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Full text of "Revue des études juives"

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^^   3a.6»30X3^Ca(p-39), 


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GIPT  OP 


DANIEL  JEREMY  SILVER 


tfci«  HARVARD  COLLEGE  LIBRARY3S<^ 


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REVUE 


DBS 


ÉTUDES    JUIVES 


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ES.  —  I&lPniMERIES  CERF,  59,  RUB  DUPLBS8IS. 


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REVUE 


DES 


ÉTUDES  JUIVES 


PUBUCATIUN  THIMESTRIELLE 
DE  LA  SOCIÉTÉ  DES  ÉTUDES  JUIVES 


TOME  TRENTE-SIXIÈME 


PARIS 

A    LA  LIBRAIRIE  A.    DURLACHER 

83  •*•,  RUB  LAFATBTTB 
1898 


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LA 

3N   DE  JOSÈPHE 

n  ALEXANDRE  LE  GRAND 


itile  que  vouloir  prouver,  par  le  récit  de 
'  d*Âlexandre  en  Palestine ,  que  ce  grand 
tes  rapportaient  leur  fondation,  est  entré 
ilem  et  y  a  offert  des  sacrifices  dans  le 
relations  des  auteurs  grecs  et  latins,  qui 
nt  toutes  les  entreprises  conduites  par 
^e  et  qui  décrivent  d'une  manière  si  précise 
che  le  long  de  la  côte  phénioo-philistine, 
te  prétendue  pointe  en  Judée.  En  outre, 
devrions  trouver  au  moins  une  brève  men- 
érusalem,  indique  clairement  qu'Alexandre 
I  de  Gaza,  d*où  Josèphe  prétend  qu*il  partit 
luse  [Anabase,  III,  1, 1)  et  qu'il  avait  hâte 
uinte-Curce,  IV,  6,  30)  *.  Il  n'est  donc  guère 
it  après  son  long  arrêt  devant  Oaza,  il  ait 
)  rendre  en  personne  dans  Tintérieur  de  la 


iet  Volkes  Israël^  II,  324  et  s.,  et  la  litlérBture  indiquée 
,  138,  note  1  ;  enfin,  Niese,  Oesehichte  d$r  grieehischen 
'.j  83,  et  Willrich,  Juden  und  Qriechen^  p.  1  et  suiv. 
ible  qu'Alexandre,  dans  sa  marche  de  Tyr  à  Gaza,  eût 
thèse  a  pour  elle  ce  détail  que  Gaza  est  située  plus  au 
que  Josèphe  parle  de  la  réception  faite  à  Alexandre  à 
Jérusalem.  Mais  ici  aussi,  il  y  a  lieu  d^exprimer  les 
le  détour  qu'il  aurait  fait  en  patlant  de   Gaza;  Voir 

1.  1 


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2  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Si  ces  graves  considérations  sont  de  nature  à  affaiblir  la  vrai- 
semblance du  récit  des  Antiquités ^  le  chapitre  entier  de  cet 
ouvrage  n'est  pas  non  plus  conçu  de  façon  à  inspirer  confiance. 
Il  s*y  trouve  des  contradictions  et,  dans  la  disposition  des  faits,  des 
irrégularités  qui  prouvent  indubitablement  que  le  récit  a  été  formé 
de  l'assemblage  de  plusieurs  relations  différentes  par  le  contenu, 
la  valeur  et  l'origine. 

Pourtant^  il  convient  de  faire  remarquer  que  le  silence  des 
divers  historiens  sur  ce  point  n'a  pas  par  lui-même  une  impor- 
tance telle  qu'on  doive  refuser  toute  créance  au  récit  si  étendu 
de  Josèphe  et  renoncer  à  en  rechercher  l'origine  et  la  valeur. 
G*est  ainsi  que  M.  Schûrer,  par  exemple,  ne  le  considère  pas 
comme  historique  quant  aux  détails,  tout  en  admettant  que  le  fait 
en  lui-môme  n'est  pas  impossible  ;  mais  le  savant  historien  néglige 
d'appuyer  la  première  partie  de  sa  proposition  sur  aucune  preuve 
tirée  des  sources  et  d'examiner,  comme  il  le  fait  habituellement, 
les  particularités  du  récit.  Récemment,  M.  Willrich,  dans  le 
premier  chapitre  de  son  ouvrage  consacré  à  la  littérature  Judéo- 
hellénique,  a  essayé  de  résoudre  ces  questions  si  importantes  au 
point  de  vue  de  la  falsification  historique,  en  étudiant  l'origine  et 
la  tendance  de  la  relation  de  Josèphe.  Cependant,  tout  en  exami- 
nant avec  beaucoup  de  sagacité  les  débris  qui  restent  de  la  litté- 
rature judéo-alexandrine,  qui  forme  une  des  principales  sources 
de  Josèphe  pour  l'époque  des  Ptolémée,  il  n'apporte  pas  dans 
son  étude  une  critique  personnelle  assez  sérieuse  ni  ne  sait  s'é- 
lever assez  au-dessus  de  l'esprit  de  parti  pour  arriver  à  un  ré- 
sultat vraiment  scientifique  :  <x  II  n'y  a  pas  à  douter,  dit-il  (p.  10), 
que,  pour  l'auteur  du  passage  des  Antiquités,  XI,  8,  5,  c'est 
Marcus  Agrippa,  l'ami  de  l'empereur  Auguste,  en  l'an  15  avant 
J.-Ch.,  qui  a  servi  de  modèle  pour  Alexandre,  et  que  tout  le  récit 
de  Josèphe  reflète  la  lutte  entre  les  Samaritains  et  les  Juifs  sous 
le  procurateur  Cumanus  en  l'an  52  après  J.-Ch.  »  La  méthode 
qui  le  conduit  à  cette  conclusion ,  qu'il  prétend  incontestable , 
et  à  d'autres  conclusions  analogues  est  un  fâcheux  résultat  de 
son  éducation  philologique  et  historique  et  montre  bien  com- 
ment les  préjugés  peuvent  troubler  les  facultés  de  l'esprit, 
môme  chez  les  savants.  Nous  ne  voulons  pas  nous  arrêter  plus 
longtemps  sur  ce  point;  nous  nous  proposons  seulement  de  mon- 
trer les  diverses  parties  dont  se  compose  la  relation  de  Jo- 
sèphe, d'étudier  celle-ci  autant  que  possible  au  point  de  vue  de 
ses  sourceà  et  d'en  déterminer  la  tendance  et  l'époque  de  la  com- 
position. 


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LA  RELATION  DE  JOSÈPHE  CONCERNANT  ALEXANDRE  LE  GRAND 


LA  RELATION   SAMARITAINE  ET  LA  RELATION  JUIVE 
AU   SUJET  D'ALEXANDRE. 


Un  coup  d'œil  superficiel  jeté  sur  le  récit  des  Antiquités,  XI,  8, 
permet  d*y  distinguer  immédiatement  trois  parties. 

L^une  traite  de  Sanballat  et  de  son  gendre  Manassé  et  des  rap- 
ports de  Sanballat  avec  Alexandre  ;  la  deuxième  partie  traite  des 
rapports  du  grand-prétre  Jaddua  et  des  Juifs  avec  ce  même 
monarque  ;  la  troisième  contient  une  courte  description  de  l'expé- 
dition des  Macédoniens  contre  les  Perses.  Fait  digne  de  remarque, 
ces  trois  parties  peuvent  être  disjointes  sans  difficulté.  Elles  nous 
donnent  un  récit  d'ensemble  des  expéditions  et  des  victoires 
d'Alexandre  depuis  le  moment  où  il  a  passé  THellespont  jusqu'à 
son  invasion  de  la  Pamphylie,  Ant.,  XI,  8, 1  *  ;  dans  8, 3  (§  313-314 
de  l'éd.  Niese]  nous  avons  ensuite  les  mesures  prises  par  Darius  ; 
§  316,  la  défaite  de  l'armée  persane  ;  le  §  317  raconte  la  marche 
d'AJexandre  sur  la  Phénicie  jusqu'au  siège  de  Tyr  ;  le  §  320  décrit 
la  prise  de  cette  ville  et  l'expédition  contre  Gaza  en  même  temps 
qu'il  nomme  le  général  perse  qui  défendait  cette  cité.  Josèphe  ne 
fait  pas  d'autre  mention  des  expéditions  d'Alexandre,  ce  qui  s'ex- 
plique par  le  fait  que  l'auteur  ne  s'intéressait  qu'aux  événements 
antérieurs  à  l'entrée  d'Alexandre  en  Palestine.  Il  raconte  donc 
sous  une  forme  très  concise  toute  Thistoire  de  la  guerre  en  Asie 
jusqu'à  Gaza  et  pas  plus  loin.  Une  seule  chose  dérange  l'en- 
chaînement du  récit,  devenu  continu  par  suite  de  l'élimination 
de  certains  passages,  et  éveille  ainsi  des  doutes  sur  l'achèvement 
définitif  et  l'unité  de  la  composition,  affirmés  par  M.  Willrich  (p. 
6).  En  effet,  après  avoir  annoncé,  8, 3  (§  320),  l'arrivée  d'Alexandre 
devant  Gaza,  Josèphe  dit,  8, 4  (§  325)  :  «  Après  sept  mois  passés  au 
siège  de  Tyr  et  deux  mois  au  siège  de  Gaza,  Sanballat  mourut,  et 
Alexandre,  ayant  conquis  Gaza,  s'avança  à  marches  forcées  vers 
Jérusalem.  »Les  dates  sont  si  précises  qu'elles  peuvent  être  tenues 

^  L'énumération  des  provinces  conquises  n'est  pas  complète,  car  il  manque  la 
Pisidie.  Ensuite,  le  passage  se  termine  par  les  mots  xaO()t>;  êv  ôcXXoi;  Sê^ifjXwrai, 
qne  Josèphe  emploie  principalement  dans  le  récit  de  l'histoire  non-juive  et  qui 
indiquent  qa*il  s'est  borné  à  reproduire  ce  qui  intéressait  seul  le  sujet,  bien  qu'il  en 
sût  davantage.  Cf.  à  ce  propos  mon  article  dans  Jetoish  Quarterly  Revieto,  IX,  p.  318 
et  8uiv.,  et  Unger^  dans  Sittungiberichten  der  bayerischen  Académie^  1897,  p.  233 
et  snÎT. 


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A  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

pour  des  indications  précieuses  à  cdté  des  autres  renseigne- 
ments déjà  mentionnés  sur  Alexandre.  On  peut  seulement  se 
demander  pourquoi  ces  dates  se  trouvent  ici  au  lieu  d*étre  à  leur 
vraie  place,  ou,  pour  parler  plus  exactement,  pourquoi  Tauleur  a 
répété  en  partie  le  récit  de  la  conquête  de  Tyr.  Il  faut  probable- 
ment en  chercher  la  raison  dans  les  événements  qui  sont  rapportés 
en  connexité  avec  le  récit  en  question,  c'est  à  dire  la  mort  de 
Sanballat,  dont  la  relation  forme  le  noyau  du  récit. 

Nous  avons  déjà  remarqué  que  ce  sont  les  intrigues  de  San- 
ballat qui  forment  le  contenu  d'une  partie  de  la  relation  qui 
nous  intéresse.  Il  faut  dès  à  présent  appeler  l'attention  sur  ce 
point  que,  dans  tout  le  récit  de  8,  1,  jusqu'à  la  fin  de  8,  5,  il 
n'est  pas  dit  un  seul  mot  contre  les  Samaritains  eux-mêmes  et 
qu'il  n'en  est  môme  pas  fait  mention.  Il  est  question  exclusive- 
ment du  gendre  du  gouverneur  Sanballat,  Manassé,  et  de  ses  rap- 
ports avec  son  beau-père;  Manassé  est  le  personnage  principal 
autour  duquel  tout  se  meut  et  qui  fait  agir  également  Sanballat. 
Le  récit  commence  par  exposer  la  position  de  Manassé  à  Jérusa- 
lem, puis  rapporte  sa  déclaration  touchant  Sanballat  et  la  ré- 
ponse décisive  de  ce  dernier,  et,  enfin,  raconte  comment  Manassé 
et  son  parti  s'éloignèrent  de  Jérusalem  pour  se  rendre  auprès 
de  Sanballat.  Dans  8,  3,  l'auteur  raconte  les  démarches  de  San- 
ballat pour  accomplir  la  promesse  qu'il  avait  faite  à  son  gendre  de 
lui  assurer  la  dignité  de  grand- prêtre.  Il  espérait  l'obtenir  de 
Darius,  mais,  quand  celui-ci  fut  défait,  Sanballat  se  détacha  de  lui 
pour  embrasser  la  cause  d'Alexandre  (8,  4),  et  cela,  comme  il 
est  dit  formellement,  au  début  du  siège  de  Tyr.  C'est  pendant  ce 
siège  quMl  atteignit  son  but;  il  mourut  après  les  sept  mois  du 
siège  de  Tyr  et  les  deux  mois  de  celui  de  Gaza.  Ce  détail  chro- 
nologique, donné  par  Josèphe,  que  Sanballat  se  rendit  auprès 
d'Alexandre  lorsqu'il  commença  à  assiéger  Tyr,  se  concilie  diffi- 
cilement avec  la  succession  des  faits  racontés  par  notre  auteur. 
En  efiet,  quelques  lignes  auparavant,  là  où  est  mentionné 
l'échange  de  lettres  entre  Alexandre  et  Jaddua,  Josèphe  rapporte 
déjà  la  conquête  de  Tyr  et  le  siège  de  Gaza  ;  il  y  est  donc  déjà 
question  d'événements  postérieurs  à  ceux  qu'il  raconte  dans  notre 
chapitre.  Comme  il  est  impossible  d*accuser  Josèphe  de  légèreté 

et  qu'il  est  certain  que  No(x{(ia;  Se  xaipbv  eTuiTiiSeiov  eyeiv  0  Sav^aXXà- 

'^fi^i  'ri'iç  è7cipoXï|ç  Aapeiou  {jlsv  àTuéyvo)  (8,  4,  §  321)  n'est  pas  la  suite 
de  ce  qui  précède  immédiatement,  mais  du  récit  de  8,  3  (§  316) 
relatif  aux  défaites  de  Darius  et  à  la  marche  en  avant  d'Alexandre 
en  Syrie,  il  en  résulte  que  nous  avons  ici  deux  relations  juxta- 
posées. Or,  nous  avons  déjà  vu  qu'une  autre  mention  se  trouvant 


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LA  RELATION  DE  JOSÈPHE  CONCERNANT  ALEXANDRE  LE  GRAND       8 

à  la  an  du  récit  de  Sanballat,  et  concernant  la  durée  du  siège 
de  Tyr,  dérange  également  l'unité  du  récit.  Il  résulte  de  ces 
deux  constatations  que  la  mention  de  rechange  de  lettres  entre 
Jaddua  et  Alexandre  n'est  pas  à  sa  place  véritable  et  interrompt 
fâcheusement  la  relation  sur  Sanballat.  Si  nous  éliminons  ce 
passage,  les  récits  se  suivront  ainsi  :  «  Alexandre  s'avança  alors 
en  Syrie,  prit  Damas,  assiégea  Tyr  (8,  3). . .  Sanballat  jugea  cette 
situation  favorable  à  Texéoution  de  son  projet,  etc.  (8,  4).  »  Nous 
voyons  par  là  que  le  récit  de  Josèphe  se  compose  d'une  rela- 
tion sur  Sanballat  et  d'une  antre  traitant  de  Jaddua,  et  que  la 
première  est  interrompue  par  un  paragraphe  qu'on  y  a  ajouté  de 
la  seconde.  Comme  celle-ci  traite  d'événements  qui  se  passèrent  à 
la  môme  époque  que  les  faits  racontés  dans  la  première  relation, 
et  comme  ces  événements,  malgré  leur  simultanéité,  sont  décrits 
dans  deux  relations  différentes,  on  peut  en  conclure  que  les  deux 
récits  sont  indépendants  l'un  de  l'autre  et,  autant  que  l'ana- 
lyse que  nous  en  avons  faite  ici  autorise  un  jugement,  qu'ils  ne 
peuvent  guère  provenir  d'un  seul  et  même  auteur.  La  réunion  des 
deux  relations  peut  être  attribuée  à  Josèphe  lui-même,  qui, 
comme  nous  aurons  encore  l'occasion  de  le  voir,  a  encore  apporté 
d'autres  remaniements  aux  récits  quMl  a  utilisés,  ou  bien  elle  a  pu 
déjà  exister  avant  lui.  Le  but  du  récit  concernant  Sanballat,  qui 
est  le  seul  que  nous  ayons  examiné  jusqu'ici,  peut  être  déduit  avec 
vraisemblance  du  contenu  :  c'est  le  désir  de  Sanballat  de  con- 
struire, pour  son  gendre  Manassé,  un  temple  dont  celui-ci  pourrait 
être  le  grand-prêtre.  L'auteur  n'a  pas  voulu  se  contenter  de  don- 
ner simplement  cette  indication  en  passant,  pour  se  consacrer 
plus  particulièrement  à  Texposition  des  campagnes  d'Alexandre  ; 
cela  ressort  de  l'ensemble  de  la  relation,  du  commencement  à  la 
fin,  et  surtout  de  la  conclusion  qui,  après  le  récit  de  la  construc- 
tion du  sanctuaire,  ne  mentionne  plus  que  la  mort  de  Sanballat. 
C'est  que  l'intention  de  l'auteur  était  probablement  de  donner 
l'histoire  de  l'origine  du  temple  du  mont  Garlzim. 

La  troisième  partie  de  l'histoire  d'Alexandre,  dans  Antiquités^ 
XIj  8,  traite,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  des  rapports  du 
grand-prêtre  de  Jérusalem  avec  le  roi.  D'abord,  l'auteur  rapporte 
la  lettre  d'Alexandre  à  Jaddua,  le  sommant  de  se  soumettre  et 
de  mettre  à  sa  disposition  des  soldats  et  des  vivres,  ensuite  la 
réponse  négative  du  grand-prêtre  et  la  menace  provoquée  par 
celle-ci  de  la  part  d'Alexandre.  C'est  cette  relation  qui  inter- 
rompt le  récit  concernant  Sanballat  et  qui,  comparée  aux  dé- 
tails de  ce  récit,  donne  lieu  à  des  constatations  intéressantes. 
Tout  d'abord  nous  devons  signaler  brièvement  une  première  dif- 


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6  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Acuité.  Alexandre  menace  de  châtier  le  grand-prétre,  aussitôt 
qu'il  en  aura  fini  avec  Tyr.  Pourtant,  cette  ville  une  fois  prise, 
Alexandre  ne  marche-pas  contre  Jérusalem,  mais  contre  Gaza,  et 
notre  auteur  omet  de  dire  pourquoi  le  roi  a  renoncé  à  son  projet. 
Ce  silence  nous  parait  encore  moins  compréhensible  si  nous  réflé- 
chissons qii'il  aurait  été  plus  vraisemblable  qu'Alexandre  marchât 
de  Tyr,  le  long  de  la  côte,  jusqu'à  Joppé  et  de  là  sur  Jérusalem, 
plutôt  que  de  partir  de  Gaza,  qui  est  située  plus  au  sud.  Il  me 
semble  donc  que,  d'après  le  récit  primitif  que  Josèphe  a  eu  sous 
les  yeux,  Alexandre  s'est  rendu  eflfectivement,  comme  il  avait 
menacé  de  le  faire,  de  Tyr  à  Jérusalem  et  que  c'est  le  compila- 
teur, en  refondant  maladroitement  ce  récit,  qui  a  indiqué  Gaza 
comme  point  de  départ  d'Alexandre.  11  est  vrai  que  cette  opinion 
est  contredite  par  la  fln  du  récit  qui  nous  montre  Alexandre  mar- 
chant de  Tyr  contre  Gaza  et  commençant  le  siège  de  cette  der- 
nière ville.  Mais  si  Ton  tient  compte  des  considérations  ci-dessus 
indiquées  et  qui  seront  encore  corroborées  par  une  autre,  cette  fin 
doit  être  regardée  comme  étrangère  au  récit  concernant  Jaddua  S 
tandis  que  la  remarque  de  8,  4  (§  325)  :  «  Alexandre,  après  avoir 
pris  Gaza,  marcha  contre  Jérusalem  »,  ne  peut  être  expliquée  que 
comme  une  intercalation  de  celui  qui  a  remanié  ces  récits. 

En  tout  cas,  nous  voyons  Sanballat,  comme  Jaddua,  en  rapports 
avec  Alexandre  à  Tyr,  le  premier  en  personne,  l'autre,  par  cor- 
respondance. Ces  rapports  ont-ils  réellement  existé  et  ne  sont-ils 
pas  imaginés  d'après  la  vraisemblance?  Car  Alexandre  avait, 
en  effet,  consacré  les  loisirs  que  lui  laissait  le  siège  de  Tyr  à  pré- 
parer la  soumission  des  populations  syriennes^.  Or,  si  la  dernière 
hypothèse  est  vraie  et  si  nous  sommes  en  présence  d'une  fiction 
partielle,  qu'y  a-t-il  au  fond  de  cette  histoire  de  Sanballat  et  de 
Jaddua  mis  en  scène  simultanément,  quoique  de  façon  si  diffé- 
rente ?  Droysen  (Oeschichte  des  Hellenismus,  III,  2,  201  et  suiv.) 
prouve  qu'Alexandre  aurait  séjourné  dans  diverses  parties  de  la 
Palestine,  à  Jéricho  en  deçà  du  Jourdain  et,  au  delà,  à  Dium  et 
à  Gérasa,  ce  qui  serait  en  faveur  de  la  véracité  de  la  relation  de 
Josèphe.  Willrich  (p.  18  et  suiv.)  a  contesté  avec  raison  la  force 
probante  des  passages  cités  par  cet  auteur.  Car,  dit-il,  si  Pline 
\Hist.  Nat.y  XII,  25,  §  117),  en  décrivant  les  plantations  de 
baume  de  JérichO;  dit  :  «  A)exandro  Magno  res  ibi  gerente  toto 

^  Il  est  certain  que  ce  récit  n'a  pas  parlé  de  la  marche  d'Alexandre  contre  Jéru* 
salem,  puisque  nous  voyons  qu'il  ne  s'occupe  que  de  Sanballat  ;  la  phrase  de  S,  4 
(§  325)  :  <  Alexandre,  après  la  prise  de  Gaza,  marcha  à  la  hftte  contre  Jérusalem  >, 
n^en  fait  donc  plus  partie. 

1  Droysen,  I,  288  ;  Niese,  I,  80, 


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LA  RELATION  DE  JOSÈPHE  CONCERNANT  ALEXANDRE  LE  GRAND       7 

die  aBstivo  unam  concbam  impleri  jastum  erat  »,  cette  mention 
n'est  faite  très  probablement  que  pour  déterminer  exactement  la 
date.  Mais  il  eût  dû  encore  faire  remarquer  que  Pline,  en  ce  qui 
concerne  les  plantations  de  baume  de  Jéricho,  copie  textuelle- 
ment Théophraste  *  ;  il  est  donc  vraisemblable  que  le  renseigne- 
ment qu'il  lui  a  emprunté  concernant  Alexandre  provient  d'une 
source  presque  contemporaine  de  ce  roi.  A  supposer  môme 
qu'Alexandre  ne  fût  pas  à  Jéricbo,  ses  soldats  y  furent  sûrement, 
et  c'est  sous  leur  protection  que  les  savants  qui  suivaient  l'armée 
ont  pu  s'y  livrer  à  leurs  recherches.  L'assertion  de  VEtymologi^ 
cum  Magnum  que  Gérasa  fut  fondée  par  Alexandre  et  celle 
d'Etienne  de  Byzance  relativement  à  Dium  *  ont  une  valeur  histo- 
torique,  malgré  la  fausse  étymologie  donnée  à  propos  de  la  pre- 
mière ;  elles  indiquent,  en  tout  cas,  que  ces  deux  villes  ont  été 
fondées  par  les  généraux  qui  commandaient  dans  les  environs. 
De  même,  M.  Willrich  (p.  n),  sur  la  foi  du  Syncelle  et  d'Eusèbe, 
montre  que  Samarie  fut  transformée  en  colonie  macédonienne 
par  Perdiccas,  sur  Tordre  d'Alexandre.  Il  est  donc  clair  que  les 
généraux  ou  gouverneurs  d'Alexandre  ont  séjourné  dans  diverses 
régions  de  la  Palestine.  Il  est  vrai  que  tout  cela  a  pu  avoir  lieu 
après  qu'Alexandre  eut  quitté  la  Syrie,  pendant  les  années  d'ad- 
ministration. Toutefois,  les  rares  renseignements  que  nous  avons 
sur  la  prise  de  la  Syrie  laissent  supposer  que  la  Palestine  aussi 
dut  être  conquise  par  les  armes  macédoniennes.  Car  Arrien  (II, 
20,  4)  raconte  qu'Alexandre  employa  le  temps  nécessité  par  les 
préparatifs  du  siège  de  Tyr  à  faire  une  incursion  chez  les  Arabes 
de  TAnti-Liban  ;  de  môme  Quinte-Curce  (IV,  3,  1).  Déjà  précé- 
demment la  Célésyrie,  qui  a  Damas  pour  capitale,  avait  été  attri- 
buée à  Parménion  et  conquise  par  lui  (Quinte-Curce,  IV,  2,  1  ;  cf. 
Arrien,  II,  13,  7j.  On  voit  par  là  qu'Alexandre  avait  envoyé  en 
avant  une  troupe  pour  s'emparer  des  alentours  de  la  ville,  qu'il 
prévoyait  devoir  l'arrêter  assez  longtemps.  Des  faits  analogues 
ont  pu  se  passer  pendant  le  siège  de  paza,  et,  en  effet,  Arrien 
(II,  25,  4)  rapporte  que  le  reste  de  la  Syrie,  nommée  Palestine, 
était  déjà  tombé  au  pouvoir  d'Alexandre,  avant  que  Gaza  ne  se 
fût  rendue.  Comme,  d'autre  part,  Arrien  raconte  la  marche  rapide 
d'Alexandre  contre  Gaza,  il  est  clair  que  Samarie  et  Jérusalem 
avaient  déjà  dû  tomber  au  pouvoir  des  Macédoniens  pendant  le 
siège  de  Tyr.  Le  silence  des  chroniqueurs  permet  de  supposer 
qu'elles  se  soumirent  sans  résistance.  La  relation  concernant  San- 

*  Voir  Bernays,  Theophrastos*  Schrift  ûher  Frômmigkeit^  p.  110,  nolel;  Reinacb, 
Textes  d'auteurs  fft-eet,  275,  notel  ;  Schûrer,^  1,^13,  note  36. 
«  Voir  Schûrer,  U,  100,  noie  24I,  et  102,  et  Quinle-Gurce,  IV,  5,  13. 


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8  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ballat  répondrait  donc  à  la  réalité  ;  mais  s'il  est  permis  d'établir 
des  conclusions  d'après  la  vraisemblance»  la  relation  concernant 
Jérusalem  devrait  quand  môme  son  origine  à  la  action.  Pourquoi 
cette  fiction? 

Il  faut  d'abord  encore  examiner  dans  quels  rapports  la  partie 
du  chapitre  de  Josèpbe  dont  nous  avons  parlé  en  premier  lieu, 
c'est-à-dire  la  description  des  campagnes  d'Alexandre,  se  trouve 
vis-à-vis  des  deux  autres  :  fait-elle  partie  du  récit  consacré  à  San- 
ballat  et  à  Manassé  ou  de  celui  qui  se  rapporte  à  Jaddua»  ou  bien 
a-t-elle  été  intercalée  par  Josèphe,  comme  un  supplément  destiné 
à  résumer  toute  cette  histoire?  Cette  dernière  hypothèse  s'applique, 
selon  toute  vraisemblance,  à  8, 1^  le  paragraphe  d'introduction  au 
récit  des  victoires  d'Alexandre  en  Asie-Mineure  ;  en  efiet,  on  re- 
connaît que  ce  paragraphe  est  de  la  main  de  Josèphe,  non  seule- 
ment à  la  phrase  finale  xaôùx;  év  aXXoiç  oeSVjXcoTat,  mais  encore  à  ce 
que  son  contenu  n'a  aucun  lien  avec  les  événements  rapportés  ici. 
Par  contre,  8,  2,  forme  la  suite  immédiate  de  7,  2.  Aucun  de  ces 
deux  indices  ne  se  trouve  dans  les  morceaux  intercalés  dans  le  récit 
lui-môme,  de  sorte  qu'ils  ne  peuvent  guère  ôtre  attribués  à  Josèphe. 
Car,  si  dans  8,  3  (§  313-314),  nous  essayons  d'éliminer  la  descrip- 
tion des  pertes  subies  par  Darius,  nous  aurons  dans  Thistoire  de 
Sanballat  une  lacune  sérieuse,  et  ses  actes  ultérieurs  deviennent 
tout  à  Tait  incompréhensibles.  Le  paragraphe  315,  le  seul  qui,  dans 
ce  morceau,  traite  de  Sanballat,  ainsi  que  le  passage  Aape(ou  8(ivToç, 
dans  8, 2  [§  314),  supposent  l'exposé  des  rapports  de  Sanballat  avec 
Darius.  Nous  sommes  donc  ainsi  amenés  à  reconnaître  que  les  ren- 
seignements concernant  Darius  font  partie  intégrante  et  indispen- 
sable du  récit  relatif  à  Sanballat.  Il  en  résulte,  avec  vraisemblance, 
que  le  dernier  paragraphe  de  8, 6,  quoique  séparé  du  récit  de  San- 
ballat par  un  long  morceau,  en  fait  également  partie.  Car  il  parle 
des  troupes  amenées  par  Sanballat  à  Alexandre,  dont  il  est  ques- 
tion dans  8,  4,  et  on  ne  le  comprend  que  grâce  aux  explications 
données  en  cet  endroit,  tandis  que  ce  passage  n'a  rien  de  commua 
avec  les  détails  rapportés  immédiatement  avant.  Du  reste,  il 
s'adapte  fort  bien  comme  suite  à  la  nouvelle  de  la  mort  dans  8,  4 
(§325). 

Une  autre  considération  nous  fait  encore  croire  que  les  détails 
concernant  Alexandre  et  Darius  appartiennent  à  l'histoire  de  San- 
ballat. En  effet,  si  on  compare  celle-ci  avec  le  récit  relatif  à  Jad- 
dua,  au  point  de  vue  particulier  des  indications  qu'ils  contiennent 
au  sujet  des  rapports  d'Alexandre  et  de  Darius,  on  constate  aus- 
sitôt que  l'histoire  de  Jaddua^  quoique  égale  en  étendue  à  l'autre 
histoire,  ne  contient  pas  môme  un  mot  sur  les  entreprises  et  les 


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LA  RELATION  DE  JOSÈPHE  CONCERNANT  ALEXANDRE  LE  GRAND       9 

victoires  d*AIexandre,  rien  enfin  qui  soit  en  dehors  des  événements 
qui  eurent  pour  théâtre  la  Judée  *.  Par  contre,  le  récit  concernant 
Sanballat  contient  une  description  exacte,  quoique  brève,  des  pré- 
paratifs et  des  défaites  de  Darius  ;  cette  description  est  bien  plus 
longue  toutefois  que  cela  n*est  nécessaire  pour  Tintelligence  des 
résolutions  de  Sanballat.  11  en  résulte  que  nous  ne  pouvons  guère 
attribuer  ces  renseignements  au  chapitre  relatif  aux  rapports 
d'Alexandre  avec  les  Jérusalémites,  mais  au  chapitre  concernant 
Sanballat,  où  ils  se  trouvent  effectivement.  Il  est  vrai  qu'il  ne  s'en* 
suit  pas  que  ces  détails  sur  Darius  se  soient  trouvés  sous  la  forme 
qu'ils  ont  actuellement  dans  la  source  où  Josèphe  a  puisé.  Il  est 
plus  vraisemblable  que  Josèphe  a  ajouté  ici  beaucoup  de  détails 
empruntés  à  l'ouvrage  historique  qu'il  a  utilisé  dans  8, 1 .  Mais, 
comme  une  grande  partie  de  ces  détails  sont  nécessaires,  ainsi 
que  nous  Tavons  déjà  montré,  pour  Tintelligence  de  la  conduite 
de  Sanballat,  il  faut  qu'ils  se  soient  trouvés  à  cette  place  avec  des 
renseignements  de  môme  nature  qui  s'adaptaient  mieux  au  con* 
texte.  L'auteur  de  ce  récit  était  donc  familiarisé  avec  l'histoire  des 
victoires  d'Alexandre  dans  l'Asie  antérieure,  et  on  ne  peut  déter* 
miner  les  modifications  qu'il  a  apportées  au  texte  qu'il  avait  sous 
les  yeux  pour  le  faire  cadrer  avec  ses  propres  récits.  Il  semblerait 
plutôt  que  c'est  le  contraire  qui  fut  vrai  et  qu'il  a  pris  les  événe- 
ments arrivés  du  temps  d'Alexandre  en  Phénicie  comme  cadre 
fixe  pour  y  introduire  habilement  ses  propres  matériaux.  Car, 
malgré  toutes  les  tentatives  d'interprétation,  on  ne  peut  nier  que 
Sanballat,  qui  disposait  des  pouvoirs  mentionnés  chez  Josèphe  ', 
était  un  contemporain  de  Néhémie  ^  et,  comme  il  n'est  guère  pos* 

<  Cette  constalaUoD  eei  une  nouvelle  preuve  que  la  mention  si  précise  concernant 
le  siège  de  Gaza,  à  la  fin  de  8,  3,  ne  fait  pas  partie  du  récit  de  Jaddua,  mais  a  été 
probablement  intercalée  par  Josèpbe.  Originellement,  il  devait  y  avoir,  à  la  place  de 
cette  mention,  une  autre,  qu^il  a  remplacée  par  celte  indication  plus  exacte. 

*  Il  faut  s^en  tenir  fermement  à  ce  que  Wellhausen  fait  justement  ressortir  {Israël. 
«.  jêd.  OescAichie,  p.  148,  noie  1)  :  c'est  que  Samarie  était  païenne,  qu'elle  n'était 
pas  en  relation  avec  les  Samaritains  et  était  le  siège  de  fonctionnaires  persans.  Nous 
n'avons  pas  de  renseignements  sur  ces  derniers  à  l'époque  d'Alexandre,  mais  il  me 
semble  probable  que  Tauteur  de  ce  récit  a  emprunté  à  une  source  qu'il  avait  sous 
les  yeux  des  traits  relatifs  au  gouverneur  persan  de  Samarie  qu'il  a  prÔlés  à  Sanballat, 
afin  de  pouvoir  y  rattacber  l'origine  du  sanctuaire  sur  le  Garizim.  Toutefois,  Wellbau- 
sen,  en  désignant  Sanballat  comme  satrape  des  Sicbémites,  et  en  s^en  référant  à  ce 
sujet  à  Josèphe,  commet  une  inexactitude,  car  celui-ci  ne  parle  nulle  part  des  Sama- 
ritains et  de  Sicbem,  et,  de  plus,  il  est  difficile  de  croire  que  la  petite  ville  de  Sichem 
fût  le  siège  d'une  satrapie. 

'  Wellhausen  {tàid.,  p.  146,  note  2)  identifie  Sanballat  avec  le  contemporain  de 
Néhémie,  qui,  il  est  vrai,  n'est  désigné  nulle  part  comme  gouverneur  persan,  mais 
qui  était  certainement  en  rapports  avec  lui,  comme  on  le  voit  par  Néb.,  m,  34. 
IVaprès  cela,  l'auteur  avait  fait  du  fils  de  Jolada  un  frère  de  Jaddua,  et  il  avait 
encore  fait  de  plus  graves  accrocs  a  la  chronologie  en  présentant  Jaddua  et   San- 


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ir- 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


sible  que  rhistorien  qui  traitait  de  Torigine  du  temple  samaritain 
n'ait  pas  connu  la  haute  antiquité  de  ce  sanctuaire,  il  faut  qQ*il 
Tait  rajeunie  avec  intention,  et  cela  pour  montrer  que  le  temple 
édifié  sur  le  Garizim  devait  son  origine  à  ce  grand  roi. 

Si  cette  hypothèse  est  admise,  nous  devons  reconnaître  que  le 
narrateur  n'a  pu  être  qu'un  Samaritain,  un  partisan  du  sanctuaire 
de  Sichem,  car  seul  un  tel  auteur  pouvait  s'intéresser  à  la  preuve 
admise*.  En  outre,  on  voit  que  cette  narration  visait  cette  caté- 
gorie de  lecteurs  qu'elle  pouvait  impressionner,  c'est-à-dire  les 
Grecs  d*Alexandrie  et  d'Egypte.  Elle  voulait  leur  démontrer  que 
le  temple  samaritain  pouvait  revendiquer  le  privilège  d'avoir  été 
construit  par  l'autorisation  spéciale  d'Alexandre,  ce  qui  devait 
produire  sur  eux  un  certain  effet.  La  preuve  que  l'auteur  tient  à 
célébrer  l'origine  du  temple  qu'il  révérait,  résulte  de  la  manière 
dont  il  parle  de  Sanballat,  qui  se  donna  tant  de  peine  pour  le  fon- 
der, et  de  Manassé,  qui  en  fut  le  premier  grand-prêtre.  Il  repré- 
sente le  premier  comme  un  gouverneur  persan,  pouvant  lever  dans 
sa  province  jusqu'à  huit  mille  hommes  ;  il  a  une  influence  telle 
qu'il  peut  promettre  à  son  gendre  de  le  faire  nommer  grand- 
prêtre  et  gouverneur  du  territoire  qu'il  administre  pour  lui  et 
attribuer  à  ceux  qui  embrasseront  la  cause  de  Manassé  de  l'ar- 
gent, des  terres  et  des  terrains  de  construction.  Alexandre  aussi 
Taccueille  amicalement  et  se  rend  sans  hésitation  à  ses  vœux.  De 
même  pour  Manassé.  Celui-ci  n'est  pas  un  prêtre  quelconque,  mais 
le  frère  du  grand-prêtre  de  Jérusalem,  ayant  lui-même  des  droits  à 
la  dignité  pontificale  ;  les  autres  prêtres  sont  aussi  originaires  de 
Jérusalem.  Ce  ne  sont  pas  des  expulsés,  ils  ont  quitté  volontai- 
rement Jérusalem  et  leur  départ  y  a  provoqué  des  désordres.  Le 
fait  qu'ils  épousent  des  filles  du  gouverneur  persan  ou  des  femmes 
de  son  entourage  ne  peut  passer  comme  une  chose  déshonorante 
ni  aux  yeux  des  Samaritains  ni  surtout  aux  yeux  des  Grecs 
d'Alexandrie,  de  sorte  que  l'auteur  peut  indiquer,  sans  autre 
explication,  la  raison  du  désaccord  entre  Manassé  et  les  Jérusa- 

balist  comme  coatemporaios  et  en  les  mettant  en  rapports  avec  Alexandre.  Cf.  en- 
core Willrich,  p.  7  ;  Meyer,  Die  Entstehung  des  Judenthums,  p.  128  ;  Schûrer,  II, 
6,  note  15. 

^  Willrich,  p.  158  et  suîv.,  soutient  contre  Freudentbal  que  les  Juifs  d^Egypte, 
en  leur  qualité  de  partisans  du  temple  de  Léontopolis,  considéraient  aussi  le  sanc> 
tuaire  de  Garizim  comme  Tégal  du  temple  de  Jérusalem,  depuis  que  celui-ci  avait 
été  profané  par  Ântiochus  Epipbane,  et  que,  pour  cette  raison,  Eupolemos  n'avait 
pas  craint  de  traduire  Argaritin  par  <  la  montagne  du  Très-Haut  ».0q  ne  peut  sou- 
tenir une  telle  thèse  qu'en  méconnaissant  la  réalité  des  faits  et  en  oubliant  les  dis- 
cordances existant  entre  les  Juifs  d'Egypte  et  les  Samaritains  au  sujet  du  temple  de 
Garizim.  La  situation  respective  des  deux  partis  vis-à-vi^  du  temple  de  Léontopolie 
sera  élucidée  dans  une  autre  étude. 


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LA  RELATION  DE  JOSÈPHE  CONCERNANT  ALEXANDRE  LE  GRAND      11 

lémites.  A  côté  de  ces  détails  favorables  pour  le  temple  de  Gari- 
zim,  on  ne  trouve,  dans  toute  la  relation,  rien  qui  ressemble  à 
un  reproche  contre  les  Samaritains,  et  cette  circonstance  à  elle 
seule  suffit  pour  empêcher  d'attribuer  la  relation  à  un  auteur  juif 
d'Egypte  ou  de  Palestine.  Qu*on  considère  aussi  qu'on  ne  fait 
pas  allusion  au  côté  religieux  de  la  construction  du  temple  et 
qu*on  ne  s'occupe  que  du  côté  politique;  c'est  que  la  relation 
était  destinée  à  des  lecteurs  païens,  pour  lesquels  toute  discus- 
sion religieuse  fût  restée  lettre  close.  Une  particularité  qui  de- 
vait aussi  produire  de  l'impression  sur  les  Egyptiens,  c'est  celle 
que  l'auteur  fait  ressortir  en  disant  que  Sanballat  mit  huit  mille 
hommes  à  la  disposition  d'Alexandre  qui  devaient  le  suivre  en 
Egypte  et  surveiller  le  pays,  après  avoir  obtenu  des  concessions 
territoriales  dans  la  Thébaïde. 


LA  GLORIFICATION  DU  TEMPLE  DE    JÉRUSALEM. 


Mais  quelle  raison  a  pu  motiver  le  récit  de  la  fondation  du 
temple  samaritain  ?  Est-ce  l'amour  de  l'exactitude  historique 
ou  simplement  la  vanité  d'un  partisan  de  ce  sanctuaire  voulant 
montrer  aux  Alexandrins  que  ce  temple  avait  été  fondé  par  le 
même  prince  que  leur  cité?  Si  l'attention  des  Alexandrins  ou 
des  Egyptiens  ne  s'était  pas  tournée  quand  même  vers  ce  sanc- 
tuaire, cette  relation  n'aurait  pas  eu  de  sens.  Or,  nous  savons  par 
Josèphe  que  les  Juifs  aussi  prétendaient  qu'Alexandre  le  Grand 
avait  honoré  leur  temple  à  Jérusalem,  non  pas  en  aidant  à  le  fonder, 
car  il  existait  déjà,  mais  en  y  offrant  des  sacrifices,  en  en  favorisant 
particulièrement  les  prêtres  et  en  y  adorant  le  Dieu  des  Juifs.  11 
en  résulte  clairement  qu'il  s'agit  là  d'une  rivalité  entre  les  par- 
tisans des  deux  sanctuaires,  qui  prenaient,  en  quelque  sorte, 
comme  juges  de  leur  querelle  les  Alexandrins,  chacun  des  deux 
partis  s'efforçant  de  faire  pencher  la  balance  en  sa  faveur  en 
exposant  la  conduite  tenue  par  Alexandre  vis-à-vis  de  son  sanc- 
tuaire. 

Cette  hypothèse,  iftspirée  par  l'analyse  des  deux  récits  de  Jo- 
sèphe, est  aussi  confirmée  par  un  passage  explicite  des  A^itiquités, 
XII,  1  (§  10).  On  y  raconte  que  les  Juifs  et  les  Samaritains 
d*Egypte  discutaient  entre  euTÇ  ^u  sujet  ^e  la  sainteté  dç  leurs 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

es  respectifs  de  Palestine  et,  dans  AnliquUés,  XIII,  4,  4, 
joute  que  cette  querelle  avait  été  portée  devant  le  roi  lui- 
aoique  la  valeur  de  ces  indications  soit  fortement  con- 
néme  niée  complètement,  le  fait  môme  de  la  dispute  ne 
considéré  comme  une  invention.  Eu  tous  cas,  il  faut 
re  qu'elles  confirment  les  résultats  acquis,  et  nous  pou- 
lettre  qu'il  y  eut  sur  cette  question  une  polémique  litté- 
a  donné  naissance  aux  récits  de  Josèphe.  Il  n*est  pas  pos« 
déterminer  à  quelle  époque  la  relation  samaritaine  s'est 
ru  l'absence  de  tout  indice  à  ce  sujet;  Josèphe  dit  {Ant,, 
)  que  la  dispute  eut  lieu  sous  Ptolémée  Philométor,  mais 
tion  doit  être  considérée  comme  douteuse,  tant  qu'il  n'y 
d'autre  preuve  à  l'appui.  Si  on  peut  prendre  en  considé- 
fait  que^  d'après  notre  relation,  le  temple  existait  alors 
ir  le  mont  Garizim,  cette  relation  doit  remonter  à  l'an  128 
C,  époque  où  régnait  Ptolémée  Physcon  ;  cependant  rien 
ave. 

avoir  étudié  de  près  le  récit  concernant  Sanballat,  voyons 
nt  celui  qui  concerne  Jaddua.  Quoiqu'il  nous  apparaisse 
I  chef  suprême  des  Juifs  dans  Jérusalem,  que  ce  soit  à  lui 
ndre  écrit  pour  obtenir  leur  soumission,  qu'il  lui  ré- 
se  place  à  la  tête  du  cortège  pour  le  recevoir  à  Jérusalem, 
inue  à  négocier  avec  lui,  on  ne  dit  nulle  part,  dans  tout 
re,  qu'il  était  accompagné  de  soldats.  C'est  que  l'auteur 
s  faire  .voir  que  le  grand-prêtre  s'appuie,  non  sur  une 
lais  sur  la  foi  en  Dieu,  qui  le  pousse  à  ouvrir  toutes  les 
la  ville  et  qui  lui  vaut  d'être  glorifié  en  même  temps  que 
luple  juif.  On  pourrait  considérer  comme  intentionnel  ce 
I  avec  la  conduite  de  Sanballat,  décrite  dans  la  première 
si  l'on  était  sûr  que  celle*CL  était  déjà  sous  les  yeux  de 
ie  notre  récit.  En  examinant  si  cette  opposition  se  re- 
ncore  en  d'autres  traits  du  récit,  nous  découvrons  un 
essant.  Sanballat,  pour  atteindre  son  but,  ne  craint  pas 
défection  à  son  prince,  qu'il  abandonne  dans  le  mal- 
siddua ,  au  contraire,  malgré  les  menaces  d'Alexandre , 
nne  pas  le  parti  de  Darius,  parce  qu'il  a  juré  de  ne  pas 
(  armes  contre  lui.  La  fidélité  de  Jaddua  n'aurait-elle 
}posée  intentionnellement  à  la  défection  de  Sanballat  dé- 
par  l'ambition?  Ce  point  mérite  d'être  considéré  avec 
.  Toutefois,  c'est  le  contraste  présenté  par  le  temple  et 

niqueur  samaritain  pouvait  rapporter  ce  trait  aaus  avoir  à  craindre  que 
it  accusé  de  trabiaon  par  les  lecteurs  alexandrins,  parce  qu'il  avait  adhéré 
/Alexandre. 


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LA  RELATION  DE  JOSEPHE  CONCERNANT  ALEXANDRE  LE  GRAND      13 

le  grand-prétre  qui  ressort  le  plus  vivement  et  auquel  Tauteur 
parait  avoir  attaché  le  plus  de  poids.  Alexandre,  grâce  à  la 
soumission  de  Sanballat  et  guidé  par  des  considérations  poli- 
tiques, accorde  la  permission  de  construire  un  temple,  mais  ne 
s'y  intéresse  pas  autrement.  Gomme  cette  brève  indication  con- 
traste avec  les  larges  développements  décrivant  les  honneurs 
qu' Alexandre  a  rendus  d'abord  au  grand-prétre  du  sanctuaire  de 
Jérusalem  et  ensuite  à  ce  sanctuaire  lui-même!  Sanballat  se  rend 
auprès  du  roi  en  suppliant,  pendant  que  le  roi  s'incline  respec- 
tueusement devant  Jaddua,  le  saluant  le  premier  et  déclarant  qu'il 
a  adoré  le  Dieu  que  Jaddua  servait.  Pour  faire  bien  ressortir  Tim- 
portance  de  cet  acte  de  vénération,  notre  auteur  décrit  d'abord 
Tattente  de  Tentourage  d'Alexandre  avant  la  rencontre,  ensuite  sa 
stupéfaction  et,  enfin,  la  déclaration  du  roi  lui-même,  qui  présente 
le  grand-prêtre  comme  un  être  surnaturel  devant  le  diriger  dans 
ses  expéditions  futures.  L*auteur  décrit  ensuite  en  détail  les  sa- 
crifices offerts  au  temple,  les  distinctions  accordées  à  tous  les 
prêtres,  la  répartition  des  présents  au  peuple,  et  Taccomplis- 
sèment  des  vœux  exprimés  par  le  grand-prêtre  concernant  la 
libre  observance  des  préceptes  religieux  en  Palestine  et  hors  de  la 
Palestine.  Sanballat  offre  ses  troupes  à  Alexandre,  qui  laisse  aux 
Juifs  le  choix  d'entrer  dans  Tarmée  macédonienne,  en  leur  assu- 
rant la  liberté  d'y  observer  leur  religion.  Tous  ces  contrastes 
me  paraissent  avoir  été  indiqués  intentionnellement  par  l'au- 
teur et  me  font  croire  que  l'histoire  de  Jaddua  est  une  imita- 
tion du  récit  relatif  à  Sanballat,  imitation  motivée  par  le  désir 
de  placer  en  regard  de  la  glorification  du  temple  samaritain 
racontée  aux  Alexandrins,  la  description  des  honneurs  rendus 
par  Alexandre  au  sanctuaire  de  Jérusalem.  On  veut  prouver 
ainsi  que  celui-ci  fut  l'objet  de  la  protection  miraculeuse  de 
Dieu  et  de  la  vénération  du  plus  grand  des  conquérants,  et  que, 
par  suite,  —  c'est  la  conclusion  à  laquelle  on  voulait  amener 
le  lecteur,  —  ce  sanctuaire  doit  être  placé  bien  au-dessus  du 
temple  samaritain. 

La  constatation  que  nous  avons  faite,  que  ce  récit  n'est  qu'une 
imitation  tendancieuse ,  nous  empêche  de  lui  accorder  une  va- 
leur historique  ;  on  ne  peut  considérer  comme  réels  que  les  détails 
qui  sont  indépendants  de  la  préoccupation  du  narrateur  et  les  élé- 
ments qui  ont  servi  à  former  cette  relation.  Jusqu'à  quel  pomt  notre 
auteur  connaissait-il  les  événements  qui  se  sont  passés  du  temps 
d'Alexandre?  La  preuve  qu'il  était  familiarisé  avec  les  sources, 
c'est  le  parti  qu'il  a  tiré  du  songe  d'Alexandre  à  Dium  (8, 5,  §  334).  Il 
en  résulte,  en  effet,  qu'il  a  appris  par  ses  recherches  qu'Alexandre 


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f4 


REVUB  DES  ÉTUDES  JUIVES 


a  séjourné  dans  cette  ville»  y  a  médité  sur  la  conquête  de  l'Asie 
et  s'y  est  laissé  influencer  dans  ses  desseins  par  des  rêves  et  des 
apparitions.  Ceci  prouve  que,  pour  ces  détails,  l'auteur  a  puisé  à 
une  source  plus  abondante  que  les  ouvrages  des  écrivains  qui 
nous  ont  été  conservés  (cf.  Diodore,  XVII,  6,  3-4;-  Plutarque, 
Alexandre j  §  14;  Arrien,  I,  11).  Cette  source  contenait-elle  un 
trait  semblable  d'un  prêtre  d'un  autre  temple,  peut-être  de  celui 
d'Ammon  et  aussi  quelque  apparition  dans  un  rêve,  et  notre 
auteur  a-t-il  transposé  ces  faits  en  les  attribuant  au  grand-prêtre 
juif,  ou  bien  tout  le  récit  est-il  de  sa  composition  et  s'est-il  borné 
à  s'appuyer  sur  des  relations  concernant  Dium  ?  La  question  est 
impossible  à  résoudre,  car  aucune  des  relations  sur  Alexandre 
que  nous  avons  ne  donne  de  renseignements  détaillés  sur  Dium, 
et  Diodore  seul  cite  cet  endroit  à  propos  des  mêmes  circonstances 
que  Josèphe.  En  tout  cas,  l'auteur  a  relevé  cette  particularité  de 
propos  délibéré  et  a  édifié  là-dessus  son  récit,  qui  devait  agir 
sûrement  sur  les  Alexandrins.  Il  est  probable  que  c'est  aussi  par 
cette  source  qu'il  a  appris  l'attitude  si  franche  et  sans  réserve  de 
Parménion  vis-à-vis  d'Alexandre.  Mais,  à  ces  indications  exactes 
sont  mêlées  de  grandes  erreurs,  puisque  le  narrateur  nous  montre 
Alexandre  en  Palestine,  entouré  non  seulement  de  Phéniciens,  mais 
aussi  de  Chaldéens  et  de  rois  de  Syrie  (8,  5;  §  330,  332),  qui  espé- 
raient voir  Alexandre  tourner  sa  colère  contre  les  Juifs,  faire  mettre 
à  mort  le  grand-prêtre  et  détruire  Jérusalem.  Une  autre  inexac- 
titude, c'est  la  requête  attribuée  au  grand-prêtre  pour  demander 
à  Alexandre  de  permettre  aussi  aux  Juifs  de  Babylonie  et  de  Médie 
de  vivre  selon  leurs  coutumes,  cette  requête  supposant  la  con- 
quête de  ces  pays  déjà  réalisée,  exactement  comme  le  passage 
cité  précédemment  où  il  est  question  de  la  présence  des  Chaldéens 
dans  la  suite  d'Alexandre  et  de  la  «  Proskynèse  »,  qui  fut  seu- 
lement introduite  durant  le  séjour  en  Perse.  On  pourrait  voir  là 
de  légères  additions  de  l'auteur,  peu  familiarisé  avec  son  sujet, 
si  ces  erreurs  mêmes,  qui  trahissent  une  certaine  logique,  ne  sug- 
géraient l'hypothèse  que  l'auteur  a  travaillé  d'après  un  modèle 
qui  décrivait  la  réception  faite  à  Alexandre  dans  quelque  ville  per- 
sane et  dont  il  a  rapporté  les  particularités  à  Jérusalem. 

On  peut  encore  émettre  une  autre  hypothèse  qui  ferait  regarder 
ces  erreurs  comme  intentionnelles.  Freudenthal  [Hellenistische 
Studien^  I,  96  et  suiv.)  a  montré  que  des  écrivains  samaritains,  en 
raison  de  la  prétendue  origine  sidonienne  de  leur  peuple  [Ant., 
XI,  8,  6  ;  XII,  5,  5),  glorifient  les  Phéniciens  en  racontant  l'his- 
toire biblique,  et,  d'autre  part,  traitent  avec  des  ménagements 
particuliers  les  Babyloniens  et  les  Mèdes,  dont  ils  se  proclament 


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LA  RELATION  DE  JOSÈPHE  CONCERNANT  ALEXANDRE  LE  GRAND      15 

également  les  descendants.  Les  écrivains  juifs  anti-samaritains 
ont  utilisé  cette  particularité  pour  donner  cours  à  leur  animosi té 
contre  les  Samaritains,  en  parlant  des  Phéniciens  et  des  peuples  de 
même  race  que  les  Samaritains  ^  Or,  il  n'est  pas  invraisemblable 
que  Tauteur  de  ce  récit,  dirigé  contre  les  Samaritains,  pour  dési- 
gner les  plus  acharnés  ennemis  de  Jérusalem  qui  avaient  conseillé 
à  Alexandre  la  destruction  de  cette  ville  et  de  son  temple,  ait 
choisi  intentionnellement  les  aïeux  des  Samaritains  de  son  temps 
qui  étaient  animés  des  mêmes  dispositions  malveillantes,  les  Phé- 
niciens et  les  Chaldéens  ou  Syriens  (car  ces  deux  noms  me 
semblent  identiques).  De  même,  la  Babylonie  et  la  Médie,  dont 
les  habitants  juifs,  sur  la  demande  du  grand-prêtre,  obtinrent 
d'Alexandre  la  liberté  de  pratiquer  leur  religion  et  qui  étaient  la 
patrie  des  Samaritains,  désignent  les  pays  où,  à  Tépoque  de 
Tauteur,  les  Juifs  n'avaient  pas  la  liberté  religieuse. 

Pour  terminer  cette  dissertation  sur  la  valeur  historique  de  ce 
récit,  remarquons  encore  que  l'auteur  ne  parait  pas  avoir  utilisé 
de  source  juive  sur  Jérusalem  à  Tépoque  d'Alexandre,  car  son 
récit,  à  l'exception  des  vœux  transmis  par  Jaddua  au  roi,  et  sur 
lesquels  nous  reviendrons,  ne  contient  rien  qui  indique  qu'il  ait 
fait  quelque  emprunt.  Tout  ce  qu'il  dit  des  impôts  payés  aux 
Perses,  de  la  situation  du  grand-prêtre,  des  ennemis  des  Juifs  et 
de  plusieurs  autres  faits,  notamment  de  la  prédiction  relative 
à  la  destruction  du  royaume  de  Perse  par  les  Grecs  dans  le  livre 
de  Daniel,  il  peut  l'avoir  emprunté  à  la  Bible,  tandis  que  les 
renseignements  généraux  sur  les  prières  publiques,  sur  le  culte 
des  sacrifices  dans  le  Temple,  sur  les  vêtements  du  grand-prêtre, 
des  prêtres  et  des  citoyens  pouvaient  lui  avoir  avoir  été  com- 
muniqués par  ses  contemporains.  Le  récit  n'offre  donc  rien  d'in- 
téressant pour  l'histoire  des  Juifs  à  l'époque  d'Alexandre. 


m 

L'ÉPOQUK    de   LA  COMPOSITION  DE  LA  RELATION  JUIVE 
SUR  ALEXANDRE. 

Le  but  de  toute  la  relation  de  Josèphe  nous  parait  maintenant 
prouvé.  Mais  quand  a-t-elle  été  composée?  Les  vœux  que  le 

*  Ainsi  s'expliquent  la  manière  dont  Eupolemos  traite  les  Phéniciens  et  le  fait  qu'ils 
sont  nommés  a  côté  des  Samaritains  chez  Eupolemos  et  d'autres  écrivains  Judéo- 
grecs,  comme  je  pense  le  démontrer  en  détail. 


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16  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

grand-prôtre  exprime  à  Alexandre  au  nom  de  tout  le  peuple 
qu'il  autorise  les  Juifs  à  vivre  selon  leurs  lois,  les  dispense  des 
impôts  pendant  Tannée  sabbatique  et  permette  le  libre  exercice 
de  la  religion  aux  Juifs  du  dehors,  ces  vœux  si  singuliers  re- 
flètent certainement  la  situation  des  Juifs  à  Tépoque  de  la  rédac- 
tion de  ce  récit.  Car  il  est  impossible  d'admettre  que  Tauteur, 
obéissant  à  une  inspiration  subite,  ait  choisi  arbitrairement  ces 
points  pour  prouver  ainsi  la  bienveillance  d'Alexandre  envers 
les  Juifs.  Si  l'époque  où  vivait  l'auteur  n'avait  pas  offert  l'oc- 
casion de  reconnaître  la  haute  importance  de  ces  privilèges, 
ils  n'auraient  pas  pu  servir  d'exemples  caractéristiques.  Dira- 
t-on  qu'il  savait  par  des  informations  que  les  rois  de  Perse 
avaient  mis  de^  entraves  à  l'exercice  de  la  religion  des  Juifs 
et  que  c'est  pour  cette  raison  qu'il  mit  cette  supplique  dans 
la  bouche  du  grand-prôtre?  Mais,  on  ne  possède  aucun  ren- 
seignement permettant  d'afflrmer  que  les  Perses  aient  empêché 
les  Juifs  de  pratiquer  leur  religion,  et  cette  hypothèse  est  impos- 
sible. En  Palestine,  des  mesures  de  ce  genre  n'ont  été  prises 
que  sous  Antiochus  IV  Epiphane  ;  hors  de  Palestine,  et  notam« 
ment  en  Egypte,  d'après  l'indication  de  III  Macch.,  ii,  28  etsuiv. 
(Cf.  Contre  Apion,  II,  5),  elles  ne  furent  mises  en  vigueur  que 
sous  Ptolémée  VII  Physcon,  tandis  que  dans  tous  les  autres  pays 
elles  ne  se  produisirent  que  sous  les  Romains.  Ainsi,  nous  aurions 
comme  limite  extrême  l'an  168  avant  J.-C,  qui  parait  également 
indiquée  par  le  fait  que  notre  récit  cite  le  livre  de  Daniel.  Mais 
jusqu'où  faut-il  descendre  pour  trouver  l'autre  limite? 

Willrich  {Juden  und  Griechen,  p.  9)  voit  dans  la  description  de 
la  réception  solennelle  d'Alexandre  l'entrée  de  Marcus  Agrippa  à 
Jérusalem,  parce  qu'on  ne  connaît  aucun  autre  grand  personnage 
que  les  Jérusalémites  aient  accueilli  aussi  amicalement.  Ainsi  Jo- 
sèphe  (i4w^,XVI,  2»  1)  raconte  :  «  Hérode emmena  Agrippa  aussi  à 
Jérusalem,  où  tout  le  peuple  vint  au  devant  de  lui  en  habits  de  fête 
et  lui  présenta  ses  vœux  de  prospérité;  Agrippa  offrit  à  Dieu  une 
hécatombe,  traita  tout  le  peuple,  et  ne  se  laissa  surpasser  en  ma- 
gnificence par  aucun  des  grands.  Quoiqu'il  eût  aimé  séjourner 
encore  quelques  jours  à  Jérusalem,  il  dut  repartir  à  cause  de  la 
saison  qui  était  avancée  ;  il  devait,  en  effet,  se  rendre  en  lonie.  » 
Un  an  après,  Hérode  traversant  l'Ionie  avec  Agrippa,  celui-ci,  en 
réponse  aux  plaintes  des  habitants  juifs,  que  lui  exposa  Nicolas 
de  Damas,  leur  accorda  le  privilège  de  vivre  selon  leurs  lois,  de 
ne  pas  être  cités  en  justice  les  jours  de  fête,  de  pouvoir  envoyer 
librement  l'argent  destiné  au  temple  de  Jérusalem,  de  ne  pas  être 
appelés  au  service  militaire  ni  astreints  à  des  contributions  de 


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LA  RELATION  DE  JOSÈPHE  CONCERNANT  ALEXANDRE  LE  GRAND      17 

guerre  {ArU.,  XVI,  2,  3,  comparé  avec  2,  5,  §  60,  et  6,  2).  Philon 
{Legatio  ad  Catum,  §37)  décrit  aussi  la  visite  d*Âgrippa  à  Jéru- 
salem ;  toutefois  il  ne  dit  rien  de  la  splendeur  de  sa  réception, 
mais  s'exprime  ainsi  à  propos  de  son  départ  :  «  Il  fut  accompagné 
jusqu*à  la  mer,  non  seulement  par  les  habitants  de  Jérusalem, 
mais  par  ceux  de  toute  la  contrée,  qui  le  couvrirent  de  couronnes 
et  de  fleurs  et  célébraient  sa  grâce.  » 

J'ai  exposé  ici  toute  la  démonstration  de  M.  Willricb,  afin  qu'on 
puisse  plus  facilement  se  rendre  compte  des  points  de  ressem- 
blance qu'offrent  ces  passages  avec  le  récit  de  la  réception 
d'Alexandre,  car  l'hypothèse  de  M.  Willricb  a  certainement  des 
côtés  séduisants.  Mais  un  examen  attentif  nous  montre  que  cette 
ressemblance  se  réduit  aux  choses  les  plus  générales,  tandis  que 
ce  que  nous  comptions  y  trouver  en  est  absent.  Il  n^était  pas 
besoin  à  l'auteur  de  recourir  à  une  autre  source  pour  dire  que  le 
peuple  se  rendit  au  devant  du  roi  en  habits  de  fête  ou  que  la 
foule  le  salua.  Le  fait  que  celui-ci  ûi  des  sacrifices  dans  le  temple 
n'est  pas  tout  à  fait  commun;  mais  il  est  étonnant  que  notre  chro- 
niqueur, qui  tenait  à  faire  ressortir  le  respect  d'Alexandre  pour  le 
temple  en  citant  des  détails,  n'utilise  ni  la  mention  de  Théca- 
tombe  d' Agrippa  dont  parle  Josèphe  ni  celle  de  l'admiration  que  lui 
inspira  le  service  divin,  auquel  il  assista  plusieurs  jours,  ni  l'éloge 
formel  du  sanctuaire  qui  se  trouve  chez  Philon,  surtout  si,  comme 
M.  Willricb  le  croit,  il  a  écrit  après  l'an  52,  c'est-à-dire  après 
Philon.  Mais  il  y  a  encore  une  objection  plus  grave.  On  ne  trouve 
rien  d'analogue,  dans  le  récit  concernant  Agrippa,  aux  privilèges 
qu'Alexandre  aurait  concédés  aux  Juifs.  Josèphe,  qui  s'en  réfère 
au  récit  explicite  de  Nicolas  de  Damas,  ne  parle  que  de  la  splen- 
deur des  banquets  organisés  à  Jérusalem  en  l'honneur  du  peuple, 
sans  faire  mention  d'une  mesure  quelconque  prise  par  Agrippa. 
Par  contre,  Philon  dit  :  «  Après  avoir  comblé  le  temple  de  tous  les 
dons  qu'il  pouvait  lui  offrir  et  gratifié  les  habitants  de  tous  les 
bienfaits  qu^autorisait  l'intérêt  de  l'Etat,  il  fit  ses  adieux  à  Hé- 
rode  »  ;  il  laisse  ainsi  croire  qu'Agrippa  prit  certaines  mesures 
gouvernementales.  Or  si,  parmi  ces  mesures,  il  y  avait  eu  celle 
qui  concernait  le  libre  exercice  de  la  religion,  le  roi  juif  Agrippa  î^' 
ne  l'eût  pas  passée  sous  silence  dans  sa  lettre  à  Caligula,  où  pré- 
cisément il  n'est  question  que  de  la  suspension  de  la  liberté  reli- 
gieuse par  l'empereur. 

11  est  vrai  que,  si  nous  comparons  les  négociations  et  les  déci- 
sions de  Marcus  Agrippa,  si  exactement  et  minutieusement  rap- 
portées par  Josèphe,  concernant  les  Juifs  de  Tlonie,  nous  trouvons 
dans  la  question  du  libre  exercice  de  la  religion  juive  une  certaiile 

T.  XXXVI,  !!•  71.  2 


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18  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

concordance  entre  Alexandre  et  Agrippa.  Mais  la  proposition 
qu'Alexandre  fait  aux  Juifs  palestiniens  d*entrer  dans  son  armée 
en  leur  assurant  une  complète  liberté  religieuse  ne  s'accorde  sur 
aucun  point  avec  les  dispositions  d^ Agrippa  concernant  le  service 
de  guerre  des  Juifs  en  lonie.  Même,  abstraction  faite  de  la  diver- 
sité des  pays,  le  contenu  n'est  pas  du  tout  semblable.  Il  faudrait 
admettre  que  l'auteur  du  récit  concernant  Alexandre  a  d'abord 
appliqué  à  Jérusalem  les  dispositions  prises  pour  l'Ionie  et  les  a 
ensuite  modifiées  en  sens  contraire. 

Comme  je  l'ai  déjà  fait  remarquer,  c*est  le  détail  si  frappant  rela- 
tif à  l'année  sabbatique  qui  peut  servir  de  base  pour  déterminer 
répoque  de  la  rédaction  de  notre  passage.  La  demande  de  la 
remise  des  impôts  pendant  la  septième  année  suppose  que  les 
Juifs  étaient  tenus  de  payer  l'impôt.  Cela  peut  donc  s'être  passé 
sous  les  Séleucides  jusqu'à  143-142,  où  Simon  le  Hasmonéen 
brisa  leur  pouvoir,  ou  sous  les  Romains,  à  partir  de  Pompée. 
Nous  savons  avec  certitude  que  Jules  César  fit  remise  aux  Juifs, 
pour  Tannée  sabbatique,  des  impôts  auxquels  ils  étaient  assu- 
jettis, en  récompense  des  services  qu'ils  lui  avaient  rendus  (Anti- 
quiléSy  XIV,  10,  6)*.  Comme  cette  disposition  ne  fut  renouvelée 
nulle  part,  autant  que  nos  sources  permettent  de  le  constater, 
on  est  porté  à  admettre  que  la  conduite  de  César  vis-à-vis  des 
Juifs  a  inspiré  Tidée  des  privilèges  qu'aurait  accordés  Alexandre 
le  Grand.  Dans  ce  cas,  le  grand-prêtre  qui  représenta  devant  lui 
les  Juifs  serait  Hyrcan  II,  qui  apparaît,  en  effet,  comme  le  re- 
présentant de  tous  les  Juifs  ;  sous  la  désignation  de  Juifs  de  la 
Bâbylonie  et  de  la  Médie  seraient  compris  tous  les  Juifs  du  dehors 
que  visaient  les  rescrits  de  César,  ceux  de  l'Ionie  auxquels  il  ga- 
rantit le  libre  exercice  de  leur  religion  {AniiqitUéSj  XIV,  10,  8 
et  10, 20-24),  aussi  bien  que  ceux  d'Egypte,  dont  il  confirma  expres- 
sément les  droits  civiques  à  Alexandrie  en  les  faisant  graver  sur 
une  stèle  (Antiquités,  XIV,  10,  1  ;  Contre  Apion,  II,  4).  La  ga- 
rantie de  tous  les  droits  du  pontificat  et  du  sacerdoce,  accordée 
par  César,  garantie  qui  suppose  la  liberté  de  pratiquer  la  religion, 
correspondrait  à  Tautorisation  donnée  par  Alexandre  aux  Juifs  de 
Palestine  d'observer  librement  les  lois  de  leurs  pères. 

Le  second  point  caractéristique,  je  veux  dire  Toffre  qu'aurait 
faite  Alexandre  à  tous  les  Juifs  qui  entreraient  dans  son  armée  de 
les  laisser  vivre  selon  leurs  propres  lois,  amène  à  la  même  con- 
clusion que  nos  démonstrations  précédentes.  La  même  promesse 
se  retrouve  dans  la  lettre  du  roi  séleucide  Démetrius  P'  à  Jona- 

I  Cf.  mon  étude  dans  U  Festtchrift  de  Steinschneideri  p«  91  et  suIt. 


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LA  RELATION  DE  JOSÈPHB  œNCERNANT  ALEXANDRE  LE  GRAND      19 

than  et  a  été  faite  par  d'autres  princes  séleucides,  comme  M.  Wlll- 
rich  Ta  déjà  mentionné  en  renvoyant  à  I  Macch.,  x,  36  et  suiv.,  et 
XI,  40.  Le  passage  qui  nous  intéresse  est  celui  de  x,  36  :  «  Qa*on 
enrôle  jusqu'à  trente  mille  hommes  parmi  les  Juifs  dans  Tarmée 
du  roi  et  qu^on  leur  donne  la  paie  qui  revient  à  tous  les  autres 
soldats  du  roi.  Qu'on  en  choisisse  parmi  eux  qui  seront  placés 
dans  les  grandes  garnisons  du  roi  et  qu'on  prenne  aussi  parmi  eux 
des  hommes  de  confiance  pour  gérer  les  affaires  du  royaume.  Que 
leurs  chefs  et  leurs  capitaines  soient  des  leurs  et  qu'ils  vivent  se- 
lon leurs  lois,  comme  Ta  ordonné  le  roi  en  Judée.  »  Ainsi  que  le 
prouve  le  contexte,  il  n'est  pas  question,  dans  ravant-dernière 
phrase,  des  Juifs  en  général,  mais  de  trente  mille  soldats  juifs. 
On  leur  promet  ici  de  pouvoir  vivre  selon  leurs  lois,  comme 
Alexandre  le  leur  avait  promis.  De  quelle  époque  est  cette  lettre, 
considérée  avec  raison  comme  fausse?  De  prime  abord,  il  y  a 
lieu  d'admettre  que  cette  relation,  où  l'on  exagère  par  calcul,  en 
vue  des  païens  alexandrins,  la  considération  dont  la  Judée  a 
joui  auprès   d'un   de  ses  conquérants,  a   été  composée  en  un 
temps  où  la  situation  de  la  Judée  pouvait  faire  croire  à  la  vrai- 
semblance de  ces  faits,  c'est-à-dire  lorsqu'il  y  avait  effectivement 
des  soldats  juifs  dans  les  rangs  des  armées  étrangères,  et  qu'on 
leur  confiait  des  places  honorifiques  et  des  postes  de  confiance 
dans  des  forteresses.  Autrement,  cette  description  eût  paru  une 
simple  vantardise  et  provoqué  la  raillerie.  On  songe  ici  immédia- 
tement à  Onias  et  à  Helkias,  les  généraux  de  Cléopâtre,  mère  de 
Ptolémée  VIII  Lathyre  {Antiquités,  XIII,  13,  1-2)  ;  mais  rien  de 
ce  qui  est  dit  dans  I  Macch.,  x,  29  et  suiv.,  de  la  Judée  ne  répond 
à  la  situation  du  temps  de  cette  reine.  Il  est  vrai  que  des  Juifs 
combattirent  aux  côtés  d'Antiochus  VII  Sidète  contre  les  Parthes, 
sous  la  conduite  de  Hyrcan  I,  mais  ce  fait  non  plus  ne  corres- 
pond pas  aux  détails  de  notre  récit.  Par  contre,  une  série  de 
particularités  correspond  très  exactement  à  la  situation  créée  en 
Judée  par  César.  En  effet,  sous  la  conduite  d'Antipater,  trois 
mille  hommes  combattirent  pour  César  à  Péluse,  et,  pendant  toute 
la  durée  de  la  campagne  d'Egypte,  ils  lui  rendirent  des  services 
signalés  {Antiquités,  XIV,  8,  1-3;  Bellum  judaicum,  I,  9,  3-5); 
Ântipater  s'empara  aussi  de  villes  et  de  camps  égyptiens  et  fut 
certainement  pendant  quelque  temps  en  haute  considération  chez 
les  Romains.  Les  dispenses  d'impôts  que  César  accorda  comme 
récompense  ainsi  que  les  droits  donnés  aux  grands-prêtres,  se 
reflètent  dans  les  actes  attribués  à  Démétrius.  Mais,  ce  qui  est 
particulièrement  caractéristique  et  probant,  c'est  Tédit  concernant 
la  remise  des  impôts  des  trois  districts  de  Samarie  et  de  Galilée 


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20  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

réunis  à  la  Judée  (I  Macch.,  x,  30)  et  celui  qui  est  relatif  à  leur 
dépendance  vis-à-vis  du  grand-prôtre  (x,  38).  En  effet,  César 
ordonne  {Antiquités,  XIV,  10,  6)  que  les  droits  du  grand-prôtre  et 
des  prêtres  s^étendent  à  Lydda,  qui  faisait  partie  précédemment 
de  Samarie  (I  Macch.,  xi,  34),  ainsi  qu'à  la  plaine  d'Ësdreion  et  à 
d'autres  localités  syriennes  qui  appartenaient  au  territoire  de 
Samarie.  La  situation  de  Ptolémaïs  (t,  39)  rappelle  celle  de  Joppé 
du  temps  de  César  ;  la  permission  d*élever  les  murs  de  Jérusalem 
(x,  45)  se  retrouve  identiquement  dans  les  Antiquités^  XIV,  10,  5. 
Pour  terminer,  mentionnons  encore  le  passage  de  x,  34  :  «  Que 
toutes  les  fêtes  et  les  sabbats,  les  néoménies,  les  jours  solen- 
nels, et  les  trois  jours  avant  les  fêtes,  et  les  trois  jours  après, 
soient  pour  tous  les  Juifs  de  mon  royaume  des  jours  de  pleine  li- 
berté et  immunité.  »  On  pense  aussitôt  à  Tordonnance  de  l'empe- 
reur Auguste  au  sujet  des  Juifs  d'Ionie,  prescrivant  expressément 
qu'aucun  Juif  ne  soit  cité  en  justice  le  sabbat  et  la  veille  du  sab- 
bat à  partir  de  la  neuvième  heure  ( Antiquités,  XYl,  6,  2).  Cette 
disposition  est  précédée  de  cette  remarque  :  xaôojç  è/pb>vTo  k-nl 
*Ypxavou  àp^^iepécDç  ôeou  uij/kttou,  c'est-à-dire,  comme  il  est  dit  immé- 
diatement avant,  que  les  Juifs  continuèrent  à  jouir  de  tous  les 
droits  qui  leur  avaient  été  concédés  par  César.  Il  est  donc  clair 
que  César  a  aussi  tenu  compte,  dans  son  ordonnance,  des  fêtes 
des  Juifs  et  que  la  lettre  du  roi  Démétrius  qui  se  réfère  à  ce  pri- 
vilège appartient  à  l'époque  de  César.  Ceci  admis,  il  en  résulte 
une  autre  conséquence  pour  fixer  l'époque  de  cette  particularité, 
mentionnée  par  Josèphe  (Contre  Apion,  II,  4),  qu'Alexandre  le 
Grand,  en  récompense  de  la  vaillance  et  de  la  fidélité  des  Juifs, 
exempta  d'impôts  le  territoire  de  Samarie.  On  chercherait  vaine- 
ment dans  toute  l'histoire  d'Alexandre  une  occasion  où  se  seraient 
révélées  ces  qualités  des  Juifs,  â  moins  d'admettre  qu'ils  les  ont 
manifestées  sous  les  yeux  de  ses  fonctionnaires  lorsque  Andro- 
maque,  préfet  de  Syrie  en  Samarie,  fut  brûlé  vif  (Quinte-Curce, 
IV,  8;  Eusèbe,  Chronique,  II,  114;  Schùrer,  II,  108),  ce  qui  est  plus 
qu'invraisemblable.  Or,  nous  avons  vu  qu'effectivement  César 
accorda  au  territoire  samaritain  l'exemption  des  impôts,  et  qu9 
cette  mesure  fut  provoquée  par  la  fidélité  et  la  vaillance  des  Juifs 
durant  la  campagne  d'Egypte.  Il  devient  donc  manifeste  que  par 
Alexandre  il  faut  entendre  César. 

Josèphe  raconte  aussi  (Contre  Apion,  II,  4,  §3.5;  Antiquités, 
XIX,  5,  2)  qu'Alexandre  conféra  les  droits  de  citoyen  aux  Juifs 
d'Alexandrie,  lors  de  la  fondation  de  la  ville.  Malgré  les  doutes 
exprimés  à  ce  sujet,  ce  détail  doit  être  vrai,  mais  il  faut  noter 
cependant  que  ce  fut  César  qui  confirma  les  Juifs  d'Alexandrie 


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r^ 


LA  RELATION  DE  JOSÈPHE  CONCERNANT  ALEXANDRE  LE  GRAND      21 

dans  ]a  possession  des  droits  de  citoyen  (Antiquités,  XIV,  10,  1  ; 
Contre  Apion,  II,  4).  Il  résulte  de  toutes  ces  considérations  que, 
pour  Texposé  des  faveurs  attribuées  à  Alexandre  le  Grand  et  à 
Démétrius  I^,  ce  sont  les  ordonnances  de  César  qui  ont  servi  de 
base.  Il  paraît  alors  tout  naturel  qu'Alexandre,  dans  Thistoire  de 
Josèphe,  ainsi  que  la  lettre  de  Démétrius  engagent  les  Juifs  à  en- 
trer dans  Tarmée  avec  la  promesse  qu'ils  pourront  observer  les 
lois  de  leurs  pères  comme  soldats.  Car  cette  invitation  a  pu  effec- 
tivement leur  avoir  été  adressée  par  César,  à  la  suite  des  rensei- 
gnements favorables  sur  les  services  rendus  par  eux  dans  la 
campagne  d'Egypte.  Pour  terminer,  remarquons  encore  que  ces 
éléments  ont  dû  être  utilisés,  pour  Thistoire  d'Alexandre,  immé- 
diatement après  l'expédition  de  César  en  Egypte,  alors  que  l'au- 
teur pouvait  compter  sur  l'impression  produite  par  les  événements 
pour  trouver  créance  auprès  du  lecteur. 

Il  reste  pourtant  à  examiner  si  le  récit  des  rapports  de  San- 
ballat  avec  Alexandre  le  Grand,  dont  nous  avons  dit  qu'il  a  précédé 
le  récit  juif  concernant  Jaddua  et  Ta  influencé,  correspond  à 
l'époque  indiquée.  Nous  avons  vu  que  ce  récit  se  borne,  en  grande 
partie ,  à  placer  des  événements  réels  qui  se  sont  passés  sous 
Néhémie  à  l'époque  d'Alexandre,  et  que,  sauf  les  rapports  de  San- 
ballat  avec  Alexandre,  il  n'ajoute  rien  qui  trahisse  les  traces  d'une 
époque  postérieure  ;  il  ne  contient  donc,  en  somme,  rien  qui  contre- 
dise ni  qui  corrobore  notre  hypothèse.  Seul  le  fait  d'insister  sur  ce 
détail  historique  que  le  premier  grand-prôtre  du  temple  de  Garizim 
était  le  frère  de  Jaddua,  détail  qui  est,  en  tout  cas^  étrange  dans 
la  relation  d'un  Samaritain,  pourrait  peut-être  servir  d'indice  pour 
prouver  que  le  grand  -  prêtre  de  Jérusalem  jouissait  chez  les 
Alexandrins  d'une  considération  si  haute,  que  les  Samaritains  eux- 
mêmes,  qui  étaient  les  adversaires  du  temple  de  Jérusalem,  jugè- 
rent à  propos  de  faire  ressortir  leur  parenté.  Ce  détail  pourrait 
aussi  s'appliquer  à  Jonathan  le  Hasmonéen,  qui  fut  comblé  d'hon- 
neurs par  le  gendre  du  roi  d'Egypte,  Ptolémée  VI  Philométor,  le 
roi  Alexandre  Balas,  et  cela  en  présence  de  ce  dernier,  à  PtolémaYs 
^IMacch.,  X,  57-65).  Mais  ces  honneurs  ne  pouvaient  guère  pro- 
duire une  impression  profonde  sur  les  Egyptiens.  Hyrcan  P%  qui 
régnait  lorsque  Ptolémée  Physcon  s'immisça  dans  les  affaires  sy- 
riennes, n'accomplit  aucun  exploit  qui  ait  pu  porter  sa  renommée 
à  Alexandrie,  et  il  était  certainement  haï  des  Samaritains  à  cause 
de  la  destruction  du  temple  de  Garizim.  Nous  ne  connaissons  non 
plus  aucun  exploit  d'Alexandre  Jannée  qui  pût  lui  conquérir  l'admi- 
ration des  Samaritains  mêmes.  Nous  sommes  donc  amené  encore 
à  Hyrcan  II,  comme  dans  notre  démonstration  précédente,  pour 


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1 


UDES  JUIVES 

i  relation  juive  sur  Alexandre, 
on  qui  provoqua  alors  la  compo- 
ition  du  sanctuaire  samaritain, 
lu  grand-prêtre  juif  sur  le  terri- 
érêt  de  la  population  pour  les 
amaritain  proâta-t-il  de  ces  dis- 
aussi  au  premier  plan  le  temple 


cas  PAR  ALBXANDBB. 


chapitre  de  Thistoire  d'Alexandre 
les  rapports  ultérieurs  des  Sama- 
^mière  vue,  on  s'aperçoit  qu'il  se 
[u'à  présent.  Il  parle  du  rejet  de 
us  avaient  formulée  pour  être 
rendant  Tannée  sabbatique  et,  de 
ite  par  Alexandre,  d*aller  visiter 
as  seulement  Tattitude  réservée 
articulantes  qui  établissent  une 
itre  et  les  précédents.  Les  Sama- 
IMÏ  est  habitée  par  des  dissidents 
arie  était  le  théâtre  de  l'action, 
la  montagne  de  Garizim  était 
i;  Sichem  n'était  pas  mêmemen- 
I  les  promesses  qu'il  prodiguait  à 
notion  de  Sichem  au  rang  de  ca- 
de  8,  2-4,  il  ne  s'était  écoulé  que 
3  de  Sanballat  avec  Alexandre, 
ission  de  bâtir  le  temple  au  dé- 
:raire,  il  est  déjà  question  de  la 
ist  invité  à  aller  visiter  leur  sanc- 
1  y  eût  travaillé  pendant  les  sept 
ois  du  siège  de  Gaza,  malgré  toute 
uraient  pu  être  avancés  au  point 


irent  aux  côtés  des  Egyptiens  contre  Cé- 
viendrons.  Cf.  Antiquités,  XIV,  8,  1,  2; 


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LA  RELATION  DE  JOSÈPHE  CONCERNANT  ALEXANDRE  LE  GRAND      23 

qu'on  eût  pu  inviter  Alexandre  à  visiter  le  temple.  D'ailleurSi  n'au- 
rait-on pas  rappelé,  dans  la  demande  qui  lui  était  adressée,  ce  détail 
important  que  c'était  le  sanctuaire  bâti  avec  son  autorisation  en 
récompense  des  services  rendus?  Ces  considérations  suffisent  pour 
prouver  que  ce  paragraphe  ne  peut  émaner  des  mômes  auteurs 
que  le  récit  concernant  Sanballat;  il  n*en  est  pas  non  plus  la  suite, 
puisqu'il  ne  tient  pas  compte  de  ce  qui  précède.  Un  examen  plus 
approfondi  des  détails  montre  que,  dans  ce  paragraphe,  l'auteur  n'a 
pas  une  idée  claire  de  la  direction  des  marches  d'Alexandre.  Car 
les  Samaritains  l'invitent  devant  Jérusalem  à  se  rendre  à  Si- 
chem  ;  on  devrait  donc  penser  qu'il  marcherait  vers  le  Nord.  Il  pro- 
met de  venir  les  voir  à  son  retour;  il  est  donc  sur  le  point  de  se 
rendre  en  Egypte.  A  moins  que  le  narrateur  n'ait  cru  possible 
qu'Alexandre  fit  le  voyage  de  Sichem,  par  égard  pour  les  Sama- 
ritains, comme  il  avait  entrepris  un  voyage  dangereux  pour  se 
rendre  au  sanctuaire  d'Ammon  en  Egypte.  II  manque  aussi  de 
précision  quand  il  dit  qu'Alexandre  se  rendit  de  Jérusalem  dans 
des  villes  voisines,  où  il  fut  accueilli  avec  enthousiasme.  On  ne 
peut  savoir  facilement  à  quelles  villes  l'auteur  a  pensé  si  vrai- 
ment Alexandre,  comme  nous  le  savons  par  l'histoire,  s*est 
dirigé  vers  l'Egypte.  Peut-être  veut-il  parler  des  villes  de  la  côte  ; 
mais  Alexandre  les  avait  déjà  visitées.  On  ne  rencontre  pas  chez 
lui  la  connaissance  des  événements  telle  qu'on  la  trouve  dans  le 
récit  touchant  Sanballat.  La  dififérence  des  deux  relations  se  trouve 
donc  aussi  confirmée  par  ce  point-là. 

L'auteur  ne  peut  non  plus  être  un  Samaritain.  En  effet,  un 
Samaritain  n'eût  pas  traité  les  adeptes  du  temple  de  Sichem 
comme  des  dissidents  ;  il  aurait  passé  sous  silence  ou,  du  moins, 
atténué  le  refus  qui  leur  fut  opposé.  En  ne  tenant  même  nul 
compte  de  la  remarque  concernant  l'indication  étrange  et  peu 
certaine  de  leur  origine,  et  qui  émane  certainement  de  Josèphe 
lui-même  (§  341),  et  en  ne  relevant  pas  plusieurs  traits  ayant 
la  même  origine,  nous  devons  pourtant  reconnaître  que  le  ton 
d'animosité  contre  les  Samaritains  qui  règne  dans  tout  le  récit, 
et  qui  rappelle  Antiquités^  XII,  5,  5,  fait  croire  que  celui-ci  est  de 
source  juive. 

On  ne  peut  établir  facilement  dans  quels  rapports  ce  chapitre  se 
trouve  avec  la  relation  qui  le  précède  immédiatement  et  qui  parle 
de  Jaddua.  Il  fait  bien  allusion  à  la  dispense  des  impôts  accordée 
pour  l'année  sabbatique  et  à  la  visite  d'Alexandre  au  temple  de 
Jérusalem,  mais  rien  ne  montre  que  l'auteur  a  tiré  ces  indications 
de  notre  récit.  Il  en  est  de  même  de  1  allusion  concernant  les  sol- 
dats de  Sanballat  amenés  à  Alexandre  et  l'histoire  de  Sanballat 


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24  REVUK  DES  ETUDES  JUIVES 

qui  précède.  Peut-ôtre  avait-il,  pour  les  rapports  de  Sanballat  et 
des  Juifs  avec  Alexandre,  une  autre  relation  dans  laquelle  on  éta- 
blissait une  démarcation  sévère  entre  les  Sichômites,  qui  étaient 
absolument  inconnus  à  Alexandre,  et  le  peuple  de  Sanballat,  qui 
s*était  déjà  rapproché  de  ce  prince.  Il  arrangea  ces  éléments  pour 
attaquer  les  Samaritains,  après  que  ceux-ci,  par  suite  de  leur 
attitude  souvent  hésitante  vis-à-vis  des  Juifs  d*Egypte,  avaient 
mérité  le  reproche  de  manquer  de  caractère,  attitude  qui,  dans 
notre  récit,  leur  est  imputée  comme  datant  d*une  époque  plus 
reculée. 

La  dernière  phrase  de  la  relation  :  cr  Alexandre  ordonna  aux 
soldats  de  Sanballat  de  le  suivre  en  Egypte,  où  il  voulait  leur  con- 
céder des  terres;  il  leur  en  donna  bientdt  en  Thébaïde,  où  il  leur 
conâa  la  garde  du  pays  »,  contraste,  sous  deux  rapports,  très  favo- 
rablement avec  le  contexte.  Tandis  que  celui-ci  ne  donne  aucune 
indication  précise  sur  Alexandre  ou  les  Samaritains,  nous  voyons 
ici  clairement  que  le  roi  est  sur  le  point  de  se  rendre  en  Egypte  et 
que  Fauteur  est  au  courant  des  dispositions  prises  par  lui  dans  ce 
pays*.  Cette  particularité  suffit  pour  que  nous  séparions  cette 
phrase  du  paragraphe  8,  6,  comme  élément  étranger  et  que  nous 
la  rattachions  à  la  relation  qui  montre  la  môme  connaissance  de 
rhistoire  d'Alexandre.  C*est  la  relation  du  Samaritain  sur  Sanbal- 
lat dans  8,  4,  où  cette  phrase  doit,  d'ailleurs,  se  placer  en  raison 
de  son  contenu,  car  elle  suppose  Tantériorité  du  récit  relatif  aux 
soldats  que  Sanballat  a  amenés  auprès  d'Alexandre.  Comme  nous 
avons  vu  que  l'auteur  mérite  créance,  nous  avons  là  une  indication 
digne  de  foi  qui  prouve  que  le  fondateur  d'Alexandrie  avait  déjà 
établi  des  soldats  du  district  de  Samarie  en  Egypte,  ce  que  les 
Samaritains  de  ce  pays  rappelaient  avec  fierté.  Les  Juifs,  dési- 
reux de  pouvoir  se  vanter  également  devant  les  Alexandrins  d'un 
séjour  très  ancien,  afin  de  ne  le  céder  en  rien  aux  Samari- 
tains, relevèrent  aussi  le  fait  qu'ils  avaient  été  transplantés  par 
Alexandre  dans  la  capitale  et  établis,  en  quelque  sorte,  comme 
gardiens  du  pays  [Aristée,  éd.  Schmidt,  p.  20;  Contre  Apion^ 
II,  4;  Antiquités,  XII,  1, 1). 

Pour  pouvoir  déterminer  l'époque  de  la  composition  de  ce  der- 
nier paragraphe,  il  faudrait  établir  quand  les  Samaritains  eurent 
Toccasion  de  se  rattacher  à  une  autre  origine  que  celle  qui  leur  était 
attribuée.  Il  me  parait  très  invraisemblable  que  cette  indication  se 
rapporte  à  des  événements  arrivés  en  Palestine,  car  le  passage  des 

>  Voir  Lumbroso,  LBgitto  dei  Grm  (1895),  p.  81  et  suiv.;  cf  Philologut,  LVI, 
1897,  p.  193  et  suiv. 


n 


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LA  RELATION  DE  JOSÈPHE  CONCERNANT  ALEXANDRE  LE  GRAND     2Î5 

ArUiquilés,  XII,  5,  5,  où,  devant  Antiochus  IV  Epiphane,  ils  se 
déclarèrent  d*origine  sidonienne,  doit  préalablement  être  exa- 
miné en  ce  qui  concerne  sa  valeur  historique.  Ce  passage,  comme 
celui  que  nous  avons,  ne  prouve  qu*une  chose,  c'est  que,  devant 
an  roi  qui  les  prenait  pour  des  Juifs,  ils  se  déclarèrent  Sido- 
niens.  Ceci  a  pu  se  passer  en  Egypte,  mais  nous  ne  savons  à  quelle 
occasion.  M.  Willrich  (p.  10),  pour  expliquer  le  reste  de  notre  his- 
toire, •  cherche  dans  les  rapports  des  Juifs  avec  les  Samaritains 
une  situation  qui,  aggravant  les  querelles  et  les  contestations  ha- 
bituelles, provoqua  un  danger  sérieux  de  la  part  d'une  puissance 
étrangère,  mais  qui,  finalement,  se  dissipa  d,  et  il  la  trouve  dans 
Antiquités,  XX,  6,  1  et  s.,  où  on  raconte  la  querelle  des  Juifs  et 
des  Samaritains  sous  le  procurateur  Cumanus,  en  Tan  52  après 
J.-C.  Inutile  de  réfuter  cette  hypothèse,  qui  n'a  en  sa  faveur 
aucune  apparence  de  preuve,  quoique  M.  Willrich  dise  que  les 
événements  qui  eurent  lieu  sous  Cumanus  se  reflètent  claire^ 
nient  dans  la  relation  sur  Alexandre.  S'il  est  vrai,  comme  nous 
le  supposons,  qu'en  faisant  le  portrait  d'Alexandre,  l'auteur  a  pris 
César  pour  modèle,  la  dernière  partie  du  chapitre  dans  Josèphe, 
d'après  notre  hypothèse,  pourrait  être  attribuée  à  peu  près  à  la 
môme  époque,  sans  qu'on  puisse  dire  à  ce  sujet  quelque  chose 
de  précis. 

Résumons  maintenant  brièvement  les  résultats  de  notre  étude. 
La  relation  de  Josèphe  sur  le  séjour  d'Alexandre  en  Palestine  et 
ses  rapports  avec  les  Samaritains  et  les  Juifs  est  composée  de  trois 
parties  différentes,  qui  peuvent  facilement  être  séparées  l'une  de 
l'autre,  parce  qu'elles  sont,  en  grande  partie,  juxtaposées.  Il  en  est 
deux  qui  sont  d'origine  juive,  la  troisième  est  samaritaine.  La 
première  traitait  des  Samaritains,  la  seconde  des  Juifs,  sans  tenir 
compte  de  leurs  voisins  du  même  pays  ;  la  troisième  est  hostile 
aux  Samaritains  et  rapporte  avec  une  joie  maligne  le  refus  qui  fut 
opposée  ceux-ci  par  Alexandre.  La  première  relation  juive  est 
probablement  une  réponse  à  celle  des  Samaritains,  qui,  pour  une 
raison  quelconque,  voulaient  montrer  aux  Alexandrins,  en  ratta- 
chant à  l'histoire  du  Sanballat  de  la  Bible  des  détails,  d'ailleurs 
exacts,  sur  la  lutte  de  Darius  avec  Alexandre,  que  le  temple  de 
Garizim  devait  son  origine  à  Alexandre  le  Grand.  Le  récit  juif  fut 
composé  immédiatement  après  l'expédition  de  César  en  Egypte  et 
attribue  les  nombreuses  marques  de  bienveillance  de  ce  prince  à 
Alexandre  ;  il  est  donc  sans  valeur  pour  l'époque  plus  reculée.  Le 
récit  samaritain  et  la  seconde  relation  juive  pourraient  aussi  être 
de  cette  époque.  On  ne  peut  déterminer  si  l'assemblage  a  été  fait 


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EVUE  DES  ÉTUDES 

sListait  avant  lai 
bails  concernant  1 
renseignements 
•  les  rapports  eni 
itoire  littéraire  d 
t  Tère  chrétienne 
parvient  encore  à 
factions  de  la  p( 


)1897. 


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LE 

TRAITÉ  TALMUDIÛUE  «  DÉRECH  ÉREÇ  » 


GARACràRB  DU  TRAITA. 


Parmi  les  traites  da  Talmud  appelés  «  les  petits  traités  » , 
le  traité  Déréch  Eréç^,  en  raison  de  son  contenu  entièrement 
consacré  à  l'éthique,  tient  une  place  prééminente.  Bien  qu'à 
yrai  dire,  il  n'appartienne  pas  à  la  Mischna,  il  a  pourtant  ce  ca* 
ractère  commun  avec  la  Mischna  qu'il  est  écrit  en  hébreu  pur 
et  est  divisé  également  en  Perakim,  chapitres.  Gela  explique 
aussi  qu'il  soit  souvent  appelé  Mischna  par  les  anciens  et  ait 
pour  eux  la  valeur  de  la  Mischna'.  Il  était  aussi  considéré  à 
régal  de  la  Mischna  en  ce  sens  qu*on  y  ajouta,  comme  à  celle-ci, 
des  explications,  qu'on  peut  appeler  avec  raison  Talmud  ou  Que- 
mara  •.  Un  ouvrage  d'un  genre  littéraire  apparenté  de  très  près 
au  D.  E.,  le  traité  Kalla,  a  été,  en  effet,  publié  récemment  avec 
des  additions  qui  sont  désignées  dans  le  manuscrit  comme  haralta^ 

>  Nous  désignerons  ce  traité  par  les  lettres  D.  fi.  ;  Déréeh  Bréç  Ràbha^  par  D.  B. 
R.,  Déréeh  Bréç  Zouta^  par  D.  E.  Z.,  ou  le  premier  par  R.  et  le  second  par  Z. 

*  Cette  question  est  traitée  à  fond  par  M.  Sohechter  dans  l'Introduction  (p.  vii) 
de  son  édition  des  Abot  di  R.  Nathan  (Vienne,  18S7).  —  Ibid,^  p.  xi,  la  dénomi- 
nation t^-|fi(  ^nn  pHD  est  citée  d'après  le  ms.  15299  du  British  Muséum.  Dans  j. 
Sabbat,  %  a,  «"nTa  ^^m.  Dans  Beraeh,,  4  a,  il  y  a  la  formule  ^^2  n73K^  ;  de 
même  Homlliny  91  a,  pour  la  phrase  "inn  X^l^'O  ^bn73ïl  (Z.,  xv),  cela  paraît  faire 
une  distinction. 

*  Luzzatto,  ^Tsn  tinS,  VII,  216,  diaprés  un  ms.  du  Nord  de  l'Afrique.  Dans  cems. 

il  j  a  aussi  y-n»  ^Ti  niDbn,  cf.  Birach.,  22  b  :  ntDbrw  nn«  pno  nab  nDtt) 

{t^li  Kalla^  éd.  Coronel,  15  b,  La  situation  de  notre  traité  par  rapport  à  celui  de  D. 
B.  mentionné  dans  le  Talmud  n'est  pas  tout  à  fait  claire.  Dans  Du  jûdUehe  Littê» 
ratur  de  MM.  Winter  et  Wûnsche  (I,  631),  notre  D.  E.  est  défini  i  l'amplification 
des  «"T  mDbn  du  Talmud  .. 


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28  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

mais  qui,  au  fond,  ne  sont  autre  chose  que  la  guemara  sur  la  par- 
tie tannaïtique  du  livret  L'expression  de  haraïla  [wrnsL)  ne  con- 
vient mieux  pour  ces  additions  que  parce  qu'elles  sont  brèves  et 
serrées,  comme  la  Mischna  elle-même,  et  qu*au  Heu  de  longues 
discussions,  comme  celles  qui  sont  habituelles  dans  le  Talmud  ba- 
bylonien, celles-ci  se  meuvent  dans  le  cadre  étroit  de  Yinterpré- 
tation.  Les  additions  que  nous  possédons  effectivement  sur  D.  E. 
R.,  dans  le  traité  mentionné  de  Kalla,  et  que  nous  ne  connaissons 
que  partiellement  sur  D.  E.  Z.,  ont  tout  à  fait  le  môme  caractère 
que  la  guemara  du  Talmud  de  Jérusalem.  Par  un  hasard  remar- 
quable, la  dénomination  baratta  *  se  trouve  aussi  pour  la  gue^ 
mara  de  ce  Talmud.  Dans  le  texte  de  D.  E.,  qui  est  maintenant 
sous  nos  yeux,  la  guemara  parait  être  fondue  avec  la  Mischna  — 
si  on  peut  s*exprimer  ainsi  —  ou  avec  le  texte,  et  cela  de  telle 
sorte  que  le  texte  original  ne  peut  plus  en  être  distingué.  Dans  le 
cours  de  cette  étude,  nous  tâcherons  de  rétablir  le  texte  original 
de  D.  E.,  en  éliminant  les  additions  ou  la  guemara^. 


II 

DIVISION  DU  TRikITi. 

La  division  usitée  dans  les  éditions  du  Talmud  pour  notre  traité 
—  na*i  Y^  yn  et  fccant  "p»  ^*nn  —  est  évidemment  analogue  à  celle 
de  fi^n^  imVM  et  fixait  in^b^^,  mais  elle  ne  semble  pourtant  pas  être 

>  Commêntariot  çuinfUây  edidit  Nalhan  Coronel,  VieDoe,  1S64.  Cf.  lotroducUon, 

p.  Yiii  :  KiTaan  ^mD  •••  yn«  ^m  nDDaTa  D'^nan  nanïi.  Dans  rédiuon  Coro- 

nel,  ces  additions  sont  désignées  par  fi^n^^a,  par  exemple  ^31S  p*1D,  avec  Passerlion 
de  B.  Jada;  puis  vient  le  commentaire  (baralla,  guemara).  Diaprés  cela,  le  texte  de 
ï^bS  r3073,  dans  les  éditions  ordinaires,  est  pour  ainsi  dire  la  Mischna,  à  laquelle 
àe  rapporte  Tédition  Coronel  comme  guemara.  Ce  rapport  a  été  supprimé  dans  Tédi— 
tien  Romm,  de  Vilna,  et  remplacé  par  une  indication  erronée,  car  ici,  outre  le  texte 
(Mischna)  et  les  additions,  on  fait  encore  une  disiinction  entre  tir\l2^  et  MP^^na. 
Raschi,  sur  Berach,,  22a,  parait  faire  une  distinction;  n^n  blD  tiSn^  est  appelé 
par  lui  baraîta,  Tautre  morceau  p^D;  cette  distinction  convient,  en  effet,  pour  les 
deux  traités. 

*  Dans  le  traité  Sabbat,  17(2,  éJ.  Cracovie  et  Krotoscbin,  il  est  dit  :  "ibMin 
nin-^na  dnb  IDNSt»  «b  irDOb^  d'^p'nD  r::ran«n  «  Dans  les  quatre  chapitres 
présents,  nous  n'avons  pas  trouvé  de  baraïtot  s*j  rapportant  > ,  ob  baraîta  est  évi- 
demment l'équivalent  àt  guemara.  Cf.  l'appendice  sur  Ntdda, 

•  Dans  le  ïl^in  ^M27Df  ms.,  de  R.  Jacob  ben  Hananel,  on  cite,  entre  autres, 
comme  sources  (Neubauer,  Jewish  Qmrierly  Review,  II,  334)  :  «"T  1)33  «Û^T  «"T 
ï^an  K''T.  D'après  ce  que  nous  avons  dit,  il  n'est  pas  impossible  que  par  1733  (lire 
'1733  =  ri)33)  on  ait  voulu  désigner  la  guemara  de  D.  E. 

^  Les  deux  écrits  se  ressemblent  aussi  en  ceci  quHls  sont  déjà  mentionnés  tous 
les  deux  dans  le  Talmud. 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DERÉCH  ERÉÇ  »  29 

primitive  ^  Le  contenu  n*explique  nullement  cette  division  «  et 
les  témoignages  des  anciens  auteurs  y  sont  formellement  opposés. 
Ainsi,  Tauteur  du  Mahzor  Viiry  ne  connaît  que  la  dénomination 
D.  E.  et  ignore  la  division  en  R.  et  Z  '.  Par  contre,  Fauteur  des  Ha- 
lachot  Guedoloi  appelle  précisément  R.  la  partie  que  les  éditions 
désignent  par  Z  '.  Il  est  donc  impossible  de  considérer  la  division 
en  R.  et  Z.  comme  authentique.  En  soi,  la  division  en  deux  par- 
ties est  vraisemblable,  étant  donné  le  caractère  de  ces  deux  par- 
ties, car  elles  se  distinguent  nettement  par  la  langue  et  le  plan  ; 
mais  cette  division  a  dû  avoir  lieu  sous  un  autre  nom. 

Sous  le  rapport  de  l'étendue,  Z.  n'est  inférieur  que  de  peu  à  R. 
Cette  circonstance  ne  peut  donc  avoir  donné  lieu  à  la  dénomina- 
tion Zouia  a  petite  »  ;  en  ce  qui  concerne  le  contenu,  la  valeur  de 
Z.  est  bien  plus  grande  que  celle  de  R.  Les  phrases  de  D.  E.  Z. 
sont  plus  brèves,  plus  nerveuses,  plus  expressives,  et  se  rap- 
prochent plus  du  genre  de  la  gtiomé  et  de  Tépigramme,  que  celles 
du  D.  E.  R.  ;  en  outre,  on  trouve  dans  ce  dernier  beaucoup  de 
passages  narratifs,  qui  sont,  il  est  vrai,  propres  à  illustrer  les 
maximes  et  à  mettre  une  certaine  vivacité  dans  l'exposition,  mais 
qui  néanmoins  sMnsërent  fort  bizarrement  au  milieu  de  sentences 
isolées  et  interrompent  l'ensemble  du  texte.  Par  sa  composition 
lâche  et  sa  langue  terne,  D.  E.  R.  ne  peut  avoir  servi  de  modèle  à 
la  compilation  de  D.  E.  Z.,  si  bien  construit  et  si  substantiel,  de 
sorte  que  Z.,  par  rapport  à  R.,  est  antérieur,  et  non  postérieur. 
D.  E.  Z.  n*est  donc  ni  un  remaniement  de  R.  ni  un  extrait  de  ce 
dernier  ;  mais  c'est  plutdt  une  production  littéraire  indépendante, 
ayant  un  caractère  particulier.  Ce  caractère  spécial  se  mani- 
feste dans  le  nom  que  ce  petit  ouvrage  porte  dans  le  Mahzor  Vi- 
try*  :  c'est  l'ensemble  des  règles  des  docteurs  (n^bn  btt)  'JD'Vt 

*  On  sait  que  les  déoomioalioos  de  KSn  et  Î^SâlT  dans  d'autres  ouvrages,  tels  que 
Sider  Olam,  Pesikta,  etc.  ne  sont  pas  plus  authentiques. 

*  Mahzor  Vitry,  éd.  Uorowilz  (Berlin,  1893),  p.  724.  Zunz,  GottesdUnstliche 
Vortrâge^  2*  éà,,  p.  94  a,  fait  la  remarque  que  Nabmanide  considérait  probable- 
ment les  deux  D.  B.  comme  un  seul  traité  ;  Voir  son  commentaire  sur  Nombres, 
XV,  31  :  yn«  ^m  "^pnca  '»n'^Nm  «  J*ai  tu  dans  les  Perakim  de  D.  E.  ».  Je 
ne  considère  pas  la  preuve  comme  décisive,  car  K"T  ^p^D  peut  aussi  désigner  les 
chapitres  d'un  seul  traité;  cf.  ci-dessus,  note  1.  Des  mois  M"T  DSOTS  )S^n»  àauB 
Tosafot  Tebamot^  166,  il  ressort  avec  certitude  que  les  Tosafot  ne  connaissaient 
qu^an  seul  D.  E. 

*  nnbna  niDbr:,  éd.  Hildesbelmer  (Berlio,  1888),  p.  644-652.  La  division  est 
ici  tout  à  fait  spéciale.  Les  Perakim  du  milieu  de  notre  Z.,  v-vxii,  se  retrouvent 
ici  sous  le  nom  de  K1^3^T  ^"1  en  tôte  de  la  collection;  c^est  seulement  ensuite  que 
Tiennent  les  premiers  chapitres  sous  le  nom  de  D.  E.  R.  Le  cb.  ix  de  Z.  appartient 
aussi  à  cette  partie. 

*  Les  mots  D'»»Dn  ^Tî^Dbn  b'O  pn^  •  Règles  des  rabbins  »  semblent  peu 
convenir  comme  titre  d'un  ouvrage^  et  il  doit  être  difficile  de  trouver  une  analogie  à 


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30  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

trns^n).  A  répoque  talmudique,  les  rabbins  avaient  adopte  une 
manière  de  vivre  qui  les  mettait  fort  peu  en  contact  avec  les  gens 
non  cultivés  ;  ils  formaient,  en  quelque  sorte,  une  classe  particu- 
lière de  la  société.  Ainsi  se  développèrent  des  règles  de  bien- 
séance, des  habitudes,  des  mœurs  et  des  vues  spéciales,  et  il 
est  hors  de  doute  que  D.  E.  Z.  était  destiné  en  première  ligne 
à  cette  classe  sociale  ^  Dans  les  écoles  populeuses  de  Pales- 
tine et  de  Babylonie,  qui  étaient  plutôt  des  sociétés  savantes 
que  des  établissements  d'instruction,  il  dut  se  former  dans  le 
commerce  journalier  de  leurs  membres  un  genre  de  vie  spécial. 
On  établit  probablement  des  règles  sur  la  manière  dont  les  élèves 
devaient  se  comporter  vis-à-vis  des  chefs  de  Técole,  les  disciples 
vis-à-vis  de  leurs  condisciples,  les  docteurs  vis-à-vis  de  leurs  col- 
lègues et  du  public.  Il  y  eut  là  quelque  chose  d'analogue  aux 
règles  des  couvents  et  des  universités  du  moyen  âge.  Ce  serait 
Juger  faussement  la  collection  du  D.  E.  Z.,  que  de  perdre  de  vue  le 
fait  que  la  collection  était  destinée  à  ceux  qui  sont  versés  dans 
les  Ecritures.  Le  genre  de  vie  spécial  des  savants  en  société,  tel 
quMI  nous  est  présenté  dans  ce  petit  traité,  dura,  comme  on  sait, 
plusieurs  siècles,  en  Palestine,  et  il  est  naturel  que  ces  règles  et 
sentences  n'aient  pas  eu  besoin  d'être  formulées  à  nouveau, 
mais  qu'il  ait  sufâ  de  les  rassembler  et  de  les  compléter.  Plus 
tard,  on  considéra  ces  règles  destinées  uniquement  aux  savants 
comme  étant  également  obligatoires  pour  toute  la  communauté, 
procédé  qui,  comme  on  sait,  s*est  souvent  renouvelé  dans  le  ju- 
daïsme et  qui  lui  fait  honneur.  On  voulait  aussi  posséder  pour  les 
autres  règles  de  vie  un  recueil  dans  lequel  les  sentences  dis- 
£(éminées  dans  le  Talmud  et  le  Midrasch  seraient  présentées  au 
peuple  sous  une  forme  plus  facile  à  comprendre.  La  formation  de 
D.  E.  R.  est  donc  postérieure  à  celle  de  Z.  ;  Z.  est  le  modèle  et  R. 
l'imitation,  et  non  le  contraire,  comme  le  croit  Zunz,  l.  c.^  De 

ce  cas.  Qu'on  sonj^e  toutefois  que  ce  ne  soDt  que  quelques  courts  chapitres  qui 
portent  celte  suscriplion,  et  non  un  gros  ouvrage. 

*  Ou  peut  aussi  prouver  ce  po:nl  par  divers  détails  :  i,  au  début  :  b©  \yy^ 
D^ttDH  "^T^Tabn  «  Tusage  des  docteurs  »  ;  cf.  DHK  ^33  bU3  *|Dm  «  l'usa^ye  popu- 
laire »,  dans  R.,  xi,  vers  la  fin;  m,  vers  la  fin  :  T^Tobna  TITOfiO  niTO  Trmy  tt5î2n 
bSn  *  quinze  règles  ont  été  dites  au  sujet  des  docteurs  >  ;  iv,  au  début  :  ^^"^^bn 
ïniDHa  O'^fi^î  Û^TOl^n  «  les  docteurs  excellents  en  confrérie  »  ;  v,  au  début  :  "s^ 
03H  n^Tobn  KiniD  «  celui  qui  est  docteur  »  ;  vi,  au  début  :  0*^13^  n^^a^N 
Ûn^-^Tjbrb  "^NSi  «  quatre  choses  sont  honteuses  pour  les  disciples  •  ;  vu,  au  début  : 
les  qualités  c^u  ûbl3  «  sot  »  et  du  DDîl  «  8a<?e  »  ;  immédiatement  après,  ^J'^^it  n"n 
N!T^TD  «  le  docteur  doit  être...  »  ;  tiii  :  n"n  bD  «  tout  docteur...  »  Pareillement 
en  beaucoup  d'autres  passages,  mais,  comme  on  le  voit,  le  plus  souvent  en  tête 
des  chapitres,  ce  qui  indique,  avec  une  clarté  suffisante,  le  but  des  règles.  Ce  trait 
caractéristique  manque  dans  D.  B.  R. 

*  A«  J.  Tawrogi,  Der  talmudiseke  Tractât  Derech  Srez  Sutta,  Kœnigsberg,  1885, 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  31 

cette  manière,  on  s'explique  pourquoi,  dans  D.  £•  R.,  des  pas- 
sages entiers  proviennent  de  la  Mischna  Abot  et  des  Abot  di 
Rabbi  Nathan  :  comme  il  s'agissait  de  faire  un  recueil  pour  le 
peuple^  le  principal  sujet  d'enseignement  ne  pouvait  naturelle- 
ment consister  qu'en  règles  de  bienséance  ou  en  règles  de  morale  ; 
comme  on  avait  déjà  un  recueil  de  règles  de  morale,  il  est  na- 
turel que  celui-ci  ait  servi  de  modèle  et  môme  de  source.  Par 
là  se  montre  une  différence  essentielle  entre  D.  E.  Z.  et  R.  : 
Z.  contient  principalement  des  règles  de  bienséance,  R.  des 
règles  de  morale;  Z.  était  destiné  originairement  aux  cercles 
savants,  R.,  à  la  foule.  Nous  avons  ainsi  dans  les  deux  traités 
de  D.  E.  deux  collections  différentes  qui  diffèrent  visiblement 
par  l'époque  de  leur  formation,  leur  but,  leur  contenu  et  leur 
structure. 

Chacun  de  ces  traités  se  divise  en  plusieurs  chapitres.  Dans  les 
éditions  ordinaires  du  Talmud,  R.  embrasse  les  chapitres  i-xi, 
Z.  i-x,  sans  compter  le  DibiDn  p*nD  «  chapitre  de  la  paix  »,  qui  y  a 
été  ajouté.  La  numérotation  des  chapitres  n^est  pas  une  tradition 
établie  avec  certitude.  La  différence  tient,  en  premier  lieu,  à  ce 
que  les  deux  traités  n^avaient  pas  toujours  la  môme  étendue. 
Ainsi,  il  a  été  déjà  souvent  remarqué  par  les  anciens  auteurs,  par 
exemple  par  Raschi  (sur  Berahhol,  22  a),  que  R.  commence  par 
le  chapitre  de  Ben  Azaï,  qui,  dans  les  éditions  actuelles  du  Tal- 
mud, est  le  III*';  en  outre,  dans  Z.,  après  le  chapitre  iv,  il  est  dit 
que  les  chapitres  suivants  proviennent  du  Mahzor  Vilry  (cha- 
pitres v-viii)  ;  pour  les  deux  chapitres  qui  suivent  dans  Z.  (n®"  ix 
et  x),  toute  indication  relative  aux  sources  fait  défauts  Dans  le 
texte  de  Z.  que  nous  avons  sous  les  yeux,  les  diverses  phases  de 
sa  formation  sont  encore  clairement  reconnaîssables  :  les  cha* 
pitres  i-iv  forment  un  groupe  à  part  et  ont  une  conclusion  évi- 
dente dans  ces  mots  yaob  •^n'nnn  nb«  •'lan  •  «  j'ai  exposé  devant 

dit,  dane  son  Introduclioo,  p.  m,  (note  1)  :  «  Pour  ce  chapilre  (ch.  ix  de  Z.), 
il  semble  que  le  4*  chapitre  de  la  V*  collection  a  servi  de  modèle.  Les  mots  du  dé- 
but soai  empruntés  au  1*''  chapitre  de  la  1'*  collection  •.  —  Celte  assertion  est  er- 
ronée. La  priorité  appartient  à  Z.  et  non  à  R.  Z.  ne  saurait  être  considéré  comme 
postérieur  a  R.  que  si  les  dénominations  de  17^^  et  MZ^IT  étaient  authentiques,  ce 
qui  n'est  pas  le  cas. 

*  Voir  le  «zaïT  "J^nN  ^m  nD073,  avec  les  commenUircs  Qn-sn  *W]  et  mm» 
Û^^  elles  noies  de  Blia  Wilna,  édité  par  J.  E.  Landau  (Wiina,  1872,  Introduc- 
tion, p.  3.  héb.)  :  «  Je  ne  sais  pas  d'où  les  chapitres  ix  et  x  proviennent.  Si  c'est  d'un 
D.  È.  antérieur  à  Pépoque  du  Mahzor  Vitry^  comment  des  chapitres  du  Mahzor 
Vitrtf  ont-ils  pu  s'y  introduire  au  milieu  des  autres;  si  D.  E.  finissait  primitive- 
ment au  ch.  IV,  que  viennent  faire  ici  les  chap.  ix  et  x  •  ?  Par  la  publication  du 
Mahzor  Viiry,  nous  savons  maintenant  que  les  chapitres  en  question  n'y  sont  pas 
intercalés,  car  dans  Mahzor  Vitry  et  Halachot  Quêdolot^  le  chap.  ix  suit  le  chap.  xv. 

^  Ces  mots  manquent  dans  Mahzor  Vitry» 


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n 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

»  ;  le  groupe  v-viii  n*est  désigné  qu'au  commence- 
$  mots  D^n  Tttbn  finïTO  ■»»  «  celui  qui  est  docteur  » 
3rit  spécial  et,  à  la  an,  il  n'y  a  aucune  indication.  Le 
chapitre  ix,  qui  suit,  forme  un  petit  ouvrage  à  part, 
i  circonstance  qu  il  porte  en  tête  le  nom  de  B.  Elié- 
ar  et  ressemble  en  cela  au  «  chapitre  de  Ben  Âzaï  » 
,  comme  nous  l'avons  déjà  remarqué,  forme  le  com- 
lu  R.  primitif;  le  chapitre  x  qui  suit  commence  par 
Schimon  b.  Yohaï  »  et  forme  un  petit  ouvrage  spé- 
;  autres  chapitres  commencent  par  une  sentence  ano- 
I  pouvons  donc  dresser  le  tableau  suivant  des  deux 


!S  des  savants  (d'^Mn  •'Tttbn  b«  \sm),  Z.,  i-iv. 

s  de  bienséance  pour  les  savants,  Z.,  v-viii  (d'après 

ahzor  VUry)  ». 

itre  de  R.  Eiiézer  ha-Kappar,  Z.,  ix. 

itre  de  R.  Schimon  ben  Yohaï,  Z.,  x*. 

hapitres  de  Kalias  R.,  i  *. 

apitre  des  méchants  (l''pTT5tîi),  R.,  ii. 

tre  de  Ben  Azzaï,  R.,  m. 

)  Leolam  (obvb),  R.,  iv-v. 

pnc,  no  1,  R.,  vT-vii. 

pnc,  n«  2,  Rm  viii-ix. 

pn»,  n*»3,  R.,  x-xi. 

le  R.  n'a  pas  encore  été  faite  jusqu'ici  à  ma  connais- 
le  sera-t-il  pas  superflu  de  la  donner  en  détail.  On 
îpuis  longtemps  que  les  deux  premiers  chapitres  ne 

pnD   commence  par   ^^b   13   J?Ï)1?V  'l   IttKi  mai»  ce   chapitre 

)té  avec  D.  E. 

D'ïieDs  ignoraient  la  différence  entre  Man  et  MS31T)  ainsi  que  Je  l'ai 

cette  dénomination  en  dehors  de  celte  division  et  je  ne  parle  que 
irai. 

pe  il  n'y  a  que  des  règles  de  bienséance  ;  dans  le  l*c  groupe  on  ne 
descriptions  morales.  Par  analogie  avec  n"n  bU)  lD"i^  on  pourrait 
i   groupe  û5n    n^wbn  NiniD  ^73.  Si  on  élimine  ce  groupe,  n»  3 

et  nous  avons  alors  le  môme   système  que  dans  Mahtor  Vitry^ 
fzer  ha-Kappar  doit  être  compté  avec  *|DTÎ. 
'quer  que  3  et  4  en  un  seul  chapitre  sont  au  moins  aussi  grands 

chapitres  du  groupe  1  et  2. 
les  chapitres  qui  appartiennent  à  vrai  dire  au  traité  de  Kalla  ;  voir 

le  contenu,  le  premier  Pérek  est  un  petit  traité  sur  la  pudeur 
somme  on  le  soutient  dans  Winter-WAosche,  /.  c,  p.  630,  dans  la 
rek  pourrait  porter  la  suscription  :  •  Des  vicieux  et  des  vertueux  » 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  33 

font  pas  partie  da  contenu  primitif  du  D.  E.  R.,  et  cela  résulte 
aussi  des  indications  des  anciens  auteurs.  Mais  le  fait  qu*ils  appar- 
tiendraient au  traité  de  Kalla,  quoique  les  modernes  le  soutien- 
nent généralement*,  n'est  pas  prouvé  historiquement*.  On  ne  peut 
attribuer  à  Kalla  que  le  premier  chapitre  ;  le  second  a  un  thème 
tout  différent.  Sans  doute,  on  pourrait  admettre  que  Kalla  se  ter- 
minait par  des  règles  de  morale  générale,  comme  c'est  le  cas  de 
beaucoup  de  traités  de  la  Mischna  (par  exemple  ikfacco^),  et  consi- 
dérer tout  le  traité  D.  E.  R.  comme  faisant  partie  de  KaXla,  comme 
dans  réd.  Coronel.  Mais  au  petit  traité  de  Kalla  un  grand  appendice 
comme  le  chapitre  ïTpTttCi  (ch.  ii  de  D.  E.  R.)  ne  saurait  convenir. 
Voici  commentée  m'explique  l'addition  de  grands  chapitres  de  mo- 
rale dans  Kalla  ^,  L'idée  de  "p»  ^^n,  qui,  comme  nous  le  verrons 
plus  loin,  est  aussi  appliquée  aux  relations  conjugales»  a  été  prise 
dans  le  sens  le  plus  étendu,  et  toute  la  série  de  ces  petits  traités, 
savoir  nb^,  tm^n  •^T^bn  b«  p^rr  et  le  plus  petit  "pN  ^^n,  a  été  dé- 
signée du  nom  collectif  y^  X^  ;  le  chapitre  ïibd  se  distinguait  de 
ce  groupe  comme  p^n,  '^wy  p  et  diVotî  du  D.  E.  actuel.  Dans  ce 
groupe  il  faudrait  donc  distinguer  :  1<»  Kalla^  le  chapitre  ainsi 
nommé  actuellement  avec  le  chapitre  'Q'rpjyn  (=  D.  E.  R.,  i), 
qui  n'a  été  séparé  du  premier  que  parce  qu'il  n'y  est  plus  ques- 
tion de  la  nouvelle  épousée,  mais  de  la  femme  en  général  ;  — 
2^  le  chapitre  trpinxn,  qui  manque  dans  Kalla,  éd.  Coronel,  mais 
qui  devait  pourtant  former  une  partie  ancienne  de  cette  série, 
puisque  dans  Abot  di  R.  Nathan^  il  s'en  trouve  aussi  un  frag* 
ment,  ainsi  que  dans  Eliyahou  Rabba  ^,  où  Ton  voit  que  la  version 
de  D.  E.  R.  est  primitive  «  ;  —  3»  "wy  p  jusqu'à  la  fin  du  D.  E.  R. 
actuel  ;  —  4<>  lomsn  nnabn  b«  p^n,  ch.  i-iv  de  D.  E.  Z.  ;  —  5«  le 

>  Goldberg,  Derech  Ere%  Rabha  (Breslau,  1888)  ;  voir  Winter-WQnflche,  U  c, 
p.  646. 

»  Pour  le  second  chapitre  (d^pnstîl)»  il  est  prouvé,  au  contraire,  par  Véà.  Co- 
ronel qu^il  ne  fait  pas  partie  de  Kalla,  car  ce  chapitre  manque  dans  l'édition 
Coronel. 

»  Déjà  R.  Elia  Wilna  a  ratUché  tt^npwrj  et  n'opina:!!  à  Kalla,  Dans  TédiUon 
Coronel,  ce  qu'on  peut  appeler  D.  E.  forme  deux  tiers  de  l'ouvrage,  du  chap.  m  à 
la  fin,  p.  6  a-190. 

♦  Version  II,  ch.  xxxv,  p.  43  de  l'éd.  Schechter. 

*  L'édition  de  l^T^b^  "^D^  M3n,  dont  je  me  sers,  est  imprimée  à  Lemberg,  1869; 
elle  n'a  pas  de  pagination  et  a  une  mauvaise  division  des  chapitres;  de  là  vient  que 
mes  citations  sont  quelque  peu  embarrassées.  Le  passage  visé  ici  se  trouve  dans 
'Bliyahou  lUibba,  ch.  XT,  paragraphe  2,  au  milieu. 

•  Le  mot  difficile  l^snriT,  remplacé  dans  Bliyakou  Rabha  par  l^nSJia  (dérivé  de 
rmsn),  ne  se  trouve  pas  dans  Ahot  di  R.  Nathan,  La  transition  pour  passer  aux 
gens  vertueux  (l'^sbl^^  p'^MI  l^abj^S^t)  est  développée  ainsi  dans  SUyahou  Rabba  : 

Y^'^^y  ïrfin  ^"«aiby  im»  '^  ba«. 

T.  XXXVI,  w*  71.  9 


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a4  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

reste  de  D.  E.  Z.  ;  —  6«  Pérek  R.  Eliézer;  —  Tf^  Pérek  R.  Schi- 
mon  ;  —  8<»  DiVwi  pn». 

Ne  voulant  m'occuper  ici  que  des  deux  D.  E.,  je  laisse  de  côté 
le  traité  de  Kalla  et  je  commence  l'analyse  de  D.  E.  R.  par  le 
Pérek  »ip»îi  (n«  5  de  notre  tableau).  Sauf  quelques  phrases*, 
rien  dans  ce  chapitre  ne  prouve  qu'il  ât  partie  de  Kalla,  mais  son 
contenu  permet  néanmoins  de  l'appeler  le  chapitre  Kalla  du 
traité  D.  E. 

Le  chapitre  sur  les  impies  {uyrrsm),  par  son  contenu  et  sa 
structure,  a  tout  l'air  d'un  ouvrage  indépendant,  quoiqu'il  y  manque 
une  introduction  et  une  conclusion.  Ce  qui  distingue  ce  chapitre  de 
tous  les  autres  du  traité,  c'est  la  symétrie  de  composition,  l'em- 
ploi de  versets  bibliques  après  chaque  sentence  et  le  groupement 
de  certaines  catégories  de  gens  vicieux  et  de  vertueux.  Vicieux 
et  vertueux  se  subdivisent  respectivement  en  douze  groupes  : 

Vicieux  :  1«  û-'D^np^fion  û">B3rcTi  ty^m^tn  m^nnottSTï  tnprrsKi  %  Job, 
XIII,  16;  —2*  V3ntt«n  (en  tout  6  catégories),  Psaumes,  xxxvii, 
IT*  ;  —  3<»  ^  û'»«mn  (4  catégories).  Psaumes,  xxxv,  6  ;  —  4*»  •fwa 
-Tnoa  (4  catégories) ,  Nombres,  xvi,  33  ;  —  5«  mi^  vtstv  (5), 
Amos,  VIII,  7  ♦  ;  —  6<>  û-^BDlti  d'après  la  correction  de  R.  Elia 
Wilna  *,  avec  3  catégories  (Les  éditions  qui  ont  les  mots  Ytim  ibfin 
1'»«"»n'W3,  etc.  interrompent  la  composition,  qui  est  excellente,  et 
y  introduisent  un  élément  hétérogène),  Job»  xiii,  16  (comme  au 
u«  1),  et  Psaumes,  ci,  7  ;  —  7*  û'^td  û'^amn  (d'après  la  correction 
d'Elia  Wilna  «,  avec  5  catégories),  Ps.,  xxxvi,  12;  —  8»  tw)  •'bVntt 
tn2'0  (4),  Ps.,  IX,  18,  et  Ecclés.,  i,  15  ;  —  9^  vnrtn  '^oa  (5),  Malachie, 
III,  19;  — 10**  ^capn  laab  ïton  fir«»îi  (3),  Deut,  xxix,  19;  — 
11*  l'^ÊOirt  (4),  Ezéch.,  XXVII,  27;  —  12*  nom»  by  np-non  (5),  Jé- 
rémie,  xvii,  10. 

1  En  tout,  environ  trois  phrases  :  d^*n*T3a  "p^lD  '^HT)  b«,  ensuite  «n©  ^^  ^^^ 

D'»5D  nttînn  ib  et  137373  tt  na'^M  T^r^y  nm  n^i^nn  bs.  i>«ds  x:ana  propre- 
ment dit  (éd.  Coronel,  1  b)  l'expression  V^fi^  *|m  n'apparaît  qu'une  fois.  Cf.  *p*T 
bx^©^  msa  dans  Nombres  rabba,  ch.  ix,  16;  Texpression  manque  dans  5i/W, 
Nombres,  §  11,  et  Ketoubot,  72  a. 

*  Snr  b^3^)SnirT,  voir  mes  remarques  dans  Jeioûh  Quartârlif  Bêpiêw,  IX,  515. 

*  Cette  phrase  est  remarquable  perses  expressions  relativement  difficiles.  ^"^Sn^SMlTT 
est  bien  expliqué  par  Bosch  Easchana,  17  «,  Tisat!!  bj^  îm^n*^  ms"»»  b^û73n.  Au 
lieu  de  l^înoa,  Yabei  lit,  avec  raison,  I'^3m'^a.  L'expression  •j'^întlT  est  une  expres- 
sion isolée  et,  pour  cette  raison  même,  tout  à  fait  authentique. 

*  Au  lieu  de  ^^2^1^,  il  y  •  dans  Baba  Batra^  90  by  ^*n3t1K,  ce  qui  est  plus  exact. 
Dans  mnbfi^^D  le  passage  est  cité  comme  pn,  v.  Zunz,  h  c,  p.  117. 

^  Cependant  dans  ma  classification  je  ditfère  quelque  peu  d'Elia  Wilna. 
«  Dans  les  éditions  niDîn^TT  mmOîaiTTT  l'^pl'ÎStim,  presque  comme  le  !•'  mor- 
ceau; d^31^3  D^llltlïl  se  trouve  dans  les  éditions  an  numéro  suivant.  A  remarquer 

l'exprestton  «j^ttanîTii  ii»w  rTansam. 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  >»  35 

Vertueux  :  !<>  û-^aVur  •j-'în  •{"•ab^^ïn  (4),  Juges,  v,  31  ;  —  2^  û-'ovttart 
ûTprM  (4).  Is.,  XLix,  7  ;  —  3*>  nDîDN  -«b^^a  (4),  Ps.,  ci,  6  ;  —  4«  aïTwrr 
nncfi^  n»  (4),  Job,  v,  24,  25  ;  —  5»  r5D«  n«  am«ïi  (4),  Isaïe,  lviii, 
9;  —  6o  p^a  ^artî^n  l-^nD^îi  (4).  Isaïe,  lviii,  8  ;  —  "T^  pT^a  1'»5Ti 
(4),  Ps.,  Lxxiii,  1  ;  —  Soi-^nîKDn  (4).  Isaïe,  lxi,  3  ;  —  9^  pttrrrr  (5), 
Isaïe,  III.  10  ;  —  10*  û-'-twi  (5),  Job,  xxii,  28  ;  —  IP  ïmna  tr^ttanTî 
(4),  Proverbes,  viii,  34  ;  — 12»  p*nt  '^m  (4),  Nahum,  i,  7. 

En  face  de  cette  composition  si  claire,  la  partie  suivante  du  cha- 
pitre offre  un  réel  contraste.  S'il  était  permis  de  parler  d'un  traité 
des  trp^ratn,  je  désignerais  la  partie  suivante,  dans  laquelle  les 
mots  tr'Tan  'n  V^a«a  sont  répétés  quatre  fois  dans  des  paragraphes 
de  môme  grandeur,  et  qui  se  termine  par  une  sentence  de  B.  Dos- 
taï  b.  Juda,  comme  un  second  chapitre,  auquel  on  pourrait  encore 
rattacher  la  phrase  commençant  par  nbjnsb  na*nz)*^  1*^.  La  dernière 
partie  du  chapitre  pourrait  être  appelée  le  3^  Pérek  ;  il  commence 
par  t3^«n  irTWi  et  parle  de  la  majesté  divine  en  des  termes  qui 
rappellent  le  style  des  ouvrages  mystiques  de  l'époque  des  Gao- 
nim  *.  Le  traité  û'»pTT3tn  est  précisément  un  des  "p»  'îpn  yno  dont 
il  a  été  parlé  plus  haut. 

Le  Pérek  '^wy  la,  qui  forme  le  n^'  7  de  notre  analyse,  a  dans 
les  mots  •'D'^oa  rroth  ib  i*W3fcO«  "jn  rinbina  mabrro  ina  mm  wx  une 
conclusion  bien  reconnaissable  et  doit  être  considéré  comme  un 
morceau  spécial  du  D.  E. 

Tiennent  ensuite  deux  Perakim  commençant  tous  deux  par  le 
mot  &bvb.  Us  contiennent  des  règles  pour  les  savants  et  leurs  dis- 
ciples. Tous  les  deux  chapitres  sont  illustrés  par  des  versets  bi- 
bliques et  des  contes  édifiants  et  ont,  en  tout  point,  le  même  carac- 
tère. A  la  fin  vient  une  sorte  de  conclusion  :  "ja  TDUn^  'n  itt«  "jé^d» 
troo'^bD  y^T^Tn  ûn«  "«Da  ba  ntr  ûbvb  •'ib,  etc.  Le  fait  que  cette 
phrase  est  placée  à  la  tête  d'un  chapitre  du  traité  de  Kalla,  éd.. 
Coronel,  p.  17  a,  sous  le  nom  de  R.  Josua  b.  Lévi,  ne  change  rien  à 
la  chose^  car  dans  ce  traité  de  Kalla  la  plupart  des  phrases  sont 
commentées  spécialement   et   sont  placées  en  cette   qualité  en 

^  Zunz,  /•  e,,  appelle  avec  raison  celte  coaclusion  une  agada  étrangère;  p.  117, 
note  M,  il  la  désigne  comme  étant  empruntée  à  une  doctrine  secrète.  —  Le  premier 
morceau  D'^naT  Wan«,  à  cause  de  îlOmNttn  m^^D  et  de  nat  aa«73, 
conviendrait  mieux  au  )S^p72n  plD.  Cependant  on  peut  aussi  établir  la  preuve 
qn'il  fait  partie  de  D^pin^Hi  car  dans  la  phrase  suivante  on  mentionne 
nnobo  ^ania,  etc.,  nom  formé  de  deux  mots,  comme  dans  la  1'*  partie  du 
chapitre.  Dans  le  Mahtor  Vitry^  p.  727,  le  morceau  ID^tMlTT  n'e>t  pas  la  fin  du  cha- 
pitre, mais  est  suivi  sans  interruption  du  contenu  du  Pérek  '^^'^y  ^a.  Le  chapitre 
en  question  débute  dans  le  âfaktor  par  les  mots  a^^aT  tTTJ^anMI  D^*1U97)  morceau 
qui  ne  se  trouve  que  dans  le  Mahtor  Vitry  et  dont  on  n*a  pas  établi  la  source.  Ce 
nombre  est  certainement  le  pendant  du  nombre  de  morceaux  étudiés  par  noua.  Il  faut 
donc  admettre  que  notre  collection  a  été  très  abrégée  dans  le  Talmud. 


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86  EEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tôte  d*un  chapitre.  Je  ne  considère  les  deux  morceaux  commen- 
çant par  bb'v^b  comme  un  seul  chapitre  que  parce  qu'ils  pré- 
sentent une  apparence  d'identité.  L'histoire  concernant  Schimon 
b.  Antipatros  (Dncsw^cs^K  la  liratD),  qui  se  trouve  au  chapitre  vi  du 

D.  E.  R.,  est  placée  dans  Kalla  éd.  Goronel,  p.  16b,  dans  lePérek 
^ûD-^  b»,  c'est-à-dire  au  v«  chapitre.  Or,  cette  histoire  de  Schimon 
b.  Antipatros  est  également  citée  dans  Tohasin,  éd.  Filipowski, 
p.  21  a,  d'après  «"n  hiDbîTr  'n  p^no.  Ceci  prouve,  non  seulement  que 
ce  récit  est  dans  nos  éditions  placé  inexactement,  mais  encore 
que  ce  morceau  fait  partie  du  Pérek  dbvb,  qui  est  précisément  ca- 
ractérisé par  l'insertion  de  pareilles  historiettes. 

Ensuite  viennent  trois  chapitres  que  j'ai  désignés  plus  haut  par 
DS^an  n<>*  1, 2  et  3.  Le  motif  de  cette  division  est  non  seulement  dans 
la  répétition  du  même  début,  mais  aussi  dans  l'indication  d'une 
conclusion  après  chaque  morceau.  Dans  Dd^^n  n^  1  (ch.  vi  et  vii 
de  R.),  la  dernière  phrase  est  ^an  bm  ibte,  etc.,  ce  qui  est  tout  à 
fait  convenable  pour  une  finale  (le  ch.  v  de  Z.  se  termine  par  les 
mômes  mots);  dans  D^^sn  n®  2  (ch.  viii  et  ix),  après  un  récit 
se  trouve  ce  résumé  m  ^an  b:>  «w^na  mtDDî  ttib«  (dans  Z.,  viii, 
où  cette  histoire  se  trouve  au  milieu  du  chapitre,  ces  mots  man- 
quent) ;  —  la  fin  de  Oî^n  n*»  3  se  confond  avec  la  conclusion  de  D. 

E.  R.  Le  fait  que  dans  la  Mischna  aussi  deux  ou  trois  chapitres 
qui  se  suivent  peuvent  avoir  les  mômes  noms  est  prouvé  par  les 
chapitres  xv  et  xvi  de  Yebamot,  qu'on  désigne  d'une  épithète  dis- 
tinctive  dibtD  iw«n  et  ima  rrztxn,  ou  par  les  deux  nawn  (vi  et  vu) 
Jans  Baba  Mecia,  ou  les  trois  "Tanîan  (iv,  v,  vi)  dans  Baba^Ba- 
ira.  Il  faut,  du  reste,  observer  que  dans  les  anciens  temps,  outre 
les  trois  Perakim  t^'^yn,  il  y  en  avait  encore  d'autres,  car,  à  la  fin 
du  chapitre  viii  de  Z.,  il  y  a  encore  deux  phrases  (dans  Halachot 
Guedoloi,  trois)  avec  dï^îïi  ne  pouvant  se  rattacher  à  ce  qui  pré- 
cède et  devant,  par  conséquent,  être  considérées  comme  un  Pérek 
spécial. 

La  division  de  ce  traité  en  ses  parties  nous  donne  la  meilleure 
preuve  du  peu  d'unité  que  présente  le  traité  de  D.  E.  C'est  une 
raison  de  plus  pour  rechercher  la  raison  pour  laquelle  ces  mor- 
ceaux ont  reçu  le  nom  uniforme  de  D.  B. 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  37 

m 

l'idée  de  "P»  Y^. 


Dans  le  traité  de  D.  E.  même,  Texpression  fit'n  ne  se  trouve 
qu'âne  fois,  tant  dans  Z.  que  dans  R.  ;  «"na  ^"noTO  an«n  *  (Z.,  m, 
comme  seconde  plirase  du  cliapitre),  expression  qui  ne  s'emploie 
nulle  part  ailleurs  dans  toute  la  littérature  rabbinique  et  qui  fait 
partie  du  fond  primitif  du  morceau  rf'n  \m  p^ii.  Quelle  que  soit 
Fimportance  de  la  sentence  émise  dans  cette  phrase,  cette  unique 
sentence  ne  suffit  pourtant  pas  à  expliquer  le  nom  du  traité.  Dans 
R.,  V,  la  phrase  dsn  b«  «b»  n'i  nr  'p»  «  ceci  n'est  l'usage  que  du 
savant  »  se  lit  aussi  dans  un  morceau  qui  ne  se  trouve  nulle 
part  ailleurs.  Cf.  vu  :  ^T»a  «y»  «"Ti  ïtdn  bti:»  d:Dn  «  tu  es  un  grand 
savant  et  tu  as  de  l'usage  »,  dans  un  morceau  qui,  sans  aucun 
doute,  fait  partie  de  D.  E.  (voir  plus  bas).  Il  en  est  de  même  des 
mots  :  nfiib  bH  îf  n  tea  «•»  ûh  ûspn  p-nnb  «  11  faut  vous  examiner 
pour  voir  si  vous  avez  de  l'usage  ou  non  »  (viii).  L'expression 
nrnart  ^îtstd  «  usage  mondain  »  (Z.,  v,  fin;  cf.R.,vii,  fin)  n'est  pas 
tellement  significative  au  point  de  vue  du  contenu  du  traité  qu'elle 
puisse  expliquer  le  nom  uniforme  de  \^^.  Il  faut  donc  que  nous 
cherchions  à  nous  expliquer  ce  nom  d'une  autre  manière. 

On  sait  qu'en  hébreu  biblique,  le  mot  ^nn  en  lui-môme  signifie 
déjà  «r  coutume,  genre  de  vie  ».  Dans  la  phrase  composée  yn«  ^nn, 
la  phrase  a  le  sens  qui  se  rapproche  du  langage  biblique,  dans 
Josué,  XXIII,  14  y"u«i  te  ^nna  din  ^biïi  -^ds»  (cf.  I  Rois,  ii,  2), 
où  on  veut  dire  que  la  mort  est  une  loi  de  la  condition  hu- 
maine ;  dans  Genèse,  xix,  31,  «pôtti  te  T^'i^,  où  l'expression 
indique  que  les  relations  conjugales  sont  une  chose  naturelle.  Il 
semble  donc  que  la  phrase  entière  est  yntei  b^  ^nn,  expression 
que  je  n'ai  trouvée  dans  la  littérature  rabbinique  que  dans  Exode 

>  Ealaekot  GuedoL,  p.  649,  et  Kalla,  éd.  Coronel,  ch.  m,  p.  11  «  :  'pi«  ^nib; 
cependant  ^"113  vaut  mieux.  Dans  R.,  vi,  fia,  M""T^  0*^3)8  ;  mais  c^est  une  Ba- 
ratta citée  dans  Bèça^  25  d,  et  pMohim^  86  3.  Le  fait  que  Torigine  est  dans  le  Tal- 
mud  et  non  dans  D.  E.,  comme  Zunz.  /.  c,  Padmet,  est  prouvé  par  la  circon- 
sunce  qae,  dans  D.  E.,  la  Baratta  précédente  (dans  Bèça  et  Pesahim^  fir3n*1)  est 
commentée  par  la  question  ï^ntO*^*!  KÏIU)*^  ÏITS^I*  Ces  mots,  sont  le  commencement 
de  la  Baralta  ou  Guemara.  —  Dans  H.,  v,  au  début,  "JTQ  H"l  D*7N  b^  1%b'^1 
DipTSÏl  ;  mais  Elia  Wilna  biffe  tout  le  passage.  Ibidem^  m,  dans  le  récit  de  la  mort 
d'Eléazar  ben  Azaria,  Elia  Wiloa  lit  D'^'^n  nin*niM,  selon  Beraehot,  28  b  ;  dans 
les  éditions,  IHË^  'la^.  En  araméen,  t<:^*nfi<  TWï^t  par  exemple  dans  Berachot,  62  è. 


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38  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ràblal  ch.  xx,  11.  Sans  te,  mais  avec  l'article  déterminatif  rt,  on 
trouve  yn2(  yn  dans  le  passage  déjà  cité  plus  haut  de  J.  Sabbat^ 
8  a,  et  j.  Pèa,  lld,  ainsi  que  dans  Pesikta  Rabbati,  ch.  xxi, 
p.  100  &,  éd.  Friedmann,  expression  à  laquelle  correspond  très 
bien  dbvn  ^Ti  dans  Abot  di  R.  Nathan,  version  I,  p.  4,  éd. 
Schechter  *.  Dans  le  passage  de  la  Pesikta,  y^  ym  est  employé 
dans  un  sens  qui  est  fort  rare  dans  la  littérature  rabbinique.  Il  y 

est  dit  :  "^inb  D»3  w«  byp  dbva«  amsa pW!  yrrt^  Twbb  ^b  to-^ 

b'^^TH  hiDjr  «  Tu  peux  le  savoir  par  les  dispositions  de  la  nature, 
grâce  à  Torganisation  des  sens,  une  voix  pénètre  dans  dix 
oreilles.  »  «"n  est  encore  employé  dans  ce  sens  physique,  quand 
on  veut  désigner  par  là  les  relations  conjugales,  comme  dans  la 
Bible,  par  exemple  dans  Gittin,  70  a,  H^^a  y^  lï-WD  •%  ;  cf.  Brou- 
bin,  100  ô;  Genèse  rabba,  ch.  xviii,  fin,  ot  Levy,  Neiihebr.  Wôr- 
terb.,  I,  424  ô.  A  remarquer  aussi  le  passage  i'Eliyahou  Zouta, 
ch.  m  :  mît  dttb  ïto«  •j'^fiwiîtt  «•»  H^na  "p  n-ma  :>a*T«  "O  ;  de  môme 
ibid.,  ch.  XVI,  mais  sans  l'expression  "p»  Yn.  Cf.  surtout  Kohel. 
rabba,  x,  8  :  «"na  mn»  m^-^i. 

Partant  de  l'ordre  physique  de  la  nature,  on  employa  l'expres- 
sion «"n  pour  désigner  le  genre  de  vie  physique  de  Thomme.  En 
ce  sens,  «"n  signifie  l'occupation  physique  de  Thomme,  par  oppo- 
sition avec  les  occupations  spirituelles,  par  exemple,  Abot  di  R. 

Nathan,  version  I,  ch.  i  :  «"nb  ttTD,  ou  Abot,  ii,  2,  TttDbn 

tK"^  ^  mm.  Comme  les  occupations  spirituelles  embrassent  non 
seulement  la  Tora,  mais  la  Mischna,  on  dit  dans  Mischna  Kid^ 
douschin,  i,  fin  :  1»  •tt'^  «"na  yh^  naiûtta  «bi  finptta  «b  •«•wD  bsi 
a'WD'tT  (cf.  Abot  di  R.  Nathan,  vers.  II,  ch.  xxxvj  ;  là  le  mot  (voir 
Kiddouschin,  AQb)  n'a  pas  encore  le  sens  de  bienséance,  mais 
celui  de  pratique  (5TOTO,  par  opposition  avec  niTabn  =  théorie).  De 
ce  sens  dérive,  avec  une  petite  nuance,  une  autre  signification  :  «"n 
signifie  la  vie  sociale  limitée  à  l'acquisition  des  biens  terrestres, 
comme  il  ressort  de  Abot,  m,  5  :  «"n  bv.  C'est  à  cette  diflërence 
entre  les  choses  terrestres  et  les  choses  spirituelles  que  se  rap- 
porte la  phrase  é'Eliyahou  Rabba,  ch.  i,  au  début  :  ir  "^Ti  n«mtt«b 
min  . .  .tmn  yy  vCx  suivant  l'expression  connue  rwrp  rrtm  1"^ 
rmnb'p«']Ti«. 

Cette  dernière  expression  nous  fournit  une  transition  pour  une 
nouvelle  signification  du  terme  H^n.  H^n  est  aussi  quelque  chose 
qui  mérite  d*étre  connu,  un  sujet  d'enseignement  dont  la  science 
fait  honneur  aux  docteurs  de  la  loi.  C'est  le  genre  de  vie  spécial 

«  Dans  j.  Sahbat,  VI,  3,  Sa,  yn«  ^^13  "^înl,  nom   du   traité  ;  cf.  b«  laïTDtt 
db*)^»  qui  est  fréquent  dans  le  Talmud. 
*  Jalkout  sur  Genèse,  §  34. 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  39 

et  plus  noble  qui  s*impose  aux  docteurs  de  la  loi,  c^est  la  bien- 
séance, les  bonnes  mœurs.  Le  docteur  de  la  loi,  ou  nnn,  mène 
un  genre  de  vie  spécial  ;  il  doit  posséder  des  vertus  particu- 
lières; cf.  j.  Demaî,  23  rf,  ^in  ^nn  l'^am,  ou  le  passage  du  Talmud 
de  Jérusalem  cité  dans  Tossafot,  Kiddouschvif  40  ô,  où  celui  qui 
est  tenu  à  des  bienséances  spéciales  est  appelé  TTDbn  (c*est  le  TTabn 
ûDn),  et  d'où  Tossafot  déduit  avec  raison  que  ces  règles  de  bien- 
séance concernent  les  savants  :  «  ces  règles  ne  sont  que  pour 
les  savants;  d'autres  les  suivent.  »  Nous  avons  tiré  la  môme 
conclusion  du  texte  même  du  D.  E.  Nous  avons  aussi  déjà  fait 
la  remarque  que  la  première  collection  de  ces  règles  concernant 
les  savants  est  le  traité  de  A\)Oi  et  que  le  savant  qui  observait 
ces  règles  était  en  môme  temps  un  homme  pieux,  c'est-à-dire  que 
les  savants  étaient  aussi  les  gens  pieux.  C'est  là  le  sens  de  cette 
maxime  émise  dans  Baba  Kamma,  30  a,  '^tT!Qb  "^j^nn  \s^  "ïNrt 
n"0«n  •'b^  tT'^pb  KTDn  «  Celui  qui  veut  être  dévot  doit  observer 
les  choses  de  Abot  »  *,  et  dans  le  môme  traité  il  est  dit  (ii,  5)  : 
Ton  ynÊer  ttf>  «bn  t  rignorant  ne  peut  être  pieux  »  *.  C'est  pour 
cette  raison  aussi  que  le  traité  D.  E.  est  appelé  d'^on  rhyn^  «  le 
rouleau  des  dévots  ».  Cf.   Eliyahou  Rabba^  ch.  xviii,  9,  Ton 

Je  crois  donc  qu'au  début  "pN  ^Ti  ne  signifiait  pas  mœurs, 
bienséance,  mais  seulement  <r  genre  de  vie  »,  ainsi  que  le  mot 
l'indique,  et  par  là  il  fâut  entendre  le  genre  de  vie  des  savants  et 
des  gens  pieux,  comme  le  prouvent  les  témoignages  littéraires  et 
historiques.  Dans  Berach,,  22  a,  les  savants  réclament  précisé- 
ment l'enseignement  de  'p«  ym  parce  que  celui-ci  est  nécessaire 
à  leur  état.  Par  là  nous  comprenons  aussi  l'expression  souvent 
répétée  :  «"n  ?mn  m^b  *  a  La  Loi  a  enseigné  déréch  éréç  »,  car  du 
moment  que  ce  genre  de  vie  spécial  était  devenu  l'objet  de  l'étude, 
on  le  fit  dériver  lui  aussi  de  la  Bible.  C'est  seulement  lorsque  des 
règles  de  morale  vinrent  s'ajouter  aux  formes  de  la  vie  noble, 
que  Ton  appliqua  le  terme  «"n  à  toute  espèce  de  préceptes  réglant 
les  relations  humaines,  non  seulement  au  point  de  vue  général, 

»  Cf.  Kalla,  éd.  Coronel,  11  h,  «"-m  '^b'^!^^;  Pesahim,  WZa,  «5Db:^1  '^b'^TD;  de 
même  Beraehot^  7  h  ;  Sabbat,  33  b. 
«  Ceci   correspond  à  Taulre  phrase  ^"']   *p^  ÎTnin   •{"fi^   bM   [Aôot,  iv,  17).  Cf. 

le  traité  Kaiia,  au  début  :  N"n  na  ■;■««  VD  b:?  (n)naiy  nninï!  X>»^  ^12  b^, 

aiuai  que  dans  l'édition  Coronel,  1  b. 

•  Abot  di  R,  Nathan,  vers.  II,  ch.  xxvii,  p.  56,  d'^*T^on  ni^bîTin;  ibid.,  p.  82, 
D'^TOrr  nb-^^ï:.  Au  sujet  de  Û'^*TOn  nbntt  dans  Sifrè,  v.  Zunz,  /.  c,  p.  112. 

*  Cf.  Sifrè,  Nombres,  §  102  :  «"t  TlWb  ;  Sota,  44  a  :  N"t  rmn  m73"«b,  de 
même  EouUin,  S4  «,  Oen,  rabba^  xx,  12,  Yalkout^  Psaumes,  871  ;  Midrasch  Samuel^ 
▼u,  5;  Gen,  rabba,  xxxi,  10,  etc. 


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40  RBVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

mais  aussi  au  point  de  vue  moral.  Aux  règles  concernant  les  sa- 
vants et  la  morale  vinrent  s'ajouter  aussi,  avec  le  temps,  des  con- 
seils pratiques  pour  le  commerce  et  les  professions,  pour  les  soins 
de  la  santé,  et  tous  ces  genres  de  règles  sont  maintenant  réunis 
dans  notre  D.  E.  *. 

Comme,  par  la  suite,  le  grand  public,  c'est-à-dire  les  cercles 
qui  ne  faisaient  pas  partie  de  la  classe  des  savants,  s'attacha 
aux  règles  de  D.  E.,  il  se  forma  encore  pour  les  savants  d'autres 
règles  de  vie  morale,  plus  flnes  et  plus  subtiles  que  les  autres,  et 
c'est  ainsi  que  s'explique  l'expression  y^»  ym  '»nnD  a  secrets  de 
dérech  éréç  »  qui  se  trouve  surtout  plusieurs  fois  dans  Tanna  di 
de  Eliyahou  *. 

Ces  petits  chapitres,  au  nombre  de  onze,  ne  pouvaient  être  dési- 
gnés que  par  le  nom  de  "p»  "yn^  car  ce  nom  seul  est  propre  à 
servir  de  suscription  à  des  écrits  aussi  hétérogènes,  puisqu'il 
exprime  tous  les  aspects  de  la  vie  sociale,  morale  et  pratique,  en 
commençant  par  le  côté  physique  de  l'homme. 


IV 

LES  SOURCES  DU  TRAITÉ. 


Je  n'ai  pas  l'intention  d*indiquer  ici  les  sources  anciennes  des 
phrases,  sentences  et  expressions  isolées  qui  se  trouvent  dans 
D.  E.  ;  cette  tâche  est  réalisée  presque  dans  chaque  édition  du 
Talmud,  et,  comme  on  le  sait  depuis  longtemps,  le  contenu  de  R. 
se  retrouve  dans  des  écrits  rabbiniques  plus  anciens.  Je  ne  veux 
relever  que  les  emprunts  qui  montrent  la  façon  dont  s'est  consti-^ 
tué  notre  traité. 

Sa  dépendance  vis-à-vis  de  la  Mischna  saute  aux  yeux.  Mais  ce 

>  Nous  trouvons  un  exemple  spécial  de  |f*iH  *y\1  traitant  des  règles  de  bien- 
séance dans  Yoma,  46  :  ïibnn  "Xix^yp  5"«N  iT^an  d:^  dn«  naT^  «b©  «"t. 

le  même  passage  se  trouve  aussi  dans  Nombres  ràbha,  xit,  21 . 

*  yn»  yn  •'inDl  rmn  A'inO,  Ahot  d%  R,  Nathan,  vers.  I,  ch.  vin,  p.  36  ;  cf. 
Sifrè,  Deut.,  305,  et  Bliyahou  Zouta,  xvi.  Dans  Eliyahou  Babba^  xnr,  au  commence- 
ment, il  y  a  cette  tournure  remarquable  :  fc^^T  nt  I'^fi<  fi<"T  fiOn  1T  "^Dl.  Ibid.,  xiv  : 
matîDn  nWDI  N"n  ûrra  tO-^tt)  y^^n  •^ÎDJ  ;  de  môme  xxvn  ;  Eliyahou  Zouta,  xiii, 
au  début  :N"T  Tl^bbl  natDTsbl  «-îp!Qb  liaCl;  ibid.,  «"la  d'^poiyi.  — 
Dans  JBeraeh,,  62  a,  à  propos  de  quelques  règles  relatives  à  MODH  D'^a,  qui  se 
trouvent  aussi  partiellement  dans  D.  B.  R.,  vu,  on  emploie  deux  fois  la  phrase  solen- 
neUe  :  «^-njt  "ï^N  m»bbl  «''ïl  m^D. 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  41 

ne  sont  pas  des  passages  entiers  qui  sont  empruntés  à  Abot,  ce 
sont  seulement  des  expressions  et  des  phrases.  Je  vais  en  donner 
la  preuve  en  détail  :  Z.,  m  :  mr)T  tp^  ^n-^an  n«  in  ^^=^AI)ot,  i,  6; 
toutefois  le  contexte  est  tout  différent  et  la  sentence  n*est  pas 
anonyme;  —  Z.,  ibid,,  aiû  d«  rop  =  Abot,  ii,  7;  —  Z.,  ibid., 
Tïsb  ic-^an  VN  =  Ab.y  II,  5  ;  —  Ibid.,  robro  a'^ttîai  I-^md  Vki©  = 
i&.,  V.  7  ;  —  Ibid.,  %bb  73":^  TOibi  =  Ab.^  iv,  5  ;  vi,  6.  Dans  le 
troisième  chapitre  du  Z.,  où  se  trouvent  les  mots  yn'^  *y^yi2  aniDn 
■pK  et  qui  appartient  au  fond  primitif  du  traité,  la  phraséologie 
de  Abot  est  employée  cinq  fois,  sans  qu'une  seule  sentence  entière 
soit  empruntée  à  cette  Mischna.  Des  autres  chapitres  de  Z.,  je 
citerai  encore  :  Z.,  i,  bsn  n«  ûdid  txtw  ansD^  =  Ab.,  v,  15;  — 
Ibid.,  nrnan  dk  nm»  =  .lô.,  vi,  1  ;  —  Jbid.,  ^îTirn  ^aa^  =  .!&., 
II,  4  ;  —  Z.,  II,  a-^ttDïib  bnaa  =  ^&.,  v,  1  ;  —  Ibkt.,  n53fia  V:'  nm»  = 

il&.,  V,  T  ;  —  /Wd.,  ina  menb  n^m d^a-^^n  b«  =  ^&..  iv,  5  ;  — 

/Wd.,  d'^^ioron  nfcn  mrDnnn  n«  aïTi«=  Ab.y  vi,  6;  ^  Ibid., 

nnimonb  m:i  toenb  bp  =  i4&.,  m,  12  ;  —  Ibid.,  ïibp  truxb  y^  "^irr 
=  Ab.,  II,  1  ;  —  Ibid.,  nw  l-^iwa  Ti  =  Ab.,  m,  1. 

Ce  style,  qu'on  pourrait  appeler  à  bon  droit  le  style  de  mo- 
saïque*, ne  se  trouve  que  dans  les  quatre  chapitres  de  D.  E.  Z. 
dont  nous  avons  parlé,  c'est-à-dire  dans  ces  parties  du  D.  E.  que 
nous  avons  désignées  plus  haut  comme  formant  le  morceau  à 
part,  rTn  b»  "pnrt.  Cette  partie,  contenant  les  règles  concernant 
les  savants,  n'a  que  des  réminiscences  de  Abot,  mais  n'en  a  rien 
emprunté.  Comme  il  n'a  rien  des  parties  purement  morales  de 
Aboi,  il  est  permis  de  croire  qu'il  est  aussi  indépendant  d«s  autres 
écrits.  Lorsqu'il  y  a  concordance  entre  )yin  et  d'autres  écrits, 
l'originalité  appartient  toujours  à  pnn.  C'est  ce  que  je  vais  égale- 
ment essayer  de  prouver. 

Z.,  I  :  mr'Db  rr^rtn  )m  ^v'^an  )J2  m-^aj^  ^t^  vrn'nTi  i»  pmn 
«  Eloigne-toi  de  ce  qui  conduit  à  la  transgression,  de  ce  qui  est 
laid  et  de  ce  qui  ressemble  au  laid  »  se  retrouve,  quant  à  la 
seconde  partie,  dans  HouUin,  44  &,  avec  cette  formule  intro- 
ductive  d'^ttDn  ruxK  ba^  «  mais  les  sages  ont  dit  »  ;  mais  on  voit 
au  premier  coup  d'œii  que  cette  phrase  est  ici  une  citation  qui 
n'est  appliquée  qu'à  un  cas  spécial.  Dans  D.  E.,  la  phrase  a 
encore  un  membre  antérieur  et  un  membre    postérieur.  Dans 

'  Ce  style  de  mosaïque  est  fait  non  seulement  de  réminiscences  de  la  Mischna 
d^Abot,  mais  d'emprunts  à  TEcriture  Sainte,  comme  on  le  montrera  plus  loin,  dans 
le  chapitre  sur  la  langue.  Il  est  également  impossible  de  méconnaître  que  D.  E.  ren- 
ferme beaucoup  de  réminiscences  du  Talmud  et  du  Midrasch,  non  pas  tant  du  Tal- 
mud  et  du  Midrasch  sous  leur  forme  définitive  que  des  sentences  isolées  sutâsam- 
ment  connues  dans  les  écoles  et  attribuées  aux  rabbins.  Quant  à  donner  à  ce  sujet 
des  preuTes  en  détail,  cela  nous  mènerait  trop  loin. 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

In,  II,  24,  p.  503  de  Téd.  Zuckermandel,  la  phrase  est 
ngue,  et  la  Tosefta  ne  peut  être  la  source  de  D.  E. 
R,  Nathan,  version  I,  ch.  ii,  la  phrase  est  conçue 
).  E.,  mais  immédiatement  après  d'autres  sentences 
s  sous  cette  forme  d'^ttsn  T\12»  ^D'^Db  «  c'est  pourquoi 
dit  »  ;  comme  ces  sentences  ne  se  trouvent  que 
que  D.  E.  est  une  des  sources  des  Abot  di  R.  Na- 
gent guère  songer  à  cet  ouvrage  comme  source  de 
Midrasch  Eagadol,  sur  Deut.,  xxi,  5,  qui  a  été 
aent  par  D.  Hoffmann  (1897,  p.  24),  cette  sentence 
compagnée  de  ces  mots  m-^nya  d'^rtt^  ^fm»rp  «V© 
le  te  soupçonne  pas  de  transgression  «.  Ces  mots  ne 
le  dans  D.  E.  ;  donc  l'auteur  du  Midrasch  Hagadol 

D.  E.>. 

Nathan  a  encore  une  autre  citation  qui  est  sûre- 
1.,  appelé  en  cet  endroit  d'^Ton  nb^a»  ;  la  sentence 
^e  avec  quelques  modifications  dans  D.  E.  Z.,  ii*. 
^n*'  "^î-^H  ^ib  ^Dwb  Ti^b  «  Habitue  ta  langue  à  dire  : 
0  (Z.,  m)  est  citée  dans  Berach,,  4a,  avec  Tintroduc- 
t  on  a  dit  »,  et  Raschi,  in  loc,  renvoie  avec  raison 

ixime  yait2  ibra*^  ^Vo  n»  ^Vb  irfcw  nbtaî  dN  «  Si  tu  as 
t'appartient  pas,  on  te  prendra  ce  qui  t'appartient  » 
ouve  presque  identiquement  dans  Abot  di  R.  JYa- 
n,  ch.  xxxii,  p.  36.  Sans  tenir  compte  de  la  rédac- 
ise,  le  contexte  plaide  aussi  en  faveur  de  la  priorité 
p^i),  car  il  y  a  là  plusieurs  maximes  de  ce  genre 
construction  '. 

rrtfù  nï-^ÉW»  îtttd  finp!Qa  povn  est  citée  dans  Baba 
îomme  une  baraïta  l^n^  isn  ;  mais  comme  elle  ne  se 
aucune  collection  de  baraïto,  cette  formule  intro- 
i5n  vise  peut-être  la  collection  D.  E.  (Z.,  iv).  Nous 
la  môme  sentence  dans  j.  Sabbat,  15  cf. 
manbttJ  Tittb  roir  dn»  b^  ■;■»««  «  Tout  le  monde 
r  la  chance  de  s'asseoir  à  deux  tables  (jouir  du 

>.  120,   note  a,  dit   que  *ni^^^  no  se  trouve  que  rarement  dans 
et  il  ne  cite  que  Houllin  ;  toutefois  le  mot  se  trouve  également  dans 
)t  cela  en  deux  endroits,  l^hus , Tosefta  Tebam.,  iv,  7,  il  se  trouve 
exemple  manque  chez  Tawro^i,  l,  c.^  p.  5. 
éd.  Cor.,  III,  comme  Tindique  M.  Schechler   (p.  52),  on  ne  trouve 

E.  Nathan,  la  maxime  est  attribuée  à  Rabban  Gamliel  {'n'>^  K1!l 
eux  maximes  provenant  de  R.  Gamliel  sont  si  diverses  de  langue, 

de  suite  dans  les  idées  qu^il  nous  faut  considérer  comme  erronée 
R.  Qamliel. 


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LE  TRAITÉ  TALMIJDIQUE  «  DËRËCH  EREÇ  »  43 

bonheur  déjà  en  ce  monde)  »  *  n*est  à  sa  véritable  place  que 
dans  D.  E.,  où  elle  est  précédée  de  phrases  introductives.  Dans 
Berach.y  hh,  la  sentence  de  R.  Yohanan  n*est  employée  que  dans 
un  cas  spécial,  mais  il  est  visible  qu*elle  n*a  pas  pour  auteur 
R.  Tohanan.  R.  Yohanan  doit  donc  déjà  avoir  connu  le  recueil 
D.  E. 

Les  SIX  maximes  examinées  ici  sont  presque  les  seules  du  mor-^ 
ceau  appelé  *p^  qui  soient  désignées  en  marge  des  éditions  du 
Talmud  comme  étant  aussi  mentionnées  ailleurs,  et  pour  toutes 
nous  avons  pu  établir  la  priorité  de  D.  E.  A  part  peu  de  passages, 
que  nous  éliminerons  plus  tard,  ce  morceau  ne  contient  que  des 
sentences  très  nettement  formulées,  exprimées  avec  les  plus  belles 
expressions  de  la  littérature  rabbinique.  La  langue  est  de  Thébreu 
par,  le  style  clair  et  concis,  ayant  presque  toujours  une  allure 
d'épigramme.  Mais  ce  morceau  a  encore  un  trait  caractéristique, 
que  je  veux  relever.  Vers  la  fin  du  chapitre  iv,  c'est-à-dire  à 
la  fin  du  morceau  p'in,  l'auteur  du  recueil  fait  parler  Dieu  à  la 
première  personne  :  t|»i  ytxd^  NXn  '»b«  èt^d  nrrattja  "^^nn  ir^y  &K 
tn^a  yca,  ^b  ^wm  ^nfinpb  tm^  "^^isj^ta  "^în  «  Si  tu  as  accompli  mes 
préceptes  avec  joie,  ma  cour  sortira  à  ta  rencontre  et  moi  aussi, 
et  je  te  dirai  :  Que  ta  venue  soit  en  paix.  »  La  personne  qui  parle 
ici  ne  peut  être  que  Dieu.  D'après  cela,  la  conclusion  ïibfi^  "nan 
*p:6b  T»'nnîi,  etc.  pourrait  aussi  être  conçue  comme  émanant  de 
Dieu.  Par  cette  tournure  de  style,  la  langue  et  Tesprit  du  mor- 
ceau "js^  s'élèvent  à  une  certaine  hauteur  morale  et  la  collection 
se  rattache  aux  meilleures  productions  de  la  poésie  gnomique*. 

Le  morceau  de  p^n  est  aussi  le  seul,  entre  tous  ceux  du  traité 
D.  E.  ou  il  soit  question  de  pureté  iévitique.  Il  en  est  parlé  en 
deux  passages  : 

1"  I  :  ty^ttrip  "^^ïp  bbnn  «aà  'p«rr  û:>  lïts  tM>  dnb  tenn  b«  ^  «  Ne 
mange  pas  de  pain  avec  un  prêtre  ignorant,  de  peur  de  profaner 
les  choses  saintes.  »  D'après  Ahot  di  R,  Naihan,  version  II, 
ch.  XXXIII,  p.  72,  la  maxime  a  été  dite  par  R.  Akiba  en  môme 
temps  que  d'autres  maximes  se  rapportant  également  à  la  pu- 
reté iévitique.  Une  collection  où  une  pareille  maxime  a  trouvé 

*  Zouta,  r?. 

«  Dans  le  morceaa  intitulé  p*11,  la  plupart  des  maximes  ont  une  forme  semblant 
indiquer  que  le  maître  enseignait  ainsi  à  ses  disciples;  ce  qui  aussi  est  une  preuve 
d^antiquité. 

'  Les  mêmes  mots  se  trouvent  aussi  dans  D.  E.  R.,  i  (U)*1p^!l  p^D)»  ^^^^  ^^ 
nom  d'Âbba  Hilfaï  :  0^7D)23  "^UJlpD  ^b'^SN'^  É«7Dffi.  Nous  complons  ce  cas  avec 
ceux  où,  dans  D.  B.,  on  donne  intentionnellement  la  préférence  à  l'anonymat;  cf* 
cependant  Nedarim^  20  a,  ou  ces  mdmes  mots  forment  une  partie  d^une  baraïta 
rapportée  avec  le  terme  M^n. 


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44  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

place  doit  au  moins  être  contemporaine  de  Tépoqae  talmudique*. 

2<»  III  :  inb^SM  X^^  inrnaa  i-^a  d'^©npn  "vni  ^^inn  «  Fais  attention 
aux  choses  saintes,  soit  lorsque  tu  les  donnes,  soit  lorsque  tu  les 
manges.  »  La  maxime  qui  se  trouve  un  peu  plus  loin  nnmsira  nVm 
D*o^b  nn&  peut  néanmoins  se  rapporter  également  à  Timpureté 
lévitique. 

Pour  les  quatre  chapitres  de  D.  E.  Z.  (v-vni)  qui  suivent  ou 
pour  ce  qu'on  appelle  les  Perakim  du  Mahzor  Viiry,  il  est  impos- 
sible de  relever  des  indices  établissant  leurs  rapports  avec  d'au- 
tres parties  de  la  littérature  rabbinique.  Dans  ce  morceau,  les 
renvois  en  marge  à  d'autres  écrits  sont  nombreux.  La  langue  est 
moins  nerveuse  et  serrée  que  dans  pi^,  et  on  y  trouve  fréquem- 
ment des  énumérations,  telles  que  dnn^  W3^,  v  et  vi;  tt^'ho 
rh  rry^y^,  etc.,  iMd.,  v;  dbi:jn  d'^^an  wau?,  vu;  iniûbiDïs  nvM, 
VIII,  style  qui  rappelle  vivement  Aboi,  v,  et  Ahot  di  R.  Nathan. 
C'est  pourquoi  j'admets  que  le  début  du  septième  chapitre  :  wnt) 
bbi^a  d-^nan  provient  de  Ahot  di  R.  Nathan,  version  I,  ch.  xxxvii, 
p.  110,  qui  provient  à  son  tour  de  A  bot,  v,  7  *.  La  maxime  ïTobioa 
iD^sai  lo-^sai  loida  nd-^î  dn»  d"»*ian  «  L'homme  se  fait  connaître  par 
trois  choses,  par  son  verre,  sa  bourse  et  sa  colère  »,  qui,  selon 
Eroxibin,  65  &,  a  été  dite  par  R.  Haï,  est  modifiée  dans  D.  E.  Z., 
V,  et  on  y  met  quatre  objets  en  ajoutant  le  mot  ino-^rM^ai  «  et  par 
son  costume  »,  qui  interrompt  la  belle  assonnance  Did,  tro  et  tn\ 
par  la  phrase  'Tia'^na  q»  n""»!  «  d'autres  ajoutent  :  par  sa  parole  • 
on  ajoute  déjà  à  cette  expression  une  sorte  de  guemara.  Suivant 
le  traité  Eroubin,  la  maxime  vise  l'homme  en  général;  dans 
Aboi  di  R.  Nathan,  version  II,  ch.  xxxi,  p.  68,  une  maxime  du 
môme  genre  (d^r^rr  pk  l'^p^rna  d'^'ian  'aa)  vise  également  l'homme  en 
général;  dansD.  E.,  la  maxime  a  donc  dû  être  seulement  appli- 
quée aux  savants,  ce  qui  explique  aussi  l'addition  de  '[PD'^û^^ai  *. 
Il  est  donc  permis  de  soutenir  qu'en  cas  de  concordance  entre  les 
chapitres  de  D.  E.  et  du  Tanna  di  bè  Eliyahou,  l'authenticité  est 
du  côté  de  D.  E.,  car  là  on  dit,  par  exemple,  R.,  v  :  d^È^  kît»  dbvb 
a)Dr  «nrt  "^^  bstfi^  rm,  tandis  que  dans  Eliyahou  Rabba,  xii,  il  y  a 
déjà  l'expression  a  des  savants  »  nmnn  n«  hibiJ2  tam  rfn  dÈ^i*.  Les 

>  Neuburger  veut  prouver  que  l'observance  des  lois  de  pureté  lévitique  n^a  duré 
que  jusqu'à  Tépoque  d^Uadrien  (MonaUschrift,  1873,  p.  433  et  suiv.].  Toutefois,  j'ai 
déjà  démontré  le  peu  de  fondement  de  cette  opinion  dans  Magyar- Zstdô-S^twle,  VII, 
385,  et  la  preuve  tirée  de  D.  £.  vient  encore  s'ajouter  aux  raisons  que  j'en  ai 
données, 

*  Les  mots  ddtia  ^aV)*l  manquent  dans  Eaîachot  Quedolot^  p.  645. 

s  Les  savants  se  distinguaient  aussi  par  leur  costume,  comme  cela  ressort  des  Evan- 
giles. Au  commencement  de  D.  Ë.  Z.,  la  leçon  iniD3  C|k3^n93*1  est  donc  préférable 
à  la  leçon  ^niDD  &|3U931  ;  elle  veut  dire  que  le  savant  doit  se  vêtir  décemment. 

*  Voir  plus  bas  les  mœurs  des  Jérusalemites. 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  4K 

chap.  IX  et  x  de  D.  E.  Z.,  comme  on  sait,  montrent  peu  d'origi- 
nalité. 

D.  E.  R.  semble  avoir  utilisé  Tanna  di  bè  Eliyahou  comme 
source.  La  maxime  de  la  fin  du  chapitre  vu  :  x^^  w^  rta^^  «b 
CTDisn  «  il  ne  faut  pas  se  réjouir  près  de  ceux  qui  pleurent  »,  se 
trouve  dans  Eliyahou  Zouia,  ch.  xvi,  en  langue  araméenne  ;  la 
traduction  en  hébreu,  faite  par  D.  E.  R.,  est  un  signe  certain  de 
jeunesse.  Cette  maxime  est  aussi  rapportée  dans  Eliyahou  Zouta 
au  nom  de  Samuel  le  Petit  :  ''Da  \skn  ^  roan  Kb  b-^m  «bn  W  bmn  «b 
«bn  d:^  TT»n  »bi  n'ina  «bn  d:^  n-^rran  «bi  -ïssa  «bn  d:^  "^atan  «bi 
rits^ns  a«nn  mtsv)  ^ru  «  N'aie  pas  peur  à  côté  de  celui  qui  n'a  pas 
peur  ;  ne  pleure  pas  à  côté  de  celui  qui  ne  pleure  pas  ;  ne  mange 
pas  à  côté  de  celui  qui  ne  mange  pas  ;  n'aie  pas  de  soucis  à 
côté  de  celui  qui  n'a  pas  de  soucis  ;  ne  ris  pas  à  côté  de  celui 
qui  ne  rit  pas,  de  peur  que  tu  ne  sois  pris  pour  un  fou.  »  La 
remarque  finale  dans  D.  E.  :  ■'îai  iTan  T^rm  nnrr  dn»  ««■»  b« 
m»  «  Il  ne  faut  pas  penser  autrement  que  les  autres  »  est 
exprimée  dans  Zouta,  v,  fin,  en  ces  termes  :  yrmin  dn»  n:©"^  b» 
n-pnan  «  Il  ne  faut  pas  s'écarter  de  l'usage  du  monde.  »  L'ex- 
pression nr'iart  se  trouve  aussi  dans  R.,  vi,  vers  1^  fin,  dans 
la  maxime  analogue  :  na^i:^  difi^  b«  vun  ton  d'^^an  in53«  1«D53 
m"nart  t3J?,  et  c'est  le  seul  endroit  du  traité  D.  E.  où  se  trouve  la 
phrase  :  «  C'est  à  cause  de  cela  que  les  sages  ont  dit  ^  »  La 
maxime  même  'na  m^n  «rm  ne  se  retrouve  nulle  part  ailleurs,  et 
pourtant  la  formule  introductive  Ij^dtd  semble  indiquer  une  cita- 
tion*. Il  semble  qu'il  y  a  là  une  indication  du  fait  que  l'auteur 
de  ce  morceau  connaissait  des  chapitres  de  D.  E.  que  nous  ne 
possédons  plus,  ce  qui  confirme  l'hypothèse  que  nous  avons  ex- 
primée plus  haut  de  l'existence  de  plusieurs  chapitres  (d'^pno)  de 
D.  E.  Le  fait  que  D.  E.  R.  môme  s'en  réfère  à  un  autre  D.  E. 
est  une  nouvelle  preuve  de  la  jeunesse  relative  de  D.  E.  Rabba. 
Il  faut  seulement  mettre  à  part  le  •»«?:>  "ja  pns,  qui  forme  un  petit 
ouvrage  distinct  et  qui  fait  partie  du  fond  primitif  du  D.  Ë.  R. 

Dans  le  premier  Pérek  de  R.  («Tpîan),  presque  chaque  maxime 
provient  des  traités  du  Talmud  babylonien.  Les  maximes  qui  sont 

*  D.  E.  R.,  IV,  au  milieu,  il  y  a  eacore  d'^Wan  1^73N  *]ab.  La  phrase  cilée  dans 
celle  formule  :  riîpa  ^[1  ^M^  se  trouve,  en  effet,  dans  Z.,  viii,  au  commencement; 
mais  la  suite  forme  une  sorte  de  guemara.  Le  fait  que  le  mot  nSpa  ^1  "^lîl  est  an- 
cien eet  prouvé  précisément  par  la  citation  d^TOan  1*i?afii  *jab  ;  dans  Ahot  di  R. 
Nathan,  version  I,  xu,  p.  66,  il  y  a  in»i<  l^a^.  D'après  Taanit,  20  h,  le  mot 
provient  de  Eléazar  b.  Schimon;  voir  plus  loin  le  chapitre  sur  les  parties  nar- 
ratives. 

«  Cf.,  plus  haut,  Û'^ttan  in53«  ^a-^ob,  dans  U  maxime  ^Ijr'^an  1»  pmïl-  La 
formule  Q^sn  yV2^  est  aussi  usuelle  pour  les  citations  de  Sira. 


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46  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

.  leur  place  dans  D.  Ë.,  parce  qu'elles  ont  un  caractère  mo- 
évèlent  beaucoup  d'originalité,  par  exemple  la  maxime  : 

)  -na^  Mb»  w« nnrmo  bD©  ïTOwn  tM>  sim©  nann  «b  «  Ne 

le  pas  beaucoup  avec  les  femmes,  car  leur  conversation  ne 
que  sur  l'adultère  »,  qui  parait  môme  avoir  été  employée 
Mischna  Abot,  i,  5  *.  —  Le  Pérek  dT?Ti2Ki  a  déjà  été  analysé 
laut,  et  il  suffit  de  dire  que  ce  chapitre,  sauf  sa  fin  mys- 

fait  partie  des  plus  anciens  ouvrages   de  la  littérature 
E. 

ci  comment  je  résumerai  les  résultats  de  cette  analyse.  Les 
laux  intitulés  pTi  avec  nupn  ^ty<^  '^  pno,  ^w:^  «ja  et  dT?Ttsci 
Isent  pas  à  d'autres  sources,  mais  sont  originaux  et  s'appel- 
"n  "^piD  ou  «'n  n"obsi  dans  le  sens  ancien.  Ces  morceaux  sont 
tilisés  dans  le  Talmud.  Les  Perakim  de  Z.  dans  le  Mahzor 
font  des  emprunts  au  Talmud  et  à  Aboi  di  R.  Nathan;  les 
im  iv-xi  de  R.  empruntent  à  Z.  et  aussi  à  Eliyahou  Rabba 
mta  ;  Pérek  i  de  R.  et  Pérek  x  de  Z.  ne  sont  que  des  com- 
)ns  sans  caractère  indépendant  ;  Pérek  bnb^n  est  une  agada 

et   ne    doit   être    considéré    que  comme    apparenté   au 
D.  E. 

S.  Erauss. 

{A  suivre.) 

Oeiger,  dans  Zeitsckrift  der  d^utich.  morgenl.   GeselUehaft,  XII  (1S58), 
et  Derenbourg,  Stsai  sur  VhUtoirê  dû  la  Paleêtinôt  p.  fiO,  note  1. 


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LE  CANTIQUE  DE  MOÏSE 

(DEUTÉRONOME,  XXXII) 


Si  ce  cantique,  dont  l'ensemble  est  très  clair,  renferme  quel- 
qaes  passages  obscurs,  cela  tient  surtout,  selon  nous,  à  un  cer- 
tain nombre  de  lacunes,  qui  n'ont  pas  été  suffisamment  remar- 
quées. Nous  avons  été  amené  à  admettre  ces  lacunes,  d'abord,  par 
l'examen  des  versets  difficiles  à  expliquer.  Nous  avons  observé,  en- 
suite, que  la  plus  grande  partie  du  chapitre  était  composée  de  dis- 
tiques, exprimant  chacun  une  pensée  distincte.  On  reconnaît  avec 
évidence  des  distiques  dans  les  versets  4,  6, 1,  10,  11,  13,  17,  20, 
21,  22,  23.24  a,  24  0-25  a,  25  &-26,  27,  28-29,  30,  32,  34.35  a,  35  ô- 
36  a,  36  0-37,  38, 41,  42,  43,  Si  l'on  met  à  part  les  versets  1  à  3  qui 
contiennent  l'introduction  du  poème,  il  y  a  quarante-huit  lignes, 
sur  soixante-six,  qui  forment  des  distiques.  Cette  simple  consta- 
tation autorise  à  croire  que  le  cantique  entier  (sauf  l'introduc- 
tion) était,  à  l'origine,  composé  de  distiques.  Seulement,  le  texte  a 
souffert  par  suite  de  nombreuses  omissions,  de  sorte  qu'il  manque 
des  hémistiches,  des  stiches  et  même  un  distique  entier,  sinon  plu* 
sieurs.  Dans  les  distiques  intacts,  on  peut  le  plus  souvent  res- 
pecter la  division  traditionnelle  des  versets.  Parfois  aussi  les  ver- 
sets sont  mal  coupés.  Nous  allons  examiner  maintenant  les 
versets  qui  présentent  des  obscurités  ou  qui  ne  cadrent  pas  avec  la 
division  en  distiques. 

Les  trois  premiers  versets,  qui  renferment  une  invocation, 
comprennent  un  stiche,  un  distique  et  un  stiche.  Le  cantique  lui- 
même  ne  commence  qu'au  verset  4. 

Le  verset  5,  qui  a  donné  tant  de  mal  aux  commentateurs,  n'a 
qu'un  stiche,  dont  la  première  partie  est  inintelligible.  Le  dernier 
essai  tenté  pour  l'expliquer  est  de  M.  Castelli  [Z.A.W,,  1897, 
p.337).  qui  lit  vhrh  pour  «b  ib  et  traduit  :  Leur  faute  eût  perdu^ 
^Us  n'eussent  été  ses  fils^  une  génération  perverse  et  tortueuse,. 


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48  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Mais  la  construction  de  la  phrase  hébraïque  s'oppose  absolument 
à  cette  explication,  et,  de  plus,  le  verset  suivant  n*aurait  pas  de 
sens.  A  notre  avis,  ib  nm»  ne  peut  signifier  que  :  (Israël)  s'est  cor- 
rompu envers  lui  (Dieu).  Or,  le  verset  5  est,  de  toute  façon, 
trop  court  pour  exprimer  la  défection  d'Israël.  Il  nous  semble 
donc  qu'il  devait  y  avoir  là  un  distique  dont  nb  nn«  est  le  com. 
mencement  et  rw  «b,  etc.  la  fin.  Toute  une  ligne  manque  entre 
ib  et  Nb.  Pour  les  mots  tWDi!Q  rîn  ^b,  nous  adopterions  partielle- 
ment la  correction  proposée  par  KIostermann  et  nous  lirions  È^b 
to-^stD»  -^sn,  parallèle  à  bnbriD-i  iûp:>  ^rt,  et  analogue  à  20  b. 

Dans  Sbj  les  mots  bw^itt)"»  "^îa  nDD^ob  ne  s'adaptent  pas  bien  à  ai^-» 
to-^TD:^  mbn:».  Or,  8  et  9  n'ont  que  trois  lignes.  Si  nous  supposons 
que  8  &  se  rattache  à  9 ,  et  qu'il  manque  l'hémistiche  paral- 
lèle à  ^^'n:^  niba:^  n^*^,  ainsi  que  l'hémistiche  répondant  à  iwth 
bN^n  -^ja,  nous  aurons  peut-être  trouvé  la  cause  de  l'incohérence 
de  82). 

Le  verset  12  n'a  qu'un  stiche,  qui  se  sùfilt  à  lui-même,  mais 
qui  pouvait  avoir  son  pendant  dans  un  autre  stiche  omis  par  un 
copiste. 

Nous  rentrons  dans  l'obscurité  avec  les  versets  14  et  15.  On  re- 
marque, d'abord,  que  rhémistiche  to-n^  nbn  d:^  est  bien  court. 
Aussi  faut-il  y  rattacher  to-^b^n  de  la  ligne  suivante  (voir  Dill- 
mann,  a.  L).  Ensuite,  rmn  nvb^  abn  to^  se  rattache  mal  à  l«a  •'în 
to'^inn:^'!,  et  l'image  de  la  graisse  des  reins  du  froment  est  très 
singulière.  On  rencontre  bien  la  graisse  du  blé  (Nombres,  xviii, 
12)  et  la  graisse  des  reins  (Lév.,  m,  4),  mais  nulle  part  les  reins 
du  blé.  Enfin ,  nvbD  nbn  d:>  ressemble  étrangement  à  abn  to^ 
to'^'TD,  qui  se  trouve  juste  au-dessus.  Nous  sommes  porté  à  croire 
que  les  roots  [to-^b»]  nvbd  abn  d:>  (d'après  Is.,  xxxiv,  6)  sont  une 
variante  de  to-^bî^i  d"»na  abn  d:^,  et  que  le  mot  n^n  fait  partie  du 
distique  suivant.  L'hémistiche  répondant  à  d-^mnn  "[toa  "^îa  manque, 
en  réalité.  Du  premier  hémistiche  du  distique  suivant,  qui  répon- 
dait à  %n  nniDn  aï:?  toTi,  il  ne  reste  que  nran.  C'est  à  ce  même 
distique  que  nous  rattacherions  volontiers,  avec  M.  Perlés 
{W.Z.K.M,,  t.  X),  les  mots  n-^uja  n-^aj^  nîJDO,  ces  verbes  étant  à  la 
deuxième  personne  comme  mwi,  tandis  que  û^^a*»*!  l^*»  iTstD'^i  doit 
être  rapproché  de  nrwy  nbî^  «^"^1.  Le  distique  est  complet,  si  on 
écrit,  d'après  la  Septante,  3?atD'»i  apr>  baN-^i,  après  ûya-^i  yw^  )iyû^\ 

Le  verset  16  n'a  qu'un  stiche.  Au  lieu  d'admettre  avec  M.  D. 
H.  Millier  (chez  Perlés,  l.  c.)  que  to'nû'rn,  etc.,  dans  le  verset  17, 
est  une  glose,  il  nous  parait  plus  naturel  de  croire  qu'une  ligne 
est  tombée  après  le  verset  16.  Le  verset  17  donne  un  excellent 
distique. 


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LE  CANTIQUE  DE  MOÏSE  49 

Les  versets  18  et  19  sont  probablement,  eux  aussi,  incomplets.  Ils 
pourraient  à  eux  deux  former  un  distique,  mais  il  n'est  pas  vrai- 
semblable qu'un  mArae  distique  renferme  deux  idées  différentes. 
Un  indice  de  Taltération  du  texte  nous  est  fourni  par  y«3"»i,  car  ce 
mot  n'a  pas  de  complément  direct,  et  0:073  est  difâcile  à  com- 
prendre. Aussi  a-t-on  proposé  la  correction  ingénieuse  consistant 
à  lire  dj^D"^"»  au  lieu  de  djots  et  de  transposer  ce  verbe  avec  yso'>\ 

Le  verset  23  n'a  qu'un  sticlie,  mais  nous  croyons  que  le  ver- 
set 24  a  doit  y  être  réuni.  Il  n'est  pas  sûr  du  tout  que  ■'Tîd  et  '^tznb 
soient  des  participes,  le  parallélisme  avec  nisp  indiquerait  plutôt 
des  substantifs,  expliquant  le  sens  de  "^^n.  Ensuite,  24  &  va  très 
bien  avec  25  a,  de  même  que  25  &  se  comprend  bien  mieux  comme 
complément  anticipé  de  drp&<DK  que  comme  suite  de  25  a;  donc 
25  &  et  26  forment  ensemble  un  distique. 

On  doit  réunir  aussi  28  et  29. 

Les  dilficuUés  reviennent  avec  csni^  t^tcl'd  «b  "«D.  On  ne  voit 
guère  comment  cette  phrase  se  lie  avec  ce  qui  précède  et  elle 
ressemble  beaucoup  à  Thémistiche  qui  est  au-dessus  d'elle  »b  tsic 
tmD73  onia:  "^d.  N'en  serait-elle  pas  une  variante?  En  ce  cas,  il 
ne  resterait  du  distique  qui  suit  le  verset  30  que  les  mots  énigma- 
tiques.  to-^Wo  ira"«"iNi  Pour  les  comprendre  nettement  il  faudrait 
suppléer  trois  hémistiches,  ce  qui  est  délicat. 

Au  verset  32  il  semble  manquer  dn^D'TO  après  tnny  rû^i^m.  Le 
verset  33  n'a  qu'une  ligne  ;  il  est  possible  qu'une  autre  ligne  ait 
disparu.  Le  verset  34  doit  être  complété  par  35  a,  tandis  que 
35  &  et  36  a  vont  ensemble  ;  de  môme  36  b  et  31.  Entre  37  et  38  il 
y  a  sûrement  une  lacune,  car  on  passe  brusquement  du  Dieu  d'Is- 
raël aux  idoles.  On  doit  donc  supposer  qu'il  manque  au  moins  un 
distique. 

Le  verset  39  comprend  cinq  hémistiches.  C'est  trop  ou  plutôt 
trop  peu  ;  car  il  est  à  croire  qu'il  est  tombé  un  stiche  parallèle  à 
nny  lan,  etc.,  tandis  que  d-^ïd»  "^^k  exprime  une  idée  différente.  Il 
est  visible  aussi  que  devant  b'^STD  '^r*^  x^s^')  il  manque  un  hémistiche. 

Enfin,  le  verset  40  est  incomplet,  car  Tapodose  de  fi<iDK  "^d  est 
absente. 

Si  Ton  tient  compte  de  ces  observations,  le  cantique  de  Moïse 
doit  être  écrit  de  la  manière  suivante  : 

•'nnnN.bûiD  btn  -^npb  ^Vi^'D  rpy-^ 

T.  XXXVI,  N«»  71.  4 


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REVUE  DfeS  ÉTUDES  JUIVES 


Nnn  -ns-îT  p"«^ir 

Snbnen  opy  -m 
tosn  Nbn  bM  d3^ 

-1*11  -n  n3«  ira 
^b  mttfc^'^n  'T^spT 

b«n«"»  "«33  -iDo?ab 
inbn3  ban  ypy^ 

Xn^'>  bb-i  nrrnm 

tin-p  "i-^brri  by 
inna»  b:^  in»©'^ 

1D3  b»  ')'j2y  V^T 

^no  naiîn  bDK'^n 
-ns  ttî-^^bn^  17301 

a-^bKi  û-^-iD  abn  û:^ 


2n  rrnujn   asy  uni 
r-i-^oiD  ïT'ay  nD730 

j'aû'^i  apyi  baÉf^i 
iny©*»  ma:  bas*»*! 


ibs^s  tD-^wn  -nxn 
Siy  i"»«i  rî2i?3«  b« 

ib  nmo 

o-^si):»  "^sa  «b   •   •   • 

n»T  ib?3in  'nbn 
^Dp   T^a«  Nin  ï^bn 

']iy^^  T^a«  bfittt) 

to'iia  IT^by  bnsna 
U'>72y  nibiai  aa:*^ 

iTûy  'n  pbn  ■'^ 

irTDDia*^  irjîaao"» 
iDp  i^:?"^  no3S 

irns"^  lia  'm 


yhoi2  «:an  i^rps^i 

1«x  abm  npa  r-i«»n 
to-^ninyï  ^tta  -«sa 


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^Tvs^y  nb«  «ta^i 


D-^nTa  inNap-' 


toiyn*^  Nb  D-^nb^ 
DD'^niaN  ûinyo  «b 

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LE  CANTIQUK  DE  MUISE 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


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t  sans  doute  tentant  de  combler  les  lacunes,  mais  ce 
gereux.  C'est  d^jà  beaucoup  que  de  savoir  qu'il  y  a  des 
.  Dans  beaucoup  de  passages  bibliques  les  copistes  ont 
des  morceaux  plus  ou  moins  étendus.  Dans  ce  cantique, 
lisme  et  Tuniformitë  du  poème  permet  de  se  faire  une 
icunes  ;  mais  ailleurs  il  est  bien  difficile  d*en  déterminer 
I  et  rimportance. 

Mayer  Lambert. 


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r-'iir 


LE  CHAPEAU  JAUNE 

CHEZ  LES  JUIFS  COMTADINS 


On  sait  qae  dans  le  Gotnté-Venaissin,  comme  en  beaucoup  de 
pays,  les  Juifs  étaient  astreints  à  porter  des  signes  infamants. 
C'était  d'abord  la  roue  ou  rouelle  jaune  que  les  conciles  d* Avi- 
gnon, de  1326  et  de  133*7,  imposèrent  à  tous  les  Juifs,  à  partir  de 
l'âge  de  quatorze  ans  pour  les  garçons  et  de  douze  ans  pour  les 
filles.  Cette  mesure  humiliante  ne  fut  jamais  acceptée  sans  pro- 
testation, et  les  Israélites  comtadins  ne  reculèrent  devant  aucun 
moyen  pour  s'y  soustraire.  Tout  nous  porte  à  croire  que,  malgré 
toutes  les  ordonnances,  ils  parvinrent  souvent  à  s'en  affranchir 
complètement.  De  là  le  grand  nombre  d*édits  reprenant,  tout  en 
les  modifiant  parfois,  les  anciennes  prescriptions  violées  ou  tom- 
bées en  désuétude ^  Rappelons-en  les  principales'. 

La  bulle  de  Pie  II  (1459),  imposant  aux  Juifs  la  roue  ou  autre 
signe  jaune,  si  grand  et  d'une  telle  largeur  qu'il  puisse  être  vu  en 
dehors  des  plis  de  Thabit,  fut  renouvelée  par  Alexandre  V[  (1494) 
et  par  Clément  VII  (1525),  qui  menaça  les  contrevenants  d'une 
amende  de  100  ducats  d'or^.  Mais  dans  la  pratique,  on  se  montra 
certainement  plus  tolérant.  Les  Juifs  eurent  recours  à  la  ruse  et, 
s'ils  portaient  le  signe  infamant,  ils  savaient  à  l'occasion  le  cacher 
aux  regards  indiscrets. 

*  Voir  Ulysse  Robert,  Êtudt  sur  la  rou$  des  Juifk  depuis  le  xiii*  siècle^  dans  la 
Revue^  t.  VJ,  p.  90  ;  Bardinet,  Condition  civile  des  Juifk  du  Comtat  Venaissin^  ibid.y 
p.  6  et  SUIT.  ;  Israël  Lévi,  Clément  VJI  et  les  Juifs  du  Comtat  Venaissin,  t.  XXXII, 
p.  70  et  suiv. 

*  A  en  croire  Cambis  Velleron  (ms.  de  la  bibliothèque  d* Avignon),  les  Juifs  du 
Comtat  portèrent  longtemps  des  habillements  pariiculiers,  parmi  lesquels  était  letalei. 
Ce  ne  serait  que  dans  le  courant  du  xiit*  et  môme  du  xiv*  siècle  qu'ils  abandon- 
nèrent leur  costume  oriental  pour  prendre  le  costume  européen.  Le  chapeau  jaune 
n'ayait  donc  pas  de  raison  d'ôlre  avant  cette  époque, 

»  Archives  de  Vaucluse.  G.  42,  P»12. 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

'  mettre  an  k  ces  agissements,  Clément  YII  remplaça  le 
1  1525  la  roue  par  un  objet  plus  apparent,  le  chapeau  ou 

jaune.  Mais  sur  la  protestation  des  Juifs,  cette  mesure  fut 
.  Paul  IV  y  revint  en  1555.  Mais,  dès  1560,  un  nouvel  édit 
me  pape  autorisa  les  Juifs  à  se  coiffer  du  chapeau  noir 
)s  bourgs  et  villages  oti  ils  avaient  coutume  de  trafiquer  ^ 
à  le  porter  dans  la  ville  môme  de  leur  carrière,  il  n*y 
qu'un  pas  que  beaucoup,  surtout  les  Juifs  aisés,  n*hési- 
pas  à  franchir,  grâce  à  la  bienveillance  intéressée  de  cer- 
igents  du  pouvoir.  Aussi  Pie  V  voulut-il  mettre  ordre 
état  de  choses.  Par  une  bulle  de  1566,  il  confirma  celle 
prédécesseur  Paul  IV,  et  en  demanda  la  rigoureuse  mise 
;ution.  C'était  l'époque  la  plus  douloureuse  de  l'histoire 
fs  comtadins  ;  un  décret  d'expulsion  avait  été  rendu  con- 
:,  et  le  moindre  sujet  de  mécontentement  pouvait  en  hâter 
nation.  Pour  ne  pas  irriter  leur  souverain,  déjà  si  mal 
I  à  leur  égard,  les  Juifs  durent  se  soumettre  complète- 
lux  prescriptions  pontificales  et  se  coiffer  du  couvre-chef 
îtesté.  Ils  le  portèrent  de  même,  malgré  quelques  vaines 
ves  d'affranchissement,  pendant  toute  la  première  occupa- 
inçaise'.  Mais  les  papes,  en  reprenant  possession  du  pays, 
itrèrent  beaucoup  plus  tolérants.  Malgré  les  statuts  d'Avi- 
le  chapeau  jaune  disparut  complètement*  pour  céder  la 
u  chapeau  noir  avec  pièce  d'étoffe  jaune  sur  la  partie  supé- 

Cette  pièce  môme  ne  fut  pas  obligatoire  pour  certains 
oyageant  et  commerçant  dans  les  villages'.  Un  règlement 
Te  Lacrampe,  inquisiteur  général  d'Avignon,  du  20  octobre 
upprima  cette  liberté  relative.  Il  imposa  de  nouveau  le  cba- 
empiétement  jaune  «  à  peine  de  prison  ipso  facto  et  autres 
arbitraires  et  môme  corporelles  en  cas  de  récidive  ».  Cette 
ance  resta  en  vigueui*  jusqu'en  1*751,  où  une  autre  la  mo- 
;  la  façon  suivante  :  <c  Les  hommes  porteront  la  marque  de 
r  jaune  sur  le  chapeau,  bien  cousue  dessus  et  dessoua  les 

I  était  la  situation  lorsqu'en  1776,  les  Juifs,  voulant  suppri- 
tottt  jamais  ce  signe  humiliant,  encore  trop  visible,  deman- 
au  pape  de  les  autoriser  à  porter  simplement,  à  la  partie 

othèque  de  Carpentras,  ms.  2904  ;  mÔme  ordonnance  de  Tauditeur  général 
n,  année  1564.  Ibid. 
Pièces  justificatives. 
Us  d'Avignon,  année  1698. 
Pièces  justificatives. 
loth.  d'Avignon,  ms.  2863,  f»  84. 
iolh.  d'Avignon,  ms.  2945,  art.  XX. 


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LE  CHAPEAU  JAUNE  CHEZ  LES  JUIFS  COMTADLNS  55 

sapérieare  de  leur  chapeaa  noir,  un  morceau  d'étoffe  jaune.  Le 
moment  était  on  ne  peut  mieux  choisi.  La  discorde  régnait  entre 
)e$  députés  du  pays  très  hostiles  aux  Juifs  et,  par  conséquent, 
partisans  déterminés  du  chapeau  jaun*",  et  le  cardinal  Durini,  re- 
présentant de  l'autorité  pontificale.  Le  cardinal  avait  qualifié  très 
sévèrement  les  actes  de  l'assemblée  comtadine  et  sVtait  même 
permis  de  ne  pas  écouter  les  explications  qu'elle  voulait  lui  don- 
ner. Les  prétentions  des  Juifs,  étant  combattues  par  les  députés, 
ne  pouvaient  avoir  que  les  sympathies  de  Monseigneur  Durini.  H 
n'allait  cependant  pas  jusqu'à  les  défendre  et  les  soutenir  ouver- 
tement, il  se  contenta  d'une  bienveillante  neutralité.  Malgré  toutes 
les  avances  de  la  représentation  comtadine,  il  ne  consentit  à  faire 
aucune  démarche,  et  l'assemblée  dut  se  rabattre  sur  Tévéque  de 
Carpentras,  Monseigneur  Vignoli,  qui  se  joignit  à  M.  Celestini, 
chargé  d*affaires  à  Rome,  pour  prendre  en  main  «  la  cause  du 
pays  ». 

Quels  étaient  les  arguments  des  Juifs  ?  Nous  ne  les  connaissons 
que  par  le  mémoire  de  l'assemblée  rédigé  dans  la  séance  du 

la  juillet  me. 

En  voici  le  résumé.  Le  chapeau  jaune  n'est  pas  une  fin,  mais  un 
moyen  de  distinguer  les  Juifs  des  chrétiens.  Or,  ce  moyen  a  aou* 
vent  changé,  et  puisque  le  chapeau  noir  avec  pièce  d'étoffe  fait 
suffisamment  reconnaître  le  Juif,  pourquoi  lui  imposer  le  chapeau 
complètement  jaune  ? 

Kn  second  lieu,  cette  prétention  n'a  rien  d'excessif.  D'autres 
Juifo  des  terres  pontificales,  ceux  de  Rome  et  d'Âncône,  ne  portent- 
Ils  pas,  depuis  longtemps,  le  chapeau  noir  avec  la  pièce  d'étoffe? 
Rien  ne  justifie  cette  différence  de  traitement. 

Enfin,  dans  les  pays  environnants,  et  particulièrement  en  France, 
les  Juifs  ne  portent  pas  non  plus  le  chapeau  jaune. 

A  ces  raisonnements,  l'assemblée  oppose  la  réponse  suivante  : 
La  loi  est  formelle,  elle  indique  clairement  et  le  but  et  le  moyen. 
C'est  à  la  tourner  ou  à  la  violer  que  tendent  les  prétentions  des 
Juifs.  La  marque  jaune  peut  facilement  être  cachée  ou  enlevée. 

Quant  aux  Juifs  d'Ancône  et  de  Rome,  ils  ne  ressemblent  en 
rien  à  ceux  d'Avignon  et  du  Comtat.  Les  premiers  sont  pauvres, 
avilis,  misérables;  les  seconds  riches,  insolents,  couverts  de 
bijoux.  Ils  roulent  carrosse,' ont  les  plus  beaux  chevaux,  vivent 
familièrement  avec  les  chrétiens.  Tout  le  commerce  est  entre 
leurs  mains  ^  Uien  ne  les  dislingue  plus  des  chrétiens  que  le  cha- 

<  De  nombreux  documents  prouvent,  au  contraire,  que  la  situation  des  Juifs  élait 
loio  d'être  brillante. 


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56  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

peau  jaune;  ils  veulent  s'en  défaire.  Il  faut,  au  contraire,  le  main- 
tenir pour  les  humilier. 

Pour  ce  qui  est  des  Juifs  de  France,  ils  ne  vivent  dans  ce  pays 
que  par  contrebande  et  en  dépit  des  lois  qui  leur  en  interdisent 
Taccès.  Pour  éviter  une  expulsion,  ils  doivent  nécessairement 
s'iiabiller  comme  les  chrétiens,  afin  de  passer  inaperçus. 

Contre  toute  attente,  l'assemblée  eut  gain  de  cause.  Le  20  no- 
vembre 1776,  le  saint  office  rendit  un  édit  confirmant,  en  les 
aggravant  encore,  les  bulles  de  Clément  VII  et  de  Pie  V.  Les  Juifs 
étaient  contraints  de  porter  le  chapeau  jaune  et  personne,  pas 
même  les  légats  et  les  canlinaux,  n'eut  plus  le  droit  de  leur  accor- 
der la  moindre  dispense.  Malgré  cet  échec,  les  Juifs  ne  se  con- 
sidérèrent pas  comme  définitivement  battus  ;  fis  continuèrent  leurs 
démarches  sans  arriver  à  un  résultat  plus  favorable.  Ils  étaient 
condamnés  à  se  coiffer  de  l'humiliant  chapeau  jusqu*à  la  Révolu- 
tion française. 

Chose  curieuse!  après  avoir  lutté  avec  tant  d'acharnement  pour 
l'abolition  de  la  marque  infamante,  ils  continuèrent  à  la  porter, 
alors  que  rien  ne  les  y  contraignait.  Le  chapeau  jaune,  en  effet,  ne 
disparut  pas  avec  la  Révolution.  Deux  ans  après,  il  se  dressait 
encore  sur  le  crâne  de  beaucoup  de  Juifs  comtadins.  Comment 
expliquer  ce  singulier  phénomène?  Les  Juis  voulaient-ils,  comme 
on  nous  Ta  dit,  porter,  par  économie,  leurs  chapeaux  jusqu'à 
complète  usure  ou  bien,  par  une  application  bizarre  du  fameux 
«  'Houkat  Hagoy  »,  le  couvre-chef  détesté  était-il  devenu  le  signe 
extérieur  de  la  piété  et  de  l'orthodoxie  ?  Quoi  quMl  en  soit,  il  fallut 
une  ordonnance  pour  le  faire  disparaître.  Le  25  janvier  1791,  le 
maire  de  Carpentras  fit,  en  eiïet,  afficher  une  proclamation  en- 
joignant, au  nom  des  principes  de  la  Constitution  française,  à  tous 
les  Juifs  de  se  défaire  de  leurs  chapeaux  jaunes,  sous  peine  de 
douze  livres  d'amende. 

Jules  Baubr. 


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LE  CHAPEAU  JAUNE  CHEZ  LES  JUIFS  COMTADINS  57 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES 


Permission  aux  Juifs  de  porter  le  chapeau  noir  en  votaob 
dans  le  comtat. 

A  Mgr  Illusirissime  et  excelUntissimê  vice-légai  d'Avignon, 
Supplient  très  humblement  les  nommés  Jassuda  Grémieu  et  José- 
Ain  Grémieu,  juifs  de  la  ville  de  Garpentras,  et  représentent  à  votre 
Excellence  comme  étant  en  obligation  de  faire  souvent  des  voyages 
dans  les  villes  et  lieux  du  Gomtat  pour  les  affaires  de  leur  commune, 
ils  sont  très  souvent  exposés  aux  insultes  et  injures  des  enfants  et 
des  personnes  indiscrètes,  ce  qui  les  oblige  d'avoir  recours  à  la  bonté 
et  à  la  générosité  de  Mgr  le  vice-légat,  atin  qu'il  lui  plaise  de  leur 
accorder  la  i>ermission  de  porter  le  chapeau  noir  dès  qu'ils  seront 
sortis  de  la  juiverie  dudil  Garpentras  pour  aller  dans  le  Gomtat  et  à 
Avignon  passer  et  repasser  librement  sans  leur  donner  aucun  empê- 
chement ny  faire  aucune  violence.  G*est  la  grâce  que  lesdits  sup- 
pliants espèrent  obtenir  de  sa  clémence  et  ils  prient  Dieu  pour  la 
conservation  et  la  prospérité  de  Mgr  le  vice-légat. 

Abraham  ^KMiKi^ToJuif  d$  Litourne, 

avec  son  camarade  et  deux  valets. 
Année  4693. 

iBiblioth.  d*ATignon,  ms.  2863,  f«  84.) 

II. 

Extrait  d'une  lettre  écrite  a  Monseigneur  Vionolt,  évéque 
DE  Garpentras  (en  séjour  a  Rome.) 

Garpentras,  6  juillet  4776. 

Nous  vous  prions  très  instamment  de  faire  en  sorte,  avec 

votre  zèle  ordinaire,  que  Si  Siintelc  nous  reu<ie  justice  au  sujet  de 

notre  administration  que  Mgr  le  Gardinal  Durini  a  trouvé  bon  de 

critiquer,  dans  tout  le  public,  sans  avoir  daigné  nous  entendre,  de 

l'éclaircir  et  d'obtenir  encore  de  la  bienfaisance  de  notre  souverain 

qu'il  rejette  l'instance  que  les  Juifs  font  pour  obtenir  le  chapeau  noir 

contre  les  titres  les  plus  sacrés  et  les  plus  authentiques  dont  votre 

grandeur  trouvera  ici  copie  (Suivent  les  bulles  de  Glément  VII  et 

de  Pie  V). 

Les  élus  du  pays. 

(ArchivM  de  Vaucluse,  G.  41,  f«  1006.^ 


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58  REVUi!:  DES  ÉTUDES  JUIVES 

III. 
ASSBMBLÉB  ORDINAIRE   DU  PATS  :   ht  JUILLET  4776. 

En  laquelle  il  a  été  fail  leclure  du  mémoire  qui  a  été  dressé,  à 

la  suite  de  la  délibératiou  prise  par  l'assemblée  ordinaire  du  deux  du 
couraot»  au  sujet  de  la  demande  faite  par  les  Juifs  de  pouvoir  quitter 
entièrement  le  chapeau  jaune  pour  prendre  le  chapeau  noir  avec  une 
pièce  d'étoffe  au-dessus. 

Après  laquelle  lecture,  ledit  mémoire  ayant  été  approuvé  par  ladite 
99S«9iblée,  elle  f  délibéré  de  Teoregistrer  à  la  suite  des  présentes  et 
4*«Mi  envoyer  une  copie  à  M.  Gelesiitii,  agent  du  pays  en  la  Cour  de 
liome*  afin  qu*il  en  fasse  Tusage  convenable  en  employaui  môme  les 
êvocats  qu*ii  croira  nécessaires  aûu  d'empêcher  l'efTet  de  la  demant^e 
de«  Juifs. 

(ArchiTM  de  Vaucluae,  C.  42,  f«  11.) 


IV. 
El^TRAIT  DU  MÉMOIRE  DBS  EtaTS   DU  CONSKIL  VENAISSIN  AU  SUJET  DKS 

Juifs  qui  y  pont  établis. 

Ck)mme  la  tète  est  la  partie  la  plus  apparente  du  corps,  c*est 

aussi  sur  la  tète  qu*on  a  eu  Paiieutiou  d'ordonner  que  soit  placé  le 
signe  distinctif.  Paul  IV,  dans  sa  constitution  du  M  juillet  4553, 
ordonne  très  expressément  que  les  Juifs  porteront  le  bonnet  ou  cha- 
peau jaune  et  les  Juives  une  autre  marque  sur  la  tète  qui  ne  puisse 
être  cachée  en  aucune  manière.  Ce  souverain  pontife  comprenait 
combien  l'obligation  imposée  aux  Juifs  de  porter  le  chapeau  jaune 
était  nécessaire,  puisquMl  défendait  a  tous  tes  légats,  présidents  et 
vice-légats  de  les  en  dispenser. 

Le  saint  pape  Pie  V.confirmaot,  par  sa  constitution  du  48  avril  4566, 
celle  de  Paul  IV,  ordonne  très  expressément  que,  pour  ôter  toute 
équivoque,  le  bonnet  ou  chapeau  des  Juifs  doit  être  en  couleur  jaune. 

Le  premier  concile  de  Milan,  rapporté  dans  le  volume  XV  des 
conciles  généraux  part.  IV,  page  332,  De  Jtuieis,  Ht  la  même  ordon- 
nance sur  le  chapeau  jaune.  Nous  pourrions  citer  bien  d^autres  lois 
(énérales  également  précises  et  respectables  par  lesquelles  11  est 
ordonné  que  les  Juifs  seront  obligés  de  porter  le  chapeau  jaune,  mais, 
pour  raison  de  brièveté,  nous  nous  attacherons  surtout  à  celles  qui 
ont  été  expressément  et  particulièrement  faites  pour  les  Juifs  d'Avi- 
l^non  et  du  Comté  Venaissin. 

Nous  voyons  dans  le  statut  d*Avignon  que,  conformément  à  la  dis- 
position des  constitutions  apostoliques,  11  est  ordonné  que  pour  que 
les  Juifs  puissent  être  distingués  des  chrétiens,  ils  seront  obligés  de 


1 


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LE  CHAPEAU  JAUNE  Cmi  LES  JUIFS  COMTADLXS  »a 

porier  le  chapeau  de  couleur  jaune  et  les  Juives  UQ  sigae  9ur  la  tétfi 
de  même  couleur  (Livre  I,  Rubric.  34,  art.  V).  Ce  qui  est  disposé  jk 
cet  égard  par  les  souverains  pontifes  relativement  aux  Juifs  établi^  à 
Garpeniras  et  dans  le  Comté  Yenaissiu  n'est  pas  moins  clair  V\Q  II» 
dans  sa  buUe  datée  de  Mantoue  du  5^  janvier  1459,  youlant  pourvoir 
aux  avantages  des  habitants  de  Garpentr^s  et  à  ceu^  dtl  Comté  Ye- 
naissiQ,  daigna  confirmer  ce  qu*il  avait  établi  dans  une  aulre  de  ses 
constitutions,  que  les  Juifs  de  Carpentras  et  du  comté  Yenai^sia 
osaient  enfreindre,  et  il  ordonnait  en  môme  temps  que  Içs  Juifs  por- 
teraient une  raie  ou  un  autre  signe  de  couleur  jaune  si  |fraad  et 
d'une  telle  largeur  qu'il  dût  être  vu  du  dedans  et  du  debor^  de 
Vhabit. 

Mais  les  Juifs  de  Carpentras  et  d'Avignon  ne  tardèrent  pas  d*éluder 
des  ordres  aussi  précis  et  aussi  nécessaires;  ils  s'appliquèrent  aus- 
sitôt à  cacher  le  signe  prescrit  par  Pie  II,  et  a  trouver  par  là  le  moyen 
d'être  moins  distingués  des  chrétiens.  Les  habitants  du  pays  furent 
obligés  de  recourir  de  nouveau  au  Saint-Siège. 

Le  pape  Clément  YI[  ne  tarda  pas  d'avoir  égard  à  des  plaintes 
aussi  justes;  il  fit  une  constitution  datée  de  Rome  du  43  juin  45)5. 
On  voit  dans  celle  bulle  :  \^  que  les  Juifs  établis  dans  Avignon, 
Carpentras  et  dans  les  autres  villes  du  Comlé  Yenaissin,  poussés  par 
leur  propre  témérllé  et  enflés  d'orgueil,  afleclaient  de  porter  les  hdbits 
des  chrétiens  et  de  marcher  comme  les  cbréliens  eux-mêmes  et 
qu'ils  osaient  quitter  ou  cacher  la  marque  qu'ils  devaient  porter  sur 
la  poitrine;  %^  le  souverain  pontife,  voulant  réprimer  un  pareil 
attentat,  et  croyant  nécessaire  d'employer  des  précautions  propices 
pour  que  les  Juifs  fussent  parfaitement  distingués  de  tous  les  chré- 
tiens, ordonne  que,  sans  exception  ni  retard  et  sous  peine  de  cent 
ducats  d'or,  payables  à  chaque  contrevenant,  et  en  cas  d'insolvabilité 
par  la  communauté  des  Juifs,  les  mêmes  Juifs  établis  dans  Avignon. 
Carpentras  et  le  Comté  Yenaissin  eussent  à  prendre  le  cfiapeau  jaune 
ou  bonnet  jaune  sans  oser  le  quitter. 

A  la  vue  de  titres  aussi  clairs  du  souverain  lui-même,  qui  aurait 
pu  croire  que  les  Juifs  d'Avignon  et  du  Comté  eussent  la  présomp- 
tion de  s'y  sousiraire?  C'est  pourtant  ce  qu'on  vient  de  voir  au  très 
inrand  scandale  des  chrétiens  et  surtout  des  gens  de  bien. 

D'abord,  comme  ils  ont  en  horreur  la  couleur  jaune,  sans  dout^  par 
etU  seul  qu'il  leur  est  ordonné  précisément  de  la  porter,  quelques- 
uns  des  Juifs  avaient  commencé  à  porter  le  chapeau  d'une  conleur 
tirant  sur  le  rouge  de  sorte  qu'on  voyait  une  partie  des  Juifs,  c'est-ft- 
dire  les  riches  et  les  jeunes  fanfarons,  portant  des  chapeaux  rougeà- 
tres  très  élégamment  ajustés,  taudis  que  les  pauvres  et  quelques 
vieux  tant  seulement  conservaient  le  chapeau  de  couleur  totalement 
jaune.  Nous  savons  que  dès  lors,  les  supérieurs  animés  d'un  saint 
zèle  contre  un  pareil  abus  avaient  pris  le  moyen  de  le  faire  cesser 
et  de  remettre  les  constitutions  apostoliques  dans  leur  parfaitf  et 
étroite  exécution.  Mais  la  prise  du  Comtat  et  d'Avignon  qui  survint, 


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60  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

dans  ces  circonstances,  empêcha  Theureux  effet  d*un  dessein  aussi 
juste  et  aussi  louable. 

Les  Juifs  n*ont  pas  laissé  échapper  le  temps  de  la  domination  fran- 
çaise pour  tâcher  de  la  mettre  à  profit  et  se  soustraire  au  chapeau 
jaune,  sinon  en  tout  du  moins  en  partie,  mais  grâce  au  zèle  des  admi- 
nistrateurs publics,  ils  n'ont  rien  pu  obtenir. 

On  se  flattait  qu'enfin  le  pays  étant  retourné  sous  la  domination 
du  saint  siège,  tout  reviendrait  dans  Tordre  primitif,  mais  combien 
les  chrétiens  ont  été  trompés  dans  leurs  espérances!  Ce  retour  si 
désiré  n*a  pas  été  plutôt  arrivé  que  Ton  a  vu  les  Juifs  quitter  totale- 
ment le  chapeau  jaune  et  prendre  le  chapeau  noir  comme  les  chré- 
tiens, se  contentant  seulement  de  mettre  un  morceau  d^étofîe  sur  la 
forme  du  chapeau,  et,  qui  plus  est,  les  chrétiens  ont  la  douleur  d'ap- 
prendre que  les  Juifs  remplis  comme  à  l'ordinaire  d'espérances  les 
plus  flatteuses,  comptant  sur  des  protecteurs  qu'ils  n'ont  que  trop 
souvent  l'art  de  surprendre,  font  à  Rome  les  plus  grands  efforts  pour 
obtenir  cette  fatale  permission  qu'ils  désirent  avec  tant  d'ardeur  de 
quitter  le  chapeau  jaune  et  de  prendre  le  chapeau  noir  avec  la  seule 
pièce  d'étotfe  sur  la  forme  du  chapeau^  affectant  d'insinuer  que  la 
pièce  d'étoffe  est  une  marque  suffisante  pour  les  faire  distinguer  des 
chrétiens  (Suit  une  série  de  compliments  au  pape  et  l'énumération 
des  raisons  nécessitant  le  maintien  du  chapeau  jaune). 

Il  est  difficile  d'imaginer  quels  sout  les  motifs  sur  lesquels 

les  Juifs  peuvent  se  fonder  pour  oser  se  flatter  qu'ils  pourront 
réussir  à  obtenir  le  renversement  de  tant  de  constitutions  apos- 
toliques. Nous  apprenons  que  ces  prétextes  sont  au  nombre  de 
deux. 

En  premier  lieu,  ils  disent  que  la  pièce  d'étoffe  appliquée  sur  la 
forme  du  chapeau  noir  est  une  marque  suffisante  pour  les  faire  dis- 
tinguer du  chrétien;  ils  n'ignorent  pas  que  le  statut  d'Avignon  les 
oblige  à  porter  le  chapeau  jaune,  et,  par  cela,  ils  insinuent  que  la  fia 
pour  laquelle  le  chapeau  jaune  a  été  ordonné  aux  Juifs  qu'ils  puis- 
sent être  distingués  des  chrétiens.  Ce  sout  les  paroles  du  statut,  et 
ils  ajoutent  que  la  pièce  d'étoffe  étant  suffisante  pour  remplir  cet 
objet,  la  disposition  du  statut  en  reste  accomplie,  sans  qu'il  soit 
nécessaire  de  recouvrir  un  chapeau  jaune,  lequel  est  non  la  fin  du 
statut  mais  un  simple  moyen  pour  y  parvenir  qui  peut  très  bien 
être  rempli  par  equipotens,  c'est-à-dire  par  la  simple  pièce  d'étotfe. 
C'est  donc  ainsi  que,  pour  la  première  fois,  les  Juifs  découvrent  l'esprit 
de  la  loi,  prétendent  se  soustraire  à  la  lettre  qui  véritablement  est 
meurtrière  pour  eux,  ou  pour  mieux  dire,  c'est  ainsi  que,  par  le 
secours  d'un  simple  sophisme,  ils  prétendent  éluder  l'esprit  et  la 
lettre  de  la  loi  la  plus  claire 

Mais  on  serait  encore  bien  plus  indigné  contre  les  Juifs,  si 

Ton  avait  vu  la  manière  avec  laquelle  ils  portent  cette  pièce. 

h^  En  élevant  les  ailes  du  chapeau  qui  sont  totalement  noires,  ils 
viennent  à  bout  de  cacher,  dans  sa  plus  grande  partie  ou  même  dans 


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p "1 1»"  ■ 


LE  CHAPEAU  JAUNE  CHEZ  LES  JUIFS  GOMTADLNS        61 

sa  tolalilé,  la  pièce  d'étoffe  qui  couvre  à  peine  le  dessus  de  la  forme 
du  chapeau. 

2<»  Quaod  le  Juif  est  grand  et  qu*il  a  son  chapeau  sur  la  tôte  il  est 
impossible  à  ceux  des  chrétiens  qui  sont  petits  de  stature  de  voir  la 
pièce  qui  n'est  que  sur  la  partie  supérieure  de  la  forme  du  chapeau 
noir. 

3^  Les  Juifs  dédaignent  même  de  porter  cette  pièce  d*éloffe  de 
couleur  jaune;  ils  la  perlent  impunément  de  couleur  grise  ou 
blanche,  il  y  en  a  même  qui  se  contentent  d'y  mettre  un  morceau  de 
papier. 

4<»  Ils  ont  l'adresse  d'attacher  cette  pièce  d'étoffe  quelquefois  avec 
de  simples  épingles,  mais  toujours  si  facile  à  pouvoir  la  détacher 
qu'ils  l'ôtent  quand  ils  veulent. 

5<>  Il  est  aisé  de  concevoir  que  le  chapeau  jaune  en  tout  temps  et 
toute  occasion  est  aperçu,  mais  que  le  chapeau  noir,  avec  une  simple 
pièce  d'étoffe,  ne  l'est  point,  surtout  lorsque  le  jour  commence  à  faire 
place  à  la  nuit 

Nous  savons  bien,  et  nous  ne  le  nions  pas,  que  le  port  du 

chapeau  jaune  a  été  ordonné  par  la  bulle  de  Glémeot  YII,  comme 
un  distinctif  qui  doit  exister  entre  les  Juifs  et  les  chrétiens,  mais  il 
faut  convenir,  en  môme  temps,  qu'il  a  été  ordonné  comme  un  dis- 
tinctif seul  suffisant  pour  un  objet  d'une  aussi  grande  considération. 

Il  faut  convenir  encore  que  le  chapeau  jaune  a  été  ordonné  dans 
la  bulle  de  Clément  YII,  comme  une  punition  de  leur  infraction  à  la 
bulle  de  Pie  II,  en  cachant  malicieusement  ou  en  cessant  de  porter  la 
roue  ou  le  signe  jaune  sur  l'habit  comme  Pie  II  leur  avait  enjoint. 

En  second  lieu,  les  Juifs  d'Avignon  et  du  Gomtat,  pour  obtenir  les 
fins  d'une  prétention  aussi  inouïe  et  à  laquelle  on  n'aurait  jamais 
dû  s'attendre,  ne  manqueront  pas  d'alléguer  l'exemple  des  Juifs  de 
Home,  d'Ancône  et  d'autres  états  d'Italie  qui  tous  ont  le  seul  dis- 
tinctif du  chapeau  noir  avec  la  pièce  d'étoffe.  Nous  respectons  cer- 
tainement tout  ce  que  les  princes  trouvent  bon  d'ordonner  dans  leur 
état,  à  plus  forte  raison  respectons-nous  ce  que  les  papes,  nos 
augustes  souverains,  ordonnent  dans  le  leur;  mais  il  nous  sera  permis 
de  dire  si  quelque  raison,  quelque  usage  particulier  rend  suffisant  à 
Rome  le  seul  distinctif  de  la  pièce  d'étoffe,  cette  raison  et  cet  usage 
n'existant  pas  dans  le  Gomtat,  on  ne  doit  pas  se  servir  de  ce  qui  se 
pratique  à  Rome  pour  en  faire  une  loi  pour  Avignon  et  le  Gomtat. 

Nous  dirons  plus,  nous  ajoutons  qu'il  y  a  dans  Avignon  et  le 
Gomtat,  des  raisons  et  des  usages  particuliers  qui  font  que  ce  qui 
s'observe  à  Rome  ne  doit  point  affecter  le  Gomtat  et  même  que  tout 
doit  concourir  à  empêcher  que  la  tolérance  que  l'on  a  à  Rome  pour 
les  Juifs  relativement  au  chapeau  jaune  ne  soit  admise  dans  le 
Gomtat. 

A  Rome,  les  Juifs,  en  général,  sont  pauvres,  avilis  ;  ils  n'exercent 
point  la  mercature  publiquement,  ils  sont  bornés  à  la  friperie,  ils  ne 
cherchent  pas  à  se  confondre,  à  se  mêler  avec  les  chrétiens,  rien  ne 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

lupprimer  et  à  cacher  leur  distinclif,  ils  ne  petlvetit 
^n  aucune  émulalion,  aucune  jalousie, 
t  autrement  à  Avignon  et  dans  le  Gomtat,  ils  s'y  sont 
)ut  le  négoce.  Leurs  richesses,  leur  opulence  sont 
is  haut  point.  Non  contents  de  rivaliser  avec  les  chré- 
ircent  même  de  les  surpasser  dans  leurs  parures,  dans 
3t  toute  sorte  de  luxe  ;  ils  affectent  d'avoir  des  ser- 
valels  chrétiens  qu'ils  emploient  aux  oflïces  les  plus 
^nt  dans  les  villes  sur  les  plus  beaux  chevaux  ou  dans 
arées,  le  commerce  et  certains  arts  qu'ils  exercent  ne 
it  que  trop  d'occasions  de  fréquenter  les  maisons  chré- 
aller,  môme  la  nuit,  contre  la  teneur  des  ordres  les  plus 
^s  de  tant  d'avantages,  il  n'y  a  qu'un  seul  objet  qui  les 
ect,  les  inquiète  et  les  humilie:  c'est  le  chapeau  jaune, 
it  est  donc  de  le  secouer.  Ils  n'oot  que  trop  facilement 
m  d'en  venir  à  bout,  depuis  environ  deux  ans,  en  subs- 
peau  jaune  le  chapeau  noir  avec  une  pièce  d'étoffe, 
ut  pas  tardé  d'abuser  d'uue  pareille  permission,  non 
isi  qu'il  a  été  ci-dessus  observé,  ils  trouvent  le  moyen 
out  ou  en  partie,  ce  distinctif  équivoque  et  de  le  rendre 
il  y  en  a  qui  par  la  qualité  et  la  couleur  de  l'étoffe  et 
)  dont  ils  la  portent,  paraissent  vouloir  en  faire  comme 

yons  pas  que  les' Juifs  du  Gomtat  et  d'Avignon  veuil- 
emple  des  Juifs  qui  se  trouvent  en  France  et  qui  y 
luement  le  chapeau  noir,  car  il  suffirait  d'observer 
non  seulement  les  Juifs  n'y  vivent  pas  en  communauté 
i  libre  et  public  de  leur  religion,  mais  encore,  suivant 
aume,  ils  ne  peuvent  et  ne  doivent  y  être  tolérés  en 
re.  Si  donc,  contre  la  teneur  de  ces  lois,  il  parait  quel- 
is  le  royaume  de  France,  ils  doivent  y  paraître  néces- 
îgal  des  chrétiens,  comme  n'y  étant  point  connus,  sans 
lent  être  soumis  à  toute  la  rigueur  des  lois.  Ainsi  il 
comparaison  à  faire  entre  les  communautés  des  Juifs 
l  et  les  quelques  Juifs  qui  peuvent  être  éparpillés  en 

B  Vaucluse,  C.  42,  (•  11  etsuiv.) 


V. 

Assemblés  ordinaire  du  pats. 

)t  cent  septante-six  et  le  vingt  novembre, 
exposé  qu'enfin  le  renouvellement  de  Tédit  du  Saint- 
it  les  Juifs  vient  d'arriver  et  d'être  publié  dans  cette 
t  porté  par  l'article  XX  dudit  Edit  que  Sa  Sainteté 


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LE  CHAPEAU  JAUNE  CHEZ  LES  JUIFS  COMTADINS  63 

adhère  non  seulement  à  la  bulle  de  Paul  IV,  renouvelée  par  Pie  Y, 
mais  spécialement  au  bref  de  Clément  Vil  en  date  du  43  juin  4525, 
soit  directement  pour  l'État  d'Avigoon  et  selon  le  statut  de  la  même 
ville^  Livre  I,  titre  DeJttdaeis,  Rubric  34,  article  5,  ordonne  et  com- 
mande que  les  Juifs  de  l'un  et  l'autre  sexe  qui  habitent  à  présent  ou 
habiteront  dans  les  villes  d'Avignon  et  Carpentras  et  dans  le  Comtat 
Venaissin  soient  obligés  de  porter  la  marque  de  couleur  jaune,  c'est- 
à  dire  que  les  hommes  doivent  porter  le  chapeau  tout  de  couleur  jaune, 
sans  aucun  voile  ou  bande  par-dessus,  et  que  les  femmes  doivent 
pareillement  porter  la  marque  de  couleur  jaune  à  découvert  sur  leur 
tôte;  qu'il  est  porté  par  l'article  XXI  qu'à  l'avenir  on  n'aura  nul 
éi^ard  à  aucune  permission  émanée  de  quelque  tribunal  que  ce  soit,  ou 
de  personnes  de  quelque  dignité,  grade  ou  office  qu*ils  puissent  ôtre, 
quoique  vice-légat  même  d'Avignon,  évèques,  majordomes,  cardinal, 
légat  ou  camerlingue  de  la  sainte  Église.  M.  le  syndic  a  ajouté  en 
conséquence  :  les  Juifs  sont  obligés  de  quitter  le  chapeau  noir  avec 
pièce  d'étoffe  et  de  reprendre  le  chapeau  entièrement  jaune. 

(C.  42,  f«  81.) 

VI. 

ASSSMBLÉS  ORDINAlBB  DU  PATS. 

L'an  mil  sept  cent  septante  sept  et  ce  second  janvier. 

M.  le  syndic  a  encore  exposé,  à  cette  occasion,  qu'il  est  venu 

à  sa  notice  que  les  Juifs  du  Comté  Venaissin  et  de  la  ville  d'Avignon 
renouvellent  leurs  efforts  à  Rome  pour  obtenir  la  révocation  du  susdit 
édit  et,  en  conséquence,  qu'il  leur  soit  permis  de  reprendre  le  chapeau 
de  couleur  noire  avec  le  seul  distinctif  d'une  pièce  d'étoffe  et  qu'ils 
font  même  les  offres  les  plus  spécieuses  pour  obtenir  cette  grâce. 
M.  le  syndic  croit  inutile  de  remettre  sous  les  yeux  de  cette  assem- 
blée les  justes  et  puissants  motifs  qui  l'ont  engagé  de  faire  à  Rome, 
avec  son  zèle  ordinaire,  les  représentations  convenables.  L'assemblée 
décide  d*écrire  des  lettres  à  Mgr  le  cardinal  Pallavicini,  ministre  et 
secrétaire  d'État,  et  à  son  Eminence  le  cardinal  Torrigiani,  secrétaire 
de  la  sacrée  congrégation  du  Saint-Office  à  Rome. 

(C.  42,  î*  97.) 

VIL 

ÂSSEMBLéB  GÉNÉRALB  DBS  SBIGNBURS  BT  MESSIEURS  LES  ELUS,  SYNDIC 
BT  PROCUREUR  QÉMÉRAL  DES  TROIS  ÉTATS  DU  GOMTÉ  VbNAISSIN. 

.....  Suit  un  nouveau  vote  pour  le  maintien  rigoureux  du  cha- 
peau jaune. 

IC.  42,  f*  136.) 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

VIIL 

Proclamation. 

s,  maire  et  officiers  municipaux,  en  suite  de  la  péti lion  faite 
société  des  Amis  de  la  Constitution,  à  la  demande  de  M.  le 
de  Gourthezon  et  de  M.  le  commandant  des  Gardes  nationales 
ises,  au  nom  desdits  Gardes  qui  ont  volé  à  noire  secours  en 
de  la  délibération  du  Conseil  général  du  jour  d*hier  et  ensuite 
rincipes  de  la  sublime  constitution  française,  ordonnons  aux 
le  potier  le  cbapeau  noir,  à  peine  de  douze  livres  d'amende, 
s  très  expresse  inbibilion  et  défense  à  toutes  personnes  de  les 
er,  sous  peine  de  douze  livres  d'amende,  et  déclarons  que  les 
seront  responsables  des  insultes  que  pourront  faire  les 
is. 

arpentras,  dans  la  maison  commune,  ce  25  janvier  1794. 
lés  :  D'AuRBL,  maire,  Damian,  Barjavbl,  Flandrin,  J.  Escop- 
Allib  Tainé^   Durand,  J.-J.    ësclaroon,  Atmk,  Barjavel, 
'S  municipaux  K 

ce  trouyée  chez  M.  Abr.  Lu  net,  de  Carpeatras,  qui  a   bien  voulu  nous  per- 
d'en  prendre  une  copie. 


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UN  MANUSCRIT  DU  MISCHNÉ  TORA 


.  Autour  du  remarquable  manuscrit  du  Mischné  Tora^  de  Maï- 
monide,  ayant  appartenu  aux  petits-flls  de  Don  Isaac  Abravanel 
et  à  la  bibliothèque  d'Abraham  ben  Menahem  Rovigo,  et  qui  est 
arrivé  il  y  a  environ  une  dizaine  d'années  en  la  possession  de 
M.  Julius  Hamburger,  marchand  d'antiquités  à  Francfort-sur- 
le-Mein,  par  l*acbat  de  la  bibliothèque  du  marquis  Carlo  Trivul- 
zio,  de  Milan  S  il  s*est  formé  une  légende  qui  a  fait  considérer  ce 
manuscrit,  déjà  si  précieux  par  lui-même,  comme  une  vénérable 
relique.  On  a  prétendu  que  c*est  le  môme  ouvrage  pour  lequel 
Isaac  Abravanel  aurait,  dit-on,  payé  trente  mille  ducats  *.  On  di- 
sait même,  pour  rehausser  le  glorieux  éclat  de  ce  manuscrit,  que 
c*e8t  de  la  main  d'Abravanel  qu'émane  cette  note,  écrite  en  hé* 
breu,  d'une  encre  pâlie  :  «  C'est  ici,  à  Venise,  que  j'écris  ceci,  le 
cœur  brisé  au  souvenir  des  jours  bénis,  moi  Isaac  Abravanel,  le 
plus  petit  parmi  les  hommes.  »  Les  petits-flls  de  Don  Isaac  au- 
raient racheté  plus  tard  à  Ferrare,  au  prix  de  cinq  cents  ducats, 
ce  trésor  de  famille  qui  avait  été  aliéné,  comme  on  le  déduit  du 
titre  de  vente  lui-même,  avec  toute  l'apparence  d'une  érudition 
sérieuse  >.  Sur  le  premier  acte  de  vente  que  contient  le  manus-^ 
crit,  Moïse  Nahmanide  aurait  signé  comme  témoin  (1351)  ;  tou- 
tefois, on  ajoute  consciencieusement  que  cette  signature  est  «  dif- 
ficile à  déchiffrer  «  9. 

A  la  vérité,  la  lecture  qu'on  a  proposée  de  la  prétendue  note  de 
censeur  doit  déjà  éveiller  nos  doutes.  Le  censeur  aurait  écrit  au 
bas  du  manuscrit,  à  la  date  du  15  décembre  1574,  les  mots  sui- 
vants *  :  Venuus  p.  me  Sausen7iii  frangelliU  ou,  d'après  le  se* 

'  Caialog  der  Antiquitaten-Sammlung  von  Juliui  Hamburger,  Francfort-suf- 
Mein,  1888,  p.  75-76. 

«  D'après  une  fable  du  mmiïl  fcmp,  p.  125. 

'  nifi^nOIS  '^^13'^;D  Abwûkhungen  des  gedruekten  Teatet  de»  Jad  BaehMoka^ 
Francfort-Bor-Mein,  1889,  préface. 

♦  CateUog,  p.  76. 

»iJ<rf.,  p.  75. 

T.  XXXYI,  M'  71.  5 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

échiflfrement  *  :  Revisits  p.  me  Laureniiù  FrangueUù. 
^idemment  le  fameux  censeur  Laurent  Franguella  qui  com- 
,  à  partir  de  1571;  à  expurger  les  imprimés  et  manuscrits 
X,  qui  composa  lui-môme  un  Manuel  pour  les  censeurs  de 
ittérature  et  qui  fut  encore  envoyé  en  1595  comme  censeur 
toue  pour  examiner  tous  les  livres  rabbiniques  de  cette 
mauté*. 

I  détail  est  à  peu  près  exact,  sauf  quelques  altérations,  on 
t  deviner,  par  contre,  après  un  examen  minutieux  du  ma- 
,  comment  on  y  a  vu  les  autres  indications  qui  ont  rendu 
tument  si  fameux.  Grâce  à  l'obligeance  du  possesseur  ac- 
i  manuscrit,  M.  Hermann  Kramer,  de  Francfort-sur-le- 
3t  de  M.  Frauberger,  de  Dùsseldorf,  qui  a  exécuté  les  pho- 
lies  des  documents  de  ce  manuscrit,  à  mon  intention,  sa 
le  et  authentique  histoire  peut  maintenant  être  établie  et  il 
e  plus  rien  des  affirmations  formulées  Jusqu*à  présent.  Mais 
;  apparaître  toute  une  série  de  faits  qui  rendent  ce  ms.  en- 
lus  remarquable,  malgré  la  disparition  apparente  de  son 

5. 

origine  de  ce  précieux  monument  de  Tart  des  copistes  et 
neurs  juifs  reste  provisoirement  enveloppée  de  mystère, 
i  nous  n*avons  aucune  donnée  ni  sur  le  scribe  ni  sur 
e  et  le  lieu  où  le  manuscrit  a  été  écrit,  Thistoire  de  ses 
pes  et  de  ses  divers  propriétaires  peut,  du  moins,  être  éta- 
i  partie,  avec  clarté  et  certitude. 

remier  des  trois  actes  de  vente  conservés  à  la  fin  du  ma- 
,  au  bas  de  Tavant-dernière  feuille,  —  particularité  qui  a 
les  noms  des  témoins  méconnaissables  sur  la  photogra- 
-  nous  apprend  que,  le  vendredi  6  mai  1351,  le  ms.  a 
idu  à  Avignon.  Le  premier  possesseur,  Don  Luis  ben  Sa- 
e  Lagarde^,  vend  ce  magnifique  manuscrit  (l'acte  de  vente 
le  pas  des  miniatures)  à  Manassé  ben  Jacob  de  Navarre, 
lié  à  Avignon.  L'intermédiaire  qui  a  conclu  la  vente,  en- 
le  prix,  donné  quittance  en  présence  de  Tacheteur  et  des 
s,  en  se  déclarant  responsable  sous  garantie  de  sa  fortune 
devant  le  tribunal  papal  d* Avignon  et  toute  autre  juri- 
contre  toute  revendication,  porte  le  nom  d'Eliot  Joseph 
laye,  c'est-à-dire,  d'après  la  coutume  existant  déjà  à  cette 

©,  l.  cit. 

j.  Sacerdote,  dans  la  Rnue^  XXX,  271  et  suiv.,  et  M.  Slero,  Urkundlicki 

Hber  die  Stellung  der  Pàpste  su  den  Juden^  165. 

«^eubauer,  JUvue^  IX,  215,  note  2,  et  U.  Qross,  GoUia  Judaica^  p.  16/134  ; 

llndex,  p.  685,  est  une  faute  dUmprettion. 


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UN  MANUSCRIT  DU  MISCHNÉ  TORA  67 

époque  de  faire  suivre  le  nom  du  âls  da  nom  du  père  comme 
deuxième  nom  S  Ella  bon  Joseph,  surnommé  probablement  de 
la  Haye,  du  nom  d'une  localité.  Le  prix  auquel  le  manuscrit  avait 
été  vendu  a  été  effacé  plus  tard  intentionnellement  dans  le  docu- 
ment, sans  doute  pour  en  tirer  une  somme  plus  élevée  à  la  pro- 
chaine vente.  Ainsi  8*explique  la  seule  lacune  existant  dans  le 
document,  d'ailleurs  parfaitement  conservé. 

Vingt-deux  ans  plus  tard,  le  25  février  13*73,  encore  un  ven- 
dredi, à  Arles,  le  manuscrit  passe  de  la  possession  de  Don  Abra- 
ham Vidal  de  Bourrian  en  celle  de  Juda  ben  Daniel,  au  prix  de 
cinquante  florins  d'Avignon*.  Devant  les  témoins,  David  ben  Da- 
vid Abigdor  et  Isaac  ben  Tiçhar  Kaslia  ',  le  vendeur  déclare  avoir 
reçu  intégralement  le  prix  de  vente  et  s'engage  en  échange  à  ga- 
rantir le  nouveau  possesseur  contre  toute  revendication.  Le  ven- 
deur était  peut-être  le  père  de  ce  Vidal  Abraham  de  Bourrian  qui, 
en  1387,  a  joué  un  si  triste  rôle,  comme  faux  témoin,  dans  le 
procès  de  Maître  Duran  de  Gadenet  et  de  sa  prétendue  fiancée 
Méronne,  fille  d'En  Salves  Gazin  d'Arles  *.  David  Abigdor,  un  des 
signataires  du  contrat  de  vente,  pourrait  avoir  appartenu  à  cette 
famille  considérée,  dont  est  issu  également  le  traducteur  proven- 
çal Salomon  ben  Abraham  Abigdor  '^. 

Il  s'écoule  environ  cent  soixante-quinze  ans  jusqu'à  ce  que  nous 
ayons  de  nouveau  une  indication  précise  sur  le  lieu  où  se  trouve 
notre  manuscrit.  Nous  ne  savons  pas  ce  qu'il  est  devenu  lors  de 
l'expulsion  des  Juifs  d'Arles,  en  1493.  Sa  présence  nous  est  ré- 
vélée seulement  par  un  acte  authentique  à  Ferrare,  1547,  où  il  fut 
de  nouveau  vendu  un  vendredi,  le  18  novembre.  Le  vendeur 
comme  l'acquéreur  et  les  témoins  sont  des  personnalités  bien 
connues  dans  l'histoire  juive.  Abraham  ben  Menahem  Finzi,  de 
Rovigo,  le  possesseur  du  manuscrit,  qui  a  fait  partie  plus  tard  du 
rabbinat  de  Ferrare  ^,  était  sans  doute  le  petit-fils  de  R.  Abraham 
de  Rovigo  et  le  neveu  de  R.  Israël,  chef  de  l'école  de  Ferrare,  que 

1  Cf.  H.  Gross  danslt  Monatuehrift^  1S80,  p.  409,  note  1. 

*  Zunz,  Zwr  Oegekiekte,  p.  563. 

*  H.  Qross,  Gallia  Judaiea^  621 ,  rapporte  au  nom  de  M.  Isradl  Léyi  cette  leçon  : 
?TÈPb«p  'nrot*^  X^  pnx*^  et  voudrait  corriger  Kaslia  en  '^nNbWp  «  de  Caslar  ». 
Toutefois,  la  leçon  ïlfiobtDp  est  tout  à  fait  sûre,  et  cVst  seulement  1*132  dont  on 
voudrait  faire  S^n^  mot  qui  pourtant  s'écrit  ^U)  d'une  façon  constante,  qu'il  faut 
corriger  en  l^. 

«  Cf.  H.  Gross,  Monatitekr.,  iSSO,  408  et  suiv.,  et  Qallia  Judaica^  p.  87  et  suiv, 
'  MonatMseÂr,,  p.  410,  note  1. 

*  il  signa,  en  effet,  avec  Haskito  et  Abraham  Bondia,  le  22  Marheschvan  5327, 
à  Ferrare,  on  acte  du  rabbi&at  ;  cf.  Mortara ,  M^^M^S'^M  "^SH  niSTni  P*  24 
(d'après  0"n  31), 


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68  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Guedalya  ibnTabya*  nomme  tous  deux  ses  maîtres,  qui  lui  ont  con- 
féré l'ordination  rabbinique.  Son  père,  Menahem,  avait  deux  frères, 
Eliézer  et  Elyakim,  avec  lesquels  11  s'occupa  de  réunir  les  éléments 
d'une  bibliothèque.  D*après  une  note  du  mois  de  juin  1512,  consi- 
gnée sur  un  manuscrit  en  parchemin  du  commentaire  sur  le  Pen- 
tateuque  d'Abraham  ibn  Ezra,  qui  est  actuellement  en  ma  posses- 
sion, ce  manuscrit  a  été  acquis  avec  d'autres  livres  par  les  trois 
frères,  Eliézer,  Elyakim  et  Menahem,  fils  d'Abraham  Rovigo  de 
Ferrare».  En  1527,  la  bibliothèque  fut  partagée,  à  Mantoue,  entre 
les  trois  frères  '.  Cinquante-six  manuscrits  et  imprimés  devinrent 
la  propriété  du  seul  Menahem,  qui  en  a  consigné  la  liste  exacte  sur 
la  dernière  feuille  de  notre  ms.  Le  ms.  môme,  qui  a  sans  doute  mérité 
par  ses  miniatures  d'être  qualifié  de  «  beau  »,  se  trouve  en  tète 
de  la  liste.  Abraham  ben  Menahem  de  Rovigo,  son  héritier,  ne  con- 
serva ce'précieux  ouvrage  que  pendant  vingt  ans.  En  154*7,  il  se 
défait  de  ce  trésor,  qui  évidemment  avait  excité  Tenvle  des  deux 
principaux  membres  de  la  communauté  de  Ferrare,  les  frères  Don 
Jacob  et  Don  Juda  AbravaneP.  Lors  de  l'expulsion  des  Juifs  de 
Naples,  ils  étaient  venus  à  Ferrare,  en  1540,  avec  leur  père.  Don 
Samuel  Abravanel  ',  le  grand  bienfaiteur  des  Juifs  napolitains.  Don 
Samuel  était  déjà  mort  lorsque  ses  fils,  continuant  les  traditions  et 
les  vertus  de  la  famille,  qui  s'était  toujours  imposé  comme  un 
devoir  de  cultiver  et  de  protéger  la  littérature  hébraïque,  entrèrent 
en  possession  du  précieux  manuscrit  de  Maïmonide. 

Les  témoins  étaient  fiaruch  Uziel  ben  Baruch  Hazak,  appelé 
généralement  Hazkito  ou  Forti  ®,  qui  plus  tard  a  fait  partie  du 
corps  rabbinique  de  Ferrare,  et  Moïse  Tabéç  ;  ils  déclarent 
qu'Abraham  ben  Menahem  Finzi  di  Rovigo  a  vendu  de  son  plein 
gré  le  manuscrit  aux  frères  Abravanel,  en  renonçant  à  la  plus- 

^  ïlb^ptl  nbtDblD,  éà,  de  Venise,  f»  65  5  ;  Menahem  ben  Abraham  de  Royigo 
mentionDÔ  dans  un  ms.  HaU)erstam,  riTsblZ)  nbnp,  était  sans  doute  sod  père. 

•  -^srïD  tanna»  'iN^a  -^atîD  tanïTsi  û'^p'«bNi  ^T^-^bec   iîso^    "j-^ïp 

rrns^TD  laynn  lam»  ia  t-nanb  i3^r  'rr  any  t^-^ît^  în-i-^D  rro  'i3r 
tabiy  nyn. 

*  SuiysDt  le  catalogue  des  ouvrages,  dans  l'appendice. 

^  Juda  ben  Joseph  ben  Juda  Abravanel,  qui  mourut  à  Ferrare  le  jeudi  15  dé- 
cembre 1583,  et  dont  J.  B.  Lévi  (D"»73^n  m:pn,  éd.  S.  J.  Halberstam,  Brody, 
1879,  p.  10)  a  découvert  la  pierre  tombale  à  Ferrare,  était  sans  doute  le  petit-fils  de 
ce  Juda. 

»  nbapn  nb«b©,  65  b. 

«  Zunz,  nTan  OnDt  V,  155.  Josef  ben  Matatia  Trêves,  à  propos  de  la  dispute 
de  Samuel  ben  Moïse  de  Perugia  avec  Josef  Tamari  de  Venise,  en  1566,  fait  une 
allusion  blessante  au  nom  de  Hazkito  en  lui  appliquant  ces  mots  HMl  'pXttn 
rtD-îrt  de  Nombres,  xm,  18  (voir  Û'na'in  nb»,  8  a,  avant  la  fin). 


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UN  MANUSCRIT  DU  MISGHNË  TORA  69 

value*  qu*il  pouvait  acquérir  et  en  s'engageant  à  les  défendre 
contre  toute  prétention  éventuelle  à  la  possession  de  ce  document. 
C'est  le  môme  Hazkito  qui  a  composé  en  Thonneur  de  Don  Isaac 
Abravanel  une  courte  biographie  *. 

Le  prix  que  Rovigo  a  reçu  pour  son  manuscrit  n*est  pas  indi- 
qué *  ;  on  ne  trouve  non  plus  dans  le  manuscrit  aucune  trace  du 
nom  d'Isaac  Abravanel,  que  ce  dernier  aurait  écrit  lui-môme.  Ce 
qu'on  a  pris  pour  un  cri  de  douleur  arraché  à  cet  homme  qui  avait 
été  chassé  de  ses  foyers,  c'est  Tintroduction  d*une  liste  de  nais- 
sances qui,  selon  l'antique  usage  juif,  furent  inscrites  dans  ce  pré- 
cieux manuscrit.  Si,  comme  je  le  suppose,  cette  liste  provient  de 
la  famille  Rovigo,  elle  prouverait  que  ce  trésor  se  trouvait  déjà 
dans  cette  famille  au  commencement  du  xvi*  siècle.  Le  nom 
d*Abraham  revient  souvent  dans  cette  génération.  A  la  date  du 
27  mai  1509,  on  trouve  la  naissance  d'une  fille  du  nom  de  Sara, 
et  à  la  date  du  1  mai  1511,  à  Mantoue,  celle  d*un  fils  nommé 
Abraham.  Si  c'est  cet  Abraham  qui  a  vendu  notre  ms.,  il  aurait 
eu  trente-six  ans  à  Tépoque  de  la  vente.  Cette  liste  nous  apprend 
aussi  la  naissance  de  deux  frères,  Ëlia,  né  à  Mantoue,  le  1  août 
1515,  et  Ruben,  né  à  Rovigo,  le  17  juin  1503  (?). 

Des  cinquante-quatre  manuscrits  et  imprimés  dont  Menahem 
di  Rovigo,  le  père  d*Abraham,  a  dressé  le  catalogue  lors  du  par- 
tage, et  dont  neuf  restèrent  à  ses  frères,  à  savoir  cinq  imprimés, 
qui  étaient  des  traités  du  Talmud,  à  son  frère  Eliézer  pour  servir 
de  livres  d*étude  à  ses  enfants,  et  quatre  manuscrits  à  son  frère 
Elyakim,  à  qui  Menahem  les  laissa  pour  ses  neveux^,  il  doit  sûre- 
ment encore  en  exister  plusieurs  qui  sont  disséminés  dans  les 
bibliothèques  publiques  ou  privées,  et  il  sera  sans  doute  possible 
de  prouver,  par  les  inscriptions  qu'ils  contiennent,  qu'ils  faisaient 
partie  de  ce  fonds.  Provisoirement,  on  ne  connaît  avec  certitude 
que  Texistence  de  deux  d'entre  eux  :  le  Commentaire  du  Penta- 
teuque  d'Abraham  Ibn  Ezra,  que  j'ai  dans  ma  collection,  et  le  ms. 
du  Mischné'Tora  qui  a  fait  partie  de  la  Trivulziana.  Il  n'est 
guère  possible  d'établir  quand  ce  ms.  a  passé  de  la  main  des  frères 
Abravanel  à  des  mains  étrangères,  vu  l'absence  de  notes  manus- 

1  Dans  "^^l^*^,  préface,  ces  mois  sont  aÎDsi  rendus  :  •  J'atteste  eu  même  temps 
que  dans  ce  livre  ii  n*emttepa$dt  faute  ;  si  les  sus-dits  seigneurs,  que  Dieu  les  pro- 
tège, y  trouvaient  néanmoins  une  faute,  je  déclare  notre  contrat  nul.  • 

«  Voir  n3^1TD*^n  '^V^yi^  d*Abravanel. 

*  Dans  "^^IS^,  préface,  Abraham  ben  Menahem,  appelé  ici  Maranik^  déclare  : 
•  J'en  ai  reçu  trois  cents  ducats  d*or  •. 

^  Voir  le  Catalogue.  Un  beau- frère  de  Menahem  portait,  comme  nous  rapprenons 
là,  le  nom  de  YekuUel  Poggibonzi.  Il  dit  que  les  deux  derniers  mss.  étaient  en  sa 
possession  depuis  1517. 


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70  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

crites  et  de  tout  renseignement  sur  le  nom  des  propriétaires 
ultérieurs. 

Nous  avons  apporté,  pour  notre  part,  notre  contribution  à  la  vé- 
rité en  dissipant  les  légendes  répandues  sur  la  provenance  et  This- 
toire  de  ce  ms.  Il  appartient  maintenant  à  la  science  de  se  consa- 
crer à  l'étude  de  sa  valeur  artistique  et  de  déterminer  la  place 
qu'occupent  les  miniatures  dans  Tart  de  Tenluminure  des  manus- 
crits Juifs. 

David  Eauebiann. 


APPENDICE 


nbb  •iioN  ^îDT  C|or  "na  îrbN  '"n  «a  î-taio  '^ttinn  to^w  wsca 
>-T«3a  1T7  T*b  15m  mîDT  Sts  Yi'db  bsa  i»nm  lanST  ta-^na^  "^^y  vn 
M^anN  ia  «■'©  ^"isrt  rrt  ^''b  viNarrttS  nTon^a  irî'^iN  mrr  '^'^'nî  mp-^ 
nittbnn  -^nDO  by  in»*»»  la»  rr©»  iran  binan  a*nn  anan  ta-^neo  nmy 
•^ïN©:?  ï^b  PTaNi  ï^rinab  -^n  bNiî3«  nb  lin  rrb^sïi  t-iN»  mbo  -^Sîm 
ï-ro3tt  inn  "^^  '^nr^T^  ■'^  T<*nan  m»  '^Dvhm  ^nm  rc  b^  pn  nD«a  n-^b© 
nn'«a  s-TD  «^nNaïi  ^^îsîïi  nsoïi  rrr  n^Tïn  tib  ]rt  tn»»  bap  'nstîn 
nb  y\i  PNTD  rrTDTin  "^td  i-^n©  nm»  -«a»»  mbm  n^tsïi  moa»  \n 
n«T  b^  î-rap^m  "^fiopT  "^0^5  ib  na^ttSNCi  -«sn  ib  imD7DN«  ^stan 
'nic^  na^nn»  na  «•»«  néon  rrî  nb  'n^ia  ■^sîïi  -^n-^œy  pi  rrr^^wn 
S-TO5Î3  lin  rrsm  ta^-^ssa  •^T'b  it»  Stana  ••ïnt»  ^stan  nnn  nco 
•^Dis^  nb  nay^tt  ''ïN  ï-rrb  û-^K-n  tan«tt3  i»^  ^on  "^n-^b  imî  'nstan 
•nyny^i  ï^a-^tD  n^ny»i  i^nsa  b^  pbobi  nn-^b  *n^tirt  ï-tt  T'Tsynb  '^o^si 
•nSTSïi  BiOT'  'la  lïT^b»  'n  -^std  i3^»u5  nb»  û-^nan  n»  •'^  it  nn-^^Ta  by 
n^T3ïi  ^oïi  bapi  nswïi  ïTO3»  "jin  "^sDai  «^'^•«ïibT  tpv  taT^b»  î-r^ia^n 
'na^n  n^TD^^ïibi  naTsrr  "toïi  b:^  iToat:^  na^©i  irsoa  ^awn  nïrbx  'n 
ba  nabi  nmn  tan^''  niD-^oNn  lï^nn»  ^xn  nab  T^oain  nîsatj^  na^«i 
^9'l^'Ki^  ^y^^m  "^ym»  ba  bisaaa  nann  îtoîtd  (lin)  lin  nat-i-^ia  nstni  natn 
mn-'a):  '»nt3«  ba  nîsm  m-^nma  nt  ï-rn-^a»  'noia  n:cnm  nr*nnNi 
'ïy'^n  '1  ûT'  arrr  lî-'isb  ïTïitts  ïiîsi  û'^Mn  iipna  ta-'-^n^ayrr  m^mm 
issnïT  isttnm  lïana  •^«•^lan  qb^b  o^nob  n«y  niiNi  n«tt  nîtts  't^'^éi  «nnb 

.linatbi  ïTfcnb  ^nann  mas»  "jin  Tb 
bÉn-'i  ta*iaN  inn  rtbysn  t^a  roTDNî  ni*!^  rraîs  ••^nnn  ù'^iy  is-^sea 
Saa  lanai  û'^na^  ^by  T^rr  isb  ^itdk  pi  -^nb^iN  ïid  '^-nan»  lèrman 
n)3nm  minn  n3^ia«  •'îtttt  ibapi  •iitda  i-^îpa  "^î^îs  i^pn  mat  b«  ";i«b 
tana»  •»5«  T^«  m^b  ib  t-iT^nb  Sfiosn  nia  ïnnïr.  n  nb^^n  ra  nim 


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UN"  MANUSCRIT  DU  MISCHNÉ  TORA  71 

5-r«3iûMb  t^bn  «^«•'■^pT  t^'^'niû  rm*na  n«nnrr  M^^t^  rrn»  •^stîti 

tarY^  'm''DB«n  liann»?:  û-^rriB  ta-^tD^n  "py^  nsnrr  nmri'^  'n  nb^^în 
•»Tb  in-'tt  ta^STïrr  ant  û-^ms  ta-'TDTsnrT  fam»  -^nbap  î-tsïit  imti 
j^nn  13  p"»Tnnb  m«*nn  hd  ib  imî  t^anbi  inm  '^siti  nn^i  mîsbttsa 
na^nauja  ^f2'zy  S^  •'Sn  bapTan  ûb^bn  lan  t^^r»  irea  t3'»«aïi  bsi 
rrnnbT  mXDb  riîpfcm  •'wpn  -^o^tï  b^  •'îr  nay«î3i  *ni»A  i-^apai  nmnti 
n5T5îi  -iBon  nî  nTStt  b:?  na^vbn  inyob  «a-^uj  "i^i^i^  b^i  i^^ir:  ba» 
m)3b«a  t-n:?î3rt  -^nbapi  rranbm  rr^riMA  î-n-^aîs  nniN  •^n^naa  naa  -^a 
irsp  nsnrr  mim  "n  nb^sn  nttspab  tannnïi  by  d-Naïi  laroNT  natDa 
D'^'*pb  minrt  n^^na»  n^-^sca  a^aiûîi  mwa  ^''^p^  'i^tsïi  ûna«  inn  n-^» 
D-^Kabn  *iaT3rt  rmtr  n  nb^^n  Ta  ni-^rr  i^^bn  mn  nedïiîs  m'^a^sïi 
•nb'iN  î-TB  ns-^niTsT»  lïttnni  i5ana  t-narbi  î-pfcnbn  tnnna^b  nna^s 
nN-^nab  «btt^T  û-^^bion  ï-tntsi  w^th»  nican  nîio  -^att)  *nnN  «nn  t5«na 

.fabior 

n^na-^aN  nnn  la  mn 
nS-^  î-t^-^b^p  ^nnat-^  la  prrst'' 

t^a  ïTiSn-^D  ns  tabi:?  n^-^nab  rrîTsiUT  tni»73  «5b«i  û-^sb»  tms73n 
ni-'i-nTa  ■'Sîd  tans»  n^saa  isr'^  tannax  nîsa  i^aîi  S-^a^DTaïi  lï-'SDb 
lanai  mio  aa»  m^a  n^na  15»»  iDpi  û-^ny  nrba^  nirr  iDb  n»«i  S^t 
t3"»*!iDïi  d-^riN  'nî^iDWi  D-^w^ttJDïi  i^b  iDnm  ïT^N-n  niât  h^  yivb  baa 
ûbiDî!  taann  n-^onn  p'^'nsn  -^aa  iat*»  nmïT^  in  n»ai  apy-»  i^n  nwa 
DmiDnT»T  ûna  ''«a  'T'ai  tan-^a  m-^nb  Sir  bNsana»  bNi^©  lin  nion 
aiûn  ■'«D3  iistna  T««  tabjbi  pn  ï^73T»  p  rr'fini  m^yb  tarr^nn» 
anïi  ^amo  d-^-idd  n^n  b«  rrmn  ns^îsn  t^inia  ^noon  J-rt  "^nnaT: 
Ix'»  î-nirp  pm  ap^^-^  in  û-'nNïi  Sn  b^r  y\j:'>'>i2  p  niD»  ira-i  binan 
T»»  tobiD73  ma  "^^T  "»nbapi  t^îa-^-^pi  Nnma  ïimîsa  rrr^aTa  Sïn 
1T  m-»a73a  m-^sib  bai^tj  rrNînN  n»  m:ra  ba  "^sn  bmîsi  û-^auîinîsa  Tb 
:?ao3T  ton»  -«nbapo  ^oïiTa  nni'»  mo  n-'no  n»  ba  nniTsa  ïiînwa  imsi 
t^bi  -«aK  t^b  ûbva  ii^^ab  t^b«3  tp  my-'pna  rm^sn  s-r^^iaoa  "^a» 
hyQ  pbob  bsn  pp  •••a  '»5n  nmsi  tnectn  rïn''a)3n  by  -^^D^a  fa-^nn» 
ï-TOK  i«  ©•'N  tabvn  tnim'n  3^anN73  t^a-^ttj  •»»  Sa  b'srr  ta-^n^rr 
S^T  -^b^  "Tibapi  nNtn  ï-in"»a73ïi  b^^  n^^n^^bi  yi^vh  "^Nan»  in  •^nirr» 
■no©  Sa  nî3im  m-^nni^a  m  nsa©  nTaini  m-^nn»  "^^riN  •^©•it^ 
^<b^^  'nSTDOwa  t^bn  Sfin^-^a  '-^am^n  &'»'7iay©i  msnîsi  t-nn-^a^a 
naa  ^nottb  -«ïn  T^n3^©T  ■^n^noa©  ni^^m»  ba  bisaaai  -^nD^n  t^DBioa 
ï»  N«3''3pn  :  •'^^Tiw  iina  -^boaTsT  i^an  ^i^nt  '^^«■^b  Saa  nr  na;a 
ÏTT  &''n«n  Q-^n^n  Sn  ban  la-^nnîs  "^atse  tannaN  ^Toa  S-^a^Taïi 
S^j^b  ©nom  ainan  ï-t»  ba  by  Ssn  îst"»  bN^ana»  miïr»  inm  npy^ 
•ûana  ban  rna©^  ©nm  tan-^a  n©3^5©  îiwi  n-^a  «^"^apwb  n^an  t^awa 


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72  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

.û-^pn  'n'^n©  SsïTi  lînTD'^nn  nnn  nn'^ 

ban  bÎT  na-^Yi-n»  "^ifcîD  ûro»  'asa  iama«  -^în 

nspbrwîs  na-^Tî-nio  «^ataD  ûnj»  -^sn  «^pbnb  nr»art  '^neon  ûnîDO  •'«na 
manb  "^r^r  rTam  iy»b  'n  td-i  'aTa-^nna  û'^ncei  ns-^ra  rranaatta  tamît 

••n^D»  ninnrtn  bs  tiio  na^  "^j^nî  -^j^nn  "^sé^  taa 

ï|bpa  oittbnpa  rtc-^  iab«  tt'Sn  ïtî  tannp 
C|bpa  onttbnpa  mb'^:itt  «ttm  mnsaBnïi  U9  b^^^  «Tann  'n 

tjbpa  oiabnpa  n^b-^a»  «am  mnDDnn  U9  «o^io»  pp  «ain  '» 

ï|bpa  onabnpa  ûb«  '•»ain5  'n 

t|bpa  owbnpa  pn-i  «tt^d  da^  '■^b'^n  '« 

tjbpa  onttbnpa  ''^ai««'n  '•»finaa  '« 

tjbpa  onabnpa  ^annn»  '■»K'»aa  '« 

oncna  'T'aa  pnn  «in-^D  ûa^  "^ai©N"i  '^«-^aa  'n 

onsna  'r^aa  pin  «jn-^D  ûa^  '■^annUK  'waa  '« 

Bibpa  oittbnpa  -ja^nn  «tt^d  ûa^  ar»  •ido  '» 

t|bpa  oittbnpa  bna  û-^tt)n«  '« 

t|bpa  oi»bip3  ^im»  pbn  '» 

onena  -T^aa  ♦d^t  ms-naa  'aa  '« 

onsna  -n-^aa  na«tt  'aa  '« 

oiena  •Y^a  •j'^nnaon  l-^Yip»  ^na  '« 

onena  T^a  wan  pâa  'aa  'n 

onena  -r^aa  maa-^i  mr^na©»  '73a  '» 

oicna  T^aa  aaa  '»a  '« 

oiona  *T»aa  l'abîma  'aa  '« 

ntbTa  np-'bKA  ianb«  'îas  oncna  Taa  •îann  'tta  '« 

C|bpa  onabipa  n-^ras©»  rta-^n!)»  aèo  '» 

C|bpa  oiabipa  nnaatt)»  ï-ta-^naa  ■^an^n»  '« 

T^aa  oiena  '^io  wa^n»  '« 

onena  -r^aa  npi-n  '» 

t  =  HttkiU). 

»  =  •^Krt  mîa^a, 

«  C'est-à-dire  le  traité  de  Bèça. 

»  =  rrbi:^  rmïan  t-'bnn. 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Oisns  •l'<53  (?)  ^M  '»a  '« 

'ist*^  -^n^a  T^îa  ^nnxb  'lat*^  '•un  '•»p'^bK  'itts 
C|bpa  oiwbnpa  «a*n  rYnDfcna  '« 

cjbpa  oiwbnpa  '-^Das  ««  '» 
C|bpa  onTDbipa  "<*nnD  nba»  'k 

li^ttb  'ist^  -^ba  m^ibin  -ji^iîDtb  Hbyts^  îid 

bttta  ûïrb:?  O'^asîDn  n^^Tina  ûbtîa  a^^T' 

1»N  aia 

ô^.  n^tt  t5  na  -^b  nbi5  rtiri  rwaiat  btnn  îniD-na  nanoa 

)nnb  nbnrn  J-tbnpa  3^a«'^  rt  rr*itt5  î-tî3«  bÉn^-^a  nfinpïn 
aa  rre-^  '^'n^rn  nnatttn  rrnnna  û-^peiy  ûi^a  nb  irr^n  û-^aio 

•l»»  'tt^j^aa 
T^»»  'T 'n  ûT»  la  -^b  nbna  îibia^i  'nwi  brtti  na*na  ns^a 
ipn  HT^TDTDip  &anK  ^biNi  niûne  îiantaaîsa  ^\^y^  ùb  h  'j'^a 
na-^i  ta-'TaNbi  D'»'ia  ii^n  a»  inan*»  'rr  p  tan^ia»  i!0)û 
1  T^biïibi  rrsnb  oaanb  itian  in-nn  niabnbi  nn»n*^bT 
»  «iTs'^  t^b  a-^nûT  t^np  la  û'»'«p'»i  niatTDi  rrnina  la-^pons^ 

ia«  'T  T  tan*'  p  *»b  nbna  ïibis^i  n)3i2t  bT73i  tiana  rta^isa 
ir\  ^b  ata'^'^  pab  t-itt^no  ni:?tt)  n?b  ^jitdo  rranââîaa  îian 
tsnnbi  nmnb  nrrbna-^  'rr  p  nn-^b»  n^ia  bÈn^j'^a  r<npai 
•^nfcoi  miar^an  rr^ma  û-^poia^  &'«aa  T^binb  inan  ta-^aita 

.pN  psrn  '^rr^  p 
^  r  a  b-^b  p  "«b  nbia  nbn:^i  n^aiat  btîai  î-o-ia  wuja 

T  ba  nfc«  rt  maa  t^b^'^i  nionD  tib-^bsi  ni^na  la-^nina  ion 
'  "^aiN  n'<i2)«n  Niïin  «be  p  t^iïi  •'a  i^^tm  i»i»  SNno'»a 
)nbi  t-nnnb  inan  inN-r^bi  ina!i«b  rt  inbia-^i  rr^ïr^  binai 
nn  ïiana  nb  irr^i  ma:)3i  mina  a-^poia^  D-^aa  n-^bitibi  o-^aira 
.173»  iiatn  "^rr^  p  T^n*^  moa^Ta  baa 


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LA  YIE  COMMERCIALE 

DES  JUIFS  COMTADINS  EN  LANGUEDOC 

AU  XVIIP  SIÈCLE 

(fin*) 


III 

LES  JUIFS   ET  LES  COMMUNAUTÉS  D'ARTS   ET  MÉTIERS. 


Dans  toates  les  villes  du  Languedoc  se  trouvaient,  à  côté  des 
petits  métiers  ambulants,  des  corps  ou  communautés  de  mar- 
chands, régis  par  des  règlements  royaux  et  a  contribuant  au 
soutien  de  TEtat  par  le  commerce  et  les  droits  qu'ils  payaient  au 
Roi  >.  Les  privilèges  attachés  à  ces  corporations  avaient  depuis 
longtemps  créé  un  antagonisme  profond  entre  elles  et  les  colpor- 
teurs en  général.  Cette  haine  sourde  qui  animait  les  «  honorables 
communautés  »  s*accentua,  en  Languedoc,  lors  de  l'entrée  dans  la 
province  des  Juifs  du  Comtat. 

Toutes  les  suppliques  des  communautés  aux  pouvoirs  publics 
contiennent  un  plaidoyer  en  faveur  de  leurs  monopoles  indus- 
triels. Et  le  raisonnement  sur  lequel  il  est  fondé  ne  manque  pas 
de  logique. 

Posé  le  principe  invoqué  par  elles,  à  savoir  que  le  commerce 
et  l'industrie  sont  le  privilège  d'une  collectivité,  organisée  dans 
une  ville  par  les  règlements  royaux,  pourvue  de  statuts,  autorisée 

»  Vdr  Bêvuê,  t.  XXXIV,  p.  276,  et  t.  XXXV,  p.  91. 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ttres  patentes  «  registrëes  au  Parlement  de  la  Province  »  et 
onférant  le  droit  exclusif  de  fabriquer  ou  vendre  les  ou- 
I  de  leur  métier»  avec  permission  de  visiter  et  saisir  les 
^es  similaires  fabriqués  ou  vendus  par  d'autres  contraire- 
lux  règlements,  posé  ce  principe,  il  s'ensuit  logiquement  que 
nmunautés  et  les  boutiquiers  patentés  ont  seuls  le  droit  de 
ine  guerre  impitoyable  aux  colporteurs,  parasites  du  com- 
et  de  Tindustrie.  En  effet,  le  boutiquier  payant  patente  ou  le 
re  d'une  communauté  industrielle  est  un  négociant  «  établi  », 
jet,  puisqu'il  paye  les  impositions  fixées  par  l'Etat,  bon  in- 
il,  puisqu'il  contribue  chaque  an  pour  sa  quote-part  aux 
!S  de  sa  communauté.  Le  colporteur,  au  contraire,  vaga- 
ar  tempérament  ou  parce  que  son  métier  l'exige,  n'a  d'autre 
le  que  l'hôtellerie  ou  le  cabaret  de  la  grande  route.  Mauvais 
»,  s'il  est  Français,  puisque  l'Etat  ne  le  connaît  pas,  et  pire 
,  s'il  est  étranger,  puisque  l'argent  qu'il  a  amassé  en  France 
ec  lui  quand  il  retourne  dans  son  pays.  On  voit  d'ici  Tallu* 
1  Juif  du  Comtat.  Mauvais  commerçant,  puisque  soustrait 
cherches  de  la  justice,  il  se  livre  à  des  falsifications  sans 
e  sur  ses  marchandises.  La  conclusion,  disent  les  commu* 
,  s'impose  d'elle-même.  Détruisons  les  colporteurs,  bannis- 
3S  Juifs,  leurs  émules,  a  II  révolte  trop  que  dans  un  Etat 
;brétien  et  aussi  policé,  il  subsiste  une  odieuse  milice,  où 
senrdle  que  pour  commettre  le  crime  et  d'où  si  souvent  on 
;  que  pour  aller  au  gibet.  Il  faut  donc  les  bannir  du  royaume 
ne  sont  dans  leur  négoce  que  des  coureurs  de  pays  qui 
nt  le  public  et  ruinent  le  véritable  marchand.  Il  est  honteux 
français  d'aimer  mieux  courber  le  dos  sous  une  balle  de 
mdise  que  d'aller  à  l'ennemi  tête  levée,  un  bon  mousquet 
3aule  *.  » 

est,  esquissée  à  grands  traits,  l'argumentation  verbale  des 
mautés  d'arts  et  métiers  du  royaume.  Mais,  sous  les  mots, 
imuiait  l'idée  «  de  derrière  la  tète  »  des  marchands  privi- 
à  savoir  la  suppression  de  la  concurrence  faite  aux  bouti- 
patentés  par  les  colporteurs  de  toute  nation.  Et,  pour  se 
ir  contre  la  milice  remuante  des  marchands  ambulants,  peu 
lit  aux  corporations  d^avoir  à  leur  service  et  la  rigidité  de 
^glements  et  la  «  vertu  »  de  leurs  privilèges,  s'il  leur  man- 
ette arme  derrière  laquelle  elles  rêvaient  de  s'abriter  :  la 
d'Etat.  Seule,  la  raison  d'Etat  eût  été  capable  de  décréter  le 

.  de  l'Hérault,  C.  2799.  Mémoire  tu  Roi  par  les  marchands  des  Tilles 
I  colporteurs,  175S. 


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LA  VIE  œMMEROALE  DES  JUIFS  COMTADINS  EN  LANGUEDOC         77 

bannissement  en  masse  des  colporteurs  du  royaume.  Sans  elle, 
tout  effort,  si  bien  dirigé  qu'il  fût,  restait  vain. 

En  effet,  que  servait  aux  corps  de  métier  de  faire  fermer  à 
Montpellier  une  boutique  indûment  tenue  par  les  Juifs,  s'ils  la 
rouvraient  à  Béziers  ?  Â.  quoi  bon  stériliser  le  zèle  des  jurés-gardes 
des  marchands  en  des  saisies  de  marchandises  juives,  saisies 
infructueuses,  ruineuses  pour  la  communauté  tout  entière  ?  Les 
boutiquiers  urbains  avaient  beau  s'épuiser  en  une  surveillance 
inquisitoriale  sur  les  agissements  des  colporteurs  Israélites,  leur 
commerce  prospérait  en  Languedoc,  «  à  la  faveur,  disent  les  com- 
munautés, de  mille  abus,  contrebande,  mauvaise  qualité  et  fabri- 
cation défectueuse  de  leurs  marchandises  ».  De  tant  d'efforts 
déployés  vainement,  que  résultait-il  pour  les  communautés  du 
pays,  si  les  Intendants  de  la  province  ne  prêtaient  aux  saisies, 
confiscations  et  autres  modes  de  vexations  usitées  contre  les  tra- 
fiquants le  concours  de  leur  politique  et  les  bras  de  leurs  gens  de 
police  ?  Amener  les  Intendants  à  seconder  ces  vues  intéressées, 
acquérir  à  Taide  de  mille  subterfuges  les  bonnes  grâces  des  pou- 
voirs provinciaux,  c'est  à  quoi  s'efforcèrent  d'arriver  les  marchands 
du  Languedoc  dans  la  lutte  entreprise  contre  les  Juifs  du  Comtat. 

Le  début  du  xviii^  siècle  la  vit  commencer.  A  cette  époque,  tout 
le  monde  se  plaignait  en  Languedoc.  Les  cahiers  de  doléances  des 
Etats  sont  là  pour  l'attester.  La  Province  avait  supporté  pendant 
les  dernières  guerres  de  Louis  XIV  des  charges  énormes  ;  pendant 
la  paix,  ç'avaient  été  de  lourdes  impositions;  et  voilà  que  la  guerre 
recommençait,  plus  âpre  que  jamais,  guerre  au  dehors,  guerre  au 
dedans.  Les  levées  d'armes  pour  combattre  la  coalition  en  Alle- 
magne, en  Italie,  dans  les  Pays-Bas,  pour  réduire  les  Camisards 
dans  les  Cévennes,  avaient  saigné  la  Province.  Elle  se  vidait 
d'hommes  et  d'argent.  Le  crédit  épuisé  par  les  dettes  qu'elle  avait 
contractées,  les  denrées  invendues,  une  industrie  languissante, 
un  commerce  défaillant  :  toutes  raisons  qui  n'étaient  pas  pour  sti- 
muler le  zèle  des  négociants  languedociens,  devant  lesquels  se 
dressaient  leurs  souples  concurrents,  les  Juifs  comtadins. 

C'est  contre  eux  que  les  marchands  en  soieries  donnèrent 
l'alarme  les  premiers.  Aigris  par  des  ventes  à  perte,  par  le  dépé^ 
rissement  de  leurs  marchandises,  ces  petits  boutiquiers,  détailleurs 
pour  la  plupart,  ne  virent  pas  sans  colère  des  Juifs  comtadins 
ouvrir  boutique  à  Montpellier.  Pareille  infraction  aux  règlements, 
si  elle  se  perpétuait,  ne  manquerait  pas,  à  les  en  croire,  d'amener, 
à  bref  délai,  la  ruine  de  leur  petit  commerce  *.  Et  déjà,  exagérant 

*  P«r  les  itatuts  des  corporations,  défense  est  faite  aux  Juifs  et  en  général  «  à 
tontes  personnes  autres  que  ceux  qui  sont  reçus  marchands  de  tenir  boutique  ou  ma- 


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78  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

à  plaisir  leurs  craintes,  ils  prédisaient  le  jour  —  prochain  peut- 
être  —  où  tout  le  commerce  de  la  province  deviendrait  Tapanage 
des  Juifs  ^  D'ailleurs,  les  premiers  effets  du  séjour  c  illégal  »  des 
Juib  en  Languedoc  se  manifestaient,  disaient-ils,  par  le  déclin  des 
manufactures  de  soie  de  Nîmes,  de  Toulouse  et  par  ces  vols,  qui, 
depuis  Tarrivée  des  Juifs,  se  multipliaient  dans  les  boutiques  des 
marchands  *.  Il  se  trouvait  cependant  —  ce  qui  indignait  les  mar- 
chands patentés  —  des  personnes  d'assez  peu  de  religion  et  de 
patriotisme  pour  receler  chez  elles  la  pacotille  frauduleuse  de  vils 
colporteurs  1 

Dans  les  villes  de  la  province  où  se  débitaient  les  soieries,  à 
Nîmes  surtout,  à  Toulouse,  on  redoutait  les  Juifs  marchands  «  en 
soieries  »  du  Comtat  et  leur  actif  négoce.  On  savait  qu'en  c  Avi- 
gnon »  ils  fabriquaient,  comme  à  Lyon,  des  damas,  brocatelles, 
florences,  demi-florences,  serges,  palais-royals  et  autres  étoffes 
qui  se  vendaient  à  meilleur  marché  qu'on  ne  les  vendait  en  Lan- 
guedoc. De  là,  la  terreur  de  voir  la  province  envahie  par  les  soieries 
des  Juifs. 

Le  danger  parut  même  si  menaçant  *  que  les  marchands  en  soie- 
ries du  bas  Languedoc  se  coalisèrent  contre  l'ennemi  commun. 
En  1732,  ils  chargèrent  leurs  mandataires,  les  députés  de  la 
Chambre  de  commerce  de  Montpellier,  de  prendre  en  main  leurs 
intérêts,  c  Chassés  de  toutes  les  autres  provinces,  disent  en  parti- 
culier les  jurés-gardes  de  Montpellier,  les  Juifs  se  jettent  en  foule 
sur  le  Languedoc,  où,  à  l'abri  de  l'asile  qu'ils  y  trouvent,  ils 
trompent  le  public  et  ruinent  le  commerce^  ».  En  1740,  nouvelles 

gada  ni  d'y  faire  aucun  commerce  dans  toutes  les  yilles  où  il  y  a  jurande  ».  Arch. 
de  l*Hérault,  B.  193.  Supplique  des  marchands  en  soieries  du  Languedoc  au  Roi. 

A  Arch.  de  l'Hérault,  B.  193,  ibid. 

>  «  Dès  que  les  Juifs  sont  dans  une  ville,  des  yols  sont  commis  chez  les  mar- 
chands, soit  par  les  garçons  de  boutique  ou  leurs  propres  enfants,  car  ils  yendent 
aux  Juifs  ce  qu'ils  ont  volé.  •  Arch.  de  THérault,  C.  2743.  Note  des  marchands  de 
Montpellier.  Môme  accusation  est  portée  contre  les  Juifs  par  les  marchands  de 
Verdun. 

*  «  Donc,  il  est  très  nécessaire  d'empêcher  les  Juifs  de  venir  vendre,  ni  débiter 
dans  cette  province,  sans  quoi  les  marchands  seront  forcés  d'abandonner  leur  com- 
merce, ce  qui  actièvera  de  ruiner  celui  de  cette  province  qui  n'est  déjà  que  trop 
ruiné.  >  Arch.  de  l'Hérault,  B.  200.  Placet  des  marchands  de  Montpellier  et  villes 
drconvoisines  contre  les  Juifs  d'Avignon. 

^  Arch.  de  l'Hérault,  C.  2745.  Mémoire  des  Jurés-gardes  du  corps  des  marchands  de 
Montpellier,  1739.  Citons,  dans  le  mÔme  ordre  d'idées,  cette  opinion  des  marchands 
de  Gien.  <  Les  sujets  du  Roi  ne  seraient  plus  que  les  spectateurs  des  fortunes  que 
les  Juifs  feraient  à  leur  préjudice  pour  les  transporter  dans  les  pays  étrangers,  è  la 
raine  du  royaume.  Indépendamment  de  ce  que,  s'ils  parvenaient  à  se  rendre  maîtres 
du  commerce,  ils  donneraient  a  leurs  marchandises  le  prix  arbitraire  que  leur  cupi> 
dite  leur  suggérerait,  et  bien  loin  que  le  public  proût&t  de  l'abondance  qu'ils  paraî- 
traient procurer,  il  Mrait  dans  Pimpotsibillté  d'acheter  les  choses  les  plus  néoetiairai 


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LA  VIE  œMMERaXLE  DES  JUIFS  COMTADINS  EN  LANGUEDOC        79 

plaintes  plus  véhémentes  ^  C'est  merveille  de  voir  comme  les 
marchands  languedociens  savent  composer  les  traits  de  la  phy- 
sionomie du  Juif  de  la  légende.  Dans  ces  suppliques  larmoyantes, 
pas  une  couleur  ne  manque  au  tableau.  Le  Juif  y  est  représenté 
infidèle,  rusé,  trompeur,  fraudeur.  On  ne  comptait  plus,  au  dire 
des  marchands,  le  nombre  de  leurs  exactions  en  tous  pays.  «  Je  ne 
séparais  pas,  dit  un  contemporain*,  Tidée  d'un  Juif  de  celle  d'un 
homme  au  teint  basané,  aux  yeux  ternes,  au  nez  plat,  à  la  grande 
bouche.  Je  croyais  enfin  que  Dieu  avait  imprimé  sur  leur  front  un 
caractère  de  réprobation.  >  Grande  fut  donc  sa  désillusion  en  ce 
qui  concerne  les  Juifs  du  Comtat,  car  il  ajoute  après  réflexion  : 
a  Ceux  d'Avignon  ont  rectifié  ma  façon  de  penser  *  et  je  les  crois 
soumis  comme  les  autres  (sic)  à  l'influence  du  climat  et  des  autres 
causes  naturelles  qui  produisent  tant  de  variétés  dans  l'espèce 
humaine.  »  Naïve  croyance  que  ne  partageaient  pas  —  tant  s'en 
faut  —  les  marchands  languedociens,  pour  qui  les  Juifs  étaient 
comme  l'incarnation  vivante  d^un  fléau  déchaîné  sur  le  Languedoc 
par  la  colère  céleste. 

De  toutes  ces  requêtes,  le  ton  seul  est  à  retenir.  U  n'aurait  pas 
été  si  vif,  si  les  Juifs,  dont  elles  incriminaient  l'intelligence  com- 
merciale et  la  supériorité  de  l'esprit  d'association,  n'avaient  eu  pour 
eux  la  faveur  du  public.  La  vérité  était  là  pourtant  :  les  marchands 
du  Languedoc  étaient  furieux  de  rencontrer  sur  les  marchés,  où 
Jadis  ils  régnaient  en  maîtres,  ces  infimes  colporteurs  qui  leur  en* 
levaient  à  leur  barbe  les  gains  séduisants  de  la  vente  au  détail. 
Mais  leur  colère  n'avait  d'égale  que  leur  surprise  de  découvrir 
chez  le  citadin  ou  le  paysan  des  sentiments  qu*ils  ne  s'attendaient 
pas  à  y  rencontrer,  sentiments  d'indulgence  tolérante  pour  le  né- 
goce des  Juifs. 

Les  plaintes  alors  d*alier  leur  train.  «  Etaient-ce  les  Juifs  ou 
bien  les  marchands  patentés  qui  payaient  les  impositions,  le 
dixième,  l'industrie,  les  rentes,  les  dettes  des  communautés,  les 
deniers  royaux  ?  Etaient-ce  les  Juifs  ou  les  marchands  de  la  ville 
qui  fournissaient  Téqulpement  des  troupes  en  campagne?»  On 

par  rexorbitance  du  prix  où  il  plairait  aux  Juifs  de  les  porter.  Les  Juifs  s'empare- 
ront bieotôt  du  commerce  de  la  France.  >  Toujours  la  même  idée  les  hante. 

^  <  Cette  nation  juive,  infidèle  et  trompeuse,  se  répand  tous  les  jours  dans  nos  can- 
tons. Ils  ont  des  établissements  fixés  dans  les  principales  villes.  Des  personnes  leur 
prfilent  asile  et  nom.  Malgré  Texpérience  qu'on  a  d'Ôtre  trompés  par  cette  nation, 
i'appftt  du  bon  marché  leur  procure  toujours  de  nouvelles  dupes.  Nos  marchands  ne 
font  presque  rien.  Les  Juifs  pillent  les  sujets  du  Roi.  •  Arch.  de  l'Hérault,  C.  2745. 
Les  députés  du  commerce  de  Montpellier  à  Orrj,  cont.  général,  25  avril  1739. 

«  Van  de  Brande,  ouv,  eité\  voir  Rôvue^  U  XXXV,  p.  101. 

*  Les  Juifs  comtadins  qui  fréquentaient  la  Provence  et  le  Languedoc  vivaient  très 
fifflilièreiiMAt  avM  les  chrétiens. 


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80  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

voit  à  quel  degré  d'irritation  était  montée  lear  exaspération.  A  dire 
vrai,  sur  le  chapitre  des  impositions,  les  doléances  des  boutiquiers 
étaient  justes,  mais  ils  n'avaient  garde  de  dire  que  les  Juifs  avaient 
aussi  leur  part  de  contributions  à  payer  *,  de  vexations  à  essuyer. 
Les  marchands  s'en  doutaient  bien,  mais  faisaient  sur  tous  ces 
faits  la  conspiration  du  silence.  Ils  n'ignoraient  pas  non  plus  que  le 
commerce  des  Juifs  n'allait  pas  sans  des  déplacements  fréquents  et 
coûteux.  Mais  que  pesaient  ces  considérations  en  regard  des  inté- 
rêts mercantiles  des  boutiquiers  languedociens?  Convaincus  que 
les  Juifs  comtadins  étaient  en  passe  de  devenir  les  favoris  du  pu- 
blic, ils  prirent  un  malin  plaisir  à  entraver  leurs  opérations  com- 
merciales, à  l'époque  des  foires.  Ces  tracasseries  se  produisaient 
sous  mille  formes.  Sur  vingt  ballots  de  soieries,  deux  ou  trois 
plombs  du  contrôle  manquaient-ils  à  deux  ou  trois  d'entre  eux, 
c'étaient  aussitôt  des  contestations  à  n'en  plus  finir,  des  chicanes 
pointilleuses,  le  tout  à  la  grande  joie  du  public,  que  ces  visites  de 
jurés-gardes,  faites  pour  effrayer  les  forains,  divertissaient  beau- 
coup. Ou  bien  une  pièce  de  soie  n'avait  pas  le  nombre  de  fils  exigés 
par  les  règlements  <x  colbertistes  »  ;  d'où,  sa  confiscation  au  profit 
des  établissements  hospitaliers  de  l'endroit.  Le  trouble  était  jeté 
dans  les  affaires  des  Juifs,  le  public  s'ameutait,  l'autorité  interve- 
nait, qui  renvoyait  les  parties  (marchands  et  Juifs)  dos  à  dos. 

Toutefois,  les  Juifs,  encouragés  par  de  très  hauts  personnages, 
ne  se  laissaient  pas  écorcher  sans  crier.  A  la  foire  du  Pont-Javénal, 
près  Montpellier,  les  cavaliers  du  marquis  de  Grave,  propriétaire 
dudit  lieu,  les  protégeaient.  Postés  aux  portes  et  avenues  du 
Château  de  Grave  *,  où  les  Juifs  entreposaient  leurs  étoffes,  ils 
s'opposaient  souvent  à  l'entrée  des  Jurés-gardes,  suivis  de  leurs 
huissiers,  dans  les  appartenances  du  logis  seigneurial.  LMntendant 
usait  alors  de  son  pouvoir  modérateur  :  Juifs  et  marchands  s'in- 
clinaient, pour  le  moment,  devant  sa  haute  juridiction  *,  et  peu 

^  Les  droits  de  péage,  sans  compter  les  droits  seigneuriaux  que  juifs,  comme  chré* 
tiens,  avaient  à  acquitter  quand  ils  pénétraient  dans  une  foire  établie  sur  la  terre 
d'un  seigneur.  Exemple  :  la  foire  du  Pont-Juvénal,  è  Montpellier,  pour  les  colpor- 
teurs juifs,  et  pour  les  maquignons  la  foire  de  Montgiscard,  près  Toulouse. 

>  Ces  soldats  étaient  à  la  solde  du  marquis  de  Grave,  qui  s'en  servait  pour  la  po- 
lice  de  sa  foire.  Aussi  bien  n^est-ce  pas  le  seul  exemple  d'un  seigneur  offrant  au 
XYiii*  siècle  sa  protection,  intéressée  il  est  vrai,  aux  Juifs.  Bn  1752,  les  Juifs  de 
Saintes  entreposèrent  leurs  marchandises  dans  le  logis  de  M.  de  Saint-Simon,  mestre 
de  camp  des  armées  du  Roi.  Les  jurés-gardes  du  corps  des  marchands  de  Saintes 
ayant  verbalisé  contre  eux,  ce  gentilhomme  les  fit  incarcérer.  D^où  scandale.  A 
Montpellier  mdme,  les  juges-consuls  furent  invités  à  se  solidariser  avec  leurs  con- 
frères de  Saintes  pour  laver  Taffront  infligé  à  une  corporation.  Arch.  de  l'Hérault, 
B*  204.  Les  consuls  de  Saintes  aux  consuls  de  Montpellier,  25  juin  1752. 

'  Les  intendants  du  Languedoc  évitent  souvent  de  prendre  parti  pour  ou  contre 
les  Juifs  ou  leurs  concurrents.  Bxemple  :  à  la  suite  d^une  visite  des  jurés-gardes  à 


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LA  VIE  COMMERCULE  DES  JUIFS. COMTADINS  EN  LANGUEDOC         81 

après  la  guerre  recommençait  entre  eux,  vive,  acérée,  mesquine. 
A  Toulouse,  la  haine  des  marchands  contre  les  Juifs  était  aussi 
vive  qu'à  Montpellier.  Les  drapiers,  toiliers  ou  débitants  de  laine 
ou  de  soie,  membres  des  corporations  toulousaines,  avaient  cou- 
tume de  fréquenter  les  petites  foires  et  marchés,  où  ils  détaillaient 
leurs  étoffes;  mais  à  Toulouse,  comme  à  Montpellier,  ils  se  heur- 
taient à  la  subtilité,  «  à  Tambition  commerciale  »  des  Gomtadins. 
«  Cette  nation  juive,  s*écrient  les  députés  de  leur  chambre  de 
commerce,  ne  semble  ramper  que  pour  s'élever  et  s'enrichir  ^  » 
Des  mesures  d'exception  sont  aussitôt  réclamées  contre  les  Juifs 
du  Comtat.  Les  Juifs,  disent  les  marchands  de  Toulouse,  achètent 
aux  banqueroutiers  les  effets  que  ceux-ci  ont  mis  à  couvert.  Ils  les 
ont  ainsi  à  vil  prix,  ce  qui  amène  la  dépréciation  des  bonnes  mar- 
chandises, ruine  le  commerce  de  la  ville  et  fournit  aux  faillis 
l'occasion  de  frustrer  leurs  créanciers.  Les  Juifs  achètent  «à  l'œil 
et  à  forfait»,  alors  qu'eux,  bons  marchands,  achètent  à  l'aune  ou 
au  poids.  Ainsi  leur  trop  grande  honnêteté  en  affaires  les  ravale 
au-dessous  de  leurs  rivaux,  moins  scrupuleux.  L'alarme,  on  le 
voit,  régnait  parmi  les  négociants  de  Toulouse,  a  Aux  foires  der* 
nières,  gémissent-ils,  nos  boutiques  ont  été  désertes  et  sont  encore 
souffrantes.  Triste  situation  pour  l'avenir.  »  Tant  était  grande 
1  animosité  contre  les  Juifs  que  le  subdélégué  de  l'Intendant  Lenain 
en  avertit  son  supérieur.  Il  écrit  :  «  Tout  le  monde  court  aux  mar- 
chands juifs,  alors  que  les  toulousains  se  trouvent  abandonnés  » 
(1745)*.  Mais  ceux-ci  se  vengent  de  leurs  concurrents,  par  quels 
procédés,  on  va  le  voir.  Minutieusement  ils  inspectent  les  étoffes 
des  Juifs,  lesdéploient  dans  toute  leur  étendue,  souvent  sous  la  pluie, 
au  risque  de  les  défraîchir;  les  jurés-gardes  retardent,  autant 
qu'ils  le  peuvent,  la  visite  des  marchandises  des  Juifs,  dans  le  but 
de  gagner  du  temps  et  favoriser  ainsi  la  vente  des  marchands  du 
pays.  Souvent  même,  dans  leurs  contestations  avec  les  Juifs,  on 
voit  les  Toulousains  invoquer  contre  les  Gomtadins  la  juridiction 
qu'ils  supposent  leur  devoir  être  favorable,  quitte  à  se  retourner,  en 
cas  d'insuccès,  vers  les  juges  dont  ils  avaient,  dès  l'abord,  nié  la 
compétence  '.  L'exécution  des  arrêts  contre  les  Juifs  est,  de  la  part 

laquelle  s'étaient  opposés  les  agents  de  M.  de  Grave,  Bernage  accorda  aux  jurés  de 
caUir  les  marchandises  juives.  Averti,  d*aulre  part,  que  les  Juifs  se  soumettaient  à 
la  visite,  il  suspendit  la  saisie.  Ârch.  de  THérault,  C.  2745.  Novembre  1740.  Pièces 
diverses. 

*  Ârch.  de  Pllérault,  G.  2746.  Les  députés  toulousains   aa   contrôleur   général, 
2â  décembre  1744. 

*  Arch.  de  l'Hérault,  C4.  2746.  Le  subdélégué  de  Toulouse  à  Lenain,  2  mai  1745. 
'  Les  marchands,  après  avoir  attribué  la  compétenca  la  plus  large  aux  capitouls, 

puis  au  Parlement,  se  ravisent  et  s'adressent  à  rintendant  (1745).  Ârch.  de  THérault, 
T.  XXXVl.  N<»  71.  6 


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82  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

du  corps  de  bourse  de  Toulouse,  Tobjet  d'un  soin  méticuleux. 
Certains  marchands  *  allèrent  jusqu'à  soutenir  que  les  lois  d'ex- 
ception promulguées  contre  les  Gomtadins  devaient  s'étendre  à 
tous  les  négociants  étrangers  qui  venaient  à  Toulouse  pour  y  tra- 
fiquer, passé  le  temps  des  foires.  Au  reste,  à  cette  époque,  les 
esprits  des  Toulousains  étaient  si  excités  contre  les  Juifs,  que 
donner  asile  aux  Juifs,  à  Toulouse,  était  comme  passible  de  mort*. 
La  cabale  contre  les  Juifs  avait  été  montée  par  les  seuls  mar- 
chands de  laine  ou  de  soie  languedociens;  ils  obtinrent,  peu  après, 
l'appui   de   leurs  confrères,  les  fripiers- chaussetiers  du  pays. 
Ceux-là  non  plus  n'étaient  pas  gens  à  laisser  entamer  le  moindre 
de  leurs  privilèges  par  les  colporteurs,  Juifs  et  autres  «  proxé- 
nètes »  •.  Ils  le  prouvèrent  bien.  Ne  s'avisèrent-ils  pas  de  vouloir 
faire  payer  aux  Juifs  de  Montpellier  certaines  contributions  que 
leur  communauté  acquittait,  par  exemple  la  n  fourniture  »  des 
miliciens?  A  quoi  les  Juifs  répondirent  qu'ils  la  paieraient,  si  les 
fripiers  a  daignaient  les  admettre  dans  leurs  rangs  »,  proposition, 
comme  bien  l'on  pense,  repoussée  avec  des  clameurs  indignées  par 
les  fripiers,  qui,  jugeant  qu'ils  avaient  fait  jusqu'alors  beaucoup 
trop  de  cas  de  méchants  colporteurs  en  leur  faisant  l'honneur  de 
commercer  avec  eux,  leur  refusèrent,  en  fin  de  compte,  la  contri* 

C.  2746.  CoDtesiaiioDS  entre  les   marchands  do  laine  ou  soie  de  Toulouse  et  les 
Juifs,  1745. 

*  Celle  affaire,  connue  sous  le  nom  d'afTaire  Ader-Braudelac  et  classée  aux  arch.  de 
PHérault  et  de  la  Haute-Garonne  sous  la  rubrique  «  Juifs  »,  quoiqu'il  ne  s'y  agisse 
que  de  marchands  forains,  se  résume  ainsi  :  «  Le  15  février  1754,  le  corps  de  bourse 
de  Toulouse  délibéra  sur  les  moyens  de  veiller  à  Texécution  des  arrôts  contre  les 
Juifs  marchands  de  toile  et  de  soie.  La  Bourse  chargea  Braudelac  de  cette  mission, 
en  qualité  de  syndic  du  corps.  Bn  1755,  deux  marchands  toulousains  requirent  la 
saisie  d^étoifes  appartenant  à  Âder,  marchand  de  Lyon  et  déposées  chez  Âder  de 
Toulouse,  sous  le  prétexte  que  ces  marchandises  appartenant  à  un  éiran^fer  étaient 
vendues  hors  le  temps  des  foires.  Braudelac  requit  la  saisie,  qui  fut  opérée.  Les 
Ader  furent  assignés  devant  les  capitouls,  qui  les  condamnèrent.  Cette  ordonnance  fui 
par  les  Ader  attaquée  au  Parlement  de  Toulouse,  où  Braudelac  fut  intimé.  Il  fit  as- 
sembler la  Bourse  en  1756.  Le  prieur  proposa  de  ratifier  les  procédures  faites  par 
Braudelac.  Deux  partis  se  formèrent  au  sein  du  corps.  Les  opposants  prétendirent 
que  Braudelac  avait  outrepassé  ses  droits,  attendu  que  les  marchandises  saisies 
étaient  entreposées  chez  un  né;^ociaiit  de  Toulouse,  qui  les  vendait  en  commission. 
Démission  de  Braudelac,  élection  d'un  nouveau  syndic,  procès  engagé  par  celui-ci 
devant  le  Parlement  (1756),  cassation  de  la  saisie  et  condamnation  de  Braudelac  aux 
dépens  envers  les  Ader,  de  Lyon.  «  Dans  la  délibération  du  15  lévrier  1754  —  no- 
tons-le —  il  ne  s^agissait  que  de  présenter  une  requête  à  Pintendant  contre  les  Juifs 
et  il  est  donc  faux  que  le  syndicat  de  Braudelac  s'étendit  contre  des  marchands 
autres  que  les  Juifs.  >  Arch.  de  THérault,  C.  1359;  Arch.  de  la  Haute-Ghroone, 
G.  323.  (Affaire  Ader-Braudelac).  Marchands  forains  (Juifs),  1754-1761. 

*  Arch.  de  l'Hérault,  C.  1573.  Sénéchal  de  Toulouse.  Judith  Prévost,  accusée 
d'irréligion  pour  avoir  fourni  asile  aux  Juifs  à  Toulouse  et  favorisé  leurs  cérémonies 
(1741). 

*  Expression  dont  on  se  servait  pour  désigner  les  courtiers,  revendeurs  de  vieilles 
bardes. 


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LA  VIE  œMMEROALE  DES  JUIFS  COMTADINS  EN  LANGUEDOC        83 

bution  qu'ils  offraient  en  échange  du  droit  de  débiter  du  vieux 
linge.  Aussi  bien  n'est-ce  pas  à  cette  époque  fait  rare,  que  de 
voir  des  marchands  exiger  des  Juifs  le  paiement  des  Impositions 
qui  pesaient  sur  les  industriels  ^ 

Leur  raisonnement  était  simple  :  pourquoi  les  impôts  ne  seraient- 
ils  pas  payés  aussi  par  ceux  qui  réalisaient  les  gros  bénéfices  en 
affaires?  Les  Juifs  de  riposter  que,  du  moment  où  ils  participe- 
raient aux  charges  d*une  communauté,  il  n'y  avait  pas  de  raison 
pour  les  empêcher  d'en  faire  partie. 

En  thèse  générale,  les  marchands  chrétiens  voyaient  bien  des 
inconvénients  à  les  admettre  dans  les  communautés  d*arts  et  mé- 
tiers. Deux  raisons  primordiales  militaient  contre  les  Juifs  : 
!•  leur  qualité  d'étrangers  dans  le  royaume.  Or,  les  commu- 
nautés industrielles  ou  commerciales  étaient  des  associations  de 
véritables  fonctionnaires,  dotées  de  règlements  royaux,  légalement 
instituées  ;  2^  leur  religion.  Or,  les  corporations  avaient  un  ca- 
ractère confessionnel  très  accusé,  caractère  se  manifestant,  on  le 
sait,  lors  des  fêtes  de  la  communauté  placée  sous  le  patronage 
d'un  Saint. 

D'autres  raisons  étaient  invoquées  contre  l'admission  des  Juifs 
dans  les  communautés.  On  disait  que  leur  mauvaise  foi  commer- 
ciale désorganiserait  les  corporations,  que  fidèles  à  leur  amour 
pour  le  négoce  cosmopolite,  ils  se  sentiraient  bientôt  gênés  dans 
les  cadres  étroits  d'une  communauté  et  que,  rejetant  le  rôle  passif 
d'artisans  privilégiés,  ils  réuniraient  tôt  ou  tard  tous  les  métiers 
en  leurs  mains,  qu'on  les  verrait  enfin  introduire  dans  ces  corps 
les  fraudes  qu'ils  pratiquaient  dans  les  foires  ou  sur  les  grandes 
routes  et  revenir  au  métier  louche  de  vendeur  «  sous  le  manteau  et 
de  la  main  à  la  main  y>. 

Malgré  cet  interdit  général  lancé  contre  eux,  les  Juifs  n*en  ten- 
tèrent pas  moins  de  forcer  l'entrée  des  communautés  d'arts  et 
métiers,  hostilement  groupées  contre  les  deux  ennemis  :  les  Juifs 
et  les  forains. 

En  Languedoc,  la  question  de  leur  admission  dans  les  corps  se 
posa,  en  1*784,  à  Nîmes.  Les  Juifs  y  briguaient  les  titres  de  maîtrise 

^  Eu  1775,  le  Juif  SoloD,  do  Nîmes,  domicilié  dans  celte  ville  depuis  1767,  se  plai- 
gnit qa*on  l'eût  compris  au  rôle  de  la  capitalion  et  industrie,  bien  qu'il  n'eût  jamais 
M  imposé  et  qu'il  ne  fit  partie  d'aucune  corporation.  <  Le  sieur  SoUon,  juif,  a  lieu 
d'espérer,  est-il  dit  dans  sa  supplique,  que  le  Contrôleur  général  voudra  bien  or- 
donner aux  officiers  municipaux  de  Nîmes  de  ne  plus  le  comprendre  dans  les  rôles 
de  leurs  impositions...  si  mieux,  ils  n^aiment  lui  permettre  de  tenir  boutique  ou- 
verte. . .  6006  les  offres  qu*il  fait  de  contribuer  aux  impositions  royales  et  autres  atta- 
chées au  corps  où  il  sera  agrégé.  >  Arcb.  de  TUérault,  C.  2005,  au  Contrôleur  géné- 
ral, d'Ormesson,  16  août  1775. 


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84  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

dans  le  corps  des  marchands  bonnetiers  ^  Le  bruit  courut  que  des 
fabriquants  de  bas  avaient  passé  avec  des  Juifs  comtadins  des 
contrats  d*apprentissage  et  que,  contrairement  à  la  bonne  foi 
qu'on  se  doit  entre  confrères,  ils  en  avaient  pris  d^autres,  sans 
contrat,  pour  leur  apprendre  le  métier  à  bas.  Ainsi  donc,  Nimes 
allait  associer  à  la  confection  de  ces  fameux  bas  de  soie  qui  ali- 
mentaient jadis  les  vaisseaux  des  armateurs  de  Cadix,  ces  Juifs 
que  Tinspecteur  des  manufactures  de  Languedoc,  Laussel,  dénon- 
çait, de  Nîmes  môme,  à  Saint-Priest*,  intendant  de  commerce.  Les 
bruits  les  plus  divers  couraient  sur  eux  :  on  les  soupçonnait,  vu 
leur  alliance  avec  leurs  frères  d'Avignon,  de  faire  passer  en  con- 
trebande des  soieries  volées  en  Avignon  et  des  bas  de  soie  achetés 
en  Espagne  et  qu'ils  avaient  l'audace,  disait-on,  de  revêtir  d'un 
plomb  de  contrôle  de  la  fabrique  de  Nîmes.  On  se  rappelait  qu'ils 
s'étaient  immiscés  naguère  dans  le  commerce  de  la  toilerie,  de  la 
draperie  aux  dépens  des  manufacturiers  du  Languedoc,  bien  que 
ce  genre  de  commerce  leur  eût  été  interdit  par  arrêt  du  Conseil. 
Grande  était  à  Nimes  l'irritation  contre  les  corps  des  marchands 
de  bas  qui  avaient  eu  le  front  de  prêter  leur  nom  aux  Juifs.  L'Ins- 
pecteur des  manufactures  blâmait  hautement  ces  procédés.  L'In- 
tendant, en  homme  avisé,  trancha  le  débat.  Les  Juifs  n'eurent  pas 
à  se  louer  de  son  jugement.  Autorisé  par  Tarrêt  qui,  le  14  août 
1774,  avait  interdit  aux  Juifs  de  Paris  '  l'entrée  dans  les  corps  de 
métiers,  il  défendit  formellement  auxdits  corps  de  Nîmes  de  rece- 
voir les  Juifs,  soit  comme  apprentis,  soit  comme  maîtres,  sous 
quelque  prétexte  que  ce  fût.  L'assemblée  des  bonnetiers  délibéra 
sur  le  texte  de  la  lettre  de  l'Intendant.  Les  décisions  qu'elle  prit 
furent  nettement  prohibitives  à  l'endroit  des  Juifs.  Au  cas  où  un 

'  Arch.  de  THérault,  C.  2747.  Extrait  du  registre  des  délibérations  du  corps  des 
marchands  bonnetiers  de  Nimes,  23  janvier  1784. 

*  Arch.  de  l'Hérault,  C.  2747.  Laussel  à  Saint-Priest,  fils,  8  mai  1784.  Une  autre 
lettre  de  Laussel  (17  janvier  1784)  est  curieuse  par  l'analogie  de  forme  et  de  fond 
qu'elle  présente  avec  le  mémoire  de  M*  Goulleau,  avocat  à  Paris,  signataire  de  la 
<  Requête  des  marchands  de  Paris  contre  l'admission  des  Juifs  au  commerce  de  la 
mercerie  »  1767.  Typique  est  Pérudition  que  Laussel  et  GouUeau  déploient  l'un  et 
Vautre,  non  sans  pédanterie.  Ils  n'ont  garde  dans  leurs  mémoires  respectifs  d'omettre 
les  expulsions  de  Juifs...  sous  Dagobert  et  Philippe-le-Long.  Ces  messieurs  avaient 
la  rancune  tenace.  <  La  majorité  des  maîtres  m'ayant  demandé,  dit  Laussel,  f'il 
n'était  pas  possible  d'expulser  ces  Juifs,  je  leur  ai  répondu  que  je  ne  croyais  pas  que 
les  Juifs,  chassés  de  France  sous  les  règnes  de  Dagobert  et  de  Philippe-le-Long  et 
n'étant  pas  encore  rappelés,  dussent  être  regardés  comme  citoyens.  »  Voir  pour  la  pé- 
tition des  Juifs  de  Paris  dans  cette  Revue,  Monin,  Les  Juifs  de  Paris  sous  Vancien 
régime^  t.  XXIII. 

*  Arrêt  du  Conseil  déboutant  les  Juifs  de  la  demande  qu'ils  avaient  formée  pour 
être  autorisés  à  faire  le  commerce  de  la  draperie  et  mercerie  à  Paris  (7  février  1777). 
Cet  arrêt  avait  été  la  conséquence  de  l'arrêt  «  du  propre  mouvement  •  de  Louia  XVI 
(14  août  1774],  révoquant  les  brevets  de  maîtrise  accordés  aux  Juifs. 


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LA  VIE  COMMERCIALE  DES  JUIFS  COMTADINS  EN  LANGUEDOC        R5 

Juif  aurait,  par  d'insidieuses  manœuvres,  extorqué  un  brevet  d*ap- 
prentissage,  le  maître  du  corps  d'état  qui  aurait  présenté  ce  brevet 
à  l'enregistrement  devait  être  poursuivi  et  dénoncé  à  l'Intendant. 
Défense  était  faite  aux  maîtres  de  prêter  leur  nom  aux  Juifs. 

Cette  hostilité  du  corps  des  bonnetiers  ne  désarma  les  préten- 
tions des  Juifs,  ni  ne  découragea  leurs  efforts.  Le  privilège  était 
alors  une  forme  de  droit  ;  quoi  d'étonnant  si  les  Juifs  le  revendi- 
quaient pour  eux-mêmes  !  En  1788,  plusieurs  Juifs,  marchands 
toiliers*  et  un  tailleur*,  offrirent  aux  maîtres  des  corps  des  toi- 
liers  et  tailleurs  de  Nîmes  de  payer  les  contributions  qui  pesaient 
sur  la  corporation,  sous  condition  d'y  être  reçus  comme  membres. 
Le  corps  des  toiliers  et  tailleurs  répondit  que  «  la  ruine  de  leur 
commerce  suivrait  de  près  l'admission  des  Juifs  parmi  eux,  par 
les  infidélités  qu'ils  commettraient  sans  scrupule  ».  Les  corps  de 
métier,  disaient  les  toiliers,  n'avaient  été  institués  que  pour  ga- 
rantir au  public  la  bonne  qualité  des  objets  que  l'on  y  fabriquait. 
Y  introduire  des  Juifs,  ce  serait  vouloir  ouvrir  la   porte  aux 
fraudes,  dans  le  prix,  dans  la  façon  et  la  qualité  de  la  matière.  A 
quoi  serviraient  les  statuts  homologués  des  corps  de  métiers,  si  le 
droit  exclusif,  qui  y  était  porté  en  faveur  des  maîtres  de  travailler 
et  de  vendre  tout  ce  qui  faisait  partie  de  leur  profession,  ne  leur 
était  conservé  particulièrement  contre  les  Juifs.  Ce  serait  désarmer 
les  corps  de  métier,  les  livrer  sans  défense  aux  Juifs.  Ceux-ci 
alors  sommèrent  les  deux  corps  de  faire  droit  à  leur  requête, 
qu'ils  prétendaient  juste  et  conforme  à  l'édit  de  1787  touchant  les 
non  catholiques.  De  ses  dispositions  résultait,  en  effet,  que  le  Roi 
permettait   aux  non  catholiques  d'exercer  leur  commerce  sans 
que,  sous  prétexte  de  leur  religion,  ils  pussent  être  inquiétés.  La 
question  d'interprétation  de  l'édit  se  posait  ainsi  :  Les  Juifs  de- 
vaient-ils être  compris  parmi  les  non  catholiques  qui  bénéticiaient 
de  redit  ?  Oui,  répondaient  les  Juifs,  cet  édit  étant  loi  générale 
de  grâce  et  de  faveur,  embrassant  tous  les  non  catholiques  sans 
exception,  partant  les  Juifs.  A  cela,  les  corps  de  métier  répon- 
daient  par  la  négative,  invoquant  les  précédents,  qui  tous  témoi- 
gnaient contre  l'incorporation  des  Juifs  dans  les  communautés.  A 
Nîmes,  tous  les  marchands  étaient  prêts  à  attester,  sous  la  foi  du 
serment,  qu'ils  n'avaient  jamais  eu  de  Juifs  pour  collègues.  L'an 

'  Areb.  de  THérault,  C.  2747.  Mémoire  de  Laudes  et  Fabre,  syndics  du  corps  des 
toiliers  à  BallainyiUiers,  inteDdaat,  1*' avril  1788.  Lettre  des  mômes  à  Ballainvil- 
Hers,  6  avril  178b.  Mémoire  de  Mardocbée  Carcassonne,  Juif  de  Nimes,  à  Ballaia- 
villiew,  25  avril  1788. 

*  Arcb.  de  THérault,  C.  2818.  Acte  signifié  par  Monteil,  Juif,  aux  syndics  des 
tailleurs  de  Nîmes  (12  mars  1788).  Pièces  diverses  du  13  mars,  23  mars,  12  avril 
1788. 


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86  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

1788  avait  vu  la  demande  des  Juifs  de  Paris  tendant  à  obtenir 
Taccès  dans  les  Six-Corps  de  commerce  de  Paris,  rejetée  par 
arrêt  du  Conseil.  Sur  l'interprétation  du  mot  «  non  catlioliques  v, 
pas  le  moindre  doute  à  avoir,  disaient  les  marchands,  car  par 
«  non  catholiques  »,  Tédit  de  1787  entendait  les  protestants. 
Luthériens  ou  Calvinistes,  avec  qui  c^s  mêmes  marchands 
nlmois  s'étaient  associés  au  plus  fort  de  la  persécution  di- 
rigée contre  eux.  Mais  de  ce  que  Tédit  admettait  les  protes- 
tants à  jouir  du  bénéfice  de  ses  clauses,  s'ensuivait-il  que  les 
Juifs  eussent  le  droit  d*aspirer  aux  mêmes  privilèges  qu'eux? 
Les  marchands  de  Nîmes  ne  le  pensaient  pas,  le  terme  de  «  Juifs  » 
n'étant  ni  cité,  ni  spécifié  dans  l'édit  de  1787. 

Pour  mettre  fin  au  débat  contradictoire  qui  menaçait  de  s'éter- 
niser quant  à  l'interprétation  du  mot  a  non  catholiques  «,  le 
pouvoir  central  intervint.  Lamoignon  de  Malesherbes,  garde  des 
Sceaux,  et  le  ministre  Breteuil  interprétèrent,  à  leur  tour,  l'édit 
de  1787,  dans  un  sens  qui  n'était  pas  pour  satisfaire  les  Juife  *. 
D'après  eux,  les  Juifs  ne  pouvaient  participer  à  la  faveur  que  le 
Roi  accordait  à  ses  sujets  protestants  «  qu'autant  que  Sa  Ma- 
jesté elle-même  croirait  devoir  expliquer  ses  intentions  à  leur 
égard  d'une  manière  spéciale  ». 

Les  corps  de  métiers  de  Nîmes  triomphaient  donc.  Ils  avaient 
jeté  aux  Juifs  l'anathème  traditionnel  :  «  L'infamie  semble  les 
suivre.  On  répugne  à  fraterniser  avec  eux.  Les  Juifs  sont  une 
nation  séparée  des  autres  nations.  Elle  a  son  gouvernement 
théocratique,  qui  fisole  et  qui  rend  les  Juifs  étrangers  dans  les 
autres  états.  Un  Juif  n'est  citoyen  nulle  part,  et  quoique  né  Fran- 
çais, il  est  étranger  dans  chaque  ville.  11  ne  saurait  donc  aspirer 
à  être  admis  dans  les  corporations  de  commerce  réservées  aux 
seuls  sujets  du  Roi.  »  Telle  était  l'argumentation  des  commu- 
nautés de  Nîmes. 

A  la  fin  de  l'ancien  régime,  les  sentiments  des  corporations  à 
l'égard  des  Juifs  restent  les  mêmes  *.  En  1789,  quelques  mois 
avant  la  réunion  des  Etats-Généraux,  figées  dans  leur  attitude 
hostile,  irréductible,  contre  les  Comtadins,  elles  persistent  à  les 

>  Arch.  de  PHérauU,  C.  2747;  C.  2818.  BtllaiDvilliers  au  subdélégué  de  N!me«, 
21  avril,  22  avril  1788.  il  transmet  lee  lettres  explicatives  de  ces  ministres. 

*  Cependant  an  Juif,  Mardochée  Carcassonne,  laisse  entendre  que  les  corps  d'arts 
et  métiers  de  Montpellier  u^avaient  pas  fait  montre  à  Tégard  des  Juifs  de  cette  ville 
de  la  même  auimosilé  que  ceux  do  Nîmes.  «  On  a  vu,  dit -il,  les  marchands  de 
Montpellier,  aussi  jaloux  de  leurs  prérogatives  que  ceux  de  Nîmes,  recevoir  sans 
scrupule  et  sans  opposition,  sous  les  yeux  de  Tlotendant,  divers  Juifs  dans  leurs  com- 
munautés. »  Ârch.  de  THérauU,  C.  2747.  Mémoire  de  M.  Carcassonne,  Juif,  25  avril 
1788. 


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LA  VIE  COMMERCJALE  DES  Jl  IFS  COMTADIXS  EN  LANGUEDOC         87 

écarter.  Dans  les  cahiers  de  doléances  de  la  provinces  pour  les 
Etats-Généraux,  on  surprend  des  plaintes,  écho  nullement  affaibli 
des  préjugés  sociaux  et  théologiques  du  moyen  âge  contre  les 
Juifs.  Ainsi,  Louis  XV  avait  créé,  à  Montpellier,  suivant  Texemple 
qu'il  avait  donné  à  Paris  en  1767  \  huit  lettres  de  maîtrise  dans 
tous  les  corps  de  métiers.  Plusieurs  de  ces  lettres  furent,  comme 
à  Paris,  achetées  par  des  Juifs  dans  le  corps  des  fripiers-chausse- 
tiers.  Scandale  sans  précédent  aux  yeux  des  marchands  !  Deux 
fils  de  Juifs  avaient  été  reçus  au  rang  de  maîtres  par  le  Juge- 
Mage  de  la  ville,  sans  y  avoir  été  autorisés  par  la  communauté. 
Aussitôt  les  fripiers  d'insérer  leurs  doléances  à  ce  sujet  dans 
leur  cahier  (1789J  '.  Ils  réclament  qu'on  les  sépare  de  ces  Juifs 
«  qui  pourraient  infecter  »  toute  la  communauté  ;  événement 
qualiôé  par  eux  de  «  sinistre  »  et  qu'il  n'est  pas  possible  de 
prévoir  sans  frémir.  L'éternelle  doléance  retentit  :  «  Le  commerce 
de  tous  les  membres  du  corps  a  diminué  à  un  si  grand  point 
depuis  l'étrange  introduction  des  Juifs,  que  les  fripiers  se  verront 
contraints  de  l'abandonner  pour  jamais,  si  on  ne  leur  tend  une 
main  secourable  et  si  on  ne  seconde  leurs  vœux.  »  Appel  dé- 
guisé —  on  le  voit  —  à  TEtat-Providence.  Et  voici  maintenant 
par  où  éclate  le  préjugé  social  :  «  Il  n'est  personne,  disent-ils, 
qui  ne  porte  en  son  cœur  la  conviction  du  mal  que  le  peuple  juif 
fait  dans  tout  l'univers  ».  Voici  maintenant  le  préjugé  théolo- 
gique, fc  L'Etre  suprême,  dans  la  création  de  la  nature,  voulut 
expressément  que  cette  race  fût  renfermée  dans  un  certain  terri- 
toire et  lui  défendit  de  communiquer  en  aucune  manière  avec  les 
autres  nations.  »  Toutes  opinions  qui,  exprimées  avec  tant  de 
hardiesse,  prouvent  la  corrélation  qui  existait,  à  la  veille  de  la 
Révolution,  entre  la  question  de  l'émancipation  des  Juifs  et 
l'émancipation  du  travail;  si  intime  qu'entre  les  partisans  du 
maintien  des  barrières,  entre  les  diverses  communautés  d'arts 
et  métiers,  et  les  partisans  du  a  ghetto  »  pour  les  Juifs,  il  n'y 
avait  qu'une  différence  de  degré,  non  de  nature. 

Ce  sont  là  les  plaintes  des  marchands  privilégiés,  des  corpora- 
tions vieillottes,  traquant  de  ville  en  ville  des  colporteurs  dont  le 
principal  crime,  à  leurs  yeux,  était  de  savoir  commercer  et  d'ap- 
porter sur  les  marchés  du  Languedoc  des  marchandises  abon- 
dantes et  peu  chères.  Les  Juifs  y  répondaient  par  des  placets  où 
dominait  le  sentiment  très  vif  que,  la  liberté  du  commerce  et  de 

*  Voir,  pour  cette  affaire,  Monio,  Les  Juifs  de  Paris  sous  Vaneien  régims^  dans 
cette  Revue,  t.  XXIII. 

*  D'Aigrefeuille,  Histoire  de  Montpellier ^  t.  IV,  p.  648.  «  Cahier  de  doléances  des 
fripier »-cliau86etiera  de  MontpeUier  »,  1789. 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

trie  étant  un  des  éléments  constitutifs  de  la  vie  organique 
>rovince  et  du  royaume,  les  pouvoirs  publics  devaient  les 
er  dans  leurs  tentatives  d'affranchissement  du  commerce 
industrie  lang^uedociens. 

ela,  ils  partageaient,  en  matière  commerciale,  les  avis  des 
listes,  théoriciens  du  «  laissez  faire,  laissez  passer  »,  et 
ière  industrielle,  les  croyances  des  défenseurs  de  la  liberté 
ail.  Ils  pensaient  de  môme  que  ces  négociants  de  Toulouse 

l'788,  dénonçaient  à  Louis  XVI  «c  les  ravages  du  monopole, 
)nvénients  des  privilèges,  les  pertes,  les  dégâts,  les  faux 
B  découragement,  qui  sont  la  suite  des  droits  locaux,  des 

des  visites,  des  pièges,  des  vexations,  en  un  mot,  de 
les  entraves  qui  obstruent  le  commerce  et  emmaillottent 
rie  ». 

,  disaient  les  Juifs,  que  les  pouvoirs  publics  rejettent  les 
s  des  communautés,  comme  ne  répondant  plus  aux  aspira- 
ouvelles  des  commerçants  et  industriels  français  !  Elles  se 
ient  de  la  concurrence  des  Juifs.  De  bonne  foi,  qui  les  em- 

de  lutter  contre  elle  avec  avantage?  Si  les  boutiques 
rchands  du  pays  n'attiraient  plus  les  chalands,  à  qui  la 
inon  à  Tincroyabie  avidité  des  boutiquiers  languedociens  ? 
-on  pas  vu  —  le  subdélégué  de  Tintendant  Tattestait  *  — 
on  pas  vu,  à  Nîmes,  deux  ou  trois  marchands  s'entendre 
dndre  à  des  prix  exorbitants  leurs  étoffes  et  s'étonner 
qu^elles  n'eussent  pas  plus  de  faveur  auprès  du  public?  A 
lonne*,  une  minorité  de  marchands  en  étoffes  s'indignait 
oncurrence  des  Juifs,  sans  se  plier  au  moindre  sacrifice 
aire  au  public.  Au  reste,  nul  pouvoir  n'empêchait  les 
s  de  fréquenter  les  boutiques  des  Juifs.  Leur  profit  était 
s'y  tenaient.  Les  Juifs,  que  les  marchands  de  Nîmes  accu- 
le passer  en  contrebande  leurs  marchandises,  se  faisaient 

prouver  les  menées  de  ces  Nîmois,  qui  écoulaient  des  bas 
$s  dans  les  Gévennes  au  mépris  des  règlements  '. 
poste  des  Juifs  à  ces  accusations  était,  on  le  voit,  facile, 
î,  Intendant,  n'hésitait  pas,  en  1740,  à  reconnaître  les 
fments  qui  assuraient  le  succès  de  leurs  opérations  com- 
Bs  :  le  bon  marché,  l'abondance,  la  variété  *.  En  termes 

de  rilérault,  C.  2743.  Le  subdélégué  de  Nimes  a  Bernage,  19  septembre 

de  THérauIt,  C.  2743.  Le  subdélégué  de  Carcassonne  à  Bernage,  9  sep- 
29. 

de  THérault,  C.  2504.  Lettre  des  intendants   et  subdélégués  ;  observa- 
DSpecleurs  des  manufactures, 
de  l'Hérault,  C.  2745.  <  Les  marchands  de  Montpellier  sont  mal  assortis... 


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LA  VIE  COMMERCIALE  DES  JUIFS  COMTADLNS  EN  LANGUEDOC    89 

non  ambigus,  il  réduit  à  de  justes  et  minimes  proportions  Ten- 
flure  démesurée  des  imputations  des  marchands  languedociens*. 
Son  sens  clair  et  droit,  sa  justesse  d*esprit  démêlent  aisément, 
dans  les  doléances  des  uns  et  des  autres,  le  vrai  du  faux.  Il  sait 
qu*il  est  Intendant  en  Languedoc  pour  veiller  aux  intérêts  géné- 
raux de  la  province  et  que  tous,  Juifs  ou  marchands,  ont  droit  à 
sa  justice  distributive,  à  condition  de  n*en  point  abuser  pour  s'en 
servir  les  uns  contre  les  autres  *.  Les  marchands  de  Montpellier, 
lui  écrit  Orry,  contrôleur  général(  1740),  ne  seront  écoutés  qu'au- 
tant qu'ils  se  feront  un  devoir  d'être  bien  assortis  et  se  conten- 
teront d*un  profit  légitime  >.  Ces  mots  laissent  deviner  bien  des 
fraudes  *.  Aussi  les  marchands  de  Montpellier  feignent-ils  de  ne 
pas  les  comprendre.  En  1774,  Le  Nain,  Intendant,  les  leur  fit 
entendre.  Il  défendit  aux  syndics  des  corps  des  fripiers-chausse- 
tiers  de  Montpellier  d*exercer  aucune  poursuite  contre  les  Juifs 
qui  y  étaient  domiciliés  ^»  les  menaçant  même»  s'ils  récidivaient, 
de  révoquer  leurs  lettres  patentes,  ce  qui  mit  le  comble  à  leur 
fureur.  Cette  même  année  (1744),  les  notabilités  de  Montpellier 
prirent  sur  elles  de  délivrer  aux  fripiers  juifs  un  certificat  de 

lieDDeDt  leurs  étoffes  à  des  prix  si  excessifs  que  quoiqu'ils  disent  sur  la  mauTaise 
qualité  de  celles  que  portent  les  Juifs  dans  les  foires,  elles  ne  valent  pas  mieux  par 
les  prix  auxquels  ils  les  vendent  que  celles  que  Ton  trouve  dans  les  boutiques  des 
marchands.  Les  Juifs  en  ont  de  toutes  qualités,  a  tous  prix.  Je  n'ai  pas  ouï  dire 
qu'ils  en  portassent  qui  ne  fussent  point  marquées  du  plomb  de  fabrique.  Par  consé- 
quent, c'est  la  différence  du  peu  de  profit  auquel  les  Juiis  se  réduisent  à  l'excessive 
cherté  des  prix  que  les  marchands  mettent  à  leurs  étoffes  qui  a  déterminé  le  public 
à  se  pourvoir  dans  les  foires  plutôt  que  de  donner  des  commissions  à  Lyon.  >  Ber- 
nage  à  Orry,  le  31  mai  1740. 

'  Il  ne  croit  pas  que  les  Juifs  puissent  nuire  aux  fabriques  et  il  est  «  fort  peu  tou- 
ché de  l'allégation  des  marchands  sur  le  tort  que  les  Juifs  pourront  faire  au  bien  du 
royaume  en  faisant  passer  leurs  fonds  à  l'étranger  ».  Bernage  à  Orry,  11  novembre 
1740.  Arch.  de  PHérauU,  C.  2745. 

*  Joubert,  syndic  général,  pense  que  les  Juifs  ne  nuisent  pas  au  commerce  et  que 
le  public  y  trouve  son  avantage.  Joubert  à  Le  Nain,  27  août  1744.   Arch.   de  l'Hé- 
rault, C.  2802.   <    Si  les  Juifs  éiaieut  exclus  des  foires,  je  suis  persuadé  que  cela 
ferait  un  vide  dont  souffriraient  les  fabriques.  >  Orry  i  Bernage,  2  décembre  1740,  . 
C.  2745. 

*  Arch.  de  l'Hérault,  C.  2745.  Orry  à  Bernage,  2  décembre  1740. 

*  Arch.  de  l'Hérault,  C.  2745.  Orry  à  Bernage,  2  décembre  1740.  «  Les  marchands 
vendent  à  des  prix  usuraires.  Il  y  en  a  qui  achètent  à  Paris  et  à  Lyon  des  galons  d'or 
et  d'argent,  poids  de  marc,  et  qui  ne  se  font  pas  scrupule  de  les  vendre  i  Montpellier 
le  même  poids  de  table  en  y  augmentant  de  10  0/0  ».  —  Le  poids  de  marc  :=  8  onces 
ou  la  moitié  de  la  livre  de  Paris.  Le  poids  de  table,  en  Languedoc,  différait  du  poids 
de  marc. 

*  Arch.  de  l'Hérault,  C.  2802.  Ordonnance  de  Le  Nain,  1*'  novembre  1744.  ~ 
Le  Nain  au  Contrôleur  général,  5  février  1745.  <  Je  rendrai  sur  cette  contestation 
(entre  fripiers  et  Juifs)  ordonnance  conforme  a  la  décision  contenue  dans  votre  lettre  du 
29  janvier  et  je  préviendrai  les  fripiers,  ainsi  que  vous  m'en  chargez,  que  s'ils  don- 
nent lieu  à  des  plaintes  de  la  part  du  public,  on  révoquera  leurs  lettres  patentes.  > 


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90  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

bonne  vie  et  mœurs  ^  Les  habitants  de  la  ville  ne  dissimulaient 
pas  leur  antipathie  pour  des  corps  de  métiers  qui,  quoique  com- 
posés de  chrétiens  comme  eux,  semblaient  prendre  à  tâche  de  les 
rançonner.  Tous,  ils  s'intéressaient  au  commerce  des  Juifs,  dé- 
solés à  la  seule  idée  que  les  mesures  prohibitives  projetées  par 
les  métiers  contre  les  Juifs  pourraient  avoir  leur  exécution  un 
jour  ou  Tautre,  prévoyant  à  coup  sûr  Tarrogance  sans  bornes  des 
boutiquiers  de  la  ville  le  jour  où  les  Juifs  leur  auraient  cédé  la 
place  *.  Aussi,  quand  s'éleva,  entre  les  marchands  de  Montpellier 
et  le  marquis  de  Grave,  la  contestation  au  sujet  des  Juifs  fré- 
quentant la  foire  du  Pont-Juvénal,  la  population  prit-elle  parti 
pour  les  Juifs,  chez  qui  elle  trouvait  à  bas  prix  les  objets  que 
les  boutiquiers  vendaient  très  cher  en  ville. 

C'est  un  épisode  curieux  de  la  question  juive,  en  Languedoc,  que 
la  suite  des  démêlés  du  marquis  de  Grave  avec  les  communautés 
de  Montpellier.  De  bonne  noblesse,  caractère  altier,  turbulent,  le 
marquis  allait  entrer  dans  la  lice  où  l'attendaient  des  boutiquiers, 
gens  de  rien.  Sans  doute,  dans  toute  cette  affaire,  l'intérêt  per- 
sonnel le  guidait,  mais,  la  passion  s'en  mêlant,  passion  de  gentil- 
homme contre  les  roturiers,  il  entreprit  un  siège  en  règle  contre 
les  gens  des  métiers,  qui,  dans  un  zèle  intolérant  mis  au  service  de 
leurs  monopoles,  allaient  jusqu'à  douter  de  la  valeur  des  privilèges 
inhérents  à  ses  droits  de  propriété  sur  les  foires  du  Pont-Juvénal. 
Pour  le  coup,  c'était  trop,  le  marquis  ne  fit  qu'en  rire.  Tout  de 
même,  il  se  plaignit  à  Bernage  (1741)  :  «  De  quel  droit,  lui  demanda- 
t-ii,  des  marchands  qui  volent  le  public  —  le  mot  était  dur  — 
prétendent-ils  en  imposer  au  Roi  contre  le  teneur  de  mes  titres'  »? 
Ces  titres,  il  les  montrait  aux  yeux  de  tous,  ils  étaient  patents. 
Malgré  tout,  l'on  voyait  les  marchands  de  Montfiellier  «  avancer 
faussement  que  le  marquis  donnait  à  ses  foires  une  extension  qui 
n'était  pas  comprise  dans  les  titres  de  leur  fondation  *  ».  Ils  en 

*  Ârch.  de  l'Hérault,  C.  2802.  «  Certifions  que  de  tout  temps  les  Juifs  ont  été  à 
Montpellier  pour  trafiquer  aux  vieilles  hardes,  faisant  le  profit  du  public.  Ils  ont  été 
fort  utiles,  sans  avoir  fait  aucun  tort  à  personue.  i  Si.'ué  :  Nadal,  lieutenant  du 
maire  de  Montpellier,  Comte,  consul,  Caropan,  conseiller  auditeur,  28  octobre  1744. 

*  •  Le  commerce  des  Juifs  à  Munipellier  est  très  avanta^^eux  aux  habitants.  Ils  y 
sont  aussi  utiles  que  pour  les  campagnes  les  maquignons  juifs.  Les  poursuites  que 
les  fripiers  font  contre  eux  ont  répandu  Talarme  parmi  les  habitants  qui  s^intéressent 
tous  à  ce  que  les  défenses  proposées  n'aient  pas  lieu.  Si  ^autorisation  donnée  aux 
Joifs  leur  était  ôtée,  le  public  en  souffrirait  infiniment  parce  que  les  fripiers  ne  man- 
queraient pas  de  se  prévaloir  de  leur  éloignement  pour  se  rendre  encore  plus  diffi- 
ciles dans  les  achats  et  ventes  quUls  feraient  des  vieilles  bardes.  •  Arch.  de  l'Hé- 
rault, C.  2802.  Le  Nain  au  Contrôleur  général,  2  novembre  1744. 

*  Arch.  de  l'Hérault,  C.  2745.  Le  marquis  de  Grave  à  Bernage,  29  janvier, 
4  mars  1741. 

*  Arch.  de  l'Hérault,  C.  2745.  Le  marquis  à  Bernage,  mars  1741. 


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92  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

commissionnaire  des  Juifs  ne  répugnait  donc  nullement  aux  bou- 
tiquiers. L'Intendant  Bernage  savait  même  que  «  le  corps  des 
marchands  de  Montpellier,  par  avarice,  usait  à  Tégard  des  com- 
missionnaires des  Juifs  d'une  singulière  tolérance  ».  Il  les  admettait 
au  nombre  de  ses  membres,  recevant  par  là  l'argent  que  les  Juifs 
fournissaient  à  leurs  commissionnaires,  en  général  pauvres  hères. 

Aussi  bien  n'était-ce  pas  la  première  fois  qu'un  Intendant  du 
Languedoc  pénétrait  les  secrètes  menées  des  marchands  d'une 
ville.  A  Toulouse,  Le  Nain  (1745)  porte  sur  eux  un  jugement  ana- 
logue à  celui  de  Bernage  sur  les  métiers  de  Montpellier.  «  Le 
meilleur  parti  qu'ils  puissent  prendre,  écrit-il  à  Orry,  c'est  d'as- 
sortir leurs  magasins  des  mômes  qualités  de  marchandises  que  les 
Juifs  y  apportent  et  de  se  contenter  dans  la  vente  d'un  profit 
moindre  que  celui  qu'ils  font  ^  »  Ainsi  ils  arriveront  à  dégoûter  les 
Juifs  de  se  rendre  à  leurs  foires.  Au  reste,  Orry  encourageait  Le 
Nain  dans  cette  ligne  de  conduite  :  il  fallait,  d*après  lui,  redoubler 
de  sévérité  contre  des  marchands  qui  entravaient  le  commerce  des 
Juifs.  Garquet,  inspecteur  des  manufactures  royales  du  Languedoc, 
se  voyait  adresser  un  blâme  officiel  pour  avoir  secondé  les  agisse- 
ments des  jurés-gardes  toulousains  contre  les  Comtadins  *.  Il  re- 
cevait l'ordre  d'intimer  à  ces  trop  zélés  fonctionnaires  d'avoir  à 
cesser  leurs  molesta tions  '.  A  dire  vrai,  de  très  hautes  influences 
encourageaient  les  Juifs  à  Toulouse.  La  Présidente  d'Aspe  *,  ayant 
personnellement  recommandé  à  l'Intendant  Saint-Priest,  le  père, 
les  Comtadins,  ce  fonctionnaire  l'assura  que  ses  vœux  seraient 
exaucés  ;  il  écrivit  aussitôt  au  subdélégué  de  Toulouse  de  veiller 
i  ce  que  les  Juifs  ne  fussent  pas  inquiétés  *. 

L'Intendant  était  appuyé  par  le  sentiment  du  public,  qui  trou- 
vait son  intérêt  dans  une  concurrence  permanente  entre  Juifs  et 
métiers.  Ce  sentiment  se  fit  jour  à  diverses  reprises.  Il  y  avait,  à 
Béziers,  deux  ou  trois  marchands  d'étoffes  qui  se  piquaient  de 
fournir  à  eux  seuls  toute  la  ville.  La  présence  des  colporteurs 
comtadins  aux  quatre  saisons  de  l'année  les  exaspérait.  Leurs 
plaintes  systématiques  eurent  le  don  de  lasser  l'Intendant,  Le  Nain, 
qui  défendit  aux  Juifs  de  commercer  dans  Béziers  (1745)  *.  Mal 

*  Arch.  de  l'Hérault,  C.  2746.  Le  Nain  a  Orry,  12  mai  1745. 

<  Arch.  de  PHérault,  C.  2746.  Le  Nain  à  Carquet,  15  août  1745. 
s  Arch.  deTHérault,  C.  2746.  Saint-Priest  au  subdélégué  de  Toulouse,  14  août 
1751. 

*  De  la  famille  de  robe  des  d'Aspe,  qui  comptait  deux  présidents  à  mortier  au 
Parlement  de  Toulouse,  Jean  et  Bernard  d'Aspe. 

«  Arch.  de  l'Hérault,  C.  2746.  Saint-Priest  au  subdélégué,  14  août  1751. 

*  Arch.  de  l'Hérault,  C.  2748.  Ordonnance  de  Le  Nain,  18  décembre  1745,  rendue 
sur  requête  de  Bernard  Cabanon,  marchand  d'étoffes  en  soie,  de  Béziers. 


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LA  VIE  COMMERCIALE  DES  JUIFS  COMTADÏNS  EN  LANGUEDOC        93 

approvisionnés,  vendant  cher,  les  marchands  de  la  ville  ran- 
çonnèrent les  acheteurs,  tant  et  si  bien  que  la  «  plupart  des 
messieurs  et  dames  de  Béziers  »  adressèrent  au  subdélégué  leurs 
doléances  pour  lui  signaler  les  vexations  dont  les  Juifs  étaient 
Tobjet  de  la  part  des  boutiquiers,lors  de  leur  passage  à  Béziers  ^ 
Une  occasion  se  présenta  qui  permit  au  subdélégué  de  se  déclarer 
ouvertement  en  faveur  des  Juifs  et  hostile  à  la  coterie  tyrannique 
des  métiers.  Des  Juifs,  passant  à  Béziers  pour  aller  débiter  leurs 
marchandises  à  Toulouse,  déposèrent,  comme  de  coutume,  leurs 
étoffes  dans  un  cabaret.  Le  bruit  s*en  répandit,  d*où  affluence 
nombreuse  autour  d'eux.  Les  marchands  de  Béziers  alléguèrent 
alors  que  les  Comtadins  avaient  vendu  malgré  les  ordonnances  et 
intimèrent  aux  prévôts  des  marchands  Tordre  de  saisir  leurs 
marchandises.  Accusation  fausse,  au  dire  du  subdélégaé  Boussa- 
nelle,  car  les  Juifs  n'avaient  pas  déplié  leurs  étoffes,  malgré  les 
instances  du  public.  Dans  le  but  de  concilier  Juifs  et  marchands,  il 
intervint;  en  pure  perte.  Les  marchands  s*obstinèrent  à  refuser  de 
rendre  aux  Comtadins  les  étoffes  confisquées.  Le  subdélégué,  dont 
ils  bravaient  les  sages  remontrances,  en  référa  à  Le  Nain,  sous 
forme  de  réquisitoire  contre  les  marchands  de  Béziers  *.  «  Toute  la 
ville,  dit-il,  est  révoltée  contre  leurs  procédés  et  nous  sommes  à 
portée  d*entendre  le  murmure  que  l'arrestation  des  Juifs  a  causé  à 
Béziers.  Si  les  marchands  se  plaignent  du  préjudice  que  ces  Juifs 
leur  causent,  c'est  leur  faute.  Ils  ne  doivent  pas  écorcher  le  public 
et  chercher  à  faire  des  profits  considérables.  »  Le  Nain  cassa  la 
saisie.  Le  subdélégué  l'informa  aussitôt  que  les  Juifs  étaient  très 
satisfaits  de  ce  jugement,  de  môme  que  les  habitants^,  informés, 
comme  lui,  de  la  vexation  des  marchands  de  Béziers.  Grâce  à  la 
vigilante  attention  des  pouvoirs  publics,  les  intérêts  des  acheteurs 
étaient  encore  une  fois  sauvegardés. 

Tel  est  le  type,  entre  mille,  des  contestations  qui  s'élevaient 
entre  Juifs,  partisans  de  la  liberté  commerciale  et  industrielle,  et 
les  marchands  réunis  en  corps  de  métiers,  défenseurs  de  leurs  pri- 
vilèges et  monopoles,  attaqués  par  les  Juifs.  Mais  ceux-ci,  malgré 
leurs  efforts  assidus,  ne  réussirent  pourtant  pas  à  pénétrer  dans 

^  Arch.  de  rHérault,G.  2748.  Boussanelle,  Bubdélégué*à  Béziers,  à  Le  Nain,  11  Juil- 
let 1748.  «  II  est  vrai,  dit-il,  que  ces  marchands  ont  des  statuts  autorisés  par  arrêt 
du  Parlement  leur  accordant  des  privilèges  exclusifs,  mais  le  public  souffrant  à  l'oc- 
casion de  ces  privilèges  qui  produisent  tous  les  jours  de  nombreux  abus...  je  tous 
en  informe.  » 

*  Ârcb.  de  l'Hérault,  G.  2748.  Mémoire  de  Boussanelle,  subdélégué  à  Béziers^  à  Le 
Nain,  23  Juin  175u. 

*  Arch.  de  l'Hérault,  G.  2748.  «  On  y  souhaiuit  ardemment  qu'il  fût  permis  aux 
JuîCb  de  vendre  leurs  marchandises  ou  du  moins  qu'ils  fussent  libres  de  venir  tenir  la 
foire  du  4  octobre  pendant  huit  Jours.  •  Mémoire  de  Boussanelle,  23  Juin  1750. 


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94  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ces  communautés  que  protégeaient  contre  eux  Tétroitesse  des  pré- 
Jugés  en  cours  et  la  politique  des  pouvoirs  publics. 


IV 

LES  JUIFS   ET  LES   POUVOIRS  PUBLICS. 


Au  milieu  des  vives  haines  suscitées  tant  du  côté  des  marchands 
du  pays  que  du  côté  des  Juifs,  Tintendance  du  Languedoc  a  pra- 
tiqué, à  regard  des  uns  et  des  autres,  une  politique  ferme  autant 
que  souple,  où  se  reflète  la  pensée  des  ministres  et  des  contrô- 
leurs généraux. 

Dans  la  conduite  à  tenir  vis-à-vis  des  Juifs  comtadins,  en  Lan- 
guedoc, les  divers  intendants  de  cette  province,  au  xviii®  siècle, 
songent  avant  tout  à  deviner  les  intentions  du  pouvoir  central. 
Aussi,  il  faut  voir  avec  quel  tact,  quelle  prudence,  ils  s'ingénient 
à  interpréter,  chacun  selon  son  tempérament,  les  instructions  de 
Versailles. 

De  1685  à  1718,  c'est  Lamoignon  de  Basville,  «  Tautocrate  », 
prêtant  peu  d'attention,  dans  le  tumulte  des  affaires  des  religion- 
naires,  à  ces  Juifs  comtadins,  qui  passaient  trois  ou  quatre  fois 
l'an  sur  les  grands  chemins,  fiasville  n'avait  qu'à  tenir  la  main  à 
Vexécution  de  l'arrêt  général  de  bannissement  des  Juifs  (1615]  et,  si 
les  Comtadins  l'enfreignaient,  les  expulser,  malgré  les  ordonnances 
contraires  du  Parlement  de  Toulouse.  Cet  intendant  reçut  aussi 
mission  du  Conseil  d'Etat  de  veiller  '  sur  les  Juifs  bannis  du  Lan- 
guedoc, par  arrêt  du  29  février  1716.  A  partir  de  cette  date,  la  sur- 
veillance des  Juifs  rentre  dans  les  fonctions  policières  de  l'Inten- 
dant, vu  leurs  apparitions  fréquentes  dans  la  province  et  la  colère 
des  marchands  du  pays,  irrités  par  leur  concurrence.  Requêtes  et 
placets  des  uns  et  des  autres  sont  adressés  à  l'intendant  à  Mont- 
pellier :  la  rapidité  et  le  peu  de  frais  de  la  procédure  de  Tintendance 
leur  convenaient  Les  marchands  invoquent  le  secours  de  Basville 
contre  les  Juifs,  car  ils  le  considèrent  comme  le  protecteur  -  hé 
de  leurs  intérêts.  C'était,  non  des  leurs,  mais  de  ceux  de  la  pro- 
vince, en  général,  que  Basville  était  le  soutien.  C'est  ce  que  les  mar- 
chands ne  voulurent  pas  comprendre.  Ils  crurent  l'Intendant  prêt 

*  LamoigDOQ  de  BasTille,  intendant  du  Langaedoc,  «  exécutera  l'arrêt  >  il  mars 
1*716.  Ârch.  de  IHérault,  C.  2743.  Extrait  des  registres  du  Conseil  d'âtat.  Arrêt  da 
Conseil  du  29  Uyriet  1716.  Le  duc  d'Orléans  était  régeot,  PhtUppeaux,  chancelier. 


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LA  VIE  COMMERCIALE  DES  JUIFS  COMTADLNS  EN  LANGUEDOC    9» 

à  les  suivre  dans  toutes  leurs  vexations  contre  les  Juifs.  De  là,  leur 
déception. 

Du  successeur  de  Basville  à  Tintendance  nous  ignorons  la 
politique  à  l'égard  des  Juifs,  en  Tabsence  de  documents  sur  ce 
personnage. 

Son  fils,  Louis  Basile  de  Bornage,  joue  un  rôle  important  dans 
rhistoire  des  relations  de  Tintendance  avec  les  Juifs.  Dès  1729, 
il  entame  avec  les   contrôleurs  généraux  une   correspondance 
à  leur  sujet.  Le  débat  portait  sur  leur  situation  irrôgulière  dans 
le  Languedoc.   Sur  Tordre  de  Le  Pelletier-Desforts,  contrôleur 
général,  il  fait  ouvrir  une  enquête  par  les  subdéiégués  de  Nîmes, 
Montpellier,  Carcassonne,  Toulouse,  où  Ton  signalait  les  Juifs 
comtadins  (1729).  Sur  leur  avis,  Bernage  les  expulsa  (1729), 
exécuta  le  nouvel  arrêt  du  Conseil  (20  février  1731),  qui   leur 
interdisait  de  séjourner  en  Languedoc.  De  cette  époque  datent 
les  rapports  officiels  échangés  journellement  au  sujet  des  Juifs 
entre  Orry,  contrôleur  général  (1730-1745),  et  Bernage.  Sous  Tin- 
fluence  des  nouvelles  idées  en  matière  de  commerce  et  d*industrie, 
les  prescriptions  de  l'intendance  à  Tégard  des  Juifs  perdent  de  leur 
rigueur.  Aussi  la  question  juive  prenait  en  Languedoc  le  caractère 
d*une  lutte  entre  marchands  du  pays,  que  Tintérêt  poussait  à  dé- 
fendre leurs  monopoles,  et  Juifs  comtadins,  que  l'intérêt  excitait  à 
les  attaquer.  Le  Conseil  d'Etat  voyait,  lui,  d*un  œil  hostile  s*étendre 
les  monopoles  des  métiers.  Rien  d'étonnant,  dès  lors,  à  ce  que 
l'Intendant  permit  aux  Comtadins  de  fréquenter  les  foires,  dont  ils 
stimulaient  les  transactions  par  leur  concurrence.  Cette  politique 
de  Tintendance  ne  recevait-elle  pas  l'approbation  du  contrôleur 
général  Orry  '  ? 

Un  progrès  sensible  se  manifeste  dans  le  sens  de  la  tolérance 
envers  les  Comtadins.  Le  Nain,  successeur  de  Bernage,  en  donne 
la  preuye  dans  cette  lettre  où  il  offre  au  contrôleur  général  de 
donner  aux  Juifs  des  permissions  temporaires  de  séjour.  Et  le 
contrôleur  accueille  cette  demande  avec  faveur,  avertit  même  Le 
Nain  qu'il  révoquera  les  lettres  de  privilèges  de  certains  mar- 
chands s'ils  donnent  lieu  à  de  nouvelles  plaintes  de  la  part  du 
public  par  leurs  tracasseries  à  l'endroit  des  Juifs*.  Toujours 
l'éternelle  lutte  du  travail  privilégié  contre  le  travail  libre. 

'  11  n'y  a  pas  qu'en  Languedoc  où  l'Intendant  semble  tolérant  pour  les  Juifs.  On 
lit  dans  ^Inventaire  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Bordeaua^  qu'en  1734,  llnten- 
dant  de  Quyenne  sollicitait  un  délai  pour  les  Juifs  expulsés  du  royaume.  Les  mi- 
nistres n'étaient  pas  toujours  hostiles  aux  Juifs.  En  1729,  le  contrôleur  général,  avant 
de  statuer  sur  le  projet  de  règlement  des  drapiers-merciers  de  Bordeaux,  s^enquiert 
des  préjudices  qui  en  résulteraient  pour  les  Juifs  portugais  (29  décembre  1729). 

'  Ces  marchands  que  le  Contrôleur  morigénait  ainsi  étaient  les  fripiers-chausse- 


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%  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

En  1751,  Saint  Priest,  suppléé  longtemps  par  son  fils,  arrive  à 
l'intendance.  Trudaine,  ministre,  avait  averti  Saint  Priest  père 
(1755)  des  progrès  qu'avaient  faits  auprès  du  bureau  du  commerce 
de  Paris  les  nouvelles  idées  sur  la  liberté  du  commerce  et  de  Tin- 
dustrie.  Dans  une  lettre  adressée  à  Trudaine  (1761),  Saint  Priest 
fait  allusion  à  Gournay,  qui  avait  dénoncé  les  inconvénients  de  la 
réglementation  industrielle.  Or,  quels  étaient  les  défenseurs  de  ces 
règlements,  sinon  les  marchands  et  industriels  privilégiés  qui  ne  se 
gênaient  nullement  pour  brûler  *  et  attacher  au  carcan  les  étoffes 
apportées  par  les  étrangers  et  les  Juifs  du  Comtat  ?  La  haine  de  la 
concurrence,  d^ou  qu'elle  vint,  les  possédait,  eux  et  leurs  corps  de 
métiers.  Saint  Priest  s'en  rendit  très  bien  compte.  Une  lettre  *  de 
rintendance  (1761)  nous  laisse,  à  ce  sujet,  entrevoir  les  grandes 
lignes  de  la  politique  des  Intendants  dans  la  question  des  privilèges 
industriels  ou  commerciaux.  Les  privilèges,  Saint  Priest  ne  les 
admet  que  s'ils  servent  au  bien  du  public.  Le  rôle  de  l'Intendant, 
d'après  Saint  Priest,  est  de  stimuler  le  commerce  d'une  province» 
de  protéger  les  marchands  du  pays,  certes,  mais  sans  étroitesse 
d^esprit  ni  préjugés,  a  Pour  que  le  commerce  se  maintienne  au 
profit  de  l'Etat,  il  faut  le  laisser  libre  dans  tous  les  pays,  mais  de 
façon  pourtant  que  chaque  pays  reste  libre  dans  son  propre  com- 
merce. »  On  comprend,  dès  lors,  l'attitude  des  Intendants  du  Lan- 
guedoc vis  à  vis  des  Juifs.  Quand  ils  interdisaient  aux  forains,  aux 
Juifs  du  Comtat,  la  vente  en  détail,  hors  le  temps  des  foires,  ils 
prenaient  ces  mesures  dans  le  but  de  «  faciliter  aux  marchands 
domiciliés  la  vente  de  leurs  marchandises  et  le  paiement  de  leurs 
eng>igements  ».  Mais  permettre  aux  Juifs  et  à  tous  étrangers  de 
vendre  en  gros  sur  les  champs  de  foire,  afin  qu'ils  répandissent 
sur  les  marchés  de  la  province  l'abondance  des  marchandises, 
inciter  les  Juifs  à  rivaliser  avec  les  marchands  indigènes,  c^était 
pour  les  Intendants  se  montrer  fidèles  à  leur  rôle  de  protecteurs 
du  commerce  de  la  province.  Et  pour  mieux  dévoiler  le  fond  de  sa 
pensée.  Saint  Priest  de  s'écrier  :  «  La  récompense  d'une  nouvelle 
industrie,  l'excitation  d'une  ancienne  qui  languissait  dans  une 
concurrence  sans  émulation  ont  été,  et  peuvent  être  encore,  les 
motifs  légitimes  de  plusieurs  privilèges  du  commerce,  mais  la 

lie»  de  Montpellier  dont  le  corps  était  ligué  contre  les  Juifs  vendeurs  de  Tieuz. 
Ârch  de  l'Hérault,  C.  2802  (pièces  relatives  a  cette  contestation). 

1  Dans  un  mémoire  des  marchands  en  soierie  et  draperie  de  Bordeaux  aux  direc- 
teurs de  la  Chambre  de  commerce  pour  demanJer  que  les  Juifs  d^Avignon  fussent 
exclus  des  foires,  on  lit  t  qu'il  fut  brûlé  à  Tours  une  partie  considérable  de  leurs 
marchandises  >.  Inventaire  de  la  Chambre  de  commerce  de  Quienne^  C.  4378  (1757). 

*  Arch.  de  la  Haute-Garonne.  Le  Secrétaire  de  Saint  Priest  à  Amblard,  suhdé- 
légué  à  Toulouse.  4  mai  1760. 


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LA  VIE  COMMERGULE  DES  JUIFS  COMTADLNS  EN  LANGUEDOC    97 

durée  indéfinie  de  ces  privilèges  et  leur  transmission  entre  les 
mains  de  leurs  hoirs  ne  sont-ils  pas  propres  à  étouffer  Tindustrie 
et  éteindre  cette  même  émulation  qui  est  véritablement  l'âme  du 
commerce  ^  ?  »  Rapprochons  de  ces  paroles  de  Saint  Priest  le  lan- 
gage de  Bernage  à  Lepelletier-Des forts,  contrôleur  général'  :  «  Je 
puis  vous  assurer,  écrit-il,  que  je  n*ai  accordé  la  permission  (de 
commercer  dans  la  province)  à  aucun  Juif,  quoique  j*aie  été  souvent 
sollicité,  ne  croyant  pas  que  cela  dût  convenir. . .  sinon  dans  les 
cas  où  les  marchands  voudraient  s'obstiner  à  vendre  leurs  mar- 
chandises à  un  prix  excessif  et  pour  les  réduire  à  la  raison.  » 
Qu*est*ce  à  dire,  sinon  que,  dans  l'esprit  de  Bernage  comme  dans 
celui  de  Saint  Priest,  il  s'agissait  d'opposer  aux  privilèges  envahis- 
sants des  métiers,  la  menace  de  la  concurrence  juive?  Nous  sai- 
sissons alors  le  sens  des  atténuations  apportées  par  Tintendance  à 
la  législation  rigoureuse  qui  excluait  les  Juifs  du  séjour  et  du 
commerce  dans  la  province.  Les  Juifs  comtadins  n'étaient  dans  la 
main  des  Intendants  que  les  instruments  d'une  politique  asservie 
au  pouvoir  central  et,  par-dessus  tout,  aux  intérêts  généraux  de  la 
province. 

Les  derniers  Intendants  du  Languedoc  s'écartèrent  peu  ou  point 
du  pian  tracé  par  leurs  prédécesseurs.  Mais  ni  Guignard  de  Saint 
Priest,  qui  avait  remplacé  son  père  en  1764,  ni  Ballainvilliers  ne 
prêtèrent  attention  aux  réclamations  des  Comtadins  tendant  à  faire 
consacrer  par  les  pouvoirs  publics  leur  situation  de  fait  en  une 
situation  de  droit. 

On  connaît  la  fin  de  non-recevoir  que  le  pouvoir  central  (1788) 
opposa  à  leur  demande  d'admission  dans  les  corps  de  métiers,  à  la 
suite  de  la  promulgation  de  l'édit  sur  les  non  catholiques.  «  Sans 
affubler,  comme  l'a  dit  M.  Monin^,  Louis  XVI  du  titre  de  protec- 
teur des  Jui&,  qu'il  n'a  ni  ambitionné  ni  mérité,  on  doit  reconnaître 
alors  le  rapide  progrès  des  idées.  La  loi  —  et  spécialement  l'édit 
touchant  les  protestants  '-,  ne  procédait  plus  contre  les  Juifs  par 
prohibition  et  par  prescription,  mais  par  prétérition.  »  Les  Inten- 
dants s'en  doutaient  si  bien  que  Ton  découvre  dans  la  correspon- 
dance échangée  entre  Saint  Priest,  Ballainvilliers  et  Amelot,  mi- 
nistre, maintes  traces  d'une  tolérance  habilement  déguisée  *.  C'est 
en  s'abritant  sous  l'autorité  des  Intendants  que  les  Juifs  comtadins 

*■  Arch.  de  la  Haute-Garonne,  C.  \  48.  Note  de  Tlntendance. 

*  Arch.  de  l'Hérault,  C.  2743.  Bernap^e  au  Contrôleur  général,  6  septembre  1729. 

*  Voir,  dans  cette  Revue^  Les  Juifs  de  Paris  à  la  fin  de  Vaneien  régime,  t.  XXIIl. 

*  Voir  aussi  une  lettre  de  Saint  Priest  (1782)  demandant  à  M.  de  Morville,  direc- 
teur de  la  caisse  des  pensions  des  nouveaux  convertis,  une  pension  sur  les  écono- 
mats, en  faveur  d*un  Juif  hollandais,  échoué  à  Béziers,  Juif  converti,  il  est  vrai. 
Arch.  de  l'Hérault,  C.  522. 

T.  XXX VI,  H®  71  7 


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98  REVUE  DÉS  ÉTUDES  JUIVES 

itcqu]t*elit  utie  résidence  fixe  dans  là  province,  f  plàcètétit  lëtiH 
c£lt)ltatil,  se  ârent  accepter  par  la  population,  en  attendant  qUe  ïi 
Révolution  leur  donnât  le  droit  d'y  vivre  et  d'y  commercer  îibre- 
metit  (1790).  Lear  émancipation  coïncidait  avec  la  fin  de  là  Itittë 
eritre  la  réglementation  à  outrance  et  le  travail  libre. 

Ce  ti'est  pas  à  dire  que  les  plans  des  divers  Intendants  de  Brfs* 
Ville  à  Ballainvilliers  apparaissent  avec  netteté.  Bien  souvent,  le^ 
compétitions  locales  qui  s*agitent  autour  d*eux  impriment  des 
heut*ts  à  leur  politique,  des  flottements  à  leur  ligne  de  conduite. 
Quelquefois,  la  superstition  du  monopole  Industriel  ou  commercilll 
est  tellement  ancrée  dans  les  esprits  que  les  Intendants  hésitent  I 
rattflqoer  de  front.  Les  alternatives  de  mesures  tolérantesl  et  tê" 
pressives  envers  les  Juifs  Indiquent  assez  qu'ils  n*osent  parfois 
combattre  les  préjugés  des  corps  de  métiers.  Surtout,  ils  avaient  ft 
compter  avec  les  pouvoirs  provinciaux,  toujours  prompts  à  saper 
leurs  prérogatives  :  en  premier  lieu,  le  Parlement  de  Toulouse. 

La  politique  de  ce  corps  judiciaire  à  Tégard  des  Juifs  se  réduit 
le  plus  souvent  à  une  lutte  d'influences  contre  l'Intendant.  Les 
Juifs  comtadins  semblent  avoir  trouvé  près  des  magistrats  du  Par- 
lement une  assez  grande  tolérance.  On  connaît  les  arrêts  qui,  à 
partir  de  1695,  leur  permirent  de  commercer,  notamment  à  Tou- 
louse, arrêts  qui  amenèrent  le  conflit  entre  Saint  Priôst  et  le  Par- 
lement (1755). 

A  côté  et  au-dessous  de  lui,  les  magistrats  locaux  adoptaient  tl5i- 
à-vis  des  Juifs  diverses  lignes  de  conduite.  A  Toulouse,  I6s  C^pl- 
touls,  assistés  du  Conseil  de  bourgeoisie,  tantôt  défendent  Jaldtlâe- 
nlent  les  privilèges  des  métiers,  tantôt  accordent  aUl  Juifs  ièÉ 
concessions  inattendues  *.  Par  contre,  le  corps  de  la  Bourse  leur  est 
nettement  hostile.  Il  n'en  pouvait  être  autrement,  les  jUges  qtll  le 
cothposaient  étant  issus  du  corps  des  marchands  et  chargés  âé 
veiller  sur  leurs  intérêts. 

Les  mêmes  laits,  les  mêmes  procès,  les  mêmes  hésitations  ad 
sujet  des  Juifs  comtadins  se  répètent  dans  les  Autres  Villes  thanU- 
facturlôres  du  Languedoc  :  à  Narbonne,  où  les  collecteurs  dé- 
crivent un  Jdif  sur  les  rôles  de  la  capitatlon;  à  Nlme^,  â  Mont- 
pellier, où  depuis  les  Consuls  Jusqu'au  Juge-Mage,  en  passant  pit 

^  ËD  17ï^5,  ils  accordent  aux  JuiFs  les  huit  jours  «  francs  de  fôte  et  de  dimanche  >. 
En  1765,  les  Juifs  de  Bordeaux  avaient  offert  d^acheter  à  Toulouse  pour  cinq  mil- 
lions l'ile  de  Tounis  pour  y  établir  des  manufactures  de  savon.  «  Ces  propositions, 
dit  à  Saiot-Priest  le  subdéiégué,  sont  invraisemblable^,  mais  on  les  aurait  acceptées 
ro^me  à  un  prix  plus  bas.  •  Cette  olfre  prétendue  est  niée  par  Tabbé  Chëoiibon, 
curé  de  Beauregard  et  Bersac  en  Vivarais  dans  un  mémoire  Sur  les  utaniaget  fw4  À 
Soi  et  rBtat  peuvent  tirer  de  la  tille  de  Toulouse^  présenté  en  1713  a  Fabbé  Tertà^. 
Histoire  générale  du  Languedoc,  t.  XIII,  p.  1226-1228. 


^ 


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LA  VIE  COMMERCIALE  DES  JllFS  COMTADINS  EN  LANGUEDOC        9^ 

Ifl  Cour  des  Comptes,  aides  et  finances,  tous  s'occupaient  des  Juifs, 
les  Consuls  pour  statuer  sur  leurs  litiges  avec  les  marchands  do- 
miciliés, le  Juge- Mage  pour  les  juger,  la  Cour  des  Comptes  ou  le 
Général  des  monnaies  pour  les  dénoncer  à  la  sévérité  des  arrêts. 

Les  Btats  proYinciaux  du  Languedoc  n'eurent  pas  à  intervenir 
dân^  les  querelles  suscitées  dans  la  province  par  la  question 
Juive. 

A  maintes  reprises,  les  Juifs  essayèrent  de  gagner  les  boilnes 
grâces  des  personnages  influents  auprès  des  Intendants.  Saris 
doutêf  ils  n*eui*ent  pas  à  se  louer  des  offices  des  députés  du  com- 
merce de  la  province,  qui,  mandataires  des  intérêts  des  marchanda 
et  industriels  languedociens,  se  méfiaient  d*eux,  mais  la  protëctioh 
des  syndics  généraux  du  Lani^uedoc,  MM.  de  Montferrier  et  dé 
ioubert,  n*était-elie  pas  suffisante  pour  eux? 

Entre  ces  diverd  pouvoirs,  les  Juifs  louvoyèrent  durant  lout  le 
cours  du  xviii<  siècle.  Au  fond,  malgré  les  vexations,  suite  natu- 
relle de  leur  condition  «  d*aubains  »  placés  hors  du  droit  commun 
vis-à-vis  des  Languedociens,  la  vie  des  Comtadins  fut  assez  facile 
dans  la  province.  Le  Languedoc  était  pour  eux  terre  de  prédilec- 
tion. Chassés  de  cette  province,  à  plusieurs  reprises,  tout  récem- 
ment en  1615,  ils  s'étaient  retirés  dans  le  Comtat,  où  ils  se  sen- 
taient protégés  par  le  Vice- Légat  '.  Au  reste,  Texpulsion  générale 
de  1615  n'eut  jamais  un  caractère  définitif.  Leur  séjour  et  leur 
commerce  se  prolongèrent  bien  après  cette  date.  Leurs  apparitions 
furent  si  fréquentes,  qu'un  siècle  après,  le  Conseil  d'Etat  fut  forcé 
de  sévir  contre  eux.  Fait  curieux.  Tannée  où  fut  rendu  l'arrêt  qui 
les  chassait  à  nouveau  du  Languedoc  (1716),  loin  de  marquer  le 
terme  de  leurs  incursions  commerciales,  leur  imprima  une  vigueur 
nouvelle.  A  partir  de  cette  époque,  ils  se  multiplient  dans  la  pro- 
vince, s'y  fixent  à  demeure,  s'infiltrent  lentement  dans  la  population 
languedocienne,  si  bien  que  la  Constituante,  en  décrétant  (1790) 
rémancipation  définitive  des  Juifs  avignonnais,  ne  fit  que  con- 
sacrer, en  ce  qui  touchait  le  Languedoc,  une  fusion  depuis  long- 
temps accomplie  entre  Juifs  et  habitants  du  pays.  Ajoutons  la 

*  Pendaoi  le  xvii*  siècle,  les  Juifs  n'eurent  qu^â  se  louer  de  la  bienveillance  du 
Vice-Légat  d'Âvignou.  Exemple  :  en  1621,  le  Vice- Légat  permet  aux  communautés 
et  aux  particuliers  juifs  de  résider  dans  tout  le  Comtat  {Invent,  des  ArcA.  de  Vau» 
elnêê,  B.  2499;  Cour  de  Ifatan),  En' 1626,  le  cardinal  Aldobrandini,  camérier  du 
Pape,  accorde  à  Isaac  et  Simon  de  Lattes,  juifs,  frères,  un  induit  pour  tenir  pen- 
dant dix  ans  une  maison  de  prêis  sur  gages,  à  Avignon,  en  percevant  jusqu'à 
1S  0/0  d'intérêts  par  an,  ainsi  que  cela  est  toléré  pour  les  banquiers  juifs  d'Ancône 
{IHd,^  B.  586).  Cour  êéant  au  Palais  apostolique  d'Avignon,  —  En  1636,  un  moni- 
Uûre  de  Jules  Mazarin,  légat,  défend  de  molester  les  Juils,  lorsqu'ils  se  livrent  a  la 
gestion  de  leurs  affaires.  [Ibid,,  B.  608.)  En  1701,  une  ordonnance  du  Vice-Légat 
défend  d'incarcérer  les  Juifs  pour  dettes  civiles  (Ihid.^  B.  763). 


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SVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

'être  accueillis  par  le  public  et  Tintendance 
s  capables  de  battre  en  brèche  les  privilèges 
striels  et  commerçants,  trop  âpres  au  gain, 
[ue  le  commerce  de  colportage  auquel  ils  se 
comme  un  apprentissage  des  plus  surs  à  la 
actifs.  Aussi  le  décret  qui  leur  accorda  les 
})  ne  surprit-il  ni  les  Juifs  du  Comtat  établis 
Languedociens  habitués  depuis  un  siècle  à 
eurs  côtés. 

)  »  ne  fut  donc  en  Languedoc  qu'une  des 
concurrence  entre  marchands  indigènes  et 
seurs  de  vieux  privilèges  et  partisans  de  la 
commerciale.  En  1790^  les  barrières  étant 
t  les  Juifs  comtadins  des  chrétiens  du  Lan- 
dive  »  s'éteignit  d*elle-méme. 

N.  ROUBIN. 


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102  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Ta»,  qui  a  induit  le  copiste  en  erreur.  Il  y  a  eu  donc  double  ditto- 
graphie  verticale. 

Dans  Ez.,  xvi,  4,  le  mot  ^^ninbi^i,  absolument  inutile,  est  la  re- 
production du  même  mot  écrit  une  ligne  plus  haut. 

Ibid,,  XXXV,  4  :  nritnom,  qui  est  superflu  et  embarrassant,  est 
séparé  par  vingt-neuf  lettres  du  même  mot. 

Enfin,  nous  nous  hasarderons  à  expliquer  de  la  môme  façon  la 
présence  des  mots  'n  h«  après  «3*^»  '^n'^sp  dans  Gen.,  iv,  1.  Ces 
mots  n'ajoutent  rien  à  Tétymologie  du  nom  de  Caïn  et  n'offrent 
pas  de  sens  satisfaisant.  Un  copiste  n'aurait-il  pas,  par  inadver- 
tance, reproduit  les  mots  mn  n»  de  la  ligne  précédente,  et  mn 
n'est-il  pas  devenu  ensuite  le  tétragramme? 

Il  est  probable  qu'on  trouverait  facilement  bien  d'autres  pas- 
sages qui  servira iei]it  à  prouver  que  la  longueur  des  lignes  dans 
les  anciens  manuscrits  était  la  même  que  dans  les  éditions  cou- 
rantes. 

Mayer  Lambert. 


LE  VERBE  nma 

hepiel  du  verbe  m)3,  qui  se  rencontre  neuf  fois  dans  la  B|^Ie, 
est  traduit,  dans  tous  les  dictionnaires  que  j*ai  pu  consultpf*,  par 
ff  fuer  ».  Or,  dans  six  passages  sur  neuf,  cette  (orjfne  do}t  mapi- 
festement  être  rendue,  non  par  «  tuer  »,  m^i3  par  «  ^pt^pypr»  dpf)- 
^er  1^  coup  de  grâce  ».  Dans  Ji^ges,  ix,  54,  Abimélech  a  le  cjrâne 
ff*acd3sé  quand  il  demande  à  son  écuyer  de  le  faire  mourir.  Daqs 
l  Sam.,  xiv,  13,  Jonathan  frappe  les  Philistins,  et  son  écijyer  les 
achève.  Jl)id.,  xvn,  51,  Goliath  est  déjà  abatttj  par  le  cailloin 
(aqcé  par  David,  quan4  celui-ci  le  perce  de  sa  propre  épée.  Enfin, 
4'»prè3  le  récit  de  TAffi^lécite,  Saiil  avait  déjà  ressenfi  l^  frisçqn 
de  ia  mort,  quand  Tétr^ngier  a  porté  la  main  si;r  lui  (II  Sam.,  i,  9, 
10,  16). 

Dans  les  passages  poétiques  de  Jér.,xx,  17;  Psaumes,  xxîjv,22, 
et  cix,  16,  le  sens  de  nm?3  est  moins  net.  Cependant,  dar>§  \e  ijef- 
ftier  passage,  il  s'agit  d'un  homme  au  cœur  brisé  ;  nm»  pourrait 
dohc  avoir  le  sens  d'achever.  Dans  l'autre  citation  des  Psaumes, 
pette  signification  est  possible  sans  être  certaine.  Dans  le  seul  pas- 
sage de  Jérémie,  le  sens  d'achever  ne  convient  pas,  puisqu'il 
s'agit  d'un  nouveau-né.  Mais  il  est  à  remarquer  qife  \^  i^prceau 


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&, 


104  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

usage  pour  leurs  enfants.  Comme  c^était  un  nom  particulièrement 
vënéré,  on  craignait  sans  doute  de  le  profaner  en  remployant.  On 
s'expliquerait  ainsi  pourquoi  d'autres  noms,  également  très  vé- 
nérés, tels  que  ceux  de  Moïse,  Aaron,  David,  Salomon  ne  sont 
non  plus  portés  par  aucune  personne  de  l'époque  talmudique,  bien 
qu*on  en  fit  plus  tard  un  usage  très  fréquente  Cest qu'Abraham 
était  le  premier  patriarche,  le  fondateur  de  la  vraie  religion. 
Moïse  l'intermédiaire  de  la  Révélation  divine,  Aaron  le  premier 
grand-prôtre,  David  le  fondateur  de  la  maison  royale,  Taïeul  et 
le  type  du  Messie,  Salomon  le  plus  sage  des  mortels.  On  n'uti- 
lisait pas  ces  noms,  auxquels  on  peut  peut-être  ajouter  celui 
d'Isaïe,  le  premier  des  grands  prophètes,  et  celui  d-lsraël,  parce 
qu'ils  avaient  été  portés  par  les  plus  illustres  personnages  des 
temps  bibliques  et  qu'on  ne  voulait  pas  les  exposer  à  être  pro- 
fanés. Plus  tard,  on  se  plaça  à  un  point  de  vue  tout  opposé  pour 
donner,  au  contraire,  aux  enfants  les  noms  de  ces  hommes  véné- 
rés ;  on  espérait  que  ceux  qui  porteraient  ces  noms  prendraient 
exemple  sur  la  vie  des  personnages  qui  les  avaient  portés  avant 
eux.  C^est  ainsi  que  du  temps  des  Gaonim,  on  montrait  justement 
une  certaine  prédilection  pour  les  noms  d'Abraham,  de  Moïse»  de 
David  et  de  Salomon.  On  choisissait  même,  à  cette  époque,  comme 
je  l'ai  déjà  montré  {Revue,  XXVIII,  289  s.),  des  noms  qui  rappe- 
laient le  Messie  et  l'ère  messianique  '. 

Il  me  semble  pourtant  que  même  à  l'époque  talmudique,  on 
trouve  le  nom  d'Abraham,  dissimulé  sous  un  autre  nom  très  fré- 
quemment employé,  celui  d'Abba  Knst.  Ce  nom,  porté  par  un  grand 
nombre  d^Amoraïm  babyloniens  et  palestiniens,  se  rencontre  déjà 
à  Tépoqne  des  Tannaïtes.  On  voit  notamment  par  la  légende  de 
TAmora  Samuel  [Berahhot,  18  h),  dont  le  père  s'appelait  Abba  bar 
Abba,  qu'il  était  d'un  usage  très  fréquent  en  Babylonie.  En  Pa- 
lestine, le  premier  personnage  connu  qui  portait  ce  nom  est  le 
père  de  Bar-Abba  dont  il  est  question  dans  les  Evangiles  (Mathieu, 
XXVII,  16).  On  trouve  un  Juda  bar  Abba  parmi  les  docteurs  de 
Jabné  (Mischna  Édouyot.vi,  1,  d'après  la  leçon  du  Vouhcisinei 
celle  de  la  Mischna  de  l'édition  Lowe).  D'après  le  Lexique  de  Levy 
(I,  4  a),  le  nom  de  «a»,  qui  a  aidé  à  former  ceux  de  fian  et  mn, 
est  «  un  titre  honorifique  comme  ceux  de  monsieur^  maitre,  iden- 
tique à  nn,  et  qui  est  employé  souvent  comme  nom  propre  ».  Mais 
il  est  peu  probable  qu'on  se  servait  d'un  titre  honorifique  pour  don- 

1  Nous  trouToas  pourtant  en  Babylonie  un  Moïse  ei  un  Aaron,  le  premier  au 
IV*  siècle  (Arakkin^  23  a\  Baha  Batra,  174  b),  et  le  second  au  V  Bihc\e(Bëia  Zammo, 
i09 b;Men€hot,  74»). 

*  Aux  noms  que  j'ai  indiqués,  on  peut  ajouter  QlblZ)  ^12)  (iMie,  ix,  5)  et  D'HKtD  . 


y*^. 


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NOTES  ET  MÉLANGES  105 

ner  un  nom  à  un  enfant  au  berceau.  Souvent,  il  est  vrai,  t^nM  est 
ajouté  au  nom  de  personne  comme  titre  honorifique  ou  pour 
quelque  autre  raison  (bim)  &»»,  etc.)i  comme  ~  pour  des  femmes 
—  ixa»  (cf.  Levy,  I,  92a).  Mais  on  ne  peut  pas  admettre  qu'après 
avoir  été  un  simple  titre  honorifique,  t^nfit  soit  devenu  exclusi- 
vement un  nom  propre.  Il  serait  possible  d'expliquer  de  cette 
manière  Torigine  du  nom  de  K3fi(  :  un  père  ayant  donné  à  son 
enfant  le  nom  de  son  propre  père,  c'est-à-dire  du  grand-père,  et 
ne  pouvant  pas,  à  cause  de  Tusage  existant  S  prononcer  ce  nom 
propre,  le  remplaçait  par  le  mot  de  m»^  «  père  »,  désignant 
par  ce  mot  Tenfant  qui  portait  le  nom  de  son  grand -père.  A  la 
suite  de  cet  usage,  le  mot  ksm  est  devenu  nom  propre,  et  son  sens 
originaire  fut  oublié.  Cest  là  une  explication  plausible,  mais  Je 
préfère  m'arrôter  à  ma  première  hypothèse,  c'est  que  le  nom 
d* Abraham  se  trouve  dissimulé  dans  ce  nom  d'Abba.  On  ne  réussit 
pas  seulement  à  préserver  ainsi  de  la  profanation  le  nom  d'A- 
braham, mais  on  a  également  un  des  principaux  éléments  étymo- 
logiques de  ce  nom  (^,  cf.  Grenèse,  xvii,  5)  et  on  rappelle  en 
môme  temps  le  titre  d'Abraham  comme  «  père  »  xar'  e^o/^v 
(HT'M  tamati  ;  cf.  Isaïe,  lxiii,  16). 

W.  Bâcher. 


APIPHIOR 


Mon  article  sur  ApipMor,  nom  hébreu  du  pape  [Revue, 
XXXIV,  218-238),  a  soulevé  des  contradictions.  J'essaierai  d'y  ré- 
pondre dans  la  présente  notice.  En  môme  temps,  je  voudrais 
ajouter  quelques  données  qui  sont  venues  depuis  à  ma  connais- 
sance. 

Avant  tout,  je  dois  fournir  la  preuve  de  l'identité  de  TcaTraç  ou 
icaicocc  avec  naicioc.  A  la  page  233  de  mon  travail,  j'ai  bien  fait 
remarquer,  sur  la  foi  d'une  communication  épistolaire  d'un  émi- 
nent  philologue,  que  chez  Ëustathius  icaic{a<;  est  usité  comme 
synonyme  de  icdL^ac,  mais  je  n'ai  pas  consulté  Ëustathius  lui- 
môme.  Je  cite  maintenant  le  texte  littéral  (j^  ^^  s^^s  servi  des 
Eustathii. . .  Comme>itarii  in  Homeri  Iliadem,  Florence,  1135, 

*  Voyez  Kiddifmehm^  31  b. 


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m  Re:v|jp  pës  ëtubeis  ^ijives 

tOjfq^  ï,  G.  pi,  f=»  I2q9).  On  y  cite,  d'après  \^n  \ev<iw  de  r^éjong^e 

(^Tjjop^îcbv  XeÇixov),  |^  glpse  SUiyante  :  IJaTciriÇeiv  *  xb  TcxTCTcav  xaXeTv  x«l 
çfltfçiqpf.    PuT({>  Bè   Tby   «q^répa   ol    '4'rTixoî  uTroxopfCovTau    Papp§9    pt 

p^ppi^f  sont  dopp  d^s  ppips  f|'amiM0  ;  tous  deux  signiQei^f  père. 
I^  jsavant  <îditeur,  Ale^candre  PoK^u^,  remarque  k  ce  sujpt  ç^^ï\s 

mf^P  nqt^  :  ^cainraç  t/j  *Pa>jiqpi(ov  (pçovy^  waTepa  <rïj[jLaive^,  ce  q|i^i  VBJlt 

^jrp  flw  f}»ns  la  langue  ^es  Grqcs,  qu'on  app^lai^  ^ipr»  rpfn^jpp, 
îFaTTCK  3|gnifla  «  père  »  ;  le  mot  ne  sprait  dppc  pas  pp  fPQt  de  41^- 
^^p^p,  mj)|9  flu  grec  popqlaire.  Mais,  s'ij  s'agit  fje$  vjént^btea 
Bpfpajps,  c'eat-i-djre  flps  l^aMn»,  pette  glose  8>d§pts  fort  })|«p 
4  potre  bypoth|ès^  de  }'i(Jent|té  de  ^rp-^sfi^  avec  irq^TCTr^,  PW^qitp 
i^cfTfTciQfç  serait  apasi  un  terme  romain-  pn  effet,  ce  qi^'op  djf  ic|  ()^ 
çaTcqpç  pst  dit  dan^  le  EtymologicuYn  magnum  de  tt^tctci^ç  :  I|gp7ç- 

;fiQpç  wqppà  To  îtiTpqp,  ô  cTrj[jLqpivpi  tvi  tûv  * Pwfigtfcov  ywvv^  tov  TjotTçpa.  «  Z^^- 
j^flf^Romqpj  xoct'  sÇoxv  vocamws  Roroan^m  eumque  catbPlIPPï» 

Popiiflpfpi  Tjaxefwv  Traxépa  »,  dit  PolitUS.  Celttl-pj  appe|lp  ffP^^i  T^f' 

t^ntion  ppr  l'analogie  de  ji.a[jL[jLaç  z=|jLafi.iitaç  pour  «  mère  ».  ]||.  ppr- 
gès  a  montrd  par  un  docupient  juif  du  xii*"  siècle  qi^e  1§  pqpe  ç'^p- 
pplalt  cftez  Je9  Juifs  OT»DC  (ff^rw^,  XXXV,  11 J).  \\  est  d^sorf»§i3 
prouvé  par  ce  document  :  1^  que  les  Juif^  se  aenr^iepf*  pppr 
désigner  |e  pape,  du  même  mot  que  les  chrétiens  ;  2"*  que  ce  mot 
est  le  mot  grec  ^aTc^'aç,  car  dtdo  ne  peut  être  que  la  transcrip- 
tion de  TroTCTTiaç,  puisque  -kol-ktzt.^  ou  ^raTcaç  n'aurait  donné  que  DiDfi 

ou  C^DD. 

Mais  comment  de  TraTc^a;  a-t-on  fait  Apiphior  ?  Maintenant  que 
j'ai  vu  l'ouvrage  d'Eustathius,  je  pourrais  employer,  pour  expli- 
quer ce  phénomène,  une  tout  autre  méthode  que  celle  dont  je  me 
suis  servi  dans  mon  article.  Dans  la  bouche  du  peuple,  le  mot 
TcaTiiaç  est  devenu  àircpàpioç.  Cette  langue  populaire  est  celle  de  la 
))as3e  classe  des  comédiens  et  des  filles  de  mauvaise  vie,  le  demi- 
mon.do  grec.  Je  vais  donner  ci-après  le  passage  dans  l^  textp  prj- 
ginal.  Pollux  :  ^auXoTOCTiq  8è  xai  r^  Tcapà  toTç  veoiç  Kb>(j.ci>So7c  aTc^ia,  x^l 
àirpxpiov,  véoç  Se7iroivir|ç  uTcoxopicpLara.  Sed  et  07roxopi<Tp.a  est  to  xTccpaptov 
fraterculorum  et  sororcularum. . .  Meretriculae  ad  amasiunculp» 
suos  (Politus,  note  13).  —  Ihid.,  note  15  :  Ab  hoc  u^coxopiajtaxi 
Tou  TraTpdç  putabat  Eustathius,  àir^àpia,  quae  At|)^ni^nse9  mer^^H- 
culae  per  blanditias  vocabant,  maxime  intelligenda  ^sse  t^^  %^i^ioL. 
Sic  enim  ipse  appellat,  quasi  videlicet  palerculo$.  —  F?  1210. 
note  1,  il  est  dit,  en  outre  :  «  chez  Callimacbns,  âi^iF«  >»•  Là 
Cessas,  il  y  a  cette  remarque  :  et  To  àTCTca  vitio  balb^ti^nti9  |ingp§^ 
facile  transiit  in  <xic(pa.  Inde  «1^90^,  blanda  patrie  appeliatlp».  Opnc 
àw<puç  =  petit  père  ;  à7c<pa  =z  sœur;  àTccpioç  =z  petite  sœur.  L'empe- 
reur de  Russie,  le  pape  de  l'église  orthodoxe,  s'appalle,  çopm^ie  on 


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NOTPS  ET  MÉLANGES  107 

sait»  «  petit  père  ».  Il  n*est  donc  pas  impossible  que  le  pape  ro- 
main fût  aussi  appelé  «  petit  père  »>  c'est-à-dire  :  àTccpapioç.  Le 
mot  hébreu  ^rs-^D»  se  rapproche  beaucoup  de  ce  dernier  terme. 
Cependant,  nrrc'^Dfi^  ne  s'identiâe  pas  encore  complètement  avec 
iicçàpioç,  et  il  me  semble,  du  reste,  tout  à  fait  impossible  que 
l'Eglise  romaine  officielle  ait  employé,  pour  désigner  son  chef 
suprême,  an  terme  qui  n'était  usité  que  dans  la  langue  des  filles 
4p  jQ^Hfv^ise  vi^.  Il  n'est  pas  nécessaire  non  plus  ()e  proiiyer  gue 
fifl  j^e  furepi;  p^s  les  Juifs  qui  s'approprièrent  ce  mot,  car  rqu^ 
pfpyoQs  que  les  Juifs  n'ont  pu  employer  pour  désigner  1^  papiB 
g|l^  le  mot  qui  était  officiel  dans  l'Eglise  chrétienne. 

M.  forgés  soutient,  Il  est  vrai,  que  les  Juifs  auraient  tr^us- 
fprfp0  jnteptioDnellement  le  mot  7ra7r{aç,  parce  que  c'est  une  rèp;le 
^|^)^jdiq^e  d'altérer  les  dénominations  provenant  des  cultes  pon 
Jll)^  lAboda  Zara,  46  a).  Ceci  s'adapte  sans  doute  à  notrp  sys- 
tfypà^.  Surtout  dans  les  relations  hébraïques  sar  les  croisades  aux- 
glf^llps  DVDD  a  été  emprunté,  les  sanctuaires  chrétiens  sont  dési- 
gné;^ p^r  les  noms  les  plus  injurieux.  Cependant,  le  fait  mên^e  d^ 
rpflfploi  de  oros  prouve  qu'on  n'a  pas  altéré  le  nom  du  pape.  Si 
pu  av^it  voulu  le  faire,  on  avait  sous  la  main  des  dénomination^ 
fjomipp  ^nîi  -jrD  (voir  Revue,  XXXIV,  237).  Du  reste,  quelle 
^raif  la  déformation  que  le  mot  nre*^©»  jurait  subie  ?  Sor^s 
p^tte  (orme,  le  mot  n'a  aucune  signification  odieuse,  tandis  que 
Ip9  expnaples  cités  par  M.  Porgès  û"im,  m:p,  etc.,  contiennent  ep 
même  temps  une  malédiction. 

^.  Porgès  suppose  aussi  que  la  forme  nro'^SK  a  pu  se  forpier 
fl'i^n^  dptre  manière.  Il  dit  :  «  Ce  nom,  grâce  à  sa  similitude  avac 
|p  njpj  t^lniudique,  est  devenu  ensuite  nro-'ON.  »  Mais  pour  le  mot 
^lipudique  Apiphior,  M.  Porgès  accepte  l'explication  de  M*  Th. 
^inacb  ;  nrD*^Dfi<  dans  le  Talmud  ^st  donc  (p  <p(^poç  ;  au  moyen  âge, 
c'^^t  le  ipot  nrD-^BN  provenant  d'une  corruption  du  mot  orsD,  pré- 
cisément sur  la  foi  d'une  réminiscence  talmudique.  Or,  je  de- 
man(|e  si  entre  oroD  (prononcé  papios  ou  papyos)  et  nrD^'DN  (pro- 
noncé apiphior)  il  y  a  une  si  grande  ressemblance  que  Tun  des 
mots  rappelle  l'autre  ?  La  chose  prend  un  autre  aspect  si,  comme 
Je  l'admets,  le  mot  nrs-'Dô^  du  Talmud  et  nro-^ofi^  au  moyen  âge 
fpnt  un  seul  et  môme  mot  (Traitta;).  Dans  ce  cas,  il  a  suffi  d'em- 
prunter an  mot  qui  se  trouvait  tout  fait  dans  le  Talmuc).  Ce  qni 
prouve  qu'on  a  effectivement  procédé  ainsi,  c'est  l'emploi  du  mot 
{pT®^3  pour  désigner  le  pape,  comme  jai  essayé  de  le  soutenir 
dans  mon  article.  Ou  bien  «outiendra-t-on  que  TraTctaç  =  otdd  rap- 
pelle aussi  nécessairement  finrc'^^  ? 

S.  Krauss. 


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R£VU£  DES  ETUDES  JUIVES 

MENAHEM  AZARIA  DI  FANO 

.ES  OUVRAGES  DE  MOÏSE  CORDUERO  ET  ISAAC  LOLRIA 

lem  Azaria  était  déjà  en  rapports  avec  les  cabbalistes  de 
luand  il  était  encore  jeune  homme.  D'ailleurs,  il  avait 
le  bonne  heure  une  grande  notoriété,  grâce  à  son  illustre 
à  son  savoir  et  à  sa  fortune,  et  il  rapporte  lui-même  *  que 
lorduero,  informé  de  son  zèle  ardent  pour  la  Cabbale,  lui 
son  Pardès  Rimmonim,  Lorsque  Joseph  Karo  fît  imprimer 
I,  dans  Tannée  même  de  sa  mort,  son  commentaire  Késséf 
i  sur  le  Mischné-Tora  de  Maïmonide,  c'est  à  Menabem 
qu'il  confia  le  soin  de  surveiller  l'impression  de  cet 
*.  Le  petit-fils  de  R.  Joseph,  Yedidya  Karo,  raconta  plus 
David  Conforte',  dans  l'école  de  Salonique,  combien  il 
5  impressionné  par  Menabem,  dont  l'extérieur  aussi  était 
»osant,  et  avec  quelle  cordialité  il  avait  été  reçu  dans  sa 
lors  de  son  voyage  en  Italie.  Enfin,  nous  savons  que 
m  s'était  mis  en  rapports,  pour  la  publication  du  commen- 
^braham  Galante  sur  les  Lamentations^,  en  1589,  avec 
erson,  de  Safed,  qui,  déjà  très  avancé  en  âge,  était  venu 
comme  correcteur  à  Venise  *. 

la  mort  de  Moïse  Corduero,  décédé  à  Safed  le  26  Juin 
denahem  put  facilement  se  mettre  en  relations  avec  des 
iir  acquérir  le  droit  de  faire  copier  les  ouvrages  laissés  par 
t.  Le  souvenir  de  ce  fait  était  encore  présent  à  toutes  les 
3s  quand  Schlimel  ben  Hayyim  Meinsterl,  de  Lundenburg, 
ivie,  arriva  en  1602  à  Safed.  Mais  la  légende  s'en  était 
parée,  car  on  racontait  que  R.  Emanuel  de  Réç  (c'est-à- 
Reggio)  —  c'est  ainsi  qu'on  appelait  alors  Menabem  di 

1152nïl  nbo    nDD52   Nina   «niTtlT:,  préface,  2  h  :  ^^yn   n^«s   "^"Z 

b3>  on-iDn  100  ^h  nb©  nwsnn  Tin«b  yn»3n  -^pTan  T»3T»b 

3.   En  Italie,  on   vénérait  alors  généralement  SaFed  comme  le  centre  delà 

mudiqueet  cabbalislique.  Samuel  Ârchevolii  y  adresse  ses  demandes  (comp. 

artirli/  RevieiOf  X,  269)  et  Isacbar  Béer  Eilenboarg  y  chercbe  l'approbation 

O  nôO  (v.  préface). 

te,  mm'in  «mp,  édition  D.  Cassai,  42*. 

[1  est  possible  que  Conforte  se  trompe   en  faisant  alors  séjourner  Mena- 

a  i  Mantoue. 

D  ns-^p.  Cf.  mm'rn  «nnp,  4i  «. 

n  fimp,  48*-*  et  42  h, 

ledalya  Corduero,  mJ^îH  niK,  39  h,  et  Zunz,  Monatstagt,  p.  35. 


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NOTES  ET  MÉLANGES  109 

Fano  —  avait  payé  ce  droit  *  un  millier  de  ducats  d'or  à  la  veuve 
de  Corduero,  qui  était  la  sœur  de  Salomon  Hallévi  Alkabéç,  et 
qu'en  outre,  il  avait  donné  de  l'argent  aux  intermédiaires,  vingt 
ducats  à  Joseph  Karo  et  Salomon  Alkabéc  *  et  dix  à  Moïse  Al- 
scheikh.  Azoulaï^  a  encore  vu  la  copie  de  la  quittance  par  laquelle 
la  veuve  de  Corduero  reconnaît  avoir  reçu  de  Menahem,  en  1583, 
la  somme  de  250  sequins  en  argent  et,  pour  les  autres  500  sequins, 
cent  exemplaires  d'une  édition  de  la  Mischna  avec  deux  commen- 
taires, probablement  ceux  de  Maïmonide  et  de  Bertinoro,  et 
cinquante  exemplaires  du  Mischné-Tora  avec  le  Kesséf  Mischné 
de  Joseph  Karo  ;  ces  exemplaires  lui  ont  été  remis  par  l'entremise 
de  son  fils  Guedalya.  Celui-ci,  qui  avait  huit  ans  à  la  mort  de  son 
père,  déclare  qu'il  doit  tout  ce  quMl  sait  aux  sacrifices  que  sa  mère 
s'est  Imposés  pour  son  instructon  *.  Lors  de  sou  séjour  à  Venise, 
en  1587,  il  était  reçu  avec  bienveillance  et  protégé  efficacement 
par  ce  Menahem  Azaria  qui  était,  en  Occident,  le  plus  illustre  par- 
tisan de  son  père  Moïse  Corduero  '• 

Pourtant^  la  date  de  la  quittance  (1583)  n'indique  pas  le  moment 
exact  où  Menahem  entra  en  possession  des  ouvrages  de  Corduero. 
Nous  savons,  en  effet,  par  une  noie  inscrite  dans  un  des  seize 
volumes  in-folio  contenant  ces  ouvrages,  et  conservés  à  la  biblio- 
thèque de  Modène®,  que  le  dernier  volume  était  déjà  copié  le 
30  novembre  1581.  Le  scribe,  du  nom  de  David  ben  Jacob,  dit 
explicitement  à  la  fin  de  ce  dernier  volume,  qu'il  a  copié  tout 
l'ouvrage  pour  Ëmanuel  di  Fano.  Mais  quelques  parties  étaient 
probablement  encore  plus  tôt  entre  les  mains  de  Menahem,  car 
une  note  d'un  des  ouvrages  de  Corduero,  copié  à  Asti  en  1581 
et  se  trouvant  actuellement,  sous  le  n^  412,  dans  la  collection  de 
M.  D.  de  Gunzbourg,  à  Saint-Pétersbourg  ^  dit  que  cet  ouvrage 
avait  été  apporté  de  Safed  pour  Menahem  Âzaria  ben  Isaac  di 

*  Voir  a  la  suite  du  ÎTODnb  C|nS^  de  Joseph  del  Medigo,  42  «. 

*  Le  ms.  que  je  possède  de  !l"nbT  '>"")Nn  ^"72  bttJ  Û'^D3  n^3^53  dit  expressé- 
ment que  ce  R.  SalomoD  est  Alkabéç  :  yapb»  H^bo  YnnTDb  D'^niÛJ^I. 

»  D"^bmari  Dtt),  éd.  Benjacob,  II,  4,  aiQ  b:;:^::  (Livourne,  1879),  !•  9  *. 

♦  :ny^  nn».  39  b  :  inN^p»  miynbi  n-innb  -^aip  -^aînm  -«îsno  n»T 

»  Guedalya,  iàid.,  3*,  appelle  Menahem  :  l"n3  n3ND»    3^"73nîl    ûbttDrt   DStin 

pm  nna  -nmmn  •^ain  ib  nn^b  inx  ntSN  Nin  173«3  -«aN  rr^a  bDa 
nan«b  i«73. 

•  Dans  Azoulaï,  D'^bl'iarT  Û)2),  II,  4,  il  faut  sans  doute  lire  TDTnb  'Tl  'n  ÛT» 
naC3,  au  lieu  de  '^  'ti  Q^.  Le  Catalogue  des  mss.  hébreux  de  Modène,  de  Jona, 
traduit  en  allemand  par  M.  Grûnwald,  dit  inexactement  :  «  Jeudi  le  16  Tebet  ». 

'  Voici  la  note  de  Senior  Sachs  :  «nn   TT^m-np    d"nrR3tt  ïlbapS   ma-H 

'la  ap:^*'  '^  -rb  «a  1373^1  iînd»  pnit*»  na  !-7'»^t:?  dtotd  'n  "^"y  r\t^i2 
«"»©  nitts  -^aoNa  ...tannaN  'n  p'^nyi2Ti  Tb  itdi  nM-t-^iD  -^ann». 


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v'*!^if^.T*r?r- 


iiÙ  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Jâtld,  puis  était  devenu  la  propriété  de  Jacob  bett  MafddchâT 
I^oggetto*.  à  Asti,  et  était  arrivé  enfin  entre  les  mains  d'dtt 
certain  Abraham,  qui  en  fit  une  copie  en  1581. 

t)ans  son  zèle  pour  la  Cabbale^  Menahem  ne  se  contenta  pas  de 
se  procurer  les  œuvres  de  Corduero.  Sous  l'influence  d'utt  élève 
d'tsaac  Louria,  Israël  Sarouk*,  qui,  lors  de  ses  voyages  à  traverti 
TÊurope,  Tinitia  aux  doctrines  de  son  maître,  Menahem  était,  en 
eâet,  devenu  un  admirateur  et  un  fldèle  partisan  de  ces  doctrines. 
Aussi,  lorsqu'il  publia  en  1600  son  résumé  des  œuvres  de  Cor- 
duero ',  que  son  maître  Ezra  di  Fano  corrigea*,  n'était-il  plus  en 
communauté  d'idées  avec  Corduero,  au-dessus  duquel  il  plaçait 
iiOuria,  bien  qu'il  prétendît  avoir  conservé  le  même  respect  et  la 
même  reconnaissance  pour  son  ancien  idéal  *.  Ce  changemertt  dans 
les  idées  de  Menahem  ne  fut  pas  sans  exercer  une  certaine  actlod 
sur  les  esprits.  Lorsque  Schlimel  Dresdnitz  en  eut  connais- 
sance, il  résolut  d'émigrer  à  Safed  pour  puiser  à  la  source  mémo 
la  connaissance  des  doctrines  de  Louria  ;  là  il  épousa  la  flilë 
d'Israël  Sarouk,  qui  lui  apporta  en  dot  tout  un  lot  d'ouvrages 
inédits  de  Louria.  Nous  savons,  par  une  lettre  qU'un  membre  de  là 
communauté  de  Carpi  adressa  de  t^alestine  en  Italie,  qu'en  1625  6H 
répétait  encore  dans  la  Terre-Sainte  que  Menahem  Azaria  itôtiiti 
le  môme  zèle  à  acquérir  les  manuscrits  de  Louria  qu'il  avait  mani- 
festé auparavant  pour  les  ouvrages  de  Corduero.  Du  reste,  oH 
peut  dire  que,  par  ses  propres  œuvres,  Menahem  di  Fano  d  cort- 

*  On  lit  dans  le  ms.  175  de  la  colleclion  Gunzbourg  :  inasb   n"bn   ûb©51  dn 

ap^^"^  -i"r!72D  inn^m  nbcn  n"n  nai^n  m73  bnn  nb^^sm  aaujan  bo  mni 

ptb  d"iDn  naa. 

«  On  lit  dans  )^'n1r^  nbo,  a  a  :  ^"nn  ">-n73  ni*  -r^^^n  niôosr  'n  "«bib 
moa  nb«n  mst-iNn  bsa  mtt:m73  s^api  pnnn  y^N»  «a  n®«  Y'na  bÈno*» 

nmnb  nrDT  «b  my)  D'^niD"'.  Cf.  Conforte,  /.  c,  40  6.  Scblimel,  qui  modifie  le 
telle,  ajoute  explicitement,  42  <t  :  pilO  bNITD'^  n"in52. 

*  On  dit  que  Joseph  del  Medigo  a  également  résumé  les  œuvres  de  Corduero  dans 
un  livre  intitulé  n^DDH  mm^aa;  cf.  n^satlb  tp^n,  préface. 

^  tSe  rabbin  est  mentionné  par  B.  Naflali  ben  Joteph,  de  Safed,  é(6bli  2  Téfaite, 
dans  son  ouvrage  "19^23  '^"ITSfrt»  39  a,  où  il  lui  attribue  cette  remarque  que  leà  lettrée 
ièiHîales  et  les  lettres  finales  des  mots  tddd,  mi  et  rî7:TD2  valent  613.  Voir,  idt  Birt 
éi  Fano,  Zunz,  dans  17311  Ûia,  Vil,  122  et  suiv. 

*  Voir  1^731!^  TlbD,  3  b.  Menahem  Azaria  fait  allusion  ici  aux  jugements  |>oH4l 
piir  leâ  disciples  de  Louria  sur  les  œuvres  de  Corduero,  et  exprimés  dès  1592  dans 
\ék  lettres  de  Samson  Bak,  que  j'ai  éditées.  Voir  Jeruialem^  de  Luncz,  H,  144^ 
note  i.  Gomp.  Ch.  N.  Dembitzer,  "^DT^  nb'^bD,  H,  tT^p  i  et  suiv.  Voir  aussi  le  jugé- 
idehi  de  H.  Yesaïa  Hourwitz  et  son  récit  sur  la  bibliothèque  d'Alexandre  Cohn,  son 
garent,  à  ^rancfort-sur-le-Mein,  dans  la  préface  de  Josef  del  Medigo  i  son  fllbzhS 
n73dn,  f»2*. 


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xlOtES  Et  SffeLANGfeS  411 

tHbtië  p\ÛÉ  qû'âticdh  âûive  écrivain  à  la  propagande  dès  doctririet 
cabbâiistiqttés  de  l'école  de  Safed  *. 

David  ÊAtPriANN. 


ENCOttÈ  L'INSCklt^TlON  N^  206  DE  NARBONNE 


Cdmtllë  flous  avons  maintenant  sous  les  yeut  le  fac-sliiiilé  de 
rillscription  de  Na^bonne^  il  est  f£lcile  de  résoudre  lësi  difdcultéil 
qu*elle  présentait  et  qui  ont  inspiré  à  plusieurs  collaborateurs  de 
cette  Revue  de  si  ingénieuses  combinaisons.  Le  mot  énigmatique 
de  la  troisième  ligne  doit  être  lu  certainement  mbay,  mot  qui  dé- 
signe la  femme  du  défunt,  par  allusion  à  Juges,  xiv,  18.  Cette 
ligne  présente  donc  le  sens  suivant  :  «  Deux  jours  après  la  mort 
de  sa  femme,  il  a  pris  le  môme  chemin.  »  L*auteur  de  cette  ins- 
crit)iiôn  i  probablement  choisi  ce  terme  singulier  de  nnbâi,  ait  lieu 
du  mot  nnu3&(,  pour  imiter  le  langage  poétique  de  la  Bible,  et  aussi 
à  cause  du  nom  du  défunt,  qui  s  appelait  David.  En  effet,  une  des 
femmes  du  roi  David  portait  le  nom  de  nb:o^,  nom  qui,  diaprés  le 
Talmud  *,  oii  l'on  rappelle  également  le  passage  de  Juges,  xiv,  18, 
désignerait  Mikhal,  allé  de  Saiil. 

Le  fac-similé  confirme  aussi  Thypothè^e  de  M.  Kaufmann,  qui, 
â  la  deuxième  ligne,  a  proposé  de  lire  "»733>  nnno»,  au  lieu  de  idt:^, 
qui  ne  donnerait  aucun  sens.  L'auteur  fait  parler  la  tombe,  qui 
dit  :  €  Oui,  David  est  abrité  en  moi,  en  moi  il  est  caché  !  »  (mhd  '^m). 
Il  a  tenu  à  paraphraser  certaines  expressions  bibliques,  sans  pour- 
tant les  imiter  complètement,  parce  qu'elles  ne  donneraient  ici 
aucun  sens. 

Je  ferai  encore  remarquer  qu'à  la  dernière  ligne,  il  faut  lire  r, 
et  non  pas  r,  car  les  Juifs  ont  toujours  Thabitude  de  désigner  le 
chiffre  16  par  Tb. 

Il  est  donc  question,  dans  cette  inscription,  d*un  certain  David, 
décédé  le  17  Heschvan  (fannée  est  inconnue,  car,  comme  Ta  fait 

»  Cf.  Bévue,  XXXV,  p.  85,  noie  7  :  T|3^-|  DÏT^n-nao    b^b   Û-'ÎD  n"»Nrî   «im 

non  DO»T  D'^pmn  i^n  utû')  n"»-i  nr-i  ins  an'>3"«a  uî-idh  NK?a®  'npjû  bria 
tmnbi  y-i^b  n-»«n«  mi?3N73n  bD  n^y^  bDi». 

»  Cf.  Refnte,  XXXlV,  302  ;  XXX V,  292-296. 

Jiii/.,iixv,295. 

♦  Ssnkédrin,  21  a  :  ^<^y  na-^a^D  nb^:?  ï-TTaiD  N-)pD  n^îbn  bD-^Ta  1T  nbay  n"N 
"OT  vibaj^a  ûn«5-)n  ■'bib  N"rrDi  nba^D. 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

)r  M.  Lévi,  les  points  sar  les  lettres  sont  douteux),  deux 
es  la  mort  de  sa  femme.  Par  quels  mots  faut-il  compléter 
3me  ligne?  Il  est  bien  difficile  de  se  prononcer  avec  certi- 
sajet.  On  sait  seulement  que  cette  ligne  doit  se  terminer 
pour  rimer  avec  la  deuxième,  comme  la  troisième  rime 
remière. 

rsovie,  février  1898. 

Sâmubl  Poznanski. 

ban,  de  Leipzig,  nous  a  envoyé  également  sur  ce  sujet 
où  il  propose  la  même  lecture  que  M.  Poznanski,  en  la 
mr  ces  mêmes  citations.  Nous  déclarons  nous  rallier  sans 
L  leur  explication.  I.  L.] 


BLE  MANUSCRITE  DE  LA  BIBLIOTHÈQUE  NATIONALE 


ious  proposons  de  publier  bientôt  le  Catalogue  des  mss. 
ément  bébreu  de  la  Bibliotbèque  nationale  de  Paris,  ou 
mes  ajoutés  à  ce  fonds  depuis  1865,  année  où  a  paru  le 
I  imprimé.  En  attendant  la  réalisation  de  ce  projet,  voici 
>tion  du  n^  1314,  le  premier  d'entre  eux.  Ce  n*est  pas  le 
a  le  plus  de  valeur,  mais  c'est  celui  qui  a  coûté  le  plus 
opératrice  Eugénie  Ta  payé,  dit-on,  25,000  francs,  et  Ta 
\  B.  N.  en  1867,  en  raison  de  Tantiquité  fictive  de  ce 
Voyons  à  quoi  celle-ci  se  réduit. 

ine  Bible  ms.,  en  deux  grands  volumes  in-4%  vélin.  En 
[&-2a,  dans  un  cadre  de  deux  pages  placées  vis-à-vis 
*autre,  sur  fond  bleu  à  larges  bandes  rouges,  sont  figurés 
ûles  du  Tabernacle  :  chandelier  à  sept  branches,  vase  à 
able  et  pains  de  proposition,  autels,  Schofar,  pelles;  le 
ntouré,  en  bordure,  des  versets  de  Nombres,  viii,  4,  et  de 
ïxx,  21-8,  xxxvii,  23,  en  lettres  de  relief  or. 

on  lit,  en  écriture  cursive  orientale,  l'attestation  hé- 
*abe  suivante  : 

8te  que  la  trace  de  trois  lettres,  probablement  *i3M. 


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NOTES  ET  MÉLANGES  113 

b3?i  "Tpn  ii«n  iDnna  onNatbN  nnn  «b»  bpns»  -^bps^b»  i»i  i^ariv^ï  "''^ 
.û"»pi  n'^-)©  b^m  D-iNatbK  niNT  n-'n  ip-^^nb  D'«n'«y»  id«  nr 

t  Ceci  est  mon  héritage,  par...  (mon  père),  ^'heureuse mémoire,  à 
moi  rhumble  Aron  ben  Yahia  Schalem  Abner  le  Cohen,  'Araqi,  qu'il 
ait  la  paix. 

»  Transmis  au  serviteur  de  Dieu,  à  David  b.  Saïd  AIçarem  :  en  ses 
mains  il  y  a  un  contrat  de  vente  des  vendeurs  Abraham  et  David,  de 
la  famille  Cohen  b.  Yahia,  à  Abraham  Texécuteur  *  des  décisions  du 
tribunal,  et  par  cet  exécuteur  ce  volume  a  été  transmis  à  David  AI- 
çarem au  mois  de  Heschwan  507.  Nous  Tattestons,  pour  mettre  en 
possession  David  AIçarem  ;  ce  dont  acte.  > 

Suit  alors  la  signature  à  peu  près  illisible  des  témoins.  A  défaut 
de  lecture  de  ces  mots,  en  voici  le  fac-similé  : 


Au-dessous,  on  peut  lire,  d'une  écriture  plus  récente,  ces  mots  : 
tpr  "I  ■'O'W  nV»n3.  fst'-»  cpv  nb-^na  «  Héritage  de  Joseph.  —  Héritage 
de  Moussa  (Moïse),  fils  de  Joseph.  » 

F.  3aà  14&.  Autour  de  dessins  à  la  manière  persane,  en  deux 
couleurs,  rouge  et  bleu,  il  y  a  sept  pages  d'arabesqaes  en  écriture 
microscopique,  comprenant  toute  la  Bible,  véritable  tour  de  force 
et  de  patience,  que  même  un  micrographe  de  profession  ne  sau- 
rait exécuter  sans  loupe.  Plus  ces  pages  sont  merveilleuses,  et 
plus  elles  démontrent  la  modernité  relative  du  manuscrit.  —  Au 
milieu  de  ce  texte,  cinq  pages  (f.  7  &  à  9  a)  sont  occupées  complè- 
tement par  la  transcription  d'un  grand  nombre  de  règles  masso- 
rétiques,  puis  par  le  tableau  des  Haftarot  de  toute  l'année,  sab- 
bats et  fêtes,  suivi  de  la  mention  des  Psaumes  afférant  à  chaque 
section  hebdomadaire  du  Pentateuque.  C'est  un  repos  pour  l'œil. 

Au  f.  15  a,  se  trouve  une  longue  dédicace  à  un  opulent  person- 
nage pour  qui  cette  Bible  a  été  écrite.  Le  scribe  lui  attribue  une 
généalogie  royale,  qu'il  fait  remonter  tout  directement  jusqu'à 
Adam!  —  On  retrouve  ce  même  texte,  sauf  quelques  variantes  peu 
importantes,  dans  une  Bible  de  Soria,  décrite  ici  par  M.  Cazès'  ; 

'  Lt  première  leUre  de  ce  nombre  est  graUée;  au  ri  qu'il  y  avait  sans  doute 
d'abord,  soit  (5)507  =  1747,  on  a  voulu  substituer  un  rt,  de  façon  a  faire  supposer 
la  date  5107=  1347. 

'  Littéralement  :  le  transmetteur. 

*  B€vu$,  XX,  se  et  suiv. 

T.  XXXVI.  N»  71.  8 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

abauer  l'a  publié  dans  ses  Jetoish  Mediœval  Chronicles 
18),  ce  qui  nous  dispense  de  reproduire  cette  page.  En 
ce  seul  détail  concordant  entre  ce  ms.  et  celui  de  Paris, 
3  de  ressemblance  entre  eux;  celui  qui  nous  occupe  ici 
'  bien  des  points,  par  les  nombreux  préliminaires,  par 
;ion  du  texte  en  trois  colonnes  (non  en  deux),  par  la 
régulière  des  livres  de  la  Bible,  surtout  par  la  date 
1  bas  de  cette  page, 
est  exprimée  ainsi  : 

e  appose  donc  la  date,  sans  nom  de  lieu  (ce  qui  est  déjà 
et),  par  un  chronogramme  qu'il  est  difficile  d'expliquer, 
ppute  la  valeur  numérique  des  deux  mots  surlignés, 
on  a  le  nombre  '783  «  de  l'ère  de  la  création  ».  Or,  va 
tt  le  contexte,  il  ne  saurait,  d'une  part,  être  sérieuse- 
tion  de  Tan  (4)783,  et,  d*autre  part,  nous  ne  sommes 
.  On  est  réduit  à  supposer  un  prolongement  plus  ou 
lu  de  la  surligne  du  premier  mot  sur  le  second  mot,  de 
reste  à  supputer  seulement  arû*«i,  ou  (5)438  =  1678,  date 
ble  pour  l'ensemble  des  deux  volumes  :  elle  confirmerait 
ait  la  date  de  la  transmission  précédemment  citée, 
commence  le  texte  de  la  Genèse,  à  trois  colonnes,  pour 
vre  ainsi  jusqu'à  la  fin  du  H*  livre  des  Rois.  Le  texte 
sse  entouré  de  notes  et  variantes  massorétiques,  en  ca- 
inuscules,  mais  fort  lisibles  à  l'œil  nu,  affectant  encore 
icement  des  lignes  fantaisistes, 
iume,  écrit  de  la  même  façon,  contient  les  Prophètes  et 
raphes. 

Moïse  Schwab. 


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BIBLIOGRAPHIE 


RETUE  BIBLIOGRAPHIQUE 

2«  SEMESTRE  1897  ET  4«'  TRIMESTRE  1898. 

(  Lei  indieatioMi  $n  français  gui  tuhênt  les  titrts  kébreua  ne  sont  pas  ds  Vautour  du  liws, 
mais  de  Vauisur  de  la  bibliographie^  à  moins  ^'elles  ne  soient  entre  guillemets» 


1.  Ouvrages  hébreux. 

D^'^M  n^  n^j^K  Agadath  Sbir  Hashirim,  edited  from  a  Parma  manu- 
script,  annotated  and  illuslrated  with  parallel  passages  from  numerous 
mss.  and  early  prinls,  with  a  postscript  on  the  history  of  the  work,  by 
S.  Scbecbter.  Cambridge,  Deigbton  Bell  et  C*«,  1896;  in-8o  de  112  p. 
(Reprinted  from  tbeJewish  Quarterly  Reviow.) 

Ce  Midrasch  est  le  même  que  celui  qu'a  publié  M.  Salomon  Buber  [Aft- 
drasch  Suta,  Berlin,  1894),  et  les  deux  éditeurs  ont  reproduit  le  même  ms. 
{a"  541  de  la  Bibliothèque  de  Rossi  à  Parme).  Or,  les  divergences  sont 
considérables.  (Nous  appellerons  B.  Tédition  de  M.  Buber,  S.  celle  de 
M.  Schechier.)  Par  exemple:  B.,  p.  4,  mD^TaD  '«b  ïlNSn  n73  n^«73  n»« 

"•a^rr  nTanb»  mi2D)2i  b-^Nin;  s.,  i.  44,  anïT»  rnanb»...  La  première 

leçon  ent  incompréhensible.  Le  Messie  déclare  :  Quel  intérêt  aurai-jp  à  dire 
roi,  puisque  «  l'oint  de  la  guerre  m'aura  tuéf  >  Dans  le  Talmud,  Soueea^ 
52  a,  d'où  est  tiré  ce  passage,  il  est  dit  :  f  Le  Messie  fils  de  David,  voyant 
que  le  Messie  fils  de  Joseph  aura  été  tué.. .  »  La  leçon  de  M.  S.  est  con- 
forme à  ce  .texte.  —  S.,  1.  48,  1»  mpoiD  nvDbTan  n^«t3  «a'^lCDI 
mTan  nX  I'^W^^ID  «nm  ûbnjn.  m.  s.  fait  remarquer  que  peut-être 
«nm  —  qui  est  inexplicable  —  doit  être  corrigé  en  ja-^fc^l  (il  faudrait  plu- 
tôt \n\  comme  le  montre  Psaumes  Bahba^  21).  Pour  que  M.  S.  s'ar- 
rête sur  cette  erreur,  il  faut  supposer  qu'elle  existe  dans  le  ms.  Or,  M.  B. 
met  ta'^TDJfian  ûbl^^n. ..,  supprimant  ainsi  la  difficulté.—  P.  5,  B., 
mtr^mîDI  m?nT;  S.,  nirr^m^l  ;  mais  peut-être  est-ce  une  faute  typo- 
graphique en  B.  —  Nous  pourrions  allonger  cette  liste  des  divergences 
entre  les  deux  éditions,  on  verrait  que  la  copie  de  M.  S.  a,  en  général,  été 
faite  avec  plus  de  soin.  Ce  qui  ajoute  à  l'intérêt  de  la  publication  de  M-  S., 
ce  sont  les  références  nombreuses,  en  particulier  au  Midrasch  Hagadol. 
Mais  que  de  questions  soulevées  par  ce  cnrieux  Midrasch  que  les  éditeurs 
n*ont  pas  résolues  I  Pour  ce  qui  est  de  la  date,  nous  la  croyons  plus  récente 


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116  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

que  ne  le  voudrait  M.  S.  Notre  savant  confrère  s'appuie  sur  la  rencontre  de 
notre  Midrasch  avec  un  Paltan  du  nom  de  Salomon  b.  Juda  qui  a  vécu  i 
la  fin  du  X*  siècle.  Pour  que  ce  Midrasch,  dit-il,  ait  eu  quelque  prestige 
aux  yeux  de  cet  auteur,  il  faut  quMl  ait  vu  le  jour  un  certain  temps  aupa- 
ravant. Mais  l'argument  fondé  sur  les  analogies  n'emporte  la  conviction  que 
si  l'un  des  deux  textes  qui  se  ressemblent  a  gardé  les  traces  de  Pemprunt, 
ce  qui  n'est  pas  le  cas  ici.  L'indice  fourni  par  une  autre  rencontre  de  notre 
Midrasch  avec  le  "irr^fiT  'n  *)p")E)  ne  me  parait  pas  beaucoup  plus  déci- 
sif, c'est  vouloir  prouver  obscurum  per  obscuriw^  car  ces  petits  traités  mes- 
sianiques ne  se  laissent  pas  dater  facilement.  Je  ne  crois  donc  pas  qu'on  soit 
en  droit  d'affirmer,  avec  M.  S.,  que  notre  Midrasch  soit  de  la  {)remière  moitié 
du  ix«  siècle.  Il  me  parait  seulement  que  cette  œuvre  ressemble  beaucoup  à 
celles  qui  ont  vu  le  jour  dans  l'Italie  méridionale.  La  langue  est  toujours 
de  rhébreu  et  non  de  Taraméen  ;  l'auteur  aime  les  longs  développements  à 
la  manière  du  Tanna  dtbé  Sîiahou  (Certains  de  ces  morceaux,  consacrés 
à  la  charité,  ne  manquent  pas  d'élévation).  Bnfin,  on  lit  dans  le  dernier 
paragraphe  deux  passages  très  curieux,  qui  n'ont  pas  encore  été  suffisam- 
ment expliqués  (M.  Buber  avoue  n'y  avoir  vu  goutte),  mais  qui,  sans  aucun 
doute,  font  allusion  à  Home,  désigné  sous  le  nom  énigmatique  de  ITStinN 
h73in"lK  dans  Téd.  B.).  Est-ce  un  de  ces  mots  volontairement  défigurés? 
J*ai  fait  remarquer  ailleurs  (Feitsehrift,,.  St9in$ehneider*$)  que  le  nom  de 
bMTSrn'^f  auteur  italien  du  xi«  siècle,  nom  qui,  il  est  vrai,  est  biblique, 
rappelle  singulièrement  ce  vocable. 

E)D6^t1M  Annuaire  littéraire  et  pratique  pour  Tannée  1897  (4^  année),  édité 
par  la  Société  «  Ahiasaf  ».  Varsovie,  impr.  Schuldberg,  1896  ;  in-8®  de 
322  -f  18  p.—  Id.  pour  Tannée  1898.  Varsovie,  impr.  Schuldberg,  1897  ; 
in-8«  de  364  +  25  p. 

ni^M  '0  avec  un  commentaire  &'^31!33  'yO'^Tù  et  une  introduction,  par  David 
Straschun.  Wilna^  impr.  Rosenkrantz  et  Schriftsetzer  ^  1897  ;  in-8®  de 
252  p. 

p")^  y^M  Limites  de  la  Palestine  transjordanique  depuis  les  temps  les 
plus  anciens,  par  Hayyim  Rechlin.  Varsovie,  impr.  Alapin,  1896  ;  in-8^ 
de  vu  +  88  p. 

tsh^y  n^*)3  'D  Dissertations  théologiques  sur  la  rémunération,  Timmortalité 
de  Tftme  et  la  résurrection,  la  Révélation  et  la  Providence,  par  A.  J. 
Schlcsinger.  Jérusalem,  1898  ;  in-4*  de  16  +  1^4  p. 

^xniD"^  ■>»•»  '^im  'O.  Geschicbte  der  Juden  von  D»"  H.  Graetz,  nach  den  Ur- 
queuen  neu  revidirt,  mit  Bemerkungen  u.  Eriâuterungen  versehen  u.  ins 
Hebrftische  ûbertragen  von  P.  Rabbinpwitz,  mit  Noten  von  A.  Harkavy. 
VI.  Band,  I-VI  Heft.  Varsovie,  impr.  Schuldberg,  1897  ;  in-8»  de  p.  1-382  p. 

'M2D  1D3^  HDD  Corrections  et  novelles  sur  les  Commentaires  de  Raschi,  le 
Talmud,  etc*,  par  David  Teitelbaum.  F*  partie.  Varsovie,  impr.  Unter- 
halter,  1897  ;  in-f<>  de  276  p. 

Û'^Dnttîfinn  mnin  Dorot  Harischonim.  Zur  Geschicbte  der  jûdischen  Lite- 
ratur  von  Isaac  Ilalevy.  lil.  Theil.  Umfasst  den  Zeitraum  vom  Abschlusse 
des  Talmuds  bis  zu  den  letzten  Gaonim.  Presbourg,  impr.  Ad.  Alkalay, 
1897;  in-8«de316p. 

Notre  excellent  collaborateur,  M.  A.  Bpstein,  rendra  compte  dans  le  pro- 
chain numéro  de  cet  ouvrage,  dont  nous  avons  publié  ici  {Eevue^  XXXIII, 
1)  les  premiers  chapitres.  Que  l'auteur,  pour  Tamour  de  Dieu,  veuille  bien 
dresser  une  table  des  matières  et  surtout  adopter  un  autre  système  de  ré- 


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BIBLIOGRAPHIE  117 

daciion  !  Les  chapitres  enjambent  Tan  sur  Tautre,  ayec  un  parti  pris  désespé- 
rant. 11  faut  aToir  pitié  da  lecteur  et  ne  pas  le  condamner  aux  maux  de  tdte. 

QT  nnn  &*!  Sang  pour  sang,  drame  en  cinq  actes,  en  vers,  par  Juda  Leb 
Landau,  avec  une  préface  de  J.  S.  Fuchs.  Cracoviey  impr.  J.  Fischer, 
1897;  in-3Me  XVI  +  160  p. 

Û-^ribN  n;>T  Histoire  de  la  théologie  juive,  par  S.  Bemfeld.  1"  et  2«  parties. 
Varsovie,  impr.  Schuldberg,  1897;  in-8<*  de  214  p.  (Publication  de  la  So- 
ciété «  Abiasaf  »). 

OB'HAfc^l  onnin  Etude  sur  Hérodo  et  Agrippa  I  d'après  les  sources  talmu- 
diques,  par  N.-S.  Lebowitsch.  New -York,  impr.  Rosenberg,  1897;  in*8® 
de  12  p.  (Tirage  à  part  du  Ner  Hamaarabi). 

L'idée  seule  de  ne  consulter  que  les  sources  talmudiques  pour  juger  deux 
hommes  dont  Phistoire  est  racontée  tout  au  long  par  Josèphe  suffit  pour 
caractériser  cette  étude.  Le  panégyrique  d^Àgrippa  I  n'est  plus  qu*un  jeu, 
si  on  fait  abstraction  des  renlseignemenls  fournis  par  Tbistorien  juif. 

Û'^bU)!!  rtar  'O  Explication  de  passages  difficiles  de  la  Bible  et  du  Talmud, 
par  Moïse  Galant,  avec  des  notes  de  Moïse  Haguiz,  éd.  par  Moïse  Stem- 
berg.  Cracovie,  Stemberg,  1898  ;  in-40  de  92  +  30  p. 

TW12  yn'DI  The  cup  of  bitlerness,  lamentations  in  memory  of. . .  Baron 
Moaes  de  Hirsch,  bj  Reuben  Sinaj  Cohen.  Manchester,  impr.  Massel, 
1897  ;  in-80  de  64  p. 

Û^^3D  ^n*nn  '0  Considérations  morales  et  religieuses,  par  1.  R.  Omstein. 
Cracovie,  impr.  Fischer.  1897  ;  in-4o  de  80  p. 

C]DD  DTl^  'D  Commentaire  du  Cantique  des  Cantiques,  par  Menahem  Man* 
del  Krengel.  Cracovie,  impr.  Fischer,  1897  ;  in  8^  de  118  p. 

pnSL?  ^^  'D.  Novelles  sur  le  Talmud  et  MaTmonidc,  par  Isaac  Cohen  Aro- 
nowski.  Wilna,  Romm,  1898  ;  in-4«  de  94  +  12  +  96  p. 

Dmo"^  ■nmi  ncnata  D'^nirr*»!!  Histoire  des  Israélites  en  France,  par  David 
Schapiro.  Cracovie,  impr.  Fischer,  1897  ;  in-8<*  de  168  p. 

•pl^  'J«»E"^b  aiza  Ûl'^  'n  Biographie  et  bibliographie  de  L.  Zunz,  par  S.  P. 
Rabbinowitz.  Varsovie,  1897;  in-80  de  361  p. 

Etude  bien  conduite,  mais  que  d'ambitions  on  prôte  à  Tillustre  savant,  qui 
assurément  Tauraient  fait  sourire  !  M.  R.  ne  veut  pas  s^aviser  que  Zunz  s'est 
voué  à  une  œuvre  purement  scientifique,  sans  aucune  arrière-pensée.  S'il 
a  employé  ses  rares  facultés  a  Tétude  de  l'histoire  et  de  la  littérature  juives, 
c'est  parce  que  son  éducation  première  et  sa  pratique  des  livres  hébreux  le 
tournaient  naturellement  de  ce  côté.  Il  y  était  encore  attiré  par  la  difficulté 
du  sujet.  Zunz  a  pensé,  avec  raison,  qu'il  était  bon,  une  fois,  de  s'orienter  au 
milieu  de  la  fordt  touffue  de  la  littérature  anonyme  et  impersonnelle  des 
Midraschim  et  de  ces  innombrables  productions  du  moyen  â^e.  Mais  quMl 
ait  été  un  tribun  ou  un  précurseur  du  Sionisme,  il  faut  de  singulières  lu- 
nettes pour  le  découvrir.  —  Les  critiques  de  M.  R.  ne  sont  pas  toujours 
heureuses  ;  en  particulier  pour  ce  qui  concerne  les  Qottetdienitl.  Vortràg$^  je 
serais  toujours  disposé  à  donner  raison  à  Zunz  contre  son  contradicteur.  Mais 
il  faut  louer  Pentreprise  de  M.  R.,  qui  fera  connaître  au  public  russe  qui  lit 
Phébreu  un  des  savants  qui  ont  honoré  le  plus  la  science  juive  en  ce  siècle 
et  d'initier  les  lecteurs  à  une  foule  de  questions  intéressantes. 

■1T3^^bfi<  taipb"  Recueil,  par  ordre  alphabétique,  de  Tafrada  du  Talmud  et 
des  Midraschim,  par  Sussmann  Sofer.  Nouvelle  édition.  Paks,  impr.  Ro-  ^ 
senbaum,  1897  ;  in-80  de  131  fif.  (Va  de  M  à  3). 


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«18  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

fit^ââïl  ll^*1*^  Traduction  hébraïque  de  Tétude  de  Lazarus  sur  Jérëmie,  par 
Brainin.  Varsovie,  impr.  Schuldberg,  1897  ;  in-S"*  de  85  p.  (PublicaCion 
de  la  Société  c  Ahiasaf  »). 

0*^73:311  ^133  '0  Explication  de  passages  difficiles  ou  hyperboliques  du  Tal« 
mud  et  des  Midraschim  relatifs  au  Pentateuque,  d'après  Tordre  des  ver- 
sets,  par  Chaim  KnoUer.  Przemysl^  Chaim  KnoUer,  18d8;  in-8*  de  26 
+  14  +  18  +  16+26  ff. 

\T01  nimb  Lichot  (sie)  Sikoron  enthaltend  Epitaphien  von  Grabsteinen 
des  Israël.  Friedhofes  zu  Krakau  nebst  biographischen  Skizzen  von  Bem- 
hard  Frledberg.  Drohobycs,  Zupnik,  1897  ;  in-8''  de  95  p. 

'Yr\y  ^)3b  '0  Commentaire  du  Traité  Meguilla  d'après  les  explications  de 
TArouch,  avec  des  consultations  du  père  de  Tauteur,  par  Balomon 
Bamberger*  Zennheim  (Alsace)  [Berlin,  impr.  Itzkowski],  1897;  in-8^  de 
46  p. 

nBO  nba»  Autobiographie  de  Jacob  Emden  (Y"^^'^)y  ^d.  par  David  Kabna. 
Varsovie,  impr.  Schuldberg,  1896;  ln-8<»  viii  +  230  p.  (Publioatioo  delà 
Société  c  Ahiasaf»). 

K)3iran  V^^yti  Midrasoh  Tanhouma  avec  un  commentaire  Intitulé  nbll3 
)^7a'^3â,  par  Benjamin  Epstein.  Zitomir,  impr.  Kesselmann,  1898;  in-8<^ 
de  512  p. 

*)irttlb  Ttl^'y  t3*^Db  m  Critique  de  divers  ouvrages  par  Eléazar  Atlas.  Var- 
sovie>  impr.  Alexander  Gins,  1898  ;  in- 8*  de  76  p. 

a'ïO  tDV  •nDiabîa  '0  Novelles  sur  le  Lebousch,  section  Orah  Hayyim,  2«  par- 
tie, par  Lipmann  Ueller,  avec  additions,  sous  le  titre  de  ^31*173  p*^3t9 
par  Isaao  Hacôhen  Feigenbaum,  éd.  par  Elle  Marder.  Varsovie,  impr. 
Baumritter,  1897  ;  in-8°  de  142  +  72  p.  (La  F®  partie  a  paru  en  1895}. 

Qlbusa  SmnbX}.  ^ar  in  peace,  a  religious  dispute  between  two  friends  (un 
juif  et  un  éhrétien),  bj  A.  Benjaminson.  New- York,  impr.  Roseuberg, 
1898;  in-8ode92p. 

''na^l  niTtlTab  «nattl  nnoa  Einleitung  u.  Register  zum  Machsor  Vitry  von 
Rabbiner  S.  Hurwitz  mit  Beitrftgen  von  D*^  A.  Beriiner.  Berlin,  impr* 
Itzkowski,  1896-1897  ;  in-8o  de  201  +  16  p.  (Publication  de  la  Société 
Mekitzé  Nirdamim). 

Voir  Eivue,  XXXV,  p.  308. 

nbDbDn  '»mo"«  1«  n«)iarn  ^mp»  Principes  d'économie  politique,  par 
S.  W.  Mendelin.  Odessa,  impr.  Belinson,  1896;  in-8<>  de  p.  11  (sic) 
—  56. 

annaata-^a  lnn«  "«Dm»  'n  m.  a.  Qûnzburg  (1795-1846)  und  seine  litera- 
risohe  Thàtigkeit,  mit  einem  Portrait.  Bine  biographische  Skizze,  von 
D.  Maggid.  Saint-Pétersbourg,  impr.  Berman,  1897  ;  in-8^  de  82  p. 

TWû  rWÛ12  'D  Explication  allégorique  des  récits  fabuleux  de  Rabbah  bar 
bar  Hanna>  par  Moïse  Bidelstein.  Vilua,  impr.  KatzenellelK>gen,  1896  ; 
in-4<>  de  48  ff. 

na**:  abll^  nno  Seder  Olam  Rabba,  die  grosse  Weltchronik,  naôh  Hdschr. 
ù.  Druckwerken  hrsgg.  mit  krit.  Noten  u.  Erkl&rungeti  von  B.  Rainer. 
Vilna,  Romm,  1897  ;  in-8«  de  152  p. 


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BmUOORAPHIE  119 

Pour  apprécier  en  eonnaissance  de  cause  rédition  d'un  texte,  il  faut 
presque  avoir  essayé  le  travail  soi-même  ;  autrement  le  jugement  ne  sau- 
rait être  que  superficiel  et  incomplet.  Nous  n*avons  jamais  préparé  la  réédi- 
tion du  S^der  Olam  Rahha^  celte  pseudo-chronique  ancienne:  aussi  som- 
mes-nous en  mauvaise  posture  pour  répondre  au  désir  de  Tauteur,  qui 
tient  à  connaître  notre  sentiment  sur  son  ouvrage.  Cependant,  ayant  eu 
Poccasion  d'éludier  de  près  certains  passages  du  Séder  Olam  et,  ayant  con- 
fronté les  résultats  de  nos  recherches  avec  ceux  auxquels  arrive  M.  H., 
nous  sommes  autorisé,  tout  au  moins,  à  déclarer  que  son  commentaire  mérite 
tous  les  éloges.  Les  variantes  des  mss*  et  des  ouvrages  qui  reproduisent  le 
Séder  Olam  sont  signalées  minutieusement,  la  bonne  leçon  est  généralement 
reconnue  avec  sûreté,  les  références  témoignent  de  lectures  très  étendues, 
les  hypothèses  des  savants  qui  se  sont  déjà  occupés  de  cette  chronique  sont 
discutées  très  consciencieusement  et  l'opinion  de  Tauteur  est  généralement 
digne  d'être  suivie.  Est-ce  à  dire  que  nous  soyons  toujours  d'accord  avec 
M.  K.  ?  Dans  les  questions  de  cet  ordre,  où  le  sentiment  décide  le  plus  sou- 
vent, le  consentement  universel  est  presque  impossible.  Un  exemple  seule- 
ment pour  montrer  les  cas  où  nous  refusons  d'en  croire  sur  parole  le  savant 
commentateur.  La Mischna d'2?(^o»yo^,  II,  10,  est  ainsi  conçue:  ■  Le  même 
[R.  Akiba]  disait  :  Il  y  a  cinq  choses  d'une  durée  de  douze  mois  :  la  puni- 
tion de' la  génération  du  déluge,  celle  de  Job,  celle  des  Égyptiens,  celle  de 
Gog  et  Magog  dans  l'avenir,  celle  des  méchants  dans  la  Géhenne,  parce 
qu'il  est  dit  :  D^un  mois  au  [même]  mois.  R.  Yohanan  ben  Nouri  dit  :  [La 
punitipn  des  méchants  dans  la  Géhenne]  dure  de  la  Pûque  à  la  Pentecôte, 
car  il  est  écrit  :  D'un  sabbat  à  l'autre.  >  Ce  texte  se  retrouve  dans  le  Séder 
Olam,  mais  déchiqueté  en  plusieurs  morceaux  et  disposé  autrement. 
Au  ch.  III,  il  est  d'abord  dit  que  les  plaies  infligées  aux  Égyptieus  ont 
duré  douze  mois,  et  Ton  cite,  a  ce  propos,  le  verset  sur  lequel  s'appuie 
cette  idée.  Mais  cette  opinion  n'est  pas  attribuée  à  R.  Âkiba.  Puis  il  est 
parlé  de  la  punition  de  Job,  de  Gog  et  Magog,  et  des  méchants  dans  la 
Géhenne.  C'est  au  ch.  iv  qu'arrive  seulement  la  mention  relative  à  la  durée 
du  déluge.  D'après  M.  R.,  la  version  du  Séder  Olam  serait  antérieure  a 
celle  de  la  Mischoa  d'Edouyot.  Or,  à  première  vue,  il  semble  bien,  au  con- 
traire, que  la  disposition  adoptée  par  la  Mischna  soit  plus  rationnelle.  Il 
est  visible  que  l'auteur  du  Séder  Olam  a  dérangé  le  plan  primitif.  Ce 
n'est  pas  tout.  Après  le  paragraphe  où  il  est  parlé  de  la  punition  des  mé- 
chants, qui  dure  douze  mois,  le  Séder  Olam  ajoute  :  «  R.  Yohanan  b.  Nou- 
rit  dit  :  «  Elle  dure  de  la  Pâque  à  la  Pentecôte.  >  L'intervention  de  ce 
rabbin  dans  ce  passage  ne  se  comprend  aucunement  ici,  tandis  qu'elle  se 
justifie  parfaitement  dans  la  Mischna.  Dans  le  Séder  Olam,  le  nom  d'Akiba 
n'a  pas  été  prononcé  ;  l'opinion  de  son  contradicteur  n'avait  aucune  raison 
d'être  invoquée.  ^.  R.  est  obligé  de  s'appuyer  sur  cette  circonstance  qlie 
H.  Yosé,  Tauteur  auquel  est  attribué  le  Séder  Olam,  cite  parfois  dans  la 
Tosefia  et  ailleurs  le  dire  de  ce  rabbin.  Pour  nous,  la  solution  est  plus 
simple  :  le  rédacteur  du  Séder  Olam,  utilisant  la  Mischna  à^Bdouyot,  a 
conservé  à  son  insu  la  preuve  de  son  emprunt,  en  gardant  ce  restant  de 
discussion  qui  n'avait  que  faire  dans  son  exposition.  Cet  auteur  a  procédé 
à  coups  de  ciseaux.  Et  ainsi  s'explique  ta  disparition  du  nom  d'Akiba  : 
n'ayant  pas  pris  le  passage  tout  d'abord  au  commencement,  il  a  laissé 
tomber  ce  détail.  Toutefois  la  confrontation  de  la  Mischna  avec  son  imi- 
tateur montre  peut-être  qu'elle  était  à  l'origine  plus  étendue  et  contenait 
les  raisons  scripturaires  de  ces  cinq  assertions  de  R.  Akiba.  —  Nombreuses 
seraient  \éê  discussions  du  même  genre  que  provoquent  les  notes  de  M.  R. 
Mais,  comme  on  le  voit,  ce  sont  des  discussions  sur  des  points  d'aiguille. 
Nous  disions,  au  moment  où  M.  R.  a  fait  paraître  Tlntroduction  au  S.  0. 
[Rtvue,  XXVIII,  301),  que  ce  savant  était  •  une  nouvelle  recrue  pour  les 
études  d'histoire  littéraire  dont  il  est  permis  de  beaucoup  attendre  ».  La 
présente  édition  a  dôhué  raiëon  â  notrd  prédlctlbn,  et  nous  sommes  heu- 
reux d'en  féliciter  M.  Ratner. 


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120  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

iîmD''  mnDO  Traduction  hébraïque  de  la  JUdizche  Literatur  do  M.  Steln- 
schoeider,  par  Malter,  avec  des  corrections  et  des  additions  de  Tauteur. 
y  partie.  Varsovie,  impr.  Schuldberg,  1897;  in-8®  de  90  p.  (Publication 
de  la  Société  «  Âbiasaf  »). 

^b%3  HXf  'D  Allocutions  prononcées  par  Ephralm  Salomon  Zalman  (Wein* 
gotl).  Varsovie,  1897;  in-8o  de  116  p. 

^my^  pa^no  Franck  et  les  Francklstes,  par  Alexandre  Eraushaar,  trad. 
[du  russe?]  par  N.  Sokolow.  P«  partie.  Varsovie,  impr.  Lewinski,  1897  ; 
in-8»  de  287  p. 

Ce  qai  fait  Tintérêt  de  cette  nouvelle  histoire  de  Franck  et  des  Franc- 
klstes, c^est  qu^elle  est  fondée  sur  des  documents  inédits  et  qui  paraissent 
très  dignes  de  foi.  Mais  on  a  eu  le  tort  de  ne  pas  les  discuter. 

^  bT  yap  Sammelband  kleiner  Beilr&ge  aus  Handscbriften.  Band  VII, 
Jahrgang  XII -XIII  (1896-97).  Berlin,  impr.  Itzkowski,  1896-97  ;  in-^^  de 
42  -|.  11  -f  14  +  47  +  46  +  23  p.  (Publication  de  la  Société  Mekllzé 
Nirdamim). 

Ce  volume  contient  :  1»  rj'»»r01  fiOTT  bT  ^Din^'D.  CommenUire  sur  Ezra 
et  Néhémie,  de  Benjamin  ben  Juda,  de  Rome,  édité  pour  la  première  fois 
par  Heinrich  Berger  ;  —  2«  ïn^nM  nDV)^  par  Abraham  Berliner.  Dans 
Pédition  de  Constantinople  (1561)  des  Consultations  d'Elia  Mizrahi, 
manque  un  document  envoyé  par  ce  rabbin  aux  Juifs  de  Candie,  au  sujet 
de  son  fils  Gerson,  qui  avait  été  accusé  de  s^ôtre  converti.  L^éditeur  n'a 
gardé  que  la  fin  de  la  lettre  d*Elia  Mizrahi.  M.  B.  comble  la  lacune  à 
l'aide  de  plusieurs  mss.  ;  —  Z^  CS^boi  ^"^"lU),  traduction  partielle  du 
1er  li-vre  des  Macchabées,  publiée  par  M.  D.  Cbwolson,  diaprés  un  ms.  de 
la  Bibliothèque  nationale,  de  1160-1180.  M.  Cbwolson  suppose  que  cette  tra- 
duction est  TcBuvre  d'un  Italien,  qui  vivait  dans  le  cercle  de  savants  d'où 
est  sorti  Pauteur  du  Yosiphon.  Ce  qui  est  certain,  pour  nous,  c'est  qu'elle  a 
été  faite  sur  le  latin  et  non  sur  le  grec.  En  effet,  les  Romains  y  sont  appelés 
Û'^Dïai"!  =  Boman%\  or  le  grec  dit  'PcDiiaîoi;  —  4»  TO^^D  n3D3t  '0  Poésies 
de  R.  Isaac  b.  Scheschet  (Ribasch),  de  Schimon  b.  Sémah  Duran,  éd.  avec 
un  commentaire  explicatif  par  Isaac  Moreli,  avec  additions  et  corrections  de 
H.  Brody;  —  5»  513733  T>"T>  Op5D  Archives  hébraïques  de  la  commu- 
nauté de  Bamberg,  publ.  par  David  Kaufmann  ;  —  bfi^H^^a  niS^I^*^  'D 
épisode  de  Thistoire  des  Juifs  de  Moravie  après  la  mort  de  Charles  Vi, 
raconté  par  Benjamin  Israël  Frënkel,  éd.  par  Emmanuel  Baumgarten. 

ïl^DTa  nbnp  Bibliotbeca  Friedlandiana.  Catalogus  librorum  impressorum 
hebraeorum  in  Museo  asiatico  Imperialis  Academiœ  scientiarum  Petro- 
politanœ  asservatorum.  Opéra  et  studio  Samuelis  Wiener.  Fas.  111  (A  et 
n).  Saint-Pétersbourg,  1897;  in-4o  de  p.  225-315. 

Catalogue,  fait  avec  le  soin  le  plus  louable,  d'une  admirable  bibliothèque, 
riche  particulièrement  en  éditions  hébraïques  sorties  des  presses  de  la  Rus- 
sie. Description  très  minutieuse  des  ouvrages,  avec  l'identification  du  nom 
des  auteurs,  quand  c^est  nécessaire,  et  une  notice  sur  eux,  la  mention  des 
<  approbations  •  et  le  renvoi  aux  recueils  de  catalogues  imprimés  quand  il 
y  a  lieu. 

Snin  *)1fc(  V-^IP  Recueil  trimestriel  de  Novelles ,  Consultations,  etc., 
dirigé  par  Abraham  Aron  Sonnenfeld  et  Abraham  Yobanan  Blumenthal. 
l'«  année,  P»"  fascicule.  Jérusalem,  1897;  in-8«  de  67flF. 

bfinv)'^^  DID^:^  ïllD3^t3  n'^Ctn  Les  commencements  de  Timprimerie  hébraï- 
que, par  Daniel  Cbwolson^  trad.  du  russe  en  hébreu  par  M.  B*  Eisen- 
stadt.  Varsovie,  1897  ;  in-8«  de  47  p. 


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BIBU06RÂPH1E  i2i 

Traduction  du  russe  faite  par  M.  Eisenstadt,  à  l'occasion  du  Jubilé  de 
l'auteur,  IHllustre  orieutaliste  Daniel  Cbwolson.  Cette  histoire  de  Timpri- 
merie  chez  les  Juifs,  de  147K  à  1500,  se  lit  avec  plaisir  et  abonde  en  ren- 
seignements et  en  aperçus  intéressants.  M.  C.  fait  remarquer  que  Timprimerie 
n''appanit  pas  aux  Juifs  comme  une  bête  deTApocalypse,  son  introduction 
fut  saluée  avec  Joie,  on  y  yit  un  secours  merveilleux  pour  la  diffusion  des 
connaissances  religieuses.  Au  Portugal,  les  Israélites  avaient  déjà  une 
imprimerie  en  1487,  alors  que  leurs  compatriotes  chrétiens  ne  se  servirent 
des  presses  qu^en  1495.  Les  premières  imprimeries  hébraïques  furent  éta- 
blies à  Reggio  («n  Calabre)  et  à  Piove,  près  de  Padoue.  De  la  première 
sortit,  en  février  1475,  le  commentaire  de  Raschi  sur  le  Pentateuque,  de 
la  seconde  le  Tour,  mdme  anoée,  Juillet.  L'invention  se  propagea  rapide- 
ment chez  les  Juifs  :  à  Mantoue,  1475;  Ferrare,  1477;  Bologne,  1482; 
Guadalaxara,  1482;  Sonciuo,  1481;  Casale  Maggiore,  1484;  Naples,  1486; 
Para  (Portugal)  et  Samora  [Espagne),  1487;  Lisbonne,  1489;  firescia  et 
Leiria  (Portugal)  1492,  et  Barco  près  Brescia,  1496.  —  Ce  n'est  qu'à 
partir  de  1489  qu'on  commence  à  se  servir  de  titre  en  tôle  du  volume,  et  à 
partir  de  1483  qu'on  indique  le  foliotage.  —  L'un  des  pionniers  de  l'im- 
pression hébraïque  fut  Abraham  Conat,  qui,  aidé  de  sa  femme,  commença 
à  imprimer  à  Mantoue.  Il  publia  le  T&ur  Orah  Eayyim  en  1470,  le  com- 
mentaire de  Lévi  ben  Gerson  sur  le  Pentateuque,  même  année.  C'est  pro- 
bablement à  cette  époque  qu'il  fit  paraître  le  Toiipkon.  M.  C.  insiste 
beaucoup  sur  cette  édition,  lui  attribuant  une  valeur  qui  nous  parait  sur- 
faite. M.  Trieber,  Zur  Kritik  des  Gorionides,  professe  le  même  respect 
pour  cette  version,  et  c'est  ce  qui  lui  a  fait  émettre  des  hypothèses  si  mer« 
veilleuses  et  si  naïves  sur  l'importance  de  cette  chronique  pour  l'histoire 
juive.  D'ailleurs,  prochainement  M.  le  baron  David  de  Gunzbourg  pu- 
bliera la  reproduction  diplomatique  de  cette  édition ,  dont  les  exemplaires  ne 
sont  pas  si  rares  que  le  croit  M.  C  11  en  existe  deux  à  Paris,  à  la  Biblio- 
thèque nationale  et  à  l'Alliance  Israélite.  Feu  Rabbinowitz  en  possédait  un 
en  parchemin,  dont  les  premiers  feuillets  manquaient,  autant  que  je  me 
rappelle.  —  A  Lisbonne,  l'imprimeur  Eliézer  Toledano,  renommé  pour  sa 
piété,  fit  sortir  de  ses  presses,  à  partir  de  1489,  de  nombreux  ouvrages 
in>folio,  entre  autres  le  commentaire  de  Nahmanide  sur  le  Pentateuque, 
Aboudarbam  et  surtout  un  admirable  Pentateuque  avec  le  Targoum  d'On- 
kelos  et  le  commentaire  de  Raschi.  Après  l'expulsion  des  Juifs  du  Portu- 
gal, les  caractères  de  cette  imprimerie  furent  transportés  en  Turquie;  c'est 
ce  qui  explique  que  des  ouvrages  édités  de  1515  a  1522  à  Salonique  ont 
l'aspect  typographique  de  ceux  de  Lisbonne.  —  Les  plus  célèbres  impri- 
meurs de  cette  époque  furent  les  Soncino,  qui  formèrent  une  dynastie  d'im- 
primeurs qui  essaima  eu  différentes  villes  d'Italie,  à  Constantinople  et  à 
Salonique.  Ou  les  voit  à  l'oeuvre  de  1483  à  1547.  Le  plus  connu  est  Geréon- 
Jérôme.  La  famille  descendait  d'un  R.  Moïse  de  Spire,  mentionné  dans  les 
Tosafot  Touques.  Le  nom  de  Soncino  fut  pris  par  Israël  Nathan,  fils  de 
Samuel,  qui  vint  s'établir  dans  la  ville  de  ce  nom.  De  1483  à  1490,  furent 
imprimés  sept  traités  du  Talmud,  les  Prophètes  et  les  Hagiographes,  avec 
commentaire  de  David  Kimhi,  les  Ikarim,  le  Semag,  le  Mischné  Tora,  le 
Tour,  la  Bible  avec  points-voyelles  et  accents  (1488).  En  1486,  Josué  Son- 
cino, avec  son  frère  Moïse,  fonda  une  seconde  imprimerie  à  Casale  Mag- 
giore; il  y  publia  le  Mahzor  de  Rome.  Gerson,  fils  de  Moïse,  très  instruit, 
fit  de  nombreux  voyages  pour  recueillir  des  mss.  C'est  ainsi  qu'il  se  rendit 
en  France,  à  Chambéry,  pour  y  trouver  des  Tosafot.  En  1490,  les  Soncino 
établirent  une  nouvelle  imprimerie  à  Naples;  c'est  là,  en  1492,  que  fut 
publiée  la  célèbre  édition  de  la  Mischna  avec  le  commentaire  de  Maîmo- 
nide.  Puis  ce  fut  le  tour  de  Brescia  et  de  Barco.  M.  C.  examine  ensuite 
le  degré  de  fidélité  dont  les  imprimeurs  ont  fait  preuve  à  l'égard  des  mss.  : 
trop  souvent  ils  les  ont  corrigés  à  leur  façon.  Un  Eliézer  b.  Samuel  n'a  pas 
craint  d'insérer  dans  un  ouvrage  de  Maïmonide  son  opinion  personnelle  en 
contradiction  avec  celle  du  Maître.  —  Le  nombre  des  incunables  antérieurs 


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BEYOE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

à  1500  est  de  cent  environ,  mais  il  était  sûrement  plus  grand;  certaines 
éditions  ont  disparu,  comme  celle  du  Tl^t'l'^^  'D  de  Jona  Qerundi  et  du 
th^y  nîD^bM,  du  Talmud  de  Lisbonne.  Les  auto-da-fés  n'en  ont  pas  peu 
supprimé.  —  M.  C,  après  un  chapitre  consacré  aux  éditions  complètes  ou 
partielles  de  la  Bible,  cherclie  à  déterminer  le  goût  du  temps  d'sprès  le 
choix  et  le  nombre  des  éditions  des  ouvrages  imprimés  alors.  On  s'adonnait 
plutôt  à  la  lecture  des  ouvrages  de  théologie,  de  morale,  de  poésie  qu^à 
celle  des  Novelles  sur  le  Talmud.  On  se  contentait  des  Compendium  clas- 
siques pour  la  halakha.  Mais  il  faut  ajouter  que  ces  conclusions  nWt  de 
valeur  que  pour  l'Italie.  Tel  est  le  résumé  de  cette  courte  monographie, 
pleine  de  faits  et  d'idées,  où  se  joue  et  se  délasse  le  savoir  si  étendu  d'an 
des  écrivains  qui  honorent  le  plus  la  science  Juive  de  nos  jours. 

1  'D  ExpHcalions  de  passages  difficiles  de  là  Bible  et  du  Midrasch, 
icob  Horowitz.  New- York,  impr.  Aronsohn,  1898;  iii-8«  de  66  p. 

D  M^)3  p  y")  Vie  de  Smolioskin,  par  Brainin.  Varsoyie,  impr. 
et  Eisenstadt,   1896  ;  in-8»  de  162  p.  (Ptiblication  de  la  Société 
5chia  »). 

)tX^  'O  Consultations  sur  les  quatre  parties  du  Schoulban  Âroucb 
ÎT^Wn^  n»)a»7  homélies  et  considérations  diverses,  par  Hayyim  Jé- 
Pletisberg.  Wilna.  Romm,  1897  ;  in-f»  de  50  +  40  fif. 

1  Û"nî173  n"ntt5  'O  Consultations  de  R.  Mëir  de  Rothenbourg,  d'après 
de  Prague,  1608,  avec  commentaire  et  réfeVences  aux  sources, 
tion,  publ.  par  Joseph  Sternberg.  Budapest,  Sternberg,  1896; 
de  88  ff. 

n*^^  Weltliche  Qedichte  des  Abu  Ajjub  Soleiman  b.  Jahja  Ibn 
>1,  unter  Mitwirkung  namhafter  Gelehrter  nach  Uandschriften  u. 
v^erken  bearbeilet  u.  mit  Anmerkungen  u.  Einleitung  tersehen  von 
3dy.  Heft  L  Berlin,  M.  Poppelauer,  1897;  in-8«  de  32  p. 

Les  notes  des  pièces  de  ce  fascicule  sont  dues  à  MM.  Bâcher,  Bhrlich  et 
D.  Kaufmann. 

lb)D  Schulchan  Aruch  in  jOdisch-deutscher  Sprache,  ron  Salo- 
;chûck.  Cracovie,  impr.  Fischer,  1896;  in-8°  de  128  +  89  +  12  + 

{  'D  Sepher  Haschoraschim.  Wurzelwôrterbuch  der  hebrftischen 
lie  von  AbUlwalld  Merwan  Ibn  Ganah,  aus  dem  Arabischen  in'a 
ische  iibersetzt  von  Jebuda  Ibn  Tibbon.  Aus  den  Handachr.  der 
ma  u.  des  Escurial  zum  ersten  Maie  herausg.  u.  nach  dem  arab. 
lale  berichtigt  u.  vervoUstândigl,  sowie  mit  einer  Einleitung  ûber 
îben  u.  die  Schriflen  Abulwalid's  versehen  von  B**  Wilhelm  Bâcher. 
;eft.  Schluss,  Register  u.  Einleitung.  Berlin,  impr.  Ilzkowski, 
7;  in-8«  de  481-597  +  xlii  p.  (Publication  de  la  Société  Mekizë  Nir- 

Il  n'est  plus  nécessaire  de  mettre  en  relief  le  mérite  d'Ibn  Djanah,  qui 
fut  sans  conteste  le  plus  grand  grammairien  juif  du  moyen  âge,  de  cent 
coudées  au-dessus  de  ses  successeurs.  La  publication  de  ses  ouvrages 
grammaticaux  en  avait  apporté  la  démonstration  la  moins  équivoque;  tous 
les  lecteurs  avaient  pu  en  juger,  son  principal  traité,  le  Rikma^  ayant  été 
traduit  en  hébreu  et  en  français  et  le  texte  original  en  ayant  été  édité.  Mais 
le  complément  de  cette  grammaire,  le  Dictionnaire,  n^était  jusqUld  acces- 
sible qu'aux  arabisants.  Circonstance  fâcheuse  nozi  seulement  pour  les 
études  historiques,  mais  pour  Tëxégèsé  bibliqtie,  otr  grand  est  le  profit 


^ 


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BIBUOGRAPHIE  123 

qu'on  peut  eacore  aujourd'hui  tirer  des  notices  lexicographiques  et  des 
opinions  exégétiques  contenues  dans  cet  ouvrage.  Gesenius  déjà  Pavait 
reconnu,  et  très  souvent  il  a  eu  recours  aux  lumières  de  son  devancier.  La 
lacune  vient  d'dtre  heureusement  comblée  par  la  Société  deq  Mekitzé  Nir- 
damim.  Reprenant  le  projet  de  M.  S.  J.  Ualhersam,  qui  avait  mis  en  train 
le  travail»  elle  a  entrepris  la  publication  de  la  traduction  hébraïque  de  ce 
Dictionnaire,  œuvre  de  Juda  ibn  Tibbon,  encore  manuscrite.  Personne,  sur- 
tout depuis  la  mort  de  notre  regretté  maître  J.Derenbourg,  n^était  mieux  qua- 
lifié, pour  mener  a  bonne  fin  cette  édition,  que  notre  excellent  collaborateur 
M.  W.  Bâcher.  On  sait  la  compétence  du  savant  professeur  de  Budapest  dans 
toutes  les  matières  ayant  trait  à  Tliistoire  de  l'exégèse  et  de  la  grammaire 
hébraïques  ;  on  connaît  aussi  les  beaux  travaux  qu'il  a  j|éjà  consacrés  à 
Ibn  Djanah',  la  part  qu^il  a  prise  à  Sédition  arabe  du  Rikina.  Nous  possé- 
dons aujourd'hui  le  texte  complet  de  la  version  de  Juda  Ibn  Tibbon,  enri- 
chi d'un  commentaire  perpétuel,  où  sont  signalées  les  divergences  de  la 
traduction  et  de  roriginal.  Dans  le  texte  sont  restitués  les  mots  sautés  par 
le  traducteur  et  nécessaires  à  Tintelligence  de  la  pensée  de  l'auteur.  Par 
contre,  sont  signalées  les  additions  du  traducteur.  En  outre,  toutes  les  eitao 
tiens  sont  identifiées.  —  M.  Hacher  ne  s'est  pas  borné  à  nous  donner  une 
édition  parfaite,  il  a  voulu  mettre  les  lecteurs  qui  ne  savent  pas  les  langues 
occidentales  en  état  de  s'initier  aux  résultats  des  recherches  de  Munk,  de 
J.  Derenbourg  et  des  siennes  propres.  Le  présent  fascicule  contient,  en 
effet,  une  introduction  hébraïque  consacrée  à  la  biographie  et  a  Téiude  des 
œuvres  d'Ibn  Djanah.  Nous  n'aurons  pas  l'impertinence  de  louer  M.  B. 
pour  la  manière  dont  il  s'est  acquitté  de  cette  partie  de  sa  tâche.  Disons 
seulement  que  la  langue  de  M.  B.  est  digne  d'être  proposée  en  modèle  à 
ceux  qui  écrivent  en  hébreu  des  ouvrages  scientifiques;  simplicité,  clarté, 
exclusion  des  expressions  prétentieuses  et  du  jargon  moderne,  que  souvent 
comprennent  seuls  ceux  qui  s'en  servent,  ieîs  sont  les  caractères  qUi  la 
distinguent.  Le  volume  se  termine  par  des  tables  qui  seront  très  utiles  aux 
savants  :  !<>  des  auteurs  cités,  2°  des  citations  de  Hayyoudj,  3«  des  cita- 
tions anonymes,  4"  des  citations  des  autres  ouvrages  d'Ibn  Djanah,  5-7»  des 
citations  du  Targoum,  du  Miilrasch  et  de  la  Massera,  8»  des  passages  où 
l'hébreu  est  comparé  avec  la  langue  de  la  Mischna,  Taraméen  et  l'arabe, 
9"  des  termes  particuliers  employés  par  Juda  ibn  Tibbon  avec  leur  équi- 
valent arabe,  10«  additions  et  corrections  d'après  l'arabe  au  Se  fer  Bariktna, 
éd.  Francfort. 

D'^bfrn  'O  Les  Psaumes  avec  le  commentaire  Û'^'^H  "^"i^^ttî  de  Hayyim  Sofèr, 
celui  de  Raschl  et  l^^at  n"n3t73.  Presbourg,  impr.  Alkalay,  1897;  iii-8« 
de^SÔff. 

D''3ianpn  mt^n  -^a:^  mnb-in  Traduction  hébraï(îue  de  l'Histoire  de 
l'Ancien  Orient  de  Maspero,  par  A.  Ludvipol.  1'®  partie.  Varsovie,  impr. 
Schuldberg,  1897;  in-S®  de  p.  1-70.  (Publication  de  la  Société  c  Ahiasaf  »). 

11»  ?mn  'o  Pentateuque  avec  le  Targum  d'Onkelos.  le  commentaire  de 
Haschî,  Toldot  Abron  (références  au  Talmud),  Kiççour  tikkoun  Sofrim, 
traduction  allemande  et  commentaire  ^^3^  n")k39  de  S.  R.  Hlrsch,  avec 
les  Haftarot,  trad.  et  commentées  par  M.  Mendel  Hirsch,  publ.  par  Moses 
Salomon  Aronsohn.  1^^  et  2^  fascicules.  Wilna,  Romm,  1898  ;  in-8^  de 
p.  1-140. 

d'"lTîn  ïmnîn  'o  Traduction  hébraïque  de  Oeschichte  des  Srziehunpstoesens 
«4  ékr  Cultur  der  abendlândischen  Juden  wàhrend  des  MittelaUers,  de  Gû- 
demann.  par  Friedberg.  Y^  partie.  Varsovie,  impr,  Schuldberg,  1896  ; 
ia-^  da  xvi  -f  ^^  P'  (Publication  de  la  Société  a  Ahiasaf  »). 

C'est  la  traducUon  du  volume  consacré  à  la  France  «t  à  rAUetaiâgn*  aux 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

x*-xiv«  siècles.  Nous  ne  pouvons  qu^applaudir  à  l'excellente  idée  qu^a  eue 
la  Société  Ahiasaf  de  faire  passer  en  hébreu  ce  beau  travail,  si  riche  en 
faits  et  en  aperçus.  M.  F.  s^est  acquitté  de  sa  tâche  avec  le  plus  grand 
succès. 


2.  Ouvrages  en  langues  modernes, 

iBZ  DE  Pbraltà  (Josuë  A.).  Bstudios  de  oriental ismo.  I.  Iconografia 
bolica  de  los  Alfabetos  fenicioy  hebraico.  Ensayo  hermeneutico  a  cerca 
as  enseminzaB  esotericas  cifradas  en  los  respectivps  nombres,  figuras 
ocablos  der  valor  numéral  de  las  XXII  letras  de  ambos  alfabetos. 
Irid,  Bailly-Baillièro,  1898  ;  in-8»  de  xlviii  +  215  p. 

Ce  titre  seul  révélera,  le  caractère  de  cl  essai.  Résumons  seulement  Tar- 
ticle  consacré  à  Valef^  pour  faire  voir  que  Tannonce  n'est  pas  trompeuse. 
AUf  est  un  mot  phénicien  signifiant  «  bœuf,  taureau  >.  Le  taureau,  dans  la 
biérographie  orientale,  était  le  symbole  du  créateur.  Alef  se  compose  de  bftt 
<  Dieu  >  et  de  h  s=s  t^Q  <  bouche  •  ;  c'est  le  verht  divin.  Comme  valeur  nu- 
mérale, cette  lettre  s=  i.  Or,  un  se  dit  en  hébreu  nrifit,  mot  formé  du  chai- 
déen  ^tl  «  un  »  et  de  V^  prosthétique,  lequel  vaut  un  1  également.  D'où 
V\5n'Uniquê^  etc.,  etc. 

M  (D.  W.).  Jewish  law  of  divorce  according  to  Bible  and  Talmud. 
dres,  Nutl,  1897  ;  in-S»  de  224  p. 

BJB  qu8B  fertur  ad  Philocratem  epistulœ  initium,  apparatu  critico  et 
imentario  instnictum,  éd.  L.  Mendelssohn,  conlegœ  venerandi  opus 
^umum  typis  describendum  curavit  M.  Krascheninnikov.  lëna,  Stro- 
1897  ;  in~8^  de  52  p.  (Acta  et  commenlationes  imp.*  universitatis 
evensis,  vol.  V.) 

LANAZB  (M.).  Tempus  loquendi.  Ueber  die  Agada  der  pal&stin.  Amo- 
,  nach  der  neuester  Darstcllung.  Strasbourg,  Engelhardt,  1897; 
J«  de  82  p. 

iptio  (The)  of  Moses,  translated  from  tbe  latin  sixth  centuryms.,  tbe 
mended  text  of  which  is  published  berewilb,  together  with  tbe  text 
ts  restored  and  critically  emended  form,  editcd  witb  introduction, 
18  and  indices  by  R.  H.  Charles.  Londres,  Black,  1897  ;  in-8^  de 
+  117  p. 

iBR  (Simon).  Die  Geschichte  Josefs.  Eine  Ueborsetzung  u.  kritik. 
andlung  des  Midrascb  Berescbit  Rabba.  Par.  84,  5-22  u.  Par.  86, 
:,  3.  I.  Theil  (Dissertation  inaugurale).  Berlin,  1897  ;  in-^*"  de  47  p. 

'SGH  (B.).  Gei^cbichtsconstruction  oder  Wissenscbaft  ?  Ein  Wort  zur 
stftndigung  ûber  die  Wellbausens^cbe  Geschichtsauffassung.  Vortrag. 
ie,  Krause,  1896  ;  in-8'  de  50  p. 

s.  An  apparatus  criticus  to  Chronicles  in  tbe  Pesbitta  version.  Witb 
scussion  of  the  value  of  tbe  codex  Ambrosianus.  Cambridge,  University 
js,  1897,  in-8°  de  xxxiv  +  63  p. 

TBiN  (Henry).  Tho  Targum  of  Onkelos  to  Gcnesis,  a  critical  enquiry 
tbe  value  of  tbe  text  exbibited  by  Yemen  Mss.  compared  witb  tbat  of 
european  recension  togetber  with  some  spécimen  cbaptera  of  tbe 

ntal  text.  Londres.  Nuit,  1896  ;  in-8o  de  100  p. 


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B1BU06RAPH1E  125 

Comme  le  titre  Tindique,  cet  opuscule  contient  surtout  une  comparaison 
minutieuse  du  texte  du  Targoum,  diaprés  les  manuscrits  Tenus  du  Yémen, 
avec  le  texte  des  éditions  européennes.  M.  Barnstein  montre  que  les  manus* 
crits  orientaux  sont  de  beaucoup  supérieurs  à  Tédition  de  Sabionète,  réim- 
primée par  M.  Berliner.  Les  différences  perlent  nop  seulement  sur  la  ponc- 
tuation, mais  encore  sur  les  formes  grammaticales,  le  genre,  le  nombre, 
etc.,  et  le  vocabulaire.  M.  B.  résume  d'abord  ce  que  l'on  sait  et  ce  que 
l*on  pense  du  Targoum  Onkelos  ;  puis  il  traite  de  Torigine  de  la  ponctua- 
tion superlinéaire.  M.  Barn,  se  range  à  l'avis  de  MM.  Margolioutb  et 
Friedlaender  d*après  lesquels  le  système  superlinéaire  simple  serait  le  sys- 
tème palestinien  primitif.  Ces  savants  invoquent  surtout  le  silence  de 
Saadia  sur  Torigine  babylonienne  du  système  superlinéaire.  Mais  j'ai 
prouvé  {Bévue,  t.  XXXI,  p.  306)  que  Saadia,  au  contraire,  connaît  les 
deux  systèmes  et  attribue  aux  Babyloniens  le  système  où  les  gutturales 
présentent  le  moins  d'irrégularités,  par  conséquent,  le  système  superli- 
néaire. La  supposition  que  cette  ponctuation  aurait  servi  dès  l'origine 
pour  le  Targoum  et  l'autre  pour  Tbébreu,  est  également  très  risquée.  Il  est 
vrai  qu'on  trouve  des  manuscrits  où  les  deux  systèmes  sont  ainsi  em- 
ployés, mais  rien  ne  prouve  qu'il  en  ait  été  ainsi  primitivement.  Le  Tar- 
goum Onkelos  était  devenu  babylonien,  il  est  naturel  qu'on  l'ait  ponctué  i 
la  babylonienne,  tandis  que,  pour  le  texte  bébreu,  la  vocalisation  des  écoles 
de  Tibériade  a  fini  par  prédominer. 

La  seconde  partie  de  l'étude  de  M.  Barnstein  contient  le  détail  des  va- 
riantes que  présentent,  les  manuscrits  yéménites.  A  la  fin  se  trouvent 
quelques  spécimens  du  Targoum. 

Bien  que  n'apportant  pas  de  résultats  très  nouveaux,  le  travail  de 
M.  Barnstein  mérite  d'être  lu  par  ceux  qui  s'occupent  de  la  littérature  tar- 
goumique.  ~  Maytr  Lambert, 

Bbbr  (G.).  Der  Text  des  Bûches  Hiob  untersucht.  2  Hft.  (ch.  xv  à  fin).  Mar- 
bourg,  Elwert,  1897  ;  in-S»  de  xvi  +  p.  89-258. 

Berlinqbr  (J.).  Die  Peschitta  zum  I.  Bucb  der  Kônige  u.  ihr  Verh&ltniss  zu 
Mas.  Texte,  LXX  a.  Targuzn.  Francfort,  J.  Kaufimann,  1897  ;  in-S^  de 
50  p. 

Blagh  (Adolf).  Biblische  Sprache  u.  biblische  Motive  in  Wielands  Obe- 
ron.  Briix,  impr.  Herzutns,  1897  ;  in-8*  de  31  p.  (Separatabdruck  ans  dem 
Jahresbericbte  des  k.  k.  Staats-Oborgymnasiums  in  Brûz  fur  1896-97). 

6LUDA.U  (A.).  Die  alexandriniscbe  Uebersetzung  des  Bûches  Daniel  u.  ihr 
Verhaitniss  zum  massorethischen  Text.  Fribourg  en  Brisgau,  Herder, 
1897;in-8odexii  +  218p. 

BoNWBTSCH  (G.  N.).  Die  Apokalypse  Abrahams.  Leipzig,  Deichert,  1897  ; 
in-S®  de  95  p.  (Studien  zur  Geschichte  der  Théologie  u.  Kirche,  hrsgg. 
▼on  Bonwetsch  u.  Seeberg.  I.  Bd.,  I.  Heft). 

Cette  Apocalypse,  qui  ne  s'est  conservée  qu'en  slave,  ne  se  confond  pas 
avec  le  Testament  d'4àraham  publié  en  )892  par  James.  Elle  est  d'origine 
juive,^  avec  des  interpolations  cbrétiennes.  Les  Beeognitionet  clémentines  y 
font  allusion,  il  resterait  à  déterminer  le  milieu  juif  dans  lequel  cet  écrit 
aurait  pris  naissance  ;  ce  ne  peut  être  ni  la  Palestine,  ni  le  monde  rabbi- 
nique. 

BaiOGS  (G.  A.).  The  higher  criticism  of  the  Hexateuch.  New  edit.  New- 
York,  Scribner,  1897;  in-8'>  de  xn  +  288  p. 

BaooKB  (A.  E.)  and  Me  Lean  (N.).  The  book  of  Judges  in  Greek,  according 
to  the  text  of  Codex  Alcxandrinus.  Cambridge,  University  Press,  1897  ; 
iii-8®  de  vu  4"  45  p. 


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126  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

BrOgknbr  (Martin).  Die  Komposition  des  Bûches  Jes.  c  28-38.  Ein  Rekons- 
traktionsversuch.  Halle,  Krause,  1897  ;  in-8®  de  84  p. 

Bruston  (E.).  De  justitia  divina  secundum  Jobeidem.  Thèse.  Montauban, 
impr.  Granië,  1897  ;  in-8«  de  47  p. 

BuTTENWiESER  (M.).  Die  hebr.  Elias-Apokalypse  u.  ihre  Stellung  in  der 
apokalypt.  Litteratur  des  rabbinischen  Schrifltums  u.  der  Eirche.  I. 
Hflifte.  Ëritische  Ausgabe  mit  Erlâuteningen  u.  Einleitung  nebst  Ueber- 
setzang  u.  Untersuchung  der  Abfassungszeit.  Leipzig,  Pfeiffer,  1897  ; 
in-8o  de  82  p. 

Ganongs  (a.).  La  femme  dans  l'Ancien  Testament.  Thèse.  Montauban, 
impr.  Granië,  1897;  in-8®de  74  p. 

Castelli  (David).  Il  poema  semitioo  del  pessimisme  (Il  libre  di  Job)  tradotto 
e  commentato.  Florence,  Paggi,  1897  ;  in-8^  de  xii  -{- 159  p. 

Chmbrkimb  (N.).  Les  conséquences  de  TAntisémitisme  en  Russie.  Préface 
de  G.  de  Molinari.  Paris,  Gillaumin,  1897  ;  in-8*  de  xliv  +  188. 

CoBLBNz  (Félix).  Ueber  das  betende  Ich  in  den  Psalmen.  Ein  Beitrag  zur 
Erklârung  des  Psalters.  Francfort,  Eaufifmann,  1897  ;  m-9^  de  190  p. 

Lorsque  le  Psalmiste  parle  a  la  première  personne,  exprime-t-il  ses  idées 
personnelles  et  raconte-t-il  les  événements  de  sa  vie,  on  bien  fait-il  parler 
la  communauté  d'Israël  ou  des  justes?  Cette  question,  sur  laquelle  on  a  beau- 
coup écrit,  en  Allemagne,  dans  ces  dernières  années,  avait  été  mise  au 
concours  par  la  faculté  de  théologie  de  Berlin,  et  c'est  M.  Coblenz  qui  a 
remporté  le  prix. 

M.  G.  commence  par  exposer  (p.  1-15)  les  opinions  des  exégètes  sur  le 
moi  dans  les  Psaumes,  et  les  résume  de  la  manière  suivante.  D'après  les 
uns,  le  sujet  qui  parle  est  toujours  ou  presque  toujours  la  communauté. 
D'autres,  au  contraire,  croient  que  le  poète  énonce  ses  sentiments  person- 
nels et  expose  sa  propre  histoire.  D'autres,  enfin,  admettent  que  dans 
certains  psaumes,  c'est  la  communauté  qui  s'adresse  i  Dieu,  mais  que 
dans  certains  autres  c'est  le  poète  lui-même  qui  parle.  M.  Coblenz  s'arrête 
à  cette  troisième  opinion.  Il  montre,  à  l'instar  de  Smend,  que  déjà  dans 
la  Bible  on  trouve  la  communauté  d'Israël  personnifiée  ^.  D'autre  part, 
dans  uno  foule  de  psaumes  il  est  impossible  que  le  poète  parle  pour  son 
compte  personnel*.  Il  s'oppose  constamment  aux  nations.  Il  invite  les 
justes  à  se  réjouir  de  son  triomphe.  Il  lance  les  plus  effroyables  malédictions 
contre  les  impies.  Toutefois,  d'après  M.  C,  certains  psaumes  ont  un  ca- 
ractère individuel,  par  exemple,  xxxix,  lxxiii,  giv.  De  plus,  lorsque  les 
idées  d*un  psaume  sont  générales,  mais  qu'il  contient  des  traits  personnels, 
par  exemple,  lorsque  le  poète  sort  des  rangs  de  ses  frères,  c'est  alors  un 
membre  de  la  communauté  qui  est  censé  parler.  Il  est  souvent  difficile  de 
déterminer  si  la  communauté  dans  les  psaumes  collectifs  désigne  Israël  en- 
tier ou  seulement  les  gens  pieux. 

Ensuite  M.  C.  passe  é^  Pexamen  des  différents  psaumes  où  l'on  rencontre 
la  première  personne  :  quarante  sont  collectifs  et  c'est  Israël  personnifié 
qui  parle  ;  dans  six,  ce  sont  les  membres  individuels  de  la  communauté  ; 
dans  vingt  et  un,  c'est  la  communauté  des   hommes  pieux;   dans  dix  ce 

>  Quelques  exemples  donnés  par  M.  C.  laissent  à  désirer  :  Habaqonq,  m,  Isaïe, 
XXV,  1,  et  Ex.,  xvzi,  15,  sont  insignifiants.  Dans  Is.,  lxiii,  3,  le  poète  parle  de  lui  au 
singulier  et  d'Israël  au  pluriel.  Ibid.^  15  i,  le  texte  est  altéré.  Dans  Lam.,  i,  et  Michée 
TU,  le  moi  est  une  femme. 

*  Là  encore  les  exemples  auraient  besoin  d'être  triés»  Ps.  xxvii,  3,  4,  contient  de 
simples  métaphores.  La  résurrection,  Ps,,  xxz,  pourrait  désigner  la  guérison. 


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—  l™^- 


BIBLIOGRAPHIE  127 

sont  les  membres  individuels  de  cette  collectivité  ;  dans  dix-neuf,  c'est 
le  poète  lui-même.  Il  y  a  deux  psaumes  où  Ton  ne  peut  déterminer  qui  a  la 
parole  ^. 

Nous  n'avons  pas  eu  la  patience  de  lire  tout  le  commentaire  des  quatre- 
vingt-douze  psaumes.  Mais  il  nous  semble  que,  dans  sa  classification, 
M.  C»  perd  de  vue  ud  point  de  sa  théorie  qui  est  la  personnification  de  la 
communauté.  La  communauté  est  incamée  dans  un  individu,  non  pas 
abstrait,  mais  concret,  qui  bien  souvent  sans  doute  se  confond  avec  le 
poète.  A  tout  instant  M.  C.  dit  que  c'est  la  communauté  qui  parle  et  il 
omet  le  mot  personnifiée.  L'absence  do  ce  mot  change  complètement  l'as- 
pect de  la  question.  Autre  chose  est  de  faire  parler  une  collectivité,  autre 
chose  de  faire  parler  le  représentant  de  cette  collectivité.  Si  les  idées  géné- 
rales nous  font  penser  i  une  communauté,  ce  n'en  est  pas  moins  un  indi- 
vidu qui,  dans  ce  genre  de  littérature,  chante  et  peut  se  servir  de  termes 
impropres  pour  une  collectivité.  Pour  ma  part  je  n'arrive  pas  à  saisir  la 
différence  entre  le  psaume  m  et  le  psaume  vu  *.  Parce  que  dans  le  premier 
se  trouve  la  phrase  :  c  Je  me  suis  couché,  je  me  suis  endormi ,  Je  me  suis 
réveillé,  car  Dieu  me  soutient  •,  ce  psaume  est  individuel.  Û  faut  au 
poète  une  c  expérience  personnelle  ■  pour  savoir  qu'on  se  réveille  après 
s'être  endormi.  De  tels  arguments  sont  quelque  peu  ridicules.  Il  en  est  de 
même  pour  les  psaumes  iv,  vi,  etc.,  où  M.  C.  découvre  un  caractère  per- 
sonnel. Il  n'y  a  qu'à  se  rappeler  que  celui  qui  parle  personnifie  la  commu- 
nauté, pour  qu'il  puisse  tantôt  s'exprimer  comme "un  individu,  tantôt  comme 
une  collectivité.  Il  est  également  inutile  de  supposer  un  membre  individuel 
de  la  communauté  comme  prenant  la  parole. 

Il  nous  semble  donc  que  M.  C,  oubliant  son  point  de  départ,  est  allé 
parfois  un  peu  à  la  dérive.  Nous  n'en  rendons  pas  moins  hommage  a  son 
travail,  consciencieux  et  méritoire.  —  Maysr  Lambert. 

CoHBN  (M.).  Petite  histoire  des  Israélites  depuis  la  destruction  du  premier 
temple  jusqu'à  nos  jours.  Philippopoli,  impr.  Pardo,  1897  ;  in-32  de 
i94p. 

Pourra  rendre  quelques  se/vices. 

Constant  (le  R.  P.).  Les  Juifs  devant  l'Eglise  et  l'histoire.  Paris,  Gaume» 
1896;  in-8odex+371p. 

CoWLBY  (A.)  et  NstiBAUER  (Ad.)-  Ecclesiasticus  XXXIX,  15,  to  XLIX,  11, 
Iranslated  from  the  hebrew  arranged  in  parallel  columns  with  engl.  revi- 
sed  Version.  Londres,  Frowde,  1897  ;  in-8<>  de  78  p. 
Traduction,  sans  le  texte  hébreu,  revue  et  corrigée. 

Davidson.  The  exil  and  the  restoration.  Londres,  Clark,  1897  ;  in-18 
de  116  p. 

DsDT^GH  (Gotthard).  The  theory  of  oral  tradition.  Cincinnati,  Bloch  [1897]  ; 
ln-8»  de  49  p. 

Dkulapoy  (Marcel)  «  Le  roi  David.  Paris,  Hachette,  1897;  in-16d6  358  p. 

^  L'un  de  ces  psaumes  est  xci.  M.  C.  accepte  pour  les  versets  1-2  la  correction  qui 
consiste  à  mettre  "^niDM  devant  31D^  et  à  changer  n^N  eu  nt)K.  H  nous  paraît 
plus  naturel  de  corriger  nÇ"»  en  nÇ^  plbn''  en  pnbnn  et  n:Q«  en  nfe».  I>e  la 
sorte  on  comprend  les  deuxièmes  personnes  qui  suivent.  Au  verset  9  il  faudrait  lire 
nn73«  ■'^  plutôt  que  [nnîD»]  rtn«  "^S,  qui  serait  trop  long. 

*  En  passant,  il  faut  admirer  la  puissance  de  divination  des  exégètes,  qui  savent 
que  ce  psaume  a  été  composé  à  la  fin  du  règne  d^Artaxerce  Ochus* 


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128  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

DuHM  (B.).  Das  Bach  Hiob.  Fribourg-en-Brisgau,  Mohr,  189Tf  ;  in-8o  de 
XX +71  p. 

DuHM  (B).  Die  Entstehung  des  Alten  Testaments.  Rede.  Fribourg-en- 
BriBgau,  Mohr,  1897  ;  in-8'>  de  31  p. 

Bnoblkbmper  (W.).  De  Saadiae  Gaonis  vita,  bibliorum  vcrsione,  berme- 
neutica.  Gommentatio  theologica.  Munster,  Schôningb,  1897  ;  in-8^  de 
69  p. 

Epstbin  (à.).  Glossen  zu  Gross'  Gallia  Judaica.  Berlin,  Calvary,  1897;  16  p. 
(Tirage  à  part  de  la  Monatsschrifl). 

C'est  jusquMci  la  seule  critique  sérieuse  faite  de  l'ouvrage  capital  que 
notre  Société  s^honore  d'avoir  édité.  Ce  sont  principalement  des  notes,  rec- 
tificatives ou  complémentaires.  ^ 

Fragments  of  the  books  of  Kings  according  to  tbe  translation  of  Aquila  from 
a  ms.  formerly  in  Ihe  Geniza  at  Gairo,  now  in  the  possession  of  G.  Taylor  ' 
and  S.  Schechter,  edited  by  F.  Crawford    Burkitt,   with  a  préface  by 
G.  Taylor.  Gambridge,  University  Press,  1897  ;  in-4®  de  vu  +  34  p.  plus 
6  fac-similés. 

Franco  (H.).  Essai  sur  Phistoire  des  Israélites  de  l'Empire  ottoman.  Paris, 
Durlacher,  1897  ;  in-8<»  de  vi  +  296. 

FriedlIbndbr  (M.).  Das  Judenthum  in  der  vorchristlichen  griechischen  Welt. 
Ein  Beitrag  zur  Entstehungsgeschichte  des  Ghristenthums .  Vienne, 
Breitentstein,  1897  ;  in-8®  de  74  p. 

Gàtt  (G.).  Die  Hûgel  von  Jérusalem.  Neue  Brklftrung  der  Beschreibung 
Jerusalems  bei  Josephus  Bell.  Jud.  V,  41  u.  2.  Fribourg-en-Brisgau,  Herder, 
1897  ;  in.8<»  de  vu  +  66  p.  +  un  plan. 

GA.UTIBR  (Lucien).  Au  delà  du  Jourdain.  Souvenirs  d'une  excursion.  2fi  éd. 
Genève,  Eggimann  [Paris,  Fischbache^,  1896  ;  in-8°  de  141  p. 

Récit,  plein  de  charme,  écrit  dans  une  langue  souple  et  aisée,  d'une 
excursion  faite  à  Sait,  Djérach,  Tancienne.  Gérasa,  Amman,  Tancienne 
Rabbat-Ammon,  la  Philadelphie  de  l'époque  gréco-romaine,  et  Arak  el- 
Amir.  De  nombreuses  vues  photographiques,  très  réussies,  achèvent  de 
donner  à  ce  petit  volume  un  air  attrayant.  M.  Lucien  Gautier,  qui  autre- 
fois a  enrichi  la  littérature  d^une  excellente  traduction  de  la  Perle  précieuse 
de  Gazali,  puis  s'est  tourné  vers  les  problèmes  bibliques,  s'est  voué  en  ces 
derniers  temps  à  Tétude  de  la  géographie  de  la  Palestine.  Il  faut  le  re- 
gretter pour  Tarabisme  et  l'exégèse,  mais  il  faut  s'en  féliciter  pour  la  con- 
naissance de  la  Terre-Sainte. 

GiBSEBREGUT  (F.).  DIc  Berufsbegabung  der  alltestam.  Propheten.'  Got- 
tingue,  Vandenhoeck  et  Ruprecht,  1897;  in-8^  de  188  p. 

Gaabtz.  Histoire  des  Juifs,  trad.  de  Tallemand  par  Moïse  Bloch.  Tome  V,  de 
Tépoque  de  la  Réforme  (1500)  à  1880.  Avec  une  préface  de  M.  Zadoc 
Kahn,  grand-rabbin  de  France.  Paris,  Durlacher,  1897  ;  in-8®  de  vi  -f- 
461  p. 

Grunwald  (M.)-  Ueber  kananaeischen  Volksglauben.  Vortrag.  Francfort, 
impr.  Brônner,  1897  ;  12  p.  (Séparât- Abdruck  aus  Dr.  A.  BrùlVs  «  Popul&r^ 
wissensch.  Monatsbiatter  »). 

Grunwald  (Max).  Spinoza  in  Deutschland.  Berlin,  Calvary,  1897;  ln-8« 
de  880  p. 


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BIBUOGRAPHIB  129 

GûoBMANN  (M.)*  National-Judenlhum.  Vienne,  Breitenstein,  1897  ;  in-S** 
de  43  p. 

Le  judaïsme  est-il  une  religion  ou  une  nationtlité?  Cette  question 
qu'avaient  résolue  les  Juifs  de  France  en  1789  et,  à  leur  suite,  ceux  de 
presque  tous  les  pays,  en  demandant  à  devenir  citoyens  dans  leur  patrie 
d^adoption,  cette  question  est  redevenue  actuelle  depuis  que  les  Sionistes, 
sous  la  pression  de  Tantisémitisme,  déclarent  que  les  Juifs  n'ont  d*espoir 
de  recouvrer  une  véritable  liberté  et  une  égalité  effective  qu'en  formant  de 
nouveau  une  nation.  M.  G.  s^applique  à  montrer  Terreur  d'une  pareille 
théorie. 

Hrrriot  (E.).  Philon  le  Juif.  Essai  sur  l'Ecole  Juive  d*Alexandrie.  Paris, 
Hachette,  1898;  in-8«  de  xix  +  336  p. 

HoMMEL  (Fr.).  Die  altisraelitische  Ueberlieferung  in  inscbriftlicher  Beleuch- 
tuDg.  Ein  Einspruch  gegen  die  Aufslellungen  der  modernen  Pentateuch* 
krilik.  Munich,  Lukaschik,  1897;  inS^  de  xvi  +  356  p. 

Jahres-Berîcht  des  jiid.-lheolog.  Seminars  Fraenkerscher  Stiftung.  Voran 
geht  :  Die  Psychologie  bel  den  jûdischen  Religions-Philosophen  des  Mit- 
telalters  von  Saadia  bis  Maimuni.  Heft  I.  :  Die  Psychologie  Saadias, 
von  S.  Horowilz.  Breslau;  impr.  Schatzky,  1898;  in-8°  de  vi  +  "^5 
+  13  p. 

Jahresbericht  (IV.)  der  israelitiscb-lheologischen  Lehranstalt  in  Wien  fur  das 
Schuljahr  1896-97.  Vorangeht  :  Die  bermeneutische  Analogie  in  der 
talmudischeu  Litteratur,  vom  Rector  Prof.  D'  Adolf  Scbwartz.  Vienne, 
IsraeL-theol.  Lehranstalt,  1897  ;  in-8*»  de  217  p. 

Jahresbericht  (20.)  der  Landes-Rabbinerschule  in  Budapest  fur  das  Schul- 
jahr 1896-97.  Vorangeht  :  Das  mosalsch-talmudische  BesiLzrecbi  von  Prof. 
Moses  Bloch.  Budapest,  1897  ;  in-8^  de  60  +  31  p. 

Jastrow  (Marcus).  The  bistory  and  tbe  future  of  the  talmudic  text.  A  lec- 
ture. Philadelphie,  1897  ;  in-8o  de  29  p.  (Reprinted  from  Gratz  Collège 
Publicaiion  n**  1). 

Jastrow  (Morris  Jr.).  Tbe  weak  and  gemiuative  verbs  in  hebrew  by  Abu 
Zakariyya  Yahya  ibn  Dawud  of  Fez  know  as  Hayyug,  the  arable  text 
now  published  for  the  first  time.  Leyde,  Bull,  1897;  in-8*'  de  lxxxv 
+  291  p. 

Karpelbs  (Gustav).  A  sketch  of  jewisb  bistory.  Philadelphie,  the  Jewish 
publication  Society  of  America,  1897  ;  in-8o  de  109. 

KAYSBRUNa  (M.)*  Ludwig  Philippson.  Eine  Biographie,  mit  Portrftt  und 
Facsimile.  Leipzig,  Mendelssohn,  1898  ;  in-8^  de  344  p. 

Kbrbbr  (G.)-  I^ie  religionsgeschichtliche  Bedeutung  der  hebr.  Bigen- 
namen  des  Alton  Testamentes.  Fribourg-en-Brisgau,  Mohr,  1897  ;  in-8*' 
de  99  p. 

KôMiG  (Fr.-Ed.)*  Hislorisch-comparative  Syntax  der  hebrftischen  Sprache. 
Schlnsstheil  des  historisch-kritischen  Lehrgeb&udes  des  Hebrâischen. 
Leipzig,  Uinrichs,  1897  ;  in-8°  de  ix  +  721  p. 

Laub(L.).  Die  Ebed-Jahwe-Lieder  im  IL  Teil  des  Jesaia,  exegelisch-kri- 
tiach  u.  biblisch-theologisch  untersucbt.  Wittemberg,  Wunschmann , 
1898;in-8ode74  p. 

T.  XXXVI,  «•  71.  0 


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130  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Lehmanm  (Joseph).  Assistance  publique  et  privée  dans  Tanlique  législation 
juive.  Paris,  Durlacher,  1897  ;  in-8®  de  40  p. 

Lehranstalt  (Die)  fur  die  Wissenschaft  des  Judenthums  in  Berlin.  Rûck- 
blick  auf  ihre  ersten  fûn-und-zwanzig  Jahre  (1872-1897).  Berlin,  impr. 
Itzkov7Ski,  1897;  in-é^  de  38  p. 

Lévi  (Israël).  L'Ëcclësiastique  ou  la  Sagesse  de  Jésus,  fila  de  Sira.  Texte 
original  hébreu,  édité,  traduit  et  commenté,  l^^*  partie  (ch.  xxxix,  15,  à 
XLix,  11).  Paris,  Ernest  Leroux,  1898;  in-8®  de  lvii  +  149  p.  (Biblio- 
thèque de  TEcole  des  Hautes-Etudes.  Sciences  religieuses.  Dixième  vo- 
lume, fascicule  premier). 

On  n'attend  pas  de  nous  que  nous  fassions  nous-même  la  critique  de  cet 
ouvrage,  dont  personne,  cependant,  ne  connaît  mieux  que  n^^us  les  points 
faibles.  Nous  désirons  seulement  indiquer  brièvement  l'esprit  dans  lequel 
il  a  été  conçu.  Nous  nous  sommes  proposé  avant  tout  de  contrôler,  et  de 
rectifier  au  besoin,  la  lecture  de  nos  devanciers,  MM.  Cowlej  et  Neubauer, 
puis  M.  Smend.  Nous  nous  sommes  acquitté  de  cette  partie  de  notre  tâche, 
qui  n*a  pas  été  la  moins  pénible,  avec  la  plus  grande  impartialité.  La  lec- 
ture du  ms.  une  fois  établie,  nous  en  avons  discuté  la  valeur,  ne  craignant 
pas,  quand  il  le  fallait,  de  le  corriger.  Pour  cela,  il  fallait  d^abord  se  rendre 
compte  de  la  cause  des  divergences  que  présentent  souvent  les  versions 
grecque  et  syriaque  avec  Toriginarl.  Aussi  avons-nous  consacré  une  place 
importante  à  cet  ordre  de  recherches,  qui  fait  le  principal  intérdt  de  notre 
commentaire.  Dans  l'introduction,  que  nous  avons  réduite  aux  plus  simples 
dimensions,  nous  avons  cherché  à  déterminer  les  résultats  qu'on  peut  tirer 
de  la  découverte  de  l'original  de  cet  apocryphe  fameux.  Nous  espérons 
pouvoir  bientôt  compléter  cette  publication  :  M.  Sehechter  nous  a  écrit 
avoir  envoyé  à  l'impression  les  autres  fragments,  qu'il  a  si  heureusement 
retrouvés. 

On  nous  permettra  d'indiquer  ici  quelques  errata.  P.  28,  au  bas  de  la 
page,  lire  «  sauvent  »  au  Heu  de  «  souvent  ».  —  P.  32,  1  d,  Tpoçi^v,  au 
lieu  de  xpo^/ifiv.  —  P.  32,  2d,  remarquer  que,  Psaumes,  ix,  19,  ÏTTpn  est 
également  rendu  par  les  Septante  par  Oico(tovVi.  ^  P.  36,  ligne  2,  vors.  8, 
mettre  un  crochet  au  commencement  de  la  ligne.  Dans  les  variantes,  trans- 
porter 11  à  la  page  suivante.  Dernière  ligne  !V*Tbnn  au  lieu  41e  sj^b^n. 
—  44,  vers.  23,  mettre  les  deux  points  finaux  après  Ï13S^.  —  104,  22  c, 
lire  [']n]b[rD1  *{p]b[n  •']'»^  "^ttî».  —  23  *,  fermer  le  crochet  à  la  tin.  —  108, 
l'»  ligne,  11133  ^Ssb,  au  lieu  de  11133^  3Db.  —  118,  mettre  entre  cro- 
chète 3bn  Ïlbî3.  — 119,  commentaire,  18,  niST,  au  lieu  de  l'^at-  —  125, 
comm.,  8,  T1*T  de  la  marge,  dans  la  pensée  du  scribe  ou  du  glossateur, 
doit  être  placé  au  commencement  du  verset  :  lïHM  13b  7^3  "l^l*! 
irnZ39.  On  ne  voit  pas,  il  est  vrai,  la  nécessité  de  cette  addition  puisque 
jusque-là  •  David  •  a  été  le  sujet  de  tous  les  verbes.  —  P.  127,  4*  ligne 
avant  la  fin,  15  i,  au  lieu  de  15.  —  P.  133,  manque  la  concordance  avec  la 
numérotation  fautive  du  grec.  ~  P.  lv  (introduction),  ligne  7.  La  phrase 
est  mal  construite.  Lire  :  «  Nous  avons  adopté  également  la  division  des 
chapitres  et  versets  de  cette  édition  (Pritzsche),  qui  sous  ce  rapport  encore 
remporte  sur  celle  de  Swele.  • 

Lippe  (D^  med.  E.)-  Rabbinisch  -  wissenschaftliche  Vortrâge.  Drohobycz, 
impr.  Zupnik,  1897  ;  in-S^  de  112  p. 

Lôw  (Loopold).  Gesammelte  Schriften,  hrsgg.  von  Immanuel  Lôw.  IV.Band. 
Szegedin,  Engel,  1898  ;  in-8»  de  536  p. 

Contient  les  articles  suivants  :  Der  synagogale  Ritus  (Ursprung  der 
Synagogen,  Baust&tten  der  Synagogen,  Architektonische  Normen,  Lage 
der  Synagogue,  Frauenabtheiluog)  ;  —  Brustwehr  und  Gitter  der  Frauen- 


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BIBLIOGRAPHIE  131 

galieriea  ;  -^  Die  Âlmemorfrage  ;  —  Was  lehrt  der  Talmad  ûber  Schta- 
spiel,  Musik  und  Gesang  ;  —  Der  Gesang  in  den  orthodoxen  ungarischen 
Synagogeo  ;  —  Die  Zeit  des  sabbatblichen  MorgeDgottesdieoates  ;  —  Keine 
Religioosprocesse  ;  —  Die  Hora'ah;  —  Was  war,  wis  ist  und  wassoll  der 
Rabbiner  sein;  —  Der  Titel  Rabbi  und  Rabbin;  —  Die  Amtstracbt  der 
Rabbiner;  —  Die  Fusion  der  deutscben  u.  sefardiscben  Ritus  in  Paris  ; 
—  Eabbalistich-iituriisiscbe  Reformen;  —  Fahren  am  Sabbat;  —  Send- 
scbreiben  an  Joseph  Szekacs,  Prediger  der  evang.  Gemeinde  za  Pest;  — 
Znr  Ëmancipationsfrage  ;  »  Schicksale  u.  Bestrebungen  der  Juden  in  Un- 
garn;  —  Zur  Grescbichte  der  uogarischen  Sabbatthaer;  —  Die  Orthodoxie 
u.  das  Rabbiner-Seminar;  —  Die  ungarischen  Municipien  a.  die  Juden  ;  — 
Reaction  u.  Emancipation  ;  —  Die  ungarischen  Juden  vor  dem  Forum  der 
ungarischen  Akademie;  —  Brennende  Fragen  des  jûd.  Sohulwesens;  — 
Frankfurt  u.  Ofen-Pest  ;  —  Die  Denksobrift  der  Orthodoxie. 

LôwENSTBiN  (L.).  Beitrftge  zur  Geschichte  der  Juden  in  Deutschland.  II. 
Nathanael  Weil,  Oberlandrabbiner  in  Karlsruhe  u.  seine  Familie.  Franc- 
fort, J.  Kauffmann,  1898  ;  in-8^  de  85  p. 

LdwBNSTBiN  (D'  med.  Ludwig).  Die  Beschneidung  im  Lichte  der  heutigen 
medicinischen  Wissenschaft,  mit  Berûcksichligung  ihrer  geschichtl.  u. 
unler  Wûrdigung  ihrer  religiôsen  Bedeutung.  Trfeves,  Stephanu»,  1897  ; 
in-8^  de  75  p.  (Sonderabdruck  aus  dem  Archiv  filr  klinische  Chirurgie 
Bd.  54.,  H.  4.) 

Mamdelkern  (Salomon).  Veleris  Testamenti  Goncordantiae  hebraicae  atque 
chaldaicae  quibus  continenlur  cuncta  quae  in  prioribus  concordantiis 
reperinntur  vocabula  lacunis  omnibus  expletis,  particulae,  pronomina, 
nomina  propria  separatim  commemorata.  Leipzig,  Veit  [1897]  ;  in-8^  de 
VIII  +  1011  p. 

La  concordance  de  M.  Mandelkern  dont  nous  avons  déjà  yanté  les  mérites 
divers  {Retue^  XXX.U,  p.  288)  avait  deux  inconvénients  inévitables  :  elle  est 
peu  maniable  en  raison  de  son  volume  et  n'est  pas  à  la  portée  de  chacun  en 
raison  de  sa  cherté.  M.  M.  a  tourné  la  difficulté  en  composant  cette  nouvelle 
concordance^  d*un  format  manuel  et  de  prix  abordable.  Il  donne  exactement 
tout  ce  qui  se  trouve  dans  Painée,  mais,  au  lieu  de  citer  en  entier  les  phrases 
où  entre  la  forme  du  mot  dont  il  est  traité,  il  se  contente  de  renvoyer  au  texte 
de  la  Bible.  Ainsi  !1K.  !U(b,  ^6^3,  etc.  ont  chacun  leur  rubrique,  mais  au 

T  T   I  T    t 

lieu  d*6tre  encadrés  dans  les  phrases  où  ils  figurent,  ils  sont  simplement 
suivis  de  la  mention  :  Gkn.,  44, 19,20,  etc.  Or,  le  plus  souvent  ces  indications 
suffisent  pour  les  recherches.  —  Pourquoi  M.  M.  a-t-il  renoncé  an  système 
de  pagination,  conforme  aux  habitudes  sémitiques,  qu'il  avait  suivi  dans 
Tautre  concordance  ?  La  correction  laisse  à  désirer,  ainsi  nous  relevons  au 
hasard,  p.  231,  Prov.  11,  18,  au  lieu  de  11,  8  ;  p.  535,  Ps.  42,  22,  au  lieu 
44,  22.  Par  contre,  il  faut  féliciter  Tauteur  d^une  innovation  très  heureuse  : 
il  a  mis  en  italiques  les  renvois  aux  versets  de  tout  point  semblables  à 
d'autres  déjà  citée. 

Mabti  (K.).  Geschichte  der  israelitischen  Religion.  3.  verbess.  Auflage  von 
August  Kayser's  Théologie  des  Alten  Testaments.  Strasbourg,  Bull,  1897  ; 
in-8<*  de  xii  +  830  p. 

Mémajn  (L*abbé),  Notice  sur  le  calendrier  pascal  des  juifs  et  des  chrétiens 
depuis  Moïse  jusqu*à  nos  jours.  Paris,  librairie  de  rœuvre  de  Saint-Paul, 
1896  ;  in-8<>  de  vu  +  99  p. 

MoiisNEs  (Bmile  de).  Torquemada  et  Tinquisition.  La  jurisprudence  du 
Saint-OMce,  Tenfant  de  la  Quardia,  le  cœur  et  l'hostie,  sortilèges  et 


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132  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

vëDëfices,  sentences  et  autodafés,  Texpulsion  des  Juifs,  les  procès  à  la 

mort.  Paris,  ChamUel,  1897  ;  in-18  de  236  p. 

L'auteur  analyse  ou  reproduit  en  français  les  documents  relatifs  à  l'affaire 
du  Saint  enfant  de  la  Quardia,  documents  que  le  R.  P.  Fidel  Fita  a  publiés 
en  partie  dans  ses  Sstudios  htstorieoSy  t.  Vil,  Madrid,  1887.  M.  de  M.  pré- 
tend que  «  c'est  dans  Tintimité,  malheureusement  trop  étroite  et  peu  commu- 
nicative,  des  saTants  espagnols  qu'est  restée  depuis  cette  découverte  (du 
P.  Fidel  Fita),  sur  l'importance  de  laquelle  il  est  inutile  d'insister  »  (p.  6).  Il 
ignore  que  ce  sujet  a  été  traité  en  France  par  Isidore  Loeb  (^Eevue^  t.  XV, 
p.  203  et  suiv.)  et  par  M.  Samuel  Berger  (Le  T^noignage,  8  oct.  1887). 
L'étude  de  M.  de  M.  n^a  pas  le  caractère  rigoureusement  scientifique  de  ces 
deux  travaux,  mais  elle  se  lit  avec  intérêt. 

MoMiOLiANO  (Felice).  Migliorismo  o  pessimismo  ebraico.  Milan,  bureau  de 
la  Gritica  Sociale,  1897  ;  in-S^  de  20  p.  (Extrait  de  la  Critica  Sociale}. 

MouLTON  (G.).  The  modem  readers  Bible.  Jeremia.  Londres.  Macmillan, 
1897  ;  ia-16  de  254  p. 

MouLTON  (W.  F.)  et  Gbdbn  (A.  S.).  A  concordance  to  the  Greek  Testa- 
ment, according  to  the  texts  of  Wescott  and  Hort,  Tischendorf  and  the 
English  Revisers.  Edimbourg,  Clark,  1897  ;  in-4<*  de  1037  p. 

NiKiTiTSCH  (Iwan).  Das  LichtdesEvangeliums.  Ein  Commentar  zum  Neuen- 
Testament  fur  Christen  u.  Israeliten.  Charlottenburg  [Beriin,  Albert 
Katz],  1695  ;  in-80  de  328  p. 

Obstbbrbighbb  (J.).  Beitr&ge  zur  Geschichte  dor  jildisch-franzdslschen 
Sprache  und  Literatur  im  Miltelalter.  Czemowitz,  Pardini,  1896  ;  in-8* 
de  32  p. 

Pavly  (Jean  de).  Ï1JT  ÎTIT»  yny  inbtt)  Rituel  du  judaïsme,  traduit  pour 
la  première  fois  sur  Toriginal  chaldôo-rabbinique  et  accompagné  de  notes 
et  remarques  de  tous  les  commentateurs.  Orléans,  Herluison,  1897  ;  in-8® 
de  V  +  p.  1-32. 

Pfbifpbr  (R.).  Die  Religiôs-sittliche  Weltanschauung  des  Bûches  der  Sprû- 
che.  Munich,  Beck,  1897  ;  in-8<*  de  264  p. 

[Plbssnbr  (Salomon)].  Biblisches  n.  Rabbinisches  ans  Salomon  Plessner's 
Nachlass,  hrsgg.  von  Elias  Plessner.  Francfort,  J.  Kaufifmann,  1897  ;  in-8^ 
de  74  +  88  p. 

Proceedings  of  the  first  Conyention  of  the  National  Council  of  jewish  wo- 
men  hold  at  New- York,  nov.  15,  16,  17,  18  and  19  1896.  Philadelphie, 
the  jewish  ublication  Society  of  America,  1897  ;  in-8®  de  426  p. 

Program  of  the  hebrew  Union  Collège,  1897-1898.  The  philosophy  of 
jewish  history  bj  Prof.  G.  Deutsch.  Cincinnati  [1897]  ;  in-8^  de  140  p. 

Publications  of  the  amerioan  jewish  historical  Society.  N®  5.  [Washington], 
1897  ;  in-S»  de  234  p. 

Contient  les  articles  suivants  :  Morris  Jastrow,  Jr.,  Documents  relating  to 
the  career  of  colonel  Isaak  Franks  ;  «  John  Samuel,  Some  cases  in  Pennsyl- 
vanie wherein  rights  claimed  by  Jews  are  affected  ;  —  Henri  Cohen,  Henry 
Castro,  pioneer  and  colonist;  —  Herbert  Friedenwald,  Matériel  for  the  his- 
tory of  the  Jews  in  the  British  West  Indies  ;  —  Hollander,  Naturalisation 
of  Jews  in  the  American  Colonies  under  the  act  of  1740;  — >  George  Alezan- 
der  Kohut,  Who  was  the  first  Rabbi  of  Surinam?  —  M.  Kaytarling,  laaae 


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BIBU06RAPH1E  133 

Aboab,  the  fîrst  jewish  author  in  America;  —  Max  J.  Kohler,  The  Jews  and 
the  americao  anii-slaYery  movemeot;  —  Abraham  S.  Wolf  Rosenbach, 
Docnments  relative  to  Major  David  S.  Franka  wbile  aid-de-camp  to  gênerai 
Arnold  ;  —  du  môme,  Notes  on  the  first  settlement  of  Jews  in  Pennsylvania, 
1653-1703. 

Publications  of  the  American  jewish  historical  Society.  N^  6.  [Baltimore, 
impr.  Friedenwald],  1897  ;  in-S®  de  xi  +  180  p. 

Contient  :  M.  Kayserling,  A  mémorial  sent  by  Grerman  Jews  to  the  pré- 
sident of  the  Continental  Congress;  —  J.  H.  Hollander,  Documents  rela- 
ting  to  the  attempted  departure  of  the  Jews  from  Surinam  in  1675;  —  Henry 
Cohen^  A  modem  Maccabean;  —  Gratz  Mordecai,  Notice  of  Jacob  Morde- 
cal^  founder  and  proprietor  from  1809  to  1818  of  the  Warrenton  Female  Se- 
minary  ;  —  Herbert  Friedenwald,  Some  newspaper  advertisements  of  the 
eighteenth  Century;  —  Max  J.  Kohler,  The  Jews  in  Newport;  —  Civil 
statuts  of  the  Jews  in  colonial  New  York;  ~>  G.  A.  Kohut,  The  oldest  tomb- 
stona-inscriptions  of  Philadelphia  and  Richmond  ;  —  A  literary  autobio- 
graphy  of  Mordecai  Manuel  Noah  ;  —  Taylor  Phillips,  The  congrégation 
Shearith  Israël  ;  —  David  Sulzberger,  Growth  of  Jewish  population  in  the 
United  States. 

Publications  of  the  Gratz  Collège.  I.  Philadelphie,  1897  ;  in-8o  do 
IX  +  204  p. 

Contient  :  Sabato  Morais,  Italien  Jewish  literature;  -~  Marcus  Jastrow, 
The  history  and  the  future  of  the  tezt  of  theTalmud  ;  —  Aaron  Friedenwald, 
Jewish  physiciens  and  the  contributions  of  the  Jews  to  the  science  of  medi- 
cine  ;  —  K.  Kohler,  The  Psahns  and  their  place  in  the  liturgy. 

Rabbi  Issà*ghâr  Bàer.  Commentaire  sur  le  Cantique  des  Cantiques,  traduit 
pour  la  première  fois  de  Thëbreu  et  précëdô  d'une  introduction.  Paris, 
Chamuel,  1897  ;  in-8®  de  54  p. 

Inutile  de  dire  que  le  traducteur  est  un  fervent  adepte  des  sciences  oc- 
cultes. Il  fallait  une  foi  mystique  pour  découvrir  dans  ce  commentaire  insi- 
pide et  sans  la  moindre  originalité  des  beautés  cachées  aux  simples  mortels. 
Les  contre-sens,  comme  toujours,  n'ont  pas  peu  servi  à  ces  admirables  trou- 
vailles. 

Rbinagh  (Joseph).  Raphaël  Lévy.  Une  erreur  judiciaire  sous  Louis  XIV. 
Paris,  Delagrave,  1898  ;  in-8'>  de  205  p. 

Ce  récit  d*un  drame  célèbre  dans  l'histoire  juive  est  un  modèle  du  genre 
et  l'on  ne  sait  ce  qu^on  doit  louer  le  plus  de  la  clarté  dans  Texpo^ition,  de 
la  rigueur  dans  le  raisonnement,  de  la  précision  dans  Pinformation  ou  de 
la  fermeté  et  du  charme  du  style.  Pourquoi  M.  Joseph  Reinach,  que  les 
circonstances  ont  par  hasard  amené  à  traiter  ce  sujet,  n*appliquerait-il  pas 
les  rares  qualités  d'historien  et  de  littérateur  qui  le  distinguent  à  l'étude 
du  passé  du  judaïsme?  Ce  qui  manque  généralement  aux  savants  qui  se 
vouent  à  ces  recherches,  ce  sont  les  connaissances  générales,  sans  lesquelles 
Terreur  est  presque  forcée,  et  le  talent  d'écrivain,  sans  lequel  leurs  travaux 
sont  condamnés  à  l'obscurité  et,  par  conséquent,  frappés  de  stérilité. 

RÉVILLE  (Albert).  J^sus  de  Nazareth.  Etudes  critiques  sur  les  antécédents  de 
l'histoire  évangélique  et  de  la  vie  de  Je'sus,  2  vol.  Paris,  Fischbacher, 
1897  ;  in-80  de  x  -f"  500  +  524  p. 

RODKiNSOK  (Michael  L.)  New  édition  of  the  Babylonian  Talmud,  original 
text,  edited, .  corrected^  formulated  and  translatod  into  english.  Section 
Moed,  Tracts  Shekalim  and  Rosh  Hashana.  Volume  IV.  New- York,  New- 
Talmud  publishing  Company  (sic),  [1897]  ;  in-8<>  de  xviii  -j"  36  -f-  p.  xix- 
XXVIII +20  p. 


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t: 


134  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Rot  (H.)*  Die  Volksgemeinde  u.  die  Gemeinde  der  Frommen  im  Psalter. 
Gnadenfeld,  libr.  de  rUniversité,  1897  ;  in-S»  de  80  p.  (Jahresberiobt 
des  theolog.  Seminariums  der  Brûdei^gemeinde  in  Gnadenfeld,  189G/97). 

RuGKBBT  (K.)«  Die  Lage  des  Berges  Sion.  Avec  un  plan.  Fribourg  en 
Briigau,  Herder,  1898  ;  in-8«  de  vu  + 104  p. 

SA.CBRDOTB  (Gustavo).  Catalogo  dei  codici  ebraici  délia  Biblioteca  Casa- 
natense.  Florence,  slabilimenlo  tipografico  fioreutino,  1897;  in-8*  de 
189  p. 

Quelques  addilions  et  corrections  seulement.  ^dcb)DKp*T  J^U)1ÎTt  Pro- 
priétaire du  Rituel  avignonais,  n*  95,  est  Josué  de  Caslar  (=  Caylar),  au- 
teur de  poésies  synagogales  qui,  d'après  Zudz,  a  vécu  peu  après  1540  et 
dont  le  nom  figure  dans  un  document  français  de  Tannée  1558,  sous  la  déno- 
mination Josué  du  Cayslar  (voir  Gross,  Q allia  Judaiea^  p.  621).  —  SIDV 
)1lDKC3nip^»  propriétaire  d'un  ms.  analogue,  n»  96,  est  Joseph  de  Cour- 
thezon,  dans  le  Vaucluse.  Ce  nom  était  déjà  ainsi  orthographié  au  xiii* 
siècle  {ibid.^  p.  574).  —  Le  n°  98  porte,  eutre  autres,  les  noms  de  C|0*)^ 
V)filï3Kb*T  et  de  3fi^^b'^)aT  blDlbs^,  ce  sont  ceux  de  Joseph  de  Lattes  et 
de  Dieulosdl  de  Milhaud.  Ces  noms  figurent  aussi  dans  an  document  de 
1583  (ibid,^  p.  610).  Disons,  à  ce  propos,  que  le  nom  de  Bizous,  qui  se 
trouve  parmi  les  signatures  de  cette  pièce,  et  qui  s'écrit  de  différentes 
façons,  désigne  sûrement  Métiers.  Dans  un  ms.  de  Porcalquier,  de  1320-1, 
appartenant  à  un  marchand  chrétien  de  cette  ville  et  renfermant  des  notes 
écrites  par  ses  clients  juifs,  TéioiTe  connue  sous  le  nom  d'éearkue  de  Béziert 
est  rendue  en  héhreu  par  «  écarlate  de  Bizès  >.  La  question  soulevée  par 
M.  Gross  (p.  97)  est  donc  tranchée  aujourd'hui.  Ainsi  doit  se  comprendre 
le  mot  Bezes  qui  revient  si  souvent  dans  les  listes  des  Juifs  de  Carpentras 
au  XVI»  siècle  (Bê9Uê,  Xil,  199  et  suiv.).  —  nû:^  miïT»  et  t|OV 
^K3lbra36<D*T)  qui  figurent  dans  la  môme  suscription  datée  du  8  nissvu 
585  (sB  1585),  sont  Joseph  ben  Halafta  de  Pampelune  et  Juda  ben  David 
Atar,  rabbins  qui  ont  signé  un  document  daté  d'Avignon  1577  et  un  autre 
de  1583.  Mais  que  signifient  nS3lb  avant  le  nom  de  t|OV  et  fit^DSms  après 
celui  de  ^£33^?  —  Le  mahtor  avignonais  va*  99,  porte  les  noms  de  Joseph, 
Léon,  Jacob  et  Samuel  Rouget.  Léon  Rouget  a  sigué  le  même  document 
de  1577.  —  CS'^'^AIsbM'T  prDt^,  dont  le  nom  se  lit  sur  un  autre  ms.  avigno- 
nais, n'est  pas  isaac  Poggetto,  mais  Delpuget,  nom  très  répandu  dans  le 
Comtat.  11*TJ^D^t  qui  >e  Ht  dans  le  mÔme  passage,  a-t-il  été  bien  lu  ?  J'en 
doute  fort.  —  Dans  le  maktor^  n*  105,  il  est  question  de  trois  kattanim^ 
Lunel  le  petit,  Joseph  FarisoL  et  Baruch  Naquet  (CS^pS),  qui  allèrent,  revê- 
tus de  leur  talit,  en  1533,  avec  la  femme  de  nfi^^3H  (n'est-ce  pas  pfiTS^S 
=  Boniac,  ou  est-ce  Bonet?)  devant  le  rot  et  la  reine  qui  se  tenaient 
llbns  (à  la  fenêtre?)  de  Dona  Blanche.  —  La  signature  du  Rituel  avi- 
gnonais, n»  107,  y"^  TT»^att5''tt5bi  nû  ûiD  -j'Ts's'a  min*»   ■•a» 

nfcOb'»atn)3  «)■»«  ■•bKXa'^aTïS  doit  se  transcrire  :  Moi,  Juda,  fils  de  Schem 
Tob  de  Sisteron,  le  Provençal,  de  Marseille.  On  trouve  plusieurs  per- 
sonnes qui  s^appelaient  aussi  Provençal  de  Marseille  (Gross,   ibid.,  383). 

Ainsi  se  confirme  l'hypothèse  de  M.  Gross  à  propos  de  *1'^C3V)lDbfin*  

N<*  117,  les  ConsulUtions  de  Jacob  V)nifi^173  sont  celles  de  Jacob  de 
Marvège  et  non  de  Viviers,  —  Pourquoi  appeler  le  Pirké  R.  EUézer 
Û'^piD  de  Eliézer  b.  Uyrcanos  et  pourquoi  en  faire  uu  ouvrsge  hieto» 
ri^ue  et  mystique?  Pourquoi  enfin  des  titres  comme  celui-ci  :  Nehonia 
ben  ha  qanah  *l'«rtan  'O  '^  A  qui  sont  destinées  des  indications  de  ce 
genre?  Aux  profanes?  —  elles  les  tromperont.  Aux  savants?  —  ils  sou- 
riront. 

SA.LEifjLNN  (C).  Judaeo-Persica,  nach  St.  Petersburger  Handschriften  mit- 
geteilt.  I.  Chudâidât.  Ein  jiidisch-buchâr.  Gedicbt.  Saint-Pëtersbourg, 


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BIBLIOGRAPHIE  135 

Woss,  189*7  ;  in-4-  de  viii  +  56  (Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  im- 
périale des  sciences  de  Saint-Pétersbourg). 

SiLFBLD  (Siegmund).  Das  Marlyrologium  des  Nùrnberger  Memorbuches. 
Berlin,  Simion,  1898  ;  in-8*  de  xxxix  +  520  p.  {Quellen  zur  Geschicble 
der  Juden  in  Deutschland). 

Nous  nous  contentons  d'annoncer  aujourd'hui  cette  importante  publication, 
que  nous  venons  seulement  de  recevoir. 

ScHiLLiKG  (D.)-  Methodus  practica  discendi  ac  docendi  linguam  bebraicam, 
accedit  antbologia  cum  Yocabulario.  Paris  et  Lyon,  Delbomme  et  Briguet, 
1897  ;  in-80  de  xii  +  182  p. 

SCHLATTBR  (A.)  Das  neu  gefundene  bebrâiscbe  Stûck  des  Siracb.  Der  Gloâ- 
sator  des  griecb.  Siracb  u.  seine  Stellung  in  der  Gescbicbte  der  jûd. 
Théologie.  Giiterslob,  Bertelsmann,  1897  ;  in-8®  de  vu  +  191  p.  (Boi- 
trôge  zup  Fôrderung  cbrisllicher  Théologie,  1897). 

Scbulcban  Aruch.  I.  Tbeil.  Oracb  Cbajlm  in  deutseber  Uebersetzung,  von 
Pb.  Lederer.  Francfort,  Kauffmann,  1897  ;  in- 8^  de  106  p. 

Sellin  (Ernst).  Beitrftge  zur  israelit.  u.  jûd.  Religionsgescbicbte.  2.  Hefl  : 
Israels  Giiter  u.  Idéale.  I.  Hdlfte.  Leipzig,  Deicbert,  1897  ;  in-8^  de 
VIII  +  314  p. 

Simon  (Max)  et  Cohbn  (L.)«  Un  nouveau  Mapbtëacb.  Clef  pour  identifier 
facilement  les  dates  juives  et  chrétiennes  et  pour  calculer  la  férié  (jour 
hebdomadaire)  d*une  date  quelconque  pour  les  années  4105  —  5760 
A.  M.  =  345  —  2000  A.  Chr.,  avec  un  tableau  des  përicopes  pour  tous 
les  sabbats  de  Tannde.  Berlin,  Poppelauer,  1897;  in-4^  de  40  p. 

Nous  ne  savons  pas  d'après  quel  principe  ont  été  construits  ces  tableaux; 
en  tous  cas,  il  faut  reconnaître  qu^ils  sont  très  pratiques  ;  aucun  calcul  com- 
pliqué à  faire.  Ainsi,  supposons  qu'on  veuille  déterminer  la  concordance  du 
10  kislev  5621  avec  le  calendrier  chrétien.  Sur  une  liste  des  années  juives  se 
lisent,  en  face  de  5621,  les  chiffres  suivants  :  17,  1860,  12.  17  signifie  que 
Tannée  commence  le  17  septembre,  1860  =  Tannée  chrétienne,  et  12  ren- 
voie à  la  colonne  des  calendriers.  A  la  colonne  12,  on  voit  que  le  1*'  kislev 
correspond  au  15  novembre;  15  +  9  :==  24,  soit  le  24  novembre  (1860). 
Inversement,  pour  convertir  le  24  novembre  1860  en  date  juive  correspon- 
dante, on  consultera  la  colonne  12  du  calendrier,  on  trouvera  que  le  1*'  no- 
vembre =  16  heswan.  Reste  à  savoir  si  heswan  a  vingt-neuf  ou  trente 
jours  :  un  signe  placé  en  haut  de  la  colonne  indique  que  Tannée  est  défec- 
tueuse et,  par  conséquent,  que  heswan  n^a  que  vingt-neuf  jours.  Donc  le 
24  novembre  =  10  kislev. 

Smrnd  (R.).  Das  bebr.  Fragment  der  Weisheit  des  Jésus  Siracb.  Berlin, 
Weidmann,  1897  ;  ïn-4^  de  34  p.  (Abbandl.  d.  k.  Gesells.  d.  Wissenscb. 
zu  Gdltingen.  2.  Bd.  Nr.  2.). 

Nous  avons  d<^jà  signalé  l'apparition  de  cette  édition  des  fragments  hé- 
breux de  l'Ecclésiastique  (Betue,  XXXV,  46].  Nous  rendons  volontiers 
hommage  au  soin  avec  lequel  M.  Smend  a  examiné  le  ms.,  mais  nous  de- 
vons dire  qu'avec  la  meilleure  volonté  du  monde,  il  nous  a  été  impossible  de 
découvrir  sur  l'original  le  plus  ^rand  nombre  des  gloses  ou  restants  de 
traits  qui,  à  en  croire  ce  savant,  auraient  échappé  à  Taltention  de 
MM.  Cowley  et  Neubauer.  M.  S.  a  certainement  rectifié  heureusement  plu- 
sieurs passages  que  les  premiers  éditeurs  avaient  mal  déchiffrés  ;  que  ne 
s'est-il  borné  à  consigner  seulement  les  lectures  incontestables  ! 


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136  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Stbimsghnbidbr  (m.)*  Vorlesungen  ûber  die  Eunde  hebraischer  Hand- 
schriften,  deren  SammluDgen  a.  Verzeichnisse.  Leipzig,  Harraisowitz, 
1897.  in-8<»dex+110p. 

Vbnbtianer  (L.)-  Die  Eleasinischen  Mjsterien  im  jerusalemischen  Tempel. 
Francfort,  impp.  BrOnner,  1897  ;  in-8*  de  18  p.  (Tirage  à  pari  des  Popu- 
lar-wissenchafll.  Monatsbl&Uer  deA.  Brûll). 

Vbrnbs  (Maurice).  De  la  place  faite  aux  légendes  locales  par  les  lirres 
historiques  de  la  Bible.  Paris,  impr.  nationale,  1897  ;  iu-8^  84  p.  (Rap- 
port annuel  de  TEcole  pratique  des  Hautes-Etudes,  section  des  sciences 
religieuses). 

Vettbr  (p.).  Die  Metrik  des  Bûches  Job.  Fribourg  en  Brisgau,  Herder, 
1897  ;  in-8^  de  x  -f  82  p.  (Biblische  Studien,  hrsgg.  Ton  Bardenhewer, 
2.  Bd.,  4.  Heft). 

VOLZ  (P.).  Die  Torexilische  Jahweprophetie  u.  der  Messias  in  ihrem  Ver* 
hftltniss  dargestellt.  Qottingue,  Yandenhoeck  et  Ruprecht,  1897  ;  in-8^ 
de  viïi  +  Ô3p. 

WoLP  (B.)«  Die  Geschichte  des  Prophelen  Jona,  nach  einer  karschun. 
Hds.  der  k.  Bibliothek  zu  Berlin.  Berlin,  Poppelauer,  1897  ;  in*8<^  de 
54  + XIV  p. 


3.  Périodiques, 

The  Amerlean  Jonrn»!    of   senittle    langaages    and    llteratores. 

(Chicago,  trimestriel).  14»  vol.  =  =  N«»  2,  janvier  1898.  A.  R.  R.  Hut- 
ton  :  Hebrew  tenses.  — W.  HajsWard  :  Bel  andthe  Dragon  (dansPico- 
nographieassyro- babylonienne).  — C.  Levias  :  A  grammar  of  tho  aramaic 
idiom  contained  in  the  babylonian  Talmud. 

The  Jewish  qnarlerly  RevIew  (Londres).  Tome  IX,  1897.  ==  N®  36, 
juillet.W.  Bâcher:  The  hebrew  text  of  Ecclesiasticus  (voir  Revue,  XXXV, 
87).  —  Ad.  Neubauer  et  Gowley  :  The  word  CJ'^bnn  in  Eccl.  xliv,  17, 
and  Prof.  Smend's  emendations  (MM.  N.  et  G.  nous  paraissent  avoir  le 
plus  souvent  raison  contre  M.  S.;  peut- être  môme  lui  font- ils  trop  de 
concessions).  —  G.  Buchanan  Gray  :  A  note  on  the  text  and  interpré- 
tation of  Ecclus.,  XLi,  19  (le  mot  Dnp»  serait  déjà  employa  dans  TEcclé- 
siasttque  comme  synonyme  de  «  Dieu  »,  conjecture  inadmissible).  —  T. 
K.  Cheyne  :  The  text  of  Job.  —  F.  C.  Conybeare  :  Christian  demonology 
(stUie).  —  Moritz  Steinschneidcr  :  An  introduction  to  tho  arable  lite- 
ratur  of  the  Jews  (suHe,  n**  37).  —  Morris  Joseph  :  Jewish  religions  édu- 
cation. —  B.  N.  Adler  :  An  elcventh  century  introduction  to  the  hebrew 
Bible.  — The  installation  of  the  egyptian  Nagid.  —  A.  Neubauer  :  Note 
on  the  egyptian  Megillah.  —  Critical  notices.  ==Tome  X.  ==  N^  37, 
octobre.  S.  Schechter  :  The  labbinical  conception  of  holincss.  —  T.  K. 
Cheyne  :  On  some  suspected  passages  in  the  poetical  books  of  the  Old 
Testament.  —  R.  M.  Wenley  :  Judaism  and  philosophy  of  religion.  — 
I.  Abrahams  :  Some  egyptian  fragments  of  the  Passover  Hagada.  — 
David  Philipson  :  Tho  progress  of  the  jewish  reform  movement  in  the 
United  States.  —  H.  Hlrschfeld  :  Historical  and  legendary  controversies 
between  Mohammed  and  the  Rabbis.  —  D.  Kaufmann  :  A  hitherto  un- 


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B1BU06RÂPHIE  437 

known  messianic  movcment  among  the  Jcws,  particulary  those  of  Qer- 
many  and  Ihe  Byzantine  empire.  —  Samuel  Poznanski  :  Ben  Meir  and 
ihe  origin  of  Ihe  jewish  calendar.  —  D.  Kaufmann  :  The  egyplian  Nagid. 

—  S.  J.  Halberstam  :  Notes  to  J.  Q.  R..  IX,  p.  669-721.  —  W.  Bâcher  : 
~  Statements  of  a  conlemporary  of  the  emperor  Julian  on  the  rebuilding  of 

the  temple.  —  Thomas  Tyler  :  Two  notes  on  the  «  Song  of  Deborah  ». 

—  Ludwig  Blau  :  The  pope,  the  father  of  jewish  approbations.  —  David 
Farbstein  :  On  the  study  of  jewish  Law.  —  G.  Buchanan  Gray  :  Gritical 
remarks  on  Pss.  lvii  et  lis.  —  T.  K.  Cheyne  :  Grfttz's  corrections  of  the 
text  of  Job.  —  Gritical  notices.  ==^0  33^  janvier  1898.  S.  Schechter  : 
Genizah  spécimens  :  Ecclesiasticus  (eh.  xlix,  11  —  l,  22).  —  F.  C. 
Burkitt  :  Âquila.  —  Joseph  Jacobs  :  The  typical  characler  of  anglo-jewish 
history.  —  Samuel  Poznanski  :  The  anti-karaite  writings  of  Saadiah 
Gaon.  —  Leopold  Cohn  :  On  apocryphal  work  ascribed  to  Philo  of 
Alezandria.  —  O.  J.  Simon  :  The  Progress  of  religious  Ihought  during 
the  Victorian  reign.  —  Samuel  Krauss  :  The  great  Synod.  —  Eb.  Nestlé  : 
A  hebrew  epilaph  from  Ulm.  —  Thomas  Tyler  :  Notes  on  Deuter., 
XXXII,  42.  —  D.  Kaufmann  :  Notes  to  the  egyptian  fragments  of  the  Hag- 
gada.  —  Bâcher  :  Notes  to  the  J.  Q.  R.,  IX,  p.  666  sqq.,  X,  p.  2-102.  -— 
D.  Kaufmann  :  Tho  ûrst  approbation  of  hebrew  books. 

JoHFBal  Asiatique  (Paris,  bimestriel).  9«  sërie,  tome  IX.  —  =  N®  2, 
mars-avril  1897.  J.  Halévy  :  La  prétendue  absence  de  la  tribu  de  Siméon 
dans  la  bénédiction  de  Moïse.  =:=  Tome  X.  =  :=  N®  1,  juillet-août. 
M.  Karppe :  Mélanges  assyriologiques  et  bibliques.  =====  N''  8,  novembre- 
décembre.  M.  Schwab  :  Transcription  de  mots  grecs  et  latins  en  hébreu 
aux  premiers  siècles  de  J.-C 

■oiuiiaschriri  t&r  Gesehlehte  and  l/Vissenschaft    die^   JadenlhaniA. 

41* année,  1897.==N°7,  avril.  M.  Ginsburger  :  Zum  Fragmenlenthargum 
{fin,  n9  8).  —  A.  Epstein  :  Schemaja,  der  Schûler  u.  Secret arRaschi*s  (fin), 

—  Horowitz  :  Zur  Textkritik  des  Kusari  (fin).  —  M.  Steinschneider  :  Mis- 
cellen  39  u.  40.  —  Gustaf  Dalman  :  Aramâische  Dialektproben.=:=  N**  8, 
mai.  D.  Kaufïnann  :  Das  Wort  tl'^bnn  boi  Jesu8  Sirach.  —  W.  Bâcher:  Eine 
sûdarabische  Midraschcompilation  zu  Esther.  —  M.  Griinwald  :  Hand- 
schriflliches  aus  der  Hamburger  Stadlbibliotek  (fin,  n*>  12).  —  D.  Kauf- 
mann :  Zu  Jacob  Emdens  Selbstbiographie  [fin,  n°  9).  —  Jos.  Cohn  : 
Elnige  SchriftstCicke  aus  dem  Nachlasse  Aron  WolfBSohns.  =  ^  N®  9, 
juin.  Feuchtwang  :  Assyriologische  Studien  {suUe,  n°  13).  —  M.  LÔwy  : 
Messiaszeit  u.  zukûnftige  Well.  —  Aus  einem  Briefe  Elkan  N.  Adler's. 
=  =  N*  10,  juillet.  Lcop.  Treitel  :  Die  Septuaginta  zu  Hosea.  —  H.  Dal- 
man :  Die  Handschrift  zum  Jonathantargum  des  Pentateuch,  Add.  27031 
des  Britischen  Muséum.  —  S.  Poznanski  :  Eln  Wort  ûber  das  ^^912 
•^^M^T. —  D.  Kaufmann  :  Zur  Biographie  Maimûni's.  —  A.  Epstein  : 
Glossen  zu  Gross*  GalUa  Judaica.  —  A  Ehrlich  :  Dlb'^DN,  l'ib'^DN.  =  = 
N^'ll,  août.  Adolf  Bûchler  :  Das  Sendschreiben  der  Jerusalemer  an  die  Ju- 
den  in  Aegypten  in  IIMakkab.  1,  11-2,  18  (Jln,n^  12).— W.  Bâcher  :  Eine 
verschollene  hebrâische  Vocabel.  —  D.  Kaufmann  :  Der  angebliche  Na- 
gid Mordochai.  —  L.  Munk  :  Die  Judenlandlage  in  Hessen-Cassel.  =  = 
N^  12,  septembre.  Samuel  Krauss  :  Bari  in  der  Pesikta  Rabbathi.  —  A. 
Epstein  :  Die  «  Ergânzungen  »  und  «  Berechtigungen  »  Poznanski 's  zu 
meinem  «  Schemaja  ».  =  =  N^  13,  octobre.  D.  Simonsen  :  Erklârung  einer 
Mischnastelle  (cf.  Bévue,  XX,  307  ;  XXXI,  281).  —  M.  Weinberg  :  Die 


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138  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Organisation  der  Jûdischen  Ortsgemeinden  in  der  talmudischen  Zeit  (suite 
et  fin,  n«»  14  et  15).  —  W.  Bâcher  :  Bari  in  der  Pesiltla  Rabbati,  Berytus 
in  jBibel  u.  Talmud.  •—  D.  Kaufmann  :  Das  Freundschaftsepigramm  Juda 
Halewi's  an  Salomo  )bn  Almualiim.  —  G.  Wci'theim  :  Emanuel  Porto*! 
Porto  astronomico.  =:  =:  N°  14^  novembre.  M.  Rahmer  :  Die  bebr&ischen 
Traditionen  in  den  Werken  des  Hieronymus  {{suUe  et  fln^  1898,  n®»  1  et  3). 

—  Dayid  Kaufmann  :  Zu  den  Gedichten  R.  Isak  Bar  Scbescbet's  u.  R. 
Simeon  b.  Zemacb  Durants.  —  M.  Grûnwald.  Die  hebr&iscben  Frauen- 
namen.  =  =  N*'  15,  décembre.  M.  Rahmer  :  Nachlrag  zu  dem  Ârtikel 
Die  hebr.  Traditionen  bel  Hieronymus.  —  D.  Feuchtwang  :  Erklârang 
einer  Talmudstelle.  —  H.  Brody  :  Zum  Freundschaftsepigramm  Juda 
Ha1ewi*s  an  Salomon  Ibn  ÂlmuUim.  — >  David  Kaufmann  :  Ein  Brief 
R.  Benjamin  Cohen  Vilali's  in  Reggio  an  R.  Josua  Heschel  in  Wilna 
aus  dem  Jahre  1691.  =  ==  42«  année,  1898.  ==  =  N*^  1,  janvier.  David 
Rosin  :  Die  Religionsphilosophic  Abraham  Ibn  Esra^s  [suite ,  n^*  2 
et  3).  —  Moritz  Steinschneider  :  Die  italienische  Literatur  der  Ja- 
den  {iuitûy  n°*  2  et  3).  —  David  Kaufmann  :  R.  Joseph  Aschkenas,  der 
Mischnakritiker  von  Safet.  =  =  No  2,  février.  J.  Bassfreund  :  Der  Bann 
gegen  R.  Elieser  u.  die  verânderte  Haltung  gegenûber  den  Schammaiten. 

—  Max  Freudenthal  :  Zum  Jubilâum  des  erston  Talmuddrucks  in  Deutsch- 
land  (suitey  n^S).  ===  N®  3,  mars.  Martin  Schreiner  :  Samau'al  b.  Jabyft 
al-Magribi  u.  seine  Schrift  «  Ifhàm  al-Jahûd  ». 

ZeUschrin  fttr  die  ait  (esta  mentliche  Wissenschoft  (Giessen,  semes- 
triel). 17  année.  =  =  No  2.  Schmidt  :  Die  beiden  syrischen  Uebersetzun- 
gendes  I.  MaccabSerbuches. — Jacob  :  Beitrâge  zu  einer  Einleitung  in  die 
Psalmen  {suite^  1898,  n®  1).  —  Techen  :  Syrisch-hebrftisches  Glossar  zu 
den  Psalmen  nach  der  Peschita.  —  W.  Max  Mûller  :  Miscellen,  Sanheribs 
MÔrder,  KÔnig  Jareb.  —  D.  Castelli  :  Una  congettura  sopra  Deutero- 
nomo,  32, 5.  —  Klostermann  :  Ein  neues  griechisches  Unzialpsalterium. 

—  Peiser  :  Miscellen.  —  Stade  ;  A.  Hilgenfeld's  Bemerkung  und  W- 
Staerk's  Erwiderung.  =  =  18«  année.  =  =  No  1.  Weinel  :  n)D73  und 
seine  Derivate.  —  W.  Bâcher  :  Ein  alter  Kunstausdruck  der  jûd.  Bibelexe- 
gese  *13*Tb  "IDT.  —  Zeydner  :  Kainszeichen,  Keniter  u.  Beschneidung.  — 
Schwally  :  Ueber  einige  palftstinische  Vôlkernamen.  —  Kittel  :  Cyrus  und 
Deuterojesaja.  —  Cheyne  :  Gen.  6,  14,  Gopher  Wood.  —  Kittel  :  Ein 
kurzes  Wort  iiber  die  beiden  Mandelkern*  schen  Concordanzen. 


4.  Notes  et  extraits  divers. 

-  =  La  propagande  juive  aux  environs  de  Vère  chrétienne  et  le  culte  du  Dieu 
suprême  (6cd<  &{/totoc).  —  M.  Emil  Schûrer,  le  savant  historien  des  Juite 
aux  environs  de  Tére  chrétienne,  vient  de  publier  une  monographie  ex- 
trêmement intéressante  sur  les  «  Juifs  de  la  région  du  Bosphore  et  les 
confréries  de  «(Wiievoi  lebv  Oïj/wtw  dans  ces  pays  »  [Die  Juden  im  bospora- 
nischen  Reiche  und  die  Oenossenschaften  der  «^(Jfievoi  6t6v  0<|h«tov  ebenda^ 
selbst,  dans  Sitzungsberichte  der  k.  preuss.  Akad,  d.  Wissensch,  %u  Berlin j 
Berlin,  1897,  in-8o  de  26  p.)  M.  Franz  Cumont  a  ajouté  de  nouvelles 
preuves  à  lappui  des  conclusions  de  M.  Schûrer  (Hypsistos^  Bruxelles, 
1897,  15  p.  4-  une  planche,  supplément  à  la  Revue  de  Pinstruction  publique 
en  Belgique),  Résumons  ces  conclusions  et  les  additions  de  M.  Cumont  : 
Au  commencement  de  Tére  chrétienne,  comme  le  prouvent  des  inscrip- 


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BIBLIOGRAPHIE  189 

lions  d^couyerles  dans  la  Russie  méridionale,  il  existait  dans  le  royaume 
du  Bosphore  une  puissante  colonie  juive,  qui  exerça  une  action  profonde 
sur  la  religion  du  pays.  De  nombreuses  confréries,  sans  s'astreindre  à  se 
conformer  aux  pratiques  de  la  vie  juive,  avaient  adopté  le  culte  exclusif 
du  Dieu  suprême  Hoc  0<|naToç  (=  l^^b^  bK  ;  remarquer,  à  ce  propos,  rem- 
ploi presque  abusif  que  Ben  Sira  fait  de  cette  appellation  divine).  Cette 
action  dépassa  le  Pont  et  s'étendit  dans  tout  TOrient.  la  péninsule  des 
Balkans,  à  Homo  môme.  Peut-être  le  nom  de  Hoc  O^^totoç  n'était-il  que  la 
transformation  de  Zeus  hypsisCos.  Mais  ce  changement  lui-même  a  dû 
s'opérer  sous  Tinfluenco  de  la  religion  juive  ;  il  est  Tœuvre  des  ocp6)tcvot 
9t^  Gtj'taTov.  Des  communautés  adorant  Dieu  sous  ce  nom  persistèrent 
jusqu'à  la  fin  du  iv"  siècle  et  se  continuèrent  dans  la  secte  des  Hypsis- 
tarienSy  répandus,  entre  autres,  en  Cappadoce,  secte  où,  suivant  le  témoi- 
gnage des  Pères  de  l'Eglise,  des  éléments  helléniques  se  mêlaient  à  des 
traditions  juives.  L'existence  de  ces  confréries  fut  un  point  d'appui  solide 
pour  le  développement  du  christianisme  naissant,  qui  fit  ses  premiers 
progrès  dans  cette  région.  —  M.  Gumont  cite,  entre  autres  inscriptions 
relatives  à  ce  sujet,  une  dédicace  à  ^hç  Oijwcoç  i«i(xooc  (trouvée  en  Ser- 
bie) ;  elle  provient  d'un  thiase  (confrérie)  consacré  à  Sabazius.  Cette  di- 
vinité phrygienne  avait  donc  reçu  le  nom  de  celle  des  Juifs.  L'identi- 
fication était  d'autant  plus  séduisante  que  Sabazius  rappelle  Sabaot. 
M.  Cumont  explique  ainsi  le  fameux  passage  de  Valère  Maxime  disant 
qu'en  139  «  Judseos  qui  Sabazi  Jovis  cultu  Romanos  inficere  mores  conati 
erant  repetere  domas  suas  coegit  ».  Sabazi,  ici,  veut  dire  Sabaot  ;  mais  la 
confusion  ne  provient  pas  des  Romains,  ils  n'ont  fait  que  s'emparer  de 
l'identification  faite  en  Asie  mineure,  où  les  Juifs  étaient  nombreux.  — 
Avec  les  progrès  du  christianisme,  les  prêtres  païens  de  l'Asie  mineure 
se  tournèrent  vers  ces  confréries  et  leur  empruntèrent  l'idée  du  theos  hyp- 
mtos,  qu'ils  fondirent  avec  celle  de  leur  divinité  particulière.  Plusieurs 
oracles  montrent  ce  synchrétisme.  Ainsi,  celui  que  rapporte  Macrobe 
d'après  Cornélius  Labien  (ii®  siècle)  et  que  M.  Cumont  considère  comme 
authentique.  *ld«,  identifié  à  Zeus,  Hadès,  Hélios  et  Dionysos,  y  est  pro- 
clamé le  Dieu  suprême.  Un  autre  ouvrage  du  ii^  siècle,  XF^9|jidl  tûv 
i^T^vtxcûv  Oittv,  contient  une  série  d'oracles  analogues.  Le  dieu  déclare  que 
trois  hommes  seulement  ont  obtenu  de  voir  Dieu  face  à  face,  Hermès 
Trismegiste,  Moïse  et  Apollonius  de  Tyane  ;  il  n'y  a  qu'un  Être  suprême, 
dont  le  nom  ne  peut  être  prononcé,  Appn^oc,  qui  doit  être  honoré  en  tous 
lieux  et  qui  connaît  toutes  nos  actions  et  nos  pensées.  Les  autres  divi- 
nités sont  ses  serviteurs  et  sont  les  intermédiaires  entre  lui  et  les 
hommes.  Ailleurs,  il  enseigne  l'immortalité  de  l'âme  et  la  vie  future.  En- 
suite, il  dit  :  Le  Très  Haut  est  le  dieu  suprême,  éternel,  créateur  et  con- 
servateur auquel  chacun,  quelles  que  soient  ses  croyances  particulières, 
doit  rendre  hommage.  M.  Cumont  dresse,  ensuite,  une  liste  complémen- 
taire des  localités  où  les  inscriptions  révèlent  l'existence  du  culte  d'Hyp- 
sistos  :  Cerdilium  (Macédoine),  Mytilène  (Lesbos),  Brousse,  Sinope, 
Tralles,  Coula  (Lydie),  Sari-Tsam  (Lydie),  Hiérocésarée,  Nacoleia  (Phry- 
gie),  Termessos  (Pisidie),  Golgos  (Chypre),  Beyrouth.  (M.  Cumont  cite 
une  invocation  magique,  publiée  par  Wessly,  Griech,  Zauberpap.  von 
Paris  u.  London,  p.  128,  47  :  èv  dvd(uiTi  toû  (t^loxou  Oeo6  9a(idf  pi^O.  Il  vou- 
drait voir  dans  ce  dernier  mot  samas  «  soleil  ».  C'est  tout  simplement 
sckem  hamephorasch  «  le  nom  ineffable  ».  M.  Schwab  l'a  reconnu  dans  son 
Vocaktlaire  de  Vangélologie,) 


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140  REVUE  DES  ËTUDES  JUIVES 

z=z  ^=z  La  guenita  du  Caire.  —  Les  trésors  si  prëcieuz  rapportes  du  Caire  par 
notre  excellent  confrère  M.  Scbcchtcr  commencent  à  être  livrés  au  pu- 
blic. M.  Schechler  a  dëjà  publié  àdJis\Qjewi$h  Quarterly  Review  [janvier 
1898)  le  chapitre  de  VScclésiasiigue  relatif  à  Simon  le  grand-prêtre.  Nous 
croyons  savoir  que  les  autres  fragments  de  cet  ouvrage  ont  dëjà  été  dé- 
chiffres et  envoyés  à  Timpression.  Le  savant  anglais  continuera  d'insérer 
dans  la  même  Revue  d'autres  documents  provenant  do  ce  fonds.  D'autre 
part,  M.  Burkitt,  comme  on  Ta  vu  plus  haut,  a  publié  les  palympsestcs 
contenant  des  fragments  de  la  traduction  grecque  d*Aquila  du  livre  des 
Rois.  M.  Abrahams  a  reproduit  les  variantes  fournies  par  une  Haggada 
trouvée  dans  ce  dépôt.  Chose  curieuse,  dans  cet  amoncellement  de 
pièces  de  toute  nature  se  trouvait  un  morceau  d*un  poème  français,  em- 
porté sans  doute  par  un  des  rabbins  qui  partirent  pour  la  Palestine  au 
commencement  du  xiii^  siècle.  Ce  fragment  a  été  édité  par  M.  E.  Braun- 
holtz,  dans  la  ZeiUchrift  fur  romanische  Philologie,  XXII,  p.  91  {Frag^ 
ment  einer  Aliscaruhandschrift)» 

=:  =  Le  Bulletin  de  Correspondance  hellénique,  janv.-août  1897,  contient, 
p.  47,  la  copie  d*une  inscription  trouvée  à  Tafas,  en  Syrie.  Elle  orne  une 
longue  pierre  formant  le  linteau  d'une  porte  et  est  ainsi  conçue  : 
^dx«>po<  xal  £t|iOuvi^  xol 
KX'niidtioc  xarijp  avxcôv 

Ces  noms  de  Jacob  et  de  Samuel  paraissent  bien  juifs.  Par  contre,  celui 
de  Clématios  ne  s'est  pas  encore  rencontré,  à  ma  connaissance,  dans 
Tonomastique  post-biblique.  Peut-être  est-ce  celui  d*un  prosélyte. 

=  =  La  librairie  Clark,  d'Edimbourg,  publie  le  premier  volume  d'un 
Dictionnaire  de  la  Bible,  A  Dictionary  ofthe  Bible  dealing  with  its  Un- 
guage^  literature  and  contents,  in cluding  the  biblical  theology.  La  di- 
rection en  a  été  confiée  à  M.  James  Hastings,  assisté  de  MM.  John 
A.  Selbie,  Davidson,  Driver  ,et  Swete.  Le  spécimen  que  nous  avons 
sous  les  yeux  montre  que  ce  dictionnaire,  d'un  format  commode  et 
enrichi  d'illustrations,  rendra  de  grands  services.  Il  formera  4  volumes 
de  900  pages. 

=  =  On  vient  de  commencer  l'impression  d'une  traduction  de  la  Bible 
qui  sera  l'œuvre  collective  des  rabbins  français. 

=  =  En  rendant  compte  de  l'apparition  de  VHehràische  Bibliographie  de 
M.  H.  Brody  (Revue,  XXXII,  S08],  nous  protestions  contre  la  prétention 
de  réditeur  déclarant  que  la  bibliographie  hébraïque  n'a  pas  d'organe. 
Nous  citions,  pour  prouver  le  contraire,  plusieurs  périodiques  qui  peu- 
vent, sous  ce  rapport,  entrer  en  comparaison  avec  le  nouveau  recueil. 
Dans  cette  liste  nous  avons  oublié  de  comprendre  VOrientalische  Biblio'- 
graphie  de  M.  Lucian  Scherman.  Cette  revue,  qui  paraît  tous  les  six  mois 
à  Berlin,  contient  le  dépouillement  le  plus  exact  et  le  plus  complet  de 
tous  les  ouvrages  et  articles  relatifs  aux  Juifs.  Les  matières  sont  classées 
sous  des  rubriques  très  intelligemment  choisies.  Sous  chaque  titre  d'ou- 
vrage sont  mentionnés  les  divers  comptes  rendus  qu'ils  ont  provoqués. 
Un  index  détaillé  contribue  à  rendre  cette  publication  des  plus  utiles  aux 
savants. 

=  =  M.  Kayserling  continue  à  dresser,  dans  les  Jahresberichte  der  Qe^ 


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BIBLIOGRAPHIE  141 

schiMstoissensckaftj  le  tableaa  de  la  littérature  de  Tannëe  sur  le  Judaïsme 
après  la  destruction  du  temple.  C'est  un  autre  instrument  de  travail  des 
plus  précieux. 

=  =  La  Société  ^At^â(/' continue  le  cours  de  ses  publications  intéressantes. 
Elle  a  fait  paraître,  en  1897  :  1^  la  traduction  hébraïque  de  Texcellent  ou- 
Trage  de  M.  Gûdemann,  Qeschichêe  des  Sniehungswesens  und  der  CuUur  der 
Juden  wâhrend  des  MitUlalten  ;  2^  une  histoire  de  la  théologie  juive  par 
Simon  Bemfeld  ;  S**  Tautobiographie  de  Jacob  Emden  (1^33^*^),  publiée 
par  David  Kabna  ;  4®  «  Zunz  »  par  P.  Rabbinowilz  ;  5^  la  traduction  du 
Jérémie  do  Lazarus,  par  Brainin  ;  6®  b»-)^"»  ''^ab  Û'^Ta'^rt  '^nm  Histoire 
populaire  des  Israélites,  par  M.  Braunstein;  7°  mt73n  ^K^y  mbin 
D^aiTîTpîl  Histoire  de  TOrient,  traduction  de  louvrage  de  M.  Maspero, 
par  Ludvipol;  8®  bfii'ilD'' mnDO,  traduction  do  Touvrage  de  M.  Stein- 
schneider  Jûdiscke  Literatur,  par  Malter. 

=  =  La  Société  Touschia  ne  ralentit  pas  non  plus  son  activité,  elle 
a  publié,  entre  autres,  deux  histoires  populaires  des  Juifs,  ninbin 
D'^mn'^rï,  par  Jacob  Frônkel,  bén©*»  Uy  mibin,  par  A.- S.  Rabinowitz 
(qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  traducteur  do  PHistoire  des  Juifs  de 
Graelz). 

=  =  Notre  savant  collaborateur,  M.  David  Kaufmann,  a  extrait,  pour  la 
BjfzanUnische  Zeitschrifly  de  la  si  curieuse  chronique  d*Ahimaaç  tous  les 
renseignements  qui  intéressent  les  études  byzantines  {Byzant.  Zeitschr.j 
1897,  p.  100  et  suiv.  :  Die  Chronik  des  Âchimaaz  ûber  die  Kaiser  Basiltos 
lu.  Uon  VI). 

=  =  M.  Louis  Brandin,  ancien  élève  de  TÉcole  des  Chartes,  a  soutenu 
avec  succès  une  thèse  sur  les  Loazim  de  Gerschon  ben  Juda,  Il  a  identifié 
cent  vingt-deux  de  ces  gloses;  quelques-unes  au  nombre  de  six  sont 
restées  indéchifirables.  Il  a  étudié  également  le  ms.  hébreu  302  de  la 
Bibliothèque  nationale,  qui  renferme  un  glossaire  hébreu-français,  com- 
posé après  1288.  Le  dialecte  est  celui  de  Troyes. 

=  z=z  Der  Urquell,  cette  excellente  Revue  de  foïk-lore  dirigée  par  M.  F. -S. 
Krauss,  contient  dans  chaque  numéro  des  notices  intéressant  le  judaïsme. 
Dans  le  n^  3-4  de  Tannée  1897,  nous  relevons  une  bien  jolie  légende  de 
la  pauvreté  [De  Maisse  vUn  Dalles)^  publiée  par  M.  J.  Ehrlich  :  Un  pauvre 
Juif  avait  six  petits  enfants.  Obligé  de  quitter  son  logement  (sel  Dire),  il 
prend  ses  quelques  bardes  (seine  pur  Schiwre  Kejles),  les  met  sur  une 
charrette  avec  ses  enfants.  Mais,  s*apercevant  qu'il  a  oublié  quelque 
chose  dans  son  logement,  il  y  retourne.  Quand  il  revient  à  la  voiture,  il 
y  trouve  un  enfant  de  plus,  qui  est  nu-pieds.  Le  pauvre  homme  lui  dit  : 
Qui  es-tu  et  que  veux- tu  ?  Je  n*ai  déjà  pas  à  manger  pour  mes  enfants, 
faut-il  que  je  te  nourrisse  aussi?  —  Je  suis  le  Dalles  (la  pauvreté),  je 
vais  avec  toi  dans  ton  nouveau  logement.  —  Pour  mes  péchés  (Che- 
tuïm),  s^écrie  le  pauvre  Juif,  pourquoi  ne  vas-tu  pas  plutôt  chez  le  riche 
(den  Kutzen)  qui  demeure  dans  l'autre  rue,  que  de  Rattacher  à  un  mal- 
heureux Juif  comme  moi?  —  Je  préférerais  aller  chez  le  riche,  mais  je  n^ai 
pas  do  souliers  et  j'aurais  honte  d*aller  choz  lui  nu-pieds,  car  il  me  met- 
trait à  la  porte.  «  Pour  me  libérer  (pattem)  du  Dalles,  se  dit  en  lui-môme  le 
pauvre  Juif,  il  faut  tout  faire  ».  Il  prend  donc  vite  sa  lampe,  va  la  vendre 
et  achète  des  souliers  pour  le  Dalles.  «  Tiens,  voilà  une  paire  de  souliers, 
mets-les  tout  de  suite  et  va-t*en  chez  le  riche.  »  Le  Dalles  essaie  les  sou- 


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i42  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

liers,  mais  ne  peut  les  entrer  :  «  Ils  sont  trop  petits  pour  moi  I  —  Schma 
Jisrul,  crie  le  Juif,  que  faire  maintenant  :  Je  n*ai  plus  de  lampe,  et  lo 
Dalles  est  toujours  là?  »  Il  se  saisit  de  deux  couvertures  du  lit,  mais 
cette  fois  prend  la  mesure  des  pieds  du  Dalles  et  va  lui  acheter  des  sou- 
liers. Ils  sont  encore  trop  petits.  Et  pour  ne  pas  faire  entrer  le  Dalles 
dans  sa  nouvelle  demeure,  il  vend  successivement  tout  ce  qu'il  a.  Plus  il 
faisait,  et  plus  le  Dalles  grandissait  :  aucune  chaussure  ne  lui  allait.  Et 
le  pauvre  Juif  ne  put  se  délivrer  du  Dalles  tout  le  temps  qu'il  vécut.  Le 
malheureux  est  mort  depuis  longtemps,  mais  le  Dalles  vit  toujours  ;  il 
marche  toujours  nu-pieds  ;  voilà  pourquoi  il  a  honte  d'aller  chez  les  ri- 
ches et  reste  chez  les  pauvres  gens.  —  Cette  légende,  recueillie  chez  les 
Juifs  de  Bohdmo,  rappelle  le  proverbe  talmudique  :  «  La  pauvreté  marche 
derrière  le  pauvre.  »  —  Le  même  numéro  contient  une  variante  bohé- 
mienne du  moo^ /«OKr  y^«cAoMo«^  dont  Tair  et  les  paroles  s'écartent  de  celui 
de  l'Alsace,  par  exemple;  des  proverbes  espagnols  recueillis  chez  les 
Juifs  de  Tatar-Bazardjik.  —  Dans  le  numéro  suivant,  figure  un  recueil  de 
proverbes  et  de  locutions  des  Juifs  do  Moravie,  Bohdme  et  Hongrie,  par 
le  regretté  Edouard  Kulke,  le  romancier  populaire  des  Juifs  d'Autriche- 
Hongrie. 

=  =  Dans  la  RevUta  crttica  de  historia  y  literatura  espdnolas,  portuguesas 
è  hispano-americanas  (2*  année,  1897,  n»  5-6),  M.  M.  Schiflf  rend  compte 
de  la  découverte  d'une  traduction  espagnole  manuscrite  du  c  Guide  des 
égarés  »  de  Malmonide. 

:=zz=iLe9  Pattoureauw  et  la  Conspiration  des  J.épreux»  —  M.  P.  Lehugeur,  dans 
sa  belle  Histoire  de  Philippe  le  Long  (Paris,  Hachette,  1897),  n'a  pas  man- 
qué de  consacrer  un  chapitre  aux  souffrances  qu'eurent  à  subir  les  Juifs 
pendant  les  douloureuses  années  1320  et  1321.  Nous  le  louons  fort  d'avoir 
expliqué  les  persécutious  dirigées  alors  contre  eux  par  le  vent  de  folie 
superstitieuse  qui  soufflait  alors.  «  Ces  ftmes  désaccordées,  d'où  se  retire 
la  foi  primitive,  et  où  ne  pénétrent  pas  encore  la  religion  de  la  patrie  et 
le  culte  de  la  science,  sont  remplies  de  ténèbres  et  peuplées  d'hallucina- 
tions. On  ne  parle  que  de  prophéties  sinistres,  de  Gog  et  de  Magog,  du 
déchaînement  de  l'Antéchrist.  Tous  les  maux  ont  alors  des  causes  surna- 
turelles :  la  guerre,  la  famine,  la  misère,  tout  fléau  est  mis  au  compte  du 
diable,  de  Saturne,  de  Jupiter,  ou  de  «  l'estoille  comète . . . ,  signe  du  ciel 
qui  plusieurs  jours,  à  la  nuitée,  fut  veue,  dénonçant  le  détriment  du 
roiaume  de  France  »...  La  croyance  aux  sorts  et  aux  «  voults  »  ou  en- 
voûtements paraît  générale.  »  —  C'est  au  milieu  de  cette  misère  physio- 
logique et  intellectuelle  que  naissent  les  folies  populaires.  «  Les  Pastou- 
reaux de  1320  sont  des  paysans,  surtout  des  bergers  et  autres  €  menues 
gens  »  ;  la  plupart  ont  moins  de  vingt  ans.  ...  Ce  sont  des  illuminés  qui 
ont  soif  de  combats,  d'aventures  et  d'extravagances.  ...Mais,  comme 
toujours,  les  naïfs  à  idée  fixe  sont  exploités  par  des  «c  trufeurs  »,  c'est-à- 
dire  par  des  meneurs  sans  scrupule,  particulièrement  par  un  prêtre  inter- 
dit, «  qui  a  été  dépouillé  de  son  église  à  cause  de  ses  méfaits  »  et  par  un 
moine  défroqué,  déserteur  de  l'ordre  de  Saint- Benoît.  Les  vrais  croisés, 
les  mystiques  rôveurs  sont  noyés  dans  le  flot  louche  des  malfaiteurs  de 
droit  commun,  des  gens  sans  foi  ni  loi,  sans  feu  ni  lieu,  ribauds,  rou- 
tiers, rôdeurs  et  bandits  qui  ne  cherchent  qu'à  assouvir  leurs  haines  et 
leurs  passions  mauvaises  ;  les  mystiques  sont  conduits  par  des  mystifica- 
teurs... Enhardis  par  l'impunité...,  ils  se  répandent  en  Languedoc,  au 


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aPAhii 


BIBLIOGRAPHIB  i43 

nombre  d'au  moins  40,000  ; . .  •  leur  folie  furieuse  8*atlaque  de  préférence 
aux  Juifs  :  bergers  et  bandits  rivalisent  de  cruauté  envers  ces  parias  que 
personne  n'ose  défendre  :  les  Juifs  périssent  en  foule.  Le  massacre  de 
Verdun-sur-Garonne  est  resté  célèbre. . .  Partout  ils  ont  pour  complice  la 
populace,  parfois  le  peuple  et  la  bourgeoisie,  tous  ceux  qui  applaudissent 
au  massacre  des  Juifs  ou  qui  craignent  Timpopularité  s'ils  font  mine  de 
les  protéger.  A  Albi,  les  consuls  essaient  d'arrêter  le  flot  aux  portes  de  la 
ville,  mais  les  Pastoureaux  forcent  le  passage  en  criant  qu'ils  viennent 
tuer  les  Juifs  ;  la  populace  les  accueille  comme  des  amis  et  comme  des 
frères  {laeto  vuliu)  t  par  amour  du  Cbrist  contre  les  ennemis  de  la  foi  ». 
A  Lézat,  les  consuls  font  cause  commune  avec  les  Pastoureaux.  Il  arrive 
môme  à  des  officiers  de  s'associer  au  fanatisme  populaire.  Ce  fut  seule- 
ment dans  la  sénéchaussée  de  Garcassonne  qu'on  parvint  à  les  arrêter.  Le 
peuple  refusa,  comme  partout,  de  se  joindre  au  sénéchal  pour  défendre 
les  Juifs  détestés,  mais  le  sénécbal,  aidé  du  camérier  du  pape  et  par  le 
clergé,  put  réunir  des  hommes  d'armes  en  nombre  suffisant.  )»  —  Nous 
parlerons,  dans  le  prochain  numéro,  du  paragraphe  consacré  à  la  Cons- 
piration des  Lépreux. 

=  =  Le  Boletin  de  l'Académie  royale  d'histoire  de  Madrid  n'est  plus  si 
riche  qu'autrefois  en  éludes  relatives  aux  Juifs  d'Espagne.  Nous  n^avons 
à  relever,  depuis  juillet  1896,  que  de  courtes  notices  de  Témlnent  R.  P.  Fi- 
del Fita  sur  la  communauté  de  Belorado  (octobre  1896),  de  M.  Narciso 
Uergueta  sur  la  Juderia  de  San  MiUan  de  la  CogoUa  y  la  hataUa  de  Najera 
(juillet- septembre  1896),  de  M.  le  marquis  de  Monsalud  sur  la  synago- 
gue de  Saragosse  (janvier  4898),  de  M.  Ramon  Alvarez  de  la  Branca  sur 
la  synagogue  de  Bembibre  et  les  Juifs  de  Léon  (février  1898). 

=  =  Depuis  1897  paraît  à  Drohobycz  (Qalicie)  une  Revue  hébraïque  inti- 
tulée p*^2S  Zion,  hebrâische  Monatsschrift  fur  die  Wissenschaften  des 
Judenthums,  hrsgg.  von  A.-H.  Zupnik  (abonnement,  7  francs). 

=  =  Depuis  1896  paraît  à  New- York  une  Revue  mensuelle,  rédigée  en 
hébreu,  '^a'nJ'Wn  ^3,  et  dirigée  par  M.  S.-B.  Schwarzberg.  Ce  recueil 
contient  principalement  des  articles  de  fantaisie,  poésies,  nouvelles,  etc.  ; 
il  fait  une  place  aussi  aux  études  historiques.  Nous  n'avons  pas  à  en  ap- 
précier la  valeur. 

ISRABL  LfiVL 


Kdmo  (Eduard).  Hisiorisch-eomparative  Syntax  der  hebraïschea  Spra- 

che.  Leipzig,  Hinricbs,  1897  ;  io-S»  de  x  +  721  p. 

Ea  publiant  la  Syntaxe  de  la  langue  hébraïque,  M.  KÔnig,  profes- 
seur à  l'Université  de  Rostock,  a  achevé  sa  grande  grammaire,  dont 
le  premier  volume  avait  paru  en  4881  et  le  second  en  1895.  Cette 
troisième  partie  est  d'autant  plus  importante  que  la  syntaxe 
manque  dans  les  grammaires  de  Bôttcher,  Olshausen  et  Stade.  Les 
grammaires  d'Ewald  et  de  Gesenius  contiennent,  il  est  vrai,  une 


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144  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

syntaxe;  mais  la  première  a  beaucoup  vieilli,  et  la  seconde  est 
plutôt  destinée  aux  étudiants  qu'aux  savants.  M*  KÔnig  a  donc  com- 
blé une  véritable  lacune  ;  et  tous  les  sémitisants  lui  seront  recon- 
naissants d'avoir  entrepris  et  mené  à  bonne  fin  une  tâche  des  plus 
longues  et  des  plus  difficiles. 

La  Syntaxe  de  la  langue  hébraïque  a  620  pages  (index  non  com- 
pris), et  cependant  M.  Kônig  a  consacré  moins  de  place  que  dans  la 
morphologie  à  la  discussion  des  théories  grammaticales.  Il  a  dû  sou- 
vent se  contenter  d'indiquer  les  idées  qu'il  rejette  sans  donner  les 
arguments  sur  lesquels  on  les  a  appuyées.  M.  Kônig  a  toutefois  exa- 
miné attentivement  ces  arguments  avant  de  se  décider  pour  Tune  ou 
l'autre  opinion  ;  une  ligne  est  parfois,  chez  lui,  le  résumé  de  mini- 
tieuses  recherches  préliminaires.  On  trouve  dans  le  présent  ouvrage 
des  renvois  à  une  foule  de  livres,  de  dissertations  et  d'articles  de 
Revues  ;  la  littérature  synlactique  y  est,  à  peu  de  chose  près, 
complète. 

Dans  la  Syntaxe,  M.  Kônig  fait  preuve,  en  général,  de  la  même  sû- 
reté de  jugement  qu'on  apprécie  dans  les  volumes  antérieurs,  et  de 
la  même  indépendance  vis-à-vis  des  grammairiens  et  exégètes  an- 
ciens et  modernes.  C'est  ainsi  que  (§  329  i)  M.  Kônig  maintient  avec 
raison  Texplication  de  nn^U)  ^w  par  t  ramener  un  retour  »,  au  lieu 
de  c  ramener  la  captivité  )>,  Interprétation  défendue  encore  récem- 
ment. Cependant  M.  Kônig  nous  parait  pousser  trop  loin  la  défiance 
à  regard  des  théories  nouvelles.  Par  exemple,  quand  M.  K.  discute 
(§491(1^-/)  les  exemples  du  futur  en  é,  énumérés  par  M.  Barth,  il 
trouve  seulement  possibles  ceux  que  nous  jugeons  certains,  et 
n'admet  pas  ceux  que  nous  trouverions  possibles.  L'absence  du  hifil 
dans  la  plupart  des  verbes  à  futur  é  n'a  pas  été  assez  soulignée  par 
M.  KôQig. 

M.  Kônig  s'est  efforcé  de  ranger  dans  un  ordre  rationnel  les  ques- 
tions dont  il  avait  à  s'occuper,  et  il  a  fait  rentrer  les  phénomènes 
syn tactiques  dans  des  catégories  aussi  générales  que  possible.  Ainsi, 
l'emploi  du  lamed  devant  le  complément  direct  se  trouve,  non  pas  au 
chapitre  des  prépositions,  mais  à  celui  du  complément  direct.  Celte 
innovation  déroute  peut-être  au  premier  abord  ;  mais  à  la  réflexion, 
elle  paraît  très  justifiée,  parce  qu'il  importe  de  trouver  ensemble  les 
difiérents  procédés  à  l'aide  desquels  le  langage  a  indiqué  le  complé- 
ment direct.  En  effet,  ces  procédés  n'ont  pas  été  employés  simulta- 
nément, ils  ont  été  plus  ou  moins  usités  selon  les  périodes  de  la 
langue  hébraïque  ;  c'est  ce  dont  on  ne  pourrait  se  rendre  compte  si 
les  signes  du  complément  direct  étaient  traités  dans  des  chapitres 
différents.  Il  est,  d'ailleurs,  très  facile,  avec  les  index,  de  retrouver 
les  divers  emplois  du  lamed. 

Ce  qu'on  ne  saurait  trop  admirer,  c'est  la  richesse  des  matériaux 
réunis  par  M.  Kônig  et  l'énorme  force  de  travail  qui  a  été  nécessaire 
pour  les  mettre  en  ordre.  Tous  les  passages  bibliques  intéressants 
au  point  de  vue  syntactique  ont  été  cités,  et,  grâce  à  de  copieux  iu- 


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^'■▼I 


BIBLIOGRAPHIE  145 

dex,  Touvrage  de  M.  Kônig  forme  le  commentaire  synlacUque  le  plus 
bref  et  le  plus  complet  de  la  Bible.  Par  là,  le  professeur  de  Rostock 
a  rendu  un  très  grand  service,  non  seulement  à  la  philologie  sémi- 
tique, mais  encore  à  Texégèse  biblique,  et  la  Syntaxe  sera  consultée 
avec  fruit  par  les  commentateurs  des  Ecritures. 

Nous  donnons  ici  un  certain  nombre  d'observations  faites  au  cou- 
rant d*uoe  lecture,  forcément  superficielle,  de  la  Syntaxe.  Le  livre 
de  M.  Kônig  est  fait,  avant  tout,  pour  être  consulté,  et,  pendant  long- 
temps, il  servira  de  base  aux  études  relatives  à  la  syntaxe  hé- 
braïque. Aussi,  les  quelques  critiques  que  nous  apportons  ici  ne 
doivent-elles  être  considérées  que  comme  une  faible  contribution  à 
Tœuvre  colossale  si  vaillamment  et  si  patiemment  exécutée  par 
M.  Kônig. 

S  30.  Traduire  yizy  na:33  par  tu  as  abandonné  èa  nationalité^  c'est 
faire  entrer  dans  la  Bible  une  idée  bien  moderne.  Il  faudrait  tout 
au  moins,  ^'ûy  ''Dm,  et  l'oo  ne  dit  pas  à  un  peuple  :  ton  peuple. 
Il  est  plus  vraisemblable  que  nno:33  se  rapporte  à  Dieu,  et  n''^ 
3p7^  peut  être  une  dittographie  des  mêmes  mots  à  la  ligne  pré- 
cédente. 

§  49t  c.  Les  Masorètes  n'ont  certainement  pas  pensé  au  futur  impé- 
ratif dans  les  nombreux  passages  où  le  verbe  C|D'^  a  un  é.  Ils  ont  mis 
cette  voyelle  parce  que  la  tradition  le  voulait  ainsi.  S'ils  ont  parfois 
mis  un  i  (même  sans  yod),  c'est  qu'ils  ont  aussi  subi  l'influence  du 
bas-hébreu,  qui  emploie  V\u^  au  hifil.  La  tradition,  pour  ce  verbe, 
n'était  sans  doute  pas  uniforme,  comme  cela  est  arrivé  pour  d'autres 
mois.  —  De  même(§  194^),  pour  oinn  «b,  il  n'est  pas  sûr  que  les 
ponctuateurs  aient  voulu  mettre  le  futur  pour  l'impératif.  On  doit 
noter  que  Dînn  est  toujours  suivi  de  X^y.  La  substitution  &q  Ô  h  où 
peut  avoir  une  cause  phonétique. 

§  494.  M.  Kônig  pense  que  le  ton  miileél  de  mots  comme  Dp^^  doit 
s'expliquer  ainsi  :  «  La  syllabe  qui  marque  le  sujet  de  l'action  ten- 
dait à  se  faire  ressortir,  et  elle  a  pris  le  ton  quand  les  conditions 
phonétiques  s'y  prêtaient,  à  savoir  lorsque  cette  syllabe  était  ou- 
verte. Par  analogie,  on  a  étendu  cette  accentuation  de  la  syllabe 
ouverte  aux  formes  Ï3n2*%  ïî'P^^].  »  Mais  n*est-il  pas  plus  simple  de 
dire  que,  ]orsqu*une  forme  verbale  se  termine  par  deux  syllabes 
dont  la  première  est  ouverte  et  la  seconde  fermée,  la  syllabe  ouverte 
tend  à  prendre  le  ton.  Il  est  inutile  de  rechercher  si  la  syllabe  ou- 
verte exprime  le  sujet  ou  non.  La  cause  phonétique  se  suffit  à  elle- 
même  sans  qu'une  raison  psychologique  ait  à  intervenir.  Quant  à  la 
première  personne  ûp^n,  le  ton  millera  doit  plutôt  s'expliquer  par  la 
présence  de  deux  syllabes  ouvertes  que  par  la  force  de  la  gutturale 
K,  qui  ne  fait  pas  plus  ressortir  le  sujet  que  la  consonne  n  ou  ^. 
D'ailleurs,  l'orthographe  presque  constante  opjsn,  au  lieu  de  Dnp«n, 
prouve  qu'on  a  pendant  longtemps  prononcé  tsp&^i.  D'une  manière 
générale,  les  causes  mécaniques  et  les  raisons  ^phonétiques  valent 
mieux  que  les  causes  finales  et  les  raisons  psychologiques. 

T.  XXXVl.  N«  71.  10 


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146  HKVUK  OES  ÉTUDES  JUIVES 

^  t09i.  M.  K.  aurait  pu  ajouter  bien  des  exemples  de  hifil  avee 
lesquels  on  sous-entend  un  complément  direct,  d'autant  plus  que  \m 
théorie  des  causatifs  directs,  c  est-à-dire  des  hifii  exprimaol  une 
action  qui  a  pour  objet  la  personne  même  qui  agit,  ne  satisfait  guère 
Tesprit.  On  n*aperçoit  pas  la  difiéreuce  entre  les  causatifs  directs  et 
les  réfléchis.  Si  Ton  admet,  au  contraire,  qu^avec  un  certain  nombre 
de  causatifs  le  complément  direct  est  sous-entendu,  on  peut  croire 
qu'il  en  est  de  même  des  autres  hifil  intransitifs.  Le  souTenir  du 
complément  direct  primitif  a  pu  s'oblitérer.  En  tout  cas^  on  regrette 
de  ne  trouver  ni  dans  la  première  partie  de  la  Grammaire,  ni  dans 
la  Syntaxe,  les  hifèt,  tels  que  iu>n,  3^-irï,  nniDn.  pTnn.  Pour  les  trois 
premiers,  il  faut  sous-entendre  iDm,  pour  le  dernier  ^T.  Due  énu- 
inération  complète  des  hiffl  intransitifs  eût  été  utile. 

§  234  a,  La  comparaison  de  '«a3£^  avec  tfa?^  laisse  à  désirer.  En 
effet,  le  dagaesck  du  second  mot  est  nécessaire,  parce  qu'on  ne  peut 
maintenir  de  sckeva  mixte  devant  un  autre  scheva  (cf.  I,  p.  131). 

S  236 fl.  M.  Kôoig  paraît  croire  que  D'^pj'S  (Gen.,  iv,  40)  est  Tat- 
tribut  de  bnp(cf.,  S  349  e).  En  réalité,  D'^p^^it  qualifie  m  et  est  em- 
ployé attributivement  (accusatif  d'état).  Avec  bip  on  sous-entend 
3^72123^.  D'ailleurs,  bip  n'est  jamais  le  sujet  d*un  verbe  signifiant  dire 
ou  crier. 

§  248^,  note  2.  Il  est  possible  que  anb  [Ps.,  civ,  4)  soit  pour  nanb, 
et  que  le  n  soit  tombé  après  le  a.  De  môme  (§  254  i)  tn?3?3  pour 
ran7373  (I  Rois,  vu,  45).  Le  n  est  peut-être  tombé  devant  le  D  du 
mot  suivant  dans  arriTT:  (Esdras,  viii,  27). 

S  254  /*.  Le  mot  ny  n'est  pas  masculin  dans  ïs.,  viii,  2î^,  car  p^Énn 
n*est  pas  l'épithète  de  n^D,  qui  est  ici  l'équivalent  de  Tfit  ^'D  ou  ^5 
rrriT  (v.  Tarticle  très  judicieux  de  Kobler,  dans  Geiger,  Zeitschrift  fur 
Wissenschaft  und  Leben,  VI,  p.  21). 

§  254  i.  Rien  ne  prouve  que  bbp  soit  un  adjectif;  c'est  sans  doute 
un  substantif,  complément  de  n^^i^ns. 

§  255 a  et  g,  riniDD,  n:2n,  ïii^^td  désignent,  selon  nous,  le  lin,  le  fro- 
ment, Torge  en  tant  ^\x'es;pèces,  tandis  que  û'^n^CD,  D'^an,  D'^nytî  les  dé- 
signent en  tant  que  matières.  C*est  pourquoi  la  forme  du  singulier 
est  plus  usitée  dans  les  énumérations  que  la  forme  en  DV. 

§  264  a  et  suiv.  M.  K.  voit  dans  les  nombreux  pluralia  tanûum  de 
Thébreu  des  pluriels  (ïextensité  et  d'intensité,  mais  il  n'explique  pas 
pourquoi  ces  pluriels  n'ont  pas  de  singulier.  Ensuite,  un  pluriel  ne 
peut  marquer  Texteosité  ou  l'intensité  que  par  rapport  à  un  bingulier  ; 
mais  si  celui-ci  n'existe  pas,  le  pluriel  n'indique  plus  rien  de  parti- 
culier. Enfin,  il  serait  intéressant  de  savoir  pourquoi  certains  noms 
sont  usités  au  singulier  en  poésie  et  au  pluriel  en  prose,  comme  û^bô^ 
Q-'tt^ibp^  tandis  que,  pour  d'autres,  c'est  l'inverse,  comme  fi*^"»», 
nu(3Kn73,  ii3*T3.  nn^is.  Là  aussi  les  explications  psychologiques  soot 
sujettes  à  caution. 

§  321  f.   La    ponctuation  "^nà^^  avec   méieg,   est  probablemeai 


^.      .  Digitizedby  VjOOQIC 


liiHLIOGaAPHiE  147 

fausse  ;  même  si  le  Mnu3  était  mixte  et  remplaçait  une  voyelle,  il  ne 
faudrait  pas  de  méteg.  "^nçï^^  d'ailleurs,  n'est  pas  un  vrai  pluriel. 

§  325  c.  M.  K.  s'efforce  d'expliquer  le  yiyp  de  "^sn  et  D3n  par  Tana- 
lagie  de  t{b.  Mais  le  yti'p  ne  présente  pas  la  moindre  difficulté, 
puisque  a  est  la  voyelle  primitive  du  noun  de  ïijn,  pour  hinna  (= 
irnusr^  en  arabe).  Ce  qu'il  s'agirait  d'expliquer,  c'est  le  chaugemeni 
de  fl  en  ^  dans  rtjn  (cf.  !iT  pour  zâ)y  comme  dans  le  suffixe  îj-  dae 
noms. 

^^  32o  g  et  3520.  Il  est  bien  plus  naturel  de  rapprocher  l"*»  de  Tarabe 
aitML  «  où?  8  et  de  le  rattacher  à  la  particule  interrogative  "^M^  que 
d'en  faire  un  prétendu  substantif  signifiant  t  disparition  ».  Le  chan- 
gement de  ^'^N  en  1*^  ne  prouve  absoluiAent  rien,  et,  au  contraire, 
puisque  Y^  s'emploie  même  après  le  substantif,  il  ne  peut  être  un 
état  construit. 

§  334/".  Gomme  exemple  de  désaccord  apparent  entre  le  substantif 
et  Tadjectlf  ïT»n  csd  est  mal  choisi,  car  rr^n  est  un  substantif  et  «503  est 
à  réfat  construit.  Sur  les  nombres  ordinaux  après  Dn^,  voir  Revue, 
t.  XXXI,  p.  Î79. 

§  339  r.  On  n'aperçoit  pas  la  difficulté  phonétique  qui  empêcherait 
absolument  de  faire  dériver  riTaj?  bD  de  nTa^bs.  D'abord,  le  changement 
de  bo  en  bD  n'a  rien  d'extraordinaire,  surtout  si  Ton  prononçait  koul 
comme  en  syriaque.  Ensuite,  rmy  bD  a  pu  subir  une  double  influence 
analogique,  celle  de  Taraméen  bsp  b^  et  celle  du  mot  bd  «  tout  ».  Le 
fait  que  r\izy  et  bsp  ne  se  rencontrent  pas  sans  la  préposition  b  est 
un  argument  qui  a  quelque  poids  et  qu'il  n'aurait  pas  fallu  passer 
sous  silence. 

§  348 j.  Comment  la  brachylogie  peut  servira  expliquer  le  désac- 
cord entre  T^DnaTS  et  Ti'i^,  c'est  ce  qu'on  comprend  difficilement. 
De  plus,  le  parallélisme  de  "^bbp?:  avec  T»Dna?3  est  très  significatif. 
M.  Kôuig  objecte  à  ma  théorie,  qui  fait  intervenir  l'analogie  des  suf- 
fixes du  pluriel,  qu'il  y  a  des  centaines  de  mots  qui  ont  conservé  le 
suffixe  du  singulier.  Mais  tous  ces  mots  sont-ils  dans  les  mêmes  con- 
ditions phonétiques  et  analogiques  que  T»Dna73  ? 

§  349^.  Le  masculin  dans  ïTOj"j.  Nb  rîDNb?3  br)  n'a  pas  pour  cause  le 
motbD;  mais  rtiûr*»  est  impersonnel  et  ïiDNbîa  bD  en  est  le  complé- 
ment direct,  d'après  le  §  408.  Il  en  est  de  même  pour  pn*T  tiia  "^ 
(§349^). 

§  350  a.  Dans  ^aTDi»  rrïT'  "pfi^  '^3»tD73,  le  sujet  est  "^att)!»  et  TaU 
tribut  'p«  "«373073.  De  même  dans  TiSiD  n'^rr' a'>'7p3 ,  c*est  ^n5« 
qui  est  le  sujet  et  û'»'7p3  l'attribut.  Le  verbe  s'accorde  donc  avec  son 
sujet. 

§  365  rf.  D'après  M.  K.,  ma  supposition  que  qatal  avec  le  ton  sur  la 
première  syllabe  était  un  imparfait  et  avec  le  ton  sur  la  deuxième, 
un  parfait,  serait  (indémontrable  et  inutile.  Or,  cette  suppositioa 
B'est  pas  inutile,  car  elle  explique  d'une  manière  très  simple  le 


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148  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

double  emploi  de  la  forme  qataU  laodis  que  M.  K.  est  obligé  de  re- 
courir à  la  prétendue  analogie  de  la  forme  yaqtul.  Parce  que  yaqtul 
s'employait  pour  le  futur  et  le  passé,  on  aurait,  par  amour  de  la  sy- 
métriei  donné  deux  significations  opposées  à  qataL  Ensuite,  mon  hy- 
pothèse n'est  pas  indémontrable,  puisque  je  me  suis  appuyé,  pour 
rémettre,  sur  la  différence  de  ton  entre  "^nbap  et  Tibûpi,  sur  la 
forme  assyrienne  ipaqqid  et  Téthiopien  yefaqed, 

§  370^.  Au  Heu  de  croire  que  la  coordination  des  verbes  parallèles 
a  précédé  la  construction  asyndétique  (sans  conjonction)  de  ces 
mêmes  verbes,  par  exemple  dans  boa  j^iD  DD©,  c'est  cette  dernière 
construction  qui  parait  primitive.  On  a,  en  arabe,  un  cas  analogue 
dans  la  suppression  du  vâD  entre  les  synonymes.  Les  verbes  paral- 
lèles conservant  la  môme  forme  dans  la  construction  asyndétique, 
on  comprend  qu'ils  aient  reçu  plus  tard  la  conjonction  tav^  sans  mo- 
difier leur  forme,  et  aient  ainsi  favorisé  la  substitution  du  vav  coor- 
dinatif  au  vav  conversif. 

§  387 «.  Sur  rr^n  n»,  voir  Revue^  t.  XXVIII,  p.  285. 

§  398  a.  Dans  abnn  m,  le  sujet  est  ûbnn  et  m  est  l'attribut,  exac- 
tement comme  dans  nnirirt  nNT,  c'est  nNT  qui  est  Tattribut  ïrnnn 
le  sujet.  Dbnn  n'est  donc  pas  un  infinitif  attributif. 

§  399 ei^.  Il  est  difficile  de  croire  que  SiDa  soit  l'infinitif  piel^  car  le 
piel  de  ce  verbe  est  peu  usité,  et  il  faudrait  niDS.  Il  est  bien  possible 
qu'il  faille  corriger  Ï1D3  en  [mjnDb  ;  conf.  I  Sam.,  iir,  43. 

M.  K.  est  moins  familiarisé  avec  la  littérature  rabbinique  qu'avec 
la  Bible.  I)  n'est  donc  pas  étonnant  qu'il  ait  laissé  échapper  quelques 
inexactitudes  dans  Tinterprétation  de  la  Mischna  ou  dans  les  citations 
des  écrivains  juifs  du  moyen  âge  : 

§  82.  Dans  nnNTa  ïind  (Péa^  III,  4),  nnN)3  ne  qualifie  pas  nm, 
mais  est  le  complément  de  ima  et  se  reporte  à  nMisnn  nnsnbT^. 

§  206^.  Le  texte  d'Ibn  Kzra  porte  101^  TT7  et  non  iDin  'i.  Il  faut 
traduire  nonn  (=  arabe  'adah)  «  bonnes  manières  »  plutôt  que  t  mo- 
destie ». 

§  i09a.  L*arabe  muta'addin  aurait  été  hébraïsé  par  Aboulwalid  en 
•na:^n».  M.  K.  a,  sans  doute,  voulu  dire  :  par  le  traducteur  d*Aboul- 
walid,  Juda  ibn  Tibbon,  car  Ibn  Djanah  lui  môme  a  écrit  en  arabe; 
il  aurait  mieux  valu,  d'ailleurs,  citer  le  texte  original  du  Loutna'  que 
la  traduction  ;  cf.  S  240  *. 

§  251  e.  La  ponctuation  du  mot  niD^i-i'^^  n'a  rien  de  certain.  Je  lirais 
plutôt  niDiTij  pluriel  de  tjiTî;,  car  la  forme  bi3^D^  avec  yi^l^  inva- 
riable, s'emploie  en  araméen  pour  les  noms  de  métier. 

§  253  c.  Le  commentaire  de  Daniel,  attribué  à  Saadia,  n'est  pas  du 
Gaôn,  mais  d'un  disciple  de  Raschi.  Le  pseudo-Saadia  et  Ibn  Ezra 
ayant  expliqué  le  mot  nbiDDsn  au  verset  33, 11  n'y  avait  pas  de  raison 
pour  y  revenir  au  verset  44.  La  supposition  que  les  commentateurs 
auraient  passé  sous  silence  la  défection  des  Israélites  n'est  donc  pas 
justifiée. 


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BIBLIOGRAPHIE  149 

§  284  ».  Quel  rapport  y  a-t-il  entre  l'emploi  du  5  pour  le  géoilif  et 
les  mots  M"»?:^  'nb  a-iTDDn?  «a'^pa^  '-ibest  le  complément  du  verbe 

§  289  m.  Le  lamed  de  TT';û?3ïi  r\M2'h  ne  marque  pas  le  complément 
direct,  mais  a  son  sens  ordinaire  de  pour.  La  phrase  elliptique  'n  bs 
moTQn  m73"»b  «"^anb  doit  être  traduite  ainsi  :  Le  mot  bs  vient  ajouter 
(robligalion  de  mentionner  la  sortie  d'Egyple)  po«r  les  temps  mes- 
sianiques. 

§  329  ^  Nous  ne  comprenons  pas  bien  ce  que  signifie  la  phrase  : 
«  Dans  l'hébreu  postérieur  on  trouve  :?"I73^  QN  [Berachot,  II,  2)  ».  Les 
mots  y^^yQ  dn  rr^m  reproduisent  simplement  le  texte  biblique  et 
servent  de  titre  pour  le  paragraphe  tiré  de  Deut.,xi,  43-21.  On  ne 
voit  pas  davantage  ce  que  vient  faire  la  citation  CJD'^  C)3n73.  Ces  deux 
verbes  forment  deux  propositions  distinctes  et  n*ont  pas  la  môme 
racine. 

§  334  r.  Si  3>-irî  dans  y"in  y^y  était  un  adjectif,  il  faudrait  n:^irt.  On 
doit  lire  V?  à  l'état  construit.  —  iDTipn  mn  (Fipam,  i,  9)  est  une 
faute  pour  «mprt  mn. 

§  345  c.  yyri  (^^acA^^,  1,2)  est  une  lecture  fautive  pour  "j^ïi^  qui  est 
l'infinitif.  On  doit  lire  aussi  yan  [IHd.,  m,  5). 

§  387  r.  Il  est  probable  que  Slip  est  la  préposition  araméenne  D*i)j)y 
et  que  la  lecture  traditionnelle  û^îp  est  erronée.  Le  vav  peut  très 
bien  représenter  le  hatâf  qemâs. 

§  399  tJ.  Les  formes  biû'^b,  N'tD'»b,  etc.  sont  bien  l'infinitif  des  verbes 
bas  et  MU):  précédé  de  la  proposition  b.  L'infinitif  se  modèle  en  hé- 
breu rabbinique  sur  le  futur.  Déjà  dans  la  Bible  on  aperçoit  cette 
tendance,  car  les  verbes  qui  ont  pour  deuxième  radicale  une  des  con- 
sonnes n'^SDian  prennent  souvent  un  daguesch  qal  à  Tinônitif  pré- 
cédé delà  préposition  lamed,  par  exemple Tsob.  L'analogie  du  futur 
a  dû  y  exercer  sou  influence. 

§  404  X.  bN-'bTaa  '13  rî©773  signifie  :  il  est  arrivé  à  R.  Gamliel,  et  non 
pas  au  temps  de^,  Gamliel. 

§  409  e.  Il  faut  ponctuer  "'N^n,  au  lieu  de  "'N^l.  Valef  est  une 
simple  maUr  lectianis. 

En  terminant^  nous  réitérons  nos  félicitations  à  M.  KÔnig,  qui, 
plus  heureux  que  beaucoup  d'autres,  a  pu  voir  l'achèvement  de 
l'œuvre  à  laquelle  il  a  consacré  tant  d*années. 

Mater  Lambert. 


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lîk)  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


SoawABz  (Adoir),  Die  hermeneuliMehe  Analogie  In  dmv  tmlmndlnehen 
Lllterntur  (IV.  Jahresbericht  der  israelitisch-theologischen  Lehranstalt  in  Wien 
fQr  das  Schuljahr  1896-97).  Vienne,  1897,  in-8«  de  195  p. 


Hillel  fut  le  premier  à  coordonner  les  règles  qui  servent  à  l'inter- 
prétation du  Pentateuque  ;  c'est  lui  aussi  qui  en  fixa  le  nombre  à  sept 
(-ît/hi, introduction,  fin;  Tosefia Sanhédrin,  vu,  fin;  Abotdi  Babhi Na- 
than, ^'•«  version,  eh.  37;  Schechter.  p.  140,  nna  3^aiC  ;  cf.  Tosefta  Pe- 
sahim,  iv,  et  Pesahim,  66  a),  A  peu  près  un  siècle  plus  lard,  B.  Ismaêl 
porta  ces  règles  au  nombre  de  treize  par  Tex tension  de  la  règle  du 
«  général  et  du  particulier  »  (miTD  mtD3^  ©bis,  Sifra,  introduction  ; 
voir  les  citations  du  Talmud  dans  Fraokel,  Darhe  Hamischna,  p.  49, 
p.  408  et  s.)*  Ëliézer,  fils  de  José  le  Galiléen,  qui  appartenait  à  la 
génération  qui  suivit  Ismaël,  compte  trente-deux  règles,  qui,  selon 
toute  vraisemblance,  ne  se  rapportent  pas  uniquement  à  TAgada 
(voir  Séfhr  Keritout,  3«  partie  ;  Se  fer  Nelibot  Olam,  %  éd.  Wilna,  1859  ; 
Reifmann,  Méschib  Dabar,  Vienne,  4866  ;  Zunz,  GotUsd.  Vortrdge^  p.  50, 
S3,  86,  305,  324,  et  surtout  325-327).  Evidemment,  ce  dernier  nombre 
s'explique  par  l'adoption  de  la  méthode  d'interprétation  précooisée 
par  Akiba,  qui  a  exercé  une  si  grande  inûuence  sur  ses  contempo- 
rains. Si,  contrairement  à  l'opinion  de  M.  Bicher  {Agada  der  Tan- 
naUen,  II,  293),  on  mettait  en  doute  rautheniicité  de  la  baraïta  des 
trente 'deux  règles,  celle  des  sept  et  des  treize  règles  est  incontestable. 
Pour  déterminer  l'âge  de  Vanalogie  herméneutique^  dont  il  va  être  ques- 
tion, nous  avons  donc  une  date  certaine  :  Tépoque  de  Hillel. 

Mais,  de  même  que  la  pensée  est  plus  vieille  que  la  logique  et  la 
langue  plus  ancienne  que  la  grammaire,  ainsi  Texégèse  est  anté- 
rieure aux  règles  exégéliques.  Les  règles  herméneutiques  ne  soQt 
pas  la  cause,  mais  le  produit  de  rberméneutique.Il  faut  que  les  sept 
règles  aient  été  déjà  employées  un  certain  temps  avant  qu'on  en  eût 
conscience.  C'est  pourquoi,  quand  il  est  dit  :  «  Voici  les  sept  règles 
que  Hillel  l'ancien  a  exposées  devant  les  anciens  de  Betèra  »,  tout  cri- 
tique sera  forcé  de  reconnaître  que  ces  règles  sont  antérieures  à 
Hillel,  car  il  n'est  pas  admissible  que  Hiilel,  dans  l'embarras  où  il 
était  de  répondre  à  la  question  qui  lui  était  adressée,  ait  inventé  ces 
règles  ad  hoc  ou  même  une  seule  d'entre  elles.  Il  serait  vain  de  vou- 
loir trouver  la  date  exacte  de  leur  origine,  vu  l'absence  de  traditions 
permettant  d'étudier  l'application  de  ces  règles  herméneutiques. 
M.  Hoffmann  (Zur  Einleitung  in  die  halachischen  Midraschim,  p.  4) 
dit  à  ce  propos  :  «  Il  ressort  cependant  de  beaucoup  de  passages  tal- 
inudiques  que  les  règles  (middol)  sont  une  tradition  du  Siuaï  »  » 
mais  sans  prendre  trop  au  sérieux  cette  affirmation  des  textes  talmu- 
diques.  M.  Schwarz  déclare  (p.  2)  :  €  On  peut  admettre  que  les  règles 
herméneutiques  ont  la  même  ancienneté  que  la  doctrine  orale  et  que 


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BIBLIOGRAPHIE  151 

particalièrement  les  sept  middoi  de  Hillel  sont  d*origine  sioàltique. 
Celte  hypothèse  ne  pourra  sans  doute  jamais  èire  prouvée  scienlifi- 
quement  et  restera  probablement  toujours  un  article  de  foi;  toute- 
fois, elle  n*est  pas  en  contradiction  avec  la  science.  »  Reste  à  savoir 
ce  qu*il  faut  enlendre  par  sinaïtique.  D*aiUeurs,  l'auteur  parait  ne 
pas  tenir  à  cette  opinion,  car,  à  la  page  4  4,  il  dit  textuellement  que 
«  dans  les  textes  il  n'y  a  absolument  aucune  trace  de  Torigine  sinaï- 
lique  de  VIssorhem  (=  mttJ  niT:;)  ».  L'auteur  veut,  sans  doute,  dire 
que  les  textes  ne  rapportent  aucune  guezèra  schava  donnée  comme 
d'origine  sinaïtique,  car,  d'après  la  tradition  ',  la  règle  elle-même  a 
déjà  été  connue  lors  de  la  révélation.  Comme,  pour  nous,  la  tradition 
commence,  à  vrai  dire,  à  Hillel,  attendu  qu'on  ne  connaît  guère  plus 
que  le  nom  des  rabbins  antérieurs,  on  peut  soutenir  avec  confiance 
que  les  miidot  sont  préhistoriques.  Elles  peuvent  déjà  avoir  été  em- 
ployées sciemment  un  siècle  ou  deux  avant  l'ère  chrétienne.  Mais 
nous  ne  comprenons  pas  comment  on  a  pu  croire  que  ces  règles  au- 
raient existé  quinze  cents  ans  avant  Hillel  sous  ces  dénominations 
néo-hébraïques,  tout  eu  étaut  attribuées  à  Hillel.  L'étude  historique 
ne  peut  partir  que  du  moment  où  ces  règles  apparaissent  dans 
les  documents  de  la  tradition  V  M.  Schwarz  a  donc  eu  raison  de  se 
borner  à  rassembler,  examiner  et  discuter  les  matériaux  relatifs  à 
l'analogie  herméneutique. 

Au  sujet  de  la  signification  du  nom  de  m®  mw,  l'auteur  cite, 
p.  6,  note  1,  plusieurs  explications,  parmi  lesquelles  il  omet  celle  de 
Reifmann  (Mesckib  Dabar^  p.  i6),  suivant  laquelle  mu  est  identique  à 
ÏT1T5  (Ez.,  xu,  42;  Lament.,  iv,  7)  ;  lui-même  prend  ce  mot  dans  le 
double  sens  de  i^no^ymu  %\.  d'analoçie.  de  sorte  que  m'^:^  signifierait 
à  la  fois  mol  et  jugement.  Or,  le  seus  de  moCy  quoi  qu'eu  dise  Joseph 
Karo  et  Ahron  jbn  Hayyira,  ne  peut  être  prouvé  par  les  documents 
de  la  tradition.  En  outre,  il  est  tout  à  fait  improbable  que  le  même 
moi  ait  comporté  ces  deux  sens.  Il  faut  partir  de  la  signification  que 
rnr>  a  en  araméen  et  en  néo-hébreu.  Eu  de  nombreux  passages,  il 
est  employé  pour  désigner  «  la  loi»;  ainsi,  par  exemple,  dans  le 
Targoum  de  Genèse,  xlvii,  26,  et  Juges,  xi,  39.  pn  est  traduit  par 
inT:i.  Le  livre  des  Lois  des  Sadducéens  s'appelait  Mniu  "i&o.  Si  on 
n'avait  pas  cherché  dans  l'expression  ni^  niu  l'expression  tech- 
nique  du  procédé  logique  indiqué  par  celte  règle,  on  s'en  serait  tenu 
à  ce  sens  du  mot,  sans  le  rattacher  artificiellement  à  nnnsn  nnn. 

»  Sifri,  Deutér.,  3ia,  éd.  Kriedminn,  134  6  :  l'^b'û   miairt  m«:^a  inaaia"^ 

TVû^  D'^yn'n  la  û-^bsnoTD  b^-iO-^  vm  n"apn  •'o»  »xt^  ma-inn  ïr^n® 

13  r^'^yO  nVW.  Par  l"p  et  ^"Oi  il  semble  que  ce  texte  veuille  indiquée  les  sept 
règles  de  Hillel  ou  des  treize  règles  dUsœaël  qui  débutent  par  ces  deux  règles. 
Dans  Sanhédrin,  99  a,  par  U5":H  l"p  il  est  également  probable  qu'on  a  voulu  dési- 
gner les  sept  ou  les  treize  règles.  Ct.  Scbwarz,   Ôl,  uole  2;  50  et  87,  note  9. 

*  Je  présame  qu«  Tordre  de  tuccesiiion  des  règles  a  une  signification  chronolo- 
gique ;  le  syllogisme  herméneutique  H^HI  bp)  serait  donc  la  règle  la  plus  ancienne, 
ce  qoi  est  évident  •  priori. 


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132  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

Partant  des  mêmes  idées,  M.  S.  veut  trouver  dans  t3"A  le  sens 
iïlsorrhem  *  et  d'analogie.  Cependant,  ceci  n*est  pas  exact,  comme 
nous  le  constatons  au  surplus  par  quelques  exemples  de  guezera 
schava,  qui,  pour  la  plupart,  ont  été  traités  ou  effleurés  par  notre 
auteur  ;  «Tnob  IND  D'^aiDa  rt»  ,rrvo  ïi-r^nb  û'»5'id3  itti  D-'SiDa  m  «b« 
ïiis»n  173  «n^Db  ibnb  m^Nn  D"'3nD3  ttii  t|N  Tcciixn  \n  (Mechilta^ 
Bahodesch,  3  ;  Schwarz,  p.  67)  ;  ïiTD  ©"ab  û-'bTO  D^bnî  D"»»  •»  D'^tî''  b"n 
'iDi  (^i/ra,  iJcA^mm,  III,  3 ;  Schw.,  73);N73a-'  «b  N?3CD"«  «b  b'n 
Nb  C|N  «Taa"»  «ba  a-^-^m  Na*»  «ba  a-^-^n  V'Da  -ii»«n  K»ai  »b  n»  «"ab 
b"n  K^û*»  «bai  «a-^  «ba  a'^-'n  n"aa  'r^-n^r^  ntou"^  (*5î/ra,  Emor,  II,  H); 
'1D1  ibnb  mTDKn  3^73i«  larN  rtTD  TD"ab  3>73n«  iss-^n  2^7310  ■|33"«N 
(5'i/r(^,  Deut.,  243;  Schw.,  82)  ;  û-^-ian  mb"»b3^  D'élan  mb"»b3^ 
'1DT  ibnb  1153»^  Dnan  mb^by  nn  «"ab  (t^.,  235  ;  Schw.,  82). 

Il  est  clair  que  dans  ces  passages,  l'expression  îTiiD  mnb  signifie  : 
«  en  vue  d'une  même  décision,  d'une  même  loi  »,  car  on  ajoute  aus- 
sitôt de  quelle  loi  il  s'agit  \  Le  mot  ^"a  ne  peut  vouloir  désigner  la 
similitude  des  mots,  car  cetle  circonstance  est  déjà  mise  en  lumière 
par  le  rapprochement  des  deux  mots  servant  de  point  de  départ.  La 
règle  en  question  a  été  nommée  x^"^  parce  que,  dans  les  raisonne- 
ments  où  celle-ci  est  employée,  ce  mot  est  le  terme  constant  et  le 
plus  caractéristique.  Ailleurs  encore,  une  raison  de  ce  genre  a  dé- 
terminé la  dénomination  de  certaines  règles,  comme  les  formules 
talmudiques  bien  connues,  b-^Nirr,  ia?3,  y\T\i2,  qui  servent  à  rappeler, 
au  moyen  du  terme  constant  et  caractéristique  du  début,  la  propo- 
sition tout  entière. 

Dans  nTsm  bp,  la  dénomination  est  empruntée  aux  éléments  de  la 
conclusion,  par  exemple  :  nmTDnïi  na©  ...bprt  aia  QT'  n^,  où  un 
bp  et  un  n^n  sont  réunis  en  vue  de  la  conclusion.  On  peut  conclure, 
en  vue  d'une  atténuation,  de  ce  qui  est  plus  grave  à  ce  qui  est  moins 
grave,  et,  pour  une  aggravation,  de  ce  qui  est  moins  grave  à  ce  qui 
est  plus  grave  :  a  majori  ad  minus  et  a  minori  ad  majus.  Le  mot  n'p 
n'indique  pas  le  procédé  par  lequel  on  arrive  à  la  conclusion,  mais 
rappelle  les  éléments  constituant  les  deux  espèces  de  conclusions. 
On  ne  peut  donc,  si  on  veut  s'exprimer  avec  précision,  traduire  n''p 
par  «  de  ce  qui  est  moins  grave  à  ce  qui  est  plus  grave  »,  comme  on 
le  fait  habituellement,  car  on  n'aurait  ainsi  qu'un  des  modes  de  con- 
clusion. Il  faut  le  traduire  par  :  *  une  chose  moins  grave  (bp)  et  une 
chose  plus  grave  (nTan)  »,  en  d'autres  termes  cette  règle  est  caracté- 
risée par  un  bp  et  un  iTsn. 

Tandis  que  par  ïinu)  nnw  on  désigne  le  résultat  et  par  n?3m  bp  les 
éléments  de  la  conclusion,  la  dénomination  de  la  troisième  règle, 
ait  l'^sa,  indique  en  même  temps  l'énoncé  du  principe  et  la  mé- 
thode de   conclusion,  car  cette   dénomination  est  empruntée  à  la 

*  Mot  forgé  par  M.  Schwarz  pour  désigner  ^n^  rHTA  dans  le  sens  de  «  mois 
semblables  •. 

«  Cf.  5»w,  Deut.,  r;39  :  ûiN  b^a  mc  -^sob»  N'^n  rïT»T:in. 


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ÈÊ^J 


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BlfiUOGRAPHlE  153 

phrase  a«  ^33  ïiT  «  ceci  forme  une  base  »  [Sifrè,  Nombres,  464). 
Toules  les  trois  règles,  comme  les  autres,  sont  dénommées  d'après 
les  expressions  caractéristiques  qui  s'y  rencontrent. 

Après  cette  petite  digression,  revenons  à  la  guezèra  schava  (T2>"a). 
Nous  croyons  que  cette  règle  était  appliquée  avant  d'avoir  une  dé- 
nomination et  que  le  terme  'Q"^  a  encore  sa  signification  primitive 
dans  les  exemples  cités  et  dans  d'autres  analogues.  A  mon  avis, 
dans  la  formule  :  «"a  hîww]  yikr^n  imbi  ©'•pïib  n3Dn)3(cf.  Schw.,  40, 
note  4),  qui  ne  se  trouve  que  dans  les  Midraschim  de  l'école  de 
R.  Ismaéi  (Hoffmann,  Zur  EinL  in  d.  halachischm  Midraschim,  p.  6, 
44,  67),  la  signification  primitive  de  cette  expression  se  retrouve 
encx>re.  Il  faut^  en  effet,  traduire  ainsi  :  «  Tel  mot  est  superûu  (ou 
pour  mieux  dire  vide),  mais  il  sert  pour  le  comparer  à  un  autre  et  eu 
tirer  la  même  conclusion.  »  La  base  de  la  conclusion  est  exprimée  par 
le  mot  n3Di7a.  Tapplication  par  n373"«n  inbi  «•»pnb,  le  résultat  par 
O^a.  Cf.  Mecàilta,  BOy  ^ïi  ;  Mischpatim,  i  et  x  (plusieurs  exemples 
sans  137373);  Sifrè,  Nombres,  66;  Deut.,  249  (Schw.,  83);  Sola,  k^b 
«"A  ^yn'>T^  pnb  ^y1y^J^^^  ann^n  n3-»o  (Schw.,  79).  Dans  celte  dernière 
formule,  Xi"y  ne  peut  naturellement  manquer,  mais  dans  la  formule 
rapportée  ci*dessus,  XD"a  est  souvent  omis  comme  superflu.  Du  reste, 
une  comparaison  des  diverses  formules  montre  que  les  plus  com- 
plètes sont  les  plus  anciennes  et  les  plus  brèves  les  plus  modernes. 
Les  Amoraïm  emploient  déjà  couramment  "Q"^  comme  terme  tech- 
nique pour  désigner  la  règle,  sans  se  préoccuper  du  sens  originel. 
C'est  ce  qui  a  déciié  les  méihodologues  à  trouver  dans  cette  déno- 
mination la  base  propre  du  terme  de  cette  règle  *. 

L'auteur  n'a  pas  examiné  de  près  si,  dans  des  sources  non  judaï- 
ques, on  trouve  une  règle  pour  Tinterprétation  de  la  loi  analogue  à 
l'analogie  herméneutique.  Joël  iBlickein  die  Religionsgeschichte,  I,?9) 
croit  que  c  Texégèse  halachique  des  Taunaïtes  présente  de  l'ana- 
logie avec  la  manière  dont  les  juristes  romains  procédaient  vis  à  vis 
de  la  loi  des  douze  tables  ».  En  note  il  cite  Qaii  Institut iones y  1, 465, 
où  se  trouve  une  déduction  par  analogie  «  qui  rappelle  tout  à  fait  la 
r:no  rtnna  ».  il  n'est  nullement  invraisemblable  que,  non  seulement 
le  t'p  et  V3"3,  mais  aussi  d'autres  règles  talmudiques,  dont  les  middot 
de  Hillel,  d'Ismaél  et  même  d'Eliézer  ben  José  ne  forment  qu'une 
petite  fraction,  aient  leurs  parallèles  non  judaïques. 

Ces  questions  préliminaires  étant  réglées,  analysons  la  monogra- 
phies si  substantielle  de  M.  Schw.,  afin  de  donner  au  lecteur  une 
faible  idée  de  la  richesse  des  matériaux  mis  en  œuvre  et  des  résul- 
tats obtenus. 

Ce  travail  se  divise  en  trois  parties.  Après  une  introduction  géné- 
rale, que  nous  avons  déjà  étudiée,  l'auteur  traite  des  conditions  aux- 
quelles est  soumis  VIssorhem  ^  Elles  sont  au  nombre  de  deux.  La 

^  Cf.  Scbwarz,  p.  9. 

>  Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  cette  dénominaiioo  montre  que  pour  M.  Schw., 
ÏT^tD  nnU  signifie  «  deux  mots  semblables  •. 


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154  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

première  est  ainsi  conçue  :  iTDity^a  «"a  p  û^ifit  yn  {Pêsahim,  66  «,  et 
Nidda,  i^b;  j.  Pes.,  VL  4),  c'esl-à-dire,  d'après  TexplicatioD  de 
Raschi,  il  faut  que  la  «"a  soit  d*origine  sinaYliqne.  M.  Schw.  dé- 
montre, par  des  éléments  tirés  des  sources,  que  les  Tannaltes  n*ont 
pas  connu  cette  condition,  énoncée  seulement  dans  les  passages  ci- 
dessus  et  attribuée  à  Hillel,  attendu  qu*i)s  créent  eux-mêmes  des 
^"Jt  et  que,  selon  eux,  deux  analogies  contradictoires  sont  conciliées 
par  une  troisième  ou  par  un  raisonnement,  etc.  (45-24).  1^  deuxième 
condition,  c*est  que  la  guezèra  schava  soit  ns&i):  «  superflue  »,  c*est- 
à-dire  un  mot  qu'on  puisse  facilement  laisser  de  côté*.  L'auteur 
montre  ensuite  avec  sagacité  que  Ja  seconde  condition  est  en  oppo- 
sition avec  la  première,  car  une  analogie  transmise  du  Sinaï  ne  peut 
être  subordonnée  à  une  condition  quelconque.  Si  l'analogie  est  un 
procédé  de  logique,  elle  n'a  pas  besoin  de  la  tradition  sinaîlique  ; 
est-elle,  au  contraire,  une  tradition  du  Sinaï,  alors  elle  perd  le  ca- 
ractère d'opération  logique  de  la  pensée,  que  possèdent  les  autres 
middot  (p.  14).  L'auteur  constate,  eu  outre,  que  dans  toute  ta  litté* 
rature  tannaïtique,  on  ne  trouve  aucun  D'^Tlst  '373  roEi»,  qui  ne  peat 
donc  pas  dater  de  l'époque  des  Tannaïies  ;  ceux-ci  parlent  seulement 
de  riDDiTO  tout  court  (84-28)  *. 

L'auteur  nous  donne  ensuite  un  lumineux  aperçu  des  diverses 
manières  dont  la  guezèra  schava  a  été  employée  par  les  écrivains 
du  moyen  âge.  Il  appelle  l'atteutioti  sur  le  fait  remarquable  que 
nulle  part,  dans  le  Talmud.  il  n'est  fait  mention  de  l'origine  sinal* 
tique  de  la  c"a,  car  dans  les  deux  passages  de  Nidda,  49d,  et  Pe<., 
66  a,  où  Ton  soutient  la  thèse  n73i::^73 '0"a  p  ai«1''»,  il  nesi  nulle- 
ment question  de  tradition  sinaïtique.  Haschi  (p.  28-30)  fut  le  premier 
à  dire  :  '^3'»o  13^  ian73  nb:2p  D"»  «b»,  et  celte  interprétation  est  si  bien 
entrée  dans  les  esprits  que  même  Nahmauide  et  Simson  de  ChUioa 
la  citent  sous  cette  forme,  comme  si  elle  se  trouvait  dans  le  Talmud. 
En  présence  des  difficultés  qui  s'élèvent  dans  le  Talmud  contre  cette 
explication,  R.Tam  (p.  34)  émitl'avis  que  ce  ne  sout  pas  les  ©"a  elles- 
inémes  qui  ont  été  transmises  du  Siuui,  mais  seulement  leur  nombre 
total  ;  ce  qui  fait  que  des  controverses  ont  pu  avoir  lieu  à  ce  sujet. 
Ce  serait  donc  le  nombre  des  analogies  qui  est  sinaïtique.  Voici 
la  théorie  de  Nahmanide  (p.  33)  :  Les  lialachot  reposant  sur  une  «"a 

*  L^auteur  aurait  encore  dû  ajouter  qu'un  mot  peut  aussi  être  n3D^7l3  quaod  il  a 
été  choisi  intenlioDnellement^&u  lieu  u^un  autre. 

*  L'auteur  est  ici  en  contradiction  arec  les  deux  Talmud,  qui  prétendent  que, 
d'après  R.  Akiba,  la  ;s"3  n'a  pas  besoin  d'être  n3D*l73,  tandis  que  R.  isma«t  eu  faii 
vne  condition  inéluctable.  Hoifinann  [l,  c,  p.  6,  notes  3  et  4  ;  p.  44  et  67)  prétend 
que  l'expression  ^"i  137373  *l'\lb^  V^pTh  7133173  caractérise  l'école  d'Ismaë!,  le 
prouvant  non  seulement  d'après  j.  Yoma^  VlU,  45  a,  et  Sanh.^  VU,  24,  mais  aussi 
d'après  le  langage  courant  des  Midrascbim  tannuïiiques.  M.  Scbw.  (2'?),  au  cou- 
traire,  dit  :  <  Ce  qui  est  digne  de  remarque,  c'est  que  nous  ne  trouvons  pas  une 
seule  fois  dans  le»  ^"^  employées  par  H.  Ismsël  l'exoressiou  mouphné,  »  Mais  il 
landrait  que  M.  Schw.  renversit  toutes  les  preuves  de  Hoffmann,  qui  sont  très  so- 
lides, au  lieu  de  les  passer  sous  silence. 


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BIBUOGRAPHIË  1S5 

soQt  une  tradition  du  Sinaï  ;  quant  aux  ^"o>  elles-mêmes,  il  fallait 
préalablement  les  établir.  Ou  savait  par  tradition  que  telle  ou  telle 
balacha  s*appuyait  sur  une  ïii^  mn,  mais  on  ne  savait  pas  qiMls 
mots  constituaient  la  Ca  ;  de  là  des  controverses.  En  un  mot,  «  il  y 
aurait  des  analogies  transmises  par  tradition,  mais  pas  d'isorrhéwiê 
révélés  par  tradition  »  (p.  35).  Simson  de  Ghinon  (p.  35),  auteur  de  Tou- 
vrage  de  méthodologie  Se  fer  Keriiout ,  fait  une  distinction  entre  les 
fTa  et  croit  qu'il  y  a  :  4<>  des  ^"3  traditionnelles;  S^  des  analogies 
Iraditionueiles  ;  3o  des  x^"y  non  traditionnelles.  R.  Josua  ben  Joseph 
ha-Lévi  (p.  39)  combine  Topinion  de  Nabmanide  et  celle  de  Simson.  I) 
soutient  €  qu'il  n'existe  en  tout  que  deux  sortes  de  «"a,  celles  où 
l'analogie  est  traditionnelle  et  celles  où  la  ^"y  seule  est  tradition* 
nelle  ».  Les  méthodologues  postérieurs  dépendent  la  plupart  de  ces 
derniers  et  ne  méritent  pas  sous  ce  rapport  d'être  pris  en  considé- 
ration. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  c'est  la  tradition  qui  est  la  base  de 
la  guezèra  scbava.  Le  premier  qui  a  émis  cette  opinion  est  Raschi^ 
suivi  ensuite  par  tous  les  autres.  Maîmonide  a  émis  une  opinion 
contraire  en  disant  que  c'est  la  logique  qui  est  le  fondement  de  la 
guezèra  scbava.  Raschi  et  Maïmonide  représentent  donc  ici,  comme  - 
en  beaucoup  de  questions  fondamentales,  des  tendances  diverses.  Il 
est  vrai  que  Maïmouide  ne  s'est  pas  prononcé  directement  sur  la 
Z\  mais  comme  il  ne  compte  pas  les  halacbot  établies  au  moyen 
des  treize  règles  d'interprétation  parmi  les  six  cent  treize  Miçvoty 
on  peut  en  conclure  qu'il  ne  partage  pas  Tavis  de  Raschi.  Hanania 
Kasès,  dans  sou  D'^IDIO  nN3p  (parue  en  4740),  a  réfuté  l'opinion  de 
Raschi.  Sans  qu'il  eût  connu  Kasès,  R.  Mordechal  Plungian  s'esl 
également  élevé  contre  l'opinion  de  Raschi  dans  un  écrit  spécial  sur 
la  guezèra  scbava  (nrobn,  1849).  «Dans  toute  notre  littérature  mé- 
thodologique, ce  sont  les  travaux  de  ces  deux  savants  qui  révèlent 
uu  vrai  sens  critique»,  dit  M.  Schw.,  et  c'est  à  eux  que  notre  auteur 
se  rattache,  quoiqu'il  n'approuvé  pas  la  division  des  \»"a  ni  d'autres 
points  chez  PluDgiau,  qu'il  caractérise  ainsi  avec  beaucoup  de  ju»* 
tesse  :  «  Il  traite  plutôt  des  mia  mn'«Ta  que  de  la  m«  nnu  ». 

Après  avoir  nié  la  provenance  sinaïtlque  de  l'analogie  herméneu- 
tique, tout  en  maintenant  fermement  son  caractère  traditionnel,  il 
faut  chercher  l'/jpoque  où  elle  s'est  formée.  Kasès  croit  que  la  gue- 
zèra schava  remonte  au  grand  Sanhédrin,  tandis  que  Plungian  la 
place  à  une  époque  où  la  langue  hébraïque  était  encore  une  langue 
vivante.  Tous  deux  ont  en  vue  l'époque  postérieure  à  Ezra  (p.  43-60). 

Une  fois  qu'il  a  démontré  que  la  x:"y  ne  remonte  pas  jusqu'à  la  ré- 
vélation du  Sinaï,  l'auteur  fait  l'historique  du  développement  de  cette 
règle.  Dans  la  première  période,  on  ne  forma  d'autres  «:"a  que  celles 
qui  reposent  sur  des  termes  deux  fois  répétés  ;  l'auteur  les  nomme 
é«  ^erdjieva.  Le  «l<  XtydiAevov  est  la  iD":i  primitive,  qui  consiste  précisé- 
ment à  établir  des  dispositions  légales  identiques  là  où  un  même 
ferme  est  répété  dans  deux  passages  différents.  Elle  est,  au  meilleur 


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REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

lu  mot,  une  opération  de  la  pensée,  puisqu*un  mot  unique,  au- 
n  ne  peut  rattacher  d'habitude  qu'une  seule  idée,  devient,  grâce 
s  opération,  le  véhicule  de  toute  une  série  de  pensées  et 
i  [p.  63).  Un  mot  est  également  considéré  comme  existant  seu- 
b  deux  fois  quand  la  même  forme  grammaticale  ne  se  retrouve 
Heurs.  Des  formes  diverses  de  mots  sont  aussi  8l<;  Xe^diieva  quand 
ont  les  seules  de  leur  racine. 

I  mot  unique  et  Identique,  on  passa  à  l'expression  identique 
(posant  de  deux  ou  plusieurs  mots  »  (p.  64).  Plus  tard  «onélar- 
cercle  du  nombre  deux,  en  ce  sens  qu'on  retendit  de  deux 
à  deux  lois. . .  ;  désormais,  la  règle  de  la  guezèra  schava  pou- 
tre appliquée,  non  seulement  quand  il  y  avait  deux  exprès- 
identiques,  mais  aussi  quand  il  y  avait  deux  objets  ou  deux 
entiques  ;  du  simple  Sic  on  fit  un  icepl  duoiv.  Sans  s'inquiéter  de 
;uente  répétition  de  la  môme  expression,  on  ne  porta  Tatten- 
je  sur  le  point  de  savoir  si  elle  n'était  pas  employée  plus  que 
ieux  objets  dans  la  Tora.  Ces  irepX  «uoîv  Xeydjisva  rencontrèrent  de 
stance,  et  cela  à  bon  droit,  car  on  devait  craindre  que  la  ^"Ji, 
à  élargir  son  domaine,  étendît  ses  limites  toujours  plus  loin, 
it,  en  effet,  ce  qui  est  arrivé...  L'extension  du  ic£p\  «uoiv  ^e-rd- 
ut  pour  conséquence  une  extension  du  Sic  XcYd{jLe*.'ov,  en  ce  sens 
mr  les  expressions  composées  on  tenait  bien  encore  compte 
iments  constitutifs  isolés,  mais  nullement  de  l'ordre  dans  le- 
Is  se  suivent  »  (p.  65).  Ainsi,  d'après  la  théorie  de  l'auteur,  les 
ères  analogies  étaient  celles  qui  avaient  pour  base  une  forme 
t  ne  se  trouvant  que  deux  fois  dans  le  Pentateuque  ou  deux 
le  même  racine  :  6U  Xe^djuvov.  Après  celles-ci  vinrent  les  analogies 
pour  base  des  mots  ou  formes  de  mots  employés  exclusive- 
à  propos  de  deux  objets  :  «cpi  8ootv  Xevôjjieva.  Dans  la  troisième 
e  de  développement  apparaissent  les  faux  Sic  Xefèjisva  et  «épi 
ydliev*  qui  provoquèrent  de  l'opposition.  L*auteur  (66-I24)  cite 
e  à  l'appui  de  ses  théories  des  preuves  puisées  dans  toute  la 
ture  tradiiioDnelle.il  examine  quarante  Sic  XcYôiava,  dont  quinze 
impruntés  au  Sifra,  et  seize  «epi  Suoiv  ^eytffuva,  dont  six  appar- 
ut au  Sifra  ;  il  examine  aussi  treize  cas  irréguliers,  en  tout 
tte-neuf  exemples.  Ce  chiffre  paraît  ne  représenter  que  la  neu- 
partie  de  toutes  les  mi©  mn"^n,  car  dans  le  Talmud  babylo- 
eul,  il  doit  y  en  avoir  près  de  quatre  cents,  dans  le  Talmud 
halmi  environ  cent  cinquante  et  dans  la  Tosefia  trente  (p.  84, 
.  Si  on  y  ajoute  encore  les  ^"i  des  ouvrages  halacbiques  et 
es  sources,  il  y  aurait,  défalcation  faite  des  nombreux  passages 
^les,  un  total  de  six  cents.  L'auteur  remarque  toutefois  exprès- 
it  que  ce  n'était  pas  son  intention  de  réunir  tous  les  cas  et 
i  voulu  simplement  illustrer  sa  théorie  par  des  exemples, 
n  examine  attentivement  la  théorie  de  l'auteur,  on  sera  forcé 
onnaltre  qu'elle  est  séduisante  et  construite  avec  beaucoup  de 
té.  Il  est  vrai  que  l'auteur  n'a  tenu  compte  ni  des  docteurs  aux- 


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BIBLIOGRAPHIE  157 

quels  il  a  emprunté  ses  exemples  ni  de  leur  époque.  Mais  ceci  n'af- 
faiblit nullement  sa  démonstration,  si  nous  avons  bien  compris  son 
sj'^sième,  car  ces  docteurs  ne  sont  pas  nécessairement  les  auteurs 
des  o"3  en  question;  ils  peuvent  en  être  considérés  comme  les 
simples  rapporteurs.  Le  trop  grand  nombre  de  déductions  par  ana- 
logie ne  pouvant  être  rangées  dans  les  trois  premières  phases  n'em- 
barrasse pas  non  plus  notre  auteur,  car  il  est  naturel  qu'à  Tépoque 
de  la  floraison  de  la  tradition,  ces  interprétations,  elles  aussi,  aient 
été  en  pleine  floraison.  Cependant,  en  faisant  ces  concessions,  nous 
ne  pouvons  nous  dissimuler  que  la  théorie  exposée  avec  tant  d'in- 
géniosité par  notre  auteur  est  une  construction  a  priori.  Si  la  théorie 
est  exacte,  les  exemples  cités  sont  anciens,  et  si  les  exemples  sont 
auciens,  la  théorie  est  exacte.  Mais  la  question  est  de  savoir  si  la 
théorie  est  exacte  et  si  les  exemples  cités  représentent  les  formes  les 
plus  anciennes  de  la  déduction  par  analogie.  On  se  trouve  donc  dans 
un  cercle  vicieux.  M.  Schw.  prétend  que  les  guezèrot  schavot  qu'il 
a  examinées,  du  moins  la  plupart,  sont  antérieures  à  Hillel.  Il  nous 
semble  que  Tauteur,  dans  la  démonstration  de  son  opinion,  déploie 
trop  d'ingéniosité  et  de  finesse  pour  qu'elle  soit  vraie.  Le  fait  de 
limiter  les  '0">  aux  véritables  2k  Xsydfieva  et  d'exclure  toutes  les  autres 
suppose  uue  connaissance  si  complète  de  cette  règle  qu'il  est 
impossible  de  croire  que  cette  connaissance  fût  déjà  si  parfaite  à 
rorigine  de  ce  genre  de  déduction.  Les  premiers  docteurs  n'ont  sans 
doute  pas  pu  examiner  toutes  les  guezèrot  schavot.  Une  autre  diffi- 
culté ressort  du  fait  que  la  théorie  de  l'auteur  se  fonde  entièrement 
sur  l'analogie  des  mots,  tandis  qu'originellement^  comme  nous 
avons  essayé  de  le  prouver  au  début,  on  tenait  surtout  compte  de 
l'analogie  des  objets,  et  que  le  nom  de  TiW  rrîW  doit  son  origine,  non 
pas  au  procédé  de  raisonnement,  mais  à  ses  résultats.  Les  savants 
ayant  étudie  l'Ecriture  longtemps  avant  Hillel  ont  dû  certainement 
être  frappés  de  cette  catégorie  d'aualogies  qui  consistent  dans*  la  res- 
semblance de  deux  lois.  Ëusuite,  ils  tirèrent  des  conclusions  de 
l'identité  d'expression,  sans  s'inquiéter  si  cette  expression  se  trouve 
une  ou  deux  fois  dans  l'énoncé  de  la  loi  où  sa  signification  est 
claire.  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'à  l'origine  on  a  tenu  compte,  pour 
la  ^"3,  de  ce  qui  frappait  en  premier  Tintelligence,  et  non  pas  de  ce 
qui  n'est  que  le  résultat  d'une  interprétation  ingénieuse  et  forcée  de 
PEcriture.  Nous  considérons  donc  la  théorie  de  M.  Schwartz  comme 
exacte,  mais  seulement  pour  l'époque  qui  a  suivi  Hillel,  lorsque  l'in- 
terprétation de  l'Ecriture  avait  déjà  traversé  une  longue  phase  de 
développement.  Nous  serions  heureux  si  ces  objections  engageaient 
l'auteur  à  soumettre  sa  théorie  à  un  nouvel  examen  et  l'amenaient 
à  la  consolider  ou  à  la  modifier. 

On  sait  qu'Akiba  et  son  école  font  les  déductions  par  ai^73l  "^131, 
là  où  ïsmaël  et  son  école  emploient  le  aiDi  bbD.  En  ce  qui  con- 
cerne la  0":^,  Ismaël,  en  opposition  avec  Akiba,  exige  qu'elle  soit 
Î13S173,  c'est-à-dire  qu'elle  soit  indiquée  par  un  mot  superflu  ou  spé- 


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f 58  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ciai.  Ho/fmann  (/.  c,  5-42),  en  caractérisaDt  Texégèse  de  ces  deux 
docteurs,  a  aussi  indiqué  ce  point  comme  trait  distinctif  des  deux 
écoles.  M.  Schw.,  au  contraire,  est  d*avis  que  u^ym  ''inn  est  «  d'ori" 
gine  Echammaïie  »  et  «  aurait  été  créé  dans  une  idée  d'opposition 
contre  la  «"a  »  (p.  426).  Il  croit  aussi  que  la  lutte  entre  "«lan  et  u:"a  était 
déjà  terminée  à  Tépoque  d'Ismaël  et  d'Àkiba,  car<»n  se  mit  d'accord 
pour  admettre  qu'une  "Q''^  ne  peut  exister  que  lorsqu'il  y  a  un  mot 
superflu  ou,  en  termes  lechniques,  qu'une  ï3"a  est  nSDiTa  lorsqu'il  y 
a  un  "^131  (p.  4  29).  Il  eût  été  Q  désirer  que  l'auteur  nommât  au  moins 
le  savant  qui,  en  dernier  lieu,  s'est  occupé  de  cette  question  et  la 
discutât  avec  lui.  Les  choses  eu  sont,  en  etiét,  au  point  suivant  : 
Akiba,  avec  sa  méthode  du  "^nnn,  combat,  non  seulement  les  guezèrot 
schavot,  mais  aussi  toutes  les  autres  espèces  d'interprétation  qui  ne 
remplissent  pas  la  condition  du  mouphné.  Si  môme  tous  sont  forcés 
de  reconnaître  que  dans  les  quinze  déductions  (p.  426-482)  citées 
d'après  Mechilta^  Sifra  et  Sifrè^  le  ^lan  est  en  lutte  contre  la  gue- 
zèra  schava,  on  ne  pourra  pourtant  pas  encore  eu  tirer  cette  conclu- 
sion, comme  le  fait  M.  Schw.  :  «  •^lan  est  une  arme  forgée  contre  la 
ï)'%  non  pour  la  détruire  par  un  combat  acharné,  mais  simplement 
pour  la  repousser  et  mettre  une  barrière  à  ses  empiètemeuis  »  (482). 
Car,  dans  ce  cas,  le  mode  d'interprétation  par  "^inn  n'aurait  pas  été 
employé  là  où  il  n'est  pas  question  de  lD"a,  ce  qui,  comme  on  sait, 
eut  contraire  à  la  réalité.  Là  où  il  y  a  les  particules  tjK,  D:i,  dm  et 
leurs  contraires  p'n,  ^^  et  d'autres  ''inn,  on  ne  peut  pas  découvrir  la 
moindre  trace  d'une  lutte  contre  la  u?":i.  A  l'appui  de  son  hypothèse, 
l'auteur  n'a  besoin  que  de  prouver  qu'entre  "^lan  et  ^"y  il  y  a  eu  une 
iutte  qui  a  amené  la  conception  du  mouphné.  Il  est  donc  superflu  d'af- 
faiblir cette  preuve  eu  afârmant  que  la  règle  du  *«i!3n  doit  unique- 
ment son  origine  à  l'idée  de  faire  opposition  à  la  ^"^. 

Après  avoir  établi  que  "^lan  et  ©"a  se  combattent,  l'auteur  expose 
dans  un  chapitre  final  que  «  "^nsn  et  n^GiTS  sont  identiques  par  es- 
^nceet  ne  sont  que  des  dénominations  différentes  d'une  seule  et 
même  chose  »  (p.  485).  Voulant  expliquer  pourquoi  cette  nouvelle  dé- 
nomination a  été  imaginée,  l'auteur  (p.  4  85,  n.  4)  dit  «  qu'il  était  plus 
aisé  de  former  un  participe  hophal  de  "^3D  que  de  ''ni  ».  A  la  fin, 
l'auteur  émet  encore  l'hypothèse  que  les  deux  conditions  auxquelles 
est  soumis  l'emploi  d'une  ©"a,  c'est-à-dire  ittas:^»  ï:"a  p  Dn»  1"»K  et 
n:cn7a,  se  réduisent  à  une  seule.  Gomme  nSDiTS  est  un  équivalent  de 
•^la-i,  la  règle  a  dû  être  formulée  ainsi  à  l'origine  :  ^^''^in  m»  ^i* 
mp  b»  ■'13173  Nb«  1533:^73  «  Nul  n'a  le  droit  de  créer  de  son  chef  une 
V"^,  excepté  dans  le  cas  où  l'abondance  de  mots  du  texte  biblique 
i.'y  pousse  impérieusement  »,  ou  «  personne  n'a  le  droit  de  tirer  une 
tD":i  d'une  expression  ayant  sa  raison  d'être,  constituant  un  élément 
lAdispensable  du  texte,  mais  seulement  d'une  expression  superflue  » 
(p.  194-492).  D'après  la  première  traduction,  i73^:?73se  rapportée  ûi«, 
d'après  la  seconde  à  Knp,  Au  point  de  vue  de  la  langue,  les  deux 
manières  de  traduire  sont  impossibles,  parce  que  i»3::^73  et  bv  '^^'y^J^ 


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BIHLlOiiHAIMIIK  139 

îTip  ne  peuvent  former  une  opposition.  Aussi  cette  hypothèse,  formée 
a  rimitalion  de  celle  de  Rasés,  qui  complète  ainsi  la  phrase  :  D*7M  ^N 
bilan  T^n  n-^a  "^bîs  «b«  iwafca^»  'C'y  *w  ne  serait  pas  admise  même  par 
ceux  qui,  quant  au  fond,  approuvent  Pauteur. 

Dans  ce  qui  précède,  nous  avons  donné  un  aperçu  du  procédé  de 
recherches  et  des  principaux  résultats  de  Cjçtte  monographie  savante 
et  complète,  sans  épuiser  à  beaucoup  près  son  contenu.  On  y  trouve 
ea  graad  nombre  des  interprétations  très  sagaces,  des  remarques 
ififénieuses  sur  des  points  isolés  et  des  observations  critiques.  Pour- 
tant, BO^)s  devons  nous  élever  résolument  contre  une  des  assertions 
(le  cet  ouvrage.  Page  5,  Tauteur  s*exprime  ainsi  au  sujet  de  i'iii- 
fluence  de  la  doctrine  naissante  du  christianisme  sur  le  judaïsme  : 
«  Il  est  vrai  que  seul  l'avènement  du  chrisilanisme,  qui  faisait  dé- 
pendre loul  salut  de  la  foi,  a  provoqué  le  microcosme  de  Tobservance 
judéo-religieuse.  Il  n'est  pas  moins  vrai  que  l'importance  attachée  à 
ce  qu'on  appelle  la  loi  cérémonielle  n'est  devenue  si  grande  et  si  in- 
tense quau  début  de  l'ère  chrétienne. ..  Sans  doute,  nous  devons 
au  christianisme  les  tours  et  les  remparts  élevés  par  le  Talmud 
autour  de  la  loi;  mais  les  premières  palissades  ont  été  élevées  par 
l'hellénisme.  »  Cela  est  complètement  faux,  car  les  judéo-chrétiens, 
les  chrétiens  palestiniens,  qui  seuls  peuvent  être  pris  ici  en  consi- 
déraiiofi,  n^étaient  pas  des  adversaires  des  pratiques,  mais,  au  con- 
traire, de  rigides  observateurs  de  la  Loi  de  Moïse  et  de  la  Tradition. 
Paul,  quia  proclamé  avec  ie  plus  de  succès  Tabrogation  de  la  Loi, 
était  particulièrement  détesté  des  judéo-clirétiens  de  la  Palesiioe 
(Of.  Joël,  Blick%  I,  25  et  suiv.  ;  Ghwolson,  Das  ktzte  Pussamahl 
CàrisHy  9$  et  surtout  99). 

A  propos  de  Texplication  du  passage  de  Sifré^  p.  475,  je  ferai  re- 
marquer que  la  correction  proposée  par  l'auteur  ne  supprime  pas 
tomes  les  difficultés.  Ainsi,  le  texte  ne  serait  pas  expliqué  dans 
Tordre  où  les  versets  se  suivent  dans  la  Bible,  car  ^^B3  m«  bsa  pn 
(Deut,  XII,  45)  devrait  se  trouver  au  commencement  du  chapitre.  Si 
M.  Scbw.  admet  qu'il  existe  une  deuxième  source  pour  le  passage 
corri^,  oe  qui  me  parait  probable,  Tobjection  qu'il  élève  contre  les 
deux  interprétations  de  pn  n'a  plus  de  raison  d'être. 

Auerbach  a  reproché  à  Zunz  d'écrire  «  Mardechaï  »  ;  Zunz  s'est 
expliqué  sur  ce  point  (Ges.  Schriften,  III.  409).  Nous  voudrions  que 
M.  Schw.  changeât  aussi  cette  orthographe  (p.  37  et  55)  en  «  Mor- 
dechaï  ». 

Pour  terminer,  disons  que  cet  excellent  travail,  qui  est  une  con- 
tribution importante  à  Thisloire  de  la  méthodologie  talmudique, 
nous  fait  souhaiter  que  M.  Schw.  s'acquière  un  nouveau  titre  à  la 
reconnaissance  des  savants,  en  publiant  l'historique  de  toutes  les 
règles  herméneutiques. 
Budapest. 

L.  Blau. 


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ADDITIONS  ET  RECTIFICATIONS 


XXXV,  p.  218  ot  suiv.  —  Graetz,  comme  me  le  fait  remarquer 
iDski,  a  déjà  reconnu  que  la  page  de  Kiddomchin^  66  a,  est  le  ves- 
c  ancienne  chronique  écrite  dans  le  style  biblique  [Qeschichte  der 
U  note  xi).  En  regrettant  d'avoir  néglige  de  consulter  Tillustre  bis- 
ss  Juifs,  ce  dont  je  m'accuse  humblement,  je  ne  peux  m'empôcher 
)r  d'dtre  arrive,  sans  le  savoir,  aux  mômes  conclusions.  Ce  pa- 

de  mon  article  e'tait  surtout  destiné  à  montrer  Tabsence  de 
}  chez  moi  dans  Tcxamen  dos  sources  talmudiques  de  Thlstoire 

Israël  Zévi. 

.  —  Déjà  en  1857,  dans  le  Jeschurun  de  Kobak,  IIÏ,  p.  78-79,  partie 
li  proposé  au  nom  de  mon  oncle,  M.  6.  Meisels,  de  corriger  dans 
I,  97*,  d'après  j.  TaanU,  63  6,  le  mot  «b»  par  N'-l'?'».  Plus  lard, 
Weiss  adopta  cette  correction  dans  Hamaguid,  1867,  p.  254.  Mais 
[nann  veut  s'en  tenir  à  la  leçon  Mbît  [Bei  Talmudy  1882,  p.  119, 
Sn  tout  cas,  cette  dernière  leçon  est  très  ancienne;  on  la  trouve  dëjà 
manuscrit  de  Florence  de  1177  (cf.  Rabinowitz,  Variœ  LecUonet), 
is  ce  ms.  aussi  manque  le  passage  :  1"^K  b^llO'^  DK1  J'ttî^rp  'n  V'fit 
K  nm^n  l'^OI^^,  et  c'est  peut-être  à  cause  de  cette  lacune  que  le 
écrit  Nb»  au  lieu  de  N'n'5'N.  —  5.-/.  Balberstam. 

XV,  p.  289.  —  L'hypothèse  de  M.  Félix  Perles,  qui  voit  dans  les 
3  DDDD  de  la  prière  6<w2n  b3^  une  corruption  de  *Tni31  ^SDD  (Revud 
Î89),  est  ingénieuse  et  séduit  au  premier  abord.  Mais  il  paraît  sin- 
'on  ne  trouve  nulle  part  de  Irace  de  la  leçon  originale.  Il  faut  donc 
ie  se  rendre  compte,  sans  la  corriger,  de  Texpression  1TVD  nsD3, 
elle  soit  unique.  A  mon  avis,  elle  est  une  imitation  des  mots 
Lxxiii,  15  :  inoa  ^12m2  T^DD  *nyi3.  C'est  ce  verset  qui  engagea 
nconnu  de  la  prière  KCSn  by  à  associer  les  mots  Vp  et  *^TVD  pour 
«  la  main  qui  ne  repousse  pas  les  présents  corrupteurs  ».  C'est 
ment  par  euphonie  qu'il  remplaça  le  masculin  S|3  par  le  féminin 
'on  ne  trouve  pas,  il  est  vrai,  au  singulier,  mais  dont  le  pluriel 
rencontre  dans  I  Sam.,  v,  4  ;  II  Rois,  ix,  35  ;  Daniel,  x,  10  (cf. 
I  des  Cantiques,  v,  5).  Ce  pluriel,  dans  la  pense'e  de  l'auteur,  a 
justifier  l'emploi  du  singulier,  d'autant  plus  qu'il  n'est  pas  rare 
entrer  des  nëologismes  de  ce  genre  dans  la  poésie  liturgi- 
W.  Bâcher. 


Le  gérant 

Israël  Léyi. 


VERSAILLES,    IlfPBIMBBIKS    CBRV,    50,    HUE   0'J?LES8IS. 


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ASSEMBLÉE  GÉNÉRALE 


SÉANCE  DU  5  FÉVRIER  1898. 

Présidence  de  M.    Maubice  Vernbs,  président. 

M.  le  Président  prononce,  en  ouvrant  la  séance,  Tallocution 
qu'on  trouvera  d'autre  part  (p.  v). 

M.  Moïse  Schwab,  trésorier,  rend  compte  comme  suit  de  la  situa- 
tion financière  : 

En  décembre  1896,  comme  vous  le  savez,  la  Société  a  été 
reconnue  d*utilité  publique.  Vous  avez  donc  à  examiner  pour  la 
première  fois  Texercice  financier  accompli  sous  ce  nouveau  régime  ; 
il  ne  dififère  guère  des  précédents  exercices,  malgré  quelques  modi- 
fications de  détail,  que  voici  : 

A  tort  ou  à  raison,  on  avait  de  tout  temps  imputé  au  compte  de 
Tannée  écoulée  les  frais  de  publication  du  dernier  numéro  de  la 
Revue,  le  numéro  d'octobre  à  décembre,  soit  environ  1,800  francs, 
(frais  d'impression  et  honoraires  des  auteurs),  bien  que  ce  numéro 
parût  en  janvier  (ou  parfois  plus  tard)  Tannée  suivante,  et  que,  par 
conséquent,  il  fût  payé  sur  Texercice  suivant.  Pour  Tannée  1891, 
vous  ne  trouverez  au  budget  que  la  dépense  des  n^*  67,  68,. 69, 
puisque  le  n^  66,  quoique  paru  en  1897,  a  été  attribué  à  Tannée  1896. 
Grâce  à  cette  rectification,  nous  avons  eu  le  luxe  de  ne  pas  toucher 
aux  intérêts  des  fonds  placés  chez  MM.  de  Rothschild.  Puisse  Tombre 
de  feu  Michel  Erlanger  se  réjouir  de  cet  heureux  état  de  caisse,  qui 
est  exceptionnel  depuis  que  nous  avons  perdu  notre  premier  trésorier  ! 
AoT.  wt  cour.  A 


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]I  ACTES  ET  CONFERENCES 

Par  contre,  l'amorce  d'une  future  publication  se  trouve  inscrite 
aux  dépenses  ;  c'est  un  premier  versement  de  500  francs  consacré  à 
la  traduction  des  œuvres  de  Flavius  Josôphe,  dont  la  Société  a 
conûé  la  direction  à  M.  Théodore  Reinach.  —  Nous  saisissons  cette 
occasion  de  rappeler  que  la  Société,  au  lieu  de  thésauriser,  emploie 
ses  économies  ou  excédents  de  recettes  à  publier  des  travaux  de  la 
plus  haute  importance  pour  l'histoire  juive,  recherchant  seulement 
les  bénéfices  moraux  et  littéraires.  S'il  faut  en  croire  les  encourage- 
ments venus  de  tous  côtés,  nos  efforts  sont  appréciés  et  notre  pro- 
gramme a  recueilli  les  suffi^ages  du  public  savant. 

En  dépit  des  vides  laissés  parmi  nos  sociétaires  de  France,  vous 
verrez  par  le  tableau  suivant  que  le  total  des  recettes  n'a  pas  di- 
minué, grâce  aux  nouveaux  adliérents,  qui  se  recrutent  principale- 
ment hors  de  notre  pays  : 

RBQBTTBS. 

Souscriptions  et  produit  de  la  vente  de  collections. . .      8. 183  fr.  80 
Produit  delà  vente  du  volume  dWta/u^ti?a 1.322        > 

—  —  —  Textes  grecs  et  latins.  84        » 

—  par  le  libraire,  années  et  numéros  divers. .  •  1 .246  » 
Souscription  du  ministère  de  l'Instruction  publique.  375  » 
Espèces  en  compte  courant  chez  MM.  de  Rothschild.      1 .822      30 

Total  des  recettes 13.033  fr.  10 


DÉPENSES. 

Impression  du  n^  61 1 .322  fr.  » 

—  —    68 1.066  » 

—  —    69 1.136  » 


Honoraires  du  n«  6T 786  fr.    » 

—  —    68 713      60 

—  —    69 726      20 


3.524fr. 


2.225      80 


Arriéré  d'impressions  en  1896 547      55 

Assemblée  générale,  conférence,  gratifications 401        » 

A  reporter 6.698  fr.  35 


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ASSEMBLÉE  GÉNÉRALE  DU  5  FÉYtllER  1898  lU 

Report 6.698  fr.  35 

Timbres  -  poste  et  d'acquit,  frais  de  bureau,  copies, 

reliure 328  15 

Encaissements  :  Paris,  province,  étranger  (net) ....  100  » 
A  la  librairie  Cerf,  part  sur  la  vente  du  volume 

Gallia  et  débours 584  Ib 

Distribution  de  quatre  numéros,  expéditions  diverses, 

bandes  d'adresses 410  » 

Magasinage  et  assurance 150  » 

Secrétaire  de  la  rédaction  et  secrétaire-adjoint 2.400  » 

AiriQce  pour  traduction  de  Flavius  Joséphe 500  » 

Total  des  dépenses 11 .  ni  fr.  25 

L*excéâent  dee  recettes  est  donc  de  1,861  fr.  85  c. 

Ces  comptes  ont  été  vus  et  approuvés  par  le  cmsmr^  M.  Edouard 
de  Goldschmidt. 

D'autre  part,  vous  voudros  bien  noter  que  la  vente  du  volume 
Oallia  jvdaka  a  donné  de  beaux  résultats  ;  la  somme  de  1,322  francs 
acquise  de  ce  chef  provient  de  trois  sources  :  1^  la  vente  faite  par 
la  Société;  2©  celle  du  libraire-éditeur,  M.  Cerf;  3<*  une  subvention 
de  300  francs,  obtenue  par  un  de  nos  vénérés  membres  du  Conseil. 
C'est  une  bonne  aubaine,  que  je  vous  souhaite  de  voir  se  renou- 
veler souvent. 

Enfin,  outre  la  vente  de  collections  de  la  Revuê^  cédées  à  des 
bibliothèques,  vous  remarquerez  TaugmentatioA  des  ventes  d'années 
ou  de  numéros  par  libraires,  c'est-à-dire  acquises  par  des  étrangers; 
ceux-ci  compensent  heureusement,  comme  je  le  disais  tout  à  l'heure, 
la  diminution  presque  fatale  du  nombre  de  nos  adhérents  de  la  pre- 
mière heure.  Us  prouvent,  de  plus,  en  quelle  estime  votre  œuvre  est 
tenue  dans  le  monde  scientifique,  de  quelle  infiuence  elle  jouit  parmi 
les  lecteurs  sérieux. 

M.  Lucien  Lazard,  secrétaire,  lit  le  rapport  sur  les  publications 
de  la  Société  pendant  Tannée  1897  (voir,  plus  loin,  p.  xv). 


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ACTES  ET  CONFÉRENCES 


it  procédé  aux  élections  pour  le  renouvellemeat  partiel  du 
et  le  remplacement  de  M.  Astruc,  démissionnaire. 

élus  : 

ibraham  Gahbn^  grand  rabbin,  membre  sortant  ; 

Jbert  Cahbn,  professeur  au  Ijcée  Louis-le-Grand,  membre 

sortant  ; 
lubens  Duval,  professeur  au  Collège  de  France,  membre 

sortant  ; 
lajer  Lâmbbrt,  professeur  au  Séminaire  Israélite,  membre 

sortant; 

ylvain  Lévi,  professeur  au  Collège  de  France,  membre  sor- 
tant; 
PPBBT,   membre  de  Tlnstitut,  professeur   au  Collège    de 

France,  membre  sortant  ; 

alomon  Reinaoh,  membre  de  Tlnstitut.  membre  sortant  ; 
liéodore  Reinaoh,  membre  sortant  ; 
•aron  Alphonse  de  Rothschild,  membre  de  Tlnstitut,  membre 

sortant  ; 
trael  Lévi,  rabbin,  professeur  au  Séminaire  Israélite,  maître 

de  conférences  à  TÉcole  des  Hautes-Études. 

flu  président  de  la  Société  pour  l'année  1898  :  M.  Joseph 
!<Ny  directeur  du  Séminaire  Israélite. 


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ALLOCUTION 

PRONONCBB 

Par  m.  Maurice  VERNES,  président 
a  l'assemblée  générale  du  5  février  1898 


Mesdames,  Messieurs, 

Il  j  a  un  an,  à  cette  même  place,  M.  Salomon  Reinach  vous 
rappelait,  avec  la  double  autorité  de  sa  fonction  et  de  sa  personne, 
que  notre  Société  n*a  un  caractère  ni  confessionnel  ni  religieux; 
c*est  un  groupement  libre  et  volontaire  d*hommes  d'étude  et  d*amis 
du  judaïsme,  résolus  à  mettre  en  lumière,  par  le  concours  de  leurs 
recherches,  Thistoire,  singulièrement  complexe  de  la  plus  extraordi- 
naire combinaison  ethnique  et  morale  dont  Thistoire  fasse  mention, 
d'un  petit  peuple  appartenant  à  ce  que  nous  désignons,  d*une  façon 
un  peu  vague  et  toote  conventionnelle,  comme  la  fiimille  sémitique, 
plus  exactement,  d'un  peuple  faisant  partie  du  groupe  sjrien-phéni- 
cien-arabe,  peuple  mêlé  pendant  des  siècles  aux  violentes  secousses 
d'une  région  que  TÉgypte,  l'Assyrie,  la  Chaldée,  la  Perse,  la  Grèce 
et  Rome  s'arrachèrent  tour  à  tour  et  pour  lequel,  au  rebours  de  ce 
qui  se  passe  pour  les  autres,  une  vie  nouvelle  commence  au  jour 
même  où  cesse  l'existence  politique. 

De  peuple,  Israél  devient  religion  et,  comme  religion,  son  rôle 
grandit,  puisque  les  ûls  d'Abraham,  dispersés  sur  toutes  les  parties 
de  ranoien  continent  et  plus  tard  du  nouveau,  prennent  une  part 


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ACTES  ET  CONFÉRENCES 


rable  au  mouvement  philosophique,  économique,  social,  cour- 
comparables  de  rinternationalisme,  de  la  pénétration  mu- 
es races  et  des  nations,  qu'ils  étaient  excellemment  faits  pour 
,  mais  qui  devait,  malheureusement,  échouer  devant  la 
3  infranchissable  de  Tesprit  théocratique  et  féodal,  esprit  de 
i,  de  suspicions,  de  haines,  dont  la  récente  résurrection  colore 
plus  inquiétants  reflets  le  dernier  quart  du  dix-neuvième 

tâche  immense,  qui  consiste  &  accumuler  avec  méthode  les 
,ux  authentiques,  propres  à  retracer  Thistoire  du  judaïsme 
ses  origines  anciennes,  forcément  obscures  et  dont  on  peut 
[*,  jusqu'à  nos  jours,  vous  Tavez  entreprise  avec  les  qualités 
iution  et  de  précision  de  Tesprit  français.  C'est  un  honneur 
[)i  d'avoir  été  un  des  premiers  non-israélites  que  la  nature 
s  travaux  ait  engagés  à  entrer  dans  vos  rangs,  et  vous 
bien,  il  y  a  un  an,  récompenser  mon  solide  attachement  à 
uvre  en  m' appelant  à  vous  présider  après  m'avoir  accueilli 
le  longues  années  dans  votre  conseil  directeur, 
û  constitue  une  haute  distinction  pour  tous  ceux  que  vous 
)ien  élever  à  cette  fonction  enviée  de  la  présidence,  a  donc 
iicoup  plus  pour  moi,  puisque,  par  un  libéralisme  dont  peu  de 

analogues  eussent  donné  l'exemple,  vous  ne  vous  êtes  laissé 
dans  votre  choix,  ni  par  la  circonstance  de  mes  relations 
intes,  ni  par  la  hardiesse  des  propositions  que  j'ai  défendues 
origines  religieuses  d'Israël. 

lUS  prie  d'agréer  l'hommage  de  ma  respectueuse  et  profonde 
le  pour  le  très  grand  honneur  que  vous  m'avez  fait, 
dvanche.  Messieurs,  qu'il  me  soit  permis  de  profiter  de  cette 
Q  solennelle  pour  vous  déclarer,  non  en  qualité  de  chrétien, 
je  ne  me  sens  pas  qualiûé  pour  parler  au  nom  de  ce  qui  a  été 
ion  de  ma  jeunesse,  —  mais  comme  philosophe,  comme  libre- 
*  entièrement  dévoué  aux  idées  de  tolérance  et  de  progrès 
pour  vous  déclarer,  dis-je,  que  je  réprouve  de  toutes  mes 
de  toutes  mes  énergies,  l'abominable,  l'odieuse  campagne  que 
s  malfaisants  personnages  ont  entreprise  contre  le  judaïsme, 
audissement  d'un  public  ignorant  que  l'on  trompe,  avec  la 


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ALLOCUTION  DE  M.  LE  PRÉSIDENT  VII 

connivence  plus  ou  moins  avouée  des  représentants  attardés  de  la 
théocratie,  —  campagne  dont  le  succès,  impossible  d'ailleurs,  nous 
ramènerait  à  l'époque  abhorrée  des  tribunaux  de  Tinquisition,  des 
ghettos,  de  la  persécution  religieuse. 

C*est  une  honte  pour  notre  pays,  c'est  une  honte  pour  notre  ca- 
pitale, que  cette  campagne,  d'origine  étrangère  comme  est  étranger 
le  nom  d'antisémitisme  dont  elle  se  couvre,  n'ait  pas  été,  dès  le  pre- 
mier jour,  condamnée  et  ûétrie  par  le  mépris  public,  qu'elle  ait  été 
accueillie  par  les  uns  comme  une  opportune  diversion,  par  d'autres 
comme  une  sorte  de  revanche,  par  des  lettrés,  enûn,  par  des  écrivains 
spirituels  et  sceptiques,  comme  un  phénomène  curieux,  presque 
amusant  et  dont  il  aurait  été  dommage  que  notre  époque  n'eût  pas 
le  spectacle. 

Je  considère,  quant  à  moi,  cette  campagne  de  l'antisémitisme 
comme  un  phénomène  morbide  de  la  plus  haute  gravité,  indice  de 
la  situation  singulièrement  troublée  d'une  grande  nation,  oublieuse 
de  son  passé,  insoucieuse  de  son  avenir  et  qui  est  menacée  d'être 
conduite  aux  pires  aventures  si,  par  un  effort  vigoureux,  elle  ne  se 
ressaisit  pas  elle-même  dans  le  sentiment  du  droit  et  de  la  justice. 

En  attendant  cette  évolution  bienfaisante,  dont  je  ne  veux  pas, 
dont  je  n^ai  pas  le  droit  de  désespérer  au  double  titre  de  philosophe 
et  de  patriote,  dont  je  relève  quelques  signes  avant-coureurs  dans 
l'attitude  récenament  prise  par  d'éminents  publicistes  et  écrivains, 
—  évolution  à  laquelle,  vous,  âls  d'Israël,  travaillez  avec  une  abné- 
gation et  une  modestie  dignes  des  plus  grands  éloges,  en  associant 
d'une  façon  indissoluble  vos  traditions  religieuses  à  l'amour  de  la 
France,  — je  vous  apporte  aujourd'hui,  Messieurs,  l'expression  pu- 
blique de  ma  plus  haute  estime,  de  ma  plus  profonde  sympathie.  En 
vous  adressant  ce  témoignage  public  dans  une  situation  troublée, 
dans  des  semaines  qui  paraissent  longues  par  l'obsession  d'un  pé- 
nible cauchemar,  j'obéis  à  un  besoin  de  mon  cœur,  je  donne  satis- 
faction au  cri  de  ma  conscience. 

Messieurs, 

Au  cours  de  l'année  qui  s'achève,  nous  avons  fait  plusieurs  pertes. 
Nous  avons  perdu  dans  la  personne  de  M.  Alfred  Hejmann,  un  de 


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Vm  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

nos  membres  les  plus  dévoués.  M.  Paul  Oppenheim,  enlevé  par  une 
mort  prématurée  à  Taffection  des  siens  et  à  tant  d^œuvres  auxquelles 
il  apportait  sans  compter  le  concours  le  plus  intelligent,  le  plus 
éclairé,  est  un  de  ceux  dont  la  disparition  a  été  le  plus  vivement 
ressentie  par  le  judaïsme  français.  Vice- président  du  Comité  des 
écoles,  vice-président  de  T Alliance  Israélite,  sa  mort  laisse  dans  ces 
deux  conseils,  et  dans  plusieurs  autres  encore,  un  vide  difficile  à 
combler.  Je  dois  enfin  une  mention  à  Tun  de  nos  anciens  confrères, 
M.  le  grand  rabbin  Wogue,  dont  le  souvenir  restera  parmi  ceux  qui 
appréciaient  sa  science  exacte  et  la  correction  de  sa  forme,.conmi6 
celui  d*un  maître  éminent  entre  tous.  M.  Wogue  laisse  de  son  long 
et  fructueux  enseignement  au  séminaire  Israélite  de  Paris  deux  ou- 
vrages importants,  une  traduction  française  du  Fmtafeuque  avec 
texte  en  regard,  travail  d*une  sévère  et  élégante  exactitude,  muni 
de  notes  judicieuses  et  solides,  où  se  trouve  le  meilleur  et  le  plus 
substantiel  des  interprétations  rabbiniques,  et  une  Histoire  de  la  Bible 
ef  de  t exégèse  biblique  jusqu* à  nos  jours.  Dans  cette  seconde  publica- 
tion, M.  Wogue  s*est  maintenu  également  sur  le  terrain  des  expli- 
cations traditionnelles,  marquant  d*une  façon  très  claire  et  avec  une 
incontestable  autorité  Tétat  de  Texégèse  juive  dans  la  phase  anté- 
rieure aux  grands  travaux  qui  ont  complètement  renouvelé  de  nos 
jours  la  position  et  la  solution  des  problèmes  bibliques.  Son  Histoire 
de  la  Bible  constitue  un  document  d*une  haute  valeur  pour  ceux-là 
même,  j'allais  presque  dire  pour  ceux-là  surtout,  qui  se  placent  sur 
le  terrain  de  la  recherche  historique  et  littéraire  telle  que  la  con- 
çoivent les  modernes. 

J'arrive  ainsi.  Messieurs,  par  une  transition  toute  naturelle,  aux 
quelques  réflexions  que  j'avais  Tintention  de  vous  présenter  et  qui 
porteront  sur  la  méthode  historique  telle  que  nous  l'appliquons  aux 
études  juives,  réflexions  que  vous  m'excuserez  de  développer  quelque 
peu  en  profitant  de  cette  circonstance,  que  l'ordre  du  jour  de  ce  soir 
ne  comporte  pas  de  conférence. 

Ce  que  notre  Société  a  entrepris  de  faire  il  y  aura  bientôt  vingt 
ans,  réunir,  en  dehors  de  tout  lien  confessionnel,  des  hommes 
d'étude  et  de  bonne  volonté  pour  travailler  en  commun  à  mettre  en 
lumière  tous  les  faits  et  documents  propres  à  faire  connaître  à  nos 


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ALLOCUTION  DE  M.  LE  PRESIDENT  IX 

coDtemporains  le  passé  du  judaïsme,  on  n'en  aurait  pas  conçu  Tidée 
il  j  a  un  demi-siècle.  Une  pareille  entreprise  aurait  paru  alors  sans 
objet  si  elle  n'avait  pas  été  dominée  par  une  pensée,  sinon  propre- 
ment dogmatique,  tout  au  moins  apologétique.Yers  la  même  époque 
où  votre  Revue  venait  au  jour,  je  fondais  la  Revue  de  Vhistoire  des 
reUgionSf  où  j'entreprenais  de  grouper,  en  dehors  de  tout  propos 
dogmatique,  polémique  ou  apologétique,  pour  Tétude  parallèle  de 
toutes  les  grandes  religions  anciennes  et  modernes,  religions  de 
rÉgjpte,  de  l'Assjrie,  de  l'Inde,  de  la  Perse,  religions  juive,  chré- 
tienne et  musulmane,  religions  de  la  Grèce  et  de  Rome,  les  hommes 
compétents  dans  les  différentes  provinces  de  cet  immense  empire. 
L'événement  m'a  donné  raison  contre  les  objections  de  ceux  que 
troublait  dans  de  vieilles  habitudes  la  confusion  volontaire  et  nette- 
ment avouée  de  deux  domaines  jusque-là  jalousement  distincts,  le 
domaine  sacré  et  le  domaine  profane.  Et  aujourd'hui,  c'est  sur  les 
terres  classiques  de  la  théologie  protestante,  en  Allemagne,  en 
Hollande,  en  Angleterre,  une  éclosion  de  Manuels  d'histoire  des 
religions,  où  fraternisent  les  grandes  croyances  du  passé  et  du 
présent  dans  une  même  subordination  au  seul  principe  que  puis- 
sent avouer  en  commun  des  savants  de  confessions,  d'opinions 
et  de  compétences  absolument  disparates,  l'étude  rigoureusement 
critique  des  documents  historiques  et  littéraires  soumis  à  leur 
appréciation. 

C'est  du  même  principe  que  vous  vous  êtes  inspirés  en  vous  pla- 
çant sur  le  terrain  neutre  de  la  recherche  exacte  et  désintéressée,  et 
vous  vous  en  êtes  bien  trouvés,  ayant  compris  dès  le  premier  moment 
qu'il  j  avait  lieu  de  préférer  à  la  satisfaction  toute  morale  des  sen- 
timents de  piété  ûliale  d'une  famille  religieuse,  l'autorité  que  confère 
à  une  enquête  de  Tordre  historique  la  rigueur  d'une  méthode  ac- 
ceptée de  tous  les  travailleurs  du  monde  civilisé. 

Et  d'ailleurs,  en  atteignant  ce  second  but,  n'aviez-vous  pas  la  cer- 
titude de  répondre  également  au  sentiment  si  respectable  que  je 
viens  de  rappeler  ?  Cette  histoire  exacte  et  documentée  n'est-elle 
pas  un  témoignage  éloquent  en  faveur  d'une  branche  religieuse  que 
quinze  siècles  de  persécutions  violentes  ou  sournoises  n'ont  pu  ni 
faire  fléchir  dans  sa  foi,  ni  ébranler  dans  sa  confiance  en  un  avenir 


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ACTES  ET  CONFERENCES 


meilleur,  qui  doit  être  celui  non  seulement  du  judaïsme,  mais  de  Thu- 
manité  tout  entière? 

Permettez- moi  aussi  de  le  dire,  les  annales  des  minorités  persé- 
cutées sont  de  celles  où  Thiàtorien  relève  le  plus  volontiers  les 
traits  de  courage  et  de  dévouement,  tandis  que  le  succès  est  une 
terrible  épreuve,  tandis  que  la  possession  du  gouvernement  entraine 
avec  soi  bien  des  tares  ou  des  crimes.  Autant  le  régime  théocra- 
tique  établi  par  un  Calvin  à  Genève  nous  semble  attentatoire  à  la 
liberté  intellectuelle  et  morale,  telle  que  Ten tendent  les  modernes, 
autant  brille  pure  et  touchante  la  modeste  lumière  du  protestantisme 
français  au  fviii^*  siècle,  du  protestantisme  a  sous  la  croix  d,  du 
protestantisme  «  au  désert  ».  Dans  le  premier  cas,  le  protestantisme 
était  le  maître  ;  dans  le  second,  il  était  Topprimé.  Et  le  Luther 
avant  le  succès,  le  Luther  des  débuts,  le  Luther  de  Wittemberg  et 
de  la  diète  de  Worms,  n*est-il  pas  infiniment  plus  intéressant  que 
le  Luther  qui  a  triomphé  et  défend  durement  Téglise  qu*il  a  fondée 
contre  les  dissidents  de  toute  sorte  ? 

Si  je  cherche  à  définir  Tesprit  de  la  méthode  historique  moderne, 
je  ne  peux  mieux  le  désigner  que  comme  un  esprit  de  respectueuse 
liberté.  Respect  et  liberté,  dira-t-on  peut-être^  voilà  deux  termes 
qui  s'excluent;  Tun  implique  qu*on  s*incline  devant  une  autorité 
supérieure,  Tautre  qu'on  la  critique.  Eh  bien  I  Messieurs,  voici  com- 
ment nous  les  concilions  :  nous  sommes  résolus  à  ne  donner  notre 
respect  qu'à  bon  escient,  à  subordonner  notre  approbation  aux 
résultats  d'une  rigoureuse  enquête  qui  nous  aura  permis  de  dis- 
tinguer le  vrai  du  faux,  à  une  analyse  exacte  qui  aura  fait  le  départ 
entre  l'or  et  le  plomb.  Nous  ne  donnons  à  l'avance  notre  adhésion 
ni  à  un  homme,  ni  à  un  document,  quel  que  soit  le  prestige  d'anti- 
quité, de  vénération  consacrée  par  une  longue  tradition,  avec  lequel 
ils  se  présentent  à  nos  jeux. 

Et  cette  méthode.  Messieurs,  qui  est  devenue  celle  de  la  recherche 
historique,  je  prétends  que  nous  nous  trouverions  fort  bien  de  l'ap- 
pliquer à  tous  les  objets  du  monde  intellectuel  et  moral,  aux  rouages 
de  l'organisme  social  comme  aux  personnes  investies  de  fonctions 
ou  de  ministères  divers. 

Prenez  la  religion.  Dois-je  m'incliner  devant  elle  comme  devant 


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ALLOCUTION  DE  M.  LE  PRÉSIDENT  XI 

on  tout,  à  la  fois  invérifiable  et  consacré,  et  accepter  docilement  les 
directions  de  ceux  qui  ont  fonction  de  la  défendre,  de  Texercer  et  de 
renseigner  ?  Mais  d*abord,  quelle  religion  ?  J*en  vois  quatre  ou  cinq 
(sans  compter  les  sectes  de  moindre  importance)  qui  se  présentent  à 
moi  avec  des  titres  infiniment  respectables,  avec  l'autorité  de  Texpé* 
rience,  d'un  long  passé,  des  services  rendus.  Qui  suis-je  moi, 
homme  de  culture  moyenne,  pour  départager  par  mon  adhéâion 
réfléchie  les  différents  clergés  qui  m*as3urent  qu'eux  seuls  possèdent 
la  vérité  et  qu'auprès  des  autres  je  ne  trouverai  que  Terreur?  La 
statistique,  d'ailleurs,  m'enseigne  que,  bon  gré  mal  gré,  l'immense 
majorité  des  hommes  adopte  simplement  le  culte  dans  lequel  elle  a 
été  élevée.  Ne  pouvant  adresser  mon  respect  à  un  dogme  que  je  suis 
incapable  d'apprécier,  à  une  morale,  d'une  incontestable  élévation, 
mais  qui  ne  prendra  de  valeur  réelle  qu'en  se  manifestant  dans  la 
pratique,  je  déplacerai  la  question.  Je  considérerai  des  hommes 
religieux  en  particulier,  un  groupe  de  croyants  associés  dans  la 
communion  du  culte,  et  si  je  constate  que  la  foi  développe  et  affermit 
dans  leur  pratique  courante  les  idées  de  tolérance,  de  justice,  de 
fraternité  sociale,  je  donnerai  mon  respect  à  ces  hommes,  à  ce 
groupe.  Si  la  foi  qu'ils  professent  a  un  efiet  différent,  je  réserverai 
mon  estime  pour  d'autres,  sans  me  laisser  séduire  par  les  subli- 
mités de  la  doctrine,  les  magnificences  du  culte  ou  Taustérité  de  la 
morale. 

Respectueuse  liberté,  — j'en  userai  dans  mon  jugement  sur  la 
propriété  ;  celle-ci  ne  devient  digne  de  respect  que  dans  la  personne 
des  possesseurs  —  en  est-il  beaucoup  de  cette  espèce  î  —  pour  qui 
la  richesse  constitue  avant  tout  une  obligation  sociale,  une  respon- 
sabilité, constante  et  effective  envers  la  grande  masse  des  non-privi- 
légiés. A  ce  propos,  une  citation.  <{  Une  dame  pieuse,  raconte  un 
ingénieux  et  autorisé  conférencier  *,  m'affirmait  que  les  riches  sont 
les  intendants  des  pauvres;  si  mauvaise  que  soit  la  réputation  des 
intendants,  j'ai  refusé  de  la  croire,  les  maîtres  sont  vraiment  ici 
trop  pillés,  trop  mal  logés,  trop  mal  nourris,  ils  ne  pourraient  man- 
quer de  s'en  apercevoir.  » 

1  M.  Gabriel  Séailles,  Les  affirmations  de  la  eomcience  moderne,  1897, 


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XII  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

Respecterez-Yous  une  justice  qui  s'exercerait  sans  contrôle,  sans 
publicité,  où  rinstruction  préparatoire,  qui  doit  être  le  premier  pas 
dans  la  voie  qui  mène  le  prévenu  au  plus  eïïroyMQ  châtiment,  se 
ferait  sous  la  pression  d'une  opinion  publique  affolée,  où  le  juge- 
ment se  rendrait  dans  des  conditions  d'indépendance  douteuse, 
l'autorité  à  laquelle  ressortissent  les  juges  s'étant  déjà  et  à  l'avance 
prononcée  pour  la  condamnation?  Assurément  non. 

Vous  inclinez*vous  devant  la  notion  de  patrie  qu'on  prétend  de- 
puis quelques  mois  nous  imposer,  devant  cette  conception  étroite 
qui  se  fonde  sur  la  haine  stupide  de  Tétranger?  L'intelligente  con- 
ception, de  représenter  la  France  comme  jalousée  et  détestée  de 
tous,  au  lieu  de  relever  son  crédit  dans  le  monde  en  développant 
et  en  affermissant  ses  qualités  natives  de  droiture,  de  loyauté,  de 
générosité  !  Et,  d'ailleurs,  cette  France  qu'on  nous  propose  d'ériger 
sur  le  piédestal  isolé  d'un  monstrueux  orgueil,  dans  le  vide  affireux 
qu'aura  fait  autour  d'elle  sa  superbe  et  insolente  ignorance,  on  aura 
commencé  par  la  débarrasser  de  tous  les  éléments  qui  souillent  sa 
robe  d'hermine,  des  juifs,  des  dissidents  du  catholicisme,  des  libres- 
penseurs.  Non,  la  patrie,  devant  laquelle  nous  nous  inclinons,  la 
patrie  que  nous  aimons  et  respectons,  n'est  pas  celle-là.  C'est  la 
France  reconnaissant  à  tous  ses  enfants  des  droits  égaux,  la  France 
s'efforçant  de  réaliser  la  justice  et  le  droit,  de  pratiquer  la  fraternité 
et  Tégalité,  dans  tous  les  rouages,  dans  toutes  les  branches,  dans 
tous  les  domaines  de  l'organisme  social.  C'est  la  France  sachant 
tenir  avec  dignité  sa  place  dans  le  concert  —  oh  !  point  dans  le 
concert  diplomatique,  qui  est  tout  autre  chose  —  dans  le  concert, 
dis-je,  des  nations  civilisées  qui  sont  décidées  à  placer  l'humanité 
comme  but  supérieur  au-dessus  de  l'égoïsme  national,  dans  le  con- 
cert des  penseurs  et  des  philosophes  qui  se  refusent  à  admettre  qu'il 
j  ait  opposition  entre  l'idée  de  patrie  et  l'idée  d'internationalisme, 
qui  voient,  au  contraire,  dans  celle-ci  le  complément  et  le  couron- 
nement naturel  de  la  première. 

En  vérité,  si  le  vent  de  folie  qui  s'est  déchaîné  sur  notre  malheu- 
reux pays  continue  ses  ravages,  nous  en  serons  à  demander  si 
c'est  à  Berlin  ou  à  Moscou,  si  ce  n'est  pas  plutôt  encore  dans 
quelque  ilôt  perdu  de  la  Polynésie,  que  s'est  produit  ce  fait,  jadis 


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ALLOCUTION  DE  M.  LE  PRÉSIDENT  XIU 

assez  connu,  qui  a  nom  la  Révolution  française.  H  faudra  que  TEu- 
rope  prenne  soin  de  nous  le  rappeler  à  nous-mêmes,  puisque  nous 
nous  faisons  gloire  de  Toublier. 

Messieurs,  je  n*ai  point  perdu  de  vue  notre  point  de  départ.  Il 
s'agissait  d'illustrer  par  quelques  exemples  lesprit  de  respectueuse 
liber  lé,  qui  est  celui  de  la  méthode  historique  appliquée  à  nos  re* 
cherches  sur  le  judaïsme.  Oui,  nous  savons  admirer,  oui,  nous 
savons  respecter,  mais  à  bon  escient,  après  que  Texamen  précis, 
rigoureux,  nous  a  démontré  les  beautés  et  les  bontés  du  livre^  de 
ridée,  de  Thomme. 

J*en  suis  arrivé,  pour  ma  part,  à  cette  formule  :  Ne  s'incliner 
devant  aucune  autorité  extérieure  quelconque.  Deux  cas  ici  se 
présentent.  —  L'autorité  en  question  prétend  slmposer  sans  preu- 
ves. En  ce  cas,  je  ne  discute  pas,  je  me  contente  de  passer  outre. 
Dans  le  second  cas,  on  me  soumet  des  arguments  ;  je  les  examine 
et  n'admets  que  ce  que  je  suis  en  mesure  de  vériûer.  Dans  l'une 
comme  dans  l'autre  hypothèse,  il  n'y  a  plus  d'autorité  extérieure. 

C'est  là,  Messieurs,  la  loi  admise  par  l'unanimité  des  travail-* 
leurs  modernes  en  matière  d'études  historiques;  elle  n'est  pas 
moins  appelée  à  triompher,  malgré  les  résistances  d'un  passé  me- 
nacé dans  ses  privilèges,  en  matière  philosophique,  morale  et 
sociale. 

Messieurs, 

En  terminant  ces  quelques  réflexions,  d'où  il  ressort  jusqu'à  quel 
point  les  questions  de  science  pure  confinent  au  domaine  des  idées 
morales,  il  est  inutile  que  j'insiste  auprès  de  vous  sur  l'obligation 
où  nous  nous  trouvons  d'écarter  toute  préoccupation  étrangère  au 
cercle  de  nos  études  régulières. 

Cette  distinction  légitime  et  nécessaire,  vous  l'avez  toigours 
observée,  et  votre  autorité  scientifique  s'en  est  accrue  dans  les 
cercles  savants  de  la  France  et  de  l'étrange.  Est-ce  à  dire  que 
vous  aviez  formé  le  propos  de  vous  réfugier  dans  la  tour  d'ivoire 
—  autrefois  on  disait,  d*une  façon  moins  poétique,  le  fromage  de 
Hollande  —  du  sceptique  égoïste  ou  spéculatif?  Assurément  non. 
Attentif  aux  mouvements  qui  se  produisent  autour  de  vous,  vous 


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ACTES  ET  CONFÉRENCES 


tzemple  que  tous  donnez  de  la  méthodique  povsaite 
et  ardues  recherches  au  milieu  des  haines  et  dea 
linées,  est  la  marque  d'une  confiance  assurée  dans 
ipérieurs  dont  les  nations  modernes  doivent  attendre 
is  les  idées  de  justice,  de  droit,  de  liberté,  qui  peu- 
9S  quelquefois,  mais  qui,  au  sortir  de  la  tourmente 
ndiront,  d*un  éclat  plus  vif  encore,  au  ciel  de  notre 

^ons  en  nous-mêmes  cette  confiance,  rendons-la  à 
couragement  enyahit  et,  sans  avoir  cure  des  ou- 
Yons  résolument  notre  route  vers  la  lumière,  vers 


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RAPPORT 


SUR  LES  PUBLICATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ 

PENDANT   L'ANNÉE   1897 

LU  A  L'ASSEMBLÉE  GÉNÉRALE  DU  5  FÉVRIER  1898 
Par  m.  Lucien  LAZARD,  sbcrétairb. 


Mesdames,  Messieurs, 

Les  miracles,  qui  n'ont  dû  être  fréquents  à  aucune  époque,  se  sont 
fiaits  de  nos  jours  d*une  rareté  désespérante  :  aussi  faut-il  n'être  pas 
trop  discret  quand  on  en  peut  signaler  un  —  ou,  à  défaut  d*un  mi- 
racle authentique,  quelque  chose  qui  s'en  rapproche. 

L'existence  pendant  de  longues  années  de  votre  Retme  est  une 
sorte  de  prodige.  Certes,  votre  recueil  n'a  fait  aucune  concession 
sur  le  sévère  programme  que  lui  avaient  tracé  ses  fondateurs,  il  n'a 
sacrifié  aux  grâces  que  dans  une  mesure  restreinte,  il  s'est  tenu  à 
l'écart  de  toutes  les  polémiques  sur  les  questions  du  jour,  celles 
même  où  les  intérêts  du  judaïsme  paraissaient  le  plus  fortement  en 
jeu;  et,  malgré  la  règle  austère  qu*il  s'est  imposée,  il  a  grandi,  il  a 
prospéré  et  il  entre  aujourd'hui  dans  sa  dix-huitième  année,  cons- 
cient de  l'estime  des  érudits  des  deux  mondes,  fier  des  progrès  qu*il 
a  pu  faire  accomplir  à  l'histoire  et  à  la  critique  bibliques,  à  l'étude 
du  passé  du  judaïsme  dans  tous  les  temps  et  dans  tous  les  pays. 

n  est  toujours  délicat  de  faire  l'éloge  d'un  groupement  auquel  on 
appartient;  cependant  votre  rapporteur  est  par  lui-même  —  et 


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XVI  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

croyez  bien  qu*il  le  regrette  —  trop  étranger  aux  progrès  de  la 
science  juive  pour  croire  qu*on  lui  attribue  jamais  aucun  des  mé- 
rites qu*on  reconnaît  à  ceux  qui  la  cultivent  et  la  font  progresser  ;  il 
est  donc  tout  à  fait  à  son  aise  pour  dire  tout  le  bien  qu'il  pense  de  la 
Bsime  et  de  ses  collaborateurs  :  il  tient  à  proclamer  qu'on  lui  doit 
en  France  la  connaissance  d*une  foule  de  travaux  sur  la  langue  et 
la  littérature  hébraïques,  travaux  rédigés  surtout  dans  les  pays  de 
langue  allemande  et  anglaise,  qui,  jusqu'à  l'apparition  de  la  Revus 
des  Études  jtdves,  étaient  trop  ignorés  dans  le  public  français  érudit, 
qu'elle  a  mis  en  lumière,  dont  elle  a  révélé  les  conclusions,  qu'elle 
a  souvent  développées,  quelquefois  combattues,  étant  par  elle-même 
et  par  les  œuvres  qu'elle  a  suscitées  ou  inspirées  la  mère  de  tous 
les  progrès  en  matière  d'études  sémitiques.  Je  viens  d'avancer  une 
proposition,  il  est  temps  d'en  faire  la  démonstration. 

En  1896,  une  découverte  de  la  plus  haute  importance  est  faite  en 
Orient  :  ce  sont  des  fragments  du  texte  original  de  la  Sagesse,  de 
Jésus  fils  de  Sirach^  vulgairement  connue  sous  le  nom  de  VEcclé- 
élastique  et  n'existant  jusqu'à  il  y  a  deux  ans,  que  sous  la  forme 
d'une  traduction  grecque  due  au  petit-fils  de  l'auteur.  Une  décou- 
verte de  cette  importance,  il  y  a  vingt  ans,  n'eût  peut-être  pas  passé 
complètement  inaperçue  en  Fraoce  ;  elle  eût  été  probablement  si- 
gnalée dans  le  Journal  de  la  Société  Asiatique  ou  dans  le  Journal  des 
Savants  ;  on  eût  regardé  l'article  d'un  œil  distrait  et  on  aurait  passé 
bien  vite  à  autre  chose.  Que  les  temps  sont  changés!  À.  peine 
MM.  Cowley  et  Neubauer  ont-ils  publié  ce  texte,  que  paraissent 
dans  votre  Betme  deux  travaux  considérables  de  MM.  Israël  Lévi 
et  L.  Blau,  qui  vont  alimenter  pendant  bien  des  années  les  études 
bibliques  ' . 

Je  devrais,  en  ma  qualité  de  rapporteur,  vous  exposer  les  ré- 
sultats considérables  que  l'on  peut  tirer  dans  tous  les  domaines  de 


*  Israël  Lévi,  La  Sagesse  de  Jésus,  fils  de  Siraeh,  Découverte  d*n»  f)ragmeiU  ds 
Voriginal  hébreu^  XXXIV,  1.  —  Le  m6me,  La  Sagesse  de  Jésus,  fils  de  Siraeh, 
XXXIV,  294.  —  Blau  (L.)  et  Israël  Lévi,  Quelques  notes  sur  Jésus  ben  Siraeh 
$t  son  ouvrage,  XXXV,  19.  Cf.  Perlés  (Félii),  Notes  critiques  sur  le  texte  de 
r Ecclésiastique,  XXXV,  48,  travail  très  savant  sur  la  partie  de  rBcolésiastique 
dont  l'original  hébreu  n'eot  pas  encore  connu. 


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RAPPORT  SUR  LBS  PUBLICATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ  XVil 

cette  ilécou verte  que  M.  Israël  Lévi  appelle  un  véritable  événement, 
je  préfère  vous  renvoyer  à  son  article  paru  dans  notre  tome  XXXIV  : 
lisez-le  et  vous  verrez  qu'il  n'a  pas  été  au-dessous  de  la  vérité  en 
parlant  ae  cette  trouvaille  sur  un  ton  à  la  fois  juste  et  lyrique  •. 

L'année  n'eùt-elle  fait  naître  que  ce  travail,  qu'elle  n^aurait  pas 
été  stérile,  mais  que  d'autres  études  importantes  elle  a  produites  ! 
C'est,  en  première  ligne,  l'article  du  colonel  Marmier  sur  la  géo- 
graphie du  pays  de  Juda,  intitulé  :  La  Schejela  et  la  Montagne  de 
Juda  éC Offres  Le  livre  de  Josué  *^  la  continuation  des  minutieuses  re- 
cherches de  M.  Bûchler  sur  Les  sources  de  Flavius  Josephe  dans  ses 
Antiquités^,  et  surtout  le  travail  de  M.  Théoâ<]re  Reinach  :  JosbpJie 
sur  Jésus  ^,  Dans  ces  vingt  pages,  écrites  avec  un  charme  qui  en 
rend  la  lecture  des  plus  agréables,  Tauteur  établit  d*une  façon  irré- 
futable —  ce  qui  n'empêchera  pas,  d'ailleurs,  l'erreur  et  la  calomnie 
traditionnelles  de  se  répéter  et  de  se  propager  «-  que  la  con<Iam-* 
nation  de  Jésus  est  exclusivement  l'œuvre  des  Romains  ;  que  c'est 
à  une  cause  uniquement  politique,  la  prétention  au  titre  de  roi  de 
Juda,  qu'elle  est  due  ;  et  l'on  ne  peut  qu'applaudir  aux  éloquentes 
paroles  qui  sont  la  conclusion  de  l'œuvre  de  M.  Théodore  Reinach  : 
«  Jésus  a  été  frappé  par  une  loi  inexorable,  barbare  si  Ton  veut, 
»  mais  formelle;  et  pour  un  fait  qu'il  a  tacitement  avoué.  Le  ju- 
»  daîsme  expie  depuis  plus  de  seize  siècles,  par  des  humiliations  quo- 
»  tidiennes  et  des  persécutions  incessantes,  un  prétendu  crime  qu'il 
»  n'a  pas  commis,  qu'il  n'aurait  pas  même  pu  commettre.  Ce  n'est 
o  donc  pas  le  supplice  volontaire  de  Jésus,  c'est  le  long  martyre 
o  d'Israël  qui  constitue  la  plus  grande  erreur  judiciaire  de  This- 
»  toire.  » 

Il  faut  citer  encore,  dans  la  période  qui  nous  occupe,  la  notice  de 
M.  Léopold  Goldschmid  :  Les  impôts  et  les  droits  ds  douane  en  Judée 
sous  les  Romains  ^,  ensemble  de  recherches  considérables  sur  les  sept 
espèces  de  contributions  perçues  par  Home  dans  cette  contrée  et 

»  T.  XXXIV,  1-50. 
«  T.  XXXI V,  51-69. 
»  T.  XXXIV,  69-94. 
*  T.  XXXV,  1-19. 
»  T.  XXXIV,  19J-218. 

ACT.    KT    CONF.  t 


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XVm  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

sur  le  personnel  chargé  de  les  recueillir.  En  parcourant,  même  ra- 
pidement, cette  œuvre  consciencieuse,  on  est  réellement  étonné  de 
Tabondance  de  renseignements  qu'elle  contient. 


II 


Le  judaïsme  talmudique  n'a  pas  droit  à  moins  de  considération 
que  le  judaïsme  biblique  et,  à  vrai  dire,  il  nous  touche  de  plu3  près 
que  les  époques  antérieures  de  notre  histoire,  puisque  c'est  lui  qui 
a  transformé  la  législation  d'un  peuple  en  celle  uniquement  d'une 
religion,  transformation  lente,  patiente,  d'une  minutie  qui  nous  pa- 
rait souvent  exagérée,  mais  dont  les  prescriptions  multiples  ont 
seules  permis  aux  Juifs  de  conserver  leur  foi  et  leur  originalité 
propre  dans  toutes  les  contrées  de  la  terre  et  à  travers  les  vicis- 
situdes pénibles  de  leur  existence.  L'importance  de  cette  législation 
nouvelle  n*a  échappé  à  aucun  des  grands  esprits  qui  se  sont  donné 
la  peine,  sinon  de  l'étudier,  tout  au  moins  d'en  connaître  l'existence, 
et  elle  a  été  reconnue,  avec  une  justesse  et  une  impartialité  qui  lui 
font  honneur,  par  un  des  plus  illustres  écrivains  et  un  des  plus  pro- 
fonds penseurs  de  tous  les  temps  :  Montesquieu.  Dans  cet  ordre  de 
travaux,  nous  avons  publié  les  articles  de  M.  Bank  sur  les  Juifs  de 
Perse  et  de  Babjlonie  au  moment  de  la  formation  du  Talmud  de 
Babjlone  *  ;  une  notice  de  M.  Bâcher  sur  Rome  dans  U  Talmud  et  h 
Midrasch  *  ;  la  composition  de  ces  passages  fait  plus  d'honneur  à 
l'imagination  des  écrivains  talmudiques  qu*à  leur  exactitude  —  c'est 
là  qu'on  rencontre  des  affirmations  dans  ce  goût  : 

«  Elle  (Rome)  a  365  marchés  suivant  le  nombre  de  jours  de 
l'année  solaire  » 

«  Il  s'y  trouve  3,000  bains  qui  ont  chacun  500  fenêtres.  » 

Nous  avons  aussi  donné  la  un  de  l'œuvre  de  M.  Isaac  Halévi, 
La  clôture  du  Talmud  et  h  s  Sahoraïm  ^.  Ajoutez  à  cela  de  noin- 

*  T.  XXXIII,  161-187,  Rigla,  Riglé,  Schabhata  DerigU, 
»  T.  XXXIII,  187-197. 
»  T.  XXXIV,  2il-251. 


^7^.^ 


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RAPPORT  SUR  LES  PUBLICATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ  XIX 


breuses  notes  sur  des  points  divers  de  grammaire  et  d^exégèse  dues 
à  MM.  Poznanski,  Mayer  Lambert,  Sulzberger  et  Théodore  Reinach, 
et  vous  aurez  une  idée  très  approximative  de  l'activité  de  nos  col- 
laborateurs. 


III 


Le  moyen  âge  et  les  temps  modernes  n'ont  jamais  cessé  d'être 
consciencieusement  étudiés  dans  notre  Retnie;  toutefois  ils  pour- 
raient et  devraient  être,  pou^  la  France  en  particulier,  Tobjet  de 
recherches  encore  plus  nombreuses.  La  littérature  juive  médiévale 
est  aujourd'hui  connue  d'une  façon  assez  satisfaisante,  Thistoire  est 
encore  pleine  de  mystères.  L'homme  qui  le  premier  a  tenté  d'en 
débrouiller  au  moins  les  points  les  plus  obscurs,  vous  l'avez  tous 
connu  et  apprécié  à  sa  juste  valeur,  il  a  été  pendant  de  longues 
années  l'inspirateur  de  votre  œuvre  et  son  collaborateur  le  plus 
actif  :  j'ai  nommé  Isidore  Loeb.  Certes,  avant  lui  on  avait  écrit 
l'histoire  des  Juifs  et,  sans  parler  de  la  compilation  de  Basnage,  des 
livres  réellement  trop  incolores  des  Bail,  des  Beugnot  et  des  Dep- 
ping,  nous  possédions  les  œuvres  de  Jost  et  de  Graëtz  ;  mais  c'est 
à  Loeb  que  revient  incontestablement  l'honneur  d'avoir  introduit  la 
méthode  critique  dans  ce  genre  d'études,  d'avoir  soumis  à  de  minu- 
tieuses recherches  les  annalistes  et  les  chroniqueurs  juifs  et  chré- 
tiens, d'avoir  contrôlé  leurs  affirmations  par  l'examen  des  docu- 
ments contemporains  et  d'avoir  de  la  sorte  introduit  dans  notre 
pays  la  science  en  matière  d'histoire  juive. 

En  dehors  de  ses  livres  de  critique  biblique  et  talmudique,  il  a 
produit  une  foule  d'articles  qui  ont  alimenté  pendant  des  années  vos 
numérqs  et  dont  la  quintessence  se  trouve,  en  quelque  sorte,  dans 
cette  brochure,  qui  est  un  des  chefs-d'œuvres  historiques  de  notre 
siècle  :  Le  Juif  delà  légende  et  le  Juif  de  Vlmioire, 

De  nombreux  disciples  heureusement  ont  suivi  ses  traces,  et  leurs 
travaux,  ceux  de  cette  année  et  ceux  des  années  précédentes, 
peuvent  se  placer  à  côté  de  ceux  du  maître  illustre  que  je  viens  de 
nommer. 


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XX  ACTES  ET  GONFËRBNGES 

En  Orient,  M.  Poznanski  a  mis  ôd  lumière  rintéressante  figure  de 
i-ahOkhari^  chef  d'une  secte  juive  au  ix«  siècle*.  M.  Kauf- 

a  terminé  la  publication  des  documents  relatifs  à  la  situâ- 
tes Juifs  de  Corfou,  situation  des  plus  satisfaisantes  et  qui  dut 

à  Tépoque  de  la  Renaissance,  bien  des  envieux  parmi  leurs 
gionnaires  des  autres  pays  *. 

I.  Bâcher  et  Israël  Lévi  ont  étudié  le  passage  relatif  au  Messie 
la  letire  de  Maimmide  aux  Juifs  du  Yémen  ^. 
Kaufmann  a  pu  dresser  une  généalogie  du  célèbre  rabbin  Me- 
ci  Azarîa  de  Padoue  ^,  et  donner  de  précieuses  indications  sur 
t  à  Taide  de  poésies  élégiaques  qui  lui  ont  été  consacrées^ 
in,  MM.  Kaufmann  et  Freimann  ont  publié  la  vue  de  la  tombe 
îée  d'un  Juif  italien  du  xvi®  siècle,  MescJioulîam  Cusser  de 
,  et  d'intéressantes  notes  sur  ce  personnage  et  sa  famille, 
judaïsme  français  doit  avoir  naturellement  la  place  d*honneur. 

études  qui  lui  sont  consacrées  ne  sont  pas  très  nombreuses, 
sont,  en  revanche,  très  soignées,  d'une  critique  très  serrée  et 

lecture  des  plus  intéressantes.  Elles  ne  remontent  pas  très, 
d'ailleurs,  puisqu'il  n'en  est  aucune  qui  traite  un  sujet  anté- 
au  xiv«  siècle,  et  encore  le  travail  de  M.  Schwab  sur  le 
re  de  Venfant  de  chœur  du  Puy  **,  se  rapporte-t-il  non  à  Thia- 
mais  à  la  légende. 

st  bon  de  dire  que  c'est  là  une  répétition  de  raccusation 
ionnelle  du  meurtre  d'un  enfant  chrétien  par  les  Juifs  qu'on. 
),  du  XII*  au  XIV*  siècle,  dans  la  plupart  des  villes  de 
e,  à  Orléans,  à  Paris,  à  Blois,  au  Puy,  sans  que  jamais  il  ait 
ssible  de  découvrir  quoi  que  ce  soit  —  je  ne  dis  même  pas  un 
ent  judiciaire  —  mais  simplement  un  texte  authentique  con- 
rain,  de  quelque  nature  qu'il  fût,  faisant  un  récit  acceptable 

prétendus  meurtres  :  leur  existence  est  toigours  révélée  soit 
î3  chroniqueurs  ecclésiastiques  d'une  sincérité  très  suspecte, 

XXXIV.  161-192. 
XXXIV,  263-275. 

XXXIV,  101-106. 

XXXV,  84-91. 
XXXV,  111. 
XXXIII,  277-282. 


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RAPPORT  SUR  LES  PUBUCATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ  XXI 

soit  par  des  poésies  liturgiques  auxquelles  on  ne  peut  ajouter  qu'une 
confiance  des  plus  médiocres.  La  légende  du  meurtre  de  Tenfant  de 
chœur  du  Puj  ne  fait  pas  exception  à  cette  règle  :  aucun  document 
contemporain  ne  la  confirme  ;  elle  paraît  être  tout  simplement  une 
manifestation  de  plus  de  cette  forme,  en  quelque  sorte  nécessaire, 
de  Tesprit  du  moyen  âge,  qui  ne  pouvait  séparer  Tidée  du  Juif  du 
besoin  de  sang  chrétien  et  qui  constitue,  en  dernière  analyse,  un 
phénomène  dont  Tétude  relève  plutôt  de  la  psychologie  que  de 
rhistoire. 

C'est  dans  une  région  plus  riante  que  le  paysage  sévère  où  est 
assise  la  ville  du  Puy  que  se  passe  le  terrible  drame  raconté  par 
M.  Bauer,  dans  son  travail  intitulé  :  La  Peste  chez  les  Juifs  ^Avi- 
gnon *.  Rien  de  plus  lamentable  que  ces  épidémies  frappant  des  mal- 
heureux entassés  dans  les  abominables  ghettos  d'Avignon  nommés 
carrières,  n'osant  sortir  de  leurs  cahutes  étroites  et  demander  un 
secours  â  Thôpital  de  la  ville,  sans  s'exposer  aux  tentatives  plus 
quindiscrètes  des  convertisseurs.  Le  tableau  tracé  par  M.  Bauerest 
des  plus  émouvants,  et  ce  serait  en  aflfaiblir  la  vérité  que  d'essayer 
de  vous  le  reproduire. 

Je  me  reprocherai  de  passer  sous  silence  la  note  que  M.  Schwab  a 
consacrée  aux  inscriptions  hébrcâques  de  la  France  *  ;  l'auteur  a  noté 
les  plus  intéressantes  et  constaté  en  terminant  Texistence  de  cent 
quarante  textes  lapidaires  hébraïques  du  vii«  au  xiii*  siècle.  C'est 
un  chifire  assez  respectable  et  qu*on  peut  citer  à  ceux  qui  demandent 
où  sont,  sur  le  sol  de  France,  les  tombes  des  ancêtres  des  Juifs 
actuels . 

Mais  l'œuvre  historique  la  plus  considérable  qu'ait  publiée  cette 
année  la  Revue  des  Etudes  juives^  est  due  à  M.  Roubin,  et  porte  le 
titre  suivant  :  La  Fie  commerciale  des  Juifs  comtadins  en  LtanguedoCy 
au  xviii*  siècle*.  Un  pareil  travail,  digne  de  la  plus  haute  estime  « 
ne  saurait  pourtant  s'analyser,  c'est  le  tableau,  déjà  fait  bien  des 
fois  dans  notre  Revue^  des  efforts  tentés  par  les  Juifs  au  xviii^  siècle 
pour  s'incorporer  dans  la  nation  française,  pour  tâcher  d  y  déve- 

»  T.  XXXIV.  251-263. 

•  T.  XXXIV,  301-305. 

*  T.  XXXIV,  276-2W  ;  l.  XXXV.  «I-IOO. 


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ACTES  ET  œNFERENGES 


*  leur  commerce  et  celui  de  la  France  en  même  temps,  et 
se  des  difficultés,  des  résistances  qu*ils  rencontrent  et  que 
la  Révolution  française  pourra  briser.  Rarement,  d'ailleurs, 
de  ce  genre  a  été  faite  avec  le  luxe  de  preuves  et  la  rigueur 
thode  qu'apporte  M.  Roubin,  et  qui  sont  d'autant  plus  méri- 
que  celui  qui  veut  éclaircir  un  point  de  Thistoire  civile  des 
n'a  pas,  comme  l'écrivain  qui  raconte  le  passé  d'un  peuple, 
province  ou  d^une  ville,  un  ensemble  de  documents  constitué, 
loit  aller  chercher  ses  renseignements  dans  toutes  les  séries 
lépôt  d'Archives. 

(t  dans  l'est  de  la  France  que  nous  transporte  M.  Maurice  Aron  ; 
)mpte  rendu  est  relatif  à  V Histoire  des  Juifs  de  Lorraine^  de 
r,  principalement  au  commencement  du  xyiii®  siècle,  et  du 
mportant  d'entre  eux,  le  banquier  Samuel  Lév;,  exploité  et 
}ar  le  duc  Léopold  de  Lorraine.  Le  fait  n'est  pas  sans  analogues, 
nd  on  aura  rassemblé  une  collection  de  récits  du  même  genre, 
pourra  faire  un  livre  dédié  aux  antisémites  de  tous  les  temps  *• 
Qbre  de  fois  déjà  on  a  publié  des  opinions  d^écrivains  de  toutes 
oques  sur  les  Juifs,  rarement  il  a  été  donné  d'en  connaître 
issi  curieuse  que  celle  de  l'auteur  anonyme  d'un  livre  édité  a 
rdam  en  1*7*76,  et  publiée  dans  notre  Revue  par  M.  Camille 
sous  le  titre  L'opinion  publique  et  les  Juifs  au  xvin*  siècle*. 
lur  de  l'ouvrage  n'est  pas  un  philosophe,  et  s'il  demande  qu'on 
le  les  Juifs  en  France,  il  ne  s'appuie  pas  sur  des  considérations 
3S  ou  intellectuelles  d'un  ordre  bien  élevé,  mais  sur  des  né- 
s  économiques  et  sociales  que  soupçonnaient  bien  peu  de  ses 
iporains  et  qu'ignorent  encore  beaucoup  dus  nôtres. 
3S  travaux  originaux,  il  faut,  si  Ton  veut  être  complet,  ajou- 
revues  bibliographiques  fort  nombreuses  cette  année  et  dues, 
la  plus  grande  part,  à  votre  infatigable  secrétaire,  M.  Is- 
évi.  Parmi  les  lecteurs  de  la  Bévue  des  Etudes  Juives^  il  en 
lucoup  —  j'en  connais  pour  ma  part  —  qui,  eflrayés  par  la 
té  de  certains  de  nos  articles,  se  bornent  à  dépouiller  ces 


urice  Aron,  L9  duc  de  Lorraine  Léopold  et  les  hraélUety  XXXIV,  107. 
XXXV,  112, 


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RAPPORT  SUR  LES  PUBUCATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ  XXllI 


consciencieuses  bibliographies  :  ces  lecteurs  ne  sont  peut-être  pas  les 
plus  mal  partagés  de  tous. 

Il  serait  injuste  de  ne  pas  mentionner,  à  côté  des  travaux  de 
M.  Léyiyles  savantes  recensions  dues  à  MM.  Bâcher,  Belleli,  Kont, 
Lambert,  Porgôs,  Schwab,  Castelli. 

L^activité  intellectuelle  de  la  Société  des  Etudes  juives  ne  se 
manifeste  pas  seulement  par  la  publication  de  sa  Bévue,  elle  se 
prouve  aussi  par  des  conférences.  Deux  vous  ont  été  données  cette 
année  et  vous  vous  souvenez  encore  avec  quel  succès  :  Tune  faite  par 
M.  Maurice  Bloch,  qui  sut,  suivant  sa  vieille  habitude,  être  à  la  fois 
spirituel  et  émouvant,  sur  la  valeur  militaire  des  Juifs  ;  l'autre,  de 
M.  le  grand  rabbin  Lehmann,  pleine  des  renseignement?  les  plus 
curieux,  sur  V Assistance  puUiqne  et  privée  chez  les  Juifs  aux  époques 
biblique  et  talmudiquej  organisation  d'une  sagesse  et  d*ane  pré- 
voyance infinies,  et  dont  les  législateurs  contemporains  pourraient 
encore  s'inspirer. 

A  côté  de  ces  conférences  solennelles  où  l'orateur  vient  apporter 
devant  vous  les  résultats  acquis  dans  un  ordre  d'études  déterminé, 
votre  Comité  a  pensé  qu'il  devait  j  avoir  une  place  pour  les  simples 
renseignements  et  la  contradiction.  Aussi  a-t  il  établi  à  chacune  de 
ses  séances  mensuelles  un  ordre  du  jour  comprenant  l'exposition  et 
la  discussion  d*un  sujet  scientifique  traité  par  l'un  de  vous. 

Dans  deux  séances  déjà,  des  débats  de  ce  genre  ont  eu  lieu  :  le 
24  novembre  1897,  M,  Salomon  Beinach  a  exposé  une  nouvelle 
théorie  sur  l'arche  d' alliance  ;  le  30  décembre  189*7,  M.  Théodore 
Reinach  a  fait  une  communication  sur  VemikmUicité  des  fragments 
d'Hécatée  d'Abdère  relatifs  aux  Juifs.  D'autres  sujets  sont  proposés 
et  seront  traités  dans  les  séances  de  votre  Conseil  de  l'année  1898. 

Vous  le  voyez,  Mesdames  et  Messieurs,  pas  un  instant  l'activité 
scientifique  de  la  Société  des  Etudes  juives  n'a  faibli  ;  bien  plus, 
grâce  à  l'heureuse  institution  dont  je  viens  de  vous  parler,  elle 
est  devenue,  en  quelque  sorte,  un  courant  ininterrompu.  Puisse  ce 
travail  consciencieux  et  continu,  secondé  par  votre  précieux  con- 
cours, aider  à  l'avancement  de  la  science  et  à  la  destruction  des 
préjugés  1 


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PROCÈS-VERBAUX  DES  SEANCES  DU  CONSEIL 


SÉANCE  DU  18  FÉVRIER  1898. 
Présidence  de  M.  Lbhmann,  président. 

M,  Vernes  invite  M.  Lehmann  à  prendre  la  présidence. 

M.  Lehmann  remercie  M.  Verneâ  et  les  membres  du  Conseil  de 
riionneur  qu*ils  lui  ont  fait  en  le  présentant  aux  suffrages  de  la  So- 
ciété. Il  remercie  également  M.  Yemes  des  paroles  empreintes  d'un 
libéralisme  si  élevé  qu*il  a  prononcées  à  la  séance  de  rassemblée  gé- 
nérale. 

Il  est  procédé  à  l'élection  des  membres  du  bureau.  Sont  élus  : 

Vice^ésidents  :  MM.  Albert  Ca.hbn  et  Rubens  Duval; 
Secrétaires  :  MM.  Maurice  Bloch  et  Lucien  Lazard  ; 
Trésorier  :  M.  Moïse  Schwab. 

Sont  nommés  membres  du  Cotait^  de  publication  :  MM.  Abraham 
Cahbn,  J.-H.  DERttNBOuaa,  /.-H,  J)reyfus,  Zadoc  Kahn,  Théo- 
dore Rbinach  et  UamiAoe  Fwiwi. 

M.  Sduoab^  trésorier,  |HC«ésente  le  projet  de  budget  pour 
raimée  1S08  : 

Rbgettbs  : 

Cotisations  et  ventes  par  le  libraire 8,000  fr. 

Souscription  du  Ministère 375 

Ventes  diverses 200 

Intérêt  des  valeurs  et  compte  courant 2.125 

En  caisse  au  l*»"  janvier 1,860 

Total 12,560  fr. 


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J^^-^ 


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PROCËS-VBRBAUX  DES  SÉANCES  DU  œNSEIL  XXV 


DÉPBNSBS   : 

Impression  de  4  numéros  de  la  Revue. 4,500  fr . 

Droits  d'auteurs 2,800 

Secrétaire  de  la  rédaction  et  secr^ftîre-acyoint 2,400 

Fnû» éiverad» bureau  et  d'encaissement. 400 

Distribution  de  la  Revue,  magasinage,  assurances,  etc. .        550 

Total 10.650  fr. 

iaSBBBBBttB 


Peut-être  convient-il  de  prévoir  une  dépense  de  1850  francs  pour 
la  traduction  de  Josèphe^ 

L'ordre  du  jour  appelle  la  communication  de  M.  Maurice  Vernes 
sur  Jéêus  et  la  propagande  chez  les  non-^israélites. 

M.  Vernes  expose  qu*il  a  été  frappé  de  l'intérêt  que  présentent 
les  mots  suivants  du  témoignage  de  l'historien  Josèpbe  sur  Jésus  de 
Nazareth  :  «  Jésus  a  séduit  beaucoup  de  Juifs  et  aussi  beaucoup 
d'Hellènes  »,  que  M.  Théodore  Reinach  commente  d'une  façon  très 
intéressante  dans  son  récent  travail  :  Josephe  sur  Jésus  *. 

Tandis  que  M.  Reinach  se  rallie  à  la  solution,  généralement  dé- 
fendue par  les  exégètes  modernes,  d'après  laquelle  Jésus  aurait 
c  limité  sa  mission  aux  seules  brebis  d* Israël  yt,  M.  Vernes  estime 
que  la  discussion  des  textes  des  Évangiles,  notamment  de  celui  de 
Mathieu,  peut  amener  à  une  conclusion  se  rapprochant  de  l'opinion 
énoncée  par  Josèpbe. 

On  ne  saurait  fournir  la  preuve  que  Jésus  a  orienté  sa  réforme 
religieuse  dans  le  sens  du  paganisme,  mais  on  peut  admettre  que  la 
primitive  église,  en  s'ouvrant  largement  aux  non-israélites,  a  agi 
dans  l'esprit  même  de  Son  fondateur. 

On  conteste  cette  manière  de  présenter  les  choses  en  relevant 
plusieurs  déclarations,  foncièrement  jtuMsanies,  que  les  Évangiles 
mettent  dans  la  bouche  de  Jésus,  notamment  :  «  Je  n*ai  été  en- 
voyé qu'aux  brebis  perdues  de  la  maison  d'Israël  d  (Mathieu,  xv, 

«  Bévue,  l.  XXXV,  p.  1. 


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XXVI  ACTES  ET  CONFERENCES 

21-28),  Tordre  donné  aux  apôtres  envoyés  en  mission  :  t  N'allez 
pas  sur  la  route  des  païens. . .  allez  plutôt  vers  les  brebis  perdues 
de  la  maison  d'Israël  »  (Mathieu,  x,  2  suiv.). 

Par  une  circonstance,  en  apparence  contradictoire,  Tévangile  de 
Mathieu  se  montre  très  sévère  pour  le  judaïsme,  soit  dans  l'épisode 
de  la  guérison  de  Tesclave  d'un  centurion  romain  (viii,  5-13),  soit 
dans  la  conclusion  de  la  parabole  dite  des  méchants  vignerons  (xxi, 
33-43). 

L'énigme  semble  indéchiffrable  si  l'on  tient  ces  différentes  décla- 
rations pour  émanant  réellement  de  Jésus  ;  elle  est  susceptible  d'une 
solution  acceptable  de  tous,  si  l'on  j  voit  l'écho  des  attitudes  di- 
verses que  le  changement  des  circonstances  a  recommandées  à  la 
jeune  église  chrétienne. 

Dans  une  première  phase,  l'église,  dont  la  rupture  avec  le  ju- 
daïsme vient  de  se  consommer,  prononce  avec  amertume  une  con- 
damnation sans  appel  contre  le  milieu  religieux  dont  elle  est  issue. 
De  là  les  passages  anU''judaï8ant8. 

Dans  une  phase  ultérieure,  l'église  répond  aux  reproches  des 
Juifs,  qui  lui  contestent  le  droit  dlnvoquer  la  tradition  biblique  : 
Malgré  les  efforts  de  Jéstis,  qui  s'est  adressé  tout  d'abord  et  exclusi- 
vement à  ses  compatriotes^  vous  avez  rejeté  le  Christ  ;  il  a  bien  fallu 
alors  vous  abandonner  à  votre  aveuglement,  à  votre  obstination. 

La  preuve  que  Jésus  s'adressait  tout  d'abord  et  spécialement  aux 
Juifs  est  fournie  par  les  i^eLSSSLgesjiidaïsants  de  l'évangile  de  Mathieu, 
qui  constitueraient,  d'après  M»  Vernes,  non  des  documents  histo- 
riques, mais  des  arguments  de  polémique. 

Dans  cet  ordre  d'idées,  M.  Vernes  estime  que  plusieurs  des  textes 
invoqués  dans  le  sens  du  caractère  anti-paganisant  du  christianisme 
primitif  tombent  d'eux-mêmes  ;  il  admettrait,  en  conséquence,  que 
le  christianisme,  soit  dès  Jésus,  soit  aussitôt  après  sa  mort,  s'est 
orienté  vers  les  païens. 


Le  gérant, 

Israël  Lévi. 


VERSAILLES,   IMPRIMERIES  CERF,   59,   RUE  DUPLESSIS. 


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NICOLAS  ANTOINE 

UN  PASTEUR  PROTESTANT  BRÛLÉ  A  GENÈVE  EN  1632 
POUR  CRIME  DE  JUDAÏSME 


C'est  une  liistoire  étrange  que  celle  de  ce  Nicolas  Antoine,  pas- 
teur protestant,  né  dans  le  catholicisme,  qui  fut  brûlé  à  Genève 
en  1632  pour  crime  de  judaïsme.  Voici  le  résumé  qu'en  donne 
M.  E.-H.  Vollet  dans  la  Grande  Encyclopédie  (s,  t\  Anihoine)  : 

«  Nicolas  Anthoine,  ou  Antoine,  né  à  Briey  (Lorraine),  appar- 
tenait par  sa  naissance  au  catholicisme  et  il  avait  achevé  ses 
études  classiques  à  Trêves  et  à  Cologne,  sous  la  direction  des  Jé- 
suites. Il  rentra  dans  sa  famille,  vers  Tâge  de  vingt  ans,  conçut 
des  doutes  sur  les  doctrines  de  son  église  et  s'adressa  au  pasteur 
de  Metz,  Paul  Ferry,  qui  le  convertit  au  protestantisme.  Désireux 
de  se  consacrer  entièrement  à  la  religion  qu'il  venait  d'adopter,  il 
se  rendit  à  Sedan  et  à  Genève,  pour  y  étudier  la  théologie.  L'en- 
seignement qui  se  donnait  en  ces  académies,  outrant  les  preuves 
tirées  de  la  prophétie,  ébranla  complètement  la  foi  chrétienne 
chez  Antoine,  qui  ne  trouva  point  justifiés  pour  Thistoire  les 
textes  alors  invoqués  pour  démontrer  que  Jésus-Christ  est  le 
Messie  promis.  Il  fut  ainsi  amené  à  le  considérer  comme  un  im- 
posteur et  il  résolut  de  faire  profession  du  judaïsme.  Il  revint  à 
Metz  pour  se  faire  admettre  dans  la  synagogue  ;  mais  les  Juifs 
de  cette  ville,  n'osant  l'accepter  parmi  eux,  l'adressèrent  à  ceux 
de  Venise  ;  ceux-ci  le  renvoyèrent  à  leurs  coreligionnaires  de 
Padoue.  —  Il  était  presque  impossible,  en  ce  temps-là,  de  vivre 
sans  porter  une  dénomination  religieuse  officiellement  classée*  Ne 
pouvant  faire  profession  du  judaïsme,  que  sa  conscience  avait 
embrassé,  et  comme  l'a  écrit  Paul  Ferry,  intercédant  plus  tard 
pour  lui,  pressé  par  la  nécessité  de  beaucoup  de  choses,  Antoine 
dissimula  sa  fol  et  reprit  à  Genève  l'étude  de  la  théologie  protes- 
tante, simulant  toutes  les  apparences  d'un  chrétien  convaincu.  Il 
T.  XXXVI,  «o  72.  it 


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1^2  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

se  fit  admettre  aa  ministère  par  le  synode  de  Bourgogne,  assem- 
blé à  Gex,  «'engageant  à  suivre  la  doctrine  de  rAncien  et  du 
Nouveau  Testament  et  à  se  conformer  à  la  confession  de  foi  et  à 
la  discipline  des  Eglises  réformées  de  France;  par  suite,  il  fut 
nommé  ministre  à  Divonne,  dans  le  pays  de  Get.  En  ses  fonctions 
publiques,  il  se  soumettait  à  tous  les  usages  de  TEglise  qu'il  ser- 
vait ;  mais  il  ne  prenait  le  texte  de  ses  sermons  que  dans  TAn- 
cien  Testament  et  il  évitait  de  parler  de  Jésus-Clirist  dans  ses 
prières  et  dans  ses  exhortations.  —  Les  longs  efforts  nécessaires 
pour  soutenir  cette  dissimulation,  le  danger  imminent  d'être  dé- 
couvert, les  agitations  de  sa  conscience  finirent  par  rendre  fou  ce 
malheureux.  Dans  ses  accès  de  folie,  il  proféra  des  blasphèmes 
contre  la  religion  chrétienne  ;  et  un  matin  on  le  trouva  à  Tune  des 
portes  de  Genève,  prosterné  dans  la  boue  et  adorant  le  Dieu  d'Is- 
raël. Il  fut  mis  à  l'hôpital  ;  mais  après  sa  guérison  il  reprit  ses 
protestations  contre  la  religion  chrétienne,  et  il  passa  de  l'hôpital 
dans  la  prison.  Ni  le  souvenir  du  supplice  de  Servet,  ni  les  me- 
naces ni  les  prières  ne  purent  l'amener  à  renier  ses  dernières 
croyances.  —  Avant  de  prononcer  une  sentence  déflnitive  contre 
lui,  le  Conseil  de  Genève  consulta  les  ministres  de  cette  ville  et 
les  professeurs  en  théologie  de  l'Académie.  Les  avis  furent  par- 
tagés, mais  la  majorité  opina  pour  la  peine  capitale.  Meste- 
zat,  ministre  de  l'église  de  Chârenton,  et  Paul  Ferry,  de  Metz, 
intervinrent  en  vain  par  des  lettres,  pour  conseiller  Findulgence. 
Le  20  avril  1632,  le  Conseil  condamna  Antoine  à  «  être  lié  et 
mené  en  la  place  de  Pleinpalais,  pour  être  là  attaché  à  un  poteau 
et  étranglé,  en  la  façon  accoutumée,  et  après  son  corps  brûlé  et 
réduit  en  cendres  ».  Cette  sentence  fut  exécutée  le  jour  même. 
Parmi  les  papiers  d'Antoine,  on  trouva  des  formules  de  prières 
attestant  une  véritable  piété;  une  petite  feuille  contenant  onze 
objections  contre  le  dogme  de  la  Trinité  ;  un  long  écrit  dans  lequel 
l'auteur  fait  confession  de  sa  foi  en  la  religion  d'Israël,  confession 
en  douze  articles,  accompagnés  de  leurs  preuves.  Antoine  avait 
fait  remettre  cette  dernière  pièce  au  Conseil,  pendant  sa  détention  ; 
>1  y  apposa  sa  signature,  en  signe  de  confirmation,  le  jour  môme 
de  son  exécution.  » 

La  vie  de  Nicolas  Antoine  a  été  déjà  racontée  souvent  par  les 
historiens  du  protestantisme  et  par  ceux  de  la  ville  de  Genève. 
Récemment  M.  Sammter  en  a  fait  l'objet  d'un  article  de  journal 
dans  VAllgemelne  Zeitung  des  Judenthums  (année  1894).  Mais 
jusqu'ici,  à  notre  connaissance,  on  n*avait  pas  publié  les  actes 
authentiques  du  procès  de  cet  hérétique  endurci.  M.  Balitzer,  de 
Genève,  a  pu  se  procurer  la  copie  du  registre  de  la  Compagnie  des 


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NICOLAS  ANTOINE  Hxî 

Pasteurs  de  Genève  où  sont  relatés  les  derniers  incidents  de  la 
vie  d'Antoine.  Nous  la  publions  ci-après,  nous  réservant  de  re- 
prendre réiude  de  ce  document  quand  nous  serons  en  possession 
d'antres  pièces  inédites  sur  ce  sujet  dont  M.  Balitzer  nous  annonce 
renvoi  prochain.  Disons  seulement,  dès  à  présent,  qu'il  faut  louer 
les  scrupules  dont  firent  preuve  plusieurs  Pasteurs  de  Genève  à 
une  époque  de  foi  ardente  où  Ton  brûlait  des  hérétiques  dont  le 
cas  était  moins  grave  que  celui  d'Antoine.  L'opposiiion  que  firent 
certains  d'entre  eux  à  l'exécution  du  malheureux  est  tout  à  leur 
honneur,  et  digne  admiration  est  le  courage  qu'ils  déplo3'èrent 
en  un  temps  où  l'indulgence  passait  pour  de  la  tiédeur  et  où  le 
zèle  pieux  réclamait  une  sévérité  inflexible  envers  les  ennemis  de 
la  religion. 


APPENDICE 


I. 

Des  le  Vendredi  23  Mars  iusque  au  Vendredi  27  Apuril  1632  II  n'y  a 
rien  eu  qui  aisl  été  jugé  digue  de  demeurer  sur  le  Registre  for  l'his- 
toire delà  fin  tragique  de  Nicolas  Â^ntoine. 

Nicolas  Antoine  de  Brieu  en  Lorraine  arriva  premièrement  en  cesle 
ville*  Tan  4624,  en  juillet,  apportant  tesmoignage  à  MM.  les  Pasteurs 
de  TEglise  de  Metz,  qu'il  estoit  fils  de  Père  et  Mère  Papistes  qui 
Tavoyent  iusque  alors  entretenu  aux  estudes  et  ce  au  Collège  des 
Jésuiles  au  Pont  à  Mousson  et  ailleurs,  mais  que  Dieu  lui  ayant 
donné  eogooissance  de  la  Religion  et  ayant  abjuré  la  Papauté  il  dési- 
roil  poursuivre  ses  estudes  pour  se  vouer  à  la  Théologie,  pourtant 
qu'ils  le  recommandoyent  comme  un  Jeune  homme  qui  auroit  de 
bonnes  lettres,  sur  ledit  tesmoignage  on  le  reçeut  au  nombre  des 
estudlants  mais  la  Compagnie  des  Pasteurs  a  eu  toujours  soin  de  lui. 
Des  ce  temps  la  Compagnie  lui  ayant  fait  assistance  lui  aida  à  trou- 
ver condition  en  divers  lieux  afin  que  gaignant  sa  nourriture  il  peust 
continuer  ses  estudes.  Il  a  été  recongnu  bigearre  et  difficile  en  con- 
versation tellement  qu'il  quitta  ses  conditions  et  se  retira  en  une 
autre  maison  où  il  vivoit  à  ses  pièces  et  parfois  en  pension,  allant 
repeter  des  Eseholiers  les  uns  en  Philosophie,  autres  en  la  langue 
fratrçoise,  autres  en  grammaire  en  diverses  maisons  es  unes  des- 
quelles il  s'estoit  acquis  quelques  tesmoignages,  es  autres  s'estoit  fait 
recognoislre  comme  un  esprit  ombraigeux  que  le  mit  en  soupçon  à 

^  Genève* 


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la'i  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

quelques  uns  des  plus  anciens  pasteurs  d'estre  un  homme  dange- 
reux surtout  à  cause  de  son  institution  aux  Jésuites. 

Cest  néantmoins  pendant  es  temps  là  qu'il  a  eu  Tapparence  non 
seulement  de  scavoir  et  érudition  mais  aussi  de  probité,  car  il  alloit 
aux  saintes  prédications  et  y  assistoit  avec  dévotion,  il  disputoit  es 
eschole  de  Philosophie  pressant  fort  les  arguments  et  s*ospinia8trant 
à  l'opposition  et  faisant  le  mesmes  (?)  et  disputes  en  Théologie  eo 
public  et  particulier  avec  plus  de  retenue  et  modération,  soustenant 
aussi  avec  contentement  des  Professeurs  sans  aucun  scandale. 

Depuis  survenant  quelque  cherté  en  la  ville,  il  pensa  de  faire  un 
voyage  estant  appelé  par  MM.  de  l'Eglise  de  Metz*  où  il  alla  à  regret 
selon  qu'il  le  fit  entendre  à  ses  plus  intimes,  mais  y  ayant  demeuré 
quelques  temps  et  communiqué  comme  il  a  dû  (dit?)  avec  les  Juifs  du 
dit  lieu  touchant  leur  croyance,  qui  le  mirent  en  doute,  et  n'estant 
assez  fort  pour  respondre  à  leurs  arguments  il  s'en  alla  à  Sedan  où  il 
séjourna  quelque  temps  et  communiqua  avec  Mons-de-Rambour, 
qui  à  son  jugement,  ne  satisfit  point  à  ses  doutes,  lui  disant  qu'il 
faloit  croire  ce  qui  en  estoit  révélé  sans  donner  lieu  à  la  raison 
humaine.  De  là  il  vint  à  Metz  ayant  desbauché  un  jeune  Philosophe 
estudiant  à  Sedan  promestant  de  lui  enseigner  la  Philosophie,  dont 
estant  repris  il  le  mena  en  Italie  et  le  réduisit  à  des  extrémités. 
Mais  estant  un  esprit  inquiet  qui  ne  se  pouvoit  arrester  couvant 
quelque  monstre  d'opinion  en  son  âme^  il  part  de  là  et  se  transporte 
aux  Grisons,  ou  la  guerre  estoit  sans  toutefois  porter  les  armes, 
passeau  païs  des  Yenetiens  et  comme  on  a  sçeu  ayant  enseigné  la 
Philosophie  particulièrement  à  Bresse*,  de  là  s'en  vint  à  Venise  où 
il  communiqua  avec  quelques  Rabbins  Juifs,  ausquels  il  se  présenta 
pour  estre  reçeu  au  Judaisme  en  la  Synagogue  et  recevoir  la  circon- 
cision, ce  qu'ils  lui  refusèrent  disans  ne  Toser  faire. 

Après  quoi  il  prit  résolution  de  retourner  par  deçà,  et  estant  arrivé 
se  présenta  premièrement  à  quelques  honorables  estudiants  ses 
familiers  et  depuis  au  Recteur  priant  de  lui  aider,  ce  qu'il  fit  lui  don- 
nant entrée  chez  une  honorable  vesfe*,  tenant  des  pensionnaires  et 
lui  fournissant  quelques  chose  pour  sa  pension  ;  quoi  fait  il  commença 
à  se  remettre  et  enseigner  ici  et  là  les  Escholiers  en  Philosophie  et 
Philologie  sans  oublier  son  estude  en  Théologie. 

Estant  survenue  la  vacance  de  la  Philosophie  et  tous  y  estant  coa- 
vies  par  un  programme  public,  il  se  présenta  et  fit  quelques  exercices 
sur  le  livre  des  Elenchie  depuis  de  anima  avec  lesmoignage  d'érudi- 
tion des  principaux  de  la  Seigneurerie  et  Accadémie.  Quoi  fait  sans 
interromspre  la  Théologie  et  estant  recongnu  pour  homme  docte  et 
propre  à  instruire  la  jeunesse,  il  fut  reçeu  pédagogue  en  la  maison 
d'un  personaage  de  qualité  Pasteur  et  Professeur  en  ceste  Eglise  et 
Eschole,  où  il  se  comporta  sans  reproche  tant  au  regard  de  sa  vie  et 
mœurs  que  de  la  doctrine. 

^  Brescia. 
»  Veuve. 


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NICOLAS  ANTOINE  16o 

Estant  là  dedans  et  le  collège  ayant  besoin  d*aide  à  cause  de  la 
maladie  et  mort  du  Premier  Régent,  il  fut  prié  de  faire  les  leçons  en  la 
dite  classe  jusques  a  ce  qu*on  eust  pourveu,  ce  qu'il  fit  avec  contente- 
ment, et  depuis  la  charge  ayant  esté  pourveue  et  lui  remercié  avec 
quelque  recognoissance  qui  lui  fust  faite  par  M.  le  Recteur  par  ordre 
de  la  Compagnie  des  Pasteurs  et  Professeurs,  il  continua  non  seule- 
ment en  la  charge  qu'il  avoit  de  précepieur  en  maison  particulière, 
mais  sur  tout  en  ses  estudes  et  disputes  et  propositions  sans  qu'on 
apperçeust  en  lui  aucun  indice  de  ce  qui  a  paru  depuis. 

En  suite  de  quoi  le  pasteur  de  Divonne  ayant  esté  appelé  à  la  pro- 
fession de  Philosophie  en  ceste  ville,  et  Téglise  de  Divonne  ayant 
besoin  d*un  pasteur,  le  Colloque  de  MM.  les  Pasteurs  du  Bailliage  de 
Gex  le  demanda  pour  l'employer  au  St  Ministère  ou  il  comparut  avec 
tesmoignage  de  TÂcadémie  de  Genève  tant  de  sa  probité  que  de  son 
érudition  ;  lequel  tesmoignage  fut  vérifié  tant  par  les  propositions 
latine  et  françolse  que  par  l'examen  particulier  en  langue  Grecq  et 
Hébraïque,  mais  surtout  en  la  Théologie  où  il  monstra  un  contente- 
ment orthodoxe  en  tous  les  points  de  la  Religion  Chrestienne  et  sur 
tout  touchant  la  personne  divine  et  éternelle,  comme  aussi  l'union 
de  la  nature  humaine  à  ceste  personne  du  Fils  de  Dieu,  comme 
appert  par  les  articles  escrit  de  sa  main  sur  lesquels  il  fut  examiné. 

C'est  ce  qui  fit  que  le  dit  Colloque  le  reçeut  volontairement  au 
S^  Ministère  après  serment  preste  de  croire  et  confesser  comme  aussi 
d'enseigner  en  l'Eglise  ou  il  estoit  appelé  la  doctrine  et  Religion 
Chrestienne  contenue  au  symbole  des  S^»  Apôtres,  et  en  la  confes- 
sion particulière  des  Eglises  de  France. 

Le  commissaire  du  Roy  assistant  au  dit  colloque  ne  s'opposa  point 
à  ceste  réception,  veu  que  sur  la  difficulté  qui  se  présentoit  de  ce 
qu'au  tesmoignage  accadémique  de  Genève  il  esloit  qualifié  Lotha- 
ringien,  le  dit  S'  Commissaire  lui  fit  prêter  serment,  qu'il  estoit 
naturel  subjet  du  Roy,  il  jura  et  fit  le  dit  serment  quoi  qu'en  son 
ame  il  sceust  qu'il  estoit  subjet  du  Duc  de  Lorraine. 

En  quoi  il  monstra  le  fruist  de  son  instruction  en  l'eschole  dès 
Jésuites,  comme  il  l'a  fait  paroistre  depuis  en  ses  responses  sur  la 
demande  qu'on  lui  faisoit  4^  pourquoi  il  avoit  accepté  le  S^  Ministère 
ayant  ceste  pensée  monstrueuse  contre  la  sacrée  Personne  de  nostre 
Seigneur  et  contre  la  S«»  Trinité,  2«  pourquoi  il  avoit  signé  la  confes- 
sion chrestienne  des  Eglises  de  France,  3*>  pourquoi  11  avoit  récité  le 
symbole  en  l'Eglise  croyant  tout  le  contraire.  Respondant  au  4»  que 
c'estoit  pour  visvre  ne  sachant  plus  que  faire  et  par  fois  que  c'estoit 
pour  avoir  vocation  et  enseigner  publiquement  ce  qu'il  croyoit  en 
son  âme.  Respondant  à  la  seconde  question  qu'il  avoit  promis  d'ensei- 
gner selon  ceste  confession  avec  une  restriction  mentale  comme  doit 
les  Lloyolithes  (Jésuites)  en  tants^  quelle  seroit  véritable  et  conforme 
à  l'Escriture  de  l'Ancien  Testament.  Respondant  à  la  3»  question  qu'il 

»  En  tant. 


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166  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

l'avoit  récité  comme  un  formulaire,  par  conséquent  par  acquit  pour 
cousvrir  son  hypocrisie  selon  la  doctrine  des  Jésuites  qui  permettent 
aux  émissaires  de  leur  secte  ou  autres  en  Angleterre,  en  pals  bar- 
bare et  ailleurs  de  se  déguiser  en  Gentilshommes,  de  se  trouver  es 
prédications,  faire  la  cène  avec  les  Réformés,  de  tous  les  aider  de 
vraye  communion  soubs  ceste  restriction  pour  exécuter  plus  aisé- 
ment leurs  desseins  sanguinaires  et  diaboliques. 

Le  temps  a  fait  depuis  esclorre  et  manifester  ce  que~estoit  caché 
dans  ceste  ame  noire,  dont  il  avoit  qudques  indices  sur  lesquels 
toutes  fois  la  Charité  Chrestienne  empeschoit  de  fonder  aucun 
soupçon,  veu  que  Tun  des  Professeurs  en  Théologie  prit  garde  qu'en 
une  dispute  de  Trinitate,  le  dit  Antoine  opposant  dit  que  le  mystère 
de  la  Trinité  n*estoit  point  fondé  en  TEscriture,  mais  plus  tost  que 
le  contraire  se  trouvoit  en  icelle. 

L'un  et  Taulre  estant  nié  il  demanda  qu'on  lui  donnast  des  pas- 
sages de  l'Ancien  Testament  où  il  fut  contenu,  à  quoi  le  Professeur 
ayant  respoudii  dignement,  le  dit  Antoine  feignit  d'estre  satisfait,  et  se 
jetta  aux  oppositions  que  le  Professeur  remarqua  n'avoir  esté  prise 
que  des  Livres  de  Moyse,  d'Ksaie  et  des  Psaumes,  ausquelles  ayant 
esté  respondu  le  dit  Antoine  acquiesçant,  depuis  il  dit  aux  Esludiants 
en  Théologie  que  le  Professeur  ne  lui  avoit  pas  satisfait  non  plus 
qu'es  Leçons  ou  le  dit  Professeur  avoit  traicté  de  Tautborité  de 
l'Ancien  Testament  et  refuté  les  arguments  des  Juifs. 

1632. 

A  esté  aussi  remarqué  que  pendant  sa  demeure  en  la  maison  ou  il 
estoil  Précepteur  il  ne  mangeoit  point  ou  rarement  de  chair  de  pour- 
ceau. Et  dès  qu'il  a  esté  au  Ministère  il  ne  vouloit  point  de  sel  en 
ses  viandes,  et  ne  mangeoit  aucune  cliair  de  pourceau.  Que  dans  la 
chambre  qu'il  avoit  là  où  il  es.loit  Précepteur  il  a  escrlt  divers  pas- 
sages sur  la  porte  et  es  parois  à  la  façon  des  Juifs,  louschant  l'unité 
du  Dieu  d'Israël,  et  le  mesme  s'est  trouvé  en  sa  chambre  de  Divonne 
crayonné  de  charbon. 

Que  souventes  fois  parlant  avec  les  estudiants  en  Théologie,  il  avoit 
dit  qu'il  n'y  avoit  qu'un  Dieu,  que  les  passages  alléguez  par  les  Apos- 
tres  au  Nouveau  Ttistament  estoyenl  forcés  et  déiorquex,  sans  passer 
plus  avant,  qu'en  la  maison  où  il  estoil  Précepteur  se  comportant 
autrement  honorablement,  il  manquoil  souvent  à  l'exercice  de  la 
prière,  et  toutesfois  on  le  trouvoit  souvent  en  prière  particulière 
ayant  devant  soi  la  Bible  Hébraïque. 

Ny  ayant  donc  aucun  qui  doutast  ou  qui  eust  soupçon  de  ce  qui 
est  advenu,  il  entra  en  Texercice  du  S'  Ministère  à  Divonne,  où  le 
Sieur  Baron  du  dit  lieu  le  Chastelain  et  les  Paroissiens  avoyent 
grand  contentement  de  ses  prédications  l'estimant  homme  docte  et 
fidèle,  le  dit  Seig'  et  ses  subjets  lui  contribuant  volontairement 
ce  qu'ils  lui   avoyent  promis  pour  son  entretien,  ne  prenant  pas 


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NICOLAS  ANTOINE  167 

garde  à  ce  qu'ils  ont  remarqué  depuis.  G*est  que  le  jour  de  Noël  et  de 
li  S**  Cène  il  exposa  le  Pseaume  23  sans  faire  aucune  mention  de  la 
J^îrsonne  et  de  la  naissance  bien  heureuse  de  noslre  Seigneur;  depuis 
et  auparavent  il  n*a  presché  que  sur  les  Pseaumes  et  sur  TAnc.  Test. 
Que  récitant  le  symbole  des  quelque  temps  il  passoit  et  marmon- 
noîlenlre  ses  dents  ce  qui  csloit  de  la  Personne  et  office  de  Jésus 
Christ  sans  qu'on  le  peust  entendre,  maudissant  en  son  cœur  celui 
dont  il  est  parlé  en  cest  endroit,  que  sur  toutes  choses  il  preschoit 
qu'il  n'y  avoit  qu'un  seul  Dieu,  et  n'y  en  avoit  aucun  autre,  que  qui 
parle  et  croit  autrement  croyoit  et  adoroit  les  idoles,  ce  qu'on  ne 
pensoit  point  qu'il  entendist  de  la  Personne  du  Fils  et  du  S'  Esprit 
vrai  Dieu  avec  le  Père  béni  éternellement. 

Dereschef  a  esté  remarqué  que  donnant  la  bénédiction  au  peuple 
il  la  dounoit  au  Nom  d'un  seul  Dieu  sans  nommer  le  Fils  et  le 
S'  Esprit. 

La  patience  de  Dieij  ne  pouvant  donc  plus  supporter  ce  monstre 
crachant  son  venin  contre  le  ciel  et  brassant  de  corrompre  TEglise 
a  voulu  que  cela  aist  eslé  mis  en  évidence  afin  que  le  jour*  et  le  feu 
du  Seigneur  repurgeast  l'Eglise  de  cette  peste.  Car  le  Dimanche  6/16 
de  féburier  preschant  en  la  dite  Eglise,  et  exposant  le  Pseaume  2 
où  il  est  parlé  clairement  de  la  Personne  et  office  de  Jésus  Ghrit 
le  Fils  de  David  mais  engendré  du  Père  éternellement,  à  qui  est 
promis  lEmpire  de  tout  le  monde,  ce  que  David  n'a  jamais  eu,  à 
qui  Dieu  commande  qu'on  face  hommage  qu'on  le  baise  et  adore, 
qu'on  mette  sa  confiance  en  lui,  ce  qui  ne  peust  estre  appliqué 
à  David  qui  n'esloit  qu'homme,  néant  moins  il  dit  que  cela  ne  se 
pouvoit  entendre  que  de  David  et  non  de  Jésus  Christ,  qu'il  n'y 
avoil  qu'un  Dieu,  le  grand  Dieu  d'Israël,  seul  en  Essence,  seul  en 
Personne,  que  tout  le  reste  n'estoit  qu'idoles  et  fictions,  il  finit  par 
la  prière  sans  faire  aucune  mention  de  Jésus  Christ,  et  après  disné 
alla  à  Grilli. 

C'est  alors  et  dès  ceste  action  que  ce  grand  Dieu  et  Sauveur  fist 
paroisire  sa  gloire,  que  le  feu  et  la  fumée  sortit  de  devant  sa  Majesté 
pour  confondre  ce  blasphémateur  le  troublant  en  son  Esprit.  Car  il 
fit  l'action  fort  courte  avec  beaucoup  de  trouble  et  de  confusion. 

Le  laudemain  matin  estant  en  son  logis  ordinaire  il  pria  l'hoslesse 
de  lui  bailler  sa  Bible,  laquelle  ne  la  trouvant  pas,  lui  présenta  un 
Nouv.  Test,  lequel  il  jetta  là,  disant  que  ce  n'estoit  pas  la  Bible, 
laquelle  on  lui  apporta  et  lisant  dedans  ayant  oui  quelque  bruit  en 
la  chambre  au  dessus,  il  jetta  un  grand  cri  efl*royable,  auquel  le 
Baron  et  autres  estant  accourus  le  trouvèrent  allant  à  quatre  contre 
terre  jusques  à  ce  qu'il  fust  un  peu  remis,  après  quoi  le  Baron  le 
voulant  mener  en  son  chasteau,  il  dit  qu'il  n'y  vouloit  pas  aller,  mais 
qu'il  vouloit  venir  à  Genève  se  faire  brusler  pour  maintenir  la  gloire 
du  grand  Dieu  dlsrael  contre  les  idoles  et  surtout  Jésus  Christ. 

*  Allusion  au  jour  de  Dieu  des  Prophètes,  synonyme  de  punition. 


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168  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

Ce  qui  ayant  donné  grand  scandale  tant  au  Baron  du  dit  lieu  comme 
aussi  aux  plus  notables  et  à  toute  l'Eglise,  oyans  ces  blasphèmes 
avec  horreur»  néantmoins  impuians  cela  à  quelque  manie  et  aliéna- 
tion d'esprit  procédant  de  quelque  humeur  mélancholique  ou  hypo- 
condriaque, taschèrent  premièrement  à  le  consoler  et  ramener  par 
S^^*  exhortations  attribuans  cela  à  sa  maladie  de  corps  et  d'esprit,  et 
en  outre  y  apportèrent  toute  aide  et  soulagement  à  eux  possible  par 
médicameus,  la  soignée  et  autres  remèdes,  pendant  lesquels  à  la 
vérité  il  estoit  hors  de  soi  mesme,  mangeoit  peu,  et  avoit  quelques 
propos  et  discours  esgarez  et  extravagans,  mais  au  reste  il  discouroit 
et  persistoit  en  son  opinion,  disoii  que  depuis  huit  ans  il  avoit  eu  la 
mesme  pensée  laquelle  il  n'avoit  point  mise  en  avant  mais  que 
maintenant  il  estoit  forcé  par  la  vérité,  et  ne  la  pouvoit  plus  cascher. 
C'est  qu'il  rCy  avoit  qu'un  Dieu  teuiy  et  que  CEtatigile  et  Jésus  Christ 
estoit  une  fable  et  une  idole  que  le  peuple  Chreslien  adoroitau  lieu  du 
vrai  Dieu, 

Donc  ceste  poure  Eglise  affligée  et  outrée  avec  le  Sieur  Baron  du 
lieu  prièrent  les  Sieurs  Depreaux,  le  Clerc  et  Gautier  pasteurs  plus 
proschcs  de  les  assister  tant  pour  consoler  et  ramener  le  dit  Antoine 
à  son  devoir  si  possible  estoit,  que  pour  combattre  ses  blasphèmes 
et  maintenir  la  gloire  de  ce  vrai  Dieu  d'Israël,  Père  Fils  et  S^  Esprit 
contre  les  horribles  propos  de  ce  blasphémateur,  lesquels  estant 
arrivés  avec  toute  sorte  de  zèle  à  la  gloire  de  Dieu,  prudence  et 
Charité  Chrestienne  parlèrent  au  dit  Antoine  Tesllmant  transporté 
d'Esprit  et  mélancholique,  le  consolèrent  et  exhortèrent  d'invoquer 
et  donner  gloire  à  Jèsus-Christ  vrai  Dieu  et  vrai  homme  nostre  Sau- 
veur, de  se  déporter  de  ces  blasphèmes  et  ne  scandaliser  plus  ceste 
poure  Eglise.  À  quoi  tant  s'en  faut  qu'il  donnast  lieu,  qu'il  persévéra 
en  ses  blasphèmes  contre  la  S^<»  Trinité  et  Personne  Sacrée  de  nostre 
Seigneur  Jesus-Christ. 

Particulièrement  fut  remarquée  ceste  circonstance  que  le  trouvans 
étendu  en  la  rue  les  pieds  en  la  fange,  il  pria  que  ceux  qui  lui 
avoyent  mis  ses  souliers  les  lui  estassent  au  nom  du  grand  Dieu 
d'Israël,  ce  qu'ayans  fait  à  sa  requesle  et  ayant  les  pieds  nuds  à  la 
Judaïque  il  adora  à  la  façon  des  Juifs  touschant  la  terre  de  son  front 
disant  qu'il  avoit  \eincu.  Il  fit  le  mesme  en  présence  de  quelques 
estudiants  de  Genève  qui  l'estoyeut  allé  trouver  le  croyans  mélan- 
cholique, et  déslrans  le  soulager,  en  présence  des  quels  il  vomit  tous 
ces  blasphèmes,  quoi  voyant  les  dits  estudiants  se  retirèrent  tous 
effrayez,  emportans  quant  et  eux  quatre  feuillets  de  papiers  pris  en 
son  estude  par  permission  du  Chastelain,  lesquels  ont  esté  remis 
aux  Pasteurs  de  ceste  Eglise  le  premier  contenant  une  suite  d'argu- 
ments contre  la  S^°  Trinité,  l'autre  une  prière  composée  de  divers 
passages  de  l'Ane.  Test,  pour  son  usage  particulier  avant  l'estude  ne 
faisant  aucune  mention  de  Jésus  Christ,  le  3«  une  prière  du  soir  très 
longue  sans  aucun  mot  de  Jésus  Christ,  le  4«  une  prière  pour  faire 
après  le  presche  de  mesme  parlant  de  la  loi  et  sans  aucun  mot  de 


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MCOLAS  ANTOINE  169 

l'Evangile  excepté  qu*au  derrière  du  dit  papier  est  escrite  la  confes- 
sion de  foi  ou  le  Symbole  avec  des  nombres  a  costé  de  chaque  article. 
Mais  le  Sieur  Baron  du  dit  lieu  affligé  et  outré  de  ses  blasphèmes, 
ayant  imploré  Taide  des  Pasteurs  susnommés  qui  firent  tout  leur 
possible  envers  le  dit  Antoine  et  le  suspendirent  de  son  ministère, 
le  recommandant  à  la  miséricorde  de  Dieu,  finalement  lui  ayant  dit 
que  s'il  conlinuoit  à  blasphémer  ils  le  feroient  brusler,  quoi  qu'il 
eust  dit-  aux  dits  Sieurs  Pasteurs  qu'on  fit  apporter  un  rechaut 
plein  de  feu  et  qu'il  y  mettroit  la  main  pour  maintenir  sa  croyance, 
et  qu'ils  en  fissent  autant  pour  leur  Christ,  néantmolns  il  se  trouva 
eslonné  de  cesle  menace,  et  print  sa  résolution  de  s'osler  de  là 
demandant  qu'on  le  laissast  aller,  ce  qu'ils  empeschèrent  tant  qu'ils 
peurent,  mais  estant  eschappé  de  leurs  mains,  le  dit  Sieur  envoya 
quatre  hommes  après  lui  qui  le  suivirent  allant  devant  eux  à  pied  et 
portant  ses  pentoufles  en  la  main,  jusques  à  ce  qu'il  fut  proche  de 
la  Ville*,  et  lors  l'abandonnèrent,  tellement  qu'il  arriva  à  la  porte 
environ  les  8  à  9  heures  du  soir  tenant  divers  propos  qui  estonnè- 
rent  fort  la  garde  qui  estoit  hors  la  ville  ne  sascbant  en  quel  estât  il 
estoit,  si  démoniaque  ou  frénétique,  ce  qui  leur  fit  donner  advis  à  la 
garde  de  la  porte  qu'un  certain  homme  estoit  arrivé  qui  demandoit 
d'entrer  avec  des  paroles  estranges.  Sur  quoi  l'un  des  Sénateurs  fai- 
sant office  de  sergeant-Major,  commanda  à  la  garde  de  dehors  d'avoir 
soin  de  lui,  qu'il  ne  se  fist  aucun  mal,  à  quoi  ils  obéirent  le  tenant 
près  du  feu  avec  eux,  jusques  à  ce  qu'environ  une  heure  après  mis- 
nuit  il  voulut  sortir,  et  se  tint  sur  une  pierre  prosche  le  pont  de  la 
ville  criant,  que  le  Dieu  d'Israël  soit  besni  et  arrière  de  moi  Satan  et 
ce  à  diverses  fois.  Jusques  à  ce  que  le  jour  estant  venu  et  la  porte 
de  la  ville  ouverte  il  se  fascha  au  Capitaine  et  aux  soldais,  et  estant 
entré  dans  la  Ville  il  se  prosterna  à  la  façon  des  Juifs  et  de  là  alla 
au  logis  de  l'Escu  de  Genève,  où  estoit  logé  l'Ambassadeur  du  Sere- 
uissime  Roi  de  Suède,  disant  qu'il  vouloil  parler  à  l'Ambassadeur  et 
le  saluer  de  la  part  du  Village,  ce  qu'oyant  les  gens  du  dit  Seigneur 
Ambassadeur  et  ceux  du  logis  demandèrent  que  c'est  qu'il  lui  vouloit 
dire,  et  trouvèrent  bon  que  le  Secrétaire  du  dit  Seigneur  fist  sem- 
blant d*estre  l'ambassadeur,  auquel  il  dit  quelque  chose  mais  fina- 
lement conjecturant  que  ce  n'esloit  pas  le  dit  Seigneur,  il  dit  qu'il  lui 
vouloit  parler,  s'en  va  à  la  porte  de  sa  chambre  où  il  heurta  fort  rude- 
ment, ce  qui  fit  que  l'ambassadeur  ouvrit  lui  demandant  ce  qu'il 
vouloit,  et  le  trouvant  esgaré  en  ses  paroles  et  discours  commanda 
au  logis  qu'on  lui  donnast  quelque  chose.  Ce  qui  fat  fait  incontinent 
pas  rhostesse  qui  le  mena  vers  le  feu,  lui  fit  prendre  un  bouillon,  lui 
présenta  à  manger,  tellement  qu'il  se  reprit  un  peu  se  plaignant  désire 
las  et  harassé,  et  demandant  d'eslre  mis  au  lict,  ce  qui  fut  fait  aus- 
sitost,  rhostesse  lui  ayant  fait  bassiner  son  lict  où  il  fut  quelques 
temps,  mais  finalement  il  se  leva  courant  au  Rhosne  qui  est  tout 

1  Genève. 


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no  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

prosche  le  dit  logis  pour  se  précipiter,  n*eust  esté  que  les  gens  du 
logis  et  les  voisins  avec  les  pages  du  dit  Seigneur  coururent  après 
lui»  et  le  ramenèrent  au  logis  où  il  fut  gardé  soigneusement,  tant 
que  la  Compagnie  des  Pasteurs  et  Professeurs  en  ayant  eu  advis  et 
Messieurs  du  Conseil  pries  d'en  avoir  compassion,  le  faire  oster  de 
là,  et  recevoir  en  l'Ilospilal,  deux  des  Seigneurs  Syndiques  comman- 
dèrent qu'on  Tallast  prendre,  et  emporter  a  l'Hospilal   pour  estre 
traicté  comme  forcené  et  mélancholique.  Ce  qu'on  tlt  avec  beaucoup 
de  peine  icelui  résistant  et  ne  se  voulant  laisser  emporter,  invoquant 
le  grand  Dieu  d'Israël  et  le  priant  pour  la  destruction  des  idoles,  au 
nombre  desquelles  il  met  toit  Jésus  Christ  nostre  Seigneur,  tellement 
qu'il  le  fallut  lier  à  la  chaire,  et  l'emporter  ainsi  garrotté  à  THospital 
le  Hi2i  feburier  où  on  le  Iraicte  en  tousle  douceur  lui  tenant  tou- 
jours quatre  hommes  pour  le  soulager  et  garder  de  se  raesfaire, 
lui  fournissant  la  nourriture,  envoyant  le  médecin  ordinaire  de  la 
maison  qui  lui  fit  tirer  du  sang  au  bras,  lui  fit  appliquer  des  sang- 
sues, et  fit  prendre  quelques  autres  médicamens  mesme  après  une 
consuUe  de  six  docteurs  médecins,  lesquels  ont  fort  bien  réussi  en 
sorte  que  ces  manies  ont  cessé,  le  corps  et  Tesprit  sont  venu  en  une 
grande  tranquillité.  Mais  comme  avant  ce  trouble  et  aliénation  d'es- 
prit il  avoil  prémédité  ces  maudits  blasphèmes,  et  s'y  estoit  fortiflé 
le  mesme  a  continué  en  sa  furie  et  melancholie  continuant  ses  hor- 
ribles propos  dont  on  ne  feroit  pas  estai,  n  estoit  que  dans  les  inter- 
valles dilucides  de  son  mal  il  en  parloit  encore  disant  qu'il  n'y  avoit 
qu'un  Dieu,  tout  le  reste  n'estoit  qu'idole,  nonobstant  la  prière  et 
exhortation  de  divers  Pasteurs,  contre  lesquels  il  crachoit  il  s'esle- 
voit  disant  qu'on  ne  le  feroit  pas  taire  et  crachoit  en  face  des  assis- 
tants en  despil  dit  il  de  vostre  Maistre.  tous  imputans  cela  à  la  mala- 
die d'esprit  et  à  la  melancholie  dont  on  le  croyoit  détenu,  mais  la  sei- 
gnée  et  autres  remèdes  ayant  faist  leur  oppéralion  le  lundi  suivant 
estant  visité  par  quelcun  des  Pasteurs  avec  un  des  Sénateur  exhorté 
de  sentir  la  main  de  Dieu  et  recourir  à  Ja  grâce  de  celui  qu'il  avoit 
blasjihémé,  il  s'escria  le  Dieu  d'Jsrael  soit  bcsni  eletnellement,  qu'il  ne 
croyoit  sinon  le  grand  Dieu  d'Jsrael.  A  quoi  lui  estant  objecté  qu'il 
invoquast  Jésus  Christ  le  vrai   Dieu  avec  son  Père  qu'il  misl  sa 
bousche  sur  la  poudre  comme  Job  qui  ne  l'avoit  pas  blasphémé  et 
maudit  comme  lui,  Il  continua  en  son  propos  et  dit  qu'il  ne  croyoii 
sinon  le  grand  Dieu  d'Israël,  que  ce  qu'adore  et  sert  toute  autre  genly 
idolâtres  font.  H  di':  si  ce  Christ  est  Dieu^  que  toutes  les  malédictions  de 
la  loi  et  les  foudres  tombent  sur  moi,  mais  s'il  ne  l'est  pas  qu'elles  tombent 
sur  TOUS,  que  ce  Christ  estoit  une  idole,  et  par  un  blasphème  horrible  te 
7iomme  ce  vilaiUy  le  diable. 

Dont  le  dit  Pasteur  ayant  horreur  se  relira  priant  Dieu  d'avoir 
pitié  de  ce  misérable,  tout  effrayé  des  paroles  procédant  de  ceste 
bousche  infâme  avec  des  gestes  et  grimaces  d'un  démoniaque.  Tout 
cela  néantmoins  estoit  attribué  à  la  fureur  de  la  manie  et  melancholie. 
laquelle  produit  des  effects  et  paroles  estranges  en  divers  autres,  et 


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NICOLAS  ANTOINE  171 

parmi  laquelle  le  diable  se  mesle  souveates  fois  estant  appellée  Bal' 
nenm  diaboli,  a  un  qu'il  se  servent,  de  la  bousche  des  hommes  pour 
blasphémer  Dieu  tellement  qu'on  continua  à  le  traicter  et  de  nourri- 
ture et  de  medicamens  au  mieux  qui  fut  possible.  Ce  qui  réussi  en 
sorte  que  dès  le  Mardi  au  soir  il  commença  à  reposer  estre  coy  et 
paisible  à  manger  assez  bien,  avoir  bon  poulx,  discourir  et  ratiociner 
comme  un  homme  sâin  sans  aliénation  d'esprit  mais  continuant  tous- 
jours  en  ses  maudits  blasphèmes,  disant  que  dès  huit  ans  il  avoit 
cesle  cognoissance,  qu'il  ne  la  pouvoit  plus  cascher,  et  qu'il  n'y  avoit 
qu'un  seul  Dieu,  rejeitant  et  réfutant  tous  les  passager  du  Nouv,  Test,  et 
ne  voulant  mesme  donner  lieu  à  l'interprétation  des  passages  de  l'Ane. 
Test,  qui  monstre  clairement  la  vérité  des  trois  Personnes  en  l'essence 
de  Dieu,  de  la  Personne  et  office  de  Jésus  Christ.  Ce  qu'il  fit  encore 
plus  impudemment  le  jour  suivant,  un  des  Pasteurs  avec  le  Professeur 
Hebrieu  l'estant  allé  visitera  sarequeste,  lui  traduisant  les  passages 
Hébrieux,  le  Professeur  mesmes  lui  lisant  du  Thalmud  pour  monstrer 
l'absurdité  et  l'impiété  des  Juifs.  Ceux  là  estant  retirés,  un  autre  des 
Pasteurs  y  vint,  et  en  présence  des  Médecins  et  autres  personnes  com- 
muniquant paisiblement  avec  lui  l'exhorta  à  revenir  à  soi  mesme,  et 
avoir  honte  du  passé  ouvrant  sa  bousche  pour  glorifier  celui  qui  avoit 
esté  blasphémé,  afin  que  s'il  y  avoit  eu  du  mal,  on  Timpulast  à  la  mala- 
die qu'il  avoit  eu  auparavant,  et  néantmoins  qu'il  en  demandast  pardon 
à  Dieu.  A  quoi  tant  s'en  faut  qu'il  acquiesçât  qu'il  dit  au  contraire 
qu'il  croyoit  bien  qu'il  y  avoit  eu  quelque  transport  et  maladie,  de 
laquelle  ilfe  trouvoit  délitré,  quil  se  porùoit  bien  excepté  qu'il  se  senloit 
un  peu  faible,  mais  que  quant  aux  choses  qu'il  atoil  dites,  il  s'en  soure- 
noil  bien  et  les  rouloil  luainttnir  jusques  à  la  mort,  et  parmi  tous  les 
tourments  du  monde,  reu  qu'il  s*estimeroit  heureux  de  souffrir  pour  la 
gloirô  du  grini  Dim  d*Israel,  ettoutesfois  quil  désireroit  bien  qu'on  le 
laissast  aller  et  qu'il  se  rttirfroit  en  un  bois  afin  de  demeurer  là  (t  de 
persévérer  ei  cesle  croyance.  Lui  estant  demandé  si  à  son  dernier  voyage 
en  Italie  il  avoit  parlé  à  quelques  Rabbi  à  Venise  qui  l'eusl  forlifio  en 
cest  opinion,  il  dit  que  non  et  qu'il  ne  scavoit  ce  que  croyoyenl  et 
enseignoyent  les  Juifs  mais  qu'il  croyoit  à  la  parole  de  Dieu  conte- 
nue en  l'Ane.  Test.  Lui  estant  répliqué  qu'il  y  en  avoit  un  Nouveau 
de  mesme  Authorité  auquel  Dieu  nous  avoit  parlé  en  ces  derniers 
jours  par  son  fils  que  c'estoyent  les  deux  chérubins  de  dessus  le  Pro- 
pitiatoire l'Urim  et  le  Bumin  *  du  Pectoral  les  deux  mammelles  de 
nostre  mère  spirituelle  qui  est  l'Kglise^  il  dit  qu'il  ne  croyoit  que  l'Ane, 
Testament.  A  quoi  estant  opposé  ce  passage  de  Jérémie  allégué  par 
Tapostre.  Heb.  8.  Je  traiterai  un  Nouveau  Testament,  Il  dit  que  c'est 
que  Dieu  veut  reîioftveller  Valliance  que  le  peuple  avoit  violé  au  désert  et 
qu'il  le  vouloit  sanctifier  pour  observer  sa  loi^  mais  quHl  n'est  point  parlé 
de  Jesus-Christ.  Sur  quoi  le  Pasteur  insistant  et  disant  que  Jeremie 
parle  des  derniers  jours,  que  cela  ne  pouvoit  estre  fait  sans  un  Mé- 

*  Toumim. 


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172  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

diateur  vrai  Dieu,  et  vrai  homme  qui  accompli  ces  choses  au  vrai 
Israël,  Il  retourna  à  son  opiniastreté,  n'ayant  point  de  raison,  et  il 
dit  quHl  n'y  avoit  qu'un  seul  Dieu^  qm  Dieu  est  simplicissimus,  et  que 
la  pluralité  de  personnes  emportoit  pluralité  de  Dieux  que  la  loi  dit,  Il 
y  a  un  seul  Dieu,  et  tu  n'auras  point  d'autres  Dieux,  et  choses  sem- 
blables que  les  passages  de  TAncien  Testament  allègues  au  Nouveau, 
estoyent  tous  falsifiés  et  détorqués  tiré  par  les  cheveux,  celui  du 
PS.  8,  Héhr.  2.  Celui  du  PS.  89.  Hébr.  4. 4-22  Héb.  4.  Celui  du  PS  404. 
Héb.  1.  A  quoi  estant  respondu  vivement  le  Pasteur  s'arresta  sur  un 
Passage  du  Ps.  440.  disant  que  la  distinction  des  personnes  et  Toffice 
de  Jésus  Christ  y  est  spécifié,  il  respondit  que  non,  mais  que  les 
serviteurs  de  David  Tavoyent  fait  à  Thonneur  de  David  auquel  Dieu 
prometloit  de  veincre  ses  ennemis.  Sur  quoi  le  Pasteur  le  prenant  à 
la  letre  dit  que  puis  qu'il  estoit  Juif  il  faloit  qu'il  se  tinst  à  la  letre, 
que  le  tistre  estait  PSeaumes  de  David,  que  les  Pharisiens  Tavoyent 
entendu  du  Messias  et  qu'il  estoit  pire  qu'eux.  Il  persista  en  sa 
malice  et  un  des  assistans  ayant  dit  qu'en  ce  mesme  PS.  est  dit  tu 
seras  mon  sacrificateur  selon  Tordre  de  Melchisedec,  Ce  qui  ne  pour- 
roit  eslre  dit  de  David  qui  ne  fust  jamais  sacrificateur,  par  une  malice 
et  cavillation  estranges,  il  dit  que  si,  et  que  Datid  avoit  distribué  du 
pain  et  du  vin  au  peuple,  1.  chroniq.  46.  Ce  qui  n'a  point  esté  une 
action  de  sacrificateur  mais  une  libéralité  royale.  De  là  il  continua  à 
éluder  les  autres  passages  prouvans  la  S^e  Trinité.  Celui  de  Qenèse  49. 
que  V Eternel  pleut  feu  et  soulphre,  de  par  V Eternel,  disant  que  c'était 
de  par  soi  mesme  comme  il  est  dit  que  Pharao  chassa  Moyse  de  devant 
Pharao.  Du  passage  du  7.  Esaie  que  cela  s'entend  non  d'une  vierge  qui 
deust  concevoir  sans  cognoissa'nce  d'hommes,  mais  de  la  femme  du  pro- 
phète  qui  lui  devoit  enfanler  deux  tnfanls,  donc  Esa  dit  me  toici  et  les 
enfans  que  lu  m'as  donnés,  A  quoi  lui  fut  respondu  qu'il  est  parlé  de 
double  signe,  l'un  des  enfans  d'Esa,  L'autre  d'un  Fils  de  la  Vierge  nom- 
mé Immanuel,  Il  persista  et  dit  qu'il  n'estoit  parlé  que  d'un  enfan 
desjà  né  —  Sur  le  passage  Esa.  9.  où  il  dit  que  Tenfan  sera  appelé  le 
Dieu  Fort,  il  dit  que  le  mesme  dit  du  Prince  en  Ezechiel  sans  spé- 
cifier le  lieu.  Il  en  dit  de  mesme  de  tous  les  autres  passages,  du 
PS.  45.  0  Dieu  ton  Dieu  t'a  oinct,  et  du  Testament  de  Jacob,  Gen.  49, 
et  de  là  vint  à  se  moquer  des  deux  passages  de  Matthieu  2  :  Il  sera 
appelé  Nazarien  et  j'ai  appelé  mon  ûls  d*Egypte  comme  aussi  de  celui 
deZacharie  où  le  nom  de  Jeremie  est  mis,  dlsans  que  cela  ne  s'entend 
pas  du  Messias  mais  d'un  meschant  Pasteur  que  Dieu  voulait  punir.  A 
quoi  ayant  esté  respondu  pertinement  il  ne  laissa  point  de  continuer 
en  sa  rébellion,  et  a  persévéré  en  cela  jusques  à  maintenant,  nonobs- 
tant que  par  commandement  de  la  Comp.  des  Pasteurs  le  Lundi  20  fé- 
burier  les  deux  Professeurs  en  Théologie  et  un  des  Pasteurs  s'estans 
transportés  là  l'ayant  adjurer  de  donner  gloire  à  Dieu  seul  Père  Fils  et 
S^-Ësprit  et  à  ce  mesme  Fils  Immanuel,  lui  ayent  leu  les  passages 
Hebrieux  et  monstre  le  vrai  sens  d'iceux,  celui  d'Esa.  9  et  53.  de  Zacb. 
43.  où  il  est  parlé  d'un  bon  Pasteur  frappé,  Celui  de  Dan.  9,  celui  du 


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NICOLAS  ANTOINE  173 

PS.  2  et  PS.  22.  à  quoi  il  a  répliqué  malicieusemeDt  et  diaboliquement 
qu'il  ne  croyait  qu*au  Dieu  d'Israël  et  ne  recog^ioissoit  point  d* autre,  qu'il 
est  dit»  noa  suMbis  deos  alienos  que  le  second  Pseaume  ne  parle  que 
de  Datidy  le  passage  d'Esa  55.  ne  parle  que  du  peuple  et  non  du  Afessias 
que  cesl  Immanuel  et  Dieu  Fort  promis  par  Esaie.  c'est  Josias,  que  s'il 
est  dit  qu'il  a  mis  son  ame  à  la  mort  il  est  aussi  dit  par  Debora, 
Nepbtali  a  exposé  son  ame  à  la  mort,  que  le  passage  du  PS.  22  :  Ils 
m'ont  percé  mes  pieds  et  mes  mains  s'entend  des  afflictions  de  David 
et  non  du  Messias,  que  s'il  est  Dieu  c'est  une  absurdité  de  dire  que 
Dieu  délaisse  Dieu,  que  s'il  est  dit  Ils  verrons  celui  qu'ils  ont  percé, 
c'est  celui  qu'ils  ont  offensé  assavoir  Dieu,  et  qu'au  reste  tous  les 
passages  de  l'Ancien  Testament  allègues  au  Nouveau  estoyent  forcés 
tirés  par  les  cheveux  et  crioyent  tous  miséricorde.  Le  tout  après  que 
sur  l'exhortation  sérieuse  à  lui  faite  par  M.  Diodati  pendant  laquelle 
on  lui  voyoit  trembler  les  jambes  quoi  que  dans  le  lict,  finalement  il 
dit  qu'il  estoil  en  une  extrême  angoisse,  que  des  sa  jeunesse  il  avoit 
tasché  de  servir  Dieu  dès  qu'il  avoit  eu  l'aâge  de  discrétion,  qu'estant 
en  la  Papauté,  et  depuis  il  avoit  eu  des  scrupules  touchant  la  Trinité, 
que  lui  ayant  esté  donné  un  Nouv.  Testament,  il  avoit  trouvé  qu'elle 
estoit  bien  prouvée  par  le  Nouveau,  mais  que  ces  scrupules  lui 
estans  revenus  il  ne  trouvoit  point  que  ce  dogme  fust  prouvé  par  une 
autre  Escrilure  qui  estoit  l'Ane.  Test,  et  qu'il  trouvoit  tout  le  con- 
traire, veu  qu'il  est  dit  qu'il  n'y  a  qu'un  Dieu,  et  ne  peut  croire 
ni  comprendre  que  cela  puisse  subsister  avec  la  Trinité.  En  quoi  les 
dits  Professeurs  et  Pasteurs  voyant  une  humeur  maligne  et  invétérée 
une  pertinacité  en  son  erreur,  ils  prirent  occasion  de  l'adjourner 
devant  le  throne  de  ce  grand  juge  qu'il  blasphemoit  malicieusement 
lui  alleguans  avec  larmes  les  passages  plus  exprès  capables  d'es- 
branler  et  de  faire  trembler  les  puissances  infernales,  dont  il  ne  fut 
point  esmeu,  mais  dit  que  toutes  leurs  menaces  ne  l'espouvante- 
royent  point,  et  qu'il  estoit  résolu  de  mourir  martyr,  que  Dieu  le 
fortifieroit,  lui  ïeroit  grâce  pour  l'amour  de  son  nom,  sans  vouloir 
avouer  ni  confesser  en  quelques  façons  que  ce  soit  Jésus  Christ  nostre 
Seigneur,  quoi  voyans  les  dits  Pasteurs  se  retirèrent. 

Les  mesmes  exhortations  et  adjurations  lui  ayant  esté  faites  par 
divers  autres  Pasteurs  et  plusieurs  des  Seigneurs  du  Conseil  et 
autres  des  plus  notables  de  la  Ville  sans  aucun  fruict,  sinon  qu'il  ne 
proféroil  pas  les  blasphèmes  en  termes  exprès  contre  la  sacrée  per- 
sonne de  Jésus  Christ,  mais  bien  disoit  il  ne  se  retracter  point,  au 
contraire  vouloir  maintenir  ce  qu'il  avoit  dit  sans  donner  aucune 
gloire  à  Jésus  Christ  et  pour  preuve  de  son  impieté  ne  vouleu  donner 
aucun  lieu  aux  passages  du  Nouv.  Testam.  ni  à  la  vérité  et  vrai 
sens  des  passages  de  l'Ane.  Testam.  finalement  les  Pasteurs  et  Pro- 
fesseurs voyans  que  nonobstant  l'advis  des  Médecins  fait  en  consulte, 
s'il  y  avoit  eu  quelques  melancholie  et  manie  c'estoit  après  que 
non  seulement  il  avoit  couvé  ceste  impieté,  mais  qu'il  avoit  tasché 
d'en  jetler  des  semences  en  ses  prédications,  tellement  que  c'estoit 


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17/i  RKVUli:  DES  KTUDES  JUIVES 

plus  tost  un  indice  du  jugemeut  de  Dieu,  que  non  par  une  maladie 
oalurelle,  et  que  des  qu'il  avoil  eslé  trauquille  et  hors  de  toutes  ap- 
parences de  fureur  et  alieuatioa  d'esprit  il  avoit  persévéré  eu  son 
impieté  s'efforcaos  de  prouver  ses  blasphèmes,  et  aiosi  que  des  loog- 
temps  il  avoit  couvé  et  prémédité  ceste  malice  eu  sou  cœur,  qu'outre 
les  parjures  contre  son  Baptême,  et  celui  qu'il  avoit  commis  contre 
le  serment  par  lui  piesté  estant  receu  au  S*  Ministère,  Il  maintenoit 
une  hérésie  et  blasphème  directement  contre  la  S^^  Trinité,  et  contre 
la  personne  sacrée  de  Jésus  Christ  comeltant  un  crime  de  Leze  Ma- 
jesté divine  au  Premier  chef,  il  esloit  en  un  sentiment  pire  que 
les  Ânlitrinitaires,  que  les  Turcs  voire  que  les  Juifs  mesmes  disaut 
que  plusieurs  pseaumes  et  oracles  que  les  Juifs  disent  eslre  du 
Messias,  toutesfois  n'appartiennent  pas  au  Messias,  que  c'est  un 
exemple  horrible  et  inoui  qu'un  homme  ayant  ceste  pensée  et  impres- 
sion se  soit  malicieusement  présenté  pour  e^tre  receu  au  S^  Ministère 
pour  prescher  l'Evangile  et  administrer  les  S'*  Sacrements,  que  veu 
sa  rébellion  il  y  avoit  apparence  qu'il  avoit  esteint  et  outragé 
l'esprit  de  grâce,  1rs  Pasteurs  dis-je  voyans  ces  choses  après  avoir 
invoqué  le  nom  de  Dieu  prirent  conclusion  d*en  donner  leur  advis  au 
Magistrat  leur  remonstrant  que  la  douceur  dont  on  avoit  usé  envers 
lui  ne  servoit  de  rien,  les  remonstrances  et  adjurations  y  avoyent 
esté  inutiles,  et  qu'il  y  alloit  trop  avant  de  la  gloire  de  Dieu,  que 
qui  n'aime  le  Seigneur  Jésus  doit  estre  analheme.  Pourtant  qu'il  leur 
pleust  peser  meurement  ces  choses,  et  voir  si  la  rigueur  et  sévérité, 
n'y  seroit  point  plus  à  propos,  tant  pour  essayer  de  ramener  ce  pes- 
cheur,  si  possible  est,  que  pour  ester  le  scandale,  et  ainsi  qu'il  seroit 
bon  de  Tester  de  1  Hospilal  où  il  estoit  bien  traicté,  et  où  trop  de 
gens  alloyent  pour  estre  tesmoins  de  ses  blasphèmes  et  le  mettre  eu 
prison  en  chambre  close. 

Ce  qui  ayant  esté  représenté  dignement  par  le  Modérateur,  et  le  Ma- 
gistrat ayant  acquiescé  à  cet  advis,  ne  désirant  pas  toutesfois  qu'on 
escrive  encor  dehors  en  diverses  Eglises,  if  fut  osté  de  IHospital  le 
25  feburier  et  porté  aux  prisons  entre  six  et  sept  heures  du  soir, 
n'ayant  pu  ou  voulu  cheminer. 

Ayant  esté  quelque  temps  en  prison,  bien  nourri  et  medicamenté 
avec  deux  gardes  près  de  lui  continuant  en  son  opiniastreté,  finale- 
ment il  fut  visité  par  deux  divers  Sabmedis  de  deux  Pasteurs  et  sur 
sepmaine  de  quelques  autres  l'exhortant  à  son  devoir  et  offrant  de 
satisfaire  à  ses  doutes  ausquels  il  ne  donna  aucun  contentement  se 
roidissant  en  sou  mal,  jusqu'à  ce  que  le  Sabmedi  42  Mars  on  prit  un 
escrit  qu'il  avoit  fait  de  sa  confession,  lequel  il  tenoit  caché  derrière 
son  chevet,  dont  il  le  laissa  prendre  ayant  entendu  que  c'estoit  par 
authorité  du  Magistrat.  Le  dit  Escrit  contenoit  douze  articles,  le  !«'  de 
Tunité  de  l'essence  sans  aucune  distinction  de  personnes.  2.  du 
moyen  d'estre  justifié  par  la  seule  observation  de  la  loi.  3.  que  la 
circoncision  doit  être  en  usage  jusques  à  la  fin  du  monde.  4.  que  le 
propre  jour  du  sabbat  doit  eslre  observé.  5.  la  distinction  des  viandes 


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NICOLAS  ANTOINE  ITÎi 

mondes  et  immQndes.  6.  le  basUment  du  Temple  de  Jérusalem 
7.  la  restauration  des  sacrifices.  8.  du  Messias  qui  doit  venir  et  no 
doit  estre  qu'homme.  9.  qu'il  n'y  a  point  de  péché  originel.  \0.  qu'il 
n'y  a  point  de  prédestination,  mais  un  franc  arbitre  et  qu'un  vrai 
juste  peut  deschoir  tout  a  lait.  H.  qu'il  n'y  a  point  de  satisfaction 
pour  nous,  mais  qu'un  chacun  doit  satisfaire  pour  soi.  15.  que  le 
Nouv.  Teslam.  ne  s'accorde  ni  avec  soi,  ni  avec  l'Ancien,  lesquelles 
propositions  il  s'efForceroit  de  prousver  au  dit  escrit  par  l'Ancien  tes- 
tament et  la  raison,  réfutant  les  objections  des  chrestiens.  Mais 
n'ayant  mis  ses  preuves  prétendues  que  jusquesau  8«  article,  Il  pré- 
senta une  requesie  au  Magistrat  le  lundi  matin  4  3  Mars  dressée  du 
jour  précèdent  aux  fins  qu'on  lui  rendit  son  escrit  qui  estoitimpar- 
faict  disoit  il  pour  le  corriger  et  achever.  Le  soir  auparavant  on  lui 
rendit  son  escrit  par  advis  de  la  Compagnie  des  Pasteurs,  auquel  il 
continua  d'adjouster  les  preuves  de  son  impieté,  éludant  les  preuves 
des  Chrestiens  s'estendant  sur  tout  en  contradictions  prétendues  du 
Nouv.  Testament,  avec  l'Ancien,  et  avec  soi  mes  me,  continuant  par 
une  exposition  impie  et  extravageante  du  53  chap.  d'Esaie.  et  par 
une  imprécation  de  malédiction  à  qui  croiroit  le  contraire  à  qui  crie- 
roit  blasphème  contre  lui.  Ceste  addition  assez  longue  ayant  esté 
faite  des  le  dimanche  au  soir,  jusques  au  Mardi  matin,  il  se  ressentit 
frappé  en  son  esprit,  tellement  que  le  Mardi  on  le  vit  troublé,  et  la 
frénésie  revint,  ayant  les  yeux  esgarez,  ne  recognoissant  pas  bien 
les  personnes  sur  tout  deux  Pasteurs,  dont  l'un  lui  avoit  porté  la 
Bible  Hébraique  qu'il  avoit  demandé,  et  l'autre  estoit  survenu  pour 
tascher  ensemble  a  le  ramener.  Mais  le  vo^^ans  en  cest  estât  on  se 
contenta  d'une  simple  exhortation  à  recogaoistre  et  invoquer  le  vrai 
Dieu  d'Israël  tel  qu'il  s'estoit  révélé  en  sa  parole,  donner  gloire  à 
celui  qu'il  avoit  blasphémé,  à  quoi  il  respondit,  qu'il  n'a  voit  point 
blasphémé  et  ne  le  croyoit  point  ;  qu'il  invoquoit  le  grand  Dieu  d'Is- 
raël, mais  que  quant  à  Jésus  Christ  crucifiô  il  ne  Tinvoqueroit  ni  reco- 
gnoistroit  jamais,  et  se  tournoit  despilant  et  murmurant  par  la 
chambre  plus  tost  mille  morts,  hochant  la  leste.  Ce  qu'oyaus  les  dits 
Pasteurs  et  lui  dénonçant  le  jugement  de  Dieu  s'il  ne  se  repentoit  se 
retirèrent,  Après  cela  il  continua  en  ses  esgarements  le  reste  du  jour 
et  la  nuit  suivante,  jusqu'au  lendemain  auquel  il  revint  ô  sa  première 
fureur  vomissant  et  proférant  des  blasphèmes  horribles  contre  nostre 
Sauveur.  Ce  que  quelques-uns  imputoient  au  t'rouble  du  cerveau  re- 
venant au  renouvellement  de  la  lune,  et  à  la  suite  de  sa  mélancholie, 
mais  d'autres  rattribuoyent  à  un  jugement  signalé  de  Dieu,  veu  que 
comme  au  commencement  Dieu  Tavoit  frappé  quand  il  prescha  que 
le  PS.  î  n'appartient  qu'à  David  non  à  Jésus  Christ,  où  qu'il  n'appar- 
tcnoil  à  David  mais  que  par  figure  on  l'attribuoit  à  Jésus  Cbrisl,  Aussi 
ayant  voulu  prouver  ses  blasphèmes  par  TEscrilure  et  combattre  la 
dignité  du  Seigneur  Jésus  béni  éternellement  et  la  vérité  du  Nouv. 
Testament,  il  estoit  dereschef  frappé  de  ce  mesme  doigt  de  Dieu 
abandonné  et  livré  à  Tesprit  de  blasphème. 


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176  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Eq  ce  temps  fut  trouvé  une  requeste  en  sa  pochette  adressée  à 
la  Seigneurie  protestant  de  la  vérité  de  sa  créance,  rendant  raison  de 
ce  qu'il  avoit  pris  le  Ministère,  et  conjurant  qu*on  ne  mist  point  de 
sang  innocent  sur  la  Ville  en  le  faisant  mourir,  outre  diverses  autres 
raisons,  et  surtout  que  selon  la  créance  et  les  loix  de  la  Ville  et  de 
la  religion  Chreslienne  il  croyait  qu'ils  estoyent  obligez  à  le  faire 
mourir.  Mais  qu'ils  pensassent  bien  à  ce  qu'ils  feroyent  de  peur 
d'attirer  malédiction  sur  eux,  et  leurs  enfans,  veu  que  s'il  avoit  pris 
le  Ministère  ayant  ceste  croyance  on  ne  lui  pouvoit  Imputer  à  crime 
4°  parce  qu'à  Venise  il  s'estoit  adressé  aux  Juifs  qui  ne  l'avoyent 
voulu  recevoir,  mais  lui  avoyent  dit  qu'il  pouvoit  vivre  parmi  les 
Ghrestiens  gardant  sa  croyance.  2^  que  ce  qu'il  en  avoit  fait  estoit 
pour  se  tenir  à  part,  et  se  marier,  mais  au  reste  qu'il  avoit  esté 
amené  ea  leur  Ville  par  un  certain  transport,  quel  est  ce  transport. 
Dieu  le  scait,  et  ainsi  qu'ayant  esté  amené  comme  miraculeusement 
ea  Ville,  ils  s'avoyent  bien  à  penser  comment  ils  y  procederoyent. 

Ceste  requesie  veue  par  le  Magistrat  on  sursoya  de  penser  à  son 
affaire,  le  voyant  troublé  et  aliéné  d'esprit  jusqu'au  Vendredi  45  de 
Mars,  auquel  la  Gomp.  des  Pasteurs  assemblée,  et  entendant  qu'il 
avoit  quelques  intervalles,  donna  charge  à  4  députez  du  corps  de  le 
voir  lors  qu'on  le  trouveroit  en  estât,  lui  représenter  ses  blasphèmes 
proférés  de  bouche  et  par  escrit,  et  faire  quelques  briesve  et  solide 
response  à  ceste  impie  confession  qu'il  avoit  dressée,  pour  scavoir 
de  lui  s'il  vouloit  persister  en  son  impiété.  Mais  avant  que  cela  fut 
fait,  l'un  des  PasXeurs  qui  à  son  tour  va  aux  prisons  faire  une  exhor- 
tation aux  prisonniers  l'estanl  allé  trouvé  en  sa  chambre,  le  Sabmedi 
47  auquel  comme  jour  de  sabbat  ancien  l'on  a  remarqué  qu'il  se  tient 
dans  le  lict,  ne  voulant  violer  le  sabbat,  et  qu'il  est  beaucoup  plus 
opiniastre,  ledit  Antoine  lui  dit  d'abord,  es  tu  un  diable,  ou  un 
homme  mortel,  le  Pasteur  lui  ayant  respondu  qu'il  n'estoit  point  un 
diable,  mais  un  homme  mortel  seivltcur  de  Dieu  qui  le  venoil 
exhorter  et  adjurer  de  s'amender  et  croire  à  l'évangile,  à  défaut  de 
quoi  il  devoit  attendre  le  jugement  de  Dieu  qui  avoit  desjà  paru  sur 
lui,  et  qu'il  pensast  à  la  An  de  Judas,  d'Arrius  et  de  Julien  l'apostat 
au  lieu  de  donner  lieu  à  ces  sérieuses  remonstrances,  il  se  remit  à 
cracher  et  faire  des  coQlenances  de  furieux  et  enragé,  ce  qu'il  con- 
tinua jusques  au  lendemain  dimanche,  auquel  le  Médecin  restant 
venu  trouver,  il  le  trouva  comme  en  une  espèce  de  desespoir,  disant 
qu'il  avoit  fait  et  dit  des  choses  horribles,  quïl  s'estonnoit  comme  on 
ne  l'avoil  assommé,  qu'il  avoit  péché  contre  le  S*  Esprit,  qu'il  vau- 
droit  mieux  pour  lui  qu'on  le  ûst  mourrir,  parce  que  si  on  le  relas- 
chait  il  craignoit  que  le  Diable  ne  l'emportast  en  corps  et  en  ame, 
qu'il  avoit  esté  mis  en  la  puissance  des  démons,  et  autres  paroles 
horribles,  ausquelles  le  médecin  ayant  pertinemment  respondu  en 
l'exhortant  à  prendre  courage  se  retira. 

Mais  après  midi  se  trouvant  en  mesmes  frayeurs,  il  demanda  qu'on 
lui  fist  venir  un  Ministre,  ce  qui  fut  fait,  auquel  il  dit,  qu'il  estoit  en 


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NICOLAS  ANTOINE  177 

grand  peiae,  qu'il  scavoit  bien,  avoir  dit  et  escrits  chosed  horribles 
contre  Dieu,  mais  qu'il    prioit  qu'on  intercedast  pour  lui   envers 
Messeigneurs  qu'il  vouloit  rétracter  tout  ce  qu'il  avoit  dit  et  escrit, 
signer  noatre  confession  et  croyance,  mais  après  (^u'on  lui  auroit 
donné  sauf  conduit  et  qu'il  seroit  hors  des  prisons,  sur  quoi  le  Mi- 
nistre rayant  exhorté  de  faire  sur  tout  sa  paix  avec  Dieu  et  reco- 
gnoistre  Jésus  Christ,  il  dit  le  vouloir  faire  soubs  ces  conditions.  Et 
estant  visité  au  soir  par  deux  autres  Pasteurs  lui  représentans  ses 
fautes  passées,  Tadjurani  de  le  recognoistre  envers  Dieu  pour  essayer 
s'il  y  auroit  quelque  voye  à  grâce,  et  si  Dieu  voudroit  faire  ses  mer- 
veilles Tarrachant  de  la  puissance  de  Satan  où  il  estoit  tombé  si 
avant,  pourtant  qu'il  donnast  gloire  à  Dieu,  il  dit  qu'il  vouloit  donner 
gloire  au  grand  Dieu  d'Israël  et  lui  estant  répliqué  que  c*estoit  bien 
fait  qu'il  n'y  en  a  aucun  autre,  mais  qu'il  le  faloit  recognoistre  tel 
qu'il  s'est  manifesté,  Père,  Fils  et  S'  Esprit,  il  le  faloit  adorer  en 
son  Fils  par  lequel  il  s'est  donné  à  recognoistre.  Il  dit  s'il  est  vrai 
Dieu  avec  le  Père  je  le  veux  adorer.  Lui  estant  respondu  qu'il  ne 
faloit  point  parler  ainsi  puis  qu'en  effect  il  estoit  vrai  Dieu,  il  dit  qu'il 
l'adoroit,  qu'il  vouloit  retracter  ce  qu'il  avoit  dit  et  escrit  mais  qu'on 
priast  pour  lui  envers  Messeigneurs.  Sur  quoi  les  dits  Pasteurs  lui 
ayant  dit  que  c'estoit  peut  esire  par  hypocrisie  par  crainte  de  la 
mort,  qu'il  estoit  en  ôel  très  amer,  et  en  liens  d'iniquité,  et  pourtant 
qu'il  fist  paroistre  que  sa  repen tance  estoit  sérieuse  par  une  vraye 
et  franche  confession  par  tesmoignages  extérieurs,  Il  dit  qu'il  le 
feroit,  ce  que  toutesfois  on  n'a  point  apperceu  veu  qu'il  a  continue 
en  ses  blasphèmes  en  l'absence  des  Pasteurs,  et  en  présence  de  ses 
gardes,  qui  le  tenoyent  lié  au  lict,  de  peur  qu'il  ne  se  mesfist,  dont 
estant  despité  il  les  nommoit  diables,  disoit  qu'il  voudroit  estre 
libre  et  avoir  un  Cousteau  pour  s'en  donner  dans  le  cœur,  et  qu'il 
les  estrangleroit,  mesme  la  nuict  de  Mercredi  ayant  esté  lié  plus  légè- 
rement, il  se  deslia  les  mains,  et  tint  ses  maillots  cachez  en  sa  main. 
Ce  que  les  gardes  ayant  aperceu  et  lui  demandans  pourquoi  il  avoit 
fait  cela,  il  leuV  respondit  qu'il  estoit  en  train  de  se  deslier  du  tout 
pour  les  estrangler  puis  après.  Avant  cela  qu'en  ses  prières  il  ne 
priast  autre  que  le  grand  Dieu  d'Israël  sans  faire  aucune  mention 
de  nostre  Seigneur  Jésus  Christ,  ne  lui  demandant  pardon,  et  ne  tes- 
moignant  aucun  regret  du  passé,  ayant  demandé  au  Geôlier  si  on  le 
laisseroit  tousjours  là,  et  s'il  ne  sortiroit  jamais,  le  geôlier  lui  ayant 
respondu  que  cela  ne  pouvoit  estre  jusques  à  ce  qu'il  recognu  son 
sauveur  et  donner  gloire  à  Jésus  Christ.,  après  quoi  Messeigneurs 
auroyent  pitié  de  lui,  et  les  Pasteurs  intercederoyent  pour  lui,  fina- 
lement il  demanda  du  papier  où  il  escrivit  qu'il  croyoit  la  S^  Trinité 
et  que  Jésus  Christ  estoit  le  Fils  de  Dieu,  le  vrai  Sauveur  et  Rédemp- 
teur du  monde.  Ce  que  toutesfois  il  ne  signa  point  disant  ne  le  vou- 
loir faire  jusques  à  ce  qu'il  fust  hors  de  prison.  Cela  donnoit  quelque 
espérance  de  conversion  n'eust  esté  qu'en  )ses  prières  et  propos  il  ne 
faisoit  aucune  mention  de  Jésus  Christ  ne  tesmoignoit  aucun  regret 
T.  XXXVI,  W  72  12 


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178  REVUE  Des  KTUDES  JUIVRS 

(le  son  impieté  passée,  mais  bien  dit  il  au  médecin  le  Mardi  précè- 
dent, qu'on  Tavoit  abusé  lui  promeslani  que  pourveu  qu'il  promist 
de  retracter  ce  qu'il  avoit  dit  et  escrit  et  en  dresser  une  confessioD, 
il  sortiroit  de  prison,  Cependant  il  n'en  voyoit  aucun  effect,  mais 
qu'au  reste  il  ne  Tavoit  point  signé,  et  que  le  diable  l'avoit  escrit,  Il 
esloit  toujours  en  sa  croyance  première,  et  que  mille  morts  ne  la  lui 
arracheroyent  jamais  du  cœur,  et  autres  semblables  paroles,  cou- 
fermées  parce  que  jamais  en  présence  de  ses  gardes  il  ne  prioit  Jésus 
Christ,  ni  Dieu  par  Jésus  Christ,  mais  seulement  le  grand  Dieu 
d'Israël,  et  la  mesmes  nuict  du  Mardi  les  gardiens  l'ayant  exhorté  de 
prier  et  invoquer  le  Seigneur  Jésus,  il  dit,  Ce  diable  et  autres  tels 
termes,  il  répéta  dereschef  ses  blasphèmes,  ainsi  que  les  gardes  et  le 
portier  le  dirent  le  lendemain  à  deux  Pasteurs  qui  le  visitèrent,  les- 
quels rayant  trouvé  comme  endormi,  et  lui  demandans  s'il  dormoit 
il  dit  que  non,  et  qu'il  les  recognoissoit  bien  tous  deux  les  nommant 
par  leur  nom,  et  disant  qu'il  croyoit  qu'ils  ne  luy  vouloit  point  de 
mal.  Estant  interrogué  en  quel  estât  il  estoit,  et  s'il  pérsistoit  en  ce 
qu'il  ayoit  dit  le  dimanche  précédent,  il  dit  qu'oui,  Puis  dit-il  que 
vous  m'asseurez  qu'il  y  a  une  Trinité,  et  que  Jésus  Christ  est  le  Fils 
de  Dieu,  je  le  croy  et  veux  retracter  ce  que  j'ai  dit  et  escrit.  Lui 
estant  respondu  que  c'estoit  parler  bien  froidement,  qu'il  y  avoit 
apparence  que  ce  fust  par  hypocrisie  et  par  crainte  des  hommes* 
qu'il  avoit  blasphémé  si  avant,  s'estoit  préparé  à  cela  de  longtemps 
s'y  estoit  affermi,  qu'il  estoit  bien  à  craindre  qu'il  ne  fust  yenu  bien 
près  du  péché  irrémissible,  que  Dieu  seul  çt  sa  conscience  le  scavoit. 
Il  respondit  sans  larmes,  sans  esmotions  qu'il  n'y  a  si  grand  péché 
que   la  miséricorde  de   Dieu  ne  soit  plus  grande,  et  lui  estant 
monstrées  les  absurdités  de  ses  paroles  et  escrits  dit  que  ce  n'estoit 
pas  lui^  que  c'estoit  le  mal  qui  le  lui  avoit  fait  dire,  qu'il  vouloit  tout 
retracter  acquiesçant  à  tout  ce  qu'on  lui  disoit,  et  ne  se  justifiant 
que  bien  légèrement,  et  lui  estant  dit  qu*on  ne  voyoit  rien  de  sin- 
cère en  sa  procédure,  que  la  mesme  nuict  il  avoit  blasphémé  et 
jamais  invoqué  Jésus  Christ,  que  ce  n'estoit  qu'hypol^risie,  qu'il  n'y 
avoit  ni  larmes,  ni  regret  ni  soupirs,  ni  confession  de  son  péché,  U 
avoua  de  n'avoir  point  invoqué  Jésus  Christ.,  ni  Dieu  par  Jésus 
Christ,  mais  dit  froidement  qu'il  le  youloit  faire  ce  après,  puis  qu'on 
l'asseuroit  qu'il  estoit  le  vrai  Dieu,  que  de  vrai  il  ne  jettoit  pas  des 
larmes,  mais  c'est  qu'il  n'estoit  pas  accoustumé  à  pleurer,  à  quoi  les 
gardes  s'opposèrent  disans  que  la  mesme  nuict  priant  le  grand  Dieu 
d'Jsrael  il  jettoit  des  larmes  en  abondance,  toutesfois  il  persista  ea 
ses  protestations»  qu'il  les  disoit  de  bon  coeur,  sans  toutesfois  teçmoi- 
gner  aucune  esmotion,  se  compleignant  seulement  de  la  violence  des 
gardes  qui  le  tenoyent  lié  si  estroitement  monstrant  les  blesseurea 
que  lui  avoyent  fait  les  manottes,  et  disant  que  c'estoit  à  ses  gardes 
qui  la  traictoyent  §i  rudement,  qu'il  avoit  dit,  ce  diab(a,  Qt  que  s'il 
avoit  escrit  diverses  choses  avant  sa  maladie,  c*est  qu'il  étudioit,  tra* 
vailloit  à  voir  les  objections  des  Juifs,  et  avoit  trouvé  des  contcadic* 


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r  ••• 


NICOLAS  ANTOINE  179 

lions  au  Nouveau  Testament  tant  avec  le  Yiel,  qu'avec  soi  mesme, 
qui  Tavoyent  mis  en  fi:rand  scrupule,  mais  qu'il  acquiesçoit  à  nos 
responses,  Tun  desdits  Pasteurs  lui  ayant  dit  que  s'il  se  faut  arrester 
à  ces  apparences  de  contradictions  il  y  en  a  autant  au  Viel  qu*au 
Nouveau,  es  livres  des  Rois  et  Chroniques,  et  pourtant  qu'il  ne  faut 
conclurre  qu'il  se  contredisent  à  soi  mesme,  non  plus  aussi  le  Nou- 
veau Testament,  mais  qu'il  faut  recercher  la  vérité,  que  si  es  pas- 
sages du  Messias  il  y  a  diverses  circonstances  qui  semblent  ne  lui 
appartenir,  il  faut  distinguer  ce  qui  appartient  à  la  fîgure  et  au  type 
de  ce  qui  appartient  à  la  vérité  :  mais  qu'au  2  Pseaume  toutes  les  cir- 
constances appartenoyent  à  Jésus  Christ,  veu  que  David,  n'avoit  point 
esté  oinct  en  Sion,  mais  en  Hebron,  où  il  a  esté  oinct  par  ceux  de 
Juda  et  dlsrael  en  diverses  fois  etSalomon  en  Guibon  tellement  que 
cela  n'appartient  qu'à  un  seul  Jésus  Christ,  dont  il  est  dit  Je  t*ai 
engendré,  et  après  Baisez  le  Fils,  Bienheureux  qui  se  confie  en  lui, 
à  quoi  il  répliqua  encore  que  ce  in  a  en  lui  »  se  pourroit  rapporter  à 
Jesoua,  et  non  à  ce  Fils,  néant  moins  qu'il  le  croyoit  et  acquiesçoit  à 
ce  qu'on  lui  disoit. 

En  quoi  il  fît  semblant  de  persister  jusques  à  ce  que  voyant  que  sa 
fi^intise  et  dissimulation  ne  servoit  point  à  sa  libération  il  prit  réso- 
lution sur  la  fin  de  Mars  de  se  descouvrir  tout  à  fait  et  désadvouer  la 
rétractation  de  ses  erreurs.  Car  la  Compagnie  des  Pasteurs  ayant 
donné  charge  à  quatre  députés  de  le  visiter  pour  sonder  ce  qu'il 
àvoil  dans  Tame,  le  Magistrat  le  désirant  à  cause  de  la  grande  des- 
pense  qu'il  faisoit  en  prisons  estant  bien  nourri,  et  ayant  tousjours 
deux  gardes  à  grands  frais  près  de  lui,  et  à  cause  du  grand  scandale 
que  cest  homme  avoit  donné,  d'en  faire  quelque  résolution  finale. 

Après  avoir  oui  les  Pasteurs,  cela  n'ayant  pas  esté  fait  à  l'occasion 
de  la  sepmaine  avant  Pasques  en  laquelle  les  Pasteurs  sont  occupés 
extraordinairement,  le  31  Mars  finalement  il  fut  visité  par  le  Ministre 
allant  à  son  tour  aux  Prisons  lequel  le  conjuras t  d'ouvrir  son  cœur  et 
continuer  en  Testât  auquel  il  avoit  esté  de  renoncer  ses  erreurs  pour- 
veu  que  le  tout  fut  fait  sincèrement,  il  respliqua  [que  si  on  lui  mons- 
troit  que  Jésus  Christ  fut  vrai  Dieu  qu'il  le  feroit,  et  lui  estant  4it 
qu'il  ne  faloit  point  dire,  si,  mais  parler  franchement,  veu  que  tel 
desguisement  ne  lui  serviroit  ni  devant  Dieu,  ni  devant  les  hommes  — 
pourtant  qu'il  priast  Dieu  ardemment  de  le  deslier  des  liens  deSatan^ 
Il  dit  qu'il  prieroit  tous  jours  le  grand  Dieu  qu'il  lui  fist  miséricorde. 
Et  lui  estant  dit  pour  l'amour  de  qui  —  il  respondit  pour  l'amour  de 
qui  il  veut  estre  prié,  finalement  pressé  s'il  ne  recognoissoit  pas  Jésus 
Christ  vrai  Dieu,  11  dit,  Non,  parlant  soubs  la  couverture  du  lict, 
dont  estant  repris  il  dit  qu'il  n'avoit  pas  dit,  Non,  mais  demandoit 
tousjours  qu'on  lui  montrast  que  cela  estoit  vrai,  et  alors  il  lecroiroit, 
sur  quoi  lui  estant  dit  qu'à  lui  qui  estoit  Chrestien  et  avoit  cogneu  la 
vérité  on  ne  s'asubjectiroit  pas  à  monstrer  que  le  soleil  est  le  soleil, 
que  le  Nouveau  Testament  estoit  vrai  estant  chose  assez  prouvée, 
Enfin  estant  interrogué  s'il  n'avoit  plus  escrit  un  billet  de  confession 


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180  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

que  Jésus  Christ  est  vrai  Dieu  et  sauveur  du  monde,  Qu*il  y  a  trois 
personnes  et  une  seule  essence  pourquoi  il  le  retractoit,  Il  dit  qu'il 
ne  scavoit  ce  qu'il  en  avoit  escrit  que  s*il  avoit  escrlt  quelque  chose 
c'esloit  par  crainte  de  la  mort,  et  au  reste  enquis  s'il  voudroit  bien 
soustenir  et  signer  les  articles  de  sa  maudite  confession.  Il  dit  pour- 
quoi non,  s'ils  sont  vrais,  et  si  on  ne  me  monstre  du  contraire,  Mes- 
mes  le  jour  suivant  il  dit  au  sieur  Procureur  gênerai  que  quand  on 
lui  monstreroit  Jésus  Christ  estre  vrai  Dieu,  aussi  vrai  que  le  jour 
luit,  il  ne  le  croiroit  point,  endureroit  plus  tost  mille  morts.  Dieu 
donc  descouvrant  Thypocrisle  de  ce  monstre,  cela  ôst  que  les  Pasteurs 
députez  prindrent  résolution  de  lui  parler  sérieusement^  et  le  conju- 
rer une  bonne  fois  de  donner  gloire  à  Dieu  et  ainsi  se  trouvèrent 
es  prisons  le  8<»  Apuril,  ou  après  avoir  fait  venir  ledit  Antoine, 
et  lui  avoir  représenté  le  misérable  estât  où  il  estoit,  et  qu'il 
estoit  nécessaire  de  commencer  par  la  prière,  lui  demandant 
s'il  ne  vouloit  pas  bien  prier  Dieu  avec  eux,  Il  dit  qu'il  invo- 
queroit  toujours  le  grand  Dieu,  et  sembla  donner  assentiment.  Il 
vouloit  prier  Dieu  avec  eux,  toutesfois  se  mit  à  genoux  avec  diffi- 
cultés, et  baissa  la  teste  contre  terre  à  la  Judaique,  s'y  tint  coy  pen- 
dant la  prière  qui  fut  faite  par  l'un  desdits  Pasteurs  et  jusques  au 
récit  de  l'Oraison  Dominicale  où  il  désista  de  sa  prostration  et  incli* 
nation  comme  la  desadvouant,  la  prière  estant  finie  et  les  Pasteurs 
levez,  il  demeura  tousjours  à  genoux  priant  jusqu'à  ce  qu'on  lui 
commanda  de  se  lever  ce  qu'il  fit  ayant  fait  le  mesme  geste  d'adora- 
tion judaique  comme  dessus. 

Après  quoi  M*^  Diodati  chef  de  la  députation  lui  représentant  le 
misérable  estât  où  il  avoit  esté  et  combien  d'occasion  il  avoit  de  pen- 
ser à  soi,  veu  les  blasphèmes  par  lui  proférés  en  sa  manie,  et  depuis 
qu'il  avoit  esté  remis,  veu  le  trouble  et  confusion  d'esprit  que  Dieu 
lui  avoit  envoyé»  Pourtant  doit  il  penser  que  cela  venoit,  si  de  Dieu, 
ou  de  l'Esprit  malin,  au  lieu  de  respondre  à  cela  il  pria  qu'il  lui  fust 
permis  de  prier  Dieu  pour  soi  en  particulier.  —  Et  lui  estant  demandé 
s'il  n'avolt  pas  prié  Dieu  avec  lesdits  Pasteurs,  a  réitéré  ladite 
demande,  de  laquelle  estant  esconduit  et  lui  estant  dit  qu'il  estoit  à 
craindre  que  sa  prière  ne  tournast  en  péché,  veu  les  gestes  et  singe- 
ries qu'on  lui  voyoit  faire,  neantmoins  il  respondit  s'il  y  avoit  du 
mal  à  prier  Dieu,  et  baissant  la  teste  contre  terre  dit  qu'il  invoquoit 
de  tout  son  cœur  le  grand  Dieu  dlsrael  qui  a  fait  les  cieux  et  la  terre. 
Et  exhorté  de  bien  prendre  garde  à  soi  et  au  jugement  de  Dieu  qui 
est  sur  lui,  et  qu'il  estoit  à  craindre  que  la  gueule  du  puits  ne  fust 
fermée  sur  lui,  pourtant  qu'il  donnast  gloire  à  Dieu  resjouist  les 
entrailles  des  Pasteurs  et  de  toute  l'Eglise  grandement  scandalisée  de 
ses  deportemens  passez  mais  aussi  affligée  et  ayant  pitié  de  lui. 
Que  donc  il  dit  clairement  en  quel  estât  il  se  trouvoit,  si  troublé  d'es- 
prit et  tourmenté  comme  il  avoit  esté  auparavant,  Il  respondit  que 
non,  qu'il  estoit  à  soi  bien  disposé  prest  à  mourir  pour  le  salut  de 
son  âme.  Interrogé  s'il  ne  recognoit  pas  d'avoir  esté  possédé  et  pre- 


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NICOLAS  ANTOINE  181 

Tenu  par  TartiQce  du  malin  esprit  duquel  il  y  a  bien  apparence  que 
ce  fust  l*esprii  de  Saul  auquel  il  avoit  esté  livré,  le  bon  Esprit  s'es- 
tant  retiré,  n*y  ayant  en  cela  aucune  trace  ni  ressemblance  de  TEs- 
prit  par  lequel  ont  esté  poussez  et  incités  les  S^"  prophètes  soubs 
l'Ancien  Tesiament.:  A  respondu  là  dessus  que  ci  devant  il  avoit 
demeuré  chez  une  femme  à  Divoone,  et  qu*estant  là  dedans  il  se  mit 
à  chanter  le  Pseaume  74.  D'où  vient  Seigneur  que  tu.  et  priant  Dieu 
ardemment  qu'il  voulust  restaurer  son  peuple  dlsrael  fust  ce  à  la 
damnation  de  son  âme,  alors  un  esprit  le  saisit  qui  le  ût  lomber  par 
terre,  et  le  fit  aller  à  quatre  tout  au  tour  de  la  chambre. 

Sur  quoi  lui  estant  demandé  s'il  recognoit  cest  Esprit  pour  bon,  où 
mauvais  esprit,  Il  dit  qu'il  ne  scavoit,  mais  qu'il  recognoissoit 
bien  un  jugement  de  Dieu  sur  lui  pour  tant  de  péchez  commis,  mais 
qu'il  lui  demande  pardon  de  tout  son  cœur,  le  prie  qu'il  Tiliumine 
s'il  n'estoit  pas  au  droit  chemin,  le  confirme  s'il  y  est.  Sur  cela  on 
prit  occasion  de  l'exhorter  à  prier  et  recognoistre  le  péché  pour  lequel 
Dieu  lui  avoit  envoyé  ce  jugement,  à  quoi  il  respondit  qu'il  croit  que 
le  péché  quil  a  commis  c'est  de  ne  s'eslre  pas  retiré  du  milieu  de 
flous,  et  ne  s'estre  pas  allé  tenir  en  un  désert,  veu  qu'il  y  avoit  long- 
temps qu'il  avoit  esté  en  scrupule  et  avoit  esté  travaillé,  mais  qu'il 
avoit  trouvé  qu'il  y  avoit  qu'un  seul  Dieu,  qu'il  avoit  esludié  à  sca- 
voir  la  voye  du  Salut  pour  s'y  confermer  et  servir  Dieu  en  pureté  de 
conscience.  Lesdits  Pasteurs  députés  voyant  ses  obliguitez  et  tergi- 
versations dirent  qu*il  y  avoit  bien  apparence  qu'ayant  arraché  Jésus 
Christ  de  sa  pensée  par  une  afieclation  volontaire  il  avoit  chanté  ce 
Pseaume.  et  que  par  un  jugement  de  Dieu  le  malin  esprit  Ta  voit  saisi 
et  pourtant  afin  d'avoir  response  claire  lui  dirent  que  puis  qu'il 
croyoit  estre  bien  disposé,  et  non  troublé  en  son  esprit,  ils  desiroyent 
qu'il  respondit  sur  les  questions  qui  lui  seroyent  proposées.  Puis  que 
premièrement  11  avoit  blasphémé  horriblement  Jésus  Christ,  avoit 
dressé  des  articles  de  sa  damnable  confession  et  croyance,  avoit 
résisté  à  toute  vérité,  et  depuis  avoit  fait  semblant  de  se  retracter, 
tellement  qu'on  ne  scavoit  en  quel  estât  il  estoit. 

4<>  Il  lui  fut  donc  demandé,  voulez  vous  souscrire  à  l'Evangile 
lequel  a  esté  révélé  par  Jésus  Christ,  par  les  S'*  Apostres  si  puis- 
samment, si  dignement  et  majestueusement. 

Il  respondit  qu'il  souscrira  à  ce  qui  est  véritable. 

V^  Tenez  vous  donc  TE vangi  le  pour  une  fiction  et  invention  humaine 
un  conte  à  plaisir  et  à  dessein.  Il  répondit.  Je  ne  sçai. 

3.  Youlez  vous  renoncer  à  la  révélation  de  l'Evangile,  il  respondit 
en  souspirant  qu'il  scavoit  que  la  mort  lui  estoit  apprestée.  Je  veux 
souscrire  et  me  tenir  aux  articles  que  j'ai  baillez,  et  estant  pressé 
finalement,  dit  je  ne  croi  point  à  l'Evangile,  ni  que  ce  soit  la  doctrine 
de  Dieu. 

4*  Croyez- vous  au  Fils  de  Dieu.  Rep,  Je  croi  qu'il  y  a  un  seul  Dieu. 

5.  Croyez  vous  à  Jésus  Christ.  Rep.  Non. 

6.  Croyez  vous  qu'il  y  a  un  S*  Esprit  en  l'Essence  de  Dieu,  et  l'en- 


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182  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

voi  (le  cest  esprit  au  cœur  des  hommes.  R.  Je  croi  que  Dieu  est 
Esprit,  et  l'Esprit  de  Dieu  est  Dieu.  J'ai  eu  dit  il,  de  bous  mouve- 
mans,  je  ne  scai  d'où  cela  venoit  sinon  de  Dieu,  car  je  ne  croi  qu'un 
seul  Dieu,  sans  division  ni  distinction. 

7.  Ne  sentiez  vous  pas  auparavant  plus  de  paix  en  vostre  ame 
croyant  à  TEvanglle  que  maintenant.  R.  Je  me  sentois  plus  porté  au 
péché  qu'à  présent. 

8.  Voulez  vous  donc  renoncer  à  la  marque  sacrée  de  Baptesme  que 
vous  avez  receu.  R.  Oui  je  renonce  mon  baptesme. 

Sur  quoi  estant  conjuré  de  penser  comment  il  pourroit  compa- 
roistre  devant  Dieu  chargé  de  tant  d'anathemes  et  crimes.  Il  respondit 
par  la  miséricorde  de  Dieu. 

9.  Navez  vous  pas  escrit  un  billet,  Je  croi  que  Jésus  est  le  Christ^ 
le  Fils  de  Dieu,  le  Sauveur  du  Monde  ?  etc.  R.  Je  ne  scai,  et  finale- 
ment Tadvoua,  mais  on  me  Ta  arraché  et  extorqué,  dit-il,  c'estoit  par 
crainte  de  la  mort,  C'est  que  les  gardes  me  tourmentoyent. 

Et  lui  estant  objecté  que  quelques  jours  auparavant  il  avoit  renoncé 
ses  erreurs  et  protesté  aux  sieurs  Ghabrei  et  Spanh[eim]  qu'il  acquies- 
coit  à  tout,  qu'il  detestolt  ses  blasphèmes,  qu'il  se  vouloit  ranger  à 
son  devoir,  Il  dit  qu'il  avoit  eu  de  graudes  tentations,  et  en  frayeur 
de  la  mort  et  du  supplice,  mais  qu'il  estoit  en  sa  première  résolution, 
et  vouloit  se  tenir  à  ses  articles. 

Puis  estant  objecté  que  par  une  maudite  obstination  il  avoit  dit  que 
quand  on  lui  monstreroit  Jésus  Christ  estre  vrai  Dieu,  il  ne  le  croi- 
roit  pas,  11  nia  l'avoir  dit,  finalement  lui  estant  soustenu  il  advoua 
disant  qu'il  estoit  ferme  en  sa  croyance,  et  qu'on  ne  la  lui  arraeheroit 
pas  du  cœur.  Toutesfois  lui  estant  leue  une  ietre  de  sieur  Ferri',  dont 
il  desiroit  n'ouir  la  lecture»  il  fut  grandement  esmeu,  et  jetta  des 
larmes  disant  toutesfois  qu'il  ne  pouvoit  rien  changer  à  sa  réso- 
lution. 

Après  cela  lesdiis  Pasteurs  se  retirèrent,  et  le  lendemain  ayant  fait 
rapport  à  leur  Assemblée  des  responses  faites  par  ledit  Antoine  fut 
résolu  de  scavoir  du  Magistrat  quel  ordre  il  desireroit  qu  on  tinst 
au  jugement  de  cest  affaire,  s'il  agreoit  plus  qu'on  lui  portast  Tadvis 
des  Pasteurs  par  quelques  députez  du  corps,  ou  tout  le  Corps  de  la 
Compagnie  en  oplnast  devant  eux.  Ce  qui  estant  représenté  au  Magis- 
trat et  les  réponses  abominables  de  ce  meschant,  leur  estant  aussi 
présentées  les  letres  des  sieurs  du  Moulin,  Ferri,  et  Mestrazat  Pas- 
teurs en  France,  touschant  ledit  Antoine,  lesdits  Seigneurs  du  Conseil 
ayaus  appelé  les  députez,  leur  dirent  qu'ils  desiroyent  qu'on  visitêst 
encor  quelques  jours  ledit  Antoine,  soit  tous  les  députez  ensemble, 
soit  séparément  selon  leurs  commodités  pour  tascher  de  le  ramener, 
mais  qu'on  ne  permist  point  l'abord  et  approche  à  autres  personnes 
qu'aux  Pasteurs,  et  qu'au  reste  ils  attendoyent  que  tout  le  Corps 
des  Pasteurs  se  trouvast  devant  eux  le  Lundi  suivant  9«  Apuril 

'  Son  ancien  maître. 


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NICOLAS  ANTOINE  IR'i 

pour  conférer  ensemble  de  l'ordre  quUl  faudroit  tenir  en  cest  affaire. 

La  Compagnie  sachant  l'iolention  de  Messeigneurs,  assemblée  à 
l'ordinaire  le  6  Apufi!,  trouva  bon  de  faire  une  preconsuUation  de 
eest  affaire  non  pourestre  tous  de  mesme  ^dvis,  chascun  estant  en  sa 
liberté,  mais  pour  s'entr'ouir  et  aider  mutuellement  en  cest  affaire. 
Tous  à  la  vérité  jugeans  ces  blasphèmes  horribles  et  insupportables, 
dignes  de  mort,  crimes  de  Leze  Majesté  divine  au  premier  chef,  et  au 
plus  haut  poinct  de  la  Religion,  mais  les  uns  estimans  que  cela  doit 
avoir  lieu  en  une  personne  qui  est  bien  à  soy,  non  prévenue  de 
mani^,  fureur  et  trouble  d'Esprit,  que  si  bien  les  choses  sont  hor- 
ribles tant  à  qu'il  n'estoit  ni  Manichéen,  Arrien,  ni  Glrconcellion  (?) 
aios  qu*)l  s'estoit  jette  au  Judaisme  qui  blasphème  à  la  vérité  Jésus 
Christ,  mais  qui  est  une  profession  tolérée  au  milieu  de  la  Chres- 
tienté,  que  le  grand  Malesloit  qu'il  avoit  pris  le  ministère  :  mais  que 
bors  cela  tout  ce  qu'on  pouvoit  faire  estoit  de  le  flestrif ,  le  déposer  et 
exhantorer  du  ministère,  le  bannir  et  chasser  au  loin,  les  autres 
>ugeans  qu'il  suffiroit  de  la  suprême  excommunication  de  TEglise. 
Les  autres  que  ces  blasphèmes  et  ce  crime  esioit  digne  de  mort,  mais 
que  ceste  manie  froide  rendoit  l'affaire  suspect  et  que  la  sévérité 
d'un  supplice  apporteroit  plus  de  mal  que  de  bien,  soit  que  cest 
houime  estant  tranquille  d'Esprit  persistast  en  ces  opinions  et  blas- 
phèmes invoquant  le  grand  Dieu  d'Israël,  ce  qui  pourroit  donner 
d'estranges  iifipresslons  au  peuple,  soit  que  sa  manie  et  phrenesie  le 
saisit  allant  au  supplice,  qui  seroit  une  chose  absurde  de  voir  sup- 
plicier un  homme  hors  du  sens,  toutesfois  qu'il  ne  le  faloit  point 
relascher,  ains  le  tenir  eu  prison  estroite  quelque  temps,  le  faire  tra- 
vailler de  ses  mains  afin  de  voir  si  sa  manie  le  reprendroit  à  certains 
interralles,  et  prendre  advis  des  Médecins  de  dedans  et  de  dehors 
meeiae  des  Académies  et  surtout  des  Eglises  de  Suisse  ainsi  qu'on 
avait  fait  de  Servet,  et  en  cas  qu'il  lui  eschappast  des  blasphèmes  le 
fouetter  et  ehastier  rudement  essayant  si  ceste  sévérité  le  pourroit 
retenir.  Les  autres  jugeans  le  faict  plus  atroce,  et  que  ceste  mante 
survenue  ne  le  pouvoit  excuser  estant  survenue  après  une  longue 
préméditation  et  préparation  à  ce  blasphème,  comme  un  jugement  dé 
Dieu  qui  l'avoit  livré  à  Satan,  partant  que  si  on  punit  un  luxurieux 
adolièré  incestueux  sans  avoir  esgard  que  cela  vient  de  l'humeur  san- 
guine, un  meurtrier  sans  avoir  esgard  que  cela  vient  de  la  bile  et  de 
la  colère,  aussi  faloit  il  punir  un  blasphémateur  provez  quoi  qu'il  soit 
sciai  de  quelque  melancholie,  veu  qu'es  intervalles  dilucides  il  conti- 
Duoit  en  son  impiété,  et  n'y  avoit  point  d'extravagances  comme  es 
poures  phrenetiques,  mais  il  maintenoit  des  dogmes  blasphématoires, 
les  avoit  mis  par  escrit,  produisoit  ses  arguments,  eludoit  les  oppo- 
sitions, detorquoit  les  textes  et  ainsi  montroit  qu'il  y  avoit  plus  de 
malice  qâe  d'humeur  et  qu'au  reste  toute  la  Chrestienté  nous  regar- 
doit,  tant  Papistes  que  Reformés,  cest  homme  ayant  une  complicité 
de  divers  crimes. 

4.  Va  grand  souppçon  d'avoir  desbauché  un  Jeune  Gentilhomme 


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184  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

fraDçois,que  en  faisoyent  foy  les  letresdu  sieur  Moulia;  2.  Une  apos« 
tasie  générale  de  la  Religioa  Ghrestienne,  parjure  et  renoDcemeQt  de 
soD  baplème,  parjure  derechef  en  la  promesse  faile  en  la  S^  Cesne, 
et  finalement  ayant  pris  -le  S^  Ministère  promettant  de  prescher 
Jésus  Christ,  qu'il  renioit  en  son  cœur,  et  estant  prest  d^espandre 
son  venin,  une  hypocrisie  horrible  avant  couvé  dès  longtemps  ceste 
impieté  en  son  ame,  comme  il  conste  par  ses  escrits,  et  ainsi  qu*il 
estoit  pire  que  ne  fut  jamais  Arrius,  Manee  et  les  autres,  pourtant 
qu'ils  le  jugeroyent  fils  de  mort,  et  que  tout  délai  qu'on  pourroit 
apporter  n'estoit  nécessaire  si  non  pour  monstrer  Testât  qu*on  faisoit 
des  advis  de  dehors,  et  peur  estre  fortifié  es  conclusions  et  résolu* 
tiens  qu'on  pourroit  prendre  sur  ce  subjecl  contre  les  blasmes  que 
plusieurs  ont  jette  contre  ceste  Eglise  à  roccasion  du  supplice  de 
Servet  antitrini taire,  lequel  ayant  esté  puni  en  ce  lieu  et  exécuté  à 
mort,  comme  ceste  sévérité  a  esté  louée  par  plusieurs  et  mesme  par 
Bellarmin  Jésuite,  aussi  a  elle  esté  blasmée  par  plusieurs  autres 
Libertins,  Anabaptistes,  et  qui  plus  est  par  quelques  orthodoxes 
trop  scrupuleux  et  consciencieux,  les  uns  par  trop  de  tendreur,  les 
autres  par  maximes  d'estat,  craignant  les  conséquences  surtout  en 
ces  temps  là  où  les  feux  esloyent  allumés  de  toutes  parts,  et  les 
Papistes  jugeoyent  estre  blasphème,  ce  qui  estoit  dit  contre  le  Pape 
et  Thostie  de  la  Messe,  comme  si  on  eust  parlé  contre  la  Trinité  et  la 
Personne  sacrée  et  glorieuse  de  nostre  Seigneur  Jésus  Christ. 

Mais  pour  revenir  à  nostre  Juif  blasphémateur  avant  le  Lundi 
designé  par  le  Magistrat  pour  ouir  les  advis  des  Pasteurs  suivant 
l'intention  du  Magistrat,  conjurer  et  exhorter  de  penser  à  soi,  et 
renoncer  à  ses  erreurs,  Cela  mesme  un  autre  jour  lui  fut  réitéré  par 
un  des  Pasteurs  y  allant  avant  Theure  de  l'Assemblée,  l'exhortant 
au  Nom  de  nostre  Seigneur  Jésus  Christ  qu'il  taschast  de  se  recon- 
cilier à  Dieu  ;  à  quoi  il  respondit  qu'il  feroit  ce  qu'on  voudroit 
pourveu  que  ce  ne  fust  point  contre  le  Salut  de  son  ame.  Mais  dit, 
Pensez-vous  Monsieur  N.  qu'un  homme  soit  meschant  qui  pense 
faire  son  Salut  en  accomplissant  la  loi  de  Dieu,  et  estre  justifié  par 
l'accomplissement  de  ceste  loi  ?  à  quoi  estant  respondu  qu'un  tel 
homme  estoit  meschant  puis  que  la  loi  n'est  pas  donnée  pour  jus- 
tifier, mais  pour  estre  un  pédagogue  afin  d'amener  l'homme  à  Jésus 
Christ,  et  que  c'est  renverser  le  mystère  de  piété,  Il  dit,  je  ne  croi 
point  qu'un  tel  homme  soit  meschant,  et  lui  estant  dit  que  c'est 
establir  sa  propre  justice,  renverser  celle  de  Dieu,  selon  les  paroles 
de  S^  Paul,  la  force  et  la  vigueur  de  ses  démonstrations,  l'admirable 
rapport  de  l'Ëvangile  avec  la  loi  et  le  service  ancien,  il  ne  scavoit 
que  dire,  sinun  qu'à  son  accoustumée  il  se  jetta  sur  les  passages  de 
l'Ancien  Testament  alléguez  au  Nouveau,  Celui  d'Osée  allégué  par 
S^  Paul,  et  par  S^  Pierre  disant  que  cela  est  de  torque,  Celui  de 
Zacharie  des  Galates  ou  il  est  dit  non  point  aux  semences,  mais  à 
ta  semence.  Celui  où  il  est  parlé  de  SinaY  nommée  Agar  disant  que 
toutes  ces  interprétations  ne  sont  point  en  l'Ancien  Testament  et  que 


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NICOLAS  ANTOINE  185 

S*  Paul  de  vrai  esloit  éloquent  et  disert»  mais  qu'il  fondoit  mal  ses 
démonstrations.  A  quoi  lui  estant  respondu  que  rien  n'avoit  esté 
allégué  mal  à  propos,  et  que  TBsprit  de  Dieu  ayant  parié  par  les 
prophètes  avoit  eu  la  liberté  de  parler  par  les  Âpostres  selon  la 
prophétie  de  Joël,  que  le  mesme  Esprit  a?oit  peu  esclaircir  ce  qui 
avoit  esté  dit  plus  obscurément,  11  répliqua  que  toutes  ces  raisons 
et  distinctions  ne  serviroyent  pas  pour  convertir  un  Juif  qui  se  tient 
à  TAncien  Testament  et  par  quel  moyen  on  le  pourrait  conveincre. 
Sur  cela  lui  fut  dit  qu*on  tascheroit  de  cooverlir  un  Juif  lui  mons- 
trant  les  passages  exprès  de  TAncien  Teslameut  qui  monstrent  la 
S^  Trinité,  Les  passages  qui  monstrent  que  le  Messies  promis  est 
vrai  Dieu  et  qu*il  devoit  prendre  chair  humaine,  Le  temps  desi- 
gné et  marqué  par  les  S^»  Oracles,  la  prophétie  de  Jacob,  celle 
de  Daniel  9.  les  prédictions  de  David,  les  efifects  advenus  en  ce 
temps  et  sur  tout  la  vocation  des  Gentils  qui  ont  quitté  leurs 
idoles  dont  les  oracles  qui  ont  cessé  à  la  prédication  de  l'Evangile. 
Il  dit,  mais  ne  voyez  vous  pas  Tidolatrie  parmi  les  Ghrestiens  les 
diverses  sectes  qui  y  sont?  Sur  cela  lui  fut  dit  que  la  raison  ne 
concluoit  point  veu  que  cela  estoit  arrivé  par  la  malice  des  hommes, 
et  le  juste  jugement  de  Dieu  prédit  par  les  S^*  Apostres.  et  quant 
aux  Sectes  que  le  Schisme  de  Samarie,  ni  le  Temple  de  Garizim  n*em* 
peschoit  que  l'Eglise  de  Heriesalem  ne  fust  la  vraye  Eglise,  non  plus 
que  les  sectes  des  Pharisiens.  Essennites.  Sadducceens.,  et  veu  que 
la  loi  et  les  prophètes  demeuroyeut  en  leur  entier,  et  ceux  qui  y 
adheroyent  estoyent  le  vrai  peuple  de  Dieu.  Pourtant  qu'il  estoit 
uisé  de  conveincre  un  Juif  par  ses  passages,  jusques  à  ce  qu*ayant 
cognu  la  vérité  de  TEveogile  il  fust  rendu  capable  de  comprendre 
les  mystères  révélés  aux  S^»  Apostres  et  laissés  par  iceux  à  i*Eglise,et 
au  reste  qu'il  est  tresaisé  de  voir  que  la  Religion  Judaïque  en  Testât 
où  elle  est  n*est  qu*uue  vraye  superstition,  et  un  corps  sans  ame, 
lant  pour  ce  qu'ils  ne  recognoissent  pas  le  vrai  Dieu  tel  qu'il  s'est 
manifesté  aux  S^*  Patriarches  assavoir  Père,  Pits  et  S^  Esprit,  que 
pour  ce  qu'ils  ne  recognoissait  pas  ce  Fils  venu  en  chair  et  ayant 
accompli  l'œavre  de  nostre  Salut,  dont  à  bon  droiet  il  sont  livrés  à 
un  esprit  d'aveuglement,  leurs  synagogues  estant  uoe  pure  confu* 
sion  sans  révérence  ni  dévotion,  avec  des  cris  et  des  hurlements 
estranges  et  des  gestes  indecens.  Il  respondit  à  cela  que  c'est  d'au- 
tant que  les  Juifs  sont  en  deuil.  Et  lui  estant  demandé  la  cause  de  ce 
deuil,  il  dit  que  c'est  à  cause  du  Messies  qu'ils  attendent  afin  d'estre 
délivrés  de  leur  dispersion,  mais  lui  estant  objecté  le  9^  de  Daniel  et  les 
sepmaines  à  la  fin  desquelles  range  Gabriel  ayant  dit  que  le  Christ 
viendroit  pour  consumer  le  péché,  faire  propitiation  pour  l'iniquilé, 
amenerla  justice  des  siècles,  ce  Christ  estoit  apparu  au  mesme  temps 
designé  et  avoit  accompli  ces  choses,  après  cela  le  Christ  avoit  esté 
retranché,  et  le  peuple  du  Conducêeur  avoit  destruit  la  Ville  et  le  Sanc- 
tuaire, il  répliqua  que  ces  sepmaines  de  Daniel  estoyent  autant  de  Ju- 
bilés et  que  cela  faisoit  mille  trois  cens  ans.  dont  on  prit  occasion  de 


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186  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

lui  dire  que  cela  ne  pouvoit  estre  veu  que  les  Romains  esioyent  venus 
au  boni  des  sepmaines  d'années,  et  avoyent  deslruit  le  Temple  après 
que  le  Christ  a  voit  esté  retranché  partant  que  ces  Sepmaines  ne  se 
peuvent  estendre  si  loin,  mais  au  reste  que  donc  le  temps  estait 
expiré  de  ces  mille  trois  cens  ans,  et  ne  faloit  plus  attendre  ce  Mes- 
sias,  Jl  dit  que  ce  retardement  est  à  cause  des  péchez  du  peuple,  Et 
quoi  qu'on  lui  dit  que  jamais  les  péchez  du  peuple  n'avoyent 
empesché  qu'il  n'accomplist  ce  qu'il  avoit  promis,  au  temps  assigné 
en  la  délivrance  d'Egypte,  en  celle  de  la  captivité  de  Babylone,  Il  dîl 
voyez  vous  pas  que  Dieu  avoit  promis  qu'il  n'y  auroit  que  400  ans 
de  la  captivité  d'Egypte,  cependant  il  est  cal[culé]  qu'il  y  a  430  tns, 
dont  on  lui  fit  voir  le  sophisme  de  son  objection  parce  que  de  vrai 
il  y  a  430  ans  des  la  promesse,  faite  à  Abraham  jusques  à  la  publica- 
tion de  la  loi  en  Horeb,  mais  quant  à  la  sortie  d'Egypte  il  est  dit  que 
Dieu  ayant  designé  le  temps,  qu'en  la  mesme  nuict  toutes  les  bandes 
d'Israël  sortirent  d'Egypte. 

Et  estant  adjuré  sur  cela  de  recognoistre  ses  impietés,  en  avoir 
horreur,  donner  gloire  à  Jésus  Christ,  Il  dit  qu'il  ne  le  feroit  jamaiSi 
quoi  qu'on  lui  monstrast  qu'il  estoit  si  miséricordieux  qu'il  avoit 
promis  que  le  blasphème  proféré  contre  lui  seroit  pardonné  au  pes- 
cheur  repentant.  Ledit  Pasteur  s'estant  retiré  avec  horreur  laissa  ce 
misérable  en  cest  estât  où  il  a  continué  jusques  à  présent. 

Le  Lundi  9  avril  estant  venu  les  Pasteurs  et  Professeurs  au  nombre 
de  45  se  présentèrent  au  Conseil  et  après  le  commandement  à  eux 
fait  par  le  premier  Consul,  de  dire  leur  advis  sur  ce  faict,  après  quoi 
le  Magistrat  verroit  comment  il  avoit  à  procéder,  Apres  la  prière  faite 
à  haute  voix  par  le  Pasteur  pour  lors  Modérateur  de  la  Compagnie 
des  Pasteurs,  on  commeuça  par  la  démonstration  de  Timportance  de 
cest  atraire»  et  qu'estant  un  faict  qui  à  peine  avoit  esté  veu  dés  la 
Beformation,  au  prix  duquel  n'estoit  rien  l'affaire  de  Servet,  de 
Valentin  Gentil,  et  autres  hérétiques.  Il  y  faloit  marcher  avec  meure 
délibération,  Y  apporter  le  Zèle  de  Dieu,  mais  avec  science  et  pru- 
dence, que  de  vrai  les  choses  estoyent  atroces,  le  crime  énorme  qu'un 
né  Chrestien  baptisé  quoi  qu'en  TEglise  Romaine,  neantmoins  au 
nom  de  la  S^^'  Trinité,  et  en  la  possession  de  Jésus  Christ,  venu  à 
l'Eglise  Reformée  détestant  l'idolâtrie  Papistique,  et  depuis  venu  à 
Testude  delà  Théologie,  finalement  au  S^  Ministère  après  avoir  pro- 
mis de  prescher  et  annoncer  Jésus  Christ  et  tout  le  mystère  de  la 
foi  Chrestienne,  ayant  participé  aux  mystères  et  sacremens  de 
l'Eglise,  vinst  à  un  tel  degré  d'impiété,  non  seulement  de  quelque 
erreur  ou  sentiment  particulier  ou  blasphème  indirect,  et  par  consé- 
quent tel  que  ceux  de  l'Eglise  Romaine  et  autres  sectes  mais  qu'il 
vinst  à  une  totale  apostasie  et  abnégation  du  mystère  de  .pieté  ren- 
versant les  fondements  de  la  foi  et  les  principes  de  la  Religion 
Chrestienne,  Se  portant  à  des  blasphèmes  horribles  et  exprès  contre 
la  Majesté  du  Fils  de  Dieu,  les  ayant  proférés  en  la  manie  dont  il 
estoit  saisi,  mais  après  s'estre  préparé  à  cela  plusieurs  années  aupa- 


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Ma)LAS  ANTOINE  187 

ravant  comme  il  appert  par  ces  escrits  et  méditations  faite  de  longue 
main  et  de  rechef  par  Tescrit  de  sa  confession  quil  a  dressé  depuis 
qu'il  est  es  prisons  laschant  de  prouver  sa  maudite  croyance,  et  se 
roidissant  à  cela  renonçant  son  baptesme,  et  mettant  bas  tout  senti- 
ment du  Christianisme,  mais  d'ailleurs  qu'il  faloit  faire  considération 
Uela  manie  et  fureur. en  laquelle  on  Tavoit  veu  et  dont  la  violence 
pouvoit  avoir  extorqué  ces  l)lasphemes  de  sa  bouche,  de  rechef  que 
cela  avoit  esté  suivi  de  quelque  retractation,  dont  toutesfois  on  ne 
Toyoit  point  la  suite,  et  ainsi  qu'on  pouvoit  peser  là  dessus  les  advis 
qu'on  avoit  eu  de  dehors,  afin  que  si  on  se  portoit  à  quelque  resolu- 
tion plus  rigoureuse,  neantmoins  on  n'encourust  aucun  blasme.  — 
Ce  discours  fut  suivit  d'un  autre  monstrant  que  les  choses  estoyent 
atroces  et  estranges  à  la  vérité,  et  n'y  a?oit  bonne  ame  qui  n'eust 
iiorreur  des  blasphèmes  de  ce  misérable,  neantmoins  que  ce  n'estoit 
qu'un  dogme  et  croyance,  que  Jésus  Christ  ayant  dit  laissez  Vyvroye 
de  peur  que  vos  etc.  sembloit  indiquer  qu'il  faut  tolérer  ces  choses 
attendant  le  temps  de  la  dernière  moisson,  que  de  vrai  11  y  a  eu  cer- 
taines sectes  dont  les  sectateurs  avoyent  esté  condannez  punis  et  re- 
tranchez comme  celle  des  Ophites  et  Adamites  dont  les  uns  avoyent 
un  serpent  qu'ils  nourrissoyent  et  recevoyent  de  sa  bouche  l'Eucha- 
ristie, chose  horrible  et  diabolique,  Les  autres  estoyent  tout  nuds 
ensemble  et  commettoyent  choses  énormes,  composoyent  l'Eucha- 
ristie avec  farine  la  chair  et  le  sang  d'un  enfant  qu'ils  esgorgeoyent 
y  mesloiyent  mesme  du  sperme  humain  avec  autres  cérémonies  hor- 
ribles et  pour  tant  qu'à,  bon  droict  ils  avoyent  esté  condannés,mesine 
telles  sectes  renaissant  en  Amsiredam  On  s'y  estoit  opposé,  que  Pris- 
cillian  avoit  esté  condanné  au  synode  de  Bourdeaux,  et  livré  au 
bras  séculier  non  tant  pour  son  dogme  que  surtout  pour  divers 
adultères  dont  il  avoit  esté  conveincu.  Il  n'y  avoit  ici  rien  de  sem- 
blable, sinon  qu'on  sceust  par  indices  et  autres  moyens  qu'il  eust 
commis  quelque  crime  énorme  dont  la  letre  de  Sedan  sembloit  donner 
quelque  apparence.  Au  reste  que  cest  homme  n*embrassoit  ce  dogme 
pour  aucun  profit  et  avantage  qu'il  en  peusl  prétendre,  mais  seule- 
ment par  une  impression  qu'il  avoit  prise  de  longue  main,  d'ailleurs 
qu'il  faloit  faire  estât  de  la  manie  et  melancholie  où  on  l'avoit  veu 
de  peur  que  le  traictant  capitalement  on  ne  fust  accusé  d'avoir  agi 
sur  un  maniaque,  un  homme  hors  de  sens,  dont  il  ne  pouvoit  réussir 
que  du  mal,  soit  en  ce  que  allant  au  supplice  il  vomiroit  ses  blas- 
phèmes ce  qui  donneroit  grand  scandale  et  mesme  on  serolt  en 
doute  le  faisant  mourir  en  cest  estât  si  on  ne  perdroit  point  le  corps 
et  l'ame  tout  ensemble. 

Pourtant  qu'il  seroit  plus  à  propos  après  l'avoir  déposé  publique- 
ment du  Ministère  l'avoir  fleslri  et  condanné  à  faire  amende  hono- 
rable de  le  congédier  n'estant  pas  à  craindre  que  parmi  les  Chrestiens 
il  se  trouvast  aucun  qui  voulust  adhérer  à  ses  opinions. 

Cest  advis  fut  relevé,  et  monstre  qu'en  toutes  ces  sectes  allègues  il 
n'y  avoit  rien  de  semblable  à  celle  ci,  où  il  y  avoit  une  apostasie 


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188  liEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

générale  un  blasphème  direct  contre  la  Majesté  du  Fils  de  Dieu,  pre- 
mièrement un  faste  et  orgueil  que  ce  misérable  avoit  nourri  suivant 
les  préceptes  de  la  Philosophie,  et  surtout  de  Métaphysique  qu'il  avoit 
appris  des  sa  jeunesse  suivant  laquelle  il  vouloit  mesurer  et  com- 
prendre la  hauteur  de  la  Majesté  de  Dieu  et  personne  de  Jésus  Christ, 
la  divinité  des  mystères  du  Nouveau  Testament,  que  de  cest  orgueil 
il  estoit  venu  à  la  curiosité  de  la  curiosité  à  la  doute,  de  9a  doute  à 
l'opposition  contre  ces  mystères,  de  là  à  une  totale  résolution,  et  qu*il 
y  avoit  plus  d'apparences  que  ceste  manie  et  frénésie  fust  pénale  et 
subséquente,  que  non  pas  antécédente,  Dieu  l'ayant  frappé  en  son 
esprit  quand  il  voulut  commencer  de  vomir  son  venin  en  1  Eglise,  Bt 
pourtant  qu'il  n'y  avoit  point  de  doute  et  ne  faloit  point  hésiter  que 
si  jamais  il  y  eust  blasphème  punissable  par  le  glaive  ceslui  Testoit. 
et  que  si  Dieu  a  frappé  Arrius  et  autres  hérétiques  ce  n'est  point 
pourtant  que  les  hommes  ne  doivent  faire  et  employer  le  glaive  où. 
ils  voyent  choses  semblables,  que  la  loi  de  Dieu  disant  du  faux  pro- 
phète, tu  esteras  ce  meschant,  ne  dit  point  s'il  sera  maniaque,  fréné- 
tique, mais  en  parle  absolument,  néantmoins  que  eu  Tesgard  à  Testai 
où  cest  homme  avoit  esté  veu,  le  danger  de  perdre  le  corps  et  Tame, 
les  fascheuses  conséquences  que  son  obstination  pourroit  apporter  en 
un  supplice  public ,  il  seroit  à  propos  de  le  garder  encor  quelques 
mois  pour  travailler  à  sa  réduction  avoir  advis  de  diverses  Eglises  et 
Académies  de  Suisse  et  ailleurs,  après  quoi  on  pourroit  venir  à  une 
dernière  résolution . 

A  ceste  résolution  se  joignirent  quelques  uns  monstrant  qu'il 
estoit  nécessaire  d'attendre,  et  que,  tout  ainsi  que  Arrius  avoit  esté 
frappé  de  Dieu,  Dieu  feroit  aussi  son  jugement  sur  ce  meschant  sans 
que  les  hommes  y  missent  la  maio,  que  David  avoit  toléré  Seimhi  et 
Joab,  et  qu'on  en  pou  voit  faire  de  mesme  en  ceste  affaire. 

Mais  plusieurs  autres  s'y  opposèrent  les  uns  disaos  que  s'il  y  a 
chose  où  il  faille  monstrer  du  zèle  c'est  en  celle  ci,  n*y  ayant  point 
de  doute  que  ce  ne  fust  le  haut  poinct  de  blasphème  condamné  par 
la  loi  de  Dieu,  et  que  cest  Estât  et  Eglise  rendroit  compte  à  Dieu  si 
elle  manquoit  d'y  apporter  une  juste  sévérité,  les  autres  disans  que 
de  vrai  l'église  ne  juge  pas  du  sang,  et  n'appartenoil  pas  aux  Ecclé- 
siastiques de  déterminer  des  peines  corporelles,  partant  qu'il  suffi- 
soit  d'indiquer  au  Magistrat  le  poinct  et  degré  d'impiété  où  estoit 
venu  cest  exécrable,  afin  qu'il  vist  ce  qu'il  auroit  à  faire  tant  pour 
s'acquiter  de  sa  conscience  que  pour  satisfaire  à  l'attente  du  juge- 
ment de  cest  affaire  et  qu'au  reste  si  le  Magistrat  est  obligé  de  punir 
avec  zèle  la  transgression  de  la  ^^^  table  de  la  loi,  il  est  obligé  de 
redoubler  ce  zèle  pour  maintenir  la  première  qui  concerne  le  service 
de  Dieu.  Mais  que  pour  faire  un  droit  jugement  il  le  faloit  faire  pro— 
céder  du  faict.  Ex  facto  jus  orlt.  Et  estans  leues  les  réponses  catégo- 
riques par  lui  faites  aux  Pasteurs  députez,  qu'il  estoit  aisé  de  voir 
qu'il  y  avoit  en  ceci  concurrence  de  divers  crimes  et  impietez,  Prépa- 
ration et  préméditation  à  blasphème,  hypocrisie  horrible,  renonce- 


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NICOLAS  ANTOINE  189 

ment  à  son  baptesme,  parjures  redoublez  tant  en  ce  renoncement, 
qu'en  ce  qu'ayant  pris  le  S*-Ministère,  et  juré  de  prescber  Jesus-Gbrist 
il  se  disposoit  à  faire  le  contraire,  les  blasphèmes  exprès  prononcés 
en  sa  manie,  mais  aussi  après  icelle,  et  maintenus  et  souslenus  par 
escrit  et  démonstrations  impies,  par  conséquent  qu*iln*y  avoit  point 
ici  à  hésiter  que  ce  ne  fust  un  crime  et  iniquité  toute  jugée,  Ëncor 
plus  s*il  avoit  sollicité  le  Jeune  Gentilhomme  nommé  Villemand  au 
Judaïsme  dont  la  loi  dit  Eum  qui  servum  sive  ingenuum  ad  judaicos 
ritus  transduxerit  capitis  pœna  dignum  censemus,  Et  qu*au  regard 
de  la  croyance  si  les  Empereurs  en  leurs  Constitutions  parlant  des 
Saroarites  ou  Samaritaines  et  autres  qui  passent  du  Christianisme  au 
Judaïsme  en  ont  jugé  plus  doucement,  ne  leur  imposant  que  la  pros- 
cription ou  déportation,  et  les  privans  de  tester  et  succéder,  c^estoit 
in  primordiis  Christianae  religionis,  c*estoit  envers  ceux  qui  avoyent 
la  croyance  contraire  mais  sans  blasphème  exprès,  c'estoit  en  des 
personnes  particulières,  mais  non  en  des  Pasteurs,  qui  eussent  près- 
ché,  administré  les  sacrements,  pour  puis  après  renier  tout  cela,  et 
exposer  en  diffame  les  mystères  de  la  Religion  Ghrestienne,  c'estoit 
en  ceux  qui  se  contenoyent  sans  dogmatiser,  mais  qu'à  bon  droict 
Charles  ^^  en  Tan  4540  punit  un  Roi  de  Tybur  es  costes  de  Tartarle 
près  Tocéan  Scythique  (où  il  y  avoit  encore  ces  résidus  des  dix  lignées 
transportées  en  Arzareth  fisdras  4)  lequel  vint  en  ces  temps  là  parmi 
les  Chrestiens,  et  après  avoit  parlé  à  François  Premier,  es  France 
passa  en  Italie  s'addressa  à  Charles  5«  et  aux  princes  d'Italie  les  solli- 
citaus  à  quitter  le  Christianisme  et  venir  au  Judaïsme  ^  Ce  que 
voyant  cest  Empereur  il  le  fit  brusler  publiquement  à  Mantoue. 
Derechef  qu*a  bon  droict  les  parlements  de  France  ont  condanné  à 
mort  ceux  qu*on  a  trouvé,  induisans,  faisans  le  sacrifice  du  Coq, 
ayans  attiré  divers  à  leur  abomination  et  que  ceslui  ci  estant  en  leurs 
mains  n'eust  point  manqué  de  recevoir  la  punition  méritée.  Pourtant 
qu*il  estoit  nécessaire  de  procéder  en  ceste  afi'aire  sans  vaciller  ni 
hésiter,  mais  que  comme  au  faict  de  Servet  on  eut  Tadvis  des  Suisses 
et  autres  lieux,  ainsi  faisant  le  mesme  on  se  pourroit  fortifier  en  sa 
résolution  contre  les  divers  jugements  qu'on  pourroit  donner  sur 
ce  faict. 

Le  suivant  priant  d'estre  excusé  s*il  n*estoit  point  deTadvis  de  ses 
frères,  et  ne  pouvoit  consentir  ni  au  bannissement,  ni  au  délai  de  la 
peine  et  punition  de  cest  exécrable,  et  monstrant  le  danger  qu*ii  y 
avoit  de  supporter  plus  longtemps  cest  monstre,  dit  que  Tadvis  de 
dehors  ne  pouvoit  causer  que  du  mal  veu  que  on  contenteroit  les 
uns,  on  mescontenteroit  les  autres,  et  que  plusieurs  s*estonnoyent 
de  ce  retardement,  on  mestoit  en  danger  plusieurs  du  populaire  de 
croire  ou  ne  croire  point  la  S'«  Trinité,  et  si  Jesus*Christ  est  Dieu, 
par  une  telle  tolérance  et  delay,  que  la  manie  et  frénésie  ou  mélan- 
cholie  de  cest  homme  ne  le  pouvoit  excuser  en  ses  blasphèmes  non 

1  II  Ml  fait  ici  allusion  à  David  ReQbéni. 


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190  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

plus  qu'un  adullere  n*est  pas  toléré  à  cause  de  Thumeur  sanguine, 
un  meurtrier  à  cause  de  l*huraeur  cholérique,  un  autre  du  phlegme. 
Et  que  pour  le  danger  qu'on  craignoit  de  le  faire  mourir  en  son  en- 
durcissement il  faloit  faire  son  devoir,  et  laisser  les  evenemens  à 
Dieu,  qui  avoit  mis  cest  homme  en  mains  du  Magistral  pour  esprouver 
son  zèle,  et  qu'on  n  avoit  pas  eu  ces  considérations  en  divers  autres 
jugez  à  mort  sans  craindre  ces  conséquences,  et  dont  on  avoit  déter- 
miné plus  absolument.  Pourtant  concluoit  à  rigueurs,  adjoustant  que 
si  le  Testament  d'un  melancholique  ou  furieux  est  valable,  s'il  coqste 
«qu'il  Ta  fait  dans  l'intervalle  dilucide,  aussi  la  melancholie  et  manie 
ne  peut  excuser  un  homme  lorsqu'il  continue  en  ses  blasphèmes 
hors  de  la  manie,  ayant  le  discours  et  la  ratiocination  entière  et 
estant  revenu  à  soi. 

Quelques  uns  des  autres  Pasteurs  conclurent  au  délai  pour  le$ 
raisons  susmentionnées  tant  pour  voir  s'il  estoit  bien  revenu  à  soi 
mesme,  que  pour  avoir  advis  de  dehors,  mais  la  pluspart  panscherent 
i  la  sévérité,  monstrant  qu'il  estoit  question  d'un  monstre  et  noa 
d'un  homme,  qui  de  vrai  avoit  eu  quelque  aliénation  d'esprit,  mais 
par  un  juste  jugement  de  Dieu  contre  lequel  il  s'estoit  roidi,  et  avoit 
persisté  non  seulement  en  son  impieté,  mais  aussi  avoit  tasché  de  la 
maintenir  avec  subtilitez  et  sophismes  ayant  compilé  divers  passages 
pour  preuves  de  ses  propositions  abominables,  avec  tel  artifice  qu'oa 
voyoit  qu'il  estoit  bien  à  soi  mesme,  et  que  s'il  avoit  quelque  melan- 
cholie, la  malice  predominoit,  laquelle  Dieu  n'avoit  pas  permis  qu'il 
cachast  longtemps  soubs  ceste  hypocrisie  et  feinte  retractation  le 
livrant  à  l'Esprit  reprouvé  par  un  jugement  du  tout  estrange,  telle- 
ment que  le  Magistrat  pouvoit  bien  recogooistre  jusques  où  il  estoit 
obligé  de  procéder  en  tel  cas. 

A  quoi  un  autre  adjousta  que  Dieu  parlant  si  exprès,  Tu  racleras  le 
meschant  du  milieu  de  toi,  monstroit  que  telle  atrocité  ne  permettoit 
pas  de  délai,  et  pour  fortifier  cest  advis  fut  dit  par  l'un  des  autres, 
que  sll  avoit  proféré  ces  blasphèmes  ce  n'estoit  point  seulement  in 
furore,  mais,  ante  et  post  furorem,  et  que  le  jugement  de  Dieu  avoit 
fait  que  le  mal  avoit  esclaté  per  furorem,  pour  descouvrir  la  malice 
que  cest  homme  couvoit,  dont  le  suivant  conclud  que  veu  Tatrocité 
de  ces  choses  il  n'y  avoit  rigueur  qui  ne  deust  estre  exercée  contre 
ce  meschant. 

Le  Magistrat  ayant  oui  les  advis  des  Pasteurs  et  Professeurs  les  ea 
remercia,  déclarant  que  suivant  iceux  il  adviseroit  comment  il  auroit 
à  faire.  Et  le  lendemain  le  Corps  du  Conseil  estant  allé  es  prisons 
pour  le  faire  respondre,  on  le  fit  venir  en  la  Chambre  Criminelle  où 
d'entrée  il  se  prosterna  à  la  Judaïque  approchant  le  front  fort  proche 
de  terre.  Et  estant  trouvé  entièrement  rassi  d'esprit  sans  aqcuu 
indice  de  frénésie  et  fureur,  respondit  à  toutes  les  demandes  qui  lui 
furent  faictes  par  le  Premier  Syndique  et  autres  Sénateurs  avouant 
d'avoir  tenu  toutes  les  paroles  ci  devant  mentionnées,  les  unes  pen- 
dant son  transport,  disoit-il,  les  autres  en  pleine  santé.  Et  estant 


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NICOLAS  ANTOINE  i9l 

pressé  de  renoncer  à  ses  meschantes  opinions  dit  qu*il  ne  le  pouTOit 
faire,  pour  le  salut  de  son  ame,  dit  par  trois  fois  qu*il  renonçoit  son 
baptesœe,  ne  voulant  recognoistre  en  façon  que  ce  soit  Jésus  Christ, 
ni  comme  vrai  Dieu  ni  comme  vrai  homme,  non  plus  aussi  la 
S*  Trinité,  avouant  d'avoir  escrit  sa  confession  avec  les  démonstra- 
tions des  articles  et  ne  s'en  vouloir  départir.  Ce  qu'oyant  le  Magistrat 
après  avoir  travaillé  deux  heures  à  tascher  de  ramener  ce  misérable 
à  son  devoir,  on  se  retira  avec  horreur.  Mais  on  ne  procéda  point  au 
jugement,  que  quelques  jours  après,  tant  pour  lui  donner  loisir  de 
penser  à  soi,  que  pour  voir  s'il  n'y  auroit  aucun  retour  de  manie  et 
môiancholie  qui  eust  peu  rendre  le  jugement  suspect  à  diverses  per- 
sonnes, finalement  il  fut  condamné  à  estre  bruslé  ayant  auparavant 
esté  estranglé  à  un  posteau. 

Le  jour  du  supplice  estant  venu  avant  lequel  le  Magistrat  avoit  fait 
entendre  aux  Pasteurs  la  sentence  donnée  contre  ledit  Antoine,  afin 
qu'ils  se  disposassent  à  le  voir  es  prisons  dès  le  matin  pour  tascher 
de  le  réduire  à  son  devoir  ou  pour  le  moins  résister  vivement  à  ses 
impietés,  sur  le  scrupule  que  quelques  uns  faisoyent  que  en  hastant 
trop  le  supplice  de  ce  misérable  obstiné,  on  ne  laissast  tousjours 
quelque  soupçon  aux  estrangers  de  s'estre  trop  précipité,  qu*on  ne  se 
naisl  en  danger  de  perdre  le  corps  et  Tame  tout  ensemble,  qu'on  ne 
ilonnoit  aucun  lieu  à  quelque  advis  de  Pasteurs  signalez  qui  avoyeiit 
requis  qu'on  ne  vinst  point  aux  extremitez.  Et  pourtant  qu'il  seroit 
à  désirer  que  pour  le  moins  le  Magistrat  surcoyast  l'exécution  de 
quelques  jours  ou  de  quelques  sepmaines  le  tenant  renfermé,  à  quoi 
concluant  la  Gomp.  des  Pasteurs  elle  députa  deux  de  son  corps  au 
Magistrat  le  priant  de  considérer  ces  raisons  et  voir  s1l  y  auroit 
moyeu  de  dilayer,  à  quoi  le  Magistrat  respondit  qu'ils  ne  pouvoyeni 
donner  lieu  à  la  demande  des  Pasteurs,  que  ce  qu'ils  en  avoyeot  fait 
estoit  par  zèle  à  la  gloire  de  Dieu,  lequel  zèle  n*estoit  point  sans 
eognoissance,  veu  les  escrits  et  paroles  atroces  du  criminel  les  res- 
poDses  abominables  qu'il  leur  avoit  fait  par  deux  fois  sans  aucun 
indice  et  apparence  de  manie  ou  frénésie,  que  d'ailleurs  ils  l'avoyent 
fait  après  avoir  oui  l'advis  des  Pasteurs  par  lesquels  il  avoit  esté 
jugé  non  seulement  hérétique  et  blasphémateur,  mais  coupable  d'une 
apostasie  générale  de  la  Religion  Ghrestienne,  criminel  de  Leze  Ma- 
jesté divine  au  premier  chef,  fils  de  mort,  indigne  d'estre  supporté, 
mais  plustost  méritant  d'estre  retranché  du  monde^  partant  ne  pou- 
▼oyent  révoquer  ni  surcoyer  Texecution  de  ce  jugement.  Ains  or- 
donnoyent  que  tous  les  Pasteurs  allassent  incontinent  vers  le  pri- 
sonnier criminel,  de  quoi  le  rapport  ayant  esté  fait  à  la  Compagnie, 
la  pluspart  des  Pasteurs  surtout  ceux  à  qui  selon  l'ordre  il  escheoit 
d'aller  aux  prisons  y  allèrent  incontinent,  plusieurs  des  autres  y  assise 
ierent  et  s'employèrent  vivement  à  conveincre  cest  esprit  d'erreur. 

Ayant  dit  qu'on  amenast  le  criminel,  et  icelui  estant  veau  lui  fut 
dit  par  l'un  des  Pasteurs  que  veu  les  choses  passées,  sa  préparation 
de  longue  main  à  s'affermir  en  ses  doutes  et  blasphèmes,  veu  qu'il 


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102  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

s'esloit  jette  au  S^  Ministère  ayant  une  créance  contraire  en  son  ame, 
veu  qu'il  avoit  profané  et  honni  les  S^'  Sacrements  de  TEglise  Ghres- 
tienne,  veu  son  parjure  manifeste,  veu  ses  blasphèmes  proférés 
de  bouche,  ses  doctrines  abominables  couchées  par  eserit  directte- 
ment  contre  la  foi  Chrestienne,  son  opiniastreté  et  résolution  à  persé- 
vérer en  ceste  impiété,  nostre  Magistrat  avoit  esté  justement  poussé 
et  induit  à  venir  à  des  remèdes  extrêmes,  et  pourtant  qu*il  avoit  occa- 
sion de  penser  à  soi,  si  jamais,  qu'il  n'estoit  plus  question  de  repli* 
ques,  contradictions,  rebellions,  mais  qu'il  faloit  recourir  à  Dieu  avec 
un  cœur  tout  brisé  rompu  et  froissé  du  sentiment  de  sa  douleur  pour 
essayer  s'il  y  avoit  encore  quelque  lieu  pour  lui  en  ce  grand  abisme 
de  ses  miséricordes  et  compassions,  quelque  voye  à  repentance, 
si  la  gueule  du  puits  n'estoit  point  encore  tout  à  fait  fermée, 
mais  que  pour  bien  se  préparer  à  cela  il  faloit  recourir  à  Dieu, 
par  prières  ardentes,  lesquelles  on  feroit  pour  lui  et  lesquelles 
11  suivroit  du  cœur  pour  implorer  la  grâce  de  Dieu,  à  laquelle 
parole  il  se  leva  et  demanda  s*ii  estoit  condamné  à  mort,  si  on  lui 
venoit  annoncer  la  morr,  et  lui  estant  respondu,  qu'oui,  qu'il  ne 
faloit  pas  laisser  passer  le  peu  de  temps  qui  lui  restoit  sans  Tem- 
]»loyer  à  faire  son  salut  et  reparer  les  horribles  scandales  par  lui 
commis,  il  dit,  il  me  faut  donc  mourir,  et  baisant  terre  dit,  le  S«  Nom 
du  grand  Dieu  dlsrael  qui  a  fait  le  ciel  la  terre  soit  bénit  éternelle- 
ment. Et  estant  exhorté  de  se  mettre  à  genoux  pour  prier  avec  les 
Pasteurs  il  dit,  Je  prierai  Dieu  pour  moi,  vous  prierez  Dieu  pour 
vous,  si  vous  voulez,  ne  se  voulant  mettre  à  genoux,  ni  faire  aucun 
acte  de  dévotion  avec  eux,  ô  l'occasion  de  quoi  les  Pasteurs  direut 
qu'il  faloit  qu'il  obeist,  et  le  geôlier  s'estant  approché,  pour  le  con- 
traindre de  s'agenouiller,  il  fit  semblant  de  vouloir  obéir,  mais  aux 
premiers  mots  de  la  prière  il  se  releva  incontinent  secouant  la  teste, 
et  se  couvrant,  marmonnant  quelque  chose  entre  ses  dents.  Ce  que 
voyant  le  geôlier  et  les  sergens  le  voulurent  contraindre  de  s'age» 
nouiller,  ce  que  toutesfois  jamais  il  ne  voulut  faire,  se  séant  sur 
terre,  et  finalement  s'estendant  sur  terre  tout  son  long,  jusques  à  ce 
que  la  prière  fust  finie,  après  laquelle  11  demeuroit  tousjours  couché 
de  son  long  la  face  baissée  contre  le  plancher,  jusques  à  ce  qu'estant 
commandé  de  se  relever  et  escouter  ce  qui  lui  seroit  dit  il  se  releva 
parlant  et  mourmonnant  quelques  prières  au  grand  Dieu  dlsrael,  et 
lui  estant  représenté  avec  larmes  et  paroles  véhémentes  le  regret 
qu*on  avoit  du  misérable  estât  auquel  il  s'estoit  plongé  et  duquel 
auparavant  il  ne  s'estoit  soucié  de  se  retirer  quelques  remonstrances 
sérieuses  qui  lui  eussent  esté  faite,  pourtant  quMl  estoit  temps  où 
jamais  de  penser  à  soi  puis  que  dans  peu  d'heures  il  faloit  aller  com- 
i)aroir  devant  celui  que  tant  il  avoit  nié  et  blasphémé.  Il  respondit 
qu'il  n*avoit  point  blasphémé,  Jlnvoque  et  adore,  dit-il,  le  grand 
Dieu  d'Israël  qui  a  fait  le  ciel  et  la  terre,  qui  a  fait  ce  beau  Soleil, 
dès  ma  jeunesse  j'ai  tasché  de  servir  à  Dieu  en  conscience,  de  suivre 
le  droit  chemin,  J'ai  trouvé  qu'il  n'y  a  qu'un  Dieu,  ne  me  pouvant 


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NICOLAS  ANTOINE  193 

résoudre  qu'il  y  eust  trois  Personnes,  J*ai  trouvé  que  par  le  Nouveau 
Testament  cela  estoit  maintenu,  mais  sachant  qu*il  y  avoit  une  autre 
Escriture  assavoir  l'Ancien  Testament,  J'ai  Irouvé  qu'il  n'y  avoit 
qu'un  Dieu,  et  qu'il  n'est  jamais  parlé  de  trois  personnes,  et  autres 
telles  paroles  qu'il  avoit  dites  à  diverses  autres  fois  auparavant.  Pour- 
tant qu'il  ne  pouvoit  ni  ne  devoit  donner  lieu  à  ^ine  autre  croyance 
que  ce  seroit  eslre  contre  sa  conscience.  A  quoi  lui  estant  objectés 
les  passages  de  l'Ancien  Testament  tant  pour  prouver  la  Trinité  que 
la  personne  et  office  de  Jésus  Christ,  il  éludoit  le  tout  comme  aupa- 
ravant, dit  que  les  sepmaines  de  Daniel  se  dévoyant  entendre  de 
sepmaines  de  sepmaines  assavoir  autant  de  Jubilez  qui  fait  4300  ans, 
dont  lui  estant  monstre  l'absurdité  en  ce  qu'il  est  monstre  du  Conduc- 
teur du  peuple  à  venir  qui  devoit  deslruire  la  cité  par  les  ailes  abo- 
minables et  lui  mesme  advouant  que  ce  Conducteur  estoit  Vespasian 
ou  Titus  son  ûls  il  n'estoit  pas  recevable  de  dire  que  à  l'esgard  du 
Christ  les  sepmaines  fussent  sepmaines  de  sepmaines^  des  qu'à  l'esgard 
de  la  destruction  ce  n  estoyent  que  sepmaines  d'années,  veu  que  cela 
est  contenu  en  la  mesme  prophétie  et  annonciation  de  l'ange  Gabriel 
Daniel  9.  Il  n'eut  que  répliquer  à  cela  ni  à  plusieurs  autres  passages 
qui  lui  furent  alléguez  sur  tout  des  PSeaumes  2  et  440.  sinon  qu'il 
detorquoit  divers  passages  qu'il  opposoit  et  ne  vouloit  jamais  donner 
lieu  à  aucune  retractation  de  ses  erreurs  et  blasphèmes.    . 

Lui  fut  aussi  demandé  quelque  chose  de  certaine  confession  qu*il 
avoit  faite  pendant  sa  maladie  dans  sa  prison,  ses  gardes  lui  ayant 
oui  demander  pardon  à  Dieu  de  quelques  souillures  et  vilainies,  il 
dit  qu*il  n*estoit  pas  tenu  d'en  respondre.  que  nous  n'estions  pas  dés 
prestres  pour  recevoir  des  confessions  auriculaires.  A  quoi  estant 
répliqué  que  non  mais  puis  que  lui  mesme  l'a  voit  dit  et  que  cela 
donnoit  scandale  il  estoit  obligé  si  la  chose  estoit  vraye  de  reparer  le 
scandale  par  sa  confession,  Ce  qui  fit  qu'il  en  parla  et  dit  n'avoir 
jamais  pensé  à  aucune  meschanceté  de  telle  nature,  qu'il  avoit  esté 
en  Italie  et  avoit  esté  mené  en  un  bourdeau  à  Bresse,  mais  qu'il  n'y 
avoit  rien  commis  et  n'avoit  touché  personne. 

Lui  estant  demandé  à  la  requeste  de  quelques  Pasteurs  du  bail- 
liage de  Gex  qui  estoyent  présents  comment  il  avoit  baptisé  les 
enfans,  si  au  nom  du  Père  du  Fils  et  du  S^  Esprit,  il  dit  qu'oui,  et 
qu'il  en  avoit  très  grand  regret,  finalement  sur  la  requeste  faite  par 
les  Pasteurs  au  Magistrat  que  les  escrits  d'icelui  ne  fussent  pas 
bruslez  mais  plus  tost  renfermez  afin  qu'on  eust  un  mémorial  de  ce 
pourquoi  il  estoit  condanné  à  mort,  et  que  ce  n'estoit  pas  pource 
qu'il  avoit  esté  Papiste,  et  eslevé  entre  les  Jésuites,  mais  pour  des 
horribles  blasphèmes  proferez  et  escrits  contre  la  S^<>  Trinité,  en  la 
Personne  de  nostre  Sauveur,  et  tous  les  mystères  de  l'Evangile, 
Le  Magistrat  ayant  ordonné  que  ses  escrits  seroyent  gardez  après 
qu'il  les  auroit  signez  de  sa  main,  le  secrétaire  d'Estal  estant  venu  es 
prisons,  et  lui  ayant  produit  ses  escrits  demandant  s'il  les  recognois- 
soit  et  les  vouloit  signer,  Il  advoua  les  recognoistre,  s'approcha  pour 
T.  XXXVI,  n"*  72.  13 


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lUi  REVUE  PBS  ÉTUDES  JUIVES 

les  signer,  dont  les  Pasteurs  le  voulans  destourner  et  Usob^os  de  V^ 
froyer  afia  qu'il  eus!  quelque  horreur.  Il  se  roidit  plus  qu'auparavaal, 
prend  la  plume  et  signe  le  tout  en  trois  endroits  assavoir  au  bout  dç9 
douze  articles,  la  démonstration  d'iceux,  et  Tex position  ou  plus  tost 
dépravation  duô3<>  d'Ësaie.  Depuis  continua  tousjoursàrejetter  tout  œ 
qui  lui  estoit  dit  par  les  Pasteurs  sans  doaner  aucun  lieu  à  la  Vérité 
ni  rétractation  de  ses  blasphèmes  jusques  à  ce  que  le  Lieutenant  da 
la  Justice  estant  venu,  et  lui  ayant  commandé  de  le  suivre  pour  ouir  sa 
sentence  il  fut  mené  devant  le  Tribunal  attendant  la  venue  des  Syn* 
diques.  C'est  là  où  les  Pasteurs  lui  reprochant  l'atrQcité  de  son  crime, 
le  gouffre  où  il  estoit  prest  de  tomber,  les  ardeurs  elernelleii  qui  lui 
estoit  préparées  s'il  ne  se  retirolt  de  ses  blasphèmes  abominables,  e4 
ne  donnoit  gloire  à  Dieu  tant  s'en  faut  qu'il  donnast  lieu  aux  exhor- 
tations et  adjournements  qui  estoyent  faits  à  sa  conscience  qu'au  lieu 
de  donner  gloire  à  Jésus  Christ  devant  le  S^  Tribunal  duquel  11  alloit 
comparoir  beaucoup  plus  terrible  que  celui  des  Juges  terrestres, 
jamais  il  ne  le  voulut  recognoisire,  mais  dit,  il  n'y  a  qu'un  Dleu^ 
J'adore  le  grand  Dieu  d'Israël  qui  a  fait  le  ciel  et  la  terre.  Et  lea  Synn 
diques  estant  monstez  sur  le  Tribunal  après  la  lecture  du  procès 
faite  par  le  Secrétaire  d'Ëstat,  à  laquelle  il  ne  contredit  point  Vescoi;h> 
tant  fort  attentivement,  avant  le  recri  de  l'arrest  ou  sentence,  le  Pre«^ 
mier  Syndique  lui  disant  que  c'est  qu'il  avolt  à  dire  là  dessus,  el 
qu'il  demandoit  estant  exhorté  par  les  Pasteurs  de  se  jetter  à 
genoux  et  demander  miséricorde  à  Dieu,  et  au  Magistrat,  ûfita^menit 
il  se  jetta  par  terre  et  adora  à  la  Judaïque  et  disant  béni  soit  Ve  grand 
Dieu,  le  seul  Dieu  d'Israël,  J'adore  ce  seul  Dieu  qui  a  fait  le  ciel  et  la 
terre,  après  quoi  le  Syndique  ayant  donné  l'arrest  au  Secrétaire  en  fut 
faite  lecture,  par  lequel  il  estoit  condamné  à  estre  lié,  et  mené  en  la 
place  de  plein  palais,  et  là  estre  estranglé  à  un  posteau  et  puis  brual^. 
Là  dessus  le  Lieutenant  commanda  à  l'exécuteur  de  le  saisir  pouv 
le  lier  et  mener  au  supplice,  et  lors  les  Pasteurs  s'eQorçana  de  coavai-» 
tir  ceste  ame  endurcie  lui  representans  la  grandeur  de  son  crime,,  lea 
liens  éternels  dont  il  alloit  estre  lié,  le  gouffre  où  il  s'allait  preci* 
piter,  et  ainsi  qu'il  donnast  gloire  à  Jésus  Christ  et  Fils  eterneil  de 
Dieu  éternel  qu'il  avoit  tant  blasphémé  afin  de  trouver  grâce  devaul 
lui,  iX  ne  cessa  de  continuer  ses  exclamations  du  grand  Dieu  d'Iaraet* 
et  au  chemin  lui  estant  dit  le  passage  du  PSeaume  %  Baisea  le  Fila» 
en  Hebrieu^  il  acheva  le  dit  passage  et  en  adjousta  plusieurs  autres 
en  Hebrieu,  sans  jamais  vouloir  donner  lieu  à  aucune  remoostjranoa. 
Estant  près  du  buscher  ou  posteau  où  il  de  volt  estre  exécuta,  Ua 
Pasteurs  Tadjurants  et  conjurans  à  ceste  heure  là  et  en  ce  teaupa  de 
penser  à  soi  qu'il  y  avoit  encor  temps  de  recourir  à  la  misericorda 
de  Dieu  confessant  son  péché,  confessant  Dieu  tel  qu'il  s'est  inaai* 
festé  au  Ylel  et  au  I^^ouv.  Testament^  que  ce  Jésus  ChrLsi  qu'il  avaU 
blasphémé  et  blasphemoit  avoit  pardonné  à  un  poure  brigand,  qu'U 
avoit  dit  que  tout  blasphème  prononcé  contre  lui  pouvoit  es.tra  pav* 
donné,  pourveu  qu'il  n'y  eust  point  d^  blasphème  contre  l'Es^vil-  \ 


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NICOLAS  ANTULNE  195 

quoi  au  lieu  de  respondre  il  commença  à  grincer  les  dents  et  tourner 
les  yeux,  disant  qu'il  n'y  avoit  qu'un  seul  Dieu,  et  qu'il  vouloit 
mourir  pour  la  gloire  du  grand  Dieu  disrael,  prit  son  chapeau  et  le 
le  jetta  en  Tair  disans,  Allons,  allons  mourir  pour  la  gloire  du  grand 
Dieu  disrael.  Il  n'y  en  a  qu'un,  \\  n*y  en  a  point  d*autre. 

Sur  quoi  lui  estant  répliqué  que  nous  ne  recognoissions  qu'un 
seul  Dieu,  mais  qu'il  estoit  un  avec  le  Fils  et  le  S^  Esprit,  en  cestd 
S^®  Trinité,  et  que  sans  le  Fils  et  le  S^  Esprit  il  ne  recognoissoil 
point  le  vrai  Dieu  disrael,  mais  qu'il  se  forgeoit  un  Dieu  de  Turc, 
un  fantosme,  il  s'escria  il  n'y  a  qu'un  Dieu,  ne  croyez  pas  ce  qu'on 
vous  dit.  Je  n'en  recognoi  point  d'autres,  grinçant  les  dents  et  secouant 
la  teste  faisant  des  gestes  estranges  surtout  quand  on  lui  parloit  de 
nostre  Seigneur  et  Sauveur  Jésus  Christ,  ce  qui  donna  occasion  à 
l'un  des  Pasteurs  de  dire  au  peuple,  Mes  frères  voyez  vous  ici  l'en- 
nemi de  nostre  Sauveur  qui  blasphème  et  maudit  nostre  Seigneur 
Jésus  Christ,  qui  ne  le  veut  point  recognoistre,  à  laquelle  parole  tout 
le  peuple  frémit  et^ut  telle  horreur  que  de  tous  costez  on  entendît 
un  bruit  sourd,  de  quoi  au  lieu  de  s'esmouvoir,  il  se  roidit  en  sa 
malice,  et  dit  non  il  n'y  a  qu'un  Dieu,  puis  qu'il  n'y  a  qu'un  Dieu 
il  ne  peut  pas  y  avoir  trois  Personnes.  Je  ne  veux  point  recognoistre 
tout  cela,  Je  ne  recognoi  que  le  seul  vrai  Dieu  d'Israël,  seul  en  es- 
sence, seul  en  Personne,  tout  le  reste  n'est  point.  A  ceste  parole  l'un 
des  Pasteurs  lui  disant  que  s'il  continuoit  à  parler  ainsi  on  lui  cou- 
peroit  la  langue,  il  se  moqua  de  cela  et  tirant  la  langue  fort  avant  dit, 
Tenez  là,  faites  la  couper,  persistant  toujours  en  ces  propos  abomina- 
bles, sur  quoi  ayant  esté  fait  signe  à  l'exécuteur  qu'il  lui  serrast  tant 
soit  peu  le  garrot  afin  qu'il  fust  empesché  de  parler  et  qu'il  escoutast 
la  prière  et  les  exhortations  des  Pasteurs,  la  prière  estant  commencée, 
ou  les  Pasteurs  faisoierU  mention  d'un  seul  Dieu  Père,  Fils  et  S^  Esprit, 
parlant  de  Jésus  Christ  nostre  Seigneur,  quoi  qu'il  ne  peust  parler  à 
ceste  parole  il  grinça  les  dents,  et  jetta  un  soubris  de  rage  et  de 
mespris,  frappant  du  pied  sur  le  buscher,  et  monstrant  des  signes 
et  indices  qu'il  mouroit  en  son  impieté,  finalement  la  prière  estant 
achevée  et  le  bourreau  l'ayant  deslié  du  posteau  où  il  avoit  esté 
estranglé  on  le  vit  remuer  la  teste  et  les  jambes  lors  que  le  feu  fut 
mit  au  buscher,  tellement  qu'il  sentit  encor  l'un  et  l'autre  supplice 
en  son  corps,  avec  grande  apparence  que  son  ame  en  allolt  souffrir 
un  autre  plus  severe,  siuon  que  Dieu  par  ses  miséricordes  infinies 
et  incompréhensibles  aist  voulu  faire  triompher  ses  grandes  compas- 
sions par  dessus  la  malice  de  cest  exécrable  lui  faisant  la  grâce  de  le 
recognoistre  en  la  dernière  heure  de  sa  vie.  Mais  cela  estant  caché 
par  devers  Dieu,  cest  exemple  doit  donner  une  juste  frayeur  à  un 
chacun  pour  se  rendre  docile  à  croire  ce  que  Dieu  nous  a  révélé  en 
sa  parole,  sans  l'assubjectir  à  nos  sens  et  raisons,  Veu  que  Dieu  ne 
laisse  point  impunis  ceux  qui  par  une  curiosité  audacieuse  veulent 
sonder  ces  mystères  par  dessus  la  révélation,  et  celui  qui  veut  son- 
der la  Majesté  de  Dieu  sera  abismé  par  la  gloire. 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


Page  29  du  même  registre  : 

redi  19  May  4626. 

(lu'il  y  avoit  ici  un  estudîant  en  Théologie  de  Metz  nommé 

ine  recommandé  à  la  Compagnie  qui  a  présent  estoit  fort 

9  la  fiebure  et  en  nécessité,  partant  la  Ck)mpagnie  estoit 

lui  tendre  la  main.  Advisé  de  lui  bailler  quatre  talers,  ce 

fait. 


Page  78  du  même  registre  : 

'  Antoine  estudiaut  en  Théologie  se  retirant  d'ici,  et 
ir  fournir  aux  frais  de  son  voyage  a  esté  recommandé  à  la 
la  Compagnie,  laquelle  lui  a  ordonné  quatre  ducatons 
u  de  Mons.  Prévost,  outre  quelque  chose  de  Mons.  le  Rec- 
indredi  24  Mars,  il  n*y  a  eu  autre. 

l  suivre.) 


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ERREURS  RÉCENTES 

CONCERNANT  D'ANCIENNES  SOURCES  HISTOWQDES 


H.  A.  Schlatter,  professeur  de  théologie,  qai  est  conna  par  des 
trayaux,  parus  en  1893,  sur  la  topographie  et  l'histoire  de  la  Pa- 
lestine S  a  publié  récemment  une  étude*  qui  forme,  en  partie,  la 
suite  de  ses  travaux  antérieurs.  Dans  cette  étude,  il  expose  à  nou- 
veau le  soulèyement  des  Juifs  de  la  Palestine  sous  Barkokhba  et 
les  éyénements  qui  ont  précédé  cette  révolte,  en  s*appuyant  prin- 
cipalement sur  les  indications  fournies  par  la  littérature  tradition- 
nelle des  Juifs.  La  thèse  que  M.  Schiatter  oppose  à  ceux  qui  ont 
raconté  avant  lui  Thistoire  du  temps  d'Adrien,  et  en  faveur  de  la- 
quelle il  s'efforce  d*invoquer  les  assertions  des  Tannaïtes,  peut  se 
résumer  ainsi  (p.  1)  :  Dans  Tannée  130,  Adrien  rendit  aux  Juifs 
remplacement  oii  s*élevait  autrefois  le  temple.  Cette  marque  de 
bienveillance  et  les  travaux  commencés  pour  la  reconstruction  du 
temple  réveillèrent  dans  les  cœurs  les  espérances  messianiques  et 
eurent  pour  conséquence  rétablissement  de  la  royauté  messia- 
nique de  Barkokhba.  Survint  alors  la  guerre  de  Barkokhba  (132- 
134)  ;  celle-ci  terminée,  Adrien  fit  construire  la  ville  nouvelle 
d*Aelia. 

Il  est  certain  qu*à  la  lumière  de  Tinterprétation  nouvelle  de 
M.  Schl.,  plusieurs  faits  se  comprennent  mieux  et  qu*en  dépit  de 
Tabsence  de  tout  renseignement  direct,  on  trouve  moins  étrange 
Tespoir  nourri  par  les  Juifs  de  restaurer  Jérusalem  et  le  culte  du 
temple  dans  la  première  année  du  règne  de  Barkokhba.  LMdentiû- 

1  Znr  Topographie  und  QetehichU  PûlâHina*i. 

*  Cette  étade,  iatitulée  :  Die  Toge  Trajam  und  Hadrians»  a  paru  dans  les  Beiirâgo 
9ur  Fordorung  chrittliehor  Théologie^  1'«  anoée,  3*  fascicule,  Gûtersloh,  1897, 
p.  1-100.  Ce  fascicule  contient,  à  la  fia,  uq  trayail  de  M.  A.  Foss,  Leb$n  und  Sckvif- 
Un  Agobërdê^  Brobiêchofs  pon  Lyon^  qui  présente  égalemeat  de  Tintérôt  pour  This- 
toire  des  Juife. 


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198  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

cation  qu'il  propose  d'établir  entre  1?T5n  'nt^^b»,  c'est-à-dire  le  grand- 
prétre  des  monnaies  de  Barkokhba,  et  TEléazar  ben  Harsdm  des 
sources  talmudiques  qui,  d'après  le  traité  de  Semahot,  viii,  vivait 
rris^Don  n:^^n,  semble  également  assez  plausible.  Mais  il  n*est  pas 
moins  vrai  que  l'argumentation  de  M,  Schl.  ne  réussit  pas  à  con- 
vaincre, parce  que  notre  auteur  n'est  pas  suffisamment  familiarisé 
avec  les  sources  où  il  puise  ses  renseignements  et  qu'il  ne  sait  pas 
les  utiliser  avec  une  clairvoyance  assez  sagace.  Son  travail  pré- 
sente encore  un  autre  point  faible  :  par  une  sorte  de  dédain  pour 
ses  devanciers,  il  néglige  de  mentionner  leurs  opinions  et  surtout 
de  les  réfuter,  présente  presque  comme  des  axiomes  ses  propres 
opinions,  qui  sont  parfois  très  sujettes  à  caution,  et  fait  ainsi 
douter  de  la  justesse  de  ses  vues.  Néanmoins,  pour  l'étude  de  l'his- 
toire juive,  on  devra  tenir  compte  dorénavant  des  importantes 
recherches  d^  M.  Schiatter,  et  nul  ne  pourra  sérieusement  traiter 
des  temps  de  Trajan  et  d'Adrien  sans  connaître  ses  travaux  sur 
cette  période.  Mais  il  me  parait  utile  de  rectifier  ici  certaines  er- 
reurs commises  par  M.  Schl.  en  recourant  aux  sources.  On  verra 
que  si  notre  auteur  s'est  trompé,  ce  n'est  pas  seulement  parce 
qu*il  n'a  pas  su  tirer  tout  le  profit  possible  des  sources  qu'il  avait 
sous  les  yeux,  mais  aussi  parce  qu'il  n'a  tenu  aucun  compte  des 
recherches  et  des  opinions  de  ses  devanciers  ^ 

1.  Page  9,  M.  Schl.  dit  :  «  Du  cdté  juif  aussi,  on  établit  une  dif- 
férence entre  la  persécution  d'Adrien  et  celle  d'Antiochus  Épi- 
phane,  car  les  docteurs  disent  :  Lès  premières  eaux  firent  manger 
de  )a  viande  de  porc,  les  dernières  causèrent  la  mort  [Midrasch 
rabba  sur  Nombres,  §  20).  Les  édits  d'Adrien  ne  forcèrent  pas  les 
Juifs  à  manger  de  la  viande  de  porc,  mais  firent  prononcer  de 
nombreuses  condamnations  à  mort.  »  Ainsi,  d'après  notre  auteur» 
les  «  premières  eaux  »  désigneraient  allégoriquement  les  persécu- 
tions d'Antiochus  Epiphane  et  les  «  dernières  eaux  »  les  persécu- 
tioas  d'Adrien,  sans  doute  d'après  Psaumes,  cxxiv,  4-5.  Cette 
interprétation  lui  parait  si  certaine  qu'il  n'a  pas  cru  nécessaire 
d'ajouter  au  passage  cité  un  mot  d'éclaircissement.  Or,  il  se 
trompe  absolument.  Aussi  bien  dans  les  sources  secondaires  qu'il 
cite  {Nombres  rabba^  ch.  xx,  éd.  Wilna,  §  21)  que  dans  la  source 
primitive,  c'est-à-dire  le  Talmud  de  Babylone  [Yomay  63^,   et 

1  Comme  trait  caractéristique  de  la  légèreté  avec  laquelle  M.  Schiatter  indique 
parfois  les  sources,  je  citerai  ici  le  fait  suivant.  Page  31,  il  indique  comme  source, 
nour  la  formule  de  bénédiction  a'^:37am  DICDH  "TTia,  le  Miiroich  rabba  sur 
Nombres,  ch.  xxiii,  au  lieu  de  citer  les  Traies  sources,  qui  sont  le  Talmud  de  Jérusalem 
{Taanit,  69a),- celui  de  Bab^rlone  (Berachot,  48  6  ;  Taanit,  31a;  Baba  B^fà,  121  h] 
et  Echa  rahbati  sur  ii,  2. 


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ERREURS  RÉCENTES  CONCERNANT  DES  SOURCES  HISTORIQUES      199 

HmlUn,  106  d),  Oh  reconnaît  facilement  que  d-^aTiDÉnïi  û*^»  dési- 
gnent Teâu  avec  laquelle  on  de  lave  les  mains  avant  le  repas,  et 
Û'»3*nn»n  tn^  celle  qui  sert  après  le  repas.  En  négligeant  de  se 
laver  les  mains  avant  ou  après  le  repas,  les  personnes  dont  parlent 
certaines  anecdote^  racontées  ailleurs  s'exposaient  aux  consé- 
quences fâcheuses  énumérées  dans  le  passage  talmudtque. 

2.  P.  21.  «  Juda  ben  Baba  faillit  être  considéré  comme  pro- 
phète, titre  que  nul  ne  posséda  depuis  Samuel  le  Petit.  Les  dis- 
ciples de  ce  dernier  (pas  ceux  d'Âkiba)  voulaient  proclamer  à 
propos  de  Juda  qu'il  était  inspiré  de  l'esprit  saint,  mais  l'heure 
fut  troublée,  c'est-à-dire  la  guerre  éclata  [Tosefta  Sota,  xiii, 
éd.  Zuckermandel,  319,  ligne  "7).  »  Un  simple  coup  d'oeil  jeté  sur 
le  texte  montre  que  M.  Schl.  ne  l'a  pas  compris.  Voici,  en  effet,  ce 
que  dit  la  Toseftt  :  biû  i^rTDbn  nTDib  n«pn  «aa  la  mw  'n  b:?  C|« 
rvmti  nDlûW  »bît  bandai».  M.  Sch.  semble  avoir  traduit  ainsi  :  «  Les 
disciples  de  Samuel  voulurent  aussi  dire  de  Juda  [qu'il  était  animé 
de  l'esprit  saint],  mais. . .  »  Mais  rn-^^bn  est  une  faute  pour  iTTabn, 
et  n^nb  "WJpa  n'a  pas  de  sujet  déterminé,  ou  plutôt  le  sujet  est  :  on. 
Le  texte  du  ms.  d'Erfurt  imprimé  dans  l'édition  Zuckermandel  est 
défectueux  dans  ce  passage  ;  il  est  plus  complu  et,  comme  le 
prouve  le  contexte,  plus  correct  dans  la  variante  indiquée  par  Z. 
en  note  d'après  le  ms.  de  Vienne  et  les  éditions,  variante  dont 
M.  Sch.  n'a  tenu  aucun  compte.  La  voici  :  «aa  p  "^"n  h:^  C|«l 
'i::tp^  btrm^  b«  rrnbn  tdh  «n  rjy  «a  vby  i-^n^i»  'Xrr^  lî-^nn.  Ce 
passage  doit  être  expliqué  ainsi  :  De  môme  qu'on  a  prononcé  sur 
Samuel  le  Petit  ces  paroles  élogieuses  bt)  iT^bn  Ton  iXn  T^a:?  txn 
bbîi,  de  même  on  aurait  exprimé  cet  éloge  sur  Juda  ben  Baba,  à  la 
mort  de  ce  docteur,  si  les  circonstances,  c'est-à-dire  les  persécu- 
tions d'Adrien,  n'y  avaient  fait  obstacle.  Voir  les  passages  paral- 
lèles dans  j.  Sola,  24«>,  ligne  39,  et  b.  Sota,  48  &,  où  11  y  a  égale- 
ment iTDpa  comme  dans  le  ms.  d'Erfurt.  Mais  M.  Sch.  a  négligé 
ces  passages. 

3.  P.  24.  M.  Sch.  corrige,  dans  Mischna  Taanit,  iv,  8,  oitsiooidn 
en  DtaiDOiDô^,  mot  dans  lequel  il  \o\t  apostat.  Cette  correction  n'est 
pas  nouvelle.  On  la  trouve  déjà  dans  VAriich  de  Kohut,  I,  222  Z?, 
citée  au  nom  de  M.  Hochstaedter,  qui  croit  que  cet  apostat  est 
Alcime.  Mais,  comme  le  mot  grec  àiroaràTr,;  ne  se  retrouve  nulle 
part  ailleurs  dans  la  littérature  talmudique  et  midraschique  et 
qu'il  est  très  vraisemblable  que  la  Mischna  désigne  par  son  nom 
Iliomme  qui,  le  17  tammouz,  a  brûlé  la  Tora,  la  correction  pro- 
posée ne  parait  pas  admissible.  M.  J.  Derenbourg  (Essai  sur  Vhis- 
taire  de  la  Palestine,  p.  68  s.)  pense  au  nom  de  Postumus  ou  Sep- 
timus,  nom  qu'aurait  porté  le  soldat  romain  qui,  d'après  Josèphe 


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200  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

(B.  /.,  II,  12,  2),  a  déchiré  et  jeté  au  feu  un  rouleau  de  la  Loi. 
D'après  M.  Halberstam  [Revice,  II,  127),  oitticaDiDN,  avec  une  légère 
correction,  serait  Faustinus,  nom  que  portait  Jules  Sévère,  le  gé- 
néral d* Adrien.  Mais  en  admettant  môme  la  correction  proposée 
par  M.  Schl.,  nous  ne  pourrions  jamais  voir  dans  cet  apostat, 
comme  le  fait  notre  auteur,  Elischa  ben  Aboiiya,  désigné  par  les 
Tannaïtes  sous  le  nom  de  Ahèr.  Car  on  ne  comprendrait  pas  pour- 
quoi il  ne  serait  pas  appelé  ^una^  ici  également,  ni  qu*il  eût  accom- 
pli une  action  aussi  abominable  et,  s*il  s*en  était  réellement  rendu 
coupable,  que  son  disciple  Méïr  fût  resté  en  relations  avec  lui. 

4.  P.  2'7.  «  Les  p-oudeta  (musées)  —  mÉr^Di»  "^n  -^  que  les  païens 
ont  fait  construire  pendant  la  persécution  sont  interdits  môme 
quand  la  persécution  a  disparu.  »  Cest  ainsi  que  M.  Schl.  traduit 
le  passage  de  la  Tosefta  Adoda  Zara,  v,  6  (éd.  Zuck.,  p.  468, 
1.  26).  li  prend  donc  Tinitiative,  sans  autre  explication,  d'enrichir 
le  lexique  talmudique  de  ce  mot  nouveau  et  introduit  pour  la 
première  fois  dans  l'histoire  de  la  Palestine  Tidée  que  ce  mot 
représente,  en  songeant  probablement  au  Musée  d'Alexandrie.  Il 
continue  alors  par  les  réflexions  suivantes  :  «  C'est  un  trait  carac- 
téristique d'Adrien  que  cet  empereur,  au  moment  môme  où  il 
ordonnait  de  sanglantes  persécutions,  conservait  Tlllusion  d'ôtre 
le  bienfaiteur  des  Juifs.  Dans  sa  pensée,  il  les  guérissait  de  leurs 
superstitions  et  les  initiait  à  la  civilisation  grecque...  Ce  fait  est 
encore  important  à  un  autre  point  de  vue  :  il  prouve  que  la  persé- 
cution a  duré  plusieurs  années.  Car  il  fallait  du  temps  pour  élever 
de  tels  édiâces,  qui  n'ont  certes  pas  été  construits  pendant  la 
guerre.  La  Halakha  mentionne  seulement  les  {xouoreïa  et  non  pas 
les  temples,  parce  qu'elle  n'avait  plus  besoin  d'interdire  aux  Juifs 
de  fréquenter  les  temples  des  païens.  »  Toutes  ces  observations  et 
déductions  de  M.  Schl.  ne  reposent,  en  réalité,  que  sur  une  leçon 
incorrecte  du  ms.  d'Erfurt  de  la  Tosefta.  Car  ce  ms.  seul  écrit  en 
deux  mots  le  terme  que  M.  Schl.  rend  par  (xou<Teîa  et  qui  partout 
ailleurs  est  écrit  nrott'^n,  de  p<ojjL<i;,  «  piédestal  pour  des  idoles  »  ou 
a  auteU.  Cf.  Levy,  I,  219.  La  leçon  exacte  est  nvo»in;  elle  se 
trouve  dans  la  Mischna  éditée  par  Lowe  [Aboda  Zara,  iv,  6)  : 
M.lniN  l'^T'^awu)  "^50»  l'^nni»  ib»  "^^  û-^^dV»  \m  nro^ia.  Voir  aussi, 
pour  ce  passage  de  la  Mischna,  les  explications  à^Ahoda  Zara, 
53  b.  Il  aurait  suffi  que  M.  Schl.  se  rappelât  que  le  mot  T^jm  ne 
peut  pas  signifier  «  élever  une  construction  »  pour  éviter  de  se 
laisser  égarer  par  la  mauvaise  orthographe  (nn'^Di):  "^i)  du  ms. 
d'Erfurt. 

5.  P.  29,  note  1.  M.  Sch.  cite  le  mots  nîûin  V©  rrrT  de  j.  Aboda 
Zara^  39  d,  et  les  traduit  exactement^  ce  semble,  en  leur  faisant 


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ERREURS  RÉCENTES  CONCERNANT  DES  SOURCES  HISTORIQUES      201 

designer  le  marché  tenu  près  da  térébinthe,  dans  le  voisinage 
d*Hébron.  Mais  il  omet  de  mentionner  le  passage  parallèle  de  Ge^ 
nèse  ràbha,  ch.  47,  fin,  et  de  rappeler  que  d<*jà  M.  Neubauer  [La 
Géographie  du  Talmud^  p.  262}  a  établi  un  rapprochement  entre 
pDn  'm'>  de  Genèse  rabba  et  la  localité  de  Betanin  qu'Eosèbe  place 
dans  le  voisinage  d*Hébron. 

6.  P.  31  s.  D'après  M.  Schl.,  le  récit  de  Meïla,  ITô,  «  rappelle 
les  événements  qui  provoquèrent  Tédit  de  tolérance  »  par  lequel 
Antonin  le  Pieux  mit  fin  aux  persécutions  ordonnées  par  Adrien. 
En  réalité,  ce  récit,  où  Eléazar,  fils  de  Yosé  ben  Halafta,  joue  un 
rôle,  se  rapporte  à  une  époque  '  postérieure,  peut-être  à  Tannée 
163,  année  où  Simon  ben  Yohaï  chassa  —  selon  ce  môme  récit 
—  un  démon  du  corps  de  la  fille  de  l'empereur  (cf.  Revue^ 
XXXV,  286). 

7.  P.  42.  «  L'assertion  suivante  est  attribuée  à  R.  Judan,  doc- 
teur du  iii«  siècle  :  Aucun  des  forts  de  Jérusalem  n'était  destiné 
à  être  conquis  en  moins  de  quarante  jours  [Midrasch  rabba  sur 
Lam.,  II,  3).  Ce  passage  ne  se  trouve  pas  au  milieu  des  matériaux 
qui  se  rapportent  à  Tan  70,  mais  avec  ceux  qui  font  connaître  les 
souffrances  infligées  par  Adrien.  »  Autant  de  mots,  autant  d'er- 
reurs. L'auteur  de  cette  assertion,  Y^v  'n,  n'est  pas  du  m®  siècle, 
mais  florissait  vers  le  milieu  du  w.  L'assertion  elle-même,  qui  se 
rapporte  à  ce  texte  :  rmm  na  "^^ata»  vi-a:?a  onn,  est  ainsi  conçue  : 
D-'ja-iKTD  mno  «aanb  rr-'i^n  nn-^n  «b  û'«b©in'»a  nn-^nia  rn-'m  n-r^a  ba 
...Dnn  ni3v  ittniiTD  Iran  dr.  11  ne  faut  pas  traduire  :  «  Aucun  des 
forts  de  Jérusalem  n'était  destiné  à  être  conquis  en  moins  de  qua- 
rante jours  »,  mais  <f  chaque  fort  était  assez  solide  pour  résister 
au  moins  quarante  jours,  mais  la  colère  de  Dieu,  provoquée  par 
les  péchés  d'Israël,  amena  plus  rapidement  la  chute  de  ces  forts.  » 
Rien,  dans  ce  passage  ou  dans  le  contexte,  ne  prouve  qu'il  se  rap- 
porte à  l'époque  d'Adrien.  L'agadiste  pensait  sans  doute  avant 
tout  à  la  destruction  de  Jérusalem  par  Titus,  mais  rien  ne  démon- 
tre qu'il  n'ait  eu  en  vue  la  victoire  de  Nabuchodonozor.  Les  con- 
clusions tirées  de  ce  passage  par  M.  Sch.  ici  et  dans  son  ouvrage 
précédent  (Zur  Topographie,  p.  140  et  146)  sont  donc  inexactes. 

8.  P.  47  et  51.  Lorsque  R.  Yosé  dit  que  «  la  modestie  de  in  rvUDi 
oibnpaN  a  causé  l'incendie  du  temple  o  {Tosefta  Sabbat,  xvi,  13; 
éd.  Z.,  p.  135, 1.  12),  il  a  en  vue,  d'après  M.  Schl.,  un  événement 
du  temps  d'Adrien.  Mais  notre  auteur  s'abstient  de  comparer  l'as- 
sertion de  R.  Yosé  avec  celle  de  R.  Yohanan,  qui  en  découle 
{Guiitin^  56  a),  bien  que  les  mots  de  R.  Yosé  ne  se  comprennent 
que  par  le  récit  de  Guittin  (voir  aussi  Echa  rabbati  sur  iv,  2).  Or 
ce  récit  se  rapporte  sans  contredit  à  la  destruction  du  temple  par 


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202  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Titus  et  aux  événements  qui  ont  précédé  cette  catastrophe.  Il  est 
vrai  que  M.  Schl.  place  aussi  Tincident  de  Kamça  et  Bar  Kamça  à 
l'époque  d'Adrien  (p.  60).  M.  Schl.  se  tronape  également  en  corri- 
geant oibnpaN  en  Euptolemos.  Ce  Zacharia  ben  Dibipa»  ou,  selon 
une  variante,  oibip*^»  est  aussi  mentionné  par  Josèphe,  B.  /.,  IV, 
4,  1,  qui  l'appelle  Z.  b.  Amphikoulos  (cf.  Derenbourg,  Essaie 
p.  267).  M.  Schl.  prétend  que  la  discussion  entre  les  écoles  de 
Schammaï  et  de  Hillel  à  propos  de  laquelle  on  cite  l'opinion  de 
Zacharia  ben  onbip^fi^,  dans  la  Tosefta,  ne  peut  avoir  eu  lieu 
qu*après  l'an  ^O,  mais  cette  assertion  ne  s'appuie  sur  rien. 

9.  P.  50.  a  Yohanan  dit  au  nom  du  patriarche  Juda  P'  :  Kohab 
sortit  de  Jacob  (Nombres,  xxiv,  H);  il  ne  faut  pas  lire  Kokab, 
mais  Eozeb  (Midrasch  rabba  sur  Lament.,  ii,  2).  o  Le  passage  cité 
par  M.  Schl.  est  la  reproduction  de  ces  mots  ù'Echa  ràbbati  :  Tt)R 
ariD  »bN  aDi5  -^npn  b»  apjn»  sdid  yrr  ^^n  rm  "^nn  •^"n.  Mais,  comme 
je  l'ai  établi  dans  mon  Agada  der  Tannailen,  I,  291,  ce  passage 
a  forcément  le  môme  sens  que  le  passage  de  j.  Taanit,  68  d  :  ''sn 

Dans  Echa  r.,  "^"n  ne  désigne  pas  R.  Yohanan,  mais  R.  Juda  ben 
IlaY,  et  "^n^i  ne  désigne  pas  le  patriarche  Juda  P%  mais  Akiba  (bar 
c'est  un  disciple  d'Akiba  qui  parle  et  qui  dit  :  mon  maître,  "^an). 
Ce  fut,  en  effet,  Akiba  qui  eut  recours  à  la  méthode  favorite  de 
*«nph  h^  pour  appliquer  la  prophétie  messianique  des  Nombres  à 
celui  qu'il  avait  reconnu  comme  Messie.  Au  lieu  de  3313,  il  lut 
alors  nn3  ou  «ans,  c'est-à-dire  «nna  na  «  l'homme  de  Kozéb  »,  qui, 
à  la  suite  de  l'interprétation  d'Akiba,  fut  appelé  «aats  na.  Ce  nom 
signifiait,  aux  yeux  des  adhérents  de  Bar-Kokhba,  que  sa  mission 
était  déjà  indiquée  dans  la  Bible,  comme  l'avait  expliqué  Akiba. 
On  aurait  donc  tort,  comme  l'ont  fait  MM.  Derenbourg  (J^^^ai,  423) 
et  Schiirer  [Qeschichte  des  jûiischen  Volkes,  I,  510),  de  donner 
au  mot  ana,  dans  Echa  r.,  le  sens  de  «  trompeur^  ».  De  plus, 
M.  Schl.  expose  inexactement  les  faits,  quand  il  dit  (p.  52)  :  «  Le 
vrai  nom,  celui  de  Bar-Kohhba^  disparaît  pour  faire  place  à  celai 
de  Bar-Rozéba,  que  les  Juifs  déçus  avaient  sûrement  formé 
d'après  le  premier.  »  Les  deux  noms  donnés  à  celui  que  R. 
Akiba  avait  reconnu  comme  chef  sont  exacts.  Il  s'appelait  [Simon] 
bar  Kozéba  et  fut  nommé  Bar-Kokhba  par  ses  partisans.  Mais 
après  son  échec,  on  cessa  naturellement  de  le  désigner  par  ce 
dernier  nom,  qui  ne  fut  maintenu   que  dans  les  sources  chré- 

'  M.  J.  Derenbourg  dit  lui-même  dans  Bds  «  Quelgaes  notes  sur  la  guerre  de  B«r 
KôzebA  (Mélanges  publiés  par  l'École  des  Hautes-Etudes,  Paris,  1878,  p.  158)  : 
«  Kôzôbâ  est  le  nom  d*une  localité  mentionnée  1  Cbion.,  iv,  22,  probablemeni  iden- 
tique avec  Tancien  Kt^tb  (Gen.,  xxxviii,  5),  dont  c'est  la  forme  artméenne.  » 


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ERREURS  RÉCENTES  CONCERNANT  DES  SOURCES  HISTORIQUES      203 

tiennes.  Dans  les  milieux  chrétiens,  on  continua,  sans  doute  par 
moquerie,  de  l'appeler  «  Fils  de  Tétoile  ».  La  tradition  juive  a 
conserTé  seulement  le  nom  primitif,  mais  rien  ne  prouve  qu'on 
n'ait  également  songé  à  Pétymologie  du  mot  nsn^,  lieu  natal  de 
notre  liéros. 

10.  Dans  j.  Berakhot,  13  &,  en  bas,  et  j.  Aboda  Zara,  40a,  il 
est  dit  que  R.  Oamliel,  se  promenant  un  jour  sur  la  montagne  où 
s'ëleyait  le  temple  (et  non  pas  sur  remplacement  du  temple)  et 
apercevant  une  belle  païenne,  prononça  une  formule  de  bénédic- 
tion. M.  Schl,  dit  (p.  *74)  qu'il  s'agit  de  Gamliel  IL  Cela  est  pos- 
Bible,  car  ce  docteur  a  visité  les  ruines  du  temple  en  compagnie 
d'autres  Tannaltes.  Mais  je  crois  plutôt  qu'il  s'agit  de  Oamliel  I  et 
que  ce  fait  s'est  passé  avant  la  destruction  du  temple.  Le  passage 
parallèle  A" Aboda  Zara,  20  a,  nomme  h^^^^  la  x^m^  la*i,  au  lieu 
de  Verbtta  'n.  Si  c'est  là  la  bonne  leçon,  ce  docteur  serait  Simon, 
fils  de  Gamliel  I«^ 

11.  Dans  son  argumentation  (p.  76)  sur  le  passage  de  Tosefta 
Beràkhot,  vu,  2,  et  les  passages  parallèles  relatifs  à  Simon  ben 
Zôma,  M.  Schl.  part  de  cette  hypothèse  que  l-^oibDi»  ,NOibDn«  dé- 
signe exclusivement  une  troupe  de  soldats.  Or,  ce  mot  s'applique  à 
une  foule  quelconque  (Voir  mon  Agada  der  Tannaiten^  l,  430  s.). 
Les  explications  qui  suivent  la  formule  de  bénédiction  proposée 
par  Ben  Zôma  émanent  de  ce  docteur  lui-même  ;  dans  Berakhot, 
58  a,  elles  sont  introduites  par  les  mots  n^n»  rr^i  acm. 

12.  P.  80  s.  M.  Schl.  prétend  qu'Ëléazar  b.  Çadok  et  Abba  Saûl, 
fils  de  la  Batanéenne,  étaient  établis  à  Jérusalem  après  Tan  70  et 
que  tout  ce  qui  est  raconté  relativement  au  séjour  d'Eléazar  à  Jé- 
rusalem a  eu  lieu  après  70.  Mais  ses  arguments  ne  sont  nullement 
probants.  On  peut  continuer  à  s'en  tenir  à  l'opinion  admise  jusqu*à 
présent,  qu*il  s'agit  de  l'époque  antérieure  à  la  destruction  de 
Jérusalem  par  Titus.  Il  est  certain  que  M.  Schl.  n'a  pas  raison 
quand  il  identifie  notre  Abba  Saûl  n'^^un  in  avec  Âbba  Saûl 
à*Abot,  II,  8  (p.  83).  Ce  dernier  est  un  Abba  Saûl  plus  jeune  et 
plus  connu  ;  l'assertion  qui  est  mentionnée  en  son  nom  dans  Abot^ 
II,  8,  est  une  tradition  que,  d'après  une  version  des  Abot  di  R. 
NcUhan,  il  a  rapportée  au  nom  d'Akiba  (cf.  Agada  der  Tannai- 
ien,  II,  366). 

13.  Les  mots  n^-ï»»!!  piT  de  Tosefta  Pesahim,  ii,  11  (éd.  Z., 
p.  159, 1.  9)  sont  traduits  par  M.  Schl.  (p.  85)  «  le  chef  des  prêtres 
Zenon  ».  Mais  nsn):^,  dans  ce  passage,  ne  désigne  pas  cette  dignité, 
mais  le  surveillant  de  l'école.  Ce  môme  Zenon  est  appelé  une  fois 
tîrm  inrt  'n  (j.  Berachot,  7rf  ;  cf.  Levy,  III,  142a). 

14.  Les  réflexions  de  M.  Schl.  (p.  92  s.)  sur  Pappos  ben  Juda  et 


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204  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ses  rapports  avec  Akiba  ainsi  que  sur  l*incarcëration  de  ce  der* 
nier  supposent  comme  certaine  Tidentité  de  ce  Pappos  avec  son 
liomonvme.  le  frère  de  Julien.  Or  cette  identité  n*a  en  sa  faveur 
rpolation  du  Sifra  sur  Lévitlque,  xxvi,  9  (éd.  Weiss, 
)8t  manifestement  incorrecte.  Tout  le  récit  de  M.  Schl. 
c  sur  des  données  incertaines.  Notre  auteur  ne  fait 
les  arguments  plus  sûrs  quand  il  afârme  que  le  récit 
rabba^  ch.  64,  où  Josua  ben  Hanania  calme  le  peuple 
ir  rinterdiction  de  reconstruire  le  temple,  a  en  vue  la 
ion  qui  avait  été  autorisée  par  Julien  TApostat,  et  que 
[)n  de  Josua  ben  Hanania  est  un  anachronisme  imagi- 
\  s.).  Jusqu'à  présent,  on  avait  toujours  admis  que  ce 
ssant  de  Genèse  rabba  avait  un  fond  historique. 

»t,  avril  1898. 

W.  Bâcher. 


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W'^.  ■■■ 


LE 

TRAITE  TALMODIQUE  «  DÉRECH  EREC  » 

(  SUITE*) 


parubs  narrativss 


Les  parties  narratives  da  traité  D.  E.  réclament  on  examen 
approfondi,  car  le  caractère  gnomiqae  de  cet  ouvrage  est  sérieu- 
sement altéré  par  Tintercalation  de  ces  anecdotes  (nroM). 
Qooiqae  nous  soyons  habitués  à  rencontrer  dans  la  littérature 
rabbinique  de  pareilles  historiettes  édifiantes,  ici,  dans  ce  recueil 
de  courtes  hiaximes,  il  est  douteux  que  ces  contes  aient  figuré 
originairement.  Dans  le  modèle  des  collections  de  ce  genre,  dans 
le  traité  Abot^  ces  historiettes  manquent  presque  tout  à  fait  *  ;  tous 
les  récits  qui  s*y  rattachent  ont  trouvé  place  dans  Touvrage  se- 
condaire intitulé  Abot  di  R.  Nathan.  Le  morceau  -n^bn  ^  pm 
krasn,  que  nous  avons  si  souvent  désigné  comme  la  partie  la 
plus  ancienne  de  D.  E.,  ne  contient  pas  un  seul  récit,  et  cela  est 
vrai  aussi  du  chapitre  de  R.  Eliézer  ha-Eappar,  qui,  selon  le 
Mahzor  Viiry^  fait  partie  du  t^Tl^  Même  dans  les  chapitres  de 

«  Voir  Befme,  l.  XXXVI,  p.  27. 

»  Âh>t,  1, 17  :  d-ïTa^rm  •j-'a  ■^nbna  ■»»'^  b^  ;  u,  6  :  nbnabna  n«n  tn^t  S)M  ; 
n,  8  :  'T  "jn  pm*^  inib  T^n  t]'»*T»73bn  n«73n  ;  vi,  9  :  '>T\'y>7\  nn«   w^ 

^*T3  ^brT72<  Ce  dernier  ces  feul  peut  Ôire  compté  dtas  it  cttégorie   des  ni^\D77a» 
•I  là  tusei  l^historiette  ne  se  trouTe  pas  dtns  le  Téritable  Ahot^  mtis  dtns  It  bt- 
nlta  rnin  ^'^Sp*  d^n*  un  chapitre  qui  a  élé  inséré  entièremeot  dans  Kalla^  éd. 
Goronel,  p.  13  h,  comme  le  ^"W^  'n  P^D. 
*  De  même,  d'après  HaUtcKot  ^uedoht,  comme  nous  en  ayons  déji  souvent  fait  It 


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206  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Z.  dans  le  A/.  V,  (vin),  il  n'y  a  pas  encore  de  contes.  Une  fois 
où  un  récit  de  ce  genre  serait  nécessaire  pour  illustrer  ce  qui 
vient  d'être  dit,  il  n'est  indiqué  que  brièvement  (vin  :  im  iwrjs 
13a  n«  n-^an  byn  a'^m);  mais  dans  R.,  ix,  à  la  fin,  cette  histoire  est 
contée  tout  au  long.  Dans  le  même  chapitre  viii  de  Z.,  on  lit  encore 
le  récit  de  R.  Akiba  :  o^iù^n  "^aob  '»\D'*)DTDn  r-ib-^rm  mrr  ^a.  La  même 
histoire  est  citée  par  Tosafot  dans  Ketouboty  17  a,  d'après  rnTDbn 
p«  "îj-in;  dans  MeçtuUla^  29a,   d'Kprès  yiK  ^in  r-oo»;  danÉ 
Mahzor  Vitry,  p.  "722,  cette  histoire  est  rapportée  au  même  en- 
droit. Cependant  je  ne  crois  pas  que  ce  récit  serait  ici  à  sa  véri- 
table place,  tant  il  contraste  avec  le  caractère  de  cette  partie  de 
D.  E.  Z.  Tosafot  cite  aussi  cette  histoire  d'après  Semahot,  iv,  à 
la  fin,  où  elle  se  trouve  en  effet  et  où  elle  est  à  sa  place,  car  il  y 
vient  d'être  question  de   l'enterrement  d'un  cadavre  trouvé  en 
plein  champ  '.  Dans  j.  Nazir,  56  a,  la  mêm3  histoire  revient  avec 
le  môme  contexte.  Comme  suite  à  cette  anecdote,  il  est  dit  dans  ce 
Talmud  :  y^-^n  «bap  •>)3'^Dn  «jw-»©  «bn  nttiN  mn  Ém  «  Il  disait  aussi  : 
Celui  qui  n'a  pas  fréquenté  les  sages  est  digne  de  mort».  Cette 
phrase  a  été  modifiée  ainsi  dans  D.  E.  Z.,  viii  :  •>-ûn  by  lawi  Vsi 
bDiD  boiDn  tel  irn'D  y^^n  a^'uon  *  «  Et  quiconque  transgresse  les 
paroles  des  sages  est  passible  de   Karet,.,y>;  c'est  seulement 
parce  que  cette  phrase  précède  ici  le  récit,  au  lieu  de  le  suivre 
comme  dans  le  Talmui  palestinien,  qu'on  a  trouvé  n>oyea  d'y  rat- 
tacher le  récit,  et  ceci  prouve  bien  qu'il  n'est  pas  ici  à  sa  plaee 
primitive. 

Aucun  récit  ne  fait  donc  partie  des  neuf  chapitres  de  D.  E.  Z* 
Les  récits  sont,  au  contraire,  très  nombreux  dans  D.  E.  R.  I>é)i, 


remarque.  11  feui  encore  mealionaer  ici  que  daa»  ifsWr  Vitr^  il  y  t  d*i 
morceaux  qui  sont  compiés  comune  faisaat  partie  de  *pnT  et  qui,  dans  les 
éditions,  ont  une  place  lonle  différente,  par  exemple  la  maxime  D*TS^  ^T3T  bs 
Vby  nrnan  «TITD  «::nn  «  Tout  l©  temps  qu'un  homme  pèche,  il  a  p«ttr  d« 
l'opinion  >,  qui  chez  nous  se  trouve  dans  Z.,  viii  ;  ensuite  1^ni?sb  0233^1,  à  U  fi» 
du  môme  chapitre,  morceau  dont  nous  avons  déjà  dit  plus  haut  qu'il  n'est  pas  à  sa  vé- 
ritablo  place.  Dans  le  môme  chapitre,  la  phrase  I732iy  nî^  b^tTDtan  53  e»t  ainsi 
CMCue  dans  HalacKot  Gutdol.  :  Sdi   imîl   f"'n^3:i73   n7DX:>  f^  V»D«W3n   bs 

b"»Dian  ma:im  rman  nbouîn.  Dans  les  éditions,  u  y  a  nttjs^  n»  b^^ooTan  b^ 

TTiriTSlD  rs^  'pilDTS,  ce  qui  est  sûrement  faux  et  mâme  incompréhensible  ;  le  verset 
biblique  ne  s'y  trouve  pas.  Il  se  conGrme  donc  que  ce  chapitra  n'a  pas  été  conservé 
tel  qu'il  était  primitivement. 

*  Au  lieu  de   ■»UÎ"»73ian  nb'^nn,  il  y  a  là  -^mST  nbTin,  vnc  cette  conel«Miott  t 

trànn  rwT^n  nt  nTDi»  rr^n  t<n^py  'n  "«aob  m  nan»  tai»  rm^D-v 

^D13T«  L'expression  ni3T  convient  beaucoup  mieux  à  cette  phrase  parce  «fu^if  est 
question  d'une  dispute  pW^j^a  n7:im  bp  '^nSI  ;  dans  D.  E.  Dnb  "«mJMt)  i  S^ 
mahot  serait  donc  plus  authentique  que  D.  Ë. 

•  Au  lieu  de  niD  l^'^n,  il  y  a  dans  Halachot    Gindolof^  ÏTr"»»   a'^'^H  ;  W   MOI 
rin^Ta  correspond  mieux  à  rexpression  primitive  filbc^p* 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÈRECH  ERÉÇ  »  207 

dans  Pérek  "^ly  p»  il  s^en  trouve  un  concernant  la  leçon  qu'à  sa 
mort,  Eléazar  bon  Azaria  donna  à  ses  disciples.  Le  morceau  pro- 
vient de  Berachoi,  282)  (toutefois  dans  les  éditions  il  y  a  ^tr^VM, 
au  lieu  de  "it^^bn),  où  il  est  précédé  de  Tintroduction  isan  xx>.  Cette 
formule  ne  peut  se  rapporter  à  notre  D.  Ë.,  car  ce  traité  met  des 
paroles  toutes  différentes  dans  la  bouche  d^Eléazar  mourant;  les 
mots  si  importants  iv^^m  p  ts^'^sn  T^dTsi  manquent  dans  D.  E., 
ainsi  que  dans  Aboi  di  R.  Nathan,  version  I,  où  ce  récit  se 
trouve  môme  deux  fois  avec  beaucoup  de  variantes,  ch.  xix  an  (p.  70) 
et  cb.  XXV  (p.  80).  Si  ce  récit  avait  fait  partie  primitivement  du  p'v 
'wy  11»  il  serait  plus  net  et  plus  concis.  Ce  récit  doit  donc  être 
retranché  de  l'ancien  "wt^  la  pnD.  Il  est  vrai  que,  dans  ce  cas,  il 
ne  resterait  guère  que  la  moitié  du  -^tx^y  p  pno,  et  ce  chapitre  se- 
rait trop  court  pour  avoir  formé  un  ouvrage  à  part.  A  cela  on 
peut  répondre  que  le  chapitre  qui  suit»  et  qui  est  classé  iv®  dans 
les  éditions,  a  fait  partie,  &  Toriglne,  du  '^ix^y  in  pn&,  car  dans  les 
anciennes  éditions  du  Talmud,  par  exemple  dans  celle  de  Landau 
(Prague,  1840),  se  trouve  cette  note  :  ixp^t  vcm  «na'»m  -nmtta,  ce 
qui  doit  vouloir  dire  que  ce  chapitre  faisait  partie  de'>Mt:^p*. 
Quant  à  savoir  quelles  parties  de  ce  chapitre  appartenaient  à  p 
'^y,  nous  ne  pouvons  rétablir.  L'histoire,  qui  y  est  racontée  tout 
au  long,  du  pardon  que  Simon ,  fils  d'Ëléazar,  dut  demander  à  un 
homme  qu^il  avait  injurié,  n'y  était  certainement  pas  contenue*. 
Outre  Abot  di  R.  Nathan,  version  I,  ch.  xli,  ce  récit  se  trouve 
ausai  dans  Taanit,  20a-b,  où  il  y  a  toutefois  un  exposé  très  ingé- 
nieux sur  la  nature  du  jonc  el  des  cèdres  auquel  se  rattache,  par 
une  suite  naturelle,  la  baraïta  nspD  ^^  tsn»  acv  tsbn^b  l^nn  nan^ 
Dam  D.  E.  R.,  au  contraire,  où  les  mots  n:pD  y^  «m  ne  se 
trouvent  pas  avant,  mais  après  le  récit,  celui-ci  n'a  pas  de  véri* 
table  lien  avec  ce  qui  précède  *  ;  il  faut  donc  supposer  les  cha- 
pitres iii-v  de  R.  sans  ces  récits  qui  les  interrompent.  Alors  nous 
avons  le  chapitre  •>«T3^  la  avec  les  belles  sentences  de  Ben-Azzaï 
et   de   R.  Eliézer  bea   Jacob,  puis  la  phrase  rifi»  &^n  ûbnyb 

*  C'est,  à  mon  a^is,  comme  s'il  y  avait  [aTipH  Uy]  THN  p*1B  fiOïl  ;  cela  forma 
im  seal  chapitre  avec  le  précédent  >  ;  oa  ne  peut  avoir  voulu  dire  que  DblJ^b  «et  le 
pranler  chapitre ,  puisque  ^fitT7  '(3  pis  e&L  do  temps  immémorial  considéré 
comme  \b  i".  Dans  Mcthzor  VUr^y  &bl3^b  est  le  commeocement  d'un  nouveau  cba^ 
pitceavec  le  n*  3^  mais  cela  est  dii'ticileroeut  exact,  puisque  les  q«'  1  et  2  manquent.  La 
confosion  vient  sans  doute  de  ce  que  ^fitT^  1^  ne  forme  pas  un  chapitre  particulier 
dans  le  Mahzor^  ce  qui  est  contraire  au  témoignage  des  anciens,  et  par  là  toute  la 
numéroUiion  du  Mahxor  Vitrjf  est  fausse. 

*  Cette  bisloir«  n*a  pas  de  lien  avec  ce  qui  précède. 

'  Duis  KaUa,  éd.  Coronel,  p.  13  a,  cette  histoire  est  au  môme  endroit  que  dana 
les  éditions  du  Talmud  ;  seulament  le  chapitre,  au  lieu  du  n«  4,  porte  le  n«  6.  Dan» 
lêiU  Saààati^  dans  la  gfande  édition  du  Talmud  de  Wilna,  le  chapiUa  an  quastioià 
porte  le  n*  7. 


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20»  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

^nD"»5M,  qui  ne  se  trouve  nulle  part  ailleurs,  avec  quelques  expli- 
cations qui  manquent  dans  notre  recueil,  puis  la  phrase  ^^  txv 
nspD  commençant  aussi  par  Qbn:^^  comme  dans  Taanit,  et,  enfin,  le 
commencement  du  v^  chapitre  to^K  ^od"»  b»  tabvb,  qui  achèverait 
le  morceau  de  "^m^  p.  Nous  aurions  ainsi  également  trois  cha- 
pitres thxfb,  comme,  immédiatement  après,  il  y  a  trois  chapitres 
commençant  par  OîD^n. 

Presque  tout  le  reste  du  ch.  iv  de  R.  traite  de  la  manière  dont 
un  disciple  doit  respecter  son  maître.  L'essentiel  de  ces  prescrip- 
tions se  trouve  aussi  dans  Yoma,  37  a,  avec  la  formule  introduc- 
tive  to^n,  qui  se  rapporte  peut-être  à  notre  D.  E.,  puisque  là  notre 
baraïta  se  présente  sous  une  forme  beaucoup  plus  authentique 
et  avec  dés  citations  bibliques;  les  mots  inb  ^k  d-^^n  irmon 
présentent  un  sérieux  caractère  d'originalité  et  assurent  Tante- 
riorité  du  D.  E.  R.  *.  Vers  la  fin  de  ce  chapitre,  une  phrase  parait 
avoir  été  omise  ;  la  phrase  vnnô«3  nDt^b  •»n)»*i  wk  lan  'nn»  ^hnrx 
mon  13)3)3  Via"»©  n:>  «  Celui  qui  marche  derrière  son  maître  ne  doit 
se  séparer  de  lui  qu'après  lui  en  avoir  demandé  la  permission  », 
n'est  pas  exacte,  car  dans  Yoma^  l.  c,  on  lit  cette  sentence  ano- 
nyme :  -^DJi»  nT  "nr:  lan  •»-nn«  ma  nr/^in  lan  na:s  ^Vrwn  tr^rtn 
rvrtn  «  Il  est  cependant  dit  dans  une  baraïta  que...  celui  qui 
marche  derrière  son  maître  est  un  hautain  »,  d'après  cela,  il  se- 
rait donc  interdit  de  marcher  derrière  le  maître*.  La  formule 
M'^sn  montre  aussi  que  cette  phrase  comme  celle  dont  nous  avons 
parlé  précédemment  se  trouvait  originairement  dans  D.  E.  C'est 
pourquoi,  je  propose  de  lire  dans  D.  E  R.  ainsi  :  na*i  •>nnÉ^  ^Vim 
'•en  vnriNW  "laD-^b  "^êW)")  nr^  tobvVn  rmn  '^oyn  Tti  "^^^i.  On  peut  prou- 
ver par  cet  exemple  qu'en  mettant  à  part  les  récits,  il  ne  s*en  suit 
pas  nécessairement  que  certains  chapitres  du  D.  E.  R.  ont  été  ré« 
duits,  puisque,  selon  toute  apparence,  beaucoup  de  sentences  ont 
été  omises  en  faveur  des  nrttîJ^.  Dans  le  traité  de  Kalla,  éd.  Co- 

>  Ces  mots  se  rapportent  a  Lotb  recevant  les  anges.  Dans  Toma,  il  n^est  pas  ques- 
tion de  Lotb.  Mahzor  Vitry^  p.  728,  a  ^)3«  ÛDn  n)3Dn,  le  petit  mot  "jnb  manque, 
et  cela  se  conçoit.  Dans  Kalla^  éd.  Coronel,  il  n'y  a  que  DSn  ri)3Dn- 

«  Les  mots  l^nHKTS  HUD^b  no  peuvent  avoir  d'autre  sens  que  les  mots  de  Toma  : 
*13n  "niriK.  Quant  a  la  permission  de  s'en  aUer,  quMl  faut  demander  au  maître, 
il  en  est  question  dans  une  autre  phrase  mUD  ^3^nn  lb  n)31K  ...13173  naD3m. 
Cependant,  dans  Kalla  Rabbati^  la  rédaction  de  cette  phrase  est  la  même  que  dans 
les  éditions.  Il  est  a  remarquer  également  que  la  même  phrase  se  trouve  encore  im- 
médiatement après,  au  commencement  du  chapitre  y,  de  sorte  que  nous  l'aurions 
trois  fois,  tandis  que  la  phrase  conservée  dans  Toma  ne  se  trouverait  pas  même  une 
fois.  Il  me  semble  donc  indiqué  de  faire  ici  une  correction.  Dans  Abot  di  R,  Nathmn^ 
version  1,  chap.  xxxvii,  p.  56,  la  phrase  ne  Hgure,  en  effet,  qu^une  fois,  à  propoa  de 
l'altitude  de  Dieu  vis-à-vis  d'Abraham  près  de  Sodome  ;  dans  la  version  II,  ch.  xl, 
cette  attitude  ne  sert  que  de  preuve  pour  la  maxime  :  '^■la'T  *Tinb  03^33  ^S'WI 
l^l^in»  niais  il  n^est  pas  question  du  congé  à  prendre. 


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LE  TRAFTÉ  TALMTJDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  20» 

panel,  ch.  vi  (p.  13  a),  immédiatement  après  le  passage  dont  il 
vient  d^ôtre  parlé,  c'est-à-dire  dans  le  môme  chapitre  que  This- 
toire  de  Simon,  fils  d'Eléazar,  de  Migdal  Eder,  il  y  a  le  célèbre 
conte  *  des  quatre  docteurs  s'entretenant  avec  un  philosophe  pen- 
dant une  traversée  pour  se  rendre  à  Rome,  où  celui-ci  reconnaît 
la  haute  distinction  de  ses  interlocuteurs  à  la  politesse  de  leurs 
manières.  Dans  notre  D.  E.  R.,  ce  récit  se  trouve  au  chapitre  v. 
De  nos  jours,  on  a  cru  reconnaître  en  ce  philosophe  Thistorien 
Josèphe  Flavius  *,  que  le  traité  D.  E.  serait  seul  à  nommer  de 
tous  les  ouvrages  de  la  littérature  rabbinique.  Comme  ce  pas- 
sage a  déjà  été  étudié  à  fond  par  plusieurs  auteurs,  je  me  borne 
à  remarquer  qu'il  appartient,  selon  toute  apparence,  à  la  rédac- 
tion primitive  du  D.  E.  et  n*a  pas  été  intercalé  plus  tard. 

Le  plus  considéré  de  ces  quatre  docteurs  était  Rabban  Gamllel. 
Ce  n'est  donc  pas  sans  à  propos  que  dans  D.  Ë.  R.,  v,  ce  récit  est 
suivi  aussitôt  de  cette  maxime  :  x>ywn  tan»  "^sa  te  T>ïr  tzhyh 
:i'-û  l^aîD»  im\  la^DO'»te  ^^seb  «  Considère  tous  les  hommes 
comme  des  voleurs  et  honore-les  comme  R.  Gamliel  ».  Cette  sen- 
tence est  illustrée  par  l'histoire  arrivée  à  R.  Josué.  Toutes  ces 
parties  du  chapitre  se  suivent  si  naturellement  qu'il  n^y  a  aucun 
motif  d'éliminer  les  morceaux  constitués  de  récits.  Dans  Kalla, 
éd.  Coronei  (p.  16  &],  Thistoire  de  R.  Josué  est  séparée  de  celle 
des  quatre  docteurs  par  de  grands  morceaux,  ce  qui  est  sans 
doute  contraire  au  plan  de  fauteur  du  recueil. 

C'est  aussi  le  nom  de  ce  R.  Josué  qui  sert  de  lien  entre  le  récit 
suivant  (ch.  vi  de  R.)  et  le  précédent.  Un  certain  Simon  b.  Anti- 
patros,  qui  paraît  avoir  été  un  homme  considérable,  invite  comme 
hôtes  des  docteurs  de  la  Loi  qui  font  le  vœu  de  ne  pas  manger 
et  n'observent  pas  leur  vœu.  En  les  congédiant,  Simon  leur  fait 
donner  quarante  coups  de  bâton.  A  la  prière  de  R.  Yohanan  b. 
Zakkaï  et  d'autres  docteurs,  R.  Josué  entreprend  une  enquête  sur 
l'affaire  *.  Le  thème  de  ce  conte,  c'est-à-dire  la  conduite  énig- 

>  On  ne  sait  pas  par  quel  lien  ce  conte  se  rattache  à  ce  qui  précède. 

*  N.  Brûll,  JahrblUher,  IV,  42  [Monatischrift,  1877,  p.  355)  ;  Bâcher,  Revue  det 
Studii  juives,  XXll,  134;  Zimmels,  iàid.,  XXill,  318,  particulièrement  imporUnt  à 
cause  du  renseignement  que  les  vieilles  éditions  et  les  manuscrits  avaient  en  réalité 
inO  OlDDlbOT  Tnfi^  nan;  d'après  cela,  il  y  aurait  dans  OtOOI^D  un  nom 
propre  ;  voir  capendant  VogelsteiD-Rieger,  Gesekiehte  der  Juden  in  Mom,  1,  33,  note  3. 

*  Nous  parlerons  plus  loin  de  l'étal  du  texte  de  ce  morceau.  Le  maître  de  maison 
s'appelle  Schimon  b.  Anlipatros,  sans  le  titre  honorifique  de  Rabbi,  quoiqu'il  ressorte 
du  récit  qu'il  appartenait  au  cercle  des  savants.  Il  faisait  donc  encore  partie  de  cette 
vieille  génération  où  le  titre  de  Rabbi  n'était  pas  encore  commun.  Le  nom  du  père 
est,  en  effet,  dans  les  éditions  ordinaires  OICûC^îaSK  =  Avritcarpoc  ;  dans  Mahtor 
Ft*ry,p.  729,  TouhaHn,  p.  21  a,  Kalla,  éd.  Coronei,  p.  16  i,  et  Kalla,  éd.  Wilna, 
IX,  il  y  a  pourtant  O^DD^K  svec  élision  du  second  t,  chose  qui  se  présente  aussi 

T.  XXXVI,  »•  72.  14 


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240  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

matique  d*un  homme  qui  s'explique  ensuite  d'elle-même  et  se  jus- 
tifie avec  éclat,  se  retrouve  aussi  souvent  dans  Abot  di  R.  Nathan 
(p.  38)  et  surtout  dans  Tanna  di  bè  Eliyahou  (dans  les  Gesta  Ro- 
manorum,  il  y  a  encore  de  nombreux  exemples  similaires).  Dans 
les  écrits  rabbiniques,  la  constante  conclusion  des  récits  de  ce 
genre  est  :  t-nDt  vp\  ^m«  i-^t  îYa'pn  ^d  t-nDt  tph  tï^to  tatD^ 
a  Puisse  Uieu  te  juger  favorablement  comme  moi  je  t'ai  jugé  favo- 
rablement 1  »  Cette  conclusion  se  rencontre  aussi  dans  le  récit  sui- 
vant relatif  à  la  généreuse  femme  de  Hillel  TAncien.  Le  thème  est 
toujours  le  môme  ;  la  femme  sert  le  dîner  tardivement,  et  c^est 
seulement  après  coup  que  le  mari  apprend  qu'elle  avait  donné  aux 
pauvres  les  mets  qu'elle  avait  préparés  antérieurement.  Ce  récit 
se  rattache  donc  logiquement  au  précédent,  et  son  authenticité  est 
assurée.  Le  récit  qui  suit  celui-ci  immédiatement  se  rapporte 
presque  au  môme  thème  :  il  s'agit  encore  d'une  femme  et  de 
R.  Josué,  dont  le  nom  se  retrouve  ainsi  pour  la  troisième  fois. 
R.  Josué  reconnaît  la  supériorité  d'une  femme  prudente  et  ex- 
prime celte  pensée  en  ces  termes  :  mo»  Hb«  tan»  •'srott  vh  "^tt^ 
tnpwni  pirm  it  «  De  ma  vie  je  n'ai  été  vaincu  que  par  cette 
femme,  par  un  garçon  et  une  fille  ».  A  la  suite,  on  raconte  aussi 
les  deux  autres  incidents.  Tous  les  trois  faits  se  suivent  dans  le 
môme  ordre  dans  Eroubin,  53  ô,  avec  cette  différence  que  dans 
Eroubin^  R.  Josué  parle  toujours  à  la  première  personne,  tandis 
que  dans  D.  E.,  l'histoire  est  racontée  par  l'auteur  du  recueil.  La 
priorité  appartient,  en  tout  cas,  à  la  rédaction  à'Eroubin^.  Ce- 
pendant l'intercalation  de  ce  récit  a  dû  déjà  ôtre  dans  le  plan  pri- 
mitif de  l'auteur  de  D.  E.,  car,  comme  nous  le  savons,  ce  récit  se 
rattache  très  bien  aux  précédents. 

Le  septième  chapitre  de  D.  E.  R.  contient  deux  récits.  Le  pre- 
mier sert  à  illustrer  quelques  maximes  concernant  la  bienséance 
à  observer  à  table  :  on  y  raconte  que  R.  Akiba  mit  sous  ce  rapport 
ses  disciples  à  l'épreuve '.  L'histoire  môme  ne  se  retrouve  nulle 

dans  le  nom  de  It  viUe  d'Ântipalris  dans  leTalmud;  voir  mon  Wôrterbuek  der 
griechitchen  uni  laMnisehen  Lehnwôrter  im  Talmud^  8,  v, 

*  Voir  aussi  les  remarques  de  R.  Elia  Wilna.  La  différence  entre  les  formolea  in- 
troducUves  s*explique  parle  contexte.  Dans  D.  E.,  Phistoire  de  la  femme  est  racontée 
d'abord  comme  appendice  à  ce  qui  précède,  et  rinlroductioo  doit  être  nécessairemeoi 
ainsi  conçue  :  npnS-^m  pISTlT  IT  n®ô<  «b»  Û*7N  "«Sn^î  «b  ^7Û"'73  ;  dans  Brûuhin, 
au  contraire,  toutes  les  histoires  sont  racontées  d'un  seul  jet  et,  en  raison  de  cela, 
il  est  dit  mpD'^m  p13^n  !lU5fi<73  Vin.  Des  divergences  plus  grandes  sont  cons- 
tatées dans  i'iùstoire  de  la  femme  ;  les  mots  '^^T  d'^^DDH  l'ITûN  ^D  filbl  manquent 
tout  à  fait  dans  D.  E.  Dans  Thistoire  de  la  jeune  fille,  les  mots  nnK  ÏIS'^^  feÔS73*1 
manquent  à  leur  tour  dans  Broubin.  En  ce  qui  concerne  l'histoire  du  garçon,  les 
mots  caractéristiques  ^3  Dptl^  tlU  "^âDTS  manquent  dans  Erouhin.  Cependant  1« 
priorité,  comme  on  Ta  déjà  remarqué,  appartient  au  Talmud. 

»  nNb  Û«  «"n  ÛD*T>a  tt)"^  D«  ÛDnN  pmb.  Dans  Tour  Orak  Hayjfim,  §  170,  il 


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LE  TRAITÉ  TALifUDIQUE  «  DÉRËGH  ERÉÇ  »  211 

part  ailleurs  et  doit  faire  partie  du  fonds  primitif  du  D.  E.,  sur- 
tout parce  qu'on  y  trouve  encore  ces  mots  :  *j5  te  CDDb  ti^^  nbl 
■«b  ta«  "p»  ^nn  cdsts  «"^  û«  tosrw  pnab  hîw  «  Je  n'ai  fait 
tout  cela  que  pour  vous  éprouver,  pour  voir  si  vous  avez  du  sa- 
voir-vivre ou  non  ».  Viennent  ensuite  quelques  belles  et  fortes 
sentences,  entre  autres  la  sentence  Hosn  t-nab  OîDan.  Pour  Tillus- 
tration  des  règles  relatives  à  ce  sujet,  on  raconte  de  nouveau  une 
histoire  d'après  laquelle  R.  Akiba  se  rend  compte  par  lui-môme 
de  la  manière  d'agir  de  R.  Josué.  C'est  donc  la  quatrième  fois 
que  le  nom  de  R.  Josué  se  retrouve  dans  ces  récits.  Ce  récit  se 
rattache,  du  reste,  aussi  par  son  thème  et  par  la  personne  de 
R.  Akiba  au  récit  dont  il  a  été  parlé  précédemment.  Il  se  ren- 
contre plus  étendu  et  en  compagnie  d'un  conte  semblable  dans 
Berachot,  62  a,  avec  la  formule  introductive  fcoan  qui  vise  pro- 
bablement notre  D.  E.  ;  seulement  il  faut  admettre,  en  ce  cas,  que 
l'auteur  de  D.  E.  s'est  permis  quelques  légères  modifications  et 
d'importantes  abréviations. 

Dans  le  chap.  viii  de  D.  E.  R.,  la  maxime  yr'sirh  tan»  rb^  vh 
p»  rro  \y  in"»i  \^  V©  tn-^an  «  11  ne  faut  pas  envoyer  à  quelqu'un 
un  tonnelet  de  vin  et  mettre  de  Thuile  au-dessus  »  est  illustrée 
par  une  histoire^  d'après  laquelle  un  hôte,  en  découvrant  que  le 
tonneau  contenait  de  l'huile  au  lieu  de  vin,  se  suicida.  Après  le  ré- 
cit, viennent  encore  une  fois  les  mots  mfc^  nbiD"»  b«  d'>)Dah  in)3K  \\san 
matib,  etc.  La  source  de  cette  prescription,  comme  celle  des  autres 
prescriptions  contenues  dans  le  chapitre  viii,  fin,  est  la  Tosefla 
BàbaBatra,  vi,  15  (éd.  Zuckermandel,  p.  406),  où  la  môme  recom- 
mandation est  faite  pour  un  tonneau  d'eau.  Mais  le  récit  y  manque. 
Au  contraire,  D.  E.  est  complètement  d'accord  avec  Eoullin,  94  a, 
de  telle  façon  toutefois  qu'on  remarque  encore  que  D.  E.  est  déjà 
un  remaniement.  Ainsi,  par  exemple,  nrktD'^  est  remplacé  par  ^b^^, 
et  tD'^vrm  ina»  1to%3  est  une  addition  de  style,  à  la  manière  du 
D.  E.  La  prescription  même  se  trouve,  tant  dans  Tosefla  Baba 
Baira  que  dans  Soullin,  en  compagnie  de  plusieurs  autres  sen- 
tences de  ce  genre,  de  sorte  qu'il  faudrait,  en  tout  cas,  admettre 
que  l'auteur  du  D.  E.  a  procédé  à  d'importantes  abréviations. 

y  a  quelques  variantes  :  au  lieu  de  ÎI'TIJ'D,  il  y  a  !imi5)3  ;  au  lieu  de  «3  (hébreu 
biblique)  il  y  a  ^tl  (langage  rabbinique)  ;  les  mots  ûp'^n  inD  bDfitI  des  éditions  ont 
une  apparence  plus  ancienne  que  l^ab  HD  bSfi^T  dans  Tour.  Mahtor  Vitry  est  ici 
en  tout  d'accord  avec  les  éditions.  Nous  remarquons  déjà  ici,  ce  que  nous  motive- 
rons encore  plus  loin,  que  la  recension  espagnole  du  traité  D.  E.  diffère  de  la  nôtre  ; 
R.  Simha,  le  Français,  a  adopté  naturellement  dans  son  Mahtor  la  recension 
franco-allemande. 

*  Les  mots  de  la  fin  ?in^73M  ^*1^  ITV)  paraissent  déjà  se  rapporter  à  Tissue  tra- 
gique de  Pbistoire  qui  suit.  Dans  Éoullm^  94  a,  ces  mots  manquent.  Cf.  néanmoins 


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212  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Néanmoins,  le  morceau  appartient  au  fond  primitif  du  D.  E.  R., 
auquel  il  s^adapte  complètement. 

Dans  Houllin,  94  a,  cette  histoire  de  suicide  est  immédiatement 
suivie  du  récit  connu  où  un  maître  de  maison,  en  une  année  de  di- 
sette, parce  que  ses  hôtes  avaient  distrait  une  partie  des  faibles  pro- 
visions pour  les  donner  à  Tenfant  de  la  maison,  étrangla  d'abord 
l'enfant,  puis,  voyant  que  la  mère  s'était  tuée  aussi  de  chagrin, 
se  jeta  lui-môme  du  haut  du  toit.  L'anecdote  finit  par  ces  mots  : 
or  R.  Eliézer  b.  Jacob  a  dit  :  à  cause  de  cette  chose,  trois  personnes 
ont  péri  en  Israël.  »  Dans  D.  E.  R.  *,  ce  récit  est  séparé  de  l'autre 
par  tout  un  chapitre  et  ne  se  trouve  qu'à  la  fin  du  chapitre  ix. 
Comme  dans  tout  le  chapitre  précédent  il  est  question  des  règles 
de  conduite  pendant  le  repas,  ce  récit  aurait  pu  être  déjà  cité  plus 
tôt  ;  toutefois  la  place  qu'il  occupe  lui  convient  également.  Cette 
anecdote  est  précédée  de  deux  récits  où  R.  Akiba  a  le  rôle  de 
rhdte  et  où  il  est  question  de  la  tenue  à  observer  à  table.  Dans  le 
chapitre  ix,  assez  court,  de  R.,  il  n'y  a  donc  pas  moins  de  trois 
récits  qui  font  de  cet  ouvrage  un  livre  d'édification.  Tous  les  trois 
récits  font  partie  du  fonds  primitif  de  D.  E.  R.  ;  les  deux  histoires 
où  figure  R.  Akiba  ne  se  trouvent  nulle  part  ailleurs. 

Dans  le  chapitre  x  de  R.  se  lit  une  petite  historiette.  R.  Qam- 
liel  étant  très  faible,  on  fit  couler  pour  lui  de  l'huile  sur  le  marbre, 
mais  il  ne  voulut  pas  en  profiter.  Après  Thistoire  racontée  plus 
haut  de  la  rencontre  avec  un  philosophe  à  Rome,  cette  anecdote 
sur  R.  Gamliel  est  une  des  plus  anciennes  de  tout  D.  E.  ;  aussi  ne 
comprend-on  pas  très  bien  le  texte.  Il  est  dit  d'abord  :  ymA  osDsrj 
«•'«îi  \:p  nnniDtt  wm  "i:»^n)D  nu-^fc^i  \fï2yr\i2  w«  «  Celui  qui  va  au  bain 
ne  doit  pas  (trop)  se  fatiguer,  ni  se  rouler,  ni  se  disloquer  sur  le 
marbre  (c'est-à-dire  sur  le  pavé  du  bain).  »  Au  lieu  de  *iatirflo,  qui 
a  pour  lui  le  texte  de  la  Mischna  Sabbat,  xxii,  6,  Elia  Wilna  lit 
*nMitt*,  comme  le  porte  effectivement  Kalla,  éd.  Coronel,  p.  18  &, 
qui  donne  un  meilleur  sens  :  qu'on  ne  se  laisse  pas  étriller  (sans 
doute  parce  que  c'était  une  coutume  des  Grecs  et  des  Romains 
idolâtres,  dans  les  bains  desquels  la  stHgilis^  en  grec  dTXeyYU,  ne 
pouvait  manquer)  '.  Le  mot  Wh^  doit  sans  doute  se  rapporter  à 

«  Au  lieu  de  t^d^  ^XMK  pTIJ^tt),  il  faut  remarquer  ici  la  leçon  plus  facile  TTTW. 
La  conclusion  npy^  "[n  nT^^bô*  '1  "infini  devrait  plutôt,  selon  Tanalogie  de  la  con- 
clusion du  chapitre  v  (b"a'^'l  ^53»  ^ND»),  être  conçue  ainsi  :n»K  ÏIT  IIT  b:^,  etc. 
Dans  le  récit  même,  il  faut  remarquer  les  mots  élégants  n'^l^l  "^^V)  «  années  de 
disette  »  et  irDanp  fiib)3  nïT^n^rri  «  il  réleva  de  toute  sa  hauteur  t.  Le  père, 
ayant  pris  l'enrant,  le  balança  au-dessus  de  sa  tôte  et  le  lança  ensuite  contre  le  sol. 
Cf.  Texpression  l^iaî  InT^ipn  dans  Houllin,  60  a,  et  Texplication  de  Tosafbt  à 
ce  sujet. 

•  Dans  les  éditions  de  la  Mischna,  il  y  a  aussi  Pexpression  plus  exacte  "JVî"Tinft. 

'  On  sait  que  les  Romains  avaient  poussé  le  luxe  en  ce  qui  concerne  les  bains 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  213 

la  gymnastique  assez  pénible  à  laquelle  on  se  livrait  dans  les 
bains  et  qu*on  considérait  aussi  comme  une  habitude  païenne. 
Pour  se  fortifier  le  corps,  les  païens  se  roulaient  nus  sur  le  pavé 
de  marbre  de  la  cabine  de  bain,  comme  cela  se  fait  encore  aujour- 
d'hui ;  l'expression  narwDïa  «  se  briser  »  est  très  bien  choisie  pour 
exprimer  cette  idée.  Il  est  dit  ensuite  :  ishn  \DiVn  îTimD  Ji^^ia  twyfz^ 
iap  fiibi  ^'^Ti  I^TD  ib.  Sous  cette  forme,  ces  mots  n'ont  pas  de 
sens.  Je  me  borne  à  ajouter  le  petit  mot  b:f  devant  «)'«u3n,  et  on 
a  on  sens  :  «  Pour  R.  Gamliel,  qui  était  de  faible  complexion,  on 
fit  couler  de  l'huile  sur  le  marbre,  pour  que  la  pierre  ne  lui  fût 
pas  trop  dure,  cependant  il  ne  l'accepta  pas  »,  ce  qui  illustre  bien 
la  prescription  mentionnée.  Immédiatement  après  il  est  dit  yn'«)hi 
*Twn  V»  yr^rt  «•*«  ^y  nnno^an  n73"w,  ce  qui  donne  maintenant  un 
excellent  sens,  et  il  n'est  pas  nécessaire  de  lire  1*T)iD)3n  au  lieu  de 

Outre  les  deux  récits  que  nous  avons  éliminés  comme  n'ayant 
pas  appartenu  primitivement  à  R.,  nous  ne  comptons,  dans  les 
chapitres  y-x  de  R.,  pas  moins  de  douze  récits  qui  témoignent 
suffisamment  du  caractère  édifiant  de  D.  E.  R.  et  de  son  emploi 
comme  livre  de  lecture  populaire.  Si  nous  rappelons  encore  une  fois 
qu'il  n'y  a  dans  D.  E.  Z.  aucun  récit,  nous  aurons  prouvé  le  motif 
de  la  caractéristique  donnée  par  nous  plus  haut,  à  savoir  que  Z. 
est  une  sorte  de  règle  d'école  pour  les  savants,  et  R.  un  ouvrage 
d'édification  pour  le  peuple.  Il  convient  encore  de  rappeler  que  le 
chapitre  xi  de  R.  ne  contient  aucune  espèce  de  récit  et  que,  sous 
ce  rapport  comme  sous  celui  de  la  citation  de  nombreux  versets 
de  la  Bible,  il  ressemble  au  chapitre  d'^pin^l  (ch.  ii). 

encore  plus  loin  que  les  Qrecs.  J'ai  pris  les  données  nécessaires  pour  noire  passage 
sur  riostallatioD  des  bains  romains  dans  Pouvrage  de  Guhl-Koner,  Das  Lehen  der 
Orieche»  und  borner  (fierlin,  1876),  p.  279.  On  veut  parler  de  bains  de  vapeur  (Trvpiai, 
icvpt«(  xT^Tcia).  A  cause  de  la  cbaieur  du  feu,  il  y  a  aussi  dans  la  prière  cette  sup- 
plique  «ab  y^nyb  nn  NSTT'^TaT  nT)D  ■^3b">a:m  (R.  x,  au  commencement).  Les 
mois  dnblDb  '*3N'^arim  ûnb^b  '^:0"»DDn^  ne  s'adaptent  qu'à  une  prière  de 
voyage  et  manquent,  en  effet,  aussi  dans  Berachot^  60  a,  où  se  trouve  préci- 
sèment  la  prière  de  vojrage  qui  dans  D.  Ë.  fut  confondue  avec  la  prière  du  bain. 
—  Les  baignoires  étaient  encastrées  dans  le  plancher,  et  c'est  là  le  marbre  (U^'^U?) 
dont  parle  notre  passage.  Comme  les  cabinets  de  toilette  (àTrofivnipi'a]  ne  furent  en 
usage  que  plus  tard,  il  est  probable  que  les  prescriptions  si  minutieuses  sur  la  ma- 
nière de  s'habiller  et  de  se  déshabiller  proviennent  d'une  époque  où  il  n'y  avait  pas 
encore  de  cabine  de  toilette  et  où  on  s'habillait  et  se  déshabillait,  pour  ainsi  dire, 
devant  le  public.  Les  autres  prescriptions  au  sujet  des  bains  sont  très  obscures,  ainsi 
la  défense  de  se  laisser  mettre  la  main  sur  la  tôle  par  un  autre  baigneur  ou  de  se 
Irouver  habillé  dans  la  chambre  de  sudation,  parce  que  c'est  voler  le  public.  En  tout 
cas,  ee  sont  des  réminiscences  classiques  des  usages  romains* 


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214  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


VI 


TANNAIM    ET    AMORAIM 

Pour  bien  apprécier  le  genre  littéraire  que  représente  le  traité 
de  D.  E.,  il  faut  tenir  compte  de  ce  fait  qa*on  y  rencontre  relati- 
vement pea  de  noms  d^auteurs.  Aucun  produit  de  la  littérature 
rabbi nique  n*en  contient  un  si  petit  nombre,  et  le  modèle  de  toute 
cette  branche  de  la  littérature,  la  Mischua  à^Ahot^  mentionne,  au 
contraire,  de  nombreux  auteurs.  J*ai  relevé  dans  D.  E.  R.  des 
chap.  II  à  XI  (le  cliap.  i  fait  partie  de  KaUa)  et  dans  D.  E.  Z., 
chap.  I  à  X,  vingt-sept  noms  de  docteurs,  dont  quelques-uns  se  re- 
trouvent plusieurs  fois  ;  la  plupart  y  paraissent  seulement  une  fois. 
En  voici  la  liste  par  ordre  alphabétique  : 

pm'^  la  '»0"»K  «a«,  Z.,  ix,  fin.  L'édition  Riva  di  Trente  a,  comme 
Tawrogi,  p.  52,  l'indique,  pn  «a»;  un  ms.  a  l^nr  la  t|or  «a»; 
■^O'^»  est.  comme  on  sait,  l'équivalent  de  -^or,  S|DV.  Aba  Isi  dit  au 
nom  de  Samuel  le  Petit  :  ûn«  b\D  W3>  bA:;b  imn  ntn  labwi  «  Ce 
monde  ressemble  à  la  boule  de  l'œil  humain  ».  Ce  passage 
manque  chez  Bâcher,  Agada  der  Tatinaîten,  II,  S'Tl,  où  il  est 
question  des  divers  auteurs  de  nom  dlsi.  D.  E.  Z.  est  donc 
Tunique  source  qui  nous  ait  conservé  le  nom  de  ce  Tanna. 

rr^iy  la  ^lybti^,  Eléazar  b.  Azaria.  Ce  Tanna  bien  connu  est 
nommé  dans  un  récit  dont  il  a  été  question  plus  haut  (R.  m),  mais 
nous  avons  déjà  remarqué  que  les  autres  sources  lisent  Eliézer. 
Son  nom  est  également  cité  (R.,  v)  comme  celui  de  Tun  des  quatre 
docteurs  qui  se  rendirent  à  Rome.  Au  chapitre  xi,  Tabrévia- 
tion  «"n  doit  sans  doute  être  lue  Eléazar  et  rapportée  à  Eléazar 
b.  Azaria.  Dans  Z.,  viii,  K^n  désigne  aussi  Eléazar  b.  Azaria;  ici 
il  n^est  mentionné  qu'occasionnellement.  Nous  ne  trouvons  qu*nne 
seule  véritable  maxime  d'Eléazar,  dans  D.  E.  :  iTan  tnû<  nofwn 
tD'^1  "^DDi©»  f  n  a  Celui  qui  hait  son  prochain  est  un  meurtrier  », 
où  on  cite  Deut.,  x'x,  11  (R.  xi).  Cette  sentence  pourrait  tout 
aussi  bien  se  trouver  dans  un  ouvrage  midraschique,  et  ce  n'est 
que  par  hasard  qu'elle  apparaît  dans  D.  E.  Eléazar  b.  Azaria  est 
aussi  souvent  cité  dans  Aboi  di  R.  Nathan  (voir  Schechter,  Intro- 
duction, p.  xxxv). 

^pn  ^ly'bni ,  Eléazar  ha-Kappar.  Dans  toutes  les  éditions  de 
D.  E.  Z.  (Varsovie,  186S  ;  Talmud  Wilna,  Romm;  Talmud  Prague. 
Landau  ;  Mahzor  Vitry,  p.  '722,  etc.),  il  y  a  *nTr»V«  ;  chez  Tawrogi 


..,      ,.  Digitizedby  VjOOQIC 


LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DËRËCH  £REÇ  »         215 

seulement  il  y  a  (p.  45)  la  leçon  exacte  ii^y^.  La  sentence  d*Elëa- 
zar  se  trouve  en  tête  du  chap.  ix,  dans  Z.  :  nttv*im  1»  pmnïi 
txuarh  tçwm  ta'nn»  \y  twnhn  tmo  «  Eloigne-toi  des  murmures, 
car  tu  pourrais  murmurer  contre  les  autres  et  pécher  ».  La  sen- 
tence d'Eiôazar  parait  aller  jusque  là  ;  ce  qui  suit  est  dëjà  ano- 
nyme*. Or  cette  môme  sentence  se  retrouve  dans  le  chap.  i  de  Z. 
sans  que  le  nom  d'Eléazar  soit  donné.  Il  s*ensuit  avec  certitude 
que  dans  le  traité  D.  E.,  on  rapporte  aussi  de  cea  sentences  ano- 
nymes dont  Tauteur  nous  est  connu  par  un  autre  passage.  Nous 
pourrons. faire  encore  cette  constatation  dans  quelques  autres  cas. 
On  emploie  sans  doute  ce  procédé  parce  que  l'impression  de  la 
sentence  est  plus  forte  quand  il  n*y  pas  de  nom  d*auteur,  mais  je 
ne  pois  expliquer  comment  il  se  fait  que,  dans  la  môme  collection, 
une  sentence  est  rapportée,  tantôt  sans  le  nom,  tantôt  avec  le 
nom  de  Tauteur.  Dans  le  Mahzor  Vitry,  où  le  chapitre  ix  de  Z. 
appartient  à  pnrr,  les  deux  sentences  se  trouvent  dans  un  seul  et 
môme  chapitre.  —  Dans  ce  môme  chapitre  ix,  vers  la  fin,  nous 
lisons  encore  :  vcnûr\  ûibion  r^  arjK  'Ttt'iK  *TCpn  *iT:^b«  •^a'n  n^  pi 
mpiVmsn  DM  ce  Eléazar  ha-Kappar  a  aussi  dit  :  Aime  la  paix  et 
hais  la  discussion  »  [Mahzor  Viiry  laîiK  et  •W3«n) .  Les  deux  sen- 
tences d*Eléazar  ha-Kappar,  dont  il  est  question  ici,  s'adaptent 
très  bien  au  contenu  et  au  ton  des  maximes  de  sagesse  ordinaires 
de  D.  E.  Les  mots  de  Abot^  iv,  21  :  l-^firstitt  Tiasm  ïti^ntti  rtîeprt 
dVwi  1»  m«n  m«  et  surtout  la  sentence  si  remarquable  "^îm  ^k 
^aa-T  "^bya  pnu)  rr^y^  "^lyn  bnn:;  «nîit)  ^  iDcb  tn-^n  *?«•)  \r\b  pnpr 
dans  Abot  di  R.  Nathan,  version  II,  chap.  xxxiv,  p.  76,  qui,  par 
sa  composition  en  plusieurs  parties,  fait  fort  bonne  impression 
et  qui,  par  sa  troisième  partie  qui  est  presque  incompréhensible, 
trahit  beaucoup  d'originalité,  affectent  le  môme  ton.  La  sen- 
tence rapportée  dans  D.  E.  Z.,  i,  sans  nom  d*auteur  :  s-iDiptDfiO  rm 
ïia  *\wi  teïTO  nsnnnnn  et  qui,  au  chap.  m,  vers  la  fin,  est  rap- 
portée plus  au  long,  mais  aussi  sans  nom  d*auteur*,  est  attribuée 

»  Dans  dnîay  an  nnO  (Varsovie,  1865),  p.  30,  pmn  au  lieu  de  pninn. 

*  Voici  quelle  en  est  la   teneur   diaprés  rédition  de   Tawrogi,  p.  22  :  Kïin  bK 

bD  cinob  na  y^^i  baniD  nsinnnn  rtDipoND  -«nn  Nb«  a-^bann  nD:i57Di25 

riTTan:?  ÏTOipT^a  K*^m  nnOD  T^Dan.  Le  passage  est  conçu  tout  a  fait  de  la  môme 
manière  dans  Ahot  di  R.  Nathan  \  seulement  là  il  y  a  encore  cette  partie  supplémen- 
taire :  mDi:ir"ID  nybaTaU)  r:3Vb:^n  nonpOKD  Nbn.  Ces  mots  n'ont  pas  de  sens, 
et  comme  nsn^bj^H  MDIpO'^ô^  n'est  autre  chose  que  'I";'»b:>ïl  Clip^TD,  cette  phrase 
détruit  mâme  la  symétrie.  Cependant  jMncline  à  considérer  cette  phrase  comme 
authentique,  car  ce  n'est  pas  sans  nécessité  qu'on  introduit  dans  le  texte  des  mots  dif- 
ficiles comme  mDnsrnO  n:^ba)3125.  Je  considère  plutôt  iT^bj^n  6liptt59DD  comme 
une  addition,  qui  manque,  en  elTet,  dans  les  éditions  ordinaires  de  D.  £.  Z.  et  qui 
est   surprenante  à  cdté  de   tlDipOK  qui  est  répété  deux  fois;  t3Tfi<  T*«  X^tX^  est 


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i'.;-:- 


216  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

à  R.  Eléazar  ha-Kappar  dans  Abot  di  R,  Nathan,  vers.  I, 
chap.  XXVI,  p.  42.  Le  second  passage  dans  Z.  est,  par  rapport  aa 
premier,  comme  une  sorte  de  baraïta,  phénomène  que  nous  avons 
déjà  souvent  observé.  En  môme  temps  nous  avons  un  cas  nouveau 
où  on  donne  l'avantage  à  Tanonymat.  La  sentence  anonyme  brx^ 
ûnVi»n,  suivant  la  maxime  ûnbw  n«  anrifi^,  provient,  selon  Sifrè, 
Nombres,  §  42,  p.  12&,  éd.  Friedmann,  de  R.  Eléazar,  fils  d'E- 
léazar  "icpn;  on  trouve  aussi  dans  Sifrè,  dans  un  passage  pré- 
cédent, une  sentence  commençant  par  ûibiorr  bnna  qui  est  d'Eléazar 
ncpîi  môme  ;  les  mômes  mots  forment  aussi  dans  piV«n  pno  qui, 
dans  les  éditions  du  Talmud,  est  placé  après  D.  E.  Z.,  un  refrain 
qui  revient  fréquemment  ;  trois  de  ces  passages  appartiennent  à  ^3 
«nop,  le  fils  d'Eléazar  (voir  Bâcher,  Agada  der  Tannaiten,  II, 
500).  Nous  avons  donc  dans  le  môme  cycle  de  TAgada,  le  père  et 
ses  deux  fils*.  Par  cette  série  des  sentences  d'Eléazar  ncpn,  on 
voit,  en  tout  cas,  que  ce  docteur  occupe  une  situation  considé- 
rable dans  la  littérature  gnomique. 

Vfi^V»^  *pr\  est  cité  une  fois  dans  un  récit  de  R.,  v  et  x,  et  dans 
Z.,  x,  comme  auteur  de  la  sentence  «a  *m  latD  m*7,  qui,  comme 
on  sait,  a  sa  place  véritable  dans  Sanhédririy  97  a  (où  elle  est 
rapportée  au  nom  de  R.  Juda).  Sans  doute  on  a  placé  ces  phrases 
commençant  par  «a  m  p\D  ^nn  ou  to^  à  la  fin  du  traité,  afin  que 
ce  soit  Tespérance  consolante  de  la  venue  du  Messie  qui  en  forme 
la  conclusion  *. 

Au  lieu  de  mnrr  *na  "«ittioin  'i  dans  D.  E.  R.,  ii,  l'auteur  de  la 
sentence  disant  qu'on  a  le  droit  de  faire  la  guerre  aux  impies  *  est 
dans  Berachot,  Ib,  et  MeguUla,  6&,  R.  Dosthay  b.  Mathoun 
(X^rtn)'  Dans  D.  E.  R.,  cette  sentence  n'a  de  lien  ni  avec  ce  qui 
précède  ni  avec  ce  qui  suit  et,  en  outre,  elle  parait  avoir  été  modi- 
fiée intentionnellement  (par  Taddition  des  mots  du  débat  t]bn9b), 

aussi  très  plat.  Au  lieu  de  n:>b3a^,  je  lia  nbanîD©  ;  cf.  la  leçon  d'Elia  Wilna, 
D^SDÏl  n5<  ban?a^  Dans  les  éditions  ordina'res  de  D.  E.  Z.,  la  seconde  partie  est 
ainsi  conçue  :  "iPOnb  riDIOT  t\y^';  IT^  \>y  D^T^n  bD«  n-^J^lTTa^D.  Ici  aussi  le 
root  C)3^1T  est  très  caractéristique  (voir  les  dictionnaires  rabbiniques,  t.  9.  n^T  et 
assure  rauthenlicité  de  U  phrase.  Je  lis  ;  (DD^IT)  'D^IT  !T^by  SOT^H  bDO 
nnonb  noiDI.— Cf.  j.  sanhédrin,  IZb,  r^Vi^'^0\X:i  ^m«  n©:?.  —  La  sentence  b« 
^T^b:?n  Cl^pOÏD^  Nïin  d'Eléazar  ha-Kappar  manque  chex  Bâcher,  Agada  der  Tan- 
naîten.  II,  5U2. 

*  Peut-être  faut-il  précisément  y  joindre  le  fait  du  rattachement  du  p^c 
blbv^rt  à  D.  E.  Z.  Ce  chapitre  a  dû  alors  avoir  été  placé  à  l'origine  avant  le 
chapitre  x  de  Z.  —  A  la  fin  du  traité  de  Kalla  ae  trouvent  aussi  plusieurs  maximes 
sur  la  paix;  toutefois  la  dernière  phrase  parle  de  la  Tora, 

*  En  ce  cas,  il  faudrait  admettre  que  les  phrases  d'un  autre  genre  qui  se  trouvent 
dans  ce  chapitre  ne  sont  pas  à  leur  véritable  place. 

»  ûvujna  nnanTD  mn  dbn:^b,  dans  Berachot  n^y^D^n  m-iannb  «nni»;  u 

même  pensée  est  exprimée  également  dans  une  phrase  précédente. 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  217 

de  sorte  que  nous  pouvons  affirmer  qu*elle  n'a  pas  dû  se  trouver 
à  cette  place  à  Torigine. 

On  a  déjà  parlé  de  Hillel  plus  haut,  à  propos  des  contes.  Son 
nom  e^t  cité  après  la  sentence  vi^ivo  ^via  inop  ûw  «rr  «b  (R.,  vi). 
C*est  sans  doute  Texpression  ywp  qui  a  provoqué  cette  mention  ; 
cf.  Tep"»  »b  Vxn,  Sabbat^  31  a.  —  Dans  le  même  chapitre,  est 
nommée  encore  l'école  de  Hillel  en  opposition,  cela  va  sans  dire, 
avec  celle  de  Schammaï,  à  propos  de  la  manière  de  saluer  une 
flancée.  La  même  controverse  est  encore  citée,  avec  la  formule 
^5an  "lan,  dans  Ketonboty  17  a,  formule  qui  désigne  sans  doute 
notre  traité  ;  tout  ce  thème  n*est,  d'ailleurs,  placé  ici  qu'à  cause  de 
la  phrase  finale  :  m-nan  û]>  nan-mD  ûw  Vo  nn:>n  v(rvr\. 

rtpnn  'n  figure  dans  Z.,  i,  avec  cette  sentence  :  mmr\  n«  ann« 
pn  Mttîi  nfii  «301  «  Aime  le  peut-être  et  déteste  le  qiie  m'importe  » 
(d'après  le  texte  de  Tawrogi,  p.  5).  C'est  une  des  rares  maximes 
rapportées  au  nom  de  R.  Hidka  (Bâcher,  ibid.,  i,  44*7).  Les  mots 
d'introduction  :  mn«  iwba  (m53n«  rm)  i5Dn«  »pin  *%  trahissent  un 
soin  particulier  dans  la  manière  de  colliger  ces  sentences,  car  la 
maxime  de  Hidka  ne  se  distingue  de  cdlle  du  rédacteur  ordinaire 
—  sMlest  permis  de  s'exprimer  ainsi  —  que  par  cette  unique 
expression  *pa  mart,  au  lieu  de  rna  ■»Dîi  * . 

La  leçon  tc^n  'n  •'înque  nous  trouvons  dans  Z.,  vu,  à  la  fin, 
n'est  pas  assurée.  Elia  Wilna  biffe  ces  mots.  Effectivement,  dans 
Tosefta  Pesahim,  ix,  9,  p.  1*70,  il  y  a  seulement"  :  md*»  r»»»  p'^» 
l'^D^ob  nttnn[i]  Vp  trttDhV  rrpTm,  ce  qui  concorde  avec  Pesahim, 
99  a  :  tr^^n  rmn^  l&OTa;  dans  j.  Pesahim,  ix,  à  la  fin,  3*7  a,  la 
phrase  est  citée  avec  ces  mots  &nDp  nn  "«^n.  Gomme  on  peut  ad- 
mettre avec  beaucoup  de  vraisemblance  que  cette  maxime  est 
citée  sous  un  nom  déterminé,  je  suis  porté  à  donner  la  préférence 
à  la  leçon  finop  "^3,  ce  rabbin,  comme  nous  avons  déjà  montré  plus 
haut,  s'étant  quelque  peu  occupé  de  littérature  gnomique. 

rnofir  'n  est  cité  dans  R.,  xi,  au  commencement,  dans  une 
baraïta  :  naV  *pia  fiarn  (d'après  Yoma,  21  a,  firan).  Cette  baraïta, 
quant  au  thème,  ne  fait  nullement  partie  de  D.  E.,  et  elle  inter- 
rompt très  fâcheusement  la  fin  du  chap.  x,  où  il  était  question  de 
bains,  et  le  commencement  du  chap.  xi,  où  il  en  est  encore  ques- 
tion [ym'ùb  03M). 

*  rW  "«Dn  et  *T53  ÏITan  sont  des  manières  de  parler  dédaigneuses  pour  dire  : 
<  QaMmporte  >  I  ou  c  bien  sûr  >  !  Au  lieu  de  ^D3  MT^n.  il  y  a  dans  Kalla^  éd. 
Coronel,  p.  9  a,  el  éd.  Romm,  f»  53  tf,  ^"IDT^ÏI,  ce  qui  est  une  faute  d'une  élour- 
derie  incompréhensible. 

*  Cependant  Zuckermandel  marque  aussi  la  variante  n73(<,  ce  qui  permet  de  croire 
qa*il  a  été  omis  un  nom. 


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218  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

B.  Josaë,  nom  qaMI  faut  compléter  en  ajoutant  :  ben  Hananya, 
est  cité  dans  R.,  v,  vi,  vu,  et  Z.«  viii,  mais  toujours  uniquement 
dans  des  contes. 

R.  Josué  b.  Léyi  figure  comme  auteur  de  la  maxime  Ttr  bVu^V 
d-^tDOte  '|'^3'»:^a  d*%t  ■'^a  te  (R.,  v,  à  la  fin).  C'est  Tunique  Amora 
qui  soit  nommé  dans  le  traité  D.  E.,  avec  son  petit-fils  "«or^ 
(R.,  If  fin).  Celui-ci  vivait  au  iv«  siècle.  Mais  le  chapitre  xûrxfitin  où 
ce  nom  se  trouve  ne  fait  pas  partie  de  D.  E.,  comme  nous  Tavons 
déjà  vu. 

R.  Jnda,  sans  doute  le  fils  dllaï,  est  l'auteur  d'une  sentence 
concernant  la  diflférence  entre  les  coupes  de  vin  en  Oalilée  et  en 
Judée  ^  Cette  sentence  ne  se  retrouve  nulle  part  ailleurs  et  fait 
partie  du  fonds  propre  de  D.  E. 

Yohanan  b.  Zakkaï  n'est  nommé  qu'occasionnellement  dans  un 
conte  (R.,  vi). 

>Dr  %  sans  doute  "^V^V:;:!,  est  l'auteur  de  la  sentence  suivante 

a'wV  pbn  *  fw  ann  li«b  noo^ai  ^vn  (R.,  xi).  Celte  sentence  fait 
partie  du  fonds  primitif  de  D.  Ë.  Dans  Z.,  x,  R.  Tosé  est  égale- 
ment nommé  ;  mais  d'après  Sabbat,  152  a,  celui-ci  serait  "la  \xr^  'n 
KttDp.  La  sentence  est  en  langue  araméenne  :  «  Il  vaut  mieux  deux 
que  trois  (c*est-à-dire  mieux  valent  les  deux  jambes  de  la  jeunesse 
que  les  trois  jambes  des  vieillards,  la  troisième  étant  le  bâton); 
malheur  à  cause  de  celle  qui  est  passée  et  ne  revient  pas  (c'est-à- 
dire,  d'après  Hisda,  Sabbat^  152  a,  la  jeunesse)  ».  Cette  sentence 
si  énigmatique  convient  fort  bien  à  cette  collection  de  maximes  ; 
la  forme  araméenne  achève  de  lui  donner  le  caractère  d'un  véri- 
table proverbe*.  Deux  autres  sentences  dans  Z.,  x,  commençant 
par  les  mots  *nttT«  ïTrt  Kti  —  phrase  qu'on  rencontre  fréquemment 
surtout  dans  la  Mischna  Aboi  —  sont  attribuées  à  R.  Yosé  b. 
Kosma',  mais  ailleurs  {Kiddouschin,  82a,  et  Eroubin,  55&), 
celles-ci  sont  citées  sous  une  autre  forme  *.  —  Le  chapitre  xi  de 
R.  contient  cette  sentence  :  d'Wî  ■»MT«tt  fn  •j'^inip  ^T«  pnsr»  -^a^ 
^3n  dn  ^y  rûxny  «b  '-d  ^wa  V^dn  ^^bn  vh  *^^w  ».  Aucun  renvoi  à 

>  il  est  facile  à  reconnaître  à  ces  mots  :  d'^^ITSM  d'^^3^  t^72^,  car  c'est  là  sa  ma- 
nière  de  s'exprimer  habituelle. 

*  En  dehors  de  ce  passage,  on  ne  trouve  que  peu  d^aramalsmea  dans  D.  B.  Je 
mentionnerai  ^731D  dans  Z.,  m,  où  le  mot  n*a,  d'ailleurs,  aucun  sens  (nibpM  Dfit 
n*^nNa  Vpnb  '^DIO  nn»  maria  bpnb  ^Wne).  Le  mot  manque,  en  effet,  dans 
Tédition  Tawrogi,  p.  18;  ensuite,  H^'^XÛ  K73'^31f  mois  qui  n'ont  également  pas  de 
sens  et  qui  ne  sont  guère  écUircis  par  la  glose  marginale.  Etant  donné  le  caractère 
purement  hébreu  de  la  langue,  ces  aramaïsmes  doivent  certainement  être  éliminés. 

*  Au  lieu  de  fi^T^D'^p*  il  faut  lire  partout  MTSDIp* 
^  Voir  Bâcher,  ibid,,  I,  402,  note  3. 

s  Cea  derniers  mots  d'après  Elia  Wilna. 


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LE  TRAITÉ  TALMDDIQUE  «  DÉRÉGH  ERËÇ  »  219 

un  passage  parallèle  ea  marge  et  riea  à  ce  propos  dans  les  com- 
mentaires. Le  mot  X^Tmp  est  une  véritable  énigme.  Cependant  dans 
Abot  di  R.  Nathan,  vers.  I,  ch.  31,  se  trouve  cette  phrase  :  vm 
triBi  Vo  wm  m  irr^a  l'»^ip  finai  dbva  X^Tmp  ;  M.  Schechter  dit  à  ce 
sujet  qu'il  ne  comprend  pas  ce  terme.  Le  mot1*^2fcnip  s'explique  bien 
parle  mot  biblique  ynp.  Outre  X^y  "utnp*»  (Ps.,  xxxv,  19),  vr^a  ymp 
(Prov.,  VI,  13),  V^  ynp  [ibid.,  x,  10),  on  lit  aussi  TnD«  ynp  (i&wT., 
XVI,  30).  Ainsi  s'explique  le  terme  Mm  ymp.  Le  mot  fnitnip  en 
lui-môme,  sans  tTMfi^,  signifie  quelque  chose  comme  «  celui  qui  est 
aux  écoutes,  espion  ».  La  sentence  signifierait  donc  :  «  Il  existe 
dans  le  monde  des  êtres  qui  sont  aux  écoutes  (une  espèce  d'ani- 
maux^ cf.  la  sentence  immédiatement  antérieure  bVn^a  nn  rm) 
et  il  existe  aussi  dans  Thomme  des  «  guetteurs  «>,  les  «  oreilles  ». 
Comme  cette  sentence,  dans  Abot  di  R.  Nathan,  est  de  R.  Yosé 
•'V'Vxn,  je  suppose  que  dans  D.  E.  on  a  vu  à  tort  prûf»  dans  "^"-ï  et 
que  c'est  de  R.  Yosé  qu'il  s'agit.  La  sentence  veut  dire  que  les 
espions  sont  des  assassins.  C'est  ainsi,  d'ailleurs,  que  dans  TËcri* 
ture  Sainte,  après  la  prescription  :  «  Tu  n'iras  pas  médisant 
parmi  ton  peuple  »  viennent  les  mots  :  «  Et  ainsi  tu  ne  seras  pas 
coupable  de  meurtre  ». 

A  R.  Méïr  on  attribue  la  sentence  :  noD^rt  n'^a  ib  «''«  •%  bD 
STTPtt  y^'m  t=3«b  ^bti  WÉn  rp^a  «  Qui  a  une  synagogue  dans  sa 
ville  et  ne  la  fréquente  pas  est  coupable  de  mort»^  La  même 
maxime  se  trouve  aussi  au  nom  de  Méïr  dans  Abot  di  R.  Nathan, 
version  I,  cbap.  xzxvi,  à  la  fin.  Là  elle  est  suivie  immédiatement 
de  ces  mots  :  ib  "pÉt  ts^rx^n  ^rthrh  \d53053  irfiw  •'tt  E|fi^  'Ttt'w  a^ni 
»sn  bVi^b  pbn  «  R.  Akiba  dit  que  celui  qui  ne  cherche  pas  à  s'ins- 
truire n'a  pas  part  à  la  vie  future.  »  C'est  ainsi  qu'il  faut  lire 
aussi  dans  D.  E.,  car  le  second  ^w»  ^"n  n'est  pas  à  sa  place  ;  il 
faudrait,  au  moins,  qu'il  y  eût  *!»•«  îq"-!  nyn  rcn  ;  au  lieu  de  *»»  te 
Ttta  TttVn  «"nû,  lire  taDn  T»bn,  et  tout  le  reste  concordera  avec 
Abot  di  R.  Nathan. 

îTTDTO  't  (Z.  x).  La  sentence  de  ce  docteur  «a  *m  p©  ^rt  n'est 
pas  à  sa  place  ici.  Voir  plus  haut  ce  qui  est  dit  de  Oamliel.  Il  en 
est  de  môme  de  -w^tTi  h  *. 

'^wy  13  est  nommé  en  tête  du  chap.  m  de  R.  et  nous  savons  déjà 
que  le  chapitre  porte  son  nom.  La  sentence  qu'il  formule  ressemble 
étonnamment  à  celle  que  nous  trouvons  dans  Abot,  m,  1,  sous  le 
nom  d'Akabia  b.  Mehalel,  et  la  rencontre  ne  s'explique  pas.  La  sen- 

*  On  en  lire  une  déduction  pour  ©n^TQÏl  n'^a  ;  c'est  déjà  là  une  sorte  de  gue- 
mara.  U  résulte  de  Abot  di  B.  Nathan  que  R.  Méïr  n'a  parlé  que  de  «nTOfl  n-^D 
et  que  la  variante  nOS^Îl  n'^D  a  été  faite  en  TaTeur  de  la  déduction. 

*  R.  Nehoral  est  aussi  nommé  dans  le  traité  Kalla. 


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220  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tence  de  Ben  Âzzaï  est  avec  celle  d'Akabia  dans  le  môme  rapport 
que  la  baraïta  vis-à-vis  de  la  Mischna  ^  Une  sentence  du  même 
genre  est  aussi  rapportée  dans  Z.,  iv,  mais  sans  nom  d'anteur.  Ben 
Azzaï  est  encore  nommé  dans  R.,  xi,  comme  auteur  de  la  sentence 
trw  •^DBTTDtt  fn  irm^  n«  tKvmn  «  Qui  hait  sa  femme  est  un  meur- 
trier ».  Ni  Tune  ni  l'autre  de  ces  sentences  n*est  particulièrement 
caractéristique  pour  D.  E.  ;  elles  pourraient  se  trouver  tout  aussi 
bien  dans  un  autre  recueil.  Cependant  il  semble  que  Ben  Azzaï 
a  contribué  au  développement  de  la  littérature  gnomique,  car  la 
sentence  si  expressive  :  ia  fcW»TnV  idio  mm  •'•nna  ba»ittrt  te 
«  Quiconque  s*expose  au  mépris  à  cause  de  la  Loi  s*élèvera  un 
jour  par  elle  »,  qui  est  rapportée  sans  nom  d*auteur  dans  Z.,  yiii, 
émane,  selon  Oen.  Rabba,  81,  de  Ben  Azzaï  (cf.  Berachot^  63  &, 
où  cette  maxime  est  citée  au  nom  de  Samuel  b.  Nahmani,  tandis 
que  Abot  di  R.  Nathariy  version  I,  chap.  xi,  p.  46,  indique  Ben 
Azzaï  comme  en  étant  Fauteur  ;  de  môme  Yalkout,  Prov.,  g  964). 
—  La  sentence  anonyme  rtbp  irci'Kh  "p  irm  «  Empresse- toi  d'accom- 
plir un  précepte  peu  important  »  (Z.,  ii)  provient,  selon  Abot,  iv,  2, 
de  Ben  Azzaï;  cf.  ibid.,  ii,  1.  Je  rappellerai,  en  outre,  le  carac- 
tère anonyme  de  la  sentence  inbj^  â'mV  ta*nnn  twy  (Z.,  ii),  qui 
est  rapportée  presque  dans  les  mômes  termes  dans  Nidda,  62  a, 
par  Eléazar  ben  Zadoc.  En  ce  qui  concerne  Ben  Azzaï,  cf.  j.  Sche- 
kalim,  48  dy  au  sujet  de  la  n^^n;  dans  Berachot,  Slb,  et  dans 
Aboi  di  R.  Nathan,  version  I,  chap.  xl,  p.  128,  on  attribue  à  Ben 
Azzaï  une  piété  particulière  (niTonV  rroif^  taibna  -^«t:^  larwi^); 
cf.  plus  haut  notre  remarque  sur  tan^on  nba».  Peut-être  môme  les 
noms  ont-ils  été  intervertis,  et  au  lieu  de  n^^nb  m^*^  fe^iT  1^,  doit- 
on  lire  •^kt:^  la  •. 

C'est  aussi  Ben  Azzaï  qui  instruit  R.  Akiba  en  matière  de  con- 
venances. R.  IX  :  tnioiiD  np«»  nn»  -^n^a  "ry  M'^p:^  '^vay  la  iV  ^ûoh 
)*«)3ira»  :  «  Jusqu*à  quand  donneras-tu  à  boire  des  coupes  déjà  en- 
tamées ?  »  Outre  ce  passage,  R.  Akiba  apparaît  dans  deux  autres 
récits,  dans  R.,  v  et  vu.  Quant  au  récit  de  Z.,  viii,  nous  avons 
prouvé  plus  haut  qu*il  ne  fait  pas  partie  de  D.  E.  ' 

i  Dans  Kalla^  éd.  Coronel,  12  a,  on  demande,  en  effet,  *^73Mp  '^^102  «  Qoe 
dit-il?  » 

*  Au  sujet  de  Ben  Azzaï,  «  disciple  des  sages  •  xar'  i^oxVjv,  voir  Bâcher,  ibid.^ 
if  409.  On  sait  que  Ben  Âzzaï  est  du  nombre  de  ceux  dont  le  Talmud  dit  qu'ils  ont 
pénétré  fort  a  vaut  dans  la  science  spéculative.  Plusieurs  sentences  caractéristiques 
de  Ben  Azzaï,  qui  sont  au  nombre  des  meilleures  maximes  talmudiques,  sont  citées 
par  Bâcher,  ibid, 

•  Dans  Kalla,  vers  la  Bn,  R.  Tarfon  dit  de  R.  Akiba  :  ^t^htlC^  ÎTTa^fO  '^^'l 
V^'T2.  D'après  cela,  R.  Akiba  lui-même  était  versé  en  y^M  ^*11,  st  cependant  il  re- 
çoit des  leçons  de  Ben  Azzaï. 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRËGH  ERËÇ  »         221 

R.  Jada  le  Saint  n'a  pas  fourni  non  plus  de  sentences  au  D.  S., 
car  son  nom  n*est  mentionné  qu'une  fois  occasionnellement  (R., 
IX  )  :  -^an  n»«  ta'^^nn  'n.  Ce  passage  a  sa  source  dans  Bera^ 
chot,  50  &. 

R.  Simon  b.  Eléazar  (ou,  d*aprës  une  meilleure  leçon,  R.  Elié- 
zer  b.  Simon)  n'est  mentionné  qu'une  fois,  dans  un  récit  (R.,  Iy)^ 

R.  Simon  b.  Gamliel  est  Fauteur  de  la  sentence  xir^  '^  ^"xmnrt 
(R  .  x),  dont  nous  avons  déjà  parlé  ci-dessus.  Cette  sentence  n*a 
pu  être  formulée  que  par  une  personnalité  de  rang  élevé,  car  elle 
suppose  que  Fauteur  était  au  courant  des  mœurs  de  la  société 
distinguée  du  monde  romain. 

R.  Simon  b.  Yohaï  est  l'auteur  d'une  sentence  na'm  la»  m» 
(Z.,  X,  au  commencement)  ;  mais  toutes  c«s  maximes  proviennent 
de  Sanhédrin^  comme  nous  Tavons  déjà  indiqué. 

En  mentionnant  encore  ^Titm  Ma»,  auteur  de  la  sentence  knpnbms 
eaVvn  \ann  \^  n'^a  (Z.,  ix,  fin),  et  en  ajoutant,  enfin,  qu'antérieu- 
rement une  sentence  analogue  est  rapportée  au  nom  des  â*^:3n*, 
nous  aurons  épuisé  la  liste  des  Tannaïm  et  des  Amoraïm  qui 
ligurent  dans  les  deux  traités  du  D.  Ë.  La  plupart  des  auteurs 
nommés  sont  cités  dans  des  contes,  ou  mentionnés  comme  auteurs 
de  sentences  qui  proviennent  d'autres  ouvrages  de  la  littérature 
rabbinique  et  qui,  dans  D.  E.,  ne  sont  que  de.s  emprunts.  En  fait 
d'auteurs  ayant  aidé  au  développement  de  la  littérature  gnomique, 
nous  n'avons  qu'Eléazar  nepn  et  Ben  Âzzaï  ;  tous  deux  ont,  d'ail- 
leurs, donné  leur  nom  à  un  chapitre  du  traité.  Mais,  môme  pour 
les  sentences  formulées  par  ces  docteurs,  on  remarque  la  ten- 
dance de  les  rapporter  sans  nom  d'auteur,  de  sorte  que  nous 
sommes  amené  à  reconnaître  que  le  compilateur  de  D.  E.  a 
voulu  leur  donner  le  caractère  anonyme.  Mais,  comme  ce  traité 
n'est  qu'un  fragment  de  ce  genre  de  littérature,  nous  pouvons 
aussi  en  tirer  une  conclusion  pour  ce  qui  concerne  le  caractère 
<ies  parties  perdues  ;  peut-être  cette  branche  de  la  littérature 
s'est-eJle  précisément  perdue  parce  que  les  sentences  étaient  ano- 
uymes. 

S.  Erauss. 
(il  suivre.) 

'  ^^^,  dans  R.,  m,  est  peut-être  auBsi  Simon  b.  Eléazar.  Immédiatement  après 
n'ent  nu^  sentence   de  Sp^*^  p  K"l  qui,  dans  Ahot  di  B.  Nathan,  version  I,  cha- 
pitra ^i:at,  p.  70,  est  attribuée  a  R.  Simon  b.  Eléazar,  ce  qui  ne  peut  6tre  exact,  car 
^%niK    x>.    g     il  y  aurait  alors  deua  maximes  du  m6me  auteur  et  il  faudrait  dire 

..j    ^*^»  loin  nous  aurons   cependant  Toccasion  de  faire  remarquer  que,  diaprés  la 
^*^^«  leçon,  les  t3'^73Dn  ne  >ont  pas  mentionnés  ici. 


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1 


LES   SABORAÎM 


Les  Saboraïm  occupent  dans  Thistoire  rabbinique  une  situation 
originale.  Ils  sont  les  intermédiaires  entre  deux  périodes  fonciè- 
rement diverses,  entre  la  période  des  Âmoraïm,  qui  créèrent  le 
Talmud,  et  la  période  des  Gaonim,  qui  le  présentèrent  déjà  comme 
un  Canon  fermé  et  s*appliquèrent  à  l'interpréter  et  à  le  répandre. 
L'activité  des  Saboraïm  s'exerce  à  la  fois  dans  le  domaine  de 
la  législation  et  dans  celui  de  l'interprétation.  Par  leurs  dis- 
cussions théoriques,  incorporées  au  Talmud,  ils  ressemblent  aux 
Âmoraïm,  et  par  leurs  gloses  explicatives  ils  se  rapprochent  tout 
à  fait  des  Gaonim.  On  sait  depuis  longtemps  que  les  derniers  ré- 
dacteurs du  Talmud  babylonien  furent  les  Saboraïm,  mais  on  ne 
peut  établir  avec  certitude  l'étendue  des  additions  qu'ils  y  ont 
faites.  Nous  ne  savons  guère  non  plus  d'une  manière  précise  la 
durée  de  l'activité  des  Saboraïm.  Une  profonde  obscurité  re- 
couvre encore  la  période  où  ils  ont  vécu.  Les  renseignements  que 
nous  possédons  à  ce  sujet  sont  peu  abondants  et  se  contredisent 
mutuellement  sur  beaucoup  de  points. 

Dans  ces  derniers  temps,  la  période  des  Saboraïm  a  été  l'objet 
d'une  étude  approfondie  de  la  part  de  M.  Isaae  Halévi^  Il  est 
arrivé  à  des  résultats  qui  sont  en  opposition  absolue  avec  les  re- 
cherches de  ses  prédécesseurs.  Les  lecteurs  de  cette  Revue  ont  pu 
en  prendre  connaissance  dans  les  volumes  XXXIII  et  XXXIY. 
Dans  lés  pages  qui  suivent,  je  tâcherai  d'en  contrôler  l'exactitude. 
Habile  talmudiste,  M.  Halévi  a  découvert  dans  le  Talmud  des 
traces  des  Saboraïm  là  où  Ton  n'en  soupçonnait  pas  jusqu'ici,  et 
la  science  lui  en  saura  gré.  Quant  à  ses  thèses  nouvelles  en  ma- 
tière d'histoire,  je  me  sens  porté  à  les  combattre  résolument. 

Pour  les  historiens,  c'est  de  l'an  499  de  l'ère  chrétienne  que 
part  la  période  des  Saboraïm  ;  ils  en  placent  la  fin  à  Tan  540  ou 

«  Dui0  son  ouvrage  bÊn»-^  '>^db  ^'Oi'^  "nan  •iDO  .d-^îTOinn  mnn. 


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LES  SABORAIM  22t 

à  Tan  550.  Us  limitent,  par  conséquent,  cette  période  à  4D  ou 
50  ans.  M.  Halévi  trouve  cet  espace  de  temps  trop  court  pour 
Tactivité  des  Saboraïm.  D*une  part,  il  avance  leur  apparition 
jusqu'en  4*75  ou  476  et,  d'autre  part,  il  place  la  an  de  la  période  à 
Tan  589.  Dans  cet  intervalle  de  temps  presque  double  du  premier, 
M.  Halévi  prétend  que  deux  sortes  de  Saboraïm,  de  caractère  tout 
différent,  ont  exercé  leur  activité.  J'examinerai  chacune  de  ces 
assertions  isolément. 


I 

LES    PREMIERS    SABORAÏM. 

On  est  généralement  d'accord  pour  admettre  que  la  période  des 
Saboraïm  commence  à  la  mort  de  Rabina,  le  dernier  Amora  de 
Sora.  Comme  toutes  les  sources  qui  citent  l'année  de  la  mort  de 
Rabina  indiquent  Tannée  499,  cette  année  passe  généralement 
pour  la  première  de  la  période  des  Saboraïm.  On  ne  tient  aucun 
compte,  pour  cela,  de  l'opinion  de  Samuel  ha-Naguid  *  et  d^Ibn 
Daud*,  pour  qui  le  début  de  la  période  en  question  tombe  en 
Tan  477,  car,  en  ce  qui  concerne  les  Saboraïm  et  les  Gaonim,  l'au- 
torité de  Scherira  est  acceptée  sans  réserve  par  tous  les  savants 
—et  par  M.  Halévi  aussi.  Or,  M.  Halévi  prétend  que  cette  date  est 
erronée  et  qu'au  lieu  de  «nn  =  500  «,  il  faut  lire  i^cmn  =  475  ou 
ftmn  =  476.  Voici  comment  M.  Halévi  motive  son  désaccord  avec 
les  historiens  juifs  :  «  On  a  le  tort,  dit-il,  de  ne  citer  de  Scherira  que 
quelques  paroles,  notamment  celles  que  nous  avons  invoquées  au 
début  de  notre  étude,  et  c'est  sur  ce  passage  tronqué  qu'on  a  cons- 
truit tout  un  échafaudage  pour  déterminer  l'année  de  la  mort  de 
Rabina,  celle  de  la  clôture  du  Talmud  et,  en  général,  toute  la 
chronologie  de  ce  temps.  Nous  sommes  étonné  qu'on  n'ait  pas 
mieux  étudié  le  contexte  de  ce  passage,  qui  présente  certaines  dif- 
ficultés. Il  sera  bon  de  citer  le  texte  en  entier  :  «  Après  lui  fut 

1  Cité  dans  Korè  ka-Dorpi,  p.  2  ^  ;  voir  la  fin  de  ce  chapitre. 

*  Ghex  Neabauer,  Aneedota  Oaoniêntia,  I,  61. 

*  Dans  la  suite  de  cette  étude  je  n'indiquerai  que  les  chiffres  du  comput  ordi- 
naire.  J'ajoute  à  l'ère  des  Contrats  le  chiffre  3449  et  j'obtiens  ainsi  Tannée  de  l'ère  de  la 
création.  Pour  avoir  ensuite  Tannée  de  Tère  chrétienne,  j'ajoute  aux  années  de  la  créa- 
tion le  chiffre  239  ou  240,  suivant  que  Tévénement  a  eu  lieu  avant  ou  après  le 
Nouvel-An.  Là  où  il  n'est  pas  nécessaire  de  tenir  compte  de  cette  dernière  circons- 
tance, je  déduis  de  l'ère  des  Contrats  le  chiffre  311  pour  trouver  Tannée  chrétienne. 
Ainsi,  au  lieu  de  811  de  Tère  des  Contrats,  j'écris  Tan  500  et,  au  lieu  de  kislev  811  de 
celle  ère,  kisleT  499. 


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224  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

R.  Idi  b.  Abin,  qui  mourut  en  452. . .  Le  mercredi  13.  kislev  de 
Tannée  499  mourut  notre  maître  Abina,  âls  de  R.  Houna^  alias 
Rabina,  qui  fut  le  dernier  des  Amoraïm  (rrfinti  tpo  Éitti).  Puis  fat 
R.  Rehoumi,  ou,  d'après  d'autres,  Rehoumoï  *  ;  il  mourut  en  456, 
lors  d'une  persécution  décrétée  par  Jezdegerd.  Puis  fut  président 
de  récole  R.  Sama,  âls  de  Rabba. . .  En  474  furent  fermées  toutes 
les  synagogues  de  Babyloné,  et  des  enfants  juifs  furent  remis  aax 
mages.  En  476  mourut  R.  Sama,  fils  de  Raba  ;  puis  présida 
R.  José. . .  »  Scherira  part  de  la  mort  de  R.  Aschi  et  va  jusqu'à  la 
mort  de  R.  Sama  et  à  Tavènement  de  R.  José.  Quant  à  l'ordre 
chronologique,  il  commence  par  Tannée  427  *  et  finit  avec  Tannée 
476.  Gomment  donc  expliquer  que  tout  d'un  coup  la  chaîne  du  ré- 
cit se  brise  et  qu'apparaisse  la  mention  de  la  mort  de  Rabina  en 
499?...  Il  faut  donc,  de  toute  nécessité,  qu'une  erreur  se  soit  glissée 
dans  les  chiffres  :  au  lieu  de  499,  il  faut  lire  475  ou  476...  On  dira 
peut-être  que  la  mort  de  Rabina  est  mentionnée  après  Thistoire 
de  Técole  de  Sora  parce  que  c'est  par  cet  événement  que  Tauteur 
a  voulu  clore  Thistoire  de  cette  école  pour  passer  ensuite  à  celle 
de  Poumbadita.  Cette  objection  est  réfutée,  d'abord,  par  le  fait  que 
même  dans  la  seconde  partie,  Scherira  parle  encore  de  Técole  de 
Sora*...  » 

Comme  on  le  voit,  M.  Halévi  croit  que  la  date  de  499  n'est  pas 
possible,  parce  que  la  chaîne  du  récit  de  427  à  476  s'en  trouve  in- 
terrompue. Mais  M.  Halévi  ne  s'aperçoit  pas  que  le  chiffre  475 
proposé  par  lui  interrompt  aussi  le  récit  et  que,  dans  son  ieœtey 
cette  date  est  suivie  du  chiffre  456,  tandis  que  dans  tous  les  autres 
textes  exacts  il  y  a  même  le  chiffre  433.  Les  chiffres  456  et  433  ne 
peuvent-ils  venir  qu'après  475  et  non  après  499? —  M.  Halévi 
s'est  laissé  induire  en  erreur  par  un  texte  sans  valeur.  S'il 
avait  consulté  une  édition  tant  soit  peu  correcte,  il  aurait  davan- 
tage tenu  compte  de  l'objection  qu'il  a  effi^urée  lui-même.  Il 
aurait  vu  notamment  qu*en  réalité  Scherira  traite  d'abord  de  la 
dernière  génération  des  Amoraïm  de  Sora,  et  que  c'est  seulement 
après  avoir  fini  d'en  parler  qu'il  passe  aux  derniers  Amoraïm 
de  Poumbadita.  Il  est  donc  tout  naturel  que  Scherira  ait  dû  reve- 
nir en  arrière  quant  à  la  chronologie,  car  le  dernier  des  derniers 
Amoraïm  de  Sora  vécut  beaucoup  plus  tard  que  le  premier  des 
derniers  Amoraïm  de  Poumbadita. 

*  Au  sujet  des  erreurs  du  texte  cité  ici,  voir  plus  loin. 

*  M.  Halévi  écrit  426,  parce  qu'il  déduit  312  de  Tëre  des  Contrats,  comme  le  font, 
du  reste,  beaucoup  d'auires  auteurs.  Mes  indications  diffèrent  donc  toujours  de  celles 
de  M.  Halévi  d^un  an. 

•  Bê9U0,  xxxm,  p.  9  et  s.  ;  cf.  to-^sitt^^nn  T\r^^x  p.  i-s. 


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LES  SABORAIM  225 

La  fameuse  Lettre  de  Scherira  a  été  d^abord  publiée  par  Samuel 
Schullam  comme  supplément  au  Youhasin,  qu*il  édita  à  Constan- 
tinople  en  1566  ;  de  là  elle  passa  dans  les  éditions  suivantes  du 
Youhasin.  L'édition  de  Schullam  fque  je  désignerai  par  S.  J.)  n'est 
digne  de  confiance  sous  aucun  rapport  ;  elle  est  corrompue  et 
il  y  manque  des  phrases  entières,  comme  Rapoport  Ta  déjà  re- 
connu. Heureusement  la  Lettre  a  été  éditée  de  notre  temps  plu- 
sieurs fois  d*après  divers  manuscrits.  La  dernière  édition,  pourvue 
de  nombreuses  variantes,  est  celle  de  M.  Neubauer  (S.  N.).  Les 
éditions  nouvelles  montrent  combien  Tédition  de  Schullam  est 
défectueuse.  Or,  c'est  précisément  cette  édition  que  M.  Halévi 
a  utilisée  ici,  sans  tenir  aucun  compte  de  toutes  les  autres.  Il 
aurait  dû  d'autant  plus  le  faire  que  toutes  les  éditions  diffèrent 
très  avantageusement  de  S.  J.,  comme  nous  nous  en  convaincrons 
bientôt.  C'est  dans  ce  but  que  je  reproduis  ici  le  passage  en  ques- 
tion, tel  qu'il  se  trouve  chez  Schullam  et  chez  M.  Neubauer,  ainsi 
que  dans  toutes  les  autres  éditions. 

Neubauer,  Anecdota  Oxoniensia,  f,  33.  Youhasin,  éd.  Cracovie,  17  a. 

nnna  ^bm  n"iii»n  nîttja  a^^ï)'!  a-i  rr^-inai  .a"720n  n5«a  a-'D;»'! 

HDi  'n»'»'»   a-i  r^-^on»   r^n^aa  Xo^n  n3ï)a  a"»D':5i  i"«a5<  na  •^t»» 

■»T'Nanrmnai.a''»tt5nn2«an'»«D3  a"»D;3i  Nsirr  a-i  la  vana  a-i  n"»-i»nai 

.(a-^îU))  :^''o^n  nî^ûa  a"«a:ûT  i-^a»  na  Y'^^t   ...ft^n^:^    bon  .i"oï:n   nsiDa 

y^zm  N3in  an  na  iTaro  an  rrnnan  na  n?^  r^^nm  "^wraa  an  «"'onjoa 

^b^i  .Mr^TTSTO  bc3i   .V'ouîn  n3'::a  "^N^itja  'Sy^r\  nr^a  a-^a-ûi  -«Oi*  an 

n»  Kim  "«ttraîa  an  «•'onT:  «n73a  nxDoin  an  n-^nnai  .tomoart  dp 

a'':^t3n  n3«a   a-^iD^i  "^«în   an   na  «atDa  3?ani<ai  .5<"D"::n  n3;aa  a'^aoi 

nan  mnnai  .D'^msarr  &t»  \>is:i7:a  a-^DO  «"-^nn  nsaa  iboaa  a"-»  «im 

.t^DOn    n:«5a   a-^a^i    m^Doin  «nm  «nn  ann  rr^na  «a-ta»  Nsan 

iboaa  nn-'bn  «im  «aoa  j^an^ai  s-innai  .ïiî^mn  tjiD  Nim  .«s-'an 

rpna  «ra»  an   a-'D©  «"-«nn  naiDa  .*  n'^Tsinn  an  "^obni  n-^xi  ,'»?i'in'»n  an 

C|io  «nm  .«ran  «im  r^snïi  an-n  r^n^so    p:^a  o"an    n:aa    a-'a-Di 

.rn»mn  t^ro  an  ^b^  r^nnai  .n-ianr  nTn 

toioa  niDbtt   i-^s'û    v^^^^t  =i''^^  T"Dan  nD-^rai  ...t^am  nna 

b-^na    -«a»    «n^^aa    an    «n-^na  an  Y-^  ^''"'^^^'^ -'^^'^"^  ^"'"^^^'^^  ^"^ 

?T»nnan    .n"wtt5n  naisa  a-^aoi  d'^-doki  ni<mn  t|io  n^'Tarai  ,-»ot> 

a'>ao'i  t^n^na  taio  It:  tonon  la-^ao-^^maD  pam  «anm  .«TiTobn 

,'^î3"in'«n  an  n-^nnai  .Y'D^n  natja  &"»3n5<a  lan'^D  "^am  ni:23^i7a  û"^r::a 

a-^aui  ,"'»73nn'^3   an  v°^nî3T  n"»«i  .tD'»)3'^n   "^nana    tDn"»3inaT  "»nDoa 

»  Lisez  :  ■>^nn"»3. 

T.  XXXVI.  w«  78.  15 


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226  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

-îW^   t^ntt©   113^3    o"«n    tnswn  rr^^na  «»D  «ia'n  3'^:d«  V'ûnn  r5«a 

«!»30  an  a'>DUî  T"Dtt5n  nauîai  ...«a-in 
.•^DT»  '-1  ^^73  !rT«nnai  .«a-n  n'^na 
.«nittbn  d"»'>noNi  ntm^n  jq-io  rrttr  an 
to-^i^a  la-^D©  "^N-nao  pam  r^aim 
■^-iDOa  d-'aïKi  iidt^d  -«Dm  /mû3?i73 
V'Mnn  na^Dan  .d-^jm  "^^ana  dn'^3in:DT 
r^am  irr^na  r^wo  r^aan  a^3Uî 
M.lT>oa  înmïT» 

On  volt  combien  S.  J.  est  corrompu  et  défectueux.  Les  phrases 
imprimées  entre  parenthèses  dans  S.  N.  ont  disparu  dans  S.  J. 
sans  laisser  de  traces.  D^abord  la  phrase  qui  suit  le  premier  a'^Dtti 
manque,  notamment  de  nd)Da  jusqu'à  nd)Da.  Ensuite,  il  y  manque 
les  phrases  depuis  "jn^Kan  jusqu'à  n^aicn  avec  les  mots  d'intro- 
duction fctn'^na  diDa  -ob»  l'>:«:  l'^yMi,  qui  forment  la  transition  de 
Scherira  entre  Sora  et  Poumbadita.  Si  M.  Halévi  avait  tenu  compte 
de  cette  transition,  il  aurait  compris  que  ce  n'est  pas  là  une  inter- 
ruption du  récit,  mais  le  début  d'un  nouveau  récit.  Ainsi  la  preuve 
que  M.  Halévi  donne  à  l'appui  de  sa  correction  et,  par  suite,  son 
objection  contre  les  historiens  se  réduisent  à  rien. 

La  preuve  tirée  par  M.  Halévi  du  Talmud  n'est  pas  plus  solide. 
Il  prétend  déduire  de  quelques  passages  du  Talmud  que  Rabina  U* 
était  déjà  un  homme  fait  vers  430,  et  il  trouve  invraisemblable 
que  Rabina  ait  vécu  jusqu'en  499,  ce  qui  lui  eût  donné  à  peu  près 
rage  de  cent  ans.  Cette  preuve  n'est  nullement  décisive,  car  Tby- 
pothèse  d'un  âge  aussi  avancé  n'a  rien  d'impossible.  Nous  savons, 
d'ailleurs,  que  Scherira  et  son  fils  Haï  vécurent  près  de  cent  ans. 
En  outre,  il  n'est  pas  établi  que,  dans  les  passages  que  M.  Halévi 
invoque  à  son  appui,  il  s'agit  de  Rabina  H  plutôt  que  de  Ra- 
bina P. 


^  La  preuve,  donnée  comme  nouvelle  par  M.  Halévi,  de  Vexislence  de  deux  Ra- 
bina {Revue ^  ibid.^  p.  9,  et  dans  son  ouvrage,  p.  2)  aurait  pu  dire  laissée  de  côté, 
car  Grftiz,  BiQll  et  Krocbmal  la  donnent  déjà.  Ce  dernbr  savant  prouve  suffisam- 
ment qu'il  est  question  dans  le  Talmud  de  Rabina  11  (dans  ses  mn^^m  d^)D^*1^, 
p,  65)  et  M.  Halévi  aurait  dû  au  moins  le  citer.  En  tout  cas,  il  n'aurait  pas  dû  dire, 
dans  son  ouvrage,  p.  2,  que  les  historiens  admettent  quatre  R«bina.  L'auteur 
du  livre  y 3^  1K3,  qui  a  imaginé  les  quatre  Rabina  et  que  M.  Halévi  combat,  ne 
représente  pas  notre  école  bistorique. 

*  Je  ne  voudrais  pas  m'engager  ici  dans  des  discussions  balacbiques  et  je  me  bor- 
nerai à  remarquer  que  le  Rabina  qui  n'était  pas  venu  a  Hagrounia  (Revue,  XXXHI, 
p.  13  et  15)  est  le  môme  Rabina  qui,  en  opposition  avec  R.  Âscbi,  a  permis  de  tra- 
verser un  fleuve  le  sabbat.  S'il  dit  néanmoins  :  •  Ne  partages-tu  pas  ropioioQ  de 
R.  Âscbi,  qui  le  défend?  »,  cela  n'était  qu^une  réponse  évaaive,  parce  qaUl  ne  voulait 


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LES  SABORAIM  227 

M.  Halévi  invoque  encore  à  Tappui  de  son  hypothèse  Tasser- 
fion  dAbraham  ibu  Daud,  qui  aurait  placé  la  mort  de  Rabina  en 
475.  Or,  Ibn  Daud  n  indique  pas  du  tout  Tannée  de  la  mort  de 
Rabina.  En  mentionnant  les  persécutions  de  Tan  474.  il  dit  seu- 
lement :  «  Â  cette  époque,  Rabina  fut  pendant  un  an  chef  de 
Técole  »  •.  Ceci  est  aussi  confirmé  par  ce  que  rapporte  Scherira,  à 
savoir  qu'en  474  les  synagogues  furent  fermées  et  les  jeunes  gens 
juifs  furent  emmenés  chez  les  mages*.  Sans  doute,  Técole  de  Sora 
fut  fermée  bientôt  après,  et  Rabina  n*a  pu  la  présider  que  pendant 
un  temps  très  court.  Mais  il  n'en  résulte  nullement  que  Rabina 
soit  mort  en  475.  Du  reste,  nous  savons  qulbn  Daud  a  utilisé 
des  sources  qui  diffèrent  beaucoup  de  Scherira,  et  il  n^est  pas  per- 
mis, par  conséquent,  de  tirer  dlbn  Daud  des  conclusions  pour  les 
leçons  de  Scherira. 

On  ne  peut  donc  guère  élever  d'objection  sérieuse  contre  la  date 
de  499.  Par  contre,  des  faits  importants  militent  en  faveur  de 
cette  date  et  contre  le  chiffre  de  475,  ou  476,  proposé  par  M.  Ha- 
lévi. Toutes  les  éditions  de  la  lettre  de  Scherira  donnent  le 
chiffre  499.  Ce  chiffre  est  aussi  indiqué  par  toutes  les  éditions 
ànSêder  Tannaîm  we-Amoraim,  Nous  trouvons  encore  la  môme 
date  en  toutes  lettres  chez  Nissim  Gaon  '.  L'unanimité  des 
sources  est  la  meilleure  preuve  de  l'authenticité  du  chiffre  493. 
Ensuite,  Scherira  dit  que  Rabina  est  mort  le  mercredi  13  kislew. 
Cette  indication  du  jour  de  la  semaine  et  de  la  date  du  mois  exclut 
l'hypothèse  de  Tan  474  et  de  475  aussi  bien  que  Tan  476.  En  474, 
le  13  kislew  tombait  le  samedi,  en  475  le  vendredi  et  en  476  le 
mardi.  Par  contre,  en  4260  =  499  le  13  kislew  tomba,  en  effet,  le 
mercredi  *. 

Ici  je  dois  appeler  l'attention  sur  le  fait  suivant.  M.  Halévi  dé* 
signe  R.  José  comme  Sabora  ».  Or,  R.  José  n'est  présenté  comme 

pas  dire  la  raison  véritable  pour  laquelle  il  ne  s'était  pas  rendu  chez  le  Rescb  Ga- 
buta.  Les  autres  réponses  de  Rabina  sont  également  évasives.  Dans  Ketoubot^  69  a 
{Hevuty  p.  12),  il  est  question,  i  mon  avis,  d'un  Rabina  plus  ancien.  Rabina  11  était 
beaucoup  plus  jeune  que  Mar  bar  R.  Âschi  et  placé  sous  son  autorité,  ce  que 
M.  Halévi  concède  lui-môme  (dans  soa  ouvrage,  p.  14  et  s.).  Il  est  donc  invraisem- 
blable que   Rabina  II  ait  entrepris  une  exécution  de  Mar  bar  R.  Aschi   J^S^am) 

(■»©«  nÎT  ïrna  nw73  •*tdn  a-n  rr^n-inb  n-^nsN. 
*  nn«  mo  na*»©*^  idîti  «s-^an  mn  (nj;D)  r!:a  nniNai  (Neubauer,  i,  6i]. 
»  il  dit  :  n-a  ia-»p3n'«iiT  bam  npc-'sd  "^a  ba  inan-'x  n"D'::n  nr^aai 

^OnattXb  ■'ûmrr  (Neubauer.  I,  :i4  ;  voir  noie  13). 

»  Dans  la  préface  de  son  nnD?a.  p.  3^,  il  écrit  :  n^ntt^Û  n:Ca  N^an  nn^T 
mnaiDb  ^^^y  Tnct-,   mXTD.  VoirHalévi,  p.  312. 

^  Cela  eut  lieu  aussi  en  4233  =  472  ;  mais  il  n'est  pas  possible  d'avancer  autant 
Tannée  d3  la  mort  de  Rabina,  car  son  prédécesseur,  Rabba  Tosphaa,  ne  mourut 
qu*ea  474. 

»  P.  13«, 


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228  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tel  que  par  Samuel  ha-Nagaid  et  Ibn  Daud,  qui,  en  s*appuyant 
sur  d^autres  sources,  font  commencer  la  période  des  Saboraïoi 
en  4T7.  Mais  pour  Scherira,  R.  José  est  incontestablement  un 
Amora,  car  il  place  R.  José  à  la  an  des  Amoraïm  à  Poumbadita  et 
passe  ensuite  seulement  aux  Saboraïm.  Scherira  dit,  en  effet  : 
«  Et  en  Tan  476  mourut  R.  Sama,  fils  de  Raba.  Après  lui  ce  fut 
R.  José  qui  présida.  De  son  temps  (rp)Dvai),  la  période  des  Amo- 
raïm finit  (n«mn  tiiD)  et  le  Talmud  fut  achevé.  Et  la  plupart  des 
Saboraïm  moururent  en  peu  d'années...  *  ».  R.  José  suit  imraé- 
diament  R.  Sama  sans  aucune  transition,  précisément  parce  que, 
comme  lui,  il  était  un  Amora;  seulement  pendant  le  temps  où 
vivait  R.  José,  la  période  des  Amoraïm  finit  et  le  Talmud  est 
achevé.  En  outre,  dans  beaucoup  d*éditions,  la  phrase  suivante 
commence  par  ces  mots  :  «  Et  les  Saboraïm  vinrent'  ».  Il  est 
donc  évident  qu'ici  R.  José  est  compté  avec  les  Amoraïm  ^.  M.  Ha- 
lévi  ne  paraît  pas  s'arrêter  à  ce  point,  uniquement  parce  que 
cela  est  absolument  contraire  à  son  hypothèse,  car  si  Scherira 
d  Uait  la  période  des  Saboraïm  de  Tan  475  ou  476,  comme  M.  Ha- 
lévi  le  prétend,  il  ne  pourrait  guère  compter  R.  José  au  moment 
de  son  entrée  en  fonction  en  Tan  476  parmi  les  Amoraïm. 

Il  est  donc  établi  que  Scherira  date  la  période  des  Saboraïm  de 
Tan  499.  Si  Samuel  ha-Naguid  et  Ibn  Daud  placent  R.  José  en  tête 
des  Saboraïm,  c'est  sans  doute  uniquement  parce  que  R.  José 
fut,  en  effet,  Sabora  à  partir  de  Tan  499.  En  tout  cas,  on  ne  peut 
tirer  de  Samuel  ha-Naguid  et  Ibn  Daud  des  conclusions  relatives 
à  Scherira  ;  leur  indication  comparée  à  celle  de  Scherira  ne  mérite 
guère  de  considération. 

^  Neubauer,  p.  34. 

*  "^«T^SO  1531  1l!in.  Ainsi  lo  porte  l'édit.  Goldberg,  Mayence  1873,  p.  38  ; 
Wallerstein,  p.  18;  de  môme  dans  bfi<17att)  "^bbD  (daos  D"^ltt5^  n73n),  p.  29. 

•  Qu'on  remarque,  en  outre,  que  Scherira  n'emploie  i'expressioQ  *tb?3  «  il  devint 
président  •  que  pour  les  Amoraïm  et  les  Gaonim,  et  non  pour  les  Saboraïm.  Au 
sujet  de  R.  José,  Scherira  dit  ^0")^  'l  ^^73  ÏT^inSI,  précisément  parce  qu'il  éuit 
un  Amora.  Kn  outre,  il  laut  tenir  compte  du  fait  que  Scherira  ne  dit  pas  en  cet 
endroit  quand  R.  José  est  mort,  comme  il  le  fait  pour  loua  les  autres  Amoraïm.  La 
raison  en  est  sans  doute  que  la  mort  de  R.  José  tombe  dans  la  période  des  Sabo« 
raîm.  C'est  pourquoi  R.  Scherira,  dans  sa  relation  relative  aux  Saboraïm,  revient  à  R. 
José  en  disant:  *  Eu  l'an  515  moururent  R.  Tuhna  et  Mar  Zoutra,  les  liis  de  IIiDéna» 
et  R.  José  Gaou  resta  encore  quelques  acnées  a  Técoie  >  (Neubauer,  ibid  ).  R.  José 
mourut  donc  comme  Sabora  après  515,  environ  viu^l  ans  après  le  début  de  la  période 
des  Saboraïm  en  /i99.  D'après  ce  système,  Scherira  comptersit  R.  José  jusqu'en 
499  avec  les  Amoraïm  et  à  partir  de  cette  date  parmi  les  Saboraim.  C'est  aussi  en 
celte  double  qualité  que  R.  José  uouà  apparaît  dans  le  Talmud,  car  il  discute  aussi 
bien  avec  TAmora  Rabina  qu'avec  le  Sabora  R.  Aha  (M.  Halévi,  dans  son  ouvrage, 
p.  4  et  s.,  et,  déjà  avant  lui,  M.  firûll,  Jahrbûcker^  11,  26,  noto  25).  Du  reste,  il 
n'est  pas  tout  à  lait  certaiu  que  le  R.  José  qui,  après  515,  était  encore  a  Pécoie  lût 
le  môme  R.  José  qui  arriva  a  la  présidence  en  476. 


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LES  SABORAiM  229 


II 


LES  DERNIERS  SABORAIM. 

Scherira  parle  des  Saboraïm  en  deux  passages  différents  de  sa 
Lettre.  En  premier  lieu,  il  en  parle  là  où  il  traite  de  Tactivité  des 
Amoraïm  et  de  la  formation  du  Talmud.  Il  dit  que  Tactivité  des 
Amoraïm  consista  dans  Tinterprétation  critique  de  la  Mischna, 
qu'on  désigna  par  le  terme  r»fi^^in.  Scherira,  après  avoir  démontré 
que  le  Talmud  est  composé  de  ce  genre  dMnterprétations,  qui 
s'étalent  accumulées  dans  le  cours  des  temps,  continue  en  ces 
termes  :  «  Et  ainsi  la  riK-nn  fut  augmentée  de  génération  en  géné- 
ration, jusqu'à  Rablna.  Après  Rabina  elle  cessa...  Mais  quoiqu'il 
n'y  eût  plus  de  nfi^mn,  il  y  eut  des  Saboraïm,  qui  ajoutèrent  encore 
des  interprétations  ressemblant  à  la  rtfinirr.  Les  maîtres  qu'on  ap- 
pelait Saboraïm  expliquèrent  tout  ce  qui  (dans  le  Talmud)  était 
resté  indécis,  comme  par  exemple  R.  Rehoumi,  R.  José,  R. 
Aba  de  Hatim...  et  R.  Rabaï  de  Rob...  Les  savants  (i^n^i)  di- 
sent que  R.  Rabaï  était  un  Gaon  et  qu'il  a  atteint  un  âge  très 
avancé.  La  Guemara  contient  beaucoup  d'explications  (*«*-aD)  qui 
proviennent  des  derniers  docteurs,  comme,  par  exemple,  de 
R.  Ina  et  R.  Simona.  Nous  savons  par  nos  devanciers  que  tous  les 
passages...,  toutes  les  objections  et  réponses  qui  sont  exposées 
dans  la  Guemara  sont  l'œuvre  des  docteurs  postérieurs,  des  Sabo- 
raïm, et  ont  été  introduits  par  eux  dans  le  Talmud.  Nous  con- 
naissons encore  d'autres  faits  analogues  *.  » 

Dans  le  second  passage,  Scherira  donne  une  liste  des  Saboraïm 
suivant  Tordre  chronologique  et  dit  :  a  La  plupart  des  Saboraïm 
moururent  en  peu  d'années,  comme  le  relatent  les  Gaonim  en  leurs 
mémoires  historiques.  En  Siwan  de  l'année  504  mourut  R.  Sama  b. 
Juda.  On  dit  qu'il,  a  été  juge  de  la  communauté  («nm  w^*^^).  Le 

*  «3'»3n  nnm  «ran  *!:>  r^ii  nnnn  K-in  î-T«nin  NDonn"»»  -^Dïn  toisbi 

■^«n  Sdi  •'fimao  l^nn  t^n«"inn  -^^n  •^-ip-'^^i  ï-iN-iinb  "^a-ip^Dn  '^i25i-)'»d 
t^riK  an  cioi*^  a-ii  (rram)  •^îairi'^i  n-i  y\^^  mujns  ■>«pi  ■•bn  nin^ 
"T^-nNi  nnn  p^a  •««an  a-n  isan  nrNi  ...an-i73  •^«an  a-ii  ...toTin  "^a^ 
ix^'^y  a-i  115D  "^N-ina  laan^  i"ir«n  i^-i7:aa  n^^ap*^»  nao  riTsiDi  «aia  "«a» 
■^pn-i-iDi  '^iD^j>  ^3■•N  nnbiD  ...r^-iwaT  \><7:p  i»  lD"»Mp5  t^siTs-^o  a-n 
•^^3  nrn  mm  inr^^api  in3'»2-in  "^N-nao  -^«nna  i^an  csn7::\a  '^amnan. 

Nqabtuer,  p.  25,  Sur  '>733  rTS"^^  "nni,  cf.  BrQll,  JahrbUeher,  I,  215. 


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230  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

dimanche  4  (lire  le  3)  Adar  506  mourut  R.  Ahaï  b.  Houna.  Au  mois 
de  Nissan  de  la  même  année  mourut  R.  Rihimaï  ou,  selon  d'autres, 
R.  Nihimaï.  Au  mois  de  Kislev  506  mourut  R.  Samuel  b.  Juda  de 
Poumbadita.  Au  mois  d*Adar  (507)  mourut  Rabina  d'Amacia.  En 
Tan  508  mourut  R.  Houna  Resch  Galouta.  —  Le  jour  de  Eippou- 
rim  de  Tan  510  mourut  R.  Aha  b.  Rabba  b.  Abouha  (ou  R.  Aha  b. 
Abouha)  pendant  une  tempête  (kd:^t).  En  515  moururent  R.  Tahna 
(ou  Tahina)  et  Mar  Zoutra,  les  âls  de  Hinena.  Et  R.  Joseph  Oaon 
resta  quelques  années  seul  à  TAcadémie.  Ensuite,  R.  Ina  résida  à 
Sora  et  R.  Simona  à  Poumbadita.  Ensuite,  il  y  eut  R.  Rabaï  de 
Rob.  Il  était  de  notre  Académie  et  on  dit  qu'il  a  été  un  Gaon.  Dans 
les  dernières  années  du  gouvernement  persan,  il  y  eut  des  persé- 
cutions et  des  calamités  ;  on  ne  put  se  livrer  à  renseignement, 
fonder  des  écoles  et  exercer  les  fonctions  des  Qaonim,  ju8qu*au 
moment  où  nos  docteurs  vinrent  de  Poumbadita  dans  la  région 
de  Nehardaa,  dans  la  ville  de  Firouz-Schabour.  Et  voici  les 
Gaonim  qui  furent  dans  notre  Académie  de  Poumbadita,  lors  des 
événements  susmentionnés,  arrivés  à  la  fin  de  la  domination  per* 
sane  :  à  partir  de  Tan  589,  ce  fut  Mar  bar  Rab  Hanan  dlskia  qui 
présida.  Après  lui,  ce  fut  Mar  Rab  Mari,  notre  aïeul,  fils  de  R.  Dimi 
Homo  (Horgo  ou  Sorgo),  qui  présida.  Son  Académie  de  Firouz- 
Schabour  est  appelée  encore  aujourd'hui  TÂcadémie  de  R.  Mari. 
A  son  époque,  il  y  avait  à  Sora  Mar  Rab  Mar  b.  Mar  R.  Houna 
comme  Gaon  ;  c'était  en  l'an  609  ». 
Scherira  remarque  que  R.  Rabaï,  selon  Topinion  de  certains» 

*  to-^aiwr^  iTD'T'D  *^3îT7  nia:?'i73  to-^2©a  ^y^^)D  "^fi^maD  lian^r  t^mm 
r*<)3D  t^sa-i  3'»Dtt)  i"::nn  n3©m  .to-^tt-^n  •^-innn  tarT'3n-i:DT  "«noDa 
3?3-iN  Nim  Naï53  inm  .mn  «aan  «d'»'^ti  i-^-iûni  m-irr»  j^oann  rma 
ïstn^n  icsai  .r^3in  an  -ia  '»«n«  an  a-^axD  y^nn  na»  m«a  (i.  Knbn) 
iboD-a  y"^r\r\  nD^ai  .'^N»in'»D  an  T^obn^an  n"»»"!  ■»N7ann'^n  an  a-'^©  «n 
]J2  t^ran  a-^DiD  mi<ai  .«n-'ia  tono  pn  min*^  na  b^i?:©  an  a'»DTD 
"i^n^  DT^a  a"Dnn  nroai  .6<mba  c^n  «D"in  an  a-^Dto  a^-^nn  n3«ai  .n-^it:» 
.maNiNn»  an  ou)  ma»  na  rrann  ïT>na  «n»  an  2^^^^  ndj^t  rTin 
.t^3rn  an  "«sa  NnaiT  nm  (t^D'^nn  ou)  «snn  an  a-^D^D  i"Dnn  n3)Da-i 
t^s-^j^  an  "»3n  nna-i  .i-^a©  n?2D  mna-^nioa  ii^a  sjot»  nan  'n"»"»nxD"»«i 
1731  .ann!o  "^«an  an  "^Dïn  ^nai  .t^n-^na  caioa  t^rîo'^o  am  t^onoa 
mnsti  172)2:  -«i®  T>"^im  .mn  iiNan  i-^nw^i  ,mn  ib-^n  Kra-^nia 
t^naTi)3  •^a'^niNi  "^p^^  yapTab  i'^t)iD^  iin  «bi  cr^onD  mDb»  qnoa 
t^n-»na73"iD73  j^sb-^n  laan  in«n  t^s©  riTaa  nna  nj»  D-^ai^r^  an:a  nanm 
«na-^DTsa  iim  ca-^DiNa  ib-^^i  .ma«©  Tin'>Dn  Nns^n^ab  ^^^nn^  ma'>aob 
p"nn  DDu:»  .ûvono  mDb?:  ci"ioa  y^b'^iz  l'^b'*»  nna  «n-tnattiDa  «ïb-n 
"njzi  n"»na  laspr  -^nts  an  n^o  ^b»  r-mnan  .N'^'^p««73  i:n  an  nîa  *^b73 
an  ^a  j'ma  mau)  nn-tDa  i^smT:  n-^ai  (i:inio  ,"iamn  ou),  -onin  •^ïa'^n  nn 
fionn  an  nîo  p  ntj  an  n?:  r^nnoa  n"»n  i"»»'^ai  .ïim  &Tm  nr  -^nia 

.(Neubauer,  p.  34)  ^''pnn    n3\Da  I^Ka 


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LES  SABORAIM  231 

était  déjà  Gaon  *  ;  d*après  cela,  R.  Ina  et  R.  Simona  auraient  été 
les  derniers  Saboraïm.  Cette  opinion  parait  aussi  avoir  été  par- 
tagée par  le  Sèder  Tannaîm  we-Amoraîm,  qui  ne  compte  pas  R. 
Rabaï  parmi  les  Saboraïm  et  prétend  que  R.  Guiza  (sans  doute  le 
môme  que  Ina)  et  R.  Simona  étaient  les  derniers  Saboraïm. 

Les  historiens  se  sont  ralliés  à  la  dernière  opinion.  Comme, 
d*après  Ibn  Daud,  Simona  est  mort  en  540  et  que  Scherira  ne 
contredit  pas  cette  assertion,  cette  année  passe  pour  le  terme 
de  l'activité  des  Saboraïm. 

M.  Halévi  rejette  cette  théorie  et  prétend  que  R.  Guiza  et  R.  Si- 
mona du  Sèder  Tannaîm  we-Amoraîm  ne  sont  nullement  iden- 
tiques à  R.  Ina  etR.  Simona  dont  parle  Scherira.  D'après  lui,  les 
derniers  Saboraïm  R.  Guiza  et  R.  Simona  doivent  plutôt  être  cher- 
chés parmi  les  savants  qui  avaient  émigré  de  Poumbadita  à  Fi- 
rouz-Schabour  peu  de  temps  avant  589  *.  La  période  des  Saboraïm, 
d'après  M.  Halévi,  s'étendrait  donc  jusqu'à  589. 

Contre  cette  hypothèse  il  faut  observer  d'abord  que,  si  R.  Guiza 
et  R.  Simona  étaient  d'autres  personnes  que  le  R.  Ina  et  le  R.  Si- 
mona de  Scherira,  celui-ci  n'aurait  pas  négligé  de  les  nommer. 
Scherira,  qui  est  si  minutieux  et  si  précis,  n'eût  pas  manqué  de 
citer  les  deux  maîtres  qui  clôturent  la  période  des  Saboraïm. 
Scherira  ne  consacre  au  séjour  des  docteurs  à  Firouz-Schabour, 
où  M.  Halévi  place  les  prétendus  derniers  Saboraïm,  que  quelques 
mots,  précisément  parce  qu'il  ne  s*y  est  rien  passé  d'important. 
En  outre,  une  comparaison  des  noms  des  Saboraïm  dans  le  Sèder 
Tannaîm  we-Amoraîm  avec  ceux  qu*on  trouve  chez  Scherira,  met 
hors  de  doute  le  fait  que  les  docteurs  dont  il  est  question  sont 
identiques.  Il  est  vrai  que  le  texte  du  Sèder  Tannaîm  est  confus  et 
corrompu,  mais  beaucoup  de  noms  s'y  sont  conservés  fort  bien  et 
sont  faciles  à  reconnaître  chez  Scherira.  C'est  notamment  le  cas 
pour  les  cinq  derniers  Saboraïm  qui  nous  intéressent  ici.  Dans  ce 
qui  suit,  je  juxtapose  ces  noms  tels  qu'ils  sont  cités  dans  les  deux 
sources. 

'  Ici  Scherira  parait  vouloir  dire  par  ^")KA  que  R.  Rabaî,  d'après  ropinion  d'autres, 
était  le  premier  y\^^  (contre  Graetz,  V,  424). 

*  D"»Dni3Énn  mm*!»?.  3o  et  s. 


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1 


232  REVUE  DKS  ÉTUDES  JUIVES 

Scherira.  Sèder  Tannatm  we-Amaraïm  •. 

(w^nn  ou)  «snn  an  ^t^^-'i^p  a-i 

«srn  an  '^aa  «ntaiT  n^DT  »rr5:n  'n  ^a  finaiT  am 

sioT»  nan     .   .  • 

(à  Sora)  ac^y  an  •  («n'^i  ou  É<a'^T  ou  «m  ou)  ■•«ait  an 

(à  Poumbadita)  «SITD'^O  an  ^«SITD'^O  an 

ainto  •'«an  an 

On  voit  que  dans  le  Sèder  Tannatm  we-Amoraîm,  R.  Joseph  et 
R.  Rabbaï  ont  été  omis.  Des  cinq  noms  qu'on  y  trouve,  quatre  cor- 
respondent incontestablement  à  ceux  que  Scherira  nomme.  On 
peut  donc  admettre  avec  certitude  que  '^fiCiT  =  txr^  est  identique 
au  R.  Ina  de  Scherira. 

L'hypothèse  de  M.  Halëvi  est  donc  insoutenable  sous  tous  les 
rapports.  Il  est  établi  que  la  période  des  Saboraïm  a  pris  fin  vers 
540  avec  R.  Ina  et  R.  Simona.  Tout  au  plus  pourrait-on  encore, 
avec  Scherira,  compter  parmi  eux  R.  Rabbaï  *.  Mais  il  n'est  pas 
possible  d'y  comprendre  aussi  l'époque  qui  va  de  R.  Rabbaï  au  pre- 
mier Gaon,  R.  Hanan  dlskia. 


III 

l'activité    DBS    SABORAÏM. 

Déjà  N.  BrûlP  partage  les  Saboraïm  en  premiers  et  derniers 

>  D'après  le  ms.  du  Talmud  de  Munich,  n*  95,  imprimé  par  Taussig  dans  n^M^^ 
îlTsb^,  p.  4,  et  diaprés  le  commeulaire  ms.  d'un  Mahsor  de  l'an  1301  (en  ma  poft- 
sessioo),  r*81(^. 

>  Ed.  Qoldberg. 

»  On  sait  que  ^'la'infi^  est  une  abréviation  de  ^n3K*T  WIÉ^. 

*  Corruption  de  M3^nn,  comme  le  remarque  avec  raison  BrQll,  Jahrbûchery  11,  107. 

*  D'auires  mss.  ont  «»n  am  ma  «naiT  an  .t^a-'ap  na  -^lann»  an  (voir 

K^rem  Himéd^  IV,  187).  Il  est  évident  que  K3^ap  (fiO^nn)  fut  fait  par  erreur  le 
père  de  Âhdebolet  que  tXT2T\  est  une  corruption  de  K33'^n>  ^^  môme  temps,  ■>33  fut 
changé  logiquement  eu  rt^na.  La  transition  se  trouve  marquée  dans  Mahsor  Vitrât 

p.  483,  où  il  est  dit  «3n  an  "^îa  Nnt3iT  n7ai  ^y^-p  na  -^lann»  an. 

*  D'après  GrsCzetBrÛll  {Jahrbilcher^  II,  41),  ce  Sabora  serait  identique  à  R.  Guiu, 
qui  s'était  réfugié  à  Nabr-Zaba. 

7  Aiusi  le  portent  toutes  les  éditions.  Seul  le  Mah§or  Vitry  a  fiOlïl  au  lieu  de 
Simona,  ce  qui  est  certainement  une  corruption.  M.  Ilalévi,  dans  son  hypothèse, 
utilise  ce  nom  et  prétend  que  R.  Houna  a  été  un  des  derniers  Saboraïm. 

*  Samuel  ha-Naguid  et  Ibu  Daud  comptent  aussi  les  Gaonim  jusqu^à  Mar  Schi- 
schoua  (vers  680)  parmi  les  Sahoralm,  mais  ceci  n'est  pris  au  sérieux  par  personne. 

»  Jahrbûchir,  11,  47  et  s. 


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r 


LES  SABORAÏM  233 

Saboraïm  et  troave  qull  y  avait  uoe  différence  essentielle  dans 
leur  activité.  M.  Halévi  trouve  cette  distinction  chez  Scherira  et 
prétend  que  Scherira  nomme  les  premiers  Saboraïm  ■>fi^n'îaD 
■no'TDîQn  ou  Minvib  ■>a-ip)Dn  ■>fctmaD*.  C'est  là-dessus  qu'il  établit  sa 
théorie  sur  ractivité  des  Saboraïm.  Celte  prétention  est  égale- 
ment insoutenable,  car  elle  repose  aussi  sur  le  texte  corrompu  du 
Youhasin.  Le  passage  auquel  M.  Halévi  se  réfère  est  ainsi  conçu 
dans  les  édition  correctes  :  rm  mn  ^b  rtînin  '^^n  V'w  '^^'n  nnni 
nîermb  ■'anp^n  •^toi^r^c  •^«■iMn  '•«mao*.  Comme  on  le  voit,  l'adjec- 
tif ■•a^pTD^  ne  se  rapporte  pas  à  "^fi^^iaD,  mais  à  ^^ry^t.  Scherira 
veut  dire  par  là  :  des  interprétations  qui  sont  proches  de  la  rifimn. 
Or,  le  mot  ^rr^t  a  été  omis  dans  S.  J.,  et  le  passage  y  est  conçu 
ainsi  :  rtK*Tinb  '^yypw  •^wbot  "«fimaD  im  (.Youhasin,  éd.  Cracovie, 
p.  114  &].  M.  Halévi  n'a  pas  vu  qu*il  manque  ici  un  mot  et  il  dit 
ïTïntib  ■>a^Tp^n  '»fimao,  bien  que  cette  dénomination  soit  impos- 
sible grammaticalement  Scherira,  ainsi  que  le  Sèder  Tannaîm 
toe-Amor^aîm,  ne  fait  pas  de  distinction  entre  les  premiers  et  les 
derniers  Saboraïm.  M.  Halévi  commet  une  erreur  en  rapportant 
tout  ce  que  Scherira  dit  de  l'action  des  Saboraïm  aux  premiers 
Saboraïm  et  tout  ce  que  le  Sêder  Tannaîm  en  dit  aux  derniers.  Ce 
que  ces  sources  en  disent  se  rapporte  plutôt  aux  Saboraïm  en  gé- 
néral, notamment  à  ce  genre  d'activité  par  laquelle  ils  se  dis- 
tinguent si  nettement  des  Âmoraïm  et  des  Gaonim.  Pour  bien 
comprendre  Scherira,  il  nous  faut  revenir  à  sa  description  de 
Tœuvre  des  Amoraïm. 

L'œuvre  des  Amoraïm  consista  en  ce  qu'ils  expliquèrent  la 
Hischna  au  point  de  vue  critique  et  la  comparèrent  à  d'autres 
écrits  des  Tannaîm.  Cette  œuvre  est  appelée  par  Scherira  et 
d'autres  Horaa  (nfinti)  %  et  les  analyses,  Talmud  ou  Guemara*. 
La  Horaa  commença  ainsi  après  la  clôture  de  la  Mischna  par 
Rab  >  et  finit  avec  Babina.  Pendant  tout  le  temps  qui  sépare 

*  d''51©Knn  m^m^T,  p.  2<i,  11  a,  12  a  et  suiv.;  cf.  lUwue,  XXXIIl.  p.  4.  Brûll 
n'est  pas  cité  par  M.  Halévi. 

'  Ainsi  le  porte  Téd.  FiUpowski  dans  th^T\  l'^Dm'^,  p.  49,  et  Neubauer,  p.  25. 
D'autres  éditions  n'ont  pas  ici  le  mot  '^î^'Tiao  et  portent  :  ^"y^  "^KIT  1'^D?1  '11131 

rjfimnb  i'>a'»np  ""nKaoi  •^tt5nn"»D  «d-'k  r^^r\  nin  «b  h^mm  (éd.  Goidberg, 

Mayence  1873,  p.  4;  Wallorstein,  p.  14). 

*  Soraa  signiûe  dans  le  Sèd$r  Tannaîm  loe^Amoralm  et  chez  Scherira,  non  pas  dé- 
cision en  général,  mais  le  genre  de  décision  qui  repose  sur  les  analyses  de  la  Mischua. 

Samuel  ha-Naguid*  (m»bnn  «1373)  dit  :  T^D^nna©  mj^iTDUîn  «"^H  n«mn 
nîmn  tniinp:^  êtïti  msra  \^^y:i  m^-n^Dai  mbinpn  ca-^TsDnb. 

*  Raschi  sur  Btrakkot,  47  b  :  «1303  ÎT^lbnn  N^I^D^H  «in  Ti'D  «73C  «b'C 
t^t3  r:Wl2  '»*13nb  ta"»DniD  rmO  ;  cf.  Raschi,  sur  Sovcca,  23  a. 

»  Sèdtr  Tênnaïm  loe- Amoraïm,  ï-ÎKlins  b'TCin  «m  ^31  31  [K&em  B^med, 
IV,  188). 


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234  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ces  deux  Âmoraïm,  on  travailla  activement  à  Tinterprétation  de 
la  Mischna.  Les  interprétations  qui  furent  approuvées  furent 
enseignées  dans  les  écoles  et  acquirent  ainsi  une  autorité  uni- 
verselle. On  veilla  à  l'uniformité  et  à  la  correction  de  leur 
version.  Par  leur  autorité  universelle  elles  se  distinguèrent  des 
interprétations  onlinaires  que  chaque  maître  pouvait  donner 
selon  son  ïd^e^.  Chaque  génération  apporta  de  nouvelles  inter- 
prétations de  ce  genre,  qui,  avec  le  temps,  s'ajoutèrent  aux  maté- 
riaux déjà  existants  dans  les  écoles*.  Le  Talmud  babylonien  est 
une  agglomération  de  ce  genre  d'interprétations  qui  s'étaient  mul- 
tipliées pendant  la  période  des  Âmoraïm.  Tant  que  dura  la  ffo- 
raay  les  maîtres  s'appelèrent  Âmoraïm.  Quand  elle  finit  vers  l'an 
500,  les  maîtres  s'appelèrent  Saboraïm. 

L'exposé  si  lumineux  de  Scberira  nous  fournit  d'abord  pour  les 
Saboraïm  un  signe  distinctif  négatif:  ils  ne  s'occupèrent  plus  de 
la  fforaa,  c'est-à-dire  ils  n'expliquèrent  plus  la  Mischna  à  la 
manière  des  Âmoraïm*.  Ils  ne  produisirent  donc  pas  de  maté- 
riaux pour  le  développement  ultérieur  du  Talmud,  et  celui-ci 
fut  réputé  achevé.  Cependant  il  n'était  pas  encore  complètement 
terminé,  et  il  ne  reçut  sa  dernière  rédaction  que  des  Saboraïm. 
Les  matériaux  considérables  n'étaient  pas  suffisamment  triés 
et  étaient  d'un  examen  difficile.  Les  Saboraïm  mirent  de  l'ordre 
dans  les  traités  accumulés^,  y  insérèrent  des  gloses  explica- 

>  Scherira  :  )Mib  n'»N  ïii^r  ïHT^i  in-'înTaT  «n^bn  '^yi  YpDirt  nnai 
ï-T'»b  l'^o-iai  "^3-1  naD«T  iyi  -NTsp  nnonb  iinb  nnn  t^b-i  ...t^TiTsbn 
133  t^icT'Di  isns»  r*^3''2©no7an  t^nujm  '^«■»-i''d  ii^d  t^b»  nn»  no 
ïstab  a:'»''»   •»3-n  ït';3dd  noi  !-T3©7i  r^^anno*»»  "id  ...N5b'»T  •^T'^bnb 

rT»0ia>3bn  «TI7:bn  apb^b  ID-ia^N^^I  (éd.  Goldberg,  Mayence,  1873,  p.  20-24). 

«  Scherira  :  )^o^yi  «nn:^7:o  pnb  n%s  mn  -^nn  i"»^*'»  "i^  «"^"t»  ^'^^  ^^^-i 
Tim  r*^nn:^73i25  ■jart  -«inai  ...n'>nn  n-inn  lînb  "pinoTST  irtbiD  lîan  mb 
TDT  ...•^D"»-in.><  •»U3in'»D  î-T^T>72bn5  ■»;d-io7:  rran  bD  r^wb^  "^biD  inb  "cna 
û-^antD^-i  iHDnb  -^a-^D  mm  -^b-^Ts  ^3m  «ab  t^yn-û  t^i-'nnN  r^nn  inx 
t^7ab:^  r<biD  T'D-'-is:  t^bn  •^toi-i'^D  1"i3D  mm  iin'>T»7abnb  innoi 
'\'\rt  «pn  (iTn)  N-n  Ninna  t^niDn  nm  —  N-iTaaa  Ii3'^3?"^np73bi  ina-^D-^n^Tab 
inb  i^^apn  Nnan^aa  !-T'>b  i-jtdni  «D-r^aa  iia-'j^apTab  T'Dnxi  ■»p"»DD  ma 
r^-in  r^TiTabn  S|0"in"«N  i^tb^Ta  l"»yNa  ...pan  ■»nbnD  inb  "^onai  t^nTsaa 
«nn  nnaT  {iàid.,  25-28).  —  ^nai  r^-n  n^'^^i^  t^DOin'»»  "^Dn  Caiobi 
!-TN-nn  •»«i"n  a"3^"K  "^dh  nnai  «pos*^»  fiO'»aNn  nnan  ïsj3"»aN-i  ^j?  t<m 

■>fin"iaO  "inn  mn    r*^b  (Neubauer,  p.  25). 

'  Les  rares  expIicatioDS  des  Saboraïm  sur  la  Mischna  sont  relatives  à  des  quettions 
linguistiques  ;  voir  Biûll,  p.  48. 

♦  Sèder  Tannaïm  we- Amoraïm  :  «b»  dnbD  ton:?*T73  "li'^bDn  «bl  ID'^Olîl  «b^ 
in'IOD  "^rnsn   bD   b«5    ■♦p-lD   13pn  (^^rm  ^^ffi«rf,  IV,  189).  Raschi,  sur  Souee; 

286,  explique  «sn-ion  ainsi  :  •'Nni»»!  «nn3?7au)  pi  ...înao  fin?TO  niTDbn  '«'nan 
naiottïi  •^-lai   ^in5D  ta-'HTab  p©  ^pinpn  bbD»   r^bfct  nwa  p-^fiws- 

De  même,  le  Sèder  Tannaïm  wt- Amoraïm  dit   en  un  autre  passage  :  M^IDIp  b^l 


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LES  SABORAIM  235 

tiyes',  les  pourvarent  de  signes  mnëmotechniqaes  et  d*èxpres- 
sions  techniques  *,  et,  en  cas  de  besoin,  se  prononcèrent  pour  l'une 
des  opinions  divergentes  '.  Ils  furent  d*habiles  rédacteurs  du  Tal- 
mud  qui  se  préoccupèrent  aussi  de  sa  mise  en  usage.  Ils  se  dis- 
tinguèrent des  Gaonim  en  ce  point  :  les  Gaonim  enseignèrent  le 
Talmud,  le  commentèrent  et  consignèrent  leurs  décisions  dans  des 
consultations  et  des  mémoires  formant  des  ouvrages  spéciaux, 
sans  exercer  aucune  influence  sur  la  forme  du  texte  talmudique  *. 
Les  sources  ne  renferment  pas  d*indices  sur  le  fait  que  Taction  des 
Saboraïm  aurait  varié  suivant  les  époques.  L'élaboration  du  Talmud 
par  les  Saboraïm  parait  se  placer  principalement  entre  500  et  531. 
A  cette  époque,  les  Juifs  de  Babylonie  eurent  beaucoup  à  souffrir  des 
persécutions  sous  Kawadh  I  (488-531),  et  probablement  les  écoles 
ne  comptaient  alors  que  peu  ou  point  de  disciples.  Les  savants  qui 
n'étaient  pas  occupés  à  enseigner  pouvaient  consacrer  tout  leur 
temps  à  la  rédaction  du  Talmud.  Ils  s'occupaient  d'ouvrages,  et 
non  d'enseignement '^.  Lorsque  la  situation  se  fut  améliorée  sous 

'^^^^^  b^yO  (Kérem  Hinud^  lY,  200).  Scherira  emploie  aussi  le  mot  en  ce  sens, 
Toir  Seiaari  Çédek,  p.  71  a. 

«  Scherira  :  '^12  bDT  Sifimïib  "^a^pan  '^^v^'^iD  "'«nDwn  "«N-nno  ï-inïi 

■ïfinna.  Neubauer,  p.  25. 

*  An  sujet  des  addiUons  des  Saboraïm,  voir  BrQll,  p.  44,  et  les  auteurs  cités  par 
lai.  Au  sujet  des  moemonica,  iiifd.,  p.  5S. 

*  M.  Halévi  (p.  13S)  nie  quHl  y  ait  dans  le  Talmud  des  décisions  des  Saboraïm 
et  donne  comme  argument  ce  que  Scherira  et  d^autres  disent  de  la  Horaa^  k  savoir 
qu'il  n'y  en  eut  plus  après  les  Amoralm.  M.  Halévi  comprend  par  tlN*n^ïl  des  dé- 
cisions en  général,  ce  qui  est  inexact.  BrOU,  p.  72,  a  signalé  assez  de  décisions 
des  SaboraTm  se  trouvant  dans  le  Talmud  et  commençant  par  fi^HDbîll  ou  n'^bl 
fitnab^T>  Rapoport  a  signalé  des  décisions  émanant  de  SaboraTm  qui  se  rapportent 
&  des  assertions  des  derniers  Amoraïm  et  commençant  par  fi^^n  fi^bl.  M.  Weiss  et 
M.  Kalévi  objectent  a  tort  contre  Rapoport  que  ces  décisions  pourraient  provenir  des 
Amoraim  qui  ont  vécu  plus 'tard.  Les  Amoraïm  ne  passent  pas  pour  avoir  fait  de 
pareilles  remarques  sur  les  assertions  de  leurs  prédécesseurs.  M.  Halévi  croit  quç, 
Rabina  II  étant  nommé,  d'après  lui,  dans  le  Talmud,  Rabina  peut  ôtre  Tauleur  de 
ces  décisions.  Or,  on  connaît  depuis  longtemps  le  fait  que  Rabina  est  cité  dans  le 
Talmud.  Ici  il  ne  s'agit  pas  de  savoir  qui  est  nommé  dans  le  Talmud,  mais  qui  y  a 
mis  des  gloses.  Or,  ceci  n'est  pas  Thabilude  des  Amoraïm,  tandis  que  nous  savons 
avec  certitude  que  c'était  celle  des  Saboraïm.  L'attaque  dirigée  par  M.  Halévi  (dans 
sou  ouvrage,  p.  13S)  contre  Rapoport  et  moi  n'a  donc  pas  de  valeur. 

*  Quelques  Gaonim  seulement  font  exception.  Au  sujet  de  R.  Houna  de  Sora 
(vers  670),  voir  Korèha-Dorot^la.  Des  auteurs  anciens  attestent  que  plusieurs  pas- 
sages du  Talmud  ont  pour  auteur  Yeboudaï  Qaon  (mort  en  763);  voir  BrQll,  p.  75 
et  121.  M.  Halévi,  qui  ne  recule  devant  aucun  moyen  pour  présenter  le  Talmud 
comme  un  ouvrage  resté  intangible,  prétend  que  les  additions  de  YehoudaT  furent 
d'abord  mises  en  marge  et  u^oot  passé  que  plus  tard  dans  le  corps  du  Talmud  par 
la  faute  des  copistes.  Les  snciens  étaient  moins  conservateurs,  et  le  pieux  et  savant 
Menahem  Meïri  écrit  naïvement  :  n^D  anDlD  "JINa  «mn**  31  1)3  DÏT^inNI 
K1tt:ia  Û^ODI  nfir^:no  (IntroducUon  de  son  ouvrage  ÏTT^naïl  IT^a,  éd.  Vienne, 
p.  16  a.) 

'  J^ai  déjà  remarqué  que  Scherira  n'emploie  jamais  pour  les  Saboraïm  l'expression 


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236  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Ghosraa  I  (531-578),  les  conférences   furent  reprises  dans  les 
'  à  Sora  sous  la  présidence  de  R.  Ina  (ou  R.  Guiza)  et  à 

idita  sous  R.  Simona  (mort  en  540).  A  R.  Siraona  succéda 
Ti,  qui  est  déjà  compté  par  quelques-uns  parmi  les  Gaonim. 
ormizd  IV  (578-590),  les  persécutions  recommencèrent  et 
es  durent  être  fermées.  Quelques  docteurs  émigrèrent  de 
idita  à  Firouz-Schabour,  où  ils  purent  se  livrer  à  Tensei- 
t.  Au  bout  de  peu  de  temps,  vers  589-590,  ils  retournèrent 
ur  patrie  et  reprirent  leurs  conférences  dans  la  vieille 
e  de  Poumbadita.  Vingt  ans  après,  l'école  de  Sora  fut  éga- 
*ouverte.  La  période  des  Gaonim  commence  avec  Tinsti- 
le  TAcadémie  à  Poumbadita. 

A.   EPSTEIN. 


présida  >  et  j^en   conclus  qu'ils  n'étaient  pas  chefs  d*école.  Dans  la  ques- 

?e  a  Scherira,  il  est  dit  aussi  :  ^''?73  ''731    Tn03  IST'^D  "^«-nao    iSam 
et,  (Idus    sa    réponse,    Sclierira    dil    même   :  ^fi<m20    ^331    '|1P"'jaTl 

n  173T  ^mN72  iirr^nn»  "jb?;]  "^731   r^a-^ai   -^nn»  i-inoa   ^^-^n. 

p.  26).  C'est  donc  seulement  ai^rèi  les  Siboraïm  qu'il  y  eut  des  «  pré* 
De  K.  Joseph,  Seherira  dit  seulement  ^ifi^:;  tlOI^  !ia"l  T^'^nCÔ^T 
I  fi^na^DT^a  «  K.  Joseph  Gaoo  (l'ancien  président)  resta  seul  dans  l'Aca- 
leurs  années  >,  et  il  ne  mentionne  pas  qu'il  présida  Técole.  R.  Ina,  K.  Si- 
Rabaï  étaient  bien  les  présidenii  des  écoles  de  Sora  et  de  Poumbadita, 
urquoi  Scherira  dit  où  chacun  d'eux  a  vécu.  —  Samuel  ha^Nagid,  Ibn 
monyme  dans  Neubauer,  Anecdota,  11,  77,  sont  également  sur  ce  point 
différent  de  celui  de  Scherira  et  présentent  les  Saboralni  comme  "^OfiTI 
B  qui  me  semble  bien  invraisemblable  pour  les  Saboraîm  jusqu'en  5'i1. 


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LE 

TOMBEAU  DE  MARDOCHÉE  ET  D'ESTHER 


Les  Juifs  de  Hamadan  (Perse)  montrent  avec  orgueil  un  monu- 
ment quMls  appellent  le  tombeau  de  Mardochée  et  d'Esther.  Nous 
en  reproduisons  ici  le  croquis,  qui  a  paru  déjà  dans  le  Jewisli 
Clironicle  du  4  mars  dernier  et  dont  Téditeur  a  bien  voulu  nous 
fournir  le  cliché. 


g^^     monument  a  souvent  été  décrit  par  les  voyageurs.  Citons 
ly,    ^^ïnent  les   relations   les    plus    récentes.     Ainsi  Vexprime 


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2M  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Le  monument  qui  renferme  ces  précieuses  reliques  s*élèTe  sur  une 
pelKe  place,  au  milieu  des  ruines  d'un  quartier  abandonné  aux  fa- 
milles israéliles.  Son  antiquité  ne  parait  nullement  authentique 
d'après  son  architecture.  Le  dôme  et  Textérieur  n'offrent  aucune  dif- 
férence avec  le  style  des  sépultures  musulmanes  appelées  Imam- 
Zadehs,  que  Ton  rencontre  partout  en  Perse.  L'intérieur  se  divise 
en  deux  salles.  La  première  est  fort  petite  ;  on  y  pénètre  par  une 
porte  très  basse  ferpnée  par  un  battant  en  pierre  d*un  seul  morceau; 
elle  est  obscure  et  n'est  édlairée  que  pour  les  solennités,  au  moyen 
de  petites  lampes  qu'on  allume  dans  ces  occasions.  La  porte  qui 
conduit  dans  la  seconde  salle  est  encore  plus  basse  que  Tautre  ;  il 
faut,  pour  la  franchir,  ramper  sur  les  genoux.  De  l'autre  c6té  de 
cette  ouverture  on  se  trouve  dans  un  réduit  obscur  que  traversent 
quelques  faibles  rayons  de  lumière  qui  permettent  à  peine  de  dis- 
tinguer les  deux  cénotaphes  en  bois  noir  sculpté,  qui  y  sont  pla- 
cés l'un  à  côté  de  l'autre.  Ils  sont  exactement  semblables,  quant  à 
la  forme  et  aux  détails,  mais  celui  d*£sther  est  un  peu  moins  grand. 
Sur  les  parois  des  murs,  blanchis  avec  soin,  sont  gravées  plusieurs 
inscriptions  en  hébreu  qui  font  remonter  à  onze  cents  ans  la  cons- 
truction du  monument  actuel.  Elles  portent  textuellement  qu'il  est 
dû  à  la  piété  des  deux  fils  d'un  certain  Ismaïl*,  Israélite,  établi  alors 
à  Kachân*. 

Cette  description  s'accorde .  avec  celle  de  J.  PoIIak,  médecin  du 
schah,  qui  nous  apprend,  en  outre,  que  le  monument  a  60  pieds 
de  haut'.  Lui  aussi  dit  que  certaines  inscriptions  -—  la  généalogie 
de  Mardochée  et  d'Eslher  —  se  trouvent  sur  le  couronnement 
des  murs. 

Lycklama  a  Nijeholt,  qui  cite  la  relation  de  Flandin,  ajoute  : 
<  Sir  John  Malcolm  reproduit  la  traduction  qui  lui  avait  été 
fournie  par  Sir  Gore  Ouseley,  ancien  ambassadeur  britannique 
à  la  cour  de  Perse,  de  l'inscription  gravée  sur  le  dôme  même, 
et  non  sur  une  paroi  intérieure,  qui  donne  la  date  de  la  con- 
struction du  monument.  La  voici  :  «  Le  jeudi,  quinze  du  mois 
d'Adar^  dans  l'année  4474  de  la  création  du  monde,  fut  finie  la  con- 

*  Au  lieu  d'Ismall,  on  verra  plus  loin  qu'il  faut  lire  Israël. 

*  Eugène  Fiandin,  Voyage  en  Perse^  Paris,  1851,  t.  I,  p.  384.  Flandin  dit  encore 
que  «  les  Israélites  d'Orient  accourent  de  toutes  parts  en  péleriua^çe  au  pied  des 
deux  tombeaux  qu'ils  ont  en  1res  grande  vénération.  Us  viennent  y  célébrer,  de  cette 
manière,  l'une  de  leurs  grandes  lêtes  appelée  Parim  [sic).  >  Hamadaa,  diaprés  lui, 
compte  deux  ceuts  familles  israéliles. 

*  Jahrhuch  fUr  Jsraeliten,  de  Werlheimer,  nouv.  série,  3«  année,  1856,  p.  147  et 
8Utv.  Cette  noie  de  Pollak  nous  a  été  signalée  par  noire  excellent  ami,  M.  Moïse 
Schwab,  t[ui  a  publié  autrefois  une  Bibliographie  de  la  Perse.  Nous  lui  devons  sussi 
la  connaissance  de  Touvrage  de  Lycklama  dont  il  va  dire  question. 

«  Lire  Eloul. 


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LE  TOMBEAU  DE  MARDOCHÉE  ET  D*ESTHER  239 

struction  de  ce  temple  sar  les  tombeaux  de  MarJochée  et  d*Esther, 
par  les  mains  des  deux  bienveillants  frères  Elias  et  Samuel,  fils 
de  feu  Ismaïl  de  Eachân*.  »  Malcolm  dit  encore  :  «  ...Les  tombes, 
qui  sont  d'un  bois  noir,  sont  évidemment  d*une  très  grande  anti- 
quité; mais  le  bois  n'est  point  altéré  et  les  inscriptions  liëbraïques 
dont  il  est  couvert  sont  encore  très  lisibles.  Ce  sont  les  versets  sui- 
vants du  livre  d'Esther,  avec  le  changement  d'une  seule  expres- 
sion :  <(  Alors  à  Suse,  dans  le  palais,  il  y  avait  un  certain  Juif  dont 
le  nom  était  Mardochée,  fils  de  Jaïr,  fils  de  Shemei,fils  de  Kish,  un 
Benjamite.  »  t  Car  Mardochée,  le  Juif,  était  le  second:sous  le  roi 
Ahasuérus,  et  grand  parmi  les  Juifs,  et  agréable  à  la  multitude  de 
ses  frères,  cherchant  le  bien  de  ses  frères  et  parlant  le  langage  de 
la  paix  à  toute  CAsie. . .  »  Le  terme  plus  général,  YAsiet  a  pro- 
bablement été  ajouté  par  la  vanité  de  Técrivain  de  l'inscription  *  ; 
mais  il  est  possible  que  celle-ci  n'ait  pas  été  littéralement  tra- 
duite ^.  » 

Lycklama  a  Nîjeholt*  a  reproduit  le  fac  similé  d'un  dessin  fait 
sur  sa  demande  par  un  Israélite  de  Hamadan.  Voici,  d'après  ce 
graphique  naïf,  la  disposition  intérieure  de  cette  construction.  La 
porte  d'entrée,  placée,  non  au  milieu,  mais  à  gauche,  donne  accès 
à  une  salle  extérieure.  A  droite  se  trouve  la  tombe  d'un  médecin 
et,  à  côté,  un  escabeau,  des  lampes  et  de  Thuile.  A  gauche,  la  tombe 
d'un  savant.  Un  mur,  que  le  dessinateur  déclare  d'une  grande 
beauté,  sépare  la  partie  sacrée  de  la  salle  extérieure.  A  l'extré- 
mité occidentale,  nouvelle  porte,  conduisant  à  la  pièce  principale. 
A  droite,  le  tombeau  de  Mardochée,  à  gauche,  celui  d'Esther,  sé- 
parés Tun  de  l'autre  par  un  corridor  «  par  où  les  pèlerins  font  le 
tour  des  sarcophages,  qu'ils  embrassent  avec  ferveur.  A  gauche  et 
à  droite  une  salle  où  les  gens  pieux  (nbnD  '>Tn'>)  font  des  prières. 
Dans  une  niche  placée  dans  une  de  ces  salles,  à  droite,  est  un  Rou- 
leau de  la  Loi.  Sous  le  dôme  est  suspendu  un  œuf  d'autruche®. 

Les  inscriptions  de  ces  deux  cénotaphes  sont  ainsi  représentées 
dans  ce  dessin  : 


1  Le  cicérone  qui  conduisait  Pollak  lui  dit  que  c'étaient  deux  médecins  du  roi,  venus 
de  Tabriz,  qui  easaite  se  rendirent  a  Bafçdad  pour  y  élever  uu  monument  en  l'hon- 
neur d'Ëzécbiel. 

'  On  verra  plus  loin  ce  quMl  faut  penser  de  celte  prétendue  correction. 

3  John  Malcolm,  Histoire  ds  la  Perse^  Paris  1821,  t.  I,  p.  384. 

*  Voyagt  en  Ru$iie,  Perse  ei  Syrie ^  Amsterdam  et  Paris,  1872-75,  t.  II,  p.  521. 
'  Large  de  deux  pieds,  dit  Pollak. 

*  A  limitation  des  tombeaux  persans. 


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240  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Satcophagè  de  Mardochée. 


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LE  TOMBEAU  DE  MARDOCHÉE  ET  D^STHER 


241 


»  Cest  pourquoi  mon  cœur  se  réjouit,  et  ma  gloire  chante 
joyeusement,  môme  ma  chair  demeure  en  paix,  car  tu  n'aban- 
donnes pas  mon  âme  au  Scheol,  tu  ne  laisses  pas  celui  qui  est 
pieux  envers  toi  voir  la  destruction.  Tu  me  fais  connaître  le  che- 
min de  la  vie  ;  devant  ta  face  est  satiété  de  joie,  et  à  ta  droite  des 
délices  éternelles.  »  (Psaumes,  xvi,  9-11.) 

<  Le  travail  de  ces  arches  en  ce  qui  concerne  les  inscriptions 
en  relief,  la  belle  gravure^  des  belles  arabesques  tout  autour 
de  l'arche  a  été  terminé  en  Tannée  1628  de  Tère  des  Contrats  » 
(=1317). 

c  Ce  dessin  a  été  terminé  et  écrit  Tan  624  (=  1864).  » 

Sarcophage  d'Esthet. 


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»  npi^n,  iap«uf  pour  npnpn. 

T,  XXXVI,  «*»  72, 


16 


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242  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Au  centre  :  «  Voici  Tarche  dans  laquelle  est  enterrée  Esther  la 

juste.  Que  son  mér'Ue  nous  protège  !  Amen,  ainsi  soit-il,  amen  !  » 

Dans  les  deux  bandes  contigués  au  carré  central,  à  droite  et  à 

gauche  :  «  Ceci  est  l*arche  d'Esther  la  juste.  Que  son  mérite  nous 

gel  Amen.  » 

tour  :  a  Et  la  reine  Esther,  fille  d*Abihaïl,  et  Mardochée  le 
icrivirent  avec  toute  leur  autorité  pour  confirmer  cette  sç* 
3  lettre  de  Pourim.  »  (Esther,  ix,  29.) 
It  Tordre  d*Esther  confirma  Tinstitution  de  Pourim  et  cela 
crit  dans  un  livre.  Et  le  roi  Assuérus  imposa  un  tribut  au 
et  aux  lies  de  la  mer,  etc.  *  (ibid.^  31  et  x,  1.) 
Tout  cela  écrit  en  lettres  en  relief  autour  des  sarcophages.  » 
haut  :  c  La  tête  de  ce  tombeau  a  été  faite  sur  Tordre  de  la 
et  pieuse  Djimal,  les  médecins  préposés  Merwa-i-Djimal  al- 
et,  Ezéchias  et  Djimal  el-Dewlet,  et  le  travail  a  été  fini  en 
688  du  petit  comput.  Tout  cela  sculpté  et  orné  sur  les  tables 
rche  tout  autour.  » 

le  faut  pas  être  grand  clerc  pour  s'apercevoir  tout  de  suite 
lexpérience  de  Tamateur  auquel  a  eu  recours  notre  voya- 
II  est  hors  de  doute  que  la  face  des  sarcophages  n'est  pas 
)rte  de  ce  dessin  S  <^'est  par  une 'fiction  maladroite  que  le 
lateur  improvisé  a  mis  sur  le  même  plan  les  inscriptions  qui 
nt  tout  autour  du  sarcophage  '.  Lui-même  le  déclare,  d'ail- 
>  en  propres  termes. 

outre,  le  dessinateur  ne  s'est  pas  piqué  de  fidélité,  autrement 

arait  pas  mis  A'elc.  Bien  plus,  certaines  phrases  sont  sûre- 

de  son  invention.  Tels  les  mots  :  «  Voici  Tarche,  etc.  Ceci 

arche,  etc.  ».  Ainsi  surtout  la  note  :  «  Ce  dessin  a  été 

é  et  tracé  (sic)  en  624  »,  qui  est,  en  quelque  sorte,  sa  signa- 

Pour  les  versets  qui  sont  gravés  sur  les  cénotaphes,  sa 

lissance  de  la  Bible  Ta  préservé  de  toute  incorrection.  Mais 

copié  exactement  la  mention  relative  à  cette  femme  aux 

de  laquelle  est  due  la  confection  d'un  des  cénotaphes  ou 

partie  du  monument?  Il  ne  le  semble  pas.  En  efifet,  la  cons- 

on  de  la  phrase  indique  incontestablement  une  transcription 

qui,  sur  le  dessin,  forme  le  rectangle  central  est  certainement  le  plat  supérieur 

M>phage.  # 

B  sarcophages,  d'après  PoUak,  ont  la  forme  suiyante  : 


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inscriptions  courent  sur  les  trois  parois. 


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LE  TOMBEAU  DE  MARDOGHËE  ET  D'ESTHER  243 

Aative  :  il  manque  UDa  copule  entre  le  nom  de  la  femme  et  celai 
des  frères  ;  cette  femme  s'appelle  Djimal,  terme  que  nous  retrou^ 
tons  plus  loin  dans  le  composé  Djimal-el-Detolel  «  beauté  de 
Tempire  »  ;  des  frères  dont  il  est  question  ensuite  Tun  est  dit  fils 
de  Djimal  el-Dewlet,  Tautre  n*a  qu'un  prénom  et  le  troisième 
s*appelle  justement  Djimal  el-Dewlet.  Quant  aux  dates,  on  ne 
Yoit  pas  où  les  a  trouvées  le  dessinateur.  Celle  du  cénotaphe  de 
Hardochée  serait  Tannée  1628  de  Tère  des  Séleucides  (=1317), 
celle  du  tombeau  d'Esther  l'an  1688  (=  1377). 

D'après  Lycklama,  «  les  bandes  extrêmes  qui  forment  Tenca- 
drement  du  tout,  ne  contiennent  que  des  mentions  modernes  ayant 
traita  la  confection  du  dessin  et  faisant  connaître  que  le  travail 
des  inscriptions  anciennes  de  ces  tombeaux  a  été  achevé  en  ca- 
ractères incrustés  (lisez  :  en  relief)  et  eu  belle  gravure  ornée 
autour  des  dalles  de  la  tombe  (celle  de  Mardochée),  Tan  1688  de 
Tère  des  contrats  ». 

S'il  fallait  une  preuve  du  peu  de  confiance  que  doivent  inspirer 
ces  copies  dues  à  des  Orientaux,  il  suffirait  de  comparer  le  dessin 
fait  par  cet  amateur  avec  ceux  que  M.  Morris  Cohen,  de  Bag- 
dad, a  apportés  à  notre  excellent  confrère  M.  Israël  Abrahams.  Le 
savant  et  aimable  directeur  du  Jewish  Qtmrterly  Review  a  pris 
068  dessins  pour  fondement  d'un  article  qu'il  a  fait  paraître  dans 
h  Jewish  Chronicle^.  Avec  une  obligeance  qui  nous  a  beaucoup 
toodHét  il  nous  a  remis  ces  deux  graphiques.  Nous  en  reprodui- 
sons laa  parties  les  plus  importantes. 

A  la  partie  supérieure  au-dessus  des  sarcophages  se  lisent  ces 
mots  : 

bwTsa  tnn»  npnstn  rrwyn  ïT««n  m«j^b  rtnn^  mj^^aïi  nt  ttî«^ 
b»  bîoaài  H^ptrp  nbirr  b»  bNwà  ta-^tDDnîri  û-^TpDïi  ta-n^m  onNo. 
VVt^  ^n^  b9  p^«ri  nDNb»  izhm  ïi''a"at"3"n  bNi^-^i  ruitt)*»  nbiin 
.nn-'at'^b  tr-im  ia-Mob»  'n  nw  b^T  nni»  'nDa  o^ttJiaN  'nn^  i-^sj^m 

«  La  tète  de  cette  caverne  a  été  faite  sur  Tordre  de  la  digne  et  pieuse 
dame  Djimal  Sâtim  et  des  frères,  les  préposés  et  sages  Djimal  el- 
Dewlet,  Ezéchias  et  Djimal  ei-Dewlet,  Jésua  et  Yemouel,  que  leur 
âme  soit  liée  dans  le  faisceau  de  la  vie.  Le  travail  de  l*arche  a  été 
terminé  par  les  soins  du  pieux  et  humble  Abou-Schams,  fils  d*Ohad, 
eo  l'année  461 S  de  la  créaiion  (=  858).  » 

Sur  Tautre  copie  l'inscription  est  ainsi  conçue  : 
^  Niméfo  da  A  mars  dernier. 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

n  «'^ptm  tnbnn  b»  bNw?  "^ndi^îi  û'»*T'pDrT  ta-^n^m  tan»© 
1ÎT1K  la  ta«ia«  •»n'»  Sj^  linNïi  rT««3^  mdbrz  ûb«3  .s-iMtsn 

.trnn  tibei 

i  tète  de  cette  caverne  a  été  faite  sur  Tordre  de  la  digae  et 
dame  Djimal  Sâtim  et  des  frères  les  préposé'^-médecins  Djimal 
iet  et  Ezéchias,  et  Jésua.  Que  leur  âme  soit  liée  dans  le  fai- 
le  la  vie  1  L'œuvre  de  la  confection  de  l'arche  a  été  achevée  par 
as  d*AbousGham,  fils  d'Ohad,  en  Tannée  461S.  )> 

variantes  ne  sont  pas  peu  nombreuses.  L*arche,  c'est-à-dire 
otaphe^  s'est  transformée  en  caverne.  Le  nom  delà  femme 
nrichi  d'un  mot,  tun^D  «  SÂtim  ».  La  copule,  qui  manque  dans 
sin  de  Lycklama,  n'est  pas  omise.  Par  contre,  le  nom  de 
I  a  disparu.  Il  est  vrai  qu'à  la  fin,  apparaissent  deux  noms 
ïux  :  Jésua  et  Yemouôl.  Dans  l'autre  copie,  ce  dernier  mot 
le. 

1  suite  de  cette  inscription  en  vient  une  nouvelle  dont  il  n'a 
i  fait  mention  jusqu'ici.  Elle  porte  que  la  confection  du  cé- 
le  est  due  à  Abou-Schams,  fils  d'Ohad  (Abou-Scham  dans 
copie]  et  que  ce  travail  a  été  achevé  en  Tan  4618  de  la  créa- 
=  858),  ou,  d'après  l'autre  copie,  en  1618,  sans  doute  de  Tère 
leucides  (=  1307). 

r  ce  qui  est  des  inscriptions  sculptées  sur  le  tombeau,  sMl 
s*en  rapporter  à  ces  deux  copies,  elles  seraient  beaucoup 
longues  que  celles  dont  nous  avons  déjà  parlé, 
le  sarcophage  de  Mardochée  on  lirait  d'après  Tune  de  ces 
notions  : 

lû^n  mm  nbDn  m^bw  «laba  '^b^rr  •^sobn  k^-»  ■•annm 
«  ,(Esther,  viii,  15)  (ynxi^r^  "pa  'r^'TDm  irhirt^)  l'a  iTn  Vro^ 
•(Isaïe,  Lviii,  8)  rr^witti  mrro  ']roi"wi  "^y»  *vtod 

rès  l'autre,  le  verset  d'Esther  s'arrête  à  nm,  mais  le  texte 
continue  : 

.^DON*»  'ïi  ma^i  ipn»  ^^^tb  "^bm 

riptions  du  sarcophage  d'Esther  d'après  la  première  copie  : 

ipn  ba  PN  •^'nïT'ïi  ■»3n-i73i  b-^ma»  na  nDb^n  nno«  anam 
T^n  «b   ■'a  naab  p©*»   "^-i^a  t\»  •'maa  bri  -^ab  mo«  pb 

.bwob 
i  texte,  le  verset  : 
D  p  n'^N'»  p  "^ann»  i^d^di  ?TT»aïn  itDi«a  rrîi  ^iît  «■•« 


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LE  TOMBEAU  DE  MARDOCHÉE  ET  D'ESTHER  245 

Sor  les  parois  de  la  salle  figure  la  généalogie  de  Mardochée  : 

b-iNTD  p  n«"ia'»Dtt  p  HD"^»  p  t^b**»  p  t^xn»  p  na^a  p  jt^ts^î 
t*oT3^  p  ta-^nn©  p  rr^D»  p  tn-nsa  p  nist  p  b^-^aî*  p  w^p  p 
•jin-^D  p  bNino  p  «"^Mtt)  p  nirr^TD^  p  bw-'b»  p  bND^  p  p^D-^^)  p 
n73«  p  b^'cb»  p  -naî  p  t^3^3n  p  ûmn-»  p  b^ain*»  p  ^b^  p 
.«"j^'»T  'j'^n'»3a  p  ^'ba  p  rmim)  p  «"^naî  p 

Enfin^  l'auteur  de  ce  déchiffrement  a  transcrit  Tinscription  dont 
Malcolm  donne  la  traduction.  Elle  est  ainsi  conçue  : 

î-iV3f»b  r^^m  to-^Db»  '1  n3«  bnb»  tt)*Tinb  'ica  natoa   ■'ttîTîna 
nno  bDn   'atïi  nnoNT  •'Dinw  lî-'ann»  "jt»»  S«  'jia'^brt  pp-^n  tab«3 

.n^axan  nn-^bNn 

Le  jeudi  45  Eloul  de  Tannée  4474  de  la  création  fut  terminée  Topéra- 
tion  du  blanchiemeut  du  monument  de  notre  maître  Mardochée  et 
d'Esther  la  pieuse  et  toute  la  généalogie  depuis  :  «  Un  Juif  »  jusqu*à 
«  Benjamin  le  juste  »  par  les  soins  des  frères  Samuel  et  Elle. 

L'autre  copie  porte  :  «  ...  par  les  soins  d'Elie  et  de  Samuel, 
fils  d'Israël  Easchi  ».  Il  y  est  dit  également  que  cette  inscription 
se  trouvait  sur  une  pierre  d'agathe  (pO'>),  Il  parait  qu'elle  a  disparu. 

Vraisemblablement,  au  lieu  de  4474  (=714),  il  faut  lire  5474 
(=  1714).  En  effet,  d*après  une  autre  inscription  sur  marbre,  la 
construction  de  la  cour  extérieure  fut  faite  en  5497  {=  1737)  par 
les  soins  de  Schalom  et  de  Sara,  sa  femme.  Ces  divers  travaux  ont 
été  faits  probablement  dans  le  môme  temps. 

D'après  sir  Robert  Ker  Porter  *,  les  inscriptions,  qui  lui  furent 
déchiffrées  par  un  certain  Sedak  Beg,  seraient  ainsi  conçues  : 

taïT»  ï-rabttïi  nnoNi  pnstn  •^:3Ti>3  bu5  it^ïïi  n»  nsp-^n  to-^n»  -«atE) 

.Y:f"n  'T  n3«  b^nu)*^  -«sa  b«nttiDi  ivb^ 
nîwa  n"'»-in«  nattîa  nno«T  -«a^n»  n-nap  n»  NDinrr  bn:i  p^r  oai 
roiD  iibyf2  b«  ria'^iD'^a  i^îpana^)  nor»  D'»^©  abp  "j-ia^nn  Dm  pnnnïi 

.û-^aiD  yp  û-^Db» 

c  Deux  frères  ont  édifié  le  monument  de  Mardochée  le  juste  et 
d*Esther  la  reine,  Elie  et  Samuel,  fils  d'Israël,  Tan  4674. 

Pareillement  le  grand  médecin  a  édifié  le  monument  de  Mardochée 
et  d'Eslher  en  4618  après  la  destruction  du  temple,  ce  qui  fait  132  ans 
depuis  la  construction,  et  2370  après  leur  mort.  » 

*  Trapeli  in  6$0fgia,  Pertia,  Armenia,,.  (Londres,  1822),  t.  II,  p.  114.  C'est 
M.  Elkan  Adler  qai  m't  signalé  cet  ouvrage. 


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246  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Ce  Sedak  Beg  a  simplement  écrit  le  résultat  de  son  travail,  et 

c'est  la  rédaction  de  ses  notes  que  le  voyageur  a  prise  pour  la 

copie  des  inscriptions.  Croyant  que  Tannée  1618  était  celle  de 

rère  de  la  destruction  du  temple  (=  1688),  Sedak  Beg  a  eu  soin 

er  qu'il  y  avait»  par  conséquent  132  ans  depuis  Térection 

nument  (soit  1818,  date  du  voyage  de  Porter).  Le  compte 

70  ans  écoulés  depuis  la  mort  de  Mardochée  et  d'Bsther,  est 

iprès  la  tradition  rabbinique  ^ 

échiffrement  du  D"*  Pollak  mérite  plus  de  confiance.  D'après 
r  le  sarcophage  de  Mardochée  se  trouvent  Isaïe,  lviii,  8  ; 
M)té  de  devant  Esther,  ii,  5,  et  autour  Ps.  xvi,  9-11.  Sur  celle 
ar,  Esther,  ix,  32;  x,  1  ;  ix,  29.  Sur  lô  côté  de  Rêvant  : 

3K»a  npnstïi  mwDïi  ïiiOKïi  nm«j^b  nmx  napn  nt  mtn 
nb-mb»  bNtt:i  ■»ni*i7:  û"»«Dnnn  ta-^n-^pen  ta-^ttDnri  (œ)  ta!Tïi«n 

^oUak  traduit  ainsi  ces  mots  :  t  So  hat  es  angeordnet  die 
e  Frau  al  Dschamal  Satam  den  gelehrten  Briidern  den 
Dschamnal  al  Dawalat  Jechiskia  und  Dschamnal  al  Dawa- 
ia  Jemuel  im  Jahre  1621.  » 
^ollak  ne  parle  pas  de  Tautre  inscription. 

r  débrouiller  cet  écheveau  de  renseignements  contradic- 
ou,  tout  au  moins,  divergents,  il  faudrait,  à  défaut  d'une 
monument,  un  estampage  des  inscriptions.  Une  bonne  for- 
ons a  mis  entre  les  mains  ce  moyen  de  contrôle.  Un  Israé- 
\  Perse,  de  passage  à  Paris,  a  fait  présent,  il  y  a  quelques 
I,  à  M.  le  Grand  Rabbin  Zadoc  Kahn  d'un  calque  des  prin- 
I  lignes  sculptées  sur  les  deux  cénotaphes.  On  Ta  obtenu  en 
rant  d'encre  les  lettres  en  relief  des  sarcophages  et  en  ap- 
nt  dessus  fortement  des  bandes  de  papier.  C'est  donc,  en 
,  un  véritable  estaçipage,  qui  mérite  toute  confiance.  Ce 
s  va  nous  permettre  de  rectifier  tout  d'abord  les  lectures 
it  peu  fantaisistes  dont  l'incohérence  nous  avait  arrêté. 
irersets  qui  ornent  les  cénotaphes  sont  les  suivants  : 

des  copies  de  M.  Morris  Cohen  porte  les  notices  suivintes  :  «  Mardochée 
I  l'an  3289  de  U  créaiion  du  monde.  Il  avait  15  ans  de  plus  qu'Bslher.  U 
4  ans  avant  la  destruction  du  premier  temple  et  v<^cut  434  ans.  Bsther  est 
DS  avant  la  destruction  du  premier  temple  et  vécut  429  ans.  » 


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LE  TOAIBEAU  DE  MARDOCHËË  ET  D'ESTHER  247 


Sarcophage  de  Mardochée. 

ij-ît  bDb  ûib«)  naim  n^s^b  aica  «^T  vn« 

«  Il  y  avait  à  Suse,  la  capitale,  uq  Juif  nommé  Mardochée,  fils  de 
Yaîr,  fils  de  Schimeï,  fils  de  Kisch,  le  Benjamile  (Bsther,  ii,  5). 

Car  le  Juif  Mardochée  était  le  second  du  roi  Assuérus  et  grand 
parmi  les  Juifs  et  bien  vu  de  la  multitude  de  ses  frères,  recherchant 
le  bien  de  son  peuple,  et  parlant  pour  la  paix  de  toute  sa  race 
(Jbid.,  3)  «.  » 

Les  caractères  de  cette  inscription,  hauts  de  six  centimètres, 
sont  ornés  de  volutes  gracieuses. 

De  même  style  sont  les  caractères  (trente-sept  millimètres  de 
hauteur)  de  l'inscription  suivante  : 

■»«D3  atJ^n  «b  ■'a  Hûab  id©-»  ■'^©a  e|«  -«Tias  by^^  -^ab  ma»  pb 
n-irraa  3^a«  ta-^Ti  m»  la^^mn   nmo  mïnb  ^T^on  inn  «b  biÊWîb 

Ce  sont  les  versets  9-11  du  Ps.,  xvi,  que  nous  jugeons  inutile  de 
traduire  à  nouveau. 

B 

SarcopJiage  d^Esther. 

D'^pb  cjpn  ba  n«  •niti^rr  '^^^^'^'n^  b'^rra»  na  nabwn  nnoN  anam 

n-'sœïi  n^tn  D-^iDn  nna«  n» 
^Doa  anD3T  nb«n  û-nsn  -^naT  û^'p  nno«  n»fi«3i 
û-'n  ■»'»Ni  ynwn  bj^  o»  «mion»  ^bttïi  d^'^i 

Ce  sont  les  versets  d'Esther,  ix,  29  et  32,  et  x,  1,  que  nous  avons 
déjà  traduits  plus  haut. 

Les  caractères  sont  plus  épais  que  ceux  du  cénotaphe  de  Mar- 
dochée et  cependant  ils  sont  moins  grands  (5  cent.  1/2  de  haut). 

Mômes  versets  du  Psaume,  xvi,  en  caractères  de  28  millimètres, 
de  même  style  que  ceux  des  phrases  d'Bsther,  ix,  29  et  32. 

Les  deux  pièces  qui  offrent  le  plus  d'intérêt  sont  assurément 
les  suivantes  dont  nous  publions  la  reproduction  photographique. 

^  U  M  peut  que  d'autrtt  Terseti  soient  encore  sculptée  sur  le  oénotephe. 


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LE  TOMBEAU  DE  MARDOCHÉE  ET  D^ESTHEÏl  249 

A 

Sarcophage  de  Mardochée. 


«  Celte  tôle  du  tombeau  a  été  faite  sur  Tordre  de  Thumblo  Abou- 
Schams,  fils  d'Ohad,  le  médecio,  que  le  souvenir  du  juste  soit  une 
béDédiction,  Tan  4618  (s=  1307  de  Tère  cbrétienne).  » 

Peut-être  ^tm»  doit-il  se  lire  Ohad,  nom  d*an  fils  de  Siméon 
(Gen.,  xLTi,  10),  ou  Ehud,  nom  d*un  juge.  Mais  il  est  plus  probable 
que  c'est  un  mot  arabe.  Si  c'était  ^rtn^,  le  nom  signifierait 
«  Tunique,  Tincomparable  ». 

Tous  ceux  qui  parlent  de  cette  inscription  la  placent  sur  le  céno- 
taphe de  Mardochée.  Mais  les  caractères  sont  du  môme  style  que 
ceux  du  sarcophage  d'Esther. 

B 
Sarcophage  d'Esther. 

D'»»ann  D-^rwrt  û«  nno  bw^a  npistn  nn«Dïi  niû^rt  in«j^b  rrmx 

Npin«b  b«ian  w«-» 

«  Fait  sur  Tordre  de  la  digne  et  pieuse  Djimal. . .,  mère  des  frères, 
savants,  préposés,  médecins,  Merwa  ibn  Djimâl  aUDaulab  et  Ezéchias 

ibn  Djimâl  al-Daulah ,  Tan  1621  [de  Tère  des  Séleucides]  (=  1310 

de  Père  chrétienne).  » 

Nous  attribuons  cette  inscription  au  cénotaphe  d'Esther,  pour 
nous  conformer  aax  descriptions  de  Pollak  et  de  Lycklama,  mais 
la  forme  des  caractères  ferait  plutôt  croire  qu'elle  appartient  à 
celui  de  Mardochée. 

Manque-t-41  les  mots  nspn  t)fin  m  «  Cette  tète  du  tambeau  d^ 
ainsi  que  J'affirment  les  diverses  reproductions  que  nous  avons 
citées  plus  haut?  C'est  vr^semblable.  Ces  mots  se  trouvaient» 


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250  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

dans  ce  cas,  au-dessus  et  non  à  côté  de  notre  cartouche,  et  c'est 
par  inadvertance  qa'ils  auraient  été  oubliés  par  Tauteur  de  notre 
décalque. 

Quel  sens  faut-il  attribuer  à  ce  terme  de  «  tête  du  tombeau  »? 
Il  y  a  tout  lieu  de  croire  qu'il  désigne  le  cénotaphe  placé  au-des- 
sus du  tombeau  lui-môme. 

L'M  du  nom  de  la  femme  a  la  forme  de  la  ligature  htK  et  la  lettre 
précédente  peut  être  un  %);  on  a  ainsi  bmA,  c*est  la  lecture 
adoptée  par  plusieurs  de  nos  devanciers  ;  —  ensuite  vient  un 
mot  nriD  ou  to  dont  nous  ne  parvenons  pas  à  découvrir  le  sens. 
En  découvrirait-on  un  qu'il  serait  difficile  de  concevoir  un  com- 
posé de  cette  nature  hd  bm:^.  bmri  est  un  nom  abstrait  arabe  qui 
signifie  beauté  —  nous  le  rencontrerons  deux  fois  à  la  ligne  sui- 
vante ^  ;  ce  mot  doit  être  déterminé  par  an  substantif  précédé  de 
Tarticle  b»,  comme  dans  rùrfy»  Vmqa  «  beauté  de  Tempire  ».  Or, 
tel  n'est  pas  le  cas  ici. 

A  notre  avis,  le  lapicide  a  commis  ici  une  faute  et  a  mal  inter- 
prété ^THMi  *:^  «  dame  Esther  »  qa*il  avait  sous  les  yeux.  Nous  di^ 
rons  tout  à  l'heure  à  la  faveur  de  quelles  circonstances  cette  con- 
ftision  a  pu  se  produire. 

Quant  à  notre  lecture  des  noms  des  fils  de  cette  femme,  elle 
prête  à  des  objections  sérieuses.  Le  mot  vcna  est-il  l'abréviation  de 
Merwan,  ou  le  1  final  s'est-il  confondu  avec  celui  qui,  pour  nous, 
représente  le  mot  Ibn  qui  suit?  Le  trait  que  nous  lisons  ainsi,  et 
qui  a  été  pris  pour  un  yod,  n'a  pas  la  forme  ordinaire  de  cette 
lettre  parce  qu'il  se  raccroche  à  une  volute.  Gelai  que  nous  lisons 
ainsi  plus  loin  ressemble  plutôt  à  un  waw  ;  mais  dans  les  versets 
qui  accompagnent  cette  inscription  le  noun  final  est  toujours 
ainsi  écourté.  Ainsi  seulement  se  comprend  la  répétition  des  mots 
a  Djimal  al-Daulah  »  qui  suivent  immédiatement  après  le  nom 
d'Bzéchias.  Merwa  et  Ezéchias  étant  frères,  il  est  tout  naturel 
qu'ils  soient  fils  du  môme  père. 

Les  deux  groupes  de  lettres  que  nous  avons  laissés  sans  tra- 
duction sont  probablement  des  eulogies.  Malheureusement  nous 
n'avons  pu  en  trouver  l'explication .  Aucun  des  auteurs,  en  par- 
ticulier Zunz,  qui  ont  dressé  les  listes  des  formules  consacrées 
ne  connaissent  celle-là.  Aussi  ignorons-nous  si  elles  appellent  la 
protection  de  Dieu  sur  des  vivants  ou  sur  des  morts. 

Mais  à  dire  vrai,  nous  sommes  peu  certain  de  notre  déchiffre- 
ment, et  pour  les  raisons  suivantes  :  l^  le  trait  qui  suit  MTtD  et 
qui  est  surmonté  d'un  point  peut  difficilement  être  identifié^ 
2^  l'absence  de  copule  entre  ce  premier  nom  et  srrptm  serait 
inexplicable  ;  3<»  berîr  est  un  nom  propre  qu'on  rencontre  dans  la 


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LE  TOMBEAU  DE  MARDOGflËE  ET  D'ESTHER  251 

Bible  ;  dans  ce  cas  wm>  (et  non  ww^  qu'on  serait  tenté  de  lire) 
serait  lui  aussi  un  nom  propre,  peut-être  tVTO'^  ce  Isaie  ».  Seule- 
ment si  Ton  se  contente  de  lire  les  noms  des  frères  tels  qu'ils  sont 
énumérés,  on  obtient  une  phrase  incompréhensible  :  a  . . .  Djimâl 
al-Daulah,  Ezéchias  ei  Djimâl  al-Daulah,  Isaïe,  Teouel  ».  La  seule 
conjonction  qui  y  figure  ne  se  trouve  pas  à  la  place  où  on  l'atten- 
drait, et  la  répétition  de  Djimâl  al-Daulah  offre  une  énigme. 

Ici  encore,  comme  dans  la  ligne  précédente,  il  faut  supposer 
que  le  sculpteur  a  mal  reproduit  le  texte  qu'il  avait  sous  les 
yeux*. 

Maintenant  quel  était  ce  texte  ? 

Peut-être  simplement  la  co'pie  des  inscriptions  primitives,  car 
tout  semble  indiquer  que  celles  de  Tencadrement  inférieur  rem- 
placent une  ligne  qui  avait  disparu.  C'est  ainsi  que  se  com- 
prennent les  notes  qui,  d'après  Tauteur  du  dessin  reproduit  par 
Lycklama, accompagnaient  cette  inscription.  LeD'Pollak  s'arrête, 
lai,  aussi,  sur  ces  additions  et  en  conclut  que  cette  ligne  n'est 
qu'une  restauration. 

Ces  résultats  s'accordent  ayec  les  renseignements  donnés  à 
Porter.  Le  monument  aurait  été  détruit  par  Tamerlan  (1370-1400) 
et  il  ne  serait  resté  que  les  sarcophages.  Lors,  donc,  de  la  res- 
tauration de  cette  construction,  on  confectionna  un  nouvel  enca- 
drement des  cénotaphes  et  on  y  recopia,  mais  avec  des  erreurs, 
le  texte  primitif. 

Mais  quant  à  Taulbenticité  des  dates,  le  doute  n'est  pas  permis  ; 
elles  ne  sauraient  être  fictives. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  points  de  détail,  il  ressort  avec  évi- 
dence de  ces  deux  inscriptions  que  les  deux  cénotaphes  ont  été 
effectués  au  commencement  du  iiv*  siècle. 

Un  autre  fait  en  résulte,  si  notre  conjecture  est  exacte,  c'est  la 
coïncidence  du  nom  de  l'auteur  d'un  de  ces  monuments  —  Esther 
—  avec  celui  de  la  princesse  juive  à  laquelle,  d'après  la  tradition 
des  Juifs  de  Hamadan,  serait  dédié  l'un  des  cénotaphes.  Est-ce 
une  simple  coïncidence?  Personne  ne  le  croira. 

Enfin,  il  faut  s'arrêter  sur  le  nom  Djimâl  al-Daulah  «  beauté  de 
Pempire  ».  Il  évoque  invinciblement  le  souvenir  du  fameux  mi- 
nistre d'Argoun  Khan,  Sa*ad  al-Daulah. 

On  connaît  l'histoire  de  ce  ministre  dont  le  nom,  à  ce  que  nous 
a  rapporté  M.  Elkan  Adler,  est  encore  aujourd'hui  populaire  en 
Perse.  Il  commença  par  être  l'un  des  médecins  d'Argoun,  tout  en 
demeurant  à  Bagdad.  Ses  confrères  s'étant  plaints  de  ce  qu'il  né- 

>  C'est  ainsi  qu'an  lieu  de  ^ppTrPt  il  faut  peat-6tre  lire  rrpTtTI. 


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252  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

gligeait  son  service  tout  en  parlicîpant  aux  li))éralités  royales,  il 
fut  appelé  à  la  cour,  et  ce  fut  Torigine  de  sa  fortune.  Spirituel, 
adroit,  instruit,  connaissant  à  la  fois  la  langue  des  Turcs  et  celle 
des  Mongols,  il  sut  rapidement  se  pousser  en  avant.  Ayant  la 
chance  de  guérir  le  Khan  d'une  indisposition,  il  entra  dans  ses 
bonnes  grâces.  En  causant  avec  son  maître,  il  parla  des  dilapida- 
tions commises  par  les  intendants  du  pays  de  Bagdad.  Argoun, 
pour  mettre  à  l'épreuve  ses  services,  l'envoya  percevoir  les  reve- 
nus de  cette  province  et  examiner  les  registres  des  comptables.  Le 
succès  de  sa  mission  dépassa  les  espérances  du  roi.  Le  médecin 
juif  sut  recouvrer  d'anciens  arriérés,  percevoir  les  impôts  nouvel- 
lement échus  et  revint  chargé  d'une  somme  considérable.  Il  n'en 
fallut  pas  plus  pour  le  faire  nommer  contrôleur  des  revenus  du  fisc 
dans  le  gouvernement  de  Bagdad.  Le  roi  lui  présenta  de  sa  main 
une  coupe  de  vin,  ce  qui  était  une  faveur  insigne,  et  le  fit  revêtir 
d'une  robe  d'honneur  (128*7).  Il  continua  avec  le  môme  succès  à 
remplir  les  caisses  du  trésor  royal  et  bientôt,  en  1288,  le  roi,  sur 
le  rapport  d'un  de  ses  officiers  généraux,  lui  confia  le  département 
des  finances  de  tout  l'empire.  Il  devint  rapidement  tout  puissant, 
et  toutes  les  affaires  durent  passer  par  ses  mains. 

Argoun  n'était  pas  un  khan  ordinaire  :  il  avait  l'esprit  large, 
témoin  les  relations  qu'il  noua  avec  le  pape  Nicolas  IV  *.  Il  per- 
mit à  son  ministre  de  prendre  pour  agents  du  fisc  des  chrétiens 
et  des  juifs,  mesure  qui  devait  éveiller  les  haines  des  Musulmans. 
Aussi  n'y  eut-il  pas  de  crimes  qu'on  n'imputât  à  ce  ministre  inso- 
lent. On  prétendit  qu'il  voulait  persuader  à  Ârgoun  de  fonder  une 
nouvelle  religion  par  le  glaive,  qu'il  avait  arrêté  le  projet  de  con- 
vertir la  Caaba  en  temple  d'idoles  et  d'obliger  les  Musulmans  à 
se  faire  païens  ;  on  ajoutait  même  qu'il  se  préparait  à  faire  une 
expédition  contre  la  Mecque.  Il  avait  envoyé  de  ses  coreligion- 
naires, avec  une  liste  de  suspects,  dans  le  Ktiorassan  et  le  gou- 
vernement de  Schiraz,  pour  mettre  à  mort  les  notables  les  plus 
honorables  et  même  les  chefs  de  la  religion.  Tous  les  actes  tyran- 
niques,  les  nombreuses  exécutions  que  le  caractère  sanguinaire 
du  roi  lui  inspirait,  étaient  l'œuvre  du  ministre  tout-puissant  et 
hérétique.  Les  haines  particulières  des  seigneurs  à  qui  il  avait  fait 
rendre  gorge  soufflaient  sur  le  mécontentement  des  seigneurs,  ja^ 
loux  des  faveurs  obtenues  par  l'intrus. 


1  C'est  probablement  à  tort  que  Graetz  suppose  que  Sa*ad  al-Daulah  lui  inapirm 
cette  détermination,  car  déjà  à  la  date  du  10  avril  1288,  le  pape  euypTaii  au  Khan 
une  lettre,  alors  que  Sa*ad  al-Daulah  n'avait  pas  encore  reçu  le  titre  de  ministre.  — 
C'est  également  Ârgoun  qui  envojra  une  lettre  i  Phiiippe-le-Bel,  lettre  qui  s'est 
conaervée. 


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LE  TOMBEAU  DE  MARDOGHÉE  ET  B'ESTHER  2â 

Peal-être  Sa*ad  al-DauIah  ne  sut-il  pas  assez  teair  compte  des 
préjugés  en  éveil.  Il  associa  à  sa  fortune  les  membres  de  sa 
famille  ;  il  donna  la  ferme  des  revenus  du  fisc  à  ses  frères  Fakhr- 
al-Daulah  et  Emm  al-Daulah,  à  son  parent  Schams  al-Daulah,  à 
son  cousin  Âbou-Mansour,  le  médecin,  et  à  Lebid,  fils  d'Abi-Rabbi. 
Il  réunit  autour  de  lui  des  savants,  et  des  littérateurs,  qu*il  encou- 
ragea dans  leurs  travaux  ^  aussi  composa-t-on  à  sa  louange  un 
grand  nombre  de  pièces  en  vers  et  en  prose.  Une  partie  de  ces 
éloges  fut  môme  recueillie  dans  un  volume  auquel  on  attacha  son 
nom.  A  en  croire  le  continuateur  de  Bar  Hebraeus,  «  de  toutes  les 
parties  de  la  terre,  accouraient  vers  lui  nombre  de  Juifs  qui  di- 
saient tons  que  c'était  pour  leur  salut  et  pour  être  glorifié  par  son 
peuple,  que  Dieu  avait  enfin  donné  cet  homme  aux  Hébreux  ». 

La  haine  qui  Tenveloppait  allait  bientôt  pouvoir  se  satisfaire. 
Le  roi  fut  frappé  d*une  attaque  de  paralysie.  Sa* ad  al-Daulah  fit 
tous  ses  efforts  poar  le  guérir,  sachant  que  la  fin  de  son  maître 
serait  son  arrêt  de  mort.  Un  mois  après,  Argoun  rendait  Tâme. 
Aussitôt  ses  ennemis  (c  rugirent  contre  lui  »  et  le  firent  périr 
(29  février  1291).  «  Ensuite  ils  envoyèrent  des  exprès  dans  toutes 
les  provinces  pour  faire  arrêter  ses  frères  et  ses  proches,  qui  furent 
jetés  dans  les  fers  et  privés  de  tous  leurs  biens  ;  on  enleva  leurs 
fils,  leurs  filles,  leurs  serviteurs  et  tout  ce  qu*ils  possédaient.  Il  est 
impossible  de  décrire  la  persécution  qui  éclata  à  cette  époque  sur 
la  nation  juive.  »  Mais  dès  que  le  nouveau  khan,  Gaikhatoun,  fut 
sur  le  trône  (22  juillet  1291),  il  fit  arrêter  les  seigneurs  qui  avaient 
commis  ce  crime. 

Or,  d'après  le  chroniqueur  qui  nous  rapporte  ces  événements 
et  qui  en  fut  contemporain,  Abd-  Oullah,  fils  de  Fazel-oullah  *, 
c'est  le  ministre  juif  qui  prit,  pour  la  première  fois,  à  Tin^tar 
des  princes  de  la  dynastie  des  Pouyides,  un  surnom  se  terminant 
par  Daulah.  C'est  à  son  imitation,  sans  doute,  que  ses  frères  et 
proches  se  choisirent  des  surnoms  analogues  :  Fakhr  al-Daulah, 
Emm  al-Daulah,  Schams  al-Daulah.  On  peut  donc  supposer,  avec 
grande  apparence  de  raison,  que  Djimâl  al-Daulah  était  un  pa- 
rent du  célèbre  intendant  des  finances  *. 

Qu'on  relise  maintenant  les  versets  qui  entourent  la  tombe  du 
mystérieux  Mardochée  :  ne  sera-t-on  pas  surpris  d'y  voir  relevé 
que  Mardochée  était  le  second  du  roi  et  qu'il  fil  du  bien  à  son 

^  Le  célèbre  auteur  du  Zitab  Tadjgiyet  ul-Bmssar  we  Te*djiy9t  ul-A^ssar,  plus 
connu  BOUS  le  titre  de  Vaêsaf-uUHatrtt, 

*  "Voir,  sur  toute  cette  histoire,  d'Ohsson^  Hittoira  dês  MongoU,  t.  IV. 


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354  RSYUK  DES  tTUDBS  JUIVSS 

peuple.  Ces  traits  ne  s'appliquent-ils  pas  exactement  à  Sa*ad*«l- 
Daalah  *  7 

Par  une  coïncidence  curieuse,  d*aprës  une  conjecture  de  Oraetz  *, 
le  nom  hébreu  de  Sa*ad-al-Dau)ah  aurait  été  précisément  Mavdo- 
chée.  Un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  Bodléienne  a  conservé  le 
fragment  d*une  poésie  arabe,  composée  en  Thonneur  d*un  Mardo- 
chée,  qui  ressemble  trait  pour  trait  à  Sa*ad  al-Daulah.  C*est  un 
ministre,  parti  de  très  bas,  qui  a  gagné  la  faveur  de  son  maître  ; 
des  poètes  lui  ont  dédié  leurs  chants  et  Tont  célébré  à  Tenvi  ;  il  a 
étendu  sa  fidroleciîaià  sur  ses  frères;  de  son  temps,  Dieu  a  rendu 

Le  Juif  de  Perse  à  qui  est  dâ  le  sareophaga  éb  liardochée,  que 
ce  soit  Abou-Schams  ou  la  mère  des  Djimal-al-^Ilaalah»  tarait 
donc  voulu  élever  un  monument  commémoratif  à  la  mrtcniffa  da 
bienfaiteur  de  ses  frères. 

Les  restes  du  ministre  d*Argoun  furent -ils  transportés  el 
inhumés  en  ce  lieu  ?  G*est  ce  que  nous  ignorons.  Sa*ad  al-Daulah 
a  dû  trouver  la  mort  à  Tabriz,  séjour  ordinaire  de  la  cour,  à  une 
assez  grande  distance  de  Hamadan. 

Au  cas  où  ce  serait  la  mère  des  médecins-fonctionnaires  de  la 
flaaîUede  I]^mal  al-Daulah  qui  aurait  fait  élever  ce  sarcophage, 
on  s*ezpliqu«rail  mieux  encore  cet  acte  de  piété  :  elle  aura  voulu 
payer  sa  dette  de  reconnaiiwânce  au  protecteur  des  siens. 

Ainsi,  si  les  Juifs  de  Hamadan  sont  victimes  d*une  pieuse  con- 
fusion, en  vénérant  ce  tombeau  comme  celui  du  personnage  bi- 
blique, leurs  respects  ne  sont  pas  voués  cepen^batà  une  chimère, 
ils  Yont  à  la  mémoire  d*un  homme  qui,  dans  Thistoire  de  la  Perse 
du  moyen  âge,  a  joué  pour  les  Juifs  le  rôle  le  plus  éclatant  et  dont 
la  fortune  a  le  mieux  rappelé  celle  du  ministre  juif  d*Assuérus. 

Mais  que  vient  faire  Tautre  sarcophage  à  côté  de  celui  de  Mar* 
dochée*?  Est-ce  celui  de  cette  femme,  nommée  Esther,  qu'elle 
aurait  commandé  de  son  vivant?  Et,  dans  ce  cas,  pourquoi  a-t-on 
gravé  sur  le  monument  justement  tels  ou  tels  détails  relatifs  à  la 
reine  Esther,  en  particulier  qu'elle  envoya  des  lettres  pour  pres- 
crire la  célébration  de  la  fête  de  Pourim  et  que  le  roi  décréta  des 
impôts  sur  tous  les  peuples  de  son  empire  ?  Autant  de  questions 

>  Si  le  Tenet  Bsther,  tiu,  15,  qui  parle  des  vêtements  royaux  que  reçut  Mardo- 
ehée,  figurait  réeUemeut,  sur  le  cénotaphe,  ce  serait  une  allusion  à  la  robe  d'honneur 
dont  Ârgoun  fît  revdlir  son  ministre. 

*  A  laquelle  s'est  rallié  GusUt  Weill,  Tauteur  de  VHUioin  in  K^lifeê.  Voir 
GmMthtê  d$r  JudM^  t.  VII,  note. 

*  Remarquer  que  celui-ci,  à  dessein  sans  doute,  a  été  fait  moins  grand  que  Tautre. 


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LE  TOMBSAU  DE  M ARDOGHES  ET  D'ESTHER  255 

que  nous  n^osons  môme  pas  essayer  de  résoudre»  quoique  beau- 
coup d'explications  nous  viennent  à  l*esprit. 

Nous  avons  été  frappé  de  la  coïncidence  entre  le  nom  du  per- 
sonnage auquel  est  consacré  Tun  des  sarcophages  de  Hamadan  et 
celai  du  fameux  ministre  Juif;  notre  étonnement  est  devenr  *^*~'' 
vif  en  observant  que  le  monument  commémoratif  a  été  érig 
d^années  après  la  mort  de  Sa*ad  al-Daulah  *  ;  enfin,  par  une 
contre  surprenante,  il  se  trouve  que  ce  nom  de  al-Daulah  i 
sur  le  monument.  Ce  sont  ces  coïncidences  que  nous  avons 
plement  voulu  signaler,  sans   nous  dissimuler  les  nombr 
objections  que  soulève  notre  hypothèse.  —  Nous  serions  hei 
si  notre  essai  —  malheureux  —  servait  au  moins  à  provoque 
recherches  plus  approfondies  et  mieux  orientées. 

Israël  Lévi. 


I  GboM  plus  curieuse  «ncore,  It  date  de  lIoBcripiion  qoe  nous  tTons  lue  i 
platôi  1603,  car  la  lettre  prise  pour  un  kaph  a  la  forme  d'un  bit.  Il  est  vrai 
Upidde  aurait  dû  écrire  ann»,  mais  peut-être  a-t«il  voulu  éviter  le  mot 
<  cédrat  *.  Dans  ce  cas,  le  sarcophage  aurait  été  confectionné  en  1292,  juste 
d«  la  mort  de  Sa*ad  al-Daulah  !  (Dans  Thypothèse  que  cette  inscription  se  n 
an  tombeau  de  Mardochée). 


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LA  LUTTE  DE  R.  NAFTilLI  COHEN 

CONTRE  HAYYOUN 


Pendant  Tautomne  de  Tan  1711,  le  ghetto  de  Prague  Ait  le 
théâtre  d*une  lotte  décisive  entre  deax  hommes  que  la  destinée 
avait  amenés  là  de  contrées  lointaines  pour  les  mettre  en  pré- 
sence. R.  Naftali  Cohen  était  déjà,  en  arrivant  à  Prague,  un  vieil- 
lard fatigué  et  ayant  besoin  de  repos.  S*élevant  de  degré  en  degré, 
il  avait  été  promu  successivement  du  poste  rabbinique  d^Ostrogh  à 
celui  de  Posen,  et  de  là  au  siège  de  Francfort-sur-le-Mein  ^  Dans 
la  nuit  du  14  janvier  1711,  an  incendie  qui  éclata  dans  sa  maison 
lui  flt  perdre  à  la  fois  son  repos  et  son  honneur,  le  dépouillant  du 
môme  coup  de  sa  fortune  et  de  tout  ce  qui  constituait  le  bonheur 
de  sa  vie*.  On  Tavait  mis  en  arrestation,  bien  à  tort  d'ailleurs, 
car  son  innocence  était  évidente,  mais  le  séjour  de  la  commu- 
nauté lui  était  devenu  impossible.  Il  portait  comme  un  stigmate 
indélébile  le  nom  odieux  d'incendiaire.  Dans  sa  détresse,  il  avait 
porté  ses  regards  vers  le  berceau  de  ses  ancêtres,  pour  y  chercher 
du  secours.  Il  s'était  senti  attiré  vers  Prague,  la  cité  où  s'étaient 
développées  les  branches  de  son  arbre  généalogique*.  Là,  le  grand 
génie  tutélaire  de  sa  race,  le  vénéré  R.  Loeb,  vivait  encore  dans  la 
mémoire  de  tous  et  comptait  de  nombreux  descendants.  Résidence 

1  Perles,  Gesekichte  dtr  Jwhn  m  Posen,  p.  79  ;  M.  HoroTilz,  Ftûmkfkrttr  £Mi- 
n0r,  II,  60  et  suiv. 

•  Kaufmann,  UrkundlichjM,  p.  67-71. 

•  Voir  Tarbre  généalogique  dressé  par  R.  Méir  Perles  pour  le  frère  de  Nadali, 
R.  Jesaia  de  Brody,  l'^OHl'^  rb^^,  éd.  Varsovie,  p.  33,  et  ma  note  dans  les  F*- 
milien  Prags  de  S.  Uock,  p.  188,  note  2.  La  date  indiquée  par  Perles,  qui  devait  se 
trouver  sur  le  magnifique  rideau  de  sauctuaire  dont  Liebermann  Chalfan  a  fait  doa 
à  la  Âltneusynagoge,  dans  les  mots  ^^y  *IDT,  doit  être  rectifiée  diaprés  Vins- 
eription  elle -môme  en  rttt)^^  "JDT.  Celle-ci  est  conçue  en  ces  termes  :  rmîT 

^DT  pmt^  n^nn  ma  mu)  main  ^obn  ijona-'b  t^-ipD  Vt  pra*'  Y-n  p 


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LA  LUTTE  DE  NAFTALI  COHEN  CONTRE  HAYYOUN       '257 

de  sa  nombreuse  parenté  et  patrie  de  ses  plus  proches,  Prague 
était  pour  lui  un  refuge  tout  indiqué,  le  port  unique  qui  lui  offrit 
un  asile  sûr.  C*était  le  lieu  d*orlgine  de  son  grand-père,  le  rabbin 
de  Lublin,  dont  il  portait  le  nom,  ainsi  que  de  sa  grand*mère,  la 
fille  du  très  estimé  chef  du  rabbinat  de  Prague,  R.  lesaya  Lieber- 
mann  ou  Lieberles.  Là,  vivait  sa  tante  Vôgelé*,  réponse  de  Feiwel 
Banzlau,  un  des  rabbins  de  Prague,  la  sœur  de  son  père  R.  Isàk, 
qui,  comme  le  grand-père,  fut  rabbin  de  Lublin.  Mais  ce  qui  le 
détermina  surtout  à  se  tourner  vers  la  capitale  de  la  Bohème, 
c*était  le  voisinage  de  ses  fils,  dont  quatre  occupaient  en  même 
temps  d'importants  postes  rabbiniques  en  Moravie  *.  Pinchas  Isaac 
occupait  le  rabbinat  de  Eremsier,  Jacob  Mardochée  celui  d'Un- 
garisch  Brod*,  Schealtiel  celui  de  Prossnitz  et  Azriel  celui  de 
Oewitsch.  Sorti  sain  et  sauf  des  tribulations  de  la  guerre  et  des 
persécutions  des  hommes,  ayant  eu  à  lutter  contre  le  feu  et  contre 
le  fléau  plus  terrible  encore  de  la  calomnie,  il  espérait  pouvoir  se 
reposer  enfin  *  dans  cet  asile,  heureux  de  préparer  là  un  nouveau 
foyer  à  sa  chère  épouse  Esther  Schondel  et  à  ses  petits -enfants, 
sans  doute  les  enfants  de  sa  fille  Kéla,  morte  prématurément^ 
ainsi  qu*à  leur  père  Juda  Loeb'^,  fils  de  R.  Gabriel  Ëskeles.  Là, 
dans  le  voisinage  des  siens,  il  espérait  oublier,  sans  en  garder  le 
moindre  ressentiment,  les  horreurs  dont  il  avait  souffert^. 

Mais  la  coupe  de  ses  souffrances  n'était  pas  encore  pleine.  La 
goutte  d'amertume  qui  vient  des  peines  qu'on  se  prépare  à  soi- 
même  ne  devait  pas  y  manquer.  De  la  résidence  habituelle  des 
cabbalistes,  de  Safed,  en  Terre  Sainte,  un  homme  avait  entrepris 
des  voyages  à  travers  l'Europe,  dont  la  vie,  malgré  son  âge  avancé, 
ne  devait  pas  finir  sans  qu'il  eût  mis  en  ébullition  les  plus  paisibles 
communautés  et  semé  la  discorde  et  la  haine  partout  où  il  passait. 

'  Hock»  iHd,y  178,  et  ma  note  ibid.^  note  1. 

*  Cf .  l6  tesUmeiti  de  R.  NafUli,  vers  la  fia,  et  Brana  dans  la  JuMtehri/lf  de 
Qraêtz,  p.  233,  note  6. 

*  Cr.  Kaarmann,  Monatuehrift,  XLI,  362. 

^  R.  NafuU  oe  pouvait  avoir  à  ce  moment- là  plus  de  soixante-deux  ans,  son 
grand- père,  dont  il  portait  le  nom,  éiaot  mort  le  21  septembre  1648.  Voir  Josef 
Cohn-Zedek,  D'^n©'>  nn  (dans  \rùr\,  I,  éd.  S.  A.  Horodezky),  p.  13,  note  18. 

*  Cf.  le  Testament,  vers  la  fin,  et  Dembilzer,  iDT>  nb'^bD,  II.  Î3"0. 

'  Schndt,  JûdUehe  Merckwûrdigkeiten^  II,  113,  répète  des  dires  sans  fondement 
qoand  il  écrit  :  «  Mais  R.  Naftali,  aussitôt  qu'il  eut  échappé  à  sou  emprisonnement, 
se  hàla  de  partir  et  de  se  rendre  à  Prague,  où  il  vécut  dans  le  silence  et  pour  ainsi 
dire  en  cachette  pendant  un  certain  temps  et  où  il  fut  entretenu  par  Oppenheimer  de 
Vieime  et  d'autres  riches  Juifs  de  Prague.  •  Cependant  c^est  de  cette  déclaration  que 
s'est  inspiré  Graetz,  Be$ck%ckie^  X,  82,  en  rapportant  que  R.  Naftali  s'est  rendu 
i  Prague  pour  se  placer  sous  la  protection  de  D.  Oppenheim.  Drann  aussi  répète, 
iM.^  232,  qu*après  une  longue  détention,  il  se  fixa  à  Prague  auprès  de  R.  David 
Oppenheim. 

T.  XXXVI,  «0  72.  17 


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258  HEVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

R.  Naftali  Cohen  était  à  peine  ûxé  dans  le  Ghetto  de  t^rague  4ae 
le  malheur  vint  le  visiter  sous  les  traits  de  la  mystérieuse  et,  en 
apparence,  si  majestueuse  personnalité  de  Nehémia  Hayyoun,  le 
pèlerin  d*Orient.  C*était  dans  l'automne  de  Tan  1711.  Expert  dans 
Tart  du  charlatan  et  d'un  extérieur  imposant,  cet  hôte,  revêtu  de 
r^légant  costume  des  Orientaux,  avait  fasciné  tous  les  habitants 
dii  Ghetto,  pour  qui  cet  homme  de  Dieu,  faiseur  de  prodiges,  était 
entouré  d'une  auréole  de  légendes  pieuses.  On  se  pressait  autour 
de  lui  et  on  s'estimait  heureux  de  le  recevoir  et  de  le  combler 
d'honneurs.  Son  compagnon  et  secrétaire,  sans  doute  Elia  Tara- 
gon,  reçut  Thospitalité,  pour  la  durée  de  son  séjour  à  Prague, 
dans  la  maison  toujours  si  hospitalière  de  Samuel  Tausk*.  Cétait 
le  restaurateur  de  la  «  Altneusynagoge  »,  et  le  président  de  la 
communauté;  il  appartenait  à  une  famille  où  la  dignité  de  présN 
dent  fut  pendant  des  générations^  pour  ainsi  dire,  héréditaire,  et 
lui-même  s'était  rendu  célèbre  dans  les  annales  de  la  communauté 
par  sa  générosité  envers  les  écrivains'.  Quant  à  Hayyoun,  le  saint 
homme  qui  ne  vivait  que  pour  la  vie  spirituelle,  comme  il  le  pré- 
tendait, il  se  contenta  de  la  demeure  plus  modeste  de  Ànschel 
Ginsbourg,  célèbre  par  l'éclat  de  son  origine  et  son  éradition 
r^bbinique.  Mais  il  n'y  accepta  que  le  logement  ;  son  véritable  lieu 
de  séjour  fut  la  maison  princière  du  grand  rabbin  David  Oppen- 
heim,  alors  en  voyage  pour  affaires.  Là ,  il  se  laissa  servir  et  aduler. 
Lés  Jeunes  membres  de  la  famille  et  surtout  le  fils  unique  de  la 
maison;  Joseph,  gendre  de  Samson  Wertheimer,  rabbin  de  Hol- 
leschau  en  Moravie,  et  Hayyim  lona  Teomim,  le  Jeune  gendre  de 
David  Oppenheim,  dont  il  avait  épousé  la  fille,  Tolza,  recher- 
chaient avec  avidité  la  société  du  thaumaturge.  Comment  Naftali 
aurait-il  pu  résister  à  l'enthousiasme  général  7  Plus  que  tous  les 
autres,  il  était  prédisposé  à  céder  au  magique  attrait  du  pèlerin 
inconnu.  De  tout  temps,  les  messagers  de  la  Terre-Sainte  avaient 
trouvé  chez  lui  porte  ouverte.  Le  costume  oriental  et  le  prestige 
de  la  cabbale  avaient  toujours  exercé  sur  lui  une  force  d'attraction 
irrésistible.  Déjà  Abraham  Conque,  le  missionnaire  envoyé  de 
Hébron,  avec  qui  il  était  lié  depuis  1688  par  une  étroite  amitié, 
l'avait  conquis  tout  à  fait  '.  L'école  du  malheur  ne  lui  avait  pas 

*■  Hock,  ibid,,  145,  et  ma  note,  ibid,,  note  i.  Selon  p3ab  ITID,  (^  f5è,  PetM 
trouva  dans  sa  maison,  entre  autres  rabbins,  R.  Mose  b.  Israël  de  Sluck.  An  sujel  ém 
Sluck,  cT.  Friedberg,  linST  Dimb,  p.  27,  note  15.  Au  sujet  de  son  gendre,  R.  B«- 
ruch  Austerlili,  voir  i^aulmaon,  Die  Utite  Vertrtihung  dtrJuden  mu  ITtfi»,  p.  lit, 
note  3. 

'  Kaufmanu,  Sanuon  Wirtkeimer^  p.  97,  note  1,  et  96,  note  i. 

*  Voir  Tapprobation  enthousiaste  qu*il  donna  i  l'ouvrage,  d'ailleurs  suspect,  de 


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LA  LUTTE  DK  xNAFTALl  COHKxN  CONTHE  HAYYOL'X  25U 

appris  la  prudence  et  le  soupçon,  et  ii  se  livra  à  ce  rusé  person* 
nage  avec  une  naïveté  enfantine.  Du  reste,  Juda  b.  Josef  Perei» 
qui,  plus  tard,  fut  tant  vilipendé  et  acquit  une  si  douteuse  répu- 
lationf  n*avait-il  pas  trouvé  auprès  de  lui  un  cliaud  défenseur^  t 
Un  homme  de  la  taille  de  Ilayyoun,  investi  du  prestige  de  la 
science  rabbinique  et  cabbalistique,  devait  le  trouver  absolument 
sans  défense.  Le  rusé  Vénitien,  son  acolyte  et  secrétaire,  lui  avait 
flrayé  la  voie  par  ses  mystérieux  récits  sur  les  rapports  que  riiomme 
de  Dieu  entretenait  avec  les  puissances  surnaturelles.  Hayyoua 
aviva  encore  la  curiosité  déjà  en  éveil  en  refusant  d'accomplir,  an 
terre  étrangère,  les  prodiges  qui  étaient  sa  besogne  habituelle. 
Une  sorte  d'ombre,  disait-il,  s*était  posée  sur  ses  yeux,  lorsqu*!! 
qailta  la  Terre-Sainte,  et  il  dut  poursuivre  son  voyage,  à  demi 
aveugle  *,  sur  de  recouvrer  la  vue,  aussitôt  que  son  pied  toucherait 
de  nouveau  le  sol  sacré.  Il  voulait  aller  sans  trêve  d*un  endroit 
à  rautre.  Môme  dans  une  communauté  comme  celle  de  Prague,  il 
déclarait  ne  s*accorder  qu'un  répit  de  quinze  jours.  Nul  ne  devait 
pouvoir  se  vanter  d*avoir  profité  de  son  assistance  miraculeuse 
ou  d'avoir  reçu  une  amulette  de  sa  main.  Certes,  il  eût  aimé  ini- 
tier un  homme  comme  Naftali  aux  mystères  les  plus  profonds  da 
la  cabbale,  mais,  avant  d'entrepi'endre  son  voyage,  il  avait  fait  vesa 
de  renfermer  en  lui-même  les  doctrines  ésotériques  durant  tout 
son  séjour  sur  un  sol  non  consacré.  Son  but  était  uniquement  de 
fiiire  imprimer  en  Europe  les  manuscrits  où  était  consignée  ai 
seience  mystérieuse.  En  demandant  simplement  une  approbation 
pour  ces  précieux  ouvrages,  il  entendait  accorder  une  véritable 
faveur.  Choisissant  prudemment  parmi  ses  papiers,  il  voulait,  avant 
tout,  s'assurer  à  Prague,  vu  l'absence  de  R.  David  Oppenheim,  de 
l'adhésion  de  R.  Naftali  Cohen.  Il  garda  par  devers  lui  les  parties 
eoiapromettantes  de  son  ouvrage,  se  bornant  à  choisir  dans  les 
deux  écrits,  qui,  plus  tard,  entourèrent  comme  deux  commentairee 
le  texte  de  la  doctrine  secrète  des  Sabbatariens  ou  du  mystère  de 
la  Divinité',  les  passages  qu'il  soumit  à  sa  victime  pour  lui  arra- 
cher son  approbation.  R.  Naftali  sut,  sans  doute,  lire  le  manuscrit 

Conque  D'^nCIO  p3M.  Cf.  S.  Mandelkem,  dans  le  prochain  fascicule  du  n*)Tt)93 
a*)J^93tt1  de  Braioio. 

*  Le  inaab  me  a  élé  approuvé  par  R.  Naflali  a  Prague,  le  5  juin  1712  :  '«a 
^nSi5  ?in73tt)  na  T^ma^^a©  n"l  na^an.  R.  Mosé  Hages  s'exprime  fort  dure- 
beiil  âur  Perez  dana  ses  leltres  manuscrites  adressées  à  R.  Juda  Briel  de  Manloue. 

•  Par  là  s'explique  rexpressioo  û"^:^  "^D  imin  D'^S'^y  niNT^  «"''^n  ÏT^ttrO, 
dans  la  déclaratioo  d'approbation,  du  reste  stigmatisée  comme  ayant  été  faussée,  de 
M.  Gabriel  Bêkelef,  rabbîB  régional  de  Nicolsbourg,  sur  rr^TSnS  '>"^21  ai  Mnia^\^73 
«bDT.  Cf.  Ksarmann,  npim,  il,  H  et  suiv.  et  66  et  suiv. 

*  Qraetz,  ihid.^  zzxi,  et  suiv. 


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260  REVUE  DES  ËTUDES  JUIVES 

sefardi  plus  couramment  que  le  rabbin  de  Francfort-sur-le-Meîn  S 
Joseph  Samuel  de  Cracovie,  qui  avait  déclaré  ne  pas  savoir  lire  le 
manuscrit  d*Abraham  Conque  *.  11  n'y  trouva  rien  qui  pût  troubler 
sa  candeur.  Plus  d*un  demi-siècle  s'était  écoulé  depuis  que  Sab« 
bataï  Cevi  avait  jeté  dans  les  esprits  tant  d'erreurs  et  de  doutes  ; 
les  dernières  traces  du  mouvement,  naguère  si  puissant,  sem- 
blaient avoir  disparu,  et  dans  l'esprit  des  gens  paisibles  il  restait 
à  peine  un  pressentiment  que  le  vieux  levain  pût  encore  une  fois 
produire  une  fermentation  dangereuse.  Pour  flairer  et  découvrir  le 
sabbatianisme  secret,  il  fallait  une  autre  disposition  d'esprit  que 
celle  où  se  trouvait  R.  Naftali.  Dans  les  passages  qui  lui  furent 
soumis,  il  retrouvait  le  courant  bien  connu  de  la  cabbale.  Ne  se 
doutant  pas  de  Tablme  au-dessus  duquel  il  avait  passé  en  glissant, 
il  écrivit,  à  la  date  du  5  novembre  1711,  Tâpprobation  queHayyoun 
lui  avait  fait  l'honneur  de  lui  demander  ^  11  était  tombé  dans  le 
piège  du  vieux  renard,  et,  désormais,  il  était  hors  d'état  de  lui 
nuire.  Hayyoun  pouvait  laisser  tomber  son  masque.  Les  deux 
semaines  de  séjour  étaient  devenues  des  mois.  Son  refus  de  fabri- 
quer des  amulettes  avait  pris  fin  rapidement.  Maintenant  il  pouvait 
se  vanter  sans  scrupule  de  ses  relations  avec  le  ciel  et  proférer 
des  blasphèmes,  par  exemple  en  disant  qu'il  avait  fait  descendre 
le  char  du  trône  de  Dieu  dans  sa  chambre  ;  qu'il  dialoguait  fami« 
lièrement  avec  le  prince  de  la  face,  avec  Métatron  ;  môme  avec 
Dieu  il  s'entretenait,  et  il  pouvait  forcer  les  anges  de  son  entou- 
rage à  venir  près  de  lui  comme  des  serviteurs.  Il  eut  l'audace  de 
montrer  une  lettre  que  le  prophète  Ëlie  lui  avait  écrite  et  de 
s'attribuer  la  puissance  de  conjurer  les  morts,  de  détruire  des 
mondes  et  d'en  créer  de  nouveaux.  Désormais,  il  n'avait  plus 
besoin  de  l'auréole  de  la  sainteté.  Le  vieillard,  hier  encore  aveu- 
gle, se  divertit  au  jeu  de  Thombre  et,  las  des  mortifications,  prit 
plaisir  à  assister  aux  grands  festins.  Seul  Taveuglement  de  ses 
partisans  était  inguérissable,  et  la  confiance  de  ses  fidèles  restait 
inébranlable.  Ses  manières  devinrent  de  plus  en  plus  hardies  et  ar- 
rogantes. Ses  amulettes  devaient  éloigner  la  mort  et  être  un  moyen 
de  préservation  au  milieu  du  danger.  Le  retour  de  R.  David 
Oppenheim  avait  si  peu  mis  fin  à  ce  vertige,  qu'il  donna  lui-même 
son  approbation  aux  écrits  de  Hayyoun,  à  la  date  du  9  février  1712, 
et  qu'il  fut  sur  le  point  d'être  obligé  d'abdiquer  son  autorité  dans  sa 
propre  maison  en  faveur  de  cet  intrus.  Celui-ci  n'avait-il  pas, 

*  llorovitz,  ibid.y  II,  56  et  suiv. 

«  Approbation  de  D-^nDIO  pn»  ;  TT>D»  inDO  ns-^riDa   "T^D»  '»2'»WD  a"a3^«1 

M2y  D-^DpT  uyo")  iDDDna  ub'€V2  nm"»a  T>tt)D:^n  dij^wd  ■»r»'»'»n. 

>  Cf.  le  texte  dans  Tappendice  A. 


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LA  LITTE  DE  NAFTALI  COHEN  CONTRE  HAYYOUN       261 

contrairement  au  conseil  et  à  la  volonté  du  chef  de  la  famille, 
obtenu  par  le  don  d'une  amulette,  que  le  favori  de  la  maison,  le  fils 
unique  de  Josef  et  de  Tolza  Oppenheim,  jeune  enfant  d'une  beauté 
extraordinaire,  fût  exposé  au  danger  d*un  voyage  à  Carlsbad, 
où  il  périt  en  tombant,  sur  la  route,  en  bas  de  la  voiture*  ? 

En  vain  la  désillusion  vint  pour  R.  Naftali.  Il  ne  lui  servit  de 
rien  de  reconnaître  bientôt  qu'il  était  tombé  dans  les  filets  d'un 
sabbatarien  masqué.  Habitué  naguère  à  faire  acte  d'autorité  et  à 
voir  ses  volontés  exécutées,  il  dut  maintenant  se  consumer  dans 
une  haine  impuissante  contre  ce  fauteur  de  mal.  Celui-ci  n'avalt-il 
pas  obtenu  de  lui  tout  ce  qu'il  pouvait  encore  en  attendre  ?  Ses 
entretiens  avec  le  secrétaire  furent  inutiles.  [Celui-ci  ne  voulant 
dénoncer  ce  maître  en  fourberies,  R.  Naftali  dut  porter  comme  un 
remords  rongeur  le  soupçon  d'avoir  été  la  victime  d'un  des  Don- 
meh,  les  partisans  secrets  de  Sabbataï  Cevi  à  Salonique  ^.  Prague 
n'était  pas  un  endroit  propice  où  l'on  pût  entreprendre  quelque 
chose  contre  ce  séducteur  souple,  sachant  gagner  tous  les  cœurs 
et  échapper  à  tous  les  dangers,  d'autant  plus  que  le  chef  de  la 
communauté  s'était  également  livré  à  lui  par  sa  signature  et  son 
sceau. 

Sans  môme  prendre  congé  de  R.  Naftali,  Hayyoun  s'était  rendu 
de  Prague  à  Vienne^,  pour  répandre  de  là  dans  la  Moravie  et  la 
Silésie  les  nouvelles  erreurs  sabbatariennes,  qui  troublaient  les 
esprits  et  empoisonnaient  les  cœurs.  Les  tristes  conséquences  que 
produisit  le  sabbatarisme  renaissant  partout  devaient  montrer 
combien  était  fondé  le  soupçon  qui  ne  vint  que  tardivement  à 
R.  Naftali.  Bientôt  on  vit  se  rallumer  le  feu  qui  couvait  encore 
sous  les  cendres  laissées  par  la  première  explosion.  Une  des  pre- 
mières victimes  fut  Lobele  Prossnltz.  Ce  partisan  de  Sabbataï, 
originaire  d'Ungarisch  Brod  et  établi  à  Prossnitz,  sous  le  poids  de 
l'excommunication  suspendue  sur  sa  tête  par  R.  Meïr  de  Schi- 
dlow,  plus  tard  rabbin  d'Eisenstadt,  était  devenu  silencieux^, 
comme  un  pécheur  repentant,  lorsqu'à  l'approche  de  Hayyoun  les 

•  Cf.  Emden,  niNjpïl  mnn,  p.  63.  Le  mariage  de  Josef  Oppenheim  avec  Tolza, 
fille  de  Samsoa  Wertbeimer,  eut  lieu  en  1707  ;  voir  KaufmaQo,  Urkundliehet  aut  dem 
Lehen  Samson  Wertheimers  ^  p.  5. 

«  Cf.  A.  Danon,  dans  Revue  des  Etudes  juives,  XXXV,  264. 

»  Les  mots  Isifc^  n^ND  Tl^T^  t^bl  Û-»niarï  bir«  a-l  IITDTD  a-^tSm,  dans  la 
lettre  de  R.  Naftali,  n«  1,  sont  traduits  par  Graetz,  Geschichte^  X,  p.  83  :  «  Et 
il  fut  pourvu  là  de  ressources  abondantes  par  de  riches  chrétiens  ».  Il  ne  serait  pas 
impossible  que  Û*^ntt?ïl  désignât  les  fournisseurs  de  la  Cour,  les  grands  Juifs  de 
Vienne.  Nous  savons,  du  reste,  que  Meyer  Hirschcl  avait  mime  dans  sa  maison 
Lôbele  Prossnitz  ;  voir  Kaufmann,  Samson  Wertheimei\  p.  83,  note  3. 

♦  a.  D.  Kohn,  dans  m-ICOri   nitIN,  I,  ^^nm  niN,  p.  '.3  et  suiv. 


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262  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

•ilês  qui  lui  avaient  été  rognées  lui  repoussèrent.  Le  faiseur  de 
miracles  de  Safed  s*était  vanté  de  posséder  un  miroir  avec  teqiMl 
il  prétendait  pouvoir  apercevoir  le  fond  du  cœur  et  découvrir  !•& 
pensées  secrètes  de  Thomme.  C'est  avec  ce  miroir  qu*il  voulait, 
disait-il,  évoquer  Tâme  de  Lobele  Prossnitz  et  déclarer  publique- 
ment s'il  le  trouvait  innocent  ou  coupable.  Il  ne  manquait  plus 
au  vieil  hypocrite,  qui  n'attendait  que  la  résurrection  de  rautifte 
erreur,  que  d  être  proclamé  un  saint  par  ce  sage  d'Orient  qui  pré- 
tendait sonder  les  reins  et  le  cœur.  Lobele  eut  de  nouveau  aes 
partisans,  dont  le  nombre  s^accrut  encore. 

Ainsi,  le  fléau  se  répandit  de  lieu  en  lieu,  partout  où  Hayyoun 
dirigea  ses  pas.  Lorsque  H.  Naftali  arriva  à  Breslau  durant  Tbiver 
da  l'année  1713,  il  ne  reconnut  plus  la  communauté  qu*il  avait 
visitée  autrefois  ^  La  semence  jetée  là  par  Hayyoun,  durant  aofi 
aourt  s^our,  avait  poussé  comme  par  enchantement.  Vainemeut 
R.  Naftali  essaya  de  faire  connaître  le  vrai  caractère  deoet  bomiDa 
néfaste.  Sur  ces  entrefaites,  celui-ci  était  arrivé  à  Berlin,  où  il 
avait  mis  aussitôt  à  exécution  son  projet,  principal  but  de  son 
voyage  :  l'impression  de  ses  écrits.  Il  ne  se  troubla  môme  aueu^ 
nement  d'une  rencontre  avec  R.  Naftali  lui-môme.  L'ayant  trouvé 
un  dimanche  soir  à  la  synagogue  de  Berlin  *,  il  lui  tendit  sans 
hésiter  la  main,  mais  R.  Naftali  refusa  de  la  prendre.  Cependant 
il  ne  réussit  pas  à  rentrer  en  possession  du  certificat  qu'il  lui 
avait  donné  si  malencontreusement.  Hayyoun  chercha  à  se  dé- 
rober à  toute  nouvelle  rencontre,  il  évita  de  fréquenter  la  syna^ 
gogue  et  alla  se  loger  dans  la  maison  d'un  chrétien  ;  enfin,  il  sut, 
eu  se  plaçant  sous  la  protection  du  gouvernement,  se  mettre  à 
Tabri  de  toute  tentative  de  contrainte  en  vue  de  la  restitution  du 
certificat  d'approbation. 

Il  n'attendait  que  l'achèvement  de  ses  deux  ouvrages,  Les  pa- 
rcie$  de  Néhémie  et  le  Mystère  de  la  foi,  avec  ses  deux  com- 
mentaires %  pour  se  rendre  sur  le  véritable  théâtre  de  sa  propa- 
gande, à  Amsterdam.  Tandis  que  R,  Nafcali  était  encore  dans  l'in- 
certitude au  sujet  du  but  du  séjour  de  Hayyoun  à  Berlin,  les  deux 
ouvrages  avaient  été  imprimés  en  toute  sécurité  avec  l'approbation, 
désormais  devenue  indélébile,  de  R.  Naftali.  Peut-être  son  oppo* 

1  D'après  le  témoignage  de  son  approbation  donnée  au  d^'IDID  p^fit  de  son  ami 
Conque,  datée  du  24  Âb  1713,  pendant  les  troubles  de  Pologne,  il  séjourna  dé|à  i 
Breslau  comme  fugitif  (I7aip>373  nm^n). 

*  H  est  question  d'une  visite  de  K.  Naftali  à  Berlin,  pendant  qu1l  séjourna  i  Pc- 
ssn,  dans  le  TfOlZ  1112^  n'^in  de  Moi^é  b.  Yesaia  Wengrab,  3a;  il  Youlait  maiira 
à  hnterdit  l'imprimeur  dâ  la  parodie  de  D'elle  n3073  de  Sulzbacb.  Cf.  Van  Biema, 
Nachtrag  tu  Bebr.  Bibliographie,  XIV,  p.  19. 

»  Cf.  L.  Undsbuth,  ûU?rï  ''Oa»  miblP,  p.  14  et  suiv. 


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LA  LUTTE  DE  NAFTALI  COHEN  CONTRE  HAYYOIN  263 

ffiUûQ  eut-elle,  du  mointi,  ce  résultat  que  son  approbation  ne  fut 
pUd  iqiprimée  et)  tète  des  deux  ouvrages  à  la  fois.  Mais  il  n'y  eut 
pl^9  moyen  d*écbapper  au  triste  sort  de  voir  son  nom  placé  en 
télé  ù\\  plus  petit  et  plus  dangereux  de  ces  écrits. 

Cependant  R.  Naftali  n'atait  encore  eu  aucun  pressentiment  de  la 
véritalile  responsabilité  quMI  avait  assumée  par  sa  malencontreuse 
apostille.  Il  8*en  voulait  d*étre  tombé  dans  le  piège  tendu  par  un 
l^jrpocrite  suspect,  et  il  dédirait  à  tout  prix  détruire  la  preuve  qu'il 
9'4tait  laissé  tromper  dans  sa  candide  crédulité  par  un  disciple 
secret  de  Sabbataï.  C'est  seulement  maintenant  qu'il  reconnais- 
anit  aa  faute  d'avoir  couvert  des  doctrines  erronées,  visiblement 
sabbataïques,  de  l'autorité  de  son  nom  et  d'avoir  donné  >a  re- 
nowfntndation  à  des  blasphèmes  et  à  des  hérésies.  Une  lettre  de 
R.  Çebi  Ascbkenazi  *,  d'Amsterdam,  lui  arriva  et  le  frappa  com- 
me d'un  coup  de  foudre,  en  lui  révélant  pour  la  première  fois  à 
fqelle  étrange  entreprise  il  avait  prêté  la  main  par  un  inconcevable 
aveuglement.  Désespéré,  il  fut  pris  de  violents  remords.  Son  voyage 
i^  Breslau  était  resté  sans  effet,  et  ses  espérances  ne  s'étaient  pas 
réalisées  quant  au  rabbinat  de  Posen  '  :  il  était  résolu  ^  retourner 
i  Prague^  où  il  avait  déjà  renvoyé  ses  bigages.  Il  comptait 
revenir  par  la  prochaine  voiture  de  poste  auprès  des  siens,  lors- 
qu'il r^çut  la  nouvelle  que  Prague  venait  d'être  ravagée  par  un 
tremblement  de  terre  et  que  sa  femme,  sa  sœur  et  ses  petits-fils 
étaient  obligés  do  camper  en  rase  campagne. 

ifalgré  sa  tristesse,  R.  Naftali  comprit  cependant  qu'il  était 
nécASsaire  qu'il  se  séparât  ouvertement  de  l'hérésiarque.  Il 
trouva  le  courage  de  se  confesser  devant  l'héroïque  apôtre  de  la 
foi,  le  rabbin  d'Amsterdam.  Le  27  août  1713,  après  avoir  passé  de 
nouveau  en  revue  tous  les  incidents  de  sa  vie,  si  riche  en  souf- 
frances, il  écrivit  une  première  lettre  à  R.  Cebi  Aschkenazi  ^, 
qu'il  tenait  en  haute  vénération  et  qui  était  aussi  lié  avec  lui  par 
des  liens  de  parenté^.  Ce  fut  pour  lui  une  véritable  délivrance. 
Contrit  et  abattu,  plein  de  confusion  et  de  repentir,  il  avait  étouffé 
en  lui  tout  mouvement  d'amour-propre  et  toute  tentative  de  justi^ 

'  SursoD  origine,  cf.  Kaufmanii,  Die  letite  ErstUrmung  Ofens^  p.  23  et  suiv. 

>  PerlM,  QeschiekU  dw  Juden  i»  Posen ^  p.  79  ;  Brann,  ihid.,  p.  233. 

*  J'empruDle  le  texte  des  lettres  de  K.  Naftali  a  un  manuscrit  qui  est  en  ma  pos- 
session et  qui  contient  toutes  les  lettres  et  les  traités  de  polémique  qui  virent  le  jour 
durant  cette  lutte  contre  Ilayyoun. 

^  Les  relations  des  deux  familles  tiennent  au  fait  que  H.  Arié  Loeb,  le  fils  de 
it.  $«ûl  at  le  petit-tils  de  H.  Heschel.  fut  choisi  par  K.  Cebi  comme  gendre.  R.  Arié 
Loeb,  que  B.  r^aftali,  dans  ses  lettres  à  R.  Cebi,  saline  toujours  spécialement,  était  un 
cousin  d^  iuda  Loeb,  le  gendre  de  Naftali  Cohen,  mort  prématurément.  Cf. 
Emden,   HBO   rhxn  ,  éd.  D.  Kohn,  p.  65  et  suiv. 


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264  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

flcation  intérieure,  pénétré  de  la  conviction  qa*il  n*est  qu*un  seul 
moyen  de  triompher  des  fautes  et  des  péchés:  les  reconnaître 
ouvertement  et  s'en  repentir  sincèrement.  La  lettre  qu'il  écrivit 
devint  comme  le  miroir  des  événements  qui  s'étaient  déroulés 
depuis  deux  ans.  Il  avait,  disait-il,  été  induit  en  erreur,  aveuglé 
par  le  préjugé  et  les  apparences;  il  avait  donné  son  approbation 
inconsidérément  et  sans  réflexion,  car  le  livre  néfaste  auquel  il 
voyait  maintenant  son  nom  indissolublement  attaché  ne  lui  avait 
pas  été  mis  sous  les  yeux.  Il  n'avait  rien  su  du  plan  et  de  la 
disposition  des  deux  commentairen,  et  le  passage  dans  lequel  il 
avait  cru  voir  la  partie  principale  de  l'ouvrage  lui  avait  paru  irré- 
prochable et  digne  d'approbation  *. 

R.  Ndftall,dè5  qu'il  eut  pleinement  conscience  de  sa  faute,  était 
décidé  à  édicter  les  peines  les  plus  sévères  contre  Hayyoun  et 
ses  ouvrages,  dût-il  ressentir  le  contre-coup  de  ces  mesures,  en 
raison  des  accointances  qu'il  avait  eues  avec  lui.  Ce  que  R.  Cebi 
Âschkenazi  lui  avait  soumis  maintenant  du  contenu  de  l'ouvrage, 
muni  de  son  apostille,  n'avait  jamais  passé  sous  ses  yeux.  Com- 
ment pourrait-il  survivre  à  la  honte  d'avoir  prêté  son  nom  à  un 
livre  qui  touchait  audacieusement  à  la  plus  chère  doctrine  du  ju- 
daïsme, à  l'unité  de  Dieu  et  à  la  pureté  de  sa  conception  de  la  Di- 
vinité? La  destruction  de  cette  œuvre  de  mensonge,  Toilà  la  seule 
chose  à  laquelle  sou  âme  aspirait.  Aucune  subtilité  d'interpré- 
tation, aucun  subterfuge  ne  devait  être  accepté  de  la  part  du  mis- 
sionnaire des  Sabbatariens.  D'après  R.  Naftali,  il  fallait  brûler 
tous  les  exemplaires  de  ces  livres,  et  R.  C^-bi  devait  désormais 
prendre  à  cœur  de  les  détruire  radicalement. 

Son  projet  de  se  rendre  à  Prague  était  désormais  abandonné, 
et  il  était  uniquement  préoccupé  de  la  lutte  contre  Hayyoun. 
Grâce  à  l'esprit  de  décision  de  R.  Cebi  et  de  son  fidèle  lieutenant 
R.  Mosè  Hages,  le  combat  contre  la  nouvelle  tentative  des  Sabba- 
tariens s'était  allumé  sur  toute  la  ligne.  Un  allié  s'était  présenté 
en  la  personne  de  Léon  Brieli,  rabbin  de  Mantoue,  qui  dans  cette 
lutte  contre  Hayyoun,  valait  à  lui  seul  une  armée.  La  défense  de 
Hayyoun,  prise  assez  mollement  par  Salomon  Aelyon  et  la  com- 
munauté sephardite  d'Amsterdam,  devait  fatalement  échouer  de- 
vant une  attaque  si  supérieurement  menée.  A  peine  R.  Naftali  eut- 
il  repris  contenance  et  se  fut-il  recueilli  suffisamment  pour  prendre 
connaissance  de  la  contre-déclaration  de  Hayyoun  et  d'Aelyon, 
queR.  Cebi  lui  avait  fait  parvenir,  qu'il  rédigea  presque  aussitôt,  le 
13  septembre  1713,  une  nouvelle  lettre  adressée  à  R.  Cebi  contre  le 

*  On  ne   peut    donc  parler   d'un   mensonge   commit   per   R.    NefUli    (Gr«eU, 
t*irf.,  83). 


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LA  LUTTE  DE  NAFTALI  COHExN  CONTRE  HAYYOUN  265 

fauteur  d'hérésies.  Il  ne  pouvait  comprendre  qu*un  rabbin  comme 
Aelyon  se  mit  encore  à  la  remorque  de  ce  fourbe,  maintenant  que 
le  caractère  dangereux  de  l'ouvrage  avait  été  démontré.  L*excuse 
que  le  livre  se  bornait  à  reproduire  les  anciennes  doctrines  bien 
connues  du  Zohar  ne  pouvait  être  admise  un  instant.  Le  danger 
des  hérésies  qui  y  étaient  contenues  et  qui  ébranlaient  la  vérité 
fondamentale  la  plus  sainte  du  judaïsme,  Tunité  de  Dieu,  était, 
selon  lui,  d^autant  plus  grand  qu'elles  pouvaient,  d'une  part,  pro- 
voquer au  dehors  des  malentendus  et  des  calomnies  de  la  part. des 
savants  non-juifs  à  qui  cet  ouvrage  tomberait  sous  les  yeux,  et 
que,  d'autre  part,  elles  étaient  de  nature  à  réveiller  les  anciennes 
hérésies  sabbatariennes.  Personne  ne  devait  s'étonner,  ajoutait 
Naftali,  de  ce  qu'il  était  venu  de  si  loin  pour  s'ériger  de  son  chef 
en  juge  d'une  querelle  qui  intéressait  en  premier  lieu  la  commu- 
nauté d'Amsterdam.  Il  se  sentait  poussé  irrésistiblement  par  le 
zèle  pour  la  cause  de  Dieu,  que  nul  ne  pouvait  défendre  plus 
ardemment  et  plus  passionnément  que  lui-môme,  et,  de  plus,  lui 
surtout^  trompé  par  Hayyoun,  avait  le  devoir  d'élever  la  voix 
et  de  lancer  an  cri  d'avertissement  contre  le  sectaire.  Il  se  voyait 
donc  dans  la  nécessité  de  persévérer  dans  sa  demande  de  me- 
sures pénales,  et,  d'accord  avec  les  hommes  qui  ont  ouvert  ce 
combat  pour  la  foi,  de  prononcer  Tinterdit  contre  l'ouvrage  et 
l'auteur,  interdit  qui  ne  pourra  être  levé  que  si  le  coupable  donne 
des  preuves  certaines  d'un  repentir  sincère.  Les  exemplaires  du 
livre  néfaste  devaient  être  retirés  de  la  circulation;  par  ég^ird 
pour  ce  qui  pouvait  s'y  trouver  de  de  juste  et  d'exact,  ils  ne 
seraient  pas  brûlés.  Cependant  l'excommunication  devait  être  pu- 
bliée dans  tous  les  pays  pour  déterminer  ceux  qui  se  trouvaient 
déjà  en  possession  de  cet  ouvrage,  à  le  mettre  à  l'écart  sous  peine 
de  tomber  eux-mêmes,  en  cas  de  désobéissance,  sous  le  coup  de 
l'excommunication  prononcée  contre  l'auteur. 

Si  jamais  R.  Naftali  eut  le  sentiment  de  ce  qu'il  était  devenu,  lui 
homme  pacifique,  privé  de  sa  fortune  et  des  fonctions  rabbiniques 
qu'il  avait  exercées  dans  de  grandes  et  importantes  communautés, 
il  dut  surtout  en  être  chagriné  pendant  sa  lutte  contre  Hayyoun. 
Dans  sa  troisième  lettre  adressée  à  R.  Çebi,  le  18  octobre  1*713^  il 
reconnaît  ouvertement  combien  il  se  trouvait  impuissant  et  quelles 
sévères  mesures  il  eût  prises  contre  le  corrupteur  du  peuple,  s'il 
en  avait  encore  eu  la  force.  Il  n'était  plus  lui-même  qu'un  hôte  to- 
léré dans  la  communauté  de  Breslau.  Cependant  la  protection  de 
Lazarus  Pôsing*,  fournisseur  de  la  Monnaie,  homme  des  plus  in- 

^  Braon  dans  JubêUckri/t  de  Graetz,   p.  238  et  f  uiv. 


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966  mSUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ilii0nt$,  lui  valait  beaucoup  de  considération.  Aussi,  iorsqu^arri- 
vèrent  les  nouvelles  de  Nicolsbourg,  la  communauté  dirigeante 
de  Moravie,  siège  du  rabbinat  régional,  et  même  de  la  commu- 
nauté voisine  de  Lissa,  apprenant  que  des  menaces  on  avait  passé  à 
Texéoution  au  sujet  de  l*excommunication,  H.  Naftali  ne  resta  pas 
en  arrière.  Les  membres  les  plus  considérés  du  rabbinat  et  de  la 
communauté  de  Nicolsbourg,  les  plus  réputés  par  leur  érudition 
talmudique,  avaient  prononcé  solennellement  Tinterdit  contre 
Hayyoun,  sous  l'influence  de  leur  chef,  le  grand  rabbin  de  la  Mo- 
ravie, R.  Gabriel  Eskeles,  beau-père  de  la  fille  de  H.  Naftali.  La 
même  mesure  avait  été  prise  par  trente  membres  de  la  comom- 
nauté  de  Lissa,  éminents  par  leur  savoir.  R.  Naftali  reconnut  alors 
q\x'\\  avait  eu  tort  de  parler,  dans  sa  dernière  lettre,  de  la  possibi- 
lité de  trouver  dans  le  livre  de  Hayyoun  des  passages  inoffensifs 
et  d'en  épargner  les  parties  intéressantes.  L'appui  qu'il  avait  trouvé 
semble  l'avoir  fortifié  dans  sa  conviction  de  la  culpabilité  de 
rhomme  et  dé  ses  ouvrages.  Quiconque  avait  Taudace  de  prendre 
le  parti  de  Hayyoun  devait  appartenir  évidemment  à  la  séquelle  sab- 
bataïque,  qui  d*abord  s'était  livrée  à  ses  agissements  scandaleux  en 
Terre-Sainte  et  qui  était  redevenue  assez  hardie  pour  recruter 
aussi  des  partisans  dans  d'autres  contrées.  Il  devait  faire  partie  de 
ces  malheureux  égarés  qui  portaient  sur  eux  -le  portrait  de  Sab- 
bataï  Cebi  pour  le  baiser  au  milieu  de  chants  bachiques  et  en 
récitant  des  prières.  Un  seul  châtiment  était  assez  sévère  contre 
ce  fauteur  d'hérésies,  la  destruction  par  le  feu  de  son  livre  et  le 
décret  de  l'excommunication  majeure  contre  l'auteur,  excommu- 
nication dont  il  ne  pourrait  se  relever  quà  la  condition  de  se  dé- 
clarer prêt  à  accomplir,  avec  repentir  et  soumission,  la  pénitence 
publique  que  lui  imposeraient  cinq  rabbins  compétents.  Pour  cinq 
motifs  déterminants,  pour  l'amour  du  nom  divin,  de  sa  Loi  sainte, 
de  la  chaîne  infinie  des  saints  ancêtres,  pour  l'amour  de  la  com- 
munauté dlsraël,  qu'il  fallait  préserver  des  pièges  et  de  la  séduc- 
tion, pour  sa  propre  dignité  acquise  de  rabbin,  R.  Naftali  se  voit 
forcé  de  passer  des  paroles  aux  actes  et,  suivant  l'exemple  de  ses 
prédécesseurs,  de  ne  pas  différer  plus  longtemps  à  prononcer  Tex- 
communication  contre  Hayyoun.  Semblable  au  patriarche  Jacob, 
selon  la  parole  du  Midrasch,  il  se  sentait  armé  comme  de  cinq 
amulettes  pour  terrasser  son  ennemi.  Personne  ne  pouvait  l'acou- 
ser  de  partialité.  Dépourvu  de  toute  fonction,  en  pleine  indépen- 
dance, inaccessible  à  toute  influence,  il  se  trouvait,  disait-il,  en 
quelque  sorte,  en  dehors  de  la  communauté  des  vivants,  n'agis- 
sant et  ne  se  déterminant  que  par  son  zèle  pour  la  cause  de  Dieu. 
Si  quelque  considération  le  retenait  encore  de  mettre  son  projet 


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LA  LUTTE  DE  NAFTALI  COHEN  CONTRE  HAYYOUN       267 

immédiatement  à  exécution,  c*était  le  contraste  que  semblait  ffé- 
ganter  la  communauté  de  fireslau,  composée  d'éléments  dispi- 
rates et  venus  du  dehors,  avec  une  communauté  comme  Nicols- 
bourg,  de  fondation  ancienne  et  réputée  au  loin.  L*adbésion  de 
cette  petite  communauté,  qui  n*aurait  que  peu  de  retentissement, 
serait-elle  suffisante  et  ne  provoquerait-elle  pas  plutôt  les  raille- 
ries? Aussi  songea-t-il  un  moment  à  convier  une  communauté 
importante  du  voisinage  à  livrer  Tassant  contre  Hayyoun.  La 
communauté  de  Glogau,  par  le  grand  nombre  de  ses  membres 
adonnés  à  Tétude  de  la  Loi,  était  prédestinée  à  ce  rôle  mieux  que 
toute  autre.  B.  Naftali  crut  devoir  s*adresser  à  elle,  surtout  parce 
que  le  vieux  rabbin,  Juda  Loeb  b.  Mosé*,  qui  était  son  paren(, 
avait  accordé  lui  aussi  son  approbation  aux  deux  ouvrages  de 
^ayyoun.  Il  voulait  lui  envoyer  la  correspondance  qu'il  avait 
échangée  avec  la  communauté  d'Amsterdam,  les  lettres  manua^ 
crites  ainsi  que  les  déclarations,  imprimées  dans  Tintervalle,  reia-r 
tives  à  la  lutte  contre  Hayyoun,  pour  le  décider  lui  et  sa  com- 
munauté à  s*associer  à  ses  efforts.  Aussitôt  que  la  nouvelle  de 
Texcommunication  prononcée  à  Glogau  contre  Hayyoun  lui  se- 
rait parvenue,  il  se  promettait  d'en  instruire  sans  délai  R.  Çebi. 

Il  se  produisit  alors  probablement  une  circonstance  qui  décida 
K»  Naftali  à  faire  intervenir  la  communauté  de  Breslau.  Peut* 
être  craignait-il  une  interprétation  fâcheuse  s'il  3*abstenait  de 
manifester  son  zèle  par  une  action  directe.  Aussi,  après  avoir 
tant  temporisé,  devint-il  un  assaillant  furieux,  qui  crut  ne  pas 
devoir  attendre  une  scnoaine  de  plus  et  qui  mit  son  projet  i  exé- 
cution dès  le  samedi  suivant.  Ce  jour,  21  octobre  1713,  la  com- 
munauté de  Dreslau  devait  affirmer  solennellement  sa  rupture 
avec  Hayyoun.  R.  Naftali  convoqua  l'assemblée,  qui,  de  con- 
cert avec  lui,  allait  prononcer  l'excommunication  dans  la  syna- 
gogue de  Lazarus  Zacharias,  ou  Pôsing,  le  fournisseur  de  la 
Monnaie*.  Il  avait  réussi  à  réunir  à  Breslau,  qui  naguère  lui 
paraissait  un  si  petit  centre,  quinze  hommes  de  renom  et  de  consi- 
dération, qui  n'hésitèrent  pas  à  s'associer  à  cet  acte  important. 
Mais,  outre  les  invités,  une  foule  nombreuse  était  accourue  pour 
être  témoin  de  cette  cérémonie,  qui  était  alors  encore  entourée 
d'an  sombre  éclat,  où  R.  Naftali  allait,  après  un  sermon  dont  le 
sujet  était  emprunté  à  la  section  sabbatique  {Noah),  lancer  Tex- 
communication  contre  Hayyoun  et  quiconque  embrasserait  son 
parti. 

I^e  !«'  novembre  niS,  il  raconte  à  Cebi,  dans  une  nouvelle 

»  Chr.  Wolf,  Sibl.  Bêh,,  III,  330. 
*  BitBB,  ibid,^  p.  333,  note  1. 


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268  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

lettre  adressée  à  Amsterdam,  les  incidents  qui  s'étaient  produits, 
se  plaignant  en  même  temps  de  ne  pas  recevoir  de  réponse  à 
ses  deux  dernières  lettres.  Il  attendait  aussi  avec  impatience  Tim- 
pression  de  ses  deux  premières  lettres  avec  le  reste  des  pièces  du 
procès  et  l'envoi  d*un  certain  nombre  d'exemplaires,  pour  les  ex- 
pédier aux  communautés  et  à  des  particuliers.  Il  attachait  surtout 
de  rimportance  à  ce  que  les  Sefardim,  dont  Tappul  donné  à 
Hayyoun  lui  paraissait  incompréhensible,  pussent  avoir  les  pre- 
miers connaissance  des  fourberies  de  leur  protégé.  La  lutte  qu*il 
avait  entamée  contre  ce  trompeur  l'avait  délivré  d'un  vif  re- 
mords. Ce  n'est  pas  sans  un  sentiment  de  profonde  gratitude  qu'il 
songeait  à  R.  Cebi,  qui,  en  signalant  à  temps  le  danger,  lui  avait 
préparé  les  moyens  de  salut. 

Quand  l'écrit  de  Hayyoun  lui  fut  soumis  sous  sa  véritable 
forme,  il  lui  parut  dépasser  encore  de  beaucoup  ce  qui  lui  en 
avait  été  rapporté  par  R.  Cebi  et  R.  Mosé  liages.  Plein  d'hor- 
reur pour  toutes  les  hérésies  qu'il  contenait,  il  se  hâte  de  s'épan- 
cher auprès  de  son  ami  et  compagnon  de  malheur,  R.  Gabriel 
Eskeles  de  Nicolsbourg,  du  nom  duquel  Hayyoun  avait  aussi  abusé. 
Les  hérésies  de  ce  livre,  disait-il^  dépassent  tout  ce  qui  a  jamais 
été  affirmé  publiquement  par  les  sectes  juives.  Aussi  est-ce  le 
devoir  de  tout  croyant  de  les  combattre,  et  surtout  de  ceux  qui 
sont  versés  dans  la  connaissance  de  la  Loi  et  du  Talmud.  Cette 
déclaration,  dont  R.  Naftali  envoya  la  copie  à  R.  Cebi  le  1*'  dé- 
cembre 1*713,  parut  si  importante  à  Hages  qu'il  s'occupa  aussitôt 
de  la  répandre  partout. 

Dans  l'intervalle,  les  premières  lettres  de  R.  Naftali  avaient  paru 
à  Amsterdam  et  étaient  tombées  sous  les  yeux  de  Hayyoun. 
Celui-ci  n'eut  rien  de  plus  pressé  que  de  nier  et  de  railler  dans 
une  protestation  publique  tout  ce  qui  y  était  contenu.  R.  Naftali 
se  trouvait  en  bonne  compagnie,  Hayyoun  ayant  aussi  accablé  de 
ses  railleries  des  hommes  comme  R.  Gabriel  Eskeles  et  R.  Léon 
Drieli.  L'homme  naguère  si  plein  d'urbanité,  disait-il  en  parlant  de 
Naftali,  est  devenu  un  rustre.  Naftali  accepta  cette  injure  comme  un 
titre  d'honneur.  Les  docteurs  n'avaient-ils  pas  donné  aussi  au  pro- 
phète Ezéchiel  ce  nom  de  villageois  [Berachoiy  58  &)?  Avec  le  voyant 
qui  a  annoncé  un  Dieu  unique,  une  Loi  unique  et  un  Pontife 
unique,  il  voulait  être  un  villageois,  rejetant  bien  loin  de  lui  toute 
relation  avec  le  fauteur  d'athéisme  et  d'hérésie.  Quant  aux  décla- 
rations des  premières  lettres  que  Hayyoun  ne  sut  réfuter  autre- 
ment qu'en  les  traitant  en  bloc  de  mensongères,  R.  Naftali  les 
maintint  à  nouveau  avec  solennité  dans  toute  leur  intégrité.  Loin 
de  s'être  rendu  coupable  d'une  exagération,  il  n'avait,  disait-il. 


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LA  LUTfE  DE  NAFTALI  COHEN  CONTRE  HAYYOUN       269 

reprodait  que  la  plus  faible  partie  de  ses  blasphèmes.  Si  Hayyoun 
cherchait  à  affaiblir  la  protestation  de  Naftali  en  ce  qui  concerne 
les  amulettes,  en  lui  rappelant  qu'il  s*était  lui-môme  adonné  à  des 
pratiques  cabbalistiques,  celui-ci  lui  répliqua  que  c'est  en  voyant 
ses  procédés  frauduleux  qu'il  a  acquis  la  conviction  qu'il  n'y  a 
aucune  doctrine  secrète,  mais  une  coupable  imposture,  un  manège 
criminel  de  sorcellerie,  dans  son  système  de  taches  (Vencre  et  de 
signes  planétairesy  qu'il  avait  osé  donner  comme  des  amulettes 
saintes  ayant  des  facultés  curatives  et  qui  avaient  déjà  été  stig- 
matisées comme  des  fraudes  de  bas  aloi  dans  une  lettre  de  Josef 
Ibn  Sayyah  envoyée  à  Jérusalem  en  1549  *.  D'ailleurs,  Hayyoun 
lui  avait  avoué  lui-même  qu'il  n'y  avait  là  qu'un  but  de  vil  lucre; 
car,  un  jour  qu'il  l'avait  pris  à  partie  au  sujet  de  ces  mani^i^ances, 
il  lui  avait  répondu  textuellement  qu'il  n'y  avait  pas  là  de  question 
religieuse,  mais  de  l'argent  à  gagner. 

Toutes  ces  tentatives  de  nier  la  vérité,  maintenant  que  l'excom- 
munication avait  été  prononcée  partout  contre  lui,  sont  désor- 
mais aussi  inutiles,  ajoutait  Naftali,  que  les  blasphèmes  qu'il  a 
lancés  contre  un  homme  aussi  vénérable  que  R.  Gabriel  Eskeles. 
Les  vaines  rodomontades  ne  sont  plus  que  des  propos  sans  consis- 
tance, maintenant  que  les  rabbins  de  l'Orient,  qui  le  connaissent 
le  mieux,  l'ont  mis  en  interdit.  Du  reste,  il  est  avéré  par  des 
renseignements  venus  de  son  pays  qu'il  a  toujours  été  un  fourbe, 
préférant  les  jongleries  et  les  tours  de  magie  à  l'étude  et  à  la 
piété.  Enûn,  un  pieux  Jérusalémite  qui  avait  rencontré  Hayyoun 
en  Egypte,  avait  raconté  comment  il  avait  été  démasqué.  Hôte  de 
Zecharia  Gatigno,  dont  l'influence  et  la  renommée  étaient  si  consi- 
dérables en  Egypte,  il  avait  partagé  la  chambre  du  rabbin  de  la 
famille,  le  savant  et  pieux  Israël  Lubliner.  Celui-ci,  troublé  et 
effrayé  pendant  toute  la  nuit  par  des  cris  et  des  sifflements,  re- 
connut trop  tard  que  son  camarade  de  chambre  était  un  exorciste 
et  un  nécromancien.  A  l'aube,  R.  Israël  ût  part  de  ce  qui  lui  était 
arrivé  au  maître  du  logis,  qui  chassa  Hayyoun. 

Les  partisans  sephardites  de  Hayyoun  qui  faisaient  cause  com- 
mune avec  lui  sont  aussi  menacés  de  l'excommunication  par  Naf- 
tali, qui  l'étend  également  aux  imprimeurs  qui  se  risqueraient  à 
imprimer  ses  écrits.  L'invincible  habitude  du  mensonge  apparaît 
encore  maintenant,  disait-il,  dans  sa  manière  de  se  défendre,  puis- 
qu'il envoie  à  ses  amis  son  petit  opuscule,  Le  Mystère  de  l'unité  •, 
comme  si  c'était  de  cet  écrit  qu'il  s'agissait  et  non  de  son  ouvrage 
plus  volumineux,  tout  rempli  d'hérésies. 

*  Voir  Azoalaî,  d'^bllin  Û«,  éd.  Benjacob,  1, 82. 

•  >mm  Nn  (Venise,  1711),  16  «. 


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im  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Au  début  de  cette  lettre,  que  R.  Mosé  Hages  communiqua,  le 
d  février  1*714,  à  R.  Léon  Brieli  à  Mantoue^  R.  Naftali  exprime 
don  chagrin  au  sujet  du  projet  de  H.  Cebi  de  quitter  Amsterdani, 
projet  que  celui-ci  ne  tarda  pas  à  mettre  à  exécution.  Si  le  départ 
de  t'illustre  champion  de  la  foi  était  déjà  pénible  pour  R.  Naftalf, 
rinceftitude  dans  laquelle  il  se  trouvait  au  sujet  de  la  nouvelle 
rédidence  de  son  ami  et  du  sort  de  sa  Tamille  était  accablante  pour 
lui.  Mais  il  se  sentait  réconforté  par  l'espérance  que  le  sort  de 
riiamme  qui  avait  bravé  si  courageusement  la  haine  et  k  persé« 
6\x[lotï  pour  la  glorification  du  nom  de  Dieu,  qui  avait  sacrifié 
imn  hésitation  sa  position  et  son  gagne-pain  pour  la  cause  de  la 
A3i,  ne  tarderait  pas  à  s'améliorer. 

R.  Cebi  Ascbkenasi  avait  dû  quitter  Amsterdam,  mais  il  pouvait 
le  faire  avec  la  conviction  d'avoir  assuré  le  triomphe  de  la  cause 
à  laquelle  il  avait  sacrifié  sa  tranquillité.  Qu'importait  que  la 
lutte  continuât  encore  pendant  quelque  temps  par  des  lettres  et 
des  protestations  plus  ou  moins  acerbes,  des  déclarations  et  des 
contre-déclarations,  des  traités  et  des  livres  I  La  mauvaise  se- 
mence dont  les  fruits  auraient  pu  être  si  funestes,  avait  été  étouffée 
dans  le  germe;  la  propagande  sabbatarienne  avait  été  arrêtée  au 
moment  où  elle  se  préparait  à  prendre  son  essor.  B.  Cebi,  comme 
une  hirondelle  dont  on  avait  démoli  traîtreusement  le  nid,  était 
obligé  d'aller  d'un  endroit  à  l'autre ,  mais  la  cause  à  laquelle  It 
s*était  attaché  était  en  bonnes  mains. 

Cependant  R.  Naftali  devait  avoir  encore  l'occasion  de  consolider 
les  liens,  momentanément  rompus  en  apparence,  qui  l'attachaient 
^  l'homme  qu'il  tenait  en  si  grande  vénération.  Ce  n'est  pas  en  vaia 
f  ue  les  deux  champions  s'étaient  rapprochés,  et  leur  destinée  ne 
devait  pas  s'accomplir  sans  qu'ils  eussent  uni  leurs  familles  d'une 
manière  durable  et  établi  ainsi  un  signe  permanent  de  leur  alliance 
intime. 

L'interruption  de  la  correspondance  entre  R.  Naftali  et  R.  Cebi 
avait  à  peine  duré  un  an,  lorsqu'ils  se  retrouvèrent  ensemble  à 
Breslau.  R.  Cebi  Ascbkenasi  arriva  dans  cette  ville  quand  il  se 
rendit  avec  sa  famille  en  Pologne  ;  il  était  venu  de  Londres  par 
Bmden,  Hanovre,  Halberstadt  et  Berlin  <.  R.  Naftali  n'avait  pltt« 
espéré  voir  encore  de  son  vivant  l'homme  qu'il  avait  appris  depuU 
longtemps  à  aimer  et  à  vénérer.  R.  Cebi  rappela  au  vieillard,  qei 

*  Je  publie,  sous  le  no*  VII  et  Vlla,  la  même  leUre  de  R.  NafUlt,  pour  moalrtr  df 
quelle  manière  on  se  permellait  de  faire  des  abréviations  en  communiquant  et  en  ré^ 
pendant  les  lettres  reçues. 

•  Cf.  KmdeD,  nDO  nba»,  p.  37-8. 


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L-\  LUTTE  DE  5AFTAL1  COHEN  CONTRE  HAYVOIX  271 

le  serrait  avidement  dans  ses  bras,  son  propre  sort  et  les  fâcheuses 
conjonctures  qui  avaient  marqué  sa  vie. 

Dans  la  famille  du  fugitif,  qui  avait,  d*ailleurs,  conservé  toute 
sa  force  d^âme,  il  y  avait  un  jeune  homme,  le  fils  et  favori  de 
R.  Çebi  Aschkenasi.  Il  fut,  dès  leur  première  rencontre,  l'objet  de 
l'attention  et  de  la  sympathie  de  R.  Naftali  Cohen.  Les  familles  les 
plus  riches  avaient  jeté  leurs  vues  sur  le  fils  de  R.  Çebi  pour  avoir 
l'honneur  de  s'allier  à  sa  maison.  R.  Naftali  Cohen  lui-môme  avait 
reçu  mandat  de  l'un  des  plus  riches  et  des  plus  distingués  membres 
de  la  communauté  de  Wilna  de  choisir  pour  sa  fille  le  jeune 
Jacob,  qui,  plus  tard^  sous  le  nom  de  R.  Jacob  Emden,  put  presque 
rivaliser  de  réputation  avec  son  père.  Mais  dès  qu'il  l'aperçut,  sa 
résolution  fut  prise  inébranlablement  d'attacher  ce  jeune  homme 
qui  donnait  de  si  belles  espérances  à  sa  propre  maison  *.  En  1716, 
le  mariage  de  Jacob  avec  Rachel,  fille  de  R.  Jakob  Mardochaï, 
rabbin  d*Ungarisch  Brod,  petite-fille  de  R.  Naftali  Cohen,  fut  cé- 
lébré à  Breslau.  Kaleb  Feiwel  Pôsing,  alias  Philippe  Lazarus,  le 
fournisseur  de  la  Monnaie,  dans  la  synagogue  duquel  l'excommu- 
nication avait  été  prononcée  contre  Hayyoun,  servit  d'assistant  au 
fiancé  *. 

Dans  le  cœur  du  jeune  homme,  dont  le  mariage  symbolisait  les 
sentinaents  d'affection  cordiale  des  deux  illustres  champions  de  la 
lutte  contre  Hayyoun,  un  grain  de  semence  tomba  alors  qui  devait 
lever  un  jour  d'une  manière  inattendue.  C'est  pour  la  dernière  (bis 
qu'il  Tit  son  père  et  son  nouveau  grand-père  avant  de  quitter 
Breslau,  mais  leur  image  resta  vivante  dans  son  cœur  et  lui  appa- 
rut à  l'heure  décisive  allant  plus  loin  qu'eux,  il  poursuivit  le  mal 
jusqu'à  ses  racines,  et,  dans  sa  lutte  contre  les  excroissances  de  la 
cabbale,  il  n'hésita  pas  à  nier  la  sainteté  généralement  admise  du 
Zohar  et  son  entière  authenticité.  Si  les  convictions  personnelles 
de  l'homme  suffirent  à  le  décidera  faire  delà  guerre  au  sabba*^ 
taïsttie  qu'il  traquait  partout,  l'unique  objet  de  ses  préoccupations, 
il  se  sentait  aussi  poussé  à  cette  lutte  par  les  traditions  de  sa 
fàtnille. 

David  Kaupmann. 


«  i*.,  p.  39. 

*  Cf.  KaurmanD,  MoMttsckrift ,  XLI,  p.  365  et  suiv. 


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272  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


APPENDICE. 

A 

l'approbation  de  r.  naftali. 

ne::  nn  bo  ri-^bca  '^«'^  ï-i'^nbnsi  ■*i<'^  N-jn  t^sbapb  '^n»i  «53  ^n 
'■^pbN  -lan  'N  /•'•^npn  •^^-ip  n-^a  -^-nn»^  d'^'^noa  nosTsi  nbi73  raobn 
S-^nsn  ni:^^  r^^bon  "^d  "lonn  [n](«)b")  '-^pb^b  ty  ■'D  isj^tstd  it  ts-^no 
•nnn  ^.-^n  ■miD-'na  ,t«jn"«n  no^^  '"«b-na  rnzD  .n-^niD  ^d^d  .s-potti 
'"•pb»  mn  3>">Din  ^cnt:  icn*^.  bî<  '"«Tan  rn*^  mn-»  .rr^as:  ■»73N"in  •>:» 
V7j"«7a  "iT3nb  ima  .lus-nrDT  naiissD  ipTn  t^^'^n  'n  b»  nom»  n'^aa 
toDnn  bn^n  a^n  ^<^n  i^np  -lan  n«  nar  -^a  ,"iï5'n\m  nan©  '-^att»: 
nSnToa  .bbio  "^stj^T»  ^"•bi^  bbnT?o  np"»  t^"«3rntt  ,bibm  ï-nai  nn  bbnan 
•^isisr-^s  "«auD  ,aain  noi:  Htw  pw  ■»pbx  baip73  irn  t<^n  î-mro 
OTiD  nco"!  -l'^LO  nDD72"i  nai73  omp  't^  '•^ïsnpn  "^«Dip  n-^an  '"«fintT^  nn» 
S^n  nnan  tjia  i-^ntû  -ino  aia  "^a  nmoi  tabin  nmoT  rma  nonm 
la  nuDN  ï-n'»n'^  n2"«a  la"»!  l'orra  a'>;a7an  b«"i«  'j"»37aa  ,3^ï5n  t^bi  'wy 
ca"»73n  nx  T^T  •j'^bj?  ne»  in-n«  np-^i  n-^brab  niTs©  nsri»  ^^^^  nnw:? 
biba  to"»:«3b  instn'»-!  ,c^m  nn  "^s-ip  bra  uj-^bi  t^-^aba  fO*^©  "^aa» 
mm  n3>  •^scm  /-«©npn  «Jnp  n-^a  173©  'pa  '•««■•Tanna  t^biTs»  ,'^TO\/h 
,ni:ni:">  t-n[ni3:n3ta')  .nsrn^w  nn^n  ibna  iiain'^DT  tonno  nan  iTDiab 
'■^aia  '«a  cams^n  /■»pbNb  tij?  M2^  t<ip  '\maa  bs»  maaîa  naTO 
pbn  pina  '^n"»np')  '-^an  na  n^^ttja  towansb  '-«lî^n  '^a"»anaT  Soa 
©nn  n73fir  '•b  -«b  nw^ian  T^n  Sa  *«n"iai  .■'anb  ^sK'n  ipriTsi  main» 
^:n  n"ii<  ton«  nwttja  'n  n3  inaa  u)t  t^ttJYi^aa  «nn^in  nttin  'j"»tta 
rin  -«i^Tiai  '-^ppiTT:  D"»'^nyao  '-«pnob  ipbn*^"»  '■'pnoan  l'^'inn^  np"nab  ne 
to"«ao?3  "^SDn  p  b^  n«N  ,t^in  p  fin  miw  rnin»  m^an  nm^a 
pipnb  b«n«"»  "«ppnb  -^ab"»  o-jonn  m-^ab  'naTan  rnso  t^anb  "in^^ 
nn5?3  nnNDnbi  tot:bi  nbnnb  t-n"«nb  mnoij^n  Sîna  sa^^a  vb^» 
■'nnT:^  ,"ia  ij^a-»  ^p"«nss  n^u)  t^iaTai  û'^s'^y  nno  nvnb  nnan:  linaT 
annb  &bi:^a  •^^nsn  t^Tsns  pT-^n  iTana*»  Nb\D  tobn^a  '•«0'»Dittn  ba  Sy 
^TOtt  't^a  t:n"»3«  in  ton?:  '»  b"2n  ^noon  0"»Dnnb  ï^b«  'tan  naman 
•»b  TttiTam  nanTsn  ann  t-nu3n  -^nba  aiDnn  mba  tsT»»  '•»3»  s-n«y 
i-^DT:  ^"in«a  '■»"»pT  t^nas  «nnnb  ï-npau5  ••nan  Sa^  naïa^m  noa  p©*» 
5>a«"»  n3Nn  ^213  n'^nûibn  n-nnn  x-ibs^Taa  nainn  •»d  ^r^y^  biaa 


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LA  LUTTE  DE  NAFTALI  COHEN  CONTRE  HAYYOUN       273 

nrrVy  ii«n  «nnb  bjnTD-^  ^na-^  ja  maoi  na  'vn  p  .n-^aîrix  m-is 
:  pan  -^brisa  '-•smin  d-^w^n  ^^12  b^i2  iix  nb 

B 

LETTRES  DE  R     NAFTALI. 

I 
[27  eoùl  1713].  f.  Sa. 

DO-TiDTan  bnnan  ii»5n  airr  'hd;»  a-^nan  t|"i57a  t-in«a  mx  pnj^n 

i^-ia  bnan  pan  "«brisî  n^nniTD  Tonn  "«pVxn  baipîan 

'nsn  "^aa  'b?o 

t^in  «mp  '"^pb^  o\s  n:?  yn  Y^  ^"^"^  û"ti::o^x  p^b 

l'a»  '-^pb^n  «•»»  banp'arî  DDmcwn  b^ian  •|ix:^n  "^amn»  "«ain»  nms 
Y'ax  i"n3  o-i"«n  "«ass  n"-imtt  '-h^dt:  i^o  nias  r;"D  r"y  •»"3  y-i  7o"-n 

:  naTia  n3\"i  mxa  mî<  t-n5»i  b"TT 

'n  n-nna  n'»73m  r:in  -^aas  .p"ob  i"yn  bibx  'n  '«  toi*^  r^bo^^ia 
mb  "»icina  '-«Ta-^j^s  vami  vma%-i3  -loi^  .T'as-)  b-^nos  paia  inx-i'»3n 
q^nn  saamD^an  bnan  inswn  -^amna  -«aini^  n"n  ,T'73nn  n:"i«  mn: 
•>33C  -i^-irPTa  '•«niOT:  iï3î5  i"-i  73"-n  T'afici  bman  baip^n  '-^bx  c"^«  "^pam 
nan  /  '•»?••  ''^^^^^  ly  '■9naD  ysi:n'«i  /-•p'^isb  n:an  mxa  -i"^»*^  i"-i3  uît^h 
ms-^p  mb"«:i7a  pn;^n  ,n9:^  nb-^a?:  nsina  toai  ."sy-^an  inb:^?:  hîwt  *n"'>a 
Drp"»na  n«»  nsn  p  «in  pn  ^•«"•♦"•n  «b  fi<-ia5  N^anan  xann  :ty"«o-i  -^itrî^ 
ma  '■»^ibn  -10  î^  '-«np-^^n  i"-»  baai  irp:i?2î<a  moab  ♦'tt:  '-•"•"inp 
^rTP3«  ncn^  :>onn  ïiti  iTin"«a  T»n'»  v^^  ""^^  V^'i  '«^  ^'^  ^^^PV" 
o^a  tmo/5  n73  tmai  y^i'D  a-^^anb  '^3373  "♦îosn  i"»»  n)3»a  nsm 
ïn:?nn  a-na*»  t^aDnit  tn"Dyi2  V2d  «a-i  t^naab  ansai  .nin  bj^-^ban 
"»iab  rts  \-»n»ï53  nî)»  n^a  "»a-in  ■'nianira  •♦Ta:?  p  «bi  .ï-ibnbi:  r^m 
,a«-ît3  mnn30  tdj^-i.-t  v^  ''nbarn  t^b  «  ^j^p  '-»3s  -»d»i  ."^nab  t^bi 
i5«t"  '^n'«a  -«ssi  \n«i«i  ^mnj^  ta^  rTn:^  «in  ^;Dfit  riT.-r  b^nan  T3:y-im 
eaoansb  '^t>3  v^^t  /ï^3«  "«nj^T»  «bn  '••3nn  miûn  •>3d  bn  ,nbnaa  3^373 
3?mn3  ta")»  '"»»•»  nT'»:t  -«a  V2'zy  r-ix  3?'»p3.ib  -^ti  '■>3in  tan^j  dip73a 
•»nma  rrn  "«s  ,'»n'»ab  5»-iDb  ï-ra  -^t»  nnn  n^n  mox  ba  -^rinbo  nann 

>  Jusqu*d  U  résurrecUon  des  roorls« 

»  P*.,  xxif,  30. 

s  Honllin,  19a. 

T.  XXXVI.  K<»  72.  18 


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27i  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

no  \n^5<©5n  iD^^nn  nbVi  •^s'^a  •^rm  ,i«2?3  D^b  a"ï?«cn  ?r  D"n»  :^0'^b 

•»iD3  ba^T  nto-ncTsn  npns:n  '»m:^3  n««  b^'i  ,Ti3pT  n^^b  -^bîTs  y^'^ 
•'^•^nnb:?  V'S''"^'^  ''''^^P»  r«  "^3 /■^cîca  Dnsn  ï-t3«^t  '"^aicn  '^iinan 
TiDD  -^îD»  *7«  ,nT3  bman  nana  ■»®Nn  o-^aanb  -^nid  -^r»  ï-tp^^i  /lan 
N3pb  w^n  o'^SDn  n«5«  nnb^^îa  nwHD  di-i  maan  ,mnn«n  nn  p-^mnb  u^tzid 
nc«  i"n  *''3"i73D  bpb-iptta  rrbpbpn  T^bin©  ^nraT  .mNasr  'n  P»Dp 
/'•:"»73  nDD  i-iDO  by  -^nïsDDn  ib  -^nnsuj  "^t»  nnn73  nbiDD^jn  rTNX"» 
v»mn  -^D-^n  t^nai^^n  t^s'ia  ir»  îr^b  t^7:''«i  .t^^t»  t^b  "d  "^PKan 
lODNnTD  n"^n  «••••n  rsT  ,ibu5  nD"ion  nv^yi  nni  a"«nDb  «a  td-^nh  ntis 
loa^n»  ï-i-^n  ibto  noiDni  ,i"n5  r^-nsitra  b"*^©:»  n"nn"i7D  V^P^  ^^^^ 
i"N-iDa  n^a©  aoncnî  t^^t  ,i"3f^  bNi^ia  n"nn»  T"wnDn  •^srin^  m-^aa 
•^5D  Sapb  \T^ab  ^ai  ,a"ain  noSTa  Caan  '-^pb»  «\><  t^ao  t»» 
n:^')y  t^nn*^  ipr  d\s  -^n-K-i  nsm  ,e<''i''33^Tit:  t^-irrû  ib;^  -^Dion  a? 
'"••^a^b  n«7:  aipb  t«7j  -anTi  .t^-^-'^j.^p  l^a  nna  'j"»"«i3:7a"i  S-^j» 
13»  vsDa  t^bia  im»  b-^nan  -iDiorsïJ  oncan  ^tn^tanb  -."p  '•••»-î-iîo 
■^3hT;;n)m  '••73:»d  n^ja  "^b^N  rr^m  T»b:»  nnro  ^"^-^pn  mnc  '?:«■)  ,D"»?3cb 
t^b»  vrN3:?2T  ,ny:i7a  ï-rna  n*»  "«t»  n^»  "^sa  nnosi  nbw  T^rjb  i^^itt: 
Sip  3>"»7jiam  /■»"»TiDD  -^ai^n  -^b-n^To  t^ino  a"5  T^by  -^nnam  ,-iaT 
"lamb  an^ab  ï-ixt^  -^a  ,&\n;a  m^ia©  t^"a  y'«-iDa  aajb  ï-rxi-i  ■i:"««t: 
^b-^b  p-i  aa:»b  bna-»  '»3-^«i  ^"la'»;»?^  "ina  t^s-'^^i  ipr  la*»»  r^in  -«a  ,^'^^5 
ini  i:>'»'»ob  Ii7i7:a  p  mbij^Dn  Sa  ib  '>rT«tt33?  '■»?3\-î  iniNai  .rj^o^b 
/••pb»b  Tir  173^  N-ip  Ti5«  T'ana»  a:'*73  -^b  nx^n  '•>73"'n  im^ai  ,-iai  baa 
T«ni  ,'^ziM^  yu^  la  mn  «b  ^.ujn  aian  ba  r-ix  apb  t^in  «^KTiai 
'jn-'b'j  rîTa  ©•>«:>  a-ipb  Tbab  nnbsra  ■H'»  ii?:^''  '^m  /^nvû  '"«-la^  la 
ta^  n5<©3«  ♦n-'nnna  ï-ib5n3  nbn  ns  naao  nn«  î-i:m  .niaaan  "ib 
,i"-t3  ra«n  iiNan  maa  n-^ab  abp^  ^^^yb  03a3i  .cjmnn  t-n»*^  ba 
qai'»  ^"-im53  a^n  n"n  t^nn  i:a  T»3a  pn  nir^aa  m^n  «b  ii»5n  Tjaai 
la-tp  Dm  ,&n"»T'^-i73  anTin^i  i"-)3  n3'i'»  n"nm73  ann  n"n  n"a«n  •;nn'> 
'^ya  'ûyû  nb:4n3"i  '"anj^wn  baw  ^b  n^n^  T^wn  nn-nx  anm-iNa  in» 
a«T>  t^im  ibia  mnb  ï-iaa-i7an  ba  nx  Tn-ino  'n  C33?on  ^i-'-ipo 
^«wN  Pia-i  rrsna")  ,rT3''aian  uy  nan  caan  '-^son  t^  :3"a73  bsr»  pan^: 
oba  "i"«r:i  nba  nN72:3  naai^^n  a:»  73"on  px  T»-nn©  '?j«  d:»d"i  .aapab  «"ws 
VBT  ïiT\^  nxnn  dtsi  ,nb  ^73^73  rr^n  ir^rra  73''om  n-^seb  '^mca  '"lar 
'^-lan  bai  .pvabnr  «inab  bia-»  nTau5  ,«">a3n  "in'^VN?^  pi:i\><rî  Nina  'TDfin 
rrTsa  'pa  ibia  t^'»3oa5«  p'^aa  m^Qy^  ï-173  D573N  /Vdts  -^p:»?:!:  ib» 
riTsbi  '>3Db7j  nna?2  rr^ab  T»pb«ï5n  ,a-i  pTOTa  ya-^pi  P"iy'»72p  n^ai 
n««i  «r.ai  .rria  t»  t^:!-;)  "^b  c»  &y»a  piJ'-'Tap  î-tt'»»  ''b  !-tj«-i7:  irx 
Tionb  r-ibia*^  iT^a   «"^la  '73x1  nT»  phpt:  ^y^iù-p   r^X"»  «b   tabi3»«« 

'  Q'^IDia  PaD73,  c.  21  (é.l.  MiiUer,  xi.iir,  el  303,  note  A\\ 

*  Haba  Batra,  1(i9  /*. 

*  Ketoubot,  61)  rt-//. 

*  HouUin,  Us  h. 


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r" 


LA  LITTK  DE  NAFTALl  COHEN  CONTHE  HAYYOUN       275 

rrc^f^  «b»  pnaîbT  nnwb  va^:^  nns  nr  ma^^an  ,i^^b^a  man  t)»  b^na 
ba  rroa^^  t»t  ,rr:>  lîtoyi'»  A>ib  lîiTaa  Dam  ,S"na  nai  tai» 
■•b:?  -133^  Tm  /t^nr^-^^p  ï-TttD  ibi25  e^30D«  n^aa  'na  nafitai  -i-^mbiJ^D 
•^b  î-mi25  •^naïi»  ^jc^n  .ï-rmaa  ï-twtd  vnfio»  •'D  itn-ib  ï-TwHîp  mn 
h*VTD  T»73  Ti^Danm  taan  «•»«<  ï-rmD  -ibo  ntio  ^n«  TinbtDi  vby 
,'»>'»5>bHoa  ''»nttii25tt73  «imon  y^r»?!  «5'»Nn  b«D  i-nc-iDn  Tn-^Tabn  i»  '« 
•ib«  ■w>on  n«  t-nn-^pn  'Ta  -nnpm  ,"^nau?m3  byi  "^nj^na  rtnby  ^a 
""bmD  «pria  •^nsam  *r:rw  StD  miro  nnt  nno  ^h  '•»'^dû  ï-iddt 
T»D  ^^in»  vba-s^îLinb  '>nb'ia">  t^b  to573«n  ,n73«n  "^nsiiD©  T»a'''»33> 
*1'»Dnn3»  ^bj^an  aônoa  '-«ban  b«  «ans  -^rn^  -«a  ."n*»»  TiTaaon  b"ia"»b 
rrrr  «in  da  -^fitn^a  irr^aa  Y'a«  tûd  rr^r^  nb«i  .tktdd  -^né^  tarx  "^bo 
«••fitrr  rpn  «b  id  D3î:«  'idi  Nm'«'^-i«  l-nn  l-^an  mô^aar  'n  nwp  fitsp» 
,31^  yn  Sr  '73^b  '>5'»'»5af  ba  mnab  *  rrr^na  î-in'«n  ''^nb'»n  i"»Da"i  ^in-'aa 
ba  bam  .n'^an  -^îa^î  '«  bab  p-^brra  n-'n  mpbn  Ticoa  V'an  «''ficn 
,«na73ib»  ''^n^'p'û  V'ia'^î^pa  pin^i  rrn^i  nb-^awa  T"n:^a  m»na  '"»3ttTn 
a^'nfin  .«-nnon  '»nb'>«  n:^  TT\'>iNn  ba  too  «b^i  .rrra  nfit):  t^in  «^pai 
nffio  TiyT»  e^bi  /•^ntDn  bji»  an  in»»  a-nam  t^^'r'^'nb  d«?3  N3t"» 
ca«i-i  maj^  inensf^T  .bba  '>37Dia  n«-i  nb-^aa  "«ba  a"«nD73  ï^x-'t  ,1d"i« 
r»73pa  do  î-nn  «bi  .Snna  ■{•^aTb  ^b  n^nno  i-'mT'^npTa  '«  •^T'b  n«aia 
''3'»»  n73aa  '^^^^12  'm"»^  N"a  na^a^n  diu5  t^b^i  a»  ai^J  «b  «inn 
nab  "^a-Dia  't  tan  '"»m^3:n»  't:»"!  .Siia  t>i  notî  t-ia-^nm  '"»3>ia3: 
•^nj^na  •'nabnm  mbna  nT^m»  n  'iro  ïi-^n  laina  pn  /•^biio  '•^a'^'^aj^ 
,r»on'^  nas"  -i«5k  baa-i  ,ï-T«7:ic3n  a«  htt^x  p  inn  rîT»m»  'nno 
s^b  nb"»n  •»'*n  '»>3''  bat)  n'^^am  v\ov  n"-in73  n^n  p  nb"«b  '«  y-^^ap  inaia 
nb"«n  m»  S^aïi  «"^firr  lnfirx"»b  "«n"»  'n  -nn»")  "^b-in  taio  nb  j^-t^*» 
l'orna?»  ra"»TO  ba  ^-n  t^a'^'^iiTa  nna^'^oa  *nn«  nain  Sba  ,yn  i-^a^a 
a"»nnn  a^^wa  t^-'aab  -iTDara^  p"»Tnm  -nDy»  t^b  n\»«<  "»tt?3>73  m^y  v'Ta^b^ai 
'•»ianm  ^1212  na  '-^a-t^fitT:©  mna  mna  naai  .^vnn^na  ma">"i?3n  ba 
*ny"^a"»  nrm)  it^  by  rtiOTa©  rij^n  'n  ï-ibij?D  n^a«  pn  annabn  "^^5*^ 
'r^  rvDy^  domewa  "j^'-^aai-tBa  mrna  nboaTam  binan  mo-^^n  n» 
î-rnDn  ba  p'^mm  cnnia  rr^a  nb  !-rni  rpnbxb  a^^na  t^aab  1732:^ 
rrrras  t*^b"i  nann  ypn^a  a"n«i  ^V'-on  nai^«a  nb®  •manrr  bai 
m-^-ian  tn»  nij^anb  rroy  nwfit  "«y-in  T>mb")ann  na^mina  -^a  n^n?3 
•««1  -imîi  iTa-^nnïTi  /•^^in^^n  vn  t»®3>72\d  ©na  «bn  r-nnn  "^a  "ry 
*!nb'»ann  m-ionan  an  pT  ï-tt  '-^na-rn  nbaanan  viaa^^  b:^  annna^s 
^-^DO  ns?3  b«n5bi  e^-'aab  do  pTmm  «"-«■^n  «b  TO-^^n  nT  «naa  a"n«i 

»  Cflii^  r.,  fo25/i. 

*  AUusiou  à  Berachot,  28 /L 
s  Kiddovsehin,  76  ^. 

*  Megilla,  31  6. 

^  Allusion  à  Bwachot^  63  A. 

*  il*o</tf  iTtfrif,  10fl-11  *. 


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276  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ï-TTa©  ,n»^tt  nr«  ib  c^tD  ï-n^^n  bnpb  '««i  .^npici  ib«  mpbn 
C7att  ©"^01  «D"^»n  ma  nto-np  «■•  ta»  vnn'^i  3^1"^  «nn  rifin^n 
•^TwN  nn73  n^Di  ,'\»b  i»  -ib  ï-roa^j  i">n5  t^b«i  '"^mnpn  ^-lan  np»a 

DT  ia  '"^pbit  m-n  ,nn»i3  t^osT  «inp  -C"^»  t^in  \D^xn  ï-rro 
a  t-nbnp  b-^npT:!  n-nob  nrn  «"xn  nt  mm  .tan  n»» 
n»-a  na  '••s*?:»?^  ïinj^  ,rT5n;3îna  ia  la-^Ts^n  t^bo  ''^sjsxn 
n  •{«ab  -^nfita'û  tj-iinn  m73"»an  ,toTDTD  nï3«  -^s»  "^b  inDO 
^^»i    ^o-^Kî!   nî<   -i»73  nb-^i^m  ma-^aon   ba^s  rrmnj^© 

bD  r-nœ^b  bsT^o  yn^y  n»Dnm  tonbnp  ^^n  •»"«!:  t^aD 
■^721  .nbiTt  nr»  no^o  iT'sn  t^b  bax  ,yp  v^'^  tobirao 
;p  '^ira>3S  c"^»!i  ï-iTtt  p-^mnb  «•^•^n  va  i«î3  mDwn  banna 
'•^m  .V'tDn  ■^T'TsbrT:  t^in  -^a  vnaTO  nan  taiTDb  i"»»xnb 
aiTH  T'nKT  /vnn  ■i'»03^»t  i-rnbiann  ba  ino  ï-rbstti  b-'D-i 
n73  n73  \-iyT'  «bi  ,t=©  «m  da  n-'m  /l'^bna  p''pa  'n*^ 
)  /on  n»  ononb  ta©  tn-^n^  rno^sb  t^nb-»»  «ba-»»  rrrji 
i«a  5"Dnaa  '«  qj^d  pn  d«  -^nm  •»7a'^  ba  T^n-^^n  «bi  ,t»  ^n^^T» 
Nb  -^D  .ûTD  •^nrn  "«Ts"»  ba  T>n''»n  «b  aiTDT  ib  "^nninn  «bi  'ib« 
■'na  *i'^o'^pya  T^bj^  «ab  w  -^ns^^a  rrm  ,d^d  anoa  a^anaa 
■n  li'^yn  n«  ddidts  ■*n"»'»m  t^td^ts  n«  Donobn  •^riTsaon  nrrn 
r  mna  'ab  ipbnî  "^an  i«ba  ï-ibrrpn  ■'a  '^n'tm  T»-ip»T 
ba  '•»attT  *  inb  t-^n-^a  «-r^pcnai  '•'s:-tDP73  '•^am  [rraa  nTi] 
rr^n  ©•'«n  ïit  toioa  .ibNa  '-^csÉta  b^pm  dï5c3  pannnb 
-lain  b"ipT  ,inm:?D  ta-ip^n  in-rn  nmn  a©  't*^  •'li  rr^aa 

^r«-i"»i  pbV  ï-iai3  rm»a  cao  '^r'^^rt  ^a»T  ,^"^73  t-nabTDb 
«  lyj^y*  b«  i-t?3fit  naan  ,-im">  'n  bbnn">n  nb-^bn  tab  mn» 
i^a*»  n^i"»  n«  laDa*^  'n  ifi<  ■  r^-^i-nb  rT"«pat5  •»rnr»T  *  mao 
«  'r^aa  -173:?  "^i"»  ,rT)3-tn  nniT'^nTsb  riTn  ©■'«n  t^a«  bjibsrî 
»:i-i  «b  t^ban  t^m37a"»ntt  'p3n  'tt»73n  nabsi  labb  tmqi 
■)  r!T73  ^i:^  ''^î:")n"'D  'a  ncr»  mann  nnai  ,na  n:^  Trjto 
rn  t^b  nbo  mbcn  •^lyir,  bai  ,'i"^n'»fin  t^b  3":^  nnon  rsT 
?  tobirTsi  ,pianrî  cj^a  '»nana  noî^a  i-^sn  nr«  p-i  ^-^av 
inri  ,mon  ï-tt  b^i  t^bai  t^m5tt">n73  'on  ï-it  ba?  -«nraon 
ia:?inT3  inbj?»  "*.nd  tam  "«b  nb^a©  pnrnnîs  fnnbi  'ai  '5 
n  b3^  '"•:?"ip  '"^oiabTcn  ba  h^bttb  rT»n  ■^lao  «•^fitn  imx 
D  lacm  ,mT  nana  ■^nb«5a30  ''•a»-!  miro  %-iân^  ^inan 
ip  b:^  lana  'i-i^ûx  tono  C"«.<n  nr  mo3^  '■»3t>  mw»  nnv 

6. 

Tamma,  113  tr. 
,13a. 
32<?. 
32  a. 

,  XXVI,  10. 
,  ch.137  m. 


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LA  LUTTE  DE  NAKTALI  COHEN  CONTRE  HAYYOUN       277 

Sx-iO"«  niitiDn  bD3  O'^zi^n  mbTDb  nann  marin  tvdt  t^iïri  'idi 
Sm  rTNT»  baa  tos-i«3b  'nDan  S:^  T-nDnb  tsta-^ujoi  nnn  n-i"^ca 
l-^aa^a  l'anal  "prib  o-^xn  m  ninn"»  "«d  t|ôn  .ûain»  nnbb  -no«T  ,«^7D"^ 
p  br  ,rTa:-f  «b  t^in  bi:iD  157:73  baip">  t^b  'ao  newai  m-j^îcn 
■»3fin  ,t-ntt}:rb  hts  ma  TT*b  rniam  n^ann  "inbm  ^é^d  an  ta:» 
Syjaa  pbn  -^b  T^xo  b«-iia^  -^sa  la-^n»  n^îi  'n  ni3  batsn^aa  •'n«a 
p  •'nri:  ainj^i  ,N^nn  mn  pk  p'»m73  ■»:«  tabiy^i  t»»  -^a  ,^Trr 
Sia*^  -^s:"»»  'nann  nbnnna  Tiana  ^••s«a  "«mafim  •^mniai  ni:n 
^nxa  nsn^^n  b^rri  .nsspb  inTiwa  opToa  "^t»  nx  iTsNbi  nv  T^nwnb 
na  ,n3:ab  nnxa  v^  /"^^^^  rr^^a''  -ja«  orn  anp'»'!  .nsr?:  •^ssibm 
oir  ■nu5«a  mnan  '■»73"»n  ba  n"«n  ispittot  i3?:n3  na^nj^  tn-^n:^ 
^nab  iva  t-n-no73  nianam  .irian  -braî  ^aiin  i^^dt  "^-isn  •'Ddts 
:  i^-iî  a-^b  rnn»  n''nm73  sbcittn  •«sann  Tia^n  n"n  -^snin^  n:nn  n» 


II 

[13  septembre  1713]  f.  13a. 

rarrr  -^pb^rr  baip^n  too-nswn  "jnÉcan  'mattî  'ran  t|i>73  pMn 

.■i"-i3  binan  pan  "^bnDs  n^nni?: 

naT  .na-iaTs  'n  lan'ipb  ,k"3>"»  to"Tî:3«5ttfit  p"pb  ,anan  '»ai  bro 

Sman  pj^an  "^sninTs  -^ainN  ï-i"n  .maa  n?3iN  nba  iba"»na  ,naT3  ana 

maa   '-«pbNn   ©■»«  Sman  ba-ipwn  73"-n  Y'aNn  •,bN-i«''a  taa-ncTDn 

,")"Nbo3>na  b"m  b":n  p"pn  73"m  n^a»  i"-i3  «n\-ï  ■'ax  n"-tm7a 

baipttn  aa'nsTsn  inxan  ■»3mn73  -^airr»  in"«3  «m  .n-i**»»!!  K-^-ibpDOfit 
'"•-i»D73  n730  inaa  .ptnn  «"«aD  "^"r  •^"3  /a"-n  ra«n  /■•pbxn  «"»»  binan 
'■nnb  '^nbia'»  t^b  nsn  .-r^nan  ^"i»a  t^n'^  n"n3  cn"«rs  -^ass  •n"nm73 
■»n««")  X3?'»  axns  p"p3  -ic«  o^nn  t-iTarw  n?^  bTiaTa  r-ra  iy  ■>!"» 
•»:d  by  '1:0  ba  by.  .ï-r-i-'ab  pn  tania  t|.^  rn-'U)  -^-ïnasi  "«"n  n''3anrî 
«nnj?»«T  '^'ûy  ^a  -«ab  nr3>  aai  /•'ann  Tisiiya  ba  i"»»a  '•>3in  mcn 
t3"%o  Tiaaa  ^^-liob  t^bia  isdix  br  nan  'inab  *t^mbx  '^yn  nia 
•nisN  'lann  "^msinja  ■•t^  rnn  naa  nbcawn  rm-^n  niCNa  s-ib-^bn 
t^bn  i^srpn  nta  n-*  "«iNin»  ïi^n  n©»  a-'-^nn  n»  \n'iaT  •^n^o'^nna 
1530  .-io«  '"^sisia  maa  •^^'^na  m"»"»  m-»  ifi<  Spo*^  bnpo  "«a  .t^  na  yan 
■^staipn  iDn3  ï-ttdj^ts  "i-ia^Tai  nwtt)  "jrn  "iï?x  riT  ions  n7:a)  csîvob 
-i^aNn  b'\^:^n  insan^  pnj^nn  '»r'i«-iai  ,\><-ti3  by  (^mabn  nan  ^;s» 
■*-iisab  bxno"^  •'sa  b:^  nsab  '■'pbNb  t^:p  nox  n"a')a:?a  j>"p^  tt"-n 
'^•'anbi  'K^i2  T^isa  t^no  nvnb  «ir"^::  t^b-i  «ma  «narî  •'î^na  ''t» 
«135  "^xn  by  mn^i2  ac)  rrTSTsa  ao   t^n^uîi  •'"nsn  cs-in  «an  t^-ns 

*  Amop,  V,  9. 

•  MeguiUa,  28*. 

>  Ahoda  Zara,  26  a* 


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27d  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

t^b»  my'^n  T»«"i   tobi^^ri  v^  ins^a'^  'vzoïp  -nDoa  isi'ib  hnoo  ^yi 

)  "^n-^n  cs:dn  ,m3yim   "»2")Ottp   t^b7a  t^in©   lab  "»p7jy72b 

oïio  ^njia  ^nab^^  no»  (b"3n  bj">ban  «\Hn)  bxfit  n-rns 
n7:»n  "^b  -î'^anb  no-ion  b:^  t.^  "^n-tw  ^'^''p-'sibwoaiD  '•^-ididî! 

<7t  nn^^T  ,Ti«5»nn  -^aroa  inb:'?:  n»Db  -^rarD  n\c«D  nii:?72n 
»»  nwbo  'n''nr!?3  '"^nncon  p"pn  ?3"m  ^"2H  ann  b:>  -^r^a 
it  -)«»  NiTn:i  n»^na  *î"aT  rrr^ay  ^^ai:^b  'v»-073  ne»  T"ai 

'on  Saa  i«cn«  laran  /ms  «b  Ti3«  nibxsnnn  'ra 
n  nmrn  ■'-lan  dn  tsba  p*n  rr^i»?:  na  i5«»tt  wbn  N'^Dissa-i 
Dan  ba  mbnb  t-nT52nia  ^aia  ta-^îTNbT  m»in  'jao  '■'^yb 
3D  -iDTin«  t^n  TT^  t^b  1.S731  ,ompn  ^mia  bna  ib-^Na 
iD-iDn73  NbT  KsiT^T  a"na  dn  t^m3?3'»ntt  "^nicp  nbn  nnira 
bnTsn  nT  mrb  na  in:  '^m  r'^^Dp  nbn  a"i  ton  "«"m  n"5n'i 

t^b  nmna  ca:^nnb  '-^aian  '"«ttJsxn  -•r^  -ipïb  bica^j  ^nb 
n72ibt)b  Tbn  'on  t^np*»  -^a  "^an  n^'^^ab  "in'^'>i?ab  ^n-^a  «b 
D  n-'TD^nb  bar  nœ»  mbpm  mn73\Di  mnw  nTsa  ,"1373^  '^i'212 
y  ûannb  n-^n  «b  ■»ai  '■'"lain  ^a  anob  s^STasn  1^  •noî* 
pn  K3fc"«  na-ttJi  nta-^uj  boa  -na»  «^bc*  nbiasn  pn^^nn 
D^  ntt3ai\D73n  ton^^'ib  &ni  '"•Dînai  '"«D-inn  t^b«  is*»»  ^bai 
I  e^bi  T»spiy73  t^b  .toitnnbi  "^nann  ib«  Sa  Sy 
'■»DXDX73n  '■'nwibn  t\»  "^sii-^am  .noTsa  bab  mî  nco  t^bn 
1  nsa*»  rtT  .its^jk-»  S-in:^  taab  pbn">  mnbn  'an  'a  ûN-ipa 
a  ibtt)a3    naa   ^.ok   V'n  to«nO"»  •^pbNa  "nDa*»  caban  ia3"« 

ba  '■•'-lai^^TD  tan»  •'3a  '■•btaas  ^-^^yi  .ton»  ■*3a  m»73 
i:?  n®«  t-npb«n  "no  'p3n  'on  ï-ita  )i2:iy  Y^^^"^  n-nna«D 

1"^3yn  nîa  '"^TDnbnttn  '"»an  ^r\yi2^  pn  ,T^n3>73«  t^bi  ^ny^-^ 
n^y^^ib  n73tt5  n5no3   ï-in3?n  ^•'SDb  cam  '-«aTa  '■•ana   t-nbab 

ï-iba  nmiayb  («ban  t^m373''n7:)  taïaa  iN-npb  '■^•^nb  «bi 
a  ■'3N  absbTon  b3>  «b  ï-ism  /isi  on-'pb»  ■'b'^oo  ynnnn  i-^id 
na  t^bu5  •'T  t^b  .-^nay  •'n-tn  n'»aN  b"3n  Y'an  Ma-iaTan  b:^ 
ô  b«-i'0">  baa  aoncb  ^is»  aina  CDi-inb  Tisfi  nT«Tn  C)» 
iD7:n  1»  tannon  Ti?3bb  na''3  Can-^nan  ©n-i^t  iban"")  bar.n 
'  D«i  ^rnb-'bn  "•nx):  ipt-^m  p-^Tnb  nan^^a  inaia  ï-iran  i:s:n 

?fl^'a,  12*. 

,110*. 

i/«m,  83*. 

V  jSa**a,  XX,  10. 

)t,  39  a. 

N,  53  a. 


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LA  LirrK  DK  NAKTALl  COHKN  CONTRK  KAYYOUN        279 

ï-rbD  n-nnn  bD  '•»''p?3i  nn?2a  p**ns:  t^ina  ^tt  nD«  Nin  'jncrîîi  ,"i''n 
n\y  ,a"ny'?  pbn  ib  i-^x  r-nr^D  ï-it  aaab  ta:^  nc«  V'^^»  i^wS  tofi< 
,po  nsn  nnin  min  ,nx  cinn'»  -«pts  n:r  'ipbx  'n  ^\-in'»3:ii  *7n«:p 
/-i-t©"  ^pn  "i73rb  nnb  -^ro  ^n  bj?  imbana  ^la:  m*»  m  nna^an 
ti»  '"^n-^n  "^D  ipixav^nai»  p-^ii:  nvnb  nœ-r:  f-inn  «nn  ï-tt  "^di 
bbp  o-^wn  ïiT®  tsaoa  ^-ji^fit  iba©  abi^^a  -ina^na  'j'^ns'»  :?oni  ,a\-j^b 
n«i  tsnna-n  SMita-»  h^s^-^n  ''^p^^  ,pan  -^ab»  n^n  n-^pb^i  '-«Db^a 
^ppbn  Sbnpn  ittûd  nbbp  «ab*^  «in  ïnpyi  iPiianb  t^^-r^n  T»pbj<  'rr 
nsm  ,mî3  n>3a  mis  ara-»  S«  "«p^i»  taa^i  "^-^nn  'Ois  n»*^  ynôta 
tspyi  ib^jïî  r^Taa  ^«  nTDno  tan-'nan  lîarao  rroa  y:n  '-^Tsann 
'p3  ï-TT  i^^  '-^ap-jai  na«b  v®"^"'''  Té*  t^soaa  w:^  nnbxspna 
rraittîp  «■>  Y^'^  ts»  /lai  &"a73nn  D"c73a  a"©  rt^ipa  '■•sd  rrb^TD 
V«  &5^«  ,es"a73-in  pj^nb  t^pm  a";D  m"ipa  ''•:d  nba?:  'pa  riTO 
n-npa  ''so  rrbsT:  'p3  «bo  csn-^iaia  rrn^  ib  -^a  nbx  bab  '•^a'^ns: 
ciiob  n-i-^b  bia"»  ••^v^  'lai  "^''cn  ^cn  o-idt:  'r^o  b"«aoaia  lanai  a"o 
£aî<  ibo  pnirT:  nai  v"^*'^^  î^T^  ain-^-ian  ■•73  tan-^-ian  tinabi  tsnyn 
m*»bn  "'iT^an  r-n'^nb  «b  s«  ipimn  -^ts  Sni®*^  ba  pmin  t»^in 
nbo  r-ivpb«n  moi  y"on  mai?:»  T^nr  csaaba  '■^p-'TnT:  an  tsM 
ca»"!  .yip  v^  /'^  )"^^  ''"^^^  '"^n-iaî  r-iT^nb  -^rra  '-^nr^n  api-^nb  om 
,-ip"»ya  -iDia  bba»  NSt**  t^b  tannan  -^cb  'lai  '-«sd  nb:j»  bba»  t^st*^ 
,a''nj^b  pbn  "ib  v«  P  î=^®  Di^np-^Dî^  bba73  Ka:*»  r^b  '-^ac  ba  byi 
Sy  "«an  ,ma  insp*»»  taba  Dimp-^DN  inp^«n  '12^:1  a-^^m  insn  bai 
"•Tabrin-»  niTsbnaT  «^baa  niTabpa  noia  t^in  «bn  NSt*'  t^in  naba  "«''©-i 
rts««n  br  inaba  rT3a«5  Y-'^'^  ^^'^  ^"^  *  ''^^^  nn^bna  «nicTs  n«« 
'  na-i  o-nTD  a"a  ^«■lm  «  V'^'apis  "'Nn  b:^  -ttbTan-i''n  m5î<  b"T"i  /lan 
iT^jnnn'^  /nai  —ipo  -^pota  rraTabî^n  '73«  an  .-^wb^n''  t-inax  t^imo 
t^"ia  p-tDP"»  'lai  no  ta©  -^td  i-^b»  'n  'TaN-»-!  «"na  .ipppp®*»  pnsp"» 
Sj^  t-n-tann  .i3>73to»a  ippppTO'^  'nai  '••72ibN  '-^T^b^T:  isnD»  nsnn 
T131  jmxaa  ,i''pma73  p"«pj^no  '-'-lan  pn:^  ,tabiy  b«  ip-^is:  p-^ix 
t^bx  i:-^»  !-r«aP73a  t<nn':3  ma  a  ,a"7aa  om  •^Sît  '731b  n5<3P73U)  ht 
a''n:^b  pbn  "ib  V-"^  TT'an  pbpa  naan72n  -^ar  'n  '73N  .niaPTsa 
■]3na  a-i  rm  rr^tpa  a-'Pa  n?:  ,«"a  t^b  ''^Tsbiyn  •'n  Tiaaa  naanTsn 
'•>p?«  maa  •^ib  'n  '73»  .^aia  an  nwa  ib  •^n*'  b»  ^•»«'>n'^b  naost  -na» 
r*na3Ta73  nan  mpn  '••pbx  maai  tsbis^n  t^naa  r^bo  iy  -lan  npon 
awi  ,t=ia  aipan  ba  ia  '■^••p"»  \^Tiai  Npna»  ■'«m  '-«Da  ^"yi  .esbis^n 
••Dx  ,b"T  "'TDan  •'-lan  ba  b:?  pbin  '•^'^aaioian  T>3T«j^na  t^nj^-o  ipT  ■'xn 
s^bia  bai   too  "iniawa  '•'p'»3P72'7  ♦  n-s'^ob  b^'s©  t^:^">ia-i  t^-'ao  '72n« 

*  Haguiga^  16n. 
»  J.jJa-/.,  II,  77f. 
»  /^«>\  i2a5^a,  1 . 
«  Berackoty  iOa. 


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2S0  RI£VUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

S:>  on  ï^btt)  bDO  ïnta  h^t'^  ï-TTai  /lïn  nb  "«inn  laip  nias  b:^  on 

^v'^.w  tt-^t^  ^3  p'*o-i:i  Nib  r<D-»onn  nbxD  i5-o-i5  '•^n"»:P73T  r^;a"»na« 
»n  bji  ,ï-T'»b  5"»bD  "[«TÛT  ;:^a:-in  r-in«ona  -^Dib-^n  •»:'»o  nna 
•.72  nxbn  nb^D  r-irs:^  P^^P^  '•"c^  mb  "pn  ^b-'b  '■•-lyax» 
:.^a  -i;3X  ''•D'^DiTan  •»C5na'»C73  s^nniD  ncDxi  vb^  ttinn  "^o» 
n  '!:"«'rr  8^D"«a  sssiisbDi  caaraa  "|"»io  ï^i^'^Dît  bs  t^-i72an 
-.73  '-^pb-inTa  Nc-'oi  N;a'»n  r-ivnb  maiTa  ns^t  iprrp'r  "«ob 
a  t^b  nbfit  ba  s^bn  ,t^niy«-i:ib  ï-tti  8^ni"»byttb  ï-tt  /"«na 
n*:?  Ï-T73  npn^pn  b:>  '^i»  •>:»•»  ,^n:^-^^73  ï^pht:  «nna  aba 
ib»a  iiïjb  vby  bDia  l"»x  tnnSTam  "  liïîb  s^nno  "^nm  iTsb 
iTa  '■»cn-i"»D  '^zvz  ï-T7:a  c^  -«a  D"i-np"»Dxb  a-^iant:  tnj2  Ti 
t^npttai  T)73bnao  nianpb  nTsa»  tebna^b  s^a  «b  nb«a 
sipra  ^n«\a3  r-i72ï35ma  ■icnn"'si  s^-iaa  s^bo  nb  na  ■nTrfit 
)73X  teTDi  .t-Tpy»  TK  ïnb  aiao  ti"ia  ssio  nb  nxi5  isib-i 
b  ï-T7305n  br  -iTsa  naac)  ■ir"»rTi  ,t*5d  bs^  iir^-^bo  ^onno 
13  nrîTn  *îbn  «ba   s^-^bo    i"»«n  .s^-^bttjn   î-naria    naan  qnan 

«"in  ny-ib  teba  r«  ^■•-iD73n  rT>«"»btt5  na  mri  .ineînn 
I  boan  "157:72  aia  i:"»«ba  in7:ana  tn"y  Y^7:n  ïTTab©  n"»b:f 
ij^n  n"«n«b  s^ît-'o  Cj^n  ,T»«*în  nba  Nibo  pn  8^"»br73  ïtt'S'^ 
)  a"ia  V^  r^îanb  :?t»  Nib  'i"»nro  "jT»a  ,tab"i3^b  fi<a  s^b  nbxa 

t^p  '■»^o-i  ■♦:'»7a  tnbnai  ,S"3n  s-robca^î  ï-r^^-nin  r-rTOn 
:mntt5  nb  •»'in-i  '■♦n"»:n73  ^o  •îC5")n"»D  ^n^^  mm  T^n^  mi 
ni2r*  t^-^n  iro  cj»  ,asri:?b  «a  s^b  ib»a  acna  r-i vnb  î-m 
iT  ta  t-^irTsn^b  aona  s^nn  banoTDn  ht  naa  incbcao 
>ir:3  ^Di  bia  i"«"i  V''''»'^  ^""^•^  '•^^o  &5«a  Sssn  lann 
rb  «a  8^b  ib^a  t^nn  ï-tt  ta  /«p*S"»:^bi«n  y^DC» 
!<  ■•:«  nij^i  ,N'»:^"«o-n  an-^nia^^a  ysrpbi  ûrracjb  r^WTT*© 
NJ^"»-!»!  ,na  KXiT'a'j  t*4:>"»«n  "««n  by  cncb  s^a  tnpai7:n 
inN  '-«D  onsb  la-^-^n  i:"ip  nnaa  Sy  on  r^b®  ^Jz  San 
a  on  nr»  'pa  nanOD  -«Db  p  V'an  on-jnp'^sxn  '"«Da  '•^nnmon 
:i-i"«n  '"«Da  ix  'non  rro^^n  b^  V'^^'-o  snaa-,»  ^b73b  bc?: 
I  ,tzbi:?b  «a  t^b  nbxa  nb  na  •^.nman  ^3*1  ^ron  '9b» 
biabaai  t^:7:ai  Niaa  in«3*,  ,3^*173  '^y^v  ba  "«aob  •pnxnb 
^^b^  irb:^  asnci  to  ^^o  "«t:  '?:xb  in-nm  'n  •^am«T3 

taca  ,"in?ax'3  ■•7373  t-i73«n  "ibap"»"i  m:«T  no^n  r-n^aj: 
on»  "^ra  "»a  iboa-^  r^bo  *  n-'aija  oaarsb  -^a^  nnaira  mipn 
n-in7:a  •'3>«   rrnri    ."«nTaron   Tina  m'»a7   "^nairb  r-^^^a^ia 

k,  X,  28  c. 

13*. 
35;  j.  Bevaekot,  I,  3  *. 

i  Ketoubot^  111a. 


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[■■■■ 


LA  LUTTE  DE  NAFTALI  COHEN  CONTRE  HAYYOUN       281 

•«îsrt  "^ssn  /«TDS  r^naa  ■•ô<m  ÉC-^n  ï-rsm  'td  bfino'*7:n  'rrr  '•^•♦ps 
vnDO  ta3>  »^«n  im«  r-in'»nb  nsD  "«sinTO  csm«  û:^  ''»Donb  idi» 
nbiin  Vnp  bît-jïî'^  r-nonp  b'Du  0-101721  bravai  $-^1:731  tanm^: 
mco  Sd  n'^n  l'^œy»  S:^  a-inn"»i  naitsn  Sap"»  ittxj^a  'n;Di<  ^y 
■na  ^o«  nnsio  Sd  rît  taa  8|o«bi  ikx»*»  bai  ixt»  baa  «''bç)  «ti^ 
axi  ,Pc?bTD  T»n  ^-^«o  ûip72a  -iTaio^ni  J3i:i^n  ûip7:a  ta^iîîbi  nD73 
ib  "p»  n«i  ,ain-in  ^in  bsn  minobi  nnnsD  ibb«3  bs  r»  yapb  •^nntti^ 
••bia  i^-»  ,«aiy»73b  I5"»;a'»''n  ta:»»  ,«nbt:  NTaiDiob  aim  ib  'p^'^y  aini 
t^«733  '"«Dît  'r^a  ••"ax-j  '7:«7:di  ai:3  nan  rrr»  ia  «1:733  »  "»bi»i  -^Kn 
«■♦Kn  nnx)  ^ineta  csip-^bi  naia  nrDsn  'D"y  .s^ptitt:  8^*în  rra 
r©rtt  ^orraa  n"»n  s^in  no«D  nnoa  c=oi  riDo^i  bos  n^y^  -io« 
,pias  TTab  ba  •^05<  innin  ba  T»ronb  ••ibaa  157373  *'v-id51  nnoai 
nibs:nn  "«anD  ''^'d  r-i«  qiD^b  niiatb  n"ai  '"^tioot  n"a»73  "«nopai 
t^in  ^icnsi  ,n^  r-inn  is©-»  ^««  vcts  i:?ba  trasinb  taa  '••oonsn 
bnsn  tain  bna  C33^a  pipnb  r-iiixb  -^^^nts  r-im»  d^  nï5«  •»n'»  n«5« 
tan-îbi  KX73'»  ï^^ttn  n»«  ûip73  baa  tabi^n  p  in^ab  'on  by  s-ttïi 
wb  ta«i  ,t^nnn  taip^a  tao  tanapb  ûttip»  isp  no«  niasTo  tnTsai 
nc«  yiTDD  «"D  '"^ronn  p  t^b  'tdix  -«afit  nTDbttn  b^i  n73ibn  by 
i«  lo-^b^*^  no«  biisn  tannn  miatna  '-nabs  tabai  ,ni-i  iîdih 
1225  taiTn  .^n-^a  b«  rraj^in  «"^an  r^bi  i73'»"»p'«  pi  .mn  'oa  in73b'» 
,»in  e:nn  •'d  laaj^rn  a^^m  laspon  V'P''^  ^nb  '73«n  nî:  mi 
carn'^73  r^rm  '-^bai^n  nn-^Tsi  taniaca  *iy  taaiob  aanno'^  i«b  taxai 
Sai  ,tani73^y  by  Cînisiy  ''nni  ,san-iiap  Ninn  tiTsn  nniapi 
la  ••«Dp  laiwn  •»:«  •»3»  ,aia  t-iana  vry  s^an  '■»73an  "»-ian  '•^p73n 
<inb  ■»''3H  bxno'»  ^-la•>  Y^  '"*  ''^■*  '"^"'"  ^^^p  on3Di  J-r*»:?-!!»  •»X3p 
laaba  Tianni  rrr^bi  c.hi  mo  ;3-io  teaa  o*^  1d  «  'ob  -^"b  v'mi 
y^i^  '-^jan  ••sipi  ib  nbo  *m  ï-rair»  s^b  'i5i  -«b  Tr^r*^  'ibo  '73«b 
aian  ^b7:â  tan'»b5'  binan  ''d  '•^p'^ns:  i-iTia-^  p-^is:  t-iisip  în:7373i-in 
r.ia-iam  ,pan  -«bnDs  n^OT  bna  ^rsra  •'inai  *î»73  mnarr  ,p"Db 
aboi»i  8^bDi73n  -^sann  "^sninn  ^snin^a  i:nn  r-i5<Tiab  iT«b  tninioTs 

:  i"i:  a-«b  s^iin'»  n-ini72D  r,"y  v'3  t-rnina 


m 


[18  octobre  1713]  f.  79  6 

oaib  nis-!«  bab  s^in  "«a^  .p"Db  n"3?n  "»-i«n  n"D  'i  'r  t^boyna 
,r-iii:^n   Sna  ,r-nsin  tn'»-ipi  'a  n"»-ipa    17:0   p-iin  ^2^  mi:bn73 
maini?  ,DD-ii373n  ii»an  bnan   ain  '»373«3  '»5nin73  "»ainw^  m-»:  t^in 

*  Uaguiga^  kb. 

*  il*o/,  IV,  4. 

»  ==  bibn. 


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28-2  HEVUIi  DES  ETUDES  JUIVES 

bbnn73  173125  niaD  >biDn  ddh  «bs^tDi  5Wî^n  •^pb^n  baip^an  ciD-ian 

:  »  ï5"bK2i  -^''-iD  c-i"».-î  -«ax  Y-imi3 

®-n«5  ^V'T'n  «^"■••Jn  '>'po:^  naïai  .r-nDiD^r  73"nn  ■•T'^a-i  n:^  ï-Tnn«3n 
»*tn"'0?3b  i"»3:^ia  1\ST  ,nx-i"»a  b:^  r^"»-nabn  nan  n©«  ■•îittnpn  «ro 
ncN  mxbo:  ia  i-i;»iy  "»n'^"»n  t3"rp7:=)  '■'bttJnTa  rtcsTsn  "«T^a  rr^n  nb-'in 
'■•iwib  rtD  ciiD«b  ■^n-Daxi  ,v-i»n  rrisp  ny  ynxn  rtspn  n^n  «b 
'':mn75  nia^^  nï:«D  pD:i  •^^«-iD  t^oiaDa  b'^na  ta^a'^-innb  '"««xasrt 
nî'^n^T  ?3"-n  n"a»  n"n3  Sxnai  'n"nmî3  T^onn  taomcian  "j^wn 
:i-nD«5bp''5  p"p'i5  DDioD  15%^  0^5573  D37:»  yniDtDbp-^î  T)"pi^  D'^nm« 
•<-i"»D73i  vnv  '•^Tainnn  Sdi  /ncio  b»n  '•'«Dn  biD  rtbni  n**:^  r^n 
Mb  .ta^Din  nio"):^  -^NTia  tan'^iDJ^ta  nc«  ■^baipïD  ''•n'^on  '•^c'^nn  -nÉt© 
,nT  bK  HT  aip  Mb  ncTa  nri  nc7:  nr  '"tspib?:  '"^icsfi^  j-td  -^noy  p 
•«a  in''«5"»  "«D  ,ï-ïb"»bn  nab  tn'^rt^  loi  ,Dbi3^b  *n«3  nr»  no  DirD") 
rt^:?:^'»  Mb  \sTian  'idt  '"«Tsmn  n-^n  Mb  tabiDin''  •»ï53Ni  ,n:^®  •^atjv 
MD"»«T  bbD7a  '••sixoôn  ">anDn  ba  •^nprrn  •»n''ii53^  mxT  ba«  ,&«"n 
ipT  DoiiD^n  pN:in  a-in  "♦smn»  T'b  •^nnbis'i  .oïDiai  'msa  '-^sTin» 
^-^nmn  '^"j'^m  '■•sa-in  i-'b»  ciONb  "»anaa  vnnTT  ,na'«c'»a  acn 
taipTs  '-«pb^b  H'oMy  ^"»:^  M-^n  •'D  ,teia  '■♦NSTOsn  '-^iboiTo  '"^n^ibi 
M"»n  n*:5N  Tan  M"5iba  p"p  M"«n  '•^nDion  '"«Tian  îrîNb?^  n*':?  imsnn 
j-T-nna  *«man  ^Mn-r^-^o  •^n-'a©  Mn^«  baai  ,i«D73  *  n-^x-in  rtaiTso 
:?'^5n3i  .n-^pb^b  M3p?3  v^^^''  '^^'^'î  p-'ixi  taan  »■*«  Min  -a  rvoy^ 
'•»iT  ^'■•sanb  ■i^:»'^  rrnna  pso  -«nba  ^.«n  •'b»  aanaa  tarî\"nn72» 
,ï-j73-in  "n"»b  ûnbïîb  r-T«-iN  ■^T'b  :?"»rï:a  t*)3i  ,tabn?n  173  ta-ip^? 
nia^n  n^as  'î-t  nN:p  r-naT  »  ,nb«  '-»3^"»73p  ïncTsn  pn  "«naa  "|-k  rtn^^i 
«-inabD  n-^ia^D  nu3x  nujnprr  nmin  nian  ,dt^  b3^  bbnnTo  n'iO»  nw 
t-TTan  "pNa  t»z5«  '-^la-npn  -rnawx  r-iiaTi  /•'airr  i2"«m:i"i3>a  tsT^  by 
î-tsp  n:^n  '"»7:t:n  ï-ja:p73  ûo-)nD7a  tawMî  n*::»  yn»  "^sixa  •'m^n  ba?: 
tabiy  ns-iîna  tnna  '•^730110»  ''^5iKa  m"»onai  n-nna  '■•abcnTs  v^.ficn 
la  •'i^sp  pan  pn»  p  -iTs^b»  p  onsD  *ît  «naia  ba»  «b-^yb  nbapa 
ynn  tasntaba  nbuja*^  Mbu5  isa  "^ibn  ï-i\-î'>  -iia»  '-^ann  r-naîi  .-^ficp 
/"»*înN  '"^-laTi  '«  ns«5  '«  S«b  '"^nai^  t'H""!  c=2i:iaa  ■'^spr  Mbn 
,'»:Db  n;a«  "^n-nn  ay?3  r^iaîn  ,V2Zi<^  n»-^3^  tsab  pbn  m\nb  m^i 
ia"»«n  *î53  ï-JDibcn  "'73-inai  -^a-ina  Miin-^  -^sfi^  .Vrx  ■«J7ap  r^tDizn  tmara 
'■«'»a-nD73i  ''>Ti372n  '"»7:-in-73  ï-TToîrr*^  l'^n^^oToi  ©"->  i"''''"  «^"T'n  byban 
nbbpan  a'::a  bbipTon  î-ibisrr  bnp  St<-)U5"»  t-i^j-np  baw  ''•biaiTai 
Ma  Nb  -n'^N  T'i-)7:b  pna  bb'>pia  î-ibbpan  .in-^-r^  tnx  ^^cin*^  bb"»pc 
n"p  T^pMnTsn  t^ijdto  p'»na  Mab  rr'iitn  it  ï-rbbp  /-«-nasa  'n  r-nrrb 

*  —  ûibcj  ib  nc:ô<  bai- 

^  Sauhcdi'in^  29  a. 

*  Stinhi^'irin,  vill,  7. 

*  Aîegùla,  Zb. 

^  Bevnchit  R.y  76. 
«  Btrachot^  31  6. 


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I,A  LITTK  UK  NAFTALl  COHKN  CONTRE  HAYYDUN       283 

ann  -iTDina  nm«  np-'Tn'^  Vnic»  Sdi  o'ssr^a  bbn^sn  s^iîrrtD  rbti 
h4S  ,T»m)a«  'TîD  p'^nnnbn  /r^  nb-^b  tns-^b  cjn  nb  in-^b  Nibn  bnnarr 
n^^in  iD-n»  anu)"»-  -«d  -ry  'n  n«cr»  Dna  n®K  b«niD"»  «d  nn^DN'»  t^7a» 
«•jn  noN  '-«ann  min'»n  ,ynN  '»5i«a  moT^rwa  n^so-noTs  rraiicn  bnp-^i 

pmias  «jTpn  m-n  ,'»:a  n-^a  rt^j^TSD  Dnb  jn«'»  Nibu)  iK-i-^^n  /'»:n5T 
Sarm  "«nn»  hd  Mba  id**»-)  .'•b^w  ipnn  "^d  Sna^  ^a  i»actt  nw 
i^aa  ipT  '«1  'M  ba  by  aran*»  -^s  /•*ntti:>i  '•»nnitt  ï-TTsm  ^-iban*»-! 
^nsnrm  nba  r\no  mab  bnc^b  :>inT  •'bj^a  '-^Tryi  ,ïnnitti  n-no  lan 
h^a  ,nT  nsttî  i^'^asn"'  »b  tan»  nM  *n««  irosb  Tttrnb  ■»:{«  niûai 
mnm  ^bn^n  •)»«  ^y  onn*»  h4b  rwb  n"apn  on  i^b  nniaa  S:> 
niBnixn  mmntt»  '"'c-^bn»  ^n^n  ncôia  -^^bcnn  p«  '»-i:in  s-rnin 
^5«  moa  n\D«  ,tan''3'»3^a  "»7aan  "^nn  ,anù  :^m  :>-i  aiab  ••■nDi^'j 
13  ^fiD*»  Mbn  ■•n«M  "^aoTa  «'»«  ons*»  ntt)«D  oir  v-ianb  nnm  N-r^n© 
ib»a  Sba  nn"»a\D'»  bM  tarnab  tar  ^735m  ,n'»bib''^  bipuj  ann 
^ttK  "^730-jns»n  n^n  y""cn  "«nai^  "^no*»  -^nba  '■•^■•bja  "^aia  "«anan 
vtn  *«'»'«a  f»4^a  ^nrjra  tnvy  '^"»  ban  «"aain  tabcn"»  pn  na"»nnn 
,m^ni^n  baa  inTDPS^î  •i3''5'»a  '^p'^^  pcn  i'^"»iy')  nsn-^ab  a-^nn.sn 
nx  a-'-innb  '■•«patti  nDi?3  '-'lapa^  ds"»  i'»'«'m  .rr^bon  ^ina 
,l^orj  n3n73Na  '•»pvn73n  nian  an  t^bn  toaba  «an  aann  ,t3bi:?n 
^•«•j-ina  yv^n  by  -rav^s  iTavi  na©'  b'»ba  Dn-^o^a  pas  »b  •»:n"»  n)3n 
nsiTDn  cap-'HTs  ûnôtT»  t3'»K"»3:n^tt5  an^  ï-r^oa  ,aba  s^s-'ai  i'»Din:n 
"»:rp73n  -jb»  '"»Mn073  rî"»5«n  '•^«''aTa  v«  pb  /-^p^s^n  '-pan^an  y"ian 
ïTO»  -pT  p  "«a  nroa  tannan  tsrrttJj^a  ^«nTaai  .nv-ian  p«  '\TM?ai 
bfici  ^a-in  n-^bj^îa  pmn  «nnpn  mna  caann  '7aK  tan^'ba^  n©«  n:iT 
•^a  i^n  *  •^ainxa  "»nn7a«  banian  'on  tiia  11*1331  ,ï-TP^a  nno  b»  anpn 
\-i3pa«  "^bs:»  n"«n  m^ai  .^non^  «b»  no'^a'a^  niN©  yon  -ii:''^3  ^n 
/  rmttpb  Tsn  '^:3"««  3na  ^3t  13  i-^itTa*^  '^bnx3  -^b-o  n'^s^an  tn-i:i«a 
1»a  -^D  .'{■•Ta  lanau)  '07a  n3-in  j^nan  ,rmnaTK  n«i  im«  i"»D-n;ai 
Yn  'ibo  m;ayb  ta»  i"p  .n5a:p«n  yp«3n  «)-ns7a  ï-Tn"»Dani  n-i7an 
rrr^Darî  jiaTabi  ,"i3ipb  'ibo  ip-^b  ■i"p  .bnan  iTsia  ï-jn7a3  ipoxb  o-»» 
•{••«D-inTa  bam  1311^  nar  njud*»  nab  Niinn  «•'«m  ,iia^7a  '•»an  a-^ïjnb 
.Da-^b»  'nb  p  "iiiaa^n  «b  ,&73^  n«  fiannaNi  «^»03  pb  ^'^•lanaTa  pn 
pn  «-n  rtD"^"!  ^iiiaa^n  nt  1113  iTaa  ta7a«  ma*»»  î-ria  o'»  ta«  «n 
'lan  taa-'WyTaa  i^anan  «b  s^b^  /iai  ^ny^  by  rnbjn  -^ai  /  bx''b7aa 
na^abi  ina^bn  taionoa  s^inn  'on  pn  ciin^jb  ynn  aD'::?an  pbi 
,*na?abi  masb  bia-»  nr^x  ma-'»  •'sra  baa  n\aD«n   baa  tabia^n  i?a 

»  Saukédrin,  64  ff. 
»  Jîfl*a  i^mfl,  59  a. 

*  Pesahim,  5». 

*  /*«/.,  84  a. 

»  Btreschit  R,,  20. 
«  Dealer.,  xii,  3-4. 
'  (8i7W,  Deut ,  XII,  4. 


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RKVUK  DES  ÉTUDES  JUIVES 

j*n"»i  •»Vr:i  ,T»2at:^  b:^"»b3n  itsd  :3:^"»r7Di  .miîocm  m73-ïnn 
nnb  rtb«  bD  't-iiD  •'a»  '»'Ti2Db  s^bo  ,tabi^n  n\-n  '»nï5  "«îa 
to:<  aiiapn  t^^bs^a  •'a»  nnjr.  ^.ofit  r^in  ^isnai  ,m5nnbi 
I  ,îic"):nn  nDrî-iaa  ntt55<  *nTn  û:^b  na^  •»Da«'j  /-^ba^  '■'-iriit  mîj-i 
)n  '^«nan  ,nbn  b:^  mn  ao©)3  T«72ynb  ï-rcyn  mj^a^  'r:  n»:p 
itt'«ao'^  m3>T  ^tapai  ï-rsop  -^nsa  '•»oanbn  y-iN  '»5i»5  rr73D  ■•n» 
r  rjDb  \-nx  pn  bsi  /n  nanb  nnm  N-i*».-:  b^i  ,y-iN  •»3ièo  bD 
■•  D'^Tsob  %-i2-nD  i-'ît©  a«in  n^x  'yaixm  ,t3"«730n  ^^  iniD'^i"'  ro 
■•m  'ibuD-i  û'»"»o»  ^^Tai  /•»'»na  -mna  *d  .S'^t'dt  ^irnD  i*»:© 
ipn  np^n-»-)  in73Dn  basa  "«sDnn07:n  bDbi  'n»  m-ib  ta-^Ts^sn 
T  rt''D  r-i"oi  i3^«3  •jsn'^n^  i«d:d  lains^  *y"zi  na»ai  '-^Tana 
n  ann  n^an  lann  •^amn»  ••ainxb  'iboi  insn  -^bpsa  -ïfitia 
n^an  ip"»a  r-i"»a-i7a  bDbi  ip"»a  •'aa  'ibo  &r  'b  ^"-im»  ■»a'»an 

:  an  3^®"»i 


IV 


Kïtobre  1713]  f.  110^. 

■i«rr  bab   r^nn  "«ax  .p"Db   n"Tp    •^iujp  n"D  'i    't»   '•ba^nn 

pixin  n-'-ipi  -120  r-i"»npa  iTaï)  p-np  v^^  /t-nirbrra  aaib 
iD7aîn  1i«3n  binsn  ann  "»3)3«a  ■•apina  ^"-in^a  «m  mara^n 
bbnan  fiaan   :ibDn»ni  t^bsiTan  ,'»pbxn  banp?:n  .Doan  ï-ia-ny 

,TS73  napD»  ■•ay»a!n  r:3n  ,n"-i3  on^n  "«a^  -i"-i.-r?3  bbin?3  it:© 
t^-'in  •»paa^  -la^ian  ,ipba^73  n.XD  ûTi)a  n-^acn  n-i:ix  "a^"»::: 
5  ^■•ayia  V-^"^  ,ixma  ba^  i"»">ia'^b*T  na-î  ^o»  •»3i7ûnpn  cns  am® 
D3  ia  nx^y  '^D'^^r*  ,t3np7aD  '-^b^aiTa    î-ria^n    "»1''a    rr^n    V?ôn 

ns  r|io»b  \-in»«T  ,ynxn  narp  na^  '  >^-i«n  narp?:  rj*».-:  «b  -i«î< 
5  Tixy  -ic«a  ,11331  "^iK-ia  s^-'o-îsaa  b-na  D73"»-!nnb  '"xstTaan 
n  7a"m  *T"a«  r-ia  b«naa  ^"-in?^  'T'onn  taa-nsTan  p^cn 
p^p*:?  ,t3a©D  laxx  ûnasTs  taa?3.x  ,a"-nD'obp^a  p^pii  f-nn-iy» 
1  •»:>nT^  '''Ta'iPnn  bai  '-^nsio  b^i  ''»7aan  bo  nbna  n*»:^  «'^n  a^-nso 

D«i-i  n;aiy  \xiia  Dn"»;aa^7:  n«.>«  '-«baipTa  '"•i-on  '••D-'-in  nTama 
Pixa^  'n  pj<3p  PiDT  ,ib:<  '-»^-»7ap  'n  pn  "^naa  1%^  npa^i  .ns  •^nTDar 

p-ca^s  no»  nanpn  lap-iip  pian  ïzît»  b:^  bbnPTa  lOit  n«T 
ran  v-i«a  t:?«  '"«'ûnpn  -«piax  Pian  /••a-in  i3"Pi3ii:'a  dt'  br 

nsp  n:^  '■»73tt5n  rta:p73  DoiiD'a  taTa*:?  icî»  "j^-ix  •'aixa  '•'•na:n 

ûbi^  tnaina  pna  '•»7ao-iio73  '■•ai.\5  piT«anai  mira  '"^sboira 

ois,  m,  7. 

pn-py  p. 


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r 


LA  LUTTE  DE  NAFTAU  COHEN  œNTRE  HAYYOUN  285 

j"in  taanoba  nb^D*»  r^bo  nsa  -^ibn  rr-rr»  'n«5«  '•»a-iïi  mDfi  ,•»»:? 
'^-îH»  'naTj  'r^  nso  's^  b^b  '■•nm:>  rm  ,c=3id«53  Tapa*»  «bn- 
,'»:Bb  nofit  *n-nr  ù^td  niDn  tiTaCK-^  nn:?  teib  pbn  rrnb  s^bi 
own  n53  rroib^cn  ■'73-inan  -^anna  s^asi'»  •'s»  Vr«  '*y"»73p  'n  mr^Ts 
'•nD-iciTîn  '"m37ai  '•^«nm»  nTan^D  ,t»13^o»")  d"-»  irn  r^'»n'»n  ba^-^ban 
nbbpan  ta©a  "^bbnpTDT  ï-rbisn  bnp  bî<n©'»  t-î«3inp  bD»  ''»bTni73'i 
n-iTJ^b  N3  «b  n;SK  n-i73b  p-ia  bbp»  nbbpm  imn*^  n«  j^cirr»  bbpo 
v:ît  i^p  •T'pnnTa'j  n-^n^^o»  p-na  s^ab  •»^^<-l  it  rrbbp  /"«-na^a  'n 
bi-î^r.  a-im  nTsina  nm»  np'^Trp  b«nc"»  bai  iTDxya  bbni:n  t^nno 
r^a  »ar  ,vm73«  'T^a  p-rnnbi  /s^  nb-^b  n3"»b  cii<  ib  in-^b  s^bn 
r^y-^n  nami3  a-nD*^  "«a  tj^  'n  ^«dp^d  tana  -ic«  b^no*»  ^43  •j-jt:»'^ 
r<2n  no«  ••»ana  min'^i  yni<  ■♦3n«5  'htd  n^oni973  rtaixn  bap-^i 
rm  '-^y^y  mn  tirnn  "«a  'J2M<  ■•:«  T^p-^mm  i-^tj^ots  b:^-i  ,vpbxb 
nrmx  cipn  m-n  ,'^30  •  n"»a  n-ayra  anb  r-i»-»  t^bo  i^n-^cn  '^5i:t 
Sann  -^nn»  na  s^ba  ■jab'»i  "»br?2  npm  •'d  bi:^  -^a  \S3:?3  rr?3 
t<ii:7:  ipT  't^  'ï^  ba  by  't-iai"»  "«a  '-^n^i^n  "^-inn?3  tnfzTi^  ,'ibrîa'»i 
.nxnnsn  nba  tnms  -nab  bns-'b  ^i-it  "^bra  "»t»p:^t  ,ï-T-ntDi  n-no  "jai 
^"3  nt  n3a  ix-^xr  8^b  tan^a  rroa  no»  iT*03b  *i^y:ynb  ••s}^  maai 
mim  rbiisn  iîdo  bj^  onm  t^b  n^ab  n"apr!  oim  s^b  ns-^maa  by 
tmsYi^n  rrm-!rN  ''»3'»bn72  "no»  nD«a  ''obsnn  po  •^nsn  rrnn 
■»3ît  maa  ,-\OvH  ^car^a-^ja  '•^«an  "^"in  »3^n  ai:3b"i  aia  :^-ib  'nrn^sn 
13  jîc  8^bi  "«nan  ^Z£J2  c»  [oi3"»]  no«a  013-»  'n  -lanb  nnm  «n^no 
ibxa  bba  "imao'»  ^«i  ,D3-»n:ib  '-^sd  t:^  -i?33rn  ,ïT»bib72  bipo  a-inn 
n:5»  ''»ca-ins72n  nrn  y^ian  -«lair  '"»t:5'^  "»rba  D'»5:'»b7:  '•'aîa  '^anan 
\Hrî  «•^•«a  r^r-^a  i3''7D"»a  rrny  •»"«  ban  ,a"a"in  csboin"»  tn»  nannn 
mna  n"»3:-.xn  baa  inTorso  Vj-^z^n  *îp-i7a  pon  i"»'»"ïr"i  isn-ab  a'»nnNT 
tobirn  ba  r-i:<  annnb  '^opa^an  naiTD  '^opa?:  cas^jt  ^-^^lyi  ,tnx^^rt 
^ncn  /Y^on  tn3n73xa  '•^p-'inTan  n7an  c=n  t^bn  aaba  s^an  aa-in 
T«sinna  )^"an  by  naT»7a  /"j^t^i  nao  b-^ba  an''D>3  pas  s^b  •»:n'^ 
y^on  ^317:4-1  Dp^nTD  an»-)-»  ''»»'^i:n7ao  arî73  rtTaa  aba  t^rai  v^^'^^^i 
n»  'v::?:'!  'vn?3n  nbx  '"«ai073  n-»»-!  v^'^a73  1\><  pb  /•«pos'aT  ''»pan7an 
an'»bj?  TON  nsiT  nsx  ^-n  p  -^a  rnra  a-naT  .arr^oj^»  ^c^7aa^  mnan 
.nn-^a  nrs  bx  a-ipn  b«i  ^a-n  ï-rvrTD  pnin  cipn  rma  'nn  '7:5< 
•j^n  nij^a  i"»j<  -«a  \nn3-n  -^-ii?:  "•snnxs  \n-i7:«  ,ban73n  'on  6)1:1  iin:ai 
n'^on  nn5j<a  Tiarao  -^bs»  rî"»n  mrai  ^nD-»-)»  s^b»  novao  -nî<o 
njti  imfit  i'»DntOT  rr^n^pb  en  ■•3"'3'^i<  aia  -lai  na  t^sTO"»  -bijo  "^bo 
omoTS  m'»sam  'n73n  i^a  -^a  ,i''73  lanao  '07a  na-in  :?-i3i  n-mnaT» 
/bnan  n?:©  nnTDa  nnoxb  o-'î*  l-^a  'ibia  mos^b  ca»  i^p  oaxpcn  y^^an 
Énnn  «•♦xm  ,Ti:^w  ''»ai  a'»onb  !m''Dan  a^ns^bn  ,i3"ipb  'ibo  in-'b  i'-p 
e:max-i  *j7303  pb  /ons^  ynn  i'»»D-in?3  bam  ,"i3i:>  r-iN  î^o"»  nnab 
D73Ï3  Tiax  a^ji  nta  «•»  a»  «n  ^tsa-^pb»  'nb  p  iio:^n  «b  û730  nx 
^riyi  by  rrba^n   ^an  S«"«b7aa  p-i  om  rto''-i   ,110^4-1   riT  ims    i7aa 


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286  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

^  cin-iœb  y.nn  aswTsn  pbi  /idi  taD'»«:?7ûa  n^nin  «b  8^b«  /idi 
1  T::D«n  bsa  tabn^n  p  inrabn  -na^bi  ttionca  i^nnn  'on 
K  '0  iT^b  :^'»nD  •»»  531  m^^abi  naxb  biD-»  î-tnîW5  "na»  «^ra 
iiDn  orrpbît  '^b^ot  'ipdh  C3d«73D   nc-^-itt^a  nsiT'   t^bi  nanrr 

Db  NbttJ  tabi^n  n-'m  '7:ko  •»73  ■•Dsb  ^^iT^n  ««ibai  ,V2^y:i  b:^"»ban 
•»5»  nn3^  n«5«  ï^in  ^lonsi  ,mannbi  b*îannb  ï-rb»  ba  'ma  •'DN 

û:^b  na:^  •'a:fifi  ."^bj^  '"nr»  tm^n  i**»  noô<  aiiDpn  t^Tsbja 
nb  n»T  nuD:^n  m»aa:  'n  nx5p  îrm  rionann  na  maa  -io« 
ibn  yi»  "«infi^:!    n^sa  Tn»  nr'^ipn  ■•«Tian  ^ï-rbn  b:^  nîn   aoc» 

»n"»n  San  ,yn&^  •»Di»a  ba  la»:^  n73'»aa"»  ti3^i  .opsi  rtjtap  ■»!« 
aiNm  ,D"»73©n  v^  inin*^  na  maT  rjab  -^n*!»  pn  ban  'n  imb 
;3  "^a  ,t3"»-i'^ai  -nîna  r5D  ^Drin-^  ta-'Ts^b  -«nsia  v^w:  a«in 
n  ,i*î«  tannb  '"^ja^n  it:  ''»"»m  'ib;sT  ,ta'^''D«  nrai  ,S3'^'»na 
,n72K3i  '•'^ana  n^aTipn  nn&^i'^i  nnToan  bsai  nbsra  '■♦DDinoTsn 
mnan  ''»72'^n  ba  aa  'nb^a  i:73«3  nsmn?^  -.132:3  nairîwH  ina^  nai 

:  inan  •>bnî: 

(il  suivre.) 


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f 


R.  BAN  ASCHKENASI,  EXÉGÉTE 


R.  Dan  Ascbkenasi  lait  partie  du  petit  nombre  d'israéiites  alle- 
mands qui  ont  émigré  en  Espagne  vers  la  un  du  xiii^*  siècle  et  au 
début  du  xiV,  lors  des  terribles  persécutions  dirigées  contre  les 
Juifs  d'Allemagne,  imitant  en  cela  la  conduite  de  R.  Asclier  b.  Ye- 
liieM.La  rareté  du  nom  de  Dan  nous  oblige  ou  nous  autorise  à  attri- 
buera une  seule  et  môme  personne  toutes  les  assertions  relatives  à 
R.  Dan,  môme  quand  ce  nom  n'est  pas  accompagné  de  la  dénomi- 
nation plus  précise  d'Aschkenasi.  Or,  les  jugements  portés  sur 
R.  Dan  étant  très  variés  et  môme  contradictoires,  la  réputation  de 
ce  rabbin  est  devenue  celle  d'un  «  personnage  mystérieux  »*.  A  vrai 
dire,  la  contradiction  qui  règne  entre  ces  données  s'évanouit  après 
un  examen  plus  approfondi.  R.  Salomon  Ibn  Adret  a  jugé  R.  Dan 
assez  méritant  pour  lui  répondre  d'une  façon  détaillée  et  appro- 
fondie, non  seulement  par  la  Consultation  portant  le  n*"  1229, 
comme  on  Ta  cru  jusqu'ici  %  mais  par  cinq  autres  (n*>*  1229-1233). 
SI,  dans  I,  529-530,  il  semble  se  prononcer  sur  son  compte  fort  sé- 
vèrement, c'est  parce  qu'il  suppose  que  R.  Dan  ne  peut  avoir  sou- 
tenu ce  qu'on  rapportait  en  son  nom  ou,  du  moins,  ne  peut  l'avoir 
dit  sous  la  forme  que  lui  avaient  donnée  ceux  qui  ont  posé  la  ques- 
tion. On  constate  môme  qu'Ibu  Adret,  en  dépit  de  son  ton  virulent, 
regrette  d'être  amené  à  jeter  le  nom  de  R.  Dan  dans  le  débat*. 

La  déclaration  attribuée  à  Ibn  Adret  concernant  R.  Dan,  «  que 
le  protégé  de  celui-ci,  muni  par  lui  d'une  lettre  de  recommanda- 
tion, ne  méritait  pas  plus  d'égards  que  le  protecteur  lui-môme  »  a 
encore  moins  d'importance  pour  la  mémoire  de  R.  Dan  '.  Loin  de 

*  Les  CoDsuItalions  ù'ibn  Âdret  nous  révèlent  aussi  \\u  R.  Jonolhan  Aschkenasi 
(le  Tolède  ;  voir  Perles,  Ji,  Salomon  b.  Abraham  b,  Aihreth,  p.  10. 

>  Per'.e?,'  tbid,,  p.  63,  note  20. 

»  J.  D.  Azoulaî,  D^bn:irr   DC  éd.  Benjacob,  I,  37  i  ;  Perles,  ibid, 

*  1. 530  :  nVôï3  nvj^::!  v^'^^'^s  "i^^  ^-"^  r-iDOwS  "•=)  p  -*,"n  ^b  rroy  n?3 

'  Perles,  ihul.^  p.  T.  Pour  réfuter  ce'lc  Iraduclion,  je  donne  ici  d'après  I,  548, 
les  paroles  mîmes  d'ibn  Adret,  qui   deviennent  encore  plus  claires  par  le  contexte  : 


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288  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

professer  à  son  sujet  une  opinion  pareille,  Ibn  Adret  exprimait, 
au  contraire,  le  doute  que  R.  Dan  fût  Tauteur  de  la  lettre  qui  cir- 
culait SOUS  son  nom.  La  communauté  d'Avila,  qui  consulta  Toracle 
de  Barcelone  au  sujet  du  fils  du  scribe  Abraham  ',  transformé  su- 
bitement d'ignorant  en  auteur  de  révélations  littéraires,  avait 
déclaré  à  Ibn  Adret  qu'elle  avait  reçu  un  messager  qui  s'était  pré- 
senté au  nom  de  Salomon  Ibn  Adret  et  se  disait  envoyé  par  lut  et 
qui  prétendait  être  doué  de  facultés  extraordinaires.  Ibn  Adret, 
qui  ne  reconnaissait  à  personne  le  don  de  prophétie,  eût-il  fait  des 
miracles  sous  ses  yeux,  et  qui  ramenait  toutes  les  visions  surnatu- 
relles dont  il  lui  fut  parlé  souvent  à  des  hallucinations,  lui  qui  ne 
voulait  pas  qu'on  confondit  le  magnétisme  avec  la  prophétie,  lai 
qui  fut  le  persécuteur  d'Abraham  AboulaAa  *  et  qui  avait  condamné 
froidement  Abraham  de  Cologne  ',  le  prédicateur  et  thaumaturge 
ambulant  qui  avait  réussi  à  arriver  jusqu'à  Alphonse  X,  ne  pouvait 
croire  qu'un  savant  comme  R.  Dan  eût  pu  se  laisser  aller,  par 
légèreté,  à  devenir  le  protecteur  d'un  aventurier,  cherchant  évi- 
demment à  faire  des  dupes. 

Mais,  quoi  qu'il  en  soit  de  la  lettre  de  R.  Dan,  il  est  certain  que 
cet  étranger  a  trouvé  chez  les  rabbins  les  plus  considérés  de  TEs- 
pagne  estime  et  considération.  Déjà  le  fait  qu'un  homme  du  rang 
de  R.  Yomtob  b.  Abraham  de  Séville  engagea  une  controverse 
avec  lui,  prouve  la  considération  que  R.  Dan  avait  acquise  dans  sa 
nouvelle  patrie.  Un  des  successeurs  d'Ibn  Adret  au  rabbinat  de 


"non  n:?5  Inds  iny  t3'«u5nn  niaiDD  ï-tt  "«d  &d5  -ï'^:ix  nn:?i  r-rmx 
'>z'>yn  nain  r^^n  rï\m»nD-i  p  -«an  a-i.-r  "t»»  rî^inn  tn-ia5<  n-^m  ab 
man  m-^pn  ^ns-a  na  •'d  r-iyin  mapb  m  r-ix  na*::n  *\y^  rrrp 
T»j^73D  aan  '-ip'»»  o-»»  aina-^  nn^'pn.T  ba  la  '\p^^0'>  t<o  o^tta*» 
p-i  r^yi7\    ■•'»p3b  TiD  r-nx-»  «bi    oan    -^nai   nb-^fit   i"»»i   tn72«   njtT 

rr^îjnn  CST^T»  nr'ô^^n  Nbl  abn  ■^incab.  L'interpréuiiou  de  Perles  te  Iroutr, 
il  est  vrai,  aussi  chez  Jacob  fimden,  qui^dans  mwapï!  nmn,  éà,  Lemb*rg,  p.  10*, 

faii  celle  remarque  :  ^"nm^D  Tn^a  bn^  inan  snb  b«-nC"»  b®  inw  y? 
r-nODai  myi  r-nbpb  irTDNnbi  nn^.sb  nn'»)3»  bî  li. 
«  Idid,,  lan  tnxT:  ans  "^bj^  «;di3  «j-^î^  3^-»an  caa-iso   s^a  omp  C33 

ta'^Oa  "^a-l  S^nnn  ••D-^.^n  '^aô<  naiarr  tamaX.  Le  porleur  de  la  lelUe  s'ap- 
pelait doQC  Nissim.  Perles,  ibid,^  p.  5,  par  suile  d'une  fausse  iDlerprétatioa  de  cet 
mois,  nomme  Tauteur  d'écrils  merveilleux  d'Avila  R.  Nissim  b.  Abraham.  Or,  Iba 
Adret  n'aurait  certes  pas  appelé  ^a*1  un  homme  désif^oé  comme  :  yyv>  V^MH  D7 

IDD  ûn«3  by  'l'ûy  t^bi  on»  oio  d:^  'ainn  t^bcv 

«  Perles,  ibid.,  p.  5,  et  p.  63,  noie  22. 

»  Ces  paroles  dUba  Adret  :  rr^H  laiTSn  ini«0  'ISI  n\1  HT  QH^aXT 
•n^bXt  d*aprës  lesquelles  Abraham  lui-môme  désignait  son  démon  familier  ooome 
étant  filie,  Jellinek,  évidemment  trompé  par  l'abréviation  '12<  [=  n)31M]t  <iu^il  li^i^  * 
IK,  les  traduit  dans  son  Auswahl  kabbalisticher  Myttik,  1,  30,  ainsi  «  Ou  bien  ce 
fut  Abraham  lui-même  ou  le  prophète  Elie  qui  parla  ainsi  *. 


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R.  DAN  ASCHKENASl,  EXEGETE  289 

Barcelone,  R.  Nissim  b.  Reuben  de  Gérone,  nomme  avec  respect 
B.  Dan  dans  ses  Consultations  *. 

La  réputation  de  R.  Dan  comme  exégète  devait  être  encore 
mieux  établie  que  sa  réputation  de  savant  talmudiste.  Babya  b. 
Ascher  de  Saragosse,  ordinairement  si  avare  de  citations,  rapporte 
deux  interprétations  expressément  sous  le  nom  de  R.  Dan,  avec 
lequel  probablement  il  se  trouva  personnellement  en  relation  *. 
Le  fait  que  Moïse  a  pris  un  prêtre  madianite  comme  beau-père 
et  que  TEcriture  sainte  insiste  sur  le  grand  nombre  des  âUes  de 
Jetbro  est  expliqué  par  R.  Dan  en  ce  sens  que,  chez  les  Egyp- 
tiens, les  prêtres  étaient  sous  la  protection  de  la  loi  religieuse  et 
que  Moïse  était  sûr  de  trouver  là  un  asile  sûr,  ce  qui,  selon 
Exode,  II,  21,  le  détermina  à  jurer  ou  à  faire  le  vœu  de  rester  chez 
cet  homme. 

La  hardiesse  de  son  système  d'interprétation  biblique,  qui  s'é- 
levait an-dessus  des  exigences  et  des  lois  d'une  saine  exégèse 
pour  s'attacher  au  contexte,  se  révèle  mieux  dans  le  second 
exemple  qui  nous  a  été  conservé  par  Bahya.  L'indication  si  étrange 
d*Exode,  xxiv,  11,  concernant  les  principaux  dlsraël  qui,  après 
avoir  été  favorisés  de  l'apparition  divine,  mangèrent  et  burent,  a 
donné  lieu  aux  interprétations  les  plus  différentes.  Juda  Halévi  ', 
avec  sa  sagacité  ordinaire,  a  cru  y  trouver  un  contraste  avec 
Moïse,  qui  seul  eut  le  privilège  d'être  affranchi  de  tout  besoin  pen- 
dant qu*il  était  plongé  dans  la  contemplation  de  la  divinité.  R.  Dan 
explique  ce  passage  d'une  autre  manière  :  <f  Nous  apprenons  par 
Exode,  xxxiii,  6,  qu'Israël  s'est  dépouillé  de  la  parure  dont  il 
s^était  revêtu  au  moment  de  la  promulgation  de  la  Loi  sur  le 
Horeb.  Comment  est-il  possible  de  penser  que  ce  fait  ne  soit  pas 
mentionné  dans  le  récit  sur  la  Révélation  ?  Maïs  cette  mention  a 
simplement  échappé,  et  elle  se  trouve  dans  le  verset  en  question  *. 

»  Ed.  de  Rome.  p.  72,    n»  32  :   «"^îl    tnnDTn    nM3«    '"in   p  '3n«n  n73«3 

ibbn  d'anal  nafio  ^j*^». 

*  Cf.  B.  Bernstein,  Magasin  fûr  die  WUtentchaft  des  Judenthums,  XVIII,  (1891). 
98,  noie  36. 

*  Cité  dans  le  commentaire  d'Abraham  ibn  Ezra,  tu  loc.  Bahya  b.  Âscher  men- 
tionne cette  opinion  sans  citer  le  nom   de  Tauleur  sous  celte  rubrique  :  '^SO  ^"^l* 

*  -inît  n5'»ar'D«  •'îdts  ■»d  in'»®"'n  n"»3  ^^np  •in«'»n  ibDK-^T  «nob  «5-»  nn^n 
Vtnan  ^DiDrt  nan  s^bn  T>b3>  my  «>•»«  iniD  s^bi  'i5:?-nDa  n-nn  ^diz 
m  •'D  1ND  Ti73nb  ^-latin  pb  rrmn  in73  niD-isa  ï-tth  n^y^yn  iinm 
rrwo  DVT»«i  l'onri  s^inn  ^iTn  nniD«3  Niin  t3"»nbfi<n  n»  imo 
p  "«m  '>ïii2  '^Dy'n^  nr  mn^jan  ï-rb-^Dwa  n73«i  narrsia  "^Tsa  «join.  Le 

sens  figuré  du  mot  <  parure  •  avec  la  signification  de  la  foi  doctrinale  qu'Israël  aurait 
perdue  selon  Exode,  xxxiii,  4,  se  trouve  aussi  indiqué  par  Lévi  b.  Gerson,  in  loc.^ 
et  Nissim  Gerundi,  ^'nTl  mïDnn,  *•  sermon. 

T*  XXXVI,  K*  72.  10 


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290  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

Les  principaux  d'Israël  n'ont  pas  mangé  et  bu,  comme  on  croit 
devoir  interpréter  dans  leur  sens  grossier  les  paroles  de  l'Ecri- 
ture, mais  ils  ont  joui  et  se  sont  parés  de  cette  auréole  de  lumière 
qui  venait  de  leur  extase,  provoquée  par  ce  grandiose  événement, 
jusqu'au  moment  où  ils  perdirent  cet  éclat  lumineux  par  le  péché 
du  veau  d^or.  » 

Mais  ce  ne  sont  pas  là  les  seuls  témoignages  qui  nous  ont  été 
conservés  de  l'art  exégétique  de  R.  Dan.  Dans  un  recueil  sur  le 
Pentateuque,  ms.  de  Dresde,  £b.  n""  399,  composé  en  1343  par 
Isaac  b.  Abraham  Navarro,  ou,  du  moins  copié  par  lui,  R.  Dan  est 
cité  trois  fois  à  propos  d'opinions  que  l'auteur  a  recueillies  de  sa 
bouche.  Il  est  remarquable  qu'elles  se  rapportent  également 
presque  toutes  à  l'Exode. 

L*ange  ou  le  messager  qui,  selon  Ex.  xxiii,  20,  devait  être  en- 
voyé au-devant  du  peuple  dlsraël  pour  le  garder  sur  son  chemin, 
a  été  identifié  tantôt  avec  leMétatron*  et  MichaeP,  tantôt  avec 
le  prince  des  armées  célestes  %  tantôt  avec  l'Ecriture  sainte  même, 
tantôt  avec  TArche  d'Alliance^.  R.  Dan  Aschkenasi  le  retrouve  en 
Josué,  qui  prit,  après  Moïse,  la  direction  du  peuple.  Cette  interpré- 
tation, transmise  par  tradition,  fut  de  nouveau  bientôt  oubliée  en 
Espagne,  car  jfious  la  trouvons  mentionnée  par  Isaac  Abravanel  ' 
comme  une  invention  des  Garaïtes.  —  A  partir  du  moment  où  Moïse 
apparaît  dans  l'Ecriture  sainte,  il  n'y  a  pas  de  chapitre  oh  soq 
nom  ne  soit  indiqué,  à  Texception  de  la  section  de  Teçavé.  R.  Dan 
Aschkenasi  savait  aussi  une  explication  sur  ce  point.  Dans  son 
horreur  de  la  défection  du  peuple  d'Israël  et  de  son  retour  à  son 
ancienne  idolâtrie,  Moïse,  selon  Exode,  xxxii,  32,  avait  demandé 
à  Dieu  de  l'efilacer  de  son  livre  ou,  pour  employer  d'autres  termes, 
il  avait,  dans  sa  colère,  maudit  la  vie.  Or,  comme  la  malédiction 
d'un  juste  s'accomplit  sans  condition ,  son  nom  fut  réellement 
effacé  du  livre  divin,  c'est-à-dire  du  seul  chapitre  qui,  dans  TEcri- ' 
ture  sainte,  précède  le  récit  de  la  malédiction  prononcée  par  Moïse 
contre  lui-même. 

La  dernière  des  interprétations  de  R.  Dan  rapportées  dans  ce  ms« 
est  également  relative  à  TExode.  C'est  l'explication  du  passage  où 
il  est  question  du  péché  de  Moïse  dans  Nombres,  xx.  10.  Il  sembla 
improbable  à  R.  Dan  que  Moïse  qui,  selon  Exode,  xvii,  6,  obéis- 
sant fidèlement  à  Tordre  divin,  avait  provoqué  avec  son  bâton  le 

1  Sanhédrin,  38  b. 

«  Voir  ibn  Ezra,  in  Icc, 

»  Voir  Samuel  b.  Méïr,  in  lot. 

^  Cité  dans  le  commentaire  d'iba  £zra,  in  loc. 

»  Dans  le  commenUire,  in  loc,  p.  184  a  :  ^y  ntri  n«b»n  '"«B  D'»finpn  ^Dm 


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R.  DAN  ÀSCHKENASI,  EXÉGËTE  291 

miracle  de  la  source  jaillissante,  eût  désobéi  la  seconde  fois  à- 
Tordre  du  Seigneur  et  montré  ainsi  de  la  tiédeur  dans  la  foi.  De 
fait,  ce  n*est  pas  en  cela  que  consista  la  faute  de  Moïse.  Gomme 
la  première  fois,  il  avait  reçu  l'ordre  de  frapper  le  rocher  pour 
que  l'eau  en  jaillit.  Le  mot  qu'on  croyait  devoir  interpréter  par 
<  parler  »  signifie  aussi  en  hébreu  «  atteindre,  frapper  >»,  de  même 
qu'inversement  on  a  l'habitude  de  désigner  le  parler  du  prophète 
par  le  terme  «  firapper  »  (Isaïe,  xi,  4).  La  faute  de  Moïse  ne  con- 
siste donc  pas  dans  le  fait  qu'il  se  servit  de  son  bâton,  au  lieu  de 
la  parole,  mais  en  ce  que,  au  lieu  de  mentionner  Dieu  seul,  qui 
devait  faire  jaillir  l'eau  de  ce  rocher,  il  n'a  parlé  que  de  lui-même 
et  d'Aaron,  se  laissant  aller  à  dire  :  «  Ferons-nou^  sortir  pour 
vous  de  l'eau  de  ce  rocher?  » 

L'auteur  du  recueil  du  ms.  de  Dresde  était  aussi  un  disciple 
d'Ascheri,  au  nom  duquel,  chose  remarquable,  il  rapporte  plu- 
sieurs interprétations  que  nous  connaissons  par  le  commentaire 
du  Pentateuque  de  son  fils  R.  Jacob,  l'auteur  des  Tourim.  Quand 
il  mit  par  écrit  ces  explications  qu'il  se  rappelait,  R.  Ascher 
comme  R.  Dan  étaient  déjà  morts.  Tout  indique  que  R.  Dan  a 
survécu  à  R.  Sàlomon  ibn  Adret.  Nous  serons  donc  forcés  d*ad- 
mettre  que  la  formule  de  bénédiction,  ajoutée  d'habitude  aux  noms 
de  personnages  défunts,  qui,  dans  le  commentaire  du  Pentateuque 
de  Bahfa  b.  Ascher,  commr^cé  en  Tan  1291,  accompagne  le  nom 
de  R.  Dan,  a  été  ajoutée  seulement  plus  tard  par  lui-même  ou  par 
les  copistes  qui  ont  reproduit  son  ouvrage. 

S'il  était  vraiment  établi,  comme  Perles  l'admet,  que  la  lettre 
d'Ibn  Adret  à  Avila  a  été  écrite  entre  1290  et  1295,  il  faudrait 
admettre  pour  la  date  de  l'établissement  de  R.  Dan  en  Espagne 
les  dix  ou  même  les  vingt  dernières  années  du  xin«  siècle.  Cepen- 
dant il  n'est  nullement  sûr  encore  que  le  fils  d'Abraham  Sofer» 
naguère  parfait  ignorant  et  devenu  subitement  auteur  fécond« 
doive  être  identifié  avec  le  prophète  d' Avila  qui,  diaprés  la  rela^ 
tion  de  l'apostat  Abner*  de  Burgos,  plus  tard  nommé  Alphonse 
de  Yalladolid  dans  ses  Balallas  de  Bios,  a  prédit  l'arrivée  du 
Messie  pour  l'an  1295  ^  Nous  ne  pouvons  donc,  jusqu'au  moment 
où  de  nouveaux  documents  seront  trouvés,  risquer  une  indication 
précise  ni  quant  à  la  date  de  l'immigration  de  R.  Dan  en  Es-» 
pagne,  ni  quant  à  Tannée  de  sa  mort. 

David  Kaufmann. 

^  Perles,  ihid^^  pi  64)  note  24,  et  le.  Loeb,  dans  Rivue,  XVIII,  58.  Chez  Zunz| 
00S.  Sf^riftHi  III)  227,  oelte  prétendue  année  de  le^délirrance  n^çst  pee  ii^diqu^: 


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2d2  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


APPENDICE. 

F.  23  a  !  «^n^TDO  ba»  '■»D«  rT73  ^"C'^t  'nai  *{«b7D  nbi«  «^dd»  nan 

n"»m   i^"nDi    û'»D«b73   û"»ïr3Dn  a-'finpD®   13*^3^73  tm^np»    maDan 

.(II  chron.,  ixivi,  16)  û^^nb»  ■'Dfitbtta  t3"»a'»:^bî: 

F.  26  «  :  irwf:  nbi3®»  î-mna  rrttn  ma»  ta^nnon  bas  r^ctan 
[#c.  s-natn  tnnvn]  nnoM  n?  laba»  natî  i^ïto  nnin  m©»  n^ 
■«îDb  '»«  rTU5tt«  -«Db  û:?o  b"T  '^T3D«»  p  'nn  ^d»  •^ns^a^ji  in4\*i  'n-^m 
nna^T  nanD  niD«  T\Doa  «3  -^sn»  ■;■»»  ûfin  :^n  ba:^  nb-rw  b:^  rfap 
ta-'SDb  ^b  ï-n»y«  rf  arr  'a«  n^a  •»«3nb  bj^  "^d»  ûan  nbbp  "man 
nn»i  iDoa  'iba  "nana  n««  ntDrr  p  ^tt«  'rw»  "j-nn  t-inw» 
i^b«  ûttJi'i  nn«:>«  sibbpn  r^rr  iti  »^^n  -«d  '»3Db  -^nana©  m^tn 
.mo!i  ma  ma»  b«  ia«  -iaT3  »b  "^a  b-^a^an  ta«  ia«  r^npa 

F.  43«  :  i^m-iD  û^a  ûab  M-^arns  rrm  :^bo!i  ^wn  tam^n  r^  13^« 
(Nombres^xi.s)  ûnb  '»{«  n^aîii  :»boîi  lan  n««  b:^  innîn  ma»  wsw© 
i^bi  (^*irf.,  12)  n"«n  'nai  va-^TD  "jnDn  tarp3'»:^b  3^bon  b«  tamam 
ta'nDv  n^M  i^b  nb-^fii  na-i  mainp  n*»?!  ■'a  'iai  ■'3Ta'npnb  «^a  tanawin 
rfy  •»T3a««  p  'nn  -^Dta  -^nyatt)  p«  ybon  b«  nab  ma-n  pn  Jtdj^ 
nwa  innanb  s-f  an  ib  mar  pi  tan"»am  'ib  m:nn  tannan  ''■«  'o 
iKSfn  -inata  t-i-^am  (Exode,  xrn,  6)  nb«a  mcnoa  '••nai  nawen  ûa^Da 
n3'>a'»a  nnsnaa  i^a-na  rrvDWïi  by  man  «n-i"»©  n»an  ns^an  (0'»a-i)  û*»?: 
laon  «^D3  p  "laa  'abjfa  "nna-na  b"nn  (Je«.,  xi,  4)  vd  ûa«a  ro'» 
(Nombres,  xx,  10)  n-i7D««  b^  i«3M  îi»  bjf  p  ûfii  n"Én  ûrTom  onnaii 
^la'rn  nbm  ta'^a  'ab  t^'»ati''  'anb  taïib  n-^m  ta*^»  ûab  t^atia 
ma»  «•'fien  taa  (•*«.,  xn,  3)  ^mba^rra  t-i«-iD  b'»:^b  ''^d«  n^a  fcaatya 
bat»  'T'Tn  Vn  mn©  '••an  ma^a  iniTaa  «-^k  b"T  a-iM  Vn  nwo  13^ 
nn-^n  nTûÉt  û-niab  "ji«ba  îia^iû  rr^M  T^«  nntsn  r-it  rmCi]^)  'n*»  enian 

/•nonsna  nni  «b«  vn  miita 

F.  21  «  :  a'^TiT  (Kxode,  xxi,  1)  orpaob  D'élan  *n««  û-^ctoan  rrben 

•»3D  ï^î?  tarp3Db  mîiâ  irn  tarrai  bwan  û^^ttan  û^'atin  ûît3©  tSK 
.•i"-i3  •»T3aiDN  -!«{«  'nn  •niTs  "^DTa  iip-^iais  fcrrô  nasnrr  'n'»rr  a^ 

F.  41  *  (à  la  marge)  :  '731»  Vîi    n»   (Nombre?,  xi,  27)  rî3m3a   ta^itasnia 

r^n  nt  0"»3a73  3f«irp  là  p^â   iiaDa  msn  n^â  iip'»-ioi3  a^ÉÎâfriTi 

•b'natt  -i»«  'n  ann  onfiih]C')a3 


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NOTES  ET  MÉLANGES 


NOTES  EXÊGÉTIQUES 


I.  ExoDE^  xxit«  22. 

Ce  yerset  a  une  allure  embarrassée  à  cause  des  deux  phrases 
conditionnelles  tm  rrxfn  tr^y  bdt  et  *«bfi(  prz'^  pTt  M  *«:3,  qui  se 
suivent  d'une  manière  insolite.  De  plus,  les  pronoms  se  rappor- 
tant à  la  veuve  et  à  l'orphelin  sont  au  singulier  au  lieu  d*ôtre  au 
pluriel.  Ces  difficultés  nous  amènent  à  croire  que  la  phrase  bK  '^^ 
pyae,  etc.,  n'est  pas  à  sa  place  et  devait  suivre»  à  l'origine,  la  dé- 
fense d'opprimer  l'étranger  (20  a).  Les  mots  yn&ia  brr^ti  b'na  *>d 
ïï^nXQ  (20b),  qui  se  retrouvent  dans  Lévit.,  xx,  34,  ont  été  pro- 
bablement ajoutés,  et  c'est  peut-être  cette  addition  qui  a  amené  le 
déplacement  de  ^  bit  "«d,  etc.  Le  verbe  py^  aurait  donc  pour 
sujet  *-D.  La  phrase  pjr^  bât  rs,  etc.  est  explicite  par  elle-même  (cf. 
V.  26)  et  n'a  pas  besoin  d'être  complétée  par  le  verset  23,  qui  est 
la  suite  directe  et  nécessaire  de  22a  :  «  Si  vous  humiliez  (la  veuve 
et  l'orphelin),  ma  colère  s'enflammera.  • .  » 

On  attendrait,  il  est  vrai,  dans  22  a  bnâi  au  lieu  de  tim;  mais  il 
se  peut  que  Taltération  de  bni^  en  *in2i  se  soit  justement  produite 
sous  l'influence  de  22  &,  une  fois  que  cette  moitié  du  verset  avait 
été  déplacée.  Quant  à  l'alternance  deinsj^  et  r^'^n,  s'il  n'y  a  pas  de 
foute,  le  passage  du  pluriel  au  singulier  est  fréquent  dans  ces  cha- 
pitres. Les  versets  20  à  23  s'expliqueraient  donc  de  la  façon  sui- 
vante :  «  Tu  ne  vexeras  ni  n'opprimeras  l'étranger  (car  vous  avez 
été  étrangers  en  Egypte),  car  s'il  m'implore,  j'écouterai  sa  plainte. 
—  Tous  ne  tourmenterez  pas  la  veuve  et  l'orphelin.  Si  vous  les 
tourmentez,  ma  colère  s'enflammera  contre  vous  et  Je  vous  frap- 
perai par  le  glaive,  etc.  » 


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294  REVUB  DES  ÉTUDES  JUIVES 

II.  ^3  ET  tr>:nr). 

Oënéralement  on  ne  fait  pas  de  distinction  entre  ces  deux  mots, 
et  on  les  tradait  Tun  et  Tautre  par  «  nsare  »  ou  «  prêt  à  in« 
térôt  ».  La  différence  entre  les  deux  mots  ne  porte  pas  sur  la  na- 
ture de  l'objet  prêté,  comme  on  pourrait  le  croire,  en  se  fondant 
sur  Lévit.,  xxv,  3*7,  où  yo^  est  appliqué  à  l'argent  et  tv^yyû  (= 
tr^:n))  aux  aliments  ;  car  dans  Dent.,  xxiii,  20,  le  mot  "poa  est 
employé  à  la  fois  pour  les  prêts  en  espèces  et  pour  les  prêts  en 
nature.  Knobel,  suivi  par  Dillmann,  dans  son  commentaire  sur  le 
Lévitique,  a  l>ien  compris  que  Fun  des  deux  mots  devait  désigner 
le  prêt  usuraire,  par  lequel  on  se  fait  rembourser  une  somme  su- 
périeure à  celle  que  Ton  a  réellement  prêtée,  et  Tautre  le  prêt  à 
intérêt,  mais  il  a  interverti  les  significations  des  deux  termes. 
D*après  lui,  n*«a*n  serait  le  prêt  usuraire  et  yo^  le  prêt  à  intérêt. 
Or,  Tétymologie  de  yo^  et  de  mn^in  exige  Tinterprétation  inverse, 
car  ^),  morsurCt  serait  une  expression  bien  vagae  pour  le  prêt 
à  intérêt  ;  c'est,  au  contraire,  un  terme  précis,  s'il  désigneTopé- 
ration  qui  consiste  à  retenir  immédiatement  une  partie  de  la 
somme  prêtée.  L'usurier  mord  ainsi  sur  ce  qu*il  avance.  D'autre 
part,  rpa*n  ne  signifie  pas,  comme  Enobel  le  dit,  augmentation, 
mais  multiplication  et  indique  très  clairement  le  prêt  à  intérêt, 
dans  lequel  il  y  a  une  multiplication  partielle  ou  totale  de  la  dette, 
par  suite  du  payement  réitéré  d'une  somme  convenue.  On  doit  donc 
traduire  ^3  par  usure  (au  sens  moderne  du  mot)  et  rrtann  par 
prêt  à  intérêt.  Il  est  à  remarquer  que  la  MIschna  {Baba  Mecia^ 
V,  1)  explique  *^a  comme  nous  l'avons  fait  ;  mais  elle  entend  par 
h*«3*n  une  spéculation  sur  le  marché  à  terme.  Il  est  peu  probable 
que  la  Bible  y  ait  pensé. 

Mater  Lambert. 


LA  MORT  DE  TEZDEftERD  D'APRÈS  LA  TRADmON  JDITE 


Scherira,  dans  sa  fameuse  épitre  historique,  rapporte  que,* 
d'après  des  traditions  relatées  dans  d'anciennes  chroniques,  Yez- 
degerd  [II]  aurait  fait  subir  des  persécutions  aux  Juifs  de  Porse, 
mais  que,  Rab  Sama  bar  Babba  et  Mar  bar  Rab  Aschi  ayant 


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NOTES  ET  MÉLANGES  29S 

adressé  leurs  prières  à  Dieu,  un  monstre  vint  dévorer  le  roi  dans 
sa  chambre.  Ce  fut  la  un  de  la  persécution. 

Tezdf>gerd  II  mourut  en  457.  D'autre  part,  Scherira  et  le  Sèder 
Tannaîm  we  Amoraïm  disent  que  la  persécution  sévit  dès  455, 
date  de  la  mort  de  R.  Nahman  bar  Houna.  Ces  divers  renseigne- 
ments concordent  très  bien.  A  quoi  il  faut  ajouter  que  Tezdegerd, 
sous  rinfluence  des  Mages,  ayant  édicté  des  lois  sévères  contre 
les  Chrétiens  et  les  Manichéens,  il  est  vraisemblable  qu*il  a  en- 
globa les  Juifs  dans  les  mômes  mesures. 

Les  traditions  enregistrées  par  Scherira  ont  donc  jusqu'ici  tous 
les  caractères  de  la  vérité.  La  cause  de  la  mort  de  Yezdegerd,  on 
en  conviendra  sans  peine,  est  moins  vraisemblable.  Fabuleuse  par 
nature,  elle  contredit,  en  outre,  les  données  de  la  véritable  his- 
toire, qui  dit  que  ce  roi  mourut  à  la  guerre.  Un  tel  genre  de 
mort  n*est  pas  assez  extraordinaire  pour  donner  naissance  à  une 
légende. 

D*où  vient  donc  cette  fable,  qui,  sans  doute,  avait  cours  chez 
les  Juifs?  Il  n*est  pas  impossible  de  le  découvrir.  Voici  ce  que 
Tabari  raconte  de  Tezdegerd  I. 

Yezdegerd  était  un  homme  intelligent,  mais,  lorsque  la  cou- 
ronne lui  éjchut,  il  se  départit  de  ces  bonnes  dispositions  et  commit 
des  violences...  Il  versait  beaucoup  de  sang,  et  ses  sujets^  complè- 
tement réduits  [sic)  entre  ses  mains,  invoquèrent  Dieu  dans  leur 
affliction.  Il  s'en  alla  de  Madâïn  dans  la  Perside,  de  là  dans  le  Rer- 
mân  pour  se  rendre  dans  le  Khorasan,  et  partout  où  il  allait,  il  com- 
mettait plus  de  cruautés.  Alors  on  l'appela  Yezdegerd  aUAthim  «le 
Méchant),  et  quelques-uns  Yezdegerd  al  Khasckn  (te  Dur),  à  cause 
de  80D  injustice.  Il  régna  vingt  et  un  ans.  Quand  son  terme  fut 
arrivé,  un  cheval  indompté  vint  et  s'arrêta  devant  son  palais.  On 
n'avait  jamais  vu  un  cheval  aussi  beau.  On  en  informa  le  roi,  qui 
ordonna  de  seller  et  de  brider  le  cheval.  Mais  personne  n*osait  rap- 
procher. On  le  dit  à  Yezdegerd.  Il  sortit,  caressa  le  cheval,  lui  mit 
la  selle  et  la  bride  et  le  sangla.  Il  voulut  aussi  arranger  la  croupière  ; 
alors  le  cheval  lui  lança  une  ruade  et  Tatteignit  au  cœur  ;  Yezde- 
gerd mourut.  Le  cheval  prit  sa  course,  rejeta  la  bride  et  la  selle  et 
déchira  la  sangle.  Personne  ne  sut  d'où  il  était  venu  ni  où  il  alla. 
On  dit  :  C'est  un  ange  que  Dieu  a  envoyé  pour  nous  délivrer  '• 

Firdousi,  dans  son  Schah-Naàmé  (V,  519),  a  reproduit  une  tra- 
dition analogue.  Yezdegerd  le  Méchant,  souffre  d'un  saignement 
de  nez  rebelle  à  tout  remède.  Un  Mobed  lui  conseille  de  se  rendre 
à  la  source  de  Saou  ;  il  y  trouvera  la  guérison.  Il  y  va,  se  met  un 

^  CkrùnifUê  de  Tabari,  trad.  Zottemberg,  II,  p.  103-104. 


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296  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

pea  d*eau  sur  la  tête,  et  incontinent  le  flux  de  sang  s*arréte.  Ss 
gaérison  ne  lui  inspire  que  de  la  présomption.  Alors  sort  de  Teau 
un  cheval  blanc  d'apparence  Tantastique.  Il  ordonne  à  son  escorte 
d'entourer  le  cheval.  Un  vaillant  pâtre  part  avec  deux  chevaux 
dressés,  une  selle  et  un  lacet  pour  le  prendre.  «  Hais  que  savait 
le  roi  du  secret  de  Dieu  qui  avait  amené  ce  dragon  sur  son 
chemin  ?  >  Le  pâtre  ne  peut  Tatteindre.  Le  roi,  alors,  prend  lui- 
même  la  selle  et  la  bride  et  s'avance  vers  le  cheval  :  la  bête  doci- 
lement se  laisse  brider.  Le  roi  la  sangle,  «  et  ce  crocodile  ne 
bouge  pas  encore  de  place».  Yezdegerd  passe  derrière  pour  lui 
mettre  la  croupière.  Â  ce  moment,  le  «  cheval  aux  sabots  de 
pierre  »  pousse  un  cri  et  le  frappe  sur  le  front  des  deux  pieds 
de  derrière,  puis,  le  roi  mort,  se  précipite  vers  la  source  bleue, 
où  il  disparaît. 

Assurément,  la  trame  de  la  légende  persane,  qui  est  probable- 
ment Tœuvre  des  Mages,  n'est  pas  tout  à  fait  identique  à  celle  de 
la  tradition  juive.  Néanmoins,  l'air  de  famille  est  indéniable. 
Un  Yezdegerd  meurt  d'une  façon  surnaturelle,  par  le  fait  d'un 
monstre,  envoyé  par  Dieu. 

Les  Juifs  se  sont  bornés  à  une  transposition.  Yezdegerd  I,  dont 
le  principal  crime  parait  être  d'avoir  résisté  aux  conseils  des 
Mages,  fut,  dit-on,  bienveillant  pour  les  Juifs  de  mêiQe  que  pour  les 
Chrétiens  de  ses  Etats.  Par  contre,  Yezdegerd  II,  entièrement 
dominé  par  les  Mages,  fut  hostile  systématiquement  à  tous  les  dis- 
i^idents,  y  compris  les  Juifs.  La  transposition  s'imposait. 

Ces  lignes  étaient  écrites  et  imprimées  quand  je  me  suis  avisé 
de  lire  l'article  consacré  à  Yezdegerd  par  Rappoport  dans  soa 
Erech  MUlin,  Cette  lecture  ne  m'a  pas  décidé  à  jeter  au  panier  les 
quelques  mots  qu'on  vient  de  voir.  En  effet,  voici  comment  s'ex- 
prime en  résumé  ce  savant  :  Le  récit  de  Scherira  ne  ressemble 
pas  à  ceux  des  historiens  persans.  D'après  ceux-ci,  Yezdegerd  n 
ne  serait  pas  mort  de  celte  façon  singulière,  mais  soudainement. 
Les  peuples  de  l'empire,  et  en  particulier  les  Juifs,  qui  avaient 
beaucoup  souffert  du  règne  de  ce  tyran  racontèrent  chacun  à  sa 
façon  son  trépas.  Peut-être  les  ofdciers  eux-mêmes  furent-ils  la 
cause  de  ces  divergences.  Peut-être,  enfin,  s'est-il  mêlé  au  récit 
de  son  décès,  celui  de  la  mort  de  Yezdegerd  I.  On  disait  aussi  de 
Bahramgour,  père  de  Yezdegerd  II,  qu'il  avait  péri  en  tombant 
dans  un  puits  ou  dans  la  boue. 

L'hésitation  qui  se  manifeste  dans  ces  diverses  hypothèses  mises 
sur  le  même  rang  provient  du  laconisme  des  autorités  auxquelles 
8*en  est  référé  Rappoport.  Il  renvoie  à  Baumgarten,  Allgemeine 
Welthesioriej  IK,  §  651  et  659;  Richter,  Histor.  kHi.   Versueh 


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IfOTBS  ET  MÉLANGES  297 

ûber  die  Arsaciden  =  wid  Sassaniden  Dynastie \  s.  v.  Bahram- 
goitr,  et  Malcolm,  Eistoire  de  la  Perse,  I,  p.  99  (lire  p.  165).  Or, 
cet  auteur,  le  mieux  informé  des  trois,  se  contente  de  dire,  en 
parlant  de  Tezdegerd  I  :  «  Les  Persans  nous  présentent  ce  mo- 
narque comme  un  prince  cruel,  dénué  de  vertu,  abandonné  à  la 
débauche,  et  l'on  nous  dit  que  la  nation  se  réjouit  lorsqu*après  un 
règne  de  seize  ans,  il  Ait  tué  par  un  coup  de  pied  de  cheval.  »  Si 
Rappoport  avait  eu  connaissance  des  relations  fabuleuses  de  la 
mort  de  Yezdegerd,  peut-être  aurait-il  affirmé  avec  plus  d'assu- 
rance la  transposition. 

Mais,  timide  en  ce  point,  Rappoport  ne  craint  pas  d'avancer  une 
conjecture  singulièrement  hardie.  Qui  sait,  dit-il,  si  ce  ne  sont  pas 
les  historiens  persans  qui  se  trompent  et  si  ce  n*est  pas  en  réalité 
à  Tezdegerd  II  qu*à  Toriglne  aurait  été  rapportée  cette  histoire 
fabuleuse  ?  En  efifet,  ajoute-t-il,  Scherira  doit  nous  inspirer  plus 
de  confiance  que  les  écrivains  persans,  ayant,  lui,  consulté  des 
documents  plus  rapprochés  des  événements.  Il  a  mis  à  profit  les 
chroniques  des  Saboraïm,  qui  ont  vécu  peu  après  la  mort  de  Yes- 
degerd. 

Rappoport  a  trop  tiré  sur  les  termes  de  Scherira.  Celui-ci  dit 
simplement  :  na  'win  ïTb-n  pnc  nm^an  «ann  ïrna  ôwd  an  ^b»  îTinai 
■«lam  '»:^a'7  ûnmnaT  nsoa  ains  is-^Nm  n-^îi^DH-in  i%  y^ywi  ■»;dk  an 
vmm  bîaan  naaiD»  n-^aa  fiob»  T^wrh  fitt-'sn  rr^ban  «  Après  lui  présida 
Rab  Sama,  fils  de  Rabba.  A.  cette  époque  et  au  temps  de  Mar  bar 
R.  Aschi,  nous  avons  appris  des  ancieiis  et  nous  avons  lu  dans 
leurs  chroniques  qu'ils  prièrent  et  un  dragon  engloutit  le  roi  Yez- 
degerd dans  sa  chambre  à  coucher.  Alors  cessa  la  persécution.  » 
Or  le  mot  anciens  ne  désigne  pas  sûrement  les  Saboraïm,  il  peut 
tout  aussi  bien  viser  les  Gaonim,  antérieurs  de  quelques  généra- 
tions à  Scherira. 

On  n'attend  pas  de  nous  que  nous  discutions  autrement  la  thèse 
de  Rappoport. 

Israël  Lévi. 


Leipzig,  1804. 


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298  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

UN  FRAGMENT  DE  L'ORIGINAL  ARABE 

DU   TRAITÉ   SUR  LES  VERBES  DÉNOMINATIFS 
DE  JUDA  IBN  BAL  ÂM 


On  s^itqa'outre  son  commentaire  de  la  Bible  et  quelques  autres 
écrits  sur  lesquels  nous  ne  possédons  pas  de  renseignements 
précis  \  Juda  ibn  BalAm,  qai  florissait  vers  la  fin  du  xp  siècle,  a 
publié  trois  petites  monoprraphies  lexicales.  Ces  monographies, 
conservâmes  seulement  dans  une  version  bébraTque  et  sur  les* 
quelles  M.  Derenbourg,  le  premier,  a  appelé  Tattention  *,  sont  les 
suivantes  : 

1**  Le  livre  des  homonymes.  Le  fameux  ms.  de  Paris  (n«  1221, 
f»  1-17),  le  seul  qu'on  connaisse  de  cet  ouvrage,  présente  des  la- 
cunes ;  il  ne  commence  que  par  la  fin  de  la  lettre  a.  M.  Dukes  en  a 
donné  des  extraits*.  Estorl  Parhi*  cite  l'article  fcn)D  dont  il  est 
souvent  question,  et  il  appelle  ce  traité  o^^ynn  n&D.  Ce  titre  est 
probablement  la  traduction  de  Tarabe  D*^3iunb^  ns^no.  Nous  devons 
pourtant  faire  remarquer  qu'Isaac  ben  Samuel  lia-Sefardi,  qui 
cite  ce  même  article  dans  son  commentaire  sur  II  Samuel,  vi,  13, 
fait  précéder  sa  citation  de  ces  mots  :  "^d  nb  tiphixn  "«d  rrvffv  'n  Vaip 
D3fiû%3b2n  pafiimsbK  '^.  Il  ressort  en  même  temps  de  cette  citation 
ciiez  lâaac  beu  Samuel  que  la  traduction  hébraïque  est  incomplète, 
fait  que  M.  Steinschneider  avait  déjà  constaté  ^  d'après  la  citation 

i  Ces  éerils  sont  :  Un  traité  cité  par  Ibn  Balftm  lui-même  aoua  le  nom  de  r03 
K*^p73bK  <iin8  son  commentaire  aur  Nombres,  zx,  19  (éd.  Pucha,  p.  tiii  ;  cf.  ê«ê 
notes,  p.  zxix)  ;  un  traité  sur  lea  miraclea  de  la  Bible ,  frmnbK  nMT2a^?3  *t^:^ 
nC^ISSVfin,  mentionné  par  Moïse  ibn  Bzra  dans  sa  Poétique  (cf.  Ripue,  XVII,  180), 
et  enfin  ^iCUSndcbM,  cité  par  Inn  Baroûn  (éd.  Kokowzow,  p.  21),  que  M.  Derenbourg 
identifie  à  tort  avec  le  Éfnpn  T^TIH  (cf.  OpuseuleSy  p.  xlvii  ;  voir  autei  Stein- 
schneider, Die  hebr,  Uebers.,  p.  914,  note  63).  Ce  dernier  ouvrage  s^appeileen  arabe 
*1NpbK  ÏTN*in  et  n'est  probablement  pas  dlbn  BalAm.  Voir  Wickea,  ^t)3^0 
n"»»,  p.  104. 

*  Wissentch.  ZeUsehr,  /*,  Jûd.  Théologie^  V,  408.  Nous  devons  faire  remarquer  que 
M.  Derenbourg  ne  tient  pas  compte  de  la  première  monographie,  celle  des  homo- 
nymes.  Voir  Fuchs,  npiTlH,  I,  117,  note  2,  et  Studien  ûber  Ibn  Baiâm,  p.  7,  note  12. 

*  Ltbl.  d.  Orients,  Vil,  659  661  ;  IX,  456-458. 

*  mon  mnBD,  ch.  Lvm. 

*  Publié  (.ar  M.  Murgoliouih  dans  Jemitk  Qnarterly  Sêview^  X,  397. 

*  Jikl.  Ztitickrift  de  Qeiger,  II,  309. 


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NOTES  ET  MÉLANGES  290 

de  ce  même  article  dans  les  «  règles  de  la  jugulation  »,  en  arabe, 
de  Samuel  ibn  DJami*. 

2*  Le  livre  des  particules.  Le  titre  arabe  de  ce  traité,  attro 
*^3M973b&(  tfnn,  est  indiqué  par  Ibn  Balâm  lui-même  dans  son  com- 
mentaire sur  Deut.,  xxiv,  20  *  et  le  titre  hébreu,  û-^ri^^  nrmH  *idd 
se  trouve  dans  le  ms.  de  Paris  ((^  17-34)  ^  M.  Fuchs  a  commencé 
la  publication  d*une  très  bonne  édition  de  ce  ms.  '  ;  malheureuse- 
ment, par  suite  de  la  mort  prématurée  de  Téditeur,  cette  publica- 
tion s*est  arrêtée  au  mot  &ei. 

^  Le  livre  des  verbes  dénominaiifs.  D'après  le  passage  du 
commentaire  d'Ibn  Balâm  mentionné  ci-dessus,  ce  traité  formait 
un  appendice  à  ce  qui  précédait  et,  par  conséquent,  n*avait  pro- 
bablement pas  de  titre  particulier^.  La  traduction  hébraïque,  in- 
titulée nittîDn  m^vn  tatro  trb^n  "iw  *,  a  été  publiée  d'abord  par 
0.  Pollak  dans  \>rran,  III,  221-222  et  229-230,  d'après  le  ms.  de 
Leyde  (ms.  Warner  56,  (^227-230),  puis  par  B.  Ooldberg  dans  ^^ 
fibv,  II,  53-61  (Paris,  1879),  d'après  le  ms.  de  Paris  (n®  1221, 
P>  34-47).  Enfin,  M.  Hirschensohn  avait  commencé  la  publication 
d'une  nouvelle  édition  dans  n^i-noTan,  1, 21-23  et  42-47  (Jérusalem, 
1885),  d'après  un  troisième  manuscrit  appartenant  à  un  particulier, 
et  l'avait  accompagnée  d'un  commentaire  étendu,  mais  étranger  à 
l'ouvrage  ;  il  n'a  pas  dépassé  la  lettre  m. 

Comme  nous  l'avons  dit,  ces  monographies  ne  se  sont  conser- 
vées que  dans  une  version  hébraïque.  On  ne  trouve  des  débris  de 
l'original  arabe  que  dans  les  gloses  dOxford  sur  le  Kilâb  al-OusotU 
d'Âbou-1-Walld.  Ces  gloses,  sur  lesquelles  M.  Fuchs  avait  appelé 
l'attention ',  et  qui  ont  pénétré  en  partie  dans  le  texte  du  Kitâb 

*  Bditioû  Fuchf,  p.  xx  :  p  rrpniDTab»  bb«D»bN  nnn  p  nnDT  npi  ••• 

^DW73b«  t\m  afitriD  ni»  "«D  nnb^X  nbnâ  «WO«b«.  Mais  dans  son  com- 
meniaire  inr  Isale,  vu,  4,  il  l'appelle  CjlinbK  aKPS  (voir  la  note  de  M.  Deren- 
bourg  êd,  /.  el  npifin,  1, 118,  note  1). 

•  L'autre  ms.  de  Paris  (n»1251,  f«  91-108)  n'est  qu'une  copie  du  n»  1221  ;  voir 

npinn,  i.  200. 
'  npirn,  i,  113-128;  193.206;  340-342;  11, 73-83. 

*  Voir  note  3.    Dans  ses    gloses  sur  Isale,  m,  16,  Ibn   Balftm   le  cite   aussi 

sans  titre  spécial  :  p  iji)  «riî»  vyym  nb^DJ  "«D  nbobb»  Tnn  n-iD'î  npn 
*îb«  so^y  «nb  q-'nxn  «b  ■«nb»  M7:DfitbM  p  r:?anpN  «73»   (bNj^cNbx. 

Moïse  ibn  Ezra  dit,  dans  sa  Poétique  [cité  par  M.  Derenbourg,  dans  Bevus,  XVil, 
173,  note  5),   qu'Ibn    Balftm   n'a  pas  épuisé  le   sujet  :  [tic]   t|innbfi<   TilT^  ^Dl 

rïb^  «rD73  3^t)à  V't  nybn  p  «^dt  ■•n^b  t[^M2  «wD^b»  \J2  npn«9:bK 

ÉKTO  bipbfit  )T?nD"»  obi  rinbNX.  D'un  autre  côté,  ce  iraiié  ne  paraît  pas  nous 
dire  parvenu  en  entier  (cf.  ib,,  note  4). 

'  Salomon   d'Urbino,  qui  cite  plusieurs  fois  cette  monopraphie  dans   son  b^7fit 
*1T(12  (•rticlc»  bba,  yW%  bpTD\  l'appelle  simplement  û^b^^DH  1D0. 

•  npinn,  i,  122. 


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300  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

al'Ousoûl,  sont  incorrectes  et  incomplètes.  Tout  autre  vestige  de 
l'original  arabe  semblait  avoir  disparu,  quand  le  hasard  m'a  mis 
en  possession  d*un  fragment  du  troisième  traité.  Récemment,  la 
bibliothèque  synagogale  d'ici  (Varsovie)  a  acquis  de  M.  Eauffmann, 
de  Francfort,  quelques  fragments  de  compositions  liturgiques  qui 
viendraient  d'Egypte,  et  parmi  ces  morceaux  j'ai  trouvé  le  flrag- 
ment  en  question.  Il  se  compose  de  quatre  petites  feuilles,  d'une 
écriture  orientale  très  nette,  et  contient  depuis  le  paragraphe  yn 
jusqu'à  bon  ;  ce  qui  forme  environ  le  cinquième  de  la  totalité. 
Je  me  réserve  pour  une  autre  occasion  la  publication  et  l'exa- 
men de  ce  fragment  et  fiiis  remarquer  ici,  en  passant,  qu'il  con- 
tient un  paragraphe  (pns)  que  la  traduction  hébraïque  a  totale- 
ment omis.  Le  voici  :  r^TsobM  npna»  fran:^b«  '»dt  pna  pina  pna 

On  a  sans  doute  omis  ce  paragraphe  parce  qu'il  ne  présente  de 
rintérét  qu'au  point  de  vue  de  l'arabe.  Il  se  rencontre  encore 
d'autres  passages  qui  se  rapportent  à  la  langue  arabe  et  qae  le 
traducteur  a  abrégés  ou  laissés  de  côté,  phénomène  qu'on  peut 
constater,  d'ailleurs,  dans  d'autres  versions  hébraïques  d'ouvrages 
arabes.  C'est  ainsi  qu'à  la  fin  de  l'article  i)&n,  la  traduction  dit 
simplement  bKratD*»  ^nv)bn  nt  *)7:d*),  tandis  qu'on  lit  dans  Toriginal  : 
(b'»pnbK , c'est-à-dire)  pnb«  p  bnpnoTa  bjc  rrbo  miDT  *^nbi^i  ^ot 
m:fn  "^rn  «npnrn  ■»«  iidt  «rein  ikdi  «nb»  iîi»^ib  '>y»y^b»2  pnb» 
!n«73n  iis^w»  nnTTan  n6^  i^wm  iKmpb«  i^  Kinb«  rh^p  rv^i  vnixtn 
n3«aip  n^up  •'D^^Tan  ûnDb»  mip  ans^b»  û«bD  ■»Dn  *. 

Même  remarque  pour  le  deurièroe  article  nTsn,  qui  est  ainsi 
conçu  dans  l'original  :  ûD«bfit  p  qnitntt  bn)b«  «i^a  m^nm  ^«n 
^t  IT»:^  xn  ànà"»  nctb»  Dfinp  '»d  ma»  "^la  im  n»pbK  ît:«  b"»p  k»  yD^ 
tshy»  nbbKi  ^^ï^  1»  a-^np  im  ncpb»  j^ji*»»  mo  ûàim   •p»b«. 

La  version  hébraïque  présente  encore  d'autres  inexactitudes 
et  lacunes.  Elle  dit,  par  exemple,  à  l'article  ûQ^  :  nsv  'n  "tstn 
•nnoDtt  ima  ys.  Or,  l'original  dit  expressément  qu'il  s'agit  du 
Kilâb  al'taschwlr  d'Abou-1-Walld,  ouvrage  qui  a  été  perdu.  Voici 
le  passage  :  ^xynn  \ù  )^rr^  bn  iwa  tt-naa»  û-'ian  ■»bana  «■»?!  d«a 
•^D  ïm^T  ann»  mo  T»bibK  ■»a«bi  û3?t  ûT»a  n^a^a  ïN«bi  roTan  nanb« 
!i73ttDa  nn'^  «b  i»a  6^730»  nb:^i  n"»i«nbx  ria  >. 

<  Ce  ptraf^rtphe  se  trouve,  tvec  de  légères  varianted,  dans  les  gloses  d*Oxford 
sur  VOuiùûl  (col.  114,  noie  69)  ;  enlre  autres  corruptions,  oo  y  lit  ")^n  fiT*  eu  lieu 
de  T»T  «•». 

*  Ce  paragraphe  aussi  se  retroave  en  partie  dans  les  glotes  sur  VOuaûl  (ool.  167, 
note  49)  ;  cl.  Ibn  Balftm  sur  Isale,  z,  33;  Lomm%^  143,  7,  et  147,  14,  et  OpuêcuUt, 
174. 

*  Cf.  Om^ûl^  <.  9  ,  ol  OputeuUs^  p.  xbié 


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NOTES  £T  MÉLANGES  301 

Enfin,  nous  reproduirons  encore  ici  Tarticle  ivrt  qui  mentionne, 
à  côté  d*Al)ou-l-Waltd,  Âbou  Ibrahim  ibn  Taschooscb  :  *UT*)  'n^^'i 
c'est-à-dire),  pn«6^bK  fcnn  bPTai  pn  nera  n»«  na^n1 1»  îi3id  ainb 
p  v^^b»   nbn^^ttb»  1»  (b"9n  ,c*e8t-à-dire)  pn  nafc^  »b«  (pfc«pniD6^bfii 

ma*»-!  rb»  s^n»  ûnoon  ■»m3'»a  VnTa  ^4tib«  ciiîn»  rrs»  rpD  Î5«  fn 

Ce  dernier  extrait  montre  que  la  traduction  hébraïque,  qui  fait 
précéder  la  citation  d*Ibn  Yaschousch  de  ces  mots  :  prDt*»  'n  n^sMi 
pnpTi  "-UDDa  y?  W9f>  p,  n'est  pas  tout  à  fait  conforme  à  ToriginaK 
Car  le  traducteur  change  la  Kounia  arabe  (Abou  Ibrahim)  en  son 
équivalent  hébreu  (prDr>)  et  ajoute  le  titre  de  Touvrage  d*Ibn 
Taschousch.  Dans  le  ms.  de  Leyde  (ou  «"nD**  est  devenu  par  cor- 
ruption «rrp),  on  ne  trouve  pas  les  mots  pn-ipin  ncoa. 

Ce  petit  nombre  d*extraits  qui  nous  avons  donnés  sufflsent  pour 
prouver  Timportance  de  Toriginal  arabe  et  fait  comprendre  que 
nous  souhaitions  de  voir  paraître  Touvrage  tout  entier. 

Vtrsovie,  tvril  1898. 

Samuel  Poznanski. 


R-  SABBATAÏ 

AMORA  PALESTINIEN  DU  IIP  SIÈCLE» 


Les  halakhot  formulées  par  cet  amora  sont  rapportées  par 
Assi*  et  Krouspedaï*,  disciples  de  Yohanan.  A  propos  d'une  règle 

'  Ce  p«ragrtphe  se  UouTe  également  en  partie  dans  les  gloses  sur  Ousoûl  (col. 
152,  nota  43,  et  eoU  153,  note  62).  Cf.  Dukes,  daos  UbU  d.  Orients,  IX,  509,  note  21  ; 
Steinschiieider,  Stèr.  BibUogr.,  XX,  9  ;  Fuchs,  npiriTIi  1, 166,  et  Studien,  p.  19. 

*  Extrait  du  3«  volume  de  mon  Agada  dirpalâtt.  Amorâerj  ch.  XXI,  paragraphe  81, 
▼olume  qui  Ta  paraître  prochainement. 

*  J.  ÈalU^  58  c,  1.  35  (Hiyya  b.  Abba  rapporte  la  même  halakha  au  nom  de 
Simon  b.  Lakisch)  ;  J.  Sanhédrin,  28  a  (dans  b.  Sanhédrin,  69a,  c'est  Krouspedat 
qui  rapporte  cette  halakha);  j.  Baba  Batra,  17 c,  l.  27  (=  j.  Guittin,  50  e,  l.  19)  ; 
j.  Sanhédrin,  2\d,\.  22;  Baba  KamwM,  112&,  où  il  faut  lire  "^DM  %  au  Heu  de 
*nDfi(  '-1  (cf.  Dihdouhè  So/brim,  XII,  272).  Dans  Mebâ,  124  a,  Frankel  soutient  à  tort 
que  ce  ^Ofit  est  identique  avec  Yosé,  le  collègue  de  Yona. 

^  Sanhédrin,  69a;  Nidda,  46  a.  Voir  aussi  la  note  précédente.  Sur  Krouspedal, 
voir  Agada  der  pal,  Awwrêer,  \,  219. 


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302  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

de  procédure  que  Sabbataï  établit,  le  Talmud  cite  en  même  temps 
Tobjection  faite  à  cette  règle  par  Yohanan  et  Tapprobation  de 
Yosé  bRU  Haiiina*.  Sabbataï  lui-môme  rapporte  diverses  asser- 
tions de  Hizkiyya  b.  Hiyya  «.  Après  la  mort  de  Sabbataï,  ses  fils 
accusèrent  la  veuve  devant  Eléazar  ben  Pedat  de  dissiper  la  for- 
tune de  leur  père  ^.  Les  halakhot  de  Sabbataï  sont  pour  la  plu- 
part de  caractère  Juridique,  et  deux  de  ses  agadot  se  rapportent 
également  aux  juges  et  aux  procédés  quils  doivent  employer. 

Comme  on  demandait  jusqu'à  quel  point  le  juge  devait  se  montrer 
patient  à  Tégard  des  plaideurs,  il  répondit  en  invoquant  l'exemple 
de  Moïse  (Nombres,  xi,  12)  :  «  Gomme  le  nourricier  supporte  son 
nourrisson^.  »  Pour  indiquer  que  Tintégrité  doit  être  le  premier 
dpvoir  du  juge,  il  s'exprime  en  ces  termes  pittoresques  '  :  a  Le  juge 
doit  être  aussi  innocent  que  le  bâton  et  la  lanière  (c'est-à-dire  les 
instruments  qui  servent  à  exécuter  sa  sentence),  afin  qu'il  n^arrîve 
pas  que  lui  soit  suspect  tandis  que  le  bâton  et  la  lanière  sont  con- 
venables®. »  D'après  le  Talmud  de  Babylone%  c'est  Tobanàn  qm 
a  rattaché  une  recommandation  de  ce  genre  à  Deutér.,  i,  16. 

A  propos  de  l'histoire  du  païen  Dama  ben  Netina,  Sabbataï  fait 
remarquer  que  Dieu  agit  toujours  avec  justice,  et,  s'appuyant  sur 

^  BûhaKamma^  1123. 

'  J.  GuUtin^  kkd,  1.  50  (b.  Guittin,  26  3);  Baba  Batra,  163a.  Dans  Niidtiy  27  h^ 
Sabbataï  rapporte  une  balakha  d'isaac  de  Magdala  ;  mais,  diaprés  une  autre  leçoo, 
c*e8t  ce  dernier  qui  l'a  rapportée  et  c'est  Sabbataï  qui  en  est  l'auteur. 

*  J.  Sota^  19  <l;  j.  Baba  Batra^  16(/.  G^est  probablement  à  ce  môme  fait  que  se 
rapporte  la  déclaration  de  Dimi  relaiire  à  la  bru  de  Sabbataï,  dans  Kêfoubot^  96  •. 

*  Sanhédrin,  Sa  :  "^nn^  'H  K73'«n'*«n  iDn  'n.  H  faut  peut-être  corriger  pn  en 

s  Ces  mots,  dans  Pesikta  r.,  cb.  xxxiii  (149  b),  sont  rattachés  à  une  asserUon  da 
tanna  Eléazar  (b.  Schammoua)  ;  cf.  Agada  d.  Tann,^  II,  281,  et  Ag,  d.pal,  Amor,^  I, 
59,  Us  s'appuient  également  sur  ce  fait  que  D^£3S1)Z)  et  D^^SSIID  sont  placés  l'un  à 
côté  de  l'autre.  Dans  Deut.  rabba^  ch.  v,  §  5,  on  trouve  une  autre  leçon,  commençant 
par  ^n^K  I^S^-  Elle  débute  par  les  mots  UCI^D  *1£31lDn  fitïl^,  qui  éUient  sans 
doute  ainsi  à  l'origine  :  *1k31)D^  DSI^Dïl  MmD.  Mais  il  se  peut  aussi  que  dans 
Deutér,  r,  il  s'agissait  de  Tintégriié,  non  pas  du  juge,  mais  du  fonctionnaire  chargé 
d'exécuter  la  sentence.  Dans  Tanhouma  sur  D^SSDlâ  (éd.  Buber,  §  3),  ce  passage  a 
disparu. 

*  'nm  'Tom  ^^wn  »iv  Nb©  îij^nsrnn  •^Dbfi]  bpwn  -^cb  «rr«  \^t^  yn'Z 

Û'nU5D.  L'expression  NimDTD  "^sb,  après  îlJ^nitnn  ''Db,  signifie  probablement  : 
tout  autre  instrument  avec  lequel  on  applique  le  châliment.  Q^n)D3,  par  opposition 
à  *7*))Sn,  est  une  bonne  correction  proposée  par  M.  Friedmann,  pour  &^nV)p.  Le 
mot  D'»bl*12l  qui  précède  doit  être  rayé. 

^  Sanhédrin^  7  b  :  T*>1T  Nnn  ns^litm  bp)3  *ia33,  en  d'autres  termes,  sois  ausn 
zélé  comme  Juge  que  le  b&ion  et  la  lanière  le  sont  comme  agents  d'exécution.  Le 
«  bftton  et  la  lanière  i  sont  également  personnifiés  dans  Qênète  rabba^  ch.  xxvi,  §  6, 
où  Bléazar  b.  Pedat  (II,  23)  déclare  qu'un  homme  seul  peut  se  rendre  coupable  en 
offensant  des  hommes  et  où  Houna  b.  Qorion  ajoute  i  ïlJ^l^tH  ib^Cfil  bp?9  ib^CM 
«  Le  bftton  et  la  lanière  peuvent  aussi  se  rendre  coupables  •  en  outrepassant  leur 
droit. 


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NOTES  ET  MÉLANGES  303 

le  verset  de  Job,  xxxvii,  23  :  a  II  n*opprime  pas  la  justice  »,  il 
déclare  que  Dieu  récompense  également  les  bonnes  actions  des 
païens  *.  Enfin,  deux  assertions  de  Sabbataï  se  rapportent  à  la 
légende  de  la  captivité  du  roi  loïakira  *. 

Une  agada  de  caractère  e;$chatologique  racontant  que  Dieu 
traite  les  Justes  au  Paradis  comme  des  enfants  gâtés,  daprës 
Psaumes,  cxli,  5,  est  attribuée  à  Sabbataï',  mais  elle  parait  être 
moins  ancienne,  et  le  nom  de  Sabbataï  ne  semble  se  trouver  là 
que  par  une  pseudépigrapbie  ^. 

W.  Baguer. 


'  J.  Péa,  15(7  ;  j.  Kiddoutekin,  61  b  ;  P^siàta  r,,  ch.  ixxn  (124a). 

*  Zéoiiiçmâ  rabba,  ch.  xiz,  à  la  fin. 

>  SeAokêr  Tob,  ad  l. 

4  Voir  Réfmê,  XXXIII,  46,  et  XXXV,  227.  -  M.  kradl  LéTi  croit  que  le  Sabbataï 
de  la  Peêikta^  ch.  xxzui,  est  un  auteur  plus  récent,  probablement  originaire  d'Italie, 
ou  UD  personnage  ima^dnaire,  comme  dans  Srhoker  Tob  (Bsvuê^  XXXIl,  281).  Mais 
set  aigoments  (ib,,  XXXV,  225  s.)  ne  me  paraissent  pas  probants. 


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BIBLIOGRAPHIE 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE 

2*  TRIMESTRE  1898. 

{L$$  indMêÙHU  en  françaii  gui  tuitent  le$  titra  héhreua  ne  sont  pus  de  Pêuteur  du  lf9i% 
mais  de  Pauteur  de  la  hibliograpkie^  à  moins  qu'elles  ne  soient  entre  çuilleuêetê^) 


1 .  Ouvrages  kétretw. 

nmûm  m^M  'D  Dissertations  sur  le  Judaïsme,  par  J.  J.  Reines.  Vilna> 
Romm,  1898  ;  gr.  in-S®  de  viii  +  245  p. 

pAM  Hagoren.  Abtaandlungon  ûber  die  Wlsscnscbafl  des  Judenthums  rc- 
digiert  von  S.  A.  Horodezlcy.  L  Bucli.  Berditschow,  impr.  Scheflcl,  1898; 
in-8»  de  102  +  86  p. 

Très  intéressant  recueil  d^étadei  scientifiques.  Il  reDferme  les  articles  sui- 
TtQts  :  Moïse  Isserlès,  par  l'éditeur  ;  —  Notes  de  Senior  Sachs,  publiées 
par  M.  S.-J.  Halberstam;  —  Biographie  de  Mahram  Lublin,  par  Joseph 
LœweDStein  ;  —  Etude  sur  le  mSme,  par  Téditeur;  •»  Les  surnoms  des  rab- 
bins du  Talmud,  par  S.  Laulerbacb;  —  Explications  de  passages  difficiles 
des  deux  Talmuds  et  des  Midrascbim,  par  W.  Bâcher;  •»  Biographie  de 
Hirsch  Hanau  et  lettres  de  David  Oppenbeim  le  concernant,  par  D.  Kauf- 
mann;  —  Extraits  inédits  de  Saadia,  par  À.  Harkavy  ;  —  Notes  et  correc- 
tions aux  extraits  du  Dictionnaire  dlbo  Djanah  publiés  par  Luzzatto  dans 
le  Kérem  Hémed,  III,  p.  34-47,  par  W.  Bâcher;  —  Salomon  Louria  et  la 
CSabbale,par  Téditeur;  —  Prières  composées  par  Naftali  Cohen,  TadTersaire 
de  Hayyoun,  publiées  avec  des  notes  par  Péditeur;  —  Généalogie  de  la 
famille  Louria,  par  Joseph  Katz. 

&^11p  ny^  'D  Notes  biographiques  sur  les  familles  Eisonstadt,  Bach- 
racta,  Gunzbourg,  Heilprin,  Merowitz,  Mintz,  Friedland,  Kalxenellen- 
bogen,  Rappoport  et  Rokëab,  sur  les  Juifs  qui  furent  victimes  d'une  ac- 
cusation de  meurtre  rituel  à  Razinal,  en  Lithuanio  (1650),  par  IsraCl 
Tobia  Eisenstadt,  avec  Tëdit  d*interdil  lance  par  Jacob  Pollak  contie 
Abraham  Mintz ,  en  1520,  et  une  liste  des  rabbins  d*Italie  de  1518  h 
1818,  par  S.  Wiener.  Saint-Pétersbourg,  Bermann,  1897-8;  in-8*  de  216 
+  80  +  80  p. 


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5>: 


BIBLIOGRAPHIE  30^) 

^"^^■^  Jérusalem.  Jahrbuch  zur  Bcfôrderung  einer  wififlenschaftlich  ge- 
l'^^T^  Kenntniss  des  jelzligon  u.  des  allen  Palâslinas  hrsgg.  von  A.  M. 
'*'^Ci^,  BaDd  V.  Ileft  1.  Jérusalem,  chez  l'auteur,  1898  ;  in-S"  de  92  p. 

ContieDt  :  C.  Schick,  L'emplacement  du  temple,  avec  notes  de  Téditear; 
- —  Friedmann,  Asie  ;  —  Luncz,  Habbins  et  savants  palestinien",  par  ordre 
alphabétique;  —  A.  Harkavy,  lettre  de  Jérusalem  du  xiii*  siècle,  racontant 
^es  persécutions  subies  par  if  s  Juil's  do  cette  ville;  —  D.  Kaurmano,  Lettre 
envoyée  de  Palestine  à  la  communauté  de  Carpi  en  1625. 


rr\t\ 

ni^^^rt^  «  Caftor  Va-Phorah.  par  Estori   ba-Parchi,  le  premier  explo- 


,  de  la  Terre-Sainte.  Nouvelle  ëdilion,  avec  nombreuses  notes  et 

^•^^alions,   par  A.  M.   Luncz  ».  T.  I.  Jc'rusalem,  impr.  Luncz,  1897; 
^*X«^       de  xLii  4"  3Tf6  p.  (1^  volume  d'une  «  Collection  d'ouvragci  sur  la 
^^%.ine»;.  » 

M.  L.  a  été  bien  inspiré  en  publiant  de  nouveau  Touvraj^e  fameux  d'Bs- 
tori'Wrhi,  édité  en  1949  à  Venise,  puis  à  Berlin  en  1H59,  mais  avec 
de  nombreuses  fautes.  L  auteur,  comme  on  le  st>it,  e»t  le  premier  des 
rares  rabbins  du  moyen  Age  qui  se  soient  occupés  de  l'archéologie  de  la 
Palestine.  Exilé  de  France  en  1306,  après  un  court  séjour  à  Perpignan  et 
i  Barcelone,  il  a'était  rendu,  en  s'arrôtant  au  Caire,  à  Jérusalem.  Soit  qu'il 
efcomptftt  Parrivée  prochaine  du  Messie  ,  soit  amour  de  la  Palestine,  il 
résolut  de  réunir  toutes  les  lois  qui  se  rapportent  à  ce  pays  et  qui  seraient 
applicables  en  cas  de  restauration  de  l'État  juif.  Pour  cela,  il  se  proposa, 
avant  tout,  de  tracer  les  limites  du  pays.  Dans  ce  but,  il  consacra  sept 
années  à  l'exploration  de  la  Terre  Sainte.  En  1322,  son  travail  était  ter- 
niDé  :  il  avait  relevé  les  frontières,  identifié  les  noms  géographiques  de  la 
Bible  et  du  Talmud,  décrit  la  flore,  comparé  les  dimensions  du  temple 
d'après  le  Talmud  avec  celles  do  la  montagne  où  il  s'élevait,  déterminé 
Téquivaleuce  des  anciennes  monnaies  et  me£>ures  avec  celleti  de  son  temps. 
«  Son  ouvrage  est  donc  une  mine  de  renseignements,  particulièrement  pour  la 
Idéographie  de  la  Palestine.  11  note  avec  soin  la  dislance  des  localités  entre 
elles  et  leur  nom  arabe  actuel.  Pour  faciliter  l'étude  que  mérite  cette  première 
archéologie  juive  de  la  Palestine,  M.  L.  s'est  avisé  d'un  excellent  expé- 
dient. 11  a  imprimé  en  lettres  rabbiniquesles  passages  qui  traitent  de  ques- 
tions accessoires,  en  petits  caractères  ceux  qui  sont  consacrés  à  la  halakha^ 
et  en  caractères  plus  forts  les  parties  qui  ont  un  intérêt  pour  l'histoire,  Par- 
chéologio  et  la  géographie.  Ce  n'est  pas  le  seul  service  qu'il  ait  rendu  aux 
travailleurs  :  les  notes  dont  il  accompagne  le  texte  et  où  se  déploient  sa 
connaissance  de  la  Palestine  actuelle  et  son  érudition  talmudique  sont  un 
secourt  très  précieux.  En  outre,  il  a  écrit  une  biographie  de  l'auteur  où  tout 
l'essentiel  est  dit,  et  dans  une  langue  excellente.  Nous  taisons  des  vœux 
pour  que  le  second  volume  voie  bient<M  le  jour,  d'autant  plus  qu'il  contien- 
dra des  indices,  qui  faciliteront  encore  davantage  les  recherches. 

n3îlD  nr^  '0  Keser  Kebuna.  Gescbichte  des  Slammbaumes  des  beriihmten 
Casuisten  Sabbatai  Koben,  Verfasser  des  Sifse  Kohen,  seine  Biographie, 
ncbst  Biograpbien  seiner  Enkel  u.  sciner  ganzen  Nacbkommenscbaft , 
von  Bemhard  Friodberg.  Drohobycz,  impr.  Zupnik,  1898;  in-8<»  de 
41p. 

nati  )yo  Considëratlons  sur  le  Kaddisch  et  règles  relatives  à  cet  usage, 
par  J.  Krausz.  Bacs,  impr.  Rosenbaum,  1898  ;  in-8°  do  20  p. 

D'^TI  ^^Ip'O  Mekor  Cbaiim.  Ausfûhrliche  Biographie  des  Rabbi  Chaim  ibn 
Altar,  Minbage  Trefot  der  jûdiscben  Gemeinde  in  Fez,  von  Rabbi  Juda 
ibn~Attar,  mit  einer  krit.  Einleitung  u.  der  Biographie  des  Verfassers 
Ton  Jakob  Nacbt.  Drohobycz,  impr.  Zupnik,  1898  ;  in-8*  de  40  p. 
T.  XXXVI,  IfO  72.  20 


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306  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ptTX^  nbnp  '0  Novelles  agadiqaes  sur  le  Pentaleuque,  par  Isaac  Nisan 
[Holtbord].  Wîlna,  impr.  Romm,  1897;  in-8<»  de  224  p. 

pnit^  rimbin  'O  vie  d'Isaac  Elhanan  [Spectorj  ,  par  Jacob  Lévi  Lip- 
schûlz.  Varsovie,  impr.Halter  et  Eisenstadt,  1898  ;  in-S'^de  138  p. 

2.  Ouvrages  en  langues  modernes, 

ÂDDis  (W.  £.)•  Documents  of  Ibe  Hexaleucb,  translated  and  arranged  ia 
chronol.  order  wltb  introduction  and  notes.  II  :  The  Deuteronotnical 
wilters  and  the  prieslly  documents.  Londres,  Nutt,  1898  ;  in-S^  de  498  p. 

AOLBN  (A.-S.)-  Lessons  in  Old  Testament  history.  Londres,  Arnold,  1898; 
in-8«  de  468  p. 

Baneth  (ë.)  Maimuni^s  Neumondsberecbnung.  Voir  Bericht  (16.)* 

Baum  (J.)-  Dor  Universalismus  der  mosaischen  Heilslebre.  II-lII.  Franc- 
fort, J.  Kauflfmann,  1898  ;  in-H*»  de  120  +  p.  1-48. 

Bloch  (isaac.  Sermons.  Paris,  Durlacher.  1898  ;  in-8°  de  329  p. 
Bloch  (Philipp).  Heinrich  Graelz.  A  memolr.  Londres,  D^.  Nutt,  1898  ;  în-8** 
de  86  p. 

BÔHMER  (J.j.  Das  bibliscbe  «  Im  Namen  ».  Eine  spracbwissenscballlicbe 
Untersucbung  ùbor  die  bcbr.  D^3  und  seine  griecbiscbe  Aequivalente. 
Gîcssen,  J.  Riclter,  1898  ;  in-8<>  de  88  p. 

BBNA.M0ZBOH  (Bllo).  BibUolbëque  de  rhëbraî<^me.  Publication  mensuelle  de 
ses  manuscpits  inédits.  N°  1.  Livourno,  S.  Belforlo,  1897;  gr.  in-8*  do 
10+10+16  +  16+  12  +  4. 

Le  sous-litre  dit  mieux  que  le  titre  la  peosée  de  Pauieur.  M.  B.  to  propose 
de  publier,  par  fascicules  meosueis,  tous  les  travaux  et  notes  qu'il  a  enoora  en 
poitefeuille.  Chaque  livraison  est  i'ormée  de  plusieurs  morceaux  qui  pourront 
ensuite  se  relier  à  part.  Voici  Us  matières  qui  y  sont  traitées  :  i*  Exégèse 
biblique;  ce  sont  les  notes  qui  ne  sont  pas  entrées  dans  le  corps  du  commen- 
taire de  l'auteur  sur  le  Pentateuque.  Exemple  :  «  nV  6'osr.  Le  principe 
du  philosophe  napolitain  Vico  que  la  peur  causée  aux  premiers  bommes  par 
la  iuudre  les  obligea  a  re  chercher  une  retraite,  à  fonder  les  familles  par  des 
mariages  stables  et  religieux,  on  peut  le  voir  réfléchi  dans  oclle  racine 
hébraïque  qui  signifie  à  la  fois  craindre  ti  s'unir  Q^T7  '>^p  1^\^X^  (Psaumes, 
Lix,  4  ;  voy.  Ibn  Ezra)  les  petiU  de  plusieurs  aoimfux  [lire  probablement  ei 
les  petits...].  Et  que  les  premiers  bôles  furent  les  noyaux  des  premiers 
serfs  apparaît  dans  le  parallélisme  ^mSlTSKI  ^IT^a  ^15  (Job,  xix,  15)  • . 
—  2*>  Sources  rabbiiiiques  des  six  premiers  siècles  de  Té.v.  Recueil  dé 
notes  prises  au  hasard.  Voici  seulement  la  liste  des  premiers  ariielel»  : 
charilf^,  commerce,  famille,  aubergistes^  aliments,  mariage,  boulanger... 
Au  hasard  aussi  le  choix  de  la  matière  de  ces  articles.  Ainsi  commerce  : 
•  Le  commerce  produisait  au  temps  des  Tannaims  le  quadruple  de  ce  aQ*il 
aurait  produit  placé  en  intérêt.  On  disait  :  t  Cinquante  monnaies  qui  ire- 
vaillent  rendeut  autant  que  deux  cents  qui  ne  travaillent  pas  •  :  fkmifU  .* 
«  La  belle-mère  dirigeait  les  affaires  domestiques.  D'elle  on  oit  qu'elle 
aime  le  bon  ordre  de  sa  fille  et  l'estime  de  son  gendre.  Voy.  Stischne 
DemaT,  ch.  111.  >  —  3»  De  l'origine  des  dogmes  chrétiens.  —  A^  Tbéelegie 
et  philosophie  :  De  Pâme  dans  la  Bible.  —  5<»  Théosopbie.  On  celmsi^  Tes 
idées  de  l'auteur  sur  ces  différents  points;  inutile  d'insister. —  6"  Histoire 
et  littérature.  Sous  cette  rubrique  entrent  les  articles  :  Déluge,  Saddocéens, 
Sanhédrin,  Moïse  et  Blie,  etc. 


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BIBLIOGRAPHIE  307 

BEftiCHT  (115.)  ûber  die  Lehranalalt  fur  die  Wissenschaft  des  Judenlhums 
Jû  Berlin.  Mit  einer  wissenschafllichcn  Beigabo  von  Dr.  E.  Baneth  : 
Màtknatii's  NeUmondsberechnung.  Theil  I.  Berlin,  itnpr.  llzkowski,  1898; 
in-4»  de  40  p. 

BRkNKAN  I  M.-S.).  The  science  of  thô  Bible.  Saint-Louis,  Herdcr,  1898  ;  in-8o 
de  390  p. 

Briickmbk  (Martin).  Dio  Eomposilion  des  Bûches  Jes.  c.  28-33.  Eio  Re- 
koûslruktlons-Versuch  (Inaugural-Dissertation),  llallo/ Krause,  1897; 
Ih-go  de  84  p. 

L'auteur  a  minutieusement  étudié  les  chapitres  xxviti-xxziii  dlsale,  qui 
MiiUeitoetit  des  morceaux  de  tendances  diiréreutes,  et  il  y  reconnaît,  à 
riasiar  des  derniers  commentateurs  de  ce  livre,  des  fragments  écrits  par 
Isaie,  ei  d'autres  qui  sont  dus  à  des  écrivains  bien  postérieurs.  Les  frag- 
ments attribués  à  isaKe,  quoique  se  rapportant  presque  tous  a  l'alliance 
projetée,  puis  conclue  «ulro  les  Israélites  et  les  Égyptiens,  ue  se  relient  pas 
les  uns  aux  autres.  M.  BrQckner  pense  qu'ils  ont  dû  êlro  extraits  d'un 
grand  ouvrage  historique  que  le  prophète  aurait  composé  sur  ses  démôlés 
*  avec  les  chefs  du  peuple  (et  le  roi?].  L^idée  mérite  Tattention,  bien  que 
le  verset  xxx,  8,  sur  lequel  elle  s'appuie  soit  loin  d'en  apporter  la  preuve. 
Les  morceaux  qui  ne  sont  pas  d'haie  dateraient  du  commencement  du 
II*  siècle,  et  auraient  été  ajoutés  pour  apporter  la  consolation  à  côlé  des 
ttieQaces  contenues  dans  la  partie  ancienne  du  livre.  Ils  seraient  donc  à  peu 
près  contemporains  de  TEccIésiasiique,  et  ils  seraient  postérieurs  de  cinq 
atècles  aux  morceaux  authentiques  !  La  dilTércLCc  de  style  entre  les  uns  et 
les  autres  n'est  cependant  pas  si  considérable,  tandis  qu'elle  est  si  grande 
entre  les  Proverbes  et  Touvrage  de  Ben  Sira  !  Plus  la  critique  progresse 
et  plus  les  questions  de  style  deviennent  difticiles  à  tirer  au  clair.  Les  rap- 
prochements que  M.  BrQckner  établit  entre  certains  passages  sont  parfois 
nn  peu  forcés  ;  mais  il  fait  preuve  de  pénétration  et  il  montre  une  défiance 
louable  vis  a  vis  des  solutions  trop  faciles,  notamment  en  ce  qui  concerne 
la  liaison  des  différents  paragraphes.  —  Maytr  Lambert, 

BtJOOB  (K.).  Das  Buch  der  Richter  erkllirt.  Fribourg  en  Brisgau,  Mohr, 
1697;  iB-8*  de  tiiv  +  147  p.  iKurzor  Iland-Commentar  zum  Alten 
Testament,  hrsgg.  yen  K.  Marti.  VII.  Abteilung). 

Clbrmomt-Ganmbau  (L.).  Los  tombeaux  de  David  et  des  rois  de  Juda  e 
le  lunnel-aitueduc  de  Siloc.  Paris,  impr.  nationale,  1898  ;  in-8<'  de  48  p. 

JDaUéaii  (Gnstaf).  Die  richterliche  Gerecbligkeit  im  Alten  Testament.  Son- 
d^rabdruck  ans  der  Kartell-Zeitung  akad.  theol.  Vereino  auf  deutschen 
Hochschulen.  Berlin,  1897  ;  in-8<»  de  19  p. 

Le  mot  ïlp*l£  a  déjà  eu  Phonneur  de  maintes  monographies.  Dans  la 
Brochure  présente,  M.  Dalman  a  étudié  ce  mot  dans  son  application  au 
jUge.  U  eat  curieux,  en  elTet,  de  voir  que  la  eédaqa  dans  la  littérature  rab- 
biniqoe  désigne  la  mansuétude  du  juge,  tandis  que  dans  la  Bible  elle  in- 
dique la  stricte  justice.  Le  lien  entre  les  deux  acceptions  est,  selon  M.  D., 
le  solvant  :  La  Justice  a  pour  but  de  rendre  à  chacun  ce  qui  lui  est  dû, 
elle  proclame  l'innocence  du  juste  et  la  faute  du  coupable,  mais,  d'un  autre 
cdté;  éllè  délivre  l'opprimé  de  l'oppresseur,  et  se  confond  ainsi  avec  la  cha- 
rité. Le  joge  modèle,  c'est  Dieu.  M.  D.  combat  Terreur  commise  par  quel- 
^tfèfi-uiis  (Jui  interprètent  la  nî:^5fc,  quand  elle  qualifie  le  Dieu  libérateur, 
toffime  la  fidélité  de  Dieu  à  son  pacte  et  à  Tordre  régulier  du  monde.  Les 
idées  exposées  par  M.  Dalmsn  sont  intéressantes  ;  toutefois  nous  croyons 
que  le  mot  pli  est  arrivé  à  prendre  le  sens  de  j^iD^  «  victoire  »  par  une 
iutre  Toie  que  celle  qu'indique  M.  D.  Il  est  à  remarquer  que  yvs,  est  bien 


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308  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


plus  usilé  que  jTpliS  dans  ce  sens.  Pour  nous,  pTiS    •  triomphe  t 
lâche  à  p^'lit  «  celui  a  qui  les  juges  dounent  raison,  celui  qui  l'e 


se  rai- 
l'emporte 
dans  le  procès  ».  De  la,  le  sens  de  victoire.  1^'pi'Z  'n  dans  Jér.,  xxin,  6, 
nous  parait  signifier,  nou  pas  <  notre  Dieu  juste  *,  mais  «  Dieu  est  notre 
triomphe  >,  c'est-à-dire  :  «  c'est  par  Dieu  que  nous  triomphons  i.  — 
M.  D.  termine  en  attribuant  à  l'influence  de  Taraméen  la  transformation  du 
sens  de  ï^p^iS,  qui  àe  justice  est  devenu  bonU.  —  Mayer  Lambert. 

Dalman  (G. -h.).  ïJ'inî^  ^^inb  Aramàisch-neahebr&isches  Wôrterbuch  «a 
Targum,  Talmud  uncj  Midrasch.  Untcr  Mitwirkung  von  P.  Thcodor 
Scbârf.  Teil  I.  Mit  Loxikon  dor  Abbreviaturen  von  G.-H.  Handler.  Franc- 
fort, J.  Kauffmann,  1897  ;  in-8«. 

M.  Dalmaa,  le  savant  auteur  de  la  Grammaire  de  l'araméen  jadéo-pales* 
tinien,  publie  de  nouveau  un  ouvrage  destiné  à  faciliter  Tëtude  des  textes 
rabbiniques.  Ce  lexique  n'a  pas  la  prétention  de  dépasser  les  grandes 
œuvres  de  Lovy  et  de  Kohut,  il  résume  simplement  les  travaux  de  ses  pré- 
décesseurs, qui  sont  trop  vastes  et  trop  coûteux  pour  les  besoins  des  com- 
mençants. C'est  à  ceux-ci  que  M.  Dalmans^adresseprincipaleroent,  car,  pour 
une  élude  approfondie,  il  faudra  toujours  consulter  les  deux  Theiaurus  de 
la  lexicographie  rabbiniquc.  En  elTet,  excepté  pour  les  Ttrgoumim,  nous 
ne  trouvons  pas  de  citations,  ce  qui  est  très  fâcheux,  surtout  quand  un 
root  a  plusieurs  significations.  Bn  outre,  Pauteur  n^ndique  pas  le  nom  des 
savants  auxquels  sont  dues  les  élymologies  des  mots  venant  du  grec  ou  du 
latin.  Nous  ne  pouvons  donc  pas  distinguer  ce  qui  appartient  à  M.  D.  lui- 
même  et  ce  qui  est  emprunté  à  des  ouvrages  plus  anciens.  Pour  les  mots  d'ori- 
gine persane,  M.  D.  n'indique  jamais  l'étymologie,  f  parce  que  beaucoup  lui 
paraissaient  là  encore  très  incertaines  > .  Je  ne  comprends  pas  cette  timidité, 
car  n'a-t-on  pas  reconnu  d^une  façon  incontestable  des  douzaines  de  mots  per- 
sans et  dans  les  Targouroim  et  dans  le  Talmud  babylonien,  et  n'y  a-t-il  pas, 
d'un  autre  cdté,  beaucouii'de  mots  grecs  et  latins  dont  l'explication  est  presque 
impossible?  Parmi  les  travaux  préparatoires  pour  un  futur  dictionnaire  des 
roots  persans,  M.  D.  a  oub!ié  de  nommer  les  œuvres  de  mon  père,  qui  en 
expliquent  un  grand  nombre  :  EtymologUcke  Studie^  (Breslau,  1871);  Zmr 
rabbinisehen  Sprach-und  Sagenkunde  (Breslau,  1873)  ;  Beitragê  sur  rabb, 
Sprach-und  AUertumskunde  {^vm\^^^\^^^).  â  ce  propos,  je  ferai  remarquer 
que  plusieurs  étymologies  persanes  données  par  Fleischer  dans  ses  addi- 
tions au  Dictionnaire  de  Levy  ont  déjà  été  trouvées  par  mon  père  long- 
temps avant  lui.  Ce  célèbre  savant,  et  par  son  érudition  et  par  ton  carac- 
tère, est  au-dessus  de  tout  soupçon,  mais  personne  ne  m'en  voudra  de 
rappeler  ici  la  priorité  pour   mon  père  de  ces  trouvailles.  Fleischer'Levy, 

I,  284  a  :  inN'»T«a  bdzyârân\  cf.  Etym,  Stud,,  24-26.  —  I,  287  «  : 
Npnoa  bestu  ;  cl.  £tym.  Stud,,  59.  —  J,  288  a  :  «tna  berih  ;  cf.  Btym. 
Stud.,  16.  —  432*  :  «pnmii  ,«pma  g^rêk;  cf.  Zur  rabb.  Sprack^nd 
Sagenk.,  31  —  1,  440*  :  n^Ti  dâoar  ;  cf.  Htyw.  Stud.,  119.  —  I,  359*  : 
NpnDnn  refuh  f  cf.  Etym.  Stud,,  10.  —  I,  563  *  :  -ï^aST  ^angi;  cf.  Etym. 
Stud.y  85.  —  I,  563*  :  «pinST  i^ndân  ;  cf.  Etym.  Stud.^  130.  —  II,  210a  : 
NDaDû  tacht:  cf.  Etym.  Stud.,  28.  —  11,  210  a  ;  H^pOl^  TaÇt;.  arabe  opCD  ; 
cf.  Etym.  Stud.,  108.  —  11,  212  *  :  «pHlDû  tetektek;  cf.  Etym.  Stud.,  47. 

II,  448  a  :  Mia  ITH  nôO  ehâr  hetâr  gûueh  ;  cf.  Etym.  Stud.,  16.  —  11, 
452*  :  ND7DD  kâmeh;  cf.  Etym.  Stud.,  85.  —  II,  454  a:  «D01D  kutpek: 
cf.  Etym.  Stud.,  21.  —  lll,  3U7  *  :  :3n73  arabe  mahata  (moucher  la  mèche); 
cf.  Etym.  Stud.,  7.  —  III,  718/»  :  pn73n3  numruk  ;  cf.  Btym.  Stud.,  28.  — 

III,  719fl  :  mn©3  nusehâdir  ;  cf.  Etym.  Stud.,  48  (Lagarde,  Ges.  Abk.^  9 
auquel  Fleischer  renvoie  ne  cite  pas  la  forme  rabbinique).  —  III,.  726  à  : 
NpOIS'^0  sepûseh;  cf.  Z.  rabb.  Sprach.-und  Sagenk.,  31.  —  IV,  228  «  : 
banD  pergàl;  cf.  Z.  rabb.  Sprach.-und  Sagenk.,  30. 

M.  Dalroan  a  pu  se  servir  de  beaucoup  de  manuscrits  des  Targoumim  «i 
il  en  donne  la  vocalisation,  qui  est  souvent  préférable  à  celle  de  nos  édi-> 


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f 


BIBLIOGRAPHIE  30U 

lions.  C'est  surtout  Onkelos  que  l'auteur  a  étudié  avec  atteotioa,  et  il  a 
marqué  spécialement  les  mots  qui  se  trouvent  dans  ce  Targoum.  Le  dic- 
tionnaire des  abréviations  sera  le  bienvenu  pour  beaucoup  de  lecteurs,  et 
ai  Ton  peut  lui  faire  un  reproche,  c*est  qu'il  est  trop  riche.  Beaucoup 
d'abréviations  qui  ne  sont  Justifiées  que  par  le  contexte  et  qui  ne  devinrent 
jamais  usuelles  grossissent  inutilement  le  recueil,  —  Les  corrections  qui 
suirent  ne  doivent  pas  diminuer  la  valeur  de  l'œuvre  de  M.  D.,  dont  la  tin, 
espérons-le,  ne  tardera  pas  à  paraître  :  *^^3fi<,  nom  du  célèbre  Âmora, 
manque.  M;  D.  ne  cite  qu*un  nom  ^nM,  abréviation  de  ^T^Sfi^.  ^^3fi(  dérive, 
comme  on  le  sait,  de  la  racine  syriaque  (<^3  •  consoler  •  [=  ^373n3).  — 
0173^2^  n^est  pas  Evv6(juxoc,  bien  que  Torihographe  semble  plaider  pour 
cette  étymologie,  mais  Olvôfiao;.  —  nmp'^aaN,  Hre  n03p'*DDfit  (v.  Mo- 
HoUsekrifi,  XXXV1I,377],  àvxixévawp.  —  nVjiaDÉi  dérive  de  tuoutïvttj  {Z, 
rahb,  Sjtr.,  22).  —  "niabs  esl  probablement  "^-niab^O  («u  lieu  de  •^mubaa 
de  notre  texte)  iigUUura  ;  voir  mes  Analeklen^  7.  —  fidpDlb^l  dérive  de 
x£pPixàptov  (Et.  St.,  6).  —  D'^TOn  mb''^:k  signifie  principalement  la  cka- 
rite  (v.  Rev%n,  XXXV.  50,  sur  Sira,  m,  31).  —  «131:»  (omis  par  Fraenkel, 
Aramàitche  Fremdwôrter^  238)  se  trouve  déjà  dans  une  inscription  sabéenne  ^ 
et  n'est  donc  pas  emprunté  au  grec  XoOv5a.  —  1î30Nn,  comme  Ta  bien  vu 
Fleischer  (Levy,  I,  556  a)  dérive  du  persan  hestu  •  en  effet  •,  —  lirT^H 
•  gage  *  dérive  du  verbe  sémitique  l'^n^ïl?  qui  se  trouve  en  arabe  aussi, 
et  n'a  aucune  parenté  avec  àppa^v.  —  «k3n^  •  diable  »  n'est  pas  sémi- 
tique, mais  persan  :  Yaht  [Monattschrift,  XXXVll,  6).  —  Félia  PerU$. 

David  (M.).  Das  Targum  Scheni,  nach  Handschriften  hrsgg.  u.  mit  eincr 
Einleitung  versehen.  Berlin ,  Poppelauer,  1898  ;  in-8o  de  viii  +  48  p. 

Driver  (S.-R.).  Tbe  bocks  of  Jocl  and  Amos,  witb  introduction  and  notes. 
Cambridge,  University  Press,  1897  ;  in- 12  do  244  p. 

DuBNOW  (S.-M.).  Die  jùdiscbe  Geschichlo.  Ein  geschichtsphilosophischer 
Versuch.  Berlin,  Calvary,  1898;  in-8<*  de  vu  +  89  p.  (Traduit  du  russe 
par  J.  F.  Berl). 

Garland  (G.-V.;.  The  problcms  of  Job.  Londres,  Nosbcl,  1898;  in-8«  de 
378  p. 

Ga^nos  (X.)  Etude  historique  sur  la  condition  des  Juifs  dans  l'ancien 
droit  français.  Thèse  de  doctorat.  Angers,  impr.  Burdin,  1897  ;  in* 8° 
de  25i  p. 

Gautier  (Lucien).  Souvenirs  de  Terre-Sainle.  2«  ddit.,  avec  60  illustra- 
tions. Lausanne,  G.  Bridel,  1898;  in-8^  de  348  p. 

GiNSBURO  (C.-D.).  The  hebrew  Bible.  A  séries  of  18  fac  similes  of  mss. 
priated  in  CoUotype  by  J.  Hyat.  Londres,  Unicorn  Press,  189.S  ;  in-f». 

GoLDSCHMiED  (Rabb.  D''L.).  Modernes  Judcnthum.  Vienne,  Breitenstein, 
1898  ;  iu-8»  de  74  p. 

Brocbure  pleine  d'idées  et  de  faits,  qui  se  lit  avec  le  plus  vif  intérêt. 

GoLDSGHMiDT  (Lazarus).  Der  babylonische  Talmud.  IIL  Band,  1.  Liefe- 
rung.  rO^0  nD073.  Der  Traklat  Sukkah,  ûbersetzt.  Berlin,  S.  Calvary, 
1898  ;  in-4«  de  col.  1-216. 

Ont  déjà  paru  les  1. 1  et  II  contenant  Berachot,  Zeralm,  Sehabbat^  Bronbin, 
Pesakim  et  7 orna,  avec  texte,  notes  et  traductions.  Le  présent  fascicule  inau- 
gure une  autre  forme  de  publication.  A  côté  de  l'édition  avec  textes  et  notes, 
paraîtra  la  traduction  seule. 

*  ^:J^  sur  la  stèle  de  Marib  (communication  de  M.  Ilommel). 


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310  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

GuNMiNa  (J.-U.).  Jesaja  xl-lxvi.  Ilobreuwsche  Teksl.  RoUerdam,  Brcd<fc, 
1998  ;  in-80  de  56  p. 

Texte  de  ces  chapitres  restauré  d'après  las  oonJactUPts  de  l'auteur« 
Exemples  :  xl,  5,  i^U)-»  n)2)a  Vd  IwHin,  «u  Heu  de  mv^  ;  I,  rm  "ipin 
^np»,  au  lieu  de  nÇJin  ;  Ti^VH  y^O  n-nrt  bDI,  au  lieu  de  nncH;  20,' 
rï3'\»n  1?073rT,  au  Uau  de  n7:i"in  \^OpT\  ;  JÇLI,  1,  ihn^  D"«a«bi 
•^nnDinb,  au  lieu  de  HD  nD-^bTT»  :  !»-iaV  Mil  n«a,  au  li«H  de  T«  IID^ 
^ns^*^*  C'est  donc  une  leniaiiTe  analogue  à  cel^  de  Gofaill  at  à  celle  de 
Graelz;  seulement^  à  la  dliférence  de  ces  exégèles,  Pauieur  n*iBdiqoe  pas  les 
moiifs  de  ses  corrections  :  sont-elles  suggérées  par  les  Tariantea  des andennea 
versions  ou  sont-elles  imaginées  d'après  le  contexte?  sont-ailes  nouvelles,  ou 
n^onl-elles  pas  été  proposées  déjà  ?  c''e8t  ce  qu*il  ne  dit  pas.  Nous  n^avons  pas 
trouvé  sans  surprise  des  restitutions  fondées  sur  le  sjstèma  que  nous  avons 
esquissé  à  propos  de  l'Ecclésiastique.  Ainsi  ^nHDinb  ibn^,  pourTTD  ID'^bfPi 
suppose  l'écriture  de  ces  deux  mots  en  abrégé.  —  A  ca  propos,  bous  ferons 
remarquer  que  Ben  Sira  prouve  peul-Ôtre  que  la  leçon  massorétique  était 
déjà  courante,  car  ch.  XLiir,  10-11,  le  parallélisme,  bip  ITD'nîl  'H  "^bliTa 
et  riD  no'^bnn  T^73?ûTn7a  ressemble  à  une  imitaliou  de  D"^*^  ^bH  ICnm 
riD  1D"^bn^  D'^73ô<bT  de  ce  verset  d'kaïe.  —  L'autear  va  si  loin  en  suivant 
ce  système  qu'au  verset  2  du  même  chapitre,  il  corrige  ^fP  en  DTS^r. 
correction  bien  peu  heureuse,  car  la  phrase  signifierait  :  <  Soa  épée  les  ré- 
duit en  poussière,  sa  flèche  en  paille  volante.  >  Or,  si  l'on  comprend  très 
bien  Timage  :  «  11  fait  de  son  (de  leur  d'après  les  Septante)  épéa  de  la  pous- 
sière et  da  sa  flèche  une  paille  vuldnle  »  (c'est-à-dire  il  rend  inoifentives  leurs 
armes  »,  rien  ne  serait  plus  étrange  que  d'assimiler  des  cadavres  a  la  paille. 
M.  G.  a  été  séduit  par  l'analogie  de  Q^;sn  *^73D  m^a^l,  versai  \\  om^s 
la,  la  figure  conviant  admirablement  à  la  pensée  et  au  contexta.  Outra  cas 
corrections  des  leçons  de  la  Massera,  les  versets  sont  distribués  autrement 
que  dans  le  texte  reçu.  Ainsi,  entre  zl,  19  et  20,  est  inséré  xli,  7. 

Hastinqs  (J.)  et  Sblbir  (J.-Â.).  Dictionary  of  tbe  Bible,  dealing  with  Us 
language,  literalure  and  contents  including  the  biblical  theology.  Vol. 
I  :  A.  Feasts.  Edimbourg,  Clark,  1898  ;  in-4<>  de  880  p. 

UoLLM^NN  (R.).  UnlersuchuDgen  ùbcr  dio  Erzvâter  bei  don  Prophoten  bis 
zum  Beginn  des  b^bylonischcn  Exils.  Jurjew,  Karow,  1698;  io-S*  de 
84  p. 

IIUMMKLAUBH  (F.  von).  Nochmals  dcr  biblische  Scbôpfungsbericht.  Fri- 
bourg  on  Brisgau,  Herder,  1898  ;  in-S®  de  ix+  132  p.  (Biblische  Studien, 
hrsgg.  von  0.  Bardenhcwcr.  3.  Band,  2.  Heft.) 

Jastbow  (Morris\  Tbe  weak  and  geminative  verbs  inbobrew  by  Abu  Zaka- 
riyya  Yahiâ  ibn  Dâwud  of  Fez  known  as  llayyûg,  the  arabic  text  now 
publisbed  for  the  first  time.  Brill,  Leyde,  1897  ;  in-8*  de  Lxxxv  e4  »7I 
pages. 

Il  y  a  longtemps  que  l'on  attendait  la  publication  du  texte  original  des 
oeuvres  de  Ilayyoudj  sur  les  verbes  faibles  et  les  verbes  géminés.  M.  Jas- 
trow,  qui  s'était  chargé  de  cette  tâche,  l'a  heureusement  terminée  et  acms 
l'en  félicitous  sincèrement.  Si  l'on  ne  doit  *pas  s'attendre  à  ce  que  le  lexte 
arabe  de  Hayyoudj  fournisse  des  résultats  nouveaux  pour  l^iêtoire  de  la 
grammaire  hébraïque,  il  est  néanmoins  agréable  de  posséder  l'œuvre  du 
grand  grammairien,  tel  qu'il  l'a  écrite.  On  avait  les  traductioas  d'Ibn  Ezra 
et  d'Ibn  Chiquitilla,  mais  l'une  est  imprimée  d'une  maniète  déCaciueuse  et 
l'autre  a  été  parsemée  d'additions  qu'il  était  difficile  parfois  de  distinguer 
du  texte  original.  —  Dans  sou  introduction,  M.  Jastrow  retrace  brièvement 
la  vie  de  Hayyoudj,  d'ailleurs  imparfaitement  connue,  et  éuumère  et  ctrac- 


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BlBLIOGHAl'HlIi:  311 

lériie  89S  œuvrf^s.  M.  Jasirow  indique  ensuite  les  BMDuacriU  qu''il  •  eus  à 
sa  disposition.  Il  est  regrettable  que  les  manuscrits  de  Saint-Pétersbourg 
u'sient  pu  Ôtre  utilisés  par  M.  Jastrow  qu'après  que  son  texte  avait  déjà 
été  établi.  Les  variantes  ont  été  mises  dans  la  liste  des  notes  qui  viennent 
à  la  suite  de  l'iotroduction  et  qui  remplissent  treotecinq  pages.  Ces  va- 
riantes ne  sont  pas  toutes  importantes  et  portent  souvent  sur  des  différences 
orthographiques.  C^est  dans  la  môme  liste  que  se  trouvent  les  corrections 
que  M.  Jastrow  a  apportées  a  son  texte  et  qui  sont  assez  nombreuses.  Un 
index  des  passages  bibliques  cités  par  Hayyoudj  eût  été  Tort  utile,  car 
beaucoup  de  mots  irréguliers  sont  expliquas  incidemment.  M.  Jastrow  ou 
Tun  de  ses  élèves  rendrait  servjce  aux  hébraïsants  en  faisant  ce  petit  tra- 
vail, sans  lequel  la  publication  des  œuvres  de  Ilayyoudj  reste  incomplète. 
—  Nous  signalons  en  terminant  quelques  fautes  non  relevées  daus  l'errata. 
P.  3,  1.  10,  il  faut  certainement  (<D^Mp.  au  lieu  de  2<DK'^p>  en  parallé- 
lisme avec  N1?3nD?a-  —  P.  8,  I.  9.  le  da^uesch  du  yod  de  131^1  et 
laTO"*!  doit  être  supprimé.  —  P.  16,  1.  8,  lire  S|T13?73bô<,  au  lieu  de 
ft'i1J?7Dbô«.  —  P.  184,  ^12  wV'^bp  est  très  correct  comme  locution  adver- 
biale. ~  P.  26,  l.  13  et  passim.  Les  manuscrits  onl-iLs  réellement  &(T  su 
lieu  de  "^ÉIT,  qui  e.sl  la  forme  correcte?  —  Mayer  Lambert. 

KiSSLitR  (Heinricb)-  Judenlbum  und  modcrner  Zionismus.  Vienne,  M.  Brei- 
tcostoin,  1897;  iD-S*"  de  31  p. 

Krauss  (Samuel).  Griecbische  und  lateiniscbe  Lebnwôrter  im  Talmud, 
Midro^ob  und  Targum,  mit  Bemerkungen  von  Immauuel  Lôw.  Toil  I. 
B«rUD,  S.  Calvary,  1898;  in-S*»  de  xvi  +  «49  p. 

Un  de  nos  collaborateurs  reudra  compte  prochainement  de  cel  important 
travail. 

MonoNA  (Leonello).  Rime  volgari  di  Immaauele  Romano,  poeta  del  xiv  se- 
eok),  nuovamente  riscontrato  sui  codici  e  fin  qui  note.  Parme,  impr.  Pel- 
lopMnl,  1898  ;  ln-8«  do  42  p. 

Vavlt  (Jeaa  de).  yr\T  inb©  Rituel  du  Judaïsme,  traduit  pour  la  première 
f^ls  sur  Poriglnal  cbaldëo-rabblnique  et  accompagne  des  notes  et  re- 
marques de  tous  les  commentateurs.  T.  II.  Orléans,  impr.  G.  Micbau, 
1898;io-8«dcî70p. 

Pavlt  (Jean  de).  rT5?3«5  rmp.  La  cite  juive.  Orléans,  G.  Micbaû,  1898; 
ia-4»  de  85  p. 

C'eal  lu  pretiière  partie  d*un  travail  sur  Pesprit  du  judaïame.  «  On  y 
examine  la  quinlessence  de  la  loi,  de  la  morale  et  des  croyances.  Le  seeond 
volume,  formant  la  partie  pratique,  nous  familiari>e  avec  la  vie  publique  et 
privée  du  Juif.  «  J'ai  pensé,  dit  Tauleur,  que,  pour  arriver  à  définir  le 
Judaïsme,  il  valait  mieux  procéder  en  seus  inverse  de  la  méthode  habituelle 
ii\  étudier  l#  vie  d'un  Juif  pour  en  counaitre  les  convictions  intinke»,  les 
sentiments  qui  l'animent;  en  d'autres  termes,  j'ai  pensé  que  ce  n'esl  pas 
l'étude  de  la  religion  qui  nous  iera  connaître  le  Juif,  mais  qu'au  contraire  il 
fallait  surprendre  la  religion  juive  là  où  elle  a  fait  véritablement  sa  demeure  : 
<^aD8  use  eilé  de  vrais  croyants.  Partant  de  ce  principe,  j'ai  essayé  de  re- 
construire par  la  pensée  une  cité  juive  telle  qu'elle  existait  avant  la  disper- 
sion du  peuple  d'Israël.  Je  me  suis  servi,  à  cet  eiïet,  de  ces  parties  de  la 
Mticha«  seulement  qoî  ne  sont  pas  contestées;  des  sentences  et  d#s  récits 
des  Thanellhs  des  deux  Talmuds  et  des  Midrashim,  qui  ont  enseigné  peu 
après  la  destruction  de  Jérusalem;  enfin,  du  Zfohar  dont  le  fondateur,  déjà 
Memaié  (SitnéoB,  fils  de  Johai;  commencé  par  cet  auteur,  le  Zohar  a  été 
achevé  è  1*  fin  du  vu*  sièele),  ainaî  que  les  principaux,  rédacteurs  o^  vécu 
vers  la  même  époque.  Cest  à  l'aide  de  ces  documents  authentiques  tt  kré- 


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3i2  BEVUE  DES  ETODES  JUIVES 

futables  que  j'ai  reconsiiiu^  U  vie  publique  et  privée  des  Juifs  primitifs.  • 
Nous  croyions  tout  d'abord  que  M.  de  P.  se  proposait  de  décrire  les 
croyances,  iostilutioDS  et  mœurs  des  Juifs  de  dos  jours  et  de  délermioer  ainsi 
Tidéal  qui,  à  leur  insu  peut-êlre,  les  dirige.  Le  travail  eût  été  très  itisiructif 
et  on  eût  compris  ainsi  que  le  Zohar  fût  invoqué  pour  l'histoire  de  certaines 
idées  et  coutumes  qui  sont  aujourd'hui  celles  da  beaucoup  de  Juil's,  mdora 
de  ceux  qui  rejetleut  Tautorité  Je  la  Cabbale.  Mais,  puisque  M.  de  P.  veut 
reconstruire  la  cité  des  Juifs  primitifs,  le  Zohar,  à  notre  avis,  qui  est  celui 
de  tous  les  savants  juifs,  ne  saurait  pas  fournir  Ue  matériaux.  Il  est  impos- 
sible, pour  celui  qui  a  jamais  comparé  les  passages  du  Zohar  à  ceux  du 
Talmud  et  des  Midraschim  qu'il  copie,  de  ne  pas  reconnaître  que  Tauleur 
de  cette  compilation  a  utilisé  les  monuments  les  plus  récents  de  la  littérature 
talmudique  et  midraschique.  M.  Bâcher  a  ici  niôme  montré  qu'il  atait  même 
emprunté  la  technologie  des  exégètes  espagnols  du  xii*  siècle.  Il  faut  donc 
résolument  écarter  le  Zohar  pour  cette  œuvre  de  restauration.  En  outre, 
même  les  documents  dont  rauthenlicilé  n^est  pas  douteuse,  comme  ceux  du 
Talmud  et  des  Midraschim,  doivent  encore  Ôlre  classés;  ils  ont  conservé, 
même  pour  la  période  des  Tannaîm,  les  traces  de  conceptions  diverses,  de 
tendances  opposées,  de  phases  successives  dans  le  développement  de  U 
pensée  et  des  institutions  juives.  Il  faut  donc  se  garder  de  mettre  sur  le 
même  plan  tout  ce  qui  peut  se  rapporter  aux  six  siècles  qui  précèdent  et 
suivent  l'ère  chrétienne.  Encore  plus  faut-il  s'abstenir  de  faire  entrer  dans  le 
même  tableau  des  traits  empruntés  a  la  littérature  rabbioique  palestinienne 
et  a  celle  des  apocryphes  ou  philosophes  proprement  alexandrins.  La 
Sagesse  n'a  pas  exercé  sur  les  Juifs  de  la  Palestine  la  même  influence  que 
l'Ecclésiastique  (que  l'auteur  nomme  souvent  PEcclésiastc),  si  même  elle  a 
jamais  été  lue.  En  d^uutres  termes,  au  point  de  vue  scientifique,  une  recons- 
titution de  la  cité  juive  avant  la  dispersion  d'Israël  ne  nous  paraît  pas  pos- 
sible avec  les  matériaux  recueillis  par  M.  de  P.  L'ouvrage  d'Edersheim,  très 
incomplet,  puisqu^il  élimine  les  croyances,  et  quoique  empreint  de  partialité, 
nous  parait  mieux  remplir  le  programme.  Mais  ces  réserves  faites,  nous  sommes 
heureux  de  rendre  hommage  à  la  science  de  l'auteur,  à  son  réel  talent  d'ex- 
position, à  l'élévation  de  ses  pensées  et  à  la  solidité  de  son  érudiiiou.  Ancien 
professeur  à  l'École  du  Sacré-Cœur  de  Lyon,  il  n'en  a  pas  moins  de  sympa- 
thie pour  les  idées  et  les  mœurs  qu'il  décrit,  il  sait  les  apprécier  avec  impar- 
tialité et  même  les  défendre  avec  chaleur  et  autorité.  La  lettre  dédicntoire  au 
cardinal  Sera&ni  Cretoni,  qui  est  en  tôte  de  l'ouvrage,  est  à  la  fois  un 
témoignage  de  haute  raison  et  un  ^te  de  courage.  Il  faut  tant  d'héroïsme 
aujourd'hui  pour  ne  pas  craindre  de  dire  la  vérité  I 

PbiloDis  AlôxamiriDÎ  opcra  quac  supersunt  cdiderunt  Leopold  Cohn  ot 
Paulus  Wendiaud.  Vol.  U.  éd.  Paulus  Wendland.  Berlin,  Rcimer,  1897; 
in-8^  de  XXXIV +  314  p.  (De  postcritato  Caini,  De  Gigantibus,  Quod 
deus  sit  immutabilis,  De  agricultura,  De  plaatatioDO,  De  ebrietate,  De 
sobriclate,  De  coufusioue  liuguarum,  Do  migratione  Abrabami). 

HosbnblOth  (S.)-  I^iG  Seelenbcgrififû  im  Alten  Testament.  Berne,  Steiger 
1898  ;  in-8^  de  62  p.  (Berner  Studien  zur  Philosophie  und  ibrer  Gescbi- 
cbte,  hrsgg.  von  L.  Stein). 

SA.CHS  (Hirscb).  Die  Partikeln  der  Miscbna.  Inaugural-Dissertation.  Berlin, 
Maycr  et  Mûller,  1898  ;  in-8°  de  51  p. 

Samtbr  (N.).  Judenlhum  und  Proselytismus.  Vortrag.  Breslau,  Jacobsobn, 
1897  ;  in-80  de  40  p. 

Sax  (B.).  Le  prisme  de  Sennacbérib  dans  Isaïe.  Paris,  Leroux,  1897;'6p. 
in-4°.  (Extrait  de  la  Kevue  d'auyriologie  et  d'archéologie  orientale^  vol.  IV, 
n<>  2,  1897), 


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BIBLIOGRAPHIE  313 

Isoïe,  z,  13-14,  fait  ainsi  parler  )•  roi  d'Assyrie  (Sennacbérib)  :  «  El  j^at 
déplacé  les  bornes  des  peuples,  et  leurs  proTisions,  je  les  ai  pillées. . .  Et 
ma  main  a  trouvé  comme  dans  un  nid  les  richesses  des  peuples...  »  Or 
l'inscription  du  prisme  découvert  par  Taylor  et  qui  est  répétée  sur  les  tau- 
reaux de  Kouyoundjik,  met  dans  la  bouche  du  môme  roi  c«ts  mots  :  •  Mais 
Ezécbias  n'avait  pas  l'ait  sa  soumission...,  j*-ei  emmené  captives  200,150  per- 
sonnes... des  femmes,  des  chevaux,  des  ànc»,  des  mulets,  des  chameaux, 
des  bœufs  et  des  moutons  sans  nombre.  Quant  a  lui  (Ezéchias),  je  Ten- 
lermai  dans  la  ville  d'Ursalemmi,  sa  capitale,  comme  un  oiseau  dans  une 
cage...  J*ai  séparé  de  leur  pays  les  villes  que  j'avais  prises  ;  je  les  ai  don- 
nées à  Metenti,  roi  de  la  ville  d'Azdod  ;  à  Padi,  roi  de  la  ville  do  Migron, 
et  a  Ismt-Bel,  roi  de  Gaza.  J'ai  diminué  son  royaume...  >  Puis  rient  Pénu- 
méraiion  de  la  partie  la  plus  riche  du  butin.  La  coïncidence  de  ces  deux 
discours,  et,  en  particulier,  des  images  comme  d'un  oiseau  dans  une  cage  et 
eoptme  dans  un  nid,  fait  supposer  a  M.  Sax  qu^lsaîe  avait  sous  les  yeux 
Tinscription  assyrienne.  —  Le  même  prisme  de  Taylor  se  rencontre  avec 
un  autre  passage  du  prophète,  Isaie,  xxxvii,  24  et  25  :  «  Par  tes  serviteurs 
tu  as  outragé  le  Seigneur  et  tu  as  dit  :  «  Avec  la  multitude  de  mes  chariots, 
je  suis  monté  sur  le  haut  des  montagnes^  dans  la  partie  la  plus  extrême  du 
Liban  et  j*ai  coupé  les  plus  élevés  d»  ses  cèdres  et  les  plus  beaux  de 
ses  cyprès»  et  je  suis  arrivé  jusqu'à  son  estréme  sommet^  à  U  fofêt  de 
son  Carmel.  J'ai  creusé  et  fai  bu  de  /Vaw,  et  j'ai  desséché,  de  la  plante 
de  mes  pieds,  tous  les  torrents  encaissés.  »  Inscriptions  du  prisme  : 
Sennacbérib  parlant  des  tribus  du  pays  de  Nipour  dit  :  «  Elles  avaient 
perché  leurs  demeures  comme  des  nids  d'oiseaum,  en  citadelles  impre- 
nables, au-dessus  des  mouticules  du  pays  de  Nipour  sur  de  hautes  mon^ 
tagnUy  et  ne  s'étaient  pas  soumises.  Les  débris  des  torrents,  les  fragments 
des  Âautts  et  inaeeessibles  montagnes^  j*en  façonnai  un  trône,  j'aplanis  une 
des  cimes  pour  y  poser  ce  trône,  et  je  bus  l'eau  de  ces  montagnes,  l*$au 
auguste^  pure^  afin  d'éancber  ma  soif.  Quant  aux  hommes,  je  les  surpris 
dans  les  replis  des  collines  boisées..,  »  M.  Sax  déleimine  ensuite  la  date  de 
rédaction  de  ces  divers  passages.  —  A  supposer  que  les  rencontres  d'expres- 
sions soient  tout  à  fait  convaincantes,  il  laudrait  qu'lsafe  lût  allé  en  Âs~ 
syrie  et  y  eût  déchilTré  ces  ligues  écrites  en  caractères  cunéiformes,  ou 
qu'une  copie,  traduite  en  hébreu,  lui  eût  été  apportée  en  Judée.  C'est  une 
objection  que  nous  prenons  la  liberté  de  soumettre  à  l'auteur  de  cette 
curieuse  notice. 

Schwab  (M.)  Inscriptions  hébraïques  en  France  du  vu*'  au  xv*  siècle. 
Paris»  imprimerie  nationale,  1898;  iu-8<>  de  40  p.  (Extrait  du  Bulletin 
archéologique,  1897). 

Le  présent  mémoire  a  été  lu  par  notre  excellent  confrère  et  ami  M.  S.  au 
dernier  Congrès  des  Sociétés  savantes.  Il  répondait  à  cette  question  du  pro- 
gramme :  t  Hechercher  les  épitaphes,  inscriptious  de  synagogues,  graffites, 
eu  langue  et  en  écriture  hébraïques,  qui  n^ont  pas  encore  été  signalés,  ou 
impsrfaitement  publiés  jusqu'à  présent.  •  Giâce  au  zèle  de  M.  S.,  nous 
possédons  maintenant  un  catalogue  complet  de  toutes  les  inscriptions  juives 
de  France  connues  jusqu^â  ce  jour.  A  celles  qui  avaient  été  déjà  publiées, 
et  dont  M.  S.  a  rectilié  le  déchilFremeut,  en  sont  jointes  de  nouvelles,  entre 
autres  celle  de  Narbonne,  dont  il  a  été  traité  dans  cette  Bévue.  Ces  docu- 
ments ne  jettent  pas  une  grande  lumière  sur  l'histoire  des  Juifs  de  ce  pays  ; 
mais  il  était  bon  qu^on  les  réunit,  et  il  faut  savoir  gré  à  M.  S.  de  s'Ôtra 
chargé  de  cette  tâche  et  de  s'en  ôtre  acquitté  avec  succès. 

SiNOKR  (Wilhelm).  Das  Bucb  der  Jubil&eu  oder  die  Leptogcnesis.  I.  Theil  : 
Tendenz  und  Ursprung.   Zugleich  ein  Beitrag  zur  Religionsgescbicbte. 
Stuhlweissenbarg  (Hongrie),  Ed.  Singer,  1898  ;  in-8'>  de  323  p. 
Compte  rendu  dans  le  prochain  fascicule. 


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314  KEVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

SIti^GK  (HermaniHL.)*  KinUilung  îd  das  Alto  TesUmeul  eiuscbliesslich 
A|Mkryi»hen  uad  Pteudepigrapheo,  mit  eingebonder  Angaba  dar  Lilte- 
rtim.  Fûofte,  tielfach  yarmebrie  und  Terbeasorte  Auflage.  Muolob,  C.-H. 
B«Qk,  1898;  m-8'  de  viii  +  SB3  p. 

Cette  Introduction  à  U  Bible  et  aux  Apocryphes  en  est  à  sa  ciuquième 
édition,  ce  qui  prouve  U  succès  qu'elle  a  obtenu  auprès  des  théologiens. 
Tout  en  étant  bref,  M.  Strack  a  suffisamment  développé  les  points  essen- 
tiels de  la  critique  biblique,  par  exemple,  le  vocabulaire  des  différentes 
60Utce4  du  Peatatsuque.  La  littérature  exégétique  et  critique  est  donnée 
d'une  manière  aussi  complète  qu'on  peut  le  désirer,  et  M.  Strack  l'a  mise  au 
CoUfttnl  des  derniers  travaux.  Sous  ce  rapport,  l'Introduction  de  M.  Strack 
efct  particulièrement  utile  à  consulter.  —  M»  L. 

SfBiNtfOHNKiDER  (MoHIz).  Dio  bebrâischen  Handscbriften  der  K.  Hof-u. 
Slftatabibllolbek  in  Mfkncben.  2.  grosaenteils  umgearbeitele  Auflage.  Mu- 
nich, Palm,  1895  ;  in-8*»  de  x  +277  p. 

Noms  venoaa  un  peu  tard  pour  rendre  compte  de  cette  deuxième  édition 
du  Catalogue  des  mss.  hébreux  de  la  Bibliothèque  de  MnnicU,  mats  nous 
ayons  pour  excuse  que  Touvrage  ne  nous  a  été  envoyé  que  récemment. 
Noua  reconnaissoas  sans  peine,  d'ailleurs,  qu'il  nous  faudrait  beaucoup  de 
temps  encore  pour  juger  avec  compétence  une  œuvre  de  cette  nature.  Ou 
sail  ce  qui  distingue  les  catalogues  dus  au  Nestor  de  la  bibliographie 
hébraïque.  Quand  même  ils  n'imitent  pas  le  fameux  Catalogue  des  livres 
hébreux  de  la  Bodléienne,  catalogue  qui  est,  en  réalité,  une  histoire  dé- 
taillée de  la  littérature  juive,  ils  oITreut  ceci  de  commun  arec  cet  opttt 
maynum  de  l'illustre  savant  d'être  des  répertoires  manuels  d'un  prix  inesti- 
mable. Kl.  S.,  en  effet,  ue  se  borne  pas  à  décrire  les  mss.,  à  relever  dans 
chacun  les  notices  intéressantes  pour  la  vie  de  l'auteur,  ou  pour  la  sdeitcc 
SB  général,  il  indique  toujours  les  autres  mss.  semblables  (|ui  se  trouvent 
dans  las  diverses  bibliothèques,  les  comparant  entre  eux  ou  avec  les  impri- 
més, il  apprend  si  l'ouvrage  est  inédit  et,  dans  le  cas  contraire»  énumère 
les  éditions  qui  en  ont  été  faites  ;  bien  mieux,  par  des  notes  concises,  qui 
out  parfois  l'air  d'équations  algébriques,   il  dit  l'essentiel  sur   l'ouvrage  en 

Î|ues|ioB  et  renvoie  aux  plus  importants  travaux  qui  lui  ont  été  consacrés. 
l  sufiit  donc  qu'un  livre  se  trouve  en  ms.  dans  les  bibliothèquee  dont  il  a 
dressé  le  catalogue,  pour  qu'on  en  sache  immédiatement  l'essentiel.  Une 
deuxième  édition  d'un  de  ces  Catalogues  n'est  pas  seulement  utile  pour  la 
eo^naisfanee  des  acquisitions  nouvelles  de  la  Bibliothèque  à  laquaUa  «1  e«t 
consacré,  mais  pour  celle  des  études  récentes  provoquées  par  les  ouvrages 
qui  figuraient  dans  la  première  édition.  Comme  de  )u8ta,  le  Calak>gue  se 
termine  par  d'excellents  indices^  des  auteurs,  des  copistes,  des  proprié- 
taires des  mss.,  des  titres,  des  anonymes,  des  localités.  En  outre,  plusieurs 
appendices  donnent  :  1*  la  liste  àes  autorités  citées  par  Zahravi,  par  Isak 
Akko,  par  fauteur  du  nSKp  k3pb>  des  passages  du  Zohar  qui  se  trouvent 
dans  tes  divers  mss.  de  Munich  avce  renvoi  à  l'éditiioB  éê  Mantoue  — 
l'ordre  suivi  est  celui  des  chapitres  du  Pentatauque,  —  la  eopia  d'un  texte 
de  Mordechaï  Rossello  intéressant  pour  l'histoire,  etc.  —  Si  Yoû  sa  rap- 
f9\h  que  M.  S.  a  célébré  il  y  a  deux  ans  son  quatre- viagtièma  anniver- 
saire, on  ue  pourra  qu'admirer  la  fécondité  d'une  vieillesse  toujours  jeune 
qui  noua  vaat  de  si  remarquables  travaux. 

WcissiKia  (Max).  Die  neubebrâische  Aufklârungs-Literaiur  m  Galizien. 
Eine  literar-hiatorische  Cbarakteristik.  Vienne,  M.  Breitenatate,  1898; 
in-8*  de  88  p. 

WiLBMsqi»  H).>.  Die  Spruche.  Friboufg  en  Brisfau,  Mokr,  1897  ;  in-âP  de 
XXIV  +  d5  p.  (Kunar  Hand-Commentar  zum  Allan  Taalamoat,  hragg.  icon 
K.  Marti.  XV.  Abteilung). 


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BlBLIOGRAPUlIi;  31ë 

Yeir  ]»ook  of  GenUal  copfcrence  of  American  rabbis  for  1807*96  =  5658. 
CUïàcimiati,  May  et  Kreidler,  1898  ;  in-8°  de  lviii  +  79  p. 

Goolient  let  conféreBoet  auiv^nAes,  qui  ob4  IouIm  ua  carMlira  j^u- 
Uirç  :  The  ih^ology  of  ihe  old  Pwyar  =  Book,  par  Mas  MaiffoUa  ;  —  The 
Hahbi  «8  a  public  man,  par  J.  L.  Leucht  ;  —  Ëulogy  in  memory  of  Rabbi 
Uraêl  Joseph,  par  Habbi  Joseph  Stolz  ;  —  A  few  words  about  funeral 
rafctriflf,  par  Léo  M.  Frauklin  ;  —  Gibi  aa  Dogmen  in  Judealkum,  par 
II.  Felaenthal. 


4.  Noies  et  extraits  divers, 

tB  =  |f.  DaTÎd  Kaufmann  vient  de  palier,  dans  le»  Archiv  fuf  Qâêâkhhte 
dêr  PUotopkit  (t.  XI,  fasc.  8)  de  Ludwig  Siein,  une  renoarquable  éUido 
sur  kl  diffuaton  du  Guide  des  égaeéi  de  Maîmonide  dans  la  liiWffalure 
untveraelle  {JHt  c  FUhrer  »  MaimûtU's  in  der  WeltlUterahir).  Noua  ik>us 
réseîTOBS  d*en  rendre  compte  dans  le  prochain  numéro. 

=  ^  Un  nouveau  dicUannaîre  héàreu,  —  C'est  de  Jcvusalem  que  nous  yieni  ce 
nouTçl  instrument  do  travail.  Jusqu'ici  la  Palestine  ne  nous  envoyait  que 
des  novelles  et  consultations  rabbiniques,  des  élucubralions  miriôquejS  ; 
Toici  qu'une  révolution  s'opère  dans  ce  pays  devenu  le  point  de  mire  do 
tant  de  Juifs  do  nos  jours.  Une  gënëration  nouvelle  ne  croit  pas  être  infi- 
dèle aux  traditions  en  cultivant  la  langue  hëbraïquo  et  en  dtudiant  avec  les 
exigences  modernes  les  œuvres  du  passe'.  Les  publications  de  M.  Luncz 
en  sont  une  preuve  entre  beaucoup  d'autres,  celle  de  M.  Ben  Jehuda  le 
démontre  égalemcnl.  Sous  le  titre  de  1*1^73.  cet  auteur,  connu  par  son 
journal  hébreu  "«nitn,  a  entrepris  de  dresser  le  vocabulaire  de  tous  les 
mots  anciens  et  modernes  qui  peuvent  servir  à  la  re'surrcction  de  l'hé- 
breu comme  langue  vivante.  Si  Pouvrage  n'avait  que  cette  destination, 
nous  pourrions  en  discuter  rulililé.  Mais  il  offre  des  avantages  bien  plus 
sërieux.  Celui  qui  dtudie  les  divers  monuments  de  la  litte'rature  juive, 
est  obligea,  pour  la  përiodo  ancienne,  de  recourir  à  plusieurs  diction- 
naires, à  celui  de  la  Bible,  à  ceux  du  Talmud,  des  Midrachim.  Quand  il 
aborde  le  moyen  dgc,  son  embarras  est  grand  :  aucune  aide  pour  la 
langue  des  poètes  hébreux  de  ce  temps,  des  livres  de  science,  traduc- 
tions ou  œuvre  originales,  philosophie,  théologie,  grammaire,  sciences 
exactes,  etc.  S'il  s^avise  de  vouloir  comprendre  les  termes  employés  dans 
le  nëo-hdbreu,  il  est  encore  plus  désorienté.  Le  dictionnaire  de  M.  B.  J. 
▼lent  rôpendre  à  tous  ces  desiderata  :  on  y  trouvera  le  matériel  de  la 
langue  béiwajque  aux  différentes  phases  de  son  développement.  L'ou- 
vrage e»t  rédigé  en  hébreu,  mais  tous  les  mots  dont  il  est  traité  sont  ren- 
du» en  Iraoçaia  et  en  allemand.  11  se  publie  par  livraisons  et  formera  quatre 
volumes.  Nous  souhaitons  bon  succès  à  l'auteur^  dont  l'entreprise  «st 
digne  de  toutes  ces  sympathies. 

=  =  II.  Bmile  Durlcheim,  professeur  de  sociologie  à  la  Faculté  des  lettres 
de  Bordeaux,  a  entrepris  de  rendre  compte  annuellement  de  tous  les 
travaux  rentrant  dans  le  domaine  de  la  sociologie.  La  science  des  reli- 
gions en  faisant  incontestablement  partie,  M.  D.  a  accordé  une  place,  dans 
son  Ann^e  sociologique  (Paris,  Hachette,  1898),  à  la  bibliograpfiîe  dea 
Ouvrages  et  articles  relatifs  à  la  religion  d'Israël.  L'idée  est  excellente, 
mais  Tapplication  n'en  est  pas  facile.  Il  faut,  pour  cela,  des  savants  con- 


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316  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

DaissaDt,  d'une  pari,  les  questions  relatives  à  la  religion  hébraïque  et 
juive  —  et  combien  y  en  a-l-il  en  France? —  et,  d'autre  part,  sachant  en 
tirer  ce  qui  intéresse  la  sociologie.  Outre  ces  comptes  rendus,  VAnnée 
sociologique  renferme  des  mémoires  originaux  ;  celui  de  M.  D*  sur  la 
prohibition  de  V inceste  et  ses  origines  mérite  la  plus  sérieuse  attention. 

=:=z  VantiséMitismeet  l'accusation  de  meurtre  rituel.  —  Un  ecclésiastique, 
le  Père  Constant,  a  publié,  en  1896,  un  ouvrage.  Les  Juifs  devant  VBglise 
et  l'histoire  (Paris,  Gaume  et  C'^),  où  il  essaie  de  démontrer  que  les  me- 
sures prises  par  l^Egliso  contre  les  Juifs  sont  empreintes  de  la  plus  pro- 
fonde sagesse.  Afîn  de  faire  pénétrer  plus  facilement  la  conviction  dans 
Tesprit  de  ses  lecteurs,  il  a  cru  nécessaire,  comme  il  dit,  de  présenter  le 
peuple  juif  sous  son  vrai  jour.  Suit  alors  la  longue  série  d'absurdités,  de 
calomnies,  de  fables  ridicules  répétées  depuis  des  siècles  par  tous  les 
ennemis  des  Juifs.  La  collection  ne  serait  naturellement  pas  complète 
s*il  y  manquait  la  fameuse  accusation  de  meurtre  rituel.  Pour  prouver 
que  cotte  odieuse  accusation  est  vraie,  le  Père  Constant  invoque  la  béa- 
tification de  roufdnt  Simon  de  Trente,  l'autorité  des  papes,  la  science  des 
BoUandistes  et. . .  la  France  juive  de  M.  Edouard  Drumont  ! 

Une  revue  calholique  anglaise,  The  Month,  dans  son  numéro  de  juin, 
public,  sous  la  signature  de  M.  Herbert  Thursion,  une  réfutation  de  cette 
dernière  accusation  {Antisemitism  and  the  charge  ofritual  murder,  p.  561- 
574).  Les  arguments  oppos<^s  par  le  publicistc  an^^Iais  au  Père  Constant 
sont  ceux  qui  ont  déjà  été  exposes  mainte  et  mainte  fois  par  des  écri- 
vains juifs  et  cbiéliens.  M.  Herbert  Thurston  les  résume  ainsi  : 

P  On  ne  rencontre  absolument  aucune  trace  do  prescription  concer- 
nant le  meurtre  rituel  ni  dans  le  Talmud  ni  dans  aucun  autre  ouvrage 
religieux,  car  depuis  trois  siècles  qu'ils  scrutent  tous  les  livres  hébreux 
avec  un  zèle  avivé  par  la  haine,  les  ennemis  des  Juifs  n'ont  pas  décou- 
vert un  seul  passage  qui  prouve  l'existence  d'un  tel  usage. 

2^  Nous  savons,  non  seulement  par  les  déclarations  solennelles  de 
Juifs  honorables,  mais  au;isi  par  le  témoiguage  de  rabbins  convertis  au 
christianisme  et  de  la  plus  haute  moralité,  qu'il  n'existe  chez  les  Juifs 
aucune  tradition  orale  qui  justifie  cette  accusation. 

3**  Dans  les  cas  où  un  meurtre  a  été  effectivement  commis  par  des 
Juifs  sur  un  enfant  chrétien  \  Tenquôtc  a  seulement  démontré  la  réa* 
lité  du  crime,  mais  n'a  jamais  pu  prouver  qu'il  s'agissait  d'un  meurtre 
rituel. 

4^  On  connaît  de  très  nombreux  cas  où  cette  accusation  a  été  dirigée 
contre  les  Jtiîfs,  mais  où  le»  juges,  malgré  la  surexcitation  et  la  colère  de 
la  foule,  ont  eu  le  courage  de  proclamer  Tinnocence  des  inculpés. 

50  Plusieurs  papes  et  de  hauts  dignitaires  de  l'Bglise  ont  déclaré  for- 
mellement, après  de  minutieuses  recherches,  que  le  judaïsme  ne  prescrit 
pas  le  meurtre  rituel. 

6^  La  béatification  de  Simon  de  Trente  et  d'André  de  Rinn,  ces  pré- 
tendues victimes  du  fanatisme  juif,  ne  prouve  nullement  que  l'Eglise 
croit  au  meurtre  rituel,  car  la  bulle  pontificale  instituant  le  culte  de  ces 

*  M.  Herbert  Thursion  mentioane  eo  note  deux  cas  de  ce  genre,  dont  Tun  tst 
rbbtoire  du  Baiol  enfant  de  la  Guardia.  On  se  rappelle  peut-être  Tétude  que 
M.  Isidore  Loeb  a  publiée  dans  la  Hevue,  XV,  203-232,  et  où  il  a  montré  que  cet  em^ 
fant  »'«  jamais  existé. 


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mBLlOGRAPHlE  3i7 

soi*disant  martyrs  dit  quMls  ont  été  toéa  in  odium  fldei,  mais  non  pas  en 
vue  d*nn  usage  religieux. 

Mais  rintërôt  de  cette  e'tude  du  Montk  est  peut-être  moins  dans  les 
arguments  présentés  contre  Taccusation  do  meurtre  rituel,  que  dans  ce 
fait  que  cette  revue,  qui  est  un  organe  catholique  (a  cathoUc  Magazine)^ 
reproche  vivement  aux  croyants  catholiques  qui  répètent  avec  tant  de 
complaisance  cette  infâme  calomnie  contre  les  Juifs,  d'oublier  que  des  ac- 
cusations analogues  ont  été  portées,  et  cela  tout  récemment  encore,  par 
les  «  antipapistos  »  contre  les  catholiques  anglais.  «  Ni  les  protesta- 
tions, dit  M.  Herbert  Thurston,  ni  la  force  de  Tëvidence  ou  do  la  lo- 
gique, ni  les  affirmations  des  personnes  les  plus  autorisées,  ni  les 
preuves  attestant  la  mauvaise  foi  ou  l'ignorance  des  accusateurs  ne 
peuvent  empêcher  que  ces  calomnies  ne  soient  sans  cesse  répe'tëes.. .  et 
Ton  admet  comme  un  principe  que  la  déclaration  la  plus  solennelle  d'un 
catholique  est  sans  valeur  s'il  essaie  de  défendre  l'honneur  de  sa  reli- 
gion. »  Bt  il  termine  son  étude  par  ces  lignes  que  le  cardinal  Manning  a 
écrites,  au  sujet  de  l'accusation  de  meurtre  rituel,  à  M.  le  grand-rabbfn 
Adler,  de  Londres  :  «  Vous  avez  raison  de  croire  que  je  réprouve  absolu- 
ment des  accusations  aussi  odieuses.  »  —  Moite  Bloch. 

ISRABL  LiVt. 


VncBTtAMBR  (Ludwig).  Die  eleuslnlnehen  VyAterlen  Im  leranalemlficheii 
TeBi|»eU  Beltraff  zar  {Odlnrhen  RellgloiiMifefirhIehte.  (Séparât- Abdruck 
•U8  D'  A.  BrûU's  •  Populftr-wisseQScbafllicbe  Monalsblfttler  >).  Francfort,  Brônaer, 
1897  ;  18  p.  in-8\ 

La  fête  éleusinieDue  retrouvée  que  M.  Venetianer  dans  le  rituel  de 
Jérusalem  est  la  naNiian  rr^a  nnTS»  «  fêle  du  puisement  de  Teau  »  ou 
«  de  la  maison  de  la  puiseuse  »  (p.  6),  qui  commençait  le  soir  du 
premier  jour  des  Tabernacles.  Les  prêtres  et  les  lévites  descendaient 
dans  le  parvis  des  femmes,  éclairé  par  de  hauts  candélabres  d*or  ; 
des  hommes  pieux,  porteurs  de  flambeaux,  venaient  chanter  et  dan- 
ser devant  les  candélabres  ;  au  chant  du  coq,  on  se  mettait  en  roule 
pour  la  fontaine  de  Siloé;  on  y  puisait  de  l'eau  dans  des  vases  d'or, 
puis  l'on  rentrait  au  temple.  Deux  vases  de  gypse  placés  à  Test  et  à 
l'ouest  de  Tautel  devaient  recevoir,  le  premier  du  vin,  l'autre  de  Teau  ; 
le  prêtre  faisait  la  libation  et  versait  dans  le  vase  de  l'ouest  Teau  du 
Siloé,  en  ayant  bien  soin  de  lever  les  bras.  La  Bible  ne  fait  aucune 
allusion,  au  moins  apparente,  à  ces  cérémonies.  Elles  sont  décrites 
dans  Mischna  Soucca,  v,  4-4;  iv,  9;  Tosefta  (éd.  Zuckermandel), 
Soucca,  IV,  4-9,  et  Talmud  Soucca,  50a-53*.  M.  V.  y  voit  une  contre- 
façon de  la  fête  des  ic^i)(Aoxoai,  célébrée  le  6^  jour  des  Grandes  Eleusi- 
nies  :  les  initiés  allaient  puiser  dans  deux  cruches  de  terre  Teau  qui 
devait  être  versée  au  pied  de  Tautel.  De  part  et  d'autre  il  y  a  deux 
libations,  l'une  du  côté  de  l'Ouest,  l'autre  du  côté  de  l'Est,  de  part  et 
d'autre  mômes  chants,  mômes  lumières,  môme  joie  mystique.  Les 


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3l8  REVUE  DEÔ  ÉTUDES  JUIVES 

datéB  dés  deux  fètisd  concordent  (45  tiséhri,  15  H^tétàMén).  M.  Y.  fte 
donne  beaucoup  de  mal  pour  multiplier  les  analbgtieâ. 

Gt-aelz  allribuait  l'instilulion  de  la'na&^nicn  h->3  nn7a»à  là  feine 
Salomé  Alèxandra  (78-69);  M.  Y.  la  croit  plus  ancienne.  Ce  sont  les 
grands-prôtres  hellénistes  du  temps  des  Macchabées  qu'il  rend  res- 
ponsables de  la  contamination  du  culte  juif  par  les  mystères  d'Bleu- 
sis.  —  Leur  imitation  me  semble  trop  discrète.  Il  y  a  plutôt  entre  tes 
deux  fêtes  analogie  que  similitude.  —  M.  Y.  conclut  bien  tite  au  ai- 
lehcè  absolu  de  l'Ancien  Teatament.  L'allusion  est  au  moins  posâible 
danstsaîe,  xit,  3*.  Accordons  à  M.  Y.  que  ce  passage  n'est  pas  uti  do- 
cument suffisant;  mais  n'y  vit-on  qu'une  métaphore,  encote  fondrait- 
il  Texpliquer.  Je  vois  une  allusion  plus  lointaine  au  môme  rite  dans 
I  Samuel,  vu,  6*. 

L^absence  de  toute  prescription  dans  la  loi  au  sujet  du  puisemeni 
de  Teau  prouve  simplement  que  le  rite  n*a  pas  été  interdit  ou  mo- 
difié. Il  disait  partie  de  l'ancienne  religion  populaire  d'Israël,  dont 
les  débris,  chers  aux  Pharisiens,  étaient  rejetés  par  les  Sadducéena. 
—  Une  fêle  semblable  était  célébrée  à  Hiérapolis  (Membedj).  On 
allait  deux  fois  l'an  en  procession  puiser  de  l'eau  à  TEuphrate,  on  la 
rapportait  dans  des  vases  scellés  et  on  la  versait  daus  le  temple*.  — 
A  Babylone,  le  %  Nisan,  à  la  première  heure  de  la  nuit,  le  grand  prêtre 
va  prendre  dans  sa  main  de  Teau  de  l'Euphrate,  qu'il  doit  répandre  de- 
vant Bel  ^  G^était  probablement  un  charme  pour  faire  tomber  la  pluie* 
Le  rituel  des  fêtes  agraires  comporte  un  épisode  où  les  eaux,  )ès 
sources,  les  fleuves  jouent  un  rêle  (bain  sacré,  aspersion,  été.).  Un 
même  rite  put  être  pratiqué  indépendamment  à  Jérusalem  et  à 
Eleusis. 

Hknri  Hubbbt. 


*  «nrt  ûva  0P"ittfin  nji«'»n  '•3-'y?3îD  iiujttja  û-»»  Dna«©i. 

*  ^.ucieo,  De  Dea  Syrta,  48-9;  Rob.  Smilh,  Helig,  ofike  Sémites,  p.  232. 

*  IV  It.  46,  i  sqq. 


U  gérait, 
ISftABL  LÉYI. 


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TABLE  DES  MATIÈRES 


REVUE. 


ARTICLES  DE  FOND. 

Bachbr  (W.)  Erreurs  récentes  conceruant  d'aûciennes  sources 

hisloriques 4  97 

Baukr  (J.).  Le  chapeau  jaune  chez  les  Juifs  comtadins 53 

BiicHi.KK  (Ad.).  La  relation  de  Josèphe  concernant  Aleiatidré 

le  Grand ,.  \ 

Epstbin  (A.).  Les  Saboralm tîi 

Kaufmann  (D.).  I.  Un  manuscrit  du  Mischné  Tor» 65 

IL  La  lutte  de  R.  Naftali  Cohen  contre  Hayyoutt tW 

III.  R.  Don  Ascbkenasi,  exégète 287 

Krauss  (S.).  Le  traité  talmudique  «  Déréch  Ëréç  » 27  et  205 

Lambert  (Mayer).  Le  Cantique  de  Moïse  (Deut.,  xxxii) 47 

Lrvi  (Israël),  Le  tombeau  de  Mardochée  et  d'Esther 237 

Nicolas  Antoine,  un  pasteur  protestant  brûlé  à  Genève  en  4632 

pour  crime  de  Judaïsme 461 

RouBiN  (N.).  La  vie  commerciale  des  Juifs  comtadins  en  Lan« 

guedoc  au  xviii^  siècle  (fin) 75 

NOTES  ET  MÉLANGES. 

Bachbr  (W.).  I.  Contribution  à  Tonomastique  juive 403 

II.  R.  Sabbatal,  amora  palestinien  du  iii«  siècle a04 

Kaufmann  (D.).  Menahem  di  Fano  et  les  ouvrages  de  Moïse  Cor- 

dueroet  dlsaac  Louria 408 

Krauss  (S.).  Apiphior 405 

Lambert  (Mayer).  I.  La  dittographie  verticale 401 

II.  Le  verbe  nm» 402 

IIL  Notes  exégétiques 293 

LÉvi  (Israël).  La  mort  de  Yezdegerd  d'après  la  tradition  juive.  294 

Poznan&ki  (S.).  I.  Encore  l'inscription  n»  206  de  Narbonne 444 

II.  Un  fragment  de  Toriginal  arabe  du  traité  sur  les  verbes 

dénominatifs  de  Juda  ibn  Bal*am 298 

ScBWAB  (M.)-  Une  Bible  manuscrite  de  la  Bibliothèque  nationale.  442 


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320  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

BIBLIOGRAPHIE. 

Blàu  (L.).  Die  hermeneulische  Analogie  in  der  talmud.  Lite* 

ratur,  par  Ad.  Scbwabz 450 

HuBBRT  (Henri).  Die  eleusinischen  Mysterien  im  jerusaiemi- 

schen,  Tempel,  par  L.  Yenbtianer 317 

Lambert  (Mayer).   Historisch-comparative  Syntax  der  hebr. 

Sprache,  par  Ed.  Kônio ^ 143 

LÉv[  (Israël).  Revue  bibliographique  (S*"  semestre  4897  et  l^^*  se- 
mestre 4898) 445  et  304 

ACTES  ET  CONFÉRENCES. 

Allocution  de  M.  Maurice  Vernbs,  président v 

Procès-verbal  de  TAssemblée  générale  du  5  février  4898 i 

Procès-verbaux  des  séances  du  Conseil XxiV 

Rapport  de  M.  Lucien  Lazard,  secrétaire,  sur  les  publications 

de  la  Société  pendant  Tannée  4897 , x v 

Rapport  du  trésorier i 


FIN. 


YBR8^II.LB8,   IMPRIMBRIBS   CBRF,   59,   RUB  DtrPLBMIS. 


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EVUE 


DES 


S    JUIVES 


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ER8AILLES.  —  IMPRIMERIES  CERF,  'iU,  RUE  DUPLBSSIS. 


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REVUE 


DES 


ÉTUDES  JUIV 


FUBLlCAÏlOiN  THIMESTHIELLE 
DE  LA  SOCIÉTÉ  DES  ÉTUDES  JUIVES 


TOME  TRENTE-SEPTIÈME 


N 


PARIS 

A    LA  LIBRAIRIE   A.    DURLAGHER 

83  "•,  RUB  LAFATBTTB 
1898 


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QUELQUES  DATES  IMPOKTAKTES 

LE  LA  CHRONOLOGIE  LU  2'  TEMPLE 

A  PROPOS  D'UNE  PAGE  DU  TALMUD  (Aboda  Zara,  8  b) 


RAPPORTS  BNTRB  ROME  BT  LA  JUDÉE.  —  DURÉE  DBS  DYNASTIBS  ASMO* 
NÉENNB  BT  HBRODIBNNB.  —  APOQÉE  DB  LA  PUISSANCE  DBS  ASMO- 
MÉENS.  —  DÉCADENCE  DU  JUDAÏSME  EN  JUDÉE.  «-  ÈRE  NATIONALE 
DURANT  LB  SECOND  TEMPLE. 

U  est  dit,  dans  Aboda  Zara,  8  2^,  à  propos  des  fêtes  non-juives  : 
<x  Qu'est-ce  que  la  fête  de  cratèsis?  R.  Jada  dit,  au  nom  de 
»  Samuel  :  C'est  le  jour  où  Rome  se  saisit  du  pouvoir  royal  *. 
i»  Objection  :  Une  baraïta,  énamérant  également  les  fêtes  non- 
»  juives,  compte  comme  deux  fêtes  distinctes  et  la  fête  de  cra- 
»  tésis  et  l'anniversaire  du  jour  où  Rome  s'empara  du  pouvoir 
»  royal?  R.  Joseph  répond  :  C'est  que  deux  fois  Rome  se  saisit  du 
»  pouvoir  royal  :  à  l'époque  de  la  reine  Cléopatre  et  à  Tépoque 
»  des  Grecs*. 

»  R.  Dimi  dit  :  Par  trente-deux  fols  les  Romains  livrèrent  ba- 
»  taille  aux  Grecs.  Ce  ne  fut  qu'après  s'être  associé  les  Juifs 
>  qu'ils  devinrent  victorieux  '.  Voici  quelles  furent  les  conditions 
»  du  pacte  conclu  entre  Rome  et  les  Juifs  :  Le  chef  suprême 
2>  (iitt.  le  roi)  et  Thyparque  seront  choisis  alternativement  l'un 
»  parmi  les  vôtres,  l'autre  parmi  les  nôtres. . .  Ce  pacte,  pendant 
t>  vingt-six  ans,  les  Romains  l'observèrent  fidèlement.  Plus  tard 
»  ils  réduisirent  les  Juifs  sous  le  joug.  » 

'  De  l'hégémonie. 

*  Par  les  Grecs,  le  Talmud  entend  la  dynastie  des  Séleucus  de  Syrie.  Cette  dynar-* 
tie  prit  fin  en  64,  détrônée  par  Pompée. 

*  An  sujet  de  Taide  fournie  par  les  Juifs  à  César,  à  Alexandrie,  Toir  Antiq.,  XI V^ 
Tiu,  i,2,  3;  B.  /.,  I,  iz,3,  5. 

T.   XXXVII,  H»  73.  1 


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2  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Ce  changement  de  la  politique  des  Romains  à  regard  des  Jaifs 
est  confirmé,  d'après  le  Talmud,  par  la  tradition  suivante  : 

«  R.  Eahana  dit  :  Quand  R.  Ismael,  âis  de  R.  Tosé,  tomba  ma- 
9  lade,  les  sages  lui  mandèrent  :  «  Rabbi,  dis-nous  encore  les  deux 
»  ou  trois  choses  que  tu  nous  as  enseignées  au  nom  de  ton  père.  » 
»  —  Il  répondit  :  «  Cent  quatre-vingts  ans  avant  la  destruction  du 
»  Temple»  Tempire  s'étendit  sur  Israël  ;  —  quatre-vingts  ans 
9  avant  la  destruction  du  Temple,  on  décréta  Fimpureté  de  la 
9  terre  des  gentils  et  des  vases  de  verre  ;  —  quarante  ans  avant 
»  la  destruction  du  Temple,  le  Sanhédrin  alla  siéger  au  Bazar.  » 
Ce  qui  signifie,  d'après  R.  Nahman  b.  Isaac,  qu'il  cessa  volontai- 
rement de  prononcer  des  sentences  capitales. 
D'autre  part,  R.  Yosé  avait  dit  : 

«  L'empire  persan  domina  sur  Israël,  avant  la  destruction  da 
»  Te»ple,34  années;  l'empire  grec  domina  sur  Israël,  avant  la  des- 
»  truction  du  Temple,  180  ans  ;  la  dynastie  asmonéenne,  avant  la 
>  destruction  du  Temple,  103  ans  ;  la  dynastie  d'Hérode,  avant  la 
»  destruction  du  Temple,  103  ans.  » 

Or,  comme,  d'après  le  Talmud,  il  est  indubitable,  d'autre  part, 
que  Rome  domina  la  Judée  pendant  les  deux  dernières  périodes  de 
l'histoire  politique  d'Israël,  celle  de  la  dynastie  asmonéenne  et 
celle  de  la  dynastie  d'Hérode,  dont  le  total,  d'après  R.  Yosé  est  de 
206  ans,  le  Talmud  concilie  l'assertion  de  R.  Ismaël  avec  celle  du 
père  de  celui-ci,  en  disant  que,  pendant  26  ans,  les  Romains  agirent 
avec  les  Juifs  en  alliés  sincères  et  loyaux,  laissant  aux  Juifs  leur 
liberté,  et  que  durant  180  autres  années  ils  les  réduisirent  à  l'état  de 
vassaux  ou  de  sujets.  C'est  dans  ce  sens  qu'il  faudrait  comprendre 
ces  mots  nis!»»  nDiDS,  le  mot  nTD^^s  désignant  incontestablement, 
d'après  le  Talmud,  l'empire  romain. 

Be  pluS)  en  additionnant  les  206  années  de  ces  deux  dernières  pé- 
riodes avec  les  180  années  de  la  période  de  la  domination  «  grecque  » 
et  la  période  de  la  domination  persane,  de  34  ans,  d'après  R.  Yosé, 
on  obtient  la  somme  de  420,  ce  qui  est  le  chiffre  donné  pour  la  durée 
complète  du  second  Temple  dans  le  passage  suivant  de  Voma,  9  a  : 
«  Rabba  bar  bar  Hanna  disait  au  nom  de  R.  Yohanan  :  Le  pre- 
»  mier  Temple  dura  410  ans  ;  dix-huit  pontifes  le  desservirent  suc- 
»  cessivement.  Le  second  temple  dura  420  ans  et  fut  desservi  par 
»  plus  de  trois  cents  pontifes.  Si  on  retranche  du  chiffre  total  les 
»  40  années  du  pontificat  de  Siméon  le  Juste,  les  80  années  du 
»  pontificat  de  Jean  Hyrcan,  les  10  années  du  pontificat  d'Ismael 
»  b.  Fabi  et,  d'après  quelques-uns,  les  11  années  du  pontificat  de 
»  R.  Eléazar  b.  Harsom,  il  ne  reste  plus,  en  moyenne,  une  année 
9  pour  chacun  des  autres  pontifes»  j> 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2*  TEMPLE     3 

T  eut-il  vraiment,  darant  le  second  Temple,  tant  de  pontifes 
successifs?  Josèptie  en  compte  cinquante  et  un  *.  Il  doit  en  oublier. 
Mais,  sans  nous  arrêter  à  ce  chiffre  de  trois  cents  pontifes,  chiffre 
parement  hyperbolique,  dans  ces  deux  passages  qui  sont  corres- 
pondants et  semblent  se  compléter  mutuellement,  que  d'assertions 
étranges,  les  unes  manifestement  contraires  à  la  vérité,  d'autres 
sans  intérêt  appréciable,  sans  lien  entre  elles  et  n'ayant  de  com- 
mun qu'une  inexactitude  en  quelque  sorte  flagrante  1  L*une,  par 
exemple,  appartenant  à  Thistoire  politique,  se  rapporte  à  l'éta* 
blissement  d*un  régime  ;  une  autre  touche  à  une  question  de  rite  ; 
la  troisième  à  une  modification  dans  le  fonctionnement  de  la  ma* 
chine  judiciaire.  Quel  rapport  entre  ces  trois  faits  dont,  je  ne 
dirai  pas  la  succession,  mais  la  réalité  même  reste  encore  à 
prouver  et  paraît  extrêmement  douteuse?  Enfin,  quel  intérêt  si 
grand  y  avait-il  à  savoir  la  date  exacte  et  précise  de  Tannée  où 
les  rabbins  lancèrent  l'interdit  sur  les  terres  des  gentils?  Cette 
mesure,  qui  n*était  pas  nouvelle,  d'ailleurs,  avait-elle  une  valeur 
quelconque  pour  d^autres  que  pour  ceux  qui  la  décrétèrent  en 
même  temps  qu'ils  décrétaient  Timpureté  des  vases  faits  de  telle  ou 
telle  matière? 

Il  n'est  pas  vrai,  d'autre  part,  que  Rome  ait  dominé  en  Judée 
dès  Tavènement  de  la  dynastie  des  Macchabées.  Si  elle  intervient 
entre  les  princes  de  cette  maison  d'une  façon  souveraine,  c'est  en 
63,  pour  trancher  en  faveur  de  Jean  Hyrcan  II  le  litige  que  por- 
tèrent devant  Pompée  Hyrcan  et  Aristobule.  C'est  en  163,  d'après 
le  livre  des  Macchabées  et  de  Josèphe,  que  Juda  envoie  une  am- 
bassade à  Rome,  que  Rome,  si  le  fait,  bien  douteux  d'ailleurs,  est 
vrai,  est  devenue  ralliée  des  Juifs.  Le  premier  de  ces  deux  faits 
nous  reporte  à  233  ans,  le  second  à  133  ans  avant  la  destruction 
du  Temple,  c'est-à-dire  à  une  distance  l'un  de  Pautre,  non  de 
vingt-six  ans,  mais  juste  d*un  siècle.  Dans  tous  les  cas,  le  chiffre 
de  180  appliqué  à  la  durée  de  la  domination  romaine  en  Judée  ne 
répond  à  rien  de  réel. 

Il  n'est  pas  vrai  non  plus  que  la  domination  persane  n'ait  duré 
que  trente-quatre  ans.  Il  y  a  là  une  des  plus  grosses  erreurs  qui 
aient  pu  porter  #ur  un  fait  de  Thistoire.  Il  n'est  pas  vrai,  par 
conséquent,  que  la  période  complète  du  second  Temple  ait  été, 
comme  l'affirme  le  passage  de  Yoma^  de  quatre  cent  vingt  ans. 
L'erreur  dans  la  somme  est  naturelleiftent  égale  à  celle  qui  porte 
sur  le  chiffre  particulier.  Elle  atteint,  comme  on  le  sait,  le  chiffre 
énorme  de  cent  quatre-vingts  ans  ! 

I  Ant,^  XX,  X,  2  et  s* 


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4  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

Nous  nous  proposons  de  répondre  à  toutes  les  questions  que 
nous  venons  de  poser,  de  rechercher  les  parcelles  de  vérité  ren- 
fermées dans  ces  traditions  diverses,  le  caractère  commun  de  ces 
faits  d'une  nature  si  variée,  ce  que  cette  page  du  Talmud,  trop  dé- 
daignée,  à  notre  avis,  par  les  historiens  du  judaïsme,  peut  valoir 
comme  contribution  à  Tensemble  des  documents  qui  ont  formé 
les  matériaux  de  Thistoire  de  la  dernière  période  de  la  nationa- 
lité juive. 


I 


Remarquons,  tout  d*abord,  que  les  traditions  rapportées  dans 
les  deux  passages  du  Talmud  ont  été  recueillies  par  des  docteurs 
vivant  assez  longtemps  après  les  époques  ou  les  périodes  dont  ils 
ont  prétendu  vouloir  axer  la  date  ou  la  durée.  Le  plus  ancien 
d*entre  eux,  R.  Yosé,  florissait  un  siècle  après  la  destruction  du 
Temple.  Les  autres,  R.  Nahman,  R.  Dimi,  R.  Eahana,  R.  Jo- 
seph, sont  de  beaucoup  postérieurs.  Ces  traditions  leur  sont  par- 
venues, le  plus  souvent,  par  voie  orale,  témoin  le  fait  môme  de 
B.  Ismaèl,  fils  de  R.  Yosé.  On  veut  recueillir,  à  son  lit  de  mort,  les 
souvenirs  qui  lui  sont  restés  de  son  père  et  qu*il  avait  révélés  une 
première  fois  d'une  façon  orale  ...laV  nnTafiW  Dnan  ...rh  n»». 
Quelquefois  ces  traditions,  ils  les  ont  trouvées  mentionnées  dans 
ces  livres  de  généalogie,  \>om^  nco  ou  \'^om^  nV^a»  *,  qui  ont  formé 
la  matière  des  livres  des  Chroniques,  d*Ezra  et  de  Néhémie*  et 
dont  les  indications  toujours  très  brèves,  parfois  obscures,  n^ont 
pas  toujours  été  bien  comprises  et  souvent  ont  été  mal  interprétées. 

En  premier  lieu,  il  est  deux  des  assertions  du  passage  d'Aboda 
Zara  dont  il  est  aisé  de  démontrer  l'exactitude.  Les  deux  dynas- 
ties des  Asmonéens  et  des  Hérodiens  ont,  toutes  deux,  même  du- 
rée, 103  ans,  concordance  de  chiffre  bizarre  et  qui,  par  cela  méme« 
éveille  la  défiance.  Cette  concordance  n'en  est  pas  moins  réelle. 
Prenons  la  première  de  ces  deux  dynasties,  celle  des  Asmonéens. 
Josèphe,  à  la  fin  du  XIV«  livre  des  Antiquités,  lui  assigne  une  du- 
rée de  126  années.  Elle  aurait  ainsi  commencé  eiyl'an  163,  l'année 
de  la  mort  d'Antiochus  Epiphane.  A  cette  époque,  Juda  Mao- 
chabée  n'était  guère  qu'un  chef  de  partisans,  chef  héroïque,  il  est 
vrai,  et  dont  les  exploits,  grossis  sans  doute  par  l'imagination  po- 
pulaire, sont  souvent  couronnés  de  succès  ;  mais  son  pouvoir  est 

*  P$Mhim,  62*. 
■  Néhémie,  vu,  5. 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2-  TEMPLE  5 

encore  bien  précaire  et  sans  assises.  Le  gouyernement  officiel  est 
représenté  par  le  général  Syrien,  Baccbides,  et  le  grand-prêtre 
Alcime.  Jonathan  (160-149),  successeur  de  Juda  Macchabée,  par- 
vint à  devenir  le  vassal  des  rois  de  Syrie.  N*est-il  pas  plus  naturel 
de  faire  commencer  la  dynastie  asmonéenneen  l'an  140,  l'année  où 
une  grande  assemblée  nationale  conféra  solennellement  à  Siméon 
et  à  ses  descendants  la  dignité  de  prince  et  de  pontife, dont  il  rem- 
plissait les  fonctions  depuis  trois  ans  et  dont  il  est  dès  lors  investi 
d^une  façon  légitime?  De  140  à  37,  année  où  finit  la  dynastie,  il  y 
a  103  ans. 

Il  faut  observer,  d'ailleurs,  que  Josèpbe  ne  dit  pas  que  les  Âs- 
monéens  aient  régné  efiectivement  durant  cent  vingt-six  ans, 
mais  que  leur  primauté  (Jt^xh)  ^  duré  ce  laps  de  temps,  chose  par* 
faitement  soutenable. 

Voyons  maintenant  quelles  sont  les  dates  extrêmes  de  la  dynas- 
tie hérodienne.  Hérode  monte  sur  le  trône  Tan  37  avant  l'ère 
chrétienne.  En  Tan  66  de  cette  ère,  l'arrière-petit-flls  d'Hérode, 
Agrippa  II,  roi  de  Chalcis,  qui,  comme  descendant  des  rois  juifs, 
avait  conservé,  de  la  part  de  Rome,  le  droit  royal  de  nommer 
et  de  déposer,  à  son  gré,  le  souverain  pontife  et  ainsi,  dans  une 
certaine  mesure,  possédait  la  suprême  direction  de  la  nation 
Juive,  soupçonné  d'intelligence  avec  les  Romains,  chassé  d'abord 
de  Jérusalem  où  il  avait  failli  périr,  devient  ennemi  public. 
De  37  antej  date  de  Tavènement  de  Hérode,  à  66  post,  date  de 
la  dépossession  finale  d'Agrippa  II,  aux  yeux  des  Juifs,  il  y  a 
103  ans. 


II 


Le  chlfl*re  180  n*a  aucun  sens,  nous  l'avons  dit,  et  ne  rdpond  à 
rien  si  on  le  rapporte  à  la  domination  romaine.  Que  se  passe-t-il 
réellement  cent  quatre-vingts  ans  avant  la  destruction  du  Temple, 
c'est-à-dire  110  ans  avant  l'ère  actuelle  ? 

Jean  Hyrcan  avait  soumis  l'Idumée,  obligé  les  habitants  de  ce 
pays  à  embrasser  le  Judaïsme.  Dès  lors,  du  cdté  de  la  frontière 
méridionale,  plus  d'enclave  pouvant  servir  de  base  d'opérations 
ou  de  refuge  aux  tribus  pillardes  arabes  ou  aux  partis  égyptiens 
désireux  d'envahir  la  Judée  et  de  menacer  Jérusalem.  Restait  en- 
core du  côté  du  nord;  entre  la  Judée  et  la  Galilée,  la  Samarie,  ha- 
bitée par  d'implacables  ennemis  du  nom  Juif  et  dont  la  présence 
dans  ce  territoire  était  un  obstacle  insurmontable  à  l'union  des 


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6  revue:  des  études  juives 

provinces  de  la  Palestine.  Jean  Hyrcan  entreprend  la  conquête 
de  la  Samarle,  envoie  deux  de  ses  dis  à  la  tête  d'une  armée  qui , 
après  avoir  vaincu  le  roi  de  Syrie,  Antiochus  de  Cyzique,  accouru 
avec  toutes  ses  forces  au  secours  des  assiégés,  s'empara  de  la 
capitale  ennemie,  Tan  110,  le  jour  même  de  Eîppour.  On  pré- 
tendit —  cette  légende  se  trouve  à  la  fois  dans  Josèphe  et 
dans  le  Talmud*  — ,  qu^ayant  pénétré  dans  le  Saint  des  saints  pour 
y  porter  Tencens,  le  pontife  y  entendit  une  voix  lui  annonçant  le 
triomphe  de  ses  fils.  Il  devint,  dès  lors,  Tobjet  de  la  vénération 
populaire  *. 

Ce  fait  d'armes  si  brillant  assura,  pour  un  temps,  Tindépendance 
de  la  Palestine  et  produisit  incontestablement  dans  imagination 
des  Juifs  une  Impression  profonde  et  durable.  La  royauté  nationale 
des  Âsmonéens  s*était,  à  ce  moment,  étendue  sur  tout  le  pays 
d'Israël,  biniD'*  by  n*Db»  SiDiDt.  C'était  là  révénement  considérable 
qu'aux  confins  de  sa  vie,  le  tenant  de  son  père,  R.  Ismaêl  racon- 
tait, trois  siècles  après,  sans  en  connaître  la  signification  ni  même 
sans  doute  la  véritable  nature,  croyant  sans  doute,  de  même  que 
ses  auditeurs,  que  le  ni^b)3,  la  domination,  dont  il  racontait  l'ex- 
tension, c'était  la  domination  romaine.  Quoi  qu'il  en  fût,  la  tradi- 
tion qu'il  rapporte  dans  des  termes  très  vagues,  d'ailleurs,  ne 
fut  pas  comprise  par  ceux  qui  vinrent  après  lui  :  R.  Kahana , 
R.  Dimi,  R.  Joseph. 

Il  n'y  a  donc  nul  rapport  entre  les  180  ans  de  la  tradition  de 
R.  Ismaôl,  qui  sont  une  date  précise  dans  l'histoire  des  rois  Âsmo- 
néens, et  le  nombre  206,  somme  des  années  qui  s'écoulent  entre 
l'an  140  ante,  année  de  l'investiture  de  Siméon,  et  l'an  66  de 
rère  chrétienne,  année  de  la  révolte  déclarée  de  Jérusalem.  Il 
deviendrait,  dès  lors,  superflu  de  rechercher  ce  que  devien- 
nent, à  ce  compte,  les  26  ans  formant  la  différence,  difiérence 
complètement  imaginaire,  entre  le  nombre  206,  nombre  cardinal 
qui  s'applique  à  une  somme  d'années  et  l'année  180,  nombre  or- 
dinal, date  d'un  événement  qui  se  réalise  à  une  époque  déter- 
minée de  l'histoire. 

Toutefois,  il  n'est  pas  inutile  de  remarquer  que  la  tradition  rab- 
binique,  pour  ce  qui  concerne  la  durée  des  rapports  de  Rome 
avec  la  Judée  autonome,  n'est  nullement  contraire  à  la  vérité.  En 
140  les  ambassadeurs  envoyés  par  Simon  Macchabée  pour  con- 
clure une  alliance  avec  Rome  reviennent  de  Rome,  rapportant 
l'instrument  diplomatique  de  cette  alliance.  De  140  ante  à  l'an  66, 
il  y  a  206  ans. 

»  Totèfta  8ota,  xcii,  5. 

*  Josèphe,  Antiq,,  XIU,  %,  7. 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2*  TEMPLE  7 

Dans  cette  confusion  de  traditions  diverses  mal  comprises  et 
mal  rapportées,  il  est  impossible,  sans  aucun  doute,  d^expliquer 
d'une  façon  mathématique  jusqu'au  moindre  détail.  Cette  période 
de  vingt-six  années  d'alliance  sincère  et  loyale  entre  Rome  et  la 
Judée,  qui  semble  avoir  été  l'âge  d'or  de  cette  alliance,  à  quelle 
époque  se  produit-elle?  Nous  n'en  savons  rien.  Prenons  toutefois  ce 
chiffre  de  26  pour  l'expression  numérique  d'une  tradition,  réelle 
peut-être,  mais  confuse  comme  toutes  celles  qui  ont  été  rapportées 
dans  ce  passage,  et  essayons,  dans  cette  hypothèse,  de  retrouver 
le  moment  où,  portées  l'une  vers  l'autre  par  une  confiance  absolue, 
d'une  part,  par  une  bienveillance  incontestée,  de  l'autre,  Rome 
et  la  Judée  entretenaient  des  rapports  tels  que,  de  loin,  pour  des 
esprits  ignorants  de  la  politique  romaine  comme  les  talmudistes  de 
Babylonie  au  iv®  siècle,  ou,  comme  longtemps  avant  eux,  l'auteur 
naïf  du  P'  livre  des  Macchabées,  il  semblait  y  avoir  égalité  de 
droits  dans  le  pacte  contracté  entre  le  petit  état  oriental  et  l'empire 
tout-puissant  de  Rome.  Remarquons,  en  effet,  que  le  Talmud  n'a 
pas,  le  premier,  conçu  de  cette  façon  l'alliance  avec  Rome.  L'au- 
teur du  P^  livre  des  Macchabées,  qui  vivait  à  une  époque  où  la 
Judée  était  indépendante,  stipule  de  même,  sinon  dans  les  mêmes 
termes,  les  conditions  du  traité  :  selon  les  circonstances,  les 
troupes  juives  devaient  obéir  à  des  chefs  romains,  les  troupes  ro- 
maines à  des  généraux  juifs  ^  Telle  est  en  substance,  selon  lui, 
l'alliance  contractée,  en  161,  à  Rome,  par  les  envoyés  de  Juda 
Macchabée. 

Cette  clause,  Josèphe,  racontant  cette  négociation,  se  garde  bien 
de  la  reproduire  parmi  les  engagements  conclus  alors  et  qui , 
d'après  lui,  furent  gravés  sur  les  tables  d'airain  déposés  au  Ca- 
pitole*. 

Cette  alliance  fut  renouvelée  dix-huit  ans  plus  tard,  en  143,  par 
Jonathan  ^  ;  vingt-quatre  après,  en  137,  par  Siméon  ^  ;  puis  en- 
core, en  128,  par  Jean  Hyrcan"*;  alliance,  pendant  très  long- 
temps de  pure  forme,  ce  semble,  et  dont,  durant  près  de  cent  ans, 
les  effets  ne  se  manifestent  qu'une  fois,  par  les  lettres  commina- 
toires adressées,  en  137,  aux  voisins  hostiles  de  la  Judée,  mais  qui, 
donnant  aux  Romains  le  droit  d'intervenir  dans  les  affaires  inté- 
rieures de  la  Judée,  préparent,  comme  on  sait,  l'asservidsement  et 
la  ruine  de  celle-ci. 

>  I  Macchab.,  nn,  28  sa. 
«  Ant,,  XII,  X,  6. 

•  1  Macchab.,  xii,  n,  46  ;  Àni„  XIII,  v,  8. 

*  I  Macchab.,  xv,  16-24  ;  Ant.,  XIII,  vit,  3. 
s  Ibid.,  XUI,  IX,  2. 


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8  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Ces  vingt-six  années  dont  parle  le  Talniud*,  pendant  lesquelles 
Rome,  étroitement  unie  à  la  Judée,  a  pour  celle-ci  tous  les  égards, 
ce  n*est  pas  dans  cette  période  de  cent  années  qu'on  les  retrouye  ; 
ni,  à  notre  avis,  de  69  à  39  durant  le  principat  d'Hyrcan  II,  pen- 
dant lequel  la  Judée  est  pillée  tour  à  tour  par  Scaurus,  Pompée, 
Gabinius  et  Crassus;  ni  pendant  les  trente-trois  années  du  règne 
d*Hérode,  qui  par  ses  bassesses  envers  les  Romains  et  la  prodi- 
galité de  ses  largesses,  s*assure  une  autorité  absolue,  sinon  dans 
le  gouvernement  de  sa  famille,  du  moins  dans  Tadministration  de 
son  royaume  ;  mais  cette  période  où  Rome,  quoique  maîtresse 
souveraine  et  effective  de  la  Judée,  semble  avoir  joué  dans  les  af- 
faires intérieures  de  ce  pays,  le  rôle  d*une  alliée  fidèle,  c*est  plutdt 
après  la  déposition  d'Archélaûs,  à  partir  de  Tannée  6  de  Tère  ac- 
tuelle, quand  Rome  a  pris  directement  en  main  le  gouvernement 
de  la  Judée. 

La  dynastie  Âsmonéenne,  si  glorieuse  et  si  aimée  à  ses  débuts, 
n*avait  pas  longtemps  conservé  son  prestige.  Illégitime  aux  yeux 
de  beaucoup,  ayant  usurpé  un  pouvoir  que  lui  déniaient  les  prin- 
cipes constitutifs  de  la  nation,  ainsi  que  le  déclaraient  dès  Tan 
63,  à  Pompée,  les  représentants  autorisés  de  la  nation,  elle  avait 
bientôt  perdu  toute  autorité,  ruinant  la  Judée  dans  des  compétitions 
fratricides  et  intervenant  dans  les  querelles  religieuses  de  la  façon 
la  plus  abusive  et  quelquefois  la  plus  cruelle.  Hais  quel  ressen- 
timent de  haine  soulevait  dans  les  cœurs  le  souvenir  de  Tatroce 
tyrannie  d'Hérode,  l'étranger,  Tlduméen,  Tesclave  des  Âsmonéens 
et  leur  meurtrier,  le  meurtrier  de  ses  enfants,  de  sa  famille,  de 
Télite  de  la  nation!  Comme  une  grâce,  le  peuple  juif  sollicitait 
qu'on  le  délivrât  de  ses  rois,  le  gouvernement  de  Rome  lui  sem- 
blant la  délivrance,  le  salut.  Dès  la  mort  du  tyran,  la  nation  tout 
entière*  encouragée  par  le  gouverneur  de  Syrie,  élut  cinquante 
députés  auxquels  se  joignirent  huit  mille  hommes,  toute  la  com- 
munauté juive  de  Rome,  pour  porter  devant  Auguste  les  plaintes 
amères  de  la  nation  et  son  vœu  d*étre  gouvernée  par  des  préteurs 
romains.  C*était  pour  eux  le  moyen  d'obtenir  leur  autonomie, 
c*est-à-dire  le  droit  de  se  gouverner  eux-mêmes  suivant  leurs 
propres  lois,  sous  la  protection  de  Rome  '. 

Dix  ans  après,  les  vœux  du  peuple  juif  étaient  exaucés.  Arché- 
lëûs,  le  digne  fils  et  successeur  d*Hérode,  fut  déposé,  ayant  uni 
dans  la  même  réprobation  Juifs  et  Samaritains  et  Jusqu'à  ses 

>  Période  de  vingt-trois  &  viogt-quatre  ans.  Il  est  eoienda  que  ce  ohifTre  de  26 
n'a  qu'une  valeur  approximative. 

*  Ant,y  XVII,  XI,  1,  Kpe<76é(xlov$xt(i>v. ,. ..,  yv(o;xri  toû  (Ovovc. 

*  CTcèp  alTriaco);  aOrovopLtac. 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2-  TEMPLE     9 

propres  parents,  Rome  prenait  en  main  le  gouvernement  de  la 
Judée  et,  pour  la  première  fois,  pendant  de  longues  années,  la 
tranquillité  régna  dans  ce  pays. 

Sous  les  premiers  procurateurs,  la  Judée  n*a,  pour  ainsi  dire,  pas 
d*histoîre.  Elle  est  gouvernée  suivant  ses  lois,  par  ses  propres  ma- 
gistrats. La  seule  question  qui  la  trouble  —  dans  un  parti  d*esprits 
inquiets  —  est  de  savoir  si  la  religion  permet  de  subir  le  cens,  de 
payer  le  tribut  à  César.  Les  enseignes  romaines  ne  pénètrent  même 
pas  dans  la  ville  sainte,  leur  vue  pouvant  froisser  les  préjugés  re- 
ligieux des  Juifs.  Ponce  Pilate,  procurateur,  vingt  ans  après  que  la 
Judée  est  devenue  province  romaine,  est  obligé  de  faire  sortir  de 
Jérusalem  les  enseignes  romaines  pour  ne  pas  blesser  les  senti- 
ments des  Juifs. 

Ponce  Pilate  est  le  premier,  d'ailleurs,  dont  les  Juifs  se  plaignent, 
et  leurs  griefs  ne  sont  pas  toujours  justifiés.  Ce  ne  fut  que  vingt- 
neuf  ans  après  rétablissement  de  la  domination  romaine,  en  Tan 
35,  qu'éclate  un  conflit  sérieux  entre  Pilate  et  les  Samaritains  et 
que  ceux-ci  obtiennent  son  rappel.  N*est-il  pas  vraisemblable  que, 
Rome  gouvernant  la  Judée  avec  tant  de  modération,  de  sagesse  et 
de  ménagement,  les  Romains,  durant  les  vingt-six  premières  an- 
nées de  leur  gouvernement,  parurent  aux  Juifs  moins  des  maîtres 
que  des  alliés  ? 


m 


a  Quatre-vingts  ans  avant  la  destruction  du  Temple,  on  décréta 
rimpureté  du  pays  des  gentils  et  des  vases  de  cristal.  » 

La  pureté  ou  l'impureté  étaient,  pour  les  Juifs,  idées  ou  choses 
purement  relatives.  Si,  à  Tégard  des  gentils,  les  Juifs  se  considé- 
raient comme  purs  *,  il  y  avait  parmi  les  Juifs  eux-môraes,  en  ma- 
tière de  pureté,  de  nombreux  degrés  ^.  L'homme  du  peuple  était  im- 
pur relativement  au  savant,  celui-ci  à  Tégard  du  Cohen, les  membres 
du  Sanhédrin  rendaient  impur,  par  leur  seul  contact,  le  souverain 
pontife',  le  Cohen  était  moins  tenu  à  l'observance  des  lois  de  pureté 
que  le  Nazir  ^  ;  le  Temple  lui-môme  n'était  pas  assez  pur  pour  les 
Esséniens,  qui  s'abstenaient  de  s'y  rendre.  Le  Temple,  néanmoins, 
était  sacro-saint  à  leurs  yeux;  ils  y  envoyaient  leurs  offrandes '^. 

«  Jean,  xvni,  28;  An(.,  XVlII,  iv,  3;  5.  7.,  II,  vin,  10  ;  VI.  ii.  2. 

*  Mischoa  Haguiga^  ii.  7. 

*  Ihid.^  Para  /  m,  7  ;  Tosefta,  ibid.^  m,  8. 

*  Mischna  Natir^  tu,  1,  opinion  de  R.  Eliézcr. 
»  Ant.,  XVIII,  I,  5,  àvaeyjjiara. 


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10  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

Déjà  à  l'époque  des  plus  anciens  prophètes,  la  terre  des  gentils 
paraissait  impure,  ainsi  que  nous  le  voyons  dans  Josué,  xxii,  19, 
et  dans  Amos,  vu,  17.  C*est  pour  cette  raison  sans  doute  que, 
lors  de  Tédit  de  Cyrus,  parmi  les  Juifs  qui  retournent  en  Pales- 
tine, la  proportion  des  Cohanlm  est  si  forte,  10/100,  4,000  sur 
40,000.  Cette  impureté  n'était  pas  chose  très  grave  aux  yeux  de 
tous  les  prêtres,  car  il  en  reste  alors  en  Babylonle,  témoin  la 
famille  d'Ezra,  Cohen,  comme  on  sait,  celle  de  Hananel,  qui  fut 
appelé  de  Babylonie  pour  être  grand-prêtre  au  commencement 
du  règne  d'Hérode  *.  L'autorité  religieuse  s'y  prend  à  plusieurs  re- 
prises *  pour  la  faire  passer  dans  ses  lois  et  celle-ci  semblent 
avoir  eu  un  caractère  politique  plutôt  que  religieux,  les  circons- 
tances au  milieu  desquelles  elles  sont  faites  le  prouvent.  Tel  pa- 
rait être  le  décret  dont  R.  Ismaêl  a  conservé  le  souvenir  et  flxé  la 
date. 

Se  passa4-il  donc  quelque  chose  qui  pût  motiver  le  décret  des 
sages,  quatre-vingts  ans  avant  la  destruction  du  Temple? 

En  l'an  10  avant  l'ère  actuelle,  Hérode  inaugure  la  ville  de  Césa- 
rée,  dont  il  fit,  sinon  sa  capitale,  —  le  Talmud  l'appelle  la  métro- 
pole des  rois  '  —  du  moins  sa  résidence  favorite,  qu'il  peuple  de 
vétérans  de  ses  troupes,  c'est-à-dire  de  mercenaires  étrangers 
libérés  du  service,  et  de  Syriens,  qu'il  décore  avec  magnificence, 
où  il  construit  des  temples  à  l'usage  des  colons  idolâtres,  un  temple 
surtout  qu'il  consacre  à  Auguste.  Pour  célébrer  l'inauguration  de 
cette  ville,  qui  semble  avoir  été  construite  en  haine  de  Jérusalem, 
qui  deviendra  son  ennemie^,  que  Josèphe  déclare  être  la  plus 
grande  ville  de  la  Judée  ^  et  que  le  Talmud  appelle  la  fille  d'Edom^, 
Hérode  institue  des  courses  de  chars,  des  jeux  gymniques,  des 
combats  de  bêtes  féroces  et  de  gladiateurs.  Il  y  attira  une  immense 
multitude,  y  reçut  de  nombreux  ambassadeurs  des  rois  et  des 
peuples  voisins,  célébra,  pour  recevoir  tous  ces  étrangers,  des 
fêtes  de  jour  et  nuit  avec  une  profusion  qui  flattait  son  orgueil,  qui 
faisait  l'admiration  de  ses  hôtes  si  magnifiquement  traités  et  le  dé- 
sespoir de  ses  sujets,  car,  ainsi  qu'à  maintes  reprises  l'histoire 

1  Les  Juifs  de  Babylonie  veulent,  à  force  d'inslances,  relenir  parmi  eux  Hyrcan  II, 
^ancien  grand-prêtre,  Ant.^  XV,  n,  2. 

'  Schabbaty  15.  La  première  fois  cVait,  ce  semble,  sous  le  ponliBcat  d^Alcime.  Yosé 
b.  Yoézer,  qui  la  fit  décréter  à  cette  époque  d'après  le  Midrasch,  fut  la  victime  de 
ce   prôtre,  son  neveu.  Bereschit  Rabha^  65. 

<  MeguiUa,  6  a, 

♦  Ibid. 

'  (ieYi<rrr,v  'louîatwv  7ro>{v,  B,  /.,  III,  ix,  1.  Tacite  l'appella  JudéK»  Capui, 
Hist,,  2,  79. 

*  Meguilla^  ibid.  Le  Midrasch  Schir  Easehirim^  i,  5,  Rappelle  la  ville  de  blasphè- 
mes, K'^D'n'^:;')  «•^Dnn'^m  p3'«i». 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CFIRONOLOGIE  DU  2*  TEMPLE  tl 

le  répète,  rien  n'aliénait  davantage  à  Hérode  et  n'exaspérait  tant 
contre  lui  les  cœurs  des  Juifs,  que  ces  orgies  où  étaient  violées 
toutes  les  lois  de  la  décence  et  de  la  pudeur,  que  ces  jeux  cruels 
et  impurs  du  cirque  introduits  par  lui  en  Judée  au  mépris  des  plus 
saintes  traditions  et  altérant  si  gravement  les  mœurs  nationales  ^ 

Césarée,  bien  que  située  en  Judée,  était  considérée  comme  terre 
des  gentils  ',  le  décret  rendu  par  les  Pharisiens  en  Tan  10  empê- 
chait les  Cohanim  et  les  gens  scrupuleux,  désireux  d'éviter  toute 
impureté,  de  se  rendre  à  Césarée,  d'assister  aux  jeux  et  aux  fêtes 
de  cette  ville,  jeux  qui,  ainsi  que  Hérode  Tavait  prescrit,  devaient 
se  renouveler  tous  les  cinq  ans.  Par  cette  mesure  on  faisait  le  vide 
autour  du  tyran  et  de  sa  résidence  favorite.  S*il  est  vrai,  ainsi  que 
l'assure  le  Talmud,  qu'en  Tan  10  on  décréta  d'une  façon  générale 
que  Ja  terre  des  gentils  serait  réputée  impure,  cette  mesure  était 
de  la  part  des  Pharisiens,  un  acte  d'opposition,  inattaquable  en 
principe,  puisqu'elle  n'était  pas  spéciale  à  Césarée  et  qu'elle  visait 
des  ordonnances  antérieures  '  et  qui,  de  cette  façon,  entrait  com- 
plètement, sous  ce  double  rapport,  dans  le  système  de  l'opposition 
qu'ils  faisaient  à  Hérode  *. 

Par  le  même  décret,  en  déclarant  impurs  les  vases  de  verre,  ils 
ruinaient  Tindustrie  de  la  ville  naissante  ou  en  arrêtaient  le  dé- 
veloppement. Césarée  était  située  sur  une  côte  sablonneuse  *.  Le 
sable  de  cette  cdte,  d^une  couleur  éclatante,  servait  à  fabriquer  le 
verre  blanc,  si  estimé,  au  dire  du  Talmud.  Le  produit  de  cette  fa- 
brication était  de  nature  à  donner  à  ce  territoire  une  valeur  au 
moins  égale  à  celle  des  meilleurs  terroirs  de  la  Palestine  *. 

*  Ant.,  XV,  VII,  10;  vm.  1. 

«  J.  OnUtin,  I,  5;  J.  Natir^  ix,  1  ;  Oholot,  xvii;,  9;  Tose/Ha,  ibid.,  xviii,  16;  Aclea 
des  Apôlres,  xii,  19  ;  xxi,  10.  Cette  impureté  majeure  nécessitait  uue  période  de  lus- 
IralioD  de  sept  jours,  durant  lesquels  le  Cohen  était  éloigné  du  sanctuaire,  ne  pouvait, 
sans  8*exposer  aux  plus  terribles  châtiments,  participer  aux  6acrifices,aux  prémices  de 
la  pâle  (Halla),  des  fruits  (Bikkourim),  aux  prélèvements  consacrés  (Terouma),  qui 
étaient  la  majeure  partie  de  ses  revenus. 

*  ScAabbat,  \}i  a. 

*  Ant.y  XVII,  II,  4.  «  Les  Pharisiens  peuvent  le  mieux  faire  de  Topposition  aux 
rois,  et  très  prudents,  et  de  la  façon  la  plus  prompte  et  la  plus  avisée,  trouvent  le 
moyen  d'entrer  en  lutte  et  de  blesser.  •  paaiXeOdi  6uvà|jLevoi  {laXtcrra  àvriirpàiffeiv 
irpo|iT}Oeic,  x50é  tov  irpoÛTrrou  eîç  t6  icoXepLEîv  Tè  xai  pxàirtetv  àityipfxWoi. 

*  nbinn  p  rra©-»,  MeguUia,  6  a. 

*  Jbid, 


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12  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


IV 


c(  Quarante  ans  avant  la  destruction  du  Temple,  le  Sanhédrin 
fut  exilé  (da  Temple)...,  cessa  de  rendre  des  sentences  capi- 
tales. » 

Ce  texte,  d*après  la  plupart  des  savants,  n*a  aacane  valeur. 
D*une  part,  se  fondant  sur  un  texte  de  Josèphe,  diaprés  nous,  mal 
compris,  on  admet  qu*en  droit,  les  pouvoirs  du  Sanhédrin  ont  été 
restreints,  au  point  de  vue  judiciaire,  bien  avant  l'époque  indi- 
quée par  le  Talmud. 

De  Tautre,  les  traditions  rattachées  aux  textes  évangéliques  au 
sujet  du  procès  et  de  la  condamnation  de  Jésus,  d'Etienne  et  de 
Paul  et  le  témoignage  de  Josèphe  relatif  à  la  condamnation  de 
Tapdtre  Jacques  semblent  démontrer  d*une  façon  considérée 
comme  péremptoire  qu*en  fait,  dans  certaines  conditions,  le  San- 
hédrin exerçait  encore  le  pouvoir  de  prononcer  des  sentences  ca- 
pitales. 

Voyons  d'abord  le  texte  de  Josèphe  : 

1.  En  Tau  6,  Ârchélaûs,  fils  â*Hérode,  ayant  été  déposé  et  la  Ju- 
dée étant  réduite  en  province  romaine,  Coponius,  chevalier  ro- 
main, est  nommé  procurateur  de  la  Judée,  reçoit  pleins  pouvoirs, 
|xèypi  Tou  xT6(veiv  Xapiv  eÇou<T{av  *.  Donc,  à  partir  de  cette  époque, 
c'est-à-dire  soixante-quatre  ans  avant  la  destraction  du  Temple, 
le  Sanhédrin  était  dessaisi,  à  ce  que  l'on  prétend,  du  droit  de 
condamner  à  mort*.  Cette  interprétation  du  passage  de  Josèphe 
et  l'induction  qu'on  en  tire  nous  semblent  absolument  erronées.  Si, 
dans  ce  texte,  il  s'agissait  de  prérogatives  judiciaires,  il  en  résul- 
terait, non  pas  que  le  droit  de  prononcer  les  sentences  capitales 
aurait  été  exclusivement  réservé  aux  procurateurs  romains,  les 
autres  restant  de  la  compétence  des  tribunaux  juifs,  mais  que  le 
représentant  de  l'empereur  aurait  prononcé  en  tous  les  cas, y  com- 
pris les  causes  pouvant  entraîner  une  condamnation  à  mort.  Il 
aurait  été  investi,  dès  lors,  de  ce  qu'on  appelait  autrefois  le  droit 

»  B,J.,  II.  ▼III,  i. 

*  Graelz,  III,  uoto  25.  Voici,  en  résumé,  pour  quelles  raifODS  Grielz  conteste  l'as- 
sertion du  Taimud  :  1*  on  ne  voit  pas  par  suite  de  quels  faits  le  Sanhédrio  aurait  été 
dessaisi  de  ses  prérogatives  en  l'an  30  ;  2*  en  droit,  le  grand  Sanhédrin  n'était  pas  le 
seul  compétent  en  matière  criminelle  ;  chaque  ville  importante  possédait  un  Saohé^ 
drin  de  vingt-trois  membres  jugeant  les  affaires  criminelles;  3^  il  ne  se  peut  pas  que 
pendant  le  règne  d'Agrippa  I,  le  Sanhédrin  n'ait  pas  recouvré  lUntégrité  de  ses 
prérogatives. 


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I  ■ 


DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2»  TEMPLE    13 

de  haute,  de  moyenne  et  de  basse  justice,  toute  autre  juridiction 
cessant  de  fonctionner  en  Judée,  chose  que  personne  n'a  encore 
pensé  soutenir. 

Pour  se  convaincre  que  le  mandat  de  Coponius  était  politique  et 
non  judiciaire  et,  par  conséquent,  ne  limitait  pas,  à  Torigine  du 
moins,  la  juridiction  du  Sanhédrin,  il  suffit  de  comparer  au  texte 
précité  de  la  Guerre  juive^  le  passage  parallèle  des  A^UiquUés  *  : 

2.  En  63,  le  procurateur  Albinus  étant  en  route  pour  aller  occu- 
per son  poste  en  Judée,  le  grand  prêtre  Ânan,  mettant  en  pratique, 
en  matière  de  justice  pénale,  les  principes  de  la  doctrine  saddu- 
céenne,  à  laquelle  il  était  attaché,  convoque  un  Sanhédrin,  fait 
condamner,  comme  violateurs  de  la  Loi  *,  Jacques,  frère  de  Jésus 
«  surnommé  Christ  »,  et  quelques  autres  encore,  et  les  fait  lapider. 
Ceux  qui  parmi  les  Juifs,  dit  l'historien,  étaient  les  plus  vertueux 
et  les  plus  appliqués  à  Tobservance  scrupuleuse  des  lois'  pro- 
testent auprès  du  roi  Agrippa,  le  prient  d'empêcher  que  le  pon- 
tife agisse  encore  ainsi  dans  l'avenir,  car  ce  qu'il  avait  fait  était 
contraire  au  droit.  D'autres,  ajoute-t-il,  se  rendirent  à  Alexandrie, 
à  la  rencontre  d'Albinus,lui  disant  que  le  pontife  n'avait  pas  le  droit 
de  convoquer  un  Sanhédrin  sans  l'autorisation  du  procurateur. 

De  ce  passage  *  il  ne  résulte  pas  autre  chose  qu'en  l'an  63,  c'est- 
à-dire  trente-deux  ans  après  l'époque  dont  parle  le  Talmud  et 
beaucoup  plus  longtemps  encore,  près  de  soixante  ans  après  le 
premier  établissement  de  la  domination  romaine  en  Judée,  alors 
que  le  statut  réglant  le  régime  judiciaire  avait  pu  et  dû  subir 
plus  d'une  modification,  le  pontife  n^avait  pas  le  droit  de  convo- 
quer un  Sanhédrin  sans  l'autorisation  du  procurateur.  Mais  cette 
autorisation  une  fois  donnée  et  ce  Sanhédrin  régulièrement  et 
légalement  constitué,  quelles  limites  avait  son  autorité,  sa  com- 
pétence ^  quelles  peines  il  avait  pouvoir  de  prononcer,  dans  ce 
passage  il  n'en  est  nullement  question. 

Remarquons  ici,  remarque  qui,  à  nos  yeux,  a  une  très  grande 
importance,  qu'il  est  question  ici  d'un  <Tuvéop(ov  xpiTù>v,  et  non 
pas  du  grand  Sanhédrin,  que  le  Talmud  appelle  ^nxn  ^i  rr^a  ou 
Thn^^rt  Yirrn'^o  et  Josèphe  to  duvéSpiov,  notamment  dans  Aut.,  XIV, 
IX,  3,  4,  5  ;  XV,  vi,  2  K 

»  ^n/.,  XVllI,  I,  1. 

*  Les  Phtrisiens. 

*  Inalile  de  rappeler  toutes  les  discussions  portant  sur  rauthenticité  de  ce  passage. 
Voir  Basnage,  701. 

*  Voir  encore  Fito,  t2. 


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l/i  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Le  mot  (TuvéSpiov  est,  en  effet,  tantôt  nom  propre,  tantôt  nom 
commun  et  désigne  ainsi,  ou  bien  le  conseil  souverain  des  Juifs, 
l'ancienne  ye^oufjia,  dont  les  membres  sont  appelés  ^^'yo^  "^apr  et 
dans  la  Mischna  &'>2pTrr,  ou  bien  un  tribunal  quelconque  constitué 
d*une  façon  ordinaire  ou  extraordinaire  par  Tautorité  compétente. 
C'est  ainsi  que  le  conseil  convoqué  à  Béryte,  avec  TautorisatloQ 
d'Auguste,  par  le  roi  Hérode,  pour  juger  les  deux  fils  de  celui-ci, 
était  un  duvéSpiov,  et  il  ne  comprenait  probablement  aucun  des 
membres  du  grand  Sanhédrin.  Il  était  composé  de  fonctionnaires 
romains,  de  princes  amis  d'Hérode,  de  parents  des  accusés  et  était 
présidé  par  le  père  de  ceux-ci,  à  la  fois  juge  et  accusateur.  Ce  auvt- 
Spiov  était,  en  un  mot,  constitué  en  dehors  de  toutes  les  règles  de 
la  législation  juive  et  en  contradiction  absolue  avec  elles  ^ 

Dans  le  passage  du  XX°  livre  relatif  au  tribunal  du  pontife 
Anan,  tout  prouve  quUl  s'agit  d'une  juridiction  spéciale  et  extraor- 
dinaire, sorte  de  jury  choisi  par  Anan  uniquement  pour  un  procès 
déterminé.  Le  texte  dit  xaôiCet  <Tuvé8ptov  xpirâîv,  un  tribunal  de  juges. 
S'il  avait  été  question  du  Sanhédrin,  Josèphe  aurait  sans  doute 
employé  le  mot  pouXeuTôv  ou  TrpedêuTépwv,  litres  donnés  aux  séna- 
teurs juifs  ',ou  simplement  le  mot  (ruvéSptov  sans  complément. 

D*autre  part,  les  mots  xaO(;ei  duvéSpiov,  employés  deux  fois  dans  le 
même  passage  (xaOii;ei  et  xaO((jai}  et  qui  sont  la  traduction  littérale 
de  l'expression  hébraïque  }an^^l  a'nDTn,  ne  sauraient  s'appliquer, 
pour  quiconque  est  tant  soit  peu  familier  avec  la  langue  hébraïque, 
qu'à  des  juges  ad  hoc.  Anan,  en  instituant  un  tribunal  de  son  chef, 
avait  violé  la  loi  qui  ne  concédait  ce  droit  qu'à  Tautorité  souve- 
raine, le  grand  Sanhédrin,  d'après  Tantique  législation  juive*,  à  ses 
commissaires*  ou  délégués  avec  pleins  pouvoirs,  Ya  "«mbiD,  ou  par 
le  représentant  de  l'empereur  après  la  réduction  de  la  Judée  en 
province  romaine,  n*DV)â.  En  instituant  un  tribunal  mènfe  pour  un 
mandat  unique  et  en  exécutant  de  son  autorité  propre  leur  arrêt 
de  mort,  le  grand  prêtre  Anan  avait  commis  une  double  forfaiture. 

Les  témoignages  de  Josèphe  écartés,  il  reste,  en  apparence, 
contre  le  texte  d^Aboda  Zara,  les  récits  évangéliques  se  rappor- 
tant, ainsi  que  nous  l'avons  dit,  aux  procès  de  Jésus,  d^Etienne  et 
de  Paul. 

1  Ant,^  XVI,  II,  1)  2.  Inutile  d'indiquer  les  flagrantes  illégalités  de  cette  procédura 
tu  point  de  vue  juif. 

*  Math.,  3txî,  23;  xxvj,  3,  47,  59;  xxvii,  1,  20,  41  ;  xxviii,  12;  Marc,  xi,  27  ; 
xiT,  43,  59  ;  XV,  1,  43;  Luc,  xx,  1  ;  xxir,  52,  66  ;  xxtii,  13,  35,  50;  xxiv,  20;  Jean, 
III,  1  ;  VI!,  48,  etc.  Dans  le  4*  évangile  les  membres  du  Sanhédrin  sont  communé- 
ment désignés  par  ^expression  âpxovre;. 

•  Sanhédrin ^i,  \. 

♦  V%ta,\k\B,  J.,  II,  XX,  5. 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2-  TEMPLE  V6 

Les  récits  évangéliques,  pour  ce  qui  concerne  le  procès  de 
Jésus,  en  ce  qu'ils  ont  de  concordant  et  d'admissible  —  il  ne  sera 
pas  difficile  de  le  voir  — ,  peuvent  se  concilier  avec  notre  texte  du 
Talmud.  Il  y  a,  dans  les  Évangiles,  au  sujet  de  ce  procès,  deux 
traditions  opposées,  celle  qui  est  rapportée  par  Mathieu  et  Marc, 
d*ane  part;  de  Tautre,  celle  du  troisième  synoptique,  Luc,  et  de 
Jean.  Les  relations  de  ces  deux  derniers,  abstraction  faite  d'un 
certain  nombre  de  détails  d'importance  diverse,  concordent  dans 
le  fond  et  sont  d'accord,  en  outre,  avec  le  témoignage  de  Flavius 
Josëphe. 

Examinons  les  diverses  circonstances  de  ce  procès,  si  diverse* 
ment  rapportées  par  les  Évangiles. 

D'après  Mathieu,  xxvi,  59,  les  chefs  des  prêtres  et  le  Sanhédrin 
tout  entier^  réunis  dans  la  maison  du  grand  prêtre  Caïphe,  cher- 
chent un  faux  témoignage  pour  faire  mourir  Jésus  et  n'en  trou- 
vent pas,  quoique  plusieurs  faux  témoins  se  fussent  présetités. 
Affirmation  inadmissible,  se  détruisant  elle-même  par  sa  propre 
exagération  :  comment  des  juges  qui  cherchent  de  faux  témoi- 
gnages, qui  ont  devant  eux  des  témoins  prêts  à  dire  ce  que  Ton 
voudra,  ne  trouveraient-ils  pas  de  faux  témoignages  et  quelle  peine 
auraient-ils  à  concilier  les  contradictions  de  ceux-ci  ? 

D'après  Marc,  xiv,  55,  les  princes,  les  prêtres  et  le  Sanhédrin 
tout  entier  *  cherchent  seulement  un  témoignage,  vrai  sans  doute 
et  concordant.  Ils  n'en  trouvent  que  des  faux  qui  ne  leur  paraissent 
pas  acceptables*.  Conséquemment,  la  loi  juive  ne  reconnaissait 
d'autres  accusateurs  que  les  témoins^  les  témoignages  discordants 
étant  nuls,  il  n'y  avait  plus  d'accusation,  d'après  la  Loi,  et  le  procès 
était  terminé  ou  devait  Têtre  aussitôt.  Néanmoins,  au  dire  des  deux 
Evangélistes,  à  la  suite  de  Taveu  de  Jésus,  séance  tenante,  la  nuit 
même,  dans  cette  maison  privée,  à  huis  clos,  Jésus  fut  con- 
damné ^. 

Les  récits  de  Marc  et  de  Mathieu  sont  contredits  par  le  3°  synop- 
tique. Luc  ignore  ou  semble  ignorer  cette  séance  de  nuit  dans  la 
maison  de  Caïphe.  Pour  lui,  il  n'y  a  eu  ni  témoignage,  ni  procé- 
dure, ni  condamnation,  par  conséquent.  Les  sénateurs,  les  princes, 
des  prêtres,  les  scribes  se  réunissent  le  matin,  constatent  l'identité 

*  n  est  inutile  de  faire  remarquer  la  signiScaliou  tendancieuse  de  ce  qualifica- 
tif 5Xov. 

*  laid.,  56,  59. 

*  Le  droit  juif,  dans  sa  lettre  comme  daas  son  esprit  (Deut.,  xix,  15^  accepté 
donc  à  la  fois  par  les  Sadducéeos  et  les  Pharisiens,  esigef  pour  toute  condamnation 
criminelle,  rafQrmation  concordante  de  deux  témoins  ;  l'aveu  de  l'inculpé  n'a  aucune 
Taleur  juridique.  Le  jugement  devait  être  readu  dans  un  lieu  public  ;  tous  avaient  le 
droit  et  le  devoir  d'y  assister  (ibid.^  xxi,  19,  21). 


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16  REVUE  ÙKS  ETUDES  JUIVES 

de  Jésus,  lai  demandent  s'il  persiste  à  se  déclarer  Messie,  et  sa 
réponse,  bien  qu'ambiguë  dans  la  forme,  étant,  au  fond,  affirma- 
tive, ils  vont  le  dénoncer  à  Piiate*. 

Laissant  de  côté,  pour  Tinstant,  cette  grave  divergence  entre  les 
récits  de  Mathieu  et  de  Marc  d'une  part,  et  celui  de  Luc  de  l'autre, 
constatons  que  les  trois  synoptiques  sont  d'accord  que  le  seul 
grief  allégué  contre  Jésus  devant  Piiate,  c*est  d'avoir  usurpé  le 
titre  de  roi  des  Juifs  et  excité  le  peuple  à  se  révolter  contre 
Rome',  inculpation  d'un  caractère  essentiellement  politique  qui 
n'avait  de  gravité  qu'au  point  de  vue  des  autorités  romaines  et 
dont  le  jugement  et  la  répression  étaient  et  ne  pouvaient  être  que 
de  leur  compétence  exclusive.  S'il  était  vrai,  selon  la  croyance  gé- 
néralement admise,  qu'à  cette  époque,  la  juridiction  juive  conti- 
nuait d'être  en  vigueur  ainsi  que  les  lois  juives,  l'autorité  romaine 
se  réservant  uniquement  le  droit  de  donner  son  exéquatur  aux 
condamnations  capitales,  pourquoi,  si  réellement  Jésus  a  été  jugé 
et  condamné  par  le  Sanhédrin  pour  un  crime  religieux,  pourquoi 
les  Juifs  ne  se  contentent-ils  pas  de  demander  à  Piiate  d'autoriser 
l'exécution  d'une  condamnation  rendue  dans  les  formes  légales  et 
pour  un  fait  qualifié  crime  par  la  loi  du  pays?  Les  Romains  ne 
refusaient  pas  d'accorder  leur  sanction  aux  sentences  rendues 
conformément  aux  lois  du  pays,  à  l'époque  où  cette  sanction  était 
indispensable'.  Ils  autorisaient  môme,  en  certains  cas,  l'applica- 
tion de  ces  lois  ou  de  lois  plus  rigoureuses  à  l'égard  des  soldats 
romains  et  des  citoyens  romains,  ainsi  que  nous  le  voyons  dans 
Ant,,  XX,  V,  4;  ^.  /.,  II,  xii,  2;  VI,  ii,4^ 

On  peut  donc  affirmer  sans  hésitation,  en  se  fondant,  à  la  fois, 
sur  une  vraisemblance  qui  approche  de  la  certitude  et  sur  le  témoi- 
gnage de  Luc,  qu'avant  de  comparaître  devant  Piiate,  Jésus  n'a 
pas  été  jugé  par  le  Sanhédrin  dans  le  sens  exact  du  mot.  Pour 
arriver  à  cette  conclusion,  nous  n'avons  pas  môme  besoin  de  rap- 
peler ni  l'affirmation  si  claire  de  Tacite,  Annales^  xv,  44  »,  ni  le 
texte  de  Josèphe  que  M.  Reinach  a  si  ingénieusement  rétabli  et 
dont  il  a  fait  ressortir  la  valeur  documentaire  critique,  l'examen 

'  Luc,  SX II,  66  :  «  JF/  çuand  le  jour  fut  venu,  le  corps  des  aDciens  de  la  nation  se 
réunit. . .  et  ils  le  firent  conduire  devant  leur  assemblée.  > 

*  Mathieu,  xxYti,  11;  Marc,  xt,  2,  6,  12  ;  Luc,  xxiii,  2,  3. 

*  Voir  dans  la  Bévue  des  Études  juivee^  XXXV,  l'article  de  M.  Théodore  Reinach, 
dont  nous  n'adoptons  pas  toutes  les  vues  tout  en  aboutissant  aux  mêmes  concludons. 

*  Le  procurateur  Cumanus  fait  décapiter  un  soldat  romain  qui  avait  déchiré  an 
livre  de  la  Loi.  Les  gouverneurs  romains  permettaient  aux  Juifs  de  punir  de  mort 
tout  gentil,  même  citoyen  romain,  qui  s'introduisait  dans  la  parUe  du  Temple  réterrée 
aux  seuls  Israélite^. 

»  Voir  i?«i«*,  t.  XXXV,  p.  I. 


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DATES  IMPORTANTES  DE  lA  CHRONOLOGIE  DU  2«  TEMPLE  17 

Impartial  des  Evangiles  suffit.  D*après  Jean,  xviii,  31,  non  seule- 
ment les  Juifs  n'auraient  pas  jugé  Jésus,  mais  ils  se  seraient  re- 
fusé à  le  faire  :  a  Pilate  leur  dit  :  Prenez-le  vous-mômes  et  le 
»  jugez  selon  votre  loi.  Mais  les  Juifs  lui  répondirent  :  Il  ne  nous 
»  est  pas  permis  de  faire  mourir  personne^  'HjxTv  oûv  e?e<jTiv  àuo- 
»  xTetvat  oùSéva.  »  Les  termes  dont  se  sert  Jean  méritent  d'être 
médités.  Il  en  résulte  que  : 

V  L'autorisation  du  procurateur,  son  assentiment,  nettement 
exprimé,  ne  pouvaient,  à  l'époque  de  Pilate,  conférer  au  Sanhédrin 
le  droit  de  prononcer  des  sentences  capitales  ; 

2<'  Pilate  devant  assurément  connaître  la  loi  qui  axait  ses  pou- 
voirs, si  les  Juifs  prétendaient  qu'il  ne  leur  était  pas  permis  de 
prononcer  des  sentences  de  mort,  ce  ne  pouvait  être  évidemment 
du  fait  du  statut  établi  par  les  empereurs  et  appliqué  par  le  pro- 
curateur, mais  uniquement  parce  que  les  autorités  indigènes 
avaient  décidé  volontairement,  pour  des  raisons  connues  par  les 
Juifs,  que  les  tribunaux  juifs  ne  jugeraient  plus  de  procès  capi- 
taux. La  forme  de  la  phrase  '-r^filv  oûx  l^eativ  est,  à  ce  point  de  vue, 
très  significative*. 

*  Cette  renonciation  du  Sanhédrin  au  droit  de  haute  justice  devait 
être  récente,  puisque  Pilate  ne  parait  pas  en  avoir  eu  connais- 
sance. Au  dire  du  Talmud  *,  ce  n'est,  en  effet,  que  deux  ou  trois 
ans  auparavant  que  le  Sanhédrin  avait  été  dessaisi  de  ce  droit. 
Etant  donnée  l'extrême  rareté  chez  les  Juifs  des  procès  crimi- 
nels ',  c'était,  sans  doute,  la  première  fois  que  le  Sanhédrin  avait 
l'occasion  de  manifester  sa  volonté  de  s'abstenir. 

Ainsi,  pour  conclure,  en  ce  qui  concerne  la  condamnation  de 
Jésus,  des  quatre  traditions  évangéliques  relatives  à  cette  condam- 
nation, la  quatrième,  celle  de  Jean,  est  absolument  d'accord  avec 
notre  texte  ù^Ahoda  Zara  et  la  confirme  d'une  façon  on  peut  dire 
incontestable;  la  troisième,  celle  de  Luc,  ne  la  contredit  pas;  les 
deux  premières,  abstraction  faite  de  leurs  manifestes  invraisem- 
blances et  de  leurs  contradictions,  affirment  que  Jésus  a  été  accusé 
d'un  crime  politique,  crime  dont  seul  Pilate  avait  à  connaître  et 
dont  la  répression  entrait  directement  dans  les  attributions  du 
procurateur;  que,  par  conséquent,  la  condamnation  attribuée  par 
eux  au  Sanhédrin  et  que  celui-ci  n'aurait  pu  prononcer  qu'en 
s*affranchissant  de  toutes  les  formes  légales  n'a  eu  aucun  effet 

'  Il  ne  nous  appartient  en  aucune  façon,  ni  dMosister  sur  les  divergences  des  récils 
des  Evangélisles  ni  de  rechercher  laquelle  de  leurs  traditions  est  la  plus  acceptable. 

*  Ahoda  Zara,  l,  e, 

*  Maecotf  1,  17.  Un  Sanhédrin  qui  condamne  à  mort  une  fois  tous  les  sept  ans  ett 
un  tribunal  meurtrier.  R.  Eliézer  b.  Aztria  dit  :  une  fois  en  soixante-dix  ans. 

T.  XXXVII,  «•  73.  2 


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18  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

direct  sur  le  sort  de  Jésas;  ces  deux  traditions  ne  sauraient  infir- 
mer la  tradition  positive  consignée  dans  notre  texte,  d'après 
laquelle,  contrairement  au  préjugé  général,  l'exécution  et  la  con- 
damnation réelle  de  Jésus  ne  sauraient  être  attribuées  aux  repré- 
sentants de  la  nation  juive  ni  ne  peuvent,  en  toute  justice,  être 
imputées  aux  Juifs,  ainsi  que  Ta  prouvé,  d'ailleurs,  par  d'autres 
arguments  M.  Théodore  Reinach. 

Ce  qu'il  faut  retenir  encore  des  textes  évangéliqaeSi  c'est 
qu'ainsi  que  l'affirme  le  texte  à\iboda  Zara^,  le  Sanhédrin,  à 
l'époque  de  la  mort  de  Jésus,  ne  se  réunissait  pas  dans  le  pavillon 
du  temple,  lischhhat  haggazU,  affecté  à  son  usage,  mais  soit  au 
domicile  privé  du  grand-prêtre,  soit  dans  un  lieu  quelconque  de  la 
ville.  Nous  trouvons  une  autre  preuve  de  ce  fait  dans  les  Actes 
(iv,  6)  lors  du  premier  procès  des  Apôtres  :  «  Le  lendemain,  les 
chefs  du  peuple...,  les  sénateurs,  les  scribes...  avec  Anne  le 
grand  prêtre,  Caïphe. . .  s'assemblèrent  dans  Jérusalem.  » 

4<>  On  ne  saurait  opposer  à  la  tradition  transmise  par  R.  Yosé 
la  relation  soit  du  second  procès  des  Apôtres,  soit  de  celui  du 
diacre  Etienne.  Le  premier  n'aboutit  pas,  en  fait,  à  une  condam- 
nation capitale.  A  la  vérité,  l'auteur  des  Actes  dit  que  les  juges 
délibérèrent  de  faire  mourir  les  Apôtres,  mais  cette  délibération 
devant  légalement  être  faite  en  l'absence  des  accusés  *,  et  dans  le 
secret,  la  publicité  en  étant  légalement  et  moralement  interdite', 
il  était  et  il  est  difficile  de  savoir  ce  qui  s'est  réellement  passé  au 
cours  de  cette  délibération.  Certains  détails  de  ce  procès  sont, 
d'ailleurs,  d'une  vraisemblance  plus  que  douteuse  :  la  déclaration 
de  Pierre^  le  discours  de  Oamaliel  ^. 

Quant  à  Etienne,  s'il  faut  admettre,  dans  une  mesure  quel- 
conque <*,  ce  que  les  Actes  rapportent  de  sa  mort^  il  ne  fut  ni  con- 
damné ni  jugé.  Il  n'y  eut  —  le  récit  en  exclut  même  la  supposition 
1^  ni  délibération,  ni  sentence,  ni  exécution  judiciaire.  S'il  com- 

•  Sanhédrin,  m,  11. 

•  Ibid. 

^  Le  Sanhédrin  déclintit  la  responsabilité  de  la  condamnation  de  Jésus,  en  di-* 
sant  :  Vous  voulez  nous  charger  du  sang  de  cet  homme  (y,  28),  Pierre  n*a  pu  donc 
lui  dire  :  «  Le  Dieu  de  nos  pères  a  ressuscité  Jésus  que  vous  avez  fait  mourir  en  le 
pendant  sur  le  bois.  >  Jésus,  au  dire  de  Luc  et  des  autres  Ëvangéliste',  n'a  pes  été 
pendu,  mais  mis  en  croix.  Quant  à  Gamaliel,  qui  est  resté  un  des  plus  Termes  doc- 
teurs du  judaïsme,  comment  croire  à  l'adhésion  éventuelle  quïl  aurait  faite  à  U  nou- 
velle doctrine^  d'après  le  verset  39  de  ce  chapitre  ? 

■  Dans  un  discours  d'une  extrême  prolixité,  il  parle  de  tout  excepté  de  raccnsation 
dont  il  est  Tobjet,  raconte  Thistoire  sainte  en  cinquante  versets  et,  comme  conclu* 
sion  de  celte  histoire  et  pour  toute  défense,  se  contente  en  trois  versets  d'injurier  les 
juges  et  l'auditoire. 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2*  TEMPLE  19 

parut  devant  des  juges,  il  périt  victime  d'une  émeute  populaire  ^ 
5*"  Quelles  raisons  sérieuses  le  Sanhédrin  aurait-il  eues,  se  dé« 
pouillant  de  ses  prérogatives,  pour  s'interdire  ainsi  toute  condam- 
nation à  mort?  Peut-être,  étant  données  la  répugnance  bien  connue 
et  proverbiale,  en  quelque  sorte,  des  Pharisiens  pour  les  répres- 
sions  sévères*,  la  douceur  extrême  de  leurs  sentiments',  leur  aver« 
sion  pour  la  peine  de  mort,  qu'en  fait,  beaucoup  d'entre  eux  auraient 
voulu  abolir^,  ont-ils  voulu  profiter  d'un  prétexte  quelconque 
pour  s'abstenir  d'appliquer  d'une  façon  générale  une  peine  qui  leur 
causait  une  invincible  horreur?  La  baraïta  qui  reproduit  la  tra*- 
dition  attribuée  à  R.  Tosé  ne  donne,  à  ce  sujet,  aucune  explica* 
tien.  Le  Talroud  l'explique  par  une  raison  paradoxale  et  qui 
néanmoins  est,  sans  doute,  la  vraie  :  cr  Voyant,  dit-il,  que  les 
»  meurtriers  devenaient  de  plus  en  plus  nombreux  et  qu'ils  ne 
9  pouvaient  plus  les  juger,  ils  se  dirent  :  il  vaut  mieux  que  nous 

>  nous  exilions  d'un  lieu  à  un  autre  lieu,  afin  de  n'être  plus  tenus 
»  à  les  Juger.  » 

Nous  savons,  en  effet,  par  Josèphe,  qu'à  l'époque  précise  dont 
il  est  question,  c'est-à-dire  peu  de  temps  avant  le  procès  de  Jésus, 
les  meurtres  étaient  extrêmement  fréquents  en  Judée,  organisés 
par  le  procurateur  romain  lui-même.  Pour  maîtriser  les  mouve- 
ments qu'il  avait  excités  contre  lui  en  employant  arbitrairement  à 
des  travaux  publics  l'argent  consacré  déposé  au  Temple,  Pilate 
avait  imaginé  de  faire  habiller  à  la  mode  Juive  un  très  grand 
nombre  de  soldats  cachant  des  poignards  sous  leurs  vêtements,  qui, 
à  la  faveur  de  ce  déguisement,  mêlés  à  la  foule  des  manifestants, 
perçaient  de  coups,  à  un  signe  donné,  leurs  voisins  désarmés  et 
sans  défiance.  Le  fait  est  raconté  par  Josèphe  immédiatement 
avant  le  passage  consacré  à  Jésus  <*. 

Cet  odieux  stratagème  réussit,  mais,  dès  lors,  toute  sécurité  dis« 
parut  dans  le  pays.  Chacun  était  tenté  de  voir  dans  tout  inconnu 
un  ennemi  déguisé.  De  là  des  rixes,  des  luttes  à  mains  armées^ 
des  meurtres  fréquents  dont  la  répression  devenait  de  plus  en 
plus  difficile.  Ainsi,  sans  doute,  s'explique  la  décision  du  San- 
hédrin. 

Celte  année  30  est  le  début  d'une  période  de  profonde  et  Crois* 

>  Ibid,,  VII,  54>56.  •  Que  s'ils  (les  Juifs)  lapidèrent  Saint-Etienne,  ce  fut  tumuU 

>  tuairement  et  par  un  elfort  de  ces  emportements  séditieux  que  les  Romains  ne  pou* 
*  vaient  pas  toujours  réprimer  dans  ceux  qui  se  disaient  alors  sélateursi  »  Bossuet,  Dis* 
court  tur  VHittoirt  universelle,  11*  partie,  cbap.  xxii. 

«  Ant.y  XIII,  X,  6. 

•  Ânt.,  XVIII,  1,  2  ;  P.  /..  II,  viii,  14. 

^  liaeeot,  i,  fin. 

'  Ant.,  XVllI,  ui,  2. 


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20  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

santé  tristesse.  De  sombres  pressentiments,  de  sinistres  présages 
annonçant  des  calamités  prochaines,  troublaient  les  âmes.  R.  Çadoc, 
d'après  la  légende,  commence  en  Tan  30  son  jeûne  qui,  se  succède 
pendant  quarante  années  ^  Le  jour  de  Kippour,  aucun  signe, 
dit-on,  n'annonçait  plus  que  Texpiation  publique  accomplie  par  le 
pontife  était  agréée*.  La  nuit,  les  portes  du  Temple,  ajoutait-on, 
s'ouvraient  d'elles-mêmes  avec  fracas  ^.  L*exil  du  Sanhédrin  ne 
semblait  être  que  le  prélude  des  exils  futurs  qui  devaient  être  le 
sort  de  la  nation. 


Dans  la  première  partie  de  ce  travail  on  a  essayé  de  prouver 
que,  comme  indication  de  la  durée  des  divers  régimes  qui  se  sont 
succédé  en  Judée,  pendant  la  période  du  second  Temple,  le  chiffre 
de  103  assigné  et  à  la  dynastie  asmonéenne  et  à  la  dynastie  héro- 
dienne,  si  étrange  que  puisse  paraître  cette  identité,  n'a  absolument 
rien  d'arbitraire.  L'une,  en  effet,  la  première,  inaugure  une  ère 
nouvelle  en  Tan  140  et  va  jusqu'à  l'an  3*7  avant  l'ère  actuelle; 
l'autre  entre  en  possession  du  trône  en  cette  même  année  37  et  est 
expulsée  de  Jérusalem  dans  la  personne  d' Agrippa  II  en  l'an  66  de 
cette  ère  (37  +  66  =  103). 

D'autre  part,  le  chiffre  180  assigné  à  la  durée  de  la  domination 
grecque  exercée  soit  par  les  Séieucides  de  Syrie,  soit  par  les 
Ptolémées  d'Egypte  n'a  également  rien  d'inacceptable,  bien  au 
contraire.  Sans  doute,  c'est  en  333  que,  frappée  à  la  tête,  suc- 
combe la  monarchie  persane  ;  mais  elle  subsiste  encore  quelque 
temps  dans  ses  tronçons,  du  moins  ceux-ci  vivent  quelque  temps 
encore  de  leur  vie  propre  et  la  domination  grecque  qui  lui  succède 
met  un  certain  nombre  d'années  à  s'organiser.  Alexandre  meurt 
en  323.  Laomédon  reçoit  à  gouverner,  du  régent  de  l'empire,  la 
Syrie  et  la  Palestine,  mais  c'est  en  320,  c'est-à-dire  exactement  à 
la  date  marquée  dans  le  Talmud  (140  +  180  =  320),  que  Ptolémée 
Soter,  fils  de  Lagus,  s'empare  de  Jérusalem,  un  jour  de  sabbat  et 
à  la  faveur  du  repos  sabbatique,  ainsi  que  le  raconte  rhistorien 
grec  cité  par  Josèphe  * . 

Ces  chiffres,  donc,  n'ont  rien  d'arbitraire  et  sont  au  contraire, 
on  doit  le  dire,  d'une  rigoureuse  exactitude.  Mais  là  où  l'inexac- 

«  Ibid. 

^  Agtthirchide,  Josèphe,  Ant*,  XII,  i,  1  ;  Contre  Apion^  i,  22. 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  OU  2«  TEMPLE  21 

titude  est  manifeste  et,  il  semble,  injustifiable,  c'est  lorsque  le 
Talmud  donne  à  la  domination  persane,  une  durée  de  34  années, 
c*est-àdire  réduit  juste  au  sixième  le  chiffre  réel,  qui  est  de  deux 
cent  quatorze  ans. 

A  la  rigueur  et  souvent  nous  Tavons  pensé,  on  pourrait  dire  que 
la  baraïta  a  entendu  parler  de  la  seconde  «  domination  »  persane 
rétablie  par  le  roi  Ochus,  en  Egypte,  Palestine  et  Phénicie,  après 
ses  campagnes  victorieuses  de  359  à  338.  La  Palestine  a  pu  être 
remise  sous  le  joug  persan  en  Tan  351.  Mais  on  ne  s'expliquerait 
pas  pourquoi,  dans  la  supputation  des  divers  régimes  qui  s*y  suc- 
cèdent en  Judée,  la  baraïta  a  omis  cette  longue  série  d'années  pen- 
dant lesquelles  la  royauté  persane  exerce  son  autorité  sans  con- 
teste et  puis  la  période  d'anarchie  qui  a  séparé  les  deux  régimes 
persans.  Cette  explication  ne  justifie  pas,  d'ailleurs,  l'assertion  de 
Yoma,  9  a,  qui  fixe  à  420  années  la  durée  du  second  Temple, 
chiffre  qui  est  le  total  des  chiffres  de  la  baraïta  de  Aboda 
Zara  (103  +  103  +  180  +  34  =  420«). 

Cette  explication,  il  faut  donc  absolument  l'écarter,  et  Terreur  de 
la  baraïta  reste  entière. 

Est-ce  une  erreur  vraiment  ou  plutôt  ne  serait-ce  pas  une  inexac- 
titude voulue,  une  fantaisie,  une  chronologie  symbolique,  comme 
l'a  dit,  avec  une  indulgence  pleine  de  bonhomie,  Isidore  Loêb  dans 
un  travail  paru  en  1889  dans  cette  Revue  (tome  XIX,  p.  202)  ? 

La  période  du  second  Temple,  disait-il  en  substance,  dure  en 
réalité  607  ans  et,  d'après  le  Talmud  Yoma,  420  ans.  Ce  chiffre 
était  arrêté  dans  l'esprit  des  Talmudistes  et  ne  devait  pas  être  dé- 
passé. S'étant  cru  obligé  de  fixer  à  386  ans  le  total  de  la  durée  des 
régimes  successifs  de  la  Palestine  autres  que  celui  de  la  royauté 
persane,  il  ne  restait  plus  que  34  années  pour  atteindre  le  nombre 
420.  C*est  à  ce  chiffre  que  le  Talmud  a  volontairement,  de  parti 
pris,  réduit  la  durée  de  cette  royauté,  la  diminuant  de  cent  quatre- 
vingts  ans  sur  deux  cent  quatorze  et,  pour  arriver  à  cette  suppu- 
tation étrange,  n'hésitant  pas  à  commettre,  de  propos  délibéré, 
tous  les  anachronismes  imaginables^  confondant  à  plaisir  les  indi- 
vidus, Cyrus  avec  Darius,  et  Artaxercès,  faisant  vivre  Zoroba- 
bel,  Josué,  le  grand  prêtre,  Aggée  et  Zacharie  du  vi«  siècle  avec 
Ezra  et  Néhémie  du  v»  :  inexactitudes  préméditées  avec  pièces  ou 
plutôt  fausses  pièces  à  l'appui^  faisant  entrer  violemment  choses 
et  gens  dans  un  cadre  construit  d'avance. 
Ce  cadre,  ce  sont  les  soixante-dix  semaines  d'années  prédites 

<  Il  Cf  l  ÎDutilc  de  ftiiro  remarquer  que  dans  les  divers  calculs  faits  précédemment, 
le  terme  des  diirérenls  ré^^imes  qui  se  succèdent  en  Palestine  et  dont  la  durée  totale 
est  de  420  ans  est  l'année  66,  antérieure  de  quatre  ans  i  la  ruine  du  Temple. 


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22  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

par  Daniel,  commencées  avec  Texii  de  soixante-dix  ans  annoncé 
par  Jérémie  et  au  terme  desquelles  auront  lieu  la  profanation  du 
sanctuaire,  Tabomination  de  la  désolation  et  d*autres  calamités 
encore.  D*aprè8  le  Talmud,  cette  prédiction  aurait  été  réalisée 
lors  de  la  prise  de  Jérusalem  par  Titus.  L'exil  de  Jérémie  ayant 
duré  soixante-dix  ans,  sur  les  490  années  qui  forment  le  produit 
des  soixante-dix  semaines  d*années  de  Daniel,  il  ne  reste  plus  que 
420  années  pour  la  durée  du  Temple. 

Cette  explication  est  très  simple,  mais  elle  ne  nous  parait  guère 
acceptable.  S*il  n'y  avait  pas  eu,  en  dehors  du  livre  de  Daniel,  une 
tradition,  erronée  sans  doute,  mal  comprise  assurément,  mais  cer- 
taine et  reçue  généralement,  sur  la  durée  du  second  Temple,  ni  R. 
Yosé  ni  aucun  des  talmudistes  qui  ont  accepté  le  chiffre  fourni  par 
lui  n*aurait  cru  ou  feint  de  croire  que  le  terme  des  soixante-dix 
semaines  de  Daniel  coïncidait  avec  la  ruine  de  Jérusalem.  Ces 
soixante-dix  semaines  ont  été  le  tourment,  on  peut  dire  le  cauche- 
mar des  théologiens  et  des  commentateurs  juifs.  Une  des  catas- 
trophes qui  devaient  se  produire  dans  la  soixante-neuvième  ou 
soixante-dixième  semaine  ou  dans  les  environs  de  cette  époque, 
c'était  le  retranchement  d'un  personnage  appelé  mo»  par  Daniel, 
vrùy\  ibl-^fio  tvW2  (ix,  26).  Ce  Messie,  disent  tous  les  polémistes 
chrétiens  d^un  commun  accord,  de  Justin  S  au  ii«  siècle,  à  Bossuet* 
et  comme  argument  sans  réplique,  ce  Messie  retranché  à  l'époque 
fatidique,  qui  cela  peut-il  être  sinon  le  nôtre, celui  qui  s'est  réclamé 
de  ce  titre  et  qui  pour  cela  a  été  retranché,  c'est-à-dire  mis  à 
mort?  En  effet,  s'il  est  admis  que  chronologiquement  la  prédiction 
de  Daniel  doit  être  accomplie  à  une  époque  à  peu  près  contempo- 
raine de  la  destruction  du  Temple,  il  devient  extrêmement  em-» 
barrassant,  au  point  de  vue  juif,  de  trouver  un  personnage  à  qui  ce 
titre  de  rr^^  puisse  être  donné.  Ce  Messie  a  retranché  »,  c'est-à- 
dire  mis  à  mort,  Raschi,  parmi  les  commentateurs  juifs  le  seul  qui 
cherche  à  découvrir  cette  personnalité  3,  prétend  que  cette  déno- 
mination s'applique  à  Agrippa  II,  explication  vraiment  peu  sou- 
tenable  et  qu'il  est  trop  aisé  à  Bossuet  de  détruire  *. 

De  quel  immense  poids  n'eût-on  pas  soulagé  les  cœurs  des  théo- 
logiens et  commentateurs  juifs  en  leur  disant  que,  d'après  la  sup- 
putation des  années,  il  est  de  toute  impossibilité  que  la  prédiction 
de  Daniel  s'applique  à  aucun  des  personnages  de  l'histoire  Juive 
contemporaine  de    la  destruction    du    Temple  par  Titus;  que 

<  Dialogue  avec  Tryphon. 

*  Discours  sur  V Histoire  universelle^  2*  partie»  chap.  xiiii. 

*  D*8prè8  Ibn  Ezra,  ces  mots  veulent  dire  :  Les  Juifs  n'auront  plus  de  chef. 
^  Discours,  l,  «.,  fin. 


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r  '  ■■ 


DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2»  TEMPLE    23 

l'échéance  de  cette  prédiction  était  de  deux  siècles  antérieure 
à  cette  catastrophe  ;  que  le  personnage  qui  y  est  visé,  c'est 
le  grand  prêtre  Onfas,  Hls  de  Siméon  II,.massacré  aux  environs 
d'Ântioche  en  172,  par  Tun  des  lieutenants  d'Antiochus  Epiphane, 
massacre  qui  est  comme  le  prélude  des  persécutions  d'Ântiochus 
et  qui  sera  suivi  de  la  cessation  du  Tamid\  de  Tinstallation 
dans  le  Temple  du  &%3\D!d  yipu)^.  Il  n'y  a  plus,  à  ce  sujet,  aucune 
hésitation. 

Ce  n*est  donc  nullement  (cela  parait  manifeste  pour  peu  qu'on  y 
réfléchisse)  à  cause  de  la  prédiction  de  Daniel  que,  d'après 
R.  Yosé,  la  période  du  second  Temple  dure  420  ans  et,  si  entre 
ces  deux  choses  il  y  a  une  relation  quelconque  de  cause  à  efifet, 
il  faut  renverser  les  rôles  et  il  faut  substituer  l'effet  présumé  à  la 
prétendue  cause  et  dire  :  c'est  parce  qiCon  a  cru,  de  la  façon 
la  plus  sincère  et  pour  des  raisons  restées  inconnues^  que 
la  période  du  second  Temple  avait  été  de  420  ans,  que  Von 
a  pensé  que  la  prédiction  des  sonaines  s'appliquait  à  cette 
période  *. 

Ces  raisons,  il  convient  de  les  rechercher. 

1.  Il  est  Incontestable  qu'il  y  avait  parmi  les  Juifs,  bien  anté- 
rieurement à  la  chronique  de  R.  Yosé,  des  traditions  fort  diffé- 
rentes relativement  à  la  période  du  second  Temple.  Auiv*»  chapitre 
du  VI*  livre  de  la  Guerre  des  Juifs,  Josèphe  affirme  que  le  second 
Temple  dura  six  cent  trente-neuf  ans  et  quarante-cinq  jours  *.  Cette 
indication,  d'une  précision  si  minutieuse,  concorde  assez  avec  les 
indications  chronologiques  résultant  de  Thistoire  sommaire  des 
grand s-prétres  qui  se  trouve  dans  Tavant-dernier  chapitre  des 
Antiquités.  Il  compte  trois  séries  de  grands-prétres,  se  contente 
pour  la  première  et  pour  la  dernière  d'énumérer  en  bloc  le 
nombre  total  des  années  pendant  lesquelles  fonctionne  la  série 
tout  entière,  en  mentionnant,  pour  la  dernière,  le  nombre  des 
pontifes  de  la  série  et  nomme  en  détail  les  pontifes  de  la 
série   intermédiaire   et  le  nombre  d'années  pendant  lesquelles 

*  DaDiel,  ix,  27  ;  viii,  il,  12. 

»  Ibid,,  IX,  27. 

>  Saadia,  Raschi,  commentaires  de  Daniel,  ix,  27.  D'après  Gersonide,  la  durée  du 
second  Temple  fut  de  437  ans.  D'après  l'auteur  du  mi  riTDÎt  (David  Gans,  1592), 
le  Teropîe  dura  434  ans  (62X7).  Bossuct,  qui,  cola  va  de  soi,  counaissait  la  chrono- 
logie vraie,  ne  laisse  pas  d*éire  fort  embarrassé  :  pour  lui  les  62  semaines  d'années 
commencent  Tan  462,  c'est-à-dire  142  ans  après  la  date  indiquée  dans  le  livre  de 
Daniel,  ix,25,  hypothèse  absolument  arbitraire,  à  coup  sûr. 

^  Il  faut  croire  que  Josèphe  connaissait  par  une  tradition  qui  nous  est  restée  in- 
connue la  date  du  jour  où  commence  la  coustruction  du  Temple,  car  la  Bible  indique 
la  date  de  Tinauguialion,  qui  fut  le  23  Adar  {Ant.,  XI,  iv,  7).  D'après  Ezra,  vi,  15, 
ce  fui  le  3  Adar.  Du  23  Adar  au  10  Ab,  il  y  a  non  45  jours,  mais  128  jours. 


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2i  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

chacun  d*eux  exerce  son  ministère.  Le  total  pour  les  pontifes 
des  trois  séries,  y  compris  un  interrègne  de  sept  ans,  s*élève  à 
634  ans.  Cette  différence  de  639  à  634  est  insignifiante.  Où  Jo- 
sèphe  a-t-il  puisé  cette  tradition?  Au  commencement  du  I^^*"  livre 
Contre  Âpion^  il  nous  apprend  lui-môme  quels  sont  les  matériaux 
de  riiistoire  juive.  ,C*est,  d*une  part,  les  écrits  composés  par  les 
prophètes  ;  puis,  de  Tautre,  les  livres  généalogiques  que  devait 
fournir,  pour  être  admis  à  jouir  des  honneurs  et  des  droits  du  sa- 
cerdoce, chaque  prêtre,  non  seulement  ceux  de  Palestine,  mais 
ceux  d*Egypte,  de  Babylonie  et  de  tous  les  pays  de  la  terre  où  se 
trouvaient  des  colonies  juives  de  quelque  importance  ^  Ces  livres 
étaient  portés  à  Jérusalem,  conservés  dans  le  pavillon  du  Temple 
où  étaient  déposées  les  archives  publiques  '•  Outre  les  noms  des 
parents,  des  ascendants  paternels  et  maternels  jusqu'à  la  qoa* 
trième  génération  inclusivement  ',  ces  livres  contenaient  les  noms 
des  témoins  nombreux^  se  portant  les  garants  de  la  pureté  de 
l'origine  des  prêtres,  les  noms  des  juges  qui  avaient  reçu  et 
vérifié  les  témoignages^  puis  toutes  les  indications  d'événements 
avec  leurs  dates,  faits  historiques,  décisions  dogmatiques  ou  ju* 
ridiques  dont  la  mention  pouvait  augmenter  la  valeur  et  l'autorité 
de  ces  actes,  mettre  hors  de  doute  leur  parfaite  authenticité  *.Dans 
ces  registres  généalogiques  figuraient  non  seulement  les  familles  sa- 
cerdotales et  les  faits  les  concernant,  mais  aussi  celles  de  tous  les 
personnages  qui  aspiraient  à  l'honneur  de  leur  alliance,  qui  ainsi 
avaient  accès  aux  hautes  fonctions  publiques  et  qui  avaient,  de  cette 
façon,  intérêt  à  faire  reconnaître  la  noblesse  immaculée  de  leur  ori- 
gine*, les  niirob  I^N'^tt)».  Les  prophètes,  ajoute  Thistorien,  à  qui 
seuls  était  confié  le  soin  de  conserver  ces  écrits,  nous  ont  ainsi 
raconté  les  choses  anciennes  que  Dieu  leur  avait  révélées  et  celles 
qui  s*étaient  passées  de  leur  temps.  Moins  dignes  de  foi  sans  doute'' 
que  les  livres  des  prophètes  qui  nous  ont  rapporté  l'histoire  de  nos 
ancêtres  depuis  Moïse  jusqu*au  temps  d'Ârtaxercès ,  les  autres 
écrits*,  les  livres  généalogiques  ultérieurement  écrits,  nous  ont 


»  Contre  Apion,  1,  7. 

*  Mischna  Middot,  fin. 

*  Mischna  Kiddousekin^  iv,  4,  5. 

♦  xive;  o'i  itapTvpouvre;...  iro».ov;  (lapîvpa;. 

•  Ces  actes  ou  livres  s'appellent  l'ïOm"»  nb^tt,  J.  Taanit^  68  a  ;  Pesahim,  6*,  nOO 
X^Onv  ;  Quittin,  67.  Voir  Rascbi,  I  ChroD.,  ix,  1. 

•  Kiddousehin,  xv,  5. 
'  Sanhédrin f  iv,  2. 

*  . .,  (ATQTe  ToO  uiroYpàçeiv  avTeÇoy<y(ow  irà<yiv  ôvxoç...  àXXà  |i6vov  xwv  iz^Ofr^xCri. 

•  YéYP«TPT«i  jtèv  SxavTOc. 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2«  TEMPLE  25 

transrais  le  souvenir  de  tous  les  événemenls  survenus  jusqu'à 
nous*. 

Nous  avons  ainsi,  dit-il  ailleurs,  conservé  dans  nos  mémoriaux 
la  succession  de  nos  souverains  pontifes,  leurs  noms  et  les  noms  de 
leurs  parents  pendant  deux  mille  ans*. 

Josèpbe  avait  donc  à  sa  disposition  de  très  nombreux  docu* 
ments  de  ce  genre,  étant  prêtre,  de  race  pontificale  et  en  relation 
personnelle  avec  les  grands-prêtres  et  avec  les  membres  du  grand 
Sanhédrin.  On  sait  que  la  fonction  permanente  du  Sanhédrin  était 
la  vériflcalion  des  titres  généalogiques  des  prêtres'.  Mais  ces  do- 
cuments ne  sont  pas  toujours  sûrs  et  surtout  ne  concordent  pas 
toujours,  de  même  qu'il  n'y  a  pas  toujours  accord  entre  le  texte 
hébreu  de  la  Bible  et  la  version  des  Septante.  De  là,  dans  Thisto- 
rien,  toutes  ces  contradictions  qui  ont  fait  le  tourment  de  ses 
commentateurs^.  Ce  fut  sans  doute  grâce  à  des  documents  de  ce 


•  Ibtd.,  8. 

^  Uid.^  7.  Les  noms  des  grands-prôlres  se  trouvent  dans  les  Chronique?,  que  le 
Talmud  appelle  le  livre  des  généalogies,  et  dans  Néhémie  jusqu'à  Jaddus.  Les  noms 
des  successeurs  de  Jaddus,  Josèphe  nous  les  a  conservés.  Le  nombre  2000  est  un 
nombre  rond.  Diaprés  la  chronologie  de  Josèphe,  il  a  y  des  pontifes  pendant  17iiO  ans 
environ. 

s  Middot,  Gn. 

•  Dans  la  préface  des  Antiquités  Josèphe  dit:  «  Nos  livres^  contiennent  le  récit  de 
cinq  mille  ans  (la  chronologie  juive  compte  3408  jusqu'au  retour  de  Pexil  de  Baby- 
looe)  ».  Deslinon,  qui  a  fait,  sur  Josèphe,  des  études  très  intéressantes,  prétend  que, 
dans  la  pansée  do  Phbtorien,ce  chiffre  de  cinq  mille  comprend  toute  Phistoire  jusqu'à 
la  destruction  du  second  Temple.  Cette  explication  ne  s^accorde  pas  avec  les  termes 
et,  en  soi,  elle  est  inexacte.  D'après  un  des  diiïérenls  systèmes  adoptés  simultané* 
ment  par  Josèphe,  il  y  a  réellement  dans  la  période  biblique  de  Tbistoire  Juive  cinq 
mille  ans  et  môme  beaucoup  plus.  Ainsi,  dans  le  premier  livre,  pour  la  période  anté- 
diluvienne, il  compte  2056  ans  au  lieu  de  1656,  et  du  déluge  à  la  naissance  d*Abra~ 
ham  992  au  lieu  de  292.  Abstraction  des  autres  différences,  rien  qu'avec  ces  deux 
éléments  de  compte,  la  chronologie,  diaprés  lui,  dépasse  le  total  de  cinq  mille  ans 
pour  la  période  biblique.  En  additionnant  les  éléments  de  ses  comptes,  on  arrive  au 
total  de  5577  pour  le  retour  de  Texil  de  Babylone.  Pour  les  deux  premières  périodes 
de  l'hisloire,  cette  différence  provient  de  ce  qu'il  compte  cent  ans  de  plus  que  le  texte 
hébreu  de  la  Bible  pour  ^intervalle  entre  le  commencement  de  chacune  des  dix  gé- 
nérations (les  Septante  fout  cela  pour  les  sept  premières)  antédiluviennes  et  les  sept 
premières  postdiluviennes.  Ces  chiffres,  d'ailleurs,  il  ne  les  maintient  pas  ;  il  se  con- 
tredit parfois  dans  le  m$me  chapitre  et  adopte  communément  1656  comme  date  du 
déluge  et  compte  292  ans  du  déluge  à  Abraham,  ainsi  que  cela  résulte  du  texte  hébreu 
lAntiquités^  VIII,  m,  1  ;  X,  viii,  4).  Certaines  erreurs  ou  contradictions  de  Josèphe 
sont  certainement  le  fait  de  copistes  ignorants.  Ainsi  il  dit  {Ant.y  X,  viii,  4)  :  «  La 
destruction  du  Temple  eut  lieu  : 

»     470  ans  6  mois  et  10  jours  après  sa  construction, 

•  1062  ans  6  mois  et  10  jours  après  la  sortie  d'Egypte, 

•  1957  ans  6  mois  et  10  jours  après  le  déluge, 

•  3513  ans  6  mois  et  10  jours  après  la  Création.  • 

Or,  d'après  Josèphe,  la  création  eut  lieu  en  Tischri  (I,  m,  3)  ;  la  sortie  d'Egypte, 
le  15  Nissan;  le  Temple,  commencé  le  1*'  lyar,  fut  inauguré  le  7  Tischri  et  il  fut 
détruit,  d'après  il  Rois,  ixv,  8,  le  7  Ab  ;  d'après  Jérémie,  lu,  12,  le  10  Ab  (l'incen- 


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26  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

genre  qu*il  a  pu«  dans  ses  livres,  fixer  l*année  exacte  où 
Isaïe  prédit  Tavènement  de  Cyrus,  «  la  deux  cent  dixième  avant 
l'événement,  dit-il,  et  la  cent  quarantième  avant  la  des- 
truction du  Temple  »,  indications  contradictoires  d'ailleurs^  ; 
Tannée  où  le  prophète  Nahum  prédit  la  destruction  de  Ninive  •  ; 
le  nombre  exact  d'années,  trois  cent  soixante  et  un,  qui  sépa- 
rent la  prédiction  du  prophète  de  Judée,  contemporain  de  Jéro- 
boam, et  Taccomplissement  de  cette  prédiction  sous  le  règne  de 
Josias. 

2.  Le  livre  de  Daniel  est  un  autre  document  précieux  pour  fixer 
l'état  des  traditions  juives,  à  un  certain  moment,  sur  les  époques 
qui  se  succèdent  durant  le  second  temple.  D*dprès  ce  livre,  il  8*é- 
coulera  (ou  il  s*est  écoulé)  '  soixante-neuf  semaines  d*années  entre 
le  commencement  de  l'exil  de  Babylone  sous  Yoïakim  (?)  et  la  pro- 
fanation du  sanctuaire  et  la  cessation  temporaire  du  sacrifice  per- 
pétuel qui  durera  ou  aura  duré  un  peu  plus  de  trois  ans*.  Or,  c'est 
en  1*72  qu'eut  lieu  cette  profanation.  Il  s'est  donc  écoulé,  d'après 
l'auteur  de  Daniel,  du  retour  de  l'exil  jusqu'à  l'an  172,  434  années, 
soixante-deux  semaines  d'années,  483  années  ou  69  semaines  de- 
puis le  commencement  de  l'exil.  Sur  la  base  de  cette  tradition,  la 
période  du  second  temple  comprendrait  donc  434+  ITO  +  70,  au 
total  676  années  et,  en  retranchant  de  ce  total  les  18  années  qui 
séparent  le  retour  de  l'exil  de  l'inauguration  du  second  temple, 
six  cent  cinquante-huit  ans  '. 


die  dura  trois  jours).  Josëplie  avait  mis  sans  doute  «  ...  10  mois  6  jours  après  la  créa- 
tion ;  10  mois  après  IMnauguration  du  Temple  ».  Quant  à  la  concordance  entre  la  date 
de  la  sortie  d*Bgypte  et  celle  de  la  destruction  du  Temple,  elle  eft  purement  imagi> 
naire  et  du  fait  du  copiste.  —  Les  anciens,  il  faut  le  reconnaître,  avaient  plus  a  cœur 
de  conserver  les  traditions  que  de  les  vérifier  et  les  consignaient  toutes,  même  quand 
elles  étaient  ou  peu  concordantes  ou  même  contradictoires.  C'est  ainsi  qua  les  auteurs 
du  Canon  ont  admis  dans  la  Bible  les  livres  des  Chroniques  malgré  leurs  contradic- 
tions avec  les  livres  des  Rois.  Voir,  à  ce  sujet,  le  commentaire  des  Chroniques  attri- 
bué à  Raschi,  I,  ii,  11  ;  vu,  12,  13  ;  vin,  1,  29  et  l'introduction  de  Kimhi  i  son  corn* 
men taire  sur  les  Chroniques. 

>  Antiq.,  XI,  1,  2. 

*  115  ans  avant  la  destruction  de  celte  ville,  c'est-à-dire  en  740  (Ninive  est  détmîta 
en  625),  Ânt.,  IX,  xi,  3. 

*  Le  Talmud  dénie  à  Daniel  la  paternité  de  l'œuvre  qui  porte  ce  nom,  dans  le  très 
ancien  document  relatif  au  Canon  (Baba  Batra^  15). 

*  Jos^phe  prétend  (Ant,,  XII,  vu,  6)  que  le  Temple  fut  purifié  le  25  Kislev,  trois 
%ns  jour  par  jour  après  avoir  été  souillé.  Ce  n'est  pas  exact.  Diaprés  le  1*'  livre  des 
Macchabées,  i,  57,  Vidole  de  In  désolation  fut  dressée  sur  Tautel  le  15  Kislev,  mats 
le  sacrif\ce  perpétuel  avait  cessé  quelque  temps  auparavant  déjà.  Ce  qui  parait  con- 
firmer la  prédiction  de  Daniel  relative  aux  2300  matin-soir  (1150  jours)  de  Tinter- 
ruption  du  sacrifice  (viii,  13-14). 

>  D'après  Josèpbe.  XII,  vit,  7,  la  prédiction  de  Daniel  fut  réalisée  au  bout  de 
408  ans,  26  ans  avant  le  terme  fixé. 


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PATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2»  TEMPLE  27 

3.  Trois  siècles  plus  tard,  toates  ces  traditions  ont  été  oubliées. 
La  Palestine  a  subi  des  guerres  sans  nombre,  des  révolutions,  des 
invasions,  des  pillages.  Deux  fois  elle  a  été  dévastée  de  fond  en 
comble,  deux  fois  sa  population  a  failli  être  exterminée.  Dans  la 
succession  de  toutes  ces  lamentables  calamités,  la  notion  exacte 
des  temps  anciennement  écoulés  a  complètement  disparu.  Il  y  avait 
pourtant  une  ère  nationale,  dont  on  ne  trouve  ni  trace  ni  men* 
tion,il  est  vrai,  ni  dans  le  livre  des  Macchabées,  ni  dans  les  œuvres 
de  Josèphe,  mais  qui  toutefois  s'est  perpétuée  pendant  des  siècles 
et  s*est  renouvelée,  maintenue  par  des  pratiques  religieuses  cons- 
tantes, la  préservant,  non  seulement  de  Toubli,  mais  de  toute  omis* 
sion  et  de  toute  erreur. 

Le  Temple  une  fois  détruit,  cette  ère  fut  remplacée,  chez  les 
Juifs,  par  Tère  de  la  destruction  du  Temple,  mais  jusqu'à  cette 
catastrophe,  Tancienne  ère  nationale  a  subsisté,  rattachée  à  un 
événement  dont  on  avait  perdu  la  notion  et  qui,  dans  le  lointain  des 
temps,  a  été  confondu  avec  un  autre  événement  qui  paraissait  à 
riraagination  populaire  plus  propre  à  servir  de  point  de  départ  à  la 
supputation  des  temps  et  dont  la  nouvelle  ère  faisait  tout  naturel- 
lement surgir  la  pensée  dans  Tesprit.  On  le  voit  surabondamment 
par  le  livre  de  Daniel,  rien  n*est  plus  conforme  à  l'esprit  juif  que 
de  diviser  le  temps  par  semaines  d^années.  Cette  division  n'est  pas 
seulement  œuvre  d'imagination,  conception  de  visionnaire,  c'est 
la  mesure  ordinaire,  habituelle,  nous  allions  dire  prosaïque,  du 
temps  ainsi  que  chez  les  Grecs  l'Olympiade,  ou  le  lustre  chez  les 
Romains,  et  l'institution  sociale  et  religieuse,  qui  sert  ainsi  de 
jalon  pour  mesurer  la  durée  ou  Tlntervalle  des  événements  de 
la  vie  publique  ou  privée,  la  Schemita  et  les  lois  qui  s'y  rap- 
portent, ont  une  importance  plus  réelle,  une  action  plus  profonde 
que  les  jeux  d'OIympie  pour  la  Grèce  ou,  à  Rome,  les  déci- 
sions périodiques  des  censeurs  :  le  chômage  des  terres  pendant 
une  année  entière  tout  au  moins,  la  jouissance  commune  des 
produits  du  sol,  Tabolition  périodique  des  dettes  (ou  leur  sus- 
pension <),  telle  était,  on  le  sait,  la  loi  tous  les  sept  ans  et  ni  les 
particuliers  ne  pouvaient  oublier,  ni  Tautorité  publique  leur 
laisser  ignorer  quand  aurait  lieu  cette  modification  temporaire 
si  profonde  dans  le  mode  d'exploitation  et  de  jouissance  de  la 
propriété,  dans  les  obligations  des  citoyens  les  uns  à  l'égard  des 
autres. 

Ce  n'était  pas  seulement  tous  les  sept  ans  qu'il  importait  de 

*  Beaucoup  de  savaots  ont  cru  que  les  deUes  étaient,  non  abolies,  mais  suspendues 
pendant  ia  Schemita,  sorte  de  moratorium  périodique  (Voir  à  ce  sujet  Munk,  Pales- 
time,  p.  210,  note). 


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28  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

connaître  répoqae  de  la  Schemita,  mais  Tannée  qui  procédait  la 
Schemita,  Tannée  qal  la  suivait,  toutes  les  années,  en  un  mot  qui 
séparaient  Tune  de  Tautre  les  années  sabbatiques.  En  effet,  dès 
les  derniers  mois  de  la  6«  année,  on  cessait  de  semer;  les  fruits 
amassés  indûment  la  "T»  année,  on  les  détruisait  (nva)  la  S'»  année, 
et  il  était,  à  plus  forte  raison,  interdit  de  recueillir  les  fruits  des 
cultures  faites  illégalement  Tannée  du  chômage  >.  Pans  Tinter- 
valle  de  deux  Schemita,  il  était  des  dîmes  différentes  selon  les 
années.  La  seconde  dlme,  maaser  schèni,  prescrite  la  !''•,  la 
2%  la  4<>  et  la  5°  années  et  dont  le  produit  devait  être  consommé  ou 
dépensé  à  Jérusalem,  était  remplacée,  la  3«  et  la  6®  années,  par  le 
maaser  ani,  distribué  aux  pauvres'.  Il  était  donc  absolument 
nécessaire  de  connaître,  chaque  année,  le  rang  que  Tannée  devait 
occuper  dans  la  période  sabbatique.  Cette  division  du  temps  était 
ainsi  d'un  usage  courant  et  constant.  Les  actes  publics  et  privés 
en  portaient  la  mention  '. 

La  Schemita  a-t-elle  été  réellement  observée?  Allant  à  Tencontre 
des  sentiments  les  plus  naturels,  tels  que  Tamour  jaloux  de  la 
propriété,  à  Tencontre  des  lois  économiques  universellement  pra- 
tiquées, n*était-ce  pas  une  pure  utopie,  une  législation  qui  n*a 
jamais  eu  d'application  positive?  Le  traité  tout  entier  que  le 
Talmud  a  consacré  à  cette  législation  et  qui  réglemente  les  pré- 
ceptes mosaïques  concernant  Tannée  sabbatique  peut-il  avoir, 
pour  nous,  un  intérêt  autre  qu'un  intérêt  théorique?  Nous  croyons 
que  la  Schemita,  respectée,  comme  toutes  les  lois  religieuses 
avec  plus  ou  moins  de  zèle  et  de  scrupule,  n'a  jamais  cessé  d'être 
en  vigueur,  excepté,  cela  va  de  soi,  quand  il  n*y  avait  pas  de 
Juifs  en  Palestine  ou  quand  aucun  d^entre  eux  ne  se  livrait  à  Ta- 
griculture.  Nous  n'avons  pas  sous  les  yeux  les  livres  qui  rendent 
compte  comment  de  nos  jours  sont  observées  les  lois  agraires. 
L'année  1897-1898  doit  être  une  année  sabbatique,  car  Tannée  où 
Joseph  Karo  composait  à  Safed,  en  Palestine,  son  commentaire 
sur  le  Toîo*  Yoré  Déah,  (1539),  était,  d'après  son  témoignage*. 
Tannée  de  la  Schemita.  La  Schemita  était  observée  au  moyen  âge, 

*  Sckebiit,  i,  ii.  vu;  iv,  i-2. 

*  D'après  Josèpbe,  Ant,^  IV,  vin,  2,  la  dîme  du  pauvre,  oblifçtloire  la  troisième 
année,  se  superpose  aux  deux  autres,  T^tn^v  irp6;  aOrat;. 

»  Sanhé'lrin^  y,  \  ;  Macrot,  i,  fiu  ;  Giiittin^  77  ;  Nedarim^  60. 

^  Bet  Yoseph  sur  Yoré  Déah,  331  :  «  L'usage  a  adopté  les  conclusions  do  Muimo- 
nide,et  cette  année  'iO'J  ou  a  observé  la  Scbemita  ».  Voici  ce  que  dit  Maimonidc,  Hil^ 
khot  Schemita^  cb.x  :  «  Le  point  de  départ  de  la  supputation  de  la  Scbemita,  d'après 
les  Guconim  et  les  gens  de  Pale&tine,  est  l'année  de  la  destruction  du  Temple.  Pour 
connaître  Tordre  des  années  de  la  Scbemita,  il  sul'ût  de  diviser  par  7  le  nombre  des 
années  écoulées  depuis  la  ruine  du  Temple.  Cette  année,  il  y  aura  1107  ans  que  le 
Temple  a  été  détruit,  c*e8t  donc  la  première  année  d'une  période  sabbatique.  • 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2«  TEMPLE  29 

en  France,  en  ce  qui  concerne  les  prêts  d'argent.  R.  Tara  recevait 
à  son  tribunal  les  déclarations  dites  prosbol^. 

Mais  ce  n'est  pas  dans  les  pays  d'Occident  ou  même  en  Judée, 
en  un  siècle  où  la  population  très  clairsemée  est  peu  adonnée  aux 
travaux  des  champs  qu'il  faut  rechercher  si  la  Schemita  est,  pour 
les  Juifs,  une  loi  dans  le  sens  pratique  du  mot,  mais  quand  la 
Judée  est  vraiment  juive^  quand  sa  population  ne  vit  que  d'agri- 
culture. 

Remontons  la  chaîne  des  temps.  Au  iii«  siècle  et  à  la  fin  du  ii% 
les  patriarches  Juda  II,  Gamaliel  III,  Juda  I,  prennent,  en  synode, 
des  décisions  relativement  à  la  Schemita  ;  Juda  II,  pour  restreindre 
rétendue  du  territoire  soumis  à  cette  loi  ^,  Gamaliel  IIP  et  Juda  I 
pour  abolir  les  suppléments  de  la  7°  année  ^,  c'est-à-dire  Tinter- 
diction  de  cultiver  la  terre  les  derniers  mois  de  la  G*"  année  et  celle 
de  récolter,  la  8**  année,  les  fruits  produits  par  le  travail  de  la 
septième  année  ^, 

Trois  siècles  avant  R.  Juda  II,  l'ancêtre  de  ces  patriarches,  Hillol 
l'ancien  avait  institué  X^prosbol^^  institution  destinée  à  atténuer 
les  effets  et  à  éviter  les  abus  de  la  Schemita.  La  nécessité  de  cette 
institution  prouve  que  la  Schemita  avait  force  légale  '. 

Ces  mesures  législatives  rr^sultnnt  de  circonstances  nouvelles 
auxquelles  devaient  s'adapter  les  institutions  du  pays  attestent 
déjà  suffisamment  que  ces  institutions  étaient  réellement  vivantes. 
De  son  côté,  l'histoire  nous  fournit  des  témoignages  positifs  et,  à 
côté  de  ceux-ci,  des  preuves  indirectes  qui  ne  sont  pas  sans  valeur 
et  qui  viennent  confirmer  ce  que  la  législation  nous  a  déjà  appris. 

En  163  (233  ans  avant  la  destruction  du  Temple],  Ântiochus 
Eupator,  guerroyant  avec  Juda  Macchabée,  assiège  Beth  Zura.  Les 
assiégés  sont  aussitôt  obligés  de  se  rendre  :  «  Il  n'y  avait  pas  de 
nourriture  pour  eux,  car  c'était  le  Sabbat  pour  la  terre  «  ».  (1  Mac- 

1  Guittin,  36  b,  Tosafol,  au  bas  de  la  page. 

«  j.  Schebiit,  3i)C-ii;  Tosefta  Oholot,  Hn. 

»  n'^:^'»31D  riDOnn,  Tos,  SchehUt,  I,  1. 

^  Lo  Talmud  de  Jérusalem  paraît  attribuer  celte  décision  à  H.  Gamliel  II.  Elle 
semble  postérieure  à  la  rédaction  de  la  Miscboa,  la  Miscboa  n'eu  parle  pas,  alors 
qu'elle  mentionne  celle  de  R.  Juda. 

5  Schebiit,  vi,  4. 

•  Forme  abr^éo  de  la  formule  TtpoaêoXio  Trpo;  pouXi^v,  qui  est  la  traduction  de  *J0173 
X^l  rr^ab  (l^mia^)  (Schebat^  x,  3-7)  ;  U  prescription  légale  de  la  Scheiuiia 
n'ayant  pas  d'efTet  sur  les  actes  judiciaires,  le  créancier  pour  sauvegarder  ses  droits 
pendant  la  7*  année,  était  censé  les  transmettre  au  tribunal. 

^  il  y  avait  a  Jérusalem  un  édifice  où,  en  exécution  de  l'ordonnance  de  Uillel, 
l'autorité  publique  recevait  en  dépôt  les  obligations  souscrites  par  les  débiteurs.  Cet 
édifice  (âpx^^H  1"^  incendié,  au  début  de  la  révolte,  par  les  zilaleurs  pour  entraîner  les 
débiteurs  dans  Tinsurrection,  B.  •/.,  II,  xvii,  6. 

'  Traduction  praaqae  littérale  de  "J^^b  7X^11^  ^inaiû  na\D  (Lévit.,  xxv,  4). 


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30  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

chabées,  vi,  49).  «  Il  n'y  avait  pas  de  vivres  dans  la  ville,  à  cause 
de  la  septième  année,  ceux  des  gentils  restés  en  Judée  ayant 
mangé  ce  qui  était  resté  des  dépôts.  » 

Jean  Hyrcan,  en  135,  poursuit  Ptolémée,  son  beau-frère,  le 
meurtrier  de  son  père,  l'assiège  dans  la  citadelle  de  Dagon,  où 
s*était  réfugié  Tassassin,  emmenant  avec  lui  la  mère  et  les  frères 
de  Jean  Hyrcan.  Le  siège  traîne  en  longueur  et  bientôt  Hyrcan 
doit  interrompre  ses  opérations  militaires,  «  Tannée  sabbatique 
survenant,  pendant  laquelle,  chez  les  Juifs,  Tusage  est  de  ne  pas 
travailler,  car,  tous  les  sept  ans,  ils  observent  cette  année,  à  l'ins- 
tar du  septième  jour  *  ». 

On  ne  faisait  donc  pas  la  guerre  l'année  sabbatique;  c'était  une 
sorte  de  trêve  de  Dieu  pour  les  Juifs.  Ce  n'en  était  pas  une  assuré- 
ment pour  leurs  ennemis,  qui  mettaient  à  profit,  dans  la  conduite 
de  leurs  campagnes,  et  la  répugnance  des  Juifs  pour  toute  opéra- 
tion militaire  et  Tépuisement  des  approvisionnements  de  la  Judée. 
Ainsi,  Tannée  même  où  Jean  Hyrcan  cesse,  à  cause  de  la  Schemita, 
de  poursuivre  Ptolémée,  Antiochus  Sidétes,  roi  de  Syrie,  vient 
attaquer  Hyrcan  et  Tassiège  dans  Jérusalem.  La  famine  bientôt 
réduit  les  assiégés  aux  pires  extrémités  *.  Cependant,  à  l'approche 
de  la  fête  des  Tabernacles,  Jean  Hyrcan,  comptant  sur  la  piété 
d'Antiochus,  lui  demande  une  trêve  pour  célébrer  la  fête  ^.  Le  roi 
de  Syrie  accéda  à  ce  désir  et  voulut  très  généreusement  contri- 
buer par  ses  offrandes  à  Téclat  de  cette  fête. 

On  sait  que  la  solennité  des  Tabernacles  est  le  couronnement 
des  fêtes  de  la  septième  année  ^. 

Ainsit  grâce  au  premier  livre  des  Macchabées  et  à  Josèphe,  nous 
connaissons  deux  des  années  sabbatiques  observées  dans  le 
li°  siècle  avant  Tère  chrétienne,  leurs  dates  exactes,  les  circons» 
tances  intéressantes  qui  s'y  rapportent.  Grâce  au  Talmud,  nous 
en  connaissons  deux  autres  dans  le  i^'  siècle  de  la  même  ère.  La 
date  de  Tune  a  été  discutée,  toutefois  il  ne  nous  parait  pas  impos- 
sible de  la  déterminer  d'une  façon  exacte. 

Au  terme  de  la  septième  année  ou  plutôt  au  commencement  de 
la  huitième,  ainsi  qu'on  vient  de  le  rappeler,  à  la  solennité  de 
Souccot,  le  peuple  tout  entier  était  convoqué  dans  le  Temple.  Au 
milieu  du  parvis,  on  construisait  une  estrade  sur  laquelle  le  roi 
prenait  place.  Le  livre  de  la  Loi  passait  successivement  du  prési- 

«  Ant.,  XllI,  viir,  1  ;  B.  /.,  1,  ii,  4. 

*  Ant.^  XllI,  viir,  2. 

>  ÂDliochus  avait  reçu  le  surnom  de  «  pieux  >,  Ëùaf^Vi;. 

♦  Deutér.,  xxxi,  10-12;  Ant.^  IV,  viii,  12. 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2*  TEMPLE  31 

dent  de  rassemblée  *  au  chef  des  prêtres,  au  grand-prêtre,  qui  le 
remettait  au  roi.  Celui-ci  se  levait  pour  le  recevoir  et,  assis  sur  son 
siège,  le  lisait  à  haute  voix'.  Le  roi  Agrippa  se  leva  selon  Tusage 
et  resta  debout  pendant  toute  la  lecture  :  les  sages  Tacclamèrent  ^. 
Agrippa  I  fut  roi  en  Judée  de  41  à  44.  Cette  année  sabbatique 
est  donc  comprise  entre  ces  deux  dates. 

On  prétend,  il  est  vrai,  que  cet  Agrippa  de  la  tradition  rabbi- 
nique  était  Agrippa  II,  âls  d' Agrippa  I*.  La  principale  raison  don- 
née, on  peut  dire  la  seule,  c*est  que  le  prêtre  R.  Tarphon,  qui 
semble  avoir  vécu  encore  au  commencement  du  ii»  siècle,  avait 
rapporté  de  cette  fête  des  souvenirs  personnels  qui  ont  été  re- 
cueillis dans  la  Tosèfïa^.  On  oublie  que  R.  Tarphon  rappelle 
un  souvenir  d*enfance  et  que,  sans  aucun  doute,  il  est  par- 
venu à  une  extrême  vieillesse.  De  plus.  Agrippa  II  n'était  pas  roi 
en  Judée.  Il  a  eu  la  surintendance  du  Temple  de  59  à  65.  Si, 
comme  tout  porte  à  le  supposer,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus 
tard,  Tan  63  fut  une  année  sabbatique.  Agrippa,  à  cette  époque, 
était  en  très  mauvaise  intelligence  avec  les  prêtres  et  les  rabbins. 
On  se  dénonçait  réciproquement  à  Rome.  Le  grand-prêtre  Ismaôl 
b.  Fabi  dut  aller  à  Rome  dans  ce  but  et  y  fut  retenu  comme  otage 
avec  d*autres  dignitaires  ^.  Ce  n'était  donc  pas  Agrippa  II  qu'eus- 
sent acclamé  les  docteurs  du  Temple. 

D'après  Josèphe  %  c'est  le  pontife  et  non  le  roi  qui  fait  la  lec- 
ture septennale  de  la  Loi  ^.  Le  fait  d'Agrippa  lui  était  donc  in- 
connu. Comment  l'eût-il  ignoré  s'il  s'était  agi  d'Agrippa  II,  son 
contemporain,  avec  lequel  il  était  en  relation  personnelle? 

Dans  la  tradition  rabbinique,  il  ne  saurait  donc  être  question 
évidemment  que  d'Agrippa  I,  et  l'année  sabbatique  dont  nous  re-^ 
cherchons  l'époque  se  trouve  ainsi  comprise  entre  41  et  44. 

La  ruine  du  Temple,  au  dire  de  R.  Yosé,  eut  lieu  à  l'issue  d'une 
année  sabbatique.  Le  texte  semble  dire  Tannée  qui  suivit  la  Sche* 
mita,  rv»3^a«  "«fir^sfcTtt,  mais,  ainsi  que  l'explique  Tosafot,  i4&oda  Zara^ 
8b j  ce  terme  peut  s'appliquer  à  l'année  sabbatique  elle-même 

^  Le  président  du  Sanhédrin  nD33  =  ovvfôpiov,  peut-être  le  président  du  second 
Sanhédrin,  celui  de  23  membres  qui  siégeait  a  la  porte  de  la  Azara, 

*  11  lisait,  dans  un  ordre  déterminé,  un  certain  nombre  de  chapitres  du  Deuté- 
ronome. 

»  Voir  la  suite  dans  Sota^  vu,  7.j  Sifrè  Scho/tim^  Û^ttJn  hW* 

•  Bûchler,  Die  Priester  und  der  CuUus^  p.  10  et  suiv. 
«  Tosefta  Sota,  vu,  16  (éd.  Zuckeimaodel). 

«  Ant.,  XX,  VIII,  11. 

'  Ant,y  IV,  VIII,  12,  ô  àpjriépeu;  iiii  piQ^iaxo;  Otj/TiXoO. 

>  De  temps  immémorial  il  en  était  ainsi  toujours  :  sous  les  anciens  pontifes,  sous  le 
règne  d'Hérode  et  d'Archélaûs  et  sous  la  domination  romaine*  Les  Asmonéeus,  on  le 
sait,  étaient  à  U  fois  rois  et  pontifes. 


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32  REVUE  DES  ÉTUDES  JUJVES 

quand  elle  est  à  son  déclina  La  chronologie  rabbinique  place  la 
ruine  du  Temple  en  Tannée  68,  mais  celte  catastrophe  eut  lieu 
réellement  en  70.  Si  Tannée  70  est  sabbatique,  Tannée  42,  séparée 
de  celle-ci  par  un  intervalle  de  4  semaines  d'années  (28+42  = 
70)  ou  de  quatre  Schemita,  ou  bien  Tannée  41  si  on  ajoute  une 
année  pour  le  Jubilé,  est  donc  Tannée  où  Agrippa  lut  le  chapitre 
royal  du  Deutéronome. 

Nous  avons  donc  ainsi  la  date  à  peu  près  précise  de  deux  an- 
nées sabbatiques  dans  le  ii°  siècle  avant  Tère  chrétienne  et  de 
deux  années  sabbatiques  dans  le  siècle  de  cette  ère.  Serait-il  pos- 
sible d*en  retrouver  aussi  dans  le  siècle  qui  les  sépare,  dans  le 
1®  siècle  avant  Tère  chrétienne? 

Dans  Arahhin^  11,  il  est  dit*  :  «  Les  événements  heureux  ar- 
»  rivent  à  des  jours  déjà  marqués  pour  le  bonheur,  les  catas- 
»  trophes  à  des  jours  déjà  néfastes.  Quand  le  Temple  fut  détruit 
»  la  première  fois,  c'était  le  9  Âb,  à  Tissue  du  sabbat,  à  Tissae 
»  d'une  année  sabbatique...,  les  prêtres  étaient  à  Tautel,  les  lé- 
»  vites  sur  leur  estrade  et  ils  chantaient  un  psaume...;  leurs  chants 
»  retentissaient  encore  quand  les  ennemis,  assaillant  le  lieu  saint, 
9  se  saisirent  de  leurs  personnes. . .  Et  la  seconde  fois,  ce  fut  aussi 
»  le  9  Ab,  à  Tissue  du  sabbat,  à  Tissue  de  Tannée  sabbatique,  les 
1»  lévites  chantant  le  môme  psaume.  » 

Ces  détails  si  précis,  pour  peu  qu'on  puisse  en  admettre  la  réa- 
lité, s'appliqueraient  bien  mieux  à  un  événement  relativement  ré- 
cent, qu'à  une  catastrophe  datant  déplus  de  sept  siècles  S  et  ils 
rappellent,  en  quelque  sorte,  dans  les  traits  essentiels,  la  descrip- 
tion si  émouvante,  faite  à  deux  reprises  par  Josèphe,  de  la  prise  et 
de  la  profanation  du  Temple  par  Pompée  : 

Anl.,  XIV,  iv,  3  :  «  Les  prêtres  ne  s'abstinrent  pas  d'accom- 
»  plir  les  rites  sacrés...  la  ville  prise,  le  3»  mois  *,  le  jour  du  jeûne, 
»  dans  la  79®  Olympiade,  C.  Antoine  et  M.  Tullius  Cicéron  con- 
»  suis,  les  ennemis,  pénétrant  de  vive  force,  massacrent  ceux  qui 

1  Au  onzième  mois  de  Tannée. 

*  Voir  aussi  Taanit^  29  a, 

'  La  ruiue  du  premier  Temple  a  lieu  en  Tan  .589  avant  Tère  chrétienne.  R.  Yosé 
vit  au  milieu  du  n*  siècle  de  ceUe  ère. 

^  D'après  Strabon,  le  Temple  fut  pris  le  jour  du  jeûne,  d'après  Dion  Cassiut,  un 
samedi.  Josl  prétend  que  ce  jeûne  était  celui  du  Kippour.  (Le  troisième  mois  de 
i^année  macédonienne  correspond,  en  eiïet,  à  Tiscbri).  Diaprés  Casaubon  et  Sc«liger, 
ce  jour  était  le  9  Tammouz,  anniversaire  de  la  prise  de  Jérusalem  par  Nabuchodonosor 
et  il  faudrait  remplacer  le  mot  TpiTOv  parTérapTov.  Si  le  récit  de  R.  Yosé  se  rapporte 
à  la  profanation  du  Temple  par  Pompée,  il  faudrait  remplacer  le  mot  TpÎTOv  p«r 
7cÉ(i7rTov.  M.  Théodore  Reinach  croit  que  le  Temple  a  été  pris  le  samedi,  que  Str«- 
bon  appelle  jour  déjeune,  croyant  que  les  Juifs  jeûnaient  le  jour  du  sabbat.  (7V«ne< 
grecs  et  latins  relatifs  au  judaïsme,  p.  104,  note  1.) 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHKONOLOGIE  DU  2«  TEMPLE     33 

»  sont  dans  le  Temple,  les  prêtres  offrant  des  sacrifices  n'en  con- 
»  tinuant  pas  moins  à  remplir  leur  saint  ministère. . .  • 

B.  /.,  I,  VII,  5  :  «  Des  prêtres  en  grand  nombre,  à  la  Tue  des 
»  ennemis  se  ruant  sur  eux,  Tëpée  nue,  restent  (sur  Tautel) 
»  intrépides,  accomplissant  leurs  rites,  faisant  des  libations,  brû- 
»  lant  Tencens  et  se  laissent  immoler,  fidèles  à  Dieu  jusqu*à  la 
»  mort.  » 

«  6.  Dans  cette  catastrophe  (où  périrent  12,000  hommes),  ce 
»  qui  parut  aux  Juifs  le  comble  de  l'infortune,  ce  fut  de  voir  pé- 
»  nétrer  des  gentils  dans  le  lieu  sacro-saint,  auparavant  inacces- 
x>  sible  à  tout  regard.  Pompée  et  beaucoup  de  ses  compagnons  pé- 
»  nétrèrent  dans  le  Saint  des  Saints  et  virent  ce  que  nul  mortel 
»  en  dehors  des  pontifes  n'avait  jamais  vu.  » 

La  prise  du  Temple  par  Pompée  a  lieu  en  63  avant  Tère  chré- 
tienne ;  Tan  63  est  une  année  sabbatique  d'après  Tun  des  sys« 
tèmes  adoptés  par  le  Talmud  '  ;  les  détails  donnés  par  R.  Yosé 
peuvent  donc  se  rapporter  à  cette  catastrophe. 

En  35,  Hérode  nomme  grand-prêtre  le  frère  de  Mariamne,  Âris- 
tobule,  âgé  de  17  ans.  Durant  les  fêtes  de  Souccot,  le  jeune  prince 
mopte  sur  l'autel,  revêtu  des  ornements  pontificaux  et  préside  aux 
cérémonies  avec  une  grâce  et  une  majesté  qui  ravissent  les  cœurs 
et  excitent  dans  la  foule  un  enthousiasme  indescriptible.  Dès  lors  il 
est  condamné  dans  l'esprit  du  tyran  ombrageux  et  sans  scrupule. 
Sans  doute  Hérode  avait  calculé  déjà,  dans  sa  pensée,  l'élan  irré- 
sistible qui  entraînerait  la  nation  tout  entière  quand,  l'année  sui- 
vante, au  couronnement  de  l'année  sabbatique,  le  jeune  pontife, 
le  descendant  de  l'illustre  race  des  Âsmonéens,  lirait  du  haut  du 
pf,u.a,  le  roi  ne  le  pouvant  pas  en  raison  de  son  origine  étrangère, 
la  parascha  royale  devant  tout  Israël  assemblé.  Aristobule  devait 
donc  périr.  L'année  35  était  également  une  année  sabbatique, 
d'après  un  des  systèmes  discutés  dans  le  Talmud. 

Chose  extrêmement  étrange,  en  effet,  on  n'est  pas  fixé  du  tout  sur 
la  façon  de  calculer  le  retour  des  années  sabbatiques.  Il  y  a  deux 
systèmes  à  cet  égard,  tous  deux  soutenus  dans  le  Talmud,  et, 
n'étaient  les  raisons  nombreuses,  à  notre  avis  irréfutables,  que 
nous  avons  énumérées,  cette  étrange  incertitude  dans  la  supputa- 
tion des  années  sabbatiques  suffirait  pour  faire  douter  absolu- 
ment de  la  réalité  positive  de  cette  législation.  D'après  la  loi  mo- 
saïque ,  au  terme  de  chaque  cycle  de  sept  années  sabbatiques 
ou  de  49  ans,  il  est  prescrit  de  célébrer  le  Jubilé,  la  50<^  année. 
Celte  50«  année  est-elle  seulement  le  couronnement  du  cycle  jubi- 

*  JEU>tck  Haschana,  9  ;  Nedarim,  61  ;  Ârakhin,  12  et  33. 

T.  XXXVII,  R»  73.  3 


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34  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

laire?  Est-elle,  en  môme  temps,  le  commencement  du  cycle 
suivant?  En  d'autres  termes,  un  siècle  se  compose-t-il  exacte- 
ment de  deux  cycles  jubilaires  ou  bien  de  deux  cycles  augmentés 
de  deux  ans? 

La  raison  de  ce  doute,  la  voici.  Dans  le  Talmud,  il  est  à  peu  près 
certain  *  que,  durant  le  second  Temple  (et  même  auparavant,  à 
partir  de  Texil  des  dix  tribus  *),  le  Jubilé  n^était  plus  en  vigueur. 
L'esclavage  juif  définitivement  aboli'  et,  d^autre  part,  le  territoire 
ayant  cessé  d'être  divisé  par  tribus  et  par  familles,  les  deux  dispo- 
sitions essentielles  de  la  loi  du  Jubilé,  la  raison  même  de  cette  loi, 
la  libération  périodique  des  esclaves,  le  retour  des  champs  à  leurs 
anciens  possesseurs,  étaient  devenues  nécessairement  caduques. 
Le  chômage  des  terres,  disposition  accessoire  et  conséquence  des 
deux  autres,  n'avait  plus  de  raison.  On  comptait  néanmoins  la 
50«  année,  on  la  sanctifiait  conformément  à  la  loi^,  on  la  célébrait 
sans  doute  par  des  réjouissances  qui  semblent  avoir  duré  dix 
jours  S  et,  le  jour  du  Eippour,  la  sonnerie  du  Schofar  retentis- 
sait dans  tout  le  pays  ;  mais  Tannée  du  Jubilé  n'étant  plus  une  an- 
née de  chômage",  la  Schemita  revenait-elle  six  ans  après,  après 
six  ans  du  travail  de  la  terre,  ou  seulement  sept  ans  après  ? 

D'après  R.  Tehouda,  la  Schemita  revient  invariablement  tous 
les  sept  ans.  D'autres  docteurs,  que  le  Talmud  ne  nomme  pas,  ad- 
mettent, au  contraire,  que,  l'année  du  Jubilé  comptant  à  part,  il  y 
a  un  intervalle  de  huit  ans  entre  la  dernière  Schemita  d'un  cycle 
jubilaire  et  la  première  du  cycle  suivant  \ 

Le  Talmud  ne  prend  pas  parti  entre  ces  deux  opinions.  Parmi 
les  commentateurs,  R.  Baruch^  l'auteur  du  Sefèr  Haierouma^ 
R.  Tam  et,  d'après  Tosafot^,  Raschi,  adoptent  le  système  de 
R.  Tehouda;  Rabad,  celui  des  contradicteurs  anonymes  de 
celui-ci. 

Qu'il  y  ait  eu,  en  France^  au  moyen  âge,  incertitude  sur  une 
circonstance  essentielle  de  la  loi  sabbatique,  à  savoir  en  quelles 
années  arrive  l'échéance  périodique  de  cette  loi,  la  chose  est,  tout 
au  plus,  concevable  ;  mais  ce  qui  ne  se  conçoit  en  aucune  façon, 

^  R.  Ttm  émet  quelques  doutes  à  ce  sujet.  La  question  est  examinée  dans  To- 
tafot  Quittint  36  a,  au  bas  de  la  page  et  ?erso. 
s  Arakkini  33. 

•  Voir  Ant.t  XVI,  i,  1.  Josèphe  parle  da  servage  Juif  comme  depois  longtemps 

aboli  :  h  toÎçtc  pwroiç  rSi;  Toiavnjç  xi\uiipUç, 

<  £o9ek  Hatckana^  8  h, 

•  Ouiiiin,  VSd, 

^  Arakkin,  12,  32;  Eotch  Etuchunat  9  ;  Ntdarim,  éU 

•  AMaZaraf^b» 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2-  TEMPLE  35 

c'est  qu'il  y  ait  eu  incertitude  en  Palestine,  à  une  époque  où  cette 
loi  a  été  ou  a  dû  être  en  pleine  vigueur. 

n  ne  pouvait  y  avoir,  en  même  temps,  deux  façons  différentes 
d'appliquer  la  loi  de  l'année  sabbatique  et  conséquemment  deux 
opinions  opposées  à  ce  sujet,  mais  il  y  a  eu  deux  façons  succès-»' 
sives  d'entendre  Tapplication  de  cotte  loi  et  ainsi,  à  notre  avis, 
entre  les  deux  opinions  présentées  comme  contradictoires,  11  ne 
saurait  y  avoir  eu  de  contradiction  effective.  A  notre  avis,  il  faut,^ 
pour  la  loi  du  Jubilé,  considérer  trois  moments  : 

a)  l'époque  où  la  loi  du  Jubilé  est  entièrement  exécutoire  ; 

b)  l'époque  où,  ne  répondant  plus  à  l'état  social  ou  à  la  législa- 
tion courante,  la  loi  du  Jubilé,  virtuellement  abrogée,  subsisté 
néanmoins  encore,  mais  comme  époque  de  réjouissances  natio- 
nales.  L'année  jubilaire  compte  encore  à  part,  mais  sans  entraîner 
d'obligations; 

c)  l'époque  où,  par  suite  du  malheur  des  événements  S  ces  ré- 
jouissances publiques  elles-mêmes  ont  cessé.  L'année  du  Jubilé  ne 
compte  plus  ou  se  confond  avec  les  années  du  cycle  suivant. 

L'opinion  des  rabbins  anonymes  répond  à  la  seconde  phase,  pé- 
riode du  second  Temple.  Le  Talmud  ne  connaît  pas  leurs  noms. 
Ce  sont  donc  des  docteurs  anciens,  d'une  époque  antérieure  à  la 
ruine  du  Temple,  faisant  connaître  comment,  de  leur  temps,  la  loi 
était  appliquée.  L'opinion  de  R.  Tehouda  répond  à  la  troisième 
phase ,  à  la  période  qui  commence  après  la  destruction  du 
Temple.  '^ 

Cette  conclusion  s'impose,  car,  d'une  part,  il  est  impossible  que 
R.  Yehouda  n'ait  pas  su  comment  de  son  temps  (un  siècle  après  la 
destruction  du  Temple)  on  supputait  les  années  sabbatiques', 
d'autre  part,  pour  la  période  antérieure,  à  moins  d'admettre  qu'un 
siècle  se  compose  exactement  de  deux  cycles  jubilaires,  il  est  im* 
possible  que  : 

1"*  l'année  de  la  destruction  du  Temple,  l'an  70,  ait  été  une  annéô 
sabbatique,  ni  une  année  post-sabbatique  rr^T^yio  •>fiOti)3,  l'année 
163  anle  ayant  été  année  sabbatique  ^,  l'année  1*70  l'ayant  été  éga- 
lement :  or,  dans  le  système  de  R.  Yehouda,  deux  siècles  plus  tard, 
la  Schemita  ne  pouvait  tomber  qu'en  67  ou  en  74; 

2°  il  y  ait  eu  sous  le  règne  d'Agrippa  I  (41-44)  une  année  sab- 
batique. L'année  135  ante  et  conséquemment  l'an  142,  ayant  été 
année  sabbatique  3,  deux  siècles  plus  tard,  dans  le  système  de 
R.  Yehouda,  la  Schemita  aurait  eu  lieu  en  39  ou  en  46. 

>  Epoque  postérieure  à  It  ruine  du  Temple. 

*  1  Macchabée,  m. 

•  Ant.,  XIll,  viii,i. 


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36  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

Dans  rhypothèse  â*aprës  laquelle  la  Schemita  de  Sola,  viii,  9. 
aurait  eu  lieu  sous  Agrippa  II  (59-65),  c*eût  été  en  60;  mais  cette 
hypothèse,  on  Ta  vu,  est  insoutenable. 

Maïmonide  ne  connaissait  pas  les  faits  historiques  que  nous  ve- 
nons de  rappeler  et  de  discuter,  il  ne  s'est  pas  arrêté  non  plus 
devant  Timpossibilité  morale,  à  notre  avis,  d'une  incertitude  rela- 
tivement à  réchéance  périodique  d*un  fait  public  ou  plutôt  d'un 
ensemble  de  faits  et  de  devoirs  intéressant  à  la  fois  et  de  la  façon  la 
plus  pressante  et  Tautorité  publique  et  chaque  particulier,  tels 
qu'étaient  ceux  de  la  Schemita,  et  —  chose  vraiment  sarprenante 
—  ce  que  nous  avons  dit  comme  conclusion  logique  et  de  ces  faits 
historiques  et  de  cette  preuve  morale  si  puissante,  il  l'affirme  être 
la  vérité  môme,  à  savoir  que,  Jusqu'à  une  certaine  époque,  l'opi- 
nion des  rabbins  anonymes  a  prévalu,  puis  celle  de  R.  Tebouda;  il 
l'affirme  presque  à  son  corps  défendant,  invoquant  une  tradition 
dont  il  n>st  d'ailleurs  de  trace  nulle  part  et  8*exprime,  à  ce  sujet, 
avec  une  netteté  qui  ne  laisse  place  à  aucun  doute  :  «  Tous  les 
x>  Oaonim  ont  dit  qu'il  y  avait  une  tradition  transmise  oralement 
»  jusqu'à  eux  qu'à  partir  de  la  ruine  du  second  Temple,  on  a  cessé 
»  de  compter  à  part  la  cinquantième  année  et  que  les  Schemitot  se 
»  succéderaient  indéfiniment  de  sept  en  sept  ans,  c'est  ce  qui  ré- 
»  suite  du  Talmud  *  et  telle  est  la  tradition.  »  *  (HUhhot  ScheniUa 
Veyobel,  x,  5). 

Des  deux  assertions  du  Séder  Olam  :  1«  que  le  retour  de  l'exil 
de  Babylone  eut  lieu  420  ans  avant  la  destruction  du  second 
Temple  ;  2""  qu'à  cette  époque,  en  420,  on  commença  à  observer  la  ' 
Schemita,  il  ne  faut  retenir  que  la  seconde.  Elle  est  confirmée  par 
la  Bible  indirectement,  cela  va  sans  dire,  mais  pour  nous  d'une 
façon  indubitable.  Elle  est  confirmée  de  la  môme  manière  et  dans 
les  mômes  conditions  par  Josèphe.  La  promesse  d*observer  la 
Schemita  est  une  des  stipulations  formelles  du  pacte  dont  il  est 
question  dans  Néhémie,  x,  et  figure  au  verset  32,  wor^  nK  otan 
T  bD  vcùisy  n'^jnaiDn.  Néhémie  a  gouverné  la  Judée,  une  première 
(ois,  entre  454  et  432  ;  le  livre  qui  porte  le  nom  de  ce  personnage 
a  été  écrit  environ  cent  ans  après  celui-ci,  car  ce  livre  contient  une 

<  Aboda  Zarû^  9. 

*  L^ezplication  que  nous  avoof  donnée  ne  résout  pu  néanmoini  toutes  les  difScaW 
tés.  Si  pendant  It  période  du  Temple  on  a  compté  à  part  les  années  du  Jubilé  et  wk^ 
d'autre  part,  Tannée  de  la  destruction  du  Temple  fut  D'^^'^nO  "^fiOtlTS  il  fnut  ad- 
mettre, avec  Tosafot  dans  Aboda  Zara,  que  la  ruine  du  Temple  eut  lieu  l'aniiée 
qui  suivit  l'an  420  de  la  supputation  rabbinique  et,  ainsi  qu'on  l'a  déjà  dit,  également 
d'après  Tosafot,  que  l'expression  n'^9'^3^  "^MXlt}  à  PUtue  de  la  iejttième  anmét 
signifie  à  la  fin  (onzième  mois)  de  la  septième  année,  et  non  pas  Tannée  qnt  suit  la 
septième. 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2*  TEMPLE  37 

liste  de  grands-prêtres  qui  s'arrête  à  Jaddus,  arrière-petit-âls 
d'Eliasib,  le  pontife  contemporain  de  Nëhémie.  Jaddus  fut  grand- 
prêtre  vers  350,  c'est-à-dire  420  ans  avant  la  destruction  du 
second  Temple.  Ce  Jaddus,  contemporain  d'Âlexandre-le-Grand, 
demanda  au  conquérant  macédonien,  d'après  Josèphe,  de  dis* 
penser  les  Juifs  du  tribut  l'année  sabbatique  * .  S'il  peut  être 
fait  des  réserves  sur  ce  qu'il  y  a  de  légendaire  et  assurément 
d'inexact  dans  le  récit  de  l'entrevue  d'Alexandre  et  du  grand- 
prêtre,  entrevue  racontée  presque  dans  les  mêmes  termes  dans 
Josèphe  et  dans  le  Talmud  *,  il  n'y  a  pas  de  raisons  sérieuses 
pour  en  contester  le  fond  *.  Le  silence  observé  à  ce  sujet  par  les 
historiens  grecs  ou  latins  d'Alexandre,  ne  prouve  rien  contre  lui. 
Si  le  fait  est  vrai  réellement  comme  il  l'est  en  toute  apparence,  il 
en  résulte  : 

P  Que  la  loi  sabbatique  était  observée  en  333,  c'est-à-dire  403 
avant  la  destruction  du  Temple; 

2*  Que  la  faveur  demandée  à  Alexandre  était  chose  toute  nou- 
velle pour  les  Juifs,  sinon  Jaddus  se  serait  contenté  de  demander 
à  Alexandre  la  continuation  du  privilège  déjà  accordé  par  les 
rois  de  Perse  ^. 

Il  est  donc  établi  que  l'observance  de  la  loi  sabbatique  était 
chose  récente,  ce  qui  nous  reporte  également  aux  environs  de  l'an- 
née 420  avant  la  destruction  du  Temple. 

Enfin,  les  Samaritains,  informés,  paratt-il,  de  la  faveur  accor- 
dée aux  Juifs,  s'empressent  de  demander  eux  aussi  d^être  déchar- 
gés du  tribut  de  la  septième  année.  Cette  concession  leur  est 
refusée.  Sans  aucun  doute,  ils  n'avaient  pas  encore  fait  de  la  loi 

1  Ant,,  XI,  VIII,  5.  Voir  au  sujet  du  récit  de  Josèphe  It  savtnte  étude  de  M.  BOchler 
Eevue,  XXXVI,  p.  1  et  suW. 

*  Toma^  69  a,  p.  1  et  Mtguillat  Taanit,  D'après  les  rabbins,  le  grand^prêtre  était 
Siméon  le  Juste. 

*  Au  dire  des  historiens,  Alexandre  ya  de  Tyr  à  Qaza,  de  Gaza  en  Bgypte. 
D'après  Josèphe,  il  serait  allé  de  Qaza  à  Jérusalem  [avant  de  se  rendre  en  Egypte]. 
S^il  est  invraisemblable  qu'Alexandre  soit  revenu  sur  ses  pas,  rien  n^empêcbe  de 
eroire  que,  durant  les  longs  loisirs  du  siège  de  Gaza,  il  se  soit  rendu  à  Jérusalem, 
qni  était  à  deux  jours  de  marche. 

^  Ce  privilège,  les  Juifs  l'obtinrent  une  seconde  fois,  au  dire  de  Josèphe  (Ant,^ 
XIV,  X,  6],  de  Jules  César  (de  47  à  44).  Devenue  tributaire  de  Rome,  en  63,  la  Ju- 
dée avait  été  littéralement  mise  en  coupe  réglée  à  plusieurs  reprises  par  Pompée, 
Seanrus,  Gabinius  et  Cassius,  qui  Pavaient  ruinée  par  leurs  exactions.  La  loi  de  la 
Schemita  dut  nécessairement  fléchir  sous  le  poids  de  leur  insatiable  avidité.  Dans 
son  décret,  le  cinquième  de  la  série.  César  les  dispensa  à  deux  reprises,  du  tribut 
de  la  septième  année  :  x<^P^C  '^^^  é686(jiou   Itouc  Sv  £ai66o^ixàv  . . .  irpo^oyopcueuaiv 

ètrctd^  iv  «Ot^  (Jii^e  ùic6  tûv  devSpôJv  xap«èv  Xajiêàvouai  (xin^  9ire(povoi (nreÇai- 

povftévou  Toû  é^ô(iOu  itou;  5  £a66ocTix6v  xaXoOoi  (la  suite  comme  plus  haut).  Ce  texte 
est  une  forte  preuve  de  plus  de  la  réalité  effective  de  la  législation  de  la  loi  sabba- 
tique. 


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38  RlilVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

du  chômage  sabbatique  une  loi  d'Etat  et  ils  ne  voulaient  l'adopter 
que  pour  profiter,  à  leur  tour,  et  sans  droit  réel,  de  la  concession 
gracieuse  faite  aux  Juifs  leurs  rivaux,  car,  autrement,  les  Sama- 
ritains ayant  déjà  donné  à  Alexandre  antérieurement  aux  JuiCs 
des  gages  de  leur  fidélité,  le  refus  opposé  à  leur  demande  par  le 
conquérant  eût  été  inexplicable. 

Pourquoi  le  Schemita  est-elle  observée  à  partir  de  cette  époque 
(350)  et  non  auparavant  ? 

La  Schemita,  étant  surtout  une  loi  territoriale,  bien  plus  que  per- 
sonnelle, ne  pouvait  être  établie  qu'à  la  condition  d'être  appliquée  à 
.  un  territoire  continu.  Or,  les  quarante-deux  mille  Juifs  revenant 
de  l'exil  avec  Zorobabel,  augmentés  des  dix-huit  cents  hommes  qui 
accompagnent  Ezra,  n'auraient  pas  pu  occuper  à  eux  seuls  toute 
la  Palestine,  ni  même  une  seule  de  ses  grandes  divisions  ^  Ces 
deux  groupes  d'immigrants,  pendant  de  nombreuses  générations,  se 
développent  rapidement,  s'augmentant  par  Tinflltration  constante 
de  nouveaux  afflux  d'immigrants  et  par  la  toute-puissante  attrac- 
tion exercée  sur  les  gentils,  yni^  "«tta^,  établis  dans  le  pays  qui 
se  détachent  peu  à  peu  de  leurs  pratiques  religieuses,  de  leur  na« 
tionalité,  pour  s'agréger  au  judaïsme»  les  b'^bnnd,  pour  les  appeler 
par  l,eur  nom  biblique.  Ainsi  peu  à  peu  se  forma  une  popula- 
tion compacte,  plus  ou  moins  unie  d'abord,  mais  s'étendant  d'une 
façon  presque  uniforme  sur  tout  le  pays.  L'action  constamment 
répétée  des  chefs  religieux  du  Judaïsme  amène  une  cohésion  de 
plus  en  plus  grande  de  ces  éléments  si  divers,  et  fait  entrer 
dans  leurs  mœurs,  en  quelque  sorte,  les  lois  du  Pentateuque 
et  les  développements  donnés  à  ces  lois  par  les  Soferim.  Toutefois, 
pour  devenir  lois  d'Etat,  ces  lois  avaient  besoin  de  l'adhésion 
populaire,  de  là  ces  grandes  assemblées  telles  que  nous  en  voyons, 
non  seulement  au  temps  d'Ezra  et  de  Néhémie,  mais  déjà  à  des 
époques  antérieures,  telles  que  sous  Sédécias  (Jérémie,  xxxiv,  8) 
l'assemblée  qui  décrète  l'exécution  de  la  Loi  ordonnant  la  libéra- 
tion des  esclaves  juifs,  au  commencement  de  la  septième  année  ; 
sous  Josias,  celle  qui  a  pour  but  et  pour  effet  l'alliance  du  peuple 
avec  Dieu  (le  peuple  tout  entier  entra  dans  l'alliance  *)  et,  d'après 
le  livre  des  Chroniques,  celle  que  le  roi  Ezéchias  convoque  à  pro- 
pos de  la  fête  de  Pâque',  sans  compter  les  assemblées  analogues 
réunies,  d'après  ce  livre,  par  Asa  et  par  Josaphat. 

Il  est  plus  que  probable  que,  dans  les  dernières  assemblées,  celle 

^  La  Palestine  pouvait  nourrir  plusieurs  millions  d'individus.  Son  territoire  repré- 
sente le  vingtième  de  l'étendue  de  notre  pays. 
*  11  Rois,  XXII,  3  ;  11  Chron.,  xxxiv,  30-32. 
»  /*irf.,  XXX,  23. 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2«  TEMPLE  39 

de  Josias  (622)  et  celle  de  Sédécias  (595  environ),  il  fut  déjà  ques- 
tion de  rétablissement  ou  plutôt  de  la  mise  en  vigueur  de  la 
Schemita.  En  effet,  la  libération  des  esclaves  après  six  ans  de 
servage  prescrite  par  TExodeetle  Deutéronome  *,  est  une  loi 
tout  à  fait  analogue  à  celle  de  la  Schemita,  évidemment  plus 
importante  au  point  de  vue  moral  et  sociai,  mais  d*une  applica- 
tion inâniment  moins  générale.  Pour  peu  qu*on  y  réfléchisse,  il 
parait  certain  qu'on  ne  dut  y  songer  qu'après  avoir  décrété  l'obser- 
vance obligatoire  de  la  loi  sabbatique  des  terres.  Cette  dernière 
loi  dut  être  nécessairement  comprise  dans  le  pacte  contracté  sous 
Josias,  aux  termes  duquel  pacte,  le  peuple  s'engageait  sans  ré- 
serves, «  à  marcher  dans  les  voies  de  Dieu,  à  observer  ses  com- 
mandements, ses  témoignages,  ses  ordonnances  de  tout  son  cœur 
et  de  toute  son  âme,  à  accomplir  toutes  les  choses  de  l'Alliance  ins- 
crites dans  le  livre  » . 

Or,  la  Schemita  est  une  loi  de  l'Alliance  *,  prescrite  à  la  fois 
dans  l'Exode*,  dans  le  Lévitique\  et  dans  le  Deutéronome^  Dans 
l'Exode,  la  loi  de  la  Schemita  fait  partie  des  commandements 
réunis  dans  le  Se  fer  ffabberit  ®,  immédiatement  avant  la  Loi  du 
Sabbat  %  et  il  est  plus  que  probable  qu'en  prêchant  avec  tant  de 
véhémence  l'observation  rigoureuse  du  jour  du  Sabbat,  Jérémie  ' 
n'a  pas  dû  négliger  dans  ses  recommandations  de  rappeler  l'obli- 
gation de  l'année  du  Sabbat  que  la  Loi  qualifie  )nra«  nn^^. 

Une  des  prédictions  de  Jérémie  porte,  d'ailleurs,  une  date  qui  ne 
saurait  avoir  de  signification  que  par  rapport  à  la  Schemita  :  «  Cette 
même  année,  au  commencement  du  règne  de  Sédécias^  roi  de 
Juda,  la  quatrième  année  *^.  »  Il  s'agit  évidemment  de  la  qua- 
trième année  de  la  Schemita,  sinon,  ce  chiffre  ne  répond  à  rien, 

*  Bxode,  XXI,  1-6  ;  Deutér.,  x?,  12>1S.  D'après  le  Lévit.,  xxv,  39-44,  Tesclaye  est 
libéré  également  Pannée  du  Jubilé, 

*  La  loi  de  la  Schemita  est  promulgée  dans  le  Lévitique  avec  une  incomparable  so- 
lennité, l'origine  sinalgue  de  cette  loi  est  inscrite  à  la  fois  dans  le  préambule  (xxy,  i) 

■o-'o  nna  ...nan"»!  et  dans  u  conclusion  ...mmnm  d'^ûD^nïT)  û-^prirr  nb» 

"^^^D   lïia  (zx^if  46),  son  observance  encouragée  par  la  promesse  de  bénédictions 
nationales,  xxvi,  3-13  ;  sa  violation  accompagnée  de  la  plus  terrible  nnction. 
»  Bxode,  xxiii,  10-11. 

*  Lév.,  XXV. 

*  Deut.,  XV,  1-11;  xxxi,  7-13. 

*  Bxode,  xxi-xxnr,  4. 

7  Ibid,,  xxiii,  10-11. 12. 
t  Jérémie,  xzxiv,  17. 

9  Lév.,  V,  4. 

10  Jérémie,  xxviii,  1.  La  date  marquée  au  commeacement  du  livre  d'Bzéchiel  se 
rapporlerait-elle  à  ce  mode  de  supputation  ?  Ainsi  Tont  pensé  Joseph  et  David 
Kimhi,  ainsi  qu'Abarbanel.  D'après  ces  commentateurs,  Tan  30,  date  de  la  première 
réfélation  du  prophète,  serait  la  trentième  année  du  Jubilé.  On  sait,  d'ailleurs,  qu'il 
est  qnesUon  da  Jubilé  dans  un  autre  passage  d'Bzéchiel  (xlvi,  17).  D'après  le  Tal- 


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AO  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

le  règne  de  Sëdécias  ayant  en  tout  duré  onze  ans,  la  quatrième 
année  ne  pouvant  pas  être  considérée  comme  le  commencement 
d'un  règnede  onze  ans.  C'est  ainsi  que  Eimhi,  d'ailleurs,  explique 
ce  mot. 

Quoi  qu'il  en  soit  et  en  dépit  de  tous  ces  engagements  solennels 
et  de  toutes  ces  alliances,  la  Schemita  n'a  pas  été  observée  durant 
le  premier  Temple,  l'exil  de  soixante-dix  ans  annoncé  par 
Jérémie  dut  être,  au  témoignage  de  Tauteur  des  Chroniques,  l'ex- 
piation nécessaire  de  la  violation  constante  de  cette  loi  :  «  Il  exila 
à  Babylone  ce  qui  avait  échappé  au  glaive...,  pour  accomplir 
la  parole  de  Dieu  dans  la  bouche  de  Jérémie  jusqu'à  ce  que  la 
terre  eût  accompli  ses  Sabbats,  pendant  toute  la  désolation  elle 
chôma  jusqu'au  terme  de  soixante-dix  ans  K  » 

Dans  une  grande  assemblée,  semblable  à  celles  qu'avaient 
convoquées  Ezéchias,  Josias,  Sédécias,  puis  Ezra  et  Néhémie, 
deux  cents  ans  environ  après  le  retour  de  l'exil  de  Babylone, 
la  loi  de  Schemita  fut  adoptée  comme  une  loi  générale  imposée  i 
tous  les  habitants  du  pays*. 

Cette  assemblée  dut  décréter,  en  môme  temps,  les  conditions 
dans  lesquelles  cette  loi  devenait  strictement  obligatoire,  les  sanc- 
tions destinées  à  faire  de  cette  obligation  une  vérité,  les  mesures 
à  prendre  pour  que  l'abandon  des  Aruits  du  sol  ne  devint  pas  une 
occasion  de  désordre,  un  encouragement  au  vagabondage  ,  pour 
que  les  fruits  des  vignes,  palmiers,  oliviers,  baumiers  etc..  et  les 
produits  spontanés  des  champs,  si  abondants  en  ce  riche  terroir, 
ne  fussent  pas  pillés,  mais  répartis  d'une  façon  équitable  entre 
les  habitants.  Pour  établir  ainsi  un  ordre  régulier,  on  décréta 
qu'il  y  aurait  des  agents,  Schelouhé  Bel  Din,  chargés  de  la  sur- 
veillance des  champs,  des  plantations,  de  la  récolte  et  des  maga- 
sins publics,  analogues  à  ceux  que  Néhémie  avait  fait  disposer 
aux  alentours  du  Temple  pour  recevoir  les  dîmes  et  les  répartir 
ensuite  entre  les  lévites  et  les  prêtres  *. 

De  ces  magasins  destinés  à  servir  de  dépôts  publics  pour  les 
fruits  de  la   Schemita   il  est   longuement  question  dans   une 

mud  [Àrahkin^  14)  et  tous  les  anciens  commentateurs  Juifs,  ce  fut  l'année  qu'Ezéchiel 
eut  la  Tision  du  Temple  futur  (xl,  i). 
»  II  Chron.,  xxxvi,  20-21  ;  cf.  Lév.,  xxyi,  43. 

*  il  y  eut,  à  Tépoque  de  Néhémie,  une  grande  assemblée  tlblT^l  ïlbïip  conro- 
quée  par  Néhémie,  dans  le  but  de  réprimer  Tusure,  qui  était  la  plaie  de  la  colonie 
nouyelle.  Le  compte  rendu  de  cette  assemblée  se  trouve  dans  les  Mémoires  de  Né^ 
hémie  (Néhémie,  tiii,  7).  Nous  sommes  bien  loin,  à  celte  époque,  du  rétablissenient 
de  la  loi  ordonnant  Pabolition  (ou  la  suspension,  des  dettes)  Tannée  de  la  Schemita 
(Deut.,  XV,  2-3,  9-10,  et  Néhémie,  x,  32). 

•  Néhémie,xii,44,  47;xiii,  12. 


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^:i^ 


DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2»  TEMPLE  41 

baraïta,  probablement  très  ancienne,  car  aucun  des  deux  Talmuds 
ne  Ta  reproduite,  sans  doute  parce  qu*à  l*époque  dont  ils  ont 
recueilli  les  souvenirs,  cette  institution  avait  depuis  longtemps 
disparu  : 

«  Autrefois  les  agents  du  Bet  Din  faisaient  la  ronde  aux  portes 
»  des  villes,  et,  si  quelqu'un  était  porteur  de  fruits  (de  la  7*  année), 
»  les  agents  les  saisissaient,  lui  en  laissant  de  quoi  faire  trois 
>  repas  et  déposaient  le  reste  dans  le  magasin  municipal.  Quand 
»  arrivait  Tépoque  de  la  récolte  des  âgues,  les  agents  du  Bet  Din 
n  engageaient  des  ouvriers  chargés  de  faire  la  cueillette,  de  faire 
»  sécher  les  fruits  et  les  mettre  en  gâteaux,  puis  en  tonneaux,  et  de 
»  les  déposer  ensuite  dans  le  magasin  municipal.  A  la  saison  des 
9  vendanges,  les  agents  du  Bet  Din  louaient  du  monde  pour 
»  cueillir  le  raisin,  le  fouler,  mettre  le  vin  en  pièce  et  le  déposer 
n  au  magasin  municipal.  Quand  venait  le  moment  des  olives  etc... 
»  Tous  les  vendredis,  on  distribuait  à  chaque  père  de  famille,  pour 
»  la  semaine  entière,  quantité  proportionnelle  aux  gens  qu*il  de- 
»  vait  nourrir.  Quand  il  nV  avait  plus  rien  aux  champs  (littéra- 
»  lement  quand  venait  Tépoque  du  Tcf^^  ^),  on  distribuait  ce  qui 
»  restait  aux  pauvres  ».  » 

Il  est  fait  mention  de  cette  institution  des  magasins  des  fruits 
de  la  1"^  année  dans  le  l""^  livre  des  Macchabées,  yi,  ô3.  Ces  maga* 
sins  sont  appelés  'KOLoi^sm<;  :  «  Ceux  des  gentils  qui  étaient  restés  en 
Judée  consommèrent  ce  qui  était  resté  du  dépôt,  to  07r(5Xet{jL{Aa  -nii; 

Il  eût  été  vraiment  impossible,  on  peut  Tafârmer  sans  aucune 
hésitation,  à  une  époque  antérieure,  c'est-à-dire  avant  que  fût 
achevé  le  repeuplement  de  la  Palestine  et  que  ce  pays,  ainsi  qu*il 
a  été  dit,  fût  redevenu  une  terre  complètement  juive,  il  eût  été 
impossible,  disons-nous,  de  décréter  la  série  des  mesures  législa- 
tives ou  administratives  strictement  indispensables  au  fonction- 
nement de  la  loi  de  la  Schemitaet  qui  exigeaient  Tadhésion  sincère, 
le  concours  efficace  de  tous,  du  moins  de  la  majorité  ;  il  eût  été 
môme  illégal  de  le  faire,  quoi  qu'on  puisse  penser  en  lisant  le 
Talmud.  D'après  le  iSi/ira*,  le  commentaire  rabbinique  du  Lévi- 

*  Quand  il  n'y  avait  plus  rien  aux  champs  pour  les  étrangers,  pour  les  bêtes  sau- 
Tages  (Lév.,  xxv,  6-7],  il  était  interdit  de  conserver  la  provision  amassée  dans  la 
maison  (ordonnance  rabbinique  en  vue  d'em pêcher  l'accaparement  des  fruits  de  la 
septième  année).  C'est  )i  ce  qu*on  appelait  ni^'^3. 

•  Tose/)a  Sehebiit,  viii,  1. 

'  Les  fruits  de  la  septième  année  avaient  un  caractère  sacré,  c'est  li  ce  qui  explique 
la  plainte  de  l'écrivain.  Il  était  interdit  de  tirer  parti  du  produit  delà  vente  de  ces 
fruits,  Û'^T  nODin  n'^3^'»a«5. 

♦  Sifra  BeKar^  2  :  ^nab  ipbn  «bi  mnDtt))3b  npbw  ipbn  Nb  bax  i»aD 


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42  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tique,  la  loi  de  Scbemita  n'est  exécutoire  qu*une  fois  la  conquête 
de  la  Palestine  achevée  et  le  territoire  réparti  complètement  entre 
les  tribus  et  les  familles.  C'est  ainsi,  dit  le  Sifra,  que  les  choses 
durent  se  passer  lors  de  la  première  prise  de  possession  de  la 
Palestine,  prise  de  possession  qui  évidemment  ne  se  fit  pas  aussi 
vite  que  le  dit  la  suite  du  commentaire  rabbinique  ^ 

D'après  un  texte  du  Talmud  de  Jérusalem  ',  la  loi  mosaïque  de 
Schebiit  avait  été  légalement  abrogée  par  le  fait  même  de  Texil. 
Cette  opinion  est  rappelée  dans  maints  passages  du  Babli',  les 
rabbins  les  plus  autorisés  n'hésitent  pas  à  se  l'approprier^.  Pour 
être  de  nouveau  exécutoire,  cette  loi  dut  être  promulguée,  pour  la 
seconde  fois,  au  retour  de  l'exil.  Logiquement  elle  aurait  dû  être 
soumise  alors  aux  même  conditions  que  la  première  fois,  c'est-à- 
dire  à  la  condition,  d'après  le  Talmud  de  Jérusalem  :  1^  que  la  Judée 
fût  affranchie  du  joug  de  l'étranger;  2^  que  le  pays  fût  entièrement 
soumis  aux  Juifs;  3^  que  les  Juifs  en  eussent  la  propriété  directe  et 
complète.  R.  Tosé  ben  Hanina  prétend  toutefois  que  la  loi  devenait 
exécutoire  sans  condition  et  immédiatement;  mais  R.  Eléazar  n'est 
pas  d'ac'bord  aveS  R.  Yosé,  même  sur  le  principe  et  le  caractère 
cette  loi.  Pour  lui,  la  Scbemita,  une  fois  abrogée,  perdait  pour  tou- 
jours son  caractère  d'obligation  mosaïque.  C'est  du  plein  gré  des 
contractants,  par  un  acte  entièrement  spontané  et  à  titre  d'ordon- 
nance rabbinique,  que  la  Scbemita  fut  de  nouveau  remise  en  vi- 
gueur'. Ceux  qui,  dans  la  pleine  indépendance  de  leur  volonté» 
établirent  cette  loi,  durent  choisir  évidemment  le  moment  le  plus 
propice  et  éviter  de  compromettre,  par  un  zèle  prématuré,  les  in- 
térêts sacrés  du  pays,  le  succès  même  de  leur  pieuse  entreprise. 

L'opinion  de  R.  Eléazar  étant  exprimée  en  dernier  lieu,  c'est 
elle  qui  est  implicitement  admise  par  le  Talmud  de  Jérusalem. 

La  Scbemita  devait  devenir  nécessairement  la  base  de  la  suppu- 
tation des  années  conformément  à  la  loi  du  Lévitique  *.  La  pre- 
mière année  où  l'on  commença  à  compter  devint  ainsi,  sans  qu'au 

V'n  na-^^^a  û^^a'^'^n  vn"»  Si^*»  ipbn  n*^^»  nnîtn  nn»  te  i'»«i  tn'ïa» 
ntiNi  in»  bD  r^rî">)2)  "  ^wnD  „  nnn*,»  n-'D»  nn«n  nn»  te  «mu)  "  yro  ^ 
n)3nD  n»  ^••d^d. 

»  Ibid.,  3. 

*  SehebiU,  VI,  1  (36  b). 

»  rrnj^iab  rrtOnp  rT51\»«n  rr^inp  Haguiga,  3  ;  MeguHla^  10  ;  ArahAin,  32  ; 
Temoura,  21  ;  Zebahim,  60,  107  ;  Maccot,  19  ;  Sehebouoty  16. 

^  R.  Simon  b.  Eliakoum,  R.  Eléazar  b.  Pedath,  R.  Eléazar  b.  Sobamoua,  R.  Is- 
mael  b.  R.  Yosé,  R.  Yosé,  R.  Ismafil,  R.  Eliézer,  auquel  R.  Yohanan  b.  Zaccal 
Pavait  enseignée  comme  "^5^0)3  ïl\257Db  ÎTïDbn  iàfaeeot^  19). 

»  nbap  imbNTD. 

•  Lév.,  XXV.    ^ 


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DATES  IMPORTANTES  DE  LA  CHRONOLOGIE  DU  2*  TEMPLE  43 

commencement  Ton  s*en  dootàt  peut-^tre,  Tore  vraiment  nationale 
de  la  Palestine.  Cette  ère,  Josèphe  ne  la  mentionne  pas,  écrivant 
pour  des  étrangers  pour  qui  elle  n'aurait  eu  aucune  signification. 

Le  pacte  où  il  est  question  de  la  Schemita  se  trouvant,  ainsi  que 
nous  Pavons  dit,  dans  le  livre  de  Nékémie,  on  ne  remarqua  pas  que 
ce  livre  avait  fté  écrit  environ  un  siècle  après  ce  personnage  et  l'on 
crut  que  ce  pacte  avait  été,  non  seulement  conclu,  mais  mis  à  exé^ 
cution  dès  le  temps  de  Néhémie.  On  fut  amené  ainsi  à  croire  qu'il 
ne  s'était  passé  pas  plus  de  quatre  cent  vingt  ans  entre  Néhémie  et 
la  ruine  du  Temple,  puisqu'à  l'époque  de  cette  catastrophe  il  ne 
s'était  écoulé  que  quatre  cent  vingt  ans  depuis  la  publication  de 
la  loi  de  la  Schemita.  D'autre  part,  le  livre  d'Ezra  commençant 
par  le  récit  du  retour  de  l'exil,  on  crut  qu'Ezra  contemporain  de 
Néhémie  et  historien  de  Zorobabel  et  de  Josué,  avait  été  également 
contemporain  de  ces  deux  personnages,  confusion  d^autant  plus 
naturelle  et  explicable  que  l'on  trouve  dans  les  deux  parties  des 
livres  d'Ezra  et  de  Néhémie  les  mômes  noms  Darius,  Artaxercès 
pour  désigner  les  rois  perses.  Tous  les  rois  perses  a  peu  d'excep* 
tiens  près,  s'appellent  Darius  ou  Artaxercès.        • 

Ces  confusions  absolument  inévitables,  surtout  pour  des  gens 
peu  exercés  aux  procédés  de  la  critique  historique  et  dont  cette 
critique  était  d'ailleurs  le  moindre  souci,  expliquent  de  la  façon  la 
plus  simple  l'erreur  du  Talmud. 

Arrivés  au  terme  de  cette  longue  étude,  nous  devons  en  faire 
connaître  succinctement  les  résultats. 

n  est  exact,  comme  le  dit  le  Talmud  dans  Aboda  Zara^ 
qu'avant  la  destruction  du  Temple  : 

1.  Rome  entretient  avec  la  Judée,  des  rapports  d*amitié  ou  de 
protection  pendant  deux.cmt  siûo  ans,  de  140  à  66  ; 

2.  La  dynastie  Asmonéenne  est  reconnue  officiellement  par 
Rome  en  140  et  dépossédée  par  Sosius,  général  romain,  en  37, 
c'est-à-dire,  dure,  à  ce  point  de  vue,  cent  trois  ans  ; 

3.  La  dynastie  hérodienne,  intronisée  par  Sosius  en  c^tte  môme 
année,  conserve  son  autorité,  sous  certaines  modifications,  et  sauf 
deux  interruptions  (6  à  19  et  44  à  59)  jusqu'en  66,  c'est-à-dire 
pendant  cent  trois  am  ; 

4.  L'an  180,  c'est-à-dire  l'an  110  avant  l'ère  chrétienne,  la  mo- 
narchie Asmonéenne,  après  avoir  soumis  les  Iduméens,  battu  les 
Syriens  conquis  Samarie,  étend  son  pouvoir  sur  tout  le  pays,  mo- 
ment le  plus  brillant  de  l'histoire  juive  durant  le  second  Temple. 

Aussitôt  commence  une  décadence  rapide,  les  guerres  civiles 
épuisent  la  Judée;  Rome  intervient;  grâce  à  elle,  les  Gentils 


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44  REVUR  DES  ÉTUDES  JUIVES 

deviennent  maîtres  des  villes  de  la  cdte  et  de  villes  sitaées  aa 
miliea  des  terres  *  ;  pour  eux  le  roi  Juif  Hérode  construit  la  ville  de 
Gésarée,  ville  grecque,  païenne,  où  il  prétend  attirer  l'aristocratie 
juive  administrative  et  sacerdotale.  Pour  défendre  le  Judaïsme 
contre  Tintrusion  de  Thellénisme  du  paganisme  et^n  arrêter  les 
développements, 

5.  Les  rabbins  décrètent  Timpureté  de  la  terre  des  Gentils  et 
des  vases  fabriqués  à  Césarée. 

6.  Bientôt,  sous  Pilate,  les  Juifs  sont  de  moins  en  moins  les 
maîtres  de  leur  pays,  de  la  cité  sainte  elle-même,  le  désordre 
grandit,  Tanarcbie  est  encouragée  par  le  procurateur  lui-même. 
Sentant  leur  impuissance  et  ne  voulant  pas  administrer  la  justice 
sous  un  pouvoir  incapable  de  garantir  la  sécurité  publique,  en 
Tan  30  (40  avant  la  ruine  du  Temple),  le  Sanhédrin  s'exile  du 
Temple  et  cesse  de  prononcer  des  sentences  capitales* 

7.  C'est  dans  les  trente-quatre  dernières  années  de  la  période 
persane  que  Ton  commence  à  observer  la  Schemita  et  consé« 
quemment  à  supputer  les  années,  ainsi  que  Tordonne  la  loi  du 
Lévitique,  XXV,  0. 

Cette  observance  continue  pendant  les  cent  quatre-vingts 
années  de  la  domination  grecque,  les  cent  trois  années  de  la 
dynastie  Asmonéenne  et  les  cent  trois  années  de  la  dynasiie 
hérodienne,  et  il  n'en  pouvait  être  autrement,  la  loi  de  la  Scheibita 
étant  une  des  lois  fondamentales  du  pays. 

Ainsi  dégagées  d'erreurs,  de  confusions  tout  à  fait  explicables, 
quelques-unes  inévitables,  se  trouvent  justifiées  dans  leur  ensemble 
et  presque  dans  tous  leurs  détails,  les  diverses  allégations  du  pas- 
sage é'Aboda  Zara,  qui  devient  ainsi  un  document  des  plus  pré- 
cieux fourni  par  le  Talmud  pour  l'histoire  de  la  période  du  second 
Temple. 

Joseph  Lbhmann. 

t  Jurtf..  XlV,iv,  4,  5;  7,3. 


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LE 

TRAITÉ  TÂLMUDIQUE  «  DÊRÉCH  ÉREC  » 


(SUITK  BT  FIN  •) 


VII 

LA   BARAÏTA  DBS  «  BIENHEUREUX  ». 


La  baraïta  de  D.  E.  Z.,  i,  vers  la  an»  traite  de  la  béatitude  des 
Justes  d'autrefois.  Cette  baraïta  est  citée  partout  comme  étant  de 
D.  E.  Elle  en  faisait  donc  partie  primitivement.  Il  faut  aussi 
qa*elle  soit  ancienne,  puisqu'elle  a  trouvé  place  dans  le  morceau 
ancien  Intitulé  p*TT.  Cette  baraïta  se  divise  en  trois  parties,  dont 
chacune  commence  par  un  nombre  et  énumère  les  détails  en  les 
faisant  précéder  de  ces  mots  :  in  'y^ix)  *. 

1"  yrum  rr»»  apan  pru-»  dma«  in  iV»n  n-^na  "^mD  ma»  n^^ato 
Tm  Draon  «  Avec  sept  patriarches  Dieu  a  conclu  une  alliance  :  ce 
sont  Abraham,  Isaac  et  Jacob,  Moïse  et  Âron,  Pinhas  et  David.  » 
On  cite  ensuite ,  pour  chacune  de  ces  sept  personnes,  le  verset 
de  rÉcriture  où  se  trouve  l'expression  n-na,  «  alliance  ».  Ce  sont, 
d'après  l'ordre  de  succession  des  noms,  Genèse,  xv,  18;  ibid.^ 
XVII,  21  ;  Lé  vit.,  xxvi,  42;  Exode,  xxxiv,  27;  Nombres,  xviii, 
19;  iMd.j  xxv,  13;  Psaumes,  lxxxix,  4.  Au  moyen  de  la  conjonc- 
tion sont  formés  les  trois  groupes  suivants  :  P  Abraham,  Isaac 
et  Jacob;  2<*  Moïse  et  Aron  ;  3""  Pinhas  et  David.  Il  va  sans  dire 

*  Voir  Sevuê,  t.  XXX VI,  p.  27  et  205. 

*  L'édition  WiliM-Romm  a  in  ibK  ;  dans  quelques  manuscriis  (chez  Tawrogi) 
in  ^bfin  manque.  Dans  Mahêor  VUry^  p.  721,  la  baraïU  n'est  qu'indiquée  par  les 

mois  [n-na]  •'mnD  ma«  nara©.  Dans  D.  E.  z.,  éd.  wiiua,  i872,  il  y  a  njra© 
p  rr»-)a  ^ma  ma». 


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46  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

que  ces  sept  patriarches  n*ont  pas  été  choisis  parce  qu'ils  auraient 
été  les  plus  pieux  des  temps  anciens,  mais  parce  que  Texpression 
n*>'in  se  trouve  dans  des  passages  où  il  est  parlé  d'eux.  Tout  le 
morceau  ressemble  à  une  note  de  la  Masora  ;  cependant  je  ne  puis 
en  indiquer  la  source  dans  la  Masora.  La  dénomination  -nnnd 
n't'in  a  dû  être  une  expression  usuelle  ;  Je  ne  puis  pourtant  en  in- 
diquer la  présence  que  dans  un  piyyout  publié  récemment  par 
M.  Neubauer*  :  n'^'ia  '^rrm  wn»  niDt  'j'n'>5T^n  (lire  TittD;  cepen- 
dant les  Halachot  Giiedoloi  ont  aussi  ^rrrb)  ;  de  fait,  les  sept  pa- 
triarches sont  nommés  dans  ce  poème. 

2^  La  seconde  partie  de  notre  baraïta  est  citée  dans  Baba 
Batra,  17  a,  avec  la  mention  pnn  ^2n,  mais  ici  elle  est  formulée 
ainsi  :  wbmn  rxKTi  Dna  îtûV»  vhr\  ûVv  \m  inasa  *  laD»  tro»  wm. 
On  y  nomme  Abraham,  Isaac  et  Jacob  ;  Moïse  et  Aron,  Amram' 
et  Benjamin^;  d*après  quelques-uns,  on  y  compte  aussi  David» 
conformément  à  Psaumes,  xvi,  9.  Dans  cette  citation,  il  y  a  les 
mots  nxk  ■ji^tt)*'  •^'i^a  t\tk  «  Môme  ma  chair  reposera  en  sécu- 
rité »*,  et  l'expression  p«)  est  sans  doute  la  seule  raison  pour 
laquelle  on  soutient  que  David  n'est  pas  mort  comme  les  autres 
hommes.  Cette  citation  prouve,  en  même  temps,  que  pour  les 
autres  noms  il  y  a  aussi  lieu  de  citer  une  expression  biblique,  et 
c'est  seulement  par  ôe  point  que  cette  partie  de  la  baraïta  res- 
semblerait à  la  précédente.  Il  est  regrettable  que  ces  versets  bi-* 
bliques,  sans  doute  par  suite  de  la  manie  des  copistes  de  chercher 
à  abréger,  aient  été  omis^.  En  nous  appuyant  sur  les  indications 
fournies  par  un  commentateur,  essayons  de  restituer  ces  versets  ; 
toutefois  nous  prévenons  que  c'est  seulement  pour  uo,  et  non 
pour  \y^y  que  nous  trouverons  des  citations.  L'opinion  de  la  va- 
riante est,  en  effet,  celle-ci  :  p«  employé  pour  David  a  la  même 
valeur  que  asiD  employé  pour  les  autres  patriarches.  A  pro- 
pos de  Jacob  il  est  dit  :  wa«  133^  -^na^w  (Genèse,  xlvii,  30)  et  les 
mots  :  avec  mes  ancêtres  signifient  qu'Abraham  et  Isaac  sont 
morts  de  la  même  façon.  Au  sujet  de  Moïse,  il  est  dit  également 

^  Kohut,  Stmitic  Studies^  p.  390. 

*  Dans  beaucoup  d'éditiooS)  y^^'iD  (v.  Ttwrogi,  p.  7,  noie  3).  Isatc  Blit  Ltodau, 
dans  son  commentaire  sur  ce  passage,  explique  l'expression  ^3D1D  d'une  manière 
élrange  en  disant  qu'elle  Tient  de  id  et  de  ïi3!D  ;  cependant  il  conseille  aussi  de 
songer  a  3D;d. 

»  Quelques  éditions  ont  0*^173,  «u  Heu  de  0173^,  comme  ïalkout  sur  Genèse, 
§  78.  Dans  Kalla  Rahbati,  rjtD^  -^n»  DITDJ'. 

^  Quelques  éditions  et  Elia  Wilna  ont  :  Benjamin  b.  Jacob.  Benjamin  deyrait, 
en  tout  cas,  précéder  Amram. 

«  Donc  nîDtD  vaudrait  mieux  que  inD^D. 

*  Dans  Baba  Batra^  on  cite,  il  est  vrai,  des  versets  bibliques  ;  cependant  la  baraïta 
paraît  avoir  été  conçue  autrement  a  l'origine. 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  c  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  47 

T»ma»  d3^  as©  ^yn  (Deut.,  xxxi,  16),  et  comme  il  est  dit  formelle- 
ment qu'il  mourra  comme  son  frère  Aaron,  l'expression  nsiD  existe 
aussi  pour  Aaron.  En  raison  de  l'analogie  avec  Moïse  et  Aaron,  il 
vaut  mieux  lire  Miriam  qu'Amram.  L'Écriture  sainte  ne  dit  rien . 
de  la  mort  de  Benjamin  ;  l'introduction  de  Benjamin  dans  la  caté- 
gorie des  sept  saints  repose  certainement  sur  quelque  Agada  qui 
est  perdue  pour  nous^  Quant  à  ce  qu'on  a  voulu  dire  par  les  mots 
Dbv  b«  YTODa  inDiDi,  qui  manquent  dans  Baba  Balra,  cela  n'est 
pas  tout  à  fait  clair.  Comme  "dy^  ViD  ymm  signifie  la  hauteur  la  plus 
élevée,  thxf  b«  wm  pourrait  signifier  l'honneur  le  plus  grand*. 
Les  sept  patriarches,  ainsi  parle  notre  baraïta,  moururent  en 
possession  des  plus  grands  honneurs,  et  sur  eux  les  vers  et  les  in- 
sectes ne  purent  avoir  de  prise  '. 

3<»  XX9  xîh  »rm  •ïdsdï  ?WDn,  et  dans  Yalhout  sur  Genèse, 
§  76  :  ûrp-»na  )rf  li^a  idsîsï  n2^n**«  Neuf  sont  entrés  vivants  au  Pa- 
radis. Ce  sont  :  Enoch,  flls  de  Yéred  »  ;  —  Elle,  d'après  II  Roi^', 
II,  11  ;  —  le  Messie  •  ;  —  Eliézer,  le  serviteur  d'Abraham  ^  ;  —  Hi- 
ram  de  Tyr,  irciis  DTm,  d'après  le  texte  de  Tawrogi.  Les  éditions 

<  Son  mérite  consiste  peut-être  en  ce  fait  que,  n^étaot  pas  encore  né,  il  ne  fut  pas 
obligé  de  s'incliner  devant  EsaQ  ;  voir  Targoum  Schkni  sur  Estber,  m,  3,  p.  244, 
éd.  Lagarde.  D'après  Baba  Batra^  le  temple  est  situé  dans  son  territoire. 

'  Tawrogi  traduit  :  <  Sept  patriarches  entrèrent  dans  le  bonheur  éternel  ».  Peut- 
être  entend-il  par  ces  mots  le  degré  supérieur  du  Paradis.  Les  mots  ^2*112  13'^KI 
ûblJ^b  nnil&l,  dans  Kiddouschin,  10  a^  sont  conçus  dans  D.  E.  R.,  i,  en  ces 
termes  :  th^y  blD  irDtDl,  et  ici  la  phrase  signifie  certainement  «  Thonneur  de  nos 
semblables  >  (v.  Rascbi). 

*  Dans  Falkout  sur  Genèse,  §  78,  et  Psaumes,  %  668,  le  mot  ïlJfbin'l  manque  ;  de 
môme  dans  Halach,  Chtedol.,  mais  il  se  trouve  aussi  dans  Baba  Baira,  17  a.  Les  mots 
fl^bin  ^73*1  se  trouvent  ailleurs  aussi  fréquemment  ensemble  ;  cf.  aussi  R.,  m. 

*  Taliout  sur  Bzéch.,  §367,  cite  ce  passage  d'après  Âbot  diR.  Nathan  \  cependant 
Je  crois  que  la  note  marginale  est  transposée  et  appartient  au  passage  précédent. 

*  Dans  Yalkùui,  Ty^  \2l  est  omis.  Tawrogi  dit  à  ce  sujet  (p.  8)  :  cf.  Genèse,  v, 
24,  et  Raschi,  in  l,  ;  il  faut  mentionner  que  la  piété  d^Enoch  célébrée  dans  Talh. 
Genèse,  §  42,  et  L^v,  Babba,  ch.  txv,  est  mise  en  doute  ailleurs,  comme  dans  Talh, 
Chron.,  §  1072,  et  6en,  Babba,  cb.  xxv.  Je  remarque  que  tout  ceû  est  exprimé  d'une 
façon  bien  plus  nette  dans  Tosafot  Tebamot^  16  &,  t,  v.  piDS  :  M  Dlpbin  niT:iM 

*  Dans  Talk.  sur  Genèse,  §  42  et  76,  le  Messie  est  nommé  avant  Elie.  Tawrogi 
renvoie  à  Sanhédrin^  98^,  mais  ce  passage  n'a  aucun  rapport  avec  notre  sujet.  Dire 
que  le  Messie  entrera  vivant  au  Paradis,  signifie  quMl  va  disparaître  subitement, 
comme  ce  fut  le  cas  d'Enoch  et  d'Elie.  Ceci  nous  donne  le  sens  exact  de  la  sen- 
tence :  elle  veut  dire  que  le  terme  npb  (Gen. ,  v,  24] ,  étant  employé  pour  Enoch  et 
celui  de  ^Dfi^^  t\^b  (II  Rois,  ii,  10)  pour  Elie,  tout  passage  biblique  où  se  trouve 
cette  expression  npb  doit  être  rapporté  au  Messie,  qu'on  a  voulu  mettre  au  même 
niveau  que  ces  deux  derniers  sous  ce  rapport.  Peut-être  a*t-on  pensé  à  npb  de 
Isale,  Lin,  S. 

'  Dans  Talkout^  les  mots  Qïl")3K  ^1V  manquent.  Cf.  sur  Eliézer^  Baba  Batra^ 
58  0,  où  Rascbi  cite  notre  passage  de  D.  E.  Mais  Raschi  parle  de  D'^p^^^  ïlJ^aU^i 
sept  jofllas,  ei  non  neuf*  Cf.  aussi  YalkotU  Ezéchiel,  §  367,  où,  comme  on  Ta  déjà 
dit,  il  est  question  de  treize  justes. 


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48  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

portent  •^•tit  ^V»  Dn^m,  de  môme  YalkoiU  Ezéch.,  §  361.  Dans  le 
Siddour  Ràb  Amram,  p.  30,  il  y  a  cependant^TX  [^bîa]  D^r^m;  mais 
il  est  visible  qu'ici  ']b)D  a  été  ajouté  par  l'éditeur.  L'addition  de 
']b73  ainsi  que  le  fait  que  ce  passage  a  été  inséré  dans  Yalkout 
sur  Ezéchiel  xxviii,  laisse  soupçonner  que  par  Hiram  on  enten- 
dait désigner  le  roi  de  Tyr  mentionné  dans  Ezéchiel  et  qu'on  a 
songé  à  ces  mots  nn'^-^n  û'^rrVfc^  p  *p9:i.  Dans  Yalkoui  sur  Ezéchiel. 
immédiatement  avant  ce  passage,  il  y  a  un  autre  Midrasch  [xorrCQ 
nn«  en  marge)  où  "T12  «^b»  wm  est  compté  parmi  les  treize  per- 
sonnes ce  qui  n'ont  pas  connu  le  goût  de  la  mort  ».  La  leçon  ^V» 
*m  est  certainement  fausse,  car  depuis  Ezéchiel  jusqu'au  Talmud 
Baba  Baira,  75  a,  et  Gen.  Rabba^  ch.,  xcvi,  5,  le  roi  de  Tyr  est 
toujours  blâmé  et  injurié.  Tawrogi  a  donc  raison  de  lire  dm 
n*)X)3  et  de  rapporter  l'expression  à  l'artiste  qui  a  bâti  le  temple 
de  Jérusalem  (I  Rois,  vu,  13).  Cette  théorie  a  déjà  été  émise 
par  Straschun  dans  ra^Dn,  IX,  1865,  f*  333,  qui  lui-même 
ajoute  que  cette  thèse  est  déjà  mentionnée  dans  mon  ^v\!ù:i, 
ch.  XI  (p.  46a,  éd.  Edelmann),  au  nom  d'un  Gaon.  Straschun 
.  renvoie,  en  outre,  au  travail  déjà  cité  par  nous  plus  haut^  de 
Luzzatto  ("nan  &n^)  qui  rapporte  d'après  un  ms.  la  Guemara 
suivante  :i»3  iDtD»  tWTû  taiiCTa  îidt  -^k»  tai^tt  nis:  ^b»  arn 
m))3  ïTO^;  évidemment  on  veut  parler  ici  de  Hiram  l'artiste,  et 
le  mot  ^b%3  naturellement  est  à  rayer.  Ces  mots  se  trouvent  aussi 
dans  Kalla^y  éd.  Cor.,  9&;  —  ■'©•orr  ^b»  nay.  Voir  Jérémie, 
XXXVIII,  7-13.  Tawrogi  renvoie  avec  raison  à  Pirkè  di  R.  Eliézer, 
cb.  LUI,  pour  prouver  qu'Ëbed-Mélech  est  identique  à  Baruch,  fils 
de  Néria.  —  tx^miiTt  !Tti!t>  'n  b»  n:a  ya^"»n.  Yalkout  Ezéchiel  a  "ja 
13a  *  ;  dans  Siddour  Rab  Amram  :  'ia  'n  V»  i5a  (lan)  yaj^n,  ce  qui 
est  évidemment  une  corruption  pour  (p).  Ce  passage  signifierait 
que  R.  Juda  avait  un  fils  du  nom  de  Yaabeç  qui  n'est  mentionné 
nulle  part  ailleurs,  et  c'est  précisément  ce  qui  fait  la  difficulté  de 
ce  passage.  Erochmal  (Hechaluz,  II,  89)  pense  à  un  fils  de  Rabbi, 
qui  n'est  pas  nommé  et  que  celui-ci  voulait  marier  à  une  fille 
de  Hiyya  (Ketoubot,  62t)'.  On  serait  plus  fondé  à  pensera  un 

1  De  même  auesi  Halachot  Guedolot^  p.  64S.  Eairt  Kalla^  éd.  Coronel,  p.  9^,  eC 
Kalla  Babbatif  éd.  Romm  de  Wilna,  il  y  a  uoe  grande  divnrgeoce  quant  à  la  baralta 
des  bienheureux;  j'en  ignore  l'origine.  En  tout  cas,  avec  ÛTOb  *î^"ia*1  T*ÎT* 
0*^73X0  dans  l'édlt.  Coronel,  il  iaut  commencer  un  nouveau  chapitre,  comme  cela  a 
lieu  dans  Kalla  Rahhati,  Dans  la  phrase  sur  Moïse  ïiyi'i)'^  N"»3m  Tf^'pTl  nOR 
b^niC^b,  il  paraît  manquer  quelque  chose;  peut-Ôlre  faul-il  lire  M'apH  ITDfil 
bfi<n\D''S  nyntt)'»  «"^am  rxp^l  rwwy^  b"»Kin,  mais  môme  sous  cette  forme,  on 
ne  comprend  pas   que  la  phrase  suivante  procède  par   apostrophe  directe  C^^H 

>  Non  pas  un  fils  déjà  mort,  comme  Tawrogi  le  dit,  p.  8,  en  note.  Weisa  (III, 
64,  note  2J  pense  à  un  t^a^^"^  "^S^f  nommé  dans  le  Talmud  de  Jérusalem. 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  t  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  49 

fils  de  Rabbi  mort  jeune,  dont  il  est  question  dans  Semahot,  x. 
Les  fils  de  Rabbi  sont  vantés  dans  Abot^  vi,   9  :  TO-^pria  t:kro 
■P3aai  -^a-ia.  Dans  ces  derniers  temps,  L.  Brili  {Monatsschrift, 
XLI,  1896,  112)  a  émis  l'hypothèse  qu'il  faut  lire  ainsi  :  yar» 
fiTorr  ïrorr  ntïto  ;  il  s'agirait  de  Yaabeç  de  I  Chron.,  iv,  9,  qui, 
d'après  Temottra,  16/7,  s'appelait  aussi  Juda.  C'est  une  solution 
très  ingénieuse  de  cette  question  si  dilficile.  Cependant,  à  mon 
avis,  cette  solution  ne  serait  admissible  que  si  nous  considérions 
tmDsn  mim  comme  une  glose  qui  s'est  glissée  dans  le  texte  et  si 
dans  le  texte  même  nous  nous  bornions  à  lire  Taabéç.  Ce  Yaabéç, 
connu  par  le  livre  des  Chroniques,  est  un  héros  de  l'Agada  ;  dans 
Aboi  di  R.  Nathan,  version  I,  ch.  xxxv,  p.  53,  il  est  dit  à  son 
sujet  :  min  rùAb  pr»  bat«  *obn  pm*;  —  Sérah,  fille  d'Ascher, 
voir  n«^  -ibd,  ch.  xlv  ;  —  rvno  nn  ïma,  Bitia,  fille  de  Pharaon. 
Le  nom  vient  de  I  Chr.,  iv,  18.  Son  mérite  est  d'avoir  sauvé  et 
élevé  Moïse  *.  —  La  fin  de  la  baraïta  est  la  variante  :  er^m 
■nb  "ja  yotv  h  rnnn  oï^n  ta'r^n  «  D'aucuns  suppriment  Hiram  et 
ajoutent  Josué  b.  Lévi.  »  Dans  y"ay»-rt3  mnan,  édit.  Romm,  on  y 
ajoute  encore  un  cas  d'après  Baba  Meçia,  114  b.  Il  semble  que 
dans  le  plan  du  compilateur  il  n'entrait  pas  d'accueillir  des  récits 
talmudiques,  et  R.  Josué  b.  Lévi  n'est  cité  également  qu'  «  au 
nom  de  quelques-uns  ».  On  ne  voit  guère  le  but  de  toute  cette 
énumération  ;  si  on  n'a  tenu  compte  que  du  caractère  édifiant 
de  la  légende ,  il  y  en  avait  encore  beaucoup  d'autres  qui  au- 
raient été  édifiantes  pour  le  lecteur.  Peut-être  a-t-on  voulu  éta-* 
blir  que,  contrairement  aux  noms  précédents,  non  seulement  des 
patriarches  (nnsM),  mais  aussi  des  païens  et  des  personnes  ordi- 
naires peuvent  entrer  vivants  au  paradis,  comme  Enoch,  Eliézer, 
le  serviteur  d'Abraham,  Hiram  le  roi  de  Tyr,  Ebed  Mélech  l'Ethio- 
pien et  Bitia,  fille  de  Pharaon.  Cette  légende  est  peut-être  même 
dirigée  contre  les  Chrétiens  :  monter  vivant  au  ciel  n'est  pas  la 

^  Cf.  la  note  de  M.  Scbechter,  i»  I.,  dont  les  ciutions  doivent  encore  dtre  complétées 
par  Sliyaou  Rahba,  ch.  y  :  nai-^a  «bTDI  nj^îW  «b»  D'^TlV  yn^^  rjDT  n»  "^SD» 

D'Anna  rmn  yûo^  "^sd»  fi«nn  Dbn:?3;  cf.  iUd.,  ch.  m. 

*  Le  ms.   cité  dans  Kérem  Hémtd,  VU,  215,  a  :  n^nai  nnO    ...1DDS3    WaiO 

ûnna»  naj^  nTr-^bî^  '^'Qy:ir[  *]b7a  133^  ms:  ^b?:  ûvn.  Chez  Méir  ibn  Gabbaï, 

1D^^p?^  n'naj'  (Lember^,  1857),  ch.  XIX,  p.  49^,  on  trouve,  dans  nmn  TV^y'Ù 

^"^-^n  nra-ib,  le  passage  suivant  :  ^'ny:z  «bi  py  pb  ûîT^-^na  no3D3  wuîn 
na  n^^na  -i««  na  mo  nm  p  a«ba  apj^"^  la  ip)  y^iy^^'Xi  nn'^Ta  DJ^a 
13a  yaj^-^T  ^rvh^^  x^^v^2^  ^'Q^'DT\  ^bw  Taj^  tama«  i^^y  nTJ^-^bfi^  nj^no 
■nb  p  y»irp  'n  C|n  on^i»  tt5"»i  «"^©sn  n-nn-»  'i  b».  —  n  ftut  re- 
marquer que,  d'après  le  texte  de  Lalla^  éd.  Coronel,  9  &,  U  petit- fils  de  H.  Juda  et 
Yaabeç  sont  deux  personnes  différentes  :  HnQ^  N"»tt)3n  Trr\rV^  'n  b»  133  pt 
lb  «3»  yay-^l  Vniay  "^ttS  "^ib  p  y'^^rx^  'm.  Cf.  aussi  l'abréviaUon  ■•"T^  r= 
Y^y*  p  rmrP  dans  Frensdorff,  Matsora  Magna,  I,  17. 

T.  XXXVII,  »•  73.  I 


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50  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

prérogative  exclusive  du  Messie,  mais  une  faveur  qui  a  été  aussi 
obtenue  par  d*autres  hommes. 


VIII 


LANGUE   ET  TEXTE. 


Une  lecture  même  superficielle  du  traité  D.  Ë.  donne  tout  à  fait 
rimpression  que  Fauteur  de  ce  petit  traité  s*est  efforcé  d'arriver  à 
une  diction  hébraïque  pure.  Sous  ce  rapport,  le  traité  D.  E.  est  de 
beaucoup  supérieur  aux  ouvrages  écrits  en  hébreu  assez  pur,  tels 
que  la  Mischna,  la  Tosefta  et  les  Midraschim  des  Tannaïm.  On 
ne  peut,  en  effet,  méconnaître  que  le  texte  hébraïque  du  traité 
D.  E.  a  une  plus  grande  originalité  et  une  plus  grande  richesse  de 
langue  purement  hébraïque  que  tout  autre  ouvrage  de  ce  genre. 
Notre  traité  a,  dailleurs,  cette  particularité  en  commun  avec  les 
proverbes  et  les  sentences  du  Talmud,  et  l'on  a  déjà  remarqué 
que,  grâce  à  eux,  la  langue  hébraïque  ancienne  peut  être  nota- 
blement enrichie.  Mais,  même  comparé  aux  autres  sentences  du 
Talmud,  le  style  de  D.  E.  mérite  d'être  mis  hors  de  pair,  et  sa 
supériorité  sur  la  Mischna  d'Abot  est  incontestable.  Dans  les  pages 
qui  suivent,  je  voudrais  expliquer  quelques  termes  et  phrases 
particulièrement  caractéristiques.  Remarquons  dès  à  présent  que 
les  expressions  originales  se  rencontrent  plutôt  dans  Z.  que  dans 
R.,  et  surtout  dans  le  morceau  intitulé  Idtt*. 

Dès  le  début  de  ce  dernier  morceau,  apparaissent  les  mots  P'it 
t<^n)3Ul.  La  c<  Guemara  »  (éd.  Coronel,  6&)  remarque  à  ce  sujet  : 
€  D'après  quelques-uns  nVîDTa,  d'après  d'autres  lùnlù,  c'est-à-dire 

*  Lcvysohn  écrit,  dans  CjOlfi^ïn  H'^IS,  p.  67  :  «  Ce  qui  nous  manque  dans  la  langue 
biblique  peut  être  complété  par  les  ouvrages  talmudiqucs,  qui  renferment  beaucoup 
de  proverbes,  remarquables  par  la  tinesse  de  la  langue  et  leur  élan  poétique.  Les 
auteurs  des  dictionnaires  des  racines  feraient  bien  de  rassembler  tous  ces  proverbes 
et  de  placer  le  mot  le  plus  important  de  chaque  comparaison  (b\973)  à  la  racine  cor- 
respondante. . .  »  (cité  par  S.  (j.  Stem,  Liber  MespoHsionum^  Introduction,  p.  38, 
note  1.)  Par  contre,  il  est  regrettable  que  les  auteurs  modernes  de  collections  ne  se 
soient  occupés  que  des  proverbes  et  non  des  sentences;  tels  sout  les  ouvrages  bien 
connus  de  Dukes,  Rahbinitche  Blumenlese  et  ^ur  rabbinUchen  Spruekkunde  (voir  la 
nomenclature  de  ce  genre  de  littérature  chez  Schuhl,  Sentences  et  Proverbes  du  Toi- 
mud  et  du  Midrasch^  Paris,  1878).  Ces  recueils  contiennent  des  proverbes  pour  la  plu- 
part araméens.  A  cette  occasion,  j'appellerai  Tatteution  sur  deux  recueils  de  sentences 
talmudiques  parus  en  Hongrie  et  peu  connus  a  l'étranger  :  133")!  ^blS73  HSD  de 
Salomon  Kobn  (1870),  et  Blûthen  von  den  Gefilden  Juda\  de  Leopold  Freund  (1882); 
les  sentences  y  sont  données  dans  la  langue  originale  avec  la  traduction  allemande. 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  51 

celui  qui  est  capable  d'occuper  la  place  de  ses  aïeux  (Diptt  fi^te» 
nvna«).  Quant  à  nb^Ta»,  ce  mot  vient  de  nina  nbiTa»  (Exode,  xxx, 
35)  ;  le  docteur  de  la  loi  doit  vouloir  être  agréable  à  tous  les 
hommes  et  ne  pas  ressembler  à  un  mets  sans  sel.  »  Les  deux  in- 
terprétations n'ont  rien  de  philologique.  NVn)373  ne  me  paraît  ôlre 
qu*une  variante  de  nViuu ,  les  sons  gutturaux  étant  habituellement 
très  négligés.  Du  reste,  la  leçon  nVnttTa  se  défend  mieux  queKbntt»; 
voir  le  texte  de  Tawrogi.  Celui-ci  traduit  exactement  «  sagace  », 
par  comparaison  avec  le  latin  salem  habere.  Ce  mot  se  trouve 
aussi  accouplé  à  rnT  dans  Kiddouschin,  29  &,  dans  une  baraïta  :  qm 
nViîDttn  riT  n^a,  également  avec  la  variante  «bi^ïa.  Il  est  à  remar- 
quer que  le  motnVnTa»  manque  dans  le  passage  parallèle  de  la  To- 
sefta  Bechoroty  vr,  10.  La  signification  de  la  racine  nVtt,  prise  dans 
un  sens  différent  de  celui  qu'elle  a  dans  la  Bible,  est,  en  tout  cas, 
digne  d'attention. 

Au  sujet  des  diverses  manières  inconvenantes  de  boire,  il  est 
dit,  entre  autres,  dans  Z.,  vi  :  lp>3V  «bi  'jnpia  «b  ûn«  nm  «bn.  Ici 
^npiî  (de  ipD,  m)?D)  signifie  l'action  de  boire  jusqu'à  la  dernière 
goutte*,  le  mot  Ip^v,  qui  se  trouve  ensuite,  s'explique  ainsi 
de  lui-même  (de  yny)  :  boire  de  la  profondeur,  c'est-à-dire  du 
fond  de  la  coupe.  Cette  explication  suffit  aussi  pour  les  va- 
riantes :  'j'^iD,  au  lieu  de  inpiî  (de  np3,  nettoyer)  vider  «  net  », 
et  au  lieu  de  ipTov  ,  l^pv  (de  dp:^  =  np;^)  «  boire  jusqu'au 
fond  *  ».  La  leçon  pp"»:^,  confirmée  par  les  Ualachol  Guedolot^ 
parait  authentique,  en  raison  môme  de  son  originalité.  Aussi 
voudrais-je  expliquer  l^pi:^  tout  autrement;  le  mot  vient  de  Dp:^ 
€  courber,  tordre  »,  et  le  passage  signifie  :  «  pour  vider  le  verre 
jusqu'au  fond,  il  ne  faut  pas  le  pencher  '  ».  De  cette  manière,  les 
trois  expressions  lip"i3,l7Dpv  et  Y^'^  désignent  la  môme  chose  : 
la  manière  gloutonne  de  boire  jusqu'à  la  dernière  goutte;  cf. 
YOTù  dans  R.,  vu,  d'après  Bèça,  25  b  ;  de  môme  \^^*^^  "inaan  dans 
R.,vi. 

Immédiatement  après,  il  est  dit  :  nmbpbp  b3^  nnil^r  Quoique  le 
passage  ait  un  excellent  parallèle  dans  les  paroles  de  R.  Ne-' 
hounia  b.  Hakana,  Meguilla,28a,  l'expression  imbpbp  ou  Vibpbj> 
n'est  pourtant  pas  bien  claire*.  Dans  l'éd.  Landau  il  y  a  inbbp, 

*  Mais  non  la  manière  lente  de  boire,  comme  Tawrogi  le  croit.  Dans  ma  ver- 
sion hongroise  du  traité  Déréch  Er€ç  (Budapest,  1896  ;  voir  Revue,  XXXV,  156),  j'ai 
traduit  dans  le  sens  de  Tawrogi;  je  recliiie  mainteuant  mon  erreur. 

"  Dans  les  ffalaehot  Guedolot,  p.  645,  Hildesheimer  donne,  dans  une  note,  plusieurs 
hypothèses  qui  ne  soat  pas  justes. 

'  Cf.  «DTDpi:?,  variante  N5p73i:?,  chez  Levy,  Targum,  Wôrierbuch,  II,  237. 

*  Au  lieu  de  *irm73,  il  y  a  dans  Halach,  OuedoL  nilPTO,  ce  qui  est  cerlaincmeDt 
faux,  quoique  M.  Hildesheimer  ne  Tasse  pas  de  remarque  à  ce  sujet. 


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52  HRVUË  Dl!:S  ÉTUDES  JUIVES 

leçon  appuyée  par  l'expression  '»n"»an  nbVp  de  Kiddouschin.  Ton- 
tefois,  comme  il  serait  incompréhensible  qu'un  mot  aussi  simple 
que  nWp  pût  ôtre  corrompu,  il  convient  de  considérer  nVpn 
comme  la  véritable  leçon  ;  ce  mot  se  trouve  dans  le  passage  cité 
du  Talmud  :  '>n'>an  nVpna  '^n«iD  N^n.  La  négation  de  la  phrase  pré- 
cédente :  "jnpnï  «^  ûn«  ïm*^  «bi,  ne  peut  se  rapporter  également  à 
vnbpbp  ^9  Trm\  et  il  faut  en  tout  cas  ajouter  ici  le  mot  «m. 

Le  mot  p'iD  n'a  pas  encore  été  expliqué  suffisamment.  Déjà 
dans  la  phrase  n«3  np^ion  ipr,  le  Talmud  (Taanit,  10  a)  n'en  con- 
naît plus  le  sens  :  yn  DiD  vby  va'^  «bw  '^•'a»  'i»»  n«3  npno  •^ma 
vnnb'^a*.  D'après  Abbaï,  n«5  np'iD  signifierait  :  €  belle  jeunesse  ». 
La  phrase  de  Z.,  i,  n  ^pnon  *]3inpD  é«t  bi<  •  exige  absolument  une 
autre  explication.  Dans  Kalla,  éd.  Coronel,  8  a,  le  mot  est  ex- 
pliqué dans  le  texte  par  nnnnnn  '^12'^  et  en  araméen  par  Kntt'^V)>« 
mais  cette  interprétation  n'est  pas  satisfaisante.  Dans  le  second 
chapitre  de  Z.,  il  est  dit  nnûOT  iD-^  ana  pnon  no-^  iia«n  ;  ces  mots  sont 
peut-être  encore  plus  obscurs,  quoiqu'ils  aient  aussi  été  expliqués 
dans  la  Guemara  de  Kalla,  éd.  Coronel,  10  a.  Je  me  vois  forcé  de 
m'éloigner  ici  de  l'explication  traditionnelle  '.  Dans  Kiddouschin, 
31  bt  et  d'autres  passages,  ixp'y^t  signifie  :  sujet  d'enseignement,  A 
peu  près  dans  le  sens  de  niTaVn  =  étude.  Les  àp/tcpepextrat  sont 
connus  par  la  Novellede  Justinien,  146, 1.  La  phrase  rîK3  ipnsi  )pT 
signifie  donc  :  un  vieillard  qui  a  un  beau  savoir  (=  no-^  "^m^abn). 
L'expression  ya^n  se  rapporterait  à  la  vie  pratique,  dans  le  sens  de 
yn»  "pn.  Je  traduis:  «  Où  il  y  a  une  belle  conduite  et  une  science 
profonde,  il  y  a  la  confiance  et  la  vérité  »  (n)'»  ma  pnoi  »•>  ina^n 
n)3K  iD*>nnnDnn),  et  dans  le  premier  passage  :  €  Ne  te  contente  pas 
d'avoir  une  belle  conduite  et  un  savoir  médiocre,  car  ce  ne  serait 
pas  un  honneur  pour  l'enseignement,  mais  excelle  dans  les  deux, 
car  c'est  là  l'honneur  de  l'enseignement  »  (je  lis  la  phrase  ainsi  : 
21D  m  ^4V«  mm  b«  r-îron)  ^-w»  n  ^pnon  [aia]  ^^rtpt  tr  Sh 
rrmn  V»  nro»  p»  tmaiDa).  Da  celte  manière,  ce  n'est  pas  seule- 
ment ']^Tipb  qui  se  trouve  expliqué,  mais  toute  la  phrase  gagne  en 
symétrie^.  L'idée  exprimée  est  la  même  que  celle  de  la  sentence 
bien  connue  :  'p«  ''{nn ta^  mm  Tiïsbn  nD-^  (Abot,  11,  2). 

i  Cf.  la  prière  de  l'ofiiciaDt  ^^^1272  "^S^H  ^SD^Î  pour  le  jour  du  NouveUAn  et  des 

Expiations  :  nw  ipiDi  b'»ann  pT  nb'»DnD. 

*  ^^"^IP^  manque  dans  Halach,  Ouedol.  et  Maktor  Vitry^  et  est  aussi  supprimé 
par  fflia  Wilna,  sûrement  à  tort. 

*  Tawrogi  lui  aussi  donne  une  interprétation  différente  et  traduit  par  «  conduite  •• 
Dans  le  second  passage,  il  lit  p^")D,  qui  ne  se  trouve  dans  aucune  édition  et  dans 
aucun  manuscrit;  tout  au  plus  trouve-t-on  la  variante  Jf")Dt  qui  est  une  corrupUon 
de  pnD. 

«  J'ai  ajouté  le  mot  niCS,  par  analogie  avec  nc^  \yyQir\  ;  DrraV^a  est  léglUme  par 
le  fait  que  tans  cela  a^tt  ^ÏT  M^M  aarait  trop  bref. 


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\  ■ 


LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  53 

J'explique  de  la  même  manière  la  phrase  [mV^tra]  nn  3ïnfif''»'n 
nninonn  ^ôî^td»  bxDn»  -^ns  d-^^Dn  (Z.,  ix)  :  a  Aime  la  charité  afin  que 
tu  sois  délivré  par  l'envoyé  du  gouvernement.  »  Bien  que  le 
Mahzor  Viiry  et  l'édition  Riva  di  Trento  aient  nittn  ysh^n,  la 
leçon  nmmon  est  cependant  plus  sûre  ;  mais  alors  yhi^  ne  peut 
plus  signifier  a  ange  »,  mais*«  messager,  député,  mission- 
naire ».  Dans  Kalla^  éd.  Coronel,  10a,  la  sentence  \fp  îit» 
rmrronV  m:n  "^inrh  [Abot,  m,  12)  est  coram*>ntée  ainsi  :  Winb  ^p  nv 
rr-î53K  nr  nnnncnb  m:n  rrdyrzTi  nr,  c'est-à-dire  le  mot  uJN'n  si- 
gnifie le  gouvernement,  et  nmmon  le  service  des  prestations 
(àyrapeia)  *.  Raschl  emploie  presque  les  mêmes  mots  dans  son 
commentaire  sur  Aboi  (éd.  Romm)  sans  indiquer  la  source,  tou- 
tefois seulement  comme  seconde  explication.  Le  commentaire  de 
R.  Yona  traduit  le  mot  nmrnDn  par  le  mot  espagnol  «  sefioria  » 
'^TH^W'^ro.  D'après  tout  cela,  la  signification  «  prestation  »  me 
semble  certaine  pour  nmman,  et  il  faut  éviter  de  confondre  le 
mot  avec  nniman  «  jeunesse  ».  Cf.  Berach.,  56  a,  '•nd^d  ^b  '>nm»»  : 
ft  Les  Perses  t'obligeront  à  des  corvées  de  prestation.  »  Dans  mon 
hypothèse,  le  mot  '^^^Xi  ne  peut  avoir  que  le  sens  de  «  mes- 
sager, député  ».  Le  fait  que  ^v<h}2  a  ici  son  sens  biblique  est 
une  preuve  de  l'authenticité  du  style  bibllco-hébraïque  du  traité 
D.  E.  «.  Naturellement  les  passages  parallèles  doivent  aussi  être 
traduits  en  ce  sens,  par  exemple  n-nnort  ^ivù^  (R.,  ii)  «  qui  se 
soumettent  au  gouvernement  ».  Cette  phrase  se  retrouve  aussi 
dans  Z.,  ii,  n^imcnV  ni:n  t5»nb  bp  -^nn.  La  signification  de  «  domi- 
nation »  ressort  aussi  d'Eliyahoti  RabbUf  ch.  i  :  ^bma  '»n'»'»n  nna  U9Zi 

rmrnûn  m  îm-^m *]-oa.  A  mon  avis,  la  sentence  qui  nous  a 

servi  de  point  de  départ  signifie  que  par  la  charité  on  se  libère  de 
l'impôt  dû  à  la  puissance  terrestre,  tout  à  fait  dans  le  sens  de  ce 
que  nous  lisons  dans  Aboi,  m,  5  :  «  Celui  qui  accepte  le  joug  de  la 
doctrine  religieuse  sera  délivré  du  joug  du  pouvoir  et  de  celui  de 
la  vie  pratique.  » 

De  même  qu'ici  le  mot  ^^b)3  doit  être  pris  en  son  sens  primitif,  de 

*  Je  ne  comprends  pas  bien  les  mots  suivants  Û10*in  13  *lT3^b5<  'l^I^.  Au  sujet 
de  la  Torlune  d'Eléazar  b.  Harsom,  lo  Talmud  et  lo  Midrasch  nous  ont  conservé  beau- 
coup de  renseignements;  voir  Graelz  dans  Monalssehri/t^  1877,  p.  248,  note  2:  N. 
Brûll  Jahrbûeher,  1,  47,  note  108,  et  A,  Kohut,  Jeioish  Quarterlt/  Retieto^  III,  540. 
Il  semble  diaprés  cela  quece  «  Crésus  »  —  c'est  ainsi  que  Kohut  comprend  le  mot  — 
sut  se  mettre  en  si  bons  termes  avec  lo  gouvernement  quo  la  chose  passa  eu 
proverbe. 

«  Tawrogi  se  rend  la  lâche  plus  aisée  en  acceptant  la  leçon  lm)3ïl  ^ô^btt  (p.  40). 
Or  on  sait  que  la  leçon  la  plus  facile  est  la  plus  récente  et  quo  la  plus  difûcile  est  la 
If  çon  originale.  M.  Schuhl  {Sentences^  p.  496)  traduit  n*,ini3n  par  «  jeunesse  ».  —  Le 
fait  qu'on  faisait  rentrer  les  àffapi'a  au  moyen  de  messagers  et  d'exempls  est  connu 
(cf.  mon  travail  sur  R.  Eléazar  b.  R.  Simon,  Monatsichr.,  1833,XXXV11I,  p.  151). 


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54  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

mômeap:^,  dans  D.  E.  R.,  vu  {T^y  ^ypy  r^yn),  a  un  sens  qui  ne  con- 
vient plus  au  mot  dans  l*iiébreu  rabbinique.  Malheureusement, 
le  passage  manque  dans  Mafizor  Vitry  et  dans  Halachoi  Ouedolot. 
Mais  il  semble  prouvé  par  Tour  Orali  Hayyim^  §  170,  que  les 
mots  y^hy  ^"spy  wn  signifient  :  laisse  des  traces  dessus.  Le  mot  ap3^ 
a  donc  ici  le  même  sens  que  dans  l^liébreu  biblique.  Ce  n'est  qu'au 
figuré  que  le  mot  ap^  signifie,  dans  la  phrase  en  question,  Téqui-* 
valent  de  la  main. 

Nous  renvoyons  également  au  Tour  Orah  Hayyim  pour  ce 
passage  de  R.,  viii  :  ^nV«  tjhzrh  '-^rinDb»  nt^  \>'d\m^  rïi  D-»V»rpai, 
le  seul  de  tout  le  traité  qui  contienne  deux  mots  grecs  difficiles  ne 
se  retrouvant  nulle  part  ailleurs  dans  les  écrits  rabbiniques.  En 
marge  de  l'édition  talmudique  on  a  mis  la  variante  :  l^^aoti  m 
fi^bcD^  fiTSDafi^,  mais  le  commentaire  apr^  hVns  remarque  fort  judi- 
cieusement que  a  ni  le  texte  ni  la  variante  n'ont  aucun  sens  ». 
Tour  Orafi  Hayyim,  %  170,  cite  la  phrase  ainsi  :  wr  d'^Vwn'ran 
^■^acnn,  ce  que  Joseph  Karo  corrige  en  ces  termes  :  w  D-'bTan'^aT 
•J-'N'nSS^  fcrîDD»  l'haut!.  Il  en  résulte  avec  évidence  que  les  Juifs 
espagnols  avaient  notre  traité  avec  un  texte  différent.  De  même, 
dans  Mahzor  Vitry,  p.  731  :  [«■»3Dafc^](«*'5DDK)  û-»atnn  m  D-^V^mai 
anVu).  Les  commentateurs  du  Tour  s'mposent  une  peine  inutile 
pour  rendre  cette  phrase  intelligible.  Joseph  Karo  donne  une 
double  explication  ;  il  dit  premièrement  que  la  phrase  signifie  qu'à 
Jérusalem  on  répondait  aux  invitations  reçues  (56vta)par  une  in- 
vitation à  un  repas  de  noce,  et  que,  quoique  la  dette  morale  con- 
tractée se  trouvât  ainsi  payée  largement,  il  n*y  avait  pas  lieu  d'ap- 
pliquer ici  la  loi  contre  Tusure.  D'après  la  seconde  interprétation, 
les  Jérusalémites  ne  rendaient  pas  les  invitations  par  des  invitations 
semblables,  de  crainte  qu'il  n'y  eût  là  un  soupçon  de  profit,  mais  ils 
dédommageaient  leurs  hôtes  en  les  invitant  à  un  banquet  de  noce. 
Dans  les  deux  explications,  on  ne  rend  pas  compte  de  l'expression 
û'»aDT?i.  Il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  non  plus  que  des  termes 
comme  TinocN  et  «bc^  n'auraient  pas  été  introduits  inutilement 
dans  le  texte,  s'ils  ne  s'y  étaient  pas  trouvés  dès  le  début.  En  com- 
binant donc  le  mot  rr^nnDBX  avec  la  variante  «"^SDaû^,  j'obtiens  le 
mot  N^DBaDÉ^,  que  je  crois  identique  à  (TxeTiàdTpa,  qui  signifie  «  cou- 
verture, rideau»,  mot  qui  se  trouve  aussi  dans  les  traductions 
grecques  de  la  Bible.  Au  lieu  de  «bs»,  je  lis  fc^bc»  =  epulœ.  La 
phrase  signifierait  donc  :  «  A  Jérusalem  on  relevait  le  rideau  (de 
la  salle  à  manger)  pendant  les  repas,  afin  que  chacun  pût  entrer 
librement.  »  Dans  Matnot  Kehoxmni  sur  Echa  Rabbali,  iv,  2, 
la  phrase  est  ainsi  libellée  :  «brob  'r-inas»  'j'^acti  m  D'^b^rran 
•jnb».  La  leçon  l-^aonn,  au  lieu  de  '["•abirr,  dans  la  première  version 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  EREÇ  »  55 

est  donc  assurée.  Pour  la  même  raison,  'innosH  et  fi^bsT:  paraissent 
aussi  confirmés.  Peut-être  faut-il  lire  ^^nosfi^  =  oTtidoev,  et  k^b»  se- 
rait ma/?pi</a  ;  à  Jérusalem  on  rabattait  la  mappula,  ou  rideau,  en 
arrière.  Dans  les  deux  interprétations  le  sens  est  le  même.  Dans 
j.  Demaî,  24a,  nous  avons  la  même  phrase  :  ^'^m  ?m  û'^V^nn^an 
«5^"»b  »b»«n  rrDVB  ;  au  lieu  de  rr^ys,  il  y  dans  j.  Aboda  Zara, 
39  c,  mte*^:^;  Mainot  Kehoiinna,  l.  c,  cite  d'après  un  vieux  ms. 
i!ihyt  =  fibula^  agrafe.  La  phrase  voudrait  dire  alors  :  A  Jérusa- 
lem on  tournait  à  droite  le  côté  gauche  de  Tagrafe,  c'est-à-dire 
le  rideau  qui  était  assujetti  au  moyen  d'une  agrafe  était  rabattu  en 
arrière.  Il  est  fait  allusion  à  cette  coutume  des  Jérusalémites 
dans  les  paroles  de  R.  Siméon  b.  Gamliel,  Echa  Rahbali,  iv, 
2  :  «  Il  existait  autrefois  à  Jérusalem  une  excellente  coutume  ; 
on  étendait  un  rideau  devant  la  porte  et,  tant  que  le  rideau  était 
déployé,  les  convives  pouvaient  entrer.  »  -^aa  by  finoû»  X^io^rm 
■poaDï  l'^rmû^  iwino  nr»ûï3ïTO  pt  bD  nrcn.  De  même  dans  Baba 
Batra,  93  &  :  rmon  "^a:;  b;^  ïtoi^ô  ne»  û*»bttiTa  :  à  Jérusalem  on 
étendait  un  rideau  devant  la  porte.  Cette  nD)3=  mappa  corres- 
pond à  NbD^=  mappula  dans  D.  E.  R.  Dans  Echa  Rabbati,  L  c, 
il  est  encore  dit  :  Les  habitants  de  Sion  manifestaient  la  distinc- 
tion de  leurs  sentiments  de  cette  façon  :  aucun  d'eux  ne  se  rendait 
à  un  repas  de  noce  sans  avoir  retourné  la  manche  de  sa  robe  (»b)a 
nbtt  -^bpsi»  T  ^Din  D"«i^  nnvob  ^btn  )im  nn«  rrn).  Et  pour  quel  motif? 
Pour  qu'on  ne  pût  lui  faire  aucun  reproche  (d'être  venu  au  ban- 
quet sans  invitation).  Les  invités  avaient  donc  un  signe  extérieur 
qui  les  faisait  reconnaître  comme  convives.  La  règle  dont  il  est 
parlé  dans  le  Talmud  de  Jérusalem,  à  savoir  qu'on  retournait 
l'agrafe,  a  peut-être  quelque  rapport  avec  ce  qui  est  dit  dans 
Echa  Rabbati^,  Il  est  digne  de  remarque  que  la  coutume  du  rideau 
devant  la  porte  était  encore  en  vigueur  à  Cracovie  auxvii*  siècle*. 
Dans  Eliyahou  Rabba,  ch.  xxix,  il  est  dit  également  :  «  Les  gens  de 
Jérusalem. . .  n'entrent  pas  dans  la  salie  du  festin  avant  de  savoir 
quels  sont  les  autres  invités  '.  »  Cf.  ibid.^  ch.  xii,  au  commence- 
ment :  a  On  ne  doit  pas  manger  à  la  même  table  que  des  gens  gros- 

*  Celle  théorie  est  conforme  sur  beaucoup  de  points  à  la  démonstration  de  Kohut 
dans  Aruch  Compleinm^  1,  225,  mais  en  diffère  aussi  sensiblement. 

*  Abraham  Lévi  de  Cracovie,  dans  son  commentaire  sur  Jleguillat  Taanft  (Àms- 
lerdam,  1658),  ch.  vi  :  nT  aïlD)3   tSi  ...nPDn  by  ns^H   DTîDb  n:in3TÛ   riTD 

*  Cf.  l'anecdote  de  N^^p  nai  «^73p,  dans  Guittin,  56 /i  ;  cf.  Abot,  i,  5  :  "^ÏT» 
timib  mrs  ^P'>2,  ainsi  que  D.  E.  Z.,  ix,  avec  celle  addition  :  1"ïDtT  ûîbtt)  "^VS 
Vrilîltt),  qui  esi  suivie  de  cette  phrase  :  l^n^  t^V^T  ^T\^'2  "^pbnn  ^"^HT  "^nn 


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56  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

sieri  ("pHti  ^^3^).  »  C'est  pourquoi  il  est  dit  dans  D.  E.  R.,  v  :  thvfb 
aD"»t)  «nn  ■»)3  ^st»  rvin  m»  kït».  «  Il  faut  toujours  savoir  à  côté  de 
qui  on  s'assied  à  table.  >  Nous  avons  donc  ici  une  règle  générale 
prescrite  pour  les  savants,  qui  n'était  primitivement  qu'une  cou* 
tume  locale  de  Jérusalem. 

Disons  encore  on  mot  du  texte  du  D.  E.  tel  qu'on  l'avait  dans 
les  cercles  espagnols.  A  propos  de  Siméon  b.  Antipatros  (R.,  vi) 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  les  textes  ordinaires  ont  :  ^"tn 
rtYina  l'^n'ns;  t  Eux,  les  savants  invités,  firent  un  vœu  valable  selon 
la  loi  »,  le  vœu  de  ne  pas  manger  ni  boire.  Plus  loin  il  est  dit  :  im 
■j-^nanan  rmna  V^^tiï  «  mais  eux  firent  un  vœu  valable  selon  la  Tora 
et  le  violèrent  ».  C'est  ainsi  qu*il  faut  entendre  le  mot  X^'svf.  Or 
cela  présente  une  difficulté,  car  c'est  seulement  après  ce  passage 
qu'il  est  question  de  violation  de  vœu  rroxn  mina  'WîO  •^tt  ba.  On 
voit  donc  que  ynycf  ne  peut  être  exact.  Dans  Kalla,  éd.  Coronel, 
p.  17  a,  il  est  dit,  en  effet  :  ••niH  ù'^^m  rrnna  D'^nTis  Dm  et  ensuite 
msttt  nrorr  te.  Tour  Orah  ffayyim,^  170,  a  x^ya'y  'j'^^ms;  de 
même  Youhasin,  éd.  de  Londres,  p.  21a,  D"»nawi  l'^'i'nsi,  ensuite 
■j-^natti  et  une  fois  îmai  (au  lieu  de  'la'W  des  éditions)  *.  Or  «na  est 
particulièrement  remarquable  ;  ce  mot  ne  se  trouve  que  deux  fois 
dans  TEcriture  sainte,  I  Rois,  xii,  33,  et  Néhémie,  vu,  8;  dans  les 
écrits  rabbiniques  ce  mot  se  rencontre  aussi  rarement*.  Nous  ne 
sommes  donc  pas  du  tout  surpris  qu'il  ait  été  supprimé  presque 
complètement  dans  le  texte  du  D.  E.  Dans  Z.,  m,  ce  verbe  ne  put 
être  maintenu  que  parce  que  la  phrase  en  question  mann  «ryo 
m^i  se  rencontre  aussi  dans  Berachol,  4a.  La  phrase  suivante 
'TDi  nn»  rî*tttï:a  n-^D'i  d«,  pour  laquelle  d'autres  textes  ont  n'^D^inn, 
est  désignée  dans  Kalla^  éd.  Coronel,  11  &,  comme  étant  conçue 
en  langue  biblique  :  msrûva  tn-^Dnnrt  a*»nana  tn"»Dnm  D«. 

Pour  ne  pas  trop  insister,  je  citerai  ici  encore  très  brièvement 
quelques  expressions  hébraïques  fort  énergiques  :  ytr^  im  l'W  •^tm 
•D'il  ■'D  V3^S  où  le  mot  ym,  pris  dans  le  sens  de  "p»  yrt,  indique 
que  la  vie  pratique  est  très  propre  au  développement  du  sentiment 
de  l'égoïsme;  dans  la  phrase  nnstM  '^'Qb^  pn^an  (Z.,ii)*,  pçn  est 

>  Autres  varianles  :  après  T"a'>'1,  le  mot  Û^)3an  manque  ;  au  lieu  de  •^pjrja^a  *p') 
Û'*^an  "^Dtîi  il  y  •  ri'llDtt  "^bl.  C'est  pourquoi  j*ëmeUrei  Thypothèse  qu'il  y  a  eu 
deux  TersioDS  de  D.  E.  comme  des  Aboi  di  S,  Nathan;  toutefois  il  faut  provisoire- 
ment s*en  tenir  à  ^hypothèse,  car  il  n'y  a  pas  moyen  d'arriver  à  ce  sujet  à  une 
certitude. 

*  Au  sujet  de  2^*73  qu'on  trouve  dans  quelques  passages  caractéristiques,  voir 
mon  article  dans  la  Festsehrift  tum  80,  Geburtttage  M,  Steinsehneidert,  p.  152. 

*  Pour  les  passages  parallèles,  voir  Schubl,  Seutencety  p.  170. 

*  Kalla^  éd.  Coronel,  10  tf  au  bas  :  ÏTîi^tta  ^J2'2y  plOn.  Tawrogi,  p.  15,  trad-iit  : 
«  Trouve  du  plaisir  à  accomplir  les  préceptes  »,  ce  qui  est  faux. 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  57 

formé  de  p^n  «  arrae  ».  Une  phrase  non  moins  expressive  est 
celle  qui  vient  immédiatement  après  îrnnDaim  \:v  *  ;  enfin,  il  faut 
remarquer  le  mot  V>3'^î3^  tirons  (R.,  ix),  t  des  coupes  entamées  ». 

Je  voudrais  montrer  par  quelques  exemples  comment  on  a  tra- 
qué et  essayé  de  détruire  partout  les  expressions  originales,  dif- 
ficiles et  énergiques.  Au  lieu  de  d'TK  ^wnh  d»n  (R.,  ii),  il  y  a  la 
variante  aniDn^;  au  lieu  de  D"»3wn  fi-'s  (Z.  ix),  a^n^  nono*.  Ce  mot 
Witin  «  image  du  soleil  »  est  tellement  original  qu'il  fait  certain 
nement  partie  du  texte  authentique;  cf.  Z.  m,  tmfiWDia  mbnn 
D'^Sïsnb  nriD,  dans  le  texte  de  D.  Ë.  de  Landau,  tandis  que  dans 
Halachoi  Onedolot,  il  y  a  fy,  et  dans  éd.  Tawrogi  et  dans  les  édi- 
tions ordinaires  du  Talmud  ti'^:^9.  Nous  avons  déjà  noté  en  passant 
certaines  modifications  faites  aux  dépens  de  Toriginalité  du  texte. 

Tl  est  naturel  que  le  texte  d*un  ouvrage  aussi  lu  que  le  I).  Ë.  ^ 
ait  été  remanié  par  des  mains  plus  ou  moins  expertes.  Il  dut  y 
avoir  certainement  des  lecteurs  qui  voulaient  y  trouver  les  sen- 
tences et  les  maximes  de  sagesse  qui  leur  plaisaient  le  mieux  et  qui, 
par  conséquent,  y  insérèrent  encore  certaines  sentences  emprun- 
tées à  la  littérature  talmudique.  C'est  pourquoi,  le  texte  du  D.  Ë. 
est  si  défiguré  en  beaucoup  d'endroits.  C*est  ainsi,  par  exemple, 
que  la  sentence  (dans  R.,  vi)  :  y^  diptja  ïTûwn  m»  ûn«  0T\b^  «bn 
rvûpn  ûiptta  nVfi<  est  devenue  tout  à  fait  incompréhensible  ;  il  faut 
lire  rtonnc  dn»  ^TSi'^  «b.  La  sentence  de  Z.,  iv  :  'jnttwa  ^':'^9  "jnn  Vfc^ 
r^n  '^'w»  mn3T5«t)  xm^  ^hm  nriW)  est  également  incompréhen- 
sible sous  cette  forme  ;  il  faut  lire  dn  dî^  n^SN  "p^a  nn^T^nu)  'jtTO 
r»pn  "^n^wa,  comme  il  y  a  dans  Eliyahou  Zoiifa,  ch.  xvi,  au  com- 
mencement ^.  Il  y  a  aussi  quelques  variantes  d'un  autre  genre  qui 

^  Au  lieu  (le  n'ourdi  [comme  dans  ffalaeh,  Quedol,)^  diverses  édilions  et  Elia 
Wilni  onl  V:31D3.  aiD  sertit-il  le  mot /wr/tf  =  nriD,  et  pour  cette  raison  l'aurail- 
OQ  transcrit  fans  modification  ?  Au  sujet  de  nC3'11D  =  porta^  voir  Griethtsehe  und 
hteiniscke  Lehntoôrter  im  Talmud j  Midrasehund  Targum^  I,  187. 

*  Chez  Tawrogi,  p.  51,  ce  passage  est  conçu  d'une  façon  très  étrange  :  bl*î!* 
npibnWn  m»  NS^JT  dlbian  ;  ce  n'est  pas  de  l'hébreu  ;  npibn^  d'»ttDn  TI^NI 
d^^m  niDDÏJ  TJ^3  offre  aussi  de  la  rudesse  :  il  fiut  lire  tmd^OO  1S1D 
d^ttT,  comme  dans  lo  phrase  suivante  :  icno  rpnbn73  13  ^^'3  tnOÎSn  n^a 
D''3?3n  XT^a  nvnb.  et  immédiatement  après  mab  Isno  airT^b  nonO.  H  est  à 
remarquer  que  dans  le  texte  de  Landau,  les  d^TSDTl  ne  sont  pas  nommés  ;  dans  les 
édilions  ordinaires,  il  y  a,  au  lieu  do  d^S^H  n^3,  les  mots  *iT5nïlb  1S10,  qui  sont 
tout  à  fait  impropres.  Parmi  les  diverses  versions,  le  texte  du  Mahtor  Vitry  me 
semble  ici  le  plus  correct  :  ^T'^    «ab    nSlO   nV3    npibn)3    D*»73Dn  in^KI 

*  Dans  Siddour  R.  âmram^  p.  30,  il  est  recommandé  comme  lecture  sabbatique, 
et  c'est  sans  doute  à  ce  fait  que  nojs  devons  son  admission  dans  le  Mahzor  Vitry. 

*  Cela  a  déjà  été  rectifié  par  Tawrogi,  p.  26.  —  Dans  Z.,  iv,  la  phrase  :  i<b'»2)  ^{■'D 
d^iTlïl  ^bj^a  ba  IJIIÏI^  Vhy  9^":^  ^lUjb  IS^D,  est  corrompue  irrémédiablement' 


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58  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

semblent  provenir  de  plaisanteries  faites  par  les  lecteurs  ;  ainsi 
pour  rtNtDntan  hypi:  (R.,  m),  la  variante  insignifiante  riDiîîDn,  ou  pour 
inaD  ^m5(Z.,  vm)  le  mot  ûnp^.  Le  texte  même  renferme  quelques 
gloses  maladroites  et  n*en  faisant  pas  partie,  par  exemple  après 
les  mots  IWT^  n"»an  hy:i  vbsf  inw'O  ît^  te  «  tout  ce  qu'ordonne 
le  maître  de  la  maison,  Thôte  est  tenu  de  le  faire  »  (R.,  vi),  il  y  a 
cette  glose  :  tnTm'D  nan  «i^iéD  «  seulement  quand  la  chose  est  lé- 
gitime »,  ou  bien  les  mots  îiT  nai3  t3"»anV  ybn  (R.  ii,  vers  la  fin) 
qui  ne  sont  pas  à  leur  place.  Il  faudrait  soumettre  le  texte  de  D.  E. 
à  un  véritable  travail  d'épuration  pour  arriver  au  fonds  primitif. 
Le  grand  Gaon  R.  Elia  Wilna,  dans  ses  notes  marginales  sur  le 
Talmud,  a  fait  une  œuvre  utile  en  annotant  notre  petit  traité,  et  une 
édition  moderne  comme  celle  qui  a  été  tentée  par  Tawrogi  pour 
D.  £.  Zouta  serait  nécessaire. 


IX 


ORIGINE  ET  COMPOSITION. 


On  peut  affirmer  péremptoirement  que  notre  traité  D.  E.  ne 
mérite  pas  le  nom  de  compilation.  L'auteur  n'aurait  pu  emprunter 
les  éléments  de  sa  compilation  qu'au  Talmud  et  au  Midrascb;  or,  il 
résulte  des  citations  talraudiques  qu'il  y  avait  un  traité  de  D.  E. 
môme  avant  la  clôture  du  Talmud  et  du  Midrasch.  Nous  croyons 
aussi  avoir  prouvé  suffisamment  que  le  morceau  intitulé  pin 
contient  des  matériaux  presque  entièrement  nouveaux  et  ne 
se  trouvant  pas  dans  le  Talmud  et  le  Midrasch.  En  raison  du  fait 
que  ces  sentences  et  ces  maximes  si  expressives  ont  été  réunies 
et,  comme  nous  l'avons  vu,  sont  anonymes,  notre  petit  traité  mé- 
rite d'occuper  dans  la  littérature  rabbinique  une  place  à  part.  Ce 
traité  forme  une  partie  de  la  littérature  talmudiqup,  de  même 
qu'il  représente  un  produit  tardif  de  Tancienne  littérature  gno- 
mique  des  Hébreux  (nTsDn  "^nDb).  Je  crois  devoir  insister  sur  ce 
caractère  spécial  du  traité  considéré  comme  un  débris  de  la  litté- 
rature gnomique,  qui  a  été  en  grande  partie  perdue  pour  nous  ;  on 
n'a  guère  l'habitude  d'envisager  ce  côté  de  la  question  à  propos 
de  cet  ouvrage. 

La  litlérature  gnomique  de  l'hébraïsme  primitif,  comme  nous  la 
possédons  dans  les  livres  des  Proverbes,  de  Job  et  de  TEcclésiaste, 
a  eu  une  admirable  floraison  nouvelle  dans  le  livre  de  Jésus,  fils 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  î)9 

de  Siracb,  et  dans  la  «  Sapience  de  Salomon  ».  Aucune  branche 
de  la  littérature  hébraïque  ancienne  n*a  eu  pareille  rénovation  ; 
Thistoire  garde  un  long  silence  ;  la  prophétie  est  muette.  Les 
hymnes  qui  ont  été  composées  encore  indiquent  bien  qu'on  ne 
sait  plus  écrire  de  vrais  psaumes.  Seule  la  littérature  gnomique 
ne  meurt  pas  encore,  et,  à  côté  de  Sirach  et  de  la  Sapience,  on 
peut  encore  citer  les  sentences  du  pseudo-Phocylide*. 

Les  d'^Vttît)  "^^«1)3  ou  «  auteurs  de  sentences  »  sont  encore  men- 
tionnés dans  Mischna  Sota,  ix,  15,  et  il  y  a  beaucoup  de  Tan- 
naïtes  et  d'Amoraïm  dont  on  dit  élogieusement  qu'ils  étaient  des 
hommes  de  sagesse  (rnsiDti)  et  qu'ils  avaient  composé  des  sentences 
et  des  proverbes  *.  Nous  possédons  une  collection  de  maximes  de 
ce  genre  dans  le  traité  de  Abot,  mais  le  nombre  de  celles  qui  ont 
été  perdues  ne  peut  être  estimé  même  par  approximation.  Les  pro- 
verbes palestiniens  forment  une  catégorie  à  part  et  sont  souvent 
mentionnés  dans  le  Talmud  »,  où  on  cite  encore  diverses  autres 
catégories^.  On  peut  facilement  supposer  qu'il  existait  aussi  des 
recueils  de  ces  maximes  de  sagesse,  mais  qui  se  sont  perdus. 
Quelques  Tannaïtes  sont  cités  spécialement  comme  auteurs  de 
sentences,  par  exemple  Bar  Kappara  ».  Du  reste,  nous  avons  déjà 
cité  ce  nom  plus  haut,  dans  le  chapitre  sur  les  Tannaïtes  et  les 
Amoraïm.  Nous  avons  pu  démontrer  également  la  participation  à 
la  littérature  gnomique  de  Ben  Azzaï  et  surtout  d'Eléazaf  nspn. 
Qu'il  nous  soit  permis  maintenant  d'étudier  de  plus  près  ce  der- 
nier Tanna. 

Le  surnom  de  *TDpîi  donné  à  Eléazar  n'a  pas  encore  été  expliqué 
jusqu'à  présent  ^.  Comme  n^nîDn  pm-»  'n  a  été  ainsi  dénommé  à 
cause  de  son  métier  de  faiseur  de  sandales  et  comme  n^*i5&n  vient 
du  grec  (dxvSaXov),  '^prr  pourrait  aussi  être  un  nom  de  profession, 

1  Bernays,  Ueber  dos  Phokylideiscke  Gedkht^  dans  GesammeUe  Abhandlungen^  I, 
192-261. 

«  Zunz,  Gott$tdienstlieh  Vortrâqe,  2*  édition,  p.  105. 

^  Pesakim^  H4«,  Na"iy733  I'«bn73  t^bnTD  ;  il^o^  di  It.  Nathan,  version  I, 
cb.  XYii,  p.  yb,  a  neUeraent  Û^b^Tl^3  Nbn?3  Y>bDl2  I^'ID.  CL  Ketoubot^  17  a, 
où  R.  Dimal  dit  :  «  Voici  ce  qu'où  chante  devant  une  liancée  en  Palestine  >,  pas- 
sajçe  se  rattachant  a  une  sentence  que  nous  lisons  aussi  dans  D.  E.  H.,  vi;  cf.  en- 
core j.  Pesahim,  VII,  35  i,  Kbn73  ^"^briJa^T  ;  cette  sentence  est  rapportée  dans 
b.  Pesakim,  35  6  au  bas,  au  nom  de  Ha  h,  au  nom  de  H.  Hiyya.  Voir  aussi  plu- 
sieurs exemples  de  phrases  avec  MbnTD  dans  Tarticle  de  M.  Blau ,  Revue  ^ 
XXXV,  22. 

♦  Par  exemple  :  û-^^iba  mbtt5«?D  .û-^bs^i^  mb«»?a  .û'^oai^  mb^TûTÛ. 

'  Zunz,  ibid,,  p.  106,  note  a. 

•  Est-ce  le  nom  d'un  endroit?  voir  m*mïl  "llD,  s.  v,  M.  Bâcher  dit  :  «  Ce  sur- 
nom est  de  sens  incertain,  voir  Levy,  IV,  357.  >  Kohut,  Arueh  eompletum,  VII,  168, 
croit  que  ISpïl  est  le  nom  de  la  patrie  d^Ëléazar,  il  répondrait  à  Kuirpto;,  Cypriote. 


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60  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

et  le  mot  même  pourrait  venir  du  grec.  Je  fais  dériver  ce  mot  de 
TToxapicv,  qui  se  retrouve  dans  le  langage  rabbinique  dans  le  terme 
de  V'^piD.  Ilcxaptov  signifie  un  pelit  tas  de  laine  nouvellement  ton- 
due. On  dit  dans  Tosefla  Sabbat,  v,  2(p.  116,  éd.  Zuckermandel) 
l-^npnDa  'j'^^^v  «  on  peut  sortir  le  sabbat  en  portant  un  petit  tas  de 
laine  ».  Il  est  sans  doute  question  de  celui  qui  fait  métier  de  ton- 
deur de  laine  ;  cf.  Tosefla  Sabbat,  i,  8  (p.  110),  et  j.  Sabbat,  I,  2 
(db)  :  Wi^att)  «TDiiin  J^a^n  ...Nif»  «^  «  le  teinturier  ne  doit  pas  sor- 
tir avec  un  échantillon  (de  sa  marchandise)  derrière  Toreille  » 
(d'après  Raschi,  dans  b.  Sabbat,  11  b,  n^d^it  signifie  un  peu  de 
laine);  dans  b.  Sabbat,  11  a,  on  parle  aussi  de  laine  «T«3  "^Tti  «bi 
i3T(<n«),  «  le  tisserand  avec  la  laine  derrière  Toreille  »  ;  de  même, 
àdiiis  Abot  di  R.  Nathan,  version  II,  ch.  21,  p.  :i5,  où  on  dit  la 
même  chose  du  teinturier.  l*»npnD  et  fi^n**»  signifient  donc  la  même 
chose  :  le  coton  (par  opposition  à  "1)22)  ou  aussi  la  laine.  Dans  la 
Tosefta  Kiltaîm,  v,  23  (p.  80)  nous  trouvons  un  dérivé  sémitique 
de  woxap(ov  dans  le  mot  n-^npsn.  Le  nomen  agentis  'ipsTï,  devenu 
par  métathèse  n^pn,  a  pu  être  formé  du  même  mot.  Le  mot 
l-^npiD,  dans  b.  Nidda,  Il  a,  par  suite  du  changement  de  la  lettre 
n,  devient  i-^^piD  \  et  par  là  on  s'explique  le  plus  facilement  le  sur- 
nom de  ■'bipcn  113^^5'  dans  Berachol,  2%b,  et  MeguiUa,  17  ô.  De 
'j'^bpnD  dans  le  Targoum  Yerouschalmi  sur  Exode,  ix,  31,  Levy' 
rapproche  le  syriaque  «bmp,  ce  qui  nous  donnerait  la  même  mé- 
tathèse que  nepn  au  lieu  de  npcn.  Peut-être  a-t-on  modifié  le  mot 
intentionnellement  pour  éviter  de  penser  à  npD  (mener  une  vie 
dissolue).  En  tout  cas,  comme  nopn  n'a  pas  encore  pu  être  expli- 
qué, il  n'est  pas  inutile  de  faire  au  sujet  de  ce  mot  de  nouvelles 
recherches.  Nous  y  gagnerions  de  mieux  connaître  la  personnaliié 
mystérieuse  de  ■'«T3'  la  ntj^bx  *.  A.  l'exemple  de  M.  Bâcher,  je  crois 
que  ce  docteur,  mentionné  par  Saadia  comme  Tauteur  d'un  livre 
de  Sapience,  se  trouve  parmi  les  agadistes,  et  je  l'identifie  avec 
le  Tannaïte  Eléazar  nDpn.  Le  mot  ^iicr^y,  de  \xt9  =  arp^  =  laine  *, 
signifie,  à  mon  avis,  la  même  chose  que  *iDpn,  c'est-à-dire  tondeur 
de  laine.  Dans  •^i^n'^j^  p  'ityb»  'n  (le  mot  'n  se  trouve  dans  le  com- 
,  mentaire  sur  Vectra  de  Juda  b.  Barzillaï.  p.  2*70),  la  est  probable- 
ment une  erreur,  et  il  faut  lire  "«fi^Ta^  iiyb^  'n,  comme  nspn  ^lyh^  'n. 
En  raison  de  la  part  que  R.  Eléazar  ^spn  a  prise  à  la  littérature 

1  Raschi  Iraduit  ici  par  le  mot   français  «  coton  ». 

*  Cependant  la   terminaison  du  mot  fait  croire  qu'il  s'agit  d^un  nom  indiquant  un 
lieu  d'origine. 

»  Targum.  Wôrterbuch,  II,  284. 

♦  Voir    Bâcher,  Agada  der  pal.  Amorâer^  II,  11,  note  5,  et  Blau  dans  la  Revue, 
XXXV,  24. 

'  Le  mot  s'écrit  aussi  par  un  y  ;  voir  les  Dictionnaires. 


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LE  TRAITÉ  TALMUDIQUE  «  DÉRÉCH  ERÉÇ  »  61 

gnomique^  et  spécialement  à  D.  E.,  on  s*explique  fort  bien,  comme 
le  dit  Saadia,  qa'Eléazar  Iraï  ait  composé  un  livre  dans  le  genre 
de  Sirach.  L*auteur  de  ce  livre  de  Sapience  serait,  dans  ce  cas,  un 
Palestinien  et  môme  un  Tannaïte  assez  marquant.  Il  est  possible 
aussi  que  Tauteur  de  ce  livre  ne  soit  pas  Eléazar  luirroôme,  mais 
son  fils,  qui  s*appelait  aussi  Eléazar  *  et  qui  est,  d*ailleurs,  connu 
comme  auteur  de  proverbes  sous  le  nom  de  «nop  na*.  nspn  p  nw» 
serait  donc  identique  à  '^ntj^  p  nTJbiî.  Ceci  expliquerait  aussi  ce 
mystérieux  mot  de  ■^fi^T:^.  Notre  D.  E.  a  certainement  sauvé  beau- 
coup de  choses  de  Toeuvre  perdue  de  Ben  Irai.  Les  sentences  qui 
sont  conçues  en  style  presque  biblique  pourraient  provenir  de  cet 
ouvrage.  La  pureté  du  langage  que  nous  trouvons  dans  Sirach  ne 
peut  être  attendue  de  la  part  de  Ben  Irai,  qui  est  bien  postérieur, 
mais  il  n'y  a  pas  à  méconnaître  que  celui-ci  s'est  efforcé  d'écrire 
l'hébreu  aussi  purement  que  possible. 

De  même  que  Tauteur  du  livre  de  Sirach  a  utilisé  le  livre  bi- 
blique des  Proverbes,  de  même  Eléazar  ben  Iraï  a  dû  utiliser,  do 
son  côté,  le  livre  de  Sirach.  On  s'explique  ainsi  que  Saadia  cite 
des  phrases  de  Ben  Iraï  qui  se  t  ouvent  aussi  dans  Sirach.  Cette 
ressemblance  du  contenu  ainsi  que  la  circonstance  que  le  nom  de 
fin'^D  in  était  depuis  longtemps  dans  la  bouche  de  tous  lorsque  Ben 
Iraï  écrivit  son  livre,  furent  cause  qu'on  attribue  certaines  sen- 
tences de  Ben  Iraï  à  Sirach,  son  prédécesseur.  On  comprend  alors 
pourquoi  certaines  maximes  citées  dans  le  Talmud  au  nom  de  Si- 
rach ne  se  trouvent  pas  dans  l'ouvrage  authentique  de  Sirach, 
tandis  qu'on  les  trouve  dans  D.  E.,  qui  contient  des  fragments  de 
Ben  Iraï.  La  sentence  imoD  ûi«  "^Da  mn  ûni<  •'Da  û-^nb»  nnn,  que 
quelques  auteurs  attribuent  à  Sirach  (Zixnzjbid.yp.  110),  se  trouve 
dans  D.  E.  Z.,  x,  vers  la  fin^  et  provient  probablement,  non  de 
Sirach,  mais  de  Ben  Iraï.  La  sentence  citée  d'après  Sirach  dans 
Baba  Batra,  982?,  ne  se  trouve  pas  dans  le  vrai  Sirach*,  mais  il  y 

'  Je  DO  sais  pourquoi  M.  Bâcher  rappelle  toujours  Bliézer  ;  peut-ôlre  veut-il  aussi 
le  distinguer  de  son  père.  M.  Bâcher  cite,  d'ailleurs,  lui-même  b^  133  ITJ^bK  'l 
"IBpïl  nT3^b«  'n  [Agada  der  Tannaiten,  II,  500)  et  concède  qu'il  s'appelait  égale- 
ment Eléazar  ;  il  n'apporte  aucune  preuve  en  faveur  du  nom  d^Ëliézer. 

*  On  ne  voit  pas  pourquoi  il  a  été  nommé  ainsi  d'après  le  surnom  du  père,  et  non 
d'après  son  véritable  nom  ;  peut-être  pour  éviter  la  répétition  du  nom  *1T jbfic.  11  n'est 
pas  nécessaire  de  prouver  qu'on  trouve  fréquemment  *1Dpn,  au  lieu  de  fit^Dp.  Dans 
■ISpn,  pour  ôHDp  "13,  il  y  aurait  a  constater  le  môme  procédé  d'hébraUation  que 
daos  ■»«"!■»»=  ■»fin'^Jf,  au  lieu  de  icpï!. 

'  Tout  le  reste  de  ce  chapitre  a  un  caractère  tout  différent  et  n'a  pas  dû  faire  par- 
lie  deD.  E.  Z.  —  La  suite...  ïimn  mn,  se  trouve  aussi  dans  le  chapitre  v  de 
Zoula.  Cette  sentence  est  donc  un  des  doubUls  dont  il  va  être  parlé  ci-dessous. 

*  Neubtuer-Cowley,  n*  LXIV,  p.  xxvii. 


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62  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

a  quelque  chose  de  semblable  dans  D.  E.  Z.,  viii^  comme  Zunz  Ta 
déjà  remarqué. 

Nous  prétendons,  non  que  Eiéazar  b.  Irai  ou  Eléazar  n&pn 
soit  Tauteur  de  notre  D.  Ë. ,  mais  que  beaucoup  de  maximes 
de  ce  traité  proviennent  de  l'ouvrage  de  Ben  Irai*.  Notre  D.  E. 
se  donne  comme  un  recueil  de  sentences,  et  le  compilateur  a 
sans  doute  puisé  aussi  dans  Irai.  Les  yn»  '^Ti  "^pno  cités  dans  le 
Talmud  sont  sans  doute  d'autres  sources  ayant  servi  au  compila- 
teur. Notre  D.  E.  a  été  probablement  composé  à  Taide  de  ces  ou- 
vrages perdus  et  avec  des  sentences  et  règles  concernant  les  doc- 
teurs qui  étaient  connues  dans  les  écoles  par  tradition.  On  ne  peut 
guère  constater  de  plan  bien  suivi  dans  la  disposition  de  l'ou- 
vrage ;  cependant  certaines  parties  qui  dérangent  Tensemble, 
comme  on  Ta  déjà  remarqué,  pourraient  être  des  intercalations 
postérieures. 

Le  fait  qu'il  y  a  eu  plusieurs  recueils  de  D.  E.  a  déjà  été  établi 
dans  le  cours  de  notre  analyse  du  traité.  Même  dans  sa  forme 
actuelle,  le  traité  ne  peut  être  l'œuvre  d'un  auteur  unique,  car  in- 
dépendamment de  la  différence  essentielle  entre  Babba  et  Zouta, 
chacune  de  ces  deux  parties  renferme  des  éléments  hétérogènes, 
de  telle  sorte  qu'il  est  impossible  de  les  considérer  comme  une 
œuvre  unique.  Ce  qui  frappe  surtout,  c'est  le  grand  nombre  de 
doiiblelSy  et  ici  nous  ne  tenons  pas  compte  des  répétitions  qui  se 
trouvent  dans  R.  et  Z.,  mais  de  celles  qu'on  rencontre  dans  un 
seul  et  même  traité.  Nous  avons  déjà  relevé  plusieurs  de  ces  répé- 
titions, et  il  ne  nous  en  reste  que  quelques-unes  à  ajouter.  Elles 
sont  si  frappantes,  que  dans  la  Guemara  sur  Kalla,  éd.  Coronei, 
on  fait  plusieurs  fois  la  question:  Pourquoi  a-t-on  répété  cela? 
Ainsi,  par  exemple,  au  sujet  de  ^rû  pis  dont  nous  avons  parlé 
plus  haut  :  p^DD  mb  wn  *  ;  réponse  n^Np  kitt  •'Tib  ûnri  (p.  10  a). 
Ibid.y  p.  lia,  il  y  a  deux  fois  "[■♦pno  ^TKa  K^-^sn;  sur  la  même 
page,  rrh  •'sn  ;  de  même,  p.  11  &.  Il  y  a  une  autre  formule  ainsi 
conçue  :  kd-^i^  «p,  nû'^tdd  (p.  11  b)  ;  l'abréviation  Y'»  qui  se  trouve 
un  peu  avant  signifie  «D-^-ot  îii"^»  *.  La  vérité  ne  peut  être  que 
celle-ci:  les  passages  en  question  proviennent  de  deux  recueils  dif- 
férents, ou,  pour  parler  le  langage  talmudique,  v  nD«  «b  nT  rtîoo  ^na. 

*  p'^S,  abréviation  pour  fi^TSp  pIS,  n'a  de  sens  que  d'après  notre  divisioD  du 
traité)  où  le  passage  en  question  ne  se  trouve  en  effet  que  daus  Z.,  i.  et  non  dans 
Z.,  II  ;  si  le  tout  n'est  qu'un  traité  Kalla^  celte  désignation  n'a  pas  de  sens.  C'est 
pourquoi  je  ne  puis  dissimuler  le  soupçoa  que  la  i  Guemara  >  sur  Kalla  n^est  pas 
bien  authentique.  A  remarquer  aussi  les  mots  Np"lD  Diob,  13m  t<n,  18^. 

«  Ceci  a  été  mal  compris  par  l'éditeur,  qui  remarque  :  nn^  û^lHO  b"D.  Dans  Téd. 
Romm,  il  y  a  "j^M  entre  parenthèse.  Les  mots  b"73p  ïima  T\^y  indiquent  claire- 
ment que  c'est  une  question. 


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LE  THAITI2:  TALMUDIQUE  «  DËHËCH  ÉRÉÇ  »  63 

Un  trait  caractéristique  de  notre  recueil,  c'est  que  telle  sentence 
connue  ne  s'y  trouve  que  comme  mot  à  effet,  tandis  que  Texplica- 
tion  manque,  par  exemple  waiD  «dît  naiû  X^y  dans  Z.,  m.  Des  sen- 
tences d^allure  toute  différente  sont  enchevêtrées  Tune  dans  Tautre, 
par  exemple,  la  phrase  t^5d  v^tx  û^t  (Z.,  ix),  à  la  troisième  per- 
sonne, tandis  que  les  autres  parties  de  la  phrase  sont  à  la  deuxième 
personne.  Il  en  est  ainsi  de  la  phrase  :  x^nn  û^n  ma^b  n^n  &2t 
n-ûni  û'^^a  nb.  Le  compilateur  n*a  donc  pas  bien  fondu  les  éléments 
de  son  ouvrage.  Nous  avons  aussi  un  exemple  de  ce  procédé  dans 
Z.,  u  :  "^b  na^on  û'»5'Drirr  t»»:^  ^a^a  n53«n  b»,  où  dans  le  commen- 
taire apy»  nbm  nous  avons  déjà  la  correction  •>«:^.  Les  morceaux 
de  prières  qu'on  y  trouve  intercalés  sont  aussi  un  élément  hété- 
rogène ;  la  Ouemara  dans  Kalla^  éd.  Coronei,  p.  18 2»,  dit  à  ce  sujet  : 
•»3np  «b  mDian  •'inp  -p»  "ymn  "^t»,  réponse  :  «n  "^sn  txn  •»3Nnn  ■'T'«. 
Quand  Tauteur  a  puisé  dans  le  Talmud  et  le  Midrasch,  il  se  permet 
beaucoup  d'abréviations,  comme  on  peut  s'en  convaincre  par  une 
comparaison  de  ces  passages  avec  les  passages  parallèles.  Dans  Z., 
VIII,  à  la  fin,  il  n'y  a  qu'une  fois  la  phrase  yrri^sb  D3D^n,  tandis  que 
dans  Halachot  Otœdolot  elle  est  deux  fois  ^  Si  le  compilateur  avait 
repris  tous  les  éléments  similaires  se  trouvant  dans  le  Talmud,  le 
traité  serait  devenu  bien  plus  volumineux.  A  voir,  par  exemple,  la 
belle  sentence  de  j.  Torna^  41  6  :  ^m«  y>irç  ^ttiDai  "p  lair»  ^b«tt 
*]b  p-fôa  ym  miK  "pin  ûip^an  "^Dob  nroiD  i'»»')  ^m«  i'^a'>«i73  ^inaujai 
«  On  te  donnera  du  tien,  on  t'appelle  par  ton  nom  et  on  te 
place  selon  ton  mérite  «,  car  rien  n'est  oublié  devant  Dieu 
et  nul  n'atteindra  ce  qui  t'est  destiné.  »  Cette  sentence  pro- 
vient probablement  de  Ben  Âzzaï  (voir  Schechter  sur  Abot 
di  R.  Nathan,  version  II,  ch.  32,  p.  68)  ;  elle  eût  été  bien  à  sa 
place  dans  D.  £. 

Comme  patrie  de  D.  E.,  il  faut  sans  doute  penser  à  la  Palestine, 
et  non  à  la  Babylonie  ^  Cette  hypothèse  se  recommande  par  di- 
vers motifs,  premièrement  par  le  fait  que,  comme  nous  l'avons  vu, 
la  littérature  gnomique  a  toujours  été  cultivée  en  Palestine,  et 
ensuite  parce  qu'il  y  est  question  de  kt  pureté  lé vi  tique  et  même 
une  fois  d'une  coutume  des  Jérusalémites.  Du  reste,  Rabba 
comme  Zouta  (Pérék  ix)  finissent  par  la  mention  de  Jéru- 
salem. Babylone  n'y  est  pas  mentionnée  une  seule  fois,  et  les 
Tannaïtes  ainsi  que  les  Amoraïm  cités  sont  exclusivement  des 
Palestiniens. 

*  D'après  Mahtor  Vitrjf^  ce  morceau  fail  partie  de  pni' 

«  Lisez  'J'»a'»0153  ^T\yQy\\  Abot  di  R.  Nathan,  ^la-^OI^  tl^Sipan* 

*  11  est  souvent  oité  parmi  les  nVTablDl"'.'*  T\^Vû'p  niDQ». 


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64  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

té  de  D.  E.y  tel  que  nous  le  possédons,  n'a  pu  être  corn- 
it  le  iv^'  siècle,  car  on  y  mentionne  encore  un  petit>ûls  de 
b.  Lévi  (Rabba,  i,  vers  la  fln).  Sauf  R.  Josué  b.  Lévi,  tous 
rs  sont,  d'ailleurs,  des  Tannaïtes.  La  partie  fondamen- 
.  E.  date  donc,  en  tout  cas,  de  Tépoque  des  Tannaïtes.  On 
uère  reculer  beaucoup  Tépoque  de  la  composition,  car  le 

déjà  signalé  dans  les  Scheèltot^  dans  les  Halachoi  Gtie- 
\e  Siddour  R.  /1  mram  comme  bien  connu.  La  compo- 

D.  E.  pourrait  donc  remonter  à  la  même  époque  que 
lent  du  Talmud  de  Babylone. 

Samuel  Krauss. 


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NOTES  LEXICOGRAPHIQUES 


Dans  les  difiérents  lexiques  parus  récemment  et  contenant  Tex- 
pllcation  de  mots  disséminés  dans  le  Talmud,  les  Midraschim  et  les 
Targoumim,  il  se  trouve,  comme  on  peut  bien  le  supposer,  plus 
d*une  interprétation  qui  appelle  des  objections  ou  renferme  des 
inexactitudes.  Nous  essaierons,  dans  Tétude  suivante,  de  rectifier 
ces  inexactitudes  ou  de  compléter  les  explications,  et  d'apporter 
ainsi,  de  notre  côté,  une  contribution  à  la  science  lexicogra- 
pbique. 

pbnp  Ma^.  D'après  M.  Erauss,  ce  mot  serait  une  corruption  de 
AeuxoXicDv.  Il  me  parait  bien  peu  vraisemblable  que  ce  mot 
grec  soit  devenu  yhyp  »^». 

OD'^rinK,  mieux  *«DDD'>d:^aM.  Ce  mot  ne  signifie  pas  seulement  «  d'il- 
lustre naissance,  très  noble  »,  comme  l'expliquent  MM.  Levy, 
Kohut  et  Jastrow,  mais  est  particulièrement  employé,  dans  le 
Midrasch,  pour  désigner,  comme  eÛYevé<rraToi,  ces  princes  impé- 
riaux auxquels  le  souverain  avait  attribué  le  titre  de  7ioMlis- 
simus  (en  grec  £UYevé<rraTO(:).  C'est  ainsi  qu'on  lit  dans  Esiher 
rabha,  à  propos  de  ûnTaKD  '»m  :  rf  apn  b«  «i'^TttWD''K  "^déw)  ivt 
a  et,  en  outre,  je  suis  à  l'égard  de  Dieu  comme  un  prince  du 
sang,  puisque  de  tous  les  chefs  de  tribu  mon  aïeul  (Benjamin) 
est  le  seul  qui  soit  né  dans  la  Terre  Sainte  ». 

)T«afi<  "^n.  Ce  mot  n'a  été  expliqué  exactement  que  par  M.  Jastrow  : 
«  Place  of  ruin,  cacopbemism  for  meeting  place,  gathering 
for  idolâtrons  purposes  and  performances  connected  witb 
idolâtrons  feasts,  which  the  Jews  under  Hadrian  were  forced 
to  attend.  —  Transferred  :  meeting  place  of  early  Christians 
where  religions  controversies  were  to  be  lield.  »  L'exactitude 

»  Lire  'J1Mt30"»5:i''1N- 

T.  XXXVII,  K*  73.  K 


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66  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

de  la  dernière  partie  de  cette  explication  est  confirmée  par 
Sabbat,  116  a  :  n-^ab  D5S5  wsnb  -p  wtot  "wnnb  tjTn  ûn«  nVw© 
nb»  bo  imnnb  D»3  X>m  vf^  €  S*il  est  pourstiivi  par  un  liomme 
qui  veut  le  tuer  ou  un  serpent  qui  veut  le  mordre,  il  peut 
entrer  dans  la  un  temple  païen,  mais  non  dans  la  demeure 
de  ces  gens-là.  9 

î!o:)S».  Traduit  inexactement  par  M.  Jastrow  :  «  cleft,  fissure  0.  Il 
a  tort  de  traduire  tran  'tk  par  0  chute  d'eau  ».  C'est  plutdt  on 
«  aqueduc  ». 

*noO'^n:«t.  Dans  Genèse  rabba  :  mitt»  ttr«  ^b  'pfiwJ  arpm  diptt  te  X^k 
ib©  îT'>a  bp  rtiitt»  w-^^a  didd-d»  iV»  rr^a  b:^,  M.  Jastrow 
veut  corriger  DiDDia»  en  mao-^nafi^  (1, 11  b),  mot  qu'on  ne  trouve 
nulle  part,  et  qu'il  traduit  par  «  questeur  y>.  De  même,  I, 
158  6,  il  explique  iV©  rp-^a  by  wrm  par  «  an  officer  appointed 
over  its  high-ways  ».  Il  voit  donc  dans  im  le  mot  via.  Voici 
ce  que  signifie  ce  passage  :  «  Il  n'existe  pas  de  localité  où  il 
n'y  ait  pas  un  fonctionnaire  chargé  de  subvenir  aux  be- 
soins de  la  vie  (^(oO.  Dans  la  province,  c'est  le  syndic  qui  doit 
s'en  occuper,  dans  l'empire  l'Auguste.  Mais  qui  s'occupe  de 
nourrir  Punivers?  »  Levy  et  Eohut  expliquent  aussi  de  cetta 
façon. 

DiD^SAfi^  dans  Sift^è  sur  Deut.,  et  c^Sfi^  dans  j.  Sanhédrinj  19&, 
ainsi  que  DiD^mdans  Genèse  rabba^  %  4,  et  Dip^TOSip  dans  Be- 
hhorol,  5  a,  sont,  d'après  M.  Jastrow,  une  altération  de  Quin^ 
tus  ou  Quielus.  Dans  son  étude  sur  la  Fête  de  Hanaucca 
{Revue,  X£X,  40  et  s.)f  M.  Erauss  prétend  aussi  que 
Dip'naïTp,  avec  retranchement  de  p-^n,  est  Quintus,  et  il  y  voit 
Lusias  Quietus.  Mais  est-il  possible  que  ce  Quietus,  que 
M.  Krauss  dépeint  comme  un  homme  cruel,  se  soit  occupé  de 
questions  religieuses  et  ait  entretenu  des  relations  amicales 
avec  R.  Oamliel  et  R.  Tohanan  b.  Zakkaï  ?  Aussi  croyons- 
nous  que  ce  wp^^^np  est  identique  avec  "ji^xn  oiMiûi»,  comme 
cela  ressort  de  j.  Sanhédrin^  19  c,  comparé  avec  Behhorot,  5a, 
et  ce  -^Y^l^^^  AvTCDvtvoç  est  le  proconsul  d'Asie  Arrius  Antonin, 
grand-père  maternel  de  l'empereur  Antonin.  Di^'^diadfi^  est  de- 
venu wçrnasp,  par  suite  du  changement  de  m  en  p  (cf.  Targoum 
sur  Nombres,  xxxiii,  8,  X'^T»,  au  Heu  de  ïtDîip),  v\  en  n,  et  a 
en  p. 

"«pnrTfi^,  dans  Houllin,  60  &,  où  ce  mot  est  indiqué  comme  l'explica- 
tion de  xno  dans  Josué,  xiii,  3,  doit  étrelu^  avec  Raschi,  ad.  l., 
yxnr^,  êOvàp^^ot,  ethnarques.  C'est  exact  dans  Jastrow,  mais 


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NOTES  LEXICOGRAPHIQUES  67 

ce  n*est  ni  evStxot,  juges,  ni  aùOsvTixTj,  paîssance,  comme  le 
croient  M.  Krauss,  I,  101,  eULevy,  Wôrterbuch^  13  a. 

D"OT«,  dans  Targoumjer.  sur  Exode,  xviii,  1,  et  D'^dt»,  ib.j  ii,  16, 
n'est  ni  euvouç,  esprit  généreux  (Levy),  ni  adorateur  du  feu 
(Kohut),  ni  tyran,  chef,  djn  (Jastrow),  mais  eûyevvîç,  prince; 
le  a  est  tombé.  Cf.  Sachs,  1, 163. 

■o"»»  est  t-Koxi,  otage.  Dans  Echa  r.,  à  propos  de  Tirtea  fcran, 
(1.  ST^nD*^)  rpiD-^-»»  "^33  (1. 5T'^173'»«)  ûm»*»»  ••5a,  ce  dernier 
mot  est  une  glose  explicative  :  6[ji7ip{a.  M.  Jastrow  traduit 
inexactement  par  «  destruction,  ruine  ». 

^vi,  dans  Schir  r.,  31  b,  est  aOy^,  aurore  :  «  Le  feu  était  pour 
eux  (Hanania ,  Mischaôl  et  Âzaria)  comme  Faurore  ».  axptc 
auYTiç,  dans  Actes  des  Apôtres,  xx,  11,  est  traduit  en  syriaque 
par  snD^  pbon  «Ton^.  M.  Jastrow  a  tort  de  vouloir  changer 
■»TPTfi^  en  oni-^-^pn».  Dans  Levy  et  Kohut,  €  éclat  »,  mot  qui  ne 
convient  pas  ici. 

wa'np'»rm«,  dans  j.  Demaî,  24(1,  me  parait  devoir  être  corrigé 
en  tar^pTi'BD»,  marchand  de  vins  en  gros,  comme  le  propose 
M.  Perlés,  plutôt  qu'en  fi^-^V^pn^nfi^ ,  olvoxàireXoç  (Jastrow);  le 
sens  est  le  même. 

WT^y  dans  j.  Demaî,  26 &,  est  corrigé  par  R.  Simson  en 
Ditt'^tD».  Levy  y  voit  aTXoç,  Jastrow  àrovoç,  languissant,  faible. 
Je  me  range  à  Tavis  de  M.  Kohut,  qui  y  voit,  d'après  Sachs, 
£6ufjioç,  affaibli,  abattu. 

îTO^nV»».  J'y  vois  avec  Levy  un  nom  propre,  EueXTttç,  et  non  pas, 
comme  M.  Jastrow,  usX^tj/Tj;,  verrier. 

orV»»  TÎXtoç,  soleil.  Dans  Exode  r.,  15  :  (ir  Jm^V^a  rraro  ma) 
ww»  'W5  finpï  ma:»  «»wn  rraxû  rr^an  [d-pV^n]  ovbn«  o«  D'wrnio 
rrrw  y^^  niaaa.  M.  Levy  traduit  ainsi  :  «  Le  tribunal  devant 
Hélios  [duveSpiov  eU  î^Xiov]  porte  (en  Grèce)  le  nom  de  man, 
c'est-à-dire  Y^Xtata,  nom  qu  désignait  à  Athènes  la  résidence 
du  tribunal  suprême  et,  par  suite,  le  tribunal  lui-même.  » 
D'après  M.  Jastrow,  les  mots  depuis  o'i'mSD  jusqu'à  mK  sont 
une  glose,  tandis  que  les  trois  premiers  mots  sont  une  traduc- 
tion de  mare  ma.  Cette  glose  serait  conçue  en  ces  termes  : 
fcnpa  ma:^  imstm  i^«  îm  iétV^  dtèi  Dm3D[aï«]  «  'AXeÇovSpoç 
O^oç  *HXiou  (Alexandre,  fils  d'Hélios)  était  son  nom,  et  le  soleil 
est  appelé  un  héros.  »  C'est  là  une  transformation  complète  et 
inutile  du  texte.  Kohut  seul  a  bien  expliqué  ce  passage  :  «  (rOs^ 


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68  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

vap6ç  ûç  ^iXioç,  fort  comme  le  soleil  \  ^iXtoç  signifie  (en  grec) 
soleil.  Le  soleil  est,  en  effet»  qualifié  de  puissant  dans  Ps,, 
XIX,  6.  » 

oitt"»»  est  dérivé  Inexactement,  par  M.  Jastrow,  deOÉWD,  défigurer, 
Adiïi^Schir  rabb,  s,  v.  irhy»,  31  c,  vby  t|iT«  nw-w  r7«:>:'),  où  il 
traduit  :  «  Il  fut  défiguré  par  des  brûlures.  »  Par  contre,  dans 
Tayihouma,  Çav,  éd.  Buber,  il  traduit  ce  même  passage  ainsi  : 
((  Et  la  frayeur  d'une  figure  brûlée  tomba  sur  lui.  »  Enfin,  il  dit 
à  propos  de  Midrach  Tehillim,  Ps.,  xxii,  «  0iTa53K,  lire 
OTnMN,  e{i.7rupoç,  atteint  par  le  feu  ».  Ce  dernier  mot,  comme 
le  disent  Moussafia,  De  Lara,  Kohut  et  M.  Levy,  est^  en  réalité 
7){i.iÇ7ipoç,  «  à  moitié  desséché,  à  moitié  brûlé  »,  et  tçrm  t^xr^ 
comme  DnTM«  sont  des  altérations  de  onn'^OD'^'^N. 

Y^iy^ ,  dans  Exode  r. ,  47 ,  i'»a73'»Kn  ninn  rrtM  T«ia.  D'après 
*  M.  Jastrow.  ce  mot  est  un  masc.  plur.  (='73n'»«,  faisant  allu- 
sion à  no53  et  Nna)3N)  et  désigne  «  ceux  qui  se  couchent  à  l'ar- 
rivée des  ténèbres  »  ;  ce  mot  a  été  créé  par  opposition  à  'j'^nmo, 
racine  nntô.  Le  passage  signifie  donc  :  «Suivez  l'enseignement 
de  ceux  qui  ont  bien  reposé  la  nuit^  parce  qu'ils  sont  mieux 
disposés  à  enseigner.  »  Kohut  dit  :  vn"»53bnb  n»i«  ?T»n  Va^D"! 

nNi3  vT^abnb  n7ai«  ivr\  "^"-n  (oxotiov,  gxotoç  -^"bn  mrx\)  1;1P7^ 
û:inn  îim  n-'iio  ï-rb?:  «57373  pi  îiob:^3  '"^d  Vî^ts'^fin  tnrr\T\  -n^bn 
T'NiD  -n  rMM2  riNT  bsa  bn»  ,r^  ,n"a  n">«3Nn3  b«5  r\x:hy  ïw^on 
nb-^ba  nb»  nmn  bu)  rxr\,  M.  Levy  dit  :  «  'j-'O»'^»,  obscurité,  et,  par 
conséquent,  nuit.  R.  Simon  b.  Lakisch  disait  à  ses  disciples  : 
étudiez  la  Tora  le  matin  et  aussi  à  la  lumière  (cf.  \np]^  la 
nuit.  H.  Yohanan  dit  à  ses  disciples  :  étudiez  la  Tora  la 
nuit  (1'>C372''Nn).  Pourtant,  R.  Simon  b.  Lakisch  admet  aussi  que 
le  chant  de  la  Tora  (c'est-à-dire  Tétude  de  la  Mischna)  doit 
surtout  avoir  lieu  la  nuit.  »  Ici  M.  Levy  change  arbitraire- 
ment,  à  la  fin  de  ce  passage,  R.  Yohanan  en  R.  S.  b.  La- 
kisch, mais  il  dit  avec  raison  que  nn  désigne  l'étude  de  la 
Mischna  ou  de  la  loi  orale.  Cependant,  il  n^est  pas  allé  jus- 
qu'au bout  de  son  explication.  R.  Yohanan  et  R.  Simon  b. 
Lakisch  discutent  sur  les  moments  où  il  faut  étudier  la 
loi  orale  et  la  loi  écrite.  Le  dernier  recommande  à  ses  disciples 
d'étudier  la  loi  écrite  (mnn)  le  matin,  la  loi  orale  (Mischna) 
doit  donc  être  étudiée  la  nuit  ;  il  faut,  par  conséquent,  que 
rtb'^b  soit  précédé  d'un  mot  signifiant  loi  écrite  ou  Mischna; 
ce  mot  est  'J'^di^'^t  =  BeuTspaxjtv,  Mischna,  devenu  par  cor- 
ruption l'^'ip^.  R.  Yohanan,  tout  en  considérant  la  nuit,  con- 


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NOTES  LEXICOGRAPHIQUES  69 

formément  à  Tavis  de  R.  Simon  b.  Lakisch,  comme  le  mo- 
ment le  plus  approprié  à  Tétude  de  la  Mlschna,  -«"n  rm  Tvrfn 
nV»ba  «b»  rmn  b«  n^n  ^tw,  recommanda  quand  môme  à  ses 
élèves  de  ne  pas  étudier  exclusivement  la  Tora  le  matin  et  la 
Mischna  le  soir,  mais  de  changer  parfois,  l'^o^'^fcn  (StajxeTTCTov). 
La  correction  que  nous  proposons  de  Y^pi  en  l'^DnnnO'^'i  est 
justifi»^e  par  la  traduction  de  Symmachos,  qui  rend  rts^îoa 
(II  Rois,  XXII,  14,  et  II  Chroniques,  xxxiv,  22)  par  Iv  SeuTe- 
pa)<x6i,  de  même  que  le  Targoum  traduit  par  N3Dbi«  rr^a  et  la 
Peschito  «3Bb")«a.  C'est  ainsi  que  dans  Lament.,  n,  19  :  "^^np 
mm73tt3«   ttîNna   îib'>ba  "^n,  le    Targoum  dit  :  èwittî'^îis    -«Taip 

Le  mot  Y*ûiy^\^  doit  donc  être  rayé  des  dictionnaires. 

«^iTD'^fi^,  dans  Echa  r.,  s.  v.  TirbiDa,  f*  65a.  M.  Jastrow  traduit 
inexactement  ce  mot  par  «  rébellion  ^^  et  Kohut  et  M.  Levy 
exactement  par  «  otage  »,  comme  le  prouve  Esther  r.,  s.  v. 

'^^''a,  100  d  :  t^^^nîi  \y\  "lïrma»  b«  Jmm»n  rmo  «■'•^ni):»  '^•>3ai 
lïrma»  \m  \irrror\yi:ï  vîto  mann:Tin  -^ia  n«n  -ittn«. 

N3^53N.  Traduit  inexactement  par  M.  Jastrow  (rébellion)  et  par 
M.  Levy  (otage).  Ce  mot  signifie  «  brebis  »,  comme  le  dit  avec 
raison  Kohut. 

ïirn^r».  M.  Jastrow  voit,  à  tort,  dans  ce  mot  le  grec  eXaiov  ji.up- 
^ivov  et  traduit  :  «  onguent  parfumé  avec  du  myrte  d*Arabie  ». 
Kohut  et  M.  Levy  traduisent  exactement  «  vin  avec  de  la 
myrrhe  ».  M.  Krauss  dit  aussi  que  c'est  un  vin  aromatisé  fa- 
briqué avec  de  la  myrrhe  et  d'autres  ingrédients  infusés  dans 
du  moût  ou  du  vin  doux.  Cf.  Pline,  H.  N.,  xiv,  16  ;  Marquardt, 
Prtvatleben  der  Ramer,  II,  444. 

rr-'bDDD'»»,  «•>'^aBD'^«.  Inexactement  dans  Kohut,  spaihim,  espace  de 
de  temps.  Il  voit  dans  rr'^ûbD  le  mot  tiXt^ôo;,  espace  de  temps, 
ou  alors  il  lit  rr'^abBOfc^,  àdcpàXidiç,  certitude.  M.  Levy  dit  bien  : 
«  rhospitalité  reçue  par  les  étrangers  dans  un  pays,  hospi- 
tium  ».  Il  faut  rectifier  dans  ce  sens  les  passages  de  Genèse 
r.,  44;  Schirr,,  mo-^u)  ^y\  Pesiklar.,11  a,  et  Yalhout,  ^b'^b: 
inbtt?  N'^ba'^DDKa  "^irn  irra^y  ûnb  «b  "p^a  nin-^i  «  ils  seront 
étrangers  dans  un  pays  qui  ne  leur  appartient  pas  ;  ils  trou- 
veront la  servitude  et  l'oppression  dans  la  contrée  où  ils  ont 
été  reçus  comme  hôtes  ».  Les  400  ans  se  rapportent  donc 
seulement  à  *]j>it  ivrr  nt  ■»^.  M.  Jastrow  change  le  mot  en 
«■^''ûbfiON,  l(r7roXiTeta,  (les  droits  civils  accordés  aux  étrangers  ). 
M.    Krauss,  dans  son    WB.^  approuve  pleinement  M.  Jas- 


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70  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

trow  et  lit  aussi  IdOTroXtTe^a.  Cette  explication  est  fausse,  car 
les  Israélites  n'ont  jamais  joui  en  Egypte  des  mêmes  droits  que 
les  indigènes;  ils  furent  toujours  considérés  comme  étrangers. 

'jifcmo''DO''K,  '»  ù'^wp ,  dans  Lévit,  r.,  5.  MM.  Levy  et  Krauss  tra- 
duisentexactement  :  «  chefs  des  gardes  du  corps  »,  inK-^nacOÉ^  'p. 
Kohut  dit  inexactement  «  gouverneur ,  administrateur  ». 
M.  Jastrow  lit  iK'>nnDfii«  'p  (6^ap(ou),  cornes  annonce;  c'est 
faux. 

Vû'^opBO'^»,  dans  Eslher  r.,  s.  v.  anpîTi.  D'après  Levy,  à<T7ra<rrtx<Jç, 
celui  qui  souhaite  la  bienvenue  aux  hôtes;  d'après  Kohut, 
■j'^Dp'^aBD"»»,  <nTtTtxbç,  bienveillant,  ou  adspectatus^  excellent  ; 
d'après  Krauss,  spectactissimtis,  le  plus  éminent;  d'après 
Jastrow,  il  faut  lire  O'^û'^anoDnôi.  o^aprurViç,  celui  qui  prépare 
les  aliments,  explication  que  j*ai  adoptée  dans  mon  Glossaire* 
67  (j,  mais  qui  me  parait  aujourd'hui  sujette  à  caution.  Aucune 
de  toutes  ces  explications  n'est  satisfaisante. 

'^msipo''».  D'après  M.  Krauss,  yà^Z^ot:,  iesserœ^  fiches  pour  le  jeu  ; 
d'après  M.  Jastrow,  à<rxxvSir)(;,  a  porteurs  de  dépèches,  nom 
d'un  jeu,  comme  les  échecs  ».  M.  Levy  traduit  exactement 
a  des  petits  cailloux  »,  en  néo-grec  yovSpcjpoXa. 

''ma''")pO'>«.  MM.  Levy  et  Krauss  y  voient  à  tort  le  mot  scriptores. 
C'est  plutôt  <rexp7jTaptot,  comme  le  dit  M.  Jastrow. 

msnpD'^fi^.  D'après  M.  Levy,  ê^xapeaiv,  petit  foyer.  MM.  Kohut  et 
Jastrow  disent  avec  raison  que  c'est  «  courrier  ». 

Vî^'iûO'»»,  «TTiydcpiov,  tunique,  d'après  MM.  Levy,  Krauss  et  Kohut  ; 
M.  Jastrow  dit  à  tort  :  «  a  girdle  of  strips  of  cloth  ». 

inD^înâC^» ,  à(TTuv(5[i.o; ,  administrateur  de  la  police,  édile  =  àyopa- 
v(5ji.o;,  dans  j.  Maaser  schèni ,  v,  i^  56  6.  C'est  l'avis  de 
MM.  Levy  et  Kohut.  M.  Jastrow  y  voit  à  tort  diTwvTiç. 

P''*np5iûnD'>«,  dans  Pesihta  r. ,  §  26  :  p-npïnûns'»»  û'»*mDKrt  m-^a  rt»a 
•ûina  ■'DfiW  l-^os-^b.  M.  Levy  corrige  en  •j'^a^n  '»  et  lit  lirixxyex- 
Tov  oveiBetov ,  a  de  mauvals  caractère  et  d'une  façon  inju- 
rieuse ».  M.  Krauss  dit  :  1)7:6  àvaxT<iptov  xo(t(ov  a  [vu]  de  l'ap- 
partement royal  »,  trois  mots  qui  ne  sont  pas  liés  entre  eux 
grammaticalement.  Cette  explication  n'est  pas  satisfaisante. 
M.  Jastrow  lit  ainsi  :  ^vj^p^  I''bp'^*nr3  l'^oboïa,  «  le  palais,  (avec) 
le  triclinium  et  la  chambre  à  coucher,  où  je  réside  ».  Voici, 
en  réalité  le  sens  :  «  Elle  est  belle,  la  prison  où  tu  es  au-des> 


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NOTES  LEXICOGRAPHIQUES  71 

SOUS  des  magnifiques  salles ,  (nth  t&>v  TpixXtvtuîv  (ina  ^*^ 
ir5"»Vp'»^),  où  je  demeure  ».  Au  lieu  de  'Dîna,  il  faut  lire 
pma. 

msne*^,  dans  Houllin,  51  &,  Eroubin,  100  a,  et  Kiddouschin,  81  a. 
D'après  M.  Jastrow,  ce  mot  signifie  bouche,  orifice  et  aussi 
lucarne.  MM.  Levy  et  Eohut  indiquent  le  mâme  sens.  Mais 
ce  mot  ne  dérive  pas  de  &id  ;  c'est  le  grec  e(ji(p(o(ta,  fenêtre. 
Voir  Erauss,  p.  61. 

tna'^^no'^fi^.  M.  Jastrow  lit  fir93'^â'^fi&(,  toL  imrlimx,  la  peine  prononcée, 
la  sentence.  Il  ne  faut  pas  corriger  ce  mot;  c'est  uit($p7j{i.a, 
traduction  grecque  de  comnierUarius^  le  procès-verbal  authen- 
tique des  actes  administratifs  de  l'empereur.  Les  plaintes 
adressées  à  Tempereur  étaient  également  consignées  dans  ces 
procès  verbaux.  De  là  commentarius  dans  le  sens  d*acte 
d-accusatiOQ.  L'abréviation  Di'iDdip  a  aussi  parfois  ce  dernier 
sens ,  par  exemple  dans  Sifrê,  Nombres,  §  134  :  &nrâ  Vtma 

np^nb  n«D«  "«fi^;  Deutér.  r.,  §  2  :  («Tp3  y^)  VTP^  ^^  '^  ''"^ 
«  déjà  on  lit  soa  acte  d'accusation.  »  Cf.  Kohut,  Levy  et 
Erauss. 

oiB*^,  que  M.  Jastrow  traduit  par  fourrage,  nourriture  (=  Ma»), 
doit  être  effacé  des  lexiques,  car  là  où  il  se  trouve  (Midrasch 
Tehillim,  Ps.,  lxxviii,  52  :  irpo'»'»»  l-^ipri»  1"»«  ou  1*»o*»ûbD'»K), 
il  doit  être  corrigé,  d'après  Exode  r.,  §  24,  en  lip'^DnD».  Voir 
Buber  sur  Schoher  Tob,  Ps.,  lxxviii,  note  130. 

J.   FURST. 

(il  suivre.) 


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LA   VERSION   ARABE 


ET 


«MENTAIRE  DES  PROVERBES 

DU  GAON  SAADIA 


[ue  M.  Joseph  Derenbourg,  qui,  dès  sa  jeunesse,  en 
déjà  étudié  les  écrits  de  Saadia,  a  consacré  les  der- 
3s  de  sa  vie  à  la  publication  des  œuvres  complètes  du 
i  pas  vécu  assez  longtemps  pour  achever  sa  tâche, 
le  bonheur  de  voir  paraître  de  son  vivant  une  assez 
ie  des  œuvres  de  Saadia.  Parmi  ces  œuvres,  celle  qui 
\se  ici  est  le  volume  des  Proverbes  *. 

soit  permis  de  dresser  ici,  pour  ce  volume,  une  liste  de  correclioDS, 
pourtant  pas  ôtre  complète.  P.  38,  avant-dernière  ligne,  au  lieu  de 

.  -p.  50,  i.io, nbnib»,  i.  ribn^b».  -  p.  56,  i.  2,  'n  vd  k-ip^t 

V'D  «-ip'»1.  —P.  69.  1.1,   ri.>^aM5,  l.  nNâ3^2^.  -  P.  70,  1.14, 

■ifinbK.  —  p.  73, 1.  i2,nnDn,  i.  nnon  onb.  —  P.  74, 1.  2,  j^^in 

-«"■»  ''^  y^n-  —  P.  74,  note  4,  15,  l.  il.  —  P.  75,  l.  18,  rvyV^ 
mj^iax  —  p.  77,  l.  3  du  bas,  û""^  'D  «ip'^lt  L  V'-»   'D  fiTip'^l.  — 

ûanbN,  i.  r»iianb«.  —  p.  98,  i.  s,  a"D  «"53  r^y^^  i.^  n^y^û-^ 

.  125,  note  2,  1^73,  L  l'I'T».  —  P.  144,  l.  17  WnT'I.l.  h/ti^.  — 
in«nDtjbN,  1.  n-nanD53bN.  —  P.  188,  l.  3,  4,  les  icdicaUons  des 
lexacles.  —  P.  188,  1.4  du  bap,  0313^,  1.  ûâ3^.  —  P.   189,   1.   1, 

bi3.  —  P.  195, 1.  9,  i3Hm,  1.  i5:^nm.  —  p.  201,  i.  23,  -msK 

flTSÏDn  K^73  D*7«  *)niDK.  Les  versets  bibliques  de  la  dernière  page 
[liés  inexactement  (a"b  ù""^  «np*^!,  eu  lieu  de  n"b  U"*»  Knp^^n);  vers 
>lus  aucune  indication. 
I  français,  p.  13,  note  1,  au  lieu  de  da'tU  et  metimmâh,  il  Taut  lire 

utes  d'impression,  il  faut  signaler  quelques  autres  inexactitudes. 
18,  l'^bntÛnTabM  ne  signifie   pas  «  sots  •,  mais  «  sceptiques  fei- 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES  73 

Le  commentaire  des  Proverbes  avait  déjà  attiré  Tattention 
qaand  il  était  encore  manascrit  ;  M.  Bâcher  en  a  analysé  dès  1876 
l'introduction  et  le  premier  chapitre ^  M.  Jonas  Bondi*  a  donné  des 
extraits  des  neuf  premiers  chapitres  ;  il  a  aussi  examiné  la  ques- 
tion de  savoir  si  Saadia  est  effectivement  l'auteur  de  cette  œuvre. 
11  va  sans  dire  que  les  études  publiées  sur  Saadia  depuis  Tédition 
des  Proverbes  ont  largement  utilisé  cette  édition.  Nous  signale- 
rons surtout  deux  de  ces  travaux  :  celui  de  M.  Engelkemper  ^  sur 
les  principes  et  le  caractère  de  Texégèse  de  Saadia,  instructif  sur- 
tout dans  les  parties  qui  s'occupent  du  nombre  des  œuvres  du 
Gaon  et  de  leur  liste  dans  le  Fihrist  ;  puis  le  travail  de  M.  S.  Ho- 
rovitz*. 


L  INTRODUCTION  DES  PROVERBES. 

Dans  une  de  ses  nombreuses  digressions,  Saadia  (à  propos  de 
XXV,  11)  examine  quels  sont  les  devoirs  des  auteurs,  et  il  déclare 
que  dans  leurs  introductions  ils  doivent  indiquer  leur  tendance, 
leurs  intentions  littéraires,  etc.  Fidèle  à  ses  principes,  il  fait  pré- 
céder ses  œuvres  exégéliques  d'introductions,  dont  trois  sont  pu- 
bliées jusqu'à  présent  :  celle  des  Psaumes  en  allemand,  par 
J.  Cohn-Kattowitz  »,  celles  du  Pentateuque  et  des  Proverbes,  dans 
l'édition  millénaire.  Or,  quoique  l'introduction  des  Psaumes  spit 
plus  large,  c'est  dans  les  Proverbes  que  Saadia  montre  surtout  une 
science  exégétique  très  développée.  Et  cela  est  naturel,  car  par  les 
œuvres  mêmes  qu'il  cite  on  voit  qu'il  n'a  traduit  et  commenté  les 

gnant  Tignorance  et  éveillant  des  doutes  ■  (Horovitz,  Die  Psychologie  Saadiat^ 
p.  49,  note  92).  —  P.  133.  la  note  3  manque  de  fond,  puisque  le  passage  cité  par 
Saadia  :  m303  D'^sbTam  Kin  nn©  Nnm,  se  trouve  mol  pour  mot  1  Rois,  xx, 
i?.  —  P.  139,  note  4,  riS^^b»  yy^  est  rendu  par  pTsnn,  au  lieu  de  n^p 
p73?Tn.  —  P.  145,  noie  3,  les  éditeurs  disent  qu'ils  ne  comprennent  pas  l'emploi 
du  duel  dans  les  mss.  B  G,  qui  traduisent  T>3D«"by  nm  nSH,  par  Dfc^bDbK 
•^nïlâ  ^b^  ÛlâjWbN.  M.  Bâcher  {Die  BibeUxegete  Maimûnis,  Budapest,  1896,  p.  8, 
9,  note  6)  renvoie  à  une  explication  semblable  de  Maîmonide,  qui  dit  que  ce  verset 
fait  l'éloge  de»  sentences  qui  s'interprètent  dans  deux  sens,  un  sens  iutérieur  (*|k3K!3) 
et  un  sens  extérieur  ClîlNâ).  Horovitz  corrige  aussi  l'explication  de  xviii,  14 
(p.  35,  note  64). 

'  Abraham  Un  Ezras  EinUitung  tu  seinem  Penlateuch^Commentar,  Vienne,  1876, 
p.  24-29.  Je  dirai,  à  cette  occasion,  que  M.  Bâcher,  mon  maître  toujours  obligeant, 
a  corrigé  mainte  erreur  dans  ce  travail. 

*  Das  SpnteAbuek  nach  Stiadia,  Halle,  1888. 

•  De  Saadiê  gaonis  vita^  bibliorum  versione,  her mènent ica^  Leipzig,  1897. 

♦  Die  Ptychologie  bei  den  jûdisehen  Religions- Pkiloiophen  des  Mittelalters  von 
Saadia  bis  Maimuni.  Heft  1.  Die  Psychologie  Saadias.  Breslau,  1898. 

»  Magasin  fur  die  Wissenschaft  des  Judtnlhums,  VIII,  1881,  p.  1-19  ;  61-75. 


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T4  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Proverbes  que  lorsqaMl  avait  déjà  produit  d'autres  travaux  exé- 
gétiques.  Ainsi,  dans  ix,  1-9,  il  renvoie  à  son  tafsir  du  Penta- 
teuque  ;  x,  3,  au  tafsir  de  û'^dk  *]-!«  'n  (Nombres,  xiv,  18)  ;  xxi,  17, 
à  la  discussion  du  précepte  du  rm»!  n^D  la  (Deutér.,  xxi,  18-21); 
pour  l'explication  du  *%im  bp  il  renvoie  à  son  commentaire  du 
Lévitique  (xxx,  5).  Il  mentionne  aussi  son  tafsir  dlsaïe  (xviii,  10  ; 
XXX,  24-28),  celui  des  Psaumes  (xxxi,  4),  une  introduction  à  Job 
(m,  11,  12),  et  enfin  le  commentaire  de  Job  (xviii,  14;  xxx,  3). 
MM.  Derenbourg  et  Lambert  supposent  môme  que  xxi,  1,  renferme 
une  allusion  à  un  commentaire  de  TEccléslaste  ^ 

LMntroduction  a  un  point  de  départ  philosophique  :  la  lutte 
entre  les  instincts  et  Tintelligence.  Nos  penchants  nous  poussent 
à  accomplir  des  actes  dont  les  conséquences  effraient  notre  rai- 
son ;  celle-ci,  au  contraire,  approuve  parfois  des  actes  qui  nous 
fatiguent  et  nous  ennuient,  parce  qu'elle  sai^  qu'ils  nous  sont  fa- 
vorables.  Les  Proverbes  nous  présentent  les  deux  côtés  de  cette 
lutte,  en  disant  une  fois  :  Souvent  une  route  semble  droite  devant 
l'homme,  et  elle  aboutit  au  chemin  de  la  mort  (^ iv,  12),  et  une 
autre  fois  :  li  y  a  pour  toi  un  avenir,  etc.  (xxiii,  18).  Il  y  a  parti- 
culièrement deux  vices  qui  sont  très  nuisibles  à  l'homme  :  la  cu- 
pidité et  la  paresse.  L'homme,  tout  en  étant  paresseux,  aspire 
quand  même  à  la  prospérité  et  au  plaisir.  Trouvant  long  le  chemin 
droit  qui  y  mène,  il  prend  la  route  du  crime.  C'est  pourquoi,  Dieu 
a  fait  écrire  à  Salomon  le  livre  de  la  Recherche  de  la  sagesse 
(c*est  ainsi  qu'il  surnomme  les  Proverbes,  p.  11  de  l'introduction), 
afin  qu'il  présentât  la  véritable  valeur  et  les  conséquences  de  nos 
actions.  Salomon  a  adopté  la  forme  du  maschal  (comparaison), 
pour  être  mieux  compris  de  la  foule  ;  il  établit  des  comparaisons 
entre  les  choses  morales  et  les  choses  matérielles,  entre  ce  qui 
frappe  les  sens  et  ce  qui  frappe  l'intelligence. 

Souvent,  ce  qui  survient  aux  autres  nous  instruit,  c'est  pour- 
quoi l'Écriture  nous  raconte  la  vie  des  justes  et  des  impies  pour 
que  nous  imitions  les  uns  et  évitions  de  faire  comme  les  autres. 
Les  faits  que  Dieu  juge  trop  peu  importants  pour  être  rap- 
portés par  lui,  il  les  fait  mentionner  par  Salomon.  Dans  l'intro- 
duction du  Pentateuque,  S.  développe  la  même  pensée.  Il  dit 
qu'on  s'instruit  de  trois  façons  :  par  le  commandement  et  la  dé- 

1  Deux  passages  de  noire  commentaire  font  peut-dire  allusion  également  a  un  autre 
commentaire  qu'il  aurait  fait.  En  parlant  de  la  femme  de  Tekoa,  Saadia  dit  :  {^93 
«nn^P  ■»&  XmQTZ  in,  et,  à  propos  de  I  Samuel,  xxx  (xx,  19),  ^r^  NÏD  ^^7 
irrv^l^'  Cela  peut  équivaloir  a  fi<3ri*lU)  K73^,  «comme  nous  rayonn  expliqué  •. 
Cependant,  faute  d'autres  preuves  en  faveur  de  l'existence  d*un  commentaire  de  Sa- 
muel, il  est  plus  simple  de  comprendre  ainsi  :  <  Comme  la  Bible  raconte  les  éTéne- 
ments  de  la  femme  de  Tekoa  et  du  jeune  Âmalécite  ». 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES    75 

fense,  par  les  conséquences  de  l*obéissance  et  de  la  désobéissance, 
et  surtout  par  Texemple.  Notre  introduction  ne  fait  que  mention- 
ner l'action  exercée  par  Texenaple,  mais  Je  commentaire  (xxiv, 
30-34)  en  parle  avec  an  peu  de  détail.  Pour  appuyer  son  opinion 
sur  rinfluence  de  Texemple,  S.  mentionne  le  vii«  chapitre,  qui 
essaie  d'éloigner  de  Timpudicité  ;  le  ch.  xxiv,  30-31,  où  nous 
voyons  les  suites  de  la  paresse,  et  le  ch.  ix,  14,  15,  de  TEcclé- 
siaste,  où  la  sagesse  du  pauvre  sauve  la  ville  assiégée  du  grand 
roi.  Ainsi  S.  cite  TEcclésiaste  comme  imitant  le  procédé  des  Pro- 
verbes. Peut-être,  quand  il  dit  :  «  C'est  pourquoi  Salomon  a  com- 
posé ce  livre  et  d'autres  semblables  »  pense-t-il  à  l'Ecclésiaste, 
quoiqu'il  puisse  aussi  faire  allusion  aux  trois  mille  maschal  et  aux 
cent  cinq  schirde  Salomon  (I  Rois,  v,  12). 

Après  avoir  exposé  brièvement  une  théorie  de  la  connaissance, 
S.  examine  les  douze  manières  ou  «  portes  »  dont  la  sagesse  se 
manifeste  dans  ce  livre.  Ce  nombre  douze  est  arbitraire,  car  il  est 
difficile  de  retrouver  dans  les  Proverbes  les  douze  procédés  men- 
tionnés. Ce  sont  surtout  les  4%  5°,  1«  et  11«  principes  qui  nous 
présentent  les  traits  les  plus  caractéristiques  de  Texégèse  du 
Gaon. 

D'après  le  4®  principe,  les  Proverbes  contiennent  une  série  de 
sentences  qui  rapportent  uniquement  des  faits  de  Texpérience.  La 
tendance  de  S.  est  claire.  Maint  verset  dépeint  un  état  de  choses 
bien  regrettable,  par  exemple  Tinjustice.  Or,  S.  ne  veut  pas  qu'on 
puisse  croire  qu'un  livre  de  l'Ecriture  approuve  de  tels  faits. 
C'est  pourquoi,  il  fait  précéder  les  versets  de  ce  genre  des  mots  : 
«  Tu  trouves  »,  nàn  (xi,  16;  xiii,  2;  xv,  12;  xviii,  2;  xix,  15; 
XX,  6;  XXIX,  10,  11;  xxx,  ii,  etc.),  a  tu  vois  »  ^'in  (xiii,  19  ;  xiv, 
18;  XV,  2^6;  xviii,  23,  etc.).  Quelquefois  aussi,  ces  mots  précè- 
dent des  phrases  qui  ne  parlent  d^aucun  fait  anormal.  La  formule 
«  tu  dois  savoir  »,  thy»,  est  placée  en  tête  des  propositions  plus 
solennelles  (xix,  21). 

Le  r><»  principe  établit  que  beaucoup  d'affirmations  n'ont  qu'une 
valeur  restreinte.  S.  les  fait  précéder  des  mots  «  maint  homme  » 
ou  '<  souvent  »  (1»  m  ix,  T  ;  xiii,  3  ;  xiv,  23  b  ;  xvi,  30  ;  xviii,  24  ; 
XIV,  17  b  ;  XXIV,  8  ;  «ïaa^,  vi,  30  ;  xxix,  25). 

D'après  le  7«  principe,  certaines  phrases  qui  paraissent  simple- 
ment énonciatives  renferment  un  précepte  ou  formulent  un  vœu. 
Dans  ces  cas,  c'est  déjà  le  texte  arabe  qui  marque  l'intention  du 
Gaon  par  l'addition  des  mots  «  il  faudrait  »,  a  il  serait  à  désirer  », 
ou  «  il  serait  juste  »  ('•:û5'',  aâ^,  pnno^,  xi,  10,  29  ;  xiii,  2  ;  xiv,  19; 
XVI,  10-13,  17;  xviii,  4;  xx,  8,  28  ;  xxi,  1,  29  ;  xxii,  2,  7  ;  xxvii, 
21  ;  xxviii.  4,  8, 19  ;  xxix,  13).  Quelquefois  ce  changement  passe 


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76  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

de  la  version  dans  le  commentaire  (xxiii,  15,  22  ;  xix,  1  ;  xxv,  3). 
Au  fond,  c'est  là  une  divergence  d'opinion  entre  les  Proverbes  et 
Saadia,  ou  bien  une  critique  des  Proverbes. 

Mais  c'est  en  développant  le  onzième  principe  que  S.  dé- 
ploie le  plus  d'originalité,  sans  tenir  peut-être  assez  compte  de 
Texégèse.  Il  établit  souvent  des  rapports  entre  des  versets  où 
nous  ne  voyons  qu'un  simple  voisinage;  parfois  il  est  amené  ainsi 
à  des  interprétations  arbitraires  ou  à  des  altérations  de  sens. 
Pour  les  Psaumes,  S.  s*eiforce  même  d'expliquer  la  suite  des  cha- 
pitres (voir  surtout  Magazin^  VIII,  p.  87,  88).  Ici,  il  cherche  à 
trouver  des  rapports  entre  les  chapitres  vu  et  viii,  offrant,  en 
effet,  un  contraste  entre  la  séduction  de  la  courtisane  et  l'invita- 
tion de  la  Sagesse.  Mais  une  remarque  placée  après  la  version 
arabe  du  ix«  chapitre  reconnaît  que,  dès  le  ch.  x,  c'est  d'ordinaire 
une  succession  de  sentences  détachées.  Néanmoins,  il  ne  tient  pas 
toujours  compte  de  cette  remarque,  car  avec  beaucoup  d'esprit  il 
essaie  de  montrer  qu*il  y  a  un  lien,  dans  xxiv,  entre  23-24  et 
25-26.  Cest  surtout  dans  le  ch.  xxx  que  Saadia  déploie  toute  sa 
sagacité  pour  montrer  les  rapports  existant  entre  les  différents 
versets.  Ainsi;  dans  les  versets  10-17,  il  voit  une  chaîne  non  inter- 
rompue de  réflexions.  Âgour  nous  apprend  que  le  néant  (ripib:^) 
peut  avoir  lieu  de  deux  façons  :  ou  les  choses  n'ont  jamais  existé 
(ûm  *T5tJ?),  ou  les  choses  créées  ont  péri  (bnfiW)).  Pour  le  monde  vé- 
gétal, il  y  a  un  troisième  néant  :  lorsque  la  terre  ne  produit  rien 
(û"^»  rT:?a«-«b  "pN),  et  même  un  quatrième  :  quand  les  plantes 
sont  consumées  par  le  feu.  Les  quatre  sortes  de  néant  existent  tou- 
jours :  les  hommes  ne  cessent  de  mourir,  les  femmes  stériles  ne 
donnent  aucun  fruit,  la  terre  inféconde  dévore  la  semence,  la 
flamme  cherche  toujours  de  nouveaux  aliments.  Mais,  avant 
d^énumérer  ces  différents  néants,  Salomon  nous  apprend  quels 
sont  ceux  qui  méritent  d'être  punis.  Sont  victimes  d'Alouka  (néant) 
ceux  qui  rejettent  la  vraie  tradition,  parce  qu'ils  semblent  ainsi 
maudire  leurs  pères,  qui  leur  ont  légué  cette  tradition  (va«  ^yt 
bbp^),  qu'ils  abandonnent  des  opinions  justes  pour  s'attacher  à  des 
doctrines  impures,  qu'ils  n'ont  confiance  qu'en  leurs  propres  con- 
naissances, et  rejettent  tout  ce  qui  ne  concorde  pas  avec  leurs 
idées.  Auparavant  Àgour  avait  prescrit  ce  qu'il  fallait  faire  :  «  Ne 
calomnie  pas  le  serviteur  auprès  de  son  maître.  »  nnjr  a  ici  le  sens 
d'homme  soumis  à  Dieu,  les  propl]^tes  et  ceux  qui  les  suivent 
(cf.  Josué,  I,  2;  Isaïe,  xlix,  3  ;  II  Rois,  xvii,  13;  I  Sam.,  xii,  19; 
II  Rois,  II,  16). 

Souvent,  pour  trouver  des  rapports  entre  certains  versets, 
S.  en  intervertit  l'ordre.  Il  dispose  les  ^versets  de  i,  16-19  ainsi  : 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES  77 

16, 18,  17, 19^  AU  ix«  chapitre,  la  version  met  immédiatement 
après  l'invitation  de  la  sagesse  (1-9)  celle  de  la  sottise  (13-18); 
les  versets  11,  12  et  13  sont  traités  plus  tard  et  à  part.  Mais  plus 
remarquable  encore  est  la  liberté  avec  laquelle  il  semble  rattacher 
XXV,  27,  aux  versets  16  et  17  du  môme  chapitre  :  a  Tu  ne  dois  pas 
accepter  tout  ce  que  la  générosité  de  tes  amis  t'accorde,  car, 
leurs  ressources  épuisées,  ils  s'attendent  à  la  réciprocité.  » 

Plusieurs  autres  principes  ne  sont  pas  exposés  dans  Tintroduc- 
tion,  mais  sont  formulés  à  Toccasion.  Ainsi,  à  propos  de  i,  8,  S. 
remarque  que  les  membres  parallèles  se  complètent  alternative- 
ment :  ^ttK  n-nn  «an-bNi  ^'»a«  non»  ^aa  roii)  équivaut  à  non»  "«aa  yDW 
ûDDP  bfc<n  ûnnim  ^»«t  ^a«,  de  même  x,  1  ;  xv,  20  ;  version  de  vi, 
20  (A)  et  de  xxx,  17.  Plus  loin,  à  propos  de  xxviii,  17,  19,  26, 
il  démontre  que  souvent  Tanti thèse  n'est  pas  immédiate,  mais 
est  complétée  plus  tard.  Ce  qui  peut  surprendre  plus,  c'est  que 
l'introduction  ne  parle  pas  de  la  composition,  ou  au  moins  de  la 
division  des  Proverbes.  Certains  passages  du  commentaire  mon- 
trent que  S.  y  voit  trois  parties  :  1*^  i-ix  ;  2*»  x-xxiv  ;  3o  xxv-xxxi. 
Avec  le  x®  chap.  commencent  les  proverbes  détachés  ;  le  xxv«  et 
les  suivants  se  présentent  comme  une  série  de  sentences  de  Salo- 
mon  transmises  et  notées  par  les  gens  de  Hiskiyya.  Le  xxx»  est 
attribué  à  Agour,  qui  Ta  reçu  en  tradition  de  son  maître  Itiôl,  et 
le  XXXI*»,  1-9,  qui  s'adresse  surtout  aux  jeunes  gens  destinés  à 
régner,  émane  de  Lemouôl. 

L'introduction  se  termine  par  l'énoncé  des  conditions  que  S.  fixe 
pour  celui  qui  recherche  la  sagesse.  Chacune  de  ces  conditions 
est  appuyée  sur  deux  versets.  Voici  ces  cinq  conditions  :  1®  la  dis- 
position individuelle  ;  2^  l'amour  de  la  sagesse  ;  3^  une  personne 
qui  se  charge  de  nous  instruire  ;  4^  les  ressources  matérielles  ; 
5""  le  temps  nécessaire.  Celui  qui  dispose  de  tous  ces  moyens  ac- 
querra mûrement  la  sagesse  ;  il  sera  l'homme  heureux  qui  a  trouvé 
la  sagesse  et  à  qui  la  raison  a  été  accordée  (m,  13). 


LA  VERSION   ARABE. 

La  version  et  le  commentaire  sont  étroitement  liés  ;  pourtant, 
il  faut  examiner  à  part  quelques  singularités  de  la  version.  S.  ne 

*  H  en  trouve  l'analogie  dans  Ps.,  xxiiv,  16,  18,  où  y^'Q  'ni  Ip^it  (18)  ne  peut 
se  rapporter  aux  y^  •^;253^  de  la  phrase  précédente,  mais  aux  D'^p'^Hit  du  ver- 
set 16.  Le  GaoD  cite  aussi  cet  exemple  à  la  fin  du  iv*  chapitre  des  Amânât.  Une 
explication  plausible  cl  ingénieuse  se  trouve  chez  Weiss,  l^ttîim  m*7  *1T7,  I, 
p.  63,  note  A. 


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78  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

rend  compte  ni  de  sa  méthode  ni  du  but  de  sa  traduction.  Mais 
nous  pouTons  les  connaître  par  son  introduction  au  Pentateuque, 
où  il  dit  qu*il  veut  que  le  texte  arabe  soit  une  œuvre  littéraire  in- 
telligible, claire  et  complète  par  elle-même,  qui  éclaircisse  chaque 
doute  et  chaque  obscurité.  A  cette  tendance  principale  se  subor- 
donnent la  fidélité  et  le  désir  d'offrir  une  série  d'exemples  pour 
montrer  la  parenté  de  Thébreu  avec  Tarabe. 

La  version  ne  se  propose  nullement  de  suivre  Toriginal  à  la 
lettre  ;  elle  ne  rend  compte  ni  des  licences  syntactiques,  ni  des 
anomalies  S  ni  des  inversions  de  Thébreu*.  Elle  ne  conserve  pas 
non  plus  les  particularités  phraséologiques  et  les  hébraïsmes  *.  Ce 
n*est  que  rarement  que  l'arabe  les  reflète,  comme,  par  exemple, 
d^5B  ^îi,  traduit  par  minbN  nNan»  (xxiv,  23)  et  par  naetna 
rmnV»*.  Là  où  le  texte,  selon  un  procédé  cher  à  l'hébreu,  remplace 
Tadjectif  qualificatif  par  un  nom  abstrait,  S.  se  conforme  le  plus 
souvent  aux  habitudes  de  Tarabe".  Môme  remarque  pour  la  cons- 
truction avec  le  participe  et  Tinfinitif  construit.  Ainsi,  il  traduit 
WD3  wn  *«tDm  (viii,  36)  par  noDi  ûbù  npc  "^sNaà»  \w^  et  mtea 
(v,  11)  par-^DD  «-TN.  Ce  que  l'expression  gagne  ainsi  en  clarté 
elle  le  perd  en  vigueur*.  Là  où  la  poésie  naïve  répète  le  môme 
nom  au  lieu  de  le  remplacer  par  le  pronom,  Saadia  le  supprime  ^ 
Il  se  garde  des  répétitions  môme  quand  elles  paraissent  être  un 
ornement,  comme  as«b  ù'^  pan  t2T'D  nn»"i3n  û:^»  m3iD  13^73  (vi, 
10).  De  môme,  xxiv,  34;  xxx,  21-23;  xxxi,  4.  Souvent  aussi  la 
version  ajoute,  arrondit,  complète,  jusqu'à  toucher  quelquefois  à 
la  platitude.  La  concision  de  Toriginal  disparaît,  tellement  le 
traducteur  a  peur  de  Téquivoque  et  de  Tobscurité.  Des  conjonc- 
tions explicatives  sont  fréquemment  ajoutées".  Lorsque  la  com- 
paraison^ dans  roriginal,  ne  parait  pas  suffisamment  intelligible  à 

*  Cf.  m,  18,  niDN»  rr^^wm. 

«  a.  xvm.  1,  nicD  «pa-»  mNnbini.  i9,yn«  no*^  n^D^na  'n;  nv,  32, 
p^nit  nmna  nom. 

»  VIII,  1,  rtbnp  inn  ;  xvi,  2,  rr^a  *^t  ;  xvm,  5,  ^tt5n-^3D  ntxo  ;  xx,  10,  )m 
nB*»»*!  nD*»»  pNi;  XXX,  11,  vrj^a  mnta. 

*  Voir  aussi,  n*^»  ntJ^rt  (vu,  13),  «nn  I^DiS  «^D  (vu,  23),  d'»DÉr*Wfcp  (xiv, 
17),  Û-^DD  a'^Ù'^"»  (XV,  13),  Û-^D»  Tl«  (XVI,  32). 

«  Cf.  in  n"»lb  (1,9)  :  nnNin  p  «ib^v,  9;  v,19  ;  XII.  4;  xxxi,  10;xvii,8,  etc. 

•  Voir  aussi  pour  le  participe,  xvii,  19  ;  xix,  8,  16  ;  xxiii,  27  ;  xxix,  12  ;  et  pour 
PinEnilif,  ii.  2,  12, 16;  v,  2;  vu,  »;  viii,  34. 

'  II,  14  ;  Yi,  2,  3  ;  xvm,  15,  etc. 

•  La  condilion  et  le  temps  se  marquent  par  fi,  çuand  (firiw,  v,  6;  ti,  31  ;  xi,  2; 
XXVI,  12;  XXIX,  12;  1«,  m,  24;  ix,  12;  »xxi,  16  ;  lb  xxiv,  26;  «73b,  xxxi,  18),  du- 
rant (N733'^a,  VII,  6).  La  phrase  principale  s'introduit  par  c'est-à-dire  ("^rt,  iv,  2), 
surtout  («Ta-^O,  III,  29,  30),  à  plus  forte  raUon,  1«  n-)n«D  (xx,  18),  alors  (DP 
Yiii,  3,  'D,  X,  19)  donc  ll^b»,,  xxxi,  31). 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES  79 

Saadia,  il  s'efforce  de  la  rendre  plus  claire  dans  Tarabe  ^  Le  ver- 
set hébreu  n*a-t'il  qa*an  verbe,  S.  y  ajoute  quelquefois  des  verbes 
synonymes  *.  Il  applique  le  môme  procédé  aux  phrases  elliptiques, 
ce  qui  leur  ôte  leur  force  épigrammatique,  par  exemple  niD^ 
y^nsi  ^sxrb  (x,  6)  traduit  par  nb«2V»  o«na  rwD'iab»  bnn  ^.  Nous 
pourrions  encore  signaler  une  foule  d'autres  diffërences  voulues 
entre  la  traduction  et  l'original.  Ainsi,  <bmii  (x,  1),  «  bMn»N  p»  une 
part  des  proverbes  »  ;  naT»  (xiii,  12),  nb»»  nns-»  «  multiplie  son 
bien  »,  etc. 

Quant  aux  autres  changements,  ils  s'expliquent  surtout  par  la 
peur  que  S.  a  de  ce  qui  est  hardi  et  équivoque.  Si  Toriginal  fait 
pourrir  le  nom  des  impies  (x,  7),  S.  Vanéanlit;  si,  en  hébreu,  la 
femme  de  bien  rit  du  lendemain  (xxxi ,  25) ,  chez  S.  elle  ne 
fait  que  se  réjouir  des  jours  à  venir.  Les  nombres  tout  à  fait 
précis  sont  remplacés  par  un  mot  plus  vague.  Au  lieu  de  sept^  S. 
met  beauœup^  ;  de  même,  au  lieu  de  cent  (xvii,  10).  Il  remplace 
même  la  totalité  par  ta  plupart  (xix,  6;  xxiv,  31).  Il  s'applique 
surtout  à  atténuer  la  hardiesse  des  paradoxes.  Si  l'Ecriture  fait 
tuer  le  paresseux  par  le  désir,  S.  ajoute  :  «  presque  »  (xxi,  25). 
S'il  est  dit  que  pour  l'affamé  la  chose  amère  est  douce  (xxvii,  7), 
S.  ajoute  que  cela  ne  parait  ainsi  qu'à  lui.  Bien  souvent  il  ajoute 
aussi  c  pour  ainsi  dire  »*.  Le  messager  âdèle  remet  pour  ainsi 
dire  l'âme  de  son  maître  (xxv,  13);  les  dents  de  la  génération  hau« 
taine  sont  semblables  à  des  épées,  et  ses  canines  sont  semblables 
à  des  couteaux;  le  paresseux  est  incapable  de  ramener  la  main  à 
sa  bouche,  même  s'il  Ta  plongée  pour  ai)isi  dire  dans  le  plat 
(xxvi,  15)  ;  la  tombe  et  le  néant  ne  sont  pour  ainsi  dire  jamais 
rassasiés  (xxvii,  20)  ;  la  sottise  ne  quitte  pas  le  sot,  même  quand 
tu  le  pilerais  pour  aUisi  dire  dans  un  mortier  (xxvii,  22)  ;  le 
néant  dit  potir  ainsi  dire  :  donnez,  donnez  (xxx,  15);  les  corbeaux 
crèveront  pour  ainsi  dire  l'œil  de  l'ingrat  (xxx,  17). 

Dans  les  parties  dramatiques,  S.  nomme  les  interlocuteurs  et 
place  un  mot  d'introduction  devant  la  phrase^. 

Quant  au  choix  des  mots,  la  version  ne  suit  pas  une  méthode 
rigoureusement  philologique.  Le  même  mot  hébreu  se  traduit  bien 

«  Il  ajoute  ^li  —  «735  (xv,  30;  xix,  5,  13,  25  ;  xxv,  3,  4,  5,  16,  17,  etc.),  ou  un 
'D  simple  (xxi,  8),  ou  ^«nD  —  'D  [xxv,  18,  19,  20,  26). 
«  VII,  6  ;  XIII,  1  ;  XIX,  10;  xxi,  14  ;  xxvi,  14;  xxix,  6. 
»  X,  14  ;  XI,  26  i  XIII,  18  ;  xiv,  22  ;  xv,  6. 

*  VI,  31  ;  IX,  1  ;  XXIV,  16  ;  xxvi.  17,  25. 

•  VIII,  4  ;  IX,  4, 16;  XXX,  2,  15  ;  mittî'^n  et  nbb?T»n  (xxxi,  28)  ne  lui  Bufasent  pas, 
il  ajoute  «  ils  disent  ». 


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80  R£VUË  DES  ÉTUDES  JUIVES 

différemment.  Môme  les  termes  essentiels  des  Proverbes  ne  sont 
pas  rendus  d'une  feçon  identique.  Les  types  du  n^\  V»os,  nana 
reviennent  sous  plusieurs  noms  arabes.  D'autre  part,  le  même 
terme  arabe  désigne  plusieurs  nuances  ou  synonymes  de  Thébrea  * . 

S.  donne  toujours  la  préférence  à  la  clarté  et  à  Télégance  du  lan- 
gage sur  la  fidélité  littérale.  Aussi  la  version  est-elle  presque  le 
double  de  Toriginal.  Dans  certains  cas,  d'ailleurs  rares,  c'est  pres- 
qu'une  paraphrase.  Voici  l'exemple  le  plus  caractéristique.  L'hé- 
breu dit  :  «  Je  suis  plus  ignorant  qu^un  autre  et  je  n'ai  pas  Tintel- 
ligence  d'un  homme  ;  je  n'ai  pas  appris  la  sagesse,  je  ne  connais 
pas  l'intelligence^  des  saints  »  (xxx,  2,  3).  S.  traduit  ainsi  :  «  Il  me 
l'a  enseigné,  dit  Agour,  après  que  j'avais  été  ignorant  en  compa- 
raison d'hommes  (distingués),  et  que  je  n'avais  même  pas  eu  Tin- 
telligence  des  gens  (ordinaires)  ;  et  même  une  fois  qu'il  m'eut  ins- 
truit, je  ne  possédais  pas  toute  la  sagesse,  et  je  ne  connaissais  pas 
la  science  de  Dieu.  »  Quelquefois  la  version  est  tout  à  fait  indé- 
pendante des  mots  du  texte  et  n'en  reproduit  que  le  sens.  Quand 
les  Proverbes  disent  ;  «  Avant  l'honneur  la  modestie  »,  notre  ver- 
sion traduit  :  «  La  suite  de  la  modestie,  c*est  Thonneur.  »  (Cf.  xvi, 
18  ;  XVIII,  12). 

Il  est  évident  que  la  version  de  S.  tendait  à  être  une  œuvre  po- 
pulaire, pouvant  être  lue  même  par  ceux  à  qui  l'original  n'était 
pas  accessible. 

LA    FIDÉLITÉ    ÉTYMOLOGIQUB. 

Tout  en  cherchant  à  faire  une  œuvre  littéraire  et  tout  à  fait 
arabe,  S.  veut  pourtant  que  sa  version  soit  le  plus  iîdèle  pos- 
sible à  l'original.  Quelquefois  il  conserve  même  les  construc- 
tions hébraïques.  Quand  il  s'écarte,  dans  sa  traduction,  de  l'hé- 
breu, il  lui  arrive  de  s'en  justifier.  Ainsi,  dans  trW2  dîmD 
hiDm  (i,  1*7),  où  il  rend  irm  par  ûioa»,  il  remarque  que  l'arabe 
îi'»n'7n  a  dispersion  »  ne  se  dit  pas  du  filet.  En  effet,  ailleurs  mt 
est  traduit  par -^nn  (xv,  T;  xx,  8,  26).  Autre  exemple  :  S.  rend 
rpœb  «  ton  nombril  »  (m,  8)  par  ^bôan^b  t  tes  membres  »,  et  il  dît 
qu'on  a  mis  en  hébreu  le  nombril,  au  lieu  des  membres  qui  en 

*  n-^a  se  rend  par  rT^a  (vii,  17),  bT3tt  (vn,  6,  8,  11),  brT«  (xv,  27),  n«p^  (xn. 
14)  ;  les  différentes  formes  du  verbe  *jbn  se  traduisent  par  bt^TD  (i,  11  ;  vu,  18), 
y^n  (I,  15),  Npbu^TS  (vu,  22),  -i^ûbrt  (IX,  5),  n-^NDTS  (XIII,  20);  T^^  est  rendu 
d'ordinaire  par  ûb«Û,  mais  aussi  par  pD«D  (xi,  7  ;  xvm,  3)  ;  b'^OS  est  brtÉC,  mait 
tussi  pTSrjK  (XXIII,  9)  ;  1^13  est  nfcTra  et  nD«D  (xxv,  19);  d'autre  part,  TaribebriKâ 
rend  b-^CD,  b'^IN  (vii,  22  -,  xiv,  9,  etc.)  et  encore  ^T2  (xii,  1  ;  xxx,  2U 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES  81 

tirent  leur  nourriture  avant  la  naissance;  c*est  pourquoi  en  arabe 
le  mot  nnD  ne  conviendrait  pas.  Dans  Gant.,  vu,  3,  "yrTS^  est  tra- 
duit par  rno*  On  peut  donc  en  conclure  que  chaque  fois  que  le 
Gaon  ne  se  sert  pas  d*un  radical  arabe  qui  correspond  à  Thébreu, 
il  y  doit  avoir  toujours  une  raison  spéciale.  Une  autre  preuve  que 
leOaon  veut  rester  âdèle  au  texte,  c'est  que  la  version  offre  parfois 
le  même  radical  et  le  commentaire  un  autre  synonyme.  Ainsi,  *DV) 
parfois  est  traduit  par  "raoi^  (xx,  1  ;  xxxi,  4),  mais  le  commentaire 
(p.  108  et  198)  a  n-^aa  ;  de  môme,  vp'm  est  rendu  vpih»  -^d,  et  est  expli- 
qué par  tKW.  Enfin,  les  ressemblances  entre  le  radical  arabe  et  le 
radical  hébreu  sont  si  fréquentes  que  nous  voyons  bien  que  c*est 
voulu.  Parfois  la  version  arabe  décalque  presque  Poriginal.  Ex.  : 
•ob»-^  d-^sb»  "^a  (vin,  15),  ^ibttb»  ^bttn  -^a  ;  i«nn  TOnanosa  (xi,  25), 
DttJTn  nD-ia^b»  ODDbii;  tx^w  nsr  rriD^a  (xxvi,  24),  naïn-^  rrhroa 
•^Dérob»  ;  nwtaa  nnn^  «■'b(xxx,  30),  û-^rrabN  its  nNaâ  n-^bb».  D'autres 
fois,  il  y  a  simple  parenté  entre  les  radicaux  :  p-^D"^  (in,  13),  pou 
(cf.  VIII,  35;  xviii,  22);  û-^pm)  (m,  20;  viii,  28),  prwniDb»  ;  ami 
(VI,  3)  îiarwi  ;  nbc*»  (vu,  23) ,  ybo\  too»  (ix,  5),  tiât». 

Souvent  aussi  c*est  la  ressemblance  des  sons  qui  fait  choisir  le 
mot  :  yr\n  (m,  18  ;  viii ,  19  ;  xvi,  16),  nst^npb»  ;  Ti  (iv,  3)  fiotân  ; 
yyn  (vu,  2%  atwn;  «no  (xvii,  12),  ■^âfiW'^b;  brro  (xxvi,  13),  ba«; 
oian( XXVII,  7),  Man;  rr^tttt)  (xxx,  28),  rrsiîobfcn ,  rappelant 
n">3i3o  «  l'hirondelle  »  de  l'hébreu  post-biblique. 

Il  y  a  pourtant  des  cas  où  S.,  nous  ne  savons  pour  quelle  rai* 
son,  omet  d'employer  un  radical  semblable.  Ainsi  O"^!)  (r,  14)  est 
traduit  par  oop,  et  ninK  (vu,  20)  par  le  0"^^  arabe  ;  pour  ^bo  (xxxi, 
13}  la  version  a  bn)3,  et  non  nDb&y  auquel  nous  devons  Texplication 
étymologique  de  cet  âTtaÇ  elpetxcvov.  Gomme  nous  l'avons  déjà 
montré,  S.  ne  se  sert  pas  toujours  pour  un  même  mot  hébreu  de 
la  même  expression  arabe,  il  met  une  fois  un  radical  semblable  à 
celui  de  l'original,  une  autre  fois  un  autre.  Surtout  si  c'est  dans  la 
même  phrase  qu'un  mot  revient,  la  version  se  garde  de  répéter  le 
terme  arabe. 


ÉLÉMENTS    GRAMMATICAUX  ET    LEXICOORAPHIQUBS. 

Le  commentaire  des  Proverbes  n'offre  que  peu  d'indications 
sur  la  science  grammaticale  du  Gaon.  Pour  la  phonétique,  il  nous 
donne  un  exemple  juste  d'un  changement  de  consonne.  Dans  tmrv\ 
tpm  û'^JWi  (x,  3),  il  dit,  en  effet,  avec  raison  que  mn  est  mis  pour 
nnei.  Il  est  moins  heureux  quand  il  identifie  1*173»  (viii,  30)  avec 
\wn;  mais  ici  même,li^fi<  de  Jérémie,  ui,  15,  le  justifie,  puisque  le 

T.  XX XVII,  »«  73.  a 


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82  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

passage  parallèle  de  II  Rois,  xxv,  11,  a  vraiment  iTWm  *.  De  môme, 
il  explique  tpiK  (xvi,  26)  par  ^Dn,  supposant  une  métathèse. 

Nous  rencontrons  mainte  juste  remarque  lexicographique  et 
étymologique.  S.  constate  que  ot^nrt  (vi,  3)  revient  dans  Ps., 
Lxviii,  31  ;  riin  (vi,  3)  lui  rappelle  û-^aïn  (Ps„  xl,  5),  et  darm  (xc, 
10);  m^  (VI,  21)  lui  rappelle  13T3:^«  (Job,  xxxi,  36)  ;  à  propos  de 
■pD»  (XXV,  18),  il  cite  "j^tt  (Jérémie,  li,  20)  et  no»  (Ezéch.,  ix,  2) 
quoique  le  radical  de  ceux-ci  soit  y^^  et  celui  du  premier  yns. 

S.  cite  une  série  d*étymologies  justes.  Â  propos  de  mxBn  (ii,  18), 
il  mentionne  Isaïe,  xxvi,  14;  Prov.,  ii,  18  et  xxi,  16,  et  dit  que  le 
radical  a  le  sens  de  «  se  relâcher,  s*énerver  ».  Il  reconnaît  aussi 
querwnn  (x,  1)  équivaut  à  iw  et  qu'il  y  a  parenté  étymologique 
entre  aw  (x,  31)  et  îiai3n,  entre  rrr^Ji'i»  nn  (xii,  19)  et  Tin  ;  il  traduit 
d^^DnÉ^  (xi,  7)  comme  in«  "^îa  (Der.-Lamb.). 

Quelquefois,  il  établit  Tétymologie  par  Taraméen,  d'ordinaire 
avec  succès.  Il  suppose  que  rmVu)  (i^  23)  a  une  parenté  étymolo- 
gique avec  nViD  (Dan.,  m.  29).  A  côté  d'une  autre  explication,  il 
traduit  an*»  T)  (xi,  15)  par  y-^^  y.*^  «  sera  écrasé  »,  alléguant  «bncDi 
TTTfr^  (Dan.,  ii,  40).  Il  traduit  ^:^ba  (xxiii,  2)  «  dans  ton  gosier  », 
d'après  le  langage  du  Targoum.  i^^Tirvm  (xxv,  20)  est  celui  qui 
ôte  le  vêtement  comme  x^d^iz  inyrm  (Dan.,  ii,  21).  Dans  maia 
d-'P'^tst  (xxix,  2)  et  û'^^TD'i  mana  (xxix,  16),  il  explique  niana 
d'après  Taraméen  :  quand  les  justes  ou  les  coupables  arrivent  au 
pouvoir.  fi-^Dn»  'mT(xxx,  31)  est  traduit  par  la  racine  nt,  qui  se- 
lon MM.  Der.-Lamb.,  est  araméenne.  S.  reconnaît  avec  raison 
une  influence  araméenne  dans  le  cbap.  xxx  ;  il  Texagère  même, 
puisque  ce  n'est  pas  seulement  •^'la,  na  et  tnnrrob  qu'il  explique  de 
ce  point  de  vue,  mais  il  traduit  X^db^  par  «  passion  »,  parce  que  le 
Targoum  rend  ntsu^  par  V^b»  ;  il  invoque  aussi  "^ab  ^b73''^  (Néh., 
V,  6).  C'est  au  nom  de  la  grammaire  que  S.  repousse  l'explication 
de  . .  .p»"^  d'^riBtt)  (xxiv,  26)  :  t  celui  qui  donne  une  juste  réponse 
est  digne  qu'on  l'embrasse  »  ;  il  dit  qu'il  faudrait  p«)V  et  non  pvr. 

S.  signale  surtout,  dans  sa  version,  les  faits  syntactiques.  A  son 
avis,  dans  n^Dan  in-^  'n  (ii,  6),  \Ty>  a  le  sens  de  «  permettre,  cau- 
ser »  comme  n^a  teb  ûrh  In3  (Ps.,  cxxxvi,  25),  et  comme  "^aîa 
TbT«  »b^  TanDK  (Isaïe,  lxvi,  9).  A  propos  de  «pV»  (m,  34),  il  déve- 
loppe la  théorie  que  les  verbes  facultatifs  ont  quelquefois  le  sens 
déclaratif,  indiquant  qu'on  met  quelqu'un  dans  un  certain  rang; 
•pb"^  veut  dire  :  déclarer  que  celui-ci  est  moqueur,  comme  irnDtTï. 
np'>T^m  (Deutér.,  xxv,  1)  «  mettre  dans  la  catégorie  du  p-ns 
ou  du  3^1  »  ;  puis  mrtn  «"«arr  nt^  ■»n''nD  'n  -^sê^  (Ez.,  xiv,  9),  Dieu 

>  Bondi,  Das  Spruehhueh  nack  Saaiiia,  p.  32f  uolu  2. 


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LA  VlIRSlON  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES  83 

démontre  qu8  c'est  un  prophète  trompé  ;  et  ^"^DnTO  'n  nOTin  ivA 
(Is.,  Lxiii,  17),  pourquoi  nous  mets-tu  parmi  les  égarés?  S.  traite 
deux  fois  du  pluriel  emphatique,  à  propos  de  D'^^np  (x,  10  et  xxx,  3), 
qu*ii  explique  comme  «  Dieu  saint»  ;  il  y  en  a  plusieurs  exemples 
dans  notre  langue  :  û'^b»,  û-^i^i»,  t3'>^s  (Lév.,  xxiii,  2*7),  û*^»!?»  (Ex., 
XXIX,  22).  S.  prend  &wn  (ix,  12)  dans  le  sens  de  ycf  MVn,  et  il  a 
déjà  pour  ce  phénomène  syntactique  le  terme  rnTais  rtTaVs.  Il 
reconnaît  justement  que  iiT  (xxiii,  22)  s'emploie  comme  pronom 
relatif  et  il  cite  avec  raison  Ps.,  xciv,  2,  et  civ,  8.  Une  autre  obser- 
yation  juste,  c'est  que  la  langue  hébraïque  emploie  les  nombres 
cardinaux  comme  ordinaux.  La  version  suit  ce  principe  plusieurs 
fois  (entre  autres,  xxx,  18,  21,  29). 

Ce  sont  là  des  preuves  que  le  Oaon  portait  son  attention  sur 
l'étude  de  la  grammaire.  &Iais  beaucoup  de  détails  nous  rappellent 
que  nous  sommes  encore  près  du  berceau  de  cette  science.  S.  tra- 
duit ^w^n  (iv,  9)  comme  si  le  radical  était  13a,  ou  bien  il  fait  déri- 
ver le  substantif  l^tt  du  verbe  )Xt2  » .  ît^»k  et  m)3É^i  (ix,  4, 16),  Z"  pers. 
fém.  du  parfait,  lui  parait  être  la  1"  pers.  de  l'imparfait.  Il  prend 
le  participe  "ww  (x,  17)  pour  Timpéralif  m73tt);  vn»"^  (ix,  21)  a 
pour  lui  le  môme  sens  que  ûnn*»»'';  nT^  nos  (xxii,  23)  signifie,  selon 
lui,  celui  qui  a  pris  sa  part  de  la  science^  et  il  cite  à  l'appui  noD^sn 
n'nDD3(Ez.,  XII,  4).  Nous  sommes  moins  surpris  s'il  identifie  nn'j 
(xii,  26)  avec  nn*^.  Il  ne  distingue  pas  les  trois  radicaux  %a  (xvi, 
3),  ^ba  (xviii,  1)  et  nba  (xviii,  2)'.  Il  confond  le  radical  ûi»  (xxiv, 
11;  XXV,  26)  avec  ntaïi.  Après  d'autres  explications  de  û'^îtb,  il 
finît  par  le  faire  dériver  de  ûnw^i  (Deutér.,  vi,  7).  Il  traduit  û'^pT 
(xxvi,  18)  comme  s'il  dérivait  de  pn.  —  Il  voit  dans  les  noms  mis 
à  la  tête  du  xxx®  chapitre  ceux  de  savants  ;  mais  en  môme  temps 
il  cherche  à  justifier  la  tradition  qui  dit  qu'il  s'agit  de  Salomon, 
qui  est  mi^N,  puisqu'il  fait  des  recueils,  np*^  "ja,  le  fils  de  David  qui 
réunit  le  peuple,  car  ri'p'^  est  brrp'',  où  le  'b  est  tombé  comme  le  'p 
dans  b«:^nr  bna  (I  Rois,  xxr,  23),  au  lieu  de  pbna.  Salomon  est 
aussi  Itiel  et  Oukhal,  bK^^n"»»  étant  semblable  à  '*mb'^«  (Ps.,  xxii,  20), 
comme  b^i^  à  nbD*^  (Nombres,  xiv,  16);  enfin,  b^iTsb  est  le  maître 
du  mot  juste,  car  b^n^ab  =  b-wb,  l'aleph  étant  paragogique  comme 
dans  irP3T«m  (Is.,  xix,  6). 

C'est  encore  d'une  syntaxe  défectueuse  d'attribuer  à  bbnn*^  (xx, 
14)  un  sens  transitif  et  à  Tiionn  dN  un  sens  impératif. 

»  IV,  9,  et,  XII,  23,  critiqué  par  Dounâsch  et  réfuté  aussi  par  Ibn  Ezra,  ■jn'^  nDÏÏ3, 
n-36,  51. 
*  On  peut  supposer  aussi  IMnfluence  de  Natir^  23  b,  et  Horayoty  iO&,  ïl'^^in  bD2 


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84  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

En  somme,  S.  marque  le  commeacement  de  la  grammaire  hé- 
braïque, mais  c^  n*est  que  le  commencement. 


LA  MASSORA. 

S.  présente  la  Massera  comme  un  titre  des  plus  glorieux  du 
rabbanisme.  Elle  étudie  TEcritare,  en  établit  le  nombre  des  cha- 
pitres, des  versets,  des  notes,  indique  les  divisions  de  la  Bible  et 
va  môme  jusqu'à  constater  combien  de  fois  reviennent  certains 
mots.  Pourtant  S.  s'écarte  parfuis  de  la  Massora,  surtout  pour 
les  accents.  Ainsi,  d-^niDWi  tDDtt)tti  pnat  bD«rr  -lOi?^  nnpb  (i,  3)  est 
ainsi  disposé  par  le  commentaire  non»  nnpb,  et  ce  ^oi»  a  quatre 
espèces  :  1»  te^n  ;  2*  pnst  ;  3«  cdbid»  ;  4*^  û'»-i)D»n.  Cependant  la  ver- 
sion s'accommode  aux  accents.  La  traduction  de  •»n5Dtt)  n»5n  "^î» 
«3t7a«  m»T7a  ^\Tl^  iv^^t  (viii,  12)  fait  supposer  que  S.  a  négligé  les 
accents.  Pour  ib-ô<b  a'^n  by  n^Tmz  na:^  abD  '^sTJ^a  p-^mT:,  il  est  évi- 
dent que  malgré  Valnah,  S.  joint  nn:^  à  nb^.  Il  néglige  de  même 
Vatnah  de  «®  nb  nntt)^  û-t'ian». 

Quelquefois  S.  semble  suivre  X^kelib,  Ainsi,  xv,  14,  l'arabe  ijtp 
s'explique  mieux  avec  "^îd  qu'avec  -^d  du  queri,  A  xix,  1,  S.  traduit 
le  «b  du  netib.  Pour  le  dicton  curieux  «an  [nelib  Nb)  nb  dDn  nbbp, 
la  traduction  respecte  le  ketib^  tandis  que  le  commentaire  donne 
les  deux  versions.  Il  est  à  remarquer  que  viti,  16,  ou  les  mss.  ont 
d'une  part  y^tk,  d'autre  pn^,  les  manuscrits  de  notre  traduction 
offrent  la  môme  divergence  (A  :  "p»,  B,  C  :  b'i^^bfi^). 


POâSIB  ET  RHÉTORIQUE  DE   LA  BIBLE. 

Saadia,  quoique  auteur  d'une  poétique,  comprend  peu  les  formes 
de  la  poésie  et  de  la  rhétorique  bibliques.  Les  images  un  peu  har- 
dies, il  les  efface,  môme  si  elles  ne  se  rapportent  pas  à  la  divi- 
nité. Il  atténue  la  pointe  de  tous  les  paradoxes.  Il  est  presque  in- 
sensible au  rythme  qui  se  manifeste  dans  le  «  parallélisme  des 
membres  ».  Il  se  montre  partout  raisonneur.  Ainsi,  les  Proverbes^ 
ont  cette  comparaison  pittoresque  :  comme  une  dent  qui  branle 
et  une  jambe  qui  glisse,  tel  est  l'appui  de  l'infidèle  au  jour  du  mal- 
heur (xxv^  19).  S.  raisonne  ainsi  :  la  dent  qui  branle  se  perdra 
certainement,  mais  il  se  peut  qu'elle  repousse.  Tel  est  le  châti- 
ment terrestre  :  il  frappe,  mais  en  cas  de  pénitence,  on  peut  espë- 
pérer  d'en  être  délivré.  Par  contre,  il  est  impossible  d'éviter  la 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES  85 

peine  d'oulre-lombe  ;  celle-ci  est  comme  le  pied  qui  se  d(Haclie  et 
ne  revient  plus.  Le  prince  méchant  est  comparé  au  lion  rugissant 
et  à  Tours  brûlant  de  soif  (xxviii,  15).  Pour  S.,  le  lion  est  le  roi,  et 
Tours  le  ministre.  Cette  explication  est  encore  plus  surprenante 
quand  il  dit  que  ceux  qui  boivent  du  vin  sont  les  rois,  ceux  qui  se 
contenteraient  des  liqueurs  les  ministres  (xxxi,  4).  Un  procédé 
aussi  étroit  gâte  souvent  les  plus  belles  comparaisons.  On  lit, 
entre  autres,  dans  les  Proverbes  que,  comme  le  vinaigre  pour  les 
dents  et  la  fumée  pour  les  yeux,  tel  est  le  paresseux  pour  ceux 
qui  lui  donnent  une  tâche  (x,  26).  S.  explique  ainsi  :  c'est  parce 
que  le  messager  a  surtout  besoin  de  sa  bouche  et  de  ses  yeux  que 
les  Proverbes  choisissent  le  vinaigre  et  la  fumée  pour  exemples, 
a  Les  justes  poussent  comme  la  feuille  »  (xi,  28)  ;  les  justes,  dans 
leur  modestie,  pensent  qu'ils  ne  sont  pas  des  racines,  mais  des 
feuilles. 

Si  S.  n*a  aucun  goût  pour  la  poésie,  il  n'en  a  non  plus  pour 
l'esprit.  L'Ecriture  suit  le  principe  formulé  plus  tard  parla  tra- 
dition ;  rtnT  m^^y  btt)  ntJ^'^bTa  ynn  nmoN  msîf^b  b^  «  Toute  mo- 
querie est  interdite,  excepté  contre  Tidolâtrie  »  [Megiiilla^  2(>).  Les 
prophètes  n'usei.t  de  l'ironie  que  contre  les  idoles,  surtout  Tauteur 
caustique  du  2^  livre  dlsaïe.  L'histoire  de  Samson  seule  offre 
quelques  anecdotes  qui  provoquent  un  léger  sourire.  Les  Pro- 
verbes se  permettent  plusieurs  fois  des  traits  d'esprit.  Or,  le  Gaon, 
en  philosophe  rigide,  reste  inaccessible  au  trait  le  plus  innocent. 
Plusieurs  de  ses  explications  deviennent  par  cela  même  assez  amu- 
santes. Le  texte  dit,  par  exemple,  qu*il  vaut  mieux  rencontrer  une 
ourse  qui  a  perdu  ses  petits  qu'un  sot  avec  la  sottise  (xvii,  12).  S.  en 
donne  gravement  la  raison  :  on  peut  tuer  Tourse  sans  qu'elle  nous 
implique  dans  des  procès  ou  qu'elle  nous  maudisse.  Quand  xx,  30, 
recommande  les  coups  comme  un  excellent  onguent  pour  guérir  le 
mauvais,  S.  n'y  voit  nullement  une  plaisanterie,  c  C'est  prendre 
aux  oreilles  un  chien  qui  passe  que  de  s'emporter  pour  la  que- 
relle d'autrui.  »  S.  en  donne  les  raisons  détaillées  :  celui  qui  saisit 
les  oreilles  d'un  chien  n'a  aucun  avantage;  il  se  salit  la  main; 
mordu,  il  a  des  douleurs  ;  il  est  troublé  par  les  aboiements,  a  Le 
sot  pilé  dans  un  mortier  »  (xxvii,  22)  fait  faire  des  réflexions  sur 
les  diverses  espèces  de  coups. 

En  somme,  le  sens  de  la  beauté  de  la  forme  et  de  l'esprit  est 
encore  peu  développé  chez  le  Gaon. 

Bernard  IIbller. 
[A  suivre.) 


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UN  FRAGMENT  DU  COMMENTAIRE 

DE  JOSEPH  KIMHI  SUR  JOB 

(Ch.    I   ET   XXXIV,   17,   A  XLIl) 


Par  une  malchance  dont  ont  souffert,  en  général,  les  écrits  de 
Joseph  Kimhi,  nous  ne  possédons  qu'imparfaitement  son  com- 
mentaire sur  le  livre  de  Job.  Nous  n*en  connaissions  jusqu'à  pré- 
sent qu'un  fragment»  publié,  d'après  un  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque Bodléienne  d'Oxford,  par  Schwarz,  dans  son  ouvrage  sur 
Job,  «i5fi<  mpn  (Berlin,  1868,  p.  151-166),  et  qui  contient  le  com- 
mentaire sur  les  chap.  i-xxxvi ,  30.  Heureusement  à  la  Biblio- 
thèque Royale  de  Munich  se  trouve,  dans  le  ms.  hébraïque 
n<»  260  S  un  fragment  qui  contient  le  commentaire  sur  le  chap.  i 
et  chap.  xxxiv,  17,  jusqu'à  la  fin;  nous  pouvons  donc  ainsi  rem- 
plir la  lacune*. 

L'authenticité  de  ce  commentaire  est  suffisamment  attestée  par 
certains  passages  des  autres  écrits  de  notre  auteur;  je  les  ai  si- 
gnalés dans  les  notes.  Cependant  il  est  très  remarquable  que  les 
textes  des  mss.  d'Oxford  et  de  Munich  offrent,  dans  quelques  pas- 
sages, de  grandes  différences.  Ainsi,  dans  chap.  i  du  texte  publié 
par  M.  Schwarz»  pour  prouver  que  Job  a  été  contemporain  de 
Moïse,  il  est  fait  mention  de  l'opinion  du  Talmud,  j.  Sota,  20  c,  et 
de  Bereschit  Rabba,  57,  ce  qui  ne  se  trouve  pas  dans  le  ms.  de 
Munich.  Inversement,  dans  celui-ci,  Joseph  Kimhi  explique  les 
paroles  de  Bar  Kappara,  tandis  que  l'autre  texte  n'a  rien  de  sem- 

'  Voir  le  Catalogue  des  manuscrits  hébreux  de  la  Bibliothèque  royale  de  Muaicb, 
par  M.  Steinschneider. 

*  J'adresse  ici  mes  remerciements  à  la  direction  de  la  Bibliothèque  royale,  qui  m*a 
envoyé  le  ms.,  et  à  M.  le  D'  Preuss,  directeur  du  gymnase  royal  de  Culm,  qui  a 
bien  Toulu  me  permettre  d'utiliser  le  ms.  de  la  bibliothèque  de  soo  institut. 


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IN  FRAGMENT  DU  COMMENTAIRE  DE  JOSEPH  KIMHl  SUR  JOB        87 

blable.  L'explication  de  Saadta  Gaon  sur  le  verset  6  du  chap.  i 
n'est  indiquée,  dans  le  ms.  d'Oxford,  que  par  les  mots  instrrvo  'ni 
'tn  iSTD  ronab.  Le  commentaire  de  notre  auteur  tel  qu'il  est 
donné  par  le  ms.  de  Munich  est  plus  long  que  le  texte  publié  par 
Scbwarz;  en  outre,  dans  celui-ci,  quelques  preuves  tirées  deTEcri- 
ture  sainte  sont  éliminées.  Il  faut  aussi  remarquer  que  dans  le 
texte  de  Schwarz,  le  mot  n»  (chap.  xxxvi,  21)  est  expliqué  par 
vhro^  nom  d'origine  romaine,  tandis  que,  d'après  le  ms.de  Munich, 
il  est  expliqué  par  Tarabe  ;  or  cette  dernière  interprétation  est 
celle  que  reprend  David  Kimhi  au  nom  de  son  père  '.  On  peut 
donc  dire  que  le  texte  connu  jusqu'ici  n*est  peut-être  qu'une  com- 
pilation faite  par  un  écrivain  postérieur  d'après  le  texte  que  je 
vais  publier  ici*. 

Voici  ce  commentaire  ;  je  n'y  ai  corrigé  que  les  fautes  manifestes 
du  copiste.  Dans  les  notes  j'ai  signalé  l'accord  des  explications  de 
notre  auteur  avec  celles  des  commentateurs  antérieurs  et  pos- 
térieurs. 

Simon  Eppbnstbin. 


COMMENTAIRE 


^nniT^n  ««în-^n  dnmtab  ta-^p-^nir  m^t»  tan'^^nn'^i  ^nan*»  [î54a] 
aN5i  rr^si*^  'rr  art»"^  ^n^N  n»  osnn  nTDK^J  n»D  onb^^mb  d'''7'»Dnîi  no*»» 
nsnmna  nuîo  3>nT>"i  n^nna  nan  bT  yD^Taîri  ,(Prov.,  m,  2i)  nstn*^  la  n» 
!-tart«  •»")'iD'»  .ta'^pbn  "^s»  vmit'*  ^y  t^'tio'»  "^d  i^ian"^-!  y'jv  r<in 
^^Dn  ^N  ^vwiuîn  T'a'»iNb  î-rTspî  ■»"t)D^i  o'^rna'^nD  '^t^v')  T^aîiiNb 
r3fn  av«  n«  iJ-^^nn  p  bT  î-ran»  nio-a  tanyn  r«  t3''B"iO"ib'»B!n 
•^«n  »?^i2^  î-raïi»  •^^no'^  "^3   nsn^i  '-^sab  tti^^  .x^'i'n  n«  ip'^'T^m 

>  Voir  aussi  ma  note  dans  Monattsehrifi^  XL,  p.  175,  note  1,  où  j'ai  indiqué  une 
autre  difTérence  entre  le  texte  publié  par  Schwarz  et  la  citation  de  David  Kimbi,  rat- 
iacbaot  le  mot  ^TH  à  xxiv,  1  (Schwarz,  p.  160). 

*  Remarquez  aussi  que,  d*après  le  ms.  de  Munich,  la  distribution  du  livre  de  Job 
est  différente  de  la  nOtre  ;  voir  Blûth,  dans  Magasin,  XVII,  p.  199,  note  1. 

•  Mt.  -^afib. 


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88  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

>mom  -^nbma   ann  irrctt  'nTswD  i?3D  «an  ûbt/^^  ûna«  rîT  b^ 

.(PS.,  Lxxi,  21)  ■>Dttn5n 
nra»  tznna»  bu)  pT  nn«b  -^d  •  nni-»  ,yn:?  yn^a  rrn  ©-^k  .Ch.  i. 
,12^13  n»  n\"i  rr"^  nran  no»  ûmpn  .iti»  mn3  "^Da»  "p:^  -^d  î-rn 
aT»x  HDDn  rmn  "^^înin  ï-T©»n  anD  rroTa  ^nbapn?:  ns-rab©  naD 
i«nD  n\-î  bo»  «bx  Nias  «bi  rr^n  «b  ai\x  »  'îD'»Dn73np  •nTD^u)  rrQ^ 
[155  a]  -«sab  bioab  r<bK  nnii  na^b  rT\T  «b  •irwDm  irsnas  irsiTaip 
,rT03^  mat73  b«  amp  jû-^nb»  nt^i  tina^  n-^n  nain  no^^n  on  .dbTj? 
Kmna  nar  .û'^aa  rr:?ao  ib  nnbT'n  .nc:?n  «b  ma:»  ,rn»  -^dt 
ta-^nsan  maa-i»  •'ba  "^s-»  ,  rra-i  miari  .nnsp»  p  nnNT  T^b:?  a-^am 
♦  nwana  ,ûnp  ^Da  ba»  bi'7:i  .t^nnn  nsp^b  T»-ia:n  ^zh  l^\^y'p'lJ>^ 
*]nn7a  l"»x  "^a  vn  nvisD  .ûn-^m-^n»  nuîbob  .nno:^n  in^a'»  D">npn  "^a 
•^3^1  ^niT^an  i»  J  tscnp-^n  .in^03N  r<ba  .nn7aiab  ù^m  nabb  noiwn 
ûvn  •^n'^n  .aaabj  d-^nb»  na-ian  n7a«i2)  i»a  i^mbij^  nb:?»  rr^n  pDon 
ta'^:?aip  "rn  &ij<  "^sa  "^a  l'î5<:i  rr^n^a  ai  iDTT^Da  •'<n\x-i  tixia-^i 
•»m»«  "  ainan  n7a««3  n»a  ta-^nb»  "^Dai  ,ca"'Dianysn  ^nna  m»ana 

*  M?.  ailSn^,  erreur  de  copiste  produite  par  le  verset  précédent  du  psaume. 

*  Cr.  J.  8o:a^  20  b^  vers  la  iio,  et  Ber,  Rahba^  ii7.  Cette  opinion  est  aussi  celle  da 
Saadia  dans  son  commentaire,  qui  Vd  être  publié  par  M.  Bâcher.  Saadia  appuie  cctie 
explication  sur  ce  fait  qu'Elihou  est  dit  descendant  de  na,  fils  du  frère  d'Abraham 
(Gen.,  XX,  21),  et  que  Bildad  est  appelé  descendant  de  nv«a,  Hls  d'Abraham  et  de 
Ketoura  {ihid.^  zzv,  2).  Ce  sont  les  mêmes  preuves  invoquées  par  Nahmanide 
dam  son  commentaire.  Pour  montrer  qu^Blihou  descend  d'Abraham,  le  Talmud  de 
Jérusalem  (/.  e.,  20(/)  invoque  ces  paroles  :  D^  rinc07a»i  Job,  xxxii,  2,  et  Pidentifie 
avec  Isaac;  cf.  Hascbi,  ad,  l, 

»  VoirGen.,  xxii,  21. 

«  Voir^a^a  Batra,  \Ab, 

«  Voir  ibid,,  15  «. 

'  D'après  une  explication  qui  s'est  conservée  au  nom  de  Haï  Gaon,  telle  est  la  Ic- 
Con  de  la  Guemara,  /.  e,  ;  voyez  la  remarque  de  Buber  dans  son  édition  du  commen- 
taire sur  Job  de  Samuel  ibn  Masnûtb,  intitulé  Q^^a  Y^^  [Berlin,  1889),  p.  2, 
noie  17.  Rabbinowitz,  Dikiukê  Softrim^  Baba  Batra,  15  a,  mentionne  cette  leçon, 
d'après  le  ms.  de  Hambourg. 

'  Il  semble  que,  diaprés  J.  K.,  OtOnp"^!  a  ici  le  sens  de  •  purifier  »  ;  cf.  la  ver- 
sion de  Saadia  [Dos  Buch  Hioh  ûbertêM  und  trklàft  vom  Gaon  Saadia^  éd.  John 
Cohn,  Altona,  1889,  p.  18)  ûnnna''1. 

*  J.  K.,  à  mon  avis,  fait  ici  allusion  à  Yayikra  Babba^  7,  (][ui  se  rapporte  &  notre 

verset  t  rTHN   '^1272  ,ab   "^nimn  b:^  r<b«  n«a  mo^yrt   Y^  tabvb 
'nan  TOb. 

*  Selon  les  mots  de  la  conclusion  :  lINSn  ^nai  nsn  ly,  J.  K.  voudrait  donner 
ici  un  extrait  du  commentaire  de  Saauia  ;  cependant  c'est  peu  probable.  Ainsi,  nous 
ne  trouvons  ni  dans  le  commentaire  de  Saadia,  ni  dans  l'extrait  de  Bahia  ben 
Ascher,  Kad  Hikkémak^  article  ïlTIâ^ari*  la  citation  de  Ps.,  lxxzii,  6.  L*ezplicaiion 
de  ^"^30  ^y  y  manque  aussi. 

^^  Cela  ressort  de  ce  que  Saadia  donne  au  mot  la^'^D^I  le  sens  de  ta3tn3M1,  & 
cause  de  la  construction  do  b3^}  comme  Exode  xxi,  14  (cf.  Bahia.  Le,) 

**  C'est  ainsi  que  Saadia  le  traduit,  dans  sa  version  des  Psaumes  (ms.  arabe, 
n*  263  de  la  biblioth.  royale  de  Munich,  foi.  60&),  MDM'IIDM  (CIDn  1»  «  que  vous 
êtes  des  nobles  ». 


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UN  FRAGMENT  DU  COMMENTAIRE  DE  JOSEPH  KIMHI  SUR  JOB         89 

mn^T  t^ssitt  It3tt5n"î  ,(Ps.,  Lxxiii,  6)  tsDbis  ivb:?  "^aai  tan»  û'»rtb« 
boa  d'HBOta  vn  on»  ■'an  npns:  to'^-iDiT  i-^n  ntt)NDi  ,  tan»  -^an  b^^ 
nban-^tt)  n^apn  aao  niDx  n:^  ^D'^nn  b«  nsi:^  pon  ï-tt  ïT»m  ,aT»« 
on«73  ib  nnNi  ,r<inn  i^N73  nb  nTSNi  nn»»  nb  î-Tb:i3i  jïit  "^t^  b3^  nniDT 
a-PK  ••nn^^  bjf  ^ab  n)3«rr  ib  n)3«  ,n'^3?a  -^acsn  Tûi-m  mpn»  .yn^a 
t:'»^^  'jntaxD  ,nn3>a  nDo  rtn»  r<bn  .û-nb«  aT^»  «t^  Dsnn  nt3«i 
niaa  ,ip''Tnb  «bn  rr^^nb  ia  nr^b  un»  tan«  bDT<  r<b«5  a-^ao  ta'»r3itn 
.mœaa  yan  ia  *in"«.  nb«5  nn:fi  ."t-n^an  b»i  û-'îa-iDn  bî<  to-^^i:?!» 
anii  ta»  dd-'SD  ba^  mz'd  .n^^iao  iiU3b  T'">na  »t^3d  ^y  •ritDnD 
mn  ."^-^na  .^-^îb  ^y  inn  nta-^i  ^-îdî  pn  ,taD'»'^na  [i55J](Job,  vi,  28) 
vna  (Nombres,  m,  4)  C3îT»a«  1"jn.i«  -^Sd  Saf  »pi  ^IGen.,  xi,  28)  va.H 
^n«  aKr  'i*»:!  n73D  ,^pa::^a  ,«-{T»a  ib  'no.x  bD  '.nsn  "^di  .dn-^a» 
av»K  «c:n  r<b  J-int  bDa  (Josué,  ix,  25)  ^n"»a  issn  pT  (il  Sam.,  xiv,  19| 
o»D3a  )nyA  'n:iy  *nb  inn  p  *ib  ^^ujn  m73«5  iod3  n5<:  ^«  '-^di 
■^rpT  .nnçïjn  iwd  (Josué,  vi,  18)  tannn  p  n^®  dn»  pn  •  iîti^di 
n:^a  "ma^  nb  'n^KT  onwina  p'>Tn73  "im^  .Jn'^sttD  dJ^oa  mn«5  .tsT^rr 
.^T'^a  nsn  .ij^inra  vb^^  p*»  iiD«na  dn«  nidnb  narn*^  'niz5»d  /•mj^ 
,"3?-i  v^«Da  ar»  n»  T»i  .nm3«nD  "naD  ■i;dd3  n»  ^wx  ,^par3>a 
^^y^  ,T«i  nbnb  a-np  "r<in  -^d  ,i"»noa  avî<  n»  rr^n  caon 
'jxbtt  piDm  rr^rr  nb^^T:  bia  !-Ta'»0''a  ■>d  'o-irTan  bj^  nioprïb  «•» 
^-l?D^r^  itdd  *^dni  nrDa  »*b:f  vDin»  mn-'bo  rr^jy-:?  i"»3y  nnî:  rr^niDa 
(Jér,  xxxvH,  13)  bDiD  rrnx  d-^n^dn  b«  «'"i^d  bcm  ,dnpm  r<a«5  bdm 
.■•SwH  p-i  rïab?3NT  .in^i^r:  nan  î-rari  n^  .Sdn  ni<  n-^ms^  irr^n'^d 
n-^an  s-tt  bj^   ï-nm  .d-^nnnn  n^d  t-T'»n  nn"»73  nsdoa  -^d  *«i73b» 

'  Voir  Le  comment,  d'ibn  Ezra. 

*  L'auleur  veul  réunir  ici  les  passages  semblables  da  second  chapilre. 

»  Saadia  (/.  c,  p.  19),  *]a  nDD'^B  bapnO'^  db  1»  «  s'il  ne  se  lournera  pas  contre 
toi  et  8*il  ne  le  désavouera  pas  ». 

*  Voir  Saadia,  ad,  loe,  (éd.  J.  Derenbourg,  Paris,  1893,  p.  18),  ÎTlina. 
<  De  même  Saadia  (/.  <;.,p.  193),  fîn^na. 

*  Saadia  (éd.  Cobn,  /.  «.],  "^nKITS  "^D  <  dans  ta  volonté  >.  Dans  le  ms.  de  la  Bol- 
léitnne  du  commentaire  de  Saadia,  on  lit  ici  yr^  "^B  (voir  Cobn,  p.  106). 

^  CVst  le  môme  exemple  que  cite  Saadia  ;  et  c'est  ainsi  qu'explique  Ibn  Ganah 
(roir  Kitab  al-Onstoul,  274,  30,  et  la  traduction  hébraïque  d'ibn  Tibbon,  éd.  Ba- 
dier,  p.  188). 

*  Dans  le  texte  publié  par  Schwarz  (p.  149):  IB^Sa  y^tlb  *ian  "^b  n»«n  «b^D. 
'  Voir  aussi  Saadia  sur  ii,  6. 

*®  Voir  Maya»  Oannim^  p.  8;  I.  B.  cite  une  explication  presque  semblable. 

"  Voir  aussi  le  commentaire  de  Saadia  (/.  c.,  p.  21)  :  ^bb»  "^bw  ai03)3  bJBbN 

Hfi^nob  TVp^:!:^  Ê<b  "ÎJ^.  •  Ce  verbe  se  rapporte  a  Dieu,  parce  qu'aucun  autre  ne  peut 
faire  cela.   » 

'•  Voir  aussi  Bahia,  /.  c,  p.  9. 

'>  Peut-ôtre  faut^il  lire  ici  :  "^^^  b^»  ce  qui  donnerait  un  sens  plus  acceptable. 

*^  Cest-à-dire,  le  Satan  lui  mÔme  aurait  tout  anéanti.  Dans  le  texte  de  Schwarz 
(p.  lîW)),  la  chose  est  dite  plus  clairement  :  dmK  ?lbdî3  ÏT»?1  ^^^ba?^  "^d. 

»  D'après  D.  K.,  ibBD,  en  cet  endroit,  a  le  sens  de  natin?!  ;  Ibn  Gan.  l'explique 
p«r  dïia  na^as,  comme  nbB'»n,  Josué,  XI,  7. 

»•  a.  Vayihra  Rabha,  17  i  rTpbl731  na«5»  N1Î1  C)». 


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90  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

tsibn  ,nab5D3  'n'^TH  "^an  -^s  .nnab  tsiin  wb^s  r<b  sr^n  n-^an 
'ly  5^33  î-tT  ,'nan»  nr  n:>  •»n»-iBn  .naMa  nwxb  û»  -^^  î-rabTDWi  n»»^ 
î-t5D«  an««  û-ns^n  •T^n:ia  n»  i^'np  «b  riT  «ao  ly  ,tt)nDb  b^nî  in  .«edVi 

."non  1«5  .napb 
ntt'nD'»  «b  ta'TN  "^53  ib-^DN  ,^'ian''  ûdct:  t^i©  .xxxiv,  t  f.  [i56  a] 
SnnNi  ,aD«5»  tsisi)»  niïiid  cabs»  nnnnD©  ûik  \aaim  bm^iz  taïT»bjr 
prr»  d^rn  nioa  ^bTsb  .b^^-^ba  ^bTûb  mwNn  .û'^T^aa  b:^  -r^aa  p'^n:^  ^^•««nn 
Kb  'nîJK  .ban  innNb  p©  ba  ,û"'a'^n3  bw><  5>tt5n  in  by-^ba  nb  inttX'nD 
.bin  ^3Db  rrb"i:^73m  r<«i573ni  y^^n  v^tb  na3  r^bi  û-^no  ""^sd  nwîî 
ûT^a  nna:^'^n  ^y  wy^yy  i3na:n  r-is^a  .^"«n  "^sa  ba  dn  nT»a  ,nnn)3'^  j^in 
in-^a  Nb  ,  tsTN  •^saatt)  ta-pmm  d'»T»aN  ,m73  ■•anba  ^'ro'^^  ï-ib-'ba  i» 
Kb  pnn  înt  »  UD^Tan  b»  mar  ta'»u3'«  ^•'n  b:?  r<b  "^a  .dniN  m*»©»?! 
I^^ib  r^a-»»  't:?  tano'^'^  Nb«  ,aDU7aa  ntiy  ^nbnb  uj*'»  br  db'î:?b  ta'^O'» 
canb  Y^^  .to'^Taa  y^^  "isiitn  n^^a  -^a  da*^  n^  b:?  dnb  n?3K'^n  dn^jy 
î-tb-^b  ^Dm  ,nNdnn''T  nNaT»T  .n)3i:;-ina  t3n'«iaj>î3  .caïT»na3>tt  '^-ipn 
(Job,  IV,  20)  inan-»  a-irb  npa73  n^K«  iTaa  i^b-^ba  in  dT^a  ipitd'^i  ,dvb 
.ts'^N'n  dnpwa  ,nan  ,t3psD  d'^s^uîn  nnn  .(Ps.»  xlix.  13)  l'^b'»  ba  -ip-'a 
ifcoa''  ca-^bnb  'iy^iw  n»  ba  ,bn  nps^î:  T«b5^  r^'^anb  ,a^K  ba  "^ra^b 
tan»  b:t  pi  "^na  by  a^-^^n*»  "^Tsn  a'^p*»^''  r^im  .m«5  •«aNbttb  tara*» 
dn»  M2y  by  T'b5D'»iz5a  •  qm  d^x  ^b73tt  .imo'^i  va-^na  yp  rin^i  ,nm 
•«nN^D  m^Nïi  b»  b»  -^a  ,tsi"irï  taïT^mrs^Tsi  ta:^  •^ujipTSTa  ^iTaa  t|:n 
y^ni  cisn  r<in  s-iT^a  »  tsiîT'Tana  [156  b]  d'»'nnNb  irr^b»  n?:»  ,bnan»  «b 
ca«  .ca'^pnbrr  ^nnd  ï-imnn  d»  ^-^by  r<ab  i-^-no-^n  nbnn  dv»  •'a 
nnr  tsian«  «b  ,bnanN  «b  ,'c^*no''»  ï-Ta*^ï^  -^nbaDi  "^nfitUDS  b«b  n»» 
ta»  •^D'»mn  î-rnN  ïnm»  "^n^ba  ,b«b  •ntaiwX  ïr^n  ik  .irp373  mrr  Tfin 
^m«  no-'^a  rr''n  dN  .ns^jb;»'^  yoyjzr^  ^TSNb  nb  ï-r-^n  ,11»  •^nbjrD 
•^5  inoN?3  "^d  ,^7373  ta-^nibïîn  npib  rr^n  «b  rTb«7D  d-^op  t=i'»*nD"'a 
TïiTTa  -3N  Nibn  'nnndb  ^--b:^  rr^nia  n?2  l'^mo'^a  riDwX^D  .nnan  ï-îp» 
yj^-rr»  ^?3r7an  ♦  «'"'t  ,nai  n:^^'»  în72i  .«n-^aT»  d«  "^d  ^iwd  taan  dn«b 
malien  by  nx3  ns^  ai-»»  ina*^  -^aN  .-^sn  «bi  imo'«  ^'^by  N-^anb  Mît-r^oa 
■^sab  pa"»  *"ini?3  tana  ,n^3  13^  ai'^x  pa*'  to-^TaiDaia  -^a»  ,1"in  "^lasîo 
rrpb  an*'»  TiTsfi^b  nania'^o  ,iin  -^iDD^a  rma«n  vn*^  NibT  ,TT>a'^n  ub'yy 
,ycD  "inNian  by  ti-^OT^  "^d  .nsns»  isna^s  ^-^k  d"»nbN  nan:?  rrm 
»■»  riTa-^bai  niaia  ,*pnDD'»  iD-'S'^a  .:?m:d  cidt»  vy^^  by  mim  tsibo 

*  Daos  le  texte  de  Schwarz  (p.  149]  :  \dD:!l  ly   ïlJiS  1T  ïi:?173lD. 

*  Le  sens  serait,  d'après  cela  :  <  Dieu  ne  donne  pas  à  Thomme  Toccasion  de  dis- 
puter avec  lui.  •  Cela  me  semble  aussi  ressortir  de  la  version  de  Saadia  (éd.  Cobo, 
p.  75). 

*  Voir  aussi  le  commentaire  dUbn  Ezra. 
^  Voir  le  commentaire  de  Raschi. 

*  C'est-à-dire  que  la  peccabiiilé  de  Job  soit  conouo  exactement  par  tout  le  monde, 
comme  par  une  enquête  pénible.  Ce  sens  est  exprimé  plus  clairement  dans  le  texte 
d'Oxford  (Schwarz,  p.  165)  :  ^y^D^  nbri. 

*  D'après  cela,  J.  K.  explique  le  mot  pIDO*^  ^^^  le  6ens  de  <  battre  •,  comme  au 


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UN  FRAGMENT  DU  COMMENTAIRE  DE  JOSEPH  KIMHI  SUR  JOB         91 

.bfcïb  Yntt«  ï-ia^-»  '^'^»i2  piDD''i  î-iD-»  li-^a-^a  ,ï-ib»  ï-itt53>tt»  nsb 
po*»  ïi»  ^WNn  -^D  .b»ïi  pnsttt  nm-^  ,biiT3  *  "^pnsfc  -^rinTaôï  .Chnp.  xxxv 
tnbj^D  «b  n»ûn  dN  ,''nNr:n  ï-iiin»tt5  b-»rT^  rttt  ^aba  aitt5nn  ï-in»  .'^b 
b-^^^v  ^n»D  ttî-^Kb  ^pnssTO  ib  nbrnn  ïia  np^sfc  d«n  «^ttisrb  '>'d  ïiJ^n  ib 
ta'»3^u3nn  •'D  «ip-^rn  ta-pitt53^  ain»  .^3>\Dn  p-^T*»"!  *T^nipn3fc  Ss  [157  a] 
n^Tsbn  Dwy'i  »'«5Çb5  .ta"»ytt5-in  ip-^j^T-^tt)  .ea'^pyiT  ûm  e^m^<  e3'»ptt5i:f 
i3->DibÉW3  ,(Prov.,  XV,  28)  c|ibNn  i«  e^im  ïnororr  ci"bNn  ^la^^a 
tnN  t^'JT:'»  nb73a  înnoTOttj  nto  i«^n  nv  înnonsi  ,(Ps.,  cxuv,  U) 
ni05i  il'î''3Nn  in;D  (Ez.,  xxvm,  16)  t|*i3NT  intti-n  (Jép.,  ix,  2)  lasiiob 
D-'rtb»  toss^-»  Nbn  d-^a^n  iiKa  -^sdtd  b^b  np^T"^  ta©  .t^"n  -naj^a  n'^-^an 
^n«5i  b»  yttiû'^  t^b  t^i\D  *]«  ,^m»  Ti^y*  np^i  t^i;233  p^^tnu)  nr»i 
imsn  «irf:53>  irnb»  sn-»»  ^»n  e^bi  ,:^ï5-in  bj^  ^m  ,îrT5'ii\D'»  «b 
ni3Nn  «^s  c|«  n'»by  »m'i3:^73  y^xi^  tsibi  ,nb'»ba  m-r^wT  nb  ta^îo^n  «ai: 
SrT33>"»U3  p:^Tn  iSK^n  «b  "^a  niOKn  j'^m»  nc^Tîn  iniNb  i3-ii«5n  r^^b 
•»:«  dm  nb  brr^si  ob  bbinm  rsob  e^^-^ï)  e^iïi  i'»n  T'iob  x^^i  .^m» 
npD  tina^  an-»»  r^iyn^  csrTo  bj^  id»  ipo  v^  "*^  "^^^^  •^'•n  ^^"^  ta-^^ano 
n«73  nx^  ^ab  toiip  ïTi:^m  ^^••«jT^tt)  *ï-T5Da  j^^t^  ir«i  vhy  id«  b«n 
n^iD  seaia^n  irab  tsdi  ,&'':^u5d)3  d'^'ipn^a  ,tiwo  a^a  in»  lasa  ,Nin 

.■«la-i  iniab  n:oi 
a-ipi  (PS.,  Lv,  10)  tasiTSb  ^bç  bpiaa  "^nnar  .n:^T  "^b  ^na  .Cliap.  xxxvi 
rT  137353  d'un  ,pin^!ab  ■♦:?i  Nia«  ,(Ez.,  xxxvii,  37)  nnx  bN  ^in»  tom&^ 
ïHiry  ima  (Jér.,  x,  3)  inna  'ny^'D  yy  ^^  ,T\^y  piab^o  yy  bptja 
■»^on  tania  [i57ô]  mi73^n  îrib^a  tu^t  ^«  .p-^D^  ns-'n  ,(/dêrf.,  vi,  6) 
bit«  ,nmi3  y-i«?3  irn;a  (Job,  xi,  9]  îrrnTp  ynx»  snan-iN  172a  .îrrapsïi 
tonTo  T^O"»  "^a  «"■'i  ,*nnao  (Ps.,  lxxvi,  3)  îao  .nnss  (Prov.,  vu,  8)^50 

verset  26.  Lévi  b.  GersoD,  dans  son  commentaire,  dit  :  d^'^H'^T  l^oa  pIDO^-  C*est 
ainsi  qu'il  est  expliqué  par  Mo!se  Kimhi  (voir  Schwarz,  ^13ô<  npn,  p.  115)  et 
Zerachia  b.  Scbcaltiel  (voir  Scbwdrz,  /  c,  p.  272),  tandis  que,  selon  les  autres  com- 
mentateurs, il  a  le  sens  do  f  satisfaire  >,  c'est-à-dire  il  fait  assez  de  paroles.  J.  K, 
dirait  :  ■  Il  nous  bat,  parce  que  nous  sommes  nous-mêmes  bonleux  de  ce  qu'il  parle 
beaucoup  contre  Dieu.  >  Dans  le  texte  d'Oxford  (Schwarz,  p.  165)  on  lit  :  ^a*^  ib 
n®Ta.  David  Kimhi  réunit  les  deux  explications  en  disant  na"1^1  T"ia*7  p^DO^ 
137373  ^D'^'^an^  Nb;a  13'^3'^a  dmi^.  ll  me  semble  qu'outre  la  dilTérence  d'explication 
du  mot  piSD'^1  J*  K.  a  suivi  ici  Texégèse  de  Vayikra  Rahha^  4,  citée  aussi  par 
Raschi. 
1  Le  ms.  a  bfi<b. 

*  Voir  aussi  le  comment.  d'I.  B.  et  le  oommenf.  dlsaîe  de  Trani  II  (Schwarz, 
/.  c,  p.  60). 

»  Peut-être  faut-il  lire  ïlblJ^»  transposition  do  mbj?. 

*  A  mon  avis,  la  leçon  du  texte  d'Oxford  (Schwarz,  p.  165)  3^^tt5*1îl^  est  plus  cor- 
recte, parce  qu'elle  est  d'accord  avec  le  mot  suivant.  Si  nous  lisons  3>^©1^©,  il  faut 
admettre  qu'il  s'y  est  môle  aussi  la  version  et  l'explication  de  Saadia,  qui  le  prend 
en  ce  sens  :  Jub  ue  sait  pas  que  sa  récompense  sera  grande  dans  le  monde  futur 
(voir  éd.  Cohn,  p.  77,  et  le  comm.,  ibid.) 

'  Voyez  le  Targoum  d'Onkelos,  Gen.,  i,  22. 

*  Comparez  ce  que  J.  K.  dit  dans  sa  grammaire,  intitulée  Séfer  Hatùkkaron  (éd. 
Bâcher,  Berlin,  1888,  p.  27,  lignes  1-9),  et  voyez  aussi  le  texte  que  Bâcher  a  publié 
dans  U  note  2,  diaprés  les  mss.  de  Berlin  et  de  Munich  par  rapport  à  Jér.,  vi,  6, 


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92  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

n»  IN  ng  nny:  ntarD  nnib  b^v  ni^b  ^Nic'^ttJD  dusïri  i3'^"»irDn  t-iDO-in 
Ssi"»  "^D  «"••1  ,15  IN  iç  XD  pi  ï-ins  r-iD  IN  ip  nap  .rrny  n?  iî:d 
pT  ta"»''irDn  Sbsn  /  ism^  "^-nx  eanii:  i^^d  D-'-^irDn  bDa  cna  nnnb 
'>''DyN  ^înns^  înaia  -^n^^i  Jr-ribn  .ona  -laT'  «b  &"»-»irD  e^ba  ^n  ,obiDa 
•iwiN  ,pnis  IDN  ib^^iobi  r»n-iDT©  pCN^a  ïT'ntt)  ta"'73''r:  ^by  nnay  •'d 
m^^n  d-^):n  n'p^  «bi  std  -itdin  Nb  ï-itm  .înnN  r*^bn  p'^nss  t^in  '^d 
tsN  .riDi  îr-TTDana  ,ab  riD  .^"«aD  onts"^  «b  ,e^in  n^N  -^d  ,nTn  -.a-ja  i?2j^ 
liN^  inai\D"'TD  -ion7:b  û:tn  Sa-^-)  ••513^  -^bana  ^nDb-»  in  û'>p'«Ta  c»moK 
û'^^-'rDa  ûmîuîi-  aiaa  trpTD'»  nba-'  'M  tn  iia^^-^n  i:^^:^'»  dn  ,)arr>r> 
/•^nspT^  "^nn»  (Gcn.,  xviii.  12)  "^mba  •»-inN  i7:d  iba*^  licbn  ^T^n*^  û'«73-»:PDai 
n-iia:^'»  nbuja  i^^tdtû"»  «b  ûnt  .û-'Sî)'^  D'»^:iai  (Jcr.,  xxxvin,  12)  nnano  ■»-»ibaT 
i:^nï5*^  Nbi  o:rai  q»  iw^^d-id  ^n^sa  û-^ssnn  ^nni  .rTn-^m  na-^nn  e^ino 
ybn''  .ca"»i:^D  n:^na  nruTD*»  ,t3©D3  nyn:»  n-.jjn  p  by  ,d^DN"»a  Sab 
•^073  /^niN  rr^on  ^dn  .«^rY^on  ci^i  .noi73a  ûsth  ynba  ba"»i  r3:ra  -«s:? 
e^b  .n-'nnn  p5:i^  t^b  anna  ï-ib'»nna  rr^-^m  *T»b:t  e^an  nisn  ann^a  nîs 
r-iNb73  :^Ta-i  i-^i  nry^  „[\ts  a]  i^an  t^b^o  ^snbts  .rsïanpTaa  patiï:  rrn 
ûDttJTDi  l'^'i  na  t:">o  "^Ta  ba  ,*^y^n  by  tr^av  ^3'^'n  ODias  nr»  y©n  i-»na 
^^niN  n"»on  ci^i  n7:N;a  i?:d  ,^n"'0'^  p  )nizn  "^a  .im»  û'^awin  t:n  p^iti 
173  pDOi  ,Sap7:  nriN^  nipbTDi  pQO  »ain73  îrT7:n  '^n'^O'^  p  "n^sTan 
Sn  "ica  ann  .(Nombres,  xxiv,  10)  rea  rx  pco-i  ,(Job,  xxxiv,  26)  opoo 
.ea-^nan  n^bia  ib  l^^Tarnb  T^-ia:  *pia:7:ai  ^iixTaa  t^in;a  -«îd  ba  ,^û^ 
ira»  apa^"»  v^t  ûn'obD-j  ,Sn7Dnb7:b  i^iv^  nn^i  n-^nTa  p  "»nnNn  nbcn 
n»  yn-»i  ntnbTa  ,aTN7a  tz'^iy  irrû  .'^sb-'strT  ••nrop  nban  ,in-i5:  na^a 
^Da  a-ï  .^•'maij^  by  ,']'^by  ï-nT«\a  it  rinn  av^b  ^ton  ï-it  V^t  ,ûm 
^m3^  îrT'n  i»  ,^ira  t^b  "^yyo  ^r^y^rt  .^b•«i:73^  ^m»  JrT::73  ïT»rt  t^b 
Sa  ^niN  d-'b'»i:73  vn  1K  nasa  îrT>nn  «b\D  ^nbem  ^nj^iia  ib  b'^^^nt:'! 
yœ^  -«iint:  (Osée,  IX,  16)  earaa  •»^7:n7a  Sptt5a  ottj  -^asTa^Ta  /na  '^^u^i: 
*]«  ,mwn  dna  '^niK  ts-»b'^3t?3  vn  «b  JrT©b«  ï-ibn  nîa»  ,(Ps.,cxl.9) 

>  Ce  terme  n'est  pas  clair  pour  moi  ;  peu'.-ôtre  a-til  le  sens  de  suffixe  du  phrùl, 
parce  qu'en  un  endroit  J.  K.  exprime,  en  tfT.t,  le  pluriel  par  le  terme  bba  ;  voir 
Zikkaron,  13,  6,  et  ma  remarque  dans  la  Monott  ekrift^  XLI,  p.  116,  et  ibid., 
note  1. 

*  En  cela  J.  K.  diffère  de  tous  les  autres  commentateurs  ;  cependabt  cela  se  trouve 
aussi  chez  Obadia  Sforno,  dans  sou  p^]iS  UDlDTa,  imprimé  à  côté  du  commentaire 
de  Simon  b.  Cémah  Duran,  à  Venise,  159i\  p.  170  a.  C'est  ainsi  qu'il  est  expliqué 
par  Zerachia  ben  Scbealtiel  (Schwari,  p.  274*,  qui  combat  les  opinions  des  autres 
exégètes  ;  mais  il  prend  les  mots  «^Jt  "^073  en  ce  sens  :  "^073  nbap©  ^maOl 
nat  d^N. 
»  Voir  aussi  I.  E.,  mana  *]n'»D'»  p. 

^  Cette  agada,  dont  lorigine  est  dans  le  Midrasch  Tankouma^  éd.  Bubcr,  Vûyiuk^ 
lahy%  6,  est  citée  aussi  par  J.  K.  dans  le  téfer  Haggalovy^  éd.  Mathtwr,  Berlin, 
1887,  p.  43,  art.  d^Hina,  et  dans  son  commentaire  sur  le  livre  des  Proverbes,  inti- 
tula npn  '0  (éd.  Breslau,  1868,  p.  32)  sur  Prov.,  xxiv,  10.  Simon  ben  Cémah  Du- 
rân  dans  son  commentaire  [ihid.^  p.  171  a]  cite  aussi  cette  explication  au  nom  du 
commentaire  de  J.  K.  sur  le  Pentateuque. 

"  Voir  aussi  l'explication  grammaticale  de  ^li^TaKT:  dans  le  Séfêr  Haggalouy^  l.  c. 


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UN  FRAGMENT  DU  COMMENTAIRE  DE  JOSEPH  KIMHI  SUR  JOB         93 

n:^"i3na  ^y^p  •  i72D  yro  •^nïj-iDi  ^ma©  n-'tDT:  n'^'^Tt  ^Tin  n"»'^n  dN  t^Dy 
.]nNT  liXT  (Job,  IV,  16)  jrT«D  narop  ï-inbiyn  ï-ina  t^-^rjuj  Tib^y  •i"id  Y'nrr 
rmsfcra  ana  û'^aD^rr  n*^:^»  r^ni  ï-ib"»ba  t|xi©  ï-i"»n  ,«  nb'»brr  ciN^rn  b» 
rnrraa  onnn  •ïnis-»i  ,£3731^7273  dnnn  ,to''30'«n  d-'Tdj^  »mb3^b  int 
'j'ï-no"»a  ♦*pDD5b  r-nna  jt-tp»  .-«dj^^  rn-iriD  riT  b:^  "»s.  (Josuc,  v,  8) 
maanb  rt^-i-^^îD  troa  nb:r7:i  inDa  a'^aiD-»  S.^  p  [i58^]  ■»33>?3  ^nv 
•^amrr  1»  îrnian  ^TibiûTDi  n-n):T  b'»DtD7:  imas  ••Tai  û^«  mibynbn 
îTTDb^Dna  HD  ^3T  «bn  ^nnasna  n^  înn  *{Job,  xxx,  19)  ^Tannb 
'n73«t3  i»s  HD  Jr-TD-^-ii:  nnaam  rrr^-i'^n  bp  •nana  "^d  maj^a  ,m'«-ï'>ai 

:  û-n-^ttîn  n"««a 

nT^n-^rr  r:bpi  ntt)p  tint:  inb-^ia  na-i*T»a  t-nba^nnb 
ii'^:io  nmba^nb  .Jrrm-'n''  nbps  «"«n  nbi^ra  p»  lias 

•p^b  rt"Tj  ^ntt)»?:  nba^o  b'^iam  t^"»a«n  ï-in»  ,ib:?D  a-^attîn  •'D  nst 
to-»»  -Da3  3^-ïr  -^D  n:?i  û"'73Cin  "^^d:^  pinnn  la^^a-»  n©»  ton»  bD 
)n«n  173  r-ibi:?n  lorn  t^nm  ,tj"»»  ^naj^a  to-'sa:^  to*»»  ipir  rut 
•nn*»  TN1  to-^a^a  y:,^'^^  ,^NDa  a-ny  «iioba  e^npsi  ûnn  ^laj^a 
C|«  to-^TD  t^t:  ibr  rt-inpn  noDTob  nby^aa  rtniprr  i«53^b  b«73  û-^TD^an 
,T»73"»>3  inbT»  y-jKn  l»  îrTb:>'»u5D  T*»n  im«  ,'2y  "^«isto  ^a*^  toN  "^d 
vbj^  C5n2  in  ^nann  to'»7D«5an  inn*'  tn  pyn  ay  na:3  nb:^"»  dn  ^« 
l-»!"»  toa  "«a  ,inDO  e^nm  na^jn  noD»  to-^n  "^oto  ib-^DKi  ,1-1:373  n*iiN 
rn73n  ,Sti5  npi-»  /-i-^asTab  ban»  in-^  DysTS"»  ^;D»a  ^o-^TsiïJaa  ,to''733^ 
D«  -i''aa73i  ,^pva  -i'»aa73b  inn  ,SnwS73a  rrnj^  !rT»n  ^3"»na  î-irr^ntt) 
/Osce,  xiii,  3)  to-«a\2573  bbai  ,(Ji>i),  xi,  3)  to-«ba73  i*^«i  »*a3fbm  iTsa  nan 
—1:373^  noa"^  û-»DD  3>-in  ^3^  ,**^in  noa  0">Da  Sy  ."^mD-ïD  no«a 
1Nb73  '^1^  ^y  y^3D73a  ,ayn  b:^  ft^-^by  lar'^i  [I59a]  nn"»  e^bn  aj^a 
S:^T  n73«  pi  ,na73  inn  e^bo  rr^by  ï-na:-©  to'«73\D5n  ï-rb»  ^rnv 
^«b^  -^n-»  b:^  îr-TT  ma:-»  ^-.aan  ,(isaïc,  v,  7)  n'^a73n73  mss«  D-^aa^rr 
1>ib73  iniN  ^y  ,vhy   T»m  ,rT»b3^  srni:'«a  ,y:^Zi^^D  nmK)3  **nnv« 

*  Voir  Sé/tr  Haggalouy,  l.  c,  et  p.  85,  irl.  3rr. 

*  Ici  J.  K.  o^est  d^accord  avec  aucun  des  exégètes,  mais  son  explication  est  la 
meilleure. 

*  Dans  le  nos.  on  lit  1733^,  qui  ne  donne  pas  de  sens. 

^  Voir   l'explication  de  ce  passagd  dans  le  MidrdscU  Tanhouma  (ancienne  édition), 
Ifiscipatim^  §  11,  el  dans  Sehemot  Rahba,,  31. 
»  il  faut  lire  -iDTI. 

*  Je  propose  de  corriger  ici  en  Slbp,  ce  qui  s'adapte  mieux  au  sens  do  la  suite. 
^  L'origine  de  ces  vers  ne  m'est  pas  connue.  Le  mètre  est "^ w v 

*  Voir  la  préface. 

*  l>drcillement  I.  E. 

*•*  Il  est  remarquable  qu'en  cet  endroit  J.  K.  dit  (Schwarz,  p.  155)   :  Û''ba73  l'^KI 

•>  Ici  J.  K.  suit  l'exégèse  du  Tur^'oum  et  de  K.  Assi,  dans  le  TalrauJ  Taanit,  7*. 
Celte  explication  est  aussi  adoptée  par  Saadia  dans  sa  version  (Cohn,  p.  79).  Dans 
son  commentaire  (ibid.)^  il  dit  que  D^DD  est  une  ellipse  pour  Û^DD  TVDyT2y  comme 
-n-ï«S  IXap  ^Jo€l,  II,  61. 

"  Il  faut  lire  inK73. 


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94  REVDK  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Sna  C3a«3  û^inn  p  i:?n  .nrnarr  'ia«5  ï-isp»  i:^n  Ta-^  nmb« 
nnT*T  "^îD  rb:r  T»r  (Gen.,  xiv,  19)  n^n^  ï-i5ip  1»  ï-iDp»  ,lPs.,  ii.  9) 
^y  n-^r  ,irTbi3^  b:t  t|«  torr^u):?»  y^  btDi  ,Dbi:^ïi  t-nn"^^"^  maiob 
Siri*^  l-^NC  ï-T?3  ,p  n»:D  a:rn  bs^  ï-nx'»iD  yinn  )t2  î-ibi3?n  ^KbîDn 
T^b»  -iTinn  r^^b  *]»  istst:  nnwn  n"»btt5  ■»t»  by  «b»  mi^b  û*n  nuja  ^ba 

S:?  t)M  pi  ,ï-lb-|3^   b3^  p  172DT  137373  "l^Vn  ^9  ï-ll^*^   173'^  '^nan'^  N1ÎT1 

n-ivn  is^ûb  rtbv 
VN«5  r^^irr^bN  n):«i  ,i)3ip73tt  nrr^i  -^ab  *T^rp  n»Tb  C|n  Chap.  xxxvu. 
,D3^na  ,^517  nna  .ts-^WttJ^n  n3'*^3):a  ht  ar^n  îsatt)  t»D  tab-w^a  oa« 
n^j-nû  nriN^^  ibp\D7a  ,inn«^  û^^TaiDn  b:D  r-inni  ,pnan  ^t^îr-^  vca  ï-i>m 
inn»*^  ,lJér.,  XV,  11)  »^b  aiûb  ']'^n"»nu)  ,lDanM  v,  12)  l'»^ap  «n»tt  1'3  î^^^ 
p-ian  "«nnN  ,bip  aNiD-^  T»-inN  •ittttja  ,"pNn  nissa  S:^  nm«i  ,'h>'p^rQ 
,(Gen.,xxv,  26)  :iioy  ap3?a  «173  ,ibip  ^^tttt)*^  -^d  oap:?'»  r^^bn  û^^nrj  Ka*» 
nm  .-ittôP  abttîb  "^a  .o"»pnan  m»^  "^^hn  d-^tta^^n  annôo  Kb  •'d  p  n« 
[159  a]  to-^x-^anTo^a  «  dintr»  to^«  ba  *T'»a  .^ipn  •^73"»  b:^*)  to-^ttttjarj  b:^ 
^laa^at  ab  "^m^  Sa  nnœa^tt  -««aN  b:D  n^^nb  ,^tprj  •^:Dtt  to-^mr 
©nan  S3^D  i-^aa»  d-^itts  ,nnp  to-^nt^Tsi  an»  173a  irn  Kam  ,'rçn 
an  t:'»-)n3nn  ^iniT  ea^n  ,(Lév.,  xxvi,  33)  û"»naa  î-t-itç  «p  o-^bro» 
t:*^73  amn  .nnpn  •^TD'^a  ea-^a^^n  d'^st'^DTan  toa  0'«333>rj  ts''-iT73n  mnnn 
.ea-'bi'ian  d-^Tan  nnta'»  mpa  •'îd  ,(Ps.,  cxix,  143)  pi:ctti  ^x  i'^  p3ti»a 
,(Ez.,  xxvii,  32)  Ti^y  dn-3a  *T»b:^  inujîi  n^sa  ^nn-ja  /a:>  rr^iû'»  na  q» 
cana  în}  Kbi  "[Ta  •'a  ûna  ^ntd"»  .d'^b^'on  na-'a  torn  »tt5i73«  n-^amo 
Ntnm  ,(Ps.,  xxiii,  5)  îTT^i-i  "«oia  fiujb  •'-n  ,ï-i3->p  li©b  (i^erf..  v,  il) 
,&*!»  "^sa  btt)  tsb^^Db  ,T«m73Dna  ,t:b:?Db  rnibianna  *iDnnî3  mao» 
•^aa  nonb  û«  niLn«b  t:»  aaïab  eax  .i-^sj^b  i-^î^^b  Mnao  ^onn» 
niaiam  ,r-T73p3  •»-no''T  ï-ran»  •^-nc  to-^pbn  'a  i-mo"»  "^d  i373npn 
naiu  ^«^  ,'  pnocn  nta  'iiv  dm  ea-^pbn  nTsbtt)  13b  œ-^  n«iy  S«n« 
Ta"»i  ^aaiDb  dN  e^nn  nn  .ina^-ib  rbj^ab  m73\D  niany  ^•na'n  îTnn«o 

>  Peut-être  est-ce   cette  explication  que  vise  Simon  b.  Cémah   Durân  en  disant 

(p.  174*)  :  «an  pT3/iba  (Gen.,  27, 36)  "^sapy^i  ]To  dp-^r  «bt  dapj-»  «bn  n"-^ 

•(•jas  li-^KI  tSp-^TTO  13*^«  bina  inrn  dJ'  d^nn  -«D  nTOns^a.  Saadit  traduit 
nriT^  Nbl  en  citant  "[NiLn  "^api^a  (Cantiques,  i.  8). 

*  Voir  aussi  I.  E. 

■  1.  S.  cite  aussi   Popini^  qui  le  dérive  de  la  racine  n*1T)  mais  il  se  réfère  à 

prov.,  1, 17,  nianrî  n-nt?:. 

^  C'est  ainsi  quUbn  Ganah  l'explique  (éd.  Neubauer,  669,  25  et  suiv.,  traduction 
bébr.,  éd.  Bâcher,  p.  472)  en  citant  le  môme  exemple,  tandis  que,  d'après  I.  B.,  il  a 
le  sens  de  "ma  *1''1K  «  air  clair  »,  ce  qui  est  sembloble  à  la  version  de  S^adia 
{L  c,  p.  80).  L'opinion  de  J.  K.  est  adoptée  par  Zerahia  b.  Schealiiel  (Schwarxi 
p.  280),  et  elle  est  aussi  citée,  avec  toutes  les  preuves,  par  Simon  b.  Cém.  Durftn 
(p.  175  i). 

«  Peut-être  faut-il  lire  ]^^yj2' 

^  Voir  ce  que  dit  J.  K.  au  commencement  du  chap.  i. 

^  Voir  aussi  le  commentaire  de  I.  Ë.  avec  lequel  J.  K.,est  entièrement  d'ac- 
cord ici. 

^  Allusion  à  rEcclésiaste,  v,  12. 


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UN  FRAGMENT  DU  COMMENTAIRE  DE  JOSEPH  KIMHI  SUR  JOB        95 

i^^n»  V"iNn  iD  .liL-.Kb  e^-'ïi  nwi  .inpnsb  nn  ï-isit  ûikw  ï-i3iîa 

nba:«  toviT»  fD-inb  ^on  tz'niDy  rv:i^y  to-^s^iD-i  ûn^  v'd;?»  jrrma 
(Proverbes,  xxvui,  3)  t\mo  na»  173D  aauîb  .Sr-rb»  Ir-T©bu5  bj>  ^:373n  p 
[160  a]  1313:-)  izjv^  inN'^]^?^''  nonb  ea.s  û-'p'^na:  toniD  iss-i^b  faN 
yiN  m5:si  apiDi  ion  /faim»  "pN  apu^na  n^bisn  ï-ib»» 
,to'»pmDb  iwy  a^-^pnn  .nm^^n  iras^tD  ,(Ps.,  lxxvi,  19)  înapiûi  î-tn^*» 
•'NID  ,î-iT  û3^  nt  ea'^pa'i  Dm  d-^pm  ûmo  to-^pn^  1725?  j^pnn  "•rr^"»?! 
fa'^sioib'^Dïi  «^TiDn  i^TSK  pi  .d-^Don  in  to-^bDno»ï5  •'H-in  p^itt  .psritt 
loai-'U)  nya  ^b  n»ix  dn  ^st-tt  dt  ïit  fa-^pa^  ts-'bara  -^^b^D  û-^y^pin^D 
•^3D73  i3-nN?3  'Ti^s^b  bsi3  e^b  ••ai  -lîa»'^  tni2  •^DJ^-'Tirr  ,d"'33:^n  Cam» 
n73  .yba-^  •'S  TD-^N  -I73N  DN  ,^b  na-jN  n»  ib  noo"»  ta«  .ea'^am  *]TDn 
iNn  «b  îrTn:^i  ,ib  ^««■'O  ^"»-i^  'nia'ib  Nar*^  t^b  )'>^'iy  nno-'i  s^ba-^io 
ca"»53yn  n-no"^  ^eannisni  ïnna:^  mm  ca-^a^^n  "^ac»  tan»  "^aa  ^c^aton 
/d'^aa^b  ea-inan^  mn  ï-rn»-^  y^t^L'^  anTn  173D  ^rr^siDiL  mn  Ka-'iDa 
/(Jér.,  u,  7)  'sn  -jia  baa  »ar!T  ona  .V'^n  pi  .ant  t^np*»  •'pD  "^lai  ba 
ï^b  tni>^^  am  acttJTa  .(Zach.,  iv,  12)  amn  camb:^»  D"»p'»n52n  «piam 
m»«  .aTain  inn»  niCND  ,iniN  n::y^  «b  ï-ip^i:i  ùd^j^  «5'^»  ,ï-i33>î 
r^m  n-iT:i73  Kin  ^«  .inba^D-^  iriNT»  ,q'»®5K  imw-i"»  pb  .ai-»»  ^aaa 
«bi'«r-T«m^  nw  n«m  «b^n^m  «b  .bp  pa73   im^sia  e^3Ç  ,imNm 

.inr©'»  dn  ^  aba  ^«  ^y^y  n'^'^Nia  ina'^i»'» 
ainan  rnTDK©-  i»a  ^înns^Dn  itd  arx  ns  'n  p-^i  .Chap.,  xxxvm 
(Ps.,  xcvii,  2)  va-^ao  [160  à]  bD-i:^i  pji  nw«i  (Nah.,  i,  3)  lam  nn:?Dai  ncioa 
aoinn  Tii  -^td  ^12^^  t^imbfi<  ^r^sa  T^bTDa  'n:^y  T»tt5n)3  ïht  "^to 
n^p  ^b  nroD  "^sk  yvz^b  nstnn  d«  ,mmaai  niNboa  ï-inj»  cbttJntD' 
j^D-'N  in3^-j  ■«s^y-'nin  yin  ts»  ^b^^Ki  /to-^ai  y-i»a  ^U3«w  •»mmi:'' 
nnbina  dbi:^n  r-iTa:"^  nbnna  îrT^ntt)  ib  T7:n  /"pK  •»*TO''a  n'''»n 
''^«i  ,b:?D7a  nab  nfi^iL-»  riNta  n:^b  p  ^n«i  tona  naa  n'»''n  ,:^an« 
it:»  pi  /^-Tin:  d-'i^b  «"«aa  '®  Srrn^^i  nnbinn  naa  ^m"»Ma  yiv  '^n^^'n 
tDb^yn   r\y  ï-T>nC7Q  (Isaïe,  xlvui,  I6)    •'SN  toi»  Irrnvn  n:^?^   "ï-i"»;^^'' 

*  C'est  l'opiuion  d'Ibn  Qanah,  s.  c,  laiidis  quel.  E.  la  combat  expressément. 

*  Voir  aussi  le  commentaire  de  I.  E. 
^  Ce  mot  manque  dans  le  ms. 

*  Voir  le  commentaire  de  David  Kimhi,  où  notre  verset  est  cité  aussi. 
^  Voir  le  commentaire  de  David  Kimbi. 

*  Voir  le  commentaire  de  I.  Ë. 
7  A  mon  avis,  il  faut  lire  fi^iri- 

*  C'est-à-dire  qu'il  connaît  parfaitement. 

*  Il  semble  que  J.  K.  prend  ce  mot  dans  le  sens  littéral  ;  voir  cependant  ce  que 
Simon   b.  Gémah   Duràn   dit  dans   son    comm.  (p.  178)  :  Ô^IH  m'^H  NS"^»  I'^3:^1 

nyQ  nniNa  bba  mfi<'»x?3  ïn">n  «bia  '^12  'iba  .nabcm  NDTi^b. 

*»  J.  K.  tait  ici  allusion  à  Jérémie,  i,  5  ;  voir  aussi  le  More  Nehoukhim  de  Maimo- 
nide,  II,  32. 

11  Voir  aussi  ce  que  David  Kimbi  cite  dans  son  commentaire  sur  ce  verset  au  nom 
de  son  père. 


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96  Ht: VUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

nni-in  ■»2ni>©i  Sj^o»  nsb  •^sfcosrnrr  )n^^y^  ni^rbinn  nsa  toiD  '^n'^''rj 
Dtt5-nD«  ,(Ps.,cxvi,  4)  '>3i«x?3  biNttD  '^"ïÇ^'»  bptt53  rn'^'Tttîa  to«  rr»  .i^aînb 
ï-in3o  pN  mi  ■>»  IN  ,pan  np  ,ip  rr^b:^  ncj3  ■♦73  n»  ,^-ïx  .m» 
'>aDD  *Trp  p3  .ï-in3D  nbnna  p«  nm»  i'«)D'):>tt5D  rv^ab  I'^^'^cî:©  nwD 
pnb  nbnm  to»aat  Ti-'isr  i^îd  to^^TDttîn  ■'nfinan  ûbi^^rr  •'n«na»D  ,npna 
■i3^*T^n  •'DIT  in-^in  eaa  -^naca  nnmtDi  '):^-»nn  Cj'^îDNbttrj  pn  ^i2wh  rrrt 
pa  i«5*T»Dn  d*»"»?!  ta'''^3ni-ï  d'^aDiDni»  '«"•♦n  ."^maTisn  Tiniaa  ib-^D^m 
Tiby  •'ai  '•snbiD  ^««to  n^ai  nn^arr  mb^^a  npa  •'aDDb  û-'DNbttn  nm 
^o-'T  /Job,  1,10)  r^yn  PDo  pob  £3"»  û'^nbna  ^o-'i  .(Gcn.,  xxxu,27)  nmon 
•'bnb  nn73N73a  niai  ns-i073  e3"»b  n«3>  .i3«-id  *^idnd  (t*.,  m,  23)  mb« 
''D  [161  «]  cabij^n  îTroaiwi  tonnw  kx'h  s-T»n  ,rbaa  om^a  r-rt 
/PS.,  cvii,  23)  r-n"'3Ka  e3-»n  •'^-n'^  ^tsn  n«»i  /  ï-i^a-^nn  maa  to'^n 
/Jonas,  1,  3)  îna  ^n-^i  în^j'^iD-in  în^a  rr^a»  kxî3'»t  itsd  nn:?^  mn 
"nipTa  pn"»  n»  .i-ï^^^d  ,(isaïc,  x,  17)  tt^tdoi  nrr'tt)  Sp«a  Cj«  irra 
ï-T7aTTi  (Prov.,  VIII,  29]  tpn  ta"»b  i^ai^îa  nwD  V'Nn  eanpwa  T'vm 
SiD-^i  ca'»D'»3a  -^att)  orr  ^n  /Juges,  xx,33)  n73iptta  man  ant^m  tr:ya 
nTDiNi  (Job,  xxxni,  23)  ima-»-!  «"ns  e^"nn  r-rnonsi  .-in-^arta  irpia  nttib 
îr-TD  i^npxD  n"»^nNn  /înc  iNnp  ts-^rr  nott)  ,tioin  t^bi  «lan  rnc  ^y 
m'^-'an  ma:^a  nn»  '[''d:^  pn"»  e^b  ■♦D  T'ba  pN^a  inb*»"!  •n-»©*'  kdt 
i««C73  -n»  :r37D-»  r*^b  /  nîanpT:  nnc  nn ji*»  ^pa  n^isr  T^Ts-^Tan  .liwa 
/■'S'^T  ûY^b  'TTi^'b  DpSNiD  »  ^3^  ,d"»p''i3tr')  d-'^^TD'nb  nn«  p^^a  dbiy  "îa*'  bs 
niNn  m  .dm»  d-^y^D-n»  y:n2^  ^^1212  d-'^^ion  ■iij^'t»  wt  y^^ri  ■♦csDa  Tin«b 
173S  .îTTanb  173D  dnb  îrT'»n''i  s^aTa"»  bDb  e^in  nn»  p3?a  snn:^  r^?TO 
[ibid,)  '^^:iD:i  ^3^na  n«Ni  ,iMai..  m,  19)  r*^an  tovn  tm»  ûnbi  nnwa 
•»7:u5  •»tn'»  tsDb  nn^Ti  nr^uj  itsd  nKiD-i  ta-^p-n^b  rr^m  «tttorj  imcn 
,tomn  -i7:nn  iws  nj^n  ^crtrin  tni  {iàid.,20]  n"»D35a  fi»Dn73i  npnar  «nw 
rm:r)3  î-r'^rj'»  ^^«ai  a^nn  Sj^i  nTsnn  b:r  [mi:?»]  •  npnTa  n©*»  tannnrro 

^  Celte  opinioD  est  adoptée  aussi  par  Matmonide  dans  le  More,  II,  5,  et  elle  est  citée 
par  Moïse  Kimhi  (Schwarz,  p.  120)  ;  voir  aussi  ce  que  dit  Zer.  b.  Schealtiel  à  ce  su- 
jet {ibld.,  p,  283). 

*  Voir  le  comm.  de  J.  K.  sur  i,  10. 

>  Cette  explication  est  citée  aussi  par  David  Kimhi  dans  son  commentaire  sur  Jonas 
et  sur  les  Psaumes,  au  nom  de  son  père;  voir  aussi  le  comm.  de  I.  E. 

*  La  leçon  de  notre  ms.  est  évidemment  tronquée.  Il  faut  lire,  d'après  la  citation  de 
Dav.  Kimhi  dans  son  dictionnaire,  s,  v.  «d,  au  nom  de  son  père  :  [b"T  K"»   anDi] 

NQ1  nwNT  ï-iD  d^n  riDob  anp  «an  bnaaïi  ï-tt  "ly  d-^b  ^awD  nrw 

5  II  semble  que  J.  K.  prend  ici  n'^«5"»  au  sens  de  nntt)  mttJ  d'isale,  xxii,  7.  Il 
est  remarquable  que  notre  verset  soit  expliqué  ainsi  par  l'exégète  Salomon  Âstruc 
de  Barcelone  [vers  la  fin  du  xiv«  siècle],  dont  je  vais  publier  le  commentaire  sur  la 
Pentateuque.  Cet  auteur  Texplique  aussi  par  «  combattre  •  en  citant  le  verset  dlsale, 
XXII,  7,  et  c'est  ainsi  qu'il  traduit  ^n^U),  Kxode,  x,  1, 

*  Voir,  au  sujet  de  la  liaison  des  versets  suivants,  le  commentaire  de  Nabmanide 
et  celui  de  Simon  b.  Cémah  Dur&n,  p.  180  a. 

*  Ms.  d3p»U). 

*  Ce  mot  semble  s'être  introduit  dans  le  texte  par  une  erreur  du  copiste.  Voir,  aiir 


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UN  FRAGMENT  DU  COMMENTAIRE  DE  JOSEPH  KIMHI  SUR  JOR        97 

^p-^r^wo  T>  IN  n-^rTD'^  n-»  ib  '^cnn  nttîfio  iDiab  itsd  ia^'»n'»i  .npn»  ?i"»?t» 
onb  rrrr  rrrrr  £3bi:^3  -^d  ,D"'rï5nm  ts'»p-»isrr  hy  StDTo  i^'i  rtT 
Cj'9'^narn  pn  ,ïnjb  ns^ï:  tsnb  [I6i  à]  ^snn  ts-^^^ttî-ib  i^Dcn  ïnn7a«) 
T»D  yn»i  ea'»):^)  d«5rt  e^na  ntt5ôO  •'D  e^''^^!  .nrriD^ab  s-iroN^  war*» 
t="«7a  imai  imn  û-^taiDn  e^nn  ntt5«in  ,û'»ntt5ïn  ts-«w«)ti  «ax  b^a 
ansîan  pi  ,tobi3^a  -n«  tidt  n«5ND  tspbna  '>n?:tt5'ï  to-^Ta^îa  isan  na^^n 
ima-^T  e3'»non  137373  ^'^y^^  yn«n  moD^a  m»T  mit  iî57D«)rTCJD  r,ny  iy 
Dn,&m«  ea-^a^^-iji  y373"'nn»N  ï-iTb5?i  ,i3T»a  Kbn  ï-ib'^ba  ûnbiD»»  •'D 
nbis-»  tanb  i"»»o  ,natt5n  n?an  ta-^j^uj-i  :^inTi  n73N  ûrr^ba^n  ^•^nion 
ra:3D  îrT3?aoa  *]25m  ^inh  nbap^  t^Mtt)  yn^n  Sa'  -i73N1  /tara 
t:73Ta  -n«rr  «lab  i?3D  "p»  b:?  naiL^n-i  .dmnn  nnia:  bapTso  ^53inrr 
t-non  ni73n  t^'^tn  n-jon  tsN  •'d  i3''n  ^«nrw)  •»''d3>n»  ri3»Ta  ^«m 
f  13m  HDa  io-i;3  a-^n  "^aia:  .ainnm  dtt  '^ptty73  eainn  npnan  ts-^-^nn 
t-i3?T»-»  .isntK  nïîKD  &"»DDinn  an  r-n^bi:  "»-iTï5n  m73  'n:'^  .byos  p 
Sk  n^an  .ts-^an  T^)3"»  ^toi2  "^D  3?nn  ^^<  ,yi*T^  prb  ,nbin  tk  -^d 
.^15731  aia  r-i73nb73b  »-)i:  n^b  "^nattjn  niDN  3bta  nin:ciJ<  ^r^  ^^•^^n3t^« 
C|C3^b  TabD  p  ib  1'^;di3'0  snbrnn  i»:d  ^nbs^r.  t3'>73  tia;ab  abD  ■»» 
riTn  lonon  'pian  b:'  t^in  rm  .yn^n  mp;anb  -i-'ifcïa  nbyn  ts'^î3rr 
*pi  ,ia  iTH  ca^H  ba«5  ^la^^a  rtn  N-ipsi  ,niM  iTS-iiaa  a'^arr  bp«a 
Kb  [162  a]  -«D  -^sisn  -iCND  /iD-^i^  e^b  yn«n  b^  -r^a^nb  .mbyjùb  '»ntt5nQ 
^DT«  msan  ,n«ann-»  ts-^Ts  p«a  iriT^nn  dN  "^d  ia  tsnK  "«aa  T'ît 
naan  n73"»ai  /  ï-ïts'^d  m3n:'73  nïspnn  .pNa  wo  r<ann"i  d'^wa  ^t  n^sa 
•^"•DD  maoïTa  ,(Gen.,  xxx,  42)  e^maa  diann  ^taniuîp  iiicb  r-nn-^sn 
,mbT73  «  1733  .ina^a  ni-iT73  t^"'3:ipn  .rîsnnNa  m^-^Dn  bban  K-^n 
1i3b  i"-"!?!  r-îi^am  ,mbT73n  msn^  eam  ,i*'m573n»  i?3a  T^msTsbN 
«ttiani  ca-»aa-ian  msn»  ,e^730b»  S-^tîtSTa  •^ana^  iiiab  e^im  ,nibT573 
niTabn  ii«b73  lara  M-ïm«5  iwa  /^i^a  ina;a73  ts'^^n  d«  .nn'«ni 
mmûa  ea'^wicrt  mpn  y-iwa  ania  rT^"»n  ^toin  ,nn»  naoi  ^û©» 
ïnaana  naiiai  ï-i»i-id  *^ia3^a  ,abrj  •»-ia;Db  i^ma  iTsanm  ^r-iT^barr 

PezplicaiioD  de  la  parabole  du  sceau,  ce  qui  est  dit  chez  Samuel  ibn  MasDÛlb,  1*^^)3 
0-^33,  éd.  Buber,  p.  123-124. 

>  Cf.  ce  que  J.  K.  dit  à  ce  sujet  dans  le  Séf,  Zihkaron^  p.  20,  et  surtout  ligne  8,  et 
la  citation  de  Dav.  Kimbi  dans  le  commentaire  sur  Isale,  xlv,  7,  au  nom  de  son  père. 

*  Cf.  le  comm.  de  Rascbi. 

'  Cf.  Séf.  Haggaîouy,  p.  96,  et  ma  note,  MonatucKrifX^  XL,  p.  471 ,  note  5. 

*  Voir  Job,  zxviii,  26.  Cependant  dans  le  texte  publié  par  Scbwarz  le  mot  n'est 
pas  expliqué. 

'  Voyez  les  mots  de  Tagada  qui  est  citée  à  ce  propos  par  Ibn  Masnûtb  (X^^J^  • 
p.  125)  et  par  Simon  Durâo. 

'  Cette  explication  et  la  comparaison  avec  Tarabe  sont  empruntées  à  Ibn  Ganab 
(éd.  Neubauer,  369-370,  traduction  hébraïque,  éd.  Bâcher,  p.  295).  Cf.  ma  noie, 
Monatuehr.,  XLI,  p.  125,  note  3. 

^  Celle  opinion  est  citée  par  Simon  Durân  (p.  183  J)  :  inn'^n  'ibS  ianD?3  73"^1 
yv^  "naiTS  nat3  liœb».  C*eêt  ainsi  que  Saadia  Uaduit  ce  mot  HTOKanN  (éd# 
Coho,  p.  83). 

"  Cf.  le  comm.  de  I.  E.,  qui  cite  aab   riT^D^TS  (Ps.,  Lxxiii,  7). 

T.  XXXVII,  H«  73.  7 


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98  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

t-ibDn  iinab  r^rv  p  hy  ^tana  bDnorrb  dn»  -^sa  niN-ia  tan^a  tnbiD"» 
Sa3i  ts«an  vù'D  b-ia^arî  n'^n'»n  ^o-'Tatt)  '»î2œa  «3'»dï5'»  •'ïd  û'»»*»»  •^basi 
Vj^ruj  ^3T  p  •^nn»  .-itîs  miatî  .^aa  »3>ia7D  n)3S-  ,Snaî3  b«)  non© 
,m5n3^73a  imiD*»  .eanmaa  na^a  d'^n'^D^m  t^-^ab  nsn  niDijb  DDia 
*^ia3^a  ams^n  ^dti  'n*^  S^rr  ûnb  x^iùv^  "ly  ton*»!!»  nr^-^  ^4b 
fiSDna  orr^b»  1"»7dtw  b«ïTi  d«n  tsaî^^n  nb-^nna  d"»3ab  T»mnD«  •'D 

inn-^b  n:?a  -^d  »  n^aiN  ,mb''«  bbin*»  ybo  ibr-^  -nDîT  Chap.  xxxix. 
^«51311)  «m  tanb  l'^^ûT  [162(1]  ^«m  *nN73  nx  to»m  •»d  n]?5ta  ton 
fcmrra  .MaKstn  rrnbiïn  m-^na  r-iiibvi  tz^'p'nri  a'^rr^Tan  nama 
^ro  *pT  ,nt-jxDa  ,naa  lan*»-!  nNcn'^i  Mzbw  p  -«nriNi  ,Cj"»maiD 
DiNn  nia^^TDa  oiom  oiob  rsî^i^r^)  "^ob  e^non  nam  .(Dan.,  iv,  12)  r^na 
(Jér.,  II,  24)  niTab  «ns  dia-in  .ntts::^  e^ncrr  e^nn  mnrn  o«)Dn  r^-icm 
.(Dan.,  VI,  21)  n-mTD  t^'-iny  D^i  bN-^anan  .e^^awa  n^n-iw^  r^mn^^D 
ïn»  mnb  p  d©  .canin  nirr^  ,oion  i72d  ,^73^"»  «b  t*^5"i«  nnxnajn 
«inttJ  dn  nan  .dip"  bia-»  m-'D  nD0i3  "iT^r.*)  (Nombres,  xm,  16)  yn^n 
nanïjn  T>oia«  bs^  i-^b-»  dn  .^^cn  Nim  iia^uja  mtom  ni©b  n^n 
rbj^a  oiaçj  n:n©"»  t^^b  d'^i-iron  ^lîooai  ,&nan7an  d-^ns^Dn  'ii?2oa 
,(Oscc,  X,  4)  "»T0  "^Tsbn  1T3  ')^\^ny  dbna  (Prov.,  xiv,  4)  na  oia»  ^Isaïc,  i,  3) 
X>^y  -iDT  rto-^asn  cj^a  ,nba:^a  nsaiD^^^j  iwa  «i-inb  tsbna  i-îiDnp  n^n 
nan  t^bi  ï-tt^oh  laNa  ma»  d«  ,!n^i:i  ï-iTon  n-ia»  ta»  nn» 
m*nai:^i  n-'sr'^a  "j^-iNb  nvyn  ,^-151  nb  i-^î*  '^^  ,nb  Si^ia  nDi  bma 
•>D  .(Juges,  VI,  38)  jr-TTan  n«  nrn  i?3  n-nm  ,&m5<  nioî^im  t-iT^nn 
ba  n«npb  e^iL*^  "^d  n»«i  imiasT  oio  -lar  p  -^nn»  ,n^Dn  mbit  non 
in^mi  'p-i  i"nD  dnp^a  t^"nn  ,nDCN  nsnn  T'b^  .nno  t^ba  nrnb» 
»înn;»'>  .yn»  t^Tca*^  .ïni-iN  173  •^a-i:r  i^abb  -^-lay  ii«b  n-»73n  -iDOa 
-jcioa  »»n75a  nciiD  -^^a  .bu)»  ^n*T  yn^n  ï-invo  ib^a  im-nT:  anTa 

»  Cf.  I.  E. 

*  Voir  sur  celle  élymologie  ma  nûle,  Monatsschv.^  XL,  p.  416,  noie  3. 
>  Voir  ihid.,  XLI.  p.  157,  noie  3. 

^  Voir  Midrasch  Tanhouma^  Bkeh  (ancienne  édilion,  §  2;  éd.  Buber,  §  3). 
<  Voir  Baha  Batra^  16  &,  et  le  comm.  de  Raschi. 

*  C'est  ainsi  que  Saadia  le  traduit,  ^350^  "^D;  voir  aussi  I.  E.  et  Lévi  b.  Gerson. 
^  Les  termes  de  J.  K.  pour  les  suffixes  yerbaux  et  pour  le  ètatus  eonstructu*  sont 

remarquables. 

>  Celte  explication  est  empruntée  à  Isaac  ibn  Barûn,  dont  l'ouvrage,  intitulé 
Kitab-al-Mouwâzanay  est  cité  ici  sous  le  nom  de  'lai  rT^TaiT  *^D0  ;  voir  Moutoâ* 
zana,  éd.  de  KokowzolT,  1893,  p.  92,  et  ma  noie  dans  la  Monatsschr.,  XLI,  p.  275. 

*  J.  K.  suit  ici  Ibn  Ganah,  voir  Ousaoul,  138,  4-7  (trad.  hébr.,  p.  94-95);  L  Q. 
Tcxplique  ainsi  par  uue  analogie  de  Parabe  ;  voir  Simon  Durân  (p.  188  a]. 

*^  C^est  l'opinion  de  Ibn  Ganah,  s.  9.  ;  cf.  le  commentaire  de  Tanhoum  Jenueh.,  sur 
Habakouk,  éd.  Munk,  Paris,  1843,  p.  35-36,  ei  ibid.,  p.  99101.  C'est  ainsi  que 
Saadia  (éd.  Cobn,  p.  85)  Uaduit  bip*^  Piab»  "^bMli  et  cette  opinion  est  aussi 
adoptée  par  Zer.  b.  Scbealtiel  [l.  c,  p.  288)  et  Simon  Durân  (p.  188  a). 


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UN  FRAGMENT  DU  COMMENTAIRE  DE  JOSEPH  KIMHI  SUR  JOB         99 

[l63a]t-TmnD  rr^nn^î  '>"tyii  (Job,  xvii,  16)  Si««  "•'ra  «17:3  cioi3  "^m 
ijrbi  in«i  1^  ûi  i:^by»  ,t3'»nn  ^in-^  bm»  non  yam  nujsn  ^stt 
/i''"»"in  monsn  t^"Dn  Dnnp  n^bn  la  nbc:D  ^nyb  «i^snis  (Obadia,  i,  16) 

.I'»:?b:^  niyba:  ûi^'^nTa  t^"*^! 
i^D  na-^n^  liiijb  ,'^iiD  dy  ainn  n7a«i  ^nan*»  ûïsn  P-^oin  Chap.  xl. 
,mD3r  ^VD  ntDD  bpoa  eaxD  mo-^i  ,  (Juges,  xi,  25)  Son©''  û3^  an  ann 
nnain  na-^n»  miD^b  an»  e^a"»  un  ?noi73  Kin  •^'im  ay  a-nb  *.ntti« 
P'^^iLn  n\25N72  vNan  b3>  îmnrr  /"^nibp  p  ai*'»  ij^-^n  .;i333>'>  r^^bn  ft^^^y^ 
ti«n  .a-^tînb  ^^'in  ûh  '^bNiDN  ni:^  ^an-»  n»  'n  l^-'i  .i"»*Trr  ^asîd  i«dd 
m»"  t^^b  •'S  ,tt5abn  nnm  m?i  tni  ,nanai  iiéc  t^s  rt^i:^  mdïî»  non 
nsni  (Ps.,  xcn,  i)  U3ab  niNA  ^b73  'n  '3«)  naba  bxb  d»  "^a  liw  \piabb 
tiœb  e^in  *  *7nïi  iw-iu?  ,e3*^y'»a-ï  Tiim  ,bann  tsN  id^^sam  ï-i«a  bD 
.nnn©m  rro-'-irj  im^np^Da  •'-la^^a  n"bn  itDS  ••a-is^a  n"-»nrTi  ,^nn  "^an:^ 
laa  s-T^^nni»  rt«3a-»a  na:'»^  .nj^na  nn»  mTDna  nsT  .nntîna  t^a  rsan 
,TDm  «iTsiD  "lasT  vom  ,(Ez.,  xvi,  4)  ^^v^  n-ia  1^  tDCsa  ■»n''-i«a  npan 
■«a^ra  ^nio  rvnnD  ,n«  i^aa  bna  e^nn^a  •»"d3^«  lasT  a^s^ab  nnî:''  '-^Dn 
,r-rain3  pnn  ,Jr-T;ainD  •^p-'s»  ,(Gen.,  xl,  11)  ea-'a'nia  liuîb  o^i^"^  Kim 
[163  ô]  qo::  "«b-^îaD  «p  b-^a^a  i»a  bna  ^£3733  .T»73i:y  di:inn  t^nrr  v)3na 
INch.,  III,  30)  ï-raTabn  ïnaiDD  «»  iToa  ,V'33  ^"»  ci'Jbna  /Sophon.,  i,  il) 
.n-'CNna  -«TD-»  n^C73  ,bN  "^an^r  n-'TDNn  e^in  ,d"»na  ^^y  t<Mi  ta"»^»:! 
ib  "iNTS-»  D-^in  Sia  -«d  .n»-na  C3«  -^a  nns-irr»  r^b  ,nann  «a*^  "j^D-jyn 
"nra«  rTa^-i""  dva  "^a  -i^i«i  ,irî5^-ï73b  d-^a^ri  bna  nb  i«tt5'»i  nn?:^"^  û'^nnrs 

*  Dans  le  texte  publié  par  Schwarz  ces  mots  ne  se  trouvent  pas.  Cependant  il  est 
très  remarquable  que  Simon  Durftn,  dans  son  comment,  sur  ce  verset  (p.  104  à)^  dit  : 

rrb»  Nin  -^Ti  p-^na  -172a  «nn©  (Hab,  n,  i3)  p-^n  ■^'ra  iTaa  bn««)  ^^ra  Ta""»! 
«nn^b  n""»arTi  nD0i3. 

*  C^est  une  erreur  de  notre  auteur,  car  la  racine  en  est  ^nb. 

*  Voir  le  comm.  dlbn  Bzra. 

^  C'est  ainsi  que  Saadia  et  I.  £.  Pezpliquent  ;  mais,  d'après  eux,  le  sens  de  la  8e«> 
conde  moitié  du  verset  est  aflirmatif. 

'  Cette  comparaison  avec  l'arabe  est  empruntée  à  Ibn  Barûn,  Monwàt.^  p.  24,  l.  1  ; 
cf.  MonaUtchr,,  XLl,  p.  27-5. 

*  C'est  l'opinion  d'ibn  Ganab,  241,  23-24  (trad.  hébr.,  p.  164);  cf.  Lévi  b.  Gerson. 
^  Ms.  rOB.  Voir  Monatsschr,,  l,  <:.,  p.  159,  note  2,  et  p.  275. 

*  C'est  Texplicalion  de  Saadia  (éd.  Gohn,  p.  87)  :  n3Kn,de  la  racine  ^T^  •  ôlre 
grave  t.  Chez  Ibn  Gau.,  371,  le  mot  n'est  pas  expliqué  ;  voir  cependant  ta  glose  du 
ms.  de  Rouen,  où  Ton  trouve  *|fi<T"l  et  b*^pr,  qui  ont  tous  les  deux  le  même  sens^ 
d'après  le  mot  targoumique  b")h373  =  RîDTS*  Lévi  h.  Gerson  et  Zer.  b.  ScbeaUiel  le 
prennent  aa  sens  de  Cioâ  n'^a'^ntl)  ce  qui  est  d^accord  avec  la  première  explication 
de  la  glose  citée,  a*^ip  ;  Raschi  l'explique  aussi  par  "^IN^^aa, 

*  Voir  les  commentaires. 

'*  A  mon  avis,  le  mot  ilJ^aia  a  ici  le  sens  de  «  beaucoup  •  ou  ■  trop  >.  Je  crois 
que  J.  K.  fait  ici  allusion  à  Vay.  Rabba,  22,  d'^in  ClbN  ^y  ïliSia"!  nn«  iTûTil 
'^ai;  et  peut-être  est-ce  le  même  passage  que  Raschi  cite  a  propos  du  verset  Pl^na 
t|bN  ^*T1?ia,  Ps.,  L,  10.  Le  mot  lp'^.731  n'est  pas  clair;  faut-il  lire  ^pn?31  et  l'ex- 
pliquer par  le  mot  (almudique  p*i73  «  parfaire  •  ?  Le  sens  serait  «  sW  a  arraché  toute 
Pherbe  •  ;  voir  Pirkè  di  R.  ElUzer,  11,  au  commencement  :  d'^n7aat3    "JM   ïlb'^bai 

ib  ^vw^  d'nn  bta  •'a  'w  pa  y:^^  «b  ibxa  ';JT»bN». 


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100  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

,to'»73''n    bD    pi   nn«   toT>b   niz^'^    ^1>1m    ,tn^yp2   n^aïai    a-^-in 
,33©'»  ts-^bHss  nnn  ,p-»T7a  ir»  -«d  npn«"»i  toXD  issapn'»  m«n  nrm 
,iTTa  (isaïc,  xvui,  2)  iHT3  173:d  bDiDH  lm»a  t|"bxn  ciibna  *  Ca'^bbs  itsd 
-n7D"i»  ,ibn5b   Kin  r^^rr^îon  *^b"»xi  ^»d«  ^ootz^  (Ps.,  lviii,  8j  ioî^td'» 
,imo3b  bD-T^tt)  tabira  bi:  v^  ?mn»  n^ana  tos  ea^'bbs  nnn  as®"» 
nbxs:  ts'»b»i:  inaD'»  ■)«  dinn  -^sdd  nnon  bis-»  î-w&ai  n:p  nnoa  ix 
.ms  nna  .tarn  «^bn   nna  pn!»:^"^  in  .bns  "^anj^  inDio-»  i»   ,in7jn^ 
i»s  n:np''  v:i^y2  .iït^d  b»  NnstT^i   n-^a*^  inn"»?!  bs  •'D  m:aa   Kim 
*i'»b3^n73i«  Tt^n  Nbî<  .e^n-'wna  irx  «nns  pim:^-»  p  1«  .tsirPTsnn  p 
•^nn»  .An73  nb  ca-^'O"»"!  onob  Moiris  itîD  T^3-»:^a  isî^-t^idd  can»  ■»:np'^ 
ï-iDna  n33i2373n.  .•^nin"»7on  cart  T^bj^  nDTO  în^a  by  in-»nb  Sy  nm  p 
«•^  pp  ms^  -«D  "nTDN  .n-iDars  ia  pnstnn  nn»  s^b    ï-r^jnxD    i73D 
.i**:?»^  033''i  P^'ib  b«  i-'oa  t^^a-^i  û-^a  055"»  ,-iann  ^dtd  tD'«n  •'Dnaa 
na  ©'':in'»  «bi  k^-)!  ûrba-^i  û'^mu  nx  nn»  mp*^  p»  caoja  t^xri 
^iDsrn  iniN  l'^n-'aTDtD  cai»  "^sa  o*»"!  ï-rca-^b  fi6ia]  Ka:-»©  in»  p"»ib 
vmbnanna  inn5<  i^Db-^o  ^3^  ea^no  ib  la-'S'^T  ûipwb  cipjoTD  imDnn'^t 
^^î<  p  S:?  ,û'»ai-i73  to"»73*Ta   nm»   i-iD»*»!  ts-isawri  iraa^a   ijoivn 
mxDpn  n-»:t7273  e^'^inn  -nDK^ai  ^^iT^rr  -nsssn  ia  pni:73«  i73a  ia  pn»nn 
ûn-»b:>  ma-^n  p  ,&-»-ian  ■i-»b:^  Tia'>  ,*]'»mn:^3b  t5"»-Tji2:-»pi  t3"»'»nr  «  T»jî:a 
n^apn-^  ^toi»  Kn"»73nai  ,^ian  inttjb  û-^nan  (il  Rois,  vi,  23)  nbns  ma 
Cj-^^n^^tt)  1733  -iniN  Tistb  ,"i3»in  M-n^o  fianb  ■i;d:^"»i  can«  "^Da  rb:^ 
^wn«  ^©"^  ,1-ny  ma^a  r^bwnn  .Q'»nmo  ta-^as^sa  ,ts'«-inK   te-^inb 
intDb  niaxDa  ,n")3ba  m^b»  C|ibna  (Ps.,  lvui,  8)  "ibbTDn*»  ii«b  r^b?anrt 
D'^rs^n  D''D«5i  ts^^mna  Kbwn  nwiN  '':«i  (Nombres,  xxxm,  25)   tz'^D^ 
Tin»  V3^  r^^nn  b^b^i  ,nn«  an  «''1231:^0  i^ds  ï-Toa'«a  laoTDb  -«na  "nv 
r^^b  vby  •^'^DD  û"»XD73  n-'-^n  Cjn  T^dd  rbs^  tD*»©  .bîia  "^Ti^in  lïîfina 

•V^n  ''Î3'»  ba  -n:^  ï-T»nb73  naît  n^n 
im«  Ti^b  to-^naian  ta''bn-^?3  i"»n"»«5  .nara:  mbmn  p  Chap.  xu. 
ima-^nn  îr-nDa-^n  b«  ts-^wn  p  bai'»  ^bai-»  T»»itt  b»  D^n  pn-»  j^b 
'T'aa  Kbn  ntaî^  v^  ims^"^  •'a  nra»  e^b  n-!»  anb  i'«tt5iy«  nnaTn 
ib  -snTao  •»nmaA7D  -^a  ^as-^n*»  -^sob  e^in  ■'îo  ,ia  — lan-^o  tab'ï:?a 
onbnb  ?-T3:-i"'ia  '^12  [I64  *]  &btt5«'j  ''373"»'jpn  V2  ^^izy  ûnbD  1733^  Dnb:m 
Cj-'TaxDn  ba  nnn  "^af  ts-^boa  «^bca  ib  obiax  •»3«n  nbnn  ^4^n  w^rp-^ 

*  Voir  le  comm.  de  I.  E. 

«  Cf.  Simon  Durâo  (p.  192  a)  :  nnn  aattJ-'tt)  aiœnnn  'iba  iixob  p-toorr  û'-n 
'"lai  ba:. 

*  Simon  Dur&n  prend  aussi  ce  verset  au  sens  inlerrogaiif. 

*  C'est  la  mdme  explication  qui  est  citée  par  Simon  Durin. 

*  Je  ne  connais  pas  la  source  de  ce  passage. 

*  A  mon  avis,  il  faut  lire  137373. 

^  Je  ne  sais  pas  ce  que  vise  J.  K.  ici.  Voir  cependant  le  dictionnaire  de  Ibn  Ga- 
nah,  374,  24  [irad.  bébr.,  p.  261),  qui  explique  Kb73fi<  (Job,  xv,  32),  comme  bblOM  ; 
cette  opinion  est  adoptée  par  David  Kimbi. 

*  Il  faut  lire  3lb. 


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IN  FRAGMExNT  DU  COMMENTAIRE  DE  JOSEPH  KIMHI  SUR  JOB       iOI 

o-nni^  t^b  .3:t^r.''  ••:cb  t^in  -^td  n^^-io  imit  -ib-^ci*  ia  nsnnb  bsi*»© 
en  1»  U5"^n  1»  l-^ai  i-^an  in  '\'}:::>  idi:^  vm  ormaat  inD  ,vna 
Nin  ■»>:  ^t^^a-»  ■♦»  1:01  boDa  Tnicpttîp  ,n;aiab  "sd  înba  '»»  .tsrr  û'^nn» 
y^z»  m»a  ,ca'»PD«  ^i-'sd  -^nb^  .ais  ■iO'>5snb  i50-i  bosa  «ab  Ssro 
,"iiD3-»  ^HNa  *in«  pim  ^^  ûmn  ca-^^iso  ûnta  T^mcpwp  pm  ca'^raTs 
CK-^-iiNai  CN  "Tii-'D  ,*^an:^a  tno'Mfz  "tsm  ^vd»  ,mN  brjn  T»m«-«û:p 
pin  .int-'CD ,icc3  ,(isaïe,  xiv,  f3) û-»^  •»)25«  p  Iit:^»"!  mes  mns,û-»*T»DbT 
j^in  inca  ,bi:rD  .T»b:^  pi^*»  ,nn720  rDob  t^^nn  îDbi:>a«  ai^n^a  bD 
f<b«  pisi^'i  e^in  pai  ^ins*»  e^bo  pK  itdd  pis:-»  t^nn  lab  ,pai 
i-na*'  in;»»  .iTDip?:»  nTn  t^bo  D'^nnn  b«  rr^nnn  nbs  itdd  ,«3'n'' 
•nsr  Kb  obirac  D"»in»  mairtn  D"»iat573  •û'^p.Tnbai  i-na"^  ,Tinr?3  ,û-»b« 
dbiTb  ina-^iDn  Nb«  rrnn  Kbi  ûipn  «b  dipn  -^ba  ann  irja'«\»73  ninoTs 
,iD-)n  '>mn  "T^rinn  ,bT^an  acm  laniD  ■♦îd  maa^a  ,s-T«nb73  -^bDi  ann 
yrnn  iQ-T»  (Job,  IX,  7)  mT-^  «bi  onnb  nai^n  1^  l^ttîs  ♦mn-^nt»  nvba-j» 
•  rmpnTsD  û'^^s"»  û*'  nn^t  b»  nn»  [165  a]  ûiq-i-»  za-'iûm  D-^ao  yr^n  ^o'^a  ■^b:^ 
û-^T'cbn  1»  aTia  n-ôn  T^nrw  .O'^naûTDi  Tirrp'v:  n-'aD  pp  ii53  û'«n  bD 
nb-KD  lab  nbns  e^in  ûirinn  na*^«b  Dnnn  ai'^tr»  vbîd  iDbm  ^o« 
rr^n-in  by  bsiD  «  aiu;rm  ,137373  n^iLm  ï-iniNn  p  na-'O  .na-'®  Kirr 
pn-»!  ,T»b^  Siûi73  'ib'ûtt  nsy  S:^  l*^»  .îna-'O  i3a«rp  pb  isk-i-^xd 
rn  -)«K  bs  ibi:»  e^in  •nn  ''bab  W3>rr  .inmasa  nb  nwnn  "ixDin'^D 
KiDbrtn  t^"nD  ne»  ûipTDa  no3^n  K'm  ,itt53>'^c  n^i«  t^b  •♦îd  «•ea'^OT:^ 
nfi<  .i3p  13a  bp«73  b^  i)S3^i  (Ezro,  x,i7)  û-'tds  na-^ttsinn  /Josuc,x,24)  ipn 
mmnnnïJ  •'ïko  •'3i»-in  S«  '*^J2^  arb-»  pnta"^  '^Jr-rK-ï-»  maa  Sd 
,yni25  "33  .npn«'^i  la^b-^T  .(t"»-.  xxii,l8)  i«n''  iM-'a-»  n^n  ,  (Cantique,  i,  10) 

.nnTsbn  in»b  «im  »»îrnaa  -^sa 

*  Cette  explication  de  la  liaison  des  versets  2-4  se  trouve  aussi  ches  Zer.  b.  Scheal- 
Uel  (p.  290). 

«  Il  faut  lire  nOÉfeaJ^Î  ^otr  Ibn  Gan.,518,  30;  cf.  Monaistchr,,  XLI,  p.  126, 
note  4. 

s  Le  sens  de  cette  explication  est  que  tous  les  autres  coups  ne  valent  rien  en  face 
de  celui-là;  mÔme  explication  chez  Zer.  b.  Schealt.  p.  291)  qui  s'exprime  plus 
clairement. 

*  Rascbi  aussi  l'explique  par  •  soleil  >. 
>  Explication  très  forcée. 

*  Le  mot  bsi3  «^  ici  le  sens  de  •  il  s'en  rapporte  4  ce  qu*il  voit  >.  J.  K.  s'ins- 
pire ainsi,  comme  L  E.,  de  la  traduction  de  Saadia  :  '^K'^a  rS3fiO  •  comme  s'il 
était  blanc  >. 

7  Cf.  le  commentaire  de  Rascbi. 

»  Voir  Saadia  (/.  c,  p.  89),  rj3«abo  bntt  «  semblable  è  sa  domination  »,  jeu 
de  mots  où  les  deux  significations  sont  réunies. 

*  C'est>àrdire  :  ■  Tout  ce  que  Ton  veut  lui  faire  ne  peut  le  faire  trembler  >,  ex- 
plicaiion  citée  par  Simon  Durftn  (p.  1966). 

*®  Le  sens  de  ces  mots  est  obscur. 

**  Cette  explication,  avec  la  citation  de  Cantique,  est  rapportée  aussi  par  Simon 
Durân;  c*est  aussi  celle  de  d'Isate  di  Traui  II  (Scbwarz,  p.  166). 
*«  Cf.  Rascbi  et  I.  E.  ad.  l. 
«»  Voir  ScKabhat,  62  h  :  T^rt  ym)  ''tt^SN  Û-^bCnn*^  "^«S». 


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102  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

t<"tr^  non  bbt  ,b5in  Ss  -^d  •^nj^i'^  'n  n»  ar»«  i^^-^n  Chap.  xm. 
mp  npD  pi  /t^i«3  n;û-iT0«5  ,(Ps.,  lxxxix,  io)  T^ba  r*^i®a  'nbpttîttn 
riT  "^tt  ,^7:)2  ^^STD"^  «b  .îTTttT»  ^73»  naTS''  e^bi  .npb  in  (Isoïe,  lxi,  1) 
ï-1373'^b:^'»  ns^^'T''  t^b«5  ini«  ,i-i725n  ta^^bj^^rr  t^^in  '>n  ,r^:^y  to-^bj^» 
■^37373  nb«u)ttj  mbNion  Hb^i  ,';"»aN  e^bi  "^man  •^35<i  .nsiiina  t^biD 
t^3  y^so  Y^  ^'^■'^  ""^^  briiî^^  *yn«  t^bi  -«b  ton  ninnosi  mKboj 
.^nxn  "^r^  Jrrnj^i  •'b  nnTDN  nî5fio  -«sj^mm  ib«u)N  'nan»  ••sisni 
•'S  13  nabi©  i-«3^  ;i6) à]  i«^«  Tian-»  Nin  ^»  .nn:^D3  nnxTa  rmx  n^n 
fa'^Ta  lOWû'»  pT  ,0072  173  0NÎ3N  p  b3^  ,tsimaïi  m^ib  r^^ia^a  no  i"»» 
»  ^w«u)  ntto  .-iDN*)  "hd:^  b3>  '>n73n3T  .loott'»  Ca-^»  iîso  (Ps.,  lviii,  8) 
Sd  n»  'în  cioT'i  'n  nm  nn«  '>n'»i  .(Job,  ii.  8)  -iD^rr  ^ina  aiDi*»  r^^irn 
ts-^san  ^v^  ^înbnna  ib  Jrr'n©  iiwïin  bo  na©»  ,rt3«3Db  ar»b  n©» 
ib  nDn3\D  im^Di  .rs«ao  '  nn«  ï-tû'^«p  .)»'^73®nn  ^nio  ïr^n  isi^n  b:^ 
inhiba  «îr-TSi"^  Kin  n^-iTs"^  n"''«5n  itr^bstn  n-^aa  117373  nb  mrr  -n®»7ai 
^non  1130  niD"»  i-^n  ï-i'»3''3^  .^isrr  inp  ,'t3t3ip  Mj^'^^p  ,îFr73'»73-«  ^any 
boni  »ri3tt5  û'»3^ai»i  nwn  n«T  nn»  ai\^  •^m  ••^an^^a  bino  "Kirro 

t3*^2^  n«3^i  D-»n«73 
.•^nttp  ciOT»  .'■)  ûonb  ai-^N  u)i^'^d  ûbuji  p'^'^o^  tOTsnn  T^na 

i^.  ^.  —  Après  avoir  achevé  la  copie  du  ma.  de  Munich,  j'ai  reçu,  grâce  è  la 
bonté  de  M.  J.  GuttmaDD,  celle  qui  en  avait  élé  faite  par  Abr.  Geiger  et  qui 
appartient  maintenant  à  la  bibliothèque  de  la  Communauté  de  Breslau.  —  Au  sujet 
de  boni  il  faut  remarquer  que,  diaprés  la  leçon  du  ms.  de  Rouen  du  Dictionnaire 
dUbn  Ganah,  reiplicaiion  de  celui-ci  8*adapte  mieux  à  ce  qui  est  cité  par  J.  K.  Au 
lieu  de  t^lOaOI,  on  lit  dans  ce  ms.  t^1003ni  ■  inversum  esse  >  ;  mais  cependant 
tout  cela  u*est  pas  d'accord  avec  le  sens  de  notre  verset. 


*  Voir  S^f,  Haggalouy^  p.  146,  art.  np,  et  la  première  opinion  de  I.  E. 
«  C'est-à-dire  :  «  que  je  puisse  te  dire  » .  ^ 

>  C*est  ainsi  que  l'expliquent  Isaîe  di  Trani  il  [L  c.)  et  Simon  Dui&n  (p.  197  h). 

^  Diaprés  J.  K.,  le  nombre  de  ses  fils  n'a  pas  été  doublé.  C  est  contraire  à  ropinioo 
des  rabbins,  qui  prennent  ^37a^  dans  le  sens  de  c  quatorze  •  à  causa  de  Tinser- 
iion  du  '3.  Voir  le  Targoum,  Rascbi  et  Ibn  Masn&tb.  Cela  ressort  aussi  des  mots 
interrogatifs  du  Talmud  Baha  Batra,  16*,  aVN  bU)  I'»ni33  lbD03  «b  ms  ''3D73. 

'  C'est  ainsi  que  I.  B.  et  I.  Ganah  l'expliquent.  I.  G.  préfère  cette  opinion 
(voir  son  dictionnaire,  651,  24)  ;  ils  suivent  Saadia  qui  traduit  ce  mot  [Gen.,  xxxiu, 
19)  par  ^33^3  (éd.  Derenbourg,  p.  53),  tandis  que  dans  sa  version  de  Job  il  le  rend 
par  ^TS3'>t^p  ;  le  ms.  de  Berlin  a  la  leçon  :  ïl3^bÔ  (voir  éd.  Kohn,  p.  112),  c  espèce 
dévotement  >.  D'après  les  autres,  il  signifie  >  monnaie  •,  suivant  Topinion  du  Tal- 
mud Bosch  Hatchana^  16*,  voir  aussi  Ber,  Rabha^  à  la  fin  du  chap.  lxxiz.  Le 
Pseudo-Jonathan,  Genèse,  xxxiii,  19,  le  traduit  par  I'^'«b3n73  •  perle  ». 

'  Les  lexiques  de  Freylag  et  de  Dozj  ne  connaissent  que  nûfi^â^* 

'  Voir  Frejlag,  lex.  arabe,  d'après  le  Kàmûs  et  le  Djonauhari,  Radieu»  aroméh' 
tics  Indics  et  Arabica  species.  Cf.  l,  Ganah,  642,  22.  Saadia,  dans  sa  version  des 
Psaumes,  xlv,  2,  le  traduit  par  *ia3y»  ce  qui  est,  selon  Freytag,  amharum  (voir  Th. 
Hofmann,  Die  Korachittischen  Psalmen  nach  Saadia^  Ehingen,  1891,  p.  3  [arabe]). 

*  Ainsi  Ibn  Gan.,  565,  27.  Le  mot  arabe  est  bno. 

*  Voir  Benschit  Babha,  61. 


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DOCUMENTS  ET  TRADITIONS 
SUR  SABBATAI  CEVI  ET  SA  SECTE 


BELATION  TURQUE  SUR  SABBATAI  CEVI. 

Voici  ce  que  dit  de  Sabbataï  Cevi  l'Histoire  {Tarih,  Constan- 
tinopleî  1282  de  THégire.  t.  I,  p.  133)  de  Rachid-Effendi,  Cazi- 
Âsker  d*Ânatolie  (10*72-1133  de  l*Hégire),  fils  de  Malatiali  Mustafa  : 

«  Assigoation  du  célèbre  juif  devani  le  Sultan  et  sa  coaversion  à 
llslam. 

>  Il  y  a  quelque  temps,  apparut  à  Smyrne  un  certain  juif,  portant 
le  nom  de  rabbin,  qui  gagna  à  sa  croyance  une  classe  de  Juifs,  qui, 
rassemblés  autour  de  lui,  montrèrent  des  signes  d*émeute.  Ayant  été 
expulsé  et  relégué  dans  la  forteresse  des  Dardanelles,  il  y  continua  à 
semer  la  sédition  parmi  les  Israélites,  à  la  suite  de  quoi  il  a  été  cité, 
le  46  du  mois  Rebi-ul-Abir  (4077  H.),  au  pied  du  trône  impérial  à 
Andrinople.  Ce  juif,  appelé  en  présence  du  Sultan,  assisté  du  Cheikh- 
Islam  Effendi,  de  Yany  Efifendi  et  du  Gaïmakam  Pacha,  et  interrogé 
sur  ce  qui  avait  eu  lieu,  démentit  les  sottises  qui  circulaient  sur  son 
compte  et,  sachant  qu*on  allait  le  condamner  à  mort,  manifesta  le 
désir  de  se  convertir  à  Tlslam.  » 


II. 

ANECDOTES  ANTI-SABBATIENNES. 

Andrinople  ayant  été  le  théâtre  d'une  grande  partie  de  l'agita- 
tion sabbatienne,  il  ne  faut  pas  s'étonner  que  la  tradition  y  ait 

I  Voir,  t.  XXXV,  p.  264  s. 


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104  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

conservé  certains  contes  où  le  héros  et  son  entourage  jouent  un 
rôle.  Il  8*agira  plus  loin  (VII]  de  son  secrétaire.  Notons  maintenant 
deux  récits  venant  du  parti  de  Topposition  : 

Cevi  Askenazi ,  ou  Hakham  Cevi ,  le  célèbre  adversaire  de 
Sabbataï  Cevi,  se  trouvant  de  passage  à  Ândrinople,  où  Ton  consi- 
dérait ce  dernier  comme  un  thaumaturge,  lui  attribuant  même  la 
faculté  de  s*envoler,  s*élança,  à  travers  la  rue,  de  la  fenêtre  supé- 
rieure d*une  maison  à  celle  d*une  maison  voisine,  voulant  démontrer 
par  ce  tour  de  force  que  ce  n*est  pas  un  acte  miraculeux  que  de 
savoir  se  maintenir  en  Tair.  Encore  aujourd*hui,  on  montre  ces 
deux  maisons  en  face  du  temple  Bude. 

La  femme  du  même  Hakham,  qui  ne  lui  cédait  pas  en  incrédu^ 
lité,  mit  dans  le  pâté  du  vendredi  soir  un  morceau  de  coton  au  lieu 
de  viande.  Son  mari  s*étonnant  de  cette  plaisanterie,  elle  s'em- 
pressa de  la  lui  expliquer  :  «  Notre  gâteau,  dit-elle,  est  le  symbole 
du  charlatan  d*aujourd'hui,  qui  ne  trompe  les  naïfs  que  par  les 
apparences.  » 


III. 

SAMUEL   PRIMO. 

Il  n*e:»t  pas  besoin  de  retracer  la  phyi$ionomie  de  cet  aUer  ego 
de  Sabbataï  Cevi. 

L*apostasie  de  son  maître  ne  paraît  pas  Tavoir  déconcerté,  et 
c'est  probablement  lui  qui,  pour  justifier  cette  abjuration  scanda- 
leuse, inventa  l'argument  connu  qui  a  fait  fortune  (Graetz,  trad. 
fr.,  y,  p.  246).  De  guerre  lasse,  il  parait  s'être  réfugié  à  Sofla,  où 
nous  le  trouvons  en  1673. 

Depuis  lors,  nous  perdons  pour  longtemps  sa  trace.  Qu'est-il 
devenu?  Où  est-il  mort?  de  rares  intervalles,  mais  sans  dates 
précises,  on  entend  encore  parler  de  lui.  Vers  1702,  il  s'entretint 
sur  des  sujets  cabbalistlques  avec  Néhémie  Hayyoun,  qui,  rejetant 
sa  théorie  comme  hérétique  et  dépourvue  de  toute  base,  veut 
affirmer  contre  lui  une  nouvelle  Trinité.  Â  cette  époque  eut  aussi 
lieu  sa  conversation  avec  Hayyim  Malakh.  Avant  1706,  on  expulsa 
d'Andrinople  A.  M.  Gardoso,  avec  l'autorisation  d'un  Samuel 
Primo,  rabbin  (ïmn  «pan»)  de  cette  ville.  Ce  dernier  est-il  iden- 
tique avec  le  nôtre?  Graetz  dit  non,  la  tradition  locale  dit  oui. 
Bien  plus,  cette  dernière,  jointe  à  d'autres  informations  inédites, 
comble  la  lacune  qui  existe  entre  le  séjour  de  Samuel  Primo  à 


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DOCUMENTS  ET  TRADITIONS  SUR  SABBATAI  CEVI  ET  SA  SECTE  M   . 

Sofia  et  sa  mort.  Comme  Graetz  n*allègue  aucune  raison  à  Tappui 
de  sa  thèse  négative,  nous  n'avons  pas  le  droit  de  contester  Texac- 
titude  de  Tassertion  traditionnelle  que  voici  : 

A  la  suite  du  âasco  sabbatien,  Tinspirateur  et  beau-frère  (sic) 
de  Sabbataï  Cevi  s'en  retourne  tout  penaud  de  Sofia  à  Andrinople, 
où  il  aurait  même  importé  certaines  romances  judéo-espagnoles  en 
vogue  en  Palestine  (telle  que  celle  du  n<>  xxxv  de  mon  Recueil  des 
Romances,  p.  50).  Revenu  d'une  grande  partie  de  ses  illusions,  il 
fréquente  tous  les  jours  le  Esgher  (n:iDïi),  local  où  dix  hommes 
pieux,  rémunérés  par  la  Communauté,  sont  continuellement  oc- 
cupés à  la  lecture  et  à  la  méditation  de  TËcriture  sainte,  et  situé  en 
face  du  temple  Portugaie,  et,  tous  les  soirs,  il  va  faire  son  sermon 
quotidien  dans  le  temple  Tolèdo,  qui  est  dans  le  voisinage. 

L'ancien  bon  vivant  n'est  pas  complètement  mort  en  lui  :  dans 
ses  moments  de  loisir,  il  ne  dédaigne  pas  de  jouer  aux  cartes  avec 
sa  fille,  pour  oublier  ses  chagrins,  dit-on,  ou  calmer  ses  douleurs 
rhumatismales,  qu'il  a,  sans  doute,  contractées  dans  ses  longues 
pérégrinations.  C'est  dans  sa  maison,  contiguë  à  l'église  armé- 
nienne actuelle,  que  vint  le  trouver  Juda  Rosanès,  déguisé  en 
cavalier.  Surpris  du  contraste  entre  le  costume  laïque  de  ce  der- 
nier et  son  savoir  rabbinique  étendu,  le  maître  du  logis  lui  en 
exprime  son  étonnement  par  les  mots  piquants  :  vh  vnù^  '^\n 
MD'^D,  que  M.  S.  J.  Rosanès  *  attribue  à  un  anonyme. 

Réhabilité  dans  l'opinion  publique,  il  est  enfin  nommé  rabbin  du 
temple  Pouille,  où  son  nom  est  encore  aujourd'hui  rappelé,  dans  la 
commémoration  annuelle  de  Kippour,  avec  le  titre  de  \fr\Xr\  a^ti 

Conservant  sa  renommée  de  cabbaliste  émérite,  il  put  faire 
amende  honorable  de  son  excès  de  zèle  sabbatien  et  devenir  chef 
de  communauté.  Cette  rétractation  même  n'eut  pas  besoin  d'être 
complète  à  Andrinople,  où,  jusqu'à  ces  derniers  temps,  se  sont 
conservées  des  traces,  légères  il  est  vrai,  de  Sabbatianisme.  Puis  le 
cas  d'un  sabbatien  maintenu  comme  rabbin  n'est  pas  sans 
exemple,  témoins  Hayyim  Benveniste  à  Smyrne,  Hayyounà  Uskup, 
Eibeschiitz  à  Prague. 

Nous  suivons  ainsi  révolution  graduelle  de  cet  esprit  pondéré. 
A  force  de  circonspection,  il  sait  insensiblement  atténuer  la  mau- 
vaise impression  que  les  égarements  de  sa  jeunesse  avait  faite  sur  le 
public.  Les  autres  sabbatiens  invétérés,  tels  que  Malakh,  Hayyoun 
et  Cardoso,  le  croyant  encore  attaché  à  ses  anciennes  erreurs,  se 
donnent  rendez-vous  à  Andrinople.  Il  sait  doucement  éconduire  le 

*  Généalogie  d$  la  famille  Roianès^  Roustcbouk,  1885,  p.  29. 


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106  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

premier,  ne  peut  pas  éviter  un  conflit  avec  le  second,  et,  enfin, 
il  se  voit  obligé  de  laisser  bannir  le  trop  remuant  et  effronté 
Cardoso. 

Voilà  comment  nous  nous  expliquons  sa  conduite,  en  apparence 
versatile.  Revenu  de  sa  frayeur,  il  peut  s*adonner  tranquillement 
à  ses  études  rabbiniques.  Les  produits  de  cette  activité  littéraire, 
sont  restés,  sous  les  n***  1-20  et  sous  le  titre  de  :  n»©  '»'Ttt«  (—  ^^ 
ntt">-iD  b«ntttt)  TtVMV  'n  •'pitd'^s^d),  à  la  fin  des  Consultations  de  son 
beau-fils,  Moïse  Cohen  (ûbv  nsinD,  Constantinople,  5,500  — 1*740*), 
ainsi  que  dans  le  îT^b«  wd  (Amarillo,  de  Salonique)  sur  ^T^  pM, 
n*»  15,  et  DBtDtt  l«n,  n^  lO. 

^admiration  de  ses  contemporains  ne  connut  pas  de  bornes, 
quand  il  s* éteignit  à  un  âge  bien  avancé  :  témoin  son  épitaphe  que 
voici  etqaej*ai  copiée  sur  son  tombeau  dans  le  cimetière  israéiite 
d*AndrinopIe. 

by  û*»»  înnn-»  ■>5">5>  ■>5'»3>  '<b  ■«j^a-^'a  n3">p  ;  bfinîa© 
p73  bfimD">  bD  :>Ti  •'«bi3>  "«m  mn»  bNi73«  n^a  bN">n«  nbna  ««n  .2 

p">OD  r^b*i  «bp  Sn3  «n»  it5n«  ï-rsn  »nNn  ran»  «-^«ïi  s-tt  .3 

bNn73)Dn  ninto 

—  bN173«^ 

St)  wn'ija  r)'»n73  ">*i7aN  pan  nittit'i  r^n'»'»b3?73  ■»b'^?3  -^sn  Sr>i  .5 

—  rT»b  0"»:»  t<b  n  bD  —  b^itto 
n«p  tovn  —  bNiTatt)*!  iriD  ^r-»Tinb  nasnwi  n-^^fina  ï-idj*»  .6 

nbs^"»  'mn»">  bN'»nK  b«">nN  "«in  —  bNi72t5  b«  'n  Nnp">i  «np7an  pt  .8 

.b«i5D«5D  imia  nnD">  —  r^-iia  nn 
■«n^n'^Nn  nyns»  in:?'^T'   wD^o^b   nan  t<bs">  •'D   yn^n  C|îD73  -9 
nnapn  t^nTaa  irsy^a  iTabn  nan  t-rbp  inrp^n  :  S«"i73«  bna'»n  ,t<-iaa 

—  bfcn)3«n  "^b*^  ba  - 

1^ 
niirp  nbfc» 

tsy  3?"inT  ib  T»D-n 
nan73  «a-»  "D  i^^  rmaa 
—  bKn?3©  cp"»!  -  nnt5^n 
bsn^'^a  nbiaatt)  i3'»an  nast» 

»  Voir  aussi  Û'^bl'ian  Ûttî  d'Axoulal,  n«  135,  p.  177. 


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DOCUMENTS  ET  TRADITIONS  SUR  SABBATAl  CEVl  ET  SA  SECTE      107 

—  n'TiN^  n"-im»D  la©  bina 
1i-i«3  dO'^'^T  n"nbT  i72">nD  b»Mù^ 
pBb  •^îîansn  àôni  '®  l'i-'Ob  '-^i  'a  d"i''3 

La  date  de  son  décès  est  donc  Doni  =  5468  =  1708.  Nous  pour- 
rions môme  Axer  approximativement  celle  de  sa  naissance. 

Il  est  intéressant  de  voir  qae  certaines  expressions  de  cette 
inscription  lui  étaient  familières,  par  exemple:  fenit  itD'i»  Ttyn 
bna,  qu'il  adresse  à  son  tour  à  Abraham  Rosanès  (ûbvnn^D,  t*  26, 
n«  20). 

Le  Moïse  mentionné  ici  (tw12  n*»^:'»  tî^)  doit  être  son  gendre, 
Moïse  Cohen.  David  ('itt  l^np'^n)  doit  être  son  élève,  David  ben 
Sanche,  éditeur  des  sermons  idu)  '»n)3«. 


IV. 


ABRAHAM   MAGRISSO. 

Parmi  les  rabbins  vivant  à  cette  époque  à  Andrinople  (Abraham 
Brudo,  Ëlie  Obadia,  Israël  Adato,  Jacob  Danon,  Joseph  Sarfati, 
Pinhas  Cohen) ,  Abraham  Magrisso  semble  avoir  conservé  son 
sang-froid,  au  milieu  du  vertige  général,  et  résisté  dès  le  commen- 
cement à  la  tentation  sabbatienne.  Cela  semble  résulter  d'un 
passage  (n»»  "»t03«  Tn-min  dra)  de  son  épilaphe,  qu'il  m'a  paru  in- 
téressant de  transcrire  ici  : 

.lanpa  I  mn  'icn  I  bD  nti  I  ab  nn^i  1  nnm  t-imb  .i 

.lapy  I  ûmKD-ib  I  n-nam  j  t^iDa  )^y  |  r<in  pxn  .3 

.nattons  |  ut  r-naiy  I  dna  )m  I  d"^n'»«b  j  n^y  d-^s^D  .4 

.ia  np-i  I  TD  na-^uja  1  aiî*^  tnf2^  \  "^^dn  "im  |  yrri  dva  .5 

.naNa  I  im^^n  |  t<in  r^^^'l'p  \  ••r»  bsa  j  inuj'npn  .6 

•lanna  |  mid©*'  n'ia  1  yny  bsb  |  dib©  ntt«  I  M3pT  ^3>i  .7 

.nainp  i  bfimD"»a  l  &«)  rrmm  i  d^n  d^^b  |  tss^îa  v^^i  .s 

am  tl-^pn  ;  «ïb-^ii  "ïi^n  f»3anN  :  an  bD-^na  b'^bDDN'i  :  n'»)3t3  nnNb 
tn3«  rrnbt  no-^naNTs  dnia»  nnmwD  i-^^iiTT:?!  l'^'^in  db^n  dDnn 

.p'èb  'n  'o'p'a'73 

Il  a  donc  devancé  de  plus  de  vingt  ans  dans  la  tombe  Samuel 
Primo,  sa  mort  ayant  eu  lieu  en  1682  ou  1681.  Ce  doute  chrono- 


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108  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

logique  de  cinq  ans  provient  de  Tincertitude  s'il  faut  ou  non  in- 
troduire dans  le  comput  la  lettre  "n  qui  suit  le  mot ';&yn'X), 

Il  est  à  propos  de  rappeler  ici  que  la  conduite  d'un  jeune  homme 
de  la  môme  famille,  Samuel  Magrisso  (Galimidi),  contraste  avec 
celle  de  notre  rabbin.  Ce  jeune  homme  naïf,  fantasque  et  écervelé, 
entretint  à  ses  frais  è  Constantinople  (avant  1687)  Cardoso  et  con- 
sorts, en  s^endettant,  à  cet  effet,  lui-môme  et  en  ruinant  son  père. 

Je  crois  pouvoir  rapporter  du  môme  personnage  une  déclaration 
sans  date  ni  signature,  tirée  d*un  ms.  en  ma  possession.  Il  s*y  agit 
d'un  différend  qui  s'était  élevé  entre  ce  rabbin,  fondé  de  pouvoir 
de  son  beau-père  Isaac  b.  Joseph ,  et  la  Communauté  Israélite 
d'Andrinople,  différend  que  les  deux  partis  convinrent  de  sou- 
mettre à  rarbitrage  du  rabbinat  de  Constantinople.  Voici  eut  acte  : 

n">73ys  '^nib  ûtt)  nn5  no-^naN^D  faîma»  '-in73^  dbtoïi  ûDnw)  nrnb 
ribbD  i">a  bD3t5  ©nom  tonmi  1"»^  nniN  bs^  »":^^  '•»^3:3«"ipb  r-iDbb 
i"x"»  tpv  '-ID3  pniT"»  '-iriD  nbi3^7:"i  ^p^n  T»nx  '\'>2^  t<"y^  ^'^yrt  •»©:» 
■»tt53K  mbbs73  "is'n-ia'in  iny^'vn  natpa  dimn  b^^  D'^xan  7a''n  nsrcfin 
1»  in-^mnb  'lan  ûma»  'nn^D  tob^n  ûDnn  nnfi^  n^bb  h":^^  "r^rn 
^^yrt  •^mujm  "«aiia  "^nm  "^oa-iDi  "^^nn  d^jz  irb»  mo^n  renTai  yrm 
o:n»  nDT  toi;»  "^bn  mwam  Miocn  iD:iisnn  •i30'^''sr3i  la'^^'nna  r^"^*» 
ns^nb  n-inîsn  ï-uia^o  1373^  *inK"i  *in«  Sdi  nm  iDbD  nsr^aoai  bba 
l-^n©  'T3n  'i"n3  tobïsn  ûDnn  n^^nbi  n^wNa  to-^ynu^an  n^^bi  n^apn 
MDttJîDb  nm  'T3n  pnii-^  'nn  v^"^  ^^''^^ï^  ""'^^îs^  mbbD  Y^  bD5T0  nt  ©-ism 
nriDM*-"ip  «nan  t^nnp  "«siNa  ■'Dan  nnp^  n-nn  rjD"»  'l'^a  •'ssb  a-ip-» 
onpnxa  M73m  ûïT^m::^::i  ean\-n?Dnat3^n  lanp"»  ton-'DDb  û©i  i-i5 
1■»^ï^  tn-n«  -«d  by  n?3«  I-^t  i-'^m  md^t:  n"i«b  ièt^t^  S3n2'»a  armai 
"na  to"»3ann  tit^'^u)  n^a  bsn  nnci^^i  bna  ts^a  noo  b^^  û'»-iann  ipnn 
"lîanD  n»»  nvnbi  mboa  r^a-»  iTanpn  b:^  «"•xi  :>7d«3i  mos^a  'nn 

...ûT'a  riT  n-m  M\xnb  irm»©  namm 


SITUATION    ÉCONOMIQUE    DES    ISRAÉLITES    D'ANDRINOPLE    DU    TEMPS 
DE  SABBATAI  CEVT. 


Nous  savions  par  De  la  Croix  (Graetz,  p.  466)  que,  à  la  suite  de 
la  guerre  entre  la  Porte  et  Venise,  la  vie  commerciale  s'était  alors 
retirée  de  la  Turquie  d'Europe  et  transférée  à  Smyrne.  Ce  chômage 
des  affaires  est  confirmé,  du  moins  pour  ce  qui  concerne  Ândri- 
nople,  par  une  lettre  tirée  du  môme  ms.  et  dans  laquelle  le  rabbin 


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DOCUMENTS  ET  TRADITIONS  SUR  SADDATAI  GEVI  ET  SA  SECTE      109 

sasmentionné,  Israël  Adato,  s'excuse  auprès  de  Méïr  Rofé,  délégué 
de  Hébron,  de  ne  pouvoir  pas  lui  remettre  les  pieuses  contributions 
(d*AndrinopIe  sans  doute)  à  cause  de  la  misère  de  cette  Commu- 
nauté et  surtout  du  fardeau  des  impôts  qui  pèse  sur  elle  : 

n^b;Db   173N3  n^'is  tobon  ûS)nn  ,d'»«'ï*ip  bo  i^n  ,d"»»'»b^n  cn-i 
x-nrnn  T»m-ix^Na   -nn^   irnb»    'nb  p   ona  s^cnn  n-^wa  'in^D 
Xn  .t^n'^D  nnb*^^"»  ptsn  s-ns:  bDtti  inn^^)"»  "i-'^Db  •^nssnnmD  r-nb-^om 

■»:?'7T»b  "^li^-iD  in©b  nsn?:  ï-i:3^)3  5ii05<b  ns  "^ni^y  Nb  p  b:^  -^d  \vnn 
G-^Ts^a  nan  "^d  n'bb  noab  anîn  naT?3  b^^  nbiyn  nmn  pntt  /1?30 
■»ai23n  "«ma  -^sd  ■^n'bn  rîTn  Dip7:n  bx  TiNa  Ti<o  "«s  '•»73Tn73a  -^inoi  "^n^^ 
\-T'  b«T  tonb  n.><2a  ûnain  "«t»  i«i:'»n  riansn  it  b:?  t^''^^-^  p"pn  •^3'»'*i 
ann  "^m?:  d:^  p  aa  "^nan  T^n*»!  ,bT0D"»3bi  npiob  on-'b:^  nm  ii^^n 
«"•at^nb  ï-i-naai  ns-^a  rr^^sim  in:^y  V2y  "«s  '•»2">"»nn  ab  by  nan*^  nai  'na 
■»nan  ©bï3  '■'îo^d  rjiay  pi  'isn  ï-iansn  bo  nnjr:5'»n  nnpn^  mxb 
Girsa  n):{<a  d'»DD  t<b"i  t\'\^y  ■iD"»bî«  naan  t<3^  casnD  by  ean^a:^ 
C3D-nD«  HT  ^aai  £i'»oinb  û-^Na  'nDO  t<b«  i:-i3^i:  isb  ■»!  t^b  ns-^b» 
t^nan»  "^-non  nn^^  m:''^73a  -«nai  nbbinTan  rNT.-s  ^n-'^^n  -^a  n3T«3^a 
r^;i^D  nn^:  T»aan  pnnxi  n-ipa  maa  i^xn  nbtto  v^'»  tanb  v» 
tobiTD  3^1-1  bj^  D"»-5nN  D'^aari  D'»aia  w^^^y  ^vn  am  ,!-i"-i'«  r^abwn 
toT»  bi<b  i-'Ni  ij^^aD  tonb  hd  S^i  laiTsa*»©  rra  b:^  eanb  i-^jc  -^a 
anp73  T»7jn  irb:^  ea-'aai  a'»-iai:^b  t<3  nbi^'ûT  .tanbirb  a'^ca-'nb 
noaï)  pn»a  n»Tn  ^'•^^n  m-^ay  ^m-»:»-^  ITt»:^"»  n?3m  cnp  Gaa^^snTs 
nnn  ono  't^  rnanno  '"^sî^  nnb  toT»  bxb  v^  r^d'-a  ea*»!»")»  »b)3 
Dnpnsa  nj^rt  ûnb  'n  a-^nn*^  pTn  ^07D^a  ai<i  .a-'i^-ixan  ipr:?  bpTs 
Nbn  ,t^nra  dnb  t<p'»m  n^^ai  'nb  n-n:  -iidîo  mttbiaa  nan^n  inb©*^ 
pa-^  m'^a  "in-nn  ncmp  r^aai  ,"»T'tt  t<b  nm  t^j-»  '■»3'»'»nn  "«nai  na 
inan»  173«3  U3D31  n»-n  naann  r::D3  mfi«  baa  mnm  t^  a-na  obny 

."ia5<n«  bx-itt?"»  ,nt3Nb  las^a  -la*!»  n'»3^atn 


VI. 


ABRAHAM   HA-YAKHINI. 

Sur  ce  mystificateur  qui  a  mis  entre  les  mains  de  Sabbataï  Cevi 
la  célèbre  apocalypse,  source  de  tant  d'impostures,  nous  avons  une 
lettre  inédite  qui  lui  fut  adressée  par  Ezéchias  Romano,  poète 
mentionné  par  Pinsker  (ni"»3itt'7p  '»t3p">b,  p.  137;  LU.  des  Or.,  1847, 
p.  403),  et  de  la  même  famille  que  Yomtob  Romaao,  Tantagoniste 
de  Cardoso  et  des  sectes  sabbatiennes. 


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iiO  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

Cette  missive,  conçue  dans  un  style  alambiqué,  hyperbolique 
et  intraduisible,  ne  contient  qu*une  simple  allusion  à  Tactivlté 
littéraire  (nann  d'^'iDO  r\wy)  de  ce  calligraphe  et  polygraphe.  Ce 
qui  fait  sourire  ici,  c'est  le  titre  yny^  ma  ©mn  que  son  corres- 
pondant lui  donne,  titre  que  Samuel  Primo  aussi  s^adjuge  lui-môme 
(ûVv  nï-iriD,  no»  3, 4,  5,  6  etc.). 

^3^3^  ^TûDDD  *i[^pbN  T»u3nT'  ,to'»ttbn:?  mrû  ^STr»  û-^pb»  nmna 
•'D  n73bia  nii^^D»  "iDr:>au5n  rsDD^D  ^non  np*'  M»  ,^73nn  û-^nDO 
>:?  dnb  n'»a  ^idt:   )3V2   iDpism  ."^no   "^nm  mstm  t<nm  ^b 

riDU)-^  d'»nD"io  b«  ibîp  .t^^^o  t^nmci  nna  t^ma  ^^mn^a  ta-^îa 
iy  "^nnan  ">a  -^n-^ia  nTDDna  t<b  ■^"•3:^3  "^skt  ,">-iidx  riN^D  nbna 
nnw  •'D  .''bionp  l'^y'n  v-iDTa  am  t^3ND73  loain  ï-rn»  dn 
•^pia  -«pia  t:na*i7an  riTan  Q'^AnTam  ta*^DSD^^n  npib:^   naao 

■»b  -«IN  abrr  '^mni  p-nrr  ^^^^72  nanu3?3  ,yipi  pp  Sd  ba^ 
I  3^-ib  t:">-i73nî«n  y^^jm  rï7aDnn  nna^T:  ii\Db  ciin^xa  manbi 
p^^nm  a'»bmb  ans  a'»-ipn  mn  itdd  «a*i73  D'»pir7D  onnxTan 
n  î-7a)3N  ^«  ,r<:n  Nba  t^mDb73  n^'^ja  T^b  n^aT  Dn'^T»a  nc« 
n73«n  (!)  ni<"»n7aî<  aian  nan«  ta-^aT^o^n  ibaA  *-^.^x  nbpbpr 
"inriD  ,'»ni&"»n7a'î2  ■•aix-'isin  in  can  "^d  "^-la^  ,^bu5  tma'»5:jaXNT3 
nbK  -ittJN  ©"^N  rib^  b«  n)3ii<  ^nnaa  V"»*^"'^  -^ana-^rinn  an  ,naxa 
'  Miaa^n  ai-i  "«ob  ib  rï7an  d-^anna  j^nTam  n^aann  .lia-»  n-i"«a 
•^a  a*^m7aa  yna  t<bn  ,ibbn«  "«Db  u5''«t  nan\D)a  nt  ">nn  rrNTina 
I  ba  ^ttn  rrn"»aia7a  nnoOK  "^nn»»  tax  .loro  "la^aa*^  —lap 
p5ab  a»  .ynx  nx  ^n^nb  î-Tia;i  ba^Ta  maa  nb^  bm  ,y-n:i 
d-^a-^is^an  tona?U5  niNm  T«3*^a^  "i"»r!"i  ,a"i;an  ncfi<  ^y  *i["»-)jo  baa 
,ï-i3a"»a  a-iaa  ;a'»-nT  «inna  r<n-n'»n  "^-n   -ino    "«aTan   pia  iî* 

l'ij'a  u:n7d  ^^v2  ^in  .i-^Tan  •»ttna  rrnaa    na^idn  ^b^r^  taT« 

•T'a^  ,t3'»©"»«b  b"»ba'j 

Andriooplc,  décembre  1897. 

ÀBR.   DaNON. 


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F  _l_ 


L'ELEGIE  DE  MOSE  ZACOUT 

SUR  SAUL  MORTEIKA 


Mosé  Zacout,  en  qaittant  Amsterdam,  n*avait  pas  rompu  toutes 
relations  avec  Saûl  Morteira,  le  vénéré  maître  de  sa  jeunesse. 
L'impression  que  produisirent  sur  lui,  par  la  suite,  les  professeurs 
de  Talraud  de  la  Pologne  ne  put  eflfacer  le  souvenir  de  son  maître 
et  modèle.  Aussi  saisissait-il  toute  occasion  de  correspondre  avec 
lui.  Lorsqu'au  1650,  David  Carcassoni  entreprit  son  voyage  à  tra- 
vers TËurope,  à  l'instigation  de  la  communauté  de  Constantinople, 
pour  le  rachat  des  Juifs  enlevés  par  les  Tartares  et  transportés 
par  ceux-ci  en  Crimée,  et  qu'il  voulut  aussi  se  rendre  à  Amster- 
dam, Zacout  lui  donna  une  lettre  de  recommandation  pour  Mor- 
teira * . 

De  même,  Morteira  se  servait  de  son  disciple  quand  il  avait  une 
affaire  à  traiter  à  Venise,  sa  patrie.  C'est  ainsi  que  nous  le  voyons 
adresser  à  Zacout  lettre  sur  lettre,  lorsque  Tinstallation  des  bains 
rituels  occupa  de  nouveau  les  rabbins  italiens,  comme  jadis  la 
question  du  bain  de  Rovigo',  et  que  l'avis  de  Morteira  fut  éga- 
lement solicité.  Peut-être  des  négociants  italiens  en  relations 
d'affaires  avec  lesPinto^  les  chefs  de  la  grande  maison  de  com- 
merce de  Rotterdam,  s'étaient-ils  servis  de  l'intermédiaire  de  ces 
derniers  pour  obtenir  un  mémoire  de  Morteira.  Il  s'agissait  d'uti- 
liser comme  bains  rituels  des  citernes.  Le  rabbin  d'Amsterdam, 
en  en  défendant  l'usage,  avait  combattu  l'opinion  des  rabbins  de 
Venise,  R.  Simha  Luzzato  et  R.  Samuel  Aboab,  qui  l'avaient  au- 
torisé. En  vain  Zacout  essaya  d'amener  les  docteurs  de  Venise  à 
partager  l'avis  de  son  maître;  en  vain  il  leur  fit  remarquer  que 
tous  les  rabbins  de  Pologne  suivraient  l'opinion  de  R.  Meïr  b.  Oue- 

'  KaufmanD,  Retue,  XXV,  203  et  suiv. 

•  Cf.  mTanbtt  n-^auja,  'n  niTsnb?:  (Venise,  leoi)  et  d-»?:  ^abc  [ihid,,  I6O8). 

»  RitM,  fW.,205,  note  i. 


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112  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

dalia  de  Lublin,  que  Morteira  pouvait  invoquer  en  sa  faveur  dans 
ce  cas. 

Zacout  a  fixé  le  souvenir  de  ce  débat  en  consignant  dans  son 
copie  de  lettres  ^  les  réponses  qu*ii  a  faites  aux  deux  lettres  de 
Morteira.  Nous  apprenons  ainsi  que  Morteira  avait  à  Venise,  d'où 
il  était  lui-môme  originaire,  un  frère  du  nom  de  Néhémie,  par 
Fintermédiaire  de  qui  il  faisait  parvenir  des  lettres  à  son  disciple. 

Mais  aucun  monument  écrit  ne  fait  mieux  connaître  la  véné- 
ration inaltérable  dont  Morteira  jouit  auprès  de  Zacout  que  Té- 
légie  qu'il  consacra  à  son  maître  défunt.  Dans  un  poème  de  sept 
strophes,  où  chaque  strophe  forme  un  sonnet  de  quatorze  lignes  et 
dont  chaque  ligne  comprend  dix  syllabes,  il  a  utilisé  sept  fois, 
avec  un  mode  d*emploi  différent,  une  partie  de  Télégie  de  II  Sam., 
I,  24,  composée  par  David  à  la  mort  du  roi  Saûl.  Une  introduction 
en  trois  paragraphes  dans  le  style  des  Makames  décrit  la  cause 
du  deuil.  Un  soleil  s'est  couché  qui  pouvait  rivaliser  avec  celui 
du  firmament,  le  soleil  de  la  charité,  le  soleil  de  Téloquence 
sacrée,  le  soleil  de  la  poésie  hébraïque,  le  soleil  du  rabbinat,  le 
soleil  de  la  jurisprudence,  le  soleil  de  la  dialectique  et  aussi  le 
soleil  de  la  polémique*,  qui  donna  au  rabbinat  d*Amsterdam  ud 
éclat  rayonnant  au  loin.  Ce  n'est  pas  pour  le  maître  défunt, 
enlevé  vers  les  sphères  supérieures,  mais  à  cause  de  la  brèche 
irréparable  produite  par  le  sentiment  accablant  de  solitude 
et  d'abandon  éprouvé  par  son  disciple,  profondément  ému,  que 
ses  plaintes  s'élèvent  et  que  ses  larmes  coulent,  pour  essayer  de 
calmer  sa  cuisante  douleur.  En  épanchant  ses  propres  sentiments, 
il  espérait  trouver  un  adoucissement  à  son  chagrin  et  y  puiser  du 
réconfort. 

Le  poème  revient  sur  tous  les  détails  de  la  louange  contenue 
dans  l'introduction.  Toutes  les  sciences  sont  convoquées  à  s'asso- 
cier à  la  complainte  du  poète  au  sujet  du  maître  disparu,  qui  résu- 
mait en  lui  toutes  les  vertus  et  toute  la  science.  Les  lévites  du 
sanctuaire  éclatent  en  cris  de  douleur  à  cause  de  leur  frère,  le 
Lévite,  avec  lequel  toute  douceur,  tout  chant  a  cessé.  Maintenant 
celui  qui  fut  toujours  une  lumière  reçoit  sa  récompense  auprès  du 
trône  de  la  majesté  divine  ;  les  êtres  célestes  se  taisent  d'admira- 

*  Voir  App9ndic9,  I. 

*  Ici  Zacout  pense  sûrement  à  Touvrage  apologétique  PiO^idenciidc  Dios  eon  Isratl 
y  nulidad  de  las  demas  Ugês.  Dans  le  manuscrit,  exécuté  en  1710  pour  Samuel  Teyxeira 
Thrlaz,  de  cet  ouvrage,  que  je  possède,  Samson  Cohen  Modon,  de  Manlouc,  aUerle 
a  la  fin,  avant  le  registre  des  chapitres  :  «b  73  nTH  T3DDn  ^^^Ti  Dît'np  ^^73*^^ 

\>^^'0  nj'a;  'o  b^^a  t^-i-^-^ia-nîa  ^nn  ûb©n  û^nnb  r-n»ax  'n  r-i»3p 
'■^x-^b  n"ynn  bib«  \Dnnb  'i  tan-^n. 


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L»ÉLÉG1E  DE  MOSE  ZACOUT  SUR  SAUL  MORTEIRA  113 

tion  à  caase  de  la  grandeur  du  mérite  de  celai  qui  fut  un  éduca- 
teur de  la  jeunesse,  un  défenseur  de  la  foi,  un  champion  vainqueur 
de  l'hérésie.  Le  poète  emprunte  à  toutes  les  sciences  leurs  termes 
pour  louer  dignement  le  prédicateur,  Torateur  plein  de  feu,  qui 
n*avait  pas  son  pareil  pour  utiliser  habilement  les  versets  tirés  de 
TËcriture  dans  ses  homélies. 

La  dignité  avec  laquelle  il  a  rempli  ses  fonctions  est  également 
une  des  raisons  qui  rendent  sa  perte  irréparable.  Ce  n*est  pas  seu- 
lement dans  sa  communauté,  dont  il  était  Tornement,  qu'on  le 
pleure,  mais  partout  en  Israël.  Amsterdam  a  vu  s'éteindre  préma- 
turément celui  qui  brillait  à  son  horizon  comme  un  radieux  soleil. 
Seule  la  pensée  de  sa  survivance  éternelle,  de  sa  gloire  impéris- 
sable impose  silence  à  nos  plaintes,  et  le  souvenir  des  magnifiques 
créations  de  son  esprit  est  une  source  de  consolation  dans  notre 
détresse.  Cest  pourquoi  la  prière  et  la  pénitence  sont  les  seules 
manifestations  de  douleur  dignes  de  Thomme  en  qui  Israël  se  voit 
enlever  un  sauveur  et  un  libérateur. 

Nous  ne  pouvons  donner  ici  qu*un  aperçu  de  ce  poème  où  Zacout 
déploie  toutes  les  qualités  de  son  style.  Il  est  impossible  de  mettre 
dans  leur  vraie  lumière,  à  moins  d'écrire  un  commentaire  dé-- 
taillé,  les  nombreuses  allusions  qui,  pour  la  plupart,  sont  appuyées 
sur  la  prononciation  sephardique  de  Thébreu,  les  réminiscences  de 
la  Bible  et  du  Talmud,  les  emprunts  faits  à  la  terminologie  scien- 
tifique, les  jeux  de  mots  forcés  qui  se  rencontrent  dans  ce  poème. 
L'indication  de  la  source  doit  suffire  pour  servir  de  guide  dans  ce 
labyrinthe.  Mais  quelle  que  soit  la  part  de  redondance  et  d'affé- 
terie qui  se  montre  dans  cet  éloge  hyperbolique,  cet  éloge  môme 
nous  permet  d'apprécier  dignement  Thomme  que  le  souvenir  de  la 
sévérité  qu'il  a  montrée  contre  Spinoza  a  présenté  à  la  suspicion 
de  la  postérité. 

David  Kaufmann. 


APPENDICE 
I 

F.  103«. 

Tom  ?na.^«n  ^aj«  •'n»  ^^t»  î-t®:^»  n»   bnpi  -«anpa  •'nb   top 
îrb^  to*»nn  ^«n  •^m^na  l-^nij^ax»  -^b-^bri  Dibîr  nia^on  b^^i  n^iisïl 

T.  XXXVII,  K«  73  s 


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114  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

«b  b-Tin^n  lanD  by  )y^  «rr^u^b  ^nsan  pn  rr^m  lin  bD  b^^D  •»ntî« 
nT73  n3tp53  ^^  tn^tmiù  •^n'^irsi  s^iïstt)»  ••nbnaï  n^Ds  "idio*^  r^bn  5iot» 
tonim«  1">3  nDN  t^tdinî  t3:?i3i  vmrT^^D  mnsta  ^j>y^  Sip  bipn 
astntttt  "^s  n)2n«  inm  tarpT»:?  i3n">  n^nai  n^iana  M^Dna  TT^nr 
i^^*^  «btt5  an55:n  ï-i^j^t:  "»i3">«  riTTon  na:&in  nim«nn  T^niacrra 

mbab  •»5i3t'^  Tn-»  b^^om  t»\»3^)d3  •^snwi»  ne»  'n  *i[ina  nn[«](y)  nn^i 
naD  r»«TD  t-i:>b  ">d  "•n^^'r»  ini'pi2n  V'^^  ï^^^^  ^^  i^^'^ninb  i2t8t 
taawNn  ">3«n  pocn  ocnai  Y'na  itûKStib  mri  '3^»  n-ia»  m-^b  :>^an 
n:n  .noio  'ij^i  inbnntt  inpista  moj^ttn  n»  "«Dinfiib  îi-idoki  ?-n"»a« 
B|Dn  TOnan  lanD  nmx  vhk  m^n:  'i  mnD  ">b  in3«  mn^^an  n?a 
•♦n-tjtnni  iirp  ton-:©  vn^n  -«TaDn  "^îd  b-^apnb  •♦nsibm  •^nn^it:  twi 
*K5n'>MO"»on  nai  d-^nyiin  "^d  ';D-i7ai  *i[in3^  inbiiûD  d">nann  n«  ûrrsDb 
•♦îi'iN  t-n«TOn  ûnb  •»n'»Nnni  (snt  dmp  ns^n-»  r^b»  n^:)  ï-nciîn 
tarr^^aib  '"^dot  "«nDonn  myi  l'^na^b  «inb  ">iNm  mîaiîai  miom» 
■'««n  nn»  •^kt  mo''«  tarra  lana  to">nn«i  û">nm73n  tona^i  inb  iin 
n^aan  ■^na'ia  nanarr  ûnb  i-^ko  n"a  taipTsa  ûa  n»i  ^drrasa  ûn">nnb 
'nimn  •♦nca  minn  m«3^m  t-npibnttn  pn  nfirr»  «bn  tanb  '"»a'»:^  "^a 
ta^^ûtt  '■'DN  "^a  tonb  ■^n'^K'nn  p  b:^  ^rr^n  bbnrn  «"«5  i^^twai  nb'^bn 
VT  b:^ab  toip7a  )»■>  •manb^a  r-i'»aiO)3  'o  r^in  Kin  to">«a«  diptt^i 
rtfina  ^D'^ttan  -^^^y  T»n37:  'o  •'a  toan  t^in  'laj^'^ia  t^inn  •»a  pibnb 
r^-^aibiD  ''aiw  ba^a  ">batN  pDo  i\si  b"T  ««-lïi  ">nana  T^Tarrao  '-«ca 
nai  t|noi  vn«  amb  ">i^ni  t3"»iin"^b  bina  b"T  t^in  •♦a  i-nn»  nab^ 
•na-»:?!  pNO  aipuî'^i  n«:r">  nw  •  m-^^by  idu)-»  "^ab»  dWD  tanb  "«m):» 
tsn-in\a  )ana5'»D  t3'»n'»aanb  ainab  la-^b^^»  dt»  rr^a©  no-^ov  na-^b:^» 
m-nani  x^rv^n  -no  "«Db  n^aN  1'»t  i-^irri  m^av  rronpTaa  ?nai«finn 
'■»«an  tanb  hlinhin  ^la»  Mîmrîn  "^d  by  ba«  lîbn  yn^a  •p^aa^an 
^pj^iD^  •♦a  ï-iN-'i  nfio  pb^n  ws^^n  p  «b  «^nn  -pNn  i^  lîia  ai-ip» 
taattsn  .bfiwaTDi  •p^'»  i-no*^  «b-i  nmo*^  tona^tt^n  bsi  tsa-^aa^  bnpb 
"nat^b  ian  r^bi  -«nanb  taaTN  nan  r^b  (••b  nvma  Hb  ma-^ob) 
ia'»T  t^atiTsi  la'^'T'  ^inx  aïoa  ^^b  -^aia-^ian  nnx  iiaaoi  wn  rro  p-i 
oa  ts'^pnaitt  "^aan  na  nab  lo-^n  ^^Sj-^^a^  r^-i^rr'm  «na  "^a  ^'rrawa  »b 
■•a  n»K  ti">oitt  mo'»N'i  bbna  ^iia'^Na  la-ïnan  ta'»niaN73n  n'^aoa 
n«wa  mon  n«  tn:;:j>  i3'»tt5  eaa  •'n-ï-inma  t-iiNnnn  ain  Tntnna 
tDM  ''a  m^a  ■'a  ■«m'ni  ">t«  na©  «b  n»T  baa  ^«  .na'^mn  •^ai»  ^••^ 
:ïma«  '^niwd  n'^nm^a  Sbian  anb  ainab  "^nnïTOi  n^afitn  nwap 
m^ana  Kim  "^n-a  ^i^anbi  niTa^b  n"»:^»  ^b  mn^  la»»  ">nbK«i  l'-ia 
.omnLjn  va'»3^  i^n*^  n««  e5''nmn  ?nb«  '»aa"»«">i  inop  "pn 

*  Allusion  à  Doul.,  xxi,  15.  —  *  Baba  Kamma,  65,  et  Ber,  r.,  49.  —  *  =  Citerne. 
—  *  MeguHla,  5  J.  —  •  iSo/a,  47  ^.  —  «  Venise,  1606.  —  '  n"!©  K.  Méïr  Lublin,  éd. 
de  Venise,  1618.  —  •  Dtn.,  iv,  24.  ^  »  Pi.,  lzzziz,  35.  —  »•  Qnittin,  41  *. 


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L»ÉLÉGIE  DE  MOSÉ  ZACOUT  SUR  SAUL  MORTEIRA  115 

II 
F.  95  tf. 

/l73y  "^aa  nana  ,i»«  b-nai  bbisn  r^bonan  ann  ^mwn  -^bD  bs  niri» 
«•^a»  "«aÉi  -^am  -m»  :  t^?*^  ûN^'na^Taîï  Timaa  «nn-^nT:  «î-ni  Kn^a  «"^n 
r**i»n  -^s  nîtDi    ^noa   -.ûdd  .rrnbî   «n'^'^ann»  SSo  bnN«   ^nmttD 

:'na"»p  n*»^'»  .vp^yiz  '^n'p^^  cii^^^ja  qy*»'!  ti:^T  ,«t|D-i»w  t|-iu5  ima 
aarm  .**  lanp  b^i  iWNn  S:^  /•  inna«D  riDwi  .  •  nnsia  n">»D  nb»-» 
."drranai  rr»^  tids  la  pba:"ia:3aa  T^b«  y'i''  r^b -^d  ,""iab  njt 
i"»-n73n  bip  ib-ipa  in-^  :  "laixtDi  laiTana  ."ona  ni»N  bDi  û-»  "pN 
"pnm  tovN  bipn  :  "n3"«?3b  ama^n  Snp  'im  ."m^^iT  pn  .r-n^^^T 
^ta-»»©  lin»  "^D  ûny'T»  «bn:  **  i3»3^  b^^-^n  ,"manb  aatinntt)^^  ,maab 
."nnb  'irw  nan  «Sdî  »*"ia3:^  rba^  to-id  ."o-^-in^a  tîTa^on  nx  »"»an 
Sd  rT«n  »b  «73©  :  "naa  b^^  'iTa^^i  ."nna-^aNa  ta">a-în  n»  riDT 
t5»«  :  "na*^:?  nnN-i  np*^  San  ,"rî7aan  i">yT  naian  1"»:^  ib  "«a  ."^rïTa-^aD 
)D»ia  :  "na^K  -^i^^x  •n«5'«  .moian  ip  S^^  ni»«  ,"mn\»"^  a^v  ni«b 
:**iannTD  npns:  ."'itd  ta'»o'^aa^rr  ny^ai  ,nna>i  nn»  lann  '*npn» 
SiNca  tiTDnn  n-ibrnjj  t3:>ia  nb  /Mm»  Srr^  mo-nn  T^t  nna):  ©tstd 
mnx  ttJDa  i^^kt  ,n:?Ti  r:at'»b73a  n'»nTnb  ^t»  «5730  ;  *'ian  irr»!  »*ii«na:a 
.*»n73«im  -^aaa  ina-^  ©73©  î  »«iantt5b  yj^^n.  «b  -ii»«  nr^aw  vmn"»uj 
)D72«î^*i3a  n«  «•»«  ni3">"^  n«»^a  ,173:^  nx  ^«ra  *«a'»3snb  nanni 
«73«D  :  **na'^^  p-^nxi  ,*i3^i2  C3D©73  ©mi  ba  T»b«  ,13^"»^  **bnfit  û» 
**w^a  ai-ia  ,n»373  nabna  mxasr  '^ab73  .nmi  noi^n  n-naa  ^Mnmaaa 
*'iai«  '^■ïj^ar  i-iat-^  .^nay  npio  13^  bai  /'n3n73»b  «bn  naisi  *«p»i  «^w 
DO  1730  n«  ûiob  ,taip  ivb:^  ion  tk73  ,dNnnao73N  nrwa  n:^"^  «d»» 
:  '•iai«5i  inaa  /hSax  nïJ  ba  ^di  ^b73  "^ax  ,nî«ia73  ly  ©73«:*'iaaob 

*  Nombre?,  xiv,  1.  —  *  Abot,  m,  18.  — *  Huth  rabba,^''  Deul.,  m,  11  ;  Jérémie, 
xux,  2.  —  »  Il  Rois.  II,  12.  —  «  Isaïe,  xiv,  29.  —  '  /*.,  22.  —  «  Deut.,  xxxii,  11. 

—  »  Job,  XV,  33.  —  "  Isaïe,  xiv,  6.  —  "  Ex.,  x:i,  9.  —  "  Ibii,,  vin.  11.  —  »«  Job, 

XX,  20.  —  **  Isaïe.  xlii,  5.  —  »«  Jér.,  li,  48.  -  »«  Isaïe,  xv,  14.  —  "  Ibid.,  xxviii, 
10.  —   »  Lév.,  XI,  15.  —  "  Isaïe.  xxviii,  24.  —  *»  Ex.,  xxvi,  1,  el  Ps..  xxix,  7. 

—  *«  Ex.,  XIX,  18.  —  «  Amos,  viii.  9.  —  "  Job,  xxvi,  9.  —  «*  Sanhédrin,  8tf.  — 
»»=  Moïse.—  ««  Dan.,  xi,  20.—  "  Rosck  Haschana,  23  J.  -  "  Prov.,  xxi,  30. 

—  *»  Job,  xxviii,   10.  —  »•  Jér.,  xxxi,  35.  —  >»  Job,  xvnî,  7.  —  "  Mal.,  m,  20. 

—  M  Berackoi,  63  a.  —  »^  Jujçes,  v,  11.  —  »'  Job,  xxx»,  26.  —  ^  Comp.  Baba 
Batra,  16*.  —  ^  Gen.,  xxxix,  21.  —  «  Deut.,   xxviii,   49.  —  »»  Ps.,  lxxii,  17. 

—  *•  Ibid.y  Lxxviii,  38.  —  **  Deut.,  vin,  5.  —  "  Pd.,  xix,  5.  —  *»  Allusion  a  la 
prière  l^n  pTlS.  —  ^^  Juges,  v,  31.  —  "  Bdouy,  i,  7.  —  *«  Ps.,  lxxxîv,  12.  — 
♦'  Jér.,  V,  3.  —  *»  Deut.,  xix,  18.  —  *»  Job,  xvm,  7.  -  »•  Deul.,  xii,  5.  —  "  Gen., 

XXI,  21.  —  »«  Jér.,  XLViii,  29, 


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116  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

•ninn  113?  ">D  ;  «n5-iya  «•>«  .ilîalîann  ban  •^a^i'^i  /Yi'ip  m"»*!  »»« 
canîi  DN  rr^'^^'i  ony  t^ba    t5«-)n  n»  pb*^»   ,nn«t3nb  ,nn«::m 

2  n3»Tb  "pn 
*ir»''  v^  bjtn  njtiiT  by  ,  *'»aN  ">aN  py^'û  r^in  «"^aipa  m'i  q« 
nn»tt5m»  /•^tsbd  ^sn^n  vb:^  t^bi  .^^x^m  ^r^^  a«  iwb  i^b  ^« 
/t-^nb»  im«  npb  /ta^^maria  M-^ban  ï-rniîTDb  finn  "^d  î  'lîi^^a 
aT»"»*)  ,'^M2yj2  biKttJ  inn-'O'^i  ,1»:^  S^  iT^psn  t^n  :  "i^nDb  n«npb 
:*^ir3>73  anrr^n  /^r^-^abD  nb  înaK©  **'»ab  nnri"»  n«Tb  in  :  "lîn'^Kb  ûvn 
Nbtt"^  "»»  :*«i5"»"»33^?a  ■ï)2bn  nai  ,îT>n^  *^  137373  im»3^ttb  /«îrmaa  -^ts  -«d 
tanp*»  "^Taiî^mD»  ^y  iTwynb  ."nnniTD'n  «nîi  rrni  ,nna«  pD» 
■^^j  ;  "  13*70»  -^briN  3^t:"'i  .icn'i»  n'»a  o'^p'»  ib  ^««t  "i«5np  taipîaa 
n^N  n«  ,**inn">  inx  t-ii<  n^^i'n  .nn'ij^  b^  toibisa  «în  "onm  ■»53'»  bir 
tova  ,"rï«t3«n  n«')3t  "p'isttsn  n^n  ">3D73  ,"nN3p  ■'sob  ^^J2y^  -^  :  "')3«'» 
•'bjf  ^sn3  "^inaD  1">du5«  ^D^^bi  ,*»'^'7n  to">ttica  tnny  pb:"T3">Dn 
ppi  «-i:i^D  r^irsî  ,»»i3DT0'i  r^in  npbi  ."■«■jaD  yn«b  ^d«3  ,**^i^r\ 
»'m®mbn  iTnbm  n:"»bDn  "^bi»  ,T^ni:iN'7  **ton  monb  rro'»  o-^mï-tpa 
n3n  :**'i3tt5'ïb  i-^mn-^o  o'^ni'ia  na^i  mnw  n3">'»rjm  .rm^-^nb  ynba 
*i[Bn3  ,"i3'»'^  inay  naaD  oîia-^a  ooian»-!  ,wb73a  i^ibn»  ns'^ab  lî-^a  03n 
nnrïD  ib  ,*«i3ion  liKoa  "^d  toai:**i3pt  ^y  in-^n  invi  :  **w«ba 
:*M3ann  i^n  a-^npn  ,*»i3'^73  liTon  bj^  p-i  ,^i3tn  maD  ibi  t^is-^jr 

nn^tt  ♦'nirns  nbTO  "ts  bj^  aion 

«"iDoa  niD^  niDOi  **niD3tb  brin 

"baNb  un»  msDi  t-n33>b  m3*»p 

"nnre  mm)  ïn»*!  3>73T  -^n^n 

nnpb  "*i[in  Tin  îrîn  riT«  »*»n« 

Sana  n"»3^0'>  »*n^y'  nrin  ^'^y  bD 

•«nDTOi  Tin  no"nô  "^d  ly'rn  îîb  nn 

bam  Tin»  n-^nr»  •^mna  ^èu) 

"'•niTss^n  bK  ■»«  nnb»  m73Dnn  b« 

*  Joél,  n,  10.  —  *  Jér.,  xxxi,  30.  —  »  H  Roi«,  ii,  12.  —  *  Zach.,  ii,i7.  —  ■  Ps., 
Lx,  10.  ~  «Job,  XXX,  16.  —  7  Ketoubotf  8*.  —  «  Peut-dtre  allusion  à  Job,  xviii,  10. 

—  »Gen.,  v,24.  —  »•  Ex.,  xxviii,  3.  —  "  I  Sam.,  xviii,  13.  —  "  Ex.,  xiv,  49.  — 
"Job,  XXXVII,  1.  —  **  l8.,  V,  29.  —  "  Hosée,  xiii,  15.  —  *•  Pa.,  lxxxix,  27.— 
"Ex.,  xxviii,  8.  —  "iSfi/ra  ;  niT'»  a""».  —  "  Lév..  xxvii,  10.  —  "  Ezra,  ii,  68.  — 
"  Ps..  XXIV,  3.  -  "  Dan.,  xi,  45.  —  "  Eccl.,  ii,  25.  —  «*  Ex.,  m,  1.  —  "  Dent., 
XXIX,  14.  —  »«  Prov.,  xxvii,  4.  —  "  Is.,  li,  13.  —  "  I  Sam.,  xvii,  7.  —  ••  Nahum, 
II.4.  — «ojob.xvi,  19.  -"  Ps.^vii,  6.  —  "  Dan.,  X,  8.—  "  Jér.,n,  11.  —  »*Ex., 
xii,  4.  —  »»  1  Sam.,  xxv,  3.  -  *•  Ez.,  xxi,  36.  —  «'^  Pesakim,  75  3.  —  ••  Ex.,  xxni, 
3.  —  "  Jér.,  xxiii,  9.  —  *«  Prov.,  xvn,  20.  —  "  I  Sam.,  xxi,  14.  —  *«  la.,  ix,  4. 

—  *»  Deut.,  xxxiv,  7.  —  ♦^  Is.,  lix,  1.  —  ♦»  Jér.,XLVi,  25.  —  *•  Nombres,  vi,  14, 

—  *^  Prov.,  XXVI,  14.  —  *«  Nombres,  xxvii,  1.  —  *»  Deut,,  xvi,  9.  —  »•  Allusion  à 
TlDOT  nSD  HDO  «lu  Sefer  Tecira.  —  '»  Ps.,  cxLiv,  4.  —  "  Nidda,  ii,  7.  —  ••  Jf«- 
ffuilla,  23*  :  *Tnn  *Jin  ni^  Tl^y*  —  •*  Nombres,  xxxn,  41.  —  »»  H  Sam.,  ui,  38. 

—  *«  Comp.  Nombres,  xxxui,  23.  —  '^  Allusion  au  titre  du  livre  T^Ml  IbO.  — 
»•  Jér.,  IX,  16.  —  w  Jot.,  X|  19. 


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L'ÉLÉGIE  DE  MOSÉ  ZACOUT  SUR  SAUL  MORTEIRA  117 

n3Nt5  m33  msa  »m2y  bip  p 

^Dm  *nann  tonoio  nrp  n3tt5)D 

«nsDa  bi««  b»  bfcntt5">  ma*»? 

'nnian  nbin  «nvib  "«ib  '^-^-ib 

n^^ca  tD-^r)  m^^  »n-iT»n  bnp 

irr^i  matt-^  l^a^n  ab  •I73'»n 

«»  nmni  tiij:  bip  ti-urex  tiix  bD  tiio-» 
»»'»n'»i  nSn  r^irr  '^D.n-'DN  "ton 

■»n5a  ln">N  inv  ^^D  nb  *^ln">« 

nnîab  ntt»  sd:^  bD  ta:?ia  tDn'> 

na^-^b  n^^-»  n5^'>  pn»  "n^^v 

mnn  "narj  ban  "bnn  mom^ 

nyai  Ipt  »»  -T^^y  Vini  ûdh 

nrM  biN«  b»  bNiTO'^  niam 

tab^^i  mna  rvt  "  tonh^d  ini« 

np'^a  OD  b3^  *'ïii:n'în  nûn»  dbi® 

n«5iNb  a«  *i:^  a'ç  "ly  "  ap  ia  ûpt) 

tobxa  dbtt)  "na?  na  ^in  ia: 

»*DbÉO  naa  t3"»b'^N  nn5t3^  to-'bw 

nttJva  13^©3  "  l:^"^  V'^D  13^'' 

^pna  ^73b  im  •'sab  nn^^n 

n^iDi  pns  T»T^ttbn  b«  t»*i)3 

naa  na:^  nis  mra  1">"»  '^o: 

npcn  "r^nV?  no  "«s  tû3>  li:  n» 

nin«>  n;s  iy  non  i-»n  bs  *i[aD 

rn30D  m  ^lo  nmo  û-inna  •^^n-ny 

^p3^a  nptt)  "nna-^a  nsnâstn  id 

ns-'Da  biNO  b«  bNno">  ^^m^*^? 

»  Ez.,  XXVII,  30.  —  *  I  Sam.,  m,  3.  —  >  Ex.,  xxxn.  iS.--'' Baba  Baha,  21  a.  — 
»  Il  Stm.,  I,  24.  —  •  Enuméralion  des  lévites,  "^nb  =  '*«nbn.  DT'lb  =  deuils.  — 
T  Michée»  IV,  10.  —  *  Lév.,  xxiii,  42.  Comp.  1  Rois,  v,  11.  —  »  I  Chr.,  vi,  18.  — 
»•  /Wrf.,  VI,  24.  —  *»  /*irf.,  VI,  19  et  20.  —  "  laid.,  v£,  6.  —   »»  Pb.,  xxxiii,   9. 

—  **  1  Chr.,  VI,  29.  —  "  Jér.,   li,   58.  —  »«  Genèse,  xuii,  11,  et  Amos,  v,  23. 

—  "  Pi.,  xcvi,  13.  —  "  Lév.,  xviii,  23.  —  **  Comp.  Nedarim,  38  a.  —  "Juges, 
V,  23.  —  **  Gen.,  xxviii,  12.  —  "  Job,  xv,  10.  —  **  Le  saint  dont  Tintérieur  est  égal 
à' son  extérieur  =  inaD  IDin,  Towa,  72  J.  —  *Uob,  xxix,  9.  —  «  =Î133^\  — 
**  Is.,  Il,  10.  Il  a  vaincu  avec  son  énergie  la  religion  d'EsaO,  Ta  anéantie  et  réfutée. 
-iT  Communautés  d'israôl.  —  "  II  Sam.,  i,  20.  —  "  Ez.,  x,  2,  7,  au  milieu 
d'Israël. 


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1 


118  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

^rwyy2  bD  v"^  •ittiy  b^iD 

"n'ijti  n3>  b^  T5n73  i^«:v  by^t 

hy^y^  di)D  bD  non  Db©  b^iD 

**:53>n)Db  dn-ib  ^p^rt  naD  by-iD 

moa  mo  «m  '«iiîa  n^nn 

im^^^b  np'':^  ipriT:  np'^a 

ma^n  m3^  •mn:  îb  «k  nbx« 

iTnn5  •'D  n^ïi  ^nin  n«:>tt 

itnN5  nn  pioD  nn«  pioc 

ïnannn  p  rr^»  •^r:^  rr» 

inn«in  ttî'^K  na»  rnpç  bdni 

rîS'^Dn  biNtt)  b»  bK'n^'»  nnac 

^nya  i»*!  ib  "d-^yin  dn  ne'»» 

mttj^a  n-^m^û  "m»  nèn  rrw 

^^'n  n»  ib  "  nèn  t^in  i^nc'»»  -^a 

:>nn  ^^l'n  "pna  **  pnn  p« 

**n«bDb  npbï  ii-iot  b»  n»   "^D 

"^nca  n*!  ^^^r^  "r«D  nnn  anoD 

"niû'ni  riD  ib  diD  *^Dn«ta  ^ÎDSt 

p:rb  ••n^n»  ^®«d  'T^tD-»  t«  t^n 

"*i[nnn  bibstt  ib  d^o  "nnon  ^bïîîo 

«*^nab  p-'Dd  nrr  ab  bD  «an  '('•a 
nrda  b"i«tt)  b»  bç  m®n  'inn  ^a 

"uîDna  TOnsnb  "^b»  ^b^  «a» 

riTabj^ï  «^-^b  p-^ist  nmo»  nip« 

to'^wi  m»  b»  •»3"»3^  ■'373  r^'^sn 

w  «D-11  û^'C:  p'n  "  b^d*^  •'a  ^b  -^ab 

"ttîDab  an:^n  «•n^m  mn:  rrn: 


^  Maïmonide,  Moré^  1,  68.  —  *  Allusioa  ^uz  catégories  du  verbo  dans  la  gram- 
maire hébraïque.  —  *  Pr.,  zxxi,  25.  —  ^  Néh.,  tiii,  6  :  parce  quUl  fut  élevé 
en  haut.  —  •  Haguiga^  ii,  7.  —  •  Is.,  il,  26.  —  ^  Jér.,  x,  9.  —  '  Allusion  au 
Kaddisch.  —  •  Zebahim,  v,  5.  —  »«  Gen.,  xxxvii,  16.  —  »*  P«.,  lxxvi,  11,  nttH 
=  soleil.  —  "  Gen.,  xxvii,  33.  —  *«  Prov.,  xxiv,  27.  —  »*  1  Sam.,  ▼,  1.  —  »  Ex., 
XXI.  25.  —  "  Lév.,  XXV,  43.  —  *^  1  Rois,  vu,  3.  —  »»  Hos.,   v,  1.  —  »  Pt.,  xli,  3. 

—  *•  Eslher,  v,  3.—  "  Is.,  xxxv,  8.  —  "  Ez.,  xxx,  4.  —  "  Is.,  xix,  18.  —  «^Nah., 
n,  11.  —  "  Fs.,  cxxxix,  7.  —  "  Ibid.,  lxiv,  7.  —  «^  Prov.,  xxv,  26.  —  »«  Ps.,  lv,  5. 

—  "  Is.,  LVii,  20.  —  »•  Mithée,  ii,  4.  —  *»  Prov.,  xiii,  19. 


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f 


L'ËLÉGIE  DE  MOSÉ  ZACOUT  SUR  SAUL  MORTEIRA  119 

r-ï?3M5  to3  *d'»bN  t-nnn«  non): 
*»-iinb  in^«?3b  b»  ina  ia  "^d 

MrDa  biNC  b«  bsntJ^  'riîan 

fn^j'^^y  nnr  3^a-i  nï^^ann  b» 

•■lîTsnns  riT  *n3  r-n^bin  nb» 

^np3  m3^  ^••»n  "^a»  innï!  ni»  in 

?-iD^^  "«n  by  "«^n  rT7an5  nr  r^b 

»*  ^nab  rei-'  pnin  nj^îau)  p'n  -«d 

nnttb-^i  !-TiDtt5  net)  man 

nnuîa  "nauî  nsb  »*n)3inDn  it 

*'i:n3>a  m»  m«b  "npn^:  m^"» 

■  toj^m  diua  nn»  **  nno  iidsd 

t-TîNnp  b^b  »9mai«m  rmbNU^a 

•!Db«ni  n5<  n3?3  bnx'û   n:?ai 

rï3">Da  biNia  b»  S«  ^6-^  mra 

WD"»'n"'ir  d-»a  nbr::i  ^dn'ii:  d'»a  nbn^n 
"  i-i:?^:  by  00^3  "  in»»  DU^n  -im 


*  Ex.,  XXXVI,  19.  —  »  Canl.,  vu,  1.  —  »  Is.,  xlt,  1.  —  MI  Rois,  xx.  11.  — 
»  Baba  Bâfra,  393.  —  «  Mal.,  m,  19.  —  ^  O  mères!  —  «  Gen.,  vi,  9,  et  Ez.,  tii, 
11.  —•  Gcn.,  V,  29.  —  »•  Uid.,  xlv,  3.  —  **  Jér..  li,  6,  comp.  Mas.  Sofnm,  xxi. 
—  "  Canl.,  III,  7.  —  "  Job,  xvi,  21.  —  »^  Babàot,  Sif^è,  Sifra,  Ttlamdèuou, 
Tanhouma,  —  »»  Gen.,  xlii,  2.  —  »«  Is.,  xlv,  13.  —  »'  ?«.,  cxxxix,  11.  — 
*^  Hosée,  VI,  3.  —  *'  Avec  des  prières  el  des  œuvres  de  pénitence.  Allusion  au  titre  : 
n"l©.  —  «•  la.,  xviii,  2.  —  "  Megnilla,  16  b,  —  "  Baba  Batra,  16*.  -  "  Gen., 

XLVIII,   14. 


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lE  BLteiE  DE  DÂTID  B.  ÂRON  M  HOMiN 

LES  SOUFFRANCES  DES  JUIFS  AU  MAROC 

EN  n90 


(  le  règne  si  long  et  si  paternel  de  Mouleï  Sidi  Mohammed, 
fs  du  Maroc  avaient  joui  de  quarante  ans  de  repos.  La  der- 
ériode  de  la  vie  du  chérif  fut  troublée  par  des  mouvements 
tionnaires  provoquas  par  son  propre  fils,  Mouleï  Jezid.  En 
ivant  les  révoltés,  il  trouva,  la  mort  devant  les  portes  de 
,  dans  son  char  même,  frappé  d* un  coup  d*apoplexie,  sans 
n  entourage  Teût  remarqué.  La  mort  du  souverain  n*a  pas 
)  Maroc,  comme  Abraham  ibn  Sadoun  l'expliquait  alors  à 
1  Romanelli  de  MantoueS  à  cette  époque  au  service  de  la 
i  de  commerce  de  Ouedalia  de  Mogador,  les  mômes  consé- 
s  que  dans  tout  autre  royaume.  Un  changement  de  règne  y 
ue,  en  quelque  sorte,  le  bouleversement  de  Tordre  poli- 
t  social.  Les  lois  et  les  droits  se  trouvent  subitement  abro- 
la  lutte  de  tous  contre  tous  commence.  Les  passions  de  la 
ce  se  tournent  d'abord  contre  les  plus  faibles,  contre  ceux 
it  simplement  tolérés  dans  le  pays,  à  savoir  les  Juifs.  Aussi 
itemps  de  1*790  fut-il  pour  les  communautés  Israélites  du 
la  fin  de  leur  tranquillité  et  de  leur  sécurité,  car  la  mort  du 
arrivée  le  31  mars  ',  ouvrit  pour  eux  une  ère  de  persécu- 
[lestés  fidèles  à  leur  souverain,  ils  avaient  refusé  leur  obéis- 
et  leur  concours  au  rebelle.  Celui-ci  ne  tarda  pas  à  se 
.  Parmi  les  dix  fils  de  Sidi  Mohammed  '  qui  se  disputaient 

3  yOlO ,  écl*  Schiller-Szinessy,  p.  61  et  63  ;  Zedner,  A%iw>akl  kUtoritekit 
.  223. 

53,  mstwn  anV>  •^awn  ûva. 
61,  D-^sa  nr\xû9  ib  ntrr  ^bwm. 


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UNE  ÉLÉGIE  DE  DAVID  B.  ARON  IBN  HOUSSEIN  121 

la  succession  au  trdne,  c*itait  lai  qui  avait  le  parti  le  plus  nom* 
breux,  et  il  ne  tarda  pas  à  se  rendre  seul  maître  du  pouvoir  *. 

Jusqu'ici  nous  connaissions  seulement  par  la  relation  de  Samuel 
Romanelli  les  terribles  cruautés  exercées  contre  tous  les  Juifs  du 
Maroc.  Mais  le  souvenir  des  horreurs  de  cette  époque  s'est  aussi 
conservé  dans  d'autres  documents  :  dans  ce  genre  de  poésies  qui 
rappellent  les  temps  néfastes,  le  calendrier  noir  de  Thistoire 
juive,  dans  ces  élégies  qui  ont  rattaché  aux  chants  de  deuil  con- 
sacrés au  9  Âb,  jour  anniversaire  de  la  destruction  du  Temple,  la 
commémoration  des  malheurs  de  toutes  les  éppques.  A  la  fin  d'une 
collection  de  Kinnot  manuscrites  composées  par  des  poètes  maro- 
cains sur  le  9  Âb,  qui  se  trouve  en  ma  possession,  s*en  rencontrent 
deux  à  la  an  qui  sont  consacrées  aux  événements  de  Tan  1790, 
qu'un  chronostiche  {prù)  désigne  comme  une  «  plaie  du  corps  p  des 
communautés  juives  du  Maroc.  Jacob  b.  Joseph  Almâlih,  dont  j*ai 
déjà  publié  l'élégie  *,  pleure  sur  les  souffrances  des  communautés 
de  Tétouan,  Fez  et  Méquinez,  d'une  façon  générale.  La  Kinna  de 
David  b.  Aron  ibn  Housseïn,  qui  a  mis  son  nom  en  entier  au  com- 
mencement de  ses  strophes,  répétant  certaines  lettres  jusqu'à  deux 
fois,  entre  bien  plus  dans  les  détails. 

Notre  poète  commence  sa  description  des  souffrances  des  Juifs  par 
Méquinez  sa  patrie,  quoique  ce  fût  Tétouan,  oùMouieï  Jezidse  fit 
proclamer  souverain  d'abord,  qui  eut  à  supporter  les  premiers 
effets  de  sa  colère.  C'est  à  la  fin  d'avril  '  que  la  catastrophe 
atteignit  la  Communauté.  L'ordre  de  piller  les  maisons  des  Juifs 
avait  été  donné  par  les  autorités.  Aucune  cachette  ne  fut  à  l'abri 
de  la  rapacité  de  la  soldatesque.  Les  synagogues  et  les  maisons 
particulières  furent  livrées  simultanément  à  la  cupidité  des  pil« 
lards.  Le  pillage  continua  jour  et  nuit,  jusqu'à  ce  que  les  maisons 
fussent  tout  à  fait  vidées.  Les  malheureux  étaient  surtout  affligés 
de  voir  les  rouleaux  de  la  Loi  enlevés  des  synagogues,  outragés  et 
lacérés  pour  servir  aux  usages  les  plus  vils.  Les  pillards  n'épar- 
gnèrent même  pas  les  trésors  littéraires  de  la  Mellah  de  Méquinez 
qui  n'avaient  guère  de  valeur  pour  eux.  Des  savants  voient  leurs 
travaux,  fruits  de  leur  labeur  et  gages  de  leur  renommée,  emportés 
et  livrés  sans  merci  à  la  destruction.  Privée  de  moyens  de  subsis- 
tance, la  communauté  se  trouva  bientôt  en  proie  à  la  famine,  et 
ceux  qui  les  avaient  dépouillés  eurent  l'ironie  de  les  expulser 
comme  mendiants.  Les  chefs  de  la  communauté  furent  frappés 

1  Zedatr,  /.  cit.,  226,  note  9. 

>  Z,  D.  M.  G.,  L,  p.  238  et  suiv. 

3  Le  mercredi  14  lyar,  comme  Tindique  le  poème. 


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122  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

plus  durement  ;  ils  furent  menacés  dans  leur  vie,  mis  aux  fers  et 
jetés  en  prison.  On  les  punissait  ainsi  pour  avoir  refusé  de  trahir 
le  père  du  nouveau  sultan  et  de  prêter  assistance  au  rebelle.  Pour- 
tant, en  dépit  de  ces  cruelles  souffrances,  la  communauté  eut  la 
consolation  de  n*avoir  à  déplorer  ni  mort  ni  viol.  Quelques- 
uns  des  pillards  paraissent  môme  avoir  été  punis  de  leurs  excès  : 
on  les  pendit  aux  portes  de  Méquinez.  C'étaient  sans  doute  les 
meneurs  de  ces  forcenés. 

Nous  connaissons  par  Romanelli  les  noms  des  communautés 
qu*Ibn  Housseïn  et  Àlmâlih  ont  omis  de  nommer  :  ce  fUrent  Maroc, 
ÀrzilaS  Alkazar,  Laragi,  Rabad,  Mogador;  aucune  ne  fut  épar- 
gnée*. La  dévastation  se  répandit  à  travers  tout  le  pays  comme 
un  incendie.  Des  prodiges  de  foi  et  de  fidélité  inébranlables  se  révé- 
lèrent partout,  mais  la  lâcheté  et  le  désespoir  exercèrent  aussi 
leur  action.  Tous  ne  restèrent  pas  fermes  à  l'heure  du  péril.  A  côté 
des  héros  et  des  martyrs,  il  y  eut  des  renégats  qui  acceptèrent 
rislam  pour  sauver  leur  vie  *. 

Nous  sommes  renseignés  sur  Tétouan,  a  la  reine  des  cités  >, 
comme  on  rappelait,  par  la  lettre  qu'un  fils  d'Abraham  b.  Juda 
Kouriyat  avait  écrite  au  charbon  sur  une  feuille  de  papier  et  avait 
fait  parvenir  à  Mogador^.  L'intercession  d'un  Tâlib,  membre  du 
clergé,  auprès  de  Mouleï  Jezid  avait  détourné  à  temps  la  calamité 
de  la  communauté  de  Tétouan,  déjà  vouée  à  la  destruction. 

Les  renseignements  que  l'élégie  d'Ibn  Housseïn  nous  donne  sur 
le  sort  de  la  communauté  de  Fez  sont  inédits.  Ici  la*  férocité  des 
persécuteurs  atteignit  son  comble.  Si  dans  d*autres  endroits  ils 
furent  poussés  par  la  cupidité,  qui,  une  fois  satisfaite,  s'apaisa,  ici 
ce  fut  uniquement  la  haine  religieuse  qui  sévit,  ne  reculant  m4me 
pas  devant  la  violation  des  tombes  et  la  sainteté  des  temples.  On 
visait  surtout  les  synagogues  juives.  Pillées  et  saccagées,  elles 
furent  encore  transformées  en  écuries.  Ensuite,  on  livra  assaut 
aux  cimetières.  Les  monuments  funéraires  furent  renversés,  les 
tombes  remuées  et  les  cadavres  arrachés  des  fosses.  Comme  jadis 
le  prophète  Ëzéchiel,  le  poète  demande  en  présence  des  ossements 
dispersés:  «  Ces  ossements  revivront-ils?»  Les  terreurs  annon- 
cées pour  l'ère  messianique  avaient  fondu  sur  les  malheureux  ;  ils 

>  C'est  la  la  communauté  au  sujet  de  laquelle  Don  Isaac  Âbravanol  correspoDdil 
avec  Yehiel  de  Pise  ;  voir  n?3n3  *nit1N,  éd.  Blumenfeld,  II,  66,  et  Kaufmann,  B^put^ 
XXVI,  84. 

*  Cf.  M.  Jost,  Getchichte  der  Israeîiten,  VIII,  p.  46  et  suiv.  d*après  les  indica-' 
tions  de  Romanelli. 

»  Romanelli  aussi  rapporte  au  sujet  de  Mogador,  ibid.^  p.  67  :  ab^  Î1"ÎD5  îlfi<n*?1 

♦  /*.,  p.  64. 


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UNE  ÉLÉGIE  DE  DAVID  B.  ARON  IBN  HOUSSEIN  123 

avaient  vu  les  signes  précurseurs  de  l'arrivée  du  libérateur,  mais 
lo  Messie  n*était  pas  encore  venu.  Malgré  tout,  Tespérance  éclate 
à  la  an  de  cette  élégie  en  un  cri  de  joie  qui  annonce  Tallégresse 
et  les  triomphes  de  la  justice  victorieuse,  du  lumineux  avenir. 

D.  Kaufmann. 


•pïa»  pm  l'abri  la  ii*t?i«  p  mn  ■'diî»  '-«o   ït^*»? 

tnw^i:  ïiTDD  by  pSb  ipn  '«a  "^nssip  y*73« 

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^niD*Ti)3-rïtt)73  nmn 

mb'^n  û:n  mo5pi 

•^a^sîi  yn«  •'ba^  t^a'>5 
•n^n«  urm  nm  boi  t^b 

n«a:Di  "  rrnsu)  na  iy 

ma'^5>:i  mnp'>  d'AIDS 
"rïTDûin  d'>3aîi  br  d» 

*  Aboda  Zara,  70  ^. 

s  AUusioQ  à  II  Rois,  xxiii,  22. 

*  Nombres,  ix,  6. 

*  Menakoty  ix,  5. 

*  Jér.,  xLvi,  22. 
«  Isale,  IX,  11. 

'  Dent.,  xxxiii,  4. 


naa  -^dv  nb'»bd  T^« 
natt5a  '^3^'>a'n  dn-^a 

nr^'n  banwb  \roi 
r)iu53^b  i3i^m  i^DH 

«mTannnpa  d-^^y  •^aairo 
r)i73ib3fn  dnb  nbai 

".bbu)  m^b  da  d'^53" 
ibbn  d'^X'^nc  n^a 

mbam  d"»p''T3  "^vh 
mbibd  dna  mD-^nùi 

t^asïi  rpb«  nan 
«•^aïi  d-^^b»  fan-^bs^ 

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T^^xrriy  rrbi^ia  -jn^^ 
riitt-^m  a*»"!»  nnc» 

«  HoulUn,  9  a. 
»  II  Rois,  X,  10. 
"  Deut.,  XXIX,  23. 
"  Sanhédrin,  94  «. 
**  Nombres,  xv,  27. 
"  H08.,  X,  14. 


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m  REVUB  DBS  JÎTUDES  JUIVES 

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'  Jer.  ^0^,  V,  aa  commencement. 

*  PetaAim^  m,  fin. 

*  Baba  Boira,  75  a. 

*  If  aïe,  XL  VI,  7. 
»  Ibid. 

*  /*.,  I,  6. 

T  Ex.,  xxxii,  25. 
>  Mihvaot,  Y,  5. 

*  Sanhédrin,  97  a. 
»«Stf»A^r.,  111a. 

»*  ==  1V75*n73r«,  émeraude. 


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ynps  «b  nw3 1"^-!  •ntJ 

"  Comp.  Taanitf  hb. 
"  Comp.  To$efia  Taanit,  ii. 
1^  Pêtakim,  22è,  et  allutioo    au  livre 
connu  tout  ce  litre. 
»  Jép.,  xLix;  7. 
*•  Jbid.,  VI,  26. 
17  Deut.,  XXIX,  23. 
i«  Sabbat,  116  ». 
<•  Lament.,  m,  20. 
«•  Lév.,  XIV,  39. 


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UNE  ÉLÉGIE  DE  DAVID  6.  ARON  IBN  HOUSSEIN 


125 


•f43r733  r«4brTnpa  mois 

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la-^mnoitt  pnsb  d-^a-^n» 

rîn«D  rTiÉWatt  n:^nx 
"ntDi3«  "^ab  ma«  nonn 

^  I  Sam.,  iz,  7,  et  Job,  xxiv,  7. 
>  Mênahot,  41  a. 

*  JéP.,  XT,  18. 

4  Lament.,  v,  11,  et  Gen.,  xxxvni,  21. 

*  Beraehot,  8  a. 

*  Istïe,  I,  8. 

^  Exode,  XXXII,  25. 

*  =  Quelques-uns. 

*  Exode,  IX,  23. 

**  ProY.)  zzv,  26,  et  Qen.|  xix,  17. 


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maiwn  mai»  to-^an» 
nnanb  inpb  ban  fin 

lûottîtt  ntD'^n  pni 
«lonb  nN73  ira-in 

isb  lion  bfiei  nvi 
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ny^  btD  d'>tt'*  "nn» 
n3^«a  d'AIDS»  nbn 

na^m  dna  naioa 

t:nn«  «3t»  pi2)3i  nx 
dn73»3  nnoTD  tomai 

mD-^pi  n'^aa»  nbb"! 

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tODia  Yyi2  nntt)»  nipia 

ïT^b^  tai-inn  Mrr^ 
"rr^nriD  ^^y  iba« 

m'>nb  *»  faa  ^«n  ni«n  ni 
nvisa  a'>au)T^rï  d'aria 

**  itt-'D  mwa  inan 
"itttT'  d'>53''  n'^-'^ïia 

"r)n«p  •'a  dnnaj^î 

"inori  bbw  pDiT 
inaptt  nnn  t^xinb 

>>  Lament.,  i,  1. 
i>  Isale,  III,  26. 
»»  /*.,  V,  30. 

»*  Ps.,  XTIl,  10. 

»»  i*.,  XVII,  12. 

*•  Lament.,  ii,  2,  et  Ps.,  Lxxxiii,  13. 

*^  Gen.,  XLix,  7. 

1»  Houllin,  72  tf. 

*•  Ps.,  cxxxvii,  7. 

*•  Ib.,  LXix,  21 


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REYUB  DES  ÉTUDES  JUIVES 

.*miap  1T  «1273  njfb 
i»tt    .*  «2?3  nma  dm«  N273 

.«t^be  Tt'O^'^  fa-^n^ab 
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rr^-^Dna  s-rp-^tona 

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ton 


Berachot^  8  a. 

Ibid.,  8  fl. 

Sanhéd,,  46  a 

Allusion  à  Prov.,  zvni,  22. 

Eccl.,  IT,  2. 

Isaïe,  XL,  2. 

Sota,  fin. 

Ps.,  LZXZVIII,  11. 

Ez.f  zxzvii^  3. 


"  Exode.  V,  23. 

"  Jér.,  XIV,  6. 

"  Prov.,  XX,  2. 

**  Isaïe,  Lvii,  15. 

'^  Jér.,  XXIX,  7,  el  allusion  a  la  dernière 

des  ma^ia  ra«. 

"  Ps.,  Gxvin,  24. 
"  Ishïe,  II,  4. 
»7  Ps.,  cvii,  42. 


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MANUSCRITS  DU  SUPPLÉMENT  HÉBREU 

DE  LA  BIBLIOTHÈQUE  NATIONALE 


Les  mss.  orientaux  de  la  Bibliothèque  nationale  ont  été  décrits 
dans  un  nouveau  catalogue,  et  le  catalogue  des  mss.  hébreux 
occupe  le  premier  rang  par  ordre  de  date.  Depuis  que  cette  publi- 
cation a  eu  lieu  (en  1865),  le  fonds  hébreu  s'est  augmenté  de  71 
volumes,  par  suite  de  dons  ou  acquisitions.  Plusieurs  d'entre  ces 
mss.  méritent  une  description,  en  raison  de  leur  importance; 
pour  le  reste,  une  mention  du  titre  suffira. 

No«  43U-5  :  Bible,  en  2  vol.  in-40,  déjà  décrite  ici  »;  222  et  2î0  ff.  — 
Il  convient  d'ajouter  à  notre  description  que  la  Bible  similaire  dite 
f  de  Sorla  »,  qui  contient  une  curieuse  généalogie  reproduite  dans 
notre  ms*»  a  été  signalée  pour  la  première  fois,  eu  486S,  par  Éliézer 
Ascbkenazi,  de  Tunis,  dans  le  Libanon  (V,  180)  ;  ce  dernier  avait  pu- 
blié le  texte  de  la  soi-disant  généalogie. 

K^)  4316  :  «  300  mots  hébreux  identifiés  avec  leur  équivalent  dans 
les  langues  modernes  »,  par  Philippe  Sarchi  (Paris,  4326,  in-8°).  — 
Donné  par  la  Société  asiatique.  —  In-i®  de  48  fl*. 

N***  1347-18  :  L'Ancien  Testament  en  syriaque,  écrit  en  caractères 
hébreux,  par  Arnold  Boot.  Cette  copie  a  été  faite  sur  Texemplaire  de 
Jacques  Usher,  archevêque  d'Armagh,  en  1653.  Boot  a  ajouté  les  va- 
riantes des  autres  versions.  —  lu-fol.  de  526  et  299  fT. 

N^  4319  :  Trois  tableaux  contenant  les  principes  de  la  grammaire 
hébraïque.  Le  4«'  est  intitulé  t  Tabula  prima  quœ  est  de  lectione  he- 
braica  >;  le  2^  :  «  tabula  secunda  qu^e  est  de  verbis  hebraicis  »  ; 
le  3e:  a  tabula  3»  quae  est  de  affixis  hebraicis  ».  —  Du  dernier  siècle, 
in-4». 

K^'  4320  :  Deux  phylactères  (tefillin)  sur  parchemin  (dans  un  écrin 
en  soie  blanche). 

N®  4324  :  nsno  03^,  «  plume  du  scribe  »,  formulaire  d*actes  divers, 

»  R€9ui,  XXXVl,  112. 


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«28  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

contrats  de  mariage,  divorce,  tutelle,  achat  ou  vente,  location,  adju- 
dication, prestation  de  serment,  renonciation,  testament,  etc.,  selon 
les  formules  établies  par  les  rabbins  de  Fez  et  de  la  contrée  (Maroc). 
Cette  série  de  textes  a  été  commencée  à  Méquinez,  le  premier  jour  de 
la  néoménie  de  Schebat  488  (=  4728)  et  achevée  le  49  Adar  suivant, 
par  un  écrivain  qui  a  apposé  seulement  ses  initiales  'n'M.  —  Après  la 
table  détaillée  de  ces  textes,  en  six  colonnes,  un  passage  du  Talmud 
de  Babylone  {Sanhédriiiy  88),  avec  les  Tossafot,  est  longuement  com- 
menté. Ce  morceau  est  sui^i  de  trente  types,  Odio,  de  décisions  rab- 
biniques.  dont  les  dix  premières  manquent;  les  n"**  44  à  48  sont  écrits 
en  judéo-espagnol.  —  Au  f.  49^  se  trouve  une  liste  de  localités  afri- 
caines, reproduite  et  Idenliûée  ici  récemment*.  —  In-4o  de  61  ff. 

N*  \^11  :  Pentateuque,  suivi  des  Haflarot  et  des  cinq  Meghillot. 
Copie  datée  de  Tan  "^b  «rr^  I^DT,  soit  339  (=  4879),  non  283  (=  4523), 
comme  le  dit  par  erreur  une  mention  ms.  —  Donné  par  feu  James- 
Ed.  de  Rothschild,  en  4876  (classé  dans  la  Réserve).  —  In-42  de  504  p. 

N**  4323  :  Rouleau  d'Esther,  rouleau  sur  vélin,  dans  un  étui  en  or 
—  Don  du  môme.  (Réserve.) 

N'^  1324  :  Rouleau  contenant  la  première  partie  des  Haflarot; 
26  col.  fol.  —  Ce  ms.  et  les  huit  suivants  proviennent  du  Yémea 
(d*après  Tinventaire,  ils  ont  été  achetés  à  Constantinople  et  cédés  à 
la  B.  N.  par  M.  A.  Goupil). 

N<»  4325  :  Le  livre  d'Isaïe.  Chaque  verset  du  texte  hébreu,  pourvu 
de  la  vocalisation  babylonienne,  ^nn^K,  est  suivi  de  la  paraphrase 
chaldéenne  et  de  la  version  arabe.  Cette  version  est  celle  de  R.  Saa* 
dia  Gaon  (nonobstant  Tassertion  contraire  émise  par  l'inventaire  de 
ces  mss.);  voir  la  description  de  ce  ms.,  donnée  par  feu  Joseph  Deren- 
bourg,  préface  hébraïque  du  t.  III  des  Œuvres  de  Saadia  (4895).  — 
In-fol.  de128ff. 

No  4326  :  Pentateuque.  —  A  la  fin  se  trouve  un  feuillet  contenant 
un  fragment  de  la  version  arabe.  —  In-4o  de  236  ff. 

N°  4327  :  Idem.  -^  En  tète  du  volume,  un  traité  de  grammaire  hé- 
braïque en  langue  arabe,  écrit  en  caractères  hébreux,  dont  le  com- 
mencement manque.  —  In-4°,  276  ff. 

NO"  4328-9  :  Pentateuque  en  deux  volumes.  En  tète  du  premier  vo- 
lume une  grammaire  hébraïque  dont  le  commencement  manque.  Ce 
traité  est  suivi  d*une  dissertation  sur  Tordre  des  livres  qui  compo- 
sent la  Bihle.  A  la  fin  du  même  volume,  on  lit  les  observations 
grammaticales  de  V^'^^nn^.  —  In-4°  de  486  et  460  ff. 

N<>  1330  :  Livre  de  prières  à  Tusage  des  Juifs  du  Témen.  —  Dans 
l'avant-propos  à  son  «  Manuel  du  lecteur*  »,  Joseph  Derenbourg 
donne  une  idée  sommaire  de  ce  Rituel  très  curieux.  Tous  les  pré- 
ceptes relatifs  aux  prières  et  aux  usages  ordinaires  de  la  vie  juive 
sont  rédigés  en  arabe.  Les  prières  elles-mêmes  sont  ponctuées  diaprés 

*  Ibid.,  XXXV,  306. 

•  Journal  miatiçue^  1870,  II,  310. 


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MANUSCRITS  DU  SUPPLÉMENT  HÉBREU  129 

le  système  babyloDîen,  tandis  que  les  chapitres  de  TEcriture  sainte 
insérés  dans  le  Rituel  portent  la  ponctuation  palestinienne  (ordi- 
naire). —  In*4°  de  218  ff. 

N<*  4331  :  Autre  exemplaire  du  même  Rituel,  mais  plus  complet  et 
plus  correct,  rapporté  du  Yémen  par  M.  Joseph  Haléyy.  —  In-fol.  de 
325  ff. 

I^®  4332  :  Idem^  un  peu  défectueux  en  tèle  et  à  la  fin  ;  plusieurs 
feuillets  sont  mutilés.  —  In-fol.  de  466  ff. 

N**  4333  :  Haggada,  avec  miniatures,  longuement  décrite  par  nous 
dans  le  Journal  asiatique  (février  4892,  p.  472-485).  Ecriture  rabbi- 
nique  du  xv®  siècle.  —  In-4®  de  40  ff. 

I^<»  4334  :  Explication  du  commentaire  de  Raschi  sur  le  Pentateuque 
par  Juda  b.  Salomon,  de  Tlemcen.  Voici  le  titre  hébreu  complet  : 

D^bfit.  A  la  fin  de  la  préface,  on  lit  la  mention  de  Tachât  fait  par 
ï:Kn  'a  TTO  ■isttttî.  Le  volume  a  été  écrit  par  Juda  ybD*,  l'an  200 
(=  4440)  selon  un  chronogramme,  et  continué  Tan  S04  par  Soliman^ 
fils  de  R.  Yifrah  a^o  mD\  à  Tlemcen,  pour  un  jeune  homme  mna 
nommé  D"c  ïTio  'a  n^yiD^  h  ^lari  'a  bb:^.  —  ln-4<»  de  444  ff. 

N<»  4335:  Plusieurs  parties  des  Hagiographes,  savoir  :  Psaumes, 
Proverbes,  Cantique  des  Cantiques,  Ecciésiaste,  en  hébreu,  en  chai- 
déen  et  en  arabe.  Maintes  parties  sont  pourvues  d'un  commentaire 
en  arabe;  avec  le  Cantique,  on  lit  un  commentaire  qui  semble  être 
Toriginal  d*une  version  hébraïque  attribuée  à  Saadia  et  imprimée  à 
Francfort-sur-0.  en  4777.  L'Ecclésiaste  est  suivi  d'une  explication 
très  étendue  par  un  autre  auteur.  —  In-fol.  de  437  ff. 

N<>  4336  :  Extraits  du  thib»  ni3  <  clarlé  de  l'ombre  »,  explication  du 
Pentateuque  en  hébreu  et  en  arabe,  composée  par  Nathaniel  b.  R. 
Yeschoua  en  4327.  Ms.  incomplet  venant  du  Yémen.  Voir  mss.  de  la 
Bodléienne,  n^  2346,  et  l'analyse  faite  par  Alexandre  Kohut  dans  ses 
Notes  on  a  commentary  to  ihe  Pentateuch,  p.  9,  à  la  suite  du  Rapport 
du  séminaire  Israélite  de  New- York,  4894.  Cf.  Jew,  Quarterly  Review^ 
III,  604  ;  IV,  464.  —  In-40  de  2Î8  ff. 

No  4337  .  Trois  traités  du  Talmud  Babli"  :  4^  Baba  Batra;  2»  Aboda 
Zara;  3o  Eoraïot.  En  marge  du  premier  traité,  on  a  commencé  à 
transcrire  des  notes  et  des  variantes,  intitulées  :  les  unes  b'a'u^n  'onn, 
las  autres  ■*»"!  nona.  Le  propriétaire  du  ms.  se  nommait  :  in:*^  ^'^t:zii 
vaism  la»,  sa  signature,  en  grands  caractères  carrés,  est  au  bas  du 
f.  %a,  et  Ton  retrouve  ce  nom  en  cursive  orientale  presque  illisible, 
à  la  fin  du  volume,  f.  243  **.  —  In-4o  de  243  ff. 

No  4338  :  Paraphrase  arabe,  en  caractères  hébreux,  de  la  Genèse, 
jusqu'au  chap.  xli  inclus  ;  rimée  par  quatrains.  Ce  poème  n*a  pas  dû 
aller  plus  loin,  puisqu'au  fol.  82  a  il  n'y  a  qu'un  quatrain,  tandis  que 

I  Voir  Bevuê^  V,  47  et  314  pour  ce  mot. 

>  Non  «  livreB  de  la  Mischna  » ,  comme  un  relieur,  mal  guidé,  l'a  mi?  à  tort  sur  I9 
doa  du  Tolume,  en  1882. 
«  SêviH,  VI,  158. 

T.  XXXVII,  no  73.  9 


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130  BEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

le  reste  de  la  page  et  le  f.  S%b  sont  blancs.  ^  Au  dernier  fol.»  le  recto 
est  blanc  ;  au  verso,  on  lit,  en  caractères  rabbiniques,  les  mots  sui- 
vants :  ta'o  rr^tm  -^Dn-i»  'a  nm  prroTa)  ...n'»r^n  ■»3îi;  puis,  au  des- 
sous :  t3"o  nsfin  ■♦Dintt  n-^r^n  ■♦3«.  probablement  le  fils  du  précédent, 
qui  selon  Tusage  juif  portait  le  nom  de  son  grand-père.  Finalement, 
on  lit  la  protestation  suivante,  d*une  orthographe  et  d*un  style  dou- 
teux :  ms^aar»  tOTaria  pn  m^^ïs  •'ba  nco  d-^np-ib©  nij^n  •»tD5«  •^n*»»-}  •»5« 
'y^yi  nsa  biM  ^^yn  n-^yarrï  -^nDO  b:^  ■♦7:1»  •'nanDi  •'s»  {sic)  ^na  p  b:^ 
û"o  rofin  •^^inn  p  qor .  —  ln-8«  de  93  flF. 

N«4339  :  V^l'ï^i  'o  Novelles  sur  Ketoubot,  par  Klie  b.  Hayyim. 
Edité  avec  les  Consultations  tfn^,  du  même  auteur,  par  Isaac  de 
Domo  Léon.  Gonslantinople,  sous  le  règne  d'Ahmed  (un  peu  avant 
4648).—  In.4«de458  ff. 

N<»  4340  :  OD^bM  -t3773  «  Réflexions  sur  Tâme  »y  arabe  en  caractères 
hébreux,  par  Bahya  ben  Joseph  ibn  Paqouda  (M.  Is.  Broydé  en  a  pu- 
blié une  version  hébraïque  à  Paris,  en  4896,  in-8«).  —  In-4«  de  84  ff. 

N<>  4344  :  Recueil  de  plusieurs  traités  de  philosophie  et  de  théolo- 
gie, savoir  :  f.  4  à  62^,  nnsiTaK  ^o  «  Traité  des  croyances  »,  de  Saadia; 
f.  63  a  à  66  a,  nnniD'^a  «  des  fondements  »  du  monde,  par  Isaac  Abra- 
vanel  ;  1 66*,  û'^^'yataîi  D'^^oin^in  «  cours  de  physique  »,  par  MoTse  Nar- 
boni  ;  f.  67  *,  abi:rn  mK'>^%3  niD-^Ma  «  de  TOrigine  de  Texistence  du 
monde  »»  par  Ibn-Roschd  (Averroès),  et  d'autres  questions  de  philo- 
sophie aristotélicienne  (1.  VII  et  VIII);  f.  98  a,  nirra^n  '0  c  des 
plantes  »,  attribué  à  Aristote  ;  f.  103 a,  nnbarnn  ^m  b:^  m^^n  '0,  par 
Abou  Naçr  al-Farabi  ;  f.  426  a  :  petit  traité  «  sur  la  préexistence  des 
âmes  aux  corps  »,  par  Salomon  (ibn  Gebirol),  ou  «  Tauteur  du 
Keter  Malkkout  »,  dit  une  noie  marginale,  en  caractères  rabbiniques. 
Puis  on  lit,  en  cursive  judéo-allemande  :  aps^'^  'n  finn  dDrttTO  3*bn 
ûpy»  bip  bipïi  iDioa  *y^^im  '^^n  '^bno3«  «  il  me  semble  que  ce  savant 
doit  être  R.  Jacob  Anatoli;  car  le  ms.  à  la  fin  du  poème  révèle  le  style 
de  Jacob  ».  Cette  noie  moderne  est  signée  des  initiales  p"n.  N'est-ce 
pas  l'abrégé  du  nom  de  Raphaël  Kirchheim?  F.  427  a,  icap  th^y  «  le 
microcosme  »,  traité  composé  par  Moïse  ibn-Tibbon.  En  marge,  une 
note  moderne  émanant  du  même  critique  avertit  «  de  ne  pas  con- 
fondre ce  traité  avec  un  livre  homonyme,  le  microcosme,  composé 
par  R.  Joseph  b.  Çadiq,  traduit  de  l'arabe  en  hébreu.  »  —  In*fol.  de 
130  flF. 

N^  4342  :  Rituel  juif  en  langue  ilalienne,  écrit  en  caractères  hé- 
breux avec  points-voyelles.  Ce  ms.,  légèrement  défectueux  en  tète, 
a  des  rubriques  multicolores,  ornées  d'enjolivements  qui  permettent 
d'attribuer  ce  petit  volume  au  xv*  siècle.  Un  Siddour  similaire,  en 
langue  italienne  et  caractères  hébreux,  a  été  décrit  par  M.  Leonello 
Modona,  dans  le  VessUlo  isr,^  4887,  p.  76-80  et  440-444.  —  In-42  de 
85  flF. 

N<»  4343  :  t'^Ti  yy  c  arbre  de  vie  »,  traité  de  théologie  et  de  philo- 
sophie par  Aaron  b.  Elle,  auteur  caraïte  du  xiv*  siècle  (publié  à  Leip- 
zig, en  1844).  —  In.4«  de  493  flF. 


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MANUSCRITS  DU  SUPPLÉMENT  HÉBREU  131 

N«  4344  :  bfin\0'»  1'»:^  •»^ttN7a  mb  «  Sentences  tirées  du  Talmud  et 
des  Midraschim,  disposées  par  ordre  alphabétique  et  compulsées  par 
filiézer  ais  d*Isaac  Rieti.  Ecrit  à  Modène,  Tan  5496  de  Tère  de  la  créa- 
lion  »  (=  4736).  Au  bas  de  ce  titre,  on  lit  :  nain«D  b«Dn  -T^r^n  ■»nfiWD 
'^•'«•v»DN.  Ce  dernier  nom  doit  probablement  être  lu  :  Sermide,  mot 
que  l'on  trouve  tout  à  la  fin  du  volume,  écrit  en  italien.  Une  courte 
préface  indique  Tobjet  de  ce  double  Index,  qui  renvoie  par  paragra- 
phes (D^37:"'0)  au  recueil  bfiniD'^  1^:^,  et  par  chapitres  avec  fol.  au  rr^a 
Sfin^D'^.  A  la  fin,  six  versets  des  Psaumes  donnent  en  acrostiche  le 
nom  Kliézer  (celui  de  Tauteur).  —  Sur  la  dernière  page,  on  lit  :  «Léon 
Dauid  Ganc'<»  ».  Puis  ;  «  Questo  libro  è  mio  io  Gur  Arie  Padoua.  »  -« 
In-8ode66ff. 

N«  1345  :  ypy^  npbn  'o  «  La  part  de  Jacob  »,  commentaire  sur  Bêça^ 
par  R.  Jacob  Hamburger,  l'auteur  moderne  du  ap^^*^  bip  (xviii*  siè- 
cle). —  In-fol.  de  30  flF. 

N^  1346  :  Diverses  notes  et  copies  de  Béer  Goldberg,  la  plupart  im- 
primées. —  In-8o  de  52  ff. 

N®  1347  :  Recueil  comprenant  six  articles*,  savoir  :  1<>  f»  1  ûj,  nbtt  'o 
^yxiy  traité  anonyme  de  logique,  avec  traduction  espagnole,  en 
44  sections  ;  2<>  f«  17  a,  les  32  règles  d'interprétation  talmudique  de  la 
Bible,  par  R.  Isma61  ;  3<>  f*  49  a,  des  extraits  d'un  livre  Dbi:^  mD-^bï! 
M^'^b  ;  4®  f^  21  a,  explication  des  termes  et  des  langages  usités  dans  les 
controverses  talmudiques  ;  5<>  fo  35  a,  liste  des  auteurs  de  la  Mischna, 
ou  tannaïles;  '6»  C  37  a  jusqu'à  la  fin,  introduction  de  Maïmonide  à 
la  5*  section  de  la  Mischna  Èodaschim,  —  In-4<'  de  41  ff. 

N<»  1348  :  rov  "^D^D,  traité  de  Kabbale,  par  R.  Menahem  Azariah  de 
Fano,  en  quatre  parties.  Il  manque  au  commencement  le  §  1  et  la 
moite  du  §  2;  à  la  fin,  depuis  le  §  3  du  livre  IV.  Ecrit  par  R.  Petahia 
b.  Benjamin  de  Bomsela  l'an  408  (=  1648).  Imprimé  àGoritz,  en  1786. 
—  A  la  fin,  en  quatre  pages,  un  article  intitulé  sniDTsrri  KnpT^n,  les 
avantages  de  savoir  «  lire  et  écrire  »,  par  le  caraïle  Joseph  b.  Moïse 
b.  Juda  Bagar  Cohen.  —  In-4»  de  98  ff. 

N<>  1349  :  Pentateuque,  avec  la  paraphrase  chaldéenne,  et  en  marge 
le  commentaire  de  Raschi.  Tout  le  commencement  manque,  jusqu'au 
milieu  de  la  Genèse,  chapitre  xxxviii.  A  la  fin  on  lit  :  nsn  "^bs  nDD  îin 
nsiiK  D'^'^n  nbn  pbnb  rr^m  •'ibb.  Dans  le  dernier  mot,  les  quatre 
lettres  nn»  et  M  sont  ponctuées,  ce  qui  donne  l'an  (5)212  (^  1452),  ou 
si  l'on  compte  à  part  le  n  pour  5000,  on  a  5207  (=»  1447).  —  In-4o  de 
266  ff. 

N<»«  1350*51  :  Une  partie  des  bulletins  qui  ont  servi  à  rédiger  le  Ca- 
talogue imprimé  des  mss.  hébreux  (transcription  Zolenberg).  —  In4<' 
de  352  et  200  ff. 

N«  1 352  :  Fragment  de  I  Chroniques,  xxiv,  à  II,  ch.  vu.  —  In-8»  de 
8  ff.  à  2  col. 

*  Non  trois  articles,  comme  Tinventsire  ms.  le  dit  trop  sommairement. 


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132  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

N<>>  4353-4  :  Rouleau  d*Eslher,  deux  exemplaires. 

N<»  4355  :  Fragment  du  Pentaleuque,  provenant  d*un  rouleau  litur- 
gique (roulé). 

No  4356  :  Recueil  hébraïco-persan,  comprenant  trois  parties  :  4<>  Re- 
lation en  vers  persans  (caractères  hébreux)  des  persécutions  des  Juifs 
sous  le  règne  de  Schah  Abbas  II  ;  le  commencement  de  TintroducUon 
manque,  et  il  y  a  une  lacune  après  le  fol.  2;  %^  Relation  en  vers  per- 
sans de  semblables  persécutions  sous  le  règne  de  Mahmoud  Ashrafet 
de  Thahmasp  par  Babai  b.  Ferhâd  ;  3<»  Azharot  (Ihtirâz  Nameh)  en 
persan,  par  Moïse  b.  Isaac,  et  Àzharot  pour  le  premier  jour  de  la  fête 
de  Schebouot  en  hébreu  et  persan.  La  fin  manque.  —  In-4<»  de  490  ff. 

N<>  1357  :  •»nari3n  W  n-nbin  'o,  «  Histoire  de  Jésus  le  Nazaréen  », 
en  judéo-allemand.  Imprimé.  —  In-4«  de  25  ff. 

No  4358  :  D^Kn  ni^'^n*^  'D  «  Traité  des  connaissances  humaines», 
commentaire  sur  des  sentences  morales  de  la  Bible  et  du  Talmud, 
ainsi  que  sur  le  Zohar,  composé  en  judéo-allemand.  En  tète  de  la 
première  page,  le  titre  est  inscrit  en  caractères  carrés,  ainsi  que  les 
rubriques  ;  mais  tout  le  texte  courant  est  en  écriture  cursive.  Le 
ms.  est  complet,  avec  un  dernier  feuillet  blanc  ;  pourtant  on  ne  voit 
nulle  trace  du  nom  de  Tauteur  ou  du  copiste,'qui  a  dû  être  —  d'après  le 
langage  —  un  rabbin  de  TAlsace  du  dernier  siècle.  —  In-fol.  de  58  fT. 

N<^  4359  :  Pentateuque  hébreu,  avec  version  arabe  par  Saadia  Gaon. 
Commence  au  Lévitique.  —  In-foL  de  204  iï, 

N<»  1360  :  D'^mntDn  ^0  u  Livre  des  racines  »,  lexique  par  R.  David 
Qamhi.  Imprimé.  —Au  deuxième  feuillet  préliminaire,  on  lit  un  acte 
de  vente  :  '^a'^'^Dtt  V't  ^mn  b«i)30  Tsa  dmaNi"ttD  n«N  rrp'n  -^DS»  rrrra 
•»nnr>tt  (Novembre)  '■»-'m3  't  '«  'T»  DT»rnD  1733  «-iNT^oa  nn^nmn  (Pieve) 
misna  D''tDnttî7:  'on  îit  û-^^insn  it:  V't  mon  n'w'D'a  *  N"»in  rv^nro  nb 
'T  T^Ta  "^nbapn  n^-»-»?!  «n-«-i«  «aibn  rrn'»D»  N"«'»r  "^n»  bÉn©*»  roDonan 
bsTa  imxDbn  ipbob  ■♦b^^i  n«5nK  '^121  nb  "^nnotti  n"^*^!©  -nai  b'an  tr^jzro 
Toh^y  TJT  nTn  ovn  \n  nKin  rrT»Dttn  naoa  nb  «■«•'  -i««  ^y^y^  nsya 
ib  -^a»  laypttJKi  b":n  !T>»n:  'nb  mt3  aman  ...'an  b^mD"*  «"«  pi 
ba^a  npbobi  riNTn  n-Y^a^n  n»  nb  d'»''pb  r^^nsrû  uypt:  baa  "^aiwai  "»Dna 
1^  nKtn  n-i-'a^n  r-iaoa  n'»n^«  -^n  larn  ib  «a-^  *ic«  mana^n  ma^o 

.nm  D'union 

n««tti  nmîs  (Voltera  ?)  nNnaibtt_bK-i;a"»  -inaT^  nraa  'n-»  bîn«"^  '^a» 
(Norzi)  "^^maTa  '>nnbT  '>natD  "l'tt'a'a  fir»"»r  btrrrb  ainan  ba  D-^pTai. 

Puis  deux  noms,  sans  doute  les  témoins^:  n'Yi  n^ana**  no'a  \Msro 
'7:y.  (de  Oriente)  noa-^-^nÉWa  rrt^tv  n'Ta'a'a  fio-^r  nta^-^b». 

Enfin,  au  fol.  4â(,  le  nom  d'un  propriétaire  postérieur  :  onnaM  ^bo 
tlDin^  n'tt'a'a.  —  In-fol.  de  299  ff. 

N^  4364  :  D'Alain  b-i:aipb  «  Nouveaux  extraits  »,  traité  de  Kabbale 
par  Isaac  Loria.  —  L'auteur  est  sans  doute  un  disciple  du  maître 
cabbaliste,  dont  il  a  recueilli  les  leçons,  puisqu'au  f.  79  a  le  disciple, 

*  Abréfitlion  fréquente  de  '«  û'^Ta'^  T»*1K^  3^1T  n^n^. 


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MANUSCRITS  DU  SUPPLEMENT  HEBREU  133 

oubliant  son  rôle  de  copiste  modeste,  dit  :  Vt  'ViYn  dtôTa  •.  D'autre 
part.  f.  83  a,  on  lit  ces  mots  :  b'at't  f  nïi  ''ans^a  -^napb  D-^^Tinn  ib» 
f?  Pensiere)  rTrr'b'T  •»n"»»3D  mïi»  dm».  —  In-S*  de  86  ff. 

N»  4362  :  b^33n  C|^,  autre  traité  de  Kabbale,  provenant  de  la  même 
école.  La  préface,  f.  ka,  contient  une  phrase  qui  renseigne  sur  le 
nom  de  l'auteur  et  le  lieu  de  rédaction  :  Dïina«  -r^^^Stn  -«s»  '^mfinai.. . 
..•innan  no  •»NbiT«  rfnbt  •^STi»  n^nn  ...«"^cb  p  tt3.  L'auteur  ex- 
plique en  passant  maints  détails  du  rituel.  —  In-8<>  de  445  ff. 

N°  4363  :  KnvSitn  étidd  Commentaire  sur  le  «  livre  du  mystère  », 
une  des  parties  du  Zobar,  par  Isaac  Loria.  En  réalité,  le  titre  général 
du  volume  est  plus  vague  :  mstpa  ^nÉ«b  d^«Din*7n  'o  «  interprétations 
[cabbalistiques]  dlsaac  Loria,  en  abrégé  ».  Au-dessous  du  titre,  on  lit  : 
rmn  rf  nbT  •'"-i^rr  -nnna  nTioa  »it735  n«5«b  D*»3tt'»o  Kitwn  'on  C|toan 
«mj^^i^l  'ob  ^^-no».  «  A  la  fin  du  livre,  on  trouvera  les  index  des 
explications  disséminées  dans  les  enseignements  de  feu  Isaac 
Loria,  concernant  le  Sifra  di-Çeniouta.  »  A  la  fin  de  Tœuvre  com- 
plète^ après  un  grand  nombre  de  pages  blanches,  on  retrouve,  en 
effet,  le  titre  de  cet  index;  mais  celui-ci  est  à  peine  ébauché  et  se 
compose  d'une  ligne.  Ecriture  orientale.  —  In-S^^  de  96  ff. 

N<*  4364  :  Recueil  composé  de  quarante-sept  opuscules  cabbalis- 
tiques, en  écriture  rabbinique,  savoir  :{^  \a,  I^^Tp  ÛT«  «m;  f®  46^, 
ne  dûTTi  in»  '!;(<*  is  a,  "^ûts  «bi  ■♦û»  'n ;  fo  ît  a,  la-'TNn  nn*i«  ;  f»  30 a, 
m»  'T  ;  f*  32  ^  'y'»'a'«  n;  f"  35  a,  y"^y:>  mb-^ss»  ^a^D  TDndïi  ;  fo  36^, 
D''3:nar'»3  non  ;  f«  38  a,  r^P'ïS  T**»  ^^^;  f°  40  a,  ^m»  n-^rt;  f»  44  a,  n"» 
D'i^niT;  fo  45*.  n^api3i  n-'j^T;  fo  46*,  m3C3?*i  rni»;  fo  50  a,  «"T  nbn:in  ; 
fo  54  a,  np-'S-CT  i"»3:?  ;  fo  5e a,  ••:«  -nnr  ;  fo  53  a,  «"n  r^i»  ;  f»  54  *.  'n 
Dbasïi  ;  fo  55  *,  nonn  "i^n-»  ;  fo  66  a,  m^ban  nx-^na  ;  fo  68  a,  nata»  "7  ; 
fo  59*,  nNb  qi^-iD  ;  fo  64  a,  moTT^  l-^îj^  ;  fo  64  *,  rmîi  d«  ;  fo  62  a,  m» 
•on  '0  ;  fo  63  a,  bp^^i  m»  ;  fo  6i  a,  nN3\N  l'>'7  ;  fo  65  a,  ÏIT  aiiT  ;  f»  66  *. 
rr«  ...  ;  fo  88  a.  ''"n^n  n^Dp.  —  In-8o  de  93  ff. 

NO  4365:  Commentaire  de  Raschi  sur  le  Pentateiique.  Incomplet  de 
la  tète  et  de  la  fin  :  commence  au  chap.  11  de  l'Exode,  et  s'arrête  à 
Deutéronome,  xxix.  —  In-40  de  469  flf. 

No  4366  :  Œuvres  diverses  d'Aristote,  fo  la  à  fo  60a  :  Résumé  (ou 
petit  commentaire)  de  la  physique  d'Aristote  par  Averroês,  traduit 
de  rarabe  par  Moïse  b.  Samuel  b.  Juda  ibn  Tibbon.  Manquent  les 
deux  premiers  livres  et  le  commencement  du  troisième  ;  fo  60  *  :  du 
ciel  et  du  monde,  par  le  même  ;  fo  405  a  :  de  Texistence  et  de  la  déper- 
dition; f»  4î3*  à  fo  179*  :  météorologie;  la  fin  manque,  —  In-40  de 
479  flF. 

NO  4367  :  mbnn  '0,  Commentaire  sur  les  Psaumes,  par  Abraham 
b.  Méir  ibn  Ezra.  Ecriture  rabl)inique.  Imprimé. —  Sur  la  feuille  de 
garde  on  lit  :  «  Questo  codice  ricevetti  dal  Pr'  Luzzatto  in  cambio,  il 
giorno  27  MagRio  4845.  —  J.  Pardo.  »  —  In-40  de  415  ff. 

NO  4368  :  iT^nen  miay  «  Cérémonial  du  rachat  »  [des  premiers-nés], 

>  A  00  moment,  le  disciple  rédige  pour  son  propre  compte. 


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134  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tel  que  Tont  prescrit  les  rabbins  anciens  et  modernes.  L*auteur  ou 
copiste,  dont  on  trouve  le  nom  au-dessous  d'un  titre  très  détaillé,  se 
nomme  b'yo  Tisn  'pîi  ;  il  dit  avoir  recueilli  et  transcrit  ces  règles  au 
grand  complet,  «  à  Tusagede  son  cher  gendre,  le  compagnon  d'études 
B.  Jacob  b.  Neftali  Cohen  ».  Le  titre  est  encadré  par  trois  versets 
bibliques  :  4®  Ps.,  xlix,  8;  2<>  Ps.,  xxv,  22  ;  Z^  Ps.,  lv,  49  (tous  com- 
mençant par  le  mot  ^i^D,  k  racheter  »,  par  allusion  à  ladite  cérémo- 
nie). Tout  autour,  en  caractères  microscopiques^  il  y  a  huit  noms, 
avec  leurs  généalogies.  Dans  le  dialogue  qui  s'échange  entre  le 
Cohen  et  les  parents  au  moment  du  susdit  cérémonial,  les  paroles 
du  premier  sont  écrites  en  caractères  carrés  ;  les  réponses  ou  les  ins- 
tructions sont  en  cursive  ;  la  réponse  de  la  mère,  en  judéo-allemand  : 
...D  lit  '!'>'>%).  •—  Les  six  dernières  pages  de  ce  petit  volume  (in-24) 
mentionnent  que  cette  cérémonie  a  été  accomplie  pour  treize  enfants 
des  localités  del^maia  (Nobersheim),ama'^C3D'>b(Lichliburg),  I'>'>anaifii 
(Oberbain),  Si-^nN^nXND  (Patzedorf),  T^ari^  (Mutzig),  Strasbourg, 
1KSUM)D  (Chaux-de.Fouds),  depuis  le  42  Schebai  509  (=4749)  jusqu'au 
26  lyar  524  (=  4764).  —  In-24  de  12  ff. 

N^  1369  :  Pentateuque  hébreu,  avec  la  version  arabe  de  Saadia 
Gaon.  Complet.  —  Iq-8o  de  149  ff. 

N<»  4370  :  v^yb  ma  «mn  Commentaire  sur  le  Talmud,  par  Mar- 
dochée.  A  la  un,  il  y  a  des  fragments  divers  d*un  midrasch  sur  la 
bénédiction  de  Jacob,  Genèse,  xlix.  —  In-4*»  de  234  ff. 

N<*  4374  :  û'^snp  '0  «  livre  des  rayons  »,  commentaire  sur  la  Mas- 
sora,  par  Ahron,  de  la  ville  de  Cardina  (en  hébreu  D'^^'np).  Imprimé, 
avec  le  commentaire  de  Simson  Ostropol  (à  Zolkiew,  4709).  —  In-4» 
de  47  ff. 

N°  1372  :  biaban  ^9^  «  Section  de  la  transmigration  »  [des  âmes], 
par  Samuel  Vital  b.  Hayyim.  Dans  la  préface,  l'auteur  raconte  avoir 
projeté  un  grand  résumé  de  la  littérature  rabbinique  en  huit  parties. 
Il  donne  pour  le  moment  la  dernière  partie,  qui  a  pour  objet  de  mon- 
trer la  transmigration  des  hommes  remarquables.  --F,79a  :  Enu- 
méralion  des  vertus  de  certaines  plantes.  —F.  79^  :  L'auteur  raconte 
que  de  Misr  (du  Caire)  Hayyim  Vital  est  arrivé  à  Safet  le  jour  de  la 
néoménie  d'Adar  5334  (=  4574)  pour  rejoindre  son  fils,  dans  le  seul 
but  de  rédifier  sur  sa  descendance  spirituelle.  —  F.  443  a  :  Liste  des 
compagnons  d'étude  (et  sans  doute  d'initiation  cabbalistique)  de 
Hayyim  Vital.  —  F.  419*  :  d-^p-^n^ïi  mninp  «  lombes  des  justes  », 
c'est-à-dire  des  hommes  célèbres  (8  pages).  —  F.  423^  à  424^  (an)  : 
Histoire  de  l'exorcisme  d'une  demoiselle  Esther,  fille  de  R.  "|  rmîr 
T»D^'>,  accompli  au  Caire  par  Samuel,  le  jeudi  26  Tamouz  5426  (=4666). 
— -  La  copie  du  ms.  n'a  été  achevée  que  le  jeudi  25  Schebat  5549 
(=  4759),  à  Jérusalem.  Signé  :  (?)  ybn  nnoïi.  —  Le  fils  de  l'auteur, 
Samuel  Vital,  a  revu  les  diverses  sections  de  l'œuvre,  en  vue  d'une 
publication  ultérieure,  faite  seulement  de  nos  jours  (Jérusalem, 
4864).  —  Au  f.  2(1  on  trouve  les  noms  de  deux  possesseurs  succes- 
sifs, puisqu'on  lit  d'abord  (en  écriture  italienne)  :  y^lrm  îTînîoa  "^b  Xey^ 


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MANUSCRITS  DU  SUPPLÉMENT  HÉBREU  135 

dibtt)  n^na  «"n»  "^an;  ensuite,  d'une  autre  écriture  (orientale)  :  «^DÉn 
•wi«  nn  n«73  ins  y""«n;i7an  -^b  •^'ra  b^aîi  d^o  d«Db  im«  '^n'>3p  n'»:^stn 
ism-^nOT  -lar-»  «mDt  n«ï3  "i^n^aa.  —  ln-4ode4î4  ff. 

N<>  i37a  :  mpi«3^  rïb:i7a  'O  «  Le  révélateur  des  mystères  »,  par 
Nathan  Spira  (le  neveu).  (Imprimé  à  Gracovie,  1627.)  —  In-4«  de 
303  ff. 

N®  4374  :  ^na'^nsb  niK  o  Lumière  pour  mon  sentier  »,  homélies  sab- 
batiques faites  à  la  Société  des  Eabronim  à  Strasbourg,  commentaire 
sur  les  Haftarot,  imitation  de  Moïse  Mendelssohn  (ïin'^ndb  niK  im- 
primé à  Berlin,  4783,  in-4!^),  anonyme.  —  In-4<'de  92  ff. 

N<^  4375  :  Novelles  anonymes  {pilpoul)  sur  de  nombreux  passages 
du  Talmud,  qui  se  suivent  sans  ordre.  Heureusement,  il  y  a  à  la  fin 
un  répertoire  méthodique  par  ordre  de  succession  des  traités  talmu- 
diques.  Sur  la  dernière  page  se  trouve  une  formule  cabbalistique 
contre  le  mauvais  œil.  —  Ecriture  cursive  judéo-allemande,  du  der- 
nier siècle.  —  In-40  de  424  ff. 

N<»  4376:  Recueil  de  plusieurs  opuscules.  —  F.  4  a,  Homilétique, 
résumé  de  sermons  sur  le  Pentateuque,  par  Kliahou  Spira,  fils  du 
Gaon  Joseph  laski.  Achevé  le  lundi  1«»-  lyar  (5)594  (=  483i).  —  F.  92^ 
^U)bn  pnb 'Oin*i  «  du  beau  langage  ».  —  (Nouvelle  pagination),  f.  4  a: 
Introduction  au  livre  nmb«  nnw,  commentaire  du  môme  écrivain 
sur  les  treize  articles  de  foi.  —  F.  49  â^  à  22  ^  :  ïibcnn  n3>«  c  traité  de 
la  prière  ».  —  A  la  fin,  il  y  a  des  notes  additionnelles  sur  les  œuvres 
précédentes.  —  In-4<»  de  27  flf. 

N®  4377  :  Commentaire  sur  le  ll^n  la»,  par  Jacob  Pardo,  auteur  du 
commencement  de  ce  siècle,  qui  a  publié  une  explication  du  pro« 
phète  Michée.  —  In-fol.  de  134  ff. 

N»  4378  :  ïibij^ïi  min  «  Loi  de  Tholocauste  »,  commentaire  sur  le 
Pentateuque,  par  Neftali  Cevi  Hirsch.  —  Iq-4°  de  82  ff. 

N<^  4379  :  r\tM2^  'D  niM3,  commentaire  sur  les  «  Démonstrations  » 
d'Aristote,  par  R.  Lévi  b.  Gerson.  —  Aux  armes  du  cardinal  de  Riche- 
lieu. —  In-4S  74  fi". 

N®  4380  :  ni73©îi  ''UJn^  «  Racines  (étymologies)  des  noms  »  [cabba- 
listiques],  disposées  par  ordre  alphabétique.  Par  suite  de  Tabsence 
du  feuillet  du  titre,  le  seul  manquant,  nous  n'avons  pas  le  nom  d'au- 
teur inscrit  sur  ce  ms.  Mais  on  sait  :  4^  par  Azoulaï  ;  2^  par  le  cata- 
logue d'Almanzi,  que  cette  œuvre  émane  de  Moïse  Zaculo.  Dans  le 
présent  volume,  cette  œuvre  a  été  enrichie  d'un  grand  nombre  d'ad- 
ditions à  la  suite  de  chaque  lettre  alphabétique,  par  un  disciple  et 
copiste  de  Zacuto,  qui  se  contente  de  donner  les  initiales  de  son 
nom  :  K^K.  —  Ecriture  orientale.  —  In-4<>  de  460  ff. 

N<>  4381  :  Eléments  de  géométrie  d'EucUde;  version  arabe,  en  ca- 
ractères hébreux.  Elle  aTavantage  d'être  complète,  en  XY  livres  \  — 
In-4»de475fl. 

*  On  ne  trouve  ^équivalent  qne  parmi  les  mes.  du  fonds  arabe,  n*  2484  ;  le  mdme 
ouvrage  dans  le  fonds  hébreu,  n*  1099,  offre  Tabrégé  des  Slémênts,  en  XII  livres. 


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136  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

NO  1382  :  Ary  Renan,  Atlas  de  paléographie  des  langues  sémi- 
tiques. Paris,  4870,  1d-&o  de  26  ff. 

Le  n^  4383  ancien  est  devenu  le  n«  27  du  fonds  samaritain. 

N»  4383  :  Explication  mystique  du  rituel  journalier,  et  '^  nno 
nin'^DD  «  ordre  des  dix  nombres  »  (cabbalistiques),  avec  figures.  — 
Ecriture  moderne.  —  Io-46  de  114  ff. 

N»  4384  :  itt)''  mibin  t  Vie  de  Jésus  »  ;  deux  rédactions,  4*  fol.  4-20, 
2<*  fol.  21-30.  La  seconde  rédaction  n*est  qu^uoe  copie  de  la  même 
œuvre,  imprimée  dans  les  Tela  ignea  de  Wagenseil.  A  la  dernière 
page  on  lit  :  èno  d'Eisa  i>:«  tr\'p^'\  mn  n*»»!!'»  •^•nm  •'D  ainD  Tfitxa 
^iDi  n-ip  îi"»!!  Vsn  anm  !i3i73«rj  '[••aya  b^^rt  lattnn  o:^  nDinai  ibiétD 
nnan  ciDn  ib  a-^ton  anm  mpn  «jr*^  -^tt  pa^D  nttittn  nb  n73«  nnitaV 
inb*^  "«Ta  D'^TS^Da  n)3i^i.  Le  récit  de  cette  anecdote  est  suivi  de  cette 
observation  :  «  N.  B.  che  nel  teste  dice  irrgrt  »,  signée  :  B.  Firenzi. 
~  La  première  rédaction,  inédite,  émane  d*un  écrivain  italien, 
car  saint  Paul  et  saint  Pierre  sont  nommés  inD'^''S  'o^  nbiMe  'o.  Ce 
petit  volume  avait  été  offert  à  Renan  par  «  un  suo  ammiratore, 
Sabato  Orvieto*  ».  —  In-4«  de  30  ff. 

N<*  4385  :  Trois  inscriptions  tombales  en  hébreu  carré,  trouvées  à 
Mantes  *  ;  estampage  passé  au  noir,  et  commencement  de  transcrip- 
tion de  rinscription  phénicienne  d*Bchmounazar,  roi  de  Sidon. 

N<»  4386  :  Commentaire  de  Raschi  sur  le  Pentateuque,  traduit  en 
judéo-allemand  par  Sussmann  Tulchinsky.  Genèse  seule.  —  A  la  fin, 
liste  et  répertoire  des  mots  étrangers  employés  par  Raschi  dans  cette 
première  partie.  —  Ecriture  contemporaine.  355  p.  in-fol. 

N»  4387  :  d-v^n  mn^riK  'o  «  Traité  des  trésors  de  vie  »,  œuvre  cabba- 
lisiique  par  Hayyim  Vital.  Fait  partie  de  la  série  signalée  au  n^  4372. 
—  Ce  ms.,  d'écriture  italienne,  émanant  d*un  disciple  de  Vital,  est 
daté  du  jeudi  45  Schebat  415  (=  févr  4655).  —  Iq-4*  de  276  ff. 

Enfin,  il  faut  ajouter  à  cette  liste  deux  mss.,  placés  (par  un  ha- 
sard de  reliure)  parmi  les  volumes  imprimés  de  la  Bibliothèque 
nationale.  Ce  sont:  !<>  une  consultation  inédite  *,  jointe  à  un  vo- 
lume de  casuistique  juive;  2®  une  élégie  sur  Joseph  Caro,  jointe  à 
l'édition  princeps  du  Zohar^  (4»  A  683  ancien). 

Moïse  Schwab. 


'  Ce  dernier  ms.  provient  de  la  bibliothèque  d'Ernest  Renan  acquise  en  bloc  par 
M"*  veuve  Michel  Lévy  et  donnée  à  la  Bibliothèque  nationale. 

•  Elles  ont  été  publiées  ici,  Revue^  XV,  295. 
-     »  Bêvue,  V,  fOS. 

*  Ibid.,  IX,  30i. 


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NOTES  ET  MÉLANGES 


NOTES  SUR  LES  JUIFS  D'ESPAGNE 

LES  JUIFS  DANS  LB  ROYAUME  DE  LÉON 


Le  royaame  de  Léon,  dont  le  nom  est  ordinairement  associé  à 
celui  de  Castille,  contenait  des  Juifs,  en  nombre  moins  considé- 
rable, il  est  vrai,  qu*en  Castille  et  en  Aragon,  à  une  époque  très 
reculée,  et,  d*après  les  documents,  dès  le  xi«  siècle  ;  il  y  en  avait 
dans  les  villes  ainsi  que  dans  les  petites  localités  ^  Les  sources 
relatives  aux  Juifs  de  cette  province  espagnole  sont  peu  abon- 
dantes et  nous  en  sommes  d'autant  plus  reconnaissants  au  savant 
Père  Fidel  Fita,  qui  a  déjà  tant  enrichi  Thistoire  des  Juifs  d'Es- 
pagne, pour  les  documents  qu'il  a  exhumés  dans  le  cours  d'une 
étude  qu'il  a  faite  sur  le  couvent  de  S.  Miguel  de  Escalana. 

Les  communautés  les  plus  importantes  du  royaume  de  Léon 
étaient,  outre  celle  de  la  capitale,  qui  s'appelait  également  Léon, 
celles  de  Mansilla,  Yalencia  de  D.Juan,  Sahagun,  Almanza,  Rueda, 
Cifuentes  et  Mayorga. 

Dans  le  premier  tiers  du  xiv«  siècle,  on  trouve  à  Léon  D. 
Abraham  Royuelo,  qui,  en  société  avec  Sara,  veuve  de  Samuel 
Commineto,  et  Saûl,  fils  d'Usijahu,  habitant  tous  deux  à  Mansilla, 
avance  de  grosses  sommes  d'argent  au  chevalier  Pedro  Alfonso  de 
Boygas  de  Rueda.  Lorsque  la  veuve  du  chevalier  Pedro  renonça 
à  ses  droits  et  prétentions  sur  les  biens  de  son  mari  échus  en  par- 
tage au  couvent  de  S.  Miguel  de  Escalana,  le  prieur  dudit  couvent 
prit  l'engagement  de  fournir  aux  Juifs  susnommés  du  froment, 

*  Voir  Bevista  d$  Aiturioê,  IV,  333;  Eevue  des  Études  JuiveSy  II,  135  et  s. 


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138  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

de  répeautre  et  de  Torge,  en  quantité  déterminée,  au  mois  de 
septembre  de  chaque  année,  livrables  à  Mansilla  ou  à  Rueda  ^ 

Ce  D.  Abraham  Royuelo  avait  affermé  de  D.  Aymar,  le  pro- 
digue prieur  du  couvent,  tous  les  droits  et  revenus  des  hameaux 
et  possessions  qui  étaient  la  propriété  du  couvent,  au  prix  de 
5,000  maravédis  pour  une  durée  de  vingt-six  ans.  Après  la  mort 
d*Aymar,  son  successeur,  le  prieur  D.  Pedro  représenta  au  roi 
Alphonse  XI  qu* Abraham  Royuelo,  dans  un  intervalle  de  cinq  ans 
écoulé  depuis  la  conclusion  du  contrat,  avait  déjà  tiré  plus  de 
5,000  maravédis  de  ces  possessions  et  le  pria  d^annuler  le  contrat; 
en  môme  temps,  il  se  plaignit  au  roi  que  quelques  Juifs  et  chré- 
tiens de  Léon  et  du  ressort  prenaient  en  fermage  ou  en  gage  des 
hameaux,  maisons,  jardins  et  campagnes,  ce  qui  causait  un  grand 
dommage  au  couvent,  déjà  fort  pauvre.  Là-dessus,  le  roi  donna 
ordre  à  son  juge  de  Léon,  à  la  date  du  12  janvier  1336,  c  de  citer 
devant  lui  le  Juif  Abraham  et  tous  ceux,  tant  chrétiens  que  Juifs, 
que  le  prieur  désignerait  et  qui  auraient,  affermé  des  biens  appar« 
tenant  au  couvent,  et  de  rétablir  le  prieur  dans  ses  droits,  sans 
autre  forme  de  procès  '  ». 

La  haine  du  peuple,  fanatisé  par  les  prêtres,  qui  causa  la  mort 
de  milliers  de  Juifs  en  1391,  ne  connut  pas  de  bornes.  Contrôles 
Juifs,  les  prêtres  se  croyaient  tout  permis.  Quelques  documents, 
fort  précieux  et  encore  inédits,  découverts  et  publiés  par  le  P. 
Fidel  Fita  et  qu'il  a  publiés,  en  fournissent  des  preuves  suffisantes. 
Ainsi,  Tabbé  de  Sahagun  fit  incarcérer  les  Juifs  de  la  ville  et  leur 
extorqua  des  sommes  plus  ou  moins  fortes,  sous  prétexte  d'accu- 
sations secrètes,  ou  comme  amendes.  La  communauté  juive  se 
plaignit  au  roi  des  procédés  arbitraires  de  Tabbé,  en  invoquant  les 
droits  qui  leur  avaient  été  concédés,  à  la  date  du  25  avril  1255, 
ainsi  qu'aux  Juifs  de  Carrion,  par  Alphonse  X  le  Sage,  et  qui 
étaient  formulés  en  ces  termes  :  seuls  pourront  juger  et  prononcer 
en  ce  qui  concerne  les  Juifs  de  Sahagun  les  juges  nommés  par  les 
rabbins  de  Burgos  et  ayant  prêté  serment  à  Tabbé  déjuger  selon 
leur  science  et  conscience,  sans  cacher  leur  décision  à  Tabbé  ;  il 
sera  loisible  à  Kabbé  d'en  appeler  aux  rabbins  de  Burgos  ;  les 
litiges  entre  chrétien  et  Juif  ou  entre  Juif  et  chrétien  devront  être 
réglés  par  les  alcades  de  la  ville  avec  droit  d'appel,  comme  cela 
est  fixé  par  les  fueros  de  la  cité  de  Sahagun  ;  dans  les  procès  entre 
chrétiens  et  Juifs,  pourront  être  admis  comme  témoins  un  chrétien 
et  un  Juif,  mais  dans  les  différends  entre  chrétiens,  on  ne  pourra 

^  Document  du  3t  mars  1324,  tiré  des  Arch.  histor.  nacional,  BoUiin  de  U  real 
Aeadêmia  de  HUioria,  XXXII,  116  et  s. 
*  Document  daté  de  Valladolid,  12]an7ier  1336,  ihid,^  p.  132. 


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NOTES  ET  MÉUNGES  i39 

admettre  de  témoin  juif,  de  même  que  dans  les  procès  entre  Juifs, 
on  ne  pourra  recevoir  de  témoin  chrétien.  Dans  ce  statut  parti* 
culier  il  est  stipulé,  en  outre,  a  que  les  Juifs  de  Sahagun  devront 
payer  annuellement  à  Tabbé  un  cens  de  18  dinaros,  et  pour  t  l'en- 
tretien de  sa  table  >  ainsi  que  pour  chaque  a  Servicio  »  100  mara- 
Yédis  et  pas  plus  »;  enfin,  que  l'abbé  aura  le  droit  de  préposer  sur 
les  Juifs  de  la  ville  un  Juif  qui  devra  être  un  habitant  de  la  ville, 
comme  président  du  tribunal  ou  «  Abbidyn  »  (=  i"»n  n"»a  a6<). 

Les  Juifs,  se  référant  à  cet  antique  statut,  prétendaient  que 
Tabbé  n*avait  pas  le  droit  d'infiiger  des  amendes  ou  la  prison  aux 
Juifs  et  Juives  de  Sahagun,  à  moins  que  les  juges  juifs  n'eussent 
ratifié  la  condamnation.  Ils  représentèrent  au  roi  qu'à  la  suite  de 
l'acte  de  violence  commis  par  l'abbé,  beaucoup  d'entre  eux  avaient 
quitté  la  ville  et  que  ceux  qui  étaient  restés  n'étaient  pas  en  état 
de  s'acquitter  des  taxes  royales.  Là-dessus,  le  roi  Henri  III,  à  la 
date  du  15  août  1401,  édicta  un  ordre  sévère  prescrivant  à  l'abbé 
de  s'en  tenir  désormais  strictement  au  statut  des  Juifs  et  de  ne 
pas  leur  infliger  ou  leur  laisser  infliger  d'amende  ou  de  prison, 
sous  peine  d'avoir  à  verser,  en  cas  de  désobéissance,  10,000  mara- 
védis  au  profit  de  la  cassette  royale.  Quatre  semaines  plus  tard, 
le  8  septembre,  le  roi  envoya  à  l'abbé  l'ordre  de  comparaître  dans 
un  délai  de  quinze  jours  devant  la  cour  royale  et  d'exposer  per- 
sonnellement les  motifs  de  son  refus  d'obéir  aux  ordres  donnés  '. 
.  L'abbé  brava  le  roi,  d'ailleurs  très  faible,  et  persista  dans  ses 
procédés  arbitraires  et  illégaux.  Il  fit  incarcérer  les  Juifs  de  Saha- 
gun, R.  Abraham  Obadia,  Dona  Gracia,  sa  femme,  l'instituteur 
Jucé  (Joseph)  et  sa  femme,  et  Samuel  Aben  Pex,  sans  qu'ils  eus- 
sent été  cités  devant  leurs  juges  légaux  et  sans  avoir  été  con- 
damnés. Quand  ils  eurent  recouvré  leur  liberté,  les  représentants 
de  la  communauté,  D.  Ç^g  (Isaac)  Maymon,  D.  Sento  (Sentob) 
Timon,  D.  Moses  Timon,  marchand,  D.  Moses  Aben  Pex  et  Rabbi 
Abraham  Maymon,  en  leur  nom  personnel  et  au  nom  de  la  com- 
munauté, s*adressèrent  au  gouverneur  de  l'Aljama,  D.  Juan 
Sancbes  de  Ousman,  le  lundi  6  août  1403,  et  protestèrent  contre 
les  procédés  arbitraires  de  l'abbé  en  produisant  les  deux  décrets 
susmentionnés.  Ils  étaient  accompagnés,  en  qualité  de  témoins, 
des  cinq  personnes  qui  avaient  été  emprisonnées,  ainsi  que  de 
Moïse  Gtorion  et  D.  Sento  Gabay  <. 

Une  autre  affaire  concernant  les  Juifs  de  Sahagun  fut  réglée 
quelques  semaines  plus  tard  par  une  décision  papale. 

I  Documents  du  15  août  et  du  18  septembre  1401,  Ârch.  hist.  nscionsl,  Boletin, 
XXXII,  p.  232  et  suîy. 
*  Arch.  naciooal,  Boletin^  p.  238  et  suiv.     . 


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!40  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

En  Tan  1399,  an  prôtre  du  nom  de  Jean  Martin  de  Balves  se 
donna  toutes  les  peines  imaginables  pour  amener  de  force  an  bap- 
tome  les  Juifs  de  Sabagun.  Poursuivi  pour  ce  fait  par  les  Juifs  de 
cette  ville,  il  se  réfugia  dans  le  couvent.  Les  Juifs  invoquèrent 
Passistance  des  autorités  compétentes  et  obtinrent  qu*il  fût  enjoint 
à  l'abbé  de  livrer  le  prôtre  ou  d'exposer  personnellement,  dans  un 
délai  de  quinze  jours,  les  motifs  de  son  refus.  L'abbé  continua  à 
résister;  il  invoqua  certains  privilèges  et  prétendit  qu'il  ne  pou- 
vait pas  livrer  ce  zélateur  de  la  foi.  Néanmoins,  le  conseil  royal 
décida  que  l'abbé  et  trois  moines  du  couvent  s'engageraient  par 
serment  à  tenir  le  coupable.prisonnier  dans  le  couvent.  Là-dessus 
il  s'adressa  à  Pedro  de  Luna,  ou  Benoit  XIII,  qui,  par  l'intermé- 
diaire du  cardinal  Ouidon,  prit,  le  30  août  14D3,  une  décision  en 
faveur  de  l'abbé*. 

L'arbitraire  et  la  violence  des  membres  du  clergé  grandissaient 
avec  la  baine  toujours  croissante  de  la  population  contre  les  Juifs. 

Les  JuiGs  de  Bembibre ,  ville  du  district  de  Ponferrada ,  et 
ceux  des  environs,  qui  appartenaient  à  la  communauté  de  Bem- 
bibre, avaient  construit,  quelques  années  avant  l'expulsion,  une 
synagogue  nouvelle,  plus  grande  et  plus  belle  que  l'ancienne.  A. 
peine  celle-ci  fut-elle  livrée  à  sa  destination  que  le  curé  de  la  ville 
y  pénétra  de  force,  enleva  les  rouleaux  de  la  Loi,  ainsi  que  les 
vases  sacrés  qui  s'y  trouvaient,  érigea  une  croix  et  un  autel  et 
célébra  la  messe.  Les  Juifs,  ainsi  frustrés  de  leur  sanctuaire,  in- 
voquèrent le  secours  des  autorités  et  obtinrent  qu'on  éloignât  la 
croix  et  tous  les  autres  symboles  chrétiens  et  qu*on  leur  rendit  la 
synagogue.  Le  curé  persista  à  soutenir  que  l'édifice,  ayant  été 
consacré  comme  église,  devait  rester  une  église  et  soumit  l'affaire 
à  l'évéque  de  Gordoue,  D.  Inigo  Manrique  de  Lara,  auparavant 
évéque  de  Léon.  L'évoque  fit  valoir  que  les  Juifs  auraient  dû 
demander  la  permission  de  construire  la  synagogue  nouvelle, 
«  beaucoup  plus  riche  et  plus  magnifique  que  l'ancienne  »  ;  ayant 
négligé  cette  précaution,  leur  droit  de  propriété  se  trouvait,  pour 
ainsi  dire,  périmé.  Maintenant  que  l'édifice  avait  été  consacré 
comme  église,  il  ne  pouvait  être  rendu  aux  Juifs  comme  syna- 
gogue, et  les  Juifs  étaient  tenus,  en  conséquence,  d'enlever,  dans 
un  délai  de  vingt  jours,  les  rouleaux  de  la  Loi  de  l'édifice  et  de 
l'abandonner  sans  autre  réplique  au  curé  pour  qu'il  pût  ériger  un 
autel  et  l'utiliser  comme  église.  Mais  l'abbé,  ayant  agi  illégalement, 
serait  obligé  de  faire  construire,  dans  un  délai  de  six  mois,  sur  un 
emplacement  que  désignerait  le  conseil  de  la  cité,  un  bâtiment 

>  Voir  la  Uttre  datée  de  Puente  de  Sorguet,  30  août  1403,  ihid.^  p.  241  et  »àt. 


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NOTES  ET  MÉLANGES  141 

neuf,  haut  de  cinq  «  tapias  *  »,  long  de  trente-cinq  pieds  et  large 
de  vingt-cinq,  en  bois  c  bien  et  élégamment  ouvré  »  et  à  le  re- 
mettre, sans  aucune  peinture  ou  tableau,  aux  mains  des  Juifs*  Ce 
jugement  fut  signifié  le  19  mai  1490  au  curé  et  au  représentant  de 
la  communauté  juive  de  Bembibre,  Rabbi  Isaac  Connueto  ',  par  le 
notaire  apostolique  de  Valladolid,  en  présence  de  deux  témoins. 
L*un  de  ces  témoins  était  Francisco  de  Almuzura,  le  notaire  de 
rinquisition,  qui  avait  commencé  son  œuvre  -néfaste  en  cette  ville 
par  un  auto-da-fé,  le  1*' juin  1489  *. 

Le  jugement  de  Tévéque  de  Cordoue,  au  fond,  ne  diffère  guère 
de  celui  que  prononça  Tévéque  d*Oviedo  en  1319  au  sujet  de  la 
synagogue  nouvellement  construite  de  Valencia  de  Don  Juan.  La 
synagogue  construite  par  les  Juifs  de  Bembibre  existe  encore  con- 
vertie en  église  paroissiale.  Le  curé  a-t-11  obéi  à  l'ordre  de  révoque 
et  a-t-il  fait  construire  une  nouvelle  synagogue?  Deux  ans  plus 
tard,  les  Juifs  du  royaume  de  Léon  avec  leurs  coreligionnaires  de 
toute  TEspagne  durent  abandonner  le  royaume.  Les  communautés 
naguère  florissantes  de  Léon,  Mayorga,  Sahagun,  Mansilla,  etc., 
furent  détruites  ^.  Les  biens  mobiliers  et  immobiliers  que  les  Juifs 
durent  vendre  en  partant,  à  n'importe  quel  prix,  procurèrent  des 
bénéfices  sérieux  aux  membres  du  clergé.  Dans  le  testament  de 
TévéqueD.  Alonso  de  Valdiviesco,  du  3  juillet  1497,  il  est  ques* 

>  Ttpit  désigne  It  mesure  d'un  mur  ;  c'est  ordinairement  querante  pieds. 

*  Dans  le  document  espagnol  il  y  a  Raviça  Connueto  ;  il  faut  lire  Rabi  Çag  Con- 
nueto ;  Connueto  est  un  nom  de  famille  comme  Commineto  [voir  plus  haut]. 

*  Voir  Ramon  Alvarez  de  la  BraSa,  La  Sinagogé  dt  Bembibre^  dans  Bolrtin  dt  h 
r.  Aeademia  d$  HUtoria^  XXXil,  106  et  suiv. 

^  M.  Fidel  Fita  publie  (BoUtin^  ihid.^  p.  274)  le  «  Servicio  •  c*est-à-dire  la  liste 
des  impdis  que  les  communautés  juives  de  Léon  et  d^autres  provinces  devaient  payer 
en  1474  au  roi  et  qui  eet  conforme  a  celle  qui  a  été  publiée  par  J.  Amador  de  los 
Rios,  dans  son  HUtori»  de  los  Judiot,  III,  p.  590  et  suiv.,  d'après  un  manuscrit  de  la 
Biblioieca  nacional.  D'après  ce  document,  les  communautés  payaient  les  sommes  sui- 
vantes : 

Garrion  de  los  Coudes 1,000  maravédis. 

Sahagun  y  monasterio  de  Béjar 2,500  » 

Mansilla  de  las  Mutas 2,300  — 

Almanza 1,100  — 

Mayorga 5,000  — 

Valencia  de  Don  Juan. 2,300  — 

Léon 2,6t)0  - 

Astorga 2,000  — 

Zamora  Jr  Castrotorafa 6,500  — 

Castrotorafe,  ville  sur  la  rive  gauche  de  l'flsla,  a  cessé  d^exister  sous  Philippe  II. 
Le  licencié  P.  Melchior  Zatarain  Fernandez  a  écrit  rhistoire  de  cette  ville  d'après 
lee  documents  existants  et  Ta  publiée  récemment  (Zamora,  1897).  Nous  y  revien* 
drons  prochainement* 


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142  R£YUB  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tion  des  TÔtements  «  qu'il  acheta  des  Juifs,  quand  ils  quittè- 
rent Léon  ». 

M.  Kayserling. 


NOTES  GRAMMATICALES  ET  LEXICOGRAPHIQUÉS 

I,  Le  vebbb  îtp. 

Quelques  verbes  à  racine  n^D  perdent  leur  vav  au  futur,  comme 
^m  :  ^ypi  ;  le  plus  grand  nombre  change  le  vav  en  yod,  comme 
yyM  Yy*^,.  Enfin,  on  en  compte  trois  qui,  d'après  Topinion  de 
grammairiens  modernes ,  conservent  leur  vav ,  à  savoir  :  bdi  ; 
futur  b?!)'»  (Gesenius-Kaulzsch,  §  69  r),  ^n  ,  futur  nj^n**  (Barth, 
Z.D.M.G.y  1894,  p.  14),  t|on,  f.  t)Oi-»  (voir  Revue,  t.  XXxill,  p.  154). 
Nous  croyons  qu^on  peut  ajouter  à  ces  trois  verbes  un  quatrième, 
qui  est  "^^n  (îrn)  «  lancer  ».  En  eflfet  le  passé  est  rn^  (Gen  ,  xxxi, 
51  ;  Ex.,  XV,  4  ;  Jos.,  xviii,  6  ;  I  Sam.,  xx,  36,  37  ;  Job,  xxxviii, 
6).  Une  seule  fois  on  trouve  le  hifil  •»3nin  (Job,  xxx,  19).  A  l'infini- 
tif on  ne  rencontre  que  le  qal  (Ex.,  xix,  13;  Ps.,  xi,  2;  lxiv,  5  ; 
II  Cbr.,  XXVI,  15)  ;  à  l'impératif  il  existe  un  exemple  du  qal 
(II  Rois,  xni,  17).  Au  participe,  on  trouve  le  qal  (Prov.,  xiii,  18; 
I  Chr.,  X,  3;  n  Chr.,  xxxv.  23)  et  le  hifil  (I  Sam.,  xx,  36;  xxxi, 
3  ;  U  Sam.^  xi,  24,  et  I  Chr.,  x,  3).  Ainsi,  le  qai  est  bien  plus  usité 
que  le  hifil.  Or,  au  futur,  si  l'on  met  à  part  le  mot  très  douteux 
OTW  (N^"^*^'»  ^^'»  **)'  ^^  emploie  constamment  la  forme  ïTji*» 
(I  Sam.,  XX,  20  ;  II  Sam.,  xi,  20,  24  ;  II  Rois,  xiii,  17;  xix,  32  ; 
Is.,  xxxin,  33;  Osée,  yi,  3;  x,  12;  Ps.,  lxiv,  5,  8;  II  Chr.,  xxxv, 
23).  On  peut  en  conclure,  à  notre  avis,  que  le  futur  rrri**  appartient 
au  qal  et  a  maintenu  le  vav.  Le  verset  II  Rois,  xiii,  17,  où  rrr^^ 
répond  à  ni*!,  nous  parait  très  significatif.  Le  hifii  dans  "«rm  et 
d^i»  doit  être  formé,  d'après  une  fausse  analogie  de  rrnl"»,  de 
même  que  -^riBOln,  tj-^çln  et  tj-'Oln  ont  été  amenés  par  le  futur  tiçl-». 
Le  véritable  hifil  de  rrr  aurait  donc  exclusivement  le  sens  d'en- 
seigner. 

Notons,  à  ce  propos,  que  la  prononciation  de  ir^^^  (Ex.,  xix,  13) 
est  vraisemblablement  altérée.  Ce  mot  aurait  dû  être  ponctué  nn>^. 
pour  nnv,  passif  du  qal,  comme  ûtd\*î  est  pour  déw.Il  en  est  de 
même  du  verbe  parallèle  bpç^,  qui  a  remplacé  bi^D^.  De  la  sorte, 
on  comprend  bien  l'emploi  des  Infinitifs  qal  irr\  et  Vpo . 


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NOTES  ET  MÉLANGES  143 

n.  n^ibà  ET  nbiâ. 

T  T  • 

Les  dictionnaires  donnent  comme  premier  sens  de  nnb:i  «  exil  ^ 
et  poar  deuxième  sens  «  exilés  ».  La  première  signification  s'ap- 
puie sur  n  Rois,  XXV,  27  =  Jér.,  lu,  31  ;  Ez.,  i,  2  ;  xxxiii,  11  ;  lx, 
1;  mais  ces  passages  sont  douteux,  parce  que  mbA  y  est  précédé 
de  la  préposition  b ,  et  qu'il  est  alors  possible  et  naturel  de  lire 
nlbjb,  comme  nibà  ^y  dans  Juges,  xçnii,  30,  et  Jér,,  i,  3.  Il  est  à 
remarquer,  d'ailleurs,  que  n^b^  ne  se  rencontre  pas  autre  part 
dans  les  Rois  ni  dans  Ëzéchiel.  Le  mot  n^b:i.  comme  le  montre 
déjà  la  forme  du  nom,  est  emprunté  à  Taraméen.  La  vraie  forme 
hébraïque  est  rtbia.  Il  est  curieux  d'observer  que  nb-u  ne  se  ren- 
contre jamais  à  Tétat  construit.  Dans  II  Rois,  xxv,  15, 16,  il  est  em- 
ployé adverbialement.  Le  mot  nnb:i,  an  contraire,  ne  se  trouve  à 
l'état  absolu  que  dans  Amos,  i,  6  et  9.  Il  est  à  l'état  construit  dans 
Is.,  XX,  4;  XLV,  13;  Jér.,  xxiv,  5;  xxviii,  4;  xxix,  22;  xl,  1; 
Obadia,  20. 

Maybr  Lambert. 


UN  LIVRE  D'HISTOIRE  INCONNU 

•»3«  ira  dnan  -nan 

Le  dictionnaire  hébreu-persan  de  Salomon  ben  Samuel,  dont  j'ai 
traité  avec  quelques  détails  dans  la  Zeilschrift  /.  d.  altt.  Wis» 
scfiscn*  de  Stade,  année  XVI,  p.  242  et  s.,  et  que  j'ai  pu  étudier 
dans  quelques  mss.  de  la  collection  Elkan  N.  Adler,  de  Londres, 
renvoie,  dans  plusieurs  articles,  à  une  source  qui  n'est  mentionnée 
nulle  part  ailleurs,  et  qui  est  une  Chronique  du  second  temple. 
On  indique  môme,  dans  l'article  Tssi  I  (ms.  Saint-Pétersbourg,  70  &), 
le  chapitre  de  la  Chronique  où  se  trouve  le  mot  en  question  ;  ce 
passage  est  ainsi  conçu  :  ina  a^A-»  biKTD  y^^'i'^  naD"»  pna  •»3««i  ^^«n 
TTDoabK  n^rp  •»3tt3  n-^a  '73'«n  î  '«i  n^bîT"».  «  :^n,  en  perse,  <^L^ 
^j:>yi  ».  On  trouve  dans  le  mot  r»«T  employé  dans  le  récit  de  Saùl 

»  Cette  ezpressioo  persane  t  ici  le  sens  de  «  7ictorieuz,  heureux  •,  qu'on  ne  trouTe 
pu  consigné  dans  VuUers.  Dans  l^article  nb^  (avec  mention  de  Genèse,  zziv,  56), 
notre  Dictionnaire  donne  le  terme  ima  ••SID^^îi  fou  1*na  •»3tt'^?73£),  qu*on  ne  trouve 


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144  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

(I  Samuel,  XIV,  4*7),  en  arabe  c^JU^,  qui  a  le  même  sens  que  Thébrea 
rrbr».  De  là  {'m  =  nsmn),  ce  mot  dans  la  Chronique  du  second 
temple ,  dans  Tbistoire  d'Alexandre.  »  L*explication  donnée  ici 
pour  le  mot  ymy^  dans  I  Sam.,  xiv,  ne  se  trouve  que  dans  la  Vul- 
gâte  {super€ibat). 

Dans  l'article  iDnt),  après  les  exemples  bibliques  tendant  à 
prouver  que  ce  mot  signifie  «  déraciner  » ,  o<imme  tmrm  dans 
Juges,  v,  14,  ^n»  dans  Ps.,  ui,  7,  wnw  Jans  Job,  xxxi,  8, 
le  Dictionnaire  cite  encore  l'exemple  de  d^d  ^ti  nfi^  iDniDfin,  avec 
cette  indication  :  '^yo  n'^s  '-vn  'nn.  On  peut  supposer  que  les  mots 
«  je  déracinerai  le  peuple  perse  »  sont  prononcés  par  Alexandre 
le  Grand,  le  conquérant  de  la  Perse,  et  que,  par  conséquent,  cet 
exemple  est  également  emprunté  au  chapitre  relatif  à  Alexandre. 
Du  reste,  iDn^DK  se  trouve  aussi  dans  notre  Dictionnaire,  comme 
article  spécial,  avec  la  traduction  os^  '^-^n  f^^  ^)  «  j*arracbe 
la  racine  »  et  Tindication  :  '^w  ir^a  'w^m  'an.  Enfin,  cette  dernière 
indication  se  trouve  encore  dans  quatre  articles  de  notre  Dic- 
tionnaire. 

Dans  rarticle  bo  II,  où  ce  mot  est  traduit  par  in'^i  na,  exiermU 
ner^  après  la  citation  des  exemples  bibliques  n^^n  (Job,  xix,  12), 
n-^bo  (Ps.,  cxix,  118)  r»bo  (Lament.,  i,  15),  le  Dictionnaire  ajoute  : 
nbo  *D  ■»»  n-^a  'tm  'T  rwDTT.  —De  même,  dans  l'article  a-»  II,  on 
trouve  comme  exemple  vm  \tm,  avec  la  traduction  )mVa  pn,  et 
Tindication  "«stD  n'^a  'vm  'n.  Je  ne  sache  pas  que  le  mot  ytù  ait 
encore  ailleurs  ce  sens.  —  Dans  Tarticle  trf^,  on  cite  d*abord 
deux  passages  du  Targoum,  dont  Tun  est  fioV»n  md^  n-^a  (Targoam 
sur  Oenèse,  xiv,  17,  et  Jérémie,  xxxi,  39).  Puis  vient  cette  re- 
marque :  ruo  lÉiTtt  'bn  -ïio  r^^  'tm  'n  ryn  'wn  «  ry^,  dans  la  Chro- 
nique du  second  temple  et  dans  le  Talmud  (b = Tnai^),  dans  le  sens 
d*hippodrome  ».  Et  Tauteur  continue  :  nwno  b^  tk  ■»D'«  n»ni  enm 
•»TÉin  wrnoo»  n»»  p  n  «  c'est  le  quart  d'un  bna ,  c'est-à-dire 
500  coudées,  en  arabe  tDvnDDM  ».  Le  mot  cité  ici  comme  de  l'arabe 
est  manifestement  une  altération  du  syriaque  )mDDK,  dans  le  Tal- 
mud ynaos^  =  (TTàSiov,  stadium.  Il  est  étonnant  que  la  mesure  iti- 
néraire appelée  D*  n  soit  évaluée  à  un  quart  de  mille  (=  500  coa- 
dées),  puisque  d'après  la  baraïta  de  Baba  Mecia,  33  a,  un  Vna  = 
7  1/2  DA  et  que,  conséquemment,  dans  Baba  Kama  79  &,  Raschi 
dit  que  trente  D'n  forment  quatre  \im.  D'après  notre  Dictionnaire. 
1  V»îQ  z=:  4  o^^n.  —  A  la  fin  de  l'article  Wp  III,  on  lit  :  ^la^ï  'w 

pas  du  tout  dans  Vullers.  En  tout  cas,  le  mot  ^^lOfeOC»  doaoé  pour  9tDn,  n'est  qu^ane 
Ttritnte  du  mot  par  lequel  est  traduit  nbsc* 


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NOTKS  ET  MELANGES  145 

''51D  n-^a  '«"^n.  Le  nom  de  li^-^npi  est  donc  traduit,  d'après  la  ra- 
cine ûnp,  par  l'arabe  t'tô^m,  combattant,  et  notre  Dictionnaire  re- 
prend l'explication  connue  de  Taanii,  20 âf,  répétée  dans  Ouiliin, 
56a  (avec  la  leçon  rfô^siD,  et  non  pas  nrrpyoi  ou  n-np5iD).  D'ailleurs, 
Nicodème,  fils  de  Gorion,  est  identifié  avec  Joseph,  fils  de  Gorion, 
avec  renvoi  à  la  %£ lironique  du  second  temple  ».  Mais  il  ne  ressort 
pas  clairement  (^ce  passage  si  Tidentification  de  N.  b.  Gorion 
avec  J.  b.  Gorioi^  est  empruntée  à  notre  Chronique  ou  si  cette 
source  mentionne^simplement  J.  b.  Gorion. 

A  ma  connaissance,  on  ne  trouve  cité  nulle  part  ailleurs  un 
ouvrage  d'histoire  intitulé  -^D©  n"»3  û"'):'^n  "«nan.  Il  ne  peut  s'agir  du 
•»:«  n"»aa  bfintD*^  "^Db»  "^^lan  d'Abraham  ibu  Daud,  car  cet  ouvrage  ne 
contient  pas  l'histoire  d'Alexandre  le  Grand.  On  serait  tenté  de 
voir  dans  ce  titre  un  autre  nom  du  Vosippon  hébreu,  mais  je  n'ai 
pas  pu  retrouver  dans  ce  dernier  livra  les  termes  expliqués  dans 
notre  Dictionnaire. 

L'auteur  du  Dictionnaire,  Salomon  b.  Samuel,  qui  a  achevé  son 
ouvrage  en  1339,  dans  la  Perse  septentrionale,  cite  aussi,  comme 
je  l'ai  montré  ailleurs,  des  expressions  rares  du  texte  hébreu  de 
Sirach  ;  il  l'avait  donc  encore  sous  les  yeux.  Il  est  possible,  par 
conséquent,  qu'il  y  ait  eu  également  une  histoire  du  second  temple, 
que  nous  ne  possédons  plus. 

Budapest. 

W.  Bâcher. 


T.  XXXVII,   N«  73.  '.0 


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BIBLIOGRAPHIE 


Salfri.d   (D'   Siegm.).   Da»    SMailyrologliim    des    Karnbrrger    Men^r- 

bnelieH...  Qucllen  zur  Gcschichle  der  Juden  in  Deutscbland.  3*  volame.  Berlin, 
1898,  in- 8»  de  xl  +  520  p. 

Il  y  a  dix  ans,  la  «  Commission  historique  pour  Thistoire  des  Juifs 
eu  Allemagne  »  fit  paraître,  comme  premier  volume  des  Quellen  ou 
documents  originaux,  le  Judenschreinsbuch  de  la  paroisse  Saint-Lau- 
rent à  Cologne.  Tout  en  rendant  justice  au  zèle  des  éditeurs,  la  cri- 
tique ne  put  s'empêcher  de  signaler  dans  leur  travail  des  lacunes  re- 
grettables, des  erreurs  dans  la  lecture,  la  traduction  et  l'interprétation 
des  textes  hébraïques,  bref  un  certain  nombre  d'inexactitudes  qu*on 
ne  devrait  pas  rencontrer  dans  un  recueil  de  documents  devant  servir 
à  des  recherches  historiques.  En  1892,  parut  un  second  volume  des 
Quellen,  contenant  une  série  de  relations  hébraïques  sur  les  persécu- 
tions des  Juifs  pendant  les  croisades.  Cette  fois  encore,  une  critique 
impartiale  dut  montrer  que  celte  publication  offrait  bien  des  parties 
faibles.  L'édition  des  textes  ainsi  que  la  traduction  présentent  des 
erreurs  et  des  inexact! ludes  des  plus  regrettables.,  et  Tintroduction 
a  été  écrite  par  un  auteur  qui  ne  connaissait  ni  l'original  hébreu  ni  la 
littérature  rabbinique  et  se  guidait  uniquement  d'après  une  traduc- 
tion défectueuse.  Heureusement,  la  «  Commission  historique  »  a  con- 
fié la  publication  du  3«  volume  des  Quellen,  qui  vient  de  paraître  et 
que  nous  désignerons  par  le  signe  Qu.  iii^  à  un  savant  plus  compé- 
tent que  les  précédents. 

Le  Memorbuch  de  Nuremberg  est  connu  depuis  plus  de  cinquante 
ans,  sous  le  nom  de  Memorbuch  de  Mayence,  comme  une  source 
sérieuse  pour  Thistoire  des  Juifs,  mais  n'avait  été,  jusqu'à  présent, 
ni  étudié  d'une  façon  suffisamment  critique,  ni  utilisé  complète- 
ment. Graelz,  qui  en  eut  une  copie  à  sa  disposition,  l'a  consulté  fré- 
quemment ;  Carmoly,  qui  l'eut  entre  les  mains  jusqu'à  sa  mort,  y  a 
puisé  des  renseignements,  avec  son  manque  de  conscience  habitue), 
pour  divers  travaux  ;  enfin,  M.  Neubauer  a  donné  dans  la  JUvue,  IV, 
1  et  suiv.,  une  description  du  manuscrit.  MM.  Stem  et  Salfeld  en  ont 


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BIBLIOGRAPHIE  147 

Utilisé  uiM  paHie  pour  la  statistique  de  la  population  juive,  dans 
leur  ouvrage  IH0  israetiiisehe  Bevôlkerung  der  dentschen  Stâdte  NUrn^ 
b9r§  im  MitMatttr.  Mais  c'est  pour  la  première  fois  que  ce  Memor- 
huch  parait  dans  une  édition  critique,  complété  et  rectifié  par  les 
Mémoriaux  d'autres  eommuDautés,  expliqué  et  rendu  plus  clair  par' 
remploi  des  documents  et  travaux  historiques  juifs  et  non-juifs 
qui  sont  relatifs  à  ce  sujet.  Maintenant  seulement  on  pourra  exploiter 
complètement  la  mine  si  précieuse  en  renseignements  que  présente 
le  Memorbncà,  qui  enrichira  et^  sur  certains  points,  rectifiera  This- 
toire  des  persécutions,  du  culte,  des  mœurs,  des  savants  et  des  fa- 
milles Juives,  ainsi  que  la  liste  des  noms  des  personnes  et  des  lo- 
calités du  moyen  âge. 

Les  espérances  éveillées  chez  les  savants  par  la  forme  extérieure 
de  Touvrage  sont  pleinement  réalisées  par  le  fond.  Abstraction 
faite  de  quelques  erreurs  de  traduction  assez  singulières,  Téditeur 
s*est  acquitté  de  sa  tâche  avec  beaucoup  de  science.  Déjà  lUntroduc- 
tion  (p.  ix-xxxix)  se  fait  remarquer  par  Tabondance  des  renseigne- 
ments et  la  clarté  de  Texposition,  et  Tédition  du  texte  atteste  de 
sérieuses  connaissances  philologiques,  de  la  conscience,  beaucoup  de 
soin,  et  un  sérieux  examen  critique  des  manuscrits. 

L'éditeur  est  resté  fidèle  aux  principes  qu*il  a  exposés  dans  soa 
introduction  (p.  xxiv).  Sauf  les  passages  qui,  d'après  les  décisions 
de  la  «  Commission  historique  »  qu'on  trouve  mentionnées  au  long 
dans  le  s*  volume  des  Quellen  (p.  xxvii],  ne  devaient  pas  être  rendus 
mot  à  mot,  la  traduction  allemande  est  aussi  littérale  que  possible. 
Pour  être  plus  clairs  et  plus  faciles  à  utiliser,  les  chapitres  isolés 
sont  précédés  d'excellents  sommaires  et  accompagnés  d'explications 
et  de  notes.  Bien  qu'on  puisse  regretter  que  les  notes  ajoutées  à  la 
traduction  allemande  des  listes  des  martyrs  omettent  trop  souvent 
de  renvoyer  aux  noms  identiques  des  martyrs  cités  dans  Qu.  11,  nous 
pouvons  déclarer  que  Téditeur  a  donné,  en  général,  toutes  les  indi* 
cations  nécessaires. 

Les  textes  hébraïques  contiennent  d^abord  un  tableau  général  des 
persécutions  de  4096  à  4298,  puis  des  listes  spéciales  des  mar- 
tyrs de  4096  à  4349,  dressées  par  localités,  ensuite  une  ancienne  liste 
de  villes  et  de  villages  où  des  persécutions  eurent  lieu  dans  les 
années  1298-4349  (p.  3-70).  Suivent  alors,  comme  «  documents  com- 
plémentaires »  (p.  74-94),  sept  textes  :  I.  Les  martyrs  de  Worms  de 
4349;  II-Y.  diverses  listes  de  localités  où  il  y  eut  des  martyrs  de 
4893  à  4319  ;  VL  l'introduction  de  notre  Memorbuch,  et  VII.  un  extrait 
du  Nécrologe  de  Nuremberg.  Vient  enfin  la  traduction  de  tous  ces 
textes  (p.  97-256). 

La  partie  des  Betlagen  und  Bxcurse  (p.  344-439)  contient  :  1»  onze 
élégies  hébraïques  historiques  sur  des  persécutions,  texte,  traduc- 
tion et  notes  ;  1^  une  liste  alphabétique  des  rabbins  et  des  savants 
mentionnés  dans  notre  Memorbueh^  avec  des  renseignements  biogra- 
phiques et  littéraires  pour  chaque  nom  ;  3^  une  liste  alphabétique, 


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148  Rl!:VUË  DES  ETUDES  JUIVES 

avec  explication,  de  tous  les  noms  de  personnes  cités  dans  le  Memor- 
huch  auxquels  on  peut  attribuer  une  origine  romane  ou  germanique. 
Dans  la  pièce  IV,  l'auteur  examine  le  nom  de  lieu'K^^^^b'tfi^  mentionné 
dans  Qu.  ii  (p.  20  et  24)  qui  avait  été  identifié  jusqu'à  présent  avec 
AUenahr^  et  qui,  d'après  des  preuves  convaincantes,  désigne  Eller, 
près  de  Neuss.  En  général,  Tauteur  ne  se  contente  pas  de  deviner  au 
hasard  les  nombreux  noms  de  personne  et  de  lieu  contenus  dans  le 
Memoràuch,  mais  s'efforce  de  les  identifier  au  moyen  de  la  philologie. 
Dans  la  pièce  V,  il  est  question  de  Juifs  français  établis  en  Alle- 
magne au  moyen  âge,  et  dans  la  pièce  VI,  de  Tancien  cimetière  israé- 
lite  de  Mayence,  de  sa  situation,  des  pierres  tumulaires  et  des  frag- 
ments de  pierres  du  xiv  et  xive  siècles  qu'on  y  trouve. 

Gomme  on  voit,  les  matériaux  contenus  dans  l'ouvrage  sont  abon- 
dants; nous  pouvons  dire  qu'ils  ont  été  examinés  et  coordonnés 
avec  la  plus  sérieuse  attention  et  que  le  livre  contient,  à  la  fin 
(p.  443-520),  des  index  établis  avec  soin.  Il  renferme  pourtant  quelques 
petites  lacunes  et  inexactitudes  que  nous  croyons  utile  de  signaler. 
Nous  désignerons  par  Qu.  ii  le  2^  volume  des  QuelleUf  par  Qu.  m  le 
Memorbuch  de  Nuremberg  ;  le  premier  chiffre  indique  la  page,  le 
deuxième  la  ligne,  les  chiffres  entre  parenthèses  indiquent  la  page  de 
la  traduction  allemande  ou  du  texte  hébreu. 

P.  XII,  5  d'en  bas.  Voir  aussi  msTiDTn  'o  chez  Ephraïm  ben  Jacob, 
année  4148,  dans  Qu.  ir.  66.  —  Ib,,  note  5,  Wiilfer.  dans  Theriaea 
Jud.y  p.  128,  cite  le  Memorialbuck  ou  Memorhuch  des  Juifs  et  en 
donne  deux  passages  :  ibcaa»  ma:^  nb-^a  nn^n  pnit"i  'n  d"«  û\ib«  nDT*» 
•pybanpa  0S)3ïi.  correspondant  au  passage  de  Qu.  m,  86,  1.  3,  et 
l'autre  passage  répondant  presque  mot  pour  mot  à  86,  44  s  ;  seule- 
ment chez  Wùlfcr,  après  mnw  ib^ai,  il  y  a  rrmyo  nbuai,  et  après 
D'»i:i  T^  mmn  noo,  il  y  a  0*^1:1  T»73  d"»on5«  nfcoarnm.  —  xix,  44.  L'as- 
sertion que  sous  la  rubrique  de  «  Wûrzburg ,  1 4 47  »,  dans  Qu. 
m,  12  (119),  on  a  indiqué  des  martyrs  de  la  première  croisade 
(voir  Qu.  II  8,  9  s.,  407),  est  inexacte,  de  même  qu'il  y  a  des  inexac- 
titudes dans  une  partie  des  notes  sur  407  et  409  et  au  sujet  des 
deux  Isaac  b.  Eiiakim,  p.  371.  Voici  ce  qui  en  est  en  réalité.  Nous 
avons  trois  listes  de  martyrs  des  persécutions  de  Wiirzbourg  de 
4446-1447.  La  première  (I)  dans  Qu.  11,  60  s.,  est  certainement  authen- 
tique, parce  qu'elle  émane  d'un  contemporain,  qui  fut  en  partie  uq 
témoin  oculaire  ;  la  deuxième  (II),  citée  par  erreur  dans  Qu.  m,  8» 
9  s.,  sous  la  rubrique  de  Worms,  ne  porte  pas  la  suscription  qui  lui 
convient  ;  et  enfin  la  troisième  (III),  dans  Qu.  m,  42,  désignée  par  la 
suscription  comme  une  liste  des  martyrs  de  Wiirzbourg  de  1447. 
Nous  les  réunissons  ci-contre  en  marquant  les  noms  des  martyrs 
par  des  chiffres  et  en  plaçant  les  mêmes  chiffres  devant  les  noms 
identiques.  On  reconnaîtra  ainsi,  ce  qui  a  échappé  à  M.  Salfeld,  que 
la  liste  II  contient  aussi  des  martyrs  de  Wûrzbourg  de  44 47^  et  non 
pas  de  Worms  de  4096. 


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BlBUOGRAPHiE 


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130  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

La  liste  I,  qui  est  certainement  authentique,  ne  donne  pas  seu- 
lemeot  les  noms  de  dix  victimes  n^"  4-9  (les  deux  enfants  nommés 
au  début  de  la  liste  sont  réunis  sous  le  n®  4),  mais  indique  aussi  le 
total  des  martyrs,  environ  trente  et  un.  Il  en  reste  donc  près  de 
vingt  et  un  dont  il  faut  chercher  les  noms  dans  les  listes  II  et  III. 
On  s'aperçoit  bien  vite  que  II  est  une  liste  de  Wiirzbourg,  car  slle 
contient  tous  les  noms  mentionnés  dans  I,  et,  de  plus,  tous  les 
autres  noms  qu'elle  donne,  à  Texception  du  n*  24,  nsn  rm2\  qui 
n'est  peut-être  qu'une  dittographie  du  n^  H,  se  retrouvent  dans 
III.  Le  point  d'interrogation  (?)  placé  au  n®  48  sert  à  signaler  une 
erreur,  car  ce  n'est  pas  n^nn  bNiTs^D,  mais  1331  bMi73U9  qu'il  faut 
lire,  puisque  ce  nom  est  précédé,  non  seulement  de  celui  de  la 
mère,  mais  aussi  de  celui  du  père.  Mais,  comme,  d'un  autre  côlé, 
in  désigne  un  Juda  Haccohen  (n®  25)  comme  père  d'un  Samuel,  on 
peut  supposer  que  le  nom  de  Juda  a  disparu  de  II.  On  ne  retrouve 
pas  dans  III  les  n»*  3  et  6  de  I,  mais  des  noms  de  II  il  nV  manque 
que  le  n°  24.  Au  lieu  de  Oi73"«3ibp  *13  •^maoDbw  '-i,  je  lis  •^maos^fit  'n 
et  oi»'^5ibp  ITD.  Par  contre,  III  nomme  onze  nouveaux  martyrs,  ce 
qui  fait  un  total  d'au  moins  trente-cinq  personnes,  si  nous  voyons 
seulement  deux  personnes  dans  V33i  des  no^  32  et  33,  et  d'au  moins 
trente-six,  si  le  n^  24  n'est  pas  une  dittographie;  I  parle  d'enviroa 
trente  et  une  personnes.  Mais  il  faut  enlever  de  III  six  numéros,  les 
n»*  28,  29,  34-34,  qui  n'ont  rien  à  faire  ici,  parce  que  ca  sont  manifes- 
tement les  noms  des  martyrs  mentionnés  au  début  de  la  liste  de 
Xante,  p.  47  (437).  Il  est  vrai  que  les  fils  d'Ëliakim  cités  dans  III  ne 
se  trouvent  pas  sur  la  liste  de  Xante,  mais  ils  sont  mentionnés  dans 
la  liste  de  Cologne,  p.  9, 1.  5  du  bas,  qui  nomme  aussi  des  martyrs  de 
Xante.  On  a  ainsi,  d'après  les  trois  listes  de  Wûrzbourg,  un  ensemble 
de  vingt-neuf  ou  trente  martyrs,  chifTre  qui  concorde  avec  l'indication 
de  I  parlant  d'environ  trente  et  une  victimes. 

Mais  comment  des  noms  de  martyrs  de  Xante  de  4096  ont-ils  pu 
se  glisser  dans  une  liste  de  Wûrzbourg?  On  semble  avoir  eu  l'habi- 
tude d'ajouter  à  la  liste  locale  des  martyrs  des  noms  de  martyrs 
célèbres  du  dehors.  C'est  ainsi  que  la  liste  de  Worms  de  4096  nomme 
à  la  fin,  p.  8,  6,  mn^U)  n73  et  sa  famille,  de  Dortmund  *,  que  celle  ds 
Cologne,  à  la  tin,  p.  9,  5  (en  commençant  par  i^onni),  ne  nomme  pas 
seulement  des  martyrs  de  Xante,  où  une  partie  des  Juifs  de  Cologne 
avait  cherché  un  refuge,  mais  aussi  de  Trêves  et  de  Metz,  et  qu'enfia 
la  liste  de  Mayence  contient,  à  la  fin,  p.  42,  9  et  40,  quelques  noms 
de  martyrs  de  Worms  (cf.  Qu.  ii,  38  et  50j.  Il  est  probalAe  que  i« 
vaai  inain  T'onn  rrnTatt),  42  et  43,  placé  maintenant  sous  la  rubrique 
de  Wiàrzbourg,  faisait  partie  à  l'origine  de  la  liste  de  Cologne^  qui 

>  11  n'y  a  aucua  doute  que  ce  NIar  Scheroarya  est  identique  avec  le  martyr  de  œ 
nom  dont  ia  mort  est  expreeaément  relatée  dans  Qu.  ii,  128,  et  164.  Pour  M.  S«l~ 
feld,  p.  106,  note  8,  cette  identité  n'est  que  probable.  Il  faut  effacer,  /.  c,  le  nom  d« 
Cologne,  vu  que  Scbemarya  n^est  pas  mentionné  dans  la  liste  de  cette  v|Ue.  L'index, 
<•  V.  Scbemarya,  donne  l'indication  exacte* 


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BIBLIOGRAPHIE  151 

précède,  et  qu'après  ces  mots  seulement  il  y  avait  la  suscription 
pnob  rpnn  pmas:n"»'n.  Les  noms  des  martyrs  de  Xante  placés  aux 
pages  12,  19  et  20  sous  la  rubrique  de  Wûrzbourg  paraissent  égale- 
ment s'être  trouves  origioellemenl  à  la  fia  de  la  listé  précédente  de 
Cologne  et  avoir  élé  ajoutés  eosuite,  par  erreur,  à  la  fin  de  la  liste  de 
Wûrzbourg.  L'erreur  (p.  8)  consistant  à  désigner  comme  martyrs  de 
Worms  de  4096  des  victimes  des  persécutions  de  Wiirzbourg  de 
4446-H47  est  déjà  très  ancienne  et  provient  d'un  rédacteur  ou  d'un 
copiste  ;  on  la  trouve  dans  tous  les  manuscrits  de  la  liste  des  martyrs 
de  Worms. 

HZ,  23.  Il  ne  semble  pas  qii'on  puisse  soutenir  que  la  faute  de 
copiste  de  Ui2:ty  pour  p^3^  prouve  que  tout  ce  passage  est  un  em- 
prunt, car  l'auteur  de  la  relation  de  la  première  croisade,  dans  Qu.  ii, 
se  rend  également  souvent  coupable  de  ces  petites  inexactitudes 
grammaticales.  Isaac  de  Meiningcn,  le  copiste  de  notre  Memoràucà, 
dit  dussi,  p.  45, 1.  44,  Dnscso  au  lieu  de  innu^D,  que  M.  Salfeld,  inu- 
tilement, a  cru  devoir  écrire  correctement.  -—  P.  43,  17.  Au  lieu  de 
Dnn^ZdV,  qui  est  traduit  «  après  leur  purification  »  et  expliqué  d'une 
manière  forcée  dans  la  note  2,  il  faut  lire,  par  analogie  avec  43,  43, 
et  13,  20,  ûn:;"»-)nb  ou  peut-être  Dn"»"'*iab  «  après  leur  supplice  ».  On 
trouve  encore  !T«-)a  avec  ce  sens  p.  427,  7,  et  327,  2.  —  86,  8  et  42. 
Faut-il  lire  réellement  r73U?3  *173D,  bien  que  la  leçon  habituelle  et 
exacte  soit  r^C3  D2^  ? 

La  traduction  contient  quelques  inexactitudes  surprenantes.  Le  mot 
^^aûDïi,  qu*on  reocontre'  très  souvent,  est  presque  toujours  traduit 
comme  un  passif  «  qui  a  été  noyé  »,  tandis  que  c/est  presque  toujours 
un  réfléchi  c  qui  s'est  noyé  »  ou  un  intransitif,  comme  le  prouve  l'exa- 
men des  passages  parallèles  dans  Qu.  ii.  Ce  mot  ne  doit  être  pris  au  pas- 
sif que  44,  42;  49,  43;  88,  4,  du  bas,  peut-être  aussi  6,  4,  mais  partout 
ailleurs  c'est  un  réfléchi,  comme, par  exemple,  8,  15  (407);  8,  3  du  bas 
(4  09);  9,  2  et  3  (1 09, 4 1  s.);  Texpression  s^aasm  zanuJsn,  qui  se  rencontre 
quelquefois,  signifie  d'après  Qu.  ii,  418  et  461,  u  qui  fut  égorgé  (dans 
Teau)  et  se  noya  ensuite  ».  Le  mot  n^^scû^n,  p.  9,  dernière  ligne  (412, 
3)  est  traduit  exactement  comme  intransitif,  ainsi  que  3^3:33  de  48,  42 
(139,  42).  Mais  le  môme  mot,  se  rapportant  au  même  martyr  Isaac 
ha-Lévi,  est  traduit  8^  3  du  bas  (4  09.  7)  comme  un  passif!  Pour 
nnaa  vacaD»,  45,  iO  du  bas  (195,  dernière  ligne),  qui  est  traduit  au 
passif,  c*est  douteux,  mais  il  semble  que  ce  soit  un  intransitif,  a  qui 
se  sont  noyés  (dans  leur  fuite)  ».  De  même  lonpji,  40,  22,  ne  doit 
pas  être  pris  au  passif,  comme  le  fait  M.  S.  (4  4  4,  dernière  ligue),  mais 
est  intraositif.  —  P.  140,  note  4,  M.  S.  parle  à  tort  d'une  <<  épée  »  sur 
laquelle  se  jette  le  bedeau  de  Cologne;  il  s'agit,  en  réalité,  du  couteau 
du  sacrificateur,  avec  lequel  il  se  tue  à  la  fin  lui-même.  —  4  4,  3  du 
bas,  le  mot  )102  (l.  l'^non)  est  mai  rendu  dans  la  traduction  (427,  5 
du  bas).  Ce  n^est  pas  dans  «  un  bloc  »,  mais  dans  un  u  linceul  »  qu'on 
a  placé  les  cadavres,  c'est-à-dire  que  les  cadavres  ne  furent  pas  atta- 
clxéa  j;iua  à  la  roue,  mais  enveloppés  dans  un  drap,  tandis  que  les 


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152  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

autres  marlyrs  de  Kitzingen,  comme  le  rapporte  notre  texte,  furent 
altachésuus,  ce  qui  froissa  tout  particulièrement  les  scrupules  reli- 
gieux des  Juifs.  Cf.,  par  exemple,  Qu.  Ji,  2  et  U,  Qu.  m,  313,  7; 
329,  4  du  bas;  348,  6  du  bas  ;  354,  U.  où  Ton  déplore  que  les  martyrs 
aient  été  complèlcmcnt  dévêtus  ou  enterrés  tout  nus.  —  La  traduc- 
tion confond  parfois  Texécutioii  par  la  roue,  et  le  fait  d'attacher  des 
cadavres  à  la  roue.  D  une  part,  on  faisait  mourir  des  virants  au 
moyen  de  la  roue  (en  hébreu  1S2<3,  par  exemple  20,  7,  ou  innDS 
lDi«a  nnD5,  D'^sciNa  ûm»s:^,  13,  8  du  bas;  15,  6),  et,  d'autre  part,  on 
attachait  des  cadavres  à  la  roue  pour  les  exposer  en  public  (en  hé- 
breu C'^2Di«n  b:^  la-^^in,  u,  avant-dernière  ligne;  û'>:DiKn  by  D'^roia, 
15,  1  ;  iBiNïi  by  nic'^'^na  20,  7),  et  quelquefois  même  pour  les  rouer 
réellement  (d"»3Di«a  innDî  inmna  nn«i,  15,  10).  La  traduction  de  13, 
8  du  bas,  devrait  être  la  même  que  14,  dernière  ligne;  15,  6  ;  15,  10  ; 
et  22,  4,  parce  que  dans  tous  ces  passages  il  est  question  de  l'action 
de  briser  les  os  par  la  roue  (iBiNa  nnD3  ou  'a  niTDSW'  innD3).  Signa- 
ions  encore  ici  les  passages  de  14,  avant-dernière  ligne;  15, 1,  et  20,  7 
(1.  n©*>*>n3i).  La  traduction  n'est  exacte  que  14,  dernière  ligne;  15,  6; 
20,  7.  Par  contre,  &->3di»3  de  13,  8  du  bas  (124,  5),  est  mal  traduit  :  il 
ne  faut  pas  auf  den  Ràdern  (sur  les  roues),  mais  durch  das  Rad  (par 
la  roue)  ;  1  i,  avant-dernière  ligne  (l.  d'ia"»\23'ini),  il  ne  faut  pas  uni  sie 
dann  râderte,  127,  5  du  bas  (et  on  les  roua  ensuite),  mais  uni  siedann 
aufsRad  flocht  (et  on  les  attacha  à  la  roue);  15,  1,  non  pas  legle  man 
sie  auf  die  Ràder,  127,  dernière  ligne  (on  les  plaça  sur  les  roues), 
mais  und  aile  wurden  dann  auf  s  Rid  geflochien  (et  tous  furent  alors 
attachés  à  la  roue)  ;  15,  10  (128,  5),  non  pas  warden  sie  aufs  Rad  ge- 
flochien (ils  furent  attachés  à  la  roue),  mais  wurden  sie  gerâdert  (ils 
furent  roués)  ;  22,  4,  même  remarque.  —  9,  2  (109,  14),  Lire  Orgia,  au 
lieu  de  Ogia,  et  faire  également  cette  correction  dans  l'index,  p.  502, 
s.  V.  Ogia  et  Orgia. 

19,  2  (141,  2).  L'épilhète  T^orxn  se  rapporte  probablement,  non  pas 
à  nu5«  173,  mais  à  cjov.  —  149,  note  3,  au  lieu  de  û'^^nn»,  il  faut  lire 
sans  doute  D-^KDirDa.  —  22,  n.  5  et  149,  n.  5.  Au  lieu  de  d-'Oimn,  il 
faut  lire  D^Dn-^ïi. 

A  propos  de  la  transcription  des  noms  de  lieu  hébraïques  en  noms 
allemands  correspoadants,  nous  ferons  remarquer  que  p.  151,  25, 
ridentification  du  nom  de  lieu  bu?n,  dans  Qu.  ii,  25,  avec  Wesseli  en 
Bohême  n'est  nullement  certaine,  d'autant  moins  qu'il  faudrait  cor- 
riger D'>'^hani  en  b'^'^nna.  De  plus,  la  leçon  bisi  est  très  probablement 
fausse,  puisque  dans  Qu.  ii,  28,  l.  9  et  2  du  bas,  et  29,  2,  celle  localité 
est  appelée  Mbv)  et  que  le  récit  de  Qu.  ii  fait  supposer  qu'elle  était  si- 
tuée près  d*un  cours  d'eau  et  qu'en  face  d'elle,  sur  l'autre  rive,  se  trou- 
vait une  ville  fortifiée  (T^D),  ce  qui  n'est  pas  le  cas  pour  Wesseli. 
Cf.  Gross,  Oallia  judaica,  s.  v,  "«bio.  —  P.  23,  au  lieu  de  »'»^D,  1. 
«•^no3  ou  Nmo3,  Nassau.  —  P.  28,  Nb^^riD  est  Preuzlau  en  Poméranie. 
—  66,  7  (232,  9).  «p'^NrKïT^b  n'est  pas  Lichlenberg,  mais  Lichteneck, 
vendu  en    1353  par   le  comte   palatin   Ruprecht  I  à  Tempereuf 


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BIBLIOGRAPHIE  1Î53 

Charles  IV.  —  68, 42  (244, 19).  Au  lieu  de  V)3ib,  il  faut  peui-ôtre  lire 
m'^b  =  Linz,  situé  entre  Passau  (fi^iiDs),  qui  précède,  et  St*.  Polten 
(labnc),  qui  suit.  —68,43  (244,  26)  V>aD"»-iD  est  probablement  Brzeho- 
witz  (àrzfh  signifie  en  bohémien  «  rive  »).  —  83,  4  du  bas.  Au  lieu  de 
amab'^b^^in.  il  faut  peut-être  lire  a-na^ttin,  Hammelburg. 

Les  élégies  contiennent  un  certain  nombre  de  passages  mal  tra- 
duits. Ainsi,  342, 40,  T'a^^^ïi  n«-T'  t5a-n  ne  signifie  pas  J)ie  Furchi  vor 
dent  Tprannen  schwand  (la  crainte  du  tyran  disparut),  mais  und  er 
{M ose)  stiess  von  sich  den  Oeçenstand  der  GoUesverehrung  des  Tyi'annen 
(il  [Moïse]  repoussa  Tobjet  du  respect  du  tyran,  c'est-à-dire  le  cruci- 
fix). Ibid.,  imbpO'n  nmn'^Ta'^i  ne  se  rapporte  pas  à  David,  qui  suit, 
mais  à  Moïse,  qui  précède.  Devant  lyi  n^,  si  nous  ne  voulons  pas 
lire  miPfin,  il  faut  ajouter  i«^73"^t  ou  'i©Dn'>i.  —  /^,  17  s.,  lire 
*iiDS3,  au  lieu  de  "^^cs.  Il  y  est  probablement  question  du  portier  de 
la  synagogue.  Nach  dit  [o  Gott\  sehnte  iicà  4^r  Thorhilter  meiner  Tem- 
pelràumey  seine  Seele  verlangte  und  schmachUte  nach  meinen  [heili- 
gen]  Vorhôfen  und  er  warf  sich  [betend]  nieder  vor  dem  Heiligthume 
und  sprach  :  0  nimm  aus  meiner  Bafid  die  Sch'Ussel  !  Und  sie  ur- 
iraten  ihn  dort.  Dann  fassten  sie  den  Sabbatai  (Le  gardien  de  mon 
temple  aspirait  vers  toi,  ô  Dieu;  son  âme  languissait  après  tes 
saints  parvis  et  il  se  jeta  par  terre,  en  priant,  devant  ton  sanc- 
tuaire et  dit  :  Prends  les  clefs  de  ma  main  [allusion  à  la  légende 
talmudique  relative  au  dernier  grand-prôtre  du  second  temple]  1 
Et  ils  le  foulèrent  là  aux  pieds.  Ils  saisirent  alors  Sabbatai).  On 
n*indique  pas  le  nom  du  portier,  car  les  mots  *^n3;s  pk  in^ts"*!  de 
la  fin  de  la  strophe,  que  le  traducteur  rattache  par  erreur  à  ce 
qui  précède,  appartiennent  à  la  strophe  suivante,  comme  Tindique 
le  sens  et  comme  le  prouvent  d*autres  strophes.  De  même,  i^dd*^! 
n^V9  ntt,  1.  22,  se  rapporte  à  ce  qui  suit,  et  non  pas  à  ce  qui 
précède.  —  343,  7  (346,  9),  inbu53  d-^tD-in^^i,  nackt  dahin  gebreitet 
(étendus  nus),  serait  traduit  plus  exactement  par  nackt  ausgezogen 
(déshabillés  tout  nus).  —  /^.,  1.  25.  Au  lieu  de  iranam  '^y^^\^  by  ,  je 
propose  de  lire  nnarwm  •^a'»n«  \y^  La  première  traduction  qu'en  donne 
M.  S.  est  inacceptable,  la  deuxième  est  exacte.  —  347,  texte  hébreu, 
1.  8,  au  lieu  de  ipo73D  ûrr'au),  lire  ips^a  Dn-»D«  (cf.  II  Chroniques, 
XXXI,  43),  beide  nach.  Vorschrift  (tous  deux  selon  la  loi).  —  Ib.,  1.  8  du 
bas,  au  lieu  de  rtOTan,  lire  npttn.  —  318,  8  (320, 25),  au  lieu  de  ln-iD«a, 
qui  n'a  pas  de  sens  ici,  lire  1ina\2îa,  «  par  un  effondrement  ».  —  /^., 
1. 40,  nn^  «^riTaDHP  mstToa  d*>;d©,  «  qui  se  réjouissent  de  la  loi  ordon- 
nant de  séjourner  à  Técole  »  ne  se  rapporte  pas  aux  «  ennemis  de  ton 
héritage  —  die  Hasser  deines  Brbes  (320,  2b)  —  mais  à  Israël.  —  Ib., 
h  4  du  bas,  au  lieu  de  bbriTSD,  lire  bbnça.  —  349,  4,  au  lieu  de 
mn«a,  lire  rrr^œa.  —  322,  9.  d-'bann  ne  signifie  pas  Banden  (bandes), 
mais  a  le  sens  talmudique  de  (p'^TTan)  bain  Zeuie  die  Wunde  scftlagen 
(des  gens  qui  blessent).  Peut-être  aussi  ce  motdésigne-t-il  ici, comme 
dans  la  littérature  rabbinique,  les  Cordeliers,  les  moines  francis- 
cains. —  Ib.y  1.  42,  û'TPiXte'i  û"»bN-i«  signifie  «  ciel  et  terre  ».  —  Jb., 


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m  BEVUÇ  DES  ÉTUDES  JUIVES 

14  S.  (321,  7  S.),  IraducUoa  ioexacle.  Ce  passage  signifie  [Pêu  zur  Fol- 
teruMg  Vtrmrtheilten]  den  Arm  zu  zei'breckên  èefakl  mit  seinêm  Mundê 
âerPrevIer,  das  Wagenrad  tnitieiner  Schwere  herbeizuscileppen  (L'im* 
pie  ordoQoa  de  sa  bouche  de  casser  le  bras  à  ceux  qui  élaieot  coa- 
damnés  à  la  torlure  et  d'approcher  la  roue  avec  soo  poids).  —  313, 1, 
au  lieu  do  Diob-i  u)93\Db  &'>fi<'>-)3  "^by  i^p,  qui  est  incompréhensible,  je 
propose  de  lire  d^îT»-^  ©itt-^p   û'îs:'»nB  '^by  i>3p  (cf.  Osée,  ix,  6),  qui 
donne  un  sens  acceplable.  --  Jb.,  3.  Au  lieu  de  0731123,  lire  DUrn^, 
von  ikrer  Hôke  (de  leur  hauteur).  —  3Î6,  4.  na»m  •iwn  •»nmp  (cf. 
Isaïe,  Li,  49)  doit  être  traduit  ainsi  :  Was  mick  çetro/fè»,  iiê  Verderben 
^nd  Sturz  (ce  qui  m*a  alleint,  c'est  la  destruction  et  la  ruine).  Les 
mots  D7:n  p^m  qui  précèdent  forment  une  proposition  k  part.  Au 
lieu  de  r^b^y  "^d,  il  faut  peut-être  lire  rtbijr  p  ou  b^?  "^D.  —  /*.,  t3. 
nb  ny-T^,  cf.  ib  îia^-T^  itt3D3  (Isaïe,  xv,  4)  ;  au  lieu  de  ab  m*»'),  lira 
Jiab  yslr^^  und  es  haben  VfH'zagt  gemacht  ihr  Herz  (et  ils  ont  amolli  son 
cœur);  cf.  '^ab  îjnn  b^i  (Isaïe,  xxiii,  46).  Peut-être  aussi  faut-il  lira 
na  si-nn^i.  —  7*.,  I.  5  du  bas.  ina^"»  ne  doit  pas  être  lu  nani-».  mai« 
n-iap*;,  et  nm^  ne  peut  pas  siguifier  meiiie  Wunden  (mes  blessures), 
piaisiitf  micA  zerschlagen  (ceux  qui  me  blessent).  —  7^.,  1.  3  du  bas. 
Ou  bien  il  faut  ajouter  ym  après  ym^a,  ou  lire  ym  au  lieu  de  yma, 
autrement  il  n'y  a  pas  de  complément  direct  è  '^nvbDa  «"^an.  •—  327, 
I.  Au  lieu  de  rT^ncai,  lire  ïT»am,  ce  qui  répond  aussi  à  la  note  4.  — 
L.  5  et  6  (328,  4  du  bas).  Le  traducteur  n'a  pas  remarqué  que  la  rime 
exige  DV  ;  donc  Dni^iTa  et  DnaiD  ne  sont  pas  possibles  ;  au  lieu  de 
Diiatt  il  faut  Dn-aon  ou  dniç  et  traduire  ainsi  :  Qieb  su  prêts  (ou 
wirfsie  nieder)  am  Toge  des  Unglikhts  uni  zerbrich  sie  in  zweifackem 
Zasammtnbruche  (Livre-les  [ou  abats-les]  le  jour  du   malheur  et 
brise-les  par  une  double  calamité).  La  strophe  finit  par  cette  impré- 
cation contre  Tennemi.  —7*.,  46,  rîpi73  (cf.  Dau.,  vir,  7)  pour  désigner 
dWniDbio,  voir  Zuoz,  Synag.  Poésie,  443.  —  Ib.  Kl,  au  lieu  de  nny, 
lire  n'»iy.  — 329,dern.  1.,  nmcn  nD33^  se  rapportent  à  ittK  qui  précède, 
—  330,6  (et  427, 7).  Au  lieu  de  «"'bran,  lire  rr^bnai.—  7*., 9,  au  lieu  de 
û'«3tatt:a,  lire  D'»3'aujD;  donc  334,  8.  il  faut  gegm  70  Personen  (environ 
70  personnes),  au  lieu  de  70  Personen.  —  330, 43.  Au  lieu  de  nm«2Sa, 
lire  m«s:73  ou  CiNJt».  —7*.,  44.  y-ipin  ne  signifie  pas  sind  sie  kinans- 
gestossen  (ils  sont  expulsés),  mais  wurde/i  lie  hingeowrJei  (ils  furent 
égorgés).  ^  332,  6,  ^21  (332,  5  du  bas),  et  332,  8  pTH  (333,  2)  ne  doit 
pas  être  traduit  par  Zeit  ;temps),  mais  par  SchicksaL  (sort).  Ce  sont 
les  poètes  hébreux  de  Técole  hispano-arabe  qui  ont  donné  ce  dernier 
sens  à  pT.  De  même  dt»  ■'ib-»,  332,  40  (cf.  Proverbes  xxvii,  4,  ib"»  ma 
DV),  ne  signifie  pas  Â'inder  des  Tages  (enfants  du  jour),  mais  was  der 
Tag  geboren  (ce  que  le  jour  a  produit),  dans  le  sens  de  c  destin  ».  — 
332,  44.  Au  lieu  de  "^aab  nNi:\  lire  'ab  «i:\  —  Ib.,  15.  nsuJTD  est  une 
correction  erronée  du  traducteur  (333,  48).  Le  texte  a  Texpression 
correcte  et  exacte  D"»"iao  •^d;3)3  ob  der  cweifacàen  M^unde  (à  cause  de  la 
double  blessure).  —  Ib.^  47,  '»,  et  '»b  est  bg(  et  b^b  ;  de  même  1.  23, 


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J 


BlBUOGRAPHtB  f» 

Ja  niHrt  «ipige  que  'ni  soU  li;  bjji.  —  là.,  20,  au  lieu  de  Tn%  ]\rp 
^jnv.  i^„  13.  Au  li«u  de  "«nTs^^Tsn,  qui  ne  doQue  pas  de  eeiig  ezfiet, 
JifA  ^na3^;93  naeh  m^litewi  Tktm  (d'après  ma  façon  d'agir).  La  tra4u<- 
Uqu  ^d  /.  est  sûremeat  fausse.  —  Jè„  ^.  Au  lieu  de  Y^^9  4ui  pe 
4ooae  pas  de  seus  et  pour  lequel  la  note  7  préposa  '%9^\  il  ât^  Um 
jiinpleqiieiit  r^^n.  La  traduction  est  naturellement  ineatai^  (1H«  ^K 
/&.,  25,  pour  D-^Ton,  le  mèire  exige  D'»T»onn.  —  /^.,  ?§  (334,  7),  "^laab 
fmn  ae  signifie  pas  f<7/(^r  meinm  Willen  [coQtre  ma  volonic}«  maif 
w^r  fegenwartig  [^n  ma  présence;.  Ce  n'est  pas  seulement  le  oi^tri^i 
mais  aussi  la  logique  qui  fait  rattacher  Mirr  à  "^lyh.  —  334, 45.  Pour 
rj3ii»,  l.  rTO5»(cf.  Isôïe  XIX,  40).  —  335,  24.  La  traducliop  (337,  7 du 
bas]  n*a  pas  de  sens.  Voici  la  vraie  signification  :  In  Stikke,  dilnn  wie 
Bâif,  zersprenge  (1.  nts  )  melnen  Unferdrilcker  und  ich  werttc  mit  Dan* 
kuitimme  wiederum  [vor  Prtudi]  hilpfen  (-nDX«i,  cf.  Juges,  vu,  3).  — 
338,  45.  irb:>  D'^nwo  irr^^,  est  clair  d'après  Ps.,  cxl,  9,  passage  au- 
ijuel  renvoie  la  note  4.  La  traduction  (339.  4  7,  et  339,  note  4)  n'est  pas 
exacte.  Il  faut  traduire  ainsi  :  wird  [von  Qott]  freigegeben  ikr  bôses 
0$iMe  gegen  uns  [Pieu  laissa  un  libre  cours  à  leurs  mauvais  senti- 
ments contre  nous).  —  338,  20.  Lire,  à  cause  de  la  rime,  0*^^331 
|p*»»'»»n].  —  Ib.,  deru.  1.,  '^'i^y  ne  doit  pas  être  lu  îiaiy,  comme  le  pro- 
pose M.  S.,  note  8,  mais  est  l'orthographe  en  usage  au  moyen  âge 
pour  ■»33>^  et  le  verbe  rïN-j^  339,  4,  se  rapporte  à  "^5^^  b«  qui  précède; 
il  faut  rectifier  en  conséquence  la  traduction  340,  44  s.  —  339,  6(340, 
♦  du  bas).  Pourû-^sab,  je  propose  D"'»ab?:  (cf.  Ps.,lvii,'5),  parce  qu'au- 
trement il  faudrait  D'*M3n.  si  ce  mot,  d'après  Isaïe,  xxvii,  6,  devait  si- 
gnifier «  pour  l'avenir  ».  --  312,  8.  D'>pn7j73  -^Dn  ne  signifie  pas  di$  an 
dleSûs^igkeii  [der  QoUeslehre\gewohnt€n  Oaumen.  345,  2  (les  palais  habi- 
tués à  la  douceur  de  la  loi  divine),  mais  die  von  der  Silssigheit  [der  Got- 
t$$Ukn]  Uàerfliessendin  Oaumen  (les  palais  qui  sont  imprégnés  de  la 
douceur  de  la  Loi).  —  Jb.,  41.  m-jn  \-i»an  nî<  n»wxn  niDO  XSW 
signifie  d'après  Raschi  sur  Deut.,  xix,  48  :  damit  die  torsàtzliche 
SUnde  [dis  Fti/ides]  zn  meiner  unvorsàiztichKn  kinzugelkan  fcerde  (afin 
que  le  péché,  de  propos  délibéré,  de  i*ennemi  s'ajoute  à  mou  pé- 
ché non  prémédité).  La  traduction  de  M.  S.  (34a,  7)  n'a  pas  de 
sçns.  —  Jbid.y  42,  au  lieu  de  u-»b;sn,  lire  ^isV??:.  En  traduisant 
(34$,  9]hat  der  Feind  sdn  Sckweit  sckaltm  lassen  ^'ennemi  a  laissé 
jlomiuer  son  glaive),  M.  S.  ne  remarque  pas  que  U'^bu^n  la-in  n'est 
pas  hébreu.  —  Jà.,  3  du  bas  (345,  6  d.  b.)  nn-^a  ©«  mWDi  ne  si- 
gnifie pas  dae  Feuer  der  OclehreamkiU  fachte  er  an  (il  attaqua 
le  feu  de  Térudition),  mais  wie  jener  Blasetalg  (Jérémie,  vi,  29) 
ipard  er  vont  Feuer  verzehrt  (il  fut  dévoré  par  le  feu  comme  ce  souf- 
flet de  forge  dont  il  est  question  dans  Jérémie).  —  343,  9.  Pour 
fr-^nTstoan,  lire  û"»nN®3n.  —  i^.,  44.  Au  lieu  de  pT*'^"»'^»  lire  T»rntt 
diê  dicà  erzurnea[ceux  qui  rirriteni).  — /^.,  20.  Au  lieu  de  û'^DnTDD,  lire 
O-^D-îTas  (cf.  Lévit.,  xxvf,  36).  —347, 47.  Au  lieu  de  mn-^on,  Jire  "^mT^on. 
.—  348,  46.  Au  lieu  de  nbD  iQ^to,  il  faut,  pour  la  rime,  nba  u5'>ki.  — 
It.f  avani-dernière  ligne.  niDia)  m^  -^nn  ba  n'est  pas  traduit  (351, 


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156  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ayant-dernière  ligne).  —  351,  note  5.  Traduction  inacceptable.  — 
358,  18.  *inDn  "^nnfiiTa  est  inexactement  traduit  :  tneine  leuchéenden 
FMrer  habm  sie  geschlagen  (ils  ont  frappé  mes  guides  qui  m'éclai- 
raient),  il  faut  dire  :  mein  Licht  haden  sie  verdunkelt  (ils  ont  obscurci 
ma  lumière)  ^n'DTi  venant  de  nn'D.  —  354,  5.  Pour  noobTS  V'^'V^»  M.  S. 
lit  nonob»  et  traduit  (357, 14)  îind  wollten  devie  Qesàize  nichiterhan- 
deln  (ils  ne  voulaient  pas  faire  commerce  avec  tes  lois),  comme  si 
no"iD  pouvait  avoir  un  complément  direct.  Il  faut  lire  nonb»  ou 
nonb».  —354,  7.  I3^aa  ertranken  (se  noyèrent),  et  non  pas  (357,  18) 
hanien  um  (périrent).  —  7*  ,  14.  na©D  ausgezogen  (déshabillé),  et  non 
pas  hingestreckt  (étendu).  —  Jb.,  47.  Au  lieu  de  nab:^,  qui  n'a  pas  de 
sens,  il  faut  peut-être  lire  le  nom  de  femme  fitcabn,  Beleta  (cf.  p.  388) 
ou  roba,  Belle-assez.  —  i^.,  25.  npb  est  probablement  np'^b,  infi- 
nitif néo-hébreu  «  pour  prendre  »  ;  il  doit  être  rattaché  à  n'nprrb 
qui  suit. 

Dans  l'explication  des  noms  de  personne ,  on  n'a  pas  considéré 
que  quelques  noms  usités  chez  les  Juifs  du  moyen  âge  ont  une 
origine  slave.  G*est  ainsi  que  MS^iDKp,  placé,  p.  394,  à  côté  de  K301^, 
est  une  forme  slave  de  Catherine.  (<\D'>")p,  p.  401,  est  probablement 
le  slave  Krasa  =  Tallemand  M3n;s  ou  Schône  (Bella).  Elka,  placé 
p.  398,  à  côlé  de  NDb*>n,  est  la  forme  slave  d'Ella.  Pour  »3'»atn]^D, 
p.  408,  M.  S.  a  eu  tort  de  rappeler  le  nom  de  famille  Perzina,  encore 
en  usage  aujourd'hui,  car  ce  dernier  nom  est  certainement  d'ori- 
gine slave.  M^nn'^D,  p.  408,  ainsi  que  K^nb^n,  p.  410  (tous  les  deux 
de  Wilrzbourg,  1298),  paraissent  être  des  diminutifs  avec  la  ter- 
minaison slave  usa^  le  premier  formé  de  fitniD  et  analogue  au  dimi- 
nutif allemand  Vbn'^n,  p.  410,  et  le  second  formé  de  Rachel.  Kobi  du 
S.  Schemot,  placé,  p.  413,  à  côté  de  inb'^1,  est  le  slave  Ziata,  qui  ré* 
pond  au  nom  allemand  de  Kibn^i,  Golda.  P.  418,  la  comparaison  de 
ec^^^  avec  t^r^  de  Belh  Schemouel  n'est  pas  exacte,  car  ce  dernier 
nom  est  le  slave  Zena  =  femme.  A  mon  avis,  e)'^3S3*i3,  p.  390,  est  Bon- 
juif,  parce  que  les  Juifs  allemands  prononçaient  le  j  de  Juif  comme 
chj  comme  le  prouve  la  transcription  de  «  Juif  »  par  t)*^»*!^,  p.  146, 
la  lettre  ch  était  rendue  souvent  par  ^^  b'^snp,  l'^bonp  est  sans 
doute  le  diminutif  de  Karpe  (carpe)  comme  '("'biD'^'î,  "("^biC^D  vient  de 
Fisch  (poisson).  De  même,  Karpeles  vient  de  Karpel,  comme  Fiscbels 
de  Fischel.  Peut-être  «rstn^D,  p.  408,  vient-il,  par  un  procédé  iden- 
tique, du  mot  français  «  perche  »  (cf.  Genèse,  xi.viii,  46,  laT»!, 
et  Midrasch  ad  /.).  U'^n^,  p.  418,  dérive  peut-être  de  rallemand 
«'  zart  ». 

P.  424, 13,  dans  la  liste  des  Juifs  français  tombés  comme  martyrs, 
il  manque  le  nom  d'Elie  le  Français,  tué  en  1243  à  Ortenberg  et 
Isaac  le  Français  avec  sa  femme  Joie,  tués  en  1349,  à  Worms.  /*., 
au  lieu  1244,  lire  1243. —  P.  425.  Il  n'existe  aucune  contradiction 
entre  le  fait  que  les  Juifs  français  venus  en  Allemagne  au  xiu«  et 
au  XIV*  siècles  ont  été  désignés  par  Tépithète  de  "«nnDxn^et  l'asser- 
tion de  M.  Giidemann  aifirmant  que  les  Juifs  émigrés  dans  les  pre- 


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HIBLIOGHAPHIK  Vol 

miers  siècles  de  France  en  Allemagne  ont  été  les  Toodateurs  des  com- 
munautés  rhénanes. 

On  trouve  peu  de  fautes  d'impression.  P.  94,  20,  au  lieu  de 
«inpnb,  lire  lOnpïib  ;  313,  6  du  bas,  au  lieu  de  y\iiTb,  lire  -iD^b  ;  à  la 
ligne  suivante,  au  lieu  de  m::d,  lire  I^^d;  323,  10,  au  lieu  de  V3sn, 
lire  rSD3  ;  338,  7  du  bas,  au  lieu  de  i«b?3"«,  lire  lî^btti. 

Malgré  nos  observations,  nous  sommes  heureux  de  déclarer  que 
ce  troisième  volume  des  Qaellen  fait  honneur  aussi  bien  à  féditeur 
qu'à  la  «  Commission  historique  ». 

POROé). 


KAUTZ8CH(EiDi}).  AbrlMS  der  Gesehiclife  den  alttefitanieutlieheii  Si-hrift- 
f  ums,  nebst  Zeittafeln  sur  GeHchichte  der  IfiriielUi*n  und  auderen 
Bei^aben  sur  Erklieruni^  de»  Allen  TestainentM.  Fribourg-ea-B.  et 
Leipzig,  i897;  in-8'  de  220  p. 

On  connaît  la  grande  traduction  allemande  de  la  Bible  publiée  par 
M.  Kautzsch  et  dont  la  seconde  édition  a  paru  en  4896.  Celle  traduc- 
tion est  accompagnée  de  quelques  appendices,  dont  les  éditeurs 
viennent  de  faire  un  tirage  à  part  et  qui  comprennent  :  1^  un  abrégé 
de  l'histoire  de  la  formation  de  la  Bible  (p.  4-149);  2°  un  tableau  sy- 
noptique de  rhistoire  politique  et  littéraire  des  Israélites  depuis 
Moïse  jusqu'à  la  fin  du  second  siècle  avant  Tère  vulgaire  (p.  450-188); 
3<>  une  notice  sur  les  poids  et  mesures,  les  monnaies  et  le  calendrier 
de  la  Bible  (p.  489-496);  4^  une  liste  des  noms  propres  hébreux  avec 
une  transcription  exacte  (497-903);  5<>  un  aperçu  sur  la  composition 
de  divers  livres  de  TÂncien  Testament  d*après  les  sources  à  Taide 
desquelles  ils  ont  été  formés  (204-2^  6). 

Le  plus  important  de  ces  opuscules  est  naturellement  le  premier 
qui  a  pour  but  d'exposer  brièvement  les  idées  courantes  de  la  cri- 
tique biblique  sur  la  formation  de  TËcriture  sainte.  D'une  part,  Texé- 
gèse  moderne  a  montré  que  certains  livres  avaient  été  composés  de 
morceaux  d'ouvrages  plus. anciens,  arrangés  plus  ou  moins  habile- 
ment, mais  ayant  conservé  leur  style  primitif.  Ainsi,  le  Pentateuque 
est  formé  principalement  des  ouvrages  de  quatre  écrivains  :  le  Jého- 
viste,  rfilohiste,  le  Sacerdotal  et  le  Deutéronomiste,  qui  ont  chacun 
leurs  idées  propres  et  leurs  expressions  particulières.  D'autre  part, 
la  critique  a  essayé  de  fixer  la  date  à  laquelle  chaque  écrit  avait  paru 
sous  sa  forme  originale  et  celle  à  laquelle  il  avait  été  combiné  avec 
d*autres  écrits.  Par  exemple,  le  Deutéronomey  écrit  sous  le  règne  de 
Josias,  a  été  combiné  avec  les  ouvrages  plus  anciens  du  Jéhoviste  et 
de  rElohisle,  sous  Joachim,  et  le  nouveau  livre  a  été  réuni  à  son  tour 
au  God$  sacerdotal  vers  l'an  400,  et  a  formé  avec  les  livres  des  Juges, 


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158  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

de  Samuel  et  des  Rois  la  graode  histoire  sainte  qui  va  do  la  créatlot 
du  monde  à  la  destruction  du  premier  temple. 

L'abrégé  historique  de  M.  Rautzsch  a  toutes  les  qualités  qu'on  doit 
attendre  d'un  ouvrage  de  ce  genre.  Il  est  à  la  fois  concis  et  complet. 
Les  tendances  de  chaque  livre  biblique  y  sont  nettement  ^^raetérisées 
et  les  principaux  problèmes  critiques  qu'il  soulève  sont  soigtieuse* 
ment  examinés. 

M.  Rautzsch,  pour  la  solution  de  ces  problèmes,  adople  générale- 
ment les  opinions  en  faveur  auprès  de  la  majorité  des  exégètes  mo- 
dernes, mais  il  garde  aussi  à  l'occasion  son  Indépendance.  C'est  ainsi 
qu'il  voit  avec  raison  dans  le  Cantique  des  Cantiques  une  série  de 
chants  d'amour  et  probablement  de  chants  nuptiaux  d'après  l'hypo- 
thèse de  Wetzstein,  et  nullement  un  drame  où  il  serait  question  de 
l'enlèvement  d'une  jeune  fille  par  le  roi  Salomon.  Par  contre,  je  crois 
que  M.  Rautzsch  aurait  dû  examiner  de  plus  près  l'opinion  com- 
mune sur  la  date  et  les  tendances  du  livre  de  Ruth.  Bn  fait  d*ara- 
malsmes,  il  n'y  en  a  qu'un  seul,  le  mot  b'^pb  qui  peut  être  une  alté- 
ration de  û'^pnb,  et  le  verset  iv,  7,  où  se  rencontre  ce  mot  ne  peut  ôlfe 
opposé  à  Deut.,  xxv,  9,  car,  dans  ce  dernier  texte,  îa  cérémonie  qui 
consiste  à  se  déchausser  le  pied  a  une  tout  autre  signification  que 
dans  Ruth.  Comment,  d'ailleurs,  l'auteur  aurait-il  pu  prendre  pour  Un 
usage  vieilli  une  loi  qui  parait  avoir  été*  toujours  rigoureusement 
observée?  Enfin  II  semble  assez  forcé  de  faire  de  cette  idfUé  uù  pam- 
phlet destiné  à  combattre  les  tendances  antipalennes  d'Esdras. 

L'ouvrage  de  M.  Rautzsch  a  encore  un  grand  mérite,  c'est  qu'il 
est  écrit  dans  une  langue  très  claire.  Il  arrive  trop  souvent  en  Alle- 
ihagne  que  des  livres  dont  le  fond  n'a  rien  de  transcendant  sont  ré* 
digés  dans  un  style  apocalyptique.  Grâce  à  sa  limpidité,  Tabrégé  dé 
M.  Rautzsch  se  lit  facilement  et  avec  intérêt. 

C'est  peut-être  dans  des  manuels  de  ce  genre  qu'on  aperçoit  lé 
mieux  le  fort  et  le  faible  de  la  critique  moderne.  Il  faut  certainement 
être  de  parti  pris  pour  nier  les  résultats  obtenus  dans  la  décomposi- 
tion des  livres  de  la  Bible.  Cette  partie  D'^gative  de  rexégèse  mo- 
derne est  très  sérieuse,  parce  qu'elle  s'appuie  sur  des  différences 
de  style,  corroborées  "par  les  différences  d'idées.  L'hypothèse  de 
sources  multiples  peut  seule  résoudre  de  nombreuses  difficultés 
que  présente  l'étude  des  Ecritures.  Mais  la  partie  positive  de  la 
critique,  celle  qui  cherche  à  établir  la  date  des  différents  écrits 
et  leurs  relations  réciproques,  prête  encore  aux  doutes  les  plus  aecéo- 
tués.  Taudis  que  l'analyse  des  livres  bibliques  a  suivi  une  marche  mé- 
thodique et  progressive,  l'histoire  de  la  formation  de  la  Bible  é  passé 
par  de  nombreuses  vicissitudes,  et  on  a  vu  tel  livre  passer  subite* 
ment  des  dates  les  plus  reculées  aux  dates  les  plus  récentes  et  tie$ 
versa. 

Cette  instabilité  des  théories  sur  la  formation  de  la  Bible  tient  t 
plusieurs  causes.  La  principale  est,  peut-être,  que  les  modernes  né 
peuvent  se  résoudre  à  avouer  les  grandes  lacunes  qui  existent  dans 


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BIBLIOGRAPHIE  159 

l'histoire  des  Israélites  depuis  les  temps  des  patriarches  jusqu'à 
l*époque  macédooieune.  Ou  devrait  reconnaitre  que  les  auteurs  bi- 
bliques ont  eu  pour  but  d'édifier  leurs  lecteurs  et  non  pas  de  satis- 
faire leur  curiosité  historique;  l'exactitude  scientifique  était  le 
moindre  de  leurs  soucis.  Si,  pour  les  éTènemenls  politiques  de  la 
période  assyro-babylonienne,  on  a  encore  le  contrôle  de  quelques  ins- 
criptions, pour  l'histoire  des  idées  on  n'a  d'autre  ressource  que  la 
Bible  elle-même.  Or,  les  écrivains  sacrés  ont  toujours  voulu  retrou- 
ver dans  un  lointain  passé  les  idées  les  plus  nouvelles.  Il  est  donc 
très  délicat  de  se  servir  des  données  de  la  Bible  pour  faire  l'histoire 
de  la  Bible. 

Il  est  à  remarquer  ensuite  que,  étant  donnée  l'incertitude  des  ren- 
seignements historiques,  les  critiques  devraient  s'attacher  surtout 
aux  arguments  tirés  du  style;  or,  ils  n'en  font  pas  toujours  assez  de 
cas  lorsque  ces  arguments  ne  cadrent  pas  avec  leur  système.  Ou  noua 
dit,  par  exemple,  qu'Ezéchiel  doit  être  antérieur  au  code  sacerdotal^ 
parce  que  celui-ci  présente  une  forme  plus  achevée  de  l'organisation 
du  culte;  mais  pourquoi  la  décadence  du  style,  insensible  dans  le  Lé- 
vitique,  est-elle  si  marquée  chez  Ezéchiel?  Tant  que  ce  fait  n'est  pas 
expliqué,  les  autres  arguments  ne  pèsent  pas  bien  lourd  dans  la  ba- 
lance. Autres  exemples  :  les  Chroniques  auraient  puisé  une  partie  de 
leurs  récits  dans  un  Midrasch  des  Rois.  Gomment  se  fait-il  qu'elles 
aient  conservé  intact  le  style  des  passages  tirés  des  livres  des  Rois,  et 
qu'elles  aient,  au  contraire,  donné  leur  propre  style  aux  extraits  de 
ce  Midrasch  supposé?  Dans  les  livres  portant  le  nom  d'Ësdras  et  dfi 
Néhémie  on  distingue  des  mémoires  authentiques  de  ces  person- 
nages. D'où  vient  que  la  langue  de  ces  mémoires  est  presque  aussi 
moderne  que  celle  des  Chroniques  et  diffère  tant  de  celle  du 
Lévitique? 

L'étude  des  Prophètes  fait  naître  également  des  problèmes  qu'il  ne 
faudrait  pas  négliger  :  comment  doit- on  s'expliquer  le  silence  du 
livre  des  Rois  sur  Jérémie?  Pourquoi  Isaïe  n'y  figure-t-il  qu'à  propos 
de  l'histoire  d'Ezéchias?  rj)urquoi  le  roi  Achaz  apparaît-il  sous  un 
autre  jour  dans  Isaïe  que  daus  les  Rois?  Quels  sont  les  moyens  que 
l'on  possède  pour  distinguer  dans  les  écrits  prophétiques  les  compo- 
sitions purement  littéraires  des  discours  réellement  prononcés? 

La  critique  biblique  nous  semble  aussi  poser  des  conclusions  hâ- 
tites,  quand  elle  déclare  qu'un  livre  est  antérieur  aux  codes  dont  il 
ne  s'inspire  pas.  Les  textes  législatifs  ont  très  bien  pu  n'être  suivis 
dans  la  pratique  que  longtemps  après  leur  rédactiou.  Le  code  sacer- 
dotal a  pu  rester  des  années  et  des  siècles  la  règle  idéale  des  prêtres 
avant  de  devenir  une  loi  d'État.  Les  modernes  subissent  inconsciem- 
ment l'influence  de  la  tradition  quand  ils  croient  que  les  lois  ont  été 
promulguées  et  acceptées  aussitôt  après  qu'elles  avaient  été  écrites. 

Enfin,  un  point  important  à  élucider  pour  l'histoire  de  la  formation 
de  la  Bible,  c'est  le  suivant  :  les  livres  sacrés  existaient-ils  en  plu- 
sieurs exemplaires?  Si  oui,  que  sont  devenus  les  exemplaires  séparés 


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\m  RKVUE  DES  ÉTUDES  JUIVKS 

du  Jéhoviste  et  de  l'Elohisle  quand  uq  compilateur  a  réuni  ces  deux 
ouvrages?  Et  quand  le  Deutéronome  s'y  est  joint,  a-t-il  disparu  en- 
tièrement comme  œuvre  spéciale?  N'a-t-il  pucontinerà  exister  à  part 
même  après  que  le  code  sacerdotal  avait  été  inséré  dans  la  compila- 
tion antérieure?  Dans  ce  cas,  pourquoi  les  auteurs  qui  s*en  inspirent 
seraient-ils  forcément  antérieurs  à  Tauteur  sacerdotal? 

Sans  doute,  quand  Ben  Sira  mentionne  Néhémie  et  passe  Esdras  sous 
silence,  on  peut  en  déduire  qu*il  ne  connaissait  pas  notre  livre  d'fisdras 
sous  sa  forme  actuelle.  Le  roi  Josias,  selon  lui,  est  un  roi  sans  Cache, 
contrairement  aux  assertions  des  Chroniques.  Maison  n'a  pas  le  droit 
d'affirmer  que  les  Chroniques  n'existaient  pas  encore.  On  voit  parla 
combien  les  problèmes  de  critique  biblique  sont  compliqués.  On  les 
tirerait  peul-ètre  plus  facilement  au  clair,  si,  comme  Ta  demandé 
M.  Vernes,  on  allait  du  connu  à  Tinconnu,  en  partant  de  Tépoque  où 
Texistence  des  livres  bibliques  est  attestée  par  des  témoignages  irré- 
cusables pour  essayer  de  remonter  ensuite  aussi  haut  qu'il  est  pos- 
sible. Qui  sait  si  l'on  n'arriverait  pas  ainsi  à  des  résultats  assez  dif- 
férents de  ceux  auxquels  s'est  arrêtée  la  majorité  des  critiques?  On 
serait  en  tout  cas  sur  un  terrain  plus  solide. 

Ces  réflexions  s'appliquent  évidemment  bien  moins  à  l'ouvrage  de 
M.  Kautzsch,  qui  ne  vise  pas  à  l'originalité,  qu*aux  travaux  de  l'école 
de  Reuss,  Kuenen  et  Wellhausen,  dont  les  théories  sont  aujourd'hui 
très  en  faveur  chez  les  exégètes  allemands  et  ont  été  vulgarisées 
en  France  par  Renan.  M.  Kautzsch  a  voulu  donner  un  bon  résumé 
des  idées  de  cette  école  et  il  a  parfaitement  atteint  le  but  qu'il  s'était 
proposé. 

Les  appendices  qui  suivent  l'abrégé  de  l'histoire  de  la  Bible  seront 
très  utiles  même  à  ceux  qui  ne  possèdent  pas  la  traduction  de  M. 
Kautzsch.  Les  tableaux  synoptiques  de  l'histoire  d'Israël  avec  les 
synchronismes  de  l'histoire  assyro-babylonienne  et  égyptienne  sont 
fort  commodes  a  consulter.  On  peut  en  dire  autant  du  chapitre  sur  la 
composition  des  livres  bibliques.  Il  semble  seulement  qu^une  liste 
des  extraits  des  Rois  dans  les  Chroniques  eût  été  ici  à  sa  place.  On 
aurait  pu  y  mettre  aussi  une  indication  de  tous  les  passages  paral- 
lèles dans  la  Bible.  M.  Kautzsch  a  été  bien  inspiré  en  donnant  une 
notice  succincte  sur  les  poids  et  mesures. 

En  terminant^  nous  souhaitons  au  nouveau  volume  beaucoup  de 
succès,  et  nous  voulons  espérer  qu'il  trouvera,  même  en  France,  un 
grand  nombre  de  lecteurs. 

Mayer  Lambert. 


Le  fénoi, 

Israël  Léyi. 


TSR0AILLB8,  IV^RlMBtUBB  GBRP|   aUl  DUPLBB0IS,    M* 


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NICOLAS  ANTOINE 


La  Revue  a  pablié,  dans  son  avant-dernier  numéro  ^  un  docu- 
ment envoyé  par  M.  Balitzer  et  copié  sur  le  registre  de  la  Compagnie 
des  Pasteurs  de  Genève,  qui  retrace  toutes  les  péripéties  du  procès 
et  de  la  mort  d'Antoine,  brûlé  à  Genève,  le  20  avril  1632,  pour 
crime  de  judaïsme  En  outre,  la  Revue  annonçait,  avec  une  étude 
sur  le  personnage,  d'autres  pièces  sur  le  môme  sujet.  Mais  celles- 
ci,  communiquées  également  par  M.  Balitzer,  consistent  unique- 
ment dans  une  copie  du  tome  IX  de  Y  Histoire  manuscrite  de 
Genève  par  Gautier.  Elle  contient  le  Procès  ou  Acte  d'accusation 
lu  par  le  Secrétaire  d'Etat  devant  les  syndics  le  jour  de  Pexécutlon 
d'Antoine,  la  sentence  prononcée  contre  ce  dernier  et  une  longue 
relation  intitulée  «  Particularités  sur  sa  vie  et  sur  l'instruction  de 
son  procès.  *>  Nous  donnons  à  l'appendice  le  Procès  et  la  sentence, 
mais  nous  avons  renoncé  à  publier  la  relation  pour  les  raisons 
que  voici  :  tous  les  faits  qu'elle  contient  ne  sont  qu'une  répétition, 
à  quelques  détails  près,  du  document  des  Pasteurs,  ou  bien  un  ré- 
sumé (pour  tout  ce  qui  concerne  les  débats  du  procès)  ;  quant  aux 
pièces  qu'elle  reproduit  in  extenso,  à  savoir  les  deux  requêtes 
adressées  par  Antoine  à  ses  juges  *,  Tune  pour  réclamer  un  papier 
renfermant  la  démonstration  de  ses  douze  articles  de  foi,  démons- 
tration qu'il  n'avait  menée  que  jusqu'au  huitième  article,  l'autre  pour 
s'excuser  d'avoir  donné  le  change  sur  ses  convictions  véritables 
et  attester  la  sincérité  et  la  vérité  de  sa  foi  judaïque,  plus  loin  les 
lettres  de  Ferry  et  de  Mestrezat  en  faveur  d'Antoine,  tout  cela 
peut  se  lire  dans  les  principaux  articles  consacrés  déjà  à  Antoine, 
notamment  dans  la  Bibliothèque  anglaise  de  De  la  Roche 
(Amsterdam,  1717,  t.  II)  et  récemment  dans  Haag,  France  pro- 
testante, 2«  édition,  s,  v,,  Antoine,  et  dans  YAUgemeine  Zeitung 
des  Judenthums^  1894,  pp.  42  et  55  (article  de  M.  Samter)*.  Nous 

»  Tome  XXXVI,  p.  163  et  suiv. 

"  liHd.,  pp.  175  et  176. 

'  Noué  dfcvoos  ces  reoseigoemenls  à  M.  Israël  Lévi. 

T.  XXXVII.  N«  74.  U 


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162  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

aurons  plus  loin  Toccasion  de  citer  quelques  fragments  de  ces 
pièces,  surtout  de  la  lettre  de  Ferry,  qui  est  un  document  capital 
pour  rétude  du  personnage.  Au  surplus,  l'histoire  manuscrite  de 
Gautier  est  en  cours  de  publication  depuis  1896.  Trois  volumes 
ont  déjà  paru  et  conduisent  jusqu'à  la  seconde  moitié  duxvi*  siècle. 
Le  volume  qui  renfermera  Thistoire  d'Antoine  paraîtra  donc 
prochainement. 

Tels  sont  les  documents  connus  jusqu'ici  touchant  Nicolas  An- 
toine. Il  en  existe  vraisemblablement  d'autres.  D'abord,  le  procès- 
verbal  des  Pasteurs  de  Genève  dit  expressément*  qu'on  a  conservé 
les  papiers  de  la  main  d'Antoine  «  aûn  qu'on  eût  un  mémorial  de 
ce  pourquoi  il  était  condamné  à  mort  et  que  ce  n*était  pas  pour  ce 
qu'il  avait  été  papiste  et  élevé  entre  les  Jésuites,  mais  pour  des 
horribles  blasphèmes...  »  En  dehors  des  douze  articles  de  foi  et 
des  requêtes  qu'on  sait,  Antoine  avait  composé,  avant  et  durant 
sa  détention,  d'autres  écrits,  qu'il  signa  le  jour  de  son  supplice.  De  la 
Roche,  dans  l'excellente  notice  qu'il  consacre  i  Antoine ,  donne 
une  description  complète  de  ces  écrits  qu'il  a  eus  sous  les  yeux.  Ce 
sont  :  «  I  Quelques  passages  de  l'Ancien  Testament  avec  II  une 
prière  qu'il  faisait  le  soir  avant  de  se  coucher  et  une  autre  prière 
qu'il  faisait  après  ses  sermons.  Le  style  en  est  à  peu  près  le  même 
que  celui  des  théologiens  réformés,  mais  il  n'y  est  fait  aucune 
mention  de  Jésus-Christ.  Ces  prières  sont  remplies  d'onction. 
III  Une  petite  feuille  contenant  onze  objections  philosophiques 
contre  la  doctrine  de  la  Trinité.  IV  Un  long  écrit  dans  lequel  l'au- 
teur fait  une  confession  de  sa  foi  en  douze  articles  accompagnée  de 
ses  preuves  (Suit  une  transcription  des  douze  articles).  A  la  fin  de 
ce  long  écr^,  deux  autres,  pour  prouver  que  les  passages  du  Vieux 
Testament  où  il  est  parlé  d'une  nouvelle  alliance  ne  se  doivent 
entendre  que  d'une  confirmation  de  l'ancienne  alliance  faite  avec 
Abraham,  Moïse  et  les  Pères.  Le  second  écrit  est  une  explication 
du  53°"«  d'Isaïe.  »  Ainsi  ces  pièces  existaient  encore  en  1717  ;  elles 
n'ont  pas  dû  disparaître.  Nous  regrettons  de  ne  pas  en  avoir  de 
copie  entre  les  mains,  surtout  des  dernières,  car,  bien  que  les 
actes  des  Pasteurs  nous  fassent  connaître  avec  suffisamment  de 
détails  et  de  sincérité  les  opinions  théologiques  et  ex^étiques 
d'Antoine,  tout  n'est  pas  aussi  net  ni  aussi  complet  qu'on  le 
désirerait.  Certaines  explications  de  versets  bibliques  prêtées  à 
Antoine  par  ses  adversaires  sont  assez  peu  intelligibles^.  On 
pourrait  aussi  comparer  avec  plus  de  fruit  l'exégèse  d'Antoine 

«  Ibid.,  p.  193. 

'  Voir  plus  loin,  p.  175  et  Buiv. 


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NICOLAS  ANTOINE  163 

avec  les  interprétations  rabbiniques  si  Ton  avait  les  pensées  ori- 
ginales du  premier. 

Outre  la  lettre  de  Ferry  et  les  deux  lettres  de  Mestrezat  à 
Cbabrey,  il  y  eut  aussi  un  certain  nombre  de  lettres  de  Pierre  Du 
Moulin,  célèbre  pasteur  de  Sedan  sous  lequel  Antoine  étudia.  Ce 
ministre  écrivit  au  sujet  de  Yillemand,  jeune  homme  qu*Antoine 
avait  «  débauché  »  en  lui  enseignant  une  philosophie  dangereuse, 
et  il  écrivit  aussi  *  pour  intercéder  en  faveur  d'Antoine. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  sommes  assez  renseignés  par  le  registre 
de  la  compagnie  des  Pasteurs,  en  ce  qui  concerne  les  événements 
du  procès  d'Antoine,  pour  nous  faire  une  idée  de  l'état  d'esprit  de 
l'infortuné  pasteur  de  Divonne,  de  la  nature  de  son  judaïsme  et  de 
rétendue  de  ses  connaissances  bibliques,  révélés  si  tragiquement 
dans  la  dernière  année  de  sa  vie.  Mais  pour  comprendre  l'étrange 
âgure  de  cet  homme  que  la  nécessité  de  vivre  induisit  d'abord  à 
de  singuliers  compromis  et  que  la  fermeté  inébranlable  de  ses 
convictions  finit  par  pousser  à  la  folie  et  au  martyre,  il  faut  revenir 
un  peu  sur  ses  antécédents,  sur  la  période  qui  a  précédé  son  en- 
trée dans  la  carrière  pastorale. 


Les  renseignements  que  nous  avons  sur  l'édu'^.ation  et  la 
jeunesse  d'Antoine  sont  peu  abondants  et  on  aimerait  à  pouvoir 
suivre  les  évolutions  de  sa  pensée  depuis  l'époque  où  ses 
études  sur  l'Ancien  Testament  firent  naître  le  doute  dans  son 
esprit  sur  la  vérité  du  christianisme  jusqu'à  la  date  du  6  juillet 
1632,  où  se  produisit  l'éclat  dont  les  conséquenres  devaient  décider 
de  son  sort.  Le  principal  témoignage  qu'on  eût  jusque  maintenant 
relativement  à  la  jeunesse  d'Antoine  est  la  belle  lettre  de  Ferry 
du  30  mars  1632,  sur  laquelle  nous  reviendrons  plus  loin.  L'illustre 
pasteur  de  Metz,  en  rappelant  qu'il  avait  amené  jadis  Antoine  à 
la  foi  calviniste,  parle  de  la  correspondance  abondante  qu'ils 
avaient  échangée  quand  ce  dernier  quitta  Metz  pour  aller  étudier 
la  théologie  à  Sedan,  puis  à  Genève.  C'est  ainsi  que  nous  avons 
été  amené  à  rechercher  ce  qui  pouvait  subsister  de  ces  lettres. 
Après  la  mort  de  Paul  Ferry,  quantité  de  lettres  manuscrites  de 
lui  et  de  ses  correspondants  ont  été  recueillies.  Conservées 
d'abord  à  Metz,  elles  ont  enrichi  ensuite  des  collections  particu- 

»  Ihid.,  p.  182. 


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^^  'i^l^VPPM 


164  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

liëres.  La  plupart  des  correspondances  de  Ferry  sont  actuelle- 
ment à  la  bibliothèque  de  la  Société  de  THistoire  du  protestan- 
tisme française  En  feuilletant  la  collection  Lutteroth,  que 
M.  Weiss,  secrétaire  de  la  Société,  nous  a  fait  connaître  et  a  mise 
très  obligeamment  à  notre  disposition,  nous  avons  eu  la  bonne 
fortune  de  trouver  deux  lettres  d'Antoine  à  Ferry,  écrites  à  Sedan 
le  15  avril  1624,  et  une  lettre  de  Jean  Diodati,  professeur  et  pas- 
teur à  Genève,  datée  du  25  mars  1628,  qui  dit  un  mot  d'Antoine, 
à  ce  moment  précepteur  chez  lui.  Ces  documents,  sans  rien  nous 
révéler  de  saillant  sur  ce  qui  nous  importe  le  plus  ici^  à  savoir  sur 
les  idées  religieuses  d'Antoine,  sont  néanmoins  précieux,  parce 
qu'ils  permettent  de  caractériser  quelques  moments  de  sa  vie  et 
jettent  en  même  temps  quelque  lumière,  d'une  part,  sur  la  culture 
littéraire  du  personnage  et,  d'autre  part,  sur  les  difficultés  ma- 
térielles contre  lesquelles  il  eut  si  péniblement  à  lutter  et  qui 
jouèrent  un  rôle  prépondérant  dans  l'orientation  de  sa  vie. 

Avant  d'entrer  dans  le  détail,  rappelons  les  événements  de  la 
jeunesse  d'Antoine  jusqu'à  la  date  de  1624.  Né  probablement  en 
1602  à  Briey  de  parents  «  papistes  »  peu  fortunés,  qui  firent  des 
sacrifices  pour  le  faire  instruire  *,  Antoine  passa  cinq  ans  au  collège 
de  Luxembourg  et  alla  ensuite  chez  les  Jésuites  à  Pont-à- Mousson, 
puis  à  Trêves  et  à  Cologne.  L'instruction  supérieure  ne  se  donnait 
guère  que 'dans  leurs  établissements  et  Paul  Ferry  lui-môme, 
quoique  né  protestant,  passa  quelques  années  par  leurs  mains. 
Quel  que  fût  le  zèle  anti-calviniste  de  tels  maîtres,  Antoine,  peut- 
être  à  la  faveur  de  conversations  avec  ses  condisciples  de  la  foi 
réformée,  sentit  assez  tôt  s'ébranler  ses  croyances  catholiques. 
Quant  il  revint  à  Brisy  en  1622  ou  1623,  à  l'âge  de  vingt  ans,  il 
était  tout  prêt  à  rejeter  le  papisme.  Il  alla  à  Metz,  entra  en  rela- 
tions avec  Paul  Ferry,  âgé  alors  d'un  peu  plus  de  trente  ans  et 
déjà  renommé  pour  sa  science  et  son  éloquence;  celui-ci  n'eut  pas 
de  peine  à  amener  le  jeune  homme  à  des  doctrines  vers  lesquelles 
il  penchait  déjà;  plein  d'enthousiasme  pour  la  c  religion»,  Antoine 
conçut  en  même  temps  une  vive  affection  pour  son  «  père  spirituel  » , 
qui,  après  l'avoir  converti,  le  soutint  encore  matériellement,  car 
il  était  désormais  sans  ressources;  ses  parents,  qu'il  tenta  vaine- 
ment de  convertir,  paraissent  l'avoir  abandonné  à  lui-même. 
Après  un  court  séjour  à  Metz,  Antoine,  sur  le  conseil  de  son  maître, 
s'en  alla  étudier  la  théologie  à  l'académie  de  Sedan,  probablement 
vers  la  fin  de  l'année  de  1623.  Recommandé  par  Paul  Ferry,  le 

^  Fonds  Alhanase  Coquerel  fils  et  collection  Lutterotb. 

*  Antoine  avait  un  frère  aîné  qu'il  convertit  plus  tard  au  protestantisme. 


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jeune  étudiant  vécut  de  la  générosité  de  la  Compagnie  des  Pasteurs. 
Mais  ces  secours  suffisaient  à  peine  et  il  fut  obligé  de  revenir  à  la 
charge  bien  souvent.  Ses  maîtres  heureusement  lui  veulent  du  bien 
et  le  tirent  d'embarras  quand  la  situation  devient  trop  critique. 
Les  lettres  d* Antoine  à  Ferry,  dont  nous  parlions  tout  à  l'heure, 
sont  de  cette  époque.  Le  15  avril  1624,  Antoine,  craignant  d'im- 
portuner par  trop  de  demandes  les  pasteurs  de  Sedan,  se  décide  à 
écrire  à  son  ancien  maître,  «  à  Monsieur  Ferry,  ministre  de  la 
parole  de  Dieu  à  Metz  »,  pour  lui  demander  des  secours  en 
vêtements. 

A  Sedan,  le  45  avril  4624. 

Monsieur,    - 

La  souvenance  de  vos  bienfaits  ne  s'évanouira  qu'avec  le  dernier 
souspir  et  combien  qu'il  soit  impossible  de  les  nombrer,  sy  est-ce  que 
j'ose  bien  encore  venir  en  demander  des  nouveaux,  pour  l'assurance 
que  j'ay  de  votre  bienveillance  accoutumée.  Vous  sçavez  qu'un  père 
ne  donne  pas  seulement  la  nourriture  à  ses  enfants,  mais  aussi  de 
quoy  se  couvrir.  Monsieur,  si  j'ay  trouvé  quelque  grâce  devant  vous, 
bien  que  tout  iodigne,  je  vous  supplie  encore  de  cela.  Je  deviens  hardi 
en  demandant,  combien  certes  que  vous  pourrez  vous  asseurer  que  je 
ne  viens  qu'estant  réduit  à  «l'extrémité.  11  me  pouvait  suffire  d'avoir 
montré  et  déclaré  à  M.  Rambort  ^  que  mon  habit  était  tout  rompu, 
sans  que  je  vous  vienne  importuner,  mais  je  connais  votre  bonté  et 
sçay  que  vous  excusez  celui  qui  désire  être  de  tout  son  cœur  à  jamais, 

Monsieur,  votre  très  humble,  très  afi'ectionné 
fils  et  serviteur, 

Antoinb. 

Mais  la  misère  où  se  débattait  Antoine  n'avait  pas  à  ce  moment 
trop  assombri  son  caractère,  bien  que  Ferry  dise  en  1632  qu'il  l'a 
toujours  connu  mélancolique.  Il  poursuivait  ses  études  avec  assez 
de  liberté  d'esprit,  étudiait  avec  passion  la  philosophie  et  la 
théologie.  Avait-il  à  cette  époque  commencé  à  apprendre  l'hébreu 
et  à  réfléchir  sur  la  valeur  des  témoignages  que  les  théologiens 
trouvaient  dans  l'Ancien  Testament  en  faveur  de  la  Trinité  ou  de 
la  messianité  de  Jésus?  Il  est  possible.  Antoine  dira,  en  1632,  lors 
de  son  procès,  que  depuis  dix  ans,  c*est-à-dire  bien  ayant  l'époque 
où  nous  sommes,  il  avait  rejeté  le  dogme  de  la  Trinité  et  accepté  le 
judaïsme  en  son  cœur.  Mais  ses  juges,  d'une  part,  et  Paul  Ferry,  de 

'  C'est  Abraham  Rambourt  (ou  Ramboar),  professeur  de  théologie  à  Sedan  à  cette 
époque. 


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Tautre,  croient  que  ses  opinions  liétérodoxes  sont  de  plas  fraîche 
date  et  les  font  remonter  à  cinq  ou  six  ans  avant  le  procès.  Il  est 
à  présumer  qu'Antoine  a  exagéré  l'ancienneté  de  sa  conversion 
pour  attester  avec  plus  d'énergie  la  solidité  et  le  sérieux  de  sa  foi 
nouvelle.  Quoi  qu'il  en  soit,  à  cette  date  de  1624,  si  Ton  en  juge  par 
ce  qu'Antoine  joignait  à  la  lettre  que  nous  venons  de  citer,  il  ne 
semble  pas  qu'il  se  passe  des  luttes  morales  bien  vives  dans  son 
âme.  Comme  tous  les  étudiants  de  son  âge  et  malgré  la  «  nécessité  • 
où  il  est  réduit,  Antoine  compose  à  ses  moments  perdus  des  vers 
latins  sur  tous  les  sujets,  de  tous  genres  et  de  tous  mètres;  et,  sans 
doute,  il  y  a  déjà  quelque  bizarrerie  dans  certaines  de  ces  pièces, 
mais  plutôt  un  peu  de  puérilité  et,  en  tout  cas,  rien  de  cette  mélan- 
colie que  son  maître  et  protecteur  verra  naître  en  lui  plus  tard  et 
tâchera  vainement  de  dissiper,  n'en  soupçonnant  pas  la  raison 
véritable.  La  lettre  qu'on  a  lue  plus  haut  est  suivie  de  trois 
anagrammes  composées  en  l'honneur  de  la  ville  de  Sedan,  de  Metz 
et  de  Paul  Ferry.  Il  espère  que  son  maître  accueillera  ces  amusettes 
avec  sa  bonhomie  coutumière  :  «  Respice  quo  soles  vultu  haec 
ludicra.  »  Il  aura  bientôt  à  s'occuper  de  choses  plus  sérieuses,  si 
Dieu  veut  bien  réaliser  ses  vœux  au  sujet  de  son  travail,  s  si  Deus 
annuerit  volis  de  labore  meo  ».  Il  semble  par  ces  mots  un  peu 
vagues  qu'Antoine  comptait  achever 'bientôt  ses  études  et  être 
pourvu  d'un  poste  rémunérateur. 

L'autre  missive,  qui  n'est  pas  datée,  mais  qui,  vu  la  nature  du 
contenu,  devait  faire  partie  du  même  envoi,  contient  cinq  pièces 
en  vers  latins  remplies  ou  d'admiration  et  de  tendresse  filiale  pour 
Ferry  ou  de  haine  et  de  dégoût  pour  le  papisme  et  les  Jésuites,  qu'il 
appelle  «  Ruina  regum,  pestifera  tabès  gregis  ».  Par  une  ironie  du 
sort,  les  Pasteurs  de  Genève  reconnaîtront  quelques  années  après 
dans  la  conduite  d'Antoine  l'influence  détestable  de  l'éducation 
jésuitique  et  lui  reprocheront  ses  «  restrictions  mentales  »^ 

Les  cinq  pièces  latines  d'Antoine  ne  sont  que  des  exercices 
d'étudiant  bon  humaniste.  La  première  est  une  épîgramme  sur  la 
papesse  Jeanne,  ce  personnage  imaginaire  qui  succéda,  selon  les 
uns,  à  Léon  IV  en  855,  sous  le  nom  de  Jean  YUI,  et  selon  d'autres 
vécut  à  la  fin  du  xi'^  siècle.  La  seconde  est  encore  une  épîgramme 
des  plus  sanglantes  à  l'adresse  des  «  frères  Loyolites  »  et  à  propos 
de  l'image  qui  représentait  Loyola  portant  un  cœur  dans  sa  main 
toute  en  flammes.  «  Une  femme,  avait  vu  cette  image  et  s'était 
écriée  :  «  I)  est  tout  brûlant  d'amour  pour  Dieu!  »^qc Insensée,  dit 
Antoine,  tu  crois  que  c'est  son  cœur  qu'il  porte  là  ?  (Ferre  cor  pu- 

1  Bê9Uê,  ibid,,  p.  165. 


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NICOLAS  ANTOINE  -167 

tas  suum?)  Il  vient  d*étriper  quelqa*un.  (Exenteravit  qaempiam.)  » 
Puis  vient  un  éloge  dithyrambique  de  Ferry  :  «  Si  la  terre  métique 
(Metz)  eût  produit  deux  hommes  comme  lui,  c*en  serait  fait  de 
Tempire  du  papisme  *  ».  Enfin,  après  des  plaisanteries  sur  un  moine 
venu  à  Sedan,  nommé  Pudens,  un  distique  où  il  joue  sur  le  nom  de 
Ferry*.  Le  tout  est  signé  :  «  tui  observantissime  tibique  deditissime 
N.  Ântonius». 

Le  ton  de  ces  morceaux  nous  donne  un  peu  Tidée  de  Tâpreté 
qu*Antoine  était  capable  d*apporter  dans  ses  discussions  avec  ses 
adversaires.  Et  quand  plus  tard  il  tombera  dans  des  accès  de 
frénésie,  on  pourra  n*y  voir  qu*un  déchaînement  anormal  de 
l'impétuosité  naturelle  de  son  caractère.  Â.  Tépoque  où  nous 
sommes  de  la  vie  d'Antoine,  sans  rien  hasarder  encore  qui  fût 
ouvertement  contraire  à  l'orthodoxie  calviniste,  il  devait  quelque- 
fois étonner  ses  maîtres  par  l'inquiétude  de  sa  raison  et  l'intem- 
pérance de  ses  curiosités.  L'acte  d'accusation  porte  qu'Antoine, 
de  son  propre  aveu,  «  dès  son  jeune  âge,  aurait  embrassé  curieu- 
sement l'étude  de  la  philosophie  et  conçu  de  damnables  et  exécra- 
bles opinions  de  N,  S.  Jésus-Christ  ».  Il  devait  arriver  pour 
Antoine,  doué  d'une  intelligence  très  vive  et  toujours  en  mouve- 
ment, ce  qui  était  arrivé  à  beaucoup  des  premiers  réformateurs. 
Conduits  à  éliminer  une  partie  des  dogmes  du  catholicisme  sous 
l'impulsion  de  l'esprit  d'examen,  un  bon  nombre  d'entre  eux  ne 
virent  pas  de  motifs  sérieux  de  s'arrêter,  une  fois  l'élan  donné,  et 
de  choisir  entre  les  mystères  devant  lesquels  la  raison  s'était  jusque- 
là  indifféremment  courbée.  Séparés  de  l'Eglise  romaine,  tous 
ne  furent  pas  capables,  comme  Luther  et  Calvin,  d'enrayer  la 
force  destructrice  de  leur  raison  et  écartant,  par  exemple,  le 
dogme  de  la  transsubstantiation,  de  continuer  d'imposer  à  la  foi 
celui  de  la  trinité.  L'antitrinitarisme  avait  nécessairement  fleuri 
presque  en  môme  temps  que  la  Réforme.  Ceux  qui  naissaient  dans 
la  religion  réformée  n'avaient  pas  de  peine  à  s'accommoder  du 
credo  fixé  par  les  chefs  de  la  Réforme.  Mais  un  Antoine,  venu 
à  la  a  Religion  »  en  grande  partie  par  un  effort  spontané  de  sa 
pensée,  était  destiné  à  suivre  la  voie  des  Servets  et  desSocins.  Les 
circonstances  toutes  particulières  où  il  se  trouva  placé  firent  qu'il 
les  dépassa.  Il  devint  «  pire  qu'un  antitrinitaire  »  et  môme  finale- 

i  ,,.  Si  duo  taies 

Prœterea  adjunspet  Metica  terra  viroe^ 
Belua  qua  Èoma  stabulant  in  tydera  /rendes, 
Nunc  foret  imperii  meta  suprema  tui. 

*  Si  multos  Ferry  ferrent  kaee  saeula  ferri 

2n  fcrri  eeclis  aurea  multa  forent. 


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ment,  au  dire  des  Pasteurs  de  Genève,  «  pire  que  les  Juifs  ».  En 
réalité,  il  y  eut  à  son  époque  beaucoup  de  judaïsants  %  groupés 
quelquefois  en  sectes.  On  en  trouve  un  peu  partout  depuis  un 
siècle,  d'abord  en  Suisse,  puis  surtout  en  Pologne,  en  Hollande, 
en  Italie.  Antoine  lut-il  des  ouvrages  comme  le  «  De  trinitatis 
erroribus  »  de  Servet  et  en  subit-il  l'influence?  Il  est  possible, 
mais  on  peut  croire  qu'il  évolua  de  lui-même,  par  une  spéculation 
personnelle. 

Il  ne  demeura  que  quelque  mois  à  Sedan,  puisqu'il  arriva  à 
Genève  le  20  juillet  1624.  Pendant  son  premier  séjour  dans  cette 
ville,  ce  fut  la  môme  vie  à  peu  près  qu'à  Sedan;  toujours 
besoigneux,  il  luttait  constamment  contre  la  misère.  Comme  il  a  de 
bonnes  recommandations,  la  Compagnie  des  Pasteurs  prend  soin 
de  lui,  et  il  se  procure  quelques  ressources  supplémentaires  en 
entrant  en  condition  dans  quelques  maisons,  probablement  comme 
pédagogue.  Mais  son  caractère  devenait  ombrageux  à  mesure  que 
mûrissait  sa  pensée  et  que  les  «  damnables  opinions  »  qu'il 
accueillait  s'imposaient  plus  impérieusement  à  sa  conscience. 
Cependant,  quoique  Tétrangeté  de  ses  allures  donne  à  réfléchir  à 
quelques-uns,  tout  le  monde  rend  hommage  à  son  érudition  et  à  la 
parfaite  correction  de  ses  mœurs. 

Combien  de  temps  dura  ce  premier  séjour  à  Genève?  Environ 
trois  ans,  ainsi  qu'il  résulte  des  indications  fournies  par  le  registre 
des^Pasteurs.  En  effet,  à  la  date  du  19  mai  1626,  la  Compagnie 
octroie  4  thalers  à  l'étudiant  en  théologie  Antoine  «  atteint  de  la 
flèvre  et  sans  ressources  ».  Plus  loin,  une  seconde  mention  nous 
informe  que  le  21  mars  (probablement  1627)  Antoine  reçut  4  thalers 
de  M.  Prévost  et  quelque  chose  du  recteur  pour  entreprendre  son 
voyage.  C*est  donc  à  cette  date  qu'il  quitte  Genève,  sans  avoir 
achevé  ses  études.  Il  parait  qu'il  était  appelé  par  «  MM.  de  l'Eglise 
de  Metz  ».  Peut-être,  d'après  la  lettre  de  Paul  Ferry,  songeait-il  à 
se  présenter  au  synode  de  l'Ile-de-France,  où  d'ailleurs  il  échoua, 
à  un  moment  difficile  à  déterminer.  Toujours  est-il  qu'il  partit, 
comme  il  le  dit  à  des  amis,  «  à  regret  >.  Nos  documents  parlent 
aussi  de  la  «  cherté  i»  des  vivres,  et  des  témoignages  contemporains 
semblent  indiquer  qu'on  craignait  alors  à  Genève  une  épidémie 
qui  sévissait  dans  des  pays  voisins. 

C'est  à  Metz  qu'Antoine,  déjà  .sceptique  au  sujet  de  la  trinité  et 
de  la  messianité  de  Jésus,  devait  commencer  de  se  tourner  vera  le 
judaïsme,  et  pour  la  première  fois  sans  doute,  prendre  contact  avec 

^  Voir  Graetz,  QeseMehfê  der  Judm,  t.  IX,  p.  313  et  suiv.;  cf.  aussi  Lichtenberger, 
Eneyelopédiû  du  ieiêncês  religieuses^  s,  v.  AalitriniUiires. 


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NICOLAS  ANTOINE  169 

les  Juifs.  La  communauté  de  Metz  s'était  récemment  organisée  et 
comptait  environ  500  âmes  *.  Antoine  eut  des  entretiens  avec  les 
rabbins,  qui  lui  présentèrent  l'Ancien  Testament  sous  un  jour 
nouveau  pour  lui.  Il  avait  déjà  étudié  Thébreu  sous  la  direc- 
tion des  professeurs  de  Sedan  et  de  Genève,  des  Rambour  et  des 
Turretini,  et  expliquait  sans  doute  comme  eux  les  passages 
messianiques.  Nous  n'avons  pas  d*écho  des  conversations  qui 
s'engagèrent  entre  Antoine  et  les  rabbins  de  Metz,  qui  n*ont  pas 
laissé  de  nom  dans  la  littérature,  mais  Antoine  s'aperçut,  guidé 
par  eux,  qu'à  ses  motifs  de  douter  s'ajoutait  encore  la  fragilité  des 
argumehts  puisés  par  le  christianisme  dans  les  textes  de  l'Ancien 
Testament.  Sa  confiance  dans  les  explications  de  ses  maîtres  est 
ébranlée.  Il  s'en  va  tout  exprès  à  Sedan  soumettre  ses  incertitudes 
à  Rambour,  qui  tâche  de  le  rassurer  et  de  le  mettre  en  garde 
contre  les  téméraires  démarches  de  la  raison.  Mais  il  ne  se  tient 
pas  pour  satisfait.  De  plus  en  plus,  il  se  bute  aux  contradictions 
philosophiques  ou  scripturaires  qu'il  aperçoit  dans  les  dogmes 
chrétiens.  Il  étudie  l'hébreu  avec  acharnement  et  tâche  de  se  faire 
une  opinion  impartiale. 

C'est  pendant  cette  crise  que  se  place  Pépisode  des  relations 
d'Antoine  avec  un  jeune  homme  de  Sedan  nommé  Villemand,  à 
qui  il  enseigna  la  philosophie;  cet  élève  parait  lui  avoir  été  mis 
entre  les  mains  par  Du  Moulin,  le  célèbre  professeur  de  théologie 
de  l'Académie  de  Sedan.  Antoine  s'attacha  à  lui  et  lui  fit  confi- 
dence des  graves  secrets  de  son  âme.  Il  n'eut  pas  de  peine  à 
exercer  un  ascendant  absolu  sur  le  jeune  homme  et  à  le  déterminer 
à  se  convertir  avec  lui  au  judaïsme.  On  parut  se  douter  du  danger 
qu'offrait  pour  Villemand  l'enseignement  d'Antoine.  Jusqu'à  quel 
point?  Il  est  difficile  de  le  dire.  Les  lettres  de  du  Moulin  et  de 
Ferry  à  ce  sujet  seraient  intéressantes  à  lire.  Nous  n'avons  pour 
nous  renseigner  que  la  lettre  de  Ferry  du  30  mars  1632,  bien  posté- 
rieure à  l'incident  et  qui  n*est  pas  très  explicite.  Ce  qu'on  reprocha 
à  Antoine,  c'est  d'avoir  égaré  son  élève  dans  les  ténèbres  de  la 
métaphysique,  mais  il  ne  semble  pas  que  leur  désir  de  se  faire 
Juifs  ait  été  connu  à  cette  époque.  «  Antoine,  dit  Ferry,  préten- 
dait gagner  quelque  chose  à  lui  enseigner  la  philosophie  et  furti- 
vement il  remmena  plus  loin*,  malgré  les  remontrances  que  je 
lui  en  avais  faites  avec  instances  de  le  renvoyer  et  au  jeune 
homme  de  s'en  retourner  comme  il  m'avait  promis,  M.  du  Moulin 
rayant  désiré  et  moi  pour  ce  qu'il  lui  avait  été  recommandé.  » 


^  Voir  Ab.  Cahen,  Le  Babbinat  de  MêH,  Bi9Uê,  t.  VII,  p.  104. 
>  En  liaUe. 


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170  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

Antoine  se  soumit  en  apparence,  mais  secrètement  continua  à 
voir  son  élève  et  songea  sérieusement  à  entrer  dans  une  commu- 
nauté juive.  Sur  le  reste  de  son  séjour  à  Metz,  Ferry  nous  donne 
quelques  détails,  insistant  sur  les  symptômes  de  mélancolie  qu*il  a 
remarqués  en  ce  temps-là  et  qu'il  présente  comme  l'effet  des  contra- 
riétés qu'avait  éprouvées  Antoine  ;  les  remontrances  qu'on  lui  fit  à 
propos  du  jeune  homme  de  Sedan,  Téchec  de  sa  candidature  au 
synode  de  llle-de-France,  ses  études  trop  attachées  au  Vieux 
Testament,  tout  cela,  selon  son  ancien  maître,  troubla  son  esprit, 
a  II  ne  pouvait  dès  lors  (depuis  ces  incidents)  supporter  le  jour, 
en  faisait  fermer  toutes  les  avenues  chez  un  gentilhomme  où 
j'avais  trouvé  moyen  de  le  faire  placer,  toujours  inquiet  sans 
pouvoir  être  en  repos  en  aucun  lieu,  taciturne  sans  môme  se 
pouvoir  exprimer  qu'avec  peine  et  comme  à  mots  arrachés, 
quelque  peine  que  je  prisse  de  le  solliciter  à  se  mieux  ouvrir,  à  le 
faire  venir  chez  moi  de  fois  à  autres,  de  le  recevoir  à  ma  table 
et  de  le  faire  traiter  comme  il  fut  avec  un  grand  soin.  »  En  réalité, 
cette  attitude  s'explique  par  les  combats  intérieurs  qui  se  livraient 
dans  son  âme  et  la  contrainte  qu'il  s'imposait.  Ferry  voulait  démon- 
trer qu'Antoine  était  depuis  longtemps  dans  un  état  morbide,  parce 
qu'il  ignorait  la  vraie  cause  de  ses  ennuis  et  surtout  parce 
qu'il  était  préoccupé  d'infirmer  la  thèse  de  quelques-uns  des  juges 
du  procès,  selon  qui  la  folie  d'Antoine  était  «  pénale  et  subséquente  » 
et  constituait  un  châtiment  céleste  pour  les  coupables  doctrines 
qu'il  avait  conçues  en  pleine  lucidité  d'esprit.  La  vérité  doit 
être  entre  les  deux  systèmes.  Antoine  avait  le  caractère  naturel- 
lement sombre  et  ardent  ;  mais,  d'autre  part,  il  resta  en  pleine 
possession  de  ses  facultés  jusqu'à  la  dernière  année  de  sa  vie. 

Au  bout  de  quelque  temps,  Antoine  quitta  Metz  et,  malgré  Ferry, 
emmena  Yillemand  en  Italie.  Il  croyait  pouvoir  entrer  plus  faci- 
lement dans  une  communauté  juive  de  ce  pays.  Nous  savons 
malheureusement  peu  de  chose  de  cette  période  qui  ne  fut  que  de 
quelques  mois,  Antoine  enseigna  la  philosophie  à  Brescia.  Ils 
allèrent  ensuite  à  Venise,  puis  à  Padoue,  demandant  à  être 
circoncis  et  à  demeurer  au  milieu  des  Juifs.  Partout  Antoine  reçut 
les  mêmes  réponses.  On  les  éconduisit,  lui  et  son  compagnon,  en 
vertu  du  peu  de  propension  du  judaïsme  à  attirer  des  prosélytes  et 
surtout  par  crainte  des  autorités,  qui  surveillaient  à  ce  moment  les 
Juifs  plus  étroitement  que  jamais.  C'était  l'époque  où  les  protes- 
tants italiens  s'enfuyaient  en  Suisse  devant  les  rigueurs  du  papisme, 
qui  voulait  reconquérir  le  terrain  perdu  et  raffermir  son  empire 
compromis.  Des  mesures  sévères  étaient  prises  contre  les  jadaï- 
sa.nts.  Il  n'y  avait  pas  longtemps  que  Molcho  avait  été  brûlé  à 


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NICOLAS  AJSTOJNE  171 

Mantoue  :  les  portes  des  ghettos,  un  instant  entr'ouvertes,  s'étaient 
de  nouveau  refermées.  Tout  ce  que  les  Juifs  purent  faire,  ce  fut  de 
conseiller  à  Antoine  de  retourner  en  pays  chrétien  et  d'exercer  en 
secret  le  ju'daïsme,  à  la  façon  des  Marranes,  ou  plutôt  encore  de 
se  contenter  d'être  juif  de  cœur,  sans  renier  le  christianisme. 

Le  pauvre  Antoine  fut  très  malheureux  de  cet  insuccès  et  passa 
quelque  temps  à  Venise  en  proie  à  de  grandes  souffrances  maté- 
rielles et  morales.  Il  dira  plus  tard  dans  sa  requête  aux  pasteurs  de 
Genève  :  «  L^  peuple  d'Israël  ne  m*a  point  voulu  recevoir  et  m'a 
dit  que  Je  pouvais  vivre  partout  et  entre  toutes  nations  en  la 
crainte  de  Dieu  sans  me  découvrir  et  sans  faire  semblant  de  rien. 
J*ai  enduré  mille  maux  en  allant  à  Venise  et  en  demeurant  là 
quelque  temps  en  très  misérable  état  et  en  retournant  encore  plus 
affligé  et  misérable.  Néanmoins  j*ai  toujours  espéré  en  mon  bon 
Seigneur  Dieu.  Or  de  m'en  aller  demeurer  parmi  les  papistes, 
j'avais  fait  serment  de  ny  plus  retourner;  j'abominais  par  trop 
leur  idolâtrie.  »  Que  faire  ?  Antoine  comptait  plutôt  sur  la  man- 
suétude des  protestants  que  des  catholiques  romains.  Il  ignorait 
sans  doute  qu'il  y  eût  quelque  sécurité  aux  Pays-Bas  et  en  Pologne 
pour  les  antitrinitaires  et  les  judaïsants.  Peut-être  est-ce  le  manque 
dô  ressources  qui  détourna  Antoine  d'entreprendre  ce  voyage. 
Résigné  à  rester  chrétien  extérieurement  et  pressé  de  s'établir,  il 
résolut  de  revenir  à  Genève,  qui  lui  avait  déjà  été  clémente. 

Nous  l'y  trouvons  installé  depuis  quelques  semaines  déjà,  à  la 
date  du  25  mars  1628,  où  Diodati,  écrivant  à  Ferry,  lui  parle  d'un 
certain  Anthoine  qui  paraît  bien  être  le  nôtre.  En  effet,  ce  dernier, 
bien  accueilli  par  ses  maîtres  et  ses  anciens  condisciples,  après 
avoir  disputé  avec  succès  en  philosophie,  est  pris  comme  péda- 
gogue, en  attendant  qu'il  ait  fini  ses  études  de  théologie,  chez  un 
des  plus  illustres  professeurs  de  l'Académie  de  Genève,  Jean 
Diodati  *.  Voici  ce  qu'il  écrit  à  Ferry  : 

Monsieur  et  très  honoré  frère, 

En  hâle  ces  deux  mots  au  défaut  desquels  suppléera  M.  Anthoine, 
personnage  que  je  vous  recommande  chèrement  pour  sa  vaste 
érudition  et  piété.  La  petitesse  des  moyens  le  fait  rechercher  (?)  sa 
mère  naturelle.  Genève  lui  aura  été  non  certes  marâtre,  mais  douce 
nourrice.  Il  est  mûr  de  science,  d'âge  et  de  mœurs.  Pour,  mon 
labeur,  etc.* 

Suivent  des  confidences  sur  ses  travaux  personnels. 

A  Voir  sur  lui  E.  do  Budé,  Vie  de  Jeai^  Diodati^  théologien  gmevoit  (15'26rl649]. 


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172  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Cette  lettre  est  quelque  peu  embarrassante.  Si  le  personnage 
dont  il  est  question  ici  est  notre  Antoine,  et  tout  porte  à  le  croire, 
comment  se  fait-il  que  Diodati  le  recommande  à  Ferry?  Antoine 
aurait-il  fait  mystère  de  ses  relations  avec  le  pasteur  de  Metz? 
D'autre  part,  il  semble  ressortir  des  termes  un  peu  obscurs  de  cette 
lettre  qu'Antoine  allait  quitter  Genève  pour  «  rechercher  sa  mère 
naturelle  »,  c'est-à-dire,  sauf  erreur,  pour  rentrer  à  Metz  et  là 
suppléerait  au  laconisme  des  informations  adressées  par  Diodati  à 
son  correspondant.  Or,  il  n*est  nullement  question  de  ce  voyage 
dans  les  actes  du  procès.  Il  est  à  présumer  qu'Antoine,  s'il  avait 
vraiment  projeté  de  rentrer  à  Metz,  y  renonça,  pour  une  raison 
quelconque. 

U  a  donc  pris  le  parti  de  dissimuler  et  d'affecter  d'être  un  parfait 
chrétien.  Il  ne  laisse  pas  néanmoins,  comme  on  le  remarqua  plus 
tard  rétrospectivement,  de  se  trahir  quelquefois,  emporté  par  la 
véhémence  de  ses  convictions.  Un  jour,  dit  le  document  des  Pas- 
teurs, il  osa  répondre  à  son  professeur  de  théologie  que  le  mystère 
de  la  Trinité  n'était  pas  fondé  en  l'Ecriture  et  qu'on  y  trouvait 
plutdt  le  contraire.  Une  discussiop  s'engagea  alors,  analogue  à 
celles  qui  sont  rapportées  dans  les  actes  du  procès,  «  sur  des 
passages  de  Moïse,  d'Isaïe  et  des  Psaumes  ».  Antoine  céda  en  ap- 
parence, mais  demeura  inébranlé  dans  ses  opinions.  S'il  y  avait 
danger  à  émettre  des  propositions  trop  hardies  devant  les  auto- 
rités, en  revanche  il  régnait  une  certaine  liberté  entre  étudiants  ' . 
Antoine  s'ouvrait  sans  crainte  à  quelques-uns  et  ne  leur  cachait 
pas  ses  tendances  ou  plutôt  ses  convictions  unitaires.  Cependant  il 
parvint  à  garder  assez  d'empire  sur  lui-môme  pour  éviter  d'attirer 
les  soupçons  de  ses  maîtres  et,  tout  en  pratiquant  en  secret  ce  qu'il 
pouvait  du  judaïsme,  passa  pour  un  homme  très  recommandable. 
Après  un  intérim  fait  au  collège  de  Genève,  il  finit  par  se  pré- 
senter au  colloque  de  Gex  et  se  fit  accepter  comme  pasteur  à 
Divonne.  Il  écrivit  à  Ferry  pour  lui  annoncer  sa  nomination  le 
29  novembre  (sans  doute  de  1630).  Nous  ne  reviendrons  pas  sur 
les  événements  qui  suivirent  et  qui  sont  relatés  eu  grand  détail 
dans  les  actes  du  procès.  C'en  est  fait  désormais,  Antoine  s'est 
laissé  mettre  dans  la  plus  fausse  des  situations;  il  ne  pourra  pas 
garder  longtemps  le  masque.  Les  angoisses  continuelles  où  il  va  se 
trouver  useront  vite  sa  résistance  ;  et  une  fois  qu'il  se  sera  trahi, 
autant  il  s'était  contraint  précédemment,  autant  il. proclamera 
désormais  avec  énergie  ses  croyances  véritables. 


*  L'affaire  Rémond  de  la  Croix,  dont  on  peut  lire  le  rédt  dans  roiiTngtt  de  H.  de 
Budé  {op.  eU,],  en  témoigne  i 


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xXIGOLAS  ANTOINE 

Il  n'y  a  pas  lieu  d'insister  sur  l'espèce  de  fièvre  < 
accompagna  ses  premières  déclarations,  ses  prostern 
la  boue,  ses  contorsions  et  grimaces,  sa  tentative  de 
le  Rhône;  toutes  ces  extravagances  furent  le  résul 
longue  et  cruelle  contrainte  morale  qu'il  s'était  imposi 
reste  donc  qu'à  examiner  en  quoi  a  consisté  le  judaïsi 
et  quelle  a  été  sa  science  exégétique. 


II 


Nous  avons  vu  qu'Antoine  eut  des  conversations  a^ 
à  Metz  et  en  Italie.  Il  a  dû  voir  d'assez  près  la  vie  j 
dant,  d'après  les  données  des  actes  du  procès,  il  sembi 
n'ait  retenu  que  quelques  rites  et  n*ait  pas  connu  le  j 
mudique,  se  bornant  à  se  conformer  dans  la  mesure 
aux  prescriptions  mosaïques.  Il  s'abstenait,  déjà  dans 
Diodati,  de  manger  du  porc.  On  lit  dans  les  actes  q 
chambre  qu'il  avait,  là  où  il  était  précepteur,  il  a 
passages  sur  la  porte  et  ès-parois  à  la  façon  des  Ji 
Tunité  du  Dieu  d'Israël  et  le  même  s'est  trouvé  en  sa 
Divonne  crayonné  de  charbon  d.  Antoine  se  conforu 
lettie  des  prescriptions  du  Deutéronome  (vi,  19).  Il 
pas,  semble-t-il,  dé  mezouzoi\  il  ne  paraît  pas  non  plu 
de  phylactères.  Bien  qu'un  de  ses  articles  de  foi  affii 
tion  d'observer  le  sabbat,  on  n'a  rien  noté  à  ce  suje 
d'Antoine.  Ses  prosternations  fréquentes,  «  à  la  ju 
approchant  le  front  de  terre,  ainsi  que  ses  décl 
qu'on  peut  attribuer,  d'ailleurs,  à  sa  démence,  î 
manifestement  de  ses  lectures  dans  l'Ancien  Testamer 
des  coutumes  bibliques,  non  proprement  juives,  sauf  e 
stances  exceptionnelles.  Enfin,  les  prières  d'Antoine  s 
composées  par  lui.  Il  ne  connaît  pas  les  rituels  juifs, 
téressant  de  savoir  si  les  fragments  du  Pentateuque 
sont  des  nlorceaux  tels  que  le  Schéma. 

Mais  ce  qui  est  plus  intéressant  encore,  ce  sont  les 
l'exégèse  d'Antoine.  Pour  juger  de  ses  doctrines,  n( 
confession  de  foi  en  douze  articles.  Elle  a  un  caractè 
marqué,  affirmant  le  judaïsme  et  niant  le  christiani 
pose  l'unité  de  l'essence  divine,  l'obligation  perpétuel! 
vance  du  Sabbat,  de  la  distinction  des  viandes  pures  ( 
croit  à  la  reconstruction  du  Temple  et  à  la  restaurati 


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\Vi  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

fices,  enfin  à  la  venue  du  Messie.  D'autre  part,  il  repousse  les 
doctrines  de  la  distinction  de  personnes  dans  la  divinité,  de  la 
divinité  du  Messie,  du  péché  originel,  de  la  prédestination  et  de 
la  rédemption.  Contre  la  tlièse  de  saint  Paul,  qui  oppose  la  Foi  à  la 
Loi,  il  admet  la  justification  par  la  Loi  seule  et,  enfin,  il  rejette 
l'autorité  du  Nouveau  Testament  comme  contradictoire  en  soi  et 
avec  TAncien.  Cette  profession,  comme  on  voit,  a  un  caractère  tout 
à  fait  original;  elle  est  le  fruit  des  méditations  d'Antoine  et  n*est 
nullement  inspirée  des  treize  articles  de  foi  de  Maïmonide,  comme 
parait  le  croire  M.  Samter. 

Antoine  est-il  aussi  original  dans  son  exégèse?  La  question  est 
difficile  à  résoudre.  Nous  avons  vu  qu'il  avait  eu  des  conversations, 
sur  les  questions  qui  divisent  les  Juifs  et  les  chrétiens,  avec  les 
rabbins  de  Metz.  D'autre  part,  on  lit  dans  le  registre  des  pas- 
teurs *  :  «  Lui  étant  demandé  si  à  son  dernier  voyage  en  Italie  il 
avait  parlé  à  quelque  rabbi  à  Venise  qui  l'ait  fortifié  en  cette 
opinion  (sur  Tunique  autorité  de  l'Ancien  Testament)  il  dit  que 
non  et  qu'il  ne  sçavait  ce  que  croyaient  et  enseignaient  les  Juifs, 
mais  qu'il  croyait  à  la  parole  de  Dieu  contenue  en  l'Ancien  Testa- 
ment. »  La  vérité,  c'est  que  les  affirmations  des  Juifs  de  Metz  lui 
ouvrirent  les  yeux  sur  l'insuffisance  de  ses  connaissances  hé- 
braïques et  lui  rendirent  suspectes  les  interprétations  que  don- 
naient communément  les  théologiens  chrétiens  de  certains  passages 
bibliques.  Il  se  mit  dès  lors  à  faire  une  étude  approfondie  de 
l'hébreu,  comme  en  témoigne  son  ancien  maître,  qui  nous  donne 
aussi  ce  détail  caractéristique  qu'Antoine  rassemblait  des  maté- 
riaux pour  une  Concordance.  Il  parait  bien  avoir  été,  en  fait  d'exé- 
gèse comme  dans  tout  le  reste,  en  grande  partie  autodidacte.  Sans 
doute,  il  a  pu  connaître  des  ouvrages  de  controverse  composés  par 
des  Juifs  :  le  Hizzouk  Emonna,  par  exemple,  du  Caraïte  Troki  est 
de  l'époque  ;  mais  il  fut  écrit  en  Pologne  et  n'a  dû  se  répandre 
dans  les  pays  chrétiens,  grâce  aux  traductions  qu'on  en  fit,  que 
longtemps  après  la  mort  d'Antoine.  Nous  avons  comparé,  à  propos 
des  passages  qui  furent  discutés  par  Antoine  et  ses  maîtres,  les 
explications  du  premier  avec  celles  des  principaux  exégètes  juifs, 
Raschi,  Ibn  Ezra,  Eimhi.  Les  analogies  qu'on  rencontre  sont  dues 
non  à  des  emprunts  directs  ou  indirects,  mais  au  fait  quMIs  expli- 
quent tous  la  Bible  selon  la  méthode  rationnelle,  écartant  les 
idées  préconçues,  éclairant  les  difficultés  par  le  contexte  et  ne 
forçant  jamais  le  sens. 

Du  reste,  les  juges  d'Antoine  ont  bien  l'impression  que  celui-ci 

»  /fttrf.,  p.  171. 


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NICOLAS  ANTOINE  175 

tire  sa  science  surtout  de  lui-môme,  car  ils  Taccasent  d'être  pire 
encore  que  les  Juifs,  qui  concèdent,  eux,  que  certains  passages  des 
Psaumes  se  rapportent  au  Messie,  tandis  qu* Antoine  les  applique 
à  des  personnages  contemporains  des  auteurs  bibliques. 

Pour  illustrer  un  peu  ce  qui  précède,  passons  en  revue  les 
principaux  textes  controversés  ^  Les  passages  volontiers  invo- 
qués sont  ceux  qui  sont  expliqués  par  le  Nouveau  Testament  lui- 
même.  C'est  là  qu'une  contradiction  apparaîtra  aux  théologiens 
chrétiens  particulièrement  blasphématoire. 

Au  chapitre  xxxi  de  Jérémie  (31  à  33),  le  prophète  parle  de  la 
nouvelle  alliance  que  Dieu  va  contracter  avec  son  peuple  ce 
passage  est  allégué  par  saint  Paul  en  faveur  de  la  doctrine 
chrétienne  et  annonce,  selon  Tapôtre,  Tabolition  de  la  loi  du 
Sinaï.  Nullement,  dit  Antoine,  Dieu  ne  veut  que  renouveler 
l'alliance  que  le  peuple  avait  violée  au  désert  et  gravera  désormais 
la  loi  dans  leur  cœur,  mais  il  ne  s'agit  pas  d'une  Loi  nouvelle. 
Eîmhi  insiste  d'une  façon  analogue  sur  l'expression  «  nouvelle 
alliance  »  :  c'est  l'alliance  qui  sera  renouvelée;  mais  non  pas  la  Loi, 
qui  est  immuable.  Tous  les  controversistes  juifs  font  la  même 
distinction  entre  les  mots  «  berit  d  et  «  tôra  »,  invoquant  à  Tappui 
de  leur  dire  quantité  d'autres  passages  de  .Térémie  lui-même 
(par  exemple  le  début  du  ch.  xi,  où  il  est  parlé  de  l'inobservance 
de  la  loi  du  Sinaï). 

Le  psaume  ex  de  David  commence  par  ces  mots  :  «  Parole  de 

l'Eternel  à  mon  Seigneur,  assieds-toi  à  ma  droite Verset  4  : 

Tu  es  un  prêtre  à  jamais  à  la  façon  (ou  sur  l'ordre)  de  Melchisédec  » . 
Les  chrétiens  voient  dans  ce  passage  une  allusion  des  plus  nettes 
à  Jésus  et  à  sa  divinité.  Anloine  pense  que  ce  sont  les  serviteurs  de 
David  qui  ont  composé  ce  psaume  à  l'honneur  de  David,  auquel  Dieu 
avait  promis  de  vaincre  ses  ennemis.  C'està  peu  près  l'explication 
de  Kimhi.  Raschi  et  les  anciens  commentateurs  essaient  aussi  de 
rapporter  ce  psaume  à  Abraham,  à  cause  des  versets  de  la  Genèse 
(xiv,  18  et  19).  L'opinion  du  pasteur  qui  combat  Antoine  est  sin- 
gulière :  il  accuse  ce  dernier  d'être  pire  que  les  Pharisiens,  qui 
consentent  eux  à  attribuer  un  sens  messianique  au  passage  précité. 
On  ne  voit  pas  bien  quelle  explication  talmudlque  (car  c'est  au 
Talmud  qu'il  fait  allusion)  le  fait  parler  ainsi.  Ce  qui  suit  dans  le 
document  des  Pasteurs  n'est  pas  moins  singulier  :  «  Un  des  assis- 
tants ayant  dit  qu'en  ce  même  psaume  est  dit  :  Tu  seras  mon 
sacrificateur  selon  Tordre  de  Melchisédec,  ce  qui  ne  pouvait  être 
dit  de  David  qui  ne  fut  jamais  sacrificateur,  par  une  malice  et 

•  Ibid,^  p.  M\  et  suiv. 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ion  étrange,  il  (Antoine)  dit  que  si  et  qae  David  avait  dis- 
lu  pain  et  du  vin  au  peuple,  I  chron.  xvi,  ce  qui  n*a  point 
action  de  sacrificateur,  mais  une  libéralité  royale.  »  A 
[^inexactitudes  dans  ce  texte,  il  semble  que  les  adversaires 
ae  aient  mal  saisi  ses  explications.  Si,  en  effet,  il  leur  avait 
jette  réponse  sans  plus,  ils  pouvaient,  à  bon  droit,  la  juger 
nais  elle  contient,  malgré  tout,  quelque  chose  d'assez  in- 
:  pour  qu'on  soit  tenté  de  la  compléter,  ou  plutôt  de  la  res- 
?uisque  Antoine  cite  I  Chron,  xvi,  3,  il  devait  apparemment 
re  le  premier  verset  du  môme  chapitre.  Or,  il  est  dit  dans 
et  (répétition  de  II  Samuel  xxvi,  17)  que  David  offrit  des 
stes  et  des  sacrifices  d'actions  de  grâce,  û^ttb«!j  nibiy  •  en 
Je  verset,  comme  il  a  dû  le  faire,  Antoine  prouvait  que 
jtait  sacrificateur,  et  en  alléguant  le  verset  3,  qui  dit  que 
)ffrit  au  peuple  du  pain,  des  parts  de  viande  (?)  et  des 
es  de  vin,  il  justifiait  l'allusion  du  psalmiste  à  Melchisédec, 
;  offrir,  d'après  la  Genèse,  du  pain  et  du  vin,  Trocki,  dans 
ouk  Emouna,  veut  aussi  démontrer  que  David  futsacrifica- 
il  allègue  une  autre  circonstance  où  l'on  dit  de  lui  qu'il 
is  victimes  (II  Sam.,  xxiv^  25).  Kimhi  ne  laissait  pas  d'être 
issé  par  le  terme  de  Kohen  appliqué  à  David  et  l'expliquait 
gid,  prince,  comme  dans  la  phrase  :  «  et  les  fils  de  David 
des  Kofianim  »,  c'est-à-dire  des    princes  (II  Samuel, 

prouver  la  Trinité,  les  Pasteurs  citaient,  entre  autres 
s,  le  verset  de  Genèse,  xix,  24  :  «  Et  l'Eternel  fit  pleuvoir 
ome  et  Gomorrhe  du  soufre  et  du  feu,  venant  de  VEteryuly 

des  cieux  ».  Il  y  avait  là,  selon  eux,  l'indice  d'une  pluralité 
3nnes  divines.  Antoine  répond,  avec  les  exëgètes  juifs,  que 
une  figure  de  style  fréquente  dans  la  Bible  et  il  cite  comme 
î  le  verset  :  «  Et  Pharaon  chassa  Moïse  de  devant 
1.  »  (Exode,  X,  11). 

le  fameux  passage  (Isaïe,  vu,  14)  :  «  Et  voici  un  signe  :  la 
'  concevra  et  enfantera,  etc.  »,  Antoine  dit  que  cela  s'entend 
'emme  du  prophète.   C'est  l'opinion  de  Baschi  et  d'Ibn 

»  IX ,  5.  La  controverse  s'attache  aux  mots  :  El  gibbor 
brt  »,  qui  semblent  être  dits  du  Messie.  Antoine  déclare  que 
^pression  n'implique  pas  la  divinité  du  Messie.  Selon  lui, 
ression  analogue  concernant  un  homme  se  trouverait  dans 
1,  mais  il  ne  put,  dit-on,  «  spécifier  le  lieu  ».  Ici  sa  mémoire 
trahir.  Aucune  expression  de  ce  genre  ne  se  lit  dans  le 
e. 


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NICOLAS  ANTOINE  177 

La  saite  de  la  discussion  est  assez  embrouillée.  U  parait 
qu'Antoine  se  moqua,  comme  firent  les  controversistes  juifs,  des 
pseudo-citations  de  la  Bible  qu'on  trouve  dans  le  Nouveau  Tes- 
tament, comme  le  mot  :  «  Il  sera  appelé  nazaréen.  » 

On  ne  comprend  pas  bien  ensuite  l'opinion  d'Antoine  attribuant 
à  Josias  les  termes  d'Immanuel  et  de  Dieu  fort.  Ceci  parait  inexac- 
tement rapporté. 

Le  chapitre  lui  d'isaïe  a  fait  l'objet  d'une  dissertation  spéciale 
d'Antoine,  qu'il  jserait  curieux  de  connaître.  Le  document  que  nous 
avons  indique  qu  Antoine  voyait  dans  ce  chapitre  l'image  des 
souffrances  du  peuple.  A  noter  le  rapproch«)ment  ingénieux  et 
personnel,  croyons-nous,  qu'il  établit  entre  l'expression  :  rn^ri 
i©p5  nntjb  du  verset  12  et  celle  du  cantique  de  Débora  f  Juges,  v,  1»)  : 
nn»b  iu3D3  C|nn  D?.  Comme  la  seconde  s'entend  d'un  peuple,  la 
première  peut  donc  s'entendre  également  d'une  collectivité,  et  non 
exclusivement  d'un  seul  homme  (le  Messie). 

Pour  le  psaume  ir,  dont  l'explication  hasardée  en  chaire  par 
Antoine  détermina  le  scandale  qu'on  sait,  le  passage  de  notre 
document  qui  en  traite  (p.  179)  est  peu  clair.  On  voit  qu'Antoine 
rapportait  l'ensemble  du  psaume  à  David  et  non  pas  au  Messie,  mais 
il  ne  songe  pas  à  expliquer,  comme  les  ex^gètes  juifs,  le  mot  ns 
par  pureté.  (Ces  derniers,  à  l'exception  dlbn  Ezra,  reculent  devant 
l'aramaïsme  anormal  qu'il  faudrait  admettre,  si  ion  traduisait  bar 
par  âls,  sans  préjudice  des  autres  difficultés.") 

En  résumé,  Antoine  s'attache,  par  une  saine  exégèse,  à  restituer 
le  sens  naturel  des  passages  de  l'Ancien  Testament,  qui,  selon  ses 
énergiques  expressions,  éiaient  «  tirés  aux  cheveux  »  et  «  criaient 
tous  miséricorde  ».  Par  ses  études  approfondies  de  l'hébreu,  il  est 
hWn  préparé  pour  la  controverse  et  trouve  généi*alement*  réponse 
à  tout.  Quelle  que  soit  l'influence  directe  ou  indirecte  de  l'exégèse 
juive  sur  lui,  Antoine  a  travaillé  par  lui-même  et  on  voit  par  ce  qui 
précède  que,  sinon  la  méthode  générale,  du  moins  certaines  expli- 
cations de  détail,  le  choix  des  exemples,  lui  sont  personnels.  Si 
Antoine  avait  pu  vivre,  il  aurait  peut-être  laissé  d'excellents 
travaux.  Il  est  vrai  que,  pour  se  punir  de  sa  longue  dissimulation, 
il  demandait,  durant  sa  détention,  qu'on  le  laissât  se  retirer  dans 
une  solitude  et  vivre  en  anachorète. 


*  De  la  Roche,  Tauteur  de  la  Bibliothèque  anglaise^  connaît  un  détail  intéressant 
qu'on  ne  lit  ni  dans  les  actes  des  Pasteurs,  ni  dans  l'histoire  de  Gautier.  Le  11  avril, 
on  allégua,  dit-il,  à  Antoine  le  fameux  passage  de  Josèphe  relatif  au  Christ.  Antoine, 
qui  Pignorait,  ne  sut  que  répondre. 


T.  XXXVU,  i*«  74.  '      12 


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178  REVU£  DES  ETUDES  JUIVES 


III 


On  sait,  et  il  faut  le  répéter  à  la  décharge  de  ses  juges,  qu'après 
de  longues  discussions  sur  le  cas  d*Ântoine,  il  ne  tint  pas  à  one 
minorité  éclairée  et  fort  imposante  que  le  parti  de  Tindulgence  ne 
remportât.  Ce  n*est  pas  tant  son  judaïsme,  quoi  qu'en  dise  H.  Sam- 
ter,  qui  parut  un  crime  irrémissible,  que  la  longue  supercherie  à 
laquelle  Antoine  se  résigna  par  une  faiblesse  dont  il  était  le 
premier  à  rougir  et  qu'il  racheta  largement  par  la  fermeté  de  son 
attitude.  D'ailleurs,  les  premiers  historiens  de  Genèye  et  les  bio- 
graphes d'Antoine,  Bérenger,Spon,  De  la  Roche,  etc.,  à  une  époque 
relativement  voisine  de  celle  du  procès  sont  unanimes  à  déplorer 
la  sévérité  de  la  sentence  prononcée  contre  Antoine.  U  semble 
même  qu'on  dut  faire  dans  les  premiers  temps  le  silence  autour 
de  cette  affaire.  Spanbeim,  qu^on  venait  de  mettre  en  rapport  avec 
Paul  Ferry  et  qui  lui  écrit  pour  la  première  fois  en  juillet  1632  «, 
parle  de  différents  sujets  à  son  correspondant,  mais  ne  dit  pas  un 
mot  du  procès  d'Antoine,  où  pourtant  celui-ci  avait  joué  un  rdle. 
En  somme,  le  cas  d'Antoine  fut  une  exception  et  malgré  les  appa- 
rences, plus  de  tolérance  pénétrait  déjà  dans  les  esprits. 

Quant  à  nous,  il  nous  a  paru  intéressant  de  mettre  en  quelque 
relief  cette  curieuse  figure  de  judaïsant  isolé  et  ardent,  mé- 
lange singulier  d'opiniâtreté  et  de  faiblesse ,  victime  touchante 
d'impérieuses  convictions  qui  finit  par  aller  au-devant  du  martyre, 
et,  acculée  à  une  situation  sans  issue  qui  lui  coûta  la  raison  et  la 
vie,  accepta  avec  une  sorte  de  joie  farouche  de  mourir  «  pour  la 
gloire  du  grand  Dieu  d'Israël  ». 

Julien  Wbill. 


APPENDICE 

A.  —  Procès  fait  et  fourni  par  devarU  nos  très  honoris  Seigneurs, 
Syndics  et  Conseils  de  cette  cité  :  à  Vins  tance  et  poursuites  du  Seigneur 
Lieutenant  es  dites  causes  instant. 

Contre 
Nicolas,  fils  de  Jean  Antoine,  de  Brieu  en  Lorraine,  lequel  étant 

^  Letlres  manuscrites  de  la  colleciio&  Lutteroth. 


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^T" 


NICOLAS  ANTOINE  179 

constitué  prisonnier,  a  volontairement  confessé  que  dès  son  jeune 
fige  il  aurait  embrassé  curieusement  l*étude  de  la  philosophie  et 
conçu  de  damnables  et  exécrables  opinions  de  Notre  Seigneur  Jésus- 
Christ;  Item  qu'il  y  a  environ  sept  ou  huit  ans  que  particulièrement  il 
se  serait  adonné  à  l'étude  de  la  fausse  doctrine  des  Juifs  et  que  pour  y 
être  d'autant  mieux  instruit,  il  se  serait  adressé  à  eux  dans  la  ville 
de  Metz,  lesquels  après  quelques  conférences  l'auraient  renvoyé  à 
d'autres  Juifs  et  notamment  à  ceux  de  Venise  ;  Item  qu'il  serait  allé 
à  Sedan  il  y  a  environ  cinq  ans  où  il  aurait  débauché  un  jeune 
homme  étudiant  au  dit  lieu  et  icelui  mené  et  conduit  en  Italie  l'en- 
tretenant en  chemin  de  sa  maudite  créance.  Item  qu'étant  arrivé  à 
Venise,  ils  seraient  allés  visiter  les  Juifs  et  le  dit  Antoine  les  ayant 
priés  de  les  recevoir  en  leur  synagogue  et  de  le  circoncire,  ils  le  lui 
auraient  refusé,  craignant  d'en  être  repris  par  le  magistrat,  s'étant 
contenté  de  ce  qu'ils  lui  firent  entendre  qu'il  pouvait  vivre  avec  les 
chrétiens  et  ne  laisser  pourtant  d'être  juif  en  son  cœur,  et  que  le 
môme  lui  fut  déclaré  par  les  Juifs  à  Padoue.  Item  a  confessé  que 
n'eût  été  la  peur  d'être  découvert  il  eût  travaillé  pour  attirer  ses 
parents  au  juds^ïsme.  Item  que  suivant  cette  détestable  doctrine,  il 
serait  venu  en  cette  ville,  faisant  semblant  d'étudier  en  théologie, 
même  se  serait  présenté  pour  disputer  la  chaire  de  philosophie  et 
pendant  quelque  temps  aurait  fait  la  charge  de  premier  Régent  au 
collège,  contrefaisant  toujours  néantmoins  le  chrétien  à  la  judaïque, 
n'osant  en  faire  profession  ouverte;  Item  qu'étant  appelé  par  une 
Eglise  proche  de  cette  ville  pour  y  être  ministre  (l'Eglise  de  Divonne 
au  païs  de  Gex)  après  avoir  été  examiné,  répondu  conformément  à 
la  doctrine  de  la  Religion  orthodoxe,    il  aurait  juré  de  vivre  et 
enseigner  suivant  la  confession  de  foi  des  Eglises  réformées,  combien 
que  de  cœur  il  crut  le  judaïsme  et  que  par  rétention  maudite  il  en- 
tendit jurer  et  prêter  serment  tout  autrement  que  sa  bouche  ne  pro- 
nonçait. Item,  qu'au  lieu  de  prêcher  Jésus-Christ,  suivant  le  serment 
qu'il  aurait  prêté,  il  n'aurait  expliqué  que  des  passages  du  Vieux 
Testament  et  rapporté  faussement  à  d*autres  personnes  les  textes 
qui  parlent  formellement  de  Notre  Seigneur  Jésus-Christ  et  surtout 
le  texte  qu'il  explique  en  sa  dernière  action  (le  psaume  ii)  d'où  s*en 
serait  suivi  le  lendemain  un  manifeste  jugement  de  Dieu  sur  le  dit 
Antoine,  lequel  devint  transporté  des  sens,  courut  les  champs  et  se 
vint  rendre  à  pieds  nus  dans  celte  ville  proférant  des  blasphèmes 
horribles   contre   Notre    Seigneur  et    Sauveur  Jésus-Christ.  Item 
qu'après  avoir  été  traité  des  médecins  et  soigneusement  médicamenté 
dans  l'Hôpital  de  cette  cité,  étant  revenu  à  soi,  et  hors  de  sa  manie, 
il  aurait  persévéré  à  blasphémer  contre  la  Sainte  Trinité  et  la  personne 
de  Notre  Seigneur  Jésus-Christ,  soutenant  tant  de  bouche  que  par 
écrit  que  c'était  une  Idole  et  que  le  Nouveau  Testament  n'était  qu'une 
fable.  Item  a  confessé  qu'administrant  le  sacrement  de  la  Sainte  Cène, 
en  l'exhortation  qu'il  faisait  au  peuple,  il  disait  seulement,  souvenez- 
vous  de  votre  Sauveur  et  qu'en  récitant  les  paroles  du  Symbole  des 


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180  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Apôtres  OÙ  il  est  parlé  de  Notre  Seigneur  Jésus-Christ  il  ne  les  pronon- 
çait pas,  mais  il  marmonnait  entre  ses  dents.  Finalement,  nonobstant 
les  sérieuses  remontrances  et  exhortations  qui  lui  ont  été  faites  dès  sa 
détention,  tant  par  le  Magistrat  que  par  les  spectables  Pasteurs  de 
cette  Eglise  de  quitter  ses  maudites  et  damnables  opinions,  il  aurait 
continué  de  plus  fort  dans  les  horribles  impiétés  et  blasphèmes, 
ayant  composé  et  signé  un  écrit  par  lequel  il  tâche  de  tout  son 
pouvoir  de  combattre  et  renverser  la  Sainte  Trinité,  reniant  toujours 
obstinément  la  divinité  et  l'incarnation  de  Notre  Seigneur  et  Sauveur 
Jésus-Christ,  renonçant  à  son  baptême  à  diverses  fois  comme  plus  à 
plein  est  contenu  en  son  procès. 


B.  —  Sentence  contre  Nicolas  Antoine  apostat,  prononcée  et  exécutée 

le  20  Avril  4652. 

Nos  très  honorés  Seigneurs  Syndics  et  Conseil  de  cette  cité  ayant 
veu  le  procès  criminel  fait  et  formé  par  devant  eux  à  Tinstance  et 
poursuite  du  Seigneur  Lieutenant  es  dites  causes  instant  contre 
Nicolas  Antoine  par  lequel  et  ses  confessions  leur  conste  et  appert 
que  lui,  oubliant  toute  crainte  de  Dieu,  aurait  commis  crime  d'aposta- 
sie et  lèze  majesté  divine  au  premier  chef,  ayant  combattu  la  Sainte 
Trinité,  renié  Notre  Seigneur  et  Sauveur  Jésus-Christ,  blasphémé 
pour  embrasser  le  judaïsme  et  la  circoncision  et  se  serait  parjuré  en 
dogmatisant  et  enseignant  sa  damnable  doctrine,  cas  et  crime 
méritant  griève  punition  corporelle.  A  ces  causes  et  d'autres  à  ces 
mesds.  Seigneurs  mouvants  (?),  séant  au  tribunal  au  lieu  de  leurs 
prédécesseurs  suivant  leurs  anciennes  coutumes,  ayant  Dieu  et  ses 
Saintes  Ecritures  devant  les  yeux  et  invoqué  son  saint  nom  pour 
faire  droit  jugement,  disant  :  Au  nom  du  Père,  du  Fils  et  du  Saint- 
Esprit  (amen).  Par  cette  leur  définitive  sentence,  laquelle  ils  donnent 
par  écrit,  condamnent  le  dit  Antoine  à  devoir  être  lié  et  mené  en  la 
Place  de  Plainpalais,  pour  là  être  attaché  à  un  poteau  sur  un  bûcher, 
être  étranglé  à  la  façon  accoutumée  et  en  après  son  corps  brûlé  et 
réduit  en  cendres  et  ainsi  finir  ses  jours,  pour  être  en  exemple  à 
ceux  qui  tel  cas  voudraient  commettre;  déclarons  en  outre  ses  biens 
confisqués  au  profit  de  la  Seigneurie  ;  mandons  au  Seigneur  Lieu- 
tenant de  mettre  la  présente  sentence  à  due  et  entière  exécution. 


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LA  FET] 

CHEZ  PL 


On  sait  que  Plutarqu 
{EistoriaeyY,  5),  parle 
chus.  Mais,  tandis  que  Y 
au  caractère  fondamen 
et  se  borne  à  signaler 
de  Chéronée  essaie  de  p 
en  relevant  de  nombreu 
n'est  autre  effectivemer 
ner  la  thèse  elle-mê 
peu  de  solidité.  Mais  ce 
preuves  que  Tacite  reje 
partie  de  celles  qui  son 
autres,  quoique  diffère 
môme  ordre  de  choses 
Jérusalem  et  à  la  célébi 
Plutarque  surtout,  qui  ( 
en  vue  d'établir  les  pc 
les  Dionysies,  mérite  d 
tion  concorde,  en  gén( 
nous  dit  au  sujet  de  cet 
de  divergences  et  desin 
pour  des  malentendus, 
chez  Tacite  d'impressio 
à  Jérusalem,  —  mais  c 
et  se  référant,  en  dern 
celle-ci  mérite  un  e: 
qu'elle  nous  révèle  cor 
tradition  païenne  sur  h 


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182  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


LA  FÊTE  DES  CABANES  D'APRÈS  PLUTARQUE. 

Voici  le  texte  de  la  démonstration  de  Plutarque  fondée  sur  cette 
solennité  ^  : 

a  Premièrement,  la  plus  grande  et  la  plus  solennelle  de  leurs  fôlei 
se  célèbre  dans  un  temps  et  d'une  manière  qui  conviennent  parfaite- 
ment à  Bacchus  [ils  lui  donnent  le  nom  de  jeûne  et  la  solennisenl] 
dans  le  fort  de  la  vendange.  Ils  dressent  des  tables  chargées  de  toutes 
sortes  de  fruits  et  habitent  sous  des  tentes  et  des  huttes  faites  sur- 
tout de  branches  de  vigne  et  de  lierre  entrelacées  ;  le  premier  jour  de 
cette  fête  s'appelle  «  fôte  des  Tabernacles  ».  Peu  de  jours  après,  ils  en 
célèbrent  une  autre  où  ils  invoquent  Bacchus,  non  plus  par  des 
symboles  énigmatiques,  mais  ouvertement. 

Ils  ont  aussi  une  fôte  où  Ton  porte  des  rameaux  de  figuier  et  des 
thyrses  ;  les  thyrsophores  entrent  dans  le  temple  ;  on  ignore  ce  qu'ils 
y  font,  mais  il  est  vraisemblable  qu'ils  y  célèbrent  quelque  baccha- 
nale, car  ils  se  servent  pour  invoquer  leur  dieu  de  petites  trompettes 
pareilles  à  celles  dont  les  Argiens  font  usage  dans  les  fêtes  de  Bacchus. 
D'autres  s'avancent  en  jouant  de  la  cithare  ;  ils  les  appellent  Lévites, 
soit  du  nom  Lysios,  soit  plutôt  d'Evios.  » 

Cette  description  de  solennités  juives,  la  seule  qui  soit  aussi  abon 
dante  en  détails  précis,  vise  évidemment  le  temple  de  Jérusalem  et 
non,  comme  on  devrait  le  déduire  de  la  date  de  sa  composition, 
qui  remonte  au  commencement  du  iv  siècle  de  Tère  chrétienne,  la 
synagogue  de  quelque  ville  grecque.  En  effet,  les  dernières  lignes 
parlent  des  lévites  jouant  de  la  harpe  qui  précédaient  le  cortège 
entrant  dans  le  lep(iv,  chose  qui  ne  se  faisait  pas  dans  les  syna- 
gogues, de  môme  que  les  sonneries  de  trompettes,  au  moment  de 
la  procession  des  palmes  pendant  la  fôte  des  Cabanes,  n'étaient 
usitées  que  dans  le  sanctuaire  de  Jérusalem*.  Tout  le  récit  de  Plu- 
tarque traite  exclusivement  de  cette  fôte,  car,  après  avoir  décrit 
la  fête  quMl  n'a  pas  encore  nommée,  Plutarque  dit  que  les  Juifs 
appellent  le  premier  jour  (txyjv-)^  et,  dans  la  seconde  partie,  il  décrit 
l'entrée  du  cortège  avec  le  thyrse  spécialement  employé  pour  la 
fôte  des  Cabanes.  Autant  ce  point  est  certain,  autant  il  est  difficile 
de  comprendre  ce  qu'il  dit  des  diverses  journées  de  cette  fôte  qui, 
à  notre  connaissance,  se  célèbre  de  la  môme  façon  pendant  les 

*  Diaprés  la  traduction  de  M.  Théodore  Reinach  dans  Têwtes  d'auteurs  grtcSy 
p.  143. 

*  Si  Plutarque  ae  sert,  dans  sa  description,  du  présent  et  donoe  ainsi  TimpresBion 
que  ces  usages  étaient  encore  en  vigueur  a  son  époque,  cela  prouve  seulement  quMl 
a  copié,  sans  rien  y  changer,  le  document  qu^ii  avait  sous  les  yeux. 


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LA  FÊTE  DES  CABANES  CHEZ  PLUTARQUE  ET  TACITE      183 

sept  jours.  Ea  indiquant  comment  se  nomme  le  premier  jour,  il 
laisse  entendre  avec  raison  que  la  fête  avait  une  durée  de  plusieurs 
jours.  Le  fait  que  le  premier  jour  seul  est  appelé  (txt^vt^  peut  prove- 
nir d'un  malentendu,  ce  nom  étant  celui  de  toute  la  fôte.  Mais 
quand  il  dit  que,  quelques  jours  plus  tard,  les  Juifs  célèbrent  une 
seconde  f^te,  où  Bacchus  n*est  pas  invoqué  symboliquement 
comme  dans  la  première,  mais  ouvertement,  la  signification  de  ce 
passage  et  Torigine  de  ces  renseignements  sont  presque  impos- 
sibles à  déterminer.  Les  symboles  sont  :  les  diverses  espèces  de 
fruits  indiqués  dans  la  description  précédente,  exposés  sur  des 
tables,  ainsi  que  le  lierre  et  les  ceps  de  vigne  dont  étaient  formées 
les  cabanes.  Tout  cela  étant  des  objets  consacrés  à  Baccbus,  leur 
exposition  était  une  invocation  manifeste  à  ce  dieu  au  moyen  de 
symboles  muets  de  la  part  des  Juifs,  d'après  les  vues  de  Plutarque. 
Mais  en  quoi  consiste  Tinvocation  directe  à  ^^acchus?  Serait-ce 
par  hasard  le  cri  joyeux  d'Evohé,  que  Plutarque  retrouvait  dans 
le  *t*t  fiOK  (Soucca,  iv,  3)  chanté  pendant  la  procession  autour  de 
Tautel,  ou  dans  Tinvocation  prononcée  par  le  peuple  sur  la  mon- 
tagne du  temple,  rr^b  nsK^  pendant  la  fête  nocturne  des  Cabanes 
(Scmccaf  v,  5]  ?  L'une  et  l'autre  hypothèse  sont  impossibles,  car 
Plutarque  déclare  expressément  ignorer  ce  que  faisaient  dans  le 
temple  les  thyrsophores,  et  il  suppose  simplement  qu'on  célébrait 
des  bacchanales  à  l'intérieur,  parce  qu'on  se  servait  de  petites 
trompettes  dont  le  son  était  entendu  au  dehors.  Quant  à  l'invoca- 
tion à  Bacchus,  qui  aurait  pu  être  perçue  également  du  dehors,  il 
n'en  dit  rien  dans  ce  récit.  Il  ne  peut  non  plus  avoir  voulu  parler 
des  cris  proférés  pendant  les  solennités  nocturnes,  puisqu'il  ne  les 
connaissait  pas,  car  s'il  les  avait  connues  telles  qu'elles  sont  décrites 
dans Souccay  v,2 (Soucca^ 51  &;  j.  Soucca,  v,  55ô;  Tos.  Soucca, iv, 
1-5),  il  n'aurait  certes  pas  manqué  de  s'appuyer  sur  cette  partie  de 
la  solennité  automnale  des  Juifs,  qui  rappelait  d'une  manière  plus 
frappante  que  toute  autre  les  Dionysies  et  de  signaler  avec  com- 
plaisance tous  les  points  particuliers  ^  Ces  solennités  se  dérou- 

1  Wiener,  E$aUo9rUrhuch^  II,  8,  s,  «.  Laubhûttenfêst,  dit  :  «  L'allégresse  qui  écla- 
tait pendant  cette  fôte  des  Cabanes  et  beaucoup  d'usages  particuliers  amenèrent  Plu> 
tarque  à  désigner  toute  cette  solennité  comme  une  fête  de  Bacchus.  •  De  même,  DiU~ 
mann  (dans  le  Bibelleaieon  de  Schenkel,  IV,  15)  :  «  On  ne  peut  certainement  en 
vouloir  à  Plutarque  s'il  n*a  pas  su  distinguer  le  fond  moral  et  religieux  de  cette  solen- 
nité en  présence  de  la  folle  allégresse  qui  y  éclatait  et  des  cérémonies  extérieures 
traitées  avec  une  si  grande  importance,  et  qu'il  n*ait  vu,  dans  la  fôte  juive  des  Ca- 
banes, qu'une  solennité  dionysiaque  ou  bacchique.  »  Hamburger  aussi  [S^aUneyclo- 
pâdùj  I,  692),  après  avoir  décrit  la  suite  de  la  fôte,  dit  :  «  Cette  fôte  consacrée  a  la 
Joie  fut  aussi  visitée  avec  prédilection  par  les  païeos,  qui  la  prenaient  par  erreur  pour 
une  fête  de  Bacchus.  »  Je  demanderai  maintenant  où  se  trouve  chez  Plutarque,  à 
qui  on    attribue  le  passage  cité  ci-dètfus,  le  moindre  indice  concernant  la  fête  de 


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18/i  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

laient  en  dehors  da  Temple,  sur  la  montagne  du  Temple,  et  pou- 
vaient, par  coDS'^uent,  être  connues  de  la  façon  la  plus  précise  de 
celui  qui  lui  a  fourni  la  description  du  cortège  entrant  dans  le 
sanctuaire  avec  les  lévites  jouant  de  la  harpe,  si  toutefois  il  les 
avait  connues  *. 

Or,  Plutarque  parle  encore  une  fois  de  l'inyocation  à  Dieu  faite 
par  les  Juifs  et  dit  qu*elle  était  semblable  à  celle  de  Bacchus  chez 
les  Argiens  et  se  faisait  dans  le  temple  au  moyen  de  petites  trom- 
pettes. Il  me  semble  donc  que  précédemment  aussi,  quand  il  men- 
tionne Tinvocation  directe  adressée  par  les  Juifs  à  Bacchus,  il 
voulait  parler  de  la  sonnerie  de  trompettes.  Il  est  difficile  d'ad- 
mettre qu'il  n'ait  pas  indiqué  ce  qu*il  entendait  parla,  puisqu'il 
a  décrit  avec  une  clarté  suffisante  Tinvocation  symbolique  ;  c'est 
pourquoi,  dans  la  mention  ultérieure  des  trompettes,  nous  pouvons 
reconnaître  Texplication  de  la  phrase  restée  obscure  et  dont  il  pou- 
vait supposer  que  le  sens  n'échapperait  pas  à  ses  auditeurs  et  à  ses 
lecteurs,  familiarisés  avec  le  culte  de  Bacchus.  Mais  dans  cette 
seconde  partie  de  sa  description,  Plutarque  a-t-il  voulu  décrire  la 
seconde  fête  juive  en  question  ?  C'est  ce  qu'on  ne  saurait  soutenir 
d'une  façon  cerfaine.  Car  la  phrase  :  "E^n  U  xaî  xpaoY|(pop((x  tiç  eoprr, 
xcù  6up<TO(pop(a'7cap*aÛToïç.  «  Ils  ont  aussi  une  fête  où  Ton  porte  des 
rameaux  de  figuier  et  des  thyrses  »  donne  l'impression  qu'en  plus 
de  la  première  fête  appelée  <7X7jV7]  et  de  la  seconde  caractérisée 
par  l'invocation  formelle  à  Bacchus,  il  voulait  encore  en  signaler 
une  troisième,  célébrée  après  la  seconde.  Mais  cela  ne  concorde 
guère  avec  ce  quMl  dit  de  la  xpaS-rj^popta  et  de  la  0up(ro(pop(3c,  qui, 
pour  lui,  désignent  le  port  du  bouquet  de  la  fête  (loulab)  ;  or,  ce 
bouquet  était  déjà  apporté  au  Temple  le  premier  jour  de  la  fête 
des  Cabanes,  selon  Lévitique,  xxiii,  40,  et  même  plus  tard,  lorsque 
la  prescription  relative  au  loulab  fut  étendue  à  tous  les  sept  jours 
de  la  fête,  cette  cérémonie  se  faisait  déjà  le  premier  jour  (Soucca, 
IV,  2).  Plutarque  aurait-il  mal  compris  le  document  qu'il  a  copié 
et  qui  parlait  sans  doute  de  la  cérémonie  du  loulab  de  la  fête  des 

nuit.  Qu^on  Pétudie  attentiTdmeDt  et  qu^on  se  demande  ensuite  s'il  n'aurait  pas 
cité  également  le  jour  si  caractéristique  de  folle  allégresse  s'il  Tavait  connu,  puisque 
la  moindre  ressemblaoce  lui  sufEt  pour  en  faire  une  preuve  de  Pidentité  du  dieu 
des  Juifs  avec  Bacchus  !  N'aurait-il  pas  été  obligé,  du  moins,  de  signaler,  en  pas- 
sant, la  ressemblance  de  la  fôte  de  nuit  avec  la  fête  des  Mystères  ?  (Cf.  Venetiaoer, 
dans  Magyar  Zsido  Stemle,  1895,  217  et  s.,  et  Sleusinische  Mysteritn  im  jtruta- 
lemisehen  Tempel  dans  les  Monatiblàtter  de  Brûll,  1897).  Seul  Riehm  (SandwârUr' 
buch^  t,  o.  Lauhhûttenfett^  g  3)  indique  le  loulab  et  la  sonnerie  de  trompettes  comme 
les  points  qui  ont  inspiré  à  Plutarque  son  hypothèse. 

>  M.  Th.  Reinach  (Teœtes  d*aut9urs  greet^  p.  143,  note  2),  à  propos  des  mots  :  «  P— 
de  jours  après^  ils  en  célèbrent  une  autre  * ,  se  demande  s'il  n'est  pas  question  ici  d« 
la  fôte  de  clôture,  ce  qui  est  impossible. 


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LA  FÊTE  DES  CABANES  CHEZ  PLUTARQUE  ET  TAQTE  185 

Cabanes  en  termes  généraux,  sans  désignation  plus  précise  du 
jour,  et  aurait-il  voulu  dire  que  cette  cérémonie  caractérisait  par- 
ticulièrement un  des  jours  suivants?  Ou  bien  éopTVi  «  fête  »,  dans  la 

phrase  etm  51  xai  xpaBTj^op^a  ti;  éopTTj  xaà  ôup(TO(popia  Tuap'aûrotç  év  y) 
ôupffouç  e;rovT6;  elç  xh  Upbv  etataatv,  désigne- t-il,  non  unjour  de  fête, 
mais  une  cérémonie  qui  s*accompIissait  pendant  un  des  jours  de 
fête  décrits  précédemment  et  se  rattachant  à  d'autres  solennités  ? 
Cette  dernière  hypothèse  me  parait  plus  vraisemblable,  à  cause  de 
la  mention  du  loulab,  qui  se  rattachait  à  la  fête  des  Cabanes,  et  est 
confirmée  par  le  fait  que  Plutarque  ne  désigne  pas  la  promenade 
du  loulab  comme  troisième  fête  et  n'en  fixe  pas  le  jour  comme 
précédemment  par  les  mots  oklyonç  81  u<rTepov  yn^i^ouç.  Si  xpaBTj- 
9opta  se  rapporte  à  une  des  deux  solennités  décrites  précédemment, 
il  reste  encore  à  établir  à  laquelle. 

Le  fait  que  Plutarque  insiste  sur  l'invocation  à  Bacchus  quand 
il  décrit  la  procession  des  loulab  en  mentionnant  la  seconde  fête, 
permet  de  rapporter  cette  cérémonie  à  la  fôte  désignée  par  Plu- 
tarque comme  la  seconde.  Mais,  comme,  entre  le  premier  jour  de 
la  fôte  des  Cabanes  et  la  seconde  fôte,  c'est-à-dire  la  fôte  où  Ton 
sonnait  les  trompettes  et  où  Ton  apportait  le  loulab,  il  laisse  un 
intervalle  de  plusieurs  jours,  et  comme  le  huitième  jour,  où  le 
loulab  n*est  plus  prescrit,  est  exclu,  il  ne  peut  avoir  voulu  parler 
que  du  septième,  qui  seul  a  quelque  chose  de  remarquable  par  ses 
cérémonies.  Nous  lisons,  en  eflet,  dans  la  Miachna  (iSbwoca,iv,5-6) 
qu'à  chacun  des  sept  jours  de  la  fôte  des  Cabanes,  on  plaçait 
sur  les  côtés  de  l'autel  de  longues  branches  de  saule  nain  et  qu'on 
faisait  en  procession  le  tour  de  l'autel  ;  le  septième  jour,  on  faisait 
sept  tours',  et  ensuite  on  frappait  avec  les  branches  de  saule  — 
d'après  d'autres  traditions  avec  des  branches  de  palmier  —  le  sol 
près  de  l'autel.  Cette  dernière  partie  de  la  cérémonie  prit  une 
signification  si  haute  qu'on  l'accomplissait  môme  le  sabbat,  malgré 
la  protestation  formelle  des  Sadducéens  contre  la  violation  inten- 
tionnelle du  repos  sabbatique  (SouccUy  43 ô, 45 a;  Tos.  Soucca,  m, 
1).  Or,  nous  savons  que  les  Pharisiens,  après  avoir  acquis  une 
influence  prépondérante  sur  le  culte  du  Temple,  firent  célébrer 

'  Dans  le  Livre  des  Jubilée,  xyi,  31,  dont  nous  reconnaîtrons  plus  tard  la  va- 
leur historique,  Abraham  fait  sept  fois  le  tour  de  l'autel  avec  des  branches  de 
palmier  chaque  jour  des  sept  jours  de  la  fôte  des  Cabanes.  Comme  cette  assertion  a 
manifestement  pour  base  un  usage  observé  dans  le  temple  de  Jérusalem,  il  faut  ad- 
mettre que  l'auteur  connaissait  une  cérémonie  dilTérente  de  celle  que  décrit  la  Mischna. 
Dans  ce  cas,  il  est  vraisemblable  que  Tusage  rapporté  dans  le  Livre  des  Jubilés  est 
le  plus  ancien,  car  il  est  probable  que  ce  n'est  que  plus  tard  qu'on  a  distingué  le 
septième  jour  du  reste  de  la  fête  par  Tapporl  des  saules  et  le  plus  grand  nombre  de 
promenades  autour  de  l'autel. 


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186  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

avec  beaucoup  d'apparat  toutes  les  cérémonies  du  Temple  qu'ils 
préconisaient  et  que  combattaient  les  Sadducéens,  afin  de  frapper 
Fesprit  de  la  foule  et  de  lui  faire  adopter  cette  forme  de  culte 
comme  la  seule  véritable.  C'est  ce  qui  arriva,  comme  on  sait,  pour 
la  gerbe  qu'on  allait  couper  le  soir  du  16  Nissan  pour  l'offrande 
des  prémices,  même  quand  le  16  Nissan  tombait  le  jour  du  sabbat 
[Menahoi,  x,  3),  ainsi  que  pour  les  préparatifs  en  vue  de  la  com- 
bustion de  la  vache  rousse  {Paray  m,  1),  pour  Tadjuration  adres- 
sée au  grand-prêtre  la  veille  du  Jour  des  Expiations  au  sujet  de 
l'offrande  de  l'encens  [Yoma^  i,  5)  et  pour  les  libations  d'eau 
pendant  la  fête  des  Cabanes  [Soucca,  iv,  9).  Les  détails  de  cette 
dernière  cérémonie  forment,  pour  notre  cas,  le  pendant  le  plus 
exact,  car,  pour  Texposition  des  branches  de  saule,  il  fallait  les 
mêmes  préparatifs  que  pour  les  libations  d'eau.  Pour  celles-ci,  l'eau 
devait  être  puisée  à  la  source  de  Siloé  ;  pour  celles-là,  les  branches 
de  saule  devaient  être  cueillies  dans  les  environs  de  Jérusalem 
[Soucca,  IV,  7,  4)  et,  quand  la  fête  tombait  le  jour  du  sabbat,  l'eau 
ainsi  que  les  branches  de  saule  pour  le  septième  jour  de  la  fête  des 
Cabanes  étaient  apportées  au  sanctuaire  dès  le  vendredi  et  con- 
servées dans  des  vases  d'or  {JSoucca^  it,  9.5}.  Il  est  donc  vraisem- 
blable que  les  branches  de  saule  étaient  cueillies  et  reçues  sur  la 
montagne  du  Temple  avec  la  même  solennité,  c'est-à-dire  en 
grande  pompe  et  au  son  des  trompettes  des  prêtres  [Souccay  v,  4), 
mais  cela  seulement  le  septième  jour  de  la  [fête,  le  seul  où  les 
branches  de  saule  servaient  à  une  cérémonie,  ce  qui  lui  fit  don- 
ner le  nom  de  rra'ny  ût»  [Soucca^  iv,  2).  C'est  à  cette  entrée  so- 
lennelle dans  le  Temple,  le  septième  jour  de  la  fête  des  Cabanes, 
avec  des  branches  de  saule,  que  se  rapportent  les  paroles  de 
Plutarque  :  Iœti  8è  xal  xpa8Y|fipop(a  tiç  éopTT^  xal  ôupao^opia  icap'auTotç, 
6v  vj  ôupffou;  eyovTe;  eiç  to  Upbv  elfftaaiv. 

Cette  hypothèse  est  aussi  confirmée  par  ce  qu'il  rapporte  ensuite 
de  la  sonnerie  de  trompettes  qui  suivait  l'entrée  du  cortège  dans 
le  Temple.  En  effet,  la  Mischna  {Soucca,  iv,  5)  dit  aussi  qu'au  mo- 
ment où  on  plaçait  les  branches  de  saule  sur  l'autel,  on  sonnait 
trois  fois  de  la  trompette,  et  cela  seulement,  à  ce  qu'il  semble,  le 
septième  jour*.  Si  Plutarque  parle  de  deux  cérémonies,  xpaBir^- 

'  La  Mischna  [Soneca^  iv,  5-6),  en  déciivant  la  cérémonie  de  l'exposition  des 
branches  de  saule,  nomme  le  septième  jour  Dl'^ïl  iri1K>  et  cela  i  deux  reprises,  sans 
qu'on  puisse  leconnaitre  par  le  contexte  de  quel  jour  elle  veut  parler.  U  me  paraît  en 
résulter  que  cette  description  concernait  primitivement  le  Jour  des  Saules,  le  sep- 
tième jour  de  la  fête,  et  la  phrase  Qi*)  b^l  nMndiquait  qu'accessoirement  comment 
on  procédait  les  autres  jours.  Toute  la  série  des  dispositions  énumérées  dans  la 
Mischna  visait  donc  uniquement  le  septième  jour  ;  les  jours  précédents,  il  n'y  avait  au- 
cune cérémonie  particulière  au  moment  où  Ton  allait  cueillir  et  exposer  les  branches  de 


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LA  FÊTE  DES  CABANES  CHEZ  PLUTARQUE  ET  TACITE      187 

<poptae  et  ôup(ro<pop{a,  tandis  que  nous  ne  voyons  pour  ce  jour  que 
la  cérémonie  des  branches  de  saule,  cela  s'explique  par  le  fait  que 
la  procession  autour  de  Tautel,  suivant  Texposition  des  branches 
de  saule,  avait  lieu  avec  la  branche  de  palmier  à  la  main;  il  était 
donc  nécessaire  de  la  porter  au  Temple.  En  effet»  Plutarque 
désigne  évidemment,  comme  Josèphe  {Antiq.,  XIII,  13,  5)  et  II  Mac- 
chabées, X,  7,  la  branche  de  palmier  par  le  terme  de  ôup(roç,  et  la 
branche  de  saule  par  celui  de  xpàST),  qui  signifie  principalement 
c  figue  »,  mais  qui  se  rapporte  sûrement  aux  branches  de  saule, 
les  figues  n*étant  pas  employées  pendant  la  fôte  juive  ^ 

Quoique  cette  hypothèse,  qui  rattache  les  dires  de  Plutarque  au 
septième  jour  de  la  fôte  des  Cabanes,  soit  fort  plausible,  elle  se 
trouve  contredite  par  le  sens  littéral  du  Lévitique,  xxiii,  40,  qui 
prescrit  les  branches  de  palmier  et  de  saule  môme  pour  le  premier 
jour,  ainsi  que  par  le  récit  de  la  Mischna  (Soucca,  iv,  1-5),  où 
Tusage  de  sonner  de  la  trompette  est  indiqué  également  comme 
une  coutume  habituelle  en  ce  jour.  Nous  avons  déjà  reconnu  plus 
haut  la  possibilité  de  rapporter  les  paroles  de  Plutarque  au  pre- 
mier jour  de  fôte.  Ce  qui  combattait  cette  hypothèse,  c'était  le  fait 
que  Plutarque  ne  parie  de  xpizSir)<popia  qu'après  avoir  fait  mention 
d'une  seconde  fôte,  qui  môme  est  séparée  du  premier  jour  de  la 
fôte  des  Cabanes  par  plusieurs  jours.  En  ne  tenant  pas  compte  de 
cette  question  de  date  ni  de  tout  le  passage  concernant  l'invocation 
formelle  à  Bacchus,  rien  ne  s'opposera  à  ce  qu'on  rapporte  l'indi- 
cation de  Plutarque  concernant  la  procession  des  branches  de  pal- 
mier au  premier  jour  de  la  fôte.  C'est  ce  jour-là  que,  conformé- 
saule.  La  considération  suivante  confirme  également  ce  point  :  la  Mischna  citée  rapporte 
qu'au  moment  où  on  plaçait  les  branches  de  saule,  on  sonnait  de  la  trompette; 
d*autre  part,  une  seconde  Mischna  (Soucea,  v,  5)  donne  Pénumération  de  toutes  les 
sonneries  de  trompettes  qu'on  faisait  entendre  pendant  la  fdte  des  Cabanes,  et  dans  cette 
série,  elle  n'en  cite  pas  qui  se  rattache  à  la  cérémonie  des  branches  de  saule  (Cf. 
mon  article  dans  la  ZêiUckrift  de  Stade,  1899).  S'il  n'y  avait  pas  de  sonnerie  de 
trompettes  ces  jours-là,  les  autres  cérémonies  ne  devaient  pas  avoir  lieu  non  plus, 
n  semble  qu'il  en  était  de  même  en  ce  qui  concerne  le  loulab  et  que  le  premier  Jour 
seulement  cette  (cérémonie  avait  lieu  avec  une  solennité  particulière,  môme  quand  ce 
jour  était  un  sabbat,  comme  la  (Ôte  des  Saules. 

1  Gomme  Oupao^  ne  veut  pas  dire  branche  de  palmier,  mais  est  seulement  le 
terme  s'en  rapprochant  le  plus,  on  ne  peut  attacher  une  trop  grande  importance 
i  xpddy).  Dans  II  Macch.,  x,  7,  il  y  a,  à  la  place  de  ce  mot,  le  terme  plus  commun 
xXflidoc.  Le  terme  Oupooç  montre  que,  non  seulement  Plutarque,  mais  un  Juif,  pen- 
sant en  grec  et  vivant  au  milieu  des  Grecs,  pouvait  songera  appeler  le  loulab  «  thyrse  >. 
L'écrivain  qui  remania  plus  tard  le  Il«  livre  des  Macchabées  trouvant  que  Ovp<70(  ne 
traduisait  pas  bien  Thébreu,  ajouta  encore  les  feuilles  de  palmier.  Chez  Josèphe 
(Antiq.y  Xlll,  13,  5)  il  y  a  aussi  avec  ôupooç  la  mention  èx  foivCxcov  xal  xiTpCtav. 
Dans  Antiq,^  111,  10,  4,  il  y  a  môme  âipiaicivri,  la  branche  d'olivier  ou  de  laurier  en- 
tourée de  laine  qu'on  faisait  porter  par  de  jeunes  garçons  pendant  les  pyanépeia  ou 
les  thargelia,  de  sorte  qu'il  ne  faut  pas  s'étonner  si  Plutarque  s'est  servi  de  ces  deux 
1  pour  désigner  le  loulab  et  les  branches  de  saule. 


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188  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ment  à  la  prescription  du  Lévitique,  xxiii,  40,  avait  liea  dans  le 
Temple  rentrée  solennelle  du  peuple  portant  des  loiUab  et,  ce  jour- 
là  pouvait  seul  être  désigné  avec  raison  comme  le  jour  de  fête  de 
la  ôupdo^opta. 

Il  est  aussi  possible,  du  reste,  que  Tinformateur  de  Plutarque 
ne  connût  qu'un  jour  où  Ton  portait  le  loulab  et  que  l'usage, 
noté  par  le  Livre  des  Jubilés,  16,  31,  et  la  Mischna,  de  porter  les 
branches  de  palmier  pendant  tous  les  sept  jours  de  la  fête  des  Ca- 
banes n'existât  pas  encore.  Mais  il  n'est  pas  nécessaire  de  recourir 
à  cette  supposition  gratuite  ;  toutes  les  difficultés  disparaissent  si 
on  relie  les  mots  «  quelques  jours  après  »,  non  au  premier  jour  de 
fête  nommé  immédiatement  avant,  dont  Plutarque  ne  parle  visi- 
blement qu'en  passant,  entre  parenthèse,  mais  au  jour  de  jeûne 
dont  il  a  parlé  au  début  du  morceau. 

La  phrase  de  Plutarque  relative  aux  cabanes  elles-mêmes 
offre  des  difficultés  qui  doivent  être  résolues  pour  l'intelligence  de 
toute  la  relation.  Qu'on  considère,  avant  tout,  qu'il  ne  dit  rien  du 
séjour  des  Juifs  dans  des  cabanes  pendant  les  sept  jours  de  la  fête, 
évidemment  ]parce  que  ce  point  n'importait  guère  à  sa  thèse  con- 
cernant Bacchus.  Il  ne  s'intéresse  qu'aux  cabanes  elles-mêmes,  à 
leurs  parties  constitutives  et  aux  tables  portant  toutes  sortes  de 
fruits,  qui  y  sont  dressées.  Ce  qu'il  dit  des  parties  constitutives  ne 
concorde  pas  non  plus  avec  les  indications  du  Talmud.  Si  même 
ces  dernières  proviennent  seulement  de  l'époque  postérieure  à  la 
destruction  du  Temple,  c'est-à-dire  du  i^^  et  du  ii«  siècles,  elles  sont 
néanmoins  probantes  pour  la  dernière  dizaine  d'années  de  l'exis- 
tence du  Temple,  les  usages  concernant  les  fêtes  ayant  été  con- 
servés et  transmis  par  des  hommes  de  ce  temps  comme,  par 
exemple,  R.  Yobanan  b.  Zaccaï  (Rosch  Haschana,  iv,  1-5;  Soucca^ 
III,  12].  La  Mischna  (  t  les  baraitot  ne  paraissent  connaître  que  des 
cloisons  couvertes  de  feuillage,  quoiqu'il  soit  peimis  aussi  de  se 
servir  d'autres  matériaux  V  (.Soucca,  i,  5),  tandis  que  Plutarque 
décrit  les  cabanes  comme  faites  de  ceps  de  vigne  et  de  lierre  entre- 
lacés et  que  ce  qu'il  dit  ne  peut  se  rapporter  uniquement  au  toit  *. 
Même  si  l'on  admet  que,  dans  l'intérêt  de  son  opinion  préconçue 

*■  On  ne  peut  rien  dire  de  précis  à  ce  sujet,  car  toutes  les  discussions  dans  le  Tal- 
mud portent  exclusivement  sur  le  feuillage  servant  de  couverture,  tandis  qu'il  n^est 
•  traité  nulle  part  des  matériaux  des  parois.  Cf.  Soucca^  7  b. 

>  Cette  coulradiction  pourrait  être  écartée  le  plus  simplement  par  Thypothèse  que 
Plutarque  ne  parle  pas  des  cabanes  de  la  fôte,  mais  des  cabanes  qu'on  élevait  pendant 
la  vendange  dans  les  vignobles  (cf.  Dillmann  sur  Lévit.,  xxiu,  40)  et  qu'on  construi- 
sait naturellement  avec  des  ceps  de  vigne  et  du  feuillage.  Mais,  comme  Plutarque 
parle  expressément  de  la  fête  antériourement  et  décrit  aussitôt  après  les  cabanes,  en 
remarquant  immédiatement  que  le  premier  jour  est  appelé  ffxiQW),  il  n'est  pas  douteut 
qu'il  ne  soit  question  des  cabanes  de  la  fête  érigées  à  Jérusalem  même. 


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LA  FÊTE  DES  CABANES  CHEZ  PLUTARQUE  ET  TACITE      189 

concernant  Tadoration  de  Bacchas  par  les  Juifs,  il  a  mis,  au  lieu 
d'un  feuillage  quelconque  —  comme  il  a  rais  plus  haut  Oupaoç  pour 
la  branche  de  palmier  et  xpà^  pour  le  saule  ^,  de  la  vigne  et  du 
lierre,  la  contradiction  avec  le  Talmud  subsiste  toujours.  Sans 
doute,  on  pourrait  voir  dans  les  mots  :  <c  sous  des  tentes  et  des 
huttes  faites  surtout  de  branches  de  vigne  et  de  lierre  entre- 
lacées »  une  manière  inexacte  de  s*exprimer,  si,  dans  Nëhémie, 
VIII,  15  :  û'^nîûn  '<by^  D^irr  "^by^  yn^  y^  '^^^^  ""^^  "^^^  i«'^am  "irurt  i«3: 
mnDS  n-Dio  D^^yb  ma:^  y^  '^^^''»  *®  feuillage  n'était  pas  indiqué 
comme  formant  les  uniques  matériaux  dont  étaient  faites  les  ca- 
banes de  la  fête.  Qu'on  ajoute  à  cela  que  les  Samaritains  *  ainsi 
que  les  Caraïtes*  rapportent  la  prescription  du  Lévitique,  xxiii, 
40,  qui  d'après  les  Juifs  vise  le  loulab,  aux  parties  constitutives 
de  la  cabane,  de  sorte  que,  loin  d'être  autorisés  à  accuser  Plutarque 
d'inadvertance,  nous  sommes  obligés  de  reconnaître  ses  indica- 
tions comme  étant  confirmées  par  d'autres  sources  ».  Comme  tout 
son  récit,  celles-ci  proviennent  du  document  qu'il  avait  sous  les 
yeux  ;  il  faut  donc  rechercher  sur  quoi  son  informateur  s'est  ap- 
puyé. Si  on  pouvait  admettre  que  la  manière  dont  les  Samaritains 
et  les  Caraïtes  comprenaient  le  passage  du  Léviîique,  xxiii,  40.  était 
identique  ou,  du  moins,  analogue  à  Tinterprétation  sadducéenne 
qui  avait  cours  à  Jérusalem*,  comme  le  passage  de  Néh.,  viii,  15, 
nous  autorise  à  le  croire,  la  source  de  Plutarque  pourrait  avoir  eu 
en  vue  un  usage  plus  ancien,  une  coutume  anté-pharisienne  qui 
régnait  encore  de  leur  temps.  Le  fait  que  Plutarque  ne  connaît  pas 
encore  les  solennités  de  nuit  de  la  fête  des  Cabanes,  qui  ne  furent 
probablement  célébrées  régulièrement  que  vers  le  milieu  du  pre- 
mier siècle  de  l'ère  chrétienne  5,  est  également  en  faveur  de  l'hy- 
pothèse de  l'origine  ancienne  des  renseignements  de  Plutarque.  Il 
en  est  de  môme  du  fait  qu'il  rapporte  que  la  coutume  de  porter  le 
loulab  seulement  existait  pour  le  premier  jour  de  la  fête. 

Sans  doute,  ce  que  nous  savons  de  l'histoire  de  la  célébration 
de  la  fête  des  Cabanes  est  trop  insuffisant  pour  que  nous  puissions 
déterminer  même  approximativement  Tépoque  à  laquelle  remonte 
la  coutume  mentionnée  par  Plutarque.  La  coutume  de  séjourner 
dans  des  cabanes  ne  parait  pas  avoir  été  observée  après  Ëzra  et 

>  Cf.  le  chant  liturgique  dans  Vierteljahresschrift  de  Heidenheim,  I,  p.  247  ;  Pe- 
termann,  Btiten  im  Orient j  I,  p.  290. 

*  Voir  le  commentaire  d'Abraham  ibn  Ezra  sur  Lévit.,  xxiii,  40,  et  le  blS^N 
1D*)2^  de  Juda  Hadassi,  Alphabet,  §  26. 

*  Cf.  encore  Sifra,  sur  Lévit.,  xxiii,  40,  p.  103  a  :  1m3  1^*7ïnT  1731»  ?1*nïT^  ^11 

*  Voir  Harkavy  dans  Graetz,  O^esehicMe,  V,  3o  édit.,  p.  413  et  s. 

*  Voir  mon  article  dàtxs  Jewiêk  Quarteriy  Review,  1898,  X,  p.  706. 


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190  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Néhémie  avec  le  même  zèle  que  sous  leur  direction  (Néh.,  viii,  15- 
17).  En  effet,  Tauteur  delà  Chronique,  qui  introduit  dans  ses  récits 
empruntés  aux  livres  des  Rois  les  usages  de  son  temps,  ne  dit 
rien,  dans  II  Chron.,  vu,  8,  où  il  reproduit  I  Rois,  viii,  65,  de  la 
mise  en  vigueur  de  la  loi  relative  aux  cabanes,  tandis  qu'il  n'omet 
pas  d'intercaler  dans  le  verset  9  :  rrwf  ^TJMn  ûra  norn  d'après 
Lévit.,  XXIII,  29,  et  Nombres,  xxix,  35  (cf.  Néhémie,  viii,  18). 
Cette  coutume  n'est  mentionnée  non  plus  par  aucun  des  livres 
apocryphes,  ni  par  ceux  qui  ont  été  composés  en  Palestine,  ni  par 
ceux  qui  ont  vu  le  Jour  en  Egypte  ^  Josèphe,  dans  ses  Antiq.^ 
III,  10,  4,  où  il  réunit  les  préceptes  du  Pentateuque  relatifs  à  la 
fête  des  Cabanes,  rapporte  évidemment  la  prescription  concernant 
les  cabanes  uniquement  à  Tépoque  de  la  marche  à  travers  le  dé- 
sert, tandis  que  pour  la  Palestine  il  cite  comme  obligatoires  le 
pèlerinage  à  Jérusalem,  la  célébration  de  la  fête  pendant  huit 
jours,  l'offrande  d'un  nombre  déterminé  de  sacrifices  et  le  port  du 
loulab.  Mais,  comme  il  ajoute  à  la  fin  du  chapitre  :  xal  rauToe  [ilv 

*Eêpa(oiç  xàç  (TXïivàç  TnrjYvuouaiv  èTcixeXeTv  eort  Tcàxpiov  «  c'est  là  une 

coutume  traditionnelle  chez  les  Juifs,  qui  érigent  des  cabanes  »,  il 
est  clair  que  cette  coutume  était  pratiquée  de  son  temps.  Par 
contre,  dans  Antiq.,  VIII,  4,  5,  où  il  décrit,  d'après  I  Rois,  viii, 
65  et  II  Chron.,  vii,  8,  la  fête  des  Cabanes  célébrée  par  les  Israélites 
lors  de  l'inauguration  du  temple  de  Salomon,  en  ajoutant  qu'ils  la 
célébrèrent  pendant  quinze  jours  avec  beaucoup  d'éclat  et  d'appa- 
rat, devant  le  sanctuaire,  avec  leurs  femmes  et  leurs  enfants, 
nous  constatons  l'omission  de  tout  détail  sur  les  cabanes  à  côté 
de  TTjv  (TXTjvoicTiYfav  xaXou|i.év7iv  eopTYjv  (§  123),  sans  doute  parce  que 
la  Bible  est  muette  sur  ce  point.  En  effet,  dans  Antiq.^  XI,  6,  5, 
où  il  reproduit  Néh.,  yiii,  15,  il  déclare  —  à  la  vérité  d'une  façon 
fort  brève  comparativement  à  l'original  qu'il  reproduit  —  «v  tœTç 

(TXTjvatç  àv6}^wp7|ffav. 

Les  récits  talmudiques  sont,  il  est  vrai,  plus  précis.  En  effet,  la 
Mischna  (Soucca,  ii,  8)  dit  :  nrnôT  iptrt  'Wyo  VÔ  inte  mVn  rroro 
ppîi  y^o^  nxsn'n  ^n3^  by  ^s-^oi  rran^îi  «  Schammaï  (qui  vivait  à 
l'époque  du  roi  Hérode)  déclara  que  son  petit-fils   nouveau-né 

'  Le  passage  de  II  Macch.,  x,  6  :  «  Ils  firent  une  fdte  de  huit  jours  comme  celle 
des  Taberoacles,  parce  qu'ils  se  souvenaient  qu'ils  avaient  passé  le  jour  de  cette 
fête  quelque  temps  auparavant  dans  les  montagnes  et  les  cavernes,  comme  des 
bêtes  >,  permet  de  supposer  que  les  Juifs,  en  souvenir  de  ces  événements,  séjour- 
nèrent également  dans  des  cabanes.  En  réalité,  le  narrateur  veut  seulement  expli- 
quer par  là  pourquoi  ils  célébrèrent  la  fête  de  la  consécration  du  Temple  avec  le 
loulab  à  la  main  ;  il  n>st  pas  fait  mention,  à  ce  propos,  des  cabanes  et,  d^ailleurs. 
le  séjour  dans  des  cabanes  n'eût  pas  été  la  manière  la  plus  convenable  de  rappe- 
ler le  souvenir  des  souffrances  endurées. 


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LA  FÊTE  DES  CABANES  CHEZ  PLUTARQUE  ET  TACITE     191 

était  tenu  d'observer  la  loi  relative  à  la  cabane,  et  il  lui  facilita  la 
pratique  de  cette  prescription  en  faisant  enlever  la  charpente  au- 
dessus  du  lit  et  en  faisant  couvrir  la  brèche  ainsi  pratiquée  avec 
du  feuillage  ».  Ce  passage  serait  une  preuve  de  l'observation  de  la 
prescription  au  commencement  du  i»  siècle.  Par  Souccaf  2& 
ij.Soucca,  51a  ;  Tos,  Soucca,  i,  1),  nous  apprenons  que  la  reine 
Hélène,  pendant  son  séjour  en  Judée  avec  ses  fils,  était  assise  un 
jour  dans  la  cabane  '  et  que  les  docteurs  vinrent  Ty  visiter.  Ce 
que  la  reine  a  fait  ou  ce  que  les  docteurs  mentionnés  ici  l'en- 
gagèrent à  faire  doit  encore  avoir  été  observé  par  beaucoup 
d'autres,  de  sorte  que  nous  avons  là  une  indication  précise  con- 
cernant l'observation  de  cette  prescription  pendant  les  années  45  à 
48.  La  Mischna  (Soucca,  ii,  7)  dit  encore  :  n-'ab  bbn  n-^n  irrb  titdn 
hK  Tpab  bbn  rv'a  '^^n  •»«»«  n"»n  -^apî  tDbïro  mow  rvn  ^3  »b  ■'ÈWatD 
Tina  iDrib-TOT  roioa  imm  "rofim  a«r  rrrro  nmfiorTDi  '»3mnn  p  larrr  •»a'i 
rr^aîi  €  Les  docteurs  de  Técole  de  Schamraaï  et  de  celle  de  Hillel, 
rendant  visite  à  Tohanan  le  Hauranite,  le  trouvèrent  assis  dans  la 
cabane  ».  Ce  fait  a  dû  se  passer  à  Fépoque  de  la  reine  Hélène, 
entre  40  et  50*.  Enfin,  ce  texte  de  Tos,  Soucca^  ii,  3(j.  Soucca, 
52  d)  :  fînaa  "pvD  t-nDibnairrmoTD  l'»btt)b«tt  rn^  û'^biain'^  -^«aKa  Twyn 
ûrrnnn  û'»5U5'«  vm  [orroa  by  v^^^^o  '^''ït^]  û"^riDa  rrmyy  nous  apprend 
comment  les  habitants  de  Jérusalem  construisaient  les  cabanes 
pour  la  fête.  De  l'époque  qui  suivit  la  destruction  du  temple  nous 
avons  toute  une  série  de  passages  concernant  l'observation  exacte 
de  la  prescription  concernant  les  cabanes',  qu'on  continua  môme  à 

>  Cf.  GraeU  dans  Monattschrift,  1878,  p.  42  et  s. 

*  On  peut  déterminer  approximativement  l'époque  où  ce  docteur  a  exercé  son  acti- 
vité, grâceà  un  récit  d'Ëléazar  b.  Çadoc.  En  efTet,  celui-ci  rapporte  (Tebamoty  15  b)  : 

ni-nn  ne  bD"iN  ït^ïi©  '^n''«n  -^a-nnn  pm-^  ■♦n-i  bs»  n-nn  imb  •^n-^'^ïi^D 

mxa  ^3^3  nbwa  «  Lorsque  j'étudiais  chez  R.  Yohanan  le  Hauranite,  je  vis  que 
pendant  la  famine  il  mangeait  du  pain  sec  avec  du  sel,  et  je  rapportai  le  fait  à  mon 
père.  •  Or,  son  père,  Çadoc,  vivait  encore  au  moment  de  la  prise  de  Jérusalem  par 
les  Romains  (Midrasch  Echu,  i,  5)  et  fut  encore  pendant  plusieurs  années  assesseur 
i  Técole  de  R.  Gamaliel  à  Jabné  {Tôt,  Sanhédr.,  viii,  1  ;  j.  Sanhédr,,  19  c),  à  peu  près 
en  l'an  90.  En  admettant  qu'il  mourut  cette  année-la  à  Tâge  de  80  ans,  il  avait  60  ans 
en  l'an  70,  ce  qui  correspond  bien  au  témoignage  de  respect  que  lui  donna  alors 
R.  Yohanan  b.  Zaccal  (Midrateh  Beha,  i ,  5).  Si  son  fils  avait  25  à  30  ans  de  moins 
que  lui,  il  a  dCl  naître  entre  l'an  35  et  40.  Nous  le  voyons  assister  comme  enfant, 
porté  sur  les  épaules  de  son  père,  à  l'exécution  d'une  fille  de  prêtre  à  Jérusalem 
{Sankéd,y  52^  ;  j.  Sanhéd,^  24  h  ;  To$,  Sanhéd,^  ix,  11),  ce  qui,  à  mon  avis,  n'a  pu 
se  passer  que  sous  le  règne  d^Agrippa  I  (41-44).  C'est  à  celte  époque  qu'il  a  dû  [être 
le  disciple  de  Yohanan.  On  pourrait  aussi  citer,  comme  preuve  à  l'appui,  le  fait  qu'il 
relaie  de  la  famine  qui  régnait  a  Jérusalem  et  qui  peut  être  celle  qui  eut  lieu 
sous  le  procurateur  Tibère  Alexandre  (45-48)  (Antiq.,  XX,  5,  2  ;  2,  6  ;  Actes 
des  Ap.,  u,  28-30  ;  cf.  Scharer,  I,  474;  Graetz,  lil,  784  et  s.),  pendant  laquelle 
la  reine  Hélène  fit  venir  d'Alexandrie  et  de  Chypre  des  vivres  à  Jérusalem  {Antiq,^ 
XX,  2,  5;  5,2). 

*  Pour  Yohanam  b.  Zaccaï,  Çadoc  et  Gamaliel  {Soucca,  ii,  5),  Eliézer  b.  Hyrca- 


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192  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

pratiquer  pendant  la  persécation  religieuse  soos  Hadrien  {Soiicca, 
I4b;  Tos.  Soncca,  i,  7).  Cependant,  tons  les  passages  cités  ici 
prouvent  uniquement  que  cette  prescription  fut  observée  par  les 
docteurs  du  premier  siècle  et  par  la  reine  Hélène,  qui  se  laissait 
diriger  quant  à  ses  actes  religieux  par  les  rabbins.  Sans  doute,  il 
en  était  déjà  de  môme  pendant  le  premier  siècle  avant  Tère  chré- 
tienne, quoique  nous  n^ayons  à  ce  sujet  aucun  récit  talmudique. 
Mais  les  relations  que  nous  avons  ne  nous  apprennent  rien  con- 
cernant les  matériaux  et  la  construction  des  cabanes  elles-mêmes 
ni  le  milieu  où  on  observait  cette  coutume,  ce  qui  empêche  de 
faire  une  comparaison  avec  la  description  donnée  par  Plutarque 
et  de  déterminer  Tépoque  où  on  construisait  les  cabanes  de  la 
façon  dont  il  les  décrit.  La  seule  chose  qui  me  paraisse  vraisem- 
blable, c'est  qu'à  l'époque  où  la  reine  Hélène  séjournait  à  Jéru- 
salem, la  vie  religieuse  s'était  déjà  façonnée  d'après  les  doctrines 
des  Pharisiens,  tandis  qu'auparavant  leurs  règles  n'étaient  suivies 
que  par  quelques-uns. 

Ce  que  Plutarque  dit  des  tables  dress^^es  dans  les  cabanes  et 
chargées  de  toutes  sortes  de  fruits  n'a  pas  non  plus  d'analogie  avec 
aucun  passage  de  la  littérature  juive.  Cependant,  cette  mention 
même  nous  amène  à  penser  qu'il  a  voulu  parler  ici  des  fruits  que 
les  agriculteurs  juifs  qui  venaient  en  pèlerinage  apportaient  à  Jé- 
rusalem à  la  fête  des  Cabanes  comme  offrande  des  pr<^mices  et,  en 
second  lieu,  comme  seconde  dîme  devant  servir  au  repas  de  fête  et 
à  des  distributions  aux  pauvres  (Deut.,  xxvi,  1-15,  et  Sifrè,  in  /., 
S  291).  Sur  ce  point  encore,  il  faut  consulter  le  Livre  des  Jubilés, 
chap.  XXXII,  où  est  décrite  la  fête  des  Cabanes  célébrée  par  Jacob, 
et  où  le  prélèvement  de  la  dlme  est  placé  à  la  veille  de  la  fête 
(verset  3,  cf.  encore  le  verset  12),  et  celui  de  la  seconde  dîme  pen- 
dant la  fête  môme  (verset  14).  On  y  rattache  la  prescription 
d'observer  la  coutume  de  la  seconde  dîme  de  génération  en 
génération,  de  manger  celle-ci  tous  les  ans  à  l'endroit  consacré,  de 
façon  à  n'en  rien  laisser  pour  l'année  suivante.  L'auteur  connais- 
sait donc  la  fête  des  Cabanes  comme  l'époque  fixée  pour  le  prélève- 
ment des  dîmes  *  ;  les  fruits  des  champs  et  des  arbres  apportés  à 
Jérusalem  ont  pu  être  exposés  sur  des  tables  dans  les  cabanes, 
soit  pour  célébrer  la  fête  des  Cabanes  comme  fête  de  la  récolte  des 

nos  et  Yohanan  b.  liai  à  Césarée  de  Philippe  {Soucca^  27  h\  Toi,  Souecûf  i,  9)  ;  Tinten- 
daDt  du  roi  Agrippa  II  à  Tibériade  (Soucea^  97  b)  ;  Akiba  et  Qamaliel  sur  le  navire 
{Soueca,  ii,  23  a;  j.  Soucea^  52  d)  et  dans  la  maison  de  Gamallel  {Soucca^  ix,  1). 

>  Si  l'auteur  ajoute  la  défense,  contraire  à  la  tradition  rabbinique,  de  goQter  la  se- 
conde dlme  après  un  an,  il  faut  voir  en  cela  une  interprétation  singulière  d'an  verset 
biblique,  sans  doute  Deut.,  xiv,  22  nbSNt  riDTD  nStt),  ou  14,  H^TlTi  rOlDa,  tandis 
que  l'habitude  attribuée  à  Jacob  correspond  aux  usages  d«  Jérusalem. 


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LA  FÊTE  DES  CABANES  CHEZ  PLUTARQUE  ET  TACITE      193 

fruits  (Exode,  xxiii,  16  ;  xxxiv,  22),  soit  pour  inviter  les  pauvres 
à  participer  aux  bénédictions  de  l'année.  Il  ne  me  semble  pas 
impossible  de  croire,  en  outre,  que  ces  cabanes  étaient  dressées 
sur  la  montagne  du  Temple,  Plutarque  ayant  emprunté  ses  données 
sur  la  fête  des  Cabanes  exclusivement  aux  incidents  qui  se  pas- 
saient aux  alentours  du  Temple. 

Il  reste  encore  à  signaler  la  première  phrase  de  la  relation  de 
Plutarque,  qui  détermine  Tépoque  de  la  fête  des  Cabanes  en  ces 
termes  incompréhensibles  :  tt^v  yàp  XeyoïJLéviriv  vT|(TTeiav  àxfxàî^ovxt  Tpu- 
YTTiTai  TpaireÇoç  Te  icpoTtôevrat.  L'accusatif  qui  80  trouve  au  début  est 
en  Tair,  le  verbe  qui  le  régit  manquant.  C'est  ce  qui  a  déterminé 
M.  Th.  Reinach  (Textes (fauteurs grecs, p.  143)  à  intercaler  le  mot 
xeXoîîffiv  et  à  admettre,  en  outre,  une  lacune  entre  rpuy-riToî  et  rpaTre- 
Caç,  tandis  que  ty^v  Xeyo^jlévyiv  vv|(rre(av  lui  semble  une  glose  marginale. 
Mais  il  est  peu  vraisemblable  qu*on  puisse  croire  à  des  altérations 
si  nombreuses  dans  une  phrase  aussi  brève  d'une  relation  géné- 
ralement bien  conservée.  En  tout  cas,  il  est  certain  que  le  jour  de 
jeûne  mentionné  ici  n*est  nullement  le  sabbat,  qui,  pour  les  écri- 
vains grecs  et  romains  mal  informés,  était  un  jour  de  jeûne  ',  car 
TTjv  XsYop-svTjv  montre  que  c'est  V7j<rc6ia  qui  était  le  nom  du  jour  et 
que,  par  suite,  il  a  voulu  parler  du  jour  des  Expiations.  Comme 
la  fête  des  Cabanes  tombe  cinq  jours  après  ce  jeûne,  il  semble 
plus  naturel  d'intercaler  devant  tt^v  yàp  XsyoïxévYiv  vT^dTeiav  la  pré- 
position (jLSTà  et  de  biffer  le  malencontreux  t&  après  TpairéCaç,  ce  qui 
rétablirait  l'enchaînement  des  phrases.  Plutarque  rapporterait 
donc  qu'immédiatement  après  le  jeûne  du  10  Tisri,  les  Juifs  com- 
mencent —  attendu  que  c'est  alors  la  principale  époque  de  la 
récolte  des  fruits  des  arbres  et  des  champs  —  à  dresser  dans  des 
cabanes  des  tables  chargées  de  toutes  sortes  de  fruits  des  arbres  et 
des  champs,  pour  inaugurer  ainsi  la  célébration  de  leur  principale 
•fête  ;  quelques  jours  après  l'érection  des  cabanes  et  des  tables 
de  fruits,  ils  célèbrent  la  fête  des  branches  de  palmier  et  de  saule, 
à  savoir  le  15  Tisri.  Mais,  comme  Plutarque  vraisemblablement  n*a 
pas  sans  raison  mentionné  le  fait  que  la  fête  juive  suivait  un  jeûne, 
et  comme  cette  phrase  me  paraît  aussi  avoir  pour  but  de  confirmer 
l'identité  de  la  fête  des  Cabanes  avec  la  fête  de  Bacchus,  il  a  dû 
penser  ici  au  jeûne  des  Grecs  ayant  lieu  à  cette  époque  de 
Tannée.  Peut-être  a-t-il  voulu  parler  des  Thesmophories  des  Grecs, 
qui  furent,  il  est  vrai,  célébrées  à  l'origine  en  connexité  avec  les 

*  Strebon,  XVI,  2,  p.  763  ;  Suétone,  Auguste,  76  ;  Trogue  Pompée  chez  Justin, 
XXXVI,  2  ;  PetroniuB  Arbiter  (Reinach,  Auteurs  grecs,  266)  ;  Martial  (Bpigrammes, 
IV,  4).  Cf.  Herzfeld  .dans  la  Monatsschrift,  1855, 109-115  ;  Schûrer,  I,  239,  note  22, 
et  Hermès,  XXIX,  p.  563. 

T.  XXXVU,  N«  74.  13 


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m  REVUP  DÇS  ÉTUDES  JUIVES 

fét^9  ^eiDéwétâri  mai9  qui,  pluai  tar(),  Iqrçquq  l^a  féte$  de  Çacchua 
supplantèrent  presque  toutes  ies  fôtes  d^autbmue,  oatpu  être  ratta- 
chées àBaçcbua.  Les  Thesmophories  duraient  trois  Jours,  dont  u^ 
sev^j  §'appelai^  1^  Wj<jTç{a;  \e  caractèrp  de  ce^tp  fè^e  est  cçlu^  ^*une 
f(6t^.  des  morts  *  ;  les  femmes  étaient  assises  par  terre  et  jeûnaie^it, 
ce  qui  devait  représenter  la  plus  rigoureuse  abstinence.  Cette  cpu- 
^me  reposait  sur  cette  croyance  qu'à  l'automne,  quand  la  verdure 
disparaît  ainsi  que  toute  la  splendeuf  de  l'année,  Koré  entre 
dai^s  l'Hadès  et  que  Déraétôr  affligé  réclame  à  ce  sujet  la  piti0 
(Mon^msen,  Heoriologie,  p.  300  et  291).  Plut^rcjue  pouvait  qpi^ç 
présenter  à  ses  lecteurs  et  auditeurs,  familiarisés  avec  les  jeûnes 
et  les  fêtes  des  Grecs,  une  preuve  immédi^^te  de  ^a  théori^  ^n  cq 
q^i  concerne  le  jeûne  qui  précède  la  fête  des  Cabanes. 


LA   RELATION   DE  TACITE  SUR  LE    CULTE   DE   BACCHUS 
CHEZ   LES  JUIFS. 

Tacite,  après  avoir  déclaré  (^ue  les  Juifs  révéraient  un  dieu 
invisible  et  que,  pour  cette  raison,  il  n'y  avait  dans  leurs  villes 
aucunei  statue  de  divinité,  ajoute  :  «  Comme  leurs  prêtres  chan- 
taient au  son  des  flûtes  et  des  tambours,  qu*ils  se  couronnaient 
de!  lierre,  çt  qu'une  vigne  d'or  fut  trouvée  dans  leur  temple,  quel- 
ques-uns pnt  cru  qu'ils  adoraient  Bacchus,  conquérant  de  l'Orient  ; 
mais  les  deux  cultes  n'ont  pas  le  moindre  rapport,  Bacchus  a 
institué  des  rites  brillants  et  joyeux  ;  les  çoutumesi  juiyes  sont 
bi^ar^es  et  morpses.  »  Laissons  de  c(3[té  le  fait  que  Tacite  con- 
fonjl  les  prêtres  avec  des  lévites  musiciens  du  Temple  * ,  et 
demandons-nous  seulement  sur  quoi  s'appuie  sa  mention  de  la 
flûte  ^t  des  tambours  dont  on  aurait  joué  dans  le  sanctuaire,  car 
il  est  évident  qu'il  parle  de  la  musique  du  Temple,  puisqu'il  parle 
de  prêtres.  Les  renseignements  fournis  par  les  sources  juives  sont 
unanimes  si^rce  point,  à  savoir  que  l'orchestre,  pendant  TpArande 
des  sacrifices  dans  le  Temple  de  Jérusal^,  ne  comprenait,  outre 
les  chanteurs,  que  des  joueurs  de  harpe,  de  cithare  et  de  cym- 
bales, tandis  que  la  flûte  n'était  employée  que  douze  fois  par  ai^ 
et  seulement  pendant  les  trois  fêtes  de  pèlerinage  ^  D'après  cela, 

*  Cf.  Livre  des  Jubilés,  cb.  34,  23,  où  le  Jour  des  Expiations  est  considéré  comme 
un  jour  de  deuil  pour  un  mort. 

*  Seuls  les  auteurs  judéo-fçrecs  ne  faisaient  pas  la  distinction  entre  les  prêtres  et  les 
lévites  ;  voir  mon  article  dans  lo  Zcitschrift  de  Stade,  1899,  p.  108,  note  1, 

»  I  Macch.,  IV,  54;  13,  51  ;  Josèphe,  Antif.,  vil,  ^2,  3;  Vm,  3,  8;  Soûtfca.  y,  4; 
Arakhiny  ii,  3-6.  Cf.  Uùcbler,  l'rmter  und  Cullut^  p.  127,  ^t  4«^n9  ^uie.Uc/trJi/i,  if 
Cbwolson,  cb.  m. 


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LA  FÊTE  DES  C^IAN^S  C^EZ  ^^^.U^ARQV'E  ET  TACITE  W 

Tacît^  ^np  peut  avoir  çu  ei^  vup  que  la  musique  du  T^napI^ 
pendant  çps  derrières  soleni;iités.  "if ou^elbis,  la  raentiofl  c|es  tam- 
bomip^  nQ  fapilUei  gi^ère  jp  mpjfen  de  ^•econnaUrp  ta  source  qui 
a  fo^rnj  à  cet  auteur  ta  piatière  d^  son  récit,  car  ^i  ^^^  ^saupdes, 
Lxxxi,  3,  çYLix,  3,  et  et,  4,  mentionnent  les  t^m);)Ours  avec  d'autres 
ii^$(ruQf^eDfs  îç  musique  et  pe^Ye^t  f^irçi  croire  g\iç  les  tambours 
étalent  aussi  çmplojfés  d^n^  \q,  sanctuaire,  les  indications  sii 
l^récisps  et  si  souvent  rëpétéqs  dçs  Chronique?,  s^insi  qw  d'autres 
soç^rces  dignes  de  foi,  e^xcluent  cette  hypothèse  et  permettent  tout 
au  plus  de  cf*oire  à  Tu^^age  des  tan^bours  pendapt  les  solennités 
nocturnes  delà  fôLe  des  Cabanes ^  En  effet,  la  Mischna  dit,  au 
sujet  de  ces  dernières  :  «ba  Ttt)  ■'V>3  bDm  D'înritiaan  D^'baDa  mniD^a 
npD»  «  Les  lévites  jouaient  d^  la  cithare,  c|e  la  harpe  et  des  cymbales 
et  ^e  tpus  les  instruments  »  {Soucca,  v,  4;  çf  Midfio],  n,  6; 
Soucca,  y,  1).  La  relation  de  Tacite,  doit  donc  avojr  visé  la  fête  de 
nuit  di;  puisage  de  l'eau. 

Toutefois  cette  b.ypothès^  me  parait  peu  plausible,  car  ?i  le 
n^rraiteur  auquel  Tacite  a  pp^pr^nté  §a  phrase  avs|it  été  témftin  de 
cette  solezinité  nocturn^  pu  s(i\  eu  ayait  cpnnu  unç  description, 
il  auriiit  cité,  non  ps^s  uniquement  les  4eux  particularités  e^té- 
rjeMfes  et  peu  importantes  de  la  céirémpnie,  ^s^is  siussl  le^  traits 
plU9  significatifs  et  rappel£(ut  davantage  les  b^^cchanales  des  ré- 
jouissance?  npctnrnes.  Les  tambour^  îjnrf(ien(-ils  été  employés 
en  une  autre  occasion  non  n^en^^^^^^^  dan^  la  source  juive,  pu 
le  tymp,(;iyîQr:i  serait-H  la  tra4uptipn  ^e  Çî'jnbxt]  et  ^^^^>  ç'est-à-dtre 
dps  cymbales  npfn!?^?^  ^S^l^ui^ut  dans  ^  I^ischna  ? 

La  solution  de  cette  question  est  encore  rendue  plus  difficile 
paf  pes  naots  ç|e  Tfacite  :  ^e(j(erç,  vinçiehantur;,  les  Juifs  se  pa- 
rvient de  lierre.  Âuc^ine  source  juive  n^  mentionne  cet  usage 
on  un  n^ûge  similaire,  cojpinP  WflP  pratique  religieuse.  Or, 
Tacite  ^^\jX  évidepiment  parjpf  4'une  pratique  religieuse,  puis- 
qu'il emprunte  ses  preuves  an  çeryice  du  pn^te  des  Juifs ,  qui 
e^t  représenté  p£|r  lui  cpmnie  identiqne  ^  celui  de  Baccbus. 
ij  est  vrai  que  dan?  JncjHh,  ^v,  Xi^  nous  trouvons  ce  qui  suit  : 
a  Toutps  les  fenames  d']Çsra^l  accoururent  pour  voir  Judith  , 
la  Ipuèren*  et  dansèrent  entre  pHes  en  son  hQnUPur.  Et  elle  prit 
dans  ses  ^ains  des  branches  d'arbres,  eu  ^onna  k  ^es  femmes  ; 
ejle  et  ses  compagnes  se  couronnèrent  de  branches  d'olivi^, 
et  elle  marcha  devant  tout  le  peuple,  menant  la  danse  de  toutes 
les  femmes;  et  tous  les  hommes  dlsraël  la  suivirent,  portant  lenr? 

^  Les  tambours  étaient  usités  pour  la  danse,  c^t  il  est  possible  que  pendant  les  ré« 
jouissances  nocturnes  U  y  levait  des  dansçç.  ÇS»  ;no^  article  dans  U  Z^i^ichrifl  de 
Sla'dè,  <89^,  Ï03,  note'  Il  * 


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196  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

armes  et  des  couronnes  et  chantant  des  actions  de  grâces.  » 
Chaque  détail  de  ce  tableau  montre  que  le  narrateur  décrit  la  fête 
de  la  victoire  telle  qu'elle  se  célébrait  chez  les  Grecs,  qu'il  con- 
naissait bien ,  mais  sans  vouloir  la  présenter  comme  une  fête 
religieuse.  Mais  nous  trouvons  pour  le  texte  de  Tacite  un  re- 
marquable parallèle  dans  le  livre  des  Jubilés,  ch.  xvi,  verset  20« 
31,  où  rauteur  décrit  la  «fête  des  Cabanes  qu'Abraham  a  célébrée 
pendant  sept  jours  près  de  Tautel  de  Bersabé.  Il  dresse  des  cabanes 
pour  lui  et  ses  serviteurs  (vers.  21);  il  apporte  tous  les  jours  un 
grand  nombre  ^  de  sacrifices  de  diverses  espèces  et,  deux  fois  par 
jour,  matin  et  soir,  il  offre  de  l'encens  (22-24),  se  livrant  à  des 
réjouissances  en  Thonneur  de  la  fête  (25)  ;  il  prend  des  branches 
de  palmier  et  le  fruit  de  l'arbre  Hadar  et  fait  tous  les  matins  sept 
fois  le  tour  de  l'autel,  louant  Dieu  avec  allégresse  (30-31).  Il  ajoute 
encore  (30)  :  «  Car  il  est  ordonné  à  Israël  pour  tous  les  temps  de 
célébrer  cette  fête,  d'habiter  dans  des  cabanes,  de  porter  des 
couronnes  sur  la  tête  et  de  prendre  en  main  des  rameaux  cou- 
verts de  feuilles  et  des  branches  de  saule*.  »  Il  saute  immédiate- 
ment aux  yeux  qu'entre  les  actes  d'Abraham  si  minutieusement 
décrits  et  Tobservance  qu'il  aurait  pratiquée,  il  y  a  une  diffé- 
rence notable,  puisque  le  trait  concernant  le  couronnement  de  la 
tête  manque  à  propos  d'Abraham.  En  outre,  il  est  assez  clair  que 
la  prescription  rapportée  ici  correspond  à  celle  de  Lévit., 
xxiii,  40  et  42,  et  il  semble  que  les  couronnes  répondent  au  -«-id 
^nn  yy,  les  deux  choses  étant  placées  au  début  de  la  prescription. 
Ainsi,  tandis  que  les  cérémonies  attribuées  à  Abraham  concordent 
en  général  avec  celles  de  la  fête  des  Cabanes,  que  nous  connaissons 
par  les  récits  talmudiques,  son  interprétation  de  la  prescription 
biblique  en  diffère  complètement  et  n'a  rien  de  similaire  ni  chez 
les  Samaritains  ni  chez  les  Caraïtes.  Si  on  tient  encore  compte  de 
la  place  singulière  qu'elle  occupe  au  milieu  de  l'histoire  d'Abraham, 
qu'elle  coupe  si  fâcheusement,  on  est  amené  à  admettre  que  nous 
avons  ici  deux  conceptions  différentes  de  la  célébration  de  la  fête 
des  Cabanes  et  que  le  passage  qui  rapporte  la  prescription  biblique 
si  bizarrement  est  d*une  date  postérieure  à  celui  qui  décrit  la 
manière  dont  Abraham  a  célébré  la  fête.  La  mention  des  couron- 
nes trahit  son  origine  grecque  et  appartient  vraisemblablement  à 
l'auteur  qui  a  remanié  le  Livre  des  Jubilés  déjà  achevé.  Il  résulte 

^  Dans  le  chap.  xxxii,  4,  du  livre  des  Jubilés,  où  est  décrite  la  fSte  des  Cabanes 
célébrée  par  Jacob,  celui-ci  oii're  le  15*  jour  du  7*  mois  14  taureaux,  28  béliers, 
49  brebis,  60  agneaux  et  29  cbevreaux.  Aucun  de  ces  nombres  ne  concorde  avec  ceux 
quMndiqueut  les  Nombres,  xxix,  13-14. 

*  Cf.  la  traduction  du  Livre  des  Jubilés  par  Charles,  dana  Jtwith  Quarterly  Ri^ 
ww,  VI,  714;  VII,  297.  ' 


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LA  FÊTE  DES  CABANES  CHEZ  PLUTARQUE  ET  TACITE      197 

de  là,  çn  favear  de  la  mention  de  Tacite,  que  celle-ci  ne  repose 
pas  sur  un  malentendu»  comme  on  l'a  admis  jusqu'ici  pour  écarter 
la  difficulté^  mais  qu'il  Ta  trouvée  effectivement  dans  le  document 
qu*il  avait  sous  les  yeux  et  qu^elIe  traite  de  la  fête  des  Cabanes 
qui  avait  été  décrite  d'une  manière  différente  de  la  forme  ordinaire 
par  celui  qui  Tavait  renseigné.  Cette  description  semble  être 
empruntée  â  un  hellénisant  et  provenir  d'un  milieu  qui  détermina 
le  narrateur  à  ajouter  involontairement  aux  rameaux  ,  de  feuil* 
lage  caractérisant  la  fête  des  Cabaneà  les  couronnes  employées 
dans  la  fête  grecque  de  Bacchus  S  sans  réfléchir  que  cet  usage 
n'était  pas  conforme  à  la  coutume  juive.  Il  doit  en  être  de  même 
des  tambours  mentionnés  par  Tacite,  que  le  narrateur,  plein  d'idées 
grecques,  ajouta  comme  accompagnement  des  flûtes  qu'il  con- 
naissait bien,  de  sorte  que  nous  pouvons  admettre  qu'il  a  très  bien 
connu  la  description  exacte  de  la  fête  des  Cabanes  et  qu'il  Ta 
amplifiée  à  la  façon  des  hellénisants. 


LA  SOURCE  DE   PLUTARQUE   BT  DE  TACITE. 

Le  document  auquel  Plutarque  a  emprunté  ses  renseignements 
sur  la  célébration  de  la  fête  des  Cabanes  était,  sans  aucun  doute, 
très  explicite  sur  ce  point,  puisque,  comme  nous  l'avons  vu,  il 
donnait  des  détails  précis  sur  ce  qui  se  passait  sur  la  montagne  du 
Temple  et  dans  le  parvis  du  sanctuaire.  Il  était  également  bien 
informé,  puisque  ses  indications  ont  été  confirmées  par  des  récits 
dignes  de  foi.  En  première  ligne,  on  est  disposé  à  voir  dans  Josèphe 
rinformateur  de  Plutarque,  car  il  a  achevé  ses  Antiquités  en 
93-94,  tandis  que  Plutarque  écrivit  son  ouvrage  plus  tard.  Mais 
Josèphe  n'a  décrit  la  fête  des  Cabanes  dans  aucun  de  ses  ouvrages 
aussi  minutieusement  que  Plutarque,  et  on  ne  découvre  chez  celui- 
ci  aucune  autre  trace  d'emprunt  fait  à  Josèphe*.  Cette  circon- 

'  Cf.  II  Macc.,  Ti,  7  :  €  Ei  comme  la  fête  de  Bacchus  arriva,  ils  furent  oblijçés  de  se 
joindre  k  la  procession  en  Thonneur  de  Bacchus  avec  des  couronnes  de  lierre  sur  la 
tête  >  ;  III  Macc.,  ii,  29.  Des  feuilles  de  lierre  comme  insigne  de  Bacchus  :  Euripide, 
Bacch,,  I,  81. 

*  11  est  vrai  que  dans  son  Reçum  et  imperatornm  apophtegmata^  Antioehas  [éd.  Di- 
dot,  I,  221),  l'histoire  d'Antiochus  Sidelès  devant  Jérusalem  est  exactement  décrite 
comme  dans  Jodèphe  [Ântiq.^  XIII,  8,  2)  et  cette  concordance  presque  littérale  indique 
bien  que  Tauteur  a  utilisé  Josèphe.  Mais  il  est  plus  que  douteux  que  cet  ouvrage 
appartienne  à  Plutarque  (cf.  NicolaY,  Griech.  Literaturgeschichte^  II,  p.  644).  L^hypo- 
thèse  de  M.  Reinach  (Textes  d'auteurs  grees^  p.  137,  note  1),  que  Josèphe  et  Plutarque 
auraient  puisé  à  la  même  source,  Posidonius  ou  Strabon,  me  semble  invraisem- 
blable. En  etfet,  la  relation  de  Posidonius  conservée  par  Diodore.  XXXIV,  1  (Rei> 
nach,  p.  56-59)  a  un  contenu  tout  à  fait  différent,  et,  comme  Strabon  utilise  le  plus 
souvent  Posidonius,  le  récit  de  Josèphe,  si  dilférent  pour  le  plau  et  la  composition, 


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m  ftBVub  tifes  Ëtùbfeâ  llJivfes 

slance  exclut  aussi  l'hypothèse  que  PlutarqUé  ait  utlliàé  Touvrage 
qui  ti*ëxiste  p\\ïi,  mais  (|Ut  est  annoncé  par  Josèphe,  entre  autres, 
à  la  fin  de  ses  Antiquités,  et  qui  traitait  des  lois  juives,  ouvrage 
auquel  il  renvoie  dans  les  quatre  premiers  livres,  tt'âitànt  du 
Pentaleuque  ' .  Il  n'existe  pas  d'autre  relation  juive  ou  païenne 
A  l'auteur   de  laquelle  on  puisse  attribuer  avec  vraiseiîiblahcë 
une  description  aussi    minutieuse  des  usagés  juifs  con&ei*hallt 
les  fêtes ,    excepté  Nicolas  de    Damaâ ,   «qui    fut  â  Jérusalem 
et  qui  eut  l'occasion  d'apprendre  tous  les  détails  cohcérnant  le 
service  des  sacrifices  et  lès  cérémonies  des  fôteà  juives.  L'ori- 
gine païenne  des  renseignements  donnés  Ipar  Plu  targué  est  con- 
firmée par  Taveu  qu'il  fâit  de  son  ignorance  àii  sujet  dé  ce  tjue 
faisaient  les  Juifs  après  leur  entrée  dans  le  sanctuaire.  Un  Juif 
aurait  pu  assister  à  toute  la  cérémonie  et  la  décrire  exactement, 
puisque  le  cortège  de  ceux  qui  (Portaient  le  lôtilàb  tië  pénétrait  lil 
dans  le  Saint  des  Saints  ni  dans  le  sanctuaire  ;  les  prêtres  faisaient 
une  fois  le  tour  de  l'autel/ après  avoir  dressé  les  branches  de 
saule,  tandis  que  les  laïcs  se  plaçaient  dans  le  parvis  immédiate- 
ment attenant,  séparé  de  l'autel  par  uiie  pat'ol  très  basse,  et  assis- 
taient à  tout  ce  qui  se  faisait  près  de  l'autel.  Nous  connaissons 
pi*ébisément  uh  incident  de  la  fête  des  Cabanes  qui  le  hiontre 
fort  clairement  :  le  peuple  jeta  seà  cédirats  à  la  tête  d'un  grand- 
prêtre  pendant  qu'il  était  près  dé  l'autel,  pairce  qu'il  n'avait  pas 
lait  les  libations  d'eâu  d'une  façon  convenable  {Vos.  Sdûcca,  lii, 
18;  cf.  Josèphe,  Antiq.y  XIII,  13,  5).  L'informateur  de  Plutarque 
n'a  rien  rapporté  du  service  des  sacrifices  proprement  dit  durant 
la  fôte  des  Cabanes,  sans  douté  parce  qu'il  n'aVait  rten  à  en  dire. 
Ceci  me  paraît  aussi  exclure  riiypôthèsie  que  N'icolas  de  Damas 
soit  l'auteur  de  ces  informations,  car  celui-ci,  grâce  à  son  si^jour 
de  p'usieurs  aiuiér-s  à  Jéru-^alem,  aurait  pu  apprendre  loUs  les  dé- 
tails du  service  divin,  s'il  avait  eu  â  en  parler. 

Si  l'on  considère  qiie  PlutârqUe,  dans  ses  eiitrellerts  ultérieurs 
sur  le  judaïsme,  se  rapproche  étroitement  des  sources  de  Tacite 
pour  de  nombreuses  particulàrUés»  comme,  par  exemple,  les 
récits  haineux  concernant  l'adoration  de  l'âne  et  son  origine,  la 
défense  de  manger  la  viande  de  porc  et  l'adoration  de  Bàcchuè,  ce 

ne  peut  être  emprunté  à  Strabon.  Toutes  les  mentions  concerdant  le  siège  de  Jérasalem 
par  Antiochus  VU  ^Porphyre,  chez  Eusèbe,  Chronk.,  éd.  Schoene,  1,  235,  et  Justin, 
XX.XV1,  \)  concordent  bien  en  ce  qui  concerne  le  traitement  bienveillant  des  Juifs 
par  Antiochus  Sidétës  avec  le  récit  de  Josèphe,  mais  ne  laissent  pas  de  place  pour 
^es  distinctions  mentionnées  par  lui  et  Plutarque.  Celles-ci  proviennent  évidemment 
d'une   source  juive;  cl.  Destinon,  Die  Quellen  des  Flavius  Jostphus^  f^.  42  et  s. 

'  Voir  SchÛrer,  I,  69  et  s.,  et  Unger,  dans  Sitsunffsberickte  der  àa$erisehm  Aka~ 
demie,  1897,  p.  223  et  s. 


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LA  FÊTE  DES  (^ÀBÀNEâ  CHEZ  t>LUtÀUQUE  ET  TACITE  199 

trait  d'ahlmositë  contre  le  jùddldîne  ainsi  que  les  erreurs  ei[ili- 
cables  seulement  chez  quel(îu'tin  qui  n'a  aucune  relation  avec  lé 
judaYsrtie  sont  également  contraires  à  Thypothèse  que  Nicolas  soit 
Fauteur  de  ces  renseignements.  D'autre  part,  la  source  bu  à  pmsè 
Plutar4ue  a  une  parenté  manifeste  avec  Tacite  en  ce  qui  crin- 
cerne  la  description  des  iisages  juif^i.  Il  n'est  guère  possible  ijue 
celui-ci  ait  copié  Plutarque  ou  inversement,  quoique,  pour  d'Sutrès 
ôiivragfes  de  ces  deux  àutfeUrs,  oh  ait  cru  à  un  emprunt  fait  pat  Turi 
ft  rautt*e  *.  En  effet,  Plutarque,  qui  cite  les  moindre^  détailé  ^oii- 
Vîâht  attester  l'identité  du  dieu  des  Juifs  avec  Bacchùs,  n'âUrait 
pis  négligé  dfe  àe  servit»  deâ  ftiits  inentionnés  pat  tacite  fet  n'àliràlt 
pas  oublié  de  relater,  outré  le  jeu  des  cithares  deâ  Lévites,  celui 
de  la  flûte  et  des  tambours  dans  le  temt)le  de  Jérusaléin.  Il  aurait 
également  fait  mention  dé  la  Vigne  en  or  trouvée  dans  le  sàhc- 
tualre  en  parlant  des  ceps  de  vigne  servant  pour  lés  babafaeà;  et 
dd  lierre  dont  on  se  couronnait,  à  {iropos  du  liert'é  des  cabanes; 
d'aiitâht  plus  i^u'il  mentionne  même  le  jeu  des  tambolirà  comme 
preuve  de  l'adoration  de  Bacchus  chez  les  Juifs  *.  Màiâ  Tacite,  db 

*  Voir  Teuirel-Schwabe,  Gefchtehte  der  rUmisehen  Literatur,  p.  845,  4. 

*  Plutarque  cite  aussi  une  preuve  tirée  du  costume  du  grand-prêtre  Juif  en  faveut' 
de  l'identité  du  Dieu  des  Juifs  avec  Bacchus  ;  il  fait  surtout  ressortir  la  présence 
'des  grelots  de  là  robe  du  dessus  qu'il  identiGe  avec  ceux  qui  étaient  employés  dans 
les  solennités  nocturnes  de  Bacchus.  Il  ajoute  :  xai  6  5eixvv.M4v«<  év  toîc  ivavxCoïc 
Toy  p^recopou  Qvp<TOC  évTStvira)|ièvo;  xai  Tup-irava*  tauxa  yàg  ovSevl  S-^TtouOev  dcXÀco  ^ 
Aiovvaq)  Trpoaf^xsv  •  Ajoutons  le  tbyrse  et  le  tambourin  gravés  qu'on  montre  a  Ten- 
vers  du...;  emblèmes  qui  ne  conviennent  à  aucun  autre  dieu  qu'à  Bacchus.  •  Oh 
rapporte  ordinairement  cette  phrase  à  une  prétendue  figure  placée  au  frontispice  du 
Temple,  mais  dont  il  n'est  question  nulle  part  ailleurs.  Cependant,  on  n'a  pas  remar- 
qué que  tout  le  paragraphe  de  Plutarque  traite  exclusivement  du  graud-prôtre,  de 
Sorte  que  dans  la  phrase  finale  si  énigmatique  il  ne  peut  être  également  question  que 
du  grand-prêtre.  Parmi  ses  vêtements,  il  nomme  d'abord  la  mitre,  ensuite  la  nébride 
brodée  d'or  (évidemment  celte  dénomination  ne  doit  pas  être  atrictement  prise  à  la 
lettre,  ce  iliot  signifiant  la  peau  d'un  faon  qui  formait  lo  têtement  de  Bacchus  ti  dta 
baccbanlea;  Plutarque  emploie  avec  iotention  les  roots  caraclérlatiquta  du  culte  de 
Bacchus,  coibme  6tjp9o;,  xpâSifi,  etc.,  pour  faciliter  la  démonitratiob),  la  tuniqua  trit- 
nante  ^t  lea  brodequins,  enfin  les  sonneil es. Tandis  que,  dans  Bxode,  xzvm,  il  n'est 
nullement  question  de  brodequins,  Plutarque  no  parle  ni  de  la  tiare  ni  du  pectoral.  Il 
n'a  éntiméré  sans  doute  que  les  objets  qui  pouvaient  servir  I  la  thèse  ;  mais,  comme 
il  cotolinue  à  décrire  ce  qui  concerne  le  grand-prêtre,  il  faut  sans  doute  chercher  le 
reste  dans  la  phrase  suivante.  Avant  tout  on  doit  corriger  le  mot  absolument  vide  de 
sens  de  fUTStopou  en  (letcoTroy,  de  sorte  qu'il  est  question  d'un  thyrse  et  d'un 
tambourin  placés  autour  du  front  du  grand-prêtre.  Il  ne  peut  être  question 
ici  de  la  tiare  avec  l'inscription  du  nom  de  Dieu,  à  laquelle  on  songe  tout  d'abord,  et 
cela  à  cause  de  la  position  indiquée  par  les  mots  èv  tôt;  èvavTÎoi;  tov  pieTwiroy  ;  or 
nous  ne  connaissons  aucun  autre  ornement  de  tête  du  grand-préire.  Par  contre,  Jo- 
sèphe  t-i«'î^.,  ni,  *?,  6)  a  une  description  très  singulière  du  bonnet  pontifical,  dont 
nous  n'avons  aucun  motif  de  mettre  l'exactitude  en  doute.  D'abord,  ce  bonnet  est  double, 
ensuite  il  est  entouré  d'une  triple  guirlande  forgée  en  or,  sur  laquelle  tleurissent  des 
boutons  en  or.  Josèphe  cherche  à  les  faire  bien  ressortir,  puisqu'il  se  sert  comme 
terme  de  comparaison  de  la  plante  qu'il  décrit  exactement  dans  toutes  ses  parties.  Il 
conclut  ainsi  (§178)  :  t  C'est  ainsi  que  là  guirlande  est  forgée  depuis  l'occiput  jusqu'aux 


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200  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

son  côté,  n'a  pu  connaître  les  preuves  de  Plutarque,  car,  autre- 
ment, il  nç  se  serait  pas  contenté  de  signaler  les  preuves  les  plus 
faibles,  il  aurait  au  moins  cité  une  ou  deux  des  particularités  no- 
tées par  son  contemporain. 

B*autre  part,  il  est  établi  que  les  récits  injurieux  pour  le  ju- 
daïsme remontent  en  dernière  ligne  à  Lysimaque  d'Alexandrie, 
sans  doute  par  Tintermédiaire  d'Apion,  de  sorte  que  Plutarque, 
comme  Tacite,  a  pu  avoir  sous  les  yeux  des  traditions  alexan- 
drines.  Cbez  Tacite,  nous  avons  déjà  reconnu  les  traits  heUénisafits 
de  son  modèle  dans  ce  qui  a  trait  à  Baccbus.  Il  faut  ajouter  que 
ces  renseignements  lui  auraient  été  fournis  en  môme  temps  que 
lerécitde  la  conquête  de  Jérusalem  et  du  Temple.  Ildit,  en  effet,  que 
pour  prouver  l'existence  de  Tadoration  de  Bacchus  chez  les  JuICb, 
outre  Tusage  de  la  flûte  et  des  tambours  dans  le  Temple,  des  cou- 
ronnes de  lierre  portées  pendant  le  service  divin  à  la  fête  des  Caba- 
nes, on  cite  aussi  le  fait  que  Ton  trouva  dans  le  sanctuaire  une  vigne 
en  or.  Nous  savons  qu^AntiochusIV  Epiphane,  Pompée,  Crassus  et 
Titus  pénétrèrent  dans  le  Temple  (Josèphe,  Contre  Apion,  II,  "7); 
Tacite  peut  donc  avoir  emprunté  sa  phrase  à  un  ouvrage  historique 
qui  traitait  d'un  de  ces  personnages.  Or,  Josèphe  rapporte  {An- 
tiq,,  XY,  11,  3)  que  la  vigne  en  or  fut  donnée  parHérode;  Josèphe 
{Belluniy  Jud.,  V,  5,  4),  aussi  bien  que  l'auteur  du  récit  de  la 
Mischua  (Middot,  m,  8),  qui  ont  vu  les  dernières  années  du  sanc- 
tuaire, décrivent  la  vigne  d'or  comme  existant  encore,  si  bien  que 
Titus  la  découvrit  et  l'emporta  comme  butin  de  guerre  :  Tacite  n'a 
pu  songer  qu'à  cet  incident  *.  Or,  nous  savons  que  cette  guerre  a 
été  décrite  par  beaucoup  d'écrivains  romains  (Josèphe,  BeUum, 
avant-propos,  ch.  i)  et  qu'il  y  en  eut  parmi  eux  qui  avaient  fait  la 
campagne  de  l'an  "70,  par  exemple  Pline  l'Ancien,  qui  était  dans  le 
camp  de  Titus  <,  et  Antonius  Julianus,  qui  est  mentionné  comme 

deux  tempes  >  :  rà  6k  (Utcoicov  ifj  (jiv  éçieXl;  êireiai,  Xeye^Ob)  yàp  oûtciK  à  xdEXu^,  TeXa{iàiv 
S'èarl  xp^^^*^?-  ^^^  boutons,  qui  étaieot  sans  doute  séparés  d'ornements  ronds,  en 
forme  de  bourrelets,  semblables  à  des  tambourins,  déterminèrent  Plutarque  à  dire  que 
le  thyrse  et  le  tambourin,  faits  en  or,  brillaient  sur  la  tôte  du  grand-prêtre.  L'orne- 
ment frontal  lui-même,  qui  est  en  usage  à  Tépoque  du  second  temple  et  est  peut- 
être  d'origine  syriaque  [cf.  I  Macc.,  z,  20  :  Alexandre  Balas  envoya  à  Jonathan  un 
vêtement  de  pourpre  et  une  couronne  d'or  ;  Jonathan  revêtit  le  vêtement  sacré  le 
septième  mois  de  Tan  160,  pendant  la  fête  des  Cabanes,  cf.  Dillmann  sur  Exode, 
xxviii,  36  et  Sira,  xlv,  12)  était  aussi  décrit  dans  le  document  copié  par  Platarque, 
et  nous  voyons  également  par  ce  fait  combien  celui-ci  était  bien  renseigné. 

^  Von  Gutschmid,  Kleine  Sckriflen^  IV,  412,  déduit  des  paroles  de  Josèphe  (Contre 
Apton^  I,  2,  §  59)  que  les  attaques  contre  les  Juifs  qui  déterminèrent  Josèphe  à  com- 
poser son  écrit  se  trouvaient  dans  un  ouvrage  sur  la  guerre  juive  et  occupaient,  par 
conséquent,  la  même  place  que  chez  Tacite  ;  elles  appartenaient  probablement  à  la 
source  utilisée  par  ce  dernier.  Toutefois,  cette  source  n'a  pu  être  Antonius  Julianus, 
mais  un  Grec  qui  était  plus  rapproché  de  la  sphère  de  Josèphe. 

1  Mommsen,  dans  H^rm^.,  XIX,  p.  644  et  s. 


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LA  FÊTE  DES  CABANES  CHEZ  PLUTARQUE  ET  TACITE      201 

procurateur  de  la  Judée  à  Tépoque  de  la  guerre  de  Vespasien 
(Josèphe»  Belîum,  VI,  4,  3),  et  que  tous  deux  servirent  de  source  à 
Tacite  *.  L'hypothèse  la  plus  plausible  est  donc  que  celui-ci  a  trouvé 
chez  Pline  ou  Antonius  Julianus  les  preuves  citées  à  Tappui  de  la 
théorie  de  Tadoration  de  Bacchus  par  les  Juifs,  parmi  lesquelles 
se  trouvait  le  cep  de  vigne  du  Temple  de  Jérusalem.  Pline  ayant 
beaucoup  puisé  chez  Âpion  ^  et,  par  suite,  tout  ce  que  Tacite  offre 
d'analogie  avec  les  Alexandrins  en  fait  de  renseignements  haineux 
sur  le  Judaïsme  se  trouvant  rassemblé  chez  Pline,  ces  circons- 
tances plaident  également  en  faveur  de  cette  hypothèse.  Il  en  est 
de  môme  dn  la  considération  suivante  :  Tacite  raconte,  d'une  part, 
que  Pompée  ne  trouva  rien  dans  le  Temple  [HistoricBy  V,  9)  et  que 
les  Juifs  révèrent  un  dieu  invisible,  et,  d'autre  part  {Historiœ,Y,4), 
il  dit  qu'il  y  avait  dans  le  Temple  la  Ûgure  d'un  âne;  il  en  résulte 
avec  évidence  que,  pour  ce  qu'il  dit  du  judaïsme,  il  a  utilisé  deux 
sources  différentes  et,  quant  à  ce  dernier  passage  où  il  est  égale- 
ment question  de  Bacchus,  une  source  qui  reflétait  des  éléments 
alexandrins  :  c'était  vraisemblablement  Pline  l'Ancien.  Cependant 
il  est  possible  et  même  probable  que  le  cep  de  vigne  avait  déjà  été 
découvert  par  Pompée  et  que  son  existence  avait  été  révélée  aux 
Romains  *.  Car  Florus  {Epitomae,  I,  40,  §  30),  qui  s'appuie  surtout 
sur  Tite-Live,  le  dit  expressément,  et  môme  si  Tacite  {Eis^ 
tqriœ,  V,  9)  déclare  que  Pompée  ne  trouva  rien  dans  le  Temple, 
il  a  pu  néanmoins  avoir  connaissance  de  la  découverte  du  cep  de 
vigne,  les  mots  mdla  inius  deum  effigie,  vacuam  sedem  et  inania 
arcana  n'excluant  que  la  présence  d'idoles  dans  le  Saint  des  Saints. 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  me  semble  certain  que  la  mention  du  cep  de 
vigne  provient  d'un  écrit  romain,  car  si  Apion  ou  l'un  de  ses  in« 
formateurs  en  avait  parlé,  Josèphe  y  aurait  fait  attention,  puis- 
qu'il s'est  occupé  des  affirmations  des  Alexandrins  concernant  les 
trouvailles  du  roi  Antiochus  lY  Epiphane  dans  le  Temple  de  Jé- 
rusalem (Co.n/r^  Apion^  II,  7-8).  Plutarque,  qui  no  parait  rien 
savoir  du  cep  de  vigne  en  or  et  qui,  par  contre,  connaît  aussi  bien 
que  Tacite  les  légendes  répandues  par  les  Alexandrins  ainsi  que  les 

*  Von  Gutschmid,  KUine  Schriften^  IV,  366,  sur  Pline;  dans  celte  hypoihèse,  il 
est  yraisemblable  que  Tacite  a  emprunté  les  détails  concernant  les  Juifs  et  ne  con- 
cordant que  partiellement  avec  Apion  et  partout  ailleurs  avec  Lysimaque  à  Pline,  qui 
a  également  mis  à  contribution  les  autres  Alexandrins.  Au  sujet  d'Antonius  Julianus, 
voir  Bernays,  Oesammelte  Abhandlunge»  ll\^  173;  Thiaucourt,  dans  Bévue  def  Etudes 
juives,  XIV,  58-74  ;  Schûrer,  I,  47,  et  Schlatter,  Zur  Topographie,  97  et  s. 

*  Von  Gutschmid,  ibid,,  Wachsmuth,  EinleitunÇyAM. 

*  Le  cep  de  vigne  existait  certainement  déjà  avant  Hérode,  qui,  par  sa  fondation, 
ne  fit  rien  de  nouveau,  mais,  comme  pour  beaucoup  d^aulres  objets  du  Temple,  mit 
à  la  place  des  ornements  simples  provenant  de  l'époque  de  Zorobabel  des  ornements 
de  grand  prix. 


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202  REVUE  DES  É+UtiES  JUIVfô 

Usagés  dés  âblenhités  Juives,  â  emprunté  tout  belA  à  un  outrage 
|>lui  ahcieh,  mais  à  uh  outrage  romain.  Eh  t)k'eihièrè  ligtlé,  cela 
tbe  Semble  (trouvé  par  le  fait  que,  depuis  que  la  Judée  fht  devenue 
hne  province  i*omaine  et  eut  reçu  une  administration  romaine 
(ah  6  apfèà  J:-Cb.},  les  Romaihs  avaient  toute  facilité  pohr  ob- 
selrver  le  service  des  sacrifices  et  du  ciiltè  des  Juifs.  Mais  les 
paroles  de  Tacite  cohcernant  le  culte  dé  Bàcchus  :  «  Quidam  ar- 
bitrati  suht  »,  nié  semblent  aussi  attester  que  ce  sont  ses  propres 
isbmpatriôtés  4tii  parlaient  de  cette  identiûcatiôh  du  dieu  àes  JuifS 
avec  Bacchus  et  ^uï  ont  réuni  lés  pi*euves  à  ce  sujet.  La  source 
utilisée  par  Plutarque  appartenait  â  hne  époque  ^lus  ancienne  que 
belle  de  Tacite;  car  elle  a  encore  sbus  les  yeui  le  service  duTefaiplè 
et  né  trahit  fencbre  aucune  trace  d'héllénisme  dans  la  description  dd 
bliltiB  des  fêtes,  comme  celle  de  Tacite,  et  repose,  par  conséquéht, 
àur  leà  observations  personnelles  de  Fahteur  de  la  i-eiatioh.  Ce 
qtai,  dahs  cette  narration,  appartient  éh  propre  A  t^Iiltarquë  él  bë 
qti'il  à  èmpruhtë  â  son  Informateur  ne  peut  être  déterminé  avec 
ies  moyens  dont  nous  disposons.  Son  échec  h'â  pïs  été  causé  par 
iinshfHsàhcé  dés  matérlàut  dé  sa  démonstration,  mais  pût  Hm- 
jpdsslbilité  d*hhir,  même  par  la  Itirce,  des  élémehts  contraires. 

Vienne,  12  juillet  1898. 

A.  ËOCHLEh. 


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L'ARTICLE  DANS  LA  POÉSIE  HÉËRAtQUB' 


L'article  hébreu,  cohime  on  le  sai^  est  bien  plus  rare  daiis  les 
morceaux  poétiques  que  daris  la  prose.  Néanmoins  bn  lé  rëH- 
contre  encore  assez  fréquemment  en  poésie  pour  qu'il  y  ail  liéil 
de  se  demander  si  les  écriVains  l'emploieht  selon  leur  fantâiàlB;  ou 
si  là  présence  de  Tarticle  eàl  favorisée  par  certaines  cbiidlllons 
^U'il  S'agit  de  délenhiner. 

Tout  d'abord  on  doit  exanilner  si  l'article  est  également  i^aré 
dans  tbus  les  llVres  poétiqueâ.  Sur  ce  point,  nos  recherches  noùâ 
ont  amené  aux  résultats  suivants  :  lé  Cantique  des  Cantiques,  qhl 
appartient  incontestablement  à  la  poésie,  emploie  l'article  comme 
les  livres  prosaïques,  ainsi  4u'ii  est  facile,  de  S'en  convaincre. 
Est-ce  parce  que  ce  livré  paraît  être  un  des  plus  modernes  de  là 
Bible?  Nous  constatons  le  fait  sans  vouloir  l'expliquer.  Quelques 
psaumes  peuvent  ôlre  joints  au  Cantique  pour  l'usage  de  l'àt'Ublë. 
Gèsont  :  cxxiii  à  cxxvii,  cxxxiii,  cxxxvi,  cxxxvii.  Ces  pâàumes 
ser1ibl«'ïit  aussi  être  assez  récents. 

i)ans  tous  les  autres  livres  poétiques  on  évite  l'article,  stiécià- 
lement  dans  les  Proverbes  (auxquels  on  peut  comparer  souS  ce 
i*appDt*t  rEcclésiastique).  Il  en  est  de  môme  dans  les  mbrceaUX 
poétiques  qui  sohtihtercalés  dans  les  livres  hlàtoriques*  :  la  bériià- 
dibtion  de  Jacob  (G'ëh.,  xlix),  le  câritiqdé  dfe  la  xAet  Hougë  (Étôdë,' . 
xv),  les  discours  de  Balaam  (Nombres,  xxni,  et  xxiv),  le  Cantique 
de  Moïsfe  (Deut.,  xxxii),  la  béhédiôtioh  de  Moïse  (/&W.,  ixxiii),  iè 
Cantique  de  Débora  (Juges,  V),  lé  Cantique  d'Hanrlâ  (I,  Sam.,  ii), 
le  Cantique  de  David  (II  Sam.,  xxit),  les  dernières  parôleè  de  David 

(<&.,XXlIî). 

*  M.  KOnig  (Synlax,  §  292)  a  consacré  quelques  pages  à  celte  question,  Olftis  II  k 
cherché  plutôt  à  expliquer  Pabsence  que  la  présence  de  Tarticle.  M.  KOaig  cite  deux 
études  sur  ce  sujet,  Tune  de  M.  Ley  :  tieàer  deà  Gehrauch  des  ArïikeU  tn  àer  rkythmi- 
sehen  Poésie  dànè  N.  J.  Ph.,  1891,  p.  345;  lautre  de.  M.  SUckow  :  Der  Gebraûck 
des  ArtikeU  in  deti  Psalmetty  Braslau,  1875.  Nous  n'avons  eu  ni  l^une  ni  l'autre  à 
notre  disposition. 

^  Kodé  lâissohs  de  c5té  lés  petits  Ka^oienis  ^oétic^Ues. 


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204  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Dans  les  Prophètes,  il  faut  d'abord  mettre  à  part  le  cantique 
d*Ezéchias  (Isaïe,  xxxviii),  celui  de  Jonas  (ch.  ii)  et  le  chapitre  m 
de  Habaqouq  qui  sont  de  véritables  psaumes,  et  suivent,  par  con- 
séquent, la  règle  de  la  poésie.  Quant  aux  discours  mômes  des  pro- 
phètes, ils  appartiennent  tantôt  à  la  prose,  tantôt  à  la  poésie,  et 
souvent  les  prophètes  passent  de  Tune  à  l'autre.  Autant  que  nous 
avons  pu  en  juger,  Tarticle  est  rare  dans  Isaïe,  i,  xiiià  xvi,  xxiv, 
XXV  (sauf  V.  6-8),  xxvi,  xxxii  (sauf  v.  17-20),  xxxiii  à  xxxv,  xl  à 
Lv,  5;  Lvii,  5à  Lxv,  7.  Nous  laissons  aux  exégôtes  le  soin  de  tirer 
parti  de  cette  énumération  au  point  de  vue  de  la  critique  d'Isaïe. 
Jérémie  emploie  l'article  dans  tout  son  livre,  sauf  dans  les  cha- 
pitres XIV  et  XLviii  à  L.  Ezéchiel  n*atteint  guère  au  style  poétique 
que  dans  les  chapitres  xxvii  et  xxviii,  12-19.  Parmi  les  petits  pro- 
phètes, Joël,  i-ii,  11^  Nahoum  et  Habaqouq  emploient  peu  Tarticle. 

Etudions  maintenant  les  causes  qui  amènent  remploi  de  l'article 
dans  la  poésie.  En  premier  lieu,  il  faut  distinguer  entre  Tarticle 
placé  devant  un  nom  et  Tarticle  placé  devant  un  participe.  En 
effet,  dans  ce  dernier  cas,  l'article  est  très  fréquent  en  poésie,  il 
Test  môme  plus  qu'en  prose  parce  qu'il  remplace  le  pronom  n©fi^ 
suivi  d'un  verbe.  L'article  alors,  au  lieu  d'alourdir  la  phrase,  lui 
donne,  au  contraire,  plus  d'élégance.  Voici  quelques  exemples  : 
^©sn  (Gen.,  xlix,  17),  )r\iii{ib,,  21),  ta-^anînïaïi  (Juges,  v,  9),  d-^anaiDn 
(II  Sam.,  i,  23),  tsD^-'abtiïi  (i&.,  24),  d-^orrr  [ib.,  xxii,  31).  inri  («>., 
48),  fio:^3ïi  (Is.,  xiii,  15),  in:n  (xliii,  17),  etc.,  rmaan  (Jér.,  xlix, 
4),  û-^aon  (Ez.,  xxvii.  26)  û-inaian  (Ps.,  xxv,  3),  &"»^73i«ïi  (ib.y  xxxi, 
7),  ta'^aTvn  (Prov.,  ii,  13),  û-^rwiDn  {ib.,  14),  ta-iaian  (Job,  m,  14\ 
ta-iDiron  (ift.,  21),  tiDicnn  (Lam.,  iv,  6).  Nous  avons  noté  en  tout  une 
centaine  d'exemples. 

Les  adjectifs  sont  dans  quelques  passages  traités  comme  les 
participes  :  ti-^iz-^yyn  (II  Sam.,  i,  23),  &"'pmïi  (Is.,  xlvi,  12),  mpirm 
mai^pm  (Jér.,  xlviii,  26),  m  (Ps.,  li,  6),  û^max^  (Ps.,  civ,  18), 
.1TiDfinn(Prov*,  xviii,  17),  û"'Trwi  (Job,  m,  8),  û'np'^  (Lam.,  iv,  2). 

Passons  à  l'article  devant  les  substantifs.  On  peut  dire  que, 
d'une  manière  générale,  l'article  se  maintient  en  poésie,  quand  il 
est  considéré  comme  faisant  partie  intégrante  du  nom  ou  de  la  lo- 
cation où  il  se  trouve.  En  premier  lieu,  l'article  peut  être  conservé 
dans  les  noms  propres  d'endroits,  parce  que  l'article  est  alors  un 
élément  de  ces  noms.  Ainsi,  lu^nn  (Deut.,  xxxiii,  22;  Ps.,  cxxxv, 
ll),b73'tDrT(Is.,  XVI,  10),  aaTDttrT(Jér.,  xlviii,  1),  n'^nbrï  nb3^(iô., 
xLviii,  5)  iisabïi  (Ps.,  XXIX,  5),  «Dan  pi29  (ift.,  lxxxiv,  7),  X'rm 
(ib.,  cix,  3,  5).  On  peut  y  ajouter  '^n^Nn  (ib.,  cxxxv,  11). 

On  peut  assimiler  aux  noms  propres  les  appellations  données  à 
Pieu,  au  temple,  à  Jérusalem,  etc.  :  p'rxïi  T>  (Is.,  i,26),  wprt  yn 


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L^ARTICLE  DANS  LA  POÉSIE  HÉBRAÏQUE  205 

(Is.jXxxv,  8),OTpïi  'y>9  {ib.,  xlviii,  2;  lu,  1),  pTsai  ■»b"«N  (ib.,  lxi, 
3),  wprr  t3^  (<ô.,  Lxii,  12),  "TiaDn  ^b»  (Ps.,  xxiv,  1,  9, 10),  Tin^rj  bfi^ 
(iô.,   XXIX,   3),  ta"»ai"Dn  a«T»  (iô.,  lxxx,  2),   tmbKn   n^^y  {ib.^ 

LXXXVII,  3). 

On  doit  également  ranger  avec  les  noms  propres  un  certain 
nombre  de  noms  communs  qui  désignent  une  personne  ou  un 
endroit  unique  ou  bien  une  catégorie  générale  de  personnes  ou 
d'endroits.  Ces  noms  sont  ;  yitxrt  (Gen.,  xlix,  15  ;  Deut.,  xxxii,  1  ; 
II  Sam.,  XXII,  8;  Is.,  xxii,  5,  etc.,  etc.),  û'»73iDrT  (Deut.,  xxxii,  1  ; 
U  Sam.,  XXII,  8;  Is.,  xiii,  5,  12,  etc.),  û'^aDisn  (Juges,  v,  20), 
biXn  (II  Sam.,  XXII,  31,33,  48;  Ps.,  lxviii.  20),  ©ïaisn  (Is.,xiii,10; 
Ps.,  civ,  22;  cxxi,  6),  rrom  et  nsabn  (Is.,  xxiv,  23),  m-i'nrT(Is., 
XLi,4),  û'»n(Is.,  XLii,  10;  xlviii,  18;  u,  15,  etc.),  rrwn  (Is.,  xliiï, 
20  ;  Ps.,  cm,  15),  ^Ttan  (Is.,  lii,  6  ;  Joël,  i,  20),  û-'-cn  (Is.,  lu,  1  ; 
Liv,  10),  nnrt  (Ps.,  Lxviii;  19),  twm  (Is.,  lxii,  10),  û-»»^  (ib.),  r:bo73î^ 
(iô.),  m-npïiet  miss^oîi  (Jér.,  xlviii.  41),  nvnan  (Nah.,  i,  5),  ta"»n3:n 
{ib.j  6),  minsn  [ib.,  ii,  "7),  te-wr  (lô.j,  ^b^an  (Ps.,  xxi,  8;  xlv, 
6),  y^nn  (ii>.,  xix,  2),  û""»!!  (Ps,,  xxix,  3  ;  lxxiv,  13),  ta-iNrj  (Ps., 
xxxiii,  13),  ta"»WT  (Ps.,  Lxxix,  6,  10;  lxxxii,  8,  etc.),  TW  (Lam., 
i,  15).  Un*y  a,  d'ailleurs,  pas  de  règle  absolue,  et  ces  mêmes  mots 
se  retrouvent  fréquemment  sans  article. 

Dans  beaucoup  d'expressions  courantes  l'article  subsiste.  C'est 
le  cas  surtout  après  Tétat  construit,  comme  l'a  remarqué  M.  Eônig 
(§295c,  note).  Telles  sont  :  nnan  û«3  (Nombr.»  xxiv,  3,  15;  II  Sam., 
xxiii,  1),  x^yr;  ûrm)(Nombr.,  xxiv,  3,  15),  to-tbn^  maa  (II  Sam.,  i, 
20),  irttxn  &N3  (Is.,  i,  24),  rrbrTnn  o^:>  (Is.,  li,  17,  22),  ]?bon  •'■un 
(Jér.,  xlix,  16),  IfiCKi  •m:'  (Joël),  i,  18),  liti  û-^a  (Ps.,  xc,  3),  m» 
to-^nn  {ib.,  lvi,  14),  a^nn  un  [ib..  lviii,  U),  û-n^n  nn»  (i&.,  lxxxii, 
•7),  rr^an  mpy  {ib  ,  cxiu,  9),  d-'aaïi  un  (tô.),  nnîTan  manp  [ib.^  xcviii, 
27),  DTon  nmaa(Ps.,  oxxxvii,  10),  «j-'ôa  ^pMD  (ib.),  noDn  ût»  (Prov., 
VII,  20),  &'»"»nn  "pN  (Job,  xxviii,  13). 

La  locution  courante  peut  se  composer  d*un  pronom  ou  d'une 
particule  et  d'un  ncyn  :  «■♦Nn  ntri  (Is.,  xiv,  16),  ta-'^^nrip  «b*  (Ps., 
I,  4),  is-^fitti  m  "^73  [ib.,  25,  12),  "fyan  '(•'«  (ib.y  xxxiii,  16),  la-»»?!  -«td 
{ib.,  xxxiv,  13),  taTi»n  «b  (ib.,  cxv.  H),  nron  ïit  {ib.,  20),  ûin  ïit 
(iô.,  24),  bawi  p  (Prov.,  x,  26),  yrm  sipn  (Job,  xxxviii,  19,  24). 

Parfois  ce  sont  les  prépositions  qui  maintiennent  l'article,  quand 
elles  forment  avec  le  substantif  une  expression  usuelle  :  Y^  '^9 
(Is.,  XXIV,  11),  mnbn  hy  (Joël,  ii,  2),  tabvn  v  (Ps.,  xxviii,  9),  "j^ 
^tran  (^.,cxviii,  5),  *ipaîi  v  (Prov.,  vu,  18),  d^iDicTan  x^:i  (Gen., 

1  D'aprèfl  Suokow  (Kdnig,  §  292m),  Particle  serait  ici  ua  démonstratif.  D'après 
M.  KOoig,  rarticle  servirait  à  marquer  un  ensemble. 


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x^x,  14;  Jugps,  y,  16),  mamn  'j'^a  (frov.,  ^%\u  13),  tp'^'nçM  ra 
([.jm..  ^',8)/î'ibnn  va  (Jugea,  y,  28),  nbïîti"  va'(JoQl,'u,  8),  ^^ 
û"«3ibnri  ('fô-t'O).  On  peut  y  joindre  n^pn^îon  '^nna.  (II  Sam.,  ^,  2^, 
ta-'wn  '^inal  (Is.,  lxi,  9). 

Les  ^lots  "^lï)»  (suivi  d*\in  mot  court)  e^  surtput  bD  ep(ralnpnt 
Tepiplpi  ^e  l'article  :  i^'^iiCi  "inm  (Ps.,  i.  1),  '^■un  "^nta»  (it;.,  ^x^ui, 
12),  nar^rs/^np»  (<&.,xxx;v,  9;  xL,  5J,  taa^n  '^nifJN  (i(;.,  lxxxi^,  16; 
cXLiv,  :j^),  tiVn  bp  (Dent.,  x^xui,  12;  is.,  lî,  13;  Ps.,  x^^xii,  3, 
35,  ^tc.),  yyçi  te  (Is.,  XIV,  7  ;  Ps/,  xtvu,  3,  etr,),  sa-^w  ba  (Is., 
x^^iv,2;  Jlab.,  ]i,i\  pi.,  ux,  6,  etc.).  "^^^^  ba  (Is.,  xl,  6),  ba 
nirnsa  (Nah.,  i,  4),  ta"?ûw  ba  (Ps.,  xlvu.  2  ^t  PQssim),  nV»brï  ba 
(i(;.',  i^^Yui,  H),  û^ifiinba  (i&.,cxyi,  11),  û^j^nn  ba(^s.,  px;.v,2ft), 
û-i^M  ba  (Jçi]j,  XLi,  3). 

Npps  ayons  ^U  que  les  Çrovert)es  sont  le  liyre  de  la  Bible  o^ 
rflftlcle  ç^t  i^  plus;  ^are;  cepen^apt  quelques  phrase§  qui  dç- 
y,aj^t  être  provçrbialça  pntienpent  une  série  (^e  noms  conservant 
rsjrticlQ.  Telles  sont  :  Mpab  û'^aanai  ^yyo-^iDb  apa^n  rcsi  (Is,,  xl,  4), 
nca  "lar.  nncn  T)»ntj  nbij^m  pnon  b»  bsî  nnsïs  bnp73  osn  n^ni 
(iô.,  xxiv,/l8).  a-inni  a^nni  "^^^ÇH"!  '^'^^^.  (**^-'  l^»  ^)»  ^?^  P^^"^.  ^''^ 
b-^onsî  tefij  "pb-'n  'in-»"!  prn  baej  sa'nisjn  vi-^i  nanfipi  (Joël,  i,  5). 

Dans  la  poésie,  se  présentent  parfois  ^es  phrase^  auxquelles 
qi^  s^  dpqp^  unp  foripp  prosaïque  pour  le  besoin  ^e  la  clarté 
q^  ppur  iqvilp  aut^e  raison,  par  pxpmplei,  ta^bTitin  n»  ^no  rr^ 
(Is.,  ^xxin,  17)^  p'^^n  n»  Tnaû  y^-:  (Hab.,  i,5),  n«  ta-ipTs  ^:?i 
nï3735rii  riîan  '>^5  Çr^'^Çi^?'  (^(i.,  6),  t^ina  t3na5:a  b-'ig^^^  n^  pron  uk 
■^bça  pipnnn  (Proy.,  xxvu,  22).  Çlap^  f^.,  pvi,  3Q,  les  {^qt^  apm 
r^ttn  proviennent  (Je  Nombres,  X3^v,  9. 

fafflai  je?  causas;  fjccesspir^ç  qui  f^yqrisppt  Templqi  ^e  TartlclQ, 
on  pefit  cpfupter  la  b^^èypté  0ç§  iqp|â.  Nous  ^yon^  va  plus  haut 
qup  lp9  n^ot^  ç-îftii,  "^^i,  ^ai,  p:?  reçpivei^t  r^irticle  aprè3  n«3».  Au 
contraire,  tan»  reste  sans  article  (Ps.,  xxxii,  2  çt  pa^in^)  *.  îfou§ 
citpron«  encore  tDîausîi  à  côtp  dp  m'>  (Josué,  x,  13;  Is.,  xiq,  IQ; 
Ps.,  c^x^,  ^),  Oîos  (Ps.,  xxxni,  17),  an^  (ib,,  j.^x]^v,  13),  ût?  p^* 
parallélisme  aypc  mca-»  (P^.,  :çgv,  5),  Tiijïi  à  côté  dp  To^ûbcr  (i^., 
c^lY,  8J.  ban  (^^.,  qxix,  91),  a'>nM  (Provi/T^yu,  4),  :>nr-*  (iô..  17}, 
1"«'>t3  eu  parallélisme  avpc  aaTû  ((ft.,  xx,  ^).  Le  mot  Y^  î'pço^  Taf-: 
ticlei  bien  plus  souven^  que  ta'^TDïD,  par  pxemple  P;?.,  ci^,  26. 

)tf.  l^pnig  (^  292  n)  émet  la  supposition  que  lorsque  (^eu^  nqq^i 
sqpt  pais  pn  parallèle,  Varticle  du  prpinier  ppfiri^it  dëterii^inpr 

*  M.  Kdoig  (§  292  0)  croit  que  le  mot  ^*^^  reçoit  rarement  l'article.  On  rencontre 
cependant  plus  souvent  D'IMn  que  ^'>iKTl  en  poésie.  M.  Ley  (cité  par  KOnig]  fait 
interyenir  dans  cette  question  Taccent  tonique. 


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L'ARTIClf:  PANS  H  PPl^I^  HÉBRAÏQUE  m 

4oaa|  Ifi  second,  p^^t  aipsi  qu'qn  pourrait  expliquer  les  p^^fnp.lei 
précitë$  d^  P^.,  xçv,  5,  qr,  26  et  oxxi,  5.  M.  Koniç  étep^  cetjg 
p(^s§ibUlté  à  la  prose,  par  exeinp|p,  (jans  Josuô,  xn,  4-àj  ,..attTîa 
S^^l  ;  luaiç  ici  ^loua  avon^  {)es  participes  dans  l^s^uels  |'articl^ 
jo^e  IQ  rôle  de  np»  ;  cf.  H  Lam.,  3;n,  48;  f^.,  i^xxu.  U  ;  Job,  v,  :|0.' 
I^aps  Jér.,  ^x.  14,  tarn  wî^  est  une  locution  çpijffnte.  nnïq 
&"»^«î5in  (Ex.,  xn,  ^8]  est  up  nombre;  de  môoie  Eç.,  xxif.yin,  28  e| 
Nombr.,  xvi,  35.  Dans  Deuit.,  xi,  18  et  I  Chr.,  m,  1,  Tarticlçi 
manque  p^eut-ôtr^  deyant  nsiD  et  "^j^  ^  causât  du  n  final  des  mots 
précédents  n-inw  et  n"«bfio?*irn».  M^is  M.  Kônig  a  prpbabien^ept 
raison  pour  bnan  bmn  (Nombr.,  xxxiy,  6  et  pas^im).  Son  ^]^pi(ca- 
tion  est  possible  encore  pour  Çx.,  xxiv,  3  =  xxxyi,  ^p  et  le^ 
exemples  des  Psavimes  donnés  ci-dessus.  Nous  sgouterons  Js.,  xui, 
9  niwm  ...nwfij"in  si  le  n  n'est  pas  ton^bé  devait  le  r\,  e\  Pfoy.,^ 
x^X,  19!,  24,  où  le  premier  terme  de  répumér£(tipn  a  ?eu|  |'^r^jçlp. 

Le  vocatif  partit  amener  s^ussi  quelquefois  T^irticlç;^  ps^r  exqnpple, 
Ele^t.,^xxu,  2  (cf-  Is.,  i,2j;  Is.  xui,  18,  ^^r.,  3^lv^i,  ^^2  (\^]^ 
^MX,  4  (païi),  Jpel,  1, 3;  Lam.,  ii,  13. 

Sans  certains  passages  la  présence  de  l'article  tsemble  dn^  k  UQ 
c^prJpe  du  poè^e.  Ainsi  Jp^U  h  12,  au  miliçu  d^  mot^  sanç  article 
Q^  iro^velPaa  e\  tut^m  ;  Nahoum,  ii,  9  :  OD'in'  et  ta^ujinaï^;  P^., 
ifi,  3  : mntûn  (à  moins  d^  lirçi  n[3nj  ?d  comme  m  yer^et  précédent); 
ift.,  piy,  2^  :  û-^nnsaa  ;  ib.^  c^x^,  4  :  sn-»boa  (si  Ip  texte  ^st  e^act)^ 
PVpv.,  xvii,  8  :  marî  ;  Job,  ni»  3  :  nbVprn  '  ;  i(?.,  xxvin,  ]^j  21  : 
ïTQDnm  ;  ib.,  :ip?xviiï,  29  :  pipn. 

Ailleurs  on  peut  supposer  upe  fffute  (ie  çpPjjste.  W[.  ^oi^ig  ^  fer 
leyé  quelg^es  dittographies  possible^  :  basini  rniy  (Ps.,  lvui,  9  [et 
GYm,3]),  ion(n)  'n  (ip,,  cxxx,  1),  V'"^^^^  ^^^'^^  (Haib.,  i"i  SJ.No^s 
ajputerons  les  exemples  suivants  :  pnln)  rr^m  (Is.,  i,  29),  t:lpy^ 
mpsxiTi)  (i^,  xy,  8),  rnû(n)  r^m  (iô.,  :çxi^iu,  ^  ;  cf.  p:nb  et' V«53)» 
aTa(n)  rr^m  (i&.,  xxxv,  l),  nyiD-(n)  'n?  (Ps.,  iii,  9),  ûiJtOT(ni  taaq 
(rt.,  XI,  2),  naib7:(n)  'n?  (»&.,  xxii,  29),  maain)  tvna"(îô.,  n^,  3), 
iqa(n)  nan  (iô.,  9,),  bN(n)  nn»  (iô.,  lxxvu,  15),  û-^in)  r.os>  (iù., 
Li^i^iii,  53),  n-^-inin)  (iô.,  cxlviii,  8),  n«3n(n)  rnTa  (Prov.,  i,  1*7). 
L*^rticle  est  peut-être  aussi  dittographique  devant  quelques  mots 
commençant  par  n  :  ronn  (Is.,  xxxiii,  4;  cf.  û'>3a);  ri"'nn  (Ps., 
cxLviii,  8)  ;  binrr  (Prov.,  xxvii,  3;  cf.  pN)  ou  après  un  n  :  nbnn 
(i^.,  XXVI,  14  ;  cf.  b^y).  Le  n  est  certainement  une  faute  dans  yttSi 
(Ifi.,  XVI,  4),  qu'il  faut  lire  yan  (v.  Perles,  Analectq,  p.  35),  dan^ 

\  P|n3  U  Cbr.,  m,  3  on  peut  traduire.  •  La  longueur  ét^it...  avecvipe  largeur  de...  • 

*  Le  second  SDin  est  une  dittographie  verticale,  du  premier. 

*  ii.  ^ônig  (§  292/))  y  voit  une  personnification. 


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208  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

û'«ï3NrT  (Ps.,  cxvii,  1),  qu'il  faut  corriger  en  û'»73Nb.  Dans  boDn  et 
^l'DO'nr;  (Is.,  xl,  19,  20)  le  rt  est  peut-être  interrogatif.  Au  lieu  de 
n-'imn  ma  (Ps.,  lxii,  4),  il  faut  probablement  lire  ïr^im  mna. 
L'article  paraît  aussi  dû  à  une  altération  du  texte  dans  y^txn  nfin 
(Gen.,  XLix,  15),  maanîD  (Is.,  i,  29;  cf.  û^b»^),  n)3«rT  (iô.,  lix,  15; 
cf.  V.  14),  n^D'iNn  (Jér.,  xiv,  4),  n-^-iNn  (Ps,,  ix,  "7),  n-nn  (ib.,  xii, 
8),  rîMiTan  (ift.,  cxvi,  15).  Dans  Prov.,  v,  22,  ricnn  n»  paraît  être 
une  glose. 

Xi  nous  reste  à  examiner  un  point  important.  Cest  l'emploi  de 
Tarticle  avec  les  prépositions  n,  d,  b.  Avec  ces  particules  l'article 
est  véritablement  prodigué  en  poésie.  Est-il  admissible  que  réel- 
lement la  poésie  hébraïque  emploie  l'article  avec  ces  prépositions 
et  le  rejette  quand  ces  prépositions  sont  absentes  ?  Il  nous  parait 
a  priori  bien  plus  probable  que  cette  anomalie  dans  l'emploi  de 
l'article  est  due  à  une  altération  de  la  prononciation  traditionnelle, 
notée  trop  fidèlement  par  la  Masora.  On  aura  introduit  en  poésie 
la  vocalisation  de  la  prose  partout  où  le  texte  consonantique  le 
permettait.  Mais  ce  ne  peuvent  être  les  auteurs  eux-mêmes  qui 
ont  usé  de  cette  focalisation  contraire  aux  habitudes  poétiques. 

Nous  avons,  d'ailleurs,  déjà  eu  des  cas  tout  à  fait  analogues. 
Dans  notre  étude  sur  le  mot  tiv  avec  les  nombres  ordinaux  (Re- 
vue, t.  XXXI,  p.  279),  nous  avons  montré  que  la  Masora  a  eu  tort 
de  ponctuer  devant  ces  nombres  ûra,  û"i"»b  et  qu'il  fallait  ûT^a,  tavb. 
Inversement  nous  avons  remarqué  (ibid.,  U  XXXIV,  p.  117)  que 
la  Masora  supprime  l'article  du  mot  non  avec  les  prépositions 
unilitères,  alors  que  le  texte  met  partout  nsnn. 

La  contradiction  dans  l'emploi  de  l'article  est  particulièrement 
choquante,  lorsqu'on  voit  dans  un  même  passage  deux  termes 
identiques  ou  parallèles  employés  l'un  avec  l'article,  l'autre  sans 
article.  M.  Kônig  (§  292  i)  a  déjà  signalé  la  contradiction  entre 
msn  et  û-^îDan  (Hab.,  m,  17)  rrbDTs^p  et  û'»nDna  {ib.).  Nous  ajoute- 
rons 'j'»*»5et  x^'^72  (Gen.,  xlix,  11  et  12),  û"«5  et  û^  (Ex.,  xv,  1), 
W'Xim  à  côté  de  y-iN  (I  Sam.,  x,  2);  nm?^  et  nmTDa  (Is.,  xli,  18  et 
19),  û^Taa  et  t3N  1733  (i&.,  XLiii,  2),  û-'aiD  et  D''nn  (ib.,  un,  12), 
natCTD  et  nrnob  (t&.,  lviii,  13),  "inaM  et  è<)3S3  (Jér.,  xlviii,  18), 
ûi-i:^et  ybo5(f&.,  28),  nr-îN  et  û-^n-^DD?  (Nah.,  ii,  12),  yrn  r.Dna: 
P"»ns:b  (Ps.,  xxxvii,  32),  m»»  et  ^mb  (ib.,  lxxviii,  50),  p-«na  (Prov., 
XVI,  33)  et  p-»!!»  (XVII,  23),  mTD"'M  et  "pt  (iô.,  xxxi,  19),  nofin  no^^D 
(Job,  XXX,  19),  rwDn  et  n3"»3a  {ib.,  xxxix,  17). 

Mais  il  y  a  plus  :  La  Masora  n^est  pas  toujours  d'acccord  avec 
elle-même.  Déjà  en  prose  on  trouve  quelques  exemples  d'une  vo- 
calisation contradictoire.  M.  Kônig  (§  292  n,  note  1)  a  relevé  : 


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L'ARTICLE  DANS  LA  POÉSIE  HÉBRAÏQUE  209 

^y^yb  et  «nb  *  (II  Sam.,  xii,  2),  et  (§  296  a)  no»?  (Deut.,  vi,  16)  et 
no»a  {ib,,  IX,  22).  En  poésie  M.  Konig  a  noté(§  299n)  rro?  et 
brriD  (Is.,  LUI,  %  yiNS  et  n3:^5(i&.,  lxi,  11)«.  On  peut  ajouter  en 
prose  :  la^b  et  ^Tsnb  (Gen.,  xi,  3),  mn^srb  (Lév.,  xxv,  23)  et 
nnn»itb(iô.,  30).  En  poésie  :  bab  et  rjbo^b  (Is.,  xxv,  2)  ;  «-^b©?, 
oboa,  n-ita  et  û"«3TN7:3  {ib,,  xl,  12),  i-ioitb  et  ija-^nb  (ib.,  xliii,  6); 
aD«ab  et  n^^ic^b  (iô.,  lix,  11);  D-^nnaan  et  ûnnaa  (Hab.,  m,  8)  ; 
ÉtTOb  et  îiD^tib  (Ps.,  XXIV,  4)  ;  iwaelnnpM  (iô.,xxxi,  11),  nttn? 
et  DNS  (ib,,  xcii,  13). 

Ces  inconséquences  de  la  vocalisation  masorétique  montrent 
que  la  ponctuation  des  prépositions  b,  s,  a  est  sujette  à  caution, 
tout  au  moins  en  poésie.  M.  Konig  a  reconnu  que  dans  certains 
mots  la  présence  de  l'article  était  douteuse  (voir  §  2^2i,  293c);  et 
cependant  il  s'est  servi  ailleurs  (§  299,  c,  /,  h,  i,  etc.)  d'exemples 
qui  n'étaient  pas  plus  surs.  Ainsi,  l'article  dans  )DKa  (Ps.,  xlvi,  10) 
n'est  pas  plus  certain  que  dansy*iN3  (ib.,  9,  11). 

Il  est  à  remarquer  que  la  Masora  ne  donne  pas  l'article  aux  pré- 
positions a,  d,  b  dans  les  noms  accompagné»  d'un  adjectif  ou  d'un 
complément  quelconque.  C'est  pourquoi  a«D  (Prov.,  m,  12)  est 
ponctué  avec  ixro.  On  doit  traduire  :  r^sn*'  p  n»  aeoi  «  Comme  un 
père  aimant  son  fils  ».  De  môme  û^n-inN  0*^733  (Ex.,  xv,  1(»),  û-i"'5^i2)? 
«wjn  ■♦b5>  (Deut.,  xxxii,2),  à  côté  de  bas,  dy  d"»n''nNb  (Juges,  v,  13), 
à  côté  de  û-^mnaa,  etc. 

En  terminant,  nous  formulons  les  conclusions  suivantes  :  Pour 
tirer  une  déduction  de  la  présence  ou  de  Tabsence  de  l'article  dans 
un  mot  hébreu^  il  faut  voir  premièrement  dans  quelle  partie  de  la 
Bible  ce  mot  se  trouve  et  quelle  est  sa  position  synlactique  dans 
la  phrase.  Ensuite^  il  faut  se  rappeler  que  l'article  ne  peut  être 
considéré  comme  existant  réellement,  au  moins  en  poésie,  que  s'il 
est  attesté  par  le  texte  consonantique. 

Mayer  Lambert. 


^  Le  mot  )D"lb  oit  pins  court,  mais  en  prose  la  lonp^uenr  oa  la  brièveté  des  mots 
ne  peut  guère  avoir  d'influeuce  sur  l'emploi  de  Particle. 

*  M.  K.  suppose  des  influences  phonétiques  ;  mais  lesquelles  ?  Oa  pourrait  plutôt 
•onger  â  la  brièveté  de  THÛ  et  de  y^H. 


T.  XXXVII,  H®  74.  14 


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^^f^nm^m^ 


»        r_ 


NOTES  EXEGETIQUES 

SUR  UN  NOUVEAU  FRAGMENT  DE  L'ORIGINAL  HÉBREU 
DE  L'ECCLÉSIASTIQUE 


En  attendant  Tapparition  des  nouveaux  fragments  hébreux  de 
TEcclésiastique,  retrouvés  si  heureusement  par  M.  Schechter  et 
que  ce  savant  nous  promet  pour  bientôt,  nous  voudrions  présen- 
ter quelques  observations  et  conjectures  sur  les  chapitres  xlix, 
12-L,  22,  que  notre  excellent  confrère  de  Cambridge  a  publiés, 
avec  traduction  et  notes  critiques,  dans  la  Jewlsh  Quarterly  Re^ 
vieto,  1898,  p.  198  et  suiv.  On  sait  les  difficultés  qu'offre  ce  texte 
ancien  par  suite  du  mauvais  état  de  sa  conservation  et  de  Tobsca- 
rité  de  la  langue.  Il  ne  faut  donc  pas  craindre  de  descendre  aux 
minuties  pour  essayer  d'atteindre  à  un  sens  à  peu  près  exact.  Il  va 
sans  dire  que  les  lignes  qui  suivent  ne  sont  pas  un  commentaire 
continu  et  que  nous  nous  sommes  interdit  de  reproduire  les  sa- 
vantes remarques  de  notre  confrère,  que  nous  approuvons  pour  la 
plupart. 

1.  —  JusquMci  tous  les  commentateurs  étaient  contraints 
d'avouer  leur  impuissance  à  expliquer  la  finale  du  Panégyrique 
des  ancêtres.  Après  une  revue  rapide  de  l'Histoire  sainte,  qui 
s'arrête  à  Néhémie,  l'auteur,  comme  s'il  se  ravisait,  revient  en  ar- 
rière et  célèbre  les  mérites  des  plus  anciens  personnages  de  la 
Bible,  Joseph,  Sem,  Seth,  Enosch  et  Adam.  Bien  plus,  il  consacre 
un  nouveau  paragraphe  à  Enoch,  dont  il  a  déjà  mentionné  les  mé- 
rites et  la  mort  miraculeuse.  Or,  le  Siracide  montre,  surtout  dans 
ces  derniers  chapitres  xliii-l,  un  trop  grand  souci  de  l'art  de  la 
composition  pour  qu'on ,  puisse  attribuer  ce  désordre  apparent  à 
un  pur  caprice  ou  à  une  simple  maladresse. 


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T^ 


NOTES  EXÉGÉTIQUES  SUR  L'ECCLÉSIASTIQUE  211 

Ce  couplet  est  ainsi  conçu  : 

û-^^D  npVî  Kin  dan  ^iDTD  "pôa  Vj  ^na  trno  14 

mp©3  irr^ia  dai  naa  nbn:  ta«  tpTD  15 

tai»  rrwch  ■'n  te  ban  rrpsi^  «"ttïn  nm  tam  16 

M.  Schechtei;  traduit  ainsi  ces  vers  : 

44  Peu  ont  été  créés  sur  la  terre  comme  Enoch,   * 
Et  lui  aussi  fut  pris  en  dedans  ; 

45  Fut-il  créé  un  homme  comme  Joseph? 
Et  son  corps  fut  également  visité. 

46  Et  Sem,  Seth  et  Ënosch  ont  été  honorés, 

Et  au-dessus  de  toute  chose  vivante  fut  la  gloire  d*Adam. 

Le  texte  original  ne  résoudrait  donc  aucune  des  difficultés  pen- 
dantes. Qui  plus  est,  il  confirmerait  la  traduction  consacrée  du 
dernier  hémistiche,  où  Ton  croyait  deviner  une  altération,  car,  se 
disait-on,  pourquoi  cet  éloge  d^Adam,  que  la  Bible  ne  présente  pas 
sous  des  dehors  aussi  «  glorieux  «  ? 

Il  serait  impossible  de  rien  comprendre  à  ce  morceau  si  Ton  ne 
se  rappelait  un  des  procédés  littéraires  chers  à  Fauteur.  Nous 
croyons  avoir  démontré,  et  personne  n'a  protesté  contre  notre  as* 
sertion^  que  Ben  Sira  a  beaucoup  de  goût  pour  les  reprises,  qui 
constituent  son  mode  préféré  de  transition  *.  Il  se  trouve  justement 
que  le  morceau  suivant  de  T'Ecclésiastique,  qui  fait  reloge  du 
grand  prêtre  Simon,  débute  ainsi  : 

«  Le  plus  grand  parmi  ses  frères  et  la  gloire  de  son  peuple 
Fut  le  pontife  Simon,  fils  de  Johanan  *.  » 

Il  est  visible  que  le  couplet  précédent  ne  sert  qu'à  amener  celui- 
ci.  S'il  relève  le  nom  des  hommes  célèbres  par  leurs  vertus,  comme 
Joseph,  Enoch,  Sem  et  Seth,  c*est  pour  leur  comparer  le  grand 
prêtre  Simon,  dont  il  va  faire  le  portrait  dithyrambique.  Là-des- 
sus, aucun  doute  possible. 

Le  dessein  de  l'auteur  est  accusé  plus  nettement  encore  par  la 
concordance  entre  on»  nn»Dn  et  v^y  n-^Dn,  que  nous  ne  tradui- 
sons pas  pour  l'instant.  Mais,  si  ce  parallélisme  est  frappant,  il  faut 
aussi  reconnaître  que  "^n  bs  b^  «  au-dessus  de  tout  vivant  »  est 
bien  apparenté  kvn»  Vm  <  le  plus  grand  parmi  ses  frères  ». 

^  Voiff  Israël  Lé^i,  L'Ecclésiastique  ou  h  Bagûssê  ds  Jésus,  fils  de  Sira,  p.  xxv. 
*  Onias» 


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212  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Conclasion,  tnÀ  ne  doit  pas  se  traduire  par  Adam,  mais  par 
Vhomme  ou  les  hommes^  et  les  deux  hémistiches  doivent  ainsi  se 
rendre  :  «  Au-dessus  de  tout  vivant  et  gloire  de  Thumanité.  Ainsi 
le  plus  grand  parmi  ses  frères  et  la  gloire  de  son  peuple. . .  » 

Cette  traduction  est  encore  exigée  par  la  contexture  de  ces  trois 
versets,  14-16.  Remarquez  que  chaque  verset  offre  un  balance- 
ment : 

«  Peu  ont  été  créés  comme  Enoch  —  aussi  a-t-il  élé  enlevé. . . 
Est-il  né  un  homme  semblable  à  Joseph  —aussi  ses  ossements  out- 
ils été  honorés.  » 

Vient  le  verset  16,  qui  procède  à  rebours  : 
«  Sem,  Seth  et  Enosch  ont  été  honorés.  » 

Il  faut  donc  que  ce  soit  le  second  hémistiche  qui  fasse  reloge  de 
ces  personnages. 
Et,  en  effet,  d'eux  il  est  dit  qu*ils  étaient  : 

«  Au-dessus  de  tout  vivant,  la  gloire  de  l'humanité  •. 

Cette  interversion  est  due  uniquement  au  désir  de  rattacher  ces 
mots  à  la  suite. 

2.  —  Quant  au  sens  du  mot  npcs,  qui  revient  deux  fois  dans  ces 
vers,  à  propos  de  la  dépouille  mortelle  de  Joseph  et  des  trois 
autres  hommes  supérieurs,  il  doit  être  le  môme  dans  les  deux  cas. 

La  première  pensée  est  de  rattacher  —  comme  Ta  fait  M.  Sche- 
chter — cette  expression  aux  termes  de  l'Ecriture  relatifs  aux 
restes  du  flls  de  Jacob  :  i?m  'TiMf^'S:^  n«  ûrv^V^nr)  taDn»  npo*^  ipD 
ta^riM  <x  Dieu  vous  visitera  et  vous  emporterez  d'ici  mes  ossements 
avec  vous.  » 

Nous  admettrons  ici,  si  Ton  veut,  une  transposition  d'image  :  ce 
ne  sont  plus  seulement  les  Israélites  qui  seront  visités  par  Dieu, 
mais  les  ossements  du  pieux  patriarche.  Il  n'en  restera  pas  moins 
surprenant  que  ce  verbe  «  être  visité  »  soit  rapporté  également  à 
Sem,  Seth  et  Enosch,  dont  la  Genèse  ne  dit  rien  de  semblable.  Il 
faut  donc  attribuer  à  ce  mot  un  sens  vague  et  élastique  ;  nous 
croyons  qu'il  signifie  ici  :  «  être  Tobjet  d'une  distinction^  ho- 
noré »  *. 

Je  traduirai  donc  ainsi  ces  quatre  vers  : 

Peu  ont  été  créés  sur  la  terre  qui  fussent  semblables  à  Enoch, 

*  Inutile  donc  de  corriger  *i1pS3  en  1*13^3,  comme  le  veut  M.  Schechiar,  d'aprèf 
le  grec  é^o^à^Oriaav,  le  traducteur  peut  avoir  trèa  bien  compria  l'original. 


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NOTES  EXÉGÉTIQUES  SUR  L'ECCLÉSIASTIQUE  213 

Aussi  a-t-il  été  €  enlevé  » *. . . 

Est-il  né  un  homme  comme  Joseph  ? 

Aussi  son  corps  a-t-il  reçu  des  honneurs  insignes. 

Sem,  Seth  et  finosch  ont  été  distingués» 

Parce  qu'ils  étaient  au-dessus  de  tout  vivant,  la  gloire  de  Thu- 
manité. 

Le  plus  grand  [aussi]  parmi  ses  frères,  la  gloire  [aussi]  de  son 
peuple, 

Fut  Siméon,  fils  d*Onias. 

3.  —  J*aî  laissé  en  blanc  la  fin  du  verset  14,  ignorant  le  sens  du 
mot  t3'«3D  ou  Terreur  que  cache  cette  ortho(;raphe.  M.  Schechter 
croit  que  c*est  peut-être  l'équivalent  de  ta-^D^V  ou  de  rn3'»3D  a  à  Tin- 
térieur  ».  L'auteur  aurait  voulu  désigner  par  là  l'endroit  mysté- 
rieux, le  ciel,  par  exemple,  où  Dieu  a  dérobé  Enoch  aux  regards 
des  mortels  ».  Cet  «  intérieur  »  serait,  si  l'on  veut,  l'intérieur  de  la 
cour  céleste.  Mais  cette  interprétation  suppose  chez  Ben  Sira  des 
conceptions  qui  jureraient  avec  celles  qu'il  exprime  très  nette- 
ment dans  le  restant  de  son  ouvrage.  A  tant  que  faire  de  conserver 
le  texte,  mieux  vaudrait  peut-être  traduire  ce  mot  par  «  face  à 
face  »,  comme  ts'^s&n  û'^sd.  Cela  supposerait  que  l'auteur  aurait 
donné  à  nn»,  dans  Genèse,  v,  24  (imba^  in»  npb  ■»d)  le  sens  de  inç 
«  avec  lui  ».  —  Je  ne  crois  pas,  en  tout  cas,  que  le  mot  soit  une 
corruption  ni  de  tr^iD  «  ciel  »,  qui  ne  lui  ressemble  guère,  ni  de 
ir3D73  «  de  devant  nous  ».  —  Le  sens  assurément  est  qu'Enoch  a 
eu  l'honneur  d'être  enlevé  vivant^  et  Ben  Sira  oppose  le  sort 
d'Enoch  à  celui  de  Joseph,  dont  c'est  le  cadavre  qui  a  reçu  une 
distinction.  Comment  le  mot  D'^sd  se  rattache-t-il  à  l'idée  de  «  vi- 
vant »,  c'est  ce  qae  je  ne  découvre  pas. 

Les  versions  ne  nous  sont  d'aucun  secours.  Le  grec  rend  ce  mot 
par  oc  de  la  terre  »,  ce  qui  ne  suppose  pas  du  tout  une  lecture 
y'^txaj  mais  révèle  l'embarras  du  traducteur  devant  ce  terme  obs- 
cur. C'est  sans  doute  pour  esquiver  aussi  la  difficulté  que  le  sy- 
riaque a  cru  prudent  de  passer  Thémistiche. 

4.  -^  Dans  le  morceau  que  nous  venons  d'examiner,  le  petit-flls 
de  l'auteur,  que  M.  Lambert  m'accuse  d'avoir  indignement  ca- 
lomnié, a  commis  de  nouveau  plusieurs  bévues.  Il  rend  ainsi  le 
dernier  vers  : 

xai  uTrèp  :rav  ^coov  êv  ty,  XTi^rei  'A8a[JL. 

*  Allusion  a  Genèse,  y,  24,  qui  figure  déjà  dans  l'Ecclésiastique,  lxiv,  17. 
«  Comme  le  Pseudo- Jonathan  ;  't^  Dip  ^ITa'^TSD  «J'^plb  p^îoi. 


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214  REVUE  BES  ÉTUDES  JUIVES 

«  Sem  et  Seth  parmi  les  hommes  ont  éié  honorés 
Kt  au-dessus  de  tout  vivant  dans  la  création^  Adam.  » 

Il  a  donc  pris  le  mot  WDfcn  «  et  Eaosch  »  pour  «i5«a  *  c  parmi 
les  bommes  »>  et  le  nom  commun  bns^  «  Thomme  »  ou  «  les 
hommes  »  pour  «  Adam  ».  Pour  mtxùiy  nous  aurions  attendu  le 
grec  xaux^nt*-»  P*r  lequel  il  rend  d'ordinaire  cfe  nom  (voir  xlv,  8  ; 
XLiv,  7&).  Mais  n'est-il  pas  curieux  qu'au  chap.  xliii,  25  &,  le  tra- 
ducteur rende  pas  le  môme  mot  xT{<ric  a  création  »  un  terme  hébreu 
qui  ne  le  rappelle  guère,  nnnnaa.  En  ce  passage  aussi,  d'ailleurs,  xrt- 
(Tiç  suit  iravTbç  Çwou.  Pourquoi  cette  traduction  ici  et  là  ?  Ce  ne  peut 
être  ici  une  confusion  de  n^ifiwn  avec  Jr-iK-^nan  ;  là-bas  non  plus  le 
traducteur  n^a  pas  lu  herna  pour  m'maa  «. 

5.  —  Le  wsyriaque  de  ce  verset  confirme  une  de  nos  hypothèses, 
à  savoir  que  Tauteur  de  cette  version  a  revisé  son  œuvre  sur  le 
grec.  En  effet,  il  traduit  ainsi  le  premier  hémistiche  :  Sem,  Seth, 
Ênosch  parmi  les  hommes  ont  été  créés.  Il  a  donc  bien  lu  tDi^M,  à 
la  différence  de  G.  ;  mais  il  a  ajouté  «n5Nn  qu'il  trouvait  en  G. 

6.  —  Parmi  les  actes  d'utilité  publique  qui  marquèrent  l'espèce 
de  principat  du  grand  prêtre  Simon  :  restauration  du  temple,  con- 
solidation du  fiékhal,  creusement  d'un  réservoir  dans  la  ville 
sainte,  construction  d'une  muraille,  figure  celui-ci  : 

wttrta  ûa  rr«fi^  mp»  rro3  wna  n«« 

Si  le  premier  hémistiche  se  traduit  aisément  :  «  De  son  temps 
fut  creusé  un  réservoir  »,  il  n'en  est  pas  de  même  du  second,  qui 
sous  sa  forme  actuelle  est  incompréhensible.  Il  faut  donc,  pour  es- 
sayer d'y  voir  clair,  consulter  les  versions.  S.,  comme  il  lui  arrive 
assez  fréquemment,  quand  il  est  embarrassé,  a  passé  l'hémistiche; 
tout  le  verset  est  rendu  par  ces  simples  mots  :  il  creusa  une 
source.  G.  met  :  ;^aXxbç  a)(Te(  OaXàdaYjç  to  irepf|i.eTpov.  Ce  texte  est  vi- 
siblement corrompu  ;  traduit  mot  à  mot,  il  signifierait  :  «  airain 
comme  la  mer  [était]  le  périmètre  ».  Pour  lui  donner  un  sens,  il 
faudrait  :  1*  mettre  le  premier  mot  au  génitif,  2<>  supposer  que, 
contrairement  à  son  habitude,  le  traducteur,  ne  suivant  pas  la  con- 
texture  de  l'original,  a  fait  une  inversion.  On  obtiendrait  ainsi 
cette  phrase  :  «  Comme  la  mer  d'airain  était  le  périmètre.  »  Heu- 
reusement une  variante  nous  dispense  de  recourir  à  cet  expédient. 

*  Confusion  plutôt  auriculaire  quVulaire  ;  voir  d'autres  exemples,  plus  frappaota 
encore,  dans  notre  Introduction,  p.  xliv. 

*  Remarquer  que  les  LXX,  Ps.,  lxxiv,  18,  traduisent  le  mot  nW  •  cela  •  par  xotu- 
TY);  Tfic  xTt9e(tfc  90U  <  ta  création  > ,  ou  plutôt  supposent  ayant  on  après  nfitT»  rtndu 
par  TouTYi;,  un  autre  mot  répondant  à  «  ta  création  ». 


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NOTES  EXÉGÉTIQUES  SUR  L'ECCLÉSIASTIQUE  215 

Au  lieu  de  /aXxbç,  il  faut  lire  Xaxxoç,  «  cavité,  citerne,  réservoir  »  : 
f<  une  citerne  comme  la  mer  pour  le  périmètre  ».  S*appuyant  sur 
cette  leçoû,  M.  Schechter  corrige  donc  ainsi  le  texte  hébreu  :  moM 
i3i73na  û^3.  L'hypothèse  est  excellente ,  rp»«  serait  ici  pour 
nmD  «  fosse  »,  ou,  selon  moi,  un  néologisme  ayant  le  môme  sens 
quemrno. 

Que  signifie  le  dernier  mot? M.  Schechter  le  traduit  par  <c  sa 
grandeur  ».  Mais  \ytin  veut  plutôt  dire  «  abondance  ».  Pour  justi- 
fier cette  traduction,  il  faudrait  supposer  que  fauteur  a  pensé  à 
Isaïe,  Lx,  5  :  û"»  iiïan  y^'^y  ^err  •'D  «  car  se  tournera  vers  toi  l'abon- 
dance de  la  mer  »  ;  mais  là  môme,  comme  le  montre  le  parallé* 
lisme  de  bn  «  armée  »,  il  s*agit  «  d'abondance  »  et  non  de  «  gran- 
deur ».  G.  ne  peut  nous  ôtre  d*aucun  secours,  car  il  a  pris 
vraisemblablement  inwr  pour  Tabréviation  de  a-^ao  )vyn  «  tout  au- 
tour ».  Je  crois  que  ti^n  a  ici  le  môme  sens  que  dans  Ëcclés.,  v,  9, 
iTTDna  am«  •'tt  «  qui  aime  la  richesse,  Targent  ».  L'auteur  dirait 
ainsi  que  c'est  aux  fixais  du  grand  prôtre  que  fut  exécuté  le 
travail. 

1,  —  Verset  4  :  tjnrro  nn^b  ^txrm  «  qui  a  pris  des  précautions 
pour  son  peuple  contre  l'homme  de  proie  ».  — G.,  en  mettant  à  la 
fin  àîTo  TTroT^ercwç  (et  non  ^Tt6<re(oç)  «  de  la  crainte  »,  a  montré  qu'il  a 
lu  nnnç^  peut-ôtre  parce  qu'il  ne  comprenait  pas  t|nn,  qui  ne  se 
trouve  que  dans  Prov.,  xxiii,  28. 

8.  —  Verset  5  :  brrfina  ima^na  yrrû  Txn  «  Qu'il  était  admirable 
lorsqu'il. . .  de  la  tente  »  ! 

TTPa^nn,  dans  l'hébreu  biblique,  signifierait  :  «  lorsqu'il  regar- 
dait »,  ce  qui  va  mal  avec  le  contexte.  Aussi  M.  Schechter  y  voit- 
il  une  corruption  de  im^inn  c  lorsqu'il  sortait  ».  Mais  le  verbe 
rPA  signifie  plutôt  «  déborder,  faire  irruption  »  et  se  dit  toujours 
soit  des  choses,  soit  des  multitudes  *.  En  outre,  et  G.  et  S.  ont  lu 
certainement  déjà  nrrawna.  En  effet,  G.  dit  :  h  7CBpi(rcpo^7|  =  èni<r- 
Tpo^i^  «  attention,  sollicitude  ».  Si  S.  semble  donner  raison  à  la  con* 
jecture  de  M.  Schechter,  en  mettant  <i  lorsqu'il  sortait  »  dans  le 
premier  hémistiche,  ce  n'est  qu'en  apparence.  En  réalité,  il  inter'^ 
vertit  les  verbes  des  deux  membres  de  phrase,  et  comme  ce  n'est 
pas  in»atn  «  lor^squ'il  sortait  »,  dont  le  sens  est  indubitable,  qui  a 
pu  donner  lieu  à  la  traduction  «  quand  il  gouvernait»,  il  faut  né- 
cessairement que  cette  traduction  se  rapporte  au  premier  verbe. 
Ici  donc,  d'après  G.  et  S.,  l'hébreu  rri^Wi  aurait  la  signi- 
fication moderne  de  providere.  Les  deux  traducteurs  ont  proba- 
blement raison,  et  l'auteur  aura  voulu  de  nouveau  relier  deux 

^  Je  laisse  de  côté  "^m,  de  Ps.,  zxu,  10,  qui  est  obscur. 


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216  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

paragraphes  par  une  transition  :  Simon  était  donc  ainsi  admirable 
quand,  de  sa  tente,  du  fond  du  sanctuaire,  il  présidait  à  Tadminis- 
tration  du  pays  ;  mais  il  ne  l'était  pas  moins  quand  il  sortait  de 
Tenceinte  dérobée  par  le  voile. 

9.  —  Verset  6  :  ù-^ny  1^:112  "n«  arjiDD.  G.,  suivi  par  M.  Schechter, 
traduit  :  «  Comme  Tétoile  du  matin  du  milieu  des  nuées  ».  Il  vaut 
mieux  prendre  lifi(  pour  un  verbe  :  «  Comme  uue  étoile  qui  luit 
au  milieu  des  nuées  ». 

10.  —  Verset  9  b.  Le  texte,  paraît-il,  est  altéré  et  on  ne  lit  dis- 
tinctement, à  la  an,  que  b'^ia.  fit.  M.  Schechter  serait  disposé  à  lire 
b^ûW),  mot  qui  n'existe  pas  en  hébreu.  Ne  serait-ce  pas  i^a»  (Job, 
XL,  18),  qui  serait  ici  employé  avec  l'or  comme  il  Test  avec  le  fer 
dans  Job. 

11.  —Verset  10 &  :  ci5:>  ïTin»  1ï3«  "j^Di  «  Et  comme  un  arbre  à 
huile  qui  enivre  [ses]  branches  ».  L'image  n'est  pas  des  plus 
belles  ;  tr»"itt  «  qui  élève  »  serait  moins  étrange  peut-être.  Or,  G.  a 
précisément  considéré  le  participe  comme  s'il  appartenait  à  la  ra- 
cine tiD  l  x,a\  ùiç  xuTcctpiffcroç  6rj^ou[JLév7j  èv  vecpeXatç  a  Et  COmme  un  cy- 
près s'élevant  dans  les  nuées  ».  Il  a  donc  lu  û^Qvn».  —  Quant  au 
mot  tpy  «  branche  »,  il  l'a  pris  pour  \':y  «  nuée  ». 

12.  —  Verset  11  :  n-wDn  -n^in  lujnbnm  TiaD  -^naa  nma^a  «  Lorsqu'il 
se  parait  de  vêtements  de  gloire,  et  s'habillait  de  vêtements  de 
magniâcence  ».  On  est  tent<^  de  voir  dans  le  second  "^n^in  c  vête- 
ments »  une  inadvertance  d'un  copiste,  d'autant  plus  que  G.  tra- 
duit ce  mot  comme  s'il  y  avait  V-^te,  auvxéXeiav.  Mais  S.  montre 
qu'il  y  avait  bien  le  même  mot  dans  les  deux  hémistiches,  car  il 
se  sert  dans  l'un  et  dans  l'autre  du  terme  "«sfios.  Si  G.  ne  l'imite 
pas,  c'est  parce  qu'il  se  laisse  guider  par  le  souvenir  de  xlv,  8, 
d'autant  plus  que,  là-bas  aussi,  avec  le  substantif  est  employé  le 
verbe  «dnb.  Nous  avons  relevé  plusieurs  exemples  de  ce  procédé  ^ 

13.  — Verset  11  d  :  ©npïa  miy  ntn  «  Il  faisait  resplendir  le  parvis 
du  sanctuaire.  »  G.  traduit  ici  mr^  par  icepi^oXi^  «  enceinte,  mur  ». 
C'est  du  même  mot  qu'il  s'était  servi  pour  rendre  ï"W3  au  verset 
2b.  A-t-il  pris  l'un  de  ces  noms  pour  l'autre,  et  a-t-il  la  en  2b 
TWD?  (M.  .Schechter  suppose  précisément  qu'en  2^  il  y  avait  peut- 
être  T"W3?)  Cette  dernière  conjecture  serait  corroborée  par  S.,  qui 
a  pris  ici  rnT^  pour  le  mot  iy  ou  tv»  «  force  »,  d'où  «Dpm.  — A 
ce  propos  je  rappellerai,  comme  une  curiosité,  le  texte  de  xl,26  d  : 
Ï-.»  îTW  «pab  l'^fin.  M.  Bâcher  a  proposé  de  lire  1:^73  pour  répondre 
à  G.  et  S.  .  «  secours  ».  Or,  l'état  du  ms.  s'accorderait  bien 
mieux  avec  y^ya.  Là  aussi  le  copiste  aurait-il  écrit  X^yn  pour  tws? 

i  Voir  notre  Inlroduclion,  p.  xlv. 


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NOTES  EXÉGÉTIQUES  SUR  L'ECCLÉSIASTIQUE  217 

Il  aurait  ainsi  imité  celui  de  ses  prédécessenrs  à  qui  nous  devons 
le  texte  des  Psaumes.  Au  cliap.  lxxi,  3,  se  lit  cette  phrase  :  n*^ 
^3y»)z)Tnb  o.1t:^  "rab  '^b  «  Sois-moi  un  rocher  de  demeure  pour 
me  sauver.  »  Il  est  bien  évident  que  \vn  «  demeure  »  est  mis 
ici  pour  TV»  «  forteresse,  force  »  ;  c'est  la  leçon,  d'ailleurs,  qu'ont 
conservée  certains  mss.  hébreux  au  témoignage  de  Norzi  (r-in3!Q 
•nDj.Les  LXX,  qui  traduisent  nn^  par  «  Dieu  »,  rendent  aussi  *\xm 
par  «  protecteur  »,  ce  qui  suppose  la  lecture  'wm.  Mais,  bien 
plus,  le  texte  biblique  montre  lui-môme  qu'il  doit  en  être  ainsi. 
En  effet,  les  quatre  premiers  versets  du  psaume  lxxi  sont  la  re- 
production textuelle  des  quatre  premiers  versets  du  psaume  xxxi, 
et  là  le  verset  3  porte  :  •^a^iDinb  ...TVtî  m^b  <b  ïr^n*.  Les  LXX  tra- 
duisent ces  mots  exactement  de  la  même  façon  que  lxxi,  3.  Une 
confusion  analogue  a  dû  avoir  lieu  dans  le  Ps.,  ex,  1,  n-»tT  1V!Q 
13b,  où  les  LXX  ont  lu  également  tv73,  exigé  par  le  sens  *. 

Israël  Lévi. 

»  Les  mots  intermédiaires,  dans  Ps.,  lxxi,  3,  •»3y^TDinb  ro^'Z  T»Wn  Ninb,  qui 
s'expliquent  très  difficilement,  deviennent  irès  clairs  si  on  les  rapproche  de  ceux  qui 
y  correspondent  dans  xxi,  3  :  "^syïttJinb  nm^D  n'>ab. 

*  Qraetz,  dans  son  Commentaire  sur  les  Psaumes,  a  déjà  indiqué  ces  deux  cor- 
rections. 


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NOOVEAOX  DOCCMENTS  RELATIFS  kU  JOIPS  D'EGYPTE 


Nous  avons  déjà,  à  plusieurs  reprises,  entretenu  nos  lecteurs  de 
renseignements  concernant  les  Juifs,  contenus  dans  des  papyrus 
grecs  de  provenance  égyptienne.  Sans  prétendre  dresser  une  liste 
limitative  des  documents  de  ce  genre,  énumërons  ici  ceux  qui, 
à  notre  connaissance,  ont  été  signalés  jusqu'à  présent  : 

1.  Papyrus  du  Louvre,  n*»  2376  bis.  Un  fragment  se  trouve  à 
Londres.  Un  fragment  d*une  rédaction  abrégée  du  môme  document 
est  à  Berlin  (n»  341). 

Publications.  Fragment  de  Londres  :  Forshall,  Description  of 
the  greek  papyri  in4he  British  Muséum  (1839),  n»  43.  Kenyon, 
Greek  papyri  in  the  Br,  Muséum,  I  (1893),  n«  1.  —  Fragments  de 
Paris  :  Brunet  de  Presle,  Notices  et  extraits  des  manuscrits^ 
tome  XVIII,  2«  partie  (1865),  p.  383,  suiv.,  n»  68,  et  Planches, 
n*  XL VI.  —  Wilcken,  dans  Hermès,  XXVII  (1892),  p.  464  suiv.  — 
Th.  Reinach,  dans  Revue  des  Études  juives,  XXVII  (1893),  p.  70 
suiv.  et  dans  Textes  d'auteurs  grecs  et  romains  relatifs  au 
judaïsme  (1895),  p.  218  suiv.  ~  Fragment  de  Berlin  :  Krebs  dans 
jEgypiische  Urkundefi,..  zu  Berlin,  I,  n«  341;  Wilcken  dans 
Hermès,  XXX  (1895),  p.  482  suiv. 

Des  Grecs  d'Alexandrie  (Paul,  Antonin,  Théon?)  sont  traduits 
devant  le  tribunal  d'un  empereur  sous  l'accusation  de  violences 
contre  les  Juifs.  Ils  prétendent,  pour  se  justifier,  n'avoir  fait 
qu'exécuter  les  ordres  du  préfet  Lupus  dirigés  contre  un  «  roi  de 
mascarade  ».  Une  délégation  juive  contredit  leurs  assertions.  — 
L'empereur  est  probablement  Hadrien.  L'objection  principale 
faite  à  cette  attribution  tombe  devant  la  remarque  que  M.  Ruti- 
lius  Lupus,  sous  qui  éclata,  à  la  fin  du  règne  de  Trajan,  la  grande 
insurrection  juive  d'Egypte,  était  encore  en  fonction  au  début  du 
règne  d'Hadrien  :  Q.  Marcius  Turbo  fut  chargé  d'une  mission 
exclusivement  militaire.  Mais  le  «  roi  de  mascarade  »  ne  doit  pas 
être  identifié  avec  André-Loucouas,  roi  des  insurgés  de  Cyrène;  il 
parait  s'être  appelé  Anthimos. 


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NOUVEAUX  DOCUMENTS  RELATIFS  AUX  JUIFS  D'EGYPTE  Î19 

2.  Papyrus  de  Berlin,  n<»  511,  et  Pap3rru8  deOizeh,  n*  XXXI, 
132.  Deux  fragments  d*un  môme  ensemble. 

Publications.  Fragment  de  Berlin  :  Wilcken,  jEgyvtische 
Urhunden...  zu  Berlin,  II,  n«  511,  et  dans  Hermès,  XXX  (1895), 
p.  485  suiv.  —  Fragment  de  Gizeh,  combiné  avec  celui  de  Berlin  : 
Th.  Reinach,  Revue  des  Études  juives,  XXXI  (1895).  p.  161 
suiv.  Cf.  encore  Wilcken  dans  Berliner  phUologische  Wochen- 
schrift,  1896,  col.  1617,  et  1897,  col.  410;  Th.  Reinach,  dans 
Revue,  XXXn,  160;  XXXIV,  296. 

Procès-verbal  de  deux  délibérations  du  consilium  de  l'empereur 
Claude.  Il  s'agit  d'accusations  réciproques  portées  par  Agrippa  I«% 
roi  des  Juifs,  et  deux  agitateurs  alexandrins,  le  gymnasiarque 
Isidoros  et  Lampon  (bien  connus  par  Philon,  In  Flaccum,  c.  4  et 
15-17).  Ces  deux  derniers  ont  été  condamnés  à  mort.  Dans  la  pre- 
mière séance,  qui  se  passe  hors  de  la  présence  des  parties,  un 
sénateur  Tarquinius  intervient  en  faveur  des  Alexandrins.  Dans  la 
seconde,  qjii  paraît  avoir  pour  théâtre  les  fforti[Servi]Uani,  nous 
assistons  à  un  dialogue  entre  Claude  et  Isidoros,  où  ce  dernier 
profère  contre  l'empereur  les  discours  les  plus  outrageants. 

3.  Papyrus  de  Berlin,  n*  588. 

Publication  :  Krebs  dans  jEgyptische  Urhunden...  zu  Berlin^ 
II  (1896-8),  no  588. 

Petit  fragment  provenant  du  Fayoum  et  qui  parait  être  Textrait 
d*un  protocole  analogue  aux  précédents,  probablement  du  \^^  siècle. 
La  dixième  et  dernière  ligne  est;  ainsi  conçue  :  'AXe^]  avSpeti;  ^aat- 

Xeù<  *Poj|jLai(i>v. 

4.  Papyrus  du  British  Muséum,  n"  639.  Thébaïde. 
Publication  :  Grenfell,  An  alexandrian  erotic  fragment  and 

olher  greeh  papyri  chiefly  Ptolemaic  (Oxford,  1896),  n*  XLIII, 
p.  75. 

«  Ménon  à  son  frère  Hermokratès,  salut.  Si  tu  te  portes  bien 
(tant  mieux),  nous  allons  bien,  moi-même,  Aphrodisia^  sa  lille,  la 
jeune  esclave  Pt  la  fille  de  celle-ci.  Je  t'ai  écrit  quelnotre  jument 
(est  malade??)  et  que  nous  Ta  vous  mise  (en  p(>nsion  ?)  chez  un  Juif 
du  nom  de  AavoouXoç  (Daniel?).  Comme  il  ne  nous  afpas  rendu  la 
jument  et  ne  nous  a  pas  payé  en  plus  (??)  ses  frai»  de  transport 
(??  Tcopeiav),  nous  te  Pavons  écrit  pour  que  tu  le  saches.  Porte-toi 
bien.  (P.  S.)  Ta  feras  bien  d'acheter  deux  statères  de  pourpre 
pour  moi  et  deux  pour  Aphrodisia.  i» 

ô.  Papyrus  du  Fayoum  [k  de  Mahaffy). 


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220  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Je  ne  connais  ce  fragment  que  par  une  note  de  Mahafly  dans 
VAihenœum,  1«'  juin  1895,  n?  3527,  p.  712-3  (reproduite  dans 
Willrich,  Juden  und  Oriechen  vor  der  makhabàischen  Brhe- 
bung,  1895,  p.  152)  et  par  un  article  de  Schùrer  [Theol.  LUera- 
turz.^  1896,  p.  522),  auquel  Grenfell  en  a  communiqué  un  déchif- 
frement provisoire.  Au  recto  du  papyrus  (qui  provient  d'un 
cartonnage  de  momie  et  parait  dater  du  ii^'  siècle  av.  J.-C.)  on  ne 
lit  que  Tûv  Tze^x  2:a(jLapciav  (village  connu  du  Fayoum).  Au  verso, 
abstraction  faite  des  chiffres  : 

Ta    Xoyia  a...$ia    nToXe|i.aio[u] 
0eo8oTOç  AXeÇavSpou    0eo8oT[ou] 
©eoSwpa  AeovTiç  (?)  Maptou 
0eo{iLV7i(yTOç  [Aj^aiôeou  0eo$a)pou 

MedopTj  a 
Saêêaôiov  ApicrriTCTcou  laxouêtoç 
Saêêaôiov  Saêêaiou  8(=  Tou?)  xai  Mapiou 
AoxriOea   0eoBoTou  0eoS(Dpcu 

Mahaffy  voyait  dans  (Ta^gaOïov  =  (yoêgareTov  la  mention  d'une  sy- 
nagogue énumérée  parmi  des  contribuables  ;  avec  plus  de  vrai- 
semblance Schùrer  y  voit  un  nom  de  femme  (cp.  Tàriov  à  Phocée). 
En  tout  cas,  le  nom  est  bien  juif. 

Cette  intéressante  série,  probablement  incomplète,  vient  de 
s'enrichir  de  plusieurs  pièces  nouvelles.  Nous  les  trouvons  dans  le 
premier  volume,  récemment  paru  (1898),  des  Oxyrhynchus  papyri 
de  MM.  Grenfell  et  Hunt.  On  sait  que  la  petite  ville  morte  d'Oxy- 
rhynchus  (Behneseh)^  située  à  Touestdu  Nil,  à  la  lisière  du  désert, 
a  été  le  théâtre,  il  y  a  quelques  années,  d'une  trouvaille  capitale  : 
des  monticules,  recouverts  depuis  longtemps  par  le  sable  du  désert, 
ont  été  éventrés  par  les  explorateurs  anglais  ;  on  y  a  découvert,  en 
quelque  sorte,  les  «  corbeilles  de  but*eau  »,  déversées  là  pendant 
quatre  ou  cinq  siècles,  de  cette  petite  ville  provinciale.  Fragments 
d'auteurs  classiques,  pièces  d'archives,  documents  judiciaires, 
administratifs,  financiers,  fragments  de  comptes,  correspondances 
privées,  tout  s'y  trouve  pôle-méle  et  tout  cela  sera,  peu  à  peu, 
trié,  déchiffré,  publié  par  les  soins  des  deux  scholars^  dont  le  zèle 
laborieux  et  savant  égale  le  bonheur.  Tous  les  papyrus  sont 
d'époque  romaine  ou  byzantine;  ils  complètent  donc  de  la  manière 
la  plus  heureuse  les  précédentes  publications  de  M.  Grenfell,  qui 
concernaient  surtout  la  période  ptolémaïque. 

Oxyrhynchus  parait  avoir  possédé  une  communauté  juive  assez 
importante.  En  effet,  une  rue  de  la  ville  portait,  comme  dans  nos 


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NOUVEAUX  DOCUMENTS  RELATIFS  AUX  JUIFS  D'EGYPTE  221 

villes  du  moyen  âge,  le  nom  de  rue  Judaïque.  Nous  en  avons  la 
preuve  dans  le  papyrus  n^  100  (p.  163),  qui  est  une  déclaration  de 
vente  faite  devant  les  édiles  par  un  certain  M.  Antonius  Dius.  Dius 
a  vendu  quatre  vici  (pe^xouç)  détachés  des  terrains  à  bâtir  qu*il 
possédait  dans  le  quartier  Cretois  et  dans  la  rue  Judaïque,  à^rb  t(5v 

ÙTcap^^ovTwv    jiLot   Itz'   àu.?pc5Sou  *  Kp7|Tixou  xat  louSaixTj;    XotTrwv    tj/eiXwv 

T^iccDv  pefxouç  T£(T<rapaç  (l.  8-10).  Il  faut  devant  'louSaixTiç  évidem- 
ment sous-entendre  ^u[iLir)  ou  oZ6ç. 

Cette  communauté  juive  a  dû  plus  tard  se  convertir  en  partie  au 
christianisme  ;  mais  les  descendants  de  ces  Juifs  convertis  pa- 
raissent avoir  conservé,  par  tradition,  des  noms  hébraïques.  Le 
papyrus  n<>  131,  du  vi«  siècle,  est  une  pétition,  au  sujet  d'une  que- 
relle d*héritage,  adressée  par  un  certain  Sousneus  à  un  haut 
fonctionnaire.  Les  noms  mentionnés  dans  ce  document  ont 
presque  tous  une  physionomie  hébraïque  prononcée.  La  mère 
du  pétitionnaire  et  de  ses  frères  s'appelait  'Ia)...pà<p7i  (1.  6), 
son  plus  jeune  frère  David,  Aaue^T  (l.  7,  etc.),  sa  sœur  aînée 
*£Xi<rQl€6T  (1.  25).  Cependant  les  sigaes  de  croix  semés  dans  la 
lettre  semblent  indiquer  que  Fauteur  est  chrétien.  Les  éditeurs 
anglais,  approuvés  par  M.  de  Wilamowitz,  en  ont  conclu  qu'il 
s^agit  de  descendants  de  Juifs  convertis.  Cette  conclusion  est 
probable,  mais  non  certaine,  car  les  noms  juifs  étaient  fort  en 
usage  dans  l'Egypte  chrétienne  des  iv«-vi«  siècles  ;  dans  notre  do- 
cument même  il  est  question  d'un  certain  magistrat  appelé  Abra- 
ham ('AêpaxjjLioç),  qui  ne  paraît  pas  faire  partie  de  la  famille  liti- 
gante.  Quant  au  «  style  hébraïsant»  relevé  par  les  éditeurs,  je  crois 
que  c'est  une  illusion  d'optique. 

Les  Juifs  d'Oxyrhynchus  paraissent  avoir  eu  accès  aux  em- 
plois municipaux.  Le  papyrus  n«»  43  verso  (p.  96  suiv.)  ren- 
ferme une  liste  des  <<  gardiens  de  la  paix  »  préposés  aux  diffé- 
rents quartiers  de  la  ville.  Parmi  les  gardiens  du  temple  de  Sérapis 
figure  (col.  II,  13)  un  certain  Jacob,  fils  d'Achille,  'laxwp  'A^tX- 
Xéwç.  Le  papyrus  est  de  Pan  300  environ  ;  à  cette  époque  Oxyrhyn- 
chus  ne  devait  guère  renfermer  de  chrétiens.  Jacob  est  donc  pro- 
bablement un  Juif.  Un  Juif  gardien  d'un  temple  ^yptien,  dans  une 
ville  gréco-romaine,  voilà  une  combinaison  assez  piquante. 

L'existence  de  cette  communauté  juive  d'Oxyrhynchus  explique 
peut-être  la  conservation,  dans  les  archives  de  cette  ville,  d'un 
très  curieux  document  (n*  33,  verso),  qui  paraît  se  rattacher  à  la 
série  des  papyrus  relatifs  aux  querelles    entre  Juifs  et  Grecs 

*■  Le  sens  véritable  de  ce  mot  (à(xq>oSov)  est  quartier^  non  ru9  ou  carrtfowr.  Cf. 
Ckronieon  Aleœandrinum^  p.  254  a,  où  est  rapportée  la  division  de  la  ville  de  Jé- 
rusalem en  sept  4|&90^. 


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222  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

d*Alexandrie  (papyrus  de  Claude  et  d'Hadrien).  M.  Henri  Weil  et 
M.  Adolf  Deissmann  ont  reconnu  en  môme  temps  et  indépendam- 
ment Tun  et  i*autre  *  ie  véritable  caractère  de  ce  document.  G*est 
l'extrait  d'un  procès-verbal  ofâciel,  qui  relatait  la  comparatioo» 
devant  Tempereur  Commode,  à  Rome,  d'un  agitateur  et  gymna- 
siarque  alexandrin,  nommé  Appianos  >.  Successeur  et  émule  des 
fameux  démagogues  Isidoros  et  Lampon,  dont  il  se  réclame,  H 
égale  s^il  ne  dépasse  pas  Tinsolence  de  leur  langage  envers  Tem- 
pereur.  La  pièce  est  si  caractéristique  que  nous  croyons  devoir  la 
mettre  entièrement  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs. 

Le  papyrus,  incomplet  au  début,  nous  transporte  in  niediM  r€S. 
Appianos  vient  d'être  condamné  à  mort  par  Tempereur,  on  va 
remmener  au  supplice.  Le  condamné  a  se  retourne  et  apercevant 
(parmi  les  assistants)  Héliodoros*,  il  dit  :  «  Héliodoros,  on  m'em- 
mène et  tu  ne  dis  rien?  »  Héliodoros  répond  :  «  A  quoi  bon  parler 
puisqu'il  n*y  a  personne  pour  nous  entendre  ?  Va,  mon  fils,  va 
mourir.  C'est  une  gloire  pour  toi  de  mourir  pour  ta  très  douce 
patrie  ;  ne  lutte  pas^. . .  »  L'empereur  le  rappela.  L'empereur  dit  : 
«  Sais-tu  maintenant  à  qui  tu  parles?  »  Appianos  :  «  Je  le  sais; 
Appianos  parle  à  un  tyran.  »  L'empereur  :  «  Non,  mais  à  un 
roi  ^.  »  Appianos  :  <x  Ne  parle  pas  ainsi.  Ton  père  Antonin  *  avait  le 
droit  de  faire  l'empereur.  Ecoute  :  d^abord  il  était  philosophe, 
en  second  lieu  désintéressé,  en  troisième  lieu  ami  du  bien;  toi,  ta 
as  tous  les  défauts  contraires,  tyrannie,  indifférence  au  bien,  igno- 
rance. »  César  ordonna  de  l'emmener  ;  Appianos,  pendant  qu*on 
l'emmène,  dit  :  «  Accorde-moi  cette  faveur,  seigneur  César.  » 
L'empereur  :  «  Laquelle  ?  »  Appianos  :  «  Ordonne  qtt*on  m'em- 
mène revêtu  de  toute  ma  dignité.  »  L'empereur  :  «  Soit.  »  Appia- 
nos, prenant  la  bandelette,  la  noua  autour  de  sa  tête,  chaussa  ses 
pieds  du  phaicasion  ^  et  s'écria  au  milieu  de  Rome  :  «  Accourez 
tous,  Romains,  venez  voir  un  gymnasiarque  perpétuel  (?)  »,  un  en- 

>  H.  Weil,  Revue  des  études  grecques^  XI  (1898),  p.  243  suiv.;  Ad.  Deissmann, 
Tkeologiscke  Lùeraturuitung,  1898  (n"  23),  col.  603  suiv. 

*  Pour  prévenir  toute  confusion ,  disons  tout  de  suite  qu'il  est  impossible 
d'identifier  ce  personnage  avec  l'historien  Appien,  également  natif  d'Alexandrie  et 
qui  y  occupa  de  hautes  dignités  ;  Appien  était  déjà  un  vieillard  sous  Antonin  le 
Pieux  (Fronton,  epist.  9)  ;  notre  Appianos  est  encore  dans  la  force  de  l'ftge  sous  Com- 
mode ;  mais  les  deux  personnages  pourraient,  a  la  rigueur,  être  de  la  môme  Camille, 

*  Sans  doute  un  délégué  influent  des  Alexandrins.  Grenfell  veut  reconnaître  Avi- 
dius   Heliodorus,  préfet    d'Egypte  en  143    (Dion,  LXXl,  22). 

*  Cf.  papyrus  de  Claude,  col.  1, 1.  5-7  :  ei]  (uv  uicep  [icarpiSo;...  r^yw]  viÇwo... 

"  BoatXel.  De  bonne  heure  en  pays  de  langue  grecque  les  empereurs  ont  reçu  ce 
nom.  Cf.  suprà  pap.,  n»  3  (Berol.  588). 

*  Marc  Aurèle,  comme  le  prouve  la  suite.  Son  nom  officiel  était  Antoninus. 

^  Chaussure  particulière  aux  gymnasiarques.  Plutarque,  Atare  Antoine^  c  33. 
^  ëva  àV  alûvoc  àtcaY^l^evov  YV(j.va<riapxov.  Le  sens  de  Texpression  àttf  alâ(vo<  est 
douteux. 


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NOUVEAUX  DOCUMENTS  RELATIFS  AUX  JUIFS  D'EGYPTE  223 

Toyé  des  Alexandrins  emmené  au  sapplice.  »  Le  garde  du  corps, 
accourant  aussitôt,  s'approche  du  prince  et  dit  :  a  Seigneur,  as- 
sieds-toi ;  les  Romains  grondent.  »  L'empereur  :  «  A  quel  pro- 
pos?» Le  consul  :a  Parce  qu'on  emmène  l'Alexandrin  au  sup- 
plice. »  L  empereur  :  *  Qu'on  aille  le  chercher.  »  Appianos 
rentrant  dit  :  «  Qui  donc,  lorsque  je  saluais  déjà  mon  second  en- 
fer (?)  *  et  ceux  qui  sont  morts  avant  moi,  Théon,  Isidoros,  Lam- 
pon,  qui  donc  m'a  fait  revenir?  Est-ce  le  sénat  ou  toi,  chef  de  bri- 
gands ?  0  L^empereur  :  «  Appianos,  nous  aussi  nous  avons  coutume 
de  ramener  à  la  raison  les  fous  et  les  égarés  ;  tu  ne  parles  qu'au- 
tant que  je  te  permets  de  parler.  »  Appianos  :  «  J'en  jure  par  ta 
Fortune,  je  ne  suis  ni  fou  ni  égaré,  mais  je  proteste  au  nom  de 
ma  dignité  et  de  ce  qui  me  revient.  »  L'empereur  :  «  Comment 
cela  ?  »  Appianos  :  a  Parce  que  je  suis  noble  et  gymnasiarque.  » 
L'empereur  :  «  Prétends- tu  que  je  ne  sois  pas  noble?  »  Appianos  : 
«  Cela,  je  n'en  sais  rien  ;  mais  je  proclame  ma  propre  noblesse  et 
ce  qui  m'est  dû  (?)  »  L'empereur  :  «  Ne  sais-tu  pas  (que  je  suis  ton 
roi(?)»  »  Appianos  :  «  Quant  à  cela,  je  te  démontrerai  que  tu  es 
dans  Terreur'.  D'aborJ  César  sauva  Cléopâtre;  ensuite  (celle-ci  ?) 
s'empara  du  royaume  et,  suivant  ce  que  disent  quelques-uns,  prêta 
de  l'argent  (à  César. . .)  *  » 

Et  c'est  sur  cette  leçon  d'histoire  tronquée  que  s'arrête  notre 
fragment.  Il  n'est  pas  douteux  que  Tlsidoros  et  le  Lampon,  men- 
tionnés par  Appianos  comme  ses  précurseurs  dans  le  martyre,  ne 
soient  les  mêmes  agitateurs  que  nous  connaissions  depuis  long- 
temps par  Philon  et  que  nous  avons  retrouvés  dans  le  papyrus  de 
Claude.  Quant  à  Théon,  son  identification  est  plus  douteuse. 
L'ordre  dans  lequel  il  est  mentionné  ici  semble  indiquer  que  son 
supplice  a  précédé  ceux  dlsidoros  et  de  Lampon'.  Or^  dans  un  pas- 
sage très  mutilé  du  papyrus  de  Claude  et  que  j'ai  restitué  na- 
guère à  grand  renfort  de  points  d'interrogation,  on  lit  (col.  II, 
L  16,  suiv.). 

KXauôid;  Kai[<rap . . . 
xara  tou  e[JLOu.  . . 

[JLOU    8uO    (piX[0UÇ 

0e(Dva  eÇv^Y'^iKv 

'  TÔv  ^utepov  Itou  f 5yiv  Tcpoaxvvouvra.  Il  avait  donc  déjà  une  fois  yu  de  près  le 
supplice  ? 

«  Je  restitue  vûv  oOx  oîôot;  ôti  [—  paexiXeî;  èffjjiiv  ;] 

'  Les  suppléments  de  Grenfell,  toOto  |x[èv  el  àXYiBû;  oOx  o!]Sa<  ne  me  paraissent 
pas  admissibles. 

*  Restitution  douteuse. 

'  C'est  pourquoi  je  ne  puis  approuver  la  conjecture  de  Deissmann,  qui  le  reconnaît 
dans  le  Théon  du  papyrus  d'Hadrien,  1,  3,  etc. 


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22A  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Il  n'est  pas  impossible  que  cet  «  exégète  »  Théon  —  Texégète 
était  un  haut  magistrat  alexandrin,  revêtu  de  la  pourpre  —  soit 
le  Théon  qu'Appianos  énumère  parmi  les  anciennes  et  illustres  vic- 
times <}u  despotisme  impérial  qu'il  va  rejoindre  dans  l'Hadès. 

Le  nom  des  Juifs  n'est  pas  prononcé  dans  notre  papyrus  ;  nous 
ne  pouvons  donc  pas  affirmer  que  le  supplice  du  gymnasiarque 
Appianos  se  rattache  à  une  querelle  entre  Juifs  et  Grecs;  pour- 
tant la  mention  d'Isidoros  et  de  Lampon  donne  quelque  vraisem- 
blance à  cette  induction.  En  tout  cas,  notre  papyrus  mérite  de 
prendre  place  dans  la  série  des  documents  intéressant  l'histoire 
juive,  par  cela  seul  qu'il  nous  apprend  qulsidoros  et  Lampon 
furent  non  seulement  condamnés  à  mort,  mais  effectivement 
exécutés. 

Quant  aux  hypothèses  qu'on  peut  former  sur  la  nature  et  l'objet 
du  recueil  historique  dont  paraissent  avoir  fait  partie  les  trois 
procès-verbaux  de  Claude,  d'Hadrien  et  de  Commode,  nous  en  fe- 
rons volontiers  bon  marché  et  nous  renverrons  là-dessus  le  lecteur 
à  Tarticle  da  M.  Deissmann.  Ce  savant  propose  de  reconnaître  dans 
le  recueil  présumé  une  compilation  née  vers  Tan  200  au  sein  de  la 
juiverie  d'Alexandrie,  une  sorte  à*historia  calamiiafum  de  cette  . 
communauté,  contemporaine  et  rivale  des  premiers  martyrologes 
chrétiens;  il  croit  à  la  sincérité  des  protocoles  insérés  comme 
pièces  justificatives  dans  ce  recueil,  tout  en  laissant  entendre  que 
le  rédacteur  a  bien  pu  accentuer  un  peu  l'insolence  des  anti- 
sémites alexandrins,  pour  les  noircir  aux  yeux  des  autorités  im- 
périales. Ces  conjectures  sont  ingénieuses;  nous  ne  les  croyons 
pas  probantes;  le  caractère  judéophile  de  la  compilation  en  ques- 
tion nous  parait  môme  infiniment  douteux.  Martyrologe  pour 
martyrologe,  nous  y  verrions  plutôt  celui  des  gymnasiarques 
d'Alexandrie,  et,  puisque  Phistoire  recommence  toujours,  c'est 
au  maire  révoqué  d'Alger  ;  non  au  grand  rabbin  de  cette  mal- 
heureuse communauté,  qu'il  conviendrait  d'en  dédier  une  édi- 
tion nouvelle. 

Théodore  Reinagh. 


Post-Scriptum,  —  En  parcourant  le  premier  volume  du  cata- 
logue des  papyrus  du  Musée  Britannique,  publié  par  M.  Eenyon  en 
1893,  j'y  trouve  deux  autres  mentions  de  Juifs,  provenant  toutes 
deux  du  Fayoum.  Le  pap.  113,  7  (p.  215),  du  vi*  ou  vu*  siècle 
de  l'ère  chrétienne,  renferme  une  reconnaissance  de  paiement  an- 
ticipé adressée  à  Gérontios,  intendant  (xapTouXapioç)  du  général 
Théodose^  par  deux  individus  appelés  Aurélius  Abraham,  fils  de 


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NOUVEAUX  DOCUMENTS  RELATIFS  AUX  JUIFS  D'EGYPTE  225 

LéTi,  et  Aarélius  Amoun,  fils  de  David  (Aup7|Xioc  ASpaajjLioç  utoç  Aonr^u 
xflcc  AfÀouv  uioç  AauiT].  marchands  de  foin.  Quoique  le  document  soit 
encadré,  suivant  l'usage,  de  signes  de  croix,  les  noms  des  ven- 
deurs ont  bien  un  cachet  Israélite  ;  la  transcription  Aa-r^u  pour 
Aeui,  qui  revient  trois  fois,  est  curieuse. 

Dans  le  n?  113,  11  (p.  223),  la  présence  d^un  contractant  juif  est 
encore  plus  certaine.  C'est  un  échange  de  vinaigre  contre  du  moût, 
conclu  entre  ApoUos  «  tête  d'épongé  *  du  village  des  Arabes,  pro- 
vince d'Arsinoé,  et  <k  l'hébreu  Abraham,  fils  de  Théodotos  »  :  eyw 

A'3coXX(i>ç  uioç  AvTwviou  ff7coYYOXÊ(paXoç,  «tto  xcojjlt^ç  Apa6a)v  tou  Apai- 
voiTOu  vojJLOu,    901   AêpafiLta)    Ëêpeico   ui<o   0eoSoTOu   ocko    ttjç    ApaivoiTcov 

xoXe<i)ç,  etc.  Le  document  est  du  vi»  ou  du  vii"  siècle.  N'oublions 
pas  que  le  gaon  Saadia  naquit  au  Fayoum  à  la  fin  du  neuvième. 

Enfin  je  dois  signaler  —  ou  rappeler  —  à  nos  lecteurs  l'ingé- 
nieux article  de  la  Revue  de  Philologie  (1898,  XXII,  p.  18  suiv.) 
où  M.  Nicole  a  reconnu  dans  un  lambeau  de  papyrus  de  la  collec- 
tion Boissier  de  Genève  l'extrait  d'une  ordonnance  d*Aulus  Avil- 
lius  Flaccus,  préfet  d'Egypte,  rendue  l'an  21  de  Tibère  (34  après 
J.-C).  Les  dernières  lignes  lisibles  paraissent  interdire,  sous 
peine  de  mort,  le  port  des  armes  (fiiaxatpocpopav)  ;  M.  Nicole  rap- 
proche de  ces  lignes  lec.  11  de  Vin  Flaccum  de  Philon,  où  il  est 
question  de  mesures  de  ce  genre  prises  contre  les  Egyptiens  et  les 
Juifs. 

T.  R. 


T.  XXXVII,  MO  74.  M 


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LA  VERSION  ARA6É:  ET  LE  COMSlENTÀIïtE  bES  PROVERBES         227 

Suffisent  pas  à  S.  ;  il  les  élargit,  les  développé.  Ainsi  vi,  6-11,  hoas 
enseigne  que  nous  devons  imiter  Tapplication  de  la  fourmi;  S.  ajoiité 
que  Tabeille  nous  ofifre  le  même  exemple,  et  puis,  les  fourmis  lïûus 
apprennent  encore  ce  que  vaut  Tunion,  puisqu'elles  travaillent 
ensemble  sans  avoir  de  chef.  11  reconnaît  de  nouveau  la  qualité 
des  abeilles  lorsqu'il  mentionne  leur  art  de  bâtir  à  côté  de  celui  des 
gerboises  (xxx,  26).  Quelquefois  le  commentaire  peut  passer  pour 
une  correction  tacite.  Si  les  Proverbe^  comparent  la  sagesse  au  miel 
(XVI,  24;  xxrv,  13,  14),  S.,  rappelant  la  sentence  des  Psaumes 
(xix,  11),  remarque  que  la  sagesse  surpasse  le  miel  le  pltfs(  pur. 
En  ajoutant  ainsi  ses  propres  idées  à  celles  des  Proverbes,  S.  nous 
fait  connaître  dans  sa  traduction  et  ses  commentaires  une  grande 
partie  de  ses  opinions,  de  ses  tendances,  de  son  individualité. 

Le  commentaire  poursuit  surtout  un  but  moral  et  religieux. 
Beaucoup  de  proverbes  traitent  de  la  diligence,  de  la  prudence,  de 
l'économie,  de  l'avarice,  de  l'ivresse,  etc.  D'ordinaire,  S.  ne  S'ar- 
rête pas  au  sens  immédiat  de  ces  versets,  il  les  élève  à  une  hau- 
teur religieuse,  dans  la  sphère  du  divin.  A  toute  occasion,  il  fait  in- 
tervenir Dieu,  comme  celui  qui  agit,  qui  possède,  qui  règne.  Si 
le  désir  des  justes  est  réalisé  (x,  24),  c'est  Dieu  qui  le  réalise  ; 
si  l'homme  est  récompensé  selon  l'œuvre  je  ses  mains  (xii,  14), 
la  version  rappelle  que  c'est  Dieu  qui  récompense.  Le  pauvre  n'a 
pas  entendu  la  réprimande  (xiii,  8),  c'est-à-dire  le  vrai  pauvre  est 
celui  qui  n'entend  pas  la  réprimande  de  Dieu.  Celui-là  périt  qui  dé- 
daigne sa  voie  (xix,  16);  c'est-à-dire  la  voie  de  Dieu.  Il  y  a  môme 
un  verset  que  S.  met  dans  la  bouche  de  Dieu,  lui  faisant  dire  :  «  Ce- 
lui qui  apprend  à  l'hommiBà  m'obéir,  trouvera  de  la  faveur...  » 
(xxviii,  23). 

Sans  doute,  pris  à  la  lettre,  chaque  verset  ne  comporte  pas 
d'interprétation  religieuse.  Mais  S.  suppose  qu'à  côté  du  sens  lit- 
téral hn«à  'hy]^  il  y  en  a  un  intérieur  (pNa  '<by)  ;  ce  qui  lui  per- 
met d'introduire  partout  la  religion  et  la  morale.  Les  Proverbes 
disent  qu'il  est  dangereux  de  s'engager  pour  les  dettes  d'autrui 
(vi,  1-5);  mais,  ajouté  S.,  il  est  beaucoup  plus  important  encore 
de  s'engager  à  suivre  les  préceptes  divins  et  à  s'écarter  du  mal. 
Lé  paresseux  blâmé  si  souvent  est  celui  qui  néglige  la  religion 
aussi  bien  que  celui  qui  néglige  ses  aâaires  ^ 

Une  question  que  S.  se  pose  souvent,  c'est  de  savoir  si  les  ar- 
rêts prononcés  par  Dieu  sont  appliqués  dans  ce  monde-ci  ou  dans 
l'autre.  L'autre  monde,  S.  le  reconnaît  dansi  plusieurs  termes  du 

'  Lâs  exemples  d'une  interprétation  double  sont  excessivement  nombreux.  En 
voici  queiqués-uiïs^:  v,  15-20  ;  viii,  32-36  ;  x,  12;  xiu,  17  ;  xv,  17;  xvii,  13  ;  xix, 
29  ;  xz,  29  ;  xxz,  8  ;  xxii,  3,  24  ;  zxvi,  23  ;  xxtu,  6,  7,  18  ;  xxyiii,  25  ;  xxix,  9. 


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228  REVUE  DES  ËTUDES  JUIVES 

texte,  comme  îièw,  nr©  (i,  27),  rron  (vi,  34),  ma^  dv  (xi,  4)  mnrw 
(xxiv,  14,  20),  qui  rappellent  la  vie  d'outre-tombe  ou  te  jour  de  la 
résurrection  ^ 


FIDÉLITÉ  JL  LA  TRADITION. 

Le  commentaire  de  S.  défend  la  tradition  de  parti  pris.  Le  Gaon  la 
reconnaît  déjà  dans  un  terme  biblique.  Ainsi,  il  rend  movi  partout 
par  rrpt*,  doctrine  de  la  tradition  (Derenbourg,  Isaïe,  xxviii,  29). 
Pour  lui,  c'est  cette  doctrine  qui  assare  une  récompense  aux  justes 
(il,  7),  qui  est  le  principe  dont  il  ne  faut  pas  s'écarter  (m,  21),  la 
fille  de  la  sagesse  (viii,  14);  celui  qui  s'en  détache  n'est  qu'une  vic- 
time de  sa  passion  (xviii,  1).  11  est  à  remarquer  que  cette  interpré- 
tation atteste  Tinfluence  aggadique  ;  elle  rappelle  Sanhédrin,2(^  b  : 
mon»  i^-^ïTO  ■'SDtt  îrmDin  (scii.  rrrin  biD)  nttiD  Nnpj  ïrob  \m  Y« 
r<"T  ,pu5n  "^aDTa  ■^NiDna  rons^D  monn  ^n»  nm  /tan»  bo  nmD 
•ûïT^b3^  t-imttîtt  dbvïTO  nmn  ?td  d'^'ian, 

S.  voit  aussi  dans  toute  une  série  de  versets  (xxx,  10, 17)  une 
apologie  de  la  tradition,  a  Ne  calomnie  pas  le  serviteur  auprès  de 
son  maître  »,  veut  dire  :  n'accuse  pas  ceux  qui  ont  transmis  la  tra- 
dition de  l'avoir  altérée.  «  La  génération  qui  maudit  son  père  », 
ce  sont  ceux  qui  abandonnent  la  tradition  ;  dans  leur  incrédulité 
ils  finissent  par  enfreindre  les  prescriptions  de  la  raison  même  et 
par  devenir  victimes  du  néant,  de  Valouqa. 

Enfin,  S.  considère  comme  un  argument  en  faveur  de  la  tradi- 
tion les  mots  mis  en  tète  du  xxv«  chapitre  :  «  Ceci  fait  égale- 
ment partie  des  Proverbes  de  Saiomon  qu'ont  transmis  les  gens 
d'Ezéchias,  roi  de  Juda,  »  C'est  là,  selon  lui,  une  preuve  que  nos  an- 
cêtres ont  gardé  beaucoup  de  choses  sans  les  consigner  par  écrit. 
C'est  ainsi  que  ces  sentences  de  Saiomon,  conservées  d*abord  orale- 
ment, ont  ensuite  été  mises  par  écrit,  puis  rédigées  par  des  gens 
d'Ezéchias.  De  même,  Jérémie  (xvii,  22)  nous  apprend  que  Dieu 
avait  déjà  ordonné  aux:  Israélites  en  Egypte  de  ne  pas  porter  de 
fardeau  le  jour  du  sabbat.  Du  reste,  nos  ancêtres  étaient  persua- 
dés qu'il  y  a  bien  des  lois  d'origine  mosaïque  qui  n'ont  été  con- 

*■  Od  peut  y  supposer  riofluence  du  Talmud,  qui  lUribae  i  ïlll^  une  significa- 
tion pareille  :  U^TV^^  tnhtH  TTl^y  l'^M  (Baba  Batra,  10  by  et  les  passages  parallèles). 

■  Isaïe,  XXVIII,  29;  Job,  y,  12  ;  vi,  13  ;  xi,  6  ;  xii,  16  ;  xxvi,  3;  xxx.  22  ;  Prov., 
II,  7  ;  m,  21  ;  viu,  14;  ivni,  1  ;  Mich.,  vi,  9,  n'est  pas  à  notre  portée. 

*  rPU)in  a  le  môme  sens  dans  le  passage  de  Nazîr^  23  &,  et  fforayot,  10  6.  Ibn 
Bzra  donne  a  ce  mot  la  môme  signification  :  Lév.,  xviii,  22,  rpU^inn  "^IDSM  désigne 
ceux  qui  ont  développé  la  tradition  ;  mais  il  entend  aussi  par  ÏTlDin  la  métaphj- 
flique  ;  voir  Bâcher,  Èinleitumg^  p.  6S,  note. 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES        229 

signées  par  écrit  que  dans  la  Mischna  et  la  Guemara.  On  sait, 
d'ailleurs,  que  S.  dirige  sartout  sa  polémique  contre  ceux  qui  re- 
jettent la  tradition. 

LA  POLÉMIQUE. 

Dans  son  Amanât,  S.  attaque  le  christianisme,  mais  épargne 
les  Caraïtes  et  Tislam  ^  Dans  les  Proverbes,  au  contraire,  il 
polémise  surtout  contre  les  Caraïtes,  qui  n'échappent  jamais 
à  la  critique  du  Gaon,  tandis  qu'il  ne  touche  qu'incidemment 
aux  autres  religions.  Ainsi,  à  propos  de  la  sagesse  qui  se  met 
à  inviter  lorsqu'elle  a  bâti  sa  maison  et  dressé  la  table  (ix),  il 
dit  que  c'est  de  cette  façon  qu'agissent  les  monothéistes  :  ils 
prouvent  d'abord  que  le  monde  est  créé,  puis  ils  réfutent  ceux 
qui  prétendent  que  l'univers  dure  éternellement  (l^nm),  ceux 
qui  confessent  deux  principes  (pnNbN  aNnsTN),  ceux  qui  crofent 
à  la  trinité  (nnKbnb»  aNnssN)  et  d'autres  hétérodoxes  [ynnbi^). 
Les  rabb'anites  vont  môme  jusqu'à  fixer  le  nombre  des  cha- 
pitres, des  vbrsets,  des  mots  de  l'Écriture  sainte  et  étudient  les 
traditions  des  prophètes  divins.  Les  Caraïtes,  au  contraire  (prnrwbN 
^-^DbfiÔTDbK  y-^'Dôi  p  N3n73N  'I7:),ne  s'inquiètent  pas  de  la  Bible,  de  ce 
qui  en  parait  superflu  ou  incomplet,  ils  ne  l'interprètent  pas,  ne  se 
soucient  d'aucune  tradition,  mais  éveillent  des  doutes  futiles.  Ceux 
qui  suivent  de  fausses  croyances  incitent  leurs  partisans  à  voler 
(0*^313:1  tj-^tt)  ou  à  contracter  des  mariages  illicites  (û'^nno  ûnb).  — 
0  Le  cœur  du  juste  médite  ce  qu'il  doit  répondre  »  (xv,  28);  ces 
mots  s'appliquent  aux  monothéistes  et  aux  rabbanites  qui  réfutent 
avec  une  exactitude  consciencieuse  les  hétérodoxes  et  les  héré- 
tiques. De  même,  s'il  est  dit  que  «  l'homme  ihjuste  séduit  son  pro- 
chain et  le  conduit  dans  un  chemin  où  il  n'y  a  rien  de  bon  »  (xvi, 
29),  on  doit  entendre  par  là  les  efforts  des  hétérodoxes  pour  ébran- 
ler ceux  qui  sont  attachés  à  Dieu  et  au  rabbanisme.  «  Ceux  qui 
s'isolent  »  et  «  les  sots  »  (xviii,  1,  2),  rappellent  les  Caraïtes  qui  à 
tort  et  à  travers  attaquent  la  tradition;  si  on  leur  offre  des 
preuves,  ils  répondent  avec  haine  et  orgueil.  —  «  Crains  Dieu, 
mon  fils,  et  son  vicaire,  et  ne  te  môle  pas  à  ceux  qui  leur  donnent 
des  associés»,  c'est  ainsi  que  S.  comprend  xxiv,  21,  y  trouvant 
l'avis  d'éviter  ceux  qui  acceptent  l'éternité  du  monde  ou  celle  de  la 
matière  (uXy)),  ainsi  que  les  dualistes,  les   chrétiens,  les  adora- 

'  KaufmanD,  Gesekichte  der  AttributenUhre ,  p.  7S-90;  Guttmann,  Die  Religiom- 
philosophie  d«s  Saadia,  p.  17,  note  1. 


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230  RPVUE  DES  ^UDES  JUIVES 

teijrs  des  sept  oi;  flov|ze  açtres  principaux.  «  Celui  qui  jrecherche 
les  vanités  »  (xxviii,  19)  est  pussj  celui  qui,  ^bapdonn^ijt  pieu, 
se  voue  à  Tidolâtrie,  passe  du  monothéisme  £^}x  dualisipe  et 
s'écarte  de  la  tradition  pour  s'attacher  aux  contradicteurs  (Ca- 
raïtes).  —Celui  qui  se  révolte  contre  la  réprimande  (xxix,  1) 
est  aussi  quiconque  nie  Djeu,  peç  prophètes  et  la  tradition.  — 
«  Elle  ne  craint  pas  la  neige  »  (xxxi,  21)  veut  dire  que  le  sage 
ne  craint  pas  les  objections  des  égarés  et  des  dissidents,  puisqu'il 
est  muni  de  preuves. 

Notre  commentaire  parle  aussi  expressément  des  brahmanes. 
Ainsi,  selon  lui,  les  versets  xxix,  18, 19,  affirment,  contrairement 
à  l'opinion  des  brahmanes,  que  nous  avons  besoin  et  de  la  révéla- 
tion et  du  raisonnement.  «  Faute  de  révélation,  le  peuple  reste  sans 
frein.  Heureux  celui  qui  observe  la  loi.  Mais  la  révélation  seule 
ne  suffit  pas  pour  faire  l'éducation  de  l'homme,  car  il  ne  la  com- 
prendrait même  pas  sans  la  raison.  »  S.  nous  enseigne  donc  que 
rhomme  ne  pourrait  pas  savoir  par  sa  seule  raison  tout  ce  qui  est 
nécessaire  à  son  salut,  comme  les  lois  sur  le  sabbat,  les  fêtes,  les 
jeûnes,  la  purification,  les  héritages.  Au  3«  chapitre  de  Amanât, 
S.  discute  aussi  la  nécessité  de  la  révélation  et  combat  ceux  qui 
croient  que  la  raison  humaine  est  capable  à  elle  seule  de  trou- 
ver toutes  les  lois  nécessaires  à  notre'  salut.  Il  affirme  que  même 
les  préceptes  établis  par  la  raison  ont  besoin  d'être  expliqués  par 
la  révélation,  comme,  par  exemple,  la  prière,  les  lois  du  mariage, 
le  comnMjrce,  etc.  Bien  que  ce  passage  de  Ama72âl  (éd.  Landauer, 
p.  118,  119)  ne  nomme  pas  les  brahmanes,  M.  Guttmann*  a  dé- 
montré que  c'est  à  eux  que  S.  a  attribué  cette  doctrine.  Notre  com- 
mentaire justifie  rhypothèse  de  M.  Guttmann,  puisqu'ils  sont  ex- 
plicit^ment  nommés. 

S.  trouve  dans  les  Proverbes  une  indication  relative  à  l'attitude 
qu*il  faut  prendre  envers  les  hétérodoxes.  «  La  première  des  deux 
parties  est  sur  le  point  de  gagner  sa  cause,  lorsque  l'autre  arrive 
et  y  met  un  terme  »  (xvm,  17).  Si  nous  avons  entendu  les  argu- 
•  ments  de  l'hérésie,  ne  nous  empressons  pas  de  les  accepter,  mais 
écoutons  aussi  les  arguments  des  croyants.  Si,  au  contraire,  nous 
avons  appris  les  doctrines  des  croyants,  nous  n*avons  pas  à  nous 
inquiéter  des  opinions  des  hétérodoxes,  puisque  des  miracles  et 
des  signes  se  sont  déjà  produits  en  faveur  de  la  foi  juive. 

*■  Die  Beligions  philosophie  des  Saadia,  p.  140,  surtout  la  note. 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES       231 


LA   PHILOSOPHIE. 

Les  Proverbes  proclament  partout  la  valeur  de  la  sagesse.  A 
raison  de  ses  idées  philosophiques,  S.  s'enthoosiasme  pour  la 
science  qui  permet  à  l'homme  de  s*élever  si  haut,  et  il  renchérit 
encore  sur  les  éloges  des  Proverbes.  Il  croit  môme  trouver  dans 
les  Proverbes  des  idées  de  polémique  contre  les  sceptiques,  qui 
ne  se  préoccupent  nullement  d*acquérir  la  science,  mais  se  con- 
tentent d'éveiller  des  doutes  ;  ce  sont  ceux  qui  feignent  la  sot- 
tise (ix,  13-18) *.  Il  parle  aussi  contre  les  sophistes*  ;  ce  sont  eux 
qui  n^écoutent  aucun  raisonnement,  même  si  on  les  pile  dans  des 
mortiers  (xxvii,  22). 

On  ne  trouve  naturellement  dans  notre  Commentaire  aucun 
système  de  philosophie,  mais  des  éléments  dispersés  que  nous  grou- 
perons ici  sous  diverses  rubriques. 

Physiologie. 

6.  aime  à  expliquer  les  faits  aa  moyen  de  ses  connaissances  phy- 
siologiques. <x  La  paresse  fait  tomber  dans  un  profond  sommeil  » 
(xix,  15),  parce  que,  dit-il,  chez  l'homme  actif  les  vapeurs  sortent 
par  les  pores,  mais  chez  le  paresseux  elles  montent  au  cerveau  et 
causent  le  sommeil.  «  Le  vin  est  moqueur,  la  liqueur  troublante  » 
(XX,  1),  carie  vin  amollit  le  cerveau,  la  liqueur  Tendurcit,  et  à  eux 
deux  ils  rompent  l'équilibre  des  tempéraments.  «  Gomme  l'eau 
fraîche  pour  une  Ame  altérée,  telle  est  une  bonne  nouvelle  venue 
d'un  pays  lointain  d  (xxv,  25).  L'angoisse,  en  troublant  le  cœur, 
échaufFe  les  autres  parties  du  corps  ;  l'âme  calmée,  la  chaleur  cesse. 
«  La  débauche  ruine  la  santé  »  (xxxi,  3),  parce  qu'elle  attaque  les 
organes  les  plus  importants,  le  cerveau,  le  cœur  et  le  foie.  Le  vin 
est  pour  les  malheureux,  et  non  pour  les  rois(xxxi,  4-8);  il  arrive 
souvent  que  la  même  cause  a  des  effets  différents,  comme  le  miel^ 
qui  est  utile  aux  tempéraments  sanguins  et  nuit  aux  flegmatiques; 
le  lait  est  bon  pour  le  foie  et  nuisible  à  l'estomac. 

Les  cinq  sens  figurent  aussi  dans  notre  commentaire.  S.  veut 
démontrer  que  la  courtisane  séduit  (vu)  en  offrant  des  attraits  aux 
cinq  sens  :  au  goût  le  repas  de  viande  (14),  à  la  vue  sa  personne  (51), 

'  )lbr»Ûn)QbM,  voir  Horovitz,  Die  P$yekologiê  Saadias,  p.  49,  note  92. 
'  Si'^MUDDIDbM  66  retrouve  plusieurs  fois  ailleurs  ;  cf.  Kiufmanii,  AttributênUknf 
p.  273,  note  5S. 


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232  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

au  toucher  le  lit  (16),  à  Todorat  les  parfums  (17),  à  Touïe  ses  paroles 
séductrices  (5  v.).  Il  trouve  aussi  trois  des  cinq  sens  mentionnés 
dans  la  description  de  Tivresse  (xxiii,  29-33)  :  Todeur  du  vin  allô- 
che,  mais  elle  corrompt  ce  qui  est  doux  dans  Thomme  ;  la  couleur 
séduit,  mais  on  y  perd  sa  propre  couleur;  le  goût  platt,  mais 
rivrogne  est  tellement  abattu  ou  battu  par  le  vin  qu*ii  n'a  plus  de 
sensation. 


Psychologie^. 

D*après  S.,  on  rencontre  dans  les  Proverbes  une  allusion  à  la 
théorie  des  trois  âmes.  Ainsi,  il  prétend  que  <t  la  sottise  attachée 
au  cœur  de  Tenfant  »  (xxii,  15)  signifie  les  deux  facultés  infé- 
rieures de  rame,  la  colère  et  le  désir  (ôufxoeiSlç,  Éi«ôu[XTriTix6v),  diri- 
gées par  la  faculté  supérieure  :  Tintelligence  (XoYi<mx<Jv).  Il  voit  le 
désir  dans  le  terme  de  v)d3,  dans  Texpression  v)d3  byn  (xxiii,  2)  ; 
c'est  celui  qui  expose  toute  son  avidité  ;  la  colère  figure  encore 
une  fois  sous  le  nom  de  d:o  (xxvii,  3,  4),  dont  il  fait  l'analyse  en 
distinguant  trois  degrés  :  moins  que  normale  (riTsn),  normale  (C|&i), 
et  plus  que  normale  (nfi^sp). 

S.  trouve  aussi  dans  les  Proverbes  la  confirmation  de  son  opi- 
nion que  rame  a  son  siège  dans  le  cœur.  «  Le  messager  fidèle  rend 
rame  à  son  maître  »  (xxv,  13);  c'est  vrai,  selon  lui,  au  pied  de  la 
lettre,  car  d'ordinaire  Tâme  est  dans  le  cœur;  inquiétée,  elle  en 
sort;  calmée,  elle  y  revient.  En  général,  S.  fait  résider  chacune 
des  forces  psychiques  dans  un  organe  spécial  ;  il  localise  l'appétit 
dans  le  foie  (xxiy,  13, 14),  et  pour  une  seule  fonction  il  met  en 
œuvre  le  cerveau,  le  cœur  et  le  foie  (xxxi,  1-9).  Le  cœur,  siège 
de  l'âme,  remplit  aussi  la  fonction  de  réunir  les  sensations  pro- 
duites par  les  sens  spéciaux  (xxii,  1*7-21).  Toutes  les  seize  facultés 
de  rame  peuvent  être  atteintes  de  maladie  (xyiii,  14)*. 

Théorie  de  la  connaissance. 

S.  revient  avec  prédilection  â  la  question  suivante  :  comment 
acquérons-nous  nos  connaissances?  Il  en  parle  en  détail  dans  l'in- 
troduction et  y  revient  souvent  dans  le  cours  du  commentaire. 
Selon  lui,  Thomme  apprend  :  l""  en  recevant  l'instruction  et  2^  en 
la  développant.  Il  la  reçoit  au  moyen  de  quatre  opérations  :  \^  en 

*  Pour  les  questions  suivantes,  on  trouvera  des  indications  inléressantes  chez  Ho* 
roTitz,  Dû  P$ychologi€  Saadias, 

*  Horovitz,  p.  34,  35,  note  64;  p.  5S,  note  114. 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAmE  DES  PROVERBES        233 

«écoutant  (nr»tt«  et  souvent  ïrrttb)  ;  2^  par  la  mémoire  (nn'^^tt))  ; 
3^  par  la  combinaison  de  tous  les  cas  possibles  (n^tùVtù  ;  S.  explique 
ce  mot  presque  toujours  dans  un  sens  favorable),  et  é"*  par  la  cri- 
tique, qui  juge  les  cas,  accepte  les  uns  et  rejette  les  autres*.  Une 
fois  (il,  1-10),  S.  simplifie  les  quatre  opérations  en  réunissant  les 
deux  premières  et  les  deux  dernières.  Llsraélite,  dit-il,  a  cinq 
sources  pour  acquérir  la  connaissance  :  1^  le  témoignage  des  sens; 
2^  la  raison  ;  3<>  TÉcriture  sainte  ;  4^  la  tradition  ;  5^  le  raisonne- 
ment. Dans  VAmanât  (éd.  Landauer,  p.  12-13)  il  n*en  avait  énu- 
méré  que  trois  :  P  les  sens  ;  2**  la  raison  ;  3®  la  logique.  Et  tout 
cela,  S.  le  trouve  expressément  dans  xxii,  17-21  ;  mais  la  tra- 
dition est  la  principale  de  ces  sources,  puisqu'elle  les  contient 
toutes. 

S.  pense  que  les  Proverbes  fixent  aussi  les  limites  où  s'arrête 
notre  connaissance.  Agour  nous  raconte  (xxx,  3-5)  que,  môme 
instruit  par  Itiël,  «  il  ne  connaissait  pas  la  science  de  Dieu  »,  c'est- 
à-dire  qu'il  restait  beaucoup  de  choses  que  Dieu  seul  comprend. 
Tels  sont  les  quatre  éléments^  leur  origine  et  leur  essence.  Job 
déclare  aussi  (xxviii,  21,  25)  que  Dieu  seul  les  connaît  :  niitpb 
ynfiCi  c'est  le  mouvement  de  la  terre  ;  û'^73®n*bD  nm,  l'ascension 
du  feu,  bpiDta  m^b  miDJ^b,  le  mouvement  de  Tair,  mTaa  pn  d"^»-» 
l'état  liquide  de  Teau*.  Job  prétend  aussi  que  son  sort  esc  incom- 
préhensible et  qu'il  y  a  encore  plusieurs  problèmes  qu'on  ne  peut 
résoudre.  Agour  ne  discute  pas,  mais  montre  à  celui  qui  veut  ap- 
prendre la  sagesse  ce  qu'il  peut  entreprendre  et  ce  dont  il  doit 
s'abstenir.  Trois  problèmes  dépassent  notre  intelligence  :  1^  com- 
ment Dieu  a  créé  l'univers  ;  2^  comment  le  feu  monte,  l'air  n'est 
pas  ferme,  l'eau  est  liquide  et  la  terre  est  ferme;  2^  pourquoi  on 
ne  peut  pas  marcher  sur  le  feu  comme  sur  la  terre  (û'^^aïmbj^  "^ 
•n*»!),  ni  renfermer  l'air  dans  notre  main  (rîDna  mn-SjOK  "^tt),  ni 
faire  rester  l'eau  dans  un  vase  troué  ou  dans  du  drap  (û'^tt-n^t  •»» 
fibnca).  Nous  espérons  encore  moins  pouvoir  résoudre  les  autres 
problèmes  ;  qu'il  nous  suffise  de  savoir  que  c'est  ainsi.  On  peut 
encore  ajouter  toute  une  série  de  faits  dont  on  ne  s'explique  pas  la 
raison  :  l'orbite  des  astres  et  leurs  distances,  les  qualités  des  ani- 
maux, des  plantes  et  des  minéraux.  Il  est  de  notre  devoir  d'y  re- 
noncer. Au  contraire,  nous  sommes  obligés  de  nous  instruire  sur 
la  religion  et  la  tradition. 

Le  conseil  d'arranger  le  travail  avant  de  bâtir  la  maison  (xxiv, 
27)  a  plusieurs  sens  ésotériques:  il  signifie,  entre  autres,  qu'avant 

*■  Par  suite  d'une  lacune  du  texte,  le  nom  hébreu  et  le  verset  manquent  pour 
cette  faculté. 
>  Âmanât,  l,  p.  45. 


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234  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

d'aborder  les  sciences,  nous  devons  nous  soumettre  à  uDediscipIine 
qui  nous  y  conduit.  Les  Grecs  nomment  '«:iT^fiiD'«M  isaçogè,  la  disci- 
pline  qui  prépare  pour  la  logique,  Tastronomie,  la  géométrie  et  la 
médecine  ;  sans  elle,  impossible  d*arriver  à  la  science  marne. 

Logique. 

Dans  une  importante  digression  (xxv,  11),  S.  expose  quatre 
procédés  de  logique  :  P  Tanalyse  ;  2<»  la  synthèse  ;  S'»  la  progres- 
sion croissante  :  4<^  la  progression  décroissante.  L'analyse,  c*est  le 
procédé  à  Taide  duquel  on  détaille  toutes  les  parties  d*un  tout, 
comme  lorsqu'on  dit  à  propos  de  Pâque  :  nb-^DNi  ynn  ircry^  noD  nni 
•Tttnn  am  û'»'ii*rt3i  rot»,  ou  lorsqu'on  énumère,  pour  Tanatomie  de 
l'œil,  toutes  l^s  parties  dont  il  est  formé.  L'autre  procédé  consiste 
à  chercher  un  trait  qui  est  commun  parmi  les  choses  différentes, 
par  exemple  tous  les  crimes  punis  de  n-iD  parmi  les  ni&^ttD,  r\v*xf 
et  D*n&'ip.  Le  troisième  procédé  nous  enseigne  à  commencer  par  les 
preuves  les  plus  faibles  pour  s'élever  aux  plus  fortes  ;  le  quatrième 
nous  apprend  à  réfuter  d'abord  les  objections  les  plus  sérieuses  et 
ensuite  les  moins  importantes. 

Les  exemples  de  versets  construits  d'après  les  règles  de  la  lo- 
gique sont  bien  fréquents.  En  voici  un  :  «  Comme  la  neige  en  été 
et  la  pluie  pendant  la  moisson,  tel  est  celui  qui  décerne  des  hon- 
neurs à  un  sot  »  (xxvi,  1)  ;  S.  remarque  que  ce  verset  compare 
des  cboses  qui  ne  conviennent  pas  au  point  de  vue  de  Taction  à  ce 
qui  ne  convient  pas  dans  le  temps. 


Métaphysique. 

Faute  d'un  titre  plus  approprié,  c'est  sous  ce  nom  que  nous 
groupons  les  opinions  du  Gaon  sur  la  cosmogonie  et  le  libre  ar- 
bitre. Il  s'attaque  à  diverses  reprises  à  ceux  qui  croient  à  l'éter- 
nité du  monde.  C'était  le  crime  de  la  génération  anéantie  par  le 
déluge,  d'après  les  versets  vu,  24-27,  tels  qu'il  les  interprète,  con- 
firmés par  Job,  XXII  15,  17,  où  il  traduit  :  Est-ce  que  tu  suis 
l'opinion  de  ceux  qui  croient  à  l'éternité  du  monde,  et  qui  ont  été 
emportés  prématurément?  Mais  S.  s'attache  surtout  au  problème 
du  libre  arbitre.  Il  nie  qu'il  résulte  de  m,  34,  que  le  moqueur  l'est 
par  prédestination  ;  Dieu  ne  fait  que  le  déclarer  moqueur.  Il  est 
dk  expressément  :  «  A  l'homme  appartiennent  les  dispositions  de 
son  cœur  »  (xvi,  1),  et  le  même  verset  ajoute  :  «  Les  paroles  de  la 


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LA  VERSION  ARABIS  ET  LE  œMMENTAIBE  DES  PROVERBES        235 

I8pgil9  viennent  de  Dieu  »  c'est-à-dire  que  nous  devons  à  Dieu  la 
facilité  de  parler.  C'est  un  sens  analogue  qu'a  xxi,  1  :  «  Le  cœur 
()u  roi,  pour  robéissance  k  Dieu,  est  comme  le  cours  de  Teau  ;  il 
fdMt  qu*i(  le  dirige  partout  où  Dieu  le  veut.  »  Quoique  les  autres 
lfoinme3  pe  soient  non  plus  soumis  à  la  prédestination,  on  men- 
tionne le  roi  à  raison  de  sa  supériorité.  Ces  trois  versets  sont  dé- 
veloppés par  S.  au  iv«  chapitre  de  Atnanât  (p.  163).  Enfin  le 
verset  :  «  Comme  Teau  peut  être  dirigée  en  divers  sens,  ainsi  le 
cœur  des  hommes  pour  les  hommes  »  (xxvii,  19),  tout  en  compor- 
tant plusieurs  interprétations,  nie  eh  tous  cas  la  prédestination. 


LE  RATIONALISME. 

Le  rationalisme  de  Saadia  ne  peut  pas  se  manifester  dans  ce 
commentaire  d'une  façon  très  vive.  On  trouve,  en  effet,  peu  d'an- 
thropomorphismes  dans  les  Proverbes.  S.  les  évite,  sans  se  pro- 
noncer expressément  contre  eux  comme  dans  la  discussion  si 
connue  de  Amanât  (éd.  Landauer,  96  et  suiv.).  An  lieu  de  la 
bouche  de  Dieu  (ii,  6),  il  dit  «  sa  parole  »,  au  lieu  de  sa  lumière 
(XX,  2*7)  il  met  a  sa  sagesse  »,  au  lieu  de  ses  yeux  (xxii,  12)  il  dit 
«  sa  providence  »  ;  au  lieu  de  «  mener  après  Dieu  »  (xxviii,  23),  S. 
dit  :  a  enseigner  à  obéir  à  Dieu  ».  Cependant,  le  Gaon  n'est  pas 
toujours  fidèle  à  son  principe;  deux  fois,  les  a  yeux  de  Dieu  » 
restent  dans  la  version  (v,  21  ;  xv,  3). 


INFLUENCES    ET  SOURCES. 

• 

Nous  n'avons  pas  à  rechercher,  dans  cette  étude,  à  quelles 
sources  le  Gaon  a  puisé  sa  science  et  ses  idées  philosophiques. 
Nous  essaierons  seulement  de  montrer  pourquoi  il  a  compris  l^s 
diverses  sentences  de  cette  façon  plutôt  que  de  telle  autre.  On 
trouve  naturellement,  dans  sa  version,  Tinfluence  de  la  tradition. 
Mais  on  y  rencontre  encore  d'autres  influences.  Il  a  souvent  re- 
cours à  un  passage  de  la  Bible  pour  expliquer  tel  ou  tel  verset 
des  Proverbes.  Car,  selon  lui,  les  Proverbes  contiennent,  en 
quelque  sorte,  la  moralité  des  récits  dispersés  dans  l'Ecriture  sainte 
(Introduction  ;  commentaire  de  vu,  24-27  ;  xix,  11].  Il  passe  donc 
cm  revue  tous  les  livres  bibliques  pour  y  trouver  les  faits  qui  «^ 
pliquent  les  diverses  sentences.  A  ce  point  de  vue,  son  œuvre 
tient  du  midrasch.  Ainsi,  dans  cette  sentence  «  les  fautes  du  cri - 


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236  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

minel  renlacent  »  (v,  22),  S.  voit  la  pensée  qae  le  criminel  est 
frappé  par  celui  même  qu'il  a  aimé,  Samson  par  Dalila,  Abîmé- 
lech  par  les  habitants  de  Sichem,  Israël  par  l'Assyrie  et  Babel.  La 
même  idée  est  exprimée  par  les  prophètes  (Ezéchiei,  xxiii,  9; 
Zach.,  XIII,  6).  «  Chaque  crime  s'allie  au  mensonge  »  (vi,  16-19); 
c'est  l'orgueil  d'Absalon,  l'assassinat  de  Joab,  l'avidité  de  Gué- 
hazi,  la  cupidité  d'Amnon,  le  faux  témoignage  de  Jézabel,  etc. 

—  c  Parfois  le  méchant  devient  la  rançon  du  juste  »  (xxi,  18), 
comme  Aman  pour  Mardochée,  les  calomniateurs  pour  Hananla, 
Michael  et  Azaria,  les  nobles  persans  pour  Daniel,  comme,  à 
l'époque  de  la  délivrance,  les  païens  seront  la  rançon  d'Israël 
(Isaïe,  XLiv,  3,  4),  et  dans  l'autre  monde,  les  infidèles  celle  des 
croyants,  ^"^y^vh  iirmTV  (xxiv,  24)  veut  dire  que  le  juge  prévarica- 
teur eut  méprisé  même  par  Timpie  qu'il  a  favorisé  ;  ainsi  Jézabel 
nomme  les  faux  témoins  qu'elle  a  suscités  contre  Naboth  :  b'nD^ 
by^ba  -^îa  (I  Rois,  xxi,  10) . 

Parfois  aussi  il  interprète  un  verset  d'après  des  analogies  lexl- 
cographiques.  Ainsi,  il  dit  que  nnpb  (i,  3)  a  le  sens  d'apprendre 
comme  *]aabarjp  (Ezéch.,  m,  10),  min  vm  «5  np  (ibid.,  xxii,  22). 
Lorsque  les  Proverbes  prescrivent  de  connaître  Dieu  (m,  6),  ils  ne 
veulent  pas  dire  que  nous  devons  connaître  son  essence,  mais 
remplir  notre  devoir  envers  lui,  comme  dans  1  Sam.,  ii,  12,  c  les 
fils  d'Eli  ne  connaissaient  pas  Dieu  »,  et  dans  I  Chron.,  xxviii,9 
cr  Salomon  connaît  le  Dieu  de  tes  pères  »  ;  c'est  dans  ce  sens  aussi 
que  Pharaon  ne  connaissait  pas  Joseph  (Exode,  i,  8). — îro*»  (vi,25) 
se  rapporte  à  la  taille,  aux  yeux,  à  la  voix,  aux  cheveux,  et  tout 
cela  il  le  prouve  par  des  versets  bibliques.  —  11K  j^ba*»  (xix,  28)  si- 
gnifie «  cacher  le  crime  »  comme  vd'iprr  nfit  j^baD  (Nombres,  iv,  20). 

—  n^y^  (XXVI,  24),  c'est  dissimuler,  comme  rrorw  rtn«  m  rmh 
(I  Rois,  XIV,  6).  S.  pouvait  aussi  citer  Gen.,  xlii,  7.  —  nanyï  (xxx, 
6)  veut  dire  être  retranché,  diminué,  comme  rin2  nao*»  «b  *w» 
(Isaïe,  Lvii,  11)  et  atDK  n^a  (Jér.,  xv,  18). 

S.  explique  aussi  souvent  les  passages  qu'il  cite.  C'est  ainsi 
qu'il  dit  à  propos  des  ïia-^n»  •»»  [ad  x,  19)  :  «  La  faute  de  Moïse  et 
d'Aron  fut  d'apostropher  le  peuple  en  ces  termes  :  «  Ecoutez,  re- 
belles, nous  vous  ferons  sortir  des  eaux  de  ce  rocher  »  (Nombres, 
XX,  10)  ;  ils  semblaient  dire  par  là  que  Dieu  favorise  la  rébellion  '.  t 

Le  grand  nombre  de  citations  que  fait  S.  explique  et  excuse  ses 

1  Cette  opinion  se  manifesle  déjà  dans  la  traduction  de  ce  passage  (Nombres,  xx, 
10);  il  est  donc  inexact,  comme  le  remarque  M.  Derenbourg,  que  S.  croie  que 
MoYse  a  péché  parce  qu'il  a  frappé  le  rocher.  L'explication  du  souge  de  Pharaon  re- 
levée ici,  I,  6,  s'accorde  aussi  avec  la  traduction  ;  voir  l'édition  de  Derenbouig,  p.  64, 
note  1. 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES        237 

quelques  inexactitudes.  Pour  prouver  qu'il  est  mal  de  reprendre 
le  moqueur  (ix,  1-18),  il  cite  le  cas  d'Abiyya  ;  MM.  Derenbourg- 
Lambert  disent  qu'ils  ne  connaissent  pas  cet  Abi|rya^  Chaque 
trait  de  la  description  de  l'ivresse  (xxiii,  29-35),  S.  le  veut  prou- 
ver par  des  exemples  bibliques  :  "«nfi^  '^lA  rappelle  les  Philistins 
(Juges,  XVI,  23,  ne  mentionne  qu'un  repas)  ;  "«nsM  rappelle  le  sort 
d'Amnon,  tué  pendant  son  ivresse  ;  tny^tt^  est  le  cas  de  Roboam  et 
des  Jeunes  gens  (Der.-Lamb.  déclarent  un  tel  fait  inconnu)  ;  ïTTi^o 
fait  allusion  à  la  perte  de  Balthazar,  et  tn^'^9  nnbbDn  à  Assuérus, 
lorsqu'il  tua  Vasti  (l'Ecriture  ne  parle  pas  de  la  mort  de  Vasti,  ce 
n'est  peut-être  qu'un  trait  aggadique).  Dans  l'édition  Der.-Lamb., 
les  confusions  et  les  contradictions  les  plus  remarquables  sont 
réunies  (p.  yiii).  En  somme,  ces  inexactitudes  font  croire  que 
S.  se  âa  souvent  à  sa  mémoire  *• 


LA  TRADITION. 

La  littérature  rabbinique  ou  la  tradition  a  fourni  également  de 
nombreux  éléments  à  S.  D'après  la  conjecture  de  Der.-Lamb.,  on 
trouve  le  thd  X^^p  dans  son  commentaire  sur  le  texte,  vi,  1-4. 
n  dépeint  la  mauvaise  femme  (vi,  24-26)  de  manière  à  faire 
reconnaître  la  femme  qui  enfreint  les  «  lois  auxquelles  sont 
astreintes  les  femmes  »  irra  ma-^-^n  û-noarro  mn^^a.  —  L'expression 
ïfiWioV»  yà  (vu,  24)  est  calquée    sur   l'expression  biattrt  mn. 

—  Une  fois  il  fait  allusion  aux  moîn  nmnn  nw^a^D  tm  miDOî  "«rT 
nrrrry  (viii,  21-29,  d'après  Der.-Lamb.).  —  L'homme  charitable 
prête  à  Dieu  ;  Dieu  est  plus  que  dépositaire,  il  est  débiteur,  il 
répond  du  prêt,  c'est  le  m"nn«  na  wm  mb».  —  Nous  rencontrons 
aussi  une  allusion  aux  :i'''nn  (613)  préceptes  (xxii,  3).  —  Il  rend 
Texpression  TnaT  ba^a  éwto  par  bwpa  nb  n»  (xxii,  7,  Der.-Lamb.). 

—  Comme  exemple  des  procédés  de  la  logique,  il  dit  que  le  terme 
noD  W73  résume  am  tamnwi  tiXQ  mV'DKi  y^n  nvai  noD  nat 
n»nn,  et  que  les  trente-six  cas  de  t-nn"»'ïD  se  trouvent  parmi  les 
rviaroai  lym'ip  n-my.  Enfin,  il  cite  le  p«  te  et  nttib  T»n3t  I'^ki  (xxv, 
11),  et  une  fois  il  invoque  aussi  le  principe  du  anp'j^  Vu)  lesniDD 
(xxx,  1),  il  est  vrai  contre  l'opinion  traditionnelle. 

S.  cite  fréquemment  des  sentences  et  des  exemples  empruntés 

^  II  Chr.,  xui,  4-20,  n'admet  pas  ceUe  interpréutioo,  puisque  Abijja  7  apparaît 
aimé  de  Dieu  et  du  peuple. 

t  Luzzatto  réunit  une  série  de  pareilles  inexactitudes  chez  Raschbam,  DaTÎd  Kimhi 
et  Parhôn  (Omt  Nêkmad,  III,  p.  34,  35). 


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238  ftfiriTB  DES  ÉÎUDES  mVÈS 

à  la  littérature  traditionnelle.  Le  verset  :  a  Cent  ^ui  sthunaionhëtt 
les  sentiers  de  là  droiture  suivent  encore  les  voies  ténébreuses  »  (it, 
13),  lui  rappelle  la  sentence  :  ^HDtn  rroiD  n>5D  ïrmD  nocrr  awt»  '^rr 
rrrDOT  n:i3D  tTt*^n:^  (ilt^o/,  n,  I).  En  faisant  la  connaissance  de  lit 
sagesse,  nous  la  désirons  de  plus  en  plus  (iv,  7),  d*après  le  dictt^ 
trtti2  mi2J2  T3«  a  le  salaire  du  bien,  c'est  le  bien  »,  et  trm  irvrti 
ïTûttt  «  le  bien  entraîne  le  bien  »  {Abot,  iv,  2).  —  «  Les  voles  de 
rhonime  sont  sous  les  yeux  de  Dieu  »  (v,  21)  ;  c*est  la  inaximé 
to"^anD3  ncoa  'ytim  ton  t-^ttiis  itfin  rren  x^y  yyn  i^tjA  rte  rr 
«  Sache  ce  qui  est  au-dessus  de  toi  :  un  œil  qui  regarde,  une  oreille 
qui  entend,  et  toutes  tes  actions  sont  inscrites  dans  un  livre  » 
(A  bot,  II,  1).  —  Vorma  paraît  comme  voisine  à  la  sa  gesse  (vin,  12)  ; 
donc  ce  n'est  pas  forma  coupable  (Job,  v,  13),  mais  celle  qui  est 
recommandée  en  ces  termes  :  riNTa  û"vt^  trm  fim  bbvb  (Berachot, 
Via].  Voici  aussi  des  exemples  cités  par  Saadia.  C'est  d'abord 
R.  Eliézer  qui  dit  au  juge  romain  Y^^tn  "^^9  173N3  «  le  juge  est  mon 
garant  x>  {Aboda  Zara^  17&),  en  pensant  à  Dieu;  c'est  ensuite 
R.  Méïr,  qui  trempe  un  de  ses  doigts  dans  le  bouillon  de  porc 
et  en  lèche  un  autre  (i&irf.,  18  &).  Tel  est  aussi  l'élève  de  R.  Méïr, 
qui,  interrogé  s'il  n'a  pas  accueilli  le  fugitif  poursuivi,  répond  : 
vn-^Kn  «b  (vittpTDtt)  •^tos^,  entendant  par  là  :  Je  ne  l'ai  pas  vu 
depuis  que  je  me  suis  levé,  et  faisant  semblant  de  dire  :  «  depuis 
que  je  vis  ».  Ce  dernier  fait  ne  se  trouve  pas  dans  le  Talmud 
(Der.-Lamb.),  pas  plus  que  cette  déclaration  de  Josué  ben  Hana- 
nia  faite  à  l'empereur  romain  :  a  Si  vous  tenez  à  adorer  vos 
idoles,  adorez-les  en  dehors  du  monde  que  notre  Dieu  a  créé, 
dans  un  monde  qu'elles-mêmes  créeront  pour  elles  et  pour  vous  ; 
il  n'est  pas  juste  que  vous  les  adoriez  sur  un  territoire  étranger  » 
(ix,  l-18j.  —  «  Si  tu  deviens  sage,  c'est  pour  toi-même  »  (ix,  12), 
rappelle  :  *]Db  "«n  ^73:23^b  rima  p-^Tnn  b»  nann  învi  t-i'»©^^  M 
imÈTi^  a  Si  tu  as  beaucoup  étudié  la  Loi,  ne  t'en  vante  pas,  car 
c'est  pour  cela  que  tu  as  été  créé  »  (i4&of,  ii,  9).  —  «  Le  sou- 
vernir  du  juste  est  une  bénédiction  et  les  noms  des  méchants 
s'effacent  »  (x,  l),  c'est-à-dire  les  noms  des  pieux  restent  en 
usage  :  Abraham,  Isaac,  Jacob,  Moïse^  Âron,  Méïr,  Aquiba, 
mais  personne  ne  s'appelle  Pharaon,  Sanhérib,  Aman,  Titus, 
Boëtus  ou  Zounin  (pour  le  dernier  nom  Der.-Lamb.  renvoient 
à  Aboda  Zara,  55  a)*.  Il  mentionne  encore  une  série  sem- 
blable de  noms  à  propos  de  x,  21,  où  Moïse,  Samuel,  Davfd, 
Tohanan,  le  grand-prêtre,  et  Simon  ben  Schétah  figurent  parmi 

^  La  sentence  même  rappelle  oeUe  de  Samuel  ben  Nihman  (Qtn,  rabèa^  19,  et 
Midroêck  Samuel,  1}. 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES        239 

les  aateurs  da  boahear  général,  et  Jéroboam,  Basa,  Achat,  Sadoc  et 
Boôtos  parmi  les  oorrupteurs  da  peuple.  —  «  La  crainte  de  Diea 
prolonge  les  Jours,  et  les  années  des  méchants  sont  abrégées  » 
(x,  27)  ;  la  vérité  de  cette  sentence  est  prouvée  par  le  calcul  de 
Yomay  9  a,  d'après  lequel  le  premier  temple  n'eut  que  dix-huit 
granda-prétres,  tandis  que  sous  le  second  temple  il  y  en  eut  plus  de 
trois  cents.  —  «  Un  crime  en  amène  un  autre.  »  (S.  attribue  ce 
sens  à  xi,  18)  ;  car  le  vol  conduit  à  la  débauche  et  au  meurtre  ; 
une  bonne  action  a  pour  récompense  une  autre,  par  exemple  par 
le  jeûne  on  est  amené  à  la  prière  ou  à  Tétude  de  la  Bible.  Voilà 
pourquoi  nos  sages  disent  :  rpr»a:^  !rr»ay  'idtd  ïTûttt  ïTût^a  nD«  (AboU 
IV,  2).  —  «  Celui  qui  retient  le  blé  est  atteint  de  malédiction,  celui 
qui  le  vend  est  béni  »  (xi,  26)  ;  il  s'agit  aussi  de  celui  qui  prodigue 
sa  science  et  de  celui  qui  la  garde  pour  lui  :  tel  est  Aquiba  et, 
d'autre  part,  Hougram  [sic).  —  Pour  la  générosité  (xii,  26),  R.  To- 
hanan  sert  d'exemple,  entre  autres;  Der.-Lamb.  renvoient  à 
Baba  Mecia,  83  a,  où  pourtant  Ton  ne  trouve  pas  le  nom  de  To- 
banan.  —  «  Lorsque  Dieu  agrée  la  conduite  de  l'homme,  il  lui 
donne  la  paix  avec  ses  ennemis  »  (xvi,  7),  comme  R.  Juda  le  Saint 
dit  à  R.  Hiyya  (Moed  Katon,  16  ô,  Der.-Lamb.).  —  Puisque  le 
sot  qui  se  tait  passe  pour  intelligent  (xvii,  28),  il  s'ensuit  que 
nous  devons  commencer  par  juger  favorablement  :  te  n«  ^n  '^v\ 
n-OT  tpb  tnixn  «  Juge  tout  homme  avec  bienveillance  »  {Abol^ 
I,  6).  —  Le  sens  intérieur  de  xix,  14,  est  que  la  sagesse  ne 
s'acquiert  pas  par  héritage  :  rr^rv  w»wD  rmn  m^abb  yny  prtn 
[Aboi,  II,  12).  —  Le  cadeau  (xxi,  14)  s'entend  aussi  de  la  bien- 
faisance qui  calme  la  colère  de  Dieu,  exemple,  R.  Akiba  avec 
son  homme  et  l'élève  de  R.  Hanania  ;  Der.-Lamb.  disent  qu'ils 
n'ont  pas  retrouvé  ces  passages,  mais  que  la  fille  d'Akiba  [Sab" 
bat,  156  &),  Mar  Oukba  [Ketoubot,  64^)  et  Hanina  bar  Papa 
(jér.  Peâ,  vers  la  fin)  sont  représentés  dans  une  situation  dange- 
reuse. —  L'hypocrite,  quand  il  tente  de  commettre  une  mauvaise 
action  et  que  celle-ci  avorte,  feint  de  plaisanter,  mais  s'il  peut 
réaliser  son  intention  vicieuse,  il  le  fait;  c'est  ainsi  que  S.  entend 
XXVI,  18,  19,  et  il  rapporte  ce  qu'Abgar,  TArabe,  a  fait  en  com- 
pagnie de  Titus  [Echa  r.,  ad.  i,  5).  —  «  Ne  te  vante  pas  du  lende- 
main »  (xxvii,  1),  sentence  exprimée  aussi  dans  ce  passage  :  "Wdwi  bfit 
rxstTs  vh  tmo  nw»  ntitxodb  [Aboi,  ii,  4).  —  Une  des  deux  interpré- 
tations de  xxvii,  2,  identifie  le  sens  de  ce  verset  avec  la  sentence 
à'Abot,  II,  1  :  m«Bn  firrro  te  dnsa  ib  ma-^o  m»**  ^tt  «nn  m  ■•fit 
tnfi«i  173  nb  mfiwm  rr^^vb.  —  «  Heureux  l'homme  qui  craint  tou- 
jours »  (xxviii,  14)  ;  on  doit  se  préoccuper  de  la  moindre  affaire 
mondaine,  car  le  second  temple  fut  détruit  par  suite  d'une  confusion 


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240  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

de  Kamça  avec  Bar  Kamça  (jQuiitin.  55  &,  d'après  Der.-L.).  —  «  Le 
sage,  à  cause  des  conséquences,  apaise  sa  colère  »  (xxix,  11)  ;  la 
tradition  va  jusqu'à  examiner  combien  le  coupable  peut  endurer 
de  coups  [Maccoi,  m,  11,  d'après  D.-L.).  — Un  esclave  qui  devient 
roi  est  insupportable  (xxx,  22)  ;  c'est  Hérode. 

Saadia  emprunte  souvent  ses  explications  à  la  tradition.  En  voici 
quelques-unes  prises  à  i'Aggada.  —  Il  faut  que  nous  honorions 
Dieu  avec  les  prémices  de  chaque  récolte  (m,  9)  ;  le  premier  fruit 
éveille  le  plus  de  désirs  (Isaïe,  xxviii,  4),  il  doit  donc  être  voué  à 
Dieu.  Le  matin  est  le  temps  le  plus  précieux  ;  il  est  aussi  celui 
de  la  prière  ;  de  même,  le  premier-né  des  hommes  et  des  animaux 
appartient  à  Dieu  (Der.-L.  renvoient  à  Kiddouschin,  Mb  ;  Becho- 
rot,  49  b  et  Teroumot,  xi,  9).  —  La  langue  mensongère  et  les 
mains  qui  versent  le  sang  innocent  (vi,  17,  18)  désignent  Ohéhazi 
et  Joab;  dans  Lévit.  r.  on  nomme  aussi  ces  deux  personnages 
(ad.  Lév.,  XIV,  2).  —  Le  sens  intérieur  de  *]aD«a  ^^Dbrmna  et 
n^-^pïT»  (vi,  22)  est  :  la  vie  terrestre,  la  mort  et  l'autre  vie.  Dans 
•^iK  irrT\'y  niât»  •ts  (23)  l'enseignement  du  père  est  comparé  à  la 
lampe  qui  s'éteint  bientôt,  tandis  que  la  Tora  ressemble  au  soleil 
qui  brille  toujours.  R.  Menahem  b.  Yosé  (Soia^  21a)  remarque  à 
propos  de  ces  deux  versets  :  le  précepte  pris  isolément  est  la 
lampe,  la  loi  entière  le  soleil  ;  ^^Dbnnrra  est  cette  vie,  ']»«a,  le 
jour  de  la  mort,  îmaspm,  l'avenir.  Cette  dernière  partie  se  retrouve 
dans  Aboi,  vi,  10,  au  nom  de  Yosé  ben  Kisma.  D  après  S.,  les  deux 
femmes  en  procès  devant  Salomon  étaient  des  belles-sœurs  (x,  9); 
Der.-L.  citent  le  Yalhout  de  I  Rois,  m,  16-18.  —  L'abondance 
de  paroles  (x,  18)  occasionna  à  Joseph  un  emprisonnement  de  deux 
années;  même  réflexion  dans  Genèse  r.,  sur  Genèse,  xli,  1 
(Der.-L.).  —  Commettre  une  abomination  est  pour  le  sot  comme 
un  jeu  (x,  23);  la  femme  de  Putiphar  appelle  l'adultère  on  jeu 
(Genèse,  xxxvi,  14)  ;  pour  Abner,  c'est  une  plaisanterie  de  verser 
du  sang  (II  Sam.,  ii,  14)  ;  aux  impies  l'idolâtrie  même  parait  un 
jeu  (Exode,  xxxii,  6).  Gen.  r.  dresse  une  liste  semblable  à  propos 
deprt^tt  (Gen.,  XXI,  9). —  La  charité  sauve  de  la  mort(xi,  4); 
Jethro  fut  sauvé  de  la  mort  éternelle  pour  avoir  invité  Moïse  à 
manger  (Exode,  ii,  10);  Der.-L.  renvoient  à  Sanhédrin,  104  a.  — 
La  parole  des  méchants  démolit  (xi,  10)  et  même  leur  bénédiction, 
car  par  suite  de  la  bénédiction  de  ses  parents  païens  (Genèse, 
XXIV,  60),  Rébecca  resta  stérile  pendant  vingt  ans,  jusqu'à  ce 
qu'Isaac  pria  pour  elle.  Cette  interprétation  rappelle  les  Pirhé  R. 
Eliézer  (xxxu)  :  R.  Juda  a  dit  :  «  Rébecca  resta  vingt  années 
sans  enfant,  alors  Isaac  l'emmena  au  mont  de  Moriah  et  pria  pour 
elle,  d'après  Genèse,  xxv,  21.  —Les  pensées  des  justes  sont  tour-* 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES        241 

nées  vers  le  droit  et  les  finesses  des  méchants  visent  à  la  fraude 
(xii,  5)  ;  Jacob  tient  à  tout  déterminer  avec  exactitude  (Genèse, 
XXIX,  18)  pour  que  Laban  ne  puisse  pas  le  tromper,  et  pourtant 
il  le  fait;  Der.-L.  renvoient  à  Genèse  r.,  lxx,  lï.  —  La  suite  de 
l'orgueil  est  Thumiliation Ja  suite  de  rbumilité  est  l'honneur; 
c*est  ainsi  que  S.  traduit  et  interprète  xvi,  18,  le  confondant  avec 
XVIII,  2  (Der.-L.).  Les  humbles  d'Israël,  tels  qu'Abraham  (Genèse, 
XVIII,  27),  Moïse  et  Aaron  (Exode,  16,  17),  David  (Ps.,  xxii,  7),  Gé- 
déon  (Juges,  vi,  15),  et  Saùl  (I  Sam.,  ix,  21)  ont  reçu  des  honneurs 
et  des  dignités.  D^autre  part,  les  païens  orgueilleux  furent  abais- 
sés, comme  Pharaon  (Exode,  v,2),  Goliath  (I  Sam.,  xvii,  10),  San- 
hérib  (II  Rois,  xviu,  35),  Nabuchodonozor  (Daniel,  m,  15).  Dans 
ffouUin,  89  a,  nous  trouvons  une  liste  semblable,  avec  cette  diffé- 
rence que  Saùl  et  Gédéon  n'y  figurent  pas,  mais  Nemrod  (Genèse, 
XI,  4)  et  le  roi  de  Tyr  (Ezéch.,  xxviii.  25)  y  sont  en  plus.  —  Le  sage 
comprend  môme  une  fine  allusion  (d'après  xvii,  24).  Quand  Dieu 
dit  à  Moïse  que  les  autres  Israélites  retournent  chez  eux  et  que  lui 
reste,  celui-ci  comprend  qu'il  doit  se  séparer  de  sa  femme  ;  Der.- 
L.  renvoientà  Sabbat,  87  a.  —  Heureux  les  enfants  du  juste  après 
lui  !  (XX,  7)  il  s'agit  d'une  postérité  digne  des  ancêtres  d'après 
Exode,  XX,  6;  les  méchants  ne  jouissent  pas  du  mérite  de  leurs 
pères  (Ezéch.,  xix,  20).  On  trouve  une  distinction  semblable  dans 
Berachot,  7ô,  et  Sanhédrin,  27.  —  Le  cœur  et  les  yeux  (xxiii,  26) 
commencent  à  ébranler  l'homme,  c'est  pourquoi  Dieu  ordonne  de 
ne  pas  les  suivre  (Nombres,  xv,  39)  ;  R.  Isaac  croit  que  le  cœur  et  les 
yeux  servent  d'intermédiaires  pour  le  crime,  c'est  pourquoi  Dieu 
désire  que  le  cœur  et  les  yeux  lui  soient  consacrés  (j.  Berachot^  i). 
—  Pour  des  questions  profanes,  on  peut  s'abstenir  de  répondre  au 
sot,  mais  dès  qu'il  s'attaque  aux  lois  révélées,  il  faut  réfuter  ses 
arguments  ;  c'est  ainsi  que  S.  aplanit  la  contradiction  apparente 
de  XXVI,  4  et  5  ;  Der.-L.  (version  française)  renvoient  à  Sabbat^ 
30  &,  où  il  est  raconté  que ,  grâce  à  la  distinction  'h^iy^  \Xr\ 
firaVn  '>b'»73a  é^j  ÈW^nifcn,  les  Proverbes  n'ont  pas  été  mis  avec  les 
livres  apocryphes.  —  Le  fer  s'aiguise  par  le  fer,  de  môme  l'esprit 
de  l'homme  s'aiguise  en  présence  de  son  semblable  (xxvii,  17)  ; 
c'est  la  discussion  qui  fait  découvrir  de  nouvelles  difficultés 
et  de  nouveaux  arguments.  Hama  bar  Hanina  dit  :  «  Gomme  le 
fer  aiguise  le  fer,  ainsi  les  élèves  (d-^Mn  nT^bn)  s'aiguisent  l'un 
l'autre  {Taanit,  7&).  —  Gain  fut  un  de  ceux  dont  les  désirs 
ne  sont  jamais  rassasiés  (xxvii,  20)  ;  il  avait  pour  lui  la  moitié 
de  la  terre,  et  il  a  tué  quand  môme  Â.bel  pour  avoir  l'autre 
moitié.  Der.-L,  citent  Genèse  r.  sur  iv,  8.  —  La  fourmi  prépare 
pendant  l'été  sa  nourriture  (xxx,  25);  c'est  ainsi  que  nous  devons 

T.  XXXVII,  !«•  74.  16 


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242  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

nous  préparer  pour  l'autre  vie  ;  avant  un  voyage  maritime,  faisons 
tous  les  préparatifs  nécessaires,  et  pendant  la  semaine  pensons  au 
sabbat.  Le  Yalhout  sur  Prov.,  vi,  8,  parle  aussi  de  la  punition  des 
criminels  après  leur  mort,  et  y  ajoute  l'exemple  du  voyage  sur 
mer  et  du  sabbat. 

Voici  maintenant  des  interprétations  inspirées  par  la  Halacha. 
—  Celui  qui  répand  des  médisances  est  un  sot  (x,  18);  cette  sen- 
tence condamne  celui  qui  témoigne  seul  dans  une  affaire  où  il 
faut  au  moins  deux  témoins  [Pesahim,  113  &,  d'après  Der.-L.); 
mais  un  seul  aussi  est  obligé  de  témoigner,  lorsqu'il  s'agit  de 
questions  d'intérêt,  pour  contraindre  l'adversaire  à  prêter  serment 
(Schebouot,  40a,  d'après  Der.-L.).  —  Un  serviteur  intelligent  do- 
mine un  mauvais  fils  et  prend  sa  part  d'iiéritage  entre  les  frères 
(xvii,  2)  ;  la  Halacha  approuve  aussi  celui  qui  ne  lègue  pas  ses 
biens  à  son  fils  impie  {Mischna  Baba  Batra,  viii,  5,  d'après 
Der.-L.).  Il  est  permis  de  saisir  le  vêtement  de  celui  qui  s'est  porté 
garant  pour  un  étranger  et  Ta  mis  en  gage  pour  autrui  ;  c'est 
ainsi  que  S.  comprend  xx,  16,  «conformément  à  la  Halacha,  bien 
que  la  Bible  défende  de  retenir  comme  gage  le  vêtement  du  débi- 
teur; mais,  pour  le  garant,  c'est  permis,  puisque  d'ordinaire  il  est 
riche.  La  discussion  de  Baba  Mecia,  115a  (citée  par  Der.-L.) 
s'appuie  justement  sur  ce  verset  et  d'autres  analogues  (vi,  1-5).  — 
a  Celui  qui  a  augmenté  sa  fortune  en  prêtant  à  intérêt  et  à  usure 
doit  l'appliquer  entièrement  au  soulagement  des  malheureux.  » 
(xxviii,  8)  ;  la  définition  que  S.  donne  de  l'intérêt  et  de  l'usure  est 
celle  que  nous  trouvons  dans  Baba  Mecia,  60a  (d'après  Der.-L.). 
Ceux  qui  ont  acquis  leurs  richesses  de  cette  façon  illicite  et  ne  con- 
naissent pas  la  personne  à  qui  ils  ont  fait  du  tort,  doivent  les  con- 
sacrer à  procurer  de  l'eau  et  à  réparer  les  routes,  d'après  Baba 
Kamma,  94  b  :  niDit  '>Dn^  lïin  rvû9^  l'»n'>D7:  X^ix^\  —  Ouvre  ta  bouche 
en  faveur  du  muet  (xxxi,  8)  ;  le  juge  est  obligé  de  défendre  celui 
qui  ne  peut  le  faire  lui-môme,  conformément  à  la  Halacha  :  •'a^a 

[Sanhédrin^  29a);  la  raison  en  est  qu'on  peut  rendre  l'argent, 
mais  non  la  vie,  et  que  celui  qui  est  inculpé  d'un  crime  entraînant 
la  mort  perd  son  sang-froid. 

Mais,  à  côté  des  explications  inspirées  de  passages  de  la  littéra- 
ture talmudique  qui  sont  connus,  il  y  en  a  d'autres  qu'on  devine 
influencées  par  cette  littérature  ou  par  le  midrasch,  sans  qu'on 
puisse  déterminer  les  passages  auxquels  S.  a  songé.  Il  aime  beau- 
coup les  paraboles.  Ainsi,  dans  ii,  1-10,  il  est  dit  qu'il  est  difflcile 
d'acquérir  les  joies  de  l'esprit,  mais  une  fois  acquises,  elles  du- 
rent, tandis  que  les  plaisirs  des  sens  s'acquièrent  aisément,  mais 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES    243 

sont  éphémères.  S.  dit  à  ce  propos  :  Supposons  un  roi  qui  bâtit 
un  palais;  les  ouvriers  ont  leur  salaire  au  jour  le  jour;  le  roi 
attend  jusqu*à  ce  que  la  maison  àoit  terminée,  mais  une  fois  qu*il 
entre  en  possession  de  sa  maison,  il  ne  cesse  d'en  jouir.  — Un  ma- 
schal  moins  étendu  se  rapporte  à  xxx,  13. 

Parfois  aussi  Tinterprétation  de  S.  se  ressent  de  Tinfluence  de 
certains  principes  talmudiques.  Nous  le  voyons  appliquer  la  règle 
^33^  mn  ,.,x^^y  ir«  û«,  à  xiv,  12,  qui  revient  dans  xvi,  25,  car  il 
dit  qu'un  verset  se  rapporte  à  ce  monde,  et  Tautre  au  monde 
futur.  —  C'est  sans  doute  pour  se  conformer  à  la  méthode  de 
R.  Akiba  que  S.  attribue  un  sens  au  mot  m.  Selon  lui,  le  &:(  de 
XVII ,  26,  marque  qu'il  est  défendu  non  seulement  de  tuer  les 
justes,  mais  aussi  de  leur  imposer  une  amende.  Le  m  de  xix,  2, 
indique  que  môme  la  fortune  et  les  honneurs  n'offrent  aucun 
avantage  à  un  ignorant.  Enfin,  mbDn  â:;  ( xxxviii ,  9)  signifie, 
selon  lui,  que  non  seulement  la  prière  spontanée  de  celui  qui 
n'observe  pas  la  Tora  déplaît  à  Dieu,  mais  aussi  sa  prière  obli- 
gatoire. 

S.  mentionne  aussi  le  n^aim  bp.  Il  dit  qu'il  est  défendu  d'ajouter 
quelque  chose  aux  préceptes  divins  (xxx,  6),  et,  par  conséquent 
celui  qui  ne  les  connaît  pas  et  ne  les  pratique  pas  est  d'autant  plus 
coupable;  c'est  ce  que  nous  enseigne  le  n»im  bp  «  que  j'ai  expli- 
qué dans  mon  commentaire  sur  fi^ip'^n  ». 

Mais  c'est  surtout  la  m©  ?TT>n  qui  joue  un  rôle  important 
dans  le  commentaire  de  S.  Ainsi,  il  dit  que  des  deux  mots  pa- 
rallèles TN  et  ^HD  (I,  26,  2*7),  le  premier  signifie  la  souffrance 
dans  ce  monde  d'après  Jérémie,  xlviii,  16,  et  Obadia,  13,  et  nno 
désigne  la  peine  après  la  mort,  parce  que  ce  mot  a  ce  sens  dans 
Isaïe,  xxxiii,  14  et  Ps.,  lui,  6.  Il  complique  môme  les  analogies 
par  les  analogies  des  analogies.  —  â'^sn:^  (ii,  20)  se  rapporte  aux 
femmes,  car  ce  qualificatif  est  appliqué  à  Abigaïi  (ISam.,  xxv,  3)  ; 
de  môme  nn::  (xviii,  22),  c'est  la  femme,  puisque  le  mot  est  appliqué 
.  à  Eve  (Genèse,  ii,  18).  Au  contraire,  û-^p-^na:  sont  les  hommes,  car 
Noé  s'appelle  aussi  p'»^^  (Gen.,  vi,  9).  —  ûJ^a  "«n»»  (xv,  26,  et  xvi, 
24),  c'est  la  sagesse,  qui  s'appelle  aussi  tM>3(iii,  H).-—  i2î33>  désigne 
l'amende  d'après  C|DD  n«tt  ttiôî  n©33?n  (Deutér.,  xxxii,  19).  —  Il 
explique  xxiv,  23-26,  et  xxxi,  10-31,  par  de  pareilles  analogies 
ou  tiw  nn-'W. 

Le  principe  adopté  par  S.  que  certains  versets  ont  parfois  plu- 
sieurs sens  lui  a  été  également  suggéré  par  la  littérature  tradi- 
tionnelle, peut-ôtre  aussi  par  d'autres  écrits. 

Ajoutons  que  souvent  on  sent  chez  S.  l'influence  de  la  littéra- 
ture rabbinique,  sans  qu'il  indique  le  passage  dont  il  s'est  inspiré. 


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244  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Des  réminiscences  agissaient  sur  lai  sans  qu'il  s*en  rendit  compte. 
Il  est  aussi  probable  que  S.  a  connu  plusieurs  œuvres  midras- 
cbiques  qui  ne  nous  sont  pas  parvenues;  voilà  pourquoi  nous 
ignorons  la  source  de  certaines  explications  à  Tempreinte  agga- 
dique.  Plus  d'une  fois,  le  texte  cité  par  Saadia  diffère  du  nôtre.  Çà 
et  là  il  y  a  des  confusions  de  noms,  comme  Âkiba  et  Oukba,  Hama 
et  Hanina  ;  il  mentionne  (xi,  26)  Hougram  *  là  où  nous  avons 
Hagrous.  S.  cite,  par  exemple  (ix,  12)  :  nanïi  ïimn  n'^^y  û«  [Aboi, 
II,  9),  et  nos  textes  disent  :  n%b  û«.  —  «  Dirige  l'enfant  d'après 
son  âge  »  (xxii,  6);  la  tradition  dit  qu'il  doit  apprendre  la  Bible 
de  cinq  à  dix  ans,  Jusqu'à  sa  quinzième  année  la  Miscbna,  la  dix- 
huitième  le  Talmud  ;  dans  la  vingtième  année,  il  doit  se  marier, 
et  ensuite  qu'il  s'exerce  dans  l'art  militaire  et  dans  d'autres  mé- 
tiers. Notre  texte  (Aboly  v,  24)  a  mst^V  rrmy  xA^  p  ;  pour  le  ma- 
riage il  recommande  la  dix-huitième  année  ;  ti"nnV  û'»n«:^  "ja  parait 
signifier  pour  S.  l'exercice  militaire;  l'hypothèse  de  Der.-L.,  qu'il 
s'agit  de  métier,  ne  peut  être  appuyée  sur  Aboi.  S.  dit  (xxii,  24) 
TO'yb  nan  "^nn  Vn  (Abot,  i,  7),  et  notre  texte  a  y^^b  "nannii  b».  On  ne 
peut  pas  regarder  ces  divergences  comme  des  fautes  de  copiste, 
car  elles  sont  trop  nombreuses,  surtout  si  l'on  y  ajoute  les  inexac- 
titudes de  quelques-unes  de  ses  citations  bibliques.  Il  faut  donc 
supposer  que  S.  citait  souvent  de  mémoire. 


INFLUENCE  ARABE  ET  MAHOMÉTANB. 

S.  explique  souvent  des  mots  hébreux  d'après  l'arabe.  Parfois  il 
indique  lui-même  le  mot  arabe  auquel  il  songe.  Pour  "pV>  (m,  34), 
qu'il  prend  dans  un  sens  estimatif,  il  rappelle  fiO«bD  nbâ  "^ixpbfit 
^NbD  bip  a-ÎDi  i^bD  DNnD  mît,  déclarer  criminel,  faux,  menteur.  Il 
prétend  que  ab  (xv,  32)  est  usité  pour  la  sagesse,  puisque  celle-ci 
est  au  fond  du  cœur;  c'est  ainsi  que  l'arabe  troD  signifie  à  la  fois 
le  ciel  et  la  pluie  tombant  du  ciel.  Il  compare  a-m-^  (xviii,  16),  ou 
bien  am,  au  radical  arabe  yo\  Mais  d'autres  fois,  le  Gaon  subit 
l'influence  de  l'arabe  sans  qu'il  le  dise.  Il  identifie  le  radical  hé- 
breu ««a,  «Ta,  avoir  honte,  avec  l'araméen  et  l'arabe,  qui  signi- 
fient le  mal  (x,  5  ;  xii,  4  ;  xix,  26  ;  xxii,  5).  Il  rend  bnr  (xi,  29) 
par  bnnîttb»,  «  confesser  »  la  sottise.  Il  donne  toujours  à  T'î  le 
sens  de  «  marque,  signe  »  (xin,  23  ;  xxi,  4),  comme  le  T^  arabe.  Il 
semble  identifier  rtia  (xvii,  22),  avec  l'arabe  rini  =  ïiii,  le  visage 

^  Rabînowici,  Û^IDIO  •^pi^p^,  IV,  p.  102,  a  Onaiïl,  On^N  et  môme  O^^^lK. 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES    245 

(Der.-L.).  H  traduit  û-^idVu)  (xxii,  20),  par  -Tib»  chefs-d'œuvre 
(Der.-L.),  et  tpn  (xxiii,  28)  par  ONiDib^,  parce  que  tjnïi  est  en 
arabe  le  chuchotement  (Der.-L.).  —  Il  donne  au  verbe  bin  (xxv. 
23;  xxvr,  10)  le  sens  de  «  diminuer,  empocher  »  d'après  Tarabe 
yn>  Il  pense  également  à  Tarabe  "^«b  en  traduisant  n»b5  (xxvi,  15) 
par  wb  «  il  est  incapable  ».  (De  môme,  Isaïe,  i,  14;  xvi,  12; 
XLvii,  13.)  Il  est  digne  de  remarque  que  "i^y  (xxix,  19,  et  xxx,  10) 
prend  le  sens  de  abd  en  arabe,  «  Thomme  »,  qui  est  un  serviteur  par 
rapport  à  Dieu.  —  L'explication  de  mnïabpar  «  espèces  »  se  com- 
prend d'après  l'arabe,  où  ni'-.^,  dérivé  d'un  radical  qui  a  aussi  le 
sens  de  frapper,  signifie  les  espèces  (Der.-L.). 

Il  va  sans  dire  que  S.  subissait  l'influence  de  la  société  au  milieu 
de  laquelle  il  vivait.  Il  emploie  donc  des  termes  familiers  à  cette 
société.  C'est  pourquoi  il  traduit  lahvé  par  ÂUah,  Salomon  par 
Souleimân,  et  il  nomme  le  croyant  moumin,  le  pb  imâm  (par 
exemple,  Isaïe,  viii,  2;  xxviii,  7),  le  Ty^mirhâb  (Ps.,xxvin,  2),  le 
«■^35  moufihi  (Isaïe,  xxxiii,  7)  *.  Les  Proverbes  offrent  de  nombreux 
exemples  de  ce  genre.  Les  vizirs  reviennent  plusieurs  fois  (xiv, 
28;  XXVI,  16;  xxxi,  4)  ;  nous  rencontrons  môme  le  conseil  d'es- 
timer Allah  et  son  khalife  (xxiv,  21).  Les  termes  religieux  arabes 
sont  encore  plus  fréquents  :  nTn  (i,  6)  devient  hadilh^  une  tradi- 
tion religieuse;  la  terre  s'appelle  nfi^n  une  demeure  (ii,  21,  22); 
npi2  se  rend  par  nxriTbi^  (xxi,  21),  qui  signifie  la  justice  et  la  bien- 
faisance. De  celui  qui  observe  les  préceptes  divins,  S.  dit  :  ûbo"»,  il 
devient  mouslim,  il  est  dévoué  à  son  Dieu  (xix,  8).  Il  laisse  quelque- 
fois les  termes  hébreux  dans  leur  forme  originale,  mais  plus  sou- 
vent il  les  remplace  par  des  termes  arabes  analogues.  L'Écriture, 
c'est  «npT:  (vi,  30-33;  i,  10-19),  mais  aussi  a^ro.  môme  l^txip  (xxii, 
6);  le  Pentateuque  se  rend  d'ordinaire  par  n^mn  (xxix,  24); 
rnjnD  parrî::p(i,  10-19,  p.  16)  et  n-no  (ix,  1-18);  le  verset, 
c'est  piOD  (i,  10-19),  pluriel  p"'5fi<iD  (xxx,  13-17,  p.  191),  sou- 
vent n""»  (ix,  1-18)  ;  le  prophète,  «''as,  se  rend  par  le  môme  radical 
arabe  (m,  1-4;  xvi,  3;.  mais  on  trouve  aussi  biDn  (Introduction, 
p.  4;  11,  12-20,  p.  23;  xvi,  3;  xxix,  18).  Les  û-'Mn  figurent  aussi 
sous  ce  nom  (xi,  18),  mais  plus  fréquemment  sous  celui  de  Kttb3?(i, 
8,  9  ;  II,  12-20  ;  xx,  16  ;  xxii,  24  ;  xxviii,  2  ;  xxx,  1).  La  Mischna 
est  désignée  par  ce  titre  (xxv,  1),  mais  aussi  par  npD  (xxii,  6), 
la  Guemara  par  Talaïud  (xxv,  1),  et  aussi  par  n'^-inn  (xxii,  6)  ;  la 
tradition  s'appelle  n^r^bN  (xviii.  22  ;  xix,  11  ;  xxii,  6). 

Si  la  désignation  de  la  classe  où  les  hommes  doivent  être  rangés 

*  On  trouve  des  exemples  bien  curieux   chez  Bâcher,  Einleitung^  34,  note  1,  et 
Engelkemper,  p.  67. 


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n 


246  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

à  raison  de  leur  morale  et  de  leur  vie  religieuse,  nbtâTs,  est  due  à 
Tinflaence  du  kalâm  *,  on  en  trouve  des  traces  dans  notre  commen- 
taire, par  exemple,  lorsque  S.  parle  de  la  classe  des  séduits  (ii,  12- 
20,  p.  23  vers  la  un  ;  m,  34,  35),  ou  de  Tenfant  qui  a  atteint  un  des 
deux  degrés  (iTiVr^tt  '*'Tn«),  l'être  bon  ou  par  nature  ou  par  édu- 
cation (XX,  11).  Nous  trouvons  également  l'empreinte  mahomé- 
tane  dans  les  citations  qu'il  fait  des  Psaumes  :  a  comme  dit  le 
saint  »  (-«bn)  (xxxi,  11),  Jérusalem  est  appelée  û«bDb«  "Wi  (xxviii,  3) 
ou  ûNbob»  ïirn»  (xxviii;  18). 

Pourtant,  en  dehors  de  la  Bible  et  de  la  littérature  rabbinique, 
S.  ne  nomme  aucun  auteur.  Mais  souvent  on  peut  deviner  la 
source  où  il  a  puisé.  Ainsi,  quand  il  parle  du  «  grand  nombre  »  de 
ceux  qui  se  trompent  sur  le  sens  de  vi,  30,  31,  ou  de  «  quelqu'un 
de  la  foule  »  dont  Texplication  de  p©-'  ûtid®  (xxiv,  26)  ne  s'ac- 
corde pas  avec  la  grammaire,  il  s'agit  très  vraisemblablement  de 
Juifs,  puisque  cela  concerne  des  versets  bibliques.  Mais  partout 
ailleurs,  on  a  plus   de  raisons  de  croire  qu'il  s'agit  d'auteurs 
arabes.  En  voici  des  exemples.  Les  Proverbes  comparent  le  mau- 
vais cœur  qui  feint  la  bonté   à  de  l'argent  plaqué  sur  l'argile 
(xxvi,  23).  S.  ajoute  que  les  savants  ont  encore  d'autres  images 
pour  l'hypocrisie  :  le  feu  qui  brûle  au  dedans  d'une  roche  froide', 
le  miel  mêlé  au  poison,  qui  a  un  goût  doux  et  finit  par  tuer.  — 
A  propos  de  ses  m,  2,  S.  raconte  l'anecdote  d'un  roi  victorieux 
à  qui  l'un  des  sages  dit  :  Dieu  a  accompli  ton  désir  en  te  donnant 
la  victoire;  toi,  accomplis  le  sien  en  pardonnant  aux  ennemis; 
Tautredit  :  ils  ont  fait  du  mal,  pourquoi  leur  ferais-tu  du  bien? 
Der.-L.  fait  remarquer  que  S.  a  puisé  cette  anecdote  dans  des 
livres  de  morale  arabes.  La  débauche  est  plus  condamnable  que 
le  vol  (vi,  30-33)  ;  S.  cite  l'ordre  du  sultan  qui  prescrit  de  ne  pas 
punir  l'ivrogne  comme  le  débauché.  A  propos  du  sot  (xii,  16),  S. 
cite  les  l-^bn^tt,  auteurs  de  proverbes  :  b-'bn  ïinn»n:^  "^by  pi2r.»b» 
«  le  sot  se  trahit  par  son  faux  pas  ».  C'est  sans  doute  à  la  même 
source  qu'il  a  emprunté  la  sentence  (citée  xxiii,  29-35)  :  t|io:i«b« 
ûnNiDb«a  b)2rbN  ^biriT  j^a^p^abw  «nb^  «  les  descriptions  par  leur 
fin,  les  actions  par  leur  issue  »,  c'est-à-dire  c'est  la  fin  qui  importe 
(Der.-L.).   Une  anecdote  curieuse,  quoique    peu  claire,  est  ra- 
contée à  propos  de  la  sentence  que  le  sage  peut  prendre  une  ville 
(XXI,  22)  :  Un  roi,  voulant  mettre  à  l'épreuve  la  sagacité  de  ses 
sages,  plaça  l'un  d'eux  sur  une  tour  ;  le  sage  jette  en  bas  des  cordes 
enduites  de  miel,  les  fourmis  y  montent,  les  cordes  deviennent 

*  M.  Schreiner,  Der  Kalâm  in  der  jûdisehen  Literatur^  Berlin,  1895,  p.  16. 

*  On  doit  peut4tre  penser  à  un  volcan. 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES         247 

fortes,  le  sage  s*en  sert  pour  descendre.  —  Traitant  des  procédés 
de  la  logique  (xxv,  11),  S.  remarque  qu'ils  se  trouvent  dans  tous 
les  livres  savants.  —  Celui  qui  avertit  rhomme  à  obéir  à  Dieu, 
trouve  plus  de  faveur  que  le  flatteur  (xxviii,  23).  Un  roi  demande 
à  un  homme  pieux  son  opinion  sur  lui  ;  celui-ci  lui  répond  ;  Tu 
amasses  des  biens  par  des  moyens  illicites  et  tu  les  dissipes  d'une 
manière  injuste.  Les  assistants  craignent  que  le  roi  ne  punisse  cet 
audacieux,  mais  il  Tembrasse  en  s'écriant  :  Que  je  sois  la  rançon 
de  celui  qui  est  sans  reproche  !  —  Probablement  c'est  aussi  un  mo- 
raliste arabe  qui  a  dit  à  son  flis  :  Plutôt  que  de  t'étonner  de  la 
sottise  des  sots,  étonne-les,  toi,  par  ton  intelligence  (xxix,  27). 

Nous  avons  déjà  montré  que,  d'après  S.,  les  Proverbes  ont  plu- 
sieurs sens,  le  sens  immédiat,  simple,  nn^â,  nn^ù  ■'br ,  littéralement 
extérieur,  et  le  sens  allégorique,  philosophique,  moral  ou  religieux, 
p«a,  p«a  "^by,  intérieur.  L'exégèse,  surtout  celle  qui  avait  des 
tendances  philosophiques,  eut  recours  de  bonne  heure  à  l'allégorie. 
On  sait  que  Youdghan  de  Hamadan  admet  que  généralement  l'Écri- 
ture a  un  sens  extérieur  et  un  sens  intérieur.  On  trouve  de  nom- 
breux exemples  de  ce  genre  d'interprétation  dans  le  Talmud  et  le 
Midrasch.  Dans  l'islam  aussi,  la  Zâhiriyya  et  la  Bâiiniyya  indi- 
quent deux  méthodes  spéciales  d'interpréter  le  korân  et  la  sounna. 
La  Zâhiriyya  fonda  son  système  sur  les  mots,  presque  sur  les 
lettres  du  korân  et  du  hadith,  ne  laissant  aucune  liberté  au 
a  ray  »,  à  l'intelligence  individuelle.  Chez  S.,  la  diflférence  entre 
le  zâhir  et  le  hâtin  a  un  autre  caractère  que  chez  les  Arabes. 
Et  pourtant  on  ne  peut  nier  qu'il  n'ait  subi,  sous  ce  rapport  éga- 
lement, l'influence  mahométane.  Quelquefois  il  nomme  le  sens 
intérieur  «  le  mystère  »  (vu,  5-23). 

On  rencontre  de  nombreux  exemples  de  ce  double  sens.  Un  des 
plus  singuliers  est  l'interprétation  du  dernier  chapitre  qui  fait 
l'éloge  de  la  femme  vertueuse  (xxxi,  10-31).  Voici  ce  que  dit  Saa- 
dia  :  a  La  fin  des  Proverbes  veut  nous  présenter  les  trois  qualités 
principales,  la  perfection,  qu'on  peut  atteindre  dans  la  vie  pra- 
tique, dans  la  sagesse  et  dans  la  religion.  Comme  le  bonheur  ma- 
tériel frappe  mieux  les  hommes,  les  Proverbes  l'ont  décrit  ici, 
mais  on  peut  en  tirer  des  conclusions  pour  l'âme  et  l'intelligence. 
Du  reste,  à  chaque  qualité  attribuée  dans  ce  chapitre  à  la  femme 
forte  répondent  des  qualités  analogues,  d'après  le  sens  intérieur, 
chez  le  savant  et  l'homme  pieux.  Ce  chapitre  est  assez  important 
pour  qu'il  doive  être  bien  connu  des  disciples  ;  voilà  pourquoi  les 
versets  se  suivent  dans  l'ordre  alphabétique.  » 


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248  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


EXEMPLES   d'interprétations  INTÉRESSANTES. 

Nous  allons  maintenant  donner  quelques  explications  de  Saadia 
qui  nous  paraissent  présenter  quelque  intérêt.  Il  traduit  frrs^ 
naît  (vu,  10),  «  mise  comme  une  courtisane  *  ;  «•»  -^aïi»  br^wnh 
(vu,  21),  «  pour  mettre  ceux  qui  m*aiment  en  possession  de  ce  qui 
existe  ».  La  seconde  explication  de  x,  3,  rend  parfait  le  contraste 
des  deux  hémistiches  :  Dieu  ne  laisse  pas  le  juste  souffrir  de  la 
faim,  il  repousse  Tavidité  des  impies.  Pour  yyr  ri  (xi,  15),  S. 
propose  deux  explications  admissibles  :  être  atteint  du  mal' ou 
(d'après  l'araméen)  être  écrasé,  ivf^y^  "iTi  (xii,  19),  un  clin  d'oeil,  un 
:?an.  Par'n«:m53  et  ««"nn»  (xiii,  7),  S.  entend  celui  qui  fait  le  riche 
ou  le  pauvre.  — mN::n  û'»7:Nb  nom  (xiv,  34),  l'opprobre  des  peuples, 
c'est  le  péché,  puisque  non  a  ce  sens  dans  Kin  non  (Lév.,  xx,  17)  et 
dans  le  verbe  yj2^  ^nom  "jd  (xxv,  10).  —  r-in03>5  (xv,  6),  le  déshon- 
neur et  le  trouble.  —  i^v  "^hy  û''a'»n5  moïib  (xvii,  26),  frapper  les 
honnêtes  gens  malgré  leur  droiture.  Tno'»  û'»53n2ty  l-^m  (xviii,  18)  le 
sort  sépare  ceux  qui  se  querellent.  0'>)3n^  a  son  analogue  dans 
Isaïe,  XLi,  21,  t30'»m73iS3^  waïi,  où  S.  traduit,  en  effet,  par  le 
même  radical  arabe  qu'ici  ;  la  liste  des  lxx  (xc)  mots  de  Saadia 
cite  pour  û'>7:Tit:>  l'expression  talmudique  ntts^a^at)  û'^st)  [Sanhé- 
drin^  31  &).  —  «p^  ^nna  û'^r©  û-^ax  (xxii,  5),  il  y  a  des  épines  et  des 
pièges  dans  le  chemin  raboteux.  ^  (22-23)  Ne  dépouille  pas  le 

pauvre,  parce  qu'il  est  pauvre ,  car  Dieu  ôtera  la  vie  à  ceux 

qui  leur  font  tort.  —  nifitioïs  û-'ava  (26),  ceux  qui  garantissent  les 
créances.  —  -ODa  bw  (xxiii,  2),  un  homme  avide.  —  Il  semble  que 
S.  voit  la  même  racine  dans  *-on&  que  dans  le  mot  talmudique  nn:nD, 
car  il  traduit  «  apprécier  w.  —  w:?  (xxiii,  31  j  la  couleur  du  vin.  — 
d'»ni»'»»a  '^bw,  «  il  glisse  tout  droit  ;  ban  (xxiii,  34),  «  le  mât  ».  — 
yjiorv'  1D  (xxv,  10),  «  de  peur  qu'il  ne  te  déteste  ».  —  m^an  û"^2n,  des 
flèches  mortelles  (endiadys).  —  d'^pbn  xrr\w^  (xxvi,  23),  des  lèvres 
aux  paroles  ardentes,  ou  (d'après  Gen.,  xxxi.  33)  dont  les  paroles 
se  suivent  les  unes  les  autres.  —  K3it)  mp-^mi  mnrc^i  (xxvii,  6), 
les  baisers  de  l'ennemi  sont  excessifs,  comme  ûO'^nan  •'b^  ûnn^^m 
(Ezéch.,  XXXV,  13).  —  m^ainn  td*»»*!  (xxix,  1),  celui  qui  prélève  des 
impôts. 

Une  série  d'autres  explications  frappent  par  leur  orginalité  : 
L'oiseau  pense  que  les  grains  répandus  dans  le  filet  peuvent  être 
mangés  sans  peine,  tandis  qu'il  y  va  de  sa  vie  ;  c'est  ainsi  que 
l'homme  cupide  croit  pouvoir  dépouiller  les  autres  sans  peine,  et 
il  y  perd  son  âme  (i,  17).  — L'adultère  espère  qu'il  gagne  la  femme 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES         249 

d*autrui  poar  une  miche  de  pain  ;  en  vérité,  c'est  son  âme  qui  en  est 
le  prix  (vi,  26).  —  Dieu  a  produit  la  sagesse  comme  début  de  sa 
création  (viii,  22).  La  Bible  et  la  raison  prouvent  également  que 
Tœuvre  de  la  création  est  faite  avec  sagesse  ;  celle-ci  a  dû  donc 
précéder  tout  le  reste.  —  La'  sagesse  et  la  raison  ordonnent  la 
crainte  de  Dieu  [ix,  10).  —  Le  souci  dans  le  cœur  de  Thomme  Tabat 
(xii,  25).  —  ûia«  «pV»  û-^yn»  (xiv,  9),  le  crime  des  sots  interprète 
leurs  pensées.  —  Dans  xvi,  6,  il  s'agit  de  ceux  qui  font  pénitence 
et  de  ceux  qui  ont  toujours  été  justes.  —  Abstiens-toi;  mon  fils, 
d'écouter  des  leçons  qui  te  feraient  négliger  les  paroles  de  la 
science  (xix,  21)  ;  no-na  signifie  ici  une  prétendue  instruction, 
comme  trrf^  désigne  quelquefois  les  idoles,  —  'n  r-iNn*»  ircy  ap^ 
d'^m  *naDn  l^9  (xxii,  4),  S.  dit  que  dans  ce  verset  il  y  a  asyndète  : 
n  r-iNTi  m^:?  ap:?.  —  ...îron^a  pN  yrùi'D  (xxvi,  8),  rendre  des  hon- 
neurs à  un  sot,  c'est  comme  jeter  des  pierreries  dans  un  tas  de 
pierres,  c'est  en  pure  perte,  les  pierreries  et  les  honneurs  sont 
gaspillés  ;  'nins:  a,  en  Palestine,  le  sens  d'une  petite  pierre.  —  tpm'n 
tiODb  (xxvii,  21),  comme  le  creuset  et  le  fourneau  affinent  l'ar- 
gent ou  l'or,  ainsi  les  éloges  doivent  ennoblir  celui  à  qui  ils  sont 
adressés.  — M.tmn  y^m»  WKT'Dtt  (xxviii,  9),  si  l'homme  n'écoute 
pas  la  parole  de  Dieu,  Dieu  n'écoute  non  plus  la  prière  de 
l'homme.  —  mia"'MïTnb«  tv^"^  (xxxi,  19),  elle  dirige  ses  mains  avec 
adresse  ;  ym^'D  =îTOr)n  T^rin  inn'»n  (Ecclés.,  x,  10). 

Mais  on  ne  donnerait  pas  une  idée  exacte  de  l'exégèse  de  Gaon, 
si  on  ne  montrait  pas  ce  qu'il  y  met  parfois  d'arbitraire.  Esprit  sys- 
tématique, il  attribue  la  môme  tendance  aux  Proverbes  et,  pour 
cette  raison,  violente  quelquefois  le  texte.  Ainsi,  il  prétend  trou- 
ver l'ordre  de  la  création  dans  viii,  23-29,  ou  les  sources  de 
notre  connaissance  dans  xxii,  17-21.  —  Souvent  aussi  le  désir 
d'être  clair  lui  fait  négliger  le  contexte  et  les  détails.  Il  traduit, 
par  exemple,  in-»  w^p^^::,  'jn^Di  û-^jn  ti^tt  3>tt)n  n»n  (xii,  12),  le  scélé- 
rat recherche  le  repaire  de  ses  pareils,  et  les  justes  se  conforment 
à  leur  origine,  c'est-à-dire  chacun  recherche  la  société  de  ses 
pareils,  et  Tis:»  a  le  sens  de  nnnstTD  (II  Sam.,  v,  7  ;  xxii,  2).  —  S. 
identifie,  ce  semble,  Din»  (xiv,  4)  avec  DDi<,  quoiqu'il  traduise 
autre  part  ce  mot  (Isaïe,  i,  3  ;  Job,  xxxix,  9)  exactement,  par 
crèche,  étable.  —Par  une  interversion  hardie  il  explique 3?i25"i  Dan 
nan  drb  (xvi,  4)  comme  r^Dnb  nrn  ûr  û:in,  le  jugement  dernier  est 
créé  pour  le  coupable.  — rvD  vbr  tp^  -«d  (xvi,  26),  si  la  situation 
(du  pauvre)  est  bouleversée.  —  û-'brîn  (^xix,  2)  marque  l'état.  —  n'^an 
nan  (xxi,  9)  ;  tr^x  c'est  la  femme  (explication  talmudique)  ;  nan, 
c'est  la  querelle  comme  nan  nam  (Deutér.,  xviii,  11).  —  Il  arrive 
même  que  S.  met  dans  un  verset  le  contraire  de  ce  qui  s'y  trouve, 


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: 


250  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

il  voit  dans  xxvii,  23-2*7,  l*avis  de  ne  pas  trop  compter  sur  les 
troupeaux. 


CONCLUSION. 

Le  commentaire  de  S.  sur  les  Proverbes  nous  offre,  pour  ainsi 
dire,  les  fruits  de  sa  grande  érudition,  qui  était  la  résultante  de  la 
culture  juive,  arabe  et,  indirectement,  grecque.  A.  côté  de  sa  ma- 
nière de  penser  en  général,  nous  y  puisons  encore  quelques  indi- 
cations intéressantes  sur  ses  conceptions  politiques,  sociales  et 
éthiques.  La  manière  dont  il  pense  s*y  marque  d'une  façon  précise. 
Chaque  sentence  produit  en  lui  une  perception  nette,  une  image 
concrète,  et  il  explique,  décrit,  cite  des  exemples  jusqu'à  ce  qu*il 
ait  rendu  clair  pour  autrui  ce  qu'il  voit  nettement  lui-môme.  Ainsi, 
dans  XVIII,  17^  la  première  des  deux  parties  est  sur  le  point  de  ga* 
gner  sa  cause,  lorsque  l'autre  arrive  et  y  met  un  terme.  S.  dit  : 
Supposons  quelqu'un  qui  présente  un  acte  de  donation  en  vertu 
duquel  une  jeune  fille  célibataire  lui  a  cédé  son  champ;  le  juge 
décidera  en  sa  faveur.  Mais  alors  un  autre  prouve  que  cette  jeune 
fille  s'est  mariée  plus  tard  et  que  le  champ  était  son  seul  bien,  la 
donation  est  donc  annulée  en  faveur  du  mari.  Autre  exemple  : 
Après  la  mort  d'un  père,  un  étranger  s'est  emparé  de  son  champ  ; 
le  fils  exige  le  legs  et  on  va  le  lui  accorder.  Mais  l'accusé  démontre 
que  le  mort  était  prosélyte  et  que  le  fils  est  né  quand  le  père 
n'était  pas  encore  juif;  par  conséquent,  l'accusé  doit  rester  en 
possession  du  bien  *. 

LUdéal  politique  de  S.  est  la  monarchie,  qu'il  considère  comme 
la  plus  parfaite  forme  de  gouvernement  ;  l'oligarchie,  à  raison 
des  dissensions  possibles,  le  satisfait  moins.  Les  conseillers  nom- 
breux de  Darius  (?)  ne  sont  pas  d'accord,  Daniel  seul  consolide  le 
règne  ;  la  polycratie,  c'est  le  crime  des  peuples  (xxviii,  2).  S.  érige 
aussi  en  principe  la  succession  dynastique  (xix,  10).  Si  le  roi  est 
fils  de  roi,  il  tient  compte  de  la  tradition  et  des  souvenirs  des 
ancêtres,  prend  soin  de  leurs  fonctionnaires,  de  leurs  amis,  de 
leurs  sujets,  et,  espérant  que  ses  enfants  lui  succéderont,  il  tend 
à  agrandir  Tempire.  Un  parvenu  s'empare-t-il,  au  contraire,  du 
trône,  il  s'efforce  d'anéantir  les  traditions  et  de  persécuter  les  par- 
tisans de  son  prédécesseur  ^. 

Ce  qui  nous  frappe,  chez  S.,  au  point  de  vue  social,  c'est  son  ja- 

*  On  trouve  des  développements  analogues  à  propos  de  xvni,  13,  et  zix,  26. 
»  Voir  encore  xxix,  14  ;  xxx,  29-33. 


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LA  VERSION  ARABE  ET  LE  COMMENTAIRE  DES  PROVERBES        251 

gement  sur  les  femmes.  Il  déplore  leur  opiniâtreté  (xx,  19)  ;  il  leur 
dit  avec  une  sorte  de  menace  de  ne  pas  oublier  leurs  devoirs,  car 
leur  union  avec  leur  mari,  loin  d*ôtre  éternelle,  peut  être  dissoute 
par  le  divorce  (xix,  13  ;  xx,  19).    ' 

Au  point  de  vue  moral,  S.  est  convaincu  que  les  hommes  de 
bien  seront  traités  selon  leur  mérite.  Pourtant  il  9dmet  que  la 
justice  parfaite  n^existe  que  dans  le  monde  futur.  Bien  des  fois, 
quand  les  Proverbes  affirment  le  règne  de  la  justice,  S.  ajoute 
que  ce  n*est  pas  le  fait  de  tous  les  jours  ;  dans  ce  monde-ci,  la 
justice  règne  par  un  miracle  de  Dieu,  mais  ce  n*est  que  dans 
l'autre  monde  qu'elle  devient  Tétat  habituel  (xii,  20  ;  xiv,  11  ;  xv, 
6,  16  ;  xxn,  9). 

Quelquefois  S.  semble  suivre  une  morale  supérieure  à  celle  des 
Proverbes.  Dans  xxiv,  18,  il  est  défendu  de  nous  réjouir  du  mal- 
heur de  notre  ennemi,  de  peur  que  cela  ne  déplaise  à  Dieu  et  qu'il  ne 
détourne  sa  colère  de  l'ennemi.  S.  dit  :  Ne  t'en  réjouis  pas,  afin  que 
Dieu  ne  tourne  pas  sa  colère,  dont  il  accablait  ton  ennemi,  contre 
toi.  Encore  plus  adroite  est  la  modification  que  S.  apporte  au.pré- 
cepte  qui  nous  ordonne  de  donner  à  manger  et  à  boire  à  l'ennemi, 
car  par  cela  on  répand  des  charbons  sur  sa  tête,  et  Dieu  récom- 
pense encore  la  générosité  (xxv,  21,22).  S.  traduit:  Môme  si  ta 
générosité  répand  des  charbons  sur  sa  tête,  Dieu  la  récompensera. 
Et  le  commentaire  ajoute  :  «  N'infligeons  aucune  autre  soufi'rance 
à  notre  ennemi  que  celle  que  notre  générosité  peut  lui  faire  éprou- 
ver en  lui  montrant  qu'il  a  eu  tort  de  nous  haïr  *.  » 

Une  fois  S.  se  plaint  de  ses  contemporains  en  disant  que  s'ils 
discutent  c'est  plutôt  par  orgueil  que  pour  défendre  leurs  con- 
victions (xxvii,  17), 

Bernard  Heller. 

>  s.  renchérit  aussi  sur  iir,  27-29. 


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MANOELLO  ET  LE  DANTE 


a  II  faudra  supprimer,  déclare  M.  F.-X.  Kraus,  dans  son 
Dante  %  le  juif  Emmanuel  ben  Salomon  du  nombre  des  amis  da 
poète  italien.  »  Aussi  n*y  a-t-il  aucune  mention  du  poète  juif  dans 
rindex  de  l'ouvrage.  Toutefois,  il  faut  se  garder  de  voir  dans  ce 
jugement  tranchant  le  dernier  mot  de  la  science.  Bien  mieux,  les 
recherches  les  plus  récentes  établissent  avec  une  pleine  certitude 
que  des  rapports  ont  existé  entre  Manoello  et  le  Dante. 

Trois  vieux  manuscrits  dé  poésies,  indépendants  les  uns  des 
autres,  un  ms.  de  la  Bibliothèque  Casanatense  à  Rome,  le  ms. 
1050  de  la  Trivulziana  à  Milan  >  et  le  ms.  XIII,  C.  9.  5<»  à  Naples  \ 
donnent  tous  trois  les  sonnets  qu'échangèrent,  à  Toccasion  de  la 
mort  de  Dante,  Bosone  et  Manoello,  le  juif  de  Oubbio. 

Bosone  Novello  di  Messer  Bosone  de  Caffarelli  entretenait  des 
relations  étroites  avec  le  Dante.  Il  s'était,  dit-on,  réfugié  dans  son 
château  et  avait  enseigné  le  grec  à  ses  enfants*.  Or,  Bosone  n'a 
pas  d'ami  plus  intime  dans  le  sein  duquel  il  puisse  épancher  sa 
douleur  sur  la  perte  du  Dante  que  le  juif  Manoello. 

On  admet  généralement  que,  dans  son  sonnet  à  Manoello,  Bosone 
pleure  aussi  la  mort  de  la  femme  de  Manoello'.  Cependant  les  deux 
lumières  qui  se  sont  éteintes  pourraient  bien  représenter  Dante 
seul,  qui  aurait  été  à  la  fois  le  soleil  et  la  lune,  d'autant  que  Manoello, 
dans  sa  réponse,  ne  fait  aucune  allusion  à  cette  double  mort. 

Cette  poésie  est-elle  ou  n'est-elle  pas  de  Bosone?  Qu'importe  !  11 


|;  1  Dante^  sein  Leben  und  sein  Werk^  sein  Verkâltniss  zur  Knnst  und  Politik^  Berlin, 

I  1897.  p.  146. 

\  *  Franz  Delitzsch,  Z^oei  kleine  Dante-Studien,  p.  4. 

Y  »  Leonello  Modona,  Hime  volgari  di  Immanuele  Romano,  Parme,  1898  (Nozze  Segre- 

\i  Modona),  p.  9,  note  5. 

I  ^  Kraus,  /.  c,  p.  95  et  suiv.  La  Bozone  s'appelle  toujours  de  Raffaelli. 

[•  »  Cf.  la  traduction  de  Geiger,  Jûd.  ZeiUchrift^  V,  p.  293  et  suiv.  ;   GQdemann, 

t  Gesch,  des  Srtiehungswesens  der  Juden  in  Italien,  p.  138,  et  Vogelstein  et  Rieger, 

fc  Oesck.  d,  Juden  in  Rom,  I,  p.  430  cl  suiv. 


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MANOELLO  ET  LE  DANTE  253 

résulte  tout  au  moins  de  ce  sonnet  que  Manoello  passait  pour  un 
ami  du  Dante.  Quant  à  la  réponse  de  Manoello,  elle  marque  une 
telle  intensité  et  une  telle  vérité  de  douleur  et,  en  outre,  elle  porte 
tant  la  marque  de  son  origine  juive,  qu'on  ne  saurait  douter  de  son 
authenticité.  Dans  le  premier  vers,  l'auteur  dit  qu'il  tire  du  plus 
profond  du  cœur  les  larmes  qui  éteignent  le  feu  de  sa  douleur.  Cette 
expression  montre  qu'il  connaît  la  poésie  hébraïque  de  la  période 
hispano-arabe  ^  Ses  vers,  du  reste,  rappellent  les  poèmes  les  plus 
connus  de  ces  poètes  et  son  «  se  non  fosser  le  lacrime  in  che  ab- 
bondo  »  semble  reproduire  une  des  images  les  plus  fréquentes  dans 
les  poésies  de  Técole  espagnole.  En  exhortant  chrétiens  et  juifs 
à  s'asseoir  sur  Tescabeau  de  deuil,  comme  s'il  s'agissait  d'un 
parent ,  il  se  souvient,  non  seulement  des  coutumes  juives  * , 
mais  encore  du  mot  talmudique  ',  suivant  lequel,  à  la  mort  d'un 
grand  homme,  tous  doivent  se  considérer -comme  ses  proches  et 
tous  doivent  porter  le  deuil.  La  fin  du  sonnet,  il  est  vrai,  reproche 
à  la  divinité  d'avoir  amené  ce  malheur  par  envie*,  et  décèle  une 
pensée  contraire  au  sentiment  juif.  Mais  il  faut  mettre  ce  blas- 
phème sur  le  compte  du  désespoir  où  était  le  poète. 

Une  preuve  nouvelle  qu'on  connaissait  la  profonde  amitié  de 
Manoello  pour  Dante  nous  est  fournie  par  les  sonnets  que  s'adres- 
sèrent mutuellement,  après  la  mort  de  Dante  et  de  Manoello*,  Cino 
da  Pistoïa,  le  fameux  juriste  et  commentateur  du  code  Justinien, 
l'ami  de  Dante,  et  Bosone.  La  malveillance  qui  éclate  dans  la 
poésie  de  Cino,  à  supposer  même  qu'il  n'en  soit  pas  l'auteur,  est  si 
violente  et  montre  une  telle  jalousie,  qu'on  ne  saurait  douter  que 
le  sonnet  corresponde  à  quelque  chose  de  réel  ^  Cino,  ou  celui  qui 
se  dissimule  sous  ce  nom,  raille  Bosone  sur  ce  qu'il  a  cru  à  l'amitié 
du  juif  pour  le  Dante.  Le  grand  poète,  qui  lui-même  a  dû  des- 
cendre aux  enfers,  reconnaît,  à  présent  que  Manoello  est  mort, 
attaché  à  l'erreur  de  sa  loi,  et  endure  les  peines  des  infidèles,  ce 
qu'il  fallait  prendre  des  flatteries  de  son  thuriféraire  juif.  Il  le  voit 
là,  comme  il  a  vu",  dans  sa  description  du  xviii®  chant  de  l'Enfer 

*  Cf.  Geiger  dans  TOfD  15£1fi<,  lH,  p.  i23,  note  2.  Sur  les  rapports  de  Manoello 
avec  les  poètes  espagnols-hébreux,  voir  H.  Brody  dans  le  supplément  de  la  Jûd, 
Preste  de  1896,  n«  2,  p.  6. 

*  Modona,  /.  c,  p.  39,  note  15. 

>  Sabbat,  105a:  ^^y\^'p  bDn  H»!»  ^'DTl. 
4  Modona,  p.  27. 

s  Steinschneider,  Letteratura  Italiani  degli  Otudei^  Geoni,  Rome,  1884,  p.   34,  et 
Lattes,  NotUie  e  docutnenti,  Padoue,  1879,  p.  30. 
«  Kraus,  l.  c,  p.  138  et  sa.  et  296. 
^  Modona,  L  e,y  p.  3,  note  3  ;  Delitzsch,  /.  c,  p.  4. 

*  Je  suis  ici  l'excellente  explication  de  F.  Delitzsch,  L  c,  p.  6-7,  qui  reproduit  le 
texte  du  sonnet  de  Cino  et  en  donne  la  traduction. 


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254  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

(v.  116),  Alessio  Interminei  de  Lucques;  il  le  voit  la  tête  couverte 
de  fange  à  cause  des  adulations  qu*ii  prodigua  toute  sa  vie  durant. 
Âlessio,  qui  fut  un  flagorneur  de  Castruccio,  le  chef  des  Gibelins, 
de  rage  se  change  en  ours,  chaque  fois  qu'il  aperçoit  ce  dernier. 
Et  le  Dante  raconte  qu'Âlessio  lui  montre  parmi  les  flatteurs 
Manoello,  caché  et  accroupi  dans  un  coin  si  étroit,  qu*on  dirait 
l'incision  d'un  sauvageon  où  Ton  grefie  une  branche  de  pêcher. 

Indigné,  Bosone  réplique  que  la  place  de  Manoello  n'est  pas 
dans  l'Enfer,  et,  qu'y  fût-il,  il  ne  mériterait  pas  cette  coiffe  de 
fange.  Quant  à  Âlessio,  son  châtiment  est  justifié,  parce  qu'il  a 
flatté  le  meurtrier  de  Gueruccio,  une  des  victimes  de  Castruccio  à 
Lucques.  Dante  et  Manoello  sont  dignes  d'un  autre  sort,  et  ils 
peuvent  compter  qu'ils  seront  tirés  du  royaume  de  Lucifer. 

La  diatribe  dont  nous  parlions  plus  haut  ne  permet  plus  de 
douter  qu'il  y  ait  eu  une  amitié  étroite  entre  Dante  et  Manoello. 
Et  la  réponse  de  Bosone  montre,  à  son  tour,  que  cette  liaison  des 
deux  poètes  était  de  notoriété  publique. 

Ces  témoignages  suffisent,  alors  même  qu'il  n'y  aurait  pas  de 
mention  du  nom  de  Dante  dans  les  poésies  de  Manoello,  ni  trace 
d'une  influence  de  Manoello  sur  l'œuvre  de  Dante.  On  peut  donc 
hardiment  rejeter  les  indices  que  certains  savants  ont  cru  décou- 
vrir et  maintenir  comme  un  fait  acquis  l'amitié  qui  unissait  les 
deux  écrivains. 

Ce  n'est  assurément  pas  de  la  mort  prématurée  du  Dante, 
comme  l'admet  Delitzsch,  que  Manoello  parle  au  début  du 
xxviii<»  chant  de  son  2)iran^  L'ami  dont  la  perte  plonge  notre 
poète  dans  de  telles  réflexions  qu'il  se  trouve  jeté  à  travers  l'Enfer 
et  le  Paradis,  est  évidemment  de  race  juive  *.  D'autre  part,  Daniel, 
qui,  pour  Manoello,  remplace  Virgile  et  Béatrice,  est  le  prophète 
de  l'Ecriture,  qu'Ezéchiel  xxviii,  3,  appelle  déjà  le  Sage  et  était  le 
pendant  de  Virgile.  On  prétend  que  par  Daniel»  Manoello  aurait 
voulu  désigner  le  Dante  ^  ;  mais  c'est  là  une  hypothèse  bien  faible 
qu'il  faudra  abandonner*.  Tout  à  fait  insoutenable  est  l'assertion 
de  Geiger,  suivant  qui  le  trône  d'honneur  du  Paradis,  auquel 
travaillent  Beçalel  et  Oholiab,  était  destiné  à  Dante.  Dans  le 
cercle  des  lecteurs  à  l'intention  desquels  Manoello  écrivait  ses 
poèmes  hébreux,  la  personnalité  de  Dante  n'était  pas  suffisamment 

»  Z.  c,  p.  4. 

*  Û'^Onp  y^T,  cf.  Zunz,  Ges,   Schriftut,  III,  p.  284.  Manoello  n'aura  pas  dési- 
gné ainsi  les  croisés,  aïeux  du  Dante,  comme  le  croit  Delitzsch,  ib,^  p.  4,  note  i. 

*  Vogelsteinet  Rieger,  /.  c,  I,  p.  440. 

*  JUd.  Zeitsehriff^  V,  p.  298.  Cf.,  au  contraire,  Gûdemann,  /.  c,  p.  314  et  suiv., 
et  Soave,  cité  par  Steinschneider,  Heàr.  BibL^  XI,  p.  53,  note  3. 


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MANOELLO  ET  LE  DANTE  255 

connue  en  1328,  pour  qu*il  lui  eût  assigné  une  place  au  Paradis, 
où  il  rencontre  les  justes  de  tous  les  peuples.  Toutefois,  cette 
considération  ne  prouve  rien  contre  les  relations  d*amitié  qui  exis- 
tèrent entre  Dante  et  Manoello,  comme  Ta  cru  Munk  ^ 

On  a  encore  moins  réussi  à  trouver  dans  Tœuvre  de  Dante  le 
moindre  passage  relatif  à  la  liaison  des  deux  poètes.  Dante  a-{-il 
su  rhébreu  ?  A-t-U  emprunté  à  cette  langue  quelques-unes  de  ses 
expressions  ?  A  ces  questions  il  est  impossible  de  donner  à  Tbeure 
qu'il  est  une  réponse  décisive.  Mais  fût-on  convaincu  que  Dante  a 
su  Tbébreu,  il  n*en  résulterait  nullement  qu'il  fut  Tami  de  Ma- 
noello. Au  commencement  du  yii"*  chant  du  Paradis  il  y  a  ce  vers 
latin  :  felices  ignés  horum  malahoth;  ce  dernier  mot  d'après 
Delitzsch*  est  mahaloth  =  maaloth  =  mV3^,  c'est-à-dire  la  hiérar- 
chie des  anges  et  des  bienheureux,  comme,  dans  le  vieux  rituel,  la 
commémoration  des  âmes  parle  des  d'^ntiam  û"'t)'npn  mVj^,  de  la 
hiérarchie  de  saints  et  des  purs  dans  le  monde  ultra -terrestre.  De 
môme,  pour  le  67*  vers  du  xxxi''  chant  de  l'Enfer,  où  des  lèvres  de 
Nemrod  s'échappent  ces  paroles  :  Rafel  maï  amech  izabi  almi,  il 
est  loisible  assurément  de  traduire  avec  Delitzsch^:  «  Guéris, 
ô  Dieu,  combien  profonde  est  ma  peine  éternelle  »»  mais  on  peut 
se  demander  si  ces  mots  sont  réellement  empruntés  à  une  langue 
quelconque,  si  ce  ne  sont  pas  plutôt  des  sons  sans  aucun  sens,  des 
interjections  inventées  pour  émouvoir  par  leur  étrangeté. 

Il  faudra  aussi  rayer  du  nombre  des  vers  trahissant  une  in- 
fluence hébraïque  celui  qui  est  au  commencement  du  vii<*  chant  de 
l'Enfer  :  Pape  Satan,  pape  Satan,  aleppe.  En  tous  cas,  je  ne  vois 
pas  où  F.  X.  Kraus  *  a  pu  découvrir  «  que  Dante  a  connu  quelques 
termes  du  jargon  juif  ». 

Néanmoins,  on  pourrait  trouver  dans  la  vie  de  Manoello  des 
indices  qui  rendent  vraisemblables  des  rapports  avec  le  Dante. 
Ainsi,  il  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  le  xxviii®  chant  du  Divan 
pour  se  rendre  compte  de  la  profonde  influence  que  la  Commedia 
exerça  sur  Manoello  '.  Malgré  la  liberté  et  l'originalité  de  Timita- 
tion,  celle-ci  se  manifeste  tant  par  la  disposition  de  l'ensemble  que 
par  certaines  particularités  de  détail.  Manoello  fournit  le  premier 
témoignage  de  l'action  immédiate  que  le  grand  poète  exerça  au- 

*  Cf.  Geiger,  Hebr,  Bibliographie,  111,  p.  59. 

*  X.  c,  p.  1,  note  2.  Cf.  GûdemaDn,  l.  c,  d.  140,  note  3. 

»  là,,  p.  7,  note  3  :  "V^hy  ^32:^  p?3r  HTS  "^Vn  ND^.  Cf.  sur  ce  vers  et  le  suivant 
les  notes  de  O.  Barzila!  cité  par  Gûdemaon,  t^. 

*  L.  c,  p.  33.  Kraus  n'indique  pas  le  vers  de  VBn/èr,  xxxt,  67.  Sur  l'explication 
tirée  du  français  corrompu  donnée  par  Benvenuto  Celiini,  sur  V Enfer ^  7, 1,  voirt^., 
134,  note  5. 

^  Cf.  Modona,  L  c.,  p.  37,  note  10,  qui  prépare  U-deisus  une  monographie. 


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256  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tour  de  lui.  Mais  Manoelio  n'était  pas  seulement  un  écrivain 
hébreu,  c'était  encore  un  poète  italien,  et  il  imprimait  un  cachet 
personnel  à  la  langue  de  son  pays.  Il  ne  nous  est  parvenu  de  Ma- 
noelio que  très  peu  de  poèmes  italiens  — quatre  sonnets  et  un  assez 
long  morceau  du  genre  badin  que  M.  Modona  *  vient  de  publier. 
Mais  si  peu  que  ce  soit,  cela  montre  qu'à  peine  Dante  a-t-il  créé 
la  langue  de  Tltalie,  un  juif  se  Tassimile  aussitôt,  et  s*en  sert  avec 
aisance. 

Ces  quelques  poésies  permettent  de  compléter  la  physionomie 
littéraire  de  Manoelio  et  de  comprendre  comment  les  cercles  les 
plus  élevés  de  la  société  chrétienne  d*alors  lui  furent  ouverts.  Si  le 
juif  Manoelio  put  fréquenter  chez  les  premiers  poètes  et  savants  de 
ritalie,c* était  principalement  à  cause  de  sa  parfaite  connaissance 
de  la  langue  italienne  et  de  Tart  avec  lequel  il  la  maniait.  La  li- 
berté et  la  gaminerie,  la  franchise  et  la  fierté  pleine  d'humour  que 
Manoelio  marque  dans  ses  compositions  hébraïques  se  donnent 
encore  plus  carrière  dans  ses  chants  italiens.  De  même  qu'aucune 
des  élégies  sur  la  mort  de  Dante  n*exprime  la  douleur  avec  autant 
de  simplicité  et  de  vérité  que  celle  de  Manoelio  *,  de  môme  peu  de 
poètes  du  moyen  âge  ont  trouvé  des  accents  pour  la  toute-puis- 
sance de  l'amour  comme  lui  dans  le  sonnet  qui  débute  ainsi  :  «  Amor 
non  lesse  mai  l'Ave  Maria  ».  Quand  il  écrit  en  italien,  il  se  sent 
si  bien  affranchi  de  toutes  les  entraves  qui  embarrassaient  le  juif 
du  moyen  âge,  qu'il  se  sert  du  Pater  nosier  et  de  VAve  Maria. 
Et  lui,  qui,  dans  le  fond  du  cœur,  est  resté  un  fidèle  observa- 
teur de  la  Loi  juive  et  un  pieux  exégète,  parie  de  tous  les  partis 
politiques  et  des  confessions  religieuses,  dont  il  voudrait  prendre 
à  chacun  et  à  chacune  ce  qu'ils  ont  de  meilleur,  sur  le  ton  d'une 
telle  indifférence,  qu'on  le  tiendrait  pour  un  railleur  frivole  et  sans 
conscience,  si  Ton  ne  connaissait  pas  son  plaisir  à  lancer  un  mot 
leste  et  un  vers  léger.  Par  endroits,  on  croirait  entendre  un  libre- 
penseur  à  la  façon  d'Aboul  Ala  Maarry  '.  Il  nomme  Saint-Pierre 
et  Saint-Paul,  Moïse  et  Aron,  Machon  et  Trivichan,  c'est-à-dire 
Mahomet  et  Tervagante  ^,  les  idoles,  que  des  poètes  italiens,  fran- 
çais et  anglais,  tout  le  moyen  âge  jusque  dans  les  temps  modernes, 
représentent  comme  ayant  été  adorées  par  les  Musulmans  ;  il  les 

*  X.  c.p.  27-34. 

*  Modona,  /.  e.^  p.  13,  note  13. 

*  Cf.  A.  von  Kremer,  Ueber  die  philosophischen  Gedickte  des  Ahul  *Ala  Maarry 
(Vienne,  1888). 

*  Cf.  Rob.  Nares,  Olossary.,.  in  the  worhs  of  englisK  Authors,  particularly  Sha- 
kespeare, p.  800,  s.  V.  Termagant,  828  :  Trivi,ççant,  et  Henry  de  Castries,  VUlam 
(Paris,  1896),  index,  s,  v,  Tervagant.  Je  dois  ces  renseignements  à  M.  le  professeur 
Goldziber. 


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MANOELLO  ET  LE  DANTE  257 

nomme  tous  d*une  seule  haleine  et  sur  la  même  ligne,  comme  si 
lui-môme  n'appartenait  à  aucune  religion. 

En  cela  Manoello  semble  s'éloigner  de  Dante.  Cependant  il  y  a 
une  poésie  à  l'adresse  d'un  homme  que  tous  deux  respectaient  et 
affectionnaient  beaucoup.  Manoello,  lui  aussi,  a  composé  une 
pièce  en  Thonneur  de  Scaliger  de  Vérone*,  qui  avait  comme 
armes  un  aigle  sur  une  échelle;  et  il  a  décrit*  en  des  termes 
fleuris  et  sonores  la  vie  magnifique  de  sa  cour.  Ce  sont  des  qua- 
trains dont  les  trois  premiers  vers  ont  la  même  rime,  tandis  que 
les  quatrièmes  vers  de  toutes  les  strophes  finissent  sur  une  rime 
semblable.  On  pense  à  Abraham  ibn  Ëzra  gourmandant  les  Saler- 
nitains  dans  une  de  ses  satires.  Manoello  prétend  avoir  traversé 
la  Syrie,  rArménieet  la  Romagne,  TEmpire  byzantin;  mais  rien  ne 
vaut  à  ses  yeux  ce  qu'offre  la  cour  do  Can  Grande  à  Vérone.  Et  il 
accumule  les  exclamations  colorées  pour  donner  une  idée  de 
toutes  les  sortes  de  troupes,  de  femmes  et  de  jeunes  filles,  de 
nobles  et  de  courtisans,  qui  se  coudoient  là,  venus  de  tous  les 
pays  ;  des  connaissances  dans  tous  les  domaines  du  savoir  qu'on  y 
rencontre:  astrologie,  philosophie,  théologie;  de  la  variété  des 
idiomes  qu'on  y  parle,  des  représentants  de  toute  l'Europe  qui  s'y 
sont  donné  rendez-vous:  Allemands,  Latins,  Français,  Anglais, 
Flamands  ;  de  tous  les  chantres  et  musiciens,  fauconniers  et  chas- 
seurs, de  toutes  les  passions  et  de  tous  les  plaisirs,  qui  se  troiivent 
réunis  à  la  Cour.  De  même  que  tous  les  peuples  se  mêlent  ici, 
Italiens  et  étrangers,  Juifs  et  Sarrasins,  de  môme  toutes  les  es- 
pèces du  règne  animal  se  promènent  dans  les  jardins  de  Can 
Grande;  tous  semblent  être  venus  proclamer  leur  soumission  à 
ce  seigneur  puissant,  dont  la  gloire  s'est  répandue  au  delà  des 
mers  '. 

Les  poèmes  hébreux  de  Manoello,  qui  ne  nous  disent  rien  de  son 
amitié  avec  Dante,  ne  nous  font  pas  savoir  non  plus  qu'il  passa 
quelque  temps  à  la  Cour  de  Vérone.  La  biographie  de  Manoello 
b.  Salomon  nous  est  parvenue  avec  tant  de  lacunes,  que  toute 
hypothèse  nouvelle  peut  y  trouver  place,  sans  qu'on  puisse  la 
ruiner  par  des  considérations  tirées  de  ses  ouvrages  mômes. 
Etant  donnée  cette  pénurie  de  renseignements,  il  nous  suffira, 
pour  affirmer  l'existence  de  relations  entre  Dante  et  Manoello, 
de  constater  l'influence  de  rslui-là  sur  les  œuvres  de  celui-ci  et 

*  Sur  les  rapports  de  Dante,  cf.  Kraus,  l.  c,  p.  59,  note  1,  p.  367  et  suiv.,  470. 

*  Publié  pour  la  première  fois  par  Leonello  Modona.  dans  le  Vessillo  israeiitieOy 
1S85,  numéro  12  et  dans  un  tirage  a  part  (8  pp.)  ;  sur  les  éditions  postérieures,  voir 
Modona,  Bime  volgari^  p.  40,  note  18. 

»  Cf.  Vogelslein  et  Rieger,  l,  c,  p.  429  et  suiv. 

T.  XXXVII,  K»  74.  .  17 


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258  REVUS  DES  ETUDES  JUIVES 

le  témoignage  de  la  littérature  italienne.  D'un  autre  côté,  si  Ton 
tient  absolument  à  découvrir  dans  la  vie  de  Dante  la  trace  d'une 
amitié  avec  un  juif,  on  fera  mieux  de  la  chercher  dans  Tesprit 
biblique  dont  il  est  pénétré  et  dont  il  pénètre  son  œuvre,  que 
dans  ses  prétendues  études  hébraïques.  Dante,  à  qui  toutes  les 
images  et  tournures  de  l'Ecriture  se  présentaient  dans  leur 
vivacité  et  qui  les  trouvait  au  bout  de  sa  plume  à  tout  mo- 
ment, a  dû  s'efforcer  del  ier  commerce  avec  un  homme  comme 
Manoello,  qui  à  ses  talents  de  poète  joignait  une  connaissance 
approfondie  de  la  Bible.  Et  ainsi  Manoello  serait  devenu  Tami 
du  Dante  grâce  à  TAncien  Testament,  à  qui  aucun  artiste  n*est 
autant  redevable  que  Dante,  si  ce  n*est  Michel -Ange  *• 

David  Kaufmann. 


>  Contre  l'opinion  exagérée  de  Flo  Servi  relttlvement  à  Tiniluenca  de  Manoello 
sur  D^nie  {Dantt  e  gli  Ebrei^  Gatale,  1893,  p.  10},  cf.  StAUiêchnéiàn ,  MoMtsuÂri/t, 
XLU,  p.  120,  noie  3. 


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LE  LIVRE-JOURNAL  DE  MAITRE  UGO  TERALH 

N0T41RE  ET  DRAPIER  A  FORÇALQUIER  (1330-1332) 


L'émînent  directeur  de  TEcole  des  Chartes,  M.  Paul  Meyer, 
vient  de  découvrir  et  de  publier  des  fragments  du  livre-journal 
d'un  marchand  drapier  de  Forcalquier  (Basses-Alpes)*.  Ce  docu- 
ment, comme  on  va  le  voir,  ne  manque  pas  d'intérêt  pour  This- 
toire  des  Israélites  de  France. 

Maître  Ugo  Teralh  tenait  registre  des  ventes  de  sa  maison,  ins- 
crivant le  nom  de  l'acheteur,  puis  la  nature  de  la  marchandise 
vendue,  la  date  à  laquelle  le  paiement  devait  être  effectué  et  celle 
de  la  livraison.  En  certains  cas,  la  note  était  rédigée  par  la  partie 
prenante.  Si  l'acheteur  était  un  notaire,  celui-ci  ne  manquait  pas 
d'écrire  lui-même  son  obligation.  Si  c'était  un  juif,  celui-ci  l'écri- 
vait très  souvent  en  hébreu,  et  le  marchand  faisait  suivre  cet 
article  de  la  mention,  rédigée  en  provençal,  des  conditions  de  la 
vente,  ajoutant  que  l'acheteur  juif  avait  écrit  de  sa  main  la  recon- 
naissance de  sa  dette  *. 

Il  est  dommage  que  ce  document  ne  se  compose  que  de  quelques 
feuilles,  car,  si  court  et  si  altéré  cju'îl  soit,  il  nous  fournit  des  ren- 
seignements de  plusieurs  sortes. 

Reproduisons  d'abord  les  quelques  lignes  d'hébreu,  suivies  de 
la  rédaction  du  marchand  qui  en  contrôle  l'exactitude.  On  remar- 
quera que  le  texte  est  parfois  tronqué  soit  à  la  fin,  soit  au  com- 
mencement des  lignes.  Cela  tient  à  ce  que  le  relieur,  qui  s'est 
servi  du  manuscrit  pour  former  la  couverture  de  son  registre,  a 
rogné  les  feuillets. 

*  1$  livre-journal  de  Maître  Ugo  Teralh.  Paris,  Klincksieck,  1898  ;  in~4<'  de  42  p., 
avec  une  planche.  Tiré  des  Notices  et  Bmtraite  des  manuscrits^  t.  XXXVI. 

*  Résumé  de  la  notice  de  M.  Paul  Meyer. 


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260  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

li.  nsnsrnb  '^1th  i^dd  m  m  nb  bno  naiNb  n'^'^[n] 

( dois  à  Ugo  Teral  32  sous  et  8  deniers  à  payer  à  son  gré.) 

Deu  Creyson  xxxij  s.  e  viij  d.  r.  per e  demiay  de  rosseta 

de  Limos.  Pagar  a  carementran,  e  a  o  escritz  de  sa  man.  Deu 
mays  iiij  d.  r.  per  unas  chausas  de  blau  de  Garcasona. 

67.  uMb  yyith  in»  ■•srm  m  t  bKn-'a  iaiN[b]  n-^Tt  pn»  'in  bw-^rp  -«î» 

«  Moi»  Yehiel,  fils  d'Aron,  je  dois  à  Ugo  Téral  7  sous  et  demi  que  je 
dois  lui  payer [pour]  trois  palmes  d'escarletas  de  Beses  *.  » 

Deu  Vivaa  Aron  vij  s.  e  vj  d.  r.  per  iij  palms Pagar  a  la 

fiera,  e  a  o  escritz  de  sa  man;  e  près  o  lo  deriar  jor  d*abril 
M  CGC  XXX  (sic,  iis,  xxxi). 

P*  Vivan  vij  s.  vj  d.  de  reff. 

77.  nbDn  nsp  -^irm  ...in  nsp  -^itn  mn^ra  diu  isin  b»  a-^-^rt  n-^^ns  ••3» 
nîiiTD  a'^'^n  ïnTT^n  i^d  r  "jabn  3*<t  'b  pb  t^-^b^^p  tD"'piD  "^nai 

Ti^r-iD  m  T  y-iD  '-I  n-in 

«  Moi,  Néhémie,  je  dois  à  Ugo  Teral  pour  une  demi-canne  d'ar 

et  une  demi-canne  de  bleu  et  des  chausses  en  camelin  blanc, 
30  sous,  le  blanc  valant  43  deniers;  et  de  ceci  est  dû  par  notre 
maître  le  rabbin  Péreç  7  deniers  [que]  j'ai  payés » 

Deu  Creyson,  juyeus,  xxx  s.,  contant  j  tornes  d'argent  am  o  re- 
don  per  xiij  d.,  per  miaga  canna  d*arangelat  e  per  miaga  canna 
de  blau  de  Garcasona.  e  per  unas  chausas  de  ca^^telin  blanc. 

Pagar  a  la  fiera,  e  deu  en lo  maystre  vij  s.  ;  e  a  n*i  escritz 

de  sa  man  ;  e  près  o  lo  viij  jor  de  may  mccc  xxxL 

P*  XXX  s.  reff. 

80.  'û'^buîi  pn*^  naa»  nsp  •'srn  ^ny  m  iû  b-^-'-ia  lai»  b»  a*^*^n  npr»  -«sM 
s-'T  n  -^^nn  rrTDb^  a*^^n  nim  "jab  nsa  n^p 

<c  Moi,  Jacob,  je  dois  à  Ugo  Teral  15  sous  pour  une  demi-canne 
de  vêtement  vert  et  un  tiers  de  canne  de  vêlement  blanc.  Et  de 
ceci  il  est  dû  par  Salomon,  mon  gendre,  5  sous.  » 

Deu  Jacob  de  Relhana  xv  s.  cor.  per  miaga  canna  de  vert  e  per 
una[s]  chausas  de  blanquet  que  près  lo  ix  jor  de  may  m  ccc  xxxi, 
e  a  0  sobre  escritz  de  sa  man.  Pagar  a  Sant  Jory  (Saint-Georges), 
23  avril. 

U3.       Ti:ra  «mbia»  ain^^nTD  d-^îp  a  bôna  nai«b  ••nnpb  b'^-'ita  la*^  tv 

«•^r"»*:  pTna©N  no 
«  Le  19  juillet  j'ai  acheté  à  Ugo  Teral  2  cannes  de  mesclat  de  Tou- 

'  De  Béziors. 


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LE  UVRE-JOURNAL  DE  MAITRE  UGO  TERALH  261 

louse  à  raison  de  43  sous  la  canne.  Et  je  lui  ai  payé  43  sous  ;  il 
reste  43  sous  pour  Tépoque  des  saints,  et  j*ai  signé  de  mon 
nom  ici  :  Astoruc  de  Digne.  » 

Deu  Astrac  de  Bignha  xiij  s.  r.  per  resta  de  ij  cannas  de  mesclat 
de  Tolosa.  Pagar  a  Tout  Santz  ;  e  près  o  lo  . . .  jor  de  julh 
M  CGC  XXXI,  e  a  ni  escritz  de  sa  man. 

P*  mosenhes  per  Astruc  viij  s.  p.  —  P*  Astruc  iij  s.  vj  d.  reff.  en  un  (?) 
robert  d'argent. 

«  Le  lundi,  42  août,  j*ai  acheté  une  demi-canne  et  une  demi-aune 
de  blanquet  de  Narbonne,  à  raison  de  47  sous  la  canne,  total 

9  sous  et  7  deniers,  pour  Don  Bonfil  (ou  Bbnfeil),  et  j*ai  signé 
de  mon  nom,  ici,  Bongodas  (—  Bonjuda)  de  Salon.  » 

Deu  Goions,  juieus,  ix  s.  vij  d.  r.  per  iiij  palms  e  demiey  de 
blanquet.  P^  alla  fiera.  E.  a  n'i  escrix  de  sa  man. 

458.  l-^bTDpT  tD-^nnî  3*^  a*<n3a  fn  ^"û^ra  naa  "^nnpb  ;23Nni53"i3   -^s» 
D-^UD©  ^0  DiiK  Q-^n-iT  an  u^siTs-^bn  nbanT:  D-^mT  y^^  naiïjpnpn 

abn  ai:  t^vd  b-^-^DSia  yn  "^sobn  laiDD-ia  in  "^aobn  t^^-^sm 
■^arm  r^^^-ç^  b-i-^-ia  ^y^^  •^•k-):2iD'»'^?3i  ''nnpb  ^y^  b">-)aî<a  asiaionb 
m;2D  3^aa^73  3n  kd  ^o  nTabo  in  ma:^a  tD-iDS-^Dn  nb^nTs 
:in:a  x^'^  msitîa  naan  ht  "^nnpb  iD^nn-sia  -^d»  icd  s-»  o-^mcsn 

«  Moi,  Boujudas,  j'ai  acheté  uu  vêtement  pour  Don  Bendig, 
42  aunes  de  camelin  de  Carcassonne,  et  43  aunes  de  bleu  de 
Limons  et  2  aunes  de  rouge,  total  69  sous,  43  deniers  au  tournois, 
à  p^yer  à  la  requête  de  maître  UgoTeraii;  etmoi  Bonjudas,  sur 
Tordre  de  Don  Bendig,  j'ai  écrit  devant  Don  Astruc  de  Digne, 
Don  Bonafous  et  Don  Bonfil,  l'an  [40J92,  soit  [13]32du  comput 
chrétien,  en  avril.  En  outre,  j'ai  acheté  de  maître  Ugo  Terail  une 
canne  et  demie  de  bleu  de  Sinpos  (Saint-Pons)  pour  Don  Salo- 
mon.  Total  :  24  sous,  de  la  monnaie  valant  le  tournois  4  3  de- 
niers. Moi  Bonjudas,  j'ai  acheté  ce  vêlement  sur  l'ordre  de 
Don  Bendig.  » 

Deu  Bendilz  de  Relhana,  juyeus  de  Forch.,  iiij  libr.  e  x  s.  reff., 
comlant  j  lornes  d'argent  am  o  redon  per  xiij  d.,  per  canna  e 
miaga  de  camelin  de  Carcasona  e  per  xiij  palms  de  blau  de 
Limos,  e  per  ij  palms  de  vermelh  e  per  xij  palms  de  blau  de 
Sani  Pons.  Pagar  a  nostra  requista  ;  e,  de  mandament  de  Ben- 
dilz, Bonjuous,  juyeus,  a  escrit  desobre  de  sa  mau;  e  près  o 

10  ij  jor  d'abril  m  cgg  xxxii. 


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262  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

163.  â-^  ïnbîi  D5  r*i  û*^  ...3^  nbsn  d-^nnî  t  -^nnpb  dnna«  nn  prer  -^î» 

«  Moi  Isaac,  fils  d* Abraham,  j*ai  acheté  7  aunes  de  bleu  pour 
4  9  sous,  3  deniers,  le  blanc  valant  43  deniers,  le  9  avril,  à  payer 
à  sa  requête.  » 

Deu  Aquinons  yuyeus  (?),  filh  de  Abram,  juyeus,  xlx  s.  iij  d., 
comtanl}.  lornes  d'argent  am  o  redon  per  xiij  d.,  per  vij  palms 
de  blau  de  Limos.  Pagshr  a  Sant  Joan,  eo  a  escritz  de  sa  man;  e 
près  o  lo  Ix  jor  d'abril  m  occxxxir, 

?•  Abram  (?)  ix  s.  de  reff.  —  F*  Abram  (?)  j  tomes  am  o  redon.  — 
P*  Abram  iiij  roberl  d'argent. 

Notre  fragment  renferme  un  plus  grand  nombre  de  passages 
non  hébraïques  relatifs  à  des  Juifs.  T  sont  nommés  :  Aquinet,  fils 
de  Tobie  (no  131),  le  môme  qu' Aquinons  fils  de  Tobias  (n*  73)  ; 
Aquinons,  alias  Aquinest,  filsd'Abran  (n"*'  31,  73,159),  le  môme 
qu'au  n»  163;  Astruc  de  Digne  (n°  78),  le  môme  qu'aux  n^»  123  et 
158  ;  Benditz  (n""  118),  probablement  le  môme  que  Benditz  de  Reil- 
lane  (n»  158);  Chaquon  (n*  78),  peut-ôtre  le  môme  que  Jacon,  fils 
d'Astruc  de  Digne  (môme  numéro),  Conprat  (n«  140),  Creyson 
(no*  121,  140,  141,  145),  le  môme  que  n«»  11  et  77  ;  Jacon,  fils 
d'Astruc  de  Digne  (n°  78);  Jacop  de  Reillane  (n®  21),  le  môme 
qu'au  n°  80;  Léons,  frère  de  Creysson  (n°  121)  ;  Samsons  {n?  84)  ; 
Tannigra  (?)*,  n*  137;  Vivan  Aron  (n*  131),  le  môme  qu'au 
n«67. 

Au  total,  dans  les  cent  quatre-vingt-sept  articles  de  ce  frag- 
ment, paraissent,  et  souvent  à  plusieurs  reprises,  les  noms  de  vingt 
juifs  «  environ,  dont  un  rabbin,  R.  Péreç. 

L'existence  d'une  communauté  juive  à  Forcalquier  s'explique 
aisément:  toute  la  région  était  sillonnée  de  semblables  aggloméra- 
tions, à  gauche  :  Reillane,  Apt,  Cavaillon,  Orgon,  Chateaiireuard^, 
Tarascon;  puis,  en  descendant,  Arles;  de  là,  à  l'Est,  Salon,  Aix, 
Gardanne^  ;  en  remontant  le  cours  de  la  Durance  :  Cadenet,  Pertuis, 
Mirabeau  1^,  Manosque;  au  N.-Ë.  de  Forcalquier:  Digne;  plus  au 

^  Le  point  d'interrogation  est  de  M.  Paul  Meyer.  En  tout  cas,  il  ne  porte  pis  sur 
la  confession  de  ce  personnage,  car  le  nom  est  suivi  de  la  mention  consacrée, 
c  Jujeus  » . 

*  Encore  faut-il  noter  qu'en  beaucoup  de  passages,  le  nom  de  Tacheteur  est  effacé 
ou  illisible;  au  n°  85,  il  reste  seulement  le  mot  «  juieus  ». 

*  N'est  pas  dans  Gross,  Qallia  judaica  ;  les  Juifs  y  avaient  une  sjoagogue,  Abbé 
Renaudot,  lettre  de  1718,  dans  Saleogre,  Continuation  des  mémoires  dû  littérature  €t 
d'histoire,  Paris,  172e,  t.  Il,  p.  380. 

^  Même  obpervalioQ. 

*  Mdme  observation. 


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LE  LIVRE-JOURNAL  DE  MAITRE  UGO  TERALH  2fô 

sud  :  MoustiersS  Castellane*,  Draguigan  »,  le  Luc*,  Grasse  «;  sur 
le  littoral:  Hyères,  Toulon,  Marseille «.  Nous  ne  parlons  pas  du 
Comtat-Venaissin,  tout  proche  de  Forcalquier,  où  les  communautés 
juives  étaient  considérables  et  nombreuses. 

Aussi  n'est-il  pas  étonnant  que  les  Juifs  eussent  à  Forcalquier 
une  synagogue.  M.  Camille  Arnaud  dit  à  ce  sujet:  «  La  tradition 
m'en  a  indiqué  le  locaP  ».  En  1349,  ils  furent  attaqués  par  les 
villages  voisins,  Saint-Maime,  Sigonce,  Revest-en-Fangat,  Niozel- 
les,  Lincel,  Dauphin,  Revest-des-Brousses  et  Aubenas;  on  les  mit 
à  mort  et,  cela  va  sans  dire,  on  les  pilla.  Le  sénéchal  enjoignit,  par 
lettres  patentes  du  16  mars  1350,  au  viguier  et  juge  et  au  clavaire 
de  Forcalquier  d'instruire  sur  les  faits  d'assassinat  et  de  pillage  des 
Juifs  de  cette  ville.  Ces  villages  durent  payer  une  compositît)n  ». 
Ce  mouvement  se  rattache-t-il  à  la  peste  noire  de  1349  ?  Nous 
l'ignorons. 

Il  n'est  pas  impossible  que  des  Juifs  soient  venus  s'intaller  de 
nouveau  dans  cette  petite  localité.  En  effet,  en  1385,  le  Conseil 
municipal  adressa,  à  leur  propos,  une  supplique  à  la  reine  Marie  : 
c<  Item  confirmare  Judeis  incolis  dicti  loci  Forcalquerii,  presentibus 
et  futuris,  statuta,  libertates,  privilégia  et  immunitates  quascumque 
eis  concessas  per  dominos  nostros  comités,  ita  et  taliter  quod  dicti 
Jttdei  de  conformatione  hujusmodi  fienda  habeant  instrumenta  et 
litteras  oportunas»». 

Les  Juifs  y  étaient  soumis  à  des  vexations  aux  jours  des  fôtes  de 
Sainte-Catherine  et  de  Saint-Nicolas;  les  écoliers  avaient  le  droit 
de  les  importuner  et,  pour  échapper  à  leurs  railleries,  les  Juifs 
payaient  une  redevance,  qui  était  employée  à  la  confection  de  tor- 
ches en  rhonneur  du  saint  et  de  la  sainte.  C'est  au  moins  ce  qui  est 
raconté  à  la  fin  du  xv«  siècle*».  A  la  môme  époque  on  voit  qu'aux 
premiers  symptômes  de  la  peste,  on  commençait  par  lés  expulser 
de  la  ville,  leur  laissant  le  soin  de  vivre  comme  ils  le  pourraient  et 

>  Môme  observation  ;  les  Juifs  y  sont,  entre  autres,  en  1340. 

*  Même  observation;  les  Juifs  y  sont  signalés  en  1303. 

*  Les  Juifs  y  avaient  une  synagogue,  sîve  scola, 
^  N^est  pas  dans  Gross. 

'  Cité  par  M.  Gross  simplement  comme  mentionné  dans  Topuscule  géographique  de 
FarisBol  ;  les  Juifs  y  avaient  une  synagogue. 

*  Ajoutez  encore  Saint-Maximin,  Graveson,  Puget-Théniers. 

"  Condition  civile  des  Juifs  en  Provence  au  moyen  âge^  p.  11.  Il  ajoute  qu'il  a'trouvé 
dans  les  archives  municipales  un  contrat  de  mariage  rédigé  en  hébreu  et  datant  du 
milieu  du  xv«  siècle. 

«  Ihid,,  p.  56. 

'  Arnaud,  p.  23,  renvoie  à  Registre  des  privilèges,  f'>  33  ;  Archives  des  Bouches- 
du-RhÔne  ;  Venus,  i*  124  V. 

»o  Ihid.,  p.  63. 


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264  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

qu'on  les  enterrait  dans  le  champ  môme  où  ils  avaient  âni  par  trou- 
ver la  mort  (1478). 

Tels  sont  les  maigres  renseignements  que  nous  possédons  sur 
rhistoire  de  la  communauté  Israélite  de  Forcalquier.  On  accueillera 
donc  avec  plaisir  les  données  nouvelles  que  nous  apporte  la  dé- 
couverte du  journal  de  Maître  Ugo  Teralh.  On  voit  par  là  une  fois 
de  plus  de  quelle  utilité  serait  le  dépouillement  méthodique  des 
anciens  livres  de  comptes  ou  des  registres  de  notaires.  Cest  à 
cette  source  d'information  que  Bardinet  a  puisé  les  renseigne- 
ments les  plus  instructifs  sur  l'histoire  des  Juifs  du  Comtat  -  Ve- 
naissln.  Malheureusement  il  a  trouvé  jusqu'ici  peu  d'imitateurs. 

Quelques-uns  des  noms  mentionnés  dans  ce  fragment  méritent, 
croyons-nous,  qu'on  s'y  arrête.  A  notre  connaissance,  celui  de  Vi- 
vant, qui  correspond  à  Yehiel^  ne  se  rencontre  pas  dans  l'onomas- 
tique des  Juifs  provençaux  ;  dans  le  Midi,  il  est  remplacé  par  Vi- 
dal, Vital,  Vivas,  Vives.  Par  contre,  il  est  commun  dans  les  pays 
de  langue  d'oïl  ;  il  se  trouve,  par  exemple,  trois  fois  dans  la  liste 
des  Juifs  de  Paris  à  la  fin  du  xiii''  siècle  ;  il  est  répandu  aussi  en 
Bourgogne.  —  Aquinet  ou  Aquinons  n'est  pas  commun  dans  la 
France  méridionale,  tandis  qu'il  est  employé  couramment  dans  le 
Nord  pour  rendre  le  nom  dlsaac,  dont  il  n'est  qu'un  diminutif. 
On  le  transcrivait  même  en  hébreu.  Ainsi  dans  la  relation  du  mar- 
tyre de  Blois  (1171).  —  On  ne  s'étonnera  donc  pas  outre  mesure 
de  la  présence  à  Forcalquier  d'un  rabbin  qui  s'appelle  Péreç.  Ce 
nom,  à  la  vérité,  n'était  inconnu  ni  dans  la  France  méridionale  ni 
même  en  Espagne,  mais  il  est  indéniable  qu'il  était  beaucoup  plus 
commun  dans  la  France  du  Nord  et  de  l'Est. 

Il  ne  sera  peut-être  pas  interdit  de  tirer  de  ces  quelques  indices 
la  conclusion  que,  parmi  les  Juifs  vivant  à  Forcalquier  ou  dans  les 
environs,  en  1320-22,  se  trouvaient  quelques  réfugiés  venus  de 
France  après  l'exil  de  1306.  On  sait  qu'on  n'a  pu  déterminer  jus- 
qu'à présent,  avec  certitude,  les  lieux  ou  régions  où  les  Juifs  ban- 
nis alors  de  France  trouvèrent  un  asile.  Si  beaucoup  se  portèrent 
du  côté  de  l'Est,  d'autres  certainement  se  rendirent  au  Comtatet 
dans  la  Provence,  qui  toléraient  alors  leur  présence. 

Or,  précisément,  le  20  août  1306,  c'est-à-dire  quelques  jours 
après  redit  d'expulsion  des  Juifs  de  France,  Charles  II  promulgua 
une  constitution  très  libérale,  qui  déclarait  les  Juifs  de  la  province 
soumis  aux  tailles  municipales  comme  les  Chrétiens  (les  impôts 
étaient  répartis  par  des  syndics),  abolie  la  défense  d'avoir  des  mai- 
sons contiguës  à  celles  des  Chrétiens,  aboli  aussi  le  double  droit 
payé  par  eux  pour  plaider. 

Au  n»  84  du  Livre-journal  d'Ugo  Teralh  figure  le  nom  d'un  certain 


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LE  LIVRlî-JOURNAL  DE  MAITRE  UGO  TERALH  265 

Samson.  Il  se  peut  que  ce  Juif  soit  Samson  de  Reillane  qui  fut 
assassiné  en  1344.  D'après  Nostradamûs  *,  c'était  un  homme  très 
riche  et  très  bienfaisant,  aussi  bien  envers  les  Chrétiens  qu*envers 
ses  coreligionnaires.  Il  entretenait  la  plupart  des  pauvres  de  )a  lo- 
calité et  de  plusieurs  villages  et  châteaux  circon  voisins.  Sachante 
ne  le  protégea  pas  contre  Tignorance  et  le  fanatisme.  Accusé  du 
meurtre  d*un  enfant  chrétien,  il  fut  sans  autre  forme  de  procès 
lynché  par  la  foule  en  compagnie  de  ses  complices.  Nostradamûs  fait 
suivre  son  récit  de  ces  réflexions  instructives  :  «  Les  panchartes 
qui  rapportent  dont  cecy  est  puisé  chantent  l'accusation  qui  fut  lors 
faicte  contre  les  Hebrieux  avoir  esté  plus  par  quelque  envie  invé- 
térée et  naturelle  conceuë  contre  ceste  nation,  calomnieusement  sur 
eux  jettée,  que  par  le  solide  fondement  et  preuve  déraison»;  mais 
comme  plus  tard  ils  furent  condamnés  pour  avoir  tué  Simon  de 
Trente  et  cinq  ans  après,  à  Venise,  un  autre  enfant  «  Taccusation 
faicte  .contre  Samson  et  ses  compagnons  pouvait  bien  estre  juste  et 
véritable  pour  l'inclination  que  semble  ceste  gent  avoir  à  ces 
horribles  occisions  et  détestables  sacriflces.  » 

Signalons,  pour  terminer,  un  autre  résultat  de  la  publication 
de  ce  fragment.  Ces  quelques  lignes  d'hébreu  donneront  à  réfléchir 
aux  savants  qui  attribuent  aux  transcriptions  hébraïques  une 
rigueur  qu'elles  ne  méritent  pas  :  voilà  ce  nom  de  Teralh  qui  dans 
la  même  ville,  à  la  même  date,  est  orthographié  de  quatre  façons 
différentes  :  bna,  bN-ia,  bÉrr^a,  b'^^'^'û  1 

Les  mots  hébreux  sont  abrégés  tout  à  fait  selon  le  système  suivi 
à  peu  près  à  la  môme  époque  dans  les  deux  livres  de  commerce 
de  Vesoul  *  :  'rn  pour '-is-^T  ;  'n®D  pour  û-^taiïJD  *,  'niD  pour  ym^  ;  'VV2 
pour  aiirw  ;  '^^y  pour  ma:^  ;  'v  pour  i^y  *. 

Enfin,  la  comparaison  des  noms  de  monnaie  en  provençal  et  en 
hébreu  fournit  quelques  données  qu'il  est  bon  de  noter.  Le  denier 
hébreu  ns'^n  correspond  au  sol,  tandis  que  c'est  le  ui«)d  «  la  mon- 
naie simple,  ordinaire  »  qui  est  le  denier. 

Israël  Lbvi. 


>  rAistoire  et  chronique  de  Provence,  Vervius,  1614,  l.  II,  p.  384. 

*  Jiefme,  l.  Vlll,  p.  161  et  suiv. 

*  On  disait  plutôt  D'^a'^lDC 

'*  Ces  deux  dernières  abréTialioos  se  retrouvent  dans  les  deux  livret  de  commerce. 


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NOTES 

SUR  L'HISTOIRE  DE  L'INQUISITION 

ET  DES  JUDAISANTS  D'ESPAGNE 


Malgré  l'excellente  Histoire  de  V Inquisition  d'Espagne  de  Llo- 
rente  et  ÏHistory  ofthe  Inquisition,  publiée  il  y  a  quelques  années, 
par  rhistorien  américain  H.  Lea,  il  n'existe  pas  de  travail  complet 
sur  rinquisition  espagnole  et  portugaise,  notamment  en  ce  qui  con- 
cerne les  marranes  et  les  judaïsants.  Pour  ce  travail,  il  faudrait 
tirer  au  clair  et  coordonner  l'immense  quantité  de  documents  qui 
se  trouvent  amoncelés  dans  les  archives  d'Alcala  de  Henares  et  de 
Simancas  et  dans  celles  de  plusieurs  villes  portugaises.  Jusqu'ici 
on  ne  s'en  est  guère  ou  point  du  tout  servi. 

Il  faut  donc  saluer  les  efforts  des  savants  espagnols  qui,  comme 
l'infatigable  P.  Fidel  Fita  et  l'aimable  D.  Ramon  Santa  Maria,  ont 
mis  au  jour  différents  documents  d  Alcala  de  Henares  et  d'ailleurs, 
et  qui  fournissent  ainsi  de  précieux  matériaux  pour  une  histoire  de 
l'Inquisition  en  général  et  des  judaïsants  en  particulier. 

Afin  de  pouvoir  instruire  convenablement  contre  les  marranes 
accusés  d'apostasie,  les  inquisiteurs  devaient  être  au  courant  des 
prescriptions  et  des  pratiques  juives.  Il  y  a  quelques  années,  D.  Ra- 
mon Santa  Maria  a  publié  le  texte  original  ^  de  ces  «  Cérémonies 
et  rites  usités  chez  les  Juifs  »,  qu'on  remettait  avec  les  «  explica- 
tions et  significations  Ȉ  tout  inquisiteur  qui  entrait  en  fonctions. 
Il  y  est  question  des  signes  auxquels  on  reconnaît  les  marranes. 
La  Revue ^  en  a  jadis  donné  une  traduction;  nous  n'y  revien- 
drons donc  pas.  Nous  ne  rappellerons  qu'un  point  :  l'un  de  ces 

'  Boletin  de  la  r,  Aeadtmia,  XXII,  181  et  suiv. 
'  Retuê,  XI,  96  et  suiy. 


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NOTES  SUR  L'HISTOIRE  DE  L'INQUISITION  267 

signes  est  ^o^  ffadas:  a  La  septième  nuit  après  la  naissance  de 
l'enfant^  ils  mettent  de  Teau  dans  an  bassin  avec  de  Tor,  deTargent, 
des  perles,  da  blé,  de  Tavoine  et  autres  choses,  et  ils  lavent  Tenfant 
dans  cette  eau  en  disant  certaines  paroles  ;  c*est  ce  qa'ils  appellent 
las  Hadas  qu'ils  font  aux  enfants*  ».  Que  signifie  ffadas  ?  C*est  un 
mot  espagnol  dont  le  sens  est  «  Parques  ou  destinée  ».  Les  marra- 
nes, en  gens  superstitieux  qu*ils  étaient,  voulaient,  au  moyen  de 
cette  pratique,  prédéterminer  le  sort  de  Tenfant  nouveau-né  '. 

Les  Juifs,  convertis  en  apparence  au  christianisme,  observaient 
rigoureusement  le  sabbat.  Vani^  com^Ie  on  dit  dans  les  explica- 
tions des  cérémonies  juives,  constituait  une  autre  signe.  Cet  ani  se 
composait  de  garbanços,  sorte  de  gros  pois  qu*on  cultive  beaucoup 
en  Espagne,  et  qui  entrent  dans  le  mets  national,  oUa^  de  n;aricots, 
de  viande  grasse  et  d'œufs  durs;  «  ce  plat  cuit  de  la  nuit  de  ven- 
dredi à  samedi  et  reste  chaud  dans  sa  marmite  jusqu^au  sabbat  à 
midi  ».  La  préparation  éeVani,  comme  on  l'explique,  formait  par- 
tie intégrante  de  la  fête  du  sabbat,  «  en  souvenir  de  cette  circons- 
tance, que,  lorsque  les  Juifs  dans  le  désert  conservaient  de  la  man- 
ne d'un  jour  à  l'autre,  elle  fourmillait  de  vers,  sauf  pour  le  cas 
du  vendredi  au  samedi  ».  Cet  ani,  évidemment,  c'est  le  fameux 
a  Schalet  »,  que  Henri  Heine  appelait  la  a  siisse  Goetterspeise^  ». 

Les  «Explications  et  significations^  »  données  par  un  rabbin 
inconnu  s'étendent  aux  fêtes  juives  :  la  Pâque,  Pasciia  de  el  Phase 
[Pesah)  ',  Souccot,  avec  une  fidèle  description  de  la  cabane,  «  où 
les  Juifs  doivent  prendre  leurs  repas  durant  sept  jours  >,  Rosch 
Haschana,  Pascua  de  el  citerno,  Yom  Kippour,  et  Pourim,  Diade 
eslrellas,  où  les  Juifs  ont  l'habitude  de  faire  l'aumône.  Elles 
s'étendent  encore  à  la  Halla,  à  différentes  prescriptions  sur  les 
aliments,  à  la  coutume  de  bénir  les  enfants,  de  tourner  le  visage 

*  La  septena  noche  de  el  nacimiento  de  la  criatura  ponen  un  bacin  con  agua,  y 
hechan  en  él  oro,  plata,  aljofar,  trigo,  cebada  y  otras  cessas,  y  lavaa  alli  las  cnatu- 
ras  diciendo  ciertas  palabras  ;  y  eslo  llaman  «  las  Hadas  *  que  bécen  à  las  criaturas. 

*  Boletin,  p.  183,  il  y  a  :  c  ayuuan  el  ayuuode  la  reyna  Ester  que  llamaa  el  Per> 
demiento  de  la  cassa  sancta  >.  Après  Ester  il  faut  ajouter  :  <  y  el  ayuno  »  ;  le  jeûue 
de  la  reine  Esther  et  le  jeûne  qu'ils  appellent  perte  ou  ruine  du  sanctuaire  (de  Jé- 
rusalem). M.  Gaullieur  {Revue^  XI,  97)  pense  «  au  jeûne  de  Hosanna  Rabba  que  les 
Juifs  étaient  tenus  d'observer  le  21*  Jour  du  7*  mois.  »  Or,  Hosanna  Rabba  n'est  pas 
un  jeûne,  mais  une  demi-fête,  où  précisément  il  est  défendu  de  jeûner. 

3  Ani  ou  Anida,  «  que  quiere  decir  cossa  caliente  •.  Cossa  caliente  est  la  traduc- 
tion  e8pa},çnole  de  y^'HT].  Dans  Tun  des  manuscrits  sur  les  Cérémonies  juives  décou- 
verts par  Is.  Loeb,  ce  mets  du  sabbat  est  appelé  Adafina;  voir  Mevue,  XVIIl,  374, 
381.  Adaûna  et  non  Da6na  {Bwue^  XVIII,  374,  note  5),  est  un  mot  espagnol  ;  c'est 
un  ragoût  autrefois  en  usage  parmi  les  Juifs  d'Espagne. 

^  Declaraciones  de  las  cérémonies  (y)  de  los  rites  judaycos  declarados  por  cierto 
judio  Rabbi,  Boletin^  p.  184  et  s.  Ce  «  judio  Rabbi  »  était  Mose  Abenamias  (Aben 
Namias)  de  Zamora  ;  voir  BoUtin  XXill,  429  et  s. 

^  Phasa  quiera  decir  Pascua  ;  il  y  a  probablement  dans  le  ms.  Phesa. 


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268  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

vers  le  mur  au  moment  de  mourir,  d*enterrer  les  ongles  qui  ont  été 
coupés.  A  la  fin,  on  explique  la  loi  .sur  la  haliça. 

Cependant  rinquisition  ne  s*étabiissait  pas  sans  difficulté;  elle 
rencontrait  de  vives  résistances.  Les  marranes,  demeurés  attachés 
à  la  religion  de  leurs  pères,  jouissaient  d*une  grande  estime  à  cause 
de  leur  fortune  et  des  situations  quHIs  occupaient.  Beaucoup  étaient 
alliés  à  de  grandes  familles  chrétiennes  ;  et  des  hommes  de  la  plus 
haute  noblesse,  jusqu*àde  puissants  dignitaires  deTEglise,  tels  que 
D.  Francisco,  évéque  de  Soria,  D.  Hernando  de  Talavera,  confes- 
seur de  la  reine  Isabelle,  Juan  de  Torquemada^  le  plus  savant^ 
mais  en  môme  temps  le  plus  fanatique  cardinal  de  son  époque,  et 
beaucoup  d'autres  étaient  issus  de  ces  unions  ;  plus  d*un  inquisiteur 
descendait  de  Juifs  convertis*.  La  plupart  de.  ces  descendants  de 
Juifs  voyaient  avec  horreur  ce  tribunal  de  la  foi,  dont  l'autorité  et 
la  puissance  étaient  sans  mesure. 

Quand  la  nouvelle  de  rétablissement  de  Tlnquisition  parvint  à 
Séville,  toute  la  ville  fut  en  émoi.  Les  marranes  Diego  de  Susan, 
qui  avait  une  fortune  de  plus  de  10  millions  de  maravédis.  Manuel 
Sauli  et  Bartolome  de  Torralba,  tous  deux  riches  et  considérés, 
convoquèrent  une  réunion.  A  cette  réunion  prirent  part  Pedro 
Fernandez  Benedeva,  père  du  chanoine  de  ce  nom,  Juan  Fernandez 
Abolafla,  connu  pour  sa  science  et  qui  avait  la  ferme  des  impôts 
royaux,  Perote,  fermier  des  salines,  les  échevins  Pedro  Cansino  et 
Gabriel  de  Zamora  et  plusieurs  autres  personnalités.  Ils  exami- 
nèrent les  voies  et  moyens  propres  à  empêcher  rétablissement  de 
rinquisition,  fût-ce  par  la  force.  Le  complot  fut  découvert,  et  ce, 
par  la  faute  de  la  fille  dénaturée  de  Diego  de  Susan,  qu'à  cause  de 
sa  beauté  on  appelait  la  fermosa  fembre^  «  la  belle  femme  ».  La 
fille  de  cet  homme  plusieurs  fois  millionnaire  mourut  dans  la  plus 
grande  pauvreté.  Au-dessus  de  la  porte  de  la  maison  située  dans 
la  rue  Ataud  à  Séville,  où,  en  punition  de  ses  péchés,  elle  finit 
ses  jours,  on  avait,  après  sa  mort,  placé  son  crâne,  ainsi  qu'elle 
Pavait  demandé*. 

C'est  à  Séville  que  furent  établis  le  premier  tribunal  de  Tlnquisi- 

»  Fernando  de  Pulgar,  De  los  claros  Varones  de  Espana,  affirme,  Tit.  23  :  «  D. 
Francisco  obispo  Je  Çoria...  era  naturel  de  la  ciudad  de  Toledo.  Sus  abuelos  fueron 
de  lioage  de  Judios  ».  Tit.  18  :  «  D.  Juan  de  Torquemada...  natural  de  la  ciudad  da 
Burgos.  Sus  abuelos  fueron  de  linage  de  los  Judios  convertidos  ».  Juan  de  Torque- 
mada étudia  la  théologie  à  Paris,  et,  de  retour  en  Espagne,  devint  prieur  de  S.  Pablo 
a  Valladolid,  puis  prieur  de  S.  Pedro  Martyr  à  Tolède. 

*  Diaprés  le  ms.  de  la  Colombina  de  Séville,  Relacion  de  la  junta  y  conjurMcitm 
que  hieieron  en  Sevilla  los  Judios  converses  contra  los  Inquisidores  qu'utilisèrent  D. 
Adolfo  de  Castro,  mort  récemment,  dans  sa  Historia  de  los  Judios  en  Espafia  (Ca- 
dix, 1847]  et  Kayserling,  Sephardim^  p.  102,  que  J.  Amador  de  los  Ries  a  reproduit 
plus  au  long  dans  sa  Historia  de  lot  Judios  de  Espana,  III,  247  et  s. 


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NOTES  SUK  L'HISTOIHE  DE  L'INQUlSlTlOiN  269 

tion  et  le  premier  bûcher.  Diego  de  Susan,  Abolafia  et  leurs  compa- 
gnons furent  les  premiers  à  subir  le  supplice  du  feu  ;  ils  moururent 
en  Juifs  croyants.  Dès  le  début,  il  y  eut  à  Séville  plusieurs  milliers 
de  marranes  qui  furent  brûlés.  Albert  Cansino,  ambassadeur  de 
Ferrare,  écrivait  le  19  juillet  1501  à  son  seigneur,  le  duc  Hercule 
d*Este  :  t  J'ai  passé  quelques  jours  à  Séville  et  j'y  ai  vu  brûler 
cinquante-quatre  personnes,  et  parmi  elles  une  jeune  flJle  très 
belle,  âgée  de  vingt-cinq  ans  ;  elle  était  très  instruite  et  versée  dans 
la  loi  de  Moïse,  à  laquelle  elle  était  fermement  attachée  ^  » 

Dans  la  plupart  des  villes  d'Andalousie,  de  Catalogne  et  d'Ara* 
gon.  on  ne  voulait  rien  savoir  de  Tlnquisition  et  on  voulait  l'em- 
pêcher. A  Cordoue,  il  y  eut  une  vraie  révolution.  D'autres  villes 
interdirent  Taccès  de  leurs  murs  aux  inquisiteurs.  Les  Aragonais 
voyaient  dans  l'institution  de  ce  tribunal  une  usurpation  sur  leurs 
antiques  privilèges  et  la  ruine  de  leur  antique  liberté.  Barcelone 
sentait  le  coup  terrible  que  le  Saint-Office  allait  porter  à  son 
commerce. 

Comme  à  Séville,  les  marranes  les  plus  puissants  de  Saragosse, 
les  Sanchez,  Santangel,  Paternoy,  etc.,  se  réunirent  pour  empê- 
cher rétablissement  de  l'Inquisition.  Exaspérés,  ils  décidèrent  le 
meurtre  de  l'inquisiteur  Pedro  d'Arbues.  Un  Français,  Vidal,  qui 
était  au  service  d'un  riche  tanneur,  le  marrane  Juan  de  Esperandeu, 
tua  Pedro  dans  une  église.  La  plupart  des  conjurés  subirent  le  sup- 
plice du  feu.  L'un  d'eux,  Francisco  de  Santa  Fé,  assesseur  du 
gouverneur  d'Aragon,  petit-fils  de  Hieronymo  de  Santa  Fé  (Josué 
Lorki),  qui  fit  tant  de  mal  à  ses  anciens  coreligionnaires,  se  sui- 
cida en  prison  ;  ses  ossements  furent  brûlés  *. 

Toute  résistance  contre  l'Inquisition  fut  vaine.  Onze  tribunaux 
déployèrent  bientôt  leur  cruelle  activité.  Des  milliers  et  des  milliers 
de  marranes  montèrent  sur  le  bûcher  ^. 

En  1519,  au  moment  de  l'élection  de  Charles-Quint  à  l'empire^ 
les  marranes  essayèrent  d'enrayer  la  puissance  de  l'Inquisition. 
Charles-Quint,  né  dans  les  Pays-Bas,  entouré  d'étrangers,  avait 
hautement  irrité  les  Espagnols,  pour  avoir  négligé  ses  pays  de 
succession  et  par  toute  sa  manière  de  régner.  La  Castille  se  révolta, 

*  Document  inédit  concernant  Vasco  da  Oama  (Paris,  1889),  p.  36. 

*  Amador  de  los  Rios,  /.  <?.,  III,  239  et  s.  ;  H.  Ch.  Lea,  The  martyrdom  of  S. 
Pedro  Arbuee  (New- York,  1889). 

*  Au  commencement  de  1490,  on  condamna  à  Valence  «  por  la  Lej  de  Mojsen  », 
le  négociant  Garcia  Luis  et  Agnès,  sa  femme  ;  le  procureur  royal  Juan  Beltran, 
Francisco  Franco  et  Catalina  Beltran,  le  négociant  Lucas  Alegre,  sa  femme  Isabelle 
et  Ramon  Alegre,  le  médecin  maestre  Pereala  et  le  peintre  Just.  Desta villa.  Tous 
étaient  de  Tortose.  Diaprés  les  actes  de  l'Inquisition  de  Valence,  actuellement  aux 
•rchiYes  d* Alcali  de  Henares» 


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270  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ce  fut  le  terrible  soulèvement  des  communes.  A  leur  tête  était 
Tolède,  la  vieille  capitale  du  royaume  ;  et  c'était  le  jeune  et  auda- 
cieux D.  Juan  de  Padilla  qui  dirigeait  le  mouvement.  Il  était âls  de 
D.  Pedro  Lopez  de  Padilla,  lequel,  appartenant  à  une  famille 
d^antique  noblesse,  avait  épousé  une  fille  dii  marrane  D.  Juan 
Paclieco.  L*occasion  était  favorable  pour  les  marranes ,  d^autant 
qu'on  savait  le  pape  Léon  X  hostile  au  jeune  roi  Charles  et  à  son 
élection  comme  empereur.  Ils  saisirent  l'occasion  pour  combattre 
énergiquement  l'Inquisition. 

Le  chef  véritable  de  l'insurrection  était  le  trésorier  Alfonso 
Gutierrez,  marrane  très  riche  qui  soutint  du  mieux  qu'il  put  la 
révolte  des  communes  :  sur  un  collier  d'or  il  avança  1,000  ducats  à 
D.  Juan  de  Padilla.  Il  eut  des  intelligences  avec  nombre  de  coreli- 
gionnaires riches  de  Tolède  et  d'ailleurs,  surtout  avec  les  Zapatas, 
avec  l'archidiacre  Francisco  Zapata,  avec  un  frère  du  licencié 
Loarte  (Duarte),  médecin  de  son  état,  qui  habitait  à  Médina  de! 
Campo  ;  il  entra  directement  en  relations  avec  eux  ou  par  Tinter- 
médiaire  de  Gonzalo  de  la  Torre  de  Tolède.  Il  n'y  en  eut  que  fort 
peu  à  Tolède  qui  consentirent  à  des  sacrifices  d'argent.  Ils  tenaient 
leurs  réunions  à  Médina  del  Rioseco  ;  y  assistaient  Alfonso 
Gutierrez  et  sa  femme  Marie,  qui  fut  bientôt  arrêtée  par  l'Inqui- 
sition de  Valladolid,  Garcia  Alvarez  de  Tolède,  surnommé  «  el 
Rico  »,  le  riche,  Pedro  Franco  de  Tolède*,  ami  de  Padilla,  etc. 

Que  voulaient  les  marranes  ?  Les  prisons  de  l'Inquisition  devaient 
s'ouvrir  et  l'interrogatoire  des  témoins  devant  le  tribuiïal  être 
pul)lic*.  Voilà  ce  qu'ils  s'eflforçaient  d'obtenir  du  jeune  empereur 
et  de  la  curie.  Gutierrez,  au  dire  de  sa  femme,  y  dépensa  plus  de 
12,000  ducats.  Est-il  vrai  que  Charles-Quint,  à  qui  son  maître 
Adrien  d'Utrecht,  professeur  à  l'université  de  Louvain,  futur  pape 
(Adrien  VI),  avait  inspiré  un  puissant  zèle  pour  la  foi  catholique,  se 
montra  disposé  à  conférer  des  privilèges  aux  marranes  pour  la 
somme  de  80,000  couronnes  d^or  ^  ?  Suivant  la  communication  que 
l'empereur  fit  à  son  ambassadeur  auprès  de  Léon  X,  ils  lui  avaient 
envoyé  des  délégués  en  Flandres,  où  il  se  trouvait  alors,  pour  lui 
offrir  «beaucoup  d'argent  »,  s'il  voulait  amoindrir  la  puissance  de 
l'Office  et  ordonner  que  l'interrogatoire  des  témoins  fût  public  * 


>  4 


<  La  famille  Franco  fournit  parmi  les  premières  victimes  de  llnquisition  de  Tolède, 
Gonçalez  Franco  et  sa  femme  Maria  Gonçalez,  Arias  Franco,  Alvaro  Franco,  etc. 

*  . . .  que  las  carceles  de  la  ynquisicion  fuesen  aviertas  é  los  testigos  publicos. 

*  Graetz,  Geseh,  d.  Juden^  IX,  246.  Charles-Quint  ne  fut  jamais  FélèTo  du  cardi- 
nal Ximenez. 

*  ...  los  conversos  embiaron  persones  propias  à  flandes  donde  a  la  sazon  esta- 
vamos. ..  que  nos  ofrederon  mucho  dinero  por  que  consentiesemoa  que  se  quitase  la 


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NOTES  SUK  L*HIST01RE  DE  L'INOUISITION  271 

Afin  de  gagner  la  carie  à  la  cause,  Oatierrez  dépécha  à  ses  frais  et 
muni  de  ressources  son  neveu  Louis  (Juan)  Gutierrez  à  Rome.  Dans 
cette  même  ville,  d^autres  encore,  comme  Diego  de  las  Casas,  dont 
les  parents  et  les  frères  étaient  en  partie  tenus  incarcérés  pour  héré- 
sie, comme  Bernaldino  Diez,  qui  s'était  échappé  d'un  tribunal  et  avait 
été  brûlé  en  effigie,  s'employaient  en  faveur  de  leur  cause.  Leurs 
efforts  ne  furent  pas  inutiles  ;  ils  obtinrent  un  livret  conforme  à 
leurs  vœux,  que  quelques-uns  prétendirent  avoir  vu  en  traduction 
espagnole  *.  Afin  d'en  empêcher  l'envoi  ou  plutôt  la  promulgation 
de  Barcelone,  l'empereur  délégua  auprès  de  Léon  !^  en  ambassade 
extraordinaire  D.  Lope  Hurtado  de  Mendoza. 

Dans  une  lettre  datée  du  23  septembre  1519  et  envoyée  de  Bar- 
celone, l'empereur  donne  à  D.  Lope  Hurtado  de  Mendoza  des 
instructions  détaillées  et  précises'.  Il  a  appris,  dit-il,  par  quelques 
personnalités  près  de  la  cour  papale,  que  le  Saint-Père  avait  l'in- 
tention de  publier  une  bulle,  où  il  révoquerait  les  privilèges  et 
certaines  dispositions  générales  et  particulières  de  Tlnquisition  et 
apporterait  d'importantes  modifications  à  l'Office.  Il  avait  déjà  par 
son  conseiller  résidant  à  Rome,  D.  Geronimo  de  Vich,  fait  sou- 
mettre au  pape  un  écrit,  où  il  lui  demandait  de  ne  permettre 
aucune  innovation.  Cependant  il  n'avait  jusqu'ici  reçu  aucune 
réponse  ;  il  pensait  donc  que  Sa  Sainteté  avait  le  dessein  de  faire 
paraître  une  bulle  sur  ce  sujet.  Dès  lors,  Mendoza  devait  présenter 
au  pape  les  motifs  qui  déterminaient  l'empereur  à  le  prier  de  ne 
pas  envoyer  la  bulle  en  question.  Les  inquisiteurs  sont  des  hommes 
pieux  et  enflammés  de  zèle  pour  la  justice  ;  le  grand  inquisiteur, 
le  cardinal  de  Tortose  (le  précepteur  de  l'empereur  Adrien)  est 
un  homme  plus  enclin  à  la  clémence  qu'à  la  sévérité.  Toutes 
les  plaintes  portées  contre  l'Inquisition  sont  dénuées  de  fonde- 
ment  et  partent  de  personnes  qui  ont  intérêt  à  ruiner  le  Saint- 
Office. 

Afin  de  convaincre  Sa  Sainteté  de  la  nécessité  de  conserver 
l'Inquisition,  l'ambassadeur  lui  apprendra  que  tout  récemment  on 
a  découvert  dans  l'Aragon  deux  synagogues,  dont  longtemps  on 
ignora  Texistence,  où  les  convertis  se  réunissaient  à  l'effet  de 
suivre  les  pratiques  juives  et  où  un  rabbin  les  instruisait  dans  la 


ynquisicion  6  à  la  menos  se  dièse  la  publicacion  de  tesligos  é  otros  prerogativos  à 
■u  propoeito,  est-il  dit  dans  l'écrit  impérial  à  D.  Lope  Hurtado  de  Mendoza  sur  le- 
quel nous  reviendrons. 

»  Voir  Boletin  de  la  r,  Aeadema  de  HUtoria,  XXXIII,  307-329. 

*  Cette  instruction,  ms.  de  la  Bibliothèque  de  l'Académie  de  Madrid  et  dans  les 
Archives  de  Simancas,  a  été  publiée  par  M.  Fidel  Fita,  dans  le  BoUtin^  XXXllI, 
330-345. 


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272  REVUE  DES  ÉtUDES  JUIVES 

doctrine  de  Moïse*.  Il  vaudrait  mieux,  par  conséquent,  étendre 
les  privilèges  du  tribunal  plutôt  que  de  les  suspendre.  Mendoza 
ajoutera  que  les  marranes,  depuis  rétablissement  de  l'Inquisition, 
ont  employé  tous  les  moyens  pour  l'enrayer;  qu'ils  ont  empêché 
dans  plusieurs  villes  les  inquisiteurs  d'y  pénétrer  ;  qu'à  Saragosse 
les  plus  notables  d'entre  eux  ont  tué  un  inquisiteur  dans  l'église. 
Comme  la  violence  ne  leur  a  pas  réussi,  ils  se  sont  plaints  de  la 
rigueur  inouïe  des  inquisiteurs  et  ont  offert  aux  rois  catholiques  et 
à  d'autres  personnages  de  grosses  sommes  d'argent,  en  vue  d'abolir 
rinquisition  ou,  au  moins,  d'en  affaiblir  la  puissance.  Les  démarches 
n'ayant  pas  obtenu  plus  de  succès,  ils  ont  couru  à  Rome  se 
répandre  en  doléances  contre  Tlnquisition  et  promettent  beaucoup 
d'argent.  Il  est  constant  que  plus  de  douze  cents  de  ces  convertis 
se  sont  rendus  à  Rome  et  ont  proclamé  leur  adhésion  au  judaïsme 
sous  les  yeux  du  pape  Alexandre,  que  beaucoup  sont  allés  dans  les 
pays  des  infidèles  et  sont  revenus  au  judaïsme  et  que  leurs  descen- 
dants vivent  selon  la  loi  de  Moïse.  Naguère  encore,  deux  marranes, 
le  père  et  le  fils,  ont  quitté  Séville  pour  Fez,  et  là  sont  retombés  à 
leur  religion  première  «. 

Des  délégués  des  marranes  se  sont  également  présentés  chez  lui 
et  se  sont  amèrement  plaints  de  l'Inquisition  et  de  ses  ministres  ; 
ils  lui  ont  également  offert  de  grosses  sommes,  comme  déjà  ils 
avaient  offert  au  roi  son  grand-père  1,300,000  ducats,  pour 
supprimer  l'Office  ;  il  n'est  rien  qu'ils  n'aient  tenté  pour  ruiner  ce 
tribunal.  Comme  leurs  tentatives  ont  été  vaines,  ils  se  sont  adressés 
avec  des  plaintes  fallacieuses  à  Sa  Sainteté  ;  mais  il  ne  faut  pas 
plus  les  écouter  que  certains  prélats  d'Espagne  et  autres  personnes 
mal  informées  ou  égarées  par  la  passion,  qui  ont  écrit  contre  le 
Saint-Office  et  se  sont  tournées  vers  le  pape.  Enfin,  Mendoza 
annoncera  à  Sa  Sainteté  que  lui,  l'empereur,  le  prie,  en  sa  qualité 
de  protecteur  de  la  foi  catholique,  au  cas  improbable  où  la  bulle 
aurait  déjà  été  publiée,  de  l'annuler  et  de  ne  permettre  aucune 

*  ...  «  Como  despues  que  nos  venimos  à  estos  nuestros  Reinos  de  la  corona  de 
Aragon  se  han  descubierto  en  ellos  dos  sinnagogas,  que  mucho  iiempo  han  estado 
ocultas,  donde  algunos  desta  generacion  se  juntavan  à  juydazar  (judaîzar)  con  un 
Rabi  que  los  inslruya  en  la  ley  de  Moyseo.  >  BoUtin^  l,  £.,  338. 

*  . . .  <  Mas  de  dozientas  personaa  desta  progenie,  que  de  aqua  se  havian  ydo  é 
absenlado,  publicamente  y  en  presencia  del  papa  Alexandre  confesaron  como  havian 
side  judios. . .,  é  otros  muchos  se  pasaron  à  lierres  de  jnfieles,  doude  se  tornaroo 
judios  ;  que  los  que  de  ellos  son  vivos  hoy  dia  biven  en  la  ley  de  Moysen  ;  y  sua 
agora  hay  nueva  cierta  de  dos,  padre  et  6jo,  que  de  Sevilla  se  han  pasado  en  Fez  j 
tornadose  judios.  »  Bolelin,  l.  c.^  339.  Ces  deux  marranes  sont,  comme  le  remarque 
P.  Fidel  Fita  dans  une  note,  Alvar  Ferez  de  Rosales  et  son  fils  Jacques  Valera,  con- 
seiller du  roi.  Lors  du  soulèvement  des  communes  ils  revinrent  en  Kspagne,  et  le 
samedi  avant  le  dimanche  dos  Rameaux,  23  mars  1521,  ils  durent  monter  sur  le  bu- 
cher  à  Séville. 


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NOTES  SUR  L'HISTOIRE  *DE  L1NQUISIT10N  273 

espèce  de  modification  relativement  à  Tlnqaisition,  et  de  continuer, 
comme  chef  de  l'Eglise,  ce  que  ses  prédécesseurs  ont  commencé. 
Que  si  la  bulle  était  partie  et  le  pape  se  refusait  à  remplir  les 
désirs  de  l'empereur,  celui-ci  n'en  admettrait  pas  la  publication 
et  encore  moins  Tapplication  dans  ses  royaumes.  Mendoza  deman- 
dera aussi  au  pape  de  ne  plus  tolérer  à  Bome  les  Diego  de  las 
Casas ,  Juan  Gutierrez  y  Bernaldino  Diez  et  consorts  ;  il  lui 
demandera  de  les  expulser  et  de  les  renvoyer  comme  sujets  du 
roi  d'Espagne  dans  les  provinces  d'où  ils  sont  venus,  afin  que  le 
bras  de  la  justice  se  saisisse  d'eux  et  les  traite  selon  leur  mérite. 

Léon  X  accéda  aux  désirs  de  l'empereur,  avec  cfui  il  se  récon- 
cilia. Il  rendit  le  bref  du  11  octobre  1529,  et  l'Inquisition 
poursjûivit  son  œuvre. 

L'insurrection  des  Communeros  fut  réprimée.  D.  Juan  de 
Padilla  fut  vaincu  le  23  avril  1521  à  Villalar  et  décapité  le  len- 
demain. 

Ainsi  toutes  les  espérances  des  marranes  se  trouvaient  anéanties. 

M.  Kayserling. 


T.  XXXVII,  H«  74.  18 


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LA  LUTTE  DE  R.  NAFTALI  COHEN 
CONTRE  HAYYOUN 

(fin  *) 


APPENDICE 

[Aprèi  le  21  octobre  1713]  f.  ill  a. 

l 

^  ^anîiN  nïT'S  i^irr  .«"^asTD  ti''*?^  N^^nDi  i^-^nN  .■♦as  m»*?    r^naa 

f  '♦ID  *Tnrr  aboiTa  '♦pb^rr  bmp^arr  ûo-nsTsr:  bnsrr  ii^arr  '♦swkd  '♦snirro 

man  '"««rD  '♦nanD  naD  nsn  ,i"-î3  ïj-itî  "^ais  n"-im7D  inas  do  nirr  "}^? 
im«  tnT»Db  "^iN-iï)  ■'"no  l'^T^n  t^^-^in  0TTip''D«rî  i'»73rï  b^^-^ban  naia 
'S-niin  tonna  '••'iDbs  tobsi  ,vt»  nx  '■•p-^mtDn  bs  m^T  t^-idd  nsi 
«nponaT  ta^^aïs  '-«irpitim  '""it-iprî  v^  1373:^  -^rcj-i  t-îi:p73  •^m^na  rinn 
'"'O-np'^DwNn  '"•:'^!?2b  n-»  tonna  '-^-«n  '•'pbK  -^nana  '^:i'^ybm  onb  t^m 
^n«-ni  *''»3nnnnb  na  'nT^b^^b  ns  'd  p"ï3a  "^sn^  nx  '^noroi  "^mr:? 
*]"ina  toï)  T»rr  noN  b"o  -iT:?->b«  n"nrî72  ^"^aan  V^pï^  ^^  3"Drï3a 
rT733i  n^sai  '♦d^j  '-«n  '■•pb»  "^-lai  3^i730b  n«an  rroi^pn  m^n 
'b"3rï  naïsa  ••nsrapD  nnasn  yiapn  Sj^  cidi3  n^mn  •»b:ra  ••r-»:» 
^nTsnnm  .-^"^n  '♦^^a  •jnï:  '♦-^n  "^^^a  injû  Sdi-i  t^mnD  -^Dsra  "«nnam 
'■»nb3n  bD  t-iNT  T>-îDD  nNi  '^"no  iT^n  t^^-^nn  Ni^^^ons  b^^-^ban  c«n  n» 
tow'^nriN-i  »  D"D  'n-»  'na  nbbpNT  T^p-^m»  bs  m«i  T»i:ro73  bD  mxT  T»bK 
Sd  isj"!  ,îid  'i:r  1TD  nb-ns  nD73  tona  rrïsjs  t^b  no«  binars  Dîna 
172«  in7:Ni  «an  NiO'^'ip  t^7arD  lanpr:  t^irirr  n7:yt3a  '■'NST^sr?  D^n 
nnb:r7a  nwD  ûi-i  j^ti  /T^i:np  n»  tnb^^i  û-iDn  b^^a  «a-»  rrnn  ,i7a» 
03DDO  M-npn  b3?a  t^nn  '♦d  n7:Na  -^sa  inbnn  'vïi  Sd  •'d  riTa-in 
■♦pbfi^  'n  03^73  nTobttD  in-nsoT:  '♦nm  nbyc  'n  tobo-»  .rrai^a  ribnn 

«  Voir  Revue,  t.  XXXVI,  p.  256. 

*  Ber,  Rabba,  30,  5. 

•  Û-'TDJ^D  Ï173D. 
^  Balm  Meeia,  83  6. 


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LA  LUTTE  DE  NAFTi^LI  COHEN  COiNTRE  HAYYOUN  275 

(•^pb«l  'n  m-nna  '••p'^TnTsn  "'p'^'i^  "ïbnKa  rî^^i^*»!  n:-i  '•^^^'wn  "iiaNm 

i3T:N:tti  tebirr:  iin^Ta  'ib-ûi  /■•p'»  '"«pipa  ^y  /••pinm  '••laD^iîîan  [i.  nb»] 

:  pDH  "^bnca  '•^tt'^ïi  bD  aa  *  'ibDT  1:7300  ismnTa  lain» 


[1  novembre  1713]  f.  90  3. 

♦V'n5  a^b  'n  ann  isnri  V'na  •♦as:  n"-im»  iiNsn  ^"y  5iîi3D  ni:bïi 
i3mn7D  'nD73  -^ay»:;?:  nny  n:n  ,p"Db  n"yn  iT^n  a"*»  'a  't^  t^bo^^na 
m-ia«  -^anarr  'a  b:^  na-r  •'naon  t^^bo  '72N3  sci  b":n  bnsn  ann 
,T»3"»ya  fi<:T^ï5n  nrnb  '»3"':ra  naau33  nK'^bD  t^dn  .inb^^r  -ind  DT173  m-nna 
by  nb'»bn  ns*  /bs-io-^a  laT»  imtJDU)  'p*»-!!:  '-^Tsan  mat)  b:^  oin»  Nb  -i^a» 
niaa^n  m^aat  'n  n^^p  «bn  ,0"inô<  «b  a''730  maa  b:r  -^ai  .onnx  «b  -maa 
'nop:n  nb»  'n  ûj  "i5n3i»«  m  p-^Tnnbn  man  p  '•»isnp  n^^ab  nNT 
'N  -^i:»  Sn^d'^  ^73:^5  •^731  /«  iTsuJi  'N  'n  minwsa  nanNn  mma^^a 
T^nan  to:»  ,n"D:r73  ^•»b  •^nnb'Oîi  n-i»Dn  r-n:^»  tau?  Tara  n:m  ,vn«a 
r-^.DDi  b3^-»ban  tii-icb  baia  çaïuîa  xtidtj  ^an  '73«3  c\ai  '•»ana  b'OJ 
*m«b  qbajD  '^n"'sxi  .bnan  a-ina  '-^^abs  an  tsbai  ,-i">i^  n»  '^p'»Tn73m 
Spa  '"^Ti-iDîsi  '"•nncTai  '•'od'iits  "•anai  ^-^-lan  Sa  rn-^  na  ny  nu;» 
iK-^a"^  N<b;23n  ^n  n-nna  ip-^Tn-»  i^^Tob  m'tanpn  mbnp  bfirr::'»  mi:iDn 
riNTH  (•>"-iu5  V'T'n  «^""«in  rr^Tjna  DO"nD»n  V'^n  '«■iDO  i3'^"»m}  rra:?inn 
ïana  '-^«"«ttîn  t»?:'^  ib»  '••S'^Tsn  -^noDai  ^inaôin  ^a»  '•^••pb  ,S3n'»a  b« 
nbi3^  nanbo  N<nno  ny  *-infi<  nn  ip«-î  "73^  rstn  hdd  '«25n-i73  m^n^Ta 
^y  ïa'«73'C5n  nxp»  n-'ôna  ïNïnn-ibbn  '•'b'^oaTa  uîn  n-m7ai  .n-ôt^y^ 
•^n'^apan  ,y"yb  ono^a  cam  nT»b  i:?">3rT  n^ta  nybï5  •»«T)a  •»n:tib"j  ,^n^'p 
Sa73  ''>0Di3  "»om3ip  HT"»»  nbia'»  no  aa  ,an7a  nr»  "n-iconb  mb'iîb 
S3""»::7pn  p  i3'»733^  '^y^^  nspTa  •»m«-ia  '»3»'j  pbtt5  cam»  Dii  '"^sn^an 
•'■»pbfi<  -^-lana  '■•avbw'j  *,inb  ssin-»:  «h-'pKT'ilcna-r  û3^a'0  D""'xpnt3m 
n"3  'D  p"oa  "«snTs  ma  •»no:o'j  '^m7a:P  '•»a-î"jp'»DN7  '•»3'»73b  t»  canna  '•>'»n 
nT3^^b«  i"nm»  •T'asn  r^pn  bo  aanaa  '^nïJ-i^T  /•»5nnnnb  n"37  "'3T^b3^b 
'•^■'n  '-^pbK  -«na-î  y^^^b  riNan  niompn  m^n  T»na  aa  T>n  iïj»  .b"ao 
"nnaar:  yia-^pn  ^y  tioia  ^«n^-î  "^bya  ''^^^^^12  r77:a'ï  nToa  ■•ctt 
ÏN73  •'■•n  va  1^73  bain  N<inna  '^73i::^a  -^ninam  b"3n  na«a  %n3:apTD 
T^nco  nKi  (-«"nïî  ''"vn  »"'^in  «••Tons)  by»bar;  uj-^wn  n»  -^ntjnnm  /"«n  va 
'na  tDbbpan  .vp^'m»  Sa  n^i  T»-Tyo«  ba  nai  T»bK  "«ibsn  ba  t-iNi 
nbna  nD73  &na  nisr^a  t»^b  nu5«  bnan  tanna  û73''nn«7  'na  nb:?n'> 

*  =  ûib«3  «n-n. 

>  Sanhédrin,  98  &. 

'  Allusion  a  jSomA  Aa-jScAtfna,  11,  1» 

*  Kttouhot,  li  fl. 


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276  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

t^73vm  «ir:n  ^inpîi  tDipîoa  '-^«siTDsn   tD^r:  b^  ns^i  ,!-ts   n^^  irs 

Sn-iï)"^  -^bins  '»:iNa  'n  ■»"D:r  t<-»b3^tt"ï  t-iTSDmc^  rranonn  ^^w^  ho  ûk 

n«D  ûnn  yi-^i  ,rî5rn'«  «-narr  nnaDb  b^n  nnï33^tt  nsra*^  «b  '»t::73  '^sni 
mipn  b:^a  Niirr  "«d  n73«a  ''DD  inbrrn  toT^rr  bD  "«d  ï-r73-in  irb:r» 
'n  û:^73  ïiTsbiD  inniD^STa  "^nm  wd  'rr  ûbtt5*>  rr^aijra  nbnn  02D3td 
n"»K5io  b-^D-^i  rnnn  '-«w:^  nDTi  ««"i  bDb  iNCsbi  ibaab  bs-i©-^  "«pb» 
nbN  /n  nnnna  '■'p'^TnTûrr  '"'p'^nat  -^brr^a  nyio-»-»  î-rsn  '^y^o^  iiaNan  T^reb 
lain»  '>N373i  ûbvïi  li^«73  'nbttDn  lat'^p'»  '•'pips  ny  "»pnm  '•^asc^n 


VI 

[1  décembre  1713]. 

t^an  finaab  n<o'»q3i  «an  t^^b«  Yyr\  T»bo3  J*»  ['n]  'fi<  'n-  t^^bo^na 
Snsn  ii«5r?  ann  '^DmnwT  -^aiïiô^  H'rt  Nï3'»'7pi  t^ttî^^nsn  l'^wan  b'»rn 
abDn?:^  Si^-^i  ûi-T'  !-Tby?Db  na^  maan  inod  Snawi  tijt: 
«T^n  -^ait  nnnitî  "»-i«d73  173^  *7iaD  rî"D  n"3^  -^"ï  nT7"«onaT  r^mna 
rT7a-i7Di  ^nn  t^btjîi  bbipTsn  'on  "^nbapta  m:riaiD  Tcbora  m  n*»»''  tù 
ppa  72hi  ^3«  1-15  b^-^-iaa  nnntî  l'iN:in  •^smnîûb  "^nanD  nc«  nn 
nb;a3«  -^siTs^prr  i25n3  \vn  t^T»n  iz^-^wn  b©  'on  naia  n:'>'it3m  snnsabp-'î 
■'as:  nnrîitîs  to^nbiûTa»  p]>'i  ^awi  rih  DD-no^n  ^«arî  ismnTaa  '^■pb 
t^bi  iNb  b3^  "^nna^^ta  in«'»a  b:r  -^b  ns  û372N  ^T»b  «a  bb"jp7:n  'orr  i-i3 
pnjîia  «-iiD^n  ainan  bas  ia  '^nNSTTû  î-rsm  "idt  naym  i^an 
riDm  'm-^'j  'm-^  mo-np-^o^n  mn-^cai  ni:ro-j  ^13^1  'tsh  iiksïi  n:3mn73 
n;::^  bïn  S3n-ib;a73N  pp'^  ih»  i33mn73  liNsn  û3^  boas  '»30  n3^  -^s 
to'^T:^  ^laa  n33  maD  bj^  on  is-^ni  nnn  '»33f»b  ^33  icoa  icd3  toa 
3^1-13  û-»  nn  i-^^n  omp'^sNn  ^Diom  ^yiNn  173  '"«bibi  n"'a:^nb  -^na 
■^rNi  .-naN-^  j3-ia  '•»3*>^n  Sa  niD«  "^«npn  na^i  oin-^-^an  piisrTs  Nin 
'^b"»0D  ''^•'pb  ,^pM2Ti  m-^ab  uî^pn  n"»a73  *'>3'»'»t3na  nt  y-io  n'»:sin  inain 
a-»u5N  "^DSN"!  *bb73-»  ^3-n  l^TST  /'^aTsiDai  ûionsa  ««a  iicniDn  tz:n^pb» 
tn-i-^nbi  "»;oin  tnNifib  an  in  ûan  ©bi  'n  s^ht»  ba  b3^  "^iN-inTsi  .b^no  bab 
nn3"»a7D"»bi  na^in  -^a  '-^masa  'n  nnT:rb  i^ab  lan*»  S^td  ann  --sbio 
,'»bN  -nb  '»73  "«-iTsiKa  iT  ï-ïD^^Dî^b  pi73  '^ib  '^3a»  •»3Ni  •N-iniDOTa  rsara 
ysma  '»nnaa  'n  lonai  3"mDobp'^3  p"p'j  T'a^nb  -^nanattî  onann  nb» 
ina  '»bnB3  '•'To'^n  ba  aa  'ib©a  nsmnTon  iainN73  'nboi  nbs:"»  i3'»'T»a  'n 
t^'T»3^T  ma73  ÛN3  .ittî-np  ûy  b^ma-^a  laf^onbi  ipbnb  •^ifin  nr  iinn«  'na 

.1^*^  r3«n  aann  obcrr^T 

»  Eroubin  104*. 

*  ^tfr.  i^aWa,  32,  8. 

•  Horayot,  3  *. 


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LA  LUTTE  DE  NAFTALI  COHEN  CONTRE  HAY^'OUN       277 


VII 
[14  janvier  1714]  f.  145tf. 

.•piDn  "^broï  n^nm!»  '»bNnt5'^n  ^5n  i"Q  bu)  '^npj^rr  'n^n  ciia»  ocia 

■^ais  Nm  Nnaai  l«»b  .p"Db  ^"j^n  ns^  nna  Y'  'k  'v  i^bD[:y^](-i:r)a 
C3s©73  ,T'732ti  S-^nsD  'n3  pm  .^-^tînn  nbi^D  mmD  n'^n  ,n'»5Dm  a-^ani 

rf  D  n"jr  v'3  ,nmoDi  mbssa  .mT^onan  rmna  aboiT^m  «bDi^Dn  .b-naTsi 

,©"bNr)'j  'i"n3  a-'b  n"-im73  ^nas  bn^an  Tpinrt  fi<bDi)arï  ann  •»5mnt3"i  a"ï5 

n"»b  i"mBï5  b^p-'S  p"pb  nn:r  nnbt»?:  -^sn  ,V"»''^  ^"^''^  by^bnn  ta'^Nn  b©  'on 
TN  ••nar)  n^sr»  •^nnîD^îa  b:r  -^snt  T'is  bN-'naa  -i^-im»  v^^^^  n3'»3mn» 
tn»  msab  o''"i::3np  ir»  Yx:-^  S^^-'barr  nT  CD-iîiia  ti«n  ,mr\y  -^na 
abab  "«b  n^a  ,Y'n3  '3bD"i7:n  "^^ixan  "^mTo  nnnNi  "^mN  '  ïT»Dva  r-rTonn 
'•»pbK  tn^D^yn  tinn  n«fi<  ,*nraiDb  V'p  pn'^  pin*^  rr^a»-»  ^wn  mtjn 
b:^  A-^yb»-»  niampn  i3nmm  nîn3i?ofi<  '7iO'»i  «m^a  n3:'»a  -np:^b  "»"»n 
3>an''-:5  ■'721  .*ia-ia  nrnb  naj'b  •>!  -^an^a  «:n3«  n^a:^*^  n^Di  ,b"Tn  "^-lan 
©"■»  3^«nn  tiTi  ,barr  tn«  yarr»  «nn  nuj-npn  i3n-nm  naiTaNn  iiab:r 
«D5a  a^iaan  v'a^n  "^-la^a  i7:it:^  mbnb  ujnpn  -imîn  b:^  3^-1  ûU5  t^-^^irr 
■«IN  i-'in  ÛT73  nlD)b  -^iN  .p-'^at  im»  b^^  T:^b  ^^2:1731  in^a  'k  5i"»bn73 
3^n  yb  11*773  u)'»fi<  mnon  n3iï:ba  D'»s'iîtj  'na  -hd^i  .nnainn  ai-^Ta  i(3)b 
*]na  13  -^SN  i'»''*!^^  D373X  toN  /nca  p  ■»n'»©J3i  ^la  p  -^n-^-^nu)  .by-^bai 
,rTTa  -laT  ï-id*^  T"a3^  ,D"ja  N'riTsbn  t^biai  "«nDon  «-1D0  t<rabn  "^sm 
rr^n  naaca  -laa  nna  b:r  '-«pbfi^  r-n^-iTa  riNnnna  -iDa  p  •^rr'tîys© 
p  t^b  /«  pai  'N  nmm  'fi<  b»  t^b»  13b  i"»«  isb©  '"^oiTa-^sa  '"««bnjyb 
ï^b-i  ^-la  p  -ir»  "»pbK  ï^b  '•^'iiab  nar  "^ny  ©■'î^  i^a  ai-ipTs  '■•o'in 
T^b:y  nain  naa  *t<nniNa  -^yvi'i  t^'^TDO  •'«m  ,np'»J3  -iDia  pn  noa  p 
-^PN^nno  V'Tz^  .,t<^'ûr\m  «ain  t-n'»nb  ,a"rT:^b  pbn  nb  i-^nt  J*>p-i3 
K^^nnb  •  t^a^n  n'^yiyb  Dm  nb-^bn  ,nn:iD  '"^np©  ûrr  •»-iai  bai  vby  nan 
p"njb  pbnai  m:^iaï3i  mTDinn  baa  '^by  bapTD  '^srm  ."^d»  ipus  nan 
by  n2nTD«-in  n"i:kNa  ■•nana  -i©n  -^nana  np«i  ©p3^i  bnoi  aiia  V^^ 
■^nan  *nana  t*^b  nœ»  .y^rib  5i'»o"in  nsnan  nsnan  t^inn  b:^'»ban 
nN  T'-nniD  '73N1D  j^iD-i  irnsb  '»i«  ,ï)"tt)  bbnb  t^^bo  T»m3^«-n  T^ban 

*  ^a3a  Kâmma^  25  a. 
»  Berachot,  58  é. 

*  -ffa^..  13  ô. 

■  Ouittin,  68  6. 

*  Kiddouschin,  44  ». 


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278  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

au5T»  nmno  nDtûîi  N<nm  ,mbyt2  bï5  ^^htz^  b^  t^y  î-T3''D«3t^ 
Y'p  yM2'Qh  inN  in''^  ^^  "»®«  ^^hd  '-^-lanr:  nanm  ^rr^b^rorr  msa 
riDrîDi  ,N<'»a3n  in'»bfi<  'nD:a  ib  td-^t  rnTsbi:?  N<-nab  riD  ib  td'^tdi  /nnDb 
•<:i«  /*.*n-np  b"ia  bs^-^bar:  'rnD^  :^'^?:prr  nanm  on72'»2:b-.  nb  -«in  man 
-^n"»»-!  -IÏ5ND  m'»nan  dn  n^^aTs  :^©nn  'mt  "^d  ."idni  hor  *isn  "jâ  ib 
-^aDiD  bo  mttmn  ï-iaDT  ,rT  bo  mt3T>T  '"^«b»  tobD  t>!tj  ni3^'^7:p 
tsn  -n^iJN  y^u-pn  j^stTaNa  annD  rr^nia  Nis^aD  'n  nN7:ia  û©  pn^i  n^b 
bD  N<*>a7:T  ,ciov  t-mN'vO  'pa  'riDà  'fit  'o  -^T*  nnn  «■»  -^5  /nn»à  '"«BTiîâ 
po^^nwm  "^-nwa  '■^ctjs  nbs  b^tJ  tâ'îisi  'nDi  fn-bis^bîin  fn»nînï=t  ibèt 
nT7a  û^a  ^••bDrï  -itîSD  b^-iu)*^  m^^?:  uJhsiTjT  ,a"n:tb  pbn  ib  ^-^n  ssnâ 
vn  ia  t^sfci'^D'i  i-naya  -lUîS  ïi7ân6<73  ^t»  S<b  vt'CîDâ  jq^i  .'j'^ryrt 
nm72r)  3^0-1  mbiann  "«©aR  l*nb  "^Ib  "^btui  *ii72bb  '-^n-isib  i^nnnson 
knijanb  r<"D  iD'"»  y^'in  rit  hjîï)  'l'^fi^n  .'J^-iNn  ii2  '"«bibi  -i-^airnbi 
^CNDT  #bm  D7:n  ihnn73fit  tniNbTabT  'maab  'a  aissbn  Hn-iO"»  pk 
Tna  -«b  a-^^Dn  m^  Nib  -lujgt  rsi  Sir  inrcjra  t^:d  bs^  T»rn5nrt 
u-iDb  r-rii-i  -^3^81  ,'117373  b^-^sfcihb  n"3  î-rsjisn  nt  V^  bin"»ni  pinit 
r-nr'^):pn  inaa  '»73r  n^nn?:  rr^m  .N-iisrr  *lrî"n  -^setû  inn-^o  b^ 
ûnm73  t^in  î-ith  br'»ban  nsm  >u3D3  drpb  bTi:^  niDn  "^''Dr  '•'anasrt 
i-isoi,  t^in  ûbiraiD  tmw^nrt  Ssa  1731^731  bbipbî  'îniN73  s-riisn 
c:n^  V^  "^^^  tmri73  nwsTs  "^73011273  "^abciTs  '■•sian  "»3iNa  '■»  isb 
Ta  T>j-i73  tnTinN  ib  «d-»  "»3anïi73  'N  b^i  i'^!i733i  n73Dna  Dn73  bni 
\n-»u5r  T^ND  ,ton73r  ''^73'»DO?3ïi  ^nina  '•»abDi73  rT73Di  h733i  pixrî 
'■^priaiTs  '••3-"'T  '-^^b&iTa  '•>n73ib  '•»3a-i  '•'idsn  l'b  \nDON«  Hs  -^sô^  t> 
tJ-'Nrî  n«  n-^-innb  n-i73fi<"i  "i3r  'n  ïid  dbsi  .in-'  mmnai  nir  nm^a  vn 
■^.sm  Na-i^  nnm-i  rr^is  nb  "iijt^^  nx  .bNn^-'  mr  bbsTs  Sîtn  br-»bân 
i:ioba  'nrDir  '■'pb^  •^DNb73â  a-»rb73i  a'^rb73  '\'^^iy  ^m  «r-'^n  t<-iaa 
,Y'-i:  SN-'-iaii  -i"nm73  liwssn  i3nin73  b^n  ,î-Tai23D73  pN^n  br  mnon 
.tsnpi::  bj  pT':;-»i  iiT^r-»  tobir  -^Na  bDi  /•»pb&<  ^«b73r)  ib  -nm  n^in 
13"»NC  m730"TiD73m  m-H  n»  «5*^0373  «"">  Sr-^ban  ï^ti  ,&r3i73Ki 
ï-rDi-in  i"»»  -^D  ib  vx  /Ka-iiK  tolw  lD3  am3i  tr^N-i  'j'^S'nx 
'"•isacn  ior'»a  n7373  A'n  '"^si^an  lann  ma  '»73i  ,ir73tt53b  "^ini  inDab 
^^«  5^man  -iTr'»bN  'n73  t^nn  t\'^iy  "^wn  ,dn73r  riTa-^Dorr  ns-^sisn  t)»© 
t<bi  bip  naai  ^-n73n  t-i'^a  •»bniDi  u^i2i^  t-i73&t73i  ainnriTa  n-^Din 
p-i  ,rT  t^bi  dp  t^b  br-^ban  nti  i^Dbîa  nis'^T3  ansi  .iniDiai  imacrr 
•^-laT  i373N'^  nnn  ,drca  drcD  rtjo  br  t^an  ti'^01731  ,t<B2ina  dp 
dJLî  ib;D  mn'»DD  "«naT  bDai  nN73  l'ioDa  '>n3*>*>r  ■>:)  ,?-r«in  bD  ■»D'»ra 
niTra  riTi  '•>3i;2?ïnïi  nopntD  h^-«tt3ip  nr«  -prib  niin  «■•Mîi  rrr^Ban 
n-i'»DD  «in73  Ninuî  t^b«  ,nTOir  n)3ip73a  i'^'»iri  ynnb  s-îsrin  v:d 

*  5fl*fl  Batra,  75  6. 
»  5oM,  I,  8. 

»  —  n^n  bibn. 

^  JLTo^ti  Katan,  Ma,  comp.  Kaufmatin,  dans  Zunt'Zubehchrift^  p.  149,  note  28. 


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LA  LUTTE  DE  NAFTALI  COHEN  CONTRE  HAYYOUN       279 

,1iï:bn  ba^nb  iiin*^  rr^i  ,S-773ip)3a  t-)^«^5  ■»isnpîTi  t-ii^nN!!  î-itt^nn 
•^5  ,i5ip!i  *7Ti)3b  pn  «  rr^mîD'^na  s^sd'^'^ti  rr^niNTs-in  n«t3-i  ■'srrN  ï-ïtst 
••-ipo  -^inna  -iNonTûi  "i3T  ûio  r-nï?:yb  s^'it^  ir^n  a^T^  t^bi  nTDa  h^b 
'i^n'»  'n<  b^a  ^HDsb  t^in  mtja  t^ttût  aisnnn  b:^  inan  -i«Dn'>  ^u5nd 

nifctnTû  ,û^  t^in  û:i   hth  br-^ban  t-n-^na  ûnit^a  y-iNa  N<i:r)3  t:5n 

l'abat  1-T^3?73^  .'^rbanb  Sn-i^J"^  '^  'p3  n"n  n«73  anon  ;s'^«  -n  rpn 
by^bam  ,nTn  b^^-^ban  û:^  '«  -nna  ib  rr^m  rm"«anai  rr-nna  bna  Nirria 
'"'i:"»brï  ^-inD  b'bna  ns^jD  T^nDia  np-^nna  nb-^bn  bD  ïi'ûis^  rrri  rbn 
'n  riT  îT»m  '■^nujn  û:r  "»po7nttrï  *]-in  p  "«d  ,nb'»bn  bD  ^'TDn  û:r  poa^nnb 
nbnaa  ûpn  ût»?i  -T^NrrttJ  ny  mn  ia  ûp  fc<b  ay^DD  'insi  n72'»Ka  ban^  b^nia*^ 
t^is  'TONb  irT'a»  iN*^i:ir;i  Vin  n"'a:»n  nbo  n"»arî  b:ya  -^ssa  'nain  nbai 
n72i:5?a  -indh^td  -^na^îDiû")  ,'»nbn3i  '>n'>a  n»  Ntjan  «bi  q^D»  «^  '"^jaTî!  ©"^n 
n"»rîT73  •»3«  p  by  ,ibK  m^nnb  oinb  Nbuj  nnoa  lans  D''3an  nv^'O  '73Nb 
t^in  MrNT  rîT  t^nn  "^td  •»d  Tbrr  ppuîn  -^-lanb  irTDN'^  ba  tabij^n  bsb 
bo  t-i-i:iNn  bbipTsn  'on  n»  \-nN-i  -^inNi  ,p  t-nœ^^  lab  t^btj'^ia 
■»:n  p-^THTD  .m-^sïj  o*>Dinb  arinn  q'^onn*:;  ï-t73i  ,û"n-iù\273fi<)a  "•inco 
tan-^-in»  iD-^oin^i)  ni-i73inm  tm^a-inn  bDi  "»5iu5N-in  t-n73-inn  nx 
O'^snntt)  n^  rib»  bD  û:^  t^nnn  'om  '^"rt  n"'^ba''N7D  '■»3a-in  '"^siwn 
'"«Ta-im»  ton-^aa  Dm«  S3p'^Tn7:m  nsipm  ,cabiyn  153  nan»*^  T^'in» 
nit3)Dn  ^y  'mpsa  rr-^ayi  i-^nijoibn  -^naT  "'D"'DTOn"j  ,nnit3D 
bDa  '•»m3)2i  ''»tt-im)3  tan  n"P  niTab  '-^ir-^bn  'i-iDa  ma-^nn  ^y  n» 
-^SN  "^D  i-'bam  r3"''^3ra  n-'S^D^  •^2*>«  -^SNia  cjn  ,m?:D  tm-iTmnn 
on  •»3fi<  ^«  i«^p  b:^  atD«  aboo  na393  nrnb  MTsisa  nai3  ib  t^^mp 
'-p  ba^-^ban  riTi  ,D-ip*>a  :r-ianb  '-^^omoTûn  '•'aboiTan  '"^siK^n  inao  bjr 
t^n®  iT-^Lî  t^bT  NmaT  tabis^  ^y  y-inn  luss^i  n^^rtj  N<ama  n-^b 
,pisi  ntt«a  tan  "«-laT  bo  ncN  ynxi  '•^tsïj  T^b:^  -^dn  ^^ym  /•»3tt57D  "l'^asa 
I^Nio  nn-»ci  -^riN  i-^i-^OTû  ûb-ijrn  bo  s^bn  .pia  p*>Tnnb  pn  ,p*70  -^ba 
t*^b  "^TiTab  piN  t^in  pi  ,n»N  ^aib  -^stî^  manb  pn  ,pT3  p-^Tnb  -^o-ii 
tn«5p  '»o  ïNïb  DN  ,nny  •^TOjrLJ  nDritt)*^  ï-T«bi  .nb-^bn  mannbi  biannb 
rnisyn  nbio  t-T7:n73  "^r"::^  Sn^td*'  bo  ia"'an  ,t-)NT  nt53^n  m^aat  'n 
t:u3  -^a  .Sniin  "nsd  t<b  ba»  ia  i^^yb  ]t:'pn  n-iDO  nbw^  '^y^j2 
•^pbNa  pbn  "ib  ywo  i^^iT^n  mus  pp  by  "lanoa  ,boi  bo73  n^:c:r  -l'^pEn 
N7:an  ^û-^mp  D'»3^b  vi:;a  r-ip-^i  m-i'»Don  t>îi:7:''  ia  i*>*>3^?3n"j  .b^nia*^ 
ly  b^-^ban  piab  aanncn  wp-^bo  «nai  N<3n-^nD  t^na  .imN-ip*^  i^^u 
'niTsn  nmapi  ^*nnrT>t3  t^nn  nnooNa  ,nnbD»  t^nn  ainpa  /i-na-^û 

i  Ahoda  Zara,  11  6. 

*  Nombres,  xxxii,  42. 

*  Ahoda  Zara,  26  a. 

*  Sotùy  35  a, 

■  Btraekot,  8  a. 


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280  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

br)  vb:^  ibirr^n  adw»  b«  laniD*»  "^d  t|N  ismy  nciD-^  t^bi  .inmap  i*<in 
S^  ''3iN:irr  mtjnnn  bDi  ,î-nnnn  !i3)Dï3ai  *D"na  "^mnDn  nnb«n 
i:^  ,-)m-i  'i:r  «nKi^  by  *  ^nD»  laniïn  &bi3^  *fy  la  npai-»  mn^nm 
nnn  n?2Nrî  b:r  mntib  bnian  'n  n»  ©npb  rw-^biD  nmtjna  aie  ''D 
•^nm  nb»  ,-in-»na  Sbn  -ion  mnn  «"«5   ï5'inp'«n  inaiw»   qnn  'ntafit 

•"•Tavi  n-isai  •»5U5T  tnnsa  ["^nnD]  rr^-ian  niNait  'n  tnfcwp  '■♦top^Dn 
.p"Db  y-iNH  anpa  'n  -^s»  -^d  n:yn  ijrTab  'ob  imbbm  "^d  'n  -^a^n^b 
r-)i)'^:i»a  '^nNaT  ,-isD  pb  '>nb-û733  ^diïjd  bnp  '■»-i73  ,-id«i  ^d3^  •»ddn 
ïarT^D  im*^  nom  •'di'i   "^u):»  *»^tt  "«aab  niTsiDTabn  m^b  t-ivrrb  nso 

:  pDn  "^bnca  ^d  noya 


VllI 

[14  janvier  1715]  f.  135  «. 

min-»  ^"-im72D  5bDn»rr  bi*7an  anîi  'i^«  "^lairiNb  a^p*»  yTO-»-»  an  'ib« 
irrDn  ■'briDS  -i"-im7:  iiN:in?3  «nn?:  s^a  rrm  'nsn  lusNa  ,i"-i3  berna 
pb  ,t^nn  a-i  -^D  -mar)  *]-nitb  N<biD  '■'•nan  ?-r»r)  ia  «5-^1  .n^-ia  binan 
l'^D'^ni:  "I3NO  ''^-ip*>3^n  '-«nain  ïiDinTa  tooncb  t-nmpo  Ty"^yiù  ■'S'»:^  rpm 
1"»-inN5:n  ab  n»  r-rTo:?  T»o»nbi  ibbn  '-^Dixnn  r-n:ynb73  na«b  tanb 
nuînDrîTo  ï^"'^p-na  '^ny  Ssb  "insb  mna  '^m'^nb  ,t-)biT  «b  j^ab 
Sdin  t^b  pb  /-^ixi^y  an  p-i73a  i'^"»njTa'j  ,ïavb  n-i0733ï)  '"^ansn 
inns^n  S3N  nmm  '»i  ia  us-^^a  in^an  'na^j  rîT  'nsa  p'^oo'^'j  T^nwnb 
innaN  ocni:  ,-ia:^ob  'insn  ^aa  'iin  ta:^  nn^rinb  i^n"^  ibbn 
î-rnb;ab  nirn"^  dn  ^.tainnn  by  tsba  iNia-'ia  "^-ra  'tnao  t-i-^bban 
PN  O'^s'inb  i"-i3  -^ai:  -i"-imtt  pN^rr  n^'ia  '-^sd  ba  by  -^a  imiayb  -in»"> 
mnn;aNT  'inpNn  'ibujb  t^s:»  pan  ,n:f«D  -^ob  irn-^a  N<i:73:rr  ba 
'■•spTn  bNT  'oa  'i  't»  T-'iiNn  a"ain  D">b;DTT'T  Nii-yt  ncTD  S3«:  /iiNb 

:  ^'i:ii  nr» 
noN  D'»no  r-nyiao  nt  nsn  ,p"Db  n"yn  maa  T't  'n  't»  t^boa^na 
tain  tnjno  '73^3  dot  ,inb3^73  nWD  ai-n  tamn  •»mnD  'na73  ■»3jr'»an 
'^m:yc5L:3T  ,ib  -i«n  ba  uy  i<^nn  'ipwn  p  t-iN^bn  û'ûtd  -np:^b  nnbyT: 
mna»  -«b  ^'^ana  nnji  ,n:»ot3m  '::nnn  im^oa  n"n  r-^ib:i  by  n»»  ly 
51Dir:n  ,to07:  in*>a  "^^ai  inoN  m»  nbon  ,no3^73  nta:^  naa  -iujn  rr^son 
ï^b  -^a  nann  mbs:"»  'm  .nss-»  na»  •'sy^-nn  t^b  -^a  -^ns^s  by  ^y:i 
nTDiD  DttîTip  -na:^a  '-^aTab'  ins  ma  -io«  ûaïaa  '"«wna  '"«abinb  aiu  ysa*» 
jrprT^  'ipTD  nrNai  nss''  naNi  ,:r-i  -laT  yn^  t<b  ms^a  -iTanoi  bnan 
So  'on  ,n73-in  n"a3'73  '»:y'»'iT'  bsn  iNaiTsn  inxi^qi  nmn»n  1:10»  bn« 

i  =  û-^ana  n-iina, 

•  Sabbat,  110a.  ©n3  =  ^^12^  Din  •^113. 
s  if oA/  Katan,  28  a. 

*  9  février  1714. 


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LA  LUTTE  DE  NAFTALI  COHEN  CONTRE  HAYYOUN       281 

t-iN  n:?ab  o'^'nasip  înT"»»  Y'^d-^  b:ribDïi  m  o-^Din^  ci»'»  /ï^ri:^  "hd  tî^ 
abDb  ''b  n»  Y'-i3  '-^abonTon  "^siNarr  -^^^-ito  nT-n^n  "^mfi^  rnsm  ntinn 
'•^-^n  '•'pbN  r-nD^:?7D  qnn  'n^K  .rrrD'ob  Y'p  pn*'  pi-i"'  ïr^aNi  /mn  nT^n 
,y'Tn  "^^3^^:^  rj^bîoi  noYipn  isnmm  iDr3i72N  no-i  ^-no  ns:^  "np:^b 
.  rr3i73«rr  iiaby  yarr^ïj  '»»i  ,"i3"id  r-n-»rîb  nn:^b  -«t  -^d-s jd  ^i:n  rt^y^  în^i 
bjr  jr-i  DiD  «-^itirr  i"i25'^  :^iDnn  nn  pDn  rs*  ynr\'^  «m  îiia-npn  in-nm 
nn«a  'n  ti'»bntt  ^oaa  LiN^am  "^"aTS-j  "^nma  "i73l:3>  mbnb  «n^pn  -irîiTn 
n©Ni  ,nnDinn  'rw  ib  -^in  .l'i'in  't^w  ib  "^in  p-i^it  nm«  b:>  T^b  t^"'i:i73'j 
'^n-'^rrtt)  ,b:^'^b3n  yn  yb  inTîT  n*^-)  O"»»  mnon  i3iu:b3  o'»oim  •»by  'pd 

nT3  ^3T  ns"»  HT  bD  ny  /n-'  n"?a  t^TiTabn  s^bn^i  '^-icon  t^nco 
î-T-^n  -^aDiaa  ,n3D  "in3  b3>  '"«pb»  pnN-i73  riNi-ins  -idd  p  •»n'^'»33^3TD 
p  «b  /N  pDi  'K  rrmm  '«  bx  N<b&<  ■13b  1"».^  i3bu)  t^"'Dn?:3n  '^izbivb 
p  «bi  ^-iD  p  i3''N  '•'pbN  «b  '«^i^b  nar  -n:^  ©•»n  iNa  3-inp?3  '"^^a^n 
T'bs?  nann  -ûd  N<n-nNa  •>:?aT  n<'»5:o  .•»Nm  ,-ip*>3?a  noiD  pn  nsD 
''PNitirî'^D  ••i:''»!  .t^anTD'j  N<ûin  "inrnb  a"nyb  pbn  ib  ';'»nt  y^pnn 
roin  n^3>-iTb  om  nb"»bn  .nw  '-«-ipu)  tan  t-im  bsi  T^b:^  rnm 
r-nyna^i  mtj-inn  b^a  '>by  bap?3  -^ssm  ."«s»  -ipia  nai  Ni-^srnnb 
TinsNa  TianD  noî«  "^-lana  -ipan  cp:?T  bncs  tania  1-^n«  ,a"rî3^b  pbnai 
t^b  -i«N  ,:^nnb  ti^^ain  ri3nDT  rnsnDi  ^nin  bj*>barî  b:^  n3iiaNnn 
'73N®  jron  imNb  -«in  /cj"'^  bbnb  c^Da  T^miJO-n  T»ban  -^naT  '^nanD 
ïtmno  nD-»an  N<nm  .nbr?D  r^  t^'»b?jD  bD  a:^  ri:"'Dcri  n»  T>-nniD 
n-ibxTDUJn  nsca  au:-»  :û"::731  /•»3Dn  -iia  *a"ttD  rib^T^b  n3"'D'::rî  ni:a  au:-» 
.a^nDb  Y'p  :?i72;ab  itin  in-^:  N<b  ncN  ,rn3rîDT  riina  '•'lann  ria^im 
risnai  t^-^asH  in"»bN?D  'm^i2  ib  'û-^t  r-n72bi:r  Ninab  na  ib  O'^^ai 
nb  -15«  ^niip  bia  b^^-'ban  'na;a  y^yj-pii  -laian  ..inTDiaDbi  ib  •'in  ,ma-i 
■^iT^Ki  nu:ND  mT^nan  n»  tnyo'û  yo^,?^  riT  -«d  .-icnt  id:^  -icn  p 
•'aa-ïD  bo  r-n7Dnn  rn^ai  m  bia  m::rT  '•»î«b7a  sabna  T'm  ,m3>"^»p 
ton  nON  y^'D'pn  y:zi2^3  'ira  rrrrû  c^srtjs  '«  riNToirû  ûï3  p-n  nab 
bD  t^-^aTST  t)OT^  m'»-ii«ia  'p3  'naa  'n  'a  -«t»  nnn  ;»•'  -^a  /•»m»a  '"^D'ca 
•^m7D:i  '•»DTaa  ton  nb«  bao  tanira  'nan  mbi^^cm  m?:mnn  ibît 
:k"»bBn  ^ONa  bw-iï)"^  nnr?^  ansiTDT  a"n:^b  pbn  nb  i-^n  tsna  po:rn73m 
t^XT^an  nnia^^a  niaî^  ?-r73i5<73  yn-»  «b  T^siaaa  cint  /T^a^^n  imn  to'»a 
3^«n  mÇiann  •';a3N  l"i^b  -^^a  '"«Dca  i-iT^bb  '^nnaiTs  V'^^^^o  '^''^  "^^ 
r^'::  td"i  y^ann  nt  n3-ia  I'^ni  /yiô^r?  p  '-^b-iba  ^■^a:tnb'j  nn-i^aa 
,bm  Oîan  innnTON  t-n^bT^bi  maab  ':i  ai3:ibi  b^^c^  n»  m^'anb 
'^b  a'»TDïi  ,tma  N<b  iia»  rca  biy  "imu5:^a  r3D  ^^^  vnnain  -i^Nan 
,lnw»  ï^*>L:inb  nbiann  N"a  riDisn  m  l"»x  Sirr^m  pnns:  ^-na 
^td:^  nann»  t^^nm  ,t^m3rT  n"n   •^3073   inn-'^  ba  ^nsb  nrcnn  '^33'^ô<n 

»  =  innc3C373. 


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282  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

ïnsïTi  ,i3D5   ûT>pb  binii  h-iDn  ""d^^  '-^anDîn  '-«onnpîi  m:r'«)Dpn  linsa 
Sds   "i73"ic7:i   bbip73i   ^11X72   n"n:t:n  to-im?:  N<nr:  ï-rrrr   b^-^bnn 

Sn-nna  '"•^bsi?:  riTsai  pn^rr  T'a  rm?:  t-lT^^^^  ib  ©■>  "^îanriT:  '» 
'"•53-1  '•^«2»  i"t3  -^nccN^r  r-TD  -^^fi^  ts:»  •»n'^;25:?  nc«D  trîîo:^  '•^T^-'aon 
'"•bi^:;  t-i7:o-nD73i  îi-iNist)  nbnp  t^c^b  p"pa  csn  /•'absi^a  "^lîsnb 
.nn-»  11:^11:131  rrx:^  nm^a  i-^n  '■•pnniîs  '^r-T  '"^ribEiTi  'b  ab  '>^'pn 
!mr  bba?a  riTn  b3>'^barî  'O-^^n  pn  n-^nanb  i-:7:«i  i::t  'n  ne  ûbDi 
-ic«  Hy^^^  t^iaa  "^^m  t^D^'i  ntinin  rtNi^  ib  it:»"'  r<5:  bfct^it:'' 
tiN^n  b3t  ninort  i:iï5ba  'nao  '^pb«  "^a^b^a  a'»:?b73i  ^''jbTa  i-^ii? 
ib  mm  iNin  ,i"-i3  b^-^naa  -i"-im?3  iiN^n  i::nin?3  b:^i  n"ai::îr^ 
Î-TT1  ,ton2i?:Ni  tonpni:  in-^i"»  ii^-^r*^  tobi:^  -^«a  bai  '•^pbfit  ^Nbtsa 
.,rT»Nn  '•^a"»-ii:  IS"»»^  m7:c-ns72ni  s^i'i^rr  tns  'C^n'D'n  «:"■•  br-^ban 
,in7:M53b  "«INI  inaTob  riDinn  v^  ''a  ib  "^iôî  .îiainx  an53  taa  'mai 
s-rracn  ci^^  '"^zsa'crî  icra  n7:?3  "^"r:  '-«sain  '•'siîisn  ann  ria  "«Tni 
ai-inrt73  n"»ain  -iu:n  bnsri  -iTj^bN  'nt3  t^in  tj^'ir  ^^7:1  ,Qr:7D3^  î-rTs-^aorr 
in-'r^rrr  t^bi  ■  bip  mani  ;a-n?:îi  rr^a  •^bnia72i  to-^Ton  r-i73f<72i 
tp  p-i  :?T  Nbi  top  t^b  br-iban  nn  ,iCD;a  niB'^Ts  :in5i  ,inianai 
'^:"':^a  "^nan  iït:»*^  rnnri  .to^ca  CTca  rcs  b?  t^::n  r|-oir;i  î-rc^ina 
n-i-Darr  û:'^  ibc  nin-^Da  -^-lan  baai  ^^y:  iisoa  ■»rir"':^  -^a  ,î-tri-i  ba 
"':d  niT:^n  riTi  '"«iiCN-in  icpn;a  t^^oip  înr«  y^nb  ?-r3:in  t<^nn 
dn?3  t^in^  N<b&«  ,m7:ir  ri?:ip73a  {^■^■^^'ipn  i-»"»i:?i  ynnb  rr^tin 
brab  ii-^rr»  nwi  ,îi73ipt]a  rniî^c:  t^-'C-ipni  t-tinn^a  î-t'ûih  rrr^Da 
'7in7:b  pn  ï-T-^ni:D''"'Ta  t^D'^m  r-rru^Tr-is  n«73i  t^:rTN  ?-r72i  iiobn 
^5<Dn7ii  nai  Die  tnicrb  yii*>  is-^ni  ,3^t  t^bi  -i?::^  t^b  *»a  i3ipa 
"niDab  t^in  ni)33  t^t7:i  ,ai:inn  br  insn  nxsn''  i'»2:«a  ipo  •'-laia 
tnnn  nnii:7:a  ^ab:  naai  ninn^n  rr^bana  ^nvm  T^n*»  '»  bwa 
^-jiT  nr::n  'J-n  '"«a-ia  hd  ^"^rr?  t:ii  ,îrT>nia"'aoi  •>''Nao  '-ranrro 
fc<in  tos  r:Tn  br-^ban  urna  'ni:^  V"^wsa  N<i:7::  -i^n  taboin*'  -^o:»?: 
in-'aa  to;ai  .rr^naT  'i  'n  pnai73r7  DD-iiD73rî  -i*^a:iïi  bs:»  n^Nn^  ,tz:o 
vby  X'i^yiz'C  ^rbaib  bNie-»  'n  'p3  n"n  nwTD  ai^an  c^k  m  î-r-^rr 
,nTn  b^^-^ban  Dr  'n  -nna  ib  nini  niT^anai  nmna  biii  t^irsia 
b-'bna  na^a  i-^nsia  np-^-ina  nb'^bn  ba  ?-ru:i:r  r-r-^rî  Tbrr  b^'^bam 
'■>par*n73rT  ti-î  p  -^a  ^rnb-^bn  ba  '-^-i^an  tor  pojnhb  "^isbn  ^ma 
Nb  uyfzD  ^HDi  ï-TTD'^Na  baiTQ  Sn-i©"»  'n  riT  rrrri  '-^lon  tar 
-^SDa  '•^na^n  nb-^ai  nbr:aa  ûpi  tDvr%  ^"«Nnia  ny  nin  ia  tap 
t^s:  '"^Tsin  ïD"»»  Ni:  itjwb  in-^aTa  iN-^iiini  ,b":îi  n*>a:irî  ibo  rr^an  bra 
I73^j^a  n«Dn73U5  "^nyTattJi  ,'^nbn5i  '^n'^a  n«  t^7:ûn  t*^bi  tpD'Q 
•^s»  p  b3^  ,ibN  ni73nnb  cinb  ï^bis  •nnoa  lana  '-^sa'n  tnvixo  -i72«b 
nt  t^in  ''10  "^a  .Tbr?  pp^în  -^na^b  is'^?:»'^  bab  tobij^n  bab  n^rma 
SbipTsn  'orr  dn  ^ni«-i  -^-inNi  ,p  niïjjb  lab  t^bîD'»©  Nin  rrren 
,n'»D)a  O'^D^nb  armn  JT^oin^î  ïiToai  DinaisttNTD  ''^^nod  b»  tn^aïn 


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LA  LUTTE  DE  NAFTALl  COHEN  CONTRE  HAYYOUN       283 

iD-^Dimo  mn^nnm  t-n?3inn  bDi  /•»3iiDfin?i  smTonnrî  n»  ■♦ifii  p-^mTa 
rro  br)  t^y  N<irrn  'om  ^-^''n  s-T""»ba"»K  •^TSDn  '"^snNrirï  '"«sann  ûrr^nn» 
tomN  ûn'»a3  '•'p'»Tn7aT  nsnpm  .tabun  p  na«"«  vin»  o'^D'irî^ 
t-n3*^nn  b:^  '"«Tipsa  vra^^i  T^mT^i^n  "^nm  '•^O'^o^Tsm  ,nm73D  "»ï3-im73 
or!i7:s  t-n-i7annn  bsa  "^^-13731  "^73-im?3  an  n"n  r-ntab  '•♦îtbn  mD 
iDOa  na-i3  nb  tSi-np  -^s»  *»d  l-^bam  Vr3:^a  n-^a-ûto  "^s"^»  ■'3«tû  tj^t 
'■•aificn  "nas  ^y  on  -^în  ^n  ,iN-'p  Sy  a*:?  abDD  naDTo  nrnb 
.n^rTo  «a-ina  n^'b  '-^p  b:^'^ban  hti  Dnp"'a  j'ianb  '•^Taornown  '-^absnTsn 
i'^yj2^  ,*>3iD73  -l'^^a  N<no  l'^T'^'^a  t^bT  8^3-1131  ,^b^y  ly  yinn  ^my^ 
pnnnb  p-i  ,pnD  -^ba  ,p^L:^  n7:«a  on  -«-laT  bD  iïjn  "pNi  '•»»^  '»b:r  -«s» 
p-i  ,pT3  p'»Trîb  -'Dm  V^'»^  "'fT''»^'»  "'*">i^  TT^DTû  ûbvn  bD  t^bn  ^pna 
^lanbi  biannb  Nb  '^imz'o  idin  t^in  pi  ,r-^tt«  naib  "^31»  trnanb 
n^rn  r-nNai:  'rr  r-iN3p  ■>:)  s^b  un  .Ttr^y  -^'ny'û  n3nu3'»  îiwbi  ,înb*>bn 
•nso  nbco  /v-i73  nsirn  ib;:)  ï-T?:-i7a  '»5'»3:^  bwxn-»::'»  br)  ia"'an  ,r-iNT 
San  b^T:  -ir^:^  n-^pon  ûc  -^a  .b-nan  i-ido  N<b  ba»  ia  '[••'^jb  ppn 
na  i'^"»r)3m  ,bNTO"»  "^pb^a  pbn  nb  i-'Na  lyitzn  nr::  inp  bj'  lanaa 
.im^-îp"^  t^73a  c^TDûT  /"^r-ip  t3'^3«b  T'-îaa  :?-)p'»a  t-nn-^Darr  t^s:»'» 
.nma-^a  ^3^  b^^'^ban  inob  aanrcn  t^3p''bo  t^nai  Nsn-^ns  t^^îia 
,in-nap  «nn  niTan  tnmapi  .nnrr'Ta  «nn  n-iaoNa  ,nnbD7a  «nn  ainpa 
tmbNn  ba  vby  ibnn"^T  .iptsin  bi^  nrc^  -«a  rjN  .nsir  noia"'  t^bi 
"^3nNan  m)3-inn  San  .r-ï-nnn  n3;a7:ai  ''^3na  nmna  t-nainan 
nj  n-îNn3t  ^y  ^-idtd  ^arom  .tabn?  ^^y  ia  ipai*^  m-iToinn  Sai 
r-nTinb  bnnan  1730  n«  la^pb  r-jT^-^buD  nai^ara  anttj-»  "^a  «t:^  ,nm-i 
Sbn  n^N  tnnn  U3"ia  ^anp-^T  ,"în3i?3wS  cj-i^n  ^Ofi<  nnn  n»Nn  Sj^ 
ï-ittn  'n  •'aïTiK  ^y  -^ma  "nu:»  nn  ^n  t-i*>-îan  "^nan  nb«  .in^ia 
"•ma  n*>-iai  t-n&^as:  'n  nsp  '-^NspTnn  '"^tioms^sn  '"«sa^rï  '•»3"iNari 
^a  j'"!!!  ^yizb  'ob  imbbn*^  -«d  'n  •^a-'nwsb  -^uvi  n-iaai  '»3iaT  maa 
••^5^733  ,-îDi'::a  bip  '^nti  ,-iD5«i  'is?  -^as»  ,p"Db  y-i«n  anpa  'n  "«sn 
■>C3N  "^nw  '»3ab  nntuîTobn  m^b  m-inb  ,'100  nb'^a7ja  '»n&<a  .'nsa  pb 
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JOSEPH  IBN  DANON  DE  BELGRADE 


La  chute  de  la  domination  turque  en  Hongrie,  à  la  an  da 
XYii»  siècle,  causa  la  raine  d'un  grand  nombre  de  communautés 
juives  des  plus  considérables.  Les  florissantes  colonies  juives 
qui  s'étaient  développées  dans  le  Sud-Est  de  TEurope  pendant 
les  cent  cinquante  ans  de  la  domination  turque  furent,  pour  ainsi 
dire,  balayées  du  sol  lors  de  l'effondrement  de  cette  puissance. 
Les  incidents  les  plus  mémorables  de  cette  période  de  souffrances 
furent  la  destruction  par  le  feu  des  communautés  d'Ofen  et  de  Bel- 
grade. Lorsque  le  croissant  fut  abaissé  de  la  citadelle  d*Ofen,  le 
2  septembre  1686,  l'heure  de  la  mort  sonna  pour  une  des  commu- 
nautés juives  les  plus  importantes  et  les  plus  célèbres  *.  Deux  ans 
après,  les  scènes  d'horreur  d'Ofen  se  renouvelèrent  dans  les  murs 
de  Belgrade.  Le  6  septembre  1688,  lorsque  le  prince-électeur  Max- 
Emmanuel  prit  cette  ville  d*assaut,  après  un  siège  de  trois  se- 
maines, qui  fit  un  nombre  terrible  de  victimes,  la  communauté 
juive,  qui  avait  prospéré  sous  la  domination  turque,  fut  également 
écrasée  par  le  vainqueur.  Les  habitants  juifs  furent  emmenés 
comme  butin  de  guerre  par  la  soldatesque,  avide  de  toucher  des 
rançons.  Les  paisibles  habitants  de  la  communauté  de  Belgrade 
furent  transportés  dans  les  contrées  les  plus  éloignées. 

Parmi  ces  martyrs,  il  n'en  est  pas  un  que  nous  puissions  mieux 
suivre  dans  ses  pérégrinations  que  Joseph  ibn  Danon,  réfugié  de 
Belgrade  à  Londres.  Il  est  comme  le  type  des  figures  de  cette 
époque  et  mérite  que  nous  lui  consacrions  encore  une  étude,  après 
celle  de  M.  Elkan  N.  Adler,  qui  le  premier  a  appelé  sur  lui  l'atten- 
tion des  historiens  des  Juifs  anglais*. 

Membre  de  la  famille  Ibn  Danon  fixée  à  Belgrade  depuis  des  gé- 
nérations, enfant  unique,  Joseph  ^,  fils  de  Jacob  b.  Moïse  ibn  Danon, 

i  Cf.  KaufmanD,  Dii  Ersi4rmung  Ofens  {Megilla  Ofen),  Trêves,  1895. 

•  Jewisk  Chronicîe,  28  juin  1895,  p.  20. 

*  ïl*1irr^  zy^l  PwS'^bs,  n*  18,  nomme  Iseac  ibn  Danon.  Un  Joseph  b.  Moïs«  ibn 


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JOSEPH  IBN  DANON  DE  BELGRADE  285 

reçut  une  éducation  fort  soignée,  conforme  à  l'idéal  des  pieux  Se- 
fardim.  L'acquisition  d'un  savoir  rabbinique  très  étendu,  la  maîtrise 
dans  Tusage  et  môme  Tabus  de  la  langue  hébraïque,  tel  est  le  but 
qui  stimula  le  zèle  et  l'activité  du  jeune  homme.  Ayant  suivi  dès 
sa  tendre  enfance  l'enseignement  de  R.  Joseph  Almosnino,  le  jeune 
Ibn  Danon  devint  Tami  et  le  secrétaire  intime  du  célèbre  rabbin 
de  Belgrade  * . 

L'étude  du  Talmud  avait  depuis  longtemps,  grâce  à  des  maîtres 
célèbres,  un  foyer  dans  la  communauté.  Enân,  R.  Simha  b. 
Ephraïm  Hacohen,  si  renommé,  malgré  sa  jeunesse,  pour  son  ca- 
ractère ainsi  que  par  un  ouvrage  reconnu  comme  classique,  avait 
donné  de  réclat  au  rabbinat  de  cette  ville.  En  Tan  1661,  la  com- 
munauté d'Ofen  rayait  appelé  à  la  tête  de  son  rabbinat.  Mais 
deux  mois  après  son  entrée  en  fonctions,  R.  Simha  s'en  revint  à 
Belgrade  '.  Il  était  devenu,  par  son  mariage,  le  parent  de  plu- 
sieurs membres  de  la  communauté  d'Ofen,  où,  peu  d'années  avant 
son  arrivée,  il  avait  été  décidé  qu'un  rabbin  ayant  des  parents  dans 
la  localité  ne  pourrait  être  élu.  Il  semble  que  son  séjour  à  Belgrade 
ne  fut  pas  bien  long.  Il  y  mourut  probablement  en  1664,  à  l'âge 
de  quarante-quatre  ans'.  Du  moins,  nous  voyons  à  cette  date  son 
gendre  et  disciple  Joseph,  fils  dlsaac  Almosnino  de  Jérusalem, 
mari  de  sa  fille  Léa  et  neveu  du  prédécesseur  de  R.  Simha,  Juda 
Lerma,  lui  succéder  à  la  tête  du  corps  rabbinique  de  Belgrade. 

Joseph  n'avait  que  vingt-deux  ans  lorsqu'il  occupa  ce  poste  si 
honorable*.  Peut-être  fut-ce  son  jeune  âge  qui  lui  attira  des 
inimitiés  et  des  persécutions  au  sujet  de  ces  fonctions  si  enviées. 
Ces  vexations  paraissent  établies  par  le  fait  qu'on  prit  prétexte 
d'un  de,ses  sermons  pour  le  menacer  de  l'interdit. 

Cette  attaque  venait  vraisemblablement  d^un  savant.  Almosnino 
sacrifia  sans  doute  au  système  des  interprétations  originales  et 

Danon  de  Colmbre,  disciple  d'isaac  Aboab,  composa,  lors  de  Texpulsion  des  Juifs  du 
Portugal,  un  traité  de  méthodologie  talmudique,  à  Fez.  Voir  mss.  d^Oxford,  n**  850. 
Josepl)  b.  Jacob  b.  ibn  Danon  vécut  en  1615-1625,  voir  Steinschneider,  Cat,  BodL, 
p.  295. 

*■  D'après  la  préface  du  manuscrit  des  Q^^^^l^  în'«Db^,  qui  m^a  été  obligeamment 
prôté  par  Ascher  J.  Meyer  et  que  je  publie  dans  Tappendice. 

»  a.  D-^-îDN  -i:rtt).  n»  67,  f<»  43  J  :  msann  iimn  p"pa  'nrr  ann  p^^mn  -iid« 
'•^ttjnn  -^3^  ^'^y  ibo. 

'  Il  résulte  du  dïinSK  p)3,  de  Daniel  Estrosa,  n«  73,  comme  M.  le  rabbin  Alexandre 
Bûchler  me  Ta  montré,  que  R.  Simha  était  né  en  1620.  David  Conforte,  K"^1p 
mnnïl,  éd.  D.  Cassel,  f.  51  *,  rapporte  explicitement  :  «a  «bl  U'^72'^  ^^'^nNH  «bl 

mpT  bbr)b. 

^  Ibn  Danon  dit  que  Almosnino  présida  pendant  vingt-quatre  ans  le  rabbinat  de 
Belgrade.  Joseph  rapporte,  dans  ses  Consult.,  n«  54,  f**  111a,  que  dans  son  enfance 
il  était  déjà  le  disciple  de  R.  Simha,  nU3"Tl73  IT'aa  ■>n173b  jap   n^S  "^m"«rTa;3 

b^T  ■>ttn  Ti»  ann  bo. 


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280  REVUE  DES  CTUDES  JUIVES 

parfois  môme  forcées  de  TEcriture  sainte  et  se  laissa  aller  quel- 
quefois à  des  hardiesses  inouïes.  Mais  un  jour  qu'il  cherchait  à 
éliminer,  par  une  interprétation  subtile,  le  nom  de  Dieu  du  verset 
de  i'ËKode,  m,  12,  et  à  substituer  à  l'adoration  de  Dieu  Tadoration 
du  veau  d'or  comme  étant  le  signe  donné  par  Dieu  de  la  mission 
de  Moïse,  son  pieux  adversaire  ne  put  se  contenir  davantage  et 
crut  devoir  exprimer  publiquement  son  indignation,  en  invoquant 
contre  le  rabbin  hérétique  la  sentence  arbitrale  de  R.  Ephraïm 
Cohen,  rabbin  d*Ofen.  Celui-ci  condamna  sans  doute  également 
cette  Interprétation  malheureuse,  qu'il  ordonna  à  Almosnino  de 
répudier  solennellement  du  haut  de  la  chaire,  mais  la  sagesse,  la 
mansuétude  et  la  haute  érudition  de  l'arbitre  invoqué  par  son 
adversaire  et  auquel  Almosnino  lui-môme  s'était  aussi  adressé 
dans  l'intervalle  S  empêchèrent  toute  nouvelle  querelle.  Appelé 
comme  juge  de  près  et  de  loin,  absorbé  par  ses  fonctions  dans 
la  communauté,  infatigable  dans  la  préparation  de  ses  travaux 
de  prédication,  Joseph  Almosnino  vit  bientôt  grandir  son  nom  et 
sa  réputation. 

Joseph  ibn  Danon,  son  disciple,  était  devenu  son  aide  actif,  re- 
cueillant avidement  les  enseignements  de  son  maître.  Les  cahiers 
dans  lesquels  il  consigna  les  sermons  et  les  discours  de  circons- 
tance, surtout  les  allocutions  de  deuil,  sur  l'obituaire  des  sa- 
vants juifs,  dans  lesquelles  Almosnino  excellait,  atteignent  le 
nombre  de  quatre  cents.  La  riche  correspondance  rabbinique  qui 
arrivait  dans  la  maison  de  Joseph  Almosnino,  était  confiée  aux 
soins  d'Ibn  Danon.  Il  était  le  secrétaire  du  rabbinat,  entre  les 
mains  duquel  passaient  toutes  les  consultations  et  les  mémoires 
qui  étaient  demandés  de  l'étranger.  Ces  mémoires  de  jurispru- 
dence avaient  acquis  une  telle  réputation  que  trois  Mécènes  de 
Constantinople,  Abraham  Joab  * ,  Isaac  Meschoullam  et  Jacob 
Cordova,  se  disputèrent  Thonneur  de  publier  une  collection  des 
consultations  du  célèbre  rabbin  de  Belgrade.  Almosnino  avait 
déjà  préparé  pour  l'impression  une  centaine  de  ces  mémoires 
et  obtenu  les  approbations  des  rabbins  de  Constantinople  et  de 
Saionique,  et  des  délégués  de  la  Terre-Sainte  qui  fréquentaient 
sa  maison^,  afin  que  le  volume  devint  «  un  témoignage  en  faveur 
de  Joseph  » ,  lorsque   la  catastrophe  fondit  sur   sa  ville.  Le 

A  Voir  la  préface  de  Joaeph  Almosniao  au  C|01tl'^3  ni*l9,  à  U  fia. 

*  Ce  nom  est  à  ajouter  aux  Joab  éoumërés  par  Zanz,  ^f^sammelte  SckrifUn^  UI, 
162-1T7,  et  Steinsdmeider,  Hehr.  Bibliographie^  XJ,  103. 

*  Diaprés  la  relation  de  Joseph  ibn  Danon.  La  collection  fut  eommeneée  «prêt  1686, 
car  elle  renferme  ^adhésion,  datée  de  cette  année  1686,  de  Saioffion  Ai>oula&a,  délé- 
gué de  Hébfon,  à  k  décision  d'Almosnioo,  t|Dirrn  Pin:^!  n*  M. 


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JOSEPH  ]BN  DANON  DE  BELGRADE  287 

14  Ab  5448  (10  août  1688)  Tarmëe  des  impériaux  se  concentra 
autour  de  Belgrade.  Le  6  septembre  suivant,  la  ville  était  au  pou- 
voir des  ennemis,  exaspérés  par  les  pertes  subies  pendant  la  prise 
d'assaut*.  La  communauté  do  Belgrade  périt.  Ses  membres  furent 
faits  prisonniers  et  emmenés  par  les  troupes,  qui  les  exposèrent 
en  vente  sur  tous  les  marchés  pour  les  faire  racheter  par  leurs 
coreligionnaires.  La  troupe  des  prisonniers  traversa  la  Hongrie, 
presque  dépeuplée  de  Juifs  et  appauvrie,  et,  sauf  ceux  qui  furent 
retenus  dans  le  voisinage,  par  exemple  à  Esseg,  elle  se  rendit  en 
Moravie,  où  les  communautés  quelque  peu  importantes  firent  des 
prodiges  pour  le  rachat  des  malheureux  bannis. 

L*incendie  avait  détruit  tout  ce  que  possédait  la  communauté  de 
Belgrade,  ses  synagogues  et  ses  collections  de  livres  précieux.  Les 
œuvres  de  Joseph  Almosnino,  à  l'exception  de  l'unique  volume  de 
ses  consultations  préparées  pour  l'impression,  sauvé  par  miracle, 
étaient  également  devenues  la  proie  des  flammes.  C'est  avec  peine 
qu'il  échappa  lui-même  à  la  mort  avec  sa  femme  Léa  et  ses  trois 
tils,  Simha,  qui  portait  le  nom  de  son  beau-père,  Isaac  et  Juda  *. 
Désormais  il  prit  à  tâche  d'organiser  des  secours  en  faveur  de  sa 
communauté  dispersée  et  de  susciter  partout  la  charité  de  ses 
coreligionnaires  pour  les  prisonniers  qui  avaient  fait  partie  de 
ses  ouailles  de  Belgrade^.  Mais  il  succomba,  à  peine  âgé  de  qua- 
rante-six ans,  sûrement  épuisé  par  les  émotions,  au  début  de  sa 
tâche  nouvelle,  entreprise  avec  tant  d'ardeur;  l'inscription  hé- 
braïque, avec  un  sens  profond,  le  désigne  comme  centenaire  (ni^)3 
=  46)  :  il  mourut  à  Nicolsbourg,  l'avant-poste  des  communautés 
moraves,  qui  fut  son  lieu  d'asile  et  qui  était  toujours  prêt  à  tous 
les  sacrilices*.  De  nouveau,  la  nuit  s'étendit  autour  des  yeux 
des  fugitifs,  partout  où  arriva  la  terrible  nouvelle. 

Joseph  ibn  Danon  avait  reçu  la  nouvelle  à  Kremsier,  commu- 
nauté de  Moravie,  après  celle  de  Nicolsbourg,  la  plus  généreuse  en 
faveur  des  prisonniers  de  Belgrade.  Il  avait  espéré  se  reposer 
dans  cette  ville,  avec  sa  femme  et  son  enfant  unique.  Moïse,  des 
émotions  et  des  indicibles  souffrances  du  voyage.  Ils  n'avaient  pu 
sauver  qu'avec  peine  leur  personne  de  la  ruine  de  leur  ville  natale 
et  ressemblaient  désormais  à  des  mendiants  exposés  à  la  mort 
par  inanition,  à  moins  que  la  pitié  de  leurs  coreligionnaires  ne 
s'éveillât  en  leur  faveur.  C'était  encore  une  consolation  de  penser 
que  Joseph  Almosnino  avait  exhalé  son  dernier  soupir  entouré 

*  I.  V.  Hammer,  Oetchichte  des  osmanischen  Beiches,  lll  {2^  éd.),  p.  817  et  iuiv. 

•  Préface  ù'Iba  Danon. 

»  Voir  la  préface  dlsaac  Almosnino  au  &0in^3  msf . 

^  Cf.  Kaufmann,  Die  letUe  Vertreibung  der  Juden  ans  Wien,  p.  170,  note  3. 


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288  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

des  siens  et  trouvé  une  tombe  honorée  dans  une  grande  commu- 
nauté juive,  alors  que  tant  d'autres  étaient  tombés  sur  la  route  et 
avaient  péri,  ignorés  et  sans  nom*.  Ibn  Danon  ne  put  séjourner 
plus  longtemps  en  Moravie.  Ignorant  la  langue  du  pays,  ayant  de 
nouveau  perdu  toute  espérance  par  la  mort  de  son  maître  et  ami, 
il  continua  ses  pérégrinations  de  ville  en  ville  jusqu'à  la  fin  de  Tan- 
née 1688,  où  il  retrouva  le  repos  à  Prague.  Mais  il  n'avait  pas  en- 
core atteint  le  terme  de  ses  vicissitudes.  Tout  d'un  coup  il  pensa 
à  Amsterdam,  où  il  espérait  trouver  enfin  le  salut.  C*était  la  ville 
de  prédilection  de  tous  les  Sefardim,  Tancien  port  franc  de  tous 
les  malheureux  fugitifs,  la  grande  communauté  aux  ressources 
inépuisables,  grossies  démesurément  par  l'imagination  des  mal- 
heureux cherchant  des  secours.  Il  s'y  rendit,  grâce  au  concours 
des  communautés  qu'il  traversa  et  dont  les  plus  pauvres  lui  four- 
nirent au  moins  les  moyens  de  se  rendre  avec  les  siens  en  voi- 
ture à  l'étape  suivante  de  son  pèlerinage. 

A  Amsterdam,  Ibn  Danon  trouva  un  asile  sûr  dans  la  maison 
hospitalière  de  Joseph  b.  Nathanael  Sarfati,  beau-frère  de  Natha- 
nael  Foa,  l'imprimeur  d'Amsterdam,  qui  était  renommé  pour  être 
le  protecteur  des  proscrits  et  le  bienfaiteur  de  la  littérature  juive*. 
Sa  maison,  qui  était  un  centre  pour  les  savants,  s'ouvrait  à  tous 
les  malheureux  qui  venaient  y  chercher  asile.  Sarphati  considé- 
rait comme  un  devoir  d'honneur  d'aider  de  ses  deniers  les  auteurs 
juifs  à  éditer  leurs  œuvres  '.  Prendre  sous  sa  protection  le  savant 
proscrit,  chassé  de  Belgrade,  fut  pour  Joseph  Sarfati  chose  natu- 
relle. Il  se  sentait  largement  récompensé  en  recueillant  de  la 
bouche  de  l'exilé  les  interprétations  ingénieuses  de  l'Ecriture 
sainte  de  Joseph  Almosnino. 

La  nouvelle  de  l'excellent  accueil  qu'Ibn  Danon  avait  trouvé  à 
Amsterdam  n'était  pas  restée  ignorée  de  la  communauté  dispersée 
des  exilés  de  Belgrade.  Un  autre  proscrit  de  Belgrade,  Moïse  Co- 
hen, fils  de  Michaël  b.  Moïse  Cohen  de  Salonique,  surnommé  More 
Cédek,  d'après  son  ouvrage  ainsi  Intitulé  *,  gémissait  encore  dans 

>  Paroles  dlbn  Danon  dans  sa  préface. 

■  Foa  lui-même  le  célèbre  (Approbations  au  Û'^^DD  p3N  de  Conque),  en  cet 
termes  :  ûnm^^T  Û'^"3U5b  mriD  lIT^n. 

*  C*est  ainsi  qu'il  fut,  avec  Motse  b.  Juspa  Emden,  le  Mécène  de  Jacob  Schor, 
lors  de  Tédition  du  NDD'^nn  NbcbD  (Amst.,  1693). 

♦  Juda  b.  Joseph  Péreç  nomme  Moïse  dans  la  préface  du   ^15Db  rHD  '  ÛDD^ 

ûoniB^rî  b-n^n  n-iïi  p  bN-iu5'«T  «a-i  n-ido  rît3)3  Nin  «spn  vnto  tabon 

Azoulaï,  D'^bm^ri  Da,  éd.  Benjacob,  I,  39  a,  n»  110,  vise  notre  Moïse  b.  Michaél 

en  disant  :  rriiTa  nnn  p  )r\'Dn  nu)»  n"nn»  an:)®  ^"^  ontasipa  Ti-^fin  p 
iny  inN  N5t»3  Nnnïî  pnx.  cr.  Uid,,  ii,  78,  n»  75. 


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JOSEPH  IBN  DANON  DE  BELGRADE  289 

la  servitade  à  Esseg,  où  une  partie  de  la  communauté  de  Belgrade 
était  retenue  par  Tarrnée  autrichienne,  lorsqu'il  crut,  lui  aussi, 
voir  luire  une  lueur  d'espérance,  en  apprenant  le  sort  de  Joseph 
ibn  Danon.  Son  fils  Jacob  avait  été  arraché  de  ses  côtés  et  jeté, 
avec  Joseph  Âlmosnino,  dans  le  ghetto  de  Nicolsbourg,  où  il  fut 
entretenu  pendant  une  années  Cependant  son  père  s'occupait  à 
Esseg  de  la  composition  d'un  manuel  épistolaire  hébraïque. 
Comme  par  reconnaissance  pour  la  bonté  que  Joseph  Sarfati 
d'Amsterdam  et  son  secrétaire  Joseph  ibn  Danon  lui  mon- 
trèrent en  lui  adressant  leurs  réponses  amicales.  Moïse  Co- 
hen inséra  cette  correspondance  dans  son  opuscule  *.  11  est  vrai 
que  Joseph  Sarfati  n'avait  pu  lui  conseiller  de  venir  également  à 
Amsterdam.  Sans  doute,  on  ne  laissait  aucun  de  ceux  qui  venaient 
y  chercher  asile  souffrir  de  la  faim,  mais  les  ressources  de  la 
communauté  étaient  épuisées  par  les  demandes  qu'on  lui  adres- 
sait de  tout  côté,  et  môme  la  charité  privée  y  était  mise  à  contri- 
bution d^une  façon  excessive.  Moïse  Cohen,  semble-t-il,  se  rendit 
d'Esseg  dans  une  autre  localité.  Peut-être  chercha-t-il,  lui  aussi, 
comme  Joseph  ibn  Danon,  un  asile  temporaire  dans  le  ghetto  de 
Kremzier.  Du  moins,  nous  savons  qu'il  se  lia  d'amitié  avec  le  rab- 
bin de  cette  ville,  émigré  en  nOl  en  Terre-Sainte,  Joseph  Isachar 
Bàr,  le  fils  du  cabbaliste  viennois  R.  Elhanan,  vénéré  à  l'égal  d'un 
homme  de  Dieu  ^.  Môme  les  deux  familles  s'étaient  apparentées 
par  une  alliance.  Michaël,  fils  de  Moïse  Cohen,  avait  épousé  Abi- 
haïl,  fille  d'Isachar  Bar  et  de  son  épouse  Taube  ^.  Mais  tandis 
qu'Isachar  Bar  se  rendit  en  Terre-Sainte  pour  y  finir  ses  jours, 
Moïse  b.  Michaôl  Cohen  resta  à  Venise,  où  il  se  lia  avec  Juda  Péreç 
de  Raguse  pour  composer  avec  lui  un  ouvrage  et  le  choisit  pour 
gendre  ^.  Sa  fille  Esther  devint  l'épouse  de  Juda,  le  fils  de  Joseph 
Péreç'.  Il  semble  que  les  deux  rabbins  gagnaient  leur  vie  par  le 
métier  de  correcteurs  dans  les  imprimeries  de  Venise  "*. 

Joseph  ibn  Danon,  grâce  à  la  protection  de  Joseph  Sarfati, 
s'était,  en  quelque  sorte,  éveillé  à  une  existence  nouvelle,  et  il 
eut  l'ambition  de  briller  de  nouveau  comme  écrivain.  Le  nom  de 
Joseph  était  devenu  si  significatif  dans  sa  vie,  ayant  été  porté 

1  Eaufmann,  /.  eit. 

«  Voir  *^D10  O"?  (Fûrth,  1691). 

*  Kaufmann,  l,  cit.,  82,  note  2. 

^  Voir  t3*^a'>nV)  rPDbV)  de  R.  Isachar  Bftr,  à  la  fin.  Moïse  b.  Cohen  esl  anssi 
Tauteur  de  lUndex  de  cet  ouvrage. 

•  p5ab  n-lD  (BerUn.  1712). 
'  làid,,  préface. 

'  A  la  fin  de  1709,  Moïse  recommande,  en  compagnie  de  Juda  Péreç,  *f'i:iT 
Vp'W  de  Joseph  b.  Mordechaî  de  Jérusalem,  où  il  est  aussi  cité,  f*  S  6  et  10  a.  Cf.  le 
frontispice  de  l*ouvrage. 

•     T,  XXXVn,  nO  74.  19 


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290  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

avec  éclat  par  lui-môme,  par  son  maître  Joseph  Almosnino  et  son 
protecteur  Joseph  Sarfati,  qa*ii  résolut  de  prendre  comme  titre 
d*un  ouvrage  «  les  trois  sarments  »  dont  il  est  question  dans  le 
songe  expliqué  par  le  fils  du  patriarche  Jacob  et  qui  semblaient 
se  retrouver  dans  le  songe  de  sa  propre  vie  ;  cependant,  ce  n'est 
qu'un  seul  de  ces  trois  a  sarments  »  qui  parvint  à  la  postérité*. 
Les  imprimeries  d*Anisterdain  offrirent  également  à  Ibn  Danon 
l'occasion  de  se  produire.  C'est  aihsi  que  nous  le  voyons,  en  1692, 
composer  un  index  des  abréviations  pour  l'ouvrage  de  Hizkiya  de 
Silva». 

Joseph  Sarfati  parait  être  mort  dès  le  commencement  du 
xviii«  siècle,  peu  de  temps  après  la  fin  de  la  première  période  dé- 
cennale du  séjour  de  Joseph  ibn  Danon  dans  sa  maison.  Du  moins, 
nous  voyons  qu'il  est  déjà  désigné  comme  défunt  dans  un  livre 
imprimé  en  l'702  grâce  à  sa  munificence'.  La  mort  de  son  bien- 
faiteur obligea  Ibn  Danon  à  quitter  Amsterdam  et  à  recommen- 
cer une  nouvelle  existence  à  Londres,  où,  comme  M.  Elkan  N. 
Adler  l'a  montré,  il  eut  le  bonheur  de  trouver  des  disciples  recon- 
naissants et  pleins  de  piété  envers  les  écrits  de  leur  maître  *. 

Cependant  l'espoir  que  Joseph  ibn  Danon  exprimait  au  début 
de  ses  (i  trois  sarments  »,  à  savoir  que  l'unique  héritage  de  Joseph 
Almosnino ,  le  «  Témoignage  de  Joseph  »  ,  fût  un  jour  livré  à 
l'impression  par  sa  veuve  et  ses  enfanta,  devait  se  réaliser  aussi 
grâce  aux  mômes  Mécènes  qui  voulaient  publier  son  ouvrage  de 
son  vivant.  Le  manuscrit  échappa  comme  par  miracle  à  la  destruc- 
tion. Lors  d'un  pillage  dont  les  fils  du  défunt,  Simha  et  Isaac, 
furent  les  victimes,  le  manuscrit  tomba  avec  leurs  biens  aux 
mains  de  soldats  turcs,  qui  le  remirent  à  des  marchands  ambu- 
lants. Les  fils  de  Juda  Daniel  le  reconnurent  aux  mains  de  ces 
derniers  à  Constantinople  et  le  rachetèrent,  de  sorte  que  les  cin- 
quante-quatre premières  consultations  de  la  collection  purent  pa- 
raître en  1711,  grâce  aux  soins  du  premier  de  ces  Mécènes  ». 

Joseph  ibn  Danon,  ce  semble,  n'a  traité  que  la  première  partie 
de  son  ouvrage,  primitivement  consacré  aux  trois  colonnes  du 
monde  moral  selon  le  judaïsme,  la  Loi,  le  Culte  et  la  Charité.  En 
effet,  la  préface  indique  seulement  la  marche  du  premier  «  sar- 

'  ÏIT  a'^IUÎ  n'5N  DPD  fitbl,  c'esl  en  ces  termes  que  le  copiste  du  ms.  Mejrer  ter- 
mine son  appendice. 

»  'a'n  'O70  h^  "^ibri  «^Na*^^  EIOT^  iS-^an  "^UînTri  (Amsterdam,  1702). 
♦  JetoUh  Chronicle,  L  eit. 

>  Voir  Pinlroduciion  dlsaac  Almosnino  au  S)D*in*^  n*lT]^.  Là  deuxième  partie  ém 
ce  recueil  de  Consultations  parut  à  Constantinople  en  1733« 


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JOSEPH  IBN  DANON  DE  BELGRADE  291 

ment  »,  qui  traite  de  la  foi  en  la  tradition  et  prouve  que,  sans  la 
loi  orale,  il  est  impossible  de  comprendre  la  loi  écrite.  En  écrivant 
sa  préface,  Joseph  ne  pouvait  guère  donner  un  aperçu  de  la 
marche  de  ses  recherches  dans  le  cours  des  deux  dernières  par- 
ties, d'autant  plus  qu'il  se  réservait  de  les  traiter  plus  tard.  Il 
ne  croit  pas  devoir  indiquer  ce  qui  dans  son  ouvrage  appartenait  à 
Joseph  Almosnino,  parce  que,  vu  les  relations  étroites  qui  Tunis- 
saient  à  son  maître,  tout  le  monde  considérait  néanmoins  le  tout 
comme  Tœuvre  de  ce  dernier.  Peut-être  la  mort  de  Joseph  Sarfati 
a-t-elle  aussi  empêché  la  publication  de  cet  ouvrage.  Mais  dès 
cette  époque,  un  autre  ouvrage  de  ce  nom  était  consacré  à  la  lit- 
térature juive;  cet  ouvrage,  qui  parut  à  Venise  en  1*701,  était 
«  les  trois  sarments  »  d'un  autre  Joseph,  Joseph  Isachar  Bar, 
rabbin  de  Ejremsier. 

David  Kaufmann. 


APPENDICE 


non 

,t*^nan  xn  i«bi  r^n-^^^t  ,bDN  n^^na  •'3>t  ,bB«m  'y^y^'n  1DX 
,T»ma:»   •^^7ai^"i  VT^on   "^bi^n  "no^^i   paô<  .tonpnsri  'î-r  '^^:iy   nay 

2pV^  n"n:D  ta-^sc  mds-i  lo^v-'-ti  8^"Nbn  papn  tes-^n»  PIDV  •'sk 
T-^nn  ^D-^^n  ibu:  ,"nNn5iba  p"p)3  î-r"nbT  lU^Jl  *1  HC^D  ^"^^ 
•^mn  "nDDsm  •^5[irî](n)a  •'Dip  n»  naDTan  .laj'n  n-^i'D  ,pN©n  ap*o  ,p«bu5i 
■»T»  bj^iD»  03-iLnnb  "^mj^ai:»  nujya  •»n3^:i'»i  ."^aïKi  -^hd  b^m  -»n73TD3n 
nbmaa  rraïab  &'»n3^  3^iapb  ^n"»3n  .BiODai  ama  mnizD^^b  -«dk  n3^Tî:n 
ain  "^a-n  ■»-n7a  b«  nic-nTa  r-i'»aa  .^-rTî^-iba-ï  î-r-nn  bttJ  rruînjaï: 
''©«n  m-iB:?i  b^n©-»  mnNDn  rr^ra^n  nan  "^nb^n  baip^n  pnannn 
ïio"!*»  anD  ï-pn  «m  ■n«n:nb'^a  p"pT  T:"-n  ()2"-n)  n"a«  p-^nisr?  •>D"in«i 
•jm  T>:ym  T^onn  nnan  n:p«  pm  ta^nn  ia  ta-^nn  npvi  k^o 
D'^biCTT»  "^aujinT:  n"nbT  i^DWiTabN  pnx*»  n"n73D  ^"^aon  n*^»:»  -i-^arD  ^-^aa 


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292  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

ntb  taip»  "^b  nsnî  «b  ï-T'aîtin  •')3«bT  «^a^b  -r-^rm  Ti  ''nvn^l 
v^^yn  '^n'>"»m*  a«b  •'b  "^rm  V'pisrT  a-in  "^am  •^m»  b)D  ibn»  ^inia 
to-'ansD  m  T^^YT^n  "^anm  n-'a  17d«3  mT^nb  ib  •'373^p'»T  T»:a73  nnîtD 
a"»M'î  «nnfin  s^air»  to"»5'»T  «^poDa  im  mabn  •'©iT»na  p  ,'n'»  by 
byn  "i^nïi  b:^  S«"i)D  bsb  a'»)Dnb  maiTDTa  •^D'^iai  i'»tt3T7pi  i*^a"»a 
•'P'^îiboT  î-Tî-^iîOTDip  •'3an  '-mn  •'bnn^»  rrao  ia  itt-^aoni  ,n73«n 
ï-Tôna  niDNS  vby  ûC^irm-^  n»  nsaoi  a"ain  p"n:?T3  s^^ttrrn  •^mboi 
î-TN»73  ii^&nïi  pbn  n-^îi  s^iri  o"niD  BDTn'»2  ri"in:?  i^nsn  ticots 
!-rn:?n  .ïics  y'"»a  î-iDisn  rr^pa  nbno  ta^^Nb»  mim^îm  tnnbwD 
t^irî  •'S  ,q5T»  Jn-'a  b:)b  s^in  iTinKi  iitski  pbn  r^rin  irm3i:fa 
t-n73  n-^aanrî  insTsbN  n-^a  n^n:^  nsîm  05  Tna  na'^bDb  n»«3  mab 
ia-ï  î-rn  niïi)  rrrlbT  psn  mnuw  n"-ïm)3S  bnan  ann  na  rrKb 
br  mno  rnbwSi  noo  na'^n  s^im  b"T  a-in  •'am  «^niTa  b«  i"»73n  -i73i 
nn»©  nnD  û-^bnirTarî  to-^Taann  ï-PDa  n^'an  ('[•^«iT^pT  l'^û-'a  a-»» 
•^ïT^i  tabnaa  nx  rn  a-^nn-»  &kt  "^"n  ir5U)ittbN  rmfio  n^^am  prnrn 
bp-ikt  ann  lica-^îi):  «"«^rinb  oionn  nat»  b:?  ima-'-ip*'   &b"»na  tzsibo 

•>D  ,s-TNb53n  inTDDn  •'ail  n«  ,nfinin?i  t*^os  by  D-^aorn  tta-nibn 
t^a-^b»  t^^nrij'»^  "^piDKb  î-nn^a  b)D  rrnwnbtta  *-naa  m'^rt  «in 
m^b  tott)i  ,8^rTiys  Nna^na  rrabn  b®  ?-ip»i:?a  pi  ,t**nsbm 
î-rm  na^  û'^-ii2d:?i  nya-i»  t^yrt  n»  oiDob  tion*»  ao-^n  ,ta"»73'»D 
•^na  niTpm  miTS-j-nan  mp-Jiaa  s-raiTsn  T»a  i"»na  pnpn»i  1731^ 
Q-^rn  "«bi^an  b:^  b:ib'»a  s^b  Tjz'^m  î-r-nn  bo  î-rrr^^wb  ifioasinb 
n3^ia«5  nnan  by  i«73  nïiTa  inrnb  ]^anô<  V"'^^  ta"»ntt5  tniriao 
r<nn  .î-r-n«b  rtaottJTa  8^">3:im  x>irt  r-i«  *[i  T>nDtt5  inai  ta'«r7bfitn 
nb"n:iT  !-ri3]?i  ïiTDinpi  s-ninb  nan  m^iai  mTsa  tab©  mn 
î-rpnjt  qnm  .rinTo^aa  taiNn  ba  n»  bap?:  rr^m  vn«  tzsipTaa 
:  û'^Taanb  nyi  n-^a  cioi*»  n-'a  ïr^m  rp^aibi  rmnn  n»  naatti  ,10m 
n-ns&an  "^-lai  Sj^t  ana  an  •'T»  T^m^-n  pn»a  T»natt3  '-idd*'  V2^ 
NiDOna  bssynD  «b  v»-»»"!  .b^n^-^  «^bmaTa  my-i  n]?i)2tt3  by^  r-nism 
poiD  ir«tt3  nnaan  naan^an  p^^na  nnT«nbn  p-^nrn  •'aaia^  r^^-ip"» 
ainpn  to-nn»  '>'':^  inatp»  i-^anaî  T»m  taanab  p-^DOTa  rr^n  t**b  ^bnm 
ï^b  to'«3-»33^  îiTDDi  ^T»  S3>  lansa  mu)-ïn73  ts'^o'^naanp  mot»  j^an«b 
.'jTSNî'^nba  i72Tn  mn-r^a  (niibin)  «^aMi  ,1'»'^"ûi  •'3D73  bba  noD  b:^  ibar 
^5t  nNU5-»n  'i'>yrt  nô<  'n  ^lona  ina«Di  idi^î  oba  û-'ann  lî^^mîTran 
T^D3D  nnm  ,T»7Dn  'n  •^5Db  iinatb  ï^bo  '^-na  tioirra  nin:^  noo 
.'-mn  "pa^nb  t^  «^b  in-^i  '^'ny  •^îa  •'5'»:^b  "^afiCDri  pibntn  "«nMon 
naia  •^T'Tan  "iTan-^a  tar  •^n-^w  ana  an  mabnan  ma«  •'©■inTaa  ta-^a-ia 
"ny^n  s^a  ûrri  rOHl  •î^TD-'Tan  ns®  n^b»  n:^  nooTa  ta-'^a''  ina»a 
nn:^o  m-ï  rbô<  ï^am  n«tt  naa  b-na  «^-ip  s-iTanb»  bnpa  mariD 
Jn-'bN  riKarî  n"bntt  na  t-in5«  s^ns^jt  ûicb  T:?n  "jiDJt»  s-Twan 
^)DN  ,ï-Ta  irran-^  nrrbDn  î-natD  bn^a  ,na  f««trD  l'w«  rriat  roj^ni 


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JOSEPH  IBN  DÀNON  DE  BELGRADE  293 

n^n  ta«D3  onb  -^nm  ï-p5«5a  n:)bn  bfcn©*»  •^îst  ^^ntob  n«Ni  a^nb 
«•^an»  »b  ,8^b73  tfi'T]  •'acb  n:D  t^ba  lab'^n  ,î-T3i"»rî  nnn  «^DcTa  .ro^^biD 
nai  riD-ïn  d-^dio:?  ton»  bK-io*^  ••aûïii  .sibr^bn  tannb  ,-'bn  s^bn 
■»a23nn  tarî»"»  ,î-r73nNn  by  ta-'on'^i  ta-^Tsin:?  anm  ,ï^73a:m  a:^-ia 
,rT73i3t:?  nsTDa  to'»mo  D'^)2''ai  JmnaiDa  ûa  ,&•>»  "«aNi^T  to"»a::f 
^mnD«ô<  npan  Qn-'D'^y  -îTîntt  bsT  ,n»ip  nD^^DDa  ton^a*»"!»  n»  nna^bn 
r-T3^a-i«  vn»  byû  \d-k  "n-iD-^n  ,mnon  noinîT  i^r-inD  D-^aiû  to'^nai 
nîabn  mm^sb  rrsô  n^a  ûnDTDi  a«  onn  s^in  ■^uj'^TDm  ^irh  ai*»  n®:^ 
r<ab73b  ïiab?:  T^ai  p"Db  tonals  «^sô^  pm  n3tt3a  ïiTsnb  rrpfn  n"»ai 
/t**naiby-T  N-ia  «bw  ,r^nban73b  ï^rT^-^n  '(''ai  .•^«in  .^in  b:^  nïn 
nttKb  mwnsa  nanrn  n*^  rr^nn  ,"^«^73  nm*»  iD-b:r  rrn-»n  nu5fi«  ri  n^*"! 
Sa  "«î-.Tsbn  ■'D  '^yiDti  ain  b:?  •'by  "jn^^-r  •^pncnn  nTsai  pt  •^amnîtb 
TnNT2)5  ■»DN')  "^Tafit  patt  tni^'^  n«5«D  ■'nKs&'>  tni^yi  ■»5iood'>i  •'nyT> 
r-rbiaai  «^''n  rnD»  •^T't^  •'T^rp  "^îa  ta^^i  na»  "^niON  it  "^n-^a  uy  •'nab 
OIS  n:^ap  n«  .tp-^n^ab  D-^niNTaïi  to-^ïi  '»5ipT»m  ,t3"'-nn»  •^3i:^'>aT»n 
nabbn  yio3b  ,to"'n'TO  «ba  mtDbs:"!  ^T»n  td-'Tdki  T»i-n  ïiairba  rrb^^nnn 
13/51  •'b  t-nntf?  i-^N  w^fD^  ,ïs*natt35  mma  aiatnbn  ^ta-n'^^^^an  "^^hn 
to-'bmK  a^npnb  .ûn-'aDb  na^a  ynnb  yia:m  piioy  ■•n-^-'m  ^-^bana  n©» 
î-ran  î-rnïaa^i  naa  wD»ai  .tamanîtb  rrnssT  rrpïira  r^nb'^aa  wiocbi 
iDiab  '>rb2J2  U'\'^y  ^m^^ym  ta-^rib»  ïidi^  :?i33  "^riNT  .nSa  -«t  i-^fi^ 
.•'n^^a  ^cn  tabiyi  ."^n^D  •»n7:'^bD  s-rn-^n  Di-^n  bai  ^î-rantD»  "^nn  ba72i 
1*^Na  nssp  is-^iûDîT  ,!-rb''DN  ^lan  "»n'»T  jniamNa  t-n«inrî  ia\Dm 
•^nm  ,ïnb'«ba  nnpn  ann  "«sba»  rrnpa  mo5  T^*^  /rt^Taia  v«'>  tanb 
qaT:  ,1p3^i  l^iJ^ta  .aiDin  n^y^'y  na  ,aian  naiy  l'^izn  irb:^  -lany  aran 
■»3Di  '•«^73  'Q^»T2  nnia72i  •>-iNn  -nn«:T3  ^®n  i:^  ,ipTn  ik  tD«n  "lyi  b^n 
■«bip  nN  ï^^i^Ni  ^miN  ■»r.'>  la  "^nnbT»  n^DK  toi"»  î-rnTDiNi  ,-iinND  i3:ap 
.-•D  173b  "«ni-i  yi-'i  8^1-1  /Hinisi  -^aaa  a-^nnati  npiai  an:^  .mnin^n 
■»abi  '^^^y  rni  nariNa  to"'nio''n  "^nbapi  ,"»Daa  mins:  "»U3C3  rrrr^m 
eaab  ht:  .nan»  r-ï:iNn73  ta-^Toin-^s  nnan  to'^nnNb  i7:«b  nipn  nnoa 
CKi  ,D"»ai'i73  a-^To^D  "^Tsm  -«a  ,-iaTOa  a'«3r'«a  np^^a:  to-^nrib  iô<ann 
.y-i]?  ■'72ia  ■'7312)3  ri  r^n-'i  ci-'p©"»  id  .to-^aiNaTs  û-'ana  p-^at*»  &i"»n 
/pna:  "^nbsb  ,"»pn  S:^  "^nb-'sni  ."piNa  i3'^ïd31  i3b  ri  a^n"^  'nn73bi 
r<bi  Tiapo  r^bi  '^nib«  «b  ."^sia^n  niba  'ma73i  ,'^373n3n  "»nT3  i73«b 
b"T  a-in  "^ani  •'niTa  p-^is:!!  tibi"^  b^  it^i^  "^b:^  yop  win  r^a'^i  "^nns 
ppa  Sc3bia73i  rrbia  ■«ni-na  rrbin  n«n  t£y  nsa  "^a  r^yv^^  b» 
tn-'-ian  "ji-in  naïas  nu5«  -^nn^i  to-nb«n  in»  npbn  bfi<  T'Tws^np 
yiNb  ^D03i  "ONn  nna:^  rTbD3i  "^la?:)»  ni»  ^«3ni  ■^'i<i-i  yy  ^a;D3i 
rTN73  la  tpv  nw'^i  tiON^^i  3^in  aaïa^b  bD3i  ,'^^hi  f^n^si  "niaa 
lôn:^  b»  ib  -jb-^i  laTsuîn  rra-^a  «a  «b  û'^tt)'^73nn  n«i  nsoTaa  rr3^ 
•»D]^-npi  "^D^^^oi  ,i73ip7373  iFT^i  "^ab  infc  r-.NTb  ^n  :niD«abp3  p"pa 
•^rr^i  rrn"'at73  nt:»  abai  53ina  rr^n  D7:3i  "^^j^  ba  -^abi  ^n3  taa  1:^3 

*  Genèse  rahba,  60. 


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204  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

«■^ND  "^n»!  ,onb  iDWîi  iTjb  iDbn  ^5d  b:?  •'^7311  aicn  »bi  maa 
ban  ,î-rnya  !-r:m  r^DiTab  "^n-ip  ,'^n'»73n5  •'a  "^b  •'in  n^aïKi  .tan-iD 
.ts^-^a  N*"a  M-^ai-iDD  fi-^mix  pa  .ncD-^ahaKanlp  maîn  r^nrcob 
■^aab  n«  rnpKi  ,rpi«n  -^la»  "^ini  ^rrrran  -^riDa  "ïiirt  •'ifin  inn»  "«içt 
nN73  a»aïi  bna  bDïi  b:^i  •■»:^a  «ab  8^5»n-n  ^n'^^n  uT\y  •'D  -«naa  bKi 
^1730  "«a  t|Ni  i3xn»)3  irb>  npô^  tai'^n  pb  i'^jd  m«-ib  "^rr^r)!  t**bT2) 
ï^b  niDN  ''na  l"*a  i3i  ya  "^nT^nb  nmTsa  inaab  '^nbiD'>  s^b"»  ^inn''73b 
a*^®»  tanDTD  "«rNaf»  s^bn  -«dî  'nucpm  .isiscn  •'-iai3^T,iDi«b  y73«» 
'>^vy^  mb"iX73  '•73a  D^^n^^aû  nia»  «^aN^  nbmi  ,•'««  •'n^ba»  ^"««Da 
*maj^ab  .lobiD  ^a  i:?biaDi  .lûi^^'^wa  y^'n  ^inabn  maorm  ai©nb 
tDy  T'nN  anpa  D'^'^nn  '-n^xa  nmnx  •^:ttn  tdbî  ï-rn-'m  ta-^^b»  nasn 
,^nyn  "^nn»  "^a  cint  .nnwan  i«n  ■'D  r-^na  ib  TO3^  maai  bîn«*^  "«aa 
inî3  -iPNa  ïT»n  t*^b  Tnai  .id^kt  raa  bs:»  orr^aa  Jm^ab  r-raTt 
n«TT  .Dïib  nn-Ti  r^b  nniap  tsai  ta-^bii^n  p  rmosa  rraa  ^ma 
T^ri  -^b  rTT73:^p  r^^^n  nmoTn  .t-^na^T  b:^  bam  ,'>ni2n^  "^atn  "^b  mn^n 
m'i^y  bipa  "^bip  ■»m»'^-in  'nizJKP  •'ït'i  :  •^''33^a  A  nttn  to-^Ta"»  «nn 
T»non  aina  tsrr^m  ■•ab'^îfn  •^mnx  Sa^ai  "^aiann  bip  yi2iD  ncibn 
toi"»»  ,û"'3ra»  tnpy^')  ,D-«53>  n^^i^a  :^7Di«n  b^n  ,&"»di3^73  ■•TacTa 
yi3"»p  na^a»  tnat:  ttsnn  «in  •^n'^TD^^n  «nn?!  ly  lainb  Tanmai  t=3T«b 
n"«3^n  ta-^nsio  biai  0"'»an  b«  s-rbina  "n^y^  '^aiN"»a"»i  p^ob  tnrb5 
î-;iaab  m^tt«  nb  n^b^an  mp'^^a  "rma  ma^na  •>na-i  a:?  -^nan 
nfcn*»  irn  rnanan  pn  nTaan  pn  û'^non  mb-^Taan  rrpnari  ODtJna 
,toba^D  'n  obT»'»  mnaœna  bbirrTan  aw-iD  'p"p  t^inn  ûipTaa  tzs-nb» 
^"•»aK  Dbnaa  n«  ^-^rm^  Dannon  s^bn-»  ûipTani  .ob-^na  taibus  ••n-^n 
î-rorrobi  ynsa  ii^yb  oanaTaa  o-'aTa  ant  ib'-^Tn  rr^ianaTa  ba  no» 
,bna  m«b  nb-^oNTai  mn-'nb  tnnaa^Ta  "»a-.«'^5tvn  ,b"ïna73i  na^b  ira«b 
ta-^-ny  npisn  /n  n»  Tia«T  .-^ao  ba^Ta  rrnÏNn  maa^m  ,'»a'>y  imfiri 
toipTaai  ann  ta'^Ta-^a  -^b  î-rTaa^p  Ip-non  ba^  û-^oan  ba^  .to-^mo»  n'irai 
tonmaott  \nm  ,rî733:yi  ©"^aiwa  O'^É^at  ^^t^  ba^  niar  baban  f<Tin 
laioaiDi  la-^maa  m»  loai  -rr^a  ••aa  ar  tan^a:?  aoKi  .rrra-^bo 
©nn  ï^in  i-^t  «wb  "j-io»-)?!  tpra  •^mi  .Sna  maaa  D-'iann  r-iaran» 
^aa  ntt)K  'ri  b«  to-'u^aan  ta'»Ta'^Nïi  b«  yiab  ^ban  taoîa  a^oai  n'»'»« 
rrr^acan  a-^np  ptai  nbaa^a  -nOT»  -«baa^Taa  naïa-'mn  ï-rma^aan  n*»^"!  n-'a^ 
rrpia:'!  ion  TsbTa  m3"«nîaa  •>na-i  mn  ûipTan  b«  la-^^na  «ry  •va-'a-nb 
t3nno«)aN  t^ma-^np  tnbnp  «"^n  î-ibbin^an  n*^y?i  û-^Ton  tm^rsai 
■•a  •'pbn  ba^  î-rfimn  ima  '•aam  û"[7a](D)nrî  bib»  «inb  û'na'»  mottîa  K^an 
,rm)aibn  rrmnn  -«naaTa  o'^K'^Taam  ta'^n'^aan  •^a-'a^a  in  -^nNSTa  no  caa 
,T7iN7a  baai  i\aDa  Saai  ,imm  nmna  nm-^^n  -m»  Ta"«ôtn  taainTai 
rr^iTanbi  nmnn  n»  aniK  rea  a^'^a'^»  vb»  riKarî  nb-'n  Saai 
to-^-^aa^n  fiN  aniNi  ,î-Tana?Tî  mÉnri  rraioa  l'^oaaTa  pi«  narwai 
aann  nujinpao  nan  bab  s^in  ^i^ki  /ria-^ab  rîpa>?iai  ^oa-ïDai 

<  Allusion  à  Lé?.,  xi,  30. 


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JOSEPH  IBN  DANON  DE  BELGRADE  295 

t{ov  *in73D  ■•n»  H^n  C3b\»  ■•pfin  '-^^tst  •^nnar)  ^«73  Sbin-om  town^^ri 
Tn^b  "naDi  'ntD'i^^a  m:^  ^n-^i  'n'^fio  nia  ■^nsns  S»5n3  nnSan 
t3"»ï3Dnb  nyi  rr^ai  nn-nb  s-rmnD  ■in"»a  m'^rvi  D'Anna  D'^d^i  to'^Ta"' 
iPD»  -ï«»,Y"'DN  .ta-^M^^-n  cDisn  .ca-^^a  •^sai  n-aaa  n  t-iDia  nNb73 
,i5i3^73a  nn72«n^  ns*»  y^yn  -^Dp^n  lois^si  .lanb^b  a-^ao  •^Db'^DNn 
a-^mm  "^sd  bj^  "»dt«733^'»i  î-tth  taira  -^nrnnb  "^iT^a  "^b  rr^n  «in 
rnmnn  t-nribn  b:?  Tip^Db  ^b»  i^Tob  ."^b  -i^îm-^i  '^snri  ."^biaa  x-in 
«ba-in  -nm  r^rr^-^b^^^s  -^b*»):  '•5n73  ''DinDTa  mbybi  mn^^ia  by  picnbi 
t=3Ni  W]^73  t3N  C3T>  baa  ttjnn»  nuJNTsi  b"T  ann  "niTaT  ^^am  '»72iE)a 
.pNn  b»  n«a:73  «bi  n^^r  1-173»  p  "«d  /iTDir  "^b»  n«»  rnann 
173  fcranb  n'»î:  mstbi  rrnnb  to-^ny  :^iapb  3^7311»  ib  n^N  ïd-^n^d  "^nNi 
■»D  ''niD-ia  ia«i73b  "^sinDT  rm5t73a  nbyn  n«N?3i  .mup  rm^Ts  "^Ta  «ari 
ta'^73'na73  nnoi  -^1^1  nîbn  "iiapn  mana  nbi>n  n»  b-^srns  iicap 
•^3»  "^masb  r^bi  ,mbn3a  TiDbn  r^b  "♦73'»73  ••a  yn»n  1)3  nb:^-»  nri 
nnD73  •^mna-T  "«by  ■»Dny  oiy^Ta  x-in  "^î^a  "^nj^^r^  ûai  rn^^n*^  «^a  usn-n 
t^'^n  it  n73iK  1D  ]^73it3  "^snorp  «bi  f*non73  "^mon  "^nj^m  rr^m:^'^*:: 
173  ai3:ib  MD^y  x-in  b'':i-i73rt  «^a  t3'^nn«73  ••n3?73©;D  anan  by  •>bu573 
DTi-iBN  -m  nu:»  fimp  s^^npsrï  tj-ub  &'^u5nD73ïi  imb'^iûTsn  to-^ison 
JmrmD  ib'>ia73iSDi  ibicK  ibn:>73i  mb-^  s^b  n«5«  wn^^  to-^ata  i» 
t^an  p  ba3  rr^ïT'  ■in"«nnNi  iDat:?'^  t>73'»  "^isna  »n73Nia  inti  tams-^Tob 
iDirh  i73a:y  r-»fi«  rma"»  »bi  ■)73ia  b:^  Dm»  nb^Tsi  û'^nn«  "^nai  q-iONb 
t3'^73''n  a-nai  "^îtd  ]?aa  «in  banrrn  "^a  «m  yit»  nmna  misnn  0*^30 
Tsnn  nDo  î-tt'»n73  asa  niD»  •'nn»  "^d  173^  î-rn'^ïi  nbaa  ^a  San  i^t» 
!T^73n373i  ''^'^73  rv^b  fi-^b  im  n-^snp  fcr'^ba  «p  laina  m»fit  Sa  in-^a^ 
rrbiw  8^-«a73  iitsin  oiaa  nai  n73iKn  Sa  b"n  isi-T^mrr  naai  b-^cs 
rjTa  Tsia  i"»«i  Y'n  naarb  bai»  naa'»«i  nbian  ^nna  •'3«n  tshiyb 
t3Ti3«3!i  mab  n73\a73n  fi  n»  ^laNi  .rr^b^^ab  ïiaics  p-^tn^b  p-i 
iTsirn  ^teT^n  "^3733  ,DT^iD  tonb  «•^3:73731  ,D'^pilt73  ain73  ^tD'^pSKDm 
v^Ti'prt  b«n  DO  x-iK  nKDbi  naïab  bbnb  mninb  nN-ï'»i  î-ranNa 
173Tb  •»33r''3m  •'3'0"'pi  is-^-^nno  maio  ta'»a'»"«nb  b73iaïi  rrpn^a  lanpsn 
T»73  •'?ri  .•^mbDtJi  "Tibn  .-imba  -103^73  "•373"'pïTi  aïo  ba  -3b733n  ï-rtn 
aiab  ■»73ibn  -ino  nwfita  Tm  ,''ab73a  •'3''3^73  ba  .'^attîh  -i-^fitr  -^a  '»n73bn 
ib  ■ina3^  "«sfit  p  S3^  "^sa  b3^  a-^ian  •»mKi  .^sy  ama  ûibnn  t^a  -«a 
inaKb7373  baanïib  i-^mn  p  ''sk  t^bi  ,"»3inK  r^in  -^a  may«  mab 
inbbi  nb''n73  lapab  "»'^n  b^b  nb-'ona  -sni  .Tonpn  tnma]?  in*na3^73i 
nca'^  toim  «m  -^a  ,nnri3^73a  D«n  ta-^sisrina  d«  mènp  naÏ73a 
S-'n  m«3^b  na  •'b  irr^i  ,nnDa73n  Jmbaa  "^ditSu)»  San  •^msiy 
Hbi  n73b  iabnn"»i  '»mn3«  Sa  !i3natt3n  rrta  "^a  ,rrmn  b«  nn73nb73a 
Sa^  ïiDU)a  TT^aD-^  naT  tn  lu^a-»  x>i^  nvm^l  tabij^b  ab  b3^  iby^ 
■•Kniao  pam  13^7373  pniïii  s^m^n  •^3^a'>73b  tpv  tanb  nâo  'ntDN 
t-nbTDia  0*^3-131  msn  to'^T'   ''p'>Tn73  nmnîi  "^p-^TriTsi  tabi3^n  ■^^1733^ 

>  Jér,,  XTn,  11. 


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^ 


296  REVUE  DBS  ÉTUDES  JUIVES 

^nnn*^  nus»  us-^Nn  î-t-^ï-ît  "^r^-^a  ^iTanb  mas^''  can'os^a  n^ïi  iSTaen 
nana  /«3d  nanTan  S«  f-i'^'^"»  p:n73a  'ntt)»  nciorî  Jnop  "^nopaT  •'a 
ipnm  nDoa  in*^  •^731  ."^nujpa  n»  rrniay?-!  *ïnb"»DD  Jn»  ^iTaob  "tâ^^a 
-ï-nTa  naïab  matT:  m^^b  •'b  rr^nn  'nia^^a  to'««np3  rrr^i  nb»  -^nan 
to'^ttD'np  û-^auj-^  •'nDUîT  rr^b-^:^  nsb  v^^'s^  •^inri^DTsi  ,T>T»mm  '-nn 
rtN^pii  ,t-nanb   "^nan  nn»   "^la-ia  .maam    vm   rtiz'n  "p^a   noî< 

a-'nujn  «im  n-nnn  b:^  n73i3^  abir^n^  û-'-ian  rîtt)b®  b:^  n-^pbn  n«b«b 
iD-^n-nn  1^  p'^Tnnb  rriinn  "^nanT:  D-^aTSKi  ca-^ny  na  m-^yKi  p«fcnn 
nnbap  mrr^ttNa  D'»-ïDian  û'^n-'ca  tm^^nb»  naobirîD  b^^a©  nTonpn 
t-ibttîbia  naina  s^-^a»  lly^  .anaaiD  î-r-nn  r^b»  lib  i*^»  tanTaifita 
.nmaan  "^dt:  bapu)  m"y  ns-^a-i  î-t)DT3  ny  iD"»»  ^^d»  «"^k  r-rnbap 
î-T-nnaia  D-^r-^D:?  nstp  N-^aN  113^1  .mstp  Tn  -^mr»  «^b  Tinnai 
•>rNi  rmitTan-ï  rmnn  •'-lan  br  ©■'©  mp-^eo  'a  in  'a  û^  ansaiz) 
n«a  obaia  "^aD»  nmaioa  mp-Don  ba  e^bi  para  inanu5n  r^ara 
•^-na-^nan  ma»  "^TD-n^aai  'iTabnan  nsiDTDa  S^n  "^nana  man-wa 
D'^a'^TaTa  o'^a'^^aa  n»iD7ai  pin^a  «::•»  bam  D"»3i-)nNi  D-^aiïJfin  C3"»o-iDnrT 
P"»ii:m  pmn  lao  bai  "^a»  ma-^a  -iTacr  «bnn  ona  ->:>  ^D-'aio 
û'»'^pnnb  -iTZJDK  "^n  ne  baraka  ri-nnn  "^nbaiD  la^i*^  t^bn  "^a  inri^Ka 
naiNtts  m-i"»  a-^Tab  «nisn  b«-i'û-»  td"»»  bai  napna  nn«  rna:»  'îb"»D« 
bfcna-»  n-^a  jm«aat  'n  Dna?a  a-^^ip  n:?ab  -«b©  ••Ta^aa  &m  ^3^1 
w«a  irîa"«bu5»i  ,yà^^  i^a  irr^a  nia»  *«in  m'iD  "«a  ^Y'i'prt  m»  np«i 
n7ai:rn  yipi  ynp  ba  by  niDy«  naan  .iiaaan  "jaya  laoa^  bjm 
na-ia  s^^a*»  Sa  "^a  ^a*»»  "^acb  nv*  ttt  ■'a»  TT^aDT  .bi^aTabi  npiob 
t-namp  "^a  abny  "^xa  ba  lyT^i  •n-'a'^i  ,&-»"»nn  ya^  ^-n  m»  m7a«b 
anaa©  rnanpn  minn  ibap  -naa^ab  nn-^n  t<^n  bN-iO"»  "^aa  tnbnat 
no  bra  nana©  riTai  no  ba^aia  n-nnn  dt  pmi  y^w»  n«pa  mnopn 
-ïZT^a  tzs'^aaiTa  anaaia  onain  rrr  mab  anb«  "^na  iTa^^û  rrn 
a-^cn-^m  û-»bia7a  na:p  i^a-^  pa^i  .-iNaa  nia^a  anbitb  xbi  nwa 
•>aian  a-^-i^n  8^a:'>  p  •^nn^i  î-rTbn  iiuîNnn  a">iob  to"'a'^"»on  n-^TTana 
^na^aa  nb»  uîbia  ain  D">non  n"»b"»73a  ba?  •>ia"»bian  e^a&'^i  miajn  ba^ 
'a  na&5  î-rnba?  -^nnia  n«N  tnwrt  icam  /"^n^nb  mn  ûnan  tn«  -«b 
caoa  a'»pnDn  iN-ip"»*!  û'^pnob  npbnnTai  nmioa  «"^m  tzs-'a'ma 
miba^Ka  loan  nrnD  n\a»  biaia«n  mm»  bar  'nai  'a  'a  '«  biap» 
ta-^anar  rrr»!  'n  "^ob  iijtnb  •'nai  nba^'^i  -^la^a  'n  mTaa^i  ^iTab  tn-niina 
ta^i  «^^a^  nan  -«a  rnaïab  it  □;!  .nb  ara-»  bai»  ^nbi  n^wio  ^T«b 
■»îaTa  rîTi  û-^a^n^)  î-ittjbTD  -iDOTab  D'^bn:?  marr  "^nnsttDTa  taoi  ••na» 
maacina   T^n   n-^aaiann  •j'Tan  ^  noTa   na   ap:?*»  •^ainKb  p  qoi*' 

»  Jér.,  XXV,  17. 
»  Exode,  XXXII,  25. 
*  Isale,  Y,  1. 
«  Deutér.,  xxxii,  32. 


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JOSEPH  IBN  DANON  DE  BELGRADE 

8^D-)73i    rt])^^   ^Tû^   Dnb    ï-rn-iT  '^mbi'»    bam    *j»Nn    T^: 
nmob  nsn  to-'Tasn  ■»T')2bn  "»Dna  r^  "^^ib-^nan   -ïtdx  i^T^b 
•bib    a:n    «Jâ©    rrT:^:;^    "»73«    "^nn^J  toisi    -«a»    •'D'nN    3 
tanp   "♦nbN   ,rrDn:)3   nmsnai    amnian    D-^ujinp    nbyTaa 
n2n3«  û-'coT^  Q-»is3«  mDb«    nsn  -^d  mT«nb  n«t  &:>  Hi^T 

nn^m  ,b"T  "^a-n  >"n7:  a-»nb«  iniK  npb  -^a  1:5"^»  nn^n  , 
'^y1'\^y2^  "^oib»  i35n  nn«m  V't  "^a-i  Q'Od  •>73«5i  in-'^sbm  t 
nb[)2]  n)  iDHDiD»  «bi  «b^:  rnoa  lonDT»  -nDT  ciot^  rrrr^a  natîb 
obnoTsn  ainn  «a-^  nw  "Ilj;!  112^  nar  aia  b:Pi  lanpa 
ta-^N-^aa  îimn  tni2Dbiu573n  rn-.ina  ^i-inb  D'^r-na  niabiaa 
ma»  "^nann  »-i7:a  rr^®»  ns^s  ■^a-^a»  nTsn  î-riabiD  ny 
î-ï©b®  Q"»3^in  "»!''  b:^  nujbi»  rm^tnpa  Tonpsn  nn»  rrym 
n^biD  ma»  "^aab  ,bN-ii3'^i  D'^^ib  a-^^na  ■obniD):  D^^b  •»u3"«btt 
tioi"»  1^  by  a-'r-iujn  n^Sb^  p-ino  r^a  e^a-^n  .apy^n  pns:"' 
JnN^bi  "ïi"»  riN  «b7ab  r^s:"»  D'^-nONn  n-^a?:"!  rr^oinTs  n3^i373  ■ 
maabT  ca-^nb»  Tiaab  •^nipn  "^as»  n^N  rrt)»  \Db^  nnn  ,"i 
û'«72'»n73n  inaabi  nnbT  "^tîni  "^a^T  b"T  ann  m-n  "^-n»  rn  ns 
^"•^DN  anaa  D"»3i3i  to-^TD"»  la-^n»"»  3^-)T  int^  '^•'m  K-ip"»  it  rr- 
T>m  fns&ipn  •^nn»  û"»n7:«a  r^3  napbx  nb^n  D"»5'>n;2)n 
•^naion  ns:ipa  imbrr»  innon  nri^  "^-laia  NiSTsn  r^i:7an  dn- 
n»  /D3T>aa:aT  inT^ipa  p?3n«b  û-^nann  "»nnatt)  p^i^an  n72n 
TD^b»  •^n-'ïJ]^  ''D  ■*m3n^a  "^by  -laa  nnaia  bu3  .t«d  Dnp  "^t: 
T^-is:  ''SN  mTobbi  -^n^PT»  ï^bia  "^Tair^a  ■>3«  :^it^i  r^-^y  'tt 
■»3a  in  ,riMT  anri  ■»m7372  rr^ny^ûis^)  nan  nr«  "^tt^?:  n> 
DTOtt  137273  "^ny^sTa  HTai  .nn'«a  itow  -^riT^n  nnn  "^b  i3''73K''  «b 
TanT  7211  naN  bi'T  N72-i"'b  miN*»  'n-im^a  mn  172  bn 
t^tt)n  "^D  tniD-iD  «1172  b:^  miN-»  rr^a  tnû"»bD  nco  na"»!!© 
tniTan  im3  nn»  'lai  -i72"ib  tn-iU3n  "»aNb72  ib-^nnn  *]b  a 
Tinsi  "^nana  ■»3«  bi<-j;2:-»b  n72»'^iD  TZ3pa?2  NinïJ  ï-ïts  aina-^u 
î-naiy  ib-»sKi  'iDi  îriï)72«  ûibu:i  on  n"3pn  b"N  .n-nnn 
y^"Dy  r^in  ^73«3  -^r-^a  baa  n;D73  '^iny  p  «b  n72fi«ia  s 
Nin  u5T»Di  toibo-i  on  172N3  la-'NUJ  ï-nn*^  nTaN-^  na  dn  «br 
r^bia  tan73  'j"»3ip  r^  û'»nayni  n-»ar!  "^aa  p  »73'^''pT  i-^in 
■•aKbTab  !i"aprï  -i72Nia  int  .nnb©  ';3'««ï3  î-rpTnia  n"»an  b:? 
— iTaK*^  TI72N  a«i  ,bK-na-a  n«Ta  n^j^"^  ntt)72«  ûibuji  on 
fia733  ,ibu)  !-r3"«NU5  npim  ■»n''a  pwi  ■•la^^  t^^inia  D-'^^nv 

'  U'^^^'VD   ÏTObU5  =  1198. 

*  Sol. 

»  Lisez  ûbOBOI. 

^  Dan.^  IX,  25,  et  xxx,  4. 


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298  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ib  '7DN  ^db  ■l'^n^nb  na^Kïi  b^n^D*^  isn*^  s^b  irr^n  W«5  im-^nbp 
•^s  f  ynr  bMn^"^  -^id^  ib'^s»  -^r)  ,8^-^^:  ^b«  n-nnrî  ib-«fi«s  ^b  ann? 
■^Nii  ï-ïï3tt  ir:i72Ka  î-rt  "^557:1  â'^iDiaD  i»^*^  "^3)373  !nb«r:  D'^nmn  bs 
pN3  ''D^^Tt  n'»i5K  x-inn  "^nsiTsfi^n  'npïJN  r^b  ^D-^ob  ,p  ntDr^  »b 
Tia^n  "^nn»  Einnnb  -^sii:-!  v^  ""^  în"nbt  mn  -^am  "^-nT:  "^î-nN  tn"«a 
••DibKi .  -^manTa  T^nss  -•:«  niTsbb  -^a  isam  s^nmo  aa«  «pibn  «labb 
•^nm  ■i\û"i73'>  r^bn  ■^a-inon  pn  n«b72b  é073TD  1)3  ni3^-i  t**rî*^i  "^"n 
.tabiy  13^1  rîn3^73  ^ynr  ••dts  «bi  "^j^nt  3^-it  "^073  «bi  "^dts  rttDmprs  rîmnn 
-^^53^73  tobirb  *fnon  ■»"•»  -«i^a  ^^r  W"«  .tabi3^  b«  n  tou)a  •'bnn  nn 

:  Einn  b»  ^n-» 

COLOPHON  : 

î-rbNT  mom   JnsiDa  nats  ®nnb  Y'o  ■'«'^b^  toT^a  inTsbcn  ■•ïim 
:  *  p"Db  1N3  "in-^ai  tij-^n  apy^  nw  în73'^n5t73  D-Nart  b^n©^  '•3a  r-iiTatî 
î-TT  Y'st"^  ««■'ûy  !-rau)np?in  pns:''  «"«ba  rï7:b«  nnnan  n-^a  o-YiDiba 
r^bN    ana    s^bi   iTsstr    'nan73rj   on:33np?3   !-rpn3^nb  în3"»««n  j^-of» 

.riT  a^no 

1  =  Mardi  29  décembre  1716. 


1 


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NOTES  ET  MÉLANGES 


OBSERVATIONS  SUR  LA  LISTE  DES  RABBINS 

MENTIONNÉS  DANS  LE  TRAITÉ  DÉRBCH  ÉRÉÇ' 

Le  premier  rabbin  qui  figure  sur  la  liste  établie  par  M.  Erauss 
estpm^  la  ■»0"»»  «a»  ;  mais  il  n'a  aucun  droit  à  y  figurer.  En  effet, 
le  passage  de  Déréch  Ereç  Zouta  mentionné  par  M.  K.  n'est  pas 
d'Âbba  Issi  ben  Yohanan,  mais  est  rapporté  par  ce  rabbin  au  nom 
de  Samuel  le  Petit,  et  c'est  parmi  les  sentences  de  ce  dernier 
que  j'ai  cité  le  passage  en  question  {Agada  der  Tannaiien,  I, 
37*7),  ce  qui  semble  avoir  échappé  à  M.  K.  Celui-ci  a  également 
tort  de  dire  m  D,  E.  Z,  est  donc  Tunique  source  qui  nous  ait  con- 
servé le  nom  de  ce  Tanna.  »  Dans  mon  Agada  d,  T.,  l.  c,  j*aicité 
divers  passages  de  la  Mischna,  du  Sifra^  de  la  ôaraiïa  talmudique, 
où  Ton  rencontre  le  nom  d'Abba  Issi  ben  Yohanan  (ou  Hanin).  Voir 
également  Agada  d.  2\,  I,  50,  note  2  ;  II,  548,  note  4. 

Un  peu  plus  loin,  p.  216,  M.  Krauss  parle  d'Eléazar  Ha^kappar 
et  de  ses  deux  fils.  En  réalité,  il  ne  peut  être  question  que  d*un 
seul  (ils.  car  Bar  Eappara,  appelé  aussi  nopn  la,  n'est  autre 
quEliézer  (ou  Eléazar),  fils  d'Eléazar  Hakkappar.  Voir  Agada  d. 
Tann.,  11,  500  et  s.,  503. 

B.  Hidka  (fi^pTn  '-i),  que  M.  K  nomme  p.  217,  est  encore  une  fois 
mentionné  dans  la  littérature  agadique  comme  l'auteur  d'une  ex- 
plication d'un  verset  biblique  :  c'est  dans  le  Mldrasch  sur  le  Can- 
tique des  Cantiques  édité  tout  récemment  par  MM.  Schechter  et 
Buber  [Jewish,  Quarterly  Review,  VI,  681,  ligne  265;  Midrasch 
Zouta^  p.  11).  Cette  explication,  comme  la  sentence  de  Déy^éch 

t  Parue  dans  1«  Bt9it$,  XXXVI,  214  «t  f. 


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300  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Eréç^  montre  l*origiDalité  de  Hidka  ;  elle  expose  nettement  une 
théorie  physiologique  qui  a  été  soavent  àéfendue  de  nos  jours  et 
d'après  laquelle  on  peut  distinguer  les  gens  les  uns  des  autres 
par  l'odeur.  C'est  en  s'appuyant  sur  cette  théorie  qu'il  explique  les 
mots  du  Cantique  des  Cantiques,  i,  3,  d'unis:  ^•»3»tt3  rrnb  :  «  l'odeur 
des  justes  est  agréable  et  diffère  de  celle  des  impies  »,  et  les  mots 
dlsaac,  dans  Genèse,  xxvii,  27,  îtto  rrnD  •'în  mn  :  c  l'odeur  de 
Jacob  diffère  de  celle  d'Esaii  ».  Il  va  môme  jusqu'à  affirmer 
qu'il  y  a  des  gens  qui,  par  leur  odeur,  savent  distinguer  des 
ossements  humains  d'os  d'animaux,  et  môme  les  ossements  des 
Juifs  des  ossements  de  païens  :  nmssh  dn»  rwi9  \yi  xhn'Mx^  wr* 
d"»*»  m»au^b  htirm^  mt):^  l"»a  iram:^.  Cette  théorie  fait  penser  à 
Topinion  exprimée  plus  tard  contre  les  Juifs  qu'il  existe  un  fœlor 
judaictts^, 

A  propos  d'une  sentence  précédée  des  mots  ÊT^n  in  '»3n  dans 
D.  E.  Z.^  ch.  VII,  fin,  et  des  mots  «-©p  la  •'^ndans  j.  Pesahim^ 
37  a,  M.  K.  dit  qu'il  donne  la  préférence  à  la  dernière  leçon 
(p.  217).  Mais,  en  réalité,  il  ne  s'agit  pas  de  deux  leçons  différentes. 
On  peut  admettre  que  cette  sentence  se  trouvait  à  la  fois  dans  le 
recueil  de  traditions  tannaïtiques  de  R.  Hiyya  et  dans  celui  de  Bar 
Kappara,  et  que  D.  E.  Z,  la  cite  d'après  le  premier  recueil  et  le 
Talmud  de  Jérusalem  d'après  le  second.  Sur  la  Mischna  de  Bar 
Kappara,  qui  est  presque  toujours  mentionnée  à  côté  de  celle  de 
R.  Hiyya  et  de  celle  de  R.  Hoschaya,  voir  Agada  d.  Tann.^  II, 
503,  note  7. 

A  la  p.  218,  M.  K.  dit  :  «  ''O'î''  'n,  sans  doute  'h'hyn  ».  Cela  est 
inexact.  On  sait,  en  effet,  que  le  nom  de  ^ov  'n  mentionné  dans 
les  textes  tannaïtiques,  s'il  n'est  suivi  d'aucune  qualification  spé- 
ciale, désigne  Yosé  ben  Halafta.  J'ai,  du  reste,  rapporté  le  passage 
en  question  dans  mon  Agada  d.  Tann.,  Il,  159*.  Si,  dans  Sabbat^ 
152  a,  N»Dp  na  •'or  'n  est  nommé  comme  l'auteur  d'une  sentence 
qui,  dans  D,  E.  Z.,  chapitre  x,  10,  est  attribuée  à  "«dt  'n,  il  faut 
naturellement  compléter  ce  dernier  passage  d'après  celui  de 
Sabbat, 

pn^*»  'n  (Z).  E,  R.y  ch.  xi)  est  le  nom  d'un  Tanna  qui  est  fré- 
quemment mentionné.  Voir  sur  lui  Agada  d,  Tann.,  Il,  397-399 
(cf.  Revue,  XXIX,  81),  où  il  faut  ajouter  la  sentence  citée  par 
M.  E.  Celui-ci  a  vu  à  tort  «  une  véritable  énigme  »  dans  le  mot 
^itmp  de  la  sentence  en  question  :  ù'^tzi  •»:)D"n25tt  nr  -nn  ï-'scmp.  Le 
singulier  m  prouve  que  y:^!^^  n'est  pas,  comme  le  suppose  M.  K., 

*  Voir  Th.  Reinach,  Textes  d'auteurs  grecs  et  romains  relatifs  au  judaUme,  p.  353, 
note  3. 

*  Dernièrement  je  l'ai  expliqué  dans  la  MonatsscKrifi^  1898,  p.  505. 


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NOTES  ET  MÉLANGES  301 

le  pluriel  du  mot  biblique  y^p  (Proverbes,  vi,  13;  x,  10);  il  faut 
ajouter  devant  "j-^atTip  lemotteiê^  ou  l'araméen  ^dk^  mais  pas  -^bDi», 
comme  le  dit  Kohut  {Aruch,  VU,  212).  v^-npb-^D»  est  la  tra- 
duction de  b-^Di  '^bin  (cf.  Targoum  et  Peschito  sur  Proverbes, 
XI,  13)  ;  c'est  la  désignation  populaire  du  calomniateur,  qui  est  ici 
d'autant  plus  à  sa  place  que  notre  sentence  s'appuie  sur  le  verset, 
Lévit,  XIX,  16,  ^T\  tnby  towi  vh  ^^wa  Von  ^bn  vh. 

Il  se  peut  que  cette  explication  s'applique  aussi  au  mot 
•pstmp  mentionné  dans  le  passage  de  Abot  di  R.  Nathan,  cha- 
pitre XXXI,  que  cite  M.  K.  Il  s'agit  là  d'un  parallèle  entre  le  ma- 
crocosme  et  le  microcosme  de  l'homme,  et  on  dit,  entre  autres  : 
t:"!»  btt)  rsTK  nr  ûi^a  V^'r^p  «nm  ûbn^^a  'j'^stiip  «nn.  D'après 
M.  K.^  on  parle  là  d'une  sorte  d'animaux  qu'on  désigne  comme 
étant  aux  écoutes,  ti^ST»  "pip.  Mais  on  ne  trouve  nulle  part  l'ex- 
pression 'DT«  y^  dans  le  «sens  de  '3tk  n-^iopn.  On  ne  peut  pas  non 
plus  prouver  que  rxmp  désigne  quelque  être,  parce  que  la  sen- 
tence antérieure  parle  de  ûbi:^n  rtj^n  rrn.  Car  dans  rénumération 
successive  des  détails  de  ce  parallèle  entre  l'homme  et  l'univers^ 
l'auteur  s'impose  la  condition  de  commencer  par  les  cheveux  de 
la  tête  et  d'énumérer  ensuite  toutes  les  parties  du  corps  pour  ter- 
miner par  les  talons.  On  peut  établir  une  analogie  entre  notre 
V^tmp  et  un  autre  détail  du  parallèle,  le  mot  û"'x:>v,  conseillers, 
auxquels  correspondent,  chez  l'homme,  les  reins  (nvbs).  Donc 
V3fcmp,  comme  d-^x^^v,  peut  désigner  une  catégorie  d'hommes,  et 
peut-être  ici  aussi  faut-il  compléter  'j'^atmp  ■>b3i«,  calomniateurs, 
car  le  caractère  du  calomniateur  est  d'écouter  et  d'épier  pour  en 
faire  son  profit  et  répandre  ses  calomnies.  Alors,  au  calomniateur 
correspond,  chez  l'homme,  l'oreille,  qui  a  pour  fonction  d'écouter 
et  de  percevoir  tous  les  bruits  ^  Mais  il  est  aussi  possible  que 
t'^mp  ne  soit  autre  chose  que  tro'nnp,  «onmp,  mot  qu'on  rencontre 
à  plusieurs  reprises  dans  la  littérature  midraschique  et  qui  est  le 
latin  curiosU  espions.  Cest  ainsi  qu'on  appelait  «  depuis  Dioclé- 
tien,  les  agenies  in  rébus,  qu'on  envoyait  dans  les  provinces  pour 
recueillir  pour  l'Etat  des  informations  importantes  »  (Sachs,  Bei- 
tràge^  I,  10;  Fùrst,  Glossarium  grœco-hebrœum,  p.  195).  Dans 
le  monde  il  y  aurait  donc  des  écouteurs,  les  espions,  et  chez 
l'homme  les  oreilles.  Le  ^  dans  )'^3tnip  remplacerait  alors  le  d 
pour  rendre  la  lettre  s,  peut-être  sous  l'influence  des  p  et  "n. 
Comme  cette  sentence  a  pour  auteur  José  le  Galiléen  (je  ne  l'ai 
pas  rapportée  dans  mon  Ag.  d,  Tann.,  I,  358-372,  parce  qu'on  n'en 

1  On  appelait  les  conseiUero  du  roi  de  Perse  «  les  oreilles  du  roi  > ,  rà  pa^tXecDC 
iînoL  (Xenophon). 


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302  RfiYU£  DES  ÉTUDES  iUlYËS 

• 

connaissait  pas  Tauteur  avant  la  publication  des  Abot  di  R.  Na- 
than, par  M.  Schechter,  les  éditions  précédentes  n'en  ayant  pas 
indiqué  l'auteur),  il  faudrait  admettre  que  déjà  avant  Dioclétien 
curiosi  avait,  dans  les  provinces,  le  sens  mentionné  plus  haut, 
à  moins  qu'on  ne  suppose  que  cette  particularité  a  été  interpolée 
plus  tard  dans  notre  sentence. 

Voici  encore  quelques  observations  sur  Tétude  de  M.  Erauss. 
Tome  XXX VII,  p.  56,  il  cite  inexactement  la  sentence  p  tttt  m 
•DTi  iDb  ^23^rn  en  ces  termes  :  "D'n'T  "^d  hy  *  ^^r»  rw  tïit  m.  Dans 
Sanhédrin,  76  b,  où  elle  est  citée  comme  sentence  de  R.  Aliiba,  le 
ms.  de  Munich  (cf.  Rabbinowicz,  Dikdukè  Soferim;  IX,  .215)  a  : 
•OTi  •'Db  ^^ri->iû  "^a  *T»m.  Cette  leçon  a  pour  origine  une  fausse 
interprétation  des  paroles  de  R.  Âkiba  qui  signifieraient,  non  pas 
qu'il  faut  se  prémunir  contre  certains  conseillers,  mais  qu'il  faut, 
au  contraire,  prendre  leurs  conseils  en  considération.  M.  Rab- 
binowicz cite,  d'après  Agadoi  Hatialmoud,  cette  leçon  étrange, 
"DTi  y^  hy  nyîb  insmo  tut  m,  qui  n'a  aucun  sens  et  n'est  qu'une 
altération  développée  de  *ptyw.  Non  seulement  M.  K.  cite  cette 
sentence  d'une  façon  inexacte,  mais  il  en  donne  aussi  une  expli- 
cation défectueuse  ou  plutôt  incompréhensible;  il  dit,  en  effet, 
que  'pi  a  ici  le  sens  de  "pK  pi,  mais  se  garde  bien  d'indiquer  le 
sens  qu'aurait  alors  "oni  ("«Bb)  *^  b:^.  Dans  mon  Agada  der  Tan- 
naîten,  I,  281,  j'ai  consacré  à  cette  sentence  une  assez  longue 
note  et  comparé  les  mots  '\m  "^sb  à  l'expression  iDittb  lasnfi  "«b 
(Mischna  Souhha,  ii,  1).  Or,  cette  dernière  expression  signifie 
qu'on  tire  d'une  proposition  une  déduction  qu'on  ne  peut  y  voir 
qu'incidemment,  d'une  façon  accessoire,  mais  qui  n'y  est  pas  con- 
tenue expressément.  Par  sa  sentence,  Akiba  veut  donc  prémunir 
contre  ceux  qui  donnent  un  conseil  incidemment,  chemin  faisant 
ou  en  passant,  sans  qu'on  le  leur  demande,  mais  qui,  en  donnant 
ce  conseil,  poursuivent  probablement  un  but  intéressé. 

Les  mots  mat^sa  'îj«d3  pwn  (variante  :  mattta  ^ïDSty  pion)  sont 
ainsi  expliqués  par  M.  K.  :  «  p^n  est  formé  de  pçn^  arme  ».  ptan 
n'a  jamais  ce  sens.  M.  E.  parait  avoir  confondu  ce  radical  avec 
pisa.  Dans  cette  sentence,  pu3n  a  le  sens  habituel  qu'on  lui  donne 
dans  la  langue  biblique  au  piel  (et  au  pouat)  :  attache-toi  étroi- 
tement aux  pratiques  religieuses,  qu'on  ne  puisse  pas  t'en  sé- 
parer. 

P.  57.  Dans  le  passage  rjî3)3n  ns^  m»  oitd^  «b,  M.  K.  corrige 
n::wr!  en  noi^nw,  qu'on  trouve  déjà  comme  «"o  à  la  marge  des 
éditions  du  Talmud.  Peut-être  aussi  ïtotdîi  est-il  une  altération  de 

>  Ces  deux  mots  lont  peat*6tre  une  faule  d'impression  pour  '^au^'^umo* 


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NOTES  £T  MÉLANGES  :X)3 

itixm  et  de  ce  passage  suivrait  qaUl  y  avait  ane  espèce  de  pain 
azyme  mou  en  partie. 

P.  61,  note  1.  J'ai  donné  au  âis  d*£léazar  Hakkappar,  c*est-à- 
dire  à  Bar  Eappara,  le  nom  d*Ëliézer  et  non  pas  celui  d'Ëléazar, 
parce  que  je  désirais  établir  une  distinction  entre  le  nom  du  père 
et  celui  du  flls.  Bar  Kappara  serait  donc  "vybs^  p.  'nTjnbfi^  'n  (cf.  'n 
.T^t:^  la  "nT^^bî^).  Il  est  vrai  que  dans  les  sources,  comme  cela  arrive 
aussi  pour  d'autres  docteurs  qui  portaient  ces  deux  noms  si  sem- 
blables, Je  père  et  le  fils  sont  appelés  indifféremment  tantôt  "nr^n^M 
(Agada  d.  Tann.,  II,  500,  note  4),  tantôt  nrj^bâ^,  et  je  n'ai  pas  man- 
qué de  signaler  cette  indécision.  Du  reste,  je  dois  faire  remar- 
quer que  ce  n'est  qu'à  titre  d'hypothèse,  appuyée,  il  est  vrai,  par 
des  arguments  sérieux,  que  j'ai  déclaré  que  Bar  Kappara  était 
le  fils  d'Ëléazar  Hakkappar.  —  M.  E.  n'a  pas  rapporté  exacte- 
ment (p.  60)  mon  opinion  sur  Eléazar  b.  Iraï  mentionné  par  Saa- 
dia.  Je  n'ai  pas  dit  (Agada  derpal.  Amoràer.lU  H)  que  ce  doc- 
teur faisait  partie  des  agadistes,  mais  j'ai  émis  l'idée  que  '^^y  in 
était  une  ancienne  altération  de  fin'^D  in  et  que  les  deux  ouvrages 
semblables,  cités  par  Saadia  et  contenant  tous  deux  des  proverbes 
de  Ben  Sira,  étaient  deux  versions  différentes,  ou  peut-être  des 
remaniements  de  l'ancien  Ben  Sira,  dont  le  titre  de  Tun  donnait  le 
nom  exact,  et  celui  de  l'autre  le  nom  altéré. 

W.  Bachrr. 


LE  TOMBEAU  DE  MAliDOCHÉE  ET  D'ESTHER 


I 

Après  avoir  examiné  attentivement  l'inscription  des  tombeaux 
de  Mardochée  et  d'Esther,  publiée  par  M.  Israël  Lévi  dans  le  der- 
nier numéro  de  la  Revue ^  (XXXVI,  248),  nous  croyons  pouvoir 
proposer  la  lecture  suivante  :  np-ntn  mtt)Dn  mo^n  inx^yb  nm3t 
trpTrp  rjbn*7b»bj«::i  ^^mx^  û'^txùrxn  û->npDn  û'')3Dnn  lû'^mxn  ûî^  •^nobKTaa 

Pour  ce  qui  concerne  le  nom  de  la  mère  des  deux  éminents  mé- 
decins et  juges  des  communautés  judéo*persanes,  il  semble  r^^- 
pondre  à  Donna  Gemâl,  c'est-à-dire  Bella  Donna,  "«no  (=  Tino), 
«  madame  »  suit  le  nom  de  femme  bfi^a,  comme  Sidi  «  monsieur  » 


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304  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

précède  habituellement  les  noms  d*homme.  Les  deux  fils  de  celle 
qui  a  élevé  le  monument  sont  d'abord  désignés  comme  savants,  et 
ensuite,  d'une  façon  plus  spéciale,  comme  juristes  et  médecins. 
Le  mot  taTipDn,  qui,  comme  cela  résulte  indubitablement  de  Texa- 
men  de  Testampage,  doit  être  mis  à  la  place  de  û'^T^pcn,  a  été 
formé  sur  le  modèle  du  terme arabo-perse  Mnps,  «juriste  ». 

Le  nom  du  frère  atné  parait  avoir  été  T&nn%3,  Moutaw\^âd.  C*est 
ainsi  qu'on  se  rend  compte  du  trait  horizontal  qui  forme  la  partie 
supérieure  du  X  tandis  que  le  jambage  de  cette  lettre  se  confond 
avec  les  lignes  de  Tornementation.  On  s'explique  aussi,  par  cette 
lecture,  l'existence  du  trait  épais  qui  se  trouve  entre  la  lettre 
qu'on  avait  prise  pour  un  n  et  le  i,  trait  qui  forme,  dans  notre  hy- 
pothèse,  le  jambage  gauche  du  n. 

Le  deuxième  frère  qui,  comme  Talné,  porte  le  nom  honorifique 
de  ïibmbfi^bKTDi,  s'appelle  rrpTrp.  Lewaw  de  la  fin  du  nom  se  trouve 
rapproché,  à  cause  de  l'ornementation  qui  le  surmonte,  du  mot 
suivant,  mais  appartient  encore  en  réalité  au  nom,  qui  est  écrit* 
comme  dans  la  Bible,  trpTTP.  Ainsi  qu'on  le  voit  encore  dans 
d'autres  inscriptions  lapidaires,  les  deux  noms  sont  placés  l'un  à 
côté  de  l'autre  d'une  façon  asyndétique,  ce  qui  explique  les  singu- 
larités que  peut  présenter  la  façon  dont  ils  ont  été  écrits. 

Les  deux  derniers  mots,  pris  pour  des  noms  propres  par  les 
premiers  savants  qui  ont  essayé  de  déchiffrer  cette  inscription, 
sont  des  abréviations  de  formules  doxologiques.  ta^nD*^  (car  la  der- 
nière lettre  de  ce  mot  est  certainement  un  D)  est  manifestement 
la  formule  connue  d'Isaïe  lvii,  2  :  tamnD©»  b:^...ûnViD  Kia->*.  Il 
s'agirait  donc  de  personnes  défuntes.  La  formule  finale  présente 
plus  de  difficultés.  Faute  d'une  solution  meilleure,  je  propose  d'y 
voir  le  verset  d'Isaïe,  lx,  2i  :  thiyi  "p«  w^'><^  ïrbi  û3:->p->.  De 
môme  que  la  première  formule  a  modifié  librement  le  texte  bi- 
blique, pour  former  un  mot  ayant  un  sens,  de  môme  *  cette  der- 
nière formule  a  peut-ôtre  changé  la  place  des  trois  derniers  mots 
pour  former  le  nom  propre  mentionné  dans  I  Chron.,  ix,  6.  Il  fau- 
drait alors  admettre  que  cette  inscription  n'a  été  gravée  sur  le 
monument  qu'après  la  mort  de  la  mère  et  des  fils. 

D'après  notre  lecture,  il  ne  serait  plus  question  de  Saad  ed- 
Daula. 


David  Eaupmann. 


>  Zunz,  Zur  Qêsehiekte^  359  a. 

*  Gomp.  mon  arUcU  Monatssehrifi,  XXXVII,  121 


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NOTES  ET  BCÉLANGES  305 


n 


Les  hypothèses  de  mon  savant  confrère,  M.  David  Kaufmann, 
sont  extrêmement  ingénieuses  et  je  serais  le  premier  à  m'y  ral- 
lier si  elles  ne  faisaient  pas  trop  bon  marché  de  la  teneur  réelle 
du  texte.  En  fait,  la  plupart  des  corrections  proposées  à  ma  lec- 
ture proviennent  de  confusions  dues  à  la  mauvaise  exécution  de 
la  photographie.  Le  fac-similé  que  j'ai  eu  à  ma  disposition  est  ma- 
culé de  bavures  d'encre,  que  la  photographie  a  reproduites  exac- 
tement, effaçant  ainsi  les  contours,  très  nets  sur  Toriginal,  des  ca- 
ractères. 

Venons  maintenant  au  détail. 

1®  La  lettre  n  dans  txmiQ  est  d'une  lecture  incontestable  ;  le  trait 
du  haut  se  termine  à  gauche  par  la  pointe  usitée  avec  cette  lettre 
dans  les  caractères  de  cette  inscription  :  le  n  ne  l'a  jamais.  Ce 
que  M.  K.  a  pris  pour  le  second  jambage  du  n  est  une  courbe  du 
dessin. 

2*  ta-^Tpsîîi  est  non  moins  certain,  le  yod  après  le  qofest  très 
net,  et  le  dalet  ne  prête  à  aucun  doute. 

3<>  M.  K.  rattache  le  vav  qui  suit  rrprm  à  ce  nom  propre.  Cette 
correction  peut  se  défendre,  mais  il  faut  la  prendre  pour  ce  qu*elle 
est,  c'est-à-dire  pour  une  correction.  Ce  vav  est  séparé  par  un 
grand  espace  du  mot  précédent  et  est  rattaché  étroitement  au 
suivant. 

4''  û^iD*^  estune  lecture  très  séduisante,  mais  qui,  de  nouveau,  ne 
s'accorde  pas  avec  le  texte,  la  lettre  finale  est  sûrement  un  n. 

Qu'il  me  soit  permis  d'ajouter  que  mon  déchiffrement  tel  qu'il  a 
été  publié  a  précédé  la  lecture  des  divers  articles  consacrés  à  ces 
inscriptions,  articles  dont  j'ignorais  même  l'existence.  Or»  juste- 
ment, il  est  exactement  le  même  que  celui  de  mes  devanciers  en 
ce  qui  concerne  les  points  sur  lesquels  M.  E.  n'est  pas  d'accord 
avec  moi. 

Quant  à  la  traduction  du  mot  tid  par  «  madame  »,  j'y  avais 
pensé  tout  d'abord,  mais  j'y  ai  renoncé  devant  la  difficulté  d'ex-- 
pliquer  la  présence  de  ce  mot  après  celui  du  nom  propre  btxm. 
M.  E.  n'ayant  pas  rendu  compte  de  cette  anomalie,  force  m'est  de 
conserver  mes  doutes. 

Djimal  al-Daulah  «  perfection  de  l'empire  »,  nbilb»  b^wà,  est-il 
identique  avec  ftbnV^N  bmaD  «  perfection  de  l'empire  »,  nom  d'un 
certain  Obadia,  de  Bagdad,  pour  qui  fut  écrit  un  manuscrit  en 

T.  XXXVII,  H«  74.  20 


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306  REVUE  DES  ÉTtJDES  JUIVES 

^5//  *  ?  La  conjecture  est  très  tentante,  et  en  raison  de  la  ressem- 
blance des  deux  noms  et  à  cause  de  la  coïncidence  des  dates. 

Israël  Lâvi. 


JOSEPH  SARK  ET  JOAB  DE  MODÈNE 


Grâce  à  la  collection  de  ses  lettres  hébraïques,  réunies  par  son  fils 
Scheatiel  *,  nous  connaissons  beaucoup  de  détails  précis  sur  la  vie 
de  Joseph  b.  Juda  b.  Isaac  Sark,  Fauteur  d'une  grammaire  hé- 
braïque achevée  le  !•'•  Eloul  (29  août)  1429  à  Cetno  près  Ferrare  *. 
Nous  y  apprenons  que  le  jeune  Joseph  Sark  alla  trouver,  en  1413, 
avec  la  recommandation  de  son  distingué  maître,  Prophiat  Duran 
Ephodi,  Tehiel  b.  Mathatias  de  PiseS  afin  de  se  placer  sous  sa  pro- 
tection. Peut-être  sa  famille,  comme  celle  ,de  son  maître,  avait-elle 
fui  également  d*Espagne  lors  de  la  catastrophe  de  1391.  Nous  savons 
aussi,  grâce  à  une  autre  lettre  que  je  publie  pour  la  première  fois 
ici,  en  la  tirant  de  cette  collection,  que  Joseph  ne  resta  pas  à  Pise, 
mais  qu'il  se  rendit  à  Modène  ou  à  Ferrare,  où  il  reçut  d'abord 
un  asile  dans  la  maison  de  Joab  de  Moiène,  et,  après  la  mort  de 
ce  dernier  chez  son  fils  Yehiel,  dont  il  conserva  le  souvenir  recon- 
haissant  jusque  dans  sa  haute  vieillesse.  Ces  deux  hommes  furent, 
Tun  le  grand-père,  l'autre  le  père  de  ce  Joab  de  Modène,  qui  n'a  été 
cité  Jusqu'à  présent  dans  la  littérature  hébraïque  qu'en  raison  du 
fait  que  c'est  pour  lui  que  fat  copiée  la  grammaire  d'Ëfoli  '.  Le 
dimanche  28  novembre  1456,  Joseph  Sark  lui  adressa  une  lettre 
datée  de  Mantoue,  où  il  s'était  évidemment  fixé  au  soir  de  sa  vie. 
Les  rapports  des  deux  savants  dataient  de  loin.  Joab  de  Modène, 
le  petit-fils,  fut  le  patron  et  le  bienfaiteur  de  Schealtiel  Sark,  le  fils 
de  Joseph,  comme  Joseph  lui-môme  avait  eu  des  Mécènes  en  Yehiel, 

^  Manuscrit  de  Berlin,  n*  107  {Cotai. ,  p.  74}  ;  Steinschneider,  Jeio,  Quarterly 
JJfweif,  XI,p.  128. 

*  Û'^riDlD  n'^3,  ms.  23  du  Judilh  Collège.  Voir  HalbersUm,  TVQbX^  nb?Tp,  p.  40 
et  OraeUjuhelschrift,  ('^yz  n"ia3^),  P-  55,  note  11. 

•  Cf.  la  préface  do  D^bjD  31,  publiée  par  Léon  Luzzatto,  dans  Hihr.  Bihlio^,^ 
XVIII,  p.  115  et  s.  P.  116,  l.  10,  il  faut  lire,  au  lieu  de  naiûb  «bl  mDîb  = 
rrmnb;  ibU.,  l.  25,  au  lieu  de  •jDn'^  "lb(?),  simplement  in  fT^nb.  A  la  ligne  24, 
le  point  d'interrogation  après  DmT^T>  ('?)rmn'^n©â  ''bi*!  ïlHDbai  doit  être 
supprimé. 

♦  Kaufmann,  Revue,  XXVI,  p.  97-100. 

•  Zunz,  Qu.  Sehriften^  III,  174« 


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NOTES  ET  MÉLANGES  307 

son  grand-père,  et  Joab,  son  père.  Il  eût  aimé  venir  encore  une 
fois  lui-même  à  Modène  pour  visiter  la  maison  du  noble  héritier 
des  traditions  de  sa  famille,  mais  il  était  vieux  et  fatigué,  éprouvé, 
en  outre,  par  de  graves  chagrins,  à  l'époque  où  son  flls  Schealtiel 
jouissait  des  bienfaits  de  cette  maison  hospitalière. 

Peut-être  fut-ce  un  autre  fils  de  Joseph,  Isaac  Sark,  qui,  en  1458, 
copia  à  Ferrare  la  grammaire  d*Ephodi  pour  Joab  b.  Tehiei  de 
Modène  *.  C'est  le  môme  Isaac  Sark  qui  avait  déjà  achevé  en  1450 
une  autre  copie  du  même  ouvrage  '. 

D.  Kaufmann. 


APPENDICE 

f.  1466. 

nnsn  aa 

St  btx-^TV  nia  m-nia» 
5K^nbwD  "^sn  dœ  ptt)  ntt)K  û''y:ni  man  ^mnD  pttJTs  b^-^nn  npab 

tn-iîm  ûib©  n^q  pp  i:^t  bina^b  '^n-^a  ■'sa  babi  ^itts  i3D3t  mœn 
rratop  nspT  "^bib  î-rana  •^"•idd  naTa  •^ni-»n  ••nbab  rimn  ■'b:?  btûiTsa 
to"»3?3T  pTTD  "^n-^ai  -^DSK  ■>b7:b  "«aisp  ■>banb  n-û-i  œne  t5C5  iia«*n  -«by 
fc-»i"«on  T>mas  -^ba-i  nc:^  iDinb  irri  ts-'^aj^iujîa  m->Di^np  anci 
b"3ST  ']^a«  bN->n'^  -i73D  axb  -«b  ï-T>n  ûnn  nnxb  nn»  t3->3nu5N-in 
•^3«  n3"»->n  tobisa  -i^n  n'n'b'T  -mn  •»-»3:^  a»  axn*»  n^sa  a"»n3n  ^Dpti 
■^3a  b«->nb««b  ']nDn  ^^;D73a  -inT^a  yn^yi  û"»d«:  n^a  ?-tt  '^n'^an 
^nbnn  t>d  «b»-'  T»73n  ntt)K  û"'5ab  po  'lawb  3?n"«««:  ?-t)21  ']naTi 
^b  issm  pi   qi^T   ptt:«D  ib  ^nai»  "^aan   npntti   ^"«mnaiTD  NtD->i 

aman  ^n  '<by  '^72'^  my  ba  ']n'^a  -«aa  Sa  dnbiûa  bbcn»  t-na» 
saûi  É^in  «aa  fnao  nn  'nan  nan  '^naa?  «5  nàT'  'tone  dT>  ï-T«na3?3a 

rn  'n">i3  na  "^inb 
.«■'Tnaa  pn«T  rj^nrr^  'na  ciov 


<  Ms.  Paris,  n*  1245  (Catalogue,  p.  227). 

*  Ms.  2511  Oxford  ;  Cat.  Neubauer,  p.  902.  D"73,  le  glossateur  est  sans  doute  Mtr- 
dochal  FiDzi;cf.  PeyroD,  Codieet  hebraîei  in  Taurinenti  Athenaeo,  p.  198.  Le  ms. 
Mh.  1  de  la  bibliothèque  de  Genève  contient  les  dates  de  naissance  de  la  famille  de 
Finii  de  1525  à  1551  (=»iaâ). 

»  =  man  d-'S»  hrrs 


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BIBLIOGRAPHIE 


L'Eccléftlafttiqne  on  la  Sa^eftAe  de  JésuA,  fils  de  Slra.  Texte  origiiul 
hébreu,  édité,  traduit  et  commenté  par  Israël  Léti.  Première  partie  |ch.  xzziz, 
15,  àzLiz,  11).  Paris,  Eroest  Leroux,  1898,  in-S*  deLViii  +  149  p. 

Après  avoir  examiné  dans  la  Reme  (XXXIV,  1  s.  et  294  s.  ;  XXXV, 
29  s.)  quelques  passages  isolés  du  texte  hébreu  de  Ben  Sira,  M.  Israël 
Lévi  a  publié,  sous  les  auspices  de  TÉcole  des  Hautes  Études,  un  tra- 
yail  d'ensemble  sur  le  fragment  tout  entier  qui  a  été  récemment  dé- 
couvert de  Touvrage  de  cet  auteur.  Du  reste,  ce  Fragment  important 
de  l'original  hébreu  de  Ben  Sira,  sorti  d'une  façon  imprévue  de  la 
gueniza  du  Caire,  a  été  étudié,  commenté  et  publié  à  plusieurs  re- 
prises, depuis  que  MM.  Neubauer  et  Gowley  l'ont  rendu  accessible  à 
tous  les  savants  dans  leur  magnifique  édition  (Oxford,  4897).  M.  Jo- 
seph HalévyS  désireux  de  présenter  ce  texte  sous  une  forme  sa- 
tisfaisante, l'a  complété,  corrigé,  et,  tout  en  déployant  dans  son 
travail  une  remarquable  ingéniosité,  a  traité  avec  un  complet 
sans-gène  l'œuvre  de  Ben  Sira.  Ensuite,  M.  Rudolf  Smend*  s'est 
imposé  pour  tâche  de  contrôler  par  lui-même,  du  commencement 
à  la  fin,  l'exactitude  du  texte  publié  par  les  premiers  éditeurs,  et 
de  l'éditer  à  nouveau  dans  la  forme  où  il  Ta  lu  ou  a  cru  devoir  le 
lire  dans  le  manuscrit.  Dans  son  ouvrage,  M.  L.  a  utilisé  et  corrigé 
les  travaux  de  MM.  Halévy  et  Smend.  Pour  le  texte  de  M.  Smend, 
il  le  soumet,  à  son  tour,  à  un  sérieux  contrôle,  car  lui  aussi  a  pris 
la  peine  d'aller  étudier  le  ms.  sur  place  et  a  ainsi  établi  son  tra- 
vail concernant  le  fragment  de  Ben  Sira  sur  des  fondements  so- 
lides. Les  savants  doivent  lui  savoir  gré,  pour  leurs  recherches  ulté- 
rieures, d'avoir  procédé  de  cette  façon,  parce  que  M.  Smend  a  donné 
un  texte  qui,  en  beaucoup  de  passages,  s*écarte  de  Tédition  prin- 

*•  Eevue  $émit%qu$^  5*  année,   148-165  ;  193-255  (Texte,  notes  critiqaeB,  traduo- 
tion  et  observations). 
*  Doi  hebr.  Fragment  der  W^ktit  du  Je$u»  Sirsck,  Berlin,  1897. 


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BIBLIOGRAPHIE  309 

ceps  et  présente  des  formes  de  mots  et  des  groupes  de' lettres 
étranges  et  incompréhensibles.  Le  texte  de  M.  LéYî,  tout  en  confir- 
mant assez  souvent  les  additions  ou  les  rectifications  de  M.  Smend, 
montre  quand  même  que  ce  dernier  s'est  fréquemment  trompé  et 
permet  ainsi  à  la  critique  de  ne  pas  tenir  compte  de  son  édition.  Le 
fragment  de  Ben  Sira  a  encore  été  publié  dans  deux  autres  éditions, 
dont  M.  L.  n'a  pas  pu  tenir  compte*  parce  qu'elles  ont  paru  en  môme 
temps  que  son  ouvrage  ou  après.  C'est,  d'une  part,  le  travail  de 
M.  SchlatterS  qui  mérite  d'être  pris  en  sérieuse  considération,  et, 
d'autre  part,  l'étude  publiée  par  M.  David  Kohen  (ou  Eahana)  dans  la 
Revue  hébraïque  nb^z^rt  et  faite  surtout  dans  un  but  de  vulgarisa- 
tion *.  Mais  on  peut  affirmer  que  Touvrage  de  M.  L.  est  supérieur 
aux  autres  travaux  qui  ont  été  consacrés  au  fragment  de  Ben  Sira, 
qu'il  sera  comme  un  point  de  repère  pour  Tétude  des  autres  frag- 
ments qu'on  a  le  légitime  espoir  de  découvrir  encore,  et  qu'il  sera 
toujours  consulté  avec  plaisir  et  avec  fruit  par  tous  ceux  qui  vou- 
dront s'occuper  du  texte  hébreu  de  notre  auteur. 

Dans  son  introduction,  M.  L.  élucide  les  divers  problèmes  soulevés 
par  cet  intéressant  fragment.  Après  avoir  consacré  quelques  pages 
(v-x)  à  l'histoire  de  la  découverte  du  ms.  et  à  sa  description,  il  fait 
ressortir  avec  raison  cette  particularité  qu'on  trouve  en  marge  des 
notes  prouvant  que  ce  ms.  avait  appartenu  à  des  Juifs  de  langue 
persane,  çt  il  remarque  que  ce  fait  corrobore  l'hypothèse  émise  par 
lui  autrefois  (Revue,  XXVJII,  197)  que  la  légende  de  la  Nativité  de 
Ben  Sira  a  vu  le  jour  en  Perse.  Je  dois  ajouter  un  autre  fait,  in- 
connu  jusqu'à  présent,  c'est  que  le  dictionnaire  hébreu-persan  de 
Salomon  ben  Samuel,  composé  en  1339  dans  le  nord  de  la  Perse*, 
cite  «T^o  na  ou  «n'^O  "la  noo,  dans  quatre  articles,  pour  des  mots 
hébreux  ou  des  significations  de  mots  qu'on  ne  rencontre  pas 
ailleurs.  Il  s'agit  certainement  de  l'original  de  TEcclésiastique,  car 
les  mots  en  question  ne  se  trouvent  pas  dans  le  D"ai  Kn'>a9bK  ^.  C'est 
donc  là  une  preuve  que  le  texte  hébreu  de  Ben  Sira  existait  en  Perse 
au  xiv«  siècle. 

M.  L.  examine  ensuite  avec  soin  les  gloses  marginales  du  ms. 
(xi-xviu)  et  prouve  qu'elles  sont  de  diverses  sortes.  Comme  il  y  a 
plusieurs  variantes  pour  certains  passages,  il  croit  en  pouvoir  tirer 
cette  conclusion  que  le  glossateur  avait  plus  d'un  manuscrit  sous  les 
3'eux,  mais  ce  n'est  que  timidement  qu-'il  fait  cette  hypothèse.  Peut- 
être  est-il  permis  de  supposer  qu'en  réalité,  le  glossateur  n'avait 
qu'un  seul  ms.,  où  il  a  puisé  ses  variantes,  mais  qui  contenait  éga- 

»  Dat  nêugtfundene  hebr.  StIUh  des  Sirach.  Gûttereloh,  1897  (P.  1-102,  introdao 
tioD,  texte  hébreu  et  grec  et  traduction  allemaDde  avec  commentaire). 

*  nblîDn,  m-  année,  42-48,  133-140,  321-325,  512-520  [introductiou,  texte  avec 
de  courtes  notes). 

*  Voir  mes  indications  dans  Zeitschr.  f,  d.  alttistam,  Witsensehafit,  de  Stade, 
16*  année,  p.  242  s. 

*  Voir  mon  article  à  ce  sujet  dans  le  prochain  numéro  de  la  Jeufish  Qmrterly 
Rmevj, 


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310  REVUE  1>M^  ÊTQOES  JUIVES 

Içmeot  ^es  variautes  marginales,  ajoutées  p^r  le  glû83atei(r  av^^ 
siennes  propres.  En  ce  qui  concerne  les  deux  globes  persanes,  jei 
ferai  observer  que  dan^  chap.  xlv,  3  (p.  96),  il  faut  lire  nm»,  çoq^me 
M.  Smend  a  mis  e^actement^  au  lieu  de  'in'^fit  (l'édition  c^'Oxfor^ 
a  nmfi^)  ;   ce  mot  signifie  «  ici  »  ()*>sî')  *.  «  Le   manuscrit  va  jus- 

3u'ici  ».  L'autre  glose  persane  d^  x;.,  1S  (p.  24)  n'a  été  rendue  ni  tra- 
uite  exactement  ni  par  MM.  Cowiey-Neubauer,  ni  par  M.  Lévi. 
Voici  la  vraie  transcription  *  : 

«  Il  semble  que  ceci  [la  sentence  de  Beq  Slra  recueillie  dans  Sanhé- 
drin, 40û^,  et  reproduite  en  marge]  ne  se  trouvait,  en  réalité,  dans 
aucune  copie,  mais  que  c'est  une  simple  tradition.  »  Le  glossateur  en 
appelant  Tattention  sur  ce  fait  que  la  sentence  mentionnée  dans  le 
Talmud  ne  se  trouve  pas  dans  le  texte  hébreu  de  Ben  Sira,  tel  qu'il 
le  connaît,  veut  dire  par  là  que  le  Talmud  ne  l'avait  pas  empruntée 
non  plus  à  un  manuscrit  quelconque,  mais  ne  le  connaissait  que  par 
une  tradition  orale. 

Dans  un  court  chapitre  (xviii-xix),  M.  L.  démontre  que  le  frag- 
ment qui  a  été  découvert  représente  certainement  Toriginal  hébreu, 
d'après  lequel  ont  été  faites  les  traductions  grecque  et  syriaque,  con- 
nues seules  jusqu'alors.  Dans  le  chapitre  suivant  (xix-xxi),  il  prouve 
que  ce  fragment  présente  des  traces  d'altération  du  texte  original, 
et  il  émet  aussi  l'hypothèse  qu'il  existait  deux  rédactions  de  l'ou- 
vrage de  Ben  Sira,  ce  qui  expliquerait  certaines  différences  impor- 
tantes qu'on  remarque  entre  l'hébreu  et  la  version  grecque.  M.  L.  con- 
sacre un  chapitre  plus  long  (xxi-xxvii)  à  la  langue  et  au  style  de  Ben 
Sira,  faisant  ressortir  le  caractère  de  pastiche  biblique  de  son  œuvre 
et  montrant  qu'elle  diffère,  par  le  style  et  la  composition,  des  livres 
de  la  Bible.  Ce  double  caractère  qui  distingue  l'Ecclésiastique,  4*^^^ 
part  son  imitation  de  la  Bible  et,  de  l'autre,  la  différence  très 
grande  qu'on  remarque  entre  cette  œuvre  et  l'Écriture  sainte,  frappe 
bien  plus  vivement  l'esprit  depuis  que  nouç  connaissons  l'original 
^t  prouve  en  même  teinps  qi^'il  s'est  écoulé  un  intervalle  assez  long 
enCre  la  rédaction  des  livres  bibliques  et  celle  de  l'Ecclésiastique. 
Â-u^  théorie  exagérées  de  certains  critiques  M.  L.  répond  à  la  fin  de 
ce  chapitre  :  «  En  tout  cas,  on  aura  le  droit  désormais  de  repousser 
toute  critique  qui  youdrait  faire  l'Ecclésiastique  contemporain  des 
écrits  bibliques  congénères.  » 

Dans  le  chapitre  consacré  à  l'époque  de  l'auteur  (xxvii-xxxi),  M.  L. 
admet  ropinion  d'après  laquelle  Ben  Sira  a  écrit  son  ouvrage  dans  le 
premier  quart  du  ir  siècle  avant  l'ère  chrétienne.  A  ce  propos,  il 
dit,  en  passant,   que  la   baraïta   de   Meçuilla,  44  a,  fait  vivre  Si- 

*  Au  lieu  de  b*1pfi(3,  Hre  b'^pKS,  ou  bien  le  i  rend  la  pronciation  de  Vi  dans  ce 
mot  chez  les  Juifs  persans  (i»a  =  q).  Cf.  Z.  d.  Z>.  M-  Q.y  U,  p.  401.  Dans 
*^n3D13'>3  et  Kb'>fi<,  le  *«  eit  la  transcription  vulgaire  de  Vi  bref. 


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BIBLIOGRAPHIE  31^ 

méoD  le  Juste  peu  de  temps  avant  les  Macchabées.  Une  telle  in-* 
terprélatioa  n*est  pas  justifiée,  car  en  disant...  yi^D^  d!ib  •^nln^^ïr© 
•«HSiTaTCm  p^T^ïi,  la  baraïia  veut  simplement  nommer  les  person- 
nages dont  Dieu  s*est  servi  pendant  la  période  grecque  (û'^Dm  ■>73"'3) 
pour  secourir  Israël.  Elle  parle  naturellement  tout  d*abord  de  Siméon 
ie  Juste,  par  allusion,  d'après  la  tradition  talmudique,  à  son  inter- 
vention heureuse  auprès  d'Alexandre  Je  Grand,  et  ensuite  elle  parle 
de  la  famille  des  Hasmonéens.  Donc,  pour  la  baraîta ,  ce  113^73^ 
p'^nsrn  est  forcément  Siméon  I.  —  Dans  le  chapitre  intitulé  L Ecclé- 
siastique et  la  Bible  (xxxi-xxxv),  M.  L.  réunit  les  indications  conte- 
nues dans  le  fragment  hébreu  de  BenSira  sur  la  Bible  et  l'usage  qu'il 
en  a  fait.  Il  prouve  que,  sauf  quelques  rares  exceptions,  le  texte  bi- 
blique que  notre  auteur  avait  sous  les  yeux  était  tel  que  l'a  sanc- 
tionné la  Massore.  Il  consacre  ensuite  un  chapitre  au  panégyrique 
des  Patriarches  (xxxvi-xl),  qui  forme  la  partie  principale  de  notre 
fragment,  et  qui  nous  fournit  sur  les  conceptions  religieuses  de 
Ben  Sira  des  renseignements  qui  sont  plus  nets  et  plus  clairs  dans 
Toriginal  que  dans  les  traductions.  Les  chapitres  où  M.  L.  examine 
la  version  grecque  (xl-l)  et  la  version  syriaque  (l-liii)  de  l'œuvre 
de  Ben  Sira  témoignent  également  du  soin  avec  lequel  il  a  fait  son 
travail.  Nous  signalons  particulièrement  cette  observation  intéres- 
sante que  le  traducteur  grec  comprenait  mieux  les  néologismes  de 
l'original  que  les  expressions  empruntées  à  la  Bible;  il  était  certai- 
nement moins  familiarisé  que  son  grand-père  avec  le  texte  de  l'Écri- 
ture sainte.  —  Enfin,  dans  le  dernier  chapitre  de  l'introduction  (liii- 
Lvii),  M.  L.  indique  les  règles  qu'il  a  suivies  pour  établir  le  texte  et 
composer  son  commentaire,  et  il  mentionne  les  divers  articles  et 
travaux  consacrés,  avant  la  publication  de  son  livre,  au  fragment  de 
Ben  Sira. 

Pour  ce  qui  concerne  la  partie  la  plus  importante  du  livre  de 
M.  L.,  contenant  le  texte,^  la  traduction  française,  et  un  commen- 
taire placé  au  Las  de  la  page,  je  peux  formuler  mon  jugement  en  très 
peu  de  mots.  M.  L.  a  suivi  constammeut  les  règles  d'une  saine  cri- 
tique pour  établir,  corriger  et  compléter  le  texte,  se  tenant  à  égale 
distance  d'une  trop  grande  timidité  et  d'une  hardiesse  excessive.  Il 
montre,  avec  une  attention  qui  ne  se  lasse  pas,  les  rapports  des  ver- 
sions avec  l'original  hébreu  et  examine  avec  calme  et  modération  les 
hypothèses  émises  par  autrui.  Il  va  sans  dire  qu'en  essayant  d'ex- 
pliquer les  nombreuses  absurdités  du  texte,  il  ne  réussit  pas  tou- 
jours à  choisir  la  solution  la  plus  juste,  qu'il  lui  arrive  parfois  de 
proposer  des  explications  forcées  ou  d'émettre  des  hypothèses  insou- 
tenables. Mais,  en  général,  les  conclusions  qu'il  a  tirées  de  la  compa- 
raison de  l'original  avec  les  versions  et  de  l'examen  philologique  du 
texte  hébreu  sont  justes,  et  pour  la  langue  comme  pour  le  fond,  le 
fragment  de  Ben  Sira  nous  est  devenu  plus  Intelligible,  grâce  au  tra- 
vail de  M.  L.  Si,  dans  la  suite  de  cet  article,  je  me  montre  en  désac- 
cord avec  M.  L.  sur  certains  points,  c'est  pour  apporter,  moi  aussi, 


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r 


312  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


ma  contribution  à  Tétude  de  ce  fragment.  Je  ne  reviendrai  que  très 
peu  sur  les  explications  que  j'ai  publiées  à  ce  sujet  dans  la  Jewisk 
Quarterly  Rewûw,  IX»  année,  bien  qu'il  me  soit  facile  de  défendre 
quelqus-unes  d'entre  elles  contre  les  objections  émises  par  M.  L.  dans 
son  commentaire. 

XXXIX,  Mc-d,  La  restitution  proposée  par  M.  L.  pour  ce  verset 
n'est  satisfaisante  ni  au  point  de  vue  philologique,  ni  pour  le  fond. 
Les  mots  de  ^hémistiche  17  d  rappellent  trop  Ps.  xxxui,  6  et  7,  pour 
qu'on  ne  soit  pas  obligé  de  tenir  compte  de  ce  môme  passage  pour 
restituer  Thémistiche  17  (;,  d'après  le  texte  de  G.  1*^0  «^1)3  n*est  pas 
«  formé  à  Timitation  de  n'>nDO  &<S1)3  »,  mais  imité  de  Deutér.,  viii,  3. 

—  IHd.,  22,  nïi5  est  rendu  avec  raison  par  M.  Schlatter  par  «  Euph- 
rate  »  ;  le  mot  forme  ainsi  un  excellent  parallélisme  avec  nn&r  «  Nil  » 
de  rhémistiche  précédent  ;  cf.  le  même  parallélisme  dans  Jérémie,  ii^ 
48,  —  Idid.,  24^.  Pour  le  sens  de  û'HT,  M.  D.  Eohn  a  peut-être  raison 
de  rappeler  Ps.,  Liv,  5.—Ibid.,  28*.  Au  lieu  de  'J'nn  (=  «uiidv  dans  G.), 
lire  mn,  d'après  Zach.,  vi,  8;  c'est  aussi  l'opinion  de  M.  Schlatter).  — 
IHd,,  30*.  La  leçon  DTDpiD  est  meilleure,   d'après  Lévit.,  xxvi,   26. 

—  2Hd,,  32.  Au  lieu  de  ■>nnD:?nn,  proposé  par  M.  L.,  il  faut  peut-être 
lire  '^nan:^^,  dont  le  sens  se  rapprocherait  de  celui  de  lab  n«  anj^ 
de  Jér.,  xxx,  28,  se  porter  garant  pour  soi-même,  c'est-à-dire  oser*  ; 
cela  signifierait  :  je  me  suis  risqué,  j'ai  eu  l'audace. 

XL,  4  d.  Je  considère  "«n  bs  DN  comme  la  bonne  leçon,  car  la  tombe 
et  le  sein  maternel,  le  sein  de  la  terre  et  le  sein  de  la  mère  se  corres- 
pondent aussi  dans  Job,  ii,  24.  Par  contre  l'expression "^n  bD  yn«  me 
paraît  impropre  pour  désigner  la  terre,  c'est-à-dire  Thabitation  des 
morts,  car  û"'"»nn  yiN,  dans  Ps.,  gxlii,  6,  et  Job,  xxviii,  43,  désigne 
la  terre  comme  demeure  des  vivants.  —  /*.,  2.  icpooraoxta  de  G.  répond 
à  l'hébreu  nnb  (cf.  Septante  sur  Ps.  cxix,  46).  Le  texte  hébreu  avait 
ûnaiD,  que  S.  a  lu  ûnan  et  traduit  par  inn->b7a.  —  Ib.  40.  Uînttn  a  peut- 
être  ici  le  même  sens  que  le  néo-hébreu  ^73UD73.  Voir  dans  Levy,  II I, 
285*,  le  passage  de  Nedarim,  38  a  :  riNm  n^ttttJ):  np'>bn,  «  l'incendie 
approche  graduellement».  —  /*.,  45a.  Il  est  impossible  de  dériver 
ïips"^  de  ^np:*^  ;  car  11  n'existe  pas  de  forme  grammaticale  dans  laquelle 
la  racine  pD'^  peut  devenir  npa"»  ;  il  faut  lire  sans  doute  Mçai,  Cf.  Pro- 
verbes, XXVIII.  20  :  ïipr  Nb  T'iDs^nb  ya^x  —  /*.,  49*.  NxiTa  ne  peut 
pas  être  dérivé  de  Nsr»  et  traduit  par  «  découverte,  trouvaille  ».  Si  on 
ne  veut  pas  lire  MsriTs^  il  faut  traduire  fi^^iTs,  d'après  Job,  xxviii,  4  :  une 
mine  de  sagesse.  —  /*.,  49  ^.  Gomme  G.  a  lu  nnisns,  il  est  possible  que 
cette  épithète  a  été  employée  dans  le  sens  de  nai;z)n,  c'est-à-dire  une 
femme  estimable.  —/*.,  20  a.  M.  Schlatter  lit,  comme  moi,  T^^  au 

*  On  traduit  d'habitude  lab  nô^  a"l3^1,  dans  Jér.,  xxx,  28  :  •  engager  son  cœur  ». 
Il  semble  plus  exact  de  donner  ici  a  an^  suivi  de  nfi<  son  sens  habituel  (comme, 
par  exemple  "I3?3n  PN  D*l7,  Genèse,  xliv,  32)  :  répondre  de  son  cœur,  s'engager 
pour  lui.  ^n^^nn^  d'après  le  sens  que  peut  avoir  le  hitpaël^  repondrait  alors  à  Tex- 

pression  niDD3  ri«  3^7  ou  ijb  riN  :i^y. 


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BIBLIOGRAPHIE 

lieu  de  "n^iDi.  —  Ib.^  tîa.  Ben  Sira  n'emploie  pas  le 
le  sens  de  «  rendre  heureux,  faire  plaisir  »,  mais  X^ 
M  ils  réveillent  le  désir  de  l'œil  ».  —  là.,  23  a.  Au  liei 
que  le  texte  original  avait  nsn*»  ^  au  piei^  ils  procu 
rendent  utiles  (cf.  Baba  Mecia,  94^  :  naïTOi  rr^rt: 
nifàl^  et  a  traduit  ^icnnnD  ;  G.  a  lu  nan*',  et  Ta  t 
ment  par  dicavtûvxeç.  —  Ib.  29  d.  G.  a  lu  nia^.,  comm 
et  a  traduit  par  icttcai8eu|4évo«  (=-iîjoj;  cf.  msô  =  n« 
XLi,  4.  inaiD73  a  à  peu  près  le  sens  du  mot  bibliqi 
XI,  20  et  24,  et  ^5D  dans  Gen.,  xl,  43.  Pour  ùpiœ, 

—  Ib.,  2d,  Au  lieu  de  nio ,  il  faut  lire,  selc 
M.  Smend,  nao  (=  nab,  voir  à  xl,  2),  et  placer  os 
conformément  à  la  leçon  de  la  marge  et  de  S.  ;  doc 
nyme  de  mpn  na«.  S.  a  lu  riOD  odk  et  a  traduit  f 
4  d.  û'^Ti  mnDin  signifie  des  remontrances,  des  a 
conduisent  à  la  vie.  et  forme  un  parallélisme  avec 

—  5  a.  Au  lieu  de  "nm,  M.  Halévy  lit  nn.  Au  liei 
M.  L.  préfère,  il  faut  peut-être  lire  :^n7  ;  on  aurait  a 
lélisme  nin  et  J^nr,  comme  dans  Ps.  cxii,  2.  '  Du  resU 
est  la  traduction  de  1D3^  comme  dans  la  Pescliito  si 

—  42.  Pour  ûtt)  by  nno,  comp.  -^nan  b^^  *nn  d*Isaïe, 
Tin  sont  synonymes,  comme  le  prouve  la  compara 
■nnoi,  avec  xi,  40,  i'7nn->.  —  44  b.  La  leçon  nbyn  de 
pas  être  lue  nb^n^  qui  ne  donnerait  pas  de  sen 
songer  à  ^bj^n  (Jérémie,  xxx,  43  ;  xLvi,  44),  dans  1 
son,  profit  ».  —  49a.  On  trouve  dans  la  Bible  de 
«  lieu  »  bip»  semble  personnifié  ;  c'est  ^Wpi2  m 
VII,  40,  et  Ps.,  cm,  46).  —  Ib.,  20*.  A  propos  de  la 
citée  par  M.  L.  «  Qui,  lorsqu'on  le  salue,  se  tait, 
leur  »,  cf.  la  sentence  de  Houna,  élève  de  Rab  (Ber 
ibn  tnp^  ^h  •T>Tnn  «bi  [oib©]  ib,  d'après  Isaïe,  m, 

xLii,  ib,  La  leçon  de  ni73%3n  dont  parle  M.  L. 
comme  faisant  allusion  à  rtTsbi»  pK  et  nTsb^D  ns-*K 
et  b'^izn  étant  synonyme  de  de  Dbu3.  —  44  *.  Il  me 
de  traduire  ^nbina  par  «  ta  fille  ».  —  42  a.  On  ne 
-i«n  inn  b«  d' «  hébreu  détestable  »;  In3  est  en 
dans  les  expressions  bip  inD  et  ^'^'^y  in*^,  dans  Prov 
n'»a=nr3,  pourra,  se  trouve  aussi  dans  la  Bib 
et  peut-être  Prov.,  viii,  2.  Le  hitpaël  "T^inDri  est  Té 
biblique  *7013  (Ps.,  ii,  2). 

xLiu,  4.  AU  lieu  de  t3'^a%3,  dans  la  note  marginal 
dont  le  complément  direct  est  m^D  (d'après  Job,  in 
c  il  répand  de  la  lumière  ».  De  môme,  dans  2*,  n73 
«  chaleur  »  (Ps.,xix,  7),  est  le  complément  direct  c 
était  peut-être  suivi,  à  l'origine,  de  Y^»!n  ;  donc 
dans  Nombres ,  xxii  ,5.  Il  y  aurait   alors   un 


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314  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

nai»i3  de  4(?.  —  6  *.  Au  lieu  de  T>"i'^n»,  M.  Gunkel,  dans  le  travail  de 
M.  Schlatter,  préfère  lire  T«"i3«,  «  ses  ailes  ».  —Sd,  C|3:n72  peut  ôtre 
considéré  comme  synonyme  de  n73:in,  4(?  ;  la  Peschito  traduit  nc^n 
(Isaïe,  VI,  6)  par  «nmTsa  (les  Septante  :  dvOpaxa).  —  <6  a.  Cf.  Ps.,  xxix, 
8.  —  n^.  Si  la  leçon  D*»"!!!  iD'^yi  est  exacte,  on  peut  rappeler  "^ro  ^t, 
comme  Graëtz  propose  de  lire,  au  lieu  de  "^ro  nr  dans  Juges,  v,  5.  — 
'%0b.  npn  ne  peut  pas  être  rendu  par  «  boue  ».  M.  D.  Kohn  rappelle 
«apnn  qui  traduit  *75  «  outre  »  dans  Josué,  m,  46.-23  b.  Au  lieu  de 
û"^"^»  tt"^!,  lire  û'ï'^Nb  u-»"),  d'après  Isaïe,  xl,  45.  G.  a  sans  doute  luTabré- 
viation  'u*»!,  ra-^l.  —  25*.  Au  lieu  de  mmaa,  M.  Schlatter  suppose 
qu'il  y  avait  à  Torigine  nT^na,  comme  traduit  G. 

xLiv,  2  a.  Pour  dnb  pbn  mnD,  cf.  Zebahim,  102  a  :  pbn  ^1^:1  maD 
dn^ab  !i"apn  nb,  et  Berachot,  19*  :  anb  maD  l''pbin  l*^».  —  3  a?.  Uob- 
jection  faite  par  M.  L.  contre  sa  propre  hypothèse,  qui  est  plausible, 
n*a  pas  de  valeur,  car  rexemple  de  Bileam  prouve  qu'on  reconnais- 
sait aussi  la  rîNias  aux  païens;  du  reste  la  tradition  parle  de  "^«"^aî 
obvn  mm».  —  4*.  Pour  Dmnpn^Da  û'^sn'îT ,  cf.  Prov.,  xxv,  2  :  nias 
nan  mpn  û-^Db».  —  4  rf.  La  traduction  de  û'^bffiiTD  par  t  fonction- 
naires »  est  inexacte  et  ne  convient  pas  non  plus  pour  le  contexte  ; 
les  û'^biDitt,  formant  un  parallélisme  avec  rp©  "^TSDn,  sont  très  proba- 
blement les  «  poètes  »,  comme  traduit  M.  Haiévy.  Peut-être  est-il 
permis  de  supposer  qne  pour  Ben  Sira,  rp;Z)  désigne  spécialement  la 
prose.  —  5  a.  pin  br  est  le  pendant  de  anDa,  comme  dans  Isaïe,  x,  4, 
d-»ppin  avec  d'^ansTD,  et  dans  Job,  xix,  23,  ipn'>i  avec  "lianD-^i.  Donc 
pna  manifestement  le  même  sens  que  ans,  la  mise  par  écrit  des  pa- 
roles. Dans  4  c-d,  il  est  question  des  maîtres  de  la  parole,  et  dans 
5  a-*  des  écrivains.  —  eab^n  ne  peut  avoir  que  le  sens  de  ro;  ce 
n'est  donc  pas  «  richesse  »,  mais  «  force,  valeur  ».  —45  a  ïi3iDn  a  le 
même  sens  que  nsn*^  dans  Juges,  v,  41.  —  22  a.  La  bonne  leçon,  qui 
se  justifie  au  point  de  vue  de  la  langue  et  du  sens,  est  la,  car  d*^pn 
p  ne  donne  qu'un  sens  forcé,  tandis  que  les  mots  la  d'^p^î  prof^b 
sont  une  expression  analogue  à  T>nNb  3>nT  opm  (Genèse,  xxxviii, 
8).  p  désigne  Jacob,  à  qui  se  rapporte  rhémistiche  22^;,  et  non  pas 
Isaac,  comme  le  croit  M.  L.  —  22  c.  Pour  nans  1i««-i  bD  n->na,  cf.  n-^na 
d''3n©fin  de  Lévit.,  xxvi,  45,  et  ^y  nnab  ^3rNn  dlsaïe,  xui,  6.  — 
23  d.  L'expression  nria'^^'>i  semble  avoir  été  choisie  d'après  Deutér., 
XXXII,  8. 

xLv,  2*.  Pour  d"^Nni73a,  voir  surtout  Deut.,  xxxiv,  12.  —  9  c.  1"ndTb 
M^y  **Dab  est  appliqué  par  Exode,  xxviii,  29,  à  Ex.,  xxviii,  35.  —  40*. 
pin»!  doit  être  rapporté  à  rhémistiche  suivant.  —  47.  Pour  le  con- 
tenu de  ce  verset,  cf.  Deut.,  xvii,  9,  et  xxxiii,  40.  —  24*.  Le  sens  de 
iDipTS  bsbDb  devient  clair  quand  on  se  rappelle  son  synonyme 
03*1D;  cela  signifie  :  administrer  le  sanctuaire.  —  25/*.  anûïi  "^""^  se 
trouve  aussi  dans  II  Chron.,  xxx,  18. 

xLVi,  2*.  Le  texte  n'avait  peut-être  pas  primitivement  n''3^,  mais 
'^9  (Josué,  viii,  48).  —  5*  TitiD^  est  peut-être  employé  comme  un  subs- 


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PIB14QGRAPH1E  315 

lantif  (ou  un  infinitiO  S  et  nb  rrsîDNîD  est  uue  tournure  comme  ib  n^n 
(Jfsttïe,  XXV,  4)  ;  il  faut  alors  lire  dans  la  suite  :  n'^SD  d'^nit».  —  6  c.  Pour 
Dnn  "^is,  cf.  "»7Din  û:^  dans  Isaïe,  xxxiv,  5,  où  les  Septante  traduisent  t6v 
Xa6v  «niç  dicwXeteç.  Cela  confirme  Thypothèse  de  M.  Schlatler  qu'ici  aussi 
G.  avait  à  Torigine  éxtùktia^  (comme  à  xvi,  9),  qui  est  devenu  le  mot 
icavo«X(av,  qui  ne  donne  aucun  sens. —  8  a.  A  D'^auîn  Dïi,  cf.  nn«a  Nim, 
()ansf  Jot),  :i^xiii,  13.  —  44  ^.  m;S3  ne  doit  èlre  lu  ni  Mb^  ni  fr^bp,  mais 
^^3  ;  donc  nnb  K^s  Mb  signifie  :  «  dont  le  cœur  n'a  pas  été  égaré  ». 
Cf.  C|3  '^'W  "i^ttD^dans  Isaïe  xix,  43  ;  ^N-'^n  '^nb  innT,  Obadia,  3.  S. 
|raduit  donc  exactement  par  M^a,  de  môme  que  la  Peschito  traduit 
•^«"•©n,  dans  Obadia,  par  ^'^Tû^  et  ^5K->U5!i  dans  Genèse,  m,  13,  par 
•^a-^^^EîM  (dans  Isaïe,  xix,  43,  la  Peschito  a  lu  n^b?  et  a  traduit  par 
nxj'^nnnM,  ils  se  sont  enorgueillis)'.  G.  a  peut-être  bien  compris  le 
çaot,  quand  il  traduit  librement  :  8<ïfa>v  aux  è^eicdpysuaeviiixaffito  ;  cf.  iÉ^zécb., 
VI,  9,  n:iTn  onb  '.  —  13^.  Je  ne  comprends  pas  pourquoi  M.  L. 
(rpuve  absurde  la  correction  de  b&^-ii2)72  ou  biKU?,  car  ce  dernier  mot 
aussi  signifie  «  consacré  »  comme  dans  I  Sam.,  i,  28,  que  M.  L. 
cite  lui-môme,  et  non  pas  «  demandé  ».  —  43c.  ■>""♦  *T^T3  est  le  n'^Ta 
b'^nbfi^  de  Juges,  xiii,  5  et  7.  Il  est  vrai  que  la  Bible  ne  dit  pas  que  Sa- 
muel fut  na^ir^  mais  peut-ôtre  déjà  au  temps  de  Ben  Sira  avait-on 
déduit  de  I  Sam.,  i,  44  (cf.  Juges,  xiii,  5)  que  Samuel  avait  été  con* 
çacré  nazir  par  sa  mère.  La  Miscàna  Nazir,  ix,  5,  dit  explicitement 
que  c'était  là  l'opinion  du  tanna  Nehoraï  (voir  Die  Agada  d.  Tannai- 
ie»,  II,  380)  :  bNiT^iû  sr^n  t^ts.  —  44  a.  t^ny  n^^y,  ^^Qs  le  sens  de 
«  commander  »  n'est  pas  «  un  néologisme  des  moins  heureux  »,  car 
il  a  aussi  cette  signification  dans  D'^?3&<b  nn^Tsi  (Isaïe,  lv,  4).  —  19  c. 
DbjyD*!  est,  en  effet,  traduit  par  G.  comme  s'il  y  avait  D'^^n,  leçon 
confirmée  par  les  Septante  sur  I  Sam.,  xii,  3.  Mais  il  me  paraît  dou- 
teux, en  dépit  d'Amos  ii,  6,  et  vin,  6,  qu'on  puisse  supposer  dans 
Samuel  et  ici  une  façon  de  parler  comme  celle-ci  :  «  une  rançon  et 
une  paire  de  souliers  )>.  La  réunion  de  ces  deux  termes  paraît 
presque  illogique.  La  leçon  Db:^3  (sans  ">)'du  texte  hébreu  de  Ben  Sira 
fait  songer  à  uuq  autre  explication.  On  peut  admettre  que  âbs^^  est 
employé  substantivement  comme  épithète  de  nrnd  ou  inu  et  a  le 
môme  sens  que  nnon  "jn»  dansProv.,  xxi,  U(ûbya  =nn03);  on  au- 
rait alors  une  phrase  claire  :  dbj^Di  nDD,  «  une  rançon  et  un  don  se- 
cret »*.  En  traduisant  Db:^3  par  «anmp,  S.  connaissait  peul-èire  cette 
oiRnification  du  mol. 

XLVii,  3.  pntt)  û'>"i**DDb  ne  signifie  pas  :  u  avec  les  lionceaux  il  joua  », 
mais  «  des  lionceaux  il  se  moqua  »  ou  «  il  rit  ».  C'est  là  le  sens  ha- 
bituel de  pniD  avec  b  (voir  Habac,  i,  40  ;  Job,  xxxix,  7, 48  et  passim). 

*  nc^N,  cf.  riîtttK  (Zach.,  XII,  6),  riTîtbN,  nbx^ 

*  Les  Septaote  ont  lu  dans  Obadia  comme  dans  Isaïe  avec  ig. 

'  J*ai  vu,  depuis,-  que  M.  *Scblatter,  dans  ses  Correcturen,  considère  égaleipent 
(^3  comme  le  nifal  de  ^m. 

*  C'est  l'opinion  émise  par  M.  L.  lui-môme  daos  ^evue^  XXXVI,  18. 


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316  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

G.  a  confondu  cette  signification  du  verbe  avec  l'autre  (comme  dans 
nn  pmDnrt,  Job,  xl,  29)  et  a  traduit  :  ficaiÇtv.  m.  L.  (ainsi  que  M.  Scblat- 
ter)  adopte  cette  traduction  et  se  voit  forcé  d'attribuer  à  l*auteur 
un  emploi  incorrect  de  la  préposition  b.  Le  changement  proposé  par 
M.  Halévy  (j^DV),  au  lieu  de  pmD)  n'est  pas  non  plus  justifié.  —4  c. 
yb'p  hy  it*  nc'^Dnn  est  qualifié  à  tort  de  t  syntaxe  irréguliôre  >»;  bj^  a 
ici  le  sens  de  «  avec  »  (cf.  û'»3a  by  dn  ,yr>  by  pi«).  —  40  rf.  Il  n'est 
peut-être  pas  nécessaire  de  considérer  avec  G.  la  leçon  «3np»  comme 
exacte  ;  ud;d73  pn*^  peut  signifier  «  il  chante  au  sujet  de  la  justice  ». 
M.  D.  Kohn  rappelle  Ps.,  ci,  1  :  nn-^tt)»  cacTDTan  non.  —  Ib.  npn  -JSDb 
ne  veut  pas  dire  «  dés  le  matin  »,  mais  «  avant  le  matin  »  ;  Ben  Sira 
songe  à  Ps.,  lvii,  9.  —  45  b.  M.  L.  traduit  ûnttn  par  «  hautement  », 
et  M.  Halévy  par  «  sublimes  v.  Mais  il  semble  que  Din%3  est  opposé  à 
yn»  de  45 é(  et  signifie  les  hauteurs  célestes;  cf.  xl,  41  :  bN  y^fim  bd 
ûin»  b»  ûinîstt  nttJKi  m®-»  y^»  ;  voir  aussi  Isaïe.  xxiv.  21  (nan^rr  et 
ûinun).  Ben  Sira  emploie  encore  ûnntt  dans  ce  même  sens  xliii,  4 
(variante  marginale),  et  xlviii,  9.  Le  sens  serait  le  suivant  :  «  Tu  cou- 
vrais la  terre  de  ton  intelligence  et  tu  faisais  monter  tes  cantiques 
jusqu'au  ciel.  »  Cf.  Isaïe,  lviii,  4  (DDbnp  DinTan  y^^TDrjb).  —  \Sd.Oa 
peut  supposer  que  Ben  Sira  avait  écrit  C|0^  mn^Tt  nD73i  (cf.  Zach., 
IX,  3,  nca^D  SIOD  naxm),  comme  S.  traduit  en  réalité  (tnw  *p»),  et 
que  G.  a  allongé  ney  en  nncs^,  comme  il  avait  allongé  "^9  en  'ï'>y 
(xLvi,  2).  Pourtant,  le  mot  bnss  de  l'hémistiche  parallèle  semble  at- 
tester que  dès  l'origine  il  y  avait  nnc^D.  —  20 rf.  Au  lieu  de  nrOÉn, 
G.  a  lu  Tirr^t^'y,  —2ia.  Il  ne  faut  pas  restituer  û^^Mi,  mais  ûbiKn, 
comme  xi.iv,  40—23/:  C33D  p  ûyan*»,  comme  le  remarque  avec  rai- 
son M.  Schlatter,  est  une  ancienne  glose,  déjà  rapportée  par  G.  et  S. 
Car,  après  avoir  dit  nST  ib  "^rr  b»  t  qu'il  ne  soit  pas  mentionné  »,  Ben 
Sira  ne  pouvait  plus  indiquer  le  nom  de  celui  qui  a  égaré  Israél.  Le 
rythme  du  verset  est  également  dérangé  par  cette  interpolation. 

XLVIII,  40rf.  Pour  b^n©-»  -^can©  T^sibi,  cf.  Isaïe,  xlix,  6  :  uynh^ 
'ys  •>t33^  DM.  L'idée du  rétablissement  de^  douze  tribus  d'Israél  par  le 
prophète  Elle  se  rattache  peut-être  a  I  Rois,  xviii,  34,  où  l'on  raconte 
qu'Elie  restaura  l'autel  de  Dieu,  qu'il  construisit  avec  douze  pierres 
c  d'après  le  nombre  des  tribus  des  fils  de  Jacob  •.  —  42  e.  bD73  9T  fiib 
(cf.Esther,  v,  9)  n'est  pas  plus  dur  que  bD3  IT*^  dans  Genèse,  xvi,  42.* 
43  ^.  Pour  ce  qui  concerne  le  sens  de  cet  hémistiche,  je  maintiens  que 
l'explication  que  j'ai  donnée  dans  Jewish  Quarterly  Review,  IX,  540  *, 
où  j'ai  corrigé  in^s  en  niDn,  est  jusqu'à  présent  la  meilleure  de 
toutes  ;  c'est  une  allusion  à  II  Rois,  iv,  34.  nisn  désigne  le  corps  de 
l'enfant,  appelé  là  nb-'n  n«a  ;  «naa,  d'aptes  Ps.,  civ,  30,  signifie  :  t  il 
fut  de  nouveau  créé  »,  et  l'^nnriTa  rappelle  la  façon  dont  s'accomplit  la 
résurrection  miraculeuse  («  il  se  coucha  sur  l'enfant,  bouche  contre 
bouche. . .  •.  La  suite  se  rattache  alors  parfaitement  à  cet  hémistiche: 
c  De  son  vivant,  il  opéra  des  miracles,  et,  dans  sa  mort,  des  actions 

<  Comp.,  Revue,  XXXV,  28  (BUu). 


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BIBUOGRAPHIE  317 

prodigieuses.  »  Car,  môme  décédé,  Elisée  fit  un  miracle  en  rappel- 
lant  un  mort  à  la  vie  (II  Rois,  xiv,  24).  —  46a.  Le  pluriel  ^rm  n'est 
pas  fautif,  car  il  se  rapporte  à  nii  n^n  (45^)  qui  précède.  ^  48c.  Cet 
hémistiche  fait  allusion  à  Isaïe  x,  38, 1T»3C  na  nrr  rr  tisna*».  —  22  d.  Au 
lieu  de  nDT»m3,  lire  iDnmn,  d'après  Isaïe,  i,  4. 

XLix,  4  e.  Il  est  inutile  de  corriger  ^nn  en  *]nb  ou  ^n  hy,  car  *]n3 
P'^n»'»  est  une  toutnure  comme  voa  p'>n73n  (Job,  xx,  42).  —  2a,  A 
propos  de  iD-^rinTOa  hy  bro,  MM.  Neubauer-Gowley  et  D.  Kohn  rap- 
pellent avec  raison  Amos,  vi,  6  :  Bjov  nniû  by  nbm  «bn  ;  il  faut  lire 
sans  doute  rrbm.  —  7  tf.  n'^isnbn  est  peut-être  une  allusion  à  Jérémie, 
XXIX,  40  :  rrrrr  ûnpnrr  b»  DDn«  n-^onb. 

M.  Lévi  indique  sur  le  titre,  que  son  ouvrage  est  une  première 
PARTIS.  Nous  souhaitons  que  dans  Texécution  de  son  projet  d'étudier 
également  les  nouveaux  fragments  de  Toriginal  de  Ben  Sira,  qui, 
comme  nous  l'espérons,  verront  bientôt  le  jour,  il  montre  les  mômes 
qualités  que  dans  le  présent  travail.  La  façon  dont  il  s*est  acquitté 
de  sa  tâche  dans  cette  première  partie  lui  donne  pleinement  le  droit 
de  s'occuper  de  la  suite.  En  réalisant  son  projet,  il  ne  remplira  pas 
seulement  un  devoir,  mais  il  méritera  aussi  la  reconnaissance  de  tous 
ceux  qui  se  livrent  aux  mômes  recherches. 

W.  Bâcher. 

Budapest,  octobre  1898. 


ADDITIONS  ET  RECTIFICATIONS 


T.  XXXIV,  p.  136.  —  Aux  observations  relatives  à  la  GalUa  judaica^ 
iajoutoDs  les  notes  suivantes  :  P.  86,  il  faut  lire  "pIN  b»  *]b^i ,  d'après 
Gen.,  XXXVI,  6  ;  il  n'est  donc  pas  question  de  la  ville  d'Uzés.  —  P.  610. 
M.  Gross  dit  :  «  Le  deuxième  propriétaire...  paraît  avoir  été  baptise,  à 
en  juger  par  la  façon  d'indiquer  la  date  :  ^"'M'O  ».  C'est  inexact,  car  nDDTsb 
bfinV)^  ^33  désigne  le  quantième  de  la  MH'^DD,  et  le  28  Nissan  est  le  13^  jour 
de  la  rn^DO.  —  Immanuel  LOw. 

Tome  XXXI V,  p.  302.  —  M.  Abr.  Danon  n*adopte  pas,  à  la  quatrième 
ligne,  la  lecture  t)*)D3  ;  selon  lui,  la  deuxième  lettre  n'est  pas  un  D*  mais  un 
a  comme  aux  lignes  1  et  3.  Le  trait  de  gauche  de  cette  lettre  paraît  indi- 
diquer  un  XÙ ,  qui  serait,  avec  le  3  précédent,  l'abrëgé  de  fn3]î93,  — 
M.  Schwab. 

Tome  XXXV,  p.  254,  note  2.  —  Ce  qui  prouve  que  Thistoire  absurde  du 


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REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

I  cloaque  an  jour  de  sabbat  est  dMntrention  chrétienne, 
mettre,  pour  la  rendre  vraisemblable,  qu'il  est  interdit 
n  danger  de  mort,  de  profaner  le  sabbat.  En  dépit  de 
cte,  elle  a  eu  un  grand  succès  et  a  été  accueillie,  presque 
>dernes,  dans  des  ouTrages  écrits  dans  les  langues  les 
son  édition  des  Qesta  Romanomm^  <|ai  contient  cette  bis- 
$22,  appendice  26  (p.  629),  Oesterley  a  indiqué,  à  la 
1  écrits  qui  s'en  sont  occupes.  Cf.  Hebr.  Biàlioçrupkie, 
wfmann, 

3.  —  Dans  le  S10N73,  VI,  271-84,  une  Consultation  de 
entre  autres  :  ntTlon    "«D  ûbttîTa    ÛTDa    ï-rDID"^   laD-ip 

Db  ^N  .rioD  m'orra  ûb«b  ^^nsc  tm  nnn  rrap-»  no» 

«■^mp"».  — -  Moïse  Schwab, 

287.  —  Dan  Ascbkenasi  est  cité  également  dans  les 
pben  Yehiel  sur  le  Pentateuque,  inse're'es  dans  Touvrage 
n  (Livoume,  1840)  à  côté  des  Tossafot  sur  le  Penta- 
es  rare.  On  y  mentionne  Texplication  remarquable  de 
es,  XX,  10,  publiée  par  M.  Kaufmann,  d'après  le  ms. 
).  —  Voici  ce  que    nous  lisons  dans    l'ouvrage   men- 

n  Dmmi  '-^d  b"T  -«TNSDUJiî  p  n"nîi  -^c»  -^nj^Ta©  p« 
:  Chron.  XXII,  10)  HDibwn  b^  riN  ^anm  pi  on-^Dm 
tNDrr  irx»  tij^i  ,nmnn  'n  û^sa  ïT'apn  ib  mx 
?"n  (isaïe,  XI,  4)  T^o  ca^a  yi»  î-TDm  a"a'^-»D  rro» 

DDH  «-1D3  D"DT«.  Il  est  clair  que  les  mots  ai"DTN,  qui 
it  être  corrigés  en  p  IWÎDI,  leçon  du  ms.  de  Dresde  ;  il 
ux  que  la  citation  de  11  Chron.,  xxii,  10,  ne  s'y  trouve 
tsûein. 

).  —  En  parlant  des  Inscriptions  hébraïques  de  Worms 
iwab  semble,  à  son  grand  regret,  ra'attribuer  des  opi- 
)pès  avoir  supposé  «  une  pointe  d'ironie  »  où  il  n'y  en 
[ue,  selon  Tewysohu,  la  plus  ancienne  inscription  se- 
S.  par  erreur  mentionne  une  stèle  d'un  «  martyr  fils 
le'e  de  Tan  1100,  à  propos  du  séjour  d'Ascher  ha-Lévy 
lors  de  la  première  croisade,  et  il  ajoute  que  c'était  un 
e  celte  ville.  Or,  les  Juifs  ont  dû  y  venir  plus  tôt,  puis- 
synagogue  bâtie  dès  1134.  Ensuite,  si  Texistence  d'une 
W^orms  est  légendaire,  la  présence  du  Commentateur 
t  pas  douteuse.  —  Âb.  SpsUin. 

).  —  C'est  par  erreur  que  j'ai  donné  à  ptDtl  le  sens 
^auss, 

2,  —  M.  Heller  corrige  ^^nbà  (Saadia,  Proverbes,  xxx, 
ist  exact,  mais  il  faudrait  un  taschdid  sur  le  lamed.  Sa- 
mment  fi ^5  dans  le  sens  de  choses.  —  Jll.l. 


Le  gérant  : 

Israël  Lbyi. 


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TABLE  DES  MATIÈRES 


ARTICLES  DE  FOND. 

BucHLBR  (Ad.).  La  fôie  des  Cabanes  chez  Plutarque  et  Tacite...  484 
Danon  (Abraham).  Documents  et  traditions  sur  Sabbataî  Cevi 

et  sa  secte 103 

Eppenstein  (S  ).  Un  fragment  du  commentaire  de  Joseph  Kimhi 

sur  Job  (ch.  i  et  xxxiv,  47,  à  xlii) 86 

FuRST  (J.).  Notes  lexicographiques 65 

Heller  (Bernard).  La  version  arabe  et  le  commentaire  des  Pro- 
verbes du  Gaon  Saadia 72  et  226 

Kaufmann  (David).  L  L'élégie  de  Mosé  Zacout  sur  Satil  Morleira.  444 
IL  Une  élégie  de  David  b.  Aron  ibn  Houssein  sur  les  souf- 
frances des  Juifs  au  Maroc  en  4790 420 

III.  Manoeilo  et  le  Dante 252 

IV.  La  lutte  de  R.  Naftali  Cohen  contre  Hayyoun  {fin).,..  274 
V.  Joseph  ibn  Danon  de  Belgrade 284 

Katserlinq  (M.).  Histoire  de  l'Inquisition  et  des  judàTsants  en 

Espagne , 266 

Krauss  (S.).  Le  traité  talmudique  «  Dérech  Ereç  »  (fin) 45 

Lambert  (Mayer).  L'article  dans  la  poésie  hébraïque 203 

Lehmann  (Joseph).  Quelques  dates  importantes  de  la  chrono- 
logie du  2»  Temple,  à  propos  d'une  page  du  Talmud.. . .        4 
LÉvi  (Israël).  I.  Notes  exégétiques  sur  un  nouveau  fragment  de 

l'original  hébreu  de  l'Ecclésiastique 240 

IL  Le  livre-journal  de  Maître  Ugo  Teralh,  notaire  et  mar- 
chand drapier  à  Forcalquier  (1 .330-4  332) 259 

Reinach  (Th.).  Nouveaux  documents  relatifs  aux  Juifs  d'Egypte    248 
Schwab  (Moïse).  Manuscrits  du  supplément  hébreu  de  la  Biblio- 
thèque nationale 427 

Weill  (Julien).  Nicolas  Antoine 461 


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