comp. To$efia Taanit, ii.
1^ Pêtakim, 22è, et allutioo au livre
connu tout ce litre.
» Jép., xLix; 7.
*• Jbid., VI, 26.
17 Deut., XXIX, 23.
i« Sabbat, 116 ».
<• Lament., m, 20.
«• Lév., XIV, 39.
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UNE ÉLÉGIE DE DAVID 6. ARON IBN HOUSSEIN
125
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^ I Sam., iz, 7, et Job, xxiv, 7.
> Mênahot, 41 a.
* JéP., XT, 18.
4 Lament., v, 11, et Gen., xxxvni, 21.
* Beraehot, 8 a.
* Istïe, I, 8.
^ Exode, XXXII, 25.
* = Quelques-uns.
* Exode, IX, 23.
** ProY.) zzv, 26, et Qen.| xix, 17.
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>> Lament., i, 1.
i> Isale, III, 26.
»» /*., V, 30.
»* Ps., XTIl, 10.
»» i*., XVII, 12.
*• Lament., ii, 2, et Ps., Lxxxiii, 13.
*^ Gen., XLix, 7.
1» Houllin, 72 tf.
*• Ps., cxxxvii, 7.
*• Ib., LXix, 21
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REYUB DES ÉTUDES JUIVES
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Berachot^ 8 a.
Ibid., 8 fl.
Sanhéd,, 46 a
Allusion à Prov., zvni, 22.
Eccl., IT, 2.
Isaïe, XL, 2.
Sota, fin.
Ps., LZXZVIII, 11.
Ez.f zxzvii^ 3.
" Exode. V, 23.
" Jér., XIV, 6.
" Prov., XX, 2.
** Isaïe, Lvii, 15.
'^ Jér., XXIX, 7, el allusion a la dernière
des ma^ia ra«.
" Ps., Gxvin, 24.
" Ishïe, II, 4.
»7 Ps., cvii, 42.
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MANUSCRITS DU SUPPLÉMENT HÉBREU
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
Les mss. orientaux de la Bibliothèque nationale ont été décrits
dans un nouveau catalogue, et le catalogue des mss. hébreux
occupe le premier rang par ordre de date. Depuis que cette publi-
cation a eu lieu (en 1865), le fonds hébreu s'est augmenté de 71
volumes, par suite de dons ou acquisitions. Plusieurs d'entre ces
mss. méritent une description, en raison de leur importance;
pour le reste, une mention du titre suffira.
No« 43U-5 : Bible, en 2 vol. in-40, déjà décrite ici »; 222 et 2î0 ff. —
Il convient d'ajouter à notre description que la Bible similaire dite
f de Sorla », qui contient une curieuse généalogie reproduite dans
notre ms*» a été signalée pour la première fois, eu 486S, par Éliézer
Ascbkenazi, de Tunis, dans le Libanon (V, 180) ; ce dernier avait pu-
blié le texte de la soi-disant généalogie.
K^) 4316 : « 300 mots hébreux identifiés avec leur équivalent dans
les langues modernes », par Philippe Sarchi (Paris, 4326, in-8°). —
Donné par la Société asiatique. — In-i® de 48 fl*.
N*** 1347-18 : L'Ancien Testament en syriaque, écrit en caractères
hébreux, par Arnold Boot. Cette copie a été faite sur Texemplaire de
Jacques Usher, archevêque d'Armagh, en 1653. Boot a ajouté les va-
riantes des autres versions. — lu-fol. de 526 et 299 fT.
N^ 4319 : Trois tableaux contenant les principes de la grammaire
hébraïque. Le 4«' est intitulé t Tabula prima quœ est de lectione he-
braica >; le 2^ : « tabula secunda qu^e est de verbis hebraicis » ;
le 3e: a tabula 3» quae est de affixis hebraicis ». — Du dernier siècle,
in-4».
K^' 4320 : Deux phylactères (tefillin) sur parchemin (dans un écrin
en soie blanche).
N® 4324 : nsno 03^, « plume du scribe », formulaire d*actes divers,
» R€9ui, XXXVl, 112.
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«28 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
contrats de mariage, divorce, tutelle, achat ou vente, location, adju-
dication, prestation de serment, renonciation, testament, etc., selon
les formules établies par les rabbins de Fez et de la contrée (Maroc).
Cette série de textes a été commencée à Méquinez, le premier jour de
la néoménie de Schebat 488 (= 4728) et achevée le 49 Adar suivant,
par un écrivain qui a apposé seulement ses initiales 'n'M. — Après la
table détaillée de ces textes, en six colonnes, un passage du Talmud
de Babylone {Sanhédriiiy 88), avec les Tossafot, est longuement com-
menté. Ce morceau est sui^i de trente types, Odio, de décisions rab-
biniques. dont les dix premières manquent; les n"** 44 à 48 sont écrits
en judéo-espagnol. — Au f. 49^ se trouve une liste de localités afri-
caines, reproduite et Idenliûée ici récemment*. — In-4o de 61 ff.
N* \^11 : Pentateuque, suivi des Haflarot et des cinq Meghillot.
Copie datée de Tan "^b «rr^ I^DT, soit 339 (= 4879), non 283 (= 4523),
comme le dit par erreur une mention ms. — Donné par feu James-
Ed. de Rothschild, en 4876 (classé dans la Réserve). — In-42 de 504 p.
N** 4323 : Rouleau d'Esther, rouleau sur vélin, dans un étui en or
— Don du môme. (Réserve.)
N'^ 1324 : Rouleau contenant la première partie des Haflarot;
26 col. fol. — Ce ms. et les huit suivants proviennent du Yémea
(d*après Tinventaire, ils ont été achetés à Constantinople et cédés à
la B. N. par M. A. Goupil).
N<» 4325 : Le livre d'Isaïe. Chaque verset du texte hébreu, pourvu
de la vocalisation babylonienne, ^nn^K, est suivi de la paraphrase
chaldéenne et de la version arabe. Cette version est celle de R. Saa*
dia Gaon (nonobstant Tassertion contraire émise par l'inventaire de
ces mss.); voir la description de ce ms., donnée par feu Joseph Deren-
bourg, préface hébraïque du t. III des Œuvres de Saadia (4895). —
In-fol. de128ff.
No 4326 : Pentateuque. — A la fin se trouve un feuillet contenant
un fragment de la version arabe. — In-4o de 236 ff.
N° 4327 : Idem. -^ En tète du volume, un traité de grammaire hé-
braïque en langue arabe, écrit en caractères hébreux, dont le com-
mencement manque. — In-4°, 276 ff.
NO" 4328-9 : Pentateuque en deux volumes. En tète du premier vo-
lume une grammaire hébraïque dont le commencement manque. Ce
traité est suivi d*une dissertation sur Tordre des livres qui compo-
sent la Bihle. A la fin du même volume, on lit les observations
grammaticales de V^'^^nn^. — In-4° de 486 et 460 ff.
N<> 1330 : Livre de prières à Tusage des Juifs du Témen. — Dans
l'avant-propos à son « Manuel du lecteur* », Joseph Derenbourg
donne une idée sommaire de ce Rituel très curieux. Tous les pré-
ceptes relatifs aux prières et aux usages ordinaires de la vie juive
sont rédigés en arabe. Les prières elles-mêmes sont ponctuées diaprés
* Ibid., XXXV, 306.
• Journal miatiçue^ 1870, II, 310.
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MANUSCRITS DU SUPPLÉMENT HÉBREU 129
le système babyloDîen, tandis que les chapitres de TEcriture sainte
insérés dans le Rituel portent la ponctuation palestinienne (ordi-
naire). — In*4° de 218 ff.
N<* 4331 : Autre exemplaire du même Rituel, mais plus complet et
plus correct, rapporté du Yémen par M. Joseph Haléyy. — In-fol. de
325 ff.
I^® 4332 : Idem^ un peu défectueux en tèle et à la fin ; plusieurs
feuillets sont mutilés. — In-fol. de 466 ff.
N** 4333 : Haggada, avec miniatures, longuement décrite par nous
dans le Journal asiatique (février 4892, p. 472-485). Ecriture rabbi-
nique du xv® siècle. — In-4® de 40 ff.
I^<» 4334 : Explication du commentaire de Raschi sur le Pentateuque
par Juda b. Salomon, de Tlemcen. Voici le titre hébreu complet :
D^bfit. A la fin de la préface, on lit la mention de Tachât fait par
ï:Kn 'a TTO ■isttttî. Le volume a été écrit par Juda ybD*, l'an 200
(= 4440) selon un chronogramme, et continué Tan S04 par Soliman^
fils de R. Yifrah a^o mD\ à Tlemcen, pour un jeune homme mna
nommé D"c ïTio 'a n^yiD^ h ^lari 'a bb:^. — ln-4<» de 444 ff.
N<» 4335: Plusieurs parties des Hagiographes, savoir : Psaumes,
Proverbes, Cantique des Cantiques, Ecciésiaste, en hébreu, en chai-
déen et en arabe. Maintes parties sont pourvues d'un commentaire
en arabe; avec le Cantique, on lit un commentaire qui semble être
Toriginal d*une version hébraïque attribuée à Saadia et imprimée à
Francfort-sur-0. en 4777. L'Ecclésiaste est suivi d'une explication
très étendue par un autre auteur. — In-fol. de 437 ff.
N<> 4336 : Extraits du thib» ni3 < clarlé de l'ombre », explication du
Pentateuque en hébreu et en arabe, composée par Nathaniel b. R.
Yeschoua en 4327. Ms. incomplet venant du Yémen. Voir mss. de la
Bodléienne, n^ 2346, et l'analyse faite par Alexandre Kohut dans ses
Notes on a commentary to ihe Pentateuch, p. 9, à la suite du Rapport
du séminaire Israélite de New- York, 4894. Cf. Jew, Quarterly Review^
III, 604 ; IV, 464. — In-40 de 2Î8 ff.
No 4337 . Trois traités du Talmud Babli" : 4^ Baba Batra; 2» Aboda
Zara; 3o Eoraïot. En marge du premier traité, on a commencé à
transcrire des notes et des variantes, intitulées : les unes b'a'u^n 'onn,
las autres ■*»"! nona. Le propriétaire du ms. se nommait : in:*^ ^'^t:zii
vaism la», sa signature, en grands caractères carrés, est au bas du
f. %a, et Ton retrouve ce nom en cursive orientale presque illisible,
à la fin du volume, f. 243 **. — In-4o de 243 ff.
No 4338 : Paraphrase arabe, en caractères hébreux, de la Genèse,
jusqu'au chap. xli inclus ; rimée par quatrains. Ce poème n*a pas dû
aller plus loin, puisqu'au fol. 82 a il n'y a qu'un quatrain, tandis que
I Voir Bevuê^ V, 47 et 314 pour ce mot.
> Non « livreB de la Mischna » , comme un relieur, mal guidé, l'a mi? à tort sur I9
doa du Tolume, en 1882.
« SêviH, VI, 158.
T. XXXVII, no 73. 9
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130 BEVUE DES ÉTUDES JUIVES
le reste de la page et le f. S%b sont blancs. ^ Au dernier fol.» le recto
est blanc ; au verso, on lit, en caractères rabbiniques, les mots sui-
vants : ta'o rr^tm -^Dn-i» 'a nm prroTa) ...n'»r^n ■»3îi; puis, au des-
sous : t3"o nsfin ■♦Dintt n-^r^n ■♦3«. probablement le fils du précédent,
qui selon Tusage juif portait le nom de son grand-père. Finalement,
on lit la protestation suivante, d*une orthographe et d*un style dou-
teux : ms^aar» tOTaria pn m^^ïs •'ba nco d-^np-ib© nij^n •»tD5« •^n*»»-} •»5«
'y^yi nsa biM ^^yn n-^yarrï -^nDO b:^ ■♦7:1» •'nanDi •'s» {sic) ^na p b:^
û"o rofin •^^inn p qor . — ln-8« de 93 flF.
N«4339 : V^l'ï^i 'o Novelles sur Ketoubot, par Klie b. Hayyim.
Edité avec les Consultations tfn^, du même auteur, par Isaac de
Domo Léon. Gonslantinople, sous le règne d'Ahmed (un peu avant
4648).— In.4«de458 ff.
N<» 4340 : OD^bM -t3773 « Réflexions sur Tâme »y arabe en caractères
hébreux, par Bahya ben Joseph ibn Paqouda (M. Is. Broydé en a pu-
blié une version hébraïque à Paris, en 4896, in-8«). — In-4« de 84 ff.
N<> 4344 : Recueil de plusieurs traités de philosophie et de théolo-
gie, savoir : f. 4 à 62^, nnsiTaK ^o « Traité des croyances », de Saadia;
f. 63 a à 66 a, nnniD'^a « des fondements » du monde, par Isaac Abra-
vanel ; 1 66*, û'^^'yataîi D'^^oin^in « cours de physique », par MoTse Nar-
boni ; f. 67 *, abi:rn mK'>^%3 niD-^Ma « de TOrigine de Texistence du
monde »» par Ibn-Roschd (Averroès), et d'autres questions de philo-
sophie aristotélicienne (1. VII et VIII); f. 98 a, nirra^n '0 c des
plantes », attribué à Aristote ; f. 103 a, nnbarnn ^m b:^ m^^n '0, par
Abou Naçr al-Farabi ; f. 426 a : petit traité « sur la préexistence des
âmes aux corps », par Salomon (ibn Gebirol), ou « Tauteur du
Keter Malkkout », dit une noie marginale, en caractères rabbiniques.
Puis on lit, en cursive judéo-allemande : aps^'^ 'n finn dDrttTO 3*bn
ûpy» bip bipïi iDioa *y^^im '^^n '^bno3« « il me semble que ce savant
doit être R. Jacob Anatoli; car le ms. à la fin du poème révèle le style
de Jacob ». Cette noie moderne est signée des initiales p"n. N'est-ce
pas l'abrégé du nom de Raphaël Kirchheim? F. 427 a, icap th^y « le
microcosme », traité composé par Moïse ibn-Tibbon. En marge, une
note moderne émanant du même critique avertit « de ne pas con-
fondre ce traité avec un livre homonyme, le microcosme, composé
par R. Joseph b. Çadiq, traduit de l'arabe en hébreu. » — In*fol. de
130 flF.
N^ 4342 : Rituel juif en langue ilalienne, écrit en caractères hé-
breux avec points-voyelles. Ce ms., légèrement défectueux en tète,
a des rubriques multicolores, ornées d'enjolivements qui permettent
d'attribuer ce petit volume au xv* siècle. Un Siddour similaire, en
langue italienne et caractères hébreux, a été décrit par M. Leonello
Modona, dans le VessUlo isr,^ 4887, p. 76-80 et 440-444. — In-42 de
85 flF.
N<» 4343 : t'^Ti yy c arbre de vie », traité de théologie et de philo-
sophie par Aaron b. Elle, auteur caraïte du xiv* siècle (publié à Leip-
zig, en 1844). — In.4« de 493 flF.
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MANUSCRITS DU SUPPLÉMENT HÉBREU 131
N« 4344 : bfin\0'» 1'»:^ •»^ttN7a mb « Sentences tirées du Talmud et
des Midraschim, disposées par ordre alphabétique et compulsées par
filiézer ais d*Isaac Rieti. Ecrit à Modène, Tan 5496 de Tère de la créa-
lion » (= 4736). Au bas de ce titre, on lit : nain«D b«Dn -T^r^n ■»nfiWD
'^•'«•v»DN. Ce dernier nom doit probablement être lu : Sermide, mot
que l'on trouve tout à la fin du volume, écrit en italien. Une courte
préface indique Tobjet de ce double Index, qui renvoie par paragra-
phes (D^37:"'0) au recueil bfiniD'^ 1^:^, et par chapitres avec fol. au rr^a
Sfin^D'^. A la fin, six versets des Psaumes donnent en acrostiche le
nom Kliézer (celui de Tauteur). — Sur la dernière page, on lit : «Léon
Dauid Ganc'<» ». Puis ; « Questo libro è mio io Gur Arie Padoua. » -«
In-8ode66ff.
N« 1345 : ypy^ npbn 'o « La part de Jacob », commentaire sur Bêça^
par R. Jacob Hamburger, l'auteur moderne du ap^^*^ bip (xviii* siè-
cle). — In-fol. de 30 flF.
N^ 1346 : Diverses notes et copies de Béer Goldberg, la plupart im-
primées. — In-8o de 52 ff.
N® 1347 : Recueil comprenant six articles*, savoir : 1<> f» 1 ûj, nbtt 'o
^yxiy traité anonyme de logique, avec traduction espagnole, en
44 sections ; 2<> f« 17 a, les 32 règles d'interprétation talmudique de la
Bible, par R. Isma61 ; 3<> f* 49 a, des extraits d'un livre Dbi:^ mD-^bï!
M^'^b ; 4® f^ 21 a, explication des termes et des langages usités dans les
controverses talmudiques ; 5<> fo 35 a, liste des auteurs de la Mischna,
ou tannaïles; '6» C 37 a jusqu'à la fin, introduction de Maïmonide à
la 5* section de la Mischna Èodaschim, — In-4<' de 41 ff.
N<» 1348 : rov "^D^D, traité de Kabbale, par R. Menahem Azariah de
Fano, en quatre parties. Il manque au commencement le § 1 et la
moite du § 2; à la fin, depuis le § 3 du livre IV. Ecrit par R. Petahia
b. Benjamin de Bomsela l'an 408 (= 1648). Imprimé àGoritz, en 1786.
— A la fin, en quatre pages, un article intitulé sniDTsrri KnpT^n, les
avantages de savoir « lire et écrire », par le caraïle Joseph b. Moïse
b. Juda Bagar Cohen. — In-4» de 98 ff.
N<> 1349 : Pentateuque, avec la paraphrase chaldéenne, et en marge
le commentaire de Raschi. Tout le commencement manque, jusqu'au
milieu de la Genèse, chapitre xxxviii. A la fin on lit : nsn "^bs nDD îin
nsiiK D'^'^n nbn pbnb rr^m •'ibb. Dans le dernier mot, les quatre
lettres nn» et M sont ponctuées, ce qui donne l'an (5)212 (^ 1452), ou
si l'on compte à part le n pour 5000, on a 5207 (=» 1447). — In-4o de
266 ff.
N<»« 1350*51 : Une partie des bulletins qui ont servi à rédiger le Ca-
talogue imprimé des mss. hébreux (transcription Zolenberg). — In4<'
de 352 et 200 ff.
N« 1 352 : Fragment de I Chroniques, xxiv, à II, ch. vu. — In-8» de
8 ff. à 2 col.
* Non trois articles, comme Tinventsire ms. le dit trop sommairement.
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132 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
N<>> 4353-4 : Rouleau d*Eslher, deux exemplaires.
N<» 4355 : Fragment du Pentaleuque, provenant d*un rouleau litur-
gique (roulé).
No 4356 : Recueil hébraïco-persan, comprenant trois parties : 4<> Re-
lation en vers persans (caractères hébreux) des persécutions des Juifs
sous le règne de Schah Abbas II ; le commencement de TintroducUon
manque, et il y a une lacune après le fol. 2; %^ Relation en vers per-
sans de semblables persécutions sous le règne de Mahmoud Ashrafet
de Thahmasp par Babai b. Ferhâd ; 3<» Azharot (Ihtirâz Nameh) en
persan, par Moïse b. Isaac, et Àzharot pour le premier jour de la fête
de Schebouot en hébreu et persan. La fin manque. — In-4<» de 490 ff.
N<> 1357 : •»nari3n W n-nbin 'o, « Histoire de Jésus le Nazaréen »,
en judéo-allemand. Imprimé. — In-4« de 25 ff.
No 4358 : D^Kn ni^'^n*^ 'D « Traité des connaissances humaines»,
commentaire sur des sentences morales de la Bible et du Talmud,
ainsi que sur le Zohar, composé en judéo-allemand. En tète de la
première page, le titre est inscrit en caractères carrés, ainsi que les
rubriques ; mais tout le texte courant est en écriture cursive. Le
ms. est complet, avec un dernier feuillet blanc ; pourtant on ne voit
nulle trace du nom de Tauteur ou du copiste,'qui a dû être — d'après le
langage — un rabbin de TAlsace du dernier siècle. — In-fol. de 58 fT.
N<^ 4359 : Pentateuque hébreu, avec version arabe par Saadia Gaon.
Commence au Lévitique. — In-foL de 204 iï,
N<» 1360 : D'^mntDn ^0 u Livre des racines », lexique par R. David
Qamhi. Imprimé. —Au deuxième feuillet préliminaire, on lit un acte
de vente : '^a'^'^Dtt V't ^mn b«i)30 Tsa dmaNi"ttD n«N rrp'n -^DS» rrrra
•»nnr>tt (Novembre) '■»-'m3 't '« 'T» DT»rnD 1733 «-iNT^oa nn^nmn (Pieve)
misna D''tDnttî7: 'on îit û-^^insn it: V't mon n'w'D'a * N"»in rv^nro nb
'T T^Ta "^nbapn n^-»-»?! «n-«-i« «aibn rrn'»D» N"«'»r "^n» bÉn©*» roDonan
bsTa imxDbn ipbob ■♦b^^i n«5nK '^121 nb "^nnotti n"^*^!© -nai b'an tr^jzro
Toh^y TJT nTn ovn \n nKin rrT»Dttn naoa nb «■«•' -i«« ^y^y^ nsya
ib -^a» laypttJKi b":n !T>»n: 'nb mt3 aman ...'an b^mD"* «"« pi
ba^a npbobi riNTn n-Y^a^n n» nb d'»''pb r^^nsrû uypt: baa "^aiwai "»Dna
1^ nKtn n-i-'a^n r-iaoa n'»n^« -^n larn ib «a-^ *ic« mana^n ma^o
.nm D'union
n««tti nmîs (Voltera ?) nNnaibtt_bK-i;a"» -inaT^ nraa 'n-» bîn«"^ '^a»
(Norzi) "^^maTa '>nnbT '>natD "l'tt'a'a fir»"»r btrrrb ainan ba D-^pTai.
Puis deux noms, sans doute les témoins^: n'Yi n^ana** no'a \Msro
'7:y. (de Oriente) noa-^-^nÉWa rrt^tv n'Ta'a'a fio-^r nta^-^b».
Enfin, au fol. 4â(, le nom d'un propriétaire postérieur : onnaM ^bo
tlDin^ n'tt'a'a. — In-fol. de 299 ff.
N^ 4364 : D'Alain b-i:aipb « Nouveaux extraits », traité de Kabbale
par Isaac Loria. — L'auteur est sans doute un disciple du maître
cabbaliste, dont il a recueilli les leçons, puisqu'au f. 79 a le disciple,
* Abréfitlion fréquente de '« û'^Ta'^ T»*1K^ 3^1T n^n^.
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MANUSCRITS DU SUPPLEMENT HEBREU 133
oubliant son rôle de copiste modeste, dit : Vt 'ViYn dtôTa •. D'autre
part. f. 83 a, on lit ces mots : b'at't f nïi ''ans^a -^napb D-^^Tinn ib»
f? Pensiere) rTrr'b'T •»n"»»3D mïi» dm». — In-S* de 86 ff.
N» 4362 : b^33n C|^, autre traité de Kabbale, provenant de la même
école. La préface, f. ka, contient une phrase qui renseigne sur le
nom de l'auteur et le lieu de rédaction : Dïina« -r^^^Stn -«s» '^mfinai.. .
..•innan no •»NbiT« rfnbt •^STi» n^nn ...«"^cb p tt3. L'auteur ex-
plique en passant maints détails du rituel. — In-8<> de 445 ff.
N° 4363 : KnvSitn étidd Commentaire sur le « livre du mystère »,
une des parties du Zobar, par Isaac Loria. En réalité, le titre général
du volume est plus vague : mstpa ^nÉ«b d^«Din*7n 'o « interprétations
[cabbalistiques] dlsaac Loria, en abrégé ». Au-dessous du titre, on lit :
rmn rf nbT •'"-i^rr -nnna nTioa »it735 n«5«b D*»3tt'»o Kitwn 'on C|toan
«mj^^i^l 'ob ^^-no». « A la fin du livre, on trouvera les index des
explications disséminées dans les enseignements de feu Isaac
Loria, concernant le Sifra di-Çeniouta. » A la fin de Tœuvre com-
plète^ après un grand nombre de pages blanches, on retrouve, en
effet, le titre de cet index; mais celui-ci est à peine ébauché et se
compose d'une ligne. Ecriture orientale. — In-S^^ de 96 ff.
N<* 4364 : Recueil composé de quarante-sept opuscules cabbalis-
tiques, en écriture rabbinique, savoir :{^ \a, I^^Tp ÛT« «m; f® 46^,
ne dûTTi in» '!;(<* is a, "^ûts «bi ■♦û» 'n ; fo ît a, la-'TNn nn*i« ; f» 30 a,
m» 'T ; f* 32 ^ 'y'»'a'« n; f" 35 a, y"^y:> mb-^ss» ^a^D TDndïi ; fo 36^,
D''3:nar'»3 non ; f« 38 a, r^P'ïS T**» ^^^; f° 40 a, ^m» n-^rt; f» 44 a, n"»
D'i^niT; fo 45*. n^api3i n-'j^T; fo 46*, m3C3?*i rni»; fo 50 a, «"T nbn:in ;
fo 54 a, np-'S-CT i"»3:? ; fo 5e a, ••:« -nnr ; fo 53 a, «"n r^i» ; f» 54 *. 'n
Dbasïi ; fo 55 *, nonn "i^n-» ; fo 66 a, m^ban nx-^na ; fo 68 a, nata» "7 ;
fo 59*, nNb qi^-iD ; fo 64 a, moTT^ l-^îj^ ; fo 64 *, rmîi d« ; fo 62 a, m»
•on '0 ; fo 63 a, bp^^i m» ; fo 6i a, nN3\N l'>'7 ; fo 65 a, ÏIT aiiT ; f» 66 *.
rr« ... ; fo 88 a. ''"n^n n^Dp. — In-8o de 93 ff.
NO 4365: Commentaire de Raschi sur le Pentateiique. Incomplet de
la tète et de la fin : commence au chap. 11 de l'Exode, et s'arrête à
Deutéronome, xxix. — In-40 de 469 flf.
No 4366 : Œuvres diverses d'Aristote, fo la à fo 60a : Résumé (ou
petit commentaire) de la physique d'Aristote par Averroês, traduit
de rarabe par Moïse b. Samuel b. Juda ibn Tibbon. Manquent les
deux premiers livres et le commencement du troisième ; fo 60 * : du
ciel et du monde, par le même ; fo 405 a : de Texistence et de la déper-
dition; f» 4î3* à fo 179* : météorologie; la fin manque, — In-40 de
479 flF.
NO 4367 : mbnn '0, Commentaire sur les Psaumes, par Abraham
b. Méir ibn Ezra. Ecriture rabl)inique. Imprimé. — Sur la feuille de
garde on lit : « Questo codice ricevetti dal Pr' Luzzatto in cambio, il
giorno 27 MagRio 4845. — J. Pardo. » — In-40 de 415 ff.
NO 4368 : iT^nen miay « Cérémonial du rachat » [des premiers-nés],
> A 00 moment, le disciple rédige pour son propre compte.
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134 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
tel que Tont prescrit les rabbins anciens et modernes. L*auteur ou
copiste, dont on trouve le nom au-dessous d'un titre très détaillé, se
nomme b'yo Tisn 'pîi ; il dit avoir recueilli et transcrit ces règles au
grand complet, « à Tusagede son cher gendre, le compagnon d'études
B. Jacob b. Neftali Cohen ». Le titre est encadré par trois versets
bibliques : 4® Ps., xlix, 8; 2<> Ps., xxv, 22 ; Z^ Ps., lv, 49 (tous com-
mençant par le mot ^i^D, k racheter », par allusion à ladite cérémo-
nie). Tout autour, en caractères microscopiques^ il y a huit noms,
avec leurs généalogies. Dans le dialogue qui s'échange entre le
Cohen et les parents au moment du susdit cérémonial, les paroles
du premier sont écrites en caractères carrés ; les réponses ou les ins-
tructions sont en cursive ; la réponse de la mère, en judéo-allemand :
...D lit '!'>'>%). •— Les six dernières pages de ce petit volume (in-24)
mentionnent que cette cérémonie a été accomplie pour treize enfants
des localités del^maia (Nobersheim),ama'^C3D'>b(Lichliburg), I'>'>anaifii
(Oberbain), Si-^nN^nXND (Patzedorf), T^ari^ (Mutzig), Strasbourg,
1KSUM)D (Chaux-de.Fouds), depuis le 42 Schebai 509 (=4749) jusqu'au
26 lyar 524 (= 4764). — In-24 de 12 ff.
N^ 1369 : Pentateuque hébreu, avec la version arabe de Saadia
Gaon. Complet. — Iq-8o de 149 ff.
N<» 4370 : v^yb ma «mn Commentaire sur le Talmud, par Mar-
dochée. A la un, il y a des fragments divers d*un midrasch sur la
bénédiction de Jacob, Genèse, xlix. — In-4*» de 234 ff.
N<* 4374 : û'^snp '0 « livre des rayons », commentaire sur la Mas-
sora, par Ahron, de la ville de Cardina (en hébreu D'^^'np). Imprimé,
avec le commentaire de Simson Ostropol (à Zolkiew, 4709). — In-4»
de 47 ff.
N° 1372 : biaban ^9^ « Section de la transmigration » [des âmes],
par Samuel Vital b. Hayyim. Dans la préface, l'auteur raconte avoir
projeté un grand résumé de la littérature rabbinique en huit parties.
Il donne pour le moment la dernière partie, qui a pour objet de mon-
trer la transmigration des hommes remarquables. --F,79a : Enu-
méralion des vertus de certaines plantes. —F. 79^ : L'auteur raconte
que de Misr (du Caire) Hayyim Vital est arrivé à Safet le jour de la
néoménie d'Adar 5334 (= 4574) pour rejoindre son fils, dans le seul
but de rédifier sur sa descendance spirituelle. — F. 443 a : Liste des
compagnons d'étude (et sans doute d'initiation cabbalistique) de
Hayyim Vital. — F. 419* : d-^p-^n^ïi mninp « lombes des justes »,
c'est-à-dire des hommes célèbres (8 pages). — F. 423^ à 424^ (an) :
Histoire de l'exorcisme d'une demoiselle Esther, fille de R. "| rmîr
T»D^'>, accompli au Caire par Samuel, le jeudi 26 Tamouz 5426 (=4666).
— - La copie du ms. n'a été achevée que le jeudi 25 Schebat 5549
(= 4759), à Jérusalem. Signé : (?) ybn nnoïi. — Le fils de l'auteur,
Samuel Vital, a revu les diverses sections de l'œuvre, en vue d'une
publication ultérieure, faite seulement de nos jours (Jérusalem,
4864). — Au f. 2(1 on trouve les noms de deux possesseurs succes-
sifs, puisqu'on lit d'abord (en écriture italienne) : y^lrm îTînîoa "^b Xey^
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MANUSCRITS DU SUPPLÉMENT HÉBREU 135
dibtt) n^na «"n» "^an; ensuite, d'une autre écriture (orientale) : «^DÉn
•wi« nn n«73 ins y""«n;i7an -^b •^'ra b^aîi d^o d«Db im« '^n'>3p n'»:^stn
ism-^nOT -lar-» «mDt n«ï3 "i^n^aa. — ln-4ode4î4 ff.
N<> i37a : mpi«3^ rïb:i7a 'O « Le révélateur des mystères », par
Nathan Spira (le neveu). (Imprimé à Gracovie, 1627.) — In-4« de
303 ff.
N® 4374 : ^na'^nsb niK o Lumière pour mon sentier », homélies sab-
batiques faites à la Société des Eabronim à Strasbourg, commentaire
sur les Haftarot, imitation de Moïse Mendelssohn (ïin'^ndb niK im-
primé à Berlin, 4783, in-4!^), anonyme. — In-4<'de 92 ff.
N<^ 4375 : Novelles anonymes {pilpoul) sur de nombreux passages
du Talmud, qui se suivent sans ordre. Heureusement, il y a à la fin
un répertoire méthodique par ordre de succession des traités talmu-
diques. Sur la dernière page se trouve une formule cabbalistique
contre le mauvais œil. — Ecriture cursive judéo-allemande, du der-
nier siècle. — In-40 de 424 ff.
N<» 4376: Recueil de plusieurs opuscules. — F. 4 a, Homilétique,
résumé de sermons sur le Pentateuque, par Kliahou Spira, fils du
Gaon Joseph laski. Achevé le lundi 1«»- lyar (5)594 (= 483i). — F. 92^
^U)bn pnb 'Oin*i « du beau langage ». — (Nouvelle pagination), f. 4 a:
Introduction au livre nmb« nnw, commentaire du môme écrivain
sur les treize articles de foi. — F. 49 â^ à 22 ^ : ïibcnn n3>« c traité de
la prière ». — A la fin, il y a des notes additionnelles sur les œuvres
précédentes. — In-4<» de 27 flf.
N® 4377 : Commentaire sur le ll^n la», par Jacob Pardo, auteur du
commencement de ce siècle, qui a publié une explication du pro«
phète Michée. — In-fol. de 134 ff.
N» 4378 : ïibij^ïi min « Loi de Tholocauste », commentaire sur le
Pentateuque, par Neftali Cevi Hirsch. — Iq-4° de 82 ff.
N<^ 4379 : r\tM2^ 'D niM3, commentaire sur les « Démonstrations »
d'Aristote, par R. Lévi b. Gerson. — Aux armes du cardinal de Riche-
lieu. — In-4S 74 fi".
N® 4380 : ni73©îi ''UJn^ « Racines (étymologies) des noms » [cabba-
listiques], disposées par ordre alphabétique. Par suite de Tabsence
du feuillet du titre, le seul manquant, nous n'avons pas le nom d'au-
teur inscrit sur ce ms. Mais on sait : 4^ par Azoulaï ; 2^ par le cata-
logue d'Almanzi, que cette œuvre émane de Moïse Zaculo. Dans le
présent volume, cette œuvre a été enrichie d'un grand nombre d'ad-
ditions à la suite de chaque lettre alphabétique, par un disciple et
copiste de Zacuto, qui se contente de donner les initiales de son
nom : K^K. — Ecriture orientale. — In-4<> de 460 ff.
N<> 4381 : Eléments de géométrie d'EucUde; version arabe, en ca-
ractères hébreux. Elle aTavantage d'être complète, en XY livres \ —
In-4»de475fl.
* On ne trouve ^équivalent qne parmi les mes. du fonds arabe, n* 2484 ; le mdme
ouvrage dans le fonds hébreu, n* 1099, offre Tabrégé des Slémênts, en XII livres.
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136 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
NO 1382 : Ary Renan, Atlas de paléographie des langues sémi-
tiques. Paris, 4870, 1d-&o de 26 ff.
Le n^ 4383 ancien est devenu le n« 27 du fonds samaritain.
N» 4383 : Explication mystique du rituel journalier, et '^ nno
nin'^DD « ordre des dix nombres » (cabbalistiques), avec figures. —
Ecriture moderne. — Io-46 de 114 ff.
N» 4384 : itt)'' mibin t Vie de Jésus » ; deux rédactions, 4* fol. 4-20,
2<* fol. 21-30. La seconde rédaction n*est qu^uoe copie de la même
œuvre, imprimée dans les Tela ignea de Wagenseil. A la dernière
page on lit : èno d'Eisa i>:« tr\'p^'\ mn n*»»!!'» •^•nm •'D ainD Tfitxa
^iDi n-ip îi"»!! Vsn anm !i3i73«rj '[••aya b^^rt lattnn o:^ nDinai ibiétD
nnan ciDn ib a-^ton anm mpn «jr*^ -^tt pa^D nttittn nb n73« nnitaV
inb*^ "«Ta D'^TS^Da n)3i^i. Le récit de cette anecdote est suivi de cette
observation : « N. B. che nel teste dice irrgrt », signée : B. Firenzi.
~ La première rédaction, inédite, émane d*un écrivain italien,
car saint Paul et saint Pierre sont nommés inD'^''S 'o^ nbiMe 'o. Ce
petit volume avait été offert à Renan par « un suo ammiratore,
Sabato Orvieto* ». — In-4« de 30 ff.
N<* 4385 : Trois inscriptions tombales en hébreu carré, trouvées à
Mantes * ; estampage passé au noir, et commencement de transcrip-
tion de rinscription phénicienne d*Bchmounazar, roi de Sidon.
N<» 4386 : Commentaire de Raschi sur le Pentateuque, traduit en
judéo-allemand par Sussmann Tulchinsky. Genèse seule. — A la fin,
liste et répertoire des mots étrangers employés par Raschi dans cette
première partie. — Ecriture contemporaine. 355 p. in-fol.
N» 4387 : d-v^n mn^riK 'o « Traité des trésors de vie », œuvre cabba-
lisiique par Hayyim Vital. Fait partie de la série signalée au n^ 4372.
— Ce ms., d'écriture italienne, émanant d*un disciple de Vital, est
daté du jeudi 45 Schebat 415 (= févr 4655). — Iq-4* de 276 ff.
Enfin, il faut ajouter à cette liste deux mss., placés (par un ha-
sard de reliure) parmi les volumes imprimés de la Bibliothèque
nationale. Ce sont: !<> une consultation inédite *, jointe à un vo-
lume de casuistique juive; 2® une élégie sur Joseph Caro, jointe à
l'édition princeps du Zohar^ (4» A 683 ancien).
Moïse Schwab.
' Ce dernier ms. provient de la bibliothèque d'Ernest Renan acquise en bloc par
M"* veuve Michel Lévy et donnée à la Bibliothèque nationale.
• Elles ont été publiées ici, Revue^ XV, 295.
- » Bêvue, V, fOS.
* Ibid., IX, 30i.
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NOTES ET MÉLANGES
NOTES SUR LES JUIFS D'ESPAGNE
LES JUIFS DANS LB ROYAUME DE LÉON
Le royaame de Léon, dont le nom est ordinairement associé à
celui de Castille, contenait des Juifs, en nombre moins considé-
rable, il est vrai, qu*en Castille et en Aragon, à une époque très
reculée, et, d*après les documents, dès le xi« siècle ; il y en avait
dans les villes ainsi que dans les petites localités ^ Les sources
relatives aux Juifs de cette province espagnole sont peu abon-
dantes et nous en sommes d'autant plus reconnaissants au savant
Père Fidel Fita, qui a déjà tant enrichi Thistoire des Juifs d'Es-
pagne, pour les documents qu'il a exhumés dans le cours d'une
étude qu'il a faite sur le couvent de S. Miguel de Escalana.
Les communautés les plus importantes du royaume de Léon
étaient, outre celle de la capitale, qui s'appelait également Léon,
celles de Mansilla, Yalencia de D.Juan, Sahagun, Almanza, Rueda,
Cifuentes et Mayorga.
Dans le premier tiers du xiv« siècle, on trouve à Léon D.
Abraham Royuelo, qui, en société avec Sara, veuve de Samuel
Commineto, et Saûl, fils d'Usijahu, habitant tous deux à Mansilla,
avance de grosses sommes d'argent au chevalier Pedro Alfonso de
Boygas de Rueda. Lorsque la veuve du chevalier Pedro renonça
à ses droits et prétentions sur les biens de son mari échus en par-
tage au couvent de S. Miguel de Escalana, le prieur dudit couvent
prit l'engagement de fournir aux Juifs susnommés du froment,
* Voir Bevista d$ Aiturioê, IV, 333; Eevue des Études JuiveSy II, 135 et s.
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138 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
de répeautre et de Torge, en quantité déterminée, au mois de
septembre de chaque année, livrables à Mansilla ou à Rueda ^
Ce D. Abraham Royuelo avait affermé de D. Aymar, le pro-
digue prieur du couvent, tous les droits et revenus des hameaux
et possessions qui étaient la propriété du couvent, au prix de
5,000 maravédis pour une durée de vingt-six ans. Après la mort
d*Aymar, son successeur, le prieur D. Pedro représenta au roi
Alphonse XI qu* Abraham Royuelo, dans un intervalle de cinq ans
écoulé depuis la conclusion du contrat, avait déjà tiré plus de
5,000 maravédis de ces possessions et le pria d^annuler le contrat;
en môme temps, il se plaignit au roi que quelques Juifs et chré-
tiens de Léon et du ressort prenaient en fermage ou en gage des
hameaux, maisons, jardins et campagnes, ce qui causait un grand
dommage au couvent, déjà fort pauvre. Là-dessus, le roi donna
ordre à son juge de Léon, à la date du 12 janvier 1336, c de citer
devant lui le Juif Abraham et tous ceux, tant chrétiens que Juifs,
que le prieur désignerait et qui auraient, affermé des biens appar«
tenant au couvent, et de rétablir le prieur dans ses droits, sans
autre forme de procès ' ».
La haine du peuple, fanatisé par les prêtres, qui causa la mort
de milliers de Juifs en 1391, ne connut pas de bornes. Contrôles
Juifs, les prêtres se croyaient tout permis. Quelques documents,
fort précieux et encore inédits, découverts et publiés par le P.
Fidel Fita et qu'il a publiés, en fournissent des preuves suffisantes.
Ainsi, Tabbé de Sahagun fit incarcérer les Juifs de la ville et leur
extorqua des sommes plus ou moins fortes, sous prétexte d'accu-
sations secrètes, ou comme amendes. La communauté juive se
plaignit au roi des procédés arbitraires de Tabbé, en invoquant les
droits qui leur avaient été concédés, à la date du 25 avril 1255,
ainsi qu'aux Juifs de Carrion, par Alphonse X le Sage, et qui
étaient formulés en ces termes : seuls pourront juger et prononcer
en ce qui concerne les Juifs de Sahagun les juges nommés par les
rabbins de Burgos et ayant prêté serment à Tabbé déjuger selon
leur science et conscience, sans cacher leur décision à Tabbé ; il
sera loisible à Kabbé d'en appeler aux rabbins de Burgos ; les
litiges entre chrétien et Juif ou entre Juif et chrétien devront être
réglés par les alcades de la ville avec droit d'appel, comme cela
est fixé par les fueros de la cité de Sahagun ; dans les procès entre
chrétiens et Juifs, pourront être admis comme témoins un chrétien
et un Juif, mais dans les différends entre chrétiens, on ne pourra
^ Document du 3t mars 1324, tiré des Arch. histor. nacional, BoUiin de U real
Aeadêmia de HUioria, XXXII, 116 et s.
* Document daté de Valladolid, 12]an7ier 1336, ihid,^ p. 132.
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NOTES ET MÉUNGES i39
admettre de témoin juif, de même que dans les procès entre Juifs,
on ne pourra recevoir de témoin chrétien. Dans ce statut parti*
culier il est stipulé, en outre, a que les Juifs de Sahagun devront
payer annuellement à Tabbé un cens de 18 dinaros, et pour t l'en-
tretien de sa table > ainsi que pour chaque a Servicio » 100 mara-
Yédis et pas plus »; enfin, que l'abbé aura le droit de préposer sur
les Juifs de la ville un Juif qui devra être un habitant de la ville,
comme président du tribunal ou « Abbidyn » (= i"»n n"»a a6<).
Les Juifs, se référant à cet antique statut, prétendaient que
Tabbé n*avait pas le droit d'infiiger des amendes ou la prison aux
Juifs et Juives de Sahagun, à moins que les juges juifs n'eussent
ratifié la condamnation. Ils représentèrent au roi qu'à la suite de
l'acte de violence commis par l'abbé, beaucoup d'entre eux avaient
quitté la ville et que ceux qui étaient restés n'étaient pas en état
de s'acquitter des taxes royales. Là-dessus, le roi Henri III, à la
date du 15 août 1401, édicta un ordre sévère prescrivant à l'abbé
de s'en tenir désormais strictement au statut des Juifs et de ne
pas leur infliger ou leur laisser infliger d'amende ou de prison,
sous peine d'avoir à verser, en cas de désobéissance, 10,000 mara-
védis au profit de la cassette royale. Quatre semaines plus tard,
le 8 septembre, le roi envoya à l'abbé l'ordre de comparaître dans
un délai de quinze jours devant la cour royale et d'exposer per-
sonnellement les motifs de son refus d'obéir aux ordres donnés '.
. L'abbé brava le roi, d'ailleurs très faible, et persista dans ses
procédés arbitraires et illégaux. Il fit incarcérer les Juifs de Saha-
gun, R. Abraham Obadia, Dona Gracia, sa femme, l'instituteur
Jucé (Joseph) et sa femme, et Samuel Aben Pex, sans qu'ils eus-
sent été cités devant leurs juges légaux et sans avoir été con-
damnés. Quand ils eurent recouvré leur liberté, les représentants
de la communauté, D. Ç^g (Isaac) Maymon, D. Sento (Sentob)
Timon, D. Moses Timon, marchand, D. Moses Aben Pex et Rabbi
Abraham Maymon, en leur nom personnel et au nom de la com-
munauté, s*adressèrent au gouverneur de l'Aljama, D. Juan
Sancbes de Ousman, le lundi 6 août 1403, et protestèrent contre
les procédés arbitraires de l'abbé en produisant les deux décrets
susmentionnés. Ils étaient accompagnés, en qualité de témoins,
des cinq personnes qui avaient été emprisonnées, ainsi que de
Moïse Gtorion et D. Sento Gabay <.
Une autre affaire concernant les Juifs de Sahagun fut réglée
quelques semaines plus tard par une décision papale.
I Documents du 15 août et du 18 septembre 1401, Ârch. hist. nscionsl, Boletin,
XXXII, p. 232 et suîy.
* Arch. naciooal, Boletin^ p. 238 et suiv. .
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!40 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
En Tan 1399, an prôtre du nom de Jean Martin de Balves se
donna toutes les peines imaginables pour amener de force an bap-
tome les Juifs de Sabagun. Poursuivi pour ce fait par les Juifs de
cette ville, il se réfugia dans le couvent. Les Juifs invoquèrent
Passistance des autorités compétentes et obtinrent qu*il fût enjoint
à l'abbé de livrer le prôtre ou d'exposer personnellement, dans un
délai de quinze jours, les motifs de son refus. L'abbé continua à
résister; il invoqua certains privilèges et prétendit qu'il ne pou-
vait pas livrer ce zélateur de la foi. Néanmoins, le conseil royal
décida que l'abbé et trois moines du couvent s'engageraient par
serment à tenir le coupable.prisonnier dans le couvent. Là-dessus
il s'adressa à Pedro de Luna, ou Benoit XIII, qui, par l'intermé-
diaire du cardinal Ouidon, prit, le 30 août 14D3, une décision en
faveur de l'abbé*.
L'arbitraire et la violence des membres du clergé grandissaient
avec la baine toujours croissante de la population contre les Juifs.
Les JuiGs de Bembibre , ville du district de Ponferrada , et
ceux des environs, qui appartenaient à la communauté de Bem-
bibre, avaient construit, quelques années avant l'expulsion, une
synagogue nouvelle, plus grande et plus belle que l'ancienne. A.
peine celle-ci fut-elle livrée à sa destination que le curé de la ville
y pénétra de force, enleva les rouleaux de la Loi, ainsi que les
vases sacrés qui s'y trouvaient, érigea une croix et un autel et
célébra la messe. Les Juifs, ainsi frustrés de leur sanctuaire, in-
voquèrent le secours des autorités et obtinrent qu'on éloignât la
croix et tous les autres symboles chrétiens et qu*on leur rendit la
synagogue. Le curé persista à soutenir que l'édifice, ayant été
consacré comme église, devait rester une église et soumit l'affaire
à l'évéque de Gordoue, D. Inigo Manrique de Lara, auparavant
évéque de Léon. L'évoque fit valoir que les Juifs auraient dû
demander la permission de construire la synagogue nouvelle,
« beaucoup plus riche et plus magnifique que l'ancienne » ; ayant
négligé cette précaution, leur droit de propriété se trouvait, pour
ainsi dire, périmé. Maintenant que l'édifice avait été consacré
comme église, il ne pouvait être rendu aux Juifs comme syna-
gogue, et les Juifs étaient tenus, en conséquence, d'enlever, dans
un délai de vingt jours, les rouleaux de la Loi de l'édifice et de
l'abandonner sans autre réplique au curé pour qu'il pût ériger un
autel et l'utiliser comme église. Mais l'abbé, ayant agi illégalement,
serait obligé de faire construire, dans un délai de six mois, sur un
emplacement que désignerait le conseil de la cité, un bâtiment
> Voir la Uttre datée de Puente de Sorguet, 30 août 1403, ihid.^ p. 241 et »àt.
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NOTES ET MÉLANGES 141
neuf, haut de cinq « tapias * », long de trente-cinq pieds et large
de vingt-cinq, en bois c bien et élégamment ouvré » et à le re-
mettre, sans aucune peinture ou tableau, aux mains des Juifs* Ce
jugement fut signifié le 19 mai 1490 au curé et au représentant de
la communauté juive de Bembibre, Rabbi Isaac Connueto ', par le
notaire apostolique de Valladolid, en présence de deux témoins.
L*un de ces témoins était Francisco de Almuzura, le notaire de
rinquisition, qui avait commencé son œuvre -néfaste en cette ville
par un auto-da-fé, le 1*' juin 1489 *.
Le jugement de Tévéque de Cordoue, au fond, ne diffère guère
de celui que prononça Tévéque d*Oviedo en 1319 au sujet de la
synagogue nouvellement construite de Valencia de Don Juan. La
synagogue construite par les Juifs de Bembibre existe encore con-
vertie en église paroissiale. Le curé a-t-11 obéi à l'ordre de révoque
et a-t-il fait construire une nouvelle synagogue? Deux ans plus
tard, les Juifs du royaume de Léon avec leurs coreligionnaires de
toute TEspagne durent abandonner le royaume. Les communautés
naguère florissantes de Léon, Mayorga, Sahagun, Mansilla, etc.,
furent détruites ^. Les biens mobiliers et immobiliers que les Juifs
durent vendre en partant, à n'importe quel prix, procurèrent des
bénéfices sérieux aux membres du clergé. Dans le testament de
TévéqueD. Alonso de Valdiviesco, du 3 juillet 1497, il est ques*
> Ttpit désigne It mesure d'un mur ; c'est ordinairement querante pieds.
* Dans le document espagnol il y a Raviça Connueto ; il faut lire Rabi Çag Con-
nueto ; Connueto est un nom de famille comme Commineto [voir plus haut].
* Voir Ramon Alvarez de la BraSa, La Sinagogé dt Bembibre^ dans Bolrtin dt h
r. Aeademia d$ HUtoria^ XXXil, 106 et suiv.
^ M. Fidel Fita publie (BoUtin^ ihid.^ p. 274) le « Servicio • c*est-à-dire la liste
des impdis que les communautés juives de Léon et d^autres provinces devaient payer
en 1474 au roi et qui eet conforme a celle qui a été publiée par J. Amador de los
Rios, dans son HUtori» de los Judiot, III, p. 590 et suiv., d'après un manuscrit de la
Biblioieca nacional. D'après ce document, les communautés payaient les sommes sui-
vantes :
Garrion de los Coudes 1,000 maravédis.
Sahagun y monasterio de Béjar 2,500 »
Mansilla de las Mutas 2,300 —
Almanza 1,100 —
Mayorga 5,000 —
Valencia de Don Juan. 2,300 —
Léon 2,6t)0 -
Astorga 2,000 —
Zamora Jr Castrotorafa 6,500 —
Castrotorafe, ville sur la rive gauche de l'flsla, a cessé d^exister sous Philippe II.
Le licencié P. Melchior Zatarain Fernandez a écrit rhistoire de cette ville d'après
lee documents existants et Ta publiée récemment (Zamora, 1897). Nous y revien*
drons prochainement*
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142 R£YUB DES ÉTUDES JUIVES
tion des TÔtements « qu'il acheta des Juifs, quand ils quittè-
rent Léon ».
M. Kayserling.
NOTES GRAMMATICALES ET LEXICOGRAPHIQUÉS
I, Le vebbb îtp.
Quelques verbes à racine n^D perdent leur vav au futur, comme
^m : ^ypi ; le plus grand nombre change le vav en yod, comme
yyM Yy*^,. Enfin, on en compte trois qui, d'après Topinion de
grammairiens modernes , conservent leur vav , à savoir : bdi ;
futur b?!)'» (Gesenius-Kaulzsch, § 69 r), ^n , futur nj^n** (Barth,
Z.D.M.G.y 1894, p. 14), t|on, f. t)Oi-» (voir Revue, t. XXxill, p. 154).
Nous croyons qu^on peut ajouter à ces trois verbes un quatrième,
qui est "^^n (îrn) « lancer ». En eflfet le passé est rn^ (Gen , xxxi,
51 ; Ex., XV, 4 ; Jos., xviii, 6 ; I Sam., xx, 36, 37 ; Job, xxxviii,
6). Une seule fois on trouve le hifil •»3nin (Job, xxx, 19). A l'infini-
tif on ne rencontre que le qal (Ex., xix, 13; Ps., xi, 2; lxiv, 5 ;
II Cbr., XXVI, 15) ; à l'impératif il existe un exemple du qal
(II Rois, xni, 17). Au participe, on trouve le qal (Prov., xiii, 18;
I Chr., X, 3; n Chr., xxxv. 23) et le hifil (I Sam., xx, 36; xxxi,
3 ; U Sam.^ xi, 24, et I Chr., x, 3). Ainsi, le qai est bien plus usité
que le hifil. Or, au futur, si l'on met à part le mot très douteux
OTW (N^"^*^'» ^^'» **)' ^^ emploie constamment la forme ïTji*»
(I Sam., XX, 20 ; II Sam., xi, 20, 24 ; II Rois, xiii, 17; xix, 32 ;
Is., xxxin, 33; Osée, yi, 3; x, 12; Ps., lxiv, 5, 8; II Chr., xxxv,
23). On peut en conclure, à notre avis, que le futur rrri** appartient
au qal et a maintenu le vav. Le verset II Rois, xiii, 17, où rrr^^
répond à ni*!, nous parait très significatif. Le hifii dans "«rm et
d^i» doit être formé, d'après une fausse analogie de rrnl"», de
même que -^riBOln, tj-^çln et tj-'Oln ont été amenés par le futur tiçl-».
Le véritable hifil de rrr aurait donc exclusivement le sens d'en-
seigner.
Notons, à ce propos, que la prononciation de ir^^^ (Ex., xix, 13)
est vraisemblablement altérée. Ce mot aurait dû être ponctué nn>^.
pour nnv, passif du qal, comme ûtd\*î est pour déw.Il en est de
même du verbe parallèle bpç^, qui a remplacé bi^D^. De la sorte,
on comprend bien l'emploi des Infinitifs qal irr\ et Vpo .
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NOTES ET MÉLANGES 143
n. n^ibà ET nbiâ.
T T •
Les dictionnaires donnent comme premier sens de nnb:i « exil ^
et poar deuxième sens « exilés ». La première signification s'ap-
puie sur n Rois, XXV, 27 = Jér., lu, 31 ; Ez., i, 2 ; xxxiii, 11 ; lx,
1; mais ces passages sont douteux, parce que mbA y est précédé
de la préposition b , et qu'il est alors possible et naturel de lire
nlbjb, comme nibà ^y dans Juges, xçnii, 30, et Jér,, i, 3. Il est à
remarquer, d'ailleurs, que n^b^ ne se rencontre pas autre part
dans les Rois ni dans Ëzéchiel. Le mot n^b:i. comme le montre
déjà la forme du nom, est emprunté à Taraméen. La vraie forme
hébraïque est rtbia. Il est curieux d'observer que nb-u ne se ren-
contre jamais à Tétat construit. Dans II Rois, xxv, 15, 16, il est em-
ployé adverbialement. Le mot nnb:i, an contraire, ne se trouve à
l'état absolu que dans Amos, i, 6 et 9. Il est à l'état construit dans
Is., XX, 4; XLV, 13; Jér., xxiv, 5; xxviii, 4; xxix, 22; xl, 1;
Obadia, 20.
Maybr Lambert.
UN LIVRE D'HISTOIRE INCONNU
•»3« ira dnan -nan
Le dictionnaire hébreu-persan de Salomon ben Samuel, dont j'ai
traité avec quelques détails dans la Zeilschrift /. d. altt. Wis»
scfiscn* de Stade, année XVI, p. 242 et s., et que j'ai pu étudier
dans quelques mss. de la collection Elkan N. Adler, de Londres,
renvoie, dans plusieurs articles, à une source qui n'est mentionnée
nulle part ailleurs, et qui est une Chronique du second temple.
On indique môme, dans l'article Tssi I (ms. Saint-Pétersbourg, 70 &),
le chapitre de la Chronique où se trouve le mot en question ; ce
passage est ainsi conçu : ina a^A-» biKTD y^^'i'^ naD"» pna •»3««i ^^«n
TTDoabK n^rp •»3tt3 n-^a '73'«n î '«i n^bîT"». « :^n, en perse, <^L^
^j:>yi ». On trouve dans le mot r»«T employé dans le récit de Saùl
» Cette ezpressioo persane t ici le sens de « 7ictorieuz, heureux •, qu'on ne trouTe
pu consigné dans VuUers. Dans l^article nb^ (avec mention de Genèse, zziv, 56),
notre Dictionnaire donne le terme ima ••SID^^îi fou 1*na •»3tt'^?73£), qu*on ne trouve
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144 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
(I Samuel, XIV, 4*7), en arabe c^JU^, qui a le même sens que Thébrea
rrbr». De là {'m = nsmn), ce mot dans la Chronique du second
temple , dans Tbistoire d'Alexandre. » L*explication donnée ici
pour le mot ymy^ dans I Sam., xiv, ne se trouve que dans la Vul-
gâte {super€ibat).
Dans l'article iDnt), après les exemples bibliques tendant à
prouver que ce mot signifie « déraciner » , o<imme tmrm dans
Juges, v, 14, ^n» dans Ps., ui, 7, wnw Jans Job, xxxi, 8,
le Dictionnaire cite encore l'exemple de d^d ^ti nfi^ iDniDfin, avec
cette indication : '^yo n'^s '-vn 'nn. On peut supposer que les mots
« je déracinerai le peuple perse » sont prononcés par Alexandre
le Grand, le conquérant de la Perse, et que, par conséquent, cet
exemple est également emprunté au chapitre relatif à Alexandre.
Du reste, iDn^DK se trouve aussi dans notre Dictionnaire, comme
article spécial, avec la traduction os^ '^-^n f^^ ^) « j*arracbe
la racine » et Tindication : '^w ir^a 'w^m 'an. Enfin, cette dernière
indication se trouve encore dans quatre articles de notre Dic-
tionnaire.
Dans rarticle bo II, où ce mot est traduit par in'^i na, exiermU
ner^ après la citation des exemples bibliques n^^n (Job, xix, 12),
n-^bo (Ps., cxix, 118) r»bo (Lament., i, 15), le Dictionnaire ajoute :
nbo *D ■»» n-^a 'tm 'T rwDTT. —De même, dans l'article a-» II, on
trouve comme exemple vm \tm, avec la traduction )mVa pn, et
Tindication "«stD n'^a 'vm 'n. Je ne sache pas que le mot ytù ait
encore ailleurs ce sens. — Dans Tarticle trf^, on cite d*abord
deux passages du Targoum, dont Tun est fioV»n md^ n-^a (Targoam
sur Oenèse, xiv, 17, et Jérémie, xxxi, 39). Puis vient cette re-
marque : ruo lÉiTtt 'bn -ïio r^^ 'tm 'n ryn 'wn « ry^, dans la Chro-
nique du second temple et dans le Talmud (b = Tnai^), dans le sens
d*hippodrome ». Et Tauteur continue : nwno b^ tk ■»D'« n»ni enm
•»TÉin wrnoo» n»» p n « c'est le quart d'un bna , c'est-à-dire
500 coudées, en arabe tDvnDDM ». Le mot cité ici comme de l'arabe
est manifestement une altération du syriaque )mDDK, dans le Tal-
mud ynaos^ = (TTàSiov, stadium. Il est étonnant que la mesure iti-
néraire appelée D* n soit évaluée à un quart de mille (= 500 coa-
dées), puisque d'après la baraïta de Baba Mecia, 33 a, un Vna =
7 1/2 DA et que, conséquemment, dans Baba Kama 79 &, Raschi
dit que trente D'n forment quatre \im. D'après notre Dictionnaire.
1 V»îQ z=: 4 o^^n. — A la fin de l'article Wp III, on lit : ^la^ï 'w
pas du tout dans Vullers. En tout cas, le mot ^^lOfeOC» doaoé pour 9tDn, n'est qu^ane
Ttritnte du mot par lequel est traduit nbsc*
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NOTKS ET MELANGES 145
''51D n-^a '«"^n. Le nom de li^-^npi est donc traduit, d'après la ra-
cine ûnp, par l'arabe t'tô^m, combattant, et notre Dictionnaire re-
prend l'explication connue de Taanii, 20 âf, répétée dans Ouiliin,
56a (avec la leçon rfô^siD, et non pas nrrpyoi ou n-np5iD). D'ailleurs,
Nicodème, fils de Gorion, est identifié avec Joseph, fils de Gorion,
avec renvoi à la %£ lironique du second temple ». Mais il ne ressort
pas clairement (^ce passage si Tidentification de N. b. Gorion
avec J. b. Gorioi^ est empruntée à notre Chronique ou si cette
source mentionne^simplement J. b. Gorion.
A ma connaissance, on ne trouve cité nulle part ailleurs un
ouvrage d'histoire intitulé -^D© n"»3 û"'):'^n "«nan. Il ne peut s'agir du
•»:« n"»aa bfintD*^ "^Db» "^^lan d'Abraham ibu Daud, car cet ouvrage ne
contient pas l'histoire d'Alexandre le Grand. On serait tenté de
voir dans ce titre un autre nom du Vosippon hébreu, mais je n'ai
pas pu retrouver dans ce dernier livra les termes expliqués dans
notre Dictionnaire.
L'auteur du Dictionnaire, Salomon b. Samuel, qui a achevé son
ouvrage en 1339, dans la Perse septentrionale, cite aussi, comme
je l'ai montré ailleurs, des expressions rares du texte hébreu de
Sirach ; il l'avait donc encore sous les yeux. Il est possible, par
conséquent, qu'il y ait eu également une histoire du second temple,
que nous ne possédons plus.
Budapest.
W. Bâcher.
T. XXXVII, N« 73. '.0
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BIBLIOGRAPHIE
Salfri.d (D' Siegm.). Da» SMailyrologliim des Karnbrrger Men^r-
bnelieH... Qucllen zur Gcschichle der Juden in Deutscbland. 3* volame. Berlin,
1898, in- 8» de xl + 520 p.
Il y a dix ans, la « Commission historique pour Thistoire des Juifs
eu Allemagne » fit paraître, comme premier volume des Quellen ou
documents originaux, le Judenschreinsbuch de la paroisse Saint-Lau-
rent à Cologne. Tout en rendant justice au zèle des éditeurs, la cri-
tique ne put s'empêcher de signaler dans leur travail des lacunes re-
grettables, des erreurs dans la lecture, la traduction et l'interprétation
des textes hébraïques, bref un certain nombre d'inexactitudes qu*on
ne devrait pas rencontrer dans un recueil de documents devant servir
à des recherches historiques. En 1892, parut un second volume des
Quellen, contenant une série de relations hébraïques sur les persécu-
tions des Juifs pendant les croisades. Cette fois encore, une critique
impartiale dut montrer que celte publication offrait bien des parties
faibles. L'édition des textes ainsi que la traduction présentent des
erreurs et des inexact! ludes des plus regrettables., et Tintroduction
a été écrite par un auteur qui ne connaissait ni l'original hébreu ni la
littérature rabbinique et se guidait uniquement d'après une traduc-
tion défectueuse. Heureusement, la « Commission historique » a con-
fié la publication du 3« volume des Quellen, qui vient de paraître et
que nous désignerons par le signe Qu. iii^ à un savant plus compé-
tent que les précédents.
Le Memorbuch de Nuremberg est connu depuis plus de cinquante
ans, sous le nom de Memorbuch de Mayence, comme une source
sérieuse pour Thistoire des Juifs, mais n'avait été, jusqu'à présent,
ni étudié d'une façon suffisamment critique, ni utilisé complète-
ment. Graelz, qui en eut une copie à sa disposition, l'a consulté fré-
quemment ; Carmoly, qui l'eut entre les mains jusqu'à sa mort, y a
puisé des renseignements, avec son manque de conscience habitue),
pour divers travaux ; enfin, M. Neubauer a donné dans la JUvue, IV,
1 et suiv., une description du manuscrit. MM. Stem et Salfeld en ont
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BIBLIOGRAPHIE 147
Utilisé uiM paHie pour la statistique de la population juive, dans
leur ouvrage IH0 israetiiisehe Bevôlkerung der dentschen Stâdte NUrn^
b9r§ im MitMatttr. Mais c'est pour la première fois que ce Memor-
huch parait dans une édition critique, complété et rectifié par les
Mémoriaux d'autres eommuDautés, expliqué et rendu plus clair par'
remploi des documents et travaux historiques juifs et non-juifs
qui sont relatifs à ce sujet. Maintenant seulement on pourra exploiter
complètement la mine si précieuse en renseignements que présente
le Memorbncà, qui enrichira et^ sur certains points, rectifiera This-
toire des persécutions, du culte, des mœurs, des savants et des fa-
milles Juives, ainsi que la liste des noms des personnes et des lo-
calités du moyen âge.
Les espérances éveillées chez les savants par la forme extérieure
de Touvrage sont pleinement réalisées par le fond. Abstraction
faite de quelques erreurs de traduction assez singulières, Téditeur
s*est acquitté de sa tâche avec beaucoup de science. Déjà lUntroduc-
tion (p. ix-xxxix) se fait remarquer par Tabondance des renseigne-
ments et la clarté de Texposition, et Tédition du texte atteste de
sérieuses connaissances philologiques, de la conscience, beaucoup de
soin, et un sérieux examen critique des manuscrits.
L'éditeur est resté fidèle aux principes qu*il a exposés dans soa
introduction (p. xxiv). Sauf les passages qui, d'après les décisions
de la « Commission historique » qu'on trouve mentionnées au long
dans le s* volume des Quellen (p. xxvii], ne devaient pas être rendus
mot à mot, la traduction allemande est aussi littérale que possible.
Pour être plus clairs et plus faciles à utiliser, les chapitres isolés
sont précédés d'excellents sommaires et accompagnés d'explications
et de notes. Bien qu'on puisse regretter que les notes ajoutées à la
traduction allemande des listes des martyrs omettent trop souvent
de renvoyer aux noms identiques des martyrs cités dans Qu. 11, nous
pouvons déclarer que Téditeur a donné, en général, toutes les indi*
cations nécessaires.
Les textes hébraïques contiennent d^abord un tableau général des
persécutions de 4096 à 4298, puis des listes spéciales des mar-
tyrs de 4096 à 4349, dressées par localités, ensuite une ancienne liste
de villes et de villages où des persécutions eurent lieu dans les
années 1298-4349 (p. 3-70). Suivent alors, comme « documents com-
plémentaires » (p. 74-94), sept textes : I. Les martyrs de Worms de
4349; II-Y. diverses listes de localités où il y eut des martyrs de
4893 à 4319 ; VL l'introduction de notre Memorbuch, et VII. un extrait
du Nécrologe de Nuremberg. Vient enfin la traduction de tous ces
textes (p. 97-256).
La partie des Betlagen und Bxcurse (p. 344-439) contient : 1» onze
élégies hébraïques historiques sur des persécutions, texte, traduc-
tion et notes ; 1^ une liste alphabétique des rabbins et des savants
mentionnés dans notre Memorbueh^ avec des renseignements biogra-
phiques et littéraires pour chaque nom ; 3^ une liste alphabétique,
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148 Rl!:VUË DES ETUDES JUIVES
avec explication, de tous les noms de personnes cités dans le Memor-
huch auxquels on peut attribuer une origine romane ou germanique.
Dans la pièce IV, l'auteur examine le nom de lieu'K^^^^b'tfi^ mentionné
dans Qu. ii (p. 20 et 24) qui avait été identifié jusqu'à présent avec
AUenahr^ et qui, d'après des preuves convaincantes, désigne Eller,
près de Neuss. En général, Tauteur ne se contente pas de deviner au
hasard les nombreux noms de personne et de lieu contenus dans le
Memoràuch, mais s'efforce de les identifier au moyen de la philologie.
Dans la pièce V, il est question de Juifs français établis en Alle-
magne au moyen âge, et dans la pièce VI, de Tancien cimetière israé-
lite de Mayence, de sa situation, des pierres tumulaires et des frag-
ments de pierres du xiv et xive siècles qu'on y trouve.
Gomme on voit, les matériaux contenus dans l'ouvrage sont abon-
dants; nous pouvons dire qu'ils ont été examinés et coordonnés
avec la plus sérieuse attention et que le livre contient, à la fin
(p. 443-520), des index établis avec soin. Il renferme pourtant quelques
petites lacunes et inexactitudes que nous croyons utile de signaler.
Nous désignerons par Qu. ii le 2^ volume des QuelleUf par Qu. m le
Memorbuch de Nuremberg ; le premier chiffre indique la page, le
deuxième la ligne, les chiffres entre parenthèses indiquent la page de
la traduction allemande ou du texte hébreu.
P. XII, 5 d'en bas. Voir aussi msTiDTn 'o chez Ephraïm ben Jacob,
année 4148, dans Qu. ir. 66. — Ib,, note 5, Wiilfer. dans Theriaea
Jud.y p. 128, cite le Memorialbuck ou Memorhuch des Juifs et en
donne deux passages : ibcaa» ma:^ nb-^a nn^n pnit"i 'n d"« û\ib« nDT*»
•pybanpa 0S)3ïi. correspondant au passage de Qu. m, 86, 1. 3, et
l'autre passage répondant presque mot pour mot à 86, 44 s ; seule-
ment chez Wùlfcr, après mnw ib^ai, il y a rrmyo nbuai, et après
D'»i:i T^ mmn noo, il y a 0*^1:1 T»73 d"»on5« nfcoarnm. — xix, 44. L'as-
sertion que sous la rubrique de « Wûrzburg , 1 4 47 », dans Qu.
m, 12 (119), on a indiqué des martyrs de la première croisade
(voir Qu. II 8, 9 s., 407), est inexacte, de même qu'il y a des inexac-
titudes dans une partie des notes sur 407 et 409 et au sujet des
deux Isaac b. Eiiakim, p. 371. Voici ce qui en est en réalité. Nous
avons trois listes de martyrs des persécutions de Wiirzbourg de
4446-1447. La première (I) dans Qu. 11, 60 s., est certainement authen-
tique, parce qu'elle émane d'un contemporain, qui fut en partie uq
témoin oculaire ; la deuxième (II), citée par erreur dans Qu. m, 8»
9 s., sous la rubrique de Worms, ne porte pas la suscription qui lui
convient ; et enfin la troisième (III), dans Qu. m, 42, désignée par la
suscription comme une liste des martyrs de Wiirzbourg de 1447.
Nous les réunissons ci-contre en marquant les noms des martyrs
par des chiffres et en plaçant les mêmes chiffres devant les noms
identiques. On reconnaîtra ainsi, ce qui a échappé à M. Salfeld, que
la liste II contient aussi des martyrs de Wûrzbourg de 44 47^ et non
pas de Worms de 4096.
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BlBUOGRAPHiE
140
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130 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
La liste I, qui est certainement authentique, ne donne pas seu-
lemeot les noms de dix victimes n^" 4-9 (les deux enfants nommés
au début de la liste sont réunis sous le n® 4), mais indique aussi le
total des martyrs, environ trente et un. Il en reste donc près de
vingt et un dont il faut chercher les noms dans les listes II et III.
On s'aperçoit bien vite que II est une liste de Wiirzbourg, car slle
contient tous les noms mentionnés dans I, et, de plus, tous les
autres noms qu'elle donne, à Texception du n* 24, nsn rm2\ qui
n'est peut-être qu'une dittographie du n^ H, se retrouvent dans
III. Le point d'interrogation (?) placé au n® 48 sert à signaler une
erreur, car ce n'est pas n^nn bNiTs^D, mais 1331 bMi73U9 qu'il faut
lire, puisque ce nom est précédé, non seulement de celui de la
mère, mais aussi de celui du père. Mais, comme, d'un autre côlé,
in désigne un Juda Haccohen (n® 25) comme père d'un Samuel, on
peut supposer que le nom de Juda a disparu de II. On ne retrouve
pas dans III les n»* 3 et 6 de I, mais des noms de II il nV manque
que le n° 24. Au lieu de Oi73"«3ibp *13 •^maoDbw '-i, je lis •^maos^fit 'n
et oi»'^5ibp ITD. Par contre, III nomme onze nouveaux martyrs, ce
qui fait un total d'au moins trente-cinq personnes, si nous voyons
seulement deux personnes dans V33i des no^ 32 et 33, et d'au moins
trente-six, si le n^ 24 n'est pas une dittographie; I parle d'enviroa
trente et une personnes. Mais il faut enlever de III six numéros, les
n»* 28, 29, 34-34, qui n'ont rien à faire ici, parce que ca sont manifes-
tement les noms des martyrs mentionnés au début de la liste de
Xante, p. 47 (437). Il est vrai que les fils d'Ëliakim cités dans III ne
se trouvent pas sur la liste de Xante, mais ils sont mentionnés dans
la liste de Cologne, p. 9, 1. 5 du bas, qui nomme aussi des martyrs de
Xante. On a ainsi, d'après les trois listes de Wûrzbourg, un ensemble
de vingt-neuf ou trente martyrs, chifTre qui concorde avec l'indication
de I parlant d'environ trente et une victimes.
Mais comment des noms de martyrs de Xante de 4096 ont-ils pu
se glisser dans une liste de Wûrzbourg? On semble avoir eu l'habi-
tude d'ajouter à la liste locale des martyrs des noms de martyrs
célèbres du dehors. C'est ainsi que la liste de Worms de 4096 nomme
à la fin, p. 8, 6, mn^U) n73 et sa famille, de Dortmund *, que celle ds
Cologne, à la tin, p. 9, 5 (en commençant par i^onni), ne nomme pas
seulement des martyrs de Xante, où une partie des Juifs de Cologne
avait cherché un refuge, mais aussi de Trêves et de Metz, et qu'enfia
la liste de Mayence contient, à la fin, p. 42, 9 et 40, quelques noms
de martyrs de Worms (cf. Qu. ii, 38 et 50j. Il est probalAe que i«
vaai inain T'onn rrnTatt), 42 et 43, placé maintenant sous la rubrique
de Wiàrzbourg, faisait partie à l'origine de la liste de Cologne^ qui
> 11 n'y a aucua doute que ce NIar Scheroarya est identique avec le martyr de œ
nom dont ia mort est expreeaément relatée dans Qu. ii, 128, et 164. Pour M. S«l~
feld, p. 106, note 8, cette identité n'est que probable. Il faut effacer, /. c, le nom d«
Cologne, vu que Scbemarya n^est pas mentionné dans la liste de cette v|Ue. L'index,
<• V. Scbemarya, donne l'indication exacte*
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BIBLIOGRAPHIE 151
précède, et qu'après ces mots seulement il y avait la suscription
pnob rpnn pmas:n"»'n. Les noms des martyrs de Xante placés aux
pages 12, 19 et 20 sous la rubrique de Wûrzbourg paraissent égale-
ment s'être trouves origioellemenl à la fia de la listé précédente de
Cologne et avoir élé ajoutés eosuite, par erreur, à la fin de la liste de
Wûrzbourg. L'erreur (p. 8) consistant à désigner comme martyrs de
Worms de 4096 des victimes des persécutions de Wiirzbourg de
4446-H47 est déjà très ancienne et provient d'un rédacteur ou d'un
copiste ; on la trouve dans tous les manuscrits de la liste des martyrs
de Worms.
HZ, 23. Il ne semble pas qii'on puisse soutenir que la faute de
copiste de Ui2:ty pour p^3^ prouve que tout ce passage est un em-
prunt, car l'auteur de la relation de la première croisade, dans Qu. ii,
se rend également souvent coupable de ces petites inexactitudes
grammaticales. Isaac de Meiningcn, le copiste de notre Memoràucà,
dit dussi, p. 45, 1. 44, Dnscso au lieu de innu^D, que M. Salfeld, inu-
tilement, a cru devoir écrire correctement. -— P. 43, 17. Au lieu de
Dnn^ZdV, qui est traduit « après leur purification » et expliqué d'une
manière forcée dans la note 2, il faut lire, par analogie avec 43, 43,
et 13, 20, ûn:;"»-)nb ou peut-être Dn"»"'*iab « après leur supplice ». On
trouve encore !T«-)a avec ce sens p. 427, 7, et 327, 2. — 86, 8 et 42.
Faut-il lire réellement r73U?3 *173D, bien que la leçon habituelle et
exacte soit r^C3 D2^ ?
La traduction contient quelques inexactitudes surprenantes. Le mot
^^aûDïi, qu*on reocontre' très souvent, est presque toujours traduit
comme un passif « qui a été noyé », tandis que c/est presque toujours
un réfléchi c qui s'est noyé » ou un intransitif, comme le prouve l'exa-
men des passages parallèles dans Qu. ii. Ce mot ne doit être pris au pas-
sif que 44, 42; 49, 43; 88, 4, du bas, peut-être aussi 6, 4, mais partout
ailleurs c'est un réfléchi, comme, par exemple, 8, 15 (407); 8, 3 du bas
(4 09); 9, 2 et 3 (1 09, 4 1 s.); Texpression s^aasm zanuJsn, qui se rencontre
quelquefois, signifie d'après Qu. ii, 418 et 461, u qui fut égorgé (dans
Teau) et se noya ensuite ». Le mot n^^scû^n, p. 9, dernière ligne (412,
3) est traduit exactement comme intransitif, ainsi que 3^3:33 de 48, 42
(139, 42). Mais le môme mot, se rapportant au même martyr Isaac
ha-Lévi, est traduit 8^ 3 du bas (4 09. 7) comme un passif! Pour
nnaa vacaD», 45, iO du bas (195, dernière ligne), qui est traduit au
passif, c*est douteux, mais il semble que ce soit un intransitif, a qui
se sont noyés (dans leur fuite) ». De même lonpji, 40, 22, ne doit
pas être pris au passif, comme le fait M. S. (4 4 4, dernière ligue), mais
est intraositif. — P. 140, note 4, M. S. parle à tort d'une << épée » sur
laquelle se jette le bedeau de Cologne; il s'agit, en réalité, du couteau
du sacrificateur, avec lequel il se tue à la fin lui-même. — 4 4, 3 du
bas, le mot )102 (l. l'^non) est mai rendu dans la traduction (427, 5
du bas). Ce n^est pas dans « un bloc », mais dans un u linceul » qu'on
a placé les cadavres, c'est-à-dire que les cadavres ne furent pas atta-
clxéa j;iua à la roue, mais enveloppés dans un drap, tandis que les
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152 REVUE DES ETUDES JUIVES
autres marlyrs de Kitzingen, comme le rapporte notre texte, furent
altachésuus, ce qui froissa tout particulièrement les scrupules reli-
gieux des Juifs. Cf., par exemple, Qu. Ji, 2 et U, Qu. m, 313, 7;
329, 4 du bas; 348, 6 du bas ; 354, U. où Ton déplore que les martyrs
aient été complèlcmcnt dévêtus ou enterrés tout nus. — La traduc-
tion confond parfois Texécutioii par la roue, et le fait d'attacher des
cadavres à la roue. D une part, on faisait mourir des virants au
moyen de la roue (en hébreu 1S2<3, par exemple 20, 7, ou innDS
lDi«a nnD5, D'^sciNa ûm»s:^, 13, 8 du bas; 15, 6), et, d'autre part, on
attachait des cadavres à la roue pour les exposer en public (en hé-
breu C'^2Di«n b:^ la-^^in, u, avant-dernière ligne; û'>:DiKn by D'^roia,
15, 1 ; iBiNïi by nic'^'^na 20, 7), et quelquefois même pour les rouer
réellement (d"»3Di«a innDî inmna nn«i, 15, 10). La traduction de 13,
8 du bas, devrait être la même que 14, dernière ligne; 15, 6 ; 15, 10 ;
et 22, 4, parce que dans tous ces passages il est question de l'action
de briser les os par la roue (iBiNa nnD3 ou 'a niTDSW' innD3). Signa-
ions encore ici les passages de 14, avant-dernière ligne; 15, 1, et 20, 7
(1. n©*>*>n3i). La traduction n'est exacte que 14, dernière ligne; 15, 6;
20, 7. Par contre, &->3di»3 de 13, 8 du bas (124, 5), est mal traduit : il
ne faut pas auf den Ràdern (sur les roues), mais durch das Rad (par
la roue) ; 1 i, avant-dernière ligne (l. d'ia"»\23'ini), il ne faut pas uni sie
dann râderte, 127, 5 du bas (et on les roua ensuite), mais uni siedann
aufsRad flocht (et on les attacha à la roue); 15, 1, non pas legle man
sie auf die Ràder, 127, dernière ligne (on les plaça sur les roues),
mais und aile wurden dann auf s Rid geflochien (et tous furent alors
attachés à la roue) ; 15, 10 (128, 5), non pas warden sie aufs Rad ge-
flochien (ils furent attachés à la roue), mais wurden sie gerâdert (ils
furent roués) ; 22, 4, même remarque. — 9, 2 (109, 14), Lire Orgia, au
lieu de Ogia, et faire également cette correction dans l'index, p. 502,
s. V. Ogia et Orgia.
19, 2 (141, 2). L'épilhète T^orxn se rapporte probablement, non pas
à nu5« 173, mais à cjov. — 149, note 3, au lieu de û'^^nn», il faut lire
sans doute D-^KDirDa. — 22, n. 5 et 149, n. 5. Au lieu de d-'Oimn, il
faut lire D^Dn-^ïi.
A propos de la transcription des noms de lieu hébraïques en noms
allemands correspoadants, nous ferons remarquer que p. 151, 25,
ridentification du nom de lieu bu?n, dans Qu. ii, 25, avec Wesseli en
Bohême n'est nullement certaine, d'autant moins qu'il faudrait cor-
riger D'>'^hani en b'^'^nna. De plus, la leçon bisi est très probablement
fausse, puisque dans Qu. ii, 28, l. 9 et 2 du bas, et 29, 2, celle localité
est appelée Mbv) et que le récit de Qu. ii fait supposer qu'elle était si-
tuée près d*un cours d'eau et qu'en face d'elle, sur l'autre rive, se trou-
vait une ville fortifiée (T^D), ce qui n'est pas le cas pour Wesseli.
Cf. Gross, Oallia judaica, s. v, "«bio. — P. 23, au lieu de »'»^D, 1.
«•^no3 ou Nmo3, Nassau. — P. 28, Nb^^riD est Preuzlau en Poméranie.
— 66, 7 (232, 9). «p'^NrKïT^b n'est pas Lichlenberg, mais Lichteneck,
vendu en 1353 par le comte palatin Ruprecht I à Tempereuf
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BIBLIOGRAPHIE 1Î53
Charles IV. — 68, 42 (244, 19). Au lieu de V)3ib, il faut peui-ôtre lire
m'^b = Linz, situé entre Passau (fi^iiDs), qui précède, et St*. Polten
(labnc), qui suit. —68,43 (244, 26) V>aD"»-iD est probablement Brzeho-
witz (àrzfh signifie en bohémien « rive »). — 83, 4 du bas. Au lieu de
amab'^b^^in. il faut peut-être lire a-na^ttin, Hammelburg.
Les élégies contiennent un certain nombre de passages mal tra-
duits. Ainsi, 342, 40, T'a^^^ïi n«-T' t5a-n ne signifie pas J)ie Furchi vor
dent Tprannen schwand (la crainte du tyran disparut), mais und er
{M ose) stiess von sich den Oeçenstand der GoUesverehrung des Tyi'annen
(il [Moïse] repoussa Tobjet du respect du tyran, c'est-à-dire le cruci-
fix). Ibid., imbpO'n nmn'^Ta'^i ne se rapporte pas à David, qui suit,
mais à Moïse, qui précède. Devant lyi n^, si nous ne voulons pas
lire miPfin, il faut ajouter i«^73"^t ou 'i©Dn'>i. — /^, 17 s., lire
*iiDS3, au lieu de "^^cs. Il y est probablement question du portier de
la synagogue. Nach dit [o Gott\ sehnte iicà 4^r Thorhilter meiner Tem-
pelràumey seine Seele verlangte und schmachUte nach meinen [heili-
gen] Vorhôfen und er warf sich [betend] nieder vor dem Heiligthume
und sprach : 0 nimm aus meiner Bafid die Sch'Ussel ! Und sie ur-
iraten ihn dort. Dann fassten sie den Sabbatai (Le gardien de mon
temple aspirait vers toi, ô Dieu; son âme languissait après tes
saints parvis et il se jeta par terre, en priant, devant ton sanc-
tuaire et dit : Prends les clefs de ma main [allusion à la légende
talmudique relative au dernier grand-prôtre du second temple] 1
Et ils le foulèrent là aux pieds. Ils saisirent alors Sabbatai). On
n*indique pas le nom du portier, car les mots *^n3;s pk in^ts"*! de
la fin de la strophe, que le traducteur rattache par erreur à ce
qui précède, appartiennent à la strophe suivante, comme Tindique
le sens et comme le prouvent d*autres strophes. De même, i^dd*^!
n^V9 ntt, 1. 22, se rapporte à ce qui suit, et non pas à ce qui
précède. — 343, 7 (346, 9), inbu53 d-^tD-in^^i, nackt dahin gebreitet
(étendus nus), serait traduit plus exactement par nackt ausgezogen
(déshabillés tout nus). — /^., 1. 25. Au lieu de iranam '^y^^\^ by , je
propose de lire nnarwm •^a'»n« \y^ La première traduction qu'en donne
M. S. est inacceptable, la deuxième est exacte. — 347, texte hébreu,
1. 8, au lieu de ipo73D ûrr'au), lire ips^a Dn-»D« (cf. II Chroniques,
XXXI, 43), beide nach. Vorschrift (tous deux selon la loi). — Ib., 1. 8 du
bas, au lieu de rtOTan, lire npttn. — 318, 8 (320, 25), au lieu de ln-iD«a,
qui n'a pas de sens ici, lire 1ina\2îa, « par un effondrement ». — /^.,
1. 40, nn^ «^riTaDHP mstToa d*>;d©, « qui se réjouissent de la loi ordon-
nant de séjourner à Técole » ne se rapporte pas aux « ennemis de ton
héritage — die Hasser deines Brbes (320, 2b) — mais à Israël. — Ib.,
h 4 du bas, au lieu de bbriTSD, lire bbnça. — 349, 4, au lieu de
mn«a, lire rrr^œa. — 322, 9. d-'bann ne signifie pas Banden (bandes),
mais a le sens talmudique de (p'^TTan) bain Zeuie die Wunde scftlagen
(des gens qui blessent). Peut-être aussi ce motdésigne-t-il ici, comme
dans la littérature rabbinique, les Cordeliers, les moines francis-
cains. — Ib.y 1. 42, û'TPiXte'i û"»bN-i« signifie « ciel et terre ». — Jb.,
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m BEVUÇ DES ÉTUDES JUIVES
14 S. (321, 7 S.), IraducUoa ioexacle. Ce passage signifie [Pêu zur Fol-
teruMg Vtrmrtheilten] den Arm zu zei'breckên èefakl mit seinêm Mundê
âerPrevIer, das Wagenrad tnitieiner Schwere herbeizuscileppen (L'im*
pie ordoQoa de sa bouche de casser le bras à ceux qui élaieot coa-
damnés à la torlure et d'approcher la roue avec soo poids). — 313, 1,
au lieu do Diob-i u)93\Db &'>fi<'>-)3 "^by i^p, qui est incompréhensible, je
propose de lire d^îT»-^ ©itt-^p û'îs:'»nB '^by i>3p (cf. Osée, ix, 6), qui
donne un sens acceplable. -- Jb., 3. Au lieu de 0731123, lire DUrn^,
von ikrer Hôke (de leur hauteur). — 3Î6, 4. na»m •iwn •»nmp (cf.
Isaïe, Li, 49) doit être traduit ainsi : Was mick çetro/fè», iiê Verderben
^nd Sturz (ce qui m*a alleint, c'est la destruction et la ruine). Les
mots D7:n p^m qui précèdent forment une proposition k part. Au
lieu de r^b^y "^d, il faut peut-être lire rtbijr p ou b^? "^D. — /*., t3.
nb ny-T^, cf. ib îia^-T^ itt3D3 (Isaïe, xv, 4) ; au lieu de ab m*»'), lira
Jiab yslr^^ und es haben VfH'zagt gemacht ihr Herz (et ils ont amolli son
cœur); cf. '^ab îjnn b^i (Isaïe, xxiii, 46). Peut-être aussi faut-il lira
na si-nn^i. — 7*., I. 5 du bas. ina^"» ne doit pas être lu nani-». mai«
n-iap*;, et nm^ ne peut pas siguifier meiiie Wunden (mes blessures),
piaisiitf micA zerschlagen (ceux qui me blessent). — 7^., 1. 3 du bas.
Ou bien il faut ajouter ym après ym^a, ou lire ym au lieu de yma,
autrement il n'y a pas de complément direct è '^nvbDa «"^an. •— 327,
I. Au lieu de rT^ncai, lire ïT»am, ce qui répond aussi à la note 4. —
L. 5 et 6 (328, 4 du bas). Le traducteur n'a pas remarqué que la rime
exige DV ; donc Dni^iTa et DnaiD ne sont pas possibles ; au lieu de
Diiatt il faut Dn-aon ou dniç et traduire ainsi : Qieb su prêts (ou
wirfsie nieder) am Toge des Unglikhts uni zerbrich sie in zweifackem
Zasammtnbruche (Livre-les [ou abats-les] le jour du malheur et
brise-les par une double calamité). La strophe finit par cette impré-
cation contre Tennemi. —7*., 46, rîpi73 (cf. Dau., vir, 7) pour désigner
dWniDbio, voir Zuoz, Synag. Poésie, 443. — Ib. Kl, au lieu de nny,
lire n'»iy. — 329,dern. 1., nmcn nD33^ se rapportent à ittK qui précède,
— 330,6 (et 427, 7). Au lieu de «"'bran, lire rr^bnai.— 7*., 9, au lieu de
û'«3tatt:a, lire D'»3'aujD; donc 334, 8. il faut gegm 70 Personen (environ
70 personnes), au lieu de 70 Personen. — 330, 43. Au lieu de nm«2Sa,
lire m«s:73 ou CiNJt». —7*., 44. y-ipin ne signifie pas sind sie kinans-
gestossen (ils sont expulsés), mais wurde/i lie hingeowrJei (ils furent
égorgés). ^ 332, 6, ^21 (332, 5 du bas), et 332, 8 pTH (333, 2) ne doit
pas être traduit par Zeit ;temps), mais par SchicksaL (sort). Ce sont
les poètes hébreux de Técole hispano-arabe qui ont donné ce dernier
sens à pT. De même dt» ■'ib-», 332, 40 (cf. Proverbes xxvii, 4, ib"» ma
DV), ne signifie pas Â'inder des Tages (enfants du jour), mais was der
Tag geboren (ce que le jour a produit), dans le sens de c destin ». —
332, 44. Au lieu de "^aab nNi:\ lire 'ab «i:\ — Ib., 15. nsuJTD est une
correction erronée du traducteur (333, 48). Le texte a Texpression
correcte et exacte D"»"iao •^d;3)3 ob der cweifacàen M^unde (à cause de la
double blessure). — Ib.^ 47, '», et '»b est bg( et b^b ; de même 1. 23,
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J
BlBUOGRAPHtB f»
Ja niHrt «ipige que 'ni soU li; bjji. — là., 20, au lieu de Tn% ]\rp
^jnv. i^„ 13. Au li«u de "«nTs^^Tsn, qui ne doQue pas de eeiig ezfiet,
JifA ^na3^;93 naeh m^litewi Tktm (d'après ma façon d'agir). La tra4u<-
Uqu ^d /. est sûremeat fausse. — Jè„ ^. Au lieu de Y^^9 4ui pe
4ooae pas de seus et pour lequel la note 7 préposa '%9^\ il ât^ Um
jiinpleqiieiit r^^n. La traduction est naturellement ineatai^ (1H« ^K
/&., 25, pour D-^Ton, le mèire exige D'»T»onn. — /^., ?§ (334, 7), "^laab
fmn ae signifie pas f<7/(^r meinm Willen [coQtre ma volonic}« maif
w^r fegenwartig [^n ma présence;. Ce n'est pas seulement le oi^tri^i
mais aussi la logique qui fait rattacher Mirr à "^lyh. — 334, 45. Pour
rj3ii», l. rTO5»(cf. Isôïe XIX, 40). — 335, 24. La traducliop (337, 7 du
bas] n*a pas de sens. Voici la vraie signification : In Stikke, dilnn wie
Bâif, zersprenge (1. nts ) melnen Unferdrilcker und ich werttc mit Dan*
kuitimme wiederum [vor Prtudi] hilpfen (-nDX«i, cf. Juges, vu, 3). —
338, 45. irb:> D'^nwo irr^^, est clair d'après Ps., cxl, 9, passage au-
ijuel renvoie la note 4. La traduction (339. 4 7, et 339, note 4) n'est pas
exacte. Il faut traduire ainsi : wird [von Qott] freigegeben ikr bôses
0$iMe gegen uns [Pieu laissa un libre cours à leurs mauvais senti-
ments contre nous). — 338, 20. Lire, à cause de la rime, 0*^^331
|p*»»'»»n]. — Ib., deru. 1., '^'i^y ne doit pas être lu îiaiy, comme le pro-
pose M. S., note 8, mais est l'orthographe en usage au moyen âge
pour ■»33>^ et le verbe rïN-j^ 339, 4, se rapporte à "^5^^ b« qui précède;
il faut rectifier en conséquence la traduction 340, 44 s. — 339, 6(340,
♦ du bas). Pourû-^sab, je propose D"'»ab?: (cf. Ps.,lvii,'5), parce qu'au-
trement il faudrait D'*M3n. si ce mot, d'après Isaïe, xxvii, 6, devait si-
gnifier « pour l'avenir ». -- 312, 8. D'>pn7j73 -^Dn ne signifie pas di$ an
dleSûs^igkeii [der QoUeslehre\gewohnt€n Oaumen. 345, 2 (les palais habi-
tués à la douceur de la loi divine), mais die von der Silssigheit [der Got-
t$$Ukn] Uàerfliessendin Oaumen (les palais qui sont imprégnés de la
douceur de la Loi). — Jb., 41. m-jn \-i»an nî< n»wxn niDO XSW
signifie d'après Raschi sur Deut., xix, 48 : damit die torsàtzliche
SUnde [dis Fti/ides] zn meiner unvorsàiztichKn kinzugelkan fcerde (afin
que le péché, de propos délibéré, de i*ennemi s'ajoute à mou pé-
ché non prémédité). La traduction de M. S. (34a, 7) n'a pas de
sçns. — Jbid.y 42, au lieu de u-»b;sn, lire ^isV??:. En traduisant
(34$, 9]hat der Feind sdn Sckweit sckaltm lassen ^'ennemi a laissé
jlomiuer son glaive), M. S. ne remarque pas que U'^bu^n la-in n'est
pas hébreu. — Jà., 3 du bas (345, 6 d. b.) nn-^a ©« mWDi ne si-
gnifie pas dae Feuer der OclehreamkiU fachte er an (il attaqua
le feu de Térudition), mais wie jener Blasetalg (Jérémie, vi, 29)
ipard er vont Feuer verzehrt (il fut dévoré par le feu comme ce souf-
flet de forge dont il est question dans Jérémie). — 343, 9. Pour
fr-^nTstoan, lire û"»nN®3n. — i^., 44. Au lieu de pT*'^"»'^» lire T»rntt
diê dicà erzurnea[ceux qui rirriteni). — /^., 20. Au lieu de û'^DnTDD, lire
O-^D-îTas (cf. Lévit., xxvf, 36). —347, 47. Au lieu de mn-^on, Jire "^mT^on.
.— 348, 46. Au lieu de nbD iQ^to, il faut, pour la rime, nba u5'>ki. —
It.f avani-dernière ligne. niDia) m^ -^nn ba n'est pas traduit (351,
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156 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ayant-dernière ligne). — 351, note 5. Traduction inacceptable. —
358, 18. *inDn "^nnfiiTa est inexactement traduit : tneine leuchéenden
FMrer habm sie geschlagen (ils ont frappé mes guides qui m'éclai-
raient), il faut dire : mein Licht haden sie verdunkelt (ils ont obscurci
ma lumière) ^n'DTi venant de nn'D. — 354, 5. Pour noobTS V'^'V^» M. S.
lit nonob» et traduit (357, 14) îind wollten devie Qesàize nichiterhan-
deln (ils ne voulaient pas faire commerce avec tes lois), comme si
no"iD pouvait avoir un complément direct. Il faut lire nonb» ou
nonb». —354, 7. I3^aa ertranken (se noyèrent), et non pas (357, 18)
hanien um (périrent). — 7* , 14. na©D ausgezogen (déshabillé), et non
pas hingestreckt (étendu). — Jb., 47. Au lieu de nab:^, qui n'a pas de
sens, il faut peut-être lire le nom de femme fitcabn, Beleta (cf. p. 388)
ou roba, Belle-assez. — i^., 25. npb est probablement np'^b, infi-
nitif néo-hébreu « pour prendre » ; il doit être rattaché à n'nprrb
qui suit.
Dans l'explication des noms de personne , on n'a pas considéré
que quelques noms usités chez les Juifs du moyen âge ont une
origine slave. G*est ainsi que MS^iDKp, placé, p. 394, à côté de K301^,
est une forme slave de Catherine. (<\D'>")p, p. 401, est probablement
le slave Krasa = Tallemand M3n;s ou Schône (Bella). Elka, placé
p. 398, à côlé de NDb*>n, est la forme slave d'Ella. Pour »3'»atn]^D,
p. 408, M. S. a eu tort de rappeler le nom de famille Perzina, encore
en usage aujourd'hui, car ce dernier nom est certainement d'ori-
gine slave. M^nn'^D, p. 408, ainsi que K^nb^n, p. 410 (tous les deux
de Wilrzbourg, 1298), paraissent être des diminutifs avec la ter-
minaison slave usa^ le premier formé de fitniD et analogue au dimi-
nutif allemand Vbn'^n, p. 410, et le second formé de Rachel. Kobi du
S. Schemot, placé, p. 413, à côté de inb'^1, est le slave Ziata, qui ré*
pond au nom allemand de Kibn^i, Golda. P. 418, la comparaison de
ec^^^ avec t^r^ de Belh Schemouel n'est pas exacte, car ce dernier
nom est le slave Zena = femme. A mon avis, e)'^3S3*i3, p. 390, est Bon-
juif, parce que les Juifs allemands prononçaient le j de Juif comme
chj comme le prouve la transcription de « Juif » par t)*^»*!^, p. 146,
la lettre ch était rendue souvent par ^^ b'^snp, l'^bonp est sans
doute le diminutif de Karpe (carpe) comme '("'biD'^'î, "("^biC^D vient de
Fisch (poisson). De même, Karpeles vient de Karpel, comme Fiscbels
de Fischel. Peut-être «rstn^D, p. 408, vient-il, par un procédé iden-
tique, du mot français « perche » (cf. Genèse, xi.viii, 46, laT»!,
et Midrasch ad /.). U'^n^, p. 418, dérive peut-être de rallemand
«' zart ».
P. 424, 13, dans la liste des Juifs français tombés comme martyrs,
il manque le nom d'Elie le Français, tué en 1243 à Ortenberg et
Isaac le Français avec sa femme Joie, tués en 1349, à Worms. /*.,
au lieu 1244, lire 1243. — P. 425. Il n'existe aucune contradiction
entre le fait que les Juifs français venus en Allemagne au xiu« et
au XIV* siècles ont été désignés par Tépithète de "«nnDxn^et l'asser-
tion de M. Giidemann aifirmant que les Juifs émigrés dans les pre-
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HIBLIOGHAPHIK Vol
miers siècles de France en Allemagne ont été les Toodateurs des com-
munautés rhénanes.
On trouve peu de fautes d'impression. P. 94, 20, au lieu de
«inpnb, lire lOnpïib ; 313, 6 du bas, au lieu de y\iiTb, lire -iD^b ; à la
ligne suivante, au lieu de m::d, lire I^^d; 323, 10, au lieu de V3sn,
lire rSD3 ; 338, 7 du bas, au lieu de i«b?3"«, lire lî^btti.
Malgré nos observations, nous sommes heureux de déclarer que
ce troisième volume des Qaellen fait honneur aussi bien à féditeur
qu'à la « Commission historique ».
POROé).
KAUTZ8CH(EiDi}). AbrlMS der Gesehiclife den alttefitanieutlieheii Si-hrift-
f ums, nebst Zeittafeln sur GeHchichte der IfiriielUi*n und auderen
Bei^aben sur Erklieruni^ de» Allen TestainentM. Fribourg-ea-B. et
Leipzig, i897; in-8' de 220 p.
On connaît la grande traduction allemande de la Bible publiée par
M. Kautzsch et dont la seconde édition a paru en 4896. Celle traduc-
tion est accompagnée de quelques appendices, dont les éditeurs
viennent de faire un tirage à part et qui comprennent : 1^ un abrégé
de l'histoire de la formation de la Bible (p. 4-149); 2° un tableau sy-
noptique de rhistoire politique et littéraire des Israélites depuis
Moïse jusqu'à la fin du second siècle avant Tère vulgaire (p. 450-188);
3<> une notice sur les poids et mesures, les monnaies et le calendrier
de la Bible (p. 489-496); 4^ une liste des noms propres hébreux avec
une transcription exacte (497-903); 5<> un aperçu sur la composition
de divers livres de TÂncien Testament d*après les sources à Taide
desquelles ils ont été formés (204-2^ 6).
Le plus important de ces opuscules est naturellement le premier
qui a pour but d'exposer brièvement les idées courantes de la cri-
tique biblique sur la formation de TËcriture sainte. D'une part, Texé-
gèse moderne a montré que certains livres avaient été composés de
morceaux d'ouvrages plus. anciens, arrangés plus ou moins habile-
ment, mais ayant conservé leur style primitif. Ainsi, le Pentateuque
est formé principalement des ouvrages de quatre écrivains : le Jého-
viste, rfilohiste, le Sacerdotal et le Deutéronomiste, qui ont chacun
leurs idées propres et leurs expressions particulières. D'autre part,
la critique a essayé de fixer la date à laquelle chaque écrit avait paru
sous sa forme originale et celle à laquelle il avait été combiné avec
d*autres écrits. Par exemple, le Deutéronomey écrit sous le règne de
Josias, a été combiné avec les ouvrages plus anciens du Jéhoviste et
de rElohisle, sous Joachim, et le nouveau livre a été réuni à son tour
au God$ sacerdotal vers l'an 400, et a formé avec les livres des Juges,
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158 REVUE DES ETUDES JUIVES
de Samuel et des Rois la graode histoire sainte qui va do la créatlot
du monde à la destruction du premier temple.
L'abrégé historique de M. Rautzsch a toutes les qualités qu'on doit
attendre d'un ouvrage de ce genre. Il est à la fois concis et complet.
Les tendances de chaque livre biblique y sont nettement ^^raetérisées
et les principaux problèmes critiques qu'il soulève sont soigtieuse*
ment examinés.
M. Rautzsch, pour la solution de ces problèmes, adople générale-
ment les opinions en faveur auprès de la majorité des exégètes mo-
dernes, mais il garde aussi à l'occasion son Indépendance. C'est ainsi
qu'il voit avec raison dans le Cantique des Cantiques une série de
chants d'amour et probablement de chants nuptiaux d'après l'hypo-
thèse de Wetzstein, et nullement un drame où il serait question de
l'enlèvement d'une jeune fille par le roi Salomon. Par contre, je crois
que M. Rautzsch aurait dû examiner de plus près l'opinion com-
mune sur la date et les tendances du livre de Ruth. Bn fait d*ara-
malsmes, il n'y en a qu'un seul, le mot b'^pb qui peut être une alté-
ration de û'^pnb, et le verset iv, 7, où se rencontre ce mot ne peut ôlfe
opposé à Deut., xxv, 9, car, dans ce dernier texte, îa cérémonie qui
consiste à se déchausser le pied a une tout autre signification que
dans Ruth. Comment, d'ailleurs, l'auteur aurait-il pu prendre pour Un
usage vieilli une loi qui parait avoir été* toujours rigoureusement
observée? Enfin II semble assez forcé de faire de cette idfUé uù pam-
phlet destiné à combattre les tendances antipalennes d'Esdras.
L'ouvrage de M. Rautzsch a encore un grand mérite, c'est qu'il
est écrit dans une langue très claire. Il arrive trop souvent en Alle-
ihagne que des livres dont le fond n'a rien de transcendant sont ré*
digés dans un style apocalyptique. Grâce à sa limpidité, Tabrégé dé
M. Rautzsch se lit facilement et avec intérêt.
C'est peut-être dans des manuels de ce genre qu'on aperçoit lé
mieux le fort et le faible de la critique moderne. Il faut certainement
être de parti pris pour nier les résultats obtenus dans la décomposi-
tion des livres de la Bible. Cette partie D'^gative de rexégèse mo-
derne est très sérieuse, parce qu'elle s'appuie sur des différences
de style, corroborées "par les différences d'idées. L'hypothèse de
sources multiples peut seule résoudre de nombreuses difficultés
que présente l'étude des Ecritures. Mais la partie positive de la
critique, celle qui cherche à établir la date des différents écrits
et leurs relations réciproques, prête encore aux doutes les plus aecéo-
tués. Taudis que l'analyse des livres bibliques a suivi une marche mé-
thodique et progressive, l'histoire de la formation de la Bible é passé
par de nombreuses vicissitudes, et on a vu tel livre passer subite*
ment des dates les plus reculées aux dates les plus récentes et tie$
versa.
Cette instabilité des théories sur la formation de la Bible tient t
plusieurs causes. La principale est, peut-être, que les modernes né
peuvent se résoudre à avouer les grandes lacunes qui existent dans
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BIBLIOGRAPHIE 159
l'histoire des Israélites depuis les temps des patriarches jusqu'à
l*époque macédooieune. Ou devrait reconnaitre que les auteurs bi-
bliques ont eu pour but d'édifier leurs lecteurs et non pas de satis-
faire leur curiosité historique; l'exactitude scientifique était le
moindre de leurs soucis. Si, pour les éTènemenls politiques de la
période assyro-babylonienne, on a encore le contrôle de quelques ins-
criptions, pour l'histoire des idées on n'a d'autre ressource que la
Bible elle-même. Or, les écrivains sacrés ont toujours voulu retrou-
ver dans un lointain passé les idées les plus nouvelles. Il est donc
très délicat de se servir des données de la Bible pour faire l'histoire
de la Bible.
Il est à remarquer ensuite que, étant donnée l'incertitude des ren-
seignements historiques, les critiques devraient s'attacher surtout
aux arguments tirés du style; or, ils n'en font pas toujours assez de
cas lorsque ces arguments ne cadrent pas avec leur système. Ou noua
dit, par exemple, qu'Ezéchiel doit être antérieur au code sacerdotal^
parce que celui-ci présente une forme plus achevée de l'organisation
du culte; mais pourquoi la décadence du style, insensible dans le Lé-
vitique, est-elle si marquée chez Ezéchiel? Tant que ce fait n'est pas
expliqué, les autres arguments ne pèsent pas bien lourd dans la ba-
lance. Autres exemples : les Chroniques auraient puisé une partie de
leurs récits dans un Midrasch des Rois. Gomment se fait-il qu'elles
aient conservé intact le style des passages tirés des livres des Rois, et
qu'elles aient, au contraire, donné leur propre style aux extraits de
ce Midrasch supposé? Dans les livres portant le nom d'Ësdras et dfi
Néhémie on distingue des mémoires authentiques de ces person-
nages. D'où vient que la langue de ces mémoires est presque aussi
moderne que celle des Chroniques et diffère tant de celle du
Lévitique?
L'étude des Prophètes fait naître également des problèmes qu'il ne
faudrait pas négliger : comment doit- on s'expliquer le silence du
livre des Rois sur Jérémie? Pourquoi Isaïe n'y figure-t-il qu'à propos
de l'histoire d'Ezéchias? rj)urquoi le roi Achaz apparaît-il sous un
autre jour dans Isaïe que daus les Rois? Quels sont les moyens que
l'on possède pour distinguer dans les écrits prophétiques les compo-
sitions purement littéraires des discours réellement prononcés?
La critique biblique nous semble aussi poser des conclusions hâ-
tites, quand elle déclare qu'un livre est antérieur aux codes dont il
ne s'inspire pas. Les textes législatifs ont très bien pu n'être suivis
dans la pratique que longtemps après leur rédactiou. Le code sacer-
dotal a pu rester des années et des siècles la règle idéale des prêtres
avant de devenir une loi d'État. Les modernes subissent inconsciem-
ment l'influence de la tradition quand ils croient que les lois ont été
promulguées et acceptées aussitôt après qu'elles avaient été écrites.
Enfin, un point important à élucider pour l'histoire de la formation
de la Bible, c'est le suivant : les livres sacrés existaient-ils en plu-
sieurs exemplaires? Si oui, que sont devenus les exemplaires séparés
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\m RKVUE DES ÉTUDES JUIVKS
du Jéhoviste et de l'Elohisle quand uq compilateur a réuni ces deux
ouvrages? Et quand le Deutéronome s'y est joint, a-t-il disparu en-
tièrement comme œuvre spéciale? N'a-t-il pucontinerà exister à part
même après que le code sacerdotal avait été inséré dans la compila-
tion antérieure? Dans ce cas, pourquoi les auteurs qui s*en inspirent
seraient-ils forcément antérieurs à Tauteur sacerdotal?
Sans doute, quand Ben Sira mentionne Néhémie et passe Esdras sous
silence, on peut en déduire qu*il ne connaissait pas notre livre d'fisdras
sous sa forme actuelle. Le roi Josias, selon lui, est un roi sans Cache,
contrairement aux assertions des Chroniques. Maison n'a pas le droit
d'affirmer que les Chroniques n'existaient pas encore. On voit parla
combien les problèmes de critique biblique sont compliqués. On les
tirerait peul-ètre plus facilement au clair, si, comme Ta demandé
M. Vernes, on allait du connu à Tinconnu, en partant de Tépoque où
Texistence des livres bibliques est attestée par des témoignages irré-
cusables pour essayer de remonter ensuite aussi haut qu'il est pos-
sible. Qui sait si l'on n'arriverait pas ainsi à des résultats assez dif-
férents de ceux auxquels s'est arrêtée la majorité des critiques? On
serait en tout cas sur un terrain plus solide.
Ces réflexions s'appliquent évidemment bien moins à l'ouvrage de
M. Kautzsch, qui ne vise pas à l'originalité, qu*aux travaux de l'école
de Reuss, Kuenen et Wellhausen, dont les théories sont aujourd'hui
très en faveur chez les exégètes allemands et ont été vulgarisées
en France par Renan. M. Kautzsch a voulu donner un bon résumé
des idées de cette école et il a parfaitement atteint le but qu'il s'était
proposé.
Les appendices qui suivent l'abrégé de l'histoire de la Bible seront
très utiles même à ceux qui ne possèdent pas la traduction de M.
Kautzsch. Les tableaux synoptiques de l'histoire d'Israël avec les
synchronismes de l'histoire assyro-babylonienne et égyptienne sont
fort commodes a consulter. On peut en dire autant du chapitre sur la
composition des livres bibliques. Il semble seulement qu^une liste
des extraits des Rois dans les Chroniques eût été ici à sa place. On
aurait pu y mettre aussi une indication de tous les passages paral-
lèles dans la Bible. M. Kautzsch a été bien inspiré en donnant une
notice succincte sur les poids et mesures.
En terminant^ nous souhaitons au nouveau volume beaucoup de
succès, et nous voulons espérer qu'il trouvera, même en France, un
grand nombre de lecteurs.
Mayer Lambert.
Le fénoi,
Israël Léyi.
TSR0AILLB8, IV^RlMBtUBB GBRP| aUl DUPLBB0IS, M*
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NICOLAS ANTOINE
La Revue a pablié, dans son avant-dernier numéro ^ un docu-
ment envoyé par M. Balitzer et copié sur le registre de la Compagnie
des Pasteurs de Genève, qui retrace toutes les péripéties du procès
et de la mort d'Antoine, brûlé à Genève, le 20 avril 1632, pour
crime de judaïsme En outre, la Revue annonçait, avec une étude
sur le personnage, d'autres pièces sur le môme sujet. Mais celles-
ci, communiquées également par M. Balitzer, consistent unique-
ment dans une copie du tome IX de Y Histoire manuscrite de
Genève par Gautier. Elle contient le Procès ou Acte d'accusation
lu par le Secrétaire d'Etat devant les syndics le jour de Pexécutlon
d'Antoine, la sentence prononcée contre ce dernier et une longue
relation intitulée « Particularités sur sa vie et sur l'instruction de
son procès. *> Nous donnons à l'appendice le Procès et la sentence,
mais nous avons renoncé à publier la relation pour les raisons
que voici : tous les faits qu'elle contient ne sont qu'une répétition,
à quelques détails près, du document des Pasteurs, ou bien un ré-
sumé (pour tout ce qui concerne les débats du procès) ; quant aux
pièces qu'elle reproduit in extenso, à savoir les deux requêtes
adressées par Antoine à ses juges *, Tune pour réclamer un papier
renfermant la démonstration de ses douze articles de foi, démons-
tration qu'il n'avait menée que jusqu'au huitième article, l'autre pour
s'excuser d'avoir donné le change sur ses convictions véritables
et attester la sincérité et la vérité de sa foi judaïque, plus loin les
lettres de Ferry et de Mestrezat en faveur d'Antoine, tout cela
peut se lire dans les principaux articles consacrés déjà à Antoine,
notamment dans la Bibliothèque anglaise de De la Roche
(Amsterdam, 1717, t. II) et récemment dans Haag, France pro-
testante, 2« édition, s, v,, Antoine, et dans YAUgemeine Zeitung
des Judenthums^ 1894, pp. 42 et 55 (article de M. Samter)*. Nous
» Tome XXXVI, p. 163 et suiv.
" liHd., pp. 175 et 176.
' Noué dfcvoos ces reoseigoemenls à M. Israël Lévi.
T. XXXVII. N« 74. U
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162 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
aurons plus loin Toccasion de citer quelques fragments de ces
pièces, surtout de la lettre de Ferry, qui est un document capital
pour rétude du personnage. Au surplus, l'histoire manuscrite de
Gautier est en cours de publication depuis 1896. Trois volumes
ont déjà paru et conduisent jusqu'à la seconde moitié duxvi* siècle.
Le volume qui renfermera Thistoire d'Antoine paraîtra donc
prochainement.
Tels sont les documents connus jusqu'ici touchant Nicolas An-
toine. Il en existe vraisemblablement d'autres. D'abord, le procès-
verbal des Pasteurs de Genève dit expressément* qu'on a conservé
les papiers de la main d'Antoine « aûn qu'on eût un mémorial de
ce pourquoi il était condamné à mort et que ce n*était pas pour ce
qu'il avait été papiste et élevé entre les Jésuites, mais pour des
horribles blasphèmes... » En dehors des douze articles de foi et
des requêtes qu'on sait, Antoine avait composé, avant et durant
sa détention, d'autres écrits, qu'il signa le jour de son supplice. De la
Roche, dans l'excellente notice qu'il consacre i Antoine , donne
une description complète de ces écrits qu'il a eus sous les yeux. Ce
sont : « I Quelques passages de l'Ancien Testament avec II une
prière qu'il faisait le soir avant de se coucher et une autre prière
qu'il faisait après ses sermons. Le style en est à peu près le même
que celui des théologiens réformés, mais il n'y est fait aucune
mention de Jésus-Christ. Ces prières sont remplies d'onction.
III Une petite feuille contenant onze objections philosophiques
contre la doctrine de la Trinité. IV Un long écrit dans lequel l'au-
teur fait une confession de sa foi en douze articles accompagnée de
ses preuves (Suit une transcription des douze articles). A la fin de
ce long écr^, deux autres, pour prouver que les passages du Vieux
Testament où il est parlé d'une nouvelle alliance ne se doivent
entendre que d'une confirmation de l'ancienne alliance faite avec
Abraham, Moïse et les Pères. Le second écrit est une explication
du 53°"« d'Isaïe. » Ainsi ces pièces existaient encore en 1717 ; elles
n'ont pas dû disparaître. Nous regrettons de ne pas en avoir de
copie entre les mains, surtout des dernières, car, bien que les
actes des Pasteurs nous fassent connaître avec suffisamment de
détails et de sincérité les opinions théologiques et ex^étiques
d'Antoine, tout n'est pas aussi net ni aussi complet qu'on le
désirerait. Certaines explications de versets bibliques prêtées à
Antoine par ses adversaires sont assez peu intelligibles^. On
pourrait aussi comparer avec plus de fruit l'exégèse d'Antoine
« Ibid., p. 193.
' Voir plus loin, p. 175 et Buiv.
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NICOLAS ANTOINE 163
avec les interprétations rabbiniques si Ton avait les pensées ori-
ginales du premier.
Outre la lettre de Ferry et les deux lettres de Mestrezat à
Cbabrey, il y eut aussi un certain nombre de lettres de Pierre Du
Moulin, célèbre pasteur de Sedan sous lequel Antoine étudia. Ce
ministre écrivit au sujet de Yillemand, jeune homme qu*Antoine
avait « débauché » en lui enseignant une philosophie dangereuse,
et il écrivit aussi * pour intercéder en faveur d'Antoine.
Quoi qu'il en soit, nous sommes assez renseignés par le registre
de la compagnie des Pasteurs, en ce qui concerne les événements
du procès d'Antoine, pour nous faire une idée de l'état d'esprit de
l'infortuné pasteur de Divonne, de la nature de son judaïsme et de
rétendue de ses connaissances bibliques, révélés si tragiquement
dans la dernière année de sa vie. Mais pour comprendre l'étrange
âgure de cet homme que la nécessité de vivre induisit d'abord à
de singuliers compromis et que la fermeté inébranlable de ses
convictions finit par pousser à la folie et au martyre, il faut revenir
un peu sur ses antécédents, sur la période qui a précédé son en-
trée dans la carrière pastorale.
Les renseignements que nous avons sur l'édu'^.ation et la
jeunesse d'Antoine sont peu abondants et on aimerait à pouvoir
suivre les évolutions de sa pensée depuis l'époque où ses
études sur l'Ancien Testament firent naître le doute dans son
esprit sur la vérité du christianisme jusqu'à la date du 6 juillet
1632, où se produisit l'éclat dont les conséquenres devaient décider
de son sort. Le principal témoignage qu'on eût jusque maintenant
relativement à la jeunesse d'Antoine est la belle lettre de Ferry
du 30 mars 1632, sur laquelle nous reviendrons plus loin. L'illustre
pasteur de Metz, en rappelant qu'il avait amené jadis Antoine à
la foi calviniste, parle de la correspondance abondante qu'ils
avaient échangée quand ce dernier quitta Metz pour aller étudier
la théologie à Sedan, puis à Genève. C'est ainsi que nous avons
été amené à rechercher ce qui pouvait subsister de ces lettres.
Après la mort de Paul Ferry, quantité de lettres manuscrites de
lui et de ses correspondants ont été recueillies. Conservées
d'abord à Metz, elles ont enrichi ensuite des collections particu-
» Ihid., p. 182.
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^^ 'i^l^VPPM
164 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
liëres. La plupart des correspondances de Ferry sont actuelle-
ment à la bibliothèque de la Société de THistoire du protestan-
tisme française En feuilletant la collection Lutteroth, que
M. Weiss, secrétaire de la Société, nous a fait connaître et a mise
très obligeamment à notre disposition, nous avons eu la bonne
fortune de trouver deux lettres d'Antoine à Ferry, écrites à Sedan
le 15 avril 1624, et une lettre de Jean Diodati, professeur et pas-
teur à Genève, datée du 25 mars 1628, qui dit un mot d'Antoine,
à ce moment précepteur chez lui. Ces documents, sans rien nous
révéler de saillant sur ce qui nous importe le plus ici^ à savoir sur
les idées religieuses d'Antoine, sont néanmoins précieux, parce
qu'ils permettent de caractériser quelques moments de sa vie et
jettent en même temps quelque lumière, d'une part, sur la culture
littéraire du personnage et, d'autre part, sur les difficultés ma-
térielles contre lesquelles il eut si péniblement à lutter et qui
jouèrent un rôle prépondérant dans l'orientation de sa vie.
Avant d'entrer dans le détail, rappelons les événements de la
jeunesse d'Antoine jusqu'à la date de 1624. Né probablement en
1602 à Briey de parents « papistes » peu fortunés, qui firent des
sacrifices pour le faire instruire *, Antoine passa cinq ans au collège
de Luxembourg et alla ensuite chez les Jésuites à Pont-à- Mousson,
puis à Trêves et à Cologne. L'instruction supérieure ne se donnait
guère que 'dans leurs établissements et Paul Ferry lui-môme,
quoique né protestant, passa quelques années par leurs mains.
Quel que fût le zèle anti-calviniste de tels maîtres, Antoine, peut-
être à la faveur de conversations avec ses condisciples de la foi
réformée, sentit assez tôt s'ébranler ses croyances catholiques.
Quant il revint à Brisy en 1622 ou 1623, à l'âge de vingt ans, il
était tout prêt à rejeter le papisme. Il alla à Metz, entra en rela-
tions avec Paul Ferry, âgé alors d'un peu plus de trente ans et
déjà renommé pour sa science et son éloquence; celui-ci n'eut pas
de peine à amener le jeune homme à des doctrines vers lesquelles
il penchait déjà; plein d'enthousiasme pour la c religion», Antoine
conçut en même temps une vive affection pour son « père spirituel » ,
qui, après l'avoir converti, le soutint encore matériellement, car
il était désormais sans ressources; ses parents, qu'il tenta vaine-
ment de convertir, paraissent l'avoir abandonné à lui-même.
Après un court séjour à Metz, Antoine, sur le conseil de son maître,
s'en alla étudier la théologie à l'académie de Sedan, probablement
vers la fin de l'année de 1623. Recommandé par Paul Ferry, le
^ Fonds Alhanase Coquerel fils et collection Lutterotb.
* Antoine avait un frère aîné qu'il convertit plus tard au protestantisme.
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NICOLAS ANTOINE 165
jeune étudiant vécut de la générosité de la Compagnie des Pasteurs.
Mais ces secours suffisaient à peine et il fut obligé de revenir à la
charge bien souvent. Ses maîtres heureusement lui veulent du bien
et le tirent d'embarras quand la situation devient trop critique.
Les lettres d* Antoine à Ferry, dont nous parlions tout à l'heure,
sont de cette époque. Le 15 avril 1624, Antoine, craignant d'im-
portuner par trop de demandes les pasteurs de Sedan, se décide à
écrire à son ancien maître, « à Monsieur Ferry, ministre de la
parole de Dieu à Metz », pour lui demander des secours en
vêtements.
A Sedan, le 45 avril 4624.
Monsieur, -
La souvenance de vos bienfaits ne s'évanouira qu'avec le dernier
souspir et combien qu'il soit impossible de les nombrer, sy est-ce que
j'ose bien encore venir en demander des nouveaux, pour l'assurance
que j'ay de votre bienveillance accoutumée. Vous sçavez qu'un père
ne donne pas seulement la nourriture à ses enfants, mais aussi de
quoy se couvrir. Monsieur, si j'ay trouvé quelque grâce devant vous,
bien que tout iodigne, je vous supplie encore de cela. Je deviens hardi
en demandant, combien certes que vous pourrez vous asseurer que je
ne viens qu'estant réduit à «l'extrémité. 11 me pouvait suffire d'avoir
montré et déclaré à M. Rambort ^ que mon habit était tout rompu,
sans que je vous vienne importuner, mais je connais votre bonté et
sçay que vous excusez celui qui désire être de tout son cœur à jamais,
Monsieur, votre très humble, très afi'ectionné
fils et serviteur,
Antoinb.
Mais la misère où se débattait Antoine n'avait pas à ce moment
trop assombri son caractère, bien que Ferry dise en 1632 qu'il l'a
toujours connu mélancolique. Il poursuivait ses études avec assez
de liberté d'esprit, étudiait avec passion la philosophie et la
théologie. Avait-il à cette époque commencé à apprendre l'hébreu
et à réfléchir sur la valeur des témoignages que les théologiens
trouvaient dans l'Ancien Testament en faveur de la Trinité ou de
la messianité de Jésus? Il est possible. Antoine dira, en 1632, lors
de son procès, que depuis dix ans, c*est-à-dire bien ayant l'époque
où nous sommes, il avait rejeté le dogme de la Trinité et accepté le
judaïsme en son cœur. Mais ses juges, d'une part, et Paul Ferry, de
' C'est Abraham Rambourt (ou Ramboar), professeur de théologie à Sedan à cette
époque.
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166 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Tautre, croient que ses opinions liétérodoxes sont de plas fraîche
date et les font remonter à cinq ou six ans avant le procès. Il est
à présumer qu'Antoine a exagéré l'ancienneté de sa conversion
pour attester avec plus d'énergie la solidité et le sérieux de sa foi
nouvelle. Quoi qu'il en soit, à cette date de 1624, si Ton en juge par
ce qu'Antoine joignait à la lettre que nous venons de citer, il ne
semble pas qu'il se passe des luttes morales bien vives dans son
âme. Comme tous les étudiants de son âge et malgré la « nécessité •
où il est réduit, Antoine compose à ses moments perdus des vers
latins sur tous les sujets, de tous genres et de tous mètres; et, sans
doute, il y a déjà quelque bizarrerie dans certaines de ces pièces,
mais plutôt un peu de puérilité et, en tout cas, rien de cette mélan-
colie que son maître et protecteur verra naître en lui plus tard et
tâchera vainement de dissiper, n'en soupçonnant pas la raison
véritable. La lettre qu'on a lue plus haut est suivie de trois
anagrammes composées en l'honneur de la ville de Sedan, de Metz
et de Paul Ferry. Il espère que son maître accueillera ces amusettes
avec sa bonhomie coutumière : « Respice quo soles vultu haec
ludicra. » Il aura bientôt à s'occuper de choses plus sérieuses, si
Dieu veut bien réaliser ses vœux au sujet de son travail, s si Deus
annuerit volis de labore meo ». Il semble par ces mots un peu
vagues qu'Antoine comptait achever 'bientôt ses études et être
pourvu d'un poste rémunérateur.
L'autre missive, qui n'est pas datée, mais qui, vu la nature du
contenu, devait faire partie du même envoi, contient cinq pièces
en vers latins remplies ou d'admiration et de tendresse filiale pour
Ferry ou de haine et de dégoût pour le papisme et les Jésuites, qu'il
appelle « Ruina regum, pestifera tabès gregis ». Par une ironie du
sort, les Pasteurs de Genève reconnaîtront quelques années après
dans la conduite d'Antoine l'influence détestable de l'éducation
jésuitique et lui reprocheront ses « restrictions mentales »^
Les cinq pièces latines d'Antoine ne sont que des exercices
d'étudiant bon humaniste. La première est une épîgramme sur la
papesse Jeanne, ce personnage imaginaire qui succéda, selon les
uns, à Léon IV en 855, sous le nom de Jean YUI, et selon d'autres
vécut à la fin du xi'^ siècle. La seconde est encore une épîgramme
des plus sanglantes à l'adresse des « frères Loyolites » et à propos
de l'image qui représentait Loyola portant un cœur dans sa main
toute en flammes. « Une femme, avait vu cette image et s'était
écriée : « I) est tout brûlant d'amour pour Dieu! »^qc Insensée, dit
Antoine, tu crois que c'est son cœur qu'il porte là ? (Ferre cor pu-
1 Bê9Uê, ibid,, p. 165.
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r-
NICOLAS ANTOINE -167
tas suum?) Il vient d*étriper quelqa*un. (Exenteravit qaempiam.) »
Puis vient un éloge dithyrambique de Ferry : « Si la terre métique
(Metz) eût produit deux hommes comme lui, c*en serait fait de
Tempire du papisme * ». Enfin, après des plaisanteries sur un moine
venu à Sedan, nommé Pudens, un distique où il joue sur le nom de
Ferry*. Le tout est signé : « tui observantissime tibique deditissime
N. Ântonius».
Le ton de ces morceaux nous donne un peu Tidée de Tâpreté
qu*Antoine était capable d*apporter dans ses discussions avec ses
adversaires. Et quand plus tard il tombera dans des accès de
frénésie, on pourra n*y voir qu*un déchaînement anormal de
l'impétuosité naturelle de son caractère. Â. Tépoque où nous
sommes de la vie d'Antoine, sans rien hasarder encore qui fût
ouvertement contraire à l'orthodoxie calviniste, il devait quelque-
fois étonner ses maîtres par l'inquiétude de sa raison et l'intem-
pérance de ses curiosités. L'acte d'accusation porte qu'Antoine,
de son propre aveu, « dès son jeune âge, aurait embrassé curieu-
sement l'étude de la philosophie et conçu de damnables et exécra-
bles opinions de N, S. Jésus-Christ ». Il devait arriver pour
Antoine, doué d'une intelligence très vive et toujours en mouve-
ment, ce qui était arrivé à beaucoup des premiers réformateurs.
Conduits à éliminer une partie des dogmes du catholicisme sous
l'impulsion de l'esprit d'examen, un bon nombre d'entre eux ne
virent pas de motifs sérieux de s'arrêter, une fois l'élan donné, et
de choisir entre les mystères devant lesquels la raison s'était jusque-
là indifféremment courbée. Séparés de l'Eglise romaine, tous
ne furent pas capables, comme Luther et Calvin, d'enrayer la
force destructrice de leur raison et écartant, par exemple, le
dogme de la transsubstantiation, de continuer d'imposer à la foi
celui de la trinité. L'antitrinitarisme avait nécessairement fleuri
presque en môme temps que la Réforme. Ceux qui naissaient dans
la religion réformée n'avaient pas de peine à s'accommoder du
credo fixé par les chefs de la Réforme. Mais un Antoine, venu
à la a Religion » en grande partie par un effort spontané de sa
pensée, était destiné à suivre la voie des Servets et desSocins. Les
circonstances toutes particulières où il se trouva placé firent qu'il
les dépassa. Il devint « pire qu'un antitrinitaire » et môme finale-
i ,,. Si duo taies
Prœterea adjunspet Metica terra viroe^
Belua qua Èoma stabulant in tydera /rendes,
Nunc foret imperii meta suprema tui.
* Si multos Ferry ferrent kaee saeula ferri
2n fcrri eeclis aurea multa forent.
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168 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ment, au dire des Pasteurs de Genève, « pire que les Juifs ». En
réalité, il y eut à son époque beaucoup de judaïsants % groupés
quelquefois en sectes. On en trouve un peu partout depuis un
siècle, d'abord en Suisse, puis surtout en Pologne, en Hollande,
en Italie. Antoine lut-il des ouvrages comme le « De trinitatis
erroribus » de Servet et en subit-il l'influence? Il est possible,
mais on peut croire qu'il évolua de lui-même, par une spéculation
personnelle.
Il ne demeura que quelque mois à Sedan, puisqu'il arriva à
Genève le 20 juillet 1624. Pendant son premier séjour dans cette
ville, ce fut la môme vie à peu près qu'à Sedan; toujours
besoigneux, il luttait constamment contre la misère. Comme il a de
bonnes recommandations, la Compagnie des Pasteurs prend soin
de lui, et il se procure quelques ressources supplémentaires en
entrant en condition dans quelques maisons, probablement comme
pédagogue. Mais son caractère devenait ombrageux à mesure que
mûrissait sa pensée et que les « damnables opinions » qu'il
accueillait s'imposaient plus impérieusement à sa conscience.
Cependant, quoique Tétrangeté de ses allures donne à réfléchir à
quelques-uns, tout le monde rend hommage à son érudition et à la
parfaite correction de ses mœurs.
Combien de temps dura ce premier séjour à Genève? Environ
trois ans, ainsi qu'il résulte des indications fournies par le registre
des^Pasteurs. En effet, à la date du 19 mai 1626, la Compagnie
octroie 4 thalers à l'étudiant en théologie Antoine « atteint de la
flèvre et sans ressources ». Plus loin, une seconde mention nous
informe que le 21 mars (probablement 1627) Antoine reçut 4 thalers
de M. Prévost et quelque chose du recteur pour entreprendre son
voyage. C*est donc à cette date qu'il quitte Genève, sans avoir
achevé ses études. Il parait qu'il était appelé par « MM. de l'Eglise
de Metz ». Peut-être, d'après la lettre de Paul Ferry, songeait-il à
se présenter au synode de l'Ile-de-France, où d'ailleurs il échoua,
à un moment difficile à déterminer. Toujours est-il qu'il partit,
comme il le dit à des amis, « à regret >. Nos documents parlent
aussi de la « cherté i» des vivres, et des témoignages contemporains
semblent indiquer qu'on craignait alors à Genève une épidémie
qui sévissait dans des pays voisins.
C'est à Metz qu'Antoine, déjà .sceptique au sujet de la trinité et
de la messianité de Jésus, devait commencer de se tourner vera le
judaïsme, et pour la première fois sans doute, prendre contact avec
^ Voir Graetz, QeseMehfê der Judm, t. IX, p. 313 et suiv.; cf. aussi Lichtenberger,
Eneyelopédiû du ieiêncês religieuses^ s, v. AalitriniUiires.
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NICOLAS ANTOINE 169
les Juifs. La communauté de Metz s'était récemment organisée et
comptait environ 500 âmes *. Antoine eut des entretiens avec les
rabbins, qui lui présentèrent l'Ancien Testament sous un jour
nouveau pour lui. Il avait déjà étudié Thébreu sous la direc-
tion des professeurs de Sedan et de Genève, des Rambour et des
Turretini, et expliquait sans doute comme eux les passages
messianiques. Nous n'avons pas d*écho des conversations qui
s'engagèrent entre Antoine et les rabbins de Metz, qui n*ont pas
laissé de nom dans la littérature, mais Antoine s'aperçut, guidé
par eux, qu'à ses motifs de douter s'ajoutait encore la fragilité des
argumehts puisés par le christianisme dans les textes de l'Ancien
Testament. Sa confiance dans les explications de ses maîtres est
ébranlée. Il s'en va tout exprès à Sedan soumettre ses incertitudes
à Rambour, qui tâche de le rassurer et de le mettre en garde
contre les téméraires démarches de la raison. Mais il ne se tient
pas pour satisfait. De plus en plus, il se bute aux contradictions
philosophiques ou scripturaires qu'il aperçoit dans les dogmes
chrétiens. Il étudie l'hébreu avec acharnement et tâche de se faire
une opinion impartiale.
C'est pendant cette crise que se place Pépisode des relations
d'Antoine avec un jeune homme de Sedan nommé Villemand, à
qui il enseigna la philosophie; cet élève parait lui avoir été mis
entre les mains par Du Moulin, le célèbre professeur de théologie
de l'Académie de Sedan. Antoine s'attacha à lui et lui fit confi-
dence des graves secrets de son âme. Il n'eut pas de peine à
exercer un ascendant absolu sur le jeune homme et à le déterminer
à se convertir avec lui au judaïsme. On parut se douter du danger
qu'offrait pour Villemand l'enseignement d'Antoine. Jusqu'à quel
point? Il est difficile de le dire. Les lettres de du Moulin et de
Ferry à ce sujet seraient intéressantes à lire. Nous n'avons pour
nous renseigner que la lettre de Ferry du 30 mars 1632, bien posté-
rieure à l'incident et qui n*est pas très explicite. Ce qu'on reprocha
à Antoine, c'est d'avoir égaré son élève dans les ténèbres de la
métaphysique, mais il ne semble pas que leur désir de se faire
Juifs ait été connu à cette époque. « Antoine, dit Ferry, préten-
dait gagner quelque chose à lui enseigner la philosophie et furti-
vement il remmena plus loin*, malgré les remontrances que je
lui en avais faites avec instances de le renvoyer et au jeune
homme de s'en retourner comme il m'avait promis, M. du Moulin
rayant désiré et moi pour ce qu'il lui avait été recommandé. »
^ Voir Ab. Cahen, Le Babbinat de MêH, Bi9Uê, t. VII, p. 104.
> En liaUe.
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170 REVUE DES ETUDES JUIVES
Antoine se soumit en apparence, mais secrètement continua à
voir son élève et songea sérieusement à entrer dans une commu-
nauté juive. Sur le reste de son séjour à Metz, Ferry nous donne
quelques détails, insistant sur les symptômes de mélancolie qu*il a
remarqués en ce temps-là et qu'il présente comme l'effet des contra-
riétés qu'avait éprouvées Antoine ; les remontrances qu'on lui fit à
propos du jeune homme de Sedan, Téchec de sa candidature au
synode de llle-de-France, ses études trop attachées au Vieux
Testament, tout cela, selon son ancien maître, troubla son esprit,
a II ne pouvait dès lors (depuis ces incidents) supporter le jour,
en faisait fermer toutes les avenues chez un gentilhomme où
j'avais trouvé moyen de le faire placer, toujours inquiet sans
pouvoir être en repos en aucun lieu, taciturne sans môme se
pouvoir exprimer qu'avec peine et comme à mots arrachés,
quelque peine que je prisse de le solliciter à se mieux ouvrir, à le
faire venir chez moi de fois à autres, de le recevoir à ma table
et de le faire traiter comme il fut avec un grand soin. » En réalité,
cette attitude s'explique par les combats intérieurs qui se livraient
dans son âme et la contrainte qu'il s'imposait. Ferry voulait démon-
trer qu'Antoine était depuis longtemps dans un état morbide, parce
qu'il ignorait la vraie cause de ses ennuis et surtout parce
qu'il était préoccupé d'infirmer la thèse de quelques-uns des juges
du procès, selon qui la folie d'Antoine était « pénale et subséquente »
et constituait un châtiment céleste pour les coupables doctrines
qu'il avait conçues en pleine lucidité d'esprit. La vérité doit
être entre les deux systèmes. Antoine avait le caractère naturel-
lement sombre et ardent ; mais, d'autre part, il resta en pleine
possession de ses facultés jusqu'à la dernière année de sa vie.
Au bout de quelque temps, Antoine quitta Metz et, malgré Ferry,
emmena Yillemand en Italie. Il croyait pouvoir entrer plus faci-
lement dans une communauté juive de ce pays. Nous savons
malheureusement peu de chose de cette période qui ne fut que de
quelques mois, Antoine enseigna la philosophie à Brescia. Ils
allèrent ensuite à Venise, puis à Padoue, demandant à être
circoncis et à demeurer au milieu des Juifs. Partout Antoine reçut
les mêmes réponses. On les éconduisit, lui et son compagnon, en
vertu du peu de propension du judaïsme à attirer des prosélytes et
surtout par crainte des autorités, qui surveillaient à ce moment les
Juifs plus étroitement que jamais. C'était l'époque où les protes-
tants italiens s'enfuyaient en Suisse devant les rigueurs du papisme,
qui voulait reconquérir le terrain perdu et raffermir son empire
compromis. Des mesures sévères étaient prises contre les jadaï-
sa.nts. Il n'y avait pas longtemps que Molcho avait été brûlé à
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NICOLAS AJSTOJNE 171
Mantoue : les portes des ghettos, un instant entr'ouvertes, s'étaient
de nouveau refermées. Tout ce que les Juifs purent faire, ce fut de
conseiller à Antoine de retourner en pays chrétien et d'exercer en
secret le ju'daïsme, à la façon des Marranes, ou plutôt encore de
se contenter d'être juif de cœur, sans renier le christianisme.
Le pauvre Antoine fut très malheureux de cet insuccès et passa
quelque temps à Venise en proie à de grandes souffrances maté-
rielles et morales. Il dira plus tard dans sa requête aux pasteurs de
Genève : « L^ peuple d'Israël ne m*a point voulu recevoir et m'a
dit que Je pouvais vivre partout et entre toutes nations en la
crainte de Dieu sans me découvrir et sans faire semblant de rien.
J*ai enduré mille maux en allant à Venise et en demeurant là
quelque temps en très misérable état et en retournant encore plus
affligé et misérable. Néanmoins j*ai toujours espéré en mon bon
Seigneur Dieu. Or de m'en aller demeurer parmi les papistes,
j'avais fait serment de ny plus retourner; j'abominais par trop
leur idolâtrie. » Que faire ? Antoine comptait plutôt sur la man-
suétude des protestants que des catholiques romains. Il ignorait
sans doute qu'il y eût quelque sécurité aux Pays-Bas et en Pologne
pour les antitrinitaires et les judaïsants. Peut-être est-ce le manque
dô ressources qui détourna Antoine d'entreprendre ce voyage.
Résigné à rester chrétien extérieurement et pressé de s'établir, il
résolut de revenir à Genève, qui lui avait déjà été clémente.
Nous l'y trouvons installé depuis quelques semaines déjà, à la
date du 25 mars 1628, où Diodati, écrivant à Ferry, lui parle d'un
certain Anthoine qui paraît bien être le nôtre. En effet, ce dernier,
bien accueilli par ses maîtres et ses anciens condisciples, après
avoir disputé avec succès en philosophie, est pris comme péda-
gogue, en attendant qu'il ait fini ses études de théologie, chez un
des plus illustres professeurs de l'Académie de Genève, Jean
Diodati *. Voici ce qu'il écrit à Ferry :
Monsieur et très honoré frère,
En hâle ces deux mots au défaut desquels suppléera M. Anthoine,
personnage que je vous recommande chèrement pour sa vaste
érudition et piété. La petitesse des moyens le fait rechercher (?) sa
mère naturelle. Genève lui aura été non certes marâtre, mais douce
nourrice. Il est mûr de science, d'âge et de mœurs. Pour, mon
labeur, etc.*
Suivent des confidences sur ses travaux personnels.
A Voir sur lui E. do Budé, Vie de Jeai^ Diodati^ théologien gmevoit (15'26rl649].
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172 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Cette lettre est quelque peu embarrassante. Si le personnage
dont il est question ici est notre Antoine, et tout porte à le croire,
comment se fait-il que Diodati le recommande à Ferry? Antoine
aurait-il fait mystère de ses relations avec le pasteur de Metz?
D'autre part, il semble ressortir des termes un peu obscurs de cette
lettre qu'Antoine allait quitter Genève pour « rechercher sa mère
naturelle », c'est-à-dire, sauf erreur, pour rentrer à Metz et là
suppléerait au laconisme des informations adressées par Diodati à
son correspondant. Or, il n*est nullement question de ce voyage
dans les actes du procès. Il est à présumer qu'Antoine, s'il avait
vraiment projeté de rentrer à Metz, y renonça, pour une raison
quelconque.
U a donc pris le parti de dissimuler et d'affecter d'être un parfait
chrétien. Il ne laisse pas néanmoins, comme on le remarqua plus
tard rétrospectivement, de se trahir quelquefois, emporté par la
véhémence de ses convictions. Un jour, dit le document des Pas-
teurs, il osa répondre à son professeur de théologie que le mystère
de la Trinité n'était pas fondé en l'Ecriture et qu'on y trouvait
plutdt le contraire. Une discussiop s'engagea alors, analogue à
celles qui sont rapportées dans les actes du procès, « sur des
passages de Moïse, d'Isaïe et des Psaumes ». Antoine céda en ap-
parence, mais demeura inébranlé dans ses opinions. S'il y avait
danger à émettre des propositions trop hardies devant les auto-
rités, en revanche il régnait une certaine liberté entre étudiants ' .
Antoine s'ouvrait sans crainte à quelques-uns et ne leur cachait
pas ses tendances ou plutôt ses convictions unitaires. Cependant il
parvint à garder assez d'empire sur lui-môme pour éviter d'attirer
les soupçons de ses maîtres et, tout en pratiquant en secret ce qu'il
pouvait du judaïsme, passa pour un homme très recommandable.
Après un intérim fait au collège de Genève, il finit par se pré-
senter au colloque de Gex et se fit accepter comme pasteur à
Divonne. Il écrivit à Ferry pour lui annoncer sa nomination le
29 novembre (sans doute de 1630). Nous ne reviendrons pas sur
les événements qui suivirent et qui sont relatés eu grand détail
dans les actes du procès. C'en est fait désormais, Antoine s'est
laissé mettre dans la plus fausse des situations; il ne pourra pas
garder longtemps le masque. Les angoisses continuelles où il va se
trouver useront vite sa résistance ; et une fois qu'il se sera trahi,
autant il s'était contraint précédemment, autant il. proclamera
désormais avec énergie ses croyances véritables.
* L'affaire Rémond de la Croix, dont on peut lire le rédt dans roiiTngtt de H. de
Budé {op. eU,], en témoigne i
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xXIGOLAS ANTOINE
Il n'y a pas lieu d'insister sur l'espèce de fièvre <
accompagna ses premières déclarations, ses prostern
la boue, ses contorsions et grimaces, sa tentative de
le Rhône; toutes ces extravagances furent le résul
longue et cruelle contrainte morale qu'il s'était imposi
reste donc qu'à examiner en quoi a consisté le judaïsi
et quelle a été sa science exégétique.
II
Nous avons vu qu'Antoine eut des conversations a^
à Metz et en Italie. Il a dû voir d'assez près la vie j
dant, d'après les données des actes du procès, il sembi
n'ait retenu que quelques rites et n*ait pas connu le j
mudique, se bornant à se conformer dans la mesure
aux prescriptions mosaïques. Il s'abstenait, déjà dans
Diodati, de manger du porc. On lit dans les actes q
chambre qu'il avait, là où il était précepteur, il a
passages sur la porte et ès-parois à la façon des Ji
Tunité du Dieu d'Israël et le même s'est trouvé en sa
Divonne crayonné de charbon d. Antoine se conforu
lettie des prescriptions du Deutéronome (vi, 19). Il
pas, semble-t-il, dé mezouzoi\ il ne paraît pas non plu
de phylactères. Bien qu'un de ses articles de foi affii
tion d'observer le sabbat, on n'a rien noté à ce suje
d'Antoine. Ses prosternations fréquentes, « à la ju
approchant le front de terre, ainsi que ses décl
qu'on peut attribuer, d'ailleurs, à sa démence, î
manifestement de ses lectures dans l'Ancien Testamer
des coutumes bibliques, non proprement juives, sauf e
stances exceptionnelles. Enfin, les prières d'Antoine s
composées par lui. Il ne connaît pas les rituels juifs,
téressant de savoir si les fragments du Pentateuque
sont des nlorceaux tels que le Schéma.
Mais ce qui est plus intéressant encore, ce sont les
l'exégèse d'Antoine. Pour juger de ses doctrines, n(
confession de foi en douze articles. Elle a un caractè
marqué, affirmant le judaïsme et niant le christiani
pose l'unité de l'essence divine, l'obligation perpétuel!
vance du Sabbat, de la distinction des viandes pures (
croit à la reconstruction du Temple et à la restaurati
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\Vi REVUE DES ÉTUDES JUIVES
fices, enfin à la venue du Messie. D'autre part, il repousse les
doctrines de la distinction de personnes dans la divinité, de la
divinité du Messie, du péché originel, de la prédestination et de
la rédemption. Contre la tlièse de saint Paul, qui oppose la Foi à la
Loi, il admet la justification par la Loi seule et, enfin, il rejette
l'autorité du Nouveau Testament comme contradictoire en soi et
avec TAncien. Cette profession, comme on voit, a un caractère tout
à fait original; elle est le fruit des méditations d'Antoine et n*est
nullement inspirée des treize articles de foi de Maïmonide, comme
parait le croire M. Samter.
Antoine est-il aussi original dans son exégèse? La question est
difficile à résoudre. Nous avons vu qu'il avait eu des conversations,
sur les questions qui divisent les Juifs et les chrétiens, avec les
rabbins de Metz. D'autre part, on lit dans le registre des pas-
teurs * : « Lui étant demandé si à son dernier voyage en Italie il
avait parlé à quelque rabbi à Venise qui l'ait fortifié en cette
opinion (sur Tunique autorité de l'Ancien Testament) il dit que
non et qu'il ne sçavait ce que croyaient et enseignaient les Juifs,
mais qu'il croyait à la parole de Dieu contenue en l'Ancien Testa-
ment. » La vérité, c'est que les affirmations des Juifs de Metz lui
ouvrirent les yeux sur l'insuffisance de ses connaissances hé-
braïques et lui rendirent suspectes les interprétations que don-
naient communément les théologiens chrétiens de certains passages
bibliques. Il se mit dès lors à faire une étude approfondie de
l'hébreu, comme en témoigne son ancien maître, qui nous donne
aussi ce détail caractéristique qu'Antoine rassemblait des maté-
riaux pour une Concordance. Il parait bien avoir été, en fait d'exé-
gèse comme dans tout le reste, en grande partie autodidacte. Sans
doute, il a pu connaître des ouvrages de controverse composés par
des Juifs : le Hizzouk Emonna, par exemple, du Caraïte Troki est
de l'époque ; mais il fut écrit en Pologne et n'a dû se répandre
dans les pays chrétiens, grâce aux traductions qu'on en fit, que
longtemps après la mort d'Antoine. Nous avons comparé, à propos
des passages qui furent discutés par Antoine et ses maîtres, les
explications du premier avec celles des principaux exégètes juifs,
Raschi, Ibn Ezra, Eimhi. Les analogies qu'on rencontre sont dues
non à des emprunts directs ou indirects, mais au fait quMIs expli-
quent tous la Bible selon la méthode rationnelle, écartant les
idées préconçues, éclairant les difficultés par le contexte et ne
forçant jamais le sens.
Du reste, les juges d'Antoine ont bien l'impression que celui-ci
» /fttrf., p. 171.
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NICOLAS ANTOINE 175
tire sa science surtout de lui-môme, car ils Taccasent d'être pire
encore que les Juifs, qui concèdent, eux, que certains passages des
Psaumes se rapportent au Messie, tandis qu* Antoine les applique
à des personnages contemporains des auteurs bibliques.
Pour illustrer un peu ce qui précède, passons en revue les
principaux textes controversés ^ Les passages volontiers invo-
qués sont ceux qui sont expliqués par le Nouveau Testament lui-
même. C'est là qu'une contradiction apparaîtra aux théologiens
chrétiens particulièrement blasphématoire.
Au chapitre xxxi de Jérémie (31 à 33), le prophète parle de la
nouvelle alliance que Dieu va contracter avec son peuple ce
passage est allégué par saint Paul en faveur de la doctrine
chrétienne et annonce, selon Tapôtre, Tabolition de la loi du
Sinaï. Nullement, dit Antoine, Dieu ne veut que renouveler
l'alliance que le peuple avait violée au désert et gravera désormais
la loi dans leur cœur, mais il ne s'agit pas d'une Loi nouvelle.
Eîmhi insiste d'une façon analogue sur l'expression « nouvelle
alliance » : c'est l'alliance qui sera renouvelée; mais non pas la Loi,
qui est immuable. Tous les controversistes juifs font la même
distinction entre les mots « berit d et « tôra », invoquant à Tappui
de leur dire quantité d'autres passages de .Térémie lui-même
(par exemple le début du ch. xi, où il est parlé de l'inobservance
de la loi du Sinaï).
Le psaume ex de David commence par ces mots : « Parole de
l'Eternel à mon Seigneur, assieds-toi à ma droite Verset 4 :
Tu es un prêtre à jamais à la façon (ou sur l'ordre) de Melchisédec » .
Les chrétiens voient dans ce passage une allusion des plus nettes
à Jésus et à sa divinité. Anloine pense que ce sont les serviteurs de
David qui ont composé ce psaume à l'honneur de David, auquel Dieu
avait promis de vaincre ses ennemis. C'està peu près l'explication
de Kimhi. Raschi et les anciens commentateurs essaient aussi de
rapporter ce psaume à Abraham, à cause des versets de la Genèse
(xiv, 18 et 19). L'opinion du pasteur qui combat Antoine est sin-
gulière : il accuse ce dernier d'être pire que les Pharisiens, qui
consentent eux à attribuer un sens messianique au passage précité.
On ne voit pas bien quelle explication talmudlque (car c'est au
Talmud qu'il fait allusion) le fait parler ainsi. Ce qui suit dans le
document des Pasteurs n'est pas moins singulier : « Un des assis-
tants ayant dit qu'en ce même psaume est dit : Tu seras mon
sacrificateur selon Tordre de Melchisédec, ce qui ne pouvait être
dit de David qui ne fut jamais sacrificateur, par une malice et
• Ibid,^ p. M\ et suiv.
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ion étrange, il (Antoine) dit que si et qae David avait dis-
lu pain et du vin au peuple, I chron. xvi, ce qui n*a point
action de sacrificateur, mais une libéralité royale. » A
[^inexactitudes dans ce texte, il semble que les adversaires
ae aient mal saisi ses explications. Si, en effet, il leur avait
jette réponse sans plus, ils pouvaient, à bon droit, la juger
nais elle contient, malgré tout, quelque chose d'assez in-
: pour qu'on soit tenté de la compléter, ou plutôt de la res-
?uisque Antoine cite I Chron, xvi, 3, il devait apparemment
re le premier verset du môme chapitre. Or, il est dit dans
et (répétition de II Samuel xxvi, 17) que David offrit des
stes et des sacrifices d'actions de grâce, û^ttb«!j nibiy • en
Je verset, comme il a dû le faire, Antoine prouvait que
jtait sacrificateur, et en alléguant le verset 3, qui dit que
)ffrit au peuple du pain, des parts de viande (?) et des
es de vin, il justifiait l'allusion du psalmiste à Melchisédec,
; offrir, d'après la Genèse, du pain et du vin, Trocki, dans
ouk Emouna, veut aussi démontrer que David futsacrifica-
il allègue une autre circonstance où l'on dit de lui qu'il
is victimes (II Sam., xxiv^ 25). Kimhi ne laissait pas d'être
issé par le terme de Kohen appliqué à David et l'expliquait
gid, prince, comme dans la phrase : « et les fils de David
des Kofianim », c'est-à-dire des princes (II Samuel,
prouver la Trinité, les Pasteurs citaient, entre autres
s, le verset de Genèse, xix, 24 : « Et l'Eternel fit pleuvoir
ome et Gomorrhe du soufre et du feu, venant de VEteryuly
des cieux ». Il y avait là, selon eux, l'indice d'une pluralité
3nnes divines. Antoine répond, avec les exëgètes juifs, que
une figure de style fréquente dans la Bible et il cite comme
î le verset : « Et Pharaon chassa Moïse de devant
1. » (Exode, X, 11).
le fameux passage (Isaïe, vu, 14) : « Et voici un signe : la
' concevra et enfantera, etc. », Antoine dit que cela s'entend
'emme du prophète. C'est l'opinion de Baschi et d'Ibn
» IX , 5. La controverse s'attache aux mots : El gibbor
brt », qui semblent être dits du Messie. Antoine déclare que
^pression n'implique pas la divinité du Messie. Selon lui,
ression analogue concernant un homme se trouverait dans
1, mais il ne put, dit-on, « spécifier le lieu ». Ici sa mémoire
trahir. Aucune expression de ce genre ne se lit dans le
e.
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NICOLAS ANTOINE 177
La saite de la discussion est assez embrouillée. U parait
qu'Antoine se moqua, comme firent les controversistes juifs, des
pseudo-citations de la Bible qu'on trouve dans le Nouveau Tes-
tament, comme le mot : « Il sera appelé nazaréen. »
On ne comprend pas bien ensuite l'opinion d'Antoine attribuant
à Josias les termes d'Immanuel et de Dieu fort. Ceci parait inexac-
tement rapporté.
Le chapitre lui d'isaïe a fait l'objet d'une dissertation spéciale
d'Antoine, qu'il jserait curieux de connaître. Le document que nous
avons indique qu Antoine voyait dans ce chapitre l'image des
souffrances du peuple. A noter le rapproch«)ment ingénieux et
personnel, croyons-nous, qu'il établit entre l'expression : rn^ri
i©p5 nntjb du verset 12 et celle du cantique de Débora f Juges, v, 1») :
nn»b iu3D3 C|nn D?. Comme la seconde s'entend d'un peuple, la
première peut donc s'entendre également d'une collectivité, et non
exclusivement d'un seul homme (le Messie).
Pour le psaume ir, dont l'explication hasardée en chaire par
Antoine détermina le scandale qu'on sait, le passage de notre
document qui en traite (p. 179) est peu clair. On voit qu'Antoine
rapportait l'ensemble du psaume à David et non pas au Messie, mais
il ne songe pas à expliquer, comme les ex^gètes juifs, le mot ns
par pureté. (Ces derniers, à l'exception dlbn Ezra, reculent devant
l'aramaïsme anormal qu'il faudrait admettre, si ion traduisait bar
par âls, sans préjudice des autres difficultés.")
En résumé, Antoine s'attache, par une saine exégèse, à restituer
le sens naturel des passages de l'Ancien Testament, qui, selon ses
énergiques expressions, éiaient « tirés aux cheveux » et « criaient
tous miséricorde ». Par ses études approfondies de l'hébreu, il est
hWn préparé pour la controverse et trouve généi*alement* réponse
à tout. Quelle que soit l'influence directe ou indirecte de l'exégèse
juive sur lui, Antoine a travaillé par lui-même et on voit par ce qui
précède que, sinon la méthode générale, du moins certaines expli-
cations de détail, le choix des exemples, lui sont personnels. Si
Antoine avait pu vivre, il aurait peut-être laissé d'excellents
travaux. Il est vrai que, pour se punir de sa longue dissimulation,
il demandait, durant sa détention, qu'on le laissât se retirer dans
une solitude et vivre en anachorète.
* De la Roche, Tauteur de la Bibliothèque anglaise^ connaît un détail intéressant
qu'on ne lit ni dans les actes des Pasteurs, ni dans l'histoire de Gautier. Le 11 avril,
on allégua, dit-il, à Antoine le fameux passage de Josèphe relatif au Christ. Antoine,
qui Pignorait, ne sut que répondre.
T. XXXVU, i*« 74. ' 12
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178 REVU£ DES ETUDES JUIVES
III
On sait, et il faut le répéter à la décharge de ses juges, qu'après
de longues discussions sur le cas d*Ântoine, il ne tint pas à one
minorité éclairée et fort imposante que le parti de Tindulgence ne
remportât. Ce n*est pas tant son judaïsme, quoi qu'en dise H. Sam-
ter, qui parut un crime irrémissible, que la longue supercherie à
laquelle Antoine se résigna par une faiblesse dont il était le
premier à rougir et qu'il racheta largement par la fermeté de son
attitude. D'ailleurs, les premiers historiens de Genèye et les bio-
graphes d'Antoine, Bérenger,Spon, De la Roche, etc., à une époque
relativement voisine de celle du procès sont unanimes à déplorer
la sévérité de la sentence prononcée contre Antoine. U semble
même qu'on dut faire dans les premiers temps le silence autour
de cette affaire. Spanbeim, qu^on venait de mettre en rapport avec
Paul Ferry et qui lui écrit pour la première fois en juillet 1632 «,
parle de différents sujets à son correspondant, mais ne dit pas un
mot du procès d'Antoine, où pourtant celui-ci avait joué un rdle.
En somme, le cas d'Antoine fut une exception et malgré les appa-
rences, plus de tolérance pénétrait déjà dans les esprits.
Quant à nous, il nous a paru intéressant de mettre en quelque
relief cette curieuse figure de judaïsant isolé et ardent, mé-
lange singulier d'opiniâtreté et de faiblesse , victime touchante
d'impérieuses convictions qui finit par aller au-devant du martyre,
et, acculée à une situation sans issue qui lui coûta la raison et la
vie, accepta avec une sorte de joie farouche de mourir « pour la
gloire du grand Dieu d'Israël ».
Julien Wbill.
APPENDICE
A. — Procès fait et fourni par devarU nos très honoris Seigneurs,
Syndics et Conseils de cette cité : à Vins tance et poursuites du Seigneur
Lieutenant es dites causes instant.
Contre
Nicolas, fils de Jean Antoine, de Brieu en Lorraine, lequel étant
^ Letlres manuscrites de la colleciio& Lutteroth.
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^T"
NICOLAS ANTOINE 179
constitué prisonnier, a volontairement confessé que dès son jeune
fige il aurait embrassé curieusement l*étude de la philosophie et
conçu de damnables et exécrables opinions de Notre Seigneur Jésus-
Christ; Item qu'il y a environ sept ou huit ans que particulièrement il
se serait adonné à l'étude de la fausse doctrine des Juifs et que pour y
être d'autant mieux instruit, il se serait adressé à eux dans la ville
de Metz, lesquels après quelques conférences l'auraient renvoyé à
d'autres Juifs et notamment à ceux de Venise ; Item qu'il serait allé
à Sedan il y a environ cinq ans où il aurait débauché un jeune
homme étudiant au dit lieu et icelui mené et conduit en Italie l'en-
tretenant en chemin de sa maudite créance. Item qu'étant arrivé à
Venise, ils seraient allés visiter les Juifs et le dit Antoine les ayant
priés de les recevoir en leur synagogue et de le circoncire, ils le lui
auraient refusé, craignant d'en être repris par le magistrat, s'étant
contenté de ce qu'ils lui firent entendre qu'il pouvait vivre avec les
chrétiens et ne laisser pourtant d'être juif en son cœur, et que le
môme lui fut déclaré par les Juifs à Padoue. Item a confessé que
n'eût été la peur d'être découvert il eût travaillé pour attirer ses
parents au juds^ïsme. Item que suivant cette détestable doctrine, il
serait venu en cette ville, faisant semblant d'étudier en théologie,
même se serait présenté pour disputer la chaire de philosophie et
pendant quelque temps aurait fait la charge de premier Régent au
collège, contrefaisant toujours néantmoins le chrétien à la judaïque,
n'osant en faire profession ouverte; Item qu'étant appelé par une
Eglise proche de cette ville pour y être ministre (l'Eglise de Divonne
au païs de Gex) après avoir été examiné, répondu conformément à
la doctrine de la Religion orthodoxe, il aurait juré de vivre et
enseigner suivant la confession de foi des Eglises réformées, combien
que de cœur il crut le judaïsme et que par rétention maudite il en-
tendit jurer et prêter serment tout autrement que sa bouche ne pro-
nonçait. Item, qu'au lieu de prêcher Jésus-Christ, suivant le serment
qu'il aurait prêté, il n'aurait expliqué que des passages du Vieux
Testament et rapporté faussement à d*autres personnes les textes
qui parlent formellement de Notre Seigneur Jésus-Christ et surtout
le texte qu'il explique en sa dernière action (le psaume ii) d'où s*en
serait suivi le lendemain un manifeste jugement de Dieu sur le dit
Antoine, lequel devint transporté des sens, courut les champs et se
vint rendre à pieds nus dans celte ville proférant des blasphèmes
horribles contre Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Item
qu'après avoir été traité des médecins et soigneusement médicamenté
dans l'Hôpital de cette cité, étant revenu à soi, et hors de sa manie,
il aurait persévéré à blasphémer contre la Sainte Trinité et la personne
de Notre Seigneur Jésus-Christ, soutenant tant de bouche que par
écrit que c'était une Idole et que le Nouveau Testament n'était qu'une
fable. Item a confessé qu'administrant le sacrement de la Sainte Cène,
en l'exhortation qu'il faisait au peuple, il disait seulement, souvenez-
vous de votre Sauveur et qu'en récitant les paroles du Symbole des
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180 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Apôtres OÙ il est parlé de Notre Seigneur Jésus-Christ il ne les pronon-
çait pas, mais il marmonnait entre ses dents. Finalement, nonobstant
les sérieuses remontrances et exhortations qui lui ont été faites dès sa
détention, tant par le Magistrat que par les spectables Pasteurs de
cette Eglise de quitter ses maudites et damnables opinions, il aurait
continué de plus fort dans les horribles impiétés et blasphèmes,
ayant composé et signé un écrit par lequel il tâche de tout son
pouvoir de combattre et renverser la Sainte Trinité, reniant toujours
obstinément la divinité et l'incarnation de Notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ, renonçant à son baptême à diverses fois comme plus à
plein est contenu en son procès.
B. — Sentence contre Nicolas Antoine apostat, prononcée et exécutée
le 20 Avril 4652.
Nos très honorés Seigneurs Syndics et Conseil de cette cité ayant
veu le procès criminel fait et formé par devant eux à Tinstance et
poursuite du Seigneur Lieutenant es dites causes instant contre
Nicolas Antoine par lequel et ses confessions leur conste et appert
que lui, oubliant toute crainte de Dieu, aurait commis crime d'aposta-
sie et lèze majesté divine au premier chef, ayant combattu la Sainte
Trinité, renié Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, blasphémé
pour embrasser le judaïsme et la circoncision et se serait parjuré en
dogmatisant et enseignant sa damnable doctrine, cas et crime
méritant griève punition corporelle. A ces causes et d'autres à ces
mesds. Seigneurs mouvants (?), séant au tribunal au lieu de leurs
prédécesseurs suivant leurs anciennes coutumes, ayant Dieu et ses
Saintes Ecritures devant les yeux et invoqué son saint nom pour
faire droit jugement, disant : Au nom du Père, du Fils et du Saint-
Esprit (amen). Par cette leur définitive sentence, laquelle ils donnent
par écrit, condamnent le dit Antoine à devoir être lié et mené en la
Place de Plainpalais, pour là être attaché à un poteau sur un bûcher,
être étranglé à la façon accoutumée et en après son corps brûlé et
réduit en cendres et ainsi finir ses jours, pour être en exemple à
ceux qui tel cas voudraient commettre; déclarons en outre ses biens
confisqués au profit de la Seigneurie ; mandons au Seigneur Lieu-
tenant de mettre la présente sentence à due et entière exécution.
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LA FET]
CHEZ PL
On sait que Plutarqu
{EistoriaeyY, 5), parle
chus. Mais, tandis que Y
au caractère fondamen
et se borne à signaler
de Chéronée essaie de p
en relevant de nombreu
n'est autre effectivemer
ner la thèse elle-mê
peu de solidité. Mais ce
preuves que Tacite reje
partie de celles qui son
autres, quoique diffère
môme ordre de choses
Jérusalem et à la célébi
Plutarque surtout, qui (
en vue d'établir les pc
les Dionysies, mérite d
tion concorde, en gén(
nous dit au sujet de cet
de divergences et desin
pour des malentendus,
chez Tacite d'impressio
à Jérusalem, — mais c
et se référant, en dern
celle-ci mérite un e:
qu'elle nous révèle cor
tradition païenne sur h
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182 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
LA FÊTE DES CABANES D'APRÈS PLUTARQUE.
Voici le texte de la démonstration de Plutarque fondée sur cette
solennité ^ :
a Premièrement, la plus grande et la plus solennelle de leurs fôlei
se célèbre dans un temps et d'une manière qui conviennent parfaite-
ment à Bacchus [ils lui donnent le nom de jeûne et la solennisenl]
dans le fort de la vendange. Ils dressent des tables chargées de toutes
sortes de fruits et habitent sous des tentes et des huttes faites sur-
tout de branches de vigne et de lierre entrelacées ; le premier jour de
cette fête s'appelle « fôte des Tabernacles ». Peu de jours après, ils en
célèbrent une autre où ils invoquent Bacchus, non plus par des
symboles énigmatiques, mais ouvertement.
Ils ont aussi une fôte où Ton porte des rameaux de figuier et des
thyrses ; les thyrsophores entrent dans le temple ; on ignore ce qu'ils
y font, mais il est vraisemblable qu'ils y célèbrent quelque baccha-
nale, car ils se servent pour invoquer leur dieu de petites trompettes
pareilles à celles dont les Argiens font usage dans les fêtes de Bacchus.
D'autres s'avancent en jouant de la cithare ; ils les appellent Lévites,
soit du nom Lysios, soit plutôt d'Evios. »
Cette description de solennités juives, la seule qui soit aussi abon
dante en détails précis, vise évidemment le temple de Jérusalem et
non, comme on devrait le déduire de la date de sa composition,
qui remonte au commencement du iv siècle de Tère chrétienne, la
synagogue de quelque ville grecque. En effet, les dernières lignes
parlent des lévites jouant de la harpe qui précédaient le cortège
entrant dans le lep(iv, chose qui ne se faisait pas dans les syna-
gogues, de môme que les sonneries de trompettes, au moment de
la procession des palmes pendant la fôte des Cabanes, n'étaient
usitées que dans le sanctuaire de Jérusalem*. Tout le récit de Plu-
tarque traite exclusivement de cette fôte, car, après avoir décrit
la fête quMl n'a pas encore nommée, Plutarque dit que les Juifs
appellent le premier jour (txyjv-)^ et, dans la seconde partie, il décrit
l'entrée du cortège avec le thyrse spécialement employé pour la
fôte des Cabanes. Autant ce point est certain, autant il est difficile
de comprendre ce qu'il dit des diverses journées de cette fôte qui,
à notre connaissance, se célèbre de la môme façon pendant les
* Diaprés la traduction de M. Théodore Reinach dans Têwtes d'auteurs grtcSy
p. 143.
* Si Plutarque ae sert, dans sa description, du présent et donoe ainsi TimpresBion
que ces usages étaient encore en vigueur a son époque, cela prouve seulement quMl
a copié, sans rien y changer, le document qu^ii avait sous les yeux.
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LA FÊTE DES CABANES CHEZ PLUTARQUE ET TACITE 183
sept jours. Ea indiquant comment se nomme le premier jour, il
laisse entendre avec raison que la fête avait une durée de plusieurs
jours. Le fait que le premier jour seul est appelé (txt^vt^ peut prove-
nir d'un malentendu, ce nom étant celui de toute la fôte. Mais
quand il dit que, quelques jours plus tard, les Juifs célèbrent une
seconde f^te, où Bacchus n*est pas invoqué symboliquement
comme dans la première, mais ouvertement, la signification de ce
passage et Torigine de ces renseignements sont presque impos-
sibles à déterminer. Les symboles sont : les diverses espèces de
fruits indiqués dans la description précédente, exposés sur des
tables, ainsi que le lierre et les ceps de vigne dont étaient formées
les cabanes. Tout cela étant des objets consacrés à Baccbus, leur
exposition était une invocation manifeste à ce dieu au moyen de
symboles muets de la part des Juifs, d'après les vues de Plutarque.
Mais en quoi consiste Tinvocation directe à ^^acchus? Serait-ce
par hasard le cri joyeux d'Evohé, que Plutarque retrouvait dans
le *t*t fiOK (Soucca, iv, 3) chanté pendant la procession autour de
Tautel, ou dans Tinvocation prononcée par le peuple sur la mon-
tagne du temple, rr^b nsK^ pendant la fête nocturne des Cabanes
(Scmccaf v, 5] ? L'une et l'autre hypothèse sont impossibles, car
Plutarque déclare expressément ignorer ce que faisaient dans le
temple les thyrsophores, et il suppose simplement qu'on célébrait
des bacchanales à l'intérieur, parce qu'on se servait de petites
trompettes dont le son était entendu au dehors. Quant à l'invoca-
tion à Bacchus, qui aurait pu être perçue également du dehors, il
n'en dit rien dans ce récit. Il ne peut non plus avoir voulu parler
des cris proférés pendant les solennités nocturnes, puisqu'il ne les
connaissait pas, car s'il les avait connues telles qu'elles sont décrites
dans Souccay v,2 (Soucca^ 51 &; j. Soucca, v, 55ô; Tos. Soucca, iv,
1-5), il n'aurait certes pas manqué de s'appuyer sur cette partie de
la solennité automnale des Juifs, qui rappelait d'une manière plus
frappante que toute autre les Dionysies et de signaler avec com-
plaisance tous les points particuliers ^ Ces solennités se dérou-
1 Wiener, E$aUo9rUrhuch^ II, 8, s, «. Laubhûttenfêst, dit : « L'allégresse qui écla-
tait pendant cette fôte des Cabanes et beaucoup d'usages particuliers amenèrent Plu>
tarque à désigner toute cette solennité comme une fête de Bacchus. • De même, DiU~
mann (dans le Bibelleaieon de Schenkel, IV, 15) : « On ne peut certainement en
vouloir à Plutarque s'il n*a pas su distinguer le fond moral et religieux de cette solen-
nité en présence de la folle allégresse qui y éclatait et des cérémonies extérieures
traitées avec une si grande importance, et qu'il n*ait vu, dans la fôte juive des Ca-
banes, qu'une solennité dionysiaque ou bacchique. » Hamburger aussi [S^aUneyclo-
pâdùj I, 692), après avoir décrit la suite de la fôte, dit : « Cette fôte consacrée a la
Joie fut aussi visitée avec prédilection par les païeos, qui la prenaient par erreur pour
une fête de Bacchus. » Je demanderai maintenant où se trouve chez Plutarque, à
qui on attribue le passage cité ci-dètfus, le moindre indice concernant la fête de
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18/i REVUE DES ÉTUDES JUIVES
laient en dehors da Temple, sur la montagne du Temple, et pou-
vaient, par coDS'^uent, être connues de la façon la plus précise de
celui qui lui a fourni la description du cortège entrant dans le
sanctuaire avec les lévites jouant de la harpe, si toutefois il les
avait connues *.
Or, Plutarque parle encore une fois de l'inyocation à Dieu faite
par les Juifs et dit qu*elle était semblable à celle de Bacchus chez
les Argiens et se faisait dans le temple au moyen de petites trom-
pettes. Il me semble donc que précédemment aussi, quand il men-
tionne Tinvocation directe adressée par les Juifs à Bacchus, il
voulait parler de la sonnerie de trompettes. Il est difficile d'ad-
mettre qu'il n'ait pas indiqué ce qu*il entendait parla, puisqu'il
a décrit avec une clarté suffisante Tinvocation symbolique ; c'est
pourquoi, dans la mention ultérieure des trompettes, nous pouvons
reconnaître Texplication de la phrase restée obscure et dont il pou-
vait supposer que le sens n'échapperait pas à ses auditeurs et à ses
lecteurs, familiarisés avec le culte de Bacchus. Mais dans cette
seconde partie de sa description, Plutarque a-t-il voulu décrire la
seconde fête juive en question ? C'est ce qu'on ne saurait soutenir
d'une façon cerfaine. Car la phrase : "E^n U xaî xpaoY|(pop((x tiç eoprr,
xcù 6up<TO(pop(a'7cap*aÛToïç. « Ils ont aussi une fête où Ton porte des
rameaux de figuier et des thyrses » donne l'impression qu'en plus
de la première fête appelée <7X7jV7] et de la seconde caractérisée
par l'invocation formelle à Bacchus, il voulait encore en signaler
une troisième, célébrée après la seconde. Mais cela ne concorde
guère avec ce quMl dit de la xpaS-rj^popta et de la 0up(ro(pop(3c, qui,
pour lui, désignent le port du bouquet de la fête (loulab) ; or, ce
bouquet était déjà apporté au Temple le premier jour de la fête
des Cabanes, selon Lévitique, xxiii, 40, et même plus tard, lorsque
la prescription relative au loulab fut étendue à tous les sept jours
de la fête, cette cérémonie se faisait déjà le premier jour (Soucca,
IV, 2). Plutarque aurait-il mal compris le document qu'il a copié
et qui parlait sans doute de la cérémonie du loulab de la fête des
nuit. Qu^on Pétudie attentiTdmeDt et qu^on se demande ensuite s'il n'aurait pas
cité également le jour si caractéristique de folle allégresse s'il Tavait connu, puisque
la moindre ressemblaoce lui sufEt pour en faire une preuve de Pidentité du dieu
des Juifs avec Bacchus ! N'aurait-il pas été obligé, du moins, de signaler, en pas-
sant, la ressemblance de la fôte de nuit avec la fête des Mystères ? (Cf. Venetiaoer,
dans Magyar Zsido Stemle, 1895, 217 et s., et Sleusinische Mysteritn im jtruta-
lemisehen Tempel dans les Monatiblàtter de Brûll, 1897). Seul Riehm (SandwârUr'
buch^ t, o. Lauhhûttenfett^ g 3) indique le loulab et la sonnerie de trompettes comme
les points qui ont inspiré à Plutarque son hypothèse.
> M. Th. Reinach (Teœtes d*aut9urs greet^ p. 143, note 2), à propos des mots : « P—
de jours après^ ils en célèbrent une autre * , se demande s'il n'est pas question ici d«
la fôte de clôture, ce qui est impossible.
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LA FÊTE DES CABANES CHEZ PLUTARQUE ET TAQTE 185
Cabanes en termes généraux, sans désignation plus précise du
jour, et aurait-il voulu dire que cette cérémonie caractérisait par-
ticulièrement un des jours suivants? Ou bien éopTVi « fête », dans la
phrase etm 51 xai xpaBTj^op^a ti; éopTTj xaà ôup(TO(popia Tuap'aûrotç év y)
ôupffouç e;rovT6; elç xh Upbv etataatv, désigne- t-il, non unjour de fête,
mais une cérémonie qui s*accompIissait pendant un des jours de
fête décrits précédemment et se rattachant à d'autres solennités ?
Cette dernière hypothèse me parait plus vraisemblable, à cause de
la mention du loulab, qui se rattachait à la fête des Cabanes, et est
confirmée par le fait que Plutarque ne désigne pas la promenade
du loulab comme troisième fête et n'en fixe pas le jour comme
précédemment par les mots oklyonç 81 u<rTepov yn^i^ouç. Si xpaBTj-
9opta se rapporte à une des deux solennités décrites précédemment,
il reste encore à établir à laquelle.
Le fait que Plutarque insiste sur l'invocation à Bacchus quand
il décrit la procession des loulab en mentionnant la seconde fête,
permet de rapporter cette cérémonie à la fôte désignée par Plu-
tarque comme la seconde. Mais, comme, entre le premier jour de
la fôte des Cabanes et la seconde fôte, c'est-à-dire la fôte où Ton
sonnait les trompettes et où Ton apportait le loulab, il laisse un
intervalle de plusieurs jours, et comme le huitième jour, où le
loulab n*est plus prescrit, est exclu, il ne peut avoir voulu parler
que du septième, qui seul a quelque chose de remarquable par ses
cérémonies. Nous lisons, en eflet, dans la Miachna (iSbwoca,iv,5-6)
qu'à chacun des sept jours de la fôte des Cabanes, on plaçait
sur les côtés de l'autel de longues branches de saule nain et qu'on
faisait en procession le tour de l'autel ; le septième jour, on faisait
sept tours', et ensuite on frappait avec les branches de saule —
d'après d'autres traditions avec des branches de palmier — le sol
près de l'autel. Cette dernière partie de la cérémonie prit une
signification si haute qu'on l'accomplissait môme le sabbat, malgré
la protestation formelle des Sadducéens contre la violation inten-
tionnelle du repos sabbatique (SouccUy 43 ô, 45 a; Tos. Soucca, m,
1). Or, nous savons que les Pharisiens, après avoir acquis une
influence prépondérante sur le culte du Temple, firent célébrer
' Dans le Livre des Jubilée, xyi, 31, dont nous reconnaîtrons plus tard la va-
leur historique, Abraham fait sept fois le tour de l'autel avec des branches de
palmier chaque jour des sept jours de la fôte des Cabanes. Comme cette assertion a
manifestement pour base un usage observé dans le temple de Jérusalem, il faut ad-
mettre que l'auteur connaissait une cérémonie dilTérente de celle que décrit la Mischna.
Dans ce cas, il est vraisemblable que Tusage rapporté dans le Livre des Jubilés est
le plus ancien, car il est probable que ce n'est que plus tard qu'on a distingué le
septième jour du reste de la fête par Tapporl des saules et le plus grand nombre de
promenades autour de l'autel.
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186 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
avec beaucoup d'apparat toutes les cérémonies du Temple qu'ils
préconisaient et que combattaient les Sadducéens, afin de frapper
Fesprit de la foule et de lui faire adopter cette forme de culte
comme la seule véritable. C'est ce qui arriva, comme on sait, pour
la gerbe qu'on allait couper le soir du 16 Nissan pour l'offrande
des prémices, même quand le 16 Nissan tombait le jour du sabbat
[Menahoi, x, 3), ainsi que pour les préparatifs en vue de la com-
bustion de la vache rousse {Paray m, 1), pour Tadjuration adres-
sée au grand-prêtre la veille du Jour des Expiations au sujet de
l'offrande de l'encens [Yoma^ i, 5) et pour les libations d'eau
pendant la fête des Cabanes [Soucca, iv, 9). Les détails de cette
dernière cérémonie forment, pour notre cas, le pendant le plus
exact, car, pour Texposition des branches de saule, il fallait les
mêmes préparatifs que pour les libations d'eau. Pour celles-ci, l'eau
devait être puisée à la source de Siloé ; pour celles-là, les branches
de saule devaient être cueillies dans les environs de Jérusalem
[Soucca, IV, 7, 4) et, quand la fête tombait le jour du sabbat, l'eau
ainsi que les branches de saule pour le septième jour de la fête des
Cabanes étaient apportées au sanctuaire dès le vendredi et con-
servées dans des vases d'or {JSoucca^ it, 9.5}. Il est donc vraisem-
blable que les branches de saule étaient cueillies et reçues sur la
montagne du Temple avec la même solennité, c'est-à-dire en
grande pompe et au son des trompettes des prêtres [Souccay v, 4),
mais cela seulement le septième jour de la [fête, le seul où les
branches de saule servaient à une cérémonie, ce qui lui fit don-
ner le nom de rra'ny ût» [Soucca^ iv, 2). C'est à cette entrée so-
lennelle dans le Temple, le septième jour de la fête des Cabanes,
avec des branches de saule, que se rapportent les paroles de
Plutarque : Iœti 8è xal xpa8Y|fipop(a tiç éopTT^ xal ôupao^opia icap'auTotç,
6v vj ôupffou; eyovTe; eiç to Upbv elfftaaiv.
Cette hypothèse est aussi confirmée par ce qu'il rapporte ensuite
de la sonnerie de trompettes qui suivait l'entrée du cortège dans
le Temple. En effet, la Mischna {Soucca, iv, 5) dit aussi qu'au mo-
ment où on plaçait les branches de saule sur l'autel, on sonnait
trois fois de la trompette, et cela seulement, à ce qu'il semble, le
septième jour*. Si Plutarque parle de deux cérémonies, xpaBir^-
' La Mischna [Soneca^ iv, 5-6), en déciivant la cérémonie de l'exposition des
branches de saule, nomme le septième jour Dl'^ïl iri1K> et cela i deux reprises, sans
qu'on puisse leconnaitre par le contexte de quel jour elle veut parler. U me paraît en
résulter que cette description concernait primitivement le Jour des Saules, le sep-
tième jour de la fête, et la phrase Qi*) b^l nMndiquait qu'accessoirement comment
on procédait les autres jours. Toute la série des dispositions énumérées dans la
Mischna visait donc uniquement le septième jour ; les jours précédents, il n'y avait au-
cune cérémonie particulière au moment où Ton allait cueillir et exposer les branches de
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LA FÊTE DES CABANES CHEZ PLUTARQUE ET TACITE 187
<poptae et ôup(ro<pop{a, tandis que nous ne voyons pour ce jour que
la cérémonie des branches de saule, cela s'explique par le fait que
la procession autour de Tautel, suivant Texposition des branches
de saule, avait lieu avec la branche de palmier à la main; il était
donc nécessaire de la porter au Temple. En effet» Plutarque
désigne évidemment, comme Josèphe {Antiq., XIII, 13, 5) et II Mac-
chabées, X, 7, la branche de palmier par le terme de ôup(roç, et la
branche de saule par celui de xpàST), qui signifie principalement
c figue », mais qui se rapporte sûrement aux branches de saule,
les figues n*étant pas employées pendant la fôte juive ^
Quoique cette hypothèse, qui rattache les dires de Plutarque au
septième jour de la fôte des Cabanes, soit fort plausible, elle se
trouve contredite par le sens littéral du Lévitique, xxiii, 40, qui
prescrit les branches de palmier et de saule môme pour le premier
jour, ainsi que par le récit de la Mischna (Soucca, iv, 1-5), où
Tusage de sonner de la trompette est indiqué également comme
une coutume habituelle en ce jour. Nous avons déjà reconnu plus
haut la possibilité de rapporter les paroles de Plutarque au pre-
mier jour de fôte. Ce qui combattait cette hypothèse, c'était le fait
que Plutarque ne parie de xpizSir)<popia qu'après avoir fait mention
d'une seconde fôte, qui môme est séparée du premier jour de la
fôte des Cabanes par plusieurs jours. En ne tenant pas compte de
cette question de date ni de tout le passage concernant l'invocation
formelle à Bacchus, rien ne s'opposera à ce qu'on rapporte l'indi-
cation de Plutarque concernant la procession des branches de pal-
mier au premier jour de la fôte. C'est ce jour-là que, conformé-
saule. La considération suivante confirme également ce point : la Mischna citée rapporte
qu'au moment où on plaçait les branches de saule, on sonnait de la trompette;
d*autre part, une seconde Mischna (Soucea, v, 5) donne Pénumération de toutes les
sonneries de trompettes qu'on faisait entendre pendant la fdte des Cabanes, et dans cette
série, elle n'en cite pas qui se rattache à la cérémonie des branches de saule (Cf.
mon article dans la ZêiUckrift de Stade, 1899). S'il n'y avait pas de sonnerie de
trompettes ces jours-là, les autres cérémonies ne devaient pas avoir lieu non plus,
n semble qu'il en était de même en ce qui concerne le loulab et que le premier Jour
seulement cette (cérémonie avait lieu avec une solennité particulière, môme quand ce
jour était un sabbat, comme la (Ôte des Saules.
1 Gomme Oupao^ ne veut pas dire branche de palmier, mais est seulement le
terme s'en rapprochant le plus, on ne peut attacher une trop grande importance
i xpddy). Dans II Macch., x, 7, il y a, à la place de ce mot, le terme plus commun
xXflidoc. Le terme Oupooç montre que, non seulement Plutarque, mais un Juif, pen-
sant en grec et vivant au milieu des Grecs, pouvait songera appeler le loulab « thyrse >.
L'écrivain qui remania plus tard le Il« livre des Macchabées trouvant que Ovp<70( ne
traduisait pas bien Thébreu, ajouta encore les feuilles de palmier. Chez Josèphe
(Antiq.y Xlll, 13, 5) il y a aussi avec ôupooç la mention èx foivCxcov xal xiTpCtav.
Dans Antiq,^ 111, 10, 4, il y a môme âipiaicivri, la branche d'olivier ou de laurier en-
tourée de laine qu'on faisait porter par de jeunes garçons pendant les pyanépeia ou
les thargelia, de sorte qu'il ne faut pas s'étonner si Plutarque s'est servi de ces deux
1 pour désigner le loulab et les branches de saule.
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188 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ment à la prescription du Lévitique, xxiii, 40, avait liea dans le
Temple rentrée solennelle du peuple portant des loiUab et, ce jour-
là pouvait seul être désigné avec raison comme le jour de fête de
la ôupdo^opta.
Il est aussi possible, du reste, que Tinformateur de Plutarque
ne connût qu'un jour où Ton portait le loulab et que l'usage,
noté par le Livre des Jubilés, 16, 31, et la Mischna, de porter les
branches de palmier pendant tous les sept jours de la fête des Ca-
banes n'existât pas encore. Mais il n'est pas nécessaire de recourir
à cette supposition gratuite ; toutes les difficultés disparaissent si
on relie les mots « quelques jours après », non au premier jour de
fête nommé immédiatement avant, dont Plutarque ne parle visi-
blement qu'en passant, entre parenthèse, mais au jour de jeûne
dont il a parlé au début du morceau.
La phrase de Plutarque relative aux cabanes elles-mêmes
offre des difficultés qui doivent être résolues pour l'intelligence de
toute la relation. Qu'on considère, avant tout, qu'il ne dit rien du
séjour des Juifs dans des cabanes pendant les sept jours de la fête,
évidemment ]parce que ce point n'importait guère à sa thèse con-
cernant Bacchus. Il ne s'intéresse qu'aux cabanes elles-mêmes, à
leurs parties constitutives et aux tables portant toutes sortes de
fruits, qui y sont dressées. Ce qu'il dit des parties constitutives ne
concorde pas non plus avec les indications du Talmud. Si même
ces dernières proviennent seulement de l'époque postérieure à la
destruction du Temple, c'est-à-dire du i^^ et du ii« siècles, elles sont
néanmoins probantes pour la dernière dizaine d'années de l'exis-
tence du Temple, les usages concernant les fêtes ayant été con-
servés et transmis par des hommes de ce temps comme, par
exemple, R. Yobanan b. Zaccaï (Rosch Haschana, iv, 1-5; Soucca^
III, 12]. La Mischna ( t les baraitot ne paraissent connaître que des
cloisons couvertes de feuillage, quoiqu'il soit peimis aussi de se
servir d'autres matériaux V (.Soucca, i, 5), tandis que Plutarque
décrit les cabanes comme faites de ceps de vigne et de lierre entre-
lacés et que ce qu'il dit ne peut se rapporter uniquement au toit *.
Même si l'on admet que, dans l'intérêt de son opinion préconçue
*■ On ne peut rien dire de précis à ce sujet, car toutes les discussions dans le Tal-
mud portent exclusivement sur le feuillage servant de couverture, tandis qu'il n^est
• traité nulle part des matériaux des parois. Cf. Soucca^ 7 b.
> Cette coulradiction pourrait être écartée le plus simplement par Thypothèse que
Plutarque ne parle pas des cabanes de la fôte, mais des cabanes qu'on élevait pendant
la vendange dans les vignobles (cf. Dillmann sur Lévit., xxiu, 40) et qu'on construi-
sait naturellement avec des ceps de vigne et du feuillage. Mais, comme Plutarque
parle expressément de la fête antériourement et décrit aussitôt après les cabanes, en
remarquant immédiatement que le premier jour est appelé ffxiQW), il n'est pas douteut
qu'il ne soit question des cabanes de la fête érigées à Jérusalem même.
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LA FÊTE DES CABANES CHEZ PLUTARQUE ET TACITE 189
concernant Tadoration de Bacchas par les Juifs, il a mis, au lieu
d'un feuillage quelconque — comme il a rais plus haut Oupaoç pour
la branche de palmier et xpà^ pour le saule ^, de la vigne et du
lierre, la contradiction avec le Talmud subsiste toujours. Sans
doute, on pourrait voir dans les mots : <c sous des tentes et des
huttes faites surtout de branches de vigne et de lierre entre-
lacées » une manière inexacte de s*exprimer, si, dans Nëhémie,
VIII, 15 : û'^nîûn '<by^ D^irr "^by^ yn^ y^ '^^^^ ""^^ "^^^ i«'^am "irurt i«3:
mnDS n-Dio D^^yb ma:^ y^ '^^^''» *® feuillage n'était pas indiqué
comme formant les uniques matériaux dont étaient faites les ca-
banes de la fête. Qu'on ajoute à cela que les Samaritains * ainsi
que les Caraïtes* rapportent la prescription du Lévitique, xxiii,
40, qui d'après les Juifs vise le loulab, aux parties constitutives
de la cabane, de sorte que, loin d'être autorisés à accuser Plutarque
d'inadvertance, nous sommes obligés de reconnaître ses indica-
tions comme étant confirmées par d'autres sources ». Comme tout
son récit, celles-ci proviennent du document qu'il avait sous les
yeux ; il faut donc rechercher sur quoi son informateur s'est ap-
puyé. Si on pouvait admettre que la manière dont les Samaritains
et les Caraïtes comprenaient le passage du Léviîique, xxiii, 40. était
identique ou, du moins, analogue à Tinterprétation sadducéenne
qui avait cours à Jérusalem*, comme le passage de Néh., viii, 15,
nous autorise à le croire, la source de Plutarque pourrait avoir eu
en vue un usage plus ancien, une coutume anté-pharisienne qui
régnait encore de leur temps. Le fait que Plutarque ne connaît pas
encore les solennités de nuit de la fête des Cabanes, qui ne furent
probablement célébrées régulièrement que vers le milieu du pre-
mier siècle de l'ère chrétienne 5, est également en faveur de l'hy-
pothèse de l'origine ancienne des renseignements de Plutarque. Il
en est de môme du fait qu'il rapporte que la coutume de porter le
loulab seulement existait pour le premier jour de la fête.
Sans doute, ce que nous savons de l'histoire de la célébration
de la fête des Cabanes est trop insuffisant pour que nous puissions
déterminer même approximativement Tépoque à laquelle remonte
la coutume mentionnée par Plutarque. La coutume de séjourner
dans des cabanes ne parait pas avoir été observée après Ëzra et
> Cf. le chant liturgique dans Vierteljahresschrift de Heidenheim, I, p. 247 ; Pe-
termann, Btiten im Orient j I, p. 290.
* Voir le commentaire d'Abraham ibn Ezra sur Lévit., xxiii, 40, et le blS^N
1D*)2^ de Juda Hadassi, Alphabet, § 26.
* Cf. encore Sifra, sur Lévit., xxiii, 40, p. 103 a : 1m3 1^*7ïnT 1731» ?1*nïT^ ^11
* Voir Harkavy dans Graetz, O^esehicMe, V, 3o édit., p. 413 et s.
* Voir mon article dàtxs Jewiêk Quarteriy Review, 1898, X, p. 706.
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190 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Néhémie avec le même zèle que sous leur direction (Néh., viii, 15-
17). En effet, Tauteur delà Chronique, qui introduit dans ses récits
empruntés aux livres des Rois les usages de son temps, ne dit
rien, dans II Chron., vu, 8, où il reproduit I Rois, viii, 65, de la
mise en vigueur de la loi relative aux cabanes, tandis qu'il n'omet
pas d'intercaler dans le verset 9 : rrwf ^TJMn ûra norn d'après
Lévit., XXIII, 29, et Nombres, xxix, 35 (cf. Néhémie, viii, 18).
Cette coutume n'est mentionnée non plus par aucun des livres
apocryphes, ni par ceux qui ont été composés en Palestine, ni par
ceux qui ont vu le Jour en Egypte ^ Josèphe, dans ses Antiq.^
III, 10, 4, où il réunit les préceptes du Pentateuque relatifs à la
fête des Cabanes, rapporte évidemment la prescription concernant
les cabanes uniquement à Tépoque de la marche à travers le dé-
sert, tandis que pour la Palestine il cite comme obligatoires le
pèlerinage à Jérusalem, la célébration de la fête pendant huit
jours, l'offrande d'un nombre déterminé de sacrifices et le port du
loulab. Mais, comme il ajoute à la fin du chapitre : xal rauToe [ilv
*Eêpa(oiç xàç (TXïivàç TnrjYvuouaiv èTcixeXeTv eort Tcàxpiov « c'est là une
coutume traditionnelle chez les Juifs, qui érigent des cabanes », il
est clair que cette coutume était pratiquée de son temps. Par
contre, dans Antiq., VIII, 4, 5, où il décrit, d'après I Rois, viii,
65 et II Chron., vii, 8, la fête des Cabanes célébrée par les Israélites
lors de l'inauguration du temple de Salomon, en ajoutant qu'ils la
célébrèrent pendant quinze jours avec beaucoup d'éclat et d'appa-
rat, devant le sanctuaire, avec leurs femmes et leurs enfants,
nous constatons l'omission de tout détail sur les cabanes à côté
de TTjv (TXTjvoicTiYfav xaXou|i.év7iv eopTYjv (§ 123), sans doute parce que
la Bible est muette sur ce point. En effet, dans Antiq.^ XI, 6, 5,
où il reproduit Néh., yiii, 15, il déclare — à la vérité d'une façon
fort brève comparativement à l'original qu'il reproduit — «v tœTç
(TXTjvatç àv6}^wp7|ffav.
Les récits talmudiques sont, il est vrai, plus précis. En effet, la
Mischna (Soucca, ii, 8) dit : nrnôT iptrt 'Wyo VÔ inte mVn rroro
ppîi y^o^ nxsn'n ^n3^ by ^s-^oi rran^îi « Schammaï (qui vivait à
l'époque du roi Hérode) déclara que son petit-fils nouveau-né
' Le passage de II Macch., x, 6 : « Ils firent une fdte de huit jours comme celle
des Taberoacles, parce qu'ils se souvenaient qu'ils avaient passé le jour de cette
fête quelque temps auparavant dans les montagnes et les cavernes, comme des
bêtes >, permet de supposer que les Juifs, en souvenir de ces événements, séjour-
nèrent également dans des cabanes. En réalité, le narrateur veut seulement expli-
quer par là pourquoi ils célébrèrent la fête de la consécration du Temple avec le
loulab à la main ; il n>st pas fait mention, à ce propos, des cabanes et, d^ailleurs.
le séjour dans des cabanes n'eût pas été la manière la plus convenable de rappe-
ler le souvenir des souffrances endurées.
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LA FÊTE DES CABANES CHEZ PLUTARQUE ET TACITE 191
était tenu d'observer la loi relative à la cabane, et il lui facilita la
pratique de cette prescription en faisant enlever la charpente au-
dessus du lit et en faisant couvrir la brèche ainsi pratiquée avec
du feuillage ». Ce passage serait une preuve de l'observation de la
prescription au commencement du i» siècle. Par Souccaf 2&
ij.Soucca, 51a ; Tos, Soucca, i, 1), nous apprenons que la reine
Hélène, pendant son séjour en Judée avec ses fils, était assise un
jour dans la cabane ' et que les docteurs vinrent Ty visiter. Ce
que la reine a fait ou ce que les docteurs mentionnés ici l'en-
gagèrent à faire doit encore avoir été observé par beaucoup
d'autres, de sorte que nous avons là une indication précise con-
cernant l'observation de cette prescription pendant les années 45 à
48. La Mischna (Soucca, ii, 7) dit encore : n-'ab bbn n-^n irrb titdn
hK Tpab bbn rv'a '^^n •»«»« n"»n -^apî tDbïro mow rvn ^3 »b ■'ÈWatD
Tina iDrib-TOT roioa imm "rofim a«r rrrro nmfiorTDi '»3mnn p larrr •»a'i
rr^aîi € Les docteurs de Técole de Schamraaï et de celle de Hillel,
rendant visite à Tohanan le Hauranite, le trouvèrent assis dans la
cabane ». Ce fait a dû se passer à Fépoque de la reine Hélène,
entre 40 et 50*. Enfin, ce texte de Tos, Soucca^ ii, 3(j. Soucca,
52 d) : fînaa "pvD t-nDibnairrmoTD l'»btt)b«tt rn^ û'^biain'^ -^«aKa Twyn
ûrrnnn û'»5U5'« vm [orroa by v^^^^o '^''ït^] û"^riDa rrmyy nous apprend
comment les habitants de Jérusalem construisaient les cabanes
pour la fête. De l'époque qui suivit la destruction du temple nous
avons toute une série de passages concernant l'observation exacte
de la prescription concernant les cabanes', qu'on continua môme à
> Cf. GraeU dans Monattschrift, 1878, p. 42 et s.
* On peut déterminer approximativement l'époque où ce docteur a exercé son acti-
vité, grâceà un récit d'Ëléazar b. Çadoc. En efTet, celui-ci rapporte (Tebamoty 15 b) :
ni-nn ne bD"iN ït^ïi© '^n''«n -^a-nnn pm-^ ■♦n-i bs» n-nn imb •^n-^'^ïi^D
mxa ^3^3 nbwa « Lorsque j'étudiais chez R. Yohanan le Hauranite, je vis que
pendant la famine il mangeait du pain sec avec du sel, et je rapportai le fait à mon
père. • Or, son père, Çadoc, vivait encore au moment de la prise de Jérusalem par
les Romains (Midrasch Echu, i, 5) et fut encore pendant plusieurs années assesseur
i Técole de R. Gamaliel à Jabné {Tôt, Sanhédr., viii, 1 ; j. Sanhédr,, 19 c), à peu près
en l'an 90. En admettant qu'il mourut cette année-la à Tâge de 80 ans, il avait 60 ans
en l'an 70, ce qui correspond bien au témoignage de respect que lui donna alors
R. Yohanan b. Zaccal (Midrateh Beha, i , 5). Si son fils avait 25 à 30 ans de moins
que lui, il a dCl naître entre l'an 35 et 40. Nous le voyons assister comme enfant,
porté sur les épaules de son père, à l'exécution d'une fille de prêtre à Jérusalem
{Sankéd,y 52^ ; j. Sanhéd,^ 24 h ; To$, Sanhéd,^ ix, 11), ce qui, à mon avis, n'a pu
se passer que sous le règne d^Agrippa I (41-44). C'est à celte époque qu'il a dû [être
le disciple de Yohanan. On pourrait aussi citer, comme preuve à l'appui, le fait qu'il
relaie de la famine qui régnait a Jérusalem et qui peut être celle qui eut lieu
sous le procurateur Tibère Alexandre (45-48) (Antiq., XX, 5, 2 ; 2, 6 ; Actes
des Ap., u, 28-30 ; cf. Scharer, I, 474; Graetz, lil, 784 et s.), pendant laquelle
la reine Hélène fit venir d'Alexandrie et de Chypre des vivres à Jérusalem {Antiq,^
XX, 2, 5; 5,2).
* Pour Yohanam b. Zaccaï, Çadoc et Gamaliel {Soucca, ii, 5), Eliézer b. Hyrca-
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192 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
pratiquer pendant la persécation religieuse soos Hadrien {Soiicca,
I4b; Tos. Soncca, i, 7). Cependant, tons les passages cités ici
prouvent uniquement que cette prescription fut observée par les
docteurs du premier siècle et par la reine Hélène, qui se laissait
diriger quant à ses actes religieux par les rabbins. Sans doute, il
en était déjà de môme pendant le premier siècle avant Tère chré-
tienne, quoique nous n^ayons à ce sujet aucun récit talmudique.
Mais les relations que nous avons ne nous apprennent rien con-
cernant les matériaux et la construction des cabanes elles-mêmes
ni le milieu où on observait cette coutume, ce qui empêche de
faire une comparaison avec la description donnée par Plutarque
et de déterminer Tépoque où on construisait les cabanes de la
façon dont il les décrit. La seule chose qui me paraisse vraisem-
blable, c'est qu'à l'époque où la reine Hélène séjournait à Jéru-
salem, la vie religieuse s'était déjà façonnée d'après les doctrines
des Pharisiens, tandis qu'auparavant leurs règles n'étaient suivies
que par quelques-uns.
Ce que Plutarque dit des tables dress^^es dans les cabanes et
chargées de toutes sortes de fruits n'a pas non plus d'analogie avec
aucun passage de la littérature juive. Cependant, cette mention
même nous amène à penser qu'il a voulu parler ici des fruits que
les agriculteurs juifs qui venaient en pèlerinage apportaient à Jé-
rusalem à la fête des Cabanes comme offrande des pr<^mices et, en
second lieu, comme seconde dîme devant servir au repas de fête et
à des distributions aux pauvres (Deut., xxvi, 1-15, et Sifrè, in /.,
S 291). Sur ce point encore, il faut consulter le Livre des Jubilés,
chap. XXXII, où est décrite la fête des Cabanes célébrée par Jacob,
et où le prélèvement de la dlme est placé à la veille de la fête
(verset 3, cf. encore le verset 12), et celui de la seconde dîme pen-
dant la fête môme (verset 14). On y rattache la prescription
d'observer la coutume de la seconde dîme de génération en
génération, de manger celle-ci tous les ans à l'endroit consacré, de
façon à n'en rien laisser pour l'année suivante. L'auteur connais-
sait donc la fête des Cabanes comme l'époque fixée pour le prélève-
ment des dîmes * ; les fruits des champs et des arbres apportés à
Jérusalem ont pu être exposés sur des tables dans les cabanes,
soit pour célébrer la fête des Cabanes comme fête de la récolte des
nos et Yohanan b. liai à Césarée de Philippe {Soucca^ 27 h\ Toi, Souecûf i, 9) ; Tinten-
daDt du roi Agrippa II à Tibériade (Soucea^ 97 b) ; Akiba et Qamaliel sur le navire
{Soueca, ii, 23 a; j. Soucea^ 52 d) et dans la maison de Gamallel {Soucca^ ix, 1).
> Si l'auteur ajoute la défense, contraire à la tradition rabbinique, de goQter la se-
conde dlme après un an, il faut voir en cela une interprétation singulière d'an verset
biblique, sans doute Deut., xiv, 22 nbSNt riDTD nStt), ou 14, H^TlTi rOlDa, tandis
que l'habitude attribuée à Jacob correspond aux usages d« Jérusalem.
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LA FÊTE DES CABANES CHEZ PLUTARQUE ET TACITE 193
fruits (Exode, xxiii, 16 ; xxxiv, 22), soit pour inviter les pauvres
à participer aux bénédictions de l'année. Il ne me semble pas
impossible de croire, en outre, que ces cabanes étaient dressées
sur la montagne du Temple, Plutarque ayant emprunté ses données
sur la fête des Cabanes exclusivement aux incidents qui se pas-
saient aux alentours du Temple.
Il reste encore à signaler la première phrase de la relation de
Plutarque, qui détermine Tépoque de la fête des Cabanes en ces
termes incompréhensibles : tt^v yàp XeyoïJLéviriv vT|(TTeiav àxfxàî^ovxt Tpu-
YTTiTai TpaireÇoç Te icpoTtôevrat. L'accusatif qui 80 trouve au début est
en Tair, le verbe qui le régit manquant. C'est ce qui a déterminé
M. Th. Reinach (Textes (fauteurs grecs, p. 143) à intercaler le mot
xeXoîîffiv et à admettre, en outre, une lacune entre rpuy-riToî et rpaTre-
Caç, tandis que ty^v Xeyo^jlévyiv vv|(rre(av lui semble une glose marginale.
Mais il est peu vraisemblable qu*on puisse croire à des altérations
si nombreuses dans une phrase aussi brève d'une relation géné-
ralement bien conservée. En tout cas, il est certain que le jour de
jeûne mentionné ici n*est nullement le sabbat, qui, pour les écri-
vains grecs et romains mal informés, était un jour de jeûne ', car
TTjv XsYop-svTjv montre que c'est V7j<rc6ia qui était le nom du jour et
que, par suite, il a voulu parler du jour des Expiations. Comme
la fête des Cabanes tombe cinq jours après ce jeûne, il semble
plus naturel d'intercaler devant tt^v yàp XsyoïxévYiv vT^dTeiav la pré-
position (jLSTà et de biffer le malencontreux t& après TpairéCaç, ce qui
rétablirait l'enchaînement des phrases. Plutarque rapporterait
donc qu'immédiatement après le jeûne du 10 Tisri, les Juifs com-
mencent — attendu que c'est alors la principale époque de la
récolte des fruits des arbres et des champs — à dresser dans des
cabanes des tables chargées de toutes sortes de fruits des arbres et
des champs, pour inaugurer ainsi la célébration de leur principale
•fête ; quelques jours après l'érection des cabanes et des tables
de fruits, ils célèbrent la fête des branches de palmier et de saule,
à savoir le 15 Tisri. Mais, comme Plutarque vraisemblablement n*a
pas sans raison mentionné le fait que la fête juive suivait un jeûne,
et comme cette phrase me paraît aussi avoir pour but de confirmer
l'identité de la fête des Cabanes avec la fête de Bacchus, il a dû
penser ici au jeûne des Grecs ayant lieu à cette époque de
Tannée. Peut-être a-t-il voulu parler des Thesmophories des Grecs,
qui furent, il est vrai, célébrées à l'origine en connexité avec les
* Strebon, XVI, 2, p. 763 ; Suétone, Auguste, 76 ; Trogue Pompée chez Justin,
XXXVI, 2 ; PetroniuB Arbiter (Reinach, Auteurs grecs, 266) ; Martial (Bpigrammes,
IV, 4). Cf. Herzfeld .dans la Monatsschrift, 1855, 109-115 ; Schûrer, I, 239, note 22,
et Hermès, XXIX, p. 563.
T. XXXVU, N« 74. 13
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m REVUP DÇS ÉTUDES JUIVES
fét^9 ^eiDéwétâri mai9 qui, pluai tar(), Iqrçquq l^a féte$ de Çacchua
supplantèrent presque toutes ies fôtes d^autbmue, oatpu être ratta-
chées àBaçcbua. Les Thesmophories duraient trois Jours, dont u^
sev^j §'appelai^ 1^ Wj<jTç{a; \e caractèrp de ce^tp fè^e est cçlu^ ^*une
f(6t^. des morts * ; les femmes étaient assises par terre et jeûnaie^it,
ce qui devait représenter la plus rigoureuse abstinence. Cette cpu-
^me reposait sur cette croyance qu'à l'automne, quand la verdure
disparaît ainsi que toute la splendeuf de l'année, Koré entre
dai^s l'Hadès et que Déraétôr affligé réclame à ce sujet la piti0
(Mon^msen, Heoriologie, p. 300 et 291). Plut^rcjue pouvait qpi^ç
présenter à ses lecteurs et auditeurs, familiarisés avec les jeûnes
et les fêtes des Grecs, une preuve immédi^^te de ^a théori^ ^n cq
q^i concerne le jeûne qui précède la fête des Cabanes.
LA RELATION DE TACITE SUR LE CULTE DE BACCHUS
CHEZ LES JUIFS.
Tacite, après avoir déclaré (^ue les Juifs révéraient un dieu
invisible et que, pour cette raison, il n'y avait dans leurs villes
aucunei statue de divinité, ajoute : « Comme leurs prêtres chan-
taient au son des flûtes et des tambours, qu*ils se couronnaient
de! lierre, çt qu'une vigne d'or fut trouvée dans leur temple, quel-
ques-uns pnt cru qu'ils adoraient Bacchus, conquérant de l'Orient ;
mais les deux cultes n'ont pas le moindre rapport, Bacchus a
institué des rites brillants et joyeux ; les çoutumesi juiyes sont
bi^ar^es et morpses. » Laissons de c(3[té le fait que Tacite con-
fonjl les prêtres avec des lévites musiciens du Temple * , et
demandons-nous seulement sur quoi s'appuie sa mention de la
flûte ^t des tambours dont on aurait joué dans le sanctuaire, car
il est évident qu'il parle de la musique du Temple, puisqu'il parle
de prêtres. Les renseignements fournis par les sources juives sont
unanimes si^rce point, à savoir que l'orchestre, pendant TpArande
des sacrifices dans le Temple de Jérusal^, ne comprenait, outre
les chanteurs, que des joueurs de harpe, de cithare et de cym-
bales, tandis que la flûte n'était employée que douze fois par ai^
et seulement pendant les trois fêtes de pèlerinage ^ D'après cela,
* Cf. Livre des Jubilés, cb. 34, 23, où le Jour des Expiations est considéré comme
un jour de deuil pour un mort.
* Seuls les auteurs judéo-fçrecs ne faisaient pas la distinction entre les prêtres et les
lévites ; voir mon article dans lo Zcitschrift de Stade, 1899, p. 108, note 1,
» I Macch., IV, 54; 13, 51 ; Josèphe, Antif., vil, ^2, 3; Vm, 3, 8; Soûtfca. y, 4;
Arakhiny ii, 3-6. Cf. Uùcbler, l'rmter und Cullut^ p. 127, ^t 4«^n9 ^uie.Uc/trJi/i, if
Cbwolson, cb. m.
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r ■ ""^ ■
LA FÊTE DES C^IAN^S C^EZ ^^^.U^ARQV'E ET TACITE W
Tacît^ ^np peut avoir çu ei^ vup que la musique du T^napI^
pendant çps derrières soleni;iités. "if ou^elbis, la raentiofl c|es tam-
bomip^ nQ fapilUei gi^ère jp mpjfen de ^•econnaUrp ta source qui
a fo^rnj à cet auteur ta piatière d^ son récit, car ^i ^^^ ^saupdes,
Lxxxi, 3, çYLix, 3, et et, 4, mentionnent les t^m);)Ours avec d'autres
ii^$(ruQf^eDfs îç musique et pe^Ye^t f^irçi croire g\iç les tambours
étalent aussi çmplojfés d^n^ \q, sanctuaire, les indications sii
l^récisps et si souvent rëpétéqs dçs Chronique?, s^insi qw d'autres
soç^rces dignes de foi, e^xcluent cette hypothèse et permettent tout
au plus de cf*oire à Tu^^age des tan^bours pendapt les solennités
nocturnes delà fôLe des Cabanes ^ En effet, la Mischna dit, au
sujet de ces dernières : «ba Ttt) ■'V>3 bDm D'înritiaan D^'baDa mniD^a
npD» « Les lévites jouaient d^ la cithare, c|e la harpe et des cymbales
et ^e tpus les instruments » {Soucca, v, 4; çf Midfio], n, 6;
Soucca, y, 1). La relation de Tacite, doit donc avojr visé la fête de
nuit di; puisage de l'eau.
Toutefois cette b.ypothès^ me parait peu plausible, car ?i le
n^rraiteur auquel Tacite a pp^pr^nté §a phrase avs|it été témftin de
cette solezinité nocturn^ pu s(i\ eu ayait cpnnu unç description,
il auriiit cité, non ps^s uniquement les 4eux particularités e^té-
rjeMfes et peu importantes de la céirémpnie, ^s^is siussl le^ traits
plU9 significatifs et rappel£(ut davantage les b^^cchanales des ré-
jouissance? npctnrnes. Les tambour^ îjnrf(ien(-ils été employés
en une autre occasion non n^en^^^^^^^ dan^ la source juive, pu
le tymp,(;iyîQr:i serait-H la tra4uptipn ^e Çî'jnbxt] et ^^^^> ç'est-à-dtre
dps cymbales npfn!?^?^ ^S^l^ui^ut dans ^ I^ischna ?
La solution de cette question est encore rendue plus difficile
paf pes naots ç|e Tfacite : ^e(j(erç, vinçiehantur;, les Juifs se pa-
rvient de lierre. Âuc^ine source juive n^ mentionne cet usage
on un n^ûge similaire, cojpinP WflP pratique religieuse. Or,
Tacite ^^\jX évidepiment parjpf 4'une pratique religieuse, puis-
qu'il emprunte ses preuves an çeryice du pn^te des Juifs , qui
e^t représenté p£|r lui cpmnie identiqne ^ celui de Baccbus.
ij est vrai que dan? JncjHh, ^v, Xi^ nous trouvons ce qui suit :
a Toutps les fenames d']Çsra^l accoururent pour voir Judith ,
la Ipuèren* et dansèrent entre pHes en son hQnUPur. Et elle prit
dans ses ^ains des branches d'arbres, eu ^onna k ^es femmes ;
ejle et ses compagnes se couronnèrent de branches d'olivi^,
et elle marcha devant tout le peuple, menant la danse de toutes
les femmes; et tous les hommes dlsraël la suivirent, portant lenr?
^ Les tambours étaient usités pour la danse, c^t il est possible que pendant les ré«
jouissances nocturnes U y levait des dansçç. ÇS» ;no^ article dans U Z^i^ichrifl de
Sla'dè, <89^, Ï03, note' Il *
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196 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
armes et des couronnes et chantant des actions de grâces. »
Chaque détail de ce tableau montre que le narrateur décrit la fête
de la victoire telle qu'elle se célébrait chez les Grecs, qu'il con-
naissait bien , mais sans vouloir la présenter comme une fête
religieuse. Mais nous trouvons pour le texte de Tacite un re-
marquable parallèle dans le livre des Jubilés, ch. xvi, verset 20«
31, où rauteur décrit la «fête des Cabanes qu'Abraham a célébrée
pendant sept jours près de Tautel de Bersabé. Il dresse des cabanes
pour lui et ses serviteurs (vers. 21); il apporte tous les jours un
grand nombre ^ de sacrifices de diverses espèces et, deux fois par
jour, matin et soir, il offre de l'encens (22-24), se livrant à des
réjouissances en Thonneur de la fête (25) ; il prend des branches
de palmier et le fruit de l'arbre Hadar et fait tous les matins sept
fois le tour de l'autel, louant Dieu avec allégresse (30-31). Il ajoute
encore (30) : « Car il est ordonné à Israël pour tous les temps de
célébrer cette fête, d'habiter dans des cabanes, de porter des
couronnes sur la tête et de prendre en main des rameaux cou-
verts de feuilles et des branches de saule*. » Il saute immédiate-
ment aux yeux qu'entre les actes d'Abraham si minutieusement
décrits et Tobservance qu'il aurait pratiquée, il y a une diffé-
rence notable, puisque le trait concernant le couronnement de la
tête manque à propos d'Abraham. En outre, il est assez clair que
la prescription rapportée ici correspond à celle de Lévit.,
xxiii, 40 et 42, et il semble que les couronnes répondent au -«-id
^nn yy, les deux choses étant placées au début de la prescription.
Ainsi, tandis que les cérémonies attribuées à Abraham concordent
en général avec celles de la fête des Cabanes, que nous connaissons
par les récits talmudiques, son interprétation de la prescription
biblique en diffère complètement et n'a rien de similaire ni chez
les Samaritains ni chez les Caraïtes. Si on tient encore compte de
la place singulière qu'elle occupe au milieu de l'histoire d'Abraham,
qu'elle coupe si fâcheusement, on est amené à admettre que nous
avons ici deux conceptions différentes de la célébration de la fête
des Cabanes et que le passage qui rapporte la prescription biblique
si bizarrement est d*une date postérieure à celui qui décrit la
manière dont Abraham a célébré la fête. La mention des couron-
nes trahit son origine grecque et appartient vraisemblablement à
l'auteur qui a remanié le Livre des Jubilés déjà achevé. Il résulte
^ Dans le chap. xxxii, 4, du livre des Jubilés, où est décrite la fSte des Cabanes
célébrée par Jacob, celui-ci oii're le 15* jour du 7* mois 14 taureaux, 28 béliers,
49 brebis, 60 agneaux et 29 cbevreaux. Aucun de ces nombres ne concorde avec ceux
quMndiqueut les Nombres, xxix, 13-14.
* Cf. la traduction du Livre des Jubilés par Charles, dana Jtwith Quarterly Ri^
ww, VI, 714; VII, 297. '
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LA FÊTE DES CABANES CHEZ PLUTARQUE ET TACITE 197
de là, çn favear de la mention de Tacite, que celle-ci ne repose
pas sur un malentendu» comme on l'a admis jusqu'ici pour écarter
la difficulté^ mais qu'il Ta trouvée effectivement dans le document
qu*il avait sous les yeux et qu^elIe traite de la fête des Cabanes
qui avait été décrite d'une manière différente de la forme ordinaire
par celui qui Tavait renseigné. Cette description semble être
empruntée â un hellénisant et provenir d'un milieu qui détermina
le narrateur à ajouter involontairement aux rameaux , de feuil*
lage caractérisant la fête des Cabaneà les couronnes employées
dans la fête grecque de Bacchus S sans réfléchir que cet usage
n'était pas conforme à la coutume juive. Il doit en être de même
des tambours mentionnés par Tacite, que le narrateur, plein d'idées
grecques, ajouta comme accompagnement des flûtes qu'il con-
naissait bien, de sorte que nous pouvons admettre qu'il a très bien
connu la description exacte de la fête des Cabanes et qu'il Ta
amplifiée à la façon des hellénisants.
LA SOURCE DE PLUTARQUE BT DE TACITE.
Le document auquel Plutarque a emprunté ses renseignements
sur la célébration de la fête des Cabanes était, sans aucun doute,
très explicite sur ce point, puisque, comme nous l'avons vu, il
donnait des détails précis sur ce qui se passait sur la montagne du
Temple et dans le parvis du sanctuaire. Il était également bien
informé, puisque ses indications ont été confirmées par des récits
dignes de foi. En première ligne, on est disposé à voir dans Josèphe
rinformateur de Plutarque, car il a achevé ses Antiquités en
93-94, tandis que Plutarque écrivit son ouvrage plus tard. Mais
Josèphe n'a décrit la fête des Cabanes dans aucun de ses ouvrages
aussi minutieusement que Plutarque, et on ne découvre chez celui-
ci aucune autre trace d'emprunt fait à Josèphe*. Cette circon-
' Cf. II Macc., Ti, 7 : € Ei comme la fête de Bacchus arriva, ils furent oblijçés de se
joindre k la procession en Thonneur de Bacchus avec des couronnes de lierre sur la
tête > ; III Macc., ii, 29. Des feuilles de lierre comme insigne de Bacchus : Euripide,
Bacch,, I, 81.
* 11 est vrai que dans son Reçum et imperatornm apophtegmata^ Antioehas [éd. Di-
dot, I, 221), l'histoire d'Antiochus Sidelès devant Jérusalem est exactement décrite
comme dans Jodèphe [Ântiq.^ XIII, 8, 2) et cette concordance presque littérale indique
bien que Tauteur a utilisé Josèphe. Mais il est plus que douteux que cet ouvrage
appartienne à Plutarque (cf. NicolaY, Griech. Literaturgeschichte^ II, p. 644). L^hypo-
thèse de M. Reinach (Textes d'auteurs grees^ p. 137, note 1), que Josèphe et Plutarque
auraient puisé à la même source, Posidonius ou Strabon, me semble invraisem-
blable. En etfet, la relation de Posidonius conservée par Diodore. XXXIV, 1 (Rei>
nach, p. 56-59) a un contenu tout à fait différent, et, comme Strabon utilise le plus
souvent Posidonius, le récit de Josèphe, si dilférent pour le plau et la composition,
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m ftBVub tifes Ëtùbfeâ llJivfes
slance exclut aussi l'hypothèse que PlutarqUé ait utlliàé Touvrage
qui ti*ëxiste p\\ïi, mais (|Ut est annoncé par Josèphe, entre autres,
à la fin de ses Antiquités, et qui traitait des lois juives, ouvrage
auquel il renvoie dans les quatre premiers livres, tt'âitànt du
Pentaleuque ' . Il n'existe pas d'autre relation juive ou païenne
A l'auteur de laquelle on puisse attribuer avec vraiseiîiblahcë
une description aussi minutieuse des usagés juifs con&ei*hallt
les fêtes , excepté Nicolas de Damaâ , «qui fut â Jérusalem
et qui eut l'occasion d'apprendre tous les détails cohcérnant le
service des sacrifices et lès cérémonies des fôteà juives. L'ori-
gine païenne des renseignements donnés Ipar Plu targué est con-
firmée par Taveu qu'il fâit de son ignorance àii sujet dé ce tjue
faisaient les Juifs après leur entrée dans le sanctuaire. Un Juif
aurait pu assister à toute la cérémonie et la décrire exactement,
puisque le cortège de ceux qui (Portaient le lôtilàb tië pénétrait lil
dans le Saint des Saints ni dans le sanctuaire ; les prêtres faisaient
une fois le tour de l'autel/ après avoir dressé les branches de
saule, tandis que les laïcs se plaçaient dans le parvis immédiate-
ment attenant, séparé de l'autel par uiie pat'ol très basse, et assis-
taient à tout ce qui se faisait près de l'autel. Nous connaissons
pi*ébisément uh incident de la fête des Cabanes qui le hiontre
fort clairement : le peuple jeta seà cédirats à la tête d'un grand-
prêtre pendant qu'il était près dé l'autel, pairce qu'il n'avait pas
lait les libations d'eâu d'une façon convenable {Vos. Sdûcca, lii,
18; cf. Josèphe, Antiq.y XIII, 13, 5). L'informateur de Plutarque
n'a rien rapporté du service des sacrifices proprement dit durant
la fôte des Cabanes, sans douté parce qu'il n'aVait rten à en dire.
Ceci me paraît aussi exclure riiypôthèsie que N'icolas de Damas
soit l'auteur de ces informations, car celui-ci, grâce à son si^jour
de p'usieurs aiuiér-s à Jéru-^alem, aurait pu apprendre loUs les dé-
tails du service divin, s'il avait eu â en parler.
Si l'on considère qiie PlutârqUe, dans ses eiitrellerts ultérieurs
sur le judaïsme, se rapproche étroitement des sources de Tacite
pour de nombreuses particulàrUés» comme, par exemple, les
récits haineux concernant l'adoration de l'âne et son origine, la
défense de manger la viande de porc et l'adoration de Bàcchuè, ce
ne peut être emprunté à Strabon. Toutes les mentions concerdant le siège de Jérasalem
par Antiochus VU ^Porphyre, chez Eusèbe, Chronk., éd. Schoene, 1, 235, et Justin,
XX.XV1, \) concordent bien en ce qui concerne le traitement bienveillant des Juifs
par Antiochus Sidétës avec le récit de Josèphe, mais ne laissent pas de place pour
^es distinctions mentionnées par lui et Plutarque. Celles-ci proviennent évidemment
d'une source juive; cl. Destinon, Die Quellen des Flavius Jostphus^ f^. 42 et s.
' Voir SchÛrer, I, 69 et s., et Unger, dans Sitsunffsberickte der àa$erisehm Aka~
demie, 1897, p. 223 et s.
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LA FÊTE DES (^ÀBÀNEâ CHEZ t>LUtÀUQUE ET TACITE 199
trait d'ahlmositë contre le jùddldîne ainsi que les erreurs ei[ili-
cables seulement chez quel(îu'tin qui n'a aucune relation avec lé
judaYsrtie sont également contraires à Thypothèse que Nicolas soit
Fauteur de ces renseignements. D'autre part, la source bu à pmsè
Plutar4ue a une parenté manifeste avec Tacite en ce qui crin-
cerne la description des iisages juif^i. Il n'est guère possible ijue
celui-ci ait copié Plutarque ou inversement, quoique, pour d'Sutrès
ôiivragfes de ces deux àutfeUrs, oh ait cru à un emprunt fait pat Turi
ft rautt*e *. En effet, Plutarque, qui cite les moindre^ détailé ^oii-
Vîâht attester l'identité du dieu des Juifs avec Bacchùs, n'âUrait
pis négligé dfe àe servit» deâ ftiits inentionnés pat tacite fet n'àliràlt
pas oublié de relater, outré le jeu des cithares deâ Lévites, celui
de la flûte et des tambours dans le temt)le de Jérusaléin. Il aurait
également fait mention dé la Vigne en or trouvée dans le sàhc-
tualre en parlant des ceps de vigne servant pour lés babafaeà; et
dd lierre dont on se couronnait, à {iropos du liert'é des cabanes;
d'aiitâht plus i^u'il mentionne même le jeu des tambolirà comme
preuve de l'adoration de Bacchus chez les Juifs *. Màiâ Tacite, db
* Voir Teuirel-Schwabe, Gefchtehte der rUmisehen Literatur, p. 845, 4.
* Plutarque cite aussi une preuve tirée du costume du grand-prêtre Juif en faveut'
de l'identité du Dieu des Juifs avec Bacchus ; il fait surtout ressortir la présence
'des grelots de là robe du dessus qu'il identiGe avec ceux qui étaient employés dans
les solennités nocturnes de Bacchus. Il ajoute : xai 6 5eixvv.M4v«< év toîc ivavxCoïc
Toy p^recopou Qvp<TOC évTStvira)|ièvo; xai Tup-irava* tauxa yàg ovSevl S-^TtouOev dcXÀco ^
Aiovvaq) Trpoaf^xsv • Ajoutons le tbyrse et le tambourin gravés qu'on montre a Ten-
vers du...; emblèmes qui ne conviennent à aucun autre dieu qu'à Bacchus. • Oh
rapporte ordinairement cette phrase à une prétendue figure placée au frontispice du
Temple, mais dont il n'est question nulle part ailleurs. Cependant, on n'a pas remar-
qué que tout le paragraphe de Plutarque traite exclusivement du graud-prôtre, de
Sorte que dans la phrase finale si énigmatique il ne peut être également question que
du grand-prêtre. Parmi ses vêtements, il nomme d'abord la mitre, ensuite la nébride
brodée d'or (évidemment celte dénomination ne doit pas être atrictement prise à la
lettre, ce iliot signifiant la peau d'un faon qui formait lo têtement de Bacchus ti dta
baccbanlea; Plutarque emploie avec iotention les roots caraclérlatiquta du culte de
Bacchus, coibme 6tjp9o;, xpâSifi, etc., pour faciliter la démonitratiob), la tuniqua trit-
nante ^t lea brodequins, enfin les sonneil es. Tandis que, dans Bxode, xzvm, il n'est
nullement question de brodequins, Plutarque no parle ni de la tiare ni du pectoral. Il
n'a éntiméré sans doute que les objets qui pouvaient servir I la thèse ; mais, comme
il cotolinue à décrire ce qui concerne le grand-prêtre, il faut sans doute chercher le
reste dans la phrase suivante. Avant tout on doit corriger le mot absolument vide de
sens de fUTStopou en (letcoTroy, de sorte qu'il est question d'un thyrse et d'un
tambourin placés autour du front du grand-prêtre. Il ne peut être question
ici de la tiare avec l'inscription du nom de Dieu, à laquelle on songe tout d'abord, et
cela à cause de la position indiquée par les mots èv tôt; èvavTÎoi; tov pieTwiroy ; or
nous ne connaissons aucun autre ornement de tête du grand-préire. Par contre, Jo-
sèphe t-i«'î^., ni, *?, 6) a une description très singulière du bonnet pontifical, dont
nous n'avons aucun motif de mettre l'exactitude en doute. D'abord, ce bonnet est double,
ensuite il est entouré d'une triple guirlande forgée en or, sur laquelle tleurissent des
boutons en or. Josèphe cherche à les faire bien ressortir, puisqu'il se sert comme
terme de comparaison de la plante qu'il décrit exactement dans toutes ses parties. Il
conclut ainsi (§178) : t C'est ainsi que là guirlande est forgée depuis l'occiput jusqu'aux
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200 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
son côté, n'a pu connaître les preuves de Plutarque, car, autre-
ment, il nç se serait pas contenté de signaler les preuves les plus
faibles, il aurait au moins cité une ou deux des particularités no-
tées par son contemporain.
B*autre part, il est établi que les récits injurieux pour le ju-
daïsme remontent en dernière ligne à Lysimaque d'Alexandrie,
sans doute par Tintermédiaire d'Apion, de sorte que Plutarque,
comme Tacite, a pu avoir sous les yeux des traditions alexan-
drines. Cbez Tacite, nous avons déjà reconnu les traits heUénisafits
de son modèle dans ce qui a trait à Baccbus. Il faut ajouter que
ces renseignements lui auraient été fournis en môme temps que
lerécitde la conquête de Jérusalem et du Temple. Ildit, en effet, que
pour prouver l'existence de Tadoration de Bacchus chez les JuICb,
outre Tusage de la flûte et des tambours dans le Temple, des cou-
ronnes de lierre portées pendant le service divin à la fête des Caba-
nes, on cite aussi le fait que Ton trouva dans le sanctuaire une vigne
en or. Nous savons qu^AntiochusIV Epiphane, Pompée, Crassus et
Titus pénétrèrent dans le Temple (Josèphe, Contre Apion, II, "7);
Tacite peut donc avoir emprunté sa phrase à un ouvrage historique
qui traitait d'un de ces personnages. Or, Josèphe rapporte {An-
tiq,, XY, 11, 3) que la vigne en or fut donnée parHérode; Josèphe
{Belluniy Jud., V, 5, 4), aussi bien que l'auteur du récit de la
Mischua (Middot, m, 8), qui ont vu les dernières années du sanc-
tuaire, décrivent la vigne d'or comme existant encore, si bien que
Titus la découvrit et l'emporta comme butin de guerre : Tacite n'a
pu songer qu'à cet incident *. Or, nous savons que cette guerre a
été décrite par beaucoup d'écrivains romains (Josèphe, BeUum,
avant-propos, ch. i) et qu'il y en eut parmi eux qui avaient fait la
campagne de l'an "70, par exemple Pline l'Ancien, qui était dans le
camp de Titus <, et Antonius Julianus, qui est mentionné comme
deux tempes > : rà 6k (Utcoicov ifj (jiv éçieXl; êireiai, Xeye^Ob) yàp oûtciK à xdEXu^, TeXa{iàiv
S'èarl xp^^^*^?- ^^^ boutons, qui étaieot sans doute séparés d'ornements ronds, en
forme de bourrelets, semblables à des tambourins, déterminèrent Plutarque à dire que
le thyrse et le tambourin, faits en or, brillaient sur la tôte du grand-prêtre. L'orne-
ment frontal lui-même, qui est en usage à Tépoque du second temple et est peut-
être d'origine syriaque [cf. I Macc., z, 20 : Alexandre Balas envoya à Jonathan un
vêtement de pourpre et une couronne d'or ; Jonathan revêtit le vêtement sacré le
septième mois de Tan 160, pendant la fête des Cabanes, cf. Dillmann sur Exode,
xxviii, 36 et Sira, xlv, 12) était aussi décrit dans le document copié par Platarque,
et nous voyons également par ce fait combien celui-ci était bien renseigné.
^ Von Gutschmid, Kleine Sckriflen^ IV, 412, déduit des paroles de Josèphe (Contre
Apton^ I, 2, § 59) que les attaques contre les Juifs qui déterminèrent Josèphe à com-
poser son écrit se trouvaient dans un ouvrage sur la guerre juive et occupaient, par
conséquent, la même place que chez Tacite ; elles appartenaient probablement à la
source utilisée par ce dernier. Toutefois, cette source n'a pu être Antonius Julianus,
mais un Grec qui était plus rapproché de la sphère de Josèphe.
1 Mommsen, dans H^rm^., XIX, p. 644 et s.
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LA FÊTE DES CABANES CHEZ PLUTARQUE ET TACITE 201
procurateur de la Judée à Tépoque de la guerre de Vespasien
(Josèphe» Belîum, VI, 4, 3), et que tous deux servirent de source à
Tacite *. L'hypothèse la plus plausible est donc que celui-ci a trouvé
chez Pline ou Antonius Julianus les preuves citées à Tappui de la
théorie de Tadoration de Bacchus par les Juifs, parmi lesquelles
se trouvait le cep de vigne du Temple de Jérusalem. Pline ayant
beaucoup puisé chez Âpion ^ et, par suite, tout ce que Tacite offre
d'analogie avec les Alexandrins en fait de renseignements haineux
sur le Judaïsme se trouvant rassemblé chez Pline, ces circons-
tances plaident également en faveur de cette hypothèse. Il en est
de môme dn la considération suivante : Tacite raconte, d'une part,
que Pompée ne trouva rien dans le Temple [HistoricBy V, 9) et que
les Juifs révèrent un dieu invisible, et, d'autre part {Historiœ,Y,4),
il dit qu'il y avait dans le Temple la Ûgure d'un âne; il en résulte
avec évidence que, pour ce qu'il dit du judaïsme, il a utilisé deux
sources différentes et, quant à ce dernier passage où il est égale-
ment question de Bacchus, une source qui reflétait des éléments
alexandrins : c'était vraisemblablement Pline l'Ancien. Cependant
il est possible et même probable que le cep de vigne avait déjà été
découvert par Pompée et que son existence avait été révélée aux
Romains *. Car Florus {Epitomae, I, 40, § 30), qui s'appuie surtout
sur Tite-Live, le dit expressément, et môme si Tacite {Eis^
tqriœ, V, 9) déclare que Pompée ne trouva rien dans le Temple,
il a pu néanmoins avoir connaissance de la découverte du cep de
vigne, les mots mdla inius deum effigie, vacuam sedem et inania
arcana n'excluant que la présence d'idoles dans le Saint des Saints.
Quoi qu'il en soit, il me semble certain que la mention du cep de
vigne provient d'un écrit romain, car si Apion ou l'un de ses in«
formateurs en avait parlé, Josèphe y aurait fait attention, puis-
qu'il s'est occupé des affirmations des Alexandrins concernant les
trouvailles du roi Antiochus lY Epiphane dans le Temple de Jé-
rusalem (Co.n/r^ Apion^ II, 7-8). Plutarque, qui no parait rien
savoir du cep de vigne en or et qui, par contre, connaît aussi bien
que Tacite les légendes répandues par les Alexandrins ainsi que les
* Von Gutschmid, KUine Schriften^ IV, 366, sur Pline; dans celte hypoihèse, il
est yraisemblable que Tacite a emprunté les détails concernant les Juifs et ne con-
cordant que partiellement avec Apion et partout ailleurs avec Lysimaque à Pline, qui
a également mis à contribution les autres Alexandrins. Au sujet d'Antonius Julianus,
voir Bernays, Oesammelte Abhandlunge» ll\^ 173; Thiaucourt, dans Bévue def Etudes
juives, XIV, 58-74 ; Schûrer, I, 47, et Schlatter, Zur Topographie, 97 et s.
* Von Gutschmid, ibid,, Wachsmuth, EinleitunÇyAM.
* Le cep de vigne existait certainement déjà avant Hérode, qui, par sa fondation,
ne fit rien de nouveau, mais, comme pour beaucoup d^aulres objets du Temple, mit
à la place des ornements simples provenant de l'époque de Zorobabel des ornements
de grand prix.
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202 REVUE DES É+UtiES JUIVfô
Usagés dés âblenhités Juives, â emprunté tout belA à un outrage
|>lui ahcieh, mais à uh outrage romain. Eh t)k'eihièrè ligtlé, cela
tbe Semble (trouvé par le fait que, depuis que la Judée fht devenue
hne province i*omaine et eut reçu une administration romaine
(ah 6 apfèà J:-Cb.}, les Romaihs avaient toute facilité pohr ob-
selrver le service des sacrifices et du ciiltè des Juifs. Mais les
paroles de Tacite cohcernant le culte dé Bàcchus : « Quidam ar-
bitrati suht », nié semblent aussi attester que ce sont ses propres
isbmpatriôtés 4tii parlaient de cette identiûcatiôh du dieu àes JuifS
avec Bacchus et ^uï ont réuni lés pi*euves à ce sujet. La source
utilisée par Plutarque appartenait â hne époque ^lus ancienne que
belle de Tacite; car elle a encore sbus les yeui le service duTefaiplè
et né trahit fencbre aucune trace d'héllénisme dans la description dd
bliltiB des fêtes, comme celle de Tacite, et repose, par conséquéht,
àur leà observations personnelles de Fahteur de la i-eiatioh. Ce
qtai, dahs cette narration, appartient éh propre A t^Iiltarquë él bë
qti'il à èmpruhtë â son Informateur ne peut être déterminé avec
ies moyens dont nous disposons. Son échec h'â pïs été causé par
iinshfHsàhcé dés matérlàut dé sa démonstration, mais pût Hm-
jpdsslbilité d*hhir, même par la Itirce, des élémehts contraires.
Vienne, 12 juillet 1898.
A. ËOCHLEh.
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L'ARTICLE DANS LA POÉSIE HÉËRAtQUB'
L'article hébreu, cohime on le sai^ est bien plus rare daiis les
morceaux poétiques que daris la prose. Néanmoins bn lé rëH-
contre encore assez fréquemment en poésie pour qu'il y ail liéil
de se demander si les écriVains l'emploieht selon leur fantâiàlB; ou
si là présence de Tarticle eàl favorisée par certaines cbiidlllons
^U'il S'agit de délenhiner.
Tout d'abord on doit exanilner si l'article est également i^aré
dans tbus les llVres poétiqueâ. Sur ce point, nos recherches noùâ
ont amené aux résultats suivants : lé Cantique des Cantiques, qhl
appartient incontestablement à la poésie, emploie l'article comme
les livres prosaïques, ainsi 4u'ii est facile, de S'en convaincre.
Est-ce parce que ce livré paraît être un des plus modernes de là
Bible? Nous constatons le fait sans vouloir l'expliquer. Quelques
psaumes peuvent ôlre joints au Cantique pour l'usage de l'àt'Ublë.
Gèsont : cxxiii à cxxvii, cxxxiii, cxxxvi, cxxxvii. Ces pâàumes
ser1ibl«'ïit aussi être assez récents.
i)ans tous les autres livres poétiques on évite l'article, stiécià-
lement dans les Proverbes (auxquels on peut comparer souS ce
i*appDt*t rEcclésiastique). Il en est de môme dans les mbrceaUX
poétiques qui sohtihtercalés dans les livres hlàtoriques* : la bériià-
dibtion de Jacob (G'ëh., xlix), le câritiqdé dfe la xAet Hougë (Étôdë,' .
xv), les discours de Balaam (Nombres, xxni, et xxiv), le Cantique
de Moïsfe (Deut., xxxii), la béhédiôtioh de Moïse (/&W., ixxiii), iè
Cantique de Débora (Juges, V), lé Cantique d'Hanrlâ (I, Sam., ii),
le Cantique de David (II Sam., xxit), les dernières parôleè de David
(<&.,XXlIî).
* M. KOnig (Synlax, § 292) a consacré quelques pages à celte question, Olftis II k
cherché plutôt à expliquer Pabsence que la présence de Tarticle. M. KOaig cite deux
études sur ce sujet, Tune de M. Ley : tieàer deà Gehrauch des ArïikeU tn àer rkythmi-
sehen Poésie dànè N. J. Ph., 1891, p. 345; lautre de. M. SUckow : Der Gebraûck
des ArtikeU in deti Psalmetty Braslau, 1875. Nous n'avons eu ni l^une ni l'autre à
notre disposition.
^ Kodé lâissohs de c5té lés petits Ka^oienis ^oétic^Ues.
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204 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Dans les Prophètes, il faut d'abord mettre à part le cantique
d*Ezéchias (Isaïe, xxxviii), celui de Jonas (ch. ii) et le chapitre m
de Habaqouq qui sont de véritables psaumes, et suivent, par con-
séquent, la règle de la poésie. Quant aux discours mômes des pro-
phètes, ils appartiennent tantôt à la prose, tantôt à la poésie, et
souvent les prophètes passent de Tune à l'autre. Autant que nous
avons pu en juger, Tarticle est rare dans Isaïe, i, xiiià xvi, xxiv,
XXV (sauf V. 6-8), xxvi, xxxii (sauf v. 17-20), xxxiii à xxxv, xl à
Lv, 5; Lvii, 5à Lxv, 7. Nous laissons aux exégôtes le soin de tirer
parti de cette énumération au point de vue de la critique d'Isaïe.
Jérémie emploie l'article dans tout son livre, sauf dans les cha-
pitres XIV et XLviii à L. Ezéchiel n*atteint guère au style poétique
que dans les chapitres xxvii et xxviii, 12-19. Parmi les petits pro-
phètes, Joël, i-ii, 11^ Nahoum et Habaqouq emploient peu Tarticle.
Etudions maintenant les causes qui amènent remploi de l'article
dans la poésie. En premier lieu, il faut distinguer entre Tarticle
placé devant un nom et Tarticle placé devant un participe. En
effet, dans ce dernier cas, l'article est très fréquent en poésie, il
Test môme plus qu'en prose parce qu'il remplace le pronom n©fi^
suivi d'un verbe. L'article alors, au lieu d'alourdir la phrase, lui
donne, au contraire, plus d'élégance. Voici quelques exemples :
^©sn (Gen., xlix, 17), )r\iii{ib,, 21), ta-^anînïaïi (Juges, v, 9), d-^anaiDn
(II Sam., i, 23), tsD^-'abtiïi (i&., 24), d-^orrr [ib., xxii, 31). inri («>.,
48), fio:^3ïi (Is., xiii, 15), in:n (xliii, 17), etc., rmaan (Jér., xlix,
4), û-^aon (Ez., xxvii. 26) û-inaian (Ps., xxv, 3), &"»^73i«ïi (ib.y xxxi,
7), ta'^aTvn (Prov., ii, 13), û-^rwiDn {ib., 14), ta-iaian (Job, m, 14\
ta-iDiron (ift., 21), tiDicnn (Lam., iv, 6). Nous avons noté en tout une
centaine d'exemples.
Les adjectifs sont dans quelques passages traités comme les
participes : ti-^iz-^yyn (II Sam., i, 23), &"'pmïi (Is., xlvi, 12), mpirm
mai^pm (Jér., xlviii, 26), m (Ps., li, 6), û^max^ (Ps., civ, 18),
.1TiDfinn(Prov*, xviii, 17), û"'Trwi (Job, m, 8), û'np'^ (Lam., iv, 2).
Passons à l'article devant les substantifs. On peut dire que,
d'une manière générale, l'article se maintient en poésie, quand il
est considéré comme faisant partie intégrante du nom ou de la lo-
cation où il se trouve. En premier lieu, l'article peut être conservé
dans les noms propres d'endroits, parce que l'article est alors un
élément de ces noms. Ainsi, lu^nn (Deut., xxxiii, 22; Ps., cxxxv,
ll),b73'tDrT(Is., XVI, 10), aaTDttrT(Jér., xlviii, 1), n'^nbrï nb3^(iô.,
xLviii, 5) iisabïi (Ps., XXIX, 5), «Dan pi29 (ift., lxxxiv, 7), X'rm
(ib., cix, 3, 5). On peut y ajouter '^n^Nn (ib., cxxxv, 11).
On peut assimiler aux noms propres les appellations données à
Pieu, au temple, à Jérusalem, etc. : p'rxïi T> (Is., i,26), wprt yn
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L^ARTICLE DANS LA POÉSIE HÉBRAÏQUE 205
(Is.jXxxv, 8),OTpïi 'y>9 {ib., xlviii, 2; lu, 1), pTsai ■»b"«N (ib., lxi,
3), wprr t3^ (<ô., Lxii, 12), "TiaDn ^b» (Ps., xxiv, 1, 9, 10), Tin^rj bfi^
(iô., XXIX, 3), ta"»ai"Dn a«T» (iô., lxxx, 2), tmbKn n^^y {ib.^
LXXXVII, 3).
On doit également ranger avec les noms propres un certain
nombre de noms communs qui désignent une personne ou un
endroit unique ou bien une catégorie générale de personnes ou
d'endroits. Ces noms sont ; yitxrt (Gen., xlix, 15 ; Deut., xxxii, 1 ;
II Sam., XXII, 8; Is., xxii, 5, etc., etc.), û'»73iDrT (Deut., xxxii, 1 ;
U Sam., XXII, 8; Is., xiii, 5, 12, etc.), û'^aDisn (Juges, v, 20),
biXn (II Sam., XXII, 31,33, 48; Ps., lxviii. 20), ©ïaisn (Is.,xiii,10;
Ps., civ, 22; cxxi, 6), rrom et nsabn (Is., xxiv, 23), m-i'nrT(Is.,
XLi,4), û'»n(Is., XLii, 10; xlviii, 18; u, 15, etc.), rrwn (Is., xliiï,
20 ; Ps., cm, 15), ^Ttan (Is., lii, 6 ; Joël, i, 20), û-'-cn (Is., lu, 1 ;
Liv, 10), nnrt (Ps., Lxviii; 19), twm (Is., lxii, 10), û-»»^ (ib.), r:bo73î^
(iô.), m-npïiet miss^oîi (Jér., xlviii. 41), nvnan (Nah., i, 5), ta"»n3:n
{ib.j 6), minsn [ib., ii, "7), te-wr (lô.j, ^b^an (Ps., xxi, 8; xlv,
6), y^nn (ii>., xix, 2), û""»!! (Ps,, xxix, 3 ; lxxiv, 13), ta-iNrj (Ps.,
xxxiii, 13), ta"»WT (Ps., Lxxix, 6, 10; lxxxii, 8, etc.), TW (Lam.,
i, 15). Un*y a, d'ailleurs, pas de règle absolue, et ces mêmes mots
se retrouvent fréquemment sans article.
Dans beaucoup d'expressions courantes l'article subsiste. C'est
le cas surtout après Tétat construit, comme l'a remarqué M. Eônig
(§295c, note). Telles sont : nnan û«3 (Nombr.» xxiv, 3, 15; II Sam.,
xxiii, 1), x^yr; ûrm)(Nombr., xxiv, 3, 15), to-tbn^ maa (II Sam., i,
20), irttxn &N3 (Is., i, 24), rrbrTnn o^:> (Is., li, 17, 22), ]?bon •'■un
(Jér., xlix, 16), IfiCKi •m:' (Joël), i, 18), liti û-^a (Ps., xc, 3), m»
to-^nn {ib., lvi, 14), a^nn un [ib.. lviii, U), û-n^n nn» (i&., lxxxii,
•7), rr^an mpy {ib , cxiu, 9), d-'aaïi un (tô.), nnîTan manp [ib.^ xcviii,
27), DTon nmaa(Ps., oxxxvii, 10), «j-'ôa ^pMD (ib.), noDn ût» (Prov.,
VII, 20), &'»"»nn "pN (Job, xxviii, 13).
La locution courante peut se composer d*un pronom ou d'une
particule et d'un ncyn : «■♦Nn ntri (Is., xiv, 16), ta-'^^nrip «b* (Ps.,
I, 4), is-^fitti m "^73 [ib., 25, 12), "fyan '(•'« (ib.y xxxiii, 16), la-»»?! -«td
{ib., xxxiv, 13), taTi»n «b (ib., cxv. H), nron ïit {ib., 20), ûin ïit
(iô., 24), bawi p (Prov., x, 26), yrm sipn (Job, xxxviii, 19, 24).
Parfois ce sont les prépositions qui maintiennent l'article, quand
elles forment avec le substantif une expression usuelle : Y^ '^9
(Is., XXIV, 11), mnbn hy (Joël, ii, 2), tabvn v (Ps., xxviii, 9), "j^
^tran (^.,cxviii, 5), *ipaîi v (Prov., vu, 18), d^iDicTan x^:i (Gen.,
1 D'aprèfl Suokow (Kdnig, § 292m), Particle serait ici ua démonstratif. D'après
M. KOoig, rarticle servirait à marquer un ensemble.
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x^x, 14; Jugps, y, 16), mamn 'j'^a (frov., ^%\u 13), tp'^'nçM ra
([.jm.. ^',8)/î'ibnn va (Jugea, y, 28), nbïîti" va'(JoQl,'u, 8), ^^
û"«3ibnri ('fô-t'O). On peut y joindre n^pn^îon '^nna. (II Sam., ^, 2^,
ta-'wn '^inal (Is., lxi, 9).
Les ^lots "^lï)» (suivi d*\in mot court) e^ surtput bD ep(ralnpnt
Tepiplpi ^e l'article : i^'^iiCi "inm (Ps., i. 1), '^■un "^nta» (it;., ^x^ui,
12), nar^rs/^np» (<&.,xxx;v, 9; xL, 5J, taa^n '^nifJN (i(;., lxxxi^, 16;
cXLiv, :j^), tiVn bp (Dent., x^xui, 12; is., lî, 13; Ps., x^^xii, 3,
35, ^tc.), yyçi te (Is., XIV, 7 ; Ps/, xtvu, 3, etr,), sa-^w ba (Is.,
x^^iv,2; Jlab., ]i,i\ pi., ux, 6, etc.). "^^^^ ba (Is., xl, 6), ba
nirnsa (Nah., i, 4), ta"?ûw ba (Ps., xlvu. 2 ^t PQssim), nV»brï ba
(i(;.', i^^Yui, H), û^ifiinba (i&.,cxyi, 11), û^j^nn ba(^s., px;.v,2ft),
û-i^M ba (Jçi]j, XLi, 3).
Npps ayons ^U que les Çrovert)es sont le liyre de la Bible o^
rflftlcle ç^t i^ plus; ^are; cepen^apt quelques phrase§ qui dç-
y,aj^t être provçrbialça pntienpent une série (^e noms conservant
rsjrticlQ. Telles sont : Mpab û'^aanai ^yyo-^iDb apa^n rcsi (Is,, xl, 4),
nca "lar. nncn T)»ntj nbij^m pnon b» bsî nnsïs bnp73 osn n^ni
(iô., xxiv,/l8). a-inni a^nni "^^^ÇH"! '^'^^^. (**^-' l^» ^)» ^?^ P^^"^. ^''^
b-^onsî tefij "pb-'n 'in-»"! prn baej sa'nisjn vi-^i nanfipi (Joël, i, 5).
Dans la poésie, se présentent parfois ^es phrase^ auxquelles
qi^ s^ dpqp^ unp foripp prosaïque pour le besoin ^e la clarté
q^ ppur iqvilp aut^e raison, par pxpmplei, ta^bTitin n» ^no rr^
(Is., ^xxin, 17)^ p'^^n n» Tnaû y^-: (Hab., i,5), n« ta-ipTs ^:?i
nï3735rii riîan '>^5 Çr^'^Çi^?' (^(i., 6), t^ina t3na5:a b-'ig^^^ n^ pron uk
■^bça pipnnn (Proy., xxvu, 22). Çlap^ f^., pvi, 3Q, les {^qt^ apm
r^ttn proviennent (Je Nombres, X3^v, 9.
fafflai je? causas; fjccesspir^ç qui f^yqrisppt Templqi ^e TartlclQ,
on pefit cpfupter la b^^èypté 0ç§ iqp|â. Nous ^yon^ va plus haut
qup lp9 n^ot^ ç-îftii, "^^i, ^ai, p:? reçpivei^t r^irticle aprè3 n«3». Au
contraire, tan» reste sans article (Ps., xxxii, 2 çt pa^in^) *. îfou§
citpron« encore tDîausîi à côtp dp m'> (Josué, x, 13; Is., xiq, IQ;
Ps., c^x^, ^), Oîos (Ps., xxxni, 17), an^ (ib,, j.^x]^v, 13), ût? p^*
parallélisme aypc mca-» (P^., :çgv, 5), Tiijïi à côté dp To^ûbcr (i^.,
c^lY, 8J. ban (^^., qxix, 91), a'>nM (Provi/T^yu, 4), :>nr-* (iô.. 17},
1"«'>t3 eu parallélisme avpc aaTû ((ft., xx, ^). Le mot Y^ î'pço^ Taf-:
ticlei bien plus souven^ que ta'^TDïD, par pxemple P;?., ci^, 26.
)tf. l^pnig (^ 292 n) émet la supposition que lorsque (^eu^ nqq^i
sqpt pais pn parallèle, Varticle du prpinier ppfiri^it dëterii^inpr
* M. Kdoig (§ 292 0) croit que le mot ^*^^ reçoit rarement l'article. On rencontre
cependant plus souvent D'IMn que ^'>iKTl en poésie. M. Ley (cité par KOnig] fait
interyenir dans cette question Taccent tonique.
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L'ARTIClf: PANS H PPl^I^ HÉBRAÏQUE m
4oaa| Ifi second, p^^t aipsi qu'qn pourrait expliquer les p^^fnp.lei
précitë$ d^ P^., xçv, 5, qr, 26 et oxxi, 5. M. Koniç étep^ cetjg
p(^s§ibUlté à la prose, par exeinp|p, (jans Josuô, xn, 4-àj ,..attTîa
S^^l ; luaiç ici ^loua avon^ {)es participes dans l^s^uels |'articl^
jo^e IQ rôle de np» ; cf. H Lam., 3;n, 48; f^., i^xxu. U ; Job, v, :|0.'
I^aps Jér., ^x. 14, tarn wî^ est une locution çpijffnte. nnïq
&"»^«î5in (Ex., xn, ^8] est up nombre; de môoie Eç., xxif.yin, 28 e|
Nombr., xvi, 35. Dans Deuit., xi, 18 et I Chr., m, 1, Tarticlçi
manque p^eut-ôtr^ deyant nsiD et "^j^ ^ causât du n final des mots
précédents n-inw et n"«bfio?*irn». M^is M. Kônig a prpbabien^ept
raison pour bnan bmn (Nombr., xxxiy, 6 et pas^im). Son ^]^pi(ca-
tion est possible encore pour Çx., xxiv, 3 = xxxyi, ^p et le^
exemples des Psavimes donnés ci-dessus. Nous sgouterons Js., xui,
9 niwm ...nwfij"in si le n n'est pas ton^bé devait le r\, e\ Pfoy.,^
x^X, 19!, 24, où le premier terme de répumér£(tipn a ?eu| |'^r^jçlp.
Le vocatif partit amener s^ussi quelquefois T^irticlç;^ ps^r exqnpple,
Ele^t.,^xxu, 2 (cf- Is., i,2j; Is. xui, 18, ^^r., 3^lv^i, ^^2 (\^]^
^MX, 4 (païi), Jpel, 1, 3; Lam., ii, 13.
Sans certains passages la présence de l'article tsemble dn^ k UQ
c^prJpe du poè^e. Ainsi Jp^U h 12, au miliçu d^ mot^ sanç article
Q^ iro^velPaa e\ tut^m ; Nahoum, ii, 9 : OD'in' et ta^ujinaï^; P^.,
ifi, 3 : mntûn (à moins d^ lirçi n[3nj ?d comme m yer^et précédent);
ift., piy, 2^ : û-^nnsaa ; ib.^ c^x^, 4 : sn-»boa (si Ip texte ^st e^act)^
PVpv., xvii, 8 : marî ; Job, ni» 3 : nbVprn ' ; i(?., xxvin, ]^j 21 :
ïTQDnm ; ib., :ip?xviiï, 29 : pipn.
Ailleurs on peut supposer upe fffute (ie çpPjjste. W[. ^oi^ig ^ fer
leyé quelg^es dittographies possible^ : basini rniy (Ps., lvui, 9 [et
GYm,3]), ion(n) 'n (ip,, cxxx, 1), V'"^^^^ ^^^'^^ (Haib., i"i SJ.No^s
ajputerons les exemples suivants : pnln) rr^m (Is., i, 29), t:lpy^
mpsxiTi) (i^, xy, 8), rnû(n) r^m (iô., :çxi^iu, ^ ; cf. p:nb et' V«53)»
aTa(n) rr^m (i&., xxxv, l), nyiD-(n) 'n? (Ps., iii, 9), ûiJtOT(ni taaq
(rt., XI, 2), naib7:(n) 'n? (»&., xxii, 29), maain) tvna"(îô., n^, 3),
iqa(n) nan (iô., 9,), bN(n) nn» (iô., lxxvu, 15), û-^in) r.os> (iù.,
Li^i^iii, 53), n-^-inin) (iô., cxlviii, 8), n«3n(n) rnTa (Prov., i, 1*7).
L*^rticle est peut-être aussi dittographique devant quelques mots
commençant par n : ronn (Is., xxxiii, 4; cf. û'>3a); ri"'nn (Ps.,
cxLviii, 8) ; binrr (Prov., xxvii, 3; cf. pN) ou après un n : nbnn
(i^., XXVI, 14 ; cf. b^y). Le n est certainement une faute dans yttSi
(Ifi., XVI, 4), qu'il faut lire yan (v. Perles, Analectq, p. 35), dan^
\ P|n3 U Cbr., m, 3 on peut traduire. • La longueur ét^it... avecvipe largeur de... •
* Le second SDin est une dittographie verticale, du premier.
* ii. ^ônig (§ 292/)) y voit une personnification.
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208 REVUE DES ETUDES JUIVES
û'«ï3NrT (Ps., cxvii, 1), qu'il faut corriger en û'»73Nb. Dans boDn et
^l'DO'nr; (Is., xl, 19, 20) le rt est peut-être interrogatif. Au lieu de
n-'imn ma (Ps., lxii, 4), il faut probablement lire ïr^im mna.
L'article paraît aussi dû à une altération du texte dans y^txn nfin
(Gen., XLix, 15), maanîD (Is., i, 29; cf. û^b»^), n)3«rT (iô., lix, 15;
cf. V. 14), n^D'iNn (Jér., xiv, 4), n-^-iNn (Ps,, ix, "7), n-nn (ib., xii,
8), rîMiTan (ift., cxvi, 15). Dans Prov., v, 22, ricnn n» paraît être
une glose.
Xi nous reste à examiner un point important. Cest l'emploi de
Tarticle avec les prépositions n, d, b. Avec ces particules l'article
est véritablement prodigué en poésie. Est-il admissible que réel-
lement la poésie hébraïque emploie l'article avec ces prépositions
et le rejette quand ces prépositions sont absentes ? Il nous parait
a priori bien plus probable que cette anomalie dans l'emploi de
l'article est due à une altération de la prononciation traditionnelle,
notée trop fidèlement par la Masora. On aura introduit en poésie
la vocalisation de la prose partout où le texte consonantique le
permettait. Mais ce ne peuvent être les auteurs eux-mêmes qui
ont usé de cette focalisation contraire aux habitudes poétiques.
Nous avons, d'ailleurs, déjà eu des cas tout à fait analogues.
Dans notre étude sur le mot tiv avec les nombres ordinaux (Re-
vue, t. XXXI, p. 279), nous avons montré que la Masora a eu tort
de ponctuer devant ces nombres ûra, û"i"»b et qu'il fallait ûT^a, tavb.
Inversement nous avons remarqué (ibid., U XXXIV, p. 117) que
la Masora supprime l'article du mot non avec les prépositions
unilitères, alors que le texte met partout nsnn.
La contradiction dans l'emploi de l'article est particulièrement
choquante, lorsqu'on voit dans un même passage deux termes
identiques ou parallèles employés l'un avec l'article, l'autre sans
article. M. Kônig (§ 292 i) a déjà signalé la contradiction entre
msn et û-^îDan (Hab., m, 17) rrbDTs^p et û'»nDna {ib.). Nous ajoute-
rons 'j'»*»5et x^'^72 (Gen., xlix, 11 et 12), û"«5 et û^ (Ex., xv, 1),
W'Xim à côté de y-iN (I Sam., x, 2); nm?^ et nmTDa (Is., xli, 18 et
19), û^Taa et t3N 1733 (i&., XLiii, 2), û-'aiD et D''nn (ib., un, 12),
natCTD et nrnob (t&., lviii, 13), "inaM et è<)3S3 (Jér., xlviii, 18),
ûi-i:^et ybo5(f&., 28), nr-îN et û-^n-^DD? (Nah., ii, 12), yrn r.Dna:
P"»ns:b (Ps., xxxvii, 32), m»» et ^mb (ib., lxxviii, 50), p-«na (Prov.,
XVI, 33) et p-»!!» (XVII, 23), mTD"'M et "pt (iô., xxxi, 19), nofin no^^D
(Job, XXX, 19), rwDn et n3"»3a {ib., xxxix, 17).
Mais il y a plus : La Masora n^est pas toujours d'acccord avec
elle-même. Déjà en prose on trouve quelques exemples d'une vo-
calisation contradictoire. M. Kônig (§ 292 n, note 1) a relevé :
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L'ARTICLE DANS LA POÉSIE HÉBRAÏQUE 209
^y^yb et «nb * (II Sam., xii, 2), et (§ 296 a) no»? (Deut., vi, 16) et
no»a {ib,, IX, 22). En poésie M. Konig a noté(§ 299n) rro? et
brriD (Is., LUI, % yiNS et n3:^5(i&., lxi, 11)«. On peut ajouter en
prose : la^b et ^Tsnb (Gen., xi, 3), mn^srb (Lév., xxv, 23) et
nnn»itb(iô., 30). En poésie : bab et rjbo^b (Is., xxv, 2) ; «-^b©?,
oboa, n-ita et û"«3TN7:3 {ib,, xl, 12), i-ioitb et ija-^nb (ib., xliii, 6);
aD«ab et n^^ic^b (iô., lix, 11); D-^nnaan et ûnnaa (Hab., m, 8) ;
ÉtTOb et îiD^tib (Ps., XXIV, 4) ; iwaelnnpM (iô.,xxxi, 11), nttn?
et DNS (ib,, xcii, 13).
Ces inconséquences de la vocalisation masorétique montrent
que la ponctuation des prépositions b, s, a est sujette à caution,
tout au moins en poésie. M. Konig a reconnu que dans certains
mots la présence de l'article était douteuse (voir § 2^2i, 293c); et
cependant il s'est servi ailleurs (§ 299, c, /, h, i, etc.) d'exemples
qui n'étaient pas plus surs. Ainsi, l'article dans )DKa (Ps., xlvi, 10)
n'est pas plus certain que dansy*iN3 (ib., 9, 11).
Il est à remarquer que la Masora ne donne pas l'article aux pré-
positions a, d, b dans les noms accompagné» d'un adjectif ou d'un
complément quelconque. C'est pourquoi a«D (Prov., m, 12) est
ponctué avec ixro. On doit traduire : r^sn*' p n» aeoi « Comme un
père aimant son fils ». De môme û^n-inN 0*^733 (Ex., xv, 1(»), û-i"'5^i2)?
«wjn ■♦b5> (Deut., xxxii,2), à côté de bas, dy d"»n''nNb (Juges, v, 13),
à côté de û-^mnaa, etc.
En terminant, nous formulons les conclusions suivantes : Pour
tirer une déduction de la présence ou de Tabsence de l'article dans
un mot hébreu^ il faut voir premièrement dans quelle partie de la
Bible ce mot se trouve et quelle est sa position synlactique dans
la phrase. Ensuite^ il faut se rappeler que l'article ne peut être
considéré comme existant réellement, au moins en poésie, que s'il
est attesté par le texte consonantique.
Mayer Lambert.
^ Le mot )D"lb oit pins court, mais en prose la lonp^uenr oa la brièveté des mots
ne peut guère avoir d'influeuce sur l'emploi de Particle.
* M. K. suppose des influences phonétiques ; mais lesquelles ? Oa pourrait plutôt
•onger â la brièveté de THÛ et de y^H.
T. XXXVII, H® 74. 14
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^^f^nm^m^
» r_
NOTES EXEGETIQUES
SUR UN NOUVEAU FRAGMENT DE L'ORIGINAL HÉBREU
DE L'ECCLÉSIASTIQUE
En attendant Tapparition des nouveaux fragments hébreux de
TEcclésiastique, retrouvés si heureusement par M. Schechter et
que ce savant nous promet pour bientôt, nous voudrions présen-
ter quelques observations et conjectures sur les chapitres xlix,
12-L, 22, que notre excellent confrère de Cambridge a publiés,
avec traduction et notes critiques, dans la Jewlsh Quarterly Re^
vieto, 1898, p. 198 et suiv. On sait les difficultés qu'offre ce texte
ancien par suite du mauvais état de sa conservation et de Tobsca-
rité de la langue. Il ne faut donc pas craindre de descendre aux
minuties pour essayer d'atteindre à un sens à peu près exact. Il va
sans dire que les lignes qui suivent ne sont pas un commentaire
continu et que nous nous sommes interdit de reproduire les sa-
vantes remarques de notre confrère, que nous approuvons pour la
plupart.
1. — JusquMci tous les commentateurs étaient contraints
d'avouer leur impuissance à expliquer la finale du Panégyrique
des ancêtres. Après une revue rapide de l'Histoire sainte, qui
s'arrête à Néhémie, l'auteur, comme s'il se ravisait, revient en ar-
rière et célèbre les mérites des plus anciens personnages de la
Bible, Joseph, Sem, Seth, Enosch et Adam. Bien plus, il consacre
un nouveau paragraphe à Enoch, dont il a déjà mentionné les mé-
rites et la mort miraculeuse. Or, le Siracide montre, surtout dans
ces derniers chapitres xliii-l, un trop grand souci de l'art de la
composition pour qu'on , puisse attribuer ce désordre apparent à
un pur caprice ou à une simple maladresse.
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T^
NOTES EXÉGÉTIQUES SUR L'ECCLÉSIASTIQUE 211
Ce couplet est ainsi conçu :
û-^^D npVî Kin dan ^iDTD "pôa Vj ^na trno 14
mp©3 irr^ia dai naa nbn: ta« tpTD 15
tai» rrwch ■'n te ban rrpsi^ «"ttïn nm tam 16
M. Schechtei; traduit ainsi ces vers :
44 Peu ont été créés sur la terre comme Enoch, *
Et lui aussi fut pris en dedans ;
45 Fut-il créé un homme comme Joseph?
Et son corps fut également visité.
46 Et Sem, Seth et Ënosch ont été honorés,
Et au-dessus de toute chose vivante fut la gloire d*Adam.
Le texte original ne résoudrait donc aucune des difficultés pen-
dantes. Qui plus est, il confirmerait la traduction consacrée du
dernier hémistiche, où Ton croyait deviner une altération, car, se
disait-on, pourquoi cet éloge d^Adam, que la Bible ne présente pas
sous des dehors aussi « glorieux « ?
Il serait impossible de rien comprendre à ce morceau si Ton ne
se rappelait un des procédés littéraires chers à Fauteur. Nous
croyons avoir démontré, et personne n'a protesté contre notre as*
sertion^ que Ben Sira a beaucoup de goût pour les reprises, qui
constituent son mode préféré de transition *. Il se trouve justement
que le morceau suivant de T'Ecclésiastique, qui fait reloge du
grand prêtre Simon, débute ainsi :
« Le plus grand parmi ses frères et la gloire de son peuple
Fut le pontife Simon, fils de Johanan *. »
Il est visible que le couplet précédent ne sert qu'à amener celui-
ci. S'il relève le nom des hommes célèbres par leurs vertus, comme
Joseph, Enoch, Sem et Seth, c*est pour leur comparer le grand
prêtre Simon, dont il va faire le portrait dithyrambique. Là-des-
sus, aucun doute possible.
Le dessein de l'auteur est accusé plus nettement encore par la
concordance entre on» nn»Dn et v^y n-^Dn, que nous ne tradui-
sons pas pour l'instant. Mais, si ce parallélisme est frappant, il faut
aussi reconnaître que "^n bs b^ « au-dessus de tout vivant » est
bien apparenté kvn» Vm < le plus grand parmi ses frères ».
^ Voiff Israël Lé^i, L'Ecclésiastique ou h Bagûssê ds Jésus, fils de Sira, p. xxv.
* Onias»
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212 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Conclasion, tnÀ ne doit pas se traduire par Adam, mais par
Vhomme ou les hommes^ et les deux hémistiches doivent ainsi se
rendre : « Au-dessus de tout vivant et gloire de Thumanité. Ainsi
le plus grand parmi ses frères et la gloire de son peuple. . . »
Cette traduction est encore exigée par la contexture de ces trois
versets, 14-16. Remarquez que chaque verset offre un balance-
ment :
« Peu ont été créés comme Enoch — aussi a-t-il élé enlevé. . .
Est-il né un homme semblable à Joseph —aussi ses ossements out-
ils été honorés. »
Vient le verset 16, qui procède à rebours :
« Sem, Seth et Enosch ont été honorés. »
Il faut donc que ce soit le second hémistiche qui fasse reloge de
ces personnages.
Et, en effet, d'eux il est dit qu*ils étaient :
« Au-dessus de tout vivant, la gloire de l'humanité •.
Cette interversion est due uniquement au désir de rattacher ces
mots à la suite.
2. — Quant au sens du mot npcs, qui revient deux fois dans ces
vers, à propos de la dépouille mortelle de Joseph et des trois
autres hommes supérieurs, il doit être le môme dans les deux cas.
La première pensée est de rattacher — comme Ta fait M. Sche-
chter — cette expression aux termes de l'Ecriture relatifs aux
restes du flls de Jacob : i?m 'TiMf^'S:^ n« ûrv^V^nr) taDn» npo*^ ipD
ta^riM <x Dieu vous visitera et vous emporterez d'ici mes ossements
avec vous. »
Nous admettrons ici, si Ton veut, une transposition d'image : ce
ne sont plus seulement les Israélites qui seront visités par Dieu,
mais les ossements du pieux patriarche. Il n'en restera pas moins
surprenant que ce verbe « être visité » soit rapporté également à
Sem, Seth et Enosch, dont la Genèse ne dit rien de semblable. Il
faut donc attribuer à ce mot un sens vague et élastique ; nous
croyons qu'il signifie ici : « être Tobjet d'une distinction^ ho-
noré » *.
Je traduirai donc ainsi ces quatre vers :
Peu ont été créés sur la terre qui fussent semblables à Enoch,
* Inutile donc de corriger *i1pS3 en 1*13^3, comme le veut M. Schechiar, d'aprèf
le grec é^o^à^Oriaav, le traducteur peut avoir trèa bien compria l'original.
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NOTES EXÉGÉTIQUES SUR L'ECCLÉSIASTIQUE 213
Aussi a-t-il été € enlevé » *. . .
Est-il né un homme comme Joseph ?
Aussi son corps a-t-il reçu des honneurs insignes.
Sem, Seth et finosch ont été distingués»
Parce qu'ils étaient au-dessus de tout vivant, la gloire de Thu-
manité.
Le plus grand [aussi] parmi ses frères, la gloire [aussi] de son
peuple,
Fut Siméon, fils d*Onias.
3. — J*aî laissé en blanc la fin du verset 14, ignorant le sens du
mot t3'«3D ou Terreur que cache cette ortho(;raphe. M. Schechter
croit que c*est peut-être l'équivalent de ta-^D^V ou de rn3'»3D a à Tin-
térieur ». L'auteur aurait voulu désigner par là l'endroit mysté-
rieux, le ciel, par exemple, où Dieu a dérobé Enoch aux regards
des mortels ». Cet « intérieur » serait, si l'on veut, l'intérieur de la
cour céleste. Mais cette interprétation suppose chez Ben Sira des
conceptions qui jureraient avec celles qu'il exprime très nette-
ment dans le restant de son ouvrage. A tant que faire de conserver
le texte, mieux vaudrait peut-être traduire ce mot par « face à
face », comme ts'^s&n û'^sd. Cela supposerait que l'auteur aurait
donné à nn», dans Genèse, v, 24 (imba^ in» npb ■»d) le sens de inç
« avec lui ». — Je ne crois pas, en tout cas, que le mot soit une
corruption ni de tr^iD « ciel », qui ne lui ressemble guère, ni de
ir3D73 « de devant nous ». — Le sens assurément est qu'Enoch a
eu l'honneur d'être enlevé vivant^ et Ben Sira oppose le sort
d'Enoch à celui de Joseph, dont c'est le cadavre qui a reçu une
distinction. Comment le mot D'^sd se rattache-t-il à l'idée de « vi-
vant », c'est ce qae je ne découvre pas.
Les versions ne nous sont d'aucun secours. Le grec rend ce mot
par oc de la terre », ce qui ne suppose pas du tout une lecture
y'^txaj mais révèle l'embarras du traducteur devant ce terme obs-
cur. C'est sans doute pour esquiver aussi la difficulté que le sy-
riaque a cru prudent de passer Thémistiche.
4. -^ Dans le morceau que nous venons d'examiner, le petit-flls
de l'auteur, que M. Lambert m'accuse d'avoir indignement ca-
lomnié, a commis de nouveau plusieurs bévues. Il rend ainsi le
dernier vers :
xai uTrèp :rav ^coov êv ty, XTi^rei 'A8a[JL.
* Allusion a Genèse, y, 24, qui figure déjà dans l'Ecclésiastique, lxiv, 17.
« Comme le Pseudo- Jonathan ; 't^ Dip ^ITa'^TSD «J'^plb p^îoi.
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zedbyGoOglje
214 REVUE BES ÉTUDES JUIVES
« Sem et Seth parmi les hommes ont éié honorés
Kt au-dessus de tout vivant dans la création^ Adam. »
Il a donc pris le mot WDfcn « et Eaosch » pour «i5«a * c parmi
les bommes »> et le nom commun bns^ « Thomme » ou « les
hommes » pour « Adam ». Pour mtxùiy nous aurions attendu le
grec xaux^nt*-» P*r lequel il rend d'ordinaire cfe nom (voir xlv, 8 ;
XLiv, 7&). Mais n'est-il pas curieux qu'au chap. xliii, 25 &, le tra-
ducteur rende pas le môme mot xT{<ric a création » un terme hébreu
qui ne le rappelle guère, nnnnaa. En ce passage aussi, d'ailleurs, xrt-
(Tiç suit iravTbç Çwou. Pourquoi cette traduction ici et là ? Ce ne peut
être ici une confusion de n^ifiwn avec Jr-iK-^nan ; là-bas non plus le
traducteur n^a pas lu herna pour m'maa «.
5. — Le wsyriaque de ce verset confirme une de nos hypothèses,
à savoir que Tauteur de cette version a revisé son œuvre sur le
grec. En effet, il traduit ainsi le premier hémistiche : Sem, Seth,
Ênosch parmi les hommes ont été créés. Il a donc bien lu tDi^M, à
la différence de G. ; mais il a ajouté «n5Nn qu'il trouvait en G.
6. — Parmi les actes d'utilité publique qui marquèrent l'espèce
de principat du grand prêtre Simon : restauration du temple, con-
solidation du fiékhal, creusement d'un réservoir dans la ville
sainte, construction d'une muraille, figure celui-ci :
wttrta ûa rr«fi^ mp» rro3 wna n««
Si le premier hémistiche se traduit aisément : « De son temps
fut creusé un réservoir », il n'en est pas de même du second, qui
sous sa forme actuelle est incompréhensible. Il faut donc, pour es-
sayer d'y voir clair, consulter les versions. S., comme il lui arrive
assez fréquemment, quand il est embarrassé, a passé l'hémistiche;
tout le verset est rendu par ces simples mots : il creusa une
source. G. met : ;^aXxbç a)(Te( OaXàdaYjç to irepf|i.eTpov. Ce texte est vi-
siblement corrompu ; traduit mot à mot, il signifierait : « airain
comme la mer [était] le périmètre ». Pour lui donner un sens, il
faudrait : 1* mettre le premier mot au génitif, 2<> supposer que,
contrairement à son habitude, le traducteur, ne suivant pas la con-
texture de l'original, a fait une inversion. On obtiendrait ainsi
cette phrase : « Comme la mer d'airain était le périmètre. » Heu-
reusement une variante nous dispense de recourir à cet expédient.
* Confusion plutôt auriculaire quVulaire ; voir d'autres exemples, plus frappaota
encore, dans notre Introduction, p. xliv.
* Remarquer que les LXX, Ps., lxxiv, 18, traduisent le mot nW • cela • par xotu-
TY); Tfic xTt9e(tfc 90U < ta création > , ou plutôt supposent ayant on après nfitT» rtndu
par TouTYi;, un autre mot répondant à « ta création ».
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NOTES EXÉGÉTIQUES SUR L'ECCLÉSIASTIQUE 215
Au lieu de /aXxbç, il faut lire Xaxxoç, « cavité, citerne, réservoir » :
f< une citerne comme la mer pour le périmètre ». S*appuyant sur
cette leçoû, M. Schechter corrige donc ainsi le texte hébreu : moM
i3i73na û^3. L'hypothèse est excellente , rp»« serait ici pour
nmD « fosse », ou, selon moi, un néologisme ayant le môme sens
quemrno.
Que signifie le dernier mot? M. Schechter le traduit par <c sa
grandeur ». Mais \ytin veut plutôt dire « abondance ». Pour justi-
fier cette traduction, il faudrait supposer que fauteur a pensé à
Isaïe, Lx, 5 : û"» iiïan y^'^y ^err •'D « car se tournera vers toi l'abon-
dance de la mer » ; mais là môme, comme le montre le parallé*
lisme de bn « armée », il s*agit « d'abondance » et non de « gran-
deur ». G. ne peut nous ôtre d*aucun secours, car il a pris
vraisemblablement inwr pour Tabréviation de a-^ao )vyn « tout au-
tour ». Je crois que ti^n a ici le môme sens que dans Ëcclés., v, 9,
iTTDna am« •'tt « qui aime la richesse, Targent ». L'auteur dirait
ainsi que c'est aux fixais du grand prôtre que fut exécuté le
travail.
1, — Verset 4 : tjnrro nn^b ^txrm « qui a pris des précautions
pour son peuple contre l'homme de proie ». — G., en mettant à la
fin àîTo TTroT^ercwç (et non ^Tt6<re(oç) « de la crainte », a montré qu'il a
lu nnnç^ peut-ôtre parce qu'il ne comprenait pas t|nn, qui ne se
trouve que dans Prov., xxiii, 28.
8. — Verset 5 : brrfina ima^na yrrû Txn « Qu'il était admirable
lorsqu'il. . . de la tente » !
TTPa^nn, dans l'hébreu biblique, signifierait : « lorsqu'il regar-
dait », ce qui va mal avec le contexte. Aussi M. Schechter y voit-
il une corruption de im^inn c lorsqu'il sortait ». Mais le verbe
rPA signifie plutôt « déborder, faire irruption » et se dit toujours
soit des choses, soit des multitudes *. En outre, et G. et S. ont lu
certainement déjà nrrawna. En effet, G. dit : h 7CBpi(rcpo^7| = èni<r-
Tpo^i^ « attention, sollicitude ». Si S. semble donner raison à la con*
jecture de M. Schechter, en mettant <i lorsqu'il sortait » dans le
premier hémistiche, ce n'est qu'en apparence. En réalité, il inter'^
vertit les verbes des deux membres de phrase, et comme ce n'est
pas in»atn « lor^squ'il sortait », dont le sens est indubitable, qui a
pu donner lieu à la traduction « quand il gouvernait», il faut né-
cessairement que cette traduction se rapporte au premier verbe.
Ici donc, d'après G. et S., l'hébreu rri^Wi aurait la signi-
fication moderne de providere. Les deux traducteurs ont proba-
blement raison, et l'auteur aura voulu de nouveau relier deux
^ Je laisse de côté "^m, de Ps., zxu, 10, qui est obscur.
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216 REVUE DES ETUDES JUIVES
paragraphes par une transition : Simon était donc ainsi admirable
quand, de sa tente, du fond du sanctuaire, il présidait à Tadminis-
tration du pays ; mais il ne l'était pas moins quand il sortait de
Tenceinte dérobée par le voile.
9. — Verset 6 : ù-^ny 1^:112 "n« arjiDD. G., suivi par M. Schechter,
traduit : « Comme Tétoile du matin du milieu des nuées ». Il vaut
mieux prendre lifi( pour un verbe : « Comme uue étoile qui luit
au milieu des nuées ».
10. — Verset 9 b. Le texte, paraît-il, est altéré et on ne lit dis-
tinctement, à la an, que b'^ia. fit. M. Schechter serait disposé à lire
b^ûW), mot qui n'existe pas en hébreu. Ne serait-ce pas i^a» (Job,
XL, 18), qui serait ici employé avec l'or comme il Test avec le fer
dans Job.
11. —Verset 10 & : ci5:> ïTin» 1ï3« "j^Di « Et comme un arbre à
huile qui enivre [ses] branches ». L'image n'est pas des plus
belles ; tr»"itt « qui élève » serait moins étrange peut-être. Or, G. a
précisément considéré le participe comme s'il appartenait à la ra-
cine tiD l x,a\ ùiç xuTcctpiffcroç 6rj^ou[JLév7j èv vecpeXatç a Et COmme un cy-
près s'élevant dans les nuées ». Il a donc lu û^Qvn». — Quant au
mot tpy « branche », il l'a pris pour \':y « nuée ».
12. — Verset 11 : n-wDn -n^in lujnbnm TiaD -^naa nma^a « Lorsqu'il
se parait de vêtements de gloire, et s'habillait de vêtements de
magniâcence ». On est tent<^ de voir dans le second "^n^in c vête-
ments » une inadvertance d'un copiste, d'autant plus que G. tra-
duit ce mot comme s'il y avait V-^te, auvxéXeiav. Mais S. montre
qu'il y avait bien le même mot dans les deux hémistiches, car il
se sert dans l'un et dans l'autre du terme "«sfios. Si G. ne l'imite
pas, c'est parce qu'il se laisse guider par le souvenir de xlv, 8,
d'autant plus que, là-bas aussi, avec le substantif est employé le
verbe «dnb. Nous avons relevé plusieurs exemples de ce procédé ^
13. — Verset 11 d : ©npïa miy ntn « Il faisait resplendir le parvis
du sanctuaire. » G. traduit ici mr^ par icepi^oXi^ « enceinte, mur ».
C'est du même mot qu'il s'était servi pour rendre ï"W3 au verset
2b. A-t-il pris l'un de ces noms pour l'autre, et a-t-il la en 2b
TWD? (M. .Schechter suppose précisément qu'en 2^ il y avait peut-
être T"W3?) Cette dernière conjecture serait corroborée par S., qui
a pris ici rnT^ pour le mot iy ou tv» « force », d'où «Dpm. — A
ce propos je rappellerai, comme une curiosité, le texte de xl,26 d :
Ï-.» îTW «pab l'^fin. M. Bâcher a proposé de lire 1:^73 pour répondre
à G. et S. . « secours ». Or, l'état du ms. s'accorderait bien
mieux avec y^ya. Là aussi le copiste aurait-il écrit X^yn pour tws?
i Voir notre Inlroduclion, p. xlv.
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'M
NOTES EXÉGÉTIQUES SUR L'ECCLÉSIASTIQUE 217
Il aurait ainsi imité celui de ses prédécessenrs à qui nous devons
le texte des Psaumes. Au cliap. lxxi, 3, se lit cette phrase : n*^
^3y»)z)Tnb o.1t:^ "rab '^b « Sois-moi un rocher de demeure pour
me sauver. » Il est bien évident que \vn « demeure » est mis
ici pour TV» « forteresse, force » ; c'est la leçon, d'ailleurs, qu'ont
conservée certains mss. hébreux au témoignage de Norzi (r-in3!Q
•nDj.Les LXX, qui traduisent nn^ par « Dieu », rendent aussi *\xm
par « protecteur », ce qui suppose la lecture 'wm. Mais, bien
plus, le texte biblique montre lui-môme qu'il doit en être ainsi.
En effet, les quatre premiers versets du psaume lxxi sont la re-
production textuelle des quatre premiers versets du psaume xxxi,
et là le verset 3 porte : •^a^iDinb ...TVtî m^b <b ïr^n*. Les LXX tra-
duisent ces mots exactement de la même façon que lxxi, 3. Une
confusion analogue a dû avoir lieu dans le Ps., ex, 1, n-»tT 1V!Q
13b, où les LXX ont lu également tv73, exigé par le sens *.
Israël Lévi.
» Les mots intermédiaires, dans Ps., lxxi, 3, •»3y^TDinb ro^'Z T»Wn Ninb, qui
s'expliquent très difficilement, deviennent irès clairs si on les rapproche de ceux qui
y correspondent dans xxi, 3 : "^syïttJinb nm^D n'>ab.
* Qraetz, dans son Commentaire sur les Psaumes, a déjà indiqué ces deux cor-
rections.
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NOOVEAOX DOCCMENTS RELATIFS kU JOIPS D'EGYPTE
Nous avons déjà, à plusieurs reprises, entretenu nos lecteurs de
renseignements concernant les Juifs, contenus dans des papyrus
grecs de provenance égyptienne. Sans prétendre dresser une liste
limitative des documents de ce genre, énumërons ici ceux qui,
à notre connaissance, ont été signalés jusqu'à présent :
1. Papyrus du Louvre, n*» 2376 bis. Un fragment se trouve à
Londres. Un fragment d*une rédaction abrégée du môme document
est à Berlin (n» 341).
Publications. Fragment de Londres : Forshall, Description of
the greek papyri in4he British Muséum (1839), n» 43. Kenyon,
Greek papyri in the Br, Muséum, I (1893), n« 1. — Fragments de
Paris : Brunet de Presle, Notices et extraits des manuscrits^
tome XVIII, 2« partie (1865), p. 383, suiv., n» 68, et Planches,
n* XL VI. — Wilcken, dans Hermès, XXVII (1892), p. 464 suiv. —
Th. Reinach, dans Revue des Études juives, XXVII (1893), p. 70
suiv. et dans Textes d'auteurs grecs et romains relatifs au
judaïsme (1895), p. 218 suiv. ~ Fragment de Berlin : Krebs dans
jEgypiische Urkundefi,.. zu Berlin, I, n« 341; Wilcken dans
Hermès, XXX (1895), p. 482 suiv.
Des Grecs d'Alexandrie (Paul, Antonin, Théon?) sont traduits
devant le tribunal d'un empereur sous l'accusation de violences
contre les Juifs. Ils prétendent, pour se justifier, n'avoir fait
qu'exécuter les ordres du préfet Lupus dirigés contre un « roi de
mascarade ». Une délégation juive contredit leurs assertions. —
L'empereur est probablement Hadrien. L'objection principale
faite à cette attribution tombe devant la remarque que M. Ruti-
lius Lupus, sous qui éclata, à la fin du règne de Trajan, la grande
insurrection juive d'Egypte, était encore en fonction au début du
règne d'Hadrien : Q. Marcius Turbo fut chargé d'une mission
exclusivement militaire. Mais le « roi de mascarade » ne doit pas
être identifié avec André-Loucouas, roi des insurgés de Cyrène; il
parait s'être appelé Anthimos.
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NOUVEAUX DOCUMENTS RELATIFS AUX JUIFS D'EGYPTE Î19
2. Papyrus de Berlin, n<» 511, et Pap3rru8 deOizeh, n* XXXI,
132. Deux fragments d*un môme ensemble.
Publications. Fragment de Berlin : Wilcken, jEgyvtische
Urhunden... zu Berlin, II, n« 511, et dans Hermès, XXX (1895),
p. 485 suiv. — Fragment de Gizeh, combiné avec celui de Berlin :
Th. Reinach, Revue des Études juives, XXXI (1895). p. 161
suiv. Cf. encore Wilcken dans Berliner phUologische Wochen-
schrift, 1896, col. 1617, et 1897, col. 410; Th. Reinach, dans
Revue, XXXn, 160; XXXIV, 296.
Procès-verbal de deux délibérations du consilium de l'empereur
Claude. Il s'agit d'accusations réciproques portées par Agrippa I«%
roi des Juifs, et deux agitateurs alexandrins, le gymnasiarque
Isidoros et Lampon (bien connus par Philon, In Flaccum, c. 4 et
15-17). Ces deux derniers ont été condamnés à mort. Dans la pre-
mière séance, qui se passe hors de la présence des parties, un
sénateur Tarquinius intervient en faveur des Alexandrins. Dans la
seconde, qjii paraît avoir pour théâtre les fforti[Servi]Uani, nous
assistons à un dialogue entre Claude et Isidoros, où ce dernier
profère contre l'empereur les discours les plus outrageants.
3. Papyrus de Berlin, n* 588.
Publication : Krebs dans jEgyptische Urhunden... zu Berlin^
II (1896-8), no 588.
Petit fragment provenant du Fayoum et qui parait être Textrait
d*un protocole analogue aux précédents, probablement du \^^ siècle.
La dixième et dernière ligne est; ainsi conçue : 'AXe^] avSpeti; ^aat-
Xeù< *Poj|jLai(i>v.
4. Papyrus du British Muséum, n" 639. Thébaïde.
Publication : Grenfell, An alexandrian erotic fragment and
olher greeh papyri chiefly Ptolemaic (Oxford, 1896), n* XLIII,
p. 75.
« Ménon à son frère Hermokratès, salut. Si tu te portes bien
(tant mieux), nous allons bien, moi-même, Aphrodisia^ sa lille, la
jeune esclave Pt la fille de celle-ci. Je t'ai écrit quelnotre jument
(est malade??) et que nous Ta vous mise (en p(>nsion ?) chez un Juif
du nom de AavoouXoç (Daniel?). Comme il ne nous afpas rendu la
jument et ne nous a pas payé en plus (??) ses frai» de transport
(?? Tcopeiav), nous te Pavons écrit pour que tu le saches. Porte-toi
bien. (P. S.) Ta feras bien d'acheter deux statères de pourpre
pour moi et deux pour Aphrodisia. i»
ô. Papyrus du Fayoum [k de Mahaffy).
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220 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Je ne connais ce fragment que par une note de Mahafly dans
VAihenœum, 1«' juin 1895, n? 3527, p. 712-3 (reproduite dans
Willrich, Juden und Oriechen vor der makhabàischen Brhe-
bung, 1895, p. 152) et par un article de Schùrer [Theol. LUera-
turz.^ 1896, p. 522), auquel Grenfell en a communiqué un déchif-
frement provisoire. Au recto du papyrus (qui provient d'un
cartonnage de momie et parait dater du ii^' siècle av. J.-C.) on ne
lit que Tûv Tze^x 2:a(jLapciav (village connu du Fayoum). Au verso,
abstraction faite des chiffres :
Ta Xoyia a...$ia nToXe|i.aio[u]
0eo8oTOç AXeÇavSpou 0eo8oT[ou]
©eoSwpa AeovTiç (?) Maptou
0eo{iLV7i(yTOç [Aj^aiôeou 0eo$a)pou
MedopTj a
Saêêaôiov ApicrriTCTcou laxouêtoç
Saêêaôiov Saêêaiou 8(= Tou?) xai Mapiou
AoxriOea 0eoBoTou 0eoS(Dpcu
Mahaffy voyait dans (Ta^gaOïov = (yoêgareTov la mention d'une sy-
nagogue énumérée parmi des contribuables ; avec plus de vrai-
semblance Schùrer y voit un nom de femme (cp. Tàriov à Phocée).
En tout cas, le nom est bien juif.
Cette intéressante série, probablement incomplète, vient de
s'enrichir de plusieurs pièces nouvelles. Nous les trouvons dans le
premier volume, récemment paru (1898), des Oxyrhynchus papyri
de MM. Grenfell et Hunt. On sait que la petite ville morte d'Oxy-
rhynchus (Behneseh)^ située à Touestdu Nil, à la lisière du désert,
a été le théâtre, il y a quelques années, d'une trouvaille capitale :
des monticules, recouverts depuis longtemps par le sable du désert,
ont été éventrés par les explorateurs anglais ; on y a découvert, en
quelque sorte, les « corbeilles de but*eau », déversées là pendant
quatre ou cinq siècles, de cette petite ville provinciale. Fragments
d'auteurs classiques, pièces d'archives, documents judiciaires,
administratifs, financiers, fragments de comptes, correspondances
privées, tout s'y trouve pôle-méle et tout cela sera, peu à peu,
trié, déchiffré, publié par les soins des deux scholars^ dont le zèle
laborieux et savant égale le bonheur. Tous les papyrus sont
d'époque romaine ou byzantine; ils complètent donc de la manière
la plus heureuse les précédentes publications de M. Grenfell, qui
concernaient surtout la période ptolémaïque.
Oxyrhynchus parait avoir possédé une communauté juive assez
importante. En effet, une rue de la ville portait, comme dans nos
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NOUVEAUX DOCUMENTS RELATIFS AUX JUIFS D'EGYPTE 221
villes du moyen âge, le nom de rue Judaïque. Nous en avons la
preuve dans le papyrus n^ 100 (p. 163), qui est une déclaration de
vente faite devant les édiles par un certain M. Antonius Dius. Dius
a vendu quatre vici (pe^xouç) détachés des terrains à bâtir qu*il
possédait dans le quartier Cretois et dans la rue Judaïque, à^rb t(5v
ÙTcap^^ovTwv jiLot Itz' àu.?pc5Sou * Kp7|Tixou xat louSaixTj; XotTrwv tj/eiXwv
T^iccDv pefxouç T£(T<rapaç (l. 8-10). Il faut devant 'louSaixTiç évidem-
ment sous-entendre ^u[iLir) ou oZ6ç.
Cette communauté juive a dû plus tard se convertir en partie au
christianisme ; mais les descendants de ces Juifs convertis pa-
raissent avoir conservé, par tradition, des noms hébraïques. Le
papyrus n<> 131, du vi« siècle, est une pétition, au sujet d'une que-
relle d*héritage, adressée par un certain Sousneus à un haut
fonctionnaire. Les noms mentionnés dans ce document ont
presque tous une physionomie hébraïque prononcée. La mère
du pétitionnaire et de ses frères s'appelait 'Ia)...pà<p7i (1. 6),
son plus jeune frère David, Aaue^T (l. 7, etc.), sa sœur aînée
*£Xi<rQl€6T (1. 25). Cependant les sigaes de croix semés dans la
lettre semblent indiquer que Fauteur est chrétien. Les éditeurs
anglais, approuvés par M. de Wilamowitz, en ont conclu qu'il
s^agit de descendants de Juifs convertis. Cette conclusion est
probable, mais non certaine, car les noms juifs étaient fort en
usage dans l'Egypte chrétienne des iv«-vi« siècles ; dans notre do-
cument même il est question d'un certain magistrat appelé Abra-
ham ('AêpaxjjLioç), qui ne paraît pas faire partie de la famille liti-
gante. Quant au « style hébraïsant» relevé par les éditeurs, je crois
que c'est une illusion d'optique.
Les Juifs d'Oxyrhynchus paraissent avoir eu accès aux em-
plois municipaux. Le papyrus n«» 43 verso (p. 96 suiv.) ren-
ferme une liste des << gardiens de la paix » préposés aux diffé-
rents quartiers de la ville. Parmi les gardiens du temple de Sérapis
figure (col. II, 13) un certain Jacob, fils d'Achille, 'laxwp 'A^tX-
Xéwç. Le papyrus est de Pan 300 environ ; à cette époque Oxyrhyn-
chus ne devait guère renfermer de chrétiens. Jacob est donc pro-
bablement un Juif. Un Juif gardien d'un temple ^yptien, dans une
ville gréco-romaine, voilà une combinaison assez piquante.
L'existence de cette communauté juive d'Oxyrhynchus explique
peut-être la conservation, dans les archives de cette ville, d'un
très curieux document (n* 33, verso), qui paraît se rattacher à la
série des papyrus relatifs aux querelles entre Juifs et Grecs
*■ Le sens véritable de ce mot (à(xq>oSov) est quartier^ non ru9 ou carrtfowr. Cf.
Ckronieon Aleœandrinum^ p. 254 a, où est rapportée la division de la ville de Jé-
rusalem en sept 4|&90^.
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222 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
d*Alexandrie (papyrus de Claude et d'Hadrien). M. Henri Weil et
M. Adolf Deissmann ont reconnu en môme temps et indépendam-
ment Tun et i*autre * ie véritable caractère de ce document. G*est
l'extrait d'un procès-verbal ofâciel, qui relatait la comparatioo»
devant Tempereur Commode, à Rome, d'un agitateur et gymna-
siarque alexandrin, nommé Appianos >. Successeur et émule des
fameux démagogues Isidoros et Lampon, dont il se réclame, H
égale s^il ne dépasse pas Tinsolence de leur langage envers Tem-
pereur. La pièce est si caractéristique que nous croyons devoir la
mettre entièrement sous les yeux de nos lecteurs.
Le papyrus, incomplet au début, nous transporte in niediM r€S.
Appianos vient d'être condamné à mort par Tempereur, on va
remmener au supplice. Le condamné a se retourne et apercevant
(parmi les assistants) Héliodoros*, il dit : « Héliodoros, on m'em-
mène et tu ne dis rien? » Héliodoros répond : « A quoi bon parler
puisqu'il n*y a personne pour nous entendre ? Va, mon fils, va
mourir. C'est une gloire pour toi de mourir pour ta très douce
patrie ; ne lutte pas^. . . » L'empereur le rappela. L'empereur dit :
« Sais-tu maintenant à qui tu parles? » Appianos : « Je le sais;
Appianos parle à un tyran. » L'empereur : « Non, mais à un
roi ^. » Appianos : <x Ne parle pas ainsi. Ton père Antonin * avait le
droit de faire l'empereur. Ecoute : d^abord il était philosophe,
en second lieu désintéressé, en troisième lieu ami du bien; toi, ta
as tous les défauts contraires, tyrannie, indifférence au bien, igno-
rance. » César ordonna de l'emmener ; Appianos, pendant qu*on
l'emmène, dit : « Accorde-moi cette faveur, seigneur César. »
L'empereur : « Laquelle ? » Appianos : « Ordonne qtt*on m'em-
mène revêtu de toute ma dignité. » L'empereur : « Soit. » Appia-
nos, prenant la bandelette, la noua autour de sa tête, chaussa ses
pieds du phaicasion ^ et s'écria au milieu de Rome : « Accourez
tous, Romains, venez voir un gymnasiarque perpétuel (?) », un en-
> H. Weil, Revue des études grecques^ XI (1898), p. 243 suiv.; Ad. Deissmann,
Tkeologiscke Lùeraturuitung, 1898 (n" 23), col. 603 suiv.
* Pour prévenir toute confusion , disons tout de suite qu'il est impossible
d'identifier ce personnage avec l'historien Appien, également natif d'Alexandrie et
qui y occupa de hautes dignités ; Appien était déjà un vieillard sous Antonin le
Pieux (Fronton, epist. 9) ; notre Appianos est encore dans la force de l'ftge sous Com-
mode ; mais les deux personnages pourraient, a la rigueur, être de la môme Camille,
* Sans doute un délégué influent des Alexandrins. Grenfell veut reconnaître Avi-
dius Heliodorus, préfet d'Egypte en 143 (Dion, LXXl, 22).
* Cf. papyrus de Claude, col. 1, 1. 5-7 : ei] (uv uicep [icarpiSo;... r^yw] viÇwo...
" BoatXel. De bonne heure en pays de langue grecque les empereurs ont reçu ce
nom. Cf. suprà pap., n» 3 (Berol. 588).
* Marc Aurèle, comme le prouve la suite. Son nom officiel était Antoninus.
^ Chaussure particulière aux gymnasiarques. Plutarque, Atare Antoine^ c 33.
^ ëva àV alûvoc àtcaY^l^evov YV(j.va<riapxov. Le sens de Texpression àttf alâ(vo< est
douteux.
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NOUVEAUX DOCUMENTS RELATIFS AUX JUIFS D'EGYPTE 223
Toyé des Alexandrins emmené au sapplice. » Le garde du corps,
accourant aussitôt, s'approche du prince et dit : a Seigneur, as-
sieds-toi ; les Romains grondent. » L'empereur : « A quel pro-
pos?» Le consul :a Parce qu'on emmène l'Alexandrin au sup-
plice. » L empereur : * Qu'on aille le chercher. » Appianos
rentrant dit : « Qui donc, lorsque je saluais déjà mon second en-
fer (?) * et ceux qui sont morts avant moi, Théon, Isidoros, Lam-
pon, qui donc m'a fait revenir? Est-ce le sénat ou toi, chef de bri-
gands ? 0 L^empereur : « Appianos, nous aussi nous avons coutume
de ramener à la raison les fous et les égarés ; tu ne parles qu'au-
tant que je te permets de parler. » Appianos : « J'en jure par ta
Fortune, je ne suis ni fou ni égaré, mais je proteste au nom de
ma dignité et de ce qui me revient. » L'empereur : « Comment
cela ? » Appianos : a Parce que je suis noble et gymnasiarque. »
L'empereur : « Prétends- tu que je ne sois pas noble? » Appianos :
« Cela, je n'en sais rien ; mais je proclame ma propre noblesse et
ce qui m'est dû (?) » L'empereur : « Ne sais-tu pas (que je suis ton
roi(?)» » Appianos : « Quant à cela, je te démontrerai que tu es
dans Terreur'. D'aborJ César sauva Cléopâtre; ensuite (celle-ci ?)
s'empara du royaume et, suivant ce que disent quelques-uns, prêta
de l'argent (à César. . .) * »
Et c'est sur cette leçon d'histoire tronquée que s'arrête notre
fragment. Il n'est pas douteux que Tlsidoros et le Lampon, men-
tionnés par Appianos comme ses précurseurs dans le martyre, ne
soient les mêmes agitateurs que nous connaissions depuis long-
temps par Philon et que nous avons retrouvés dans le papyrus de
Claude. Quant à Théon, son identification est plus douteuse.
L'ordre dans lequel il est mentionné ici semble indiquer que son
supplice a précédé ceux dlsidoros et de Lampon'. Or^ dans un pas-
sage très mutilé du papyrus de Claude et que j'ai restitué na-
guère à grand renfort de points d'interrogation, on lit (col. II,
L 16, suiv.).
KXauôid; Kai[<rap . . .
xara tou e[JLOu. . .
[JLOU 8uO (piX[0UÇ
0e(Dva eÇv^Y'^iKv
' TÔv ^utepov Itou f 5yiv Tcpoaxvvouvra. Il avait donc déjà une fois yu de près le
supplice ?
« Je restitue vûv oOx oîôot; ôti [— paexiXeî; èffjjiiv ;]
' Les suppléments de Grenfell, toOto |x[èv el àXYiBû; oOx o!]Sa< ne me paraissent
pas admissibles.
* Restitution douteuse.
' C'est pourquoi je ne puis approuver la conjecture de Deissmann, qui le reconnaît
dans le Théon du papyrus d'Hadrien, 1, 3, etc.
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22A REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Il n'est pas impossible que cet « exégète » Théon — Texégète
était un haut magistrat alexandrin, revêtu de la pourpre — soit
le Théon qu'Appianos énumère parmi les anciennes et illustres vic-
times <}u despotisme impérial qu'il va rejoindre dans l'Hadès.
Le nom des Juifs n'est pas prononcé dans notre papyrus ; nous
ne pouvons donc pas affirmer que le supplice du gymnasiarque
Appianos se rattache à une querelle entre Juifs et Grecs; pour-
tant la mention d'Isidoros et de Lampon donne quelque vraisem-
blance à cette induction. En tout cas, notre papyrus mérite de
prendre place dans la série des documents intéressant l'histoire
juive, par cela seul qu'il nous apprend qulsidoros et Lampon
furent non seulement condamnés à mort, mais effectivement
exécutés.
Quant aux hypothèses qu'on peut former sur la nature et l'objet
du recueil historique dont paraissent avoir fait partie les trois
procès-verbaux de Claude, d'Hadrien et de Commode, nous en fe-
rons volontiers bon marché et nous renverrons là-dessus le lecteur
à Tarticle da M. Deissmann. Ce savant propose de reconnaître dans
le recueil présumé une compilation née vers Tan 200 au sein de la
juiverie d'Alexandrie, une sorte à*historia calamiiafum de cette .
communauté, contemporaine et rivale des premiers martyrologes
chrétiens; il croit à la sincérité des protocoles insérés comme
pièces justificatives dans ce recueil, tout en laissant entendre que
le rédacteur a bien pu accentuer un peu l'insolence des anti-
sémites alexandrins, pour les noircir aux yeux des autorités im-
périales. Ces conjectures sont ingénieuses; nous ne les croyons
pas probantes; le caractère judéophile de la compilation en ques-
tion nous parait môme infiniment douteux. Martyrologe pour
martyrologe, nous y verrions plutôt celui des gymnasiarques
d'Alexandrie, et, puisque Phistoire recommence toujours, c'est
au maire révoqué d'Alger ; non au grand rabbin de cette mal-
heureuse communauté, qu'il conviendrait d'en dédier une édi-
tion nouvelle.
Théodore Reinagh.
Post-Scriptum, — En parcourant le premier volume du cata-
logue des papyrus du Musée Britannique, publié par M. Eenyon en
1893, j'y trouve deux autres mentions de Juifs, provenant toutes
deux du Fayoum. Le pap. 113, 7 (p. 215), du vi* ou vu* siècle
de l'ère chrétienne, renferme une reconnaissance de paiement an-
ticipé adressée à Gérontios, intendant (xapTouXapioç) du général
Théodose^ par deux individus appelés Aurélius Abraham, fils de
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NOUVEAUX DOCUMENTS RELATIFS AUX JUIFS D'EGYPTE 225
LéTi, et Aarélius Amoun, fils de David (Aup7|Xioc ASpaajjLioç utoç Aonr^u
xflcc AfÀouv uioç AauiT]. marchands de foin. Quoique le document soit
encadré, suivant l'usage, de signes de croix, les noms des ven-
deurs ont bien un cachet Israélite ; la transcription Aa-r^u pour
Aeui, qui revient trois fois, est curieuse.
Dans le n? 113, 11 (p. 223), la présence d^un contractant juif est
encore plus certaine. C'est un échange de vinaigre contre du moût,
conclu entre ApoUos « tête d'épongé * du village des Arabes, pro-
vince d'Arsinoé, et <k l'hébreu Abraham, fils de Théodotos » : eyw
A'3coXX(i>ç uioç AvTwviou ff7coYYOXÊ(paXoç, «tto xcojjlt^ç Apa6a)v tou Apai-
voiTOu vojJLOu, 901 AêpafiLta) Ëêpeico ui<o 0eoSoTOu ocko ttjç ApaivoiTcov
xoXe<i)ç, etc. Le document est du vi» ou du vii" siècle. N'oublions
pas que le gaon Saadia naquit au Fayoum à la fin du neuvième.
Enfin je dois signaler — ou rappeler — à nos lecteurs l'ingé-
nieux article de la Revue de Philologie (1898, XXII, p. 18 suiv.)
où M. Nicole a reconnu dans un lambeau de papyrus de la collec-
tion Boissier de Genève l'extrait d'une ordonnance d*Aulus Avil-
lius Flaccus, préfet d'Egypte, rendue l'an 21 de Tibère (34 après
J.-C). Les dernières lignes lisibles paraissent interdire, sous
peine de mort, le port des armes (fiiaxatpocpopav) ; M. Nicole rap-
proche de ces lignes lec. 11 de Vin Flaccum de Philon, où il est
question de mesures de ce genre prises contre les Egyptiens et les
Juifs.
T. R.
T. XXXVII, MO 74. M
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LA VERSION ARA6É: ET LE COMSlENTÀIïtE bES PROVERBES 227
Suffisent pas à S. ; il les élargit, les développé. Ainsi vi, 6-11, hoas
enseigne que nous devons imiter Tapplication de la fourmi; S. ajoiité
que Tabeille nous ofifre le même exemple, et puis, les fourmis lïûus
apprennent encore ce que vaut Tunion, puisqu'elles travaillent
ensemble sans avoir de chef. 11 reconnaît de nouveau la qualité
des abeilles lorsqu'il mentionne leur art de bâtir à côté de celui des
gerboises (xxx, 26). Quelquefois le commentaire peut passer pour
une correction tacite. Si les Proverbe^ comparent la sagesse au miel
(XVI, 24; xxrv, 13, 14), S., rappelant la sentence des Psaumes
(xix, 11), remarque que la sagesse surpasse le miel le pltfs( pur.
En ajoutant ainsi ses propres idées à celles des Proverbes, S. nous
fait connaître dans sa traduction et ses commentaires une grande
partie de ses opinions, de ses tendances, de son individualité.
Le commentaire poursuit surtout un but moral et religieux.
Beaucoup de proverbes traitent de la diligence, de la prudence, de
l'économie, de l'avarice, de l'ivresse, etc. D'ordinaire, S. ne S'ar-
rête pas au sens immédiat de ces versets, il les élève à une hau-
teur religieuse, dans la sphère du divin. A toute occasion, il fait in-
tervenir Dieu, comme celui qui agit, qui possède, qui règne. Si
le désir des justes est réalisé (x, 24), c'est Dieu qui le réalise ;
si l'homme est récompensé selon l'œuvre je ses mains (xii, 14),
la version rappelle que c'est Dieu qui récompense. Le pauvre n'a
pas entendu la réprimande (xiii, 8), c'est-à-dire le vrai pauvre est
celui qui n'entend pas la réprimande de Dieu. Celui-là périt qui dé-
daigne sa voie (xix, 16); c'est-à-dire la voie de Dieu. Il y a môme
un verset que S. met dans la bouche de Dieu, lui faisant dire : « Ce-
lui qui apprend à l'hommiBà m'obéir, trouvera de la faveur... »
(xxviii, 23).
Sans doute, pris à la lettre, chaque verset ne comporte pas
d'interprétation religieuse. Mais S. suppose qu'à côté du sens lit-
téral hn«à 'hy]^ il y en a un intérieur (pNa '<by) ; ce qui lui per-
met d'introduire partout la religion et la morale. Les Proverbes
disent qu'il est dangereux de s'engager pour les dettes d'autrui
(vi, 1-5); mais, ajouté S., il est beaucoup plus important encore
de s'engager à suivre les préceptes divins et à s'écarter du mal.
Lé paresseux blâmé si souvent est celui qui néglige la religion
aussi bien que celui qui néglige ses aâaires ^
Une question que S. se pose souvent, c'est de savoir si les ar-
rêts prononcés par Dieu sont appliqués dans ce monde-ci ou dans
l'autre. L'autre monde, S. le reconnaît dansi plusieurs termes du
' Lâs exemples d'une interprétation double sont excessivement nombreux. En
voici queiqués-uiïs^: v, 15-20 ; viii, 32-36 ; x, 12; xiu, 17 ; xv, 17; xvii, 13 ; xix,
29 ; xz, 29 ; xxz, 8 ; xxii, 3, 24 ; zxvi, 23 ; xxtu, 6, 7, 18 ; xxyiii, 25 ; xxix, 9.
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228 REVUE DES ËTUDES JUIVES
texte, comme îièw, nr© (i, 27), rron (vi, 34), ma^ dv (xi, 4) mnrw
(xxiv, 14, 20), qui rappellent la vie d'outre-tombe ou te jour de la
résurrection ^
FIDÉLITÉ JL LA TRADITION.
Le commentaire de S. défend la tradition de parti pris. Le Gaon la
reconnaît déjà dans un terme biblique. Ainsi, il rend movi partout
par rrpt*, doctrine de la tradition (Derenbourg, Isaïe, xxviii, 29).
Pour lui, c'est cette doctrine qui assare une récompense aux justes
(il, 7), qui est le principe dont il ne faut pas s'écarter (m, 21), la
fille de la sagesse (viii, 14); celui qui s'en détache n'est qu'une vic-
time de sa passion (xviii, 1). 11 est à remarquer que cette interpré-
tation atteste Tinfluence aggadique ; elle rappelle Sanhédrin,2(^ b :
mon» i^-^ïTO ■'SDtt îrmDin (scii. rrrin biD) nttiD Nnpj ïrob \m Y«
r<"T ,pu5n "^aDTa ■^NiDna rons^D monn ^n» nm /tan» bo nmD
•ûïT^b3^ t-imttîtt dbvïTO nmn ?td d'^'ian,
S. voit aussi dans toute une série de versets (xxx, 10, 17) une
apologie de la tradition, a Ne calomnie pas le serviteur auprès de
son maître », veut dire : n'accuse pas ceux qui ont transmis la tra-
dition de l'avoir altérée. « La génération qui maudit son père »,
ce sont ceux qui abandonnent la tradition ; dans leur incrédulité
ils finissent par enfreindre les prescriptions de la raison même et
par devenir victimes du néant, de Valouqa.
Enfin, S. considère comme un argument en faveur de la tradi-
tion les mots mis en tète du xxv« chapitre : « Ceci fait égale-
ment partie des Proverbes de Saiomon qu'ont transmis les gens
d'Ezéchias, roi de Juda, » C'est là, selon lui, une preuve que nos an-
cêtres ont gardé beaucoup de choses sans les consigner par écrit.
C'est ainsi que ces sentences de Saiomon, conservées d*abord orale-
ment, ont ensuite été mises par écrit, puis rédigées par des gens
d'Ezéchias. De même, Jérémie (xvii, 22) nous apprend que Dieu
avait déjà ordonné aux: Israélites en Egypte de ne pas porter de
fardeau le jour du sabbat. Du reste, nos ancêtres étaient persua-
dés qu'il y a bien des lois d'origine mosaïque qui n'ont été con-
*■ Od peut y supposer riofluence du Talmud, qui lUribae i ïlll^ une significa-
tion pareille : U^TV^^ tnhtH TTl^y l'^M (Baba Batra, 10 by et les passages parallèles).
■ Isaïe, XXVIII, 29; Job, y, 12 ; vi, 13 ; xi, 6 ; xii, 16 ; xxvi, 3; xxx. 22 ; Prov.,
II, 7 ; m, 21 ; viu, 14; ivni, 1 ; Mich., vi, 9, n'est pas à notre portée.
* rPU)in a le môme sens dans le passage de Nazîr^ 23 &, et fforayot, 10 6. Ibn
Bzra donne a ce mot la môme signification : Lév., xviii, 22, rpU^inn "^IDSM désigne
ceux qui ont développé la tradition ; mais il entend aussi par ÏTlDin la métaphj-
flique ; voir Bâcher, Èinleitumg^ p. 6S, note.
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 229
signées par écrit que dans la Mischna et la Guemara. On sait,
d'ailleurs, que S. dirige sartout sa polémique contre ceux qui re-
jettent la tradition.
LA POLÉMIQUE.
Dans son Amanât, S. attaque le christianisme, mais épargne
les Caraïtes et Tislam ^ Dans les Proverbes, au contraire, il
polémise surtout contre les Caraïtes, qui n'échappent jamais
à la critique du Gaon, tandis qu'il ne touche qu'incidemment
aux autres religions. Ainsi, à propos de la sagesse qui se met
à inviter lorsqu'elle a bâti sa maison et dressé la table (ix), il
dit que c'est de cette façon qu'agissent les monothéistes : ils
prouvent d'abord que le monde est créé, puis ils réfutent ceux
qui prétendent que l'univers dure éternellement (l^nm), ceux
qui confessent deux principes (pnNbN aNnsTN), ceux qui crofent
à la trinité (nnKbnb» aNnssN) et d'autres hétérodoxes [ynnbi^).
Les rabb'anites vont môme jusqu'à fixer le nombre des cha-
pitres, des vbrsets, des mots de l'Écriture sainte et étudient les
traditions des prophètes divins. Les Caraïtes, au contraire (prnrwbN
^-^DbfiÔTDbK y-^'Dôi p N3n73N 'I7:),ne s'inquiètent pas de la Bible, de ce
qui en parait superflu ou incomplet, ils ne l'interprètent pas, ne se
soucient d'aucune tradition, mais éveillent des doutes futiles. Ceux
qui suivent de fausses croyances incitent leurs partisans à voler
(0*^313:1 tj-^tt) ou à contracter des mariages illicites (û'^nno ûnb). —
0 Le cœur du juste médite ce qu'il doit répondre » (xv, 28); ces
mots s'appliquent aux monothéistes et aux rabbanites qui réfutent
avec une exactitude consciencieuse les hétérodoxes et les héré-
tiques. De même, s'il est dit que « l'homme ihjuste séduit son pro-
chain et le conduit dans un chemin où il n'y a rien de bon » (xvi,
29), on doit entendre par là les efforts des hétérodoxes pour ébran-
ler ceux qui sont attachés à Dieu et au rabbanisme. « Ceux qui
s'isolent » et « les sots » (xviii, 1, 2), rappellent les Caraïtes qui à
tort et à travers attaquent la tradition; si on leur offre des
preuves, ils répondent avec haine et orgueil. — « Crains Dieu,
mon fils, et son vicaire, et ne te môle pas à ceux qui leur donnent
des associés», c'est ainsi que S. comprend xxiv, 21, y trouvant
l'avis d'éviter ceux qui acceptent l'éternité du monde ou celle de la
matière (uXy)), ainsi que les dualistes, les chrétiens, les adora-
' KaufmanD, Gesekichte der AttributenUhre , p. 7S-90; Guttmann, Die Religiom-
philosophie d«s Saadia, p. 17, note 1.
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230 RPVUE DES ^UDES JUIVES
teijrs des sept oi; flov|ze açtres principaux. « Celui qui jrecherche
les vanités » (xxviii, 19) est pussj celui qui, ^bapdonn^ijt pieu,
se voue à Tidolâtrie, passe du monothéisme £^}x dualisipe et
s'écarte de la tradition pour s'attacher aux contradicteurs (Ca-
raïtes). —Celui qui se révolte contre la réprimande (xxix, 1)
est aussi quiconque nie Djeu, peç prophètes et la tradition. —
« Elle ne craint pas la neige » (xxxi, 21) veut dire que le sage
ne craint pas les objections des égarés et des dissidents, puisqu'il
est muni de preuves.
Notre commentaire parle aussi expressément des brahmanes.
Ainsi, selon lui, les versets xxix, 18, 19, affirment, contrairement
à l'opinion des brahmanes, que nous avons besoin et de la révéla-
tion et du raisonnement. « Faute de révélation, le peuple reste sans
frein. Heureux celui qui observe la loi. Mais la révélation seule
ne suffit pas pour faire l'éducation de l'homme, car il ne la com-
prendrait même pas sans la raison. » S. nous enseigne donc que
rhomme ne pourrait pas savoir par sa seule raison tout ce qui est
nécessaire à son salut, comme les lois sur le sabbat, les fêtes, les
jeûnes, la purification, les héritages. Au 3« chapitre de Amanât,
S. discute aussi la nécessité de la révélation et combat ceux qui
croient que la raison humaine est capable à elle seule de trou-
ver toutes les lois nécessaires à notre' salut. Il affirme que même
les préceptes établis par la raison ont besoin d'être expliqués par
la révélation, comme, par exemple, la prière, les lois du mariage,
le comnMjrce, etc. Bien que ce passage de Ama72âl (éd. Landauer,
p. 118, 119) ne nomme pas les brahmanes, M. Guttmann* a dé-
montré que c'est à eux que S. a attribué cette doctrine. Notre com-
mentaire justifie rhypothèse de M. Guttmann, puisqu'ils sont ex-
plicit^ment nommés.
S. trouve dans les Proverbes une indication relative à l'attitude
qu*il faut prendre envers les hétérodoxes. « La première des deux
parties est sur le point de gagner sa cause, lorsque l'autre arrive
et y met un terme » (xvm, 17). Si nous avons entendu les argu-
• ments de l'hérésie, ne nous empressons pas de les accepter, mais
écoutons aussi les arguments des croyants. Si, au contraire, nous
avons appris les doctrines des croyants, nous n*avons pas à nous
inquiéter des opinions des hétérodoxes, puisque des miracles et
des signes se sont déjà produits en faveur de la foi juive.
*■ Die Beligions philosophie des Saadia, p. 140, surtout la note.
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 231
LA PHILOSOPHIE.
Les Proverbes proclament partout la valeur de la sagesse. A
raison de ses idées philosophiques, S. s'enthoosiasme pour la
science qui permet à l'homme de s*élever si haut, et il renchérit
encore sur les éloges des Proverbes. Il croit môme trouver dans
les Proverbes des idées de polémique contre les sceptiques, qui
ne se préoccupent nullement d*acquérir la science, mais se con-
tentent d'éveiller des doutes ; ce sont ceux qui feignent la sot-
tise (ix, 13-18) *. Il parle aussi contre les sophistes* ; ce sont eux
qui n^écoutent aucun raisonnement, même si on les pile dans des
mortiers (xxvii, 22).
On ne trouve naturellement dans notre Commentaire aucun
système de philosophie, mais des éléments dispersés que nous grou-
perons ici sous diverses rubriques.
Physiologie.
6. aime à expliquer les faits aa moyen de ses connaissances phy-
siologiques. <x La paresse fait tomber dans un profond sommeil »
(xix, 15), parce que, dit-il, chez l'homme actif les vapeurs sortent
par les pores, mais chez le paresseux elles montent au cerveau et
causent le sommeil. « Le vin est moqueur, la liqueur troublante »
(XX, 1), carie vin amollit le cerveau, la liqueur Tendurcit, et à eux
deux ils rompent l'équilibre des tempéraments. « Gomme l'eau
fraîche pour une Ame altérée, telle est une bonne nouvelle venue
d'un pays lointain d (xxv, 25). L'angoisse, en troublant le cœur,
échaufFe les autres parties du corps ; l'âme calmée, la chaleur cesse.
« La débauche ruine la santé » (xxxi, 3), parce qu'elle attaque les
organes les plus importants, le cerveau, le cœur et le foie. Le vin
est pour les malheureux, et non pour les rois(xxxi, 4-8); il arrive
souvent que la même cause a des effets différents, comme le miel^
qui est utile aux tempéraments sanguins et nuit aux flegmatiques;
le lait est bon pour le foie et nuisible à l'estomac.
Les cinq sens figurent aussi dans notre commentaire. S. veut
démontrer que la courtisane séduit (vu) en offrant des attraits aux
cinq sens : au goût le repas de viande (14), à la vue sa personne (51),
' )lbr»Ûn)QbM, voir Horovitz, Die P$yekologiê Saadias, p. 49, note 92.
' Si'^MUDDIDbM 66 retrouve plusieurs fois ailleurs ; cf. Kiufmanii, AttributênUknf
p. 273, note 5S.
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232 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
au toucher le lit (16), à Todorat les parfums (17), à Touïe ses paroles
séductrices (5 v.). Il trouve aussi trois des cinq sens mentionnés
dans la description de Tivresse (xxiii, 29-33) : Todeur du vin allô-
che, mais elle corrompt ce qui est doux dans Thomme ; la couleur
séduit, mais on y perd sa propre couleur; le goût platt, mais
rivrogne est tellement abattu ou battu par le vin qu*ii n'a plus de
sensation.
Psychologie^.
D*après S., on rencontre dans les Proverbes une allusion à la
théorie des trois âmes. Ainsi, il prétend que <t la sottise attachée
au cœur de Tenfant » (xxii, 15) signifie les deux facultés infé-
rieures de rame, la colère et le désir (ôufxoeiSlç, Éi«ôu[XTriTix6v), diri-
gées par la faculté supérieure : Tintelligence (XoYi<mx<Jv). Il voit le
désir dans le terme de v)d3, dans Texpression v)d3 byn (xxiii, 2) ;
c'est celui qui expose toute son avidité ; la colère figure encore
une fois sous le nom de d:o (xxvii, 3, 4), dont il fait l'analyse en
distinguant trois degrés : moins que normale (riTsn), normale (C|&i),
et plus que normale (nfi^sp).
S. trouve aussi dans les Proverbes la confirmation de son opi-
nion que rame a son siège dans le cœur. « Le messager fidèle rend
rame à son maître » (xxv, 13); c'est vrai, selon lui, au pied de la
lettre, car d'ordinaire Tâme est dans le cœur; inquiétée, elle en
sort; calmée, elle y revient. En général, S. fait résider chacune
des forces psychiques dans un organe spécial ; il localise l'appétit
dans le foie (xxiy, 13, 14), et pour une seule fonction il met en
œuvre le cerveau, le cœur et le foie (xxxi, 1-9). Le cœur, siège
de l'âme, remplit aussi la fonction de réunir les sensations pro-
duites par les sens spéciaux (xxii, 1*7-21). Toutes les seize facultés
de rame peuvent être atteintes de maladie (xyiii, 14)*.
Théorie de la connaissance.
S. revient avec prédilection â la question suivante : comment
acquérons-nous nos connaissances? Il en parle en détail dans l'in-
troduction et y revient souvent dans le cours du commentaire.
Selon lui, Thomme apprend : l"" en recevant l'instruction et 2^ en
la développant. Il la reçoit au moyen de quatre opérations : \^ en
* Pour les questions suivantes, on trouvera des indications inléressantes chez Ho*
roTitz, Dû P$ychologi€ Saadias,
* Horovitz, p. 34, 35, note 64; p. 5S, note 114.
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAmE DES PROVERBES 233
«écoutant (nr»tt« et souvent ïrrttb) ; 2^ par la mémoire (nn'^^tt)) ;
3^ par la combinaison de tous les cas possibles (n^tùVtù ; S. explique
ce mot presque toujours dans un sens favorable), et é"* par la cri-
tique, qui juge les cas, accepte les uns et rejette les autres*. Une
fois (il, 1-10), S. simplifie les quatre opérations en réunissant les
deux premières et les deux dernières. Llsraélite, dit-il, a cinq
sources pour acquérir la connaissance : 1^ le témoignage des sens;
2^ la raison ; 3<> TÉcriture sainte ; 4^ la tradition ; 5^ le raisonne-
ment. Dans VAmanât (éd. Landauer, p. 12-13) il n*en avait énu-
méré que trois : P les sens ; 2** la raison ; 3® la logique. Et tout
cela, S. le trouve expressément dans xxii, 17-21 ; mais la tra-
dition est la principale de ces sources, puisqu'elle les contient
toutes.
S. pense que les Proverbes fixent aussi les limites où s'arrête
notre connaissance. Agour nous raconte (xxx, 3-5) que, môme
instruit par Itiël, « il ne connaissait pas la science de Dieu », c'est-
à-dire qu'il restait beaucoup de choses que Dieu seul comprend.
Tels sont les quatre éléments^ leur origine et leur essence. Job
déclare aussi (xxviii, 21, 25) que Dieu seul les connaît : niitpb
ynfiCi c'est le mouvement de la terre ; û'^73®n*bD nm, l'ascension
du feu, bpiDta m^b miDJ^b, le mouvement de Tair, mTaa pn d"^»-»
l'état liquide de Teau*. Job prétend aussi que son sort esc incom-
préhensible et qu'il y a encore plusieurs problèmes qu'on ne peut
résoudre. Agour ne discute pas, mais montre à celui qui veut ap-
prendre la sagesse ce qu'il peut entreprendre et ce dont il doit
s'abstenir. Trois problèmes dépassent notre intelligence : 1^ com-
ment Dieu a créé l'univers ; 2^ comment le feu monte, l'air n'est
pas ferme, l'eau est liquide et la terre est ferme; 2^ pourquoi on
ne peut pas marcher sur le feu comme sur la terre (û'^^aïmbj^ "^
•n*»!), ni renfermer l'air dans notre main (rîDna mn-SjOK "^tt), ni
faire rester l'eau dans un vase troué ou dans du drap (û'^tt-n^t •»»
fibnca). Nous espérons encore moins pouvoir résoudre les autres
problèmes ; qu'il nous suffise de savoir que c'est ainsi. On peut
encore ajouter toute une série de faits dont on ne s'explique pas la
raison : l'orbite des astres et leurs distances, les qualités des ani-
maux, des plantes et des minéraux. Il est de notre devoir d'y re-
noncer. Au contraire, nous sommes obligés de nous instruire sur
la religion et la tradition.
Le conseil d'arranger le travail avant de bâtir la maison (xxiv,
27) a plusieurs sens ésotériques: il signifie, entre autres, qu'avant
*■ Par suite d'une lacune du texte, le nom hébreu et le verset manquent pour
cette faculté.
> Âmanât, l, p. 45.
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234 REVUE DES ETUDES JUIVES
d'aborder les sciences, nous devons nous soumettre à uDediscipIine
qui nous y conduit. Les Grecs nomment '«:iT^fiiD'«M isaçogè, la disci-
pline qui prépare pour la logique, Tastronomie, la géométrie et la
médecine ; sans elle, impossible d*arriver à la science marne.
Logique.
Dans une importante digression (xxv, 11), S. expose quatre
procédés de logique : P Tanalyse ; 2<» la synthèse ; S'» la progres-
sion croissante : 4<^ la progression décroissante. L'analyse, c*est le
procédé à Taide duquel on détaille toutes les parties d*un tout,
comme lorsqu'on dit à propos de Pâque : nb-^DNi ynn ircry^ noD nni
•Tttnn am û'»'ii*rt3i rot», ou lorsqu'on énumère, pour Tanatomie de
l'œil, toutes l^s parties dont il est formé. L'autre procédé consiste
à chercher un trait qui est commun parmi les choses différentes,
par exemple tous les crimes punis de n-iD parmi les ni&^ttD, r\v*xf
et D*n&'ip. Le troisième procédé nous enseigne à commencer par les
preuves les plus faibles pour s'élever aux plus fortes ; le quatrième
nous apprend à réfuter d'abord les objections les plus sérieuses et
ensuite les moins importantes.
Les exemples de versets construits d'après les règles de la lo-
gique sont bien fréquents. En voici un : « Comme la neige en été
et la pluie pendant la moisson, tel est celui qui décerne des hon-
neurs à un sot » (xxvi, 1) ; S. remarque que ce verset compare
des cboses qui ne conviennent pas au point de vue de Taction à ce
qui ne convient pas dans le temps.
Métaphysique.
Faute d'un titre plus approprié, c'est sous ce nom que nous
groupons les opinions du Gaon sur la cosmogonie et le libre ar-
bitre. Il s'attaque à diverses reprises à ceux qui croient à l'éter-
nité du monde. C'était le crime de la génération anéantie par le
déluge, d'après les versets vu, 24-27, tels qu'il les interprète, con-
firmés par Job, XXII 15, 17, où il traduit : Est-ce que tu suis
l'opinion de ceux qui croient à l'éternité du monde, et qui ont été
emportés prématurément? Mais S. s'attache surtout au problème
du libre arbitre. Il nie qu'il résulte de m, 34, que le moqueur l'est
par prédestination ; Dieu ne fait que le déclarer moqueur. Il est
dk expressément : « A l'homme appartiennent les dispositions de
son cœur » (xvi, 1), et le même verset ajoute : « Les paroles de la
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LA VERSION ARABIS ET LE œMMENTAIBE DES PROVERBES 235
I8pgil9 viennent de Dieu » c'est-à-dire que nous devons à Dieu la
facilité de parler. C'est un sens analogue qu'a xxi, 1 : « Le cœur
()u roi, pour robéissance k Dieu, est comme le cours de Teau ; il
fdMt qu*i( le dirige partout où Dieu le veut. » Quoique les autres
lfoinme3 pe soient non plus soumis à la prédestination, on men-
tionne le roi à raison de sa supériorité. Ces trois versets sont dé-
veloppés par S. au iv« chapitre de Atnanât (p. 163). Enfin le
verset : « Comme Teau peut être dirigée en divers sens, ainsi le
cœur des hommes pour les hommes » (xxvii, 19), tout en compor-
tant plusieurs interprétations, nie eh tous cas la prédestination.
LE RATIONALISME.
Le rationalisme de Saadia ne peut pas se manifester dans ce
commentaire d'une façon très vive. On trouve, en effet, peu d'an-
thropomorphismes dans les Proverbes. S. les évite, sans se pro-
noncer expressément contre eux comme dans la discussion si
connue de Amanât (éd. Landauer, 96 et suiv.). An lieu de la
bouche de Dieu (ii, 6), il dit « sa parole », au lieu de sa lumière
(XX, 2*7) il met a sa sagesse », au lieu de ses yeux (xxii, 12) il dit
« sa providence » ; au lieu de « mener après Dieu » (xxviii, 23), S.
dit : a enseigner à obéir à Dieu ». Cependant, le Gaon n'est pas
toujours fidèle à son principe; deux fois, les a yeux de Dieu »
restent dans la version (v, 21 ; xv, 3).
INFLUENCES ET SOURCES.
•
Nous n'avons pas à rechercher, dans cette étude, à quelles
sources le Gaon a puisé sa science et ses idées philosophiques.
Nous essaierons seulement de montrer pourquoi il a compris l^s
diverses sentences de cette façon plutôt que de telle autre. On
trouve naturellement, dans sa version, Tinfluence de la tradition.
Mais on y rencontre encore d'autres influences. Il a souvent re-
cours à un passage de la Bible pour expliquer tel ou tel verset
des Proverbes. Car, selon lui, les Proverbes contiennent, en
quelque sorte, la moralité des récits dispersés dans l'Ecriture sainte
(Introduction ; commentaire de vu, 24-27 ; xix, 11]. Il passe donc
cm revue tous les livres bibliques pour y trouver les faits qui «^
pliquent les diverses sentences. A ce point de vue, son œuvre
tient du midrasch. Ainsi, dans cette sentence « les fautes du cri -
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236 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
minel renlacent » (v, 22), S. voit la pensée qae le criminel est
frappé par celui même qu'il a aimé, Samson par Dalila, Abîmé-
lech par les habitants de Sichem, Israël par l'Assyrie et Babel. La
même idée est exprimée par les prophètes (Ezéchiei, xxiii, 9;
Zach., XIII, 6). « Chaque crime s'allie au mensonge » (vi, 16-19);
c'est l'orgueil d'Absalon, l'assassinat de Joab, l'avidité de Gué-
hazi, la cupidité d'Amnon, le faux témoignage de Jézabel, etc.
— c Parfois le méchant devient la rançon du juste » (xxi, 18),
comme Aman pour Mardochée, les calomniateurs pour Hananla,
Michael et Azaria, les nobles persans pour Daniel, comme, à
l'époque de la délivrance, les païens seront la rançon d'Israël
(Isaïe, XLiv, 3, 4), et dans l'autre monde, les infidèles celle des
croyants, ^"^y^vh iirmTV (xxiv, 24) veut dire que le juge prévarica-
teur eut méprisé même par Timpie qu'il a favorisé ; ainsi Jézabel
nomme les faux témoins qu'elle a suscités contre Naboth : b'nD^
by^ba -^îa (I Rois, xxi, 10) .
Parfois aussi il interprète un verset d'après des analogies lexl-
cographiques. Ainsi, il dit que nnpb (i, 3) a le sens d'apprendre
comme *]aabarjp (Ezéch., m, 10), min vm «5 np (ibid., xxii, 22).
Lorsque les Proverbes prescrivent de connaître Dieu (m, 6), ils ne
veulent pas dire que nous devons connaître son essence, mais
remplir notre devoir envers lui, comme dans 1 Sam., ii, 12, c les
fils d'Eli ne connaissaient pas Dieu », et dans I Chron., xxviii,9
cr Salomon connaît le Dieu de tes pères » ; c'est dans ce sens aussi
que Pharaon ne connaissait pas Joseph (Exode, i, 8). — îro*» (vi,25)
se rapporte à la taille, aux yeux, à la voix, aux cheveux, et tout
cela il le prouve par des versets bibliques. — 11K j^ba*» (xix, 28) si-
gnifie « cacher le crime » comme vd'iprr nfit j^baD (Nombres, iv, 20).
— n^y^ (XXVI, 24), c'est dissimuler, comme rrorw rtn« m rmh
(I Rois, XIV, 6). S. pouvait aussi citer Gen., xlii, 7. — nanyï (xxx,
6) veut dire être retranché, diminué, comme rin2 nao*» «b *w»
(Isaïe, Lvii, 11) et atDK n^a (Jér., xv, 18).
S. explique aussi souvent les passages qu'il cite. C'est ainsi
qu'il dit à propos des ïia-^n» •»» [ad x, 19) : « La faute de Moïse et
d'Aron fut d'apostropher le peuple en ces termes : « Ecoutez, re-
belles, nous vous ferons sortir des eaux de ce rocher » (Nombres,
XX, 10) ; ils semblaient dire par là que Dieu favorise la rébellion '. t
Le grand nombre de citations que fait S. explique et excuse ses
1 Cette opinion se manifesle déjà dans la traduction de ce passage (Nombres, xx,
10); il est donc inexact, comme le remarque M. Derenbourg, que S. croie que
MoYse a péché parce qu'il a frappé le rocher. L'explication du souge de Pharaon re-
levée ici, I, 6, s'accorde aussi avec la traduction ; voir l'édition de Derenbouig, p. 64,
note 1.
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 237
quelques inexactitudes. Pour prouver qu'il est mal de reprendre
le moqueur (ix, 1-18), il cite le cas d'Abiyya ; MM. Derenbourg-
Lambert disent qu'ils ne connaissent pas cet Abi|rya^ Chaque
trait de la description de l'ivresse (xxiii, 29-35), S. le veut prou-
ver par des exemples bibliques : "«nfi^ '^lA rappelle les Philistins
(Juges, XVI, 23, ne mentionne qu'un repas) ; "«nsM rappelle le sort
d'Amnon, tué pendant son ivresse ; tny^tt^ est le cas de Roboam et
des Jeunes gens (Der.-Lamb. déclarent un tel fait inconnu) ; ïTTi^o
fait allusion à la perte de Balthazar, et tn^'^9 nnbbDn à Assuérus,
lorsqu'il tua Vasti (l'Ecriture ne parle pas de la mort de Vasti, ce
n'est peut-être qu'un trait aggadique). Dans l'édition Der.-Lamb.,
les confusions et les contradictions les plus remarquables sont
réunies (p. yiii). En somme, ces inexactitudes font croire que
S. se âa souvent à sa mémoire *•
LA TRADITION.
La littérature rabbinique ou la tradition a fourni également de
nombreux éléments à S. D'après la conjecture de Der.-Lamb., on
trouve le thd X^^p dans son commentaire sur le texte, vi, 1-4.
n dépeint la mauvaise femme (vi, 24-26) de manière à faire
reconnaître la femme qui enfreint les « lois auxquelles sont
astreintes les femmes » irra ma-^-^n û-noarro mn^^a. — L'expression
ïfiWioV» yà (vu, 24) est calquée sur l'expression biattrt mn.
— Une fois il fait allusion aux moîn nmnn nw^a^D tm miDOî "«rT
nrrrry (viii, 21-29, d'après Der.-Lamb.). — L'homme charitable
prête à Dieu ; Dieu est plus que dépositaire, il est débiteur, il
répond du prêt, c'est le m"nn« na wm mb». — Nous rencontrons
aussi une allusion aux :i'''nn (613) préceptes (xxii, 3). — Il rend
Texpression TnaT ba^a éwto par bwpa nb n» (xxii, 7, Der.-Lamb.).
— Comme exemple des procédés de la logique, il dit que le terme
noD W73 résume am tamnwi tiXQ mV'DKi y^n nvai noD nat
n»nn, et que les trente-six cas de t-nn"»'ïD se trouvent parmi les
rviaroai lym'ip n-my. Enfin, il cite le p« te et nttib T»n3t I'^ki (xxv,
11), et une fois il invoque aussi le principe du anp'j^ Vu) lesniDD
(xxx, 1), il est vrai contre l'opinion traditionnelle.
S. cite fréquemment des sentences et des exemples empruntés
^ II Chr., xui, 4-20, n'admet pas ceUe interpréutioo, puisque Abijja 7 apparaît
aimé de Dieu et du peuple.
t Luzzatto réunit une série de pareilles inexactitudes chez Raschbam, DaTÎd Kimhi
et Parhôn (Omt Nêkmad, III, p. 34, 35).
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238 ftfiriTB DES ÉÎUDES mVÈS
à la littérature traditionnelle. Le verset : a Cent ^ui sthunaionhëtt
les sentiers de là droiture suivent encore les voies ténébreuses » (it,
13), lui rappelle la sentence : ^HDtn rroiD n>5D ïrmD nocrr awt» '^rr
rrrDOT n:i3D tTt*^n:^ (ilt^o/, n, I). En faisant la connaissance de lit
sagesse, nous la désirons de plus en plus (iv, 7), d*après le dictt^
trtti2 mi2J2 T3« a le salaire du bien, c'est le bien », et trm irvrti
ïTûttt « le bien entraîne le bien » {Abot, iv, 2). — « Les voles de
rhonime sont sous les yeux de Dieu » (v, 21) ; c*est la inaximé
to"^anD3 ncoa 'ytim ton t-^ttiis itfin rren x^y yyn i^tjA rte rr
« Sache ce qui est au-dessus de toi : un œil qui regarde, une oreille
qui entend, et toutes tes actions sont inscrites dans un livre »
(A bot, II, 1). — Vorma paraît comme voisine à la sa gesse (vin, 12) ;
donc ce n'est pas forma coupable (Job, v, 13), mais celle qui est
recommandée en ces termes : riNTa û"vt^ trm fim bbvb (Berachot,
Via]. Voici aussi des exemples cités par Saadia. C'est d'abord
R. Eliézer qui dit au juge romain Y^^tn "^^9 173N3 « le juge est mon
garant x> {Aboda Zara^ 17&), en pensant à Dieu; c'est ensuite
R. Méïr, qui trempe un de ses doigts dans le bouillon de porc
et en lèche un autre (i&irf., 18 &). Tel est aussi l'élève de R. Méïr,
qui, interrogé s'il n'a pas accueilli le fugitif poursuivi, répond :
vn-^Kn «b (vittpTDtt) •^tos^, entendant par là : Je ne l'ai pas vu
depuis que je me suis levé, et faisant semblant de dire : « depuis
que je vis ». Ce dernier fait ne se trouve pas dans le Talmud
(Der.-Lamb.), pas plus que cette déclaration de Josué ben Hana-
nia faite à l'empereur romain : a Si vous tenez à adorer vos
idoles, adorez-les en dehors du monde que notre Dieu a créé,
dans un monde qu'elles-mêmes créeront pour elles et pour vous ;
il n'est pas juste que vous les adoriez sur un territoire étranger »
(ix, l-18j. — « Si tu deviens sage, c'est pour toi-même » (ix, 12),
rappelle : *]Db "«n ^73:23^b rima p-^Tnn b» nann învi t-i'»©^^ M
imÈTi^ a Si tu as beaucoup étudié la Loi, ne t'en vante pas, car
c'est pour cela que tu as été créé » (i4&of, ii, 9). — « Le sou-
vernir du juste est une bénédiction et les noms des méchants
s'effacent » (x, l), c'est-à-dire les noms des pieux restent en
usage : Abraham, Isaac, Jacob, Moïse^ Âron, Méïr, Aquiba,
mais personne ne s'appelle Pharaon, Sanhérib, Aman, Titus,
Boëtus ou Zounin (pour le dernier nom Der.-Lamb. renvoient
à Aboda Zara, 55 a)*. Il mentionne encore une série sem-
blable de noms à propos de x, 21, où Moïse, Samuel, Davfd,
Tohanan, le grand-prêtre, et Simon ben Schétah figurent parmi
^ La sentence même rappelle oeUe de Samuel ben Nihman (Qtn, rabèa^ 19, et
Midroêck Samuel, 1}.
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 239
les aateurs da boahear général, et Jéroboam, Basa, Achat, Sadoc et
Boôtos parmi les oorrupteurs da peuple. — « La crainte de Diea
prolonge les Jours, et les années des méchants sont abrégées »
(x, 27) ; la vérité de cette sentence est prouvée par le calcul de
Yomay 9 a, d'après lequel le premier temple n'eut que dix-huit
granda-prétres, tandis que sous le second temple il y en eut plus de
trois cents. — « Un crime en amène un autre. » (S. attribue ce
sens à xi, 18) ; car le vol conduit à la débauche et au meurtre ;
une bonne action a pour récompense une autre, par exemple par
le jeûne on est amené à la prière ou à Tétude de la Bible. Voilà
pourquoi nos sages disent : rpr»a:^ !rr»ay 'idtd ïTûttt ïTût^a nD« (AboU
IV, 2). — « Celui qui retient le blé est atteint de malédiction, celui
qui le vend est béni » (xi, 26) ; il s'agit aussi de celui qui prodigue
sa science et de celui qui la garde pour lui : tel est Aquiba et,
d'autre part, Hougram [sic). — Pour la générosité (xii, 26), R. To-
hanan sert d'exemple, entre autres; Der.-Lamb. renvoient à
Baba Mecia, 83 a, où pourtant Ton ne trouve pas le nom de To-
banan. — « Lorsque Dieu agrée la conduite de l'homme, il lui
donne la paix avec ses ennemis » (xvi, 7), comme R. Juda le Saint
dit à R. Hiyya (Moed Katon, 16 ô, Der.-Lamb.). — Puisque le
sot qui se tait passe pour intelligent (xvii, 28), il s'ensuit que
nous devons commencer par juger favorablement : te n« ^n '^v\
n-OT tpb tnixn « Juge tout homme avec bienveillance » {Abol^
I, 6). — Le sens intérieur de xix, 14, est que la sagesse ne
s'acquiert pas par héritage : rr^rv w»wD rmn m^abb yny prtn
[Aboi, II, 12). — Le cadeau (xxi, 14) s'entend aussi de la bien-
faisance qui calme la colère de Dieu, exemple, R. Akiba avec
son homme et l'élève de R. Hanania ; Der.-Lamb. disent qu'ils
n'ont pas retrouvé ces passages, mais que la fille d'Akiba [Sab"
bat, 156 &), Mar Oukba [Ketoubot, 64^) et Hanina bar Papa
(jér. Peâ, vers la fin) sont représentés dans une situation dange-
reuse. — L'hypocrite, quand il tente de commettre une mauvaise
action et que celle-ci avorte, feint de plaisanter, mais s'il peut
réaliser son intention vicieuse, il le fait; c'est ainsi que S. entend
XXVI, 18, 19, et il rapporte ce qu'Abgar, TArabe, a fait en com-
pagnie de Titus [Echa r., ad. i, 5). — « Ne te vante pas du lende-
main » (xxvii, 1), sentence exprimée aussi dans ce passage : "Wdwi bfit
rxstTs vh tmo nw» ntitxodb [Aboi, ii, 4). — Une des deux interpré-
tations de xxvii, 2, identifie le sens de ce verset avec la sentence
à'Abot, II, 1 : m«Bn firrro te dnsa ib ma-^o m»** ^tt «nn m ■•fit
tnfi«i 173 nb mfiwm rr^^vb. — « Heureux l'homme qui craint tou-
jours » (xxviii, 14) ; on doit se préoccuper de la moindre affaire
mondaine, car le second temple fut détruit par suite d'une confusion
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240 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
de Kamça avec Bar Kamça (jQuiitin. 55 &, d'après Der.-L.). — « Le
sage, à cause des conséquences, apaise sa colère » (xxix, 11) ; la
tradition va jusqu'à examiner combien le coupable peut endurer
de coups [Maccoi, m, 11, d'après D.-L.). — Un esclave qui devient
roi est insupportable (xxx, 22) ; c'est Hérode.
Saadia emprunte souvent ses explications à la tradition. En voici
quelques-unes prises à i'Aggada. — Il faut que nous honorions
Dieu avec les prémices de chaque récolte (m, 9) ; le premier fruit
éveille le plus de désirs (Isaïe, xxviii, 4), il doit donc être voué à
Dieu. Le matin est le temps le plus précieux ; il est aussi celui
de la prière ; de même, le premier-né des hommes et des animaux
appartient à Dieu (Der.-L. renvoient à Kiddouschin, Mb ; Becho-
rot, 49 b et Teroumot, xi, 9). — La langue mensongère et les
mains qui versent le sang innocent (vi, 17, 18) désignent Ohéhazi
et Joab; dans Lévit. r. on nomme aussi ces deux personnages
(ad. Lév., XIV, 2). — Le sens intérieur de *]aD«a ^^Dbrmna et
n^-^pïT» (vi, 22) est : la vie terrestre, la mort et l'autre vie. Dans
•^iK irrT\'y niât» •ts (23) l'enseignement du père est comparé à la
lampe qui s'éteint bientôt, tandis que la Tora ressemble au soleil
qui brille toujours. R. Menahem b. Yosé (Soia^ 21a) remarque à
propos de ces deux versets : le précepte pris isolément est la
lampe, la loi entière le soleil ; ^^Dbnnrra est cette vie, ']»«a, le
jour de la mort, îmaspm, l'avenir. Cette dernière partie se retrouve
dans Aboi, vi, 10, au nom de Yosé ben Kisma. D après S., les deux
femmes en procès devant Salomon étaient des belles-sœurs (x, 9);
Der.-L. citent le Yalhout de I Rois, m, 16-18. — L'abondance
de paroles (x, 18) occasionna à Joseph un emprisonnement de deux
années; même réflexion dans Genèse r., sur Genèse, xli, 1
(Der.-L.). — Commettre une abomination est pour le sot comme
un jeu (x, 23); la femme de Putiphar appelle l'adultère on jeu
(Genèse, xxxvi, 14) ; pour Abner, c'est une plaisanterie de verser
du sang (II Sam., ii, 14) ; aux impies l'idolâtrie même parait un
jeu (Exode, xxxii, 6). Gen. r. dresse une liste semblable à propos
deprt^tt (Gen., XXI, 9). — La charité sauve de la mort(xi, 4);
Jethro fut sauvé de la mort éternelle pour avoir invité Moïse à
manger (Exode, ii, 10); Der.-L. renvoient à Sanhédrin, 104 a. —
La parole des méchants démolit (xi, 10) et même leur bénédiction,
car par suite de la bénédiction de ses parents païens (Genèse,
XXIV, 60), Rébecca resta stérile pendant vingt ans, jusqu'à ce
qu'Isaac pria pour elle. Cette interprétation rappelle les Pirhé R.
Eliézer (xxxu) : R. Juda a dit : « Rébecca resta vingt années
sans enfant, alors Isaac l'emmena au mont de Moriah et pria pour
elle, d'après Genèse, xxv, 21. —Les pensées des justes sont tour-*
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 241
nées vers le droit et les finesses des méchants visent à la fraude
(xii, 5) ; Jacob tient à tout déterminer avec exactitude (Genèse,
XXIX, 18) pour que Laban ne puisse pas le tromper, et pourtant
il le fait; Der.-L. renvoient à Genèse r., lxx, lï. — La suite de
l'orgueil est Thumiliation Ja suite de rbumilité est l'honneur;
c*est ainsi que S. traduit et interprète xvi, 18, le confondant avec
XVIII, 2 (Der.-L.). Les humbles d'Israël, tels qu'Abraham (Genèse,
XVIII, 27), Moïse et Aaron (Exode, 16, 17), David (Ps., xxii, 7), Gé-
déon (Juges, vi, 15), et Saùl (I Sam., ix, 21) ont reçu des honneurs
et des dignités. D^autre part, les païens orgueilleux furent abais-
sés, comme Pharaon (Exode, v,2), Goliath (I Sam., xvii, 10), San-
hérib (II Rois, xviu, 35), Nabuchodonozor (Daniel, m, 15). Dans
ffouUin, 89 a, nous trouvons une liste semblable, avec cette diffé-
rence que Saùl et Gédéon n'y figurent pas, mais Nemrod (Genèse,
XI, 4) et le roi de Tyr (Ezéch., xxviii. 25) y sont en plus. — Le sage
comprend môme une fine allusion (d'après xvii, 24). Quand Dieu
dit à Moïse que les autres Israélites retournent chez eux et que lui
reste, celui-ci comprend qu'il doit se séparer de sa femme ; Der.-
L. renvoientà Sabbat, 87 a. — Heureux les enfants du juste après
lui ! (XX, 7) il s'agit d'une postérité digne des ancêtres d'après
Exode, XX, 6; les méchants ne jouissent pas du mérite de leurs
pères (Ezéch., xix, 20). On trouve une distinction semblable dans
Berachot, 7ô, et Sanhédrin, 27. — Le cœur et les yeux (xxiii, 26)
commencent à ébranler l'homme, c'est pourquoi Dieu ordonne de
ne pas les suivre (Nombres, xv, 39) ; R. Isaac croit que le cœur et les
yeux servent d'intermédiaires pour le crime, c'est pourquoi Dieu
désire que le cœur et les yeux lui soient consacrés (j. Berachot^ i).
— Pour des questions profanes, on peut s'abstenir de répondre au
sot, mais dès qu'il s'attaque aux lois révélées, il faut réfuter ses
arguments ; c'est ainsi que S. aplanit la contradiction apparente
de XXVI, 4 et 5 ; Der.-L. (version française) renvoient à Sabbat^
30 &, où il est raconté que , grâce à la distinction 'h^iy^ \Xr\
firaVn '>b'»73a é^j ÈW^nifcn, les Proverbes n'ont pas été mis avec les
livres apocryphes. — Le fer s'aiguise par le fer, de môme l'esprit
de l'homme s'aiguise en présence de son semblable (xxvii, 17) ;
c'est la discussion qui fait découvrir de nouvelles difficultés
et de nouveaux arguments. Hama bar Hanina dit : « Gomme le
fer aiguise le fer, ainsi les élèves (d-^Mn nT^bn) s'aiguisent l'un
l'autre {Taanit, 7&). — Gain fut un de ceux dont les désirs
ne sont jamais rassasiés (xxvii, 20) ; il avait pour lui la moitié
de la terre, et il a tué quand môme Â.bel pour avoir l'autre
moitié. Der.-L, citent Genèse r. sur iv, 8. — La fourmi prépare
pendant l'été sa nourriture (xxx, 25); c'est ainsi que nous devons
T. XXXVII, !«• 74. 16
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242 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
nous préparer pour l'autre vie ; avant un voyage maritime, faisons
tous les préparatifs nécessaires, et pendant la semaine pensons au
sabbat. Le Yalhout sur Prov., vi, 8, parle aussi de la punition des
criminels après leur mort, et y ajoute l'exemple du voyage sur
mer et du sabbat.
Voici maintenant des interprétations inspirées par la Halacha.
— Celui qui répand des médisances est un sot (x, 18); cette sen-
tence condamne celui qui témoigne seul dans une affaire où il
faut au moins deux témoins [Pesahim, 113 &, d'après Der.-L.);
mais un seul aussi est obligé de témoigner, lorsqu'il s'agit de
questions d'intérêt, pour contraindre l'adversaire à prêter serment
(Schebouot, 40a, d'après Der.-L.). — Un serviteur intelligent do-
mine un mauvais fils et prend sa part d'iiéritage entre les frères
(xvii, 2) ; la Halacha approuve aussi celui qui ne lègue pas ses
biens à son fils impie {Mischna Baba Batra, viii, 5, d'après
Der.-L.). Il est permis de saisir le vêtement de celui qui s'est porté
garant pour un étranger et Ta mis en gage pour autrui ; c'est
ainsi que S. comprend xx, 16, «conformément à la Halacha, bien
que la Bible défende de retenir comme gage le vêtement du débi-
teur; mais, pour le garant, c'est permis, puisque d'ordinaire il est
riche. La discussion de Baba Mecia, 115a (citée par Der.-L.)
s'appuie justement sur ce verset et d'autres analogues (vi, 1-5). —
a Celui qui a augmenté sa fortune en prêtant à intérêt et à usure
doit l'appliquer entièrement au soulagement des malheureux. »
(xxviii, 8) ; la définition que S. donne de l'intérêt et de l'usure est
celle que nous trouvons dans Baba Mecia, 60a (d'après Der.-L.).
Ceux qui ont acquis leurs richesses de cette façon illicite et ne con-
naissent pas la personne à qui ils ont fait du tort, doivent les con-
sacrer à procurer de l'eau et à réparer les routes, d'après Baba
Kamma, 94 b : niDit '>Dn^ lïin rvû9^ l'»n'>D7: X^ix^\ — Ouvre ta bouche
en faveur du muet (xxxi, 8) ; le juge est obligé de défendre celui
qui ne peut le faire lui-môme, conformément à la Halacha : •'a^a
[Sanhédrin^ 29a); la raison en est qu'on peut rendre l'argent,
mais non la vie, et que celui qui est inculpé d'un crime entraînant
la mort perd son sang-froid.
Mais, à côté des explications inspirées de passages de la littéra-
ture talmudique qui sont connus, il y en a d'autres qu'on devine
influencées par cette littérature ou par le midrasch, sans qu'on
puisse déterminer les passages auxquels S. a songé. Il aime beau-
coup les paraboles. Ainsi, dans ii, 1-10, il est dit qu'il est difflcile
d'acquérir les joies de l'esprit, mais une fois acquises, elles du-
rent, tandis que les plaisirs des sens s'acquièrent aisément, mais
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 243
sont éphémères. S. dit à ce propos : Supposons un roi qui bâtit
un palais; les ouvriers ont leur salaire au jour le jour; le roi
attend jusqu*à ce que la maison àoit terminée, mais une fois qu*il
entre en possession de sa maison, il ne cesse d'en jouir. — Un ma-
schal moins étendu se rapporte à xxx, 13.
Parfois aussi Tinterprétation de S. se ressent de Tinfluence de
certains principes talmudiques. Nous le voyons appliquer la règle
^33^ mn ,.,x^^y ir« û«, à xiv, 12, qui revient dans xvi, 25, car il
dit qu'un verset se rapporte à ce monde, et Tautre au monde
futur. — C'est sans doute pour se conformer à la méthode de
R. Akiba que S. attribue un sens au mot m. Selon lui, le &:( de
XVII , 26, marque qu'il est défendu non seulement de tuer les
justes, mais aussi de leur imposer une amende. Le m de xix, 2,
indique que môme la fortune et les honneurs n'offrent aucun
avantage à un ignorant. Enfin, mbDn â:; ( xxxviii , 9) signifie,
selon lui, que non seulement la prière spontanée de celui qui
n'observe pas la Tora déplaît à Dieu, mais aussi sa prière obli-
gatoire.
S. mentionne aussi le n^aim bp. Il dit qu'il est défendu d'ajouter
quelque chose aux préceptes divins (xxx, 6), et, par conséquent
celui qui ne les connaît pas et ne les pratique pas est d'autant plus
coupable; c'est ce que nous enseigne le n»im bp « que j'ai expli-
qué dans mon commentaire sur fi^ip'^n ».
Mais c'est surtout la m© ?TT>n qui joue un rôle important
dans le commentaire de S. Ainsi, il dit que des deux mots pa-
rallèles TN et ^HD (I, 26, 2*7), le premier signifie la souffrance
dans ce monde d'après Jérémie, xlviii, 16, et Obadia, 13, et nno
désigne la peine après la mort, parce que ce mot a ce sens dans
Isaïe, xxxiii, 14 et Ps., lui, 6. Il complique môme les analogies
par les analogies des analogies. — â'^sn:^ (ii, 20) se rapporte aux
femmes, car ce qualificatif est appliqué à Abigaïi (ISam., xxv, 3) ;
de môme nn:: (xviii, 22), c'est la femme, puisque le mot est appliqué
. à Eve (Genèse, ii, 18). Au contraire, û-^p-^na: sont les hommes, car
Noé s'appelle aussi p'»^^ (Gen., vi, 9). — ûJ^a "«n»» (xv, 26, et xvi,
24), c'est la sagesse, qui s'appelle aussi tM>3(iii, H).-— i2î33> désigne
l'amende d'après C|DD n«tt ttiôî n©33?n (Deutér., xxxii, 19). — Il
explique xxiv, 23-26, et xxxi, 10-31, par de pareilles analogies
ou tiw nn-'W.
Le principe adopté par S. que certains versets ont parfois plu-
sieurs sens lui a été également suggéré par la littérature tradi-
tionnelle, peut-ôtre aussi par d'autres écrits.
Ajoutons que souvent on sent chez S. l'influence de la littéra-
ture rabbinique, sans qu'il indique le passage dont il s'est inspiré.
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244 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Des réminiscences agissaient sur lai sans qu'il s*en rendit compte.
Il est aussi probable que S. a connu plusieurs œuvres midras-
cbiques qui ne nous sont pas parvenues; voilà pourquoi nous
ignorons la source de certaines explications à Tempreinte agga-
dique. Plus d'une fois, le texte cité par Saadia diffère du nôtre. Çà
et là il y a des confusions de noms, comme Âkiba et Oukba, Hama
et Hanina ; il mentionne (xi, 26) Hougram * là où nous avons
Hagrous. S. cite, par exemple (ix, 12) : nanïi ïimn n'^^y û« [Aboi,
II, 9), et nos textes disent : n%b û«. — « Dirige l'enfant d'après
son âge » (xxii, 6); la tradition dit qu'il doit apprendre la Bible
de cinq à dix ans, Jusqu'à sa quinzième année la Miscbna, la dix-
huitième le Talmud ; dans la vingtième année, il doit se marier,
et ensuite qu'il s'exerce dans l'art militaire et dans d'autres mé-
tiers. Notre texte (Aboly v, 24) a mst^V rrmy xA^ p ; pour le ma-
riage il recommande la dix-huitième année ; ti"nnV û'»n«:^ "ja parait
signifier pour S. l'exercice militaire; l'hypothèse de Der.-L., qu'il
s'agit de métier, ne peut être appuyée sur Aboi. S. dit (xxii, 24)
TO'yb nan "^nn Vn (Abot, i, 7), et notre texte a y^^b "nannii b». On ne
peut pas regarder ces divergences comme des fautes de copiste,
car elles sont trop nombreuses, surtout si l'on y ajoute les inexac-
titudes de quelques-unes de ses citations bibliques. Il faut donc
supposer que S. citait souvent de mémoire.
INFLUENCE ARABE ET MAHOMÉTANB.
S. explique souvent des mots hébreux d'après l'arabe. Parfois il
indique lui-même le mot arabe auquel il songe. Pour "pV> (m, 34),
qu'il prend dans un sens estimatif, il rappelle fiO«bD nbâ "^ixpbfit
^NbD bip a-ÎDi i^bD DNnD mît, déclarer criminel, faux, menteur. Il
prétend que ab (xv, 32) est usité pour la sagesse, puisque celle-ci
est au fond du cœur; c'est ainsi que l'arabe troD signifie à la fois
le ciel et la pluie tombant du ciel. Il compare a-m-^ (xviii, 16), ou
bien am, au radical arabe yo\ Mais d'autres fois, le Gaon subit
l'influence de l'arabe sans qu'il le dise. Il identifie le radical hé-
breu ««a, «Ta, avoir honte, avec l'araméen et l'arabe, qui signi-
fient le mal (x, 5 ; xii, 4 ; xix, 26 ; xxii, 5). Il rend bnr (xi, 29)
par bnnîttb», « confesser » la sottise. Il donne toujours à T'î le
sens de « marque, signe » (xin, 23 ; xxi, 4), comme le T^ arabe. Il
semble identifier rtia (xvii, 22), avec l'arabe rini = ïiii, le visage
^ Rabînowici, Û^IDIO •^pi^p^, IV, p. 102, a Onaiïl, On^N et môme O^^^lK.
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 245
(Der.-L.). H traduit û-^idVu) (xxii, 20), par -Tib» chefs-d'œuvre
(Der.-L.), et tpn (xxiii, 28) par ONiDib^, parce que tjnïi est en
arabe le chuchotement (Der.-L.). — Il donne au verbe bin (xxv.
23; xxvr, 10) le sens de « diminuer, empocher » d'après Tarabe
yn> Il pense également à Tarabe "^«b en traduisant n»b5 (xxvi, 15)
par wb « il est incapable ». (De môme, Isaïe, i, 14; xvi, 12;
XLvii, 13.) Il est digne de remarque que "i^y (xxix, 19, et xxx, 10)
prend le sens de abd en arabe, « Thomme », qui est un serviteur par
rapport à Dieu. — L'explication de mnïabpar « espèces » se com-
prend d'après l'arabe, où ni'-.^, dérivé d'un radical qui a aussi le
sens de frapper, signifie les espèces (Der.-L.).
Il va sans dire que S. subissait l'influence de la société au milieu
de laquelle il vivait. Il emploie donc des termes familiers à cette
société. C'est pourquoi il traduit lahvé par ÂUah, Salomon par
Souleimân, et il nomme le croyant moumin, le pb imâm (par
exemple, Isaïe, viii, 2; xxviii, 7), le Ty^mirhâb (Ps.,xxvin, 2), le
«■^35 moufihi (Isaïe, xxxiii, 7) *. Les Proverbes offrent de nombreux
exemples de ce genre. Les vizirs reviennent plusieurs fois (xiv,
28; XXVI, 16; xxxi, 4) ; nous rencontrons môme le conseil d'es-
timer Allah et son khalife (xxiv, 21). Les termes religieux arabes
sont encore plus fréquents : nTn (i, 6) devient hadilh^ une tradi-
tion religieuse; la terre s'appelle nfi^n une demeure (ii, 21, 22);
npi2 se rend par nxriTbi^ (xxi, 21), qui signifie la justice et la bien-
faisance. De celui qui observe les préceptes divins, S. dit : ûbo"», il
devient mouslim, il est dévoué à son Dieu (xix, 8). Il laisse quelque-
fois les termes hébreux dans leur forme originale, mais plus sou-
vent il les remplace par des termes arabes analogues. L'Écriture,
c'est «npT: (vi, 30-33; i, 10-19), mais aussi a^ro. môme l^txip (xxii,
6); le Pentateuque se rend d'ordinaire par n^mn (xxix, 24);
rnjnD parrî::p(i, 10-19, p. 16) et n-no (ix, 1-18); le verset,
c'est piOD (i, 10-19), pluriel p"'5fi<iD (xxx, 13-17, p. 191), sou-
vent n""» (ix, 1-18) ; le prophète, «''as, se rend par le môme radical
arabe (m, 1-4; xvi, 3;. mais on trouve aussi biDn (Introduction,
p. 4; 11, 12-20, p. 23; xvi, 3; xxix, 18). Les û-'Mn figurent aussi
sous ce nom (xi, 18), mais plus fréquemment sous celui de Kttb3?(i,
8, 9 ; II, 12-20 ; xx, 16 ; xxii, 24 ; xxviii, 2 ; xxx, 1). La Mischna
est désignée par ce titre (xxv, 1), mais aussi par npD (xxii, 6),
la Guemara par Talaïud (xxv, 1), et aussi par n'^-inn (xxii, 6) ; la
tradition s'appelle n^r^bN (xviii. 22 ; xix, 11 ; xxii, 6).
Si la désignation de la classe où les hommes doivent être rangés
* On trouve des exemples bien curieux chez Bâcher, Einleitung^ 34, note 1, et
Engelkemper, p. 67.
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n
246 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
à raison de leur morale et de leur vie religieuse, nbtâTs, est due à
Tinflaence du kalâm *, on en trouve des traces dans notre commen-
taire, par exemple, lorsque S. parle de la classe des séduits (ii, 12-
20, p. 23 vers la un ; m, 34, 35), ou de Tenfant qui a atteint un des
deux degrés (iTiVr^tt '*'Tn«), l'être bon ou par nature ou par édu-
cation (XX, 11). Nous trouvons également l'empreinte mahomé-
tane dans les citations qu'il fait des Psaumes : a comme dit le
saint » (-«bn) (xxxi, 11), Jérusalem est appelée û«bDb« "Wi (xxviii, 3)
ou ûNbob» ïirn» (xxviii; 18).
Pourtant, en dehors de la Bible et de la littérature rabbinique,
S. ne nomme aucun auteur. Mais souvent on peut deviner la
source où il a puisé. Ainsi, quand il parle du « grand nombre » de
ceux qui se trompent sur le sens de vi, 30, 31, ou de « quelqu'un
de la foule » dont Texplication de p©-' ûtid® (xxiv, 26) ne s'ac-
corde pas avec la grammaire, il s'agit très vraisemblablement de
Juifs, puisque cela concerne des versets bibliques. Mais partout
ailleurs, on a plus de raisons de croire qu'il s'agit d'auteurs
arabes. En voici des exemples. Les Proverbes comparent le mau-
vais cœur qui feint la bonté à de l'argent plaqué sur l'argile
(xxvi, 23). S. ajoute que les savants ont encore d'autres images
pour l'hypocrisie : le feu qui brûle au dedans d'une roche froide',
le miel mêlé au poison, qui a un goût doux et finit par tuer. —
A propos de ses m, 2, S. raconte l'anecdote d'un roi victorieux
à qui l'un des sages dit : Dieu a accompli ton désir en te donnant
la victoire; toi, accomplis le sien en pardonnant aux ennemis;
Tautredit : ils ont fait du mal, pourquoi leur ferais-tu du bien?
Der.-L. fait remarquer que S. a puisé cette anecdote dans des
livres de morale arabes. La débauche est plus condamnable que
le vol (vi, 30-33) ; S. cite l'ordre du sultan qui prescrit de ne pas
punir l'ivrogne comme le débauché. A propos du sot (xii, 16), S.
cite les l-^bn^tt, auteurs de proverbes : b-'bn ïinn»n:^ "^by pi2r.»b»
« le sot se trahit par son faux pas ». C'est sans doute à la même
source qu'il a emprunté la sentence (citée xxiii, 29-35) : t|io:i«b«
ûnNiDb«a b)2rbN ^biriT j^a^p^abw «nb^ « les descriptions par leur
fin, les actions par leur issue », c'est-à-dire c'est la fin qui importe
(Der.-L.). Une anecdote curieuse, quoique peu claire, est ra-
contée à propos de la sentence que le sage peut prendre une ville
(XXI, 22) : Un roi, voulant mettre à l'épreuve la sagacité de ses
sages, plaça l'un d'eux sur une tour ; le sage jette en bas des cordes
enduites de miel, les fourmis y montent, les cordes deviennent
* M. Schreiner, Der Kalâm in der jûdisehen Literatur^ Berlin, 1895, p. 16.
* On doit peut4tre penser à un volcan.
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 247
fortes, le sage s*en sert pour descendre. — Traitant des procédés
de la logique (xxv, 11), S. remarque qu'ils se trouvent dans tous
les livres savants. — Celui qui avertit rhomme à obéir à Dieu,
trouve plus de faveur que le flatteur (xxviii, 23). Un roi demande
à un homme pieux son opinion sur lui ; celui-ci lui répond ; Tu
amasses des biens par des moyens illicites et tu les dissipes d'une
manière injuste. Les assistants craignent que le roi ne punisse cet
audacieux, mais il Tembrasse en s'écriant : Que je sois la rançon
de celui qui est sans reproche ! — Probablement c'est aussi un mo-
raliste arabe qui a dit à son flis : Plutôt que de t'étonner de la
sottise des sots, étonne-les, toi, par ton intelligence (xxix, 27).
Nous avons déjà montré que, d'après S., les Proverbes ont plu-
sieurs sens, le sens immédiat, simple, nn^â, nn^ù ■'br , littéralement
extérieur, et le sens allégorique, philosophique, moral ou religieux,
p«a, p«a "^by, intérieur. L'exégèse, surtout celle qui avait des
tendances philosophiques, eut recours de bonne heure à l'allégorie.
On sait que Youdghan de Hamadan admet que généralement l'Écri-
ture a un sens extérieur et un sens intérieur. On trouve de nom-
breux exemples de ce genre d'interprétation dans le Talmud et le
Midrasch. Dans l'islam aussi, la Zâhiriyya et la Bâiiniyya indi-
quent deux méthodes spéciales d'interpréter le korân et la sounna.
La Zâhiriyya fonda son système sur les mots, presque sur les
lettres du korân et du hadith, ne laissant aucune liberté au
a ray », à l'intelligence individuelle. Chez S., la diflférence entre
le zâhir et le hâtin a un autre caractère que chez les Arabes.
Et pourtant on ne peut nier qu'il n'ait subi, sous ce rapport éga-
lement, l'influence mahométane. Quelquefois il nomme le sens
intérieur « le mystère » (vu, 5-23).
On rencontre de nombreux exemples de ce double sens. Un des
plus singuliers est l'interprétation du dernier chapitre qui fait
l'éloge de la femme vertueuse (xxxi, 10-31). Voici ce que dit Saa-
dia : a La fin des Proverbes veut nous présenter les trois qualités
principales, la perfection, qu'on peut atteindre dans la vie pra-
tique, dans la sagesse et dans la religion. Comme le bonheur ma-
tériel frappe mieux les hommes, les Proverbes l'ont décrit ici,
mais on peut en tirer des conclusions pour l'âme et l'intelligence.
Du reste, à chaque qualité attribuée dans ce chapitre à la femme
forte répondent des qualités analogues, d'après le sens intérieur,
chez le savant et l'homme pieux. Ce chapitre est assez important
pour qu'il doive être bien connu des disciples ; voilà pourquoi les
versets se suivent dans l'ordre alphabétique. »
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248 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
EXEMPLES d'interprétations INTÉRESSANTES.
Nous allons maintenant donner quelques explications de Saadia
qui nous paraissent présenter quelque intérêt. Il traduit frrs^
naît (vu, 10), « mise comme une courtisane * ; «•» -^aïi» br^wnh
(vu, 21), « pour mettre ceux qui m*aiment en possession de ce qui
existe ». La seconde explication de x, 3, rend parfait le contraste
des deux hémistiches : Dieu ne laisse pas le juste souffrir de la
faim, il repousse Tavidité des impies. Pour yyr ri (xi, 15), S.
propose deux explications admissibles : être atteint du mal' ou
(d'après l'araméen) être écrasé, ivf^y^ "iTi (xii, 19), un clin d'oeil, un
:?an. Par'n«:m53 et ««"nn» (xiii, 7), S. entend celui qui fait le riche
ou le pauvre. — mN::n û'»7:Nb nom (xiv, 34), l'opprobre des peuples,
c'est le péché, puisque non a ce sens dans Kin non (Lév., xx, 17) et
dans le verbe yj2^ ^nom "jd (xxv, 10). — r-in03>5 (xv, 6), le déshon-
neur et le trouble. — i^v "^hy û''a'»n5 moïib (xvii, 26), frapper les
honnêtes gens malgré leur droiture. Tno'» û'»53n2ty l-^m (xviii, 18) le
sort sépare ceux qui se querellent. 0'>)3n^ a son analogue dans
Isaïe, XLi, 21, t30'»m73iS3^ waïi, où S. traduit, en effet, par le
même radical arabe qu'ici ; la liste des lxx (xc) mots de Saadia
cite pour û'>7:Tit:> l'expression talmudique ntts^a^at) û'^st) [Sanhé-
drin^ 31 &). — «p^ ^nna û'^r© û-^ax (xxii, 5), il y a des épines et des
pièges dans le chemin raboteux. ^ (22-23) Ne dépouille pas le
pauvre, parce qu'il est pauvre , car Dieu ôtera la vie à ceux
qui leur font tort. — nifitioïs û-'ava (26), ceux qui garantissent les
créances. — -ODa bw (xxiii, 2), un homme avide. — Il semble que
S. voit la même racine dans *-on& que dans le mot talmudique nn:nD,
car il traduit « apprécier w. — w:? (xxiii, 31 j la couleur du vin. —
d'»ni»'»»a '^bw, « il glisse tout droit ; ban (xxiii, 34), « le mât ». —
yjiorv' 1D (xxv, 10), « de peur qu'il ne te déteste ». — m^an û"^2n, des
flèches mortelles (endiadys). — d'^pbn xrr\w^ (xxvi, 23), des lèvres
aux paroles ardentes, ou (d'après Gen., xxxi. 33) dont les paroles
se suivent les unes les autres. — K3it) mp-^mi mnrc^i (xxvii, 6),
les baisers de l'ennemi sont excessifs, comme ûO'^nan •'b^ ûnn^^m
(Ezéch., XXXV, 13). — m^ainn td*»»*! (xxix, 1), celui qui prélève des
impôts.
Une série d'autres explications frappent par leur orginalité :
L'oiseau pense que les grains répandus dans le filet peuvent être
mangés sans peine, tandis qu'il y va de sa vie ; c'est ainsi que
l'homme cupide croit pouvoir dépouiller les autres sans peine, et
il y perd son âme (i, 17). — L'adultère espère qu'il gagne la femme
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 249
d*autrui poar une miche de pain ; en vérité, c'est son âme qui en est
le prix (vi, 26). — Dieu a produit la sagesse comme début de sa
création (viii, 22). La Bible et la raison prouvent également que
Tœuvre de la création est faite avec sagesse ; celle-ci a dû donc
précéder tout le reste. — La' sagesse et la raison ordonnent la
crainte de Dieu [ix, 10). — Le souci dans le cœur de Thomme Tabat
(xii, 25). — ûia« «pV» û-^yn» (xiv, 9), le crime des sots interprète
leurs pensées. — Dans xvi, 6, il s'agit de ceux qui font pénitence
et de ceux qui ont toujours été justes. — Abstiens-toi; mon fils,
d'écouter des leçons qui te feraient négliger les paroles de la
science (xix, 21) ; no-na signifie ici une prétendue instruction,
comme trrf^ désigne quelquefois les idoles, — 'n r-iNn*» ircy ap^
d'^m *naDn l^9 (xxii, 4), S. dit que dans ce verset il y a asyndète :
n r-iNTi m^:? ap:?. — ...îron^a pN yrùi'D (xxvi, 8), rendre des hon-
neurs à un sot, c'est comme jeter des pierreries dans un tas de
pierres, c'est en pure perte, les pierreries et les honneurs sont
gaspillés ; 'nins: a, en Palestine, le sens d'une petite pierre. — tpm'n
tiODb (xxvii, 21), comme le creuset et le fourneau affinent l'ar-
gent ou l'or, ainsi les éloges doivent ennoblir celui à qui ils sont
adressés. — M.tmn y^m» WKT'Dtt (xxviii, 9), si l'homme n'écoute
pas la parole de Dieu, Dieu n'écoute non plus la prière de
l'homme. — mia"'MïTnb« tv^"^ (xxxi, 19), elle dirige ses mains avec
adresse ; ym^'D =îTOr)n T^rin inn'»n (Ecclés., x, 10).
Mais on ne donnerait pas une idée exacte de l'exégèse de Gaon,
si on ne montrait pas ce qu'il y met parfois d'arbitraire. Esprit sys-
tématique, il attribue la môme tendance aux Proverbes et, pour
cette raison, violente quelquefois le texte. Ainsi, il prétend trou-
ver l'ordre de la création dans viii, 23-29, ou les sources de
notre connaissance dans xxii, 17-21. — Souvent aussi le désir
d'être clair lui fait négliger le contexte et les détails. Il traduit,
par exemple, in-» w^p^^::, 'jn^Di û-^jn ti^tt 3>tt)n n»n (xii, 12), le scélé-
rat recherche le repaire de ses pareils, et les justes se conforment
à leur origine, c'est-à-dire chacun recherche la société de ses
pareils, et Tis:» a le sens de nnnstTD (II Sam., v, 7 ; xxii, 2). — S.
identifie, ce semble, Din» (xiv, 4) avec DDi<, quoiqu'il traduise
autre part ce mot (Isaïe, i, 3 ; Job, xxxix, 9) exactement, par
crèche, étable. —Par une interversion hardie il explique 3?i25"i Dan
nan drb (xvi, 4) comme r^Dnb nrn ûr û:in, le jugement dernier est
créé pour le coupable. — rvD vbr tp^ -«d (xvi, 26), si la situation
(du pauvre) est bouleversée. — û-'brîn (^xix, 2) marque l'état. — n'^an
nan (xxi, 9) ; tr^x c'est la femme (explication talmudique) ; nan,
c'est la querelle comme nan nam (Deutér., xviii, 11). — Il arrive
même que S. met dans un verset le contraire de ce qui s'y trouve,
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:
250 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
il voit dans xxvii, 23-2*7, l*avis de ne pas trop compter sur les
troupeaux.
CONCLUSION.
Le commentaire de S. sur les Proverbes nous offre, pour ainsi
dire, les fruits de sa grande érudition, qui était la résultante de la
culture juive, arabe et, indirectement, grecque. A. côté de sa ma-
nière de penser en général, nous y puisons encore quelques indi-
cations intéressantes sur ses conceptions politiques, sociales et
éthiques. La manière dont il pense s*y marque d'une façon précise.
Chaque sentence produit en lui une perception nette, une image
concrète, et il explique, décrit, cite des exemples jusqu'à ce qu*il
ait rendu clair pour autrui ce qu'il voit nettement lui-môme. Ainsi,
dans XVIII, 17^ la première des deux parties est sur le point de ga*
gner sa cause, lorsque l'autre arrive et y met un terme. S. dit :
Supposons quelqu'un qui présente un acte de donation en vertu
duquel une jeune fille célibataire lui a cédé son champ; le juge
décidera en sa faveur. Mais alors un autre prouve que cette jeune
fille s'est mariée plus tard et que le champ était son seul bien, la
donation est donc annulée en faveur du mari. Autre exemple :
Après la mort d'un père, un étranger s'est emparé de son champ ;
le fils exige le legs et on va le lui accorder. Mais l'accusé démontre
que le mort était prosélyte et que le fils est né quand le père
n'était pas encore juif; par conséquent, l'accusé doit rester en
possession du bien *.
LUdéal politique de S. est la monarchie, qu'il considère comme
la plus parfaite forme de gouvernement ; l'oligarchie, à raison
des dissensions possibles, le satisfait moins. Les conseillers nom-
breux de Darius (?) ne sont pas d'accord, Daniel seul consolide le
règne ; la polycratie, c'est le crime des peuples (xxviii, 2). S. érige
aussi en principe la succession dynastique (xix, 10). Si le roi est
fils de roi, il tient compte de la tradition et des souvenirs des
ancêtres, prend soin de leurs fonctionnaires, de leurs amis, de
leurs sujets, et, espérant que ses enfants lui succéderont, il tend
à agrandir Tempire. Un parvenu s'empare-t-il, au contraire, du
trône, il s'efforce d'anéantir les traditions et de persécuter les par-
tisans de son prédécesseur ^.
Ce qui nous frappe, chez S., au point de vue social, c'est son ja-
* On trouve des développements analogues à propos de xvni, 13, et zix, 26.
» Voir encore xxix, 14 ; xxx, 29-33.
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LA VERSION ARABE ET LE COMMENTAIRE DES PROVERBES 251
gement sur les femmes. Il déplore leur opiniâtreté (xx, 19) ; il leur
dit avec une sorte de menace de ne pas oublier leurs devoirs, car
leur union avec leur mari, loin d*ôtre éternelle, peut être dissoute
par le divorce (xix, 13 ; xx, 19). '
Au point de vue moral, S. est convaincu que les hommes de
bien seront traités selon leur mérite. Pourtant il 9dmet que la
justice parfaite n^existe que dans le monde futur. Bien des fois,
quand les Proverbes affirment le règne de la justice, S. ajoute
que ce n*est pas le fait de tous les jours ; dans ce monde-ci, la
justice règne par un miracle de Dieu, mais ce n*est que dans
l'autre monde qu'elle devient Tétat habituel (xii, 20 ; xiv, 11 ; xv,
6, 16 ; xxn, 9).
Quelquefois S. semble suivre une morale supérieure à celle des
Proverbes. Dans xxiv, 18, il est défendu de nous réjouir du mal-
heur de notre ennemi, de peur que cela ne déplaise à Dieu et qu'il ne
détourne sa colère de l'ennemi. S. dit : Ne t'en réjouis pas, afin que
Dieu ne tourne pas sa colère, dont il accablait ton ennemi, contre
toi. Encore plus adroite est la modification que S. apporte au.pré-
cepte qui nous ordonne de donner à manger et à boire à l'ennemi,
car par cela on répand des charbons sur sa tête, et Dieu récom-
pense encore la générosité (xxv, 21,22). S. traduit: Môme si ta
générosité répand des charbons sur sa tête, Dieu la récompensera.
Et le commentaire ajoute : « N'infligeons aucune autre soufi'rance
à notre ennemi que celle que notre générosité peut lui faire éprou-
ver en lui montrant qu'il a eu tort de nous haïr *. »
Une fois S. se plaint de ses contemporains en disant que s'ils
discutent c'est plutôt par orgueil que pour défendre leurs con-
victions (xxvii, 17),
Bernard Heller.
> s. renchérit aussi sur iir, 27-29.
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MANOELLO ET LE DANTE
a II faudra supprimer, déclare M. F.-X. Kraus, dans son
Dante % le juif Emmanuel ben Salomon du nombre des amis da
poète italien. » Aussi n*y a-t-il aucune mention du poète juif dans
rindex de l'ouvrage. Toutefois, il faut se garder de voir dans ce
jugement tranchant le dernier mot de la science. Bien mieux, les
recherches les plus récentes établissent avec une pleine certitude
que des rapports ont existé entre Manoello et le Dante.
Trois vieux manuscrits dé poésies, indépendants les uns des
autres, un ms. de la Bibliothèque Casanatense à Rome, le ms.
1050 de la Trivulziana à Milan > et le ms. XIII, C. 9. 5<» à Naples \
donnent tous trois les sonnets qu'échangèrent, à Toccasion de la
mort de Dante, Bosone et Manoello, le juif de Oubbio.
Bosone Novello di Messer Bosone de Caffarelli entretenait des
relations étroites avec le Dante. Il s'était, dit-on, réfugié dans son
château et avait enseigné le grec à ses enfants*. Or, Bosone n'a
pas d'ami plus intime dans le sein duquel il puisse épancher sa
douleur sur la perte du Dante que le juif Manoello.
On admet généralement que, dans son sonnet à Manoello, Bosone
pleure aussi la mort de la femme de Manoello'. Cependant les deux
lumières qui se sont éteintes pourraient bien représenter Dante
seul, qui aurait été à la fois le soleil et la lune, d'autant que Manoello,
dans sa réponse, ne fait aucune allusion à cette double mort.
Cette poésie est-elle ou n'est-elle pas de Bosone? Qu'importe ! 11
|; 1 Dante^ sein Leben und sein Werk^ sein Verkâltniss zur Knnst und Politik^ Berlin,
I 1897. p. 146.
\ * Franz Delitzsch, Z^oei kleine Dante-Studien, p. 4.
Y » Leonello Modona, Hime volgari di Immanuele Romano, Parme, 1898 (Nozze Segre-
\i Modona), p. 9, note 5.
I ^ Kraus, /. c, p. 95 et suiv. La Bozone s'appelle toujours de Raffaelli.
[• » Cf. la traduction de Geiger, Jûd. ZeiUchrift^ V, p. 293 et suiv. ; GQdemann,
t Gesch, des Srtiehungswesens der Juden in Italien, p. 138, et Vogelstein et Rieger,
fc Oesck. d, Juden in Rom, I, p. 430 cl suiv.
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MANOELLO ET LE DANTE 253
résulte tout au moins de ce sonnet que Manoello passait pour un
ami du Dante. Quant à la réponse de Manoello, elle marque une
telle intensité et une telle vérité de douleur et, en outre, elle porte
tant la marque de son origine juive, qu'on ne saurait douter de son
authenticité. Dans le premier vers, l'auteur dit qu'il tire du plus
profond du cœur les larmes qui éteignent le feu de sa douleur. Cette
expression montre qu'il connaît la poésie hébraïque de la période
hispano-arabe ^ Ses vers, du reste, rappellent les poèmes les plus
connus de ces poètes et son « se non fosser le lacrime in che ab-
bondo » semble reproduire une des images les plus fréquentes dans
les poésies de Técole espagnole. En exhortant chrétiens et juifs
à s'asseoir sur Tescabeau de deuil, comme s'il s'agissait d'un
parent , il se souvient, non seulement des coutumes juives * ,
mais encore du mot talmudique ', suivant lequel, à la mort d'un
grand homme, tous doivent se considérer -comme ses proches et
tous doivent porter le deuil. La fin du sonnet, il est vrai, reproche
à la divinité d'avoir amené ce malheur par envie*, et décèle une
pensée contraire au sentiment juif. Mais il faut mettre ce blas-
phème sur le compte du désespoir où était le poète.
Une preuve nouvelle qu'on connaissait la profonde amitié de
Manoello pour Dante nous est fournie par les sonnets que s'adres-
sèrent mutuellement, après la mort de Dante et de Manoello*, Cino
da Pistoïa, le fameux juriste et commentateur du code Justinien,
l'ami de Dante, et Bosone. La malveillance qui éclate dans la
poésie de Cino, à supposer même qu'il n'en soit pas l'auteur, est si
violente et montre une telle jalousie, qu'on ne saurait douter que
le sonnet corresponde à quelque chose de réel ^ Cino, ou celui qui
se dissimule sous ce nom, raille Bosone sur ce qu'il a cru à l'amitié
du juif pour le Dante. Le grand poète, qui lui-même a dû des-
cendre aux enfers, reconnaît, à présent que Manoello est mort,
attaché à l'erreur de sa loi, et endure les peines des infidèles, ce
qu'il fallait prendre des flatteries de son thuriféraire juif. Il le voit
là, comme il a vu", dans sa description du xviii® chant de l'Enfer
* Cf. Geiger dans TOfD 15£1fi<, lH, p. i23, note 2. Sur les rapports de Manoello
avec les poètes espagnols-hébreux, voir H. Brody dans le supplément de la Jûd,
Preste de 1896, n« 2, p. 6.
* Modona, /. c, p. 39, note 15.
> Sabbat, 105a: ^^y\^'p bDn H»!» ^'DTl.
4 Modona, p. 27.
s Steinschneider, Letteratura Italiani degli Otudei^ Geoni, Rome, 1884, p. 34, et
Lattes, NotUie e docutnenti, Padoue, 1879, p. 30.
« Kraus, l. c, p. 138 et sa. et 296.
^ Modona, L e,y p. 3, note 3 ; Delitzsch, /. c, p. 4.
* Je suis ici l'excellente explication de F. Delitzsch, L c, p. 6-7, qui reproduit le
texte du sonnet de Cino et en donne la traduction.
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254 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
(v. 116), Alessio Interminei de Lucques; il le voit la tête couverte
de fange à cause des adulations qu*ii prodigua toute sa vie durant.
Âlessio, qui fut un flagorneur de Castruccio, le chef des Gibelins,
de rage se change en ours, chaque fois qu'il aperçoit ce dernier.
Et le Dante raconte qu'Âlessio lui montre parmi les flatteurs
Manoello, caché et accroupi dans un coin si étroit, qu*on dirait
l'incision d'un sauvageon où Ton grefie une branche de pêcher.
Indigné, Bosone réplique que la place de Manoello n'est pas
dans l'Enfer, et, qu'y fût-il, il ne mériterait pas cette coiffe de
fange. Quant à Âlessio, son châtiment est justifié, parce qu'il a
flatté le meurtrier de Gueruccio, une des victimes de Castruccio à
Lucques. Dante et Manoello sont dignes d'un autre sort, et ils
peuvent compter qu'ils seront tirés du royaume de Lucifer.
La diatribe dont nous parlions plus haut ne permet plus de
douter qu'il y ait eu une amitié étroite entre Dante et Manoello.
Et la réponse de Bosone montre, à son tour, que cette liaison des
deux poètes était de notoriété publique.
Ces témoignages suffisent, alors même qu'il n'y aurait pas de
mention du nom de Dante dans les poésies de Manoello, ni trace
d'une influence de Manoello sur l'œuvre de Dante. On peut donc
hardiment rejeter les indices que certains savants ont cru décou-
vrir et maintenir comme un fait acquis l'amitié qui unissait les
deux écrivains.
Ce n'est assurément pas de la mort prématurée du Dante,
comme l'admet Delitzsch, que Manoello parle au début du
xxviii<» chant de son 2)iran^ L'ami dont la perte plonge notre
poète dans de telles réflexions qu'il se trouve jeté à travers l'Enfer
et le Paradis, est évidemment de race juive *. D'autre part, Daniel,
qui, pour Manoello, remplace Virgile et Béatrice, est le prophète
de l'Ecriture, qu'Ezéchiel xxviii, 3, appelle déjà le Sage et était le
pendant de Virgile. On prétend que par Daniel» Manoello aurait
voulu désigner le Dante ^ ; mais c'est là une hypothèse bien faible
qu'il faudra abandonner*. Tout à fait insoutenable est l'assertion
de Geiger, suivant qui le trône d'honneur du Paradis, auquel
travaillent Beçalel et Oholiab, était destiné à Dante. Dans le
cercle des lecteurs à l'intention desquels Manoello écrivait ses
poèmes hébreux, la personnalité de Dante n'était pas suffisamment
» Z. c, p. 4.
* Û'^Onp y^T, cf. Zunz, Ges, Schriftut, III, p. 284. Manoello n'aura pas dési-
gné ainsi les croisés, aïeux du Dante, comme le croit Delitzsch, ib,^ p. 4, note i.
* Vogelsteinet Rieger, /. c, I, p. 440.
* JUd. Zeitsehriff^ V, p. 298. Cf., au contraire, Gûdemann, /. c, p. 314 et suiv.,
et Soave, cité par Steinschneider, Heàr. BibL^ XI, p. 53, note 3.
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MANOELLO ET LE DANTE 255
connue en 1328, pour qu*il lui eût assigné une place au Paradis,
où il rencontre les justes de tous les peuples. Toutefois, cette
considération ne prouve rien contre les relations d*amitié qui exis-
tèrent entre Dante et Manoello, comme Ta cru Munk ^
On a encore moins réussi à trouver dans Tœuvre de Dante le
moindre passage relatif à la liaison des deux poètes. Dante a-{-il
su rhébreu ? A-t-U emprunté à cette langue quelques-unes de ses
expressions ? A ces questions il est impossible de donner à Tbeure
qu'il est une réponse décisive. Mais fût-on convaincu que Dante a
su Tbébreu, il n*en résulterait nullement qu'il fut Tami de Ma-
noello. Au commencement du yii"* chant du Paradis il y a ce vers
latin : felices ignés horum malahoth; ce dernier mot d'après
Delitzsch* est mahaloth = maaloth = mV3^, c'est-à-dire la hiérar-
chie des anges et des bienheureux, comme, dans le vieux rituel, la
commémoration des âmes parle des d'^ntiam û"'t)'npn mVj^, de la
hiérarchie de saints et des purs dans le monde ultra -terrestre. De
môme, pour le 67* vers du xxxi'' chant de l'Enfer, où des lèvres de
Nemrod s'échappent ces paroles : Rafel maï amech izabi almi, il
est loisible assurément de traduire avec Delitzsch^: « Guéris,
ô Dieu, combien profonde est ma peine éternelle »» mais on peut
se demander si ces mots sont réellement empruntés à une langue
quelconque, si ce ne sont pas plutôt des sons sans aucun sens, des
interjections inventées pour émouvoir par leur étrangeté.
Il faudra aussi rayer du nombre des vers trahissant une in-
fluence hébraïque celui qui est au commencement du vii<* chant de
l'Enfer : Pape Satan, pape Satan, aleppe. En tous cas, je ne vois
pas où F. X. Kraus * a pu découvrir « que Dante a connu quelques
termes du jargon juif ».
Néanmoins, on pourrait trouver dans la vie de Manoello des
indices qui rendent vraisemblables des rapports avec le Dante.
Ainsi, il suffit de jeter un coup d'œil sur le xxviii® chant du Divan
pour se rendre compte de la profonde influence que la Commedia
exerça sur Manoello '. Malgré la liberté et l'originalité de Timita-
tion, celle-ci se manifeste tant par la disposition de l'ensemble que
par certaines particularités de détail. Manoello fournit le premier
témoignage de l'action immédiate que le grand poète exerça au-
* Cf. Geiger, Hebr, Bibliographie, 111, p. 59.
* X. c, p. 1, note 2. Cf. GûdemaDn, l. c, d. 140, note 3.
» là,, p. 7, note 3 : "V^hy ^32:^ p?3r HTS "^Vn ND^. Cf. sur ce vers et le suivant
les notes de O. Barzila! cité par Gûdemaon, t^.
* L. c, p. 33. Kraus n'indique pas le vers de VBn/èr, xxxt, 67. Sur l'explication
tirée du français corrompu donnée par Benvenuto Celiini, sur V Enfer ^ 7, 1, voirt^.,
134, note 5.
^ Cf. Modona, L c., p. 37, note 10, qui prépare U-deisus une monographie.
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256 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
tour de lui. Mais Manoelio n'était pas seulement un écrivain
hébreu, c'était encore un poète italien, et il imprimait un cachet
personnel à la langue de son pays. Il ne nous est parvenu de Ma-
noelio que très peu de poèmes italiens — quatre sonnets et un assez
long morceau du genre badin que M. Modona * vient de publier.
Mais si peu que ce soit, cela montre qu'à peine Dante a-t-il créé
la langue de Tltalie, un juif se Tassimile aussitôt, et s*en sert avec
aisance.
Ces quelques poésies permettent de compléter la physionomie
littéraire de Manoelio et de comprendre comment les cercles les
plus élevés de la société chrétienne d*alors lui furent ouverts. Si le
juif Manoelio put fréquenter chez les premiers poètes et savants de
ritalie,c* était principalement à cause de sa parfaite connaissance
de la langue italienne et de Tart avec lequel il la maniait. La li-
berté et la gaminerie, la franchise et la fierté pleine d'humour que
Manoelio marque dans ses compositions hébraïques se donnent
encore plus carrière dans ses chants italiens. De même qu'aucune
des élégies sur la mort de Dante n*exprime la douleur avec autant
de simplicité et de vérité que celle de Manoelio *, de môme peu de
poètes du moyen âge ont trouvé des accents pour la toute-puis-
sance de l'amour comme lui dans le sonnet qui débute ainsi : « Amor
non lesse mai l'Ave Maria ». Quand il écrit en italien, il se sent
si bien affranchi de toutes les entraves qui embarrassaient le juif
du moyen âge, qu'il se sert du Pater nosier et de VAve Maria.
Et lui, qui, dans le fond du cœur, est resté un fidèle observa-
teur de la Loi juive et un pieux exégète, parie de tous les partis
politiques et des confessions religieuses, dont il voudrait prendre
à chacun et à chacune ce qu'ils ont de meilleur, sur le ton d'une
telle indifférence, qu'on le tiendrait pour un railleur frivole et sans
conscience, si Ton ne connaissait pas son plaisir à lancer un mot
leste et un vers léger. Par endroits, on croirait entendre un libre-
penseur à la façon d'Aboul Ala Maarry '. Il nomme Saint-Pierre
et Saint-Paul, Moïse et Aron, Machon et Trivichan, c'est-à-dire
Mahomet et Tervagante ^, les idoles, que des poètes italiens, fran-
çais et anglais, tout le moyen âge jusque dans les temps modernes,
représentent comme ayant été adorées par les Musulmans ; il les
* X. c.p. 27-34.
* Modona, /. e.^ p. 13, note 13.
* Cf. A. von Kremer, Ueber die philosophischen Gedickte des Ahul *Ala Maarry
(Vienne, 1888).
* Cf. Rob. Nares, Olossary.,. in the worhs of englisK Authors, particularly Sha-
kespeare, p. 800, s. V. Termagant, 828 : Trivi,ççant, et Henry de Castries, VUlam
(Paris, 1896), index, s, v, Tervagant. Je dois ces renseignements à M. le professeur
Goldziber.
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MANOELLO ET LE DANTE 257
nomme tous d*une seule haleine et sur la même ligne, comme si
lui-môme n'appartenait à aucune religion.
En cela Manoello semble s'éloigner de Dante. Cependant il y a
une poésie à l'adresse d'un homme que tous deux respectaient et
affectionnaient beaucoup. Manoello, lui aussi, a composé une
pièce en Thonneur de Scaliger de Vérone*, qui avait comme
armes un aigle sur une échelle; et il a décrit* en des termes
fleuris et sonores la vie magnifique de sa cour. Ce sont des qua-
trains dont les trois premiers vers ont la même rime, tandis que
les quatrièmes vers de toutes les strophes finissent sur une rime
semblable. On pense à Abraham ibn Ëzra gourmandant les Saler-
nitains dans une de ses satires. Manoello prétend avoir traversé
la Syrie, rArménieet la Romagne, TEmpire byzantin; mais rien ne
vaut à ses yeux ce qu'offre la cour do Can Grande à Vérone. Et il
accumule les exclamations colorées pour donner une idée de
toutes les sortes de troupes, de femmes et de jeunes filles, de
nobles et de courtisans, qui se coudoient là, venus de tous les
pays ; des connaissances dans tous les domaines du savoir qu'on y
rencontre: astrologie, philosophie, théologie; de la variété des
idiomes qu'on y parle, des représentants de toute l'Europe qui s'y
sont donné rendez-vous: Allemands, Latins, Français, Anglais,
Flamands ; de tous les chantres et musiciens, fauconniers et chas-
seurs, de toutes les passions et de tous les plaisirs, qui se troiivent
réunis à la Cour. De même que tous les peuples se mêlent ici,
Italiens et étrangers, Juifs et Sarrasins, de môme toutes les es-
pèces du règne animal se promènent dans les jardins de Can
Grande; tous semblent être venus proclamer leur soumission à
ce seigneur puissant, dont la gloire s'est répandue au delà des
mers '.
Les poèmes hébreux de Manoello, qui ne nous disent rien de son
amitié avec Dante, ne nous font pas savoir non plus qu'il passa
quelque temps à la Cour de Vérone. La biographie de Manoello
b. Salomon nous est parvenue avec tant de lacunes, que toute
hypothèse nouvelle peut y trouver place, sans qu'on puisse la
ruiner par des considérations tirées de ses ouvrages mômes.
Etant donnée cette pénurie de renseignements, il nous suffira,
pour affirmer l'existence de relations entre Dante et Manoello,
de constater l'influence de rslui-là sur les œuvres de celui-ci et
* Sur les rapports de Dante, cf. Kraus, l. c, p. 59, note 1, p. 367 et suiv., 470.
* Publié pour la première fois par Leonello Modona. dans le Vessillo israeiitieOy
1S85, numéro 12 et dans un tirage a part (8 pp.) ; sur les éditions postérieures, voir
Modona, Bime volgari^ p. 40, note 18.
» Cf. Vogelslein et Rieger, l, c, p. 429 et suiv.
T. XXXVII, K» 74. . 17
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258 REVUS DES ETUDES JUIVES
le témoignage de la littérature italienne. D'un autre côté, si Ton
tient absolument à découvrir dans la vie de Dante la trace d'une
amitié avec un juif, on fera mieux de la chercher dans Tesprit
biblique dont il est pénétré et dont il pénètre son œuvre, que
dans ses prétendues études hébraïques. Dante, à qui toutes les
images et tournures de l'Ecriture se présentaient dans leur
vivacité et qui les trouvait au bout de sa plume à tout mo-
ment, a dû s'efforcer del ier commerce avec un homme comme
Manoello, qui à ses talents de poète joignait une connaissance
approfondie de la Bible. Et ainsi Manoello serait devenu Tami
du Dante grâce à TAncien Testament, à qui aucun artiste n*est
autant redevable que Dante, si ce n*est Michel -Ange *•
David Kaufmann.
> Contre l'opinion exagérée de Flo Servi relttlvement à Tiniluenca de Manoello
sur D^nie {Dantt e gli Ebrei^ Gatale, 1893, p. 10}, cf. StAUiêchnéiàn , MoMtsuÂri/t,
XLU, p. 120, noie 3.
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LE LIVRE-JOURNAL DE MAITRE UGO TERALH
N0T41RE ET DRAPIER A FORÇALQUIER (1330-1332)
L'émînent directeur de TEcole des Chartes, M. Paul Meyer,
vient de découvrir et de publier des fragments du livre-journal
d'un marchand drapier de Forcalquier (Basses-Alpes)*. Ce docu-
ment, comme on va le voir, ne manque pas d'intérêt pour This-
toire des Israélites de France.
Maître Ugo Teralh tenait registre des ventes de sa maison, ins-
crivant le nom de l'acheteur, puis la nature de la marchandise
vendue, la date à laquelle le paiement devait être effectué et celle
de la livraison. En certains cas, la note était rédigée par la partie
prenante. Si l'acheteur était un notaire, celui-ci ne manquait pas
d'écrire lui-même son obligation. Si c'était un juif, celui-ci l'écri-
vait très souvent en hébreu, et le marchand faisait suivre cet
article de la mention, rédigée en provençal, des conditions de la
vente, ajoutant que l'acheteur juif avait écrit de sa main la recon-
naissance de sa dette *.
Il est dommage que ce document ne se compose que de quelques
feuilles, car, si court et si altéré cju'îl soit, il nous fournit des ren-
seignements de plusieurs sortes.
Reproduisons d'abord les quelques lignes d'hébreu, suivies de
la rédaction du marchand qui en contrôle l'exactitude. On remar-
quera que le texte est parfois tronqué soit à la fin, soit au com-
mencement des lignes. Cela tient à ce que le relieur, qui s'est
servi du manuscrit pour former la couverture de son registre, a
rogné les feuillets.
* 1$ livre-journal de Maître Ugo Teralh. Paris, Klincksieck, 1898 ; in~4<' de 42 p.,
avec une planche. Tiré des Notices et Bmtraite des manuscrits^ t. XXXVI.
* Résumé de la notice de M. Paul Meyer.
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260 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
li. nsnsrnb '^1th i^dd m m nb bno naiNb n'^'^[n]
( dois à Ugo Teral 32 sous et 8 deniers à payer à son gré.)
Deu Creyson xxxij s. e viij d. r. per e demiay de rosseta
de Limos. Pagar a carementran, e a o escritz de sa man. Deu
mays iiij d. r. per unas chausas de blau de Garcasona.
67. uMb yyith in» ■•srm m t bKn-'a iaiN[b] n-^Tt pn» 'in bw-^rp -«î»
« Moi» Yehiel, fils d'Aron, je dois à Ugo Téral 7 sous et demi que je
dois lui payer [pour] trois palmes d'escarletas de Beses *. »
Deu Vivaa Aron vij s. e vj d. r. per iij palms Pagar a la
fiera, e a o escritz de sa man; e près o lo deriar jor d*abril
M CGC XXX (sic, iis, xxxi).
P* Vivan vij s. vj d. de reff.
77. nbDn nsp -^irm ...in nsp -^itn mn^ra diu isin b» a-^-^rt n-^^ns ••3»
nîiiTD a'^'^n ïnTT^n i^d r "jabn 3*<t 'b pb t^-^b^^p tD"'piD "^nai
Ti^r-iD m T y-iD '-I n-in
« Moi, Néhémie, je dois à Ugo Teral pour une demi-canne d'ar
et une demi-canne de bleu et des chausses en camelin blanc,
30 sous, le blanc valant 43 deniers; et de ceci est dû par notre
maître le rabbin Péreç 7 deniers [que] j'ai payés »
Deu Creyson, juyeus, xxx s., contant j tornes d'argent am o re-
don per xiij d., per miaga canna d*arangelat e per miaga canna
de blau de Garcasona. e per unas chausas de ca^^telin blanc.
Pagar a la fiera, e deu en lo maystre vij s. ; e a n*i escritz
de sa man ; e près o lo viij jor de may mccc xxxL
P* XXX s. reff.
80. 'û'^buîi pn*^ naa» nsp •'srn ^ny m iû b-^-'-ia lai» b» a*^*^n npr» -«sM
s-'T n -^^nn rrTDb^ a*^^n nim "jab nsa n^p
<c Moi, Jacob, je dois à Ugo Teral 15 sous pour une demi-canne
de vêtement vert et un tiers de canne de vêlement blanc. Et de
ceci il est dû par Salomon, mon gendre, 5 sous. »
Deu Jacob de Relhana xv s. cor. per miaga canna de vert e per
una[s] chausas de blanquet que près lo ix jor de may m ccc xxxi,
e a 0 sobre escritz de sa man. Pagar a Sant Jory (Saint-Georges),
23 avril.
U3. Ti:ra «mbia» ain^^nTD d-^îp a bôna nai«b ••nnpb b'^-'ita la*^ tv
«•^r"»*: pTna©N no
« Le 19 juillet j'ai acheté à Ugo Teral 2 cannes de mesclat de Tou-
' De Béziors.
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LE UVRE-JOURNAL DE MAITRE UGO TERALH 261
louse à raison de 43 sous la canne. Et je lui ai payé 43 sous ; il
reste 43 sous pour Tépoque des saints, et j*ai signé de mon
nom ici : Astoruc de Digne. »
Deu Astrac de Bignha xiij s. r. per resta de ij cannas de mesclat
de Tolosa. Pagar a Tout Santz ; e près o lo . . . jor de julh
M CGC XXXI, e a ni escritz de sa man.
P* mosenhes per Astruc viij s. p. — P* Astruc iij s. vj d. reff. en un (?)
robert d'argent.
« Le lundi, 42 août, j*ai acheté une demi-canne et une demi-aune
de blanquet de Narbonne, à raison de 47 sous la canne, total
9 sous et 7 deniers, pour Don Bonfil (ou Bbnfeil), et j*ai signé
de mon nom, ici, Bongodas (— Bonjuda) de Salon. »
Deu Goions, juieus, ix s. vij d. r. per iiij palms e demiey de
blanquet. P^ alla fiera. E. a n'i escrix de sa man.
458. l-^bTDpT tD-^nnî 3*^ a*<n3a fn ^"û^ra naa "^nnpb ;23Nni53"i3 -^s»
D-^UD© ^0 DiiK Q-^n-iT an u^siTs-^bn nbanT: D-^mT y^^ naiïjpnpn
abn ai: t^vd b-^-^DSia yn "^sobn laiDD-ia in "^aobn t^^-^sm
■^arm r^^^-ç^ b-i-^-ia ^y^^ •^•k-):2iD'»'^?3i ''nnpb ^y^ b">-)aî<a asiaionb
m;2D 3^aa^73 3n kd ^o nTabo in ma:^a tD-iDS-^Dn nb^nTs
:in:a x^'^ msitîa naan ht "^nnpb iD^nn-sia -^d» icd s-» o-^mcsn
« Moi, Boujudas, j'ai acheté uu vêtement pour Don Bendig,
42 aunes de camelin de Carcassonne, et 43 aunes de bleu de
Limons et 2 aunes de rouge, total 69 sous, 43 deniers au tournois,
à p^yer à la requête de maître UgoTeraii; etmoi Bonjudas, sur
Tordre de Don Bendig, j'ai écrit devant Don Astruc de Digne,
Don Bonafous et Don Bonfil, l'an [40J92, soit [13]32du comput
chrétien, en avril. En outre, j'ai acheté de maître Ugo Terail une
canne et demie de bleu de Sinpos (Saint-Pons) pour Don Salo-
mon. Total : 24 sous, de la monnaie valant le tournois 4 3 de-
niers. Moi Bonjudas, j'ai acheté ce vêlement sur l'ordre de
Don Bendig. »
Deu Bendilz de Relhana, juyeus de Forch., iiij libr. e x s. reff.,
comlant j lornes d'argent am o redon per xiij d., per canna e
miaga de camelin de Carcasona e per xiij palms de blau de
Limos, e per ij palms de vermelh e per xij palms de blau de
Sani Pons. Pagar a nostra requista ; e, de mandament de Ben-
dilz, Bonjuous, juyeus, a escrit desobre de sa mau; e près o
10 ij jor d'abril m cgg xxxii.
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^
262 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
163. â-^ ïnbîi D5 r*i û*^ ...3^ nbsn d-^nnî t -^nnpb dnna« nn prer -^î»
« Moi Isaac, fils d* Abraham, j*ai acheté 7 aunes de bleu pour
4 9 sous, 3 deniers, le blanc valant 43 deniers, le 9 avril, à payer
à sa requête. »
Deu Aquinons yuyeus (?), filh de Abram, juyeus, xlx s. iij d.,
comtanl}. lornes d'argent am o redon per xiij d., per vij palms
de blau de Limos. Pagshr a Sant Joan, eo a escritz de sa man; e
près o lo Ix jor d'abril m occxxxir,
?• Abram (?) ix s. de reff. — F* Abram (?) j tomes am o redon. —
P* Abram iiij roberl d'argent.
Notre fragment renferme un plus grand nombre de passages
non hébraïques relatifs à des Juifs. T sont nommés : Aquinet, fils
de Tobie (no 131), le môme qu' Aquinons fils de Tobias (n* 73) ;
Aquinons, alias Aquinest, filsd'Abran (n"*' 31, 73,159), le môme
qu'au n» 163; Astruc de Digne (n° 78), le môme qu'aux n^» 123 et
158 ; Benditz (n"" 118), probablement le môme que Benditz de Reil-
lane (n» 158); Chaquon (n* 78), peut-ôtre le môme que Jacon, fils
d'Astruc de Digne (môme numéro), Conprat (n« 140), Creyson
(no* 121, 140, 141, 145), le môme que n«» 11 et 77 ; Jacon, fils
d'Astruc de Digne (n° 78); Jacop de Reillane (n® 21), le môme
qu'au n° 80; Léons, frère de Creysson (n° 121) ; Samsons {n? 84) ;
Tannigra (?)*, n* 137; Vivan Aron (n* 131), le môme qu'au
n«67.
Au total, dans les cent quatre-vingt-sept articles de ce frag-
ment, paraissent, et souvent à plusieurs reprises, les noms de vingt
juifs « environ, dont un rabbin, R. Péreç.
L'existence d'une communauté juive à Forcalquier s'explique
aisément: toute la région était sillonnée de semblables aggloméra-
tions, à gauche : Reillane, Apt, Cavaillon, Orgon, Chateaiireuard^,
Tarascon; puis, en descendant, Arles; de là, à l'Est, Salon, Aix,
Gardanne^ ; en remontant le cours de la Durance : Cadenet, Pertuis,
Mirabeau 1^, Manosque; au N.-Ë. de Forcalquier: Digne; plus au
^ Le point d'interrogation est de M. Paul Meyer. En tout cas, il ne porte pis sur
la confession de ce personnage, car le nom est suivi de la mention consacrée,
c Jujeus » .
* Encore faut-il noter qu'en beaucoup de passages, le nom de Tacheteur est effacé
ou illisible; au n° 85, il reste seulement le mot « juieus ».
* N'est pas dans Gross, Qallia judaica ; les Juifs y avaient une sjoagogue, Abbé
Renaudot, lettre de 1718, dans Saleogre, Continuation des mémoires dû littérature €t
d'histoire, Paris, 172e, t. Il, p. 380.
^ Même obpervalioQ.
* Mdme observation.
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LE LIVRE-JOURNAL DE MAITRE UGO TERALH 2fô
sud : MoustiersS Castellane*, Draguigan », le Luc*, Grasse «; sur
le littoral: Hyères, Toulon, Marseille «. Nous ne parlons pas du
Comtat-Venaissin, tout proche de Forcalquier, où les communautés
juives étaient considérables et nombreuses.
Aussi n'est-il pas étonnant que les Juifs eussent à Forcalquier
une synagogue. M. Camille Arnaud dit à ce sujet: « La tradition
m'en a indiqué le locaP ». En 1349, ils furent attaqués par les
villages voisins, Saint-Maime, Sigonce, Revest-en-Fangat, Niozel-
les, Lincel, Dauphin, Revest-des-Brousses et Aubenas; on les mit
à mort et, cela va sans dire, on les pilla. Le sénéchal enjoignit, par
lettres patentes du 16 mars 1350, au viguier et juge et au clavaire
de Forcalquier d'instruire sur les faits d'assassinat et de pillage des
Juifs de cette ville. Ces villages durent payer une compositît)n ».
Ce mouvement se rattache-t-il à la peste noire de 1349 ? Nous
l'ignorons.
Il n'est pas impossible que des Juifs soient venus s'intaller de
nouveau dans cette petite localité. En effet, en 1385, le Conseil
municipal adressa, à leur propos, une supplique à la reine Marie :
c< Item confirmare Judeis incolis dicti loci Forcalquerii, presentibus
et futuris, statuta, libertates, privilégia et immunitates quascumque
eis concessas per dominos nostros comités, ita et taliter quod dicti
Jttdei de conformatione hujusmodi fienda habeant instrumenta et
litteras oportunas»».
Les Juifs y étaient soumis à des vexations aux jours des fôtes de
Sainte-Catherine et de Saint-Nicolas; les écoliers avaient le droit
de les importuner et, pour échapper à leurs railleries, les Juifs
payaient une redevance, qui était employée à la confection de tor-
ches en rhonneur du saint et de la sainte. C'est au moins ce qui est
raconté à la fin du xv« siècle*». A la môme époque on voit qu'aux
premiers symptômes de la peste, on commençait par lés expulser
de la ville, leur laissant le soin de vivre comme ils le pourraient et
> Môme observation ; les Juifs y sont, entre autres, en 1340.
* Même observation; les Juifs y sont signalés en 1303.
* Les Juifs y avaient une synagogue, sîve scola,
^ N^est pas dans Gross.
' Cité par M. Gross simplement comme mentionné dans Topuscule géographique de
FarisBol ; les Juifs y avaient une synagogue.
* Ajoutez encore Saint-Maximin, Graveson, Puget-Théniers.
" Condition civile des Juifs en Provence au moyen âge^ p. 11. Il ajoute qu'il a'trouvé
dans les archives municipales un contrat de mariage rédigé en hébreu et datant du
milieu du xv« siècle.
« Ihid,, p. 56.
' Arnaud, p. 23, renvoie à Registre des privilèges, f'> 33 ; Archives des Bouches-
du-RhÔne ; Venus, i* 124 V.
»o Ihid., p. 63.
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264 REVUE DES ETUDES JUIVES
qu'on les enterrait dans le champ môme où ils avaient âni par trou-
ver la mort (1478).
Tels sont les maigres renseignements que nous possédons sur
rhistoire de la communauté Israélite de Forcalquier. On accueillera
donc avec plaisir les données nouvelles que nous apporte la dé-
couverte du journal de Maître Ugo Teralh. On voit par là une fois
de plus de quelle utilité serait le dépouillement méthodique des
anciens livres de comptes ou des registres de notaires. Cest à
cette source d'information que Bardinet a puisé les renseigne-
ments les plus instructifs sur l'histoire des Juifs du Comtat - Ve-
naissln. Malheureusement il a trouvé jusqu'ici peu d'imitateurs.
Quelques-uns des noms mentionnés dans ce fragment méritent,
croyons-nous, qu'on s'y arrête. A notre connaissance, celui de Vi-
vant, qui correspond à Yehiel^ ne se rencontre pas dans l'onomas-
tique des Juifs provençaux ; dans le Midi, il est remplacé par Vi-
dal, Vital, Vivas, Vives. Par contre, il est commun dans les pays
de langue d'oïl ; il se trouve, par exemple, trois fois dans la liste
des Juifs de Paris à la fin du xiii'' siècle ; il est répandu aussi en
Bourgogne. — Aquinet ou Aquinons n'est pas commun dans la
France méridionale, tandis qu'il est employé couramment dans le
Nord pour rendre le nom dlsaac, dont il n'est qu'un diminutif.
On le transcrivait même en hébreu. Ainsi dans la relation du mar-
tyre de Blois (1171). — On ne s'étonnera donc pas outre mesure
de la présence à Forcalquier d'un rabbin qui s'appelle Péreç. Ce
nom, à la vérité, n'était inconnu ni dans la France méridionale ni
même en Espagne, mais il est indéniable qu'il était beaucoup plus
commun dans la France du Nord et de l'Est.
Il ne sera peut-être pas interdit de tirer de ces quelques indices
la conclusion que, parmi les Juifs vivant à Forcalquier ou dans les
environs, en 1320-22, se trouvaient quelques réfugiés venus de
France après l'exil de 1306. On sait qu'on n'a pu déterminer jus-
qu'à présent, avec certitude, les lieux ou régions où les Juifs ban-
nis alors de France trouvèrent un asile. Si beaucoup se portèrent
du côté de l'Est, d'autres certainement se rendirent au Comtatet
dans la Provence, qui toléraient alors leur présence.
Or, précisément, le 20 août 1306, c'est-à-dire quelques jours
après redit d'expulsion des Juifs de France, Charles II promulgua
une constitution très libérale, qui déclarait les Juifs de la province
soumis aux tailles municipales comme les Chrétiens (les impôts
étaient répartis par des syndics), abolie la défense d'avoir des mai-
sons contiguës à celles des Chrétiens, aboli aussi le double droit
payé par eux pour plaider.
Au n» 84 du Livre-journal d'Ugo Teralh figure le nom d'un certain
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LE LIVRlî-JOURNAL DE MAITRE UGO TERALH 265
Samson. Il se peut que ce Juif soit Samson de Reillane qui fut
assassiné en 1344. D'après Nostradamûs *, c'était un homme très
riche et très bienfaisant, aussi bien envers les Chrétiens qu*envers
ses coreligionnaires. Il entretenait la plupart des pauvres de )a lo-
calité et de plusieurs villages et châteaux circon voisins. Sachante
ne le protégea pas contre Tignorance et le fanatisme. Accusé du
meurtre d*un enfant chrétien, il fut sans autre forme de procès
lynché par la foule en compagnie de ses complices. Nostradamûs fait
suivre son récit de ces réflexions instructives : « Les panchartes
qui rapportent dont cecy est puisé chantent l'accusation qui fut lors
faicte contre les Hebrieux avoir esté plus par quelque envie invé-
térée et naturelle conceuë contre ceste nation, calomnieusement sur
eux jettée, que par le solide fondement et preuve déraison»; mais
comme plus tard ils furent condamnés pour avoir tué Simon de
Trente et cinq ans après, à Venise, un autre enfant « Taccusation
faicte .contre Samson et ses compagnons pouvait bien estre juste et
véritable pour l'inclination que semble ceste gent avoir à ces
horribles occisions et détestables sacriflces. »
Signalons, pour terminer, un autre résultat de la publication
de ce fragment. Ces quelques lignes d'hébreu donneront à réfléchir
aux savants qui attribuent aux transcriptions hébraïques une
rigueur qu'elles ne méritent pas : voilà ce nom de Teralh qui dans
la même ville, à la même date, est orthographié de quatre façons
différentes : bna, bN-ia, bÉrr^a, b'^^'^'û 1
Les mots hébreux sont abrégés tout à fait selon le système suivi
à peu près à la môme époque dans les deux livres de commerce
de Vesoul * : 'rn pour '-is-^T ; 'n®D pour û-^taiïJD *, 'niD pour ym^ ; 'VV2
pour aiirw ; '^^y pour ma:^ ; 'v pour i^y *.
Enfin, la comparaison des noms de monnaie en provençal et en
hébreu fournit quelques données qu'il est bon de noter. Le denier
hébreu ns'^n correspond au sol, tandis que c'est le ui«)d « la mon-
naie simple, ordinaire » qui est le denier.
Israël Lbvi.
> rAistoire et chronique de Provence, Vervius, 1614, l. II, p. 384.
* Jiefme, l. Vlll, p. 161 et suiv.
* On disait plutôt D'^a'^lDC
'* Ces deux dernières abréTialioos se retrouvent dans les deux livret de commerce.
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NOTES
SUR L'HISTOIRE DE L'INQUISITION
ET DES JUDAISANTS D'ESPAGNE
Malgré l'excellente Histoire de V Inquisition d'Espagne de Llo-
rente et ÏHistory ofthe Inquisition, publiée il y a quelques années,
par rhistorien américain H. Lea, il n'existe pas de travail complet
sur rinquisition espagnole et portugaise, notamment en ce qui con-
cerne les marranes et les judaïsants. Pour ce travail, il faudrait
tirer au clair et coordonner l'immense quantité de documents qui
se trouvent amoncelés dans les archives d'Alcala de Henares et de
Simancas et dans celles de plusieurs villes portugaises. Jusqu'ici
on ne s'en est guère ou point du tout servi.
Il faut donc saluer les efforts des savants espagnols qui, comme
l'infatigable P. Fidel Fita et l'aimable D. Ramon Santa Maria, ont
mis au jour différents documents d Alcala de Henares et d'ailleurs,
et qui fournissent ainsi de précieux matériaux pour une histoire de
l'Inquisition en général et des judaïsants en particulier.
Afin de pouvoir instruire convenablement contre les marranes
accusés d'apostasie, les inquisiteurs devaient être au courant des
prescriptions et des pratiques juives. Il y a quelques années, D. Ra-
mon Santa Maria a publié le texte original ^ de ces « Cérémonies
et rites usités chez les Juifs », qu'on remettait avec les « explica-
tions et significations Ȉ tout inquisiteur qui entrait en fonctions.
Il y est question des signes auxquels on reconnaît les marranes.
La Revue ^ en a jadis donné une traduction; nous n'y revien-
drons donc pas. Nous ne rappellerons qu'un point : l'un de ces
' Boletin de la r, Aeadtmia, XXII, 181 et suiv.
' Retuê, XI, 96 et suiy.
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NOTES SUR L'HISTOIRE DE L'INQUISITION 267
signes est ^o^ ffadas: a La septième nuit après la naissance de
l'enfant^ ils mettent de Teau dans an bassin avec de Tor, deTargent,
des perles, da blé, de Tavoine et autres choses, et ils lavent Tenfant
dans cette eau en disant certaines paroles ; c*est ce qa'ils appellent
las Hadas qu'ils font aux enfants* ». Que signifie ffadas ? C*est un
mot espagnol dont le sens est « Parques ou destinée ». Les marra-
nes, en gens superstitieux qu*ils étaient, voulaient, au moyen de
cette pratique, prédéterminer le sort de Tenfant nouveau-né '.
Les Juifs, convertis en apparence au christianisme, observaient
rigoureusement le sabbat. Vani^ com^Ie on dit dans les explica-
tions des cérémonies juives, constituait une autre signe. Cet ani se
composait de garbanços, sorte de gros pois qu*on cultive beaucoup
en Espagne, et qui entrent dans le mets national, oUa^ de n;aricots,
de viande grasse et d'œufs durs; « ce plat cuit de la nuit de ven-
dredi à samedi et reste chaud dans sa marmite jusqu^au sabbat à
midi ». La préparation éeVani, comme on l'explique, formait par-
tie intégrante de la fête du sabbat, « en souvenir de cette circons-
tance, que, lorsque les Juifs dans le désert conservaient de la man-
ne d'un jour à l'autre, elle fourmillait de vers, sauf pour le cas
du vendredi au samedi ». Cet ani, évidemment, c'est le fameux
a Schalet », que Henri Heine appelait la a siisse Goetterspeise^ ».
Les «Explications et significations^ » données par un rabbin
inconnu s'étendent aux fêtes juives : la Pâque, Pasciia de el Phase
[Pesah) ', Souccot, avec une fidèle description de la cabane, « où
les Juifs doivent prendre leurs repas durant sept jours >, Rosch
Haschana, Pascua de el citerno, Yom Kippour, et Pourim, Diade
eslrellas, où les Juifs ont l'habitude de faire l'aumône. Elles
s'étendent encore à la Halla, à différentes prescriptions sur les
aliments, à la coutume de bénir les enfants, de tourner le visage
* La septena noche de el nacimiento de la criatura ponen un bacin con agua, y
hechan en él oro, plata, aljofar, trigo, cebada y otras cessas, y lavaa alli las cnatu-
ras diciendo ciertas palabras ; y eslo llaman « las Hadas * que bécen à las criaturas.
* Boletin, p. 183, il y a : c ayuuan el ayuuode la reyna Ester que llamaa el Per>
demiento de la cassa sancta >. Après Ester il faut ajouter : < y el ayuno » ; le jeûue
de la reine Esther et le jeûne qu'ils appellent perte ou ruine du sanctuaire (de Jé-
rusalem). M. Gaullieur {Revue^ XI, 97) pense « au jeûne de Hosanna Rabba que les
Juifs étaient tenus d'observer le 21* Jour du 7* mois. » Or, Hosanna Rabba n'est pas
un jeûne, mais une demi-fête, où précisément il est défendu de jeûner.
3 Ani ou Anida, « que quiere decir cossa caliente •. Cossa caliente est la traduc-
tion e8pa},çnole de y^'HT]. Dans Tun des manuscrits sur les Cérémonies juives décou-
verts par Is. Loeb, ce mets du sabbat est appelé Adafina; voir Mevue, XVIIl, 374,
381. Adaûna et non Da6na {Bwue^ XVIII, 374, note 5), est un mot espagnol ; c'est
un ragoût autrefois en usage parmi les Juifs d'Espagne.
^ Declaraciones de las cérémonies (y) de los rites judaycos declarados por cierto
judio Rabbi, Boletin^ p. 184 et s. Ce « judio Rabbi » était Mose Abenamias (Aben
Namias) de Zamora ; voir BoUtin XXill, 429 et s.
^ Phasa quiera decir Pascua ; il y a probablement dans le ms. Phesa.
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268 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
vers le mur au moment de mourir, d*enterrer les ongles qui ont été
coupés. A la fin, on explique la loi .sur la haliça.
Cependant rinquisition ne s*étabiissait pas sans difficulté; elle
rencontrait de vives résistances. Les marranes, demeurés attachés
à la religion de leurs pères, jouissaient d*une grande estime à cause
de leur fortune et des situations quHIs occupaient. Beaucoup étaient
alliés à de grandes familles chrétiennes ; et des hommes de la plus
haute noblesse, jusqu*àde puissants dignitaires deTEglise, tels que
D. Francisco, évéque de Soria, D. Hernando de Talavera, confes-
seur de la reine Isabelle, Juan de Torquemada^ le plus savant^
mais en môme temps le plus fanatique cardinal de son époque, et
beaucoup d'autres étaient issus de ces unions ; plus d*un inquisiteur
descendait de Juifs convertis*. La plupart de. ces descendants de
Juifs voyaient avec horreur ce tribunal de la foi, dont l'autorité et
la puissance étaient sans mesure.
Quand la nouvelle de rétablissement de Tlnquisition parvint à
Séville, toute la ville fut en émoi. Les marranes Diego de Susan,
qui avait une fortune de plus de 10 millions de maravédis. Manuel
Sauli et Bartolome de Torralba, tous deux riches et considérés,
convoquèrent une réunion. A cette réunion prirent part Pedro
Fernandez Benedeva, père du chanoine de ce nom, Juan Fernandez
Abolafla, connu pour sa science et qui avait la ferme des impôts
royaux, Perote, fermier des salines, les échevins Pedro Cansino et
Gabriel de Zamora et plusieurs autres personnalités. Ils exami-
nèrent les voies et moyens propres à empêcher rétablissement de
rinquisition, fût-ce par la force. Le complot fut découvert, et ce,
par la faute de la fille dénaturée de Diego de Susan, qu'à cause de
sa beauté on appelait la fermosa fembre^ « la belle femme ». La
fille de cet homme plusieurs fois millionnaire mourut dans la plus
grande pauvreté. Au-dessus de la porte de la maison située dans
la rue Ataud à Séville, où, en punition de ses péchés, elle finit
ses jours, on avait, après sa mort, placé son crâne, ainsi qu'elle
Pavait demandé*.
C'est à Séville que furent établis le premier tribunal de Tlnquisi-
» Fernando de Pulgar, De los claros Varones de Espana, affirme, Tit. 23 : « D.
Francisco obispo Je Çoria... era naturel de la ciudad de Toledo. Sus abuelos fueron
de lioage de Judios ». Tit. 18 : « D. Juan de Torquemada... natural de la ciudad da
Burgos. Sus abuelos fueron de linage de los Judios convertidos ». Juan de Torque-
mada étudia la théologie à Paris, et, de retour en Espagne, devint prieur de S. Pablo
a Valladolid, puis prieur de S. Pedro Martyr à Tolède.
* Diaprés le ms. de la Colombina de Séville, Relacion de la junta y conjurMcitm
que hieieron en Sevilla los Judios converses contra los Inquisidores qu'utilisèrent D.
Adolfo de Castro, mort récemment, dans sa Historia de los Judios en Espafia (Ca-
dix, 1847] et Kayserling, Sephardim^ p. 102, que J. Amador de los Ries a reproduit
plus au long dans sa Historia de lot Judios de Espana, III, 247 et s.
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NOTES SUK L'HISTOIHE DE L'INQUlSlTlOiN 269
tion et le premier bûcher. Diego de Susan, Abolafia et leurs compa-
gnons furent les premiers à subir le supplice du feu ; ils moururent
en Juifs croyants. Dès le début, il y eut à Séville plusieurs milliers
de marranes qui furent brûlés. Albert Cansino, ambassadeur de
Ferrare, écrivait le 19 juillet 1501 à son seigneur, le duc Hercule
d*Este : t J'ai passé quelques jours à Séville et j'y ai vu brûler
cinquante-quatre personnes, et parmi elles une jeune flJle très
belle, âgée de vingt-cinq ans ; elle était très instruite et versée dans
la loi de Moïse, à laquelle elle était fermement attachée ^ »
Dans la plupart des villes d'Andalousie, de Catalogne et d'Ara*
gon. on ne voulait rien savoir de Tlnquisition et on voulait l'em-
pêcher. A Cordoue, il y eut une vraie révolution. D'autres villes
interdirent Taccès de leurs murs aux inquisiteurs. Les Aragonais
voyaient dans l'institution de ce tribunal une usurpation sur leurs
antiques privilèges et la ruine de leur antique liberté. Barcelone
sentait le coup terrible que le Saint-Office allait porter à son
commerce.
Comme à Séville, les marranes les plus puissants de Saragosse,
les Sanchez, Santangel, Paternoy, etc., se réunirent pour empê-
cher rétablissement de l'Inquisition. Exaspérés, ils décidèrent le
meurtre de l'inquisiteur Pedro d'Arbues. Un Français, Vidal, qui
était au service d'un riche tanneur, le marrane Juan de Esperandeu,
tua Pedro dans une église. La plupart des conjurés subirent le sup-
plice du feu. L'un d'eux, Francisco de Santa Fé, assesseur du
gouverneur d'Aragon, petit-fils de Hieronymo de Santa Fé (Josué
Lorki), qui fit tant de mal à ses anciens coreligionnaires, se sui-
cida en prison ; ses ossements furent brûlés *.
Toute résistance contre l'Inquisition fut vaine. Onze tribunaux
déployèrent bientôt leur cruelle activité. Des milliers et des milliers
de marranes montèrent sur le bûcher ^.
En 1519, au moment de l'élection de Charles-Quint à l'empire^
les marranes essayèrent d'enrayer la puissance de l'Inquisition.
Charles-Quint, né dans les Pays-Bas, entouré d'étrangers, avait
hautement irrité les Espagnols, pour avoir négligé ses pays de
succession et par toute sa manière de régner. La Castille se révolta,
* Document inédit concernant Vasco da Oama (Paris, 1889), p. 36.
* Amador de los Rios, /. <?., III, 239 et s. ; H. Ch. Lea, The martyrdom of S.
Pedro Arbuee (New- York, 1889).
* Au commencement de 1490, on condamna à Valence « por la Lej de Mojsen »,
le négociant Garcia Luis et Agnès, sa femme ; le procureur royal Juan Beltran,
Francisco Franco et Catalina Beltran, le négociant Lucas Alegre, sa femme Isabelle
et Ramon Alegre, le médecin maestre Pereala et le peintre Just. Desta villa. Tous
étaient de Tortose. Diaprés les actes de l'Inquisition de Valence, actuellement aux
•rchiYes d* Alcali de Henares»
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270 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ce fut le terrible soulèvement des communes. A leur tête était
Tolède, la vieille capitale du royaume ; et c'était le jeune et auda-
cieux D. Juan de Padilla qui dirigeait le mouvement. Il était âls de
D. Pedro Lopez de Padilla, lequel, appartenant à une famille
d^antique noblesse, avait épousé une fille dii marrane D. Juan
Paclieco. L*occasion était favorable pour les marranes , d^autant
qu'on savait le pape Léon X hostile au jeune roi Charles et à son
élection comme empereur. Ils saisirent l'occasion pour combattre
énergiquement l'Inquisition.
Le chef véritable de l'insurrection était le trésorier Alfonso
Gutierrez, marrane très riche qui soutint du mieux qu'il put la
révolte des communes : sur un collier d'or il avança 1,000 ducats à
D. Juan de Padilla. Il eut des intelligences avec nombre de coreli-
gionnaires riches de Tolède et d'ailleurs, surtout avec les Zapatas,
avec l'archidiacre Francisco Zapata, avec un frère du licencié
Loarte (Duarte), médecin de son état, qui habitait à Médina de!
Campo ; il entra directement en relations avec eux ou par Tinter-
médiaire de Gonzalo de la Torre de Tolède. Il n'y en eut que fort
peu à Tolède qui consentirent à des sacrifices d'argent. Ils tenaient
leurs réunions à Médina del Rioseco ; y assistaient Alfonso
Gutierrez et sa femme Marie, qui fut bientôt arrêtée par l'Inqui-
sition de Valladolid, Garcia Alvarez de Tolède, surnommé « el
Rico », le riche, Pedro Franco de Tolède*, ami de Padilla, etc.
Que voulaient les marranes ? Les prisons de l'Inquisition devaient
s'ouvrir et l'interrogatoire des témoins devant le tribuiïal être
pul)lic*. Voilà ce qu'ils s'eflforçaient d'obtenir du jeune empereur
et de la curie. Gutierrez, au dire de sa femme, y dépensa plus de
12,000 ducats. Est-il vrai que Charles-Quint, à qui son maître
Adrien d'Utrecht, professeur à l'université de Louvain, futur pape
(Adrien VI), avait inspiré un puissant zèle pour la foi catholique, se
montra disposé à conférer des privilèges aux marranes pour la
somme de 80,000 couronnes d^or ^ ? Suivant la communication que
l'empereur fit à son ambassadeur auprès de Léon X, ils lui avaient
envoyé des délégués en Flandres, où il se trouvait alors, pour lui
offrir «beaucoup d'argent », s'il voulait amoindrir la puissance de
l'Office et ordonner que l'interrogatoire des témoins fût public *
> 4
< La famille Franco fournit parmi les premières victimes de llnquisition de Tolède,
Gonçalez Franco et sa femme Maria Gonçalez, Arias Franco, Alvaro Franco, etc.
* . . . que las carceles de la ynquisicion fuesen aviertas é los testigos publicos.
* Graetz, Geseh, d. Juden^ IX, 246. Charles-Quint ne fut jamais FélèTo du cardi-
nal Ximenez.
* ... los conversos embiaron persones propias à flandes donde a la sazon esta-
vamos. .. que nos ofrederon mucho dinero por que consentiesemoa que se quitase la
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NOTES SUK L*HIST01RE DE L'INOUISITION 271
Afin de gagner la carie à la cause, Oatierrez dépécha à ses frais et
muni de ressources son neveu Louis (Juan) Gutierrez à Rome. Dans
cette même ville, d^autres encore, comme Diego de las Casas, dont
les parents et les frères étaient en partie tenus incarcérés pour héré-
sie, comme Bernaldino Diez, qui s'était échappé d'un tribunal et avait
été brûlé en effigie, s'employaient en faveur de leur cause. Leurs
efforts ne furent pas inutiles ; ils obtinrent un livret conforme à
leurs vœux, que quelques-uns prétendirent avoir vu en traduction
espagnole *. Afin d'en empêcher l'envoi ou plutôt la promulgation
de Barcelone, l'empereur délégua auprès de Léon !^ en ambassade
extraordinaire D. Lope Hurtado de Mendoza.
Dans une lettre datée du 23 septembre 1519 et envoyée de Bar-
celone, l'empereur donne à D. Lope Hurtado de Mendoza des
instructions détaillées et précises'. Il a appris, dit-il, par quelques
personnalités près de la cour papale, que le Saint-Père avait l'in-
tention de publier une bulle, où il révoquerait les privilèges et
certaines dispositions générales et particulières de Tlnquisition et
apporterait d'importantes modifications à l'Office. Il avait déjà par
son conseiller résidant à Rome, D. Geronimo de Vich, fait sou-
mettre au pape un écrit, où il lui demandait de ne permettre
aucune innovation. Cependant il n'avait jusqu'ici reçu aucune
réponse ; il pensait donc que Sa Sainteté avait le dessein de faire
paraître une bulle sur ce sujet. Dès lors, Mendoza devait présenter
au pape les motifs qui déterminaient l'empereur à le prier de ne
pas envoyer la bulle en question. Les inquisiteurs sont des hommes
pieux et enflammés de zèle pour la justice ; le grand inquisiteur,
le cardinal de Tortose (le précepteur de l'empereur Adrien) est
un homme plus enclin à la clémence qu'à la sévérité. Toutes
les plaintes portées contre l'Inquisition sont dénuées de fonde-
ment et partent de personnes qui ont intérêt à ruiner le Saint-
Office.
Afin de convaincre Sa Sainteté de la nécessité de conserver
l'Inquisition, l'ambassadeur lui apprendra que tout récemment on
a découvert dans l'Aragon deux synagogues, dont longtemps on
ignora Texistence, où les convertis se réunissaient à l'effet de
suivre les pratiques juives et où un rabbin les instruisait dans la
ynquisicion 6 à la menos se dièse la publicacion de tesligos é otros prerogativos à
■u propoeito, est-il dit dans l'écrit impérial à D. Lope Hurtado de Mendoza sur le-
quel nous reviendrons.
» Voir Boletin de la r, Aeadema de HUtoria, XXXIII, 307-329.
* Cette instruction, ms. de la Bibliothèque de l'Académie de Madrid et dans les
Archives de Simancas, a été publiée par M. Fidel Fita, dans le BoUtin^ XXXllI,
330-345.
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1
272 REVUE DES ÉtUDES JUIVES
doctrine de Moïse*. Il vaudrait mieux, par conséquent, étendre
les privilèges du tribunal plutôt que de les suspendre. Mendoza
ajoutera que les marranes, depuis rétablissement de l'Inquisition,
ont employé tous les moyens pour l'enrayer; qu'ils ont empêché
dans plusieurs villes les inquisiteurs d'y pénétrer ; qu'à Saragosse
les plus notables d'entre eux ont tué un inquisiteur dans l'église.
Comme la violence ne leur a pas réussi, ils se sont plaints de la
rigueur inouïe des inquisiteurs et ont offert aux rois catholiques et
à d'autres personnages de grosses sommes d'argent, en vue d'abolir
rinquisition ou, au moins, d'en affaiblir la puissance. Les démarches
n'ayant pas obtenu plus de succès, ils ont couru à Rome se
répandre en doléances contre Tlnquisition et promettent beaucoup
d'argent. Il est constant que plus de douze cents de ces convertis
se sont rendus à Rome et ont proclamé leur adhésion au judaïsme
sous les yeux du pape Alexandre, que beaucoup sont allés dans les
pays des infidèles et sont revenus au judaïsme et que leurs descen-
dants vivent selon la loi de Moïse. Naguère encore, deux marranes,
le père et le fils, ont quitté Séville pour Fez, et là sont retombés à
leur religion première «.
Des délégués des marranes se sont également présentés chez lui
et se sont amèrement plaints de l'Inquisition et de ses ministres ;
ils lui ont également offert de grosses sommes, comme déjà ils
avaient offert au roi son grand-père 1,300,000 ducats, pour
supprimer l'Office ; il n'est rien qu'ils n'aient tenté pour ruiner ce
tribunal. Comme leurs tentatives ont été vaines, ils se sont adressés
avec des plaintes fallacieuses à Sa Sainteté ; mais il ne faut pas
plus les écouter que certains prélats d'Espagne et autres personnes
mal informées ou égarées par la passion, qui ont écrit contre le
Saint-Office et se sont tournées vers le pape. Enfin, Mendoza
annoncera à Sa Sainteté que lui, l'empereur, le prie, en sa qualité
de protecteur de la foi catholique, au cas improbable où la bulle
aurait déjà été publiée, de l'annuler et de ne permettre aucune
* ... « Como despues que nos venimos à estos nuestros Reinos de la corona de
Aragon se han descubierto en ellos dos sinnagogas, que mucho iiempo han estado
ocultas, donde algunos desta generacion se juntavan à juydazar (judaîzar) con un
Rabi que los inslruya en la ley de Moyseo. > BoUtin^ l, £., 338.
* . . . < Mas de dozientas personaa desta progenie, que de aqua se havian ydo é
absenlado, publicamente y en presencia del papa Alexandre confesaron como havian
side judios. . ., é otros muchos se pasaron à lierres de jnfieles, doude se tornaroo
judios ; que los que de ellos son vivos hoy dia biven en la ley de Moysen ; y sua
agora hay nueva cierta de dos, padre et 6jo, que de Sevilla se han pasado en Fez j
tornadose judios. » Bolelin, l. c.^ 339. Ces deux marranes sont, comme le remarque
P. Fidel Fita dans une note, Alvar Ferez de Rosales et son fils Jacques Valera, con-
seiller du roi. Lors du soulèvement des communes ils revinrent en Kspagne, et le
samedi avant le dimanche dos Rameaux, 23 mars 1521, ils durent monter sur le bu-
cher à Séville.
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NOTES SUR L'HISTOIRE *DE L1NQUISIT10N 273
espèce de modification relativement à Tlnqaisition, et de continuer,
comme chef de l'Eglise, ce que ses prédécesseurs ont commencé.
Que si la bulle était partie et le pape se refusait à remplir les
désirs de l'empereur, celui-ci n'en admettrait pas la publication
et encore moins Tapplication dans ses royaumes. Mendoza deman-
dera aussi au pape de ne plus tolérer à Bome les Diego de las
Casas , Juan Gutierrez y Bernaldino Diez et consorts ; il lui
demandera de les expulser et de les renvoyer comme sujets du
roi d'Espagne dans les provinces d'où ils sont venus, afin que le
bras de la justice se saisisse d'eux et les traite selon leur mérite.
Léon X accéda aux désirs de l'empereur, avec cfui il se récon-
cilia. Il rendit le bref du 11 octobre 1529, et l'Inquisition
poursjûivit son œuvre.
L'insurrection des Communeros fut réprimée. D. Juan de
Padilla fut vaincu le 23 avril 1521 à Villalar et décapité le len-
demain.
Ainsi toutes les espérances des marranes se trouvaient anéanties.
M. Kayserling.
T. XXXVII, H« 74. 18
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LA LUTTE DE R. NAFTALI COHEN
CONTRE HAYYOUN
(fin *)
APPENDICE
[Aprèi le 21 octobre 1713] f. ill a.
l
^ ^anîiN nïT'S i^irr .«"^asTD ti''*?^ N^^nDi i^-^nN .■♦as m»*? r^naa
f '♦ID *Tnrr aboiTa '♦pb^rr bmp^arr ûo-nsTsr: bnsrr ii^arr '♦swkd '♦snirro
man '"««rD '♦nanD naD nsn ,i"-î3 ïj-itî "^ais n"-im7D inas do nirr "}^?
im« tnT»Db "^iN-iï) ■'"no l'^T^n t^^-^in 0TTip''D«rî i'»73rï b^^-^ban naia
'S-niin tonna '••'iDbs tobsi ,vt» nx '■•p-^mtDn bs m^T t^-idd nsi
«nponaT ta^^aïs '-«irpitim '""it-iprî v^ 1373:^ -^rcj-i t-îi:p73 •^m^na rinn
'"'O-np'^DwNn '"•:'^!?2b n-» tonna '-^-«n '•'pbK -^nana '^:i'^ybm onb t^m
^n«-ni *''»3nnnnb na 'nT^b^^b ns 'd p"ï3a "^sn^ nx '^noroi "^mr:?
*]"ina toï) T»rr noN b"o -iT:?->b« n"nrî72 ^"^aan V^pï^ ^^ 3"Drï3a
rT733i n^sai '♦d^j '-«n '■•pb» "^-lai 3^i730b n«an rroi^pn m^n
'b"3rï naïsa ••nsrapD nnasn yiapn Sj^ cidi3 n^mn •»b:ra ••r-»:»
^nTsnnm .-^"^n '♦^^a •jnï: '♦-^n "^^^a injû Sdi-i t^mnD -^Dsra "«nnam
'■»nb3n bD t-iNT T>-îDD nNi '^"no iT^n t^^-^nn Ni^^^ons b^^-^ban c«n n»
tow'^nriN-i » D"D 'n-» 'na nbbpNT T^p-^m» bs m«i T»i:ro73 bD mxT T»bK
Sd isj"! ,îid 'i:r 1TD nb-ns nD73 tona rrïsjs t^b no« binars Dîna
172« in7:Ni «an NiO'^'ip t^7arD lanpr: t^irirr n7:yt3a '■'NST^sr? D^n
nnb:r7a nwD ûi-i j^ti /T^i:np n» tnb^^i û-iDn b^^a «a-» rrnn ,i7a»
03DDO M-npn b3?a t^nn '♦d n7:Na -^sa inbnn 'vïi Sd •'d riTa-in
■♦pbfi^ 'n 03^73 nTobttD in-nsoT: '♦nm nbyc 'n tobo-» .rrai^a ribnn
« Voir Revue, t. XXXVI, p. 256.
* Ber, Rabba, 30, 5.
• Û-'TDJ^D Ï173D.
^ Balm Meeia, 83 6.
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LA LUTTE DE NAFTi^LI COHEN COiNTRE HAYYOUN 275
(•^pb«l 'n m-nna '••p'^TnTsn "'p'^'i^ "ïbnKa rî^^i^*»! n:-i '•^^^'wn "iiaNm
i3T:N:tti tebirr: iin^Ta 'ib-ûi /■•p'» '"«pipa ^y /••pinm '••laD^iîîan [i. nb»]
: pDH "^bnca '•^tt'^ïi bD aa * 'ibDT 1:7300 ismnTa lain»
[1 novembre 1713] f. 90 3.
♦V'n5 a^b 'n ann isnri V'na •♦as: n"-im» iiNsn ^"y 5iîi3D ni:bïi
i3mn7D 'nD73 -^ay»:;?: nny n:n ,p"Db n"yn iT^n a"*» 'a 't^ t^bo^^na
m-ia« -^anarr 'a b:^ na-r •'naon t^^bo '72N3 sci b":n bnsn ann
,T»3"»ya fi<:T^ï5n nrnb '»3"':ra naau33 nK'^bD t^dn .inb^^r -ind DT173 m-nna
by nb'»bn ns* /bs-io-^a laT» imtJDU) 'p*»-!!: '-^Tsan mat) b:^ oin» Nb -i^a»
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'N -^i:» Sn^d'^ ^73:^5 •^731 /« iTsuJi 'N 'n minwsa nanNn mma^^a
T^nan to:» ,n"D:r73 ^•»b •^nnb'Oîi n-i»Dn r-n:^» tau? Tara n:m ,vn«a
r-^.DDi b3^-»ban tii-icb baia çaïuîa xtidtj ^an '73«3 c\ai '•»ana b'OJ
*m«b qbajD '^n"'sxi .bnan a-ina '-^^abs an tsbai ,-i">i^ n» '^p'»Tn73m
Spa '"^Ti-iDîsi '"•nncTai '•'od'iits "•anai ^-^-lan Sa rn-^ na ny nu;»
iK-^a"^ N<b;23n ^n n-nna ip-^Tn-» i^^Tob m'tanpn mbnp bfirr::'» mi:iDn
riNTH (•>"-iu5 V'T'n «^""«in rr^Tjna DO"nD»n V'^n '«■iDO i3'^"»m} rra:?inn
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nbna nD73 &na nisr^a t»^b nu5« bnan tanna û73''nn«7 'na nb:?n'>
* = ûib«3 «n-n.
> Sanhédrin, 98 &.
' Allusion a jSomA Aa-jScAtfna, 11, 1»
* Kttouhot, li fl.
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276 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
t^73vm «ir:n ^inpîi tDipîoa '-^«siTDsn tD^r: b^ ns^i ,!-ts n^^ irs
Sn-iï)"^ -^bins '»:iNa 'n ■»"D:r t<-»b3^tt"ï t-iTSDmc^ rranonn ^^w^ ho ûk
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VI
[1 décembre 1713].
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Snsn ii«5r? ann '^DmnwT -^aiïiô^ H'rt Nï3'»'7pi t^ttî^^nsn l'^wan b'»rn
abDn?:^ Si^-^i ûi-T' !-Tby?Db na^ maan inod Snawi tijt:
«T^n -^ait nnnitî "»-i«d73 173^ *7iaD rî"D n"3^ -^"ï nT7"«onaT r^mna
rT7a-i7Di ^nn t^btjîi bbipTsn 'on "^nbapta m:riaiD Tcbora m n*»»'' tù
ppa 72hi ^3« 1-15 b^-^-iaa nnntî l'iN:in •^smnîûb "^nanD nc« nn
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■^rNi .-naN-^ j3-ia '•»3*>^n Sa niD« "^«npn na^i oin-^-^an piisrTs Nin
'^b"»0D ''^•'pb ,^pM2Ti m-^ab uî^pn n"»a73 *'>3'»'»t3na nt y-io n'»:sin inain
a-»u5N "^DSN"! *bb73-» ^3-n l^TST /'^aTsiDai ûionsa ««a iicniDn tz:n^pb»
tn-i-^nbi "»;oin tnNifib an in ûan ©bi 'n s^ht» ba b3^ "^iN-inTsi .b^no bab
nn3"»a7D"»bi na^in -^a '-^masa 'n nnT:rb i^ab lan*» S^td ann --sbio
,'»bN -nb '»73 "«-iTsiKa iT ï-ïD^^Dî^b pi73 '^ib '^3a» •»3Ni •N-iniDOTa rsara
ysma '»nnaa 'n lonai 3"mDobp'^3 p"p'j T'a^nb -^nanattî onann nb»
ina '»bnB3 '•'To'^n ba aa 'ib©a nsmnTon iainN73 'nboi nbs:"» i3'»'T»a 'n
t^'T»3^T ma73 ÛN3 .ittî-np ûy b^ma-^a laf^onbi ipbnb •^ifin nr iinn« 'na
.1^*^ r3«n aann obcrr^T
» Eroubin 104*.
* ^tfr. i^aWa, 32, 8.
• Horayot, 3 *.
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LA LUTTE DE NAFTALI COHEN CONTRE HAY^'OUN 277
VII
[14 janvier 1714] f. 145tf.
.•piDn "^broï n^nm!» '»bNnt5'^n ^5n i"Q bu) '^npj^rr 'n^n ciia» ocia
■^ais Nm Nnaai l«»b .p"Db ^"j^n ns^ nna Y' 'k 'v i^bD[:y^](-i:r)a
C3s©73 ,T'732ti S-^nsD 'n3 pm .^-^tînn nbi^D mmD n'^n ,n'»5Dm a-^ani
rf D n"jr v'3 ,nmoDi mbssa .mT^onan rmna aboiT^m «bDi^Dn .b-naTsi
,©"bNr)'j 'i"n3 a-'b n"-im73 ^nas bn^an Tpinrt fi<bDi)arï ann •»5mnt3"i a"ï5
n"»b i"mBï5 b^p-'S p"pb nn:r nnbt»?: -^sn ,V"»''^ ^"^''^ by^bnn ta'^Nn b© 'on
TN ••nar) n^sr» •^nnîD^îa b:r -^snt T'is bN-'naa -i^-im» v^^^^ n3'»3mn»
tn» msab o''"i::3np ir» Yx:-^ S^^-'barr nT CD-iîiia ti«n ,mr\y -^na
abab "«b n^a ,Y'n3 '3bD"i7:n "^^ixan "^mTo nnnNi "^mN ' ïT»Dva r-rTonn
'•»pbK tn^D^yn tinn n«fi< ,*nraiDb V'p pn'^ pin*^ rr^a»-» ^wn mtjn
b:^ A-^yb»-» niampn i3nmm nîn3i?ofi< '7iO'»i «m^a n3:'»a -np:^b "»"»n
3>an''-:5 ■'721 .*ia-ia nrnb naj'b •>! -^an^a «:n3« n^a:^*^ n^Di ,b"Tn "^-lan
©"■» 3^«nn tiTi ,barr tn« yarr» «nn nuj-npn i3n-nm naiTaNn iiab:r
«D5a a^iaan v'a^n "^-la^a i7:it:^ mbnb ujnpn -imîn b:^ 3^-1 ûU5 t^-^^irr
■«IN i-'in ÛT73 nlD)b -^iN .p-'^at im» b^^ T:^b ^^2:1731 in^a 'k 5i"»bn73
3^n yb 11*773 u)'»fi< mnon n3iï:ba D'»s'iîtj 'na -hd^i .nnainn ai-^Ta i(3)b
*]na 13 -^SN i'»''*!^^ D373X toN /nca p ■»n'»©J3i ^la p -^n-^-^nu) .by-^bai
,rTTa -laT ï-id*^ T"a3^ ,D"ja N'riTsbn t^biai "«nDon «-1D0 t<rabn "^sm
rr^n naaca -laa nna b:r '-«pbfi^ r-n^-iTa riNnnna -iDa p •^rr'tîys©
p t^b /« pai 'N nmm 'fi< b» t^b» 13b i"»« isb© '"^oiTa-^sa '"««bnjyb
ï^b-i ^-la p -ir» "»pbK ï^b '•^'iiab nar "^ny ©■'î^ i^a ai-ipTs '■•o'in
T^b:y nain naa *t<nniNa -^yvi'i t^'^TDO •'«m ,np'»J3 -iDia pn noa p
-^PN^nno V'Tz^ .,t<^'ûr\m «ain t-n'»nb ,a"rT:^b pbn nb i-^nt J*>p-i3
K^^nnb • t^a^n n'^yiyb Dm nb-^bn ,nn:iD '"^np© ûrr •»-iai bai vby nan
p"njb pbnai m:^iaï3i mTDinn baa '^by bapTD '^srm ."^d» ipus nan
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* ^a3a Kâmma^ 25 a.
» Berachot, 58 é.
* -ffa^.. 13 ô.
■ Ouittin, 68 6.
* Kiddouschin, 44 ».
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278 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
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* 5fl*fl Batra, 75 6.
» 5oM, I, 8.
» — n^n bibn.
^ JLTo^ti Katan, Ma, comp. Kaufmatin, dans Zunt'Zubehchrift^ p. 149, note 28.
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LA LUTTE DE NAFTALI COHEN CONTRE HAYYOUN 279
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I^Nio nn-»ci -^riN i-^i-^OTû ûb-ijrn bo s^bn .pia p*>Tnnb pn ,p*70 -^ba
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•^pbNa pbn "ib ywo i^^iT^n mus pp by "lanoa ,boi bo73 n^:c:r -l'^pEn
N7:an ^û-^mp D'»3^b vi:;a r-ip-^i m-i'»Don t>îi:7:'' ia i*>*>3^?3n"j .b^nia*^
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'niTsn nmapi ^*nnrT>t3 t^nn nnooNa ,nnbD» t^nn ainpa /i-na-^û
i Ahoda Zara, 11 6.
* Nombres, xxxii, 42.
* Ahoda Zara, 26 a.
* Sotùy 35 a,
■ Btraekot, 8 a.
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280 REVUE DES ETUDES JUIVES
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[14 janvier 1715] f. 135 «.
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innaN ocni: ,-ia:^ob 'insn ^aa 'iin ta:^ nn^rinb i^n"^ ibbn
î-rnb;ab nirn"^ dn ^.tainnn by tsba iNia-'ia "^-ra 'tnao t-i-^bban
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• Sabbat, 110a. ©n3 = ^^12^ Din •^113.
s if oA/ Katan, 28 a.
* 9 février 1714.
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LA LUTTE DE NAFTALI COHEN CONTRE HAYYOUN 281
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282 REVUE DES ETUDES JUIVES
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LA LUTTE DE NAFTALl COHEN CONTRE HAYYOUN 283
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^
JOSEPH IBN DANON DE BELGRADE
La chute de la domination turque en Hongrie, à la an da
XYii» siècle, causa la raine d'un grand nombre de communautés
juives des plus considérables. Les florissantes colonies juives
qui s'étaient développées dans le Sud-Est de TEurope pendant
les cent cinquante ans de la domination turque furent, pour ainsi
dire, balayées du sol lors de l'effondrement de cette puissance.
Les incidents les plus mémorables de cette période de souffrances
furent la destruction par le feu des communautés d'Ofen et de Bel-
grade. Lorsque le croissant fut abaissé de la citadelle d*Ofen, le
2 septembre 1686, l'heure de la mort sonna pour une des commu-
nautés juives les plus importantes et les plus célèbres *. Deux ans
après, les scènes d'horreur d'Ofen se renouvelèrent dans les murs
de Belgrade. Le 6 septembre 1688, lorsque le prince-électeur Max-
Emmanuel prit cette ville d*assaut, après un siège de trois se-
maines, qui fit un nombre terrible de victimes, la communauté
juive, qui avait prospéré sous la domination turque, fut également
écrasée par le vainqueur. Les habitants juifs furent emmenés
comme butin de guerre par la soldatesque, avide de toucher des
rançons. Les paisibles habitants de la communauté de Belgrade
furent transportés dans les contrées les plus éloignées.
Parmi ces martyrs, il n'en est pas un que nous puissions mieux
suivre dans ses pérégrinations que Joseph ibn Danon, réfugié de
Belgrade à Londres. Il est comme le type des figures de cette
époque et mérite que nous lui consacrions encore une étude, après
celle de M. Elkan N. Adler, qui le premier a appelé sur lui l'atten-
tion des historiens des Juifs anglais*.
Membre de la famille Ibn Danon fixée à Belgrade depuis des gé-
nérations, enfant unique, Joseph ^, fils de Jacob b. Moïse ibn Danon,
i Cf. KaufmanD, Dii Ersi4rmung Ofens {Megilla Ofen), Trêves, 1895.
• Jewisk Chronicîe, 28 juin 1895, p. 20.
* ïl*1irr^ zy^l PwS'^bs, n* 18, nomme Iseac ibn Danon. Un Joseph b. Moïs« ibn
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JOSEPH IBN DANON DE BELGRADE 285
reçut une éducation fort soignée, conforme à l'idéal des pieux Se-
fardim. L'acquisition d'un savoir rabbinique très étendu, la maîtrise
dans Tusage et môme Tabus de la langue hébraïque, tel est le but
qui stimula le zèle et l'activité du jeune homme. Ayant suivi dès
sa tendre enfance l'enseignement de R. Joseph Almosnino, le jeune
Ibn Danon devint Tami et le secrétaire intime du célèbre rabbin
de Belgrade * .
L'étude du Talmud avait depuis longtemps, grâce à des maîtres
célèbres, un foyer dans la communauté. Enân, R. Simha b.
Ephraïm Hacohen, si renommé, malgré sa jeunesse, pour son ca-
ractère ainsi que par un ouvrage reconnu comme classique, avait
donné de réclat au rabbinat de cette ville. En Tan 1661, la com-
munauté d'Ofen rayait appelé à la tête de son rabbinat. Mais
deux mois après son entrée en fonctions, R. Simha s'en revint à
Belgrade '. Il était devenu, par son mariage, le parent de plu-
sieurs membres de la communauté d'Ofen, où, peu d'années avant
son arrivée, il avait été décidé qu'un rabbin ayant des parents dans
la localité ne pourrait être élu. Il semble que son séjour à Belgrade
ne fut pas bien long. Il y mourut probablement en 1664, à l'âge
de quarante-quatre ans'. Du moins, nous voyons à cette date son
gendre et disciple Joseph, fils dlsaac Almosnino de Jérusalem,
mari de sa fille Léa et neveu du prédécesseur de R. Simha, Juda
Lerma, lui succéder à la tête du corps rabbinique de Belgrade.
Joseph n'avait que vingt-deux ans lorsqu'il occupa ce poste si
honorable*. Peut-être fut-ce son jeune âge qui lui attira des
inimitiés et des persécutions au sujet de ces fonctions si enviées.
Ces vexations paraissent établies par le fait qu'on prit prétexte
d'un de,ses sermons pour le menacer de l'interdit.
Cette attaque venait vraisemblablement d^un savant. Almosnino
sacrifia sans doute au système des interprétations originales et
Danon de Colmbre, disciple d'isaac Aboab, composa, lors de Texpulsion des Juifs du
Portugal, un traité de méthodologie talmudique, à Fez. Voir mss. d^Oxford, n** 850.
Josepl) b. Jacob b. ibn Danon vécut en 1615-1625, voir Steinschneider, Cat, BodL,
p. 295.
*■ D'après la préface du manuscrit des Q^^^^l^ în'«Db^, qui m^a été obligeamment
prôté par Ascher J. Meyer et que je publie dans Tappendice.
» a. D-^-îDN -i:rtt). n» 67, f<» 43 J : msann iimn p"pa 'nrr ann p^^mn -iid«
'•^ttjnn -^3^ ^'^y ibo.
' Il résulte du dïinSK p)3, de Daniel Estrosa, n« 73, comme M. le rabbin Alexandre
Bûchler me Ta montré, que R. Simha était né en 1620. David Conforte, K"^1p
mnnïl, éd. D. Cassel, f. 51 *, rapporte explicitement : «a «bl U'^72'^ ^^'^nNH «bl
mpT bbr)b.
^ Ibn Danon dit que Almosnino présida pendant vingt-quatre ans le rabbinat de
Belgrade. Joseph rapporte, dans ses Consult., n« 54, f** 111a, que dans son enfance
il était déjà le disciple de R. Simha, nU3"Tl73 IT'aa ■>n173b jap n^S "^m"«rTa;3
b^T ■>ttn Ti» ann bo.
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280 REVUE DES CTUDES JUIVES
parfois môme forcées de TEcriture sainte et se laissa aller quel-
quefois à des hardiesses inouïes. Mais un jour qu'il cherchait à
éliminer, par une interprétation subtile, le nom de Dieu du verset
de i'ËKode, m, 12, et à substituer à l'adoration de Dieu Tadoration
du veau d'or comme étant le signe donné par Dieu de la mission
de Moïse, son pieux adversaire ne put se contenir davantage et
crut devoir exprimer publiquement son indignation, en invoquant
contre le rabbin hérétique la sentence arbitrale de R. Ephraïm
Cohen, rabbin d*Ofen. Celui-ci condamna sans doute également
cette Interprétation malheureuse, qu'il ordonna à Almosnino de
répudier solennellement du haut de la chaire, mais la sagesse, la
mansuétude et la haute érudition de l'arbitre invoqué par son
adversaire et auquel Almosnino lui-môme s'était aussi adressé
dans l'intervalle S empêchèrent toute nouvelle querelle. Appelé
comme juge de près et de loin, absorbé par ses fonctions dans
la communauté, infatigable dans la préparation de ses travaux
de prédication, Joseph Almosnino vit bientôt grandir son nom et
sa réputation.
Joseph ibn Danon, son disciple, était devenu son aide actif, re-
cueillant avidement les enseignements de son maître. Les cahiers
dans lesquels il consigna les sermons et les discours de circons-
tance, surtout les allocutions de deuil, sur l'obituaire des sa-
vants juifs, dans lesquelles Almosnino excellait, atteignent le
nombre de quatre cents. La riche correspondance rabbinique qui
arrivait dans la maison de Joseph Almosnino, était confiée aux
soins d'Ibn Danon. Il était le secrétaire du rabbinat, entre les
mains duquel passaient toutes les consultations et les mémoires
qui étaient demandés de l'étranger. Ces mémoires de jurispru-
dence avaient acquis une telle réputation que trois Mécènes de
Constantinople, Abraham Joab * , Isaac Meschoullam et Jacob
Cordova, se disputèrent Thonneur de publier une collection des
consultations du célèbre rabbin de Belgrade. Almosnino avait
déjà préparé pour l'impression une centaine de ces mémoires
et obtenu les approbations des rabbins de Constantinople et de
Saionique, et des délégués de la Terre-Sainte qui fréquentaient
sa maison^, afin que le volume devint « un témoignage en faveur
de Joseph » , lorsque la catastrophe fondit sur sa ville. Le
A Voir la préface de Joaeph Almosniao au C|01tl'^3 ni*l9, à U fia.
* Ce nom est à ajouter aux Joab éoumërés par Zanz, ^f^sammelte SckrifUn^ UI,
162-1T7, et Steinsdmeider, Hehr. Bibliographie^ XJ, 103.
* Diaprés la relation de Joseph ibn Danon. La collection fut eommeneée «prêt 1686,
car elle renferme ^adhésion, datée de cette année 1686, de Saioffion Ai>oula&a, délé-
gué de Hébfon, à k décision d'Almosnioo, t|Dirrn Pin:^! n* M.
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JOSEPH ]BN DANON DE BELGRADE 287
14 Ab 5448 (10 août 1688) Tarmëe des impériaux se concentra
autour de Belgrade. Le 6 septembre suivant, la ville était au pou-
voir des ennemis, exaspérés par les pertes subies pendant la prise
d'assaut*. La communauté do Belgrade périt. Ses membres furent
faits prisonniers et emmenés par les troupes, qui les exposèrent
en vente sur tous les marchés pour les faire racheter par leurs
coreligionnaires. La troupe des prisonniers traversa la Hongrie,
presque dépeuplée de Juifs et appauvrie, et, sauf ceux qui furent
retenus dans le voisinage, par exemple à Esseg, elle se rendit en
Moravie, où les communautés quelque peu importantes firent des
prodiges pour le rachat des malheureux bannis.
L*incendie avait détruit tout ce que possédait la communauté de
Belgrade, ses synagogues et ses collections de livres précieux. Les
œuvres de Joseph Almosnino, à l'exception de l'unique volume de
ses consultations préparées pour l'impression, sauvé par miracle,
étaient également devenues la proie des flammes. C'est avec peine
qu'il échappa lui-même à la mort avec sa femme Léa et ses trois
tils, Simha, qui portait le nom de son beau-père, Isaac et Juda *.
Désormais il prit à tâche d'organiser des secours en faveur de sa
communauté dispersée et de susciter partout la charité de ses
coreligionnaires pour les prisonniers qui avaient fait partie de
ses ouailles de Belgrade^. Mais il succomba, à peine âgé de qua-
rante-six ans, sûrement épuisé par les émotions, au début de sa
tâche nouvelle, entreprise avec tant d'ardeur; l'inscription hé-
braïque, avec un sens profond, le désigne comme centenaire (ni^)3
= 46) : il mourut à Nicolsbourg, l'avant-poste des communautés
moraves, qui fut son lieu d'asile et qui était toujours prêt à tous
les sacrilices*. De nouveau, la nuit s'étendit autour des yeux
des fugitifs, partout où arriva la terrible nouvelle.
Joseph ibn Danon avait reçu la nouvelle à Kremsier, commu-
nauté de Moravie, après celle de Nicolsbourg, la plus généreuse en
faveur des prisonniers de Belgrade. Il avait espéré se reposer
dans cette ville, avec sa femme et son enfant unique. Moïse, des
émotions et des indicibles souffrances du voyage. Ils n'avaient pu
sauver qu'avec peine leur personne de la ruine de leur ville natale
et ressemblaient désormais à des mendiants exposés à la mort
par inanition, à moins que la pitié de leurs coreligionnaires ne
s'éveillât en leur faveur. C'était encore une consolation de penser
que Joseph Almosnino avait exhalé son dernier soupir entouré
* I. V. Hammer, Oetchichte des osmanischen Beiches, lll {2^ éd.), p. 817 et iuiv.
• Préface ù'Iba Danon.
» Voir la préface dlsaac Almosnino au &0in^3 msf .
^ Cf. Kaufmann, Die letUe Vertreibung der Juden ans Wien, p. 170, note 3.
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288 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
des siens et trouvé une tombe honorée dans une grande commu-
nauté juive, alors que tant d'autres étaient tombés sur la route et
avaient péri, ignorés et sans nom*. Ibn Danon ne put séjourner
plus longtemps en Moravie. Ignorant la langue du pays, ayant de
nouveau perdu toute espérance par la mort de son maître et ami,
il continua ses pérégrinations de ville en ville jusqu'à la fin de Tan-
née 1688, où il retrouva le repos à Prague. Mais il n'avait pas en-
core atteint le terme de ses vicissitudes. Tout d'un coup il pensa
à Amsterdam, où il espérait trouver enfin le salut. C*était la ville
de prédilection de tous les Sefardim, Tancien port franc de tous
les malheureux fugitifs, la grande communauté aux ressources
inépuisables, grossies démesurément par l'imagination des mal-
heureux cherchant des secours. Il s'y rendit, grâce au concours
des communautés qu'il traversa et dont les plus pauvres lui four-
nirent au moins les moyens de se rendre avec les siens en voi-
ture à l'étape suivante de son pèlerinage.
A Amsterdam, Ibn Danon trouva un asile sûr dans la maison
hospitalière de Joseph b. Nathanael Sarfati, beau-frère de Natha-
nael Foa, l'imprimeur d'Amsterdam, qui était renommé pour être
le protecteur des proscrits et le bienfaiteur de la littérature juive*.
Sa maison, qui était un centre pour les savants, s'ouvrait à tous
les malheureux qui venaient y chercher asile. Sarphati considé-
rait comme un devoir d'honneur d'aider de ses deniers les auteurs
juifs à éditer leurs œuvres '. Prendre sous sa protection le savant
proscrit, chassé de Belgrade, fut pour Joseph Sarfati chose natu-
relle. Il se sentait largement récompensé en recueillant de la
bouche de l'exilé les interprétations ingénieuses de l'Ecriture
sainte de Joseph Almosnino.
La nouvelle de l'excellent accueil qu'Ibn Danon avait trouvé à
Amsterdam n'était pas restée ignorée de la communauté dispersée
des exilés de Belgrade. Un autre proscrit de Belgrade, Moïse Co-
hen, fils de Michaël b. Moïse Cohen de Salonique, surnommé More
Cédek, d'après son ouvrage ainsi Intitulé *, gémissait encore dans
> Paroles dlbn Danon dans sa préface.
■ Foa lui-même le célèbre (Approbations au Û'^^DD p3N de Conque), en cet
termes : ûnm^^T Û'^"3U5b mriD lIT^n.
* C*est ainsi qu'il fut, avec Motse b. Juspa Emden, le Mécène de Jacob Schor,
lors de Tédition du NDD'^nn NbcbD (Amst., 1693).
♦ Juda b. Joseph Péreç nomme Moïse dans la préface du ^15Db rHD ' ÛDD^
ûoniB^rî b-n^n n-iïi p bN-iu5'«T «a-i n-ido rît3)3 Nin «spn vnto tabon
Azoulaï, D'^bm^ri Da, éd. Benjacob, I, 39 a, n» 110, vise notre Moïse b. Michaél
en disant : rriiTa nnn p )r\'Dn nu)» n"nn» an:)® ^"^ ontasipa Ti-^fin p
iny inN N5t»3 Nnnïî pnx. cr. Uid,, ii, 78, n» 75.
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JOSEPH IBN DANON DE BELGRADE 289
la servitade à Esseg, où une partie de la communauté de Belgrade
était retenue par Tarrnée autrichienne, lorsqu'il crut, lui aussi,
voir luire une lueur d'espérance, en apprenant le sort de Joseph
ibn Danon. Son fils Jacob avait été arraché de ses côtés et jeté,
avec Joseph Âlmosnino, dans le ghetto de Nicolsbourg, où il fut
entretenu pendant une années Cependant son père s'occupait à
Esseg de la composition d'un manuel épistolaire hébraïque.
Comme par reconnaissance pour la bonté que Joseph Sarfati
d'Amsterdam et son secrétaire Joseph ibn Danon lui mon-
trèrent en lui adressant leurs réponses amicales. Moïse Co-
hen inséra cette correspondance dans son opuscule *. 11 est vrai
que Joseph Sarfati n'avait pu lui conseiller de venir également à
Amsterdam. Sans doute, on ne laissait aucun de ceux qui venaient
y chercher asile souffrir de la faim, mais les ressources de la
communauté étaient épuisées par les demandes qu'on lui adres-
sait de tout côté, et môme la charité privée y était mise à contri-
bution d^une façon excessive. Moïse Cohen, semble-t-il, se rendit
d'Esseg dans une autre localité. Peut-être chercha-t-il, lui aussi,
comme Joseph ibn Danon, un asile temporaire dans le ghetto de
Kremzier. Du moins, nous savons qu'il se lia d'amitié avec le rab-
bin de cette ville, émigré en nOl en Terre-Sainte, Joseph Isachar
Bàr, le fils du cabbaliste viennois R. Elhanan, vénéré à l'égal d'un
homme de Dieu ^. Môme les deux familles s'étaient apparentées
par une alliance. Michaël, fils de Moïse Cohen, avait épousé Abi-
haïl, fille d'Isachar Bar et de son épouse Taube ^. Mais tandis
qu'Isachar Bar se rendit en Terre-Sainte pour y finir ses jours,
Moïse b. Michaôl Cohen resta à Venise, où il se lia avec Juda Péreç
de Raguse pour composer avec lui un ouvrage et le choisit pour
gendre ^. Sa fille Esther devint l'épouse de Juda, le fils de Joseph
Péreç'. Il semble que les deux rabbins gagnaient leur vie par le
métier de correcteurs dans les imprimeries de Venise "*.
Joseph ibn Danon, grâce à la protection de Joseph Sarfati,
s'était, en quelque sorte, éveillé à une existence nouvelle, et il
eut l'ambition de briller de nouveau comme écrivain. Le nom de
Joseph était devenu si significatif dans sa vie, ayant été porté
1 Eaufmann, /. eit.
« Voir *^D10 O"? (Fûrth, 1691).
* Kaufmann, l, cit., 82, note 2.
^ Voir t3*^a'>nV) rPDbV) de R. Isachar Bftr, à la fin. Moïse b. Cohen esl anssi
Tauteur de lUndex de cet ouvrage.
• p5ab n-lD (BerUn. 1712).
' làid,, préface.
' A la fin de 1709, Moïse recommande, en compagnie de Juda Péreç, *f'i:iT
Vp'W de Joseph b. Mordechaî de Jérusalem, où il est aussi cité, f* S 6 et 10 a. Cf. le
frontispice de l*ouvrage.
• T, XXXVn, nO 74. 19
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290 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
avec éclat par lui-môme, par son maître Joseph Almosnino et son
protecteur Joseph Sarfati, qa*ii résolut de prendre comme titre
d*un ouvrage « les trois sarments » dont il est question dans le
songe expliqué par le fils du patriarche Jacob et qui semblaient
se retrouver dans le songe de sa propre vie ; cependant, ce n'est
qu'un seul de ces trois a sarments » qui parvint à la postérité*.
Les imprimeries d*Anisterdain offrirent également à Ibn Danon
l'occasion de se produire. C'est aihsi que nous le voyons, en 1692,
composer un index des abréviations pour l'ouvrage de Hizkiya de
Silva».
Joseph Sarfati parait être mort dès le commencement du
xviii« siècle, peu de temps après la fin de la première période dé-
cennale du séjour de Joseph ibn Danon dans sa maison. Du moins,
nous voyons qu'il est déjà désigné comme défunt dans un livre
imprimé en l'702 grâce à sa munificence'. La mort de son bien-
faiteur obligea Ibn Danon à quitter Amsterdam et à recommen-
cer une nouvelle existence à Londres, où, comme M. Elkan N.
Adler l'a montré, il eut le bonheur de trouver des disciples recon-
naissants et pleins de piété envers les écrits de leur maître *.
Cependant l'espoir que Joseph ibn Danon exprimait au début
de ses (i trois sarments », à savoir que l'unique héritage de Joseph
Almosnino , le « Témoignage de Joseph » , fût un jour livré à
l'impression par sa veuve et ses enfanta, devait se réaliser aussi
grâce aux mômes Mécènes qui voulaient publier son ouvrage de
son vivant. Le manuscrit échappa comme par miracle à la destruc-
tion. Lors d'un pillage dont les fils du défunt, Simha et Isaac,
furent les victimes, le manuscrit tomba avec leurs biens aux
mains de soldats turcs, qui le remirent à des marchands ambu-
lants. Les fils de Juda Daniel le reconnurent aux mains de ces
derniers à Constantinople et le rachetèrent, de sorte que les cin-
quante-quatre premières consultations de la collection purent pa-
raître en 1711, grâce aux soins du premier de ces Mécènes ».
Joseph ibn Danon, ce semble, n'a traité que la première partie
de son ouvrage, primitivement consacré aux trois colonnes du
monde moral selon le judaïsme, la Loi, le Culte et la Charité. En
effet, la préface indique seulement la marche du premier « sar-
' ÏIT a'^IUÎ n'5N DPD fitbl, c'esl en ces termes que le copiste du ms. Mejrer ter-
mine son appendice.
» 'a'n 'O70 h^ "^ibri «^Na*^^ EIOT^ iS-^an "^UînTri (Amsterdam, 1702).
♦ JetoUh Chronicle, L eit.
> Voir Pinlroduciion dlsaac Almosnino au S)D*in*^ n*lT]^. Là deuxième partie ém
ce recueil de Consultations parut à Constantinople en 1733«
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JOSEPH IBN DANON DE BELGRADE 291
ment », qui traite de la foi en la tradition et prouve que, sans la
loi orale, il est impossible de comprendre la loi écrite. En écrivant
sa préface, Joseph ne pouvait guère donner un aperçu de la
marche de ses recherches dans le cours des deux dernières par-
ties, d'autant plus qu'il se réservait de les traiter plus tard. Il
ne croit pas devoir indiquer ce qui dans son ouvrage appartenait à
Joseph Almosnino, parce que, vu les relations étroites qui Tunis-
saient à son maître, tout le monde considérait néanmoins le tout
comme Tœuvre de ce dernier. Peut-être la mort de Joseph Sarfati
a-t-elle aussi empêché la publication de cet ouvrage. Mais dès
cette époque, un autre ouvrage de ce nom était consacré à la lit-
térature juive; cet ouvrage, qui parut à Venise en 1*701, était
« les trois sarments » d'un autre Joseph, Joseph Isachar Bar,
rabbin de Ejremsier.
David Kaufmann.
APPENDICE
non
,t*^nan xn i«bi r^n-^^^t ,bDN n^^na •'3>t ,bB«m 'y^y^'n 1DX
,T»ma:» •^^7ai^"i VT^on "^bi^n "no^^i paô< .tonpnsri 'î-r '^^:iy nay
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T-^nn ^D-^^n ibu: ,"nNn5iba p"p)3 î-r"nbT lU^Jl *1 HC^D ^"^^
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■»T» bj^iD» 03-iLnnb "^mj^ai:» nujya •»n3^:i'»i ."^aïKi -^hd b^m -»n73TD3n
nbmaa rraïab &'»n3^ 3^iapb ^n"»3n .BiODai ama mnizD^^b -«dk n3^Tî:n
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292 REVUE DES ETUDES JUIVES
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ï-Tôna niDNS vby ûC^irm-^ n» nsaoi a"ain p"n:?T3 s^^ttrrn •^mboi
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ia-ï î-rn niïi) rrrlbT psn mnuw n"-ïm)3S bnan ann na rrKb
br mno rnbwSi noo na'^n s^im b"T a-in •'am «^niTa b« i"»73n -i73i
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•^ïT^i tabnaa nx rn a-^nn-» &kt "^"n ir5U)ittbN rmfio n^^am prnrn
bp-ikt ann lica-^îi): «"«^rinb oionn nat» b:? ima-'-ip*' &b"»na tzsibo
•>D ,s-TNb53n inTDDn •'ail n« ,nfinin?i t*^os by D-^aorn tta-nibn
t^a-^b» t^^nrij'»^ "^piDKb î-nn^a b)D rrnwnbtta *-naa m'^rt «in
m^b tott)i ,8^rTiys Nna^na rrabn b® ?-ip»i:?a pi ,t**nsbm
î-rm na^ û'^-ii2d:?i nya-i» t^yrt n» oiDob tion*» ao-^n ,ta"»73'»D
•^na niTpm miTS-j-nan mp-Jiaa s-raiTsn T»a i"»na pnpn»i 1731^
Q-^rn "«bi^an b:^ b:ib'»a s^b Tjz'^m î-r-nn bo î-rrr^^wb ifioasinb
n3^ia«5 nnan by i«73 nïiTa inrnb ]^anô< V"'^^ ta"»ntt5 tniriao
r<nn .î-r-n«b rtaottJTa 8^">3:im x>irt r-i« *[i T>nDtt5 inai ta'«r7bfitn
nb"n:iT !-ri3]?i ïiTDinpi s-ninb nan m^iai mTsa tab© mn
î-rpnjt qnm .rinTo^aa taiNn ba n» bap?: rr^m vn« tzsipTaa
: û'^Taanb nyi n-^a cioi*» n-'a ïr^m rp^aibi rmnn n» naatti ,10m
n-ns&an "^-lai Sj^t ana an •'T» T^m^-n pn»a T»natt3 '-idd*' V2^
NiDOna bssynD «b v»-»»"! .b^n^-^ «^bmaTa my-i n]?i)2tt3 by^ r-nism
poiD ir«tt3 nnaan naan^an p^^na nnT«nbn p-^nrn •'aaia^ r^^-ip"»
ainpn to-nn» '>'':^ inatp» i-^anaî T»m taanab p-^DOTa rr^n t**b ^bnm
ï^b to'«3-»33^ îiTDDi ^T» S3> lansa mu)-ïn73 ts'^o'^naanp mot» j^an«b
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T^D3D nnm ,T»7Dn 'n •^5Db iinatb ï^bo '^-na tioirra nin:^ noo
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naia •^T'Tan "iTan-^a tar •^n-^w ana an mabnan ma« •'©■inTaa ta-^a-ia
"ny^n s^a ûrri rOHl •î^TD-'Tan ns® n^b» n:^ nooTa ta-'^a'' ina»a
nn:^o m-ï rbô< ï^am n«tt naa b-na «^-ip s-iTanb» bnpa mariD
Jn-'bN riKarî n"bntt na t-in5« s^ns^jt ûicb T:?n "jiDJt» s-Twan
^)DN ,ï-Ta irran-^ nrrbDn î-natD bn^a ,na f««trD l'w« rriat roj^ni
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JOSEPH IBN DÀNON DE BELGRADE 293
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TnNT2)5 ■»DN') "^Tafit patt tni^'^ n«5«D ■'nKs&'> tni^yi ■»5iood'>i •'nyT>
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OIS n:^ap n« .tp-^n^ab D-^niNTaïi to-^ïi '»5ipT»m ,t3"'-nn» •^3i:^'>aT»n
nabbn yio3b ,to"'n'TO «ba mtDbs:"! ^T»n td-'Tdki T»i-n ïiairba rrb^^nnn
13/51 •'b t-nntf? i-^N w^fD^ ,ïs*natt35 mma aiatnbn ^ta-n'^^^^an "^^hn
to-'bmK a^npnb .ûn-'aDb na^a ynnb yia:m piioy ■•n-^-'m ^-^bana n©»
î-ran î-rnïaa^i naa wD»ai .tamanîtb rrnssT rrpïira r^nb'^aa wiocbi
iDiab '>rb2J2 U'\'^y ^m^^ym ta-^rib» ïidi^ :?i33 "^riNT .nSa -«t i-^fi^
.•'n^^a ^cn tabiyi ."^n^D •»n7:'^bD s-rn-^n Di-^n bai ^î-rantD» "^nn ba72i
1*^Na nssp is-^iûDîT ,!-rb''DN ^lan "»n'»T jniamNa t-n«inrî ia\Dm
•^nm ,ïnb'«ba nnpn ann "«sba» rrnpa mo5 T^*^ /rt^Taia v«'> tanb
qaT: ,1p3^i l^iJ^ta .aiDin n^y^'y na ,aian naiy l'^izn irb:^ -lany aran
■»3Di '•«^73 'Q^»T2 nnia72i •>-iNn -nn«:T3 ^®n i:^ ,ipTn ik tD«n "lyi b^n
■«bip nN ï^^i^Ni ^miN ■»r.'> la "^nnbT» n^DK toi"» î-rnTDiNi ,-iinND i3:ap
.-•D 173b "«ni-i yi-'i 8^1-1 /Hinisi -^aaa a-^nnati npiai an:^ .mnin^n
■»abi '^^^y rni nariNa to"'nio''n "^nbapi ,"»Daa mins: "»U3C3 rrrr^m
eaab ht: .nan» r-ï:iNn73 ta-^Toin-^s nnan to'^nnNb i7:«b nipn nnoa
CKi ,D"»ai'i73 a-^To^D "^Tsm -«a ,-iaTOa a'«3r'«a np^^a: to-^nrib iô<ann
.y-i]? ■'72ia ■'7312)3 ri r^n-'i ci-'p©"» id .to-^aiNaTs û-'ana p-^at*» &i"»n
/pna: "^nbsb ,"»pn S:^ "^nb-'sni ."piNa i3'^ïd31 i3b ri a^n"^ 'nn73bi
r<bi Tiapo r^bi '^nib« «b ."^sia^n niba 'ma73i ,'^373n3n "»nT3 i73«b
b"T a-in "^ani •'niTa p-^is:!! tibi"^ b^ it^i^ "^b:^ yop win r^a'^i "^nns
ppa Sc3bia73i rrbia ■«ni-na rrbin n«n t£y nsa "^a r^yv^^ b»
tn-'-ian "ji-in naïas nu5« -^nn^i to-nb«n in» npbn bfi< T'Tws^np
yiNb ^D03i "ONn nna:^ rTbD3i "^la?:)» ni» ^«3ni ■^'i<i-i yy ^a;D3i
rTN73 la tpv nw'^i tiON^^i 3^in aaïa^b bD3i ,'^^hi f^n^si "niaa
lôn:^ b» ib -jb-^i laTsuîn rra-^a «a «b û'^tt)'^73nn n«i nsoTaa rr3^
•»D]^-npi "^D^^^oi ,i73ip7373 iFT^i "^ab infc r-.NTb ^n :niD«abp3 p"pa
•^rr^i rrn"'at73 nt:» abai 53ina rr^n D7:3i "^^j^ ba -^abi ^n3 taa 1:^3
* Genèse rahba, 60.
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204 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
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ban ,î-rnya !-r:m r^DiTab "^n-ip ,'^n'»73n5 •'a "^b •'in n^aïKi .tan-iD
.ts^-^a N*"a M-^ai-iDD fi-^mix pa .ncD-^ahaKanlp maîn r^nrcob
■^aab n« rnpKi ,rpi«n -^la» "^ini ^rrrran -^riDa "ïiirt •'ifin inn» "«içt
nN73 a»aïi bna bDïi b:^i •■»:^a «ab 8^5»n-n ^n'^^n uT\y •'D -«naa bKi
^1730 "«a t|Ni i3xn»)3 irb> npô^ tai'^n pb i'^jd m«-ib "^rr^r)! t**bT2)
ï^b niDN ''na l"*a i3i ya "^nT^nb nmTsa inaab '^nbiD'> s^b"» ^inn''73b
a*^®» tanDTD "«rNaf» s^bn -«dî 'nucpm .isiscn •'-iai3^T,iDi«b y73«»
'>^vy^ mb"iX73 '•73a D^^n^^aû nia» «^aN^ nbmi ,•'«« •'n^ba» ^"««Da
*maj^ab .lobiD ^a i:?biaDi .lûi^^'^wa y^'n ^inabn maorm ai©nb
tDy T'nN anpa D'^'^nn '-n^xa nmnx •^:ttn tdbî ï-rn-'m ta-^^b» nasn
,^nyn "^nn» "^a cint .nnwan i«n ■'D r-^na ib TO3^ maai bîn«*^ "«aa
inî3 -iPNa ïT»n t*^b Tnai .id^kt raa bs:» orr^aa Jm^ab r-raTt
n«TT .Dïib nn-Ti r^b nniap tsai ta-^bii^n p rmosa rraa ^ma
T^ri -^b rTT73:^p r^^^n nmoTn .t-^na^T b:^ bam ,'>ni2n^ "^atn "^b mn^n
m'i^y bipa "^bip ■»m»'^-in 'nizJKP •'ït'i : •^''33^a A nttn to-^Ta"» «nn
T»non aina tsrr^m ■•ab'^îfn •^mnx Sa^ai "^aiann bip yi2iD ncibn
toi"»» ,û"'3ra» tnpy^') ,D-«53> n^^i^a :^7Di«n b^n ,&"»di3^73 ■•TacTa
yi3"»p na^a» tnat: ttsnn «in •^n'^TD^^n «nn?! ly lainb Tanmai t=3T«b
n"«3^n ta-^nsio biai 0"'»an b« s-rbina "n^y^ '^aiN"»a"»i p^ob tnrb5
î-;iaab m^tt« nb n^b^an mp'^^a "rma ma^na •>na-i a:? -^nan
nfcn*» irn rnanan pn nTaan pn û'^non mb-^Taan rrpnari ODtJna
,toba^D 'n obT»'» mnaœna bbirrTan aw-iD 'p"p t^inn ûipTaa tzs-nb»
^"•»aK Dbnaa n« ^-^rm^ Dannon s^bn-» ûipTani .ob-^na taibus ••n-^n
î-rorrobi ynsa ii^yb oanaTaa o-'aTa ant ib'-^Tn rr^ianaTa ba no»
,bna m«b nb-^oNTai mn-'nb tnnaa^Ta "»a-.«'^5tvn ,b"ïna73i na^b ira«b
ta-^-ny npisn /n n» Tia«T .-^ao ba^Ta rrnÏNn maa^m ,'»a'>y imfiri
toipTaai ann ta'^Ta-^a -^b î-rTaa^p Ip-non ba^ û-^oan ba^ .to-^mo» n'irai
tonmaott \nm ,rî733:yi ©"^aiwa O'^É^at ^^t^ ba^ niar baban f<Tin
laioaiDi la-^maa m» loai -rr^a ••aa ar tan^a:? aoKi .rrra-^bo
©nn ï^in i-^t «wb "j-io»-)?! tpra •^mi .Sna maaa D-'iann r-iaran»
^aa ntt)K 'ri b« to-'u^aan ta'»Ta'^Nïi b« yiab ^ban taoîa a^oai n'»'»«
rrr^acan a-^np ptai nbaa^a -nOT» -«baa^Taa naïa-'mn ï-rma^aan n*»^"! n-'a^
rrpia:'! ion TsbTa m3"«nîaa •>na-i mn ûipTan b« la-^^na «ry •va-'a-nb
t3nno«)aN t^ma-^np tnbnp «"^n î-ibbin^an n*^y?i û-^Ton tm^rsai
■•a •'pbn ba^ î-rfimn ima '•aam û"[7a](D)nrî bib» «inb û'na'» mottîa K^an
,rm)aibn rrmnn -«naaTa o'^K'^Taam ta'^n'^aan •^a-'a^a in -^nNSTa no caa
,T7iN7a baai i\aDa Saai ,imm nmna nm-^^n -m» Ta"«ôtn taainTai
rr^iTanbi nmnn n» aniK rea a^'^a'^» vb» riKarî nb-'n Saai
to-^-^aa^n fiN aniNi ,î-Tana?Tî mÉnri rraioa l'^oaaTa pi« narwai
aann nujinpao nan bab s^in ^i^ki /ria-^ab rîpa>?iai ^oa-ïDai
< Allusion à Lé?., xi, 30.
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JOSEPH IBN DANON DE BELGRADE 295
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t3"»ï3Dnb nyi rr^ai nn-nb s-rmnD ■in"»a m'^rvi D'Anna D'^d^i to'^Ta"'
iPD» -ï«»,Y"'DN .ta-^M^^-n cDisn .ca-^^a •^sai n-aaa n t-iDia nNb73
,i5i3^73a nn72«n^ ns*» y^yn -^Dp^n lois^si .lanb^b a-^ao •^Db'^DNn
a-^mm "^sd bj^ "»dt«733^'»i î-tth taira -^nrnnb "^iT^a "^b rr^n «in
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«ba-in -nm r^rr^-^b^^^s -^b*»): '•5n73 ''DinDTa mbybi mn^^ia by picnbi
t=3Ni W]^73 t3N C3T> baa ttjnn» nuJNTsi b"T ann "niTaT ^^am '»72iE)a
.pNn b» n«a:73 «bi n^^r 1-173» p "«d /iTDir "^b» n«» rnann
173 fcranb n'»î: mstbi rrnnb to-^ny :^iapb 3^7311» ib n^N ïd-^n^d "^nNi
■»D ''niD-ia ia«i73b "^sinDT rm5t73a nbyn n«N?3i .mup rm^Ts "^Ta «ari
ta'^73'na73 nnoi -^1^1 nîbn "iiapn mana nbi>n n» b-^srns iicap
•^3» "^masb r^bi ,mbn3a TiDbn r^b "♦73'»73 ••a yn»n 1)3 nb:^-» nri
nnD73 •^mna-T "«by ■»Dny oiy^Ta x-in "^î^a "^nj^^r^ ûai rn^^n*^ «^a usn-n
t^'^n it n73iK 1D ]^73it3 "^snorp «bi f*non73 "^mon "^nj^m rr^m:^'^*::
173 ai3:ib MD^y x-in b'':i-i73rt «^a t3'^nn«73 ••n3?73©;D anan by •>bu573
DTi-iBN -m nu:» fimp s^^npsrï tj-ub &'^u5nD73ïi imb'^iûTsn to-^ison
JmrmD ib'>ia73iSDi ibicK ibn:>73i mb-^ s^b n«5« wn^^ to-^ata i»
t^an p ba3 rr^ïT' ■in"«nnNi iDat:?'^ t>73'» "^isna »n73Nia inti tams-^Tob
iDirh i73a:y r-»fi« rma"» »bi ■)73ia b:^ Dm» nb^Tsi û'^nn« "^nai q-iONb
t3'^73''n a-nai "^îtd ]?aa «in banrrn "^a «m yit» nmna misnn 0*^30
Tsnn nDo î-tt'»n73 asa niD» •'nn» "^d 173^ î-rn'^ïi nbaa ^a San i^t»
!T^73n373i ''^'^73 rv^b fi-^b im n-^snp fcr'^ba «p laina m»fit Sa in-^a^
rrbiw 8^-«a73 iitsin oiaa nai n73iKn Sa b"n isi-T^mrr naai b-^cs
rjTa Tsia i"»«i Y'n naarb bai» naa'»«i nbian ^nna •'3«n tshiyb
t3Ti3«3!i mab n73\a73n fi n» ^laNi .rr^b^^ab ïiaics p-^tn^b p-i
iTsirn ^teT^n "^3733 ,DT^iD tonb «•^3:73731 ,D'^pilt73 ain73 ^tD'^pSKDm
v^Ti'prt b«n DO x-iK nKDbi naïab bbnb mninb nN-ï'»i î-ranNa
173Tb •»33r''3m •'3'0"'pi is-^-^nno maio ta'»a'»"«nb b73iaïi rrpn^a lanpsn
T»73 •'?ri .•^mbDtJi "Tibn .-imba -103^73 "•373"'pïTi aïo ba -3b733n ï-rtn
aiab ■»73ibn -ino nwfita Tm ,''ab73a •'3''3^73 ba .'^attîh -i-^fitr -^a '»n73bn
ib ■ina3^ "«sfit p S3^ "^sa b3^ a-^ian •»mKi .^sy ama ûibnn t^a -«a
inaKb7373 baanïib i-^mn p ''sk t^bi ,"»3inK r^in -^a may« mab
inbbi nb''n73 lapab "»'^n b^b nb-'ona -sni .Tonpn tnma]? in*na3^73i
nca'^ toim «m -^a ,nnri3^73a D«n ta-^sisrina d« mènp naÏ73a
S-'n m«3^b na •'b irr^i ,nnDa73n Jmbaa "^ditSu)» San •^msiy
Hbi n73b iabnn"»i '»mn3« Sa !i3natt3n rrta "^a ,rrmn b« nn73nb73a
Sa^ ïiDU)a TT^aD-^ naT tn lu^a-» x>i^ nvm^l tabij^b ab b3^ iby^
■•Kniao pam 13^7373 pniïii s^m^n •^3^a'>73b tpv tanb nâo 'ntDN
t-nbTDia 0*^3-131 msn to'^T' ''p'>Tn73 nmnîi "^p-^TriTsi tabi3^n ■^^1733^
> Jér,, XTn, 11.
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296 REVUE DBS ÉTUDES JUIVES
^nnn*^ nus» us-^Nn î-t-^ï-ît "^r^-^a ^iTanb mas^'' can'os^a n^ïi iSTaen
nana /«3d nanTan S« f-i'^'^"» p:n73a 'ntt)» nciorî Jnop "^nopaT •'a
ipnm nDoa in*^ •^731 ."^nujpa n» rrniay?-! *ïnb"»DD Jn» ^iTaob "tâ^^a
-ï-nTa naïab matT: m^^b •'b rr^nn 'nia^^a to'««np3 rrr^i nb» -^nan
to'^ttD'np û-^auj-^ •'nDUîT rr^b-^:^ nsb v^^'s^ •^inri^DTsi ,T>T»mm '-nn
rtN^pii ,t-nanb "^nan nn» "^la-ia .maam vm rtiz'n "p^a noî<
a-'nujn «im n-nnn b:^ n73i3^ abir^n^ û-'-ian rîtt)b® b:^ n-^pbn n«b«b
iD-^n-nn 1^ p'^Tnnb rriinn "^nanT: D-^aTSKi ca-^ny na m-^yKi p«fcnn
nnbap mrr^ttNa D'»-ïDian û'^n-'ca tm^^nb» naobirîD b^^a© nTonpn
t-ibttîbia naina s^-^a» lly^ .anaaiD î-r-nn r^b» lib i*^» tanTaifita
.nmaan "^dt: bapu) m"y ns-^a-i î-t)DT3 ny iD"»» ^^d» «"^k r-rnbap
î-T-nnaia D-^r-^D:? nstp N-^aN 113^1 .mstp Tn -^mr» «^b Tinnai
•>rNi rmitTan-ï rmnn •'-lan br ©■'© mp-^eo 'a in 'a û^ ansaiz)
n«a obaia "^aD» nmaioa mp-Don ba e^bi para inanu5n r^ara
•^-na-^nan ma» "^TD-n^aai 'iTabnan nsiDTDa S^n "^nana man-wa
D'^a'^TaTa o'^a'^^aa n»iD7ai pin^a «::•» bam D"»3i-)nNi D-^aiïJfin C3"»o-iDnrT
P"»ii:m pmn lao bai "^a» ma-^a -iTacr «bnn ona ->:> ^D-'aio
û'»'^pnnb -iTZJDK "^n ne baraka ri-nnn "^nbaiD la^i*^ t^bn "^a inri^Ka
naiNtts m-i"» a-^Tab «nisn b«-i'û-» td"»» bai napna nn« rna:» 'îb"»D«
bfcna-» n-^a jm«aat 'n Dna?a a-^^ip n:?ab -«b© ••Ta^aa &m ^3^1
w«a irîa"«bu5»i ,yà^^ i^a irr^a nia» *«in m'iD "«a ^Y'i'prt m» np«i
n7ai:rn yipi ynp ba by niDy« naan .iiaaan "jaya laoa^ bjm
na-ia s^^a*» Sa "^a ^a*»» "^acb nv* ttt ■'a» TT^aDT .bi^aTabi npiob
t-namp "^a abny "^xa ba lyT^i •n-'a'^i ,&-»"»nn ya^ ^-n m» m7a«b
anaa© rnanpn minn ibap -naa^ab nn-^n t<^n bN-iO"» "^aa tnbnat
no bra nana© riTai no ba^aia n-nnn dt pmi y^w» n«pa mnopn
-ïZT^a tzs'^aaiTa anaaia onain rrr mab anb« "^na iTa^^û rrn
a-^cn-^m û-»bia7a na:p i^a-^ pa^i .-iNaa nia^a anbitb xbi nwa
•>aian a-^-i^n 8^a:'> p •^nn^i î-rTbn iiuîNnn a">iob to"'a'^"»on n-^TTana
^na^aa nb» uîbia ain D">non n"»b"»73a ba? •>ia"»bian e^a&'^i miajn ba^
'a na&5 î-rnba? -^nnia n«N tnwrt icam /"^n^nb mn ûnan tn« -«b
caoa a'»pnDn iN-ip"»*! û'^pnob npbnnTai nmioa «"^m tzs-'a'ma
miba^Ka loan nrnD n\a» biaia«n mm» bar 'nai 'a 'a '« biap»
ta-^anar rrr»! 'n "^ob iijtnb •'nai nba^'^i -^la^a 'n mTaa^i ^iTab tn-niina
ta^i «^^a^ nan -«a rnaïab it □;! .nb ara-» bai» ^nbi n^wio ^T«b
■»îaTa rîTi û-^a^n^) î-ittjbTD -iDOTab D'^bn:? marr "^nnsttDTa taoi ••na»
maacina T^n n-^aaiann •j'Tan ^ noTa na ap:?*» •^ainKb p qoi*'
» Jér., XXV, 17.
» Exode, XXXII, 25.
* Isale, Y, 1.
« Deutér., xxxii, 32.
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JOSEPH IBN DANON DE BELGRADE
8^D-)73i rt])^^ ^Tû^ Dnb ï-rn-iT '^mbi'» bam *j»Nn T^:
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'^y1'\^y2^ "^oib» i35n nn«m V't "^a-i Q'Od •>73«5i in-'^sbm t
nb[)2] n) iDHDiD» «bi «b^: rnoa lonDT» -nDT ciot^ rrrr^a natîb
obnoTsn ainn «a-^ nw "Ilj;! 112^ nar aia b:Pi lanpa
ta-^N-^aa îimn tni2Dbiu573n rn-.ina ^i-inb D'^r-na niabiaa
ma» "^nann »-i7:a rr^®» ns^s ■^a-^a» nTsn î-riabiD ny
î-ï©b® Q"»3^in "»!'' b:^ nujbi» rm^tnpa Tonpsn nn» rrym
n^biD ma» "^aab ,bN-ii3'^i D'^^ib a-^^na ■obniD): D^^b •»u3"«btt
tioi"» 1^ by a-'r-iujn n^Sb^ p-ino r^a e^a-^n .apy^n pns:"'
JnN^bi "ïi"» riN «b7ab r^s:"» D'^-nONn n-^a?:"! rr^oinTs n3^i373 ■
maabT ca-^nb» Tiaab •^nipn "^as» n^N rrt)» \Db^ nnn ,"i
û'«72'»n73n inaabi nnbT "^tîni "^a^T b"T ann m-n "^-n» rn ns
^"•^DN anaa D"»3i3i to-^TD"» la-^n»"» 3^-)T int^ '^•'m K-ip"» it rr-
T>m fns&ipn •^nn» û"»n7:«a r^3 napbx nb^n D"»5'>n;2)n
•^naion ns:ipa imbrr» innon nri^ "^-laia NiSTsn r^i:7an dn-
n» /D3T>aa:aT inT^ipa p?3n«b û-^nann "»nnatt) p^i^an n72n
TD^b» •^n-'ïJ]^ ''D ■*m3n^a "^by -laa nnaia bu3 .t«d Dnp "^t:
T^-is: ''SN mTobbi -^n^PT» ï^bia "^Tair^a ■>3« :^it^i r^-^y 'tt
■»3a in ,riMT anri ■»m7372 rr^ny^ûis^) nan nr« "^tt^?: n>
DTOtt 137273 "^ny^sTa HTai .nn'«a itow -^riT^n nnn "^b i3''73K'' «b
TanT 7211 naN bi'T N72-i"'b miN*» 'n-im^a mn 172 bn
t^tt)n "^D tniD-iD «1172 b:^ miN-» rr^a tnû"»bD nco na"»!!©
tniTan im3 nn» 'lai -i72"ib tn-iU3n "»aNb72 ib-^nnn *]b a
Tinsi "^nana ■»3« bi<-j;2:-»b n72»'^iD TZ3pa?2 NinïJ ï-ïts aina-^u
î-naiy ib-»sKi 'iDi îriï)72« ûibu:i on n"3pn b"N .n-nnn
y^"Dy r^in ^73«3 -^r-^a baa n;D73 '^iny p «b n72fi«ia s
Nin u5T»Di toibo-i on 172N3 la-'NUJ ï-nn*^ nTaN-^ na dn «br
r^bia tan73 'j"»3ip r^ û'»nayni n-»ar! "^aa p »73'^''pT i-^in
■•aKbTab !i"aprï -i72Nia int .nnb© ';3'««ï3 î-rpTnia n"»an b:?
— iTaK*^ TI72N a«i ,bK-na-a n«Ta n^j^"^ ntt)72« ûibuji on
fia733 ,ibu) !-r3"«NU5 npim ■»n''a pwi ■•la^^ t^^inia D-'^^nv
' U'^^^'VD ÏTObU5 = 1198.
* Sol.
» Lisez ûbOBOI.
^ Dan.^ IX, 25, et xxx, 4.
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298 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ib '7DN ^db ■l'^n^nb na^Kïi b^n^D*^ isn*^ s^b irr^n W«5 im-^nbp
•^s f ynr bMn^"^ -^id^ ib'^s» -^r) ,8^-^^: ^b« n-nnrî ib-«fi«s ^b ann?
■^Nii ï-ïï3tt ir:i72Ka î-rt "^557:1 â'^iDiaD i»^*^ "^3)373 !nb«r: D'^nmn bs
pN3 ''D^^Tt n'»i5K x-inn "^nsiTsfi^n 'npïJN r^b ^D-^ob ,p ntDr^ »b
Tia^n "^nn» Einnnb -^sii:-! v^ ""^ în"nbt mn -^am "^-nT: "^î-nN tn"«a
••DibKi . -^manTa T^nss -•:« niTsbb -^a isam s^nmo aa« «pibn «labb
•^nm ■i\û"i73'> r^bn ■^a-inon pn n«b72b é073TD 1)3 ni3^-i t**rî*^i "^"n
.tabiy 13^1 rîn3^73 ^ynr ••dts «bi "^j^nt 3^-it "^073 «bi "^dts rttDmprs rîmnn
-^^53^73 tobirb *fnon ■»"•» -«i^a ^^r W"« .tabi3^ b« n tou)a •'bnn nn
: Einn b» ^n-»
COLOPHON :
î-rbNT mom JnsiDa nats ®nnb Y'o ■'«'^b^ toT^a inTsbcn ■•ïim
: * p"Db 1N3 "in-^ai tij-^n apy^ nw în73'^n5t73 D-Nart b^n©^ '•3a r-iiTatî
î-TT Y'st"^ ««■'ûy !-rau)np?in pns:'' «"«ba rï7:b« nnnan n-^a o-YiDiba
r^bN ana s^bi iTsstr 'nan73rj on:33np?3 !-rpn3^nb în3"»««n j^-of»
.riT a^no
1 = Mardi 29 décembre 1716.
1
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NOTES ET MÉLANGES
OBSERVATIONS SUR LA LISTE DES RABBINS
MENTIONNÉS DANS LE TRAITÉ DÉRBCH ÉRÉÇ'
Le premier rabbin qui figure sur la liste établie par M. Erauss
estpm^ la ■»0"»» «a» ; mais il n'a aucun droit à y figurer. En effet,
le passage de Déréch Ereç Zouta mentionné par M. K. n'est pas
d'Âbba Issi ben Yohanan, mais est rapporté par ce rabbin au nom
de Samuel le Petit, et c'est parmi les sentences de ce dernier
que j'ai cité le passage en question {Agada der Tannaiien, I,
37*7), ce qui semble avoir échappé à M. K. Celui-ci a également
tort de dire m D, E. Z, est donc Tunique source qui nous ait con-
servé le nom de ce Tanna. » Dans mon Agada d, T., l. c, j*aicité
divers passages de la Mischna, du Sifra^ de la ôaraiïa talmudique,
où Ton rencontre le nom d'Abba Issi ben Yohanan (ou Hanin). Voir
également Agada d. 2\, I, 50, note 2 ; II, 548, note 4.
Un peu plus loin, p. 216, M. Krauss parle d'Eléazar Ha^kappar
et de ses deux fils. En réalité, il ne peut être question que d*un
seul (ils. car Bar Eappara, appelé aussi nopn la, n'est autre
quEliézer (ou Eléazar), fils d'Eléazar Hakkappar. Voir Agada d.
Tann., 11, 500 et s., 503.
B. Hidka (fi^pTn '-i), que M. K nomme p. 217, est encore une fois
mentionné dans la littérature agadique comme l'auteur d'une ex-
plication d'un verset biblique : c'est dans le Mldrasch sur le Can-
tique des Cantiques édité tout récemment par MM. Schechter et
Buber [Jewish, Quarterly Review, VI, 681, ligne 265; Midrasch
Zouta^ p. 11). Cette explication, comme la sentence de Déy^éch
t Parue dans 1« Bt9it$, XXXVI, 214 «t f.
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300 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Eréç^ montre l*origiDalité de Hidka ; elle expose nettement une
théorie physiologique qui a été soavent àéfendue de nos jours et
d'après laquelle on peut distinguer les gens les uns des autres
par l'odeur. C'est en s'appuyant sur cette théorie qu'il explique les
mots du Cantique des Cantiques, i, 3, d'unis: ^•»3»tt3 rrnb : « l'odeur
des justes est agréable et diffère de celle des impies », et les mots
dlsaac, dans Genèse, xxvii, 27, îtto rrnD •'în mn : c l'odeur de
Jacob diffère de celle d'Esaii ». Il va môme jusqu'à affirmer
qu'il y a des gens qui, par leur odeur, savent distinguer des
ossements humains d'os d'animaux, et môme les ossements des
Juifs des ossements de païens : nmssh dn» rwi9 \yi xhn'Mx^ wr*
d"»*» m»au^b htirm^ mt):^ l"»a iram:^. Cette théorie fait penser à
Topinion exprimée plus tard contre les Juifs qu'il existe un fœlor
judaictts^,
A propos d'une sentence précédée des mots ÊT^n in '»3n dans
D. E. Z.^ ch. VII, fin, et des mots «-©p la •'^ndans j. Pesahim^
37 a, M. K. dit qu'il donne la préférence à la dernière leçon
(p. 217). Mais, en réalité, il ne s'agit pas de deux leçons différentes.
On peut admettre que cette sentence se trouvait à la fois dans le
recueil de traditions tannaïtiques de R. Hiyya et dans celui de Bar
Kappara, et que D. E. Z, la cite d'après le premier recueil et le
Talmud de Jérusalem d'après le second. Sur la Mischna de Bar
Kappara, qui est presque toujours mentionnée à côté de celle de
R. Hiyya et de celle de R. Hoschaya, voir Agada d. Tann.^ II,
503, note 7.
A la p. 218, M. K. dit : « ''O'î'' 'n, sans doute 'h'hyn ». Cela est
inexact. On sait, en effet, que le nom de ^ov 'n mentionné dans
les textes tannaïtiques, s'il n'est suivi d'aucune qualification spé-
ciale, désigne Yosé ben Halafta. J'ai, du reste, rapporté le passage
en question dans mon Agada d. Tann., Il, 159*. Si, dans Sabbat^
152 a, N»Dp na •'or 'n est nommé comme l'auteur d'une sentence
qui, dans D, E. Z., chapitre x, 10, est attribuée à "«dt 'n, il faut
naturellement compléter ce dernier passage d'après celui de
Sabbat,
pn^*» 'n (Z). E, R.y ch. xi) est le nom d'un Tanna qui est fré-
quemment mentionné. Voir sur lui Agada d, Tann., Il, 397-399
(cf. Revue, XXIX, 81), où il faut ajouter la sentence citée par
M. E. Celui-ci a vu à tort « une véritable énigme » dans le mot
^itmp de la sentence en question : ù'^tzi •»:)D"n25tt nr -nn ï-'scmp. Le
singulier m prouve que y:^!^^ n'est pas, comme le suppose M. K.,
* Voir Th. Reinach, Textes d'auteurs grecs et romains relatifs au judaUme, p. 353,
note 3.
* Dernièrement je l'ai expliqué dans la MonatsscKrifi^ 1898, p. 505.
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NOTES ET MÉLANGES 301
le pluriel du mot biblique y^p (Proverbes, vi, 13; x, 10); il faut
ajouter devant "j-^atTip lemotteiê^ ou l'araméen ^dk^ mais pas -^bDi»,
comme le dit Kohut {Aruch, VU, 212). v^-npb-^D» est la tra-
duction de b-^Di '^bin (cf. Targoum et Peschito sur Proverbes,
XI, 13) ; c'est la désignation populaire du calomniateur, qui est ici
d'autant plus à sa place que notre sentence s'appuie sur le verset,
Lévit, XIX, 16, ^T\ tnby towi vh ^^wa Von ^bn vh.
Il se peut que cette explication s'applique aussi au mot
•pstmp mentionné dans le passage de Abot di R. Nathan, cha-
pitre XXXI, que cite M. K. Il s'agit là d'un parallèle entre le ma-
crocosme et le microcosme de l'homme, et on dit, entre autres :
t:"!» btt) rsTK nr ûi^a V^'r^p «nm ûbn^^a 'j'^stiip «nn. D'après
M. K.^ on parle là d'une sorte d'animaux qu'on désigne comme
étant aux écoutes, ti^ST» "pip. Mais on ne trouve nulle part l'ex-
pression 'DT« y^ dans le «sens de '3tk n-^iopn. On ne peut pas non
plus prouver que rxmp désigne quelque être, parce que la sen-
tence antérieure parle de ûbi:^n rtj^n rrn. Car dans rénumération
successive des détails de ce parallèle entre l'homme et l'univers^
l'auteur s'impose la condition de commencer par les cheveux de
la tête et d'énumérer ensuite toutes les parties du corps pour ter-
miner par les talons. On peut établir une analogie entre notre
V^tmp et un autre détail du parallèle, le mot û"'x:>v, conseillers,
auxquels correspondent, chez l'homme, les reins (nvbs). Donc
V3fcmp, comme d-^x^^v, peut désigner une catégorie d'hommes, et
peut-être ici aussi faut-il compléter 'j'^atmp ■>b3i«, calomniateurs,
car le caractère du calomniateur est d'écouter et d'épier pour en
faire son profit et répandre ses calomnies. Alors, au calomniateur
correspond, chez l'homme, l'oreille, qui a pour fonction d'écouter
et de percevoir tous les bruits ^ Mais il est aussi possible que
t'^mp ne soit autre chose que tro'nnp, «onmp, mot qu'on rencontre
à plusieurs reprises dans la littérature midraschique et qui est le
latin curiosU espions. Cest ainsi qu'on appelait « depuis Dioclé-
tien, les agenies in rébus, qu'on envoyait dans les provinces pour
recueillir pour l'Etat des informations importantes » (Sachs, Bei-
tràge^ I, 10; Fùrst, Glossarium grœco-hebrœum, p. 195). Dans
le monde il y aurait donc des écouteurs, les espions, et chez
l'homme les oreilles. Le ^ dans )'^3tnip remplacerait alors le d
pour rendre la lettre s, peut-être sous l'influence des p et "n.
Comme cette sentence a pour auteur José le Galiléen (je ne l'ai
pas rapportée dans mon Ag. d, Tann., I, 358-372, parce qu'on n'en
1 On appelait les conseiUero du roi de Perse « les oreilles du roi > , rà pa^tXecDC
iînoL (Xenophon).
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302 RfiYU£ DES ÉTUDES iUlYËS
•
connaissait pas Tauteur avant la publication des Abot di R. Na-
than, par M. Schechter, les éditions précédentes n'en ayant pas
indiqué l'auteur), il faudrait admettre que déjà avant Dioclétien
curiosi avait, dans les provinces, le sens mentionné plus haut,
à moins qu'on ne suppose que cette particularité a été interpolée
plus tard dans notre sentence.
Voici encore quelques observations sur Tétude de M. Erauss.
Tome XXX VII, p. 56, il cite inexactement la sentence p tttt m
•DTi iDb ^23^rn en ces termes : "D'n'T "^d hy * ^^r» rw tïit m. Dans
Sanhédrin, 76 b, où elle est citée comme sentence de R. Aliiba, le
ms. de Munich (cf. Rabbinowicz, Dikdukè Soferim; IX, .215) a :
•OTi •'Db ^^ri->iû "^a *T»m. Cette leçon a pour origine une fausse
interprétation des paroles de R. Âkiba qui signifieraient, non pas
qu'il faut se prémunir contre certains conseillers, mais qu'il faut,
au contraire, prendre leurs conseils en considération. M. Rab-
binowicz cite, d'après Agadoi Hatialmoud, cette leçon étrange,
"DTi y^ hy nyîb insmo tut m, qui n'a aucun sens et n'est qu'une
altération développée de *ptyw. Non seulement M. K. cite cette
sentence d'une façon inexacte, mais il en donne aussi une expli-
cation défectueuse ou plutôt incompréhensible; il dit, en effet,
que 'pi a ici le sens de "pK pi, mais se garde bien d'indiquer le
sens qu'aurait alors "oni ("«Bb) *^ b:^. Dans mon Agada der Tan-
naîten, I, 281, j'ai consacré à cette sentence une assez longue
note et comparé les mots '\m "^sb à l'expression iDittb lasnfi "«b
(Mischna Souhha, ii, 1). Or, cette dernière expression signifie
qu'on tire d'une proposition une déduction qu'on ne peut y voir
qu'incidemment, d'une façon accessoire, mais qui n'y est pas con-
tenue expressément. Par sa sentence, Akiba veut donc prémunir
contre ceux qui donnent un conseil incidemment, chemin faisant
ou en passant, sans qu'on le leur demande, mais qui, en donnant
ce conseil, poursuivent probablement un but intéressé.
Les mots mat^sa 'îj«d3 pwn (variante : mattta ^ïDSty pion) sont
ainsi expliqués par M. K. : « p^n est formé de pçn^ arme ». ptan
n'a jamais ce sens. M. E. parait avoir confondu ce radical avec
pisa. Dans cette sentence, pu3n a le sens habituel qu'on lui donne
dans la langue biblique au piel (et au pouat) : attache-toi étroi-
tement aux pratiques religieuses, qu'on ne puisse pas t'en sé-
parer.
P. 57. Dans le passage rjî3)3n ns^ m» oitd^ «b, M. K. corrige
n::wr! en noi^nw, qu'on trouve déjà comme «"o à la marge des
éditions du Talmud. Peut-être aussi ïtotdîi est-il une altération de
> Ces deux mots lont peat*6tre une faule d'impression pour '^au^'^umo*
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NOTES £T MÉLANGES :X)3
itixm et de ce passage suivrait qaUl y avait ane espèce de pain
azyme mou en partie.
P. 61, note 1. J'ai donné au âis d*£léazar Hakkappar, c*est-à-
dire à Bar Eappara, le nom d*Ëliézer et non pas celui d'Ëléazar,
parce que je désirais établir une distinction entre le nom du père
et celui du flls. Bar Kappara serait donc "vybs^ p. 'nTjnbfi^ 'n (cf. 'n
.T^t:^ la "nT^^bî^). Il est vrai que dans les sources, comme cela arrive
aussi pour d'autres docteurs qui portaient ces deux noms si sem-
blables, Je père et le fils sont appelés indifféremment tantôt "nr^n^M
(Agada d. Tann., II, 500, note 4), tantôt nrj^bâ^, et je n'ai pas man-
qué de signaler cette indécision. Du reste, je dois faire remar-
quer que ce n'est qu'à titre d'hypothèse, appuyée, il est vrai, par
des arguments sérieux, que j'ai déclaré que Bar Kappara était
le fils d'Ëléazar Hakkappar. — M. E. n'a pas rapporté exacte-
ment (p. 60) mon opinion sur Eléazar b. Iraï mentionné par Saa-
dia. Je n'ai pas dit (Agada derpal. Amoràer.lU H) que ce doc-
teur faisait partie des agadistes, mais j'ai émis l'idée que '^^y in
était une ancienne altération de fin'^D in et que les deux ouvrages
semblables, cités par Saadia et contenant tous deux des proverbes
de Ben Sira, étaient deux versions différentes, ou peut-être des
remaniements de l'ancien Ben Sira, dont le titre de Tun donnait le
nom exact, et celui de l'autre le nom altéré.
W. Bachrr.
LE TOMBEAU DE MAliDOCHÉE ET D'ESTHER
I
Après avoir examiné attentivement l'inscription des tombeaux
de Mardochée et d'Esther, publiée par M. Israël Lévi dans le der-
nier numéro de la Revue ^ (XXXVI, 248), nous croyons pouvoir
proposer la lecture suivante : np-ntn mtt)Dn mo^n inx^yb nm3t
trpTrp rjbn*7b»bj«::i ^^mx^ û'^txùrxn û->npDn û'')3Dnn lû'^mxn ûî^ •^nobKTaa
Pour ce qui concerne le nom de la mère des deux éminents mé-
decins et juges des communautés judéo*persanes, il semble r^^-
pondre à Donna Gemâl, c'est-à-dire Bella Donna, "«no (= Tino),
« madame » suit le nom de femme bfi^a, comme Sidi « monsieur »
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304 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
précède habituellement les noms d*homme. Les deux fils de celle
qui a élevé le monument sont d'abord désignés comme savants, et
ensuite, d'une façon plus spéciale, comme juristes et médecins.
Le mot taTipDn, qui, comme cela résulte indubitablement de Texa-
men de Testampage, doit être mis à la place de û'^T^pcn, a été
formé sur le modèle du terme arabo-perse Mnps, «juriste ».
Le nom du frère atné parait avoir été T&nn%3, Moutaw\^âd. C*est
ainsi qu'on se rend compte du trait horizontal qui forme la partie
supérieure du X tandis que le jambage de cette lettre se confond
avec les lignes de Tornementation. On s'explique aussi, par cette
lecture, l'existence du trait épais qui se trouve entre la lettre
qu'on avait prise pour un n et le i, trait qui forme, dans notre hy-
pothèse, le jambage gauche du n.
Le deuxième frère qui, comme Talné, porte le nom honorifique
de ïibmbfi^bKTDi, s'appelle rrpTrp. Lewaw de la fin du nom se trouve
rapproché, à cause de l'ornementation qui le surmonte, du mot
suivant, mais appartient encore en réalité au nom, qui est écrit*
comme dans la Bible, trpTTP. Ainsi qu'on le voit encore dans
d'autres inscriptions lapidaires, les deux noms sont placés l'un à
côté de l'autre d'une façon asyndétique, ce qui explique les singu-
larités que peut présenter la façon dont ils ont été écrits.
Les deux derniers mots, pris pour des noms propres par les
premiers savants qui ont essayé de déchiffrer cette inscription,
sont des abréviations de formules doxologiques. ta^nD*^ (car la der-
nière lettre de ce mot est certainement un D) est manifestement
la formule connue d'Isaïe lvii, 2 : tamnD©» b:^...ûnViD Kia->*. Il
s'agirait donc de personnes défuntes. La formule finale présente
plus de difficultés. Faute d'une solution meilleure, je propose d'y
voir le verset d'Isaïe, lx, 2i : thiyi "p« w^'><^ ïrbi û3:->p->. De
môme que la première formule a modifié librement le texte bi-
blique, pour former un mot ayant un sens, de môme * cette der-
nière formule a peut-ôtre changé la place des trois derniers mots
pour former le nom propre mentionné dans I Chron., ix, 6. Il fau-
drait alors admettre que cette inscription n'a été gravée sur le
monument qu'après la mort de la mère et des fils.
D'après notre lecture, il ne serait plus question de Saad ed-
Daula.
David Eaupmann.
> Zunz, Zur Qêsehiekte^ 359 a.
* Gomp. mon arUcU Monatssehrifi, XXXVII, 121
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NOTES ET BCÉLANGES 305
n
Les hypothèses de mon savant confrère, M. David Kaufmann,
sont extrêmement ingénieuses et je serais le premier à m'y ral-
lier si elles ne faisaient pas trop bon marché de la teneur réelle
du texte. En fait, la plupart des corrections proposées à ma lec-
ture proviennent de confusions dues à la mauvaise exécution de
la photographie. Le fac-similé que j'ai eu à ma disposition est ma-
culé de bavures d'encre, que la photographie a reproduites exac-
tement, effaçant ainsi les contours, très nets sur Toriginal, des ca-
ractères.
Venons maintenant au détail.
1® La lettre n dans txmiQ est d'une lecture incontestable ; le trait
du haut se termine à gauche par la pointe usitée avec cette lettre
dans les caractères de cette inscription : le n ne l'a jamais. Ce
que M. K. a pris pour le second jambage du n est une courbe du
dessin.
2* ta-^Tpsîîi est non moins certain, le yod après le qofest très
net, et le dalet ne prête à aucun doute.
3<> M. K. rattache le vav qui suit rrprm à ce nom propre. Cette
correction peut se défendre, mais il faut la prendre pour ce qu*elle
est, c'est-à-dire pour une correction. Ce vav est séparé par un
grand espace du mot précédent et est rattaché étroitement au
suivant.
4'' û^iD*^ estune lecture très séduisante, mais qui, de nouveau, ne
s'accorde pas avec le texte, la lettre finale est sûrement un n.
Qu'il me soit permis d'ajouter que mon déchiffrement tel qu'il a
été publié a précédé la lecture des divers articles consacrés à ces
inscriptions, articles dont j'ignorais même l'existence. Or» juste-
ment, il est exactement le même que celui de mes devanciers en
ce qui concerne les points sur lesquels M. E. n'est pas d'accord
avec moi.
Quant à la traduction du mot tid par « madame », j'y avais
pensé tout d'abord, mais j'y ai renoncé devant la difficulté d'ex--
pliquer la présence de ce mot après celui du nom propre btxm.
M. E. n'ayant pas rendu compte de cette anomalie, force m'est de
conserver mes doutes.
Djimal al-Daulah « perfection de l'empire », nbilb» b^wà, est-il
identique avec ftbnV^N bmaD « perfection de l'empire », nom d'un
certain Obadia, de Bagdad, pour qui fut écrit un manuscrit en
T. XXXVII, H« 74. 20
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306 REVUE DES ÉTtJDES JUIVES
^5// * ? La conjecture est très tentante, et en raison de la ressem-
blance des deux noms et à cause de la coïncidence des dates.
Israël Lâvi.
JOSEPH SARK ET JOAB DE MODÈNE
Grâce à la collection de ses lettres hébraïques, réunies par son fils
Scheatiel *, nous connaissons beaucoup de détails précis sur la vie
de Joseph b. Juda b. Isaac Sark, Fauteur d'une grammaire hé-
braïque achevée le !•'• Eloul (29 août) 1429 à Cetno près Ferrare *.
Nous y apprenons que le jeune Joseph Sark alla trouver, en 1413,
avec la recommandation de son distingué maître, Prophiat Duran
Ephodi, Tehiel b. Mathatias de PiseS afin de se placer sous sa pro-
tection. Peut-être sa famille, comme celle ,de son maître, avait-elle
fui également d*Espagne lors de la catastrophe de 1391. Nous savons
aussi, grâce à une autre lettre que je publie pour la première fois
ici, en la tirant de cette collection, que Joseph ne resta pas à Pise,
mais qu'il se rendit à Modène ou à Ferrare, où il reçut d'abord
un asile dans la maison de Joab de Moiène, et, après la mort de
ce dernier chez son fils Yehiel, dont il conserva le souvenir recon-
haissant jusque dans sa haute vieillesse. Ces deux hommes furent,
Tun le grand-père, l'autre le père de ce Joab de Modène, qui n'a été
cité Jusqu'à présent dans la littérature hébraïque qu'en raison du
fait que c'est pour lui que fat copiée la grammaire d'Ëfoli '. Le
dimanche 28 novembre 1456, Joseph Sark lui adressa une lettre
datée de Mantoue, où il s'était évidemment fixé au soir de sa vie.
Les rapports des deux savants dataient de loin. Joab de Modène,
le petit-fils, fut le patron et le bienfaiteur de Schealtiel Sark, le fils
de Joseph, comme Joseph lui-môme avait eu des Mécènes en Yehiel,
^ Manuscrit de Berlin, n* 107 {Cotai. , p. 74} ; Steinschneider, Jeio, Quarterly
JJfweif, XI,p. 128.
* Û'^riDlD n'^3, ms. 23 du Judilh Collège. Voir HalbersUm, TVQbX^ nb?Tp, p. 40
et OraeUjuhelschrift, ('^yz n"ia3^), P- 55, note 11.
• Cf. la préface do D^bjD 31, publiée par Léon Luzzatto, dans Hihr. Bihlio^,^
XVIII, p. 115 et s. P. 116, l. 10, il faut lire, au lieu de naiûb «bl mDîb =
rrmnb; ibU., l. 25, au lieu de •jDn'^ "lb(?), simplement in fT^nb. A la ligne 24,
le point d'interrogation après DmT^T> ('?)rmn'^n©â ''bi*! ïlHDbai doit être
supprimé.
♦ Kaufmann, Revue, XXVI, p. 97-100.
• Zunz, Qu. Sehriften^ III, 174«
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NOTES ET MÉLANGES 307
son grand-père, et Joab, son père. Il eût aimé venir encore une
fois lui-même à Modène pour visiter la maison du noble héritier
des traditions de sa famille, mais il était vieux et fatigué, éprouvé,
en outre, par de graves chagrins, à l'époque où son flls Schealtiel
jouissait des bienfaits de cette maison hospitalière.
Peut-être fut-ce un autre fils de Joseph, Isaac Sark, qui, en 1458,
copia à Ferrare la grammaire d*Ephodi pour Joab b. Tehiei de
Modène *. C'est le môme Isaac Sark qui avait déjà achevé en 1450
une autre copie du même ouvrage '.
D. Kaufmann.
APPENDICE
f. 1466.
nnsn aa
St btx-^TV nia m-nia»
5K^nbwD "^sn dœ ptt) ntt)K û''y:ni man ^mnD pttJTs b^-^nn npab
tn-iîm ûib© n^q pp i:^t bina^b '^n-^a ■'sa babi ^itts i3D3t mœn
rratop nspT "^bib î-rana •^"•idd naTa •^ni-»n ••nbab rimn ■'b:? btûiTsa
to"»3?3T pTTD "^n-^ai -^DSK ■>b7:b "«aisp ■>banb n-û-i œne t5C5 iia«*n -«by
fc-»i"«on T>mas -^ba-i nc:^ iDinb irri ts-'^aj^iujîa m->Di^np anci
b"3ST ']^a« bN->n'^ -i73D axb -«b ï-T>n ûnn nnxb nn» t3->3nu5N-in
•^3« n3"»->n tobisa -i^n n'n'b'T -mn •»-»3:^ a» axn*» n^sa a"»n3n ^Dpti
■^3a b«->nb««b ']nDn ^^;D73a -inT^a yn^yi û"»d«: n^a ?-tt '^n'^an
^nbnn t>d «b»-' T»73n ntt)K û"'5ab po 'lawb 3?n"«««: ?-t)21 ']naTi
^b issm pi qi^T ptt:«D ib ^nai» "^aan npntti ^"«mnaiTD NtD->i
aman ^n '<by '^72'^ my ba ']n'^a -«aa Sa dnbiûa bbcn» t-na»
saûi É^in «aa fnao nn 'nan nan '^naa? «5 nàT' 'tone dT> ï-T«na3?3a
rn 'n">i3 na "^inb
.«■'Tnaa pn«T rj^nrr^ 'na ciov
< Ms. Paris, n* 1245 (Catalogue, p. 227).
* Ms. 2511 Oxford ; Cat. Neubauer, p. 902. D"73, le glossateur est sans doute Mtr-
dochal FiDzi;cf. PeyroD, Codieet hebraîei in Taurinenti Athenaeo, p. 198. Le ms.
Mh. 1 de la bibliothèque de Genève contient les dates de naissance de la famille de
Finii de 1525 à 1551 (=»iaâ).
» = man d-'S» hrrs
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BIBLIOGRAPHIE
L'Eccléftlafttiqne on la Sa^eftAe de JésuA, fils de Slra. Texte origiiul
hébreu, édité, traduit et commenté par Israël Léti. Première partie |ch. xzziz,
15, àzLiz, 11). Paris, Eroest Leroux, 1898, in-S* deLViii + 149 p.
Après avoir examiné dans la Reme (XXXIV, 1 s. et 294 s. ; XXXV,
29 s.) quelques passages isolés du texte hébreu de Ben Sira, M. Israël
Lévi a publié, sous les auspices de TÉcole des Hautes Études, un tra-
yail d'ensemble sur le fragment tout entier qui a été récemment dé-
couvert de Touvrage de cet auteur. Du reste, ce Fragment important
de l'original hébreu de Ben Sira, sorti d'une façon imprévue de la
gueniza du Caire, a été étudié, commenté et publié à plusieurs re-
prises, depuis que MM. Neubauer et Gowley l'ont rendu accessible à
tous les savants dans leur magnifique édition (Oxford, 4897). M. Jo-
seph HalévyS désireux de présenter ce texte sous une forme sa-
tisfaisante, l'a complété, corrigé, et, tout en déployant dans son
travail une remarquable ingéniosité, a traité avec un complet
sans-gène l'œuvre de Ben Sira. Ensuite, M. Rudolf Smend* s'est
imposé pour tâche de contrôler par lui-même, du commencement
à la fin, l'exactitude du texte publié par les premiers éditeurs, et
de l'éditer à nouveau dans la forme où il Ta lu ou a cru devoir le
lire dans le manuscrit. Dans son ouvrage, M. L. a utilisé et corrigé
les travaux de MM. Halévy et Smend. Pour le texte de M. Smend,
il le soumet, à son tour, à un sérieux contrôle, car lui aussi a pris
la peine d'aller étudier le ms. sur place et a ainsi établi son tra-
vail concernant le fragment de Ben Sira sur des fondements so-
lides. Les savants doivent lui savoir gré, pour leurs recherches ulté-
rieures, d'avoir procédé de cette façon, parce que M. Smend a donné
un texte qui, en beaucoup de passages, s*écarte de Tédition prin-
*• Eevue $émit%qu$^ 5* année, 148-165 ; 193-255 (Texte, notes critiqaeB, traduo-
tion et observations).
* Doi hebr. Fragment der W^ktit du Je$u» Sirsck, Berlin, 1897.
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BIBLIOGRAPHIE 309
ceps et présente des formes de mots et des groupes de' lettres
étranges et incompréhensibles. Le texte de M. LéYî, tout en confir-
mant assez souvent les additions ou les rectifications de M. Smend,
montre quand même que ce dernier s'est fréquemment trompé et
permet ainsi à la critique de ne pas tenir compte de son édition. Le
fragment de Ben Sira a encore été publié dans deux autres éditions,
dont M. L. n'a pas pu tenir compte* parce qu'elles ont paru en môme
temps que son ouvrage ou après. C'est, d'une part, le travail de
M. SchlatterS qui mérite d'être pris en sérieuse considération, et,
d'autre part, l'étude publiée par M. David Kohen (ou Eahana) dans la
Revue hébraïque nb^z^rt et faite surtout dans un but de vulgarisa-
tion *. Mais on peut affirmer que Touvrage de M. L. est supérieur
aux autres travaux qui ont été consacrés au fragment de Ben Sira,
qu'il sera comme un point de repère pour Tétude des autres frag-
ments qu'on a le légitime espoir de découvrir encore, et qu'il sera
toujours consulté avec plaisir et avec fruit par tous ceux qui vou-
dront s'occuper du texte hébreu de notre auteur.
Dans son introduction, M. L. élucide les divers problèmes soulevés
par cet intéressant fragment. Après avoir consacré quelques pages
(v-x) à l'histoire de la découverte du ms. et à sa description, il fait
ressortir avec raison cette particularité qu'on trouve en marge des
notes prouvant que ce ms. avait appartenu à des Juifs de langue
persane, çt il remarque que ce fait corrobore l'hypothèse émise par
lui autrefois (Revue, XXVJII, 197) que la légende de la Nativité de
Ben Sira a vu le jour en Perse. Je dois ajouter un autre fait, in-
connu jusqu'à présent, c'est que le dictionnaire hébreu-persan de
Salomon ben Samuel, composé en 1339 dans le nord de la Perse*,
cite «T^o na ou «n'^O "la noo, dans quatre articles, pour des mots
hébreux ou des significations de mots qu'on ne rencontre pas
ailleurs. Il s'agit certainement de l'original de TEcclésiastique, car
les mots en question ne se trouvent pas dans le D"ai Kn'>a9bK ^. C'est
donc là une preuve que le texte hébreu de Ben Sira existait en Perse
au xiv« siècle.
M. L. examine ensuite avec soin les gloses marginales du ms.
(xi-xviu) et prouve qu'elles sont de diverses sortes. Comme il y a
plusieurs variantes pour certains passages, il croit en pouvoir tirer
cette conclusion que le glossateur avait plus d'un manuscrit sous les
3'eux, mais ce n'est que timidement qu-'il fait cette hypothèse. Peut-
être est-il permis de supposer qu'en réalité, le glossateur n'avait
qu'un seul ms., où il a puisé ses variantes, mais qui contenait éga-
» Dat nêugtfundene hebr. StIUh des Sirach. Gûttereloh, 1897 (P. 1-102, introdao
tioD, texte hébreu et grec et traduction allemaDde avec commentaire).
* nblîDn, m- année, 42-48, 133-140, 321-325, 512-520 [introductiou, texte avec
de courtes notes).
* Voir mes indications dans Zeitschr. f, d. alttistam, Witsensehafit, de Stade,
16* année, p. 242 s.
* Voir mon article à ce sujet dans le prochain numéro de la Jeufish Qmrterly
Rmevj,
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310 REVUE 1>M^ ÊTQOES JUIVES
Içmeot ^es variautes marginales, ajoutées p^r le glû83atei(r av^^
siennes propres. En ce qui concerne les deux globes persanes, jei
ferai observer que dan^ chap. xlv, 3 (p. 96), il faut lire nm», çoq^me
M. Smend a mis e^actement^ au lieu de 'in'^fit (l'édition c^'Oxfor^
a nmfi^) ; ce mot signifie « ici » ()*>sî') *. « Le manuscrit va jus-
3u'ici ». L'autre glose persane d^ x;., 1S (p. 24) n'a été rendue ni tra-
uite exactement ni par MM. Cowiey-Neubauer, ni par M. Lévi.
Voici la vraie transcription * :
« Il semble que ceci [la sentence de Beq Slra recueillie dans Sanhé-
drin, 40û^, et reproduite en marge] ne se trouvait, en réalité, dans
aucune copie, mais que c'est une simple tradition. » Le glossateur en
appelant Tattention sur ce fait que la sentence mentionnée dans le
Talmud ne se trouve pas dans le texte hébreu de Ben Sira, tel qu'il
le connaît, veut dire par là que le Talmud ne l'avait pas empruntée
non plus à un manuscrit quelconque, mais ne le connaissait que par
une tradition orale.
Dans un court chapitre (xviii-xix), M. L. démontre que le frag-
ment qui a été découvert représente certainement Toriginal hébreu,
d'après lequel ont été faites les traductions grecque et syriaque, con-
nues seules jusqu'alors. Dans le chapitre suivant (xix-xxi), il prouve
que ce fragment présente des traces d'altération du texte original,
et il émet aussi l'hypothèse qu'il existait deux rédactions de l'ou-
vrage de Ben Sira, ce qui expliquerait certaines différences impor-
tantes qu'on remarque entre l'hébreu et la version grecque. M. L. con-
sacre un chapitre plus long (xxi-xxvii) à la langue et au style de Ben
Sira, faisant ressortir le caractère de pastiche biblique de son œuvre
et montrant qu'elle diffère, par le style et la composition, des livres
de la Bible. Ce double caractère qui distingue l'Ecclésiastique, 4*^^^
part son imitation de la Bible et, de l'autre, la différence très
grande qu'on remarque entre cette œuvre et l'Écriture sainte, frappe
bien plus vivement l'esprit depuis que nouç connaissons l'original
^t prouve en même teinps qi^'il s'est écoulé un intervalle assez long
enCre la rédaction des livres bibliques et celle de l'Ecclésiastique.
Â-u^ théorie exagérées de certains critiques M. L. répond à la fin de
ce chapitre : « En tout cas, on aura le droit désormais de repousser
toute critique qui youdrait faire l'Ecclésiastique contemporain des
écrits bibliques congénères. »
Dans le chapitre consacré à l'époque de l'auteur (xxvii-xxxi), M. L.
admet ropinion d'après laquelle Ben Sira a écrit son ouvrage dans le
premier quart du ir siècle avant l'ère chrétienne. A ce propos, il
dit, en passant, que la baraïta de Meçuilla, 44 a, fait vivre Si-
* Au lieu de b*1pfi(3, Hre b'^pKS, ou bien le i rend la pronciation de Vi dans ce
mot chez les Juifs persans (i»a = q). Cf. Z. d. Z>. M- Q.y U, p. 401. Dans
*^n3D13'>3 et Kb'>fi<, le *« eit la transcription vulgaire de Vi bref.
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BIBLIOGRAPHIE 31^
méoD le Juste peu de temps avant les Macchabées. Une telle in-*
terprélatioa n*est pas justifiée, car en disant... yi^D^ d!ib •^nln^^ïr©
•«HSiTaTCm p^T^ïi, la baraïia veut simplement nommer les person-
nages dont Dieu s*est servi pendant la période grecque (û'^Dm ■>73"'3)
pour secourir Israël. Elle parle naturellement tout d*abord de Siméon
ie Juste, par allusion, d'après la tradition talmudique, à son inter-
vention heureuse auprès d'Alexandre Je Grand, et ensuite elle parle
de la famille des Hasmonéens. Donc, pour la baraîta , ce 113^73^
p'^nsrn est forcément Siméon I. — Dans le chapitre intitulé L Ecclé-
siastique et la Bible (xxxi-xxxv), M. L. réunit les indications conte-
nues dans le fragment hébreu de BenSira sur la Bible et l'usage qu'il
en a fait. Il prouve que, sauf quelques rares exceptions, le texte bi-
blique que notre auteur avait sous les yeux était tel que l'a sanc-
tionné la Massore. Il consacre ensuite un chapitre au panégyrique
des Patriarches (xxxvi-xl), qui forme la partie principale de notre
fragment, et qui nous fournit sur les conceptions religieuses de
Ben Sira des renseignements qui sont plus nets et plus clairs dans
Toriginal que dans les traductions. Les chapitres où M. L. examine
la version grecque (xl-l) et la version syriaque (l-liii) de l'œuvre
de Ben Sira témoignent également du soin avec lequel il a fait son
travail. Nous signalons particulièrement cette observation intéres-
sante que le traducteur grec comprenait mieux les néologismes de
l'original que les expressions empruntées à la Bible; il était certai-
nement moins familiarisé que son grand-père avec le texte de l'Écri-
ture sainte. — Enfin, dans le dernier chapitre de l'introduction (liii-
Lvii), M. L. indique les règles qu'il a suivies pour établir le texte et
composer son commentaire, et il mentionne les divers articles et
travaux consacrés, avant la publication de son livre, au fragment de
Ben Sira.
Pour ce qui concerne la partie la plus importante du livre de
M. L., contenant le texte,^ la traduction française, et un commen-
taire placé au Las de la page, je peux formuler mon jugement en très
peu de mots. M. L. a suivi constammeut les règles d'une saine cri-
tique pour établir, corriger et compléter le texte, se tenant à égale
distance d'une trop grande timidité et d'une hardiesse excessive. Il
montre, avec une attention qui ne se lasse pas, les rapports des ver-
sions avec l'original hébreu et examine avec calme et modération les
hypothèses émises par autrui. Il va sans dire qu'en essayant d'ex-
pliquer les nombreuses absurdités du texte, il ne réussit pas tou-
jours à choisir la solution la plus juste, qu'il lui arrive parfois de
proposer des explications forcées ou d'émettre des hypothèses insou-
tenables. Mais, en général, les conclusions qu'il a tirées de la compa-
raison de l'original avec les versions et de l'examen philologique du
texte hébreu sont justes, et pour la langue comme pour le fond, le
fragment de Ben Sira nous est devenu plus Intelligible, grâce au tra-
vail de M. L. Si, dans la suite de cet article, je me montre en désac-
cord avec M. L. sur certains points, c'est pour apporter, moi aussi,
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r
312 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ma contribution à Tétude de ce fragment. Je ne reviendrai que très
peu sur les explications que j'ai publiées à ce sujet dans la Jewisk
Quarterly Rewûw, IX» année, bien qu'il me soit facile de défendre
quelqus-unes d'entre elles contre les objections émises par M. L. dans
son commentaire.
XXXIX, Mc-d, La restitution proposée par M. L. pour ce verset
n'est satisfaisante ni au point de vue philologique, ni pour le fond.
Les mots de ^hémistiche 17 d rappellent trop Ps. xxxui, 6 et 7, pour
qu'on ne soit pas obligé de tenir compte de ce môme passage pour
restituer Thémistiche 17 (;, d'après le texte de G. 1*^0 «^1)3 n*est pas
« formé à Timitation de n'>nDO &<S1)3 », mais imité de Deutér., viii, 3.
— IHd., 22, nïi5 est rendu avec raison par M. Schlatter par « Euph-
rate » ; le mot forme ainsi un excellent parallélisme avec nn&r « Nil »
de rhémistiche précédent ; cf. le même parallélisme dans Jérémie, ii^
48, — Idid., 24^. Pour le sens de û'HT, M. D. Eohn a peut-être raison
de rappeler Ps., Liv, 5.—Ibid., 28*. Au lieu de 'J'nn (= «uiidv dans G.),
lire mn, d'après Zach., vi, 8; c'est aussi l'opinion de M. Schlatter). —
IHd,, 30*. La leçon DTDpiD est meilleure, d'après Lévit., xxvi, 26.
— 2Hd,, 32. Au lieu de ■>nnD:?nn, proposé par M. L., il faut peut-être
lire '^nan:^^, dont le sens se rapprocherait de celui de lab n« anj^
de Jér., xxx, 28, se porter garant pour soi-même, c'est-à-dire oser* ;
cela signifierait : je me suis risqué, j'ai eu l'audace.
XL, 4 d. Je considère "«n bs DN comme la bonne leçon, car la tombe
et le sein maternel, le sein de la terre et le sein de la mère se corres-
pondent aussi dans Job, ii, 24. Par contre l'expression "^n bD yn« me
paraît impropre pour désigner la terre, c'est-à-dire Thabitation des
morts, car û"'"»nn yiN, dans Ps., gxlii, 6, et Job, xxviii, 43, désigne
la terre comme demeure des vivants. — /*., 2. icpooraoxta de G. répond
à l'hébreu nnb (cf. Septante sur Ps. cxix, 46). Le texte hébreu avait
ûnaiD, que S. a lu ûnan et traduit par inn->b7a. — Ib. 40. Uînttn a peut-
être ici le même sens que le néo-hébreu ^73UD73. Voir dans Levy, II I,
285*, le passage de Nedarim, 38 a : riNm n^ttttJ): np'>bn, « l'incendie
approche graduellement». — /*., 45a. Il est impossible de dériver
ïips"^ de ^np:*^ ; car 11 n'existe pas de forme grammaticale dans laquelle
la racine pD'^ peut devenir npa"» ; il faut lire sans doute Mçai, Cf. Pro-
verbes, XXVIII. 20 : ïipr Nb T'iDs^nb ya^x — /*., 49*. NxiTa ne peut
pas être dérivé de Nsr» et traduit par « découverte, trouvaille ». Si on
ne veut pas lire MsriTs^ il faut traduire fi^^iTs, d'après Job, xxviii, 4 : une
mine de sagesse. — /*., 49 ^. Gomme G. a lu nnisns, il est possible que
cette épithète a été employée dans le sens de nai;z)n, c'est-à-dire une
femme estimable. —/*., 20 a. M. Schlatter lit, comme moi, T^^ au
* On traduit d'habitude lab nô^ a"l3^1, dans Jér., xxx, 28 : • engager son cœur ».
Il semble plus exact de donner ici a an^ suivi de nfi< son sens habituel (comme,
par exemple "I3?3n PN D*l7, Genèse, xliv, 32) : répondre de son cœur, s'engager
pour lui. ^n^^nn^ d'après le sens que peut avoir le hitpaël^ repondrait alors à Tex-
pression niDD3 ri« 3^7 ou ijb riN :i^y.
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BIBLIOGRAPHIE
lieu de "n^iDi. — Ib.^ tîa. Ben Sira n'emploie pas le
le sens de « rendre heureux, faire plaisir », mais X^
M ils réveillent le désir de l'œil ». — là., 23 a. Au liei
que le texte original avait nsn*» ^ au piei^ ils procu
rendent utiles (cf. Baba Mecia, 94^ : naïTOi rr^rt:
nifàl^ et a traduit ^icnnnD ; G. a lu nan*', et Ta t
ment par dicavtûvxeç. — Ib. 29 d. G. a lu nia^., comm
et a traduit par icttcai8eu|4évo« (=-iîjoj; cf. msô = n«
XLi, 4. inaiD73 a à peu près le sens du mot bibliqi
XI, 20 et 24, et ^5D dans Gen., xl, 43. Pour ùpiœ,
— Ib., 2d, Au lieu de nio , il faut lire, selc
M. Smend, nao (= nab, voir à xl, 2), et placer os
conformément à la leçon de la marge et de S. ; doc
nyme de mpn na«. S. a lu riOD odk et a traduit f
4 d. û'^Ti mnDin signifie des remontrances, des a
conduisent à la vie. et forme un parallélisme avec
— 5 a. Au lieu de "nm, M. Halévy lit nn. Au liei
M. L. préfère, il faut peut-être lire :^n7 ; on aurait a
lélisme nin et J^nr, comme dans Ps. cxii, 2. ' Du resU
est la traduction de 1D3^ comme dans la Pescliito si
— 42. Pour ûtt) by nno, comp. -^nan b^^ *nn d*Isaïe,
Tin sont synonymes, comme le prouve la compara
■nnoi, avec xi, 40, i'7nn->. — 44 b. La leçon nbyn de
pas être lue nb^n^ qui ne donnerait pas de sen
songer à ^bj^n (Jérémie, xxx, 43 ; xLvi, 44), dans 1
son, profit ». — 49a. On trouve dans la Bible de
« lieu » bip» semble personnifié ; c'est ^Wpi2 m
VII, 40, et Ps., cm, 46). — Ib., 20*. A propos de la
citée par M. L. « Qui, lorsqu'on le salue, se tait,
leur », cf. la sentence de Houna, élève de Rab (Ber
ibn tnp^ ^h •T>Tnn «bi [oib©] ib, d'après Isaïe, m,
xLii, ib, La leçon de ni73%3n dont parle M. L.
comme faisant allusion à rtTsbi» pK et nTsb^D ns-*K
et b'^izn étant synonyme de de Dbu3. — 44 *. Il me
de traduire ^nbina par « ta fille ». — 42 a. On ne
-i«n inn b« d' « hébreu détestable »; In3 est en
dans les expressions bip inD et ^'^'^y in*^, dans Prov
n'»a=nr3, pourra, se trouve aussi dans la Bib
et peut-être Prov., viii, 2. Le hitpaël "T^inDri est Té
biblique *7013 (Ps., ii, 2).
xLiu, 4. AU lieu de t3'^a%3, dans la note marginal
dont le complément direct est m^D (d'après Job, in
c il répand de la lumière ». De môme, dans 2*, n73
« chaleur » (Ps.,xix, 7), est le complément direct c
était peut-être suivi, à l'origine, de Y^»!n ; donc
dans Nombres , xxii ,5. Il y aurait alors un
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314 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
nai»i3 de 4(?. — 6 *. Au lieu de T>"i'^n», M. Gunkel, dans le travail de
M. Schlatter, préfère lire T«"i3«, « ses ailes ». —Sd, C|3:n72 peut ôtre
considéré comme synonyme de n73:in, 4(? ; la Peschito traduit nc^n
(Isaïe, VI, 6) par «nmTsa (les Septante : dvOpaxa). — <6 a. Cf. Ps., xxix,
8. — n^. Si la leçon D*»"!!! iD'^yi est exacte, on peut rappeler "^ro ^t,
comme Graëtz propose de lire, au lieu de "^ro nr dans Juges, v, 5. —
'%0b. npn ne peut pas être rendu par « boue ». M. D. Kohn rappelle
«apnn qui traduit *75 « outre » dans Josué, m, 46.-23 b. Au lieu de
û"^"^» tt"^!, lire û'ï'^Nb u-»"), d'après Isaïe, xl, 45. G. a sans doute luTabré-
viation 'u*»!, ra-^l. — 25*. Au lieu de mmaa, M. Schlatter suppose
qu'il y avait à Torigine nT^na, comme traduit G.
xLiv, 2 a. Pour dnb pbn mnD, cf. Zebahim, 102 a : pbn ^1^:1 maD
dn^ab !i"apn nb, et Berachot, 19* : anb maD l''pbin l*^». — 3 a?. Uob-
jection faite par M. L. contre sa propre hypothèse, qui est plausible,
n*a pas de valeur, car rexemple de Bileam prouve qu'on reconnais-
sait aussi la rîNias aux païens; du reste la tradition parle de "^«"^aî
obvn mm». — 4*. Pour Dmnpn^Da û'^sn'îT , cf. Prov., xxv, 2 : nias
nan mpn û-^Db». — 4 rf. La traduction de û'^bffiiTD par t fonction-
naires » est inexacte et ne convient pas non plus pour le contexte ;
les û'^biDitt, formant un parallélisme avec rp© "^TSDn, sont très proba-
blement les « poètes », comme traduit M. Haiévy. Peut-être est-il
permis de supposer qne pour Ben Sira, rp;Z) désigne spécialement la
prose. — 5 a. pin br est le pendant de anDa, comme dans Isaïe, x, 4,
d-»ppin avec d'^ansTD, et dans Job, xix, 23, ipn'>i avec "lianD-^i. Donc
pna manifestement le même sens que ans, la mise par écrit des pa-
roles. Dans 4 c-d, il est question des maîtres de la parole, et dans
5 a-* des écrivains. — eab^n ne peut avoir que le sens de ro; ce
n'est donc pas « richesse », mais « force, valeur ». —45 a ïi3iDn a le
même sens que nsn*^ dans Juges, v, 41. — 22 a. La bonne leçon, qui
se justifie au point de vue de la langue et du sens, est la, car d*^pn
p ne donne qu'un sens forcé, tandis que les mots la d'^p^î prof^b
sont une expression analogue à T>nNb 3>nT opm (Genèse, xxxviii,
8). p désigne Jacob, à qui se rapporte rhémistiche 22^;, et non pas
Isaac, comme le croit M. L. — 22 c. Pour nans 1i««-i bD n->na, cf. n-^na
d''3n©fin de Lévit., xxvi, 45, et ^y nnab ^3rNn dlsaïe, xui, 6. —
23 d. L'expression nria'^^'>i semble avoir été choisie d'après Deutér.,
XXXII, 8.
xLv, 2*. Pour d"^Nni73a, voir surtout Deut., xxxiv, 12. — 9 c. 1"ndTb
M^y **Dab est appliqué par Exode, xxviii, 29, à Ex., xxviii, 35. — 40*.
pin»! doit être rapporté à rhémistiche suivant. — 47. Pour le con-
tenu de ce verset, cf. Deut., xvii, 9, et xxxiii, 40. — 24*. Le sens de
iDipTS bsbDb devient clair quand on se rappelle son synonyme
03*1D; cela signifie : administrer le sanctuaire. — 25/*. anûïi "^""^ se
trouve aussi dans II Chron., xxx, 18.
xLVi, 2*. Le texte n'avait peut-être pas primitivement n''3^, mais
'^9 (Josué, viii, 48). — 5* TitiD^ est peut-être employé comme un subs-
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PIB14QGRAPH1E 315
lantif (ou un infinitiO S et nb rrsîDNîD est uue tournure comme ib n^n
(Jfsttïe, XXV, 4) ; il faut alors lire dans la suite : n'^SD d'^nit». — 6 c. Pour
Dnn "^is, cf. "»7Din û:^ dans Isaïe, xxxiv, 5, où les Septante traduisent t6v
Xa6v «niç dicwXeteç. Cela confirme Thypothèse de M. Schlatler qu'ici aussi
G. avait à Torigine éxtùktia^ (comme à xvi, 9), qui est devenu le mot
icavo«X(av, qui ne donne aucun sens. — 8 a. A D'^auîn Dïi, cf. nn«a Nim,
()ansf Jot), :i^xiii, 13. — 44 ^. m;S3 ne doit èlre lu ni Mb^ ni fr^bp, mais
^^3 ; donc nnb K^s Mb signifie : « dont le cœur n'a pas été égaré ».
Cf. C|3 '^'W "i^ttD^dans Isaïe xix, 43 ; ^N-'^n '^nb innT, Obadia, 3. S.
|raduit donc exactement par M^a, de môme que la Peschito traduit
•^«"•©n, dans Obadia, par ^'^Tû^ et ^5K->U5!i dans Genèse, m, 13, par
•^a-^^^EîM (dans Isaïe, xix, 43, la Peschito a lu n^b? et a traduit par
nxj'^nnnM, ils se sont enorgueillis)'. G. a peut-être bien compris le
çaot, quand il traduit librement : 8<ïfa>v aux è^eicdpysuaeviiixaffito ; cf. iÉ^zécb.,
VI, 9, n:iTn onb '. — 13^. Je ne comprends pas pourquoi M. L.
(rpuve absurde la correction de b&^-ii2)72 ou biKU?, car ce dernier mot
aussi signifie « consacré » comme dans I Sam., i, 28, que M. L.
cite lui-môme, et non pas « demandé ». — 43c. ■>""♦ *T^T3 est le n'^Ta
b'^nbfi^ de Juges, xiii, 5 et 7. Il est vrai que la Bible ne dit pas que Sa-
muel fut na^ir^ mais peut-ôtre déjà au temps de Ben Sira avait-on
déduit de I Sam., i, 44 (cf. Juges, xiii, 5) que Samuel avait été con*
çacré nazir par sa mère. La Miscàna Nazir, ix, 5, dit explicitement
que c'était là l'opinion du tanna Nehoraï (voir Die Agada d. Tannai-
ie», II, 380) : bNiT^iû sr^n t^ts. — 44 a. t^ny n^^y, ^^Qs le sens de
« commander » n'est pas « un néologisme des moins heureux », car
il a aussi cette signification dans D'^?3&<b nn^Tsi (Isaïe, lv, 4). — 19 c.
DbjyD*! est, en effet, traduit par G. comme s'il y avait D'^^n, leçon
confirmée par les Septante sur I Sam., xii, 3. Mais il me paraît dou-
teux, en dépit d'Amos ii, 6, et vin, 6, qu'on puisse supposer dans
Samuel et ici une façon de parler comme celle-ci : « une rançon et
une paire de souliers )>. La réunion de ces deux termes paraît
presque illogique. La leçon Db:^3 (sans ">)'du texte hébreu de Ben Sira
fait songer à uuq autre explication. On peut admettre que âbs^^ est
employé substantivement comme épithète de nrnd ou inu et a le
môme sens que nnon "jn» dansProv., xxi, U(ûbya =nn03); on au-
rait alors une phrase claire : dbj^Di nDD, « une rançon et un don se-
cret »*. En traduisant Db:^3 par «anmp, S. connaissait peul-èire cette
oiRnification du mol.
XLVii, 3. pntt) û'>"i**DDb ne signifie pas : u avec les lionceaux il joua »,
mais « des lionceaux il se moqua » ou « il rit ». C'est là le sens ha-
bituel de pniD avec b (voir Habac, i, 40 ; Job, xxxix, 7, 48 et passim).
* nc^N, cf. riîtttK (Zach., XII, 6), riTîtbN, nbx^
* Les Septaote ont lu dans Obadia comme dans Isaïe avec ig.
' J*ai vu, depuis,- que M. *Scblatter, dans ses Correcturen, considère égaleipent
(^3 comme le nifal de ^m.
* C'est l'opinion émise par M. L. lui-môme daos ^evue^ XXXVI, 18.
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316 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
G. a confondu cette signification du verbe avec l'autre (comme dans
nn pmDnrt, Job, xl, 29) et a traduit : ficaiÇtv. m. L. (ainsi que M. Scblat-
ter) adopte cette traduction et se voit forcé d'attribuer à l*auteur
un emploi incorrect de la préposition b. Le changement proposé par
M. Halévy (j^DV), au lieu de pmD) n'est pas non plus justifié. —4 c.
yb'p hy it* nc'^Dnn est qualifié à tort de t syntaxe irréguliôre >»; bj^ a
ici le sens de « avec » (cf. û'»3a by dn ,yr> by pi«). — 40 rf. Il n'est
peut-être pas nécessaire de considérer avec G. la leçon «3np» comme
exacte ; ud;d73 pn*^ peut signifier « il chante au sujet de la justice ».
M. D. Kohn rappelle Ps., ci, 1 : nn-^tt)» cacTDTan non. — Ib. npn -JSDb
ne veut pas dire « dés le matin », mais « avant le matin » ; Ben Sira
songe à Ps., lvii, 9. — 45 b. M. L. traduit ûnttn par « hautement »,
et M. Halévy par « sublimes v. Mais il semble que Din%3 est opposé à
yn» de 45 é( et signifie les hauteurs célestes; cf. xl, 41 : bN y^fim bd
ûin» b» ûinîstt nttJKi m®-» y^» ; voir aussi Isaïe. xxiv. 21 (nan^rr et
ûinun). Ben Sira emploie encore ûnntt dans ce même sens xliii, 4
(variante marginale), et xlviii, 9. Le sens serait le suivant : « Tu cou-
vrais la terre de ton intelligence et tu faisais monter tes cantiques
jusqu'au ciel. » Cf. Isaïe, lviii, 4 (DDbnp DinTan y^^TDrjb). — \Sd.Oa
peut supposer que Ben Sira avait écrit C|0^ mn^Tt nD73i (cf. Zach.,
IX, 3, nca^D SIOD naxm), comme S. traduit en réalité (tnw *p»), et
que G. a allongé ney en nncs^, comme il avait allongé "^9 en 'ï'>y
(xLvi, 2). Pourtant, le mot bnss de l'hémistiche parallèle semble at-
tester que dès l'origine il y avait nnc^D. — 20 rf. Au lieu de nrOÉn,
G. a lu Tirr^t^'y, —2ia. Il ne faut pas restituer û^^Mi, mais ûbiKn,
comme xi.iv, 40—23/: C33D p ûyan*», comme le remarque avec rai-
son M. Schlatter, est une ancienne glose, déjà rapportée par G. et S.
Car, après avoir dit nST ib "^rr b» t qu'il ne soit pas mentionné », Ben
Sira ne pouvait plus indiquer le nom de celui qui a égaré Israél. Le
rythme du verset est également dérangé par cette interpolation.
XLVIII, 40rf. Pour b^n©-» -^can© T^sibi, cf. Isaïe, xlix, 6 : uynh^
'ys •>t33^ DM. L'idée du rétablissement de^ douze tribus d'Israél par le
prophète Elle se rattache peut-être a I Rois, xviii, 34, où l'on raconte
qu'Elie restaura l'autel de Dieu, qu'il construisit avec douze pierres
c d'après le nombre des tribus des fils de Jacob •. — 42 e. bD73 9T fiib
(cf.Esther, v, 9) n'est pas plus dur que bD3 IT*^ dans Genèse, xvi, 42.*
43 ^. Pour ce qui concerne le sens de cet hémistiche, je maintiens que
l'explication que j'ai donnée dans Jewish Quarterly Review, IX, 540 *,
où j'ai corrigé in^s en niDn, est jusqu'à présent la meilleure de
toutes ; c'est une allusion à II Rois, iv, 34. nisn désigne le corps de
l'enfant, appelé là nb-'n n«a ; «naa, d'aptes Ps., civ, 30, signifie : t il
fut de nouveau créé », et l'^nnriTa rappelle la façon dont s'accomplit la
résurrection miraculeuse (« il se coucha sur l'enfant, bouche contre
bouche. . . •. La suite se rattache alors parfaitement à cet hémistiche:
c De son vivant, il opéra des miracles, et, dans sa mort, des actions
< Comp., Revue, XXXV, 28 (BUu).
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BIBUOGRAPHIE 317
prodigieuses. » Car, môme décédé, Elisée fit un miracle en rappel-
lant un mort à la vie (II Rois, xiv, 24). — 46a. Le pluriel ^rm n'est
pas fautif, car il se rapporte à nii n^n (45^) qui précède. ^ 48c. Cet
hémistiche fait allusion à Isaïe x, 38, 1T»3C na nrr rr tisna*». — 22 d. Au
lieu de nDT»m3, lire iDnmn, d'après Isaïe, i, 4.
XLix, 4 e. Il est inutile de corriger ^nn en *]nb ou ^n hy, car *]n3
P'^n»'» est une toutnure comme voa p'>n73n (Job, xx, 42). — 2a, A
propos de iD-^rinTOa hy bro, MM. Neubauer-Gowley et D. Kohn rap-
pellent avec raison Amos, vi, 6 : Bjov nniû by nbm «bn ; il faut lire
sans doute rrbm. — 7 tf. n'^isnbn est peut-être une allusion à Jérémie,
XXIX, 40 : rrrrr ûnpnrr b» DDn« n-^onb.
M. Lévi indique sur le titre, que son ouvrage est une première
PARTIS. Nous souhaitons que dans Texécution de son projet d'étudier
également les nouveaux fragments de Toriginal de Ben Sira, qui,
comme nous l'espérons, verront bientôt le jour, il montre les mômes
qualités que dans le présent travail. La façon dont il s*est acquitté
de sa tâche dans cette première partie lui donne pleinement le droit
de s'occuper de la suite. En réalisant son projet, il ne remplira pas
seulement un devoir, mais il méritera aussi la reconnaissance de tous
ceux qui se livrent aux mômes recherches.
W. Bâcher.
Budapest, octobre 1898.
ADDITIONS ET RECTIFICATIONS
T. XXXIV, p. 136. — Aux observations relatives à la GalUa judaica^
iajoutoDs les notes suivantes : P. 86, il faut lire "pIN b» *]b^i , d'après
Gen., XXXVI, 6 ; il n'est donc pas question de la ville d'Uzés. — P. 610.
M. Gross dit : « Le deuxième propriétaire... paraît avoir été baptise, à
en juger par la façon d'indiquer la date : ^"'M'O ». C'est inexact, car nDDTsb
bfinV)^ ^33 désigne le quantième de la MH'^DD, et le 28 Nissan est le 13^ jour
de la rn^DO. — Immanuel LOw.
Tome XXXI V, p. 302. — M. Abr. Danon n*adopte pas, à la quatrième
ligne, la lecture t)*)D3 ; selon lui, la deuxième lettre n'est pas un D* mais un
a comme aux lignes 1 et 3. Le trait de gauche de cette lettre paraît indi-
diquer un XÙ , qui serait, avec le 3 précédent, l'abrëgé de fn3]î93, —
M. Schwab.
Tome XXXV, p. 254, note 2. — Ce qui prouve que Thistoire absurde du
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REVUE DES ÉTUDES JUIVES
I cloaque an jour de sabbat est dMntrention chrétienne,
mettre, pour la rendre vraisemblable, qu'il est interdit
n danger de mort, de profaner le sabbat. En dépit de
cte, elle a eu un grand succès et a été accueillie, presque
>dernes, dans des ouTrages écrits dans les langues les
son édition des Qesta Romanomm^ <|ai contient cette bis-
$22, appendice 26 (p. 629), Oesterley a indiqué, à la
1 écrits qui s'en sont occupes. Cf. Hebr. Biàlioçrupkie,
wfmann,
3. — Dans le S10N73, VI, 271-84, une Consultation de
entre autres : ntTlon "«D ûbttîTa ÛTDa ï-rDID"^ laD-ip
Db ^N .rioD m'orra ûb«b ^^nsc tm nnn rrap-» no»
«■^mp"». — - Moïse Schwab,
287. — Dan Ascbkenasi est cité également dans les
pben Yehiel sur le Pentateuque, inse're'es dans Touvrage
n (Livoume, 1840) à côté des Tossafot sur le Penta-
es rare. On y mentionne Texplication remarquable de
es, XX, 10, publiée par M. Kaufmann, d'après le ms.
). — Voici ce que nous lisons dans l'ouvrage men-
n Dmmi '-^d b"T -«TNSDUJiî p n"nîi -^c» -^nj^Ta© p«
: Chron. XXII, 10) HDibwn b^ riN ^anm pi on-^Dm
tNDrr irx» tij^i ,nmnn 'n û^sa ïT'apn ib mx
?"n (isaïe, XI, 4) T^o ca^a yi» î-TDm a"a'^-»D rro»
DDH «-1D3 D"DT«. Il est clair que les mots ai"DTN, qui
it être corrigés en p IWÎDI, leçon du ms. de Dresde ; il
ux que la citation de 11 Chron., xxii, 10, ne s'y trouve
tsûein.
). — En parlant des Inscriptions hébraïques de Worms
iwab semble, à son grand regret, ra'attribuer des opi-
)pès avoir supposé « une pointe d'ironie » où il n'y en
[ue, selon Tewysohu, la plus ancienne inscription se-
S. par erreur mentionne une stèle d'un « martyr fils
le'e de Tan 1100, à propos du séjour d'Ascher ha-Lévy
lors de la première croisade, et il ajoute que c'était un
e celte ville. Or, les Juifs ont dû y venir plus tôt, puis-
synagogue bâtie dès 1134. Ensuite, si Texistence d'une
W^orms est légendaire, la présence du Commentateur
t pas douteuse. — Âb. SpsUin.
). — C'est par erreur que j'ai donné à ptDtl le sens
^auss,
2, — M. Heller corrige ^^nbà (Saadia, Proverbes, xxx,
ist exact, mais il faudrait un taschdid sur le lamed. Sa-
mment fi ^5 dans le sens de choses. — Jll.l.
Le gérant :
Israël Lbyi.
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TABLE DES MATIÈRES
ARTICLES DE FOND.
BucHLBR (Ad.). La fôie des Cabanes chez Plutarque et Tacite... 484
Danon (Abraham). Documents et traditions sur Sabbataî Cevi
et sa secte 103
Eppenstein (S ). Un fragment du commentaire de Joseph Kimhi
sur Job (ch. i et xxxiv, 47, à xlii) 86
FuRST (J.). Notes lexicographiques 65
Heller (Bernard). La version arabe et le commentaire des Pro-
verbes du Gaon Saadia 72 et 226
Kaufmann (David). L L'élégie de Mosé Zacout sur Satil Morleira. 444
IL Une élégie de David b. Aron ibn Houssein sur les souf-
frances des Juifs au Maroc en 4790 420
III. Manoeilo et le Dante 252
IV. La lutte de R. Naftali Cohen contre Hayyoun {fin).,.. 274
V. Joseph ibn Danon de Belgrade 284
Katserlinq (M.). Histoire de l'Inquisition et des judàTsants en
Espagne , 266
Krauss (S.). Le traité talmudique « Dérech Ereç » (fin) 45
Lambert (Mayer). L'article dans la poésie hébraïque 203
Lehmann (Joseph). Quelques dates importantes de la chrono-
logie du 2» Temple, à propos d'une page du Talmud.. . . 4
LÉvi (Israël). I. Notes exégétiques sur un nouveau fragment de
l'original hébreu de l'Ecclésiastique 240
IL Le livre-journal de Maître Ugo Teralh, notaire et mar-
chand drapier à Forcalquier (1 .330-4 332) 259
Reinach (Th.). Nouveaux documents relatifs aux Juifs d'Egypte 248
Schwab (Moïse). Manuscrits du supplément hébreu de la Biblio-
thèque nationale 427
Weill (Julien). Nicolas Antoine 461
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izedby Google .'.j
izedbyV^OOgle
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